BOSTOISI
PUBLIC
UBRARY
NOUVELLE SERIE: VOL. VI
1960
BULLETIN
de la
Société Historique
Franco-Américaine
Boston, Massachusetts
Imprimerie Ballard Frères
Manchester, New Hampshire
1961
NOUVELLE SERIE: VOL. VI
1960
BULLETIN
de la
Société Historique
Franco-Américaine
Boston, Massachusetts
Imprimerie Ballard Frères
Manchester, New Hajnpshire
1961
^cù> G^U du 6uit€U4^
Protecteurs
Mme Malvina Martineau
Los Angeles, Cal.
M. J.- Aimée Lavallée
Springfield, Mass.
Dr Gabriel Nadeau
Rutland, Mass.
Abbé Adrien Verrette
Manchester, N. H.
Conseil de la Vie Française
en Amérique
Québec
Comité de Vie Franco-Américaine
Boston
Union St Jean-Baptiste
d'Amérique
Woonsocket, R. I.
Association Canado-Américaine
Manchester
Bienfaiteurs
Mgr Stephen Grenier, P.D.
Woonsocket
Mgr Arthur O. Mercier, P.D.
Salem
Abbé Camille Blain
Lindwood
J. Henri Goguen
Leominster
Juge Femand Despins
Lewiston, Me
Hector Messier
Saundersville
Ballard Frères
Manchester, N. H.
Ligue des Sociétés F. A,
Lewiston
Patrons
Mgr William Drapeau, P.D.
Lynn
Mgr William LeClair, P.D.
Springfield
Mgr Félix Martin, P.D.
Lewiston
Abbé Edmond J. Lapointe
Millbury
Mme Laurie Ebacher
Amesbury
William E. Aubuchon
Fitchburg
Gerald Robert
Manchester
Société du Bon Parler Français
Montréal
Dr J. Ubald Paquin
New Bedford
Dr Louis B. Amyot, D.D.
Schenectady
Dr Albert Poirier
Cambridge
Dr Antoine Dumouchel
Rutland
Eugène J. Riorden
Dr Ulysse Forget
W. Warwick
Dr R. W. Delaney
Cambridge
Mme René Paré
Montréal
Alphonse Comeau
Medford
Présentation
Il faut toujours revenir à la tâche. C'est là le
fait des oeuvres qui sont dignes de se perpétuer.
Le présent bulletin est un louable effort dans
ce sens.
Des difficultés d'imprimerie ont indûment re-
tardé la parution de notre bulletin. Il fallait le
publier et il vous arrive.
Le lecteur y trouvera une information que nous
aurions voulue plus abondante mais qu'il nous
a fallu réduire à cause des frais. Qui ne connait
pas les problèmes d'impression surtout pour des
choses sérieuses.
Puisse ce numéro apporter satisfaction aux
membres et un intérêt soutenu chez tous ceux
qui suivent la trame de notre comportement de
plus en plus laborieux. Notre but est de faire
rayonner et briller une présence précieuse aux
Etats-Unis, celle de l'empreinte française qui
peut se mesurer avec toutes les autres et cela
sans exclusivisme.
Abbé Adrien Verrette,
président
Avis important
Afin d'assurer son oeuvre, La Société Historique Franco-Amé-
ricaine a établi son Fonds de Réserve ou "Fiducie" (Endowment
Fund). Ce fonds est administré par trois fiduciaires par la société.
Plusieiu's ont déjà répondu à l'invitation.
Les sommes versées ainsi à la société, d'après une déclaration
officielle de la Trésorerie d'Etat à Washington, sont exemptes de la
loi "Inheritance Tax". De plus ces montants peuvent être déduits
de l'Impôt sur le revenu (Income Tax).
Nous demandons aux membres de songer sérieusement à ce
moyen pratique en préparant leurs dispositions testamentaires. Quel
appuie! Si seulement on y avait songé il y a cinquante ans. Il n'est
jamais trop tard
Comme formule testamentaire nous suggérons la suivante:
TO THE TRUSTEES OF THE ENDOWMENT FUND
OF LA SOCIETE HISTORIQUE FRANCO-AMERICAINE,
A CORPORATION UNDER MASSACHUSETTS LAW,
THE SUM OF (DOLLARS)
IN TRUST FOR THE PURPOSE OF THE SOCIETE.
Bulletin de
^* Société ^Cdonc^ue ^%<^Kca- ^«hHcccUhc
Fondée le 4 septembre 1899
Administration: Président: Abbé Adrien Verrette, Manchester, N. H.
Secrétaire-trésorier: GéralJ Robert
52, rue Concord, Manchester, N. H.
Boston, Massachusetts Nouvelle Série: Vol, VI Année 1960
Réunions de la Société
Bureau
6 février 1960
Boston, Mass.
Présents. Abbé Adrien Verrette, président, abbé Camille Blain, F.
Raymond Lemieux, Me Robert Boudreau, Jean Picher, Me Pierre BeUi-
veau, Lauré Lussier, trésorier et Rhéa Caron, secrétaire.
Rapport: La secrétaire donne un rapport détaillé des fêtes du
Soixantenaire en novembre dernier. Le trésorier accuse un actif de
$410.73.
Fonds de Fiducie: Les syndics font rapport du choix de leurs offi-
ciers. Juge Arthur L. Eno, président, Me Pierre Belliveau, secrétaire et
abbé Adrien Verrette, trésorier. Ils ont placé les argents au nom des
Trustées of the Endowment Fund of La Société Historique Franco-Amé-
ricaine, à la banque Ste-Marie à Manchester.
Réunion annuelle: Le bureau fixe la date du 21 mai 1960 à Lewiston,
Maine avec remise de la médaille "Grand Prix" à Mgr Félix Martin,
curé de la paroisse Ste-Croix de cette ville. La société veut continuer
l'habitude de tenir des réunions dans les différents centres franco-amé-
ricains afin de faire mieux connaître son travail.
Bulletin: Le bureau demande d'inscrire la liste des membres dans
le prochain bulletin.
Conférence: Le R.P. Henri Béchard, s.j., originaire de Lewiston
donnera la conférence sur "Sébastien Rasle, s.j.", 1652-1724. La soirée
sera sous les auspices de la Ligue des Sociétés de Langue française.
Sections de la Société: Le bureau étudie longuement le projet
d'établissement de sections régionales de la société dans le but d'inté-
resser un plus grand nombre de compatriotes aux choses de notre his-
toire. L'abbé Blain et Me Belliveau se prononcent fortement en faveur
de cette entreprise.
Rhéa A. Caron, secrétaire.
10 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Réunion Annuelle
21 mai 1960
Lewiston, Maine
La 61e réunion annuelle fut l'une des plus intéressantes. Les mem-
bres se réunissaient à 5 heures dans l'école Ste-Croix sous la présiden-
ce de l'abbé Verrette. Dans son message il résumait le travail au cours
de l'exercise 1959-1960, remerciant la population de Lewiston d'avoir
invité la société à tenir ses assises pour la première fois dans l'Etat du
Maine, dans l'accueillante cité de Lewiston.
Dans son rapport, la secrétaire soulignait également les progrès de
la société et l'encouragement qu'elle reçoit. Le trésorier établissait
l'actif à $809.88.
Les membres votaient un hommage à l'occasion du 75e anniver-
saire du journal L'Indépendant, de Fall River. Ils remerciaient le doc-
teur Louis B. Amyot pour son don généreux d'une clinique dentaire à
l'école d'Odontologie de Paris au nom de la société. Le docteur présien-
tera cette clinique au mois de juillet à Paris.
Les membres adoptèrent ensuite à l'unanimité quelques modifications
aux statuts en vue de faciliter l'administration de la société. La sup-
pression du poste de secrétaire adjoint, la fusion des postes de secré-
taire et de trésorier et la création du poste de fiduciaire comme membre
du bureau.
L'établissement du "Fonds de Fiducie" est approuvé avec empres-
sement. La société souscrit à la bourse qui sera présentée à S.E. Mgr
Ernest J. Primeau, le nouvel évêque de Manchester, à une réception
qui sera tenue à l'hôtel Somerset, de Boston, le 22 juin, sous les aus-
pices du Comité de Vie Franco- Américaine.
Vingt nouveaux membres sont admis: Me René Paré, Montréal,
Paul Michaud, Manchester, Dr Robert Duval, Manchester, Jules et
Marcel Chartrand, Boston, Abbé Marcel Généreux, Suncook, N.H.,
Abbé Aimée Boisselle, Suncook, Me Edouard Caron, Biddeford, Me J.
B. Biais, Berlin, Abbé Gérald Auger, Manchester, Mme Claire Carpenter,
New Bedford, Reno Daigle, Millbury, Lucien Cloutier, Danielson, Lu-
cille Boisvert, Manchester, M. Mme Ovila Barnabe, Fall River, Me
Roger Champagne, Taunton, M. le prof Louis Cormier, East Lansing,
Mich., Dr L. P. Gagnon, Manchester, Dr Ovide Lamontagne, Manchester.
M. le juge Fernand Despins prononçait l'éloge du sénateur Jean
Charles Boucher, officier très dévoué et M. Roméo Boisvert président
de l'Alliance des Journaux Franco-Américains évoquait la mémoire de
Wilfrid J. Mathieu ancien président de cet organisme et membre pré-
cieux de la société.
Le comité des nominations composé du juge Fernand Despins, pré-
sident. Me Pierre Belliveau et William Lebrun soumettait le rapport
suivant qui fut adopté à l'unanimité: abbé Adrien Verrette, président,
Dr Louis B. Amyot, vice-président, Lauré B. Lussier, secrétaire-tréso-
rier, Juge Arthur L. Eno, fiduciaire pour trois ans, Rhéa Caron, abbé
RFXTNIOXS DE LA SOCIETE 11
Doria Desruisseaux et Me Laurie Ebacher. conseillers pour 3 ans et le
juge Despins, pour 2 ans afin de compléter le terme du regretté séna-
teur Jean Charles Boucher.
Avant de se séparer les membres rendaient un touchant hommage
à Mlle Rhéa Caron, secrétaire, qui avait demandé de ne pas être main-
tenue à ce poste à cause de ses nombreuses occupations.
Réception-Banquet
Une nombreuse assistance se rendait à la salle paroissiale pour la
réception et le dîner. M. le juge Fernand Despins présidait. M. Lionel
Duchette, président de la Ligue souhaitait la bienvenue et le maire
Emile Jacques apportait son hommage au nom de la cité. Le président
de la Société Historique était ensuite invité à diriger le programme. Il
saluait les convives soulignant la présence de plusieurs invités. Le re-
pas fut excellent et Bert Côté était à l'orgue.
Message du Président
La Société Historique, veuillez le croire est très heureuse de fixer
ce soir sa tribune au sein de cette accueillante population de Lev^iston,
l'une de nos plus imposantes forteresses où vibre un si riche foyer de
vie française. En son nom. je désire vous remercier très cordialement.
Ligue des Sociétés
Cette manifestation a été possible grâce à l'aimable invitation de La
Ligue des Sociétés de Langue française du Maine. A ce puissant orga-
nisme, nous voulons rendre un hommage empressé. Depuis plus de 35
ans nous suivons avec admiration ses multiples services. Nous lui de-
vons en quelque sorte le brillant succès du 2e Congrès des Franco-Amé-
ricains tenu en cette ville en 1951; qui donna naissance à l'importante
Fédération Féminine Franco-Américaine.
A tous les organismes qui constituent les cadres de cette ligue nous
disons également notre admiration, car la vitalité de notre persévéran-
ce collective repose dans une large mesure sur la solidité de ces fédé-
rations régionales dont la vôtre qui donne un si bel exemple et qui tou-
tes travaillent sous l'égide du Comité de Vie Franco-Américaine.
Aux artisans du passé qui ont taillé et posé les pierres de ces mo-
numents qui honorent votre persévérence nous ajoutons un tribut ému
de reconnaissance. A vous chers compatriotes, les continuateurs de ces
oeuvres magnifiques nous disons courage et fidélité afin que les apôtres
de la relève reçoivent de vous l'inspiration et le désir de continuer tou-
jours un fait français rayonnant et fécond à l'ombre de vos oeuvres
religieuses et culturelles. Que le Dieu de nos pères bénisse nos voeux
et nos espoirs en vous.
Sénateur Boucher
A la joie qui remplit nos coeurs ce soir, il faut hélas mêler une no-
te de douleur profonde, en rappelant la disparition récente de l'un de
vos compatriotes distingués, l'un de nos officiers les plus zélés, qui avait
12 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
accepté de présider cette manifestation, un chef ardent, le très regret-
té sénateur Jean Charles Boucher.
A sa famille éplorée et à tous les siens, nous réitérons nos condo-
léances émues. Le Maine et toute la franco-américanie n'auront pas
connu de serviteur plus vaillant. Paix à ses cendres.
Long-Sault
(1660-1960)
L'Amérique Française célèbre cette année, soit le 24 mai, le tri-
centenaire du Combat du Long Sault, où en 1660, l'immortel Adam
DoUard Desormeaux avec ses compagnons hardis et quelques hurons
amis sauvèrent la colonie, menacée de destruction par la haine iroquoi-
se. La Nouvelle France, la terre de nos pères comptait- alors à peine
2500 âmes, de Montréal à Tadoussac.
Il est permis de croire que sans le geste sauveur de ces héros, nos
frères par le sang et la Foi, le sort de notre présence française en
Amérique aurait été sensiblement modifié.
Les Relations écrivaient de ce fait d'armes "il faut donner la gloire
à ces dix-sept français de Montréal, et honorer leurs cendres d'un éloge
qui leur est dû avec justice."
L'historien Groulx ajoutera "en ce groupe de jeunes hommes venus
mourir au Long Sault, dans une attitude de martyr, presque tous étaient
des himibles et des obscurs, des petits ouvriers de France qui n'avaient
que leurs bras et leur coeur. S'ils ont été si grands, c'est pour avoir éle-
vé, jusqu'au plus haut point, les meilleures vertus de leur race, ses
plus parfaites hérédités: le courage ardent, le don absolu de soi-même,
l'élan d'une foi sublime.
Mardi prochain quelque six cents écoliers confiés à notre charge
pastorale chanteront les gloires de Dollard et du Long Sault, pour ap-
prendre à nouveau cette leçon de fierté et de fidélité à l'héritage des
ancêtres et surtout cette vérité que "rien n'est perdu de ce qui est fait
pour Dieu et pour les siens."
Pourquoi n'en serait-il pas de même dans nos centaines de maisons
d'enseignement à tous les palliers. Avons-nous peur de retremper l'âme
de notre jeunessie aux sources pures et sublimes de notre histoire hélas
qui valent bien toutes les folies et les faux paladins de notre génération.
L'Indépendant
1885-1960
Les 75 ans révolus de notre vaillant quotidien, L'Indépendant de
Fall River ont fait jaillir des hommages universels. Au cours des ans,
trateurs et rédacteurs de ce précieux organe,
la Société Historique n'a pas connu d'amis plus fidèles que les adminis-
Courage, confiance et longue vie à ce messager fidèle de notre vie
franco-américaine.
REUNIONS DE LA SOCIETE 13
Appel de la Société
L'un des buts de la visite des di:érents centres est de mieux faire
connaître la société et de lui trouver de nouveaux appuis. Les officiers
ont donc l'espoir que leur passage ne manquera pas d'obtenir ce résul-
tat.
La Société Historique est sans doute l'un de nos principaux orga-
nismes de culture. Il faudrait l'entourer de nos plus vives sympathies.
Elle a créé son fonds de réserve afin d'assurer sa perpétuité. Plusieurs
répondent à l'invitation soit par don ou disposition testamentaire. Si
nos devanciers avaient seulement songé à cette formule de continuité!
Il n'est pas trop tard pour s'en servir.
Un membre de la société est un puissant chaînon de solidarité par.
sa contribution, son intérêt et sa sympathie.
Un membre de la société, même s'il n'est pas un historien, ce qui
n'est pas requis, est une présence qui compte sous le ciel de la franco-
américanie. Devenez membre sans tarder, vous en serez fiers, des for-
mules d'adhésion vous attendent dès oe soir.
Conférencier
La visite de la Société dans le Maine supposait tout naturellement
un pèlerinage ou tout au moins révocation d'une page de notre histoire
en cette région. Celle qui relate le martyre du jésuite Sébastien Rasle
en 1724, près de Norridgewock, nous parut toute indiquée comme un
beau sujet d'exaltation historique.
Pour exécuter cette tâche nous connaissions la réputation très gran-
de d'un membre de la compagnie de Jésus. Nous n'avons pas hésité
à solliciter son concours pour faire revivre cette page trop peu connue
de l'histoire religieuse dans le Maine.
Mais il arrive que notre distingué conférencier, le R.P. Henri Bé-
chard de la compagnie de Jésus est un auithentique compatriote, né en
cette ville même le 16 décembre 1909, fils de Me Henri-Philippe Béchard
et de Rose Hamel.
La mort prématurée du père amène l'épouse et l'enfant chez les
grands parents maternels à Quincy au Massachusetts. Les études pri-
maires terminées, le P. Béchard se rend au séminaire St. Charles Bor-
romée de Sherbrooke pour ses humanités. Il restera toujours très at-
taché à cette instituion devenue l'Université de Sherbrooke.
En 1932, il entre chez les jésuites à Montréal pour suivre le cycle
des années de préparation qui le conduiront à son ordination en 1944.
A la fin de ses études théologiques, soit en 1948, sur sa demande, sies
supérieurs l'affectent à la mission indienne de Saint François Xavier
fondée en 1668 où il dirige une école indienne.
C'est sur cette terre historique qu'il développe sa passion pour
l'histoire et qu'il se consacre à la cause de la Vénérable Kateri
Tekakwitha, surnommée le "Lys des Agniers" en vue de sa béatifica-
tion pour devenir auprès de Rome le vice-postuilateur de cette cause.
14 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Entre temps, le P. Béchard contribue plusieurs articles aux revues
sérieuses sur différents problèmes d'histoire se rapportant à cette pé-
riode de la Nouvelle France. Il aime les vieux documents et sait les
interpréter.
Il établit la revue "Kateri" publiée en français et en anglais afin
de favoriser la dévotion envers la vierge Kateri. Il en obtient de magni-
fiques résultats. Ses écrits, conférences et volumes le révèlent avec des
talents exceptionnels dans le traitement des choses de l'histoire. Ses
degrés universitaires et brevets attestent ses succès également dans le
domaine des sciences sacrées et aussi son souci de fixer dans sa pleine
lumière et de faire mieux connaître cette partie sublime de notre his-
toire qui nous a mérité de tels héros et apôtres.
On peut dire du P. Béchard, qu'il est vraiment ce "chasseur d'âmes"
dans la vie du P. Rasle qu'il racontait pour les jeunes, il y a déjà près
de 20 ans.
Enfin, le P. Béchard nous réserve des moments délicieux et je le
présente à votre sympathique accueil.
R.P. Béchard, s.j.
Le coitférencier résumait brièvement la vie du P. Rasle à peu près
en ces termes. Sébastien Rasle naît à Pontalier, dans le Jura, en Fran-
che-Comté, le 4 janvier 1657. Il entre dans la Compagnie de Jésus et
est ordonné à Lyon. Il arrive en Nouvelle France en 1689. Il se dépense
chez les Illinois durant deux ans pour se rendre ensuite chez les Abé-
naquis à Narantsouak (Norridgewock), près de la rivière Kenebec dans
le Maine d'aujourd'hui. Au cours des conflits entre Anglais et Fran-
çais, en 1703, le gouverneur Dudley, du Massachusetts, convoquait les
chefs abénaquis à la baie de Casco pour obtenir leur neutralité. Le P.
Rasle leur sert d'interprète. Les Anglais lui vouent une haine mortelle.
Durant près de 2 ans les Anglais continuèrent à pourchasser les abéna-
quis, mais le P. Rasle demeui'ait à son poste pour les conseiller et les
guider. Le 23 août 1724, le courageux missionnaire fut surpris par l'en-
nemi, criblé de balles et scalpé. Un siècle plus tard, soit en 1833, Mgr
Fenwick, s.j., évêque de Boston, érigeait un monument sur l'emplace-
ment du martyre du P. Rasle.
Le P. Béchard avait préparé sa conférence en vue d'établir l'au-
thenticité de deux lettres du P. Rasle qui entrent en ligne de compte
dans l'apostolat de ce missionnaire.
Merci du Président
Grand merci, cher P. Béchard pour ce lumineux rappel de notre
histoire qui nous a fait revivre le sacrifice de l'un de nos premiers apô-
tres franco-américains. Si le P. Isaac Jogues est considéré américain
parce qu'il fut martyrisé sur un coin de terre devenu partie des Etats-
Unis, nous pouvons bien réclamer le P. Rasle, comme franco-américain
puisqu'il repose en terre vraiment franco-américaine.
Puisse l'intérêt que vous avez suscité autour de sa mémoire inviter
la Société Historique à poser, un jour, un geste de gratitude près du
REUNIONS DE LA SOCIETE 15
modeste monument qui recouvre ses restes. En tous cas le P. Rasle
est l'un des nôtres et il faut répandre le souvenir de sa mémoire, et
pourquoi pas en vue d'une glorification officielle!
Mgr Martin
Le président procédait ensuite à la remise de la médaille "Grand
Prix" de la société à Mgr Félix Martin, P.D., curé de la paroisse Ste-
Croix depuis 21 ans, en reconnaissance de ces nombreux et précieux
services rendus à notre vie franco-américaine dans le Maine. Lie distin-
gué prélat remerciait en termes vibrants et sincères, un vigoureux
plaidoyer en faveur de notre persévérance franco-américaine. Le texte
de la remise se lit au chapitre "Médaille Grand Prix" du présent bulle-
tin.
Réunion du Bureau
16 juillet 1960
Boston, Mass.
Présents: abbé Adrien Verrette, président, Lauré B. Lussiier, secré-
taire trésorier, J. Henri Goguen, Jean Ficher, abbé Doria Desruisseaux,
Me Laurie Ebacher, F. Raymond Lemieux et Gérald Robert.
Président: L'abbé Adrien Verrette explique que cette réunion spé-
ciale du bureau a pour but d'accepter la résignation du secrétaire-tré-
sorier, M. Lauré B. Lussier, qui, sur l'avis de son médecin doit diminuer
ses occupations. Il regrette le départ de cet officier dévoué et lui offre
les remerciements de la société.
Rapport. Le procès verbal de la réunion du 21 mai est approuvé
et le trésorier accuse un actif de $750.39.
M. Gérald Robert: Le bureau élisait Gérald Robert, secrétaire gé-
néral de l'Association Canado-Américaine, au poste de secrétaire-tré-
sorier de la société. Il entrera en fonction le 30 juillet qui marque la
fin du mandat de M. Lussier.
Recrutement: Le bureau confie à l'abbé Desruisseaux le travail du
recrutement durant l'année.
Réunion d'Automne: Le bureau fixe cette réunion au mois de no-
vembre et décide d'inviter l'Hon. Louis J. Robichaud, premier ministre
du Nouveau Brunswick, pour l'occasion. Le bureau adresse un homma-
ge à la Société Richelieu qui tiendra son premier congrès international
à Manchester en septembre prochain.
Réunion du Bureau
22 octobre 1960
Boston, Mass.
Présents: MM. Juge Arthur L. Eno, Mlle Rhéa Caron, les abbés
Doria Desruisseaux et Camille Blain, Me Laurie Ebacher, MM. Jean
Ficher, J. Henri Goguen, F. Raymond Lemieux et Gérald Robert.
Président: M. le juge Eno est appelé à présider en l'absence du pré-
sident et du vice-président. L'abbé Verrette est retenu à l'hôpital De
16 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Goesbriand, dans le Vermont, à la suite d'un fâcheux accident de la
route. M. le juge exprime la sympathie des officiers et des membres.
Réunion d'Automne: L'honorable premier ministre du Nouveau
Brunswick, Me Louis J. Robichaud a accepté de donner la conférence
et la date est fixée au 12 novembre. Il arriva cependant, à cause des
occupations parlementaires du premier ministre que cette date fut re-
portée au 11 décembre.
Recrutement: A la demande de l'abbé Desruisseaux, le bureau ac-
cepte de prolonger le travail de recrutement durant l'année 1961 en
hommage à l'abbé Verrette, président depuis 1949. Le bureau adresse
des voeux au président avec des fleurs en vue de son rétablissement.
Rapports: Le procès verbal de la réunion du 16 juillet fut adopté
et le nouveau secrétaire trésorier établissait l'actif de la société à
$981.04.
Réunion Gala
11 décembre 1960
Harvard Club, Boston, Mass.
Plus de 250 convives enthousiastes saluaient la présence de l'hon.
Louis J. Robichaud, premier ministre du Nouveau Brunswick, à la réu-
nion-gala, au Harvard Club, dimanche soir, le 11 décembre. La récep-
tion qui précéda le dîner permit à l'assistance de rencontrer le distin-
gué visiteur. La soirée était sous la présidence du Dr Louis B. Amyot,
vice-président. L'événement fut brillant. La veille, le consul du Canada
à Boston, l'Hon. Stuart Hemsley offrait un dîner intime au premier mi-
nistre à sa résidence.
L'assistance comportait plusieurs invités dont M. Le Consul Cana-
dien Stuart Hemsley, M. le consul général et madame la baronne Charles
de Pampelonne, M. le vice consul de France Gaston Leclerc, M. le vice
consul du Canada et madame Jacques Gignac, M. Ulric Gauthier, prési-
dent de la Société l'Assomption et madame Gauthier, M. J. Henri Go-
guen, directeur de la Sûreté Publique dans le Massachusetts et madame
Goguen, Me Pierre Belliveau, président du Comité de Réception et ma-
dame Belliveau, M. le Juge Arthur L. Eno et madame Eno, et Mgr
William Drapeau, P.D., qui bénissait les tables et les convives. M. le
professeur Rodolphe Pépin était à l'orgue.
Dr Amyot
En l'absence de notre président, retenu par les suites d'un fâcheux
accident que nous connaissons, j'ai l'honneur de présider cette réunion-
gala de notre société.
M. l'abbé Verrette me prie de transmettre à l'hon. premier ministre
ses salutations les plus distinguées. Il ajoute ses sentiments fraternels
à vous tous et vous remercie pour vos messages encourageants.
La Société Historique, toujours pleine de vie et d'espoir se sent
très heureuse ce soir d'accueillir un visiteur aussi distingué qui nous
vient de la chère Acadie. Elle vous remercie aussi d'être venu l'applau-
dir avec admiration et enthousiasme.
Général Charles de (iaiillf
Prc.sUlciit de la RcpuïAujuc l'iançai.sc
Promotion de l'Ordre de lu Fidélité Fiançuise, Québec, le 22 septembre. Me Paul
Gouin, président du Conseil, S. E. Mgr Paul Bernier, archevéque-évèque de
Gaspé, titulaire, Abbé Adrien Verrette, chancelier de l'Ordre et M. Archibald
Lemieux, industriel de Worcester, titulaire.
Réunion Plénière du Conseil de la Vie Française en Amérique du 22 au 26 sep-
tembre 1960. Assis de gauche: Mgr Paul-Emile Gosselin, P.D., secrétaire. Dr
Paul-Emile Laf lèche (Winnipeg), Ernest Desormeaux (Ottawa), Me Paul Gouin.
président. Abbé Adrien Verrette (Manchester). Dr Georges Dumont (Campbell-
ton), Mme Reine Malouin (Québec), R. P. Albert Plante, s.j. (Montréal),
Debout: Lucien Gagné (Québec), Laïué-B. Lussier (Manville), Jean-Jacques
Tremblay (Ottawa), Rodolphe Laplante (Québec), Emile Boucher (Montréal),
Me Anatole \'anier (Montréal), Juge Yves Bernier (Québec), Alphonse Comeau
(Meteghan River), Dr Alcide Martel (Montréal), Dumont Lepage (Gravelbourg) ,
Jean Patoine O.M.I.. (Edmonton), Dr Léon Beaudoing (\'ancouver), Rémi
Chiasson ( Antigonish) , J. -Henri Blanchard (Charlottown), Dr Gérard Tremblay
(Chicoutimi), Juge J.-S.-A. Ploutfe (North Ba\ ) . Thomas-Marie Landry O.P.
(Québec), Adrien Pouliot (Québec), Abbé Gérard Benoit (Québec), Thomas
Arceneaux (Lafayette) et Emery LeBlanc (Moncton). Plusieurs membres ne sont
pas présents pour la photo.
REUNIONS DE LA SOCIETE 17
Pour vous présenter notre distingué visiteur et conférencier, je de-
mande à M. Gérald Robert, secrétaire trésorier de s'acquitter de cette
agréable tâche . . .
Gouverneur Furcolo
Incapable d'assister, le gouverneur Foster Furcolo avait demandé
à son ami, J. Henri Goguen, Directeur de la Sûreté Publique du
Massachusetts, de transmettre son message dans les termes suivants:
"I hâve asked our Commissioner of Public Safety, Mr. J. Henry
Goguen, to represent me at the Harvard Club and to extend to you, on
my behalf, the greetings of the Commonvi^ealth and my personal best
wishes.
While I regret being unable to join with y our friends at the gathering
in your honor and to express a more personal welcome, it is a pleasure
to acknowledge, through Commissioner Goguen, your visit to the state
of Massachusetts.
Our citizens are pleased that you hâve chosen to come hère since
among them are many who hâve ties with your province and country.
I know they, as well as I, hope that your stay vvill be a mémorable one
and that you will return soon."
Présentation
M. Robert présentait le conférencier dans les termes suivants:
La Société Historique se sent très honorée ce soir et elle porte un
large sourire de satisfaction. C'est qu'en cette 62e réunion annuelle elle
reçoit à sa table l'un des fils les plus éminents de la nouvelle Acadie,
l'honorable Louis J. Robichaud, premier ministre et procureur général
de la province du Nouveau Brunswick.
Quelle émouvante revanche de l'histoire qu'il nous est bien per-
mis d'évoquer en cette circonstance. Après deux siècles, un fils d'Acadie
nous visite, non pas à la façon de ses héroïques ancêtres qui furent je-
tés sur cette terre même, mais commie le haut représentant de sa pro-
vince et qui vient en plus nous entretenir de "La Résurgence acadienne".
Voilà donc une occasion émouvante qui remue profondément l'âme
franco-américaine.
En saluant l'assistance très distinguée qui vous entoure, dont nom-
bre de vos compatriotes, je me pennets de vous offrir leurs hommages
chaleureux et empressés.
Vos concitoyens et toute la famille française en Amérique avaient
raison de se réjouir, en juin dernier, lors de votre élection au poste de
premier ministre. Vous vou's étiez révélé chef indomptable, équipé
d'une compétence qui vous imposait à l'électorat et voilà l'explication
de votre retentissante victoire.
C'est donc comme un frère que nous vous recevons ce soir et nous
vous affirmons que votre visite est l'une des plus réconfortantes dans
nos archives.
18 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Vous êtes donc fils authentique d'Acadie. Né le 21 octobre 1925
à Saint-Antoine, comté de Kent, près de Moncton. Votre père cultivait
la terre et exploitait la forêt. Votre mère se nomme Annie Richard. Votis
êtes donc membre de cette nombreuse famille des Robichaud qui peu-
ple l'Amérique.
Vos études primaires terminées, vous fréquentez l'université Sacré-
Coeur de Bathurst, dirigée par les pères Eudistes. Vous y obtenez vo-
tre baccalauréat en 1947, puis c'est à la faculté des sciences sociales de
Laval que vous puisez les formules nécessaires à votre carrière.
Vous devenez comme le protégé de Me Albany Robichaud, aujour-
d'hui juge de la cour suprême du Nouveau Brunswick et vous êtes
admis au barreau provincial en 1952 à l'âge de 27 ans. Vous brûlez les
étapes et vous vous installé à Richibouctou avec Lorraine Savoie que
vous aviez épousée l'année précédente. Dans votre foyer heureux les en-
fants semblent bien venus. Vous en comptez déjà quatre.
Pour vous initier à la vie publique, vous ne perdez pas les occasions
qui se multiplient. Vous présidez la Chambre d-e Commerce, l'Associa-
tion Foyer-Ecole, le Festival de Musique et vous êtes au milieu des
vôtres à chaque appel. Déjà on a remarqué vos brillantes qualités.
Mais la vie politique vous attire. De député vous devenez chef de
l'opposition. Cette année vous étiez réélu député de Kent pour un troi-
sième mandat de quatre ans, cette fois en plus à titre de premier minis-
tre et vous avez 35 ans, le plus jeune premier ministre du Canada.
Quelle ascension remarquable qui vous fixe au sommet de la vie publi-
que en Acadie.
Dès votre arrivée au pouvoir, vous paraissez au-dessus des parti-
sanneries. Vous vous montrez homme d'Etat. Vous êtes citoyen cana-
dien avant tout mais vous ne pouvez pas oublier les secteurs qui cons-
tituent la population de votre province et vous ne craignez pas d'appe-
ler six de vos compatriotes à des postes de ministres. Vous présidez ac-
tuellement une législature qui promet des bienfaits à votre province.
C'est donc une belle leçon de courage, de ténacité et de probité
que vous donnez à votre pays. Nous vous souhaitons donc des années
nombreuses à la gouverne de vos concitoyens.
MM. Voilà donc notre invité d'honneur. Je m'empresse de le livrer
à votre accueil chaleureux. Je sais qu'il porte un message de vie pour
nous tous.
L'Honorable Robichaud
Salué par des acclamations prolongées, le distingué conférencier
se dit très heureux d'avoir pu répondre au "rendez-vous" malgré ses
écrasantes occupations. Cette visite vraiment historique lui permet de
rencontrer pour la première fois en terre d'Amérique ses frères Acado-
Américains et l'intéressante population franco-américaine qui constitue
cette belle présence française aux Etats-Unis.
Il avait comme thème de message "La Résiu-gence Acadienne".
Son message fut éloquent et émouvant pour recevoir de vifs applaudis-
REUNIONS DE LA SOCIETE 19
sements. Le texte se lit au chapitre des "Discours et Conférences" du
présent bulletin.
Médaille "Grand Prix"
Après avoir remercié chaleureusement l'honorable conférencier,
M. Robert lui remettait, au nom de la société, la médaille "Grand Prix"
et Me Robichaud répondait avec des accents remuants.
Nouveaux Membres
La société accueillait dans ses rangs les membres suivants: E.
William Bisson, Manchester, Olive F. Boulais, Danielson, Marcel Brochu,
Central Falls, Alphonse Comeau, Medford, Laurie Cormier, Leominster,
Georges E. Houle, Manchester, Henri O. Lemay, Manchester, Dr Jean
Pétrin, S. Bellingham, abbé Gérard Sabourin et Ovîla Sabourin,
Woonsocket, O. Raymond Tourville, Indian Orchard et Albert J. Mailhot,
Danielson.
Membres Disparus
Les membres apprenaient avec regret le décès de quatre de leurs
confrères estimés, Me Joseph Monette, Lawrence, président en 1903,
Dr Joseph Euclide Mercier, Fall River, abbé Pierre Gauthier, curé de
Notre Dame du Perpétuel Secours, Holyokie et Roméo Dufour, prési-
dent du Club Richelieu, Fall River.
Le Comité de Réception comprenait Me Pierre Belliveau, prési-
dent, MM. J. Henri Goguen, Ulric Gauthier, Me Laurie Ebacher, Dr
Wilfrid Delaney, Dr Albert Poirier et Louis Leblanc
II
Médaille "Grand Prix"
Séance du 21 mai 1960
Lewiston, Maine
Remise*
Mgr Félix Martin, P.D.
Pour couronner cette belle fête de l'esprit français, la Société His-
torique ne pouvait pas mieux faire que de sertir dans un louable relief
la personne de l'un des fidèles continuateurs de nos devanciers en cette
terre privilégiée du Maine, Mgr Félix Martin, vicaire forain, prélat de
Sa Sainteté, diplômé des universités de Montréal et de Rome, curé de
la belle paroisse Ste-Croix de cette ville.
Et voilà que Mgr Martin est lui aussi un authentique franco-'amé-
ricain, né à Fort Kent, le 27 mars 1898, fils d'Eloi Martin et Modeste
Pelletier, tous deux aussi nés en cet endroit et dont les parents étaient
devenus citoyens américains par le traité d'Ashburton en 1842.
Le premier Martin à s'établir dans le Madawaska avait été Michel,
né à Port Royal et chassé par les Anglais pour s'y rendre en canot en
suivant la riche vallée de la St. Jean. C'est ainsi que l'ancêtre Acadien
avait fixé une descendance féconde dont l'abbé Denis Martin, ancien
curé de St. François de Sales de Waterville et plusieurs religieux.
L'ancêtre maternel avait émigré de Kamouraska au Madawaska pour
subir les effets du même traité.
Les études primaires sont suivies auprès des Filles de la Sagesse
à Ste Agathe, puis les humanités au collège Ste-Anne-de-la-Pocatière
avec le baccalauréat es lettres, les années au séminaire de Montréal
avec le baccalauréat es arts et la licence en théologie.
Après l'ordination à Montréal le 6 juin 1924, un stage de deux ans
à l'Angélique de Rome lui obtient la licence en droit canonique.
De retour, Mgr Martin est nommé vicaire à Lewiston, à Biddeford
et à Waterville. Il y laisse le souvenir d'un prêtre extrêmement zélé et
sympathique.
En 1932 il est nommé curé à Sheridan, puis en 1939 il accepte la
tâche délicate de diriger la belle paroisse Ste Anne. Sur les murs et
les pierres du temple magnifique qu'il a édifié on peut lire toutes
les phases et les accents de son dévouement. Il sera consulteur diocé-
sain, vicaire forain et prélat depuis le 8 mai 1944.
Monseigneur, cette récitation a pour but de résumer les principa-
les phases de votre apostolat fécond au sein de ce diocèse. Vous êtes
demeuré l'homme de Dieu et l'homme de prière qui doit tout à Son
Seigneur.
* Cette réunion fut présidée par l'abbé Adrien Verrette à l'occasion
du dîner de la 61e réunion annuelle de la Société.
MEDAILLE "CRAND PRLx" 21
A côté de ces attributions de votre ministère vous avez voulu être
aussi fidèle à votre idéal total du sacerdoce, celui qui consiste à donner
aux âmes toutes les attentions spirituelles et culturelles qu'elles sont
en droit d'attendre, et c'est peut-êre ce qui explique et justifie l'admi-
ration et l'affection que vous portent non seulement votre peuple mais
tous vos compatriotes.
Cicst que vos actes ont dépassé dans leur rayonnement les cadres
de votre bergerie. Vos convictions sereines et fermes ont montré en vous
le véritable serviteur de votre peuple. Elles ont apporté un grand ap-
puie à la persévérance de notre vie catholique et franco-américaine.
Vous êtes de ceux qui croient qu'il n'est pas nécessaire d'abolir les
innéités de nos âmes pour bien servir Dieu et la patrie et dans cette
attitude vous avez toujours montré une sincérité profonde et chrétien-
ne.
C'est bien à la lumière de ces généreux états de service, que la
Société Historique, malgré vos protestations, a décidé d'inscrire votre
nom sur la longue liste des serviteurs éminents de la fidélité franco-
américaine.
Monseigneur, vous êtes parmi nous une présence qui réconforte, un
dévouement qui entraîne, une fidélité qui devrait être pour nous tous
une inspiration.
En vertu de mes fonctions de président, j'ai donc l'homieur de vous
remettre la médaille "Grand Prix" de la Société Historique. Elle atteste
et proclame vos mérites. Elle vous assure de notre reconnaissance
profonde.
Séance du 11 décembre 1960
Harvard Club
Boston, Mass.
Remise*
L'honorable Louis J. Robichaud
Premier Ministre du Nouveau Brunswick
Pour vous remercier de votre aimable et précieuse visite et surtout
du réconfortant message que vous avez versé dans nos âmes. Aussi pour
honorer votre haute personnalité dans la vie canadienne et acadienne,
la Société Historique sollicite la faveur de vous remettre sa médaille
"Grand Prix".
Cette remise vous inscrit sur la liste des éminents personnages
qui ont paru à sa tribune et qui ont apporté un lustre particulier au
rayonnement de notre présence française en Amérique.
Veuillez accepter ce gage de notre profonde admiration et de notre
haute considération.
* Cette remise fut présidée par M. Gérald Robert, secrétaire-tréso-
rier, à l'occasion de la réunion gala,
III
Eloges*
Wilfrid J. Mathieu
1878-1959
Roméo Boisvert
Faire l'éloge d'un homme tel que feu Wilfrid J. Mathieu est une
tâche assez difficile pour moi. puisque je l'ai connu que durant les der-
nières années de sa vie, âge durant lequel la plupart des hommes sont
à leur retraite.
Je ne crois pas me tromper si je me sert comme baromètre les quel-
ques années depuis que je fis sa connaissance.
Ses convictions, sa foi en l'avenir pour la presse franco-américaine,
alors qu'il était à la direction de l'Alliance des Journaux Franco-Amé-
ricains, souvent me reviennent à l'esprit et je trouve dans ses pensées
du courage pour continuer.
Journaliste de coeur et d'action il a su à maintes reprises appor-
ter l'encouragement nécessaire pour que des propriétaires de journaux
franco-américains continuent cette lutte économique pour survivre.
Un vide s'est fait à l'Alliance des Journaux lorsqu'on apprenait la
mort de Wilfrid J. Mathieu, lui qui par son initiative fit reconnaître
auprès de la fédération internationale des journaux de langue Fran-
çaise et la fédération des Journaux de langue française de l'Amérique
du Nord, l'importance de la presse Franco-Américaine.
Après l'avoir vu en action au sein de l'Alliance, je ne puis pas dou-
ter de ce qu'a valu pour notre patrimoine les labeurs d'une longue vie
dédiée à toutes nos causes nationales, en bref, la mutualité.
Je pourrais énumérer bien des titres qu'a reçu Wilfrid J. Mathieu,
titres très mérités par son dévouement, non pas que ceci serait inutile,
mais ce serait répéter ce qui a été écrit par des gens qui ont été beau-
coup plus intimes et qui l'ont connu pendant sa longue et fructueuse
vie.
Pour nous, à l'Alliance des Journaux Franco-Américains, Wilfrid J.
Mathieu sera toujours une source de courage et Dieu voulant, ses con-
victions et sa foi nos garantirons pour longtemps la survivance d'un des
piliers de notre élément, la presse franco-américaine. (1)
(1) Bio. Vr Bulletin, Vol IV. pp 185-189.
Jean Charles Boucher
1894-1960
Jugie Femand Despins
Jean Charles est mort! Cette nouvelle se répand à travers la ville
avec la rapidité d'un coup de foudre. Jean Charles n'est plus! Personne
* Membres disparus — séance du 21 mai 1959 à Lewiston.
ELOGES 23
n'ose y croire. Et pourtant la vérité est inexorable. Le Sénateur Jean
Charles Boucher est décédé subitement jeudi, le 24 mars 1960 à sa
demeure.
Il est né à la Rivière-Ouelle, Québec, le 30 jviin 1894, du mariage
d'Etienne-Ménard-Adélard Boucher et de Joséphine Dionne. Il avait à
peine six ans lorsque sa famille vint s'établir à Lewiston, Maine. Il fit
ses études primaires à l'école paroissiale St Pierre, après quoi il fit un
stage aux écoles publiques, pour enfin compléter ses études commer-
ciales au "Bliss Business Collège".
Très jeune encore il débuta dans les affaires en qualité d'entrepre-
neur. Ce commerce se développa au cours des ans et progressa rapide-
ment et en quelques années son entreprise était reconnue comme l'une
des plus importantes de la région. Lewiston-Auburn et autres villes et
villages de l'Etat du Maine lui doivent la construction d'édifices publics,
d'églises et de nombreux édifices importants.
Il ne se contenta pas de s'occuper tout simplement de son com-
merce. Doué d'une énergie inlassable, il ne tarda pas à manifester son
intérêt aux choses paroissiales, civiques, mutualistes et culturelles.
Catholique fervent, de convictions profondes et inébranlables, il
s'intéressa toujours aux activités paroissiales. Fondateur et premier
président de La Société des Défenseurs du Saint Nom de Jésus, il en
fut le président de 1907 à 1922. Il prêtait toujours son concours à tou-
tes les organisations de sa paroisse, bazaars, kermesses, déjeumers-
communion.
La mutualité ne tarda pas à l'intéresser vivement. En 1924 il fut
élu au poste de vice-président général de l'Association Canado-Améri-
caine, poste qu'il détint sans interruption jusqu'à l'heure de sa mort.
Comprenant l'importance de nos grandes sociétés fraternelles, il devint
membre de La Société des Artisans, de l'Union St Jean Baptiste d'Amé-
rique, La Société l'Assomption et de l'Institut Jacques Cartier.
Il fut du groupe des fondateurs de La Ligue des Sociétés de Langue
Française de Lewiston-Auburn, fondée en 1922, de l'Union de Crédit
de la paroisse Sainte Famille, du Club Richelieu, et à tour de rôle
en fut le président. Il était membre du Club Musical et Littéraire, du
Club Le Montagnard et de l'Association des Vigilants. Il portait la mé-
daille et le titre de Chevalier de la Société du Bon Parler Français, de
Montréal.
Membre fondateur du Comité de Vie Franco-Américaine, à la veille
même de sa mort il assistait, à Boston, à une assemblée du Bureau exé-
cutif dont il était le premier vice-président. Rien ne laissait prévoir que
la mort devait le frapper si tôt. Au cours de cette dernière réunion il
était gai et plein d'entrain comme toujours. Il fut président du comité
chargé d'organiser le deuxième Congrès du Comité de Vie Franco-
Américaine qui eut lieu à Lewiston en novembre 1951 alors que fut
fondée la Fédération Féminine Franco-Américaine.
Membre de La Société Historique Franco-Américaine, il en était un
des directeurs, et avait accepté la tâche de préparer la réunion de La
24 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Société à Lewiston le 21 mai avec le concours de La Ligue des Sociétés
de Langue Française de Lewiston-Auburn.
La politique devait nécessairement l'intéresser. Il eut une longue
et brillante carrière sans parallèle dans les annales politiques du
Maine. Il débuta en 1933 lorsqu'il devint échevin de sa ville, puis suc-
cessivement président du Conseil des Echevins, maire de la ville, re-
présentant à la Législature et sénateur pendant douze ans. Il était le
doyen des législateurs du Maine et fut le chef de son cher parti Dé-
mocrate pendant plusieurs années.
D'une stature moyenne, les épaules carrées, la tête haute, il se te-
nait droit, solide comme ses principes, l'oeil vif et la parole facile, d'un
esprit combatif et tenace, il n'y avait rien qui ne lui plaisait plus que
de prendre part aux débats dans l'arène politique ou au cours des as-
semblées des sociétés où il apportait un jugement sain, une conviction
sincère et une jovialité de bon escient qui pouvait adoucir l'âpreté de
la discussion et calmer les esprits au bon moment. Au terme de sa belle
et longue carrière, nous pouvons dire en justice et avec franchise qu'il
a rendu d'immenses services à sa patrie d'adoption et à toute la Fran-
co-Américanie.
En 1921 il épousait Mlle Carmelle Grenier, qui lui survit. De cette
union naquirent trois fils: Jean Charles Boucher fils, Roger Boucher et
Marcel Boucher; cinq filles: Mlle Carmelle Boucher, Mlle Jacqueline
Boucher, la Rvde Soeur Marie du Carmel , des Soeurs de St Joseph, de
Jackman, Maine, Madame Francis McAvoy, née Monique, et Mlle Hélène
Boucher.
Lundi le 28 mars 1960, en l'église Sainte Famille eurent lieu des
funérailles impressionnantes alors que le Sénateur Jean Charles Bou-
cher fut conduit à son dernier repos. L'afFluence si considérable de
hauts dignitaires politiques au niveau national, celui de l'Etat, comme
celui du comté et de la ville, et de chefs de la mutualité disait d'une
façon bien éloquente les regrets inspirés par le décès d'un homme tenu
en si haute estime dans la vie politique comme dans le monde de la
mutualité.
Devant sa tombe, inclinons-nous avec respect et offrons une prière
pour le repos de son âme, si vaillante, si française, si fidèle jusqu'à la
fin. Puisse son souvenir inspirer ceux qui restent.
IV
Conférences — Etudes
Résurgence Acadienne*
Louis J. Robichaud
Premier Ministre du Nouveau Brunswick
L'on m'a suggéré de vous parler ce soir des Acadiens du Nouveau-
Brunswick. Inutile de vous dire que c'est un sujet que j'affectionne par-
ticulièrement car pour les raisons que vous devinez, les deux éléments
de ce sujet, les Acadiens d'une part et le Nouveau-Brunswick d'autre
part, sont en effet très chers à mon coeur.
Si cette magnifique province s'est récemment donné un Acadien
comme premier ministre, ce simple fait est en quelque sorte une indi-
cation de l'importance des Acadiens au Nouveau-Brunswick, du rôle
qu'ils y ont joué et de la place qu'ils peuvent occuper aux divers paliers
de l'échelle sociale. Ce fait dénote en plus le respect de nos concitoyens
de langue anglaise pour l'élément acadien et il laisse aussi deviner l'at-
titude et le comportement de ce dernier vis-à-vis cette partie de la
population qui constitue la majorité en cette province. Il peut donc être
intéressant de nous demander ce soir ce que sont les Acadiens au Nou-
veau-Brunswisk, ce qu'ils ont réalisé jusqu'à présent, et quelle est la
contribution qu'ils peuvent apporter au développement de leur provin-
ce.
Tout d'abord la population. Puisque le dernier recensement du
Canada remonte à 1951, je me bornerai à vous en citer quelques chiffres
qui sont certainement hors date mais qui ont quand même l'avantage
d'être officiels. En 1951 donc, la population totale du Nouveau-Brunswick
était de 515,697 âmes dont 197,630 personnes d'origine française soit
38.3 pour cent de la population totale. De ce nombre près de 184,000
parlaient encore le français, ce qui veut dire qu'environ 93% des nôtres
avaient conservé leur langue.
Au Nouveau-Brunswick, les Acadiens sont réunis en des groupes
assez compacts dans trois secteurs de la province, soit le comté de
Madawaska au nord-ouest, les comtés de Restigouche et de Gloucester
au nord-est et les comtés de Kent et Westmorland à l'est et au sud.
Au point de vue ethnique, le Nouveau-Brunswick est probablement la
Province qui constitue la plus fidèle réplique de la Confédération ca-
nadienne. Comme vous le savez, les Canadiens d'origine française for-
ment à peu près le tiers de la population totale du Canada. Or, pas une
autre Province ne reproduit cette composition avec autant de fidélité
que le Nouveau-Brunswick. Tandis que le Québec est en très grande
majorité française, toutes les autres provinces, sauf la nôtre, sont en
très grande majorité anglaise. C'est donc en quelque sorte une ambition
et un défi pour nous de vouloir reproduire dans un contexte plus res-
treint ce que les Pères de la Confédération avaient rêvé pour le Canada,
à savoir une collectivité bi-ethnique, biculturelle et bilingue.
Sur le plan religieux, les Acadiens sont catholiques presqu'en to-
talité. En effet, d'après le recensement de 1951, ils forment 74% de la
* Conférence prononcée devant La Société Historique, au Harvard
Club de Boston, Mass., le 11 décembre 1960.
26 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
population catholique totale de la province et seulement 2.6% de la
population d'origine française déclaraient ne pas appartenir au catho-
licisme.
Il n'est pas surprenant alors que l'importance numérique ainsi que
la fidélité des Acadiens au point de vue religieux aient été reconnues à
Rome, ce qui leur a valu une organisation hiérarchique assez complète
dans ce domaine. Sur les quatre évêques catholiques du Nouveau-
Brunswick, trois sont de langue française, à savoir S.E. Mgr Norbert
Robichaud, Archevêque de Moncton, S.E. Mgr Camille-André LeBlanc,
Evêque de Bathurst et S.E. Mgr J.-Roméo Gagnon, Evêque
d'Edmundston.
Moncton est le siège métropolitain de la province ecclésiastique du
Nouveau-Brunswick. Dans ces trois diocèses, l'on trouve 127 paroisses et
48 missions pour un total de 175, dont 142 sont entièrement acadiennes.
Dans le clergé d'origine française ou acadienne, on trouve 231 prêtres
séculiers et 153 prêtres réguliers. L'on peut compter également plu-
sieurs centaines de religieuses appartenant à diverses communautés ain-
si que deux ou trois communautés de frères enseignants. Sans entrer
dans les détails, disons tout simplement que ces trois diocèses sont très
bien pourvus en organisations de toutes sortes qui accomplissent au point
de vue spirituel et temporel un travail de toute première importance.
Jetons maintenant un coup d'oeil dans le domaine de l'éducation et
nous constaterons que les Acadiens y occupent une place assez honora-
ble. Sur le plan universitaire, nous avons trois institutions qui détien-
nent des chartes universitaires, soit l'Université Saint-Joseph de Mem-
ramcook et Moncton, l'Université du Sacré-Coeur de Bathurst et l'Uni-
cersité Saint-Louis d'Edmundston. Ces universités, cependant, sont plu-
tôt des collèges classiques qui peuvent décerner leur propre degré, sauf
l'Université Saint-Joseph qui a ouvert, quelques années passées, une
section proprement universitaire à Moncton. On y trouve présentement
quatre facultés dans lesquelles on enseigne les sciences, le génie, le
commerce et la pédagogie.
En plus de cela, nous avons quatre collèges classiques féminins, soit
le Collège Notre-Dame d'Acadie de Moncton, le Collège Maillet à Saint-
Basile, le Collège Maria Assumpta de Campbellton et un nouveau collè-
ge classique fondé l'an dernier à Shippagan. Le plus considérable et le
mieux connu de ces collèges est sans contredit le Collège Notre-Dame
d'Acadie qui compte au delà de 700 élèves et dont la célèbre chorale
s'est acquis une réputation presque internationale.
Nous avons aussi un Externat classique, le Collège l'Assomption de
Moncton et six écoles apostoliques où l'on enseigne jusqu'en rhétorique
le cours classique aux jeunes gens qui désirent devenir religieux dans
l'une ou l'autre de cinq communautés. Je nomme donc le Petit Sémi-
naire Saint-Jean Eudes de Bathurst-Ouest, dirigé par les Eudistes, le
Séminaire Notre-Dame du Perpétuel Secours de Humphrey's sous la di-
rection des Pères Rédemptoristes, l'Ecole Séraphique des Capucins à
Moncton, l'Ecole Apostolique de Sainte-Croix de Memramcook qui pré-
pare les sujets de la Congrégation Sainte-Croix aiTisi que l'Ecole Domi-
CONFERENCES — ETUDES 27
nique Savio de Saint-Louis de Kent et le Collège Dom Bosco de Jacquet
River, tous deux dirigés par les Pères Salésiens.
Ajoutons à cela cinq Ecoles d'infirmières attachées à divers hôpi-
taux de la province, deux Ecoles d'agriculture attachées à l'Université
Saint-Joseph et à l'Université Saint-Louis et une Ecole d'enseignement
ménager attachée à l'Université Saint-Joseph, de même qu'une Ecole de
pêcheries, ouverte à Caraquet en 1959, sous la juridiction de la province,
et vous avez là une assez bonne idée des facilités qui sont offertes à nos
jeunes Acadiens qui veulent s'instruire. En fait, un grand nombre pro-
fitent de toutes ces institutions puisque ces dernières sont remplies à
capacité par plus de 1500 jeunes gens et jeunes filles qui y préparent
leur avenir.
Pour compléter le tableau au point de vue de l'enseignement supé-
rieur, disons que le nombre et la qualité de nos High Schools se sont
grandement améliorés depuis une vingtaine d'années. Dans les régions
acadiennes, on trouve 85 de ces écoles supérieures ou consolidées qui
comptent 289 classes et desservent environ 75 municipalités. Il va sans
dire que ces écoles nous préparent chaque année quelques centaines de
jeunes gens et jeunes filles soit à poursuivre des études plus avancées
ou encore se lancer dans la vie avec de meilleures chances de succès.
Sur le plan de l'école élémentaire, c'est-à-dire celle où l'on ensei-
gne de la première à la huitième année, on compte, toujours dans les
centres acadiens, environ 1670 de ces écoles ayant au delà de 2063 clas-
ses et desservant 150 municipalités. Elles sont fréquentées par 60,000
élèves auprès de qui se dépensent 2,073 institutexirs et institutrices de
langue française. Ce personnel enseignant est à son tour formé au Col-
lège Pédagogique de Frédéricton qui est l'unique institution du genre
dans la province et où l'on s'efforce de donner un enseignement bilin-
gue.
Voilà donc, Mesdames et Messieurs, un tableau aussi complet que
possible des facilités éducatives disponibles aux Acadiens dans la Pro-
vince du Nouveau-Brunswick. Evidemment, ce n'est pas parfait mais
des progrès considérables ont été réalisés depuis une vingtaine d'an-
nées et comme notre population est grandement éveillée aux nécessités
et aux avantages de l'éducation, nous pouvons prévoir que ces progrès
iront s'améliorant avec les années.
Les Acadiens n'ont jamais été réputés pour leurs richesses. A cause
des circonstances historiques et autres, ils sont restés longtemps dans
une pauvreté qui était difficile à surmonter. Cependant, la situation
changea peu à peu et les dernières années furent témoins de progrès
considérables dans le domaine économique.
C'est en 1939 que les Acadiens saluaient leur premier millionnaire
dans une institution qui est loin d'être étrangère en Nouvelle-Angleter-
re: La Société l'Assomption. Cette dernière, fondée à Waltham en 1903,
a eu besoin de 36 ans pour réaliser son premier million d'actif. Au-
jourd'hui, cependant, elle dispose d'un actif de vingt millions, possède
des assurances en vigueur pour cent quinze millions et compte 75,000
sociétaires. Elle est logée dans un magnifique immeuble construit à
28 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Moncton au coût d'un million et demi. Elle a payé en bénéfices au décès
et en maladie environ $10,000,000. et a prêté à différentes institutions
au delà de onze millions. La fameuse Caisse Ecolière a déboursé presque
$850,000. pour l'éducation de mille protégés dont deux sont devenus
évêques et 46 autres, prêtres.
C'est là le magnifique bilan de la principale institution économique
des Acadiens et dont l'influence est des plus bienfaisantes. Evidemment,
.le n'attribue pas son succès aux seuls Acadiens du Nouveau-Brunswick
car je sais fort bien qu'elle compte le tiers de ses effectifs en Nouvelle-
Angleterre et qu'elle transige des affaires dans quatre autres provinces
canadiennes. Cependant, comme son siège social est à Moncton et qu'u-
ne partie imposante de ses affaires sont au Nouveau-Brunswick, il faut
sans doute reconnaître que cette dernière province est le principal thé-
âtre de ses activités.
Les Acadiens du Nouveau-Brunswick sont aussi servis par un deux-
ième millionnaire qui se fait remarquer de plus en plus: les caisses
populaires. La première caisse populaire Acadienne fut fondée en 1936
sous l'impulsion de celui qui est aujourd'hui l'Evêque de Bathurst,
Mgr Camille André-LeBlanc. Nous avons dans la province aujourd'hui
90 caisses populaires, groupant 75,000 membres et dont l'actif dépasse
$12,000,000. Elles sont groupés au sein de la Fédération des Caisses
Populaires Acadiennes dont le siège social est à Caraquet, dans le comté
de Gloucester. Les Caisses Populaires se sont également données une
caisse centrale dont l'actif s'élève à $2,000,000. Depuis leur fondation,
elles ont prêté à leurs sociétaires au delà de cinquante millions.
Cependant, ce genre d'activités coopératives ne s'est pas arrêté là.
Les Caisses Populaires ont aussi fondé une Société d'Assurance sur les
prêts et les parts, dont l'actif atteint $300,000. et le chiffre d'assurance
en vigueur seize millions. La plus récente fondation est la Société d'As-
surance-Générale Acadienne qui offre de la protection de garantie et
fidélité, qui protège contre le vol et le feu et qui se lancera prochaine-
ment dans l'assurance d'automobiles.
Par ailleurs, il existe au Nouveau-Brunswick l'Union Coopérative
Acadienne qui groupe une cinquantaine de Coopératives, c'est-à-dire des
magasins coopératifs, coopératives de pêcheurs ou de producteurs, coo-
pératives agricoles, etc. Le chiffre d'affaire de ces institutions dépasse
$6,000,000. annuellement. Inutile d'affirmer que le mouvement coopéra-
tif, tant par ses caisses populaires, ses coopératives et ses institutions
connexes, est appelé à jouer un rôle très important dans l'économie du
Nouveau-Brunswick.
Dans le monde des affaires, il ne faut pas oublier l'entreprise pri-
vée qui elle aussi prend une envergure de plus en plus marquée, grâce
au dynamisme et à l'esprit d'initiative de certains de nos Acadiens.
Nous avons aujourd'hui des commerces prospères et des entreprises
florissantes dans le domaine de la construction, dans le commerce du
gros ainsi que dans plusieurs industries secondaires. Nos hommes d'af-
faires se taillent graduellement une place plus enviable dans le monde
économique mais il faut reconnaître toutefois que pour les Acadiens
CONFERENCES — ETUDES 29
comme pour tous les autres citoyens du Nouveau-Brunswick, les problè-
mes économiques sont loins d'être tous résolus et devront commander
une attention constante afin d'assurer la prospérité et le bien-être de
notre population.
Un autre domaine où les Acadiens jouent un rôle considérable est
la politique. Et je ne surprendrai personne en affirmant que j'attache à
cette activité particulière la plus grande importance. Aussi ai-je été
émerveillé de la clairvoyance et du bon jugement politique non seule-
ment des Acadiens mais aussi de la majorité des électeurs du Nouveau-
Brunswick aux dernières élections du 22 juin. A mon avis, le tout s'est
soldé par un meilleur gouvernement pour toute la province, n'en déplai-
se à la Loyale Opposition de Sa Majesté.
En ce qui concerne les Acadiens, ils ont dans le présent gouverne-
ment six ministres sur douze, dont le premier ministre. En tout, ils
comptent 15 députés à l'Assemblée Législative sur un total de 52. C'est
à peu près le maximum qu'il leur est possible de faire élire dans les
conditions actuellies.
A la Chambre des Communes, les Acadiens ont trois députés sur
10 et ils ont aussi le même nombre de sénateurs. A la magistrature, ils
sont représentés par deux juges à la Cour Supérieure et un juge à la
Cour de Comté.
En abordant la situation culturelle des Acadiens du Nouveau-
Brunswick, il convient tout d'abord de mentionner certaines oeuvres
qui sont en quelque sorte le fondement même de ce phénomène com-
plexe que l'on a appelé la Renaissance acadienne.
Et je commencerai par nommer la plus récente fondation mais
peut-être la plus riche en promesses d'avenir, à savoir: la Société Na-
tionale des Acadiens, réorganisée à la suite des fêtes bicentenaires de
1955. Cette Société est une fédération de toutes les oeuvres, de toutes
les associations et de tous les mouvements qui existent en Acadie. Elle
réunit dans un même Conseil tout ce qu'il y a de plus vivant, de plus
actif et de plus dynamique en Acadie. En font partie tous nos diocèses,
toutes nos sociétés d'éducation, toutes nos associations économiques,
toutes nos institutions d'enseignement, nos jurnaux, nos postes de radio,
nos sociétés agricoles, etc. C'est en quelque sorte le parlement de la na-
tion où s'étudient les grands problèmes de la collectivité acadienne et
où se formulent les décisions susceptibles de leur apporter des solutions.
La Société Nationale des Acadiens dont le siège social est à
Moncton est desservie par un secrétariat permanent dont le personnel
compétent est dévoué, met en application les décisions du Conseil et du
Comité Exécutif. La formule semble des plus heureuses et en deux ans
la Société Nationale a déjà produit d'appréciables résultats. Encore ici,
tout le mérite n'en revient pas aux seuls Acadiens du Nouveau-
Brunswick puisqu'elle est au service de tous les Acadiens et qu'elle
compte plusieurs membres même parmi les associations acadiennes de
la Nouvelle-Angleterre.
En deuxième lieu, je voudrais citer l'Association Acadienne d'Edu-
cation, fondée en 1937 avec le but précis d'améliorer le sort fait aux pe-
30 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
tits Acadiens dans les écoles du Nouveau-Brunswick. La devise de cette
vaillante Association est "Dieu et langue à l'école". Elle aussi a trouvé
moyen de se faire accepter par la population qui chaque année la sub-
ventionne par une campagne financière. Elle aussi a son secrétariat per-
manent à Caraquet et dispose d'un personnel à plein temps qui impri-
me pour les écoliers acadiens des milliers de cahiers de français, orga-
nise des concours de français, distribue des trophées et se tient cons-
tamment sur la brèche pour revendiquer avec insistance des améliora-
tions dans le programme scolaire ou dans tous les autres domaines qui
touchent l'éducation.
L'A.A.E., comme on l'appelle chez-nous, a donné naissance à l'Asso-
ciation des Instituteurs Acadiens qui groupe presque la totalité de no-
tre personnel enseignant afin de le rendre conscient de ses responsabi-
lités et de le mieux préparer à bien enseigner aux jeunes Acadiens en
tenant compte des exigences d'un bilinguisme de bon aloi.
Mentionnons aussi la section française de l'Association des Foyers-
Ecoles qui amène les parents à s'intéresser aux problèmes de l'éduca-
tion et à collaborer avec le personnel enseignant. A noter que le prési-
dent provincial de cette association est un Acadien.
L'un des meilleurs instruments de travail que possèdent les Aca-
diens au Nouveau-Brunswick est incontestablement leur journal quoti-
dien, "L'Evangéline", publié à Moncton. L'Evangéline s'est de longue
date méritée une place d'honneur à la galerie des grandes oeuvres aca-
diennes. Fondé en 1887, le journal demeura hebdomadaire jusqu'en 1931
alors qu'il fut quotidien pendant dix-huit mois. L'effort s'avéra impos-
sible à soutenir et L'Evangéline redevint hebdomadaire jusqu'en 1949
alors qu'il reprit sa publication chaque jour, à la suite d'une campagne
financière qui rapporta $200,000.00
Comme vous pouvez le supposer, la publication d'un journal quoti-
dien de langue française au Nouveau-Brunswick est une tâche extrême-
ment difficile et à deux reprises l'Evangéline a dû faire un appel spécial
au peuple. En 1957, les Acadiens du Nouveau-Brunswick lui ont fourni
$38,000.00 et en 1959 ils ont généreusement contribué $42,000.00 dans
une seconde campagne. Aujourd'hui la situation du journal inspire
moins d'inquiétudes même si le problème financier reste continuelle-
ment à l'ordre du jour. Chose certaine, les Acadiens ne laisseront pas
tomber leur journal même s'il leur en coûte de lourds sacrifices.
Je dois dire que L'Evangéline est heureusement secondé dans son
travail par "Le Madawaska", journal hebdomadaire qui dessert de façon
spéciale la population du nord-ouest du Nouveau-Brunswick.
Au point de vue de la radio française, les Acadiens de ma provin-
ce sont assez bien servis. Ils ont le poste CJEM à Edmundston, fondé
en 1944 et le poste CBAF à Moncton, fondé en 1954. Par ailleurs, les
Acadiens du nord-est du Nouveau-Brunswick sont desservis par le poste
CHNC de New Carlisle. Si l'on ajoute à cela deux postes de relais situés
au centre du Nouveau-Brunswick, l'on peut dire que presque tous les
Acadiens de la province peuvent capter une voix française à la radio.
CONFERENCES — ETUDES 31
Reste la télévision française que nous avons depuis un an seule-
ment. Le poste CBAFT de Moncton est exclusivement de langue fran-
çaise et est opéré par la Société Radio-Canada. Il sera d'ici un mois
raccordé au réseau national de télévision française. Le poste est encore
trop faible pour atteindre tous les Acadiens du sud-est du Nouveau-
Brunswick mais nous avons espoir que la puissance en sera augmentée
d'ici trop longtemps. Au nord de la province, les Acadiens ont le ser-
vice du poste de télévision de New Carlisle dont la programmation est
à 65% en langue française. Et les gens du Madawaska sont pour le mo-
ment desservis par Rimouski dans la province de Québec. Mais une ré-
cente décision du Bureau des Gouverneurs de la Radio et Télédiffusion
vient d'établir que le canal présentement disponible dans cette région
devra être affecté à un poste de télévision d'expression française. Ainsi
dans quelques années, la plupart des Acadiens du Nouveau-Brunswick
bénéficieront pleinement de ce puissant médium de culture et de for-
mation qu'est la télévision parce qu'elle leur sera communiquée dans
leur langue maternelle.
A la faveur d'un développement aussi général sur tous les fronts,
il n'est pas surprenant que les Acadiens du Nouveau-Brunswick se soient
affirmés de façon plus marquée dans les activités proprement culturel-
les. En effet, en ces dernières années, nous avons produit plusieurs
jeunes artistes qui ont attiré sur eux l'attention des critiques. Les cho-
rales de nos collèges sont devenues célèbres et se partagent à tour de
rôle des honneurs que jadis nous n'aurions pas même osé convoiter.
Nos troupes de théâtre participent régulièrement à des festivals sur le
plan provincial et décrachent parfois des honneurs qui les placent dans
des concours d'envergure nationale. Chaque année maintenant, l'on
organise dans tous les comtés français des festivals de musique pour
nos enfants d'écoles et ces activités remportent des succès vraiment en-
courageants. Nous avons même quelques écrivains et périodiquement il
se publie des livres par des auteurs de chez-nous. L'un d'entre eux re-
cevait quelques mois passés le prix littéraire du Conseil de la Vie
Française.
L'on ne peut passer sous silence non plus nos clubs sociaux, par ex-
emple les huit Clubs Richelieu du Nouveau-Brunswick ainsi que plu-
sieurs Clubs Acadiens qui exercent une inflence dans leurs milieux
respectifs et répondent à un besoin de la vie moderne. Impossible de ne
pas dire un mot non plus de nos professionnels qui sont de plus en plus
nombreux dans les différentes professions. Pour vous donner une idée,
je dirai que nous avons à peu près 100 médecins sur 379, soit 25%, 34
dentistes sur 114, soit 30 pour cent, et 46 avocats sur 258, soit 20 pour
cent. Evidemment, ce pourcentage est loin de correspondre à la pro-
portion acadienne de la population mais il faut dire que les Acadiens
ont commencé bien en retard à remplir ces cadres. Lorsque l'on sait par
exemple que le premier dentiste acadien est encore vivant et pratique à
Moncton, vous voyez quel chemin l'on a dû parcourir dans une généra-
tion pour avoir 30% des effectifs de cette profession. Ailleurs, notre
représentation est moins forte mais nous faisons du progrès. Par exem-
ple, il y a à Moncton 10 architectes à l'heure actuelle et tous sont de
langue française. Ainsi graduellement et avec honneur, les Acadiens
32 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
prennent les places qui leur sont réservées et jouent de plus en plus le
rôle qui est dévolu à une minorité agissante dans un contexte majori-
taire comme le Nouveau-Brunswick.
Mesdames et messieurs, j'ai cherché à vous faire le tableau des for-
ces vives qui sont à l'oeuvre chez les Acadiens de ma province. Ce ta-
bleau je l'ai brossé à grands traits et je ne le prétends pas du tout com-
plet ni exhaustif. Pour le faire, il faudrait réellement écrire un volume
de quelques cents pages.
Cependant, je crois vous avoir dit suffisamment de choses pour
bien établir le fait que les Acadiens au Nouveau-Brunswick ne consti-
tuent pas un groupe inerte qui se laisse ballotter par différents courants
sans se donner la peine de réagir et de prendre position sur les diffé-
rents problèmes qui affectent la collectivité. Au contraire, ils sont bien
vivants, ils sont dynamiques, ils s'efforcent de prendre des attitudes po-
sitives en regard des questions majeures qui se posent régulièrement
dans une province comme la nôtre.
Je dirais à ce sujet que le comportement général des Acadiens peut
se caractériser par trois attitudes assez bien définies.
Premièrement: Les Acadiens sont décidés non seulement de survi-
vre mais de grandir et de rayonner. Dans leur esprit cependant il n'est
pas question de supplanter qui que ce soit ni d'enlever les places ou les
droits qui appartiennent légitimement à leurs concitoyens d'autres lan-
gues et d'autres religions. Ils veulent tout simplement mais totalement
être ce que la Providence les a fait. Ils ont donc depuis longtemps pris
la décision bien arrêtée d'être catholiques, d'être français, et de faire
en sorte que leurs enfants le soient après eux. Et en vue de cela, ils se
sont donné dans toute la mesure du possible les institutions nécessai-
res en vue de compléter le travail de formation et d'éducation com-
mencé au foyer.
II ne peut donc être question chez-eux de démission, de lâchage ou
d'anglicisation systématique. Les Acadiens insistent pour avoir du fran-
çais à l'église, pour avoir du français à l'école et pour mettre du fran-
çais dans leur propres foyers. C'est en ayant cette triple préoccupation
constamment présente à l'esprit qu'ils ont réussi et qu'ils réussiront à
s'imposer comme une force majeure dans le contexte provincial du
Nouveau-Brunswick.
Deuxièmement: Les Acadiens ont de plus en plus conscience de
parler une des plus belles langues au monde, à condition qu'elle soit
bien parlée, de posséder une cultue, la culture française, qui est sans
doute une des plus riches de la terre, et d'être les héritiers d'un passé
et de traditions qui leur ont été légués par quelques siècles d'histoire.
Or tout cela constitue une richesse pour n'importe quelle province,
pour n'importe quel pays. Les Acadiens, comme dépositaires de ce tré-
sor, se sentent le devoir de le partager et d'en faire bénéficier leurs
concitoyens d'autres langues et d'autres religions. S'ils ne le faisaient
pas, je crois sincèrement qu'ils manqueraient à leur devoir et qu'ils pri-
veraient leur province d'un actif excessivement précieux. Si donc les
Acadiens veulent se développer, grandir et se fortifier, ce n'est pas
s. E. Mgr Ernest-Jean Primeau, évèque de Manehester, reçoit les hommages du
Conseil de la Vie Française, à l'oeeasion du ban(iiiet qui lui est offert par le Comité
de V^ie Franeo-Amérieaine, à Boston, le 22 juin. De gauehe: R. P. Thomas-Marie
Landry O.P., M. Lauré-B. Lussier, Abbé Adrien Verrette, S. E. Mgr Primeau,
fuge Emile Lemelin, juge Fernand Despins et juge Yves Bernier.
5. Remise de la mé
édaill(
nemise cie la mecianie 'Grand Pri.x" de la Société Historique, le 21 mai 1960, à
Mgr Félix Martin, P.D., curé de la paroisse Ste Famille, de Lewiston, Maine.
De gauche: R. P. Thomas-Marie Landry, O.P., Mgr Martin. Abbé Adrien Verrette.
président, Dr Antoine Dumouehel, R. P. Henri Béchard, s.j. et le juge Fernand
Despins.
Uéception à l'honorable Louis-J. Robichaiid, premier ministre du Nomeau Bruns-
wick, au Harvard Club de Boston, le 11 décembre 1960. De gauche: M. Jacques
Gignac, vice-consul canadien à Boston, Madame Ciignac, M. le baron Charles de
Pampelonne, consul général de France à Boston, Madame la baronne, l'Honorable
Louis-J. Robichaud, Mme Robert, M. Stuart Hemsley, consul général du Canada à
Boston, M. Gérald Robert, trésorier et le Dr Louis-B. Amyot, vice-président de la
Société Historique.
Remise de la médaille "Grand Prix" à l'honorable Louis-J. Robichaud par M.
Gérald Robert, le 11 décembre.
CONFERENCES — ETUDES 33
seulement pour eux-mêmes mais pour le bien commun de leur province
et en définitive pour celui de toute la Confédération Canadienne.
Troisièmement: Dans ce processus de développement et de rayon-
nement, les Acadiens ont donc conscience de participer au bien com-
mun. Cela explique peut-être pourquoi les Acadiens de façon générale
s'entendent assez bien avec leurs concitoyens de langue anglaise et de
foi protestante. Il n'y a pas au Nouveau-Brunswick de sérieux problè-
mes de races ou de religions. Oh! nous avons bien nos difficultés et nos
différences, comme n'importe quelle association ou n'importe quelle
famille. Mais nous trouvons toujours moyen de nous asseoir autour
d'une table, de discuter ces problèmes et d'en arriver à une solution
qui soit satisfaisante dans la mesure du possible. C'est là à mon avis,
le signe d'une population adulte, d'une population rendue à un degré
de maturité suffisant pour pouvoir vivre ensemble de façon pacifique,
en collaborant au bien commun tout en respectant le droit des autres
d'être eux-mêmes, de pratiquer la foi de leurs ancêtres, de parler leur
langue maternelle et d'enrichir leur héritage culturel.
Toutefois, si les Acadiens avaient réussi à s'entendre avec leurs
concitoyens en sacrifiant leur foi, leur langue et leur passé, je ne ver-
rais rien d'extraordinaire ou de bien méritoire dans une réussite de ce
genre. Or, ce que je veux bien souligner et ce qui est à la gloire du
Nouveau-Brunswick, c'est le fait que nos gens s'entendent bien et
collaborent bien en se respectant et en laissant à chacun le droit et le
privilège d'être lui-même. Evidemment, je ne prétends pas du tout que
nous ayons atteint le stage de la perfection, loin de là. Il y a encore
beaucoup de progrès à réaliser d'un côté comme de l'autre. Mais je suis
certain qu'on trouve en général les éléments de bonne volonté qui sont
nécessaires pour réaliser la plénitude de cet idéal.
Il existe présentement un grand courant d'enthousiasme et de
confiance en l'avenir des provinces Maritimes. Tous nos citoyens de
toutes races et de toutes dénominations sont éveillés à cette préoccu-
pation de travailler à la grandeur spirituelle, culturelle et matérielle
de ce qu'on appelle la Région de l'Atlantique.
Je puis vous assurer que le Nouveau-Brunswick est intégré à 100%
dans ce mouvement de reconstruction et à l'intérieur du Nouveau-
Brunswick les Acadiens vont certainement faire leur juste part pour
apporter une contribution appréciable en vue de cet objectif. Avec les
qualités qui leur sont propres, avec leur tempérament et leurs disposi-
tions particulières, avec leurs ressources et leur philosophie de la vie,
ils sont bien préparés pour jouer un rôle de premier plan dans ce
grand mouvement de restauration sociale, visant à donner plus de
bonheur, plus de paix et plus de prospérité à toute notre population,
ce qui est la fin première de tout bon gouvernement et l'illustration
pratique de la démocratie en action.
