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Full text of "Bulletin de la Société historique franco-américaine"

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BOSTOISI 
PUBLIC 
UBRARY 


NOUVELLE  SERIE:   VOL.  VI 


1960 


BULLETIN 


de  la 


Société   Historique 


Franco-Américaine 


Boston,  Massachusetts 


Imprimerie  Ballard  Frères 
Manchester,  New  Hampshire 

1961 


NOUVELLE  SERIE:   VOL.  VI 


1960 


BULLETIN 


de  la 


Société    Historique 


Franco-Américaine 


Boston,  Massachusetts 


Imprimerie  Ballard  Frères 
Manchester,  New  Hajnpshire 

1961 


^cù>  G^U  du  6uit€U4^ 


Protecteurs 

Mme  Malvina  Martineau 
Los  Angeles,  Cal. 

M.  J.- Aimée  Lavallée 
Springfield,  Mass. 

Dr  Gabriel  Nadeau 
Rutland,  Mass. 

Abbé  Adrien  Verrette 
Manchester,  N.  H. 

Conseil  de  la  Vie  Française 

en  Amérique 

Québec 

Comité  de  Vie  Franco-Américaine 
Boston 

Union  St  Jean-Baptiste 

d'Amérique 

Woonsocket,  R.  I. 

Association  Canado-Américaine 
Manchester 


Bienfaiteurs 

Mgr  Stephen  Grenier,  P.D. 
Woonsocket 

Mgr  Arthur  O.  Mercier,  P.D. 
Salem 

Abbé  Camille  Blain 
Lindwood 

J.  Henri  Goguen 
Leominster 

Juge  Femand  Despins 
Lewiston,  Me 

Hector  Messier 
Saundersville 

Ballard  Frères 
Manchester,  N.  H. 

Ligue  des  Sociétés  F.  A, 
Lewiston 


Patrons 


Mgr  William  Drapeau,  P.D. 
Lynn 

Mgr  William  LeClair,  P.D. 
Springfield 

Mgr  Félix  Martin,  P.D. 
Lewiston 

Abbé  Edmond  J.  Lapointe 
Millbury 

Mme  Laurie  Ebacher 
Amesbury 

William  E.  Aubuchon 
Fitchburg 

Gerald  Robert 
Manchester 

Société  du  Bon  Parler  Français 
Montréal 

Dr  J.  Ubald  Paquin 
New  Bedford 

Dr  Louis  B.  Amyot,  D.D. 
Schenectady 

Dr  Albert  Poirier 
Cambridge 

Dr  Antoine  Dumouchel 
Rutland 

Eugène  J.  Riorden 

Dr  Ulysse  Forget 

W.  Warwick 

Dr  R.  W.  Delaney 
Cambridge 

Mme  René  Paré 
Montréal 

Alphonse  Comeau 
Medford 


Présentation 

Il  faut  toujours  revenir  à  la  tâche.  C'est  là  le 
fait  des  oeuvres  qui  sont  dignes  de  se  perpétuer. 
Le  présent  bulletin  est  un  louable  effort  dans 
ce  sens. 

Des  difficultés  d'imprimerie  ont  indûment  re- 
tardé la  parution  de  notre  bulletin.  Il  fallait  le 
publier  et  il  vous  arrive. 

Le  lecteur  y  trouvera  une  information  que  nous 
aurions  voulue  plus  abondante  mais  qu'il  nous 
a  fallu  réduire  à  cause  des  frais.  Qui  ne  connait 
pas  les  problèmes  d'impression  surtout  pour  des 
choses  sérieuses. 

Puisse  ce  numéro  apporter  satisfaction  aux 
membres  et  un  intérêt  soutenu  chez  tous  ceux 
qui  suivent  la  trame  de  notre  comportement  de 
plus  en  plus  laborieux.  Notre  but  est  de  faire 
rayonner  et  briller  une  présence  précieuse  aux 
Etats-Unis,  celle  de  l'empreinte  française  qui 
peut  se  mesurer  avec  toutes  les  autres  et  cela 
sans  exclusivisme. 

Abbé  Adrien  Verrette, 
président 


Avis  important 

Afin  d'assurer  son  oeuvre,  La  Société  Historique  Franco-Amé- 
ricaine a  établi  son  Fonds  de  Réserve  ou  "Fiducie"  (Endowment 
Fund).  Ce  fonds  est  administré  par  trois  fiduciaires  par  la  société. 
Plusieiu's  ont  déjà  répondu  à  l'invitation. 

Les  sommes  versées  ainsi  à  la  société,  d'après  une  déclaration 
officielle  de  la  Trésorerie  d'Etat  à  Washington,  sont  exemptes  de  la 
loi  "Inheritance  Tax".  De  plus  ces  montants  peuvent  être  déduits 
de  l'Impôt  sur  le  revenu  (Income  Tax). 

Nous  demandons  aux  membres  de  songer  sérieusement  à  ce 
moyen  pratique  en  préparant  leurs  dispositions  testamentaires.  Quel 
appuie!  Si  seulement  on  y  avait  songé  il  y  a  cinquante  ans.  Il  n'est 
jamais   trop  tard 

Comme  formule  testamentaire  nous  suggérons  la  suivante: 


TO  THE  TRUSTEES  OF  THE  ENDOWMENT  FUND 
OF  LA  SOCIETE  HISTORIQUE  FRANCO-AMERICAINE, 
A    CORPORATION     UNDER     MASSACHUSETTS    LAW, 

THE   SUM   OF   (DOLLARS) 

IN    TRUST    FOR    THE    PURPOSE    OF    THE    SOCIETE. 


Bulletin  de 

^*  Société  ^Cdonc^ue  ^%<^Kca- ^«hHcccUhc 

Fondée  le  4  septembre  1899 
Administration:      Président:    Abbé  Adrien  Verrette,  Manchester,  N.  H. 
Secrétaire-trésorier:    GéralJ  Robert 
52,  rue  Concord,  Manchester,  N.  H. 


Boston,  Massachusetts      Nouvelle  Série:  Vol,  VI      Année  1960 


Réunions  de  la  Société 

Bureau 
6  février  1960 
Boston,  Mass. 

Présents.  Abbé  Adrien  Verrette,  président,  abbé  Camille  Blain,  F. 
Raymond  Lemieux,  Me  Robert  Boudreau,  Jean  Picher,  Me  Pierre  BeUi- 
veau,  Lauré  Lussier,  trésorier  et  Rhéa  Caron,  secrétaire. 

Rapport:  La  secrétaire  donne  un  rapport  détaillé  des  fêtes  du 
Soixantenaire  en  novembre  dernier.  Le  trésorier  accuse  un  actif  de 
$410.73. 

Fonds  de  Fiducie:  Les  syndics  font  rapport  du  choix  de  leurs  offi- 
ciers. Juge  Arthur  L.  Eno,  président,  Me  Pierre  Belliveau,  secrétaire  et 
abbé  Adrien  Verrette,  trésorier.  Ils  ont  placé  les  argents  au  nom  des 
Trustées  of  the  Endowment  Fund  of  La  Société  Historique  Franco-Amé- 
ricaine, à  la  banque  Ste-Marie  à  Manchester. 

Réunion  annuelle:  Le  bureau  fixe  la  date  du  21  mai  1960  à  Lewiston, 
Maine  avec  remise  de  la  médaille  "Grand  Prix"  à  Mgr  Félix  Martin, 
curé  de  la  paroisse  Ste-Croix  de  cette  ville.  La  société  veut  continuer 
l'habitude  de  tenir  des  réunions  dans  les  différents  centres  franco-amé- 
ricains afin  de  faire  mieux  connaître  son  travail. 

Bulletin:  Le  bureau  demande  d'inscrire  la  liste  des  membres  dans 
le  prochain  bulletin. 

Conférence:  Le  R.P.  Henri  Béchard,  s.j.,  originaire  de  Lewiston 
donnera  la  conférence  sur  "Sébastien  Rasle,  s.j.",  1652-1724.  La  soirée 
sera  sous  les  auspices  de  la  Ligue  des  Sociétés  de  Langue  française. 

Sections  de  la  Société:  Le  bureau  étudie  longuement  le  projet 
d'établissement  de  sections  régionales  de  la  société  dans  le  but  d'inté- 
resser un  plus  grand  nombre  de  compatriotes  aux  choses  de  notre  his- 
toire. L'abbé  Blain  et  Me  Belliveau  se  prononcent  fortement  en  faveur 
de  cette  entreprise. 

Rhéa  A.  Caron,  secrétaire. 


10  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Réunion  Annuelle 

21  mai  1960 

Lewiston,  Maine 

La  61e  réunion  annuelle  fut  l'une  des  plus  intéressantes.  Les  mem- 
bres se  réunissaient  à  5  heures  dans  l'école  Ste-Croix  sous  la  présiden- 
ce de  l'abbé  Verrette.  Dans  son  message  il  résumait  le  travail  au  cours 
de  l'exercise  1959-1960,  remerciant  la  population  de  Lewiston  d'avoir 
invité  la  société  à  tenir  ses  assises  pour  la  première  fois  dans  l'Etat  du 
Maine,  dans  l'accueillante  cité  de  Lewiston. 

Dans  son  rapport,  la  secrétaire  soulignait  également  les  progrès  de 
la  société  et  l'encouragement  qu'elle  reçoit.  Le  trésorier  établissait 
l'actif  à  $809.88. 

Les  membres  votaient  un  hommage  à  l'occasion  du  75e  anniver- 
saire du  journal  L'Indépendant,  de  Fall  River.  Ils  remerciaient  le  doc- 
teur Louis  B.  Amyot  pour  son  don  généreux  d'une  clinique  dentaire  à 
l'école  d'Odontologie  de  Paris  au  nom  de  la  société.  Le  docteur  présien- 
tera  cette  clinique  au  mois  de  juillet  à  Paris. 

Les  membres  adoptèrent  ensuite  à  l'unanimité  quelques  modifications 
aux  statuts  en  vue  de  faciliter  l'administration  de  la  société.  La  sup- 
pression du  poste  de  secrétaire  adjoint,  la  fusion  des  postes  de  secré- 
taire et  de  trésorier  et  la  création  du  poste  de  fiduciaire  comme  membre 
du  bureau. 

L'établissement  du  "Fonds  de  Fiducie"  est  approuvé  avec  empres- 
sement. La  société  souscrit  à  la  bourse  qui  sera  présentée  à  S.E.  Mgr 
Ernest  J.  Primeau,  le  nouvel  évêque  de  Manchester,  à  une  réception 
qui  sera  tenue  à  l'hôtel  Somerset,  de  Boston,  le  22  juin,  sous  les  aus- 
pices du  Comité  de  Vie  Franco- Américaine. 

Vingt  nouveaux  membres  sont  admis:  Me  René  Paré,  Montréal, 
Paul  Michaud,  Manchester,  Dr  Robert  Duval,  Manchester,  Jules  et 
Marcel  Chartrand,  Boston,  Abbé  Marcel  Généreux,  Suncook,  N.H., 
Abbé  Aimée  Boisselle,  Suncook,  Me  Edouard  Caron,  Biddeford,  Me  J. 
B.  Biais,  Berlin,  Abbé  Gérald  Auger,  Manchester,  Mme  Claire  Carpenter, 
New  Bedford,  Reno  Daigle,  Millbury,  Lucien  Cloutier,  Danielson,  Lu- 
cille  Boisvert,  Manchester,  M.  Mme  Ovila  Barnabe,  Fall  River,  Me 
Roger  Champagne,  Taunton,  M.  le  prof  Louis  Cormier,  East  Lansing, 
Mich.,  Dr  L.  P.  Gagnon,  Manchester,  Dr  Ovide  Lamontagne,  Manchester. 

M.  le  juge  Fernand  Despins  prononçait  l'éloge  du  sénateur  Jean 
Charles  Boucher,  officier  très  dévoué  et  M.  Roméo  Boisvert  président 
de  l'Alliance  des  Journaux  Franco-Américains  évoquait  la  mémoire  de 
Wilfrid  J.  Mathieu  ancien  président  de  cet  organisme  et  membre  pré- 
cieux de  la  société. 

Le  comité  des  nominations  composé  du  juge  Fernand  Despins,  pré- 
sident. Me  Pierre  Belliveau  et  William  Lebrun  soumettait  le  rapport 
suivant  qui  fut  adopté  à  l'unanimité:  abbé  Adrien  Verrette,  président, 
Dr  Louis  B.  Amyot,  vice-président,  Lauré  B.  Lussier,  secrétaire-tréso- 
rier, Juge  Arthur  L.  Eno,  fiduciaire  pour  trois  ans,  Rhéa  Caron,  abbé 


RFXTNIOXS   DE   LA   SOCIETE  11 

Doria  Desruisseaux  et  Me  Laurie  Ebacher.  conseillers  pour  3  ans  et  le 
juge  Despins,  pour  2  ans  afin  de  compléter  le  terme  du  regretté  séna- 
teur Jean  Charles  Boucher. 

Avant  de  se  séparer  les  membres  rendaient  un  touchant  hommage 
à  Mlle  Rhéa  Caron,  secrétaire,  qui  avait  demandé  de  ne  pas  être  main- 
tenue à  ce  poste  à  cause  de  ses  nombreuses  occupations. 

Réception-Banquet 

Une  nombreuse  assistance  se  rendait  à  la  salle  paroissiale  pour  la 
réception  et  le  dîner.  M.  le  juge  Fernand  Despins  présidait.  M.  Lionel 
Duchette,  président  de  la  Ligue  souhaitait  la  bienvenue  et  le  maire 
Emile  Jacques  apportait  son  hommage  au  nom  de  la  cité.  Le  président 
de  la  Société  Historique  était  ensuite  invité  à  diriger  le  programme.  Il 
saluait  les  convives  soulignant  la  présence  de  plusieurs  invités.  Le  re- 
pas fut  excellent  et  Bert  Côté  était  à  l'orgue. 

Message  du  Président 

La  Société  Historique,  veuillez  le  croire  est  très  heureuse  de  fixer 
ce  soir  sa  tribune  au  sein  de  cette  accueillante  population  de  Lev^iston, 
l'une  de  nos  plus  imposantes  forteresses  où  vibre  un  si  riche  foyer  de 
vie  française.  En  son  nom.  je  désire  vous  remercier  très  cordialement. 

Ligue  des  Sociétés 

Cette  manifestation  a  été  possible  grâce  à  l'aimable  invitation  de  La 
Ligue  des  Sociétés  de  Langue  française  du  Maine.  A  ce  puissant  orga- 
nisme, nous  voulons  rendre  un  hommage  empressé.  Depuis  plus  de  35 
ans  nous  suivons  avec  admiration  ses  multiples  services.  Nous  lui  de- 
vons en  quelque  sorte  le  brillant  succès  du  2e  Congrès  des  Franco-Amé- 
ricains tenu  en  cette  ville  en  1951;  qui  donna  naissance  à  l'importante 
Fédération  Féminine  Franco-Américaine. 

A  tous  les  organismes  qui  constituent  les  cadres  de  cette  ligue  nous 
disons  également  notre  admiration,  car  la  vitalité  de  notre  persévéran- 
ce collective  repose  dans  une  large  mesure  sur  la  solidité  de  ces  fédé- 
rations régionales  dont  la  vôtre  qui  donne  un  si  bel  exemple  et  qui  tou- 
tes travaillent  sous  l'égide  du  Comité  de  Vie  Franco-Américaine. 

Aux  artisans  du  passé  qui  ont  taillé  et  posé  les  pierres  de  ces  mo- 
numents qui  honorent  votre  persévérence  nous  ajoutons  un  tribut  ému 
de  reconnaissance.  A  vous  chers  compatriotes,  les  continuateurs  de  ces 
oeuvres  magnifiques  nous  disons  courage  et  fidélité  afin  que  les  apôtres 
de  la  relève  reçoivent  de  vous  l'inspiration  et  le  désir  de  continuer  tou- 
jours un  fait  français  rayonnant  et  fécond  à  l'ombre  de  vos  oeuvres 
religieuses  et  culturelles.  Que  le  Dieu  de  nos  pères  bénisse  nos  voeux 
et  nos  espoirs  en  vous. 

Sénateur  Boucher 

A  la  joie  qui  remplit  nos  coeurs  ce  soir,  il  faut  hélas  mêler  une  no- 
te de  douleur  profonde,  en  rappelant  la  disparition  récente  de  l'un  de 
vos  compatriotes  distingués,  l'un  de  nos  officiers  les  plus  zélés,  qui  avait 


12  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

accepté  de  présider  cette  manifestation,  un  chef  ardent,  le  très  regret- 
té sénateur  Jean  Charles  Boucher. 

A  sa  famille  éplorée  et  à  tous  les  siens,  nous  réitérons  nos  condo- 
léances émues.  Le  Maine  et  toute  la  franco-américanie  n'auront  pas 
connu  de  serviteur  plus  vaillant.  Paix  à  ses  cendres. 

Long-Sault 

(1660-1960) 

L'Amérique  Française  célèbre  cette  année,  soit  le  24  mai,  le  tri- 
centenaire du  Combat  du  Long  Sault,  où  en  1660,  l'immortel  Adam 
DoUard  Desormeaux  avec  ses  compagnons  hardis  et  quelques  hurons 
amis  sauvèrent  la  colonie,  menacée  de  destruction  par  la  haine  iroquoi- 
se.  La  Nouvelle  France,  la  terre  de  nos  pères  comptait-  alors  à  peine 
2500  âmes,  de  Montréal  à  Tadoussac. 

Il  est  permis  de  croire  que  sans  le  geste  sauveur  de  ces  héros,  nos 
frères  par  le  sang  et  la  Foi,  le  sort  de  notre  présence  française  en 
Amérique  aurait  été  sensiblement  modifié. 

Les  Relations  écrivaient  de  ce  fait  d'armes  "il  faut  donner  la  gloire 
à  ces  dix-sept  français  de  Montréal,  et  honorer  leurs  cendres  d'un  éloge 
qui  leur  est  dû  avec  justice." 

L'historien  Groulx  ajoutera  "en  ce  groupe  de  jeunes  hommes  venus 
mourir  au  Long  Sault,  dans  une  attitude  de  martyr,  presque  tous  étaient 
des  himibles  et  des  obscurs,  des  petits  ouvriers  de  France  qui  n'avaient 
que  leurs  bras  et  leur  coeur.  S'ils  ont  été  si  grands,  c'est  pour  avoir  éle- 
vé, jusqu'au  plus  haut  point,  les  meilleures  vertus  de  leur  race,  ses 
plus  parfaites  hérédités:  le  courage  ardent,  le  don  absolu  de  soi-même, 
l'élan  d'une  foi  sublime. 

Mardi  prochain  quelque  six  cents  écoliers  confiés  à  notre  charge 
pastorale  chanteront  les  gloires  de  Dollard  et  du  Long  Sault,  pour  ap- 
prendre à  nouveau  cette  leçon  de  fierté  et  de  fidélité  à  l'héritage  des 
ancêtres  et  surtout  cette  vérité  que  "rien  n'est  perdu  de  ce  qui  est  fait 
pour  Dieu  et  pour  les  siens." 

Pourquoi  n'en  serait-il  pas  de  même  dans  nos  centaines  de  maisons 
d'enseignement  à  tous  les  palliers.  Avons-nous  peur  de  retremper  l'âme 
de  notre  jeunessie  aux  sources  pures  et  sublimes  de  notre  histoire  hélas 
qui  valent  bien  toutes  les  folies  et  les  faux  paladins  de  notre  génération. 

L'Indépendant 
1885-1960 

Les  75  ans  révolus  de  notre  vaillant  quotidien,  L'Indépendant  de 
Fall  River  ont  fait  jaillir  des  hommages  universels.  Au  cours  des  ans, 
trateurs  et  rédacteurs  de  ce  précieux  organe, 
la  Société  Historique  n'a  pas  connu  d'amis  plus  fidèles  que  les  adminis- 

Courage,  confiance  et  longue  vie  à  ce  messager  fidèle  de  notre  vie 
franco-américaine. 


REUNIONS   DE   LA   SOCIETE  13 

Appel  de  la  Société 

L'un  des  buts  de  la  visite  des  di:érents  centres  est  de  mieux  faire 
connaître  la  société  et  de  lui  trouver  de  nouveaux  appuis.  Les  officiers 
ont  donc  l'espoir  que  leur  passage  ne  manquera  pas  d'obtenir  ce  résul- 
tat. 

La  Société  Historique  est  sans  doute  l'un  de  nos  principaux  orga- 
nismes de  culture.  Il  faudrait  l'entourer  de  nos  plus  vives  sympathies. 
Elle  a  créé  son  fonds  de  réserve  afin  d'assurer  sa  perpétuité.  Plusieurs 
répondent  à  l'invitation  soit  par  don  ou  disposition  testamentaire.  Si 
nos  devanciers  avaient  seulement  songé  à  cette  formule  de  continuité! 
Il  n'est  pas  trop  tard  pour  s'en  servir. 

Un  membre  de  la  société  est  un  puissant  chaînon  de  solidarité  par. 
sa  contribution,  son  intérêt  et  sa  sympathie. 

Un  membre  de  la  société,  même  s'il  n'est  pas  un  historien,  ce  qui 
n'est  pas  requis,  est  une  présence  qui  compte  sous  le  ciel  de  la  franco- 
américanie.  Devenez  membre  sans  tarder,  vous  en  serez  fiers,  des  for- 
mules d'adhésion  vous  attendent  dès  oe  soir. 

Conférencier 

La  visite  de  la  Société  dans  le  Maine  supposait  tout  naturellement 
un  pèlerinage  ou  tout  au  moins  révocation  d'une  page  de  notre  histoire 
en  cette  région.  Celle  qui  relate  le  martyre  du  jésuite  Sébastien  Rasle 
en  1724,  près  de  Norridgewock,  nous  parut  toute  indiquée  comme  un 
beau  sujet  d'exaltation  historique. 

Pour  exécuter  cette  tâche  nous  connaissions  la  réputation  très  gran- 
de d'un  membre  de  la  compagnie  de  Jésus.  Nous  n'avons  pas  hésité 
à  solliciter  son  concours  pour  faire  revivre  cette  page  trop  peu  connue 
de  l'histoire  religieuse  dans  le  Maine. 

Mais  il  arrive  que  notre  distingué  conférencier,  le  R.P.  Henri  Bé- 
chard  de  la  compagnie  de  Jésus  est  un  auithentique  compatriote,  né  en 
cette  ville  même  le  16  décembre  1909,  fils  de  Me  Henri-Philippe  Béchard 
et  de  Rose  Hamel. 

La  mort  prématurée  du  père  amène  l'épouse  et  l'enfant  chez  les 
grands  parents  maternels  à  Quincy  au  Massachusetts.  Les  études  pri- 
maires terminées,  le  P.  Béchard  se  rend  au  séminaire  St.  Charles  Bor- 
romée  de  Sherbrooke  pour  ses  humanités.  Il  restera  toujours  très  at- 
taché à  cette  instituion  devenue  l'Université  de  Sherbrooke. 

En  1932,  il  entre  chez  les  jésuites  à  Montréal  pour  suivre  le  cycle 
des  années  de  préparation  qui  le  conduiront  à  son  ordination  en  1944. 
A  la  fin  de  ses  études  théologiques,  soit  en  1948,  sur  sa  demande,  sies 
supérieurs  l'affectent  à  la  mission  indienne  de  Saint  François  Xavier 
fondée  en  1668  où  il  dirige  une  école  indienne. 

C'est  sur  cette  terre  historique  qu'il  développe  sa  passion  pour 
l'histoire  et  qu'il  se  consacre  à  la  cause  de  la  Vénérable  Kateri 
Tekakwitha,  surnommée  le  "Lys  des  Agniers"  en  vue  de  sa  béatifica- 
tion pour  devenir  auprès  de  Rome  le  vice-postuilateur  de  cette  cause. 


14  BULLETIN   DE  LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Entre  temps,  le  P.  Béchard  contribue  plusieurs  articles  aux  revues 
sérieuses  sur  différents  problèmes  d'histoire  se  rapportant  à  cette  pé- 
riode de  la  Nouvelle  France.  Il  aime  les  vieux  documents  et  sait  les 
interpréter. 

Il  établit  la  revue  "Kateri"  publiée  en  français  et  en  anglais  afin 
de  favoriser  la  dévotion  envers  la  vierge  Kateri.  Il  en  obtient  de  magni- 
fiques résultats.  Ses  écrits,  conférences  et  volumes  le  révèlent  avec  des 
talents  exceptionnels  dans  le  traitement  des  choses  de  l'histoire.  Ses 
degrés  universitaires  et  brevets  attestent  ses  succès  également  dans  le 
domaine  des  sciences  sacrées  et  aussi  son  souci  de  fixer  dans  sa  pleine 
lumière  et  de  faire  mieux  connaître  cette  partie  sublime  de  notre  his- 
toire qui  nous  a  mérité  de  tels  héros  et  apôtres. 

On  peut  dire  du  P.  Béchard,  qu'il  est  vraiment  ce  "chasseur  d'âmes" 
dans  la  vie  du  P.  Rasle  qu'il  racontait  pour  les  jeunes,  il  y  a  déjà  près 
de  20  ans. 

Enfin,  le  P.  Béchard  nous  réserve  des  moments  délicieux  et  je  le 
présente  à  votre  sympathique  accueil. 

R.P.  Béchard,  s.j. 

Le  coitférencier  résumait  brièvement  la  vie  du  P.  Rasle  à  peu  près 
en  ces  termes.  Sébastien  Rasle  naît  à  Pontalier,  dans  le  Jura,  en  Fran- 
che-Comté, le  4  janvier  1657.  Il  entre  dans  la  Compagnie  de  Jésus  et 
est  ordonné  à  Lyon.  Il  arrive  en  Nouvelle  France  en  1689.  Il  se  dépense 
chez  les  Illinois  durant  deux  ans  pour  se  rendre  ensuite  chez  les  Abé- 
naquis  à  Narantsouak  (Norridgewock),  près  de  la  rivière  Kenebec  dans 
le  Maine  d'aujourd'hui.  Au  cours  des  conflits  entre  Anglais  et  Fran- 
çais, en  1703,  le  gouverneur  Dudley,  du  Massachusetts,  convoquait  les 
chefs  abénaquis  à  la  baie  de  Casco  pour  obtenir  leur  neutralité.  Le  P. 
Rasle  leur  sert  d'interprète.  Les  Anglais  lui  vouent  une  haine  mortelle. 
Durant  près  de  2  ans  les  Anglais  continuèrent  à  pourchasser  les  abéna- 
quis, mais  le  P.  Rasle  demeui'ait  à  son  poste  pour  les  conseiller  et  les 
guider.  Le  23  août  1724,  le  courageux  missionnaire  fut  surpris  par  l'en- 
nemi, criblé  de  balles  et  scalpé.  Un  siècle  plus  tard,  soit  en  1833,  Mgr 
Fenwick,  s.j.,  évêque  de  Boston,  érigeait  un  monument  sur  l'emplace- 
ment du  martyre  du  P.  Rasle. 

Le  P.  Béchard  avait  préparé  sa  conférence  en  vue  d'établir  l'au- 
thenticité de  deux  lettres  du  P.  Rasle  qui  entrent  en  ligne  de  compte 
dans  l'apostolat  de  ce  missionnaire. 

Merci  du  Président 

Grand  merci,  cher  P.  Béchard  pour  ce  lumineux  rappel  de  notre 
histoire  qui  nous  a  fait  revivre  le  sacrifice  de  l'un  de  nos  premiers  apô- 
tres franco-américains.  Si  le  P.  Isaac  Jogues  est  considéré  américain 
parce  qu'il  fut  martyrisé  sur  un  coin  de  terre  devenu  partie  des  Etats- 
Unis,  nous  pouvons  bien  réclamer  le  P.  Rasle,  comme  franco-américain 
puisqu'il  repose  en  terre  vraiment  franco-américaine. 

Puisse  l'intérêt  que  vous  avez  suscité  autour  de  sa  mémoire  inviter 
la  Société  Historique  à  poser,  un  jour,  un  geste  de  gratitude  près  du 


REUNIONS   DE   LA   SOCIETE  15 

modeste  monument  qui  recouvre  ses  restes.  En  tous  cas  le  P.  Rasle 
est  l'un  des  nôtres  et  il  faut  répandre  le  souvenir  de  sa  mémoire,  et 
pourquoi  pas  en  vue  d'une  glorification  officielle! 

Mgr  Martin 

Le  président  procédait  ensuite  à  la  remise  de  la  médaille  "Grand 
Prix"  de  la  société  à  Mgr  Félix  Martin,  P.D.,  curé  de  la  paroisse  Ste- 
Croix  depuis  21  ans,  en  reconnaissance  de  ces  nombreux  et  précieux 
services  rendus  à  notre  vie  franco-américaine  dans  le  Maine.  Lie  distin- 
gué prélat  remerciait  en  termes  vibrants  et  sincères,  un  vigoureux 
plaidoyer  en  faveur  de  notre  persévérance  franco-américaine.  Le  texte 
de  la  remise  se  lit  au  chapitre  "Médaille  Grand  Prix"  du  présent  bulle- 
tin. 

Réunion  du  Bureau 
16  juillet  1960 
Boston,  Mass. 

Présents:  abbé  Adrien  Verrette,  président,  Lauré  B.  Lussiier,  secré- 
taire trésorier,  J.  Henri  Goguen,  Jean  Ficher,  abbé  Doria  Desruisseaux, 
Me  Laurie  Ebacher,  F.  Raymond  Lemieux  et  Gérald  Robert. 

Président:  L'abbé  Adrien  Verrette  explique  que  cette  réunion  spé- 
ciale du  bureau  a  pour  but  d'accepter  la  résignation  du  secrétaire-tré- 
sorier, M.  Lauré  B.  Lussier,  qui,  sur  l'avis  de  son  médecin  doit  diminuer 
ses  occupations.  Il  regrette  le  départ  de  cet  officier  dévoué  et  lui  offre 
les  remerciements  de  la  société. 

Rapport.  Le  procès  verbal  de  la  réunion  du  21  mai  est  approuvé 
et  le  trésorier  accuse  un  actif  de  $750.39. 

M.  Gérald  Robert:  Le  bureau  élisait  Gérald  Robert,  secrétaire  gé- 
néral de  l'Association  Canado-Américaine,  au  poste  de  secrétaire-tré- 
sorier de  la  société.  Il  entrera  en  fonction  le  30  juillet  qui  marque  la 
fin  du  mandat  de  M.  Lussier. 

Recrutement:  Le  bureau  confie  à  l'abbé  Desruisseaux  le  travail  du 
recrutement  durant  l'année. 

Réunion  d'Automne:  Le  bureau  fixe  cette  réunion  au  mois  de  no- 
vembre et  décide  d'inviter  l'Hon.  Louis  J.  Robichaud,  premier  ministre 
du  Nouveau  Brunswick,  pour  l'occasion.  Le  bureau  adresse  un  homma- 
ge à  la  Société  Richelieu  qui  tiendra  son  premier  congrès  international 
à  Manchester  en  septembre  prochain. 

Réunion  du  Bureau 

22  octobre  1960 

Boston,  Mass. 

Présents:  MM.  Juge  Arthur  L.  Eno,  Mlle  Rhéa  Caron,  les  abbés 
Doria  Desruisseaux  et  Camille  Blain,  Me  Laurie  Ebacher,  MM.  Jean 
Ficher,  J.  Henri  Goguen,  F.  Raymond  Lemieux  et  Gérald  Robert. 

Président:  M.  le  juge  Eno  est  appelé  à  présider  en  l'absence  du  pré- 
sident et  du  vice-président.  L'abbé  Verrette  est  retenu  à  l'hôpital  De 


16  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE  HISTORIQUE 

Goesbriand,  dans  le  Vermont,  à  la  suite  d'un  fâcheux  accident  de  la 
route.  M.  le  juge  exprime  la  sympathie  des  officiers  et  des  membres. 

Réunion  d'Automne:  L'honorable  premier  ministre  du  Nouveau 
Brunswick,  Me  Louis  J.  Robichaud  a  accepté  de  donner  la  conférence 
et  la  date  est  fixée  au  12  novembre.  Il  arriva  cependant,  à  cause  des 
occupations  parlementaires  du  premier  ministre  que  cette  date  fut  re- 
portée au  11  décembre. 

Recrutement:  A  la  demande  de  l'abbé  Desruisseaux,  le  bureau  ac- 
cepte de  prolonger  le  travail  de  recrutement  durant  l'année  1961  en 
hommage  à  l'abbé  Verrette,  président  depuis  1949.  Le  bureau  adresse 
des  voeux  au  président  avec  des  fleurs  en  vue  de  son  rétablissement. 

Rapports:  Le  procès  verbal  de  la  réunion  du  16  juillet  fut  adopté 
et  le  nouveau  secrétaire  trésorier  établissait  l'actif  de  la  société  à 
$981.04. 

Réunion  Gala 

11  décembre  1960 

Harvard  Club,  Boston,  Mass. 

Plus  de  250  convives  enthousiastes  saluaient  la  présence  de  l'hon. 
Louis  J.  Robichaud,  premier  ministre  du  Nouveau  Brunswick,  à  la  réu- 
nion-gala, au  Harvard  Club,  dimanche  soir,  le  11  décembre.  La  récep- 
tion qui  précéda  le  dîner  permit  à  l'assistance  de  rencontrer  le  distin- 
gué visiteur.  La  soirée  était  sous  la  présidence  du  Dr  Louis  B.  Amyot, 
vice-président.  L'événement  fut  brillant.  La  veille,  le  consul  du  Canada 
à  Boston,  l'Hon.  Stuart  Hemsley  offrait  un  dîner  intime  au  premier  mi- 
nistre à  sa  résidence. 

L'assistance  comportait  plusieurs  invités  dont  M.  Le  Consul  Cana- 
dien Stuart  Hemsley,  M.  le  consul  général  et  madame  la  baronne  Charles 
de  Pampelonne,  M.  le  vice  consul  de  France  Gaston  Leclerc,  M.  le  vice 
consul  du  Canada  et  madame  Jacques  Gignac,  M.  Ulric  Gauthier,  prési- 
dent de  la  Société  l'Assomption  et  madame  Gauthier,  M.  J.  Henri  Go- 
guen,  directeur  de  la  Sûreté  Publique  dans  le  Massachusetts  et  madame 
Goguen,  Me  Pierre  Belliveau,  président  du  Comité  de  Réception  et  ma- 
dame Belliveau,  M.  le  Juge  Arthur  L.  Eno  et  madame  Eno,  et  Mgr 
William  Drapeau,  P.D.,  qui  bénissait  les  tables  et  les  convives.  M.  le 
professeur  Rodolphe  Pépin  était  à  l'orgue. 

Dr  Amyot 

En  l'absence  de  notre  président,  retenu  par  les  suites  d'un  fâcheux 
accident  que  nous  connaissons,  j'ai  l'honneur  de  présider  cette  réunion- 
gala  de  notre  société. 

M.  l'abbé  Verrette  me  prie  de  transmettre  à  l'hon.  premier  ministre 
ses  salutations  les  plus  distinguées.  Il  ajoute  ses  sentiments  fraternels 
à  vous  tous  et  vous  remercie  pour  vos  messages  encourageants. 

La  Société  Historique,  toujours  pleine  de  vie  et  d'espoir  se  sent 
très  heureuse  ce  soir  d'accueillir  un  visiteur  aussi  distingué  qui  nous 
vient  de  la  chère  Acadie.  Elle  vous  remercie  aussi  d'être  venu  l'applau- 
dir avec  admiration  et  enthousiasme. 


Général  Charles  de  (iaiillf 
Prc.sUlciit  de  la  RcpuïAujuc  l'iançai.sc 


Promotion  de  l'Ordre  de  lu  Fidélité  Fiançuise,  Québec,  le  22  septembre.  Me  Paul 
Gouin,  président  du  Conseil,  S.  E.  Mgr  Paul  Bernier,  archevéque-évèque  de 
Gaspé,  titulaire,  Abbé  Adrien  Verrette,  chancelier  de  l'Ordre  et  M.  Archibald 
Lemieux,   industriel  de  Worcester,   titulaire. 

Réunion  Plénière  du  Conseil  de  la  Vie  Française  en  Amérique  du  22  au  26  sep- 
tembre 1960.  Assis  de  gauche:  Mgr  Paul-Emile  Gosselin,  P.D.,  secrétaire.  Dr 
Paul-Emile  Laf lèche  (Winnipeg),  Ernest  Desormeaux  (Ottawa),  Me  Paul  Gouin. 
président.  Abbé  Adrien  Verrette  (Manchester).  Dr  Georges  Dumont  (Campbell- 
ton),  Mme  Reine  Malouin  (Québec),  R.  P.  Albert  Plante,  s.j.  (Montréal), 
Debout:  Lucien  Gagné  (Québec),  Laïué-B.  Lussier  (Manville),  Jean-Jacques 
Tremblay  (Ottawa),  Rodolphe  Laplante  (Québec),  Emile  Boucher  (Montréal), 
Me  Anatole  \'anier  (Montréal),  Juge  Yves  Bernier  (Québec),  Alphonse  Comeau 
(Meteghan  River),  Dr  Alcide  Martel  (Montréal),  Dumont  Lepage  (Gravelbourg) , 
Jean  Patoine  O.M.I..  (Edmonton),  Dr  Léon  Beaudoing  (\'ancouver),  Rémi 
Chiasson  (  Antigonish) ,  J. -Henri  Blanchard  (Charlottown),  Dr  Gérard  Tremblay 
(Chicoutimi),  Juge  J.-S.-A.  Ploutfe  (North  Ba\  ) .  Thomas-Marie  Landry  O.P. 
(Québec),  Adrien  Pouliot  (Québec),  Abbé  Gérard  Benoit  (Québec),  Thomas 
Arceneaux  (Lafayette)  et  Emery  LeBlanc  (Moncton).  Plusieurs  membres  ne  sont 
pas  présents  pour  la  photo. 


REUNIONS   DE   LA   SOCIETE  17 

Pour  vous  présenter  notre  distingué  visiteur  et  conférencier,  je  de- 
mande à  M.  Gérald  Robert,  secrétaire  trésorier  de  s'acquitter  de  cette 
agréable  tâche  .  . . 

Gouverneur  Furcolo 

Incapable  d'assister,  le  gouverneur  Foster  Furcolo  avait  demandé 
à  son  ami,  J.  Henri  Goguen,  Directeur  de  la  Sûreté  Publique  du 
Massachusetts,  de  transmettre  son  message  dans  les  termes  suivants: 

"I  hâve  asked  our  Commissioner  of  Public  Safety,  Mr.  J.  Henry 
Goguen,  to  represent  me  at  the  Harvard  Club  and  to  extend  to  you,  on 
my  behalf,  the  greetings  of  the  Commonvi^ealth  and  my  personal  best 
wishes. 

While  I  regret  being  unable  to  join  with  y  our  friends  at  the  gathering 
in  your  honor  and  to  express  a  more  personal  welcome,  it  is  a  pleasure 
to  acknowledge,  through  Commissioner  Goguen,  your  visit  to  the  state 
of  Massachusetts. 

Our  citizens  are  pleased  that  you  hâve  chosen  to  come  hère  since 
among  them  are  many  who  hâve  ties  with  your  province  and  country. 
I  know  they,  as  well  as  I,  hope  that  your  stay  vvill  be  a  mémorable  one 
and  that  you  will  return  soon." 

Présentation 

M.  Robert  présentait  le  conférencier  dans  les  termes  suivants: 

La  Société  Historique  se  sent  très  honorée  ce  soir  et  elle  porte  un 
large  sourire  de  satisfaction.  C'est  qu'en  cette  62e  réunion  annuelle  elle 
reçoit  à  sa  table  l'un  des  fils  les  plus  éminents  de  la  nouvelle  Acadie, 
l'honorable  Louis  J.  Robichaud,  premier  ministre  et  procureur  général 
de  la  province  du  Nouveau  Brunswick. 

Quelle  émouvante  revanche  de  l'histoire  qu'il  nous  est  bien  per- 
mis d'évoquer  en  cette  circonstance.  Après  deux  siècles,  un  fils  d'Acadie 
nous  visite,  non  pas  à  la  façon  de  ses  héroïques  ancêtres  qui  furent  je- 
tés sur  cette  terre  même,  mais  commie  le  haut  représentant  de  sa  pro- 
vince et  qui  vient  en  plus  nous  entretenir  de  "La  Résurgence  acadienne". 
Voilà  donc  une  occasion  émouvante  qui  remue  profondément  l'âme 
franco-américaine. 

En  saluant  l'assistance  très  distinguée  qui  vous  entoure,  dont  nom- 
bre de  vos  compatriotes,  je  me  pennets  de  vous  offrir  leurs  hommages 
chaleureux  et  empressés. 

Vos  concitoyens  et  toute  la  famille  française  en  Amérique  avaient 
raison  de  se  réjouir,  en  juin  dernier,  lors  de  votre  élection  au  poste  de 
premier  ministre.  Vous  vou's  étiez  révélé  chef  indomptable,  équipé 
d'une  compétence  qui  vous  imposait  à  l'électorat  et  voilà  l'explication 
de  votre  retentissante  victoire. 

C'est  donc  comme  un  frère  que  nous  vous  recevons  ce  soir  et  nous 
vous  affirmons  que  votre  visite  est  l'une  des  plus  réconfortantes  dans 
nos  archives. 


18  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Vous  êtes  donc  fils  authentique  d'Acadie.  Né  le  21  octobre  1925 
à  Saint-Antoine,  comté  de  Kent,  près  de  Moncton.  Votre  père  cultivait 
la  terre  et  exploitait  la  forêt.  Votre  mère  se  nomme  Annie  Richard.  Votis 
êtes  donc  membre  de  cette  nombreuse  famille  des  Robichaud  qui  peu- 
ple l'Amérique. 

Vos  études  primaires  terminées,  vous  fréquentez  l'université  Sacré- 
Coeur  de  Bathurst,  dirigée  par  les  pères  Eudistes.  Vous  y  obtenez  vo- 
tre baccalauréat  en  1947,  puis  c'est  à  la  faculté  des  sciences  sociales  de 
Laval  que  vous  puisez  les  formules  nécessaires  à  votre  carrière. 

Vous  devenez  comme  le  protégé  de  Me  Albany  Robichaud,  aujour- 
d'hui juge  de  la  cour  suprême  du  Nouveau  Brunswick  et  vous  êtes 
admis  au  barreau  provincial  en  1952  à  l'âge  de  27  ans.  Vous  brûlez  les 
étapes  et  vous  vous  installé  à  Richibouctou  avec  Lorraine  Savoie  que 
vous  aviez  épousée  l'année  précédente.  Dans  votre  foyer  heureux  les  en- 
fants semblent  bien  venus.  Vous  en  comptez  déjà  quatre. 

Pour  vous  initier  à  la  vie  publique,  vous  ne  perdez  pas  les  occasions 
qui  se  multiplient.  Vous  présidez  la  Chambre  d-e  Commerce,  l'Associa- 
tion Foyer-Ecole,  le  Festival  de  Musique  et  vous  êtes  au  milieu  des 
vôtres  à  chaque  appel.  Déjà  on  a  remarqué  vos  brillantes  qualités. 

Mais  la  vie  politique  vous  attire.  De  député  vous  devenez  chef  de 
l'opposition.  Cette  année  vous  étiez  réélu  député  de  Kent  pour  un  troi- 
sième mandat  de  quatre  ans,  cette  fois  en  plus  à  titre  de  premier  minis- 
tre et  vous  avez  35  ans,  le  plus  jeune  premier  ministre  du  Canada. 
Quelle  ascension  remarquable  qui  vous  fixe  au  sommet  de  la  vie  publi- 
que en  Acadie. 

Dès  votre  arrivée  au  pouvoir,  vous  paraissez  au-dessus  des  parti- 
sanneries.  Vous  vous  montrez  homme  d'Etat.  Vous  êtes  citoyen  cana- 
dien avant  tout  mais  vous  ne  pouvez  pas  oublier  les  secteurs  qui  cons- 
tituent la  population  de  votre  province  et  vous  ne  craignez  pas  d'appe- 
ler six  de  vos  compatriotes  à  des  postes  de  ministres.  Vous  présidez  ac- 
tuellement une  législature  qui  promet  des  bienfaits  à  votre  province. 

C'est  donc  une  belle  leçon  de  courage,  de  ténacité  et  de  probité 
que  vous  donnez  à  votre  pays.  Nous  vous  souhaitons  donc  des  années 
nombreuses  à  la  gouverne  de  vos  concitoyens. 

MM.  Voilà  donc  notre  invité  d'honneur.  Je  m'empresse  de  le  livrer 
à  votre  accueil  chaleureux.  Je  sais  qu'il  porte  un  message  de  vie  pour 
nous  tous. 

L'Honorable  Robichaud 

Salué  par  des  acclamations  prolongées,  le  distingué  conférencier 
se  dit  très  heureux  d'avoir  pu  répondre  au  "rendez-vous"  malgré  ses 
écrasantes  occupations.  Cette  visite  vraiment  historique  lui  permet  de 
rencontrer  pour  la  première  fois  en  terre  d'Amérique  ses  frères  Acado- 
Américains  et  l'intéressante  population  franco-américaine  qui  constitue 
cette  belle  présence  française  aux  Etats-Unis. 

Il  avait  comme  thème  de  message  "La  Résiu-gence  Acadienne". 
Son  message  fut  éloquent  et  émouvant  pour  recevoir  de  vifs  applaudis- 


REUNIONS   DE   LA    SOCIETE  19 

sements.  Le  texte  se  lit  au  chapitre  des  "Discours  et  Conférences"  du 
présent  bulletin. 

Médaille  "Grand  Prix" 

Après  avoir  remercié  chaleureusement  l'honorable  conférencier, 
M.  Robert  lui  remettait,  au  nom  de  la  société,  la  médaille  "Grand  Prix" 
et  Me  Robichaud  répondait  avec  des  accents  remuants. 

Nouveaux  Membres 

La  société  accueillait  dans  ses  rangs  les  membres  suivants:  E. 
William  Bisson,  Manchester,  Olive  F.  Boulais,  Danielson,  Marcel  Brochu, 
Central  Falls,  Alphonse  Comeau,  Medford,  Laurie  Cormier,  Leominster, 
Georges  E.  Houle,  Manchester,  Henri  O.  Lemay,  Manchester,  Dr  Jean 
Pétrin,  S.  Bellingham,  abbé  Gérard  Sabourin  et  Ovîla  Sabourin, 
Woonsocket,  O.  Raymond  Tourville,  Indian  Orchard  et  Albert  J.  Mailhot, 
Danielson. 

Membres  Disparus 

Les  membres  apprenaient  avec  regret  le  décès  de  quatre  de  leurs 
confrères  estimés,  Me  Joseph  Monette,  Lawrence,  président  en  1903, 
Dr  Joseph  Euclide  Mercier,  Fall  River,  abbé  Pierre  Gauthier,  curé  de 
Notre  Dame  du  Perpétuel  Secours,  Holyokie  et  Roméo  Dufour,  prési- 
dent du  Club  Richelieu,  Fall  River. 

Le  Comité  de  Réception  comprenait  Me  Pierre  Belliveau,  prési- 
dent, MM.  J.  Henri  Goguen,  Ulric  Gauthier,  Me  Laurie  Ebacher,  Dr 
Wilfrid  Delaney,  Dr  Albert  Poirier  et  Louis  Leblanc 


II 

Médaille  "Grand  Prix" 

Séance  du  21  mai  1960 
Lewiston,  Maine 

Remise* 
Mgr  Félix  Martin,  P.D. 

Pour  couronner  cette  belle  fête  de  l'esprit  français,  la  Société  His- 
torique ne  pouvait  pas  mieux  faire  que  de  sertir  dans  un  louable  relief 
la  personne  de  l'un  des  fidèles  continuateurs  de  nos  devanciers  en  cette 
terre  privilégiée  du  Maine,  Mgr  Félix  Martin,  vicaire  forain,  prélat  de 
Sa  Sainteté,  diplômé  des  universités  de  Montréal  et  de  Rome,  curé  de 
la  belle  paroisse  Ste-Croix  de  cette  ville. 

Et  voilà  que  Mgr  Martin  est  lui  aussi  un  authentique  franco-'amé- 
ricain,  né  à  Fort  Kent,  le  27  mars  1898,  fils  d'Eloi  Martin  et  Modeste 
Pelletier,  tous  deux  aussi  nés  en  cet  endroit  et  dont  les  parents  étaient 
devenus  citoyens  américains  par  le  traité  d'Ashburton  en  1842. 

Le  premier  Martin  à  s'établir  dans  le  Madawaska  avait  été  Michel, 
né  à  Port  Royal  et  chassé  par  les  Anglais  pour  s'y  rendre  en  canot  en 
suivant  la  riche  vallée  de  la  St.  Jean.  C'est  ainsi  que  l'ancêtre  Acadien 
avait  fixé  une  descendance  féconde  dont  l'abbé  Denis  Martin,  ancien 
curé  de  St.  François  de  Sales  de  Waterville  et  plusieurs  religieux. 
L'ancêtre  maternel  avait  émigré  de  Kamouraska  au  Madawaska  pour 
subir  les  effets  du  même  traité. 

Les  études  primaires  sont  suivies  auprès  des  Filles  de  la  Sagesse 
à  Ste  Agathe,  puis  les  humanités  au  collège  Ste-Anne-de-la-Pocatière 
avec  le  baccalauréat  es  lettres,  les  années  au  séminaire  de  Montréal 
avec  le  baccalauréat  es  arts  et  la  licence  en  théologie. 

Après  l'ordination  à  Montréal  le  6  juin  1924,  un  stage  de  deux  ans 
à  l'Angélique  de  Rome  lui  obtient  la  licence  en  droit  canonique. 

De  retour,  Mgr  Martin  est  nommé  vicaire  à  Lewiston,  à  Biddeford 
et  à  Waterville.  Il  y  laisse  le  souvenir  d'un  prêtre  extrêmement  zélé  et 
sympathique. 

En  1932  il  est  nommé  curé  à  Sheridan,  puis  en  1939  il  accepte  la 
tâche  délicate  de  diriger  la  belle  paroisse  Ste  Anne.  Sur  les  murs  et 
les  pierres  du  temple  magnifique  qu'il  a  édifié  on  peut  lire  toutes 
les  phases  et  les  accents  de  son  dévouement.  Il  sera  consulteur  diocé- 
sain, vicaire  forain  et  prélat  depuis  le  8  mai  1944. 

Monseigneur,  cette  récitation  a  pour  but  de  résumer  les  principa- 
les phases  de  votre  apostolat  fécond  au  sein  de  ce  diocèse.  Vous  êtes 
demeuré  l'homme  de  Dieu  et  l'homme  de  prière  qui  doit  tout  à  Son 
Seigneur. 


*  Cette  réunion  fut  présidée  par  l'abbé  Adrien  Verrette  à  l'occasion 
du  dîner  de  la  61e  réunion  annuelle  de  la  Société. 


MEDAILLE   "CRAND   PRLx"  21 

A  côté  de  ces  attributions  de  votre  ministère  vous  avez  voulu  être 
aussi  fidèle  à  votre  idéal  total  du  sacerdoce,  celui  qui  consiste  à  donner 
aux  âmes  toutes  les  attentions  spirituelles  et  culturelles  qu'elles  sont 
en  droit  d'attendre,  et  c'est  peut-êre  ce  qui  explique  et  justifie  l'admi- 
ration et  l'affection  que  vous  portent  non  seulement  votre  peuple  mais 
tous  vos  compatriotes. 

Cicst  que  vos  actes  ont  dépassé  dans  leur  rayonnement  les  cadres 
de  votre  bergerie.  Vos  convictions  sereines  et  fermes  ont  montré  en  vous 
le  véritable  serviteur  de  votre  peuple.  Elles  ont  apporté  un  grand  ap- 
puie à  la  persévérance  de  notre  vie  catholique  et  franco-américaine. 
Vous  êtes  de  ceux  qui  croient  qu'il  n'est  pas  nécessaire  d'abolir  les 
innéités  de  nos  âmes  pour  bien  servir  Dieu  et  la  patrie  et  dans  cette 
attitude  vous  avez  toujours  montré  une  sincérité  profonde  et  chrétien- 
ne. 

C'est  bien  à  la  lumière  de  ces  généreux  états  de  service,  que  la 
Société  Historique,  malgré  vos  protestations,  a  décidé  d'inscrire  votre 
nom  sur  la  longue  liste  des  serviteurs  éminents  de  la  fidélité  franco- 
américaine. 

Monseigneur,  vous  êtes  parmi  nous  une  présence  qui  réconforte,  un 
dévouement  qui  entraîne,  une  fidélité  qui  devrait  être  pour  nous  tous 
une  inspiration. 

En  vertu  de  mes  fonctions  de  président,  j'ai  donc  l'homieur  de  vous 
remettre  la  médaille  "Grand  Prix"  de  la  Société  Historique.  Elle  atteste 
et  proclame  vos  mérites.  Elle  vous  assure  de  notre  reconnaissance 
profonde. 

Séance  du  11  décembre  1960 
Harvard  Club 
Boston,  Mass. 

Remise* 

L'honorable  Louis  J.  Robichaud 
Premier  Ministre  du  Nouveau  Brunswick 

Pour  vous  remercier  de  votre  aimable  et  précieuse  visite  et  surtout 
du  réconfortant  message  que  vous  avez  versé  dans  nos  âmes.  Aussi  pour 
honorer  votre  haute  personnalité  dans  la  vie  canadienne  et  acadienne, 
la  Société  Historique  sollicite  la  faveur  de  vous  remettre  sa  médaille 
"Grand  Prix". 

Cette  remise  vous  inscrit  sur  la  liste  des  éminents  personnages 
qui  ont  paru  à  sa  tribune  et  qui  ont  apporté  un  lustre  particulier  au 
rayonnement  de  notre  présence  française  en  Amérique. 

Veuillez  accepter  ce  gage  de  notre  profonde  admiration  et  de  notre 
haute  considération. 


*  Cette  remise  fut  présidée  par  M.  Gérald  Robert,  secrétaire-tréso- 
rier, à  l'occasion  de  la  réunion  gala, 


III 

Eloges* 

Wilfrid  J.  Mathieu 

1878-1959 

Roméo  Boisvert 

Faire  l'éloge  d'un  homme  tel  que  feu  Wilfrid  J.  Mathieu  est  une 
tâche  assez  difficile  pour  moi.  puisque  je  l'ai  connu  que  durant  les  der- 
nières années  de  sa  vie,  âge  durant  lequel  la  plupart  des  hommes  sont 
à  leur  retraite. 

Je  ne  crois  pas  me  tromper  si  je  me  sert  comme  baromètre  les  quel- 
ques années  depuis  que  je  fis  sa  connaissance. 

Ses  convictions,  sa  foi  en  l'avenir  pour  la  presse  franco-américaine, 
alors  qu'il  était  à  la  direction  de  l'Alliance  des  Journaux  Franco-Amé- 
ricains, souvent  me  reviennent  à  l'esprit  et  je  trouve  dans  ses  pensées 
du  courage  pour  continuer. 

Journaliste  de  coeur  et  d'action  il  a  su  à  maintes  reprises  appor- 
ter l'encouragement  nécessaire  pour  que  des  propriétaires  de  journaux 
franco-américains  continuent  cette  lutte  économique  pour  survivre. 

Un  vide  s'est  fait  à  l'Alliance  des  Journaux  lorsqu'on  apprenait  la 
mort  de  Wilfrid  J.  Mathieu,  lui  qui  par  son  initiative  fit  reconnaître 
auprès  de  la  fédération  internationale  des  journaux  de  langue  Fran- 
çaise et  la  fédération  des  Journaux  de  langue  française  de  l'Amérique 
du  Nord,  l'importance  de  la  presse  Franco-Américaine. 

Après  l'avoir  vu  en  action  au  sein  de  l'Alliance,  je  ne  puis  pas  dou- 
ter de  ce  qu'a  valu  pour  notre  patrimoine  les  labeurs  d'une  longue  vie 
dédiée  à  toutes  nos  causes  nationales,  en  bref,  la  mutualité. 

Je  pourrais  énumérer  bien  des  titres  qu'a  reçu  Wilfrid  J.  Mathieu, 
titres  très  mérités  par  son  dévouement,  non  pas  que  ceci  serait  inutile, 
mais  ce  serait  répéter  ce  qui  a  été  écrit  par  des  gens  qui  ont  été  beau- 
coup plus  intimes  et  qui  l'ont  connu  pendant  sa  longue  et  fructueuse 
vie. 

Pour  nous,  à  l'Alliance  des  Journaux  Franco-Américains,  Wilfrid  J. 
Mathieu  sera  toujours  une  source  de  courage  et  Dieu  voulant,  ses  con- 
victions et  sa  foi  nos  garantirons  pour  longtemps  la  survivance  d'un  des 
piliers  de  notre  élément,  la  presse  franco-américaine.  (1) 

(1)  Bio.  Vr  Bulletin,  Vol  IV.  pp  185-189. 

Jean  Charles  Boucher 
1894-1960 

Jugie  Femand  Despins 

Jean  Charles  est  mort!  Cette  nouvelle  se  répand  à  travers  la  ville 
avec  la  rapidité  d'un  coup  de  foudre.  Jean  Charles  n'est  plus!  Personne 


*  Membres  disparus  —  séance  du  21  mai  1959  à  Lewiston. 


ELOGES  23 

n'ose  y  croire.  Et  pourtant  la  vérité  est  inexorable.  Le  Sénateur  Jean 
Charles  Boucher  est  décédé  subitement  jeudi,  le  24  mars  1960  à  sa 
demeure. 

Il  est  né  à  la  Rivière-Ouelle,  Québec,  le  30  jviin  1894,  du  mariage 
d'Etienne-Ménard-Adélard  Boucher  et  de  Joséphine  Dionne.  Il  avait  à 
peine  six  ans  lorsque  sa  famille  vint  s'établir  à  Lewiston,  Maine.  Il  fit 
ses  études  primaires  à  l'école  paroissiale  St  Pierre,  après  quoi  il  fit  un 
stage  aux  écoles  publiques,  pour  enfin  compléter  ses  études  commer- 
ciales au  "Bliss  Business  Collège". 

Très  jeune  encore  il  débuta  dans  les  affaires  en  qualité  d'entrepre- 
neur. Ce  commerce  se  développa  au  cours  des  ans  et  progressa  rapide- 
ment et  en  quelques  années  son  entreprise  était  reconnue  comme  l'une 
des  plus  importantes  de  la  région.  Lewiston-Auburn  et  autres  villes  et 
villages  de  l'Etat  du  Maine  lui  doivent  la  construction  d'édifices  publics, 
d'églises  et  de  nombreux  édifices  importants. 

Il  ne  se  contenta  pas  de  s'occuper  tout  simplement  de  son  com- 
merce. Doué  d'une  énergie  inlassable,  il  ne  tarda  pas  à  manifester  son 
intérêt  aux  choses  paroissiales,  civiques,  mutualistes  et  culturelles. 

Catholique  fervent,  de  convictions  profondes  et  inébranlables,  il 
s'intéressa  toujours  aux  activités  paroissiales.  Fondateur  et  premier 
président  de  La  Société  des  Défenseurs  du  Saint  Nom  de  Jésus,  il  en 
fut  le  président  de  1907  à  1922.  Il  prêtait  toujours  son  concours  à  tou- 
tes les  organisations  de  sa  paroisse,  bazaars,  kermesses,  déjeumers- 
communion. 

La  mutualité  ne  tarda  pas  à  l'intéresser  vivement.  En  1924  il  fut 
élu  au  poste  de  vice-président  général  de  l'Association  Canado-Améri- 
caine,  poste  qu'il  détint  sans  interruption  jusqu'à  l'heure  de  sa  mort. 
Comprenant  l'importance  de  nos  grandes  sociétés  fraternelles,  il  devint 
membre  de  La  Société  des  Artisans,  de  l'Union  St  Jean  Baptiste  d'Amé- 
rique, La  Société  l'Assomption  et  de  l'Institut  Jacques  Cartier. 

Il  fut  du  groupe  des  fondateurs  de  La  Ligue  des  Sociétés  de  Langue 
Française  de  Lewiston-Auburn,  fondée  en  1922,  de  l'Union  de  Crédit 
de  la  paroisse  Sainte  Famille,  du  Club  Richelieu,  et  à  tour  de  rôle 
en  fut  le  président.  Il  était  membre  du  Club  Musical  et  Littéraire,  du 
Club  Le  Montagnard  et  de  l'Association  des  Vigilants.  Il  portait  la  mé- 
daille et  le  titre  de  Chevalier  de  la  Société  du  Bon  Parler  Français,  de 
Montréal. 

Membre  fondateur  du  Comité  de  Vie  Franco-Américaine,  à  la  veille 
même  de  sa  mort  il  assistait,  à  Boston,  à  une  assemblée  du  Bureau  exé- 
cutif dont  il  était  le  premier  vice-président.  Rien  ne  laissait  prévoir  que 
la  mort  devait  le  frapper  si  tôt.  Au  cours  de  cette  dernière  réunion  il 
était  gai  et  plein  d'entrain  comme  toujours.  Il  fut  président  du  comité 
chargé  d'organiser  le  deuxième  Congrès  du  Comité  de  Vie  Franco- 
Américaine  qui  eut  lieu  à  Lewiston  en  novembre  1951  alors  que  fut 
fondée  la  Fédération  Féminine  Franco-Américaine. 

Membre  de  La  Société  Historique  Franco-Américaine,  il  en  était  un 
des  directeurs,  et  avait  accepté  la  tâche  de  préparer  la  réunion  de  La 


24  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

Société  à  Lewiston  le  21  mai  avec  le  concours  de  La  Ligue  des  Sociétés 
de  Langue  Française  de  Lewiston-Auburn. 

La  politique  devait  nécessairement  l'intéresser.  Il  eut  une  longue 
et  brillante  carrière  sans  parallèle  dans  les  annales  politiques  du 
Maine.  Il  débuta  en  1933  lorsqu'il  devint  échevin  de  sa  ville,  puis  suc- 
cessivement président  du  Conseil  des  Echevins,  maire  de  la  ville,  re- 
présentant à  la  Législature  et  sénateur  pendant  douze  ans.  Il  était  le 
doyen  des  législateurs  du  Maine  et  fut  le  chef  de  son  cher  parti  Dé- 
mocrate pendant  plusieurs  années. 

D'une  stature  moyenne,  les  épaules  carrées,  la  tête  haute,  il  se  te- 
nait droit,  solide  comme  ses  principes,  l'oeil  vif  et  la  parole  facile,  d'un 
esprit  combatif  et  tenace,  il  n'y  avait  rien  qui  ne  lui  plaisait  plus  que 
de  prendre  part  aux  débats  dans  l'arène  politique  ou  au  cours  des  as- 
semblées des  sociétés  où  il  apportait  un  jugement  sain,  une  conviction 
sincère  et  une  jovialité  de  bon  escient  qui  pouvait  adoucir  l'âpreté  de 
la  discussion  et  calmer  les  esprits  au  bon  moment.  Au  terme  de  sa  belle 
et  longue  carrière,  nous  pouvons  dire  en  justice  et  avec  franchise  qu'il 
a  rendu  d'immenses  services  à  sa  patrie  d'adoption  et  à  toute  la  Fran- 
co-Américanie. 

En  1921  il  épousait  Mlle  Carmelle  Grenier,  qui  lui  survit.  De  cette 
union  naquirent  trois  fils:  Jean  Charles  Boucher  fils,  Roger  Boucher  et 
Marcel  Boucher;  cinq  filles:  Mlle  Carmelle  Boucher,  Mlle  Jacqueline 
Boucher,  la  Rvde  Soeur  Marie  du  Carmel  ,  des  Soeurs  de  St  Joseph,  de 
Jackman,  Maine,  Madame  Francis  McAvoy,  née  Monique,  et  Mlle  Hélène 
Boucher. 

Lundi  le  28  mars  1960,  en  l'église  Sainte  Famille  eurent  lieu  des 
funérailles  impressionnantes  alors  que  le  Sénateur  Jean  Charles  Bou- 
cher fut  conduit  à  son  dernier  repos.  L'afFluence  si  considérable  de 
hauts  dignitaires  politiques  au  niveau  national,  celui  de  l'Etat,  comme 
celui  du  comté  et  de  la  ville,  et  de  chefs  de  la  mutualité  disait  d'une 
façon  bien  éloquente  les  regrets  inspirés  par  le  décès  d'un  homme  tenu 
en  si  haute  estime  dans  la  vie  politique  comme  dans  le  monde  de  la 
mutualité. 

Devant  sa  tombe,  inclinons-nous  avec  respect  et  offrons  une  prière 
pour  le  repos  de  son  âme,  si  vaillante,  si  française,  si  fidèle  jusqu'à  la 
fin.  Puisse  son  souvenir  inspirer  ceux  qui  restent. 


IV 

Conférences  —  Etudes 

Résurgence  Acadienne* 

Louis  J.  Robichaud 
Premier  Ministre  du  Nouveau  Brunswick 

L'on  m'a  suggéré  de  vous  parler  ce  soir  des  Acadiens  du  Nouveau- 
Brunswick.  Inutile  de  vous  dire  que  c'est  un  sujet  que  j'affectionne  par- 
ticulièrement car  pour  les  raisons  que  vous  devinez,  les  deux  éléments 
de  ce  sujet,  les  Acadiens  d'une  part  et  le  Nouveau-Brunswick  d'autre 
part,  sont  en  effet  très  chers  à  mon  coeur. 

Si  cette  magnifique  province  s'est  récemment  donné  un  Acadien 
comme  premier  ministre,  ce  simple  fait  est  en  quelque  sorte  une  indi- 
cation de  l'importance  des  Acadiens  au  Nouveau-Brunswick,  du  rôle 
qu'ils  y  ont  joué  et  de  la  place  qu'ils  peuvent  occuper  aux  divers  paliers 
de  l'échelle  sociale.  Ce  fait  dénote  en  plus  le  respect  de  nos  concitoyens 
de  langue  anglaise  pour  l'élément  acadien  et  il  laisse  aussi  deviner  l'at- 
titude et  le  comportement  de  ce  dernier  vis-à-vis  cette  partie  de  la 
population  qui  constitue  la  majorité  en  cette  province.  Il  peut  donc  être 
intéressant  de  nous  demander  ce  soir  ce  que  sont  les  Acadiens  au  Nou- 
veau-Brunswisk,  ce  qu'ils  ont  réalisé  jusqu'à  présent,  et  quelle  est  la 
contribution  qu'ils  peuvent  apporter  au  développement  de  leur  provin- 
ce. 

Tout  d'abord  la  population.  Puisque  le  dernier  recensement  du 
Canada  remonte  à  1951,  je  me  bornerai  à  vous  en  citer  quelques  chiffres 
qui  sont  certainement  hors  date  mais  qui  ont  quand  même  l'avantage 
d'être  officiels.  En  1951  donc,  la  population  totale  du  Nouveau-Brunswick 
était  de  515,697  âmes  dont  197,630  personnes  d'origine  française  soit 
38.3  pour  cent  de  la  population  totale.  De  ce  nombre  près  de  184,000 
parlaient  encore  le  français,  ce  qui  veut  dire  qu'environ  93%  des  nôtres 
avaient  conservé  leur  langue. 

Au  Nouveau-Brunswick,  les  Acadiens  sont  réunis  en  des  groupes 
assez  compacts  dans  trois  secteurs  de  la  province,  soit  le  comté  de 
Madawaska  au  nord-ouest,  les  comtés  de  Restigouche  et  de  Gloucester 
au  nord-est  et  les  comtés  de  Kent  et  Westmorland  à  l'est  et  au  sud. 
Au  point  de  vue  ethnique,  le  Nouveau-Brunswick  est  probablement  la 
Province  qui  constitue  la  plus  fidèle  réplique  de  la  Confédération  ca- 
nadienne. Comme  vous  le  savez,  les  Canadiens  d'origine  française  for- 
ment à  peu  près  le  tiers  de  la  population  totale  du  Canada.  Or,  pas  une 
autre  Province  ne  reproduit  cette  composition  avec  autant  de  fidélité 
que  le  Nouveau-Brunswick.  Tandis  que  le  Québec  est  en  très  grande 
majorité  française,  toutes  les  autres  provinces,  sauf  la  nôtre,  sont  en 
très  grande  majorité  anglaise.  C'est  donc  en  quelque  sorte  une  ambition 
et  un  défi  pour  nous  de  vouloir  reproduire  dans  un  contexte  plus  res- 
treint ce  que  les  Pères  de  la  Confédération  avaient  rêvé  pour  le  Canada, 
à  savoir  une  collectivité  bi-ethnique,  biculturelle  et  bilingue. 

Sur  le  plan  religieux,  les  Acadiens  sont  catholiques  presqu'en  to- 
talité. En  effet,  d'après  le  recensement  de  1951,  ils  forment  74%  de  la 


*  Conférence  prononcée  devant  La  Société  Historique,  au  Harvard 
Club  de  Boston,  Mass.,  le  11  décembre  1960. 


26  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

population  catholique  totale  de  la  province  et  seulement  2.6%  de  la 
population  d'origine  française  déclaraient  ne  pas  appartenir  au  catho- 
licisme. 

Il  n'est  pas  surprenant  alors  que  l'importance  numérique  ainsi  que 
la  fidélité  des  Acadiens  au  point  de  vue  religieux  aient  été  reconnues  à 
Rome,  ce  qui  leur  a  valu  une  organisation  hiérarchique  assez  complète 
dans  ce  domaine.  Sur  les  quatre  évêques  catholiques  du  Nouveau- 
Brunswick,  trois  sont  de  langue  française,  à  savoir  S.E.  Mgr  Norbert 
Robichaud,  Archevêque  de  Moncton,  S.E.  Mgr  Camille-André  LeBlanc, 
Evêque  de  Bathurst  et  S.E.  Mgr  J.-Roméo  Gagnon,  Evêque 
d'Edmundston. 

Moncton  est  le  siège  métropolitain  de  la  province  ecclésiastique  du 
Nouveau-Brunswick.  Dans  ces  trois  diocèses,  l'on  trouve  127  paroisses  et 
48  missions  pour  un  total  de  175,  dont  142  sont  entièrement  acadiennes. 
Dans  le  clergé  d'origine  française  ou  acadienne,  on  trouve  231  prêtres 
séculiers  et  153  prêtres  réguliers.  L'on  peut  compter  également  plu- 
sieurs centaines  de  religieuses  appartenant  à  diverses  communautés  ain- 
si que  deux  ou  trois  communautés  de  frères  enseignants.  Sans  entrer 
dans  les  détails,  disons  tout  simplement  que  ces  trois  diocèses  sont  très 
bien  pourvus  en  organisations  de  toutes  sortes  qui  accomplissent  au  point 
de  vue  spirituel  et  temporel  un  travail  de  toute  première  importance. 

Jetons  maintenant  un  coup  d'oeil  dans  le  domaine  de  l'éducation  et 
nous  constaterons  que  les  Acadiens  y  occupent  une  place  assez  honora- 
ble. Sur  le  plan  universitaire,  nous  avons  trois  institutions  qui  détien- 
nent des  chartes  universitaires,  soit  l'Université  Saint-Joseph  de  Mem- 
ramcook  et  Moncton,  l'Université  du  Sacré-Coeur  de  Bathurst  et  l'Uni- 
cersité  Saint-Louis  d'Edmundston.  Ces  universités,  cependant,  sont  plu- 
tôt des  collèges  classiques  qui  peuvent  décerner  leur  propre  degré,  sauf 
l'Université  Saint-Joseph  qui  a  ouvert,  quelques  années  passées,  une 
section  proprement  universitaire  à  Moncton.  On  y  trouve  présentement 
quatre  facultés  dans  lesquelles  on  enseigne  les  sciences,  le  génie,  le 
commerce  et  la  pédagogie. 

En  plus  de  cela,  nous  avons  quatre  collèges  classiques  féminins,  soit 
le  Collège  Notre-Dame  d'Acadie  de  Moncton,  le  Collège  Maillet  à  Saint- 
Basile,  le  Collège  Maria  Assumpta  de  Campbellton  et  un  nouveau  collè- 
ge classique  fondé  l'an  dernier  à  Shippagan.  Le  plus  considérable  et  le 
mieux  connu  de  ces  collèges  est  sans  contredit  le  Collège  Notre-Dame 
d'Acadie  qui  compte  au  delà  de  700  élèves  et  dont  la  célèbre  chorale 
s'est  acquis  une  réputation  presque  internationale. 

Nous  avons  aussi  un  Externat  classique,  le  Collège  l'Assomption  de 
Moncton  et  six  écoles  apostoliques  où  l'on  enseigne  jusqu'en  rhétorique 
le  cours  classique  aux  jeunes  gens  qui  désirent  devenir  religieux  dans 
l'une  ou  l'autre  de  cinq  communautés.  Je  nomme  donc  le  Petit  Sémi- 
naire Saint-Jean  Eudes  de  Bathurst-Ouest,  dirigé  par  les  Eudistes,  le 
Séminaire  Notre-Dame  du  Perpétuel  Secours  de  Humphrey's  sous  la  di- 
rection des  Pères  Rédemptoristes,  l'Ecole  Séraphique  des  Capucins  à 
Moncton,  l'Ecole  Apostolique  de  Sainte-Croix  de  Memramcook  qui  pré- 
pare les  sujets  de  la  Congrégation  Sainte-Croix  aiTisi  que  l'Ecole  Domi- 


CONFERENCES   —   ETUDES  27 

nique  Savio  de  Saint-Louis  de  Kent  et  le  Collège  Dom  Bosco  de  Jacquet 
River,  tous  deux  dirigés  par  les  Pères  Salésiens. 

Ajoutons  à  cela  cinq  Ecoles  d'infirmières  attachées  à  divers  hôpi- 
taux de  la  province,  deux  Ecoles  d'agriculture  attachées  à  l'Université 
Saint-Joseph  et  à  l'Université  Saint-Louis  et  une  Ecole  d'enseignement 
ménager  attachée  à  l'Université  Saint-Joseph,  de  même  qu'une  Ecole  de 
pêcheries,  ouverte  à  Caraquet  en  1959,  sous  la  juridiction  de  la  province, 
et  vous  avez  là  une  assez  bonne  idée  des  facilités  qui  sont  offertes  à  nos 
jeunes  Acadiens  qui  veulent  s'instruire.  En  fait,  un  grand  nombre  pro- 
fitent de  toutes  ces  institutions  puisque  ces  dernières  sont  remplies  à 
capacité  par  plus  de  1500  jeunes  gens  et  jeunes  filles  qui  y  préparent 
leur  avenir. 

Pour  compléter  le  tableau  au  point  de  vue  de  l'enseignement  supé- 
rieur, disons  que  le  nombre  et  la  qualité  de  nos  High  Schools  se  sont 
grandement  améliorés  depuis  une  vingtaine  d'années.  Dans  les  régions 
acadiennes,  on  trouve  85  de  ces  écoles  supérieures  ou  consolidées  qui 
comptent  289  classes  et  desservent  environ  75  municipalités.  Il  va  sans 
dire  que  ces  écoles  nous  préparent  chaque  année  quelques  centaines  de 
jeunes  gens  et  jeunes  filles  soit  à  poursuivre  des  études  plus  avancées 
ou  encore  se  lancer  dans  la  vie  avec  de  meilleures  chances  de  succès. 

Sur  le  plan  de  l'école  élémentaire,  c'est-à-dire  celle  où  l'on  ensei- 
gne de  la  première  à  la  huitième  année,  on  compte,  toujours  dans  les 
centres  acadiens,  environ  1670  de  ces  écoles  ayant  au  delà  de  2063  clas- 
ses et  desservant  150  municipalités.  Elles  sont  fréquentées  par  60,000 
élèves  auprès  de  qui  se  dépensent  2,073  institutexirs  et  institutrices  de 
langue  française.  Ce  personnel  enseignant  est  à  son  tour  formé  au  Col- 
lège Pédagogique  de  Frédéricton  qui  est  l'unique  institution  du  genre 
dans  la  province  et  où  l'on  s'efforce  de  donner  un  enseignement  bilin- 
gue. 

Voilà  donc,  Mesdames  et  Messieurs,  un  tableau  aussi  complet  que 
possible  des  facilités  éducatives  disponibles  aux  Acadiens  dans  la  Pro- 
vince du  Nouveau-Brunswick.  Evidemment,  ce  n'est  pas  parfait  mais 
des  progrès  considérables  ont  été  réalisés  depuis  une  vingtaine  d'an- 
nées et  comme  notre  population  est  grandement  éveillée  aux  nécessités 
et  aux  avantages  de  l'éducation,  nous  pouvons  prévoir  que  ces  progrès 
iront  s'améliorant  avec  les  années. 

Les  Acadiens  n'ont  jamais  été  réputés  pour  leurs  richesses.  A  cause 
des  circonstances  historiques  et  autres,  ils  sont  restés  longtemps  dans 
une  pauvreté  qui  était  difficile  à  surmonter.  Cependant,  la  situation 
changea  peu  à  peu  et  les  dernières  années  furent  témoins  de  progrès 
considérables  dans  le  domaine  économique. 

C'est  en  1939  que  les  Acadiens  saluaient  leur  premier  millionnaire 
dans  une  institution  qui  est  loin  d'être  étrangère  en  Nouvelle-Angleter- 
re: La  Société  l'Assomption.  Cette  dernière,  fondée  à  Waltham  en  1903, 
a  eu  besoin  de  36  ans  pour  réaliser  son  premier  million  d'actif.  Au- 
jourd'hui, cependant,  elle  dispose  d'un  actif  de  vingt  millions,  possède 
des  assurances  en  vigueur  pour  cent  quinze  millions  et  compte  75,000 
sociétaires.   Elle   est  logée  dans  un  magnifique   immeuble  construit  à 


28  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Moncton  au  coût  d'un  million  et  demi.  Elle  a  payé  en  bénéfices  au  décès 
et  en  maladie  environ  $10,000,000.  et  a  prêté  à  différentes  institutions 
au  delà  de  onze  millions.  La  fameuse  Caisse  Ecolière  a  déboursé  presque 
$850,000.  pour  l'éducation  de  mille  protégés  dont  deux  sont  devenus 
évêques  et  46  autres,  prêtres. 

C'est  là  le  magnifique  bilan  de  la  principale  institution  économique 
des  Acadiens  et  dont  l'influence  est  des  plus  bienfaisantes.  Evidemment, 
.le  n'attribue  pas  son  succès  aux  seuls  Acadiens  du  Nouveau-Brunswick 
car  je  sais  fort  bien  qu'elle  compte  le  tiers  de  ses  effectifs  en  Nouvelle- 
Angleterre  et  qu'elle  transige  des  affaires  dans  quatre  autres  provinces 
canadiennes.  Cependant,  comme  son  siège  social  est  à  Moncton  et  qu'u- 
ne partie  imposante  de  ses  affaires  sont  au  Nouveau-Brunswick,  il  faut 
sans  doute  reconnaître  que  cette  dernière  province  est  le  principal  thé- 
âtre de  ses  activités. 

Les  Acadiens  du  Nouveau-Brunswick  sont  aussi  servis  par  un  deux- 
ième millionnaire  qui  se  fait  remarquer  de  plus  en  plus:  les  caisses 
populaires.  La  première  caisse  populaire  Acadienne  fut  fondée  en  1936 
sous  l'impulsion  de  celui  qui  est  aujourd'hui  l'Evêque  de  Bathurst, 
Mgr  Camille  André-LeBlanc.  Nous  avons  dans  la  province  aujourd'hui 
90  caisses  populaires,  groupant  75,000  membres  et  dont  l'actif  dépasse 
$12,000,000.  Elles  sont  groupés  au  sein  de  la  Fédération  des  Caisses 
Populaires  Acadiennes  dont  le  siège  social  est  à  Caraquet,  dans  le  comté 
de  Gloucester.  Les  Caisses  Populaires  se  sont  également  données  une 
caisse  centrale  dont  l'actif  s'élève  à  $2,000,000.  Depuis  leur  fondation, 
elles  ont  prêté  à  leurs  sociétaires  au  delà  de  cinquante  millions. 

Cependant,  ce  genre  d'activités  coopératives  ne  s'est  pas  arrêté  là. 
Les  Caisses  Populaires  ont  aussi  fondé  une  Société  d'Assurance  sur  les 
prêts  et  les  parts,  dont  l'actif  atteint  $300,000.  et  le  chiffre  d'assurance 
en  vigueur  seize  millions.  La  plus  récente  fondation  est  la  Société  d'As- 
surance-Générale Acadienne  qui  offre  de  la  protection  de  garantie  et 
fidélité,  qui  protège  contre  le  vol  et  le  feu  et  qui  se  lancera  prochaine- 
ment dans  l'assurance  d'automobiles. 

Par  ailleurs,  il  existe  au  Nouveau-Brunswick  l'Union  Coopérative 
Acadienne  qui  groupe  une  cinquantaine  de  Coopératives,  c'est-à-dire  des 
magasins  coopératifs,  coopératives  de  pêcheurs  ou  de  producteurs,  coo- 
pératives agricoles,  etc.  Le  chiffre  d'affaire  de  ces  institutions  dépasse 
$6,000,000.  annuellement.  Inutile  d'affirmer  que  le  mouvement  coopéra- 
tif, tant  par  ses  caisses  populaires,  ses  coopératives  et  ses  institutions 
connexes,  est  appelé  à  jouer  un  rôle  très  important  dans  l'économie  du 
Nouveau-Brunswick. 

Dans  le  monde  des  affaires,  il  ne  faut  pas  oublier  l'entreprise  pri- 
vée qui  elle  aussi  prend  une  envergure  de  plus  en  plus  marquée,  grâce 
au  dynamisme  et  à  l'esprit  d'initiative  de  certains  de  nos  Acadiens. 
Nous  avons  aujourd'hui  des  commerces  prospères  et  des  entreprises 
florissantes  dans  le  domaine  de  la  construction,  dans  le  commerce  du 
gros  ainsi  que  dans  plusieurs  industries  secondaires.  Nos  hommes  d'af- 
faires se  taillent  graduellement  une  place  plus  enviable  dans  le  monde 
économique  mais  il  faut  reconnaître  toutefois  que  pour  les  Acadiens 


CONFERENCES   —    ETUDES  29 

comme  pour  tous  les  autres  citoyens  du  Nouveau-Brunswick,  les  problè- 
mes économiques  sont  loins  d'être  tous  résolus  et  devront  commander 
une  attention  constante  afin  d'assurer  la  prospérité  et  le  bien-être  de 
notre  population. 

Un  autre  domaine  où  les  Acadiens  jouent  un  rôle  considérable  est 
la  politique.  Et  je  ne  surprendrai  personne  en  affirmant  que  j'attache  à 
cette  activité  particulière  la  plus  grande  importance.  Aussi  ai-je  été 
émerveillé  de  la  clairvoyance  et  du  bon  jugement  politique  non  seule- 
ment des  Acadiens  mais  aussi  de  la  majorité  des  électeurs  du  Nouveau- 
Brunswick  aux  dernières  élections  du  22  juin.  A  mon  avis,  le  tout  s'est 
soldé  par  un  meilleur  gouvernement  pour  toute  la  province,  n'en  déplai- 
se à  la  Loyale  Opposition  de  Sa  Majesté. 

En  ce  qui  concerne  les  Acadiens,  ils  ont  dans  le  présent  gouverne- 
ment six  ministres  sur  douze,  dont  le  premier  ministre.  En  tout,  ils 
comptent  15  députés  à  l'Assemblée  Législative  sur  un  total  de  52.  C'est 
à  peu  près  le  maximum  qu'il  leur  est  possible  de  faire  élire  dans  les 
conditions  actuellies. 

A  la  Chambre  des  Communes,  les  Acadiens  ont  trois  députés  sur 
10  et  ils  ont  aussi  le  même  nombre  de  sénateurs.  A  la  magistrature,  ils 
sont  représentés  par  deux  juges  à  la  Cour  Supérieure  et  un  juge  à  la 
Cour  de  Comté. 

En  abordant  la  situation  culturelle  des  Acadiens  du  Nouveau- 
Brunswick,  il  convient  tout  d'abord  de  mentionner  certaines  oeuvres 
qui  sont  en  quelque  sorte  le  fondement  même  de  ce  phénomène  com- 
plexe que  l'on  a  appelé  la  Renaissance  acadienne. 

Et  je  commencerai  par  nommer  la  plus  récente  fondation  mais 
peut-être  la  plus  riche  en  promesses  d'avenir,  à  savoir:  la  Société  Na- 
tionale des  Acadiens,  réorganisée  à  la  suite  des  fêtes  bicentenaires  de 
1955.  Cette  Société  est  une  fédération  de  toutes  les  oeuvres,  de  toutes 
les  associations  et  de  tous  les  mouvements  qui  existent  en  Acadie.  Elle 
réunit  dans  un  même  Conseil  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  vivant,  de  plus 
actif  et  de  plus  dynamique  en  Acadie.  En  font  partie  tous  nos  diocèses, 
toutes  nos  sociétés  d'éducation,  toutes  nos  associations  économiques, 
toutes  nos  institutions  d'enseignement,  nos  jurnaux,  nos  postes  de  radio, 
nos  sociétés  agricoles,  etc.  C'est  en  quelque  sorte  le  parlement  de  la  na- 
tion où  s'étudient  les  grands  problèmes  de  la  collectivité  acadienne  et 
où  se  formulent  les  décisions  susceptibles  de  leur  apporter  des  solutions. 

La  Société  Nationale  des  Acadiens  dont  le  siège  social  est  à 
Moncton  est  desservie  par  un  secrétariat  permanent  dont  le  personnel 
compétent  est  dévoué,  met  en  application  les  décisions  du  Conseil  et  du 
Comité  Exécutif.  La  formule  semble  des  plus  heureuses  et  en  deux  ans 
la  Société  Nationale  a  déjà  produit  d'appréciables  résultats.  Encore  ici, 
tout  le  mérite  n'en  revient  pas  aux  seuls  Acadiens  du  Nouveau- 
Brunswick  puisqu'elle  est  au  service  de  tous  les  Acadiens  et  qu'elle 
compte  plusieurs  membres  même  parmi  les  associations  acadiennes  de 
la  Nouvelle-Angleterre. 

En  deuxième  lieu,  je  voudrais  citer  l'Association  Acadienne  d'Edu- 
cation, fondée  en  1937  avec  le  but  précis  d'améliorer  le  sort  fait  aux  pe- 


30  BULLETIN    DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

tits  Acadiens  dans  les  écoles  du  Nouveau-Brunswick.  La  devise  de  cette 
vaillante  Association  est  "Dieu  et  langue  à  l'école".  Elle  aussi  a  trouvé 
moyen  de  se  faire  accepter  par  la  population  qui  chaque  année  la  sub- 
ventionne par  une  campagne  financière.  Elle  aussi  a  son  secrétariat  per- 
manent à  Caraquet  et  dispose  d'un  personnel  à  plein  temps  qui  impri- 
me pour  les  écoliers  acadiens  des  milliers  de  cahiers  de  français,  orga- 
nise des  concours  de  français,  distribue  des  trophées  et  se  tient  cons- 
tamment sur  la  brèche  pour  revendiquer  avec  insistance  des  améliora- 
tions dans  le  programme  scolaire  ou  dans  tous  les  autres  domaines  qui 
touchent  l'éducation. 

L'A.A.E.,  comme  on  l'appelle  chez-nous,  a  donné  naissance  à  l'Asso- 
ciation des  Instituteurs  Acadiens  qui  groupe  presque  la  totalité  de  no- 
tre personnel  enseignant  afin  de  le  rendre  conscient  de  ses  responsabi- 
lités et  de  le  mieux  préparer  à  bien  enseigner  aux  jeunes  Acadiens  en 
tenant  compte  des  exigences  d'un  bilinguisme  de  bon  aloi. 

Mentionnons  aussi  la  section  française  de  l'Association  des  Foyers- 
Ecoles  qui  amène  les  parents  à  s'intéresser  aux  problèmes  de  l'éduca- 
tion et  à  collaborer  avec  le  personnel  enseignant.  A  noter  que  le  prési- 
dent provincial  de  cette  association  est  un  Acadien. 

L'un  des  meilleurs  instruments  de  travail  que  possèdent  les  Aca- 
diens au  Nouveau-Brunswick  est  incontestablement  leur  journal  quoti- 
dien, "L'Evangéline",  publié  à  Moncton.  L'Evangéline  s'est  de  longue 
date  méritée  une  place  d'honneur  à  la  galerie  des  grandes  oeuvres  aca- 
diennes.  Fondé  en  1887,  le  journal  demeura  hebdomadaire  jusqu'en  1931 
alors  qu'il  fut  quotidien  pendant  dix-huit  mois.  L'effort  s'avéra  impos- 
sible à  soutenir  et  L'Evangéline  redevint  hebdomadaire  jusqu'en  1949 
alors  qu'il  reprit  sa  publication  chaque  jour,  à  la  suite  d'une  campagne 
financière  qui  rapporta  $200,000.00 

Comme  vous  pouvez  le  supposer,  la  publication  d'un  journal  quoti- 
dien de  langue  française  au  Nouveau-Brunswick  est  une  tâche  extrême- 
ment difficile  et  à  deux  reprises  l'Evangéline  a  dû  faire  un  appel  spécial 
au  peuple.  En  1957,  les  Acadiens  du  Nouveau-Brunswick  lui  ont  fourni 
$38,000.00  et  en  1959  ils  ont  généreusement  contribué  $42,000.00  dans 
une  seconde  campagne.  Aujourd'hui  la  situation  du  journal  inspire 
moins  d'inquiétudes  même  si  le  problème  financier  reste  continuelle- 
ment à  l'ordre  du  jour.  Chose  certaine,  les  Acadiens  ne  laisseront  pas 
tomber  leur  journal  même  s'il  leur  en  coûte  de  lourds  sacrifices. 

Je  dois  dire  que  L'Evangéline  est  heureusement  secondé  dans  son 
travail  par  "Le  Madawaska",  journal  hebdomadaire  qui  dessert  de  façon 
spéciale  la  population  du  nord-ouest  du  Nouveau-Brunswick. 

Au  point  de  vue  de  la  radio  française,  les  Acadiens  de  ma  provin- 
ce sont  assez  bien  servis.  Ils  ont  le  poste  CJEM  à  Edmundston,  fondé 
en  1944  et  le  poste  CBAF  à  Moncton,  fondé  en  1954.  Par  ailleurs,  les 
Acadiens  du  nord-est  du  Nouveau-Brunswick  sont  desservis  par  le  poste 
CHNC  de  New  Carlisle.  Si  l'on  ajoute  à  cela  deux  postes  de  relais  situés 
au  centre  du  Nouveau-Brunswick,  l'on  peut  dire  que  presque  tous  les 
Acadiens  de  la  province  peuvent  capter  une  voix  française  à  la  radio. 


CONFERENCES   —   ETUDES  31 

Reste  la  télévision  française  que  nous  avons  depuis  un  an  seule- 
ment. Le  poste  CBAFT  de  Moncton  est  exclusivement  de  langue  fran- 
çaise et  est  opéré  par  la  Société  Radio-Canada.  Il  sera  d'ici  un  mois 
raccordé  au  réseau  national  de  télévision  française.  Le  poste  est  encore 
trop  faible  pour  atteindre  tous  les  Acadiens  du  sud-est  du  Nouveau- 
Brunswick  mais  nous  avons  espoir  que  la  puissance  en  sera  augmentée 
d'ici  trop  longtemps.  Au  nord  de  la  province,  les  Acadiens  ont  le  ser- 
vice du  poste  de  télévision  de  New  Carlisle  dont  la  programmation  est 
à  65%  en  langue  française.  Et  les  gens  du  Madawaska  sont  pour  le  mo- 
ment desservis  par  Rimouski  dans  la  province  de  Québec.  Mais  une  ré- 
cente décision  du  Bureau  des  Gouverneurs  de  la  Radio  et  Télédiffusion 
vient  d'établir  que  le  canal  présentement  disponible  dans  cette  région 
devra  être  affecté  à  un  poste  de  télévision  d'expression  française.  Ainsi 
dans  quelques  années,  la  plupart  des  Acadiens  du  Nouveau-Brunswick 
bénéficieront  pleinement  de  ce  puissant  médium  de  culture  et  de  for- 
mation qu'est  la  télévision  parce  qu'elle  leur  sera  communiquée  dans 
leur  langue  maternelle. 

A  la  faveur  d'un  développement  aussi  général  sur  tous  les  fronts, 
il  n'est  pas  surprenant  que  les  Acadiens  du  Nouveau-Brunswick  se  soient 
affirmés  de  façon  plus  marquée  dans  les  activités  proprement  culturel- 
les. En  effet,  en  ces  dernières  années,  nous  avons  produit  plusieurs 
jeunes  artistes  qui  ont  attiré  sur  eux  l'attention  des  critiques.  Les  cho- 
rales de  nos  collèges  sont  devenues  célèbres  et  se  partagent  à  tour  de 
rôle  des  honneurs  que  jadis  nous  n'aurions  pas  même  osé  convoiter. 
Nos  troupes  de  théâtre  participent  régulièrement  à  des  festivals  sur  le 
plan  provincial  et  décrachent  parfois  des  honneurs  qui  les  placent  dans 
des  concours  d'envergure  nationale.  Chaque  année  maintenant,  l'on 
organise  dans  tous  les  comtés  français  des  festivals  de  musique  pour 
nos  enfants  d'écoles  et  ces  activités  remportent  des  succès  vraiment  en- 
courageants. Nous  avons  même  quelques  écrivains  et  périodiquement  il 
se  publie  des  livres  par  des  auteurs  de  chez-nous.  L'un  d'entre  eux  re- 
cevait quelques  mois  passés  le  prix  littéraire  du  Conseil  de  la  Vie 
Française. 

L'on  ne  peut  passer  sous  silence  non  plus  nos  clubs  sociaux,  par  ex- 
emple les  huit  Clubs  Richelieu  du  Nouveau-Brunswick  ainsi  que  plu- 
sieurs Clubs  Acadiens  qui  exercent  une  inflence  dans  leurs  milieux 
respectifs  et  répondent  à  un  besoin  de  la  vie  moderne.  Impossible  de  ne 
pas  dire  un  mot  non  plus  de  nos  professionnels  qui  sont  de  plus  en  plus 
nombreux  dans  les  différentes  professions.  Pour  vous  donner  une  idée, 
je  dirai  que  nous  avons  à  peu  près  100  médecins  sur  379,  soit  25%,  34 
dentistes  sur  114,  soit  30  pour  cent,  et  46  avocats  sur  258,  soit  20  pour 
cent.  Evidemment,  ce  pourcentage  est  loin  de  correspondre  à  la  pro- 
portion acadienne  de  la  population  mais  il  faut  dire  que  les  Acadiens 
ont  commencé  bien  en  retard  à  remplir  ces  cadres.  Lorsque  l'on  sait  par 
exemple  que  le  premier  dentiste  acadien  est  encore  vivant  et  pratique  à 
Moncton,  vous  voyez  quel  chemin  l'on  a  dû  parcourir  dans  une  généra- 
tion pour  avoir  30%  des  effectifs  de  cette  profession.  Ailleurs,  notre 
représentation  est  moins  forte  mais  nous  faisons  du  progrès.  Par  exem- 
ple, il  y  a  à  Moncton  10  architectes  à  l'heure  actuelle  et  tous  sont  de 
langue  française.  Ainsi   graduellement  et  avec  honneur,  les  Acadiens 


32  BULLETIN    DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

prennent  les  places  qui  leur  sont  réservées  et  jouent  de  plus  en  plus  le 
rôle  qui  est  dévolu  à  une  minorité  agissante  dans  un  contexte  majori- 
taire comme  le  Nouveau-Brunswick. 

Mesdames  et  messieurs,  j'ai  cherché  à  vous  faire  le  tableau  des  for- 
ces vives  qui  sont  à  l'oeuvre  chez  les  Acadiens  de  ma  province.  Ce  ta- 
bleau je  l'ai  brossé  à  grands  traits  et  je  ne  le  prétends  pas  du  tout  com- 
plet ni  exhaustif.  Pour  le  faire,  il  faudrait  réellement  écrire  un  volume 
de  quelques  cents  pages. 

Cependant,  je  crois  vous  avoir  dit  suffisamment  de  choses  pour 
bien  établir  le  fait  que  les  Acadiens  au  Nouveau-Brunswick  ne  consti- 
tuent pas  un  groupe  inerte  qui  se  laisse  ballotter  par  différents  courants 
sans  se  donner  la  peine  de  réagir  et  de  prendre  position  sur  les  diffé- 
rents problèmes  qui  affectent  la  collectivité.  Au  contraire,  ils  sont  bien 
vivants,  ils  sont  dynamiques,  ils  s'efforcent  de  prendre  des  attitudes  po- 
sitives en  regard  des  questions  majeures  qui  se  posent  régulièrement 
dans  une  province  comme  la  nôtre. 

Je  dirais  à  ce  sujet  que  le  comportement  général  des  Acadiens  peut 
se  caractériser  par  trois  attitudes  assez  bien  définies. 

Premièrement:  Les  Acadiens  sont  décidés  non  seulement  de  survi- 
vre mais  de  grandir  et  de  rayonner.  Dans  leur  esprit  cependant  il  n'est 
pas  question  de  supplanter  qui  que  ce  soit  ni  d'enlever  les  places  ou  les 
droits  qui  appartiennent  légitimement  à  leurs  concitoyens  d'autres  lan- 
gues et  d'autres  religions.  Ils  veulent  tout  simplement  mais  totalement 
être  ce  que  la  Providence  les  a  fait.  Ils  ont  donc  depuis  longtemps  pris 
la  décision  bien  arrêtée  d'être  catholiques,  d'être  français,  et  de  faire 
en  sorte  que  leurs  enfants  le  soient  après  eux.  Et  en  vue  de  cela,  ils  se 
sont  donné  dans  toute  la  mesure  du  possible  les  institutions  nécessai- 
res en  vue  de  compléter  le  travail  de  formation  et  d'éducation  com- 
mencé au  foyer. 

II  ne  peut  donc  être  question  chez-eux  de  démission,  de  lâchage  ou 
d'anglicisation  systématique.  Les  Acadiens  insistent  pour  avoir  du  fran- 
çais à  l'église,  pour  avoir  du  français  à  l'école  et  pour  mettre  du  fran- 
çais dans  leur  propres  foyers.  C'est  en  ayant  cette  triple  préoccupation 
constamment  présente  à  l'esprit  qu'ils  ont  réussi  et  qu'ils  réussiront  à 
s'imposer  comme  une  force  majeure  dans  le  contexte  provincial  du 
Nouveau-Brunswick. 

Deuxièmement:  Les  Acadiens  ont  de  plus  en  plus  conscience  de 
parler  une  des  plus  belles  langues  au  monde,  à  condition  qu'elle  soit 
bien  parlée,  de  posséder  une  cultue,  la  culture  française,  qui  est  sans 
doute  une  des  plus  riches  de  la  terre,  et  d'être  les  héritiers  d'un  passé 
et  de  traditions  qui  leur  ont  été  légués  par  quelques  siècles  d'histoire. 
Or  tout  cela  constitue  une  richesse  pour  n'importe  quelle  province, 
pour  n'importe  quel  pays.  Les  Acadiens,  comme  dépositaires  de  ce  tré- 
sor, se  sentent  le  devoir  de  le  partager  et  d'en  faire  bénéficier  leurs 
concitoyens  d'autres  langues  et  d'autres  religions.  S'ils  ne  le  faisaient 
pas,  je  crois  sincèrement  qu'ils  manqueraient  à  leur  devoir  et  qu'ils  pri- 
veraient leur  province  d'un  actif  excessivement  précieux.  Si  donc  les 
Acadiens  veulent  se  développer,  grandir  et  se   fortifier,  ce  n'est  pas 


s.  E.  Mgr  Ernest-Jean  Primeau,  évèque  de  Manehester,  reçoit  les  hommages  du 
Conseil  de  la  Vie  Française,  à  l'oeeasion  du  ban(iiiet  qui  lui  est  offert  par  le  Comité 
de  V^ie  Franeo-Amérieaine,  à  Boston,  le  22  juin.  De  gauehe:  R.  P.  Thomas-Marie 
Landry  O.P.,  M.  Lauré-B.  Lussier,  Abbé  Adrien  Verrette,  S.  E.  Mgr  Primeau, 
fuge  Emile  Lemelin,  juge  Fernand  Despins  et  juge  Yves  Bernier. 


5.     Remise  de  la  mé 


édaill( 


nemise  cie  la  mecianie  'Grand  Pri.x"  de  la  Société  Historique,  le  21  mai  1960,  à 
Mgr  Félix  Martin,  P.D.,  curé  de  la  paroisse  Ste  Famille,  de  Lewiston,  Maine. 
De  gauche:  R.  P.  Thomas-Marie  Landry,  O.P.,  Mgr  Martin.  Abbé  Adrien  Verrette. 
président,  Dr  Antoine  Dumouehel,  R.  P.  Henri  Béchard,  s.j.  et  le  juge  Fernand 
Despins. 


Uéception  à  l'honorable  Louis-J.  Robichaiid,  premier  ministre  du  Nomeau  Bruns- 
wick, au  Harvard  Club  de  Boston,  le  11  décembre  1960.  De  gauche:  M.  Jacques 
Gignac,  vice-consul  canadien  à  Boston,  Madame  Ciignac,  M.  le  baron  Charles  de 
Pampelonne,  consul  général  de  France  à  Boston,  Madame  la  baronne,  l'Honorable 
Louis-J.  Robichaud,  Mme  Robert,  M.  Stuart  Hemsley,  consul  général  du  Canada  à 
Boston,  M.  Gérald  Robert,  trésorier  et  le  Dr  Louis-B.  Amyot,  vice-président  de  la 
Société  Historique. 


Remise    de    la    médaille    "Grand    Prix"   à    l'honorable    Louis-J.    Robichaud    par    M. 
Gérald   Robert,  le   11   décembre. 


CONFERENCES   —   ETUDES  33 

seulement  pour  eux-mêmes  mais  pour  le  bien  commun  de  leur  province 
et  en  définitive  pour  celui  de  toute  la  Confédération  Canadienne. 

Troisièmement:  Dans  ce  processus  de  développement  et  de  rayon- 
nement, les  Acadiens  ont  donc  conscience  de  participer  au  bien  com- 
mun. Cela  explique  peut-être  pourquoi  les  Acadiens  de  façon  générale 
s'entendent  assez  bien  avec  leurs  concitoyens  de  langue  anglaise  et  de 
foi  protestante.  Il  n'y  a  pas  au  Nouveau-Brunswick  de  sérieux  problè- 
mes de  races  ou  de  religions.  Oh!  nous  avons  bien  nos  difficultés  et  nos 
différences,  comme  n'importe  quelle  association  ou  n'importe  quelle 
famille.  Mais  nous  trouvons  toujours  moyen  de  nous  asseoir  autour 
d'une  table,  de  discuter  ces  problèmes  et  d'en  arriver  à  une  solution 
qui  soit  satisfaisante  dans  la  mesure  du  possible.  C'est  là  à  mon  avis, 
le  signe  d'une  population  adulte,  d'une  population  rendue  à  un  degré 
de  maturité  suffisant  pour  pouvoir  vivre  ensemble  de  façon  pacifique, 
en  collaborant  au  bien  commun  tout  en  respectant  le  droit  des  autres 
d'être  eux-mêmes,  de  pratiquer  la  foi  de  leurs  ancêtres,  de  parler  leur 
langue  maternelle  et  d'enrichir  leur  héritage  culturel. 

Toutefois,  si  les  Acadiens  avaient  réussi  à  s'entendre  avec  leurs 
concitoyens  en  sacrifiant  leur  foi,  leur  langue  et  leur  passé,  je  ne  ver- 
rais rien  d'extraordinaire  ou  de  bien  méritoire  dans  une  réussite  de  ce 
genre.  Or,  ce  que  je  veux  bien  souligner  et  ce  qui  est  à  la  gloire  du 
Nouveau-Brunswick,  c'est  le  fait  que  nos  gens  s'entendent  bien  et 
collaborent  bien  en  se  respectant  et  en  laissant  à  chacun  le  droit  et  le 
privilège  d'être  lui-même.  Evidemment,  je  ne  prétends  pas  du  tout  que 
nous  ayons  atteint  le  stage  de  la  perfection,  loin  de  là.  Il  y  a  encore 
beaucoup  de  progrès  à  réaliser  d'un  côté  comme  de  l'autre.  Mais  je  suis 
certain  qu'on  trouve  en  général  les  éléments  de  bonne  volonté  qui  sont 
nécessaires  pour  réaliser  la  plénitude  de  cet  idéal. 

Il  existe  présentement  un  grand  courant  d'enthousiasme  et  de 
confiance  en  l'avenir  des  provinces  Maritimes.  Tous  nos  citoyens  de 
toutes  races  et  de  toutes  dénominations  sont  éveillés  à  cette  préoccu- 
pation de  travailler  à  la  grandeur  spirituelle,  culturelle  et  matérielle 
de  ce  qu'on  appelle  la  Région  de  l'Atlantique. 

Je  puis  vous  assurer  que  le  Nouveau-Brunswick  est  intégré  à  100% 
dans  ce  mouvement  de  reconstruction  et  à  l'intérieur  du  Nouveau- 
Brunswick  les  Acadiens  vont  certainement  faire  leur  juste  part  pour 
apporter  une  contribution  appréciable  en  vue  de  cet  objectif.  Avec  les 
qualités  qui  leur  sont  propres,  avec  leur  tempérament  et  leurs  disposi- 
tions particulières,  avec  leurs  ressources  et  leur  philosophie  de  la  vie, 
ils  sont  bien  préparés  pour  jouer  un  rôle  de  premier  plan  dans  ce 
grand  mouvement  de  restauration  sociale,  visant  à  donner  plus  de 
bonheur,  plus  de  paix  et  plus  de  prospérité  à  toute  notre  population, 
ce  qui  est  la  fin  première  de  tout  bon  gouvernement  et  l'illustration 
pratique  de  la  démocratie  en  action. 


