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LIBRARY OF MARINE BIOLOGICAL LABORftTORY
WOODS HOLE, MASS.
Loaned by American Muséum of Natural History
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE
DE FRANCE
POUR L'ANNÉE 1901
LILL1..
IM1>. LE MGOT FRERES
BULLETIN
1)K LA
SOCIÉTÉ Z00L0GIÛUE
DE FRANCE
RECONNUE D'UTILITE PUBLIQUE!
ANNEE 1901
VINGT-SIXIÈME VOLUME
PARIS
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANGE
28, rue Serpente, Hôtel des Sociétés savantes
16' arrondissement).
190 1
AVI S
Les Membres de la Société sont instamment priés d'adresser,
d'une façon impersonnelle, tous les envois d'argent et les mandats à
Monsieur le Trésorier
de la Société Zoologique de France.
LISTE
DES
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
AU 31 JANVIER 1901
AVEC LA DATE DE LEUR ADMISSION
Le nom des Membres fondateurs est précédé de la lettre F
PRESIDENT HONORAIRE
F Vian (Jules), élu le 27 février 1894.
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL HONORAIRE
F Blanchard (Prof. Raphaël), élu le 18 décembre 1900.
MEMBRES HONORAIRES
1894 Agassiz (Alexander), directeur du Musée de zoologie compa-
rée de Harvard Collège, à Cambridge, Mass. (Etats-Unis).
F Barboza du Bocage (prof. José-Vicente), membre de l'Aca-
démie royale des sciences, à Lisbonne (Portugal).
1878 Gùnther (Dr Albert), F. R. S., directeur de la section zoolo-
gique du British Muséum, à Londres (Angleterre).
1898 Kovalevsky (Alexandre), membre de l'Académie impériale
des sciences, à Saint-Pétersbourg (Russie).
1878 Lacaze-Duthiers iDr Henri de), membre de l'Institut, profes-
seur à la Sorbonne, 7, rue de l'Estrapade, à Paris (5e).
1894 Lilljeborg (W.), professeur émérite à l'Université d'Upsal
(Suède).
1894 Mobius (K.), directeur Ou Musée zoologique, 43, Invaliden-
strasse, à Berlin (Prusse).
1897 Murray (John), Ph. D., directeur des publications de l'expé-
dition du Challenger, Challenger lodge, Wardiea Edimbourg
(Ecosse).
1897 Nansen (Fridtjof), professeur à l'Université de Christiania
(Norvège).
1880 Nordenskjold (baron A. -E.), associé étranger de l'Académie
des sciences, à Stockholm (Suède).
F Sharpe (R. Bowdler), F. L. S., chargé de la section ornitho-
logique du British Muséum, à Londres (Angleterre).
1895 Van Beneden (Edouard), membre de l'Académie royale de
Belgique, professeur à l'Université de Liège (Belgique).
MEMBRES CORRESPONDANTS
*
1893 Brusina (Spiridion), professeur à l'Université, directeur du
Musée national zoologique, à Agram (Croatie).
1886 Dugès (Dr Alfred), consul de France, à Guanajuato (Mexique).
1888 Fritsh (Dr Anton), professeur à l'Université de Bohême, à
Prague (Bohême).
1896 Graff (L. Von), professeur à l'Université de Graz (Autriche).
1890 Horst (Dr B.), conservateur au Musée d'histoire naturelle, à
Leide (Hollande).
1897 Sluiter, professeur à l'Université, à Amsterdam (Hollande).
1891 Vejdovsky (Franz), professeur à l'Université de Bohême,
à Prague (Bohème).
MEMBRES DONATEURS DECEDES <l)
F Branicki (comte Constantin), décédé en 1884.
1888 Chancel (M»e Aline), décédée en 1889.
1888 Guerne (haron Frédéric de), décédé en 1888.
1876 Semallé (vicomte Bené de), décédé en 1894.
F Hugo (comte Léopold), décédé en 189.'».
F Hamonville (baron d'), décédé en 1899.