34 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
La langue française
et les Franco-Américains
Au mois d'octobre dernier, à Fall River en Nouvelle Angleterre,
se tenaient les assises vraiment brillantes du 5e congrès des Franco-
Américains. Les esprits s'étaient concertés sur "L'Importance de l'édu-
cation bilingue chez les Franco-Américains". Les autorités municipales
avaient même fait peindre des "Fleurs de Lis" sur le pavement des rues
pour indiquer aux visiteurs la direction des endroits où se déroulaient
les réunions. On ne pouvait exiger accueil plus cordial.
Or il arriva que certains observateurs, voulant se rendre compte
"ex-auditu" de la présence même du verbe français à ce conclave,
recueillirent certains faits assez révélateurs; les dames et les demoi-
selles préposées à l'inscription des congressistes, durant les moments
libres s'entretenaient presqu'exclusivement en anglais; les élèves des
écoles secondaires en quittant la salle des délibérations échangeaient
leurs propos en anglais; au banquet de clôture, à la table de famille,
la résonnance anglaise enveloppait presque les harmonies françaises;
le dimanche après midi, à l'issue de la cérémonie de la consécration de
notre jeunesse à la "Reine du Ciel", après avoir prié en français, sur
le perron de l'église Notre Dame de Lourdes, la presque totalité des
écoliers et bon nombre d'adultes causaient en anglais. Comment ex-
pliquer ces anomalies ?
Pourtant tous ces compatriotes étaient des Franco-Américains qui
aiment leur patrimoine, qui fréquentent nos institutions et qui étaient
venus précisément pour entendre glorifier notre idéal commun et rece-
voir en plus des consignes afin d'enrichir leur culture et d'améliorer
leur parler. Nous voulons y voir l'un des tristes résultats du bilinguis-
me mal équilibré que nous pratiquons intensément depuis près de
trente ans.
C'est que l'on se préoccupe de moins en moins de l'enseignement
du français comme langue véhiculaire de nos âmes. On veut le conser-
ver simplement comme un vestige attardé du patrimoine que nos de-
vanciers portaient en eux et peut-être pour faire plaisir à
grand'mère.
Au foyer, les parents pris dans le pressoir de la vie quotidienne,
issus eux-mêmes d'une génération déjà entamée au point de vue cultu-
rel, ne veulent plus réagir. Us ont perdu le goût même de se ressaisir,
pendant que l'enfant reçoit ses premières impressions et choisit lui-
même les modes de son information alors que la vertu de continuité
dans la famille s'affaiblit de jour en jour. Et c'est ainsi que se défigure
l'âme de nos enfants et partant celle de notre peuple.
Des voix autorisées de l'Acadie, du Québec et de la Franco-Améri-
canie avaient cependant rassassé et exalté pour la centième fois, à
l'appuie de textes et de faits irrécusables toutes les raisons qui militent
en faveur de la maintenance paisible mais résolue de notre culture
* Article publié dans l'Album de la Société du Bon Parler Fran-
çais (Montréal) par l'abbé Adrien Verrette (1960)
CONFERENCES — ETUDES 35
comme enrichissement précieux à notre vie franco-américaine, avec tout
oe que cela comporte de responsabilité dans les domaines religieux,
civique et social. Ce qui prouve que l'éclat d'un congrès ne traduit pas
nécessairement le comportement de tous ceux qui le fréquentent!
Où fixer le blâme? Il est un peu partout! Empressons-nous d'ajou-
ter qu'il n'est pas question de s'opposer au progrès, mais il y a toute
une marge entre l'évolution et les adaptations nécessaires au progrès
et la vertu de continuité dans la vie.
Et les responsables de cette situation sont assez nombreux. En cer-
tains cas ils sont plus à plaindre qu'à blâmer. Les fauteurs, nous les trou-
verions chez ces éducateurs, qui, sous prétexte de progrès et d'opposition
à un racisme imaginaire, ont changé l'orientation de leur enseignement
et ont ainsi ravi à notre rayonnement et à notre prestige le concours
d'institutions, qui, pourtant avaient été fondées avec un but très explicite;
nous les trouverions encore au sein de plusieurs de nos écoles primaires
où l'on enseigne la langue sur des bouts de papiers, sans manuels invi-
tants, sans histoire de nos origines, souvent sans amour; chez un trop
grand nombre de cette classe, que l'aisance a touchée, qui se baignent
dans la médiocrité; chez ces professionnels, ecclésiastiques ou hommes
d'affaires qui n'ont jamais un sou pour nos oeuvres, mais qui en vivent;
chez ces politiciens plus partisans que fidèles à leur idéal; dans combien
de foyers ne constaterions-nous pas que l'odeur du français a été rempla-
cée par les balivernes et les grimaces illustrées du crime et de la sensua-
lité; encore chez ceux qui ont fait table rase des trésors spirituels et cul-
turels que la Providence leur avait confiés; enfin dans des milliers de
foyers qui portent encore de beaux noms français, mais, qui, à cause des
alliances choisies ont abandonné la vie française...
Ajoutons à tout cela les ferments du progrès et les infiltrations iné-
vitables à tous les degrés de la vie quotidienne où le franco-américain
se dépense en gagnant sa vie, des présences qui sont naturelles et bien
légitimes au sein de la patrie, et nous avons là le tremplin où se débat
notre âme franco-américaine.
Ceci n'est pas un réquisitoire. Ces considérations sont des faits irré-
futables que l'on pourrait également relever avec nuance chez tous les
groupements français en Amérique et même dans le Québec.
Au moment où de louables efforts de refrancisation sont jugés né-
cessaires dans le Québec, qm des mouvements sérieux en vue de l'amé-
lioration de notre parler se poursuivent vaillamment surtout par la So-
ciété du Bon Parler français, on peut comprendre plus facilement l'a-
cuité de la situation chez les autres groupements français sur le conti-
nent. Nous y vivons tous très dangeureusement ... !
Tout ceci nous amène à cette affirmation qui peut paraître para-
doxale. Malgré tout, le français existe encore chez les Franco-Américains
et vous l'entendez à satiété sur les rues de nos grandes villes au milieu
de la foule qui circule; le français est toujours d'usage dans nos églises,
bien que le débit soit souvent laborieux chez notre jeune clergé. Nos
oeuvres nombreuses se maintiennent elles-aussi et dans tout cela le fond
est encore solide. Le français vit en Nouvelle- Angleterre!
36 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
En dépit de cet horizon chargé d'inquiétudes, il ne faut pas oublier
cette phalange de religieuses, qui, comme des "vierges sages" s'emploient
avec zèle auprès de nos enfants à faire aimer notre langue, ces belles
paroisses où le clergé conscient de la responsabilité de son ministère
total conserve à nos institutions leur climat naturel ... et tous les au-
tres apôtres qui travaillent fidèlement dans la bonne tradition adaptée à
notre vie américaine.
Le français sera toujours parlé et utilisé aux Etats-Unis par une
classe supérieure et cultivée qui s'en approprie la richesse comme valeur
intellectuelle. On l'enseigne dans les universités, les collèges, les écoles
secondaires et primaires mêmes. On y étabUt des cercles de conversa-
tion française . . . Depuis la dernière guerre les idées ont bien changé
au sujet d'un pays unilingue.
Le français comme langue véhiculaire dans le foyer et dans les
relations sociales du franco-américain se parlera encore très longtemps
si nous pouvons éveiller nos mères au souci de le communiquer à leurs
petits enfants. La tâche n'est pas facile en bien des cas mais elle est
toujours possible. Pour cela, il faut que la maman pense en français.
Il y a longtemps que nous prêchons un peu dans le désert en de-
mandant à celles qui s'occupent de l'orientation de l'action féminine,
de concentrer tous leurs efforts auprès de nos foyers afin de convertir
nos mères à s'intéresser à ce travail sauveur afin que nos petits enfants
commencent à apprendre le français dès leur bas âge, afin aussi, et c'est
l'important, qu'ils puissent penser en français dès ce bas âge. Là est
le salut! Pour cela il faudra leur supprimer bien des heures vides à la
télé. Tous les congrès à venir accompliront bien peu si le travail initial
n'est pas assuré dans la préparation véritable de la relève dès le ber-
ceau.
Au sujet de la qualité du français chez les Franco- Américains, il
est assez difficile de préciser. En dehors des classes, un trop grand
nombre ne lit et ne parle pas le français. Les enfants aux jeux sont à
l'anglais. Une certaine catégorie des nôtres parle un très beau français.
Elle pourrait être plus nombreuse. Pour la masse du peuple, c'est un
français négligé, populaire, fourmillant d'anglicismes, mais l'effort est
là et cette langue est comprise. Les concours de français font beaucoup
de bien. Les 30 ans pensent en anglais, aussi, entament-ils naturellement
la conversation en anglais, mais, ils continueront en français si on les y
dirige . . .
A la lumière de ces aveux, nous comprenons bien que si nous multi-
plions ces cas par milliers, cela finira par grignoter sensiblement le pa-
trimoine et les fléchissements augmenteront.
Pour tout cela, il ne faut pas perdre confiance car il y a de louables
efforts qui se font. Les Franco-Américains n'ont pas encore décidé de dis-
paraître. Il reste des dévouements et des espoirs. Il ne faut pas se baseï
uniquement sur les pertes. Les résurgences sont encore possibles. Il y a
cent ans que nous avons commencé à céder du terrain, mais les racines
sont tellement profondes et toujours disposées à produire, si comme
Apollon, nous continuons à les arroser. La Providence pourrait aussi ré-
pondre à nos prières.
CONFERENCES — ETUDES 37
Nous ne pouvons trop féliciter nos collègues de la Société du Bon
Parler Français, qui, eux, donnent l'exemple, en continuant sans relâche
leurs profitables croisades et leur influence de redressement et de
persévérance dans le rayonnement de notre parler. Eux-aussi trouvent
parfois le travail dure et laborieux, mais leur mérite réside dans cette
constance et cette persévérance qui finissent par porter de bons fruits.
Le verbe de nos pères est rivé dans le sol de l'Amérique. Dieu ai-
dant, il est encore possible de le faire produire généreusement. Une pen-
sée récente du P. Landry devrait nous guider et nous soutenir tous:
"Le ciel et la terre passent, la figure de ce monde change mais le
Seigneur, un jour, après les suprêmes purifications du créé, restaurera
toutes choses en Lui selon ce que l'homme aura fait de sa vie dans le
temps. C'est à cause de ceci justement, à cause des résonnances et des
implications éternelles de la vie de l'homme dans le temps, qu'il devient
suprêmement important de faire évoluer la vie d'un groupe dans la di-
rection de son ultime destinée. Avoir le sens du temps donc dans l'orien-
tation de notre vie franco-américaine, donc le sens de son déroulement
dans un passé, un présent et un avenir qui se suivent mais qui ne la
laissent pas moins caduque, fragile et mortelle pour autant. Avoir aussi,
ce faisant, le sens de l'éternité, car en vertu de son amour infini, de
son "agapè", c'est de cette même vie franco-américaine que Dieu se sera
servi pour projeter beaucoup d'entre nous en pleine éternité de lumière
sans ombres et de joie sans retour . . .
"Voilà, à mon humble avis, quelques-uns des postulats essentiels
à la bonne évolution de notre vie franco-américaine. Il y en a d'autres
mais je considère que ceux-ci sont les plus importants; le sens du chan-
gement et de l'adaptation de notre vie en terre américaine, le sens de
la continuité et de la permanence des valeurs humaines, chrétiennes et
françaises que nous devons y cultiver, le sens de la communauté frater-
nelle qu'entre franco-américains nous devrions y instaurer, le sens du
temps dans lequel cet effort d'épanouissement personnel et collectif est
engagé, et simultanément le sens de l'éternité qui se trouve ici préparé
et engagé."
Avec un pareil enseignement, tout Franco-Américain a raison de
persévérer et d'espérer . . .
Adrien Verrette, ptre
Président de la Société Historique
Franco- Américaine
VI
Le Conseil de la Vie Française
en Amérique
24e Réunion Plénière
22-26 septembre
1960
C'est à dessein que les rédacteurs du bulletin de la Société lui ré-
servent toujours une place importante car le Conseil de la Vie Française
demeure le principal haut parleur de la vie française en Amérique.
L'une des plus importantes depuis la fondation du Conseil, la 24e
session a marqué des progrès sensibles dans le rayonnement de cet orga-
nisme dont la mission est de veiller aux intérêts culturels de l'Amérique
française.
La réunion fut précédée du dîner traditionnel de La Fidélité Fran-
çaise, au cercle universitaire, présidé par Me Paul Gouin, alors que le
chancelier de l'Ordre, l'abbé Adrien Verrette remettait les insignes d'of-
ficier à deux hauts dignitaires de la vie française en Amérique, S.E. Mgr
Paul Bernier, archevêque-évêque de Gaspé et M. Archibald Lemieux,
industriel de Worcester, Massachusetts. Une remise posthume était aussi
attribuée à Mgr Antoine D'Eschambault apôtre du Manitoba.
Les assises débutent le lendemain, le 23 septembre, dans les salons
du Conseil sous la présidence de Me Paul Gouin, qui, pour la 5e fois
salue ses collègues. Il souligne les principaux événements de l'exercice,
invite les membres à prendre l'engagement d'honnur et le conseil se met
au travail. Les voeux et hommages d'usage sont expédiés et le secrétaire
nomme les membres des différentes commissions, nominations, finances,
publicité, mémoires et résolutions.
Au cours de délibérations, les membres prennent connaissance du
travail accompli et portent leur attention sur plusieurs projets qui leur
sont soumis. Le procès verbal de la dernière session est approuvé. Le
trésorier soumet le rapport des vérificateurs Boulet, Morin, Lachance,
Motard et Robitaille qui fixent l'actif du Conseil à $157,838.93 avec liste
des placements, fiducie et fonds.
Le secrétaire donne un rapport détaillé de l'année écoulée. L'un des
officiers du Conseil, ancien président, le Docteur Georges Dumont, de
Campbellton, député de Restigouche, est devenu Ministre de la Santé
dans le Parlement du Nouveau-Brunswick. Trois deuils ont été inscrits
dans l'Ordre de la Fidélité Française, les officiers Wilfrid Mathieu,
de Manchester, Mgr Antoine D'Eschambault, du Manitoba et Esdras
Terrien. d'Ottawa.
Le Conseil a été présent à nombre de manifestations, le 11 novem-
bre (1959) au congrès des Franco-Albertains, à Edmonton, aux noces
d'Or de l'Association d'Education Canadienne Française d'Ontario, en
avril, avec visite à S.E. le Gouverneur général du Canada, le Général
Georges Vanier à Rideau Hall et à S.E. Mgr Sebastien Baggio, délégué
apostolique au Canada. Me Paul Gouin était l'invité au banquet de oe
LE CONSEIL DE LA \1K FRANÇAISE 39
cinquantenaire. Il prononçait une allocution de maître et honorait
grandement le Conseil.
Jean Jacques Tremblay assistait aux Noces d'Or du journal "Le
Devoir, à Montréal, avec allocution appréciée. Armand Godin était aux
fêtes du Tricentenaire de Dollard à Montréal et le Dr P. E. Laflèche
représentait le Conseil à l'inauguration du poste de Télé-Française à
Winnipeg.
Le trésorier Me Yves Dernier et le R.P. Thomas Landry, o.p. s'u-
nissaient à leurs collègues franco-américains à la grande réception of-
ferte par les Franco-Américains à S.E. Mgr Ernest J. Primeau, nouvel
évêque de Manchester, à l'hôtel Somerset, de Boston, le 22 juin.
Au premier congrès des Acadiens, tenu à la Pointe de l'Eglise,
Nouvelle Ecosse en août, le président, le directeur Lucien Gagné et le
secrétaire Mgr Paul-Emile Gosselin assistaient avec le docteur Dumont,
vice-président, qui prononçait une vibrante allocution au banquet de
clôture.
Me Paul Gouin, Mgr Gosselin et Lucien Gagné étaient présents au
Congrès de l'ACELF à Rimouski sur "la langue parlée". M. le profes-
seur Henri Blanchard a été le premier décoré de la "Fidélité Acadien-
ne". M. Thomas Arsenaux, de Lafayette, Louisiane, assistait au Bi-cen-
tenaire de Bonaventure. En septembre Mgr Gosselin assistait au 22e
Congrès quadriennal de l'ACA à Manchester où il prononçait une allo-
cution de haute envergure. Il était accompagné de Me Yves Bemier.
Comme norme de travail, le bureau tenait dix réunions au cours
de l'année avec une moyenne de 90 sur 120 présences possibles.
La publicité en faveur du Conseil ne fut pas négligée avec de nom-
breux communiqués à la presse, à la radio et à la télé. Les causeries à
Radio-Canada se continuent chaque mois. Le 2 janvier, Me Paul Gouin
transmet les voeux du conseil, le 6 février, un entretien sur la presse
française, dirigé par Mme Reine Malouin; le 5 mars, MM. Aimé Arvi-
sais, Florian Carrière et Ernest Desormeaux parlent des Noces d'Or de
l'Association Canadienne française d'éducation d'Ontario; le 2 avril, le
Major Ernest Guimont évoque le bicentenaire de la bataille Ste-Foy,
comme président de la Société Historique de Québec. Le 7 mai, le R.P.
Adrien Pouliot s.j. et Sylvio Dumais discutent le tricentenaire de l'ex-
ploit de Dollard; M. Emery Leblanc parle du premier congrès de la
Société Nationale des Acadiens, le 4 juin; M. Jean-Jacques Tremblay
étudie "Notre Patriotisme", le 2 juillet, Mgr Antoine Gagnon annonce
le congrès de l'ACELF à Rimouski, le 6 août, M. Pierre Gosselin parle
de François, duc de Lévis le 2 septembre. Mme Reine Malouin est au
poste le 5 novembre et Paul Saint-Cyr présente l'Exposition du Livre
en décembre.
Depuis son établissement en 1955 La Fraternité Française a dis-
tribué aux groupements français d'Amérique plus de $250,000. Ces
argents ont été recueillis au moyen de la souscription annuelle dans
le Québec. Ce geste atteste une préoccupation constante de la part du
Conseil pour venir en aide à nos frères. Le 31 juillet, l'actif de La Fra-
ternité Française était de $90,000.
40 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Le Calendrier du Conseil paraissait pour la vingtième fois pour être
distribué avec un tirage de 15,000. Le thème évoquait la dernière vic-
toire française en Amérique, la bataille de Ste-Foy en 1660.
Le Prix Champlain fut octroyé à Sr Marie Grégoire NSC, au Nou-
veau Brunswick, (Mlle Maillet) pour son roman "Pointe aux Coques".
Ce prix de $500. lui fut remis par Me Paul Gouin au Musée Provincial
au cours d'une soirée-concert.
La Semaine Française 'en mai continue sa propagande auprès des
écoliers. Elle avait pour thème "la langue parlée" et le tricentenaire
de "Dollard des Ormeaux". Le sous de la Survivance qui est recueilli du-
rant cette semaine rapportait $45,564.08. Au cours de l'année le Con-
seil versait en dons plus de $33,000.00 à nos divers organismes à travers
les provinces et la Nouvelle Angleterre.
La revue "Vie Française", organe du Conseil, entrait dans sa quin-
zième année. Elle informe fidèlement sur le rayonnement de notre vie
et conserve nombre de documents pour la postérité.
L'agence Liaison Française a poursuivi son oeuvre très utile au
cours de l'année. Elle a dirigé vingt-deux voyages de propagande grou-
pant plus de 489 inscriptions vers l'Ouest Canadien, la Califoornie, la
Louisiane, en Acadie, au Mexique, aux Antilles, en Europe, en Alaska et
aux Bermudes. Partout les réceptions ont été chaleureuses et les résul-
tats brillants.
Le Conseil présentera encore pluiseurs mémoires en vue d'amé-
liorer la situation du français au Canada: "Affaires Culturelles", "Le
Centenaire de la Confédération Canadienne", "Le bilinguisme des
Edifices fédéraux" et "Le Bilinguisme dans les Traités signés par le
Canada".
La réunion plénière donne toujours lieu à quelques manifestations.
S.E. le gouverneur général du Canada et madame Georges Vanier re-
cevaient les membres, vendredi après midi, dans les salons de la Cita-
delle, la résidence vice-royale à Québec. Les échanges furent intimes
et très profitables. Son Excellence témoigna un vif intérêt dans le tra-
vail du Conseil. Elle insistait sur l'un des aspects très cher au Conseil,
la qualité du français que nous devons tous propager. Durant la soirée,
c'était la remise du Prix Champlain au Musée Provincial dont il a été
question.
La visite officielle du Conseil au Primat de l'Eglise au Canada est
devenue une tradition. Samedi soir, après le pèlerinage au tombeau de
Mgr deLaval, le conseil se rendait à l'archevêché pour la récitation du
chapelet. Au nom du conseil le R.P. Landry offrait les hommages à
S.E. Mgr Maurice Roy qui confiait aux membres des paroles toujours
très appréciées. La maison Chevalier offrait ensuite le souper aux
membres et à leurs invités.
La messe de la plénière est un événement très précieux pour le
Conseil. La chapelle intérieure du Séminaire le reçoit toujours aima-
blement. C'est le moment oij tous les membres unissent leurs suffrages
spirituels pour obtenir du Ciel les lumières nécessaires pour continuer
LE CONSEIL DE LA VIE FRANÇAISE 41
leur travail. L'abbé Verrette, chancelier de l'Ordre de la Fidélité Fran-
çaise célèbre et le R.P. Thomas Landry o.p., apporte le message de
l'Evangile. C'est que près du tombeau de Mgr de Laval, le Conseil se
sent à l'aise pour implorer les grâces du Ciel.
Membre du Conseil depuis 15 ans, M. Louis A. d'Entremont, de
Pubnico ouest, en Nouvelle Ecosse, prenait sa retraite. Il fut alors
nommé "membre d'honneur" du Conseil, privilège réservé à des anciens
membres.
Le Conseil déplorait la disparition de plusieurs éminentes figures
de la Vie française, l'hon. Paul Sauvé, premier ministre de la province
de Québec, S.E. Jean Désy, ancien ambassadeur à Paris, S.E. Edmond
Turcotte, ambassadeur en Suisse, Pierre Vigeant, vaillant polémiste au
journal Le Devoir durant 28 ans, Mgr Antoine d'Eschambault, l'abbé
Pierre Gauthier et Me Victor Morin, tous trois officiers de l'Ordre de
la Fidélité Française.
Voix Françaises d'Amérique
Le Conseil est la Centrale qui reçoit les échos de tous les centres
français sur le continent. Il est d'habitude de déposer ces rapports afin
de renseigner le Conseil. Il est intéressant de constater dans quel esprit
ces textes sont présentés.
Au nombre des rapports soumis fut celui de la Colombie où nos
frères continuent résolument leur travail. La fédération tenait en mai
un concours de français chez les écoliers des 8e et 9e cours pour réunir
plus de 900 élèves. Certificats et trophées furent octroyés en une séan-
ce publique le 19 juin. Un programme français passe tous les dimanches
à 10 heures du matin "Ecoutez-nous". Vingt-trois causeries ont été trans-
mises aux postes des Prairies. L'encouragement donné au cercle Molière
et au festival régional. Formation d'une cellule à Prince Georges. Kios-
que tenu à l'exposition de Vancouver et congrès annuel tenu à Notre
Dame de Fatima, de Maillardville du 8 au 10 octobre.
L'Alberta célèbre avec éclat le tricentenaire de DoUard des Or-
meaux à Rivière-la-Paix. Le programme de la Xle Cabane à sucre réunit
plus de 2,000 convives. Le Club de la Radio aide considérablement au
maintien du poste CHFA. Le journal "La Survivance" est dans sa 32e
année sous la direction du R.P. Jean Patoine, o.m.i. Il est un précieux
appui pour les centres français de l'Alberta et de la Colombie.
En Saskatchewan, l'Association Catholique Franco-Canadienne fon-
dait une Société d'Etablissement afin de permettre aux jeunes de se
fixer plus avantageusement dans la province. Elle songe également à
établir un Centre Français à Régina afin de consolider tous les organis-
mes. Les festivals ont lieu à Gravelbourg, à Willow Bunch, à Ponteix
et à Prince Albert. Concours oratoire et examens de français à 3,434
élèves avec visites des écoles. Projet d'un collège commercial bilingue
à Gravelbourg, établissement des caisses scolaires. Le maintien de la
radio est aussi laborieux. Cinquantenaire du journal "La Liberté et le
Patriote". Reconnaissance officielle du français dans les grades 11 et 12
par le Ministère de l'Instruction Publique.
42 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Au Manitoba, l'Association d'Education se dépense auprès de ses
10,000 écoliers dont 6,000 qui prennent part aux concours et festivals.
Le budget de la société est de $25,000. Les postes de radio et de la
télé opèrent avec satisfaction mais il faut toujours compter sur des ap-
puis et le dévouement.
Les Franco-Ontariens étaient en liesse au cours de l'année qui
marquait le "Cinquentenaire" de l'Association Canadienne Française
d'Education d'Ontario. Des manifestations grandioses réunissaient des
milliers de présence: soirées, réceptions, assises, banquets, réunion du
bureau du Conseil de la Vie Française et la clôture du concours provin-
cial annuel de français à Ottawa. Le journal "Le Droit", premier né de
l'association, publiait une édition anniversaire faisant revivre les prin-
cipaux jalons de ce demi siècle de vie franco-ontarienne.
L'Association y tenait son 15e congrès avec le concours des sociétés
affiliées. Le banquet était sous la présidence d'honneur de S.E. Mgr
Sébastien Baggio, délégué apostolique. Dans sa conférence remarqua-
ble. Me Paul Gouin, président du Conseil déclarait: "la leçon vivante de
fierté nationale, l'ultime courage, les dévouements et les sacrifices ja-
mais démentis en cinquante ans d'un effort humble dans son oeuvre,
mais si éclatant dans son résultat rendent un son d'émouvante épopée".
Mgr Paul Emile Gosselin ajoutait: "les assises d'Ottawa ont été un
acte de foi dans l'avenir, en dépit des pertes que subit nécessairement
un groupe minoritaire".
Les Ontariens se réjouissent à l'occasion de la bénédiction de l'é-
glise Saint-Jérome, de Windsor, le première paroisse française dans le
diocèse de London.
XXX
L'infatigable recenseur de la vie acadienne dans l'Ile du Prince
Edouard, le professeur J. Henri Blanchard, depuis 50 ans, n'a rien perdu
de son enthousiasme. Il soumet fidèlement avec les échos français de
l'Ile, les espoirs des fidèles tenanciers même si les statistiques ne sont
pas à l'ascendance.
Les présences sont là et les espoirs aussi. La Société St. Thomas
d'Aquin atteste que nos frères de l'Ile n'abandonneront jamais la lutte
qui a produit des prodiges de fidélité.
Sous l'inspiration de la Société St Thomas d'Aquin, les Acadiens de
l'Ile continuent leur travail. La population acadienne est de 15,477
sur un total de 99,492 avec 5 paroisses avec curé acadien. Le dévoue-
ment des éducateurs est admirable. Une école régionale à Abram
Village donne de bons résultats.
Le 68e congrès annuel de l'Association des Instituteurs et Institu-
trices Acadiens avait lieu en fin d'août à Rustico. Le ministre de l'Ins-
truction publique, l'hon. L. G. Dewar, assistait.
La société tenait des concours dans 11 centres avec des récompen-
ses et distribution de volumes. Les placements de la société s'élèvent
à $45,000.00 avec des prêts d'honneur au montant de $36,000.00 dont 72
boursiers profitent. Les recettes de l'année s'élevèrent à $20,000.00.
LE CONSEIL DE LA VIE FRANÇAISE 43
Hélas la plupart des privilégiés ne reviennent pas vivre dans l'Ile.
L'hon. Henri Wedge (Aucoin) a été nommé ministre du travail. M. A.
W. Gaudet est maire de Charlottetown.
XXX
Il y a aussi le travail qui se poursuit dans l'Ile du Cap Breton avec
le dévouement de la Société St. Pierre fondée en 1947, l'une de nos
entreprises héroïques. On y travaille résolument. Rémi J. Chiasson se
montre confiant. L'éducation, le problème est de base toujours, la gran-
de préoccupation. Les complications ne manquent pas et la situation
est loin d'être reposante.
Mais le Cap Breton français a droit et demande plus. Il veut de la
radio et de la télé. Ces services devraient lui être accordés.
Les Acadiens tenaient leur 13e congrès au collège Ste-Anne, à la
Pointe-de-l'Eglise en Nouvelle Ecosse, du 11 au 14 août, sous les auspi-
ces de la Société Nationale des Acadiens.
Ces assises se déroulaient sous la présidence de Me Louis LeBel.
Les réunions furent très profitables et les manifestations brillantes pour
redonner un nouvel essor aux oeuvres de nos frères dans les provinces
maritimes. Le Festival Acadien et le grand banquet terminaient le con-
grès avec la messe célébrée par Mgr Leménager et le sermon donné par
S.E. Mgr Robichaud.
Au Nouveau Brunswick, les oeuvres se développent. Il reste que
la presse demeure toujours dans un état précaire. On envisage le projet
de céder l'Evangéline à la congrégation des Pères Ste-Croix qui dirigent
l'université de Moncton.
En Franco-Américanie, le Cinquième Congrès tenu à Fall-River en
octobre dernier a produit des fruits. La situation cependant est loin de
se glisser vers le progrès. Le Comité de Vie Franco-Américaine fait bien
sa part, mais il semble manquer de dynamisme et d'efforts pratiques.
Au cours de l'année, le Comité a organisé la Fédération des Cho-
rales Franco-Américaines de la Nouvelle Angleterre. Les Francos ne
manquent pas d'organismes, hélas, mais il s'opère au sein de plusieurs
de ces cellules un fléchissement même chez les directeurs.
Le 22 juin à l'hôtel Somerset, de Boston, un grand banquet réunis-
sait plus de 600 convives en hommage à S.E. Mgr Ernest J. Primeau,
sixième évêque de Manchester. Une bourse de $5,000 lui fut remise.
La Fédération Féminine Franco-Américaine tenait son 5e congrès
à New Bedford en octobre.
En Louisiane, la vie française existe. Le français est enseigné dans
les paroisses du diocèse d'Alexandria. La maison Acadienne sur le
campus de l'université Lafayette est très active. Des programmes de
radio française existent. La Liaison Française y a fait un voyage au
cours de l'année.
VI
L'Ordre de la Fidélité Française en Amérique
Treizième promotion
22 septembre 1960
L'importance de l'Ordre de la Fidélité française en Amérique
s'accentue chaque année, à mesure que s'enrichit la liste des brillants
et éminents titulaires qui en portent les insignes.
Institué en 1947 par le Conseil de la vie française en Amérique
comme haut pallier, où seraient inscrits les mérites des principaux
apôtres de la culture française en Amérique, l'Ordre a le bonheur de
vous accueillir avec empressement à l'occasion de sa treizième promo-
tion et il vous remercie de prêter le concours de vos présences distin-
guées à l'éclat de cette cérémonie.
Comme toute institution humaine, l'Ordre a à déplorer les pertes
qui surviennent inévitablement dans ses rangs. C'est donc avec regret
que nous nous inclinons sur la mémoire de l'Officier Esdras Terrien, de
la promotion 1957, décédé le 20 juin dernier à Ottawa.
Il était l'un des rares survivants de ceux qui ont servi la vie fran-
co-ontarienne avec une fidélité de tous les instants appuyée par une
vie chrétienne admirable. Dans l'histoire de l'Ontario français de ce
siècle, on trouvera le nom Esdras Terrien inscrit sur les plus émouvan-
tes pages. Il était un modeste mais d'une virilité et d'une indéfectibilité
qui méritent les hommages de tous ses congénères. La famille française
d'Amérique a perdu en lui un serviteur excellent.
Quelques semaines plus tard, soit le 25 septembre, un autre vété-
ran de la vie française en Amérique décédait à Manchester à l'âge de
80 ans, M. le chevalier Wilfrid J. Mathieu. Mutualiste de carrière et
foncièrement dévoué aux oeuvres franco-américaines, il était président
de l'Alliance des Journaux Franco-Américains de la Nouvelle-Angleter-
re au moment de son décès.
Monseigneur Antoine d'Eschambault
1896-1960
Il nous eut été si agréable de prononcer le prochain éloge en pré-
sence de celui qui nous quittait prématurément le 18 mai dernier au
Manitoba, à l'âge de 64 ans. Mgr Antoine d'Eschambault avait accepté
de devenir officier de l'Ordre. C'est à ce titre posthume que nous lui ren-
dons hommage en évoquant une carrière qui est désormais ajoutée au
lustre de la vie franco-manitobaine.
Antoine d'Eschambault était un authentique manitobain dont le pè-
re, le docteur Alexandre fut l'un des vaillants artisans de la vallée de
la Rivière Rouge. Son épouse se nommait Corinne Marcotte.
L'ancêtre Fleury d'Eschambault venu de la Vendée épousait à Qué-
bec, en 1671, Marguerite de Chavigny pour devenir châtelain de la
seigneurerie d'Eschambault.
ORDRE DE LA FIDELITE FRANÇAISE 45
Descendant de cette noble lignée, c'est à Letellier, l'une des an-
ciennes paroisses du Manitoba, où pratiquait son père, qu'Antoine
d'Eschambault naissait le 15 octobre 1896. Il s'inscrit au séminaire de
Saint-Boniface pour obtenir son baccalauréat de l'Université du Manito-
ba avec la bourse Isbener et la médaille d'or. A l'Université Laval, il
obtient sa licence en philosophie et son doctorat en sacrée théologie.
Ordonné prêtre le 10 juillet 1921 en la cathédrale de Saint-Boniface
par le regretté Mgr Arthur Béliveau avec son frère aîné Alexandre, qui
le précédera dans la mort, le jeune abbé obtiendra ensuite son docto-
rat en droit canonique à Rome. Il y maîtrisera les langues italienne et
polonaise qui lui seront d'une grande utilité dans son ministère.
A son retour, il sera chargé des missions polonaises durant plu-
sieurs années en plus d'être secrétaire à l'évêché et chancelier du dio-
cèse en 1934. En 1947, il est nommé curé de Saint-Emile dans la ban-
lieue de la ville épiscopale. Le 9 mars dernier, la maladie lui imposait
la retraite.
Durant ses quarante années presque de sacerdoce que d'activités
remplirent les jours de cet apôtre inlassable.
Au compte de ses charges ecclésiastiques, il sera encore consulteur
diocésain, visiteur des écoles, directeur de la revue "Les Cloches de
Saint-Boniface", fondateur et président de l'Oeuvre des Bourses, aumô-
nier de l'Association d'Education, animateur de l'Union Canadienne
auprès de la jeunesse, et aviseur des Hôpitaux catholiques.
Parfait bilingue, il ajoutera à ces tâches celle de membre du Bu-
reau Aviseur du Département d'Instruction de la province. Il maintient
un culte pour la nation métisse qu'il affectionne. Il lui organise l'Union
Saint- Joseph.
C'est encore dans le domaine de l'histoire qu'il brillera. Il dirigera
la Société Historique de Saint-Boniface durant plus de 30 ans. Il inspire
les fêtes centenaires en l'honneur de La Vérendrye, de Riel, de Mgr
Taché et préside en 1953 le dévoilement du monumnt de Mgr Proven-
cher.
Conférencier, écrivain et orateur, de belle taille, à l'Université de
Montréal, il donne en 1948 un cours très bien préparé sur les décou-
vertes de La Vérendrye et l'Université lui décerne un doctorat d'hon-
neur.
Il sera encore président de la Société d'Histoire du Canada, mem-
bre de la Société Royale du Canada. Après plus de 20 ans au service de
l'importante Commission des Monuments et lieux historiques du Cana-
da, on lui en confie la présidence en 1958. Ses écrits sont empreints
du souci de la recherche et reçoivent les meilleurs éloges.
L'an dernier, au mois d'avril, lors de son investiture de la prélature
romaine, présidée par son vénéré archevêque, Mgr Maurice Baudoux,
Officier de l'Ordre, en rendant hommage à Mgr d'Eschambault on di-
sait de lui qu'il était "un de ceux qui ont le plus accompli pour faire
rhistoire de l'Eglise en la province du Manitoba et au Canada tout en-
tier".
46 BULLETLN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Enfin, il y a un domaine où Mgr d'Eschambault a inscrit le plus
pur de son dévouement, c'est l'oeuvre de la Radio française dans l'Ouest.
Que d'appels, de veillées et de démarches n'a-t-il pas multipliés pour
seconder les efforts de ses compatriotes avec le concours précieux du
Conseil de la vie française pour la réussite de ce projet sauveur que le
regretté cardinal Villeneuve appelait la merveille de notre siècle au
Canada.
Pour résumer cette vie que Mgr Baudoux qualifiait "d'exemple vi-
vant du prêtre dont le dévouement inlassable s'appuie sur une vie de
prière intense et constante", écoutons le témoignage de l'un de ceux qui
l'ont bien connu et aimé: "Homme d'action, homme d'étude, homme de
vie spirituelle intense et discrète, il fut certes un modèle d'équilibre et
c'est d'avoir fait profiter le plus grand nombre possible de son amitié et
de ses lumières, de sa bienfaisance et de sa charité que lui vint le plus
clair de son bonheur en ce monde".
Ce soir, le Conseil de la Vie française en Amérique qui l'avait juste-
ment signalé à notre commune admiration veut remettre à sa famille la
cravate fleur de Usée de l'Ordre de la Fidélité française.
Elle sera pour les siens et pour nous tous un symbole affectueux et
durable de notre gratitude à la mémoire de ce frère qui a si éminem-
ment servi l'Eglise, ses compatriotes et sa patrie.
Archibald Lemieux
C'est au sein de la franco-américanie que nous arrive le prochain
titulaire proposé aux honneurs de l'Ordre de la Fidélité française, mon-
sieur Archibald R. LeMieux, grand industriel, financier et philantrope de
la ville de Worcester au Massachusetts.
Sa carrière est l'un des plus frappants et remarquables exemples
du succès que les fils de Québec ont su atteindre en venant intégrer
leurs talents et leur probité à l'économie de la grande république amé-
ricaine. Vous comprenez facilement ma joie de pouvoir vous présenter
un compatriote aussi distingué.
C'est que monsieur LeMieux est tout de même originaire de la ville
de Québec où il naissait le 27 octobre 1874. Ses parents Pierre Lemieux
et Rosalie Gagné lui furent ravis alors qu'il était tout jeune enfant. Ils
étaient de bonne souche. L'ancêtre Henri de Mieux était de Normandie,
conseiller du Roi et lieutenant général de la Prévosté de la Haute et
Basse Normandie.
Un patrimoine de famille permettra au jeune orphelin de recevoir
les bienfaits d'une formation chrétienne. C'est à l'orphelinat d'YouvUle
qu'il reçoit ses premières empreintes de piété et de savoir. A ses secon-
des mères il gardera une profonde reconnaissance qu'il vient souvent
renouveler avec sa générosité proverbiale.
Il se rend ensuite au Collège de Lévis qu'il quittera en 1893. Encore
là, il apprécie le dévouement de ses maîtres, établit avec son Aima
Mater des liens imbrisables, s'inscrit au nombre de ses bienfaiteurs in-
signes et s'honore d'être au nombre des patrons de cette institution si
méritante.
ORDRE DE LA FIDELITE FRANÇAISE 47
C'est un jeune homme de 17 ans, seul dans la vie, mais qui porte
déjà dans son âme le souci de bien faire. Il se sent attiré vers les Etats-
Unis comme tant d'autres à cette époque. Il a reçu une formation sérieu-
se, sa foi est déjà profonde. Elle lui inspire la prudence et la vigilance.
Au commencement du siècle c'était encore pour la plupart des nô-
tres le travail ardu avec salaire dérisoire. Archibald LeMieux en fait
l'apprentissage. II vivra des semaines de 60 heures avec salaire de six
dollars.
C'est à Worcester qu'il fixe sa demeure. Une chrétienté y fleurit
sous le vocable de Notre-Dame des Canadiens. Il entre à l'emploi de
l'usine Redd-Curtiss. Son application au travail lui obtient une ascen-
sion rapide. De chef de groupe, il devient surintendant et, à l'âge de 25
ans, il en est le gérant général.
Monsieur LeMieux ne tarde donc pas à entrer de plein pied dans la
grande industrie américaine pour devenir président de l'importante
usine Wright Machine Company qu'il dirige avec grand succès depuis
plus de 50 ans.
Il est l'employeur modèle. Il s'intéresse à tous ses auxiliaires. Il
se considère leur ami et associé, leur facilitant l'avancement. N'ayant
pas connu le bonheur de la vie familiale, il procure aux familles de ses
employés des loisirs appréciés.
Citoyen intègre d'une probité exemplaire il aime et sert son pays
avec une dignité rare. Ses succès l'ont depuis longtemps signalé à la
faveur universelle. C'est alors que se multiplient sur ses épaules des
responsabilités nombreuses. Président, directeur, aviseur, conseiller et
syndic d'une vingtaine d'entreprises, banques, industries, hôpitaux,
usines, conseil industriel et entreprises civiques. Il remplit toutes ces
fonctions avec un calme étonnant comme si chacune d'elle était son uni-
que préoccupation.
Son gouvernement lui confie des tâches discrètes et des missions
importantes. Durant les années difficiles des guerres il est au nombre
des aviseurs recherchés par les autorités du pays. On lui confie la réor-
ganisation d'entreprises en souffrance. Il a le don de tout remettre en or-
dre sur la voie du progrès.
Une carrière aussi intense semblerait de prime abord être fermée
à tout autre souci. Pourtant, monsieur LeMieux a trouvé le temps de
s'intéresser de près à une multitude d'entreprises sociales et religieuses.
Il a favorisé les arts, la culture, l'histoire et l'éducation supérieure et
soutenu de ses largesses nombre d'institutions. De fait, il n'y a pas, de-
puis un demi-siècle d'initiatives valables dans la région de Worceter
qui n'ait profité de son impulsion éclairée.
Mais c'est surtout auprès des petits que monsieur LeMieux trouve
son plus grand bonheur. Lui-même orphelin depuis sa plus tendre en-
fance, c'est chez les petits déshérités de la vie qu'il a versé ses plus
tendres attentions. Que de joies et de consolations il leur a prodiguées.
L'Orphelinat Ste-Anne (Worcester) et le Centre de Santé "Archibald
LeMieux" pour les enfants malheureux, dans cette même ville, sont des
oeuvres de prédilection.
48 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Si notre compatriote est demeuré un industriel de grande envergu-
re, un citoyen de marque, un chrétien exemplaire qui a partagé avec sa
regrettée épouse les joies d'un foyer cinquantenaire, il est aussi demeu-
ré pour les siens un bienfaiteur et un soutien de tous les instants.
Membre d'honneur de nos grandes fédérations mutuelles, bienfai-
teur de notre Société historique, membre précieux du Comité de Vie
franco-américaine, de l'Alliance française et de plusieurs autres organis-
mes, partout dans tous les domaines de son activité, il s'est toujours
montré fier de ses origines, sachant ainsi intégrer admirablement cette
triple fidélité de tout franco-américain, à sa foi, à son âme française et
à sa patrie.
Et cette fortune que vos talents vous ont permis d'accumuler au
cours des ans, cher Monsieur LeMieux, vous avez su, avec l'avertisse-
ment paternel du Maître, en faire bénéficier largement les causes et les
oeuvres que vous jugiez estimables. C'est qu'il vous a été aussi agréa-
ble de donner que de recevoir, ce qui a ajouté tant de valeur à vos lar-
gesses.
Il y a longtemps que vos mérites ont été proclamés. Votre gouver-
nement vous a adressé des citations élogieuses. Avec sa médaille d'or
du Bien Public, la France vous remettait sa croix de la Légion d'Hon-
neur en 1949. Vous êtes porteur de la médaille d'or de la Société du
Bon Parler français, la République d'Haïti vous offrait à son tour les
insignes de son Ordre d'Honneur et Mérite. Le Collège de l'Assomption
qui vous compte parmi ses syndics et bienfaiteurs, vous octroyait ré-
cemment un doctorat honorifique en sciences industrielles. Et combien
d'autres citations vous ont été adressées en hommage à votre brillante
carrière et à vos nombreux services.
Au soir de votre long parcours que la vieillesse semble respecter
(car avec toutes les évidences de la santé et de la vigueur d'esprit, vous
compterez 86 ans bientôt), il doit vous être suprêmement consolant de
vous retrouver près de ce berceau que vous quittiez peut-être avec une
certaine mélancolie il y a 69 ans.
Revenir ainsi dans la cité de vos pères avec une foi toujours pro-
fonde et une âme indéfectiblement française, trésors que vous avez tou-
jours jalousement conservés et mis au service de votre patrie, voilà une
fidélité que le Conseil de la Vie française se plaît à reconnaître avec sa-
tisfaction.
Vous avez sans doute vécu bien des heures émouvantes durant votre
vie, mais je doute que l'hommage qui vous échoit ce soir ait remué da-
vantage les fibres de votre âme, car il est une attestation d'affection et
d'admiration venant de toute la famille française d'Amérique qui vient
couronner votre carrière.
En vertu des pouvoirs qui me sont conférés à titre de chancelier,
je vous remets les insignes d'Officier de l'Ordre de la Fidélité française
avec ce diplôme. Je vous prie de signer le Livre d'Or de l'Ordre, avec
des voeux de santé prolongée de la part de tous vos frères.
ORDliL DE LA FIDELITE FRANÇAISE 49
Monseigneur Paul Dernier
C'est sous l'égide "Paix et Vérité", qu'il nous est donné de saluer
un illustre titulaire, S.E. Mgr Paul Bernier, archevêque-évêque de Gaspé,
le septième membre de l'Episcopat canadien à accepter les insignes de
la Fidélité française.
Ce n'est pas devant un auditoire distingué de la ville de Québec
qu'il est facile de discourir avec aise sur le compte de celui qui, avant
d'atteindre les sommets de la hiérarchie, y a vécu des années fécondes
et brillantes. Cependant, il est de rigueur, d'après le protocole de l'Or-
dre, de souligner les principaux traits qui auréolent la carrière du ré-
cipiendaire.
Mgr Bernier est le descendant de l'une de ces belles familles, ve-
nues de France pour créer l'aventure merveilleuse de la Nouvelle-
France. L'ancêtre Jacques Bernier, dit Jean de Paris et Antoinette Gre-
nier, tous deux originaires de Paris, célèbrent leur mariage le 23 juillet
1656 "au logis du gouverneur" en présence de Sieur Charles de Lau-
zon Charny, alors gouverneur de la Nouvelle-France.
Au recensement de 1683, ces époux enregistrent dix enfants et
Jacques Bernier occupe la seigneurerie de la Pointe au Foin. Ce foyer
laisse une postérité nombreuse qui se retrouve aujourd'hui en des mil-
liers de foyers. Après dix générations la terre ancestrale est toujours
occupée par un continuateur de Jacques Bernier.
De son ascendance maternelle, Mgr Bernier compte Jean Côté et
Anne Martin, fille d'Abraham Martin, propriétaire des historiques Plai-
nes qui portent son nom et mariés à Québec en 1635. Par sa mère, il
porte aussi du sang acadien par sa trisaïeule Charlotte Bourdages, soeur
du parlementaire Louis Bourdages.
Né le 18 janvier 1906 à Québec dans la vivante et robuste paroisse
Saint-Sauveur où son père Joseph Arthur est organiste de belle réputa-
tion et aussi professeur de musique à l'Université Laval et d'une mère
admirable, Marie-Louise Côté, il est naturel que le nouveau-né dans ce
foyer heureux ait été préparé aux harmonies religieuses. Son père tou-
cha encore les grandes orgues à Jacques-Cartier et à Saint-Jean Baptiste
pour terminer une carrière toute consacrée aux exercices du culte.
Les Soeurs de la Charité de Québec, ces grandes dames, sont le^
premières à façonner son âme et à orner son intelligence, puis c'est le
Pensionnat Saint-Louis de Gonzague qui le reçoit. A l'âge de 10 ans, il
paraît au petit Séminaire de Québec pour y recevoir son baccalauréat
Lettres-Sciences.
Le brillant bachelier se destine à la prêtrise et il se rend au Grand
Séminaire où sous la conduite de pieux et doctes maîtres, il obtient sa
licence en philosophie et son doctorat en sacrée théologie avec grande
distinction.
Ordonné prêtre le 17 juin 1928, l'abbé Bernier est de suite affecté à
la curie épiscopale comme secrétaire et maître gracieux de cérémonies
auprès du Cardinal Rouleau, O.P. Il continue ces offices avec le Cardi-
nal Villeneuve, o.m.i., pour se rendre ensuite à Rome où il obtient avec
50 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
éclat son doctorat en Droit canonique de l'Université Pontificale Ange-
lica toujours avec grand succès.
Son séjour dans la Ville éternelle lui vaut une expérience décisi-
ve et de précieusee relations. A son retour, il devient chancelier et vice-
officiel du Tribunal matrimonial. Il participe au Synode diocésain et en
rédige les décrets. Il est déjà fixé dans la voie ascensionnelle. Il sera
secrétaire de l'Union missionnaire du Clergé, une oeuvre révélatrice
d'apostolat, pour organiser, en 1942, son premier Congrès national.
Ses talents sont déjà reconnus. L'Episcopat lui impose, en 1942, la
présidence du Comité inter-diocésain des programmes catholiques à
la Radio d'Etat. Entre temps, il est professeur à l'Université Laval sur
le droit constitutionnel et la procédure ecclésiastique, cours qu'il répé-
tera à l'Université d'Ottawa. Au Congrès de Droit canonique à l'Institut
Catholique de Paris, en 1947, il est une des voix écoutées.
La Conférence catholique canadienne s'organise à Ottawa, en 1943
et il en devient le premier secrétaire français. En 1947, Rome l'appelle
à la secrétairerie d'Etat et à la Congrégation des Affaires ecclésiasti-
ques extraordinaires. C'est le dernier apprentissage.
Monseigneur Bernier est déjà Camérier secret surnuméraire depuis
1938 et Prélat de Sa Sainteté depuis 1948. Au mois d'octobre le Pape
Pie XII le nomme Auditeur et Chargé d'affaires "ad intérim" à la non-
ciature de Panama pour en devenir conseiller.
Le 7 août 1952, Rome le nomme Nonce Apostolique à Panama et à
Costa-Rica, deux nonciatures séparées en 1955. Mgr Bernier devient
alors archevêque titulaire de Laodicée et premier canadien-français ap-
pelé à la haute carrière diplomatique dans l'Eglise.
Sa consécration épiscopale donne lieu à des fêtes inoubliables dans
la vieille cité de Champlain. Le nouveau pontife a choisi de -guider sa
carrière sous la devise "Pax et Veritas".
A cette occasion, on écrit: "Tout chez Mgr Bernier avait préparé
son ascension à l'épiscopat et à la haute diplomatie pontificale. Tempé-
rament, don des langues, études philosophiques, théologiques et canoni-
ques, postes occupés de brillante façon aussi bien à l'administration d'un
diocèse, à Québec, au secrétariat de l'Assemblée canadienne à Ottawa,
qu'à la secrétairerie d'Etat du Vatican, tout avait préparé ce prêtre à
la plénitude du sacerdoce en même temps qu'à la nonciature". Les ar-
chives vaticanes conservent les échos de son stage brillant comme nonce
apostolique.
Le 3 décembre 1957, il est de retour à son pays et intronisé Arche-
vêque-Evêque de Gaspé. Il a saisi toute l'acuité des problèmes de l'E-
glise en Amérique du Sud et à la réunion inter-américaine de l'Episco-
pat à Washington, il sera l'une des voix les plus écoutées. Mgr Bernier
est actuellement Président de la Conférence catholique canadienne où
l'a porté la confiance et l'admiration de ses collègues dans l'Episcopat.
D'après la haute teneur de ses déclarations pastorales, il est évident
que Mgr Bernier s'affirme un chef spirituel très éclairé, un pasteur vi-
ORDRE DE LA FIDELITE FRANÇAISE 51
gilant, préoccupé de l'expansion de l'Eglise et jaloux des droits de la
vérité.
Il nous faudrait encore citer la bibliographie imposante qui le place
au nombre des doctes penseurs de noire siècle.
Et c'est encore parce qu'en plus d'être l'un des pontifes les plus
renseignés et influents du Canada, Mgr Bernier s'est toujours affirmé
l'un des défenseurs puissants de notre patrimoine culturel avec sa belle
âme française.
Le Conseil de la Vie française se devait de proclamer son admira-
tion à l'endroit de ce grand ami de nos oeuvres,
Excellence, votre ascension à l'Ordre de la Fidélité réjouit toute la
race française sur le continent. Elle est une attestation des fermes ap-
puis que vous apportez au rayonnement de notre idéal commun et une
invitation à poursuivre avec détermination la noble mission que nos
devanciers ont légué à notre fidélité.
En vertu des pouvoirs qui me sont conférés à titre de chancelier,
c'est un grand honneur et une joie profonde pour moi de vous remettre
les insignes de l'Ordre de la Fidélité française en Amérique avec ce di-
plôme et de vous inviter à signer le Livre d'Or aux mains de Mgr le rec-
teur de l'Ordre.
Abbé Adrien Verrette, Chancelier.
Réponse de S.E. Mgr Bernier
"Le sens d'une Fidélité Française"
J'éprouve un sentiment de réconfort et de fierté à recevoir dans
cette vieille et vénérable cité le Champlain et de Laval, les insignes de
l'Ordre de la Fidélité Française.
Le Conseil de la Vie Française, en effet, m'a toujours paru le plus
haut et le plus noble Conseil de la pensée, de la civilisation et de la
culture française sur ce continent, ou, pour tout rassembler dans la forte
expression du Général de Gaulle, de la chose française en Amérique.
A la vérité, je me reconnais bien peu de titres à pareille distinc-
tion. Serait-ce que naguère, dans le service diplomatique du Saint-Siège,
j'eus non pas le mérite, mais bien l'insigne privilège, de rédiger ses dé-
pêches et de présenter des rapports, qui reposent dans les archives les
plus précieuses et les mieux gardées de la chrétienté, les archives secrè-
tes du Vatican? Et que les unes et les autres furent couchés dans cette
très belle langue française, qui, dans la tradition séculaire du Saint-
Siège, demeure toujours la langue diplomatique par excellence?
Ou bien serait-ce que, dans mes missions en Amérique Latine, j'eus
parfois l'occasion de rapprocher de la splendide épopée chrétienne de la
vieille Espagne dan|S le Nouveau-Monde, l'oeuvre d'éivangélisation
accomplie parallèlement par la vieille France depuis le Golfe du Mexi-
que jusqu'à la Baie d'Hudson?
Ou serait-ce enfin que, dans ma chère Gaspésie, où, sur une scène
moins vaste, s'affirme et s'épanouit toujours le miracle de notre survie
52 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
et de notre ascension ethnique, l'on donne aux immigrants des prêtres
de leur langue et de leur culture, tout comme Innocent III, au Quatri-
ème Concile du Latran, en l'an 1215, alors que la Croisade avait fait es-
saimer les chrétiens du monde latin vers le monde oriental, enjoignait
aux évêques d'instruire et de faire prier les fidèles de leur diocèse,
chacun dans sa langue propre, juxta diversitatem linguarum" (c. 14, X,
de off. ind. ord. I, 31).
De même encore, au XVème siècle, quand commencent à se forger
en Europe les langues modernes, ne voit-on pas le Concile de Trente
(sess. 24, de réf. cap. 7) imposer aux pasteurs d'âmes l'obligation d'expo-
ser dans la langue de leurs ouailles "l'efficacité des sacrements et les
enseignements du salut".
Le verbe français, dans les desseins de la Providence, a été le véhi-
cule de choix par où nous est venu à nous le message chrétien. Et vous
connaissez tous les remarquables ouvrages où l'un de nos intellectuels
de plus haute volée, le R. P. Fernand Porter, o.f.m., a pu établir que le
vocabulaire du paysan de Nouvelle-France, et par conséquent aussi sa
pensée et son âme profonde, n'eurent longtemps d'autre moule que la
lettre du petit Catéchisme.
Quand on n'aurait que celui-là, le français détiendrait déjà un titre
indéniable à notre attachement et à notre fidélité. Mais de combien
d'autres titres encore ne peut pas se prévaloir un idiome qm a policé la
plupart des Cours et des Parlements d'Europe, qui a porté la civilisation
à plus d'un continent, qui a contribué plus qu'aucun autre aux négo-
ciations de paix entre les nations et qui a écrit quelques-unes des plus
belles pages de l'histoire du sentiment religieux et de l'action mission-
naire dans le monde depuis quatre ou cinq cents ans!
Nous n'avons donc pas à nous demander si je m'emploie de mon
mieux, dans les pas de mes héroïques devanciers, à revendiquer sans
faiblesse et à reconnaître sans faux-fuyant les droits et les devoirs des
héritiers de la culture française, à leur prêcher surtout l'amour et le
respect de la langue qui en est le véhicule et l'emblème?
Tout cela n'aurait, en tout cas, pu être que le modeste accomplisse-
ment d'un impérieux devoir. Tout cela me laisse encore celui de vous
dire ici ma gratitude profonde pour un honneur que j'apprécie haute-
ment, et que je dois surtout à l'indulgente faveur de ceux qui m'entou-
rent ce soir à cette table.
Fidélité française! Quelle heureuse expression! Quelle exaltante
consigne!
Peut-être avons-nous lieu de tirer peu de gloire, personnellement,
chacun d'entre nous, d'avoir donné notre foi — car c'est bien cela, la
fidélité, la foi donnée et la foi gardée, — aux valeurs qui signifient pour
nous la langue et la pensée françaises. On peut dire que nous en avons
hérité en naissant et grandissant dans un milieu qui en était tout im-
prégné. Ce sont nos pères qui ont opté pour nous.
ORDRE DE LA FIDELITE FRANÇAISE 53
Et en ce moment je m'incline avec vous au souvenir de ceux qui,
désavantagés par le sort des armes, il y a trois cents ans, préférèrent
la fidélité et son cortège de dédains et de brimades à l'abdication com-
blée d'honneurs et de richesses. Je m'incline avec émotion à la mé-
moire des ancêtres qui, sous la vigoureuse et clairvoyante impulsion
d'un Monseigneur Hubert ou d'un Monseigneur Plessis, sacrifièrent mê-
me les avantages de l'éducation, telle que dispensée par une Institution
dite Royale, à la volonté austère et ferme de demeurer catholiques et
français.
La foi gardée représente aujourd'hui et représentera chaque jour
davantage un tout autre mérite.
De la civilisation et de la culture françaises il ne reste, sur notre
hémisphère, que des îlots épars. Celui de notre Canada français en est
assurément le plus considérable. Mais il est, comme tous les autres,
battu incessamment par les vagues pressées d'une autre civilisation et
d'une autre culture.
Et, qui plus est, cette autre civilisation et cette autre culture, nu-
mériquement prévalentes en Amérique du Nord, semblent avoir atteint
en ce moment à un degré étonnant d'emprise sur les destinées écono-
miques et politiques du monde. Ajoutez encore que l'idiome qui leur
est propre, la langue anglaise, justement admirée et appréciée pour
les qualités de vigueur, de force et de plasticité qui en ont fait la lan-
gue aujourd'hui la plus parlée dans l'univers, exerce partout un attrait,
une séduction puissante.
Voilà bien, par exemple, ce qui explique en bonne part que beau-
coup de nouveaux Canadiens, encore incertains de leur destination dé-
finitive sur le continent nord-américain, choisissent pour langue d'inté-
gration à leur nouvelle patrie, l'idiome anglo-saxon.
Voilà aussi ce qui doit donner à notre fidélité à nous, comme un
stimulant de plus. Voilà ce qui doit nous faire prendre chaque jour
mieux conscience des responsabilités de notre appartenance à ce groupe
ethnique qui, on le reconnaît en très haut lieu aujourd'hui, fait de no-
tre patrie ce qu'elle est, même ce sans quoi elle ne se différencierait
plus guère, idéologiquement, ni bientôt politiquement peut-être, de cer-
taines autres colonies anglaises qui, — soit dit en toute admiration pour
nos amis et nos frères d'outre-quarante-cinquième, — ont fondé sur d'au-
tres critères la formule de leur unité nationale.
Quelqu'un se surprendra-t-il qu'un homme d'Eglise adopte une atti-
tude si tranchée sur des questions de langue et de culture? Je ne le
crois pas.
Ces valeurs-là, à vrai dire, ne sont pas des absolus, comme celles
de la foi et du salut. Elles ne sont pourtant pas irréconciliables avec
elles, elles ne sont même pas sans quelque relation possible avec elles.
Et, sans remonter à la glossolalie, ou don des langues, l'Esprit-Saint
voulut faire, au lendemain même de la Pentecôte, l'un de ses premiers
charismes à l'Eglise naissante, et le premier, le plus merveilleux ins-
trument de l'expansion de l'Evangile parmi les Gentils, on peut dire
que la pensée de l'Eglise n'a pas varié sur le sujet.
54 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Pie XII, dans sa mémorable Encyclique "Exsul Familia" sur l'an-
goissant problème des migrations modernes, ne souhaite-t-il pas que
notre fidélité française et les sacrifices de toutes sortes qu'elle nous coû-
te se justifient vraiment sur le plan le plus élevé des valeurs spirituel-
les et des valeurs humaines. Sans compter que cette fidélité française
ne s'arrête pas seulement à la langue. Elle se propose aussi comme ob-
jectif — et ce sont là les termes mêmes de vos statuits (article 3) — "le
soutien et la défense des intérêts nationaux des populations de langue
française et le maintien des traditions de l'esprit français en Amérique
du Nord".
Ce qui, à mon sens, doit nous soucier bien davantage, c'est que cette
fidélité soit, dans son esprit comme dans ses méthodes, vraiment à la
hauteur de sa mission.
Je n'entends certes pas toucher ici aux formules politiques, juridi-
ques ou constitutionnelles que discutent présentement — et cette pré-
occupation même est déjà un signe prometteur de vouloir-vivre natio-
nal — diverses écoles de pensée sur les conditions idéales de survie de
notre culture propre.
Je m'inquiète plutôt des tares de toutes sortes dont, par négligence
ou par snobisme, même nos classes dirigeantes déparent affreusement
le bel et pur idiome que les générations passées ont sauvé pour nous de
l'ostracisme et de l'oubli.
Lorsque mes paysans de Caplan ou de Paspébiac, lorsque mes pê-
cheurs de Gascons ou de Grande-Rivière, lorsque mes Acadiens de Ma-
ria ou de Bonaventure me parlent un français qui me semble étrange
ou archaïque à moi, pauvre citadin, je prends plaisir à leur faire répéter
ces phrases pleines de musique et de mystère que leur ont apprises leurs
pères, et que je pourrais retrouver toutes pures dans les récits de voyage
de Jacques Cartier ou de Lescarbot. Ceci, c'est le français qui devrait
alimenter notre roman de moeurs canadiennes, nos enquêtes sociologi-
ques et nos études linguistiques.
Lorsque mes artisans et mes ouvriers de Chandler ou de Murdoch-
ville s'expliquent en un vocabulaire à peu près uniquement transposé
tout cru de l'anglais, ils le font avec l'air de s'excuser que leur métier
ne leur ait été montré que dans cette langue-là. Ceci, il importe d'y
apporter promptement remède. Et sans doute la France, avec le récent
et vigoureux apport de son industrie, nous y aidera-t-elle.
Mais quand des collégiens ou des séminaristes, quand des profes-
sionnels ou des prêtres semblent prendre plaisir à émailler leur langage
de tous les barbarismes, de tous les solécismes, de toutes les déforma-
tions possibles, je crois vraiment que c'est là, pour employer une ex-
pression qui fit jadis fortune, la trahison des clercs! Cette langue appau-
vrie, enlaidie, affadie, écorchée, sur laquelle il n'arrive que trop sou-
vent que nous soyons jugés à l'étranger, n'est pas le français qui mérite
de survivre et de s'affirmer en Amérique! C'est à bien autre chose que
nous devons allégeance et loyauté; c'est à une langue issue des plus
beaux siècles de la mère-patrie, et enrichie, dans la ligne de son génie
propre, de l'apport de trois ou quatre siècles d'acclimatation en terre
d'Amérique.
ORDRE DE LA FIDELITE FRANÇAISE 55
Je ne prévoyais pas, en commençant ces quelques remarques, de-
voir finir sur un pareil examen de conscience. Et, cependant, je ne le re-
grette pas. Car partout on sent le besoin de réagir contre un laisser-al-
ler, un non-conformisme de mauvais aloi, qui, si on n'y prend bien gar-
de, n'est qu'un conformisme nouveau à la médiocrité.
La note sur laquelle je veux pourtant conclure, c'est une note d'opti-
misme et d'espoir. Notre langue, notre pensée, notre vie françaises, el-
les ont par le passé triomphé de trop d'écueils, de trop d'ennemis, de
trop d'obstacles, pour que demain elles succombent ou disparaissent.
Le présent avec tous ses soubresauts, l'avenir avec toutes ses surprises,
les mettront sans doute à dure épreuve. Ils leur apporteront cependant,
je le crois, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de nos frontières, des ap-
puis nouveaux et puissants.
Je n'en veux pour preuve que l'appréciation plus juste et la com-
préhension meilleure du fait français, de la part d'une élite canadienne
qui grandit de jour en jour. Pour symptôme, sur la scène internationale,
que l'accession à la maturité civile et politique de beaucoup de peuples
préparés à l'indépendance sous l'égide de la France.
Et pour garant, cet universalisme fondamental inspiré de l'Evangile,
qui détrône une à une les hégémonies raciales ou culturelles pour ac-
cueillir et favoriser tout ce qui est humain, tout ce qui est surtout dé-
passement et progrès.
Il dépendra un peu de nous qu'il en soit ainsi du génie français
dont nous sommes tributaires. Si nous savons le servir nous-mêmes
dignement, nous le ferons contribuer à la paix sociale et à l'enrichisse-
ment spirituel d'un monde profondément agité, mais qui ne demande
qu'à se conprendre et à se grandir.
Réponse de M. Lemieux
C'est toujours avec une vive émotion que je reviens dans votre —
et notre beau Canada. Lorsque j'ai traversé les lignes imaginaires divi-
sant les Etats-Unis et le Canada, j'ai baisé spirituellement votre beau
sol, car, n'est-ce pas ici que je suis né de parents chrétiens, et, qu'à
l'âge de huit ans et demi. Dieu, dans sa divine sagesse, appela à lui mon
père et ma mère ... et, ceci dans l'espace de douze jours.
Naturellement, j'ai souvent manqué cet amour maternel . . . amour
qui est le don le plus précieux que Dieu nous a légué ... Je me souviens
vivement du dernier baiser de ma chère mère quelques heures avant
que Dieu vienne l'enlever, et avec ces derniers mots: "Arch, prie bien
et crois toujours en Dieu et il t'aidera toujours dans toutes tes entre-
prises" . . . Souvenir éternel pour moi.
Je serai toujoiirs profondément reconnaissant à mes tuteurs pour
avoir suivi les directives de mon père en me plaçant dans des maisons
d'éducation où je recevrais tous les éléments nécessaires à une forma-
tion chrétienne et humanitaire qui me permettraient de surmonter les
obstacles de la vie, tout en respectant les lois de Dieu et des hommes.
Mes années formatives, c'est-à-dire de 9 à 13 ans, passées dans le
pensionnat des Soeurs Grises de Québec, (maintenant connu sous le nom
56 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
d'Youville) furent très heureuses pour moi, car j'étais entouré de l'at-
tention et de l'amour indispensables à une personne de mon âge. C'est
là où j'ai fait ma première communion et où je fus confirmé. Et, si vous
me pernuettez ici l'évocation d'un souvenir bien cher: Nous, élèves pen-
sionnaires de cette maison, étions servants de messe à la basilique de
Québec, et pendant un an, j'ai eu le privilège d'assister Mgr Cyrille
Alfred Marois, vicaire honoraire, à la messe de son excellence, l'Arche-
vêque Tachereau. Msgr Marois, décédé en 1927, a toujours été pour moi
un ami inspirateur. Je fus aussi l'un des pages de Son Eminence, le
Cardinal Tachereau lors de son retour de Rome à Québec.
Après un séjour de quatre ans et demi avec les bonnes soeurs, j'ai
quitté cette institution avec regret pour entrer au Collège de Lévis,
là où j'ai passé quatre ans et où j'ai reçu de ces bons prêtres une édu-
cation religieuse et commerciale laquelle fut pour moi une aide ines-
timable au cours de ma vie. Par conséquent, j'ai donc beaucoup d'ap-
préciation pour ces bonnes religieuses et ces religieux qui renoncent
le monde afin de dédier leur vie au service de Dieu et de l'humanité: ces
personnes se sont consacrées à Dieu en abandonnant tout ce que la vie
laïque leur offrait, pour cette noble vocation de vie restreinte. Car,
évidemment, elles sont vraiment des personnes douées d'une haute cul-
ture, et je suis certain que, dans une vie autre que la vie religieuse,
elles pourraient contribuer richement à la société contemporaine.
Je me demande souvent si nous apprécions à sa juste valeur, leurs
contributions humanitaires, culturelles et religieuses. J'espère sincère-
ment que nous qui avons vécu sous leur direction et leur protection,
ferons tout en notre pouvoir pour leur témoigner notre gratitude pour
toutes les bonnes oeuvres qu'elles ne cessent d'accomplir.
Un témoignage de gratitude à votre beau Canada. Mes respectueux
hommages à ce pays où j'ai demeuré pendant 17 ans et demie. Car il a
assurément contribué à mon avancement comme industriel, puisque
j'ai reçu ici mes premières inspirations lorsque je visitais les usines très
importantes de mon oncle, Carrier-Laine, à Lévis. Soyez assurés que
j'ai toujours conservé dans mon coeur un coin chaud pour le Canada.
Me comporter autrement serait une ingratitude impardonnable: vous
connaître et ne pas vous apprécier et vous aimer ne serait pas humain!
Permettez-moi de réitérer le fait que le Canada a beaucoup contri-
bué à ma formation selon l'esprit du christianisme et dans le respect
des lois divines et humaines. J'ai toujours apprécié au plus haut de-
gré, et à sa juste valeur, cette formation qui a contribué définitivement
à mon avancement dans la vie religieuse, industrielle, financière et ci-
vique. Puisque c'est ici où j'ai puisé les principes fondamentaux qui
m'ont grandement aidé dans toutes mes entreprises.
Mes hommages les plus sincères aussi à mon pays adoptif, les Etats-
Unis, pays de liberté, d'égalité et de dignité individuelle, lequel offre
tous les avantages à ceiix qui sont disposés à faire les sacrifices requis
pour l'acquisition de leur objectif. Et, ayant vécu presque exclusive-
ment parmi un élément protestant et de langue anglaise, je déclare que
ni ma religion, ni mon origine ont été pour moi un obstacle. L'Améri-
ORDRE DE LA FIDELITE FRANÇAISE 57
cain est un homme aux vues larges et, par conséquent, aux conceptions
justes.
Après 69 ans, je vous reviens, je crois, meilleur catholique que lors-
que je vous ai laissés car la maturité nous prouve la grande importance
de la moralité en tout ce qui concerne notre vie. Ma langue française, je
l'ai conservée en autant que les conditions me l'ont permis, et mon nom
"Lemieux" qui m'a été transmis, respecté par mes parents, je le passe-
rai à la postérité... Lemieux et respecté!
En ce qui concerne les langues... je crois que nous devons recon-
naître que la langue anglaise et la langue française sont les deux lan-
gues universelles et nécessaires dans toutes les sphères d'activité. Tou-
tes deux servent et illustrent des traditions et des cultures en compor-
tant de précieux avantages pour les privilégiés qui en possèdent la con-
naissance. Quant à moi, je suis persuadé que ma connaissance de la
langue française et tout ce qu'elle comporte — culture, etc., m'a permis
de contribuer plus efficacement au progrès dans tous les domaines où
j'ai eu l'occasion d'exercer mes activités.
Je me suis permis de m'orienter dans les domaines donc j'ai vécu
pendant plusieurs décades: industries et finances, et vous parents et
jeunes Canadiens, (quelle que soit votre origine) loin de moi la pensée
de vous donner des conseils. J'espère cependant, que mes remarques se-
ront acceptées avec la même sincérité avec laquelle je vous les expri-
me.
Connaissant votre caractère industrieux et l'habilité qui vous carac-
térise, (et je m'y connais, ayant été associé aux Etats-Unis avec des
milliers d'Américains de notre origine) je me demande pourquoi, avec
toutes vos ressources naturelles, ressources qu'aucun autre pays au
monde possède, et doués de votre esprit d'initiative, pourquoi qu'un
plus grand nombre d'entre vous n'ont pas entrepris de fonder votre
propre commerce. Et je me demande encore, si, dans le passé, des mil-
liers d'entre vous, (riches de tant de qualités nécessaires au succès),
s'étaient lancés dans les affaires, le Canada ne compterait pas aujour-
d'hui une population de 30 à 40 millions au lieu de 17 millions: et le
succès dans les affaires de plusieurs des vôtres ici sont preuve authenti-
que de mon assertion.
Ma confiance dans votre beau pays est telle, que si j'avais 25 ans
de moins, je viendrais établir une succursale industrielle au Canada,
et je n'aurais aucun doute de son succès. Néanmoins, il n'est jamais
trop tard pour vous, jeunes gens, et je suis convaincu que vos grandes
institutions financières vous seconderaient dans vos entreprises. Vous le
devez à l'agrandissement, à la prospérité de votre pays et à vous-mêmes!
C'est ce que nous avons fait aux Etats-Unis, et chaque année, des
milliers de jeunes gens fondent leurs propres commerces, générale-
ment avec grand succès. Et c'est ceci qui fait des Etats-Unis un pays
d'une population de 170 millions, le plus important pays au point de
vue financier et industriel, puisque ses revenus personnels s'élèvent
à 500 trillions de dollars par année, employant au delà de 70 millions.
58 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
La plupart de ces industries ont été organisées par des jeunes gens
de courage qui avaient confiance dans l'avenir de leur pays et en eux-
mêmes, et plusieurs d'entre eux ont été encouragés et secondés par nos
institutions financières dont je fais partie.
Cette visite au Canada a été pour moi, encore une vraie source
d'inspiration, et je crois qu'il n'y a pas au monde un pays qui offre
aujourd'hui des avantages plus grands que notre cher et admirable
Canada!
Je vous laisse en exprimant au Conseil de la Vie française, ma plus
vive reconnaissance pour ce témoignage auquel je suis très sensible et
que j'accepte avec des profonds sentiments d'humilité, en me rendant
compte que d'autres sont certainement plus méritants de cet honneur
que moi.
Recevez mon assurance que je continuerai toujours à contribuer
de toute manière possible au succès de notre cause, et permettez-moi
de féliciter les dignitaires et les membres de votre société, société qui
se dévoue constamment à la propagation de nos riches héritages: reli-
gion, culture et langue.
Le grand philosophe Socrates disait: "Connais-toi, toi-même" . . .
J'ajouterais: "Connais tes faiblesses". Car voici ce qui est la base de
tout succès. Toutefois, le succès ne devra pas être un but, mais une
poursuite.
A vous. Excellence — mon pays adoptif les Etats-Unis se joignent
à moi, spirituellement, pour vous offrir nos plus respectueuses félicita-
tions à l'occasion de cette remise — Fidélité française — par le Con-
seil de la Vie française en Amérique, hommages hautement mérités.
A notre grand patriote, M. l'abbé Adrien Verrette, chancelier de la
Fidélité, vous qui avez été l'apôtre inspirateur pour le maintien et la
propagation pour laquelle la Vie française en Amérique a été fondée
— merci pour votre généreuse introduction et recevez mon assurance
que je ferai toujours tout en mon pouvoir pour la mériter.
Et, à tous ceux qui m'ont fourni l'occasion d'être avec vous au-
jourd'hui, mes plus sincères remerciements! Veuillez croire que cette
journée demeurera une des plus mémorables de ma vie.
Au revoir, chers amis, et bonne chance à tous.
VII
Comité de Vie Franco-Américaine
Le Comité entrait dans sa 13e année assumant l'exécution des réso-
lutions et projets formulés au congrès de Fall River en 1959. Ce con-
grès avait remis au Comité la somme de $700.00. Plusieurs commissions
furent constituées dans ce but mais les circonstances ne favorisèrent
pas un très grand progrès. Tout de même au cours de ses réunions plé-
nières et de celles du bureau, le Comité enregistra de notables résul-
tats.
Pour faciliter son administration, le comité obtenait sa charte lé-
gale dans l'Etat du Rhode Island eu date du 10 mars. Il tenait sa deux-
ième souscription annuelle atteignant la somme de près de $2,000.00.
Par contre, le Comité témoignait son encouragement à plusieurs de nos
oeuvres, la Fédération des Chorales, les journaux, L'Indépendant, de
Fall River, Le Travailleur, de Worcester et l'Action, de Manchester,
la Société des Concours Français, de Fall River, la Société Historique
Franco-Américaine, l'Union des Franco-Américains du Connecticut, les
Rosiers Missionnaires de Ste Thérèse, la Fraternité Française, la So-
ciété Richelieu, la Télé Franco-Américaine, au poste WMUR-TV, Canal
9, de Manchester.
En souscrivant à ces oeuvres franco-américaines, le Comité estime
qu'il formule l'intérêt de toute la Franco-Américanie qu'il représente
dans son travail.
Le Comité avait aussi la satisfaction de décerner les honneurs
de l'Ordre du Mérite Franco-Américain, le 31 mai, au Séminaire Notre
Dame de La Salette, à Enfield, Nevi^ Hampshire, au R.P. Zotique Choui-
nard, M.S., véritable fondateur de la province franco-américaine. Coeur
Immaculé de Marie en Nouvelle-Angleterre.
Le Comité profitait des fêtes du Cinquantenaire Sacerdotal du vé-
néré religieux pour lui décerner cet honneur. A un banquet qui réunis-
sait plus de 200 convives, le chancelier de l'Ordre, M. Adolphe Robert,
lui remettait les insignes avec citation.
Plusieurs membres du Comité assistaient, M. le juge Emile Leme-
lin, président, M. Adolphe Robert, président d'honneur et chancelier
de l'Ordre, M. Lauré B. Lussier, secrétaire trésorier, l'abbé Adrien
Verrette et M. Ulric Gauthier, directeurs, et M. Adrien Lussier.