34  BULLETIN    DE  LA   SOCIETE  HISTORIQUE 

La  langue  française 
et  les  Franco-Américains 

Au  mois  d'octobre  dernier,  à  Fall  River  en  Nouvelle  Angleterre, 
se  tenaient  les  assises  vraiment  brillantes  du  5e  congrès  des  Franco- 
Américains.  Les  esprits  s'étaient  concertés  sur  "L'Importance  de  l'édu- 
cation bilingue  chez  les  Franco-Américains".  Les  autorités  municipales 
avaient  même  fait  peindre  des  "Fleurs  de  Lis"  sur  le  pavement  des  rues 
pour  indiquer  aux  visiteurs  la  direction  des  endroits  où  se  déroulaient 
les  réunions.  On  ne  pouvait  exiger  accueil  plus  cordial. 

Or  il  arriva  que  certains  observateurs,  voulant  se  rendre  compte 
"ex-auditu"  de  la  présence  même  du  verbe  français  à  ce  conclave, 
recueillirent  certains  faits  assez  révélateurs;  les  dames  et  les  demoi- 
selles préposées  à  l'inscription  des  congressistes,  durant  les  moments 
libres  s'entretenaient  presqu'exclusivement  en  anglais;  les  élèves  des 
écoles  secondaires  en  quittant  la  salle  des  délibérations  échangeaient 
leurs  propos  en  anglais;  au  banquet  de  clôture,  à  la  table  de  famille, 
la  résonnance  anglaise  enveloppait  presque  les  harmonies  françaises; 
le  dimanche  après  midi,  à  l'issue  de  la  cérémonie  de  la  consécration  de 
notre  jeunesse  à  la  "Reine  du  Ciel",  après  avoir  prié  en  français,  sur 
le  perron  de  l'église  Notre  Dame  de  Lourdes,  la  presque  totalité  des 
écoliers  et  bon  nombre  d'adultes  causaient  en  anglais.  Comment  ex- 
pliquer ces  anomalies ? 

Pourtant  tous  ces  compatriotes  étaient  des  Franco-Américains  qui 
aiment  leur  patrimoine,  qui  fréquentent  nos  institutions  et  qui  étaient 
venus  précisément  pour  entendre  glorifier  notre  idéal  commun  et  rece- 
voir en  plus  des  consignes  afin  d'enrichir  leur  culture  et  d'améliorer 
leur  parler.  Nous  voulons  y  voir  l'un  des  tristes  résultats  du  bilinguis- 
me mal  équilibré  que  nous  pratiquons  intensément  depuis  près  de 
trente  ans. 

C'est  que  l'on  se  préoccupe  de  moins  en  moins  de  l'enseignement 
du  français  comme  langue  véhiculaire  de  nos  âmes.  On  veut  le  conser- 
ver simplement  comme  un  vestige  attardé  du  patrimoine  que  nos  de- 
vanciers portaient  en  eux  et  peut-être  pour  faire  plaisir  à 

grand'mère. 

Au  foyer,  les  parents  pris  dans  le  pressoir  de  la  vie  quotidienne, 
issus  eux-mêmes  d'une  génération  déjà  entamée  au  point  de  vue  cultu- 
rel, ne  veulent  plus  réagir.  Us  ont  perdu  le  goût  même  de  se  ressaisir, 
pendant  que  l'enfant  reçoit  ses  premières  impressions  et  choisit  lui- 
même  les  modes  de  son  information  alors  que  la  vertu  de  continuité 
dans  la  famille  s'affaiblit  de  jour  en  jour.  Et  c'est  ainsi  que  se  défigure 
l'âme  de  nos  enfants  et  partant  celle  de  notre  peuple. 

Des  voix  autorisées  de  l'Acadie,  du  Québec  et  de  la  Franco-Améri- 
canie  avaient  cependant  rassassé  et  exalté  pour  la  centième  fois,  à 
l'appuie  de  textes  et  de  faits  irrécusables  toutes  les  raisons  qui  militent 
en  faveur  de  la   maintenance   paisible   mais  résolue  de  notre  culture 


*  Article  publié  dans  l'Album  de  la  Société  du  Bon  Parler  Fran- 
çais (Montréal)  par  l'abbé  Adrien  Verrette  (1960) 


CONFERENCES   —   ETUDES  35 

comme  enrichissement  précieux  à  notre  vie  franco-américaine,  avec  tout 
oe  que  cela  comporte  de  responsabilité  dans  les  domaines  religieux, 
civique  et  social.  Ce  qui  prouve  que  l'éclat  d'un  congrès  ne  traduit  pas 
nécessairement  le  comportement  de  tous  ceux  qui  le  fréquentent! 

Où  fixer  le  blâme?  Il  est  un  peu  partout!  Empressons-nous  d'ajou- 
ter qu'il  n'est  pas  question  de  s'opposer  au  progrès,  mais  il  y  a  toute 
une  marge  entre  l'évolution  et  les  adaptations  nécessaires  au  progrès 
et  la  vertu  de  continuité  dans  la  vie. 

Et  les  responsables  de  cette  situation  sont  assez  nombreux.  En  cer- 
tains cas  ils  sont  plus  à  plaindre  qu'à  blâmer.  Les  fauteurs,  nous  les  trou- 
verions chez  ces  éducateurs,  qui,  sous  prétexte  de  progrès  et  d'opposition 
à  un  racisme  imaginaire,  ont  changé  l'orientation  de  leur  enseignement 
et  ont  ainsi  ravi  à  notre  rayonnement  et  à  notre  prestige  le  concours 
d'institutions,  qui,  pourtant  avaient  été  fondées  avec  un  but  très  explicite; 
nous  les  trouverions  encore  au  sein  de  plusieurs  de  nos  écoles  primaires 
où  l'on  enseigne  la  langue  sur  des  bouts  de  papiers,  sans  manuels  invi- 
tants, sans  histoire  de  nos  origines,  souvent  sans  amour;  chez  un  trop 
grand  nombre  de  cette  classe,  que  l'aisance  a  touchée,  qui  se  baignent 
dans  la  médiocrité;  chez  ces  professionnels,  ecclésiastiques  ou  hommes 
d'affaires  qui  n'ont  jamais  un  sou  pour  nos  oeuvres,  mais  qui  en  vivent; 
chez  ces  politiciens  plus  partisans  que  fidèles  à  leur  idéal;  dans  combien 
de  foyers  ne  constaterions-nous  pas  que  l'odeur  du  français  a  été  rempla- 
cée par  les  balivernes  et  les  grimaces  illustrées  du  crime  et  de  la  sensua- 
lité; encore  chez  ceux  qui  ont  fait  table  rase  des  trésors  spirituels  et  cul- 
turels que  la  Providence  leur  avait  confiés;  enfin  dans  des  milliers  de 
foyers  qui  portent  encore  de  beaux  noms  français,  mais,  qui,  à  cause  des 
alliances  choisies  ont  abandonné  la  vie  française... 

Ajoutons  à  tout  cela  les  ferments  du  progrès  et  les  infiltrations  iné- 
vitables à  tous  les  degrés  de  la  vie  quotidienne  où  le  franco-américain 
se  dépense  en  gagnant  sa  vie,  des  présences  qui  sont  naturelles  et  bien 
légitimes  au  sein  de  la  patrie,  et  nous  avons  là  le  tremplin  où  se  débat 
notre  âme  franco-américaine. 

Ceci  n'est  pas  un  réquisitoire.  Ces  considérations  sont  des  faits  irré- 
futables que  l'on  pourrait  également  relever  avec  nuance  chez  tous  les 
groupements  français  en  Amérique  et  même  dans  le  Québec. 

Au  moment  où  de  louables  efforts  de  refrancisation  sont  jugés  né- 
cessaires dans  le  Québec,  qm  des  mouvements  sérieux  en  vue  de  l'amé- 
lioration de  notre  parler  se  poursuivent  vaillamment  surtout  par  la  So- 
ciété du  Bon  Parler  français,  on  peut  comprendre  plus  facilement  l'a- 
cuité de  la  situation  chez  les  autres  groupements  français  sur  le  conti- 
nent. Nous  y  vivons  tous  très  dangeureusement  ...  ! 

Tout  ceci  nous  amène  à  cette  affirmation  qui  peut  paraître  para- 
doxale. Malgré  tout,  le  français  existe  encore  chez  les  Franco-Américains 
et  vous  l'entendez  à  satiété  sur  les  rues  de  nos  grandes  villes  au  milieu 
de  la  foule  qui  circule;  le  français  est  toujours  d'usage  dans  nos  églises, 
bien  que  le  débit  soit  souvent  laborieux  chez  notre  jeune  clergé.  Nos 
oeuvres  nombreuses  se  maintiennent  elles-aussi  et  dans  tout  cela  le  fond 
est  encore  solide.  Le  français  vit  en  Nouvelle- Angleterre! 


36  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE  HISTORIQUE 

En  dépit  de  cet  horizon  chargé  d'inquiétudes,  il  ne  faut  pas  oublier 
cette  phalange  de  religieuses,  qui,  comme  des  "vierges  sages"  s'emploient 
avec  zèle  auprès  de  nos  enfants  à  faire  aimer  notre  langue,  ces  belles 
paroisses  où  le  clergé  conscient  de  la  responsabilité  de  son  ministère 
total  conserve  à  nos  institutions  leur  climat  naturel  ...  et  tous  les  au- 
tres apôtres  qui  travaillent  fidèlement  dans  la  bonne  tradition  adaptée  à 
notre  vie  américaine. 

Le  français  sera  toujours  parlé  et  utilisé  aux  Etats-Unis  par  une 
classe  supérieure  et  cultivée  qui  s'en  approprie  la  richesse  comme  valeur 
intellectuelle.  On  l'enseigne  dans  les  universités,  les  collèges,  les  écoles 
secondaires  et  primaires  mêmes.  On  y  étabUt  des  cercles  de  conversa- 
tion française  .  .  .  Depuis  la  dernière  guerre  les  idées  ont  bien  changé 
au  sujet  d'un  pays  unilingue. 

Le  français  comme  langue  véhiculaire  dans  le  foyer  et  dans  les 
relations  sociales  du  franco-américain  se  parlera  encore  très  longtemps 
si  nous  pouvons  éveiller  nos  mères  au  souci  de  le  communiquer  à  leurs 
petits  enfants.  La  tâche  n'est  pas  facile  en  bien  des  cas  mais  elle  est 
toujours  possible.  Pour  cela,  il  faut  que  la  maman  pense  en  français. 

Il  y  a  longtemps  que  nous  prêchons  un  peu  dans  le  désert  en  de- 
mandant à  celles  qui  s'occupent  de  l'orientation  de  l'action  féminine, 
de  concentrer  tous  leurs  efforts  auprès  de  nos  foyers  afin  de  convertir 
nos  mères  à  s'intéresser  à  ce  travail  sauveur  afin  que  nos  petits  enfants 
commencent  à  apprendre  le  français  dès  leur  bas  âge,  afin  aussi,  et  c'est 
l'important,  qu'ils  puissent  penser  en  français  dès  ce  bas  âge.  Là  est 
le  salut!  Pour  cela  il  faudra  leur  supprimer  bien  des  heures  vides  à  la 
télé.  Tous  les  congrès  à  venir  accompliront  bien  peu  si  le  travail  initial 
n'est  pas  assuré  dans  la  préparation  véritable  de  la  relève  dès  le  ber- 
ceau. 

Au  sujet  de  la  qualité  du  français  chez  les  Franco- Américains,  il 
est  assez  difficile  de  préciser.  En  dehors  des  classes,  un  trop  grand 
nombre  ne  lit  et  ne  parle  pas  le  français.  Les  enfants  aux  jeux  sont  à 
l'anglais.  Une  certaine  catégorie  des  nôtres  parle  un  très  beau  français. 
Elle  pourrait  être  plus  nombreuse.  Pour  la  masse  du  peuple,  c'est  un 
français  négligé,  populaire,  fourmillant  d'anglicismes,  mais  l'effort  est 
là  et  cette  langue  est  comprise.  Les  concours  de  français  font  beaucoup 
de  bien.  Les  30  ans  pensent  en  anglais,  aussi,  entament-ils  naturellement 
la  conversation  en  anglais,  mais,  ils  continueront  en  français  si  on  les  y 
dirige  .  .  . 

A  la  lumière  de  ces  aveux,  nous  comprenons  bien  que  si  nous  multi- 
plions ces  cas  par  milliers,  cela  finira  par  grignoter  sensiblement  le  pa- 
trimoine et  les  fléchissements  augmenteront. 

Pour  tout  cela,  il  ne  faut  pas  perdre  confiance  car  il  y  a  de  louables 
efforts  qui  se  font.  Les  Franco-Américains  n'ont  pas  encore  décidé  de  dis- 
paraître. Il  reste  des  dévouements  et  des  espoirs.  Il  ne  faut  pas  se  baseï 
uniquement  sur  les  pertes.  Les  résurgences  sont  encore  possibles.  Il  y  a 
cent  ans  que  nous  avons  commencé  à  céder  du  terrain,  mais  les  racines 
sont  tellement  profondes  et  toujours  disposées  à  produire,  si  comme 
Apollon,  nous  continuons  à  les  arroser.  La  Providence  pourrait  aussi  ré- 
pondre à  nos  prières. 


CONFERENCES   —   ETUDES  37 

Nous  ne  pouvons  trop  féliciter  nos  collègues  de  la  Société  du  Bon 
Parler  Français,  qui,  eux,  donnent  l'exemple,  en  continuant  sans  relâche 
leurs  profitables  croisades  et  leur  influence  de  redressement  et  de 
persévérance  dans  le  rayonnement  de  notre  parler.  Eux-aussi  trouvent 
parfois  le  travail  dure  et  laborieux,  mais  leur  mérite  réside  dans  cette 
constance  et  cette  persévérance  qui  finissent  par  porter  de  bons  fruits. 

Le  verbe  de  nos  pères  est  rivé  dans  le  sol  de  l'Amérique.  Dieu  ai- 
dant, il  est  encore  possible  de  le  faire  produire  généreusement.  Une  pen- 
sée récente  du  P.  Landry  devrait  nous  guider  et  nous  soutenir  tous: 

"Le  ciel  et  la  terre  passent,  la  figure  de  ce  monde  change  mais  le 
Seigneur,  un  jour,  après  les  suprêmes  purifications  du  créé,  restaurera 
toutes  choses  en  Lui  selon  ce  que  l'homme  aura  fait  de  sa  vie  dans  le 
temps.  C'est  à  cause  de  ceci  justement,  à  cause  des  résonnances  et  des 
implications  éternelles  de  la  vie  de  l'homme  dans  le  temps,  qu'il  devient 
suprêmement  important  de  faire  évoluer  la  vie  d'un  groupe  dans  la  di- 
rection de  son  ultime  destinée.  Avoir  le  sens  du  temps  donc  dans  l'orien- 
tation de  notre  vie  franco-américaine,  donc  le  sens  de  son  déroulement 
dans  un  passé,  un  présent  et  un  avenir  qui  se  suivent  mais  qui  ne  la 
laissent  pas  moins  caduque,  fragile  et  mortelle  pour  autant.  Avoir  aussi, 
ce  faisant,  le  sens  de  l'éternité,  car  en  vertu  de  son  amour  infini,  de 
son  "agapè",  c'est  de  cette  même  vie  franco-américaine  que  Dieu  se  sera 
servi  pour  projeter  beaucoup  d'entre  nous  en  pleine  éternité  de  lumière 
sans  ombres  et  de  joie  sans  retour  .  .  . 

"Voilà,  à  mon  humble  avis,  quelques-uns  des  postulats  essentiels 
à  la  bonne  évolution  de  notre  vie  franco-américaine.  Il  y  en  a  d'autres 
mais  je  considère  que  ceux-ci  sont  les  plus  importants;  le  sens  du  chan- 
gement et  de  l'adaptation  de  notre  vie  en  terre  américaine,  le  sens  de 
la  continuité  et  de  la  permanence  des  valeurs  humaines,  chrétiennes  et 
françaises  que  nous  devons  y  cultiver,  le  sens  de  la  communauté  frater- 
nelle qu'entre  franco-américains  nous  devrions  y  instaurer,  le  sens  du 
temps  dans  lequel  cet  effort  d'épanouissement  personnel  et  collectif  est 
engagé,  et  simultanément  le  sens  de  l'éternité  qui  se  trouve  ici  préparé 
et  engagé." 

Avec  un  pareil  enseignement,  tout  Franco-Américain  a  raison  de 
persévérer  et  d'espérer  .  .  . 

Adrien  Verrette,  ptre 

Président  de  la  Société  Historique 

Franco- Américaine 


VI 

Le  Conseil  de  la  Vie  Française 
en  Amérique 

24e  Réunion  Plénière 

22-26  septembre 

1960 

C'est  à  dessein  que  les  rédacteurs  du  bulletin  de  la  Société  lui  ré- 
servent toujours  une  place  importante  car  le  Conseil  de  la  Vie  Française 
demeure  le  principal  haut  parleur  de  la  vie  française  en  Amérique. 

L'une  des  plus  importantes  depuis  la  fondation  du  Conseil,  la  24e 
session  a  marqué  des  progrès  sensibles  dans  le  rayonnement  de  cet  orga- 
nisme dont  la  mission  est  de  veiller  aux  intérêts  culturels  de  l'Amérique 
française. 

La  réunion  fut  précédée  du  dîner  traditionnel  de  La  Fidélité  Fran- 
çaise, au  cercle  universitaire,  présidé  par  Me  Paul  Gouin,  alors  que  le 
chancelier  de  l'Ordre,  l'abbé  Adrien  Verrette  remettait  les  insignes  d'of- 
ficier à  deux  hauts  dignitaires  de  la  vie  française  en  Amérique,  S.E.  Mgr 
Paul  Bernier,  archevêque-évêque  de  Gaspé  et  M.  Archibald  Lemieux, 
industriel  de  Worcester,  Massachusetts.  Une  remise  posthume  était  aussi 
attribuée  à  Mgr  Antoine  D'Eschambault  apôtre  du  Manitoba. 

Les  assises  débutent  le  lendemain,  le  23  septembre,  dans  les  salons 
du  Conseil  sous  la  présidence  de  Me  Paul  Gouin,  qui,  pour  la  5e  fois 
salue  ses  collègues.  Il  souligne  les  principaux  événements  de  l'exercice, 
invite  les  membres  à  prendre  l'engagement  d'honnur  et  le  conseil  se  met 
au  travail.  Les  voeux  et  hommages  d'usage  sont  expédiés  et  le  secrétaire 
nomme  les  membres  des  différentes  commissions,  nominations,  finances, 
publicité,  mémoires  et  résolutions. 

Au  cours  de  délibérations,  les  membres  prennent  connaissance  du 
travail  accompli  et  portent  leur  attention  sur  plusieurs  projets  qui  leur 
sont  soumis.  Le  procès  verbal  de  la  dernière  session  est  approuvé.  Le 
trésorier  soumet  le  rapport  des  vérificateurs  Boulet,  Morin,  Lachance, 
Motard  et  Robitaille  qui  fixent  l'actif  du  Conseil  à  $157,838.93  avec  liste 
des  placements,  fiducie  et  fonds. 

Le  secrétaire  donne  un  rapport  détaillé  de  l'année  écoulée.  L'un  des 
officiers  du  Conseil,  ancien  président,  le  Docteur  Georges  Dumont,  de 
Campbellton,  député  de  Restigouche,  est  devenu  Ministre  de  la  Santé 
dans  le  Parlement  du  Nouveau-Brunswick.  Trois  deuils  ont  été  inscrits 
dans  l'Ordre  de  la  Fidélité  Française,  les  officiers  Wilfrid  Mathieu, 
de  Manchester,  Mgr  Antoine  D'Eschambault,  du  Manitoba  et  Esdras 
Terrien.  d'Ottawa. 

Le  Conseil  a  été  présent  à  nombre  de  manifestations,  le  11  novem- 
bre (1959)  au  congrès  des  Franco-Albertains,  à  Edmonton,  aux  noces 
d'Or  de  l'Association  d'Education  Canadienne  Française  d'Ontario,  en 
avril,  avec  visite  à  S.E.  le  Gouverneur  général  du  Canada,  le  Général 
Georges  Vanier  à  Rideau  Hall  et  à  S.E.  Mgr  Sebastien  Baggio,  délégué 
apostolique  au  Canada.  Me  Paul  Gouin  était  l'invité  au  banquet  de  oe 


LE   CONSEIL   DE   LA    \1K   FRANÇAISE  39 

cinquantenaire.    Il   prononçait    une    allocution   de   maître    et   honorait 
grandement  le  Conseil. 

Jean  Jacques  Tremblay  assistait  aux  Noces  d'Or  du  journal  "Le 
Devoir,  à  Montréal,  avec  allocution  appréciée.  Armand  Godin  était  aux 
fêtes  du  Tricentenaire  de  Dollard  à  Montréal  et  le  Dr  P.  E.  Laflèche 
représentait  le  Conseil  à  l'inauguration  du  poste  de  Télé-Française  à 
Winnipeg. 

Le  trésorier  Me  Yves  Dernier  et  le  R.P.  Thomas  Landry,  o.p.  s'u- 
nissaient à  leurs  collègues  franco-américains  à  la  grande  réception  of- 
ferte par  les  Franco-Américains  à  S.E.  Mgr  Ernest  J.  Primeau,  nouvel 
évêque  de  Manchester,  à  l'hôtel  Somerset,  de  Boston,  le  22  juin. 

Au  premier  congrès  des  Acadiens,  tenu  à  la  Pointe  de  l'Eglise, 
Nouvelle  Ecosse  en  août,  le  président,  le  directeur  Lucien  Gagné  et  le 
secrétaire  Mgr  Paul-Emile  Gosselin  assistaient  avec  le  docteur  Dumont, 
vice-président,  qui  prononçait  une  vibrante  allocution  au  banquet  de 
clôture. 

Me  Paul  Gouin,  Mgr  Gosselin  et  Lucien  Gagné  étaient  présents  au 
Congrès  de  l'ACELF  à  Rimouski  sur  "la  langue  parlée".  M.  le  profes- 
seur Henri  Blanchard  a  été  le  premier  décoré  de  la  "Fidélité  Acadien- 
ne".  M.  Thomas  Arsenaux,  de  Lafayette,  Louisiane,  assistait  au  Bi-cen- 
tenaire  de  Bonaventure.  En  septembre  Mgr  Gosselin  assistait  au  22e 
Congrès  quadriennal  de  l'ACA  à  Manchester  où  il  prononçait  une  allo- 
cution de  haute  envergure.  Il  était  accompagné  de  Me  Yves  Bemier. 

Comme  norme  de  travail,  le  bureau  tenait  dix  réunions  au  cours 
de  l'année  avec  une  moyenne  de  90  sur  120  présences  possibles. 

La  publicité  en  faveur  du  Conseil  ne  fut  pas  négligée  avec  de  nom- 
breux communiqués  à  la  presse,  à  la  radio  et  à  la  télé.  Les  causeries  à 
Radio-Canada  se  continuent  chaque  mois.  Le  2  janvier,  Me  Paul  Gouin 
transmet  les  voeux  du  conseil,  le  6  février,  un  entretien  sur  la  presse 
française,  dirigé  par  Mme  Reine  Malouin;  le  5  mars,  MM.  Aimé  Arvi- 
sais,  Florian  Carrière  et  Ernest  Desormeaux  parlent  des  Noces  d'Or  de 
l'Association  Canadienne  française  d'éducation  d'Ontario;  le  2  avril,  le 
Major  Ernest  Guimont  évoque  le  bicentenaire  de  la  bataille  Ste-Foy, 
comme  président  de  la  Société  Historique  de  Québec.  Le  7  mai,  le  R.P. 
Adrien  Pouliot  s.j.  et  Sylvio  Dumais  discutent  le  tricentenaire  de  l'ex- 
ploit de  Dollard;  M.  Emery  Leblanc  parle  du  premier  congrès  de  la 
Société  Nationale  des  Acadiens,  le  4  juin;  M.  Jean-Jacques  Tremblay 
étudie  "Notre  Patriotisme",  le  2  juillet,  Mgr  Antoine  Gagnon  annonce 
le  congrès  de  l'ACELF  à  Rimouski,  le  6  août,  M.  Pierre  Gosselin  parle 
de  François,  duc  de  Lévis  le  2  septembre.  Mme  Reine  Malouin  est  au 
poste  le  5  novembre  et  Paul  Saint-Cyr  présente  l'Exposition  du  Livre 
en  décembre. 

Depuis  son  établissement  en  1955  La  Fraternité  Française  a  dis- 
tribué aux  groupements  français  d'Amérique  plus  de  $250,000.  Ces 
argents  ont  été  recueillis  au  moyen  de  la  souscription  annuelle  dans 
le  Québec.  Ce  geste  atteste  une  préoccupation  constante  de  la  part  du 
Conseil  pour  venir  en  aide  à  nos  frères.  Le  31  juillet,  l'actif  de  La  Fra- 
ternité Française  était  de  $90,000. 


40  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Le  Calendrier  du  Conseil  paraissait  pour  la  vingtième  fois  pour  être 
distribué  avec  un  tirage  de  15,000.  Le  thème  évoquait  la  dernière  vic- 
toire française  en  Amérique,  la  bataille  de  Ste-Foy  en  1660. 

Le  Prix  Champlain  fut  octroyé  à  Sr  Marie  Grégoire  NSC,  au  Nou- 
veau Brunswick,  (Mlle  Maillet)  pour  son  roman  "Pointe  aux  Coques". 
Ce  prix  de  $500.  lui  fut  remis  par  Me  Paul  Gouin  au  Musée  Provincial 
au  cours  d'une  soirée-concert. 

La  Semaine  Française  'en  mai  continue  sa  propagande  auprès  des 
écoliers.  Elle  avait  pour  thème  "la  langue  parlée"  et  le  tricentenaire 
de  "Dollard  des  Ormeaux".  Le  sous  de  la  Survivance  qui  est  recueilli  du- 
rant cette  semaine  rapportait  $45,564.08.  Au  cours  de  l'année  le  Con- 
seil versait  en  dons  plus  de  $33,000.00  à  nos  divers  organismes  à  travers 
les  provinces  et  la  Nouvelle  Angleterre. 

La  revue  "Vie  Française",  organe  du  Conseil,  entrait  dans  sa  quin- 
zième année.  Elle  informe  fidèlement  sur  le  rayonnement  de  notre  vie 
et  conserve  nombre  de  documents  pour  la  postérité. 

L'agence  Liaison  Française  a  poursuivi  son  oeuvre  très  utile  au 
cours  de  l'année.  Elle  a  dirigé  vingt-deux  voyages  de  propagande  grou- 
pant plus  de  489  inscriptions  vers  l'Ouest  Canadien,  la  Califoornie,  la 
Louisiane,  en  Acadie,  au  Mexique,  aux  Antilles,  en  Europe,  en  Alaska  et 
aux  Bermudes.  Partout  les  réceptions  ont  été  chaleureuses  et  les  résul- 
tats brillants. 

Le  Conseil  présentera  encore  pluiseurs  mémoires  en  vue  d'amé- 
liorer la  situation  du  français  au  Canada:  "Affaires  Culturelles",  "Le 
Centenaire  de  la  Confédération  Canadienne",  "Le  bilinguisme  des 
Edifices  fédéraux"  et  "Le  Bilinguisme  dans  les  Traités  signés  par  le 
Canada". 

La  réunion  plénière  donne  toujours  lieu  à  quelques  manifestations. 
S.E.  le  gouverneur  général  du  Canada  et  madame  Georges  Vanier  re- 
cevaient les  membres,  vendredi  après  midi,  dans  les  salons  de  la  Cita- 
delle, la  résidence  vice-royale  à  Québec.  Les  échanges  furent  intimes 
et  très  profitables.  Son  Excellence  témoigna  un  vif  intérêt  dans  le  tra- 
vail du  Conseil.  Elle  insistait  sur  l'un  des  aspects  très  cher  au  Conseil, 
la  qualité  du  français  que  nous  devons  tous  propager.  Durant  la  soirée, 
c'était  la  remise  du  Prix  Champlain  au  Musée  Provincial  dont  il  a  été 
question. 

La  visite  officielle  du  Conseil  au  Primat  de  l'Eglise  au  Canada  est 
devenue  une  tradition.  Samedi  soir,  après  le  pèlerinage  au  tombeau  de 
Mgr  deLaval,  le  conseil  se  rendait  à  l'archevêché  pour  la  récitation  du 
chapelet.  Au  nom  du  conseil  le  R.P.  Landry  offrait  les  hommages  à 
S.E.  Mgr  Maurice  Roy  qui  confiait  aux  membres  des  paroles  toujours 
très  appréciées.  La  maison  Chevalier  offrait  ensuite  le  souper  aux 
membres  et  à  leurs  invités. 

La  messe  de  la  plénière  est  un  événement  très  précieux  pour  le 
Conseil.  La  chapelle  intérieure  du  Séminaire  le  reçoit  toujours  aima- 
blement. C'est  le  moment  oij  tous  les  membres  unissent  leurs  suffrages 
spirituels  pour  obtenir  du  Ciel  les  lumières  nécessaires  pour  continuer 


LE   CONSEIL   DE    LA   VIE    FRANÇAISE  41 

leur  travail.  L'abbé  Verrette,  chancelier  de  l'Ordre  de  la  Fidélité  Fran- 
çaise célèbre  et  le  R.P.  Thomas  Landry  o.p.,  apporte  le  message  de 
l'Evangile.  C'est  que  près  du  tombeau  de  Mgr  de  Laval,  le  Conseil  se 
sent  à  l'aise  pour  implorer  les  grâces  du  Ciel. 

Membre  du  Conseil  depuis  15  ans,  M.  Louis  A.  d'Entremont,  de 
Pubnico  ouest,  en  Nouvelle  Ecosse,  prenait  sa  retraite.  Il  fut  alors 
nommé  "membre  d'honneur"  du  Conseil,  privilège  réservé  à  des  anciens 
membres. 

Le  Conseil  déplorait  la  disparition  de  plusieurs  éminentes  figures 
de  la  Vie  française,  l'hon.  Paul  Sauvé,  premier  ministre  de  la  province 
de  Québec,  S.E.  Jean  Désy,  ancien  ambassadeur  à  Paris,  S.E.  Edmond 
Turcotte,  ambassadeur  en  Suisse,  Pierre  Vigeant,  vaillant  polémiste  au 
journal  Le  Devoir  durant  28  ans,  Mgr  Antoine  d'Eschambault,  l'abbé 
Pierre  Gauthier  et  Me  Victor  Morin,  tous  trois  officiers  de  l'Ordre  de 
la  Fidélité  Française. 

Voix  Françaises  d'Amérique 

Le  Conseil  est  la  Centrale  qui  reçoit  les  échos  de  tous  les  centres 
français  sur  le  continent.  Il  est  d'habitude  de  déposer  ces  rapports  afin 
de  renseigner  le  Conseil.  Il  est  intéressant  de  constater  dans  quel  esprit 
ces  textes  sont  présentés. 

Au  nombre  des  rapports  soumis  fut  celui  de  la  Colombie  où  nos 
frères  continuent  résolument  leur  travail.  La  fédération  tenait  en  mai 
un  concours  de  français  chez  les  écoliers  des  8e  et  9e  cours  pour  réunir 
plus  de  900  élèves.  Certificats  et  trophées  furent  octroyés  en  une  séan- 
ce publique  le  19  juin.  Un  programme  français  passe  tous  les  dimanches 
à  10  heures  du  matin  "Ecoutez-nous".  Vingt-trois  causeries  ont  été  trans- 
mises aux  postes  des  Prairies.  L'encouragement  donné  au  cercle  Molière 
et  au  festival  régional.  Formation  d'une  cellule  à  Prince  Georges.  Kios- 
que tenu  à  l'exposition  de  Vancouver  et  congrès  annuel  tenu  à  Notre 
Dame  de  Fatima,  de  Maillardville  du  8  au  10  octobre. 

L'Alberta  célèbre  avec  éclat  le  tricentenaire  de  DoUard  des  Or- 
meaux à  Rivière-la-Paix.  Le  programme  de  la  Xle  Cabane  à  sucre  réunit 
plus  de  2,000  convives.  Le  Club  de  la  Radio  aide  considérablement  au 
maintien  du  poste  CHFA.  Le  journal  "La  Survivance"  est  dans  sa  32e 
année  sous  la  direction  du  R.P.  Jean  Patoine,  o.m.i.  Il  est  un  précieux 
appui  pour  les  centres  français  de  l'Alberta  et  de  la  Colombie. 

En  Saskatchewan,  l'Association  Catholique  Franco-Canadienne  fon- 
dait une  Société  d'Etablissement  afin  de  permettre  aux  jeunes  de  se 
fixer  plus  avantageusement  dans  la  province.  Elle  songe  également  à 
établir  un  Centre  Français  à  Régina  afin  de  consolider  tous  les  organis- 
mes. Les  festivals  ont  lieu  à  Gravelbourg,  à  Willow  Bunch,  à  Ponteix 
et  à  Prince  Albert.  Concours  oratoire  et  examens  de  français  à  3,434 
élèves  avec  visites  des  écoles.  Projet  d'un  collège  commercial  bilingue 
à  Gravelbourg,  établissement  des  caisses  scolaires.  Le  maintien  de  la 
radio  est  aussi  laborieux.  Cinquantenaire  du  journal  "La  Liberté  et  le 
Patriote".  Reconnaissance  officielle  du  français  dans  les  grades  11  et  12 
par  le  Ministère  de  l'Instruction  Publique. 


42  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

Au  Manitoba,  l'Association  d'Education  se  dépense  auprès  de  ses 
10,000  écoliers  dont  6,000  qui  prennent  part  aux  concours  et  festivals. 
Le  budget  de  la  société  est  de  $25,000.  Les  postes  de  radio  et  de  la 
télé  opèrent  avec  satisfaction  mais  il  faut  toujours  compter  sur  des  ap- 
puis et  le  dévouement. 

Les  Franco-Ontariens  étaient  en  liesse  au  cours  de  l'année  qui 
marquait  le  "Cinquentenaire"  de  l'Association  Canadienne  Française 
d'Education  d'Ontario.  Des  manifestations  grandioses  réunissaient  des 
milliers  de  présence:  soirées,  réceptions,  assises,  banquets,  réunion  du 
bureau  du  Conseil  de  la  Vie  Française  et  la  clôture  du  concours  provin- 
cial annuel  de  français  à  Ottawa.  Le  journal  "Le  Droit",  premier  né  de 
l'association,  publiait  une  édition  anniversaire  faisant  revivre  les  prin- 
cipaux jalons  de  ce  demi  siècle  de  vie  franco-ontarienne. 

L'Association  y  tenait  son  15e  congrès  avec  le  concours  des  sociétés 
affiliées.  Le  banquet  était  sous  la  présidence  d'honneur  de  S.E.  Mgr 
Sébastien  Baggio,  délégué  apostolique.  Dans  sa  conférence  remarqua- 
ble. Me  Paul  Gouin,  président  du  Conseil  déclarait:  "la  leçon  vivante  de 
fierté  nationale,  l'ultime  courage,  les  dévouements  et  les  sacrifices  ja- 
mais démentis  en  cinquante  ans  d'un  effort  humble  dans  son  oeuvre, 
mais  si  éclatant  dans  son  résultat  rendent  un  son  d'émouvante  épopée". 

Mgr  Paul  Emile  Gosselin  ajoutait:  "les  assises  d'Ottawa  ont  été  un 
acte  de  foi  dans  l'avenir,  en  dépit  des  pertes  que  subit  nécessairement 
un  groupe  minoritaire". 

Les  Ontariens  se  réjouissent  à  l'occasion  de  la  bénédiction  de  l'é- 
glise Saint-Jérome,  de  Windsor,  le  première  paroisse  française  dans  le 
diocèse  de  London. 

XXX 

L'infatigable  recenseur  de  la  vie  acadienne  dans  l'Ile  du  Prince 
Edouard,  le  professeur  J.  Henri  Blanchard,  depuis  50  ans,  n'a  rien  perdu 
de  son  enthousiasme.  Il  soumet  fidèlement  avec  les  échos  français  de 
l'Ile,  les  espoirs  des  fidèles  tenanciers  même  si  les  statistiques  ne  sont 
pas  à  l'ascendance. 

Les  présences  sont  là  et  les  espoirs  aussi.  La  Société  St.  Thomas 
d'Aquin  atteste  que  nos  frères  de  l'Ile  n'abandonneront  jamais  la  lutte 
qui  a  produit  des  prodiges  de  fidélité. 

Sous  l'inspiration  de  la  Société  St  Thomas  d'Aquin,  les  Acadiens  de 
l'Ile  continuent  leur  travail.  La  population  acadienne  est  de  15,477 
sur  un  total  de  99,492  avec  5  paroisses  avec  curé  acadien.  Le  dévoue- 
ment des  éducateurs  est  admirable.  Une  école  régionale  à  Abram 
Village  donne  de  bons  résultats. 

Le  68e  congrès  annuel  de  l'Association  des  Instituteurs  et  Institu- 
trices Acadiens  avait  lieu  en  fin  d'août  à  Rustico.  Le  ministre  de  l'Ins- 
truction publique,  l'hon.  L.  G.  Dewar,  assistait. 

La  société  tenait  des  concours  dans  11  centres  avec  des  récompen- 
ses et  distribution  de  volumes.  Les  placements  de  la  société  s'élèvent 
à  $45,000.00  avec  des  prêts  d'honneur  au  montant  de  $36,000.00  dont  72 
boursiers    profitent.   Les   recettes   de   l'année   s'élevèrent   à   $20,000.00. 


LE   CONSEIL    DE   LA   VIE    FRANÇAISE  43 

Hélas  la  plupart  des  privilégiés  ne  reviennent  pas  vivre  dans  l'Ile. 
L'hon.  Henri  Wedge  (Aucoin)  a  été  nommé  ministre  du  travail.  M.  A. 
W.  Gaudet  est  maire  de  Charlottetown. 

XXX 

Il  y  a  aussi  le  travail  qui  se  poursuit  dans  l'Ile  du  Cap  Breton  avec 
le  dévouement  de  la  Société  St.  Pierre  fondée  en  1947,  l'une  de  nos 
entreprises  héroïques.  On  y  travaille  résolument.  Rémi  J.  Chiasson  se 
montre  confiant.  L'éducation,  le  problème  est  de  base  toujours,  la  gran- 
de préoccupation.  Les  complications  ne  manquent  pas  et  la  situation 
est  loin  d'être  reposante. 

Mais  le  Cap  Breton  français  a  droit  et  demande  plus.  Il  veut  de  la 
radio  et  de  la  télé.  Ces  services  devraient  lui  être  accordés. 

Les  Acadiens  tenaient  leur  13e  congrès  au  collège  Ste-Anne,  à  la 
Pointe-de-l'Eglise  en  Nouvelle  Ecosse,  du  11  au  14  août,  sous  les  auspi- 
ces de  la  Société  Nationale  des  Acadiens. 

Ces  assises  se  déroulaient  sous  la  présidence  de  Me  Louis  LeBel. 
Les  réunions  furent  très  profitables  et  les  manifestations  brillantes  pour 
redonner  un  nouvel  essor  aux  oeuvres  de  nos  frères  dans  les  provinces 
maritimes.  Le  Festival  Acadien  et  le  grand  banquet  terminaient  le  con- 
grès avec  la  messe  célébrée  par  Mgr  Leménager  et  le  sermon  donné  par 
S.E.  Mgr  Robichaud. 

Au  Nouveau  Brunswick,  les  oeuvres  se  développent.  Il  reste  que 
la  presse  demeure  toujours  dans  un  état  précaire.  On  envisage  le  projet 
de  céder  l'Evangéline  à  la  congrégation  des  Pères  Ste-Croix  qui  dirigent 
l'université  de  Moncton. 

En  Franco-Américanie,  le  Cinquième  Congrès  tenu  à  Fall-River  en 
octobre  dernier  a  produit  des  fruits.  La  situation  cependant  est  loin  de 
se  glisser  vers  le  progrès.  Le  Comité  de  Vie  Franco-Américaine  fait  bien 
sa  part,  mais  il  semble  manquer  de  dynamisme  et  d'efforts  pratiques. 

Au  cours  de  l'année,  le  Comité  a  organisé  la  Fédération  des  Cho- 
rales Franco-Américaines  de  la  Nouvelle  Angleterre.  Les  Francos  ne 
manquent  pas  d'organismes,  hélas,  mais  il  s'opère  au  sein  de  plusieurs 
de  ces  cellules  un  fléchissement  même  chez  les  directeurs. 

Le  22  juin  à  l'hôtel  Somerset,  de  Boston,  un  grand  banquet  réunis- 
sait plus  de  600  convives  en  hommage  à  S.E.  Mgr  Ernest  J.  Primeau, 
sixième  évêque  de  Manchester.  Une  bourse  de  $5,000  lui  fut  remise. 

La  Fédération  Féminine  Franco-Américaine  tenait  son  5e  congrès 
à  New  Bedford  en  octobre. 

En  Louisiane,  la  vie  française  existe.  Le  français  est  enseigné  dans 
les  paroisses  du  diocèse  d'Alexandria.  La  maison  Acadienne  sur  le 
campus  de  l'université  Lafayette  est  très  active.  Des  programmes  de 
radio  française  existent.  La  Liaison  Française  y  a  fait  un  voyage  au 
cours  de  l'année. 


VI 

L'Ordre  de  la  Fidélité  Française  en  Amérique 

Treizième  promotion 
22  septembre  1960 

L'importance  de  l'Ordre  de  la  Fidélité  française  en  Amérique 
s'accentue  chaque  année,  à  mesure  que  s'enrichit  la  liste  des  brillants 
et  éminents  titulaires  qui  en  portent  les  insignes. 

Institué  en  1947  par  le  Conseil  de  la  vie  française  en  Amérique 
comme  haut  pallier,  où  seraient  inscrits  les  mérites  des  principaux 
apôtres  de  la  culture  française  en  Amérique,  l'Ordre  a  le  bonheur  de 
vous  accueillir  avec  empressement  à  l'occasion  de  sa  treizième  promo- 
tion et  il  vous  remercie  de  prêter  le  concours  de  vos  présences  distin- 
guées à  l'éclat  de  cette  cérémonie. 

Comme  toute  institution  humaine,  l'Ordre  a  à  déplorer  les  pertes 
qui  surviennent  inévitablement  dans  ses  rangs.  C'est  donc  avec  regret 
que  nous  nous  inclinons  sur  la  mémoire  de  l'Officier  Esdras  Terrien,  de 
la  promotion  1957,  décédé  le  20  juin  dernier  à  Ottawa. 

Il  était  l'un  des  rares  survivants  de  ceux  qui  ont  servi  la  vie  fran- 
co-ontarienne  avec  une  fidélité  de  tous  les  instants  appuyée  par  une 
vie  chrétienne  admirable.  Dans  l'histoire  de  l'Ontario  français  de  ce 
siècle,  on  trouvera  le  nom  Esdras  Terrien  inscrit  sur  les  plus  émouvan- 
tes pages.  Il  était  un  modeste  mais  d'une  virilité  et  d'une  indéfectibilité 
qui  méritent  les  hommages  de  tous  ses  congénères.  La  famille  française 
d'Amérique  a  perdu  en  lui  un  serviteur  excellent. 

Quelques  semaines  plus  tard,  soit  le  25  septembre,  un  autre  vété- 
ran de  la  vie  française  en  Amérique  décédait  à  Manchester  à  l'âge  de 
80  ans,  M.  le  chevalier  Wilfrid  J.  Mathieu.  Mutualiste  de  carrière  et 
foncièrement  dévoué  aux  oeuvres  franco-américaines,  il  était  président 
de  l'Alliance  des  Journaux  Franco-Américains  de  la  Nouvelle-Angleter- 
re au  moment  de  son  décès. 

Monseigneur  Antoine  d'Eschambault 

1896-1960 

Il  nous  eut  été  si  agréable  de  prononcer  le  prochain  éloge  en  pré- 
sence de  celui  qui  nous  quittait  prématurément  le  18  mai  dernier  au 
Manitoba,  à  l'âge  de  64  ans.  Mgr  Antoine  d'Eschambault  avait  accepté 
de  devenir  officier  de  l'Ordre.  C'est  à  ce  titre  posthume  que  nous  lui  ren- 
dons hommage  en  évoquant  une  carrière  qui  est  désormais  ajoutée  au 
lustre  de  la  vie  franco-manitobaine. 

Antoine  d'Eschambault  était  un  authentique  manitobain  dont  le  pè- 
re, le  docteur  Alexandre  fut  l'un  des  vaillants  artisans  de  la  vallée  de 
la  Rivière  Rouge.  Son  épouse  se  nommait  Corinne  Marcotte. 

L'ancêtre  Fleury  d'Eschambault  venu  de  la  Vendée  épousait  à  Qué- 
bec, en  1671,  Marguerite  de  Chavigny  pour  devenir  châtelain  de  la 
seigneurerie  d'Eschambault. 


ORDRE   DE   LA   FIDELITE    FRANÇAISE  45 

Descendant  de  cette  noble  lignée,  c'est  à  Letellier,  l'une  des  an- 
ciennes paroisses  du  Manitoba,  où  pratiquait  son  père,  qu'Antoine 
d'Eschambault  naissait  le  15  octobre  1896.  Il  s'inscrit  au  séminaire  de 
Saint-Boniface  pour  obtenir  son  baccalauréat  de  l'Université  du  Manito- 
ba avec  la  bourse  Isbener  et  la  médaille  d'or.  A  l'Université  Laval,  il 
obtient  sa  licence  en  philosophie  et  son  doctorat  en  sacrée  théologie. 

Ordonné  prêtre  le  10  juillet  1921  en  la  cathédrale  de  Saint-Boniface 
par  le  regretté  Mgr  Arthur  Béliveau  avec  son  frère  aîné  Alexandre,  qui 
le  précédera  dans  la  mort,  le  jeune  abbé  obtiendra  ensuite  son  docto- 
rat en  droit  canonique  à  Rome.  Il  y  maîtrisera  les  langues  italienne  et 
polonaise  qui  lui  seront  d'une  grande  utilité  dans  son  ministère. 

A  son  retour,  il  sera  chargé  des  missions  polonaises  durant  plu- 
sieurs années  en  plus  d'être  secrétaire  à  l'évêché  et  chancelier  du  dio- 
cèse en  1934.  En  1947,  il  est  nommé  curé  de  Saint-Emile  dans  la  ban- 
lieue de  la  ville  épiscopale.  Le  9  mars  dernier,  la  maladie  lui  imposait 
la  retraite. 

Durant  ses  quarante  années  presque  de  sacerdoce  que  d'activités 
remplirent  les  jours  de  cet  apôtre  inlassable. 

Au  compte  de  ses  charges  ecclésiastiques,  il  sera  encore  consulteur 
diocésain,  visiteur  des  écoles,  directeur  de  la  revue  "Les  Cloches  de 
Saint-Boniface",  fondateur  et  président  de  l'Oeuvre  des  Bourses,  aumô- 
nier de  l'Association  d'Education,  animateur  de  l'Union  Canadienne 
auprès  de  la  jeunesse,  et  aviseur  des  Hôpitaux  catholiques. 

Parfait  bilingue,  il  ajoutera  à  ces  tâches  celle  de  membre  du  Bu- 
reau Aviseur  du  Département  d'Instruction  de  la  province.  Il  maintient 
un  culte  pour  la  nation  métisse  qu'il  affectionne.  Il  lui  organise  l'Union 
Saint- Joseph. 

C'est  encore  dans  le  domaine  de  l'histoire  qu'il  brillera.  Il  dirigera 
la  Société  Historique  de  Saint-Boniface  durant  plus  de  30  ans.  Il  inspire 
les  fêtes  centenaires  en  l'honneur  de  La  Vérendrye,  de  Riel,  de  Mgr 
Taché  et  préside  en  1953  le  dévoilement  du  monumnt  de  Mgr  Proven- 
cher. 

Conférencier,  écrivain  et  orateur,  de  belle  taille,  à  l'Université  de 
Montréal,  il  donne  en  1948  un  cours  très  bien  préparé  sur  les  décou- 
vertes de  La  Vérendrye  et  l'Université  lui  décerne  un  doctorat  d'hon- 
neur. 

Il  sera  encore  président  de  la  Société  d'Histoire  du  Canada,  mem- 
bre de  la  Société  Royale  du  Canada.  Après  plus  de  20  ans  au  service  de 
l'importante  Commission  des  Monuments  et  lieux  historiques  du  Cana- 
da, on  lui  en  confie  la  présidence  en  1958.  Ses  écrits  sont  empreints 
du  souci  de  la  recherche  et  reçoivent  les  meilleurs  éloges. 

L'an  dernier,  au  mois  d'avril,  lors  de  son  investiture  de  la  prélature 
romaine,  présidée  par  son  vénéré  archevêque,  Mgr  Maurice  Baudoux, 
Officier  de  l'Ordre,  en  rendant  hommage  à  Mgr  d'Eschambault  on  di- 
sait de  lui  qu'il  était  "un  de  ceux  qui  ont  le  plus  accompli  pour  faire 
rhistoire  de  l'Eglise  en  la  province  du  Manitoba  et  au  Canada  tout  en- 
tier". 


46  BULLETLN    DE  LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Enfin,  il  y  a  un  domaine  où  Mgr  d'Eschambault  a  inscrit  le  plus 
pur  de  son  dévouement,  c'est  l'oeuvre  de  la  Radio  française  dans  l'Ouest. 
Que  d'appels,  de  veillées  et  de  démarches  n'a-t-il  pas  multipliés  pour 
seconder  les  efforts  de  ses  compatriotes  avec  le  concours  précieux  du 
Conseil  de  la  vie  française  pour  la  réussite  de  ce  projet  sauveur  que  le 
regretté  cardinal  Villeneuve  appelait  la  merveille  de  notre  siècle  au 
Canada. 

Pour  résumer  cette  vie  que  Mgr  Baudoux  qualifiait  "d'exemple  vi- 
vant du  prêtre  dont  le  dévouement  inlassable  s'appuie  sur  une  vie  de 
prière  intense  et  constante",  écoutons  le  témoignage  de  l'un  de  ceux  qui 
l'ont  bien  connu  et  aimé:  "Homme  d'action,  homme  d'étude,  homme  de 
vie  spirituelle  intense  et  discrète,  il  fut  certes  un  modèle  d'équilibre  et 
c'est  d'avoir  fait  profiter  le  plus  grand  nombre  possible  de  son  amitié  et 
de  ses  lumières,  de  sa  bienfaisance  et  de  sa  charité  que  lui  vint  le  plus 
clair  de  son  bonheur  en  ce  monde". 

Ce  soir,  le  Conseil  de  la  Vie  française  en  Amérique  qui  l'avait  juste- 
ment signalé  à  notre  commune  admiration  veut  remettre  à  sa  famille  la 
cravate  fleur  de  Usée  de  l'Ordre  de  la  Fidélité  française. 

Elle  sera  pour  les  siens  et  pour  nous  tous  un  symbole  affectueux  et 
durable  de  notre  gratitude  à  la  mémoire  de  ce  frère  qui  a  si  éminem- 
ment servi  l'Eglise,  ses  compatriotes  et  sa  patrie. 

Archibald  Lemieux 

C'est  au  sein  de  la  franco-américanie  que  nous  arrive  le  prochain 
titulaire  proposé  aux  honneurs  de  l'Ordre  de  la  Fidélité  française,  mon- 
sieur Archibald  R.  LeMieux,  grand  industriel,  financier  et  philantrope  de 
la  ville  de  Worcester  au  Massachusetts. 

Sa  carrière  est  l'un  des  plus  frappants  et  remarquables  exemples 
du  succès  que  les  fils  de  Québec  ont  su  atteindre  en  venant  intégrer 
leurs  talents  et  leur  probité  à  l'économie  de  la  grande  république  amé- 
ricaine. Vous  comprenez  facilement  ma  joie  de  pouvoir  vous  présenter 
un  compatriote  aussi  distingué. 

C'est  que  monsieur  LeMieux  est  tout  de  même  originaire  de  la  ville 
de  Québec  où  il  naissait  le  27  octobre  1874.  Ses  parents  Pierre  Lemieux 
et  Rosalie  Gagné  lui  furent  ravis  alors  qu'il  était  tout  jeune  enfant.  Ils 
étaient  de  bonne  souche.  L'ancêtre  Henri  de  Mieux  était  de  Normandie, 
conseiller  du  Roi  et  lieutenant  général  de  la  Prévosté  de  la  Haute  et 
Basse  Normandie. 

Un  patrimoine  de  famille  permettra  au  jeune  orphelin  de  recevoir 
les  bienfaits  d'une  formation  chrétienne.  C'est  à  l'orphelinat  d'YouvUle 
qu'il  reçoit  ses  premières  empreintes  de  piété  et  de  savoir.  A  ses  secon- 
des mères  il  gardera  une  profonde  reconnaissance  qu'il  vient  souvent 
renouveler  avec  sa  générosité  proverbiale. 

Il  se  rend  ensuite  au  Collège  de  Lévis  qu'il  quittera  en  1893.  Encore 
là,  il  apprécie  le  dévouement  de  ses  maîtres,  établit  avec  son  Aima 
Mater  des  liens  imbrisables,  s'inscrit  au  nombre  de  ses  bienfaiteurs  in- 
signes et  s'honore  d'être  au  nombre  des  patrons  de  cette  institution  si 
méritante. 


ORDRE   DE   LA   FIDELITE   FRANÇAISE  47 

C'est  un  jeune  homme  de  17  ans,  seul  dans  la  vie,  mais  qui  porte 
déjà  dans  son  âme  le  souci  de  bien  faire.  Il  se  sent  attiré  vers  les  Etats- 
Unis  comme  tant  d'autres  à  cette  époque.  Il  a  reçu  une  formation  sérieu- 
se, sa  foi  est  déjà  profonde.  Elle  lui  inspire  la  prudence  et  la  vigilance. 

Au  commencement  du  siècle  c'était  encore  pour  la  plupart  des  nô- 
tres le  travail  ardu  avec  salaire  dérisoire.  Archibald  LeMieux  en  fait 
l'apprentissage.  II  vivra  des  semaines  de  60  heures  avec  salaire  de  six 
dollars. 

C'est  à  Worcester  qu'il  fixe  sa  demeure.  Une  chrétienté  y  fleurit 
sous  le  vocable  de  Notre-Dame  des  Canadiens.  Il  entre  à  l'emploi  de 
l'usine  Redd-Curtiss.  Son  application  au  travail  lui  obtient  une  ascen- 
sion rapide.  De  chef  de  groupe,  il  devient  surintendant  et,  à  l'âge  de  25 
ans,  il  en  est  le  gérant  général. 

Monsieur  LeMieux  ne  tarde  donc  pas  à  entrer  de  plein  pied  dans  la 
grande  industrie  américaine  pour  devenir  président  de  l'importante 
usine  Wright  Machine  Company  qu'il  dirige  avec  grand  succès  depuis 
plus  de  50  ans. 

Il  est  l'employeur  modèle.  Il  s'intéresse  à  tous  ses  auxiliaires.  Il 
se  considère  leur  ami  et  associé,  leur  facilitant  l'avancement.  N'ayant 
pas  connu  le  bonheur  de  la  vie  familiale,  il  procure  aux  familles  de  ses 
employés  des  loisirs  appréciés. 

Citoyen  intègre  d'une  probité  exemplaire  il  aime  et  sert  son  pays 
avec  une  dignité  rare.  Ses  succès  l'ont  depuis  longtemps  signalé  à  la 
faveur  universelle.  C'est  alors  que  se  multiplient  sur  ses  épaules  des 
responsabilités  nombreuses.  Président,  directeur,  aviseur,  conseiller  et 
syndic  d'une  vingtaine  d'entreprises,  banques,  industries,  hôpitaux, 
usines,  conseil  industriel  et  entreprises  civiques.  Il  remplit  toutes  ces 
fonctions  avec  un  calme  étonnant  comme  si  chacune  d'elle  était  son  uni- 
que préoccupation. 

Son  gouvernement  lui  confie  des  tâches  discrètes  et  des  missions 
importantes.  Durant  les  années  difficiles  des  guerres  il  est  au  nombre 
des  aviseurs  recherchés  par  les  autorités  du  pays.  On  lui  confie  la  réor- 
ganisation d'entreprises  en  souffrance.  Il  a  le  don  de  tout  remettre  en  or- 
dre sur  la  voie  du  progrès. 

Une  carrière  aussi  intense  semblerait  de  prime  abord  être  fermée 
à  tout  autre  souci.  Pourtant,  monsieur  LeMieux  a  trouvé  le  temps  de 
s'intéresser  de  près  à  une  multitude  d'entreprises  sociales  et  religieuses. 
Il  a  favorisé  les  arts,  la  culture,  l'histoire  et  l'éducation  supérieure  et 
soutenu  de  ses  largesses  nombre  d'institutions.  De  fait,  il  n'y  a  pas,  de- 
puis un  demi-siècle  d'initiatives  valables  dans  la  région  de  Worceter 
qui  n'ait  profité  de  son  impulsion  éclairée. 

Mais  c'est  surtout  auprès  des  petits  que  monsieur  LeMieux  trouve 
son  plus  grand  bonheur.  Lui-même  orphelin  depuis  sa  plus  tendre  en- 
fance, c'est  chez  les  petits  déshérités  de  la  vie  qu'il  a  versé  ses  plus 
tendres  attentions.  Que  de  joies  et  de  consolations  il  leur  a  prodiguées. 
L'Orphelinat  Ste-Anne  (Worcester)  et  le  Centre  de  Santé  "Archibald 
LeMieux"  pour  les  enfants  malheureux,  dans  cette  même  ville,  sont  des 
oeuvres  de  prédilection. 


48  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

Si  notre  compatriote  est  demeuré  un  industriel  de  grande  envergu- 
re, un  citoyen  de  marque,  un  chrétien  exemplaire  qui  a  partagé  avec  sa 
regrettée  épouse  les  joies  d'un  foyer  cinquantenaire,  il  est  aussi  demeu- 
ré pour  les  siens  un  bienfaiteur  et  un  soutien  de  tous  les  instants. 

Membre  d'honneur  de  nos  grandes  fédérations  mutuelles,  bienfai- 
teur de  notre  Société  historique,  membre  précieux  du  Comité  de  Vie 
franco-américaine,  de  l'Alliance  française  et  de  plusieurs  autres  organis- 
mes, partout  dans  tous  les  domaines  de  son  activité,  il  s'est  toujours 
montré  fier  de  ses  origines,  sachant  ainsi  intégrer  admirablement  cette 
triple  fidélité  de  tout  franco-américain,  à  sa  foi,  à  son  âme  française  et 
à  sa  patrie. 

Et  cette  fortune  que  vos  talents  vous  ont  permis  d'accumuler  au 
cours  des  ans,  cher  Monsieur  LeMieux,  vous  avez  su,  avec  l'avertisse- 
ment paternel  du  Maître,  en  faire  bénéficier  largement  les  causes  et  les 
oeuvres  que  vous  jugiez  estimables.  C'est  qu'il  vous  a  été  aussi  agréa- 
ble de  donner  que  de  recevoir,  ce  qui  a  ajouté  tant  de  valeur  à  vos  lar- 
gesses. 

Il  y  a  longtemps  que  vos  mérites  ont  été  proclamés.  Votre  gouver- 
nement vous  a  adressé  des  citations  élogieuses.  Avec  sa  médaille  d'or 
du  Bien  Public,  la  France  vous  remettait  sa  croix  de  la  Légion  d'Hon- 
neur en  1949.  Vous  êtes  porteur  de  la  médaille  d'or  de  la  Société  du 
Bon  Parler  français,  la  République  d'Haïti  vous  offrait  à  son  tour  les 
insignes  de  son  Ordre  d'Honneur  et  Mérite.  Le  Collège  de  l'Assomption 
qui  vous  compte  parmi  ses  syndics  et  bienfaiteurs,  vous  octroyait  ré- 
cemment un  doctorat  honorifique  en  sciences  industrielles.  Et  combien 
d'autres  citations  vous  ont  été  adressées  en  hommage  à  votre  brillante 
carrière  et  à  vos  nombreux  services. 

Au  soir  de  votre  long  parcours  que  la  vieillesse  semble  respecter 
(car  avec  toutes  les  évidences  de  la  santé  et  de  la  vigueur  d'esprit,  vous 
compterez  86  ans  bientôt),  il  doit  vous  être  suprêmement  consolant  de 
vous  retrouver  près  de  ce  berceau  que  vous  quittiez  peut-être  avec  une 
certaine  mélancolie  il  y  a  69  ans. 

Revenir  ainsi  dans  la  cité  de  vos  pères  avec  une  foi  toujours  pro- 
fonde et  une  âme  indéfectiblement  française,  trésors  que  vous  avez  tou- 
jours jalousement  conservés  et  mis  au  service  de  votre  patrie,  voilà  une 
fidélité  que  le  Conseil  de  la  Vie  française  se  plaît  à  reconnaître  avec  sa- 
tisfaction. 

Vous  avez  sans  doute  vécu  bien  des  heures  émouvantes  durant  votre 
vie,  mais  je  doute  que  l'hommage  qui  vous  échoit  ce  soir  ait  remué  da- 
vantage les  fibres  de  votre  âme,  car  il  est  une  attestation  d'affection  et 
d'admiration  venant  de  toute  la  famille  française  d'Amérique  qui  vient 
couronner  votre  carrière. 

En  vertu  des  pouvoirs  qui  me  sont  conférés  à  titre  de  chancelier, 
je  vous  remets  les  insignes  d'Officier  de  l'Ordre  de  la  Fidélité  française 
avec  ce  diplôme.  Je  vous  prie  de  signer  le  Livre  d'Or  de  l'Ordre,  avec 
des  voeux  de  santé  prolongée  de  la  part  de  tous  vos  frères. 


ORDliL   DE   LA    FIDELITE   FRANÇAISE  49 

Monseigneur  Paul  Dernier 

C'est  sous  l'égide  "Paix  et  Vérité",  qu'il  nous  est  donné  de  saluer 
un  illustre  titulaire,  S.E.  Mgr  Paul  Bernier,  archevêque-évêque  de  Gaspé, 
le  septième  membre  de  l'Episcopat  canadien  à  accepter  les  insignes  de 
la  Fidélité  française. 

Ce  n'est  pas  devant  un  auditoire  distingué  de  la  ville  de  Québec 
qu'il  est  facile  de  discourir  avec  aise  sur  le  compte  de  celui  qui,  avant 
d'atteindre  les  sommets  de  la  hiérarchie,  y  a  vécu  des  années  fécondes 
et  brillantes.  Cependant,  il  est  de  rigueur,  d'après  le  protocole  de  l'Or- 
dre, de  souligner  les  principaux  traits  qui  auréolent  la  carrière  du  ré- 
cipiendaire. 

Mgr  Bernier  est  le  descendant  de  l'une  de  ces  belles  familles,  ve- 
nues de  France  pour  créer  l'aventure  merveilleuse  de  la  Nouvelle- 
France.  L'ancêtre  Jacques  Bernier,  dit  Jean  de  Paris  et  Antoinette  Gre- 
nier, tous  deux  originaires  de  Paris,  célèbrent  leur  mariage  le  23  juillet 
1656  "au  logis  du  gouverneur"  en  présence  de  Sieur  Charles  de  Lau- 
zon  Charny,  alors  gouverneur  de  la  Nouvelle-France. 

Au  recensement  de  1683,  ces  époux  enregistrent  dix  enfants  et 
Jacques  Bernier  occupe  la  seigneurerie  de  la  Pointe  au  Foin.  Ce  foyer 
laisse  une  postérité  nombreuse  qui  se  retrouve  aujourd'hui  en  des  mil- 
liers de  foyers.  Après  dix  générations  la  terre  ancestrale  est  toujours 
occupée  par  un  continuateur  de  Jacques  Bernier. 

De  son  ascendance  maternelle,  Mgr  Bernier  compte  Jean  Côté  et 
Anne  Martin,  fille  d'Abraham  Martin,  propriétaire  des  historiques  Plai- 
nes qui  portent  son  nom  et  mariés  à  Québec  en  1635.  Par  sa  mère,  il 
porte  aussi  du  sang  acadien  par  sa  trisaïeule  Charlotte  Bourdages,  soeur 
du  parlementaire  Louis  Bourdages. 

Né  le  18  janvier  1906  à  Québec  dans  la  vivante  et  robuste  paroisse 
Saint-Sauveur  où  son  père  Joseph  Arthur  est  organiste  de  belle  réputa- 
tion et  aussi  professeur  de  musique  à  l'Université  Laval  et  d'une  mère 
admirable,  Marie-Louise  Côté,  il  est  naturel  que  le  nouveau-né  dans  ce 
foyer  heureux  ait  été  préparé  aux  harmonies  religieuses.  Son  père  tou- 
cha encore  les  grandes  orgues  à  Jacques-Cartier  et  à  Saint-Jean  Baptiste 
pour  terminer  une  carrière  toute  consacrée  aux  exercices  du  culte. 

Les  Soeurs  de  la  Charité  de  Québec,  ces  grandes  dames,  sont  le^ 
premières  à  façonner  son  âme  et  à  orner  son  intelligence,  puis  c'est  le 
Pensionnat  Saint-Louis  de  Gonzague  qui  le  reçoit.  A  l'âge  de  10  ans,  il 
paraît  au  petit  Séminaire  de  Québec  pour  y  recevoir  son  baccalauréat 
Lettres-Sciences. 

Le  brillant  bachelier  se  destine  à  la  prêtrise  et  il  se  rend  au  Grand 
Séminaire  où  sous  la  conduite  de  pieux  et  doctes  maîtres,  il  obtient  sa 
licence  en  philosophie  et  son  doctorat  en  sacrée  théologie  avec  grande 
distinction. 

Ordonné  prêtre  le  17  juin  1928,  l'abbé  Bernier  est  de  suite  affecté  à 
la  curie  épiscopale  comme  secrétaire  et  maître  gracieux  de  cérémonies 
auprès  du  Cardinal  Rouleau,  O.P.  Il  continue  ces  offices  avec  le  Cardi- 
nal Villeneuve,  o.m.i.,  pour  se  rendre  ensuite  à  Rome  où  il  obtient  avec 


50  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

éclat  son  doctorat  en  Droit  canonique  de  l'Université  Pontificale  Ange- 
lica  toujours  avec  grand  succès. 

Son  séjour  dans  la  Ville  éternelle  lui  vaut  une  expérience  décisi- 
ve et  de  précieusee  relations.  A  son  retour,  il  devient  chancelier  et  vice- 
officiel  du  Tribunal  matrimonial.  Il  participe  au  Synode  diocésain  et  en 
rédige  les  décrets.  Il  est  déjà  fixé  dans  la  voie  ascensionnelle.  Il  sera 
secrétaire  de  l'Union  missionnaire  du  Clergé,  une  oeuvre  révélatrice 
d'apostolat,  pour  organiser,  en  1942,  son  premier  Congrès  national. 

Ses  talents  sont  déjà  reconnus.  L'Episcopat  lui  impose,  en  1942,  la 
présidence  du  Comité  inter-diocésain  des  programmes  catholiques  à 
la  Radio  d'Etat.  Entre  temps,  il  est  professeur  à  l'Université  Laval  sur 
le  droit  constitutionnel  et  la  procédure  ecclésiastique,  cours  qu'il  répé- 
tera à  l'Université  d'Ottawa.  Au  Congrès  de  Droit  canonique  à  l'Institut 
Catholique  de  Paris,  en  1947,  il  est  une  des  voix  écoutées. 

La  Conférence  catholique  canadienne  s'organise  à  Ottawa,  en  1943 
et  il  en  devient  le  premier  secrétaire  français.  En  1947,  Rome  l'appelle 
à  la  secrétairerie  d'Etat  et  à  la  Congrégation  des  Affaires  ecclésiasti- 
ques extraordinaires.    C'est  le  dernier  apprentissage. 

Monseigneur  Bernier  est  déjà  Camérier  secret  surnuméraire  depuis 
1938  et  Prélat  de  Sa  Sainteté  depuis  1948.  Au  mois  d'octobre  le  Pape 
Pie  XII  le  nomme  Auditeur  et  Chargé  d'affaires  "ad  intérim"  à  la  non- 
ciature de  Panama  pour  en  devenir  conseiller. 

Le  7  août  1952,  Rome  le  nomme  Nonce  Apostolique  à  Panama  et  à 
Costa-Rica,  deux  nonciatures  séparées  en  1955.  Mgr  Bernier  devient 
alors  archevêque  titulaire  de  Laodicée  et  premier  canadien-français  ap- 
pelé à  la  haute  carrière  diplomatique  dans  l'Eglise. 

Sa  consécration  épiscopale  donne  lieu  à  des  fêtes  inoubliables  dans 
la  vieille  cité  de  Champlain.  Le  nouveau  pontife  a  choisi  de  -guider  sa 
carrière  sous  la  devise  "Pax  et  Veritas". 

A  cette  occasion,  on  écrit:  "Tout  chez  Mgr  Bernier  avait  préparé 
son  ascension  à  l'épiscopat  et  à  la  haute  diplomatie  pontificale.  Tempé- 
rament, don  des  langues,  études  philosophiques,  théologiques  et  canoni- 
ques, postes  occupés  de  brillante  façon  aussi  bien  à  l'administration  d'un 
diocèse,  à  Québec,  au  secrétariat  de  l'Assemblée  canadienne  à  Ottawa, 
qu'à  la  secrétairerie  d'Etat  du  Vatican,  tout  avait  préparé  ce  prêtre  à 
la  plénitude  du  sacerdoce  en  même  temps  qu'à  la  nonciature".  Les  ar- 
chives vaticanes  conservent  les  échos  de  son  stage  brillant  comme  nonce 
apostolique. 

Le  3  décembre  1957,  il  est  de  retour  à  son  pays  et  intronisé  Arche- 
vêque-Evêque  de  Gaspé.  Il  a  saisi  toute  l'acuité  des  problèmes  de  l'E- 
glise en  Amérique  du  Sud  et  à  la  réunion  inter-américaine  de  l'Episco- 
pat  à  Washington,  il  sera  l'une  des  voix  les  plus  écoutées.  Mgr  Bernier 
est  actuellement  Président  de  la  Conférence  catholique  canadienne  où 
l'a  porté  la  confiance  et  l'admiration  de  ses  collègues  dans  l'Episcopat. 

D'après  la  haute  teneur  de  ses  déclarations  pastorales,  il  est  évident 
que  Mgr  Bernier  s'affirme  un  chef  spirituel  très  éclairé,  un  pasteur  vi- 


ORDRE   DE   LA   FIDELITE   FRANÇAISE  51 

gilant,  préoccupé  de  l'expansion  de  l'Eglise  et  jaloux  des  droits  de  la 
vérité. 

Il  nous  faudrait  encore  citer  la  bibliographie  imposante  qui  le  place 
au  nombre  des  doctes  penseurs  de  noire  siècle. 

Et  c'est  encore  parce  qu'en  plus  d'être  l'un  des  pontifes  les  plus 
renseignés  et  influents  du  Canada,  Mgr  Bernier  s'est  toujours  affirmé 
l'un  des  défenseurs  puissants  de  notre  patrimoine  culturel  avec  sa  belle 
âme  française. 

Le  Conseil  de  la  Vie  française  se  devait  de  proclamer  son  admira- 
tion à  l'endroit  de  ce  grand  ami  de  nos  oeuvres, 

Excellence,  votre  ascension  à  l'Ordre  de  la  Fidélité  réjouit  toute  la 
race  française  sur  le  continent.  Elle  est  une  attestation  des  fermes  ap- 
puis que  vous  apportez  au  rayonnement  de  notre  idéal  commun  et  une 
invitation  à  poursuivre  avec  détermination  la  noble  mission  que  nos 
devanciers  ont  légué  à  notre  fidélité. 

En  vertu  des  pouvoirs  qui  me  sont  conférés  à  titre  de  chancelier, 
c'est  un  grand  honneur  et  une  joie  profonde  pour  moi  de  vous  remettre 
les  insignes  de  l'Ordre  de  la  Fidélité  française  en  Amérique  avec  ce  di- 
plôme et  de  vous  inviter  à  signer  le  Livre  d'Or  aux  mains  de  Mgr  le  rec- 
teur de  l'Ordre. 

Abbé  Adrien  Verrette,  Chancelier. 

Réponse  de  S.E.  Mgr  Bernier 

"Le  sens  d'une  Fidélité  Française" 

J'éprouve  un  sentiment  de  réconfort  et  de  fierté  à  recevoir  dans 
cette  vieille  et  vénérable  cité  le  Champlain  et  de  Laval,  les  insignes  de 
l'Ordre  de  la  Fidélité  Française. 

Le  Conseil  de  la  Vie  Française,  en  effet,  m'a  toujours  paru  le  plus 
haut  et  le  plus  noble  Conseil  de  la  pensée,  de  la  civilisation  et  de  la 
culture  française  sur  ce  continent,  ou,  pour  tout  rassembler  dans  la  forte 
expression  du  Général  de  Gaulle,  de  la  chose  française  en  Amérique. 

A  la  vérité,  je  me  reconnais  bien  peu  de  titres  à  pareille  distinc- 
tion. Serait-ce  que  naguère,  dans  le  service  diplomatique  du  Saint-Siège, 
j'eus  non  pas  le  mérite,  mais  bien  l'insigne  privilège,  de  rédiger  ses  dé- 
pêches et  de  présenter  des  rapports,  qui  reposent  dans  les  archives  les 
plus  précieuses  et  les  mieux  gardées  de  la  chrétienté,  les  archives  secrè- 
tes du  Vatican?  Et  que  les  unes  et  les  autres  furent  couchés  dans  cette 
très  belle  langue  française,  qui,  dans  la  tradition  séculaire  du  Saint- 
Siège,  demeure  toujours  la  langue  diplomatique  par  excellence? 

Ou  bien  serait-ce  que,  dans  mes  missions  en  Amérique  Latine,  j'eus 
parfois  l'occasion  de  rapprocher  de  la  splendide  épopée  chrétienne  de  la 
vieille  Espagne  dan|S  le  Nouveau-Monde,  l'oeuvre  d'éivangélisation 
accomplie  parallèlement  par  la  vieille  France  depuis  le  Golfe  du  Mexi- 
que jusqu'à  la  Baie  d'Hudson? 

Ou  serait-ce  enfin  que,  dans  ma  chère  Gaspésie,  où,  sur  une  scène 
moins  vaste,  s'affirme  et  s'épanouit  toujours  le  miracle  de  notre  survie 


52  BULLETIN    DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

et  de  notre  ascension  ethnique,  l'on  donne  aux  immigrants  des  prêtres 
de  leur  langue  et  de  leur  culture,  tout  comme  Innocent  III,  au  Quatri- 
ème Concile  du  Latran,  en  l'an  1215,  alors  que  la  Croisade  avait  fait  es- 
saimer les  chrétiens  du  monde  latin  vers  le  monde  oriental,  enjoignait 
aux  évêques  d'instruire  et  de  faire  prier  les  fidèles  de  leur  diocèse, 
chacun  dans  sa  langue  propre,  juxta  diversitatem  linguarum"  (c.  14,  X, 
de  off.  ind.  ord.  I,  31). 

De  même  encore,  au  XVème  siècle,  quand  commencent  à  se  forger 
en  Europe  les  langues  modernes,  ne  voit-on  pas  le  Concile  de  Trente 
(sess.  24,  de  réf.  cap.  7)  imposer  aux  pasteurs  d'âmes  l'obligation  d'expo- 
ser dans  la  langue  de  leurs  ouailles  "l'efficacité  des  sacrements  et  les 
enseignements  du  salut". 

Le  verbe  français,  dans  les  desseins  de  la  Providence,  a  été  le  véhi- 
cule de  choix  par  où  nous  est  venu  à  nous  le  message  chrétien.  Et  vous 
connaissez  tous  les  remarquables  ouvrages  où  l'un  de  nos  intellectuels 
de  plus  haute  volée,  le  R.  P.  Fernand  Porter,  o.f.m.,  a  pu  établir  que  le 
vocabulaire  du  paysan  de  Nouvelle-France,  et  par  conséquent  aussi  sa 
pensée  et  son  âme  profonde,  n'eurent  longtemps  d'autre  moule  que  la 
lettre  du  petit  Catéchisme. 

Quand  on  n'aurait  que  celui-là,  le  français  détiendrait  déjà  un  titre 
indéniable  à  notre  attachement  et  à  notre  fidélité.  Mais  de  combien 
d'autres  titres  encore  ne  peut  pas  se  prévaloir  un  idiome  qm  a  policé  la 
plupart  des  Cours  et  des  Parlements  d'Europe,  qui  a  porté  la  civilisation 
à  plus  d'un  continent,  qui  a  contribué  plus  qu'aucun  autre  aux  négo- 
ciations de  paix  entre  les  nations  et  qui  a  écrit  quelques-unes  des  plus 
belles  pages  de  l'histoire  du  sentiment  religieux  et  de  l'action  mission- 
naire dans  le  monde  depuis  quatre  ou  cinq  cents  ans! 

Nous  n'avons  donc  pas  à  nous  demander  si  je  m'emploie  de  mon 
mieux,  dans  les  pas  de  mes  héroïques  devanciers,  à  revendiquer  sans 
faiblesse  et  à  reconnaître  sans  faux-fuyant  les  droits  et  les  devoirs  des 
héritiers  de  la  culture  française,  à  leur  prêcher  surtout  l'amour  et  le 
respect  de  la  langue  qui  en  est  le  véhicule  et  l'emblème? 

Tout  cela  n'aurait,  en  tout  cas,  pu  être  que  le  modeste  accomplisse- 
ment d'un  impérieux  devoir.  Tout  cela  me  laisse  encore  celui  de  vous 
dire  ici  ma  gratitude  profonde  pour  un  honneur  que  j'apprécie  haute- 
ment, et  que  je  dois  surtout  à  l'indulgente  faveur  de  ceux  qui  m'entou- 
rent ce  soir  à  cette  table. 

Fidélité  française!  Quelle  heureuse  expression!  Quelle  exaltante 
consigne! 

Peut-être  avons-nous  lieu  de  tirer  peu  de  gloire,  personnellement, 
chacun  d'entre  nous,  d'avoir  donné  notre  foi  —  car  c'est  bien  cela,  la 
fidélité,  la  foi  donnée  et  la  foi  gardée,  —  aux  valeurs  qui  signifient  pour 
nous  la  langue  et  la  pensée  françaises.  On  peut  dire  que  nous  en  avons 
hérité  en  naissant  et  grandissant  dans  un  milieu  qui  en  était  tout  im- 
prégné. Ce  sont  nos  pères  qui  ont  opté  pour  nous. 


ORDRE   DE   LA    FIDELITE   FRANÇAISE  53 

Et  en  ce  moment  je  m'incline  avec  vous  au  souvenir  de  ceux  qui, 
désavantagés  par  le  sort  des  armes,  il  y  a  trois  cents  ans,  préférèrent 
la  fidélité  et  son  cortège  de  dédains  et  de  brimades  à  l'abdication  com- 
blée d'honneurs  et  de  richesses.  Je  m'incline  avec  émotion  à  la  mé- 
moire des  ancêtres  qui,  sous  la  vigoureuse  et  clairvoyante  impulsion 
d'un  Monseigneur  Hubert  ou  d'un  Monseigneur  Plessis,  sacrifièrent  mê- 
me les  avantages  de  l'éducation,  telle  que  dispensée  par  une  Institution 
dite  Royale,  à  la  volonté  austère  et  ferme  de  demeurer  catholiques  et 
français. 

La  foi  gardée  représente  aujourd'hui  et  représentera  chaque  jour 
davantage  un  tout  autre  mérite. 

De  la  civilisation  et  de  la  culture  françaises  il  ne  reste,  sur  notre 
hémisphère,  que  des  îlots  épars.  Celui  de  notre  Canada  français  en  est 
assurément  le  plus  considérable.  Mais  il  est,  comme  tous  les  autres, 
battu  incessamment  par  les  vagues  pressées  d'une  autre  civilisation  et 
d'une  autre  culture. 

Et,  qui  plus  est,  cette  autre  civilisation  et  cette  autre  culture,  nu- 
mériquement prévalentes  en  Amérique  du  Nord,  semblent  avoir  atteint 
en  ce  moment  à  un  degré  étonnant  d'emprise  sur  les  destinées  écono- 
miques et  politiques  du  monde.  Ajoutez  encore  que  l'idiome  qui  leur 
est  propre,  la  langue  anglaise,  justement  admirée  et  appréciée  pour 
les  qualités  de  vigueur,  de  force  et  de  plasticité  qui  en  ont  fait  la  lan- 
gue aujourd'hui  la  plus  parlée  dans  l'univers,  exerce  partout  un  attrait, 
une  séduction  puissante. 

Voilà  bien,  par  exemple,  ce  qui  explique  en  bonne  part  que  beau- 
coup de  nouveaux  Canadiens,  encore  incertains  de  leur  destination  dé- 
finitive sur  le  continent  nord-américain,  choisissent  pour  langue  d'inté- 
gration à  leur  nouvelle  patrie,  l'idiome  anglo-saxon. 

Voilà  aussi  ce  qui  doit  donner  à  notre  fidélité  à  nous,  comme  un 
stimulant  de  plus.  Voilà  ce  qui  doit  nous  faire  prendre  chaque  jour 
mieux  conscience  des  responsabilités  de  notre  appartenance  à  ce  groupe 
ethnique  qui,  on  le  reconnaît  en  très  haut  lieu  aujourd'hui,  fait  de  no- 
tre patrie  ce  qu'elle  est,  même  ce  sans  quoi  elle  ne  se  différencierait 
plus  guère,  idéologiquement,  ni  bientôt  politiquement  peut-être,  de  cer- 
taines autres  colonies  anglaises  qui,  —  soit  dit  en  toute  admiration  pour 
nos  amis  et  nos  frères  d'outre-quarante-cinquième,  —  ont  fondé  sur  d'au- 
tres critères  la  formule  de  leur  unité  nationale. 

Quelqu'un  se  surprendra-t-il  qu'un  homme  d'Eglise  adopte  une  atti- 
tude si  tranchée  sur  des  questions  de  langue  et  de  culture?  Je  ne  le 
crois  pas. 

Ces  valeurs-là,  à  vrai  dire,  ne  sont  pas  des  absolus,  comme  celles 
de  la  foi  et  du  salut.  Elles  ne  sont  pourtant  pas  irréconciliables  avec 
elles,  elles  ne  sont  même  pas  sans  quelque  relation  possible  avec  elles. 

Et,  sans  remonter  à  la  glossolalie,  ou  don  des  langues,  l'Esprit-Saint 
voulut  faire,  au  lendemain  même  de  la  Pentecôte,  l'un  de  ses  premiers 
charismes  à  l'Eglise  naissante,  et  le  premier,  le  plus  merveilleux  ins- 
trument de  l'expansion  de  l'Evangile  parmi  les  Gentils,  on  peut  dire 
que  la  pensée  de  l'Eglise  n'a  pas  varié  sur  le  sujet. 


54  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

Pie  XII,  dans  sa  mémorable  Encyclique  "Exsul  Familia"  sur  l'an- 
goissant problème  des  migrations  modernes,  ne  souhaite-t-il  pas  que 
notre  fidélité  française  et  les  sacrifices  de  toutes  sortes  qu'elle  nous  coû- 
te se  justifient  vraiment  sur  le  plan  le  plus  élevé  des  valeurs  spirituel- 
les et  des  valeurs  humaines.  Sans  compter  que  cette  fidélité  française 
ne  s'arrête  pas  seulement  à  la  langue.  Elle  se  propose  aussi  comme  ob- 
jectif —  et  ce  sont  là  les  termes  mêmes  de  vos  statuits  (article  3)  —  "le 
soutien  et  la  défense  des  intérêts  nationaux  des  populations  de  langue 
française  et  le  maintien  des  traditions  de  l'esprit  français  en  Amérique 
du  Nord". 

Ce  qui,  à  mon  sens,  doit  nous  soucier  bien  davantage,  c'est  que  cette 
fidélité  soit,  dans  son  esprit  comme  dans  ses  méthodes,  vraiment  à  la 
hauteur  de  sa  mission. 

Je  n'entends  certes  pas  toucher  ici  aux  formules  politiques,  juridi- 
ques ou  constitutionnelles  que  discutent  présentement  —  et  cette  pré- 
occupation même  est  déjà  un  signe  prometteur  de  vouloir-vivre  natio- 
nal —  diverses  écoles  de  pensée  sur  les  conditions  idéales  de  survie  de 
notre  culture  propre. 

Je  m'inquiète  plutôt  des  tares  de  toutes  sortes  dont,  par  négligence 
ou  par  snobisme,  même  nos  classes  dirigeantes  déparent  affreusement 
le  bel  et  pur  idiome  que  les  générations  passées  ont  sauvé  pour  nous  de 
l'ostracisme  et  de  l'oubli. 

Lorsque  mes  paysans  de  Caplan  ou  de  Paspébiac,  lorsque  mes  pê- 
cheurs de  Gascons  ou  de  Grande-Rivière,  lorsque  mes  Acadiens  de  Ma- 
ria ou  de  Bonaventure  me  parlent  un  français  qui  me  semble  étrange 
ou  archaïque  à  moi,  pauvre  citadin,  je  prends  plaisir  à  leur  faire  répéter 
ces  phrases  pleines  de  musique  et  de  mystère  que  leur  ont  apprises  leurs 
pères,  et  que  je  pourrais  retrouver  toutes  pures  dans  les  récits  de  voyage 
de  Jacques  Cartier  ou  de  Lescarbot.  Ceci,  c'est  le  français  qui  devrait 
alimenter  notre  roman  de  moeurs  canadiennes,  nos  enquêtes  sociologi- 
ques et  nos  études  linguistiques. 

Lorsque  mes  artisans  et  mes  ouvriers  de  Chandler  ou  de  Murdoch- 
ville  s'expliquent  en  un  vocabulaire  à  peu  près  uniquement  transposé 
tout  cru  de  l'anglais,  ils  le  font  avec  l'air  de  s'excuser  que  leur  métier 
ne  leur  ait  été  montré  que  dans  cette  langue-là.  Ceci,  il  importe  d'y 
apporter  promptement  remède.  Et  sans  doute  la  France,  avec  le  récent 
et  vigoureux  apport  de  son  industrie,  nous  y  aidera-t-elle. 

Mais  quand  des  collégiens  ou  des  séminaristes,  quand  des  profes- 
sionnels ou  des  prêtres  semblent  prendre  plaisir  à  émailler  leur  langage 
de  tous  les  barbarismes,  de  tous  les  solécismes,  de  toutes  les  déforma- 
tions possibles,  je  crois  vraiment  que  c'est  là,  pour  employer  une  ex- 
pression qui  fit  jadis  fortune,  la  trahison  des  clercs!  Cette  langue  appau- 
vrie, enlaidie,  affadie,  écorchée,  sur  laquelle  il  n'arrive  que  trop  sou- 
vent que  nous  soyons  jugés  à  l'étranger,  n'est  pas  le  français  qui  mérite 
de  survivre  et  de  s'affirmer  en  Amérique!  C'est  à  bien  autre  chose  que 
nous  devons  allégeance  et  loyauté;  c'est  à  une  langue  issue  des  plus 
beaux  siècles  de  la  mère-patrie,  et  enrichie,  dans  la  ligne  de  son  génie 
propre,  de  l'apport  de  trois  ou  quatre  siècles  d'acclimatation  en  terre 
d'Amérique. 


ORDRE   DE   LA   FIDELITE   FRANÇAISE  55 

Je  ne  prévoyais  pas,  en  commençant  ces  quelques  remarques,  de- 
voir finir  sur  un  pareil  examen  de  conscience.  Et,  cependant,  je  ne  le  re- 
grette pas.  Car  partout  on  sent  le  besoin  de  réagir  contre  un  laisser-al- 
ler, un  non-conformisme  de  mauvais  aloi,  qui,  si  on  n'y  prend  bien  gar- 
de, n'est  qu'un  conformisme  nouveau  à  la  médiocrité. 

La  note  sur  laquelle  je  veux  pourtant  conclure,  c'est  une  note  d'opti- 
misme et  d'espoir.  Notre  langue,  notre  pensée,  notre  vie  françaises,  el- 
les ont  par  le  passé  triomphé  de  trop  d'écueils,  de  trop  d'ennemis,  de 
trop  d'obstacles,  pour  que  demain  elles  succombent  ou  disparaissent. 
Le  présent  avec  tous  ses  soubresauts,  l'avenir  avec  toutes  ses  surprises, 
les  mettront  sans  doute  à  dure  épreuve.  Ils  leur  apporteront  cependant, 
je  le  crois,  tant  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur  de  nos  frontières,  des  ap- 
puis nouveaux  et  puissants. 

Je  n'en  veux  pour  preuve  que  l'appréciation  plus  juste  et  la  com- 
préhension meilleure  du  fait  français,  de  la  part  d'une  élite  canadienne 
qui  grandit  de  jour  en  jour.  Pour  symptôme,  sur  la  scène  internationale, 
que  l'accession  à  la  maturité  civile  et  politique  de  beaucoup  de  peuples 
préparés  à  l'indépendance  sous  l'égide  de  la  France. 

Et  pour  garant,  cet  universalisme  fondamental  inspiré  de  l'Evangile, 
qui  détrône  une  à  une  les  hégémonies  raciales  ou  culturelles  pour  ac- 
cueillir et  favoriser  tout  ce  qui  est  humain,  tout  ce  qui  est  surtout  dé- 
passement et  progrès. 

Il  dépendra  un  peu  de  nous  qu'il  en  soit  ainsi  du  génie  français 
dont  nous  sommes  tributaires.  Si  nous  savons  le  servir  nous-mêmes 
dignement,  nous  le  ferons  contribuer  à  la  paix  sociale  et  à  l'enrichisse- 
ment spirituel  d'un  monde  profondément  agité,  mais  qui  ne  demande 
qu'à  se  conprendre  et  à  se  grandir. 

Réponse  de  M.  Lemieux 

C'est  toujours  avec  une  vive  émotion  que  je  reviens  dans  votre  — 
et  notre  beau  Canada.  Lorsque  j'ai  traversé  les  lignes  imaginaires  divi- 
sant les  Etats-Unis  et  le  Canada,  j'ai  baisé  spirituellement  votre  beau 
sol,  car,  n'est-ce  pas  ici  que  je  suis  né  de  parents  chrétiens,  et,  qu'à 
l'âge  de  huit  ans  et  demi.  Dieu,  dans  sa  divine  sagesse,  appela  à  lui  mon 
père  et  ma  mère  ...  et,  ceci  dans  l'espace  de  douze  jours. 

Naturellement,  j'ai  souvent  manqué  cet  amour  maternel  .  .  .  amour 
qui  est  le  don  le  plus  précieux  que  Dieu  nous  a  légué  ...  Je  me  souviens 
vivement  du  dernier  baiser  de  ma  chère  mère  quelques  heures  avant 
que  Dieu  vienne  l'enlever,  et  avec  ces  derniers  mots:  "Arch,  prie  bien 
et  crois  toujours  en  Dieu  et  il  t'aidera  toujours  dans  toutes  tes  entre- 
prises" .  .  .  Souvenir  éternel  pour  moi. 

Je  serai  toujoiirs  profondément  reconnaissant  à  mes  tuteurs  pour 
avoir  suivi  les  directives  de  mon  père  en  me  plaçant  dans  des  maisons 
d'éducation  où  je  recevrais  tous  les  éléments  nécessaires  à  une  forma- 
tion chrétienne  et  humanitaire  qui  me  permettraient  de  surmonter  les 
obstacles  de  la  vie,  tout  en  respectant  les  lois  de  Dieu  et  des  hommes. 

Mes  années  formatives,  c'est-à-dire  de  9  à  13  ans,  passées  dans  le 
pensionnat  des  Soeurs  Grises  de  Québec,  (maintenant  connu  sous  le  nom 


56  BULLETIN    DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

d'Youville)  furent  très  heureuses  pour  moi,  car  j'étais  entouré  de  l'at- 
tention et  de  l'amour  indispensables  à  une  personne  de  mon  âge.  C'est 
là  où  j'ai  fait  ma  première  communion  et  où  je  fus  confirmé.  Et,  si  vous 
me  pernuettez  ici  l'évocation  d'un  souvenir  bien  cher:  Nous,  élèves  pen- 
sionnaires de  cette  maison,  étions  servants  de  messe  à  la  basilique  de 
Québec,  et  pendant  un  an,  j'ai  eu  le  privilège  d'assister  Mgr  Cyrille 
Alfred  Marois,  vicaire  honoraire,  à  la  messe  de  son  excellence,  l'Arche- 
vêque Tachereau.  Msgr  Marois,  décédé  en  1927,  a  toujours  été  pour  moi 
un  ami  inspirateur.  Je  fus  aussi  l'un  des  pages  de  Son  Eminence,  le 
Cardinal  Tachereau  lors  de  son  retour  de  Rome  à  Québec. 

Après  un  séjour  de  quatre  ans  et  demi  avec  les  bonnes  soeurs,  j'ai 
quitté  cette  institution  avec  regret  pour  entrer  au  Collège  de  Lévis, 
là  où  j'ai  passé  quatre  ans  et  où  j'ai  reçu  de  ces  bons  prêtres  une  édu- 
cation religieuse  et  commerciale  laquelle  fut  pour  moi  une  aide  ines- 
timable au  cours  de  ma  vie.  Par  conséquent,  j'ai  donc  beaucoup  d'ap- 
préciation pour  ces  bonnes  religieuses  et  ces  religieux  qui  renoncent 
le  monde  afin  de  dédier  leur  vie  au  service  de  Dieu  et  de  l'humanité:  ces 
personnes  se  sont  consacrées  à  Dieu  en  abandonnant  tout  ce  que  la  vie 
laïque  leur  offrait,  pour  cette  noble  vocation  de  vie  restreinte.  Car, 
évidemment,  elles  sont  vraiment  des  personnes  douées  d'une  haute  cul- 
ture, et  je  suis  certain  que,  dans  une  vie  autre  que  la  vie  religieuse, 
elles  pourraient  contribuer  richement  à  la  société  contemporaine. 

Je  me  demande  souvent  si  nous  apprécions  à  sa  juste  valeur,  leurs 
contributions  humanitaires,  culturelles  et  religieuses.  J'espère  sincère- 
ment que  nous  qui  avons  vécu  sous  leur  direction  et  leur  protection, 
ferons  tout  en  notre  pouvoir  pour  leur  témoigner  notre  gratitude  pour 
toutes  les  bonnes  oeuvres  qu'elles  ne  cessent  d'accomplir. 

Un  témoignage  de  gratitude  à  votre  beau  Canada.  Mes  respectueux 
hommages  à  ce  pays  où  j'ai  demeuré  pendant  17  ans  et  demie.  Car  il  a 
assurément  contribué  à  mon  avancement  comme  industriel,  puisque 
j'ai  reçu  ici  mes  premières  inspirations  lorsque  je  visitais  les  usines  très 
importantes  de  mon  oncle,  Carrier-Laine,  à  Lévis.  Soyez  assurés  que 
j'ai  toujours  conservé  dans  mon  coeur  un  coin  chaud  pour  le  Canada. 
Me  comporter  autrement  serait  une  ingratitude  impardonnable:  vous 
connaître  et  ne  pas  vous  apprécier  et  vous  aimer  ne  serait  pas  humain! 

Permettez-moi  de  réitérer  le  fait  que  le  Canada  a  beaucoup  contri- 
bué à  ma  formation  selon  l'esprit  du  christianisme  et  dans  le  respect 
des  lois  divines  et  humaines.  J'ai  toujours  apprécié  au  plus  haut  de- 
gré, et  à  sa  juste  valeur,  cette  formation  qui  a  contribué  définitivement 
à  mon  avancement  dans  la  vie  religieuse,  industrielle,  financière  et  ci- 
vique. Puisque  c'est  ici  où  j'ai  puisé  les  principes  fondamentaux  qui 
m'ont  grandement  aidé  dans  toutes  mes  entreprises. 

Mes  hommages  les  plus  sincères  aussi  à  mon  pays  adoptif,  les  Etats- 
Unis,  pays  de  liberté,  d'égalité  et  de  dignité  individuelle,  lequel  offre 
tous  les  avantages  à  ceiix  qui  sont  disposés  à  faire  les  sacrifices  requis 
pour  l'acquisition  de  leur  objectif.  Et,  ayant  vécu  presque  exclusive- 
ment parmi  un  élément  protestant  et  de  langue  anglaise,  je  déclare  que 
ni  ma  religion,  ni  mon  origine  ont  été  pour  moi  un  obstacle.  L'Améri- 


ORDRE   DE    LA    FIDELITE    FRANÇAISE  57 

cain  est  un  homme  aux  vues  larges  et,  par  conséquent,  aux  conceptions 
justes. 

Après  69  ans,  je  vous  reviens,  je  crois,  meilleur  catholique  que  lors- 
que je  vous  ai  laissés  car  la  maturité  nous  prouve  la  grande  importance 
de  la  moralité  en  tout  ce  qui  concerne  notre  vie.  Ma  langue  française,  je 
l'ai  conservée  en  autant  que  les  conditions  me  l'ont  permis,  et  mon  nom 
"Lemieux"  qui  m'a  été  transmis,  respecté  par  mes  parents,  je  le  passe- 
rai à  la  postérité...  Lemieux  et  respecté! 

En  ce  qui  concerne  les  langues...  je  crois  que  nous  devons  recon- 
naître que  la  langue  anglaise  et  la  langue  française  sont  les  deux  lan- 
gues universelles  et  nécessaires  dans  toutes  les  sphères  d'activité.  Tou- 
tes deux  servent  et  illustrent  des  traditions  et  des  cultures  en  compor- 
tant de  précieux  avantages  pour  les  privilégiés  qui  en  possèdent  la  con- 
naissance. Quant  à  moi,  je  suis  persuadé  que  ma  connaissance  de  la 
langue  française  et  tout  ce  qu'elle  comporte  —  culture,  etc.,  m'a  permis 
de  contribuer  plus  efficacement  au  progrès  dans  tous  les  domaines  où 
j'ai  eu  l'occasion  d'exercer  mes  activités. 

Je  me  suis  permis  de  m'orienter  dans  les  domaines  donc  j'ai  vécu 
pendant  plusieurs  décades:  industries  et  finances,  et  vous  parents  et 
jeunes  Canadiens,  (quelle  que  soit  votre  origine)  loin  de  moi  la  pensée 
de  vous  donner  des  conseils.  J'espère  cependant,  que  mes  remarques  se- 
ront acceptées  avec  la  même  sincérité  avec  laquelle  je  vous  les  expri- 
me. 

Connaissant  votre  caractère  industrieux  et  l'habilité  qui  vous  carac- 
térise, (et  je  m'y  connais,  ayant  été  associé  aux  Etats-Unis  avec  des 
milliers  d'Américains  de  notre  origine)  je  me  demande  pourquoi,  avec 
toutes  vos  ressources  naturelles,  ressources  qu'aucun  autre  pays  au 
monde  possède,  et  doués  de  votre  esprit  d'initiative,  pourquoi  qu'un 
plus  grand  nombre  d'entre  vous  n'ont  pas  entrepris  de  fonder  votre 
propre  commerce.  Et  je  me  demande  encore,  si,  dans  le  passé,  des  mil- 
liers d'entre  vous,  (riches  de  tant  de  qualités  nécessaires  au  succès), 
s'étaient  lancés  dans  les  affaires,  le  Canada  ne  compterait  pas  aujour- 
d'hui une  population  de  30  à  40  millions  au  lieu  de  17  millions:  et  le 
succès  dans  les  affaires  de  plusieurs  des  vôtres  ici  sont  preuve  authenti- 
que de  mon  assertion. 

Ma  confiance  dans  votre  beau  pays  est  telle,  que  si  j'avais  25  ans 
de  moins,  je  viendrais  établir  une  succursale  industrielle  au  Canada, 
et  je  n'aurais  aucun  doute  de  son  succès.  Néanmoins,  il  n'est  jamais 
trop  tard  pour  vous,  jeunes  gens,  et  je  suis  convaincu  que  vos  grandes 
institutions  financières  vous  seconderaient  dans  vos  entreprises.  Vous  le 
devez  à  l'agrandissement,  à  la  prospérité  de  votre  pays  et  à  vous-mêmes! 

C'est  ce  que  nous  avons  fait  aux  Etats-Unis,  et  chaque  année,  des 
milliers  de  jeunes  gens  fondent  leurs  propres  commerces,  générale- 
ment avec  grand  succès.  Et  c'est  ceci  qui  fait  des  Etats-Unis  un  pays 
d'une  population  de  170  millions,  le  plus  important  pays  au  point  de 
vue  financier  et  industriel,  puisque  ses  revenus  personnels  s'élèvent 
à  500  trillions  de  dollars  par  année,  employant  au  delà  de  70    millions. 


58  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

La  plupart  de  ces  industries  ont  été  organisées  par  des  jeunes  gens 
de  courage  qui  avaient  confiance  dans  l'avenir  de  leur  pays  et  en  eux- 
mêmes,  et  plusieurs  d'entre  eux  ont  été  encouragés  et  secondés  par  nos 
institutions  financières  dont  je  fais  partie. 

Cette  visite  au  Canada  a  été  pour  moi,  encore  une  vraie  source 
d'inspiration,  et  je  crois  qu'il  n'y  a  pas  au  monde  un  pays  qui  offre 
aujourd'hui  des  avantages  plus  grands  que  notre  cher  et  admirable 
Canada! 

Je  vous  laisse  en  exprimant  au  Conseil  de  la  Vie  française,  ma  plus 
vive  reconnaissance  pour  ce  témoignage  auquel  je  suis  très  sensible  et 
que  j'accepte  avec  des  profonds  sentiments  d'humilité,  en  me  rendant 
compte  que  d'autres  sont  certainement  plus  méritants  de  cet  honneur 
que  moi. 

Recevez  mon  assurance  que  je  continuerai  toujours  à  contribuer 
de  toute  manière  possible  au  succès  de  notre  cause,  et  permettez-moi 
de  féliciter  les  dignitaires  et  les  membres  de  votre  société,  société  qui 
se  dévoue  constamment  à  la  propagation  de  nos  riches  héritages:  reli- 
gion, culture  et  langue. 

Le  grand  philosophe  Socrates  disait:  "Connais-toi,  toi-même"  .  .  . 
J'ajouterais:  "Connais  tes  faiblesses".  Car  voici  ce  qui  est  la  base  de 
tout  succès.  Toutefois,  le  succès  ne  devra  pas  être  un  but,  mais  une 
poursuite. 

A  vous.  Excellence  —  mon  pays  adoptif  les  Etats-Unis  se  joignent 
à  moi,  spirituellement,  pour  vous  offrir  nos  plus  respectueuses  félicita- 
tions à  l'occasion  de  cette  remise  —  Fidélité  française  —  par  le  Con- 
seil de  la  Vie  française  en  Amérique,  hommages  hautement  mérités. 

A  notre  grand  patriote,  M.  l'abbé  Adrien  Verrette,  chancelier  de  la 
Fidélité,  vous  qui  avez  été  l'apôtre  inspirateur  pour  le  maintien  et  la 
propagation  pour  laquelle  la  Vie  française  en  Amérique  a  été  fondée 
—  merci  pour  votre  généreuse  introduction  et  recevez  mon  assurance 
que  je  ferai  toujours  tout  en  mon  pouvoir  pour  la  mériter. 

Et,  à  tous  ceux  qui  m'ont  fourni  l'occasion  d'être  avec  vous  au- 
jourd'hui, mes  plus  sincères  remerciements!  Veuillez  croire  que  cette 
journée  demeurera  une  des  plus  mémorables  de  ma  vie. 

Au  revoir,  chers  amis,  et  bonne  chance  à  tous. 


VII 

Comité  de  Vie  Franco-Américaine 

Le  Comité  entrait  dans  sa  13e  année  assumant  l'exécution  des  réso- 
lutions et  projets  formulés  au  congrès  de  Fall  River  en  1959.  Ce  con- 
grès avait  remis  au  Comité  la  somme  de  $700.00.  Plusieurs  commissions 
furent  constituées  dans  ce  but  mais  les  circonstances  ne  favorisèrent 
pas  un  très  grand  progrès.  Tout  de  même  au  cours  de  ses  réunions  plé- 
nières  et  de  celles  du  bureau,  le  Comité  enregistra  de  notables  résul- 
tats. 

Pour  faciliter  son  administration,  le  comité  obtenait  sa  charte  lé- 
gale dans  l'Etat  du  Rhode  Island  eu  date  du  10  mars.  Il  tenait  sa  deux- 
ième souscription  annuelle  atteignant  la  somme  de  près  de  $2,000.00. 
Par  contre,  le  Comité  témoignait  son  encouragement  à  plusieurs  de  nos 
oeuvres,  la  Fédération  des  Chorales,  les  journaux,  L'Indépendant,  de 
Fall  River,  Le  Travailleur,  de  Worcester  et  l'Action,  de  Manchester, 
la  Société  des  Concours  Français,  de  Fall  River,  la  Société  Historique 
Franco-Américaine,  l'Union  des  Franco-Américains  du  Connecticut,  les 
Rosiers  Missionnaires  de  Ste  Thérèse,  la  Fraternité  Française,  la  So- 
ciété Richelieu,  la  Télé  Franco-Américaine,  au  poste  WMUR-TV,  Canal 
9,  de  Manchester. 

En  souscrivant  à  ces  oeuvres  franco-américaines,  le  Comité  estime 
qu'il  formule  l'intérêt  de  toute  la  Franco-Américanie  qu'il  représente 
dans  son  travail. 

Le  Comité  avait  aussi  la  satisfaction  de  décerner  les  honneurs 
de  l'Ordre  du  Mérite  Franco-Américain,  le  31  mai,  au  Séminaire  Notre 
Dame  de  La  Salette,  à  Enfield,  Nevi^  Hampshire,  au  R.P.  Zotique  Choui- 
nard,  M.S.,  véritable  fondateur  de  la  province  franco-américaine.  Coeur 
Immaculé  de  Marie  en  Nouvelle-Angleterre. 