(I) Par une délibération en date du 25 janvier 1885, le Conseil a décidé de main-
tenir perpétuellement en fête <ln Bulletin la liste des Membres donateurs décédés.
MEMBRES TITULAIRES (1)
1897 aconin (Georges), avocat, l,rueMouton-Duvernet,à Paris(14e).
1890 Albert Ier (S. A. S. le prince), prince do Monaco (membre
donateur), correspondant de l'Institut, 7, cité du Retiro,
à Paris (8").
1889 Alluaud (Charles), 3, rue du Dragon, à Paris (6°).
1895 Amaudrut, professeur au lycée, à Vesoul (Haute-Saône).
1876 Amblard (Dr Louis), l&bis, rue Paulin, à Agen (Lot-et-Garonne).
1892 André (E.), notaire honoraire, 17, rue des Promenades,;» Gray
(Haute-Saône).
18!)2 Anghelesco (Constantin), interne des hôpitaux, 71, rue des
Saints-Pères, à Paris (6e).
1897 Antipa (Dr Grégoire), directeur du Musée d'histoire naturelle,
rue Blona, à Bucarest (Roumanie).
1893 Apfelbeck (Victor), conservateur au Musée de Bosnie et
d'Herzégovine, à Saraievo (Bosnie).
io. 1896 Arechavaleta (Dr José), directeur général du Muséum
nalional, 369, calle Uruguay, à Montevideo (Uruguay).
1893 Argod-Vallon (Albert), à Crest (Drôme).
1893 Armand-Delille, étudiant en médecine, 7, rue Portalis, à
Paris (8e).
1893 Arrigoni degli Oddi (comte), professeur à l'Université, à
Padoue (Italie).
1897 Artault (Dr Stéphen), 2, rue Boutarel, à Paris (4e).
1895 Aubert fMarius), aide-naturaliste au Muséum d'histoire
naturelle, 3, allée Philippine, à Saint-Barnabe, banlieue de
Marseille (Bouches-du-Rhône).
1877 Bailly ( J.-F.-D.), 75, rue Aylmer, à Montréal (Canada).
1880 Bambeke (Dr Charles Van), professeur à l'Université, 7, rue
Haute, à Gand (Belgique).
1878 Babrois (Dr Jules), villa Barrois, cap Brun, à Toulon
(Var).
1880 Barrois (Dr Théodore), professeur à ITJDiversité, 220, rue
Solfériuo, à Lille (Nord).
20. 1896 Barrows (Walter B.), professeur de zoologie et de géologie
au Collège d'agriculture, à Lansiug, Mich. (Etats-Unis).
1879 Bavay, pharmacien en chef de la marine, membre du Conseil
supérieur de santé 59, rue Boissière, à Paris(16e).
1889 Bedot (Dr Maurice), directeur du Musée d'histoire naturelle,
professeur à l'Université, à Genève (Suisse).
(1) La Société s'est vue dans la nécessité de rayer de la liste des membres un
certain nombre de personnes qui avaient négligé de payer leur cotisation (Art. Il 4u
Règlement i.
VIII
1878 Bedriaga (Jacques de), docteur ès-sciences, 55, boulevard de
l'Impératrice, à Nice (Alpes-Maritimes).
1880 Berthoud (Léon), pharmacien de l'hospice de Bicêtre (Seine).
F Besnard (Auguste), conducteur des ponts-et-chaussées, 68,
route de Laval, au Mans (Sarthe).
1884 Birliothèque de l'Université et de l'Etat, à Strasbourg (Alsace).
1889 Birliothèque de l'Université, à Grenoble (Isère).
1890 Birliothèque du Muséum d'histoire naturelle, 2, rue de
Buffon, à Paris (5e).
1892 Birliothèque de l'Université, à Rennes (Ille-et- Vilaine).
3o. 1884 Bignon (Mlle Fanny), docteur ès-sciences, professeur à l'Ecole
Edgard Quinet, 162, rue du Faubourg-Poissonnière, à
Paris (10e).
1884 Binot (Dr Jean), chef de laboratoire à l'Institut Pasteur, 22,
rue Cassette, à Paris (6e).