Le Comité regrettait la perte de trois de ses membres très dévoués
au cours de l'année. Ce fut, le 1er vice-président, le sénateur Jean-
Charles Boucher, de Lev^^iston, qui décédait subitement le 24 mars, au
lendemain d'une réunion du bureau à Boston, à laquelle il avait assisté
avec son dévouement habituel, M. J. Albert Croteau, de Fitchburg, en
juillet, président de la Fédération F. -A. du Comté de Worcester et en
octobre, l'abbé Pierre Gauthier, curé de Notre Dame du Perpétuel Se-
cours de Holyoke, vice-président d'honneur du Comité et apôtre très
dévoué à nos oeuvres.
Au cours de l'année, M. Lauré B. Lussier, secrétaire-trésorier re-
présentait le Comité à plusieurs manifestations avec succès. Il appor-
60 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
tait chaque fois le message de solidarité que préconise le Comité en
vue de l'avancement de nos oeuvres.
Le Comité apprend la nomination de M. Jacques Gignac au poste de
vice-consul canadien à Boston. Il s'empresse de l'inviter à sa réunion
du 30 novembre. M. le juge Lemelin le présente à ses collègues. De son
côté M. Gignac invite les membres à une réception intime à sa demeure.
M. le consul S. D. Hemsley est présent et transmet au Comité les hom-
mages de son gouvernement.
Le grand événement de l'année pour le Comité fut la réception
qu'il prépara en l'honneur de S.E. Mgr Ernest J. Primeau, intronisé
6e évêque du diocèse de Manchester..
Dès la réunion du bureau, le 10 février, un projet d'hommage fut
discuté. Le Comité était représenté au sacre de Mgr Primeau, le 25
février à Chicago, par le juge Emile Lemelin, président, l'abbé Adrien
Verrette, Me Gérard Bergevin et M. Adolphe Robert. A l'occasion de
son intronisation à Manchester, le 19 mars, le Comité était encore re-
présenté par plusieurs membres.
L'hommage des Franco-Américains prit la forme d'un banquet
réception. Plus de 600 convives remplissaient le salon Louis XIV de
l'hôtel Somerset, à Boston, le 22 juin. Notre généreux collègue, M.
Archibald Lemieux offrait le vin d'honneur et S.E. Mgr Primeau saluait
tous les convives.
Le banquet était de grande classe et fut présidé par Me Gérard
Bergevin. M. le juge Emile Lemelin présenta Mgr Primeau en lui re-
mettant une bourse de $5,000.00 au nom des Franco-Américains. Mal-
heureusement il n'y eut pas de texte franco-américain en cette circons-
tance historique.
Après avoir remercié les Franco-Américains pour leur beau et gé-
néreux geste d'affection, Mgr Primeau prononçait une allocution qu'il
avait placée sous le signe "Ut unun sint . . . qu'ils soient un". Après
avoir établi le grand besoin d'unité qui existe dans le monde et le souci
de l'Eglise qui travaille ardemment à cette fin, Mgr Primeau ajoutait:
"Avez-vous jamais eu le privilège de contempler une des gigantes-
ques mosaïques de la basilique de Saint-Pierre à Rome? On croit, à
première vue, se trouver devant une peinture à l'huile et seule une
proche inspection révèle qu'il s'agit d'une mosaïque. Un artisan habile
a lentement et patiemment composé cette reproduction d'un chef-d'oeu-
vre artistique en se servant de milliers de différents morceaux de tuile
colorée. J'ai souvent eu l'occasion de regarder de tels artisans au tra-
vail dans les studios de mosaïque du Vatican et, chaque fois, me reve-
nait à l'esprit la formation de notre patrie bien-aimée. Des vagues d'im-
migrants venus de tous les coins du monde, de chaque nation et de tou-
te race, apportèrent avec eux leurs couleurs, langues et cultures diffé-
rentes qu'ils déposèrent dans la charpente des Etats-Unis pour en faire
une nouvelle nation enrichie de toute cette diversité dans l'unité. Rien
d'étonnant, dès lors, que la devise choisie pour la nation fut "E Pluribus
Unum" — de beaucoup, un. C'est cette terre de liberté de culte, d'ac-
COMITE DE VIE FRANCO-AMERICAINE 61
tion, et d'expression, où la crainte est inconnue, que nos pères se pro-
posaient de développer grâce à cette grande fragmentation et non mal-
gré elle.
Parmi les peuples qui sont venus ajouter des pièces nombreuses
à la mosaïque américaine, nous trouvons ceux d'ascendance française,
nos ancêtres. Nous savons, et nous en sommes légitimement fiers, que
les intrépides pionniers de France ont été les premiers à découvrir,
à établir et à civiliser une portion impressionnante et importante de la
superficie actuelle du Canada et des Etats-Unis. On ne doit pas oublier
non plus le travail héroïque des missionnaires français et à leur suite
celui des prêtres canadiens qui apportèrent la parole de Dieu et les
eaux rédemptrices du baptême aux sauvages de l'Amérique du Nord.
Le Choeur des saints adorant la Majesté Divine a été considérable-
ment augmenté, nous le croyons, par les martyrs et les religieux qui
embrassèrent la vie indienne dans l'unique but de conduire les âmes
au Souverain Maître.
Après plus de deux siècles sur les rives du Saint-Laurent, les
Français — maintenant Canadiens — quittèrent leur pays pour émigrer
en grand nombre aux Etats-Unis, surtout en Nouvelle-Angleterre et
aux environs des Grands Lacs, mon pays natal.
Il n'y a aucun doute que depuis près d'un siècle les Canadiens-
Français ont fait des contributions majeures à la vie religieuse, cultu-
relle, civique et économique de leur nouvelle patrie. Cet apport à la
vie américaine a le caractère à la fois français, rappelant ainsi nos ori-
gines anciennes, et canadien, représentant l'aspect particulier et ori-
ginal développé par les nombreuses générations de nos devanciers.
Le nom "France" évoque de nombreuses émotions et des senti-
ments profonds d'amour et de reconnaissance chez l'Américain, chez
le Franco-Américain en particulier. De cette France, "fille aînée de
l'Eglise", nous avons reçu le don sans pareil de nos croyances religieu-
ses. Aucun cadeau, aucun patrimoine ne saurait égaler celui-ci. Que cette
terre soit mille fois bénite pour notre catholicisme sain et robuste.
Nous avons eu l'indiscutable avantage de puiser notre foi de la France
d'avant la révolution, à une époque de l'histoire où les fidèles de Fran-
ce et d'Europe combattaient énergiquement les effets néfastes du pro-
testantisme. Comme conséquence, la Nouvelle-France a été établie par
des catholiques dont la vie chrétienne intégrale ne souffrait pas de
tiédeur. La destinée religieuse du Canada français et la nôtre auraient
pu être toute autre si les colons avaient traversé l'Atlantique après la
révolution française ou même à un autre moment de l'histoire.
En plus, le monde universel reconnaît et admire la beauté de la
langue française. Il ne s'agit pas uniquement de son timbre lyrique et en-
chanteur, mais aussi de sa précision qui fait qu'aujourd'hui encore c'est
une des langues préférées de la diplomatie et de la science. "La langue
finit", écrit M. Jean-Marie Laurence; "par devenir, comme à l'époque
moderne, le véritable symbole de la race, le plus tangible emblème de
la nationalité, et l'un des plus puissants agents d'unification."
La France nous a légué en plus toute la richesse et la splendeur
de la civilisation occidentale et de la culture latine. Sans nous attar-
62 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
der à énumérer l'étendue et la profondeur de cette culture, nous pou-
vons sans crainte dire que peu de nations sont arrivées à la hauteur
de la France et que peut-être aucune ne l'a surpassée. Examinez et com-
parez la littérature, religieuse et profane, la peinture, la sculpture, la
musique, le théâtre, bref tous les arts et les moyens d'expression hu-
maine et vous saisirez l'ampleur de la contribution française à la civi-
lisation.
Et la parenté du français avec l'italien, l'espagnol, le portugais et
même le roumain, une parenté acquise par notre aïeul commun le la-
tin, nous donne un aperçu naturel de ces cultures-soeurs et nous pré-
sente l'avantage de les absorber avec plus de facilité. Ma connaissance
du français et des choses françaises m'ont permis de m'adapter rapide-
ment à la vie italienne et de saisir et d'aimer instantanément la cultu-
re transalpine.
Ce que la France nous a prodigué: noti'e foi religieuse, notre lan-
gue des plus sonores et utiles, notre culture des plus opulentes et des
plus précieuses, nous l'avons à notre tour versé dans le creuset pour
enrichir et ennoblir une nouvelle culture qui s'échafaude lentement
mais sûrement aux Etats-Unis, notre pays.
Ajoutons à notre apport français à la vie américaine celui qui est
spécifiquement canadien. L'éloignement de France, les conditions de
vie particulières du Nouveau-Monde, et le fil des années ont façonné un
type nouveau au Canada. Quel peuple a-t-il eu une vie de famille plus
intime et plus dévouée que celui de nos ancêtres? Le mot "famille"
pour le Canadien comprenait non seulement les parents et les enfants,
mais également les grands-parents, les oncles, les tantes, et les cousins
jusqu'à des degrés devenus pour nous mystérieux.
On n'avait pas alors recours à l'assistance publique pour loger les
grands-parents et subvenir aux besoins des vieux, des infirmes et des
malades. La charité se pratiquait suivant les désirs du Christ, et l'ob-
servance du quatrième commandement de Dieu, "Père et mère tu hono-
reras afin de vivre longuement", était interprété à la lettre et s'éten-
dait à toute la famille.
L'ambiance actuelle, la pression de la vie moderne nous ont, il me
semble, fait succomber nous aussi dans un affaiblissement du lien de
famille. Puissions-nous revenir à la dévotion familiale de nos ancêtres,
afin de nous sanctifier par l'amour et de perpétuer notre contribution
à la vie familiale des Etats-Unis!
Si le Canadien-Français est attaché à sa famille, il l'est également
à sa paroisse. L'Eglise au Canada a été fondée par des hommes et des
femmes imprégnés de la spiritualité de saint Vincent-de-Paul, de saint
François-de-Sales, du cardinal de Bérulle, de monsieur Olier, de Mère
Marie-de-l'Incarnation, et de tant d'autres. Leurs dirigeants religieux
furent de la taille de Mgr François de Montmorency-Laval, des Pères
.Togues, Lalemant et Brébeuf. Lancée par des chrétiens et des chefs
spirituels de cette envergure, l'Eglise de la Nouvelle-France a donné,
sous la grâce et la protection de Dieu, un rendement digne de sa souche.
Depuis les temps héroïques du dix-septième siècle, l'Eucharistie, sous
le clocher de l'Eglise, est demeurée le coeur du village.
COMITE DE VIE FRANCO-AMERICAINE 63
A chacune de mes visites au Canada, mon coeur tressaille en
voyant la flèche d'un clocher pointer à l'horizon, telle l'épée du Sei-
gneur qui protège les habitants contre les assauts de l'ennemi.
Pétris de la présence de Dieu, encouragés — poussés même par le
climat spirituel — paysan et citadin ont intégré leur foi dans leur vie
quotidienne. Les coutumes, les traditions et les gestes ordinaires du
peuple sont devenus les signes extérieurs de ses croyances. L'Angélus
de Millet aurait pu être peint au Canada aussi bien qu'en France et la
bénédiction du père de famille, au Jour de l'An, n'est certainement pas
un geste de pratique religieuse tiède ou moribonde.
L'Eglise ne fut pas seulement la source spirituelle de nos ancê-
tres, mais aussi le centre de leur vie communautaire. Le prêtre était
le personnage-clef des environs. On attendait de lui un intérêt écono-
mique, social et récréatif et c'est à lui qu'on s'adressait pour la direc-
tion dans ces différentes affaires. C'est ainsi que la vie politique, éco-
nomique, sociale et culturelle, et aussi les loisirs, furent orientés vers
l'Eglise.
L'exemple de notre vie familiale, notre pratique religieuse souvent
citée comme des plus admirables, l'intégration de notre foi dans notre
vie quotidienne, ont été la sauvegarde de notre religion et une source
d'édification pour notre milieu. Et l'organisation de toutes nos activités
sous l'égide de l'Eglise est devenu le modèle de toutes les paroisses.
Si donc nous avons marqué une empreinte si profonde dans la vie re-
ligieuse et civique américaine, c'est au Canada, tout comme à la la Fran-
ce, que nous le devons.
Mais ne nous laissons pas extasier par le passé; c'est vers l'avenir
que nous devons nous tourner. Le Franco-Américain, comme le reste
du peuple, peut fournir une autre contribution majeure: celle de l'uni-
té qui est le thème de ma causerie ce soir. Nous devons tout d'abord
obtenir l'unité dans nos foyers, afin que dans notre vie de famille tout
spécialement rayonnent l'amour et la charité du Christ tout comme
chez nos bien-aimés ancêtres.
Notre charité et notre zèle pour l'unité et la paix devraient se ré-
pandre par nos familles dans nos sociétés et s'infiltrer dans le pays tout
entier. "Afin que tous soient un" n'est pas seulement la prière du Christ,
mais c'est devenu le mot d'ordre de notre survivance contre les enne-
mis de notre Eglise et de notre pays, ces ennemis qui la minent par en
dedans et la déchirent par en dehors.
Notre nation n'est pas le seul bastion de la liberté dans le monde.
Un voyage en Europe ou ailleurs et surtout une grande connaissance
du peuple peuvent guérir de la conception erronée que l'amour de la
liberté est sur le point de mourir. Puissions-nous nous unir à ces na-
tions et ensemble reconquérir avec la colombe de la paix — si pronon-
cée sur l'écusson de Pie XII — et la lumière de la vérité, les pays qui
vivent dans l'obscurité derrière les rideaux de fer et de bambou!
Dans son sens ultime, l'unité vraie signifie l'union dans le Corps
Mystique du Christ. De la chaire de Pierre un appel urgent, celui du
64 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Christ même, s'est élevé par-dessus le monde entier: "J'ai d'autres bre-
bis qui ne sont pas de cet enclos. Celles-là aussi, il faut que je les con-
duise, et elles écouteront ma voix, et il n'y aura plus qu'un troupeau et
qu'un seul pasteur". (Jn 10.16).
"Car comme dans un seul corps nous avons plusieurs membres, et
que tous les membres n'ont point la même fonction: Ainsi quoique nous
soyons un grand nombre, nous sommes un seul corps en Jésus-Christ,
et tous membres les uns des autres. Et ayant des dons différents selon
la grâce qui nous a été donnée, que celui qui a reçu le don ... en
use . . .". (S. Paul Rom. XII, 4-6)
Ce désir de notre Rédempteur sera-t-il négligé?
Je vous demande — je vous supplie — de prier constamment pour
le triomphe de l'amour dans le monde entier. Et en particulier, de-
mandons à Dieu de bénir le prochain Concile Oecuménique sous la di-
rection paternelle de notre Saint-Père le Pape Jean XXIII, afin que
les mots du Christ "Ut Unum Sint" puissent embrasser le monde entier."
Le Comité tenait sa dernière plénière à Boston le 30 novem-
bre sous la présidence du juge Emile Lemelin. On y étudia plusieurs
rapports. Le Comité élisait son nouvel exécutif pour l'exercice 1961-
1962; M. Adolphe Robert, président d'honneur et chancelier de l'Ordre
du Mérite Franco-Américain, l'abbé Adrien Verrette, vice-président
d'honneur, MM. Jean Picher, président, Gérald Robert et abbé Camille
Blain, vice-présidents, Lauré B. Lussier, secrétaire trésorier, Roméo
Gosselin, Dr Auray Fontaine, M. le Juge Emile Lemelin, F. Raymond
Lemieux, Ulric Gauthier, Me Fernand Despins et R.P. Joseph Fontaine,
M.S., directeurs.
Les membres s'empressaient de remercier les officiers sortant de
charge et leur distingué président, le juge Lemelin, qui, à cause de santé
demanda de n'être pas maintenu à la présidence, poste qui lui revenait
pour un second mandat.
VIII
Ordre du Mérite Franco-Américain
R.P. Zotique Chouinard, M.S. *
31 mai 1960
"C'est de tout temps, mais surtout au cours du XIXe siècle, que le
Canada français vit naître et s'épanouir les ordres religieux, hommes
et femmes, qui l'ont illustré en portant les enseignements du christia-
nisme des glaces du pôle nord aux sables de l'Afrique et des pampas
de l'Amérique du sud aux rives du Mékong. Ce n'est pas sans raison que
l'on a pu écrire des ouvrages sur le Canada apostolique. La dispersion
de ces ordres dans les pays de mission ne les a pas empêchés de gran-
dir. Aussi, dès la première moitié du XXe siècle, les voit-on se déta-
cher du tronc original pour se transplanter d'eux-mêmes dans un nou-
veau sol, susceptible de leur fournir la sève nécessaire à leur constante
progression. Et c'est ainsi qu'en Nouvelle-Angleterre, l'on verra se
constituer en province franco-américaine indépendante, les Oblats de
Marie-Immaculée, les Augustins de l'Assomption, les Maristes, les
Franciscains, les Pères de la Salette, les Frères du Sacré-Coeur, etc.
Dans les ordres féminins, ce furent les Soeurs de Sainte-Anne, Présen-
tation de Marie, Jésus-Marie, Filles du Saint-Esprit, Sainte-Croix et Sept
Douleurs, etc. Deux ordres nouveaux furent même fondés durant cette
période, soit les Petites Soeurs Franciscaines de Marie, par l'abbé
Brouillet, curé de la paroisse Notre-Dame de Worcester, et les Soeurs
Sainte-Jeanne d'Arc, par le R. P. Marie Clément.
Alors que la famille salettaine honore en ce jour deux de ses fils
distingués, l'un à l'occasion du cinquantenaire de son ordination, l'au-
tre qui compte cinquante ans de vie religieuse, le Comité de Vie franco-
américaine, lui, veut surtout rendre hommage au fondateur d'Enfield.
Etabli en 1951, l'Ordre du Mérite franco-américain n'a été décer-
né jusqu'ici qu'à neuf compatriotes, reconnus comme ayant tenu des
rôles de chefs de file dans le clergé, les professions libérales, l'ensei-
gnement, etc. C'est donc pour la dixième fois que cette décoration est
accordée. En la circonstance, le Comité de Vie franco-américaine, à son
assemblée tenue à Boston le 18 mai, a voulu unanimement que le nou-
veau titulaire soit le R. P. Zotique Chouinard.
Agé de 77 ans, le Père Chouinard est né le 28 mai 1883, à Saint-Jean
Port Joli, pays de Philippe Aubert de Gaspé et des artistes en sculpture
sur bois. Je ne saurais dire au juste en quelle année sa famille émigra
aux Etats-Unis. C'est un fait connu cependant que le Père Chouinard
fréquenta l'école primaire de la paroisse du Sacré-Coeur, de Greenville
(New Hampshire). De là, il passa à l'école de la paroisse Saint-Joseph,
* La remise des insignes d'officier de l'Ordre du Mérite Franco-
Américain au R.P. Zotique Chouinard, M. S., eut lieu à l'occasion d'un
banquet qui réunissait plus de 200 convives, le 31 mai, au séminaire
Notre Dame de la Salette, à Enfield, N. H. On célébrait en ce jour le
cinquantenaire sacerdotal du distingué religieux. M. le chancelier
Adolphe Robert présidait la remise avec citation.
66 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORK^UE
de Fitchburg (Massachusetts). C'était l'époque (1894) où Mgr Beaven,
évêque de Springfield, venait de confier la desserte de cette paroisse
aux Pères de la Salette. D'où l'on peut déduire que c'est à l'école Saint-
Joseph que l'élève Chouinard reçut l'appel salettain. Aussi le voyons-
nous s'inscrire comme premier étudiant du Séminaire de la Salette, de
Hartford, le 16 septembre 1898. Du séminaire, il entre au noviciat de
Hartford en 1903. En 1904, il prononce ses premiers voeux. Après le
noviciat d'un an, ce fut le scolasticat pour l'étude de la philosophie et
de la théologie, à l'Université Grégorienne, de Rome, soit un cours de
six ans (1905-1911), lequel fut marqué par son ordination à la prêtrise,
à Rome même, en 1910. Les études terminées, c'est la carrière de l'en-
seignement et de la prédication qui commence: profsseur à l'école de
Hartford (1911-1917); prédicateur de retraites paroissiales (1918-1927);
maître des novices et conseiller de la vice-province (1945-1950); con-
fesseur des novices (1953-1959); actuellement en résidence à East
Brewster.
Au cours de ces années déjà si bien remplies, il en est une sur
laquelle il importe de s'arrêter: c'est l'année 1927.
Il faut dire incidemment que dès 1926, alors que le Père Chouinard
était rattaché à la paroisse Saint-Joseph, de Fitchburg, en qualité de
missionnaire-prédicateur, il avait fait des démarches pour l'achat d'une
propriété à Attleboro, en vue d'y fonder un séminaire salettain. Le pro-
jet échoua, mais pour être repris avec succès en 1942. Donc, au mois
d'août 1926, alors qu'il était de passage au presbytère de Greenville, le
curé de cette localité lui dit à brûle-pourpoint: Pourquoi vous obstiner
à fonder votre séminaire à Attleboro? Pourquoi pas dans le New
Hampshire? Je connais un endroit qui ferait votre affaire, la propriété
des Shakers, à Enfield. Dès le lendemain après-midi, le Père Chouinard
était rendu à Enfield. L'amateur de pêche et le chasseur de canards sau-
vages qu'il était alors — et qu'il est toujours resté — fut de suite sé-
duit par la vue du lac Mascoma, serti comme une turquoise au sein
d'un paysage de collines, de prairies, de forêts. Le petit terrien de
Saint-Jean Port Joli comprit dès l'instant les avantages qu'il y aurait
à tirer de l'exploitation d'une érablière pour la fabrication du sucre;
le voisinage du lac pour l'approvisionnement de l'eau; le matériel de
construction et l'aliment combustible que représentait la forêt; l'ense-
mencement des prairies où les moissons mûriraient au chaud soleil
d'août; les troupeaux qui paîtraient au flanc des collines; le jardin po-
tager avec ses rangs de légumes; les plate-bandes fleuries encerclant
des pelouses soigneusement tondues. Mais il y avait surtout en lui le
religieux qui voyait dans les habitations des Shakers, les cadres futurs
d'un séminaire avec sa chapelle, ses réfectoires, ses dortoirs, ses salles
d'étude et de communauté, ses chambres pour les professeiu"s et, tout
autour, de l'air, du grand air, de l'espace, surtout de l'espace où s'é-
battraient dans des sports d'été et d'hiver des générations d'étudiants
salettains, des camps de vacance pour la jeunesse, alors que sur le pen-
chant du coteau d'en face, une reproduction en marbre du miracle de
Celle qui Pleure attirerait les foules en pèlerinage de piété et de dé-
votion.
Tout cela, c'était du domaine du rêve. Entre le rêve et la réalité,
il y avait comme obstacles la permission du Supérieur général de la
ORDRE DU MERITE Fli^^NCO-AMERlCAiN 67
communauté, le coût d'achat, le consentement des Shakers, la répara-
tion des toits qui laissaient couler la pluie, l'installation de tout un
système de canalisation pour le chauffage, la lumière, l'eau, l'autorisa-
tion de l'Evêque de Manchester de s'établir dans son diocèse et siu:-
tout le dessein qu'entretenaient deux riches concurrents, l'un de New
ïork, l'aulre de Montréal, d'acquérir la propriété pour la convertir en
"winter club".
De passage à Fitchburg, le T. R. P. Crozet, alors supérieur général
de la communauté, consentit à faire le voyage d'Enfield pour examiner
la propriété. Son jugement fut favorable à l'acquisition, mais avec cette
réserve que le Père Chouinard n'obtiendrait jamais la propriété pour
le montant dont il pouvait disposer, soit $25.000. Et le Père Chouinard
d'enchaîner: — Oh! je l'aurai bien! Le représentant des Shakers de son
côté estimait que la propriété valait bien $30,000. Non, répondit le Père
Chouinard, elle ne vaut pas $30,000; elle en vaut $150,000, mais $25,000,
c'est tout ce que j'ai. Enfin, Mgr Guertin, mis au courant de la transac-
tion, fit observer que c'était presque un vol nécessitant une restitution.
Et le Père Chouinard de rétorquer du tac au tac: — Mais, dites donc,
Monseigneur, si la propriété m'avait été donnée pour rien, me faudrait-
il la rendre? Quant aux Shakers, ils ne mirent pas de temps à faire leur
décision en faveur d'une communauté qui convertirait la propriété en
séminaire, plutôt que de la passer à des individus qui en feraient un
"booze club".
Et c'est ainsi qu'à la secte honorable des Shakers succéda la com-
munauté des Pères de Notre-Dame de la Salette. Les premiers occu-
pants de la nouvelle propriété furent les Pères Zotique Chouinard et
Wilfrid Boulanger, plus un ménage laïque dont le mari, menuisier de
son état, était le propre frère du Père Chouinard. J'allais oublier un
cinquième occupant, un brave animal de chien dont un citoyen de
Sanford avait fait cadeau au Père Chouinai'd pour la garde de la mai-
son. Je ne tenterai pas de décrire ce que fut la vie de cette petite
communauté, au cours de l'hiver de 1927, alors qu'il fallait chaque
jour charrier en traîneau le bois de chauffage et l'eau nécessaire aux
usages domestiques. Tout cela tient en quelque sorte du roman, pour ne
pas dire du miracle. Le miracle, c'est la Providence qui l'a permis par
l'intercession de Notre-Dame de la Salette, mais l'instrument dont Elle
se servit, c'est le Père Chouinard. Il fut pendant de longues années le
premier supérieur du nouveau séminaire.
Le Père Chouinard peut donc avec raison prendre rang parmi les
fondateurs de nos paroisses, maisons d'enseignement, sociétés nationa-
les, oeuvres de presse qui constituent l'armature sociale de notre peu-
ple, à défaut du cadre d'un Etat propre. Et parce qu'il fait honneur à
son ordre, le Père Chouinard est digne d'être cité comme modèle à la
jeune génération des fils de Notre-Dame de la Salette, d'être l'objet de
la vénération de ses frères plus âgés, et de jouir de l'admiration de la
collectivité franco-américaine. Toute la carrière du Père Chouinard tient
dans la règle de vie monastique que l'Ordre salettain s'est donnée et
dont on trouve un modèle dans la règle de saint Ignace, c'est-à-dire: Ne
point satisfaire sa colère — Ne point se réserver une heure pour la
vengeance — Ne point garder la fausseté dans son coeur — Ne point
68 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
se départir de la charité — Dire la vérité de coeur comme de bouche —
Ne point rendre le mal pour le mal — Ne point faire d'injustice, mais
supporter patiemment celle qui nous serait faite — Aimer ses ennemis
— N'être ni superbe — Ni adonné au vin — Ni grand mangeur — Ni
avide de sommeil — Ni paresseux — Ni murmurateur — Ni détrac-
teur — Le bien que l'on trouve en soi l'attribuer à Dieu, non à soi —
Quant au mal, s'en reconnaître toujours coupable et se l'imputer —
Garder ses lèvres de toute parole méchante ou perverse — Ne pas ai-
mer à parler beaucoup — Ne point dire de paroles vaines ou qui por-
tent à rire — Obéir en toutes choses à ses supérieurs — Ne pas cher-
cher à passer pour saint avant de l'être, mais le devenir d'abord ■ — Ai-
mer la chasteté — Ne haïr personne — Etre sans jalousie et ne point
céder à l'envie — Révérer les anciens — Aimer ceux qui sont plus jeu-
nes — Rentrer en paix, avant le coucher du soleil, avec ceux dont nous
a séparés une discorde.
Ces règles, dont j'abrège l'énumération, le Père Chouinard les a
pratiquées.
C'est donc avec un sentiment d'intime satisfaction et de vive ad-
miration qu'à titre de Chancelier de l'Ordre et, en vertu des pouvoirs
qui me sont conférés par le Comité de Vie franco-américaine, je procla-
me le Révérend Père Zotique Chouinard Officier de l'Ordre du Mérite
franco-américain; je lui en transmets la cravate ainsi que le diplôme
d'honneur et je l'invite à signer le Livre d'Or de l'Ordre.
Le Chancelier,
Adolphe ROBERT
Enfield, 31 mai 1960
IX
Fête Patronale
24 juin
La fête patronale demeure toujours le baromètre de notre vitalité.
Un peuple qui veut vivre a généralement assez de fierté pour affirmer
sans ostentation son vouloir vivre à certaines heures importantes. La
Saint Jean-Baptiste est l'une de ces occasions.
Les échos de la célébration, cette année, ont encore été nombreux.
C'est un bon signe. Augustin Martin rappelait le sens de cette fête
dans L'Impartial (Nashua):
"Sous le feu des inquiétudes qui enveloppent actuellement le monde
civilisé, les enfants de Dieu doivent, plus que jamais, tourner leurs
espoirs et leur confiance vers les valeurs supérieures.
Le Dieu très bon qui gouverne son univers n'a pas voué ses enfants
à la perdition. Même si le monde veut oublier ses obligations, les res-
ponsabilités demeurent en face de la vérité éternelle.
Heureux sont les peuples qui ont été engendrés dans la vérité et
qui ont pour les inspirer et les guider les gloires du Ciel.
Saint Jean Baptiste que l'Eglise a préposé à notre rayonnement
chrétien nous revient à l'occasion de notre fête patronale pour nous
prêcher à nouveau les exigences si reposantes de la fidélité à notre
mission personnelle dans la vie.
Malgré tant d'adaptations éphémères, qui, demain ne seront plus,
le même idéal de nos pères doit continuer à nous inspirer. Ce ne sont
pas les palabres d'une génération confuse et brimée qui doivent enle-
ver le sens chrétien à nos vies. Nous demeurerons toujours les fils
d'une race élue au sein de la Foi et de la Patrie.
Disons encore cette année avec un "mea culpa" empressé notre
désir de continuer surtout auprès de nos jeunes une attitude de persé-
vérance sincère.
Il serait réconfortant pour nos continuateurs de constater que nous
n'avons pas failli à la tâche et qu'eux aussi ont raison de continuer.
Paix et bonheur à nos foyers — courage à nos jeunes mères dans
le travail sauveur et difficile qui leur est confié de former leurs en-
fants suivant notre idéal franco-américain.
Heureuse Saint-Jean-Baptiste à tous — il en restera toujours quel-
que chose de vivifiant pour nos foyers et pour la pérénité de nos
oeuvres."
Roger Brien écrira pour tout notre peuple:
Notre patron n'est pas ce que l'on appelle un saint en guimauve.
Il fut un fort, d'un courage indomptable et indompté. D'ailleurs, il ne
peut y avoir des saints en guimauve; des hagiographes sentimentaux,
70 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
au goût de sucre, ont affadi tant de personnalités puissantes, marquées
d'arêtes de dons et de qualités bien définis. Un grand homme n'est ja-
mais une demi-mesure. Il ne faut pas fausser le sens des mots.
Le Baptiste a été "LA VOIX QUI CRIE DANS LE DESERT." Tel
a toujours été le' rôle peu confortable, du point de vue humain, des pro-
phètes de tous temps. Ils ont été la voix de Dieu sur la terre des hom-
mes peu enclins à l'écouter, pris qu'ils étaient dans leurs passions, leurs
égoïsmes! Et ça crie fort une nature dévoyée à laquelle on a aban-
donné toute volontél Pour une paire de jambes de danseuse, on exigera
que tombe la tête d'un prophète.
Dans notre XXe siècle de corruption généralisée, il est effarant
de se rendre compte combien ont capitulé devant le mal: gouvernants,
parents même. Une sorte de débandage générale ... Et l'on trouve
plus que jamais des meurtriers, des vicieux de tout acabit, des impu-
diques vraiment publics! Notre société se gargarise de ces résidus, de
ces caricatures d'humanité. On habille des pauvretés et ses tares spiri-
tuelles d'une vacuité de grands mots sonores pour étouffer le simple
bons sens qui veut parler. Y eut-il jamais plus de moutons de Panurge
qu'en notre époque où chacun s'emploie à n'être qu'un numéro dans la
vaste masse? Les grandes époques ont toujours eu des chefs de pre-
mier plan, des hommes pour qui le courage voulait dire quelque chose.
La grandeur d'âme existe peut-être plus que jamais en cette ère de
bruits et de déchéances: mais le bruit crie plus fort que le bien. C'est
là le manque: que se lèvent donc devant Dieu et devant les hommes
ceux qui pourront dire, comme le Baptiste, "NON LICET. Cela n'est
pas permis."
Le bulletin "L'Union" toujours fidèle à souligner l'importance de
notre fête ajoutera:
Notre fête patronale vaut la peine d'être célébrée. On ne proclame-
ra jamais assez les gloires de notre race; il faut que ceux qui nous en-
tourent n'ignorent pas ce que nous sommes, ce que nous désirons res-
ter, que nous voulons persister et nous maintenir, un peuple qui ne
sait pas mourir et qui, de plus, prétend enrichir son pays d'adoption par
l'héritage que lui ont légué ses ancêtres.
Le 24 juin est une date qui résume pour nous les traditions du
passé et les devoirs de l'avenir. Ce n'est certes pas assez d'avoir pour
nos aïeux, dont l'histoire est une leçon, une vénération profonde. La
seule et véritable manière d'honorer comme il convient nos ancêtres,
c'est de continuer leur oeuvre.
C'est un honneur pour le fils que de recueillir l'héritage paternel,
surtout quand cet héritage lui transmet un passé de vertus et de gloire.
Tout l'éclat de cette gloire et de ces vertus rejaillit sur les descendants
et leur fait comme une auréole d'estime et de considération. Les fils ont
le droit de s'enorgueillir, mais ils ne doivent pas oublier que les droits
entraînent des devoirs. Devoir de faire honneur à sa race, devoir de
maintenir l'intégrité du patrimoine moral, devoir enfin d'ajouter un
nom glorieux de plus à la liste de ceux qui l'ont précédé. A cette con-
dition seulement, l'héritier portera le front haut et aura sa part de la
gloire ancestrale.
FETE PATRONALE 71
Franco-Américains, nous avons à continuer une noble lignée. Nous
n'avons rien à envier aux nationalités qui nous entourent. Tantôt dou-
loureuse, tantôt tragique, mais toujours glorieuse, notre histoire a des
pages qui ne le cèdent à aucune autre. C'est un héritage national dont,
à bon droit, nous sommes fiers. L'ignorer serait une faute. Ne pas la
continuer en serait une autre très grave. Ayons le mérite aux Etats-
Unis, sous le drapeau étoile qui protège nos libertés, de conserver no-
tre foi et notre langue, et même les traits carectéristiques de notre
raoe.
Profitons de cette fête patronale pour affirmer à nouveau les im-
mortels principes qui, depuis le premiers temps de l'émigration de nos
pères en terre américaine, ont constitué notre force de résistance con-
tre toutes les tentatives d'absorption. Faisons de ce jour une fête du
souvenir, en évoquant les grandes figures des édificateurs émérités de
notre histoire. Ce sera pour nous. Américains de langue françaisie^, un
stimulant dans notre fidélité aux traditions qu'ils nous ont transmises.
Jamais nous ne saurons assez reconnaître ce que nos pères ont accom-
pli pour nous en luttant pour garder sur nos lèvres le parler de Fran-
ce et dans nos âmes la foi du Christ.
Rappelant le fait de notre présence au sein de la patrie. Le
Messager affirmait:
"Par un usage antique et solennel," comme diraient les prosateurs,
le peuple franco-américain, tout comme le peuple canadien-français,
célèbre chaque année sa fête patronale, la Saint-Jean-Baptiste.
Dans la province voisine, Québec, le mois de juin est devenu mois
férié, et dans toutes les grandes villes comme dans les humbles villa-
ges, ce grand jour de congé légal donne lieu à un grand déploiement
et une variété de divertissements. Ici, dans la Nouvelle-Angleterre, la
fête se célèbre généralement le dimanche précédant ou le dimanche sui-
vant la date mêm© du 24 juin, pour permettre à tous nos groupements
d'y participer selon leur conscience, selon leurs possibilités d'organisa-
tion.
Dans notre propre milieu, la célébration est à l'affiche pour demain
et promet de recevoir le concours de nombreux conseils, villas, succur-
sales, clubs et associations.
Cette fête annuelle qui fait appel à notre fierté de race a tout un
passé glorieux pour revendiquer sa raison d'être en Nouvelle-Angleter-
re tout aussi bien que dans le Qébec. Ce n'est pas tant à la nationalité
qu'elle fait appel comme au coeur, à la conscience même de chaque in-
dividu d'esprit français.
Elle permet une sorte d'examen de conscience de la part non pas
seulement de chaque Franco-Américain; cet examen de conscience de-
vient la chose de la collectivité dont l'origine peut se retracer à la
"terre de nos aïeux." C'est là, dans sa racine même, que notre peuple
franco-américain, jeune encore par son histoire comme dans son fait
français "ceint de fleurons glorieux" dans ces Etats-Unis d'Amérique,
doit chercher, doit vouloir retracer sa raison d'être ce qu'il est,
72 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Non, les Etats-Unis ne sont pas notre pays d'adoption! Ils sont à
nous comme à tous les peuples qui les composent et qui tous, sans ex-
ception, ont eu leiu"s origines sur d'autres continents. Ils sont à nous de
droit, par ces intrépides voyageurs découvreurs et missionnaires fran-
çais qui nous ont laissé comme héritage, d'un océan à l'autre, de noms
glorieux tels que Champlain, DeMonts, Cadillac, Rasle, Jolliet, Mar-
quette, en nous donnant aussi ce que notre pays actuel a de plus pitto-
resque, en fleuves, en monts, en bayous, etc.
Voilà donc quel est notre domaine à nous, Franco-Américains, et
c'est lui qui nous invite à cet examen de conscience, à cette fierté de ra-
ce; c'est lui, le plus beau joyau au monde, qui veut notre amour, notre
sincérité, notre loyauté, notre patriotisme. Et pour le défendre comme
il convient, pour le garder bien à nous puisqu'il nous appartient, il nous
faut nous retremper dans nos origines et nous rendre compte plus que
jamais que ce qui fait la grandeur et l'harmonie de ce vaste pays, c'est
la fusion de tout ce que nous sommes, tels que nous sommes, avec ce
que sont et tels que le sont les autres nationalités qui composent la vas-
te mosaïque des Etats-Unis d'Amérique.
C'est tout à fait chez nous, ici même, que la Providence a bien
voulu nous implanter, et c'est peut-être pour cela que le destin a vou-
lu mêler un peu de bleu, de blanc et de rouge dans notre drapeau
étoile!
La Société Historique Franco-Américaine ajoutait son hommage
empressé en souhaitant longue vie à L'Indépendant.
"Au tout premier rang, il me fait plaisir de nommer un journal
qui a été fondé en 1885, qui a toujours été sur la brèche depuis, et alors
que tant d'autres sont tombés en cours de route, malgré toutes sortes
de difficultés dont la plus grande est peut-être l'apathie des nôtres,
n'en continue pas moins sa noble mission, grâce au dévouement de ses
éditeurs et de ses rédacteurs; ce journal, c'est L'Indépendant de Fall
River. Me serait-il permis de lui offrir nos sincères félicitations et nos
meilleurs voeux en cette circonstance? L'Indépendant est le seul quo-
tidien de langue française publié aux Etats-Unis. C'est un honneur pour
Fall River. S'il est louable de célébrer le soixantième anniversaire,
comme vous le faites aujourd'hui, de l'Union Saint-Jean-Baptiste
d'Amérique, ne serait-il pas approprié aussi de célébrer un 75ième an-
niversaire, surtout quand il s'agit d'une institution aussi méritante que
L'Indépendant? La population de Fall River peut-elle s'abstenir d'or-
ganiser cette fête?"
La rédaction du journal ajoutera:
Le journal partagera ainsi en quelque sorte les honneurs de l'oc-
casion avec le saint patron de notre race, qui, sûrement, n'aura pas à
rougir d'un tel voisinage.
En Egypte, où il avait conduit ses valeureux soldats, Napoléon
Premier leur dit: "Du haut de ces pyramides, quarante siècles de gloire
vous contemplent!"
Dans un cadre beaucoup plus modeste, "L'Indépendant" ne peut-il
pas, du haut de la pyramide de ses 75 ans, contempler aujourd'hui avec
FETE PATRONALE 73
complaisance les trois-quarts de siècle d'histoire franco-américaine qu'il
a aidés, si modestement que ce soit, à façonner à Fall River?
Il y a vu l'élément franco-américain à peine sorti de ses langes.
Il l'a vu grandir et développer ses forces physiques, morales et intel-
lectuelles, à ce groupe ethnique, que tant d'adversaires et de difficul-
tés assaillaient, il a aidé à épargner le démembrement et la dispersion.
Ce que voit "L'Indépendant" à Fall River, rapproché de ce que l'on
a vu ailleurs, lui apporte une légitime satisfaction: Il a la consolation
de voir que la mission particulière à laquelle il s'est voué n'a pas été
totalement en vain.
Ici, il y a au moins l'espoir que nous pourrons survivre dans le
caractère, la religion et la culture transmis par nos ancêtres de France
et du Canada français.
En un mot, "L'Indépendant", devenu le seul quotidien de langue
française aux Etats-Unis, est bien chez lui — même à cette époque d'an-
glophonie prédominante — dans une ville où les siens sont toujours
une PRESENCE notable.
Nous caressons l'espoir qu'il le sera longtemps encore.
Un résumé des principales manifestations de la fête nous fait voir
les beaux gestes de fidélité de nos compatriotes.
Nos frères de Fall River avaient une double raison de fêter la
Saint Jean-Baptiste, car ils soulignaient en même temps les 75 ans de
notre seul quotidien L'Indépendant. Une édition souvenir faisait revivre
les labeurs de ce journal. On rappela les paroles de Mgr Albert Bérubé,
curé de St-Antoine, de New Bedford à l'endroit de ce vaillant journal:
La fête elle-même fut belle. La messe fut célébrée le dimanche
26 juin en l'église St. Jean-Baptiste avec bienvenue de Mgr Léonidas
Larivière, P.D. M. Alcide Breault dirigeait la partie musicale. L'abbé
Bernard Lavoie prononçait le sermon sur "La conscience morale de
l'humanité". Il déclarait: "L'unité dont parle le Christ n'en est pas une
unité d'identité ou de complète uniformité. Elle n'exclut que la divi-
sion, non la diversité. Elle est une unité de foi dans une unité de
charité".
Le banquet au restaurant White fut présidé par M. Albert Petit,
président de la Fédération de Fall River. Jean Clapin était cérémoniai-
re. Mgr Alfred Bonneau, curé de Notre Dame, bénissait les tables et
les convives. La partie musicale fut bien réussie.
M. Philias Garant, ancien président, disait sa joie en constatant
que la Fédération continuait une noble et fière tradition. M. Petit avait
raison de souligner le 40e anniversaire de la Fédération fondée par
Thomas Lavoie. M. Philippe Armand Lajoie disait la reconnaissance de
L'Indépendant: "Nos ancêtres n'étaient pas des professeurs ou des
maîtres des langues, mais ils parlaient français, et furent les piliers
du clocher paroissial. Ils étaient fiers de nos ancêtres."
74 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
L'orateur invité était Lauré B. Lussier, secrétaire du Comité de
Vie Franco-Américaine: qui prononça une allocution vigoureuise dont
le texte n'a pas été publié.
Il est entendu que les compatriotes de New Bedford ont tenu leur
cérémonie traditionnelle, toujours avec un petit nombre d'ardents qui
conservent la flamme au sein de cette population manquant peut-être
d'orientation. On ne peut pas se maintenir indéfiniment sur le souvenir
des anciens lorsque les actuels ont perdu le souffle.
Dans le Rhode-Island, la manifestation fut surtout religieuse sous
les auspices du Comité Franco-Américain du Rhode Island. Une messe
fut célébrée le soir du 21 juin par Mgr Alfred Julien sur le terrain des
retraites fermées, Notre Dame de Fatima à Manville, réunissant plu-
sieurs milliers de personnes. Les Gais Chanteurs dirigés par Hervé
Lemieux fournissaient le chant. C'était la 7e démonstration du genre.
A Providence c'était la Fédération qui tenait son banquet annuel,
le 26 juin à l'hôtel Sheraton-Biltmore sous la présidence de M. Gérard
Bergeron avec le sénateur Arthur Belhumeur, cérémoniaire. Mgr
Wilfrid Chartier, D.D., P.D., de Manchester et M. le baron Charles de
Pampelonne étaient les orateurs invités. M. René Viau dirigeait la par-
tie musicale.
A Worcester, la messe solennelle avait lieu le 26 juin en l'église
St. Joseph avec bienvenue de Mgr William Ducharme p.d., curé et
sermon donné par l'abbé Pierre Dumas en présence de S.E. Mgr
Bernard J. Flanagan, évêque du diocèse.
Le banquet comme la fête étaient sous les auspices de la Fédéra-
tion Franco-Américaine du Comté de Worcester, servi à l'hôtel
Sheraton-Bancroft. Il fut présidé par M. Hector Arsenault. S.E. Mgr
Flanagan, Mgr Ducharme, Josette Beaulieu et Pierre McQueen portè-
rent la parole. La musique était sous la direction de Mme Marie
Antoinette Comeau. La fête fut bien réussie.
A Lewiston on conserve toujours fièrement la tradition de la pa-
rade qui fut encore réussie le 19 juin. Le décor était brillant et le dé-
filé comprenait cinq divisions bien formées. La messe avait lieu en
l'église Ste-Marie et le curé Armand Chabot prononçait le sermon.
Les convives se réunissaient dans la salle paroissiale pour le banquet.
M. Lionel Duchette présidait et M. Adélard Janelle était cérémoniaire.
Le maire Sylvio Gilbert d'Augusta était l'orateur. Le maire de Lewiston,
M. Emile Jacques, donnait la bienvenue. Le Messager avec son édition
de fête racontait les incidents de la célébration.
Manchester se donnait une fête de famille au parc Gossler avec feu
de la St. Jean, souper en plein air et danses folkloriques. On distribuait
les boutons de la fête. Louis Israël Martel, président du Comité, diri-
geait le programme.
Le lendemain en l'église St. Georges, l'abbé Adrien Verrette célé-
brait la messe solennelle et prononçait le sermon, une cérémonie qui
n'avait pas eu lieu depuis mémoire d'homme dans la paroisse. Le Co-
mité et des délégations étaient présents. L'assistance nombreuse sem-
FETE PATRONALE 75
blait heureuse d'entendre des propos judicieux à l'occasion de la fête
patronale.
Le Soixantenaire de l'Union St. Jean-Baptiste d'Amérique suscita
plusieurs manifestations qui coïncidèrent avec la fête patronale soit à
Amesbury, Waterbury, Baltic, Cohoes, Rumford, Taunton, St. Albans,
Old Orchard, Newburyport, Three Rivers, Putnam, etc. Plusieurs au-
tres célébrations se déroulèrent au sein de la Nouvelle Angleterre.
Et au dessus de ces déploiements, le grand défilé historique de
Montréal demeure toujours populaire attirant des centaines de milliers
de spectateurs. Le thème était "Le Canada Français en 1960" et le grand
banquet au Chalet de la Montagne clôturait en quelque sorte toutes les
remuantes démonstrations de la Saint Jean Baptiste sur le continent.
XI
Le Président Charles de Gaulle
en Amérique
L'histoire établira un jour les résultats de la visite du président
Charles de Gaulle en Amérique en 1960, mais il arrive que ce voyage
fut un triomphe qui contribua énormément à renforcer les liens sécu-
laires de la France avec le Nouveau Monde.
Pour des raisons sans doute protocolaires, l'itinéraire déposait le
Général à Ottawa, le 18 avril, à l'aérodrome Uplands près de la capita-
le du Canada. Il reçut les honneurs du gouvernement canadien, fut l'hô-
te du Gouverneur Général, le général Georges Vanier, entrevue avec le
premier ministre John Diefenbaker et son parlement. Dans son accueil,
le premier ministre déclarait "vous êtes l'architecte d'une France vi-
brante".
Dans son allocution, le gouverneur Vanier affirmait: "Vous êtes le
témoignage vivant qu'un homme est plus important que les choses. Il
y a vingt ans, au moment de la défaite physique, vous vous êtes fait en-
tendre pour sauver l'honneur de la France. Et, à nouveau, il y a deux
ans, vous avez répondu à l'appel de votre peuple. Cela vous vaudra d'ê-
tre honoré comme l'un des grands hommes de l'histoire."
A son tour, le général De Gaulle ajoutera: "dans le moment actuel
qui est si important, je dirais même si dangereux pour les pays libres
et pour la paix du monde j'ai estimé essentiel de prendre contact avec
le Canada".
Québec accordait tous les honneurs au héros de la résistance fran-
çaise, le 20 avril. Le lieutenant gouverneur, Onésime Gagnon, le pre-
mier ministre, Antonio Barrette, le maire Wilfrid Hamel et toute la
population lui donneront une réception triomphale. Les allocutions sont
vibrantes et pleines d'affection. Le général dira encore: "il est heureux
pour la France et pour le monde que, sur ce continent américain, le
Canada Français ait maintenu et maintienne encore la flamme fran-
çaise."
Quelques heiu"es plus tard, la grande métropole, Montréal, lui don-
ne une autre réception grandiose. Le maire Sarto Fournier salue en lui
"la présence réelle de la France que vous avez refaite autour de vous
dans une volonté commune d'ordre, de sécurité et de paix."
Le général ajoutera "en quittant la Province, laissez-moi dire du
Canada français, j'apporte l'impression d'une réussite. Ce que vous
êtes est très important pour le Canada bien entendu, pour la France
aussi, et j'ajoute pour le monde, car il est esentiel, vous le sentez tous,
qu'U y ait sur cet immense continent américain, un entité française vi-
vante, une pensée française qui dure."
La réception à Toronto, la capitale du loyalisme fut peut-être la
plus enthousiaste, certainement débordante de sympathie et d'amitié.
CHARLES DE GAULLE 77
Oe furent ensuite les journées passées aux Etats-Unis du 22 au 26
avril avec un accueil fervent et des manifestations enthousiastes. 'Jn
véritable triomphe pour la France et de Gaulle, une visite vraiment
historique.
Vendredi à Washington, c'est un quadrimoteur de Air-France
"La Salle" qui dépose les visiteurs dans la capitale. Le président
Eisenhower est là qui déclare dans son accueil: "au cours des deux cents
dernières années, les deux pays ont eu des épreuves communes, toutes
dédiées à un idéal commun ... je suis particulièrement heureux de
vous accueillir ici, car c'est la première fois que vient non seulement
un président de la République française, mais aussi de la communauté
française ... et je tiens à répéter ma bienvenue à un homme, qui dans
la guerre comme dans la paix, a été aussi un solide ami de ceux qui
défendent la cause de la dignité humaine et le bien-être de tous les
êtres humains . . ."
Le président de Gaulle déclare à son tour: "j'ai la satisfaction pro-
fonde de visiter et de saluer ce cher et grand pays d'Amérique dont dé-
pend, dans une très large part, le sort de tout le monde libre."
Réceptions et manifestations se succèdent à la Maison Blanche,
au cimetière national à Arlington, au monument Lafayette, conféren-
ces de presse, brillante réception à l'ambassade "sous la tente", dîner
d'Etat à l'hôtel Mayflower présidé par le vice-président Richard Nixon.
Dimanche, les illustres visiteurs assistent à la messie à la délégation
apostolique où S.E. Mgr Egidio Vagnozzi célèbre. Durant la soirée, le
président Eisenhoyer les amène sur sa ferme à Gettysburg.
Lundi matin, le 25 avril, le général est reçu par le Congrès des
Etats-Unis pour recevoir une ovation unique. Le speaker Sam Rayburn
déclare: "la France est un grand pays, fier et libre. Et elle restera libre
aussi longtemps qu'elle aura à sa tête des hommes comme le général
de Gaulle."
Le général prononce un discours magistral déclarant:"Américains,
sachez-le, dans la grande partie qui s'engage, rien ne compte davantage
pour la France que la raison, la résolution, l'amitié du grand peuple
des Etats-Unis. Je suis venu vous le dire".
La journée "de Gaulle", mardi le 26 avril à New York fut de celles
que la grande métropole en a rarement vécues. Le maire Robert
Wagner reçoit le général à l'aérodrome La Guardia. Il déclare: "New
York est très, très heureux d'accueillir ici aujourd'hui l'un des plus
grands hommes de notre temps" et le général de répondre "je suis en-
chanté de me trouver à nouveau à New York. New York est un océan
d'idées, de sentiments, d'activités, je vais m'y plonger."
Le parcours de douzie carrés est massé d'une population en-
thousiaste de près d'un million et le spectacle des serpentins se déroule
du haut des gigantesques buildings. A l'hôtel de ville, le général signe
le livre d'or et est reçu par le maire à un déjeûner.
Dans sa proclamation, le maire déclarait: "Patriote invincible qui
pratiquement seul a mobilisé son peuple épris de liberté pour chasser
78 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
le joug écrasant de l'occupation; dirigeant brillant; élu par le libre
choix de ses compatriotes pour diriger les tâches économiques, politi-
ques et morales de la France contemporaine; démocrate, dont la dévo-
tion à la vraie liberté, à l'égalité, à la fraternité, au gouvernement élu
du peuple non seulement en France, mais dans tout son ancien empire,
est en train de restaurer la gloire traditionnelle de la France, afin de
lui permettre de bien servir partout la cause de la liberté humaine."
A 1 heure, déjeuner à l'hôtel Astor, invité de la métropole où près
de 2000 invités l'acelament. Le maire Wagner préside entouré des som-
mités. Le New York Timies publie le discours du général dans les deux
langues.
Dans son allocution le général déclare: "Je prends New York à té-
moin que la France nouvelle est digne de la France, et c'est cette France
de toujours, qui, par ma voix vous dit ici — Ah! que New York, que
les Etats-Unis, que vive la liberté des hommes." Après une visite-récep-
tion au Consulat de France, le général et madame de Gaulle assistent
à une réception de plus de 5,000 personnes avec les membres de la co-
lonie française à New York à l'arsenal du 7e régiment.
La réception au salon Louis XVI de l'hôtel Waldorf-Astoria est
suivie d'un grand dîner dans la grande salle de l'hôtel sous les auspi-
ces des sociétés franco-américaines avec plus de 2,000 convives.
Le spectacle est féerique. Une véritable apothéose. Trois grandes
tables d'honneur sont étagées dans un véritable jardin de fleurs. La
prière est récitée par S.E. Mgr James Griffith, évêque auxiliaire de New
York. L'hon. William Burden, président de France-Amérique, préside.
Le gouverneur Nelson Rockfeller propose la santé au Général de Gaulle
qui porte ensuite la santé au président des Etats-Unis. Toutes les allocu-
tions sont en français. Le général répond à cette ovation avec ujie émo-
tion visible. Il déclare que les Algériens décideront de leur sort.
A ce banquet plusieurs franco-américains assistaient, M. l'abbé
Adrien Verrette représentait la Société Historique, M. le juge Emile
Lemelin, le Comité de Vie Franco-Américaine et l'Association Canado-
Américaine, M. le commissaire J.-Henri Goguen, l'Union St. Jean-Bap-
tiste d'Amérique, Mmes Jean Leblanc et Gérald Robert, l'Alliance Fran-
çaise et la Fédération Féminine Franco-Américaine.
La presse aux Etats-Unis fut très élogieuse et sympathique. Tous
les journaux parlèrent de cette visite avec satisfaction. Les journalistes
s'accordaient à dire que jamais "un homme d'Etat étranger n'avait sus-
cité tant d'admiration et d'affection".
Le général continuait son voyage. A San Francisco, au Civic
Auditorium 4,000 convives acclament le héros. A la Nouvelle Orléans
un autre accueil frénétique. Après avoir visité la Guyanne, la Martini-
que et la Guadeloupe, le chef d'Etat rentre en France le 4 mai.
La grande revue "Life" écrivait: "l'heure de la grandeur française.
Poiu" de Gaulle et la France, ce voyage constitue un moment de tri-
omphe personnel et historique qui dépasse la pompe et le protocol ira-
CHARLES DE GAULLE 79
ditionnels. Combinant le courage et la sagesse, l'endurance et le génie,
de Gaulle est le dernier et probablement le plus grand des hommes
d'Etat de la grande manière héroïque."
Dans le New York World Telegram on lisait: "Charles de Gaulle a
été reçu aussi comme un symbole destiné à fournir une véritable inspi-
ration aux autres nations du monde libre qui luttent pour vivi'e". Et fai-
sant écho, le Daily Mail de Londres disait "il est apparu comme un géant
au milieu de petits hommes".
Devant le Cercle Littéraire de Fall River, le 24 mars, Philippe
Armand La joie avait donné une conférence magnifique sur "Charles de
Gaulle — un homme du destin" déclarant: "un français que je n'hésite
pas à classer parmi les preux, dans un pays qui en a produit tant d'au-
tres. A mon sens, le général Charles de Gaulle a incarné ce que la
France a de meilleur, de plus lucide et de plus vivant, surtout à ses heu-
res de détresse aigite et de grandes décisions."
XII
DoUard des Ormeaux
1660-1960
Le tricentenaire de l'Exploit du Long-Sault a suscité un grand inté-
rêt. Des fêtes émouvantes, un peu partout, réunirent des milliers de
jeunes et de moins jeunes pour exalter à nouveau Dollard des Ormeaux
et ses compagnons, les sauveurs de la Nouvelle France, l'un des plus
beaux gestes d'héroïsme de l'histoire.
Le Ministère des Postes à Ottawa, le 19 mai, mettait en vente un
timbre commémoratif de 5 cents, une émission de 30 millions d'exem-
plaires, oeuvre de Philip Weiss, timbre bicolore sur fond brun représen-
tant la bataille et le profil de Dollard en bleu.
Il était bien naturel que la principale démonstration eut lieu à
Montréal (Ville-Marie) que DoUard nous a léguée. La manifestation con-
tinuait la tradition sous les auspices de l'AJC au parc LaFontaine, au
pied du monument, oeuvre du grand sculpteur Alfred LaLiberté.
S.E. le cardinal Paul Emile Léger, archevêque, était présent. Il pro-
nonçait des paroles réconfortantes. Au cours de son allocution, il dé-
clarait: "il a donné sa vie. Ses motifs intérieurs, nous n'avons à
les juger. Il a donné une chance aux autres, et cela me suffit. Il me
suffit de savoir qu'un homme a donné sa vie pour les autres. Je n'ai pas
à le proclamer un héros, mais je veux le prendre comme modèle . . .
Quand donc aurons-nous le courage de présenter à notre jeunesse un
drapeau d'héroïsme ... On ne changera pas le coeur des hommes avec
de l'acier, du fer, de l'argent et du béton, mais en leur présentant des
modèles d'héroïsme . . . Dollard, c'est tout simplement le symbole de
cette vie d'héroïsme ... la vraie paix est dans le coeur des hommes, pas
dans les conférences au sommet."
Le chanoine Lionel Groulx, grand responsable de la réhabilitation
de Dollard, fut chaudement ovationné. Il pouvait affirmer avec une légi-
time fierté à la jeunesse: "Si je vous l'ai rendu, votre Dollard, c'est votre
tâche de le garder et de le défendre."
Mlle Louise Laurin, présidente de l'AJC, le maire Sarto Fournier,
le ministre fédéral Paul Comtois, le ministre provincial Gérard Thi-
bault, le député fédéral Lionel Chevalier, la Société St. Jean-Baptiste de
Montréal, le Conseil de la Vie Française en Amérique, les chambres de
commerce de Montréal, les étudiants de l'université de Montréal, nom-
bre d'organismes et des unités de jeunes apportèrent leur hommage
pour compléter l'éclat de la fête.
C'est dans le fortin reconstitué au Long Sault, à Carillon, à proxi-
mité de Hawsbury, Ontario, à 75 milles de Montréal, en présence de
milliers de pèlerins recueillis, que se déroula l'apothéose de la semaine
du tricentenaire. Quel émouvant spectacle après trois siècles.
S.E. Mgr Emilien Frenette, évêque de St. Jérôme, célébrait une
messe pontificale et prononçait un vibrant sermon sur "le fondement et
DOLLiVRD DES ORMEAUX 81
les exigences du patriotisme", terminant par ces paroles: "il faut glori-
fier les dix-sept braves de 1660 qui ont versé leur sang pour la patrie
naissante. Sans doute pour les comprendre, il faut les replacer dans le
climat mystique de Ville Marie et dans l'extrême péril où se débattait
alors la Nouvelle France. Même dans un climat diiïérent et de nouvel-
les conditions, nous devons les imiter, mettre au service de la Patrie le
don que nous avons reçu. Le service de la Patrie est une obligation chré-
tienne et augmentera un jour pour chacun de nous la gloire impérissa-
ble du Ciel."
Le grand banquet de clôture laissait encore entendre des voix auto-
risées, S.E. Mgr Frénette, Mgr Olivier Maurault, P.A., le chanoine Lionel
Groulx, Me Richard Rioux, le juge Redmond Roche, M. André Lavaque
et David Stewart.
Et c'est ainsi que d'un océan à l'autre, au Canada, fusèrent des ac-
clamations à la mémoire des héros du Long Sault. En franco-américanie
le culte de Dollard a bien pâli depuis quelques années. Autrefois, nos re-
ligieuses profitaient du 24 mai pour susciter chez nos enfants des élans
de fierté légitime.
A sa réunion de mai, la Société Historique Franco^Américaine rap-
pelait la signification de ce tricentenaire, Le Travailleur y faisait écho.
La seule manifestation enregistrée chez les écoliers se déroule à
l'école St. Georges, de Manchester. Près de 600 élèves chantèrent la gloi-
re de Dollard. Leur curé, l'abbé Adrien Verrette leur expliquait ensuite
le sens de la leçon toujours actuelle de Dollard, véritable modèle des
jeunes franco-américains.
Le tricentenaire provoquait encore des études sérieuses pour fixer
l'authenticité historique de l'Exploit du Long Sault. Notre peuple ne
manque pas de démolisseurs qui aiment toujours à détruire les pluis bel-
les pages de notre histoire.
Dans une conférence très documentée, devant la Société Historique
de Montréal, le chanoine Lionel Groulx répondait à la question "Dol-
lard est-il un mythe?"
Il disait donc en conclusion: "à moins d'imaginer que les contem-
porains n'ont rien compris à un événement accompli sous leurs yeux ou
qu'ils auraient conspiré pour forger une grossière imposture et mysti-
fier la postérité, il faut admettre le fait Dollard, tel que l'ont transmis
les chroniqueurs du temps qui n'étaient ni des imbéciles ni des fumis-
tes." Cette conférence fut publiée en brochure.
Dans le même sens, Mgr Paul Emile Gosselin écrivait dans la revue
Vie Française: "les scientistes peuvent discuter les circonstances du
drame, les motifs des acteurs, les conséquences de la rencontre entre
les Iroquois et les Français. Il reste que la portée de l'événement n'a
pas échappé aux contemporains. Leurs témoignages rendent un suffi-
sant hommage aux héros du Long-Sault pour que nous nous estimions
justifiables de magnifier leur exploit à trois siècles de distance. Cette
évocation peut être fructueuse. Si l'on veut élever une génération dans
82 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
le culte de l'honneur et du devoir, il faut leur montrer ce qu'il y a de
noble dans la vie des saints et des héros nationaux. Que les plus grands
soient petits par certains côtés, voilà qui est proprement de l'hommerie.
Voilà qui fait ressortir le mérite de ceux qui ont su en une circonstan-
ce donnée ou dans l'ensemble de leur existence surmonter les faiblesses
de l'humaine nature."
De son côté, la Société Historique de Québec conisacrait son 12e
cahier à l'Exploit de Dollard. Cette étude, un véritable procès, préparée
par M. Sylvio Duanais et le R.P. Adrien Pouliot, s.j., reproduit tout le
dossier avec les témoignages des contemporains, les jésuites LeJeune
et Lalement, la mère Marie de l'Incarnation, le gouverneur D'Argenson,
le sulpicien DoUier de Casson et le célèbre Pierre Esprit Radisson. Tous
ces témoignages ne font que confirmer celui des Relations: "il faut ici
donner la gloire à ces dix-sept Français de Montréal et honorer leurs
cendres d'un éloge qui leur est dû, et que nous ne pouvons leur refuser
sans ingratitude."
XIII
Faits et Gestes
S.E. Mgr Ernest J. Primeau: Le 2 décembre, la délégation aposto-
lique à Washington annonçait la nomination de Mgr Ernest Jean Pri-
meau, curé de la paroisse Notre Dame du Carmel, à Chicago, comme
sixième évêque de Manchester. Originaire de Chicago où il naissait le
17 septembre 1909, Mgr Primeau, après son ordination le 7 avril 1934,
avait été tour à tour professeur à Chicago et directeur du collège Notre
Dame du Lac à Rome durant 13 ans. Il avait obtenu son doctorat en sa-
crée théologie à Chicago et sa license en droit canonique à Rome où il
fut encore attaché à la Congrégation du Saint-Office.
Consacré à Chicago par S.E. le cardinal Albert Meyer, le 25 janvier
1960, il fut intronisé le 15 mars suivant dans sa cathédrale St. Joseph
à Manchester par S.E. le cardinal Richard Cushing.
S.E. Mgr Primeau fut l'objet de plusieurs manifestations et récep-
tions imposantes. Les Franco-Américains en particulier se réjouissaient
de l'élévation d'un des leurs à l'épiscopat. Ayant pris pour devise "Vé-
rité, Unité et Paix", le nouveau pontife préconisait un apostolat fruc-
tueux et les meilleurs voeux accompagnaient sa venue dans le diocèse
de Manchester.
Mgr de Laval: L'Amérique française se réjouissait à bon droit d'ap-
prendre que le 28 février, au cours d'une cérémonie de la Congrégation
des Rites que présidait le pape Jean XXIII, l'Eglise reconnaissait l'héro-
ïcité des vertus du fondateur de l'Eglise dans le Nouveau Monde. Cette
première étape facilite les travaux qui seront poursuivis en vue de la
béatification de Mgr de Laval.
Décorations de la France
Mme Alice Lemieux-Lévesque: A l'occasion de la réception du Jour
de l'An, au consulat, M. le consul Charles de Pampelonne remettait à
Mme Lévesque la médaille de Chevalier de l'Ordre des Palmes Acadé-
miques. Madame Lévesque est de Nashua, N. H. Première présidente
de la Fédération Féminine Franco-Américaine, poétesse et conférenciè-
re, elle a publié plusieurs recueils de poèmes.
Mme Gertrude St. Denis: Le 12 octobre, à l'occasion d'un banquet
que lui offrait le Club de Dames Franco-Américaines, de Fall River, au
restaurant White, Mme Gertrude St. Denis, présidente fondatrice de
rAlliance Radiophonique Franco-Américaine et directrice des program-
mes français aux postes WALE (Fall River) et WNBH (New-Bedford),
recevait la Médaille d'Honneur (Vermeil) des Affaires Etrangères. M. le
consul de Pampelonne présidait.
Dr Albert Poirier: Médecin officiel du Consulat Français à Boston
depuis 25 ans, le docteur Poirier recevait en mars la Médaille de Che-
valier de l'Ordre de la Santé Publique.
Mme Claire (Houde) Carpenter: Présidente de la Ligue des Prési-
dents de New Bedford, Mme Carpenter recevait la Médaille d'Honneur
84 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
des Affaires Etrangères (Vermeil), le 28 février à l'hôtel New Bedford
à l'occasion d'un banquet. A cette occasion on accordait la même décora-
tion à titre posthume à l'abbé Adrien Gauthier.
M. Théophile Martin: Ancien président de l'Alliance des Journaux
Franco-Américains et ancien directeur de l'action sociale culturelle de
l'Union St. Jean-Baptiste, M. Martin recevait la Médaille d'Honneur des
Affaires Etrangères (vermeil) le 14 juillet.
Mme Marcelle Maineute: Présidente de la Fédération Féminine
Franco-Américaine et présidente fondatrice de la Survivance Française
à Lewiston. Mme Mainente recevait la Médaille d'Honneur des Affaires
Etrangères, le 14 juillet au consulat à Boston.
M. Gérald Robert: A l'occasion d'un gala le 26 octobre, au
Manchester Country Club pour célébrer les 20 ans de l'Alliance Fran-
çaise dont il fut l'animateur, M. Gérald Robert recevait la Médaille
d'Honneur des Affaires Etrangères (vermeil). Secrétaire Général de
l'ACA, directeur des programmes Radio-Franco au Poste WMUR,
(Manchester), fondateur de la Fédération des Chorales Franco-Améri-
caines, ancien directeur de la Société d'Opérettes, secrétaire-trésorier
de la Société Historique Franco-Américaine, directeur du Comité de Vie
Franco-Américaine, organiste, directeur de concerts et de chorales, M.
Robert recevait sa décoration de M. le consul de Pampelonne.
Mme Eugène Tougas: Présidente Fondatrice de l'Alliance Françai-
se de Manchester en 1941 et présidente d'honneur de la Fédération Fé-
minine Franco-Américaine, Mme Tougas recevait du consul de Pampe-
lonne le 26 octobre la Grande Médaille de l'Alliance Française.
Mme Jean L. Leblanc: Présidente de l'Alliance Française de
Manchester, Mme Leblanc recevait du consul de Pampelonne, le 26 oc-
tobre la Grande Médaille de l'Alliance Française.
M. J. Henri Goguen: Le 20 novembre, à Central Falls, au cours d'un
banquet qui soulignait le 60e anniversaire de fondation de l'Union St.
Jean-Baptiste d'Amérique, M. Goguen recevait, du consul de Pampelon-
ne, la rosette d'Officier de la Légion d'Honneur. En plus d'être le prési-
dent général de l'Union St. Jean-Baptiste d'Amérique, M. Goguen est
aussi président du Comité de Vie Franco-Américaine et membre du
Conseil de Vie Française en Amérique. Il fut également provost maré-
chal, secrétaire d'Etat et Commissaire de la Sûreté Publique pour le
Massachusetts.
M. Wilfrid Beaulieu: Le 5 septembre, le secrétaire perpétuel de
l'Académie Française annonçait à M. Beaulieu, directeur du journal Le
Travailleur que l'Académie lui avait décerné un prix de langue française
(médaille) sur la fondation créée "pour reconnaître les services rendus
au dehors à la langue française".
Société Américaine de la Légion d'Honneur: A son dîner annuel,
le 24 février au Harvard Club, de Boston, le chapitre de la Nouvelle
Angleterre remettait à M. de Pampelonne un diplôme "en témoignage
d'affection". Le Col. George Stewart, président du chapitre recevait à
son tour les insignes de Commandeur du Mérite Combattant."
FAITS ET GESTES 85
Consulat Français à Boston: Au mois d'octobre, l'ambassadeur Hervé
Alphand venait inaugurer officiellement au cours d'une réception les
nouveaux quartiers du consulat dans une magnifique demeure histori-
que au numéro 3, avenue Commonwealth. Le consulat quittait son vieux
foyer bien connu 178 rue Beacon. M. le consul de Pampelonne opérait
ce transfert de la nouvelle Maison de la France à Boston.
S.E. Mgr Léo Lemay, S.M.: Originaire de Lawrence, Mass, sacré le
21 septembre 1960, à Sydney, Australie, vicaire apostolique des Iles
Solomon.
Mgr Alphéri Lauzière, P.D.: Le 5 septembre, S.E. Mgr Ernest J.
Primeau, évêque de Manchester, préside l'investiture à la prélature
romaine de Mgr Lauzière, cxiré fondateur de la paroisse St. Joseph, de
Berlin, N. H. Mgr Lauzière est l'un des ardents représentants de l'idéal
franco-américain.
Mgr Henri A. Hamel, P.D.: Originaire de Fall River et aumônier
militaire dans l'Aviation depuis 18 ans avec rang de Colonel, Mgr Hamel
recevait les honneurs de la prélature romaine en la cathédrale St. Mary,
de Fall River, le 11 décembre.
Abbé Anatole Félix Desmarais: Le 2 juin, l'abbé Desmarais rece-
vait du collège de l'Assomption de Worcester, son Aima Mater dont il
est un bienfaiteur insigne, un doctorat honorifique en Lettres Humani-
taires.
Lauré-B. Lussier. A l'aurée des adaptations politiques, M. Lussier
était réinstallé, le 29 décembre, par le gouverneur John A. Notte, du
Rhode Island, à son poste qu'il détint durant 14 ans, Régistraire des
Véhicules à Moteur pour l'Etat du Rhode Island.
Roméo A. Gosselin: A Hartford, Connectieut, le 3 avril, à l'occa-
sion d'un banquet-hommage à la salle Ste-Anne, M. Gosselin, président
de l'Union des Franco-Américains du Connecticurt, était honoré par ses
compatriotes.
R.P. Mannes E. Marchand, o.p.: Ancien curé de la paroisse SS. Pier-
re et Paul, à Lewiston, le P. Marchand célébrait son cinquantenaire sa-
cerdotal le 12 juin. Né le 4 novembre 1883 à Arthabaska, il était ordon-
né le 8 mai 1910.
Maire Franco- Américains: A la liste imposante de premiers magis-
trats de nos villes en Nouvelle-Angleterre il faut ajouter au cours de
l'année l'élection des maires: Emile Jacques (Lewiston), Laurier Lamon-
tagne (Berlin, N. H.), Clément H. Deschambeault (Biddeford, Me),
Charles R. Côté (Saco, Me), Dr Léo C. Lemieux (Westbrook, Me), Ray-
mond J. Lord (Lowell, Mass), Hector Lirette (HalloweU, Me), et Georges
J. Bourque (Fitchburg).
M, le Juge Paul A. Côté: Avocat de Lewiston, nommé le 5 décembre
juge de la cour municipale de Lewiston.
Clarence F. Cormier: Grand artisan de la Société l'Assomption, en
décembre, le premier décoré de l'Ordre de la Fidélité Acadienne par la
8b BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Société Nationale des Acadienis. La remise avait lieu à Waltham, en dé-
cembre.
François Denoeu: Professeur de français au collège Dartmouth de-
puis nombre d'années, M. Denoeu annonce la publication d'un diction-
naire franco-américain dans lequel il doit démontrer que les Américains
qui étudient le français sont encore soumis aux lexicographes anglais,
qui, souvent ne rendent pas le sens des mots anglais en Amérique. Ce
dictionnaire rendra certainement de grands services. Les Franco- Améri-
cains attendent sa parution avec anxiété.
Dr Louis B. Amyot: Vice-président de la Société Historique, phi-
lantrope, chirurgien dentiste et bienfaiteur de nos oeuvres, le docteur
Amyot, de Schenectady, New York, qui se rendit célèbre au cours de ses
voyages chez les Esquimaux, terminait une tournée de conférences en
France et en Belgique durant les mois de juin et juillet. Il était le por-
teur de secours techniques à nos frères de France. Conférencier devant
plusieurs sociétés dentaires, il paraissait au congrès de l'Association
Dentaire de France et de Belgique à Bruxelles, à l'école Dentaire de
Paris et au congrès dentaire en Suisse. En plus de confier à ces réunions
dentaires les bienfaits de son expérience, le docteur Amyot y propageait
aussi l'idéal franco-américaine à l'endroit de nos frères français de l'Eu-
rope. Il était élu membre honoraire de la Société Odontologique de
France. Il reçut justement les hommages des pays qu'il visita à la gran-
de satisfaction de ses compatriotes franco-américains.
La Revue Française (Manchester): La première tentative de télé-
vision franco-américaine en Nouvelle-Angleterre fut inaugurée à
Manchester au poste WMUR-TV, canal 9, en janvier, pour se continuer
durant plusieurs semaines sous la direction de Georges Ayotte (Lowell).
Cette émission passait le dimanche de 4h.30 à 5h.30 et obtint un beau
succès.
XIV
Vie Franco-Américaine
Société des Artisans. Dans son 84)6 rapport annuel, se terminant
le 31 décembre 1960, la plus forte et certainement la plus française en
Amérique, la Société des Artisans établissait son actif à $37 millions
avec 193,000 assurés. Son nouveau mode d'assuranoe groupe, son prêt
d'honneur et son action sociale intense ont surtout favorisé son essor
prestigieux.
Depuis sa fondation en 1876, les membres ont reçu en versements
$58,768,412. et son encours actuel en assurances dépasse $275 millions.
Le président René Paré déclarait donc satisfaction "ensemble nous
accomplissons une besogne éminemment utile à nos gens et à notre
groupe ethnique. La société compte près die 40,000 sociétaires en Nou-
velle-Angleterre.
Société l'Assomption. Avec son siège social à Moncton, N. B., cette
puissante fraternelle au service du peuple Acadien établissait son ser-
vice d'action sociale. Avec plus de 78,000 membres dont 25,000 environ
en Nouvelle Angleterre, son actif était porté à $19,936,026. au 31 dé-
cembre 1960. Avec une réserve de $405,000. en plus d'avoir distribué
$12,300,000. en bénéfice, la société compte des assurances en vigueur à
plus de $115,578,065. Les boursiers s'élèvent à 1,005 depuis la fonda-
tion ayant reçu plus de $108,323. La caisse universitaire qui favorise le
prêt d'honneur atteignait $108,323.00. Tous ces chiffres pour établir que
la société est en voie de progrès constant. Elle tient ses congrès régio-
naux qui sont un vigoureux stimulant. Le dernier avait lieu à Lewiston
en fin de mai.
Union St. Jean-Baptiste d'Amérique. L'Union célébrait surtout ses
60 ans au cours de l'année, ce qui donna lieu à de nombreuses manifes-
tations au sein de ses consleils.
Les fêtes débutaient à Fall River le 1er mai. Tous les conseils de la
région y prenaient part. Il y eut messe en l'églisie St. Roch et grand
banquet au restaurant White. Mgr Albert Bérubé, P.D., rendait hom-
mage à la société au nom du clergé.
La réunion semestrielle le 16 mai permettait au bureau général
de célébrer le jubilé. Messe en l'église Ste-Famille et dîner intime. Le
secrétaire général Normand Lachance, dans une intéressante causerie,
résumait l'histoire de l'Union. Le bureau décidait de tenir son pro-
chain congrès en 1962 à Portland, Me. Le docteur Orner Boivin était
nommé deuxième vice-président de la société.
Plusieurs conseils cinquantenaires ajoutaient à leurs réjouissan-
ces les thèmes de la fête patronale et du soixantenaire. Ces manifesta-
tions furent brillantes soit à Waterbury, à Amesbury. Le 19 juin la Li-
gue des Présidents rendait hommage à l'Union, à New Bedford. Et ainsi
soit à Rumford, Taunton, à St. Albans, Putnam, Baltic toute une série
de fêtes.
88 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Enfin le 18 septembre ce fut à Salem et à AuguMa. Au début d'oc-
tobre, soit le 2, seize conseils de la région de Holyoke ajoutent leur
témoignage et rendent hommage à Wilfrid Beaudry pour ses 30 ans de
service. A Hartford, le 9 octobre, grande fête en la paroisse Ste-Anne.