Le  Comité  profitait  des  fêtes  du  Cinquantenaire  Sacerdotal  du  vé- 
néré religieux  pour  lui  décerner  cet  honneur.  A  un  banquet  qui  réunis- 
sait plus  de  200  convives,  le  chancelier  de  l'Ordre,  M.  Adolphe  Robert, 
lui  remettait  les  insignes  avec  citation. 

Plusieurs  membres  du  Comité  assistaient,  M.  le  juge  Emile  Leme- 
lin,  président,  M.  Adolphe  Robert,  président  d'honneur  et  chancelier 
de  l'Ordre,  M.  Lauré  B.  Lussier,  secrétaire  trésorier,  l'abbé  Adrien 
Verrette  et  M.  Ulric  Gauthier,  directeurs,  et  M.  Adrien  Lussier. 

Le  Comité  regrettait  la  perte  de  trois  de  ses  membres  très  dévoués 
au  cours  de  l'année.  Ce  fut,  le  1er  vice-président,  le  sénateur  Jean- 
Charles  Boucher,  de  Lev^^iston,  qui  décédait  subitement  le  24  mars,  au 
lendemain  d'une  réunion  du  bureau  à  Boston,  à  laquelle  il  avait  assisté 
avec  son  dévouement  habituel,  M.  J.  Albert  Croteau,  de  Fitchburg,  en 
juillet,  président  de  la  Fédération  F. -A.  du  Comté  de  Worcester  et  en 
octobre,  l'abbé  Pierre  Gauthier,  curé  de  Notre  Dame  du  Perpétuel  Se- 
cours de  Holyoke,  vice-président  d'honneur  du  Comité  et  apôtre  très 
dévoué  à  nos  oeuvres. 

Au  cours  de  l'année,  M.  Lauré  B.  Lussier,  secrétaire-trésorier  re- 
présentait le  Comité  à  plusieurs  manifestations  avec  succès.  Il  appor- 


60  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

tait  chaque  fois  le  message  de  solidarité  que  préconise  le  Comité  en 
vue  de  l'avancement  de  nos  oeuvres. 

Le  Comité  apprend  la  nomination  de  M.  Jacques  Gignac  au  poste  de 
vice-consul  canadien  à  Boston.  Il  s'empresse  de  l'inviter  à  sa  réunion 
du  30  novembre.  M.  le  juge  Lemelin  le  présente  à  ses  collègues.  De  son 
côté  M.  Gignac  invite  les  membres  à  une  réception  intime  à  sa  demeure. 
M.  le  consul  S.  D.  Hemsley  est  présent  et  transmet  au  Comité  les  hom- 
mages de  son  gouvernement. 

Le  grand  événement  de  l'année  pour  le  Comité  fut  la  réception 
qu'il  prépara  en  l'honneur  de  S.E.  Mgr  Ernest  J.  Primeau,  intronisé 
6e  évêque  du  diocèse  de  Manchester.. 

Dès  la  réunion  du  bureau,  le  10  février,  un  projet  d'hommage  fut 
discuté.  Le  Comité  était  représenté  au  sacre  de  Mgr  Primeau,  le  25 
février  à  Chicago,  par  le  juge  Emile  Lemelin,  président,  l'abbé  Adrien 
Verrette,  Me  Gérard  Bergevin  et  M.  Adolphe  Robert.  A  l'occasion  de 
son  intronisation  à  Manchester,  le  19  mars,  le  Comité  était  encore  re- 
présenté par  plusieurs  membres. 

L'hommage  des  Franco-Américains  prit  la  forme  d'un  banquet 
réception.  Plus  de  600  convives  remplissaient  le  salon  Louis  XIV  de 
l'hôtel  Somerset,  à  Boston,  le  22  juin.  Notre  généreux  collègue,  M. 
Archibald  Lemieux  offrait  le  vin  d'honneur  et  S.E.  Mgr  Primeau  saluait 
tous  les  convives. 

Le  banquet  était  de  grande  classe  et  fut  présidé  par  Me  Gérard 
Bergevin.  M.  le  juge  Emile  Lemelin  présenta  Mgr  Primeau  en  lui  re- 
mettant une  bourse  de  $5,000.00  au  nom  des  Franco-Américains.  Mal- 
heureusement il  n'y  eut  pas  de  texte  franco-américain  en  cette  circons- 
tance historique. 

Après  avoir  remercié  les  Franco-Américains  pour  leur  beau  et  gé- 
néreux geste  d'affection,  Mgr  Primeau  prononçait  une  allocution  qu'il 
avait  placée  sous  le  signe  "Ut  unun  sint  .  .  .  qu'ils  soient  un".  Après 
avoir  établi  le  grand  besoin  d'unité  qui  existe  dans  le  monde  et  le  souci 
de  l'Eglise  qui  travaille  ardemment  à  cette  fin,  Mgr  Primeau  ajoutait: 

"Avez-vous  jamais  eu  le  privilège  de  contempler  une  des  gigantes- 
ques mosaïques  de  la  basilique  de  Saint-Pierre  à  Rome?  On  croit,  à 
première  vue,  se  trouver  devant  une  peinture  à  l'huile  et  seule  une 
proche  inspection  révèle  qu'il  s'agit  d'une  mosaïque.  Un  artisan  habile 
a  lentement  et  patiemment  composé  cette  reproduction  d'un  chef-d'oeu- 
vre artistique  en  se  servant  de  milliers  de  différents  morceaux  de  tuile 
colorée.  J'ai  souvent  eu  l'occasion  de  regarder  de  tels  artisans  au  tra- 
vail dans  les  studios  de  mosaïque  du  Vatican  et,  chaque  fois,  me  reve- 
nait à  l'esprit  la  formation  de  notre  patrie  bien-aimée.  Des  vagues  d'im- 
migrants venus  de  tous  les  coins  du  monde,  de  chaque  nation  et  de  tou- 
te race,  apportèrent  avec  eux  leurs  couleurs,  langues  et  cultures  diffé- 
rentes qu'ils  déposèrent  dans  la  charpente  des  Etats-Unis  pour  en  faire 
une  nouvelle  nation  enrichie  de  toute  cette  diversité  dans  l'unité.  Rien 
d'étonnant,  dès  lors,  que  la  devise  choisie  pour  la  nation  fut  "E  Pluribus 
Unum"  —  de  beaucoup,  un.  C'est  cette  terre  de  liberté  de  culte,  d'ac- 


COMITE   DE   VIE   FRANCO-AMERICAINE  61 

tion,  et  d'expression,  où  la  crainte  est  inconnue,  que  nos  pères  se  pro- 
posaient de  développer  grâce  à  cette  grande  fragmentation  et  non  mal- 
gré elle. 

Parmi  les  peuples  qui  sont  venus  ajouter  des  pièces  nombreuses 
à  la  mosaïque  américaine,  nous  trouvons  ceux  d'ascendance  française, 
nos  ancêtres.  Nous  savons,  et  nous  en  sommes  légitimement  fiers,  que 
les  intrépides  pionniers  de  France  ont  été  les  premiers  à  découvrir, 
à  établir  et  à  civiliser  une  portion  impressionnante  et  importante  de  la 
superficie  actuelle  du  Canada  et  des  Etats-Unis.  On  ne  doit  pas  oublier 
non  plus  le  travail  héroïque  des  missionnaires  français  et  à  leur  suite 
celui  des  prêtres  canadiens  qui  apportèrent  la  parole  de  Dieu  et  les 
eaux  rédemptrices  du  baptême  aux  sauvages  de  l'Amérique  du  Nord. 
Le  Choeur  des  saints  adorant  la  Majesté  Divine  a  été  considérable- 
ment augmenté,  nous  le  croyons,  par  les  martyrs  et  les  religieux  qui 
embrassèrent  la  vie  indienne  dans  l'unique  but  de  conduire  les  âmes 
au  Souverain  Maître. 

Après  plus  de  deux  siècles  sur  les  rives  du  Saint-Laurent,  les 
Français  —  maintenant  Canadiens  —  quittèrent  leur  pays  pour  émigrer 
en  grand  nombre  aux  Etats-Unis,  surtout  en  Nouvelle-Angleterre  et 
aux  environs  des  Grands  Lacs,  mon  pays  natal. 

Il  n'y  a  aucun  doute  que  depuis  près  d'un  siècle  les  Canadiens- 
Français  ont  fait  des  contributions  majeures  à  la  vie  religieuse,  cultu- 
relle, civique  et  économique  de  leur  nouvelle  patrie.  Cet  apport  à  la 
vie  américaine  a  le  caractère  à  la  fois  français,  rappelant  ainsi  nos  ori- 
gines anciennes,  et  canadien,  représentant  l'aspect  particulier  et  ori- 
ginal développé  par  les  nombreuses  générations  de  nos  devanciers. 

Le  nom  "France"  évoque  de  nombreuses  émotions  et  des  senti- 
ments profonds  d'amour  et  de  reconnaissance  chez  l'Américain,  chez 
le  Franco-Américain  en  particulier.  De  cette  France,  "fille  aînée  de 
l'Eglise",  nous  avons  reçu  le  don  sans  pareil  de  nos  croyances  religieu- 
ses. Aucun  cadeau,  aucun  patrimoine  ne  saurait  égaler  celui-ci.  Que  cette 
terre  soit  mille  fois  bénite  pour  notre  catholicisme  sain  et  robuste. 
Nous  avons  eu  l'indiscutable  avantage  de  puiser  notre  foi  de  la  France 
d'avant  la  révolution,  à  une  époque  de  l'histoire  où  les  fidèles  de  Fran- 
ce et  d'Europe  combattaient  énergiquement  les  effets  néfastes  du  pro- 
testantisme. Comme  conséquence,  la  Nouvelle-France  a  été  établie  par 
des  catholiques  dont  la  vie  chrétienne  intégrale  ne  souffrait  pas  de 
tiédeur.  La  destinée  religieuse  du  Canada  français  et  la  nôtre  auraient 
pu  être  toute  autre  si  les  colons  avaient  traversé  l'Atlantique  après  la 
révolution  française  ou  même  à  un  autre  moment  de  l'histoire. 

En  plus,  le  monde  universel  reconnaît  et  admire  la  beauté  de  la 
langue  française.  Il  ne  s'agit  pas  uniquement  de  son  timbre  lyrique  et  en- 
chanteur, mais  aussi  de  sa  précision  qui  fait  qu'aujourd'hui  encore  c'est 
une  des  langues  préférées  de  la  diplomatie  et  de  la  science.  "La  langue 
finit",  écrit  M.  Jean-Marie  Laurence;  "par  devenir,  comme  à  l'époque 
moderne,  le  véritable  symbole  de  la  race,  le  plus  tangible  emblème  de 
la  nationalité,  et  l'un  des  plus  puissants  agents  d'unification." 

La  France  nous  a  légué  en  plus  toute  la  richesse  et  la  splendeur 
de  la  civilisation  occidentale  et  de  la  culture  latine.  Sans  nous  attar- 


62  BULLETIN    DE  LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

der  à  énumérer  l'étendue  et  la  profondeur  de  cette  culture,  nous  pou- 
vons sans  crainte  dire  que  peu  de  nations  sont  arrivées  à  la  hauteur 
de  la  France  et  que  peut-être  aucune  ne  l'a  surpassée.  Examinez  et  com- 
parez la  littérature,  religieuse  et  profane,  la  peinture,  la  sculpture,  la 
musique,  le  théâtre,  bref  tous  les  arts  et  les  moyens  d'expression  hu- 
maine et  vous  saisirez  l'ampleur  de  la  contribution  française  à  la  civi- 
lisation. 

Et  la  parenté  du  français  avec  l'italien,  l'espagnol,  le  portugais  et 
même  le  roumain,  une  parenté  acquise  par  notre  aïeul  commun  le  la- 
tin, nous  donne  un  aperçu  naturel  de  ces  cultures-soeurs  et  nous  pré- 
sente l'avantage  de  les  absorber  avec  plus  de  facilité.  Ma  connaissance 
du  français  et  des  choses  françaises  m'ont  permis  de  m'adapter  rapide- 
ment à  la  vie  italienne  et  de  saisir  et  d'aimer  instantanément  la  cultu- 
re transalpine. 

Ce  que  la  France  nous  a  prodigué:  noti'e  foi  religieuse,  notre  lan- 
gue des  plus  sonores  et  utiles,  notre  culture  des  plus  opulentes  et  des 
plus  précieuses,  nous  l'avons  à  notre  tour  versé  dans  le  creuset  pour 
enrichir  et  ennoblir  une  nouvelle  culture  qui  s'échafaude  lentement 
mais  sûrement  aux  Etats-Unis,  notre  pays. 

Ajoutons  à  notre  apport  français  à  la  vie  américaine  celui  qui  est 
spécifiquement  canadien.  L'éloignement  de  France,  les  conditions  de 
vie  particulières  du  Nouveau-Monde,  et  le  fil  des  années  ont  façonné  un 
type  nouveau  au  Canada.  Quel  peuple  a-t-il  eu  une  vie  de  famille  plus 
intime  et  plus  dévouée  que  celui  de  nos  ancêtres?  Le  mot  "famille" 
pour  le  Canadien  comprenait  non  seulement  les  parents  et  les  enfants, 
mais  également  les  grands-parents,  les  oncles,  les  tantes,  et  les  cousins 
jusqu'à  des  degrés  devenus  pour  nous  mystérieux. 

On  n'avait  pas  alors  recours  à  l'assistance  publique  pour  loger  les 
grands-parents  et  subvenir  aux  besoins  des  vieux,  des  infirmes  et  des 
malades.  La  charité  se  pratiquait  suivant  les  désirs  du  Christ,  et  l'ob- 
servance du  quatrième  commandement  de  Dieu,  "Père  et  mère  tu  hono- 
reras afin  de  vivre  longuement",  était  interprété  à  la  lettre  et  s'éten- 
dait à  toute  la  famille. 

L'ambiance  actuelle,  la  pression  de  la  vie  moderne  nous  ont,  il  me 
semble,  fait  succomber  nous  aussi  dans  un  affaiblissement  du  lien  de 
famille.  Puissions-nous  revenir  à  la  dévotion  familiale  de  nos  ancêtres, 
afin  de  nous  sanctifier  par  l'amour  et  de  perpétuer  notre  contribution 
à  la  vie  familiale  des  Etats-Unis! 

Si  le  Canadien-Français  est  attaché  à  sa  famille,  il  l'est  également 
à  sa  paroisse.  L'Eglise  au  Canada  a  été  fondée  par  des  hommes  et  des 
femmes  imprégnés  de  la  spiritualité  de  saint  Vincent-de-Paul,  de  saint 
François-de-Sales,  du  cardinal  de  Bérulle,  de  monsieur  Olier,  de  Mère 
Marie-de-l'Incarnation,  et  de  tant  d'autres.  Leurs  dirigeants  religieux 
furent  de  la  taille  de  Mgr  François  de  Montmorency-Laval,  des  Pères 
.Togues,  Lalemant  et  Brébeuf.  Lancée  par  des  chrétiens  et  des  chefs 
spirituels  de  cette  envergure,  l'Eglise  de  la  Nouvelle-France  a  donné, 
sous  la  grâce  et  la  protection  de  Dieu,  un  rendement  digne  de  sa  souche. 
Depuis  les  temps  héroïques  du  dix-septième  siècle,  l'Eucharistie,  sous 
le  clocher  de  l'Eglise,  est  demeurée  le  coeur  du  village. 


COMITE  DE   VIE   FRANCO-AMERICAINE  63 

A  chacune  de  mes  visites  au  Canada,  mon  coeur  tressaille  en 
voyant  la  flèche  d'un  clocher  pointer  à  l'horizon,  telle  l'épée  du  Sei- 
gneur qui  protège  les  habitants  contre  les  assauts  de  l'ennemi. 

Pétris  de  la  présence  de  Dieu,  encouragés  —  poussés  même  par  le 
climat  spirituel  —  paysan  et  citadin  ont  intégré  leur  foi  dans  leur  vie 
quotidienne.  Les  coutumes,  les  traditions  et  les  gestes  ordinaires  du 
peuple  sont  devenus  les  signes  extérieurs  de  ses  croyances.  L'Angélus 
de  Millet  aurait  pu  être  peint  au  Canada  aussi  bien  qu'en  France  et  la 
bénédiction  du  père  de  famille,  au  Jour  de  l'An,  n'est  certainement  pas 
un  geste  de  pratique  religieuse  tiède  ou  moribonde. 

L'Eglise  ne  fut  pas  seulement  la  source  spirituelle  de  nos  ancê- 
tres, mais  aussi  le  centre  de  leur  vie  communautaire.  Le  prêtre  était 
le  personnage-clef  des  environs.  On  attendait  de  lui  un  intérêt  écono- 
mique, social  et  récréatif  et  c'est  à  lui  qu'on  s'adressait  pour  la  direc- 
tion dans  ces  différentes  affaires.  C'est  ainsi  que  la  vie  politique,  éco- 
nomique, sociale  et  culturelle,  et  aussi  les  loisirs,  furent  orientés  vers 
l'Eglise. 

L'exemple  de  notre  vie  familiale,  notre  pratique  religieuse  souvent 
citée  comme  des  plus  admirables,  l'intégration  de  notre  foi  dans  notre 
vie  quotidienne,  ont  été  la  sauvegarde  de  notre  religion  et  une  source 
d'édification  pour  notre  milieu.  Et  l'organisation  de  toutes  nos  activités 
sous  l'égide  de  l'Eglise  est  devenu  le  modèle  de  toutes  les  paroisses. 
Si  donc  nous  avons  marqué  une  empreinte  si  profonde  dans  la  vie  re- 
ligieuse et  civique  américaine,  c'est  au  Canada,  tout  comme  à  la  la  Fran- 
ce, que  nous  le  devons. 

Mais  ne  nous  laissons  pas  extasier  par  le  passé;  c'est  vers  l'avenir 
que  nous  devons  nous  tourner.  Le  Franco-Américain,  comme  le  reste 
du  peuple,  peut  fournir  une  autre  contribution  majeure:  celle  de  l'uni- 
té qui  est  le  thème  de  ma  causerie  ce  soir.  Nous  devons  tout  d'abord 
obtenir  l'unité  dans  nos  foyers,  afin  que  dans  notre  vie  de  famille  tout 
spécialement  rayonnent  l'amour  et  la  charité  du  Christ  tout  comme 
chez  nos  bien-aimés  ancêtres. 

Notre  charité  et  notre  zèle  pour  l'unité  et  la  paix  devraient  se  ré- 
pandre par  nos  familles  dans  nos  sociétés  et  s'infiltrer  dans  le  pays  tout 
entier.  "Afin  que  tous  soient  un"  n'est  pas  seulement  la  prière  du  Christ, 
mais  c'est  devenu  le  mot  d'ordre  de  notre  survivance  contre  les  enne- 
mis de  notre  Eglise  et  de  notre  pays,  ces  ennemis  qui  la  minent  par  en 
dedans  et  la  déchirent  par  en  dehors. 

Notre  nation  n'est  pas  le  seul  bastion  de  la  liberté  dans  le  monde. 
Un  voyage  en  Europe  ou  ailleurs  et  surtout  une  grande  connaissance 
du  peuple  peuvent  guérir  de  la  conception  erronée  que  l'amour  de  la 
liberté  est  sur  le  point  de  mourir.  Puissions-nous  nous  unir  à  ces  na- 
tions et  ensemble  reconquérir  avec  la  colombe  de  la  paix  —  si  pronon- 
cée sur  l'écusson  de  Pie  XII  —  et  la  lumière  de  la  vérité,  les  pays  qui 
vivent  dans  l'obscurité  derrière  les  rideaux  de  fer  et  de  bambou! 

Dans  son  sens  ultime,  l'unité  vraie  signifie  l'union  dans  le  Corps 
Mystique  du  Christ.  De  la  chaire  de  Pierre  un  appel  urgent,  celui  du 


64  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Christ  même,  s'est  élevé  par-dessus  le  monde  entier:  "J'ai  d'autres  bre- 
bis qui  ne  sont  pas  de  cet  enclos.  Celles-là  aussi,  il  faut  que  je  les  con- 
duise, et  elles  écouteront  ma  voix,  et  il  n'y  aura  plus  qu'un  troupeau  et 
qu'un  seul  pasteur".  (Jn  10.16). 

"Car  comme  dans  un  seul  corps  nous  avons  plusieurs  membres,  et 
que  tous  les  membres  n'ont  point  la  même  fonction:  Ainsi  quoique  nous 
soyons  un  grand  nombre,  nous  sommes  un  seul  corps  en  Jésus-Christ, 
et  tous  membres  les  uns  des  autres.  Et  ayant  des  dons  différents  selon 
la  grâce  qui  nous  a  été  donnée,  que  celui  qui  a  reçu  le  don  ...  en 
use  .  .  .".  (S.  Paul  Rom.  XII,  4-6) 

Ce  désir  de  notre  Rédempteur  sera-t-il  négligé? 

Je  vous  demande  —  je  vous  supplie  —  de  prier  constamment  pour 
le  triomphe  de  l'amour  dans  le  monde  entier.  Et  en  particulier,  de- 
mandons à  Dieu  de  bénir  le  prochain  Concile  Oecuménique  sous  la  di- 
rection paternelle  de  notre  Saint-Père  le  Pape  Jean  XXIII,  afin  que 
les  mots  du  Christ  "Ut  Unum  Sint"  puissent  embrasser  le  monde  entier." 

Le  Comité  tenait  sa  dernière  plénière  à  Boston  le  30  novem- 
bre sous  la  présidence  du  juge  Emile  Lemelin.  On  y  étudia  plusieurs 
rapports.  Le  Comité  élisait  son  nouvel  exécutif  pour  l'exercice  1961- 
1962;  M.  Adolphe  Robert,  président  d'honneur  et  chancelier  de  l'Ordre 
du  Mérite  Franco-Américain,  l'abbé  Adrien  Verrette,  vice-président 
d'honneur,  MM.  Jean  Picher,  président,  Gérald  Robert  et  abbé  Camille 
Blain,  vice-présidents,  Lauré  B.  Lussier,  secrétaire  trésorier,  Roméo 
Gosselin,  Dr  Auray  Fontaine,  M.  le  Juge  Emile  Lemelin,  F.  Raymond 
Lemieux,  Ulric  Gauthier,  Me  Fernand  Despins  et  R.P.  Joseph  Fontaine, 
M.S.,  directeurs. 

Les  membres  s'empressaient  de  remercier  les  officiers  sortant  de 
charge  et  leur  distingué  président,  le  juge  Lemelin,  qui,  à  cause  de  santé 
demanda  de  n'être  pas  maintenu  à  la  présidence,  poste  qui  lui  revenait 
pour  un  second  mandat. 


VIII 

Ordre  du  Mérite  Franco-Américain 

R.P.  Zotique  Chouinard,  M.S.  * 
31  mai  1960 

"C'est  de  tout  temps,  mais  surtout  au  cours  du  XIXe  siècle,  que  le 
Canada  français  vit  naître  et  s'épanouir  les  ordres  religieux,  hommes 
et  femmes,  qui  l'ont  illustré  en  portant  les  enseignements  du  christia- 
nisme des  glaces  du  pôle  nord  aux  sables  de  l'Afrique  et  des  pampas 
de  l'Amérique  du  sud  aux  rives  du  Mékong.  Ce  n'est  pas  sans  raison  que 
l'on  a  pu  écrire  des  ouvrages  sur  le  Canada  apostolique.  La  dispersion 
de  ces  ordres  dans  les  pays  de  mission  ne  les  a  pas  empêchés  de  gran- 
dir. Aussi,  dès  la  première  moitié  du  XXe  siècle,  les  voit-on  se  déta- 
cher du  tronc  original  pour  se  transplanter  d'eux-mêmes  dans  un  nou- 
veau sol,  susceptible  de  leur  fournir  la  sève  nécessaire  à  leur  constante 
progression.  Et  c'est  ainsi  qu'en  Nouvelle-Angleterre,  l'on  verra  se 
constituer  en  province  franco-américaine  indépendante,  les  Oblats  de 
Marie-Immaculée,  les  Augustins  de  l'Assomption,  les  Maristes,  les 
Franciscains,  les  Pères  de  la  Salette,  les  Frères  du  Sacré-Coeur,  etc. 
Dans  les  ordres  féminins,  ce  furent  les  Soeurs  de  Sainte-Anne,  Présen- 
tation de  Marie,  Jésus-Marie,  Filles  du  Saint-Esprit,  Sainte-Croix  et  Sept 
Douleurs,  etc.  Deux  ordres  nouveaux  furent  même  fondés  durant  cette 
période,  soit  les  Petites  Soeurs  Franciscaines  de  Marie,  par  l'abbé 
Brouillet,  curé  de  la  paroisse  Notre-Dame  de  Worcester,  et  les  Soeurs 
Sainte-Jeanne  d'Arc,  par  le  R.  P.  Marie  Clément. 

Alors  que  la  famille  salettaine  honore  en  ce  jour  deux  de  ses  fils 
distingués,  l'un  à  l'occasion  du  cinquantenaire  de  son  ordination,  l'au- 
tre qui  compte  cinquante  ans  de  vie  religieuse,  le  Comité  de  Vie  franco- 
américaine,  lui,  veut  surtout  rendre  hommage  au  fondateur  d'Enfield. 

Etabli  en  1951,  l'Ordre  du  Mérite  franco-américain  n'a  été  décer- 
né jusqu'ici  qu'à  neuf  compatriotes,  reconnus  comme  ayant  tenu  des 
rôles  de  chefs  de  file  dans  le  clergé,  les  professions  libérales,  l'ensei- 
gnement, etc.  C'est  donc  pour  la  dixième  fois  que  cette  décoration  est 
accordée.  En  la  circonstance,  le  Comité  de  Vie  franco-américaine,  à  son 
assemblée  tenue  à  Boston  le  18  mai,  a  voulu  unanimement  que  le  nou- 
veau titulaire  soit  le  R.  P.  Zotique  Chouinard. 

Agé  de  77  ans,  le  Père  Chouinard  est  né  le  28  mai  1883,  à  Saint-Jean 
Port  Joli,  pays  de  Philippe  Aubert  de  Gaspé  et  des  artistes  en  sculpture 
sur  bois.  Je  ne  saurais  dire  au  juste  en  quelle  année  sa  famille  émigra 
aux  Etats-Unis.  C'est  un  fait  connu  cependant  que  le  Père  Chouinard 
fréquenta  l'école  primaire  de  la  paroisse  du  Sacré-Coeur,  de  Greenville 
(New  Hampshire).  De  là,  il  passa  à  l'école  de  la  paroisse  Saint-Joseph, 


*  La  remise  des  insignes  d'officier  de  l'Ordre  du  Mérite  Franco- 
Américain  au  R.P.  Zotique  Chouinard,  M. S.,  eut  lieu  à  l'occasion  d'un 
banquet  qui  réunissait  plus  de  200  convives,  le  31  mai,  au  séminaire 
Notre  Dame  de  la  Salette,  à  Enfield,  N.  H.  On  célébrait  en  ce  jour  le 
cinquantenaire  sacerdotal  du  distingué  religieux.  M.  le  chancelier 
Adolphe  Robert  présidait  la  remise  avec  citation. 


66  BULLETIN    DE  LA   SOCIETE   HISTORK^UE 

de  Fitchburg  (Massachusetts).  C'était  l'époque  (1894)  où  Mgr  Beaven, 
évêque  de  Springfield,  venait  de  confier  la  desserte  de  cette  paroisse 
aux  Pères  de  la  Salette.  D'où  l'on  peut  déduire  que  c'est  à  l'école  Saint- 
Joseph  que  l'élève  Chouinard  reçut  l'appel  salettain.  Aussi  le  voyons- 
nous  s'inscrire  comme  premier  étudiant  du  Séminaire  de  la  Salette,  de 
Hartford,  le  16  septembre  1898.  Du  séminaire,  il  entre  au  noviciat  de 
Hartford  en  1903.  En  1904,  il  prononce  ses  premiers  voeux.  Après  le 
noviciat  d'un  an,  ce  fut  le  scolasticat  pour  l'étude  de  la  philosophie  et 
de  la  théologie,  à  l'Université  Grégorienne,  de  Rome,  soit  un  cours  de 
six  ans  (1905-1911),  lequel  fut  marqué  par  son  ordination  à  la  prêtrise, 
à  Rome  même,  en  1910.  Les  études  terminées,  c'est  la  carrière  de  l'en- 
seignement et  de  la  prédication  qui  commence:  profsseur  à  l'école  de 
Hartford  (1911-1917);  prédicateur  de  retraites  paroissiales  (1918-1927); 
maître  des  novices  et  conseiller  de  la  vice-province  (1945-1950);  con- 
fesseur des  novices  (1953-1959);  actuellement  en  résidence  à  East 
Brewster. 

Au  cours  de  ces  années  déjà  si  bien  remplies,  il  en  est  une  sur 
laquelle  il  importe  de  s'arrêter:  c'est  l'année  1927. 

Il  faut  dire  incidemment  que  dès  1926,  alors  que  le  Père  Chouinard 
était  rattaché  à  la  paroisse  Saint-Joseph,  de  Fitchburg,  en  qualité  de 
missionnaire-prédicateur,  il  avait  fait  des  démarches  pour  l'achat  d'une 
propriété  à  Attleboro,  en  vue  d'y  fonder  un  séminaire  salettain.  Le  pro- 
jet échoua,  mais  pour  être  repris  avec  succès  en  1942.  Donc,  au  mois 
d'août  1926,  alors  qu'il  était  de  passage  au  presbytère  de  Greenville,  le 
curé  de  cette  localité  lui  dit  à  brûle-pourpoint:  Pourquoi  vous  obstiner 
à  fonder  votre  séminaire  à  Attleboro?  Pourquoi  pas  dans  le  New 
Hampshire?  Je  connais  un  endroit  qui  ferait  votre  affaire,  la  propriété 
des  Shakers,  à  Enfield.  Dès  le  lendemain  après-midi,  le  Père  Chouinard 
était  rendu  à  Enfield.  L'amateur  de  pêche  et  le  chasseur  de  canards  sau- 
vages qu'il  était  alors  —  et  qu'il  est  toujours  resté  —  fut  de  suite  sé- 
duit par  la  vue  du  lac  Mascoma,  serti  comme  une  turquoise  au  sein 
d'un  paysage  de  collines,  de  prairies,  de  forêts.  Le  petit  terrien  de 
Saint-Jean  Port  Joli  comprit  dès  l'instant  les  avantages  qu'il  y  aurait 
à  tirer  de  l'exploitation  d'une  érablière  pour  la  fabrication  du  sucre; 
le  voisinage  du  lac  pour  l'approvisionnement  de  l'eau;  le  matériel  de 
construction  et  l'aliment  combustible  que  représentait  la  forêt;  l'ense- 
mencement des  prairies  où  les  moissons  mûriraient  au  chaud  soleil 
d'août;  les  troupeaux  qui  paîtraient  au  flanc  des  collines;  le  jardin  po- 
tager avec  ses  rangs  de  légumes;  les  plate-bandes  fleuries  encerclant 
des  pelouses  soigneusement  tondues.  Mais  il  y  avait  surtout  en  lui  le 
religieux  qui  voyait  dans  les  habitations  des  Shakers,  les  cadres  futurs 
d'un  séminaire  avec  sa  chapelle,  ses  réfectoires,  ses  dortoirs,  ses  salles 
d'étude  et  de  communauté,  ses  chambres  pour  les  professeiu"s  et,  tout 
autour,  de  l'air,  du  grand  air,  de  l'espace,  surtout  de  l'espace  où  s'é- 
battraient dans  des  sports  d'été  et  d'hiver  des  générations  d'étudiants 
salettains,  des  camps  de  vacance  pour  la  jeunesse,  alors  que  sur  le  pen- 
chant du  coteau  d'en  face,  une  reproduction  en  marbre  du  miracle  de 
Celle  qui  Pleure  attirerait  les  foules  en  pèlerinage  de  piété  et  de  dé- 
votion. 

Tout  cela,  c'était  du  domaine  du  rêve.  Entre  le  rêve  et  la  réalité, 
il  y  avait  comme  obstacles  la  permission  du  Supérieur  général  de  la 


ORDRE   DU    MERITE   Fli^^NCO-AMERlCAiN  67 

communauté,  le  coût  d'achat,  le  consentement  des  Shakers,  la  répara- 
tion des  toits  qui  laissaient  couler  la  pluie,  l'installation  de  tout  un 
système  de  canalisation  pour  le  chauffage,  la  lumière,  l'eau,  l'autorisa- 
tion de  l'Evêque  de  Manchester  de  s'établir  dans  son  diocèse  et  siu:- 
tout  le  dessein  qu'entretenaient  deux  riches  concurrents,  l'un  de  New 
ïork,  l'aulre  de  Montréal,  d'acquérir  la  propriété  pour  la  convertir  en 
"winter  club". 

De  passage  à  Fitchburg,  le  T.  R.  P.  Crozet,  alors  supérieur  général 
de  la  communauté,  consentit  à  faire  le  voyage  d'Enfield  pour  examiner 
la  propriété.  Son  jugement  fut  favorable  à  l'acquisition,  mais  avec  cette 
réserve  que  le  Père  Chouinard  n'obtiendrait  jamais  la  propriété  pour 
le  montant  dont  il  pouvait  disposer,  soit  $25.000.  Et  le  Père  Chouinard 
d'enchaîner:  — Oh!  je  l'aurai  bien!  Le  représentant  des  Shakers  de  son 
côté  estimait  que  la  propriété  valait  bien  $30,000.  Non,  répondit  le  Père 
Chouinard,  elle  ne  vaut  pas  $30,000;  elle  en  vaut  $150,000,  mais  $25,000, 
c'est  tout  ce  que  j'ai.  Enfin,  Mgr  Guertin,  mis  au  courant  de  la  transac- 
tion, fit  observer  que  c'était  presque  un  vol  nécessitant  une  restitution. 
Et  le  Père  Chouinard  de  rétorquer  du  tac  au  tac:  —  Mais,  dites  donc, 
Monseigneur,  si  la  propriété  m'avait  été  donnée  pour  rien,  me  faudrait- 
il  la  rendre?  Quant  aux  Shakers,  ils  ne  mirent  pas  de  temps  à  faire  leur 
décision  en  faveur  d'une  communauté  qui  convertirait  la  propriété  en 
séminaire,  plutôt  que  de  la  passer  à  des  individus  qui  en  feraient  un 
"booze  club". 

Et  c'est  ainsi  qu'à  la  secte  honorable  des  Shakers  succéda  la  com- 
munauté des  Pères  de  Notre-Dame  de  la  Salette.  Les  premiers  occu- 
pants de  la  nouvelle  propriété  furent  les  Pères  Zotique  Chouinard  et 
Wilfrid  Boulanger,  plus  un  ménage  laïque  dont  le  mari,  menuisier  de 
son  état,  était  le  propre  frère  du  Père  Chouinard.  J'allais  oublier  un 
cinquième  occupant,  un  brave  animal  de  chien  dont  un  citoyen  de 
Sanford  avait  fait  cadeau  au  Père  Chouinai'd  pour  la  garde  de  la  mai- 
son. Je  ne  tenterai  pas  de  décrire  ce  que  fut  la  vie  de  cette  petite 
communauté,  au  cours  de  l'hiver  de  1927,  alors  qu'il  fallait  chaque 
jour  charrier  en  traîneau  le  bois  de  chauffage  et  l'eau  nécessaire  aux 
usages  domestiques.  Tout  cela  tient  en  quelque  sorte  du  roman,  pour  ne 
pas  dire  du  miracle.  Le  miracle,  c'est  la  Providence  qui  l'a  permis  par 
l'intercession  de  Notre-Dame  de  la  Salette,  mais  l'instrument  dont  Elle 
se  servit,  c'est  le  Père  Chouinard.  Il  fut  pendant  de  longues  années  le 
premier  supérieur  du  nouveau  séminaire. 

Le  Père  Chouinard  peut  donc  avec  raison  prendre  rang  parmi  les 
fondateurs  de  nos  paroisses,  maisons  d'enseignement,  sociétés  nationa- 
les, oeuvres  de  presse  qui  constituent  l'armature  sociale  de  notre  peu- 
ple, à  défaut  du  cadre  d'un  Etat  propre.  Et  parce  qu'il  fait  honneur  à 
son  ordre,  le  Père  Chouinard  est  digne  d'être  cité  comme  modèle  à  la 
jeune  génération  des  fils  de  Notre-Dame  de  la  Salette,  d'être  l'objet  de 
la  vénération  de  ses  frères  plus  âgés,  et  de  jouir  de  l'admiration  de  la 
collectivité  franco-américaine.  Toute  la  carrière  du  Père  Chouinard  tient 
dans  la  règle  de  vie  monastique  que  l'Ordre  salettain  s'est  donnée  et 
dont  on  trouve  un  modèle  dans  la  règle  de  saint  Ignace,  c'est-à-dire:  Ne 
point  satisfaire  sa  colère  —  Ne  point  se  réserver  une  heure  pour  la 
vengeance  —  Ne  point  garder  la  fausseté  dans  son  coeur  —  Ne  point 


68  BULLETIN   DE  LA   SOCIETE  HISTORIQUE 

se  départir  de  la  charité  —  Dire  la  vérité  de  coeur  comme  de  bouche  — 
Ne  point  rendre  le  mal  pour  le  mal  —  Ne  point  faire  d'injustice,  mais 
supporter  patiemment  celle  qui  nous  serait  faite  —  Aimer  ses  ennemis 
—  N'être  ni  superbe  —  Ni  adonné  au  vin  —  Ni  grand  mangeur  —  Ni 
avide  de  sommeil  —  Ni  paresseux  —  Ni  murmurateur  —  Ni  détrac- 
teur —  Le  bien  que  l'on  trouve  en  soi  l'attribuer  à  Dieu,  non  à  soi  — 
Quant  au  mal,  s'en  reconnaître  toujours  coupable  et  se  l'imputer  — 
Garder  ses  lèvres  de  toute  parole  méchante  ou  perverse  —  Ne  pas  ai- 
mer à  parler  beaucoup  —  Ne  point  dire  de  paroles  vaines  ou  qui  por- 
tent à  rire  —  Obéir  en  toutes  choses  à  ses  supérieurs  —  Ne  pas  cher- 
cher à  passer  pour  saint  avant  de  l'être,  mais  le  devenir  d'abord  ■ —  Ai- 
mer la  chasteté  —  Ne  haïr  personne  —  Etre  sans  jalousie  et  ne  point 
céder  à  l'envie  —  Révérer  les  anciens  —  Aimer  ceux  qui  sont  plus  jeu- 
nes —  Rentrer  en  paix,  avant  le  coucher  du  soleil,  avec  ceux  dont  nous 
a  séparés  une  discorde. 

Ces  règles,  dont  j'abrège  l'énumération,  le  Père  Chouinard  les  a 
pratiquées. 

C'est  donc  avec  un  sentiment  d'intime  satisfaction  et  de  vive  ad- 
miration qu'à  titre  de  Chancelier  de  l'Ordre  et,  en  vertu  des  pouvoirs 
qui  me  sont  conférés  par  le  Comité  de  Vie  franco-américaine,  je  procla- 
me le  Révérend  Père  Zotique  Chouinard  Officier  de  l'Ordre  du  Mérite 
franco-américain;  je  lui  en  transmets  la  cravate  ainsi  que  le  diplôme 
d'honneur  et  je  l'invite  à  signer  le  Livre  d'Or  de  l'Ordre. 

Le  Chancelier, 

Adolphe  ROBERT 

Enfield,  31  mai  1960 


IX 

Fête  Patronale 

24  juin 

La  fête  patronale  demeure  toujours  le  baromètre  de  notre  vitalité. 
Un  peuple  qui  veut  vivre  a  généralement  assez  de  fierté  pour  affirmer 
sans  ostentation  son  vouloir  vivre  à  certaines  heures  importantes.  La 
Saint  Jean-Baptiste  est  l'une  de  ces  occasions. 

Les  échos  de  la  célébration,  cette  année,  ont  encore  été  nombreux. 
C'est  un  bon  signe.  Augustin  Martin  rappelait  le  sens  de  cette  fête 
dans  L'Impartial  (Nashua): 

"Sous  le  feu  des  inquiétudes  qui  enveloppent  actuellement  le  monde 
civilisé,  les  enfants  de  Dieu  doivent,  plus  que  jamais,  tourner  leurs 
espoirs  et  leur  confiance  vers  les  valeurs  supérieures. 

Le  Dieu  très  bon  qui  gouverne  son  univers  n'a  pas  voué  ses  enfants 
à  la  perdition.  Même  si  le  monde  veut  oublier  ses  obligations,  les  res- 
ponsabilités demeurent  en  face  de  la  vérité  éternelle. 

Heureux  sont  les  peuples  qui  ont  été  engendrés  dans  la  vérité  et 
qui  ont  pour  les  inspirer  et  les  guider  les  gloires  du  Ciel. 

Saint  Jean  Baptiste  que  l'Eglise  a  préposé  à  notre  rayonnement 
chrétien  nous  revient  à  l'occasion  de  notre  fête  patronale  pour  nous 
prêcher  à  nouveau  les  exigences  si  reposantes  de  la  fidélité  à  notre 
mission  personnelle  dans  la  vie. 

Malgré  tant  d'adaptations  éphémères,  qui,  demain  ne  seront  plus, 
le  même  idéal  de  nos  pères  doit  continuer  à  nous  inspirer.  Ce  ne  sont 
pas  les  palabres  d'une  génération  confuse  et  brimée  qui  doivent  enle- 
ver le  sens  chrétien  à  nos  vies.  Nous  demeurerons  toujours  les  fils 
d'une  race  élue  au  sein  de  la  Foi  et  de  la  Patrie. 

Disons  encore  cette  année  avec  un  "mea  culpa"  empressé  notre 
désir  de  continuer  surtout  auprès  de  nos  jeunes  une  attitude  de  persé- 
vérance sincère. 

Il  serait  réconfortant  pour  nos  continuateurs  de  constater  que  nous 
n'avons  pas  failli  à  la  tâche  et  qu'eux  aussi  ont  raison  de  continuer. 

Paix  et  bonheur  à  nos  foyers  —  courage  à  nos  jeunes  mères  dans 
le  travail  sauveur  et  difficile  qui  leur  est  confié  de  former  leurs  en- 
fants suivant  notre  idéal  franco-américain. 

Heureuse  Saint-Jean-Baptiste  à  tous  —  il  en  restera  toujours  quel- 
que chose  de  vivifiant  pour  nos  foyers  et  pour  la  pérénité  de  nos 
oeuvres." 

Roger  Brien  écrira  pour  tout  notre  peuple: 

Notre  patron  n'est  pas  ce  que  l'on  appelle  un  saint  en  guimauve. 
Il  fut  un  fort,  d'un  courage  indomptable  et  indompté.  D'ailleurs,  il  ne 
peut  y  avoir  des  saints  en  guimauve;  des  hagiographes  sentimentaux, 


70  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE    HISTORIQUE 

au  goût  de  sucre,  ont  affadi  tant  de  personnalités  puissantes,  marquées 
d'arêtes  de  dons  et  de  qualités  bien  définis.  Un  grand  homme  n'est  ja- 
mais une  demi-mesure.  Il  ne  faut  pas  fausser  le  sens  des  mots. 

Le  Baptiste  a  été  "LA  VOIX  QUI  CRIE  DANS  LE  DESERT."  Tel 
a  toujours  été  le'  rôle  peu  confortable,  du  point  de  vue  humain,  des  pro- 
phètes de  tous  temps.  Ils  ont  été  la  voix  de  Dieu  sur  la  terre  des  hom- 
mes peu  enclins  à  l'écouter,  pris  qu'ils  étaient  dans  leurs  passions,  leurs 
égoïsmes!  Et  ça  crie  fort  une  nature  dévoyée  à  laquelle  on  a  aban- 
donné toute  volontél  Pour  une  paire  de  jambes  de  danseuse,  on  exigera 
que  tombe  la  tête  d'un  prophète. 

Dans  notre  XXe  siècle  de  corruption  généralisée,  il  est  effarant 
de  se  rendre  compte  combien  ont  capitulé  devant  le  mal:  gouvernants, 
parents  même.  Une  sorte  de  débandage  générale  ...  Et  l'on  trouve 
plus  que  jamais  des  meurtriers,  des  vicieux  de  tout  acabit,  des  impu- 
diques vraiment  publics!  Notre  société  se  gargarise  de  ces  résidus,  de 
ces  caricatures  d'humanité.  On  habille  des  pauvretés  et  ses  tares  spiri- 
tuelles d'une  vacuité  de  grands  mots  sonores  pour  étouffer  le  simple 
bons  sens  qui  veut  parler.  Y  eut-il  jamais  plus  de  moutons  de  Panurge 
qu'en  notre  époque  où  chacun  s'emploie  à  n'être  qu'un  numéro  dans  la 
vaste  masse?  Les  grandes  époques  ont  toujours  eu  des  chefs  de  pre- 
mier plan,  des  hommes  pour  qui  le  courage  voulait  dire  quelque  chose. 
La  grandeur  d'âme  existe  peut-être  plus  que  jamais  en  cette  ère  de 
bruits  et  de  déchéances:  mais  le  bruit  crie  plus  fort  que  le  bien.  C'est 
là  le  manque:  que  se  lèvent  donc  devant  Dieu  et  devant  les  hommes 
ceux  qui  pourront  dire,  comme  le  Baptiste,  "NON  LICET.  Cela  n'est 
pas  permis." 

Le  bulletin  "L'Union"  toujours  fidèle  à  souligner  l'importance  de 
notre  fête  ajoutera: 

Notre  fête  patronale  vaut  la  peine  d'être  célébrée.  On  ne  proclame- 
ra jamais  assez  les  gloires  de  notre  race;  il  faut  que  ceux  qui  nous  en- 
tourent n'ignorent  pas  ce  que  nous  sommes,  ce  que  nous  désirons  res- 
ter, que  nous  voulons  persister  et  nous  maintenir,  un  peuple  qui  ne 
sait  pas  mourir  et  qui,  de  plus,  prétend  enrichir  son  pays  d'adoption  par 
l'héritage  que  lui  ont  légué  ses  ancêtres. 

Le  24  juin  est  une  date  qui  résume  pour  nous  les  traditions  du 
passé  et  les  devoirs  de  l'avenir.  Ce  n'est  certes  pas  assez  d'avoir  pour 
nos  aïeux,  dont  l'histoire  est  une  leçon,  une  vénération  profonde.  La 
seule  et  véritable  manière  d'honorer  comme  il  convient  nos  ancêtres, 
c'est  de  continuer  leur  oeuvre. 

C'est  un  honneur  pour  le  fils  que  de  recueillir  l'héritage  paternel, 
surtout  quand  cet  héritage  lui  transmet  un  passé  de  vertus  et  de  gloire. 
Tout  l'éclat  de  cette  gloire  et  de  ces  vertus  rejaillit  sur  les  descendants 
et  leur  fait  comme  une  auréole  d'estime  et  de  considération.  Les  fils  ont 
le  droit  de  s'enorgueillir,  mais  ils  ne  doivent  pas  oublier  que  les  droits 
entraînent  des  devoirs.  Devoir  de  faire  honneur  à  sa  race,  devoir  de 
maintenir  l'intégrité  du  patrimoine  moral,  devoir  enfin  d'ajouter  un 
nom  glorieux  de  plus  à  la  liste  de  ceux  qui  l'ont  précédé.  A  cette  con- 
dition seulement,  l'héritier  portera  le  front  haut  et  aura  sa  part  de  la 
gloire  ancestrale. 


FETE   PATRONALE  71 

Franco-Américains,  nous  avons  à  continuer  une  noble  lignée.  Nous 
n'avons  rien  à  envier  aux  nationalités  qui  nous  entourent.  Tantôt  dou- 
loureuse, tantôt  tragique,  mais  toujours  glorieuse,  notre  histoire  a  des 
pages  qui  ne  le  cèdent  à  aucune  autre.  C'est  un  héritage  national  dont, 
à  bon  droit,  nous  sommes  fiers.  L'ignorer  serait  une  faute.  Ne  pas  la 
continuer  en  serait  une  autre  très  grave.  Ayons  le  mérite  aux  Etats- 
Unis,  sous  le  drapeau  étoile  qui  protège  nos  libertés,  de  conserver  no- 
tre foi  et  notre  langue,  et  même  les  traits  carectéristiques  de  notre 
raoe. 

Profitons  de  cette  fête  patronale  pour  affirmer  à  nouveau  les  im- 
mortels principes  qui,  depuis  le  premiers  temps  de  l'émigration  de  nos 
pères  en  terre  américaine,  ont  constitué  notre  force  de  résistance  con- 
tre toutes  les  tentatives  d'absorption.  Faisons  de  ce  jour  une  fête  du 
souvenir,  en  évoquant  les  grandes  figures  des  édificateurs  émérités  de 
notre  histoire.  Ce  sera  pour  nous.  Américains  de  langue  françaisie^,  un 
stimulant  dans  notre  fidélité  aux  traditions  qu'ils  nous  ont  transmises. 
Jamais  nous  ne  saurons  assez  reconnaître  ce  que  nos  pères  ont  accom- 
pli pour  nous  en  luttant  pour  garder  sur  nos  lèvres  le  parler  de  Fran- 
ce et  dans  nos  âmes  la  foi  du  Christ. 

Rappelant  le  fait  de  notre  présence  au  sein  de  la  patrie.  Le 
Messager  affirmait: 

"Par  un  usage  antique  et  solennel,"  comme  diraient  les  prosateurs, 
le  peuple  franco-américain,  tout  comme  le  peuple  canadien-français, 
célèbre  chaque  année  sa  fête  patronale,  la  Saint-Jean-Baptiste. 

Dans  la  province  voisine,  Québec,  le  mois  de  juin  est  devenu  mois 
férié,  et  dans  toutes  les  grandes  villes  comme  dans  les  humbles  villa- 
ges, ce  grand  jour  de  congé  légal  donne  lieu  à  un  grand  déploiement 
et  une  variété  de  divertissements.  Ici,  dans  la  Nouvelle-Angleterre,  la 
fête  se  célèbre  généralement  le  dimanche  précédant  ou  le  dimanche  sui- 
vant la  date  mêm©  du  24  juin,  pour  permettre  à  tous  nos  groupements 
d'y  participer  selon  leur  conscience,  selon  leurs  possibilités  d'organisa- 
tion. 

Dans  notre  propre  milieu,  la  célébration  est  à  l'affiche  pour  demain 
et  promet  de  recevoir  le  concours  de  nombreux  conseils,  villas,  succur- 
sales, clubs  et  associations. 

Cette  fête  annuelle  qui  fait  appel  à  notre  fierté  de  race  a  tout  un 
passé  glorieux  pour  revendiquer  sa  raison  d'être  en  Nouvelle-Angleter- 
re tout  aussi  bien  que  dans  le  Qébec.  Ce  n'est  pas  tant  à  la  nationalité 
qu'elle  fait  appel  comme  au  coeur,  à  la  conscience  même  de  chaque  in- 
dividu d'esprit  français. 

Elle  permet  une  sorte  d'examen  de  conscience  de  la  part  non  pas 
seulement  de  chaque  Franco-Américain;  cet  examen  de  conscience  de- 
vient la  chose  de  la  collectivité  dont  l'origine  peut  se  retracer  à  la 
"terre  de  nos  aïeux."  C'est  là,  dans  sa  racine  même,  que  notre  peuple 
franco-américain,  jeune  encore  par  son  histoire  comme  dans  son  fait 
français  "ceint  de  fleurons  glorieux"  dans  ces  Etats-Unis  d'Amérique, 
doit  chercher,  doit  vouloir  retracer  sa  raison  d'être  ce  qu'il  est, 


72  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Non,  les  Etats-Unis  ne  sont  pas  notre  pays  d'adoption!  Ils  sont  à 
nous  comme  à  tous  les  peuples  qui  les  composent  et  qui  tous,  sans  ex- 
ception, ont  eu  leiu"s  origines  sur  d'autres  continents.  Ils  sont  à  nous  de 
droit,  par  ces  intrépides  voyageurs  découvreurs  et  missionnaires  fran- 
çais qui  nous  ont  laissé  comme  héritage,  d'un  océan  à  l'autre,  de  noms 
glorieux  tels  que  Champlain,  DeMonts,  Cadillac,  Rasle,  Jolliet,  Mar- 
quette, en  nous  donnant  aussi  ce  que  notre  pays  actuel  a  de  plus  pitto- 
resque, en  fleuves,  en  monts,  en  bayous,  etc. 

Voilà  donc  quel  est  notre  domaine  à  nous,  Franco-Américains,  et 
c'est  lui  qui  nous  invite  à  cet  examen  de  conscience,  à  cette  fierté  de  ra- 
ce; c'est  lui,  le  plus  beau  joyau  au  monde,  qui  veut  notre  amour,  notre 
sincérité,  notre  loyauté,  notre  patriotisme.  Et  pour  le  défendre  comme 
il  convient,  pour  le  garder  bien  à  nous  puisqu'il  nous  appartient,  il  nous 
faut  nous  retremper  dans  nos  origines  et  nous  rendre  compte  plus  que 
jamais  que  ce  qui  fait  la  grandeur  et  l'harmonie  de  ce  vaste  pays,  c'est 
la  fusion  de  tout  ce  que  nous  sommes,  tels  que  nous  sommes,  avec  ce 
que  sont  et  tels  que  le  sont  les  autres  nationalités  qui  composent  la  vas- 
te mosaïque  des  Etats-Unis  d'Amérique. 

C'est  tout  à  fait  chez  nous,  ici  même,  que  la  Providence  a  bien 
voulu  nous  implanter,  et  c'est  peut-être  pour  cela  que  le  destin  a  vou- 
lu mêler  un  peu  de  bleu,  de  blanc  et  de  rouge  dans  notre  drapeau 
étoile! 

La  Société  Historique  Franco-Américaine  ajoutait  son  hommage 
empressé  en  souhaitant  longue  vie  à  L'Indépendant. 

"Au  tout  premier  rang,  il  me  fait  plaisir  de  nommer  un  journal 
qui  a  été  fondé  en  1885,  qui  a  toujours  été  sur  la  brèche  depuis,  et  alors 
que  tant  d'autres  sont  tombés  en  cours  de  route,  malgré  toutes  sortes 
de  difficultés  dont  la  plus  grande  est  peut-être  l'apathie  des  nôtres, 
n'en  continue  pas  moins  sa  noble  mission,  grâce  au  dévouement  de  ses 
éditeurs  et  de  ses  rédacteurs;  ce  journal,  c'est  L'Indépendant  de  Fall 
River.  Me  serait-il  permis  de  lui  offrir  nos  sincères  félicitations  et  nos 
meilleurs  voeux  en  cette  circonstance?  L'Indépendant  est  le  seul  quo- 
tidien de  langue  française  publié  aux  Etats-Unis.  C'est  un  honneur  pour 
Fall  River.  S'il  est  louable  de  célébrer  le  soixantième  anniversaire, 
comme  vous  le  faites  aujourd'hui,  de  l'Union  Saint-Jean-Baptiste 
d'Amérique,  ne  serait-il  pas  approprié  aussi  de  célébrer  un  75ième  an- 
niversaire, surtout  quand  il  s'agit  d'une  institution  aussi  méritante  que 
L'Indépendant?  La  population  de  Fall  River  peut-elle  s'abstenir  d'or- 
ganiser cette  fête?" 

La  rédaction  du  journal  ajoutera: 

Le  journal  partagera  ainsi  en  quelque  sorte  les  honneurs  de  l'oc- 
casion avec  le  saint  patron  de  notre  race,  qui,  sûrement,  n'aura  pas  à 
rougir  d'un  tel  voisinage. 

En  Egypte,  où  il  avait  conduit  ses  valeureux  soldats,  Napoléon 
Premier  leur  dit:  "Du  haut  de  ces  pyramides,  quarante  siècles  de  gloire 
vous  contemplent!" 

Dans  un  cadre  beaucoup  plus  modeste,  "L'Indépendant"  ne  peut-il 
pas,  du  haut  de  la  pyramide  de  ses  75  ans,  contempler  aujourd'hui  avec 


FETE   PATRONALE  73 

complaisance  les  trois-quarts  de  siècle  d'histoire  franco-américaine  qu'il 
a  aidés,  si  modestement  que  ce  soit,  à  façonner  à  Fall  River? 

Il  y  a  vu  l'élément  franco-américain  à  peine  sorti  de  ses  langes. 
Il  l'a  vu  grandir  et  développer  ses  forces  physiques,  morales  et  intel- 
lectuelles, à  ce  groupe  ethnique,  que  tant  d'adversaires  et  de  difficul- 
tés assaillaient,  il  a  aidé  à  épargner  le  démembrement  et  la  dispersion. 

Ce  que  voit  "L'Indépendant"  à  Fall  River,  rapproché  de  ce  que  l'on 
a  vu  ailleurs,  lui  apporte  une  légitime  satisfaction:  Il  a  la  consolation 
de  voir  que  la  mission  particulière  à  laquelle  il  s'est  voué  n'a  pas  été 
totalement  en  vain. 

Ici,  il  y  a  au  moins  l'espoir  que  nous  pourrons  survivre  dans  le 
caractère,  la  religion  et  la  culture  transmis  par  nos  ancêtres  de  France 
et  du  Canada  français. 

En  un  mot,  "L'Indépendant",  devenu  le  seul  quotidien  de  langue 
française  aux  Etats-Unis,  est  bien  chez  lui  —  même  à  cette  époque  d'an- 
glophonie  prédominante  —  dans  une  ville  où  les  siens  sont  toujours 
une  PRESENCE  notable. 

Nous  caressons  l'espoir  qu'il  le  sera  longtemps  encore. 

Un  résumé  des  principales  manifestations  de  la  fête  nous  fait  voir 
les  beaux  gestes  de  fidélité  de  nos  compatriotes. 

Nos  frères  de  Fall  River  avaient  une  double  raison  de  fêter  la 
Saint  Jean-Baptiste,  car  ils  soulignaient  en  même  temps  les  75  ans  de 
notre  seul  quotidien  L'Indépendant.  Une  édition  souvenir  faisait  revivre 
les  labeurs  de  ce  journal.  On  rappela  les  paroles  de  Mgr  Albert  Bérubé, 
curé  de  St-Antoine,  de  New  Bedford  à  l'endroit  de  ce  vaillant  journal: 

La  fête  elle-même  fut  belle.  La  messe  fut  célébrée  le  dimanche 
26  juin  en  l'église  St.  Jean-Baptiste  avec  bienvenue  de  Mgr  Léonidas 
Larivière,  P.D.  M.  Alcide  Breault  dirigeait  la  partie  musicale.  L'abbé 
Bernard  Lavoie  prononçait  le  sermon  sur  "La  conscience  morale  de 
l'humanité".  Il  déclarait:  "L'unité  dont  parle  le  Christ  n'en  est  pas  une 
unité  d'identité  ou  de  complète  uniformité.  Elle  n'exclut  que  la  divi- 
sion, non  la  diversité.  Elle  est  une  unité  de  foi  dans  une  unité  de 
charité". 

Le  banquet  au  restaurant  White  fut  présidé  par  M.  Albert  Petit, 
président  de  la  Fédération  de  Fall  River.  Jean  Clapin  était  cérémoniai- 
re.  Mgr  Alfred  Bonneau,  curé  de  Notre  Dame,  bénissait  les  tables  et 
les  convives.  La  partie  musicale  fut  bien  réussie. 

M.  Philias  Garant,  ancien  président,  disait  sa  joie  en  constatant 
que  la  Fédération  continuait  une  noble  et  fière  tradition.  M.  Petit  avait 
raison  de  souligner  le  40e  anniversaire  de  la  Fédération  fondée  par 
Thomas  Lavoie.  M.  Philippe  Armand  Lajoie  disait  la  reconnaissance  de 
L'Indépendant:  "Nos  ancêtres  n'étaient  pas  des  professeurs  ou  des 
maîtres  des  langues,  mais  ils  parlaient  français,  et  furent  les  piliers 
du  clocher  paroissial.  Ils  étaient  fiers  de  nos  ancêtres." 


74  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

L'orateur  invité  était  Lauré  B.  Lussier,  secrétaire  du  Comité  de 
Vie  Franco-Américaine:  qui  prononça  une  allocution  vigoureuise  dont 
le  texte  n'a  pas  été  publié. 

Il  est  entendu  que  les  compatriotes  de  New  Bedford  ont  tenu  leur 
cérémonie  traditionnelle,  toujours  avec  un  petit  nombre  d'ardents  qui 
conservent  la  flamme  au  sein  de  cette  population  manquant  peut-être 
d'orientation.  On  ne  peut  pas  se  maintenir  indéfiniment  sur  le  souvenir 
des  anciens  lorsque  les  actuels  ont  perdu  le  souffle. 

Dans  le  Rhode-Island,  la  manifestation  fut  surtout  religieuse  sous 
les  auspices  du  Comité  Franco-Américain  du  Rhode  Island.  Une  messe 
fut  célébrée  le  soir  du  21  juin  par  Mgr  Alfred  Julien  sur  le  terrain  des 
retraites  fermées,  Notre  Dame  de  Fatima  à  Manville,  réunissant  plu- 
sieurs milliers  de  personnes.  Les  Gais  Chanteurs  dirigés  par  Hervé 
Lemieux  fournissaient  le  chant.  C'était  la  7e  démonstration  du  genre. 

A  Providence  c'était  la  Fédération  qui  tenait  son  banquet  annuel, 
le  26  juin  à  l'hôtel  Sheraton-Biltmore  sous  la  présidence  de  M.  Gérard 
Bergeron  avec  le  sénateur  Arthur  Belhumeur,  cérémoniaire.  Mgr 
Wilfrid  Chartier,  D.D.,  P.D.,  de  Manchester  et  M.  le  baron  Charles  de 
Pampelonne  étaient  les  orateurs  invités.  M.  René  Viau  dirigeait  la  par- 
tie musicale. 

A  Worcester,  la  messe  solennelle  avait  lieu  le  26  juin  en  l'église 
St.  Joseph  avec  bienvenue  de  Mgr  William  Ducharme  p.d.,  curé  et 
sermon  donné  par  l'abbé  Pierre  Dumas  en  présence  de  S.E.  Mgr 
Bernard  J.  Flanagan,  évêque  du  diocèse. 

Le  banquet  comme  la  fête  étaient  sous  les  auspices  de  la  Fédéra- 
tion Franco-Américaine  du  Comté  de  Worcester,  servi  à  l'hôtel 
Sheraton-Bancroft.  Il  fut  présidé  par  M.  Hector  Arsenault.  S.E.  Mgr 
Flanagan,  Mgr  Ducharme,  Josette  Beaulieu  et  Pierre  McQueen  portè- 
rent la  parole.  La  musique  était  sous  la  direction  de  Mme  Marie 
Antoinette  Comeau.  La  fête  fut  bien  réussie. 

A  Lewiston  on  conserve  toujours  fièrement  la  tradition  de  la  pa- 
rade qui  fut  encore  réussie  le  19  juin.  Le  décor  était  brillant  et  le  dé- 
filé comprenait  cinq  divisions  bien  formées.  La  messe  avait  lieu  en 
l'église  Ste-Marie  et  le  curé  Armand  Chabot  prononçait  le  sermon. 
Les  convives  se  réunissaient  dans  la  salle  paroissiale  pour  le  banquet. 
M.  Lionel  Duchette  présidait  et  M.  Adélard  Janelle  était  cérémoniaire. 
Le  maire  Sylvio  Gilbert  d'Augusta  était  l'orateur.  Le  maire  de  Lewiston, 
M.  Emile  Jacques,  donnait  la  bienvenue.  Le  Messager  avec  son  édition 
de  fête  racontait  les  incidents  de  la  célébration. 

Manchester  se  donnait  une  fête  de  famille  au  parc  Gossler  avec  feu 
de  la  St.  Jean,  souper  en  plein  air  et  danses  folkloriques.  On  distribuait 
les  boutons  de  la  fête.  Louis  Israël  Martel,  président  du  Comité,  diri- 
geait le  programme. 

Le  lendemain  en  l'église  St.  Georges,  l'abbé  Adrien  Verrette  célé- 
brait la  messe  solennelle  et  prononçait  le  sermon,  une  cérémonie  qui 
n'avait  pas  eu  lieu  depuis  mémoire  d'homme  dans  la  paroisse.  Le  Co- 
mité et  des  délégations  étaient  présents.  L'assistance  nombreuse  sem- 


FETE   PATRONALE  75 

blait  heureuse  d'entendre  des  propos  judicieux  à  l'occasion  de  la  fête 
patronale. 

Le  Soixantenaire  de  l'Union  St.  Jean-Baptiste  d'Amérique  suscita 
plusieurs  manifestations  qui  coïncidèrent  avec  la  fête  patronale  soit  à 
Amesbury,  Waterbury,  Baltic,  Cohoes,  Rumford,  Taunton,  St.  Albans, 
Old  Orchard,  Newburyport,  Three  Rivers,  Putnam,  etc.  Plusieurs  au- 
tres célébrations  se  déroulèrent  au  sein  de  la  Nouvelle  Angleterre. 

Et  au  dessus  de  ces  déploiements,  le  grand  défilé  historique  de 
Montréal  demeure  toujours  populaire  attirant  des  centaines  de  milliers 
de  spectateurs.  Le  thème  était  "Le  Canada  Français  en  1960"  et  le  grand 
banquet  au  Chalet  de  la  Montagne  clôturait  en  quelque  sorte  toutes  les 
remuantes  démonstrations  de  la  Saint  Jean  Baptiste  sur  le  continent. 


XI 

Le  Président  Charles  de  Gaulle 
en  Amérique 

L'histoire  établira  un  jour  les  résultats  de  la  visite  du  président 
Charles  de  Gaulle  en  Amérique  en  1960,  mais  il  arrive  que  ce  voyage 
fut  un  triomphe  qui  contribua  énormément  à  renforcer  les  liens  sécu- 
laires de  la  France  avec  le  Nouveau  Monde. 

Pour  des  raisons  sans  doute  protocolaires,  l'itinéraire  déposait  le 
Général  à  Ottawa,  le  18  avril,  à  l'aérodrome  Uplands  près  de  la  capita- 
le du  Canada.  Il  reçut  les  honneurs  du  gouvernement  canadien,  fut  l'hô- 
te du  Gouverneur  Général,  le  général  Georges  Vanier,  entrevue  avec  le 
premier  ministre  John  Diefenbaker  et  son  parlement.  Dans  son  accueil, 
le  premier  ministre  déclarait  "vous  êtes  l'architecte  d'une  France  vi- 
brante". 

Dans  son  allocution,  le  gouverneur  Vanier  affirmait:  "Vous  êtes  le 
témoignage  vivant  qu'un  homme  est  plus  important  que  les  choses.  Il 
y  a  vingt  ans,  au  moment  de  la  défaite  physique,  vous  vous  êtes  fait  en- 
tendre pour  sauver  l'honneur  de  la  France.  Et,  à  nouveau,  il  y  a  deux 
ans,  vous  avez  répondu  à  l'appel  de  votre  peuple.  Cela  vous  vaudra  d'ê- 
tre honoré  comme  l'un  des  grands  hommes  de  l'histoire." 

A  son  tour,  le  général  De  Gaulle  ajoutera:  "dans  le  moment  actuel 
qui  est  si  important,  je  dirais  même  si  dangereux  pour  les  pays  libres 
et  pour  la  paix  du  monde  j'ai  estimé  essentiel  de  prendre  contact  avec 
le  Canada". 

Québec  accordait  tous  les  honneurs  au  héros  de  la  résistance  fran- 
çaise, le  20  avril.  Le  lieutenant  gouverneur,  Onésime  Gagnon,  le  pre- 
mier ministre,  Antonio  Barrette,  le  maire  Wilfrid  Hamel  et  toute  la 
population  lui  donneront  une  réception  triomphale.  Les  allocutions  sont 
vibrantes  et  pleines  d'affection.  Le  général  dira  encore:  "il  est  heureux 
pour  la  France  et  pour  le  monde  que,  sur  ce  continent  américain,  le 
Canada  Français  ait  maintenu  et  maintienne  encore  la  flamme  fran- 
çaise." 

Quelques  heiu"es  plus  tard,  la  grande  métropole,  Montréal,  lui  don- 
ne une  autre  réception  grandiose.  Le  maire  Sarto  Fournier  salue  en  lui 
"la  présence  réelle  de  la  France  que  vous  avez  refaite  autour  de  vous 
dans  une  volonté  commune  d'ordre,  de  sécurité  et  de  paix." 

Le  général  ajoutera  "en  quittant  la  Province,  laissez-moi  dire  du 
Canada  français,  j'apporte  l'impression  d'une  réussite.  Ce  que  vous 
êtes  est  très  important  pour  le  Canada  bien  entendu,  pour  la  France 
aussi,  et  j'ajoute  pour  le  monde,  car  il  est  esentiel,  vous  le  sentez  tous, 
qu'U  y  ait  sur  cet  immense  continent  américain,  un  entité  française  vi- 
vante, une  pensée  française  qui  dure." 

La  réception  à  Toronto,  la  capitale  du  loyalisme  fut  peut-être  la 
plus  enthousiaste,  certainement  débordante  de  sympathie  et  d'amitié. 


CHARLES   DE   GAULLE  77 

Oe  furent  ensuite  les  journées  passées  aux  Etats-Unis  du  22  au  26 
avril  avec  un  accueil  fervent  et  des  manifestations  enthousiastes.  'Jn 
véritable  triomphe  pour  la  France  et  de  Gaulle,  une  visite  vraiment 
historique. 

Vendredi  à  Washington,  c'est  un  quadrimoteur  de  Air-France 
"La  Salle"  qui  dépose  les  visiteurs  dans  la  capitale.  Le  président 
Eisenhower  est  là  qui  déclare  dans  son  accueil:  "au  cours  des  deux  cents 
dernières  années,  les  deux  pays  ont  eu  des  épreuves  communes,  toutes 
dédiées  à  un  idéal  commun  ...  je  suis  particulièrement  heureux  de 
vous  accueillir  ici,  car  c'est  la  première  fois  que  vient  non  seulement 
un  président  de  la  République  française,  mais  aussi  de  la  communauté 
française  ...  et  je  tiens  à  répéter  ma  bienvenue  à  un  homme,  qui  dans 
la  guerre  comme  dans  la  paix,  a  été  aussi  un  solide  ami  de  ceux  qui 
défendent  la  cause  de  la  dignité  humaine  et  le  bien-être  de  tous  les 
êtres  humains  .  .  ." 

Le  président  de  Gaulle  déclare  à  son  tour:  "j'ai  la  satisfaction  pro- 
fonde de  visiter  et  de  saluer  ce  cher  et  grand  pays  d'Amérique  dont  dé- 
pend, dans  une  très  large  part,  le  sort  de  tout  le  monde  libre." 

Réceptions  et  manifestations  se  succèdent  à  la  Maison  Blanche, 
au  cimetière  national  à  Arlington,  au  monument  Lafayette,  conféren- 
ces de  presse,  brillante  réception  à  l'ambassade  "sous  la  tente",  dîner 
d'Etat  à  l'hôtel  Mayflower  présidé  par  le  vice-président  Richard  Nixon. 
Dimanche,  les  illustres  visiteurs  assistent  à  la  messie  à  la  délégation 
apostolique  où  S.E.  Mgr  Egidio  Vagnozzi  célèbre.  Durant  la  soirée,  le 
président  Eisenhoyer  les  amène  sur  sa  ferme  à  Gettysburg. 

Lundi  matin,  le  25  avril,  le  général  est  reçu  par  le  Congrès  des 
Etats-Unis  pour  recevoir  une  ovation  unique.  Le  speaker  Sam  Rayburn 
déclare:  "la  France  est  un  grand  pays,  fier  et  libre.  Et  elle  restera  libre 
aussi  longtemps  qu'elle  aura  à  sa  tête  des  hommes  comme  le  général 
de  Gaulle." 

Le  général  prononce  un  discours  magistral  déclarant:"Américains, 
sachez-le,  dans  la  grande  partie  qui  s'engage,  rien  ne  compte  davantage 
pour  la  France  que  la  raison,  la  résolution,  l'amitié  du  grand  peuple 
des  Etats-Unis.  Je  suis  venu  vous  le  dire". 

La  journée  "de  Gaulle",  mardi  le  26  avril  à  New  York  fut  de  celles 
que  la  grande  métropole  en  a  rarement  vécues.  Le  maire  Robert 
Wagner  reçoit  le  général  à  l'aérodrome  La  Guardia.  Il  déclare:  "New 
York  est  très,  très  heureux  d'accueillir  ici  aujourd'hui  l'un  des  plus 
grands  hommes  de  notre  temps"  et  le  général  de  répondre  "je  suis  en- 
chanté de  me  trouver  à  nouveau  à  New  York.  New  York  est  un  océan 
d'idées,  de  sentiments,  d'activités,  je  vais  m'y  plonger." 

Le  parcours  de  douzie  carrés  est  massé  d'une  population  en- 
thousiaste de  près  d'un  million  et  le  spectacle  des  serpentins  se  déroule 
du  haut  des  gigantesques  buildings.  A  l'hôtel  de  ville,  le  général  signe 
le  livre  d'or  et  est  reçu  par  le  maire  à  un  déjeûner. 

Dans  sa  proclamation,  le  maire  déclarait:  "Patriote  invincible  qui 
pratiquement  seul  a  mobilisé  son  peuple  épris  de  liberté  pour  chasser 


78  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

le  joug  écrasant  de  l'occupation;  dirigeant  brillant;  élu  par  le  libre 
choix  de  ses  compatriotes  pour  diriger  les  tâches  économiques,  politi- 
ques et  morales  de  la  France  contemporaine;  démocrate,  dont  la  dévo- 
tion à  la  vraie  liberté,  à  l'égalité,  à  la  fraternité,  au  gouvernement  élu 
du  peuple  non  seulement  en  France,  mais  dans  tout  son  ancien  empire, 
est  en  train  de  restaurer  la  gloire  traditionnelle  de  la  France,  afin  de 
lui  permettre  de  bien  servir  partout  la  cause  de  la  liberté  humaine." 

A  1  heure,  déjeuner  à  l'hôtel  Astor,  invité  de  la  métropole  où  près 
de  2000  invités  l'acelament.  Le  maire  Wagner  préside  entouré  des  som- 
mités. Le  New  York  Timies  publie  le  discours  du  général  dans  les  deux 
langues. 

Dans  son  allocution  le  général  déclare:  "Je  prends  New  York  à  té- 
moin que  la  France  nouvelle  est  digne  de  la  France,  et  c'est  cette  France 
de  toujours,  qui,  par  ma  voix  vous  dit  ici  —  Ah!  que  New  York,  que 
les  Etats-Unis,  que  vive  la  liberté  des  hommes."  Après  une  visite-récep- 
tion au  Consulat  de  France,  le  général  et  madame  de  Gaulle  assistent 
à  une  réception  de  plus  de  5,000  personnes  avec  les  membres  de  la  co- 
lonie française  à  New  York  à  l'arsenal  du  7e  régiment. 

La  réception  au  salon  Louis  XVI  de  l'hôtel  Waldorf-Astoria  est 
suivie  d'un  grand  dîner  dans  la  grande  salle  de  l'hôtel  sous  les  auspi- 
ces des  sociétés  franco-américaines  avec  plus  de  2,000  convives. 

Le  spectacle  est  féerique.  Une  véritable  apothéose.  Trois  grandes 
tables  d'honneur  sont  étagées  dans  un  véritable  jardin  de  fleurs.  La 
prière  est  récitée  par  S.E.  Mgr  James  Griffith,  évêque  auxiliaire  de  New 
York.  L'hon.  William  Burden,  président  de  France-Amérique,  préside. 
Le  gouverneur  Nelson  Rockfeller  propose  la  santé  au  Général  de  Gaulle 
qui  porte  ensuite  la  santé  au  président  des  Etats-Unis.  Toutes  les  allocu- 
tions sont  en  français.  Le  général  répond  à  cette  ovation  avec  ujie  émo- 
tion visible.  Il  déclare  que  les  Algériens  décideront  de  leur  sort. 

A  ce  banquet  plusieurs  franco-américains  assistaient,  M.  l'abbé 
Adrien  Verrette  représentait  la  Société  Historique,  M.  le  juge  Emile 
Lemelin,  le  Comité  de  Vie  Franco-Américaine  et  l'Association  Canado- 
Américaine,  M.  le  commissaire  J.-Henri  Goguen,  l'Union  St.  Jean-Bap- 
tiste d'Amérique,  Mmes  Jean  Leblanc  et  Gérald  Robert,  l'Alliance  Fran- 
çaise et  la  Fédération  Féminine  Franco-Américaine. 

La  presse  aux  Etats-Unis  fut  très  élogieuse  et  sympathique.  Tous 
les  journaux  parlèrent  de  cette  visite  avec  satisfaction.  Les  journalistes 
s'accordaient  à  dire  que  jamais  "un  homme  d'Etat  étranger  n'avait  sus- 
cité tant  d'admiration  et  d'affection". 

Le  général  continuait  son  voyage.  A  San  Francisco,  au  Civic 
Auditorium  4,000  convives  acclament  le  héros.  A  la  Nouvelle  Orléans 
un  autre  accueil  frénétique.  Après  avoir  visité  la  Guyanne,  la  Martini- 
que et  la  Guadeloupe,  le  chef  d'Etat  rentre  en  France  le  4  mai. 

La  grande  revue  "Life"  écrivait:  "l'heure  de  la  grandeur  française. 
Poiu"  de  Gaulle  et  la  France,  ce  voyage  constitue  un  moment  de  tri- 
omphe personnel  et  historique  qui  dépasse  la  pompe  et  le  protocol  ira- 


CHARLES   DE   GAULLE  79 

ditionnels.  Combinant  le  courage  et  la  sagesse,  l'endurance  et  le  génie, 
de  Gaulle  est  le  dernier  et  probablement  le  plus  grand  des  hommes 
d'Etat  de  la  grande  manière  héroïque." 

Dans  le  New  York  World  Telegram  on  lisait:  "Charles  de  Gaulle  a 
été  reçu  aussi  comme  un  symbole  destiné  à  fournir  une  véritable  inspi- 
ration aux  autres  nations  du  monde  libre  qui  luttent  pour  vivi'e".  Et  fai- 
sant écho,  le  Daily  Mail  de  Londres  disait  "il  est  apparu  comme  un  géant 
au  milieu  de  petits  hommes". 

Devant  le  Cercle  Littéraire  de  Fall  River,  le  24  mars,  Philippe 
Armand  La  joie  avait  donné  une  conférence  magnifique  sur  "Charles  de 
Gaulle  —  un  homme  du  destin"  déclarant:  "un  français  que  je  n'hésite 
pas  à  classer  parmi  les  preux,  dans  un  pays  qui  en  a  produit  tant  d'au- 
tres. A  mon  sens,  le  général  Charles  de  Gaulle  a  incarné  ce  que  la 
France  a  de  meilleur,  de  plus  lucide  et  de  plus  vivant,  surtout  à  ses  heu- 
res de  détresse  aigite  et  de  grandes  décisions." 


XII 

DoUard  des  Ormeaux 

1660-1960 

Le  tricentenaire  de  l'Exploit  du  Long-Sault  a  suscité  un  grand  inté- 
rêt. Des  fêtes  émouvantes,  un  peu  partout,  réunirent  des  milliers  de 
jeunes  et  de  moins  jeunes  pour  exalter  à  nouveau  Dollard  des  Ormeaux 
et  ses  compagnons,  les  sauveurs  de  la  Nouvelle  France,  l'un  des  plus 
beaux  gestes  d'héroïsme  de  l'histoire. 

Le  Ministère  des  Postes  à  Ottawa,  le  19  mai,  mettait  en  vente  un 
timbre  commémoratif  de  5  cents,  une  émission  de  30  millions  d'exem- 
plaires, oeuvre  de  Philip  Weiss,  timbre  bicolore  sur  fond  brun  représen- 
tant la  bataille  et  le  profil  de  Dollard  en  bleu. 

Il  était  bien  naturel  que  la  principale  démonstration  eut  lieu  à 
Montréal  (Ville-Marie)  que  DoUard  nous  a  léguée.  La  manifestation  con- 
tinuait la  tradition  sous  les  auspices  de  l'AJC  au  parc  LaFontaine,  au 
pied  du  monument,  oeuvre  du  grand  sculpteur  Alfred  LaLiberté. 

S.E.  le  cardinal  Paul  Emile  Léger,  archevêque,  était  présent.  Il  pro- 
nonçait des  paroles  réconfortantes.  Au  cours  de  son  allocution,  il  dé- 
clarait: "il  a  donné  sa  vie.  Ses  motifs  intérieurs,  nous  n'avons  à 
les  juger.  Il  a  donné  une  chance  aux  autres,  et  cela  me  suffit.  Il  me 
suffit  de  savoir  qu'un  homme  a  donné  sa  vie  pour  les  autres.  Je  n'ai  pas 
à  le  proclamer  un  héros,  mais  je  veux  le  prendre  comme  modèle  .  .  . 
Quand  donc  aurons-nous  le  courage  de  présenter  à  notre  jeunesse  un 
drapeau  d'héroïsme  ...  On  ne  changera  pas  le  coeur  des  hommes  avec 
de  l'acier,  du  fer,  de  l'argent  et  du  béton,  mais  en  leur  présentant  des 
modèles  d'héroïsme  .  .  .  Dollard,  c'est  tout  simplement  le  symbole  de 
cette  vie  d'héroïsme  ...  la  vraie  paix  est  dans  le  coeur  des  hommes,  pas 
dans  les  conférences  au  sommet." 

Le  chanoine  Lionel  Groulx,  grand  responsable  de  la  réhabilitation 
de  Dollard,  fut  chaudement  ovationné.  Il  pouvait  affirmer  avec  une  légi- 
time fierté  à  la  jeunesse:  "Si  je  vous  l'ai  rendu,  votre  Dollard,  c'est  votre 
tâche  de  le  garder  et  de  le  défendre." 

Mlle  Louise  Laurin,  présidente  de  l'AJC,  le  maire  Sarto  Fournier, 
le  ministre  fédéral  Paul  Comtois,  le  ministre  provincial  Gérard  Thi- 
bault, le  député  fédéral  Lionel  Chevalier,  la  Société  St.  Jean-Baptiste  de 
Montréal,  le  Conseil  de  la  Vie  Française  en  Amérique,  les  chambres  de 
commerce  de  Montréal,  les  étudiants  de  l'université  de  Montréal,  nom- 
bre d'organismes  et  des  unités  de  jeunes  apportèrent  leur  hommage 
pour  compléter  l'éclat  de  la  fête. 

C'est  dans  le  fortin  reconstitué  au  Long  Sault,  à  Carillon,  à  proxi- 
mité de  Hawsbury,  Ontario,  à  75  milles  de  Montréal,  en  présence  de 
milliers  de  pèlerins  recueillis,  que  se  déroula  l'apothéose  de  la  semaine 
du  tricentenaire.  Quel  émouvant  spectacle  après  trois  siècles. 

S.E.  Mgr  Emilien  Frenette,  évêque  de  St.  Jérôme,  célébrait  une 
messe  pontificale  et  prononçait  un  vibrant  sermon  sur  "le  fondement  et 


DOLLiVRD   DES   ORMEAUX  81 

les  exigences  du  patriotisme",  terminant  par  ces  paroles:  "il  faut  glori- 
fier les  dix-sept  braves  de  1660  qui  ont  versé  leur  sang  pour  la  patrie 
naissante.  Sans  doute  pour  les  comprendre,  il  faut  les  replacer  dans  le 
climat  mystique  de  Ville  Marie  et  dans  l'extrême  péril  où  se  débattait 
alors  la  Nouvelle  France.  Même  dans  un  climat  diiïérent  et  de  nouvel- 
les conditions,  nous  devons  les  imiter,  mettre  au  service  de  la  Patrie  le 
don  que  nous  avons  reçu.  Le  service  de  la  Patrie  est  une  obligation  chré- 
tienne et  augmentera  un  jour  pour  chacun  de  nous  la  gloire  impérissa- 
ble du  Ciel." 

Le  grand  banquet  de  clôture  laissait  encore  entendre  des  voix  auto- 
risées, S.E.  Mgr  Frénette,  Mgr  Olivier  Maurault,  P.A.,  le  chanoine  Lionel 
Groulx,  Me  Richard  Rioux,  le  juge  Redmond  Roche,  M.  André  Lavaque 
et  David  Stewart. 

Et  c'est  ainsi  que  d'un  océan  à  l'autre,  au  Canada,  fusèrent  des  ac- 
clamations à  la  mémoire  des  héros  du  Long  Sault.  En  franco-américanie 
le  culte  de  Dollard  a  bien  pâli  depuis  quelques  années.  Autrefois,  nos  re- 
ligieuses profitaient  du  24  mai  pour  susciter  chez  nos  enfants  des  élans 
de  fierté  légitime. 

A  sa  réunion  de  mai,  la  Société  Historique  Franco^Américaine  rap- 
pelait la  signification  de  ce  tricentenaire,  Le  Travailleur  y  faisait  écho. 

La  seule  manifestation  enregistrée  chez  les  écoliers  se  déroule  à 
l'école  St.  Georges,  de  Manchester.  Près  de  600  élèves  chantèrent  la  gloi- 
re de  Dollard.  Leur  curé,  l'abbé  Adrien  Verrette  leur  expliquait  ensuite 
le  sens  de  la  leçon  toujours  actuelle  de  Dollard,  véritable  modèle  des 
jeunes  franco-américains. 

Le  tricentenaire  provoquait  encore  des  études  sérieuses  pour  fixer 
l'authenticité  historique  de  l'Exploit  du  Long  Sault.  Notre  peuple  ne 
manque  pas  de  démolisseurs  qui  aiment  toujours  à  détruire  les  pluis  bel- 
les pages  de  notre  histoire. 

Dans  une  conférence  très  documentée,  devant  la  Société  Historique 
de  Montréal,  le  chanoine  Lionel  Groulx  répondait  à  la  question  "Dol- 
lard est-il  un  mythe?" 

Il  disait  donc  en  conclusion:  "à  moins  d'imaginer  que  les  contem- 
porains n'ont  rien  compris  à  un  événement  accompli  sous  leurs  yeux  ou 
qu'ils  auraient  conspiré  pour  forger  une  grossière  imposture  et  mysti- 
fier la  postérité,  il  faut  admettre  le  fait  Dollard,  tel  que  l'ont  transmis 
les  chroniqueurs  du  temps  qui  n'étaient  ni  des  imbéciles  ni  des  fumis- 
tes." Cette  conférence  fut  publiée  en  brochure. 

Dans  le  même  sens,  Mgr  Paul  Emile  Gosselin  écrivait  dans  la  revue 
Vie  Française:  "les  scientistes  peuvent  discuter  les  circonstances  du 
drame,  les  motifs  des  acteurs,  les  conséquences  de  la  rencontre  entre 
les  Iroquois  et  les  Français.  Il  reste  que  la  portée  de  l'événement  n'a 
pas  échappé  aux  contemporains.  Leurs  témoignages  rendent  un  suffi- 
sant hommage  aux  héros  du  Long-Sault  pour  que  nous  nous  estimions 
justifiables  de  magnifier  leur  exploit  à  trois  siècles  de  distance.  Cette 
évocation  peut  être  fructueuse.  Si  l'on  veut  élever  une  génération  dans 


82  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

le  culte  de  l'honneur  et  du  devoir,  il  faut  leur  montrer  ce  qu'il  y  a  de 
noble  dans  la  vie  des  saints  et  des  héros  nationaux.  Que  les  plus  grands 
soient  petits  par  certains  côtés,  voilà  qui  est  proprement  de  l'hommerie. 
Voilà  qui  fait  ressortir  le  mérite  de  ceux  qui  ont  su  en  une  circonstan- 
ce donnée  ou  dans  l'ensemble  de  leur  existence  surmonter  les  faiblesses 
de  l'humaine  nature." 

De  son  côté,  la  Société  Historique  de  Québec  conisacrait  son  12e 
cahier  à  l'Exploit  de  Dollard.  Cette  étude,  un  véritable  procès,  préparée 
par  M.  Sylvio  Duanais  et  le  R.P.  Adrien  Pouliot,  s.j.,  reproduit  tout  le 
dossier  avec  les  témoignages  des  contemporains,  les  jésuites  LeJeune 
et  Lalement,  la  mère  Marie  de  l'Incarnation,  le  gouverneur  D'Argenson, 
le  sulpicien  DoUier  de  Casson  et  le  célèbre  Pierre  Esprit  Radisson.  Tous 
ces  témoignages  ne  font  que  confirmer  celui  des  Relations:  "il  faut  ici 
donner  la  gloire  à  ces  dix-sept  Français  de  Montréal  et  honorer  leurs 
cendres  d'un  éloge  qui  leur  est  dû,  et  que  nous  ne  pouvons  leur  refuser 
sans  ingratitude." 


XIII 

Faits  et  Gestes 

S.E.  Mgr  Ernest  J.  Primeau:  Le  2  décembre,  la  délégation  aposto- 
lique à  Washington  annonçait  la  nomination  de  Mgr  Ernest  Jean  Pri- 
meau, curé  de  la  paroisse  Notre  Dame  du  Carmel,  à  Chicago,  comme 
sixième  évêque  de  Manchester.  Originaire  de  Chicago  où  il  naissait  le 
17  septembre  1909,  Mgr  Primeau,  après  son  ordination  le  7  avril  1934, 
avait  été  tour  à  tour  professeur  à  Chicago  et  directeur  du  collège  Notre 
Dame  du  Lac  à  Rome  durant  13  ans.  Il  avait  obtenu  son  doctorat  en  sa- 
crée théologie  à  Chicago  et  sa  license  en  droit  canonique  à  Rome  où  il 
fut  encore  attaché  à  la  Congrégation  du  Saint-Office. 

Consacré  à  Chicago  par  S.E.  le  cardinal  Albert  Meyer,  le  25  janvier 
1960,  il  fut  intronisé  le  15  mars  suivant  dans  sa  cathédrale  St.  Joseph 
à  Manchester  par  S.E.  le  cardinal  Richard  Cushing. 

S.E.  Mgr  Primeau  fut  l'objet  de  plusieurs  manifestations  et  récep- 
tions imposantes.  Les  Franco-Américains  en  particulier  se  réjouissaient 
de  l'élévation  d'un  des  leurs  à  l'épiscopat.  Ayant  pris  pour  devise  "Vé- 
rité, Unité  et  Paix",  le  nouveau  pontife  préconisait  un  apostolat  fruc- 
tueux et  les  meilleurs  voeux  accompagnaient  sa  venue  dans  le  diocèse 
de  Manchester. 

Mgr  de  Laval:  L'Amérique  française  se  réjouissait  à  bon  droit  d'ap- 
prendre que  le  28  février,  au  cours  d'une  cérémonie  de  la  Congrégation 
des  Rites  que  présidait  le  pape  Jean  XXIII,  l'Eglise  reconnaissait  l'héro- 
ïcité  des  vertus  du  fondateur  de  l'Eglise  dans  le  Nouveau  Monde.  Cette 
première  étape  facilite  les  travaux  qui  seront  poursuivis  en  vue  de  la 
béatification  de  Mgr  de  Laval. 

Décorations  de  la  France 

Mme  Alice  Lemieux-Lévesque:  A  l'occasion  de  la  réception  du  Jour 
de  l'An,  au  consulat,  M.  le  consul  Charles  de  Pampelonne  remettait  à 
Mme  Lévesque  la  médaille  de  Chevalier  de  l'Ordre  des  Palmes  Acadé- 
miques. Madame  Lévesque  est  de  Nashua,  N.  H.  Première  présidente 
de  la  Fédération  Féminine  Franco-Américaine,  poétesse  et  conférenciè- 
re, elle  a  publié  plusieurs  recueils  de  poèmes. 

Mme  Gertrude  St.  Denis:  Le  12  octobre,  à  l'occasion  d'un  banquet 
que  lui  offrait  le  Club  de  Dames  Franco-Américaines,  de  Fall  River,  au 
restaurant  White,  Mme  Gertrude  St.  Denis,  présidente  fondatrice  de 
rAlliance  Radiophonique  Franco-Américaine  et  directrice  des  program- 
mes français  aux  postes  WALE  (Fall  River)  et  WNBH  (New-Bedford), 
recevait  la  Médaille  d'Honneur  (Vermeil)  des  Affaires  Etrangères.  M.  le 
consul  de  Pampelonne  présidait. 

Dr  Albert  Poirier:  Médecin  officiel  du  Consulat  Français  à  Boston 
depuis  25  ans,  le  docteur  Poirier  recevait  en  mars  la  Médaille  de  Che- 
valier de  l'Ordre  de  la  Santé  Publique. 

Mme  Claire  (Houde)  Carpenter:  Présidente  de  la  Ligue  des  Prési- 
dents de  New  Bedford,  Mme  Carpenter  recevait  la  Médaille  d'Honneur 


84  BULLETIN   DE  LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

des  Affaires  Etrangères  (Vermeil),  le  28  février  à  l'hôtel  New  Bedford 
à  l'occasion  d'un  banquet.  A  cette  occasion  on  accordait  la  même  décora- 
tion à  titre  posthume  à  l'abbé  Adrien  Gauthier. 

M.  Théophile  Martin:  Ancien  président  de  l'Alliance  des  Journaux 
Franco-Américains  et  ancien  directeur  de  l'action  sociale  culturelle  de 
l'Union  St.  Jean-Baptiste,  M.  Martin  recevait  la  Médaille  d'Honneur  des 
Affaires  Etrangères  (vermeil)  le  14  juillet. 

Mme  Marcelle  Maineute:  Présidente  de  la  Fédération  Féminine 
Franco-Américaine  et  présidente  fondatrice  de  la  Survivance  Française 
à  Lewiston.  Mme  Mainente  recevait  la  Médaille  d'Honneur  des  Affaires 
Etrangères,  le  14  juillet  au  consulat  à  Boston. 

M.  Gérald  Robert:  A  l'occasion  d'un  gala  le  26  octobre,  au 
Manchester  Country  Club  pour  célébrer  les  20  ans  de  l'Alliance  Fran- 
çaise dont  il  fut  l'animateur,  M.  Gérald  Robert  recevait  la  Médaille 
d'Honneur  des  Affaires  Etrangères  (vermeil).  Secrétaire  Général  de 
l'ACA,  directeur  des  programmes  Radio-Franco  au  Poste  WMUR, 
(Manchester),  fondateur  de  la  Fédération  des  Chorales  Franco-Améri- 
caines, ancien  directeur  de  la  Société  d'Opérettes,  secrétaire-trésorier 
de  la  Société  Historique  Franco-Américaine,  directeur  du  Comité  de  Vie 
Franco-Américaine,  organiste,  directeur  de  concerts  et  de  chorales,  M. 
Robert  recevait  sa  décoration  de  M.  le  consul  de  Pampelonne. 

Mme  Eugène  Tougas:  Présidente  Fondatrice  de  l'Alliance  Françai- 
se de  Manchester  en  1941  et  présidente  d'honneur  de  la  Fédération  Fé- 
minine Franco-Américaine,  Mme  Tougas  recevait  du  consul  de  Pampe- 
lonne le  26  octobre  la  Grande  Médaille  de  l'Alliance  Française. 

Mme  Jean  L.  Leblanc:  Présidente  de  l'Alliance  Française  de 
Manchester,  Mme  Leblanc  recevait  du  consul  de  Pampelonne,  le  26  oc- 
tobre la  Grande  Médaille  de  l'Alliance  Française. 

M.  J.  Henri  Goguen:  Le  20  novembre,  à  Central  Falls,  au  cours  d'un 

banquet  qui  soulignait  le  60e  anniversaire  de  fondation  de  l'Union  St. 
Jean-Baptiste  d'Amérique,  M.  Goguen  recevait,  du  consul  de  Pampelon- 
ne, la  rosette  d'Officier  de  la  Légion  d'Honneur.  En  plus  d'être  le  prési- 
dent général  de  l'Union  St.  Jean-Baptiste  d'Amérique,  M.  Goguen  est 
aussi  président  du  Comité  de  Vie  Franco-Américaine  et  membre  du 
Conseil  de  Vie  Française  en  Amérique.  Il  fut  également  provost  maré- 
chal, secrétaire  d'Etat  et  Commissaire  de  la  Sûreté  Publique  pour  le 
Massachusetts. 

M.  Wilfrid  Beaulieu:  Le  5  septembre,  le  secrétaire  perpétuel  de 
l'Académie  Française  annonçait  à  M.  Beaulieu,  directeur  du  journal  Le 
Travailleur  que  l'Académie  lui  avait  décerné  un  prix  de  langue  française 
(médaille)  sur  la  fondation  créée  "pour  reconnaître  les  services  rendus 
au  dehors  à  la  langue  française". 

Société  Américaine  de  la  Légion  d'Honneur:  A  son  dîner  annuel, 
le  24  février  au  Harvard  Club,  de  Boston,  le  chapitre  de  la  Nouvelle 
Angleterre  remettait  à  M.  de  Pampelonne  un  diplôme  "en  témoignage 
d'affection".  Le  Col.  George  Stewart,  président  du  chapitre  recevait  à 
son  tour  les  insignes  de  Commandeur  du  Mérite  Combattant." 


FAITS   ET   GESTES  85 

Consulat  Français  à  Boston:  Au  mois  d'octobre,  l'ambassadeur  Hervé 
Alphand  venait  inaugurer  officiellement  au  cours  d'une  réception  les 
nouveaux  quartiers  du  consulat  dans  une  magnifique  demeure  histori- 
que au  numéro  3,  avenue  Commonwealth.  Le  consulat  quittait  son  vieux 
foyer  bien  connu  178  rue  Beacon.  M.  le  consul  de  Pampelonne  opérait 
ce  transfert  de  la  nouvelle  Maison  de  la  France  à  Boston. 

S.E.  Mgr  Léo  Lemay,  S.M.:  Originaire  de  Lawrence,  Mass,  sacré  le 
21  septembre  1960,  à  Sydney,  Australie,  vicaire  apostolique  des  Iles 
Solomon. 

Mgr  Alphéri  Lauzière,  P.D.:  Le  5  septembre,  S.E.  Mgr  Ernest  J. 
Primeau,  évêque  de  Manchester,  préside  l'investiture  à  la  prélature 
romaine  de  Mgr  Lauzière,  cxiré  fondateur  de  la  paroisse  St.  Joseph,  de 
Berlin,  N.  H.  Mgr  Lauzière  est  l'un  des  ardents  représentants  de  l'idéal 
franco-américain. 

Mgr  Henri  A.  Hamel,  P.D.:  Originaire  de  Fall  River  et  aumônier 
militaire  dans  l'Aviation  depuis  18  ans  avec  rang  de  Colonel,  Mgr  Hamel 
recevait  les  honneurs  de  la  prélature  romaine  en  la  cathédrale  St.  Mary, 
de  Fall  River,  le  11  décembre. 

Abbé  Anatole  Félix  Desmarais:  Le  2  juin,  l'abbé  Desmarais  rece- 
vait du  collège  de  l'Assomption  de  Worcester,  son  Aima  Mater  dont  il 
est  un  bienfaiteur  insigne,  un  doctorat  honorifique  en  Lettres  Humani- 
taires. 

Lauré-B.  Lussier.  A  l'aurée  des  adaptations  politiques,  M.  Lussier 
était  réinstallé,  le  29  décembre,  par  le  gouverneur  John  A.  Notte,  du 
Rhode  Island,  à  son  poste  qu'il  détint  durant  14  ans,  Régistraire  des 
Véhicules  à  Moteur  pour  l'Etat  du  Rhode  Island. 

Roméo  A.  Gosselin:  A  Hartford,  Connectieut,  le  3  avril,  à  l'occa- 
sion d'un  banquet-hommage  à  la  salle  Ste-Anne,  M.  Gosselin,  président 
de  l'Union  des  Franco-Américains  du  Connecticurt,  était  honoré  par  ses 
compatriotes. 

R.P.  Mannes  E.  Marchand,  o.p.:  Ancien  curé  de  la  paroisse  SS.  Pier- 
re et  Paul,  à  Lewiston,  le  P.  Marchand  célébrait  son  cinquantenaire  sa- 
cerdotal le  12  juin.  Né  le  4  novembre  1883  à  Arthabaska,  il  était  ordon- 
né le  8  mai  1910. 

Maire  Franco- Américains:  A  la  liste  imposante  de  premiers  magis- 
trats de  nos  villes  en  Nouvelle-Angleterre  il  faut  ajouter  au  cours  de 
l'année  l'élection  des  maires:  Emile  Jacques  (Lewiston),  Laurier  Lamon- 
tagne  (Berlin,  N.  H.),  Clément  H.  Deschambeault  (Biddeford,  Me), 
Charles  R.  Côté  (Saco,  Me),  Dr  Léo  C.  Lemieux  (Westbrook,  Me),  Ray- 
mond J.  Lord  (Lowell,  Mass),  Hector  Lirette  (HalloweU,  Me),  et  Georges 
J.  Bourque  (Fitchburg). 

M,  le  Juge  Paul  A.  Côté:  Avocat  de  Lewiston,  nommé  le  5  décembre 
juge  de  la  cour  municipale  de  Lewiston. 

Clarence  F.  Cormier:  Grand  artisan  de  la  Société  l'Assomption,  en 
décembre,  le  premier  décoré  de  l'Ordre  de  la  Fidélité  Acadienne  par  la 


8b  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

Société  Nationale  des  Acadienis.  La  remise  avait  lieu  à  Waltham,  en  dé- 
cembre. 

François  Denoeu:  Professeur  de  français  au  collège  Dartmouth  de- 
puis nombre  d'années,  M.  Denoeu  annonce  la  publication  d'un  diction- 
naire franco-américain  dans  lequel  il  doit  démontrer  que  les  Américains 
qui  étudient  le  français  sont  encore  soumis  aux  lexicographes  anglais, 
qui,  souvent  ne  rendent  pas  le  sens  des  mots  anglais  en  Amérique.  Ce 
dictionnaire  rendra  certainement  de  grands  services.  Les  Franco- Améri- 
cains attendent  sa  parution  avec  anxiété. 

Dr  Louis  B.  Amyot:  Vice-président  de  la  Société  Historique,  phi- 
lantrope,  chirurgien  dentiste  et  bienfaiteur  de  nos  oeuvres,  le  docteur 
Amyot,  de  Schenectady,  New  York,  qui  se  rendit  célèbre  au  cours  de  ses 
voyages  chez  les  Esquimaux,  terminait  une  tournée  de  conférences  en 
France  et  en  Belgique  durant  les  mois  de  juin  et  juillet.  Il  était  le  por- 
teur de  secours  techniques  à  nos  frères  de  France.  Conférencier  devant 
plusieurs  sociétés  dentaires,  il  paraissait  au  congrès  de  l'Association 
Dentaire  de  France  et  de  Belgique  à  Bruxelles,  à  l'école  Dentaire  de 
Paris  et  au  congrès  dentaire  en  Suisse.  En  plus  de  confier  à  ces  réunions 
dentaires  les  bienfaits  de  son  expérience,  le  docteur  Amyot  y  propageait 
aussi  l'idéal  franco-américaine  à  l'endroit  de  nos  frères  français  de  l'Eu- 
rope. Il  était  élu  membre  honoraire  de  la  Société  Odontologique  de 
France.  Il  reçut  justement  les  hommages  des  pays  qu'il  visita  à  la  gran- 
de satisfaction  de  ses  compatriotes  franco-américains. 

La  Revue  Française  (Manchester):  La  première  tentative  de  télé- 
vision franco-américaine  en  Nouvelle-Angleterre  fut  inaugurée  à 
Manchester  au  poste  WMUR-TV,  canal  9,  en  janvier,  pour  se  continuer 
durant  plusieurs  semaines  sous  la  direction  de  Georges  Ayotte  (Lowell). 
Cette  émission  passait  le  dimanche  de  4h.30  à  5h.30  et  obtint  un  beau 
succès. 


XIV 

Vie  Franco-Américaine 

Société  des  Artisans.  Dans  son  84)6  rapport  annuel,  se  terminant 
le  31  décembre  1960,  la  plus  forte  et  certainement  la  plus  française  en 
Amérique,  la  Société  des  Artisans  établissait  son  actif  à  $37  millions 
avec  193,000  assurés.  Son  nouveau  mode  d'assuranoe  groupe,  son  prêt 
d'honneur  et  son  action  sociale  intense  ont  surtout  favorisé  son  essor 
prestigieux. 

Depuis  sa  fondation  en  1876,  les  membres  ont  reçu  en  versements 
$58,768,412.  et  son  encours  actuel  en  assurances  dépasse  $275  millions. 
Le  président  René  Paré  déclarait  donc  satisfaction  "ensemble  nous 
accomplissons  une  besogne  éminemment  utile  à  nos  gens  et  à  notre 
groupe  ethnique.  La  société  compte  près  die  40,000  sociétaires  en  Nou- 
velle-Angleterre. 

Société  l'Assomption.  Avec  son  siège  social  à  Moncton,  N.  B.,  cette 
puissante  fraternelle  au  service  du  peuple  Acadien  établissait  son  ser- 
vice d'action  sociale.  Avec  plus  de  78,000  membres  dont  25,000  environ 
en  Nouvelle  Angleterre,  son  actif  était  porté  à  $19,936,026.  au  31  dé- 
cembre 1960.  Avec  une  réserve  de  $405,000.  en  plus  d'avoir  distribué 
$12,300,000.  en  bénéfice,  la  société  compte  des  assurances  en  vigueur  à 
plus  de  $115,578,065.  Les  boursiers  s'élèvent  à  1,005  depuis  la  fonda- 
tion ayant  reçu  plus  de  $108,323.  La  caisse  universitaire  qui  favorise  le 
prêt  d'honneur  atteignait  $108,323.00.  Tous  ces  chiffres  pour  établir  que 
la  société  est  en  voie  de  progrès  constant.  Elle  tient  ses  congrès  régio- 
naux qui  sont  un  vigoureux  stimulant.  Le  dernier  avait  lieu  à  Lewiston 
en  fin  de  mai. 

Union  St.  Jean-Baptiste  d'Amérique.  L'Union  célébrait  surtout  ses 
60  ans  au  cours  de  l'année,  ce  qui  donna  lieu  à  de  nombreuses  manifes- 
tations au  sein  de  ses  consleils. 