1891 Blanc (Edouard), (membre à vie), explorateur, 52, rue de
Va renne, à Paris (7e).
1892 Blanchard (Mme Raphaël), (membre donateur), 226, boulevard
Saint-Germain, à Paris (7e).
F Blanchard (Dr Raphaël), (membre donateur), professeur à
l'Université, membre de l'Académie de médecine, 226,
boulevard Saint-Germain, à Paris (7e).
1889 Blasius (Dr Rudolph), 25, Petrithor-Promenade, à Bruns-
wick (Allemagne).
1889 Blasius (prof. Wilhelm), directeur du Musée d'histoire natu-
relle, 7, Gauss-strasse, à Brunswick (Allemagne).
1881 Blonay (Roger de), 23, rue de Larochefoucault, à Paris (9e).
1883 Bolivar (Ignacio), professeur d'entomologie à l'Université,
1, calle Moreto, à Madrid (Espagne).
1882 Bonaparte (le prince Roland), (membre donateur), 10, avenue
d'Iéna, à Paris (16e).
4o. 1898 Bondouy, préparateur à la Faculté des sciences, à Rennes
(Ille-et-Vilaine).
1893 Bonnaire (Dr E.), professeur agrégé à l'Université, accou-
cheur des hôpitaux, 37ter, rue de Bourgogne, à Paris (7e).
1885 Bonnier (Jules), directeur-adjoint de la Station maritime de
Wimereux, 75, rue Madame, à Paris (6e).
1880 Boucard (Adolphe), officier d'Académie, Spring vale, île de
Wight (Angleterre).
1897 Boutan (Dr Louis), maître de conférences à l'Université de
Paris, 18, avenue du Petit-Chambord, à Bourg la Beine
(Seine).
1890 Bouvier (E. L.), professeur au Muséum d'histoire naturelle,
39, rue Claude Bernard, à Paris (5e).
1893 Bradant (Edouard), au château de l'Alouette, près Cambrai
(Nord).
1889 Branicki (comte Xavier), (membre à vie), 10, rue Wiejska,
à Varsovie (Russie).
1890 Braun (D'Max), professeur à l'Université, directeur du Musée
zoologique, 1, Steruwartsfrasse, à Kônigsberg (Prusse).
1892 Brian (Alfred), {membre donateur), 6, via San Sebastiano, à
Gênes (Italie).
5o. 1898 Brisskmoret (Alphonse), chef de laboratoire à la Faculté
de médecine de Paris, 58, rue La Fontaine, à Paris (16e).
1894 Brôlemann (Henry), 22, rue de Marignan, à Paris (8e).
1896 Brumpt (Emile), docteur ès-sciences, préparateur à la Faculté
de médecine, 16, rue Gustave Courbet, à Paris (16e).
1897 Bruyant, professeur-suppléant à l'école de Médecine, 26, rue
Gaultier-de-Biauzat, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
1892 Buchet (Gaston), rue de l'Ecu, à Bomorantin (Loir-et-Cher).
1897 Bujor (Dr Paul), professeur de Zoologie à la Faculté des
sciences de 1 Université d'iassy (Roumanie).
1897 Buén (Odôn de), professeur à l'Université, à Barcelone
(Espagne).
F Bureau (Dr Louis), (membre à vie), directeur du Musée,
professeur à l'Ecole de médecine, 15, rue Gresset, à Nantes
(Loire-Inférieure).
1880 Camerano (Dr Lorenzo) , professeur à l'Université, palazzo
Carignano, à Turin (Italie).
1880 Camprell (John-Mac Naught), C. E., F. Z. S., senior assistant
curator, Kelvingrove Muséum, à Glasgow (Ecosse).
6o. 1893 Carus (J. Victor), professeur à l'Université, L5, Universitats-
strasse, à Leipzig (Allemagne).
1897 Carné (Adrien de), villa d'Arvor, à Bourg-hi-Reine (Seine).
1887 Catois (Dr Eugène), professeur à l'Ecole de médecine, 15, rue
Ecuyère, à Caen (Calvados).