Le 23 septembre c'était à Leominster.
Le 30 octobre à l'hôtel Bancroft, de Worcester, l'Union rendait
hommage à S.E. Mgr Ernest J. Primeau, évêque de Manchester, mem-
bre de la société depuis plusieurs années. M. J. Henri Goguen présidait
le banquet. De courtes allocutions furent prononcées par Mgr J. B.
Lamothe, P.D., l'abbé Eugène Guérin et Me Louis Janelle. Mgr Pri-
meau recevait la médaille d'or de la société avec la citation de mem-
bre d'honneur.
Dans son allocution, Mgr Primeau disait: "pour survivre, pour faire
du progrès, il faut avancer, c'est-à^ire s'adapter continuellement aux
nouvelles (exigences de notre ère . . . Plaçons-nous sous la protection
du Divin Coeur de Jésus, ce Coeur débordant d'amour qui est le pa-
tron de l'Union et le symbole parfait de ses oeuvres ..."... Rallions-
nous sous ce signe de l'Unité et marchons avec ardeur vers l'avenir.
Les fêtes se clôturaient le 20 novembre à Woonsocket sous les aus-
pices des conseils du Rhode Island avec messe en l'église Ste-Famille
et grand banquet à la salle paroissiale présidé par M. Oscar Hurteau.
Le maire Josaphat Benoît, de Manchester, était l'orateur. M. le consul
général Charles de Pampelonne remettait à M. J. Henri Goguen la ro-
sette d'officier de la Légion d'Honneur.
Pour couronner cette année, le bureau publiait son rapport annuel
qui portait l'actif au 31 décembre 1960 à $16,354,943.38 avec 75,077
porteurs de certificats et une solvabilité die 115.96%, invitant ainsi les
compatriotes à favoriser cette grande fraternelle qui se dévoue à sa
manière à nos efforts de persévérance.
Association Canado-Américaine. L'aînée de nos "fraternelles" te-
nait son 22e congrès en septembre. A leur assemblée siemestrielle, le
21 mai, les administrateurs s'empressaient de rendre hommage à S.E.
Mgr Ernest J. Primeau, le nouvel évêque de Manchester.
Mgr Primeau était accueilli dans les bureaux de l'Association par
les officiers. Il assistait ensuite au premier adoubement de l'Ordre
Canado-Américain des Chevaliers de Champlain à la salle Duvernay.
A un dîner intime servi dans les salons de la société, Mgr Primeau
était présenté par le juge Emile Lemelin. Dans son allocution, Mgr
Primeau se disait très heureux de oatte rencontre. Il souhaitait aux
premiers chevaliers les bénédictions du Ciel et il ajoutait: "la fidélité
de votre association à l'Eglise et à l'autorité est déjà bien connue eit
l'expression de cette dévotion se traduit dans votre devise: Religion,
Patriotisme, Fraternité. Unis par la foi, par la langue, par le patriotis-
me, votre association remplit l'idéal de l'action catholique, l'oeuvre
laïque pour le salut des âmes sous la direction des évêques et du clergé.
Je vieux vous inviter à une collaboration mutuelle dans un véritable es-
prit de fraternité et de charité."
VIE FRANCO-AMERICAINE 89
Les assises du 22e congrès débutaient le 3 septembre avec la réu-
nion des comités. La messe solenelle du congrès avait lieu à St. Georges,
dimanche, en présence de Mgr Primeau. L'abbé Eugène Boutin pronon-
çait le sermon. Il y eut séance d'adoubement de l'Ordre des Chevaliers
de Champlain à la salle St. Jean-Baptiste à 3 heures 30. Le soir avait
lieu le banquet traditionel du congrès à l'hôtel Carpenter. Il fut prési-
dé par le juge Edouard J. Lampron. Les allocutions furent prononcées
par S.E. Mgr Ernest J. Primeau, Mgr Paul Emile Gosselin, M. le juge
Emile Lemelin et le Maire Josaphat Benoît et la musique fournie par
l'orchestre Maurice Therrien.
Les séances du congrès se déroulaient lundi sous la présidence du
juge Lemelin. Rapports et projets d'amiemdements furent discutés. On
rendait hommage aux disparus. Le nombre des membres était fixé à
33,000 avec une solvabilité de 120.98. Il faut se rappeler que chaque
actuaire a sa manière d'établir les valeurs. Le juge Lemelin était ré-
élu à la présidence avec les mêmes officiers.
Au cours des délibérations, l'abbé Adrien Verrette, président de la
Commission des Archives et président de la Société Historique dans
son rapport déclarait:
"C'est le quatrième rapport quadriennal que la Commission des
Archives a l'honneur de soumettre à la Cour Suprême de l'Associa-
tion Canado-Américaine. Le préposé revient toujours avec le même
enthousiasme heureux de remercier ceux qui lui confient cette agréa-
ble tâche.
Ne serait-ce que pour renseigner ceux des délégués qui ne sont pas
familiers avec T'exiistence et le travail de cette commission, rappelons
qu'elle fut créée par le congrès de 1944 et que le président général est
chargé d'en nommer les membres au lendemain du congrès. Ils sont ac-
tuellement, M. le juge Lemelin (ex-ofïicio), M. Adolphe Robert, secré-
taire, M. le juge Arthur Eno, Me Ernest D'Amours, le Dr Conrad Go-
din et moi-même.
Toute institution bien organisée a le souci de conserver jalouse-
ment le souvenir de ses gestes qu'elle dépose dans ses archives. C'est
ainsi que se conservent les titres, les documents et les imprimés où se
renseigne l'histoire. Le travail de la commission est précisément de
veiller à la conservation de touis les imprimés que possède l'Associa-
tion.
....Depuis le dernier congrès, grâce aux subsides qui lui furent accor-
dés, la commission a augmenté le nombre de volumes à plus de 500 par
année. Plusieurs pièces furent ajoutées à sa collection d'oeuvres d'art.
Un fait important à souligner c'est que l'Association au coût de
$4,000 environ a fait microfilmer la collection complète de son bulletin
et aussi celle de l'Avenir National, quotidien de Manchester qui dispa-
raissait en 1948, les deux seules de nos publications qui sont désormais
sauvées et assurées à la postérité.
Cette riche collection de l'Avenir National avait failli prendre le
chemin du papier rébus, au moment de la liquidation du journal, lors-
90 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
que l'un des acquerreurs die l'atelier, un juif, décida, je ne sais par quel
hasard, de l'offrir à la Manchester Historié Society.
Cette dernière ne tarda pas à comprendre que l'Asisociation Canado-
Américaine était véritablement l'organismiei qui devait en avoir la gar-
de et c'est ainsi qu'elle la lui céda à son tour. Quel don précieux! Et
c'est ainsi qu'une centaine de gros volumes prenaient la direction de
nos quartiers.
La vétusté du papier déjà rongé par les ans et l'espace considéra-
ble requis pour loger ces tonnes de papier décidèrent le président gé-
néral à livrer cette masse considérable au microfilmage. Il faut donc
lui en savoir gré, car sans aucun doute, la Collection de l'Avenir Na-
tional est certainement l'unie de nos plus riches et précieuses sources
d'information de la presse franco-américaine, une documentation irrem-
plaçable.
A mesure que ses fonds le permettront, il est à espérer que l'As-
sociation continuera ce geste sauveur auprès de collections comme cel-
le de "La Sentinelle" et ses auxiliaires, l'Etoile de Lowell, etc., etc.
Lorsque les visiteurs, et ils sont nombreux, pénètrent dans l'Im-
meuble de l'Association pour admirer les bureaux des administrateurs
et les salles bien rangées des opérations, ils deviennent agréablement
ravis et surpris lorsqu'ils sont introduits dans les quartiers de la bi-
bliothèque. Voilà, entre tant d'autres, une présence tangible de l'ac-
tion culturelle de l'Association et qui ne cesse d'enrichir son prestige
partout.
Il faut le proclamer avec fierté, nouis possédons l'une des pkis pré-
cieuses, sinon la plus importante, des bibliothèques françaises aux Etats-
Unis. Nous avons donc raison de l'appeler la Bibliothèque Nationale
des Franco-Américains.
Nos volumes, archives, documents sont constamment consultés par
des chercheurs et de hauts témoignages d'appréciation sont souvent
adressés à la Commission.
S'il m'était permis d'exprimer un voe^u ce serait d'inviter tous les
délégués à se rendre conscients de ces valeurs que possède notre so-
ciété, d'exploiter ces trésors en faveur de la société et de nos oeuivres.
Car il faut que l'Association Canado-Américaine avec ses oeuvres
multiples demeure à l'avant-garde de nos espoirs de continuité. C'est en
conservant ainsi notre passé qui est vraiment enviable, que le présent
sera toujours bien inspiré pour assurer leis beaux accomplissements de
l'avenir."
L'Association continuait la publication de son bulletin "Le Canado-
Américain qui inaugurait en juin son 2e volume. M. Adolphe Robert en
est toujours le rédacteur livrant à tous les deux mois 64 pages diei lec-
ture intéressante avec faits et gestes qui fournissent à nos compatrio-
tes une lecture profitable et souvent salvatrice.
VIE FRANCO-AMERICAINE 91
Congrès Richelieu. La Société Richeliefu tenait son premier congrès
international à Manichester, New Hampshire du 16 au 18 eeptembre
1960. Oe fut un immense succès alors que plus de 1,600 délégués assis-
taient pour apporter leur encouragement au secteur franco-américain
avec ses clubs à Manchester, Fall River, Holyoke, New Bedford et
Lewiston.
Les jouimôeis furent bien remplies avec un programme exécuté
avec un enthousiasme soutenu depuis l'inscription des délégués à l'hô-
tel Carpenter. Ce fut un grand conclave de "Paix et de Fraternité".
L'ouverture officielle avait lieu vendredi soir à la salle Carousel
sous la présidence de B. G. Lambert avec discours par le maire Josa-
phat Benoît, le gouverneur Powell et le président général de la société,
Horace Racine.
Les assises se déroulaeint à la salle Hévey sous la présidence de
Horace Racine suivies du déjeuner à la salle Ste Marie avec conférence
éclair donnée par Paul Gingras et la conférence par Horace Viau. Les
dames avaient leur programme sous la direction de Mme L. P. Gagnon
avec déjeuner, visite et promenade des modes.
Le banquet de la société, samedi soir, était sous le patronage d'hon-
neur de S.E. Mgr Ernest J. Primeau, évêque de Manchester. Les délé-
gués en profitaient pour lui offrir une magnifique vierge sculptée dans
le chêne tiré de Chateauguay, village des parents de Son Excellence.
Le doctieur Robert Beaudoin présidait le banquet qui était sous la
présidence d'honneur du président général Horace Racine. Le confé-
rencier était Philippe Armand Lajoie, doyen de la presse franco-améri-
caine. Le chant était fourni par la chorale St. Jean-Baptiste, dirigée par
Bruno Therrien.
Dans une pièce solidement charpentée, toujours en vue de servir
les intérêts franco-américains comme il sait toujours le faire, M. Lajoie
prononça des paroles de nature à faire réfléchir sérieusement tous ceux
qui se préoccupent de notre présence culturelle en Nouvelle Angleterre,
n déclarait donc:
Quarante années de journalisme franco-américain devrait suffire à
effacer chez un particulier tout vestige de siemtimentalité, mais à un
vieux journaliste que son travail quotidien a imprégné de la loyauté à
ce qu'il croit être les intérêts supérieurs des siens, vous pardonnerez fa-
cilement de caresser l'espoir que nous. Canadiens français et Franco-
Américains, continuerons à incarner la Présence française sur un conti-
nent qui doit, pour une grande part, sa découverte et son développe-
ment à nos ancêtres français et canadiens. Oh! je reconnais et je m'ex-
plique fort bien qu'un tel espoir paraît illusoire et chimérique à plus
d'un! . . .
Nous sommes les produits d'un siècle dont la philosophie répudie
tout ce qui n'est pas strictement scientifique et pratique. A notre épo-
que, le monde tient le sentiment pour peu, le considérant, comme la po-
litesse d'antan, un luxe dont l'abus peut être dérisoire, voire nuisible.
92 BUULETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Il n'en reste pas moins que la vie continue à se partager, si je puis ain-
si parler, entre la brutalité du fait et la douceur du sentiment, celui-ci
posant quelquefois un baume refraîchissant sur les abrasions laissées
par l'autre.
Même s'il fallait admettre que dans la vie, ce sont surtout les faits
qui comptent il faudrait néanmoins convenir qu'il existera toujours des
sentiments essentiels à la plénitude et à la grâce' de toute existence hu-
maine. Je n'en veux citer d'autre preuve que l'amoindrissement appor-
té à une personne humaine par la privation du sentiment religieux. Un
autre sentiment dont la noblesse est inégalée est celui de la fierté nati-
ve. La possession et la manifestation de ce sentiment, que je voudrais
voir intense chez tous mes congénères, se traduira chez nous par un
fait, le fait de la continuité dans la présence française.
Lorsque nos grands devanciers dans cette Amérique du Nord vin-
rent y apporter la civilisation et le christianisme, ils n'y vinrent pas
uniquement en tant qu'explorateurs, exploiteurs et coureurs d'aventures,
mais en hommes désireux de rehausser le prestige français et de gros-
sir le nombre des âmes gagnées au Christ. Il entrait une forte somme
de sentiment dans les mobiles qui animèrent ces preux et ces apôtres.
Ils étaient possédés d'une robuste fierté ethnique dont la disparition
graduelle chez leurs continuateurs constitue une véritable tragédie his-
torique.
Sans détriment pour l'homieur dû aux autres sociétés et organis-
mes qui contribuent, au Canada comme ici, à alimenter le foyer de notre
vie française, l'apparition de la Société Richelieu, une phalange d'élite,
apporte un espoir nouveau à ceux qui veulent que — advenant le pire —
il existe toujours en Nouvelle-Angleterre une élite qui y affirmera la
Présence française. Grâce lui en soit rendue!
Au risque d'encourir le déplaisir de ceux qui trouveraient que cet
entretien a déjà trop duré, je m'en voudrais de tirer ma révérence sans
avoir souligné l'un des moyens que les Richelieu mettent à contribution
pour entretenir la gaieté et la bonne camaraderie. Je veux parler du
rituel agréable de la chanson canadienne-française.
Quelqu'un a dit que l'âme des peuples éprouve le besoin de chan-
ter.
Dans leur bagage de traditions, les peuples, même les moins initiés
à ce que nous appelons la culture, trouvent des airs dont la population
entière paraît avoir la connaissance innée, et dont on ignore le plus sou-
vent l'âge et l'origine. Ce sont des chants, gais ou dolents, que l'enfant
a entendus répéter dans la hutte, la chaumière ou le château de sa fa-
mille, et que sa mémoire fidèle transmettra à une autre génération. Ces
airs montent du coeur aux lèvres aux heures de liesse, d'héroïsme ou de
nostalgie. Des compositeurs de génie tels Tchaïkowski, Dvorak, Grieg,
Lizst et autres, ont si bien compris le droit qu'avait à l'immortalité le
Folklore, la Chanson de Gens, qu'ils en ont fait le thème de passages
nombreux dans leurs oeuvres impérissables. Tant il est vrai que si l'on
VIE FRANCO-AMERICAINE 93
peut devenir indifférent à la musique de l'heure, l'on tient, chez les
gens bien nés, à préserver les refrains et romances qui délectaient les
grands ancêtres.
N'est-il pas vrai, d'ailleurs, que rien n'est plus jeune qu'une vieille
chanson? . . .
Dans le chansonnier officiel, dont l'apparition est réglementaire à
toutes nos réunions, leis Richelieu ont assemblé celles qui évoquent avec
le plus de fidélité le visage de la vieille France et du Canada français.
Et il faut voir avec quel entrain nos confrères remplissent les airs de
ces couplets dont les échos semblent revenir des rives du Saint-Laurent,
du Saguenay, de la Seine, du Rhône et de la Loire!
D'une pièce orphéonique inédite où sont paraphrasés les pièces les
plus populaires de votre chansonnier, permettez, chers confrères, que je
cite en terminant les quatre derniers vers:
"Tant que nos voix pourront redire la romance
"Et le joyeux couplet de Québec ou de France,
"Burinés sur nos coeurs, ces mots: "Je Me Souviens!" . . .
"Font de nous à jamais des fils de Canadiens!"
Dimanche à 10 heures, S.E. Mgr Primeau célébrait la messe du
Congrès en l'église Ste Marie. Mgr Wilfrid Chartier, curé, saluait les dé-
légués et l'abbé Adrien Verrette prononçait le sermon "Sous le signe
de la charité", dans les termes suivants:
"Une messe de congrès provoque généralement des accents remuants
chez ceux qui y participent. C'est qu'elle atteste d'une façon solennelle
l'idéal religieux, la préoccupation dominante et les nobles buts de l'oeu-
vre qu'ils représentent dans l'attente que le Ciel bénira et confirmera
leurs espoirs.
Pour la première fois dans votre jeune mais fécond rayonnement,
vous venez, en ce 13e congrès, solliciter ces appuis spirituels au sein
de l'une de nos magnifiques chrétientés F.-A. de la Nouvelle Angleterre.
C'est que la charité du Christ ne connaît pas de frontières.
Que de semblables déploiements de piété ont vibré sous cette voû-
te vénérable depuis le jour où Mgr Pierre Hévey en dressait le clocher
majestueux sur cette colline Notre-Dame, la deuxième en âge des huit
paroisses franco-américaines de la ville épiscopale de Manchester.
Ste-Marie compte donc 80 ans d'apostolat remarquable que nous pou-
vons admirer dans la théorie de ses institutions bien vivantes.
Cette présence, nous la devons à l'accueil empressé du dintingué et
brillant curé Mgr Chartier let tous nous lui disons notre reconnaissance,
car prier dans ce temple c'est évoquer et revivre les plus ferventes
émotions de la Foi qui animait nos devanciers.
94 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Que de fois me nous a-t-on pas entretenus, en pareille circonstan-
ce des devoirs et responsabilités qui se dégagent de la belle devise qui
inspire et guide notre comportement, "Paix et Fraternité". Heureuse-
ment, l'apostolat Richelieu n'est plus à démontrer. Un prince de l'E-
glise le déclarait récemment "une oeuvre incomparable", car elle pro-
lifère ses bienfaits et la chaleur de son dévouement à des milliers de
petits êtres que la vie n'a pas particulièrement favorisés.
Et à son honneur, la Société Richelieu est le premier organisme ca-
tholique d'expression française, qui, avec une formide nouvelle ait lancé
ses voiles dans le champ immense de la charité sociale.
L'enfance malheureuse que nous voulons soulager et aider est par-
tout dans la vie. On la rencontre surtout au seuil de ces foyers brisés
qui ont perdu le sens des valeurs immuables de l'amour véritable.
Ce travail nous l'accomplissons avec joie, nous rappelant, cepen-
dant, avec Bossuet, qui le déclarait aux grands de son siècle "que la
joie est la passion la plus iiluisoire." C'est pourquoi noue préféroais
pour nos humbles gestes la valeur éternelle que le Maître leur recon-
naissait un jour en affirmant "qu'un seul verre d'eau fraîche donné à
l'un de ces petits ne perdra pas sa récompense."
En une autre circonstance biien décisive de sa vie, à la veille même
de la consommation de son sacrifice rédempteur, le Christ ajoutait pour
confirmer cette équation divine "toutes les fois que vous l'avez fait à
l'un de ces plxis petits, c'est à moi que vous l'avez fait."
Cette suprême totalisation des mérites que nous pouvons accumu-
ler auprès de l'auteur de nos vies, ajoute une valeui' singulière à notre
participation au corps mystique du Christ dont nous dievenons les mem-
bres participants. Quelle étonnante participation et quelle béatitude
pour nous tous dans ce mystérieux agencement de l'humanité régénérée!
Mais ce qui gonfle nos âmes de reconnaissance émue ce matin,
c'est de nous trouver ensemble en face de ce même Christ éternel, qui,
dans le silence lencerclé de son amour compte les pulsations de nos
coeurs et sonde véritablement la sincérité de notre Foi et de notre con-
duite.
Pour cette heure passée en sa présence réelle, c'est en toute humi-
lité et adoration que nous devrions lui clamer notre repentir en lui
demandant la faveur de le servir toujours avec sincérité et un amour
total.
Nous te savons bien, le monde de Dieu a soif de charité et d'amour
véritable et on lui sert la pâture de la sensualité avec tous ses menson-
ges. Ce n'est pas la science, qui, pourtant prend sa source en Dieu, qui
donne présientement l'équilibre à l'esprit et à la conscience. Plus elle
avance avec ses prodiges fulgurants, plus les hommes se renfrognent
complaisamment dans le matérialisme, comme si Dieu ne devait jamais
avoir son heure. Pourtant, qui, sur la terre peut allonger son existence
d'une seule coudée!
VIE FRANCO-AMERICAINE 95
Malgi'é tout le tapage de la présente génération autour des prin-
cipes de paix, de fraternité et de charité, il reste que près d'un tiers
de l'humanité est encore dans l'esclavage et souffre de famine. Il reste
quie des millions et des millions d'êtres engendrés par la charité du
Christ, ne comprennent pas ou ne veulent pas accepter la vérité de
ses divins enseignements.
On demande la paix, mais pas celle que Dieu promet aux hommes
de bonne volonté; on préconise la fraternité, mais celle-là qui est l'é-
pouse de l'égoïsme; à la place de la charité du Christ, on préfère ac-
cepter et pratiquer une certaine formule de philosophie sociale qui
abolit toutes les consignes de la morale, qui se moque de la fidélité
dans le foyer, qui étourdit la jeunesse dans la sensualité et qui fait de
l'homme l'esclavie de ses passions. Voilà un résumé bien pâle de l'é-
toufîoir dans lequel nous vivons pendant que l'éternité se rapproche de
chacun de nous.
Et pourtant, le Christ est venu sur la terre pour que nous ayions la
vie en abondance. Serait-ce que son message a perdu toute actualité
devant le monstre de l'inisolence humaine. Non ... et nous le sentons
bien, l'Eglise, son épouse indéfectible, entend continuer son oeuvre
sans défaillance.
L'éternel thaumaturge de Galilée demeure toujours au milieu de
ses enfants leur prêchant l'économie véritable de la charité: "Aimez-
vous les uns les autres".
Au dessus de toutes les voix discordantes qui font oeuvre de ruine
et de désolation, celle de Pierre est toujours là, invincible et conqué-
rante, promenant la lumière de la vérité et distribuant à ses enfants
la grâce salvatrice des sacrements, ces canaux officiels créés authenti-
quement par le Christ pour aider les âmes à refaire continuellement
les cadres souvent ébranlés de leur armature chrétienne, afin de lutter
victorieusement contre les assauts du péché et de l'erreur.
Et pour continuer ce travail de rechristianisation, de réhabilitation
et de revalorisation au milieu d'un siècle qui semble avoir perdu toute
confiance dans son éternelle destinée, l'Eglise a besoin plus que jamais
des serviteurs d'élite qui portent aussi bien dans leur vie intime que
sur leurs lèvres le témoignage du Christ; des artisans qui vivent inten-
sément leur foi, des croyants qui placent au premier plan l'oeuvre de
leur sanctification personnelle, des fidèles qui sont des porteurs auda-
cieux de vertu et de vérité, des enfants du Christ qui veulent soutenir
jusqu'à l'héroïsme, oui jusqu'à l'héroïsme pour le Christ et le bien de
la société, ces combats en faveur de l'intégrité humaine et de la digni-
té chrétienne. Voilà le défi que noius impose notre participation à l'oeu-
vre de notre Foi et de notre Dieu.
Et nous frères Richelieu qui avons fixé au listel de notre apostolat
le plus engageant idéal; nous les descendants authentiques des por-
teurs de civilisation et d'humanisme sur ce continent; nous les posses-
seurs attitrés d'un héritage religieux qui a laissé son empreinte impé-
rissable sur presque toutes les rives de l'Amérique; nous les déten-
96 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
leurs privilégiés de traditions familiales et culturellies qui ont jusqu'ici
défié les calculs et les éphémères conceptions de la vie moderne; nous
les continuateurs heureux d'une aventure qui résiste encore fièrement
aux intempéries de notre génération, quelle est donc notre attitude à
l'issue de ces imposantes assises?
Ah, je me réjouis de voir dans votre présence recueillie une dé-
termination intensifiée de vous prêter à l'expansion du règne du Christ
dans vos milieux. Je me console à la pensée qu'à cette rencontre de-
vant le tabernacle du Très-Haut, nous serons tous de meilleurs fils de
lumière.
Vous avez quitté des foyers où règne la tranquillité et la fidélité.
Une très grand nombre parmi vous, êtes accompagnés de vos dignes
épouses. En ce moment, nous sommes en présence du Christ qui vi-
vifie nos espoirs.
Ensemble, c'est avec des accents de piété que nous prendrons la
douce résolution de fermer le sanctuaire de nos foyers à toutes les in-
filtrations malsaines, ensemble c'est dans un élan de sincérité que nous
demanderons au Ciel de consacrer ce fraternel entretien qui n'a d'autre
but que d'élever nos âmes sur les hauts palliers où doivent graviter
les porteurs de liraiière et de charité. Sur les traces de S. Paul, nous ac-
complirons "la visite dans la charité."
A l'instar de Vincent de Paul, ce géant de la charité dont l'univers
catholique célèbre cette année le tricentenaire de sa glorification cé-
leste, nous voulons nous réjouir de notre filiation spirituelle à celui,
qui, après avoir connu la sordide pourriture des galères et des cachots
pour ramener au Christ des âmes immortelles, est encore celui qui em-
baume notre civilisation des plus émouvants exemples de cette charité
dont nous sommes les bénéficiaires.
Excellence, avec votre coutumière bienveillance vous avez accepté
de mêler vos augustes suffrages à ceux de la grande famille Richelieu.
Soyez-en justement remerciée.
Au nom de tous les délégués qui s'empressent de déposer leurs
espoirs sur la pierre du sacrifice, que vous célébrez, nous vous deman-
dons de bénir tendrement leurs propos et d'attirer sur le rayonnement
de la Société Richelieu les bénédictions abondantes de la Providence
afin que tous, au jour marqué par la justice de Dijeu, malgré nos éga-
rements et nos faiblesses, nous puissions entendre cette parole du
Maître, gage de suprême épanouissemient dans l'amour de notre Père
commun, cette parole qui sera l'annonce de notre éternelle récompen-
se .. . "c'est à moi que vous l'avez fait".
Le déjeuner de clôture était servi à la salle Carousel sous le patro-
nage d'honneur de Mgr Wilfrid Chartier. Il fut présidé par le docteur
Louis Philippe Gagnon, président du Richelieu Manchester. De courtes
allocutions furent pronolncées par les présidents du congrès B. G. Lam-
bert et Horace Racine. Les délégués se séparèrent se félicitant mutuel-
lement du succès éclatant du congrès.
VIE FRANCO-AMERICAINE 97
Le Comité du congrès comprenait: B. G. Lambert, président, docteur
FCobert Beaudoin, (président adjoint, docteur Louis Philippe Gagnon,
président du club, Paul Gingras, secrétaire, Arthur Houle, trésorier et
de nombreux adjoints et sous-comités.
L'accueil au congrès avait été très empressé. Dans son hommage
L'Action déclarait: "nous félicitons le Richelieu-Manchester d'avoir em-
brassé l'idéal de charité fraternelle qui anime la Société Richelieu, de
l'avoir vécu et propagé si bien cet idéal qu'ils ont pu mérité d'obtenir
pour eux et pour nous ce premier congrès international de la société aux
Etats-Unis."
Le Manchester Union-Leader ne ménage pas sa publicité. En grande
manchette sur la première page on lisait "Bienvenue les Richelieu".
Le président Horace Racine résumait ses impressions comme suit:
"ici à Manchester, nous avons vu réunis sous une même bannière des
frères par le sang et par le coeur, mais des frères dont les allégeances
politiques sont différentes, dont les aspirations économiques peuvent
être contradictoires. Ils resteront frères tant et aussi longtemps qu'ils
verront dans le Richelieu un lieu de rencontre où les mots de frontières,
de province ou d'état sont dépourvus de signification, où l'on reste au
dessus des contingences économiques et politiques, où l'on a foi dans la
Paix et la Fraternité, où l'on a d'intérêt que pour l'enfance malheureu-
se."
Pour Le Travailleur: . . . fut Tune des plus belles manifestations
françaises aux Etats-Unis depusi bien longtemps. Seize cents person-
nes, toutes animées du désir de venir en aide à l'enfance malheureuse,
cnt passé trois merveilleuses journées dans la ville-reine du New
Hampshire. Le club Richelieu-Manchester, qui vit à l'organisation, en
fit une réussite éclatante. Les délégués, venus de cinq provinces cana-
diennes et de trois Etats américains, ne tarissent pas encore d'éloges
pour ceux qui eurent la main si heureuse à l'élaboration du congrès.
Les Canadiens purent se rendre compte "de visu" de l'existence d'un
groupe francophone aussi vigoureux que possible dans la Nouvelle-An-
gleterre. Et les Franco-Américains, de leur côté, sentirent qu'ils pou-
vaient compter sur la sympathie et même l'assistance tangible de leurs
confrères du Canada.
La Franco-Américanie est un édifice assis sur quatre piliers: l'Egli-
se, lécole, la presse et les sociétés . . . quatre piliers qui sont devenus
passablement vermoulus avec les années. La Société Richelieu devien-
dra-t-elle un cinquième pilier . . . celui qui empêchera l'édifice de s'é-
crouler en attendant qu'on trouve moyen d'étançonner les quatre
autres? . . .
Au compte des activités de l'année, la chaîne franco-américaine
comptait encore plusieurs manifestations. A Manchester, le club éli-
sait le docteur Louis-Philippe Gagnon, médecin de très imposante répu-
tation, à la présidence. Le Richelieu-Lewiston recevait sa charte le 19
novembre sous la présidence du docteur Frank Méthot. Le Richelieu-
Fall River élisait Philias Garant à la présidence. Il perdait l'un de ses
98 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
fondateurs et ancien président, Roméo Dufour le 16 novembre. Un autre
de ses membres fondateurs, Roland Desjardins, était élu gouverneur
régional. Au mois de juillet, Mlle Germaine Bundocl, du ministère de
Citoyenneté à Ottawa était la conférencière invitée des clubs de la
Nouvelle Angleterre.
Fédération Féminine Franco- Américaine: Elle tenait son cinquième
congrès à New Bedford du 14 au 16 octobre. Les assises furent enthou-
siastes et réussies. Mme Marcelle Mainente les présida. Le congrès avait
été préparé par Mme Cécile Plaud qui fut portée à la présidence. Le thè-
me était "Collaboration à la Vie Franco-Américaine".
L'inscription des membres à l'hôtel New Bedford, la réception sous
la gracieuseté de M. et Mme Joseph Duchaine, les assises et les séances
d'études, la messe imposante à St. Antoine avec sermon de Mgr Albert
Bérubé, le grand banquet avec allocution de M. le consul Charles de
Pampelonne, de Lauré B. Lussier, de Mme Reine Malouin, la remise du
prix Yvonne LeMaître à Mlle Charlotte Michaud, l'hommage à Mme
Louis Philippe Clapin, propriétaire du journal L'Indépendant, l'élection
du nouveau conseil, le bal de la présidente furent autant d'événements
qui remplirent agréablement ces journées.
Au cours de l'année la Fédération tenait plusieurs réunions de son
bureau. Le 14 juillet à Boston, M. le Consul Charles de Pampelonne
honorait la Fédération en décernant à sa présidente, Mme Marcelle
Mainente, la Médaille d'Honneur des Affaires Etrangères. La Fédéra-
tion continuait la publication de son bulletin d'information qui atteint
les membres des 85 sociétés affiliées.
Fédération des Chorales F.-A.: Le 2e congrès annuel avait lieu à
Worcester sous la présidence de Georges A. Ayotte. Plus de 200 mem-
bres assistaient représentant 26 chorales. A l'issue du banquet les allo-
cutions furent prononcées par M. le consul Charles de Pampelonne,
MM. Philippe Armand Lajoie, Gérald Robert et Lauré B. Lussier. A
l'heure sociale plusieurs chorales exécutèrent des pièces fort appré-
ciées. La Fédération a été organisée à la demande du Comité de Vie
Franco-Américaine, le 18 avril 1959. Elle promet beaucoup pour favori-
ser le chant français au sein de nos populations. L'exécutif comprend:
MM. Philippe Armand Lajoie, président d'honneur, (îeorges Ayotte, pré-
sident, Albert E. Gingras, vice-président, Bruno Therrien, secrétaire-
trésorier, Hervé Lemieux, bibliothécaire et Laurier Sans Cartier, direc-
teur de la publicité. Le R.P. Armand Desautels, A.A., aumônier et M.
Gérald Robert, fondateur, est directeur à vie.
Congrès des Raquetteiirs: Le 36e congrès international des raquet-
teurs se déroulait à Montréal, du 29 au 31 janvier avec plus de 4,000 ra-
quetteurs présents. Le maire Sarto Fournier les accueillait. Le gouver-
neur Wesley Powell, du New Hampshire, était l'invité d'honneur.
Le défilé pittoresque avec flambeaux, la messe en l'églisie Notre-
Dame, la réception à l'hôtel Queens, le grand ralliement au parc
Dominion, le banquet à la Palestre, les courses au parc LaFontaine fu-
rent autant d'événements qui versèrent dans la métropole la gaité des
raquetteurs.
VIE FRANCO-AMERICAINE 99
Union des F.-A. du Connecticut: Le 23 octobre à Willimantic, l'U-
nion célébrait ses 75 ans avec messie, festival de la bonne chanson, ban-
quet sous la présidence de Roméo A. Gosselin. Les orateurs étaient le
maire Florimond Bergeron, Me Jean Marie Bachand, Albert Trothier,
Lauré B. Lussier, Gérald Robert et les abbés Paul Auclair et Léo Fi-
cher. Le 30 avril à Hartford, les compatriotes du Connecticut rendaient
hommage à M. Gosselin à l'occasion d'un grand banquet.
Association Médicale F,-A.: Le 2 novembre, à l'hôtel Kenmore, de
Boston, avait lieu son 22e congrès sous la présidence du docteur D. P.
Cyr avec le concours des docteurs A. H. Hamel, vice-président, Robert
Beaudoin, secrétaire et J. A. L'Heureux, trésorier. Des études furent
présentées par le docteur Albert Hamel: Les complications des cholécys-
tites" et le docteur Charles Brochu, radiologiste. Me Gérard 0. Berge-
vin étudiait "le problème croissant des poursuites médico-légales".
Ligue des Sociétés du Maine: La réunion annuelle se tenait le 27
novembre dans les salons de l'Institut Jacques Cartier, avec l'installation
des officiers. On procédait à la remise de plusieurs certificats de mérite.
Quatre sont nommés membres d'honneur: Me Fernand Despins, Adélard
Janelle, Albert Dumais et Jean Charles Boucher (posthume). L'exécutif
comprend Emile Lepage, président, Lionel Duchette, président honorai-
re, Antoine Jean et Ralph Bérubé, vice-présidents, J. C. Larochelle, se-
crétaire, Denis Michaud, trésorier. Au cours de l'année, la Ligue diri-
geait son concours d'épellation chez les écoliers et organisait le pro-
gramme de la fête patronale en plus d'accueillir le consul général de
France, M. le baron Charles de Pampelonne.
Fédération des Clubs du Massachusetts: Fondée en 1955 afin de fa-
ciliter le rapprochement des clubs sociaux de l'Etat, cette fédération
tenait son premier congrès les 10 et 11 septembre, au club Lafayette,
d'Amesbury, sous la présidence de François Xavier Therrien. Plus de
300 membres assistaient. La fédération compte un effectif de 21,000 so-
ciétaires. Le congrès fut sous la direction d'Edouard Talbot, maire de
Amesbury. Il y eut une messe en l'église du Sacré-Coeur avec grand ban-
quet. L'exécutif comprend: René Lamy (Fitchburg) président, Edmond
Morency (Beverly), vice-président, Philippe Drisdell (Medford), secré-
taire et Nelson Buotte (Lawrence), trésorier. Le prochain congrès aura
lieu à Lawrence.
Fédération des Sociétés de Worcester: Le 28e congrès avait lieu à
Leominster le 13 novembre sous la présidence de Robert F. Cormier.
Au banquet, Lauré B. Lussier était l'orateur. Le 26 juin la fédération
avait exécuté le programme de la fête patronale avec messe en l'église
St. Joseph et grand dîner au Bancroft. Le 9 janvier, à Leominster, elle
célébrait avec un brillant succès la traditionnelle "Fête des Rois".
Fédération Catholique F.-A. (FaH River): A sa réunion annuelle du
29 mars, la fédération élisait Albert Petit à la présidence, Mme Louis
Clapin, vice-présidente, Bernard Théroux, secrétaire, Mme Donat Blan-
chette, trésorière, Mme Joseph Nadeau, secrétaire. Mlle Rhéa Caron et
Philias Garant, présidents honoraires. La fédération préparait encore
100 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
le programme de la fête patronale qui fut un autre beau succès. Elle
rendait aussi hommage au journal "L'Indépendant" qui célébrait ses
75 ans.
Fédération des Damistes: La Fédération Canadienne et Américaine
des Damistes tenait son 29e congrès international du 3 au 5 septembre
à Biddeford, Maine, sous la présidence de George Houle (Manchester)
avec le concours de Albert Bertrand (Biddeford), John Letendre
(Manchester), Joseph Viger (Biddeford), Stanislas Lanoue (Central
Falls) et Théodore Corriveau (Manchester). Les réunions furent chaude-
ment disputées.
Ligue Civique Franco-Américaine: A sa réunion annuelle tenue à
l'hôtel Vendôme, de Boston, le 28 avril, la Ligue Civique Franco-Amé-
ricaine du Massachusetts étudiait plusieurs formules pour donner à son
essor une formule non partisane. M. Roland Desjardins (Fall River)
était réélu à la présidence, Joseph D. Saulnief, vice-président, Georges
L. Côté, secrétaire et Samuel Lagassé, trésorier.
Société des Francos du Mass-Ouest: Une tentative de fédération des
sociétés du Mass-Ouest, le 6 mars, au club Cartier, d'Adams réunissait
50 délégués. Des projets furent étudiés afin de donner suite à cette
initiative, sous la présidence de René Lesage.
Fédération Franco-Américaine du N. H.: A sa réunion annuelle, te-
nue dans les salons de l'ACA, le 7 février, cette fédération recevait les
rapports du Troisième Festival de la Bonne Chanson qui rapportait un
beau succès à Manchester. Le nouvel exécutif comprenait: Euclide Gil-
bert, président. Benjamin Lambert et Louis Martel, vice-présidents, Ar-
mand Verrette, secrétaire, Georges Charron, trésorier et les directeurs
Gérald Robert, Germain Lavallée, Claude Dupont, Paul Michaud, Ovila
Mondou, Lionel Caron et Georges Houle.
Alliance des Journaux F.-A.: Le 24 janvier, à leur réunion annuelle,
tenue à Boston, les membres de l'Alliance élisaient à la présidence, le
maire Roméo Boisvert, directeur du journal Le Messager. Il remplaçait
M. Théophile Martin. L'exécutif comprend encore Euclide Gilbert, vice-
président, Joseph Fontaine, M.S., secrétaire et Gérard Raymond, tréso-
rier.
Au cours de l'année, soit le 27 mars, L'Indépendant, quotidien de
Fall River, célébrait ses 75 ans. Le Comité de Vie Franco-Américaine et
tous les organismes franco-américains furent unanimes à adresser à ce
vaillant quotidien les meilleures hommages et souhaits de persévéran-
ce. La vie est dure pour notre presse.
Paroisse Ste Rose de Lima (Aldenville): Fondée le 8 décembre 1909
par l'abbé Joseph Fredette, cette paroisse célébrait son cinquantenaire
le 8 mai sous la direction de son curé, l'abbé Armand Sylvain. Une mes-
se pontificale et une grande soirée réunissaient nombre de paroissiens.
Paroisse Ste-Anne (Lisbon, Maine): Le 29 mai, cette paroisse célé-
brait ses 75 ans par des fêtes splendides. Messe pontificale, banquet et
soirée.
VIE FRANCO-AMERICAINE 101
Paroisse Ste-Famille (Lewiston): Mgr Vital Nonorgue qui fondait
cette paroisse en novembre 1923 avait la joie avec son peuple d'assister
à la bénédiction de son église le 30 mai.
Caisses Populaires: Une autre année de progrès couronnait le cin-
quantenaire de la Caisse Populaire Ste-Marie (Manchester), fondée par
Alphonse Des jardins à la demande de Mgr Pierre Hévey en 1909. Des
journées de réception soulignaient l'anniversaire et les actionnaires
recevaient un dividende spécial. L'aînée des caisses aux Etats-Unis, la
Caisse Ste-Marie compte un actif de près de $9 millions. La Caisse L'An-
ge Gardien (Berlin, N. H.) atteint presque $4 millions. Celle de la pa-
roisse Ste-Famille (Lewiston) avait un actif de $1,246,193.00. Il en est de
même du progrès de la trentaine de nos caisses populaires dont l'actif
dépasse certainement $60 millions cette année.
XV
Festivals et Concours
Festival de la Bonne Chanson (Manchester): Le Troisième Festival
de la Bonne Chanson organisé par La Fédération Franco-Américaine du
New Hampshire fut un brillant succès. L'événement avait lieu dans la
salle des Arts Pratiques, samedi soir le 23 avril. Sept chorales se dispu-
taient le trophée et les élèves de l'école St. Georges remportaient la
palme. Les juges étaient les professeurs Laurent Sans Cartier, Hervé
Lemieux et Paul Emile Beaulieu. Les autres chorales au programme
étaient celles des écoles Ste Thérèse, St. Antoine, St. Augustin, St. Ed-
mond, Ste Marie et St. Jean-Baptiste, de Suncook.
Académie Sainte Anne (Marlborough) "Journée Française". Le sep-
tième petit congrès français de cette académie prenait un aspect diffé-
rent cette année sous la forme d'un concert-spectacle, le 3 avril, au mi-
lieu d'une belle assistance. Mlle Pauline Cloutier souhaitait la bienve-
nue, la chorale chantait "Les Filles de la Rochelle". Deux comédies sui-
virent: "L'argent ne fait pas le bonheur" et "Une visite manquée". On y
ajoutait le chant: "Franco-Américains", l'Obéissance et Valentine, danse
ballet.
Société des Concours (Fall River): Le 34e concours de français de
cette très méritante société, unique dans nos annales, se terminait avec
succès, dimanche soir, le 15 mai en l'auditorium Ste-Anne, sous la pré-
sidence de Bernard Théroux. Les épreuves préliminaires avaient été
soutenues comme d'habitude. De nombreux bienfaiteurs se joignaient
au dévouement des directeurs. Les lauréats étaient proclamés dans l'or-
dre suivant: Lorraine Yokel (Ste-Anne), Denise Gélinas (Notre Dame),
Jeanne Lévesque (Ste-Anne), Viviane Larocque (St. Sacrement), Jean-
nette Robidoux (Notre Dame), Jeanne Robidoux (Notre Dame), Annette
Côté (St. Sacrement) et Marc Mancini (Ste Anne). De nombreuses cita-
tions pour l'épellation et autres aspects du concours démontraient l'in-
térêt de nos écoles à cet effort très louable dans l'intérêt du français
chez nos enfants. Ces concours devraient exister dans toutes nos régions.
Concours des Artisans: Le 10e concours organisé par la Société des
Artisans a obtenu un autre succès en Nouvelle-Angleterre. Le sujet était
proposé aux écoliers comme suit: "Ce que je dois à mes parents". Un
concours d'élimination était établi dans les différentes régions en vue
d'octroyer des récompenses aux lauréats. Des centaines de prix furent
distribués. C'est encore un bel et fructueux effort pour favoriser l'a-
mour du français chez nos enfants.
Concours de la Ligue des Sociétés (Maine): Elle tenait son concours
d'épellation sous la direction de Denis Michaud, à l'hôtel de ville à
Lewiston. Vingt-cinq écoles paroissiales participaient. Les heureux lau-
réats furent proclamés le 22 juin.
XVI
Généalogie
Depuis sa fondation la Société Généalogique Canadienne-Française
a donné un magnifique essor, de chaque côté de la frontière, à l'étude
de la généalogie. Elle publiait au cours de l'année son Xle volume de
"Mémoires" et terminait en décembre son XlIIe volume de sa pubUca-
lion "Le Mois Généalogique", qui, désormais sera absorbé par la publi-
cation mensuelle des Mémoires. Le sixième congrès de la société déplo-
rait la mort de son grand animateur, le R.P. Archange Godbout, o.f jn.
Le congrès avait lieu à Québec du 8 au 10 octobre. La société compte
près de 1,400 membres et ses publications reproduisent à peu près tout
ce qui se fait dans le domaine de la généalogie.
Plusieurs membres sont franco-américains et bénéficient du travail
et des recherches. Notre bulletin tient seulement à souligner les cente-
naires qui donnent lieu aux grandes réunions des familles dans le Qué-
bec et qui naturellement attirent de nombreux compatriotes dont les
sources viennent du Québec.
Familles Biron: En juillet, plus de 500 descendants de Zéphirin
Biron se réunissaient à St. Léonard-d'Ashton pour l'organisation des fa-
milles Biron.
Familles Juneau: Le 31 juillet, au Cap-de-la^Madeleine, plus de 600
représentants des familles Juneau d'Amérique se rassemblaient pour
célébrer le tricentenaire du premier Juneau au Canada. On se rendait à
la maison ancestrale à Champlain.
Familles Gingras: A St- Augustin, près Québec, des représentants
des 2,000 familles Gingras en Amérique se réunissaient le 19 juin, sur la
terre ancestrale, encore occupée par un Gingras, Rosario. Sébastien et
Charles Gingras s'établissaient dans le Québec. La génération du pre-
mier s'éteignit après la deuxième génération. Charles est donc l'ancêtre,
né à St. Michel-le-Clouq en 1641 pour s'installer à St-Augustin en 1671.
Les familles Gingras se réuniront en 1965 pour célébrer le tricentenaire
de son mariage.
Familles Paradis: C'est à Beauport, le 14 août, que les membres des
familles Paradis sont invités pour honorer leur ancêtre Pierre Para-
dis. Ils se rendaient ensuite à Saint-Pierre, Ile d'Orléans, sur la terre de
M. Alexandre Paradis où décédait l'ancêtre. On y dévoilait un monu-
ment commémoratif.
Familles St. Pierre: Pierre de St-Pierre, ou Pierre Dessaint dit St-
Pierre est né à Rouen en 1643. 11 épousait à Ste-Famille, Ile d'Orléans,
Marie Gerber pour devenir l'ancêtre de toutes les familles St. Pierre
en Amérique. Le tricentenaire de son arrivée au Canada sera célébré
en 1964.
XVII
Echos des Sociétés
Société St. Jean-Baptiste (Montréal): Au mois de janvier cette so-
ciété décernait son Prix Duvernay à M. Victor Barbeau, président de
l'Académie Canadienne Française, pour l'ensemble de ses oeuvres. C'é-
tait la 15e attribution.
Société Historique (Montréal): Sous la présidence de M. Ubald Beau-
dry, la société célébrait la fête traditionnelle de la fondation de Montré-
al, le 15 mai, avec messe en l'église Notre-Dame et cérémonie à la Place
d'Armes au pied du monument des fondateurs de Ville-Marie.
La réunion générale a lieu le 27 janvier avec rapports et élection.
La société est heureuse de recevoir M. le chanoine Lionel Groulx le 29
avril, qui apporte un témoignage réconfortant à l'occasion du tricente-
naire de l'Exploit de Dollard des Ormeaux: "Dollard est-il un mythe?"
La réunion du 26 octobre fut très intéressante avec plusieurs commu-
nications.
Société Royale du Canada: A l'occasion de son congrès à Montréal
au début de juin, sous la présidence de M. M.-Y. Williams, la société dé-
corait plusieurs canadiens dont le Dr C. P. Leblond (Médaille Flavelle),
Gérard Malchelosse (Médaille Pierre Chauveau) et Guy Frégault (Mé-
daille Tyrrell).
L'ACELF: L'Association Canadienne des Educateurs de Langue
française tenait son 13e congrès à Rimouski du 16 au 19 août. Ce fut
peut-être le plus pratique de ses congrès. Elle avait pour thème "Le
Parler Français". Fondée à Ottawa en 1948 par le Conseil de la Vie
Française, cette association est peu-être le geste sauveur qui vint à son
heure pour intéresser tous les éducateurs à l'amélioration de notre
parler. Ce thème avait d'ailleurs été fortement proposé par le 3e congrès
de la Langue française à Québec en 1952. Le congrès de Rimouski en
affirmait un premier aboutissement. A moins qu'il ne se produise un
miracle psychologique chez notre peuple dans tous les secteurs, notre
parler est bien exposé à languir dans une certaine médiocrité. Le Con-
grès de Rimouski avec ces séances sérieuses sous la présidence de M.
Roland Vinet, s'est attaqué à la tâche. On alla jusqu'à préconiser "La
qualité de la langue parlée doit devenir une condition de l'obtention des
diplômes". Enfin, le Québec se rendait compte de cette nécessité qui
peut paraître primaire mais qui en définitive rendra d'immenses ser-
vices à notre langue. Autres temps autres moeurs. S'il faut lutter con-
tre l'inertie ou contre les infiltrations étrangères, il reste que le jour
que la famille française en Amérique aura compris l'importance d'un
parler élevé, nos espoirs de persévérance seront centuplées, avec chance
de réussite.
ACBLF: Le congrès international des bibliothécaires tenu à Mont-
réal coïncidait avec le 79e congrès de l' American Library Association
du 18 au 25 juin. Ce congrès tenait la vedette avec le thème "Suppres-
sion des barrières." L'Association Canadienne des Bibliothécaires de
ECHOS DES SOCIETES 105
Langue Française participait à ces grandes assises mais elle tenait
quand même son 16e congrès annuel à Joliette en octobre. Elle publiait
le sixième volume de son bulletin.
Société Généalogique C.-F.: Du 8 au 10 octobre, le sixième congrès
était présidé à Québec par M. Irénée Daigle. On rendait hommage à la
mémoire du fondateur de la société, le R.P. Archange Godbout, o.f.m.,
décédé le 23 mai. A ce congrès on discutait aussi l'importance des asso-
ciations de famille. Dans les Mémoires, M. Daigle publiait un relevé in-
téressant de ces associations de familles.
Institut d'Histoire de l'Amérique Française: Sa réunion générale
avait lieu le 23 avril sous la présidence du chanoine Lionel Groulx, à
Outrement, à l'Externat Saint-Viateur. Le maire Sarto Fournier rece-
vait les membres à dîner à l'hôtel Queens. En réitérant sa confiance dans
l'oeuvre et malgré le désintéressement inquiétant de la jeune généra-
tion, le président déclarait: "le pessimisme amer n'est pas une nourri-
ture pour les peuples jeunes, pas plus que les fruits verts pour les jeu-
nes estomacs ... En notre pays, l'histoire aura toujours son heure
pour de grands et longs services". L'Institut continuait la publication
de sa revue dans son XlVe volume.
Société des Dix (Montréal): Fondée en 1935, la Société des Dix célé-
brait ses 25 ans au mois de septembre. Le maire Sarto Fournier les re-
cevait à un dîner au Cercle Universitaire. Les recueils annuels publiés
par la société en disent suffisamment pour adresser aux membres un
hommage empressé et souhaiter la persévérance à cet organisme, qui,
depuis 25 ans met en relief avec honneur et science l'histoire de Mont-
réal depuis sa fondation.
Société du Bon Parler Français (Montréal): Elle tenait son 25e gala,
le mardi 24 mai au théâtre St. Denis à Montréal pour réunir des milliers
d'admirateurs sous la présidence d'honneur de S.E. l'honorable Onésime
Gagnon, lieutenant-gouverneur de la province de Québec. Comme tou-
jours le programme fut exquis. M. Trefflé Boulanger, président, dans
une vibrante allocution apportait le message de la société. On applau-
dissait ensuite l'exécution de poèmes, de chants, de ballets et de comé-
die. La société avait dirigé, au cours de l'année, une enquête sur notre
parler français en Amérique.
Société Historique de Québec: La société consacrait son 12e cahier
à "L'Exploit du Long Sault", à l'occasion du tricentenaire de cet événe-
ment historique. Le premier dossier complet publié sur le geste de Dol-
lard des Oraieaux. Le R.P. Adrien Pouliot, s.j., et Sylvio Dumas en
étaient les auteurs. Ce véritable document contribuera sans doute à faire
pâlir les élucubrations de ces prétendus spécialistes qui aiment toujours
à défaire le passé qui a fait le bonheur et la gloire de notre peuple.
XVIII
Nécrologie
Armand-Lionel Bonvouloir, 1900-1960 (North Adams). Mutualiste
et banquier, né le 20 mai 1900 à North Adams, fils de Ephrem et de Ma-
rie Descoteaux. Trésorier de la ville, gérant de la Hoosaac Savings en
1936 il devenait trésorier général de l'Union St. Jean-Baptiste d'Améri-
que, puis conseiller. Décédé le 9 mai.
Sénateur Jean-Charles Boucher (Lewiston), 1894-1960. Une intéres-
sante figure du Maine franco-américain disparaissait subitement de la
scène le 23 mars, au lendemain de sa présence toujours appréciée au
Comité de Vie Franco-Américaine à Boston, alors qu'il revenait d'un
repos en Floride qui apparemment lui avait redonné une excellente
santé.
Né le 30 juin 1894 à la Rivière-Ouelle, Québec, il venait très jeune
s'établir avec sa famille à Lewiston, soit le 19 avril 1900. Jeune hom-
me, il entre de plein pied dans la vie franco-américaine qu'il servira
toujours avec un coeur impulsif mais profondément sincère, honnête
et dévoué.
Il consacre sa vie à la construction et réussit à établir une firme
prospère qui commande des entreprises imposantes. La politique l'at-
tire et il en devient un fervent pour occuper divers postes, échevin,
président du conseil et maire de sa ville. Il est élu représentant puis
sénateur du Maine pour devenir chef de son parti "démocrate" qu'il ne
manque jamais de porter aux nues. Les années de services lui confèrent
le titre de doyen des législateurs du Maine. 11 est toujours à bonne en-
seigne et n'oublie jamais l'avancement des siens. Il venait d'être nom-
mé membre du bureau des finances de Lewiston pour un terme de cinq
ans.
Les oeuvres franco-américaines retiennent la meilleure part de son
zèle. Depuis plus de 40 ans, il accorde son concours à de nombreuses
entreprises. Doyen de la Ligue des Sociétés, fondateur des Vigilants
et du Richelieu-Lewiston, du club Le Montagnard, il était aussi mutua-
liste et depuis pluiseurs années, vice-président de l'Association Canado-
Américaine, vice-président du Comité de Vie Franco-Américaine et di-
recteur de la Société Historique Franco-Américaine.
Il avait été président fondateur du Crédit-Union Ste-Famille, pré-
sident de la Ligue du Sain Nom de Jésus et Chevalier du Bon parler
français. Il avait largement contribué à la participation du Maine au
Congrès de la Langue Française en 1952. On ne pouvait pas être plus
franco-américain que Jean Charles Boucher et cela dans la meilleure
veine. En somme il apporta à nos oeuvres un précieux dévouement. Sa
perte est lourde et il laisse un souvenir enviable au milieu des siens.
Abbé Joseph O. Boucher, 1896-1960 (Everett, Mass). Né à Salem le
7 mars 1896. Ordonné le 25 mai 1922. Curé du Christ-Roi, de Hudson et
de St. Joseph d'Everett depuis 1944. Décédé le 3 juin.
NECROLOGIE 107
Honoré Boulé, 1884-1960 (Fall River). Né à Fall River, le 28 octo-
bre 1884, fils d'Anthime Boulé et d'Hei'mine Labossière. Il avait fondé
la chaîne des épiceries Letendre et Boulé. Compatriote intéressé à nos
oeuvres. Décédé le 3 mai à l'âge de 75 ans.
Abbé Joseph O. Casavant, 1874-1960 (Augusta, Maine). Né le 17
mars 1874 à St. Ours, Québec, il étudia à St. Hyacinthe et à Boston pour
être ordonné le 18 décembre 1896 par Mgr Williams. Curé de Notre
Dame, de Springvale en 1902, puis en 1919 il devient curé de la paroisse
St. Augustin à Augusta. Il y demeura jusqu'à son décès le 16 décembre à
l'âge de 87 ans. L'abbé Casavant était très à son poste, possédant un ca-
ractère particulier. Il avait la réputation en Nouvelle Angleterre d'a-
voir eu le plus grand nombre de vicaires. Durant 41 ans, il dirigea sa
paroisse d'une main solide. Il était pieux et très impulsif mais les an-
nées lui avaient conféré un droit à l'admiration que son peuple lui pro-
diguait.
Abbé John I. Chagnon, 1905-1960 (Springfield). Né à Holyoke en
1905 et ordonné le 21 mai 1932. Directeur du journal diocésain "The
Catholic Observer". Décédé le 11 août.
Abbé Albert Charette, 1898-1960 (Saco, Manei). Né à Fort Kent,
Me., le 25 décembre 1898. Ordonné le 25 juin 1925. Curé fondateur de la
paroisse St. Gérard, de Grand Isle, et curé de Notre-Dame de Lourdes,
de Saco où il décède le 7 janvier âgé de 61 ans.
Abbé François Xavier Chicoine, 1890-1960 (Wauregan). Né à
Danielson le 10 décembre 1890. Ordonné le 21 mai 1921. Curé du Sa-
cré-Ooeur, de Wauregan depuis 1940. Décédé le 14 septembre.
Abbé Albert G. Cyr, 1897-1960 (Caribou, Maine). Né le 14 juillet
1897 à St. David, Me. Etudes à Lévis et Montréal. Ordonné le 29 mai
1926. Curé de Caribou depuis 1946. Décédé le 19 novembre 1959 âgé
de 62 ans.
Mgr Sylvie Desautels, D.C.L., P.D., 1888-1960 (Chicopee, Mass). Né
le 8 mars 1888 à St. Rémi de Napierville, fils d'Ernest et d'Angélina
Dumontet, après ses études à Nicolet et à Rochester, il était ordonné
le 13 juillet 1913. Curé de St. Antoine, Worcester, 1929, il dirigeait la
paroisse St. Georges de Chicopee depuis 1937. Décédé le 18 octobre à
l'âge de 72 ans. Il avait reçu la prélature en 1955. Consulteur diocé-
sain, il avait obtenu son doctorat à Rome. Homme très cultivé et de
commerce agréable il avait bien dirigé ses oeuvres.
Arthur L. Desmarais, 1883-1960 (Suncook, N. H.). Né à St. François
du Lac. Ancien commerçant et citoyen très respecté. Ami de nos oeu-
vres, décédé le 25 juin à l'âge de 77 ans.
Abbé Gilbert A. Dubé, 1902-1960 (Old Town, Me). Né le 19 septem-
bre 1902 à risle Verte, Québec. Etudes à St. Hyacinthe et à Montréal.
Ordonné le 26 mai 1929. Curé de Hamlin en 1938 et à St. Joseph, de
Old Town depuis 1958. Décédé le 16 janvier à l'âge de 57 ans.
Abbé Philippe J. A. Dubé, 1878-1960 (Upper Frenchville). Né le 18
octobre 1878 à St. Louis, comté de Kamouraska. Ordonné le 28 août
108 BULLETIN DE Lx'i SOCIETE HISTORIQUE
1908. Curé de la paroisse de St. Luce, de Upper Frenchville il prenait
sa retraite en 1954. Décédé le 24 janvier à Joliette âgé de 81 ans.
Roméo J. Dufour, 1909-1960 (Fall River). Né en 1909, fils de Phili-
bert. Professeur depuis nombre d'années à l'école Durfee High, il é-
tait aussi très actif au sein de nos oeuvres. Paroissien dévoué de St.
Mathieu il était président du Richelieu-Fall River. Membre de la So-
ciété Historique il déployait un vif intérêt à la vie franco-américaine.
L'Indépendant lui rendait un vibrant hommage. Décédé le 16 novembre
à l'âge de 51 ans.
Wilfrid L. Dulac, 1892-1960 (Lewiston). Né à St. Ephrem de Beauce,
fils de Joseph et de Lumina Vallée. Dans les affaires et soutien de nos
oeuvres. Décédé le 17 avril.
Abbé Henri-Joseph Foucault, 1893-1960 (Williamai^ett). Né à Cen-
tral Falls le 28 septembre 1893, fils de Majorique et d'Alphonsine La-
plante, U avait étudié aux Trois Rivières, à l'Assomption et à Baltimore
pour être ordonné le 29 mai 1920 à Manchester. Il devient curé de St.
Louis, West Springfield, St. Jean Baptiste, Ludlow et à la Nativité de
Willimansett en 1953. Grand sportif chez les jeunes son zèle ne dépasse
jamais les cadres des paroisses qu'il dirigea. Décédé le 9 octobre à l'â-
ge de 67 ans.
Abbé Pierre-Henri Gauthier, 1883-1960 (Holyoke). Né à Manchaug
le 4 mai 1883, fils de Joseph et de Georgianna Pothier. Il étudie à Lé-
vis et à Roch ester. Ordonné en mai 1908, il connaîtra les renoncements
de la première guerre mondiale et en revient avec le titre de capitaine.
Curé à North Adams en 1925, à Chicopee en 1933 et à Notre Dame du
Perpétuel Secours à Holyoke en 1938 où il accomplit une oeuvre ma-
gnifique. Aumônier diocésain de l'Union St. Jean-Baptiste d'Amérique,
vice-président d'honneur du Comité de Vie Franco-Américaine et mem-
bre dévoué de la Société Historique on le voit partout, très intéressé au
rayonement de nos oeuvres. Il se fera le fondateur et l'animateur du
Richelieu Springfield-Holyoke. Il décède subitement le 18 octobre à
l'âge de 77 ans.
Ses paroissiens et ses compatriotes avaient participé avec joie à
ses fêtes jubilaires en 1958. L'abbé Gauthier était une belle pièce d'hom-
me, artiste, musicien et dilletante il savait donner du ton à toutes ses
entreprises. Ses oeu\Tes en portaient la marque et sa paroisse lui doit
un beau rayonnement. Il était de nos entreprises avec sa générosité et
sa présence. L'ouest du Massachusetts perdait en lui un grand et sin-
cère serviteur qui ne manqua pas de courage en certaines circonstan-
ces. Le Conseil de la Vie Française en Amérique lui avait décerné les
honneurs d'Officier de l'Ordre de la Fidélité Française. Il en était bien
digne.
Florido Gélinas, 1894-1960(Manchester) Tailleur de père en fils, il
était le fils de J. O. Gélinas, personnalité bien connue à Manchester. Né
à St. Hélie, Québec en 1894, il avait été un fervent de la raquette com-
me fondateur du club Lafayette. Décédé le 19 août.
NECROLOGIE 109
Joseph N. Gendreau, 1876-1960 (Fall River). Né à St. Thomas de
Montmagny, fils de Louis et de Marguerite Fortier. En affaires prospè-
res depuis 50 ans et très généreux pour nos oeuvres. Décédé le 24 no-
vembre.
Dr. Henri-Lionel Girard, 1906-1960 (Manchester). Médecin chirur-
gien, il était né en cette ville le 28 juillet 1906, fils de Severin Girard et
dAdéline Houle. Pharmacien, il étudie à l'Université Georgetown pour
être admis dans le New Hampshire en 1938. Ancien président de l'As-
sociation Médicale Franco- Américaine. Décédé le 17 juQlet.
Abbé Maurice Halde, 1904-1960 (Manchester). Né le 21 avril 1904.
Etudes à St. Hyacinthe, à Sherbrooke et à Montréal où il est ordonné
le 30 juin 1931. Nommé curé de Ste-Marie, de Hillsboro en 1950, il avait
prise sa retraite pour cause de santé. Décédé le 3 novembre à Salina,
Californie.
Abbé Raymond Hamel, 1916-1960, (Fall River). Né à Fall River le
29 septembre 1916 et ordonné le 27 novembre 1943, il était aumônier à
l'orphelinat St. Joseph au moment de son décès le 25 juin.
Dr Adélard J. Harpin, 1879-1960 (Worcester). Il s'était créé une en-
viable réputation de virtuose avec sa riche voix de basse-chantante. Né
le 12 juin 1879 à Worcester, fils d'Auguste et d'Elexina Perrault, il était
dentiste de profession. Maître de chapelle à Notre Dame des Canadiens
à Worcester durant plus de 25 ans, il avait dirigé plusieurs chorales et
concerts pour recevoir les plus grands éloges. Il fut l'une de nos belles
voix franco-américaines. Fondateur du club Harmonie, il aimait nos ré-
unions. L'âge l'avait invité à la retraite, c'est le sort que réserve à ceux
que la vieillesse respecte. Le docteur fut l'un de nos magnifiques virtu-
oses. Il décédait en décembre à l'âge de 84 ans.
Dr Fernand J. Hémond, 1903-1960 (W. Warwick). Né à Woonsocket,
le 13 avril, fils de Phydime Hémond, journaliste d'illustre mémoire, a-
près ses études à Laval, il s'établissait à W. Warwick en 1932. Ancien
président de l'Association Médicale Franco-Américaine, président fon-
dateur du club Frontenac il avait été un ardent de l'oeuvre des retraites
fermées dans le Rhode Island. Décédé le 1er mars à l'âge de 56 ans.
Abbé Adélard Jalbert, 1893-1960 (Bridgeport). Né le 4 décembre
1893 à New Haven et ordonné le 21 décembre 1918. Curé de St. An-
toine, de Bridgeport depuis 1932. Décédé le 21 juillet.
Me Wilfrid Laflamme, 1898-1960 (Manchester). Né en cette ville le
27 octobre 1898, il avait fréquenté le Séminaire de St. Hyacinthe et la
Boston University pour être admis au barreau du New Hampshire. Il
avait été président de la commission des finances de la ville avant d'ê-
tre élu maire de Manchester en 1941. Il avait aussi présidé le Cercle
Ste-Marie, le club Joliet et le Cercle National. Décédé le 8 novembre.
Arthur J. Lalonde, 1878-1960 (Cohoes, N. Y.). Né le 29 août 1878
à Belle Rivière. Négociant à Cohoes depuis plusieurs années et ancien
conseiller général de l'Union. Décédé le 17 mai âgé de 81 an§,
110 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Dr Eugène L. Langelier, 1882-1960 (Lewiston). Né le 15 juillet 1882
à St. Hyacinthe. Etudes médicales à Montréal il s'établit à Lewiston où
il pratiqua pendant plus de 40 ans avec une excellente réputation. Il
prenait sa retraite en 1950. Décédé le 3 juin.
Abbé Raymond Langlois, 1902-1960, (Manchester). Né à Nashua en
1902, il avait été ordonné le 16 juin 1928. Curé fondateur de la parois-
se St. Pierre, Auburn, N. H., il avait accepté la paroisse du St. Rosaire,
Hooksett à cause de maladie. Décédé le 23 février à l'âge de 58 ans.
Dr Evariste Larivière, 1888-1960. Né à Manville, le 11 avril 1888.
Diplômé de Georgetown pour s'établir à New Bedford. Décédé le 13
mars âgé de 71 ans.
Albert E. Laurion, 1882-1960 (Taftville). Né à L'Epiphanie le 18 no-
vembre 1882. Ami de nos oeuvres et père des abbés Ubald J. Laurion et
Henri E. Laurion tous deux curés dans le diocèse de Norwich. Décédé
le 2 avril âgé de 78 ans.
Emilien Lecomte, o.m.i., 1908-1960 (Lowell). Né à St. Camille, Qué-
bec en 1908. Ordonné en 1932, il avait été professeur de théologie et
prédicateur de retraites fermées. Décédé en mars.
Abbé Alfred Lévesque, 1880-1960 (Taunton). Né à St-Octave-de-Mé-
tis, comté de Matane, le 13 février 1880, fils de Jean Baptiste Lévesque
et de Calixie Fortin. Etudes aux séminaires de Rimouski et de Montréal
où il est ordonné le 27 décembre 1906. Curé de Dodgeville dans le dio-
cèse de Fall River, en 1821 et à St. Jacques, de Taunton en 1931. Il pre^
nait sa retraite en 1949 à cause de maladie. Décédé le 28 mars à l'âge
de 80 ans.
J. Normand Marcotte, S.M. (Boston). Originaire de Haverhill et or-
donné en 1939. Il était curé de la paroisse Notre Dame des Victoires à
Boston. Décédé le 16 mars.
Dr Joseph-Euclide Mercier, 1875-1960, (Fall River). Une attachante
et vénérable personnalité franco-américaine qui disparaissait le 17 oc-
tobre à Fall River à l'âge de 85 ans. Il avait bien servi les siens.
Né le 17 septembre 1875 à Grâce Field, comté de Pontiac, Québec,
fils d'Anasthase Mercier et d'Arthémise Laforce, il devenait orphelin à
l'âge de 7 ans. Il entre au séminaire de Saint Hyacinthe et en 1893 il
émigré aux Etats-Unis. Il se dirige aux universités du Vermont et du
Maryland pour ses études médicales. Admis à la pratique le 15 novem-
bre 1899 il se fixe définitivement à Fall River.
Véritable type du médecin de famille, sympathique, charitable et
dévoué à toute heure, il devient le confident de milliers de familles qui
le consultent. Examinateur des écoles de la ville durant 36 ans, mem-
bre du personnel de l'hôpital Ste-Anne, la société médicale de Fall
River célébrait son cinquantenaire de pratique qu'il prolongea encore
plusieurs années.
Le docteur Mercier fut passionnément intéressé au progrès de ses
compatriotes. A Fall River, il était l'un des plus solides appuis de nos
NECROLOGIE 111
oeuvres. Il n'eut jamais à interpréter le sens véritable de ses convic-
tions. Droit comme l'épée du roi et sincère dans tous ses actes, il était
l'honneur des siens.
C'est en 1928 qu'il devient le fondateur de la Société des Concours
de Français pour sa ville, une oeuvre qui fonctionne toujours, unique
dans sa conception et profitable à nos écoliers depuis bientôt 35 ans.
Ancien président du club Calumet et officier de la Fédération des
Sociétés de Fall River, fondateur de la paroisse du St. Sacrement dont
il était l'un des fermes appuis, la Société Historique le comptait au
nombre de ses membres distingués. Il avait été directeur de l'Associa-
tion Canado-Américaine durant plusieurs années et en était l'un des
vice-présidents honoraires. La France lui avait remis sa "Médaille de la
Reconnaissance" en 1948 et le Comité de Vie Franco-Américaine le pro-
clamait le premier officier de son Ordre du Mérite Franco-Américain
en juin 1954. ;
La vie du docteur Mercier est un bel exemple de fidélité et de dé-
vouement à notre idéal franco-américain et lui donne droit à la recon-
naissance de tous les siens.
Me Joseph Monette, 1869-1960 (Lawrence), Né à St. Martin, comté
de Laval, le 11 décembre 1869, après ses études à Harvard, il est admis
au barreau en 1899. Il s'établit à Lawrence. Troisième président de la
Société Historique en 1904. Décédé le 7 juillet à l'âge de 90 ans.
Abbé Jean F. Morin, 1886-1960. (Mancester). Né à Gonic, N. H., le 28
juin 1886, fils de Lévis et Delphine Proulx. Etudes à Montréal et à Qué-
bec. Ordonné le 10 mai 1914. Curé de Sanbornville, de Ste-Anne à Berlin
et de St. Georges, à Manchester. Décédé le 18 janvier à l'âge de 73 ans.
J. Valmore Normandin, 1894-1960 (Providence). Né à Woonsocket
le 15 janvier 1894. Dans les affaires, il était conseiller général de l'Union
depuis 1948. Décédé le 21 octobre.
Léopold J. Paradis, 1899-1960 (Willimantic). Né le 19 décembre en
1899 à Adams, Mass. Surintendant fonctionnaire de sa ville. Décédé le
27 juin.
Wilfrid Patenaud, 1893-1960 (Augusta). Né en cette ville le 18 mars
1893. Maître de Chapelle de la paroisse St. Augustin et homme d'affai-
res, il était le père de trois prêtres. Décédé le 13 avril.
Aimé Pelletier, 1897-1960 (Fall River). Né en cette ville, fils de
Charles Pelletier et de Marie Fiola. Ancien combattant de la 1ère guer-
re, il était entrepreneur en affaires. Décédé le 24 mars.
Dr Emery Pelletier, 1892-1960 (Providence). Né à Manville le 30
avril 1892. Etudes à l'université Brown et diplômé de l'université de
Montréal, il s'établissait à Providence en 1929. Décédé le 8 août.
Hemin Perennes, S.M., 1876-1960 (Boston). Né en 1876 en Bretagne.
Ordonné le 16 juin 1899. Ancien curé de Notre Dame des Victoires à
Boston. Décédé le 24 juin.
112 BULLETIN' DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Dr Albert E. Perron, 1884-1960 (Fall River). Né le 12 juin 1884 en
cette ville, fils d'Alexandre Perron et de Rose-Anne Giguère. Président
du personnel de l'hôpital Ste-Anne. Décédé le 10 octobre à l'âge de 76
ans. Il avait exercé sa profession durant 53 ans. Médecin très estimé.
Louis P. Pinette, 1906-1960 (Lewiston). Né à Fort Kent le 4 fé-
vrier 1906 fils de Paul et de Lila St. Claire. Très entreprenant il se
fixe à Lewiston. Il devient commissaire de la Police et dirige un com-
merce. Décédé le 25 mai.
Adrien Pinsince, 1890-1960. Né à Biddeford, Maine, il dirigeait une
entreprise de restaurant depuis plusieurs années et avait fondé la
Granité State Restaurant Association. Décédé le 28 janvier.
Edmond M. Poitevin, 1866-1960 (Boston). Né à Ottawa le 15 avril
1866 et agent publicitaire il était le dernier survivant du premier bu-
reau de l'Union St. Jean-Baptiste. Décédé le 18 août à l'âge de 94 ans.
Dr Henri E. Pratte, 1879-1960. (Warren). Né à Fall River le 2 mars
1879. Il pratiqua l'art dentaire à Warren. Décédé le 10 avril.
Dr Bernard S. Roulier, 1904-1960. Né à Salem le 20 juillet 1904, il
était dentiste en cette localité. Décédé le 11 juillet.
Dr Florian G. Ruest, 1898-1860 (Providence). Né le 18 décembre
1898 à Providence. Etudes médicales à Harvard il s'établit à Providence
en 1926. Directeur de la Division du Contrôle de la tuberculose dans
le Rhode Island. Décédé le 3 juin.
Abbé William J. Smith, 1893-1960 (Taunton, Mass). Né à Fall River
en 1893, fils de Louis Smith et d'Ozias Goyette, après ses études à l'As-
somption, à Baltimore et à l'Université Catholique de "Washington, il
est ordonné le 20 mai à Baltimore par le Cardinal Gibbons. Curé du St
Rosaire à New Bedford en 1939, à St. Etienne, de Dodgeville en 1942
puis à St. Jacques, de Taunton où il construit l'église. Décédé le 17 juil-
let à l'âge de 67 ans. Excellent prêtre et bon franco-américain, l'abbé
Smith ne s'intéressa jamais aux oeuvres qui dépassaient les cadres de
sa paroisse. Il était rarement vu à l'extérieur mais toujours au poste.
Très bon administrateur il donna à ses oeuvres une belle allure.
Philias St. Denis, 1880-1960 (Fall River). Né en cette ville, le 4 août
1880, fils de Joseph St. Denis et de Mélanie Méthée, il décédait le 20
juin à l'âge de 80 ans. Dans le monde des affaires, il avait occupé une
situation prospère. Directeur de la Caisse Ste-Anne il était aussi socié-
taire de nos oeuvres.
Me Arthur Surprenant. 1886-1960 (Woonsocket). Né à Southbridge,
après ses études au Boston Collège et à Harvard, il pratique à Central
Falls, à New York, à Montréal et à Paris pour se donner une réputation
de juriste de haute réputation. Décédé le 21 septembre à l'âge de 73
ans.
Dr Alfred Vachon, 1923-1960 (Lewiston). Né en cette ville le 18 oc-
tobre 1923, fils d'Alfred et d'Alice Morrissette. Optométriste de profes-
sion et décédé tout jeune le 6 juin à l'âge de 36 ans.
NECROLOGIE 113
Gédéon Vallée, 1877-1960 (Lewiston). Le 30 mai s'éteignait sans
bruit dans une cellule d'hôpital un vieillard presque oublié de 82 ans.
Il avait cependant participer activement à nos oeuvres pendant plus de
50 ans. Né le 10 octobre 1877 à St. Frédéric, comté de la Beauce, il avait
été dans les affaires, représentant du journal "La Presse" et manufac-
turier. Commissaire du comté d'Androscoggin, il avait détenu le poste
de conseiller général de l'Union durant plusieurs années. Très actif
dans sa paroisse Ste-Famille il avait été directeur de la Caisse Ste-Fa-
mille.
Table des Illustrations
Général Charles de Gaulle
Président de la République Française
2. Promotion de l'Ordre de la Fidélité Française, Québec, le 22 sep-
tembre. Me Paul Gouin, président du Conseil, S. E. Mgr Paul
Bemier, archevêque-évêque de Gaspé, titulaire, Abbé Adrien Ver-
rette, chancelier de l'Ordre et M. Archibald Lemieux, industriel de
Worcester, titulaire.
3. Réunion Plénière du Conseil de la Vie Française en Amérique du
22 au 26 septembre 1960. Assis de gauche: Mgr Paul-Emile GosseUn,
P.D., secrétaire, Dr Paul-Emile Laflèche (Winnipeg), Ernest Desor-
meaux (Ottawa), Me Paul Gouin, président. Abbé Adrien Verrette
(Manchester), Dr Georges Dumonl ( Campbellton ) , Mme Reine
Malouin (Québec), R. P. Albert Plante, s.j. (Montréal), Debout:
Lucien Gagné (Québec), Lauré-B. Lussier (Manville), Jean-Jacques
Tremblay (Ottawa), Rodolphe Laplante (Québec), Emile Boucher
(Montréal), Me Anatole Vanier (Montréal), Juge Yves Bernier
(Québec), Alphonse Comeau (Meteghan River), Dr Alcide Martel
(Montréal), Dumont Lepage (Gravelbourg), Jean Patoine O.M.I.,
(Edmonton), Dr Léon Beaudoing (Vancouver), Rémi Chiasson
(Antigonish), J. -Henri Blanchard ( Charlottown ) , Dr Gérard Trem-
blay (Chicoutimi), Juge J.-S.-A. Plouffe (North Bay), Thomas-
Marie Landry O.P. (Québec), Adrien Pouliot (Québec), Abbé
Gérard Benoit (Québec), Thomas Arceneaux (Lafayette) et Emery
LeBlanc (Moncton). Plusieurs membres ne sont pas présents pour
la photo.