Les  fêtes  débutaient  à  Fall  River  le  1er  mai.  Tous  les  conseils  de  la 
région  y  prenaient  part.  Il  y  eut  messe  en  l'églisie  St.  Roch  et  grand 
banquet  au  restaurant  White.  Mgr  Albert  Bérubé,  P.D.,  rendait  hom- 
mage à  la  société  au  nom  du  clergé. 

La  réunion  semestrielle  le  16  mai  permettait  au  bureau  général 
de  célébrer  le  jubilé.  Messe  en  l'église  Ste-Famille  et  dîner  intime.  Le 
secrétaire  général  Normand  Lachance,  dans  une  intéressante  causerie, 
résumait  l'histoire  de  l'Union.  Le  bureau  décidait  de  tenir  son  pro- 
chain congrès  en  1962  à  Portland,  Me.  Le  docteur  Orner  Boivin  était 
nommé  deuxième  vice-président  de  la  société. 

Plusieurs  conseils  cinquantenaires  ajoutaient  à  leurs  réjouissan- 
ces les  thèmes  de  la  fête  patronale  et  du  soixantenaire.  Ces  manifesta- 
tions furent  brillantes  soit  à  Waterbury,  à  Amesbury.  Le  19  juin  la  Li- 
gue des  Présidents  rendait  hommage  à  l'Union,  à  New  Bedford.  Et  ainsi 
soit  à  Rumford,  Taunton,  à  St.  Albans,  Putnam,  Baltic  toute  une  série 
de  fêtes. 


88  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Enfin  le  18  septembre  ce  fut  à  Salem  et  à  AuguMa.  Au  début  d'oc- 
tobre, soit  le  2,  seize  conseils  de  la  région  de  Holyoke  ajoutent  leur 
témoignage  et  rendent  hommage  à  Wilfrid  Beaudry  pour  ses  30  ans  de 
service.  A  Hartford,  le  9  octobre,  grande  fête  en  la  paroisse  Ste-Anne. 
Le  23  septembre  c'était  à  Leominster. 

Le  30  octobre  à  l'hôtel  Bancroft,  de  Worcester,  l'Union  rendait 
hommage  à  S.E.  Mgr  Ernest  J.  Primeau,  évêque  de  Manchester,  mem- 
bre de  la  société  depuis  plusieurs  années.  M.  J.  Henri  Goguen  présidait 
le  banquet.  De  courtes  allocutions  furent  prononcées  par  Mgr  J.  B. 
Lamothe,  P.D.,  l'abbé  Eugène  Guérin  et  Me  Louis  Janelle.  Mgr  Pri- 
meau recevait  la  médaille  d'or  de  la  société  avec  la  citation  de  mem- 
bre d'honneur. 

Dans  son  allocution,  Mgr  Primeau  disait:  "pour  survivre,  pour  faire 
du  progrès,  il  faut  avancer,  c'est-à^ire  s'adapter  continuellement  aux 
nouvelles  (exigences  de  notre  ère  .  .  .  Plaçons-nous  sous  la  protection 
du  Divin  Coeur  de  Jésus,  ce  Coeur  débordant  d'amour  qui  est  le  pa- 
tron de  l'Union  et  le  symbole  parfait  de  ses  oeuvres  ..."...  Rallions- 
nous  sous  ce  signe  de  l'Unité  et  marchons  avec  ardeur  vers  l'avenir. 

Les  fêtes  se  clôturaient  le  20  novembre  à  Woonsocket  sous  les  aus- 
pices des  conseils  du  Rhode  Island  avec  messe  en  l'église  Ste-Famille 
et  grand  banquet  à  la  salle  paroissiale  présidé  par  M.  Oscar  Hurteau. 
Le  maire  Josaphat  Benoît,  de  Manchester,  était  l'orateur.  M.  le  consul 
général  Charles  de  Pampelonne  remettait  à  M.  J.  Henri  Goguen  la  ro- 
sette d'officier  de  la  Légion  d'Honneur. 

Pour  couronner  cette  année,  le  bureau  publiait  son  rapport  annuel 
qui  portait  l'actif  au  31  décembre  1960  à  $16,354,943.38  avec  75,077 
porteurs  de  certificats  et  une  solvabilité  die  115.96%,  invitant  ainsi  les 
compatriotes  à  favoriser  cette  grande  fraternelle  qui  se  dévoue  à  sa 
manière  à  nos  efforts  de  persévérance. 

Association  Canado-Américaine.  L'aînée  de  nos  "fraternelles"  te- 
nait son  22e  congrès  en  septembre.  A  leur  assemblée  siemestrielle,  le 
21  mai,  les  administrateurs  s'empressaient  de  rendre  hommage  à  S.E. 
Mgr  Ernest  J.  Primeau,  le  nouvel  évêque  de  Manchester. 

Mgr  Primeau  était  accueilli  dans  les  bureaux  de  l'Association  par 
les  officiers.  Il  assistait  ensuite  au  premier  adoubement  de  l'Ordre 
Canado-Américain  des  Chevaliers  de  Champlain  à  la  salle  Duvernay. 

A  un  dîner  intime  servi  dans  les  salons  de  la  société,  Mgr  Primeau 
était  présenté  par  le  juge  Emile  Lemelin.  Dans  son  allocution,  Mgr 
Primeau  se  disait  très  heureux  de  oatte  rencontre.  Il  souhaitait  aux 
premiers  chevaliers  les  bénédictions  du  Ciel  et  il  ajoutait:  "la  fidélité 
de  votre  association  à  l'Eglise  et  à  l'autorité  est  déjà  bien  connue  eit 
l'expression  de  cette  dévotion  se  traduit  dans  votre  devise:  Religion, 
Patriotisme,  Fraternité.  Unis  par  la  foi,  par  la  langue,  par  le  patriotis- 
me, votre  association  remplit  l'idéal  de  l'action  catholique,  l'oeuvre 
laïque  pour  le  salut  des  âmes  sous  la  direction  des  évêques  et  du  clergé. 
Je  vieux  vous  inviter  à  une  collaboration  mutuelle  dans  un  véritable  es- 
prit de  fraternité  et  de  charité." 


VIE   FRANCO-AMERICAINE  89 

Les  assises  du  22e  congrès  débutaient  le  3  septembre  avec  la  réu- 
nion des  comités.  La  messe  solenelle  du  congrès  avait  lieu  à  St.  Georges, 
dimanche,  en  présence  de  Mgr  Primeau.  L'abbé  Eugène  Boutin  pronon- 
çait le  sermon.  Il  y  eut  séance  d'adoubement  de  l'Ordre  des  Chevaliers 
de  Champlain  à  la  salle  St.  Jean-Baptiste  à  3  heures  30.  Le  soir  avait 
lieu  le  banquet  traditionel  du  congrès  à  l'hôtel  Carpenter.  Il  fut  prési- 
dé par  le  juge  Edouard  J.  Lampron.  Les  allocutions  furent  prononcées 
par  S.E.  Mgr  Ernest  J.  Primeau,  Mgr  Paul  Emile  Gosselin,  M.  le  juge 
Emile  Lemelin  et  le  Maire  Josaphat  Benoît  et  la  musique  fournie  par 
l'orchestre  Maurice  Therrien. 

Les  séances  du  congrès  se  déroulaient  lundi  sous  la  présidence  du 
juge  Lemelin.  Rapports  et  projets  d'amiemdements  furent  discutés.  On 
rendait  hommage  aux  disparus.  Le  nombre  des  membres  était  fixé  à 
33,000  avec  une  solvabilité  de  120.98.  Il  faut  se  rappeler  que  chaque 
actuaire  a  sa  manière  d'établir  les  valeurs.  Le  juge  Lemelin  était  ré- 
élu à  la  présidence  avec  les  mêmes  officiers. 

Au  cours  des  délibérations,  l'abbé  Adrien  Verrette,  président  de  la 
Commission  des  Archives  et  président  de  la  Société  Historique  dans 
son  rapport  déclarait: 

"C'est  le  quatrième  rapport  quadriennal  que  la  Commission  des 
Archives  a  l'honneur  de  soumettre  à  la  Cour  Suprême  de  l'Associa- 
tion Canado-Américaine.  Le  préposé  revient  toujours  avec  le  même 
enthousiasme  heureux  de  remercier  ceux  qui  lui  confient  cette  agréa- 
ble tâche. 

Ne  serait-ce  que  pour  renseigner  ceux  des  délégués  qui  ne  sont  pas 
familiers  avec  T'exiistence  et  le  travail  de  cette  commission,  rappelons 
qu'elle  fut  créée  par  le  congrès  de  1944  et  que  le  président  général  est 
chargé  d'en  nommer  les  membres  au  lendemain  du  congrès.  Ils  sont  ac- 
tuellement, M.  le  juge  Lemelin  (ex-ofïicio),  M.  Adolphe  Robert,  secré- 
taire, M.  le  juge  Arthur  Eno,  Me  Ernest  D'Amours,  le  Dr  Conrad  Go- 
din  et  moi-même. 

Toute  institution  bien  organisée  a  le  souci  de  conserver  jalouse- 
ment le  souvenir  de  ses  gestes  qu'elle  dépose  dans  ses  archives.  C'est 
ainsi  que  se  conservent  les  titres,  les  documents  et  les  imprimés  où  se 
renseigne  l'histoire.  Le  travail  de  la  commission  est  précisément  de 
veiller  à  la  conservation  de  touis  les  imprimés  que  possède  l'Associa- 
tion. 

....Depuis  le  dernier  congrès,  grâce  aux  subsides  qui  lui  furent  accor- 
dés, la  commission  a  augmenté  le  nombre  de  volumes  à  plus  de  500  par 
année.  Plusieurs  pièces  furent  ajoutées  à  sa  collection  d'oeuvres  d'art. 

Un  fait  important  à  souligner  c'est  que  l'Association  au  coût  de 
$4,000  environ  a  fait  microfilmer  la  collection  complète  de  son  bulletin 
et  aussi  celle  de  l'Avenir  National,  quotidien  de  Manchester  qui  dispa- 
raissait en  1948,  les  deux  seules  de  nos  publications  qui  sont  désormais 
sauvées  et  assurées  à  la  postérité. 

Cette  riche  collection  de  l'Avenir  National  avait  failli  prendre  le 
chemin  du  papier  rébus,  au  moment  de  la  liquidation  du  journal,  lors- 


90  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

que  l'un  des  acquerreurs  die  l'atelier,  un  juif,  décida,  je  ne  sais  par  quel 
hasard,  de  l'offrir  à  la  Manchester  Historié  Society. 

Cette  dernière  ne  tarda  pas  à  comprendre  que  l'Asisociation  Canado- 
Américaine  était  véritablement  l'organismiei  qui  devait  en  avoir  la  gar- 
de et  c'est  ainsi  qu'elle  la  lui  céda  à  son  tour.  Quel  don  précieux!  Et 
c'est  ainsi  qu'une  centaine  de  gros  volumes  prenaient  la  direction  de 
nos  quartiers. 

La  vétusté  du  papier  déjà  rongé  par  les  ans  et  l'espace  considéra- 
ble requis  pour  loger  ces  tonnes  de  papier  décidèrent  le  président  gé- 
néral à  livrer  cette  masse  considérable  au  microfilmage.  Il  faut  donc 
lui  en  savoir  gré,  car  sans  aucun  doute,  la  Collection  de  l'Avenir  Na- 
tional est  certainement  l'unie  de  nos  plus  riches  et  précieuses  sources 
d'information  de  la  presse  franco-américaine,  une  documentation  irrem- 
plaçable. 

A  mesure  que  ses  fonds  le  permettront,  il  est  à  espérer  que  l'As- 
sociation continuera  ce  geste  sauveur  auprès  de  collections  comme  cel- 
le de  "La  Sentinelle"  et  ses  auxiliaires,  l'Etoile  de  Lowell,  etc.,  etc. 

Lorsque  les  visiteurs,  et  ils  sont  nombreux,  pénètrent  dans  l'Im- 
meuble de  l'Association  pour  admirer  les  bureaux  des  administrateurs 
et  les  salles  bien  rangées  des  opérations,  ils  deviennent  agréablement 
ravis  et  surpris  lorsqu'ils  sont  introduits  dans  les  quartiers  de  la  bi- 
bliothèque. Voilà,  entre  tant  d'autres,  une  présence  tangible  de  l'ac- 
tion culturelle  de  l'Association  et  qui  ne  cesse  d'enrichir  son  prestige 
partout. 

Il  faut  le  proclamer  avec  fierté,  nouis  possédons  l'une  des  pkis  pré- 
cieuses, sinon  la  plus  importante,  des  bibliothèques  françaises  aux  Etats- 
Unis.  Nous  avons  donc  raison  de  l'appeler  la  Bibliothèque  Nationale 
des  Franco-Américains. 

Nos  volumes,  archives,  documents  sont  constamment  consultés  par 
des  chercheurs  et  de  hauts  témoignages  d'appréciation  sont  souvent 
adressés  à  la  Commission. 

S'il  m'était  permis  d'exprimer  un  voe^u  ce  serait  d'inviter  tous  les 
délégués  à  se  rendre  conscients  de  ces  valeurs  que  possède  notre  so- 
ciété, d'exploiter  ces  trésors  en  faveur  de  la  société  et  de  nos  oeuivres. 

Car  il  faut  que  l'Association  Canado-Américaine  avec  ses  oeuvres 
multiples  demeure  à  l'avant-garde  de  nos  espoirs  de  continuité.  C'est  en 
conservant  ainsi  notre  passé  qui  est  vraiment  enviable,  que  le  présent 
sera  toujours  bien  inspiré  pour  assurer  leis  beaux  accomplissements  de 
l'avenir." 

L'Association  continuait  la  publication  de  son  bulletin  "Le  Canado- 
Américain  qui  inaugurait  en  juin  son  2e  volume.  M.  Adolphe  Robert  en 
est  toujours  le  rédacteur  livrant  à  tous  les  deux  mois  64  pages  diei  lec- 
ture intéressante  avec  faits  et  gestes  qui  fournissent  à  nos  compatrio- 
tes une  lecture  profitable  et  souvent  salvatrice. 


VIE   FRANCO-AMERICAINE  91 

Congrès  Richelieu.  La  Société  Richeliefu  tenait  son  premier  congrès 
international  à  Manichester,  New  Hampshire  du  16  au  18  eeptembre 
1960.  Oe  fut  un  immense  succès  alors  que  plus  de  1,600  délégués  assis- 
taient pour  apporter  leur  encouragement  au  secteur  franco-américain 
avec  ses  clubs  à  Manchester,  Fall  River,  Holyoke,  New  Bedford  et 
Lewiston. 

Les  jouimôeis  furent  bien  remplies  avec  un  programme  exécuté 
avec  un  enthousiasme  soutenu  depuis  l'inscription  des  délégués  à  l'hô- 
tel Carpenter.  Ce  fut  un  grand  conclave  de  "Paix  et  de  Fraternité". 

L'ouverture  officielle  avait  lieu  vendredi  soir  à  la  salle  Carousel 
sous  la  présidence  de  B.  G.  Lambert  avec  discours  par  le  maire  Josa- 
phat  Benoît,  le  gouverneur  Powell  et  le  président  général  de  la  société, 
Horace  Racine. 

Les  assises  se  déroulaeint  à  la  salle  Hévey  sous  la  présidence  de 
Horace  Racine  suivies  du  déjeuner  à  la  salle  Ste  Marie  avec  conférence 
éclair  donnée  par  Paul  Gingras  et  la  conférence  par  Horace  Viau.  Les 
dames  avaient  leur  programme  sous  la  direction  de  Mme  L.  P.  Gagnon 
avec  déjeuner,  visite  et  promenade  des  modes. 

Le  banquet  de  la  société,  samedi  soir,  était  sous  le  patronage  d'hon- 
neur de  S.E.  Mgr  Ernest  J.  Primeau,  évêque  de  Manchester.  Les  délé- 
gués en  profitaient  pour  lui  offrir  une  magnifique  vierge  sculptée  dans 
le  chêne  tiré  de  Chateauguay,  village  des  parents  de  Son  Excellence. 

Le  doctieur  Robert  Beaudoin  présidait  le  banquet  qui  était  sous  la 
présidence  d'honneur  du  président  général  Horace  Racine.  Le  confé- 
rencier était  Philippe  Armand  Lajoie,  doyen  de  la  presse  franco-améri- 
caine. Le  chant  était  fourni  par  la  chorale  St.  Jean-Baptiste,  dirigée  par 
Bruno  Therrien. 

Dans  une  pièce  solidement  charpentée,  toujours  en  vue  de  servir 
les  intérêts  franco-américains  comme  il  sait  toujours  le  faire,  M.  Lajoie 
prononça  des  paroles  de  nature  à  faire  réfléchir  sérieusement  tous  ceux 
qui  se  préoccupent  de  notre  présence  culturelle  en  Nouvelle  Angleterre, 
n  déclarait  donc: 

Quarante  années  de  journalisme  franco-américain  devrait  suffire  à 
effacer  chez  un  particulier  tout  vestige  de  siemtimentalité,  mais  à  un 
vieux  journaliste  que  son  travail  quotidien  a  imprégné  de  la  loyauté  à 
ce  qu'il  croit  être  les  intérêts  supérieurs  des  siens,  vous  pardonnerez  fa- 
cilement de  caresser  l'espoir  que  nous.  Canadiens  français  et  Franco- 
Américains,  continuerons  à  incarner  la  Présence  française  sur  un  conti- 
nent qui  doit,  pour  une  grande  part,  sa  découverte  et  son  développe- 
ment à  nos  ancêtres  français  et  canadiens.  Oh!  je  reconnais  et  je  m'ex- 
plique fort  bien  qu'un  tel  espoir  paraît  illusoire  et  chimérique  à  plus 
d'un!  .  .  . 

Nous  sommes  les  produits  d'un  siècle  dont  la  philosophie  répudie 
tout  ce  qui  n'est  pas  strictement  scientifique  et  pratique.  A  notre  épo- 
que, le  monde  tient  le  sentiment  pour  peu,  le  considérant,  comme  la  po- 
litesse d'antan,  un  luxe  dont  l'abus  peut  être  dérisoire,  voire  nuisible. 


92  BUULETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Il  n'en  reste  pas  moins  que  la  vie  continue  à  se  partager,  si  je  puis  ain- 
si parler,  entre  la  brutalité  du  fait  et  la  douceur  du  sentiment,  celui-ci 
posant  quelquefois  un  baume  refraîchissant  sur  les  abrasions  laissées 
par  l'autre. 

Même  s'il  fallait  admettre  que  dans  la  vie,  ce  sont  surtout  les  faits 
qui  comptent  il  faudrait  néanmoins  convenir  qu'il  existera  toujours  des 
sentiments  essentiels  à  la  plénitude  et  à  la  grâce'  de  toute  existence  hu- 
maine. Je  n'en  veux  citer  d'autre  preuve  que  l'amoindrissement  appor- 
té à  une  personne  humaine  par  la  privation  du  sentiment  religieux.  Un 
autre  sentiment  dont  la  noblesse  est  inégalée  est  celui  de  la  fierté  nati- 
ve. La  possession  et  la  manifestation  de  ce  sentiment,  que  je  voudrais 
voir  intense  chez  tous  mes  congénères,  se  traduira  chez  nous  par  un 
fait,  le  fait  de  la  continuité  dans  la  présence  française. 

Lorsque  nos  grands  devanciers  dans  cette  Amérique  du  Nord  vin- 
rent y  apporter  la  civilisation  et  le  christianisme,  ils  n'y  vinrent  pas 
uniquement  en  tant  qu'explorateurs,  exploiteurs  et  coureurs  d'aventures, 
mais  en  hommes  désireux  de  rehausser  le  prestige  français  et  de  gros- 
sir le  nombre  des  âmes  gagnées  au  Christ.  Il  entrait  une  forte  somme 
de  sentiment  dans  les  mobiles  qui  animèrent  ces  preux  et  ces  apôtres. 
Ils  étaient  possédés  d'une  robuste  fierté  ethnique  dont  la  disparition 
graduelle  chez  leurs  continuateurs  constitue  une  véritable  tragédie  his- 
torique. 

Sans  détriment  pour  l'homieur  dû  aux  autres  sociétés  et  organis- 
mes qui  contribuent,  au  Canada  comme  ici,  à  alimenter  le  foyer  de  notre 
vie  française,  l'apparition  de  la  Société  Richelieu,  une  phalange  d'élite, 
apporte  un  espoir  nouveau  à  ceux  qui  veulent  que  —  advenant  le  pire  — 
il  existe  toujours  en  Nouvelle-Angleterre  une  élite  qui  y  affirmera  la 
Présence  française.  Grâce  lui  en  soit  rendue! 


Au  risque  d'encourir  le  déplaisir  de  ceux  qui  trouveraient  que  cet 
entretien  a  déjà  trop  duré,  je  m'en  voudrais  de  tirer  ma  révérence  sans 
avoir  souligné  l'un  des  moyens  que  les  Richelieu  mettent  à  contribution 
pour  entretenir  la  gaieté  et  la  bonne  camaraderie.  Je  veux  parler  du 
rituel  agréable  de  la  chanson  canadienne-française. 

Quelqu'un  a  dit  que  l'âme  des  peuples  éprouve  le  besoin  de  chan- 
ter. 

Dans  leur  bagage  de  traditions,  les  peuples,  même  les  moins  initiés 
à  ce  que  nous  appelons  la  culture,  trouvent  des  airs  dont  la  population 
entière  paraît  avoir  la  connaissance  innée,  et  dont  on  ignore  le  plus  sou- 
vent l'âge  et  l'origine.  Ce  sont  des  chants,  gais  ou  dolents,  que  l'enfant 
a  entendus  répéter  dans  la  hutte,  la  chaumière  ou  le  château  de  sa  fa- 
mille, et  que  sa  mémoire  fidèle  transmettra  à  une  autre  génération.  Ces 
airs  montent  du  coeur  aux  lèvres  aux  heures  de  liesse,  d'héroïsme  ou  de 
nostalgie.  Des  compositeurs  de  génie  tels  Tchaïkowski,  Dvorak,  Grieg, 
Lizst  et  autres,  ont  si  bien  compris  le  droit  qu'avait  à  l'immortalité  le 
Folklore,  la  Chanson  de  Gens,  qu'ils  en  ont  fait  le  thème  de  passages 
nombreux  dans  leurs  oeuvres  impérissables.  Tant  il  est  vrai  que  si  l'on 


VIE   FRANCO-AMERICAINE  93 

peut  devenir  indifférent  à  la  musique  de  l'heure,  l'on  tient,  chez  les 
gens  bien  nés,  à  préserver  les  refrains  et  romances  qui  délectaient  les 
grands  ancêtres. 

N'est-il  pas  vrai,  d'ailleurs,  que  rien  n'est  plus  jeune  qu'une  vieille 
chanson?  .  .  . 

Dans  le  chansonnier  officiel,  dont  l'apparition  est  réglementaire  à 
toutes  nos  réunions,  leis  Richelieu  ont  assemblé  celles  qui  évoquent  avec 
le  plus  de  fidélité  le  visage  de  la  vieille  France  et  du  Canada  français. 
Et  il  faut  voir  avec  quel  entrain  nos  confrères  remplissent  les  airs  de 
ces  couplets  dont  les  échos  semblent  revenir  des  rives  du  Saint-Laurent, 
du  Saguenay,  de  la  Seine,  du  Rhône  et  de  la  Loire! 

D'une  pièce  orphéonique  inédite  où  sont  paraphrasés  les  pièces  les 
plus  populaires  de  votre  chansonnier,  permettez,  chers  confrères,  que  je 
cite  en  terminant  les  quatre  derniers  vers: 

"Tant  que  nos  voix  pourront  redire  la  romance 
"Et  le  joyeux  couplet  de  Québec  ou  de  France, 
"Burinés  sur  nos  coeurs,  ces  mots:  "Je  Me  Souviens!"  .  .  . 
"Font  de  nous  à  jamais  des  fils  de  Canadiens!" 

Dimanche  à  10  heures,  S.E.  Mgr  Primeau  célébrait  la  messe  du 
Congrès  en  l'église  Ste  Marie.  Mgr  Wilfrid  Chartier,  curé,  saluait  les  dé- 
légués et  l'abbé  Adrien  Verrette  prononçait  le  sermon  "Sous  le  signe 
de  la  charité",  dans  les  termes  suivants: 

"Une  messe  de  congrès  provoque  généralement  des  accents  remuants 
chez  ceux  qui  y  participent.  C'est  qu'elle  atteste  d'une  façon  solennelle 
l'idéal  religieux,  la  préoccupation  dominante  et  les  nobles  buts  de  l'oeu- 
vre qu'ils  représentent  dans  l'attente  que  le  Ciel  bénira  et  confirmera 
leurs  espoirs. 

Pour  la  première  fois  dans  votre  jeune  mais  fécond  rayonnement, 
vous  venez,  en  ce  13e  congrès,  solliciter  ces  appuis  spirituels  au  sein 
de  l'une  de  nos  magnifiques  chrétientés  F.-A.  de  la  Nouvelle  Angleterre. 
C'est  que  la  charité  du  Christ  ne  connaît  pas  de  frontières. 

Que  de  semblables  déploiements  de  piété  ont  vibré  sous  cette  voû- 
te vénérable  depuis  le  jour  où  Mgr  Pierre  Hévey  en  dressait  le  clocher 
majestueux  sur  cette  colline  Notre-Dame,  la  deuxième  en  âge  des  huit 
paroisses  franco-américaines  de  la  ville  épiscopale  de  Manchester. 
Ste-Marie  compte  donc  80  ans  d'apostolat  remarquable  que  nous  pou- 
vons admirer  dans  la  théorie  de  ses  institutions  bien  vivantes. 

Cette  présence,  nous  la  devons  à  l'accueil  empressé  du  dintingué  et 
brillant  curé  Mgr  Chartier  let  tous  nous  lui  disons  notre  reconnaissance, 
car  prier  dans  ce  temple  c'est  évoquer  et  revivre  les  plus  ferventes 
émotions  de  la  Foi  qui  animait  nos  devanciers. 


94  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

Que  de  fois  me  nous  a-t-on  pas  entretenus,  en  pareille  circonstan- 
ce des  devoirs  et  responsabilités  qui  se  dégagent  de  la  belle  devise  qui 
inspire  et  guide  notre  comportement,  "Paix  et  Fraternité".  Heureuse- 
ment, l'apostolat  Richelieu  n'est  plus  à  démontrer.  Un  prince  de  l'E- 
glise le  déclarait  récemment  "une  oeuvre  incomparable",  car  elle  pro- 
lifère ses  bienfaits  et  la  chaleur  de  son  dévouement  à  des  milliers  de 
petits  êtres  que  la  vie  n'a  pas  particulièrement  favorisés. 

Et  à  son  honneur,  la  Société  Richelieu  est  le  premier  organisme  ca- 
tholique d'expression  française,  qui,  avec  une  formide  nouvelle  ait  lancé 
ses  voiles  dans  le  champ  immense  de  la  charité  sociale. 

L'enfance  malheureuse  que  nous  voulons  soulager  et  aider  est  par- 
tout dans  la  vie.  On  la  rencontre  surtout  au  seuil  de  ces  foyers  brisés 
qui  ont  perdu  le  sens  des  valeurs  immuables  de  l'amour  véritable. 

Ce  travail  nous  l'accomplissons  avec  joie,  nous  rappelant,  cepen- 
dant, avec  Bossuet,  qui  le  déclarait  aux  grands  de  son  siècle  "que  la 
joie  est  la  passion  la  plus  iiluisoire."  C'est  pourquoi  noue  préféroais 
pour  nos  humbles  gestes  la  valeur  éternelle  que  le  Maître  leur  recon- 
naissait un  jour  en  affirmant  "qu'un  seul  verre  d'eau  fraîche  donné  à 
l'un  de  ces  petits  ne  perdra  pas  sa  récompense." 

En  une  autre  circonstance  biien  décisive  de  sa  vie,  à  la  veille  même 
de  la  consommation  de  son  sacrifice  rédempteur,  le  Christ  ajoutait  pour 
confirmer  cette  équation  divine  "toutes  les  fois  que  vous  l'avez  fait  à 
l'un  de  ces  plxis  petits,  c'est  à  moi  que  vous  l'avez  fait." 

Cette  suprême  totalisation  des  mérites  que  nous  pouvons  accumu- 
ler auprès  de  l'auteur  de  nos  vies,  ajoute  une  valeui'  singulière  à  notre 
participation  au  corps  mystique  du  Christ  dont  nous  dievenons  les  mem- 
bres participants.  Quelle  étonnante  participation  et  quelle  béatitude 
pour  nous  tous  dans  ce  mystérieux  agencement  de  l'humanité  régénérée! 

Mais  ce  qui  gonfle  nos  âmes  de  reconnaissance  émue  ce  matin, 
c'est  de  nous  trouver  ensemble  en  face  de  ce  même  Christ  éternel,  qui, 
dans  le  silence  lencerclé  de  son  amour  compte  les  pulsations  de  nos 
coeurs  et  sonde  véritablement  la  sincérité  de  notre  Foi  et  de  notre  con- 
duite. 

Pour  cette  heure  passée  en  sa  présence  réelle,  c'est  en  toute  humi- 
lité et  adoration  que  nous  devrions  lui  clamer  notre  repentir  en  lui 
demandant  la  faveur  de  le  servir  toujours  avec  sincérité  et  un  amour 
total. 

Nous  te  savons  bien,  le  monde  de  Dieu  a  soif  de  charité  et  d'amour 
véritable  et  on  lui  sert  la  pâture  de  la  sensualité  avec  tous  ses  menson- 
ges. Ce  n'est  pas  la  science,  qui,  pourtant  prend  sa  source  en  Dieu,  qui 
donne  présientement  l'équilibre  à  l'esprit  et  à  la  conscience.  Plus  elle 
avance  avec  ses  prodiges  fulgurants,  plus  les  hommes  se  renfrognent 
complaisamment  dans  le  matérialisme,  comme  si  Dieu  ne  devait  jamais 
avoir  son  heure.  Pourtant,  qui,  sur  la  terre  peut  allonger  son  existence 
d'une  seule  coudée! 


VIE   FRANCO-AMERICAINE  95 

Malgi'é  tout  le  tapage  de  la  présente  génération  autour  des  prin- 
cipes de  paix,  de  fraternité  et  de  charité,  il  reste  que  près  d'un  tiers 
de  l'humanité  est  encore  dans  l'esclavage  et  souffre  de  famine.  Il  reste 
quie  des  millions  et  des  millions  d'êtres  engendrés  par  la  charité  du 
Christ,  ne  comprennent  pas  ou  ne  veulent  pas  accepter  la  vérité  de 
ses  divins  enseignements. 

On  demande  la  paix,  mais  pas  celle  que  Dieu  promet  aux  hommes 
de  bonne  volonté;  on  préconise  la  fraternité,  mais  celle-là  qui  est  l'é- 
pouse de  l'égoïsme;  à  la  place  de  la  charité  du  Christ,  on  préfère  ac- 
cepter et  pratiquer  une  certaine  formule  de  philosophie  sociale  qui 
abolit  toutes  les  consignes  de  la  morale,  qui  se  moque  de  la  fidélité 
dans  le  foyer,  qui  étourdit  la  jeunesse  dans  la  sensualité  et  qui  fait  de 
l'homme  l'esclavie  de  ses  passions.  Voilà  un  résumé  bien  pâle  de  l'é- 
toufîoir  dans  lequel  nous  vivons  pendant  que  l'éternité  se  rapproche  de 
chacun  de  nous. 

Et  pourtant,  le  Christ  est  venu  sur  la  terre  pour  que  nous  ayions  la 
vie  en  abondance.  Serait-ce  que  son  message  a  perdu  toute  actualité 
devant  le  monstre  de  l'inisolence  humaine.  Non  ...  et  nous  le  sentons 
bien,  l'Eglise,  son  épouse  indéfectible,  entend  continuer  son  oeuvre 
sans  défaillance. 

L'éternel  thaumaturge  de  Galilée  demeure  toujours  au  milieu  de 
ses  enfants  leur  prêchant  l'économie  véritable  de  la  charité:  "Aimez- 
vous  les  uns  les  autres". 

Au  dessus  de  toutes  les  voix  discordantes  qui  font  oeuvre  de  ruine 
et  de  désolation,  celle  de  Pierre  est  toujours  là,  invincible  et  conqué- 
rante, promenant  la  lumière  de  la  vérité  et  distribuant  à  ses  enfants 
la  grâce  salvatrice  des  sacrements,  ces  canaux  officiels  créés  authenti- 
quement  par  le  Christ  pour  aider  les  âmes  à  refaire  continuellement 
les  cadres  souvent  ébranlés  de  leur  armature  chrétienne,  afin  de  lutter 
victorieusement  contre  les  assauts  du  péché  et  de  l'erreur. 

Et  pour  continuer  ce  travail  de  rechristianisation,  de  réhabilitation 
et  de  revalorisation  au  milieu  d'un  siècle  qui  semble  avoir  perdu  toute 
confiance  dans  son  éternelle  destinée,  l'Eglise  a  besoin  plus  que  jamais 
des  serviteurs  d'élite  qui  portent  aussi  bien  dans  leur  vie  intime  que 
sur  leurs  lèvres  le  témoignage  du  Christ;  des  artisans  qui  vivent  inten- 
sément leur  foi,  des  croyants  qui  placent  au  premier  plan  l'oeuvre  de 
leur  sanctification  personnelle,  des  fidèles  qui  sont  des  porteurs  auda- 
cieux de  vertu  et  de  vérité,  des  enfants  du  Christ  qui  veulent  soutenir 
jusqu'à  l'héroïsme,  oui  jusqu'à  l'héroïsme  pour  le  Christ  et  le  bien  de 
la  société,  ces  combats  en  faveur  de  l'intégrité  humaine  et  de  la  digni- 
té chrétienne.  Voilà  le  défi  que  noius  impose  notre  participation  à  l'oeu- 
vre de  notre  Foi  et  de  notre  Dieu. 

Et  nous  frères  Richelieu  qui  avons  fixé  au  listel  de  notre  apostolat 
le  plus  engageant  idéal;  nous  les  descendants  authentiques  des  por- 
teurs de  civilisation  et  d'humanisme  sur  ce  continent;  nous  les  posses- 
seurs attitrés  d'un  héritage  religieux  qui  a  laissé  son  empreinte  impé- 
rissable  sur   presque  toutes   les  rives  de  l'Amérique;   nous  les  déten- 


96  BULLETIN   DE  LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

leurs  privilégiés  de  traditions  familiales  et  culturellies  qui  ont  jusqu'ici 
défié  les  calculs  et  les  éphémères  conceptions  de  la  vie  moderne;  nous 
les  continuateurs  heureux  d'une  aventure  qui  résiste  encore  fièrement 
aux  intempéries  de  notre  génération,  quelle  est  donc  notre  attitude  à 
l'issue  de  ces  imposantes  assises? 

Ah,  je  me  réjouis  de  voir  dans  votre  présence  recueillie  une  dé- 
termination intensifiée  de  vous  prêter  à  l'expansion  du  règne  du  Christ 
dans  vos  milieux.  Je  me  console  à  la  pensée  qu'à  cette  rencontre  de- 
vant le  tabernacle  du  Très-Haut,  nous  serons  tous  de  meilleurs  fils  de 
lumière. 

Vous  avez  quitté  des  foyers  où  règne  la  tranquillité  et  la  fidélité. 
Une  très  grand  nombre  parmi  vous,  êtes  accompagnés  de  vos  dignes 
épouses.  En  ce  moment,  nous  sommes  en  présence  du  Christ  qui  vi- 
vifie nos  espoirs. 

Ensemble,  c'est  avec  des  accents  de  piété  que  nous  prendrons  la 
douce  résolution  de  fermer  le  sanctuaire  de  nos  foyers  à  toutes  les  in- 
filtrations malsaines,  ensemble  c'est  dans  un  élan  de  sincérité  que  nous 
demanderons  au  Ciel  de  consacrer  ce  fraternel  entretien  qui  n'a  d'autre 
but  que  d'élever  nos  âmes  sur  les  hauts  palliers  où  doivent  graviter 
les  porteurs  de  liraiière  et  de  charité.  Sur  les  traces  de  S.  Paul,  nous  ac- 
complirons "la  visite  dans  la  charité." 

A  l'instar  de  Vincent  de  Paul,  ce  géant  de  la  charité  dont  l'univers 
catholique  célèbre  cette  année  le  tricentenaire  de  sa  glorification  cé- 
leste, nous  voulons  nous  réjouir  de  notre  filiation  spirituelle  à  celui, 
qui,  après  avoir  connu  la  sordide  pourriture  des  galères  et  des  cachots 
pour  ramener  au  Christ  des  âmes  immortelles,  est  encore  celui  qui  em- 
baume notre  civilisation  des  plus  émouvants  exemples  de  cette  charité 
dont  nous  sommes  les  bénéficiaires. 

Excellence,  avec  votre  coutumière  bienveillance  vous  avez  accepté 
de  mêler  vos  augustes  suffrages  à  ceux  de  la  grande  famille  Richelieu. 
Soyez-en  justement  remerciée. 

Au  nom  de  tous  les  délégués  qui  s'empressent  de  déposer  leurs 
espoirs  sur  la  pierre  du  sacrifice,  que  vous  célébrez,  nous  vous  deman- 
dons de  bénir  tendrement  leurs  propos  et  d'attirer  sur  le  rayonnement 
de  la  Société  Richelieu  les  bénédictions  abondantes  de  la  Providence 
afin  que  tous,  au  jour  marqué  par  la  justice  de  Dijeu,  malgré  nos  éga- 
rements et  nos  faiblesses,  nous  puissions  entendre  cette  parole  du 
Maître,  gage  de  suprême  épanouissemient  dans  l'amour  de  notre  Père 
commun,  cette  parole  qui  sera  l'annonce  de  notre  éternelle  récompen- 
se ..  .  "c'est  à  moi  que  vous  l'avez  fait". 

Le  déjeuner  de  clôture  était  servi  à  la  salle  Carousel  sous  le  patro- 
nage d'honneur  de  Mgr  Wilfrid  Chartier.  Il  fut  présidé  par  le  docteur 
Louis  Philippe  Gagnon,  président  du  Richelieu  Manchester.  De  courtes 
allocutions  furent  pronolncées  par  les  présidents  du  congrès  B.  G.  Lam- 
bert et  Horace  Racine.  Les  délégués  se  séparèrent  se  félicitant  mutuel- 
lement du  succès  éclatant  du  congrès. 


VIE   FRANCO-AMERICAINE  97 

Le  Comité  du  congrès  comprenait:  B.  G.  Lambert,  président,  docteur 
FCobert  Beaudoin,  (président  adjoint,  docteur  Louis  Philippe  Gagnon, 
président  du  club,  Paul  Gingras,  secrétaire,  Arthur  Houle,  trésorier  et 
de  nombreux  adjoints  et  sous-comités. 

L'accueil  au  congrès  avait  été  très  empressé.  Dans  son  hommage 
L'Action  déclarait:  "nous  félicitons  le  Richelieu-Manchester  d'avoir  em- 
brassé l'idéal  de  charité  fraternelle  qui  anime  la  Société  Richelieu,  de 
l'avoir  vécu  et  propagé  si  bien  cet  idéal  qu'ils  ont  pu  mérité  d'obtenir 
pour  eux  et  pour  nous  ce  premier  congrès  international  de  la  société  aux 
Etats-Unis." 

Le  Manchester  Union-Leader  ne  ménage  pas  sa  publicité.  En  grande 
manchette  sur  la  première  page  on  lisait  "Bienvenue  les  Richelieu". 

Le  président  Horace  Racine  résumait  ses  impressions  comme  suit: 
"ici  à  Manchester,  nous  avons  vu  réunis  sous  une  même  bannière  des 
frères  par  le  sang  et  par  le  coeur,  mais  des  frères  dont  les  allégeances 
politiques  sont  différentes,  dont  les  aspirations  économiques  peuvent 
être  contradictoires.  Ils  resteront  frères  tant  et  aussi  longtemps  qu'ils 
verront  dans  le  Richelieu  un  lieu  de  rencontre  où  les  mots  de  frontières, 
de  province  ou  d'état  sont  dépourvus  de  signification,  où  l'on  reste  au 
dessus  des  contingences  économiques  et  politiques,  où  l'on  a  foi  dans  la 
Paix  et  la  Fraternité,  où  l'on  a  d'intérêt  que  pour  l'enfance  malheureu- 
se." 

Pour  Le  Travailleur:  .  .  .  fut  Tune  des  plus  belles  manifestations 
françaises  aux  Etats-Unis  depusi  bien  longtemps.  Seize  cents  person- 
nes, toutes  animées  du  désir  de  venir  en  aide  à  l'enfance  malheureuse, 
cnt  passé  trois  merveilleuses  journées  dans  la  ville-reine  du  New 
Hampshire.  Le  club  Richelieu-Manchester,  qui  vit  à  l'organisation,  en 
fit  une  réussite  éclatante.  Les  délégués,  venus  de  cinq  provinces  cana- 
diennes et  de  trois  Etats  américains,  ne  tarissent  pas  encore  d'éloges 
pour  ceux  qui  eurent  la  main  si  heureuse  à  l'élaboration  du  congrès. 
Les  Canadiens  purent  se  rendre  compte  "de  visu"  de  l'existence  d'un 
groupe  francophone  aussi  vigoureux  que  possible  dans  la  Nouvelle-An- 
gleterre. Et  les  Franco-Américains,  de  leur  côté,  sentirent  qu'ils  pou- 
vaient compter  sur  la  sympathie  et  même  l'assistance  tangible  de  leurs 
confrères  du  Canada. 

La  Franco-Américanie  est  un  édifice  assis  sur  quatre  piliers:  l'Egli- 
se, lécole,  la  presse  et  les  sociétés  .  .  .  quatre  piliers  qui  sont  devenus 
passablement  vermoulus  avec  les  années.  La  Société  Richelieu  devien- 
dra-t-elle  un  cinquième  pilier  .  .  .  celui  qui  empêchera  l'édifice  de  s'é- 
crouler en  attendant  qu'on  trouve  moyen  d'étançonner  les  quatre 
autres?  .  .  . 

Au  compte  des  activités  de  l'année,  la  chaîne  franco-américaine 
comptait  encore  plusieurs  manifestations.  A  Manchester,  le  club  éli- 
sait le  docteur  Louis-Philippe  Gagnon,  médecin  de  très  imposante  répu- 
tation, à  la  présidence.  Le  Richelieu-Lewiston  recevait  sa  charte  le  19 
novembre  sous  la  présidence  du  docteur  Frank  Méthot.  Le  Richelieu- 
Fall  River  élisait  Philias  Garant  à  la  présidence.  Il  perdait  l'un  de  ses 


98  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

fondateurs  et  ancien  président,  Roméo  Dufour  le  16  novembre.  Un  autre 
de  ses  membres  fondateurs,  Roland  Desjardins,  était  élu  gouverneur 
régional.  Au  mois  de  juillet,  Mlle  Germaine  Bundocl,  du  ministère  de 
Citoyenneté  à  Ottawa  était  la  conférencière  invitée  des  clubs  de  la 
Nouvelle  Angleterre. 

Fédération  Féminine  Franco- Américaine:  Elle  tenait  son  cinquième 

congrès  à  New  Bedford  du  14  au  16  octobre.  Les  assises  furent  enthou- 
siastes et  réussies.  Mme  Marcelle  Mainente  les  présida.  Le  congrès  avait 
été  préparé  par  Mme  Cécile  Plaud  qui  fut  portée  à  la  présidence.  Le  thè- 
me était  "Collaboration  à  la  Vie  Franco-Américaine". 

L'inscription  des  membres  à  l'hôtel  New  Bedford,  la  réception  sous 
la  gracieuseté  de  M.  et  Mme  Joseph  Duchaine,  les  assises  et  les  séances 
d'études,  la  messe  imposante  à  St.  Antoine  avec  sermon  de  Mgr  Albert 
Bérubé,  le  grand  banquet  avec  allocution  de  M.  le  consul  Charles  de 
Pampelonne,  de  Lauré  B.  Lussier,  de  Mme  Reine  Malouin,  la  remise  du 
prix  Yvonne  LeMaître  à  Mlle  Charlotte  Michaud,  l'hommage  à  Mme 
Louis  Philippe  Clapin,  propriétaire  du  journal  L'Indépendant,  l'élection 
du  nouveau  conseil,  le  bal  de  la  présidente  furent  autant  d'événements 
qui  remplirent  agréablement  ces  journées. 

Au  cours  de  l'année  la  Fédération  tenait  plusieurs  réunions  de  son 
bureau.  Le  14  juillet  à  Boston,  M.  le  Consul  Charles  de  Pampelonne 
honorait  la  Fédération  en  décernant  à  sa  présidente,  Mme  Marcelle 
Mainente,  la  Médaille  d'Honneur  des  Affaires  Etrangères.  La  Fédéra- 
tion continuait  la  publication  de  son  bulletin  d'information  qui  atteint 
les  membres  des  85  sociétés  affiliées. 

Fédération  des  Chorales  F.-A.:  Le  2e  congrès  annuel  avait  lieu  à 
Worcester  sous  la  présidence  de  Georges  A.  Ayotte.  Plus  de  200  mem- 
bres assistaient  représentant  26  chorales.  A  l'issue  du  banquet  les  allo- 
cutions furent  prononcées  par  M.  le  consul  Charles  de  Pampelonne, 
MM.  Philippe  Armand  Lajoie,  Gérald  Robert  et  Lauré  B.  Lussier.  A 
l'heure  sociale  plusieurs  chorales  exécutèrent  des  pièces  fort  appré- 
ciées. La  Fédération  a  été  organisée  à  la  demande  du  Comité  de  Vie 
Franco-Américaine,  le  18  avril  1959.  Elle  promet  beaucoup  pour  favori- 
ser le  chant  français  au  sein  de  nos  populations.  L'exécutif  comprend: 
MM.  Philippe  Armand  Lajoie,  président  d'honneur,  (îeorges  Ayotte,  pré- 
sident, Albert  E.  Gingras,  vice-président,  Bruno  Therrien,  secrétaire- 
trésorier,  Hervé  Lemieux,  bibliothécaire  et  Laurier  Sans  Cartier,  direc- 
teur de  la  publicité.  Le  R.P.  Armand  Desautels,  A.A.,  aumônier  et  M. 
Gérald  Robert,  fondateur,  est  directeur  à  vie. 

Congrès  des  Raquetteiirs:  Le  36e  congrès  international  des  raquet- 
teurs  se  déroulait  à  Montréal,  du  29  au  31  janvier  avec  plus  de  4,000  ra- 
quetteurs  présents.  Le  maire  Sarto  Fournier  les  accueillait.  Le  gouver- 
neur Wesley  Powell,  du  New  Hampshire,  était  l'invité  d'honneur. 

Le  défilé  pittoresque  avec  flambeaux,  la  messe  en  l'églisie  Notre- 
Dame,  la  réception  à  l'hôtel  Queens,  le  grand  ralliement  au  parc 
Dominion,  le  banquet  à  la  Palestre,  les  courses  au  parc  LaFontaine  fu- 
rent autant  d'événements  qui  versèrent  dans  la  métropole  la  gaité  des 
raquetteurs. 


VIE   FRANCO-AMERICAINE  99 

Union  des  F.-A.  du  Connecticut:  Le  23  octobre  à  Willimantic,  l'U- 
nion célébrait  ses  75  ans  avec  messie,  festival  de  la  bonne  chanson,  ban- 
quet sous  la  présidence  de  Roméo  A.  Gosselin.  Les  orateurs  étaient  le 
maire  Florimond  Bergeron,  Me  Jean  Marie  Bachand,  Albert  Trothier, 
Lauré  B.  Lussier,  Gérald  Robert  et  les  abbés  Paul  Auclair  et  Léo  Fi- 
cher. Le  30  avril  à  Hartford,  les  compatriotes  du  Connecticut  rendaient 
hommage  à  M.  Gosselin  à  l'occasion  d'un  grand  banquet. 

Association  Médicale  F,-A.:  Le  2  novembre,  à  l'hôtel  Kenmore,  de 
Boston,  avait  lieu  son  22e  congrès  sous  la  présidence  du  docteur  D.  P. 
Cyr  avec  le  concours  des  docteurs  A.  H.  Hamel,  vice-président,  Robert 
Beaudoin,  secrétaire  et  J.  A.  L'Heureux,  trésorier.  Des  études  furent 
présentées  par  le  docteur  Albert  Hamel:  Les  complications  des  cholécys- 
tites"  et  le  docteur  Charles  Brochu,  radiologiste.  Me  Gérard  0.  Berge- 
vin  étudiait  "le  problème  croissant  des  poursuites  médico-légales". 

Ligue  des  Sociétés  du  Maine:  La  réunion  annuelle  se  tenait  le  27 
novembre  dans  les  salons  de  l'Institut  Jacques  Cartier,  avec  l'installation 
des  officiers.  On  procédait  à  la  remise  de  plusieurs  certificats  de  mérite. 
Quatre  sont  nommés  membres  d'honneur:  Me  Fernand  Despins,  Adélard 
Janelle,  Albert  Dumais  et  Jean  Charles  Boucher  (posthume).  L'exécutif 
comprend  Emile  Lepage,  président,  Lionel  Duchette,  président  honorai- 
re, Antoine  Jean  et  Ralph  Bérubé,  vice-présidents,  J.  C.  Larochelle,  se- 
crétaire, Denis  Michaud,  trésorier.  Au  cours  de  l'année,  la  Ligue  diri- 
geait son  concours  d'épellation  chez  les  écoliers  et  organisait  le  pro- 
gramme de  la  fête  patronale  en  plus  d'accueillir  le  consul  général  de 
France,  M.  le  baron  Charles  de  Pampelonne. 

Fédération  des  Clubs  du  Massachusetts:  Fondée  en  1955  afin  de  fa- 
ciliter le  rapprochement  des  clubs  sociaux  de  l'Etat,  cette  fédération 
tenait  son  premier  congrès  les  10  et  11  septembre,  au  club  Lafayette, 
d'Amesbury,  sous  la  présidence  de  François  Xavier  Therrien.  Plus  de 
300  membres  assistaient.  La  fédération  compte  un  effectif  de  21,000  so- 
ciétaires. Le  congrès  fut  sous  la  direction  d'Edouard  Talbot,  maire  de 
Amesbury.  Il  y  eut  une  messe  en  l'église  du  Sacré-Coeur  avec  grand  ban- 
quet. L'exécutif  comprend:  René  Lamy  (Fitchburg)  président,  Edmond 
Morency  (Beverly),  vice-président,  Philippe  Drisdell  (Medford),  secré- 
taire et  Nelson  Buotte  (Lawrence),  trésorier.  Le  prochain  congrès  aura 
lieu  à  Lawrence. 

Fédération  des  Sociétés  de  Worcester:  Le  28e  congrès  avait  lieu  à 
Leominster  le  13  novembre  sous  la  présidence  de  Robert  F.  Cormier. 
Au  banquet,  Lauré  B.  Lussier  était  l'orateur.  Le  26  juin  la  fédération 
avait  exécuté  le  programme  de  la  fête  patronale  avec  messe  en  l'église 
St.  Joseph  et  grand  dîner  au  Bancroft.  Le  9  janvier,  à  Leominster,  elle 
célébrait  avec  un  brillant  succès  la  traditionnelle  "Fête  des  Rois". 

Fédération  Catholique  F.-A.  (FaH  River):  A  sa  réunion  annuelle  du 
29  mars,  la  fédération  élisait  Albert  Petit  à  la  présidence,  Mme  Louis 
Clapin,  vice-présidente,  Bernard  Théroux,  secrétaire,  Mme  Donat  Blan- 
chette,  trésorière,  Mme  Joseph  Nadeau,  secrétaire.  Mlle  Rhéa  Caron  et 
Philias  Garant,  présidents   honoraires.  La  fédération  préparait  encore 


100  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

le  programme  de  la  fête  patronale  qui  fut  un  autre  beau  succès.  Elle 
rendait  aussi  hommage  au  journal  "L'Indépendant"  qui  célébrait  ses 
75  ans. 

Fédération  des  Damistes:  La  Fédération  Canadienne  et  Américaine 
des  Damistes  tenait  son  29e  congrès  international  du  3  au  5  septembre 
à  Biddeford,  Maine,  sous  la  présidence  de  George  Houle  (Manchester) 
avec  le  concours  de  Albert  Bertrand  (Biddeford),  John  Letendre 
(Manchester),  Joseph  Viger  (Biddeford),  Stanislas  Lanoue  (Central 
Falls)  et  Théodore  Corriveau  (Manchester).  Les  réunions  furent  chaude- 
ment disputées. 

Ligue  Civique  Franco-Américaine:  A  sa  réunion  annuelle  tenue  à 
l'hôtel  Vendôme,  de  Boston,  le  28  avril,  la  Ligue  Civique  Franco-Amé- 
ricaine du  Massachusetts  étudiait  plusieurs  formules  pour  donner  à  son 
essor  une  formule  non  partisane.  M.  Roland  Desjardins  (Fall  River) 
était  réélu  à  la  présidence,  Joseph  D.  Saulnief,  vice-président,  Georges 
L.  Côté,  secrétaire  et  Samuel  Lagassé,  trésorier. 

Société  des  Francos  du  Mass-Ouest:  Une  tentative  de  fédération  des 
sociétés  du  Mass-Ouest,  le  6  mars,  au  club  Cartier,  d'Adams  réunissait 
50  délégués.  Des  projets  furent  étudiés  afin  de  donner  suite  à  cette 
initiative,  sous  la  présidence  de  René  Lesage. 

Fédération  Franco-Américaine  du  N.  H.:  A  sa  réunion  annuelle,  te- 
nue dans  les  salons  de  l'ACA,  le  7  février,  cette  fédération  recevait  les 
rapports  du  Troisième  Festival  de  la  Bonne  Chanson  qui  rapportait  un 
beau  succès  à  Manchester.  Le  nouvel  exécutif  comprenait:  Euclide  Gil- 
bert, président.  Benjamin  Lambert  et  Louis  Martel,  vice-présidents,  Ar- 
mand Verrette,  secrétaire,  Georges  Charron,  trésorier  et  les  directeurs 
Gérald  Robert,  Germain  Lavallée,  Claude  Dupont,  Paul  Michaud,  Ovila 
Mondou,  Lionel  Caron  et  Georges  Houle. 

Alliance  des  Journaux  F.-A.:  Le  24  janvier,  à  leur  réunion  annuelle, 
tenue  à  Boston,  les  membres  de  l'Alliance  élisaient  à  la  présidence,  le 
maire  Roméo  Boisvert,  directeur  du  journal  Le  Messager.  Il  remplaçait 
M.  Théophile  Martin.  L'exécutif  comprend  encore  Euclide  Gilbert,  vice- 
président,  Joseph  Fontaine,  M.S.,  secrétaire  et  Gérard  Raymond,  tréso- 
rier. 

Au  cours  de  l'année,  soit  le  27  mars,  L'Indépendant,  quotidien  de 
Fall  River,  célébrait  ses  75  ans.  Le  Comité  de  Vie  Franco-Américaine  et 
tous  les  organismes  franco-américains  furent  unanimes  à  adresser  à  ce 
vaillant  quotidien  les  meilleures  hommages  et  souhaits  de  persévéran- 
ce. La  vie  est  dure  pour  notre  presse. 

Paroisse  Ste  Rose  de  Lima  (Aldenville):  Fondée  le  8  décembre  1909 
par  l'abbé  Joseph  Fredette,  cette  paroisse  célébrait  son  cinquantenaire 
le  8  mai  sous  la  direction  de  son  curé,  l'abbé  Armand  Sylvain.  Une  mes- 
se pontificale  et  une  grande  soirée  réunissaient  nombre  de  paroissiens. 

Paroisse  Ste-Anne  (Lisbon,  Maine):  Le  29  mai,  cette  paroisse  célé- 
brait ses  75  ans  par  des  fêtes  splendides.  Messe  pontificale,  banquet  et 
soirée. 


VIE   FRANCO-AMERICAINE  101 

Paroisse  Ste-Famille  (Lewiston):  Mgr  Vital  Nonorgue  qui  fondait 
cette  paroisse  en  novembre  1923  avait  la  joie  avec  son  peuple  d'assister 
à  la  bénédiction  de  son  église  le  30  mai. 

Caisses  Populaires:  Une  autre  année  de  progrès  couronnait  le  cin- 
quantenaire de  la  Caisse  Populaire  Ste-Marie  (Manchester),  fondée  par 
Alphonse  Des  jardins  à  la  demande  de  Mgr  Pierre  Hévey  en  1909.  Des 
journées  de  réception  soulignaient  l'anniversaire  et  les  actionnaires 
recevaient  un  dividende  spécial.  L'aînée  des  caisses  aux  Etats-Unis,  la 
Caisse  Ste-Marie  compte  un  actif  de  près  de  $9  millions.  La  Caisse  L'An- 
ge Gardien  (Berlin,  N.  H.)  atteint  presque  $4  millions.  Celle  de  la  pa- 
roisse Ste-Famille  (Lewiston)  avait  un  actif  de  $1,246,193.00.  Il  en  est  de 
même  du  progrès  de  la  trentaine  de  nos  caisses  populaires  dont  l'actif 
dépasse  certainement  $60  millions  cette  année. 


XV 

Festivals  et  Concours 

Festival  de  la  Bonne  Chanson  (Manchester):  Le  Troisième  Festival 
de  la  Bonne  Chanson  organisé  par  La  Fédération  Franco-Américaine  du 
New  Hampshire  fut  un  brillant  succès.  L'événement  avait  lieu  dans  la 
salle  des  Arts  Pratiques,  samedi  soir  le  23  avril.  Sept  chorales  se  dispu- 
taient le  trophée  et  les  élèves  de  l'école  St.  Georges  remportaient  la 
palme.  Les  juges  étaient  les  professeurs  Laurent  Sans  Cartier,  Hervé 
Lemieux  et  Paul  Emile  Beaulieu.  Les  autres  chorales  au  programme 
étaient  celles  des  écoles  Ste  Thérèse,  St.  Antoine,  St.  Augustin,  St.  Ed- 
mond, Ste  Marie  et  St.  Jean-Baptiste,  de  Suncook. 

Académie  Sainte  Anne  (Marlborough)  "Journée  Française".  Le  sep- 
tième petit  congrès  français  de  cette  académie  prenait  un  aspect  diffé- 
rent cette  année  sous  la  forme  d'un  concert-spectacle,  le  3  avril,  au  mi- 
lieu d'une  belle  assistance.  Mlle  Pauline  Cloutier  souhaitait  la  bienve- 
nue, la  chorale  chantait  "Les  Filles  de  la  Rochelle".  Deux  comédies  sui- 
virent: "L'argent  ne  fait  pas  le  bonheur"  et  "Une  visite  manquée".  On  y 
ajoutait  le  chant:  "Franco-Américains",  l'Obéissance  et  Valentine,  danse 
ballet. 

Société  des  Concours  (Fall  River):  Le  34e  concours  de  français  de 
cette  très  méritante  société,  unique  dans  nos  annales,  se  terminait  avec 
succès,  dimanche  soir,  le  15  mai  en  l'auditorium  Ste-Anne,  sous  la  pré- 
sidence de  Bernard  Théroux.  Les  épreuves  préliminaires  avaient  été 
soutenues  comme  d'habitude.  De  nombreux  bienfaiteurs  se  joignaient 
au  dévouement  des  directeurs.  Les  lauréats  étaient  proclamés  dans  l'or- 
dre suivant:  Lorraine  Yokel  (Ste-Anne),  Denise  Gélinas  (Notre  Dame), 
Jeanne  Lévesque  (Ste-Anne),  Viviane  Larocque  (St.  Sacrement),  Jean- 
nette Robidoux  (Notre  Dame),  Jeanne  Robidoux  (Notre  Dame),  Annette 
Côté  (St.  Sacrement)  et  Marc  Mancini  (Ste  Anne).  De  nombreuses  cita- 
tions pour  l'épellation  et  autres  aspects  du  concours  démontraient  l'in- 
térêt de  nos  écoles  à  cet  effort  très  louable  dans  l'intérêt  du  français 
chez  nos  enfants.  Ces  concours  devraient  exister  dans  toutes  nos  régions. 

Concours  des  Artisans:  Le  10e  concours  organisé  par  la  Société  des 
Artisans  a  obtenu  un  autre  succès  en  Nouvelle-Angleterre.  Le  sujet  était 
proposé  aux  écoliers  comme  suit:  "Ce  que  je  dois  à  mes  parents".  Un 
concours  d'élimination  était  établi  dans  les  différentes  régions  en  vue 
d'octroyer  des  récompenses  aux  lauréats.  Des  centaines  de  prix  furent 
distribués.  C'est  encore  un  bel  et  fructueux  effort  pour  favoriser  l'a- 
mour du  français  chez  nos  enfants. 

Concours  de  la  Ligue  des  Sociétés  (Maine):  Elle  tenait  son  concours 
d'épellation  sous  la  direction  de  Denis  Michaud,  à  l'hôtel  de  ville  à 
Lewiston.  Vingt-cinq  écoles  paroissiales  participaient.  Les  heureux  lau- 
réats furent  proclamés  le  22  juin. 


XVI 

Généalogie 

Depuis  sa  fondation  la  Société  Généalogique  Canadienne-Française 
a  donné  un  magnifique  essor,  de  chaque  côté  de  la  frontière,  à  l'étude 
de  la  généalogie.  Elle  publiait  au  cours  de  l'année  son  Xle  volume  de 
"Mémoires"  et  terminait  en  décembre  son  XlIIe  volume  de  sa  pubUca- 
lion  "Le  Mois  Généalogique",  qui,  désormais  sera  absorbé  par  la  publi- 
cation mensuelle  des  Mémoires.  Le  sixième  congrès  de  la  société  déplo- 
rait la  mort  de  son  grand  animateur,  le  R.P.  Archange  Godbout,  o.f  jn. 
Le  congrès  avait  lieu  à  Québec  du  8  au  10  octobre.  La  société  compte 
près  de  1,400  membres  et  ses  publications  reproduisent  à  peu  près  tout 
ce  qui  se  fait  dans  le  domaine  de  la  généalogie. 

Plusieurs  membres  sont  franco-américains  et  bénéficient  du  travail 
et  des  recherches.  Notre  bulletin  tient  seulement  à  souligner  les  cente- 
naires qui  donnent  lieu  aux  grandes  réunions  des  familles  dans  le  Qué- 
bec et  qui  naturellement  attirent  de  nombreux  compatriotes  dont  les 
sources  viennent  du  Québec. 

Familles  Biron:  En  juillet,  plus  de  500  descendants  de  Zéphirin 
Biron  se  réunissaient  à  St.  Léonard-d'Ashton  pour  l'organisation  des  fa- 
milles Biron. 

Familles  Juneau:  Le  31  juillet,  au  Cap-de-la^Madeleine,  plus  de  600 
représentants  des  familles  Juneau  d'Amérique  se  rassemblaient  pour 
célébrer  le  tricentenaire  du  premier  Juneau  au  Canada.  On  se  rendait  à 
la  maison  ancestrale  à  Champlain. 

Familles  Gingras:  A  St- Augustin,  près  Québec,  des  représentants 
des  2,000  familles  Gingras  en  Amérique  se  réunissaient  le  19  juin,  sur  la 
terre  ancestrale,  encore  occupée  par  un  Gingras,  Rosario.  Sébastien  et 
Charles  Gingras  s'établissaient  dans  le  Québec.  La  génération  du  pre- 
mier s'éteignit  après  la  deuxième  génération.  Charles  est  donc  l'ancêtre, 
né  à  St.  Michel-le-Clouq  en  1641  pour  s'installer  à  St-Augustin  en  1671. 
Les  familles  Gingras  se  réuniront  en  1965  pour  célébrer  le  tricentenaire 
de  son  mariage. 

Familles  Paradis:  C'est  à  Beauport,  le  14  août,  que  les  membres  des 
familles  Paradis  sont  invités  pour  honorer  leur  ancêtre  Pierre  Para- 
dis. Ils  se  rendaient  ensuite  à  Saint-Pierre,  Ile  d'Orléans,  sur  la  terre  de 
M.  Alexandre  Paradis  où  décédait  l'ancêtre.  On  y  dévoilait  un  monu- 
ment commémoratif. 

Familles  St.  Pierre:  Pierre  de  St-Pierre,  ou  Pierre  Dessaint  dit  St- 

Pierre  est  né  à  Rouen  en  1643.  11  épousait  à  Ste-Famille,  Ile  d'Orléans, 
Marie  Gerber  pour  devenir  l'ancêtre  de  toutes  les  familles  St.  Pierre 
en  Amérique.  Le  tricentenaire  de  son  arrivée  au  Canada  sera  célébré 
en  1964. 


XVII 

Echos  des  Sociétés 

Société  St.  Jean-Baptiste  (Montréal):  Au  mois  de  janvier  cette  so- 
ciété décernait  son  Prix  Duvernay  à  M.  Victor  Barbeau,  président  de 
l'Académie  Canadienne  Française,  pour  l'ensemble  de  ses  oeuvres.  C'é- 
tait la  15e  attribution. 

Société  Historique  (Montréal):  Sous  la  présidence  de  M.  Ubald  Beau- 
dry,  la  société  célébrait  la  fête  traditionnelle  de  la  fondation  de  Montré- 
al, le  15  mai,  avec  messe  en  l'église  Notre-Dame  et  cérémonie  à  la  Place 
d'Armes  au  pied  du  monument  des  fondateurs  de  Ville-Marie. 

La  réunion  générale  a  lieu  le  27  janvier  avec  rapports  et  élection. 
La  société  est  heureuse  de  recevoir  M.  le  chanoine  Lionel  Groulx  le  29 
avril,  qui  apporte  un  témoignage  réconfortant  à  l'occasion  du  tricente- 
naire de  l'Exploit  de  Dollard  des  Ormeaux:  "Dollard  est-il  un  mythe?" 
La  réunion  du  26  octobre  fut  très  intéressante  avec  plusieurs  commu- 
nications. 

Société  Royale  du  Canada:  A  l'occasion  de  son  congrès  à  Montréal 
au  début  de  juin,  sous  la  présidence  de  M.  M.-Y.  Williams,  la  société  dé- 
corait plusieurs  canadiens  dont  le  Dr  C.  P.  Leblond  (Médaille  Flavelle), 
Gérard  Malchelosse  (Médaille  Pierre  Chauveau)  et  Guy  Frégault  (Mé- 
daille Tyrrell). 

L'ACELF:  L'Association  Canadienne  des  Educateurs  de  Langue 
française  tenait  son  13e  congrès  à  Rimouski  du  16  au  19  août.  Ce  fut 
peut-être  le  plus  pratique  de  ses  congrès.  Elle  avait  pour  thème  "Le 
Parler  Français".  Fondée  à  Ottawa  en  1948  par  le  Conseil  de  la  Vie 
Française,  cette  association  est  peu-être  le  geste  sauveur  qui  vint  à  son 
heure  pour  intéresser  tous  les  éducateurs  à  l'amélioration  de  notre 
parler.  Ce  thème  avait  d'ailleurs  été  fortement  proposé  par  le  3e  congrès 
de  la  Langue  française  à  Québec  en  1952.  Le  congrès  de  Rimouski  en 
affirmait  un  premier  aboutissement.  A  moins  qu'il  ne  se  produise  un 
miracle  psychologique  chez  notre  peuple  dans  tous  les  secteurs,  notre 
parler  est  bien  exposé  à  languir  dans  une  certaine  médiocrité.  Le  Con- 
grès de  Rimouski  avec  ces  séances  sérieuses  sous  la  présidence  de  M. 
Roland  Vinet,  s'est  attaqué  à  la  tâche.  On  alla  jusqu'à  préconiser  "La 
qualité  de  la  langue  parlée  doit  devenir  une  condition  de  l'obtention  des 
diplômes".  Enfin,  le  Québec  se  rendait  compte  de  cette  nécessité  qui 
peut  paraître  primaire  mais  qui  en  définitive  rendra  d'immenses  ser- 
vices à  notre  langue.  Autres  temps  autres  moeurs.  S'il  faut  lutter  con- 
tre l'inertie  ou  contre  les  infiltrations  étrangères,  il  reste  que  le  jour 
que  la  famille  française  en  Amérique  aura  compris  l'importance  d'un 
parler  élevé,  nos  espoirs  de  persévérance  seront  centuplées,  avec  chance 
de  réussite. 

ACBLF:  Le  congrès  international  des  bibliothécaires  tenu  à  Mont- 
réal coïncidait  avec  le  79e  congrès  de  l' American  Library  Association 
du  18  au  25  juin.  Ce  congrès  tenait  la  vedette  avec  le  thème  "Suppres- 
sion des   barrières."   L'Association  Canadienne   des  Bibliothécaires   de 


ECHOS   DES   SOCIETES  105 

Langue  Française  participait  à  ces  grandes  assises  mais  elle  tenait 
quand  même  son  16e  congrès  annuel  à  Joliette  en  octobre.  Elle  publiait 
le  sixième  volume  de  son  bulletin. 

Société  Généalogique  C.-F.:  Du  8  au  10  octobre,  le  sixième  congrès 
était  présidé  à  Québec  par  M.  Irénée  Daigle.  On  rendait  hommage  à  la 
mémoire  du  fondateur  de  la  société,  le  R.P.  Archange  Godbout,  o.f.m., 
décédé  le  23  mai.  A  ce  congrès  on  discutait  aussi  l'importance  des  asso- 
ciations de  famille.  Dans  les  Mémoires,  M.  Daigle  publiait  un  relevé  in- 
téressant de  ces  associations  de  familles. 

Institut  d'Histoire  de  l'Amérique  Française:  Sa  réunion  générale 
avait  lieu  le  23  avril  sous  la  présidence  du  chanoine  Lionel  Groulx,  à 
Outrement,  à  l'Externat  Saint-Viateur.  Le  maire  Sarto  Fournier  rece- 
vait les  membres  à  dîner  à  l'hôtel  Queens.  En  réitérant  sa  confiance  dans 
l'oeuvre  et  malgré  le  désintéressement  inquiétant  de  la  jeune  généra- 
tion, le  président  déclarait:  "le  pessimisme  amer  n'est  pas  une  nourri- 
ture pour  les  peuples  jeunes,  pas  plus  que  les  fruits  verts  pour  les  jeu- 
nes estomacs  ...  En  notre  pays,  l'histoire  aura  toujours  son  heure 
pour  de  grands  et  longs  services".  L'Institut  continuait  la  publication 
de  sa  revue  dans  son  XlVe  volume. 

Société  des  Dix  (Montréal):  Fondée  en  1935,  la  Société  des  Dix  célé- 
brait ses  25  ans  au  mois  de  septembre.  Le  maire  Sarto  Fournier  les  re- 
cevait à  un  dîner  au  Cercle  Universitaire.  Les  recueils  annuels  publiés 
par  la  société  en  disent  suffisamment  pour  adresser  aux  membres  un 
hommage  empressé  et  souhaiter  la  persévérance  à  cet  organisme,  qui, 
depuis  25  ans  met  en  relief  avec  honneur  et  science  l'histoire  de  Mont- 
réal depuis  sa  fondation. 

Société  du  Bon  Parler  Français  (Montréal):  Elle  tenait  son  25e  gala, 
le  mardi  24  mai  au  théâtre  St.  Denis  à  Montréal  pour  réunir  des  milliers 
d'admirateurs  sous  la  présidence  d'honneur  de  S.E.  l'honorable  Onésime 
Gagnon,  lieutenant-gouverneur  de  la  province  de  Québec.  Comme  tou- 
jours le  programme  fut  exquis.  M.  Trefflé  Boulanger,  président,  dans 
une  vibrante  allocution  apportait  le  message  de  la  société.  On  applau- 
dissait ensuite  l'exécution  de  poèmes,  de  chants,  de  ballets  et  de  comé- 
die. La  société  avait  dirigé,  au  cours  de  l'année,  une  enquête  sur  notre 
parler  français  en  Amérique. 

Société  Historique  de  Québec:  La  société  consacrait  son  12e  cahier 
à  "L'Exploit  du  Long  Sault",  à  l'occasion  du  tricentenaire  de  cet  événe- 
ment historique.  Le  premier  dossier  complet  publié  sur  le  geste  de  Dol- 
lard  des  Oraieaux.  Le  R.P.  Adrien  Pouliot,  s.j.,  et  Sylvio  Dumas  en 
étaient  les  auteurs.  Ce  véritable  document  contribuera  sans  doute  à  faire 
pâlir  les  élucubrations  de  ces  prétendus  spécialistes  qui  aiment  toujours 
à  défaire  le  passé  qui  a  fait  le  bonheur  et  la  gloire  de  notre  peuple. 


XVIII 

Nécrologie 

Armand-Lionel  Bonvouloir,  1900-1960  (North  Adams).  Mutualiste 
et  banquier,  né  le  20  mai  1900  à  North  Adams,  fils  de  Ephrem  et  de  Ma- 
rie Descoteaux.  Trésorier  de  la  ville,  gérant  de  la  Hoosaac  Savings  en 
1936  il  devenait  trésorier  général  de  l'Union  St.  Jean-Baptiste  d'Améri- 
que, puis  conseiller.  Décédé  le  9  mai. 

Sénateur  Jean-Charles  Boucher  (Lewiston),  1894-1960.  Une  intéres- 
sante figure  du  Maine  franco-américain  disparaissait  subitement  de  la 
scène  le  23  mars,  au  lendemain  de  sa  présence  toujours  appréciée  au 
Comité  de  Vie  Franco-Américaine  à  Boston,  alors  qu'il  revenait  d'un 
repos  en  Floride  qui  apparemment  lui  avait  redonné  une  excellente 
santé. 

Né  le  30  juin  1894  à  la  Rivière-Ouelle,  Québec,  il  venait  très  jeune 
s'établir  avec  sa  famille  à  Lewiston,  soit  le  19  avril  1900.  Jeune  hom- 
me, il  entre  de  plein  pied  dans  la  vie  franco-américaine  qu'il  servira 
toujours  avec  un  coeur  impulsif  mais  profondément  sincère,  honnête 
et  dévoué. 

Il  consacre  sa  vie  à  la  construction  et  réussit  à  établir  une  firme 
prospère  qui  commande  des  entreprises  imposantes.  La  politique  l'at- 
tire et  il  en  devient  un  fervent  pour  occuper  divers  postes,  échevin, 
président  du  conseil  et  maire  de  sa  ville.  Il  est  élu  représentant  puis 
sénateur  du  Maine  pour  devenir  chef  de  son  parti  "démocrate"  qu'il  ne 
manque  jamais  de  porter  aux  nues.  Les  années  de  services  lui  confèrent 
le  titre  de  doyen  des  législateurs  du  Maine.  11  est  toujours  à  bonne  en- 
seigne et  n'oublie  jamais  l'avancement  des  siens.  Il  venait  d'être  nom- 
mé membre  du  bureau  des  finances  de  Lewiston  pour  un  terme  de  cinq 
ans. 

Les  oeuvres  franco-américaines  retiennent  la  meilleure  part  de  son 
zèle.  Depuis  plus  de  40  ans,  il  accorde  son  concours  à  de  nombreuses 
entreprises.  Doyen  de  la  Ligue  des  Sociétés,  fondateur  des  Vigilants 
et  du  Richelieu-Lewiston,  du  club  Le  Montagnard,  il  était  aussi  mutua- 
liste et  depuis  pluiseurs  années,  vice-président  de  l'Association  Canado- 
Américaine,  vice-président  du  Comité  de  Vie  Franco-Américaine  et  di- 
recteur de  la  Société  Historique  Franco-Américaine. 

Il  avait  été  président  fondateur  du  Crédit-Union  Ste-Famille,  pré- 
sident de  la  Ligue  du  Sain  Nom  de  Jésus  et  Chevalier  du  Bon  parler 
français.  Il  avait  largement  contribué  à  la  participation  du  Maine  au 
Congrès  de  la  Langue  Française  en  1952.  On  ne  pouvait  pas  être  plus 
franco-américain  que  Jean  Charles  Boucher  et  cela  dans  la  meilleure 
veine.  En  somme  il  apporta  à  nos  oeuvres  un  précieux  dévouement.  Sa 
perte  est  lourde  et  il  laisse  un  souvenir  enviable  au  milieu  des  siens. 

Abbé  Joseph  O.  Boucher,  1896-1960  (Everett,  Mass).  Né  à  Salem  le 
7  mars  1896.  Ordonné  le  25  mai  1922.  Curé  du  Christ-Roi,  de  Hudson  et 
de  St.  Joseph  d'Everett  depuis  1944.  Décédé  le  3  juin. 


NECROLOGIE  107 

Honoré  Boulé,  1884-1960  (Fall  River).  Né  à  Fall  River,  le  28  octo- 
bre 1884,  fils  d'Anthime  Boulé  et  d'Hei'mine  Labossière.  Il  avait  fondé 
la  chaîne  des  épiceries  Letendre  et  Boulé.  Compatriote  intéressé  à  nos 
oeuvres.  Décédé  le  3  mai  à  l'âge  de  75  ans. 

Abbé  Joseph  O.  Casavant,  1874-1960  (Augusta,  Maine).  Né  le  17 
mars  1874  à  St.  Ours,  Québec,  il  étudia  à  St.  Hyacinthe  et  à  Boston  pour 
être  ordonné  le  18  décembre  1896  par  Mgr  Williams.  Curé  de  Notre 
Dame,  de  Springvale  en  1902,  puis  en  1919  il  devient  curé  de  la  paroisse 
St.  Augustin  à  Augusta.  Il  y  demeura  jusqu'à  son  décès  le  16  décembre  à 
l'âge  de  87  ans.  L'abbé  Casavant  était  très  à  son  poste,  possédant  un  ca- 
ractère particulier.  Il  avait  la  réputation  en  Nouvelle  Angleterre  d'a- 
voir eu  le  plus  grand  nombre  de  vicaires.  Durant  41  ans,  il  dirigea  sa 
paroisse  d'une  main  solide.  Il  était  pieux  et  très  impulsif  mais  les  an- 
nées lui  avaient  conféré  un  droit  à  l'admiration  que  son  peuple  lui  pro- 
diguait. 

Abbé  John  I.  Chagnon,  1905-1960  (Springfield).  Né  à  Holyoke  en 
1905  et  ordonné  le  21  mai  1932.  Directeur  du  journal  diocésain  "The 
Catholic  Observer".  Décédé  le  11  août. 

Abbé  Albert  Charette,  1898-1960  (Saco,  Manei).  Né  à  Fort  Kent, 
Me.,  le  25  décembre  1898.  Ordonné  le  25  juin  1925.  Curé  fondateur  de  la 
paroisse  St.  Gérard,  de  Grand  Isle,  et  curé  de  Notre-Dame  de  Lourdes, 
de  Saco  où  il  décède  le  7  janvier  âgé  de  61  ans. 

Abbé  François  Xavier  Chicoine,  1890-1960  (Wauregan).  Né  à 
Danielson  le  10  décembre  1890.  Ordonné  le  21  mai  1921.  Curé  du  Sa- 
cré-Ooeur,  de  Wauregan  depuis  1940.  Décédé  le  14  septembre. 

Abbé  Albert  G.  Cyr,  1897-1960  (Caribou,  Maine).  Né  le  14  juillet 
1897  à  St.  David,  Me.  Etudes  à  Lévis  et  Montréal.  Ordonné  le  29  mai 
1926.  Curé  de  Caribou  depuis  1946.  Décédé  le  19  novembre  1959  âgé 
de  62  ans. 

Mgr  Sylvie  Desautels,  D.C.L.,  P.D.,  1888-1960  (Chicopee,  Mass).  Né 

le  8  mars  1888  à  St.  Rémi  de  Napierville,  fils  d'Ernest  et  d'Angélina 
Dumontet,  après  ses  études  à  Nicolet  et  à  Rochester,  il  était  ordonné 
le  13  juillet  1913.  Curé  de  St.  Antoine,  Worcester,  1929,  il  dirigeait  la 
paroisse  St.  Georges  de  Chicopee  depuis  1937.  Décédé  le  18  octobre  à 
l'âge  de  72  ans.  Il  avait  reçu  la  prélature  en  1955.  Consulteur  diocé- 
sain, il  avait  obtenu  son  doctorat  à  Rome.  Homme  très  cultivé  et  de 
commerce  agréable  il  avait  bien  dirigé  ses  oeuvres. 

Arthur  L.  Desmarais,  1883-1960  (Suncook,  N.  H.).  Né  à  St.  François 
du  Lac.  Ancien  commerçant  et  citoyen  très  respecté.  Ami  de  nos  oeu- 
vres, décédé  le  25  juin  à  l'âge  de  77  ans. 

Abbé  Gilbert  A.  Dubé,  1902-1960  (Old  Town,  Me).  Né  le  19  septem- 
bre 1902  à  risle  Verte,  Québec.  Etudes  à  St.  Hyacinthe  et  à  Montréal. 
Ordonné  le  26  mai  1929.  Curé  de  Hamlin  en  1938  et  à  St.  Joseph,  de 
Old  Town  depuis  1958.  Décédé  le  16  janvier  à  l'âge  de  57  ans. 

Abbé  Philippe  J.  A.  Dubé,  1878-1960  (Upper  Frenchville).  Né  le  18 
octobre  1878  à  St.  Louis,  comté  de  Kamouraska.   Ordonné  le  28  août 


108  BULLETIN    DE   Lx'i   SOCIETE   HISTORIQUE 

1908.  Curé  de  la  paroisse  de  St.  Luce,  de  Upper  Frenchville  il  prenait 
sa  retraite  en  1954.  Décédé  le  24  janvier  à  Joliette  âgé  de  81  ans. 

Roméo  J.  Dufour,  1909-1960  (Fall  River).  Né  en  1909,  fils  de  Phili- 
bert. Professeur  depuis  nombre  d'années  à  l'école  Durfee  High,  il  é- 
tait  aussi  très  actif  au  sein  de  nos  oeuvres.  Paroissien  dévoué  de  St. 
Mathieu  il  était  président  du  Richelieu-Fall  River.  Membre  de  la  So- 
ciété Historique  il  déployait  un  vif  intérêt  à  la  vie  franco-américaine. 
L'Indépendant  lui  rendait  un  vibrant  hommage.  Décédé  le  16  novembre 
à  l'âge  de  51  ans. 

Wilfrid  L.  Dulac,  1892-1960  (Lewiston).  Né  à  St.  Ephrem  de  Beauce, 
fils  de  Joseph  et  de  Lumina  Vallée.  Dans  les  affaires  et  soutien  de  nos 
oeuvres.  Décédé  le  17  avril. 

Abbé  Henri-Joseph  Foucault,  1893-1960  (Williamai^ett).  Né  à  Cen- 
tral Falls  le  28  septembre  1893,  fils  de  Majorique  et  d'Alphonsine  La- 
plante,  U  avait  étudié  aux  Trois  Rivières,  à  l'Assomption  et  à  Baltimore 
pour  être  ordonné  le  29  mai  1920  à  Manchester.  Il  devient  curé  de  St. 
Louis,  West  Springfield,  St.  Jean  Baptiste,  Ludlow  et  à  la  Nativité  de 
Willimansett  en  1953.  Grand  sportif  chez  les  jeunes  son  zèle  ne  dépasse 
jamais  les  cadres  des  paroisses  qu'il  dirigea.  Décédé  le  9  octobre  à  l'â- 
ge de  67  ans. 

Abbé  Pierre-Henri  Gauthier,  1883-1960  (Holyoke).  Né  à  Manchaug 
le  4  mai  1883,  fils  de  Joseph  et  de  Georgianna  Pothier.  Il  étudie  à  Lé- 
vis  et  à  Roch ester.  Ordonné  en  mai  1908,  il  connaîtra  les  renoncements 
de  la  première  guerre  mondiale  et  en  revient  avec  le  titre  de  capitaine. 
Curé  à  North  Adams  en  1925,  à  Chicopee  en  1933  et  à  Notre  Dame  du 
Perpétuel  Secours  à  Holyoke  en  1938  où  il  accomplit  une  oeuvre  ma- 
gnifique. Aumônier  diocésain  de  l'Union  St.  Jean-Baptiste  d'Amérique, 
vice-président  d'honneur  du  Comité  de  Vie  Franco-Américaine  et  mem- 
bre dévoué  de  la  Société  Historique  on  le  voit  partout,  très  intéressé  au 
rayonement  de  nos  oeuvres.  Il  se  fera  le  fondateur  et  l'animateur  du 
Richelieu  Springfield-Holyoke.  Il  décède  subitement  le  18  octobre  à 
l'âge  de  77  ans. 

Ses  paroissiens  et  ses  compatriotes  avaient  participé  avec  joie  à 
ses  fêtes  jubilaires  en  1958.  L'abbé  Gauthier  était  une  belle  pièce  d'hom- 
me, artiste,  musicien  et  dilletante  il  savait  donner  du  ton  à  toutes  ses 
entreprises.  Ses  oeu\Tes  en  portaient  la  marque  et  sa  paroisse  lui  doit 
un  beau  rayonnement.  Il  était  de  nos  entreprises  avec  sa  générosité  et 
sa  présence.  L'ouest  du  Massachusetts  perdait  en  lui  un  grand  et  sin- 
cère serviteur  qui  ne  manqua  pas  de  courage  en  certaines  circonstan- 
ces. Le  Conseil  de  la  Vie  Française  en  Amérique  lui  avait  décerné  les 
honneurs  d'Officier  de  l'Ordre  de  la  Fidélité  Française.  Il  en  était  bien 
digne. 

Florido  Gélinas,  1894-1960(Manchester)  Tailleur  de  père  en  fils,  il 
était  le  fils  de  J.  O.  Gélinas,  personnalité  bien  connue  à  Manchester.  Né 
à  St.  Hélie,  Québec  en  1894,  il  avait  été  un  fervent  de  la  raquette  com- 
me fondateur  du  club  Lafayette.  Décédé  le  19  août. 


NECROLOGIE  109 

Joseph  N.  Gendreau,  1876-1960  (Fall  River).  Né  à  St.  Thomas  de 
Montmagny,  fils  de  Louis  et  de  Marguerite  Fortier.  En  affaires  prospè- 
res depuis  50  ans  et  très  généreux  pour  nos  oeuvres.  Décédé  le  24  no- 
vembre. 

Dr.  Henri-Lionel  Girard,  1906-1960  (Manchester).  Médecin  chirur- 
gien, il  était  né  en  cette  ville  le  28  juillet  1906,  fils  de  Severin  Girard  et 
dAdéline  Houle.  Pharmacien,  il  étudie  à  l'Université  Georgetown  pour 
être  admis  dans  le  New  Hampshire  en  1938.  Ancien  président  de  l'As- 
sociation Médicale  Franco- Américaine.  Décédé  le   17  juQlet. 

Abbé  Maurice  Halde,  1904-1960  (Manchester).  Né  le  21  avril  1904. 
Etudes  à  St.  Hyacinthe,  à  Sherbrooke  et  à  Montréal  où  il  est  ordonné 
le  30  juin  1931.  Nommé  curé  de  Ste-Marie,  de  Hillsboro  en  1950,  il  avait 
prise  sa  retraite  pour  cause  de  santé.  Décédé  le  3  novembre  à  Salina, 
Californie. 

Abbé  Raymond  Hamel,  1916-1960,  (Fall  River).  Né  à  Fall  River  le 
29  septembre  1916  et  ordonné  le  27  novembre  1943,  il  était  aumônier  à 
l'orphelinat  St.  Joseph  au  moment  de  son  décès  le  25  juin. 

Dr  Adélard  J.  Harpin,  1879-1960  (Worcester).  Il  s'était  créé  une  en- 
viable réputation  de  virtuose  avec  sa  riche  voix  de  basse-chantante.  Né 
le  12  juin  1879  à  Worcester,  fils  d'Auguste  et  d'Elexina  Perrault,  il  était 
dentiste  de  profession.  Maître  de  chapelle  à  Notre  Dame  des  Canadiens 
à  Worcester  durant  plus  de  25  ans,  il  avait  dirigé  plusieurs  chorales  et 
concerts  pour  recevoir  les  plus  grands  éloges.  Il  fut  l'une  de  nos  belles 
voix  franco-américaines.  Fondateur  du  club  Harmonie,  il  aimait  nos  ré- 
unions. L'âge  l'avait  invité  à  la  retraite,  c'est  le  sort  que  réserve  à  ceux 
que  la  vieillesse  respecte.  Le  docteur  fut  l'un  de  nos  magnifiques  virtu- 
oses. Il  décédait  en  décembre  à  l'âge  de  84  ans. 

Dr  Fernand  J.  Hémond,  1903-1960  (W.  Warwick).  Né  à  Woonsocket, 
le  13  avril,  fils  de  Phydime  Hémond,  journaliste  d'illustre  mémoire,  a- 
près  ses  études  à  Laval,  il  s'établissait  à  W.  Warwick  en  1932.  Ancien 
président  de  l'Association  Médicale  Franco-Américaine,  président  fon- 
dateur du  club  Frontenac  il  avait  été  un  ardent  de  l'oeuvre  des  retraites 
fermées  dans  le  Rhode  Island.  Décédé  le  1er  mars  à  l'âge  de  56  ans. 

Abbé  Adélard  Jalbert,  1893-1960  (Bridgeport).  Né  le  4  décembre 
1893  à  New  Haven  et  ordonné  le  21  décembre  1918.  Curé  de  St.  An- 
toine, de  Bridgeport  depuis  1932.  Décédé  le  21  juillet. 

Me  Wilfrid  Laflamme,  1898-1960  (Manchester).  Né  en  cette  ville  le 
27  octobre  1898,  il  avait  fréquenté  le  Séminaire  de  St.  Hyacinthe  et  la 
Boston  University  pour  être  admis  au  barreau  du  New  Hampshire.  Il 
avait  été  président  de  la  commission  des  finances  de  la  ville  avant  d'ê- 
tre élu  maire  de  Manchester  en  1941.  Il  avait  aussi  présidé  le  Cercle 
Ste-Marie,  le  club  Joliet  et  le  Cercle  National.  Décédé  le  8  novembre. 

Arthur  J.  Lalonde,  1878-1960  (Cohoes,  N.  Y.).  Né  le  29  août  1878 
à  Belle  Rivière.  Négociant  à  Cohoes  depuis  plusieurs  années  et  ancien 
conseiller  général  de  l'Union.  Décédé  le  17  mai  âgé  de  81  an§, 


110  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Dr  Eugène  L.  Langelier,  1882-1960  (Lewiston).  Né  le  15  juillet  1882 
à  St.  Hyacinthe.  Etudes  médicales  à  Montréal  il  s'établit  à  Lewiston  où 
il  pratiqua  pendant  plus  de  40  ans  avec  une  excellente  réputation.  Il 
prenait  sa  retraite  en  1950.  Décédé  le  3  juin. 

Abbé  Raymond  Langlois,  1902-1960,  (Manchester).  Né  à  Nashua  en 
1902,  il  avait  été  ordonné  le  16  juin  1928.  Curé  fondateur  de  la  parois- 
se St.  Pierre,  Auburn,  N.  H.,  il  avait  accepté  la  paroisse  du  St.  Rosaire, 
Hooksett  à  cause  de  maladie.  Décédé  le  23  février  à  l'âge  de  58  ans. 

Dr  Evariste  Larivière,  1888-1960.  Né  à  Manville,  le  11  avril  1888. 
Diplômé  de  Georgetown  pour  s'établir  à  New  Bedford.  Décédé  le  13 
mars  âgé  de  71  ans. 

Albert  E.  Laurion,  1882-1960  (Taftville).  Né  à  L'Epiphanie  le  18  no- 
vembre 1882.  Ami  de  nos  oeuvres  et  père  des  abbés  Ubald  J.  Laurion  et 
Henri  E.  Laurion  tous  deux  curés  dans  le  diocèse  de  Norwich.  Décédé 
le  2  avril  âgé  de  78  ans. 

Emilien  Lecomte,  o.m.i.,  1908-1960  (Lowell).  Né  à  St.  Camille,  Qué- 
bec en  1908.  Ordonné  en  1932,  il  avait  été  professeur  de  théologie  et 
prédicateur  de  retraites  fermées.  Décédé  en  mars. 

Abbé  Alfred  Lévesque,  1880-1960  (Taunton).  Né  à  St-Octave-de-Mé- 
tis,  comté  de  Matane,  le  13  février  1880,  fils  de  Jean  Baptiste  Lévesque 
et  de  Calixie  Fortin.  Etudes  aux  séminaires  de  Rimouski  et  de  Montréal 
où  il  est  ordonné  le  27  décembre  1906.  Curé  de  Dodgeville  dans  le  dio- 
cèse de  Fall  River,  en  1821  et  à  St.  Jacques,  de  Taunton  en  1931.  Il  pre^ 
nait  sa  retraite  en  1949  à  cause  de  maladie.  Décédé  le  28  mars  à  l'âge 
de  80  ans. 

J.  Normand  Marcotte,  S.M.  (Boston).  Originaire  de  Haverhill  et  or- 
donné en  1939.  Il  était  curé  de  la  paroisse  Notre  Dame  des  Victoires  à 
Boston.  Décédé  le  16  mars. 

Dr  Joseph-Euclide  Mercier,  1875-1960,  (Fall  River).  Une  attachante 
et  vénérable  personnalité  franco-américaine  qui  disparaissait  le  17  oc- 
tobre à  Fall  River  à  l'âge  de  85  ans.  Il  avait  bien  servi  les  siens. 

Né  le  17  septembre  1875  à  Grâce  Field,  comté  de  Pontiac,  Québec, 
fils  d'Anasthase  Mercier  et  d'Arthémise  Laforce,  il  devenait  orphelin  à 
l'âge  de  7  ans.  Il  entre  au  séminaire  de  Saint  Hyacinthe  et  en  1893  il 
émigré  aux  Etats-Unis.  Il  se  dirige  aux  universités  du  Vermont  et  du 
Maryland  pour  ses  études  médicales.  Admis  à  la  pratique  le  15  novem- 
bre 1899  il  se  fixe  définitivement  à  Fall  River. 

Véritable  type  du  médecin  de  famille,  sympathique,  charitable  et 
dévoué  à  toute  heure,  il  devient  le  confident  de  milliers  de  familles  qui 
le  consultent.  Examinateur  des  écoles  de  la  ville  durant  36  ans,  mem- 
bre du  personnel  de  l'hôpital  Ste-Anne,  la  société  médicale  de  Fall 
River  célébrait  son  cinquantenaire  de  pratique  qu'il  prolongea  encore 
plusieurs  années. 

Le  docteur  Mercier  fut  passionnément  intéressé  au  progrès  de  ses 
compatriotes.  A  Fall  River,  il  était  l'un  des  plus  solides  appuis  de  nos 


NECROLOGIE  111 

oeuvres.  Il  n'eut  jamais  à  interpréter  le  sens  véritable  de  ses  convic- 
tions. Droit  comme  l'épée  du  roi  et  sincère  dans  tous  ses  actes,  il  était 
l'honneur  des  siens. 

C'est  en  1928  qu'il  devient  le  fondateur  de  la  Société  des  Concours 
de  Français  pour  sa  ville,  une  oeuvre  qui  fonctionne  toujours,  unique 
dans  sa  conception  et  profitable  à  nos  écoliers  depuis  bientôt  35  ans. 

Ancien  président  du  club  Calumet  et  officier  de  la  Fédération  des 
Sociétés  de  Fall  River,  fondateur  de  la  paroisse  du  St.  Sacrement  dont 
il  était  l'un  des  fermes  appuis,  la  Société  Historique  le  comptait  au 
nombre  de  ses  membres  distingués.  Il  avait  été  directeur  de  l'Associa- 
tion Canado-Américaine  durant  plusieurs  années  et  en  était  l'un  des 
vice-présidents  honoraires.  La  France  lui  avait  remis  sa  "Médaille  de  la 
Reconnaissance"  en  1948  et  le  Comité  de  Vie  Franco-Américaine  le  pro- 
clamait le  premier  officier  de  son  Ordre  du  Mérite  Franco-Américain 
en  juin  1954.  ; 

La  vie  du  docteur  Mercier  est  un  bel  exemple  de  fidélité  et  de  dé- 
vouement à  notre  idéal  franco-américain  et  lui  donne  droit  à  la  recon- 
naissance de  tous  les  siens. 

Me  Joseph  Monette,  1869-1960  (Lawrence),  Né  à  St.  Martin,  comté 
de  Laval,  le  11  décembre  1869,  après  ses  études  à  Harvard,  il  est  admis 
au  barreau  en  1899.  Il  s'établit  à  Lawrence.  Troisième  président  de  la 
Société  Historique  en  1904.  Décédé  le  7  juillet  à  l'âge  de  90  ans. 

Abbé  Jean  F.  Morin,  1886-1960.  (Mancester).  Né  à  Gonic,  N.  H.,  le  28 
juin  1886,  fils  de  Lévis  et  Delphine  Proulx.  Etudes  à  Montréal  et  à  Qué- 
bec. Ordonné  le  10  mai  1914.  Curé  de  Sanbornville,  de  Ste-Anne  à  Berlin 
et  de  St.  Georges,  à  Manchester.  Décédé  le  18  janvier  à  l'âge  de  73  ans. 

J.  Valmore  Normandin,  1894-1960  (Providence).  Né  à  Woonsocket 
le  15  janvier  1894.  Dans  les  affaires,  il  était  conseiller  général  de  l'Union 
depuis  1948.  Décédé  le  21  octobre. 

Léopold  J.  Paradis,  1899-1960  (Willimantic).  Né  le  19  décembre  en 
1899  à  Adams,  Mass.  Surintendant  fonctionnaire  de  sa  ville.  Décédé  le 
27  juin. 

Wilfrid  Patenaud,  1893-1960  (Augusta).  Né  en  cette  ville  le  18  mars 
1893.  Maître  de  Chapelle  de  la  paroisse  St.  Augustin  et  homme  d'affai- 
res, il  était  le  père  de  trois  prêtres.  Décédé  le  13  avril. 

Aimé  Pelletier,  1897-1960  (Fall  River).  Né  en  cette  ville,  fils  de 
Charles  Pelletier  et  de  Marie  Fiola.  Ancien  combattant  de  la  1ère  guer- 
re, il  était  entrepreneur  en  affaires.  Décédé  le  24  mars. 

Dr  Emery  Pelletier,  1892-1960  (Providence).  Né  à  Manville  le  30 
avril  1892.  Etudes  à  l'université  Brown  et  diplômé  de  l'université  de 
Montréal,  il  s'établissait  à  Providence  en  1929.  Décédé  le  8  août. 

Hemin  Perennes,  S.M.,  1876-1960  (Boston).  Né  en  1876  en  Bretagne. 
Ordonné  le  16  juin  1899.  Ancien  curé  de  Notre  Dame  des  Victoires  à 
Boston.  Décédé  le  24  juin. 


112  BULLETIN'    DE    LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

Dr  Albert  E.  Perron,  1884-1960  (Fall  River).  Né  le  12  juin  1884  en 
cette  ville,  fils  d'Alexandre  Perron  et  de  Rose-Anne  Giguère.  Président 
du  personnel  de  l'hôpital  Ste-Anne.  Décédé  le  10  octobre  à  l'âge  de  76 
ans.  Il  avait  exercé  sa  profession  durant  53  ans.  Médecin  très  estimé. 

Louis  P.  Pinette,  1906-1960  (Lewiston).  Né  à  Fort  Kent  le  4  fé- 
vrier 1906  fils  de  Paul  et  de  Lila  St.  Claire.  Très  entreprenant  il  se 
fixe  à  Lewiston.  Il  devient  commissaire  de  la  Police  et  dirige  un  com- 
merce. Décédé  le  25  mai. 

Adrien  Pinsince,  1890-1960.  Né  à  Biddeford,  Maine,  il  dirigeait  une 
entreprise  de  restaurant  depuis  plusieurs  années  et  avait  fondé  la 
Granité  State  Restaurant  Association.  Décédé  le  28  janvier. 

Edmond  M.  Poitevin,  1866-1960  (Boston).  Né  à  Ottawa  le  15  avril 
1866  et  agent  publicitaire  il  était  le  dernier  survivant  du  premier  bu- 
reau de  l'Union  St.  Jean-Baptiste.  Décédé  le  18  août  à  l'âge  de  94  ans. 

Dr  Henri  E.  Pratte,  1879-1960.  (Warren).  Né  à  Fall  River  le  2  mars 

1879.  Il  pratiqua  l'art  dentaire  à  Warren.  Décédé  le  10  avril. 

Dr  Bernard  S.  Roulier,  1904-1960.  Né  à  Salem  le  20  juillet  1904,  il 
était  dentiste  en  cette  localité.  Décédé  le  11  juillet. 

Dr  Florian  G.  Ruest,  1898-1860  (Providence).  Né  le  18  décembre 
1898  à  Providence.  Etudes  médicales  à  Harvard  il  s'établit  à  Providence 
en  1926.  Directeur  de  la  Division  du  Contrôle  de  la  tuberculose  dans 
le  Rhode  Island.  Décédé  le  3  juin. 

Abbé  William  J.  Smith,  1893-1960  (Taunton,  Mass).  Né  à  Fall  River 
en  1893,  fils  de  Louis  Smith  et  d'Ozias  Goyette,  après  ses  études  à  l'As- 
somption, à  Baltimore  et  à  l'Université  Catholique  de  "Washington,  il 
est  ordonné  le  20  mai  à  Baltimore  par  le  Cardinal  Gibbons.  Curé  du  St 
Rosaire  à  New  Bedford  en  1939,  à  St.  Etienne,  de  Dodgeville  en  1942 
puis  à  St.  Jacques,  de  Taunton  où  il  construit  l'église.  Décédé  le  17  juil- 
let à  l'âge  de  67  ans.  Excellent  prêtre  et  bon  franco-américain,  l'abbé 
Smith  ne  s'intéressa  jamais  aux  oeuvres  qui  dépassaient  les  cadres  de 
sa  paroisse.  Il  était  rarement  vu  à  l'extérieur  mais  toujours  au  poste. 
Très  bon  administrateur  il  donna  à  ses  oeuvres  une  belle  allure. 

Philias  St.  Denis,  1880-1960  (Fall  River).  Né  en  cette  ville,  le  4  août 

1880,  fils  de  Joseph  St.  Denis  et  de  Mélanie  Méthée,  il  décédait  le  20 
juin  à  l'âge  de  80  ans.  Dans  le  monde  des  affaires,  il  avait  occupé  une 
situation  prospère.  Directeur  de  la  Caisse  Ste-Anne  il  était  aussi  socié- 
taire de  nos  oeuvres. 

Me  Arthur  Surprenant.  1886-1960  (Woonsocket).  Né  à  Southbridge, 
après  ses  études  au  Boston  Collège  et  à  Harvard,  il  pratique  à  Central 
Falls,  à  New  York,  à  Montréal  et  à  Paris  pour  se  donner  une  réputation 
de  juriste  de  haute  réputation.  Décédé  le  21  septembre  à  l'âge  de  73 
ans. 

Dr  Alfred  Vachon,  1923-1960  (Lewiston).  Né  en  cette  ville  le  18  oc- 
tobre 1923,  fils  d'Alfred  et  d'Alice  Morrissette.  Optométriste  de  profes- 
sion et  décédé  tout  jeune  le  6  juin  à  l'âge  de  36  ans. 


NECROLOGIE  113 

Gédéon  Vallée,  1877-1960  (Lewiston).  Le  30  mai  s'éteignait  sans 
bruit  dans  une  cellule  d'hôpital  un  vieillard  presque  oublié  de  82  ans. 
Il  avait  cependant  participer  activement  à  nos  oeuvres  pendant  plus  de 
50  ans.  Né  le  10  octobre  1877  à  St.  Frédéric,  comté  de  la  Beauce,  il  avait 
été  dans  les  affaires,  représentant  du  journal  "La  Presse"  et  manufac- 
turier. Commissaire  du  comté  d'Androscoggin,  il  avait  détenu  le  poste 
de  conseiller  général  de  l'Union  durant  plusieurs  années.  Très  actif 
dans  sa  paroisse  Ste-Famille  il  avait  été  directeur  de  la  Caisse  Ste-Fa- 
mille. 


Table  des  Illustrations 

Général  Charles  de  Gaulle 
Président  de  la  République  Française 

2.  Promotion  de  l'Ordre  de  la  Fidélité  Française,  Québec,  le  22  sep- 
tembre. Me  Paul  Gouin,  président  du  Conseil,  S.  E.  Mgr  Paul 
Bemier,  archevêque-évêque  de  Gaspé,  titulaire,  Abbé  Adrien  Ver- 
rette,  chancelier  de  l'Ordre  et  M.  Archibald  Lemieux,  industriel  de 
Worcester,  titulaire. 

3.  Réunion  Plénière  du  Conseil  de  la  Vie  Française  en  Amérique  du 
22  au  26  septembre  1960.  Assis  de  gauche:  Mgr  Paul-Emile  GosseUn, 
P.D.,  secrétaire,  Dr  Paul-Emile  Laflèche  (Winnipeg),  Ernest  Desor- 
meaux (Ottawa),  Me  Paul  Gouin,  président.  Abbé  Adrien  Verrette 
(Manchester),  Dr  Georges  Dumonl  ( Campbellton ) ,  Mme  Reine 
Malouin  (Québec),  R.  P.  Albert  Plante,  s.j.  (Montréal),  Debout: 
Lucien  Gagné  (Québec),  Lauré-B.  Lussier  (Manville),  Jean-Jacques 
Tremblay  (Ottawa),  Rodolphe  Laplante  (Québec),  Emile  Boucher 
(Montréal),  Me  Anatole  Vanier  (Montréal),  Juge  Yves  Bernier 
(Québec),  Alphonse  Comeau  (Meteghan  River),  Dr  Alcide  Martel 
(Montréal),  Dumont  Lepage  (Gravelbourg),  Jean  Patoine  O.M.I., 
(Edmonton),  Dr  Léon  Beaudoing  (Vancouver),  Rémi  Chiasson 
(Antigonish),  J. -Henri  Blanchard  (  Charlottown  ) ,  Dr  Gérard  Trem- 
blay (Chicoutimi),  Juge  J.-S.-A.  Plouffe  (North  Bay),  Thomas- 
Marie  Landry  O.P.  (Québec),  Adrien  Pouliot  (Québec),  Abbé 
Gérard  Benoit  (Québec),  Thomas  Arceneaux  (Lafayette)  et  Emery 
LeBlanc  (Moncton).  Plusieurs  membres  ne  sont  pas  présents  pour 
la  photo. 