1895 Caustier (Eugèue), professeur au lycée de Versailles, à
Viroflay (Seine-et-Oïse).
1900 Cazamian, licencié ès-ciences naturelles, 104, rue d'Assas,
à Paris (6-).
1880 Certes (Adrien), inspecteur général des finances, 53, rue de
Varenne, à Paris (7e).
1891 Chancel (Mme Marius), (membre donateur), 226, boulevard
Saint Germain, à Paris (7e).
1900 Charlot (Mlle Julie), 32, rue des Francs-Bourgeois, à Paris (3e).
1883 Chatin (Dr Joannès), membre de l'Institut, professeur à
l'Université, 174, boulevard Saint-Germain, à Paris (6e).
1891 Chaves (Francisco Alfonso), directeur de l'Observatoire
météorologique, à Pouta Delgada, île Sào Miguel (Açores).
70. 1884 Chevrecx (Edouard), (membre donateur), route du Cap, à
Bône (Algérie).
1891 Chevreux (Mlle), i membre à vie), 131, Grande-Rue, à Boulogne-
sur-Seine (Seine).
1899 Chobaut, (Dr A.), 4, nie Dorée, à Avignon (Vaucluse).
1888 Claybrooke (Jean de), 5, rue de Sontay, à Paris (16e).
1881 Clément (A.-L.), (membre à rie), dessinateur, 34, rue Lacé-
pède, à Paris (5e).
1876 Collardeau du Heaume (Marie-Philéas), 6, rue Halévy, à
Paris (9e).
1887 Cosmovici (Dr Léon-C), professeur à l'Université, 11, Stefan
cel mare, à Iassy (Roumanie).
1900 Coutière, iD1 H.), professeur agrégé de l'École de Pharmacie,
21 bis, boulevard Port-Royal, à Paris (13e).
1895 Dalmas (Comte Raymond de), 26, rue de Berri, à Paris (8e).
1897 Daruty de Grandpré (Albert), directeur du Muséum Des
jardins, à Port-Louis (lie Maurice).
Ho. 1894 Dassonville (Charles), docteur es -sciences, vétérinaire aux
batteries de la deuxième Division de cavalerie, à Lunéville
( Meurthe-et-Moselle).
1884 Dautzenberg (Philippe), (membre donateur), 213, rue de l'Uni-
versité, à Paris (7e).
1898 Davenière (Emile), licencié ès-scieuces, 47, rue Monsieur-le-
Prince, à Paris (6e).
1887 Delage (Dr Yves), professeur à l'Université de Paris, villa
de Nice, à Sceaux (Seine).
1895 Delouche de Pémoret (Paul), au château des Crubliers,
commune d'Arthon (Indre;.
1876 Demaison (Louis), archiviste. 21, rue Nicolas Perseval, à Reims
(Marne).
F Dollfus (Adrien), directeur de la Feuille des jeunes natura-
listes, 35, rue Pierre Charron, à Paris (8e).
1892 Dollfus (Gustave), [membre à rie), 45, rue de Chabrol,
à Paris (10e).
1897 Domet de Vorges (Albert), licencié es sciences naturelles, 4,
avenue Thiers, à Compiègne (Oise).
1887 Dominici (Henri), licencié ès-sciences. 10, place de Laborde,
à Paris (8").
oo. 1895 Donckier de Donceel (Henri), 40, avenue d'Orléans, à
Paris (14e).
1894 Dongé (Ernest), 36, avenue de Châtillon, à Paris (14e).
1877 Douvillé, professeur à l'Ecole des Mines, 207, boulevard
Saint-Germain, à Paris (7e).
1876 Dubois (Alphonse), docteur ès-sciences, conservateur au Musée
royal d'histoire naturelle. 127, rue Franklin, à Bruxelles
(Belgique).
NI
1882 DoBOis(Dr Raphaël), professeur à l'Université, à Lyon(Rhone).
1897 Duboscq (Dr 0.), maître de conférences de Zoologie à la
Faculté des sciences, à Caen (Calvados).