4. S. E. Mgr Ernest-Jean Primeau, évêque de Manchester, reçoit les
hommages du Conseil de la Vie Française, à l'occasion du banquet
qui lui est offert par le Comité de Vie Franco-Américaine, à Boston,
le 22 juin. De gauche: R. P. Thomas-Marie Landry O.P., M.
Lauré-B. Lussier, Abbé Adrien Verrette, S. E. Mgr Primeau, juge
Emile Lemehn, juge Femand Despins et juge Yves Bemier.
5. Remise de la médaille "Grand Prix" de la Société Historique, le 21
mai 1960, à Mgr Félix Martin, P.D., curé de la paroisse Ste-Famille,
de Lewiston, Maine. De gauche: R. P. Thomas-Marie Landry, O.P.,
Mgr Martin, Abbé Adrien Verrette, président, Dr Antoine Dumou-
chel, R. P. Henri Béchard, s.j. et le juge Femand Despins.
6. Réception à l'honorable Louis-J. Robichaud, premier ministre du
Nouveau Bnmswick, au Harvard Club de Boston, le 11 décembre
1960. De gauche: M. Jacques Gignac, vice-consul canadien à
Boston, Madame Gignac, M. le baron Charles de Pampelonne,
consul général de France à Boston, Madame la baronne, l'Honorable
Louis-J. Robichaud, Mme Robert, M. Stuart Hemsley, consul général
du Canada à Boston, M. Gérald Robert, trésorier et le Dr Louis-B.
Amyot, vice-président de la Société Historique.
7. Remise de la médaille "Grand Prix" à l'honorable Louis-J. Robichaud
par M. Gérald Robert, le 11 décembre.
Table des Motières
Amis du bulletin 5
Présentation 7
Avis 8
I Réunions de la Société 9
II Médaille "Grand Prix" (Remises) 18
III Eloges des membres disparus 22
IV Conférences, discours, études 25
V Conseil de la Vie Française en Amérique 38
VI Ordre de la Fidélité Française 44
VII Comité de Vie Franco-Américaine 59
VIII Ordre du Mérite Franco-Américain 65
IX Fête Patronale (24 juin) 69
X Le Président Charles de Gaulles en Amérique 76
XI Tricentenaire Dollard des Ormeaux 80
XII Faits et Gestes 83
XIII Vie Franco-Américaine 87
XIV Concours et Festivals 101
XV Généalogie 102
XVI Echos des Sociétés 103
XVII Nécrologie 106
Table des Illustrations 114
Table des Matières 115
NOUVELLE SERIE: VOL. VII
1961
BULLETIN
de la
Société Historique
Franco-Américaine
Boston, Massachusetts
Imprimerie Ballard Frères
Manchester, New Hampshire
1962
NOUVELLE SERIE: VOL. VII
1961
BULLETIN
de la
Société Historique
Franco-Américaine
Boston. Massachusetts
Imprimerie Ballard Frères
Manchester, New Hampshire
1962
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Protecteurs
M. Archibald R. Lemieux
Worcester, Mass.
Mme Malvina Martineau
Los Angeles, Calif.
M. Aimée Lavalée
Springfield, Mass.
Abbé Doria Desruisseaux
Manchester, N. H.
Dr Gabriel Nadeau
Rutland, Mass.
Abbé Adrien Verrette
Manchester, N. H.
Conseil de la Vie Française
Québec
Comité de Vie Franco-Américaine
Boston, Mass.
Association Canado Américaine
Manchester, N. H.
Union St Jean Baptiste d'Amérique
Woonsocket, R. I.
Fédération Franco -Américaine du N. H.
Manchester, N. H.
Bienfaiteurs
Mgr William Drapeau, P.D.
Lynn, Mass.
Mgr Arthur Mercier, P.D.
Salem, Mass.
Abbé Camille Blain
Lindwood, Mass.
Dr Ubald Paquin, M.D.
New Bedford, Mass.
M. J. B. Danis
Millbury, Mass.
M. Hector Messier
Saundersville, Mass.
M. Gérald Robert
Manchester, N. H.
Pcrtrons
Mgr Albert Bérubé, P.D.
New Bedford, Mass.
Mgr Félix Martin, P.D.
Lewiston, Maine
Abbé A. J. Lapointe
Worcester, Mass.
Dr Ulysse Forget
Warren, R. I.
Dr Antoine Dumouchel
Rutland, Mass.
Dr R. Wilfrid Delaney
Cambridge, Mass.
Me Fernand Despins
Lewiston, Maine
M. William E. Aubuchon
Fitchburg, Mass.
M. Donat Corriveau
Nashua, N, H.
Présentation
La publication de notre bulletin dépend
entièrement sur le dévouement bénévole
de ceux qui le préparent. C'est encore grâce
aux amis fidèles du bulletin que la Société
peut offrir aux membres un volume aussi
informateur.
La préparation d'une pareille publication
demande de longues heures de travail et
rencontre toujours des retards inévitables.
Comme d'habitude, les membres seront
heureux de le recevoir et seront aussi
indulgents.
Avis important
Afin d'assurer son oeuvre, La Société Historique Franco-Amé-
ricaine a établi son Fonds de Réserve ou "Fiducie" (Endowment
Fund). Ce fonds est administré par trois fiduciaires de la société.
Plusieurs ont déjà répondu à l'invitation.
Les sommes versées ainsi à la société, d'après une déclaration
officielle de la Trésorerie d'Etat à Washington, sont exemptes de la
loi "Inheritance Tax". De plus ces montants peuvent être déduits
de l'Impôt sur le revenu ( Income Tax ) .
Nous demandons aux membres de songer sérieusement à ce
moyen pratique en préparant leurs dispositions testamentaires. Quel
appuie! Si seulement on y avait songé il y a cinquante ans. Il n'est
jamais trop tard
Comme formule testamentaire nous suggérons la suivante:
TO THE TRUSTEES OF THE ENDOWMENT FUND
OF LA SOCIETE HISTORIQUE FRANCO-AMERICAINE
A CORPORATION UNDER MASSACHUSETTS LAW,
THE SUM OF (DOLLARS)
IN TRUST FOR THE PURPOSES OF THE SOCIETE.
Bullet'ii de
Fondée le 4 septembre 1899
Administration: Président: Abbé Adrien Verrette, Manchester, N. H.
Secrétaire-trésorier: Gerald Robert
52, rue Concord, Manchester, N. H.
Boston, Massachusetts Nouvelle Série: Vol. VII Année 1961
I
Réunions de la Société
Bureau
11 mars 1961
Salon A.C.A.
Manchester, N. H.
Le président se dit très reconnaissant envers ses collègues, qui, par
déférence pour son récent accident ont accepté de se réunir à
Manchester où il est curé. Il leur dit son merci cordial pour l'expression
bien appréciée de leur sympathie en ces heures assez inquiétantes pour
lui. Il se réjouit surtout de pouvoir reprendre le travail au service d'une
oeuvre qu'il ne prétend pas vouloir diriger indéfiniment mais qu'il vou-
drait bien voir prospérer avant son départ de la présidence
La société continue son progrès avec certaines adaptations nécessai-
res mais sans modification des vues des fondateurs et encore moins l'a-
bandon des intérêts d'une oeuvre essentielle au rayonnement de notre
présence franco-américaine au pays.
Ouverture: La réunion s'ouvre à 2 heures sous la présidence de M.
l'abbé Adrien Verrette.
Présences: M. l'abbé Adrien Verrette, M. Henri Goguen, Me Laurie
Ebacher, M. l'abbé Doria Desruisseaux, M. le juge Arthur L. Eno, M.
l'abbé Camille Blain, M. Jean Picher, Mlle Rhéa Caron, M. Lauré B.
Lussier, ancien secrétaire-trésorier, assiste à la réunion comme invité.
Absences: A cause d'empêchement à la dernière minute, le Dr Louis
B. Amyot s'excuse par téléphone. Me Fernand Despins s'excuse par let-
tre, étant en voyage au Canada,
10 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Fonds fiduciaire: Le trésorier du fonds fiduciaire de la Société, M.
l'abbé Adrien Verrette, rapporte que le montant de $600.00 a été déposé
dans un compte d'épargne, à la Banque Ste-Marie de Manchester. Au
sujet du fonds fiduciaire, Me Pierre Belliveau et le puge Arthur L. Eno
signalent certaines erreurs qui se sont glissées au sujet de ce fonds dans
le dernier Bulletin. Il est proposé qu'un imprimé corrigé soit expédié à
tous ceux qui ont reçu le Bulletin et que l'on invite en même temps les
membres à contribuer à ce fonds fiduciaire. Motion Goguen-Eno.
Procès-verbal: L'assemblée accepte le procès-verbal du secrétaire
se rapportant à la 62e réunion annuelle.
Rapport du Trésorier: Dans son rapport, accepté par l'assemblée,
le trésorier donne une balance dans le comte de chèque de la Société de
$815.13. plus $10.00 en main pour achat de timbres, ce en date du 9 mars
1961.
Bay State Historical League: Le bureau accepte d'enregistrer la
Société dans la "Bay State Historical League". à raison d'une contribu-
tion annuelle de $4.00. Motion Ebacher-Goguen.
Sociétés locales: M. Camille Blain suggère la fondation de Sociétés
Historiques locales qui s'inscriraient ensuite comme membres de la
Société Historique Franco-Américaine. Le projet est remis à plus tard
pour étude.
Campagne de recrutement: M. l'abbé Doria Desruisseaux rapporte
qu'il a commencé son travail pour diriger une grande campagne de re-
crutement afin d'augmenter l'efi'ectif de la Société.
Réunion du printemps: Le bureau vote de tenir la réunion du prin-
temps le 20 mai prochain à Boston. La réunion d'affaires aura lieu à 2
heures au Collège Club, 40 rue Commonwealth. Une réception suivra à
4 heures, au Consulat général de France à Boston.
Bibliothèque ACA: La réunion se termine à 4 heures. Sut l'invita-
tion de l'abbé Verrette, les membres du bureau visitent la bibliothèque
de l'Association Canado- Américaine.
Le souper: A 5 heures, M. l'abbé Verrette offrait un succulent sou-
per aux membres du bureau. MM. Goguen, Picher, Lussier et l'abbé
Blain, ayant dû s'excuser, prirent part au souper, en plus de l'abbé
Verrette, M. l'abbé Doria Desruisseaux, M. Gérald Robert, Mlle Rhéa
Caron, Me et M me Pierre Belliveau, le juge Arthur L. Eno et Me Laurie
Ebacher,
REUNIONS DE LA SOCIETE 11
Affaires nouvelles: Le 15 avril 1961, le président, M. l'abbé Adrien
Verrette, le secrétaire-trésorier, M. Gérald Robert, et le conseiller, Me
Pierre Belliveau, assistaient à Concord, N. H. à une réunion de l'Asso-
ciation des Sociétés Historiques de l'Etat du New Hampshire. La "Bay
State Historical League", dont notre Société fait partie depuis avril 1961,
était invitée à cette réunion et plusieurs représentants y assistaient. La
réunion eut lieu dans le riche et magnifique immeuble de la Société
Historique du New Hampshire. Soit dit en passant que les délégués de
notre Société, après avoir assisté à une bonne partie de la séance d'af-
faires, ont constaté que la Société Historique Franco-Américaine tient
des assemblées beaucoup plus intéressantes et sérieuses.
Campagne de recrutement: Des remerciements sincères s'adressent
à M. l'abbé Doria Desruisseaux de Manchester, N. H., conseiller de la
Société, qui a eu l'heureuse initiative d'organiser à la fin de 1960, une
grande campagne de recrutement. Il a commencé à diriger avec succès
cette campagne. Ce jour même, les rangs de la Société sont augmentés
de plus d'une trentaine de membres, grâce à son travail.
Félicitations: A l'endroit de notre président, M. l'abbé Adrien Ver-
rette, qui, tout récemment, célébrait dans sa paroisse, St-Georges de
Manchester, le 40e anniversaire de son ordination sacerdotale.
La trésorerie: Lorsque l'ancien secrétaire-trésorier, M. Lauré B.
Lussier, nous remettait les livres, le 1er août 1960, la balance en ban-
que était de $804.15. Les recettes du premier août à date, en contribu-
tions des membres, annonces dans le Bulletin et la vente du Bulletin
dans une dizaine de bibliothèques, ont été de $2,868.40. soit un grand
total de recettes du 1er août 1960 au 1er mai 1961 de $3,672.65. Les
déboursés du 1er août 1960 au 1er mai 1961 se chiffrent à $3,312.52. ce
qui donne une balance en banque dans le compte de chèque de $360.13.
Dans le fonds de fiducie, il y a $600.00, plus $21.75 en intérêts. L'avoir
de la société, au premier mai 1961, est donc de $981.88. La 62e réunion
au Harvard Club de Boston en 1960 a occasionné un déboursé (banquet,
réception, l'orateur de circonstance l'honorable Louis J. Robichaud, mu-
sique (papeterie, timbres, impressions et photos) de $1,387.86. Les dé-
boursés pour la publication et l'expédition du Bulletin se chiffrent à
$1,705.00. Les autres déboursés de $219.66 sont pour impressions, poste,
annonces, loyers de salles pour réunions du bureau, fleurs, dons, im-
pressions de chèques, charges de banque.
Gérald Robert, secrétaire-trésorier.
12 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Nouveaux membres à être proposés à cette réunion du 20 mai 1961
et recrutés par M. l'abbé Doria Desruisseaux:
Paul O. Leclair, Roland R. Tessier, Dr Fernand E. Bourque, Maurice
Moynihan, Ovila J. Pichette, Armand E. Têtu, Roger Barrette, Raoul A.
Prince, Alcide Bouchard, Joseph Maltais, Robert E. Marcotte, John E.
Letendre, Dr Jean N. Leclerc, Eugène N. Cameron, Roméo V. Chagnon,
Willie A. Rheault, Wilfrid J. Vigneault, Arthur O. Phaneuf, Mme Rose
Vachon, Marcel Vachon, Armand A. Caron, Roland S. Vallée, Alphonse
Levasseur, Paul H. Pichette, Arthur R. Hébert, Ludger F. Simard,
Philip L. Bossé, Germain B. Lavallée, Dr Robert Provencher, Lucille A.
Mailhiot, Antonio Laperrière, Arthur J. Moreau, Lorenzo Vachon, tous
de Manchester, New Hampshire; J. Emile Lussier, de Montréal, P. Que.;
Asmond Provost, de Central Falls, Rhode Island; Mgr Charles E. Bur-
que et Abbé Albert J. Burque, de Dover, New Hampshire; Mgr Alphéri
Lauzière, de Berlin, New Hampshire, et Abbé Léo St-Pierre, de Nashua,
New Hampshire.
N.B. Les ereurs glissées dans l'impression des règlements du
"Fonds de Fiducie", dans le bulletin de 1959, proviennent du fait que
par accident le texte publié n'était pas la rédaction finale qui fut adop-
tée à l'unanimité à la réunion annuelle à Boston, le 20 mai 1959.
Le texte adopté parait dans le présent bulletin à la fin de ce chapitre.
Les directeurs du bulletin s'en excusent.
A la réunion annuelle du 20 mai 1959 à Boston, les membres, ap'rès
lecture, donnaient plein pouvoir au bureau de terminer les détails et
les règlements avec modifications jugées nécessaires pour l'établisse^
ment de ce "Fonds de Fiducie".
A Lewiston, le 21 mai 1960, réunion annuelle, les membres n'ont
fait que confirmer ce qui avait été déjà accepté et surtout, ils se réjouis-
saient enfin de l'établissement de ce "Fonds de Fiducie" bien en retard
dans la société.
Dans le bulletin de 1959, une autre erreur typographique se glis-
sait à savoir que les règlements avaient été approuvés le 20 mai 1960,
cette réunion (1960) ayant eu lieu le 21 mai à Lewiston et donc voulait
dire le 20 mai 1959 à Boston. Une erreur de typographie qu'il faut sa-
voir comprendre et pardonner.
REUNIONS DE LA SOCIETE 13
Réunion annuelle
20 mai 1961
Collège Club
Boston, Mass.
Dans son message, le président déclarait:
"Le 20 mai devient une date assez familière à notre société. C'est
le jour "LaFayette" qui nous permet en tenant notre réunion annuelle
de rappeler le souvenir de ce grand français, citoyen de deux patries.
Notre 62e réunion annuelle, nous fournit aussi l'occasion de saluer
M. le baron Charles de Pampelonne qui retourne au Quai d'Orsay à
Paris où l'attend une nouvelle tâche.
Comme nous le dira tantôt, notre secrétaire-trésorier, rexercice qui
vient de s'écouler a été très fructueux. Nos réunions ont obtenu un vif
succès, surtout celle de décembre dernier.
L'intérêt autour de la société grandit et le nombre des membres
augmente sensiblement. Nous atteindrons bientôt le chiffre 400. Je dé-
sire remercier bien sincèrement l'abbé Doria Desruisseaux qui est res-
ponsable de l'adhésion des membres qui seront admis aujourd'hui. Voi-
là donc des signes de vie qui nous réjouissent.
Je ne cesse de le répéter, notre société est un peu comme notre
Académie Franco-Américaine où l'on propage les choses de l'esprit et
tout ce qui peut donner un lustre à notre idéal franco-américain.
Il faudrait bien rendre cet organisme solide et durable. Le meil-
leur moyen d'en assurer la continuité c'est d'augmenter son actif. La
chose est relativement facile. Il suffirait de trouver un ardent (comme
l'abbé Desruisseaux) dans nos principales localités.
Avec les décès, toujours trop nombreux (sept cette année), les dé-
placements ou démissions parfois, il faut continuellement songer à un
recrutement sérieux.
Beaucoup de nos compatriotes deviendraient membre si on leur
expliquait le but et le fonctionnement de la société. Certains s'imaginent
qu'il faut tenir la plume à la main et fouiller l'histoire pour être socié-
taire actif.
C'est entendu que nous comptons parmi nos membres nos meilleurs
écrivains, mais toute personne intéressée aux choses sérieuses trouvera
14 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
dans les cadres de la société une information précieuse, des rencontres
intéressantes en plus de la réception d'un bulletin qui porte une gran-
de valeur d'information.
Je fais donc encore appel à l'intérêt des membres pour obtenir ces
résultats qui seraient tout à notre honneur. Songeons que le travail des
officiers demeure bénévole ce qui lui donne une valeur toute particu-
lière."
La réunion annuelle de la Société Historique Franco-Américaine a
été tenue au Collège Club de Boston, samedi, le 20 mai 1961. La séance
s'ouvrit à 2 h 15 p.m. par la prière récitée par Mgr Albert Bérubé, P.D.,
de New Bedford, Mass. Le président de la Société, M. l'abbé Adrien
Verrette, de Manchester, N. H., souhaita la bienvenue et adressa quel-
ques remarques aux quelque cent membres venus de tous les coins de
la Nouvelle-AngleteiTe.
Le secrétaire, ayant soumis un rapport écrit, il en fut dispensé
de la lecture. Le rapport du secrétaire fut accepté avec remerciements
sur motions Pierre Belliveau et Laurie Ebacher, Dans son rapport, le
secrétaire mentionna que l'avoir de la Société au 1er mai 1961 était de
$360.13 dans le compte de chèque, plus $621.75 dans le fonds de fiducie,
ou un actif total de $981.88. Sept membres décédaient depuis la derniè-
re réunion. M. Edouarl Fecteau de Lawrence, Mass., prononça l'éloge
de Me Henri Mouette, également de Lawrence; M. Bernard Théroux, de
Fall River, celle de M. Roméo Dufour de Fall River; Mgr Albert Bérubé,
P.D., de New Bedford, celle de M. Joseph Duchaine de New Bedford;
M. Camille Blain, de Linwood, Mass., celle de M. l'abbé Eugène Dion
de Fall River; M. l'abbé Adrien Verrette, de Manchester, celle de M.
l'abbé Pierre Gauthier de Holyoke, Mass.; M. Antoine Clément, de
Lowell, Mass., celle du Révérend Père Narcisse Cotnoir, OMI, du sanc-
tuaire oblat de Colebrook, N. H. et M. Antonio Prince, de Woonsocket,
R. L, celle du Dr Joseph Euclide Mercier de Fall River, Mass. L'assis-
tance récita ensuite une prière pour l'âme des disparus.
Grâce au travail de M. l'abbé Doria DesRuisseaux, de Manchester,
N. H., sur motions Henri T. Ledoux et Dr Ubalde Paquin, 39 nouveaux
membres furent acceptés. Ces nouveaux membres sont: MM. Paul O
Leelair, Roland Tessier, Maurice Moynihan, Ovila J. Pichette, Dr Fer
nand E. Bourque, Armand E. Têtu, Roger Barrette, Raoul A. Prince
Alcide Bouchard, Joseph Maltais, Robert E. Marcotte, John E. Letendre
Dr Jean N. Leclerc, Eugène N. Cameron, Roméo V. Chagnon, WHlie A
Rheault, Wilfrid J. Vigneault, Arthur O. Phaneuf, Mme Rose Vachon
Marcel Vachon, Armand A. Caron, Roland S. Vallée, Alphonse Levas
seur, Paul H. Pichette, Arthur R. Hébert, Ludger F. Simard, Philippe
L. Bossé, Germain B. Lavallée, Dr Robert Provencher, Mlle Lucille A.
REUNIONS DE LA SOCIETE 15
Mailhiot, Antonio Laperrière, Arthur J. Moreau et Lorenzo Vachon,
tous de Manchester, N. H.; MM. J. Emile Lussier, Montréal, P. Que.;
Asmond Provost, Central Falls, Rhode Island; Mgr Charles E. Burque,
Dover, N. H.; M. l'abbé Albert J. Burque, Dover, N. H.; Mgr Alphéri
Lauzière, Berlin, N. H.; M. l'abbé Léo St-Pierre, Nashua, N. H.
Le président désigna le comité de nomination suivant pour procé-
der à l'élection des officiers: M. Antonio Prince, président; M. Jean
Picher, Me Zéphyr Paquin. Sur propositions Antoine Clément et
Edouard Fecteau, l'assemblée accepta le rapport du comité de nomina-
tion. Les officiers suivants furent élus pour le prochain terme: Prési-
dent, abbé Adrien Verrette, Manchester, N. H.; Vice-Président, Dr
Louis B. Amyot, Schenectady, N. Y.; Secrétaire, Gérald Robert,
Manchester, N. H.; Fiduciaire, Juge Arthur L. Eno, Lowell, Mass.; Con-
seillers: MM. Rosario Pelletier, Waterbury, Conn.; J. Aimé Lavallée,
Springfield, Mass.; Dr Jean L. LeBIanc, Suncook, N. H.; Jean Picher,
Woonsocket, R. I.; Juge Fernand Despins, Lewiston, Maine; Me Pierre
Belliveau, Boston, Mass.; Abbé Doria DesRuisseaux, Manchester, N. H.;
Mlle Rhéa Caron, Fall River, Mass.; Me Laurie Ebacher, Amesbury,
Mass.
L'ajournement se fit à quatre heures avec la prière. Le groupe se
rendit ensuite au Consulat général de France où par l'entremise de son
président, M. l'abbé Adrien Verrette, la Société dit ses adieux au Con-
sul Général de France à Boston, le baron Charles de Pampelonne et
son épouse, rappelés à Paris après cinq années de services consulaires
en Nouvelle-Angleterre. Au nom de la Société, le secrétaire présenta au
Baron et à Mme de Pampelonne, de magnifiques sacoches de voyage.
Le Baron remercia en termes émus. Le tout se termina par un vin
d'honneur.
Réception au Consulat de France
Les membres se rendaient ensuite au Consulat Général de France
à quelques pas de leur salle de réunion. Ils en profitaient pour prendre
part aux exercices traditionnels de la "Journée LaFayette". Le président
de la société rendait hommage au consul et à son épouse en partance
pour Paris: M. le Consul et Madame la baronne de Pampelonne:
"La Société Historique vous est très reconnaissante pour cette der-
nière délicatesse que vous lui accordez de venir vous saluer à l'occasion
de votre prochain départ pour Paris.
"A notre joie se mêle un peu de tristesse car des liens que nous
considérions très précieux vont nécessairement se rompre, car tout dé-
part est un peu de vie qui s'en va pour ne plus revenir.
16 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTOBIQUE
"Votre présence si charmante à nombre de nos réunions avait dé-
veloppé un sens d'intimité qui nous réjouissait. Même si vous devez
emporter notre bon souvenir, votre présence n'y sera plus.
"En face des événements inévitables puisqu'il s'agit de nous ré-
jouir de l'ascension de votre carrière diplomatique, nous nous empres-
sons de vous offrir des voeux pour que l'avenir vous comble de succès.
"Depuis plusieurs années déjà le consulat de Boston est non seule-
ment la maison des français de France mais aussi le foyer accueillant
où les Franco-Américains viennent souvent goûter les délices de cette
chaude hospitalité qui nous est si chère. Plus que les autres peut-être
vous en avez fait le rendez-vous de tous les coeurs français de la Nou-
velle-Angleterre.
"Merci pour ces attentions et tout le prestige que vous avez donné
à votre patrie en terre d'Amérique dans cet important poste de Boston.
"Afin de prolonger un peu notre présence durant les heures qui
vous ramèneront en France nous vous offrons ces petites valises dans
lesquelles symboliquement vous déposerez vos meilleurs souvenirs de
nous. Un jour viendra sans doute pour vous comme pour nous où le
passé voudra revivre dans vos coeurs. Il est juste d'espérer que nous
serons associés à l'évocation de vos belles années à Boston.
Monsieur le consul
Madame la baronne
Apportez vers la douce France l'assurance de notre profonde
affection et celle aussi non moins intense de notre admiration."
Allocution de Monsieur le Consul
"Je suis heureux de vous accueillir dans cette Maison de France à
Boston, où bon nombre d'entre vous sont déjà venus et où, j'espère, les
autres, maintenant qu'ils en connaissent le chemin, reviendront souvent
célébrer avec nous, ou avec mon successeur, les Fêtes nationales fran-
çaises et les fêtes de l'amitié franco-américaine.
Je me réjouis tout particulièrement aujourd'hui de la présence
au Consulat des membres de la Société Historique Franco-Américaine
et de leur cher et dévoué Président, l'Abbé Verrette, de cette Société
qui perpétue, avec tant de fidélité et d'affection le souvenir des hauts
faits français en Amérique du Nord et qui, ces dernières années, a no-
tamment organisé de si brillantes manifestations à l'occasion du 350ème
anniversaire de la découverte de la baie de Boston par Samuel de Cham-
il
~Mt5tr? '•*^T.
Visite d'hommage à M. le Consul Charles de Pampelonne au con-
sulat, le 20 de mai à l'occasion de son départ pour Paris. De gauche:
Jean Pocher. Gérald Robert, Wilfrid Beaulieu, Abbé Adrien Verrette.
madame la Baronne, M. le consul, R. P. Armand Morrissette. O.M.J.,
Normand Lachance et Philippe-Armand Lajoie.
Remise de cadeaux à M. le consul et à madame la baronne de
Pampelonne.
Les administrateurs du Conseil de la Vie Française en Amérique
pour l'exercice 1961-62. De gauche: Mme Reine Malouin, Ernest Des-
ormeaux. Abbé Adrien Verrette, Armand Godin, R. P. Thomas Landry,
o.p., président. Mgr Paul-Emile Gosselin. P.D., secrétaire. Me Paul
Gouin. Emery Leblanc. Dr Paul-Emile Laflèche. juge Yves Bernier et
Mgr Maurice O'Bready. P.D.
Dévoilement d'une plaque en l'honneur de Lafayette. le 20 mai à
Schenectady. N. Y., par les American Friends of Lafayette. De gauche:
M. Jean Savelli. alors vice-consul à New York. Mme George-W. Blow. le
docteur Louis-B. Amyot. président et James-D. Schmitt.
REUNIONS DE LA SOCIETE 17
plain, du 200ème anniversaire de la naissance de Lafayette, du 200ènie
anniversaire de la bataille de Carillon, où s'est illustré le grand Mont-
calm; du 350ème anniversaire de la découverte du Lac Champlain,
et de bien d'autres faits historiques français.
Je suis heureux aussi, tout particulièrement, de revoir ici le Père
Verrette, après le grave accident qui l'a éloigné de nos réunions pen-
dant plusieurs mois, et suis sûr d'être l'interprète de tous ici en lui
adressant nos plus affectueuses félicitations pour son brillant rétablisse-
ment et nos voeux les p lus fervents à l'occasion de ses 40 années de
sacerdoce. Voilà bien un fait historique digne d'être célébré!
Je veux également souhaiter la bienvenue aux Présidents, Prési-
dentes, membres des Bureaux ou principaux représentants des grandes
sociétés fraternelles Franco- Américaines, qui ont bien voulu répondre
à notre invitation. Je vois notamment parmi vous M. Jean Picher, Pré-
sident du Comité de Vie Franco-Américaine, M. Normand Lachance,
Secrétaire Général de L'Union Saint-Jean-Baptiste d'Amérique, M. Gé-
rald Robert, Secrétaire Général de l'Association Canado-Américaine,
Mme Tougas, Présidente d'Honneur de la Fédération Féminine Franco-
Américaine, le Dr Ubalde Paquin, ancien Président de la Société Histo-
rique, M. Roland Des jardins. Président de la Société des Clubs Riche-
lieu, Mme Clair Carpenter, Présidente de la Ligue des Présidents de
New Bedford, M. Bernard Théroux, Président de la Société des Con-
cours de Français, de Fall River, Mme Louis-P. Clapin, etc.. Je vois
aussi plusieurs membres de votre dévoué clergé, Mgr Bérubé, de New
Bedford, Mgr Mercier, de Salem, le R.P. Morissette, de Lowell, Aumô-
nier Général des Vétérans Franco-Américains, Aumônier Honoraire de
la Marine Française, et plusieurs autres prêtres ou religieux, en parti-
culier ceux qui représentent le grand Collège de l'Assomption. Je veux
saluer aussi tout spécialement vos éminents journalistes, notamment
M. Philippe A. Lajoie, de "L'Indépendant", de Fall River, M. Wilfrid
Beaulieu du "Travailleur" de Worcester, M. Antoine Clément, de l'an-
cienne "Etoile" de Lowell, qui ont toujours fait preuve de tant d'objec-
tivité, d'amitié et de fidélité dans leurs écrits sur la France et sur les
relations franco-américaines.
Et je veux, bien sûr, saluer Lafayette, dont c'est aujourd'hui la
fête: Lafayette, héros de nos deux patries, symbole de l'amitié et de la
solidarité entre nos deux pays.
Enfin, à quelques semaines de mon départ pour la France, après
plus de 5 années passées parmi vous, je voudrais vous exprimer mes
sentiments profonds d'admiration, de confiance, de fidélité et d'affection.
Admiration, d'abord. Admiration pour le magnifique travail accom-
18 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
pli par vos sociétés, pour leur si utile rayonnement, leur dévouement à
la cause franco-américaine, et plus spécialement au maintien de la lan-
gue, de la culture et des traditions françaises.
Je veux vous dire aussi mille fois bravo pour tout ce que vos socié-
tés patronnent et organisent: réunions, banquets, galas de bienfaisance,
aide mutuelle, aide financière aux collèges et écoles franco-américaines,
aide à vos journaux, vos émissions radiophoniques, vos programmes de
télévision, vos chorales, etc..
Chaque fois que je vous vois, je constate que vos activités et vos
oeuvres se développent et se fortifient, que des comités de liaison ou de
coordination, des cercles ou des clubs se constituent. Tout cela témoigne
de votre vitalité et de votre volonté de vie franco-américaine, dans la
fidélité à vos oriignes françaises, la loyauté à l'égard de votre citoyen-
neté américaine, le maintien de toutes les valeurs qui vous sont chères,
votre religion, vos traditions, la langue de vos ancêtres.
Reconnaissance, ensuite: Je veux vous exprimer ma profonde gra-
titude d'abord pour l'aide précieuse apportée au Consul que je suis dans
ses efforts pour une meilleure connaissance de la langue française et
une meilleure compréhension des problèmes qui se posent à la France.
Je veux vous dire merci pour l'accueil si cordial, si fraternel reçu
partout en Nouvelle Angleterre, de la part de vos groupes, de
Woonsocket et Providence, Rhode Island, à Lewiston, Maine, et
Burlington, Vermont, en passant par New Bedford, Fall River, Lowell,
Worcester, Leominster, Springfield, Mass., Manchester et Nashua, N. H.
et bien d'autres centres où la population franco-américaine est impor-
tante.
Je vous exprime ma reconnaissance personnelle enfin pour les mar-
ques d'amitié que vous m'avez témoignées et les distinctions honorifi-
ques que vous avez eu la bonté de m'accorder: je pense notamment à
la Médaille Grand Prix de la Société Historique, aux Clés et Titres de
Citoyen d'Honneur de Manchester et de Worcester, aux Diplômes de
membres d'Honneur de plusieurs de vos sociétés, aux somptueux ca-
deaux faits à ma femme et à moi-même à l'occasion de notre prochain
départ. Tous ces gestes nous ont profondément touchés.
Confiance, aussi. C'est, bien sûr, ma confiance en votre avenir. Cer-
tes les difficultés sont grandes, mais la structure de vos groupements et
l'organisation de votre vie franco-américaine sont telles, avec vos 240
écoles paroissiales, votre magnifique clergé, vos dévouées religieuses,
vos sociétés fraternelles, vos journaux, vos heures Radio et TV, que
nous pouvons, vous pouvez, regarder l'avenir avec confiance.
REUNIONS DE LA SOCIETE 19
L'avenir, du reste, est au bilinguisme, qui était le thème de votre
dernier Congrès. En faisant campagne pour le bilinguisme, vous êt€S
de toute évidence sur la bonne voie. Il faut absolument que vos enfants
profitent de cet avantage exceptionnel, qui consiste à trouver au ber-
ceau à la fois la langue de leurs ancêtres et celle de leur patrie actu-
elle. Et en cette deuxième moitié du 20ème siècle où l'Europe, l'Amé-
rique et l'Afrique risquent d'être reliées en 15 à 30 minutes, il est es-
sentiel de parler les deux principales langues de ces trois continents,
comme le font du reste S. S. le Pape Jean XXIII, la Reine Elizabeth, le
Président Bourguiba, et de nombreux autres hommes d'état, et comme
vient de le faire le Président Kennedy au cours de sa visite au Canada.
Affection et fidélité, enfin. Affection et fidélité de la France, qui
apprend à vous connaître, qui vous connaîtra de mieux en mieux. Et,
bien sûr, mon affection et ma fidélité personnelles. Soyez sûr en effet
que je ne vous oublierai pas et que je m'efforcerai à Paris d'être en
quelque sorte votre Ambassadeur, votre interprète, auprès des Services
français culturels ou d'information, susceptibles de vous aider.
De son côté, je sais que la France peut compter sur v otre affectu-
euse fidélité. Elle traverse souvent des crises, parfois des crises très
graves, mais elle est toujours là et toujours debout. Et dans les jour-
nées dramatiques qu'elle vient encore de vivre à propos de l'affaire al-
gérienne, n'a-t-on pas vu une fois de plus la détermination et le sens de
l'autorité de l'Etat du Général de Gaulle, alliés à la sagesse et à la co-
hésion du peuple français, prendre le pas sur l'aventure et le désespoir?
Je sais avec quelle sympathie vous avez suivi et suivez encore les
événements du vieux pays. Je sais quels voeux fervents vous formez
pour que la paix et l'union régnent parmi vos frères de France.
Pour cela comme pour toutes les marques de confiance et d'amitié
que vous avez bien voulu me témoigner, ainsi qu'à ma femme, durant
notre séjour parmi vous, je vous dis de tout coeur: Merci.
Réunion du Bureau
7 octobre 1961
Boston, Mass.
Une réunion des membres du bureau eut lieu le 7 octobre 1961, à
2 heures de l'après-midi, à l'hôtel Lenox de Boston. Etaient présents:
les abbés Camille Blain, Adrien Verrette, Doria Desruisseaux, MM.
Gérald Robert, Jean Picher, J. Aimé Lavallée, Laurie Ebacher, Pierre
Belliveau et Mlle Rhéa Caron. M. l'abbé Doria DesRuisseaux récita la
prière d'ouverture. Sur motions Lavallée-Ebacher, les rapports du pré-
20 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
sident et du secrétaire furent acceptés. Sur motion Caron-Ebacher, la
63e réunion gala fut fixée au 19 novembre 1961. M. Edouard Morot-Sir,
conseiller culturel de France auprès des Universités et Collèges des
Etats-Unis, fut choisi pour donner la conférence.
L'assemblée nota l'heureux geste en France du Dr Louis B. Amyot,
à l'endroit de La Société Historique Franco-Américaine.
Le président fit rapport que la plaque de Champlain, installée par
la Société à l'aéroport Logan, a été enlevée alors que la plaque Lafayette,
présentée par la Société au Wayside Inn, n'a pas encore été installée
par les autorités de l'endroit. L'assemblée nomma un comité pour faire
enquête aux deux endroits. Ce comité se compose de MM. Henri Goguen,
Laurie Ezacher et Pierre Belliveau. Sur motions Lavallée-Ebacher, le
montant de $60.00 fut voté pour une page d'hommages de la Société,
dans le programme-souvenir du 6e Congrès des Franco-Américains, de-
vant être tenu à Hartford, Connecticut. Sur motions Caron-Picher, le
montant de $10.00 fut voté à la Fédération Féminine Franco-Américaine
pour son 5e concours oral de français.
L'assemblée vota des félicitations à la Fédération Franco-Américai-
ne du New Hampshire pour l'érection d'un monument à la mémoire de
Messire Joseph Augustin Chevalier, curé fondateur de la première pa-
roisse franco-américaine de Manchester, Saint-Augustin.
L'assemblée discuta des projets de recrutement, en particulier ce-
lui de l'abbé Camille Blain, qui suggéra d'organiser des groupes régio-
naux affiliés à la Société de Boston.
Me Pierre Belliveau se dit aussi en faveur d'organiser des sociétés
locales.
Sur motions Belliveau-Robert, le président fut autorisé de repré-
senter la Société à une réunion de la Société Historique de Sturbridge,
Mass. La séance fut levée à 3 h 30 et l'abbé Desruisseaux récita la
prière.
63e Réunion Gala
19 novembre 1961
Harvard Club
Boston, Massachusetts
La 63e réunion de la Société Historique eut lieu dimanche soir,
le 19 novembre 1961, dans la salle de la bibliothèque du Harvard Club
à Boston. Il y eut vin d'honneur et réception dans la galerie des arts
avant le souper. Mgr Arthur Mercier, P.D., curé de la paroisse St-Joseph
de Salem, Mass., récita le bénédicité. Après le repas, le président de la
Société, M. l'abbé Adrien Verrette, souhaita la bienvenue aux 125 mem-
REUNIONS DE LA SOCIETE 21
bres présents. Dans son message il disait: "Notre société continue dili-
gemment son oeuvre. Ses cadres s'élargissent ainsi que son influence.
Son travail dépasse nécessairement les attributions d'une société pure-
ment d'histoire. En réunissant notre élite, elle s'occupe intensément du
rayonnement de notre présence et de notre culture françaises en Amé-
rique. Elle sollicite toujours de nouveaux appuis pour assurer le succès
de ses intiatives. Son bulletin apporte fidèlement les échos de ses ac-
complissements.
Le président saluait ensuite la présence d'un nouveau consul géné-
ral, M. Jean Savelli et il disait: "Depuis toujours, le consul général de
France à Boston est une présence fidèle à nos réunions. Au mois de mai
dernier, nous disions notre affectueux au revoir à M. le baron et à (ma-
dame) la baronne Charles de Pampelonne après des années de riches
amitiés.
"Ce soir je suis très heureux de saluer la présence de M. le consul
général Jean Savelli et de son épouse pour les assurer de notre chaleu-
reux accueil.
"Ce soir, c'est pour ainsi dire l'élite de la Franco-Américanie qui
vous salue et qui s'empresse de vous rendre hommage en vous soiihaitant
un séjour profitable et heureux au service de votre patrie avec l'assu-
rance de notre fraternel appui.
"Nous savons que vous êtes originaire de l'Ile-Rousse, en Corse et
que vous êtes docteur en Droit, diplômé de l'école des Sciences Politi-
ques de Paris et porteur de la Croix de la Légion d'Honneur au titre mi-
litaire.
"Après la guerre, vous entriez dans le service diplomatique au
ministère des Affaires Etrangères, puis aux ambassades de Berne
(Suisse) et de Buenos Aires (Argentine), au Quay d'Orsay (Paris) et en
1958 au consulat général de France à New York à titre de consul-ad-
joint.
"C'est en septembre dernier que vous veniez continuer la liste de
vos distingués prédécesseurs au consulat général de Boston. Nous
souhaitons à votre carrière une ascension rapide avec les meilleurs
succès.
Il nous est aussi très agréable de saluer le consul du Canada à
Boston, M. Jacques Gignac et son épouse. Nous conservons des attaches
profondes avec la patrie de nos pères. La présence du représentant of-
ficiel du Canada à nos fêtes est toujours une source de profonde satis-
faction,
22 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
A l'endroit du conférencier, le président disait:
"Depuis sa fondation, la Société Historique a eu l'honneur de rece-
voir à sa table d'illustres représentants de la France, ambassadeurs,
consuls, universitaires, professeurs et auteurs qui ont noué avec nous,
descendants de la Nouvelle France, des liens impérissables. C'est que
nous, les fils de la Nouvelle France, n'avons jamais voulu rompre avec
nos frères de la France, qui nous a donné les trésors de sa culture que
nous portons dans nos vies. N'est-ce pas une étrange et admirable con-
tagion que la France exerce sur tous ceux qui ont reçu la flamme de sa
générosité.
"Continuant cette louable coutume, la Société a la joie de saluer ce
soir l'une des brillantes personnalités de la France au pays dans la per-
sonne de monsieur Edouard Morot-Sir, conseiller culturel de la France
à Washington et son représentant auprès des universités des Etats-Unis.
M. le conseiller, votre curriculum vitae nous apprend que vous êtes
dans la fleur de l'âge étant né en 1910. Diplômé des grandes écoles de
France, aggrégé, docteur d'université, commandeur de l'Ordre des
Palmes Académiques, vous êtes en plus Chevalier de la Légion d'Hon-
neur. Lieutenant d'infanterie vous avez connu les affres de la captivité
chez l'ennemi.
"Vous êtes maintenant professeur de philosophie, maître de con-
férences et directeur de la Commission Fulbright en France, sans par-
ler de plusieurs autres attributions culturelles.
"Enfin, en 1957, votre gouvernement vous nomma conseiller cultu-
rel près de l'ambassade de France à Washington, D.C. Vous exercez
dès votre arrivée une influence profitable tout à l'honneur de votre
patrie.
"Vos conférences nombreuses à travers le pays sèment partout une
grande sympathie envers votre pays. Vos ouvrages et vos nombreux
articles ajoutent à votre prestige intellectuel.
"Vous avez répondu avec empressement à notre invitation frater-
nelle et nous vous en remercions de tout coeur.
Actualités Françaises"
Malheureusement, M. Morot-Sir ne laissa pas de texte. Sa causerie
pouvait se définir: "Les lumières au tableau de la vie française depuis
les années du grand conflit de la seconde guerre. Appuyé par des faits
inattaquables, il résumait les principaux traits de la résurgence mer-
veilleuse d'une nation, qui, au dire d'un statisticien réputé, "est con-
damnée à être perpétuellement jeune".
II
statuts - Règlements
Titre I
Nom, But, Composition
Art. 1. Nom. La Société Historique Franco-Américaine
(Fondée le 4 septembre 1899)
(Incorporée le 6 mars 1900)
Art. 2. But. Favoriser l'étude de l'histoire des Etats-Unis et sur-
tout la mise en lumière de la participation française à la vie américaine.
Pour ce faire, la société recueille documents, archives et statistiques.
Elle publie un bulletin et autorise la parution d'ouvrages sous ses aus-
pices; elle encourage les conférences et concours sur notre histoire et
souligne nos principaux anniversaires; elle prête son concours aux au-
tres sociétés historiques.
Art. 3. Membres. La société compte trois classes de membres; titu-
laires, correspondants et honoraires.
Art. 4. Officiers. Un bureau composé des officiers suivants: prési-
dent, vice-président, secrétaire-trésorier, fiduciaire et 9 conseillers (13).
Titre II
Membres
Art. 5. Admission. Tout candidat doit être appuyé par deux mem-
bres.
L'admission de tout membre est faite par la société siégeant en sé-
ance générale, sur présentation des noms des candidats par le président.
Si le choix se fait par bulletin, il doit recueillir les deuxt-tiers des voix
des membres présents à la séance.
Art. 6. Privilèges. Seuls, les membres titulaires possèdent tous les
droits de sociétaire avec voix délibérative.
Les membres correspondants sont choisis pour leur désir de colla-
borer à l'oeuvre de la société.
24 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Les membres honoraires sont nommés à cause des services insignes
rendus.
Tout membre reçoit un diplôme suivant sa classe, signé par le pré-
sident et le secrétaire.
Les membres reçoivent gratuitement le bulletin de la société.
Art. 7. Cotisation. Seuls les membres titulaires versent la contribu-
tion annuelle fixée par les règlements.
Une contribution de $100 donne droit au titre de "Membre à Vie".
Art. 8. Radiation. A moins d'avis explicatif, tout membre qui ne
s'acquitte pas de sa cotisation pendant deux années consécutives, est
rayé de la société.
Pour des raisons qu'elle juge convenables, la société peut rayer un
membre de ses rangs.
Pour être réintégré, un membre doit solder ses arrérages de 2 ans
au moins.
Un membre peut se retirer par démission écrite.
Titre III
Officiers
Art. 9. Election. D'après le mode établi par les règlements, les of-
ficiers sont élus pour un terme d'un an à la première réunion semi-annu-
elle, sauf les neuf conseillers, dont trois élus chaque année pour un ter-
me de trois ans. Un conseiller n'est pas réélégible pour un second man-
dat successif.
Les officiers honoraires sont élus à vie.
Art. 10. Devoirs. Les attributions des officiers sont fixées par les
règlements.
Titre IV
Séances
Art. 11. Société. La société tient généralement deux réunions par
snnée dont la date est fixée par le bureau.
STATUTS ET REGLEMENTS 25
Pour des raisons qu'il juge valides, le bureau peut convoquer des
réunions spéciales.
Art. 12. Bureau. A la demande du président, le bureau tient géné-
ralement deux réunions par année quelque temps avant les séances de
la société.
Titre V
Bureau
Art. 13. La société confie à son bureau la garde de ses effectifs et
la gérance de ses affaires, sauf les cas prévus.
Titre VI
Archives
Art. 14. Les archives de la société sont sous la garde du bureau et
sont déposées au nom de la société en lieu sûr.
Titre VII
Amendments
Art. 15. Every proposai to amend the By-Laws must be submitted
to the Board of Directors for study, at least thirty days before the
meeting of the Society. The Board of Directors shall submit ail amend-
ments so proposed, to the members. In the call of the meeting, the
members shall be given notice of the proposed amendment. The pro-
posed amendment requires for adoption twot-thirds vote of the members
présent. The provisions of Article 15 do not supersede Title VIII, Article
16 entitled Trust Fund.
Titre VIII
Trust Fund
Art. 16. A-1. There shall be three trustées who shall administer
the Endowment Fund as hereinafter provided.
Thèse trustées shall be elected by the members at the Annual
Meeting held for the élection of officers and dirctors, by ballot for a
term of three years, excepting as to two of the three elected at the
élection following the adoption of this Article so that one of thèse shall
26 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
be elected for a term of one year and one a term of two years sa that
thereafter at each anual élection the members of the Society shall elect
a trustée to serve for a term of three years to succeed the trustée whose
office at the time expired.
An interterm vacancy among the trustées of the Endowment Fund,
shall be filled by majority vote of the Board of Directors to serve until
his successor is elected at the annual élection next held by the members
of the Society.
A-2. Each of said trustées forthwith after each élection shall meet
with his co-trustees and organize by electing a chairman, a clerk and a
treasurer. That the requirement of signatures by at least two trustées
be had in ail trustée transactions, there shall not be merger in one
trustée of any two of the offices of treasurer, clerk or chairman.
The trustées shall collect and receive ail contributions, subscrip-
tions and other moneys due or payable to the Endowment Fund and
subject to the gênerai direction and control of the Board of Directors,
shall devise and from time to time recommend to the Board of Directors
and to the membership of the Society, suitable means and methods for
increasing said fund.
A-3. The trustées, or each of them, whenever requested by the
Board of Directors, shall render a report of receipts. withdrawals, dis-
bursements and transactions, showing the balance then on hand and
due détail, and at the annual meeting shall submit a like report for the
current year and reread the report presented at the previous annual
meeting.
A-4. The Chairman of the Trustées of the Endowment Fund shall
be ex-officio member of the Board of Directors.
The Treasurer of the Society and the Treasurer of the Endowment
Fund shall, and any other officer member or employée of the Society
having control or custody of any Society funds or property may, be
required by the Board of Directors to give the Society a bond in a sum
and with a recognized surety company satisfactory to the Board of
Directors, for the faithful performance of his duties. The premium for
such bond shall be paid by the Society.
B-1. The money in the said fund shall be deposited as a savings
account or invested and reinvested in the Sound securities recognized
appropriate for a trust fund. The securities and the records of the
trustées shall be kept in a suitable safe deposit box, which shall be
STATUTS ET REGLEMENTS 27
opened only in the présence of at least two of said trustées. And such
savings account, securities and safe deposit box, shall be held in the
name of the Trustées of the Society, in such bank or depository which
shall be desingnated or aproved by the Board of Directors. And the
proper ofïicer in every s uch bank or depository, shall be given in hand
proper officer in every such bank or depository, shall be given in hand
Constitution and By-Laws governing the Endwment Fund, by the
Secretarj' of the Society. No part of the cash, deposits, securities, or
assets of the Fund shall be withdrawn or negotiated except by spécial
vote of record and written order of the trustées and then only for the
purpose of sale or transfer or reinvestment except as otherwise provided
herein. Any endorsement necessary for the sale, reinvestment, transfer
or withdrawal of funds, securities or assets shall be executed by the
Chairman and the Treasurer of the Endowment Fund, who shall always
be seperate individuals so as to require the signature of two persons,
who are trustées, and when so executed shall pass valid title to the
transferree.
B-2. Except as otheriwse provided herein or by the terms of a gift,
devise or bequest. no part of the Endowment Fund, other then income,
shall be used or expended for any purpose whatsoever, other than for
Sound investment recognized as appropriate for such a fund, unless
there be full compliance with Title VII Article 15 and the provisions
herein this title following: (a) due notice of intent to invade principal,
in writing shall be mailed by the Secretary of the Society to ail members
of the Society and (b) thereafter within thirty days of this preliminary
notice in writing, such notice shall be read by the Secretary to the
membership at a meeting of the members of the Society duly called
and the Secretary shall then certify to this meeting of members that he
or she mailed due notice to every member and (c) thereafter for
purposes of a subséquent meeting, which shall be held within three
calender months from the prior meeting of members at which notice
was first read by the Secretary, notice of such intended action and of the
proposed vote, shall be printed on the call of the meeting and mailed
to every member at least ten days before the date fixed for such second
to every member at least ten days before the rate fixed for such escond
or voting meeting and before such action is to be taken and then by not
less than a two-third vote of the members présent and voting. A quorum
of the Society for this purpose shall be thirty members and meetings
for such a purpose shall not be adjourned meetings: and the "voting"
meeting shall be held not less than 30 days from the "preliminary"
meeting.
B-3 The income from the Endowment Fund shall be available for
any purposes of the Society and shall be paid over at least annually
by the Trustées into the General Fund of the Society.
28 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
B-4. The principal of the Endowment Fund shall be held intact
until the principal attains Ten Thousand (10,000) Dollars in book or
market value, whichever is lower.
Once having attained such Ten Thousand (10,000) Dollars value,
the principal shall not be reduced or maintained below such Ten
Thousand (10,000) Dollars value; and in the event of any loss of such
Ten Thousand (10,000) Dollars value, the principal shall be speedily
restored by available means, included herein a surrender and turning
over by vote of the Board of Directors, of some current income of the
Endowment Fund, to the principal.
When and so long as the principal of the Endowment Fund is at
Ten Thousand (10,000) Dollars or more (by book or market value
whichever is lower), the Board of Directors, by two-thirds vote of total
board membership, may call on the Endowment Fund for payment into
the General Fund of the Society, an amount not exceeding one-half of
the amount which was added to the principal of the Endowment Fund
during the two years immediately preceeding the date of such call,
nrovided always that the call exceed not one-half of the excess over
$10,000 or exceed not one-half of the excess over the amount of principal
as of the day two years preceeding the date of the call, whichever is the
larger base amount, and provided that the call exceeds not an
amount which represents one-half the true capital increase made in two
years immediately preceeding the date of the call on the fund.
C. No part of the Endowment Fund and income thereof, shall ever
ensure to the benefit of any individual or ever be used for the payment
of légal damages, assessments, judgments, or in satisfaction of
judgments imposed on the Society, or be subject to attachment, levy,
seizure or other légal process to satisfy any judgment or decree, with
which the Society's property might otherwise be charged.
D. Any and ail amendments and provisions of the Constitution and
By-Laws, hereafter adopted, referring to the Endowment Fund, shall
be adopted only by full compliance with the provisions hère in this
Title provided for the withdrawal of principal from the fund
notwithstanding any contrary, inconsistant or other provision in the
Constitution and By-Laws provided.
Article 17. Amendements. Amendments to the By-laws may be made
by the members in regular meeting and if by ballot, by two-thirds vote
of the members présent. The provision of this Art. 17 do not supersede
the provisions of Title VIII, Art. 16.
STATUTS ET REGLEMENTS 29
Titre IX
Dissolution
Art. 18. En cas de dissolution de la société, ce qu'à Dieu ne plaise,
tous les membres seront convoqués à cet effet au moins trente jours à
l'avance par écrit. Les deux tiers des membres présents de concert avec
les fiduciaires pourront disposer de l'avoir total de la société dans un dé-
lai d'un an en faveur d'un organisme spécifiquement de culture française
et préférablement l'université Laval de Québec, la gardienne séculaire
de la vie française en Amérique et cela en faveur de l'histoire franco-
américaine.
Règlements
Art. 1. Membres. Les membres sont admis durant les séances. Les
candidats signent la formule d'adhésion, appuyée par deux membres ti-
tulaires. Le secrétaire fait remise des candidats au président, qui les
propose à la réunion. Le choix peut être fait à l'unanimité. L'admission
par scrutin doit recueillir les deux-tiers.
Art. 2. Contribution. Une contribution de $5.00 est versée annuelle-
ment par les membres titulaires.
Art. 3. Séances. Le Bureau fixe la date des séances. Le Président
fixe les réunions du bureau.
Art. 4. Elections. A la réunion du bureau, qui précède la première
séance semi-annuelle, le président choisit un comité de nomination,
composé de trois membres. Ce comité fait rapport à la réunion et la
société peut accepter la liste proposée, en demandant au secrétaire de
déposer un bulletin au nom des membres présents. Tout membre a ce-
pendant le privilège de présenter un ou des candidats de son choix. Si
le choix est soumis au scrutin, chaque candidat doit recueillir une ma-
jorité absolue des voix.
Art. 5. Président. Il préside toutes les réunions et représente offi-
ciellement la société. D'accord avec le secrétaire-trésorier, il veille à la
bonne gestion des intérêts de la société en exécutant ses décisions.
Art. 6. Vice^Président. Il remplace le président en son absence.
Art. 7. Secrétaire-Trésorier. Il a la garde du sceau, des archives, de
la liste des membres, de la correspondance, rapports, la direction du
bulletin et des autres publications et la garde de tous les effets de la
société.
30 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Il expédie les avis de convocation et signe les diplômes avec le
président.
Il a la garde du trésor de la société, perçoit les contributions, solde
les frais approuvés par le bureau et fait rapport sur demande. Il fournit
un cautionnement de $1000 dollars aux frais de la société. Il signe les
chèques et place l'argent de la société dans les comptes de banque né-
cessaires. Il avertit les membres de leur contribution.
Art. 8. Dans le cas où le secrétaire-trésorier n'est plus en mesure
de remplir ses fonctions, le bureau choisira temporairement parmi les
membres du bureau un remplaçant ou un substitut.
Art. 9. Fiduciaire. Chaque année, le président du Comité des Fidu-
ciaires est élu membre du bureau afin de tenir le bureau renseigné sur
les opérations du Fonds de Fiducie.
Art. 10. Conseillers. Ils aident les autres officiers à remplir les be-
sognes confiées au bureau.
Art. 11. Bureau. Le quorum des réunions du bureau est de six. Il
administre les affaires de la société, sauf les cas prévus. Il choisit les
membres honoraires et les lauréats du "Grand-Prix" ou autre distinc-
tion accordée par la société. Au cours de l'exercice, il peut remplir les
vacances dans ses cadres.
Art. 12. Bulletin. Pour servir d'organe d'information à ses membres
et favoriser la diffusion des travaux, la société publie un bulletin qui pa-
raît suivant la décision du bureau.
Art. 13. Archives. Le secrétaire veille à la conservation des archives
de la société et le bureau décide sur l'endroit où elles doivent être dé-
posées.
Art. 14. Grand-Prix. La Société décerne à des personnes méritantes
sa médaille "Grand-Prix", oeuvre du sculpteur Lucien Gosselin. Le bu-
reau choisit les titulaires.
Art. 15. Dons-Récompenses. Le bureau peut décerner des prix, dons
ou récompenses à des personnes ou oeuvres méritantes. Il décerne à
l'occasion, sa médaille "Guillet-Dubuque-Bédard" pour le travail histo-
rique de l'année chez les nôtres, ou pour concours d'histoire dans nos
collèges.
STATUTS ET REGLEMENTS 31
Art. 16. Ordre du jour. 1. Prière et bienvenue
2. Rapport du secrétaire
3. Rapport du trésorier
4. Correspondance
5. Administration
6. Admission des membres
7. Présentation des travaux
8. Affaires nouvelles
9. Election des officiers *
10. Ajournement
* Les élections des officiers ont lieu à la première séance semi-
annuelle.
Art. 17. Amendements. Tout amendement aux règlements peut être
fait, séance tenante, par les membres, et s'il y a scrutin, tout amende-
ment doit réunir les deux-tiers des membres présents.
Approbation
Les présents statuts et règlements, après avoir été soumis au bu-
reau pour étude, ont été dûment approuvés et acceptés par la société,
en séance régulière le 20 mai 1959, pour prendre effet en lieu et place,
immédiatement, de tout statut ou règlement ci-devant en vigueur.
Adrien Verrette, président
Gérald Robert, secrétaire
Fonds du Fiducie
Le projet de l'établissement d'un Fonds de Fiducie ou "Trust Fund"
pour la société remonte à la réunion du Bureau, le 5 octobre 1957, tenue
à l'hôtel Lenox, de Boston. Le président soumettait à ses collègues les
avantages d'un pareil fonds qui assurerait une réserve pour aider la so-
ciété dans son administration et ses oeuvres. Ce fonds permettrait éga-
lement aux membres et aux autres compatriotes de favoriser la société
par des legs testamentaires. Il soulignait également la nécessité de mo-
difier les statuts et règlements dans le meilleur intérêt de la société.
Après avoir discuté le projet, les officiers acceptaient à l'unanimité
une telle initiative, regrettant que ce fonds ne fut pas établi au début
de la société. Me Pierre Belliveau s'offrait alors à préparer les règle-
ments d'un tel Fonds et les amendements jugés nécessaires pour en sai-
sir les membres à la réunion annuelle suivante. Le bulletin 1957, page
120, annonce le projet.
32 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
A la réunion du 1er février 1958, le bureau étudie le premier texte
du "Fonds de Fiducie" préparé par Me Belliveau et se déclare satisfait
avec certaines modifications légères. Il est aussi question de modifica-
tions des Statuts et Règlements de la société.
Dans sa lettre de convocation du 21 avril 1958, pour la réunion an-
nuelle du 21 mai suivant, la secrétaire avisait les membres qu'ils au-
raient à considérer "la création d'un "Fonds de Fiducie".
A la réunion annuelle du 21 mai 1958, dans l'immeuble de la New
England Historié Genealogical Society à Boston, le président portait à
la connaissance des membres le travail déjà amorcé en vue de l'établis-
sement d'un fonds de fiducie. Il ajoutait des suggestions au sujet de la
modification des Statuts et Règlements de la société. Me Belliveau fut
invité à expliquer ce que comportait cette fondatoin.
Le président reprenait ensuite le texte préparé et remerciait Me
Belliveau, trésorier et expert en la matière, d'avoir consacré un temps
précieux à ce travail. Les membres sur motion faite par le Dr Amyot et
appuyée par Me Belliveau votaient à l'unanimité l'établissement de ce
Fonds et donnaient plein pouvoir au bureau de rédiger les règlements
et autres modifications aux Statuts jugés nécessaires.
Le 10 septembre 1958, invité par J. B. Danais à Millbury, Mass, le
bureau reprenait l'étude du mandat que lui avait confié la société à la
réunion de mai. Le texte était modifié dans les détails.
A la réunion du 10 janvier 1959, le bureau demandait à Me
Belliveau, trésorier, de faire les démarches afin d'obtenir de Washington
l'exemption d'impôt pour le Fonds de Fiducie et de signer les formules
nécessaires.
Le 20 mai 1959, la société tenait sa réunion annuelle dans le Faneuil
Hall à Boston. Le président communiquait aux membres le travail qui
avait été fait par le bureau mandaté en mai 1958. A savoir la prépara-
tion des amendements aux statuts et aux règlements.
Après que le président eut expliqué aux membres les changements
décidés par le bureau, les membres confirmaient à l'unanimité et avec
empressement le rapport du bureau. C'était l'approbation définitive vo-
tée à la réunion de mai 1958. Les membres élisaient ensuite les trois
syndics du Fonds de Fiducie, le juge Eno, Me Belliveau et l'abbé
Adrien Verre tte.
Dans son bulletin 1959, le bureau publiait les Statuts et Règlements
de la société amendes. Malheureusement des erreurs de rédaction se
STATUTS ET REGLEMENTS 33
glissèrent. A la page 243, on donnait la date d'approbation comme le 20
mai 1960 (bulletin 1959). L'année devait être 1959 d'après les procès
verbaux. Erreur de typographie.
Autre ennuie. Par accident, le texte du "Fonds de Fiducie" n'é-
tait pas celui adopté à la réunion de mai. Cette mésaventure est corri-
gée dans le présent bulletin avec le texte complet des Statuts et Règle-
ments. Dans un avis important, le même bulletin invitait les membres à
souscrire à ce fonds de réserve avec formule.
Le bulletin 1960 porte encore à confusion. Le rapport de la réunion
du 21 mai a dit que le Fonds de Fiducie est approuvé par les membres.
Ceci n'est pas exact, car la réunion annuelle de 1958 avait donné plein
pouvoir au bureau de diriger toute l'entreprise et celle du 20 mai 1959
confirmait de nouveau tout ce qui avait été fait par le bureau déjà man-
daté.
III
Eloges
Me Joseph Monette
1869-1961
(Edouard Fecteau)
En juin 1915 j'assistais à un de mes premiers banquets patriotiques.
C'était une convention des anciennes sociétés St. Jean-Baptiste et on
comptait les délégués de douze sociétés de la Nouvelle-Angleterre.
Je fus bouleversé, transporté d'enthousiasme par la parole, l'a-
plomb, l'éloquence, la sincérité de celui qui donnait le discours de cir-
constance, feu Me Joseph Monette de Lawrence, dont on me demande
de faire l'éloge aujourd'hui.
Comme tant de pionniers Me Monette est né au Canada, à Saint
Martin de Laval, le 11 décembre 1869, fils de Joseph Monette et de
Louise Paré. Un de ses ancêtres, François, fut au nombre des censitaires
de l'île Jésus en 1737. Il fréquenta d'abord l'école primaire de son villa-
ge, puis alla au collège Ste Thérèse de Blainville pour terminer ses hu-
manités. Il brilla au nombre des gloires de son collège pour décrocher
à la fois les lauréats convoités du "Prix Prince de Galles" et de la
Médaille du Gouverneur. Il fut le contemporain du juge Wilson, du sé-
nateur Marcotte, de Me Henri-T. Ledoux l'un des fondateurs de la So-
ciété Historique Franco-Américaine.
Il fit un stage à la faculté de droit de l'université de Montréal, puis
termina ses études légales à Harvard en 1896, là il est le condisciple
d'Alphonse Gaulin, le premier secrétaire de notre société.
Pendant quelque temps il fut à Lowell pour ensuite s'installer défi-
nitivement à Lawrence en 1900 où il épousa Ubaldine Landry. Le couple
aura trois enfants, deux filles et un garçon.
Il avait un goût prononcé pour la littérature et les mathématiques.
Il fut un grand lecteur toute sa vie et avait une imposante bibliothèque.
Il se fit remarquer à la tribune des orateurs dans nombre de nos
mouvements. Il a la parole facile et est toujours plein de feu.
En 1909 il donna le discours à une grande convention de son Aima
Mater.
ELOGES 35
Il fut un aviseur, un guide et un chef reconnu. Il est au nombre des
fondateurs du Conseil Chénier de l'Union St Jean-Baptiste d'Amérique.
Au nombre des fondateurs de la Ligue Civique Franco-Américaine du
Massachusetts, avec Me Guillet de Lowell, président fondateur de notre
société. Au nombre des fondateurs des clubs Montcalm et La Salle à
Lawrence, il prépare la charte de cette dernière société. Il aida forte-
ment les fondateurs du Courrier de Lawrence, alors le Courrier National,
il en devint le propriétaire en 1907. Sous son administration il changea
le nom en celui de Courrier de Lawrence, nom qui demeure encore. II
avait une âme poétique, il fit quelques sonnets qu'il publia peut-être du-
rant son stage comme journaliste. Nous retenons "Chansons du Prin-
temps", "Le Bûcheron", et "Fantaisie".
Il organisa des classes de naturalisation et cela pendant plusieurs
années, trouvant le local et les professeurs. Il s'occupa activement de
politique. Il fut le dirigeant de la campagne qui élisait Amédée Cloutier,
premier franco-américain de Lawrence à la législature d'Etat à Boston.
Il est nommé membre du Conseil du Travail et de l'Industrie dans le
Massachusetts. Poste important qu'il occupa pendant 20 ans.
Il fut un orateur extrêmement prisé. En 1908 à Springfield il est à
la tribune des orateurs. En 1915, à Holyoke, il présente le Chef Canadien
Henri Bourassa à une grande manifestation patriotique. A Lawrence il
prend part à toutes nos démonstrations de notre fête nationale et de
nos organismes, soit comme orateur, soit comme maître des cérémonies.
Et, comme on dit il savait remué les idées et les hommes.
Il était spirituel à son heure. Dans son bureau d'attente, il avait,
accroché au mur, une peinture narquoise. C'était une vache qui domi-
nait. Un homme tire la vache par le cou, un autre à l'arrière tire la va-
che par la queue. Et assis, tranquillement, un homme (un avocat) est à
traire la vache de son lait et de sa crème. J'étais jeune quand maman
eut à aller voir un avocat. On alla voir Me Mouette. Avant de nous faire
entrer dans son étude il dit à maman "Avez-vous la peinture et la com-
prenez vous? Maman de répondre oui. Et maintenant vous voulez que
je prenne votre cas.
Me Monette fut le troisième président de notre société de 1904 à
1906. Sous son stage notre société publia son premier bulletin. La so^
ciété lui décerna la médaille "Grand Prix" en 1957, chez lui, car il sor-
tait rarement durant ses dernières années. Il était âgé de 88 ans, encore
alerte, toujours spirituel.
Maintenant il n'est plus parmi nous. Il partit doucement, paisible-
ment, sans heurt; la machine humaine était épuisée.
36 BULLETIN DE LA SOCIETE mSTORIQUE
Roméo J. Dufour
1909-1960
(Bernard Théroux)
Chacun grave au cours des années son épitaphe et chacun rédige
son propre éloge.
En lettres majuscules les mots FIDELITE et DEVOUEMENT résu-
ment la vie d'un compatriote de qui nous gardons un souvenir vivant.
Roméo Joseph Philippe Dufour est né à Fall River, Massachusetts,
le 18 octobre 1909 du mariage de feu Philibert Dufour et feu Marie
Tremblay. Dès son enfance, notre regretté disparu, authentique fils d'une
de nos braves familles canadiennes-françaises, se distingua parmi ses
camarades par son amour de la langue française.
Il fit ses études élémentaires à l'école paroissiale Saint-Mathieu de
Fall River, son cours classique au Collège de l'Assomption de Worcester,
Massachusetts, puis il obtint sa Maîtrise en Education de l'Université de
Boston au Massachusetts. Il poursuivit ses études pour un Doctorat qu'il
espérait obtenir sous peu.
Le 4 juillet 1946 il épousa mademoiselle Yvette Deschamps de la
paroisse Notre-Dame de Lourdes de Fall River.
De cette union naquirent un fils, Claude Philippe et quatre filles:
Mesdemoiselles Denise Eugénie, Simonne Juliette, Michelle Concorde
et Danielle Marie.
Il fut un père de famille exemplaire. Les quatorze années qu'il pas-
sa avec sa famille furent des années d'un dévouement complet. Epoux
et père comme on en voit rarement: catholique modèle, bon, patient,
généreux, convaincu et débordant d'énergie.
Sa disparition laissa aussi un vide profond parmi les éducateurs.
Il était un professeur voué à sa carrière. Au cours de ses jeunes an-
nées il enseigna à l'Ecole Bart de Québec et devint quelques années plus
tard professeur à l'Ecole Supérieure B.M.C. Durfee de Fall River, po-
sition qu'il occupait au moment de sa mort. Il était membre de la Fall
River Teachers' Association et de la Massachusetts Educational Associa-
tion ainsi que l'Association des Professeurs de l'Ecole Supérieure
B.M.C. Durfee.
ELOGES 37
Quant aux oeuvres, il s'intéressa toujours à toutes les causes civi-
ques et culturelles mais se consacra d'une manière toute particulière à
la cause franco-américaine.
La mort, en venant ravir par une crise cardiaque ce chef dévoué à
l'âge prématurée de 51 ans, enleva au peuple Francoi-Américain de Fall
River et de la banlieue un des piliers les plus robustes de sa survivance.
Pour énumérer quelques-unes des sociétés qui ont tiré de larges béné-
fices de ses services, disons: il était au 16 novembre dernier lorsque le
bon Dieu le rappela à Lui, président du Club Richelieu-Fall River,
membre du bureau de direction de la Fédération Catholique Franco-
Américaine de Fall River, président du Conseil Saint-Antoine de
Somerset de l'Union Saint-Jean-Baptiste d'Amérique, membre de la So-
ciété des Artisans, membre de l'Union Canadienne de Bowenville et un
fidèle de la Société Historique Franco-Américaine. Il était communiant
de la Paroisse Saint-Mathieu de Fall River et membre très actif du Co-
mité Paroissial.
M. Philippe-Armand Lajoie, rédacteur-en-chef de l'Indépendant de
Fall River, rendit l'hommage du groupe franco»^méricain de Fall River,
à l'occasion de ce deuil cruel, en ces termes: "Ceux qui eurent le privi-
lège de son intimité garderont de lui le souvenir d'un franc camarade
qui savait allier la gaieté et l'entrain aux tâches à accomplir et qui, mê-
me au détriment de sa santé, ne refusa jamais son aide à une bonne
cause".
Cette belle vie, hélas si courte, laissa sa marque, son sceau, non
pas sur un nombre de volumes ou de monuments, mais sur la vie de ses
congénères. Il aimait VIVRE. Il aimait VIVRE parce qu'il en savait la
vraie signification ... Il avait sans doute modeler sa vie d'après les
quelques lignes d'un de nos pères spirituels qui nous dit que
VIVRE: c'est croire,
c'est aimer,
c'est servir,
c'est souffrir,
c'est mourrir mais pour se survivre et s'éterniser en
Dieu.
Le lundi 21 novembre les funérailles eurent lieu en l'église Saint-
Mathieu de Fall River. L'assistance nombreuse de personnes de toutes
les sections de la ville de Fall River ainsi que de l'extérieur rendit un
hommage ému à celui qui avait donné à ses compatriotes franco-améri-
cains sa pleine mesure!
38 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Son corps fut ensuite transporté au Cimetière Notre-Dame de Fall
River où il repose désormais en attendant la résurrection générale, es-
comptant toujours un souvenir dans nos prières.
Joseph-Euclide Mercier, M.D.
(1875-1961)
(Adolphe Robert)
L'on signale avec raison que dans l'histoire du peuple franco-amé-
ricain, le prêtre a été le premier à se préoccuper des besoins spirituels
des émigrés canadiens-français. La chronique de nos établissements re-
ligieux confirme cette vérité. C'est Mgr de Goesbrinand, premier évêque
du Vermont qui, dès 1853, démontrait la nécessité de paroisses antiona-
les desservies par des prêtres de longue française. Il est alors absolur
ment exact de dire que le prêtre a été le pionnier de notre peuple en
formation.
Après le prêtre est venu le médecin. Une paroisse nouvelle était-elle
fondée qu'un médecin s'y implantait, afin de pourvoir aux besoins corpo-
rels des nouveaux émigrés. Mais dans nombre de cas, le médecin devint
plus qu'un simple dispensateur de remèdes. Il fut, avec le curé, le gui-
de et le conseiller de ses compatriotes en matière de survivance cultu-
relle, économique, politique et sociale. Et c'est ainsi que l'histoire con-
serve les noms de médecins qui ont été parmi les principaux artisans
de notre conservation et de notre développement comme peuple dis-
tinct. Certains d'entre eux sont descendus dans l'arène de nos luttes,
tels les docteurs Leclaire, de Danielson; Fortier et D'Argie, de
Waterville. D'autres ont dirigé leurs efforts dans la fondation et l'orien-
tation de nos sociétés nationales: ce sont les docteurs Brien, de
Manchester; Bellerose, de Rutland; Larocque, de Plattsburg; Quessy, de
Fitchburg; Page, de Southbridge. D'autres encore ont élevé la voix dans
nos grands congrès nationaux dont ils furent l'inspiration; se sont: les
docteurs Martel, de Lewiston; Larue, de Putnam; Petit, de Nashua;
Baribault, de New Haven; Bédard, de Lynn; Fréchette, de Leominster.
Il en est qui ont attaché leur nom à la fondation de maisons d'enseigne-
ment, le docteur Hill, deWoonsocket; le docteur Normandin, de New
Bedford. Il en est un autre qui a révélé à la France le nom franco-amé-
ricain, c'est le docteur Daudelin, de Worcester. Dans West Warwick, le
nom du docteur Legris ne sera jamais oublié. Il en sera de même à
Willimantic pour le docteur Girouard. A Putnam, le docteur Lamarche
s'est fait journaliste, tandis que les docteurs Girouard, de Lewiston;
Thériault, de Concord; Sainte-Marie, de Pittsfield; Normand, de Fall
River publiaient des oeuvres qui ont enrichi d'autant la littérature fran-
co-américaine. Il convient de mentionner enfin ceux qui ont fortement
contribué à l'açcrpisse-ment de notre prestige et à notre avancement col-
ELOGES 39
lectif par le moyen de la politique. Ce sont les docteurs Caron, de
Manchester; Mignault, de Lowell; Beauchamp, de Chicopee; Carrière,
de Fitchburg; Maynard, de Nashua; Lagassé, de Franklin.
Je pourrais alonger cette nomenclature de bien des noms de méde-
cins franco-américains encore vivants qui se font gloire de marcher sur
les traces de nos regrettés disparus.
Au nombre de ces derniers se placve Joseph-Euclide Mercier, fils
d'Anastase Mercier et Arthémise Laforce, né à Grâce Field, comté
Pontiac, Canada, le 17 septembre 1875. Il perd son père à l'âge de cinq
ans, ainsi que quatre de ses frères et soeurs. Deux ans plus tard, il perd
sa mère, de sorte qu'à l'âge de sept ans, il n'a plus ni père ni mère, ni
frères ni soeurs. Il suit un cours d'études commerciales dans une acadé-
mie dirigée par les Frères de Sainte-Croix. Il entreprend ensuite des
études clasiques au séminaire de Saint-Hyacinthe. La maladie l'oblige à
discontinuer son cours après la classe de belles-lettres. En 1893, il émi-
gré aux Etats-Unis et devient commis de pharmacie à Barnumville. La
pharamacie le conduit à l'université du Vermont pour l'étude de la mé
decine. Deux autres années d'études médicales suivront à l'université
de Baltimore. Admis à la pratique de la médecine le 15 novembre 1899.
il ouvre son bureau de médecin à Fall River. Naturalisé citoyen améri-
cain en 1900. Il épouse Frances Fontaine, à Woonsocket, en 1903. Mem-
bre des sociétés suivantes: Union médicale de Fall River; Fall River
Médical Society; vice-président du personnel médical de l'hôpital Sainte-
Anne, de Fall River; médecin-examinateur des écoles publibles pendant
36 ans; directeur de l'Association CanadohAméricaine (1932-1936 - 1940-
1954); vice-président général honoraire de cette société 1956-1960; mem-
bre et président pendant deux termes du Club Calumet; ancien vice-pré-
sident de la Fédération des Sociétés franco-américaines de Fall River;
co-fondateur de la paroisse du Saint-Sacrement, de Fall River; fondateur
de la Société des Concours de français qui vient de fonder une bourse
à sa mémoire, laquelle a été décernée pour la première fois cette an-
née. Décédé à l'hôpital Sainte-Anne, de Fall River, le 17 octobre 1960.
Inhumé au cimetière Notre-Dame le 19 octobre après d'imposantes funé-
railles en l'église du Saint-Sacrement. Son épouse l'avait précédé dans la
tombe. Il avait été décoré de l'Ordre du Mérite francowaméricain et le
Gouvernement français lui avait décerné sa Médaille de la Reconnais-
sance pour services rendus à la culture française aux Etats-Unis.
Nos sympathies à sa famille distinguée.
40 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Abbé Eugène Dion
1892-1961
(Abbé Adrien Verrette)
Un grand ami de nos oeuvres disparaissait le 4 janvier 1961 avec la
mort soudaine de l'abbé Eugène Dion, âgé de 68 ans et curé très estimé
du Saint-Sacrement à Fall River.