4.  S.  E.  Mgr  Ernest-Jean  Primeau,  évêque  de  Manchester,  reçoit  les 
hommages  du  Conseil  de  la  Vie  Française,  à  l'occasion  du  banquet 
qui  lui  est  offert  par  le  Comité  de  Vie  Franco-Américaine,  à  Boston, 
le  22  juin.  De  gauche:  R.  P.  Thomas-Marie  Landry  O.P.,  M. 
Lauré-B.  Lussier,  Abbé  Adrien  Verrette,  S.  E.  Mgr  Primeau,  juge 
Emile  Lemehn,  juge  Femand  Despins  et  juge  Yves  Bemier. 

5.  Remise  de  la  médaille  "Grand  Prix"  de  la  Société  Historique,  le  21 
mai  1960,  à  Mgr  Félix  Martin,  P.D.,  curé  de  la  paroisse  Ste-Famille, 
de  Lewiston,  Maine.  De  gauche:  R.  P.  Thomas-Marie  Landry,  O.P., 
Mgr  Martin,  Abbé  Adrien  Verrette,  président,  Dr  Antoine  Dumou- 
chel,  R.  P.  Henri  Béchard,  s.j.  et  le  juge  Femand  Despins. 

6.  Réception  à  l'honorable  Louis-J.  Robichaud,  premier  ministre  du 
Nouveau  Bnmswick,  au  Harvard  Club  de  Boston,  le  11  décembre 
1960.  De  gauche:  M.  Jacques  Gignac,  vice-consul  canadien  à 
Boston,  Madame  Gignac,  M.  le  baron  Charles  de  Pampelonne, 
consul  général  de  France  à  Boston,  Madame  la  baronne,  l'Honorable 
Louis-J.  Robichaud,  Mme  Robert,  M.  Stuart  Hemsley,  consul  général 
du  Canada  à  Boston,  M.  Gérald  Robert,  trésorier  et  le  Dr  Louis-B. 
Amyot,  vice-président  de  la  Société  Historique. 

7.  Remise  de  la  médaille  "Grand  Prix"  à  l'honorable  Louis-J.  Robichaud 
par  M.  Gérald  Robert,  le  11  décembre. 


Table  des  Motières 

Amis  du  bulletin  5 

Présentation  7 

Avis  8 

I     Réunions  de  la  Société  9 

II     Médaille  "Grand  Prix"  (Remises)  18 

III  Eloges  des  membres  disparus  22 

IV  Conférences,  discours,  études  25 

V     Conseil  de  la  Vie  Française  en  Amérique 38 

VI     Ordre  de  la  Fidélité  Française 44 

VII     Comité  de  Vie  Franco-Américaine  59 

VIII     Ordre  du  Mérite  Franco-Américain  65 

IX     Fête  Patronale  (24  juin)   69 

X     Le  Président  Charles  de  Gaulles  en  Amérique 76 

XI     Tricentenaire  Dollard  des  Ormeaux  80 

XII     Faits  et  Gestes  83 

XIII  Vie  Franco-Américaine  87 

XIV  Concours  et  Festivals  101 

XV    Généalogie  102 

XVI     Echos  des  Sociétés  103 

XVII     Nécrologie    106 

Table  des  Illustrations  114 

Table  des  Matières  115 


NOUVELLE  SERIE:   VOL.  VII 


1961 


BULLETIN 


de  la 


Société   Historique 
Franco-Américaine 


Boston,  Massachusetts 


Imprimerie  Ballard  Frères 

Manchester,  New  Hampshire 

1962 


NOUVELLE  SERIE:   VOL.  VII 


1961 


BULLETIN 


de  la 


Société    Historique 
Franco-Américaine 


Boston.  Massachusetts 


Imprimerie  Ballard  Frères 
Manchester,  New  Hampshire 

1962 


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Protecteurs 

M.  Archibald  R.  Lemieux 
Worcester,  Mass. 

Mme  Malvina  Martineau 
Los  Angeles,  Calif. 

M.  Aimée  Lavalée 
Springfield,  Mass. 

Abbé  Doria  Desruisseaux 
Manchester,  N.  H. 

Dr  Gabriel  Nadeau 
Rutland,  Mass. 

Abbé  Adrien  Verrette 
Manchester,  N.  H. 

Conseil  de  la  Vie  Française 
Québec 

Comité  de  Vie  Franco-Américaine 
Boston,  Mass. 

Association  Canado  Américaine 
Manchester,  N.  H. 

Union  St  Jean  Baptiste  d'Amérique 
Woonsocket,  R.  I. 

Fédération  Franco -Américaine  du  N.  H. 
Manchester,  N.  H. 


Bienfaiteurs 

Mgr  William  Drapeau,  P.D. 
Lynn,  Mass. 


Mgr  Arthur  Mercier,  P.D. 
Salem,  Mass. 

Abbé  Camille  Blain 
Lindwood,  Mass. 

Dr  Ubald  Paquin,  M.D. 
New  Bedford,  Mass. 

M.  J.  B.  Danis 
Millbury,  Mass. 

M.  Hector  Messier 
Saundersville,  Mass. 

M.  Gérald  Robert 
Manchester,  N.  H. 


Pcrtrons 

Mgr  Albert  Bérubé,  P.D. 
New  Bedford,  Mass. 

Mgr  Félix  Martin,  P.D. 
Lewiston,  Maine 

Abbé  A.  J.  Lapointe 
Worcester,  Mass. 

Dr  Ulysse  Forget 
Warren,  R.  I. 

Dr  Antoine  Dumouchel 
Rutland,  Mass. 

Dr  R.  Wilfrid  Delaney 
Cambridge,  Mass. 

Me  Fernand  Despins 
Lewiston,  Maine 

M.  William  E.  Aubuchon 
Fitchburg,  Mass. 

M.  Donat  Corriveau 
Nashua,  N,  H. 


Présentation 

La  publication  de  notre  bulletin  dépend 
entièrement  sur  le  dévouement  bénévole 
de  ceux  qui  le  préparent.  C'est  encore  grâce 
aux  amis  fidèles  du  bulletin  que  la  Société 
peut  offrir  aux  membres  un  volume  aussi 
informateur. 

La  préparation  d'une  pareille  publication 
demande  de  longues  heures  de  travail  et 
rencontre  toujours  des  retards  inévitables. 
Comme  d'habitude,  les  membres  seront 
heureux  de  le  recevoir  et  seront  aussi 
indulgents. 


Avis  important 

Afin  d'assurer  son  oeuvre,  La  Société  Historique  Franco-Amé- 
ricaine a  établi  son  Fonds  de  Réserve  ou  "Fiducie"  (Endowment 
Fund).  Ce  fonds  est  administré  par  trois  fiduciaires  de  la  société. 
Plusieurs  ont  déjà  répondu  à  l'invitation. 

Les  sommes  versées  ainsi  à  la  société,  d'après  une  déclaration 
officielle  de  la  Trésorerie  d'Etat  à  Washington,  sont  exemptes  de  la 
loi  "Inheritance  Tax".  De  plus  ces  montants  peuvent  être  déduits 
de  l'Impôt  sur  le  revenu  (  Income  Tax  ) . 

Nous  demandons  aux  membres  de  songer  sérieusement  à  ce 
moyen  pratique  en  préparant  leurs  dispositions  testamentaires.  Quel 
appuie!  Si  seulement  on  y  avait  songé  il  y  a  cinquante  ans.  Il  n'est 
jamais  trop  tard 

Comme  formule  testamentaire  nous  suggérons  la  suivante: 


TO  THE  TRUSTEES  OF  THE  ENDOWMENT  FUND 
OF  LA  SOCIETE  HISTORIQUE  FRANCO-AMERICAINE 
A    CORPORATION    UNDER    MASSACHUSETTS    LAW, 

THE  SUM  OF (DOLLARS) 

IN  TRUST  FOR  THE  PURPOSES  OF  THE  SOCIETE. 


Bullet'ii  de 

Fondée  le  4  septembre  1899 

Administration:      Président:    Abbé  Adrien  Verrette,  Manchester,  N.  H. 
Secrétaire-trésorier:    Gerald  Robert 
52,  rue  Concord,  Manchester,  N.  H. 

Boston,  Massachusetts    Nouvelle  Série:  Vol.  VII    Année  1961 


I 

Réunions  de  la  Société 

Bureau 

11  mars  1961 

Salon  A.C.A. 

Manchester,  N.  H. 

Le  président  se  dit  très  reconnaissant  envers  ses  collègues,  qui,  par 
déférence  pour  son  récent  accident  ont  accepté  de  se  réunir  à 
Manchester  où  il  est  curé.  Il  leur  dit  son  merci  cordial  pour  l'expression 
bien  appréciée  de  leur  sympathie  en  ces  heures  assez  inquiétantes  pour 
lui.  Il  se  réjouit  surtout  de  pouvoir  reprendre  le  travail  au  service  d'une 
oeuvre  qu'il  ne  prétend  pas  vouloir  diriger  indéfiniment  mais  qu'il  vou- 
drait bien  voir  prospérer  avant  son  départ  de  la  présidence 

La  société  continue  son  progrès  avec  certaines  adaptations  nécessai- 
res mais  sans  modification  des  vues  des  fondateurs  et  encore  moins  l'a- 
bandon des  intérêts  d'une  oeuvre  essentielle  au  rayonnement  de  notre 
présence  franco-américaine  au  pays. 

Ouverture:  La  réunion  s'ouvre  à  2  heures  sous  la  présidence  de  M. 
l'abbé  Adrien  Verrette. 

Présences:  M.  l'abbé  Adrien  Verrette,  M.  Henri  Goguen,  Me  Laurie 
Ebacher,  M.  l'abbé  Doria  Desruisseaux,  M.  le  juge  Arthur  L.  Eno,  M. 
l'abbé  Camille  Blain,  M.  Jean  Picher,  Mlle  Rhéa  Caron,  M.  Lauré  B. 
Lussier,  ancien  secrétaire-trésorier,  assiste  à  la  réunion  comme  invité. 

Absences:  A  cause  d'empêchement  à  la  dernière  minute,  le  Dr  Louis 
B.  Amyot  s'excuse  par  téléphone.  Me  Fernand  Despins  s'excuse  par  let- 
tre, étant  en  voyage  au  Canada, 


10  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Fonds  fiduciaire:  Le  trésorier  du  fonds  fiduciaire  de  la  Société,  M. 
l'abbé  Adrien  Verrette,  rapporte  que  le  montant  de  $600.00  a  été  déposé 
dans  un  compte  d'épargne,  à  la  Banque  Ste-Marie  de  Manchester.  Au 
sujet  du  fonds  fiduciaire,  Me  Pierre  Belliveau  et  le  puge  Arthur  L.  Eno 
signalent  certaines  erreurs  qui  se  sont  glissées  au  sujet  de  ce  fonds  dans 
le  dernier  Bulletin.  Il  est  proposé  qu'un  imprimé  corrigé  soit  expédié  à 
tous  ceux  qui  ont  reçu  le  Bulletin  et  que  l'on  invite  en  même  temps  les 
membres  à  contribuer  à  ce  fonds  fiduciaire.  Motion  Goguen-Eno. 

Procès-verbal:  L'assemblée  accepte  le  procès-verbal  du  secrétaire 
se  rapportant  à  la  62e  réunion  annuelle. 

Rapport  du  Trésorier:  Dans  son  rapport,  accepté  par  l'assemblée, 
le  trésorier  donne  une  balance  dans  le  comte  de  chèque  de  la  Société  de 
$815.13.  plus  $10.00  en  main  pour  achat  de  timbres,  ce  en  date  du  9  mars 
1961. 

Bay  State  Historical  League:  Le  bureau  accepte  d'enregistrer  la 
Société  dans  la  "Bay  State  Historical  League".  à  raison  d'une  contribu- 
tion annuelle  de  $4.00.  Motion  Ebacher-Goguen. 

Sociétés  locales:  M.  Camille  Blain  suggère  la  fondation  de  Sociétés 
Historiques  locales  qui  s'inscriraient  ensuite  comme  membres  de  la 
Société  Historique  Franco-Américaine.  Le  projet  est  remis  à  plus  tard 
pour  étude. 

Campagne  de  recrutement:  M.  l'abbé  Doria  Desruisseaux  rapporte 
qu'il  a  commencé  son  travail  pour  diriger  une  grande  campagne  de  re- 
crutement afin  d'augmenter  l'efi'ectif  de  la  Société. 

Réunion  du  printemps:  Le  bureau  vote  de  tenir  la  réunion  du  prin- 
temps le  20  mai  prochain  à  Boston.  La  réunion  d'affaires  aura  lieu  à  2 
heures  au  Collège  Club,  40  rue  Commonwealth.  Une  réception  suivra  à 
4  heures,  au  Consulat  général  de  France  à  Boston. 

Bibliothèque  ACA:  La  réunion  se  termine  à  4  heures.  Sut  l'invita- 
tion de  l'abbé  Verrette,  les  membres  du  bureau  visitent  la  bibliothèque 
de  l'Association  Canado- Américaine. 

Le  souper:  A  5  heures,  M.  l'abbé  Verrette  offrait  un  succulent  sou- 
per aux  membres  du  bureau.  MM.  Goguen,  Picher,  Lussier  et  l'abbé 
Blain,  ayant  dû  s'excuser,  prirent  part  au  souper,  en  plus  de  l'abbé 
Verrette,  M.  l'abbé  Doria  Desruisseaux,  M.  Gérald  Robert,  Mlle  Rhéa 
Caron,  Me  et  M  me  Pierre  Belliveau,  le  juge  Arthur  L.  Eno  et  Me  Laurie 
Ebacher, 


REUNIONS   DE  LA   SOCIETE  11 

Affaires  nouvelles:  Le  15  avril  1961,  le  président,  M.  l'abbé  Adrien 
Verrette,  le  secrétaire-trésorier,  M.  Gérald  Robert,  et  le  conseiller,  Me 
Pierre  Belliveau,  assistaient  à  Concord,  N.  H.  à  une  réunion  de  l'Asso- 
ciation des  Sociétés  Historiques  de  l'Etat  du  New  Hampshire.  La  "Bay 
State  Historical  League",  dont  notre  Société  fait  partie  depuis  avril  1961, 
était  invitée  à  cette  réunion  et  plusieurs  représentants  y  assistaient.  La 
réunion  eut  lieu  dans  le  riche  et  magnifique  immeuble  de  la  Société 
Historique  du  New  Hampshire.  Soit  dit  en  passant  que  les  délégués  de 
notre  Société,  après  avoir  assisté  à  une  bonne  partie  de  la  séance  d'af- 
faires, ont  constaté  que  la  Société  Historique  Franco-Américaine  tient 
des  assemblées  beaucoup  plus  intéressantes  et  sérieuses. 

Campagne  de  recrutement:  Des  remerciements  sincères  s'adressent 
à  M.  l'abbé  Doria  Desruisseaux  de  Manchester,  N.  H.,  conseiller  de  la 
Société,  qui  a  eu  l'heureuse  initiative  d'organiser  à  la  fin  de  1960,  une 
grande  campagne  de  recrutement.  Il  a  commencé  à  diriger  avec  succès 
cette  campagne.  Ce  jour  même,  les  rangs  de  la  Société  sont  augmentés 
de  plus  d'une  trentaine  de  membres,  grâce  à  son  travail. 

Félicitations:  A  l'endroit  de  notre  président,  M.  l'abbé  Adrien  Ver- 
rette, qui,  tout  récemment,  célébrait  dans  sa  paroisse,  St-Georges  de 
Manchester,  le  40e  anniversaire  de  son  ordination  sacerdotale. 

La  trésorerie:  Lorsque  l'ancien  secrétaire-trésorier,  M.  Lauré  B. 
Lussier,  nous  remettait  les  livres,  le  1er  août  1960,  la  balance  en  ban- 
que était  de  $804.15.  Les  recettes  du  premier  août  à  date,  en  contribu- 
tions des  membres,  annonces  dans  le  Bulletin  et  la  vente  du  Bulletin 
dans  une  dizaine  de  bibliothèques,  ont  été  de  $2,868.40.  soit  un  grand 
total  de  recettes  du  1er  août  1960  au  1er  mai  1961  de  $3,672.65.  Les 
déboursés  du  1er  août  1960  au  1er  mai  1961  se  chiffrent  à  $3,312.52.  ce 
qui  donne  une  balance  en  banque  dans  le  compte  de  chèque  de  $360.13. 
Dans  le  fonds  de  fiducie,  il  y  a  $600.00,  plus  $21.75  en  intérêts.  L'avoir 
de  la  société,  au  premier  mai  1961,  est  donc  de  $981.88.  La  62e  réunion 
au  Harvard  Club  de  Boston  en  1960  a  occasionné  un  déboursé  (banquet, 
réception,  l'orateur  de  circonstance  l'honorable  Louis  J.  Robichaud,  mu- 
sique (papeterie,  timbres,  impressions  et  photos)  de  $1,387.86.  Les  dé- 
boursés pour  la  publication  et  l'expédition  du  Bulletin  se  chiffrent  à 
$1,705.00.  Les  autres  déboursés  de  $219.66  sont  pour  impressions,  poste, 
annonces,  loyers  de  salles  pour  réunions  du  bureau,  fleurs,  dons,  im- 
pressions de  chèques,  charges  de  banque. 


Gérald  Robert,  secrétaire-trésorier. 


12  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

Nouveaux  membres  à  être  proposés  à  cette  réunion  du  20  mai  1961 
et  recrutés  par  M.  l'abbé  Doria  Desruisseaux: 

Paul  O.  Leclair,  Roland  R.  Tessier,  Dr  Fernand  E.  Bourque,  Maurice 
Moynihan,  Ovila  J.  Pichette,  Armand  E.  Têtu,  Roger  Barrette,  Raoul  A. 
Prince,  Alcide  Bouchard,  Joseph  Maltais,  Robert  E.  Marcotte,  John  E. 
Letendre,  Dr  Jean  N.  Leclerc,  Eugène  N.  Cameron,  Roméo  V.  Chagnon, 
Willie  A.  Rheault,  Wilfrid  J.  Vigneault,  Arthur  O.  Phaneuf,  Mme  Rose 
Vachon,  Marcel  Vachon,  Armand  A.  Caron,  Roland  S.  Vallée,  Alphonse 
Levasseur,  Paul  H.  Pichette,  Arthur  R.  Hébert,  Ludger  F.  Simard, 
Philip  L.  Bossé,  Germain  B.  Lavallée,  Dr  Robert  Provencher,  Lucille  A. 
Mailhiot,  Antonio  Laperrière,  Arthur  J.  Moreau,  Lorenzo  Vachon,  tous 
de  Manchester,  New  Hampshire;  J.  Emile  Lussier,  de  Montréal,  P.  Que.; 
Asmond  Provost,  de  Central  Falls,  Rhode  Island;  Mgr  Charles  E.  Bur- 
que  et  Abbé  Albert  J.  Burque,  de  Dover,  New  Hampshire;  Mgr  Alphéri 
Lauzière,  de  Berlin,  New  Hampshire,  et  Abbé  Léo  St-Pierre,  de  Nashua, 
New  Hampshire. 

N.B.  Les  ereurs  glissées  dans  l'impression  des  règlements  du 
"Fonds  de  Fiducie",  dans  le  bulletin  de  1959,  proviennent  du  fait  que 
par  accident  le  texte  publié  n'était  pas  la  rédaction  finale  qui  fut  adop- 
tée à  l'unanimité  à  la  réunion  annuelle  à  Boston,  le  20  mai  1959. 
Le  texte  adopté  parait  dans  le  présent  bulletin  à  la  fin  de  ce  chapitre. 
Les  directeurs  du  bulletin  s'en  excusent. 

A  la  réunion  annuelle  du  20  mai  1959  à  Boston,  les  membres,  ap'rès 
lecture,  donnaient  plein  pouvoir  au  bureau  de  terminer  les  détails  et 
les  règlements  avec  modifications  jugées  nécessaires  pour  l'établisse^ 
ment  de  ce  "Fonds  de  Fiducie". 

A  Lewiston,  le  21  mai  1960,  réunion  annuelle,  les  membres  n'ont 
fait  que  confirmer  ce  qui  avait  été  déjà  accepté  et  surtout,  ils  se  réjouis- 
saient enfin  de  l'établissement  de  ce  "Fonds  de  Fiducie"  bien  en  retard 
dans  la  société. 

Dans  le  bulletin  de  1959,  une  autre  erreur  typographique  se  glis- 
sait à  savoir  que  les  règlements  avaient  été  approuvés  le  20  mai  1960, 
cette  réunion  (1960)  ayant  eu  lieu  le  21  mai  à  Lewiston  et  donc  voulait 
dire  le  20  mai  1959  à  Boston.  Une  erreur  de  typographie  qu'il  faut  sa- 
voir comprendre  et  pardonner. 


REUNIONS   DE   LA   SOCIETE  13 

Réunion  annuelle 

20  mai  1961 

Collège  Club 

Boston,  Mass. 


Dans  son  message,  le  président  déclarait: 

"Le  20  mai  devient  une  date  assez  familière  à  notre  société.  C'est 
le  jour  "LaFayette"  qui  nous  permet  en  tenant  notre  réunion  annuelle 
de  rappeler  le  souvenir  de  ce  grand  français,  citoyen  de  deux  patries. 

Notre  62e  réunion  annuelle,  nous  fournit  aussi  l'occasion  de  saluer 
M.  le  baron  Charles  de  Pampelonne  qui  retourne  au  Quai  d'Orsay  à 
Paris  où  l'attend  une  nouvelle  tâche. 

Comme  nous  le  dira  tantôt,  notre  secrétaire-trésorier,  rexercice  qui 
vient  de  s'écouler  a  été  très  fructueux.  Nos  réunions  ont  obtenu  un  vif 
succès,  surtout  celle  de  décembre  dernier. 

L'intérêt  autour  de  la  société  grandit  et  le  nombre  des  membres 
augmente  sensiblement.  Nous  atteindrons  bientôt  le  chiffre  400.  Je  dé- 
sire remercier  bien  sincèrement  l'abbé  Doria  Desruisseaux  qui  est  res- 
ponsable de  l'adhésion  des  membres  qui  seront  admis  aujourd'hui.  Voi- 
là donc  des  signes  de  vie  qui  nous  réjouissent. 

Je  ne  cesse  de  le  répéter,  notre  société  est  un  peu  comme  notre 
Académie  Franco-Américaine  où  l'on  propage  les  choses  de  l'esprit  et 
tout  ce  qui  peut  donner  un  lustre  à  notre  idéal  franco-américain. 

Il  faudrait  bien  rendre  cet  organisme  solide  et  durable.  Le  meil- 
leur moyen  d'en  assurer  la  continuité  c'est  d'augmenter  son  actif.  La 
chose  est  relativement  facile.  Il  suffirait  de  trouver  un  ardent  (comme 
l'abbé  Desruisseaux)  dans  nos  principales  localités. 

Avec  les  décès,  toujours  trop  nombreux  (sept  cette  année),  les  dé- 
placements ou  démissions  parfois,  il  faut  continuellement  songer  à  un 
recrutement  sérieux. 

Beaucoup  de  nos  compatriotes  deviendraient  membre  si  on  leur 
expliquait  le  but  et  le  fonctionnement  de  la  société.  Certains  s'imaginent 
qu'il  faut  tenir  la  plume  à  la  main  et  fouiller  l'histoire  pour  être  socié- 
taire actif. 

C'est  entendu  que  nous  comptons  parmi  nos  membres  nos  meilleurs 
écrivains,  mais  toute  personne  intéressée  aux  choses  sérieuses  trouvera 


14  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

dans  les  cadres  de  la  société  une  information  précieuse,  des  rencontres 
intéressantes  en  plus  de  la  réception  d'un  bulletin  qui  porte  une  gran- 
de valeur  d'information. 

Je  fais  donc  encore  appel  à  l'intérêt  des  membres  pour  obtenir  ces 
résultats  qui  seraient  tout  à  notre  honneur.  Songeons  que  le  travail  des 
officiers  demeure  bénévole  ce  qui  lui  donne  une  valeur  toute  particu- 
lière." 

La  réunion  annuelle  de  la  Société  Historique  Franco-Américaine  a 
été  tenue  au  Collège  Club  de  Boston,  samedi,  le  20  mai  1961.  La  séance 
s'ouvrit  à  2  h  15  p.m.  par  la  prière  récitée  par  Mgr  Albert  Bérubé,  P.D., 
de  New  Bedford,  Mass.  Le  président  de  la  Société,  M.  l'abbé  Adrien 
Verrette,  de  Manchester,  N.  H.,  souhaita  la  bienvenue  et  adressa  quel- 
ques remarques  aux  quelque  cent  membres  venus  de  tous  les  coins  de 
la  Nouvelle-AngleteiTe. 

Le  secrétaire,  ayant  soumis  un  rapport  écrit,  il  en  fut  dispensé 
de  la  lecture.  Le  rapport  du  secrétaire  fut  accepté  avec  remerciements 
sur  motions  Pierre  Belliveau  et  Laurie  Ebacher,  Dans  son  rapport,  le 
secrétaire  mentionna  que  l'avoir  de  la  Société  au  1er  mai  1961  était  de 
$360.13  dans  le  compte  de  chèque,  plus  $621.75  dans  le  fonds  de  fiducie, 
ou  un  actif  total  de  $981.88.  Sept  membres  décédaient  depuis  la  derniè- 
re réunion.  M.  Edouarl  Fecteau  de  Lawrence,  Mass.,  prononça  l'éloge 
de  Me  Henri  Mouette,  également  de  Lawrence;  M.  Bernard  Théroux,  de 
Fall  River,  celle  de  M.  Roméo  Dufour  de  Fall  River;  Mgr  Albert  Bérubé, 
P.D.,  de  New  Bedford,  celle  de  M.  Joseph  Duchaine  de  New  Bedford; 
M.  Camille  Blain,  de  Linwood,  Mass.,  celle  de  M.  l'abbé  Eugène  Dion 
de  Fall  River;  M.  l'abbé  Adrien  Verrette,  de  Manchester,  celle  de  M. 
l'abbé  Pierre  Gauthier  de  Holyoke,  Mass.;  M.  Antoine  Clément,  de 
Lowell,  Mass.,  celle  du  Révérend  Père  Narcisse  Cotnoir,  OMI,  du  sanc- 
tuaire oblat  de  Colebrook,  N.  H.  et  M.  Antonio  Prince,  de  Woonsocket, 
R.  L,  celle  du  Dr  Joseph  Euclide  Mercier  de  Fall  River,  Mass.  L'assis- 
tance récita  ensuite  une  prière  pour  l'âme  des  disparus. 

Grâce  au  travail  de  M.  l'abbé  Doria  DesRuisseaux,  de  Manchester, 
N.  H.,  sur  motions  Henri  T.  Ledoux  et  Dr  Ubalde  Paquin,  39  nouveaux 
membres  furent  acceptés.  Ces  nouveaux  membres  sont:  MM.  Paul  O 
Leelair,  Roland  Tessier,  Maurice  Moynihan,  Ovila  J.  Pichette,  Dr  Fer 
nand  E.  Bourque,  Armand  E.  Têtu,  Roger  Barrette,  Raoul  A.  Prince 
Alcide  Bouchard,  Joseph  Maltais,  Robert  E.  Marcotte,  John  E.  Letendre 
Dr  Jean  N.  Leclerc,  Eugène  N.  Cameron,  Roméo  V.  Chagnon,  WHlie  A 
Rheault,  Wilfrid  J.  Vigneault,  Arthur  O.  Phaneuf,  Mme  Rose  Vachon 
Marcel  Vachon,  Armand  A.  Caron,  Roland  S.  Vallée,  Alphonse  Levas 
seur,  Paul  H.  Pichette,  Arthur  R.  Hébert,  Ludger  F.  Simard,  Philippe 
L.  Bossé,  Germain  B.  Lavallée,  Dr  Robert  Provencher,  Mlle  Lucille  A. 


REUNIONS   DE   LA   SOCIETE  15 

Mailhiot,  Antonio  Laperrière,  Arthur  J.  Moreau  et  Lorenzo  Vachon, 
tous  de  Manchester,  N.  H.;  MM.  J.  Emile  Lussier,  Montréal,  P.  Que.; 
Asmond  Provost,  Central  Falls,  Rhode  Island;  Mgr  Charles  E.  Burque, 
Dover,  N.  H.;  M.  l'abbé  Albert  J.  Burque,  Dover,  N.  H.;  Mgr  Alphéri 
Lauzière,  Berlin,  N.  H.;  M.  l'abbé  Léo  St-Pierre,  Nashua,  N.  H. 

Le  président  désigna  le  comité  de  nomination  suivant  pour  procé- 
der à  l'élection  des  officiers:  M.  Antonio  Prince,  président;  M.  Jean 
Picher,  Me  Zéphyr  Paquin.  Sur  propositions  Antoine  Clément  et 
Edouard  Fecteau,  l'assemblée  accepta  le  rapport  du  comité  de  nomina- 
tion. Les  officiers  suivants  furent  élus  pour  le  prochain  terme:  Prési- 
dent, abbé  Adrien  Verrette,  Manchester,  N.  H.;  Vice-Président,  Dr 
Louis  B.  Amyot,  Schenectady,  N.  Y.;  Secrétaire,  Gérald  Robert, 
Manchester,  N.  H.;  Fiduciaire,  Juge  Arthur  L.  Eno,  Lowell,  Mass.;  Con- 
seillers: MM.  Rosario  Pelletier,  Waterbury,  Conn.;  J.  Aimé  Lavallée, 
Springfield,  Mass.;  Dr  Jean  L.  LeBIanc,  Suncook,  N.  H.;  Jean  Picher, 
Woonsocket,  R.  I.;  Juge  Fernand  Despins,  Lewiston,  Maine;  Me  Pierre 
Belliveau,  Boston,  Mass.;  Abbé  Doria  DesRuisseaux,  Manchester,  N.  H.; 
Mlle  Rhéa  Caron,  Fall  River,  Mass.;  Me  Laurie  Ebacher,  Amesbury, 
Mass. 

L'ajournement  se  fit  à  quatre  heures  avec  la  prière.  Le  groupe  se 
rendit  ensuite  au  Consulat  général  de  France  où  par  l'entremise  de  son 
président,  M.  l'abbé  Adrien  Verrette,  la  Société  dit  ses  adieux  au  Con- 
sul Général  de  France  à  Boston,  le  baron  Charles  de  Pampelonne  et 
son  épouse,  rappelés  à  Paris  après  cinq  années  de  services  consulaires 
en  Nouvelle-Angleterre.  Au  nom  de  la  Société,  le  secrétaire  présenta  au 
Baron  et  à  Mme  de  Pampelonne,  de  magnifiques  sacoches  de  voyage. 
Le  Baron  remercia  en  termes  émus.  Le  tout  se  termina  par  un  vin 
d'honneur. 

Réception  au  Consulat  de  France 

Les  membres  se  rendaient  ensuite  au  Consulat  Général  de  France 
à  quelques  pas  de  leur  salle  de  réunion.  Ils  en  profitaient  pour  prendre 
part  aux  exercices  traditionnels  de  la  "Journée  LaFayette".  Le  président 
de  la  société  rendait  hommage  au  consul  et  à  son  épouse  en  partance 
pour  Paris:  M.  le  Consul  et  Madame  la  baronne  de  Pampelonne: 

"La  Société  Historique  vous  est  très  reconnaissante  pour  cette  der- 
nière délicatesse  que  vous  lui  accordez  de  venir  vous  saluer  à  l'occasion 
de  votre  prochain  départ  pour  Paris. 

"A  notre  joie  se  mêle  un  peu  de  tristesse  car  des  liens  que  nous 
considérions  très  précieux  vont  nécessairement  se  rompre,  car  tout  dé- 
part est  un  peu  de  vie  qui  s'en  va  pour  ne  plus  revenir. 


16  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTOBIQUE 

"Votre  présence  si  charmante  à  nombre  de  nos  réunions  avait  dé- 
veloppé un  sens  d'intimité  qui  nous  réjouissait.  Même  si  vous  devez 
emporter  notre  bon  souvenir,  votre  présence  n'y  sera  plus. 

"En  face  des  événements  inévitables  puisqu'il  s'agit  de  nous  ré- 
jouir de  l'ascension  de  votre  carrière  diplomatique,  nous  nous  empres- 
sons de  vous  offrir  des  voeux  pour  que  l'avenir  vous  comble  de  succès. 

"Depuis  plusieurs  années  déjà  le  consulat  de  Boston  est  non  seule- 
ment la  maison  des  français  de  France  mais  aussi  le  foyer  accueillant 
où  les  Franco-Américains  viennent  souvent  goûter  les  délices  de  cette 
chaude  hospitalité  qui  nous  est  si  chère.  Plus  que  les  autres  peut-être 
vous  en  avez  fait  le  rendez-vous  de  tous  les  coeurs  français  de  la  Nou- 
velle-Angleterre. 

"Merci  pour  ces  attentions  et  tout  le  prestige  que  vous  avez  donné 
à  votre  patrie  en  terre  d'Amérique  dans  cet  important  poste  de  Boston. 

"Afin  de  prolonger  un  peu  notre  présence  durant  les  heures  qui 
vous  ramèneront  en  France  nous  vous  offrons  ces  petites  valises  dans 
lesquelles  symboliquement  vous  déposerez  vos  meilleurs  souvenirs  de 
nous.  Un  jour  viendra  sans  doute  pour  vous  comme  pour  nous  où  le 
passé  voudra  revivre  dans  vos  coeurs.  Il  est  juste  d'espérer  que  nous 
serons  associés  à  l'évocation  de  vos  belles  années  à  Boston. 

Monsieur  le  consul 
Madame  la  baronne 

Apportez  vers  la  douce  France  l'assurance  de  notre  profonde 
affection  et  celle  aussi  non  moins  intense  de  notre  admiration." 

Allocution  de  Monsieur  le  Consul 

"Je  suis  heureux  de  vous  accueillir  dans  cette  Maison  de  France  à 
Boston,  où  bon  nombre  d'entre  vous  sont  déjà  venus  et  où,  j'espère,  les 
autres,  maintenant  qu'ils  en  connaissent  le  chemin,  reviendront  souvent 
célébrer  avec  nous,  ou  avec  mon  successeur,  les  Fêtes  nationales  fran- 
çaises et  les  fêtes  de  l'amitié  franco-américaine. 

Je  me  réjouis  tout  particulièrement  aujourd'hui  de  la  présence 
au  Consulat  des  membres  de  la  Société  Historique  Franco-Américaine 
et  de  leur  cher  et  dévoué  Président,  l'Abbé  Verrette,  de  cette  Société 
qui  perpétue,  avec  tant  de  fidélité  et  d'affection  le  souvenir  des  hauts 
faits  français  en  Amérique  du  Nord  et  qui,  ces  dernières  années,  a  no- 
tamment organisé  de  si  brillantes  manifestations  à  l'occasion  du  350ème 
anniversaire  de  la  découverte  de  la  baie  de  Boston  par  Samuel  de  Cham- 


il 


~Mt5tr?  '•*^T. 


Visite  d'hommage  à  M.  le  Consul  Charles  de  Pampelonne  au  con- 
sulat, le  20  de  mai  à  l'occasion  de  son  départ  pour  Paris.  De  gauche: 
Jean  Pocher.  Gérald  Robert,  Wilfrid  Beaulieu,  Abbé  Adrien  Verrette. 
madame  la  Baronne,  M.  le  consul,  R.  P.  Armand  Morrissette.  O.M.J., 
Normand  Lachance  et  Philippe-Armand  Lajoie. 

Remise  de  cadeaux  à  M.  le  consul  et  à  madame  la  baronne  de 
Pampelonne. 


Les  administrateurs  du  Conseil  de  la  Vie  Française  en  Amérique 
pour  l'exercice  1961-62.  De  gauche:  Mme  Reine  Malouin,  Ernest  Des- 
ormeaux. Abbé  Adrien  Verrette,  Armand  Godin,  R.  P.  Thomas  Landry, 
o.p.,  président.  Mgr  Paul-Emile  Gosselin.  P.D.,  secrétaire.  Me  Paul 
Gouin.  Emery  Leblanc.  Dr  Paul-Emile  Laflèche.  juge  Yves  Bernier  et 
Mgr  Maurice  O'Bready.  P.D. 

Dévoilement  d'une  plaque  en  l'honneur  de  Lafayette.  le  20  mai  à 
Schenectady.  N.  Y.,  par  les  American  Friends  of  Lafayette.  De  gauche: 
M.  Jean  Savelli.  alors  vice-consul  à  New  York.  Mme  George-W.  Blow.  le 
docteur  Louis-B.  Amyot.  président  et  James-D.  Schmitt. 


REUNIONS    DE   LA   SOCIETE  17 

plain,  du  200ème  anniversaire  de  la  naissance  de  Lafayette,  du  200ènie 
anniversaire  de  la  bataille  de  Carillon,  où  s'est  illustré  le  grand  Mont- 
calm;  du  350ème  anniversaire  de  la  découverte  du  Lac  Champlain, 
et  de  bien  d'autres  faits  historiques  français. 

Je  suis  heureux  aussi,  tout  particulièrement,  de  revoir  ici  le  Père 
Verrette,  après  le  grave  accident  qui  l'a  éloigné  de  nos  réunions  pen- 
dant plusieurs  mois,  et  suis  sûr  d'être  l'interprète  de  tous  ici  en  lui 
adressant  nos  plus  affectueuses  félicitations  pour  son  brillant  rétablisse- 
ment et  nos  voeux  les  p  lus  fervents  à  l'occasion  de  ses  40  années  de 
sacerdoce.  Voilà  bien  un  fait  historique  digne  d'être  célébré! 

Je  veux  également  souhaiter  la  bienvenue  aux  Présidents,  Prési- 
dentes, membres  des  Bureaux  ou  principaux  représentants  des  grandes 
sociétés  fraternelles  Franco- Américaines,  qui  ont  bien  voulu  répondre 
à  notre  invitation.  Je  vois  notamment  parmi  vous  M.  Jean  Picher,  Pré- 
sident du  Comité  de  Vie  Franco-Américaine,  M.  Normand  Lachance, 
Secrétaire  Général  de  L'Union  Saint-Jean-Baptiste  d'Amérique,  M.  Gé- 
rald  Robert,  Secrétaire  Général  de  l'Association  Canado-Américaine, 
Mme  Tougas,  Présidente  d'Honneur  de  la  Fédération  Féminine  Franco- 
Américaine,  le  Dr  Ubalde  Paquin,  ancien  Président  de  la  Société  Histo- 
rique, M.  Roland  Des  jardins.  Président  de  la  Société  des  Clubs  Riche- 
lieu, Mme  Clair  Carpenter,  Présidente  de  la  Ligue  des  Présidents  de 
New  Bedford,  M.  Bernard  Théroux,  Président  de  la  Société  des  Con- 
cours de  Français,  de  Fall  River,  Mme  Louis-P.  Clapin,  etc..  Je  vois 
aussi  plusieurs  membres  de  votre  dévoué  clergé,  Mgr  Bérubé,  de  New 
Bedford,  Mgr  Mercier,  de  Salem,  le  R.P.  Morissette,  de  Lowell,  Aumô- 
nier Général  des  Vétérans  Franco-Américains,  Aumônier  Honoraire  de 
la  Marine  Française,  et  plusieurs  autres  prêtres  ou  religieux,  en  parti- 
culier ceux  qui  représentent  le  grand  Collège  de  l'Assomption.  Je  veux 
saluer  aussi  tout  spécialement  vos  éminents  journalistes,  notamment 
M.  Philippe  A.  Lajoie,  de  "L'Indépendant",  de  Fall  River,  M.  Wilfrid 
Beaulieu  du  "Travailleur"  de  Worcester,  M.  Antoine  Clément,  de  l'an- 
cienne "Etoile"  de  Lowell,  qui  ont  toujours  fait  preuve  de  tant  d'objec- 
tivité, d'amitié  et  de  fidélité  dans  leurs  écrits  sur  la  France  et  sur  les 
relations  franco-américaines. 

Et  je  veux,  bien  sûr,  saluer  Lafayette,  dont  c'est  aujourd'hui  la 
fête:  Lafayette,  héros  de  nos  deux  patries,  symbole  de  l'amitié  et  de  la 
solidarité  entre  nos  deux  pays. 

Enfin,  à  quelques  semaines  de  mon  départ  pour  la  France,  après 
plus  de  5  années  passées  parmi  vous,  je  voudrais  vous  exprimer  mes 
sentiments  profonds  d'admiration,  de  confiance,  de  fidélité  et  d'affection. 

Admiration,  d'abord.  Admiration  pour  le  magnifique  travail  accom- 


18  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

pli  par  vos  sociétés,  pour  leur  si  utile  rayonnement,  leur  dévouement  à 
la  cause  franco-américaine,  et  plus  spécialement  au  maintien  de  la  lan- 
gue, de  la  culture  et  des  traditions  françaises. 

Je  veux  vous  dire  aussi  mille  fois  bravo  pour  tout  ce  que  vos  socié- 
tés patronnent  et  organisent:  réunions,  banquets,  galas  de  bienfaisance, 
aide  mutuelle,  aide  financière  aux  collèges  et  écoles  franco-américaines, 
aide  à  vos  journaux,  vos  émissions  radiophoniques,  vos  programmes  de 
télévision,  vos  chorales,  etc.. 

Chaque  fois  que  je  vous  vois,  je  constate  que  vos  activités  et  vos 
oeuvres  se  développent  et  se  fortifient,  que  des  comités  de  liaison  ou  de 
coordination,  des  cercles  ou  des  clubs  se  constituent.  Tout  cela  témoigne 
de  votre  vitalité  et  de  votre  volonté  de  vie  franco-américaine,  dans  la 
fidélité  à  vos  oriignes  françaises,  la  loyauté  à  l'égard  de  votre  citoyen- 
neté américaine,  le  maintien  de  toutes  les  valeurs  qui  vous  sont  chères, 
votre  religion,  vos  traditions,  la  langue  de  vos  ancêtres. 

Reconnaissance,  ensuite:  Je  veux  vous  exprimer  ma  profonde  gra- 
titude d'abord  pour  l'aide  précieuse  apportée  au  Consul  que  je  suis  dans 
ses  efforts  pour  une  meilleure  connaissance  de  la  langue  française  et 
une  meilleure  compréhension  des  problèmes  qui  se  posent  à  la  France. 

Je  veux  vous  dire  merci  pour  l'accueil  si  cordial,  si  fraternel  reçu 
partout  en  Nouvelle  Angleterre,  de  la  part  de  vos  groupes,  de 
Woonsocket  et  Providence,  Rhode  Island,  à  Lewiston,  Maine,  et 
Burlington,  Vermont,  en  passant  par  New  Bedford,  Fall  River,  Lowell, 
Worcester,  Leominster,  Springfield,  Mass.,  Manchester  et  Nashua,  N.  H. 
et  bien  d'autres  centres  où  la  population  franco-américaine  est  impor- 
tante. 

Je  vous  exprime  ma  reconnaissance  personnelle  enfin  pour  les  mar- 
ques d'amitié  que  vous  m'avez  témoignées  et  les  distinctions  honorifi- 
ques que  vous  avez  eu  la  bonté  de  m'accorder:  je  pense  notamment  à 
la  Médaille  Grand  Prix  de  la  Société  Historique,  aux  Clés  et  Titres  de 
Citoyen  d'Honneur  de  Manchester  et  de  Worcester,  aux  Diplômes  de 
membres  d'Honneur  de  plusieurs  de  vos  sociétés,  aux  somptueux  ca- 
deaux faits  à  ma  femme  et  à  moi-même  à  l'occasion  de  notre  prochain 
départ.  Tous  ces  gestes  nous  ont  profondément  touchés. 

Confiance,  aussi.  C'est,  bien  sûr,  ma  confiance  en  votre  avenir.  Cer- 
tes les  difficultés  sont  grandes,  mais  la  structure  de  vos  groupements  et 
l'organisation  de  votre  vie  franco-américaine  sont  telles,  avec  vos  240 
écoles  paroissiales,  votre  magnifique  clergé,  vos  dévouées  religieuses, 
vos  sociétés  fraternelles,  vos  journaux,  vos  heures  Radio  et  TV,  que 
nous  pouvons,  vous  pouvez,  regarder  l'avenir  avec  confiance. 


REUNIONS   DE   LA    SOCIETE  19 

L'avenir,  du  reste,  est  au  bilinguisme,  qui  était  le  thème  de  votre 
dernier  Congrès.  En  faisant  campagne  pour  le  bilinguisme,  vous  êt€S 
de  toute  évidence  sur  la  bonne  voie.  Il  faut  absolument  que  vos  enfants 
profitent  de  cet  avantage  exceptionnel,  qui  consiste  à  trouver  au  ber- 
ceau à  la  fois  la  langue  de  leurs  ancêtres  et  celle  de  leur  patrie  actu- 
elle. Et  en  cette  deuxième  moitié  du  20ème  siècle  où  l'Europe,  l'Amé- 
rique et  l'Afrique  risquent  d'être  reliées  en  15  à  30  minutes,  il  est  es- 
sentiel de  parler  les  deux  principales  langues  de  ces  trois  continents, 
comme  le  font  du  reste  S. S.  le  Pape  Jean  XXIII,  la  Reine  Elizabeth,  le 
Président  Bourguiba,  et  de  nombreux  autres  hommes  d'état,  et  comme 
vient  de  le  faire  le  Président  Kennedy  au  cours  de  sa  visite  au  Canada. 

Affection  et  fidélité,  enfin.  Affection  et  fidélité  de  la  France,  qui 
apprend  à  vous  connaître,  qui  vous  connaîtra  de  mieux  en  mieux.  Et, 
bien  sûr,  mon  affection  et  ma  fidélité  personnelles.  Soyez  sûr  en  effet 
que  je  ne  vous  oublierai  pas  et  que  je  m'efforcerai  à  Paris  d'être  en 
quelque  sorte  votre  Ambassadeur,  votre  interprète,  auprès  des  Services 
français  culturels  ou  d'information,  susceptibles  de  vous  aider. 

De  son  côté,  je  sais  que  la  France  peut  compter  sur  v  otre  affectu- 
euse fidélité.  Elle  traverse  souvent  des  crises,  parfois  des  crises  très 
graves,  mais  elle  est  toujours  là  et  toujours  debout.  Et  dans  les  jour- 
nées dramatiques  qu'elle  vient  encore  de  vivre  à  propos  de  l'affaire  al- 
gérienne, n'a-t-on  pas  vu  une  fois  de  plus  la  détermination  et  le  sens  de 
l'autorité  de  l'Etat  du  Général  de  Gaulle,  alliés  à  la  sagesse  et  à  la  co- 
hésion du  peuple  français,  prendre  le  pas  sur  l'aventure  et  le  désespoir? 

Je  sais  avec  quelle  sympathie  vous  avez  suivi  et  suivez  encore  les 
événements  du  vieux  pays.  Je  sais  quels  voeux  fervents  vous  formez 
pour  que  la  paix  et  l'union  régnent  parmi  vos  frères  de  France. 

Pour  cela  comme  pour  toutes  les  marques  de  confiance  et  d'amitié 
que  vous  avez  bien  voulu  me  témoigner,  ainsi  qu'à  ma  femme,  durant 
notre  séjour  parmi  vous,  je  vous  dis  de  tout  coeur:  Merci. 


Réunion  du  Bureau 
7  octobre  1961 
Boston,  Mass. 

Une  réunion  des  membres  du  bureau  eut  lieu  le  7  octobre  1961,  à 
2  heures  de  l'après-midi,  à  l'hôtel  Lenox  de  Boston.  Etaient  présents: 
les  abbés  Camille  Blain,  Adrien  Verrette,  Doria  Desruisseaux,  MM. 
Gérald  Robert,  Jean  Picher,  J.  Aimé  Lavallée,  Laurie  Ebacher,  Pierre 
Belliveau  et  Mlle  Rhéa  Caron.  M.  l'abbé  Doria  DesRuisseaux  récita  la 
prière  d'ouverture.  Sur  motions  Lavallée-Ebacher,  les  rapports  du  pré- 


20  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

sident  et  du  secrétaire  furent  acceptés.  Sur  motion  Caron-Ebacher,  la 
63e  réunion  gala  fut  fixée  au  19  novembre  1961.  M.  Edouard  Morot-Sir, 
conseiller  culturel  de  France  auprès  des  Universités  et  Collèges  des 
Etats-Unis,  fut  choisi  pour  donner  la  conférence. 

L'assemblée  nota  l'heureux  geste  en  France  du  Dr  Louis  B.  Amyot, 
à  l'endroit  de  La  Société  Historique  Franco-Américaine. 

Le  président  fit  rapport  que  la  plaque  de  Champlain,  installée  par 
la  Société  à  l'aéroport  Logan,  a  été  enlevée  alors  que  la  plaque  Lafayette, 
présentée  par  la  Société  au  Wayside  Inn,  n'a  pas  encore  été  installée 
par  les  autorités  de  l'endroit.  L'assemblée  nomma  un  comité  pour  faire 
enquête  aux  deux  endroits.  Ce  comité  se  compose  de  MM.  Henri  Goguen, 
Laurie  Ezacher  et  Pierre  Belliveau.  Sur  motions  Lavallée-Ebacher,  le 
montant  de  $60.00  fut  voté  pour  une  page  d'hommages  de  la  Société, 
dans  le  programme-souvenir  du  6e  Congrès  des  Franco-Américains,  de- 
vant être  tenu  à  Hartford,  Connecticut.  Sur  motions  Caron-Picher,  le 
montant  de  $10.00  fut  voté  à  la  Fédération  Féminine  Franco-Américaine 

pour  son  5e  concours  oral  de  français. 

L'assemblée  vota  des  félicitations  à  la  Fédération  Franco-Américai- 
ne du  New  Hampshire  pour  l'érection  d'un  monument  à  la  mémoire  de 
Messire  Joseph  Augustin  Chevalier,  curé  fondateur  de  la  première  pa- 
roisse franco-américaine  de  Manchester,  Saint-Augustin. 

L'assemblée  discuta  des  projets  de  recrutement,  en  particulier  ce- 
lui de  l'abbé  Camille  Blain,  qui  suggéra  d'organiser  des  groupes  régio- 
naux affiliés  à  la  Société  de  Boston. 

Me  Pierre  Belliveau  se  dit  aussi  en  faveur  d'organiser  des  sociétés 
locales. 

Sur  motions  Belliveau-Robert,  le  président  fut  autorisé  de  repré- 
senter la  Société  à  une  réunion  de  la  Société  Historique  de  Sturbridge, 
Mass.  La  séance  fut  levée  à  3  h  30  et  l'abbé  Desruisseaux  récita  la 
prière. 


63e  Réunion  Gala 

19  novembre  1961 

Harvard  Club 

Boston,  Massachusetts 


La  63e  réunion  de  la  Société  Historique  eut  lieu  dimanche  soir, 
le  19  novembre  1961,  dans  la  salle  de  la  bibliothèque  du  Harvard  Club 
à  Boston.  Il  y  eut  vin  d'honneur  et  réception  dans  la  galerie  des  arts 
avant  le  souper.  Mgr  Arthur  Mercier,  P.D.,  curé  de  la  paroisse  St-Joseph 
de  Salem,  Mass.,  récita  le  bénédicité.  Après  le  repas,  le  président  de  la 
Société,  M.  l'abbé  Adrien  Verrette,  souhaita  la  bienvenue  aux  125  mem- 


REUNIONS   DE   LA    SOCIETE  21 

bres  présents.  Dans  son  message  il  disait:  "Notre  société  continue  dili- 
gemment son  oeuvre.  Ses  cadres  s'élargissent  ainsi  que  son  influence. 
Son  travail  dépasse  nécessairement  les  attributions  d'une  société  pure- 
ment d'histoire.  En  réunissant  notre  élite,  elle  s'occupe  intensément  du 
rayonnement  de  notre  présence  et  de  notre  culture  françaises  en  Amé- 
rique. Elle  sollicite  toujours  de  nouveaux  appuis  pour  assurer  le  succès 
de  ses  intiatives.  Son  bulletin  apporte  fidèlement  les  échos  de  ses  ac- 
complissements. 

Le  président  saluait  ensuite  la  présence  d'un  nouveau  consul  géné- 
ral, M.  Jean  Savelli  et  il  disait:  "Depuis  toujours,  le  consul  général  de 
France  à  Boston  est  une  présence  fidèle  à  nos  réunions.  Au  mois  de  mai 
dernier,  nous  disions  notre  affectueux  au  revoir  à  M.  le  baron  et  à  (ma- 
dame) la  baronne  Charles  de  Pampelonne  après  des  années  de  riches 
amitiés. 

"Ce  soir  je  suis  très  heureux  de  saluer  la  présence  de  M.  le  consul 
général  Jean  Savelli  et  de  son  épouse  pour  les  assurer  de  notre  chaleu- 
reux accueil. 

"Ce  soir,  c'est  pour  ainsi  dire  l'élite  de  la  Franco-Américanie  qui 
vous  salue  et  qui  s'empresse  de  vous  rendre  hommage  en  vous  soiihaitant 
un  séjour  profitable  et  heureux  au  service  de  votre  patrie  avec  l'assu- 
rance de  notre  fraternel  appui. 

"Nous  savons  que  vous  êtes  originaire  de  l'Ile-Rousse,  en  Corse  et 
que  vous  êtes  docteur  en  Droit,  diplômé  de  l'école  des  Sciences  Politi- 
ques de  Paris  et  porteur  de  la  Croix  de  la  Légion  d'Honneur  au  titre  mi- 
litaire. 

"Après  la  guerre,  vous  entriez  dans  le  service  diplomatique  au 
ministère  des  Affaires  Etrangères,  puis  aux  ambassades  de  Berne 
(Suisse)  et  de  Buenos  Aires  (Argentine),  au  Quay  d'Orsay  (Paris)  et  en 
1958  au  consulat  général  de  France  à  New  York  à  titre  de  consul-ad- 
joint. 

"C'est  en  septembre  dernier  que  vous  veniez  continuer  la  liste  de 
vos  distingués  prédécesseurs  au  consulat  général  de  Boston.  Nous 
souhaitons  à  votre  carrière  une  ascension  rapide  avec  les  meilleurs 
succès. 

Il  nous  est  aussi  très  agréable  de  saluer  le  consul  du  Canada  à 
Boston,  M.  Jacques  Gignac  et  son  épouse.  Nous  conservons  des  attaches 
profondes  avec  la  patrie  de  nos  pères.  La  présence  du  représentant  of- 
ficiel du  Canada  à  nos  fêtes  est  toujours  une  source  de  profonde  satis- 
faction, 


22  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

A  l'endroit  du  conférencier,  le  président  disait: 

"Depuis  sa  fondation,  la  Société  Historique  a  eu  l'honneur  de  rece- 
voir à  sa  table  d'illustres  représentants  de  la  France,  ambassadeurs, 
consuls,  universitaires,  professeurs  et  auteurs  qui  ont  noué  avec  nous, 
descendants  de  la  Nouvelle  France,  des  liens  impérissables.  C'est  que 
nous,  les  fils  de  la  Nouvelle  France,  n'avons  jamais  voulu  rompre  avec 
nos  frères  de  la  France,  qui  nous  a  donné  les  trésors  de  sa  culture  que 
nous  portons  dans  nos  vies.  N'est-ce  pas  une  étrange  et  admirable  con- 
tagion que  la  France  exerce  sur  tous  ceux  qui  ont  reçu  la  flamme  de  sa 
générosité. 

"Continuant  cette  louable  coutume,  la  Société  a  la  joie  de  saluer  ce 
soir  l'une  des  brillantes  personnalités  de  la  France  au  pays  dans  la  per- 
sonne de  monsieur  Edouard  Morot-Sir,  conseiller  culturel  de  la  France 
à  Washington  et  son  représentant  auprès  des  universités  des  Etats-Unis. 

M.  le  conseiller,  votre  curriculum  vitae  nous  apprend  que  vous  êtes 
dans  la  fleur  de  l'âge  étant  né  en  1910.  Diplômé  des  grandes  écoles  de 
France,  aggrégé,  docteur  d'université,  commandeur  de  l'Ordre  des 
Palmes  Académiques,  vous  êtes  en  plus  Chevalier  de  la  Légion  d'Hon- 
neur. Lieutenant  d'infanterie  vous  avez  connu  les  affres  de  la  captivité 
chez  l'ennemi. 

"Vous  êtes  maintenant  professeur  de  philosophie,  maître  de  con- 
férences et  directeur  de  la  Commission  Fulbright  en  France,  sans  par- 
ler de  plusieurs  autres  attributions  culturelles. 

"Enfin,  en  1957,  votre  gouvernement  vous  nomma  conseiller  cultu- 
rel près  de  l'ambassade  de  France  à  Washington,  D.C.  Vous  exercez 
dès  votre  arrivée  une  influence  profitable  tout  à  l'honneur  de  votre 
patrie. 

"Vos  conférences  nombreuses  à  travers  le  pays  sèment  partout  une 
grande  sympathie  envers  votre  pays.  Vos  ouvrages  et  vos  nombreux 
articles  ajoutent  à  votre  prestige  intellectuel. 

"Vous  avez  répondu  avec  empressement  à  notre  invitation  frater- 
nelle et  nous  vous  en  remercions  de  tout  coeur. 

Actualités  Françaises" 

Malheureusement,  M.  Morot-Sir  ne  laissa  pas  de  texte.  Sa  causerie 
pouvait  se  définir:  "Les  lumières  au  tableau  de  la  vie  française  depuis 
les  années  du  grand  conflit  de  la  seconde  guerre.  Appuyé  par  des  faits 
inattaquables,  il  résumait  les  principaux  traits  de  la  résurgence  mer- 
veilleuse d'une  nation,  qui,  au  dire  d'un  statisticien  réputé,  "est  con- 
damnée à  être  perpétuellement  jeune". 


II 


statuts  -  Règlements 

Titre  I 
Nom,  But,  Composition 

Art.  1.  Nom.  La  Société  Historique  Franco-Américaine 

(Fondée  le  4  septembre  1899) 

(Incorporée  le  6  mars  1900) 

Art.  2.  But.  Favoriser  l'étude  de  l'histoire  des  Etats-Unis  et  sur- 
tout la  mise  en  lumière  de  la  participation  française  à  la  vie  américaine. 
Pour  ce  faire,  la  société  recueille  documents,  archives  et  statistiques. 
Elle  publie  un  bulletin  et  autorise  la  parution  d'ouvrages  sous  ses  aus- 
pices; elle  encourage  les  conférences  et  concours  sur  notre  histoire  et 
souligne  nos  principaux  anniversaires;  elle  prête  son  concours  aux  au- 
tres sociétés  historiques. 

Art.  3.  Membres.  La  société  compte  trois  classes  de  membres;  titu- 
laires, correspondants  et  honoraires. 

Art.  4.  Officiers.  Un  bureau  composé  des  officiers  suivants:  prési- 
dent, vice-président,  secrétaire-trésorier,  fiduciaire  et  9  conseillers  (13). 

Titre  II 
Membres 

Art.  5.  Admission.  Tout  candidat  doit  être  appuyé  par  deux  mem- 
bres. 

L'admission  de  tout  membre  est  faite  par  la  société  siégeant  en  sé- 
ance générale,  sur  présentation  des  noms  des  candidats  par  le  président. 
Si  le  choix  se  fait  par  bulletin,  il  doit  recueillir  les  deuxt-tiers  des  voix 
des  membres  présents  à  la  séance. 

Art.  6.  Privilèges.  Seuls,  les  membres  titulaires  possèdent  tous  les 
droits  de  sociétaire  avec  voix  délibérative. 

Les  membres  correspondants  sont  choisis  pour  leur  désir  de  colla- 
borer à  l'oeuvre  de  la  société. 


24  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Les  membres  honoraires  sont  nommés  à  cause  des  services  insignes 
rendus. 

Tout  membre  reçoit  un  diplôme  suivant  sa  classe,  signé  par  le  pré- 
sident et  le  secrétaire. 

Les  membres  reçoivent  gratuitement  le  bulletin  de  la  société. 

Art.  7.  Cotisation.  Seuls  les  membres  titulaires  versent  la  contribu- 
tion annuelle  fixée  par  les  règlements. 

Une  contribution  de  $100  donne  droit  au  titre  de  "Membre  à  Vie". 

Art.  8.  Radiation.  A  moins  d'avis  explicatif,  tout  membre  qui  ne 
s'acquitte  pas  de  sa  cotisation  pendant  deux  années  consécutives,  est 
rayé  de  la  société. 

Pour  des  raisons  qu'elle  juge  convenables,  la  société  peut  rayer  un 
membre  de  ses  rangs. 

Pour  être  réintégré,  un  membre  doit  solder  ses  arrérages  de  2  ans 
au  moins. 

Un  membre  peut  se  retirer  par  démission  écrite. 


Titre  III 
Officiers 


Art.  9.  Election.  D'après  le  mode  établi  par  les  règlements,  les  of- 
ficiers sont  élus  pour  un  terme  d'un  an  à  la  première  réunion  semi-annu- 
elle, sauf  les  neuf  conseillers,  dont  trois  élus  chaque  année  pour  un  ter- 
me de  trois  ans.  Un  conseiller  n'est  pas  réélégible  pour  un  second  man- 
dat successif. 

Les  officiers  honoraires  sont  élus  à  vie. 

Art.  10.  Devoirs.  Les  attributions  des  officiers  sont  fixées  par  les 
règlements. 


Titre  IV 
Séances 
Art.  11.  Société.  La  société  tient  généralement  deux  réunions  par 
snnée  dont  la  date  est  fixée  par  le  bureau. 


STATUTS   ET   REGLEMENTS  25 

Pour  des  raisons  qu'il  juge  valides,  le  bureau  peut  convoquer  des 
réunions  spéciales. 

Art.  12.  Bureau.  A  la  demande  du  président,  le  bureau  tient  géné- 
ralement deux  réunions  par  année  quelque  temps  avant  les  séances  de 
la  société. 


Titre  V 
Bureau 


Art.  13.  La  société  confie  à  son  bureau  la  garde  de  ses  effectifs  et 
la  gérance  de  ses  affaires,  sauf  les  cas  prévus. 


Titre  VI 
Archives 


Art.  14.  Les  archives  de  la  société  sont  sous  la  garde  du  bureau  et 
sont  déposées  au  nom  de  la  société  en  lieu  sûr. 


Titre  VII 
Amendments 

Art.  15.  Every  proposai  to  amend  the  By-Laws  must  be  submitted 
to  the  Board  of  Directors  for  study,  at  least  thirty  days  before  the 
meeting  of  the  Society.  The  Board  of  Directors  shall  submit  ail  amend- 
ments so  proposed,  to  the  members.  In  the  call  of  the  meeting,  the 
members  shall  be  given  notice  of  the  proposed  amendment.  The  pro- 
posed amendment  requires  for  adoption  twot-thirds  vote  of  the  members 
présent.  The  provisions  of  Article  15  do  not  supersede  Title  VIII,  Article 
16  entitled  Trust  Fund. 


Titre  VIII 
Trust  Fund 


Art.  16.  A-1.  There  shall  be  three  trustées  who  shall  administer 
the  Endowment  Fund  as  hereinafter  provided. 

Thèse  trustées  shall  be  elected  by  the  members  at  the  Annual 
Meeting  held  for  the  élection  of  officers  and  dirctors,  by  ballot  for  a 
term  of  three  years,  excepting  as  to  two  of  the  three  elected  at  the 
élection  following  the  adoption  of  this  Article  so  that  one  of  thèse  shall 


26  BULLETIN   DE  LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

be  elected  for  a  term  of  one  year  and  one  a  term  of  two  years  sa  that 
thereafter  at  each  anual  élection  the  members  of  the  Society  shall  elect 
a  trustée  to  serve  for  a  term  of  three  years  to  succeed  the  trustée  whose 
office  at  the  time  expired. 

An  interterm  vacancy  among  the  trustées  of  the  Endowment  Fund, 
shall  be  filled  by  majority  vote  of  the  Board  of  Directors  to  serve  until 
his  successor  is  elected  at  the  annual  élection  next  held  by  the  members 
of  the  Society. 

A-2.  Each  of  said  trustées  forthwith  after  each  élection  shall  meet 
with  his  co-trustees  and  organize  by  electing  a  chairman,  a  clerk  and  a 
treasurer.  That  the  requirement  of  signatures  by  at  least  two  trustées 
be  had  in  ail  trustée  transactions,  there  shall  not  be  merger  in  one 
trustée  of  any  two  of  the  offices  of  treasurer,  clerk  or  chairman. 

The  trustées  shall  collect  and  receive  ail  contributions,  subscrip- 
tions  and  other  moneys  due  or  payable  to  the  Endowment  Fund  and 
subject  to  the  gênerai  direction  and  control  of  the  Board  of  Directors, 
shall  devise  and  from  time  to  time  recommend  to  the  Board  of  Directors 
and  to  the  membership  of  the  Society,  suitable  means  and  methods  for 
increasing  said  fund. 

A-3.  The  trustées,  or  each  of  them,  whenever  requested  by  the 
Board  of  Directors,  shall  render  a  report  of  receipts.  withdrawals,  dis- 
bursements  and  transactions,  showing  the  balance  then  on  hand  and 
due  détail,  and  at  the  annual  meeting  shall  submit  a  like  report  for  the 
current  year  and  reread  the  report  presented  at  the  previous  annual 
meeting. 

A-4.  The  Chairman  of  the  Trustées  of  the  Endowment  Fund  shall 
be  ex-officio  member  of  the  Board  of  Directors. 

The  Treasurer  of  the  Society  and  the  Treasurer  of  the  Endowment 
Fund  shall,  and  any  other  officer  member  or  employée  of  the  Society 
having  control  or  custody  of  any  Society  funds  or  property  may,  be 
required  by  the  Board  of  Directors  to  give  the  Society  a  bond  in  a  sum 
and  with  a  recognized  surety  company  satisfactory  to  the  Board  of 
Directors,  for  the  faithful  performance  of  his  duties.  The  premium  for 
such  bond  shall  be  paid  by  the  Society. 

B-1.  The  money  in  the  said  fund  shall  be  deposited  as  a  savings 
account  or  invested  and  reinvested  in  the  Sound  securities  recognized 
appropriate  for  a  trust  fund.  The  securities  and  the  records  of  the 
trustées   shall  be  kept   in  a  suitable  safe  deposit  box,    which  shall  be 


STATUTS    ET   REGLEMENTS  27 

opened  only  in  the  présence  of  at  least  two  of  said  trustées.  And  such 
savings  account,  securities  and  safe  deposit  box,  shall  be  held  in  the 
name  of  the  Trustées  of  the  Society,  in  such  bank  or  depository  which 
shall  be  desingnated  or  aproved  by  the  Board  of  Directors.  And  the 
proper  ofïicer  in  every  s  uch  bank  or  depository,  shall  be  given  in  hand 
proper  officer  in  every  such  bank  or  depository,  shall  be  given  in  hand 
Constitution  and  By-Laws  governing  the  Endwment  Fund,  by  the 
Secretarj'  of  the  Society.  No  part  of  the  cash,  deposits,  securities,  or 
assets  of  the  Fund  shall  be  withdrawn  or  negotiated  except  by  spécial 
vote  of  record  and  written  order  of  the  trustées  and  then  only  for  the 
purpose  of  sale  or  transfer  or  reinvestment  except  as  otherwise  provided 
herein.  Any  endorsement  necessary  for  the  sale,  reinvestment,  transfer 
or  withdrawal  of  funds,  securities  or  assets  shall  be  executed  by  the 
Chairman  and  the  Treasurer  of  the  Endowment  Fund,  who  shall  always 
be  seperate  individuals  so  as  to  require  the  signature  of  two  persons, 
who  are  trustées,  and  when  so  executed  shall  pass  valid  title  to  the 
transferree. 


B-2.  Except  as  otheriwse  provided  herein  or  by  the  terms  of  a  gift, 
devise  or  bequest.  no  part  of  the  Endowment  Fund,  other  then  income, 
shall  be  used  or  expended  for  any  purpose  whatsoever,  other  than  for 
Sound  investment  recognized  as  appropriate  for  such  a  fund,  unless 
there  be  full  compliance  with  Title  VII  Article  15  and  the  provisions 
herein  this  title  following:  (a)  due  notice  of  intent  to  invade  principal, 
in  writing  shall  be  mailed  by  the  Secretary  of  the  Society  to  ail  members 
of  the  Society  and  (b)  thereafter  within  thirty  days  of  this  preliminary 
notice  in  writing,  such  notice  shall  be  read  by  the  Secretary  to  the 
membership  at  a  meeting  of  the  members  of  the  Society  duly  called 
and  the  Secretary  shall  then  certify  to  this  meeting  of  members  that  he 
or  she  mailed  due  notice  to  every  member  and  (c)  thereafter  for 
purposes  of  a  subséquent  meeting,  which  shall  be  held  within  three 
calender  months  from  the  prior  meeting  of  members  at  which  notice 
was  first  read  by  the  Secretary,  notice  of  such  intended  action  and  of  the 
proposed  vote,  shall  be  printed  on  the  call  of  the  meeting  and  mailed 
to  every  member  at  least  ten  days  before  the  date  fixed  for  such  second 
to  every  member  at  least  ten  days  before  the  rate  fixed  for  such  escond 
or  voting  meeting  and  before  such  action  is  to  be  taken  and  then  by  not 
less  than  a  two-third  vote  of  the  members  présent  and  voting.  A  quorum 
of  the  Society  for  this  purpose  shall  be  thirty  members  and  meetings 
for  such  a  purpose  shall  not  be  adjourned  meetings:  and  the  "voting" 
meeting  shall  be  held  not  less  than  30  days  from  the  "preliminary" 
meeting. 

B-3  The  income  from  the  Endowment  Fund  shall  be  available  for 
any  purposes  of  the  Society  and  shall  be  paid  over  at  least  annually 
by  the  Trustées  into  the  General  Fund  of  the  Society. 


28  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

B-4.  The  principal  of  the  Endowment  Fund  shall  be  held  intact 
until  the  principal  attains  Ten  Thousand  (10,000)  Dollars  in  book  or 
market  value,  whichever  is  lower. 

Once  having  attained  such  Ten  Thousand  (10,000)  Dollars  value, 
the  principal  shall  not  be  reduced  or  maintained  below  such  Ten 
Thousand  (10,000)  Dollars  value;  and  in  the  event  of  any  loss  of  such 
Ten  Thousand  (10,000)  Dollars  value,  the  principal  shall  be  speedily 
restored  by  available  means,  included  herein  a  surrender  and  turning 
over  by  vote  of  the  Board  of  Directors,  of  some  current  income  of  the 
Endowment  Fund,  to  the  principal. 

When  and  so  long  as  the  principal  of  the  Endowment  Fund  is  at 
Ten  Thousand  (10,000)  Dollars  or  more  (by  book  or  market  value 
whichever  is  lower),  the  Board  of  Directors,  by  two-thirds  vote  of  total 
board  membership,  may  call  on  the  Endowment  Fund  for  payment  into 
the  General  Fund  of  the  Society,  an  amount  not  exceeding  one-half  of 
the  amount  which  was  added  to  the  principal  of  the  Endowment  Fund 
during  the  two  years  immediately  preceeding  the  date  of  such  call, 
nrovided  always  that  the  call  exceed  not  one-half  of  the  excess  over 
$10,000  or  exceed  not  one-half  of  the  excess  over  the  amount  of  principal 
as  of  the  day  two  years  preceeding  the  date  of  the  call,  whichever  is  the 
larger  base  amount,  and  provided  that  the  call  exceeds  not  an 
amount  which  represents  one-half  the  true  capital  increase  made  in  two 
years  immediately  preceeding  the  date  of  the  call  on  the  fund. 

C.  No  part  of  the  Endowment  Fund  and  income  thereof,  shall  ever 
ensure  to  the  benefit  of  any  individual  or  ever  be  used  for  the  payment 
of  légal  damages,  assessments,  judgments,  or  in  satisfaction  of 
judgments  imposed  on  the  Society,  or  be  subject  to  attachment,  levy, 
seizure  or  other  légal  process  to  satisfy  any  judgment  or  decree,  with 
which  the  Society's  property  might  otherwise  be  charged. 

D.  Any  and  ail  amendments  and  provisions  of  the  Constitution  and 
By-Laws,  hereafter  adopted,  referring  to  the  Endowment  Fund,  shall 
be  adopted  only  by  full  compliance  with  the  provisions  hère  in  this 
Title  provided  for  the  withdrawal  of  principal  from  the  fund 
notwithstanding  any  contrary,  inconsistant  or  other  provision  in  the 
Constitution  and  By-Laws  provided. 

Article  17.  Amendements.  Amendments  to  the  By-laws  may  be  made 
by  the  members  in  regular  meeting  and  if  by  ballot,  by  two-thirds  vote 
of  the  members  présent.  The  provision  of  this  Art.  17  do  not  supersede 
the  provisions  of  Title  VIII,  Art.  16. 


STATUTS   ET   REGLEMENTS  29 

Titre  IX 
Dissolution 


Art.  18.  En  cas  de  dissolution  de  la  société,  ce  qu'à  Dieu  ne  plaise, 
tous  les  membres  seront  convoqués  à  cet  effet  au  moins  trente  jours  à 
l'avance  par  écrit.  Les  deux  tiers  des  membres  présents  de  concert  avec 
les  fiduciaires  pourront  disposer  de  l'avoir  total  de  la  société  dans  un  dé- 
lai d'un  an  en  faveur  d'un  organisme  spécifiquement  de  culture  française 
et  préférablement  l'université  Laval  de  Québec,  la  gardienne  séculaire 
de  la  vie  française  en  Amérique  et  cela  en  faveur  de  l'histoire  franco- 
américaine. 


Règlements 


Art.  1.  Membres.  Les  membres  sont  admis  durant  les  séances.  Les 
candidats  signent  la  formule  d'adhésion,  appuyée  par  deux  membres  ti- 
tulaires. Le  secrétaire  fait  remise  des  candidats  au  président,  qui  les 
propose  à  la  réunion.  Le  choix  peut  être  fait  à  l'unanimité.  L'admission 
par  scrutin  doit  recueillir  les  deux-tiers. 

Art.  2.  Contribution.  Une  contribution  de  $5.00  est  versée  annuelle- 
ment par  les  membres  titulaires. 

Art.  3.  Séances.  Le  Bureau  fixe  la  date  des  séances.  Le  Président 
fixe  les  réunions  du  bureau. 

Art.  4.  Elections.  A  la  réunion  du  bureau,  qui  précède  la  première 
séance  semi-annuelle,  le  président  choisit  un  comité  de  nomination, 
composé  de  trois  membres.  Ce  comité  fait  rapport  à  la  réunion  et  la 
société  peut  accepter  la  liste  proposée,  en  demandant  au  secrétaire  de 
déposer  un  bulletin  au  nom  des  membres  présents.  Tout  membre  a  ce- 
pendant le  privilège  de  présenter  un  ou  des  candidats  de  son  choix.  Si 
le  choix  est  soumis  au  scrutin,  chaque  candidat  doit  recueillir  une  ma- 
jorité absolue  des  voix. 

Art.  5.  Président.  Il  préside  toutes  les  réunions  et  représente  offi- 
ciellement la  société.  D'accord  avec  le  secrétaire-trésorier,  il  veille  à  la 
bonne  gestion  des  intérêts  de  la  société  en  exécutant  ses  décisions. 

Art.  6.  Vice^Président.  Il  remplace  le  président  en  son  absence. 

Art.  7.  Secrétaire-Trésorier.  Il  a  la  garde  du  sceau,  des  archives,  de 
la  liste  des  membres,  de  la  correspondance,  rapports,  la  direction  du 
bulletin  et  des  autres  publications  et  la  garde  de  tous  les  effets  de  la 
société. 


30  BULLETIN  DE  LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Il  expédie  les  avis  de  convocation  et  signe  les  diplômes  avec  le 
président. 

Il  a  la  garde  du  trésor  de  la  société,  perçoit  les  contributions,  solde 
les  frais  approuvés  par  le  bureau  et  fait  rapport  sur  demande.  Il  fournit 
un  cautionnement  de  $1000  dollars  aux  frais  de  la  société.  Il  signe  les 
chèques  et  place  l'argent  de  la  société  dans  les  comptes  de  banque  né- 
cessaires. Il  avertit  les  membres  de  leur  contribution. 

Art.  8.  Dans  le  cas  où  le  secrétaire-trésorier  n'est  plus  en  mesure 
de  remplir  ses  fonctions,  le  bureau  choisira  temporairement  parmi  les 
membres  du  bureau  un  remplaçant  ou  un  substitut. 

Art.  9.  Fiduciaire.  Chaque  année,  le  président  du  Comité  des  Fidu- 
ciaires est  élu  membre  du  bureau  afin  de  tenir  le  bureau  renseigné  sur 
les  opérations  du  Fonds  de  Fiducie. 

Art.  10.  Conseillers.  Ils  aident  les  autres  officiers  à  remplir  les  be- 
sognes confiées  au  bureau. 

Art.  11.  Bureau.  Le  quorum  des  réunions  du  bureau  est  de  six.  Il 
administre  les  affaires  de  la  société,  sauf  les  cas  prévus.  Il  choisit  les 
membres  honoraires  et  les  lauréats  du  "Grand-Prix"  ou  autre  distinc- 
tion accordée  par  la  société.  Au  cours  de  l'exercice,  il  peut  remplir  les 
vacances  dans  ses  cadres. 

Art.  12.  Bulletin.  Pour  servir  d'organe  d'information  à  ses  membres 
et  favoriser  la  diffusion  des  travaux,  la  société  publie  un  bulletin  qui  pa- 
raît suivant  la  décision  du  bureau. 

Art.  13.  Archives.  Le  secrétaire  veille  à  la  conservation  des  archives 
de  la  société  et  le  bureau  décide  sur  l'endroit  où  elles  doivent  être  dé- 
posées. 

Art.  14.  Grand-Prix.  La  Société  décerne  à  des  personnes  méritantes 
sa  médaille  "Grand-Prix",  oeuvre  du  sculpteur  Lucien  Gosselin.  Le  bu- 
reau choisit  les  titulaires. 

Art.  15.  Dons-Récompenses.  Le  bureau  peut  décerner  des  prix,  dons 
ou  récompenses  à  des  personnes  ou  oeuvres  méritantes.  Il  décerne  à 
l'occasion,  sa  médaille  "Guillet-Dubuque-Bédard"  pour  le  travail  histo- 
rique de  l'année  chez  les  nôtres,  ou  pour  concours  d'histoire  dans  nos 
collèges. 


STATUTS   ET  REGLEMENTS  31 

Art.  16.  Ordre  du  jour.     1.  Prière  et  bienvenue 

2.  Rapport  du  secrétaire 

3.  Rapport  du  trésorier 

4.  Correspondance 

5.  Administration 

6.  Admission  des  membres 

7.  Présentation  des  travaux 

8.  Affaires  nouvelles 

9.  Election  des  officiers  * 
10.  Ajournement 

*  Les  élections  des  officiers  ont  lieu  à  la  première  séance  semi- 
annuelle. 

Art.  17.  Amendements.  Tout  amendement  aux  règlements  peut  être 
fait,  séance  tenante,  par  les  membres,  et  s'il  y  a  scrutin,  tout  amende- 
ment doit  réunir  les  deux-tiers  des  membres  présents. 


Approbation 

Les  présents  statuts  et  règlements,  après  avoir  été  soumis  au  bu- 
reau pour  étude,  ont  été  dûment  approuvés  et  acceptés  par  la  société, 
en  séance  régulière  le  20  mai  1959,  pour  prendre  effet  en  lieu  et  place, 
immédiatement,  de  tout  statut  ou  règlement  ci-devant  en  vigueur. 

Adrien  Verrette,  président 
Gérald   Robert,   secrétaire 


Fonds  du  Fiducie 

Le  projet  de  l'établissement  d'un  Fonds  de  Fiducie  ou  "Trust  Fund" 
pour  la  société  remonte  à  la  réunion  du  Bureau,  le  5  octobre  1957,  tenue 
à  l'hôtel  Lenox,  de  Boston.  Le  président  soumettait  à  ses  collègues  les 
avantages  d'un  pareil  fonds  qui  assurerait  une  réserve  pour  aider  la  so- 
ciété dans  son  administration  et  ses  oeuvres.  Ce  fonds  permettrait  éga- 
lement aux  membres  et  aux  autres  compatriotes  de  favoriser  la  société 
par  des  legs  testamentaires.  Il  soulignait  également  la  nécessité  de  mo- 
difier les  statuts  et  règlements  dans  le  meilleur  intérêt  de  la  société. 

Après  avoir  discuté  le  projet,  les  officiers  acceptaient  à  l'unanimité 
une  telle  initiative,  regrettant  que  ce  fonds  ne  fut  pas  établi  au  début 
de  la  société.  Me  Pierre  Belliveau  s'offrait  alors  à  préparer  les  règle- 
ments d'un  tel  Fonds  et  les  amendements  jugés  nécessaires  pour  en  sai- 
sir les  membres  à  la  réunion  annuelle  suivante.  Le  bulletin  1957,  page 
120,  annonce  le  projet. 


32  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

A  la  réunion  du  1er  février  1958,  le  bureau  étudie  le  premier  texte 
du  "Fonds  de  Fiducie"  préparé  par  Me  Belliveau  et  se  déclare  satisfait 
avec  certaines  modifications  légères.  Il  est  aussi  question  de  modifica- 
tions des  Statuts  et  Règlements  de  la  société. 

Dans  sa  lettre  de  convocation  du  21  avril  1958,  pour  la  réunion  an- 
nuelle du  21  mai  suivant,  la  secrétaire  avisait  les  membres  qu'ils  au- 
raient à  considérer  "la  création  d'un  "Fonds  de  Fiducie". 

A  la  réunion  annuelle  du  21  mai  1958,  dans  l'immeuble  de  la  New 
England  Historié  Genealogical  Society  à  Boston,  le  président  portait  à 
la  connaissance  des  membres  le  travail  déjà  amorcé  en  vue  de  l'établis- 
sement d'un  fonds  de  fiducie.  Il  ajoutait  des  suggestions  au  sujet  de  la 
modification  des  Statuts  et  Règlements  de  la  société.  Me  Belliveau  fut 
invité  à  expliquer  ce  que  comportait  cette  fondatoin. 

Le  président  reprenait  ensuite  le  texte  préparé  et  remerciait  Me 
Belliveau,  trésorier  et  expert  en  la  matière,  d'avoir  consacré  un  temps 
précieux  à  ce  travail.  Les  membres  sur  motion  faite  par  le  Dr  Amyot  et 
appuyée  par  Me  Belliveau  votaient  à  l'unanimité  l'établissement  de  ce 
Fonds  et  donnaient  plein  pouvoir  au  bureau  de  rédiger  les  règlements 
et  autres  modifications  aux  Statuts  jugés  nécessaires. 

Le  10  septembre  1958,  invité  par  J.  B.  Danais  à  Millbury,  Mass,  le 
bureau  reprenait  l'étude  du  mandat  que  lui  avait  confié  la  société  à  la 
réunion  de  mai.  Le  texte  était  modifié  dans  les  détails. 

A  la  réunion  du  10  janvier  1959,  le  bureau  demandait  à  Me 
Belliveau,  trésorier,  de  faire  les  démarches  afin  d'obtenir  de  Washington 
l'exemption  d'impôt  pour  le  Fonds  de  Fiducie  et  de  signer  les  formules 
nécessaires. 

Le  20  mai  1959,  la  société  tenait  sa  réunion  annuelle  dans  le  Faneuil 
Hall  à  Boston.  Le  président  communiquait  aux  membres  le  travail  qui 
avait  été  fait  par  le  bureau  mandaté  en  mai  1958.  A  savoir  la  prépara- 
tion des  amendements  aux  statuts  et  aux  règlements. 

Après  que  le  président  eut  expliqué  aux  membres  les  changements 
décidés  par  le  bureau,  les  membres  confirmaient  à  l'unanimité  et  avec 
empressement  le  rapport  du  bureau.  C'était  l'approbation  définitive  vo- 
tée à  la  réunion  de  mai  1958.  Les  membres  élisaient  ensuite  les  trois 
syndics  du  Fonds  de  Fiducie,  le  juge  Eno,  Me  Belliveau  et  l'abbé 
Adrien  Verre tte. 

Dans  son  bulletin  1959,  le  bureau  publiait  les  Statuts  et  Règlements 
de  la   société  amendes.   Malheureusement   des  erreurs  de  rédaction  se 


STATUTS   ET  REGLEMENTS  33 

glissèrent.  A  la  page  243,  on  donnait  la  date  d'approbation  comme  le  20 
mai  1960  (bulletin  1959).  L'année  devait  être  1959  d'après  les  procès 
verbaux.  Erreur  de  typographie. 

Autre  ennuie.  Par  accident,  le  texte  du  "Fonds  de  Fiducie"  n'é- 
tait pas  celui  adopté  à  la  réunion  de  mai.  Cette  mésaventure  est  corri- 
gée dans  le  présent  bulletin  avec  le  texte  complet  des  Statuts  et  Règle- 
ments. Dans  un  avis  important,  le  même  bulletin  invitait  les  membres  à 
souscrire  à  ce  fonds  de  réserve  avec  formule. 

Le  bulletin  1960  porte  encore  à  confusion.  Le  rapport  de  la  réunion 
du  21  mai  a  dit  que  le  Fonds  de  Fiducie  est  approuvé  par  les  membres. 
Ceci  n'est  pas  exact,  car  la  réunion  annuelle  de  1958  avait  donné  plein 
pouvoir  au  bureau  de  diriger  toute  l'entreprise  et  celle  du  20  mai  1959 
confirmait  de  nouveau  tout  ce  qui  avait  été  fait  par  le  bureau  déjà  man- 
daté. 


III 

Eloges 

Me  Joseph  Monette 

1869-1961 

(Edouard  Fecteau) 


En  juin  1915  j'assistais  à  un  de  mes  premiers  banquets  patriotiques. 
C'était  une  convention  des  anciennes  sociétés  St.  Jean-Baptiste  et  on 
comptait  les  délégués  de  douze  sociétés  de  la  Nouvelle-Angleterre. 

Je  fus  bouleversé,  transporté  d'enthousiasme  par  la  parole,  l'a- 
plomb, l'éloquence,  la  sincérité  de  celui  qui  donnait  le  discours  de  cir- 
constance, feu  Me  Joseph  Monette  de  Lawrence,  dont  on  me  demande 
de  faire  l'éloge  aujourd'hui. 

Comme  tant  de  pionniers  Me  Monette  est  né  au  Canada,  à  Saint 
Martin  de  Laval,  le  11  décembre  1869,  fils  de  Joseph  Monette  et  de 
Louise  Paré.  Un  de  ses  ancêtres,  François,  fut  au  nombre  des  censitaires 
de  l'île  Jésus  en  1737.  Il  fréquenta  d'abord  l'école  primaire  de  son  villa- 
ge, puis  alla  au  collège  Ste  Thérèse  de  Blainville  pour  terminer  ses  hu- 
manités. Il  brilla  au  nombre  des  gloires  de  son  collège  pour  décrocher 
à  la  fois  les  lauréats  convoités  du  "Prix  Prince  de  Galles"  et  de  la 
Médaille  du  Gouverneur.  Il  fut  le  contemporain  du  juge  Wilson,  du  sé- 
nateur Marcotte,  de  Me  Henri-T.  Ledoux  l'un  des  fondateurs  de  la  So- 
ciété Historique  Franco-Américaine. 

Il  fit  un  stage  à  la  faculté  de  droit  de  l'université  de  Montréal,  puis 
termina  ses  études  légales  à  Harvard  en  1896,  là  il  est  le  condisciple 
d'Alphonse  Gaulin,  le  premier  secrétaire  de  notre  société. 

Pendant  quelque  temps  il  fut  à  Lowell  pour  ensuite  s'installer  défi- 
nitivement à  Lawrence  en  1900  où  il  épousa  Ubaldine  Landry.  Le  couple 
aura  trois  enfants,  deux  filles  et  un  garçon. 

Il  avait  un  goût  prononcé  pour  la  littérature  et  les  mathématiques. 
Il  fut  un  grand  lecteur  toute  sa  vie  et  avait  une  imposante  bibliothèque. 

Il  se  fit  remarquer  à  la  tribune  des  orateurs  dans  nombre  de  nos 
mouvements.  Il  a  la  parole  facile  et  est  toujours  plein  de  feu. 

En  1909  il  donna  le  discours  à  une  grande  convention  de  son  Aima 
Mater. 


ELOGES  35 

Il  fut  un  aviseur,  un  guide  et  un  chef  reconnu.  Il  est  au  nombre  des 
fondateurs  du  Conseil  Chénier  de  l'Union  St  Jean-Baptiste  d'Amérique. 
Au  nombre  des  fondateurs  de  la  Ligue  Civique  Franco-Américaine  du 
Massachusetts,  avec  Me  Guillet  de  Lowell,  président  fondateur  de  notre 
société.  Au  nombre  des  fondateurs  des  clubs  Montcalm  et  La  Salle  à 
Lawrence,  il  prépare  la  charte  de  cette  dernière  société.  Il  aida  forte- 
ment les  fondateurs  du  Courrier  de  Lawrence,  alors  le  Courrier  National, 
il  en  devint  le  propriétaire  en  1907.  Sous  son  administration  il  changea 
le  nom  en  celui  de  Courrier  de  Lawrence,  nom  qui  demeure  encore.  II 
avait  une  âme  poétique,  il  fit  quelques  sonnets  qu'il  publia  peut-être  du- 
rant son  stage  comme  journaliste.  Nous  retenons  "Chansons  du  Prin- 
temps", "Le  Bûcheron",  et  "Fantaisie". 

Il  organisa  des  classes  de  naturalisation  et  cela  pendant  plusieurs 
années,  trouvant  le  local  et  les  professeurs.  Il  s'occupa  activement  de 
politique.  Il  fut  le  dirigeant  de  la  campagne  qui  élisait  Amédée  Cloutier, 
premier  franco-américain  de  Lawrence  à  la  législature  d'Etat  à  Boston. 
Il  est  nommé  membre  du  Conseil  du  Travail  et  de  l'Industrie  dans  le 
Massachusetts.  Poste  important  qu'il  occupa  pendant  20  ans. 

Il  fut  un  orateur  extrêmement  prisé.  En  1908  à  Springfield  il  est  à 
la  tribune  des  orateurs.  En  1915,  à  Holyoke,  il  présente  le  Chef  Canadien 
Henri  Bourassa  à  une  grande  manifestation  patriotique.  A  Lawrence  il 
prend  part  à  toutes  nos  démonstrations  de  notre  fête  nationale  et  de 
nos  organismes,  soit  comme  orateur,  soit  comme  maître  des  cérémonies. 
Et,  comme  on  dit  il  savait  remué  les  idées  et  les  hommes. 

Il  était  spirituel  à  son  heure.  Dans  son  bureau  d'attente,  il  avait, 
accroché  au  mur,  une  peinture  narquoise.  C'était  une  vache  qui  domi- 
nait. Un  homme  tire  la  vache  par  le  cou,  un  autre  à  l'arrière  tire  la  va- 
che par  la  queue.  Et  assis,  tranquillement,  un  homme  (un  avocat)  est  à 
traire  la  vache  de  son  lait  et  de  sa  crème.  J'étais  jeune  quand  maman 
eut  à  aller  voir  un  avocat.  On  alla  voir  Me  Mouette.  Avant  de  nous  faire 
entrer  dans  son  étude  il  dit  à  maman  "Avez-vous  la  peinture  et  la  com- 
prenez vous?  Maman  de  répondre  oui.  Et  maintenant  vous  voulez  que 
je  prenne  votre  cas. 

Me  Monette  fut  le  troisième  président  de  notre  société  de  1904  à 
1906.  Sous  son  stage  notre  société  publia  son  premier  bulletin.  La  so^ 
ciété  lui  décerna  la  médaille  "Grand  Prix"  en  1957,  chez  lui,  car  il  sor- 
tait rarement  durant  ses  dernières  années.  Il  était  âgé  de  88  ans,  encore 
alerte,  toujours  spirituel. 

Maintenant  il  n'est  plus  parmi  nous.  Il  partit  doucement,  paisible- 
ment, sans  heurt;  la  machine  humaine  était  épuisée. 


36  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   mSTORIQUE 

Roméo  J.  Dufour 

1909-1960 

(Bernard  Théroux) 


Chacun  grave  au  cours  des  années  son  épitaphe  et  chacun  rédige 
son  propre  éloge. 

En  lettres  majuscules  les  mots  FIDELITE  et  DEVOUEMENT  résu- 
ment la  vie  d'un  compatriote  de  qui  nous  gardons  un  souvenir  vivant. 

Roméo  Joseph  Philippe  Dufour  est  né  à  Fall  River,  Massachusetts, 
le  18  octobre  1909  du  mariage  de  feu  Philibert  Dufour  et  feu  Marie 
Tremblay.  Dès  son  enfance,  notre  regretté  disparu,  authentique  fils  d'une 
de  nos  braves  familles  canadiennes-françaises,  se  distingua  parmi  ses 
camarades  par  son  amour  de  la  langue  française. 

Il  fit  ses  études  élémentaires  à  l'école  paroissiale  Saint-Mathieu  de 
Fall  River,  son  cours  classique  au  Collège  de  l'Assomption  de  Worcester, 
Massachusetts,  puis  il  obtint  sa  Maîtrise  en  Education  de  l'Université  de 
Boston  au  Massachusetts.  Il  poursuivit  ses  études  pour  un  Doctorat  qu'il 
espérait  obtenir  sous  peu. 

Le  4  juillet  1946  il  épousa  mademoiselle  Yvette  Deschamps  de  la 
paroisse  Notre-Dame  de  Lourdes  de  Fall  River. 

De  cette  union  naquirent  un  fils,  Claude  Philippe  et  quatre  filles: 
Mesdemoiselles  Denise  Eugénie,  Simonne  Juliette,  Michelle  Concorde 
et  Danielle  Marie. 

Il  fut  un  père  de  famille  exemplaire.  Les  quatorze  années  qu'il  pas- 
sa avec  sa  famille  furent  des  années  d'un  dévouement  complet.  Epoux 
et  père  comme  on  en  voit  rarement:  catholique  modèle,  bon,  patient, 
généreux,  convaincu  et  débordant  d'énergie. 

Sa  disparition  laissa  aussi  un  vide  profond  parmi  les  éducateurs. 
Il  était  un  professeur  voué  à  sa  carrière.  Au  cours  de  ses  jeunes  an- 
nées il  enseigna  à  l'Ecole  Bart  de  Québec  et  devint  quelques  années  plus 
tard  professeur  à  l'Ecole  Supérieure  B.M.C.  Durfee  de  Fall  River,  po- 
sition qu'il  occupait  au  moment  de  sa  mort.  Il  était  membre  de  la  Fall 
River  Teachers'  Association  et  de  la  Massachusetts  Educational  Associa- 
tion ainsi  que  l'Association  des  Professeurs  de  l'Ecole  Supérieure 
B.M.C.  Durfee. 


ELOGES  37 

Quant  aux  oeuvres,  il  s'intéressa  toujours  à  toutes  les  causes  civi- 
ques et  culturelles  mais  se  consacra  d'une  manière  toute  particulière  à 
la  cause  franco-américaine. 

La  mort,  en  venant  ravir  par  une  crise  cardiaque  ce  chef  dévoué  à 
l'âge  prématurée  de  51  ans,  enleva  au  peuple  Francoi-Américain  de  Fall 
River  et  de  la  banlieue  un  des  piliers  les  plus  robustes  de  sa  survivance. 
Pour  énumérer  quelques-unes  des  sociétés  qui  ont  tiré  de  larges  béné- 
fices de  ses  services,  disons:  il  était  au  16  novembre  dernier  lorsque  le 
bon  Dieu  le  rappela  à  Lui,  président  du  Club  Richelieu-Fall  River, 
membre  du  bureau  de  direction  de  la  Fédération  Catholique  Franco- 
Américaine  de  Fall  River,  président  du  Conseil  Saint-Antoine  de 
Somerset  de  l'Union  Saint-Jean-Baptiste  d'Amérique,  membre  de  la  So- 
ciété des  Artisans,  membre  de  l'Union  Canadienne  de  Bowenville  et  un 
fidèle  de  la  Société  Historique  Franco-Américaine.  Il  était  communiant 
de  la  Paroisse  Saint-Mathieu  de  Fall  River  et  membre  très  actif  du  Co- 
mité Paroissial. 

M.  Philippe-Armand  Lajoie,  rédacteur-en-chef  de  l'Indépendant  de 
Fall  River,  rendit  l'hommage  du  groupe  franco»^méricain  de  Fall  River, 
à  l'occasion  de  ce  deuil  cruel,  en  ces  termes:  "Ceux  qui  eurent  le  privi- 
lège de  son  intimité  garderont  de  lui  le  souvenir  d'un  franc  camarade 
qui  savait  allier  la  gaieté  et  l'entrain  aux  tâches  à  accomplir  et  qui,  mê- 
me au  détriment  de  sa  santé,  ne  refusa  jamais  son  aide  à  une  bonne 
cause". 

Cette  belle  vie,  hélas  si  courte,  laissa  sa  marque,  son  sceau,  non 
pas  sur  un  nombre  de  volumes  ou  de  monuments,  mais  sur  la  vie  de  ses 
congénères.  Il  aimait  VIVRE.  Il  aimait  VIVRE  parce  qu'il  en  savait  la 
vraie  signification  ...  Il  avait  sans  doute  modeler  sa  vie  d'après  les 
quelques  lignes  d'un  de  nos  pères  spirituels  qui  nous  dit  que 


VIVRE:  c'est  croire, 
c'est  aimer, 
c'est  servir, 
c'est  souffrir, 

c'est  mourrir   mais  pour  se  survivre   et  s'éterniser   en 
Dieu. 

Le  lundi  21  novembre  les  funérailles  eurent  lieu  en  l'église  Saint- 
Mathieu  de  Fall  River.  L'assistance  nombreuse  de  personnes  de  toutes 
les  sections  de  la  ville  de  Fall  River  ainsi  que  de  l'extérieur  rendit  un 
hommage  ému  à  celui  qui  avait  donné  à  ses  compatriotes  franco-améri- 
cains sa  pleine  mesure! 


38  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Son  corps  fut  ensuite  transporté  au  Cimetière  Notre-Dame  de  Fall 
River  où  il  repose  désormais  en  attendant  la  résurrection  générale,  es- 
comptant toujours  un  souvenir  dans  nos  prières. 


Joseph-Euclide  Mercier,  M.D. 

(1875-1961) 

(Adolphe  Robert) 

L'on  signale  avec  raison  que  dans  l'histoire  du  peuple  franco-amé- 
ricain, le  prêtre  a  été  le  premier  à  se  préoccuper  des  besoins  spirituels 
des  émigrés  canadiens-français.  La  chronique  de  nos  établissements  re- 
ligieux confirme  cette  vérité.  C'est  Mgr  de  Goesbrinand,  premier  évêque 
du  Vermont  qui,  dès  1853,  démontrait  la  nécessité  de  paroisses  antiona- 
les  desservies  par  des  prêtres  de  longue  française.  Il  est  alors  absolur 
ment  exact  de  dire  que  le  prêtre  a  été  le  pionnier  de  notre  peuple  en 
formation. 

Après  le  prêtre  est  venu  le  médecin.  Une  paroisse  nouvelle  était-elle 
fondée  qu'un  médecin  s'y  implantait,  afin  de  pourvoir  aux  besoins  corpo- 
rels des  nouveaux  émigrés.  Mais  dans  nombre  de  cas,  le  médecin  devint 
plus  qu'un  simple  dispensateur  de  remèdes.  Il  fut,  avec  le  curé,  le  gui- 
de et  le  conseiller  de  ses  compatriotes  en  matière  de  survivance  cultu- 
relle, économique,  politique  et  sociale.  Et  c'est  ainsi  que  l'histoire  con- 
serve les  noms  de  médecins  qui  ont  été  parmi  les  principaux  artisans 
de  notre  conservation  et  de  notre  développement  comme  peuple  dis- 
tinct. Certains  d'entre  eux  sont  descendus  dans  l'arène  de  nos  luttes, 
tels  les  docteurs  Leclaire,  de  Danielson;  Fortier  et  D'Argie,  de 
Waterville.  D'autres  ont  dirigé  leurs  efforts  dans  la  fondation  et  l'orien- 
tation de  nos  sociétés  nationales:  ce  sont  les  docteurs  Brien,  de 
Manchester;  Bellerose,  de  Rutland;  Larocque,  de  Plattsburg;  Quessy,  de 
Fitchburg;  Page,  de  Southbridge.  D'autres  encore  ont  élevé  la  voix  dans 
nos  grands  congrès  nationaux  dont  ils  furent  l'inspiration;  se  sont:  les 
docteurs  Martel,  de  Lewiston;  Larue,  de  Putnam;  Petit,  de  Nashua; 
Baribault,  de  New  Haven;  Bédard,  de  Lynn;  Fréchette,  de  Leominster. 
Il  en  est  qui  ont  attaché  leur  nom  à  la  fondation  de  maisons  d'enseigne- 
ment, le  docteur  Hill,  deWoonsocket;  le  docteur  Normandin,  de  New 
Bedford.  Il  en  est  un  autre  qui  a  révélé  à  la  France  le  nom  franco-amé- 
ricain, c'est  le  docteur  Daudelin,  de  Worcester.  Dans  West  Warwick,  le 
nom  du  docteur  Legris  ne  sera  jamais  oublié.  Il  en  sera  de  même  à 
Willimantic  pour  le  docteur  Girouard.  A  Putnam,  le  docteur  Lamarche 
s'est  fait  journaliste,  tandis  que  les  docteurs  Girouard,  de  Lewiston; 
Thériault,  de  Concord;  Sainte-Marie,  de  Pittsfield;  Normand,  de  Fall 
River  publiaient  des  oeuvres  qui  ont  enrichi  d'autant  la  littérature  fran- 
co-américaine. Il  convient  de  mentionner  enfin  ceux  qui  ont  fortement 
contribué  à  l'açcrpisse-ment  de  notre  prestige  et  à  notre  avancement  col- 


ELOGES  39 

lectif  par  le  moyen  de  la  politique.  Ce  sont  les  docteurs  Caron,  de 
Manchester;  Mignault,  de  Lowell;  Beauchamp,  de  Chicopee;  Carrière, 
de  Fitchburg;  Maynard,  de  Nashua;  Lagassé,  de  Franklin. 

Je  pourrais  alonger  cette  nomenclature  de  bien  des  noms  de  méde- 
cins franco-américains  encore  vivants  qui  se  font  gloire  de  marcher  sur 
les  traces  de  nos  regrettés  disparus. 

Au  nombre  de  ces  derniers  se  placve  Joseph-Euclide  Mercier,  fils 
d'Anastase  Mercier  et  Arthémise  Laforce,  né  à  Grâce  Field,  comté 
Pontiac,  Canada,  le  17  septembre  1875.  Il  perd  son  père  à  l'âge  de  cinq 
ans,  ainsi  que  quatre  de  ses  frères  et  soeurs.  Deux  ans  plus  tard,  il  perd 
sa  mère,  de  sorte  qu'à  l'âge  de  sept  ans,  il  n'a  plus  ni  père  ni  mère,  ni 
frères  ni  soeurs.  Il  suit  un  cours  d'études  commerciales  dans  une  acadé- 
mie dirigée  par  les  Frères  de  Sainte-Croix.  Il  entreprend  ensuite  des 
études  clasiques  au  séminaire  de  Saint-Hyacinthe.  La  maladie  l'oblige  à 
discontinuer  son  cours  après  la  classe  de  belles-lettres.  En  1893,  il  émi- 
gré aux  Etats-Unis  et  devient  commis  de  pharmacie  à  Barnumville.  La 
pharamacie  le  conduit  à  l'université  du  Vermont  pour  l'étude  de  la  mé 
decine.  Deux  autres  années  d'études  médicales  suivront  à  l'université 
de  Baltimore.  Admis  à  la  pratique  de  la  médecine  le  15  novembre  1899. 
il  ouvre  son  bureau  de  médecin  à  Fall  River.  Naturalisé  citoyen  améri- 
cain en  1900.  Il  épouse  Frances  Fontaine,  à  Woonsocket,  en  1903.  Mem- 
bre des  sociétés  suivantes:  Union  médicale  de  Fall  River;  Fall  River 
Médical  Society;  vice-président  du  personnel  médical  de  l'hôpital  Sainte- 
Anne,  de  Fall  River;  médecin-examinateur  des  écoles  publibles  pendant 
36  ans;  directeur  de  l'Association  CanadohAméricaine  (1932-1936  -  1940- 
1954);  vice-président  général  honoraire  de  cette  société  1956-1960;  mem- 
bre et  président  pendant  deux  termes  du  Club  Calumet;  ancien  vice-pré- 
sident de  la  Fédération  des  Sociétés  franco-américaines  de  Fall  River; 
co-fondateur  de  la  paroisse  du  Saint-Sacrement,  de  Fall  River;  fondateur 
de  la  Société  des  Concours  de  français  qui  vient  de  fonder  une  bourse 
à  sa  mémoire,  laquelle  a  été  décernée  pour  la  première  fois  cette  an- 
née. Décédé  à  l'hôpital  Sainte-Anne,  de  Fall  River,  le  17  octobre  1960. 
Inhumé  au  cimetière  Notre-Dame  le  19  octobre  après  d'imposantes  funé- 
railles en  l'église  du  Saint-Sacrement.  Son  épouse  l'avait  précédé  dans  la 
tombe.  Il  avait  été  décoré  de  l'Ordre  du  Mérite  francowaméricain  et  le 
Gouvernement  français  lui  avait  décerné  sa  Médaille  de  la  Reconnais- 
sance pour  services  rendus  à  la  culture  française  aux  Etats-Unis. 

Nos  sympathies  à  sa  famille  distinguée. 


40  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Abbé  Eugène  Dion 
1892-1961 

(Abbé  Adrien  Verrette) 


Un  grand  ami  de  nos  oeuvres  disparaissait  le  4  janvier  1961  avec  la 
mort  soudaine  de  l'abbé  Eugène  Dion,  âgé  de  68  ans  et  curé  très  estimé 
du  Saint-Sacrement  à  Fall  River. 

Au  moment  de  son  décès,  L'Indépendant  publiait  par  tranches  son 
intéressant  récit  du  Premier  Pèlerinage  du  Diocèse  de  Fall  River  en 
Europe  l'automne  dernier.  Ce  fut  son  dernier  écrit. 

L'abbé  Dion  naquit  le  30  octobre  1892  dans  le  village  de  Berthier, 
comté  Montmagny,  aujourd'hui  dans  le  diocèse  Ste  Anne  de  la  Pocatière. 
Il  était  l'un  des  seize  enfants  de  Fortunat  Dion  et  d'Alphonsine  Plante, 
un  foj'er  sans  aisance  mais  imbu  du  plus  pur  sens  familial.  Il  sera  bau- 
tisé  en  l'église  l'Assomption. 

Il  a  à  peine  quelques  semaines,  lorsque  la  famille  s'établit  à  Warren, 
Rhode  Island  pour  se  fixer  définitivement  à  Fall  River  en  1895.  Les  étu- 
des primaires  terminées,  Eugène  Dion  doit  se  trouver  un  emploie  dans 
les  filatures  pour  aider  ses  parents. 

C'est  à  la  suite  d'un  généreux  encouragement  de  son  curé  l'abbé 
(Mgr)  Osias  Boucher  qu'il  se  dirige  vers  le  séminaire  de  Québec  à  l'au- 
tomne de  1911.  Il  a  19  ans  et  ne  craint  pas  de  se  livrer  aux  études  qui 
le  conduiront  ensuite  à  Baltimore  et  à  l'Université  Catholique  de 
Washington  pour  être  ordonné  le  7  juin  1924  par  Mgr  Daniel  Feehan, 
évêque  de  Fall  River. 

Il  occupe  plusieurs  postes  à  Attleboro,  à  New  Bedford  et  à  Fall 
River  où  il  se  dépense  avec  zèle. 

En  mars  1947,  il  est  nommé  curé  du  St-Rosaire  à  New  Bedford  puis 
de  St-Hyacinthe  deux  ans  plus  tard  dans  la  même  ville.  Ces  deux  postes 
doivent  soutenir  l'école  paroissiale  mais  le  petit  nombre  de  familles 
rend  la  tâche  lourde.  Chaque  nouveau  curé  y  apporte  son  effort.  Le  tra- 
vail y  est  d'autant  plus  réconfortant  qu'il  exige  un  dévouement  de  tous 
les  instants. 

C'est  en  1955  que  l'abbé  Dion  prend  la  direction  du  SaintrSacrement 
à  Fall  River.  Il  y  apporte  un  ministère  de  30  ans  mûri  par  un  apostolat 
fervent.  Il  y  est  accueilli  avec  joie  et  grande  cordialité. 


ELOGES  41 

L'abbé  Dion  a  de  belles  qualités,  affable,  charitable  avec  un  langage 
pittoresque  parfois.  Son  peuple  sent  que  c'est  une  âme  de  bon  pasteur 
qui  vibre  en  lui.  Il  aime  le  beau  partout  et  se  réjouit  de  faire  aimer  la 
religion  dans  un  climat  élevé  et  pieux. 

Il  appartenait  aussi  à  la  génération  des  continuateurs  de  nos  oeu- 
vres. Toute  sa  vie  il  garda  bien  intact  le  sens  de  la  fidélité  à  notre  idéal, 
ne  ménageant  pas  ses  appels  et  ses  consignes.  Il  était  dévoué  aux  insti- 
tutions qui  avaient  allumé  dans  sa  vie  la  flamme  de  l'apostolat. 

Membre  de  notre  société  depuis  quelques  années,  il  était  encore 
très  attaché  au  Comité  de  Vie  Franco-Américaine  dont  il  faisait  partie. 
Il  avait  participé  activement  au  Ve  congrès  du  Comité,  tenu  à  Fall 
River,  en  1959. 

A  son  décès,  le  rédacteur  de  l'Indépendant  écrivait:  "il  avait  jalou- 
sement gardé  son  esprit  français  et  son  attachement  aux  traditions  ca- 
nadiennes-françaises. II  ne  refusa  jamais  la  faveur  de  sa  présence  et  de 
sa  parole  aux  assises  franco-américaines,  même  à  une  époque,  heureuse- 
ment révolue,  où  d'autres  refusaient  de  paraître  par  peur  de  se  com- 
promettre. 

"Sous  son  administration,  les  oeuvres  à  lui  confiées  .  .  .  ont  prospé- 
ré et  fleuri  dans  l'atmosphère  d'une  aimable  coopération  .  .  .  Bref,  M. 
le  curé  Dion  fut  un  prêtre  exemplaire,  un  ami  attentif  et  secourable  et 
un  très  digne  homme  .  ,  ." 

Un  tel  hommage  en  dit  long  sur  la  carrière  de  ce  pasteur.  Les 
Franco-Américains  voient  toujours  avec  regret  disparaître  les  meilleurs 
de  leurs  apôtres.  Que  sa  mémoire  nous  soit  un  réconfort. 

Narcisse  Cotnoir,  o.m.i. 

1887-1961 

(Antoine  Clément) 


La  Franco-Américanie  perdit  l'un  de  ses  amis  véritables  dans  la  dis- 
parition inattendue,  le  samedi  6  mai  dernier,  du  bon  Père  J.-Narcisse 
Cotnoir,  o.m.i.,  du  sanctuaire  mariai  Notre-Dame-de-Grâces,  de 
Colebrook,  N.  H.,  qui  est  venu  tout  doucement  glisser  vers  son  éternité 
à  Boston,  dans  un  affaiblissement  constant  qui  le  minait  depuis  peu  de 
temps  auparavant. 

Actif  jusqu'à  la  fin,  il  était  à  Lowell  il  y  a  quelques  semaines  pour 
y  réconforter  des  amis  et  pour  y  célébrer  un  service,  et  des  Lovi^ellois 


42  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

lui  ont  fait  visite  à  Colebrook,  une  quinzaine  avant  sa  mort,  et  il  sem- 
blait encore  bien  après  avoir  été  indisposé  pendant  quelques  jours.  Sans 
être  la  robustesse  même,  son  état  de  santé  ne  laissait  pas  prévoir  une 
fin  aussi  soudaine. 

Missionnaire  pour  évangéliser  les  pauvres,  selon  l'esprit  du  fonda- 
teur de  sa  congrégation  religieuse.  Mer  de  Mazenod,  c'est  au  milieu  des 
simples  fidèles  et  des  jeunes,  des  humbles  et  des  orphelins,  des  malheu- 
reux et  des  affligés,  des  missionnaires  et  des  mission,  des  étudiants  et 
des  novices,  des  malades  et  des  pèlerins  qu'il  exerça  la  plus  grande  par- 
tie de  son  ministère.  Sans  jamais  occuper  un  seul  poste  de  commande- 
ment chez  nous,  à  notre  souvenance,  il  n'en  aura  pas  moins  un  sens  très 
profond  de  dévouement  à  chacune  des  obédiences  à  lui  confiées. 

Aumônier  efficace  de  nos  associations  religieuses,  nationales  et  pa- 
triotiques, il  est  aussi  membre  de  nos  sociétés  culturelles  et  littéraires. 
Ecrivain  de  mérite  à  la  plume  facile  et  délicate,  il  confiera  des  articles 
hebdomadaires  à  ses  amis  de  la  presse  franco-américaine  pour  en  faire 
usaPe  à  leur  gré.  C'est  à  nous-même  qu'il  fit  l'offre  avant  la  conférence 
du  Géographe  Raoul  Blanchard  sur  "Les  impressions  d'un  Français  au 
Canada  en  1932".  à  l'Alliance  française  de  Lowell,  en  la  salle  de  la  bi- 
bliothèque de  Lowell  Hi^h.  le  6  décembre  1932.  C'est  ainsi  que  les  lec- 
teurs de  l'ancienne  "Etoile",  de  Lowell.  ont  pu  lire  "Jean  des  T  ourel- 
les"  pendant  plus  d'une  cinetaine  d'années,  et  qu'après  eux,  ceux  de 
"L'Impartial",  de  Nashua,  N.  H.,  ont  pu  le  faire  eux-mêmes  pendant  plus 
de  dix  années.  Et  ceci  s'explique  par  le  fait  qu'il  a  contribué  aux  deux 
journaux  ensemble  pendant  quelques  années. 

n  a  chanté  la  vallée  Thérésienne  du  sanctuaire  Ste-Thérèse  de 
Dracut,  Mass.,  où  il  eut  maintes  fois  l'occasion  d'aller  faire  du  ministère 
Tvendant  son  long  stage  de  dix  années  à  Lowell,  et  même  après  cela  pen- 
dant les  absences  du  vicaire  malade.      C'est  là  qu'il  avait  fixé  la  fête  des 

grand'mamans  en  juillet.  Il  a  chanté  également,  en  ces  dernières  années, 
le  sanctuaire  au  coeur  mariai  des  Montagnes  Blanches.  Et  l'on  se  sou- 
vient de  sa  vingtaine  à  trentaine  de  récits  haïtiens  à  son  retour  d'un 
stage  de  trois  ans  à  la  mission  d'Haïti.  Ses  articles  ne  cessaient  de  met- 
tre en  lumière  les  saines  traditions  et  coutumes  de  chez  nous  et  ses  le- 
çons morales  étaient  du  meilleur  enseignement  religieux  de  nos  jours. 

Homme  d'oeuvres,  comme  on  le  voit,  il  aimait  sa  congrégation  reli- 
gieuse et  il  aimait  nos  propres  oeuvres  franco-américaines,  dont  il  fut 
toujours  un  sage  conseiller  et  l'un  des  plus  fermes  appuis.  Il  aimait 
aussi  l'imprimé.  On  lui  doit  de  courtes  biographies  d'orphelins,  de  frè- 
res convers,  et  tout  un  recensement  des  religieux  décédés  de  sa  congré- 
gation publié  à  plusieurs  éditions,  travail  achevé  après  huit  années  de 


ELOGES  43 

recherches  pour  le  centenaire  de  la  mort  de  Mgr  de  Mazenod,  demain 
21  mai,  que  les  Oblats  célébreront  partout,  notamment  à  Marseille. 

Aumônier  de  l'Orphelinat  Franco-Américain  de  Lowell,  il  sera  in- 
timement lié  à  la  fondation  de  l'Association  des  Anciens  de  cette  insti- 
tution; aumônier  de  conseils  lowellois  de  l'Union  St-Jean-Baptiste 
d'Amérique,  il  est  de  tous  leurs  événements  et  manifestations.  Aumô- 
nier plus  tard  de  l'hôpital  St-Joseph  de  Nashua,  N.  H.,  il  se  prodiguera 
en  prières  et  en  consolations  pour  les  malades  et  les  religieuses,  avec 
son  franc  sourire  de  toujours,  après  avoir  fait,  à  son  tour,  des  chevau- 
chées dans  les  mornes  de  la  mission  d'Haïti  où  il  croira  faire  de  plus 
en  plus  ascension  vers  le  ciel  dans  ses  montées  d'un  morne  à  l'autre, 
ainsi  qu'il  l'écrira  à  des  amis. 

Au  New  Hampshire,  il  sera  apôtre  de  la  Légion  de  Marie  qu'il  cher- 
chera à  répandre  sur  son  passage.  C'est  par  elle  qu'il  contribuera  à  don- 
ner une  orientation  religieuse  à  l'un  de  nos  journaux  franco-américains, 
"L'Impartial"  de  Nashua,  pour  le  sauver  de  la  décadence  de  notre  pres- 
se en  Franco-Américanie,  après  y  avoir  intronisé  le  Sacré-Coeur  de 
Jésus  comme  "Chef  d'atelier  et  de  la  direction".  Il  continuera  aussi  à 
faire  ses  cueillettes  d'aumônes  pour  pétales  de  roses  en  vue  de  la  créa- 
tion de  trois  ou  quatre  bourses  missionnaires  permanentes  pour  Haïti. 
Et  il  s'intéressera  également,  au  sanctuaire  de  Colebrook,  à  multiplier 
les  adhésions  au  Lien  du  Rosaire  Vivant  par  tous  ses  messages  de  Noël 
et  autres  à  ses  nombreux  amis  par  toute  la  Nouvelle-Angleterre. 

C'était  un  fervent  de  l'Alliance  française  de  Lowell,  de  la  Société 

Historique  franco-américaine  et  de  l'Alliance  des  journaux  franco-amé- 
cains  de  la  Nouvelle-Angleterre. 

Originaire  de  St-Robert-de-Richelieu,  près  de  Sorel,  P.Q.,  le  3  dé- 
cembre 1887,  le  Père  Cotnoir  fit  ses  études  au  petit  séminaire  de  St- 
Hyacinthe,  P.Q.,  et  au  scolasticat  d'Ottawa,  Ont.,  où  il  fit  sa  profession 
religieuse  chez  les  Pères  Oblats  le  8  septembre  1915.  Il  recevait  l'onc- 
tion sacerdotale,  le  17  juin  1916,  des  mains  de  S.  Exe.  Mgr  Hugues 
Gauthier  dans  la  cathédrale  d'Ottawa. 

En  1917,  sa  première  obédience  le  conduisit  dans  la  paroisse  St- 
Sauveur  de  Québec,  où  il  rencontra  l'apôtre  du  Sacré-Coeur,  le  Père 
Lelièvre,  et  où  il  passa  dix  années  à  s'occuper  des  oeuvres  de  jeunes- 
se. Venu  ensuite  aux  Etats-Unis  dans  la  province  St-Jean-Baptiste  de 
Lowell,  fondée  depuis  quelques  années,  il  oeuvre  pour  nous  pendant 
bientôt  trente-cinq  années.  Il  est  assistant  à  St-Jean-Baptiste  et  à  Ste- 
Jeanne-d'Arc,  de  Lowell,  pendant  dix  ans,  et  il  fera  un  stage  au  sanctu- 
aire de  Dracut  dédié  à  sainte  Thérèse.  Le  23  avril  1947,  à  60  ans,  il  re- 
cevra son  obédience  pour  aller  travailler  à  la  vigne  du  Seigneur  sous  le 


44  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

ciel  bleu  et  le  soleil  ardent  de  la  mission  d'Haïti.  Puis  de  1951  à  1958, 
il  sera  aumônier  de  l'hôpital  St-Joseph  de  Nashua,  N.  H.  Entretemps, 
à  trois  reprises,  il  reçut  des  obédiences  pour  le  petit  séminaire,  puis 
noviciat  et  sanctuaire  de  Colebrook,  comme  professeur,  puis  comme 
sous-directeur  du  sanctuaire. 

Partout  il  est  passé  humblement  et  doucement  en  faisant  le  bien. 
Dieu  seul  sait  tout  le  bien  qu'il  a  fait  en  Franco-Américanie.  Puisse  le 
Seigneur  le  lui  rendre  largement  dans  l'Au-delà!  Modèle  du  clergé 
franco-américain  de  la  relève,  il  n'y  a  pas  d'autre  voie  à  suivre  pour 
rester  franco-américain  et  pour  être  digne  du  titre  de  franco-américain. 

Il  laisse  pour  le  pleurer  deux  soeurs,  deux  demi-soeurs,  ainsi  que 
plusieurs  neveux  et  nièces.  Le  décès  est  survenu  à  l'hôpital  Deaconess 
de  Boston,  où  le  malade  venait  d'arriver  après  seulement  cinq  jours 
d'alitement.  Déjà  il  avait  écrit  à  son  40ème  d'ordination,  en  1956,  à 
Nashua:  "40e  anniversaire  de  prêtrise  .  .  .  C'est  le  moment  pour  moi  de 
dévaler  la  colline  .  .  .  Bientôt,  j'aurai  à  répondre  à  l'appel  du  Maître  .  .  . 
La  porte  du  temple  sera  close  .  .  .  Dans  l'ombre  disparaîtra  l'autel  gravi 
déjà  15,000  fois". 

Le  Père  Cotnoir  est  revenu  au  pays  de  ses  premiers  labeurs  en 
Franco-Américanie  pour  la  translation  des  restes  et  pour  la  récitation  de 
l'office  des  morts,  le  lundi  8  mai,  à  4  heures,  en  l'église  St-Jean-Baptiste 
de  Lowell,  et  pour  ses  obsèques  là  le  lendemain  matin  à  10  heures,  avec 
inhumation  à  côté  de  ses  confrères  Oblats  au  cimetière  St-Joseph  d'East 
Chelmsford,  en  banlieue,  où  il  dort  de  son  dernier  sommeil  en  attendant 
la  résurrection  des  morts. 

Ce  collègue  a  eu  l'occasion  d'assister  a  nom-ore  de  fêtes  de  notre 
Société  Historique  comme  invité.  Ce  n'est  qu'assez  récemment  qu'il  nous 
donnait  son  adhésion,  peut-être  pour  remplacer  un  ancien  Oblat  dispa- 
ru. Mais  il  était  membre  intéressé  et  dévoué  au  point  de  partir  de 
Colebrook,  "aux  lignes"  du  Canada,  pour  assister  à  nos  réunions. 

Paix  à  son  âme.  Paix  à  ses  cendres! 


Abbé  Pierre  H.  Gauthier 

1883-1960 

(Abbé  Adrien  Verrette) 

Pierre  Gauthier,  curé  de  Notre  Dame  du  Perpétuel  Secours  à 
Holyoke,  Massachusetts  depuis  22  ans,  était  une  véritable  présence  au 
sein  de  la  vie  franco-américaine.  Son  départ  a  retiré  une  pierre  préci- 
euse de  notre  armature  franco-américaine.  Il  était  de  ces  apôtres  trop 


ELOGES  45 

peu  nombreux,  de  nos  oeuvres  au  sein  de  notre  clergé.  Il  mérite  un 
hommage  que  nous  lui  décernons  avec  le  plus  fraternel  empressement. 
Né  le  4  mai  1883  à  Sutton,  dans  la  banlieue  de  Manchaug  dans 
le  Massachusetts  mitoyen,  il  était  le  fils  de  Joseph  Gauthier  et  de 
Georgiana  Pothier  dont  le  foyer  heureux  comptait  sept  enfants,  dont 
deux  prêtres,  (Louis,  décédé  à  Détroit  l'an  dernier)  et  le  docteur  Henri 
chirurgien  de  belle  réputation  à  Woonsocket. 

Tout  jeune  enfant,  sa  famille  s'établit  à  Fisherville  et  les  parents 
ne  refusent  pas  les  sacrifices  pour  procurer  à  leurs  enfants  les  avantages 
d'une  haute  éducation.  Pierre  est  alors  dirigé  au  collège  de  Lévis  dont 
il  demeure  un  ancien  très  fidèle.  Pour  ses  études  supérieures,  il  se  rend 
ensuite  aux  séminaires  de  Montréal  et  de  Rochester,  New  York,  où  il 
est  ordonné  le  6  juin  1908. 

A  cette  date,  le  diocèse  de  Springfield  comprend  le  territoire  actuel 
du  diocèse  de  Worcester.  L'abbé  Gauthier  occupera  des  vicariats  à 
N.  Adams,  à  Webster,  à  Worcester,  à  Springfield  et  à  Holyoke.  Il  y  dé- 
ploie un  zèle  qui  est  fort  apprécié. 

La  première  guerre  mondiale  (1914-1918)  fait  appel  au  clergé  pour 
les  aumôneries  militaires.  L'abbé  Gauthier  est  l'un  des  premiers  à  ré- 
pondre. Chapelain  du  301e  régiment,  il  participera  à  l'historique  batail- 
le de  l'Argonne,  en  France.  Il  portera  le  titre  de  capitaine  en  retraite,  et 
sera  l'aumônier  fondateur  du  Poste  No  25  de  la  Légion  Américaine.  Il 
demeure  fidèle  à  ses  camarades. 

Le  ministère  reprend  l'abbé  Gauthier.  Il  termine  son  vicariat  en 
1925  pour  être  nommé  curé  de  la  paroisse  Ste-Famille  à  Greylock,  fau- 
bourg de  North  Adams,  au  sein  ravissant  des  montagnes  Berkshires. 
C'est  un  premier  poste,  mais  il  lui  donne  de  l'envergure  en  établissant 
l'école  paroissiale  qu'il  confie  aux  Soeurs  Ste-Anne,  très  répandues 
dans  le  diocèse. 

Il  quitte  ce  poste  qu'il  affectionne  pour  accepter  la  cure  l'Assomp- 
tion à  Chicopee  en  1938.  Ici  encore,  il  se  révèle  un  pasteur  avisé  en  éta- 
blissant l'école  dirigée  par  les  Soeurs  du  Saint  Esprit. 

La  belle  paroisse  Notre  Dame  du  Perpétuel  Secours  à  Holyoke  est 
devenue  vacante  par  la  mort  de  celui  qui  l'administrait  avec  succès  de- 
puis 35  ans,  l'abbé  Joseph  Marchand,  pasteur  de  belle  stature,  trop  peu 
apprécié  que  nous  avons  eu  le  bonheur  de  connaître  et  d'admirer. 

Notre  Dame  est  une  importante  chrétienté  qui  est  fière  de  ses  oeu- 
vres. L'abbé  Gauthier  est  nommé  curé  en  1938.  Il  en  accepte  la  direction 


46  BULLETIN  DE  LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

avec  joie.  Il  y  demeure  durant  22  ans  pour  y  accomplir  un  travail  mer- 
veilleux. 

Artiste  et  ami  du  beau  il  est  cependant  un  administrateur  habile, 
n  fait  disparaître  les  obligations.  Il  exécute  ensuite  la  décoration  de  son 
église,  l'une  des  plus  imposantes,  avec  une  variété  et  une  richesse  de 
marbres  pour  le  sanctuaire,  installation  de  verrières  du  meilleur  goût, 
les  grandes  orgues,  les  cloches,  rajeunissement  au  presbytère,  à  l'école, 
au  couvent  et  enfin  l'embellissement  du  cimetière. 

Ce  travail,  l'abbé  Gauthier  l'accomplit  avec  amour  parce  qu'il  est 
toujours  fidèle  à  son  idéal  de  pasteur  franco-américain.  Il  est  avant  tout 
le  prêtre  du  Christ  et  sa  longue  carrière  en  est  une  fidèle  illustration. 

Musicien  et  artiste,  il  dirige  et  déploie  un  beau  dévouement  dans 
l'exécution  de  concerts,  d'opérettes  et  de  représentations  dramatiques 
qui  sont  à  l'affiche. 

Comme  apôtre  de  nos  oeuvres,  l'abbé  Gauthier  était  un  véritable 
continuateur.  Malgré  les  métamorphoses  précipitées  des  opportunistes, 
il  ne  crut  pas  nécessaire  de  modifier  le  climat  de  ses  oeuvres  tout  en 
respectant  les  adaptations  inévitables.  En  cela  il  avait  raison. 

Il  était  de  l'avant-garde  toujours  sur  la  brèche  et  les  années  ne  modi- 
fièrent pas  sa  sincérité.  Cette  attitude  put  lui  valoir  une  certaine  défa- 
veur auprès  de  certains  confrères  moins  intéressés. 

Aumônier  diocésain  de  l'Union  St  Jean-Baptiste  d'Amérique,  il  en 
reçut  un  certain  prestige.  Il  était  vice-président  d'honneur  du  Comité 
de  Vie  Franco-Américaine  qu'il  fréquenta  assidûment.  Ses  collègues  ai- 
maient à  entendre  sa  voix  mûrie  par  le  service  et  la  fidélité. 

Membre  de  notre  société,  il  aimait  ses  réunions  et  se  déplaçait  vo- 
lontiers malgré  son  âge. 

Un  grand  honneur  devait  couronner  sa  carrière  en  1958  alors  qu'il 
fut  proclamé  officier  de  l'Ordre  de  la  Fidélité  Française  en  Amérique. 
Le  chancelier  d'alors,  l'hon.  Cyrille  Delage  déclarait  à  son  endroit: 
"il  est  avant  tout  un  prêtre  zélé  et  un  fervent  apôtre  de  la  vie  franco- 
américaine  ...  Il  est  une  preuve  vivante  qu'on  peut  être  à  la  fois  prêtre, 
loyal  citoyen  de  la  république  étoilée  et  fidèle  franco-américain.  Nous 
sommes  heureux  de  l'accueillir  au  pays  ancestral  et  de  lui  rendre  un 
hommage  bien  mérité." 

Tout  récemment,  après  des  instances  répétées,  il  s'intéressait  aux 
espoirs  des  compatriotes  de  New  Britain  qui  désiraient  leur  paroisse, 


ELOGES  47 

ce  qui  ne  lui  valut  pas  une  approbation  en  certains  milieux,  mais  il 
était  convaincu.  Cette  paroisse  ne  verra  probablement  jamais  le  jour  et 
pour  cause  .  ,  . 

Le  8  juin  1958,  l'abbé  Gauthier  célébrait  son  cinquantenaire  sacer- 
dotal .  .  .  l'heure  des  équations  véritables.  Il  nous  faisait  l'honneur  de 
nous  compter  au  nombre  de  ses  invités.  A  un  somptueux  banquet  servi 
à  l'hôtel  Rogers  où  se  réunissaient  plus  de  500  convives  reconnaissants, 
nous  résumions  avec  joie  les  étapes  de  sa  belle  carrière. 

Au  mois  de  septembre  dernier,  je  rencontrais  l'abbé  Gauthier  pour 
la  dernière  fois.  Il  assistait  à  la  promotion  de  l'Ordre  de  la  Fidélité 
Française  à  Québec.  Il  paraissait  en  bonne  santé  et  plein  de  bonheur. 

De  haute  stature,  d'un  port  très  noble  et  distingué,  la  figure  sereine 
et  parfois  sévère,  l'abbé  Gauthier  tenait  à  son  tempérament  qui  lui  va- 
lut certaines  déceptions.  Il  était  humain  et  artiste  par  surcroit.  Il  au- 
rait pu  porter  tous  les  honneurs  très  dignement  car  il  demeure  l'un  des 
défenseurs  authentiques  de  nos  valeurs  en  terre  américaine. 

Le  18  octobre  dernier,  alors  que  j'étais  immobilisé  à  l'hôpital  De 
Goesbriand  à  Burlington,  au  Vermont,  j'appris  avec  peine  le  décès  de 
ce  bon  serviteur  et  ami. 

La  société  perdait  un  membre  très  distingué,  la  Franco-América- 
nie  un  exemple  qui  devient  de  moins  en  moins  admiré  au  train  de  no- 
tre absorption.  Paix  à  ses  cendres.  Sa  vie  nous  devrait  susciter  une  re- 
vanche. 


Joseph  P.  Duchaine 

1902-1961 

(Mgr  Albert  Bérubé,  P.D.) 

M.  Joseph-P.  Duchaine  est  né  à  New  Bedford  le  25  avril  1902.  Ses 
parents,  Paul  Duchaine  et  Florida  Boucher,  étaient  originaires  du 
Canada.  Il  fit  son  cours  élémentaire  à  l'école  St-Antoine  et  commença 
son  cours  supérieur  au  Collège  de  l'Assomption  de  Worcester  pour  le 
terminer  à  la  Benton  Business  School  de  New  Bedford,  tout  en  travail- 
lant avec  son  père  qui  avait  une  modeste  boulangerie  dans  la  partie 
nord  de  la  ville. 

Il  épousa  Mlle  Edéa-G.  Carrier  en  octobre  1926.  De  ce  mariage  sont 
nés  quatre  enfants  dont  trois  sont  vivants:  Paul  qui  continue  le  com- 


48  BULLETIN   DE  LÀ   SOCIETE  HISTORIQUE 

merce  de  son  père;  Claire,  mariée,  de  Barringotn,  R.  L,  et  Maurice,  prê- 
tre de  la  Société  de  Saint  Sulpice. 

Il  s'associa  bientôt  à  son  père  pour  fonder  en  1922  la  "My  Bread 
Baking  Co."  Grâce  à  son  esprit  d'initiative  et  à  son  talent  peu  ordinaire 
pour  les  affaires,  cette  entreprise  prit  bientôt  des  proportions  considé- 
rables et  se  transforma,  en  1934,  en  la  "Sunbeam  Bread",  avec  une  bou- 
langerie ultra-moderne  qui  ne  cesse  de  s'agrandir  et  de  se  perfection- 
ner encore  aujourd'hui,  et  qui  attire  la  visite  des  experts  non  seule- 
ment des  Etats-Unis,  mais  de  la  France  et  de  l'Angleterre.  Une  flottille 
de  plus  de  cent  camions  distribue  tous  les  jours  le  pain  et  les  autres 
produits  de  cette  boulagerie  dans  l'est  de  l'état  du  Massachusetts  et  du 
Connecticut,  et  dans  tout  le  Rhode-Island. 

M.  Duchaine  est  aussi  le  propriétaire  du  poste  de  radio  W  B  S  M, 
à  New  Bedford,  ce  qui  n'a  pas  peu  contribué  à  augmenter  son  prestige 
et  son  influence,  surtout  en  politique,  à  tous  les  niveaux.  Il  n'a  jamais 
voulu  occuper  une  fonction  publique.  Il  a  toujours  refusé  d'être  maire 
de  la  ville.  En  1954.  quand  on  lui  a  offert  la  candidature  républicaine  au 
poste  de  Secrétaire  d'Etat  pour  le  Massachusetts,  il  ne  voulut  pas  ac- 
cepter. Mais,  en  toutes  circonstances  il  réussissait  à  faire  élire  son  hom- 
me, c'est-à-dire  celui  qui  saurait  sauvegarder  les  intérêts  des  Franco- 
Américains. 

Il  était  toujours  l'un  des  premiers  dans  les  organisations  de  se- 
cours soit  dans  les  périodes  de  guerre  ou  d'après-guerre.  Son  esprit  ci- 
vique était  plus  que  remarquable.  Grâce  à  ses  nombreux  contacts  avec 
les  hommes  d'affaires  de  l'extérieur,  il  a  contribué  à  faire  venir  à  "New 
Bedford  bon  nombre  de  nouvelles  industries.  Lorsque  les  autorités  mu- 
nicipales, par  aveuglement  ou  autres  raisons,  refusaient  d'acquérir  cer- 
taines grandes  propriétés  foncières  ou  immobilières  qu'il  jugeait  né- 
cessaires ou  profitables  au  progrès  de  la  ville,  il  les  achetaient  de  ses 
propres  deniers,  quitte  à  les  remettre  ensuite,  sans  profit,  en  temps  op- 
portun, aux  autorités  compétentes. 

Il  était  directeur  de  deux  banques,  syndic  de  l'hôpital  St  Luc,  pré- 
sident de  la  compagnie  de  construction  Loranger  &  Fils,  et  de  plusieurs 
associations  professionnelles  dont  la  grande  Coopérative  Nationale 
"Quality  Bakers  of  America"  qui  compte  une  centaine  de  compagnies 
affiliées  et  dont  le  siège  social  est  à  New  York.  On  a  suspendu  les  rè- 
glements de  cette  association  pour  l'élire  président  pendant  douze  ans, 
ce  qui  l'obligeait  de  se  rendre  à  New  York  presque  chaque  semaine  et  de 
rendre  visite  aux  succursales  établies  dans  les  grandes  villes  des  Etats- 
Unis  et  du  Canada,  de  l'Atlantique  au  Pacifique,  où  il  apportait  le  nom 
bien  français  de  Duchaine  et  la  preuve  que  la  culture  française  ne  nuit 
pas  en  affaires. 


ELOGES  49 

A  la  demande  de  l'évêque  de  Fall  River,  il  fut  le  président  de  la 
Campagne  annuelle  de  Charité  diocésaine  pour  l'année  1954  et  aussi  de 
la  campagne  de  souscription  pour  l'érection  de  l'école  supérieure  ré- 
gionale "Bishop  Stang"  de  New  Bedford  en  1957. 

Il  était  syndic  de  la  Maison  du  Sacré-Coeur  à  New  Bedford  et  du 
Collège  de  l'Assomption  de  Worcester.  Cette  dernière  Institution  lui  ac- 
cordait le  doctorat  honoraire  en  Sciences  Commerciales  en  mai  1954. 

L'Union  Saint  Jean  Baptiste  d'Amérique  le  faisait  Membre  d'Hon- 
neur lors  de  son  congrès  de  Hartford  en  mai  1958. 

Les  Franco-Américains  organisaient  le  10  novembre  1957,  à  Lincoln 
Park,  un  grand  banquet  en  son  honneur,  auquel  assistaient  les  plus  hau- 
tes personnalités  religieuses  et  civiles  de  la  Nouvelle-Angleterre,  des 
invités  spéciaux  de  New  York  et  de  Washington,  et  au-delà  de  douze 
cents  convives. 

Le  1er  février  1959,  dans  une  séance  solennelle  à  l'auditorium  de 
l'école  Saint  Antoine,  M.  le  Baron  Charles  de  Pampelonne,  Consul  de 
France  à  Boston,  remettait  à  M.  Duchaine  la  Médaille  des  Affaires 
Etrangères  de  la  part  de  son  Gouvernement. 

Malgré  toutes  ces  occupations,  en  plus  de  l'administration  de  ses 
propres  affaires  toujours  en  marche  vers  le  progrès,  il  ne  négligeait  pas 
ses  compatriotes  franco-américains.  Il  était  membre  de  toutes  les  socié- 
tés, nationales,  mutuelles,  fraternelles  franco-américaines.  Il  y  contri- 
buait généreusement  de  ses  deniers  et  de  sa  personne.  Il  assistait  à 
leurs  réunions  et  à  leurs  fêtes,  souvent  dans  le  rôle  de  président  ou  de 
Maître  de  Cérémonie  qu'il  remplissait  avec  l'aplomb  et  la  facilité  que 
lui  donnait  l'expérience  acquise  ailleurs.  Comme  il  l'a  dit  lui-même,  "il 
n'était  jamais  si  heureux  que  lorsqu'il  se  trouvait  parmi  les  siens." 

S'agissait-il  d'une  contribution  à  solliciter,  d'une  faveur  ou  d'une 
promotion  à  obtenir,  d'une  affaire  difficile  à  régler,  ou  d'un  simple  con- 
seil à  demander,  c'était  entendu  qu'on  commençait  toujours  par  aller 
Voir  "Jos.  Duchaine"  qui  souvent  d'un  coup  de  téléphone,  d'un  tour  de 
main,  d'un  prêt  ou  d'un  don  généreux  prouvait  qu'on  avait  eu  raison 
d'avoir  eu  confiance  en  lui.  Nombreux  sont  les  franco-américains  qui  lui 
doivent  d'être  propriétaires  ou  commerçants  prospères  aujourd'hui.  On 
en  apprend  tous  les  jours  à  ce  sujet. 

Il  favorisait  les  jeunes  qui  voulaient  s'instruire,  se  souvenant  sans 
doute  qu'il  avait  dû  défrayer  lui-même  les  frais  de  son  éducation  supé- 
rieure en  travaillant  le  soir  et  le  samedi.  L'école  supérieure  Saint- 
Antoine  a  bénéficié  de  sa  générosité  en  plus  d'une  occasion.  Un  jour  il 


50  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

confiait  à  celui-là  même  qui  vous  parle  en  ce  moment,  son  projet  de  con- 
sacrer une  partie  de  son  argent  liquide  à  sa  mort  pour  des  bourses  d'é- 
tude. Il  en  avait  de  même  fait  part  à  ses  fils.  Malheureusement,  une  mort 
subite,  sinon  imprévue,  est  venue  le  ravir  avant  qu'il  ait  pu  réaliser  ses 
intentions.  Nous  avons  la  preuve,  cependant,  que  les  fils,  dignes  d'un 
tel  père,  sauront  respecter  ses  désirs. 

Doué  d'une  énergie  sans  limite,  il  travaillait  littéralement  jour  et 
nuit.  Malgré  les  conseils  qui  lui  venaient  de  toutes  parts,  il  ne  savait 
pas  se  modérer.  D'ailleurs  son  programme  surchargé  ne  lui  en  laissait 
pas  la  liberté.  La  nature  ne  pouvait  suffire  à  une  telle  activité.  Le  coeur 
finit  par  céder.  Il  y  a  deux  ans  il  dut  faire,  à  contre-coeur,  un  séjour 
de  trois  semaines  à  l'hôpital.  Il  en  sortit  en  "jurant  qu'on  ne  l'y  repren- 
drait plus."  Le  12  février,  une  seconde  attaque  faillit  l'emporter.  C'est 
à  peine  s'il  consentit  à  rester  quelques  jours  à  la  maison,  tout  en  tra- 
vaillant. Lui,  qui  par  force  de  volonté  avait  surmonté  tant  d'obstacles, 
croyait  pouvoir  vaincre  un  mal  qui  pourtant  ne  pardonne  pas  trois  fois. 
Malheureusement,  le  23  mars  1961,  à  11  heures  du  soir,  à  son  retour 
de  New  York,  il  tomba  foudroyé  en  quelques  secondes  près  de  son  bu- 
reau. Il  revenait  d'un  voyage  entrepris  pour  régler,  entre  autres  choses, 
ses  propres  affaires.  Il  avait  dans  la  poche  de  son  gilet  un  document 
contenant  ses  dernières  volontés,  malheureusement,  il  n'y  manquait 
que  ...  sa  signature. 

A  l'occason  de  son  décès,  non  seulement,  les  journaux  locaux,  mais 
le  Boston  Globe,  le  New  York  Times  publièrent  sa  photo  avec  sa  bio- 
graphie Le  drapeau  flotta  à  mi-mât  sur  l'hôtel  de  ville  pendant  trois 
jours.  Des  centaines  de  télégrammes,  de  lettres  ou  autres  témoignages 
de  condoléances  furent  reçus  par  la  famille.  La  foule  n'a  cessé  de  dé- 
filer près  de  son  cercueil  pendant  les  quatre  jours  où  il  fut  exposé.  Une 
trentaine  de  sociétés  ou  d'organisations  étaient  représentées  à  ses  fu- 
nérailles. 

Le  lendemain,  les  franco-américains  se  rencontraient  et  se  regardaient 
consternés.  Ils  réalisaient  qu'ils  venaient  de  perdre  leur  meilleur  ami, 
leur  conseiller,  leur  protecteur,  qui  ne  saurait  être  remplacé. 

C'està  bon  droit  que  la  Société  Historique  Franco-Américaine  ins- 
crit le  nom  et  la  biographie  de  ce  membre,  de  ce  compatriote  qui  fut, 
comme  le  disait  M.  le  Consul  de  France  le  1er  février  1959,  "l'un  des 
hommes  d'affaires  les  plus  importants  de  la  Nouvelle-Angleterre  et  l'une 
des  personnalités  les  plus  éminentes  et  les  plus  représentatives  de  la 
population  franco-américaine  de  cette  partie  des  Etats-Unis." 

La  lecture  du  discours  qu'il  prononça  lors  d'une  réception  que  lui 
accordait  l'Union  Saint  Jean  Baptiste  d'Amérique  le  19  novembre  1956 
nous  donne  un  aperçu  des  sentiments  et  des  principes  de  ce  Franco- 
Américain  que  le  succès  n'a  jamais  empêché  de  se  montrer  fier  de  ses 
origines  françaises.  Ce  discours,  comme  toute  sa  vie  d'ailleurs,  est  une 
leçon  qui  ne  saurait  manquer  d'être  profitable  encore  aujourd'hui. 


IV 

Le  Conseil  de  la  Vie  Française 
en  Amérique 


Le  Conseil  de  la  Vie  Française  demeure  le  baromètre  de  la  vie  fran- 
çaise en  Amérique.  Après  un  quart  de  siècle,  il  est  toujours  sur  la  brè- 
che au  service  de  nos  meilleurs  intérêts  de  permanence  française.  Sa 
réunion  plénière  annuelle  est  le  grand  événement  qui  fait  le  point  au 
sujet  de  notre  comportement. 

La  25e  reunion  plénière  débutait  jeudi  le  14  septembre  avec  le 
dîner  traditionnel  au  cercle  universitaire  sous  la  présidence  de  Me  Paul 
Gouin  qui  faisait  à  cette  occasion  la  remise  du  prix  "Champlain"  à  M. 
Gustave  Lanctot  d'Ottawa,  historien  de  grand  mérite  pour  son  ouvrage 
récent  "Histoire  du  Canada".  Ce  prix  de  cinq  cents  dollars  est  attribué 
par  le  Conseil  chaque  année  à  un  auteur  canadien  français  ou  franco- 
américain. 

M.  Lanctot  rendait  hommage  au  Conseil  en  disant:  "des  nombreuses 
institutions,  qui  se  dévouent  à  rexpausion  de  notre  permanence  ethni- 
que, je  n'en  connais  pas  qui  poursuivent  leur  mission  avec  plus  de  zèle, 
d'intelligence  et  d'envergure  que  le  Conseil  de  Vie  Française,  et  son 
infatigable  secrétaire  et  réalisateur,  Mgr  Paul  Emile  Gosselin." 

Dans  son  allocution  "L'histoire  et  les  historiens",  il  ajoutait: 
"Quand  aux  jeunes  historiens  qui  fournissent  déjà  des  ouvrages  de  hau- 
te qualité,  je  me  permets  de  leur  rappeler  qu'il  reste  encore  une  oeuvre 
à  parachever.  Jusqu'ici  notre  historiographie  a  justement  célébré  les  ac- 
complissements des  chefs  civils,  militaires  et  religieux,  ainsi  que  ceux 
des  hommes  politiques.  Mais  il  nous  manque  une  histoire,  ordonnée  et 
vivante,  dans  son  cadre  laurentien,  du  peuple  lui-même,  du  colon  et  de 
sa  ferme,  de  l'artisan  et  du  milicien,  de  tous  ceux-là,  qui,  industrieux 
dans  la  paix  et  vaillants  dans  la  guerre,  furent  les  véritables  fondateurs 
de  notre  pays.  Car,  en  ce  pays,  selon  le  mot  d'un  historien  français,  ce 
ne  fut  pas  seulement  quelques  individus,  mais  tout  un  peuple  qui  fut 
grand.  A  ce  peuple,  héros  inconnu  de  notre  passé,  nous  devons  de  dres- 
ser maintenant  une  histoire  qui  soit  le  monument  de  notre  gratitude 
nationale." 

Durant  l'après-midi,  à  Bois  de  Coulonge,  avait  lieu  une  cérémonie 
à  la  fois  touchante  et  très  impressionnante,  la  remise  des  insignes  de 
l'Ordre  de  la  Fidélité  Française  à  S.  E.  Monsieur  Onésime  Gagnon, 
lieutenant  gouverneur  de  la  province.  La  maladie  de  l'illustre  décoré 
avait  exigé  une  remise  intime  à  laquelle  il  ne  put  assister.  En  l'absence 
du  chancelier  de  l'Ordre,  Me  Paul  Gouin  assisté  de  Mgr  Gosselin  et  de 


52  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

M.  Armand  Godin  remettait  à  la  famille  les  insignes  avec  un  profond 
hommage  du  Conseil.  Au  nom  de  son  père,  M.  André  Gagnon  remerciait 
et  disait  toute  la  reconnaissance  de  M.  Gagnon  et  de  sa  famille.  L'on 
sait  qu'au  cours  de  sa  longue  carrière,  M.  Onésime  Gagnon  fut  toujours 
un  apôtre  très  sincère  de  notre  idéal  français.  C'était  la  quatorzième 
promotion  de  l'Ordre. 

La  première  réunion  de  la  plénière  avait  lieu  dans  les  salons  du 
Conseil,  rue  d'Auteuil,  vendredi  matin,  le  15  septembre  à  dix  heures 
sous  la  présidence  de  Me  Paul  Gouin  qui  accueillait  ses  collègues  pour 
la  sixième  fois. 

Le  secrétaire  dépose  le  procès  verbal  de  l'année  précédente  pour 
adoption.  On  y  constate  des  deuils,  M.  Lucien  Gagné,  de  Québec  mem- 
bre depuis  un  an,  décédé  le  5  janvier.  Me  Yves  Bemier,  de  Québec, 
trésorier  du  Conseil  était  promu  juge  de  la  Cour  Supérieure  de  la  pro- 
vince de  Québec  et  Mme  Reine  Malouin  recevait  le  Prix  Montcalm 
(France),  pour  l'ensemble  de  son  oeuvre  littéraire. 

Le  Conseil  déplorait  aussi  la  disparition  d'un  grand  apôtre  de  la 
vie  franco-ontarienne  dans  la  personne  du  R.  P.  Gustave  Sauvé,  o.mi., 
d'Ottawa,  chef  du  secrétariat  de  l'Association  Canadienne  Française 
d'Education  d'Ontario  depuis  près  de  20  ans.  Le  P.  Sauvé  était  une  per- 
sonnalité de  belle  envergure. Des  études  lui  avaient  obtenu  des  doc- 
torats en  philosophie,  en  droit  caninique,  en  sciences  sociales  et  sa  li- 
cence en  théologie.  Il  décédait  au  début  de  septembre  à  l'âge  de  62  ans. 

Après  avoir  pris  l'engagement  d'honneur,  le  Conseil  expédiait  les 
hommages  d'usage  et  nommait  les  commissions  des  nominations,  de  pu- 
blicité, des  finances,  des  voeux  et  résolutions,  des  célébrations  et  des  pro- 
blèmes d'actualités,  chacune  avec  son  président  et  secrétaire. 

Dans  son  rapport,  le  trésorier  établissait  l'actif  du  Conseil  à 
$175,000.00.  L'encaissement  de  l'année  s'élevait  à  $74,614.84  avec  dé- 
penses de  $48,272.34  dont  $32.889.65  en  dons  souscriptions  et  bourses. 
Le  Sous  de  la  Vie  française  rapporta  $64,962.08  pour  l'année  et  le  Con- 
seil distribuait  plus  de  15.000  copies  de  son  calendrier  dont  le  thème 
des  tableaux  déployait  le  progrès  de  l'industrie  dans  Québec, 

Au  cours  des  délibérations,  les  membres  discutaient  le  rapport  de  M. 
Ernest  Desormeaux  sur  le  Conseil  canadien  sur  l'Education,  qui  doit 
tenir  un  premier  congrès  à  Montréal. 

Les  membres  étudiaient  encore  les  problèmes  du  recensement,  du 
centenaire  de  la  Confédération  et  la  porté  des  autres  mémoires  prépa- 


LE   CONSEIL   DE   LA    VIE   FRANÇAISE  53 

rés  par  le  Conseil.  Le  Conseil  songeait  aussi  à  la  préparation  des  fêtes 
de  son  25e  anniversaire  en  1962.  Malgré  toutes  ses  initiatives  le  Conseil 
songeait  à  une  formule  qui  pourrait  établir  une  plus  étroite  cohésion 
ou  solidarité  avec  les  organismes  qui  se  prêtent  au  progrès  de  la  vie 
grançaise  sur  le  continent.  Un  éternel  problème  qui  confronte  toujours 
une  population  de  5  ou  6  millions  de  français  en  Amérique  contre  le 
bloc  de  189  millions  au  moins  de  parlants  anglais. 

Au  nombre  des  manifestations  sociales,  le  Conseil  est  invité  au 
Consulat  Français  à  Québec  et  les  membres  sont  les  hôtes  de  M.  Georges 
Denizeau  et  de  ses  aides  MM.  Longue  et  Bernard  Form.ery.  Ils  sont  en- 
suite les  invités  de  la  brasserie  Dow  aux  "Voûtes  Jean  Talon"  à  un  plan- 
tureux dîner.  Durant  la  soirée,  dans  les  salons  du  Conseil,  toujours 
vendredi  soir,  15  septembre,  S.  H.  le  maire  Wilfrid  Hamel  remet  à  Mme 
Reine  Malouin  le  Prix  Montcalm.  La  messe  de  la  plénière  était  célé- 
brée dimanche  par  l'abbé  Adrien  Verrette  dans  la  chapelle  de  la  Con- 
grégation du  Séminaire  de  Québec.  Le  R.  P.  Thomas  Marie  Landry,  o.p. 
commentait  l'épitre  et  l'évangile  de  la  messe. 

Avec  sa  causerie  du  3  juin,  donnée  par  Me  Paul  Gouin  sur  "Les 
Canadiens-français  et  le  fonctionnarisme  fédéral",  le  Conseil  terminait 
ses  20  ans  de  causerie  mensuelle  à  Radio  Canada.  C'était  un  program- 
me très  apprécié  qui  lui  permettait  de  prendre  contact  chaque  mois  avec 
la  majeure  partie  de  nos  compatriotes.  Ces  causeries  toujours  bien  pré- 
parées apportaient  une  information  précieuse.  C'est  M.  Adrien  Pouliot, 
alors  qu'il  était  gouverneur  de  Radio-Canada  qui  avait  obtenu  ce  privi- 
lège. 

Par  ailleurs  de  nombreuse?  causeries  furent  prononcées  à  différents 
postes  de  la  radio  et  de  la  télé  au  cours  de  l'année  dans  toutes  les  pro- 
vinces et  même  aux  Etats-Unis. 

Au  compte  de  ses  publications,  le  Conseil  a  maintenue  sa  revue 
"Vie  Française",  le  15e  volume.  Des  mémoires  ont  été  publiés  sur 
"Le  Bilinguisme  des  édifices  du  Gouvernement  à  Ottawa",..  "Mémoire 
sur  le  Ministère  des  Affaires  extérieures  du  Canada",  "Les  Canadiens 
français  dans  le  fonctionnarisme  fédéral",  "Toponomie  des  côtes  du 
Nouveau-  Québec". 

Durant  la  Semaine  de  la  vie  française  en  mai,  le  Conseil  distribuait 
des  milliers  de  copies  de  la  Revue  de  L'Instruction  Publique  avec  nom- 
breux textes. 

Dans  son  appel  de  la  Septième  Souscription  annuelle.  La  Fraternité 
Française,  du  15  au  22  avril,  déclarait:  "Cet  appel  à  la  générosité  des 
Québécois  de  toute  la  province  set  fait  pour  assurer  à  nos  compatriotes 


54  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

leur  plein  épanouissement  religieux,  national  et  culturel;  il  leur  faut 
des  collèges  classique,  des  couvents,  des  écoles  normales  pour  leur  fa- 
çonner des  maîtres.  Il  leur  faut,  de  plus,  en  chaque  province,  maintenir 
une  association,  avec  un  secrétariat  qui  devrait  avoir  un  caractère  per- 
manant.  Il  faut  aussi  soutenir  les  journaux  qui  défendent  le  fait  fran- 
çais et  les  droits  des  Canadiens  français.  Il  y  a,  et  c'est  important,  les 
postes  de  radiodiffusion  de  langue  française.  Le  but  de  la  Fraternité  est 
d'aider  moralement  et  financièrement  toutes  les  minorités  françaises 
tant  au  Canada  qu'en  Nouvelle  Angleterre  et  de  contribuer  ainsi  au 
maintien  et  au  développement  d'une  culture  française  authentique  en 
terre  d'Amérique  et  de  participer  à  l'épanouissement  d'un  christianisme 
sain  et  viril",  La  souscription  rapporta  environ  $60,000.00. 

La  Liaison  Française  exécutait  au  cours  de  l'année  treize  voyages 
vers  le  Mexique,  aux  Antilles,  en  Alaska,  dans  l'Ouest  Canadien  (4), 
FAcadie.  Golfe  Saint-Laurent,  Extrême-Orient,  Japon,  l'Europe  et  la 
Terre  Sainte.  Le  nombre  des  voyageurs  s'éleva  à  plus  de  400. 

L'oeuvre  des  Boursières  Acadiennes  maintenait  au  cours  de  l'année 
33  élèves  dans  les  instituts  Familiaux  du  Québec.  Le  Conseil  continue 
son  appuie  aux  boursières  et  félicite  Mlle  Monique  Bureau  qui  s'occupe 
de  l'oeuvre  avec  tant  de  dévouement. 

Le  Conseil  maintient  sa  représentation  au  sein  des  organismes  sui- 
vants: MM.  J.  Emile  Boucher  et  le  Dr  Alcide  Martel  à  la  Société  Cana- 
dienne d'Etablissement  Rural;  MM.  Ernest  Desormeaux  et  Florian  Car- 
rière au  Conseil  Canadien  sur  l'Education;  MM.  Armand  Godin  et  Jean 
Jacques  Tremblay  à  l'Association  de  la  Jeunesse  Canadienne;  Me  Ana- 
tole Vanier  à  la  Société  de  l'Accord,  M.  le  docteur  Alcide  Martel  à  la 
Société  du  Bon  Parler  Français;  MM.  Paul  Gouin,  Ernest  Desormeaux, 
Armand  Godin  et  Mgr  Gosselin  au  Comité  d'Organisation  de  la  Frater- 
nité Française;  MM.  Yves  Bernier,  Ernest  Desormeaux  et  Mgr  Gosselin 
au  Comité  de  Répartition  de  la  Fraternité  Française. 

Afin  de  se  rendre  utile  à  plusieurs  organismes,  le  Conseil  n'hésite 
pas  à  participer  à  nombre  de  réunions  au  cours  de  l'année.  Il  doit  en 
plus  se  présenter  devant  les  ministères  fédéraux  et  provinciaux  avec  des 
mémoires  qui  ont  toujours  l'allure  de  revendications  sérieuses  et  légiti- 
mes. Il  est  officiellement  représenté  à  nombre  de  congrès  qui  sollicitent 
son  encouragement.  La  liste  en  est  imposante.  Il  suffit  de  reproduire 
les  délégations  les  plus  importantes:  XlVe  Cangrès  de  l'ACELF,  22-25 
août,  Charlottetown,  I.P.E.,  Fédération  de  la  Colombie,  7-9  octobre; 
Association  Acadienne  d'Education,  7-9  octobre,  Campbellton,  N.  B.; 
Fédération  de  la  Société  St.  Jean-Baptiste  de  Québec,  14-15  octobre; 
Congrès  Franco-AIbertain,  27-28  octobre;  Vie  Congrès  des  Franco-Amé- 
ricains, 27-29  octobre,  Hartford,  Conn. 


LE   CONSEIL   DE   LA   VIE   FRANÇAISE  55 

En  vue  des  fêtes  des  Noces  d'Argent  du  Conseil  en  1962,  les  mem- 
bres proposent  pour  la  15e  promotion  de  l'Ordre  de  la  Fidélité  française: 
S.  E.  Mgr  Camille  LeBlanc,  évêque  de  Bathurst,  Me  René  Paré,  de 
Montréal,  Mgr  Hilaire  Chartrand,  d'Ottawa,  M.  le  Juge  Alfred  Monnin, 
de  St  Boniface  et  M.  le  Juge  Edouard  Lampron.  de  la  Cour  Suprême  du 
New  Hampshire. 

Par  la  voix  de  son  représentant,  M.  Rémi  Chiasson,  le  Cap  Breton 
qui  est  attaché  au  diocèse  d'Antigonish,  malgré  le  dévouement  de  la 
Société  St  Pierre,  ne  prétend  pas  obtenir  des  résultats  encourageants.  Il 
semble  que  les  deux  paroisses  de  Chétican  et  de  St  Joseph  du  Moine 
soient  les  seules  à  entretenir  une  vie  acadienne  satisfaisante. 

En  Nouvelle  Ecosse,  c'est  le  diocèse  de  Yarmouth  qui  comprend  la 
Baie  Ste  Marie,  qui  constitue  le  grand  espoir  des  Acadiens  de  cette  pro- 
vince. Deux  écoles  supérieures  françaises  et  le  collège  Ste-Anne  de  la 
Pointe  de  l'Eglise  sont  les  institutions  de  salut  qui  n'accepte  plus  d'élè- 
ves qui  ne  parlent  pas  le  français.  Les  filles  seront  admises  dans  les 
classes  du  baccalauréat  à  ce  collège. 

Du  Manitoba,  les  échos  de  l'Association  d'Education  des  Canadiens 
français  déclarent  que  le  travail  se  continue  avec  confiance.  Les  statisti- 
ques donnent  65  paroisses,  102  écoles  visitées,  10,686  écoliers  franco- 
manitobains,  501  instituteurs  de  langue  française.  L'actif  de  la  société 
pour  l'année  est  porté  à  $16.906.01.  Au  mois  de  mai  5.956  élèves  des 
grades  4-12  prenaient  part  au  concours  annuel  de  français.  Le  24e  con- 
grès de  la  société  avait  lieu  au  mois  de  janvier.  Les  relations  avec  le 
Ministère  de  l'Instruction  publique  sont  actuellement  très  sympathiques. 
L'association  s'est  donné  le  titre  de  "Chef  de  la  vie  française  au  Mani- 
toba" afin  de  représenter  les  75,000  compatriotes  de  la  province  dans 
tous  les  domaines. 

Le  Poste  CKSB  se  maintient  mais  il  subit  une  baisse  de  revenus  à 
cause  de  l'établissement  d'un  deuxième  poste  de  langue  anglaise  à 
Winnipeg  qui  s'adresse  aux  mêmes  annonceurs.  Un  sondage  a  établi 
que  79%  de  la  population  franco-manitobaine  est  fidèle  au  poste  SKSB. 
La  situation  financière  est  toujours  difficile. 

La  Colombie  fixe  à  55,000  âmes  environ  la  population  française. 
Cette  population  est  répartie  en  6  paroisses  dont  2  sur  l'Ile  de  Vancouver. 
Notre  Dame  (Maillardville),  1909,  Saint  Sacrement  (Vancouver),  1946 
Notre  Dame  de  Fatima  (Maillardville),  1946,  Notre  Dame  des  Victoires 
(Alberni),  1950,  Saint  Jean-Baptiste  (Victoria,  Ile  de  Vancouver),  1956 
et  Notre  Dame  de  la  Paix  (New  Westminster),  1957.  Quatre  paroisses 
ont  des  écoles  avec  un  total  d'élèves  de  2,000  environ. 


56  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Mais  cette  population  ressent  certaines  déficiences  comme  le  man- 
que de  la  télé  et  de  la  radio  française,  du  journal  français  et  d'école 
pour  les  garçons  après  la  8e  année.  On  songe  à  l'établissement  d'un 
collège.  La  Fédération  de  la  Colombie  continue  son  travail  sous  la  pré- 
sidence de  M.  Pollard.  Un  problème  est  survenu  au  sujet  du  statut  de 
la  paroisse  de  Port  Alberni.  Un  club  Canadien  Français  est  fondé  à 
Victoria.  Le  R.  P.  Jean  Patoime,  o.m.i.,  d'Edmonton,  représentait  le 
Conseil  au  congrès  de  la  Fédération,  les  7  et  8  octobre. 

A  sa  dernière  réunion  du  17  septembre  le  Conseil  élisait  ses  ad- 
ministrateurs et  portait  à  la  présidence  le  R.  P.  Thomas  Marie  Landry, 
o.p.,  de  Québec,  avec  l'abbé  Adrien  Verrette  (Manchester)  et  Me  Paul 
Gouin  (Montréal),  vice-présidents,  Mgr  Paul  Emile  Gosselin,  P.D. 
(Québec),  secrétaire,  M.  le  juge  Yves  Bernier  (Québec),  trésorier  et  les 
directeurs  suivants:  Mgr  Maurice  O'Bready  (Sherbrooke),  M.  Ernest 
Desormeaux  (Ottawa),  le  Dr  P.  E.  Laflèche  (Winnipeg),  Emery  LeBlanc 
(Moncton),  M.  Armand  Godin  (Montréal)  et  Mme  Reine  Malouin  (Québec). 

Deux  nouveaux  membres  avaient  été  admis  au  cours  de  la  plénière, 
Me  Maurice  Denis,  président  de  l'Association  Canadienne  française  de 
la  Saskatchewan  et  M.  Alfred  Rouleau,  gérant  général  de  l' Assurance- 
Vie  Desjardins. 

En  assumant  la  présidence  du  Conseil,  le  R.  P.  Landry  disait  "Pour 
l'honneur  du  Conseil  je  m'efforcerai  de  la  remplir  avec  toute  la  bonne 
volonté,  toute  l'application,  toute  la  sincérité  et  toute  la  droiture  dont 
je  suis  capable.  Puisque  vous  m'avez  fait  confiance  à  ce  point,  je  vous 
prie  de  me  la  continuer  jusqu'à  l'expiation  du  mandat  que  vous  venez 
de  me  remettre.  En  cette  25e  année  de  l'existence  du  Conseil,  sans  por- 
ter atteinte,  bien  au  contraire  à  la  très  grande  valeur  des  oeuvres  ac- 
complies jusqu'ici,  tous  ensemble  nous  nous  remettrons  au  travail,  si 
vous  le  voulez  bien,  avec  un  enthousiasme,  une  vigueur,  je  dirais  même, 
une  jeunesse  renouvelée."  Ainsi  après  un  mandat  de  6  ans  Me  Paul 
Gouin  remettait  avec  ses  hommages  la  présidence  au  huitième  titulaire 
depuis  1938. 

Au  sujet  du  "Nouveau  Pilote  de  Vie  Française",   le  journal  "La 

Presse"  (Montréal)  écrivait: 

"Le  Conseil  de  la  Vie  française  vient  de  confier  sa  présidence  au 
Père  Thomas-M.  Landry,  o.p.,  ancien  curé  de  paroisses  franco-américai- 
nes et  maintenant  attaché  à  la  maison  Montmorency.  Il  succède  à  M. 
Paul  Gouin,  qui  pendant  six  années  a  dirigé  les  destinées  de  cet  organis- 
me patriotique  établi  au  lendemain  du  deuxième  congrès  de  la  langue 
française.. 


LE   CONSEIL   DE   LA   VIE   FRANÇAISE  57 

Il  y  aura  déjà  25  ans  l'an  prochain  que  le  Comité  de  la  Survivance 
française  en  Amérique,  rebaptisé  Conseil  de  la  Vie  française,  veille  à 
l'application  des  résolutions  et  voeux  du  congrès  de  1937  et  poursuit  in- 
lassablement son  oeuvre  de  refrancisation  dans  tous  les  milieux  où  se 
trouvent  des  rameaux  français  au  Canada  et  aux  Etats-Unis. 

Pendant  le  mandat  de  M.  Gouin  s'est  précisément  tenu  en  1957  un 
congrès  consacré  à  la  refrancisation.  En  outre,  le  Conseil  a  rédigé  et 
publié  de  nombreux  mémoires  sur  le  bilinguisme  dans  les  services  ad- 
ministratifs fédéraux,  épaulé  les  diverses  campagnes  pour  la  défense  du 
français  dans  les  provinces  anglaises  et  veillé  de  près  partout  à  la  sau- 
vegarde de  la  langue. 

A  son  tour,  le  savant  Dominicain  arrive  à  la  présidence  du  Conseil 
de  la  Vie  française  excellemment  préparé  à  sa  tâche.  Sa  nouvelle  rési- 
dence à  Montmorency  le  place  à  quelques  minutes  de  Québec,  de  sorte 
qu'il  pourra  fournir  une  bonne  part  de  son  temps  à  l'expédition  des  af- 
faires du  Conseil  de  concert  avec  ses  collègues  et,  en  particulier,  avec 
Mgr  Paul-Emile  Gosselin,  secrétaire  général  depuis  la  fondation,  et 
avec  M.  le  juge  Yves  Bernier,  trésorier. 

Le  successeur  des  Camille  Roy,  Adrien  Pouliot,  Roméo  Blanchet, 
Ernest  Desormeaux,  Adrien  Verrette,  Georges  Dumont  et  Paul  Gouin 
connaît  particulièrement  bien  le  milieu  franco-américain.  Esprit  éclairé, 
formé  aux  grandes  disciplines  scolastiques,  il  a  déjà  apporté  une  colla- 
boration précieuse  au  Conseil.  Sous  sa  présidence  dynamique,  cet  ins- 
trument de  lutte  basé  sur  la  raison  et  le  droit  ne  pourra  que  gagner  du 
terrain  et  faire  avancer  la  cause  française  en  Amérique." 


Le  Comité  de  Vie  Franco-Américaine 
6e  Congrès    26-29  octobre 

Hartford,  Connecticut 


Le  Vie  Congrès  des  Franco-Américains  à  Hartford  en  fin  d'octobre 
clôturait  par  des  fêtes  brillantes  la  14e  année  du  Comité.  Au  cours  de 
l'année  le  Comité  a  tenu  deux  réunions  plénières  et  huit  réu- 
nions de  son  bureau.  Dès  le  mois  de  janvier,  le  président  Jean  Ficher 
nommait  les  comités  chargés  d'étudier  les  divers  problèmes  du  budget, 
l'admission  des  membres,  souscription,  bulletin,  fédération  des  caisses 
populaires,  école  de  formation  pour  les  jeunes  franco-américains  et  la 
jeunesse  franco-américaine. 

Dès  le  début  de  l'année  le  bureau  se  préoccupait  de  la  tenue  de 
son  Vie  Congrès.  Les  membres  favorisaient  le  Connecticut  comme  endroit 
des  assises  en  fin  d'octobre.  Après  les  démarches  nécessaires,  l'Union 
des  Franco-Américains  acceptait  de  l'organiser  et  elle  choisissait,  après 
plusieurs  représentations,  Hartford  comme  l'endroit  le  plus  acceptable 
au  sein  de  la  paroisse  Ste  Anne.  On  donnera  au  congrès  le  thème 
"Famille  et  Fierté". 

Le  Comité  déplorait  la  perte  de  l'un  de  ses  dévoués  membres  dans 
la  personne  de  l'abbé  Eugène  Dion,  curé  de  la  paroisse  du  Saint  Sacre- 
ment, de  Fall  River,  décédé  le  5  janvier.  Le  rapport  final  de  la  sous- 
cription de  1960  fixait  le  montant  à  $1,987.00.  avec  169  inscriptions. 

Dans  le  but  de  faire  connaître  son  travail  depuis  sa  fondation  en 
1947,  le  Comité  publiait  une  brochure  documentaire  préparée  par 
Adolphe  Robert. 

A  sa  réunion  plénière  du  15  juin,  le  Comité  recevait  à  un  dîner  à 
l'hôtel  Lenox,  M.  le  consul  général  Charles  de  Pampelonne  à  l'occasion 
de  son  retour  à  Paris.  M.  Jean  Ficher  présente  les  voeux  du  comité  et 
M.  de  Pampelonne  répond  très  aimablement. 

A  la  plénière  du  15  juin,  le  Comité  élisait  Bernard  Théroux  secré- 
taire-trésorier temporaire  en  remplacement  de  Lauré  B.  Lussier,  dé- 
missionnaire. 

Au  cours  de  l'année  le  Comité  admettait  les  membres  suivants: 
Abbé  Doria  Desruisseaux  (Manchester),  Dr  Gérard  Cullerot  (Manchester), 
John  Aubuchon  (Fitchburg),   Albert  Throtier  (Bristol),  Olivier  Angers 


COMITE   DE   VIE   FRANCX)-AMERICAINE  59 

(Hartford),  Paul  Belliveau  (Hartford),  Théodore  Cusson  (Danielson), 
Roméo  Fontaine  (Springfield),  Me  Harvey  Lussier  (Springfield).  Louis 
Martel  (New  Britain),  Dr  Marcel  Routhier  (Hartford),  Normand  Turcotte 
(Springfield),  Gérald  Lachapelle,  Robert  Couturier,  Ernest  Gosselin 
(Lewiston)  et  Roland  Desjardins  (Fall  River). 

A  la  plénière  du  6  décembre  le  Comité  choisissait  ses  officiers: 
Jean  Picher,  président,  Gérald  Robert  et  abbé  Camille  Blain,  vice-prési- 
dents, Bernard  Théroux,  secrétaire-trésorier;  directeurs.  Albert  Trothier 
(Bristol),  abbé  Doria  Desruisseaux  (Manchester),  Louis  I.  Martel 
(Manchester),  Hervé  Lemaire  (Fall  River),  Ulric  Gauthier  (Northbridge), 
R.  P.  Joseph  Fontaine,  M. S.  (East  Brewster)  et  Me  Fernand  Desipins 
(Lewiston). 


Le  Congrès 


La  proclamation  du  Vie  Congrès  était  lancée  par  le  Comité  de  Vie 
Franco-Américaine  le  20  août  invitant  tous  les  compatriotes  à  ses  assi- 
ses du  27  au  29  octobre  à  Hartford,  Connecticut.  H  avait  été  préparé  par 
l'Union  des  Franco-Américains  du  Connecticut  sous  la  présidence  de 
Louis  Martel.  La  presse  fit  échos  à  cette  invitation. 

Le  congrès  débutait  par  une  séance  récréative,  vendredi  soir  dans 
l'auditorium  de  l'école  Burns.  On  y  applaudissait  la  chorale  de  l'Ecole 
Ste  Anne,  de  Hartford  et  autres  musiciens  dans  une  série  de  chants.  La 
soirée  était  sous  la  présidence  de  Mme  Antonio  Blanchard  avec  le  con- 
cours de  Gérard  Pelletier. 

L'ouverture  officielle  des  assises  avait  lieu  le  samedi  matin,  28  oc- 
tobre, dans  la  salle  Ste  Anne.  Le  docteur  Conrad  Rioux  souhaitait  la 
bienvenue.  Le  président  Jean  Picher  saluait  les  invités  d'honneur.  Le 
R.  P.  Thomas  Landry,  o.p.,  apportait  le  message  du  Conseil  de  la  Vie 
Française  en  Amérique. 

La  séance  d'études  avec  son  sujet  "Famille  et  Fierté"  fut  confiée  à 
l'abbé  Camille  Blain  qui  avait  rédigé  le  thème  qui  fut  distribué  aux  dé- 
légués. Au  cours  de  sa  présentation  l'abbé  Blain  disait:  "il  faut  réparer 
les  voies,  les  élargir,  les  aplanir  et  en  ouvrir  de  nouvelles.  Pour  cela,  il 
nous  faut  l'aide  du  ciel  ...  Il  nous  faut  la  puissante  intercession  de 
notre  patron,  saint  Jean-Baptiste,  martyr  de  l'intégrité  du  mariage  et  de 
la  famille.  Il  nous  faut  faire  confiance  et  prêter  main-forte  à  nos  sociétés, 
à  nos  journaux  .  .  ." 

Après  la  présentation  de  la  thèse,  il  y  eut  échange  de  certaines 
vues  sans  trop  de  précision.  Le  Comité  des  résolutions,  sous  la  présiden- 


60  BtILLETIN  DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

ce  de  M.  Antonio  Prince,  après  les  hommages  d'usage  formulait  certai- 
nes recommandations  et  regrets.  Il  demandait  la  formation  d'une  Fé- 
dération morale  des  Caisses  Populaires.  Il  donnait  son  appui  à  la  Fé- 
dération des  Chorales  à  l'occasion  de  son  grand  concert  en  mai  pro- 
chain. Par  contre  il  déplorait  l'attitude  de  trop  de  parents  qui  refusent 
à  leurs  enfants  l'enseignement  du  français  et  qui  négligent  le  parler 
français  dans  leurs  foyers.  Il  demande  à  la  Fédération  Féminine  de 
diriger  son  dévouement  auprès  des  cours  préparatoires  de  nos  éco- 
les .  .  .  c'est  là  que  le  travail  est  sauveur.  Il  demande  au  Comité  de 
s'occuper  de  l'oeuvre  de  la  jeunesse. 

Les  délégués  avaient  le  plaisir  de  visiter  "L'Exposition  française" 
très  bien  organisée  dans  la  salle.  Plusieurs  communautés  avaient  dres- 
sé des  comptoirs  pour  étaler  en  des  exécutions  artistiques  leurs  oeuvres. 
Le  Comité  avait  publié  son  album  traditionnel. 

Après  la  réception  des  invités  et  délégués,  le  grand  banquet  se  pre- 
nait au  Hartford  Club  sous  la  présidence  du  Dr  Conrad  Rioux.  Le  gou- 
verneur John  Dempsey,  Mme  Abel  Plaud  et  MM.  les  consuls  de  France 
et  du  Canada  Georges  Fieschi  et  Caron  prononcèrent  des  allocutions. 
L'orateur  invité  était  M.  Philippe  Armand  Lajoie  qui  donna  une  forte  al- 
docution  sur  "Famille  et  Fierté  Native".  Un  programme  musical  était 
dirigé  par  Mlle  Diane  Gagné  avec  le  concours  des  "Chanteurs  Dé- 
bonaires".  L'assistance  était  nombreuse. 

Au  cours  du  repas,  M.  Jean  Picher,  agissant  au  nom  du  chancelier 
de  l'Ordre  du  Mérite  Franco-Américain,  faisait  remise  des  insignes  de 
l'Ordre  à  Mme  Pauline  Tougas,  présidente  honoraire  de  la  Fédération 
Féminine.  Un  bal  terminait  la  soirée. 

La  cérémonie  religieuse  avait  lieu  en  l'église  Ste-Anme.  Mgr  Arthur 
Routhier,  P.D.,  curé,  célébrait  la  messe  et  prononçait  le  sermon. 

Après  la  messe,  quelques  délégués  avaient  le  plaisir  de  rencontrer 
M.  Guy  Frégault,  sous  ministre  des  Affaires  Culturelles  de  la  province 
de  Québec  qui  venait  prendre  contact  avec  les  Franco-Américains  au 
nom  de  son  gouvernement. 

Famille  et  Fierté  Native  * 

Il  peut  arriver  qu'à  tel  congrès,  en  tout  semblable  à  celui-ci,  les 
objectifs  proposés  aux  débats  ne  soient  pas  assurés  d'une  réalisation 
prochaine,  pour  la  raison  bien  simple  que  cette  réalisation  est  subor- 
donnée à  des  contingences  sur  lesquelles  nous  n'avons  que  peu  ou  point 
de  contrôle. 

*  Discours  prononcé  par  M.  Phi'lipe-Armand  Lajoie  au  banquet. 


COMITE   DE   VIE   FRANCO-AMERICAINE  61 

Il  en  résulte  qu'en  dépit  de  la  solidité  de  l'argumentation,  de  la 
sincérité  des  intentions,  de  l'enthousiasme  qui  s'empare  momentané- 
ment des  esprits,  de  telles  assises  restent  sans  lendemain. 

A  ceux  qui  ont  entrepris  de  faire  triompher  une  cause,  d'effectuer 
une  réforme,  de  pousser  un  progrès,  il  faut  plus  que  la  passion  de  leurs 
convictions  et  les  ressources  de  leur  zèle:  Il  leur  faut  la  coopération  sin- 
cère et  soutenue  des  intéressés.  En  l'absence  de  cet  élément  essentiel 
à  la  conquête  des  obstacles,  leur  activité  devient  une  chose  pathétique 
aux  yeux  des  uns;  et  dérisoire  aux  yeux  des  autres. 

Nous,  les  Francos  de  la  période  nucléaire,  pouvons  tout  de  même 
trouver  un  piètre  réconfort  dans  le  fait  que  la  longue  histoire  de  nos 
congrès  franco-américain  n'a  pas  été  précisément  une  épopée  de  con- 
corde et  d'ingéniosité  dans  la  marche  au  progrès. 

Cela  indiquerait  tout  au  moins  que  nous  avons  été  plus  lents  que 
d'autres  à  profiter  des  leçons  de  la  dure  réalité. 

En  donnant  pour  thème  à  ce  sixième  congrès  du  Comité  de  Vie 
Franco-Américaine  la  famille  et  la  fierté  native,  l'on  a  éliminé  une  in- 
certitude qui  a  pu  gêner  de  précédentes  assises. 

Les  données  comprises  dans  ce  thème,  ne  sont  pas,  tant  s'en  faut, 
à  l'abri  de  certaines  influences  du  dehors.  Le  climat  dans  lequel  ces 
deux  fleurs  délicates,  famille  et  fierté  native,  sont  appelées  à  sépanouir 
ici,  n'est  pas  précisément  celui  d'un  oasis  où  rien  ne  peut  venir  les 
flétrir. 

Somme  toute,  et  quoiqu'il  en  soit  de  l'ambiance  où  nos  Franco^Amé- 
ricains  ont  vécu  depuis  un  siècle  et  plus,  la  préservation  de  l'intégrité 
familiale  et  la  loyauté  bien  comprise  à  nos  origines  ethniques  sont  deux 
choses  qui  dépendent  d'abord  et  avant  tout  de  notre  volonté  propre. 

Si  nous  ne  préservons  pas  la  famille  et  le  foyer  tels  que  nous  les  a 
légués  notre  civilisation  catholique  et  française:  si  nous  ne  conservons 
pas  —  sans  forfanterie  mais  sans  fléchissement  —  le  respect  légitime 
et  ennoblissant  de  nos  origines  françaises  et  canadiennes,  ce  ne  sera  pas 
parce  que  d'autres  l'auront  voulu  et  décrété:  Ce  sera  parce  que  nous 
aurons  renoncé  de  nous-mêmes  à  un  héritage  qui  a  quelque  chose  de 
prestigieux. 


62  BULLETIN  DE  LA   SOCIETE  HISTORIQUE 

Je  ne  suis  pas  sans  savoir  que  notre  vie  en  ce  pays  n'est  plus  ce 
qu'elle  avait  été  pour  nos  pères  et  nos  grands-pères. 

Afin  d'obtenir  un  modus  vivendi  favorable  à  la  préservation  de  cer- 
taines valeurs  spirituelles  et  humaines,  il  a  fallu  faire  des  concessions, 
voire  des  compromis.  Qui,  d'ailleurs,  ne  s'est  trouvé  à  quelque  moment 
dans  l'obligation  de  ménager  la  chèvre  et  le  chou?  Entre  ceux  qui  disent 
DEFECTION  et  les  autres  qui  disent  ELASTICITE,  qui  déterminera  le 
juste  milieu?  .  .  . 

De  la  famille,  chers  amis,  que  vous  dirai-je  qui  n'a  pas  déjà  été 
dit,  avec  plus  de  pénétrante  lucidité,  par  nos  dignes  chefs  spirituels  et 
par  les  maîtres  de  la  pensée  chrétienne  et  catholique?  .  .  . 

Permettez  néanmoins  que  je  vous  laisse  quelques  pensées  éparses 
sur  le  sujet  de  l'universalité  du  sentiment  de  la  famille. 

La  notion  de  la  famille,  dans  ce  qu'elle  a  de  plus  large,  est  aussi 
ancienne  que  le  genre  humain.  Elle  a  précédé  la  civilisation  telle  que 
nous  la  connaissons.  C'est  sans  doute  en  vertu  d'un  dessein  de  la  divine 
Providence  qu'elle  existe  dans  le  règne  animal  tout  entier.  Les  animaux 
apprivoisés,  tout  comme  les  fauves,  se  classent  par  familles,  non  pas  en 
vertu  d'un  classement  imaginé  par  les  savants,  mais  par  la  force  d'un 
instinct  irrésistible. 

La  famille,  c'est  le  père,  la  mère  et  les  petits,  et  par  extension,  ce 
terme  peut  s'appliquer  à  rensemble  des  êtres  se  rattachant  à  une  race, 
à  une  maison  ou  même  à  une  entreprise.  A  l'aube  de  notre  civilisation 
chrétienne,  le  Romain  eut  sa  "familia",  qui  comprenait  non  seulement 
les  êtres  de  son  sang,  mais  tous  ceux  qui,  de  près  ou  de  loin,  se  récla- 
maient de  son  foyer,  patriciens,  affranchis  et  esclaves.  Qui  n'a  entendu 
parler  de  la  famille  d'un  cardinal,  c'est-à-dire  du  personnel  de  son  pa- 
lais, de  sa  maison?  Et  ne  dit-on  pas  encore  la  famille  de  tel  journal,  ou 
de  tel  établissement  commercial?  .  .  . 

L'homme  des  premiers  âges  a  tôt  compris,  étant  d'ailleurs  un  ani- 
mal grégaire,  que  pour  survivre  il  devait  grouper  les  siens  autour  de 
lui  pour  l'âpre  lutte  contre  les  éléments  et  pour  la  recherche  et  l'accu- 
mulation des  nécessités  de  la  suibstance. 

Les  premières  grandes  familles  humaines  furent  celles  des  fils  de 
Noé,  Sam,  Cham  et  Japhet:  De  leur  progéniture  sont  issus  les  milliards 
d'humains  qui  peuplent  aujourd'hui  notre  globe.  En  Europe,  la  famille 
a  fait  la  force  des  sociétés  qui  ont  tenu  l'avant-scène  dans  l'histoire  des 
siècles  les  plus  brillants  et  les  plus  heureux  que  ce  continent  ait  vécus. 


COMITE  DE  VIE  FRANCXD-AMERICAINE  63 

En  France,  la  famille  était  la  plus  solide  et  la  plus  inviolable  des 
institutions.  Le  patrimoine  commun,  remis  à  la  garde  du  chef  de  fa- 
mille, n'en  sortait  jamais. 

L'honneur,  l'influence  et  les  aspirations  d'un  groupe  de  Français 
de  même  sang  étaient  centrés  entièrement  dans  cette  entité  de  la  fa- 
mille. Il  était  à  peu  près  inouï  que  l'autorité  paternelle  pût  être  défiée 
et  foulée  aux  pieds.  La  famille  française  était  la  gardienne  jalouse  de 
l'honneur  du  nom,  et  l'honneur,  par  réciprocité,  préservait  l'intégrité  de 
la  famille.  L'exemple  n'est  peut-être  pas  de  l'ordre  le  plus  transcendant 
mais  il  me  revient  à  ce  sujet  que  dans  le  délicieux  opéra  de  Massenet, 
"Manon",  le  sergent  Lescaut  ne  se  présente  pas  au  public  en  sa  qualité 
de  militaire  sémillant,  mais  (et  il  le  proclame  en  accents  héroïques) 
comme  le  "gardien  de  l'honneur  de  la  famille". 

Ce  qui  est  vrai  de  la  famille  française,  l'est  également,  à  des  de- 
grés divers,  de  la  famille  latine,  britannique,  germanique,  Scandinave  et 
sémitique.  Le  plus  bel  exemple  de  la  soumission  à  l'autorité  du  chef  de 
famille  et  du  respect  des  traditions  transmises  de  père  en  fils,  n'a-t-il 
pas  été  donné  par  les  descendants  des  douze  fils  du  patriarche  Jacob?  .  .  . 

Et  si  nous  passons  à  une  autre  civilisation,  une  civilisation  fort 
étrangère  à  la  nôtre,  transportons-nous  par  la  pensée  dans  la  vieille 
Chine,  à  l'époque  impériale.  Par  les  yeux  d'une  observatrice  de  génie, 
Pearl  Buck,  nous  pénétrons  dans  le  domaine  où  habite  un  couple  chi- 
nois nonagénaire  qui  y  vit,  à  l'écart  des  bruits  de  la  ville  et  de  la  cour, 
avec  ses  fils,  ses  petits-fils  et  les  enfants  de  ceux-ci.  Tout  ce  monde,  sou- 
mis à  l'autorité  indisputée  des  aînés,  vit  en  communauté,  chacun  avec 
sa  maisonnette  et  son  petit  train  domestique.  La  vie,  dont  le  travail  oc- 
cupe une  bonne  partie,  se  résume  à  l'observation  rigoureuse  des  fêtes 
fréquentes  qui  célèbrent  les  saisons,  le  travail  des  champs,  les  astres, 
les  moissons  et  le  culte  des  ancêtres.  Les  contacts  avec  le  dehors  sont 
prudents  et  aussi  rares  que  possible.  L'impôt  payé  à  l'empereur  une  fois 
l'an,  cette  communauté,  cette  famille  de  l'âge  pastoral  est  libre  de  toute 
contrainte. 

Tout  à  côté,  au  Japon,  les  coutumes,  souventes  fois  relatées  par  nos 
missionnaires  catholiques,  perpétuent  l'intégrité  de  la  famille  et  du 
foyer,  la  vénération  des  anciens  et  la  fierté  native,  une  fierté  qui,  chez 
les  Nippons,  a  quelque  chose  de  farouche. 

Je  n'insiste  pas,  sachant  que  vous  reconnaissez  aussi  bien  que  moi 
l'universalité  du  sentiment  de  la  famille. 


64  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE  HISTORIQUE 

Certes,  ce  fut  un  jour  calamiteux  dans  les  annales  humaines  lorsque 
surgirent  dans  le  monde  des  théoriciens,  des  dictateurs  et  autres  démo- 
lisseurs de  tout  ordre  qui  entreprirent  de  faire  croire  que  l'homme, 
pour  être  pleinement  heureux  et  satisfait,  devait  renier  sa  foi  en  Dieu 
et  renoncer  à  la  pratique  de  la  religion  que  Lénine  —  le  pontife  suprê- 
me de  l'athéisme  marxiste  —  appela  "l'opium  des  peuples". 

Pour  réussir  ce  programme  diabolique,  on  décida  d'attaquer  la  so- 
ciété chrétienne  dans  son  assise  essentielle,  la  famille. 

On  décida  d'arracher  du  foyer  tout  ce  qui  pouvait  en  attester  la 
sainteté.  On  calcula  assez  justement  que  la  désorganisation  de  la  famille 
aurait  pour  premier  effet  de  livrer  l'enfance  et  la  jeunesse  aux  mains 
d'un  état  qui  les  moulerait  à  sa  façon  et  pour  ses  fins  subversives. 

Vous  savez  à  quels  conflits,  à  quels  déchirements  et  à  quelles  cala- 
mités ce  viol  de  la  conscience  humaine  a  conduit.  Les  populations  aux- 
quelles on  avait  promis  un  nouvel  âge  d'or,  un  âge  exempt  de  préoccu- 
pations spirituelles  et  morales,  en  sont  encore  à  l'attendre  —  dans  20 
ans  peut-être,  a  dit  M.  K.  —  et,  tels  les  Hongrois,  broyés  il  y  a  5  ans 
sous  la  botte  soviétique,  les  peuples  déprimés  se  sont  réfugiés  dans  une 
résignation  morne. 


Chers  amis  du  Conecticut,  il  y  a  de  cela  bien  des  années,  je  fus 
invité  à  adresser  la  parole  aux  fêtes  du  cinquantenaire  de  la  société 
St  Jean-Baptiste  de  Taftville,  avec  M.  Laforce,  alors  représentant  du 
gouvernement  canadien  à  Woonsocket. 

Il  me  souvient  qu'en  arrivant  dans  cette  coquette  localité  du 
Nutmeg  State,  j'eus  l'impression  d'entrer  dans  un  village  canadien,  avec 
la  seule  différence  que  l'industrie  y  paraissait  plus  considérable  qu'au 
pays  de  Québec. 

Une  belle  grande  paroisse,  avec  trois  dignes  desservants,  une  église 
magnifique,  une  école,  un  gymnase  pour  la  jeunesse,  une  jeunesse  qui, 
comme  ses  aînés,  parlait  de  préférence  le  français.  Il  me  souvient  d'en 
avoir  écrit  longuement  à  mon  retour  à  Fall  River.  Ce  que  j'avais  trouvé 
au  Connecticut,  ce  n'était  pas  tant  un  centre  industriel  prospère  et  heu- 
reux, qu'une  famille,  une  famille  franco-américaine  dont  le  chef  spiri- 
tuel me  dit  qu'elle  "lui  apportait  de  bien  douces  consolations." 

Je  présume,  j'ose  même  espérer,  que  Taftville  est  resté  ce  qu'il 
était  et  que  ce  milieu  est  le  reflet  des  nombreuses  localités  dans  les- 
quelles, chers  amis  du  Connecticut,  vous  êtes  disséminés  dans  ce  bel 
état. 


COMITE   DE   VIE   FRANCO-AMERICAINE  65 

J'espère  que  pour  vous,  comme  pour  nous  tous  des  autres  états  de 
la  Nouvelle-Angleterre,  la  famille  est  restée  l'institution  qui,  après  la 
présence  de  Dieu  lui-même,  est  ce  qu'il  y  a  de  plus  sacré  sur  la  terre. 
La  famille,  ce  corps  mystique  dont  le  père  est  la  tête,  la  mère  le  coeur, 
et  les  enfants  les  membres. 

Quant  à  la  fierté  native,  elle  découle  largement  de  la  fidélité  à  l'es- 
prit de  famille:  Car  qui  aime  et  respecte  sa  famille,  ne  peut  qu'être  fier 
de  la  souche  dont  elle  est  issue. 


Pour  nous,  Franco-Américains,  la  famille,  et  par  extension  le 
foyer,  doit  être  le  sanctuaire  intime  dont  l'entrée  est  interdite  à  toute 
influence  susceptible  de  nous  dépouiller  de  la  personnalité  particulière 
que  nous  avons  héritée  des  pionniers  valeureux  de  la  civilisation  catho- 
lique et  française  en  Amérique  du  Nord. 

La  famille,  pour  nous,  c'est  le  milieu  où  nous  devons  entretenir  la 
flamme  de  la  vie  spirituelle  et  le  culte  des  traditions  qui  nous  appa- 
rentent aux  grandes  figures  de  l'épopée  canadienne-française. 

Le  foyer  franco-américain  —  qui  n'en  est  pas  moins  américain 
pour  tout  cela  —  doit  être  la  serre  protégée  où  puisse  fleurir  la  fierté 
des  origines,  des  origines  où  l'on  voit  se  dessiner  des  silhouettes  d'hom- 
mes tels  que  Cartier,  Champlain,  Maisonneuve,  DoUard,  de  Laval,  Joliet, 
Marquette,  de  Lasalle,  de  Bréboeuf,  de  Vergennes,  Lallemand,  et  de 
femmes  telles  que  Marguerite  Bourgeoys,  Jeanne  Mance,  Marguerite 
d'Youville,  Madeleine  de  Verchères,  madame  de  La  Valtrie  et  tant  d'au- 
tres. 

En  marge  de  l'histoire,  parfois  épique,  de  ce  continent  que  les 
pionniers  français  et  leurs  continuateurs  ont  contribué  si  puissam- 
ment à  façonner,  c'est  le  cas  de  dire  de  nos  anciens  que  personne  n'a 
apporté  à  cette  tâche  plus  de  labeur,  plus  d'héro(sme  et  d'abnégation. 

Pourquoi  ne  serions-nous  pas  fiers  de  nous  réclamer  d'une  ascen- 
dance aussi  illustre  et  méritoire?  De  tous  ceux  qui  vinrent  en  Amérique, 
qui  peut  montrer  qu'il  a  mérité  mieux  de  notre  civilisation  commune? 

Oui,  chers  amis,  la  famille  et  la  fierté  native  sont  deux  grandes  va- 
leurs qui  peuvent,  QUI  DOIVENT  nous  rester,  dans  le  bouleversement 
de  nos  vies  par  le  destin  et  les  événements. 

Ne  l'oublions  jamais,  chers  amis,  et  dans  la  mesure  du  grand  pos- 
sible, efforçons-nous  constamment  de  les  préserver. 


66  BULLEXm  DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Faisons  comprendre  à  nos  jeunes  gens  que  l'on  est  meilleur  Améri- 
cain, meilleur  humain,  lorsqu'on  est  assiez  noble  pour  honorer  ses  ancê- 
tres au  lieu  de  leur  tourner  le  dos.  Instruisons-les  des  faits,  faits  fran- 
çais, faits  canadiens  et  faits  américains,  qui  sont  de  nature  à  les  confi- 
mer  dans  une  fidélité  sereine  aux  idéals  et  au  souvenir  de  leurs  grands 
ancêtres. 

A  ceux  qui  nous  ont  précédés  en  cette  teire  américaine  si  hosipita- 
lière,  et  qui  ont  tant  peiné  afin  que  notre  communauté  catholique  et 
française  vienne  à  se  solidifier,  faisons  l'hommage  de  notre  fidélité  cons- 
tante à  la  famille,  qui  fut  la  source  et  le  principe  moteur  de  leurs  éner- 
gies et  la  consolation  pour  leurs  sacrifices. 

Arborons  sans  défection  notre  fierté  d'être  les  fils  et  les  filles  d'un 
miracle  de  fortitude  morale  et  physique  qui,  de  60,000  colons  abandon- 
nés sur  les  rives  du  grand  fleuve  a  fait,  avec  le  temps  et  à  rencontre 
de  vicissitudes  de  tout  ordre,  un  peuple  homogène  de  près  de  sept 
millions. 


Un  dernier  mot: — 

J'estime  chers  amis,  que  la  meilleure  conclusion  à  donner  à  ce 
magnifique  congrès  se  retrouve  dans  la  recommandation  si  souvent  énon- 
cée pair  le  président  éminent  du  Conseil  international  de  la  Vie  Fran- 
çaise en  Amérique,  le  T.  R.  P.  Landry. 

Dans  ce  pays  où  tout  nous  autorise  et  nous  sollicite  à  le  faire,  vi- 
vons largement  et  simultanément  notre  vie  RELIGIEUSE,  notre  vie 
AMERICAINE  et  notre  vie  FRANÇAISE. 


Ordre  du  Mérite  Franco-Américain  * 
Hartford,  Connecticut 

28  octobre  1961 

Madame  Pauline  Tougas 

Par  un  heureux  concours  de  circonstances,  il  arrive  que  les  assises 
du  6e  congrès  du  Comité  de  Vie  franco-américaine  coïncident  avec  le 
dixième  anniversaire  de  fondation  de  la  Fédération  Féminine  Franco- 
Américaine. 

Entre  ces  deux  organismes,  il  existe  mieux  qu'une  parenté  d'occa- 
sion, mais  une  parenté  basée  sur  un  lien  de  famille,  la  Fédération  étant 
la  fille  aînée  du  Comité  de  Vie  qui  lui  a  donné  naissance  à  son  congrès 
de  Lewiston  en  1951. 

Notre  Comité  veut  donc  profiter  de  la  réunion  de  ce  jour  pour 
adresser  à  la  Fédération  Féminine  l'hommage  de  son  admiration  pour 
l'œuvre  qu'elle  poursuit,  de  sa  sollicitude  en  vue  d'un  progrès  constant, 
de  sa  reconnaissance  pour  l'active  et  intelligente  collaboration  qu'elle 
lui  a  toujours  apportée. 

Afin  de  traduire  ces  sentiments  dans  un  acte  concret,  le  Comité 
n'a  rien  trouvé  de  mieux  que  de  décerner  à  celle  qui  présida  à  la  fonda- 
tion de  la  Fédération  la  décoration  de  l'Ordre  du  Mérite  franco-améri- 
cain. Cette  i>ersonne  typifie  en  effet  à  bien  des  points  de  vue,  par  sa 
naissance,  son  éducation,  sa  famille,  sa  vie  publique,  son  saractère,  ses 
talents  variés,  ce  qu'est  et  doit  être  la  femme  franco-américaine. 

Le  modèle  ainsi  proposé  à  l'admiration  de  tous  est  madame  Pauline 
Moll-Tougas,  de  Manchester,  épouse  de  feu  le  major  Eugène  Tougas. 

Essayons  de  résumer  ici  les  principaux  traits  de  cette  utile  et  ho- 
norable vie. 

Du  côté  paternel,  elle  descend  d'une  famille  de  médecins.  Son 
grand'père,    le    docteur   Louis-Joseph    Moll,    fut   député    du   comté   de 


*  Citation  à  la  remise  des  insignes  d'officier  de  l'Ordre  du  Mérite 
Franco-Américain  à  Mme  Pauline  Tougas,  samedi  soir,  le  28  octobre,  au 
Hartford  Club,   à   l'occasion  du   banquet  du   Vie   Congrès   des  Franco- 
Américains.  Le  texte  de  la  citation  fut  lu  par  le  président  Jean  Picher 
au  nom  du  chancelier  M.  Adolphe  Robert. 


68  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Berthier  au  Parlement  de  la  province  de  Québec.  Son  père,  le  docteur 
Louis-Arthur  Moll,  exerça  sa  profession  à  Cambridge  ïMassachusetts), 
tout  en  consacrant  ses  loisirs  au  service  de  la  mutualité,  en  laquelle  il 
voyait  un  préservatif  contre  l'insécurité  du  foyer  menacé  par  la  maladie, 
les  accidents,  le  chômage,  la  vieillesse. 

Son  instruction,  elle  l'a  puisée  d'abord  à  l'école  publique,  puis  à 
l'Académie  Sainte-Anne,  de  Marlboro,  sous  la  direction  des  Soeurs  de 
Sainte-Anne,  au  collège  américain  de  Radclifïe.  D'où  sa  connaissance 
des  deux  langues,  anglaise  et  française.  Son  instruction  ne  se  limite  pas 
toutefois  aux  lettres  et  aux  sciences.  Elle  l'a  complétée  par  des  cours 
de  musique,  de  peinture,  —  où  elle  a  débordé  depuis  longtemps  le  stage 
de  l'amateur  —  et  par  de  nombreux  voyages  et  séjours  dans  le  sud-ouest 
des  Etats-Unis,  l'AUeniagne,  l'Italie,  le  Luxembourg,  la  France,  la 
Tchécoslovaquie,  la  Suisse. 

L'expérience  ainsi  acquise  au  cours  de  ses  randonnées,  ses  connais- 
sances académiques,  elle  les  a  mises  au  service  de  causes  méritoires 
comme  l'Association  des  Anciennes  élèves  de  l'Académie  Sainte-Anne, 
de  Marlboro  (Massachusetts),  la  "International  Fédération  of  Catholic 
Aumnae",  l'Alliance  française  de  Paris,  le  "Civilian  War  Services  Com- 
mittee",  la  Croix  Rouge,  la  "Air  Raid  Protection",  le  "Community 
Chest",  les  "Visiting  Nurses",  la  Fédération  Féminine  Franco-Améri- 
caine, les  "Girls  Scouts  of  America".  Dans  toutes  ces  entreprises,  elle  a 
occupé  des  fonctions  lourdes  de  responsabilités,  quand  elle  n'en  était 
pas  déjà  l'animatrice. 

Et  la  famille,  direz-vous,  quelle  place  occupa-t-elle  dans  tout  cela? 
C'est  elle-même  qui  répond:  "Ce  n'est  qu'après  avoir  élevé  ma  famille 
durant  vingt-trois  ans,  et  seulement  alors,  que  je  me  suis  occupée  de 
mouvements  civiques  et  sociaux." 

C'est  en  1918  qu'elle  épousa  le  professeur  Eugène  Tougas,  originai- 
re de  Woonsocket  (Rhode  Island),  alors  lieutenant  dans  le  corps  de  ré- 
serve de  l'Armée  américaine.  Celui-ci  devait  gravir  plus  tard  les  grades 
de  capitaine  puis  de  major.  Quatre  enfants  naquirent  de  leur  union  con- 
jugale: deux  filles,  dont  une  religieuse  de  la  Présentation  de  Marie,  la 
seconde  épouse  d'un  fonctionnaire  fédéral,  et  deux  fils,  l'un  avocat,  l'au- 
tre dans  le  service  astronautique,  le  seul  compatriote  ayant  eu  la  dis- 
tinction de  figurer  en  première  page  de  couverture  de  la  grande  revue 
"Life". 

En  récapitulant  la  carrière  de  madame  Tougas,  on  peut  l'imaginer 
encore  fillette  épelant  un  alphabet  bilingue,  jeune  fille  dans  le  monde 
s'exprimant  en  un  français  ou  un  anglais  élégant;  maman  endormant 
son  bébé  aux  refrains  de  la  poulette  grise  qui  a  pondu  dans  l'église; 


ORDRE   DU    MERITE   FRANCO-AMERICAIN  69 

mère  de  famille  surveillant  remploi  et  la  correction  du  langage  à  son 
foyer,  veillant  à  ce  que  la  chanson,  le  journal,  la  revue  et  le  livre  fran- 
çais soient  en  évidence  dans  la  maison,  à  ce  que  les  mets  soient  désignés 
par  leur  appelation  française,  de  même  que  les  différentes  pièces  du  vê- 
tement et  de  l'ameublement.  Une  pareille  conduite  fait  plus  pour  la 
survivance  de  l'esprit  français  aux  Etats-Unis  que  bien  des  congrès. 

Madame  Tougas  a  hérité  de  son  père  des  aptitudes  pour  les  servi- 
ces sociaux,  alors  que  de  sa  mère,  dont  le  nom  de  famille  était  Labonté, 
(nom  prédestiné)  elle  a  gardé  ce  que  tous  reconnaissent  en  elle  comme 
sa  principale  qualité,  la  bonté. 

Mais  si  grande  que  soit  cette  qualité,  elle  n'est  pas  suffisante  pour 
ouvrir  les  portes  de  l'Ordre  du  Mérite.  Il  y  a  tant  de  bonnes  personnes 
qui  auraient  alors  le  droit  d'en  faire  partie.  Non,  ce  qui  caractérise  ma- 
dame Tougas,  c'est  qu'elle  symbolise  l'âme  franco-américaine  avec  tout 
ce  que  cela  comporte  de  fidélité  à  une  civilisation  qui  nous  est  propre 
par  la  foi,  la  langue,  les  traditions  des  ancêtres  et  par  une  indéfectible 
loyauté  à  la  patrie  américaine  et  à  ses  institutions. 

Au  nom  du  Comité  de  Vie  franco-américaine,  j'ai  donc  l'agréable 
devoir  et  l'insigne  honneur  de  proclamer  madame  Pauline  Moll-Tougas 
Officier  de  l'Ordre  du  Mérite  franco-américain;  je  lui  en  remet  le  Diplô- 
me d'honneur  ainsi  que  la  Cravate  et  je  l'invite  à  signer  le  Livre  d'Or 
de  l'Ordre. 


VII 

Fête  Patronale 


La  Saint-Jean-Baptiste  se  célèbre  toujours  dans  nos  centres.  On  va- 
rie la  forme  des  manifestations  mais  c'est  toujours  en  vue  de  rendre 
hommage  à  notre  illutre  protecteur  et  aussi  pour  nous  rappeler  nos 
innéités.  On  écrivait  à  cette  occasion:  "la  grande  famille  française  d'A- 
mérique se  réjouit  en  ce  beau  jour  de  la  fête  patronale.  Il  est  réconfor- 
tant que  la  grande  majorité  de  nos  compatriotes  demeurent  fidèles  à 
notre  idéal  commun  de  vie  catholique,  américaine  et  française.  Si  la 
Providence  a  voulu  entourer  nos  vies  de  valeurs  culturelles  supérieures 
pour  que  nous  soyions  des  présences  valables  au  sein  de  l'Eglise  et  de  la 
Patrie,  il  est  légitime  pour  nous  d'en  être  fiers.  Il  y  a  plus  de  350  ans 
que  nos  ancêtres  sont  venus  se  fixer  sur  ce  continent  pour  faire  oeuvre 
de  civilisation.  Nous  avons  donc  une  présence  d'aînesse  qui  nous  invite 
à  la  persévérance.  Gardons  à  nos  foyers  le  climat  qui  leur  assurera  une 
ascension  normale." 

La  plus  importante  manifestation  eut  lieu  à  Manchester,  le  24  juin. 
Elle  était  sous  les  auspices  de  la  Fédération  Franco-Américaine  du  New 
Hampshire.  Elle  avait  lieu  dans  la  paroisse  Ste  Thérèse.  Un  beau  ban- 
quet était  servi  aux  300  convives  dans  la  salle  paroissiale,  samedi  soir, 
présidé  par  M.  Jean-Louis  Boisvert.  S.  H.  le  maire  Josaphat  Benoit,  S.  E. 
Mgr  Ernest  J.  Primeau,  évêque  de  Manchester  et  Me  Paul  Massé  de 
Montréal,  prononçaient  des  allocutions. 

Tout  en  exprimant  sa  joie  de  participer  à  notre  fête  patronale,  Mgr 
Primeau  invitait  les  "adeptes"  de  S.  Jean-Baptiste  à  prêter  leur  con- 
cours à  l'oeuvre  des  vocations  pour  soutenir  le  travail  de  rEglise  à  tra- 
vers le  monde.  Il  ajoutait: 

"Dans  notre  propre  pays,  il  ne  manque  pas  de  zones  d'alarme  où  le 
nombre  de  prêtres  n'a  jamais  pu  répondre  aux  nécessités  pastorales, 
toujours  croissantes.  La  montée  en  flèche  de  la  population  ajoute  une 
nouvelle  dimension  à  ce  problème. 

Sur  le  plan  mondial,  le  problème  est  encore  plus  grave.  Sans  comp- 
ter le  devoir  missionnaire  qui  nous  incombe  d'amener  dans  l'enclos  du 
Grand  Berger  les  80  pour  cent  des  brebis  qui  en  sont  encore  éloignées, 
je  songe  surtout  aux  endroits  qui  sont  traditionnellement  catholiques. 

Vous  vous  demandez  sans  doute  pourquoi  je  vous  parle  de  ceci  le 
jour  de  la  célébration  de  la  fête  de  saint  Jean-Baptiste.  C'est  parce  que 
ce  problème  concerne  non  seulement  les  évêques,  mais  le  Corps  Mysti- 


FETE   PATRONALE  71 

que  tout  entier,  c'est-à-dire  chacun  de  nous.  Et  comment  les  admira- 
teurs de  ce  saint  qui  donna  sa  vie  à  frayer  le  chemin  de  l'Eglise  demeu- 
reraient-ils indifférents  au  sort  de  cette  dernière? 

Vous  pouvez  faire  beaucoup  pour  remédier  à  cet  effondrement  de 
la  base  de  l'apostolat  de  l'Eglise.  Ce  soir  je  voudrais  demander  votre 
appui  spirituel  et  matériel.  Je  voudrais  placer  les  adeptes  de  saint  Jean- 
Baptiste  parmi  les  troupes  d'assaut,  parmi  les  ouvriers  de  la  première 
heure  dans  cet  apostolat  des  vocations.  Offrons  des  prières  et  des  sa- 
crifices quotidiens  pour  que  Dieu  fasse  lever  une  nouvelle  génération  de 
prêtres,  dont  la  vertu  et  le  zèle  feront  des  apôtres  éclairés,  alertés  aux 
besoins  d'un  âge  nouveau. 

Surtout,  donnez-nous  des  foyers  chrétiens  où  le  climat  sera  favora- 
ble à  l'éclosion  et  à  la  persévérance  de  vocations  nombreuses.  Fils  spi- 
rituels de  saint  Jean-Baptiste,  nous  devons  les  faire  fructifier,  afin  d'as- 
surer l'extension  du  Corps  Mystique  dont  il  a  si  courageusement  annon- 
cé l'avènement." 