Au moment de son décès, L'Indépendant publiait par tranches son
intéressant récit du Premier Pèlerinage du Diocèse de Fall River en
Europe l'automne dernier. Ce fut son dernier écrit.
L'abbé Dion naquit le 30 octobre 1892 dans le village de Berthier,
comté Montmagny, aujourd'hui dans le diocèse Ste Anne de la Pocatière.
Il était l'un des seize enfants de Fortunat Dion et d'Alphonsine Plante,
un foj'er sans aisance mais imbu du plus pur sens familial. Il sera bau-
tisé en l'église l'Assomption.
Il a à peine quelques semaines, lorsque la famille s'établit à Warren,
Rhode Island pour se fixer définitivement à Fall River en 1895. Les étu-
des primaires terminées, Eugène Dion doit se trouver un emploie dans
les filatures pour aider ses parents.
C'est à la suite d'un généreux encouragement de son curé l'abbé
(Mgr) Osias Boucher qu'il se dirige vers le séminaire de Québec à l'au-
tomne de 1911. Il a 19 ans et ne craint pas de se livrer aux études qui
le conduiront ensuite à Baltimore et à l'Université Catholique de
Washington pour être ordonné le 7 juin 1924 par Mgr Daniel Feehan,
évêque de Fall River.
Il occupe plusieurs postes à Attleboro, à New Bedford et à Fall
River où il se dépense avec zèle.
En mars 1947, il est nommé curé du St-Rosaire à New Bedford puis
de St-Hyacinthe deux ans plus tard dans la même ville. Ces deux postes
doivent soutenir l'école paroissiale mais le petit nombre de familles
rend la tâche lourde. Chaque nouveau curé y apporte son effort. Le tra-
vail y est d'autant plus réconfortant qu'il exige un dévouement de tous
les instants.
C'est en 1955 que l'abbé Dion prend la direction du SaintrSacrement
à Fall River. Il y apporte un ministère de 30 ans mûri par un apostolat
fervent. Il y est accueilli avec joie et grande cordialité.
ELOGES 41
L'abbé Dion a de belles qualités, affable, charitable avec un langage
pittoresque parfois. Son peuple sent que c'est une âme de bon pasteur
qui vibre en lui. Il aime le beau partout et se réjouit de faire aimer la
religion dans un climat élevé et pieux.
Il appartenait aussi à la génération des continuateurs de nos oeu-
vres. Toute sa vie il garda bien intact le sens de la fidélité à notre idéal,
ne ménageant pas ses appels et ses consignes. Il était dévoué aux insti-
tutions qui avaient allumé dans sa vie la flamme de l'apostolat.
Membre de notre société depuis quelques années, il était encore
très attaché au Comité de Vie Franco-Américaine dont il faisait partie.
Il avait participé activement au Ve congrès du Comité, tenu à Fall
River, en 1959.
A son décès, le rédacteur de l'Indépendant écrivait: "il avait jalou-
sement gardé son esprit français et son attachement aux traditions ca-
nadiennes-françaises. II ne refusa jamais la faveur de sa présence et de
sa parole aux assises franco-américaines, même à une époque, heureuse-
ment révolue, où d'autres refusaient de paraître par peur de se com-
promettre.
"Sous son administration, les oeuvres à lui confiées . . . ont prospé-
ré et fleuri dans l'atmosphère d'une aimable coopération . . . Bref, M.
le curé Dion fut un prêtre exemplaire, un ami attentif et secourable et
un très digne homme . , ."
Un tel hommage en dit long sur la carrière de ce pasteur. Les
Franco-Américains voient toujours avec regret disparaître les meilleurs
de leurs apôtres. Que sa mémoire nous soit un réconfort.
Narcisse Cotnoir, o.m.i.
1887-1961
(Antoine Clément)
La Franco-Américanie perdit l'un de ses amis véritables dans la dis-
parition inattendue, le samedi 6 mai dernier, du bon Père J.-Narcisse
Cotnoir, o.m.i., du sanctuaire mariai Notre-Dame-de-Grâces, de
Colebrook, N. H., qui est venu tout doucement glisser vers son éternité
à Boston, dans un affaiblissement constant qui le minait depuis peu de
temps auparavant.
Actif jusqu'à la fin, il était à Lowell il y a quelques semaines pour
y réconforter des amis et pour y célébrer un service, et des Lovi^ellois
42 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
lui ont fait visite à Colebrook, une quinzaine avant sa mort, et il sem-
blait encore bien après avoir été indisposé pendant quelques jours. Sans
être la robustesse même, son état de santé ne laissait pas prévoir une
fin aussi soudaine.
Missionnaire pour évangéliser les pauvres, selon l'esprit du fonda-
teur de sa congrégation religieuse. Mer de Mazenod, c'est au milieu des
simples fidèles et des jeunes, des humbles et des orphelins, des malheu-
reux et des affligés, des missionnaires et des mission, des étudiants et
des novices, des malades et des pèlerins qu'il exerça la plus grande par-
tie de son ministère. Sans jamais occuper un seul poste de commande-
ment chez nous, à notre souvenance, il n'en aura pas moins un sens très
profond de dévouement à chacune des obédiences à lui confiées.
Aumônier efficace de nos associations religieuses, nationales et pa-
triotiques, il est aussi membre de nos sociétés culturelles et littéraires.
Ecrivain de mérite à la plume facile et délicate, il confiera des articles
hebdomadaires à ses amis de la presse franco-américaine pour en faire
usaPe à leur gré. C'est à nous-même qu'il fit l'offre avant la conférence
du Géographe Raoul Blanchard sur "Les impressions d'un Français au
Canada en 1932". à l'Alliance française de Lowell, en la salle de la bi-
bliothèque de Lowell Hi^h. le 6 décembre 1932. C'est ainsi que les lec-
teurs de l'ancienne "Etoile", de Lowell. ont pu lire "Jean des T ourel-
les" pendant plus d'une cinetaine d'années, et qu'après eux, ceux de
"L'Impartial", de Nashua, N. H., ont pu le faire eux-mêmes pendant plus
de dix années. Et ceci s'explique par le fait qu'il a contribué aux deux
journaux ensemble pendant quelques années.
n a chanté la vallée Thérésienne du sanctuaire Ste-Thérèse de
Dracut, Mass., où il eut maintes fois l'occasion d'aller faire du ministère
Tvendant son long stage de dix années à Lowell, et même après cela pen-
dant les absences du vicaire malade. C'est là qu'il avait fixé la fête des
grand'mamans en juillet. Il a chanté également, en ces dernières années,
le sanctuaire au coeur mariai des Montagnes Blanches. Et l'on se sou-
vient de sa vingtaine à trentaine de récits haïtiens à son retour d'un
stage de trois ans à la mission d'Haïti. Ses articles ne cessaient de met-
tre en lumière les saines traditions et coutumes de chez nous et ses le-
çons morales étaient du meilleur enseignement religieux de nos jours.
Homme d'oeuvres, comme on le voit, il aimait sa congrégation reli-
gieuse et il aimait nos propres oeuvres franco-américaines, dont il fut
toujours un sage conseiller et l'un des plus fermes appuis. Il aimait
aussi l'imprimé. On lui doit de courtes biographies d'orphelins, de frè-
res convers, et tout un recensement des religieux décédés de sa congré-
gation publié à plusieurs éditions, travail achevé après huit années de
ELOGES 43
recherches pour le centenaire de la mort de Mgr de Mazenod, demain
21 mai, que les Oblats célébreront partout, notamment à Marseille.
Aumônier de l'Orphelinat Franco-Américain de Lowell, il sera in-
timement lié à la fondation de l'Association des Anciens de cette insti-
tution; aumônier de conseils lowellois de l'Union St-Jean-Baptiste
d'Amérique, il est de tous leurs événements et manifestations. Aumô-
nier plus tard de l'hôpital St-Joseph de Nashua, N. H., il se prodiguera
en prières et en consolations pour les malades et les religieuses, avec
son franc sourire de toujours, après avoir fait, à son tour, des chevau-
chées dans les mornes de la mission d'Haïti où il croira faire de plus
en plus ascension vers le ciel dans ses montées d'un morne à l'autre,
ainsi qu'il l'écrira à des amis.
Au New Hampshire, il sera apôtre de la Légion de Marie qu'il cher-
chera à répandre sur son passage. C'est par elle qu'il contribuera à don-
ner une orientation religieuse à l'un de nos journaux franco-américains,
"L'Impartial" de Nashua, pour le sauver de la décadence de notre pres-
se en Franco-Américanie, après y avoir intronisé le Sacré-Coeur de
Jésus comme "Chef d'atelier et de la direction". Il continuera aussi à
faire ses cueillettes d'aumônes pour pétales de roses en vue de la créa-
tion de trois ou quatre bourses missionnaires permanentes pour Haïti.
Et il s'intéressera également, au sanctuaire de Colebrook, à multiplier
les adhésions au Lien du Rosaire Vivant par tous ses messages de Noël
et autres à ses nombreux amis par toute la Nouvelle-Angleterre.
C'était un fervent de l'Alliance française de Lowell, de la Société
Historique franco-américaine et de l'Alliance des journaux franco-amé-
cains de la Nouvelle-Angleterre.
Originaire de St-Robert-de-Richelieu, près de Sorel, P.Q., le 3 dé-
cembre 1887, le Père Cotnoir fit ses études au petit séminaire de St-
Hyacinthe, P.Q., et au scolasticat d'Ottawa, Ont., où il fit sa profession
religieuse chez les Pères Oblats le 8 septembre 1915. Il recevait l'onc-
tion sacerdotale, le 17 juin 1916, des mains de S. Exe. Mgr Hugues
Gauthier dans la cathédrale d'Ottawa.
En 1917, sa première obédience le conduisit dans la paroisse St-
Sauveur de Québec, où il rencontra l'apôtre du Sacré-Coeur, le Père
Lelièvre, et où il passa dix années à s'occuper des oeuvres de jeunes-
se. Venu ensuite aux Etats-Unis dans la province St-Jean-Baptiste de
Lowell, fondée depuis quelques années, il oeuvre pour nous pendant
bientôt trente-cinq années. Il est assistant à St-Jean-Baptiste et à Ste-
Jeanne-d'Arc, de Lowell, pendant dix ans, et il fera un stage au sanctu-
aire de Dracut dédié à sainte Thérèse. Le 23 avril 1947, à 60 ans, il re-
cevra son obédience pour aller travailler à la vigne du Seigneur sous le
44 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
ciel bleu et le soleil ardent de la mission d'Haïti. Puis de 1951 à 1958,
il sera aumônier de l'hôpital St-Joseph de Nashua, N. H. Entretemps,
à trois reprises, il reçut des obédiences pour le petit séminaire, puis
noviciat et sanctuaire de Colebrook, comme professeur, puis comme
sous-directeur du sanctuaire.
Partout il est passé humblement et doucement en faisant le bien.
Dieu seul sait tout le bien qu'il a fait en Franco-Américanie. Puisse le
Seigneur le lui rendre largement dans l'Au-delà! Modèle du clergé
franco-américain de la relève, il n'y a pas d'autre voie à suivre pour
rester franco-américain et pour être digne du titre de franco-américain.
Il laisse pour le pleurer deux soeurs, deux demi-soeurs, ainsi que
plusieurs neveux et nièces. Le décès est survenu à l'hôpital Deaconess
de Boston, où le malade venait d'arriver après seulement cinq jours
d'alitement. Déjà il avait écrit à son 40ème d'ordination, en 1956, à
Nashua: "40e anniversaire de prêtrise . . . C'est le moment pour moi de
dévaler la colline . . . Bientôt, j'aurai à répondre à l'appel du Maître . . .
La porte du temple sera close . . . Dans l'ombre disparaîtra l'autel gravi
déjà 15,000 fois".
Le Père Cotnoir est revenu au pays de ses premiers labeurs en
Franco-Américanie pour la translation des restes et pour la récitation de
l'office des morts, le lundi 8 mai, à 4 heures, en l'église St-Jean-Baptiste
de Lowell, et pour ses obsèques là le lendemain matin à 10 heures, avec
inhumation à côté de ses confrères Oblats au cimetière St-Joseph d'East
Chelmsford, en banlieue, où il dort de son dernier sommeil en attendant
la résurrection des morts.
Ce collègue a eu l'occasion d'assister a nom-ore de fêtes de notre
Société Historique comme invité. Ce n'est qu'assez récemment qu'il nous
donnait son adhésion, peut-être pour remplacer un ancien Oblat dispa-
ru. Mais il était membre intéressé et dévoué au point de partir de
Colebrook, "aux lignes" du Canada, pour assister à nos réunions.
Paix à son âme. Paix à ses cendres!
Abbé Pierre H. Gauthier
1883-1960
(Abbé Adrien Verrette)
Pierre Gauthier, curé de Notre Dame du Perpétuel Secours à
Holyoke, Massachusetts depuis 22 ans, était une véritable présence au
sein de la vie franco-américaine. Son départ a retiré une pierre préci-
euse de notre armature franco-américaine. Il était de ces apôtres trop
ELOGES 45
peu nombreux, de nos oeuvres au sein de notre clergé. Il mérite un
hommage que nous lui décernons avec le plus fraternel empressement.
Né le 4 mai 1883 à Sutton, dans la banlieue de Manchaug dans
le Massachusetts mitoyen, il était le fils de Joseph Gauthier et de
Georgiana Pothier dont le foyer heureux comptait sept enfants, dont
deux prêtres, (Louis, décédé à Détroit l'an dernier) et le docteur Henri
chirurgien de belle réputation à Woonsocket.
Tout jeune enfant, sa famille s'établit à Fisherville et les parents
ne refusent pas les sacrifices pour procurer à leurs enfants les avantages
d'une haute éducation. Pierre est alors dirigé au collège de Lévis dont
il demeure un ancien très fidèle. Pour ses études supérieures, il se rend
ensuite aux séminaires de Montréal et de Rochester, New York, où il
est ordonné le 6 juin 1908.
A cette date, le diocèse de Springfield comprend le territoire actuel
du diocèse de Worcester. L'abbé Gauthier occupera des vicariats à
N. Adams, à Webster, à Worcester, à Springfield et à Holyoke. Il y dé-
ploie un zèle qui est fort apprécié.
La première guerre mondiale (1914-1918) fait appel au clergé pour
les aumôneries militaires. L'abbé Gauthier est l'un des premiers à ré-
pondre. Chapelain du 301e régiment, il participera à l'historique batail-
le de l'Argonne, en France. Il portera le titre de capitaine en retraite, et
sera l'aumônier fondateur du Poste No 25 de la Légion Américaine. Il
demeure fidèle à ses camarades.
Le ministère reprend l'abbé Gauthier. Il termine son vicariat en
1925 pour être nommé curé de la paroisse Ste-Famille à Greylock, fau-
bourg de North Adams, au sein ravissant des montagnes Berkshires.
C'est un premier poste, mais il lui donne de l'envergure en établissant
l'école paroissiale qu'il confie aux Soeurs Ste-Anne, très répandues
dans le diocèse.
Il quitte ce poste qu'il affectionne pour accepter la cure l'Assomp-
tion à Chicopee en 1938. Ici encore, il se révèle un pasteur avisé en éta-
blissant l'école dirigée par les Soeurs du Saint Esprit.
La belle paroisse Notre Dame du Perpétuel Secours à Holyoke est
devenue vacante par la mort de celui qui l'administrait avec succès de-
puis 35 ans, l'abbé Joseph Marchand, pasteur de belle stature, trop peu
apprécié que nous avons eu le bonheur de connaître et d'admirer.
Notre Dame est une importante chrétienté qui est fière de ses oeu-
vres. L'abbé Gauthier est nommé curé en 1938. Il en accepte la direction
46 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
avec joie. Il y demeure durant 22 ans pour y accomplir un travail mer-
veilleux.
Artiste et ami du beau il est cependant un administrateur habile,
n fait disparaître les obligations. Il exécute ensuite la décoration de son
église, l'une des plus imposantes, avec une variété et une richesse de
marbres pour le sanctuaire, installation de verrières du meilleur goût,
les grandes orgues, les cloches, rajeunissement au presbytère, à l'école,
au couvent et enfin l'embellissement du cimetière.
Ce travail, l'abbé Gauthier l'accomplit avec amour parce qu'il est
toujours fidèle à son idéal de pasteur franco-américain. Il est avant tout
le prêtre du Christ et sa longue carrière en est une fidèle illustration.
Musicien et artiste, il dirige et déploie un beau dévouement dans
l'exécution de concerts, d'opérettes et de représentations dramatiques
qui sont à l'affiche.
Comme apôtre de nos oeuvres, l'abbé Gauthier était un véritable
continuateur. Malgré les métamorphoses précipitées des opportunistes,
il ne crut pas nécessaire de modifier le climat de ses oeuvres tout en
respectant les adaptations inévitables. En cela il avait raison.
Il était de l'avant-garde toujours sur la brèche et les années ne modi-
fièrent pas sa sincérité. Cette attitude put lui valoir une certaine défa-
veur auprès de certains confrères moins intéressés.
Aumônier diocésain de l'Union St Jean-Baptiste d'Amérique, il en
reçut un certain prestige. Il était vice-président d'honneur du Comité
de Vie Franco-Américaine qu'il fréquenta assidûment. Ses collègues ai-
maient à entendre sa voix mûrie par le service et la fidélité.
Membre de notre société, il aimait ses réunions et se déplaçait vo-
lontiers malgré son âge.
Un grand honneur devait couronner sa carrière en 1958 alors qu'il
fut proclamé officier de l'Ordre de la Fidélité Française en Amérique.
Le chancelier d'alors, l'hon. Cyrille Delage déclarait à son endroit:
"il est avant tout un prêtre zélé et un fervent apôtre de la vie franco-
américaine ... Il est une preuve vivante qu'on peut être à la fois prêtre,
loyal citoyen de la république étoilée et fidèle franco-américain. Nous
sommes heureux de l'accueillir au pays ancestral et de lui rendre un
hommage bien mérité."
Tout récemment, après des instances répétées, il s'intéressait aux
espoirs des compatriotes de New Britain qui désiraient leur paroisse,
ELOGES 47
ce qui ne lui valut pas une approbation en certains milieux, mais il
était convaincu. Cette paroisse ne verra probablement jamais le jour et
pour cause . , .
Le 8 juin 1958, l'abbé Gauthier célébrait son cinquantenaire sacer-
dotal . . . l'heure des équations véritables. Il nous faisait l'honneur de
nous compter au nombre de ses invités. A un somptueux banquet servi
à l'hôtel Rogers où se réunissaient plus de 500 convives reconnaissants,
nous résumions avec joie les étapes de sa belle carrière.
Au mois de septembre dernier, je rencontrais l'abbé Gauthier pour
la dernière fois. Il assistait à la promotion de l'Ordre de la Fidélité
Française à Québec. Il paraissait en bonne santé et plein de bonheur.
De haute stature, d'un port très noble et distingué, la figure sereine
et parfois sévère, l'abbé Gauthier tenait à son tempérament qui lui va-
lut certaines déceptions. Il était humain et artiste par surcroit. Il au-
rait pu porter tous les honneurs très dignement car il demeure l'un des
défenseurs authentiques de nos valeurs en terre américaine.
Le 18 octobre dernier, alors que j'étais immobilisé à l'hôpital De
Goesbriand à Burlington, au Vermont, j'appris avec peine le décès de
ce bon serviteur et ami.
La société perdait un membre très distingué, la Franco-América-
nie un exemple qui devient de moins en moins admiré au train de no-
tre absorption. Paix à ses cendres. Sa vie nous devrait susciter une re-
vanche.
Joseph P. Duchaine
1902-1961
(Mgr Albert Bérubé, P.D.)
M. Joseph-P. Duchaine est né à New Bedford le 25 avril 1902. Ses
parents, Paul Duchaine et Florida Boucher, étaient originaires du
Canada. Il fit son cours élémentaire à l'école St-Antoine et commença
son cours supérieur au Collège de l'Assomption de Worcester pour le
terminer à la Benton Business School de New Bedford, tout en travail-
lant avec son père qui avait une modeste boulangerie dans la partie
nord de la ville.
Il épousa Mlle Edéa-G. Carrier en octobre 1926. De ce mariage sont
nés quatre enfants dont trois sont vivants: Paul qui continue le com-
48 BULLETIN DE LÀ SOCIETE HISTORIQUE
merce de son père; Claire, mariée, de Barringotn, R. L, et Maurice, prê-
tre de la Société de Saint Sulpice.
Il s'associa bientôt à son père pour fonder en 1922 la "My Bread
Baking Co." Grâce à son esprit d'initiative et à son talent peu ordinaire
pour les affaires, cette entreprise prit bientôt des proportions considé-
rables et se transforma, en 1934, en la "Sunbeam Bread", avec une bou-
langerie ultra-moderne qui ne cesse de s'agrandir et de se perfection-
ner encore aujourd'hui, et qui attire la visite des experts non seule-
ment des Etats-Unis, mais de la France et de l'Angleterre. Une flottille
de plus de cent camions distribue tous les jours le pain et les autres
produits de cette boulagerie dans l'est de l'état du Massachusetts et du
Connecticut, et dans tout le Rhode-Island.
M. Duchaine est aussi le propriétaire du poste de radio W B S M,
à New Bedford, ce qui n'a pas peu contribué à augmenter son prestige
et son influence, surtout en politique, à tous les niveaux. Il n'a jamais
voulu occuper une fonction publique. Il a toujours refusé d'être maire
de la ville. En 1954. quand on lui a offert la candidature républicaine au
poste de Secrétaire d'Etat pour le Massachusetts, il ne voulut pas ac-
cepter. Mais, en toutes circonstances il réussissait à faire élire son hom-
me, c'est-à-dire celui qui saurait sauvegarder les intérêts des Franco-
Américains.
Il était toujours l'un des premiers dans les organisations de se-
cours soit dans les périodes de guerre ou d'après-guerre. Son esprit ci-
vique était plus que remarquable. Grâce à ses nombreux contacts avec
les hommes d'affaires de l'extérieur, il a contribué à faire venir à "New
Bedford bon nombre de nouvelles industries. Lorsque les autorités mu-
nicipales, par aveuglement ou autres raisons, refusaient d'acquérir cer-
taines grandes propriétés foncières ou immobilières qu'il jugeait né-
cessaires ou profitables au progrès de la ville, il les achetaient de ses
propres deniers, quitte à les remettre ensuite, sans profit, en temps op-
portun, aux autorités compétentes.
Il était directeur de deux banques, syndic de l'hôpital St Luc, pré-
sident de la compagnie de construction Loranger & Fils, et de plusieurs
associations professionnelles dont la grande Coopérative Nationale
"Quality Bakers of America" qui compte une centaine de compagnies
affiliées et dont le siège social est à New York. On a suspendu les rè-
glements de cette association pour l'élire président pendant douze ans,
ce qui l'obligeait de se rendre à New York presque chaque semaine et de
rendre visite aux succursales établies dans les grandes villes des Etats-
Unis et du Canada, de l'Atlantique au Pacifique, où il apportait le nom
bien français de Duchaine et la preuve que la culture française ne nuit
pas en affaires.
ELOGES 49
A la demande de l'évêque de Fall River, il fut le président de la
Campagne annuelle de Charité diocésaine pour l'année 1954 et aussi de
la campagne de souscription pour l'érection de l'école supérieure ré-
gionale "Bishop Stang" de New Bedford en 1957.
Il était syndic de la Maison du Sacré-Coeur à New Bedford et du
Collège de l'Assomption de Worcester. Cette dernière Institution lui ac-
cordait le doctorat honoraire en Sciences Commerciales en mai 1954.
L'Union Saint Jean Baptiste d'Amérique le faisait Membre d'Hon-
neur lors de son congrès de Hartford en mai 1958.
Les Franco-Américains organisaient le 10 novembre 1957, à Lincoln
Park, un grand banquet en son honneur, auquel assistaient les plus hau-
tes personnalités religieuses et civiles de la Nouvelle-Angleterre, des
invités spéciaux de New York et de Washington, et au-delà de douze
cents convives.
Le 1er février 1959, dans une séance solennelle à l'auditorium de
l'école Saint Antoine, M. le Baron Charles de Pampelonne, Consul de
France à Boston, remettait à M. Duchaine la Médaille des Affaires
Etrangères de la part de son Gouvernement.
Malgré toutes ces occupations, en plus de l'administration de ses
propres affaires toujours en marche vers le progrès, il ne négligeait pas
ses compatriotes franco-américains. Il était membre de toutes les socié-
tés, nationales, mutuelles, fraternelles franco-américaines. Il y contri-
buait généreusement de ses deniers et de sa personne. Il assistait à
leurs réunions et à leurs fêtes, souvent dans le rôle de président ou de
Maître de Cérémonie qu'il remplissait avec l'aplomb et la facilité que
lui donnait l'expérience acquise ailleurs. Comme il l'a dit lui-même, "il
n'était jamais si heureux que lorsqu'il se trouvait parmi les siens."
S'agissait-il d'une contribution à solliciter, d'une faveur ou d'une
promotion à obtenir, d'une affaire difficile à régler, ou d'un simple con-
seil à demander, c'était entendu qu'on commençait toujours par aller
Voir "Jos. Duchaine" qui souvent d'un coup de téléphone, d'un tour de
main, d'un prêt ou d'un don généreux prouvait qu'on avait eu raison
d'avoir eu confiance en lui. Nombreux sont les franco-américains qui lui
doivent d'être propriétaires ou commerçants prospères aujourd'hui. On
en apprend tous les jours à ce sujet.
Il favorisait les jeunes qui voulaient s'instruire, se souvenant sans
doute qu'il avait dû défrayer lui-même les frais de son éducation supé-
rieure en travaillant le soir et le samedi. L'école supérieure Saint-
Antoine a bénéficié de sa générosité en plus d'une occasion. Un jour il
50 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
confiait à celui-là même qui vous parle en ce moment, son projet de con-
sacrer une partie de son argent liquide à sa mort pour des bourses d'é-
tude. Il en avait de même fait part à ses fils. Malheureusement, une mort
subite, sinon imprévue, est venue le ravir avant qu'il ait pu réaliser ses
intentions. Nous avons la preuve, cependant, que les fils, dignes d'un
tel père, sauront respecter ses désirs.
Doué d'une énergie sans limite, il travaillait littéralement jour et
nuit. Malgré les conseils qui lui venaient de toutes parts, il ne savait
pas se modérer. D'ailleurs son programme surchargé ne lui en laissait
pas la liberté. La nature ne pouvait suffire à une telle activité. Le coeur
finit par céder. Il y a deux ans il dut faire, à contre-coeur, un séjour
de trois semaines à l'hôpital. Il en sortit en "jurant qu'on ne l'y repren-
drait plus." Le 12 février, une seconde attaque faillit l'emporter. C'est
à peine s'il consentit à rester quelques jours à la maison, tout en tra-
vaillant. Lui, qui par force de volonté avait surmonté tant d'obstacles,
croyait pouvoir vaincre un mal qui pourtant ne pardonne pas trois fois.
Malheureusement, le 23 mars 1961, à 11 heures du soir, à son retour
de New York, il tomba foudroyé en quelques secondes près de son bu-
reau. Il revenait d'un voyage entrepris pour régler, entre autres choses,
ses propres affaires. Il avait dans la poche de son gilet un document
contenant ses dernières volontés, malheureusement, il n'y manquait
que ... sa signature.
A l'occason de son décès, non seulement, les journaux locaux, mais
le Boston Globe, le New York Times publièrent sa photo avec sa bio-
graphie Le drapeau flotta à mi-mât sur l'hôtel de ville pendant trois
jours. Des centaines de télégrammes, de lettres ou autres témoignages
de condoléances furent reçus par la famille. La foule n'a cessé de dé-
filer près de son cercueil pendant les quatre jours où il fut exposé. Une
trentaine de sociétés ou d'organisations étaient représentées à ses fu-
nérailles.
Le lendemain, les franco-américains se rencontraient et se regardaient
consternés. Ils réalisaient qu'ils venaient de perdre leur meilleur ami,
leur conseiller, leur protecteur, qui ne saurait être remplacé.
C'està bon droit que la Société Historique Franco-Américaine ins-
crit le nom et la biographie de ce membre, de ce compatriote qui fut,
comme le disait M. le Consul de France le 1er février 1959, "l'un des
hommes d'affaires les plus importants de la Nouvelle-Angleterre et l'une
des personnalités les plus éminentes et les plus représentatives de la
population franco-américaine de cette partie des Etats-Unis."
La lecture du discours qu'il prononça lors d'une réception que lui
accordait l'Union Saint Jean Baptiste d'Amérique le 19 novembre 1956
nous donne un aperçu des sentiments et des principes de ce Franco-
Américain que le succès n'a jamais empêché de se montrer fier de ses
origines françaises. Ce discours, comme toute sa vie d'ailleurs, est une
leçon qui ne saurait manquer d'être profitable encore aujourd'hui.
IV
Le Conseil de la Vie Française
en Amérique
Le Conseil de la Vie Française demeure le baromètre de la vie fran-
çaise en Amérique. Après un quart de siècle, il est toujours sur la brè-
che au service de nos meilleurs intérêts de permanence française. Sa
réunion plénière annuelle est le grand événement qui fait le point au
sujet de notre comportement.
La 25e reunion plénière débutait jeudi le 14 septembre avec le
dîner traditionnel au cercle universitaire sous la présidence de Me Paul
Gouin qui faisait à cette occasion la remise du prix "Champlain" à M.
Gustave Lanctot d'Ottawa, historien de grand mérite pour son ouvrage
récent "Histoire du Canada". Ce prix de cinq cents dollars est attribué
par le Conseil chaque année à un auteur canadien français ou franco-
américain.
M. Lanctot rendait hommage au Conseil en disant: "des nombreuses
institutions, qui se dévouent à rexpausion de notre permanence ethni-
que, je n'en connais pas qui poursuivent leur mission avec plus de zèle,
d'intelligence et d'envergure que le Conseil de Vie Française, et son
infatigable secrétaire et réalisateur, Mgr Paul Emile Gosselin."
Dans son allocution "L'histoire et les historiens", il ajoutait:
"Quand aux jeunes historiens qui fournissent déjà des ouvrages de hau-
te qualité, je me permets de leur rappeler qu'il reste encore une oeuvre
à parachever. Jusqu'ici notre historiographie a justement célébré les ac-
complissements des chefs civils, militaires et religieux, ainsi que ceux
des hommes politiques. Mais il nous manque une histoire, ordonnée et
vivante, dans son cadre laurentien, du peuple lui-même, du colon et de
sa ferme, de l'artisan et du milicien, de tous ceux-là, qui, industrieux
dans la paix et vaillants dans la guerre, furent les véritables fondateurs
de notre pays. Car, en ce pays, selon le mot d'un historien français, ce
ne fut pas seulement quelques individus, mais tout un peuple qui fut
grand. A ce peuple, héros inconnu de notre passé, nous devons de dres-
ser maintenant une histoire qui soit le monument de notre gratitude
nationale."
Durant l'après-midi, à Bois de Coulonge, avait lieu une cérémonie
à la fois touchante et très impressionnante, la remise des insignes de
l'Ordre de la Fidélité Française à S. E. Monsieur Onésime Gagnon,
lieutenant gouverneur de la province. La maladie de l'illustre décoré
avait exigé une remise intime à laquelle il ne put assister. En l'absence
du chancelier de l'Ordre, Me Paul Gouin assisté de Mgr Gosselin et de
52 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
M. Armand Godin remettait à la famille les insignes avec un profond
hommage du Conseil. Au nom de son père, M. André Gagnon remerciait
et disait toute la reconnaissance de M. Gagnon et de sa famille. L'on
sait qu'au cours de sa longue carrière, M. Onésime Gagnon fut toujours
un apôtre très sincère de notre idéal français. C'était la quatorzième
promotion de l'Ordre.
La première réunion de la plénière avait lieu dans les salons du
Conseil, rue d'Auteuil, vendredi matin, le 15 septembre à dix heures
sous la présidence de Me Paul Gouin qui accueillait ses collègues pour
la sixième fois.
Le secrétaire dépose le procès verbal de l'année précédente pour
adoption. On y constate des deuils, M. Lucien Gagné, de Québec mem-
bre depuis un an, décédé le 5 janvier. Me Yves Bemier, de Québec,
trésorier du Conseil était promu juge de la Cour Supérieure de la pro-
vince de Québec et Mme Reine Malouin recevait le Prix Montcalm
(France), pour l'ensemble de son oeuvre littéraire.
Le Conseil déplorait aussi la disparition d'un grand apôtre de la
vie franco-ontarienne dans la personne du R. P. Gustave Sauvé, o.mi.,
d'Ottawa, chef du secrétariat de l'Association Canadienne Française
d'Education d'Ontario depuis près de 20 ans. Le P. Sauvé était une per-
sonnalité de belle envergure. Des études lui avaient obtenu des doc-
torats en philosophie, en droit caninique, en sciences sociales et sa li-
cence en théologie. Il décédait au début de septembre à l'âge de 62 ans.
Après avoir pris l'engagement d'honneur, le Conseil expédiait les
hommages d'usage et nommait les commissions des nominations, de pu-
blicité, des finances, des voeux et résolutions, des célébrations et des pro-
blèmes d'actualités, chacune avec son président et secrétaire.
Dans son rapport, le trésorier établissait l'actif du Conseil à
$175,000.00. L'encaissement de l'année s'élevait à $74,614.84 avec dé-
penses de $48,272.34 dont $32.889.65 en dons souscriptions et bourses.
Le Sous de la Vie française rapporta $64,962.08 pour l'année et le Con-
seil distribuait plus de 15.000 copies de son calendrier dont le thème
des tableaux déployait le progrès de l'industrie dans Québec,
Au cours des délibérations, les membres discutaient le rapport de M.
Ernest Desormeaux sur le Conseil canadien sur l'Education, qui doit
tenir un premier congrès à Montréal.
Les membres étudiaient encore les problèmes du recensement, du
centenaire de la Confédération et la porté des autres mémoires prépa-
LE CONSEIL DE LA VIE FRANÇAISE 53
rés par le Conseil. Le Conseil songeait aussi à la préparation des fêtes
de son 25e anniversaire en 1962. Malgré toutes ses initiatives le Conseil
songeait à une formule qui pourrait établir une plus étroite cohésion
ou solidarité avec les organismes qui se prêtent au progrès de la vie
grançaise sur le continent. Un éternel problème qui confronte toujours
une population de 5 ou 6 millions de français en Amérique contre le
bloc de 189 millions au moins de parlants anglais.
Au nombre des manifestations sociales, le Conseil est invité au
Consulat Français à Québec et les membres sont les hôtes de M. Georges
Denizeau et de ses aides MM. Longue et Bernard Form.ery. Ils sont en-
suite les invités de la brasserie Dow aux "Voûtes Jean Talon" à un plan-
tureux dîner. Durant la soirée, dans les salons du Conseil, toujours
vendredi soir, 15 septembre, S. H. le maire Wilfrid Hamel remet à Mme
Reine Malouin le Prix Montcalm. La messe de la plénière était célé-
brée dimanche par l'abbé Adrien Verrette dans la chapelle de la Con-
grégation du Séminaire de Québec. Le R. P. Thomas Marie Landry, o.p.
commentait l'épitre et l'évangile de la messe.
Avec sa causerie du 3 juin, donnée par Me Paul Gouin sur "Les
Canadiens-français et le fonctionnarisme fédéral", le Conseil terminait
ses 20 ans de causerie mensuelle à Radio Canada. C'était un program-
me très apprécié qui lui permettait de prendre contact chaque mois avec
la majeure partie de nos compatriotes. Ces causeries toujours bien pré-
parées apportaient une information précieuse. C'est M. Adrien Pouliot,
alors qu'il était gouverneur de Radio-Canada qui avait obtenu ce privi-
lège.
Par ailleurs de nombreuse? causeries furent prononcées à différents
postes de la radio et de la télé au cours de l'année dans toutes les pro-
vinces et même aux Etats-Unis.
Au compte de ses publications, le Conseil a maintenue sa revue
"Vie Française", le 15e volume. Des mémoires ont été publiés sur
"Le Bilinguisme des édifices du Gouvernement à Ottawa",.. "Mémoire
sur le Ministère des Affaires extérieures du Canada", "Les Canadiens
français dans le fonctionnarisme fédéral", "Toponomie des côtes du
Nouveau- Québec".
Durant la Semaine de la vie française en mai, le Conseil distribuait
des milliers de copies de la Revue de L'Instruction Publique avec nom-
breux textes.
Dans son appel de la Septième Souscription annuelle. La Fraternité
Française, du 15 au 22 avril, déclarait: "Cet appel à la générosité des
Québécois de toute la province set fait pour assurer à nos compatriotes
54 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
leur plein épanouissement religieux, national et culturel; il leur faut
des collèges classique, des couvents, des écoles normales pour leur fa-
çonner des maîtres. Il leur faut, de plus, en chaque province, maintenir
une association, avec un secrétariat qui devrait avoir un caractère per-
manant. Il faut aussi soutenir les journaux qui défendent le fait fran-
çais et les droits des Canadiens français. Il y a, et c'est important, les
postes de radiodiffusion de langue française. Le but de la Fraternité est
d'aider moralement et financièrement toutes les minorités françaises
tant au Canada qu'en Nouvelle Angleterre et de contribuer ainsi au
maintien et au développement d'une culture française authentique en
terre d'Amérique et de participer à l'épanouissement d'un christianisme
sain et viril", La souscription rapporta environ $60,000.00.
La Liaison Française exécutait au cours de l'année treize voyages
vers le Mexique, aux Antilles, en Alaska, dans l'Ouest Canadien (4),
FAcadie. Golfe Saint-Laurent, Extrême-Orient, Japon, l'Europe et la
Terre Sainte. Le nombre des voyageurs s'éleva à plus de 400.
L'oeuvre des Boursières Acadiennes maintenait au cours de l'année
33 élèves dans les instituts Familiaux du Québec. Le Conseil continue
son appuie aux boursières et félicite Mlle Monique Bureau qui s'occupe
de l'oeuvre avec tant de dévouement.
Le Conseil maintient sa représentation au sein des organismes sui-
vants: MM. J. Emile Boucher et le Dr Alcide Martel à la Société Cana-
dienne d'Etablissement Rural; MM. Ernest Desormeaux et Florian Car-
rière au Conseil Canadien sur l'Education; MM. Armand Godin et Jean
Jacques Tremblay à l'Association de la Jeunesse Canadienne; Me Ana-
tole Vanier à la Société de l'Accord, M. le docteur Alcide Martel à la
Société du Bon Parler Français; MM. Paul Gouin, Ernest Desormeaux,
Armand Godin et Mgr Gosselin au Comité d'Organisation de la Frater-
nité Française; MM. Yves Bernier, Ernest Desormeaux et Mgr Gosselin
au Comité de Répartition de la Fraternité Française.
Afin de se rendre utile à plusieurs organismes, le Conseil n'hésite
pas à participer à nombre de réunions au cours de l'année. Il doit en
plus se présenter devant les ministères fédéraux et provinciaux avec des
mémoires qui ont toujours l'allure de revendications sérieuses et légiti-
mes. Il est officiellement représenté à nombre de congrès qui sollicitent
son encouragement. La liste en est imposante. Il suffit de reproduire
les délégations les plus importantes: XlVe Cangrès de l'ACELF, 22-25
août, Charlottetown, I.P.E., Fédération de la Colombie, 7-9 octobre;
Association Acadienne d'Education, 7-9 octobre, Campbellton, N. B.;
Fédération de la Société St. Jean-Baptiste de Québec, 14-15 octobre;
Congrès Franco-AIbertain, 27-28 octobre; Vie Congrès des Franco-Amé-
ricains, 27-29 octobre, Hartford, Conn.
LE CONSEIL DE LA VIE FRANÇAISE 55
En vue des fêtes des Noces d'Argent du Conseil en 1962, les mem-
bres proposent pour la 15e promotion de l'Ordre de la Fidélité française:
S. E. Mgr Camille LeBlanc, évêque de Bathurst, Me René Paré, de
Montréal, Mgr Hilaire Chartrand, d'Ottawa, M. le Juge Alfred Monnin,
de St Boniface et M. le Juge Edouard Lampron. de la Cour Suprême du
New Hampshire.
Par la voix de son représentant, M. Rémi Chiasson, le Cap Breton
qui est attaché au diocèse d'Antigonish, malgré le dévouement de la
Société St Pierre, ne prétend pas obtenir des résultats encourageants. Il
semble que les deux paroisses de Chétican et de St Joseph du Moine
soient les seules à entretenir une vie acadienne satisfaisante.
En Nouvelle Ecosse, c'est le diocèse de Yarmouth qui comprend la
Baie Ste Marie, qui constitue le grand espoir des Acadiens de cette pro-
vince. Deux écoles supérieures françaises et le collège Ste-Anne de la
Pointe de l'Eglise sont les institutions de salut qui n'accepte plus d'élè-
ves qui ne parlent pas le français. Les filles seront admises dans les
classes du baccalauréat à ce collège.
Du Manitoba, les échos de l'Association d'Education des Canadiens
français déclarent que le travail se continue avec confiance. Les statisti-
ques donnent 65 paroisses, 102 écoles visitées, 10,686 écoliers franco-
manitobains, 501 instituteurs de langue française. L'actif de la société
pour l'année est porté à $16.906.01. Au mois de mai 5.956 élèves des
grades 4-12 prenaient part au concours annuel de français. Le 24e con-
grès de la société avait lieu au mois de janvier. Les relations avec le
Ministère de l'Instruction publique sont actuellement très sympathiques.
L'association s'est donné le titre de "Chef de la vie française au Mani-
toba" afin de représenter les 75,000 compatriotes de la province dans
tous les domaines.
Le Poste CKSB se maintient mais il subit une baisse de revenus à
cause de l'établissement d'un deuxième poste de langue anglaise à
Winnipeg qui s'adresse aux mêmes annonceurs. Un sondage a établi
que 79% de la population franco-manitobaine est fidèle au poste SKSB.
La situation financière est toujours difficile.
La Colombie fixe à 55,000 âmes environ la population française.
Cette population est répartie en 6 paroisses dont 2 sur l'Ile de Vancouver.
Notre Dame (Maillardville), 1909, Saint Sacrement (Vancouver), 1946
Notre Dame de Fatima (Maillardville), 1946, Notre Dame des Victoires
(Alberni), 1950, Saint Jean-Baptiste (Victoria, Ile de Vancouver), 1956
et Notre Dame de la Paix (New Westminster), 1957. Quatre paroisses
ont des écoles avec un total d'élèves de 2,000 environ.
56 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Mais cette population ressent certaines déficiences comme le man-
que de la télé et de la radio française, du journal français et d'école
pour les garçons après la 8e année. On songe à l'établissement d'un
collège. La Fédération de la Colombie continue son travail sous la pré-
sidence de M. Pollard. Un problème est survenu au sujet du statut de
la paroisse de Port Alberni. Un club Canadien Français est fondé à
Victoria. Le R. P. Jean Patoime, o.m.i., d'Edmonton, représentait le
Conseil au congrès de la Fédération, les 7 et 8 octobre.
A sa dernière réunion du 17 septembre le Conseil élisait ses ad-
ministrateurs et portait à la présidence le R. P. Thomas Marie Landry,
o.p., de Québec, avec l'abbé Adrien Verrette (Manchester) et Me Paul
Gouin (Montréal), vice-présidents, Mgr Paul Emile Gosselin, P.D.
(Québec), secrétaire, M. le juge Yves Bernier (Québec), trésorier et les
directeurs suivants: Mgr Maurice O'Bready (Sherbrooke), M. Ernest
Desormeaux (Ottawa), le Dr P. E. Laflèche (Winnipeg), Emery LeBlanc
(Moncton), M. Armand Godin (Montréal) et Mme Reine Malouin (Québec).
Deux nouveaux membres avaient été admis au cours de la plénière,
Me Maurice Denis, président de l'Association Canadienne française de
la Saskatchewan et M. Alfred Rouleau, gérant général de l' Assurance-
Vie Desjardins.
En assumant la présidence du Conseil, le R. P. Landry disait "Pour
l'honneur du Conseil je m'efforcerai de la remplir avec toute la bonne
volonté, toute l'application, toute la sincérité et toute la droiture dont
je suis capable. Puisque vous m'avez fait confiance à ce point, je vous
prie de me la continuer jusqu'à l'expiation du mandat que vous venez
de me remettre. En cette 25e année de l'existence du Conseil, sans por-
ter atteinte, bien au contraire à la très grande valeur des oeuvres ac-
complies jusqu'ici, tous ensemble nous nous remettrons au travail, si
vous le voulez bien, avec un enthousiasme, une vigueur, je dirais même,
une jeunesse renouvelée." Ainsi après un mandat de 6 ans Me Paul
Gouin remettait avec ses hommages la présidence au huitième titulaire
depuis 1938.
Au sujet du "Nouveau Pilote de Vie Française", le journal "La
Presse" (Montréal) écrivait:
"Le Conseil de la Vie française vient de confier sa présidence au
Père Thomas-M. Landry, o.p., ancien curé de paroisses franco-américai-
nes et maintenant attaché à la maison Montmorency. Il succède à M.
Paul Gouin, qui pendant six années a dirigé les destinées de cet organis-
me patriotique établi au lendemain du deuxième congrès de la langue
française..
LE CONSEIL DE LA VIE FRANÇAISE 57
Il y aura déjà 25 ans l'an prochain que le Comité de la Survivance
française en Amérique, rebaptisé Conseil de la Vie française, veille à
l'application des résolutions et voeux du congrès de 1937 et poursuit in-
lassablement son oeuvre de refrancisation dans tous les milieux où se
trouvent des rameaux français au Canada et aux Etats-Unis.
Pendant le mandat de M. Gouin s'est précisément tenu en 1957 un
congrès consacré à la refrancisation. En outre, le Conseil a rédigé et
publié de nombreux mémoires sur le bilinguisme dans les services ad-
ministratifs fédéraux, épaulé les diverses campagnes pour la défense du
français dans les provinces anglaises et veillé de près partout à la sau-
vegarde de la langue.
A son tour, le savant Dominicain arrive à la présidence du Conseil
de la Vie française excellemment préparé à sa tâche. Sa nouvelle rési-
dence à Montmorency le place à quelques minutes de Québec, de sorte
qu'il pourra fournir une bonne part de son temps à l'expédition des af-
faires du Conseil de concert avec ses collègues et, en particulier, avec
Mgr Paul-Emile Gosselin, secrétaire général depuis la fondation, et
avec M. le juge Yves Bernier, trésorier.
Le successeur des Camille Roy, Adrien Pouliot, Roméo Blanchet,
Ernest Desormeaux, Adrien Verrette, Georges Dumont et Paul Gouin
connaît particulièrement bien le milieu franco-américain. Esprit éclairé,
formé aux grandes disciplines scolastiques, il a déjà apporté une colla-
boration précieuse au Conseil. Sous sa présidence dynamique, cet ins-
trument de lutte basé sur la raison et le droit ne pourra que gagner du
terrain et faire avancer la cause française en Amérique."
Le Comité de Vie Franco-Américaine
6e Congrès 26-29 octobre
Hartford, Connecticut
Le Vie Congrès des Franco-Américains à Hartford en fin d'octobre
clôturait par des fêtes brillantes la 14e année du Comité. Au cours de
l'année le Comité a tenu deux réunions plénières et huit réu-
nions de son bureau. Dès le mois de janvier, le président Jean Ficher
nommait les comités chargés d'étudier les divers problèmes du budget,
l'admission des membres, souscription, bulletin, fédération des caisses
populaires, école de formation pour les jeunes franco-américains et la
jeunesse franco-américaine.
Dès le début de l'année le bureau se préoccupait de la tenue de
son Vie Congrès. Les membres favorisaient le Connecticut comme endroit
des assises en fin d'octobre. Après les démarches nécessaires, l'Union
des Franco-Américains acceptait de l'organiser et elle choisissait, après
plusieurs représentations, Hartford comme l'endroit le plus acceptable
au sein de la paroisse Ste Anne. On donnera au congrès le thème
"Famille et Fierté".
Le Comité déplorait la perte de l'un de ses dévoués membres dans
la personne de l'abbé Eugène Dion, curé de la paroisse du Saint Sacre-
ment, de Fall River, décédé le 5 janvier. Le rapport final de la sous-
cription de 1960 fixait le montant à $1,987.00. avec 169 inscriptions.
Dans le but de faire connaître son travail depuis sa fondation en
1947, le Comité publiait une brochure documentaire préparée par
Adolphe Robert.
A sa réunion plénière du 15 juin, le Comité recevait à un dîner à
l'hôtel Lenox, M. le consul général Charles de Pampelonne à l'occasion
de son retour à Paris. M. Jean Ficher présente les voeux du comité et
M. de Pampelonne répond très aimablement.
A la plénière du 15 juin, le Comité élisait Bernard Théroux secré-
taire-trésorier temporaire en remplacement de Lauré B. Lussier, dé-
missionnaire.
Au cours de l'année le Comité admettait les membres suivants:
Abbé Doria Desruisseaux (Manchester), Dr Gérard Cullerot (Manchester),
John Aubuchon (Fitchburg), Albert Throtier (Bristol), Olivier Angers
COMITE DE VIE FRANCX)-AMERICAINE 59
(Hartford), Paul Belliveau (Hartford), Théodore Cusson (Danielson),
Roméo Fontaine (Springfield), Me Harvey Lussier (Springfield). Louis
Martel (New Britain), Dr Marcel Routhier (Hartford), Normand Turcotte
(Springfield), Gérald Lachapelle, Robert Couturier, Ernest Gosselin
(Lewiston) et Roland Desjardins (Fall River).
A la plénière du 6 décembre le Comité choisissait ses officiers:
Jean Picher, président, Gérald Robert et abbé Camille Blain, vice-prési-
dents, Bernard Théroux, secrétaire-trésorier; directeurs. Albert Trothier
(Bristol), abbé Doria Desruisseaux (Manchester), Louis I. Martel
(Manchester), Hervé Lemaire (Fall River), Ulric Gauthier (Northbridge),
R. P. Joseph Fontaine, M. S. (East Brewster) et Me Fernand Desipins
(Lewiston).
Le Congrès
La proclamation du Vie Congrès était lancée par le Comité de Vie
Franco-Américaine le 20 août invitant tous les compatriotes à ses assi-
ses du 27 au 29 octobre à Hartford, Connecticut. H avait été préparé par
l'Union des Franco-Américains du Connecticut sous la présidence de
Louis Martel. La presse fit échos à cette invitation.
Le congrès débutait par une séance récréative, vendredi soir dans
l'auditorium de l'école Burns. On y applaudissait la chorale de l'Ecole
Ste Anne, de Hartford et autres musiciens dans une série de chants. La
soirée était sous la présidence de Mme Antonio Blanchard avec le con-
cours de Gérard Pelletier.
L'ouverture officielle des assises avait lieu le samedi matin, 28 oc-
tobre, dans la salle Ste Anne. Le docteur Conrad Rioux souhaitait la
bienvenue. Le président Jean Picher saluait les invités d'honneur. Le
R. P. Thomas Landry, o.p., apportait le message du Conseil de la Vie
Française en Amérique.
La séance d'études avec son sujet "Famille et Fierté" fut confiée à
l'abbé Camille Blain qui avait rédigé le thème qui fut distribué aux dé-
légués. Au cours de sa présentation l'abbé Blain disait: "il faut réparer
les voies, les élargir, les aplanir et en ouvrir de nouvelles. Pour cela, il
nous faut l'aide du ciel ... Il nous faut la puissante intercession de
notre patron, saint Jean-Baptiste, martyr de l'intégrité du mariage et de
la famille. Il nous faut faire confiance et prêter main-forte à nos sociétés,
à nos journaux . . ."
Après la présentation de la thèse, il y eut échange de certaines
vues sans trop de précision. Le Comité des résolutions, sous la présiden-
60 BtILLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
ce de M. Antonio Prince, après les hommages d'usage formulait certai-
nes recommandations et regrets. Il demandait la formation d'une Fé-
dération morale des Caisses Populaires. Il donnait son appui à la Fé-
dération des Chorales à l'occasion de son grand concert en mai pro-
chain. Par contre il déplorait l'attitude de trop de parents qui refusent
à leurs enfants l'enseignement du français et qui négligent le parler
français dans leurs foyers. Il demande à la Fédération Féminine de
diriger son dévouement auprès des cours préparatoires de nos éco-
les . . . c'est là que le travail est sauveur. Il demande au Comité de
s'occuper de l'oeuvre de la jeunesse.
Les délégués avaient le plaisir de visiter "L'Exposition française"
très bien organisée dans la salle. Plusieurs communautés avaient dres-
sé des comptoirs pour étaler en des exécutions artistiques leurs oeuvres.
Le Comité avait publié son album traditionnel.
Après la réception des invités et délégués, le grand banquet se pre-
nait au Hartford Club sous la présidence du Dr Conrad Rioux. Le gou-
verneur John Dempsey, Mme Abel Plaud et MM. les consuls de France
et du Canada Georges Fieschi et Caron prononcèrent des allocutions.
L'orateur invité était M. Philippe Armand Lajoie qui donna une forte al-
docution sur "Famille et Fierté Native". Un programme musical était
dirigé par Mlle Diane Gagné avec le concours des "Chanteurs Dé-
bonaires". L'assistance était nombreuse.
Au cours du repas, M. Jean Picher, agissant au nom du chancelier
de l'Ordre du Mérite Franco-Américain, faisait remise des insignes de
l'Ordre à Mme Pauline Tougas, présidente honoraire de la Fédération
Féminine. Un bal terminait la soirée.
La cérémonie religieuse avait lieu en l'église Ste-Anme. Mgr Arthur
Routhier, P.D., curé, célébrait la messe et prononçait le sermon.
Après la messe, quelques délégués avaient le plaisir de rencontrer
M. Guy Frégault, sous ministre des Affaires Culturelles de la province
de Québec qui venait prendre contact avec les Franco-Américains au
nom de son gouvernement.
Famille et Fierté Native *
Il peut arriver qu'à tel congrès, en tout semblable à celui-ci, les
objectifs proposés aux débats ne soient pas assurés d'une réalisation
prochaine, pour la raison bien simple que cette réalisation est subor-
donnée à des contingences sur lesquelles nous n'avons que peu ou point
de contrôle.
* Discours prononcé par M. Phi'lipe-Armand Lajoie au banquet.
COMITE DE VIE FRANCO-AMERICAINE 61
Il en résulte qu'en dépit de la solidité de l'argumentation, de la
sincérité des intentions, de l'enthousiasme qui s'empare momentané-
ment des esprits, de telles assises restent sans lendemain.
A ceux qui ont entrepris de faire triompher une cause, d'effectuer
une réforme, de pousser un progrès, il faut plus que la passion de leurs
convictions et les ressources de leur zèle: Il leur faut la coopération sin-
cère et soutenue des intéressés. En l'absence de cet élément essentiel
à la conquête des obstacles, leur activité devient une chose pathétique
aux yeux des uns; et dérisoire aux yeux des autres.
Nous, les Francos de la période nucléaire, pouvons tout de même
trouver un piètre réconfort dans le fait que la longue histoire de nos
congrès franco-américain n'a pas été précisément une épopée de con-
corde et d'ingéniosité dans la marche au progrès.
Cela indiquerait tout au moins que nous avons été plus lents que
d'autres à profiter des leçons de la dure réalité.
En donnant pour thème à ce sixième congrès du Comité de Vie
Franco-Américaine la famille et la fierté native, l'on a éliminé une in-
certitude qui a pu gêner de précédentes assises.
Les données comprises dans ce thème, ne sont pas, tant s'en faut,
à l'abri de certaines influences du dehors. Le climat dans lequel ces
deux fleurs délicates, famille et fierté native, sont appelées à sépanouir
ici, n'est pas précisément celui d'un oasis où rien ne peut venir les
flétrir.
Somme toute, et quoiqu'il en soit de l'ambiance où nos Franco^Amé-
ricains ont vécu depuis un siècle et plus, la préservation de l'intégrité
familiale et la loyauté bien comprise à nos origines ethniques sont deux
choses qui dépendent d'abord et avant tout de notre volonté propre.
Si nous ne préservons pas la famille et le foyer tels que nous les a
légués notre civilisation catholique et française: si nous ne conservons
pas — sans forfanterie mais sans fléchissement — le respect légitime
et ennoblissant de nos origines françaises et canadiennes, ce ne sera pas
parce que d'autres l'auront voulu et décrété: Ce sera parce que nous
aurons renoncé de nous-mêmes à un héritage qui a quelque chose de
prestigieux.
62 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Je ne suis pas sans savoir que notre vie en ce pays n'est plus ce
qu'elle avait été pour nos pères et nos grands-pères.
Afin d'obtenir un modus vivendi favorable à la préservation de cer-
taines valeurs spirituelles et humaines, il a fallu faire des concessions,
voire des compromis. Qui, d'ailleurs, ne s'est trouvé à quelque moment
dans l'obligation de ménager la chèvre et le chou? Entre ceux qui disent
DEFECTION et les autres qui disent ELASTICITE, qui déterminera le
juste milieu? . . .
De la famille, chers amis, que vous dirai-je qui n'a pas déjà été
dit, avec plus de pénétrante lucidité, par nos dignes chefs spirituels et
par les maîtres de la pensée chrétienne et catholique? . . .
Permettez néanmoins que je vous laisse quelques pensées éparses
sur le sujet de l'universalité du sentiment de la famille.
La notion de la famille, dans ce qu'elle a de plus large, est aussi
ancienne que le genre humain. Elle a précédé la civilisation telle que
nous la connaissons. C'est sans doute en vertu d'un dessein de la divine
Providence qu'elle existe dans le règne animal tout entier. Les animaux
apprivoisés, tout comme les fauves, se classent par familles, non pas en
vertu d'un classement imaginé par les savants, mais par la force d'un
instinct irrésistible.
La famille, c'est le père, la mère et les petits, et par extension, ce
terme peut s'appliquer à rensemble des êtres se rattachant à une race,
à une maison ou même à une entreprise. A l'aube de notre civilisation
chrétienne, le Romain eut sa "familia", qui comprenait non seulement
les êtres de son sang, mais tous ceux qui, de près ou de loin, se récla-
maient de son foyer, patriciens, affranchis et esclaves. Qui n'a entendu
parler de la famille d'un cardinal, c'est-à-dire du personnel de son pa-
lais, de sa maison? Et ne dit-on pas encore la famille de tel journal, ou
de tel établissement commercial? . . .
L'homme des premiers âges a tôt compris, étant d'ailleurs un ani-
mal grégaire, que pour survivre il devait grouper les siens autour de
lui pour l'âpre lutte contre les éléments et pour la recherche et l'accu-
mulation des nécessités de la suibstance.
Les premières grandes familles humaines furent celles des fils de
Noé, Sam, Cham et Japhet: De leur progéniture sont issus les milliards
d'humains qui peuplent aujourd'hui notre globe. En Europe, la famille
a fait la force des sociétés qui ont tenu l'avant-scène dans l'histoire des
siècles les plus brillants et les plus heureux que ce continent ait vécus.
COMITE DE VIE FRANCXD-AMERICAINE 63
En France, la famille était la plus solide et la plus inviolable des
institutions. Le patrimoine commun, remis à la garde du chef de fa-
mille, n'en sortait jamais.
L'honneur, l'influence et les aspirations d'un groupe de Français
de même sang étaient centrés entièrement dans cette entité de la fa-
mille. Il était à peu près inouï que l'autorité paternelle pût être défiée
et foulée aux pieds. La famille française était la gardienne jalouse de
l'honneur du nom, et l'honneur, par réciprocité, préservait l'intégrité de
la famille. L'exemple n'est peut-être pas de l'ordre le plus transcendant
mais il me revient à ce sujet que dans le délicieux opéra de Massenet,
"Manon", le sergent Lescaut ne se présente pas au public en sa qualité
de militaire sémillant, mais (et il le proclame en accents héroïques)
comme le "gardien de l'honneur de la famille".
Ce qui est vrai de la famille française, l'est également, à des de-
grés divers, de la famille latine, britannique, germanique, Scandinave et
sémitique. Le plus bel exemple de la soumission à l'autorité du chef de
famille et du respect des traditions transmises de père en fils, n'a-t-il
pas été donné par les descendants des douze fils du patriarche Jacob? . . .
Et si nous passons à une autre civilisation, une civilisation fort
étrangère à la nôtre, transportons-nous par la pensée dans la vieille
Chine, à l'époque impériale. Par les yeux d'une observatrice de génie,
Pearl Buck, nous pénétrons dans le domaine où habite un couple chi-
nois nonagénaire qui y vit, à l'écart des bruits de la ville et de la cour,
avec ses fils, ses petits-fils et les enfants de ceux-ci. Tout ce monde, sou-
mis à l'autorité indisputée des aînés, vit en communauté, chacun avec
sa maisonnette et son petit train domestique. La vie, dont le travail oc-
cupe une bonne partie, se résume à l'observation rigoureuse des fêtes
fréquentes qui célèbrent les saisons, le travail des champs, les astres,
les moissons et le culte des ancêtres. Les contacts avec le dehors sont
prudents et aussi rares que possible. L'impôt payé à l'empereur une fois
l'an, cette communauté, cette famille de l'âge pastoral est libre de toute
contrainte.
Tout à côté, au Japon, les coutumes, souventes fois relatées par nos
missionnaires catholiques, perpétuent l'intégrité de la famille et du
foyer, la vénération des anciens et la fierté native, une fierté qui, chez
les Nippons, a quelque chose de farouche.
Je n'insiste pas, sachant que vous reconnaissez aussi bien que moi
l'universalité du sentiment de la famille.
64 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Certes, ce fut un jour calamiteux dans les annales humaines lorsque
surgirent dans le monde des théoriciens, des dictateurs et autres démo-
lisseurs de tout ordre qui entreprirent de faire croire que l'homme,
pour être pleinement heureux et satisfait, devait renier sa foi en Dieu
et renoncer à la pratique de la religion que Lénine — le pontife suprê-
me de l'athéisme marxiste — appela "l'opium des peuples".
Pour réussir ce programme diabolique, on décida d'attaquer la so-
ciété chrétienne dans son assise essentielle, la famille.
On décida d'arracher du foyer tout ce qui pouvait en attester la
sainteté. On calcula assez justement que la désorganisation de la famille
aurait pour premier effet de livrer l'enfance et la jeunesse aux mains
d'un état qui les moulerait à sa façon et pour ses fins subversives.
Vous savez à quels conflits, à quels déchirements et à quelles cala-
mités ce viol de la conscience humaine a conduit. Les populations aux-
quelles on avait promis un nouvel âge d'or, un âge exempt de préoccu-
pations spirituelles et morales, en sont encore à l'attendre — dans 20
ans peut-être, a dit M. K. — et, tels les Hongrois, broyés il y a 5 ans
sous la botte soviétique, les peuples déprimés se sont réfugiés dans une
résignation morne.
Chers amis du Conecticut, il y a de cela bien des années, je fus
invité à adresser la parole aux fêtes du cinquantenaire de la société
St Jean-Baptiste de Taftville, avec M. Laforce, alors représentant du
gouvernement canadien à Woonsocket.
Il me souvient qu'en arrivant dans cette coquette localité du
Nutmeg State, j'eus l'impression d'entrer dans un village canadien, avec
la seule différence que l'industrie y paraissait plus considérable qu'au
pays de Québec.
Une belle grande paroisse, avec trois dignes desservants, une église
magnifique, une école, un gymnase pour la jeunesse, une jeunesse qui,
comme ses aînés, parlait de préférence le français. Il me souvient d'en
avoir écrit longuement à mon retour à Fall River. Ce que j'avais trouvé
au Connecticut, ce n'était pas tant un centre industriel prospère et heu-
reux, qu'une famille, une famille franco-américaine dont le chef spiri-
tuel me dit qu'elle "lui apportait de bien douces consolations."
Je présume, j'ose même espérer, que Taftville est resté ce qu'il
était et que ce milieu est le reflet des nombreuses localités dans les-
quelles, chers amis du Connecticut, vous êtes disséminés dans ce bel
état.
COMITE DE VIE FRANCO-AMERICAINE 65
J'espère que pour vous, comme pour nous tous des autres états de
la Nouvelle-Angleterre, la famille est restée l'institution qui, après la
présence de Dieu lui-même, est ce qu'il y a de plus sacré sur la terre.
La famille, ce corps mystique dont le père est la tête, la mère le coeur,
et les enfants les membres.
Quant à la fierté native, elle découle largement de la fidélité à l'es-
prit de famille: Car qui aime et respecte sa famille, ne peut qu'être fier
de la souche dont elle est issue.
Pour nous, Franco-Américains, la famille, et par extension le
foyer, doit être le sanctuaire intime dont l'entrée est interdite à toute
influence susceptible de nous dépouiller de la personnalité particulière
que nous avons héritée des pionniers valeureux de la civilisation catho-
lique et française en Amérique du Nord.
La famille, pour nous, c'est le milieu où nous devons entretenir la
flamme de la vie spirituelle et le culte des traditions qui nous appa-
rentent aux grandes figures de l'épopée canadienne-française.
Le foyer franco-américain — qui n'en est pas moins américain
pour tout cela — doit être la serre protégée où puisse fleurir la fierté
des origines, des origines où l'on voit se dessiner des silhouettes d'hom-
mes tels que Cartier, Champlain, Maisonneuve, DoUard, de Laval, Joliet,
Marquette, de Lasalle, de Bréboeuf, de Vergennes, Lallemand, et de
femmes telles que Marguerite Bourgeoys, Jeanne Mance, Marguerite
d'Youville, Madeleine de Verchères, madame de La Valtrie et tant d'au-
tres.
En marge de l'histoire, parfois épique, de ce continent que les
pionniers français et leurs continuateurs ont contribué si puissam-
ment à façonner, c'est le cas de dire de nos anciens que personne n'a
apporté à cette tâche plus de labeur, plus d'héro(sme et d'abnégation.
Pourquoi ne serions-nous pas fiers de nous réclamer d'une ascen-
dance aussi illustre et méritoire? De tous ceux qui vinrent en Amérique,
qui peut montrer qu'il a mérité mieux de notre civilisation commune?
Oui, chers amis, la famille et la fierté native sont deux grandes va-
leurs qui peuvent, QUI DOIVENT nous rester, dans le bouleversement
de nos vies par le destin et les événements.
Ne l'oublions jamais, chers amis, et dans la mesure du grand pos-
sible, efforçons-nous constamment de les préserver.
66 BULLEXm DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Faisons comprendre à nos jeunes gens que l'on est meilleur Améri-
cain, meilleur humain, lorsqu'on est assiez noble pour honorer ses ancê-
tres au lieu de leur tourner le dos. Instruisons-les des faits, faits fran-
çais, faits canadiens et faits américains, qui sont de nature à les confi-
mer dans une fidélité sereine aux idéals et au souvenir de leurs grands
ancêtres.
A ceux qui nous ont précédés en cette teire américaine si hosipita-
lière, et qui ont tant peiné afin que notre communauté catholique et
française vienne à se solidifier, faisons l'hommage de notre fidélité cons-
tante à la famille, qui fut la source et le principe moteur de leurs éner-
gies et la consolation pour leurs sacrifices.
Arborons sans défection notre fierté d'être les fils et les filles d'un
miracle de fortitude morale et physique qui, de 60,000 colons abandon-
nés sur les rives du grand fleuve a fait, avec le temps et à rencontre
de vicissitudes de tout ordre, un peuple homogène de près de sept
millions.
Un dernier mot: —
J'estime chers amis, que la meilleure conclusion à donner à ce
magnifique congrès se retrouve dans la recommandation si souvent énon-
cée pair le président éminent du Conseil international de la Vie Fran-
çaise en Amérique, le T. R. P. Landry.
Dans ce pays où tout nous autorise et nous sollicite à le faire, vi-
vons largement et simultanément notre vie RELIGIEUSE, notre vie
AMERICAINE et notre vie FRANÇAISE.
Ordre du Mérite Franco-Américain *
Hartford, Connecticut
28 octobre 1961
Madame Pauline Tougas
Par un heureux concours de circonstances, il arrive que les assises
du 6e congrès du Comité de Vie franco-américaine coïncident avec le
dixième anniversaire de fondation de la Fédération Féminine Franco-
Américaine.
Entre ces deux organismes, il existe mieux qu'une parenté d'occa-
sion, mais une parenté basée sur un lien de famille, la Fédération étant
la fille aînée du Comité de Vie qui lui a donné naissance à son congrès
de Lewiston en 1951.
Notre Comité veut donc profiter de la réunion de ce jour pour
adresser à la Fédération Féminine l'hommage de son admiration pour
l'œuvre qu'elle poursuit, de sa sollicitude en vue d'un progrès constant,
de sa reconnaissance pour l'active et intelligente collaboration qu'elle
lui a toujours apportée.
Afin de traduire ces sentiments dans un acte concret, le Comité
n'a rien trouvé de mieux que de décerner à celle qui présida à la fonda-
tion de la Fédération la décoration de l'Ordre du Mérite franco-améri-
cain. Cette i>ersonne typifie en effet à bien des points de vue, par sa
naissance, son éducation, sa famille, sa vie publique, son saractère, ses
talents variés, ce qu'est et doit être la femme franco-américaine.
Le modèle ainsi proposé à l'admiration de tous est madame Pauline
Moll-Tougas, de Manchester, épouse de feu le major Eugène Tougas.
Essayons de résumer ici les principaux traits de cette utile et ho-
norable vie.
Du côté paternel, elle descend d'une famille de médecins. Son
grand'père, le docteur Louis-Joseph Moll, fut député du comté de
* Citation à la remise des insignes d'officier de l'Ordre du Mérite
Franco-Américain à Mme Pauline Tougas, samedi soir, le 28 octobre, au
Hartford Club, à l'occasion du banquet du Vie Congrès des Franco-
Américains. Le texte de la citation fut lu par le président Jean Picher
au nom du chancelier M. Adolphe Robert.
68 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Berthier au Parlement de la province de Québec. Son père, le docteur
Louis-Arthur Moll, exerça sa profession à Cambridge ïMassachusetts),
tout en consacrant ses loisirs au service de la mutualité, en laquelle il
voyait un préservatif contre l'insécurité du foyer menacé par la maladie,
les accidents, le chômage, la vieillesse.
Son instruction, elle l'a puisée d'abord à l'école publique, puis à
l'Académie Sainte-Anne, de Marlboro, sous la direction des Soeurs de
Sainte-Anne, au collège américain de Radclifïe. D'où sa connaissance
des deux langues, anglaise et française. Son instruction ne se limite pas
toutefois aux lettres et aux sciences. Elle l'a complétée par des cours
de musique, de peinture, — où elle a débordé depuis longtemps le stage
de l'amateur — et par de nombreux voyages et séjours dans le sud-ouest
des Etats-Unis, l'AUeniagne, l'Italie, le Luxembourg, la France, la
Tchécoslovaquie, la Suisse.
L'expérience ainsi acquise au cours de ses randonnées, ses connais-
sances académiques, elle les a mises au service de causes méritoires
comme l'Association des Anciennes élèves de l'Académie Sainte-Anne,
de Marlboro (Massachusetts), la "International Fédération of Catholic
Aumnae", l'Alliance française de Paris, le "Civilian War Services Com-
mittee", la Croix Rouge, la "Air Raid Protection", le "Community
Chest", les "Visiting Nurses", la Fédération Féminine Franco-Améri-
caine, les "Girls Scouts of America". Dans toutes ces entreprises, elle a
occupé des fonctions lourdes de responsabilités, quand elle n'en était
pas déjà l'animatrice.
Et la famille, direz-vous, quelle place occupa-t-elle dans tout cela?
C'est elle-même qui répond: "Ce n'est qu'après avoir élevé ma famille
durant vingt-trois ans, et seulement alors, que je me suis occupée de
mouvements civiques et sociaux."
C'est en 1918 qu'elle épousa le professeur Eugène Tougas, originai-
re de Woonsocket (Rhode Island), alors lieutenant dans le corps de ré-
serve de l'Armée américaine. Celui-ci devait gravir plus tard les grades
de capitaine puis de major. Quatre enfants naquirent de leur union con-
jugale: deux filles, dont une religieuse de la Présentation de Marie, la
seconde épouse d'un fonctionnaire fédéral, et deux fils, l'un avocat, l'au-
tre dans le service astronautique, le seul compatriote ayant eu la dis-
tinction de figurer en première page de couverture de la grande revue
"Life".
En récapitulant la carrière de madame Tougas, on peut l'imaginer
encore fillette épelant un alphabet bilingue, jeune fille dans le monde
s'exprimant en un français ou un anglais élégant; maman endormant
son bébé aux refrains de la poulette grise qui a pondu dans l'église;
ORDRE DU MERITE FRANCO-AMERICAIN 69
mère de famille surveillant remploi et la correction du langage à son
foyer, veillant à ce que la chanson, le journal, la revue et le livre fran-
çais soient en évidence dans la maison, à ce que les mets soient désignés
par leur appelation française, de même que les différentes pièces du vê-
tement et de l'ameublement. Une pareille conduite fait plus pour la
survivance de l'esprit français aux Etats-Unis que bien des congrès.
Madame Tougas a hérité de son père des aptitudes pour les servi-
ces sociaux, alors que de sa mère, dont le nom de famille était Labonté,
(nom prédestiné) elle a gardé ce que tous reconnaissent en elle comme
sa principale qualité, la bonté.
Mais si grande que soit cette qualité, elle n'est pas suffisante pour
ouvrir les portes de l'Ordre du Mérite. Il y a tant de bonnes personnes
qui auraient alors le droit d'en faire partie. Non, ce qui caractérise ma-
dame Tougas, c'est qu'elle symbolise l'âme franco-américaine avec tout
ce que cela comporte de fidélité à une civilisation qui nous est propre
par la foi, la langue, les traditions des ancêtres et par une indéfectible
loyauté à la patrie américaine et à ses institutions.
Au nom du Comité de Vie franco-américaine, j'ai donc l'agréable
devoir et l'insigne honneur de proclamer madame Pauline Moll-Tougas
Officier de l'Ordre du Mérite franco-américain; je lui en remet le Diplô-
me d'honneur ainsi que la Cravate et je l'invite à signer le Livre d'Or
de l'Ordre.
VII
Fête Patronale
La Saint-Jean-Baptiste se célèbre toujours dans nos centres. On va-
rie la forme des manifestations mais c'est toujours en vue de rendre
hommage à notre illutre protecteur et aussi pour nous rappeler nos
innéités. On écrivait à cette occasion: "la grande famille française d'A-
mérique se réjouit en ce beau jour de la fête patronale. Il est réconfor-
tant que la grande majorité de nos compatriotes demeurent fidèles à
notre idéal commun de vie catholique, américaine et française. Si la
Providence a voulu entourer nos vies de valeurs culturelles supérieures
pour que nous soyions des présences valables au sein de l'Eglise et de la
Patrie, il est légitime pour nous d'en être fiers. Il y a plus de 350 ans
que nos ancêtres sont venus se fixer sur ce continent pour faire oeuvre
de civilisation. Nous avons donc une présence d'aînesse qui nous invite
à la persévérance. Gardons à nos foyers le climat qui leur assurera une
ascension normale."
La plus importante manifestation eut lieu à Manchester, le 24 juin.
Elle était sous les auspices de la Fédération Franco-Américaine du New
Hampshire. Elle avait lieu dans la paroisse Ste Thérèse. Un beau ban-
quet était servi aux 300 convives dans la salle paroissiale, samedi soir,
présidé par M. Jean-Louis Boisvert. S. H. le maire Josaphat Benoit, S. E.
Mgr Ernest J. Primeau, évêque de Manchester et Me Paul Massé de
Montréal, prononçaient des allocutions.
Tout en exprimant sa joie de participer à notre fête patronale, Mgr
Primeau invitait les "adeptes" de S. Jean-Baptiste à prêter leur con-
cours à l'oeuvre des vocations pour soutenir le travail de rEglise à tra-
vers le monde. Il ajoutait:
"Dans notre propre pays, il ne manque pas de zones d'alarme où le
nombre de prêtres n'a jamais pu répondre aux nécessités pastorales,
toujours croissantes. La montée en flèche de la population ajoute une
nouvelle dimension à ce problème.
Sur le plan mondial, le problème est encore plus grave. Sans comp-
ter le devoir missionnaire qui nous incombe d'amener dans l'enclos du
Grand Berger les 80 pour cent des brebis qui en sont encore éloignées,
je songe surtout aux endroits qui sont traditionnellement catholiques.
Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous parle de ceci le
jour de la célébration de la fête de saint Jean-Baptiste. C'est parce que
ce problème concerne non seulement les évêques, mais le Corps Mysti-
FETE PATRONALE 71
que tout entier, c'est-à-dire chacun de nous. Et comment les admira-
teurs de ce saint qui donna sa vie à frayer le chemin de l'Eglise demeu-
reraient-ils indifférents au sort de cette dernière?
Vous pouvez faire beaucoup pour remédier à cet effondrement de
la base de l'apostolat de l'Eglise. Ce soir je voudrais demander votre
appui spirituel et matériel. Je voudrais placer les adeptes de saint Jean-
Baptiste parmi les troupes d'assaut, parmi les ouvriers de la première
heure dans cet apostolat des vocations. Offrons des prières et des sa-
crifices quotidiens pour que Dieu fasse lever une nouvelle génération de
prêtres, dont la vertu et le zèle feront des apôtres éclairés, alertés aux
besoins d'un âge nouveau.
Surtout, donnez-nous des foyers chrétiens où le climat sera favora-
ble à l'éclosion et à la persévérance de vocations nombreuses. Fils spi-
rituels de saint Jean-Baptiste, nous devons les faire fructifier, afin d'as-
surer l'extension du Corps Mystique dont il a si courageusement annon-
cé l'avènement."
Le lendemain, dimanche 25 juin, Mgr Primeau chantait une messe
pontificale à Ste Thérèse. Il était assisté des abbés Adrien Verrette,
Adélard Halde, Ernest Brodeur, Léo Poulin, Colin McDonald et Nelson
Perreault. Richard Therrien dirigeait la chorale. M. le curé Doria
Desruisseaux prononçait un éloquent sermon sur "Notre Mission et nos
Devoirs". Mgr Wilfrid Chartier, P.D., assistait dans le sanctuaire.
Dans son sermon l'abbé Desruisseaux affirmait:
"Notre premier devoir c'est d'aimer notre patrie, cette terre que
nos parents ont choisiie et qui nous fournit en abondance les nécessités
de la vie, si nous la comparons aux malheureux états des pays sous-dé-
veloppés. Mais la patrie ce n'est pas seulement la terre que nous habi-
tons, ce sont aussi les ancêtres, le sang qui coule dans nos veines, ce
sont de plus les traditions, les institutions, la langue.