Le  lendemain,  dimanche  25  juin,  Mgr  Primeau  chantait  une  messe 
pontificale  à  Ste  Thérèse.  Il  était  assisté  des  abbés  Adrien  Verrette, 
Adélard  Halde,  Ernest  Brodeur,  Léo  Poulin,  Colin  McDonald  et  Nelson 
Perreault.  Richard  Therrien  dirigeait  la  chorale.  M.  le  curé  Doria 
Desruisseaux  prononçait  un  éloquent  sermon  sur  "Notre  Mission  et  nos 
Devoirs".  Mgr  Wilfrid  Chartier,  P.D.,  assistait  dans  le  sanctuaire. 

Dans  son  sermon  l'abbé  Desruisseaux  affirmait: 

"Notre  premier  devoir  c'est  d'aimer  notre  patrie,  cette  terre  que 
nos  parents  ont  choisiie  et  qui  nous  fournit  en  abondance  les  nécessités 
de  la  vie,  si  nous  la  comparons  aux  malheureux  états  des  pays  sous-dé- 
veloppés.  Mais  la  patrie  ce  n'est  pas  seulement  la  terre  que  nous  habi- 
tons, ce  sont  aussi  les  ancêtres,  le  sang  qui  coule  dans  nos  veines,  ce 
sont  de  plus  les  traditions,  les  institutions,  la  langue. 

Qu'est-ce  qu'aimer  notre  patrie?  C'est  travailler  au  triomphe  de  nos 
droits  les  plus  sacrés,  et  de  nos  usages  les  plus  chers,  c'est  de  respecter 
ces  institutions  qui  ont  coûté  tant  de  sueurs  à  nos  devanciers,  c'est  de 
garder  dans  nos  coeurs  la  plus  vive  reconnaissance  envers  ceux  qui  nous 
ont  donné  cet  héritage,  qui  se  sont  dépensés  pour  nous  transmettre  ce 
que  nous  avons  de  plus  cher,  deux  amours  inséparables  la  religion  et  la 
langue. 

Aimer  sa  patrie  demande  des  sacrifices. 

Il  faut  comprendre  qu'aujourd'hui,  comme  par  le  passé,  chacun 
a  une  tâche  surnaturelle  à  accomplir.  Il  faut  comprendre  qu'à  nous  aus- 


72  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

si  incombe  le  devoir  du  sacrifice,  sous  peine  de  faillir  à  notre  tâche 
apostolique,  car,  avons-nous  dit,  le  signe  évident  de  notre  mission  c'est 
la  croix,  le  sacrifice.  Sacrifice  de  notre  temps,  du  temps  pour  nous  ins- 
truire, pour  lire  notre  histoire,  pour  l'apprendre  à  nos  enfants," 

Une  autre  belle  fête  fut  celle  de  Fall  River,  dimanche  le  25  juin. 
La  messe  fut  célébrée  en  l'église  St  Roch  en  présence  de  S.  E.  Mgr 
James  L.  Connolly,  évêque  de  Fall  River,  et  le  sermon  prononcé  par  le 
R.  P.  René  Patenaude,  o.p. 

Le  soir,  le  banquet  était  servi  au  restaurant  White.  Une  belle  foule 
assistait.  M.  Francis  J.  Martineau  présidait.  MM.  Albert  Petit,  président 
de  la  Fédération  Catholique  Franco-Américaine  de  Fall  River  qui  or- 
ganise chaque  année  la  fête,  salue  et  l'allocution  est  prononcée  par 
l'abbé  Camille  Blain,  curé  du  Bon  Pasteur  de  Lindwood,  Mass.  La  musi- 
que est  fournie  par  la  Chorale  Franco-Américaine  de  Fall  River  dirigée 
par  M.  Philippe  Armand  Lajoie. 

L'Indépendant  publiait  son  édition  de  fête.  A  l'heure  française  du 
poste  WSAR,  Bernard  Théroux  invitait  les  compatriotes  à  comprendre 
le  sens  véritable  de  notre  fête  patronale. 

On  rendait  hommage  à  la  mémoire  de  l'abbé  Eugène  Dion,  curé  du 
Saint  Sacrement,  l'un  des  fermes  appuis  de  nos  oeuvres  et  aussi  à  Roméo 
Dufour,  président  du  Richelieu-Fall  River  et  à  Joseph  N.  Gendreau, 
un  fidèle  ami  de  notre  vie. 

Dans  la  ville  voisine,  New  Bedford,  ce  fut  le  traditionnel  ralliement 
au  pavillon  Gaudette  avec  banquet.  M.  Lionel  LeDuc  est  le  cérémoniaire 
et  Mme  Arthur  St.  Germain,  présidente  de  la  Ligue  des  Présidents, 
préside. 

Lewiston  se  donne  comme  toujours  une  belle  fête,  le  19  juin.  Défilé, 
messe  en  l'église  Sacré-Coeur,  sermon  par  le  curé  Théodore  Bouthot. 
Le  banquet  a  lieu  dans  la  salle  paroissiale  présidé  par  le  sénateur  Roméo 
Boisvert.  Le  Messager  publie  son  édition  de  fête. 

Au  Connecticut,  à  New  Britain  et  à  N.  Grosvernordale,  autres  belles 
manifestations.  C'est  ainsi  que  dans  plusieurs  localités  de  la  Nouvelle 
Angleterre,  sociétés,  clubs  et  fédérations  célèbrent  la  St  Jean-Baptiste 
avec  joie. 

Au  Québec,  la  fête  conserve  toujours  sa  solennité  avec  grand  dé- 
ploiement. C'est  la  fête  nationale  des  canadiens-français.  Dans  la  vieille 
capitale  c'est  "La  famille  canadienne-française"  qui  est  honorée  "la 
protectrice  de  la  foi  et  des  vertus  de  nos  ancêtres".  Le  défilé  est  magni- 


FETE   PATRONALE  73 

fique,  la  messe  célébrée  à  la  basilique  par  S.  E.  Mgr  Orner  Garant,  suivie 
du  feu  de  la  St  J  ean.  Montréal  célèbre  aussi  en  exaltant  la  "Femme". 
Son  défilé  réunit  des  milliers  de  spectateurs.  On  note  que  la  majorité 
sont  des  enfants.  Tant  mieux  s'ils  jouissent  du  privilège  d'apprécier  une 
leçon  de  choses. 

Certains  templiers  se  plaignent  du  fait  qu'à  roocasion  de  la  fête 
patronale  on  retourne  au  passé  et  d'ajouter  que  c'est  vers  l'avenir  qu'il 
faut  regarder.  Quand  on  est  rendu  à  parler  de  cette  façon,  il  faut  avoir 
l'âme  sèche.  Pourtant,  il  n'y  a  pas  à  s'alarmer  car  si  nous  songeons  au 
passé  une  fois  par  année,  la  maladie  n'est  pas  grave.  D'ailleurs  le  passé 
n'est  pas  un  éteignoir  comme  le  prétendent  ceux  qui  sont  déjà  éteints. 
En  l'évoquant,  l'on  témoigne  la  gratitude  à  ceux  qui  l'ont  fait.  C'est  à 
nous  de  faire  mieux  si  possible  car  notre  présent  sera  demain  le  passé. 
Et  si  nos  continuateurs  allaient  être  comme  ces  templiers  actuels,  on 
rira  bien  d'eux  aussi. 

Quelle  aberration  que  de  vouloir  tout  sabrer  de  ce  qui  a  été  fait 
avant  nous.  Notre  peuple  compte  ses  limaçons  comme  les  autres.  Il  est 
regrettable  cependant  que  plusieurs  de  ceux-là  sont  en  haut  lieu  pour 
jeter  sur  les  leurs  ces  propos  nuisibles. 

Sans  doute  il  faut  songer  à  l'avenir  et  au  progrès.  Généralement 
ce  sont  les  gens  qui  respectent  et  vénèrent  le  passé  qui  sont  les  plus 
aptes  à  préparer  l'avenir.  Ce  fut  l'attitude  de  Jean  Baptiste  devant  les 
avanies  de  sa  génération.  Il  a  préparé  la  venue  de  son  Maître.  Nous 
sommes  en  bonne  compagnie. 


VIII 

Faits  et  Gestes 

Mgr  William  Ducharnie,  P.D.,  curé  de  la  paroisse  St  Joseph  de 
Worcester  depuis  nombre  d'années  et  camérier  de  Sa  Sainteté,  élevé  à 
la  prélature  romaine  en  janvier. 

Mgr  Omer  Dénommé,  P.D.,  curé  de  la  paroisse  Saint  Rosaire,  de 
Gardner,  Mass.,  élevé  à  la  prélature  en  janvier. 

Mgr  Omer  Paquin,  P.D.,  curé  de  la  paroisse  St  Mathieu,  de  Central 
Falls,  élevé  à  la  prélature  le  1er  décembre. 

Mgr  Léopold  Bastien,  curé  de  la  paroisse  Etoile  de  la  Mer,  de 
Newport,  Vermont,  élevé  à  la  prélature  en  novembre. 

Mgr  Charles  Moisan,  P.D.,  curé  de  la  paroisse  du  Sacré-Coeur, 
d'Amesbury,  Mass.,  élevé  à  la  prélature. 

Mgr  Georges  Duplessis,  P.D.,  curé  de  la  paroisse  St  Louis  de 
France,  de  Lowell,  élevé  à  la  prélature  romaine. 

Mgr  Henri  Laurion,  P.D.,  curé  du  Sacré-Coeur,  de  Taftville,  Conn., 
élevé  à  la  prélature  en  février. 

Arthur  Roy,  Willimantic,  Conn.,  chevalier  de  l'ordre  de  St.  Grégoire. 

Dr  Henri  Archambault,  Norwich,  Conn.,  chevalier  de  l'ordre  de  St. 
Grégoire. 


Décorations  Françaises. 

Philippe  Armand  Lajoie,  journaliste  et  conférencier,  depuis  plu- 
sieurs années  rédacteur  à  "L'Indépendant",  de  Fall  River,  nommé  Che- 
valier de  la  Légion  d'Honneur  par  la  France,  le  15  novembre. 

Wilfrid  Beaulieu,  vaillant  fondateur-directeur  du  journal  "Le 
Travailleur",  de  Worcester,  est  nommé  Chevalier  de  la  Légion  d'Hon- 
neur par  le  gouvernement  français,  le  15  novembre. 

Départ  du  Consul  Charles  de  Pampelonne.  Après  un  déjeuner 
d'adieux  que  lui  offrait  le  Comité  de  Vie  Franco- Américaine  à  Boston 
et  une  visite  de  la  Société  Historique  Franco-Américaine  au  consulat,  le 


FAITS   ET   GESTES  75 

"Jour  Lafayette",  M.  le  consul  général  et  madame  la  baronne  Charles 
de  Pampelonne  donnaient  une  dernière  réception  au  Consulat,  le  14 
juillet  à  leurs  nombreux  admirateurs  avant  leur  départ  pour  Paris.  Tous 
regrettent  le  départ  de  ces  charmants  amis  du  Consulat  de  France  à 
Boston. 

Dans  un  dernier  et  touchant  message  aux  Franco^Américains,  M. 
de  Pampelonne,  après  avoir  exprimé  son  admiration,  sa  confiance,  sa 
reconnaissance  envers  nous  disait  encore:  "affection  et  fidélité  de  la 
France,  qui  apprend  à  vous  connaître,  qui  vous  connaîtra  de  mieux  en 
mieux.  Et  bien  sûr  mon  affection  et  ma  fidélité  personnelles.  Soyez  sûr 
en  effet,  que  je  nevous  oublierai  pas  et  que  je  m'efforcerai  à  Paris  d'être 
en  quelque  sorte  votre  Ambassadeur,  votre  interprète,  auprès  des 
Services  français  culturels  ou  d'information  susceptibles  de  vous 
aider  .  .  , 

Pour  cela  comme  pour  toutes  les  marques  de  confiance  et  d'amitié 
que  vous  avez  bien  voulu  me  témoigner,  ainsi  qu'à  ma  femme,  durant 
notre  séjour  parmi  vous,  je  vous  dis  de  tout  coeur:  Merci". 
Maison  Française  à  Boston. 

La  Bibliothèque  Française  et  le  Centre  Français,  de  Boston,  unis- 
saient leurs  intérêts  en  avril  pour  s'installer  au  numéro  53,  rue 
Marlborough  afin  de  constituer  la  "Maison  Française"  à  Boston  et  favo- 
riser ainsi  dans  un  seul  immeuble  la  coordination  entre  les  associations 
de  sympathie  française  en  Nouvelle  Angleterre. 

M.  Jean  Savelli.  Après  quelques  semaines  de  conger  en  France,  en 
fin  d'août,  M.  Jean  Savelli,  consul  adjoint  à  New  York,  venait  occuper  à 
Boston,  le  poste  de  consul  général.  Il  fut  accueilli  par  M.  Gaston  Leclerc, 
vice-consul.  Un  séjour  heureux  est  le  souhait  que  tous  adressent  au 
nouveau  consul. 

S.  E.  M.  Onésime  Gagnon,  Lieutenant  Gouverneur  de  la  Province  de 
Québec,  meurt  le  30  septembre  à  sa  résidence  royale  Bois-de-Coulonge 
à  l'âge  de  72  ans.  Il  était  représentant  de  la  Reine  depuis  1958.  Belle 
carrière  politique.  L'Eglise  et  l'Etat  sont  présents  à  ses  obsèques  en  la 
basilique  Notre  Dame.  S.  E.  Mgr  Maurice  Roy  chante  la  messe  pontifi- 
cale en  présence  du  Cardinal  Léger,  du  Premier  Ministre  Diefenbaker 
et  d'une  foule  considérable.  M.  Gagnon  avait  accepté  de  donner  une 
conférence  devant  notre  société,  mais  la  maladie  l'en  avait  empêché. 

Québec  à  l'Honneur: 

Le  4  octobre,  M.  Jean  Lesage,  premier  ministre  du  Québec,  inaugu- 
rait à  Paris,  la  Maison  du  Québec,  comme  centre  de  relations  plus  in- 
tenses entre  la  France  et  la  Nouvelle  France.  Il  fut  accueilli  en  chef 


76  BULLETIN   DE  LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

d'Etat  et  le  président  Charles  de  Gaulle  lui  rendait  tous  les  honneurs 
possibles.  Les  fêtes  eurent  un  retentissement  émouvant.  M.  Lesage  dé- 
clarait: "s'il  y  a  eu  évolution,  il  n'y  a  pas  eu  transformation." 

A  la  fin  d'octobre,  M.  Lesage  était  l'invité  du  gouverneur  Powell  du 
New  Hampshire  pour  une  visite  officielle.  Elle  fut  belle  et  triomphante 
nonobstant  les  intérêts  politiques  en  jeu.  M.  Lesage  et  sa  distinguée 
épouse  furent  magnifiques.  Ils  furent  reçus  officiellement  dans  la  capi- 
tale à  Concord,  à  Laconia  et  à  Portsmouth,  mais  le  grand  événement 
eut  lieu  à  Manchester,  le  dimanche  soir  à  l'hôtel  Carpenter  à  un 
dîner  d'Etat.  Dans  son  allocution  prononcée  dans  les  langues 
anglaise  et  française,  M.  Lesage  se  disait  très  heureux  de  rencontrer 
tant  de  ses  frères  franco-américains.  La  visite  eut  un  heureux  retentis- 
sement en  établissant  le  besoin  de  ces  rencontres  amicales  de  chaque 
côté  de  la  frontière. 

Au  mois  de  décembre  circulait  la  nouvelle  que  le  Québec  songeait 
à  établir  une  "Maison  de  Québec"  en  Nouvelle  Angleterre,  ce  qui  ré- 
jouissait la  Franco-Américanie  avec  raison.  Il  nous  reste  à  attendre  la 
réalisation  de  cette  initiative  qui  nous  rendrait  des  services  sauveurs  .  .  . 

M.  le  professeur  Fred  J.  Gamache  célèbre  ses  50  ans  comme  maî- 
tre de  chapelle  et  organiste  de  la  paroisse  Ste  Cécile,  de  Leominster. 

M.  l'abbé  Joseph  Larue,  curé  du  Sacré-Coeur  de  North  Attleboro, 
célèbre  son  cinquantenaire  sacerdotal  le  13  novembre  1960.  Né  à 
Coaticook,  Québec,  le  6  mai  1886  et  ordonné  le  17  décembre  1910  à 
Fall  River. 

M.  Roméo  Champagne,  de  Manchester,  était  nommé  par  le  président 
Kennedy  ambassadeur  spécial  à  l'occasion  de  la  célébration  de  l'Indé- 
pendance de  la  République  du  Sénégal  en  Afrique. 

Le  21  janvier,  le  président  John  F.  Kennedy  était  inauguré  prési- 
dent des  Etats-Unis  à  Washington  à  l'occasion  de  manifestations  natio- 
nales très  imposantes. 

Astronaute  Shepard.  Le  pionnier  des  astronautes  aux  Etats-Unis, 
Alan  B.  Shepard,  de  Derry,  New  Hampshire,  accomplit  son  envolée  de 
115  milles  dans  l'espace  avec  succès  le  5  mai  1961  et  l'univers  se  réjouit 
de  l'exploit  qui  partait  du  Cap  Caneveral,  Floride. 

La  Chorale  de  l'Université  St  Joseph,  de  Moncton,  Nouveau 
Brunswick,  donnait  un  concert  à  la  salle  Mémorial,  de  Manchester,  le 
20  mai.  Sous  la  direction  du  R.  P.  Léandre  Brault,  c.s.c,  cette  chorale 
a  une  réputation  internationale. 


FAITS   ET   GESTES  77 

M.  le  professeur  François  Martineau,  de  Fall  River,  obtenait  son 
doctorat  en  philosophie  de  l'université  de  Montréal,  en  mai.  Professeur 
de  français  à  l'école  supérieure.  M.  Martineau  est  l'un  des  compatriotes 
très  dévoués  de  sa  région. 

Archidiocèse  de  Moncton  (Nouveau  Brunswick).  Les  Acadiens 
avaient  la  joie  de  célébrer  avec  éclat  et  reconnaissance  le  premier 
quart  de  siècle  de  leur  province  ecclésiastique,  inaugurée  en  1933  par 
S.  E.  Mgr  Arthur  Melanson,  premier  a  rchevêque.  Les  fêtes  imposantes 
furent  présidées  par  S.  E.  Mgr  Norbert  Robichaud,  archevêque  de 
Moncton  en  présence  de  S.  E.  Mgr  Sebastien  Baggio,  délégué  apostoli- 
que, entouré  des  évêques  de  la  province  et  de  milliers  de  fidèles,  en  la 
cathédrale  Notre  Dame  de  l'Assomption,  de  Moncton.  Les  participants 
vécurent  des  heures  émouvantes.  On  célébra  la  mémoire  du  fondateur 
de  la  renaissance  acadienne  Mgr  Melanson.  L'Evangéline,  journal  na- 
tional des  Acadiens,  publiait  une  édition  jubilaire  qui  racontait  tous  les 
échos  de  cette  magnifique  résurgence. 

Le  Messager  (Lewiston).  A  l'occasion  du  centenaire  de  la  ville  de 
Lewiston,  Maine,  1861-1961,  Le  Messager,  lui-même  dans  sa  82e  année 
publiait  une  é  dition  spéciale  de  36  pages.  Ce  numéro  contenait  de 
nombreux  détails  historiques  sur  le  rayonnement  des  compatriotes  en 
cette  ville  bien  française. 

Institut  Français  (Rivier,  Nashua).  Sous  la  direction  de  S.  M.  Louis 
de  Gonzague,  p.m.,  et  grâce  à  un  octroi  de  la  NDEA,  du  16  au  22  jmllet, 
le  collège  Rivier  offrait  à  32  participants  un  institut  français  compre- 
nant une  exposition  artistique  sur  Beaudelaire,  le  grand  poète  du  19e 
siècle.  On  y  étale  nombreuses  gravures.  "Les  Fleurs  du  Mal"  consti- 
tuent le  principal  ouvrage  de  Beaudelaire  (1857). 

Institut  Franco-Américain  (Bowdoin  Collège).  A  la  suite  d'un  oc- 
troi offert  à  Bowdoin  Collège,  de  Brunswick,  Maine,  par  le  National 
Défense  Education  Act,  soit  environ  $50,000,  plus  de  40  professeurs  de 
français  en  Nouvelle  Angleterre  participaient  aux  conférences  d'un  ins- 
titut français  dirigé  par  le  professeur  Gérard  Brault,  de  l'université  de 
Pennsylvanie. 

L'entreprise  fut  un  succès  et  permit  à  plusieurs  professeurs  de 
français  de  perfectionner  leurs  méthodes  d'enseignement.  Les  cours  se 
poursuivirent  du  22  juin  au  8  août.  Le  professeur  Robert  Nunn  y  don- 
nait des  cours  de  phonétique. 

Des  causeries  furent  données  dans  l'ordre  suivant:  27  juin:  Prof. 
William  N.  Locke;  "Can  télévision  teach  languages?";  29  juin:  "Parlers 
français  d'Amérique",    Prof.    Joseph    N.    Carrière;   3   juillet:    "Franco- 


78  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

American  voting  habits",  Prof.  David  B.  Calker;  10  juillet:  "Attitudes 
politiques  des  Franco-Américains",  Josaphat  T.  Benoît;  18  juillet: 
"Langue  Française  et  ethnograpliie  en  N.  A.",  Prof.  Edward  B.  Ham; 
25  juillet:  "Le  Folklore  parmi  les  groupes  français  des  Etats-Unis", 
Prof.  Luc  Lacoursière;  28  juillet:  "La  poésie  franco-américaine",  Sr  M. 
Carmel  Therriault;  1er  août:  "Le  bilinguisme  et  la  psycholinguistique", 
Prof.  Wallace  Lambert. 

Les  conférences  de  l'institut  furent  imprimées  en  brochure  sous  la 
direction  de  M.  Brault  grâce  au  concours  du  Comité  de  Vie  Franco- 
Américaine  et  de  celui  des  sociétés  Canado-Américaine,  St  Jean- 
Baptiste  d'Amérique  et  de  l'Assomption. 

Missionnaires  de  La  Salette.  Après  35  années  de  développement 
constant,  les  RR.  PP.  de  Notre  Dame  de  La  Salette  établissaient  leur 
provincialat  à  Southbridge,  Mass.  Avec  l'acquisition  de  la  "Thomas 
House"  sous  la  direction  du  T.  R.  P.  Philippe  Leblanc,  m.s.,  la  province 
du  Coeur  Immaculé  de  Marie  complétait  ainsi  son  organisation  avec 
maisons  à  Enfield,  le  berceau,  à  Attleboro,  à  East  Brewster  et  à  Center 
Harbor. 


IX 

Généalogie 

"La  Société  Généalogique,  écrivait  Philippe  Armand  Lajoie,  tra- 
vaille à  la  préservation  de  l'histoire  de  nos  familles  originaires  de 
France  et  du  Québec,  et  à  ce  titre,  elle  a  droit  à  la  coopération  cordiale 
de  nos  congénères. 

"Il  est  clair,  par  exemple,  que  la  race  française  en  Amérique  du 
Nord  aurait  joui  d'une  cohésion  plus  forte  si  tant  de  ses  fils  n'avaient 
pas  été  égarés  dans  les  hasards  de  l'émigration  et  autres  formes  de  dis- 
persement. Tout  ce  qui  peut  continuer  à  rattacher  les  liens  rompus  est 
digne  de  coopération.  Et  puis,  si  l'homme  ne  sait  pas  toujours  où  il  va, 
il  peut  au  moins  avoir  la  satisfaction  de  savoir  d'où  il  vient. 

"Sur  ce  vaste  continent  de  l'Amérique  du  Nord,  que  de  Canadiens 
français  et  de  Franco-américains  portent  le  même  nom,  sans  savoir 
bien  souvent  si  ses  homonymes  lui  sont  apparentés  et  à  quel  degré. 
Voilà  l'énigme  ethnique  que  la  Société  Généalogique  s'offre  à  déchif- 
frer pour  ceux  qui  deviennent  ses  membres  et  collaborateurs." 

Familles  Vézina:  Le  21  mai,  plus  de  500  membres  des  familles 
Vézina  se  réunissaient  à  Boischatel  pour  célébrer  le  tricentenaire  de 
l'arrivée  à  Québec  de  l'ancêtre  Jacques  Vézina,  né  en  1610  à  Puyravault 
dans  l'Aunis  en  France.  Il  se  mariait  en  France  en  1640  et  20  ans  après 
arrivait  au  Canada.  Avec  son  épouse  Marie  Bourdon,  il  s'établissait  à 
l'Ange  Gardien.  Son  fils,  François,  né  en  France  en  1642,  s'établissait  à 
l'Ange  Gardien  en  1662  près  de  la  Chute  Montmorency.  Ces  deux  ter- 
res sont  aujourd'hui  dans  le  territoire  de  Boischatel. 

Le  ralliement  était  sous  les  auspices  de  la  Société  St  Jean-Baptiste 
de  Boischatel  sur  l'invitation  du  curé,  l'abbé  Pierre  Gravel.  L'abbé 
Gustave  Bourbeau  célébrait  la  messe  et  l'abbé  Pierre  Vézina  pronon- 
çait le  sermon.  La  famille  Alfred  V  ézina  fournissait  le  chant  et  la  mu- 
sique. Un  libéra  fut  ensuite  chanté  en  l'église  l'Ange  Gardien  par  l'abbé 
Azarie  Vézina. 

Deux  plaques  de  bronze  furent  ensuite  dévoilées.  La  première  à 
Boischatel  pour  rappeler  l'arrivée  de  l'ancêtre.  Le  cérémonie  fut  pré- 
sidée par  Mme  Léonidas  Vézina,  épouse  du  propriétaire  actuel  de  la 
terre  jadis  possédée  par  l'ancêtre.  La  deuxième  plaque  en  souvenance 
de  François  Vézina,  fils  de  Jacques. 

Au  nom  de  tous  les  descendants.  Me  Roger  Vézina  émettait  le  voeu 
que   la  Commission  des  Monuments  Historiques  érige  un  mémorial  à 


80  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

l'endroit  où  est  né  et  décédé  le  grand  musicien  Joseph  Vézina  qui  a  tant 
fait  pour  l'avancement  de  la  musique  au  pays  du  Québec. 

Familles  Guimont:  C'est  au  Cap  St  Ignace  que  le  18  juin,  les 
Guimont  honoraient  leur  ancêtre  Louis  en  soulignant  le  tricentenaire 
de  sa  mort  et  martyre  le  18  juin  1661  à  Ste  Anne  de  Beaupré.  Il  avait 
été  le  premier  miraculé  de  ce  sanctuaire  en  1658. 

La  messe  fut  célébrée  par  le  chanoine  Emile  Guimont,  curé  de 
L'Isle  Verte  et  le  sermon  prononcé  par  l'abbé  Fernand  Bernier.  Svir  du 
granit  extrait  de  la  terre  défrichée  par  Claude  Guimont,  fils  de  l'ancê- 
tre on  gravait  l'hommage  de  ses  descendants.  La  cérémonie  du  dévoile- 
ment fut  présidée  par  le  major  Georges  Guimont.  On  y  rappela  le  sou- 
venir et  le  rayonnement  de  la  famille  à  travers  les  siècles. 

Familles  Lavoie:  L'année  1961  rappelait  le  305e  anniversaire  du 
mariage  de  René  de  la  Voye,  fils  de  René  de  la  Voye  et  d'Isabeau 
Bélanger,  de  la  paroisse  Saint-Macloue  de  Rouen,  l'ancêtre  au  Canada. 

Etabli  près  de  Sainte  Anne  de  Beaupré,  il  habitera  aussi  les  parois- 
ses de  Saint  Joachim  et  de  Château  Richer.  En  l'église  Notre  Dame  de 
Québec  en  1657,  il  épouse  Anne  Godin. 

A  l'instar  de  tant  de  familles,  Gérard  Lavoie  invite  tous  les  des- 
cendants de  René  de  la  Voye  (Lavoie,  LaVoie  et  de  la  Voye)  du  Canada 
et  des  Etats-Unis  à  établir  l'Association  des  familles  Lavoie. 

Familles  Jobidon:  A  l'occasion  de  la  première  pontificale  de  S.  E. 
Mgr  Jean-Louis  Jobidon,  P.B.,  consacré  à  Québec  le  22  mai  comme  évê- 
que  d'un  des  diocèses  d'Afrique,  il  y  eut  à  Château  Richer  de  grandes 
fêtes.  L'événement  coïncidait  avec  le  tricentenaire  de  la  fondation  de  la 
paroisse  de  Château  Richer  et  aussi  avec  le  tricentenaire  de  l'arrivée 
des  familles  Jobidon  en  Nouvelle  France. 

Familles  Biron:  C'est  le  2  juillet  à  la  basilique  de  Notre  Dame  du 
Cap  de  la  Madeleine  que  des  centaines  de  descendants  de  Pierre  Biron 
honoraient  leur  ancêtre,  venu  en  Nouvelle  France  en  1649  comme  aux- 
iliaire des  Jésuites.  On  érigeait  un  monument  en  granit  blanc  pour 
l'honorer.  La  messe  fut  célébrée  dans  l'oratoire  Ste  Madeleine  et  le 
sermon  prononcé  par  l'abbé  Hector  Biron,  initiateur  et  fondateur  de 
l'Association  des  Biron.  On  visitait  également  le  vieux  moulin  de  la 
seigneurie  Toussaint  Biron,  à  la  Pointe-du-Lac.  L'événement  ajoutait 
la  "Bironnière"  à  tant  d'autres  familles  qui  perpétuent  avec  joie  l'arri- 
vée des  ancêtres  en  Nouvelle  France. 


X 

Festivals  et  Concours 


Académie  Ste  Anne  (Marlboro).  La  huitième  "Journée  Française" 
annuelle  en  cette  académie  se  déroulait  avec  succès,  dimanche,  le  17 
mars  dans  l'auditorium  de  cette  institution  devant  une  belle  assistance. 
Cette  forme  de  ralliement  culturel  réunit  les  élèves  sous  la  direction 
des  soeurs  de  Sainte  Anne  dans  cette  région.  Dans  son  invitation  Sr 
Grégoria.  supérieure,  l'animatrice  de  ces  manifestations  disait:  "c'est 
un  cri  d'alarme,  dans  tous  les  milieux  franco-américains,  à  la  suite  de 
la  rapide  reculade  du  français  dans  nos  écoles  bilingues.  Qui  ne  peut  se 
rendre  compte  de  cette  régression?  Le  français  sera-t-il  le  lot  seulement 
de  l'élite  franco-américaine?  Qui  aura  la  fierté  de  sa  valeur  ethnique?" 

Sans  avoir  le  programme  sous  les  yeux,  nous  savons  que  chaque 
année  ce  spectacle  ravit  les  auditeurs  et  donne  une  belle  leçon  des  de- 
moiseUes  qui  fréquentent  les  écoles  des  sours  de  Sainte  Anne. 

A  ce  propos  L'Union  écrivait:  "il  faudra  que  ces  sortes  d'événe- 
ments se  continuent  à  l'Académie  Saint-Anne  et  même  qu'ils  s'introdui- 
sent chez  d'autres  communautés  enseignantes  franco-américaines,  si 
nous  voulons  que  le  voeux  du  2e  congrès  de  la  langue  français  se  réa- 
lise. La  race  française  vivra  encore  longtemps  aux  Etats-Unis  sii  les 
petits  Franco-Américains,  fidèles  aux  directives  de  leurs  parents  et  de 
leurs  maîtresses,  gardent  et  chérissent  précieusement,  comme  leur  plus 
beau  trésor  et  leur  plus  grande  richesse  spirituelle,  cet  esprit  français 
qui  se  traduit  par  des  vocables  français." 

Concours  des  Artisans.  Le  lie  concours  de  français  organisé  par  la 
Société  des  Artisans  en  Nouvelle  Angleterre  obtenait  un  autre  fier  suc- 
cès. Plusieurs  milliers  d'écoliers  soumettaient  le  texte  de  leur  composi- 
tion: "Ce  que  je  dois  à  mes  parents".  Les  lauréats:  Hélène  Fortier  (Ange 
Gardien).  Berlin,  Pierre  Fortin  (St  Augustin).  Manchester,  Annette  St 
Hilaire  (Notre  Dame),  North  Adams,  Mass.,  Paul  Bail  (Perpétuel 
Secours),  Holyoke,  Hélène  Côté  (Ste  Anne),  Woonsocket,  Raymond 
L'Heureux  (St  Jacques),  Manville.  R.  I.  Gérard  Goulet  (Saint  Sacrement), 
Fali  River.  Les  vainqueurs  furent  reçus  au  bureau  chef  à  Montréal  à 
l'occasion  du  congrès  le  12  septembre. 

Ligue  des  Sociétés  de  Langue  Française  (Lewiston):  Le  concours 
annuel  d'épellation  avait  lieu  à  l'hôtel  de  Ville  le  21  mai.  Des  élèves  de 
plusieurs  écoles  du  Maine  étaient  à  l'épreuve.  Me  Fernand  Despins 
était  l'intérogateur.  Les  juges  étaient:  le  R.  P.  Stanislas  Viau,  o.p.,  Sr 
Marie  Blanche  (Springvale)  et  le  professeur  Maurice  Domingue. 


82  BULLETIN  DE  LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Les  lauréats:  Cécile  Fortin,  Augusta,  Suzanne  Moreau,  Westbrook, 
Pauline  Pelletier,  Lewiston,  James  Pépin,  Lewiston,  Sandra  Pouiin  et 
Thérèse  Pouiin,  Lewiston  et  Célia  Sirois,  Waterville. 

Société  des  Concours  (Fall  River);  Le  35e  concours  annuel  se  ter- 
minait le  7  mai  en  l'auditorium  Ste  Anne  sous  la  présidence  de  Bernard 
Théroux.  Plusieurs  lauréats  furent  proclamés.  On  attribuait  pour  la 
première  fois  la  "Bourse  Docteur  Mercier",  fondateur  de  la  société  des 
concours  de  français.  Ce  prix  fut  gagné  par  Muriel  Raiche,  de  l'école 
Notre  Dame.  Ces  concours  sont  toujours  appuyés  par  un  bon  nombre 
de  bienfaiteurs. 

Festival  de  la  Bonne  Chanson  (Manchester,  N.  H.):  Le  quatrième 
festival  de  la  Bonne  Chanson,  organisé  par  la  Fédération  Franco-Amé- 
ricaine du  New  Hampshire  obtenait  un  éclatant  succès  à  la  salle  des 
Arts  Pratiques  le  22  avril  pour  réunir  plus  de  2,000  personnes  sous  la 
présidence  d'honneur  de  S.  E.  Mgr  Ernest  J.  Primeau. 

Sept  chorales  des  écoles  paroissiales  participaient:  St  Augustin 
"Hymne  des  vents",  Ste  Marie  "Oui,  oui,  oui,  oui",  St  Georges  "Le 
Carnaval  de  Venise",  St  Antoine  "Sur  les  flots  bleus",  Ste  Thérèse 
"Le  Printemps",  St  Jean-Baptiste  (Suncook)  "Si  les  oiseaux  ne  chan- 
taient pas". 

Dans  son  allocution,  Mgr  Primeau  disait  sa  joie  d'assister  à  ce  ré- 
gal de  la  bonne  chanson  et  il  ajoutait:  "je  tiens  à  féliciiter  les  organisa- 
teurs de  ce  festival  pour  leur  heureuse  initiative.  Jo  souhaite  que  les 
succès  du  passé  leur  soient  un  encouragement  pour  l'avenir  .  .  .  Mes 
chers  enfants,  que  vos  belles  voix  s'élèvent  toujours  pour  honorer  la 
belle  chanson  et  pour  glorifier  Dieu  comme  il  convient  à  des  trouba- 
dours du  Christ." 

Fête  de  DoUard  (Manchester):  Le  24  mai  près  de  600  élèves  de  l'éco- 
le St  Georges  célébraient  le  301e  anniversaire  de  l'Exploit  du  Long 
Sault.  Un  joli  programme,  préparé  par  Sr  Cécilien,  C.S.C,  permettait 
aux  enfants  de  chanter  ce  geste  héroïque  de  Dollard  des  Ormeaux. 
L'abbé  Adrien  Verrette  en  profitait  pour  rappeler  à  ses  enfants  la  leçon 
toujours  actuelle  de  dévouement  et  de  fierté  qui  doit  animer  les  jeunes 
franco -américains,  qui,  demain  seront  appelés  à  servir  l'Eglise  et  la 
Patrie.  Cette  fête  devrait  avoir  lieu  dans  toutes  nos  paroisses. 


XI 

Vie  Franco-Américaine 


Fédération  Féminine  F.-A.  La  fédération  célébrait  ses  10  ans  et 
profitait  de  cet  anniversaire  pour  rendre  hommage  au  Comité  de  Vie 
Franco-Américaine  qui  facilitait  sa  naissance  en  1951  à  l'occasion  de 
son  deuxième  congrès,  tenu  à  Lewiston  en  novembre  1951.  L'événement 
avait  lieu  à  Hartford,  du  27  au  29  octobre  à  l'occasion  du  6e  congrès  du 
Comité.  En  cette  circonstance,  Mme  Pauline  Tougas,  présidente  hono- 
raire de  la  Fédé  était  inscrite  au  nombre  des  titulaires  de  l'Ordre  du 
Mérite  Franco-Américain. 

Ce  fut  en  1949  lors  du  1er  congrès  des  Franco-Américains  en  no- 
vembre qui  soulignait  d'une  façon  symbolique  le  centenaire  de  la  fran- 
co-américanie  que  la  résolution  suivante  fut  adoptée:  "Conscients  du 
rôle  de  plus  en  plus  important  que  la  femme  moderne  joue  au  sein  de  la 
société  dans  tous  les  domaines  et  convaincus,  à  l'instar  des  groupes  qui 
nous  entourent,  qu'une  force  sociale  formidable  jaillirait  du  groupe- 
ment de  nos  femmes  franco-américaines,  les  délégués  demandent  au 
Comité  d'Orientation  de  favoriser  un  projet  qui  réunirait  dans  une  fédé- 
ration tous  les  groupes  féminins  qui  existent,  afin  de  travailler  sur  un 
front  uni  pour  la  défense,  le  maintien  et  le  progrès  de  toutes  les  va- 
leurs spirituelles  et  religieuses  qui  constituent  notre  héritage  franco- 
américain." 

En  plus  de  ses  réunions  périodiques  en  divers  centres,  la  Fédé  em- 
ployait tout  son  dévouement  au  succès  de  son  5e  congrès  oral  auprès  de 
nos  écoliers.  Des  épreuves  régionales  se  tenaient  au  cours  de  l'automne. 
Celui  du  New  Hampshire,  sur  l'invitation  de  l'abbé  Adrien  Verrette 
avait  lieu  à  St  Georges.  Il  donna  lieu  à  une  belle  manifestation. 

Le  couronnement  du  concours  avait  lieu  à  Worcester,  le  11  novem- 
bre, présidé  par  Mme  Abel  Plaud.  Il  obtenait  un  beau  succès.  Les  juges 
étaient  les  professeurs  Edgar  Gauthier,  Paul  Chassé,  R.  K.  Bolduc, 
Donald  McQueen  et  Anita  î'ish. 

Les  lauréats  du  concours;  (Primaire)  Claire  Thiboutot  (Leominster), 
Réjeanne  Gaudreau  (Chicopee).  Denise  Doyon  (S.  André,  Biddeford). 
(Supérieur)  Kenneth  Moynihan  (Ecole  Secondaire  du  Collège  de  l'As- 
somption), Diana  Di  Padua  (Académie  N.  D.  des  Monts,  Gorham,  N.  H.). 
Lucille  Thibodeau  (Académie  de  la  Présentation,  Hudson  N.  H.),  Marc 
Lepain  (Ecole  préparatoire  de  l'Assomption)  (Collégial),  Charlotte  Au- 
det  (Notre  Dame,  Manchester)  et  Joseph  Boissé  (Stonehill,  North 
Easton,  Mass.). 


84  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Congrès  des  Raquetteurs.  Le  37e  congrès  international  des  Raquet- 
teurs  avait  lieu  en  fin  de  janvier  à  Lewiston,  Maine  et  réunissait  des 
milliers  de  congressistes  de  chaque  côté  de  la  frontière.  La  cérémonie 
religieuse  se  déroulait  en  l'église  St  Pierre  avec  les  autres  manifesta- 
tions d'usage.  Le  Messager  publiait  une  édition  de  fête  fort  documentée. 

Association  Médicale  Franco-Américaine.  Elle  tenait  son  23e  con- 
grès annuel  le  1er  novembre  à  l'hôtel  Sheraton  Bancroft,  de  Worcester, 
sous  la  direction  du  Dr  Frédéric  Dupré.  Le  Dr  Robert  Beaudoin,  secré- 
taire perpétuel  avait  préparé  le  programme  scientifique  suivant:  "La 
trachéloraphie  immédiate  au  temps  de  l'accouchement",  Dr  Philippe 
Ouellette;  "Clinical  approach  to  allergie  rhinitis  and  asthma",  Dr  Fran- 
çois X.  Dufault;  "Cancer  of  the  colon  a  nd  its  treatment",  Dr  Robert 
Bolduc.  Il  y  eut  encore  déjeuner,  banquet  et  bal  durant  la  soirée. 

Clubs  Richelieu:  La  chaîne  franco-américaine  des  Richelieu  s'allon- 
ge chaque  année.  Après  Manchester,  Fall  River,  Holyoke,  Lewiston, 
New  Bedford  et  Hartford,  c'est  Boston  qiii  bouge.  L'année  a  donc  été 
très  prospère.  Des  visites  interclubs  avec  la  participation  au  grand  con- 
grès tenu  à  Montréal  en  septembre  et  les  réunions  bi-mensuelles  ont 
donné  suite  à  d'enthousiasmes  manifestations. 

A  Boston,  c'est  Me  Pierre  Belliveau  qui  lance  la  fondation.  Il  en 
sera  le  président  provisoire.  A  la  réunion  annuelle  tenue  à  Ottawa  le 
17  février,  Me  Lucien  Thinel  devenait  président  de  la  société  interna- 
tionale. M.  Roland  Desjardins  (Fall  River)  était  élu  membre  du  Conseil 
d'Administration.  Me  Thinel  visitera  le  club  Holyoke-Springfield  le  18 
novembre  à  l'occasion  de  son  3e  anniversaire.  Le  2  décembre,  c'est  Fall 
River  qui  célèbre  son  5e  anniversaire  en  se  donnant  François  Martineau 
comme  président.  Le  club  de  Manchester  demeure  le  grand  animateur 
de  la  chaîne  et  ses  membres  sont  toujours  présents  aux  manifestations 
des  autres  clubs. 

Alliance  des  Journaux  F.-A.  (Boston).  A  sa  réunion  du  19  novem- 
bre, tenue  à  l'hôtel  Lenox,  de  Boston,  l'Alliance  élisait  son  bureau: 
Roméo  Boisvert  (Lewiston)  président,  Euclide  Gilbert  (Manchester) 
vice-président,  R.  P.  Joseph  Fontaine,  M.S.,  secrétaire,  et  Gérard 
Raymond  (Holyoke)  trésorier. 

Fédération  des  Chorales  F.-A.  Le  3e  congrès  de  cette  fédération 
avait  lieu  en  la  paroisse  St  Georges  de  Manchester,  sur  l'invitation  de 
son  curé,  l'abbé  Adrien  Verrette.  Les  assises  furent  vraiment  profita- 
bles sous  la  présidence  de  Georges  Ayotte.  Après  les  délibérations  qui 
portaient  sur  le  premier  concert  de  la  fédération,  en  mai  prochain  à 
Worcester,  plus  de  250  membres  de  la  fédération,  après  nombre  de 
chants  se  réunissaient  au  repas  traditionnel.       M.  le  maire  Josaphat 


\'IE   FRANCO-AMERICAINE  85 

Benoît  leur  confiait  un  message  d'encouragement.  Tous  d'un  commun 
accord  déclaraient  que  ce  congrès  leur  avait  fait  comprendre  l'impor- 
tance de  leur  apostolat  dans  le  domaine  de  la  chanson.  M.  Gérald  Robert, 
fondateur  de  la  fédération  ajoutait  son  mot  qui  fut  bien  apprécié,  de 
même  que  M.  Philipe  Armand  Lajoie,  auteur  du  chant  thème  magnifi- 
que de  la  fédération. 

Union  des  F.-A.  du  Connecticut.  (Waterbury).  La  42e  convention 
des  Franco-Américains  du  Connecticut  avait  lieu  à  Waterbury  du  28  au 
30  octobre  sous  la  présidence  de  Roméo  Gosselin.  La  cérémonie  reli- 
gieuse avait  lieu  en  l'église  Ste  Anne  en  présence  de  S.  E.  Mgr  Henry 
J.  O'Brien,  archevêque  de  Hartford.  L'abbé  Laurence  Doucette  pronon- 
çait le  sermon.  Une  soirée  de  famille  précédait  l'ouverture  et  un  grand 
banquet  clôturait  les  assises.  Les  séances  furent  bien  fréquentées.  El- 
les consistèrent  à  constater  la  situation  actuelle  des  franco-américains 
dans  cette  région. 

Fédération  Catholique  Franco-Américaine  (Fall  River).  Elle  tenait 
sa  réunion  annuelle  le  29  mars  en  la  paroisse  Ste-Anne.  On  y  étudiait 
les  détails  de  la  fête  patronale  et  la  participation  au  congrès  de 
Hartford.  Le  nouveau  conseil  comprend:  Albert  Petit,  président, 
Bernard  Théroux,  vice-président,  François  Martineau,  secrétaire,  Mme 
Joseph  Nadeau,  adjointe,  Mme  Donat  Blanchette,  trésorière.  Directeurs: 
Horace  Leduc,  Gabrielle  Mercier,  Mme  Charles  Whitehead,  Mmes 
Thomas  Taché,  Louis  Clapin,  Philias  Garant,  président  honoraire,  Mlle 
Rhéa  Caron,  présidente  honoraire  et  Mlle  Amanda  Audet,  doyenne. 

La  Fédération  organise  aussi  la  célébration  de  la  fête  patronale 
avec  messe  à  St  Roch,  en  présence  de  S.  E.  Mgr  James  Connolly.  Le 
banquet  est  présidé  par  M.  Albert  Petit. 

Fédération  Franco-Américaine  de  Worcester.  Elle  tenait  son  29e 
congrès  annuel  sous  la  présidence  de  J.  Hector  Arsenault  pour  con- 
tinuer son  travail  auprès  des  compatriotes  du  comté  de  Worcester. 
Cette  fédération  groupe  les  sociétés  de  la  région.  Elle  exécute  toujours 
des  programmes  intéressants  et  se  prête  au  grand  mouvement  de  soli- 
darité sous  l'égide  du  Comité  de  Vie  Franco-Américaine.  Les  deux 
grands  événements  de  l'année  étaient  encore  la  "Fête  des  Rois"  et  la 
célébration  de  la  fête  patronale. 

Ligue  des  Sociétés  du  Maine  (Lewiston):  Cette  ligue  groupe  les  prin- 
cipaux organismes  de  la  région  depuis  plusieurs  années.  Elle  a  répété 
cette  année  ses  deux  projets,  la  célébration  de  la  fête  patronale  et  le 
concours  d'épellation  dans  les  écoles. 

Ligue  des  Présidents  (New  Bedford):  La  fête  patronale  était  encore 


86  BULLETIN  DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

SOUS  la  direction  de  cette  ligue  qui  réunit  sous  sa  direction  les  associa- 
tions franco-américaines  de  la  ville. 

Fédération  F.-A.  du  N.  H.  (Manchester).  Cette  fédération  dont  le 
siège  social  est  à  Manchester  s'employait  à  exécuter  trois  projets  au 
cours  de  l'année.  Ce  fut  le  4e  Festival  de  la  Bonne  Chanson,  le  22  avril, 
dans  la  salle  d  es  Arts  Pratiques,  qui  attirait  plus  de  2,000  personnes. 
Plus  de  700  élèves  de  sept  écoles  paroissiales  participaient  au  festival. 

La  Fête  Patronale  revêtait  aussi  un  éclat  particulier  avec  grand 
banquet  à  la  salle  Ste  Thérèse,  le  soir  du  24  juin  sous  la  présidence  de 
M.  Jean-Louis  Boisvert  et  conférence  par  Me  Paul  Massé,  de  Montréal. 
Le  lendemain,  S.  E.  Mgr  Ernest  Primeau  célébrait  une  pontificale  et 
l'abbé  Doria  Desruisseaux  prononçait  le  sermon. 

Le  19  novembre,  la  Fédération  invitait  les  compatriotes  du  New 
Hampshire  au  dévoilement  d'un  monument  à  la  mémoire  de  Messire 
Joseph  Augustin  Chevalier,  fondateur  de  la  paroisse  St  Augustin  en 
1871  et  le  pionnier  de  nos  oeuvres  religieuses  et  éducatives  dans  le  New 
Hampshire. 

L'oeuvre  du  sculpteur  Françoise  Trudel-Bourcier,  ce  monument 
qui  reproduit  dans  un  buste  en  bronze  la  figure  du  fondateur  fut  érigé 
sur  le  terrain  paroissial.  Mgr  Edouard  Lessard  chantait  la  messe  en 
l'Eglise  St  Augustin  et  l'abbé  Adrien  Verrette  prononçait  le  sermon.  Le 
maire  Josaphat  Benoît  présentait  le  monument  à  la  paroisse  au  nom 
des  compatriotes  du  New  Hampshire. 

Dans  son  allocution,  l'abbé  Verrette  disait: 

C'est  parce  que  Messire  Chevalier  aura  donné  le  premier  coup  de 
clairon  il  y  a  90  ans  pour  rassembler  son  peuple  que  nous,  ses  continua- 
teurs, répondons  à  l'appel  pour  lui  dire  notre  reconnaissance  en  pro- 
clamant ses  mérites  et  en  nous  réfugiant  sous  le  manteau  de  son  long 
apostolat  sans  tache,  nous  sollicitons  du  Ciel  les  lumières  afin  de  con- 
tinuer franchement  dans  les  mêmes  sillons  de  ferveur  autour  de  notre 
patrimoine  religieux  et  culturel. 

Pasteur  vénéré,  éducateur  et  serviteur  fidèle  de  son  peuple  qu'il 
aima  jusqu'à  la  fin,  tel  nous  apparaît  toujours  le  fondateur  de  nos  oeu- 
vres. 

Félicitations  à  l'artiste  qui  a  si  magnifiquement  fixé  dans  le  bronze 
les  traits  attirants  du  père  de  notre  peuple.  Fièrement  campé  au  mi- 
lieu des  siens  il  est  désormais  notre  inspiration.  Aux  générations  mon- 
tantes il  demeurera  un  symbole  et  une  attestation  que  le  d  évouement 
aux  choses  de  Dieu  est  un  enrichissement  précieux  pour  celui  qui  se 


VIE   FRANCO-AMERICAINE  87 

fait  le  digne  serviteur  de  l'Eglise,  de  la  patrie  et  de  son  foyer  où  se  for- 
gent et  se  vivent  les  grandes  fidélités  de  la  vie  chrétienne.  Honneur  et 
gloire  à  la  mémoire  de  ce  précurseur  qui  nous  prêche  encore  ces  fortes 
leçons  de  notre  idéal  chrétien.  L'Eglise  et  la  patrie  s'inclinent  sur  cette 
mémoire  en  bénédiction. 

A  sa  réunion  annuelle  en  octobre  la  Fédération  élisait  son  exécu- 
tif: Jean  Louis  Boisvert,  président,  Louis  I.  Martel  et  Georges  Houle, 
vice-présidents,  Armand  Verrette,  secrétaire,  Benjamin  G.  Lambert, 
trésorier,  abbé  Doria  Desruisseaux,  conseiller  moral;  Gérald  Robert, 
Euclide  Gilbert,  Claude  Dupont,  Bruno  Therrien,  Marcel  Vachon  et 
John  Letendre,  directeurs. 

Comité  Franco- Américain  du  Rhode-Island:  Cette  fédération  des 
Franco-Américains  du  Rhode  Island  maintient  son  travail  auprès  des 
sociétés. 

Société  des  Artisans.  Avec  ses  200,000  membres,  la  plus  prospère 
et  sûrement  la  plus  française  de  nos  sociétés  fraternelles  accusait  une 
autre  année  de  succès.  L'encours  d'assurance  vie  s'éleva  à 
$310,739,527.  avec  un  actif  de  $40,354,916.  On  pouvait  donc  dire  au  con- 
grès tenu  en  septembre  que  la  Société  des  Artisans  est  "une  coopéra- 
tive d'assurance-vie  qui  donne  son  sens  social  à  l'économique". 

C'est  S.  E.  Mgr  Sabatiano  Baggio,  délégué  apostolique  qui  célébrait 
la  messe  du  congrès  et  le  R.  P.  Thonnas-Marie  Landry,  o.p.,  prononçait 
le  sermon. 

Le  27  avril.  Me  Paré  présidait  l'ouverture  des  quartiers  régionaux  à 
Manchester.  Le  curé  Adrien  Verrette,  de  St  Georges,  bénissait  les  lo- 
caux. 

Le  concours  annuel  de  français  obtenait  encore  un  beau  succès  en 
Nouvelle  Angleterre  avec  5,000  participants.  Comme  explication  du  suc- 
cès constant  de  la  société.  Me  René  Paré,  président,  déclarait  avec  rai- 
son: "Les  progrès  économiques  de  la  Société  des  Artisans  témoignent 
d'une  administration  efficace,  d'un  personnel  compétent,  du  dynamisme 
des  représentants  de  vente  et  de  service.  Les  assurés  sont  co-proprié- 
taires  de  leur  entreprise,  ils  influencent  son  administration  et  la  con- 
trôlent grâce  aux  190  locales  actives  et  aux  17  Conseils  Régionaux  où 
ils  se  réunissent  en  assemblées  pour  des  motifs  d'information  et  d'étu- 
des co-opératives." 

La  société  se  réjouissait  d'avoir  élevé  le  montant  des  Prêts  Arti- 
sans aux  Etudiants  à  plus  de  $58,000.  pour  l'année. 

Association  Canado-Américaine  (Manchester).  L'aînée  de  nos  socié- 


88  BULLETIN  DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

tés  fraternelles  célébrait  ses  65  ans  en  novembre  par  une  série  de  ma- 
nifestations, sous  la  présidence  du  juge  Emile  Lemelin.  La  cérémonie 
religieuse  avait  lieu  le  dimanche  26  novembre  en  l'église  du  Sacré- 
Coeur,  présidée  par  S.  E.  Mgr  Ernest  Primeau.  L'abbé  Adélard  Halde 
chantait  la  messe  solennelle  et  le  sermon  était  prononcé  par  l'abbé 
Gabriel  Houle. 

Lundi  avait  lieu  l'assemblée  de  la  Haute  Cour  et  des  réceptions  sui- 
virent au  cours  de  la  semaine  avec  les  hauts  officiers  et  la  visite  du  gou- 
verneur, du  maire,  du  consul  de  France,  du  clergé  et  de  nombreux  di- 
gnitaires. 

Dans  son  rapport  du  65e,  la  société  établissait  son  actif  à  $8,222,790. 
avec  des  assurances  en  vigueurs  au  montant  de  $34,530,877.,  bénéfices 
payés  à  date  $14,071,000.,  dividendes  $1.019,000.  et  surplus  $1,475,878. 

Union  St  Jean-Baptiste  d'Amérique  (Woonsocket).  Sous  la  prési- 
dence de  J.  Henri  Goguen,  l'Union  terminait  son  61e  exercice  avec  une 
augmentation  de  $211,659.51  pour  porter  son  actif  à  $16,705,880.32. 

Au  cours  de  l'année  de  nombreuses  activités,  pèlerinages,  remises 
de  décorations  aux  membres  méritants,  célébrations  d'anniversaires  de 
conseils  et  la  préparation  du  20e  congrès  occupaient  les  administra- 
teurs. 

La  société  inaugurait  son  "Fonds  des  Oeuvres  Culturelles  Françai- 
ses" en  vue  de  favoriser  les  principales  initiatives  qui  demandent  un 
appui  spécial.  La  société  songe  aussi  à  réorganiser  sa  bibliothèque 
Mallet  afin  de  la  mettre  à  la  disposition  des  chercheurs. 

Douze  nouveaux  boursiers  étaient  ajoutés  à  la  Caisse  de  l'Ecolier, 
portant  ainsi  à  95  les  boursiers  et  80  protégés  pour  un  total  de  plus  de 
$63,000.00. 

Société  l'Assomption  (Moncton).  Cette  grande  mutuelle  acadienne 
terminait  l'année  avec  près  de  80,000  membres  et  un  actif  de  près  de 
$13  millions.  Ses  bourses,  son  fonds  universitaire  et  son  action  social 
appuient  le  soiccès  toujours  croissant  de  la  société. 

Cercles  Lacordaire.  Le  mouvement  Lacordaire  établi  par  le  R.  P. 
Jacquemet,  o.p.,  à  Fall  River,  compte  50  ans  d'existence.  On  soulignait 
la  fondation  du  1er  cercle  par  de  belles  fêtes  en  la  paroisse  Ste  Anne 
le  1er  octobre.  Un  pèlerinage  avait  lieu  auprès  du  tombeau  du  fonda- 
teur. Le  sermon  était  prononcé  à  la  messe  par  le  R.  P.  Albert  Ethier, 
prieur.  Le  banquet  était  présidé  par  le  R.  P.  Antoine  Lanoue,  o.p.  et 
le  R.  P.  Raymond  Bédard,  o.p.,  qui  fut  l'animateur  des  cercles  après  la 


VIE   FRANCO-AMERICAINE  89 

mort  du  fondateur,  était  l'orateur  de  circonstance.  Autrefois,  les  cer- 
cles Lacordaire  et  Jeanne  d'Arc  bénéficiaient  d'une  fédération  et  d'un 
bulletin  trimestriel.  Le  mouvement  est  certainement  au  ralenti  bien 
qu'il  se  soit  développé  dans  le  Québec. 

Ligue  Civique  du  Massachusetts.  Elle  tenait  sa  réunion  annuelle  à 
l'hôtel  Vendôme,  de  Boston  au  début  d'avril  sous  la  présidence  de  M. 
Raymond  Desjardins.  Le  bureau  choisi  comprend:  Roland  Desjardins, 
président,  Joseph  Saulniers,  New  Bedford,  Henri  Alary,  Worcester, 
Aimé  Gauthier,  Salem,  Arthur  J.  Champigny,  Lynn,  Me  Roger 
Champagne,  Taunton,  vice-présidents,  George  L.  Côté,  secrétaire  et 
Samuel  Lagassé.  trésorier. 

Union  Canadienne  St  Jean-Baptiste  de  Bowensville  (Fall  River). 
Cette  vivante  société  de  bienfaisance  célébrait  avec  éclat  ses  75  ans 
dans  la  paroisse  St  Mathieu  où  elle  naissait  en  1886.  Une  messe  solen- 
nelle fut  célébrée  le  8  octobre  en  présence  de  Mgr  J.  L.  Connolly,  évê- 
que  de  Fall  River.  Le  R.  P.  Joseph  Fontaine,  M. S.,  enfant  de  la  paroisse 
donnait  le  sermon.  Durant  la  soirée  il  y  eut  grand  banquet  dans  la  salle 
paroissiale  sous  la  présidence  de  Gérard  Desmarais.  Plusieurs  dévoués 
officiers  étaient  au  programme,  J.  Ovila  Banville,  Louis  G.  Bernier, 
Camille  Whitehead  avec  le  concours  de  "Les  Gais  Chanteurs"  sous  la  di- 
rection de  M.  Hervé  Lemieux.  L'abbé  Henri  J.  C  harest,  curé  et  aumô- 
nier de  la  société  rendait  hommage  au  dévouement  de  cette  société, 
l'une  de  nos  plus  anciennes  oeuvres  de  la  région.  Un  album  souvenir 
nous  racontait  l'histoire  de  l'Union. 

Alliance  Française  (Newport,  R.  L).  Le  15  avril  se  terminait  par  un 
véritable  régal  français  le  concours  organisé  par  l'Alliance  Française 
de  Newport  pour  les  écoles  de  la  région.  Nous  empruntons  le  récit  qu'en 
fit  le  rédacteur  de  L'Indépendant,  de  Fall  River: 

"Eut-on  à  prouver  que  l'étude  du  français  jouit  d'un  très  vif  inté- 
rêt aux  écoles  et  académies  de  la  ville  de  Newport,  que  la  cérémonie 
solennelle  qui  eut  lieu  samedi  après-midi  à  l'auditorium  de  l'école  su- 
périeure Rogers  suffirait  d'emblée. 

Pour  ceux  de  nous  qui  avons  voué  nos  énergies  à  la  survivance  et 
l'expansion  de  la  langue  et  de  la  culture  françaises  en  Nouvelle-Angle- 
terre, cette  séance  de  distribution  de  prix  de  français  à  des  concurrents 
pour  la  plupart  anglo-italo-hollando-portugo-américains,  est  un  spectacle 
qui  nous  laisse  toujours  dans  un  étonnement  mêlé  d'admiration. 

Habitués  que  nous  sommes  à  voir  le  français  traité  chez  nous  com- 
me un  parent  pauvre,  un  intrus  gênant,  nous  arrivons  difficilement  à 
trouver  une  réponse  satisfaisante  à  cette  question:  Pourquoi  des  gens 


90  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

que,  rien  n'y  oblige  en  somme  s'intéressent-ils  si  fort  à  une  langue 
que  tant  de  Franco-Américains  s'appliquent  à  perdre  aussi  complète- 
ment que  possible? 

Serait-ce  que  ces  gens  sont  plus  intelligents  que  nous?  Serait-ce 
qu'ils  sont  meilleurs  citoyens,  ayant  mieux  compris  le  besoin  criant  qu'a 
notre  pays  de  sujets  capables  de  manier  autre  chose  qu'un  anglais  plus 
ou  moins  jargonneux?  Qui  le  dira? 

M.  le  baron  Charles  de  Pampelonne,  consul  général  de  France  à 
Boston,  qui  avait  la  présidence  d'honneur  à  cette  fête  culturelle  a  peut- 
être  révélé  le  secret  de  l'intérêt  de  ces  étudiants  lorsque,  durant  son 
allocution,  il  a  dit  qu'en  Amérique  du  Nord  dix  millions  de  gens  parlent 
le  français  et  que  la  connaissance  de  cette  langue  permet  aux  anglo- 
phones qui  l'acquièrent,  des  contacts  plus  intimes  et  plus  profitables 
avec  les  francophones  où  qu'ils  se  trouvent. 

Et  à  vrai  dire,  il  n'est  guère  de  lieu  en  ce  monde  où  l'on  n'en  trou- 
ve pas. 

Autre  fait  digne  de  mention  élogieuse:  C'est  M.  Patrick  O'Neill 
Hayes,  de  Newport,  qui  fut  le  fondateur  de  L'Alliance  Française  de 
cette  ville  où  la  France  a  écrit  une  si  belle  page  d'histoire.  M.  Hayes. 
de  concert  avec  l'Hon.  James  L.  Maher,  maire  de  Newport,  prit  place 
aux  côtés  de  M.  le  consul  général  sur  l'estrade.  Tous  trois  reçurent  leur 
présentation  de  la  part  de  madame  Jean  Aubois,  éducatrice  et  anima- 
trice des  concours,  un  des  fermes  piliers  de  la  cause  française  dans  le 
champ  de  ses  activités. 

Et  ajoutons  que  parmi  la  foule,  où  le  retient  sa  modestie,  nous  a- 
vons  retrouvé  —  car  il  ne  manque  jamais  d'être  présent  —  monsieur 
Joseph  Donon,  le  Mécène  de  l'Alliance  Française  de  Newport  dont  la 
main  généreuse  a  rendu  possible  tant  d'initiatives. 

Les  lauréats  couronnés  samedi  sont  des  étudiants  des  écoles  supé- 
rieures et  académies  suivantes: 

Rogers  High,  De  LaSalle  Academy,  St.  Catherine's  Academy,  St. 
George's  High,  Portsmouth  Priory,  Thompson  Junior  High,  Berkeley 
Peckham  Junior  High,  Hatch  School,  St.  Philomena's  School,  et  les  éco- 
les primaires  Miss  Colling's  School  et  St.  Michael's  School. 

Les  noms  des  lauréats:  Judy  Ann  Stanley,  Lillian  Peckham,  Edward 
Richard  Van  Vliet,  Manuel  Costa,  Robert  Martland,  Kathleen  Moriarty, 
Pamela  Hutchinson,  Sandra  Flowers,  Nault  Dearing,  Alex.  Patton, 
William   Mullen,    John   McComber,    Cheryl    Aidinoff,   Linda  Bosworth, 


VIE   FRANCO-AMERICAINE  91 

Philip  Gaudet,  Walter  Buhl   Ford   III,  Marie-Anne  Lacroix,   Catherine 
Chapman,  Marie  LaPointe. 

Nous  donnerons  demain  en  cette  colonne  les  noms  des  gagnants 
aux  examens  écrits  et  oraux  sur  la  question:  'La  mission  de  Benjamin 
Franklin  en  France  de  1776  à  1785". 

Ce  sont  madame  Denise  Corey,  professeuh  de  français  à  l'Acadé- 
mie Dominicaine  de  Fall  River  et  M.  Joseph  Donon,  de  l'Alliance  Fran- 
çaise, qui  ont  fait  passer  l'examen  oral  aux  concurrents. 

Vingt-neuf  étudiants  des  écoles  supérieures  et  académies  de  la  ré- 
gion de  Newport  s'inscrivirent  au  concours.  Vingt  d'entre  eux  prirent 
l'examen  écrit  et  17  se  présentèrent  à  l'examen  oral,  certains  ayant 
pris  les  deux  examens. 

On  a  noté  en  général  que  la  connaissance  du  français  chez  les  étu- 
diants est  meilleure  cette  année  qu'elle  l'avait  été  les  années  précéden- 
tes —  ce  qui  est  à  l'honneur  de  ces  concurrents  —  la  plupart  des  anglo- 
phones. 

1er  prix  —  M.  Elia  Malgieri,  de  l'Académie  LaSalle,  médaille  de 
bronze  et  diplôme,  voyage  en  France  et  $100.  en  argent. 

Second  prix  —  William  Porter,  Jr.,  du  Portsmouth  Priory,  médail- 
le de  bronze,  diplôme  et  bourse  de  $50. 

Troisième  prix  —  Chester  Jenson,  du  Rogers  High  School,  médaille 
de  bronze  et  diplôme  et  bourse  de  $50. 

Quatrième  prix  —  Judith  MacKinnon,  de  la  St.  Catherine's 
Academy,  médaille  de  bronze  et  diplôme  et  bourse  scolaire  de  $50. 

Les  autres  lauréats  du  concours,  qui  ont  reçu  une  médaille  de  bron- 
ze et  un  diplôme  sont: 

Florence  O'Brien,  St.  Catherine's  Academy;  Elizabeth  Petro,  Rogers 
High  School;  Gloria  Potter,  Rogers  High  School;  Judith  Raposa,  St. 
Catherine's  Academy;  Douwe  Rienstra,  Rogers  High  School;  Bryand 
Shaw,  Rogers  High  School;  Julie  Willmann,  Rogers  High  School;  Nita 
Butler,  Rogers  High  School;  Elizabeth  Barnes,  Rogers  High  School; 
Cheryl  Chambers,  Rogers  High  School;  Ruth  Covell,  St.  Catherine's 
Academy;  Frances  Davis,  Rogers  High  School;  Cherry  Fletcher,  Rogers 
High  School;  Michèle  Georges,  Rogers  High  School;  Linda  Gregory, 
Rogers  High  School;  Nora  Landry,  St.  Catherine's  Academy. 


92  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

L'impression  remportée  par  les  participants  à  ces  assises  de  la 
culture  intellectuelle  est  qu'on  n'est  jamais  en  plus  agréable  compa- 
gnie que  parmi  les  amis  de  la  France. 

Association  des  Vigilants:  Un  grand  banquet  servi  au  Manège  Mi- 
litaire, samedi  soir  le  4  novembre,  marquait  les  25  ans  de  cette  associa- 
tion. L'événement  fut  présidé  par  M.  Roland  Landry.  M.  Joseph  A. 
Poliquin  était  maître  des  cérémonies.  Me  Fernand  Despins  rappelait  le 
travail  très  utile  de  cet  organisme.  Les  Petits  Chanteurs  de  St  Pierre 
étaient  au  programme. 

Cercle  du  Bon  Parler  (Springfield).  Ce  groupe  d'amis  de  la  langue 
française  se  donnait  une  belle  fête,  le  22  mai,  au  Highpoint  Motor  Inn, 
près  de  Chicopee  Falls  avec  l'installation  de  son  nouveau  président  M. 
Gaston  Barre.  La  soirée-gala  était  présidée  par  le  docteur  André  Bélan- 
ger. M.  Marcel  Delhomme,  professeur  d'échange  à  l'université  du 
Massachusetts,  donnait  la  conférence.  On  remettait  des  plaques  hom- 
mages à  MM.  Roméo  Fontaine  et  Roméo  Raymond  pour  dévouement  dé- 
ployé. 

L'Athénée  Louisianais.  L'aînée  des  institutions  françaises  en  Loui- 
siane et  peut-être  la  seule,  célébrait  ses  85  ans  au  Royal  Orléans,  Nou- 
velle Orléans,  en  février.  L'événement  prenait  la  forme  d'un  grand 
gala  présidé  par  M.  James  Bezou.  M.  le  conseiller  culturel  Edouard 
Morot-Sir  était  le  conférencier. 

Caisses  Populaires:  Le  progrès  des  caisses  populaires  franco-amé- 
ricaines continue.  L'actif  total  dépasse  facilement  $75  millions.  Plu- 
sieurs caisses  sont  millionnaires.  Celle  de  Ste-Marie,  de  Manchester, 
dépasse  $9  millions. 

Crédit-Union  Holyoke  (1911-1961).  Fondé  comme  caisse  populaire 
de  la  paroisse  Notre  Dame  du  Perpétuel  Secours,  sur  l'invitation  de 
l'abbé  Joseph  Marchand,  curé,  pour  prendre  le  nom  de  Crédit-Union  de 
Holyoke  plus  tard,  cette  caisse  populaire  l'une  des  premières  en  Nou- 
velle Angleterre  atteignait  son  cinquantenaire  cette  année  avec  un  ac- 
tif de  près  d'un  million.  Joseph  Lussier,  fondateur  du  journal  "La 
Justice"  fut  le  président  fondateur,  poste  qu'il  occupa  jusqu'en  1950 
au  moment  de  sa  retraite.  Il  fut  remplacé  par  J.  Henri  Fleury,  président 
actuel.  L'un  des  artisans  précieux  de  l'oeuvre  fut  Pierre  Bonvoulolr 
qui  en  fut  le  trésorier  de  1911  à  1932  pour  en  assurer  le  succès. 

Paroisse  du  Sacré-Coeur,  Manchester,  N.  H.  (1911-1961).  Cinquante- 
naire célébré  le  4  juin  avec  une  messe  pontificale  par  S.  E.  Mgr  Primeau 
et  sermon  donné  par  l'abbé  Odore  Gendron.  La  paroisse  avait  é  té  fon- 
dée par  l'abbé  F.  X.  LeClair  en  1911.  Le  curé  Adélard  Halde  terminait 
la  construction  de  l'église  en  1958. 


VIE   FRANCO-AMERICAINE  93 

Paroisse  Immaculée  Conception  (Fitchburg,  Mass)  1886-1961.  Les 
75  ans  de  cette  belle  paroisse  étaient  célébrés  le  10  décembre  par 
une  messe  pontificale  chantée  par  S.  E.  Mgr  Bernard  Flanagan,  évêque 
de  Worcester.  Un  grand  banquet  suivait  avec  une  soirée  paroissiale 
qui  rappelait  les  progrès  constants  de  cette  paroisse. 

Ce  fut  le  5  octobre  1886  que  l'abbé  Clovis  Beaudoin  établissait  cette 
oeuvre  à  la  demande  de  Mgr  O'Reilly.  alors  évêque  de  Springfield.  Il 
eut  comme  successeurs  les  abbés  Jules  Graton,  1890,  Edmond  Graton, 
1891,  Jean  Marcoux,  1901,  Joseph  Dalpé,  1908,  Guillaume  Morin,  1925, 
qui  donna  un  bel  essor  à  la  paroisse,  J.  A.  Tessier,  1938,  J.  E.  Larochelle, 
1940  et  le  curé  actuel,  l'abbé  Omer  Chevrette,  1941,  artiste  qui  complé- 
ta l'oeuvre  et  orna  l'église  de  nombreux  tableaux  "oeuvre  de  son  pin- 
ceau". 


XII 

Echos  des  Sociétés 

Société  Historique  de  Québec.  A  sa  réunion  annuelle  du  30  janvier, 
la  société  réélisait  le  major  Georges  Guimond  à  la  présidence  avec 
Real  Bertrand  et  Mme  Fernand  Gingras,  vice-présidents;  J.  M.  Thivierge 
secrétaire  et  P.  Lamontagne,  trésorier.  On  annonçait  la  publication  du 
13e  cahier  d'histoire  "Mosaïque  québécoise",  préparée  par  Mme  Reine 
Malouin.  Le  R.  P.  Adrien  Pouliot,  s.j.,  déclarait  qu'il  y  a  110  sociétés 
d'histoire  au  Canada.  Un  projet  est  de  les  affilier  toutes  à  la  Société 
Historique  du  Canada. 

Société  Historique  de  Montréal.  A  la  suite  de  son  centenaire,  la 
société  tenait  ses  réunions  mensuelles  avec  conférence  à  la  bibliothèque 
municipale.  Le  conseil  décidait  de  publier  le  volume  du  centenaire.  Le 
conseil  comprend:  Dr  A.  D.  Archambault,  président,  Paul  Emile  Hotte, 
secrétaire.  Les  conseillers:  Eugène  Lapierre,  Claude  Perrault,  Raoul 
Trudeau,  Albertine  Angers,  Paul  Gauthier,  Marie  Ange  Madore  et  David 
Stewart. 

Société  Historique  de  Saint  Boniface  (Manitoba).  C'est  le  juge 
Alfred  Maurice  Monnin  qui  remplaça  à  la  présidence  le  regretté  Mgr 
Antoine  d'Eschambault  qui  anima  cette  société  durant  plusieurs  années. 
La  réunion  annuelle  en  mai  dans  la  salle  du  conseil  de  ville  fut  très  en- 
thousiaste. Elle  attestait  un  regain  de  vie.  Des  dons  du  gouvernement 
provincial,  du  Conseil  de  la  Vie  Française  en  Amérique  et  le  don  du 
calice  de  Mgr  Taché  que  lui  avait  remis  le  Pape  Pie  IX  en  1869,  don 
de  Mme  Charles  Daoust  incitèrent  les  membres  à  une  vivante  ressai- 
sie de  la  société.  Le  musée  de  la  société  est  une  des  richesses  de  la  pro- 
vince. 

Société  Historique  du  Saguenay  (Chicoutimi).  Elle  publie  son  3e  vo- 
lume de  sa  revue  "Saguenayensia".  Les  rapports  et  les  articles  publiés 
font  foi  du  travail  sérieux  accompli  par  cette  société  sous  la  direction 
de  Mgr  Victor  Tremblay,  p.d. 

La  Société  Historique  Acadienne  (Moncton).  La  plus  jeune  de  nos 
sociétés  d'histoire,  fondée  en  1961  sous  la  présidence  du  R.  P.  Clément 
Cormier,  c.s.c,  compte  déjà  plus  de  150  membres.  Elle  promet  un  tra- 
vail sérieux.  D'ailleurs  la  terre  acadienne  fourmille  de  sites  historiques. 
La  société  publiait  son  premier  cahier  cette  année. 

ACELF.  L'Association  Canadienne  des  Educateurs  de  Langue  fran- 
çaise qui  représente  plus  de  50,000  éducateurs  au  Canada  se  réunissait 
pour  son  14e  congrès  à  Charlottetown,  Ile  du  Prince  Edouard,  du  22  au 


ECHOS   DES   SOCIETES  95 

25  août.  Plus  de  800  membres  assistaient  aux  réunions  qui  se  déroulè- 
rent à  l'Université  St.  Dunstan. 

Le  Thème  du  Congrès  portait  sur  "L'Avenir  du  Canada  et  de  la 
Culture  Française".  De  nombreuses  commissions  étudièrent  les  divers 
aspects  du  problème.  Dans  son  rapport,  Mlle  Cécile  Rouleau  établissait 
à  $55,571.  l'actif  de  l'année. 

Le  nouveau  conseil  comprend:  M.  Gérard  De  Grâce,  président,  Mgr 
Irénée  Lussier,  p.d.,  recteur  de  l'université  de  Montréal,  Me  Adélard 
Savoie  et  le  R.  P.  Henri  Légaré,  vice-présidents,  Mlle  Cécile  Rouleau, 
secrétaire,  R.  P.  Albert,  conseiller  moral,  Me  Lucien  Darveau,  conseil- 
ler juridique.  M.  Roland  Vinette,  sortant  de  charge,  présidait  toutes 
les  réunions  et  les  manifestations. 

ACFAS.  A  son  28e  congrès  annuel  tenu  en  fin  d'octobre  à  Ottawa, 
l'Association  Canadienne  Française  pour  l'Avancement  des  Sciences 
élisait  Lucien  Picher  à  la  présidence.  On  remettait  la  médaille  Pariseau 
au  professeur  Raymond  Lemieux,  de  l'université  d'Alberta.  M.  Fernand 
Séguin  recevait  la  médaille  Archambault  pour  l'ensemble  de  ses  écrits 
de  vulgarisation  scientifique. 

Association  C.  F.  de  l'Alberta  (ACFA).  Les  27  et  27  octobre,  cette 
association  tenait  un  important  congrès  à  Edmonton.  On  l'appela  le 
plus  dynamique  de  son  histoire.  Il  avait  été  préparé  par  de  sérieuses 
enquêtes  et  fut  présidé  par  Me  André  Dechène.  On  adopta  de  nombreu- 
ses résolutions,  entre  autres,  celle  d'établir  un  secrétariat  solide  qui 
assurerait  la  vie  active  de  l'association.  Les  délégués  établissaient  la  re- 
connaissance de  la  distinction  essentielle  qui  existe  entre  religion  et 
culture  française,  avec  admission  de  concitoyens  d'autres  langues  et 
d'autres  religions  comme  membres  pourvu  qu'ils  connaissent  ou  aiment 
la  culture  française.  Le  Congrès  se  déclarait  anti-séparatiste. 

Société  du  Bon  Parler  Français  (Montréal).  Elle  tient  son  26e  gala 
en  mai  au  théâtre  St  Denis  sous  la  présidence  de  M.  Trefflé  Boulanger 
pour  attirer  plus  de  2,000  personnes.  En  plus  de  son  travail  énorme, 
au  cours  de  l'année,  la  société  s'emploie  à  établir  des  cercles  d'expres- 
sion orale  dans  les  écoles  secondaires,  les  collèges,  les  instituts  fami- 
liaux, les  écoles  normales  en  vue  de  favoriser  le  parler  français.  Un 
bulletin  mensuel  "La  Maîtrise  de  la  Parole"  entretient  la  vie  entre  les 
cercles. 

Société  Généalogique  C.  F.  Elle  publiait  son  12e  volume  de 
"Mémoires"  en  10  livraisons  dont  l'annuaire  qui  parut  en  décembre 
avec  la  liste  des  500  membres  avec  matricule.  La  Société  continuait  à 
recueillir  des  dons  pour  la  "Fondation  Godbout"  en  vue  de  publier  des 


96  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

manuscrits  inédits  de  son  fondateur,  le  R.  P.  Archange  Godbout,  o.f.m. 
La  société  se  développe  de  plus  en  plus  et  accumule  des  archives  consi- 
dérables qui  demanderont  certainement  un  immeuble  pour  leur  classi- 
fication et  conservation  au  service  des  généalogistes. 

Association     d'Education     des    Canadiens-Français      du    Manitoba 

(AECFM).  Elle  tenait  son  24e  congrès  provincial  à  St  Boniface  le  21 
janvier  sous  la  présidence  de  Léo  Rémillard.  Les  assises  furent  vrai- 
ment profitables  et  sérieuses.  Les  délégués  y  apportèrent  un  intérêt 
particulier.  Comme  à  tous  les  congrès  il  y  eut  cérémonie  religieuse,  ré- 
ceptions et  rencontres  heureuses  et  banquet. 

Des  rapports  très  bien  préparés  furent  soumis  à  l'étude.  L'actif  de 
l'année  était  fixée  à  près  de  $17,000.00.  Comme  les  autres  provinces,  le 
Manitoba  songe  à  l'établssement  d'un  secrétariat  permanent  qui  assu- 
rerait le  travail  de  l'association. 

Au  cours  des  délibérations,  on  discute  le  projet  d'un  centre  provin- 
cial français  comme  centrale  des  activités.  La  radio  et  le  télé,  le  con- 
cours de  français,  le  festival  de  la  bonne  chanson,  visite  suivie  des  éco- 
les, les  couis  d'été,  les  manuels  scolaires,  la  fédération  canadienne 
française  de  l'Ouest,  le  sou  de  l'écolier,  sont  autant  de  sujets  qui  re- 
tiennent l'attention  des  congressistes. 

L'Association  est  heureuse  de  proclamer  les  titulaires  de  son  Ordre 
du  Mérite  Scolaire.  Les  délégués  sont  heureux  d'assister  à  la  remise 
posthume  des  insignes  de  l'Ordre  de  la  Fidélité  Française  que  le  Con- 
seil de  la  Vie  Française  en  Amérique  avait  accordés  à  Mgr  Antoine 
d'Eschambault,  à  sa  promotion  de  septembre  dernier.  M.  le  docteur  P. 
E.  Laflèche  se  fit  l'interprète  du  Conseil. 

Ce  fut  S.  E.  Mgr  Maurice  Baudoux,  archevêque  de  St  Boniface, 
qui  donnait  le  dernier  mot  d'ordre  aux  congressistes:  "ne  faites  pas  que 
prier.  II  faut  que  la  situation  s'améliore.  Poussez,  poussez,  poussez". 

Un  aspect  assez  intéressant  du  congrès  et  peut-être  appelé  à  ren- 
dre des  services  sauveurs  au  Manitoba  français  fut  traduit  dans  l'allo- 
cution de  M.  Alfred  Rouleau,  directeur  de  l'Assurance-vie  Desjardins 
au  banquet  de  clôture.  C'est  toujours  dans  le  domaine  de  la  finance  que 
se  résolvent  nos  projets  et  problèmes  d'expansion  et  de  rayonnement. 

En  somme,  le  congrès  laissait  percer  de  nouveaux  espoirs  qui  ne 
devraient  pas  demeurer  dans  les  cartables  inopérants  de  ceux  qui 
songent  très  peu  au  lendemain.  Un  Congrès  est  un  point  de  départ. 


ECHOS   DES    SOCIETES  97 

Société  Générale  (New  York).  Cette  société  relève  de  l'Ambassade 
de  France  à  Washington.  Elle  publiait  une  enquête  très  intéressante 
sur  "Le  Marché  du  Livre  Français  aux  Etats-Unis".  La  brochure  con- 
tient en  plus  une  liste  de  collèges  et  d'universités  ayant  plus  d'un  millier 
d'étudiants,  une  liste  de  bibliothèques  dans  les  villes  de  100,000  habi- 
tants, les  journaux  et  les  revues  de  langue  française,  les  postes  de  Ra- 
dio avec  émissions  françaises  soit  une  quarantaine.  Ce  rapport  est  pré- 
cieux même  s'il  n'est  pas  complet. 

Institut  d'Histoire  de  l'Amérique  Française  (Montréal).  Sa  réunion 
annuelle  avait  lieu  le  8  avril  au  collège  Saint-Viateur  sous  la  présiden- 
ce du  chanoine  Lionel  Groulx.  Des  études  sérieuses  furent  soumises.  Au 
banquet  servi  au  Chalet  de  l'Ile  Sainte-Hélène,  François-Albert  Angers 
était  l'orateur  invité. 

Dans  son  allocution,  le  chanoine  Groulx  disait  sur  l'enseignement 
de  l'Histoire  du  Canada  français  avec  combien  de  vérité:  "Quand  donc 
en  finirons-nous,  une  bonne  fois  pour  toutes,  avec  ce  pessimisme  amer, 
cette  rage  dont  semblent  posséder  quelques  jeunes  esprits  de  chez  nous, 
rage  de  tout  saborder,  foi,  Eglise,  histoire,  rage  aussi  de  nous  diminuer, 
de  nous  avilir,  de  nous  rendre  encore  plus  petits,  plus  misérables  que 
nous  ne  sommes?  Pourquoi  faut-il  que  ce  soit  nous,  les  vieux,  qui 
soyons  là  pour  donner  coeur  et  foi  à  ces  jeunes  vieillards?  Ce  n'est  pas 
l'heure  pourtant  de  semer  le  scepticisme,  de  nous  nourrir  de  doutes 
morbides,  à  la  façon  des  peuples  décadants  ou  vieillis  trop  vite.  Ce  serait 
plutôt  le  temps  des  résolutions  et  des  gestes  virils,  l'heure  de  rassem- 
bler toutes  nos  forces,  toutes  nos  espérances,  pour  affronter  les  défis 
des  années  qui  viennent.  Et  je  dirais  volontiers  à  la  jeune  génération: 
ce  n'est  pas  tout  de  démolir  ses  devanciers:  peut-être  vaudrait-il  mieux 
travailler  à  les  dépasser." 

Société  d'Histoire  de  l'Eglise  Catholique  (Canada).  Elle  tenait  son 
28e  congrès  à  l'université  de  Montréal  le  six  juin  sous  la  présidence  de 
J.  F.  Leddy,  de  la  Saskatchewan.  Des  travaux  fort  instructifs  furent  pré- 
sentés: "Mère  Gamelin  et  le  Service  Social",  Sr  Madeleine  Durant;  "Un 
philantrope  d'autrefois:  Antoine  Olivier  Berthelet",  Léon  Trépanier; 
"Le  Canada  Français  en  Amérique  latine".  Chanoine  Lionel  Groulx; 
"Une  femme  a  passé:  Mère  d'Youville",  Albertine  Ferland-  Angers; 
"Le  journal  des  Jésuites  de  Québec  de  16321645",  R.  P.  Léon  Pouliot, 
s.j.;  "La  vision  religieuse  de  Champlain",  Raymond  Barbeau. 

Société  des  Dix  (Montréal).  Après  avoir  célébré  son  25e  anniver- 
saire, elle  publiait  son  cahier  annuel,  toujours  intéressant  avec  les 
échos  de  ses  fêtes.  Elle  déplorait  la  disparition  de  l'un  des  3  fondateurs. 
Me  Victor  Morin.  La  collection  de  cette  société  est  très  précieuse  et 
nous  lui  souhaitons  longue  vie. 


XIII 
Vieux  Papiers 

Un  grand  évêque  missionnaire 

Le  Cardinal  Cheverus 

1786-1836 

(Victor  de  Clercq) 

Si  les  Etats-Unis  d'Amérique  comptent  aujourd'hui  plus  de  20 
millions  de  catholiques  (1939),  le  mérite  et  l'honneur  en  reviennent  en 
grande  partie  aux  missionnaires  venus  de  France,  parmi  les  plus  vail- 
lants desquels  il  convient  de  nommer  l'abbé  de  Cheverus,  qui  devait 
mourir  cardinal  de  la  Sainte  Eglise  Romaine. 

Jean -Louis- Anne-Madeleine  Lefebvre  de  Cheverus  naquit  le  28  jan- 
vier 1768  à  Mayence.  Dès  l'enfance,  sa  mère  lui  donna  des  habitudes  de 
grande  piété,  si  bien  que  la  plus  grande  punition  qu'on  pouvait  lui 
imposer,  c'était  d'être  exclu  de  la  prière  dite  le  soir  en  commun.  A  11  ans, 
sa  première  communion  lui  laissa  une  impression  si  profonde  qu'il  se 
sentit  plein  d'attrait  pour  l'état  ecclésiastique;  il  s'en  ouvrit  à  sa  mère 
qui  l'encouragea  dans  ses   dispositions. 

Une  fois  ses  études  de  lettres  terminées,  il  concourut  pour  une  des 
places  vacantes  au  Séminaire  Saint -Magloire,  tenu  par  les  Oratoriens, 
et  il  fut  reçu  premier.  "Années  fortunées  de  mon  séminaire,  les  plus 
belles  de  ma  vie,  s'est-il  écrié  plus  tard,  jours  heureux  où  mes  devoirs 
étaient  si  faciles,  mes  jours  si  sereins,  mon  âme  si  tranquille  et  tout  le 
monde  si  bon,  si  indulgent  pour  moi."  Les  temps,  malheureusement, 
allaient  venir  où  se  faire  prêtre  allait  signifier  subir  la  misère,  la  persé- 
cution, peut-être  la  mort.  Grâce  à  une  dispense  d'âge,  il  fut  ordonné  à 
Paris  le  18  décembre  1790,  lors  de  la  dernière  ordination  publique  faite 
dans  cette  ville,  et  aussitôt  réclamé  comme  vicaire  par  son  oncle,  curé 
à  Mayenne.  Ayant  refusé  de  prêter  le  serment  schismatique,  il  dut 
s'enfuir  déguisé  en  laïque  pour  se  réfugier  en  Angleterre. 

Autrefois,  au  Séminaire,  il  avait  refusé  les  leçons  d'anglais  que 
voulait  lui  donner  son  ami,  l'abbé  McCarthy,  les  jugeant  inutiles  pour 
son  ministère;  il  lui  fallut  bien  maintenant  se  mettre  à  l'étude  de  cette 
langue;  au  bout  de  trois  mois,  il  en  savait  suffisamment  pour  pouvoir 
donner  dans  un  pensionnat  des  leçons  de  français  et  de  mathématiques. 


VIEUX   PAPIERS  99 

Au  bout  d'un  an,  il  parlait  si  correctement  qu'il  demande  à  Mgr  Douglas, 
évêque  de  Londres,  de  remplir  dans  son  diocèse  des  fonctions  ecclésiasti- 
ques. Il  ouvrit  une  chapelle  qui  fut  vite  fréquentée  et  en  partie  avec  le 
produit  des  leçons  données  au  fils  d'un  riche  seigneur;  il  construisit  près 
de  la  chapelle  une  maison  où  il  alla  habiter  avec  d'autres  ecclésiastiques. 

Tout  lui  souriait,  mais  il  n'était  pas  content  de  son  sort:  "J'étais 
trop  bien  pour  un  prêtre;  je  n'avais  que  des  jouissances."  C'est  alors  qu'il 
reçut  une  lettre  d'un  prêtre  qu'il  avait  connu  à  Paris,  labbé  Matignon, 
ancien  professeur  de  Sorbonne,  qui  se  trouvait  seul  à  Boston,  chargé  par 
Mgr  Carroll,  évêque  de  Baltimore,  d'évangéliser  les  Etats  de  la  Nouvelle- 
Angleterre.  L'abbé  Matignon  faisait  ressortir  dans  cette  lettre  l'impor- 
tance de  cette  mission  abandonnée,  où  quelques  milliers  de  catholiques 
vivaient  délaissés  sur  une  surface  immense  de  180  lieues  de  long  sur  100 
de  large.  Profondément  ému  l'abbé  de  Cheverus  prit  conseil  de  son 
évêque  et  de  Mgr  de  Hercé,  fit  cession  en  faveur  de  ses  frères  et  soeurs 
de  tous  les  droits  qu'il  pourrait  avoir  sur  les  biens  de  ses  parents  et, 
ne  possédant  plus  rien  au  monde,  il  s'embarqua  pour  l'Amérique. 

Le  3  octobre  1796,  il  arrivait  à  Boston,  où  l'abbé  Matignon  le  reçut 
en  pleurant,  disant  que  c'était  le  plus  beau  jour  de  sa  vie,  et  de  suite  il 
commença  son  apostolat.  L'entreprise  était  singulièrement  difficile  et, 
dans  ce  milieu  violemment  protestant,  où  Rome  était  dépeinte  comme  la 
nouvelle  Babylone  maudite  dans  l'Apocalypse,  il  fallait  agir  avec  une 
grande  circonspection;  précédemment,  un  autre  prêtre,  M.  Thayer,  ancien 
ministre  presbytérien  converti  à  la  vue  des  miracles  opérés  au  tombeau 
de  Benoît  Labre,  avait  dû  être  retiré  par  l'évêque  de  Baltimore,  à  cause 
de  son  zèle  un  peu  inconsidéré.  Avec  M.  Matignon,  auquel  il  resta  ten- 
drement uni,  l'abbé  de  Cheverus.  par  sa  vie  pauvre,  mais  pleine  de 
dignité,  sut  désarmer  bien  des  méfiances.  Un  jour,  il  reçut  la  visite  d'un 
protestant  qui  lui  dit:  "Monsieur,  voilà  un  an  que  je  vous  étudie,  que 
je  suis  vos  démarches,  que  j'observe  vos  actions;  je  ne  croyais  pas  qu'un 
ministre  de  votre  religion  pût  ôtre  un  homme  de  bien;  je  viens  vous 
faire  réparation  d'honneur,  je  vous  déclare  que  je  vous  estime  et  vous 
vénère  comme  l'homme  le  plus  vertueux  que  j'aie  connu."  Et  ainsi  à  la 
méfiance  générale  succéda  une  affectueuse  estime;  on  vint  volontiers 
entendre  ses  sermons.  "Il  semble,  écrivait  un  journaliste,  qu'un  séraphin 
ait  touché  ses  lèvres  avec  un  charbon  de  l'autel  du  Très  Haut." 

Si  intéressantes  fussent-elles,  toutes  ces  relations  ne  lui  faisaient 
pas  négliger  les  charges  de  son  ministère,  et  elles  étaient  lourdes.  Les 
paroissiens  étaient  presque  tous  des  Irlandais  exilés  et  pauvres,  vivant 
si  éloignés  les  uns  des  autres  qu'il  n'était  pas  possible  de  les  rassembler; 
il  fallait  donc  visiter  les  familles  les  unes  après  les  autres,  voyager  parfois 


100  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

à  toute  heure  du  jour  ou  de  la  nuit  pour  aller  à  plusieurs  lieues  de  dis- 
tance secourir  les  malheureux  et  consoler  les  affligés.  Il  parvint  toutefois 
à  faire  bâtir  à  Newcastle,  capitale  de  l'Etat  du  Maine,  une  église  sous 
le  vocable  de  Saint- Patrice,  et  chaque  année  il  y  passa  quelque  temps 
jusqu'au  jour  où,  en  1812,  il  put  y  établir  un  prêtre  à  demeure. 

A  l'école  d'une  vieille  sauvagesse  qui  n'avait  de  l'anglais  qu'une 
connaissance  des  plus  grossières,  l'abbé  de  Cheverus  apprit  de  son  mieux 
la  langue  des  Indiens,  puis  il  se  rendit  dans  une  assemblée  tenue  à 
Indian  Old  Town  par  les  membres  de  la  tribu  de  Penobscot.  C'était  un 
dimanche  et  il  eut  l'heureuse  surprise  de  les  entendre  chanter  des  can- 
tiques et  toute  la  partie  de  la  messe  que  les  laïques  peuvent  chanter. 
Accueilli  par  des  cris  de  joie  à  la  vue  de  sa  robe  noire,  il  dut  s'asseoir 
sur  une  peau  d'ours,  leur  siège  d'honneur,  puis  participer  à  leur  repas, 
dont  l'odeur  infecte  lui  soulevait  le  coeur.  Après  avoir  vécu  quelques 
jours  auprès  d'eux,  envahi  par  les  insectes  dégoûtants  dont  ils  étaient 
couverts  et  n'avoir  pris  comme  nourriture  que  du  pain  et  quelques 
poissons  pris  à  l'eau,  il  passa  dans  la  tribu  voisine  des  Passamaquody. 

A  son  retour  à  Boston,  il  trouva  la  ville  ravagée  par  une  terrible 
épidémie  de  fièvre  jaune;  sans  mesurer  ses  forces,  il  alla  de  maison  en 
maison,  se  faisant  l'infirmier  bénévole  de  tous  ceux  qui  étaient  atteints, 
répondant  aux  prudents  conseils  qui  lui  étaient  adressés:  "Il  n'est  pas 
nécessaire  que  je  vive,  mais  il  est  nécessaire  que  les  malades  soient 
soignés,  les  moribonds  assistés."  Un  tel  dévouement  émut  tous  les  coeurs; 
aussi,  désormais,  non  seulement  il  fut  invité  à  tous  les  repas  officiels 
au  même  titre  que  les  ministres  des  différentes  sectes,  mais  ce  fut  tou- 
jours lui  qui  fut  chargé  de  bénir  la  table.  Quand  le  président  John  Adams 
vint  à  Boston,  les  deux  premières  places  du  banquet  furent  pour  le  prési- 
dent et  pour  lui,  si  bien  que  John  Adams,  faisant  à  la  fois  allusion  à 
l'opposition  que  les  habitants  de  la  ville  avaient  faite  à  sa  candidature 
et  à  leur  malveillance  connue  à  l'égard  du  catholicisme  ne  put  s'empê- 
cher de  lui  dire:  "Ce  qui  m'étonne  le  plus,  c'est  de  me  voir  ici  et  de  vous 
y  voir!"  Lorsque,  quelques  années  plus  tard,  l'abbé  entreprit  la  cons- 
truction, à  Boston,  d'une  grande  et  belle  église  pour  remplacer  la  petite 
chapelle  devenue  insuffisante,  le  président  des  Etats-Unis  fut  le  premier 
à  lui  envoyer  sa  souscription. 

Cependant,  par  le  Concordat,  le  premier  consul  avait  rétabli  la  paix 
religieuse  en  France;  ses  parents,  ses  amis,  lui  écrivirent  en  termes 
pressants  de  revenir  prendre  possession  de  sa  cure  de  Mayenne.  Ce  fut 
pour  lui  un  moment  de  cruelle  anxiété;  son  devoir  était-il  de  revoir  sa 
patrie  et  les  siens  ou  était- il  plutôt  de  rester  auprès  de  l'abbé  Matignon 
et  de  ses  chers  paroissiens  d'Amérique?   Il  écrivait  à  Mgr  Carroll  pour 


VIEUX   PAPIERS  101 

lui  demander  sa  manière  de  voir,  et  l'évêque  lui  répondit  que  les  événe- 
ments l'avaient  dégagé  de  tout  lien  avec  son  ancien  diocèse.  "Je  me 
flatte  de  l'espoir,  ajouta-t-il,  que  le  service  de  Dieu,  l'extension  du 
royaume  de  Jésus-Christ,  le  salut  des  âmes  rachetées  par  sa  mort  vous 
parleront  plus  puissamment  que  la  voix  de  la  chair  et  du  sang."  L'abbé 
de  Cheverus  regarda  cette  réponse  comme  un  ordre  de  la  Providence; 
il  resta  et  il  eut  la  joie  de  voir  l'évêque  venir,  le  29  septembre  1803, 
consacrer  sa  nouvelle  église  sous  le  titre  de  Sainte-Croix. 

Grande  par  exemple  fut  sa  déconvenue  quand  il  apprit  en  1808  que, 
sur  la  demande  de  Mgr  Carroîl,  promu  archevêque  de  Baltimore,  il  était 
appelé  par  le  Souverain  Pontife  à  l'évêché  de  Boston,  un  des  quatre  nou- 
veaux évêchés  suffragants.  Il  se  plaignit  amèrement  de  cet  honneur 
qu'on  lui  faisait  par  surprise  et  redoubla  de  zèle  dans  son  ministère,  ne 
reculant  devant  aucune  humble  besogne,  pansant  les  plaies  des  malades, 
faisant  leur  lit,  pourvoyant  à  tous  leurs  besoins.  Sa  réputation  d'homme 
de  Dieu  fut  telle  que  des  ministres  protestants,  épiscopaliens  ou  presby- 
tériens, lui  demandèrent  de  prendre  la  parole  dans  leur  temple  et,  se 
rappelant  que  saint  Paul  prêchait  dans  les  synagogues,  il  accepta  leur 
invitation,  évitant  dans  ses  discours  l'apparence  d'une  controverse,  mais 
choisissant  pour  sujet  quelque  dogme  de  l'Eglise  catholique  et  en  expli- 
quant le  sens  véritable.  Il  accepta  même  des  conférences  contradictoires 
et,  avec  sa  science  théologique  et  son  esprit,  il  en  sorti  victorieux.  Il  ne 
faut  donc  pas  s'étonner  s'il  obtint  de  retentissantes  conversions,  comme 
celle  des  ministres  Bâcher,  père  et  fils;  le  père  ne  voulut  accepter  que 
les  ordres  mineurs;  le  fils,  qui  était  marié,  se  fit  Jésuite  tandis  que  sa 
femme  entrait  dans  un  couvent  de  la  Visitation.  Une  dame  protestante 
de  Philadelphie,  Mme  Seton,  dont  l'abbé  Rabad  a  raconté  la  vie  édifiante, 
lui  écrivit  pour  lui  exprimer  son  désir  sincère  de  connaître  la  vérité;  il 
réussit  à  calmer  ses  inquiétudes  et  à  satisfaire  sa  raison;  elle  se  fit 
catholique  et  se  retira  dans  le  Maryland  où  elle  établit  une  pieuse  con- 
grégation de  femmes,  la  première  qui  fut  fondée  aux  Etats-Unis.  Il  n'eut, 
par  contre,  à  regretter  que  bien  peu  d'abandons  de  la  foi;  "le  Pape  sarcle 
son  jardin,  lui  dit  un  jour  un  pasteur,  et  nous  jette  ses  mauvaises  herbes." 

A  la  mort  de  Mgr  Carroll,  son  successeur,  vieillard  infirme,  voulut 
avoir  Mgr  de  Cheverus  comme  coadjuteur;  mais  celui-ci  opposa  la  plus 
vive  résistance:  "L'Eglise  de  Boston  est  devenue  pour  moi  une  épouse 
bien- aimée  et  je  n'ai  jamais  eu  la  pensée  de  l'abandonner."  Le  moment 
vint  pourtant  où  il  dut  quitter  son  cher  diocèse.  La  mort  de  l'abbé 
Matignon,  survenue  en  1818,  lui  avait  imposé  un  surcroît  de  fatigue; 
l'asthme  dont  il  souffrait  depuis  plusieurs  années  fit  soudain  des  progrès 
alarmants  et  ne  lui  permit  plus  de  suffire  à  tous  les  besoins  de  son 
ministère;  les  médecins  lui  déclarèrent  même  que  sa  santé  ne  supportera 


102  BULLETIN   DE   LA   SCX^IETE   HISTORIQUE 

pas  un  second  hiver  sous  un  ciel  aussi  rigoureux.  Louis  XV  intervint, 
à  la  demande  de  M.  Hyde  de  Neuville,  notre  ambassadeur  aux  Etats- 
Unis,  qui  voyait  avec  peine  dépérir  le  prélat,  et  il  ordonna  au  prince  de 
Croy,  grand  aumônier  de  France,  de  notifier  à  celui-ci  sa  nomination  à 
l'évêché  de  Montauban.  Mgr  de  Cheverus  resta  plusieurs  jours  à  pleurer 
et  à  prier,  il  envoya  des  lettres  suppliantes  à  M.  Hyde  de  Neuville;  mais 
son  mal  empira  et  il  dut  obéir  à  la  volonté  expresse  du  souverain.  Avant 
de  partir,  il  distribua  tout  ce  qu'il  possédait,  soit  aux  ecclésiastiques  qu'il 
avait  lui-même  formés,  soit  à  ses  amis  et  aux  indigents  et,  après  trente- 
et-un  ans  d'absence,  il  revint  en  France  aussi  pauvre  qu'il  l'avait  quittée. 
Il  laissait  en  Amérique  d'unanimes  regrets,  et  un  protestant,  le  Dr  Schan- 
ning,  a  tracé  de  lui  le  plus  flatteur  des  portraits:  "Il  nous  a  quittés,  mais 
il  ne  sera  jamais  oublié." 

D'évêque  de  Montauban,  Mgr  de  Cheverus  devint,  en  1826,  arche- 
vêque de  Bordeaux.  Raconter  ce  que  fut  son  épiscopat  à  Bordeaux  comme 
à  Montauban,  ce  serait  louer  la  simplicité  de  sa  vie  mortifiée,  la  noblesse 
de  son  caractère,  le  charme  de  ses  prédications,  sa  compassion  pour  les 
malheureux,  son  inépuisable  charité.  Charles  X  le  nomma  pair  de  France, 
conseiller  d'Etat,  commandeur  de  l'Ordre  du  Saint-Esprit.  Lors  de  la 
Révolution  de  juillet,  quelles  que  fussent  ses  affections  pour  la  famille 
déchue,  il  s'en  tint  au  principe  de  l'Eglise  de  respecter  tout  pouvoir  établi; 
le  coeur,  disait-il,  est  un  sanctuaire  où  les  hommes  n'ont  rien  à  voir,  et 
il  se  borna  à  remplir  de  son  mieux  et  en  toute  indépendance  sa  mission 
tout  évangélique.  On  parla  de  lui  pour  la  pourpre  romaine;  dès  le 
8  juin  1835,  Charles  Dupin  déclarait  à  la  Chambre  qu'un  tel  choix  hono- 
rerait à  la  fois  la  France  et  la  chrétienté.  "La  retraite  me  sied  mieux  que 
de  nouvelles  dignités",  faisait- il  savoir  au  marquis  de  La  Tour-Maubourg, 
ambassadeur  à  Rome;  mais,  malgré  ses  protestations,  le  1er  février  1836, 
le  Pape  le  proclamait  cardinal. 

Sa  santé  cependant  allait  en  déclinant;  plusieurs  attaques  le  laissè- 
rent parfois  quelques  jours  sans  connaissance;  une  dernière  l'emporta. 
Le  19  juillet  1836,  tandis  qu'on  disait  la  messe  dans  sa  chambre,  il  expira 
doucement,  le  jour  où  l'Eglise  célèbre  la  fête  de  Saint  Vincent  de  Paul, 
qu'il  avait  pris  pour  modèle.  Dans  l'oraison  funèbre  qu'il  prononça  plus 
tard  à  Bordeaux,  M.  Hamon,  le  pieux  curé  de  Saint-Sulpice,  qui,  en  termes 
émus,  a  écrit  une  si  touchante  biographie  du  grand  prélat,  a  su  magni- 
fiquement célébrer  cette  noble  et  belle  existence:  "Dans  la  première 
moitié  du  XIXe  siècle,  vécut  cet  apôtre  de  la  charité,  dont  l'un  et  l'autre 
hémisphère  admirèrent  la  vertu,  dont  les  rois  qui  régnaient  en  France 
honorèrent  le  mérite  et  dont  le  Chef  de  l'Eglise  récompensa  par  la  pourpre 
les  glorieux  travaux;  il  n'eut  d'autre  passion  que  le  bonheur  de  ses  sem- 
blables et  ne  vécut  que  pour  faire  des  heureux  ou  sécher  des  larmes." 


VIEUX   PAPIERS  103 


Une  Catastrophe  à  Holyoke 
1875 

(Maxime  Frénière) 


Dans  l'après-midi,  vers  les  cinq  heures,  le  jour  de  la  Fête-Dieu,  qui 
se  trouvait  le  dimanche,  27  mai,  la  chapelle  temporaire  de  la  paroisse  du 
Précieux-Sang  était  illuminée  à  profusion  et  remplie  de  fidèles  venus 
rendre  hommage  à  Dieu.  Les  vêpres  avaient  attiré  une  assistance  d'envi- 
ron 700  à  800  personnes,  dont  les  trois-quarts  étaient  des  femmes  et  des 
enfants. 

Pendant  que  le  Père  Dufresne,  ostensoir  en  mains,  se  retournait  vers 
les  fidèles  pour  la  Bénédiction  du  Saint-Sacrement,  la  bougie  d'un  lam- 
pion placé  dans  la  niche  de  la  Sainte  Vierge,  fut  soulevée  par  le  vent  et 
mit  le  feu  à  la  mousseline  légère  qui  entourait  la  statue.  En  un  instant 
la  flamme  se  communiqua  aux  tentures  et,  avec  la  rapidité  de  l'éclair, 
s'attaqua  aux  murs  qui  n'étaient  que  du  papier  goudronné.  En  un  instant, 
l'église  fut  toute  enflammée  et  semblable  à  une  mer  de  feu. 

Les  fidèles  de  la  nef  se  dirigèrent  en  toute  hâte  vers  les  portes  de 
sortie,  mais  avec  ordre,  tandis  que  ceux  qui  étaient  dans  les  galeries, 
plus  nombreux  et  plus  à  l'étroit,  se  sentant  poursuivis  par  les  flammes, 
se  précipitèrent  dans  l'escalier  qui  donnait  accès  sur  le  vestibule. 

La  collision  devenue  inévitable,  interceptait  l'écoulement  de  la  foule 
affolée,  terrifiée  et  bousculée,  tandis  que  les  gens  se  frayaient  un  passage, 
les  escaliers  s'effondraient,  entraînant  dans  leur  chute  hommes,  femmes 
et  enfants,  piles  les  uns  sur  les  autres  et  se  débattant  dans  les  angoisses 
le  plus  terribles.  Des  cris  de  douleurs,  de  dése.spoir  et  de  détresse  rem- 
plissaient l'air  et  furent  bientôt  suivis  de  lamentations  tandis  que  la 
fumée,  le  feu  et  l'eau  bouillante  faisaient  leur  oeuvre  de  destruction. 

Les  pompiers  avaient  commencé  le  travail  de  sauvetage  et  bravaient 
les  flammes.  L'un  d'eux,  avec  hache  en  main,  ^'écriait:  "Pour  l'amour  de 
Dieu,  venez  nous  aider!"  Un  torrent  d'eau  projeté  de  la  machine  à  vapeur 
hydraulique,  de  Mont  Holyoke,  submergea  trois  des  pompiers,  les  empê- 
chant d'être  brûlés  vifs.  Les  premières  personnes  retirées  du  feu,  en 
passant  sous  le  jet  d'eau,  se  sentaient  vivifiées. 


104  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

Quelques  unes  des  pauvres  créatures  perdirent  connaissance  dans  le 
long  escalier  qui  se  trouvait  en  avant  de  l'église  et  qui  descendait  jusqu'à 
la  rue.  D'autres,  brûlées  à  mort,  furent  transportéees  sur  la  môte  de  sable, 
faisant  face  à  l'église;  enfin  quelques-unes,  après  des  efforts  surhumains, 
se  rendirent  à  leur  demeure.  L'alarme  avait  à  peine  été  sonnée,  qu'un 
employé  de  la  brigade  du  feu,  parcourant  la  ville  à  cheval,  criait:  "Au 
feu!"    Au  feu!  .  .  .  L'église  canadienne  brûle." 

En  un  instant,  tout  Holyoke  fut  sur  les  lieux  du  sinistre,  à  commen- 
cer par  le  maire  Pearson,  les  prêtres,  les  ministres,  les  révérendes  Soeurs 
de  la  I*rovidence,  attachées  à  la  paroisse  Saint-Jérome,  et  tous  les  méde- 
cins ainsi  que  les  sauveteurs  dont  quelques-unes  ont  restés  légendaires 
par  leur  bravoure  et  le  nombre  de  personne  arrachées  à  l'incendie. 

En  moins  d'une  heure  le  feu  était  éteint,  mais  à  quel  prix?  L'église 
n'offrait  que  des  ruines,  des  corps  calcinés,  accumulés  dans  le  vestibule, 
attendant  le  déblaiement  qui  se  fit  en  peu  de  temps. 

Les  pompiers  fixèrent  des  échelles  aux  murs  de  bois  noircis  qui 
tenaient  encore  et  procédèrent  à  la  recherche  des  morts.  Des  centaines 
d'hommes  se  mirent  à  l'oeuvre,  protégés  par  un  détachement  de  la  police. 

L'extraction  des  corps  offrait  quelque  chose  de  triste  et  de  répugnant 
tout  à  la  fois;  ces  êtres  calcinés,  dont  un  grand  nombre  étaient  gravement 
brûlés,  furent  retirés  avec  le  plus  grand  soin  et  avec  les  marques  du  plus 
grand   respect. 


Leur  disposition 

Durant  l'excitation,  les  infortunés  furent  transportés  à  des  endroits 
un  peu  éloignés  de  l'incendie,  pour  permettre  aux  sauveteurs  de  prêter 
secours  au  plus  grand  nombre.  D'autres  gens  venaient  à  leur  aide  et  27 
victimes  furent  transportés  dans  un  magasin  inoccupé  de  la  bâtisse 
Monat,  au  numéro  337  rue  Main.  Le  soubassement  de  l'école  publique  de 
la  rue  Park,  ayant  été  transformé  en  morgue  il  fut  décidé  d'y  placer  tous 
les  morts  qui  n'avaient  pas  été  identifiés. 

Les  27  corps  déposés  dans  l'édifice  de  M.  Pierre  Monat  furent  trans- 
portés à  la  morgue  de  l'école,  ce  qui,  ajoute  aux  21  corps,  déjà  déposés, 
porta  le  nombre  à  51.  A  part  de  ce  nombre,  18  à  20  corps  reconnus  par 
les  parents,  avaient  été  portés  à  leur  demeure. 


VIEUX   PAPIERS  105 

Des  51  corps  assemblés  à  la  morg^ue,  trois  seulement  furent  identifiés, 
à  savoir:  Mlle  Exildo  Lafrance,  âgée  de  20  ans;  Justine  Brisson,  20  ans, 
et  Alphonsine  Moreau,  âgée  de  15  ans. 

Des  morceaux  de  papiers,  portant  leurs  noms  furent  épingles  aux 
fragments  d'habits  qui  leur  restaient.  Dans  le  grand  édifice,  au  coin  des 
rues  East  et  Cabot,  qui  appartenait  à  M.  Joseph  Proulx,  furent  apportés 
des  blessés,  dont  quelques-uns  moururent  dans  la  nuit;  plusieurs  encore 
furent  conduits  à  la  maison  de  pension  du  New  York  Mills,  où  les  méde- 
cins les  soignèrent.  Les  lamentations  de  la  populace  aux  alentours  de  la 
Morgue  et  dans  les  rues  voisines  faisaient  peine  à  entendre. 

Des  exploits  héroïques 

Toutefois,  elles  ne  purent  arrêter  les  vaillants  héros,  dont  le  coeur 
parlait  plus  fort  que  la  raison  et  au  nombre  desquels  était  un  M.  Joseph 
Real,  de  Cavendish,  Vermont,  en  promenade  avec  sa  femme,  Mme  Real 
s'était  rendue  à  l'église,  accompagnée  de  son  frère,  M.  Tobie  Dessaint  dit 
St-Pierre,  qui  fêtait  le  même  jour  son  19e  anniversaire  de  naissance.  Tous 
deux  étaient  au  jubé  quand  l'escalier  s'effondra;  ils  se  trouvèrent  pris 
dans  la  mêlée.  M.  Real,  qui  n'assistait  pas  à  l'office,  averti  comme  bien 
d'autres,  arriva  bientôt  et  parvint  à  sortir  sa  femme  de  l'encombrement, 
mais  elle  avait  un  bras  fracturé  et  un  pied  brûlé.  Ce  qui  les  força  à 
rester  à  Holyoke  plusieurs  semaines  avant  de  retourner  à  Cavendish. 

L'exemple  de  bravoure  que  je  viens  de  signaler  ne  fut  pas  le  seul 
à  noter.  M.  Pierre  Monat,  Canadien  plein  de  force  et  de  courage,  disaient 
les  journaux  du  temps,  fut  le  premier  à  combattre  l'élément  destructeur. 
M.  Monat  était  dans  l'édifice  avec  ses  trois  enfants,  et  voyant  prendre 
le  feu  aux  draperies,  il  courut  chercher  des  seaux  d'eaux  et  les  jetta  sur 
les  flammes.  Il  comprit  bientôt  qu'il  ne  pouvait  l'éteindre  et  il  pourvut 
à  la  sûreté  de  ses  trois  enfants,  qu'il  éloigna  du  danger,  ensuite  il  s'occupa 
de  secourir  les  malheureuses  victimes. 

De  grands  éloges  sont  dus  aussi  à  M.  Gilbert  Brisson,  qui  sauva  un 
nombre  de  personnes;  à  un  M.  Robert,  qui  se  brûla  horriblement  la  tête 
et  la  figure,  et  faillit  plusieurs  fois  perdre  la  vie  en  voulant  sauver  celle 
des  autres;  à  MM.  Cyrille  Boudreau,  Gustave  Meunier,  Alexis  Granger, 
L.  Langlois,  Prudent  Choquette,  aussi  à  M.  Narcisse  Couture,  de  Indian 
Orchard,  qui  assistait  aux  vêpres,  et  plusieurs  autres.  Ces  messieurs 
recevaient  dans  leurs  bras  ou  sur  leurs  épaules,  les  personnes  qui  se 
lançaient  par  les  fenêtres  du  deuxième  étage,  soit  une  hauteur  de  18  à 
20  pieds  du  sol.  Il  f&ut  louer  aussi  M.  Joseph  Beauchemin,  natif  de  St-Pie, 


106 


BULLETIN   DE  LA   SOCIETE   HISTORIQUE 


comté  de  Bagot,  Canada,  arrivé  à  Holyoke  le  20  octobre  1869;  la  nuit  de  la 
grande  catastrophe,  il  a  courageusement  transportés  les  morts  et  les 
blessés  de  l'église  à  l'édifice  Monat,  et  de  là  a  la  Morgue.  Il  est  un  de 
ceux  que  nous  devons  classer  parmi  les  plus  dévoués  à  leurs  semblables. 

Il  convient  d'ajouter  aux  victimes  immédiates,  du  feu  celles  qui  sont 
mortes  durant  la  nuit  et  les  quelques  jours  suivants.  Un  grand  nombre 
de  personnes  gravement  blessés  ont  souffert  le  martyre  avant  de  rendre 
leur  âme  à  Dieu.  Ce  bottin  contient  les  noms  de  96  personnes  arrangés 
en  ordre  alphabétique.    (Les  chiffres  indiquent  leur  âge). 


Auger,  Antoine 
Bédard,  Délina 
Biais,  Hélène  (a) 
Blanchard,  Marceline  (b) 
Boisvert,  Marie 
Boudreau,  Mme  Sophie 
Boulanger,  Mme 
Bourgeois,  Mme 
Brillant,  Louis 
Brisson,  Vitaline 
Brisson,  Justine 
Chatel,  Joseph 
Chatel,  Mme  (c) 
Choquette,  Prudent 
Coache,  Délia  (d) 
Côté,  Delvina  (n) 
Daigneau,  Mme  Joseph 
Daigneau,  Mathilda  (e) 
Daigneau,  Pierre 
Daviau,  Rosalie 
Dérie,  Napoléon 
Dérie,  Victoria 
Desjardins.  Louis-Théophile 
Desjardins,  Mme  Mathilda  i 
Desjard  ns.  Délia  (f) 
Desjardins,  Rosilda  (f) 


Age 

Age 

72 

Desjardins,  Alphonsine  (f) 

13 

— 

Dionne,  Christine 

— 

20 

Doucette,  Célina 

20 

— 

Dupont,  Phébé 

15 

12 

Dupont.  Mme  Marceline 

44 

37 

Dufresne,  Marceline 

17 

— 

Emond,  Oilve 

22 

— 

Favreault,  Euphémie 

18 

— 

Forgue,  Zoé,  Mme  A. 

40 

18 

Forgue,  Cora  (m) 

11 

20 

Portier,  Benjamin 

20 

24 

Portier,  Alphonsine 

11 

— 

Frémont,  Angélique 

18 

— 

Girard,  Julie 

16 

16 

Girard,  Marin 

41 

22 

Godin,  Marie 

— 

36 

Grandchamp,  Marie 

23 

15 

Grandchamp   Philomène 

21 

10 

Hamel,  Almida,  Mme  (g) 

— 

21 

Hébert,  Phi'omène 

— 

— 

Hicks,  Marie 

25 

11 

Hicks,  Lucj- 

20 

55 

Lachance,  Mme  Sarah 

— 

50 

Jette,  Louise  (n) 

31 

19 

Lachance,  Cyril,  fils 

19 

18 

Lachapelle,  Odille 

16 

Lachapelle,  Rosilda,  Sr. 
Lacoste.  Azvda 
Lacoste,  Marie,  Sr. 
Lafrance,  Azilda 
Lagassé,  Mme  Rosalie 
Langdeau,  Marie 
Langdeau,  Delma,  Sr. 
Larrivée,  Calixte,  Mme 
Laplante,  Célina  (li) 
Langlois,  Mlle 
Langevin,  Jean -Baptiste 
Laporte,  Mlle  Hermine 
Lépreux,  (?)  et  sa  femme 
Longchamp,  Phoebé 
Messier,  Liza 
Messier,  Joseph 
Mercier,  Mlle  Eva 
Meunier,  Itha  (i) 
Moreau,  Fabien,  père 
Moreau,  Mme  Xavier 
Moreau,  Alphonsine 
Morin,  Hermine  (j) 


VIEUX 

PAPIERS 

un 

13 

Morin,  Isaie  ou  Isaac 

22 

16 

Paré,  Marie 

20 

— 

Paquin,  Hermine 

20 

20 

Paquin,  Joséphine 

14 

55 

Payette,  Matilde 

16 

27 

Payette,  Louise 

17 

22 

Pellerin,  Gaspard 

23 

40 

Pion,  Marie 

37 

18 

Pion,  Onézime 

55 

— 

Robert,  Edmond  (k) 

11 

40 

Robert,  Célina 

9 

— 

Régnier,  Lucie 

— 

— 

Roger,  Mme  (?) 

30 

— 

St.  Pierre,  Fabien 

18 

— 

Stay,  Pauline 

31 

46 

Tétreault,  Euphémie 

22 

— 

Théreau,  Marie-Louise 

21 

19 

Thimineur,  Henriette  Mme  (1) 

— 

54 

Thimineur,  Pierre  (1) 

— 

— 

Viger,  Joséphine 

40 

15 

Villeneuf,  Mlle  (0) 

— 

12 


Notes: 

(a)  Fille  de  Louis  Biais. 

(b)  Mme  Théophile. 

(c)  Mère  de  Joseph. 

(d)  Fille  d'Augustin. 

(e)  Fille  de  Mme  Joseph. 

(f)  Femme  et  enfants  de  Louis  T. 

(g)  Et  sa  soeur. 


(h)  Fille  de  Basil. 

(i)  Organiste  et  fille  de  Presper. 

(j)  Fille  de  Victor. 

(k)  Fils  de  Jean -Baptiste. 

(1)  Epoux  et  épouse. 

(m)  Fille  d'Abraham. 

(n)  Et  deux  de  ses  soeurs. 


108  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Les  nombreux  articles  qui  ont  paru  dans  le  temps,  peuvent  être 
difficilement  retrouvés  aujourd'hui,  ce  qui  rend  les  recherches  sur  le 
sujet  presqu'impossibles.  Les  sources  de  renseignements  diffèrent  et  les 
noms  publiés  dans  les  revues  imprimées  en  anglais  étaient  un  mélange 
incompréhensible.  Du  tort,  j'ai  reconstruit  une  liste  aussi  correcte  que 
possible.  Il  peut  arriver  que  quelques  erreurs  s'y  soient  glissés  malgré 
toutes  les  précautions  prises  pour  les  vérifier. 

Les  obsèques  de  48  personnes  qui  avaient  péri  dans  cette  catastrophe 
eurent  lieu  samedi,  le  29  mai,  dans  le  soubassement  de  la  nouvelle  église 
en  voie  de  construction,  quelques  pieds  à  l'est  de  celle  qui  venait  d'être 
détruite. 

Les  murailles  et  la  couverture  étaient  complétées,  le  soubassement 
fut  nettoyé,  un  autel  et  des  bancs  furent  construits  temporairement.  Vers 
neuf  heures,  les  48  corps  furent  transportés  dans  leurs  cercueils.  Une 
foule  immense  était  déjà  rendue  et  il  y  avait  dedans  du  temple;  le  vaste 
auditorium  était  tellement  rempli,  que  la  foule  s'étendait  sur  les  trottoirs 
et  dans  les  rues  avoisinantes. 

Le  Rév.  Père  Louis  G.  Gagnier,  curé  de  la  paroisse  Saint-Joseph  de 
Springfield,  célébra  la  grand'messe  de  requiem,  et  le  Rév.  Jean  B.  Primeau, 
curé  de  la  paroisse  des  Canadiens,  de  Worcester,  prononça  le  sermon. 
Ses  paroles  émues  firent  couler  les  larmes  de  tous  les  yeux;  c'était  un 
spectacle  touchant. 

Pendant  les  funérailles,  tous  les  magasins,  les  bureaux  et  les  manu- 
factures de  la  ville  furent  fermés  par  respect. 

Une  Proclamation  par  le  Maire  à  la  ville  de  Holyoke 

"Une  calamité  presque  sans  précédent  dans  notre  histoire  s'est  abattue 
sur  notre  ville,  en  levant  la  jeunesse  aussi  bien  que  la  vieillesse,  rem- 
plissant les  demeures  de  désolation  et  portant  la  douleur  dans  les  coeurs. 
En  présence  du  grand  désastre  par  respect  pour  les  morts  infortunés  et 
par  sympathie  pour  les  vivants,  j'exige  que  toutes  les  places  d'affaires  et 
les  magasins  quelconques  soient  fermés  si  possible  samedi,  pendant  le 
service  funèbre,  lequel,  commencera  à  9  heures  A.M. 

W.  R.  PEARSON,  Maire. 


A  dix  heures  et  quart,  la  procession  des  voitures  commença  à  défiler 
dans  la  rue  Main,  les  trottoirs  étaient  comblés  de  spectateurs.  Dans  les 


VIEUX   PAPIERS  109 

premiers  carosses  étaient  les  Messieurs  Curés  Dufresne,  Gagnier  et  Pri- 
meau,  les  entrepreneurs  de  pompes  funèbres,  des  voitures  contenaient  une 
représentation  des  officiers  de  la  ville;  ensuite  les  48  voitures  avec  les 
cercueils,  et  une  foule  de  voitures  de  parents  et  amis  des  infortunés.  Une 
grande  foule  de  gens  était  déjà  rendue  au  cimetière. 

La  route  du  défilé  du  cortège  funèbre  était  toute  la  longueur  de  la 
rue  Main,  la  rue  Lyman,  le  pont  de  Hadley  et  le  chemin  couduisant  au 
nouveau  cimetière  de  la  paroisse  du  Précieux-Sang,  sur  le  chemin  de 
Granby. 

Les  restes  des  nombreuses  victimes  furent  inhumés  dans  une  im- 
mense fosse  de  60  pieds  de  longueur  sur  10  pieds  de  largeur  et  cinq  pieds 
de  profondeur.  Ils  furent  placés  en  deux  rangés  de  24  tombes  chacune, 
de  manière  à  ce  que  les  morts  fussent  pieds  à  pieds,  24  recevant  la  lumière 
du  midi,  et  les  24  autres  faisant  face  au  soleil  levant. 

Le  matin  de  l'enterrement,  neuf  corps  ont  quitté  Holyoke  pour  le 
Canada,  dont  six  étaient  destinés  pour  Saint-Hyacinthe.  Plusieurs  autres 
ont  été  enterrés  le  lundi  et  les  jours  suivants,  comme  il  mourait  des 
victimes  d'un  jour  à  l'autre. 

Il  est  malheureux  qu'un  monument  n'ait  pas  été  érigé  en  leur  mé- 
moire avec  les  noms  des  victimes. 

Cet  article  ne  doit  pas  être  reproduit  ou  traduit  sans  avoir  obtenu  la 
la  permission  de  l'auteur;  cette  permission  est  déjà  accordée  à  La  Justice 
de  Holyoke,  la  Bibliothèque  de  la  ville  de  Holyoke.  L'Etendard  de  Hart- 
ford, Conn.,  Le  Messager  de  New  Bedford,  Mass.,  et  le  Bulletin  des 
Recherches  Historiques,  de  Québec,  P.  Q.,  Canada. 


110  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Vieux  journaux  de  Manchester 

Le  23  décembre  1949,  l'Avenir  National  de  Manchestei  cessait  sa 
publication.  Ce  journal  soixantenaire  d'après  son  éditeur  propriétaire  ne 
se  sentait  plus  la  force  de  continuer  son  travail.  Une  banqueroute  volon- 
taire même  avait  difinitivement  décrété  son  sort.  Dans  le  désarroi  de 
la  finale,  Ernest  Bournival  était  assez  confus.  Une  compagnie  de  liqui- 
dation s'installa  dans  les  bureaux  du  journal  pour  terminer  l'enchère. 

La  collection  du  journal  devait  suivre  la  route  des  déchets  au  prix 
du  papier  rébus.  Personne  ne  se  montra  intéressé  à  sa  conservation. 
On  ne  connaîtra  jamais  son  auteur,  mais  quelqu'un  entreprit  de  sauver 
cette  collection  et  l'on  décida  sur  place  de  l'offrir  à  la  Manchester  His- 
torié Society.  Il  n'y  avait  pas  de  franco -américain  sur  les  lieux  pour 
s'y  intéresser. 

Les  lourds  volumes  du  journal  furent  donc  transportés  dans  la  cave 
de  la  société  historique  de  Manchester.  Quelques  jours  plus  tard,  je  me 
présentais  chez  le  curateur  de  la  société  afin  de  m'enquérir  si  la  société 
songeait  à  conserver  cette  précieuse  collection,  assez  encombrante  à 
cause  de  l'espace  que  demandaient  ces  énormes  in-folio.  Je  faisais  valoir 
le  fait  que  l'Association  Canado-Américaine  était  l'organisme  tout  désigné 
pour  conserver  cette  collection.  Quelque  temps  plus  tard,  Mme  Joseph 
Manning,  présidente  de  la  société  venait  offrir  à  l'Association  Canado- 
Américaine  la  garde  de  ce  trésor.  C'est  alors  que  M.  Adolphe  Robert, 
président  de  l'ACA  acceptait  de  recevoir  la  cargaison  des  volumes  qui 
remontaient  à  1891. 

La  centaine  et  plus  des  in-folio  fut  alors  transportée  dans  l'immeuble 
de  l'ACA  pour  y  reposer  un  peu  dans  la  poussière  et  pour  cause.  Enfin 
l'ACA,  elle  même  préoccupée  par  le  facteur  espace  et  réalisant  qu'après 
tout,  le  papier  d'un  journal  ne  peut  pas  résister  indéfiniment  aux  intem- 
péries, décida  sur  la  recommandation  de  son  président,  le  juge  Emile 
Lemelin,  et  aux  frais  de  la  société  de  faire  microfilmer  toute  cette  collec- 
tion au  prix  de  près  de  $3,000.00,  un  geste  vraiment  sauveur.  L'ACA 
possède  donc  dans  son  Institut  toute  cette  collection,  ainsi  conservée 
grâce  au  progrès  de  la  science,  soit  toute  une  documentation  franco- 
américaine  de  1891-1949. 

Après  ce  geste,  la  collection  pouvait  bien  prendre  la  route  des 
déchets.  Il  arriva  qu'avant  ce  geste  final,  on  voulut  tout  de  même  par- 
courir ces  feuilles  jaunies  pour  en  extraire  certains  passages  ou  articles. 
C'est  l'explication  de  ces  notules  qui  ont  été  recueillies  et  qui  seront 


VIEUX   PAPIERS  111 

publiées  pour  évoquer  un  passé  qui  demeure  toujours  cher  à  ceux  qui 
vénèrent  les  gestes  des  devanciers. 

Sans  remonter  à  la  parution  du  premier  journal  français  de  Manches- 
ter qui  fut  publié  en  1869  par  Ferdinand  Gagnon,  "La  Voix  du  Peuple", 
ce  qui  fera  le  sujet  d'une  autre  étude,  il  s'agit  de  parcourir  les  filières  du 
journal  "Le  National  dont  le  premier  numéro  parut  le  3  août  1891  pour 
se  continuer  sans  interruption,  plus  tard  comme  L'Avenir  National" 
jusqu'au  23  décembre  1949.  Que  de  perles  nous  pouvons  en  extraire  pour 
notre  histoire. 

Le  National,  3  août  1891 

Manchester  avait  perdu  en  1891  son  journal  "L'Avenir  Canadien" 
fondé  le  11  septembre  1888  par  Ephrem  R.  Dufresne.  Immédiatement 
Benjamin  Lenthier  qui  publiât  "Le  National",  quotidien,  à  Lowell  entre- 
prit une  édition  de  son  journal  pour  Manchester.  Il  avait  pour  rédacteur 
Ephrem  Dufresne.  Le  premier  numéro  à  2  sous  parut  le  3  août.  On  note 
la  déclaration  du  rédacteur:  "Le  National  vient  aujourd'hui  remplir  dans 
le  New  Hampshire  une  laciine  que  nos  compatriotes  de  cet  Etat  déplo- 
raient depuis  longtemps.  Une  feuille  hebdomadaire  à  l'époque  de  progrès 
où  nous  sommes,  dons  une  ville  où  nous  formons  près  du  tiers,  et  dans 
im  Etat  où  nous  comptons  plus  de  cinquante  mille,  ne  pouvait  guère 
donner  satisfaction  aux  légitimes  aspirations  de  cette  forte  colonie  de 
Franco -Américains  qui  ont  la  prétention  de  faire  leur  marque  .  .  . 
En   politique,  le  journal   sera  franchement  démocratique.  .  .  . 

Contraste  à  noter.  Aujourd'hui  après  68  ans,  comptant  plus  de 
40,000  compatriotes,  dans  cette  même  ville,  nous  avons  peine  à  faire 
vivre  un  hebdomadaire!  Quel  changement  chez  les  nôtres.  On  note  que 
le  terme  franco- américain  est  déjà  employé  pour  désigne)'  les  nôtres. 
Le  National  comme  tant  d'autres  devait  disparaître  après  de  généreux- 
efforts. 

Au  nombre  des  annonceurs,  on  relève  les  noms  suivants:  H.-I.  Fau- 
cher, épicier,  1117,  rue  Elm;  M.  Verrette,  épicier,  609,  rue  Elm;  Louis-E. 
Beauchemin,  comptable,  A. -A.  Adam,  avocat,  951.  rue  Elm;  François 
Lavoie,  manufacturier  de  plumes  d'autruches,  25,  rue  Orange;  Dr  Bruno 
Desrosiers,  dentiste,  996,  rue  Elm;  Xavier  Chatelle,  coiffeur,  1241,  rue  Elm; 
I>r  J.-E.-A.  Lanouette,  médecin -chirurgien,  4,  rue  Laurel;  Jos.-B.  Baril, 
pharmacien,  28,  rue  Hanover;  Dr  J.-J.  Pépin,  dentiste,  801,  rue  Elm; 
Prosper  Chatel,  marchand  de  fantaisies,  1308,  rue  Elm;  A.-J.  Précourt, 
pharmacien,  rues  Central  et  Chestnut;  S.-H.  Hamel,  peintre. 


112  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Montplaisir  et  Chamberland,  chaussures,  529,  rue  Main;  Beauchemin 
et  Beaumier,  chaussures,  1083,  rue  Elm;  Dr  Joseph  Roy,  médecin -chirur- 
gien, 996,  rue  Elm;  Drs  Commeau  et  Migneault,  dentistes,  608,  rue  Main; 
Calixte  Lor,  agent  de  la  Mutual  Life  Insurance;  O.-S.  Cormier,  avocat, 
859,  rue  Elm;  William-J.  Poirier,  pharmacien,  1104,  rueE  Im;  P.-D.  Noël, 
marchand  de  sois,  31,  rue  Pearl. 

4  août:  Z<e  Stecaner  Gen.  John  Stoork  était  un  petit  vapeur  qui  faisait 
le  trajet  de  Manchester  à  Hooksett  sur  la  rivière  Merrimack.  Il  avait  son 
quai  au  bout  de  la  rue  Webster.  Le  prix  du  trajet  était  de  35  cents  avec 
retour  et  les  enfants  20  cents.  Le  vapeur  arrêtait  en  route  au  Riverside 
Park  qui  attirait  la  foule  surtout  le  dimanche. 

5  août:  Les  Compagnies  Boston  &  Maine  R.R.  et  Concord  &  Montréal 
R.R.  annoncent  la  construction  d'une  nouvelle  gare  à  Manchester  au  coût 
d'un  demi  million.  L'une  des  plus  imposantes  du  réseau.  Cette  même 
gare  a  été  vendue  en  1958  par  le  Boston  &  Maine  par  suite  de  la  di- 
minution des  affaires. 

11  août:  Décès  de  l'abbé  Joseph  Quévillon,  le  9  août  à  Pittsfield, 
Mass.  où  il  était  retiré  du  ministère.  Né  à  St-Vincent  de  Paul,  près  de 
Montréal,  le  19  juin  1805  et  ordonné  le  22  septembre  1929  par  Mgr  Lar- 
tigue,  premier  évêque  de  Montréal.  Curé  de  St-Polycarpe  en  1842,  il  se 
rend  à  Oswego,  New  York.  En  1849  il  fonde  la  paroisse  St-Joseph  de  Bur- 
lington au  Vermont,  la  première  paroisse  franco- américaine  en  Nouvelle- 
Angleterre.  Il  se  rend  à  l'Ile  du  Prince -Edouard  et  revient  pour  diriger 
la  paroisse  de  Pittsfield,  après  avoir  fondé  une  paroisse  à  Syracuse,  N.  Y. 
L'un  des  premiers  apôtres  de  notre  clergé.  Il  fut  inhumé  dans  sa  pa- 
roisse natale. 

15  août:  La  Société  St-Jean-Baptiste  de  Berlin  Falls,  fondée  en 
1882,  choisit  ses  officiers:  Edouard  Lambert;  président,  Charles  Ménard, 
sec-arch.;  Pierre  Patenaude,  sec-fin.;  Calixte  Lamb,  trésorier;  abbé  S.-M. 
Coumoyer,  chapelain. 

23  août:  Le  National  annonce  les  vainqueurs  de  son  grand  con- 
cours: MM.  J.-T.  Fontaine,  photographe,  Lowell,  Mass.;  Laurent  Audet, 
Lowell,  Mass.  et  Charles  Lacaillade,  Lawrence,  Mass.  Il  publie  leur 
biographie  avec  photo. 

21  décembre:  Le  National  annonce  que  grâce  à  l'encouragement 
reçu  il  peut  augmenter  le  format  de  son  journal.  Il  garde  toujours  sa 
devise  "Parare  Domino  Plebam  Perfectam"  et  se  maintient  quotidien. 


VIEUX   PAPIERS  113 

Plusieurs  nouveaux  annonceurs  s'enregistrent:  Weston  &  Hill,  rues 
Elm  et  Merrimack;  Higgins  Bros.,  meubles,  rues  Elm  et  Lowell;  Cari 
Anderson,  bijoutier,  Demartigny  et  Dufort,  pharmaciens,  rues  Elm  et 
Central;  O.  Caron,  meubles,  1293,  rue  Elm;  New  York  Store,  rue  Elm; 
W.-H.  Moisan,  assurances,  951,  rue  Elm;  Manchester  One  Price,  rues 
Manchester  et  Elm;  Manchester  Heat  &  Lighting  Co.,  1054,  rue  Elm, 
Arthur  DeMoulpied,  meubles,  1105,  rue  Elm,  J.-O.  Turcotte,  épiceries,  588, 
rue  Elm,  N.-O.  Morin,  chaussures,  69,  rue  Manchester,  A.-L.  Gadbois, 
épicier,  1286,  rue  Elm. 

23  décembre:  La  première  messe  dans  le  sous-sol  de  la  nouvelle 
église  Sainte-Marie  a  été  célébrée,  dimanche  le  20  décembre  par  Mgr 
Hévey,  curé. 

24  décembre:  Pour  les  fêtes,  les  épiciers  offrent  les  aubaines  sui- 
vantes: Beef  steak,  3  livres  pour  25  cents;  Boeuf,  de  2  à  4  cents  la  livre; 
Quartier  de  porc,  7  cents  la  livre;  Epaules,  7  cents  la  livre;  Rôti,  8  cents  la 
livre;  Jambon,  10  cents  la  livre;  Oeufs  frais,  22  cents  la  douzaine;  To- 
mates, 3  boîtes  pour  25  cents;  Blé  d'Inde,  3  boîtes  pour  25  cents;  Sardines, 
5  cents  la  boîte;  un  bon  balai,  10  cents. 

Le  National  compte  à  son  emploi:  M.  E.  Lussier,  gérant;  Jos.-F. 
Pinard,  agent;  A.  Bournonnière,  gérant  des  annonces;  J.-E.  Bernier,  agent 
local  et  collecteur.  M.  Benjamin  Lenthier  est  alors  propriétaires  de  15 
journaux  démocrates  dans  la  Nouvelle-Angleterre.  Il  est  à  noter  que 
plusieurs  compatriotes  de  croyance  républicaine  ne  paraissent  pas  dans 
ces  journaux  comme  annonceurs.  L'esprit  de  parti  existe  ici  comme  dans 
le  Québec. 

Autres  annonceurs  paraissent:  Henri -C.  Phaneuf,  café  et  thé;  Robin - 
son  et  Boire,  pharmaciens,  1129.  rue  Elm,  Chalifoux  et  Cie.  merceries  et 
hardes,  41,  rue  Hanover;  Jean-Louis  Beaudry,  pharmacien,  Joseph  Quirin, 
épicier;  Le  Bon  Ton,  Mme  Georges  St.  Cyr,  966,  rue  Elm;  Georges  St. 
Germain,  avocat,  99,  rue  Manchester. 

26  décembre:  Le  lendemain  de  Noël,  Le  National  publie  les  pro- 
grammes des  messes  et  de  la  fête  dans  nos  églises  sous  la  direction  de 
MM.  René  de  Dion  (St-Augustin),  M.  Hébert  (Ste-Marie)  et  Sylvio  Pro- 
vost  (St-Georges). 

29  décembre:  Les  frères  du  Sacré-Coeur  tiennent  leur  rafle  présidée 
par  Georges  Blanchette  au  profit  de  la  bibliothèque  des  Soldats  du  Sacré- 
Coeur. 

31  décembre:  Le  National  terminait  l'année  avec  une  chronique  du 
Jour  de  l'An  et  une  revue  de  l'année.  Il  faut  se  rappeler  que  cette  fête 
n'était  pas  chômée  alors.  Adrien  Verrette,  ptie 


114  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

Dans  les  montagnes  du  Missoiiri 

J.-M.  Carrière,  Ph.D. 

L'histoire  politique  et  sociale  des  anciens  établissement  français  aux 
Etats-Unis,  surtout  dans  la  vallée  du  Mississippi,  est  une  étude  qui  m'a 
toujours  fasciné.  L'intérêt  que  je  porte  à  ce  sujet  m'a  amené  non  seule- 
ment à  faire  des  séjours  prolongés  parmi  la  population  française  du 
sud-ouest  de  la  Louisiane  actuelle,  mais  aussi  à  essayer  de  retrouver 
dans  l'ancien  territoire  de  la  Haute-Louisiane  tous  les  vestiges  qui  pou- 
vaient encore  y  subsister  de  l'influence  française.  J'ai  visité  dans  ce  but 
tous  les  points  du  Nord -Ouest  américain  où  cette  influence  s'est  exercée 
au  dix-huitième  siècle,  espérant  toujours  y  rencontrer  des  groupes  isolés 
qui  eussent  conservé  intactes  la  langue  et  les  traditions  de  leurs  ancêtres. 
A  Vincennes,  dans  l'Indiana,  à  Prairie-du-Rocher,  dans  le  sud  de  l'Illinois, 
et  huit  milles  plus  loin,  à  Sainte-Geneviève,  Missouri,  trois  villages  fon- 
dés à  quelques  années  d'ntervalle,  entre  1730  et  1740,  j'ai  pu  retracer  de 
nombreux  descendants  des  premières  familles  de  la  région.  A  Prairie-du- 
Rocher  et  à  Sainte -Geneviève,  j'ai  eu  la  rare  fortune  de  venir  en  contact 
avec  une  trentaine  de  personnes  qui  parlaient  encore  très  couramment 
le  français  et  qui  connaissaient  intimement  les  coutumes  et  les  traditions 
des  pionniers  de  l'ancien  pays  des  Illinois.  Ces  relations  m'ont  été  pré- 
cieuses car  elles  m'ont  fourni  des  indications  très  intéressantes  sur  l'his- 
toire et  l'état  d'esprit  des  premiers  habitants,  mais  il  serait,  sans  doute, 
oiseux  d'en  exagérer  l'importance.  L'on  ne  saurait  reconstituer  avec  au- 
cun degré  d'exactitude  l'histoire  sociale  d'un  groupe  ethnique  pratique- 
ment éteint  en  se  basant  sur  l'étude  de  quelques  rares  spéciments  qui 
ont  échappé  à  un  mouvement  d'assimilation  terminé  depuis  au  moins 
une  quarantaine  d'années.  En  effet,  l'âme  d'un  peuple  est  un  principle 
vivant  qui  n'existe  qu'en  autant  qu'il  participte  à  la  vie  du  groupe;  lorsque 
le  groupe  disparait,  cette  âme  cesse  d'exister. 

Après  ces  considérations,  vous  comprendrez,  mesdames  et  messieurs, 
mon  émotion  quand,  à  Old  Mines,  Missouri,  petit  village  situé  dans  les 
montagnes  Ozarks,  à  65  milles  au  sud  de  Saint-Louis,  j'ai  trouvé  une 
colonie  française  peu  connue  où  la  langue,  les  traditions  et  les  coutumes 
de  l'ancienne  division  administrative  du  pays  des  Illinois  se  sont  con- 
servées jusqu'à  la  génération  actuelle.  Il  y  a  à  Old  Mines  et  dans  la 
région  six  cents  familles  créoles  dont  les  antécédents  historiques  nous 
ramènent  à  un  des  chapitres  les  plus  romantiques  de  l'épopée  française 
en  Amérique.  Les  habitants  de  la  Vieille  Mine,  comme  on  dit  souvent 
là-bas  au  lieu  d'Old  Mines,  sont  les  descendants  de  ces  pionniers  cana- 
diens qui  fondèrent  au  pays  des  Illinois,  entre  1699  et  1760,  les  cinq 


VIEUX   PAPIERS  115 

villages  de  Cahokia,  de  Kaskaskia,  de  Prairie -du-Rocher,  de  Saint- 
Philippe  et  de  Nouvelle-Chartres,  et  le  poste  de  Sainte-Geneviève,  au 
Missouri. 

L'histoire  si  intéressante  de  ces  établissements  n'entre  pas  dans  le 
cadre  du  présent  travail.  Le  temps  à  ma  disposition  me  permet  seulement 
d'indiquer  qu'à  la  suite  des  troubles  civils  qui  suivirent  l'occupation  des 
territoires  du  Nord -Ouest,  d'abord  par  les  Anglais  en  1765,  puis,  par  les 
Américains  en  1778  et  en  1779,  une  grande  partie  de  la  population  fran- 
çaise du  pays  des  Illinois  traversa  le  Mississippi  et  vint  s'installer  à  Sainte 
Geneviève,  qui  se  trouvait  en  territoire  espagnol.  C'est  ainsi  qu'en  trente 
ans,  de  1765  à  1795,  ce  poste  devint  d'un  modeste  village  un  centre  com- 
mercial très  important  et  essaima  des  colonies  partout  dans  l'intérieur  des 
terres.  Dans  l'espoir  de  trouver  un  emploi  plus  lucratif  dans  les  riches 
mines  de  plomb  qu'on  venait  de  découvrir  dans  la  région,  les  Auger,  les 
Béquette,  les  Bourassa,  les  Boyer,  les  Colman,  les  Courtois,  les  Duclos,  les 
Govereau,  les  Lachance,  les  Page,  les  Robert,  les  Rouleau,  les  Sansoucy, 
les  Thibeau  et  les  Villemer,  vinrent  se  fixer  à  la  Vieille  Mine  à  la  fin  du 
dix -huitième  siècle  et  au  commencement  du  dix-neuvième.  D'après  le  re- 
censement de  1803,  il  y  avait  alors  dans  le  nouvel  établissement  31  chefs 
de  famille,  72  enfants  et  18  esclaves. 

En  1829,  la  colonie  était  déjà  assez  considérable  puisque  ses  habi- 
tants construisirent  alors  une  église  dédiée  à  Saint-Joachim,  qui  a  tou- 
jours été  l'objet  d'un  culte  tout  particulier  dans  les  vieilles  provinces 
françaises.  On  remarque  très  peu  de  noms  nouveaux  dans  les  registres 
paroissiaux  après  1825  ou  1830,  et  il  semble  que  les  six  cents  familles 
créoles  qui  habitent  maintenant  la  région  descendent  presque  toutes  des 
pionniers  de  la  première  heure. 

Ces  quelques  remarques  ainsi  que  celles  qui  vont  suivre  ne  sont  que 
la  quintessence  d'une  étude  plus  longue  et  plus  fouillée  qui  sert  d'intro- 
duction à  mon  volume  "Taies  from  the  French  Folk-Lore  of  Missouri" 
actuellement  sous-presse.  Celui  que  le  sujet  pourrait  intéresser  n'aura 
qu'à  se  reporter  à  cet  ouvrage  qui  paraîtra  le  15  septembre  prochain 
dans  la  collection  "Northwestern  University  Studies  in  the  Humanities". 

Je  suis  allé  à  Old  Mines  pour  la  première  fois  en  juillet  1934  et  j'y  ai 
reçu  l'accueil  le  plus  bienveillant.  La  tradition  de  leur  origine  canadienne 
s'est  transmise  de  père  en  fils  chez  les  Créoles  du  Missouri  et  est  encore 
très  vivante  chez  eux.  Au  cours  des  cinq  ou  six  séjours  prolongés  que 
j'ai  faits  parmi  eux,  j'ai  eu  l'occasion  de  les  observer  de  très  près.  J'ai 
trouvé  ces  gens,  pourtant  si  simples,  si  dénués  des  biens  de  la  terre  et  des 


116  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   mSTORIQUE 

dons  de  la  science,  très  pittoresques  et  très  sympathiques.  Grâce  à  leur 
isolement  complet  dans  un  pays  de  montagnes,  ils  ont  pu  conserver 
jusqu'à  Ce  jour  des  coutumes  qui  ont  disparu  depuis  longtemps  ailleurs. 
Une  des  plus  charmantes  qui  aient  survécu  est  celle  de  la  Guignolée 
qu'on  appelle  indifféremment  "gaieonnée,  guionnée,  guillonnée".  La 
veille  du  jour  de  l'An,  des  hommes,  revêtus  de  costumes  excentriques  et 
le  visage  couvert  de  suie,  vont  de  maison  en  maison  pendant  toute  la 
soirée.  Lorsqu'ils  entrent  dans  une  demeure,  le  chef  du  groupe  se  met  à 
jouer  du  violon  en  entonne  l'entraînante  chanson  de  la  Guillonnée  que 
les  autres  continuent.  La  chanson  terminée,  le  maître  et  la  maîtresse  du 
logis  servent  boisson  et  gâteaux.  Malheureusement,  un  grand  nombre 
de  vieilles  coutumes  que  les  Créoles  avaient  conservées  religieusement 
depuis  un  temps  immémorial  ont  disparu  au  cours  de  la  dernière  géné- 
ration. Les  personnes  aujourd'hui  dans  la  quarantaine  gardent  un  sou- 
venir très  vivant  du  réveillon  de  Noël  au  retour  de  la  messe  de  minuit  et 
de  la  bénédiction  que  le  grand -père  donnait  à  toute  la  famille  réunie 
autour  de  lui  le  jour  de  l'An  au  matin  avant  de  déjeuner.  Le  bal  des  rois, 
qui  était  autrefois  le  grand  événement  social  de  l'année,  a  aussi  disparu 
depuis  une  cinquantaine  d'années. 


Pour  se  distraire,  les  Créoles,  grands  enfants  au  coeur  si  simple  et 
si  gai,  avaient  un  riche  fonds  de  traditions  orales,  chansons  et  contes. 
Au  lieu  d'aller  au  cinéma  au  village  voisin,  avant  l'introduction  de  l'au- 
tomoble  à  Old  Mines,  on  s'amusait  à  la  maison  ou  chez  des  amis.  Pour 
tromper  la  monotonie  des  longues  soirées  d'automne  ou  d'hiver,  on  chan- 
tait en  choeur  les  chansons  et  les  complaintes  que  les  ancêtres  avaient 
apportées  du  Canada  au  dix-huitième  siècle.  Des  chansons,  on  passait 
tout  naturellement  aux  contes,  si  populaires  auprès  des  petits  et  des 
grands,  parce  qu'ils  les  transportaient  tous  dans  un  pays  de  féerie  et  de 
rêve  où  il  oubliaient  la  pauvreté,  les  luttes  incessantes  et  la  dure  routine 
de  leur  existence  quotidienne.  Il  y  a  encore  de  vieux  chanteurs  dont  la 
mémoire  fidèle  a  retenu  les  couplets  de  nombreuses  vieilles  chansons. 
D'ordinaire,  ils  ne  se  les  chantent  plus  qu'à  eux-mêmes,  mais  cependant 
quand  l'étranger  réussit  à  gagner  leur  confiance,  ils  lui  chantent  "Marian- 
son".  "Dessous  le  laurier  blanc",  "Le  Juif  errant".  "La  Rose  en  bois", 
"La  Belle  s'en  va-t-au  moulin",  "Franc  Cavalier  Baron",  "O  dites-moi", 
"Blondine",  "J'ai  fait  une  jolie  maîtresse",  ou  encore  "Il  est  né,  le  divin 
enfant",  ou  "Qu'as-tu  vu,  bergère?"  Au  moyen  d'un  ancien  appareil  Edi- 
phone,  jai  pu  recueillir  sur  des  cylindres  de  cire  une  trentaine  de  mélodies. 

Il  est  remarquable  que  les  contes  se  soient  beaucoup  mieux  mainte- 
nus que  les  chansons.  Ils  ont  encore  pour  tous  un  intérêt  que  les  vieilles 
chansons  n'ont  plus.  Les  Français  de  la  Haute-Louisiane  possédaient  un 
folk-lore  d'une  richesse  inouïe.  J'ai  recueilli  à  Old  Mines  pendant  les  étés 


VIEUX   PAPIERS  117 

de  1934,  de  1935  et  de  1936  soixante -treize  contes,  que  je  me  suis  appliqué 
à  reproduire  tels  que  je  les  ai  entendus  sur  les  lèvres  de  mes  deux  con- 
teurs. La  longueur  de  ces  récits  varie  de  deux  ou  trois  pages  à  vingt  pages 
dactylographiées.  Ils  appartiennent  presque  tous  au  fonds  traditionnel 
du  folklore  français.  Comme  j'ai  déjà  pu  le  constater  au  cours  de  re- 
cherches que  je  poursuis  en  vue  de  la  préparation  d'un  second  volume 
consacré  à  une  étude  détaillée  de  chaque  conte,  beaucoup  appartiennent 
aussi  au  folk-lore  de  tous  les  pays,  tels,  par  exemple.  "Fin  Voleur", 
"Corps-sans-Ame",  "Jean  l'Ours",  "La  Fille  aux  Mains  coupées"  et  "La 
Rose  de  Peppermette",  pour  ne  mentionner  que  quelques  titres.  Par  con- 
tre, d'autres  comme  "Bouki  pis  Lapin",  "Le  p'tsit  boeuf  qui  faisait 
bouère  ses  vaches",  "C'est  Bouki,  mon  mari!"  "Le  p'tsit  garçon  pis  le 
maquois"  appartiennent  au  folklore  nègre  et  ont  été  introduits  au  Mis- 
souri  par  les   esclaves. 

La  langue  de  ces  contes,  qui  paraît  étrangère  au  premier  abord,  se 
rapproche  sensiblement  du  parler  canadien  dans  son  vocabulaire.  Comme 
la  langue  de  la  région  de  Montréal  et  de  Québec,  le  français  du  Missouri 
est  le  résultat  de  la  fusion  de  divers  dialectes  du  nord,  de  l'ouest  et  du 
centre  de  la  France.  Tandis  qu'au  Canada,  ce  parler  populaire  a  subi  des 
influences  littéraires  qui  l'ont  empêché  de  déchoir,  à  Old  Mines,  il  s'est 
développé  sans  aucune  contrainte  et  il  a  dégénéré  à  la  façon  des  plantes 
qui  ne  reçoivent  jamais  les  soins  de  l'émondeur.  Faute  d'une  classe 
instruite  qui  en  eût  contrôlé  le  développement,  ce  dialecte  parlé  par  de 
pauvres  mineurs  illettrés  n'a  jamais  connu  de  renouvellement.  Il  faut 
se  rappeler  qu'il  n'y  a  jamais  eu  d'école  françaises  dans  la  région.  Autre- 
fois, l'Eglise  exerçait  une  influence  très  bienfaisante  sur  la  langue,  mais 
il  y  a  une  quarantaine  d'années  qu'on  ne  fait  plus  de  sermons  en  fran- 
çais à  Old  Mines.  Il  est  donc  tout  naturel  que  le  vocabulaire  se  soit  ap- 
pauvri et  la  grammaire  singulièrement  simplifiée.  L'intonation  chan- 
tante et  la  prononciation  extrêmement  nasillarde  qui  caractérisent  le 
dialecte  créole  en  rendent  l'intelligence  très  difficile  à  un  Canadien. 

Le  dialecte  des  nègres  a  exercé  une  influence  considérable  sur  le 
français  d'Old  Mines  où  l'on  dit  zouéseau  (oiseau),  quisine  (cuisine), 
quilotte,  (culotte),  'mencher  (commencer),  'mander,  (demander),  'porter 
(apporter),  'taquer  (attaquer),  chanzer  (changer),  chouaze  (sauvage),  et 
moin  (moi).  Il  faut  attribuer  à  la  même  influence  l'omission  de  la  liaison 
dans  des  groupes  de  mots  comme  "des  p'tsits  hommes",  "des  gros  arbes" 
et  l'introduction  de  fausses  liaisons  dans  une  phrase  comme  "c'te  p'tsit 
garçon-là,  c'est  ein  p'tsit  n'anglais:  'l'est  ein  p'tsit  n'orphelin".  Un  fac- 
teur beaucoup  plus  actif  et  beaucoup  plus  important  est  l'infiltration 
anglaise  qui  affecte  non  seulement  le  vocabulaire  e"  substituant  un  mot 


118  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   ffiSTORIQUE 

anglais  à  un  mot  français  mais  donne  souvent  au  parler  de  la  région  un 
aspect  très  étrange  en  y  introduisant  des  constructions  anglaises  ou  des 
traductions  d'idiotismes  anglais:  appeler  pour  (to  call  for),  demander  pour 
(to  ask  for),  c'est  tout  ben  (it's  ail  right),  c'est  laissé  à  lui  de  faire  cela 
(it  is  left  up  to  him  to  do  that),  cogner  queuques-ane  à  terre  (to  knock 
someone  down,  or  to  the  ground),  courir  ein  magasin  (to  run  a  store), 
rentrer  dans  le  trou  (de  la  langue  populaire  américaine  to  get  into  the 
hope,  to  get  into  trouble),  tenir  ein  oeil  sur  lui  (to  keep  an  eye  on  him), 
"away",  qui,  à  OldMines, devient  "to  voler  le  chemin"  (s'enfuir,  to  steal 
the  way). 

La  grammaire  présente  nombre  de  particularités  dont  je  ne  puis 
signaler  ici  que  les  plus  importantes.  Le  subjonctif  est  d'un  emploi  très 
restreint.  Les  formes  "que  je  vaille",  pour  "que  j'aille"  et  qu'ils  von- 
nent"  pour  "qu'ils  aillent"  méritent  dêtre  mentionnées.  Le  pluriel  de 
majesté  "vous"  est  ordinairement  suivi  d'un  verbe  à  la  troisième  per- 
sonne du  singulier.  La  troisième  personne  du  pluriel  de  l'imparfait  du 
verbe  "être"  est  "sontaient";  dans  le  cas  "d'avoir",  la  forme  régulière 
"avaient"  est  remplacée  par  "ontvaient".  Le  féminin  de  "clair,  dernier, 
dur,  fier,  mûr,  nouère  (noir)"  est  "clairte,  demièrte,  durte,  fièr'te,  mûrte, 
nouèr'te". 

Plusieurs  phénomènes  intéressants  caractérisent  la  prononciation 
locale.  D  et  T  devant  i,  u  et  y,  deviennent  des  fricatives  et  se  prononcent 
comme  au  Canada:  "Canadzien,  dzurer,  midzi,  partsir,  tsirer,  tsuer". 
L'a  canadien  se  retrouve  au  Missouri,  où  l'on  dit  "cas,  casser,  chat, 
Jacques,  passer".  L'e  ouvert  devient  fermé  dans  beaucoup  de  cas:  "aigle, 
aile,  belle,  cassette,  négresse,  pelle,  princesse,  sec,  selle"  se  prononcent 
"égle,  éle,  bêle,  casséte  négresse,  pèle,  princesse,  séc,  séle".  Les  pronoms 
"il,  ils",  suivis  dun  mot  commençant  par  une  voyelle  perdent  couram- 
ment l'i  initial:  "  '1  a  fait  ça,  '1  ont  vu  ça".  La  diphtongue  "oi"  se  pro- 
nonce encore  "ouè":  loué,  roué,  souè,  nouère".  "Om,  on",  dans  des  mots 
comme  "bonne,  homme,  pomme",  se  prononcent  avec  une  légère  nasali- 
sation: "bâne,  home,  pôme".  Enfin,  le  son  "è"  dans  "lait,  français,  an- 
glais ,  reste  "è"  au  lieu  de  devenir  "a"  comme  au  Canada.  Ce  même  son 
garde  sa  qualité  de  voyelle  pure  et  l'on  ne  dit  pas  "maire,  païre,  pra- 
ïsse,  raïne,"  comme  on  le  fait  dans  certaines  parties  de  la  province  de 
Québec,  mais  "mère,  père,  presse,  reine". 

Ce  travail  ne  serait  pas  complet  sans  quelques  remarques  sur  le 
caractère  des  Français  du  Missouri.  Leur  humble  origine  et  leur  pauvreté 
ont  entraîné  chez  eux  une  extrême  simplicité  de  goûts  et  de  moeurs. 
Les  (Tréoles  sont  connus  d'ailleurs  pour  leur  manque  d'ambition,  leur  in- 


VIEUX   PAPIEBS  119 

souciance  et  leur  inlassable  gaieté.  Comme  ils  sont  d'une  frugalité  qui 
serait  un  signe  d'indigence  et  de  misère  chez  des  gens  plus  ambitieux, 
ils  peuvent  se  procurer  l'indispensable  sans  grand  effort.  Quant  au  luxe, 
ne  l'ayant  jamais  connu,  ils  n'y  songent  pas.  L'agriculture  ne  les  a  ja- 
mais intéressés  et  ils  s'adonnent  le  moins  possible  aux  travaux  des 
champs.  Ils  préfèrent  exploiter  les  mines  de  baryte.  L'extraction  de  ce 
minéral  est  une  occupation  très  primitive  qui  se  fait  à  la  tâche.  Les  mi- 
neurs n'ont  donc  pas  à  fournir  dans  un  espace  de  temps  déterminé  un 
effort  qui  pourrait  leur  paraître  déraisonnable.  Ce  genre  de  travail  qu'ils 
peuvent  commencer  ou  interrompre  à  leur  gré  leur  laisse  plus  de  liberté 
et  s'accorde  mieux  avec  leur  nature. 

Cependant,  malgré  leur  inertie  et  leur  insouciance  héréditaires,  les 
habitants  d'Old  Mines  ont  conservé  de  rares  qualités  qui  tendent  à  dis- 
paraître ailleurs.  Les  liens  de  famille  sont  très  solides  chez  eux.  Ils 
sont  charitables  et  hospitaliers.  Il  serait  difficile  de  trouver  des  gens 
plus  courtois  et  plus  paisibles.  Leur  amour  des  plaisirs  simples  et  hon- 
nêtes, leur  résignation  aux  épreuves  et  aux  tribulations  de  l'existence, 
leur  sagesse  instinctive  et  leur  rude  bon  sens  ne  sauraient  manquer  de 
leur  gagner  l'admiration  et  la  sympathie  du  visiteur  qui  a  la  bonne 
fortune  de  passer  quelque  temps  parmi  eux  et  de  les  bien  connaître. 

(1939) 


Papiers  jcoinis 

Poignée 

de  feuilles  d'automne 

par  ROBERT  GRANDCHAMP 

LA  FORGE 


La  forge  .  .  .  un  soir  d'automne  ...  à  l'heure  où  les  petits  garçons 
se  hâtent  de  rentrer,  à  cause  de  la  noirceur  qui  vient  vite. 

Le  foyer,  ardent  et  rouge,  projette  au  plafond  et  sur  les  murs 
fumeux,  des  lueurs  dansantes. 

Près  de  la  fenêtre,  l'établi  avec  l'étau,  les  limes,  les  tenailles,  les 
marteaux  et  les  outils  d'acier  qui  luisent  à  la  clarté  du  feu. 

Toute  une  rangée  de  fers  à  cheval  est  accrochée  sur  la  muraille,  et, 
dans  un  coin,  des  instruments  agricoles,  faulx,  râteaux,  charrues  gisent 
pêle-mêle. 

Une  casquette  noire  sur  la  tête,  un  tablier  de  cuir  autour  des  reins 
et  les  manches  retroussées,  le  forgeron  active  d'une  main  le  soufflet,  et 
de  l'autre  enfonce  plus  profondément  sous  les  braises,  le  morceau  de  fer. 
Il  interrompt  parfois  son  travail  durant  quelques  secondes,  juste  le 
temps  de  mettre  un  tison  sur  sa  pipe  éteinte. 

Sous  ses  coups  redoublés,  le  métal  s'aplatit,  se  façonne,  et  le  lourd 
marteau  tombant  sur  l'enclume  sonore  rebondit  à  plusieurs  reprises  avec 
un  bruit  qui  va  en  diminuant.  Des  milliers  d'étincelles  volent  autour 
de  lui  et  lui  font  une  auréole  de  feu. 

La  grande  cuve  d'eau  reçoit  avec  un  sifflement  le  fer  rougi  qu'il 
met  refroidir. 

Mais  voici  que  l'angelus  sonne  dans  le  lointain  et  que  les  premières 
étoiles  s'allument  au  ciel. 

Et  l'homme  rentre  au  foyer  où  l'attendent  la  soupe  fumante  et  la 
gazette  qu'il  lira  tantôt,  à  la  lueur  de  la  lampe. 
Mars  1913 


PAPIERS    JAUNIS  121 

AQUARELLE 

Matin  de  noi^embre!  .  .  . 

A  l'heure  des  angélus!  .  .  . 

Un  voile  humide,  grisâtre,  floconneux,  très  ténu,  enveloppe  la  ville. 

Des  cloches  tintent  dans  d'invisibles  clochers. 

Des  roulements  de  chars,  des  trots  de  chevaux  emplissent  les  rues 
d'un  vacarme  effroyable.  Mais  le  rideau  impénétrable  du  brouillard 
empêche  de  discerner  la  cause  du  bruit. 

On  est  comme  un  aveugle  au  théâtre;  on  entend  le  dialogue  des 
acteurs  et  les  sons  de  l'orchestre,  mais  personnages  et  musiciens  restent 
cachés. 

Le  piéton  qui  marche  à  vos  côtés  semble  une  fantastique  apparition. 

Les  yeux  se  dilatent  à  force  de  vouloir  percer  le  brouillard  opaque 
et  énigmatique. 

Laideurs,  beautés,  personnages,  monuments,  tout  prend  dans  la 
brume  une  apparence  vague  et  imprécise. 

Les  angles  s'arrondissent,  les  contours  s'aiguisent,  les  lignes  rigides 
f' affaissent;  quelque  chose  de  flou  enveloppe  les  formes. 

Mais  voici  qu'un  vent  léger  s'élève. 

Un  rayon  filtre  à  travers  un  nuage,  et  déchire  le  brouillard  en 
lambeaux  vaporeux,  teintés  de  rose. 

Et  comme  le  berger  sur  le  flanc  de  la  colline  chasse  devant  lui  les 
troupeaux  de  blancs  moutons,  le  soleil  disperse  la  brune  matinale. 
Novembre  1912 


EN  FORET 

Octobre  .  .  . 

En  la  forêt  .  .  . 

Trois  heures  de  l'après-midi  .  .  . 

L'auto  roule  doucement  sur  le  tapis  des  feuilles  mortes. 

Des  deux  côtés  de  la  route,  toutes  les  variétés  du  jaune  —  blond, 
vieil  or,  jonquille,   orangé,  marient  leurs  teintes  délicates. 

Au-dessus  de  nos  têtes,  le  feuillage  tend  un  voile  doré,  troué  de 


122  BULLETIN   DE   LA   SOCIETE   HISTORIQUE 

déchirures,   à   travers   lesquelles   on   aperçoit   par   instant   un  coin  de 
ciel  azur. 

Nous  éprouvons  la  sensation  de  nous  enfoncer  dans  un  tunnel,  où 
par  un  caprice  bizarre,  l'architecte  aurait  mis  du  jaune  partout. 

Laissant  l'auto,  nous  longeons  les  petits  chemins  qui  se  perdent 
au  loin  sous  les  frondaisons  automnales. 

Tout  est  silence,  recueillement,   apaisement. 

Seul  le  bruit  de  nos  pas  et  le  craquement  des  branches  sèches  sous 
nos  pieds  révèlent  la  présence  d'êtres  humains. 

Mais  nous  constatons  que  la  forêt  est  habitée,  car  des  perdreaux, 
au  plumage  grisâtre,  moucheté  de  blanc,  se  lèvent  devant  nous. 

Des  écureuils  gris,  des  écureuils  roux,  la  mine  éveillée  et  la  queue 
en  panache,  sautillent  légers  et  menus,  de  branche  en  branche. 

Il  en  est  qui  nous  regardent  avec  des  yeux  inquiets;  d'autres  sont 
commodément  assis,  et  tiennent  entre  leurs  pattes  de  devant  une 
noisette  qu'ils  grignottent  avec  de  petits  cris  de  joie. 

Par  cet  après-midi  d'octobre,  la  forêt  mettrait  au  désespoir  le  plus 
grand  peintre  paysagiste  —  Poussin,  Claude  Lorrain,  Watteau,  Boucher, 
Fragonard  ne  pourraient  rendre  ces  tonalités  si  diverses  et  si  riches,  ces 
demi-teintes  qu'un  rayon  de  soleil  fait  à  peine  ressortir. 

C'est  une  diaprure  où  le  jaune  entre  pour  la  plus  grande  part,  avec 
un  mélange  de  pourpre,  de  rouge  sang,  de  roux,  de  mauve,  de  vert- 
bronze  et  de  blanc  .  .  . 

Mais  voici  que  l'ombre  devient  plus  envahissante,  le  silence  plus 
pénétrant.  —  Le  soir  tombe,  tranquille  et  doux. 

Au  retour,  la  scène  a  changé,  les  décors  ne  sont  plus  les  mêmes. 

La  route  que  nous  suivons  ressemble  à  la  nef  d'une  cathédrale 
gothique.  —  Les  arbres  ont  l'apparence  de  colonnes  élancées  dont  les 
branches  s'unissent  par  le  haut,  pour  former  des  arceaux  d'une  merveil- 
leuse pureté  de  lignes. 

Et  comme  pour  donner  à  ce  décor  un  caractère  plus  religieux,  voici 
qu'à  travers  les  verrières  de  la  voûte,  nous  croyons  voir  une  main 
mystérieuse  allumer  des  cierges,  dans  la  sérénité  du  ciel  bleu  .  .  . 

Octobre  1912 


PAPIERS    JAUNIS  123 

SOIR  DE  LA  TOUSSAINT 


//  avait  plu  toute  la  journée. 

Au-dessus  des  champs,  le  long  des  clôtures,  entre  les  habitations, 
le  vent  d'automne  hurlait  la  plainte  des  trépassés.  Des  nuages  de  toutes 
formes  et  de  toutes  dimensions  filaient  silencieusement  vers  l'ouest  et 
parfois,  à  travers  une  déchirure,  une  étoile  faisait  miroiter  les  flaques 
d'eau   au   milieu  du  chemin. 

Un  long  crêpe  se  balançait  à  la  porte.  Signe  de  deuil,  signe  que 
la  mort  a  passé!  En  effet,  le  vieux  paysan  avait  rendu  le  dernier  soupir 
dans  la  matinée  de  ce  jour  lugubre,  et  la  nouvelle  s'en  était  aussitôt 
répandue  lorsque  les  cloches  avaient  sonné  le  glas. 

Dans  la  chambre  décorée  de  tentures  blanches  et  noires,  le  cadavre 
reposait  sur  les  planches,  froid,  immobile,  rigide.  On  l'avait  revêtu  de 
son  plus  bel  habit  d'étoffe  du  pays,  celui  qu'il  ne  portait  que  dans  les 
grandes  occasions.  Son  vieux  chapelet  de  bois  aux  crains  usés,  était 
enroulé  autour  de  ses  doigts  noueux  croisés  sur  sa  poitrine.  Le  corps 
était  recouvert  d'un  suaire  de  mousseline  blanche.  Sur  une  table,  dans 
un  coin,  un  crucifix,  deux  cierges  allumés  et  une  soucoupe  remplie 
d'eau   bénite  dans  laquelle  trempait  une  petite  branche  de  buis. 

A  mesure  que  les  parents  et  les  amis  du  mort  arrivaient  pour 
"prier  le  bon  Dieu  au  corps",  ils  se  mettaient  à  genoux  auprès  du  lit 
funèbre  et  récitaient  une  courte  prière.  Puis  ils  allaient  prendre  place 
parmi  les  groupes  où  l'on  causait  seulement  de  voisin  à  voisin  et  sans 
élever  la  voix.    Un  demi  silence  planait  sur  cette  assemblée. 

Une  personne  se  détachait  parfois  de  l'assistance  et  allait  s'agenouiller 
à  l'entrée  de  la  chambre  mortuaire.  Les  hommes  ramenaient  alors  leurs 
chaises  devant  eux  pour  s'y  appuyer,  quelques  bonnes  vieilles  femmes 
s'accroupissaient  sur  leurs  talons,  et  le  chapelet  était  récité  lentement, 
sur  le  ton  plaintif  d'une  mélopée. 

Au  dehors,  le  vent  hurlait  toujours  la  plainte  des  trépassés  et  faisait 
battre  contre  la  muraille  un  volet  mal  attaché.  Un  chien  rôdait  autour 
de  la  maison  en  poussant  des  jappements  désespérés. 

Nature,  hommes,  bêtes  sentaient  passer  le  souffle  glacial  de  la 
mort   et  frissonnaient  de  terreur. 


124  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

Seul  le  cadavre  semblait  avoir  trouvé  le  véritable  repos  et  gardait 
sous  son  suaire  de  mousseline  blanche,  son  effrayante  immobilité. 


Novembre  1911 


Souvenirs  .  .  . 

OVIDE  RICARD-TESSIER 

C'était  au  mois  de  février  1918. 

Réunis  dans  la  ville  de  Fitchbiirg,  (Massachusetts)  trente-cinq 
Franco-Américains,  prêtre  et  laïques,  discutaierit  de  l'avenir  de  notre 
peuple  aux  Etats-Unis  et  exposaient  les  besoins  de  l'heure  présente. 

Tous  s'accordaient  sur  la  nécessité  de  fortifier  davantage  la  clef  de 
voûte  qui  maintient  debout  l'édifice  national,  l'école.  Et  de  là,  on  en 
était  venu  à  parler  du  collège  de  l'Assomption,  de  Worcester,  cette 
institution  d'enseignement  secondaire  que  les  nôtres  rêvent  de  convertir 
en  château  fort  de  l'idéal  français  et  catholique  en  ce  pays.  Dans  un 
noble  mouvement  de  générosité,  les  trente-cinq  délégués  avaient  même 
décidé  d'offrir,  au  moyen  de  souscriptions  volontaires  recueillies  dans 
toute  la  Nouvelle- Angleterre,  une  bourse  de  cinquante  mille  dollars 
au  collège  de  l'Assomption. 

Si  beau  que  fut  le  geste,  il  fallait  bien  se  rendre  à  l'évidence  que 
l'on  n'avait  pas  un  sou  vaillant  à  ce  moment-là. 

Alors,  au  fond  de  la  salle,  un  délégué  se  leva: 

"Puisque,  dit-il,  nous  voulons  prélever  cinquante  mille  dollars,  je 
propose  que  nous  commencions  les  premiers  à  mettre  la  main  dans  nos 
poches.  Pour  ma  part,  f offre  cent  piastres  pour  le  collège  de  Worcester." 

C'était   Ovide  Ricard-Tessier,   de  Woonsocket. 

D'ailleurs,  point  n'était  besoin  de  le  nommer.  Ceux  qui  le  pleurent 
aujourd'hui  l'auraient  vite  reconnu  dans  cet  élan  de  son  coeur  généreux, 
dans  cette  spontanéité  de  geste  qui  était  une  des  caractéristiques  de  son 
tempérament. 


PAPIERS    JAUNIS  125 

Agé  de  31  mis  seulement,  au  début  d'une  carrière  industrielle  qui 
s'annonçait  exceptionnellement  rapide.  Ricard-Tessier  a  été  emporté 
en  pleine  force  et  en  pleine  activité.  On  dirait  que  la  Mort  a  choisi  ça 
et  là  dans  le  champ  des  vies  humaines,  quelques-unes  des  fleurs  les 
plus  brillantes,  les  plus  débordantes  de  sève  et  d'éclat,  afin  d'en  composer 
une  gerbe  d'abondance  devant  être  offerte  en  expiation  aux  pieds  du 
Maître  souverain  de  toutes  choses. 

Ricard-Tessier  était  arrivé  très  jeune  aux  Etats-Unis  pour  entrer, 
comme  la  plupart  de  ceux  de  sa  condition,  à  la  manufacture.  Possédant 
une  solide  instruction  commerciale  puisée  chez  les  frères  du  Sacré-Coeur 
—  pour  lesquels  il  garda  toute  sa  vie  la  plus  ardente  vénération,  — 
maniant  l'anglais  avec  aisance,  il  résolut  de  démontrer  qu'un  Canadien- 
Français  n'est  inférieur  à  personne  dans  un  domaine  où  les  Anglo-Saxons 
sont  restés  jusqu'ici  les  maîtres,  l'industries.  Il  se  plia  aux  plus  ingrates 
besognes,  apprit  les  rudiments  du  métier,  passa  par  les  grades  les  plus 
divers.  Chaque  occasion  de  s'instruire,  il  la  saisissait  avec  empressement. 
Aussi,  lorsque  la  mort  vint  interrompre  son  oeuvre,  il  était  le  propriétaire 
d'une  vaste  manufacture  et  le  directeur-gérant  d'une  autre  plus  importante 
encore.  Le  petit  employé  obscur  d'autrefois  était  devenu  le  patron 
respecté  à  qui  ses  ouvriers  viennent  confier  leurs  embarras. 

J'ignore  si  Ricard-Tessier  avait  lu  l'immortelle  encyclique  de  Léon 
XIII  sur  la  condition  des  ouvriers.  Chose  certaine,  il  en  possédait 
instinctivement  les  principes  et  les  appliquait  dans  ses  relations  avec 
ceux  qu'il  avait  mission  de  diriger.  Pour  lui,  l'artisan  n'était  pas  simple- 
ment un  des  rouages  indispensables  au  fonctionnement  d'une  usine, 
mais  un  être  créé  à  l'image  de  Dieu,  capable  de  souffrir  et  d'aimer  et 
méritant  d'être  traité  avec  d'autant  plus  de  justice  qu'il  a  moins  de 
moyens  pour  se  défendre.  Il  rêvait  d'être  pour  ses  ouvriers,  le  type  du 
patron  chrétien,  toujours  prêt  à  donner  un  conseil  à  celui-ci,  un  secours 
à  celui-là  et,  par-dessus  tout,  le  bon  exemple  à  tous.  Un  trait  suffira 
pour  l'illustrer. 

On  sait  qu'aux  Etats-Unis,  le  Vendredi  de  la  semaine  sainte  est 
un  jour  non  férié.  Dans  le  Rhode-Island,  il  fut  question,  à  diverses 
reprises  d'obliger  les  établissements  à  chômer  pendant  quelques  heures, 
dans  l'après-midi,  par  respect  pour  Celui  qui  est  mort  sur  la  croix  en 
expiation  des  péchés  des  hommes.  Ricard-Tessier  n'attendit  pas  que  la 
loi  fut  votée.  Et,  spectacle  peu  banal  et  vraiment  édifiant,  on  le  vit, 
le  Vendredi  saint,  à  trois  heures  de  l'après-midi,  fermer  les  portes  de 
ses  manufactures,  se  mettre  à  la  tête  de  ses  ouvriers  et  marcher  pro- 
cessionnellement  jusqu'à  l'église  Sainte- Anne,  afin  d'assister  à  la  céré- 


126  BULLETIN   DE    LA    SOCIETE    HISTORIQUE 

monie  du  Chemin  de  la  Croix.   L'office  terminé,  on  reprenait  le  chemin 
de  l'usine  pour  continuer  le  travail  interrompu. 


Ricard-Tessier  était  une  figure  familière  dans  les  congrès  de  nos 
sociétés,  auxquelles  il  considérait  comme  un  devoir  et  un  honneur  d'ap- 
partenir. Lorsqu'en  1908,  on  fonda  l'Association  catholique  de  la  Jeu- 
nesse franco-américaine,  sur  le  modèle  de  celles  de  France  et  du  Canada, 
il  fut  un  des  premiers  à  donner  son  adhésion  au  mouvement.  Ceux  qui 
furent  ses  camarades  d'alors,  se  rappellent  l'accent  résolu  de  son  verbe, 
la  fermeté  avec  laquelle  il  énonçait  ses  principes,  l'éclat  de  ses  yeux  gris, 
un  peu  sévères  dans  la  discussion,  mais  s'illuminant  d'éclairs  joyeux 
devant  une  riposte  ou  une  saillie  spirituelles.  Il  aimait  d'ailleurs  la 
discussion  par  instinct  de  combativité,  et  il  défendait  ses  opinions  avec 
ime  chaleur  de  conviction  qui  lui  gagnait  bien  des  suffrages.  Parfois, 
il  venait  sur  le  point  de  s'emporter.  C'était  pour  dénoncer  les  Franco- 
Américains  qui  rougissent  de  leur  langue  maternelle,  traduisent  leur 
nom  en  anglais  et  s'affilient  aux  sociétés  étrangères.  Sur  ce  point,  il 
était  intraitable.  Il  ne  pouvait  comprendre,  lui  si  fier  de  .sa  race,  qu'un 
Canadien-Français  put  rougir  de  ses  origines. 

"Remarquons  une  chose,  disait-il  en  1908,  dans  une  allocution  à 
des  jeunes  gens  de  son  âge.  La  constitution  américaine  ne  nous  oblige 
pas  d'abjurer  notre  foi,  notre  langue,  de  changer  nos  noms  en  anglais. 
Com,me  ils  sont  à  plaindre,  ceux  qui  se  rendent  coupables  de  lèse- 
nationalité  en  saxonnisant  leur  nom.  D'ailleurs  un  homme  qui  est  traître  à 
sa  race,  à  sa  foi,  à  san  nom  est  bien  exposé  d'être  traître  à  son  pays 
d'adoption.  Rappelons-nous  que  ce  n'est  pas  seulement  en  chantant  les 
gloires  des  ancêtres  que  nous  serons  dignes  d'eux.  Tour  l'être,  réellement, 
il  faut  faire  plus  encore.  Il  nous  faut  à  notre  tour  être  des  hommes  de 
courage  et  d'action.  Au  lieu  de  laisser  les  moments  de  notre  jeunesse 
s'en  aller  à  des  choses  vaines,  cidtivons  notre  intelligence.  Au  lieu  de 
passer  des  veillées  entières  au  coin  des  rues,  mettons-nous  à  l'étude. 
Cessons  d'être  des  membres  inutiles  à  notre  pays,  pour  devenir  des 
hommes  de  caractère.  Les  champions  de  notre  cause  s'en  vont  un  à  un 
dormir  à  l'ombre  de  la  croix  qu'ils  ont  vaillamment  portée  durant  leur 
carrière.    Qui  les  remplacera,  si  ce  n'est  nous?" 

C'est  tout  le  credo  de  l'ardente  et  utile  jeunesse  de  Ricard-Tessier 
que  renferment  ces  quelques  lignes.  Et  il  avait  à  peine  20  ans  quand  il 
faisait  cette  profession  de  foi.  Certes,  ce  n'est  pas  à  lui  que  l'on  aurait 
pu  adresser  le  cinglant  sarcasme  du  poète: 


PAPIERS    JAUNIS  127 

"Donnez-moi  vos  vingt  ans,  si  vous  n'en  faites  rien." 

Homme  de  courage  et  (Taction,  homme  de  caractère  et  d'étude, 
lutteur  opiniâtre  et  entreprenant,  tel  fut  celui  que  la  mort  vient  de 
coucher  dans  le  froid  du  tombeau.  Mais  le  sérieux  de  sa  vie  et  de  sa 
conduite  n'excluait  pas  chez  lui  la  bonne  et  saine  gaieté,  si  communicative 
à  force  d'être  franche.  Dans  le  cercle  de  ses  intimes,  on  ne  comptait  pas 
de  plus  vivace  boute-en-train. 


En  ces  dernières  années,  la  politique  semblait  l'attirer.  Il  y  apportait 
les  convictions  et  les  principes  qui  avaient  dirigé  jusqu'ici  sa  carrière 
quasi-publique.  Il  remportait  déjà  des  succès,  tant  il  savait  en  imposer 
par  la  droiture  de  son  caractère,  la  force  de  son  énergie  et  de  son  talent  et 
l'ascendant  que  lui  valait  sur  le  peuple  une  fortune  noblement  acquise. 
Ayant  appris  à  obéir,  il  pouvait  commander  et  son  commandement  était 
de  ceux  qui  ne  souffrent  pas  de  répliques.  Il  savait  ce  qu'il  voulait,  et 
quand  il  avait  parlé,  on  avait  compris.  De  l'aveu  de  tous,  il  était  destiné 
aux  sommets  les  plus  élevés  de  la  hiérarchie  civile. 

A  se  dépenser  sans  compter  sur  tous  les  terrains  de  l'activité  sociale, 
une  vie  s'use  vite.  La  dernière  fois  que  nous  nous  rencontrâmes,  comme 
je  lui  manifestais  mon  admiration  devant  ses  succès  d'industriel,  il  me 
répliqua,  d'une  voix  un  peu  lassée: 

"N'envie  pas  mon  sort.  Tu  vis,  tandis  que  (existe  seulement,  n'ayant 
pas  le  temps  de  goûter  aux  douceurs  de  la  vie  de  famille." 

Il  sotiffrait  d'être  pris  dans  l'engrenage  des  affaires,  de  la  politique, 
au  point  de  ne  pouvoir  dépenser  auprès  de  sa  jeune  épouse  et  de  ses 
cinq  enfants,  des  loisirs  qu'il  eut  voulu  plus  fréquents  et  qui  devenaient, 
par  la  force  des  circonstances,  de  plus  en  plus  rares.  Il  aspirait  en  un 
mot  à  un  repos  temporaire,  ne  prévoyant  pas  sans  doute  que  Dieu  lui 
réservait,  à  si  brève  échéance,  Vétemel  repos. 


Ricard-Tessier  e.st  mort,  mais  son  exemple  d'énergie  reste. 

Aux  temps  antiques,  quand  Tenvahisseur  menaçait  la  cité,  les  jeunes 
Athéniens  couraient  aux  temples  des  dieux  où  étaient  suspendues  les 
armes  des  héros  morts  pour  la  patrie  et,  frappant  sur  les  cuirasses  de 
bronze,  ils  les  faisaient  résonner  comme  un  timbre  d'alarme.  A  cet  appel. 


128  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

tous  les  guerriers  couraient  aux  portes  de  la  ville  pour  en  défendre 
l'entrée   à   l'ennemi. 

De  même,  au  Panthéon  de  notre  nationalité,  le  nom  de  Ricard- 
Tessier  vibrera  comme  un  bouclier  d'airain.  Et  quand  l'ennemi,  quelque 
nom  qu'il  porte  et  de  quelque  masque  qu'il  s'affuble,  viendra  menacer 
le  trésor  sacré  de  notre  foi,  de  notre  langue,  de  nos  institutions,  il  faudra 
évoquer  le  souvenir  de  Ricard-Tessier,  afin  d'y  puiser  un  courage  nouveau 
pour  défendre  ce  que  lui-même  a  tant  aimé. 

Novembre  1918 


EN  SOUVENIR  D'UN  TABLEAU  VU  QUELQUE  PART 

Le  préau  du  monastère. 

La  lueur  mourante  d'un  beau  soir  d'automne  se  retire  doucement. 
Sous  les  arcades  du  cloître,  l'ombre  se  glisse  furtive. 

Un  orme  immense,  dont  les  basses  branches  effleurent  le  sable  de 
l'allée,  abrite  un  banc  de  marbre. 

Et  sur  le  banc  de  marbre,  très  pâle  dans  ses  amples  vêtements  blancs, 
une  religieuse  regarde  tristement  tomber  les  feuilles  mortes. 

Un  air  de  jeunesse  et  de  beauté  flotte  sur  ses  traits  émaciés  par 
l'austérité  claustrale.  Ses  yeux  habitués  à  contempler  les  visions  de 
l'au-delà  s'illuminent  de  reflets  presque  humains. 

Le  soir  est  calme  et  reposant.  La  brise  frôle  comme  une  caresse. 
Des  roses  achèvent  de  mourir  en  exhalant  leur  parfum. 

Et  la  nonne  songe. 

Elle  songe  à  son  enfance  ensoleillée,  aux  heures  bénies  de  sa  jeunesse. 
Elle  se  souvient  vaguement  d'avoir  aimé  sans  espoir  de  faire  halte  à  deux 
sur  le  chemin  de  la  vie.  Mais  il  ne  lui  en  reste  plus  qu'un  souvenir  qui 
s'estompe  dans  les  brumes  du  passé.  Celle  qui  marche  avec  joie  vers  les 
choses  de  Dieu  et  considère  avec  effroi  les  choses  de  la  terre  ne  peut 
avoir  de  stériles  regrets. 

Les  feuilles  mortes  jonchent  le  banc  de  marbre  et  couvrent  l'allée 
de  sable  fin.  Une  d'elles  vient  se  poser  sur  l'épaule  de  la  nonne,  tache 
de  sang  sur  la  blancheur  de  ses  voiles. 


PAPIERS    JAUNIS  129 

L'ombre  se  fait  plus  épaisse  sous  les  arcades  du  cloître.  Le  coeur 
de  la  nonne  déborde  de  souvenirs  comme  une  coupe  trop  pleine. 

Les  feuilles  mortes  tombent  toujours. 
Août  1912 

POEME  EN  PROSE 

Je  sais  un  vieux  tronc  d'arbre  dans  les  sables  de  la  grève.  —  //  est 
si  vieux  et  si  moussu,  si  caduc  et  vermoulu  qu'il  s'effrite  au  moindre 
choc.  —  Mais  la  mousse  qui  l'enveloppe  est  une  housse  de  soie  verte, 
et  les  feuilles  mortes  qui  le  recouvrent  y  forment  un  coussin  d'or.  —  Et 
j'en  ai  fait  un  trône,  un  trône  vert  et  or  pour  y  asseoir  une  princesse. 

Je  sais  un  étang  bleu,  si  bleu  que  le  ciel  même  en  est  jaloux. 
—  Il  est  serti  comme  une  turquoise  au  milieu  de  rochers  gris.  —  L'hi- 
rondelle l'effleure  d'une  aile  rapide.  —  Les  vents  mauvais  passent  dessus 
sans  le  troubler.  —  Et  j'en  ai  fait  un  miroir,  un  miroir  pour  y  mirer  les 
beaux  yeux  d'une  princesse. 

o  e  o 

Je  sais  un  jardin  calme  où  croit  un  grand  lys  blanc.  —  Il  pousse 
droit  et  ferme.  —  La  brise  du  soir  courbe  devant  lui  les  fleurs  les  plus 
hautaines.  —  Nulle  main  n'oserait  y  toucher.  —  Mais  je  l'ai  brisé  sans 
pitié.  —  Et  j'en  ai  fait  un  sceptre,  un  sceptre  pour  orner  la  main  d'une 
princesse. 

«         «         « 

Je  sais  un  saule  noir  où  pleure  le  vent  d'automne.  —  J'ai  prêté  une 
oreille  attentive  à  la  voix  qui  parle  dans  ses  branches.  —  Des  paroles 
recueillies,  j'ai  fait  un  doux  poème,  un  poème  pour  charmer  l'âme  d'une 
princesse.    . 

e  o  « 

Je  sais  un  pauvre  coeur  épris  de  rêve  et  de  beauté.  —  Il  vibre  au 
moindre  souffle  et  bat  sincère  et  franc.  —  Et  j'en  ait  fait  un  jouet, 
un  jouet  pour  amuser  le  caprice  d'une  princesse. 

e  «  « 

Capricieuse  princesse,  qu'as-tu  fait  du  coeur  que  je  t'avais  donné 
pour  jouet?  —  Tu  l'as  jeté  à  ton  chat,  n'est-ce  pas?  —  Le  pauvre 
coeur  gît  par  terre.  —  Qui  donc  le  ramassera,  à  défaut  d'une  princesse? 

"Novembre  1912 


XV 

Nécrologie 

Zenon  Bcorette,  1882-1961  (Fall  River),  Né  à  St-Didace,  Québec  en 
1882,  fils  de  Denis  Barrette  et  d'Eloise  Roy.  Homme  d'affaires  il  était  de- 
puis des  années  un  officier  de  la  Société  des  Artisans.  Intéressé  à  toutes 
nos  oeuvres.   Décédé  le  13  janvier  à  l'âge  de  79  ans. 

Abbé  ThéodiUe  Bélisle,  1913-1961.  Né  à  New  Bedford,  le  25  avril 
1913.  Ordonné  le  10  avril  1943.  Vicaire  au  Précieux-Sang  de  Woonsocket 
depuis  1956.    Décédé  le  24  octobre. 

R.  P.  Stanislas  Bernard,  1875-1961.  Originaire  du  Luxembourg,  il 
avait  été  ordonné  en  1902  à  Louvain.  Avec  deux  confrères,  il  établissait 
l'oeuvre  des  Religieux  des  Sacrés-Coeurs  à  New  Bedford  en  1905.  Il  dé- 
pensa toute  sa  vie  dans  cette  région.  Décédé  le  16  février  à  l'âge  de  86  ans. 

Alphonse  Berthiaume,  1889-1961.  Né  à  Sainte -Flore,  Québec,  le  26 
décembre  1899.  Contremaître  d'usine  à  Watertown,  Connecticut  où  il 
vivait.  Il  était  conseiller  général  de  l'Union  St- Jean -Baptiste  d'Amérique. 
Décédé  le  9  septembre. 

Me  Cniarles-J.  Bourgonlt,  1916-1961.  Avocat  de  West  Warwick,  R.  I. 
Né  en  1916  et  diplômés  des  universités  Brown  et  Harvard.  Décédé  en 
février. 

Me  Albert-L.  Bourgeois,  1889-1961.  Avocat  de  Lowell  durant  34  ans. 
Il  avait  été  représentant  à  la  législature  de  Boston  durant  8  ans.  Membre 
de  nos  sociétés.  Décédé  le  4  mai. 

Albert-J.  Brunelle,  pharmacien,  1877-1961.  Il  exerça  sa  profession 
durant  nombre  d'années  à  Fall  River.  Décédé  le  13  août  à  l'âge  de  84 
ans.    Il  habitait  Hyannis  depuis  1926. 

R.  P.  Raymond-Marie  Burgess.  o.p..  1911-1961.  Né  le  5  août  1911  à 
Grand  Falls,  Nouveau -Brunswick,  fils  de  Matthew  Burgess  et  de  Sevena 
Marie  Bois.  Ordonné  prêtre  le  2  août  1936  à  Ottawa,  membre  de  l'Ordre 
des  Dominicains.  Il  avait  été  prieur  à  Fall  River,  et  à  Lewiston.  Très 
intéressé  à  nos  oeuvres.   Décédé  à  Sackville  le  18  juillet. 

Mgr  Domase  Carrières,  1888-1961.  Né  à  Burlington,  Vermont,  le  3 
mars  1888,  fils  du  Dr  Damase  Carrières.    Etudes  à  Ste-Thérèse  et  à 


NECROLOGIE  131 

Montréal.  Ordonné  le  23  décembre  1912  à  Burlington.  Curé  de  la  paroisse 
Sainte-Marie,  de  Newport  depuis  1944.  Décédé  le  8  janvier. 

Aram  Côté,  1910-1961.  Né  à  Woonsocket  le  31  avril  1910.  Comptable 
de  l'Union  St- Jean -Baptiste  d'Amérique.  Décédé  le  1er  juillet  à  Woon- 
socket. 

Edgar-S.  Côté,  1901-1961.  Né  le  1er  août  1901  à  Woonsocket.  Il  était 
banquier  et  homme  d'affaires.   Décédé  le  22  mai. 

R.  P.  Narcisse  Cotnoir,  o.m.i.,  1887-1961.  Né  à  St-Robert,  Québec,  le 
3  décembre  1887  et  ordonné  le  8  septembre  1915.  (Biographie  au  chapitre 
2  du  bulletin).  Membre  de  la  Société. 

J.-Albert  Coutu,  1895-1961.  Homme  d'affaires  et  gros  marchand  de 
matériaux  de  construction  (Builders'  Supplies).  Il  était  très  zélé  au  sein 
de  nos  oeuvres,  Club  Marquette,  Club  Frontenac,  Ligue  des  Retraitants, 
etc.  Il  habitait  West  Warwick  où  il  décéda  le  1er  février  à  l'âge  de  65  ans. 

Mgr  Joseph-Albert  Dame,  P.D.,  1879-1961.  Né  à  Cohoes,  N.  Y.,  le  3 
novembre  1879.  Ordonné  à  Baltimore  le  19  juin  1908.  Curé  de  Notre-Dame 
des  Victoires  à  St.  Johnsbury,  depuis  1931  et  élevé  à  la  prélature  en  1945. 
Mgr  Dame  était  un  homme  très  simple  se  préoccupant  très  peu  des  formes. 
Il  avait  une  table  accueillante.   Décédé  le  2  août  à  l'âge  de  88  ans. 

Louis-T.  DesChesnes,  1914-1961.  Professeur  et  membre  du  départe- 
ment des  langues  étrangères  dans  l'Etat  du  Vermont.  Décédé  le  29  avril. 

Abbé  Eugène  Dion,  1893-1961.  Curé  du  Saint -Sacrement  à  Fall  River. 
Décédé  le  5  janvier.  (Biographie  au  chapitre  2  du  bulletin).  Membre  de 
la  Société. 

Alfred-J.  Donais,  1899-1961.  Surintendant  d'usine.  Né  le  22  mai, 
Cohoes,  New  York,  fils  d'Alfred  et  d'Elizabeth  Messier.  Il  habitait  Holyoke 
depuis  nombre  d'années. 

Joseph-P.  Duchaine,  1903-1961.  Homme  d'affaires  très  estimé  à  New 
Bedford  décédé  le  24  mars  à  l'âge  de  58  ans.  (Biographie  au  chapitre  2 
du  bulletin).   Membre  de  la  Société. 

Mgr  Pierre  Dufault,  P.D.,  1878-1961.  Né  à  Kankakee,  Illinois,  le  30 
août  1878.   Ordonné  le  17  décembre  1906.   Curé  de  Ste-Rose  de  Lima,  de 


132  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

Kankakee,  diocèse  de  Joliet,  Illinois,  depuis  1924.  Elevé  à  la  prélature  en 
1950.  Décédé  le  30  janvier  à  l'âge  de  82  ans. 

Irène  Forley,  1893-1961.  Fondatrice  de  l'oeuvre  missionnaire  des 
Rosiers  de  Ste-Thérèse  de  l'Enfant-Jésus  en  faveur  du  clergé  indigène. 
Durant  plus  de  40  ans,  elle  donna  sa  vie  à  cette  oeuvre.  Elle  était  ori- 
ginaire de  St-Cyrille,  Québec.  La  maladie  l'empêcha  d'entrer  dans  la  vie 
religieuse.  Elle  se  disait  guérie  par  la  Petite  Fleur  du  Carmel.  Elle  vécut 
comme  une  recluse  se  contantant  du  stricte  nécessaire.  Elle  rêvait  de 
fonder  une  communauté  qui  soutiendrait  son  oeuvre.  Très  surnaturelle 
dans  sa  vie,  elle  avait  une  conception  assez  personnelle  de  la  vie  et  de  ses 
responsabilités.  Il  pouvait  devenir  très  difficile  de  vivre  en  sa  compagnie. 
On  l'a  justement  surnommée  la  Pauline  Jaricot  de  notre  siècle.  Elle  avait 
recueilli  près  d'un  demi  million  pour  son  clergé  indigène.  Elle  décéda  le 
17  février  à  l'hôpital  Notre-Dame  de  Manchester.  S.  E.  Mgr  Primeau  pré- 
sida ses  funérailles  à  St-Georges  et  l'abbé  Adrien  Verrette  récitait  les 
prières  au  cimetière  St-Augustin  pour  l'âme  de  cette  fondatrice  qu'il  con- 
naissait depuis  plus  de  40  ans  et  qu'il  avait  souvent  dirigée  et  encouragée. 

Mgr  Henri-J.  Filion,  P.D.  Amesbury.  Mass.  (1887-1961).  Né  à  Acton 
Vale,  Québec,  3  mai  1887,  fils  de  Joseph  Filion  et  de  Mathilda  Laliberté. 
La  famille  s'établit  à  Lowell  ou  le  père  est  bijoutier.  Etudes  à  St-Hya- 
cinthe  et  à  Brighton.  Ordonné  le  9  juin  1911  à  Boston.  Vicaire  à  Salem, 
puis  nommé  curé  à  Everett  puis  au  Sacré-Coeur  d'Amesbury  en  1931.  La 
maladie  l'avait  forcé  à  la  retraite  depuis  plusieurs  années.  Décédé  à  Hull, 
Québec,  le  21  avril  1961. 

Dr  Edgar-J.  Fleury,  1906-1961.  Né  à  Aldenville,  Mass.  le  26  février 
1906.  Il  pratiquait  la  médecine  à  Holyoke  depuis  1935.  Médecin -légiste 
de  la  ville.  Décédé  le  16  décembre. 

Mgr  Clcmdius  Gobet  P.A..  1874.1961.  Né  en  France  le  27  juillet  1874, 
il  fut  affilié  au  diocèse  d'Ogdensbury,  New  York  pour  devenir  curé  de  la 
paroisse  Saint-Alexandre  de  Morrisonville,  N.  Y.,  où  il  décéda  le  22  mai 
à  l'âge  de  86  ans. 

Dr  Eugène-J.  Guilmette.  1888-1961.  Né  le  21  novembre  1888  à  Law- 
rence, Mass.  Etudes  classiques  et  médicales  à  Québec.  Il  s'installe  à 
Lawrence  en  1918.  Décédé  à  Lawrence  le  15  mai  à  l'âge  de  72  ans. 

Dr  Louis-J.-A.  Legris,  1884-1961.  Né  à  Warwick,  R.  I.  le  13  décembre 
1884.  Ses  études  classiques  au  collège  Ste-Marie,  de  Montréal  et  son 
cours  de  médecine  à  l'Université  de  l'Illinois.   Il  se  fixe  à  Warwick  et 


NECROLOGIE  133 

dans  la  vallée  Pawtucket  où  pendant  plus  de  50  ans  il  exerce  sa  profession 
avec  succès.   Décédé  le  22  mai  à  l'âge  de  76  ans. 

Charles  Letendre,  1891-1961.  Organiste  et  musicien.  Né  en  1891  à 
St-Louis,  Québec,  fils  de  Charles  Letendre  et  d'Alphonsine  Labrèche. 
Organiste  et  maître  de  chapelle  à  St-Mathieu  de  Fall  River  durant  un 
demi  siècle.  Il  était  le  pianiste  de  la  Chorale  Franco -Américaine  de  Fall 
River.  Décédé  le  6  mai.  On  écrivait  de  lui  qu'il  était  le  modèle  du  type 
du  dévouement  parfait  à  nos  oeuvres. 

Dr  Arthur-H.  Lussier,  1897-1961.  Originaire  du  Connecticut,  il  s'ins- 
tallait à  Pittsburgh,  en  Pennsylvanie.   Décédé  le  30  septembre. 

R.  P.  Mannes  Marchand,  o.p.,  1883-1961.  Il  avait  été  curé  de  la  pa- 
roisse Saint-Pierre  et  Saint-Paul  de  Lewiston  où  il  avait  construit  le 
magnifique  temple  paroissial.  Décédé  le  1er  avril  à  l'âge  de  78  ans.  Il 
état  né  le  4  novembre  1883  à  Beauharnois  et  ordonné  à  Ottawa  en  1910, 
membre  de  l'Ordre  des  Dominicains. 

Abbé  Aurélien  Moreau.  1905-1961.  Né  à  Fall  River  en  1905  fils  de  Bar- 
thélémy Moreau  et  de  Laure  Belleau.  Ordonné  le  14  juin  1928.  Aumônier 
de  la  Marine.  Curé  de  St-Mathieu  de  Fall  River  depuis  1960.  Décédé  le 
12  mars. 

Mgr  Vital  Nomorgue.  P.D.,  1887-1961.  Né  en  Bretagne,  France,  le 
29  octobre  1887,  fils  de  Joseph  Nonorgue  et  d'Agnès  Frisence.  A  l'âge  de  17 
ans  il  s'inscrit  au  séminaire  du  Sacré -Coeur,  de  Halifax,  Nouvelle  Ecosse 
où  il  est  ordonné  le  29  juin  1912,  membre  de  la  congrégation  des  Pères 
Eudistes.  Après  des  années  de  professorat,  il  est  admis  dans  le  diocèse  de 
Portland  en  1920. 

En  1921  il  est  nommé  curé  à  Ste-Marie  d'Eagle  Lake  puis  en  1923, 
il  vient  fonder  la  paroisse  Ste-Marie  à  Lewiston  qu'il  administre  jusqu'à 
sa  mort.  Il  fut  le  père  des  caisses  populaires  de  Lewiston  et  d'Auburn.  En 
1952,  il  est  élevé  à  la  prélature  romaine-  Il  avait  créé  une  belle  oeuvre  pa. 
roissiale.   Décédé  le  11  février  à  l'âge  de  73  ans. 

R.  P.  Eugène  Noury.  o.m.i.,  1912-1961.  Né  à  Manchester  le  12  mars 
1912.  Ordonné  le  24  mai  1937.  Il  fut  aumônier  militaire.  Il  dirigeait  le 
sanctuaire  St-Joseph  à  Lowell.   Décédé  le  20  mai  à  l'âge  de  49  ans. 

Louis-H.  Paré,  1861-1961.  Longtemps  au  service  de  la  rédaction  de 
l'Avenir  National  à  Manchester  et  de  l'Impartial  à  Nashua.  Décédé  en 
cette  ville  le  30  juillet  à  Nashua  à  l'âge  de  80  ans. 


134  BULLETIN   DE   LA    SOCIETE   HISTORIQUE 

Mgr  Joseph  Pcoriseau,  P.D.,  1878-1961.  Né  le  20  janvier  1878  à  Essex 
Junction,  Vermont.  Il  avait  été  un  protégé  de  l'abbé  Audet,  fondateur  de 
St-François  de  Winooski.  Ordonné  en  1903.  Curé  de  St-Joseph  depuis 
1933  et  élevé  à  la  prélature  en  1948.  Il  s'éteignait  le  14  juin  après  une 
longue  maladie. 

Dr  Marius  Péladeau,  1894-1961.  Né  le  28  juillet  1894  à  Montréal.  Il  se 
fixe  à  Brattleboro,  Vermont,  où  il  exerce  un  véritable  apostolat.  Décédé 
le  17  décembre  à  l'âge  de  67  ans. 

Abbé  Théodore  Péloquin,  1895-1961.  Né  le  15  juin  1895  à  Ste-Victoire, 
Québec.  Ordonné  le  29  janvier  1929.  Vicaire  et  aumônier  en  plusieurs  en- 
droits. Homme  très  affairé  et  dévoué.  Décédé  le  30  octobre  à  Woonsocket 
à  l'âge  de  66  ans. 

Abbé  Lorenzo  Poliquin,  1901-1961.  Né  à  Lewiston,  le  3  décembre  1901. 
Curé  de  la  paroisse  St-Michel  à  South  Berwick,  Maine.  Décédé  le  1er 
avril.  Il  avait  été  curé  pendant  17  ans  de  la  paroisse  Ste-Marie.  de  Ston- 
ington,  Maine. 

Dr  J.-Nopoléon  PerreoiUt,  1879-1961.  Né  à  Manchester,  N.  H.,  le  23 
novembre  1879.  Diplômé  de  Tufts,  il  s'installe  à  Manchester  puis  en 
1909  il  se  fixe  à  Danielson,  Conn.  où  il  se  crée  une  réputation  de  médecin 
admirable  et  de  compatriote  distingué.  Décédé  le  10  mai  à  l'âge  de  81 
ans. 

Arthur  Plante,  bijoutier.  1884-1961.  Fils  d'Alphonse  Plante  et  d'Emma 
Richer.   Dans  le  commerce  pendant  57  ans.   Décédé  le  17  novembre. 

Mgr  Jean-Baptiste  Siuprenant,  1873-1961.  Né  le  14  juin  1873,  à 
Alpena,  Michigan.  Ordonné  le  26  août  1900  à  Grand  Rapids.  Curé  de  la 
paroisse  Ste-Famille  de  Saginaw.  Elevé  à  la  prélature  le  17  décembre 
1945.   A  sa  retraite,  il  décédait  le  14  mai  à  l'âge  de  84  ans. 

Abbé  W.-J.  Tmcotte,  1903-1961.  Né  le  5  janvier  1903,  à  Thetford 
Les  Mines,  Québec.  Etudes  à  Sherbrooke,  à  Montréal  et  à  Louvain.  Or- 
donné le  26  novembre  1933  à  Sherbrooke.  Il  est  affilié  au  diocèse  de 
Portland.  Curé  de  Saint-Léon  de  Howland  depuis  1953.  Décédé  le  13 
mars  à  l'âge  de  58  ans. 

Ludger  Vanasse,  1872-1961.  Homme  d'affaires  à  Northampton,  Mass. 
Né  le  28  juillet  1872  à  W.  Warwick,  Québec,  fils  de  Thomas  Vanasset  et 
de  Virginie  Gosselin.  Décédé  le  5  juin  à  l'âge  de  88  ans.  Maître  de 
chapelle  durant  50  ans  au  Sacré-Coeur.  Membre  de  nos  sociétés: 


Table  des  Matières 

Les  Amis  du  Bulletin  5 

Présentation    7 

Avis  8 

I     Réunions  de  la  Société 9 

II     Statuts  et  Règlements 23 

III  Eloges  des  membres  disparus  34 

IV  Conseil  de  la  Vie  Française  51 

V    Comité  de  Vie  Franco-Américaine  58 

VI     L'Ordre  du  Mérite  Franco-Américain  67 

VII     Fête  Patronale  70 

VIII     Faits  et  Gestes  74 

IX    Généalogie 79 

X     Concours  et  Festivals  81 

XI     Vie  Franco-Américaine  83 

XII     Echos  des  Sociétés 94 

XIII  Vieux  Papiers  98 

XIV  Papiers  Jaunis  120 

XV    Nécrologie  130 


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