Qu'est-ce qu'aimer notre patrie? C'est travailler au triomphe de nos
droits les plus sacrés, et de nos usages les plus chers, c'est de respecter
ces institutions qui ont coûté tant de sueurs à nos devanciers, c'est de
garder dans nos coeurs la plus vive reconnaissance envers ceux qui nous
ont donné cet héritage, qui se sont dépensés pour nous transmettre ce
que nous avons de plus cher, deux amours inséparables la religion et la
langue.
Aimer sa patrie demande des sacrifices.
Il faut comprendre qu'aujourd'hui, comme par le passé, chacun
a une tâche surnaturelle à accomplir. Il faut comprendre qu'à nous aus-
72 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
si incombe le devoir du sacrifice, sous peine de faillir à notre tâche
apostolique, car, avons-nous dit, le signe évident de notre mission c'est
la croix, le sacrifice. Sacrifice de notre temps, du temps pour nous ins-
truire, pour lire notre histoire, pour l'apprendre à nos enfants,"
Une autre belle fête fut celle de Fall River, dimanche le 25 juin.
La messe fut célébrée en l'église St Roch en présence de S. E. Mgr
James L. Connolly, évêque de Fall River, et le sermon prononcé par le
R. P. René Patenaude, o.p.
Le soir, le banquet était servi au restaurant White. Une belle foule
assistait. M. Francis J. Martineau présidait. MM. Albert Petit, président
de la Fédération Catholique Franco-Américaine de Fall River qui or-
ganise chaque année la fête, salue et l'allocution est prononcée par
l'abbé Camille Blain, curé du Bon Pasteur de Lindwood, Mass. La musi-
que est fournie par la Chorale Franco-Américaine de Fall River dirigée
par M. Philippe Armand Lajoie.
L'Indépendant publiait son édition de fête. A l'heure française du
poste WSAR, Bernard Théroux invitait les compatriotes à comprendre
le sens véritable de notre fête patronale.
On rendait hommage à la mémoire de l'abbé Eugène Dion, curé du
Saint Sacrement, l'un des fermes appuis de nos oeuvres et aussi à Roméo
Dufour, président du Richelieu-Fall River et à Joseph N. Gendreau,
un fidèle ami de notre vie.
Dans la ville voisine, New Bedford, ce fut le traditionnel ralliement
au pavillon Gaudette avec banquet. M. Lionel LeDuc est le cérémoniaire
et Mme Arthur St. Germain, présidente de la Ligue des Présidents,
préside.
Lewiston se donne comme toujours une belle fête, le 19 juin. Défilé,
messe en l'église Sacré-Coeur, sermon par le curé Théodore Bouthot.
Le banquet a lieu dans la salle paroissiale présidé par le sénateur Roméo
Boisvert. Le Messager publie son édition de fête.
Au Connecticut, à New Britain et à N. Grosvernordale, autres belles
manifestations. C'est ainsi que dans plusieurs localités de la Nouvelle
Angleterre, sociétés, clubs et fédérations célèbrent la St Jean-Baptiste
avec joie.
Au Québec, la fête conserve toujours sa solennité avec grand dé-
ploiement. C'est la fête nationale des canadiens-français. Dans la vieille
capitale c'est "La famille canadienne-française" qui est honorée "la
protectrice de la foi et des vertus de nos ancêtres". Le défilé est magni-
FETE PATRONALE 73
fique, la messe célébrée à la basilique par S. E. Mgr Orner Garant, suivie
du feu de la St J ean. Montréal célèbre aussi en exaltant la "Femme".
Son défilé réunit des milliers de spectateurs. On note que la majorité
sont des enfants. Tant mieux s'ils jouissent du privilège d'apprécier une
leçon de choses.
Certains templiers se plaignent du fait qu'à roocasion de la fête
patronale on retourne au passé et d'ajouter que c'est vers l'avenir qu'il
faut regarder. Quand on est rendu à parler de cette façon, il faut avoir
l'âme sèche. Pourtant, il n'y a pas à s'alarmer car si nous songeons au
passé une fois par année, la maladie n'est pas grave. D'ailleurs le passé
n'est pas un éteignoir comme le prétendent ceux qui sont déjà éteints.
En l'évoquant, l'on témoigne la gratitude à ceux qui l'ont fait. C'est à
nous de faire mieux si possible car notre présent sera demain le passé.
Et si nos continuateurs allaient être comme ces templiers actuels, on
rira bien d'eux aussi.
Quelle aberration que de vouloir tout sabrer de ce qui a été fait
avant nous. Notre peuple compte ses limaçons comme les autres. Il est
regrettable cependant que plusieurs de ceux-là sont en haut lieu pour
jeter sur les leurs ces propos nuisibles.
Sans doute il faut songer à l'avenir et au progrès. Généralement
ce sont les gens qui respectent et vénèrent le passé qui sont les plus
aptes à préparer l'avenir. Ce fut l'attitude de Jean Baptiste devant les
avanies de sa génération. Il a préparé la venue de son Maître. Nous
sommes en bonne compagnie.
VIII
Faits et Gestes
Mgr William Ducharnie, P.D., curé de la paroisse St Joseph de
Worcester depuis nombre d'années et camérier de Sa Sainteté, élevé à
la prélature romaine en janvier.
Mgr Omer Dénommé, P.D., curé de la paroisse Saint Rosaire, de
Gardner, Mass., élevé à la prélature en janvier.
Mgr Omer Paquin, P.D., curé de la paroisse St Mathieu, de Central
Falls, élevé à la prélature le 1er décembre.
Mgr Léopold Bastien, curé de la paroisse Etoile de la Mer, de
Newport, Vermont, élevé à la prélature en novembre.
Mgr Charles Moisan, P.D., curé de la paroisse du Sacré-Coeur,
d'Amesbury, Mass., élevé à la prélature.
Mgr Georges Duplessis, P.D., curé de la paroisse St Louis de
France, de Lowell, élevé à la prélature romaine.
Mgr Henri Laurion, P.D., curé du Sacré-Coeur, de Taftville, Conn.,
élevé à la prélature en février.
Arthur Roy, Willimantic, Conn., chevalier de l'ordre de St. Grégoire.
Dr Henri Archambault, Norwich, Conn., chevalier de l'ordre de St.
Grégoire.
Décorations Françaises.
Philippe Armand Lajoie, journaliste et conférencier, depuis plu-
sieurs années rédacteur à "L'Indépendant", de Fall River, nommé Che-
valier de la Légion d'Honneur par la France, le 15 novembre.
Wilfrid Beaulieu, vaillant fondateur-directeur du journal "Le
Travailleur", de Worcester, est nommé Chevalier de la Légion d'Hon-
neur par le gouvernement français, le 15 novembre.
Départ du Consul Charles de Pampelonne. Après un déjeuner
d'adieux que lui offrait le Comité de Vie Franco- Américaine à Boston
et une visite de la Société Historique Franco-Américaine au consulat, le
FAITS ET GESTES 75
"Jour Lafayette", M. le consul général et madame la baronne Charles
de Pampelonne donnaient une dernière réception au Consulat, le 14
juillet à leurs nombreux admirateurs avant leur départ pour Paris. Tous
regrettent le départ de ces charmants amis du Consulat de France à
Boston.
Dans un dernier et touchant message aux Franco^Américains, M.
de Pampelonne, après avoir exprimé son admiration, sa confiance, sa
reconnaissance envers nous disait encore: "affection et fidélité de la
France, qui apprend à vous connaître, qui vous connaîtra de mieux en
mieux. Et bien sûr mon affection et ma fidélité personnelles. Soyez sûr
en effet, que je nevous oublierai pas et que je m'efforcerai à Paris d'être
en quelque sorte votre Ambassadeur, votre interprète, auprès des
Services français culturels ou d'information susceptibles de vous
aider . . ,
Pour cela comme pour toutes les marques de confiance et d'amitié
que vous avez bien voulu me témoigner, ainsi qu'à ma femme, durant
notre séjour parmi vous, je vous dis de tout coeur: Merci".
Maison Française à Boston.
La Bibliothèque Française et le Centre Français, de Boston, unis-
saient leurs intérêts en avril pour s'installer au numéro 53, rue
Marlborough afin de constituer la "Maison Française" à Boston et favo-
riser ainsi dans un seul immeuble la coordination entre les associations
de sympathie française en Nouvelle Angleterre.
M. Jean Savelli. Après quelques semaines de conger en France, en
fin d'août, M. Jean Savelli, consul adjoint à New York, venait occuper à
Boston, le poste de consul général. Il fut accueilli par M. Gaston Leclerc,
vice-consul. Un séjour heureux est le souhait que tous adressent au
nouveau consul.
S. E. M. Onésime Gagnon, Lieutenant Gouverneur de la Province de
Québec, meurt le 30 septembre à sa résidence royale Bois-de-Coulonge
à l'âge de 72 ans. Il était représentant de la Reine depuis 1958. Belle
carrière politique. L'Eglise et l'Etat sont présents à ses obsèques en la
basilique Notre Dame. S. E. Mgr Maurice Roy chante la messe pontifi-
cale en présence du Cardinal Léger, du Premier Ministre Diefenbaker
et d'une foule considérable. M. Gagnon avait accepté de donner une
conférence devant notre société, mais la maladie l'en avait empêché.
Québec à l'Honneur:
Le 4 octobre, M. Jean Lesage, premier ministre du Québec, inaugu-
rait à Paris, la Maison du Québec, comme centre de relations plus in-
tenses entre la France et la Nouvelle France. Il fut accueilli en chef
76 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
d'Etat et le président Charles de Gaulle lui rendait tous les honneurs
possibles. Les fêtes eurent un retentissement émouvant. M. Lesage dé-
clarait: "s'il y a eu évolution, il n'y a pas eu transformation."
A la fin d'octobre, M. Lesage était l'invité du gouverneur Powell du
New Hampshire pour une visite officielle. Elle fut belle et triomphante
nonobstant les intérêts politiques en jeu. M. Lesage et sa distinguée
épouse furent magnifiques. Ils furent reçus officiellement dans la capi-
tale à Concord, à Laconia et à Portsmouth, mais le grand événement
eut lieu à Manchester, le dimanche soir à l'hôtel Carpenter à un
dîner d'Etat. Dans son allocution prononcée dans les langues
anglaise et française, M. Lesage se disait très heureux de rencontrer
tant de ses frères franco-américains. La visite eut un heureux retentis-
sement en établissant le besoin de ces rencontres amicales de chaque
côté de la frontière.
Au mois de décembre circulait la nouvelle que le Québec songeait
à établir une "Maison de Québec" en Nouvelle Angleterre, ce qui ré-
jouissait la Franco-Américanie avec raison. Il nous reste à attendre la
réalisation de cette initiative qui nous rendrait des services sauveurs . . .
M. le professeur Fred J. Gamache célèbre ses 50 ans comme maî-
tre de chapelle et organiste de la paroisse Ste Cécile, de Leominster.
M. l'abbé Joseph Larue, curé du Sacré-Coeur de North Attleboro,
célèbre son cinquantenaire sacerdotal le 13 novembre 1960. Né à
Coaticook, Québec, le 6 mai 1886 et ordonné le 17 décembre 1910 à
Fall River.
M. Roméo Champagne, de Manchester, était nommé par le président
Kennedy ambassadeur spécial à l'occasion de la célébration de l'Indé-
pendance de la République du Sénégal en Afrique.
Le 21 janvier, le président John F. Kennedy était inauguré prési-
dent des Etats-Unis à Washington à l'occasion de manifestations natio-
nales très imposantes.
Astronaute Shepard. Le pionnier des astronautes aux Etats-Unis,
Alan B. Shepard, de Derry, New Hampshire, accomplit son envolée de
115 milles dans l'espace avec succès le 5 mai 1961 et l'univers se réjouit
de l'exploit qui partait du Cap Caneveral, Floride.
La Chorale de l'Université St Joseph, de Moncton, Nouveau
Brunswick, donnait un concert à la salle Mémorial, de Manchester, le
20 mai. Sous la direction du R. P. Léandre Brault, c.s.c, cette chorale
a une réputation internationale.
FAITS ET GESTES 77
M. le professeur François Martineau, de Fall River, obtenait son
doctorat en philosophie de l'université de Montréal, en mai. Professeur
de français à l'école supérieure. M. Martineau est l'un des compatriotes
très dévoués de sa région.
Archidiocèse de Moncton (Nouveau Brunswick). Les Acadiens
avaient la joie de célébrer avec éclat et reconnaissance le premier
quart de siècle de leur province ecclésiastique, inaugurée en 1933 par
S. E. Mgr Arthur Melanson, premier a rchevêque. Les fêtes imposantes
furent présidées par S. E. Mgr Norbert Robichaud, archevêque de
Moncton en présence de S. E. Mgr Sebastien Baggio, délégué apostoli-
que, entouré des évêques de la province et de milliers de fidèles, en la
cathédrale Notre Dame de l'Assomption, de Moncton. Les participants
vécurent des heures émouvantes. On célébra la mémoire du fondateur
de la renaissance acadienne Mgr Melanson. L'Evangéline, journal na-
tional des Acadiens, publiait une édition jubilaire qui racontait tous les
échos de cette magnifique résurgence.
Le Messager (Lewiston). A l'occasion du centenaire de la ville de
Lewiston, Maine, 1861-1961, Le Messager, lui-même dans sa 82e année
publiait une é dition spéciale de 36 pages. Ce numéro contenait de
nombreux détails historiques sur le rayonnement des compatriotes en
cette ville bien française.
Institut Français (Rivier, Nashua). Sous la direction de S. M. Louis
de Gonzague, p.m., et grâce à un octroi de la NDEA, du 16 au 22 jmllet,
le collège Rivier offrait à 32 participants un institut français compre-
nant une exposition artistique sur Beaudelaire, le grand poète du 19e
siècle. On y étale nombreuses gravures. "Les Fleurs du Mal" consti-
tuent le principal ouvrage de Beaudelaire (1857).
Institut Franco-Américain (Bowdoin Collège). A la suite d'un oc-
troi offert à Bowdoin Collège, de Brunswick, Maine, par le National
Défense Education Act, soit environ $50,000, plus de 40 professeurs de
français en Nouvelle Angleterre participaient aux conférences d'un ins-
titut français dirigé par le professeur Gérard Brault, de l'université de
Pennsylvanie.
L'entreprise fut un succès et permit à plusieurs professeurs de
français de perfectionner leurs méthodes d'enseignement. Les cours se
poursuivirent du 22 juin au 8 août. Le professeur Robert Nunn y don-
nait des cours de phonétique.
Des causeries furent données dans l'ordre suivant: 27 juin: Prof.
William N. Locke; "Can télévision teach languages?"; 29 juin: "Parlers
français d'Amérique", Prof. Joseph N. Carrière; 3 juillet: "Franco-
78 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
American voting habits", Prof. David B. Calker; 10 juillet: "Attitudes
politiques des Franco-Américains", Josaphat T. Benoît; 18 juillet:
"Langue Française et ethnograpliie en N. A.", Prof. Edward B. Ham;
25 juillet: "Le Folklore parmi les groupes français des Etats-Unis",
Prof. Luc Lacoursière; 28 juillet: "La poésie franco-américaine", Sr M.
Carmel Therriault; 1er août: "Le bilinguisme et la psycholinguistique",
Prof. Wallace Lambert.
Les conférences de l'institut furent imprimées en brochure sous la
direction de M. Brault grâce au concours du Comité de Vie Franco-
Américaine et de celui des sociétés Canado-Américaine, St Jean-
Baptiste d'Amérique et de l'Assomption.
Missionnaires de La Salette. Après 35 années de développement
constant, les RR. PP. de Notre Dame de La Salette établissaient leur
provincialat à Southbridge, Mass. Avec l'acquisition de la "Thomas
House" sous la direction du T. R. P. Philippe Leblanc, m.s., la province
du Coeur Immaculé de Marie complétait ainsi son organisation avec
maisons à Enfield, le berceau, à Attleboro, à East Brewster et à Center
Harbor.
IX
Généalogie
"La Société Généalogique, écrivait Philippe Armand Lajoie, tra-
vaille à la préservation de l'histoire de nos familles originaires de
France et du Québec, et à ce titre, elle a droit à la coopération cordiale
de nos congénères.
"Il est clair, par exemple, que la race française en Amérique du
Nord aurait joui d'une cohésion plus forte si tant de ses fils n'avaient
pas été égarés dans les hasards de l'émigration et autres formes de dis-
persement. Tout ce qui peut continuer à rattacher les liens rompus est
digne de coopération. Et puis, si l'homme ne sait pas toujours où il va,
il peut au moins avoir la satisfaction de savoir d'où il vient.
"Sur ce vaste continent de l'Amérique du Nord, que de Canadiens
français et de Franco-américains portent le même nom, sans savoir
bien souvent si ses homonymes lui sont apparentés et à quel degré.
Voilà l'énigme ethnique que la Société Généalogique s'offre à déchif-
frer pour ceux qui deviennent ses membres et collaborateurs."
Familles Vézina: Le 21 mai, plus de 500 membres des familles
Vézina se réunissaient à Boischatel pour célébrer le tricentenaire de
l'arrivée à Québec de l'ancêtre Jacques Vézina, né en 1610 à Puyravault
dans l'Aunis en France. Il se mariait en France en 1640 et 20 ans après
arrivait au Canada. Avec son épouse Marie Bourdon, il s'établissait à
l'Ange Gardien. Son fils, François, né en France en 1642, s'établissait à
l'Ange Gardien en 1662 près de la Chute Montmorency. Ces deux ter-
res sont aujourd'hui dans le territoire de Boischatel.
Le ralliement était sous les auspices de la Société St Jean-Baptiste
de Boischatel sur l'invitation du curé, l'abbé Pierre Gravel. L'abbé
Gustave Bourbeau célébrait la messe et l'abbé Pierre Vézina pronon-
çait le sermon. La famille Alfred V ézina fournissait le chant et la mu-
sique. Un libéra fut ensuite chanté en l'église l'Ange Gardien par l'abbé
Azarie Vézina.
Deux plaques de bronze furent ensuite dévoilées. La première à
Boischatel pour rappeler l'arrivée de l'ancêtre. Le cérémonie fut pré-
sidée par Mme Léonidas Vézina, épouse du propriétaire actuel de la
terre jadis possédée par l'ancêtre. La deuxième plaque en souvenance
de François Vézina, fils de Jacques.
Au nom de tous les descendants. Me Roger Vézina émettait le voeu
que la Commission des Monuments Historiques érige un mémorial à
80 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
l'endroit où est né et décédé le grand musicien Joseph Vézina qui a tant
fait pour l'avancement de la musique au pays du Québec.
Familles Guimont: C'est au Cap St Ignace que le 18 juin, les
Guimont honoraient leur ancêtre Louis en soulignant le tricentenaire
de sa mort et martyre le 18 juin 1661 à Ste Anne de Beaupré. Il avait
été le premier miraculé de ce sanctuaire en 1658.
La messe fut célébrée par le chanoine Emile Guimont, curé de
L'Isle Verte et le sermon prononcé par l'abbé Fernand Bernier. Svir du
granit extrait de la terre défrichée par Claude Guimont, fils de l'ancê-
tre on gravait l'hommage de ses descendants. La cérémonie du dévoile-
ment fut présidée par le major Georges Guimont. On y rappela le sou-
venir et le rayonnement de la famille à travers les siècles.
Familles Lavoie: L'année 1961 rappelait le 305e anniversaire du
mariage de René de la Voye, fils de René de la Voye et d'Isabeau
Bélanger, de la paroisse Saint-Macloue de Rouen, l'ancêtre au Canada.
Etabli près de Sainte Anne de Beaupré, il habitera aussi les parois-
ses de Saint Joachim et de Château Richer. En l'église Notre Dame de
Québec en 1657, il épouse Anne Godin.
A l'instar de tant de familles, Gérard Lavoie invite tous les des-
cendants de René de la Voye (Lavoie, LaVoie et de la Voye) du Canada
et des Etats-Unis à établir l'Association des familles Lavoie.
Familles Jobidon: A l'occasion de la première pontificale de S. E.
Mgr Jean-Louis Jobidon, P.B., consacré à Québec le 22 mai comme évê-
que d'un des diocèses d'Afrique, il y eut à Château Richer de grandes
fêtes. L'événement coïncidait avec le tricentenaire de la fondation de la
paroisse de Château Richer et aussi avec le tricentenaire de l'arrivée
des familles Jobidon en Nouvelle France.
Familles Biron: C'est le 2 juillet à la basilique de Notre Dame du
Cap de la Madeleine que des centaines de descendants de Pierre Biron
honoraient leur ancêtre, venu en Nouvelle France en 1649 comme aux-
iliaire des Jésuites. On érigeait un monument en granit blanc pour
l'honorer. La messe fut célébrée dans l'oratoire Ste Madeleine et le
sermon prononcé par l'abbé Hector Biron, initiateur et fondateur de
l'Association des Biron. On visitait également le vieux moulin de la
seigneurie Toussaint Biron, à la Pointe-du-Lac. L'événement ajoutait
la "Bironnière" à tant d'autres familles qui perpétuent avec joie l'arri-
vée des ancêtres en Nouvelle France.
X
Festivals et Concours
Académie Ste Anne (Marlboro). La huitième "Journée Française"
annuelle en cette académie se déroulait avec succès, dimanche, le 17
mars dans l'auditorium de cette institution devant une belle assistance.
Cette forme de ralliement culturel réunit les élèves sous la direction
des soeurs de Sainte Anne dans cette région. Dans son invitation Sr
Grégoria. supérieure, l'animatrice de ces manifestations disait: "c'est
un cri d'alarme, dans tous les milieux franco-américains, à la suite de
la rapide reculade du français dans nos écoles bilingues. Qui ne peut se
rendre compte de cette régression? Le français sera-t-il le lot seulement
de l'élite franco-américaine? Qui aura la fierté de sa valeur ethnique?"
Sans avoir le programme sous les yeux, nous savons que chaque
année ce spectacle ravit les auditeurs et donne une belle leçon des de-
moiseUes qui fréquentent les écoles des sours de Sainte Anne.
A ce propos L'Union écrivait: "il faudra que ces sortes d'événe-
ments se continuent à l'Académie Saint-Anne et même qu'ils s'introdui-
sent chez d'autres communautés enseignantes franco-américaines, si
nous voulons que le voeux du 2e congrès de la langue français se réa-
lise. La race française vivra encore longtemps aux Etats-Unis sii les
petits Franco-Américains, fidèles aux directives de leurs parents et de
leurs maîtresses, gardent et chérissent précieusement, comme leur plus
beau trésor et leur plus grande richesse spirituelle, cet esprit français
qui se traduit par des vocables français."
Concours des Artisans. Le lie concours de français organisé par la
Société des Artisans en Nouvelle Angleterre obtenait un autre fier suc-
cès. Plusieurs milliers d'écoliers soumettaient le texte de leur composi-
tion: "Ce que je dois à mes parents". Les lauréats: Hélène Fortier (Ange
Gardien). Berlin, Pierre Fortin (St Augustin). Manchester, Annette St
Hilaire (Notre Dame), North Adams, Mass., Paul Bail (Perpétuel
Secours), Holyoke, Hélène Côté (Ste Anne), Woonsocket, Raymond
L'Heureux (St Jacques), Manville. R. I. Gérard Goulet (Saint Sacrement),
Fali River. Les vainqueurs furent reçus au bureau chef à Montréal à
l'occasion du congrès le 12 septembre.
Ligue des Sociétés de Langue Française (Lewiston): Le concours
annuel d'épellation avait lieu à l'hôtel de Ville le 21 mai. Des élèves de
plusieurs écoles du Maine étaient à l'épreuve. Me Fernand Despins
était l'intérogateur. Les juges étaient: le R. P. Stanislas Viau, o.p., Sr
Marie Blanche (Springvale) et le professeur Maurice Domingue.
82 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Les lauréats: Cécile Fortin, Augusta, Suzanne Moreau, Westbrook,
Pauline Pelletier, Lewiston, James Pépin, Lewiston, Sandra Pouiin et
Thérèse Pouiin, Lewiston et Célia Sirois, Waterville.
Société des Concours (Fall River); Le 35e concours annuel se ter-
minait le 7 mai en l'auditorium Ste Anne sous la présidence de Bernard
Théroux. Plusieurs lauréats furent proclamés. On attribuait pour la
première fois la "Bourse Docteur Mercier", fondateur de la société des
concours de français. Ce prix fut gagné par Muriel Raiche, de l'école
Notre Dame. Ces concours sont toujours appuyés par un bon nombre
de bienfaiteurs.
Festival de la Bonne Chanson (Manchester, N. H.): Le quatrième
festival de la Bonne Chanson, organisé par la Fédération Franco-Amé-
ricaine du New Hampshire obtenait un éclatant succès à la salle des
Arts Pratiques le 22 avril pour réunir plus de 2,000 personnes sous la
présidence d'honneur de S. E. Mgr Ernest J. Primeau.
Sept chorales des écoles paroissiales participaient: St Augustin
"Hymne des vents", Ste Marie "Oui, oui, oui, oui", St Georges "Le
Carnaval de Venise", St Antoine "Sur les flots bleus", Ste Thérèse
"Le Printemps", St Jean-Baptiste (Suncook) "Si les oiseaux ne chan-
taient pas".
Dans son allocution, Mgr Primeau disait sa joie d'assister à ce ré-
gal de la bonne chanson et il ajoutait: "je tiens à féliciiter les organisa-
teurs de ce festival pour leur heureuse initiative. Jo souhaite que les
succès du passé leur soient un encouragement pour l'avenir . . . Mes
chers enfants, que vos belles voix s'élèvent toujours pour honorer la
belle chanson et pour glorifier Dieu comme il convient à des trouba-
dours du Christ."
Fête de DoUard (Manchester): Le 24 mai près de 600 élèves de l'éco-
le St Georges célébraient le 301e anniversaire de l'Exploit du Long
Sault. Un joli programme, préparé par Sr Cécilien, C.S.C, permettait
aux enfants de chanter ce geste héroïque de Dollard des Ormeaux.
L'abbé Adrien Verrette en profitait pour rappeler à ses enfants la leçon
toujours actuelle de dévouement et de fierté qui doit animer les jeunes
franco -américains, qui, demain seront appelés à servir l'Eglise et la
Patrie. Cette fête devrait avoir lieu dans toutes nos paroisses.
XI
Vie Franco-Américaine
Fédération Féminine F.-A. La fédération célébrait ses 10 ans et
profitait de cet anniversaire pour rendre hommage au Comité de Vie
Franco-Américaine qui facilitait sa naissance en 1951 à l'occasion de
son deuxième congrès, tenu à Lewiston en novembre 1951. L'événement
avait lieu à Hartford, du 27 au 29 octobre à l'occasion du 6e congrès du
Comité. En cette circonstance, Mme Pauline Tougas, présidente hono-
raire de la Fédé était inscrite au nombre des titulaires de l'Ordre du
Mérite Franco-Américain.
Ce fut en 1949 lors du 1er congrès des Franco-Américains en no-
vembre qui soulignait d'une façon symbolique le centenaire de la fran-
co-américanie que la résolution suivante fut adoptée: "Conscients du
rôle de plus en plus important que la femme moderne joue au sein de la
société dans tous les domaines et convaincus, à l'instar des groupes qui
nous entourent, qu'une force sociale formidable jaillirait du groupe-
ment de nos femmes franco-américaines, les délégués demandent au
Comité d'Orientation de favoriser un projet qui réunirait dans une fédé-
ration tous les groupes féminins qui existent, afin de travailler sur un
front uni pour la défense, le maintien et le progrès de toutes les va-
leurs spirituelles et religieuses qui constituent notre héritage franco-
américain."
En plus de ses réunions périodiques en divers centres, la Fédé em-
ployait tout son dévouement au succès de son 5e congrès oral auprès de
nos écoliers. Des épreuves régionales se tenaient au cours de l'automne.
Celui du New Hampshire, sur l'invitation de l'abbé Adrien Verrette
avait lieu à St Georges. Il donna lieu à une belle manifestation.
Le couronnement du concours avait lieu à Worcester, le 11 novem-
bre, présidé par Mme Abel Plaud. Il obtenait un beau succès. Les juges
étaient les professeurs Edgar Gauthier, Paul Chassé, R. K. Bolduc,
Donald McQueen et Anita î'ish.
Les lauréats du concours; (Primaire) Claire Thiboutot (Leominster),
Réjeanne Gaudreau (Chicopee). Denise Doyon (S. André, Biddeford).
(Supérieur) Kenneth Moynihan (Ecole Secondaire du Collège de l'As-
somption), Diana Di Padua (Académie N. D. des Monts, Gorham, N. H.).
Lucille Thibodeau (Académie de la Présentation, Hudson N. H.), Marc
Lepain (Ecole préparatoire de l'Assomption) (Collégial), Charlotte Au-
det (Notre Dame, Manchester) et Joseph Boissé (Stonehill, North
Easton, Mass.).
84 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Congrès des Raquetteurs. Le 37e congrès international des Raquet-
teurs avait lieu en fin de janvier à Lewiston, Maine et réunissait des
milliers de congressistes de chaque côté de la frontière. La cérémonie
religieuse se déroulait en l'église St Pierre avec les autres manifesta-
tions d'usage. Le Messager publiait une édition de fête fort documentée.
Association Médicale Franco-Américaine. Elle tenait son 23e con-
grès annuel le 1er novembre à l'hôtel Sheraton Bancroft, de Worcester,
sous la direction du Dr Frédéric Dupré. Le Dr Robert Beaudoin, secré-
taire perpétuel avait préparé le programme scientifique suivant: "La
trachéloraphie immédiate au temps de l'accouchement", Dr Philippe
Ouellette; "Clinical approach to allergie rhinitis and asthma", Dr Fran-
çois X. Dufault; "Cancer of the colon a nd its treatment", Dr Robert
Bolduc. Il y eut encore déjeuner, banquet et bal durant la soirée.
Clubs Richelieu: La chaîne franco-américaine des Richelieu s'allon-
ge chaque année. Après Manchester, Fall River, Holyoke, Lewiston,
New Bedford et Hartford, c'est Boston qiii bouge. L'année a donc été
très prospère. Des visites interclubs avec la participation au grand con-
grès tenu à Montréal en septembre et les réunions bi-mensuelles ont
donné suite à d'enthousiasmes manifestations.
A Boston, c'est Me Pierre Belliveau qui lance la fondation. Il en
sera le président provisoire. A la réunion annuelle tenue à Ottawa le
17 février, Me Lucien Thinel devenait président de la société interna-
tionale. M. Roland Desjardins (Fall River) était élu membre du Conseil
d'Administration. Me Thinel visitera le club Holyoke-Springfield le 18
novembre à l'occasion de son 3e anniversaire. Le 2 décembre, c'est Fall
River qui célèbre son 5e anniversaire en se donnant François Martineau
comme président. Le club de Manchester demeure le grand animateur
de la chaîne et ses membres sont toujours présents aux manifestations
des autres clubs.
Alliance des Journaux F.-A. (Boston). A sa réunion du 19 novem-
bre, tenue à l'hôtel Lenox, de Boston, l'Alliance élisait son bureau:
Roméo Boisvert (Lewiston) président, Euclide Gilbert (Manchester)
vice-président, R. P. Joseph Fontaine, M.S., secrétaire, et Gérard
Raymond (Holyoke) trésorier.
Fédération des Chorales F.-A. Le 3e congrès de cette fédération
avait lieu en la paroisse St Georges de Manchester, sur l'invitation de
son curé, l'abbé Adrien Verrette. Les assises furent vraiment profita-
bles sous la présidence de Georges Ayotte. Après les délibérations qui
portaient sur le premier concert de la fédération, en mai prochain à
Worcester, plus de 250 membres de la fédération, après nombre de
chants se réunissaient au repas traditionnel. M. le maire Josaphat
\'IE FRANCO-AMERICAINE 85
Benoît leur confiait un message d'encouragement. Tous d'un commun
accord déclaraient que ce congrès leur avait fait comprendre l'impor-
tance de leur apostolat dans le domaine de la chanson. M. Gérald Robert,
fondateur de la fédération ajoutait son mot qui fut bien apprécié, de
même que M. Philipe Armand Lajoie, auteur du chant thème magnifi-
que de la fédération.
Union des F.-A. du Connecticut. (Waterbury). La 42e convention
des Franco-Américains du Connecticut avait lieu à Waterbury du 28 au
30 octobre sous la présidence de Roméo Gosselin. La cérémonie reli-
gieuse avait lieu en l'église Ste Anne en présence de S. E. Mgr Henry
J. O'Brien, archevêque de Hartford. L'abbé Laurence Doucette pronon-
çait le sermon. Une soirée de famille précédait l'ouverture et un grand
banquet clôturait les assises. Les séances furent bien fréquentées. El-
les consistèrent à constater la situation actuelle des franco-américains
dans cette région.
Fédération Catholique Franco-Américaine (Fall River). Elle tenait
sa réunion annuelle le 29 mars en la paroisse Ste-Anne. On y étudiait
les détails de la fête patronale et la participation au congrès de
Hartford. Le nouveau conseil comprend: Albert Petit, président,
Bernard Théroux, vice-président, François Martineau, secrétaire, Mme
Joseph Nadeau, adjointe, Mme Donat Blanchette, trésorière. Directeurs:
Horace Leduc, Gabrielle Mercier, Mme Charles Whitehead, Mmes
Thomas Taché, Louis Clapin, Philias Garant, président honoraire, Mlle
Rhéa Caron, présidente honoraire et Mlle Amanda Audet, doyenne.
La Fédération organise aussi la célébration de la fête patronale
avec messe à St Roch, en présence de S. E. Mgr James Connolly. Le
banquet est présidé par M. Albert Petit.
Fédération Franco-Américaine de Worcester. Elle tenait son 29e
congrès annuel sous la présidence de J. Hector Arsenault pour con-
tinuer son travail auprès des compatriotes du comté de Worcester.
Cette fédération groupe les sociétés de la région. Elle exécute toujours
des programmes intéressants et se prête au grand mouvement de soli-
darité sous l'égide du Comité de Vie Franco-Américaine. Les deux
grands événements de l'année étaient encore la "Fête des Rois" et la
célébration de la fête patronale.
Ligue des Sociétés du Maine (Lewiston): Cette ligue groupe les prin-
cipaux organismes de la région depuis plusieurs années. Elle a répété
cette année ses deux projets, la célébration de la fête patronale et le
concours d'épellation dans les écoles.
Ligue des Présidents (New Bedford): La fête patronale était encore
86 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
SOUS la direction de cette ligue qui réunit sous sa direction les associa-
tions franco-américaines de la ville.
Fédération F.-A. du N. H. (Manchester). Cette fédération dont le
siège social est à Manchester s'employait à exécuter trois projets au
cours de l'année. Ce fut le 4e Festival de la Bonne Chanson, le 22 avril,
dans la salle d es Arts Pratiques, qui attirait plus de 2,000 personnes.
Plus de 700 élèves de sept écoles paroissiales participaient au festival.
La Fête Patronale revêtait aussi un éclat particulier avec grand
banquet à la salle Ste Thérèse, le soir du 24 juin sous la présidence de
M. Jean-Louis Boisvert et conférence par Me Paul Massé, de Montréal.
Le lendemain, S. E. Mgr Ernest Primeau célébrait une pontificale et
l'abbé Doria Desruisseaux prononçait le sermon.
Le 19 novembre, la Fédération invitait les compatriotes du New
Hampshire au dévoilement d'un monument à la mémoire de Messire
Joseph Augustin Chevalier, fondateur de la paroisse St Augustin en
1871 et le pionnier de nos oeuvres religieuses et éducatives dans le New
Hampshire.
L'oeuvre du sculpteur Françoise Trudel-Bourcier, ce monument
qui reproduit dans un buste en bronze la figure du fondateur fut érigé
sur le terrain paroissial. Mgr Edouard Lessard chantait la messe en
l'Eglise St Augustin et l'abbé Adrien Verrette prononçait le sermon. Le
maire Josaphat Benoît présentait le monument à la paroisse au nom
des compatriotes du New Hampshire.
Dans son allocution, l'abbé Verrette disait:
C'est parce que Messire Chevalier aura donné le premier coup de
clairon il y a 90 ans pour rassembler son peuple que nous, ses continua-
teurs, répondons à l'appel pour lui dire notre reconnaissance en pro-
clamant ses mérites et en nous réfugiant sous le manteau de son long
apostolat sans tache, nous sollicitons du Ciel les lumières afin de con-
tinuer franchement dans les mêmes sillons de ferveur autour de notre
patrimoine religieux et culturel.
Pasteur vénéré, éducateur et serviteur fidèle de son peuple qu'il
aima jusqu'à la fin, tel nous apparaît toujours le fondateur de nos oeu-
vres.
Félicitations à l'artiste qui a si magnifiquement fixé dans le bronze
les traits attirants du père de notre peuple. Fièrement campé au mi-
lieu des siens il est désormais notre inspiration. Aux générations mon-
tantes il demeurera un symbole et une attestation que le d évouement
aux choses de Dieu est un enrichissement précieux pour celui qui se
VIE FRANCO-AMERICAINE 87
fait le digne serviteur de l'Eglise, de la patrie et de son foyer où se for-
gent et se vivent les grandes fidélités de la vie chrétienne. Honneur et
gloire à la mémoire de ce précurseur qui nous prêche encore ces fortes
leçons de notre idéal chrétien. L'Eglise et la patrie s'inclinent sur cette
mémoire en bénédiction.
A sa réunion annuelle en octobre la Fédération élisait son exécu-
tif: Jean Louis Boisvert, président, Louis I. Martel et Georges Houle,
vice-présidents, Armand Verrette, secrétaire, Benjamin G. Lambert,
trésorier, abbé Doria Desruisseaux, conseiller moral; Gérald Robert,
Euclide Gilbert, Claude Dupont, Bruno Therrien, Marcel Vachon et
John Letendre, directeurs.
Comité Franco- Américain du Rhode-Island: Cette fédération des
Franco-Américains du Rhode Island maintient son travail auprès des
sociétés.
Société des Artisans. Avec ses 200,000 membres, la plus prospère
et sûrement la plus française de nos sociétés fraternelles accusait une
autre année de succès. L'encours d'assurance vie s'éleva à
$310,739,527. avec un actif de $40,354,916. On pouvait donc dire au con-
grès tenu en septembre que la Société des Artisans est "une coopéra-
tive d'assurance-vie qui donne son sens social à l'économique".
C'est S. E. Mgr Sabatiano Baggio, délégué apostolique qui célébrait
la messe du congrès et le R. P. Thonnas-Marie Landry, o.p., prononçait
le sermon.
Le 27 avril. Me Paré présidait l'ouverture des quartiers régionaux à
Manchester. Le curé Adrien Verrette, de St Georges, bénissait les lo-
caux.
Le concours annuel de français obtenait encore un beau succès en
Nouvelle Angleterre avec 5,000 participants. Comme explication du suc-
cès constant de la société. Me René Paré, président, déclarait avec rai-
son: "Les progrès économiques de la Société des Artisans témoignent
d'une administration efficace, d'un personnel compétent, du dynamisme
des représentants de vente et de service. Les assurés sont co-proprié-
taires de leur entreprise, ils influencent son administration et la con-
trôlent grâce aux 190 locales actives et aux 17 Conseils Régionaux où
ils se réunissent en assemblées pour des motifs d'information et d'étu-
des co-opératives."
La société se réjouissait d'avoir élevé le montant des Prêts Arti-
sans aux Etudiants à plus de $58,000. pour l'année.
Association Canado-Américaine (Manchester). L'aînée de nos socié-
88 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
tés fraternelles célébrait ses 65 ans en novembre par une série de ma-
nifestations, sous la présidence du juge Emile Lemelin. La cérémonie
religieuse avait lieu le dimanche 26 novembre en l'église du Sacré-
Coeur, présidée par S. E. Mgr Ernest Primeau. L'abbé Adélard Halde
chantait la messe solennelle et le sermon était prononcé par l'abbé
Gabriel Houle.
Lundi avait lieu l'assemblée de la Haute Cour et des réceptions sui-
virent au cours de la semaine avec les hauts officiers et la visite du gou-
verneur, du maire, du consul de France, du clergé et de nombreux di-
gnitaires.
Dans son rapport du 65e, la société établissait son actif à $8,222,790.
avec des assurances en vigueurs au montant de $34,530,877., bénéfices
payés à date $14,071,000., dividendes $1.019,000. et surplus $1,475,878.
Union St Jean-Baptiste d'Amérique (Woonsocket). Sous la prési-
dence de J. Henri Goguen, l'Union terminait son 61e exercice avec une
augmentation de $211,659.51 pour porter son actif à $16,705,880.32.
Au cours de l'année de nombreuses activités, pèlerinages, remises
de décorations aux membres méritants, célébrations d'anniversaires de
conseils et la préparation du 20e congrès occupaient les administra-
teurs.
La société inaugurait son "Fonds des Oeuvres Culturelles Françai-
ses" en vue de favoriser les principales initiatives qui demandent un
appui spécial. La société songe aussi à réorganiser sa bibliothèque
Mallet afin de la mettre à la disposition des chercheurs.
Douze nouveaux boursiers étaient ajoutés à la Caisse de l'Ecolier,
portant ainsi à 95 les boursiers et 80 protégés pour un total de plus de
$63,000.00.
Société l'Assomption (Moncton). Cette grande mutuelle acadienne
terminait l'année avec près de 80,000 membres et un actif de près de
$13 millions. Ses bourses, son fonds universitaire et son action social
appuient le soiccès toujours croissant de la société.
Cercles Lacordaire. Le mouvement Lacordaire établi par le R. P.
Jacquemet, o.p., à Fall River, compte 50 ans d'existence. On soulignait
la fondation du 1er cercle par de belles fêtes en la paroisse Ste Anne
le 1er octobre. Un pèlerinage avait lieu auprès du tombeau du fonda-
teur. Le sermon était prononcé à la messe par le R. P. Albert Ethier,
prieur. Le banquet était présidé par le R. P. Antoine Lanoue, o.p. et
le R. P. Raymond Bédard, o.p., qui fut l'animateur des cercles après la
VIE FRANCO-AMERICAINE 89
mort du fondateur, était l'orateur de circonstance. Autrefois, les cer-
cles Lacordaire et Jeanne d'Arc bénéficiaient d'une fédération et d'un
bulletin trimestriel. Le mouvement est certainement au ralenti bien
qu'il se soit développé dans le Québec.
Ligue Civique du Massachusetts. Elle tenait sa réunion annuelle à
l'hôtel Vendôme, de Boston au début d'avril sous la présidence de M.
Raymond Desjardins. Le bureau choisi comprend: Roland Desjardins,
président, Joseph Saulniers, New Bedford, Henri Alary, Worcester,
Aimé Gauthier, Salem, Arthur J. Champigny, Lynn, Me Roger
Champagne, Taunton, vice-présidents, George L. Côté, secrétaire et
Samuel Lagassé. trésorier.
Union Canadienne St Jean-Baptiste de Bowensville (Fall River).
Cette vivante société de bienfaisance célébrait avec éclat ses 75 ans
dans la paroisse St Mathieu où elle naissait en 1886. Une messe solen-
nelle fut célébrée le 8 octobre en présence de Mgr J. L. Connolly, évê-
que de Fall River. Le R. P. Joseph Fontaine, M. S., enfant de la paroisse
donnait le sermon. Durant la soirée il y eut grand banquet dans la salle
paroissiale sous la présidence de Gérard Desmarais. Plusieurs dévoués
officiers étaient au programme, J. Ovila Banville, Louis G. Bernier,
Camille Whitehead avec le concours de "Les Gais Chanteurs" sous la di-
rection de M. Hervé Lemieux. L'abbé Henri J. C harest, curé et aumô-
nier de la société rendait hommage au dévouement de cette société,
l'une de nos plus anciennes oeuvres de la région. Un album souvenir
nous racontait l'histoire de l'Union.
Alliance Française (Newport, R. L). Le 15 avril se terminait par un
véritable régal français le concours organisé par l'Alliance Française
de Newport pour les écoles de la région. Nous empruntons le récit qu'en
fit le rédacteur de L'Indépendant, de Fall River:
"Eut-on à prouver que l'étude du français jouit d'un très vif inté-
rêt aux écoles et académies de la ville de Newport, que la cérémonie
solennelle qui eut lieu samedi après-midi à l'auditorium de l'école su-
périeure Rogers suffirait d'emblée.
Pour ceux de nous qui avons voué nos énergies à la survivance et
l'expansion de la langue et de la culture françaises en Nouvelle-Angle-
terre, cette séance de distribution de prix de français à des concurrents
pour la plupart anglo-italo-hollando-portugo-américains, est un spectacle
qui nous laisse toujours dans un étonnement mêlé d'admiration.
Habitués que nous sommes à voir le français traité chez nous com-
me un parent pauvre, un intrus gênant, nous arrivons difficilement à
trouver une réponse satisfaisante à cette question: Pourquoi des gens
90 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
que, rien n'y oblige en somme s'intéressent-ils si fort à une langue
que tant de Franco-Américains s'appliquent à perdre aussi complète-
ment que possible?
Serait-ce que ces gens sont plus intelligents que nous? Serait-ce
qu'ils sont meilleurs citoyens, ayant mieux compris le besoin criant qu'a
notre pays de sujets capables de manier autre chose qu'un anglais plus
ou moins jargonneux? Qui le dira?
M. le baron Charles de Pampelonne, consul général de France à
Boston, qui avait la présidence d'honneur à cette fête culturelle a peut-
être révélé le secret de l'intérêt de ces étudiants lorsque, durant son
allocution, il a dit qu'en Amérique du Nord dix millions de gens parlent
le français et que la connaissance de cette langue permet aux anglo-
phones qui l'acquièrent, des contacts plus intimes et plus profitables
avec les francophones où qu'ils se trouvent.
Et à vrai dire, il n'est guère de lieu en ce monde où l'on n'en trou-
ve pas.
Autre fait digne de mention élogieuse: C'est M. Patrick O'Neill
Hayes, de Newport, qui fut le fondateur de L'Alliance Française de
cette ville où la France a écrit une si belle page d'histoire. M. Hayes.
de concert avec l'Hon. James L. Maher, maire de Newport, prit place
aux côtés de M. le consul général sur l'estrade. Tous trois reçurent leur
présentation de la part de madame Jean Aubois, éducatrice et anima-
trice des concours, un des fermes piliers de la cause française dans le
champ de ses activités.
Et ajoutons que parmi la foule, où le retient sa modestie, nous a-
vons retrouvé — car il ne manque jamais d'être présent — monsieur
Joseph Donon, le Mécène de l'Alliance Française de Newport dont la
main généreuse a rendu possible tant d'initiatives.
Les lauréats couronnés samedi sont des étudiants des écoles supé-
rieures et académies suivantes:
Rogers High, De LaSalle Academy, St. Catherine's Academy, St.
George's High, Portsmouth Priory, Thompson Junior High, Berkeley
Peckham Junior High, Hatch School, St. Philomena's School, et les éco-
les primaires Miss Colling's School et St. Michael's School.
Les noms des lauréats: Judy Ann Stanley, Lillian Peckham, Edward
Richard Van Vliet, Manuel Costa, Robert Martland, Kathleen Moriarty,
Pamela Hutchinson, Sandra Flowers, Nault Dearing, Alex. Patton,
William Mullen, John McComber, Cheryl Aidinoff, Linda Bosworth,
VIE FRANCO-AMERICAINE 91
Philip Gaudet, Walter Buhl Ford III, Marie-Anne Lacroix, Catherine
Chapman, Marie LaPointe.
Nous donnerons demain en cette colonne les noms des gagnants
aux examens écrits et oraux sur la question: 'La mission de Benjamin
Franklin en France de 1776 à 1785".
Ce sont madame Denise Corey, professeuh de français à l'Acadé-
mie Dominicaine de Fall River et M. Joseph Donon, de l'Alliance Fran-
çaise, qui ont fait passer l'examen oral aux concurrents.
Vingt-neuf étudiants des écoles supérieures et académies de la ré-
gion de Newport s'inscrivirent au concours. Vingt d'entre eux prirent
l'examen écrit et 17 se présentèrent à l'examen oral, certains ayant
pris les deux examens.
On a noté en général que la connaissance du français chez les étu-
diants est meilleure cette année qu'elle l'avait été les années précéden-
tes — ce qui est à l'honneur de ces concurrents — la plupart des anglo-
phones.
1er prix — M. Elia Malgieri, de l'Académie LaSalle, médaille de
bronze et diplôme, voyage en France et $100. en argent.
Second prix — William Porter, Jr., du Portsmouth Priory, médail-
le de bronze, diplôme et bourse de $50.
Troisième prix — Chester Jenson, du Rogers High School, médaille
de bronze et diplôme et bourse de $50.
Quatrième prix — Judith MacKinnon, de la St. Catherine's
Academy, médaille de bronze et diplôme et bourse scolaire de $50.
Les autres lauréats du concours, qui ont reçu une médaille de bron-
ze et un diplôme sont:
Florence O'Brien, St. Catherine's Academy; Elizabeth Petro, Rogers
High School; Gloria Potter, Rogers High School; Judith Raposa, St.
Catherine's Academy; Douwe Rienstra, Rogers High School; Bryand
Shaw, Rogers High School; Julie Willmann, Rogers High School; Nita
Butler, Rogers High School; Elizabeth Barnes, Rogers High School;
Cheryl Chambers, Rogers High School; Ruth Covell, St. Catherine's
Academy; Frances Davis, Rogers High School; Cherry Fletcher, Rogers
High School; Michèle Georges, Rogers High School; Linda Gregory,
Rogers High School; Nora Landry, St. Catherine's Academy.
92 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
L'impression remportée par les participants à ces assises de la
culture intellectuelle est qu'on n'est jamais en plus agréable compa-
gnie que parmi les amis de la France.
Association des Vigilants: Un grand banquet servi au Manège Mi-
litaire, samedi soir le 4 novembre, marquait les 25 ans de cette associa-
tion. L'événement fut présidé par M. Roland Landry. M. Joseph A.
Poliquin était maître des cérémonies. Me Fernand Despins rappelait le
travail très utile de cet organisme. Les Petits Chanteurs de St Pierre
étaient au programme.
Cercle du Bon Parler (Springfield). Ce groupe d'amis de la langue
française se donnait une belle fête, le 22 mai, au Highpoint Motor Inn,
près de Chicopee Falls avec l'installation de son nouveau président M.
Gaston Barre. La soirée-gala était présidée par le docteur André Bélan-
ger. M. Marcel Delhomme, professeur d'échange à l'université du
Massachusetts, donnait la conférence. On remettait des plaques hom-
mages à MM. Roméo Fontaine et Roméo Raymond pour dévouement dé-
ployé.
L'Athénée Louisianais. L'aînée des institutions françaises en Loui-
siane et peut-être la seule, célébrait ses 85 ans au Royal Orléans, Nou-
velle Orléans, en février. L'événement prenait la forme d'un grand
gala présidé par M. James Bezou. M. le conseiller culturel Edouard
Morot-Sir était le conférencier.
Caisses Populaires: Le progrès des caisses populaires franco-amé-
ricaines continue. L'actif total dépasse facilement $75 millions. Plu-
sieurs caisses sont millionnaires. Celle de Ste-Marie, de Manchester,
dépasse $9 millions.
Crédit-Union Holyoke (1911-1961). Fondé comme caisse populaire
de la paroisse Notre Dame du Perpétuel Secours, sur l'invitation de
l'abbé Joseph Marchand, curé, pour prendre le nom de Crédit-Union de
Holyoke plus tard, cette caisse populaire l'une des premières en Nou-
velle Angleterre atteignait son cinquantenaire cette année avec un ac-
tif de près d'un million. Joseph Lussier, fondateur du journal "La
Justice" fut le président fondateur, poste qu'il occupa jusqu'en 1950
au moment de sa retraite. Il fut remplacé par J. Henri Fleury, président
actuel. L'un des artisans précieux de l'oeuvre fut Pierre Bonvoulolr
qui en fut le trésorier de 1911 à 1932 pour en assurer le succès.
Paroisse du Sacré-Coeur, Manchester, N. H. (1911-1961). Cinquante-
naire célébré le 4 juin avec une messe pontificale par S. E. Mgr Primeau
et sermon donné par l'abbé Odore Gendron. La paroisse avait é té fon-
dée par l'abbé F. X. LeClair en 1911. Le curé Adélard Halde terminait
la construction de l'église en 1958.
VIE FRANCO-AMERICAINE 93
Paroisse Immaculée Conception (Fitchburg, Mass) 1886-1961. Les
75 ans de cette belle paroisse étaient célébrés le 10 décembre par
une messe pontificale chantée par S. E. Mgr Bernard Flanagan, évêque
de Worcester. Un grand banquet suivait avec une soirée paroissiale
qui rappelait les progrès constants de cette paroisse.
Ce fut le 5 octobre 1886 que l'abbé Clovis Beaudoin établissait cette
oeuvre à la demande de Mgr O'Reilly. alors évêque de Springfield. Il
eut comme successeurs les abbés Jules Graton, 1890, Edmond Graton,
1891, Jean Marcoux, 1901, Joseph Dalpé, 1908, Guillaume Morin, 1925,
qui donna un bel essor à la paroisse, J. A. Tessier, 1938, J. E. Larochelle,
1940 et le curé actuel, l'abbé Omer Chevrette, 1941, artiste qui complé-
ta l'oeuvre et orna l'église de nombreux tableaux "oeuvre de son pin-
ceau".
XII
Echos des Sociétés
Société Historique de Québec. A sa réunion annuelle du 30 janvier,
la société réélisait le major Georges Guimond à la présidence avec
Real Bertrand et Mme Fernand Gingras, vice-présidents; J. M. Thivierge
secrétaire et P. Lamontagne, trésorier. On annonçait la publication du
13e cahier d'histoire "Mosaïque québécoise", préparée par Mme Reine
Malouin. Le R. P. Adrien Pouliot, s.j., déclarait qu'il y a 110 sociétés
d'histoire au Canada. Un projet est de les affilier toutes à la Société
Historique du Canada.
Société Historique de Montréal. A la suite de son centenaire, la
société tenait ses réunions mensuelles avec conférence à la bibliothèque
municipale. Le conseil décidait de publier le volume du centenaire. Le
conseil comprend: Dr A. D. Archambault, président, Paul Emile Hotte,
secrétaire. Les conseillers: Eugène Lapierre, Claude Perrault, Raoul
Trudeau, Albertine Angers, Paul Gauthier, Marie Ange Madore et David
Stewart.
Société Historique de Saint Boniface (Manitoba). C'est le juge
Alfred Maurice Monnin qui remplaça à la présidence le regretté Mgr
Antoine d'Eschambault qui anima cette société durant plusieurs années.
La réunion annuelle en mai dans la salle du conseil de ville fut très en-
thousiaste. Elle attestait un regain de vie. Des dons du gouvernement
provincial, du Conseil de la Vie Française en Amérique et le don du
calice de Mgr Taché que lui avait remis le Pape Pie IX en 1869, don
de Mme Charles Daoust incitèrent les membres à une vivante ressai-
sie de la société. Le musée de la société est une des richesses de la pro-
vince.
Société Historique du Saguenay (Chicoutimi). Elle publie son 3e vo-
lume de sa revue "Saguenayensia". Les rapports et les articles publiés
font foi du travail sérieux accompli par cette société sous la direction
de Mgr Victor Tremblay, p.d.
La Société Historique Acadienne (Moncton). La plus jeune de nos
sociétés d'histoire, fondée en 1961 sous la présidence du R. P. Clément
Cormier, c.s.c, compte déjà plus de 150 membres. Elle promet un tra-
vail sérieux. D'ailleurs la terre acadienne fourmille de sites historiques.
La société publiait son premier cahier cette année.
ACELF. L'Association Canadienne des Educateurs de Langue fran-
çaise qui représente plus de 50,000 éducateurs au Canada se réunissait
pour son 14e congrès à Charlottetown, Ile du Prince Edouard, du 22 au
ECHOS DES SOCIETES 95
25 août. Plus de 800 membres assistaient aux réunions qui se déroulè-
rent à l'Université St. Dunstan.
Le Thème du Congrès portait sur "L'Avenir du Canada et de la
Culture Française". De nombreuses commissions étudièrent les divers
aspects du problème. Dans son rapport, Mlle Cécile Rouleau établissait
à $55,571. l'actif de l'année.
Le nouveau conseil comprend: M. Gérard De Grâce, président, Mgr
Irénée Lussier, p.d., recteur de l'université de Montréal, Me Adélard
Savoie et le R. P. Henri Légaré, vice-présidents, Mlle Cécile Rouleau,
secrétaire, R. P. Albert, conseiller moral, Me Lucien Darveau, conseil-
ler juridique. M. Roland Vinette, sortant de charge, présidait toutes
les réunions et les manifestations.
ACFAS. A son 28e congrès annuel tenu en fin d'octobre à Ottawa,
l'Association Canadienne Française pour l'Avancement des Sciences
élisait Lucien Picher à la présidence. On remettait la médaille Pariseau
au professeur Raymond Lemieux, de l'université d'Alberta. M. Fernand
Séguin recevait la médaille Archambault pour l'ensemble de ses écrits
de vulgarisation scientifique.
Association C. F. de l'Alberta (ACFA). Les 27 et 27 octobre, cette
association tenait un important congrès à Edmonton. On l'appela le
plus dynamique de son histoire. Il avait été préparé par de sérieuses
enquêtes et fut présidé par Me André Dechène. On adopta de nombreu-
ses résolutions, entre autres, celle d'établir un secrétariat solide qui
assurerait la vie active de l'association. Les délégués établissaient la re-
connaissance de la distinction essentielle qui existe entre religion et
culture française, avec admission de concitoyens d'autres langues et
d'autres religions comme membres pourvu qu'ils connaissent ou aiment
la culture française. Le Congrès se déclarait anti-séparatiste.
Société du Bon Parler Français (Montréal). Elle tient son 26e gala
en mai au théâtre St Denis sous la présidence de M. Trefflé Boulanger
pour attirer plus de 2,000 personnes. En plus de son travail énorme,
au cours de l'année, la société s'emploie à établir des cercles d'expres-
sion orale dans les écoles secondaires, les collèges, les instituts fami-
liaux, les écoles normales en vue de favoriser le parler français. Un
bulletin mensuel "La Maîtrise de la Parole" entretient la vie entre les
cercles.
Société Généalogique C. F. Elle publiait son 12e volume de
"Mémoires" en 10 livraisons dont l'annuaire qui parut en décembre
avec la liste des 500 membres avec matricule. La Société continuait à
recueillir des dons pour la "Fondation Godbout" en vue de publier des
96 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
manuscrits inédits de son fondateur, le R. P. Archange Godbout, o.f.m.
La société se développe de plus en plus et accumule des archives consi-
dérables qui demanderont certainement un immeuble pour leur classi-
fication et conservation au service des généalogistes.
Association d'Education des Canadiens-Français du Manitoba
(AECFM). Elle tenait son 24e congrès provincial à St Boniface le 21
janvier sous la présidence de Léo Rémillard. Les assises furent vrai-
ment profitables et sérieuses. Les délégués y apportèrent un intérêt
particulier. Comme à tous les congrès il y eut cérémonie religieuse, ré-
ceptions et rencontres heureuses et banquet.
Des rapports très bien préparés furent soumis à l'étude. L'actif de
l'année était fixée à près de $17,000.00. Comme les autres provinces, le
Manitoba songe à l'établssement d'un secrétariat permanent qui assu-
rerait le travail de l'association.
Au cours des délibérations, on discute le projet d'un centre provin-
cial français comme centrale des activités. La radio et le télé, le con-
cours de français, le festival de la bonne chanson, visite suivie des éco-
les, les couis d'été, les manuels scolaires, la fédération canadienne
française de l'Ouest, le sou de l'écolier, sont autant de sujets qui re-
tiennent l'attention des congressistes.
L'Association est heureuse de proclamer les titulaires de son Ordre
du Mérite Scolaire. Les délégués sont heureux d'assister à la remise
posthume des insignes de l'Ordre de la Fidélité Française que le Con-
seil de la Vie Française en Amérique avait accordés à Mgr Antoine
d'Eschambault, à sa promotion de septembre dernier. M. le docteur P.
E. Laflèche se fit l'interprète du Conseil.
Ce fut S. E. Mgr Maurice Baudoux, archevêque de St Boniface,
qui donnait le dernier mot d'ordre aux congressistes: "ne faites pas que
prier. II faut que la situation s'améliore. Poussez, poussez, poussez".
Un aspect assez intéressant du congrès et peut-être appelé à ren-
dre des services sauveurs au Manitoba français fut traduit dans l'allo-
cution de M. Alfred Rouleau, directeur de l'Assurance-vie Desjardins
au banquet de clôture. C'est toujours dans le domaine de la finance que
se résolvent nos projets et problèmes d'expansion et de rayonnement.
En somme, le congrès laissait percer de nouveaux espoirs qui ne
devraient pas demeurer dans les cartables inopérants de ceux qui
songent très peu au lendemain. Un Congrès est un point de départ.
ECHOS DES SOCIETES 97
Société Générale (New York). Cette société relève de l'Ambassade
de France à Washington. Elle publiait une enquête très intéressante
sur "Le Marché du Livre Français aux Etats-Unis". La brochure con-
tient en plus une liste de collèges et d'universités ayant plus d'un millier
d'étudiants, une liste de bibliothèques dans les villes de 100,000 habi-
tants, les journaux et les revues de langue française, les postes de Ra-
dio avec émissions françaises soit une quarantaine. Ce rapport est pré-
cieux même s'il n'est pas complet.
Institut d'Histoire de l'Amérique Française (Montréal). Sa réunion
annuelle avait lieu le 8 avril au collège Saint-Viateur sous la présiden-
ce du chanoine Lionel Groulx. Des études sérieuses furent soumises. Au
banquet servi au Chalet de l'Ile Sainte-Hélène, François-Albert Angers
était l'orateur invité.
Dans son allocution, le chanoine Groulx disait sur l'enseignement
de l'Histoire du Canada français avec combien de vérité: "Quand donc
en finirons-nous, une bonne fois pour toutes, avec ce pessimisme amer,
cette rage dont semblent posséder quelques jeunes esprits de chez nous,
rage de tout saborder, foi, Eglise, histoire, rage aussi de nous diminuer,
de nous avilir, de nous rendre encore plus petits, plus misérables que
nous ne sommes? Pourquoi faut-il que ce soit nous, les vieux, qui
soyons là pour donner coeur et foi à ces jeunes vieillards? Ce n'est pas
l'heure pourtant de semer le scepticisme, de nous nourrir de doutes
morbides, à la façon des peuples décadants ou vieillis trop vite. Ce serait
plutôt le temps des résolutions et des gestes virils, l'heure de rassem-
bler toutes nos forces, toutes nos espérances, pour affronter les défis
des années qui viennent. Et je dirais volontiers à la jeune génération:
ce n'est pas tout de démolir ses devanciers: peut-être vaudrait-il mieux
travailler à les dépasser."
Société d'Histoire de l'Eglise Catholique (Canada). Elle tenait son
28e congrès à l'université de Montréal le six juin sous la présidence de
J. F. Leddy, de la Saskatchewan. Des travaux fort instructifs furent pré-
sentés: "Mère Gamelin et le Service Social", Sr Madeleine Durant; "Un
philantrope d'autrefois: Antoine Olivier Berthelet", Léon Trépanier;
"Le Canada Français en Amérique latine". Chanoine Lionel Groulx;
"Une femme a passé: Mère d'Youville", Albertine Ferland- Angers;
"Le journal des Jésuites de Québec de 16321645", R. P. Léon Pouliot,
s.j.; "La vision religieuse de Champlain", Raymond Barbeau.
Société des Dix (Montréal). Après avoir célébré son 25e anniver-
saire, elle publiait son cahier annuel, toujours intéressant avec les
échos de ses fêtes. Elle déplorait la disparition de l'un des 3 fondateurs.
Me Victor Morin. La collection de cette société est très précieuse et
nous lui souhaitons longue vie.
XIII
Vieux Papiers
Un grand évêque missionnaire
Le Cardinal Cheverus
1786-1836
(Victor de Clercq)
Si les Etats-Unis d'Amérique comptent aujourd'hui plus de 20
millions de catholiques (1939), le mérite et l'honneur en reviennent en
grande partie aux missionnaires venus de France, parmi les plus vail-
lants desquels il convient de nommer l'abbé de Cheverus, qui devait
mourir cardinal de la Sainte Eglise Romaine.
Jean -Louis- Anne-Madeleine Lefebvre de Cheverus naquit le 28 jan-
vier 1768 à Mayence. Dès l'enfance, sa mère lui donna des habitudes de
grande piété, si bien que la plus grande punition qu'on pouvait lui
imposer, c'était d'être exclu de la prière dite le soir en commun. A 11 ans,
sa première communion lui laissa une impression si profonde qu'il se
sentit plein d'attrait pour l'état ecclésiastique; il s'en ouvrit à sa mère
qui l'encouragea dans ses dispositions.
Une fois ses études de lettres terminées, il concourut pour une des
places vacantes au Séminaire Saint -Magloire, tenu par les Oratoriens,
et il fut reçu premier. "Années fortunées de mon séminaire, les plus
belles de ma vie, s'est-il écrié plus tard, jours heureux où mes devoirs
étaient si faciles, mes jours si sereins, mon âme si tranquille et tout le
monde si bon, si indulgent pour moi." Les temps, malheureusement,
allaient venir où se faire prêtre allait signifier subir la misère, la persé-
cution, peut-être la mort. Grâce à une dispense d'âge, il fut ordonné à
Paris le 18 décembre 1790, lors de la dernière ordination publique faite
dans cette ville, et aussitôt réclamé comme vicaire par son oncle, curé
à Mayenne. Ayant refusé de prêter le serment schismatique, il dut
s'enfuir déguisé en laïque pour se réfugier en Angleterre.
Autrefois, au Séminaire, il avait refusé les leçons d'anglais que
voulait lui donner son ami, l'abbé McCarthy, les jugeant inutiles pour
son ministère; il lui fallut bien maintenant se mettre à l'étude de cette
langue; au bout de trois mois, il en savait suffisamment pour pouvoir
donner dans un pensionnat des leçons de français et de mathématiques.
VIEUX PAPIERS 99
Au bout d'un an, il parlait si correctement qu'il demande à Mgr Douglas,
évêque de Londres, de remplir dans son diocèse des fonctions ecclésiasti-
ques. Il ouvrit une chapelle qui fut vite fréquentée et en partie avec le
produit des leçons données au fils d'un riche seigneur; il construisit près
de la chapelle une maison où il alla habiter avec d'autres ecclésiastiques.
Tout lui souriait, mais il n'était pas content de son sort: "J'étais
trop bien pour un prêtre; je n'avais que des jouissances." C'est alors qu'il
reçut une lettre d'un prêtre qu'il avait connu à Paris, labbé Matignon,
ancien professeur de Sorbonne, qui se trouvait seul à Boston, chargé par
Mgr Carroll, évêque de Baltimore, d'évangéliser les Etats de la Nouvelle-
Angleterre. L'abbé Matignon faisait ressortir dans cette lettre l'impor-
tance de cette mission abandonnée, où quelques milliers de catholiques
vivaient délaissés sur une surface immense de 180 lieues de long sur 100
de large. Profondément ému l'abbé de Cheverus prit conseil de son
évêque et de Mgr de Hercé, fit cession en faveur de ses frères et soeurs
de tous les droits qu'il pourrait avoir sur les biens de ses parents et,
ne possédant plus rien au monde, il s'embarqua pour l'Amérique.
Le 3 octobre 1796, il arrivait à Boston, où l'abbé Matignon le reçut
en pleurant, disant que c'était le plus beau jour de sa vie, et de suite il
commença son apostolat. L'entreprise était singulièrement difficile et,
dans ce milieu violemment protestant, où Rome était dépeinte comme la
nouvelle Babylone maudite dans l'Apocalypse, il fallait agir avec une
grande circonspection; précédemment, un autre prêtre, M. Thayer, ancien
ministre presbytérien converti à la vue des miracles opérés au tombeau
de Benoît Labre, avait dû être retiré par l'évêque de Baltimore, à cause
de son zèle un peu inconsidéré. Avec M. Matignon, auquel il resta ten-
drement uni, l'abbé de Cheverus. par sa vie pauvre, mais pleine de
dignité, sut désarmer bien des méfiances. Un jour, il reçut la visite d'un
protestant qui lui dit: "Monsieur, voilà un an que je vous étudie, que
je suis vos démarches, que j'observe vos actions; je ne croyais pas qu'un
ministre de votre religion pût ôtre un homme de bien; je viens vous
faire réparation d'honneur, je vous déclare que je vous estime et vous
vénère comme l'homme le plus vertueux que j'aie connu." Et ainsi à la
méfiance générale succéda une affectueuse estime; on vint volontiers
entendre ses sermons. "Il semble, écrivait un journaliste, qu'un séraphin
ait touché ses lèvres avec un charbon de l'autel du Très Haut."
Si intéressantes fussent-elles, toutes ces relations ne lui faisaient
pas négliger les charges de son ministère, et elles étaient lourdes. Les
paroissiens étaient presque tous des Irlandais exilés et pauvres, vivant
si éloignés les uns des autres qu'il n'était pas possible de les rassembler;
il fallait donc visiter les familles les unes après les autres, voyager parfois
100 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
à toute heure du jour ou de la nuit pour aller à plusieurs lieues de dis-
tance secourir les malheureux et consoler les affligés. Il parvint toutefois
à faire bâtir à Newcastle, capitale de l'Etat du Maine, une église sous
le vocable de Saint- Patrice, et chaque année il y passa quelque temps
jusqu'au jour où, en 1812, il put y établir un prêtre à demeure.
A l'école d'une vieille sauvagesse qui n'avait de l'anglais qu'une
connaissance des plus grossières, l'abbé de Cheverus apprit de son mieux
la langue des Indiens, puis il se rendit dans une assemblée tenue à
Indian Old Town par les membres de la tribu de Penobscot. C'était un
dimanche et il eut l'heureuse surprise de les entendre chanter des can-
tiques et toute la partie de la messe que les laïques peuvent chanter.
Accueilli par des cris de joie à la vue de sa robe noire, il dut s'asseoir
sur une peau d'ours, leur siège d'honneur, puis participer à leur repas,
dont l'odeur infecte lui soulevait le coeur. Après avoir vécu quelques
jours auprès d'eux, envahi par les insectes dégoûtants dont ils étaient
couverts et n'avoir pris comme nourriture que du pain et quelques
poissons pris à l'eau, il passa dans la tribu voisine des Passamaquody.
A son retour à Boston, il trouva la ville ravagée par une terrible
épidémie de fièvre jaune; sans mesurer ses forces, il alla de maison en
maison, se faisant l'infirmier bénévole de tous ceux qui étaient atteints,
répondant aux prudents conseils qui lui étaient adressés: "Il n'est pas
nécessaire que je vive, mais il est nécessaire que les malades soient
soignés, les moribonds assistés." Un tel dévouement émut tous les coeurs;
aussi, désormais, non seulement il fut invité à tous les repas officiels
au même titre que les ministres des différentes sectes, mais ce fut tou-
jours lui qui fut chargé de bénir la table. Quand le président John Adams
vint à Boston, les deux premières places du banquet furent pour le prési-
dent et pour lui, si bien que John Adams, faisant à la fois allusion à
l'opposition que les habitants de la ville avaient faite à sa candidature
et à leur malveillance connue à l'égard du catholicisme ne put s'empê-
cher de lui dire: "Ce qui m'étonne le plus, c'est de me voir ici et de vous
y voir!" Lorsque, quelques années plus tard, l'abbé entreprit la cons-
truction, à Boston, d'une grande et belle église pour remplacer la petite
chapelle devenue insuffisante, le président des Etats-Unis fut le premier
à lui envoyer sa souscription.
Cependant, par le Concordat, le premier consul avait rétabli la paix
religieuse en France; ses parents, ses amis, lui écrivirent en termes
pressants de revenir prendre possession de sa cure de Mayenne. Ce fut
pour lui un moment de cruelle anxiété; son devoir était-il de revoir sa
patrie et les siens ou était- il plutôt de rester auprès de l'abbé Matignon
et de ses chers paroissiens d'Amérique? Il écrivait à Mgr Carroll pour
VIEUX PAPIERS 101
lui demander sa manière de voir, et l'évêque lui répondit que les événe-
ments l'avaient dégagé de tout lien avec son ancien diocèse. "Je me
flatte de l'espoir, ajouta-t-il, que le service de Dieu, l'extension du
royaume de Jésus-Christ, le salut des âmes rachetées par sa mort vous
parleront plus puissamment que la voix de la chair et du sang." L'abbé
de Cheverus regarda cette réponse comme un ordre de la Providence;
il resta et il eut la joie de voir l'évêque venir, le 29 septembre 1803,
consacrer sa nouvelle église sous le titre de Sainte-Croix.
Grande par exemple fut sa déconvenue quand il apprit en 1808 que,
sur la demande de Mgr Carroîl, promu archevêque de Baltimore, il était
appelé par le Souverain Pontife à l'évêché de Boston, un des quatre nou-
veaux évêchés suffragants. Il se plaignit amèrement de cet honneur
qu'on lui faisait par surprise et redoubla de zèle dans son ministère, ne
reculant devant aucune humble besogne, pansant les plaies des malades,
faisant leur lit, pourvoyant à tous leurs besoins. Sa réputation d'homme
de Dieu fut telle que des ministres protestants, épiscopaliens ou presby-
tériens, lui demandèrent de prendre la parole dans leur temple et, se
rappelant que saint Paul prêchait dans les synagogues, il accepta leur
invitation, évitant dans ses discours l'apparence d'une controverse, mais
choisissant pour sujet quelque dogme de l'Eglise catholique et en expli-
quant le sens véritable. Il accepta même des conférences contradictoires
et, avec sa science théologique et son esprit, il en sorti victorieux. Il ne
faut donc pas s'étonner s'il obtint de retentissantes conversions, comme
celle des ministres Bâcher, père et fils; le père ne voulut accepter que
les ordres mineurs; le fils, qui était marié, se fit Jésuite tandis que sa
femme entrait dans un couvent de la Visitation. Une dame protestante
de Philadelphie, Mme Seton, dont l'abbé Rabad a raconté la vie édifiante,
lui écrivit pour lui exprimer son désir sincère de connaître la vérité; il
réussit à calmer ses inquiétudes et à satisfaire sa raison; elle se fit
catholique et se retira dans le Maryland où elle établit une pieuse con-
grégation de femmes, la première qui fut fondée aux Etats-Unis. Il n'eut,
par contre, à regretter que bien peu d'abandons de la foi; "le Pape sarcle
son jardin, lui dit un jour un pasteur, et nous jette ses mauvaises herbes."
A la mort de Mgr Carroll, son successeur, vieillard infirme, voulut
avoir Mgr de Cheverus comme coadjuteur; mais celui-ci opposa la plus
vive résistance: "L'Eglise de Boston est devenue pour moi une épouse
bien- aimée et je n'ai jamais eu la pensée de l'abandonner." Le moment
vint pourtant où il dut quitter son cher diocèse. La mort de l'abbé
Matignon, survenue en 1818, lui avait imposé un surcroît de fatigue;
l'asthme dont il souffrait depuis plusieurs années fit soudain des progrès
alarmants et ne lui permit plus de suffire à tous les besoins de son
ministère; les médecins lui déclarèrent même que sa santé ne supportera
102 BULLETIN DE LA SCX^IETE HISTORIQUE
pas un second hiver sous un ciel aussi rigoureux. Louis XV intervint,
à la demande de M. Hyde de Neuville, notre ambassadeur aux Etats-
Unis, qui voyait avec peine dépérir le prélat, et il ordonna au prince de
Croy, grand aumônier de France, de notifier à celui-ci sa nomination à
l'évêché de Montauban. Mgr de Cheverus resta plusieurs jours à pleurer
et à prier, il envoya des lettres suppliantes à M. Hyde de Neuville; mais
son mal empira et il dut obéir à la volonté expresse du souverain. Avant
de partir, il distribua tout ce qu'il possédait, soit aux ecclésiastiques qu'il
avait lui-même formés, soit à ses amis et aux indigents et, après trente-
et-un ans d'absence, il revint en France aussi pauvre qu'il l'avait quittée.
Il laissait en Amérique d'unanimes regrets, et un protestant, le Dr Schan-
ning, a tracé de lui le plus flatteur des portraits: "Il nous a quittés, mais
il ne sera jamais oublié."
D'évêque de Montauban, Mgr de Cheverus devint, en 1826, arche-
vêque de Bordeaux. Raconter ce que fut son épiscopat à Bordeaux comme
à Montauban, ce serait louer la simplicité de sa vie mortifiée, la noblesse
de son caractère, le charme de ses prédications, sa compassion pour les
malheureux, son inépuisable charité. Charles X le nomma pair de France,
conseiller d'Etat, commandeur de l'Ordre du Saint-Esprit. Lors de la
Révolution de juillet, quelles que fussent ses affections pour la famille
déchue, il s'en tint au principe de l'Eglise de respecter tout pouvoir établi;
le coeur, disait-il, est un sanctuaire où les hommes n'ont rien à voir, et
il se borna à remplir de son mieux et en toute indépendance sa mission
tout évangélique. On parla de lui pour la pourpre romaine; dès le
8 juin 1835, Charles Dupin déclarait à la Chambre qu'un tel choix hono-
rerait à la fois la France et la chrétienté. "La retraite me sied mieux que
de nouvelles dignités", faisait- il savoir au marquis de La Tour-Maubourg,
ambassadeur à Rome; mais, malgré ses protestations, le 1er février 1836,
le Pape le proclamait cardinal.
Sa santé cependant allait en déclinant; plusieurs attaques le laissè-
rent parfois quelques jours sans connaissance; une dernière l'emporta.
Le 19 juillet 1836, tandis qu'on disait la messe dans sa chambre, il expira
doucement, le jour où l'Eglise célèbre la fête de Saint Vincent de Paul,
qu'il avait pris pour modèle. Dans l'oraison funèbre qu'il prononça plus
tard à Bordeaux, M. Hamon, le pieux curé de Saint-Sulpice, qui, en termes
émus, a écrit une si touchante biographie du grand prélat, a su magni-
fiquement célébrer cette noble et belle existence: "Dans la première
moitié du XIXe siècle, vécut cet apôtre de la charité, dont l'un et l'autre
hémisphère admirèrent la vertu, dont les rois qui régnaient en France
honorèrent le mérite et dont le Chef de l'Eglise récompensa par la pourpre
les glorieux travaux; il n'eut d'autre passion que le bonheur de ses sem-
blables et ne vécut que pour faire des heureux ou sécher des larmes."
VIEUX PAPIERS 103
Une Catastrophe à Holyoke
1875
(Maxime Frénière)
Dans l'après-midi, vers les cinq heures, le jour de la Fête-Dieu, qui
se trouvait le dimanche, 27 mai, la chapelle temporaire de la paroisse du
Précieux-Sang était illuminée à profusion et remplie de fidèles venus
rendre hommage à Dieu. Les vêpres avaient attiré une assistance d'envi-
ron 700 à 800 personnes, dont les trois-quarts étaient des femmes et des
enfants.
Pendant que le Père Dufresne, ostensoir en mains, se retournait vers
les fidèles pour la Bénédiction du Saint-Sacrement, la bougie d'un lam-
pion placé dans la niche de la Sainte Vierge, fut soulevée par le vent et
mit le feu à la mousseline légère qui entourait la statue. En un instant
la flamme se communiqua aux tentures et, avec la rapidité de l'éclair,
s'attaqua aux murs qui n'étaient que du papier goudronné. En un instant,
l'église fut toute enflammée et semblable à une mer de feu.
Les fidèles de la nef se dirigèrent en toute hâte vers les portes de
sortie, mais avec ordre, tandis que ceux qui étaient dans les galeries,
plus nombreux et plus à l'étroit, se sentant poursuivis par les flammes,
se précipitèrent dans l'escalier qui donnait accès sur le vestibule.
La collision devenue inévitable, interceptait l'écoulement de la foule
affolée, terrifiée et bousculée, tandis que les gens se frayaient un passage,
les escaliers s'effondraient, entraînant dans leur chute hommes, femmes
et enfants, piles les uns sur les autres et se débattant dans les angoisses
le plus terribles. Des cris de douleurs, de dése.spoir et de détresse rem-
plissaient l'air et furent bientôt suivis de lamentations tandis que la
fumée, le feu et l'eau bouillante faisaient leur oeuvre de destruction.
Les pompiers avaient commencé le travail de sauvetage et bravaient
les flammes. L'un d'eux, avec hache en main, ^'écriait: "Pour l'amour de
Dieu, venez nous aider!" Un torrent d'eau projeté de la machine à vapeur
hydraulique, de Mont Holyoke, submergea trois des pompiers, les empê-
chant d'être brûlés vifs. Les premières personnes retirées du feu, en
passant sous le jet d'eau, se sentaient vivifiées.
104 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Quelques unes des pauvres créatures perdirent connaissance dans le
long escalier qui se trouvait en avant de l'église et qui descendait jusqu'à
la rue. D'autres, brûlées à mort, furent transportéees sur la môte de sable,
faisant face à l'église; enfin quelques-unes, après des efforts surhumains,
se rendirent à leur demeure. L'alarme avait à peine été sonnée, qu'un
employé de la brigade du feu, parcourant la ville à cheval, criait: "Au
feu!" Au feu! . . . L'église canadienne brûle."
En un instant, tout Holyoke fut sur les lieux du sinistre, à commen-
cer par le maire Pearson, les prêtres, les ministres, les révérendes Soeurs
de la I*rovidence, attachées à la paroisse Saint-Jérome, et tous les méde-
cins ainsi que les sauveteurs dont quelques-unes ont restés légendaires
par leur bravoure et le nombre de personne arrachées à l'incendie.
En moins d'une heure le feu était éteint, mais à quel prix? L'église
n'offrait que des ruines, des corps calcinés, accumulés dans le vestibule,
attendant le déblaiement qui se fit en peu de temps.
Les pompiers fixèrent des échelles aux murs de bois noircis qui
tenaient encore et procédèrent à la recherche des morts. Des centaines
d'hommes se mirent à l'oeuvre, protégés par un détachement de la police.
L'extraction des corps offrait quelque chose de triste et de répugnant
tout à la fois; ces êtres calcinés, dont un grand nombre étaient gravement
brûlés, furent retirés avec le plus grand soin et avec les marques du plus
grand respect.
Leur disposition
Durant l'excitation, les infortunés furent transportés à des endroits
un peu éloignés de l'incendie, pour permettre aux sauveteurs de prêter
secours au plus grand nombre. D'autres gens venaient à leur aide et 27
victimes furent transportés dans un magasin inoccupé de la bâtisse
Monat, au numéro 337 rue Main. Le soubassement de l'école publique de
la rue Park, ayant été transformé en morgue il fut décidé d'y placer tous
les morts qui n'avaient pas été identifiés.
Les 27 corps déposés dans l'édifice de M. Pierre Monat furent trans-
portés à la morgue de l'école, ce qui, ajoute aux 21 corps, déjà déposés,
porta le nombre à 51. A part de ce nombre, 18 à 20 corps reconnus par
les parents, avaient été portés à leur demeure.
VIEUX PAPIERS 105
Des 51 corps assemblés à la morg^ue, trois seulement furent identifiés,
à savoir: Mlle Exildo Lafrance, âgée de 20 ans; Justine Brisson, 20 ans,
et Alphonsine Moreau, âgée de 15 ans.
Des morceaux de papiers, portant leurs noms furent épingles aux
fragments d'habits qui leur restaient. Dans le grand édifice, au coin des
rues East et Cabot, qui appartenait à M. Joseph Proulx, furent apportés
des blessés, dont quelques-uns moururent dans la nuit; plusieurs encore
furent conduits à la maison de pension du New York Mills, où les méde-
cins les soignèrent. Les lamentations de la populace aux alentours de la
Morgue et dans les rues voisines faisaient peine à entendre.
Des exploits héroïques
Toutefois, elles ne purent arrêter les vaillants héros, dont le coeur
parlait plus fort que la raison et au nombre desquels était un M. Joseph
Real, de Cavendish, Vermont, en promenade avec sa femme, Mme Real
s'était rendue à l'église, accompagnée de son frère, M. Tobie Dessaint dit
St-Pierre, qui fêtait le même jour son 19e anniversaire de naissance. Tous
deux étaient au jubé quand l'escalier s'effondra; ils se trouvèrent pris
dans la mêlée. M. Real, qui n'assistait pas à l'office, averti comme bien
d'autres, arriva bientôt et parvint à sortir sa femme de l'encombrement,
mais elle avait un bras fracturé et un pied brûlé. Ce qui les força à
rester à Holyoke plusieurs semaines avant de retourner à Cavendish.
L'exemple de bravoure que je viens de signaler ne fut pas le seul
à noter. M. Pierre Monat, Canadien plein de force et de courage, disaient
les journaux du temps, fut le premier à combattre l'élément destructeur.
M. Monat était dans l'édifice avec ses trois enfants, et voyant prendre
le feu aux draperies, il courut chercher des seaux d'eaux et les jetta sur
les flammes. Il comprit bientôt qu'il ne pouvait l'éteindre et il pourvut
à la sûreté de ses trois enfants, qu'il éloigna du danger, ensuite il s'occupa
de secourir les malheureuses victimes.
De grands éloges sont dus aussi à M. Gilbert Brisson, qui sauva un
nombre de personnes; à un M. Robert, qui se brûla horriblement la tête
et la figure, et faillit plusieurs fois perdre la vie en voulant sauver celle
des autres; à MM. Cyrille Boudreau, Gustave Meunier, Alexis Granger,
L. Langlois, Prudent Choquette, aussi à M. Narcisse Couture, de Indian
Orchard, qui assistait aux vêpres, et plusieurs autres. Ces messieurs
recevaient dans leurs bras ou sur leurs épaules, les personnes qui se
lançaient par les fenêtres du deuxième étage, soit une hauteur de 18 à
20 pieds du sol. Il f&ut louer aussi M. Joseph Beauchemin, natif de St-Pie,
106
BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
comté de Bagot, Canada, arrivé à Holyoke le 20 octobre 1869; la nuit de la
grande catastrophe, il a courageusement transportés les morts et les
blessés de l'église à l'édifice Monat, et de là a la Morgue. Il est un de
ceux que nous devons classer parmi les plus dévoués à leurs semblables.
Il convient d'ajouter aux victimes immédiates, du feu celles qui sont
mortes durant la nuit et les quelques jours suivants. Un grand nombre
de personnes gravement blessés ont souffert le martyre avant de rendre
leur âme à Dieu. Ce bottin contient les noms de 96 personnes arrangés
en ordre alphabétique. (Les chiffres indiquent leur âge).
Auger, Antoine
Bédard, Délina
Biais, Hélène (a)
Blanchard, Marceline (b)
Boisvert, Marie
Boudreau, Mme Sophie
Boulanger, Mme
Bourgeois, Mme
Brillant, Louis
Brisson, Vitaline
Brisson, Justine
Chatel, Joseph
Chatel, Mme (c)
Choquette, Prudent
Coache, Délia (d)
Côté, Delvina (n)
Daigneau, Mme Joseph
Daigneau, Mathilda (e)
Daigneau, Pierre
Daviau, Rosalie
Dérie, Napoléon
Dérie, Victoria
Desjardins. Louis-Théophile
Desjardins, Mme Mathilda i
Desjard ns. Délia (f)
Desjardins, Rosilda (f)
Age
Age
72
Desjardins, Alphonsine (f)
13
—
Dionne, Christine
—
20
Doucette, Célina
20
—
Dupont, Phébé
15
12
Dupont. Mme Marceline
44
37
Dufresne, Marceline
17
—
Emond, Oilve
22
—
Favreault, Euphémie
18
—
Forgue, Zoé, Mme A.
40
18
Forgue, Cora (m)
11
20
Portier, Benjamin
20
24
Portier, Alphonsine
11
—
Frémont, Angélique
18
—
Girard, Julie
16
16
Girard, Marin
41
22
Godin, Marie
—
36
Grandchamp, Marie
23
15
Grandchamp Philomène
21
10
Hamel, Almida, Mme (g)
—
21
Hébert, Phi'omène
—
—
Hicks, Marie
25
11
Hicks, Lucj-
20
55
Lachance, Mme Sarah
—
50
Jette, Louise (n)
31
19
Lachance, Cyril, fils
19
18
Lachapelle, Odille
16
Lachapelle, Rosilda, Sr.
Lacoste. Azvda
Lacoste, Marie, Sr.
Lafrance, Azilda
Lagassé, Mme Rosalie
Langdeau, Marie
Langdeau, Delma, Sr.
Larrivée, Calixte, Mme
Laplante, Célina (li)
Langlois, Mlle
Langevin, Jean -Baptiste
Laporte, Mlle Hermine
Lépreux, (?) et sa femme
Longchamp, Phoebé
Messier, Liza
Messier, Joseph
Mercier, Mlle Eva
Meunier, Itha (i)
Moreau, Fabien, père
Moreau, Mme Xavier
Moreau, Alphonsine
Morin, Hermine (j)
VIEUX
PAPIERS
un
13
Morin, Isaie ou Isaac
22
16
Paré, Marie
20
—
Paquin, Hermine
20
20
Paquin, Joséphine
14
55
Payette, Matilde
16
27
Payette, Louise
17
22
Pellerin, Gaspard
23
40
Pion, Marie
37
18
Pion, Onézime
55
—
Robert, Edmond (k)
11
40
Robert, Célina
9
—
Régnier, Lucie
—
—
Roger, Mme (?)
30
—
St. Pierre, Fabien
18
—
Stay, Pauline
31
46
Tétreault, Euphémie
22
—
Théreau, Marie-Louise
21
19
Thimineur, Henriette Mme (1)
—
54
Thimineur, Pierre (1)
—
—
Viger, Joséphine
40
15
Villeneuf, Mlle (0)
—
12
Notes:
(a) Fille de Louis Biais.
(b) Mme Théophile.
(c) Mère de Joseph.
(d) Fille d'Augustin.
(e) Fille de Mme Joseph.
(f) Femme et enfants de Louis T.
(g) Et sa soeur.
(h) Fille de Basil.
(i) Organiste et fille de Presper.
(j) Fille de Victor.
(k) Fils de Jean -Baptiste.
(1) Epoux et épouse.
(m) Fille d'Abraham.
(n) Et deux de ses soeurs.
108 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Les nombreux articles qui ont paru dans le temps, peuvent être
difficilement retrouvés aujourd'hui, ce qui rend les recherches sur le
sujet presqu'impossibles. Les sources de renseignements diffèrent et les
noms publiés dans les revues imprimées en anglais étaient un mélange
incompréhensible. Du tort, j'ai reconstruit une liste aussi correcte que
possible. Il peut arriver que quelques erreurs s'y soient glissés malgré
toutes les précautions prises pour les vérifier.
Les obsèques de 48 personnes qui avaient péri dans cette catastrophe
eurent lieu samedi, le 29 mai, dans le soubassement de la nouvelle église
en voie de construction, quelques pieds à l'est de celle qui venait d'être
détruite.
Les murailles et la couverture étaient complétées, le soubassement
fut nettoyé, un autel et des bancs furent construits temporairement. Vers
neuf heures, les 48 corps furent transportés dans leurs cercueils. Une
foule immense était déjà rendue et il y avait dedans du temple; le vaste
auditorium était tellement rempli, que la foule s'étendait sur les trottoirs
et dans les rues avoisinantes.
Le Rév. Père Louis G. Gagnier, curé de la paroisse Saint-Joseph de
Springfield, célébra la grand'messe de requiem, et le Rév. Jean B. Primeau,
curé de la paroisse des Canadiens, de Worcester, prononça le sermon.
Ses paroles émues firent couler les larmes de tous les yeux; c'était un
spectacle touchant.
Pendant les funérailles, tous les magasins, les bureaux et les manu-
factures de la ville furent fermés par respect.
Une Proclamation par le Maire à la ville de Holyoke
"Une calamité presque sans précédent dans notre histoire s'est abattue
sur notre ville, en levant la jeunesse aussi bien que la vieillesse, rem-
plissant les demeures de désolation et portant la douleur dans les coeurs.
En présence du grand désastre par respect pour les morts infortunés et
par sympathie pour les vivants, j'exige que toutes les places d'affaires et
les magasins quelconques soient fermés si possible samedi, pendant le
service funèbre, lequel, commencera à 9 heures A.M.
W. R. PEARSON, Maire.
A dix heures et quart, la procession des voitures commença à défiler
dans la rue Main, les trottoirs étaient comblés de spectateurs. Dans les
VIEUX PAPIERS 109
premiers carosses étaient les Messieurs Curés Dufresne, Gagnier et Pri-
meau, les entrepreneurs de pompes funèbres, des voitures contenaient une
représentation des officiers de la ville; ensuite les 48 voitures avec les
cercueils, et une foule de voitures de parents et amis des infortunés. Une
grande foule de gens était déjà rendue au cimetière.
La route du défilé du cortège funèbre était toute la longueur de la
rue Main, la rue Lyman, le pont de Hadley et le chemin couduisant au
nouveau cimetière de la paroisse du Précieux-Sang, sur le chemin de
Granby.
Les restes des nombreuses victimes furent inhumés dans une im-
mense fosse de 60 pieds de longueur sur 10 pieds de largeur et cinq pieds
de profondeur. Ils furent placés en deux rangés de 24 tombes chacune,
de manière à ce que les morts fussent pieds à pieds, 24 recevant la lumière
du midi, et les 24 autres faisant face au soleil levant.
Le matin de l'enterrement, neuf corps ont quitté Holyoke pour le
Canada, dont six étaient destinés pour Saint-Hyacinthe. Plusieurs autres
ont été enterrés le lundi et les jours suivants, comme il mourait des
victimes d'un jour à l'autre.
Il est malheureux qu'un monument n'ait pas été érigé en leur mé-
moire avec les noms des victimes.
Cet article ne doit pas être reproduit ou traduit sans avoir obtenu la
la permission de l'auteur; cette permission est déjà accordée à La Justice
de Holyoke, la Bibliothèque de la ville de Holyoke. L'Etendard de Hart-
ford, Conn., Le Messager de New Bedford, Mass., et le Bulletin des
Recherches Historiques, de Québec, P. Q., Canada.
110 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Vieux journaux de Manchester
Le 23 décembre 1949, l'Avenir National de Manchestei cessait sa
publication. Ce journal soixantenaire d'après son éditeur propriétaire ne
se sentait plus la force de continuer son travail. Une banqueroute volon-
taire même avait difinitivement décrété son sort. Dans le désarroi de
la finale, Ernest Bournival était assez confus. Une compagnie de liqui-
dation s'installa dans les bureaux du journal pour terminer l'enchère.
La collection du journal devait suivre la route des déchets au prix
du papier rébus. Personne ne se montra intéressé à sa conservation.
On ne connaîtra jamais son auteur, mais quelqu'un entreprit de sauver
cette collection et l'on décida sur place de l'offrir à la Manchester His-
torié Society. Il n'y avait pas de franco -américain sur les lieux pour
s'y intéresser.
Les lourds volumes du journal furent donc transportés dans la cave
de la société historique de Manchester. Quelques jours plus tard, je me
présentais chez le curateur de la société afin de m'enquérir si la société
songeait à conserver cette précieuse collection, assez encombrante à
cause de l'espace que demandaient ces énormes in-folio. Je faisais valoir
le fait que l'Association Canado-Américaine était l'organisme tout désigné
pour conserver cette collection. Quelque temps plus tard, Mme Joseph
Manning, présidente de la société venait offrir à l'Association Canado-
Américaine la garde de ce trésor. C'est alors que M. Adolphe Robert,
président de l'ACA acceptait de recevoir la cargaison des volumes qui
remontaient à 1891.
La centaine et plus des in-folio fut alors transportée dans l'immeuble
de l'ACA pour y reposer un peu dans la poussière et pour cause. Enfin
l'ACA, elle même préoccupée par le facteur espace et réalisant qu'après
tout, le papier d'un journal ne peut pas résister indéfiniment aux intem-
péries, décida sur la recommandation de son président, le juge Emile
Lemelin, et aux frais de la société de faire microfilmer toute cette collec-
tion au prix de près de $3,000.00, un geste vraiment sauveur. L'ACA
possède donc dans son Institut toute cette collection, ainsi conservée
grâce au progrès de la science, soit toute une documentation franco-
américaine de 1891-1949.
Après ce geste, la collection pouvait bien prendre la route des
déchets. Il arriva qu'avant ce geste final, on voulut tout de même par-
courir ces feuilles jaunies pour en extraire certains passages ou articles.
C'est l'explication de ces notules qui ont été recueillies et qui seront
VIEUX PAPIERS 111
publiées pour évoquer un passé qui demeure toujours cher à ceux qui
vénèrent les gestes des devanciers.
Sans remonter à la parution du premier journal français de Manches-
ter qui fut publié en 1869 par Ferdinand Gagnon, "La Voix du Peuple",
ce qui fera le sujet d'une autre étude, il s'agit de parcourir les filières du
journal "Le National dont le premier numéro parut le 3 août 1891 pour
se continuer sans interruption, plus tard comme L'Avenir National"
jusqu'au 23 décembre 1949. Que de perles nous pouvons en extraire pour
notre histoire.
Le National, 3 août 1891
Manchester avait perdu en 1891 son journal "L'Avenir Canadien"
fondé le 11 septembre 1888 par Ephrem R. Dufresne. Immédiatement
Benjamin Lenthier qui publiât "Le National", quotidien, à Lowell entre-
prit une édition de son journal pour Manchester. Il avait pour rédacteur
Ephrem Dufresne. Le premier numéro à 2 sous parut le 3 août. On note
la déclaration du rédacteur: "Le National vient aujourd'hui remplir dans
le New Hampshire une laciine que nos compatriotes de cet Etat déplo-
raient depuis longtemps. Une feuille hebdomadaire à l'époque de progrès
où nous sommes, dons une ville où nous formons près du tiers, et dans
im Etat où nous comptons plus de cinquante mille, ne pouvait guère
donner satisfaction aux légitimes aspirations de cette forte colonie de
Franco -Américains qui ont la prétention de faire leur marque . . .
En politique, le journal sera franchement démocratique. . . .
Contraste à noter. Aujourd'hui après 68 ans, comptant plus de
40,000 compatriotes, dans cette même ville, nous avons peine à faire
vivre un hebdomadaire! Quel changement chez les nôtres. On note que
le terme franco- américain est déjà employé pour désigne)' les nôtres.
Le National comme tant d'autres devait disparaître après de généreux-
efforts.
Au nombre des annonceurs, on relève les noms suivants: H.-I. Fau-
cher, épicier, 1117, rue Elm; M. Verrette, épicier, 609, rue Elm; Louis-E.
Beauchemin, comptable, A. -A. Adam, avocat, 951. rue Elm; François
Lavoie, manufacturier de plumes d'autruches, 25, rue Orange; Dr Bruno
Desrosiers, dentiste, 996, rue Elm; Xavier Chatelle, coiffeur, 1241, rue Elm;
I>r J.-E.-A. Lanouette, médecin -chirurgien, 4, rue Laurel; Jos.-B. Baril,
pharmacien, 28, rue Hanover; Dr J.-J. Pépin, dentiste, 801, rue Elm;
Prosper Chatel, marchand de fantaisies, 1308, rue Elm; A.-J. Précourt,
pharmacien, rues Central et Chestnut; S.-H. Hamel, peintre.
112 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Montplaisir et Chamberland, chaussures, 529, rue Main; Beauchemin
et Beaumier, chaussures, 1083, rue Elm; Dr Joseph Roy, médecin -chirur-
gien, 996, rue Elm; Drs Commeau et Migneault, dentistes, 608, rue Main;
Calixte Lor, agent de la Mutual Life Insurance; O.-S. Cormier, avocat,
859, rue Elm; William-J. Poirier, pharmacien, 1104, rueE Im; P.-D. Noël,
marchand de sois, 31, rue Pearl.
4 août: Z<e Stecaner Gen. John Stoork était un petit vapeur qui faisait
le trajet de Manchester à Hooksett sur la rivière Merrimack. Il avait son
quai au bout de la rue Webster. Le prix du trajet était de 35 cents avec
retour et les enfants 20 cents. Le vapeur arrêtait en route au Riverside
Park qui attirait la foule surtout le dimanche.
5 août: Les Compagnies Boston & Maine R.R. et Concord & Montréal
R.R. annoncent la construction d'une nouvelle gare à Manchester au coût
d'un demi million. L'une des plus imposantes du réseau. Cette même
gare a été vendue en 1958 par le Boston & Maine par suite de la di-
minution des affaires.
11 août: Décès de l'abbé Joseph Quévillon, le 9 août à Pittsfield,
Mass. où il était retiré du ministère. Né à St-Vincent de Paul, près de
Montréal, le 19 juin 1805 et ordonné le 22 septembre 1929 par Mgr Lar-
tigue, premier évêque de Montréal. Curé de St-Polycarpe en 1842, il se
rend à Oswego, New York. En 1849 il fonde la paroisse St-Joseph de Bur-
lington au Vermont, la première paroisse franco- américaine en Nouvelle-
Angleterre. Il se rend à l'Ile du Prince -Edouard et revient pour diriger
la paroisse de Pittsfield, après avoir fondé une paroisse à Syracuse, N. Y.
L'un des premiers apôtres de notre clergé. Il fut inhumé dans sa pa-
roisse natale.
15 août: La Société St-Jean-Baptiste de Berlin Falls, fondée en
1882, choisit ses officiers: Edouard Lambert; président, Charles Ménard,
sec-arch.; Pierre Patenaude, sec-fin.; Calixte Lamb, trésorier; abbé S.-M.
Coumoyer, chapelain.
23 août: Le National annonce les vainqueurs de son grand con-
cours: MM. J.-T. Fontaine, photographe, Lowell, Mass.; Laurent Audet,
Lowell, Mass. et Charles Lacaillade, Lawrence, Mass. Il publie leur
biographie avec photo.
21 décembre: Le National annonce que grâce à l'encouragement
reçu il peut augmenter le format de son journal. Il garde toujours sa
devise "Parare Domino Plebam Perfectam" et se maintient quotidien.
VIEUX PAPIERS 113
Plusieurs nouveaux annonceurs s'enregistrent: Weston & Hill, rues
Elm et Merrimack; Higgins Bros., meubles, rues Elm et Lowell; Cari
Anderson, bijoutier, Demartigny et Dufort, pharmaciens, rues Elm et
Central; O. Caron, meubles, 1293, rue Elm; New York Store, rue Elm;
W.-H. Moisan, assurances, 951, rue Elm; Manchester One Price, rues
Manchester et Elm; Manchester Heat & Lighting Co., 1054, rue Elm,
Arthur DeMoulpied, meubles, 1105, rue Elm, J.-O. Turcotte, épiceries, 588,
rue Elm, N.-O. Morin, chaussures, 69, rue Manchester, A.-L. Gadbois,
épicier, 1286, rue Elm.
23 décembre: La première messe dans le sous-sol de la nouvelle
église Sainte-Marie a été célébrée, dimanche le 20 décembre par Mgr
Hévey, curé.
24 décembre: Pour les fêtes, les épiciers offrent les aubaines sui-
vantes: Beef steak, 3 livres pour 25 cents; Boeuf, de 2 à 4 cents la livre;
Quartier de porc, 7 cents la livre; Epaules, 7 cents la livre; Rôti, 8 cents la
livre; Jambon, 10 cents la livre; Oeufs frais, 22 cents la douzaine; To-
mates, 3 boîtes pour 25 cents; Blé d'Inde, 3 boîtes pour 25 cents; Sardines,
5 cents la boîte; un bon balai, 10 cents.
Le National compte à son emploi: M. E. Lussier, gérant; Jos.-F.
Pinard, agent; A. Bournonnière, gérant des annonces; J.-E. Bernier, agent
local et collecteur. M. Benjamin Lenthier est alors propriétaires de 15
journaux démocrates dans la Nouvelle-Angleterre. Il est à noter que
plusieurs compatriotes de croyance républicaine ne paraissent pas dans
ces journaux comme annonceurs. L'esprit de parti existe ici comme dans
le Québec.
Autres annonceurs paraissent: Henri -C. Phaneuf, café et thé; Robin -
son et Boire, pharmaciens, 1129. rue Elm, Chalifoux et Cie. merceries et
hardes, 41, rue Hanover; Jean-Louis Beaudry, pharmacien, Joseph Quirin,
épicier; Le Bon Ton, Mme Georges St. Cyr, 966, rue Elm; Georges St.
Germain, avocat, 99, rue Manchester.
26 décembre: Le lendemain de Noël, Le National publie les pro-
grammes des messes et de la fête dans nos églises sous la direction de
MM. René de Dion (St-Augustin), M. Hébert (Ste-Marie) et Sylvio Pro-
vost (St-Georges).
29 décembre: Les frères du Sacré-Coeur tiennent leur rafle présidée
par Georges Blanchette au profit de la bibliothèque des Soldats du Sacré-
Coeur.
31 décembre: Le National terminait l'année avec une chronique du
Jour de l'An et une revue de l'année. Il faut se rappeler que cette fête
n'était pas chômée alors. Adrien Verrette, ptie
114 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Dans les montagnes du Missoiiri
J.-M. Carrière, Ph.D.
L'histoire politique et sociale des anciens établissement français aux
Etats-Unis, surtout dans la vallée du Mississippi, est une étude qui m'a
toujours fasciné. L'intérêt que je porte à ce sujet m'a amené non seule-
ment à faire des séjours prolongés parmi la population française du
sud-ouest de la Louisiane actuelle, mais aussi à essayer de retrouver
dans l'ancien territoire de la Haute-Louisiane tous les vestiges qui pou-
vaient encore y subsister de l'influence française. J'ai visité dans ce but
tous les points du Nord -Ouest américain où cette influence s'est exercée
au dix-huitième siècle, espérant toujours y rencontrer des groupes isolés
qui eussent conservé intactes la langue et les traditions de leurs ancêtres.
A Vincennes, dans l'Indiana, à Prairie-du-Rocher, dans le sud de l'Illinois,
et huit milles plus loin, à Sainte-Geneviève, Missouri, trois villages fon-
dés à quelques années d'ntervalle, entre 1730 et 1740, j'ai pu retracer de
nombreux descendants des premières familles de la région. A Prairie-du-
Rocher et à Sainte -Geneviève, j'ai eu la rare fortune de venir en contact
avec une trentaine de personnes qui parlaient encore très couramment
le français et qui connaissaient intimement les coutumes et les traditions
des pionniers de l'ancien pays des Illinois. Ces relations m'ont été pré-
cieuses car elles m'ont fourni des indications très intéressantes sur l'his-
toire et l'état d'esprit des premiers habitants, mais il serait, sans doute,
oiseux d'en exagérer l'importance. L'on ne saurait reconstituer avec au-
cun degré d'exactitude l'histoire sociale d'un groupe ethnique pratique-
ment éteint en se basant sur l'étude de quelques rares spéciments qui
ont échappé à un mouvement d'assimilation terminé depuis au moins
une quarantaine d'années. En effet, l'âme d'un peuple est un principle
vivant qui n'existe qu'en autant qu'il participte à la vie du groupe; lorsque
le groupe disparait, cette âme cesse d'exister.
Après ces considérations, vous comprendrez, mesdames et messieurs,
mon émotion quand, à Old Mines, Missouri, petit village situé dans les
montagnes Ozarks, à 65 milles au sud de Saint-Louis, j'ai trouvé une
colonie française peu connue où la langue, les traditions et les coutumes
de l'ancienne division administrative du pays des Illinois se sont con-
servées jusqu'à la génération actuelle. Il y a à Old Mines et dans la
région six cents familles créoles dont les antécédents historiques nous
ramènent à un des chapitres les plus romantiques de l'épopée française
en Amérique. Les habitants de la Vieille Mine, comme on dit souvent
là-bas au lieu d'Old Mines, sont les descendants de ces pionniers cana-
diens qui fondèrent au pays des Illinois, entre 1699 et 1760, les cinq
VIEUX PAPIERS 115
villages de Cahokia, de Kaskaskia, de Prairie -du-Rocher, de Saint-
Philippe et de Nouvelle-Chartres, et le poste de Sainte-Geneviève, au
Missouri.
L'histoire si intéressante de ces établissements n'entre pas dans le
cadre du présent travail. Le temps à ma disposition me permet seulement
d'indiquer qu'à la suite des troubles civils qui suivirent l'occupation des
territoires du Nord -Ouest, d'abord par les Anglais en 1765, puis, par les
Américains en 1778 et en 1779, une grande partie de la population fran-
çaise du pays des Illinois traversa le Mississippi et vint s'installer à Sainte
Geneviève, qui se trouvait en territoire espagnol. C'est ainsi qu'en trente
ans, de 1765 à 1795, ce poste devint d'un modeste village un centre com-
mercial très important et essaima des colonies partout dans l'intérieur des
terres. Dans l'espoir de trouver un emploi plus lucratif dans les riches
mines de plomb qu'on venait de découvrir dans la région, les Auger, les
Béquette, les Bourassa, les Boyer, les Colman, les Courtois, les Duclos, les
Govereau, les Lachance, les Page, les Robert, les Rouleau, les Sansoucy,
les Thibeau et les Villemer, vinrent se fixer à la Vieille Mine à la fin du
dix -huitième siècle et au commencement du dix-neuvième. D'après le re-
censement de 1803, il y avait alors dans le nouvel établissement 31 chefs
de famille, 72 enfants et 18 esclaves.
En 1829, la colonie était déjà assez considérable puisque ses habi-
tants construisirent alors une église dédiée à Saint-Joachim, qui a tou-
jours été l'objet d'un culte tout particulier dans les vieilles provinces
françaises. On remarque très peu de noms nouveaux dans les registres
paroissiaux après 1825 ou 1830, et il semble que les six cents familles
créoles qui habitent maintenant la région descendent presque toutes des
pionniers de la première heure.
Ces quelques remarques ainsi que celles qui vont suivre ne sont que
la quintessence d'une étude plus longue et plus fouillée qui sert d'intro-
duction à mon volume "Taies from the French Folk-Lore of Missouri"
actuellement sous-presse. Celui que le sujet pourrait intéresser n'aura
qu'à se reporter à cet ouvrage qui paraîtra le 15 septembre prochain
dans la collection "Northwestern University Studies in the Humanities".
Je suis allé à Old Mines pour la première fois en juillet 1934 et j'y ai
reçu l'accueil le plus bienveillant. La tradition de leur origine canadienne
s'est transmise de père en fils chez les Créoles du Missouri et est encore
très vivante chez eux. Au cours des cinq ou six séjours prolongés que
j'ai faits parmi eux, j'ai eu l'occasion de les observer de très près. J'ai
trouvé ces gens, pourtant si simples, si dénués des biens de la terre et des
116 BULLETIN DE LA SOCIETE mSTORIQUE
dons de la science, très pittoresques et très sympathiques. Grâce à leur
isolement complet dans un pays de montagnes, ils ont pu conserver
jusqu'à Ce jour des coutumes qui ont disparu depuis longtemps ailleurs.
Une des plus charmantes qui aient survécu est celle de la Guignolée
qu'on appelle indifféremment "gaieonnée, guionnée, guillonnée". La
veille du jour de l'An, des hommes, revêtus de costumes excentriques et
le visage couvert de suie, vont de maison en maison pendant toute la
soirée. Lorsqu'ils entrent dans une demeure, le chef du groupe se met à
jouer du violon en entonne l'entraînante chanson de la Guillonnée que
les autres continuent. La chanson terminée, le maître et la maîtresse du
logis servent boisson et gâteaux. Malheureusement, un grand nombre
de vieilles coutumes que les Créoles avaient conservées religieusement
depuis un temps immémorial ont disparu au cours de la dernière géné-
ration. Les personnes aujourd'hui dans la quarantaine gardent un sou-
venir très vivant du réveillon de Noël au retour de la messe de minuit et
de la bénédiction que le grand -père donnait à toute la famille réunie
autour de lui le jour de l'An au matin avant de déjeuner. Le bal des rois,
qui était autrefois le grand événement social de l'année, a aussi disparu
depuis une cinquantaine d'années.
Pour se distraire, les Créoles, grands enfants au coeur si simple et
si gai, avaient un riche fonds de traditions orales, chansons et contes.
Au lieu d'aller au cinéma au village voisin, avant l'introduction de l'au-
tomoble à Old Mines, on s'amusait à la maison ou chez des amis. Pour
tromper la monotonie des longues soirées d'automne ou d'hiver, on chan-
tait en choeur les chansons et les complaintes que les ancêtres avaient
apportées du Canada au dix-huitième siècle. Des chansons, on passait
tout naturellement aux contes, si populaires auprès des petits et des
grands, parce qu'ils les transportaient tous dans un pays de féerie et de
rêve où il oubliaient la pauvreté, les luttes incessantes et la dure routine
de leur existence quotidienne. Il y a encore de vieux chanteurs dont la
mémoire fidèle a retenu les couplets de nombreuses vieilles chansons.
D'ordinaire, ils ne se les chantent plus qu'à eux-mêmes, mais cependant
quand l'étranger réussit à gagner leur confiance, ils lui chantent "Marian-
son". "Dessous le laurier blanc", "Le Juif errant". "La Rose en bois",
"La Belle s'en va-t-au moulin", "Franc Cavalier Baron", "O dites-moi",
"Blondine", "J'ai fait une jolie maîtresse", ou encore "Il est né, le divin
enfant", ou "Qu'as-tu vu, bergère?" Au moyen d'un ancien appareil Edi-
phone, jai pu recueillir sur des cylindres de cire une trentaine de mélodies.
Il est remarquable que les contes se soient beaucoup mieux mainte-
nus que les chansons. Ils ont encore pour tous un intérêt que les vieilles
chansons n'ont plus. Les Français de la Haute-Louisiane possédaient un
folk-lore d'une richesse inouïe. J'ai recueilli à Old Mines pendant les étés
VIEUX PAPIERS 117
de 1934, de 1935 et de 1936 soixante -treize contes, que je me suis appliqué
à reproduire tels que je les ai entendus sur les lèvres de mes deux con-
teurs. La longueur de ces récits varie de deux ou trois pages à vingt pages
dactylographiées. Ils appartiennent presque tous au fonds traditionnel
du folklore français. Comme j'ai déjà pu le constater au cours de re-
cherches que je poursuis en vue de la préparation d'un second volume
consacré à une étude détaillée de chaque conte, beaucoup appartiennent
aussi au folk-lore de tous les pays, tels, par exemple. "Fin Voleur",
"Corps-sans-Ame", "Jean l'Ours", "La Fille aux Mains coupées" et "La
Rose de Peppermette", pour ne mentionner que quelques titres. Par con-
tre, d'autres comme "Bouki pis Lapin", "Le p'tsit boeuf qui faisait
bouère ses vaches", "C'est Bouki, mon mari!" "Le p'tsit garçon pis le
maquois" appartiennent au folklore nègre et ont été introduits au Mis-
souri par les esclaves.
La langue de ces contes, qui paraît étrangère au premier abord, se
rapproche sensiblement du parler canadien dans son vocabulaire. Comme
la langue de la région de Montréal et de Québec, le français du Missouri
est le résultat de la fusion de divers dialectes du nord, de l'ouest et du
centre de la France. Tandis qu'au Canada, ce parler populaire a subi des
influences littéraires qui l'ont empêché de déchoir, à Old Mines, il s'est
développé sans aucune contrainte et il a dégénéré à la façon des plantes
qui ne reçoivent jamais les soins de l'émondeur. Faute d'une classe
instruite qui en eût contrôlé le développement, ce dialecte parlé par de
pauvres mineurs illettrés n'a jamais connu de renouvellement. Il faut
se rappeler qu'il n'y a jamais eu d'école françaises dans la région. Autre-
fois, l'Eglise exerçait une influence très bienfaisante sur la langue, mais
il y a une quarantaine d'années qu'on ne fait plus de sermons en fran-
çais à Old Mines. Il est donc tout naturel que le vocabulaire se soit ap-
pauvri et la grammaire singulièrement simplifiée. L'intonation chan-
tante et la prononciation extrêmement nasillarde qui caractérisent le
dialecte créole en rendent l'intelligence très difficile à un Canadien.
Le dialecte des nègres a exercé une influence considérable sur le
français d'Old Mines où l'on dit zouéseau (oiseau), quisine (cuisine),
quilotte, (culotte), 'mencher (commencer), 'mander, (demander), 'porter
(apporter), 'taquer (attaquer), chanzer (changer), chouaze (sauvage), et
moin (moi). Il faut attribuer à la même influence l'omission de la liaison
dans des groupes de mots comme "des p'tsits hommes", "des gros arbes"
et l'introduction de fausses liaisons dans une phrase comme "c'te p'tsit
garçon-là, c'est ein p'tsit n'anglais: 'l'est ein p'tsit n'orphelin". Un fac-
teur beaucoup plus actif et beaucoup plus important est l'infiltration
anglaise qui affecte non seulement le vocabulaire e" substituant un mot
118 BULLETIN DE LA SOCIETE ffiSTORIQUE
anglais à un mot français mais donne souvent au parler de la région un
aspect très étrange en y introduisant des constructions anglaises ou des
traductions d'idiotismes anglais: appeler pour (to call for), demander pour
(to ask for), c'est tout ben (it's ail right), c'est laissé à lui de faire cela
(it is left up to him to do that), cogner queuques-ane à terre (to knock
someone down, or to the ground), courir ein magasin (to run a store),
rentrer dans le trou (de la langue populaire américaine to get into the
hope, to get into trouble), tenir ein oeil sur lui (to keep an eye on him),
"away", qui, à OldMines, devient "to voler le chemin" (s'enfuir, to steal
the way).
La grammaire présente nombre de particularités dont je ne puis
signaler ici que les plus importantes. Le subjonctif est d'un emploi très
restreint. Les formes "que je vaille", pour "que j'aille" et qu'ils von-
nent" pour "qu'ils aillent" méritent dêtre mentionnées. Le pluriel de
majesté "vous" est ordinairement suivi d'un verbe à la troisième per-
sonne du singulier. La troisième personne du pluriel de l'imparfait du
verbe "être" est "sontaient"; dans le cas "d'avoir", la forme régulière
"avaient" est remplacée par "ontvaient". Le féminin de "clair, dernier,
dur, fier, mûr, nouère (noir)" est "clairte, demièrte, durte, fièr'te, mûrte,
nouèr'te".
Plusieurs phénomènes intéressants caractérisent la prononciation
locale. D et T devant i, u et y, deviennent des fricatives et se prononcent
comme au Canada: "Canadzien, dzurer, midzi, partsir, tsirer, tsuer".
L'a canadien se retrouve au Missouri, où l'on dit "cas, casser, chat,
Jacques, passer". L'e ouvert devient fermé dans beaucoup de cas: "aigle,
aile, belle, cassette, négresse, pelle, princesse, sec, selle" se prononcent
"égle, éle, bêle, casséte négresse, pèle, princesse, séc, séle". Les pronoms
"il, ils", suivis dun mot commençant par une voyelle perdent couram-
ment l'i initial: " '1 a fait ça, '1 ont vu ça". La diphtongue "oi" se pro-
nonce encore "ouè": loué, roué, souè, nouère". "Om, on", dans des mots
comme "bonne, homme, pomme", se prononcent avec une légère nasali-
sation: "bâne, home, pôme". Enfin, le son "è" dans "lait, français, an-
glais , reste "è" au lieu de devenir "a" comme au Canada. Ce même son
garde sa qualité de voyelle pure et l'on ne dit pas "maire, païre, pra-
ïsse, raïne," comme on le fait dans certaines parties de la province de
Québec, mais "mère, père, presse, reine".
Ce travail ne serait pas complet sans quelques remarques sur le
caractère des Français du Missouri. Leur humble origine et leur pauvreté
ont entraîné chez eux une extrême simplicité de goûts et de moeurs.
Les (Tréoles sont connus d'ailleurs pour leur manque d'ambition, leur in-
VIEUX PAPIEBS 119
souciance et leur inlassable gaieté. Comme ils sont d'une frugalité qui
serait un signe d'indigence et de misère chez des gens plus ambitieux,
ils peuvent se procurer l'indispensable sans grand effort. Quant au luxe,
ne l'ayant jamais connu, ils n'y songent pas. L'agriculture ne les a ja-
mais intéressés et ils s'adonnent le moins possible aux travaux des
champs. Ils préfèrent exploiter les mines de baryte. L'extraction de ce
minéral est une occupation très primitive qui se fait à la tâche. Les mi-
neurs n'ont donc pas à fournir dans un espace de temps déterminé un
effort qui pourrait leur paraître déraisonnable. Ce genre de travail qu'ils
peuvent commencer ou interrompre à leur gré leur laisse plus de liberté
et s'accorde mieux avec leur nature.
Cependant, malgré leur inertie et leur insouciance héréditaires, les
habitants d'Old Mines ont conservé de rares qualités qui tendent à dis-
paraître ailleurs. Les liens de famille sont très solides chez eux. Ils
sont charitables et hospitaliers. Il serait difficile de trouver des gens
plus courtois et plus paisibles. Leur amour des plaisirs simples et hon-
nêtes, leur résignation aux épreuves et aux tribulations de l'existence,
leur sagesse instinctive et leur rude bon sens ne sauraient manquer de
leur gagner l'admiration et la sympathie du visiteur qui a la bonne
fortune de passer quelque temps parmi eux et de les bien connaître.
(1939)
Papiers jcoinis
Poignée
de feuilles d'automne
par ROBERT GRANDCHAMP
LA FORGE
La forge . . . un soir d'automne ... à l'heure où les petits garçons
se hâtent de rentrer, à cause de la noirceur qui vient vite.
Le foyer, ardent et rouge, projette au plafond et sur les murs
fumeux, des lueurs dansantes.
Près de la fenêtre, l'établi avec l'étau, les limes, les tenailles, les
marteaux et les outils d'acier qui luisent à la clarté du feu.
Toute une rangée de fers à cheval est accrochée sur la muraille, et,
dans un coin, des instruments agricoles, faulx, râteaux, charrues gisent
pêle-mêle.
Une casquette noire sur la tête, un tablier de cuir autour des reins
et les manches retroussées, le forgeron active d'une main le soufflet, et
de l'autre enfonce plus profondément sous les braises, le morceau de fer.
Il interrompt parfois son travail durant quelques secondes, juste le
temps de mettre un tison sur sa pipe éteinte.
Sous ses coups redoublés, le métal s'aplatit, se façonne, et le lourd
marteau tombant sur l'enclume sonore rebondit à plusieurs reprises avec
un bruit qui va en diminuant. Des milliers d'étincelles volent autour
de lui et lui font une auréole de feu.
La grande cuve d'eau reçoit avec un sifflement le fer rougi qu'il
met refroidir.
Mais voici que l'angelus sonne dans le lointain et que les premières
étoiles s'allument au ciel.
Et l'homme rentre au foyer où l'attendent la soupe fumante et la
gazette qu'il lira tantôt, à la lueur de la lampe.
Mars 1913
PAPIERS JAUNIS 121
AQUARELLE
Matin de noi^embre! . . .
A l'heure des angélus! . . .
Un voile humide, grisâtre, floconneux, très ténu, enveloppe la ville.
Des cloches tintent dans d'invisibles clochers.
Des roulements de chars, des trots de chevaux emplissent les rues
d'un vacarme effroyable. Mais le rideau impénétrable du brouillard
empêche de discerner la cause du bruit.
On est comme un aveugle au théâtre; on entend le dialogue des
acteurs et les sons de l'orchestre, mais personnages et musiciens restent
cachés.
Le piéton qui marche à vos côtés semble une fantastique apparition.
Les yeux se dilatent à force de vouloir percer le brouillard opaque
et énigmatique.
Laideurs, beautés, personnages, monuments, tout prend dans la
brume une apparence vague et imprécise.
Les angles s'arrondissent, les contours s'aiguisent, les lignes rigides
f' affaissent; quelque chose de flou enveloppe les formes.
Mais voici qu'un vent léger s'élève.
Un rayon filtre à travers un nuage, et déchire le brouillard en
lambeaux vaporeux, teintés de rose.
Et comme le berger sur le flanc de la colline chasse devant lui les
troupeaux de blancs moutons, le soleil disperse la brune matinale.
Novembre 1912
EN FORET
Octobre . . .
En la forêt . . .
Trois heures de l'après-midi . . .
L'auto roule doucement sur le tapis des feuilles mortes.
Des deux côtés de la route, toutes les variétés du jaune — blond,
vieil or, jonquille, orangé, marient leurs teintes délicates.
Au-dessus de nos têtes, le feuillage tend un voile doré, troué de
122 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
déchirures, à travers lesquelles on aperçoit par instant un coin de
ciel azur.
Nous éprouvons la sensation de nous enfoncer dans un tunnel, où
par un caprice bizarre, l'architecte aurait mis du jaune partout.
Laissant l'auto, nous longeons les petits chemins qui se perdent
au loin sous les frondaisons automnales.
Tout est silence, recueillement, apaisement.
Seul le bruit de nos pas et le craquement des branches sèches sous
nos pieds révèlent la présence d'êtres humains.
Mais nous constatons que la forêt est habitée, car des perdreaux,
au plumage grisâtre, moucheté de blanc, se lèvent devant nous.
Des écureuils gris, des écureuils roux, la mine éveillée et la queue
en panache, sautillent légers et menus, de branche en branche.
Il en est qui nous regardent avec des yeux inquiets; d'autres sont
commodément assis, et tiennent entre leurs pattes de devant une
noisette qu'ils grignottent avec de petits cris de joie.
Par cet après-midi d'octobre, la forêt mettrait au désespoir le plus
grand peintre paysagiste — Poussin, Claude Lorrain, Watteau, Boucher,
Fragonard ne pourraient rendre ces tonalités si diverses et si riches, ces
demi-teintes qu'un rayon de soleil fait à peine ressortir.
C'est une diaprure où le jaune entre pour la plus grande part, avec
un mélange de pourpre, de rouge sang, de roux, de mauve, de vert-
bronze et de blanc . . .
Mais voici que l'ombre devient plus envahissante, le silence plus
pénétrant. — Le soir tombe, tranquille et doux.
Au retour, la scène a changé, les décors ne sont plus les mêmes.
La route que nous suivons ressemble à la nef d'une cathédrale
gothique. — Les arbres ont l'apparence de colonnes élancées dont les
branches s'unissent par le haut, pour former des arceaux d'une merveil-
leuse pureté de lignes.
Et comme pour donner à ce décor un caractère plus religieux, voici
qu'à travers les verrières de la voûte, nous croyons voir une main
mystérieuse allumer des cierges, dans la sérénité du ciel bleu . . .
Octobre 1912
PAPIERS JAUNIS 123
SOIR DE LA TOUSSAINT
// avait plu toute la journée.
Au-dessus des champs, le long des clôtures, entre les habitations,
le vent d'automne hurlait la plainte des trépassés. Des nuages de toutes
formes et de toutes dimensions filaient silencieusement vers l'ouest et
parfois, à travers une déchirure, une étoile faisait miroiter les flaques
d'eau au milieu du chemin.
Un long crêpe se balançait à la porte. Signe de deuil, signe que
la mort a passé! En effet, le vieux paysan avait rendu le dernier soupir
dans la matinée de ce jour lugubre, et la nouvelle s'en était aussitôt
répandue lorsque les cloches avaient sonné le glas.
Dans la chambre décorée de tentures blanches et noires, le cadavre
reposait sur les planches, froid, immobile, rigide. On l'avait revêtu de
son plus bel habit d'étoffe du pays, celui qu'il ne portait que dans les
grandes occasions. Son vieux chapelet de bois aux crains usés, était
enroulé autour de ses doigts noueux croisés sur sa poitrine. Le corps
était recouvert d'un suaire de mousseline blanche. Sur une table, dans
un coin, un crucifix, deux cierges allumés et une soucoupe remplie
d'eau bénite dans laquelle trempait une petite branche de buis.
A mesure que les parents et les amis du mort arrivaient pour
"prier le bon Dieu au corps", ils se mettaient à genoux auprès du lit
funèbre et récitaient une courte prière. Puis ils allaient prendre place
parmi les groupes où l'on causait seulement de voisin à voisin et sans
élever la voix. Un demi silence planait sur cette assemblée.
Une personne se détachait parfois de l'assistance et allait s'agenouiller
à l'entrée de la chambre mortuaire. Les hommes ramenaient alors leurs
chaises devant eux pour s'y appuyer, quelques bonnes vieilles femmes
s'accroupissaient sur leurs talons, et le chapelet était récité lentement,
sur le ton plaintif d'une mélopée.
Au dehors, le vent hurlait toujours la plainte des trépassés et faisait
battre contre la muraille un volet mal attaché. Un chien rôdait autour
de la maison en poussant des jappements désespérés.
Nature, hommes, bêtes sentaient passer le souffle glacial de la
mort et frissonnaient de terreur.
124 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Seul le cadavre semblait avoir trouvé le véritable repos et gardait
sous son suaire de mousseline blanche, son effrayante immobilité.
Novembre 1911
Souvenirs . . .
OVIDE RICARD-TESSIER
C'était au mois de février 1918.
Réunis dans la ville de Fitchbiirg, (Massachusetts) trente-cinq
Franco-Américains, prêtre et laïques, discutaierit de l'avenir de notre
peuple aux Etats-Unis et exposaient les besoins de l'heure présente.
Tous s'accordaient sur la nécessité de fortifier davantage la clef de
voûte qui maintient debout l'édifice national, l'école. Et de là, on en
était venu à parler du collège de l'Assomption, de Worcester, cette
institution d'enseignement secondaire que les nôtres rêvent de convertir
en château fort de l'idéal français et catholique en ce pays. Dans un
noble mouvement de générosité, les trente-cinq délégués avaient même
décidé d'offrir, au moyen de souscriptions volontaires recueillies dans
toute la Nouvelle- Angleterre, une bourse de cinquante mille dollars
au collège de l'Assomption.
Si beau que fut le geste, il fallait bien se rendre à l'évidence que
l'on n'avait pas un sou vaillant à ce moment-là.
Alors, au fond de la salle, un délégué se leva:
"Puisque, dit-il, nous voulons prélever cinquante mille dollars, je
propose que nous commencions les premiers à mettre la main dans nos
poches. Pour ma part, f offre cent piastres pour le collège de Worcester."
C'était Ovide Ricard-Tessier, de Woonsocket.
D'ailleurs, point n'était besoin de le nommer. Ceux qui le pleurent
aujourd'hui l'auraient vite reconnu dans cet élan de son coeur généreux,
dans cette spontanéité de geste qui était une des caractéristiques de son
tempérament.
PAPIERS JAUNIS 125
Agé de 31 mis seulement, au début d'une carrière industrielle qui
s'annonçait exceptionnellement rapide. Ricard-Tessier a été emporté
en pleine force et en pleine activité. On dirait que la Mort a choisi ça
et là dans le champ des vies humaines, quelques-unes des fleurs les
plus brillantes, les plus débordantes de sève et d'éclat, afin d'en composer
une gerbe d'abondance devant être offerte en expiation aux pieds du
Maître souverain de toutes choses.
Ricard-Tessier était arrivé très jeune aux Etats-Unis pour entrer,
comme la plupart de ceux de sa condition, à la manufacture. Possédant
une solide instruction commerciale puisée chez les frères du Sacré-Coeur
— pour lesquels il garda toute sa vie la plus ardente vénération, —
maniant l'anglais avec aisance, il résolut de démontrer qu'un Canadien-
Français n'est inférieur à personne dans un domaine où les Anglo-Saxons
sont restés jusqu'ici les maîtres, l'industries. Il se plia aux plus ingrates
besognes, apprit les rudiments du métier, passa par les grades les plus
divers. Chaque occasion de s'instruire, il la saisissait avec empressement.
Aussi, lorsque la mort vint interrompre son oeuvre, il était le propriétaire
d'une vaste manufacture et le directeur-gérant d'une autre plus importante
encore. Le petit employé obscur d'autrefois était devenu le patron
respecté à qui ses ouvriers viennent confier leurs embarras.
J'ignore si Ricard-Tessier avait lu l'immortelle encyclique de Léon
XIII sur la condition des ouvriers. Chose certaine, il en possédait
instinctivement les principes et les appliquait dans ses relations avec
ceux qu'il avait mission de diriger. Pour lui, l'artisan n'était pas simple-
ment un des rouages indispensables au fonctionnement d'une usine,
mais un être créé à l'image de Dieu, capable de souffrir et d'aimer et
méritant d'être traité avec d'autant plus de justice qu'il a moins de
moyens pour se défendre. Il rêvait d'être pour ses ouvriers, le type du
patron chrétien, toujours prêt à donner un conseil à celui-ci, un secours
à celui-là et, par-dessus tout, le bon exemple à tous. Un trait suffira
pour l'illustrer.
On sait qu'aux Etats-Unis, le Vendredi de la semaine sainte est
un jour non férié. Dans le Rhode-Island, il fut question, à diverses
reprises d'obliger les établissements à chômer pendant quelques heures,
dans l'après-midi, par respect pour Celui qui est mort sur la croix en
expiation des péchés des hommes. Ricard-Tessier n'attendit pas que la
loi fut votée. Et, spectacle peu banal et vraiment édifiant, on le vit,
le Vendredi saint, à trois heures de l'après-midi, fermer les portes de
ses manufactures, se mettre à la tête de ses ouvriers et marcher pro-
cessionnellement jusqu'à l'église Sainte- Anne, afin d'assister à la céré-
126 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
monie du Chemin de la Croix. L'office terminé, on reprenait le chemin
de l'usine pour continuer le travail interrompu.
Ricard-Tessier était une figure familière dans les congrès de nos
sociétés, auxquelles il considérait comme un devoir et un honneur d'ap-
partenir. Lorsqu'en 1908, on fonda l'Association catholique de la Jeu-
nesse franco-américaine, sur le modèle de celles de France et du Canada,
il fut un des premiers à donner son adhésion au mouvement. Ceux qui
furent ses camarades d'alors, se rappellent l'accent résolu de son verbe,
la fermeté avec laquelle il énonçait ses principes, l'éclat de ses yeux gris,
un peu sévères dans la discussion, mais s'illuminant d'éclairs joyeux
devant une riposte ou une saillie spirituelles. Il aimait d'ailleurs la
discussion par instinct de combativité, et il défendait ses opinions avec
ime chaleur de conviction qui lui gagnait bien des suffrages. Parfois,
il venait sur le point de s'emporter. C'était pour dénoncer les Franco-
Américains qui rougissent de leur langue maternelle, traduisent leur
nom en anglais et s'affilient aux sociétés étrangères. Sur ce point, il
était intraitable. Il ne pouvait comprendre, lui si fier de .sa race, qu'un
Canadien-Français put rougir de ses origines.
"Remarquons une chose, disait-il en 1908, dans une allocution à
des jeunes gens de son âge. La constitution américaine ne nous oblige
pas d'abjurer notre foi, notre langue, de changer nos noms en anglais.
Com,me ils sont à plaindre, ceux qui se rendent coupables de lèse-
nationalité en saxonnisant leur nom. D'ailleurs un homme qui est traître à
sa race, à sa foi, à san nom est bien exposé d'être traître à son pays
d'adoption. Rappelons-nous que ce n'est pas seulement en chantant les
gloires des ancêtres que nous serons dignes d'eux. Tour l'être, réellement,
il faut faire plus encore. Il nous faut à notre tour être des hommes de
courage et d'action. Au lieu de laisser les moments de notre jeunesse
s'en aller à des choses vaines, cidtivons notre intelligence. Au lieu de
passer des veillées entières au coin des rues, mettons-nous à l'étude.
Cessons d'être des membres inutiles à notre pays, pour devenir des
hommes de caractère. Les champions de notre cause s'en vont un à un
dormir à l'ombre de la croix qu'ils ont vaillamment portée durant leur
carrière. Qui les remplacera, si ce n'est nous?"
C'est tout le credo de l'ardente et utile jeunesse de Ricard-Tessier
que renferment ces quelques lignes. Et il avait à peine 20 ans quand il
faisait cette profession de foi. Certes, ce n'est pas à lui que l'on aurait
pu adresser le cinglant sarcasme du poète:
PAPIERS JAUNIS 127
"Donnez-moi vos vingt ans, si vous n'en faites rien."
Homme de courage et (Taction, homme de caractère et d'étude,
lutteur opiniâtre et entreprenant, tel fut celui que la mort vient de
coucher dans le froid du tombeau. Mais le sérieux de sa vie et de sa
conduite n'excluait pas chez lui la bonne et saine gaieté, si communicative
à force d'être franche. Dans le cercle de ses intimes, on ne comptait pas
de plus vivace boute-en-train.
En ces dernières années, la politique semblait l'attirer. Il y apportait
les convictions et les principes qui avaient dirigé jusqu'ici sa carrière
quasi-publique. Il remportait déjà des succès, tant il savait en imposer
par la droiture de son caractère, la force de son énergie et de son talent et
l'ascendant que lui valait sur le peuple une fortune noblement acquise.
Ayant appris à obéir, il pouvait commander et son commandement était
de ceux qui ne souffrent pas de répliques. Il savait ce qu'il voulait, et
quand il avait parlé, on avait compris. De l'aveu de tous, il était destiné
aux sommets les plus élevés de la hiérarchie civile.
A se dépenser sans compter sur tous les terrains de l'activité sociale,
une vie s'use vite. La dernière fois que nous nous rencontrâmes, comme
je lui manifestais mon admiration devant ses succès d'industriel, il me
répliqua, d'une voix un peu lassée:
"N'envie pas mon sort. Tu vis, tandis que (existe seulement, n'ayant
pas le temps de goûter aux douceurs de la vie de famille."
Il sotiffrait d'être pris dans l'engrenage des affaires, de la politique,
au point de ne pouvoir dépenser auprès de sa jeune épouse et de ses
cinq enfants, des loisirs qu'il eut voulu plus fréquents et qui devenaient,
par la force des circonstances, de plus en plus rares. Il aspirait en un
mot à un repos temporaire, ne prévoyant pas sans doute que Dieu lui
réservait, à si brève échéance, Vétemel repos.
Ricard-Tessier e.st mort, mais son exemple d'énergie reste.
Aux temps antiques, quand Tenvahisseur menaçait la cité, les jeunes
Athéniens couraient aux temples des dieux où étaient suspendues les
armes des héros morts pour la patrie et, frappant sur les cuirasses de
bronze, ils les faisaient résonner comme un timbre d'alarme. A cet appel.
128 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
tous les guerriers couraient aux portes de la ville pour en défendre
l'entrée à l'ennemi.
De même, au Panthéon de notre nationalité, le nom de Ricard-
Tessier vibrera comme un bouclier d'airain. Et quand l'ennemi, quelque
nom qu'il porte et de quelque masque qu'il s'affuble, viendra menacer
le trésor sacré de notre foi, de notre langue, de nos institutions, il faudra
évoquer le souvenir de Ricard-Tessier, afin d'y puiser un courage nouveau
pour défendre ce que lui-même a tant aimé.
Novembre 1918
EN SOUVENIR D'UN TABLEAU VU QUELQUE PART
Le préau du monastère.
La lueur mourante d'un beau soir d'automne se retire doucement.
Sous les arcades du cloître, l'ombre se glisse furtive.
Un orme immense, dont les basses branches effleurent le sable de
l'allée, abrite un banc de marbre.
Et sur le banc de marbre, très pâle dans ses amples vêtements blancs,
une religieuse regarde tristement tomber les feuilles mortes.
Un air de jeunesse et de beauté flotte sur ses traits émaciés par
l'austérité claustrale. Ses yeux habitués à contempler les visions de
l'au-delà s'illuminent de reflets presque humains.
Le soir est calme et reposant. La brise frôle comme une caresse.
Des roses achèvent de mourir en exhalant leur parfum.
Et la nonne songe.
Elle songe à son enfance ensoleillée, aux heures bénies de sa jeunesse.
Elle se souvient vaguement d'avoir aimé sans espoir de faire halte à deux
sur le chemin de la vie. Mais il ne lui en reste plus qu'un souvenir qui
s'estompe dans les brumes du passé. Celle qui marche avec joie vers les
choses de Dieu et considère avec effroi les choses de la terre ne peut
avoir de stériles regrets.
Les feuilles mortes jonchent le banc de marbre et couvrent l'allée
de sable fin. Une d'elles vient se poser sur l'épaule de la nonne, tache
de sang sur la blancheur de ses voiles.
PAPIERS JAUNIS 129
L'ombre se fait plus épaisse sous les arcades du cloître. Le coeur
de la nonne déborde de souvenirs comme une coupe trop pleine.
Les feuilles mortes tombent toujours.
Août 1912
POEME EN PROSE
Je sais un vieux tronc d'arbre dans les sables de la grève. — // est
si vieux et si moussu, si caduc et vermoulu qu'il s'effrite au moindre
choc. — Mais la mousse qui l'enveloppe est une housse de soie verte,
et les feuilles mortes qui le recouvrent y forment un coussin d'or. — Et
j'en ai fait un trône, un trône vert et or pour y asseoir une princesse.
Je sais un étang bleu, si bleu que le ciel même en est jaloux.
— Il est serti comme une turquoise au milieu de rochers gris. — L'hi-
rondelle l'effleure d'une aile rapide. — Les vents mauvais passent dessus
sans le troubler. — Et j'en ai fait un miroir, un miroir pour y mirer les
beaux yeux d'une princesse.
o e o
Je sais un jardin calme où croit un grand lys blanc. — Il pousse
droit et ferme. — La brise du soir courbe devant lui les fleurs les plus
hautaines. — Nulle main n'oserait y toucher. — Mais je l'ai brisé sans
pitié. — Et j'en ai fait un sceptre, un sceptre pour orner la main d'une
princesse.
« « «
Je sais un saule noir où pleure le vent d'automne. — J'ai prêté une
oreille attentive à la voix qui parle dans ses branches. — Des paroles
recueillies, j'ai fait un doux poème, un poème pour charmer l'âme d'une
princesse. .
e o «
Je sais un pauvre coeur épris de rêve et de beauté. — Il vibre au
moindre souffle et bat sincère et franc. — Et j'en ait fait un jouet,
un jouet pour amuser le caprice d'une princesse.
e « «
Capricieuse princesse, qu'as-tu fait du coeur que je t'avais donné
pour jouet? — Tu l'as jeté à ton chat, n'est-ce pas? — Le pauvre
coeur gît par terre. — Qui donc le ramassera, à défaut d'une princesse?
"Novembre 1912
XV
Nécrologie
Zenon Bcorette, 1882-1961 (Fall River), Né à St-Didace, Québec en
1882, fils de Denis Barrette et d'Eloise Roy. Homme d'affaires il était de-
puis des années un officier de la Société des Artisans. Intéressé à toutes
nos oeuvres. Décédé le 13 janvier à l'âge de 79 ans.
Abbé ThéodiUe Bélisle, 1913-1961. Né à New Bedford, le 25 avril
1913. Ordonné le 10 avril 1943. Vicaire au Précieux-Sang de Woonsocket
depuis 1956. Décédé le 24 octobre.
R. P. Stanislas Bernard, 1875-1961. Originaire du Luxembourg, il
avait été ordonné en 1902 à Louvain. Avec deux confrères, il établissait
l'oeuvre des Religieux des Sacrés-Coeurs à New Bedford en 1905. Il dé-
pensa toute sa vie dans cette région. Décédé le 16 février à l'âge de 86 ans.
Alphonse Berthiaume, 1889-1961. Né à Sainte -Flore, Québec, le 26
décembre 1899. Contremaître d'usine à Watertown, Connecticut où il
vivait. Il était conseiller général de l'Union St- Jean -Baptiste d'Amérique.
Décédé le 9 septembre.
Me Cniarles-J. Bourgonlt, 1916-1961. Avocat de West Warwick, R. I.
Né en 1916 et diplômés des universités Brown et Harvard. Décédé en
février.
Me Albert-L. Bourgeois, 1889-1961. Avocat de Lowell durant 34 ans.
Il avait été représentant à la législature de Boston durant 8 ans. Membre
de nos sociétés. Décédé le 4 mai.
Albert-J. Brunelle, pharmacien, 1877-1961. Il exerça sa profession
durant nombre d'années à Fall River. Décédé le 13 août à l'âge de 84
ans. Il habitait Hyannis depuis 1926.
R. P. Raymond-Marie Burgess. o.p.. 1911-1961. Né le 5 août 1911 à
Grand Falls, Nouveau -Brunswick, fils de Matthew Burgess et de Sevena
Marie Bois. Ordonné prêtre le 2 août 1936 à Ottawa, membre de l'Ordre
des Dominicains. Il avait été prieur à Fall River, et à Lewiston. Très
intéressé à nos oeuvres. Décédé à Sackville le 18 juillet.
Mgr Domase Carrières, 1888-1961. Né à Burlington, Vermont, le 3
mars 1888, fils du Dr Damase Carrières. Etudes à Ste-Thérèse et à
NECROLOGIE 131
Montréal. Ordonné le 23 décembre 1912 à Burlington. Curé de la paroisse
Sainte-Marie, de Newport depuis 1944. Décédé le 8 janvier.
Aram Côté, 1910-1961. Né à Woonsocket le 31 avril 1910. Comptable
de l'Union St- Jean -Baptiste d'Amérique. Décédé le 1er juillet à Woon-
socket.
Edgar-S. Côté, 1901-1961. Né le 1er août 1901 à Woonsocket. Il était
banquier et homme d'affaires. Décédé le 22 mai.
R. P. Narcisse Cotnoir, o.m.i., 1887-1961. Né à St-Robert, Québec, le
3 décembre 1887 et ordonné le 8 septembre 1915. (Biographie au chapitre
2 du bulletin). Membre de la Société.
J.-Albert Coutu, 1895-1961. Homme d'affaires et gros marchand de
matériaux de construction (Builders' Supplies). Il était très zélé au sein
de nos oeuvres, Club Marquette, Club Frontenac, Ligue des Retraitants,
etc. Il habitait West Warwick où il décéda le 1er février à l'âge de 65 ans.
Mgr Joseph-Albert Dame, P.D., 1879-1961. Né à Cohoes, N. Y., le 3
novembre 1879. Ordonné à Baltimore le 19 juin 1908. Curé de Notre-Dame
des Victoires à St. Johnsbury, depuis 1931 et élevé à la prélature en 1945.
Mgr Dame était un homme très simple se préoccupant très peu des formes.
Il avait une table accueillante. Décédé le 2 août à l'âge de 88 ans.
Louis-T. DesChesnes, 1914-1961. Professeur et membre du départe-
ment des langues étrangères dans l'Etat du Vermont. Décédé le 29 avril.
Abbé Eugène Dion, 1893-1961. Curé du Saint -Sacrement à Fall River.
Décédé le 5 janvier. (Biographie au chapitre 2 du bulletin). Membre de
la Société.
Alfred-J. Donais, 1899-1961. Surintendant d'usine. Né le 22 mai,
Cohoes, New York, fils d'Alfred et d'Elizabeth Messier. Il habitait Holyoke
depuis nombre d'années.
Joseph-P. Duchaine, 1903-1961. Homme d'affaires très estimé à New
Bedford décédé le 24 mars à l'âge de 58 ans. (Biographie au chapitre 2
du bulletin). Membre de la Société.
Mgr Pierre Dufault, P.D., 1878-1961. Né à Kankakee, Illinois, le 30
août 1878. Ordonné le 17 décembre 1906. Curé de Ste-Rose de Lima, de
132 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Kankakee, diocèse de Joliet, Illinois, depuis 1924. Elevé à la prélature en
1950. Décédé le 30 janvier à l'âge de 82 ans.
Irène Forley, 1893-1961. Fondatrice de l'oeuvre missionnaire des
Rosiers de Ste-Thérèse de l'Enfant-Jésus en faveur du clergé indigène.
Durant plus de 40 ans, elle donna sa vie à cette oeuvre. Elle était ori-
ginaire de St-Cyrille, Québec. La maladie l'empêcha d'entrer dans la vie
religieuse. Elle se disait guérie par la Petite Fleur du Carmel. Elle vécut
comme une recluse se contantant du stricte nécessaire. Elle rêvait de
fonder une communauté qui soutiendrait son oeuvre. Très surnaturelle
dans sa vie, elle avait une conception assez personnelle de la vie et de ses
responsabilités. Il pouvait devenir très difficile de vivre en sa compagnie.
On l'a justement surnommée la Pauline Jaricot de notre siècle. Elle avait
recueilli près d'un demi million pour son clergé indigène. Elle décéda le
17 février à l'hôpital Notre-Dame de Manchester. S. E. Mgr Primeau pré-
sida ses funérailles à St-Georges et l'abbé Adrien Verrette récitait les
prières au cimetière St-Augustin pour l'âme de cette fondatrice qu'il con-
naissait depuis plus de 40 ans et qu'il avait souvent dirigée et encouragée.
Mgr Henri-J. Filion, P.D. Amesbury. Mass. (1887-1961). Né à Acton
Vale, Québec, 3 mai 1887, fils de Joseph Filion et de Mathilda Laliberté.
La famille s'établit à Lowell ou le père est bijoutier. Etudes à St-Hya-
cinthe et à Brighton. Ordonné le 9 juin 1911 à Boston. Vicaire à Salem,
puis nommé curé à Everett puis au Sacré-Coeur d'Amesbury en 1931. La
maladie l'avait forcé à la retraite depuis plusieurs années. Décédé à Hull,
Québec, le 21 avril 1961.
Dr Edgar-J. Fleury, 1906-1961. Né à Aldenville, Mass. le 26 février
1906. Il pratiquait la médecine à Holyoke depuis 1935. Médecin -légiste
de la ville. Décédé le 16 décembre.
Mgr Clcmdius Gobet P.A.. 1874.1961. Né en France le 27 juillet 1874,
il fut affilié au diocèse d'Ogdensbury, New York pour devenir curé de la
paroisse Saint-Alexandre de Morrisonville, N. Y., où il décéda le 22 mai
à l'âge de 86 ans.
Dr Eugène-J. Guilmette. 1888-1961. Né le 21 novembre 1888 à Law-
rence, Mass. Etudes classiques et médicales à Québec. Il s'installe à
Lawrence en 1918. Décédé à Lawrence le 15 mai à l'âge de 72 ans.
Dr Louis-J.-A. Legris, 1884-1961. Né à Warwick, R. I. le 13 décembre
1884. Ses études classiques au collège Ste-Marie, de Montréal et son
cours de médecine à l'Université de l'Illinois. Il se fixe à Warwick et
NECROLOGIE 133
dans la vallée Pawtucket où pendant plus de 50 ans il exerce sa profession
avec succès. Décédé le 22 mai à l'âge de 76 ans.
Charles Letendre, 1891-1961. Organiste et musicien. Né en 1891 à
St-Louis, Québec, fils de Charles Letendre et d'Alphonsine Labrèche.
Organiste et maître de chapelle à St-Mathieu de Fall River durant un
demi siècle. Il était le pianiste de la Chorale Franco -Américaine de Fall
River. Décédé le 6 mai. On écrivait de lui qu'il était le modèle du type
du dévouement parfait à nos oeuvres.
Dr Arthur-H. Lussier, 1897-1961. Originaire du Connecticut, il s'ins-
tallait à Pittsburgh, en Pennsylvanie. Décédé le 30 septembre.
R. P. Mannes Marchand, o.p., 1883-1961. Il avait été curé de la pa-
roisse Saint-Pierre et Saint-Paul de Lewiston où il avait construit le
magnifique temple paroissial. Décédé le 1er avril à l'âge de 78 ans. Il
état né le 4 novembre 1883 à Beauharnois et ordonné à Ottawa en 1910,
membre de l'Ordre des Dominicains.
Abbé Aurélien Moreau. 1905-1961. Né à Fall River en 1905 fils de Bar-
thélémy Moreau et de Laure Belleau. Ordonné le 14 juin 1928. Aumônier
de la Marine. Curé de St-Mathieu de Fall River depuis 1960. Décédé le
12 mars.
Mgr Vital Nomorgue. P.D., 1887-1961. Né en Bretagne, France, le
29 octobre 1887, fils de Joseph Nonorgue et d'Agnès Frisence. A l'âge de 17
ans il s'inscrit au séminaire du Sacré -Coeur, de Halifax, Nouvelle Ecosse
où il est ordonné le 29 juin 1912, membre de la congrégation des Pères
Eudistes. Après des années de professorat, il est admis dans le diocèse de
Portland en 1920.
En 1921 il est nommé curé à Ste-Marie d'Eagle Lake puis en 1923,
il vient fonder la paroisse Ste-Marie à Lewiston qu'il administre jusqu'à
sa mort. Il fut le père des caisses populaires de Lewiston et d'Auburn. En
1952, il est élevé à la prélature romaine- Il avait créé une belle oeuvre pa.
roissiale. Décédé le 11 février à l'âge de 73 ans.
R. P. Eugène Noury. o.m.i., 1912-1961. Né à Manchester le 12 mars
1912. Ordonné le 24 mai 1937. Il fut aumônier militaire. Il dirigeait le
sanctuaire St-Joseph à Lowell. Décédé le 20 mai à l'âge de 49 ans.
Louis-H. Paré, 1861-1961. Longtemps au service de la rédaction de
l'Avenir National à Manchester et de l'Impartial à Nashua. Décédé en
cette ville le 30 juillet à Nashua à l'âge de 80 ans.
134 BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE
Mgr Joseph Pcoriseau, P.D., 1878-1961. Né le 20 janvier 1878 à Essex
Junction, Vermont. Il avait été un protégé de l'abbé Audet, fondateur de
St-François de Winooski. Ordonné en 1903. Curé de St-Joseph depuis
1933 et élevé à la prélature en 1948. Il s'éteignait le 14 juin après une
longue maladie.
Dr Marius Péladeau, 1894-1961. Né le 28 juillet 1894 à Montréal. Il se
fixe à Brattleboro, Vermont, où il exerce un véritable apostolat. Décédé
le 17 décembre à l'âge de 67 ans.
Abbé Théodore Péloquin, 1895-1961. Né le 15 juin 1895 à Ste-Victoire,
Québec. Ordonné le 29 janvier 1929. Vicaire et aumônier en plusieurs en-
droits. Homme très affairé et dévoué. Décédé le 30 octobre à Woonsocket
à l'âge de 66 ans.
Abbé Lorenzo Poliquin, 1901-1961. Né à Lewiston, le 3 décembre 1901.
Curé de la paroisse St-Michel à South Berwick, Maine. Décédé le 1er
avril. Il avait été curé pendant 17 ans de la paroisse Ste-Marie. de Ston-
ington, Maine.
Dr J.-Nopoléon PerreoiUt, 1879-1961. Né à Manchester, N. H., le 23
novembre 1879. Diplômé de Tufts, il s'installe à Manchester puis en
1909 il se fixe à Danielson, Conn. où il se crée une réputation de médecin
admirable et de compatriote distingué. Décédé le 10 mai à l'âge de 81
ans.
Arthur Plante, bijoutier. 1884-1961. Fils d'Alphonse Plante et d'Emma
Richer. Dans le commerce pendant 57 ans. Décédé le 17 novembre.
Mgr Jean-Baptiste Siuprenant, 1873-1961. Né le 14 juin 1873, à
Alpena, Michigan. Ordonné le 26 août 1900 à Grand Rapids. Curé de la
paroisse Ste-Famille de Saginaw. Elevé à la prélature le 17 décembre
1945. A sa retraite, il décédait le 14 mai à l'âge de 84 ans.
Abbé W.-J. Tmcotte, 1903-1961. Né le 5 janvier 1903, à Thetford
Les Mines, Québec. Etudes à Sherbrooke, à Montréal et à Louvain. Or-
donné le 26 novembre 1933 à Sherbrooke. Il est affilié au diocèse de
Portland. Curé de Saint-Léon de Howland depuis 1953. Décédé le 13
mars à l'âge de 58 ans.
Ludger Vanasse, 1872-1961. Homme d'affaires à Northampton, Mass.
Né le 28 juillet 1872 à W. Warwick, Québec, fils de Thomas Vanasset et
de Virginie Gosselin. Décédé le 5 juin à l'âge de 88 ans. Maître de
chapelle durant 50 ans au Sacré-Coeur. Membre de nos sociétés:
Table des Matières
Les Amis du Bulletin 5
Présentation 7
Avis 8
I Réunions de la Société 9
II Statuts et Règlements 23
III Eloges des membres disparus 34
IV Conseil de la Vie Française 51
V Comité de Vie Franco-Américaine 58
VI L'Ordre du Mérite Franco-Américain 67
VII Fête Patronale 70
VIII Faits et Gestes 74
IX Généalogie 79
X Concours et Festivals 81
XI Vie Franco-Américaine 83
XII Echos des Sociétés 94
XIII Vieux Papiers 98
XIV Papiers Jaunis 120
XV Nécrologie 130
BOSTON PUBLIC LIBRARY
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