1889 Duchaussoy (Dr), professeur agrégé à la faculté de médecine,
8, rue des Beaux-Arts, à Paris (6r).
1893 Ellingsen (Edvard), à Kragerjzf (Norvège).
1887 Emery (Dr Emile), chef de clinique à la Faculté de médecine,
•">. rue de Rome, à Paris (8 I.
1870 Fatio (Victor), 1, rue Bellot, à Genève (Suisse).
ioo. l8Si Furot (Dr Lionel), [membre à me), à Soliguat, par Issoire
(Pu y- de Dôme).
1893 Field (Dr Herbert Haviland). directeur du Bureau bibliogra-
phique international, 38, Eidmattstrasse , à Ziïrich-
Neumunster (Suisse).
1886 Filhol (Dr Heori), membre de l'Institut, professeur au
Muséum d'histoire naturelle. 9, rue Guénégaud, à Paris (61).
1894 Fischer (Henri), docteur ès-sciences, chef de travaux pra-
tiques à la Faculté des sciences, 51, boulevard Saint-Michel,
à Paris (5 .
1892 Fleutiai'x (Edmond), 6, avenue Suzanne, à Nogent-sur-Marne
(Seine).
1894 FoÀ (Edouard), explorateur, 51, avenue des Champs-Elysées
à Paris (8e).
1895 Fockeu (Dr Henri), chargé de cours à la Faculté de médecine,
34, rue Barthélemy-Delespaul, à Lille (Nord).
1900 François (Ph.), docteur ès-sciences, chef de travaux pratiques
à la Sorboûne, 20, rue Monsieur le-Prince, à Paris (6e).
1897 Freyssinge (Louis), licenciées-sciences, pharmacien, prépa-
rateur à la Faculté de médecine de Paris, 105, rue de
Bennes, à Paris (6( ).
1890 Friedlànder (R.) et fils, libraires, 11, Carlstrasse, à Berlin
(Prusse).
no. 1895 Fullarton (Dr J.-H.), zoologiste au Fishery Board for
Scotland, à Saint-Andrews (Ecosse).
1884 Gâche (Henri), 201, avenue Victor Hugo, à Paris (16e).
1881 Gadeau de Kerville (Henri), 7, rue Dupont, à Bouen
(Seine-Inférieure).
1900 Garcia (Philippe), médecin-chirurgien), 29, rue Saint-
Baphaël, à la Havane (Cuba).
1880 Garman (Samuel), assistant of Ichthyology and Herpetology
at the Muséum of Comparative Zoology/at Harvard Collège,
à Cambridge, Mass. (Etats-Unis).
1897 Gaudin (Louis), négociant, à Cayenne (Guyane).
1894 Gaudisy Albert), membre de l'Institut, professeur au Muséum
d'histoire naturelle, 7 bis, rue des Saints-Pères, à Paris (6e).
XII
1895 Gaulle (Jules de), 41, rue de Vaugirard, à Paris (6e).
1896 Gauraud (Emile), 8, place des Acacias, à Royan (Charente-
Inférieure).
1879 Gazagnaire (Joseph), 29, rue Centrale, à Cannes (Alpes
Maritimes).
i2o. 1899 Georgevitch, professeur de zoologie à l'Université de Bel-
grade (Serbie).
1895 Gervais (Dr Heuri), assistant au Muséum d'histoire naturelle.
13, rue de Navarre, à Paris (5e).
1887 Girod (Dr Paul), professeur à l'Université, à Clermont-
Ferrand (Puy-de-Dôme).
1890 Girodon (Alphonse), 7, quai Saint-Clair, à Lyon (Rhône).
1901 Gourret (Dr Paul), professeur adjoint à la Faculté des scien-
ces, à Marseille (Bouches du-Rhône).
1900 Grandidier (Guillaume), chargé de missions scientifiques à
Madagascar, 6, Rond-Poi nt-des-Champs-Elysées, à Paris (8').
1888 Greenough (H. -S.), 12, avenue de Wagram, à Paris.
1891 Gruvel, maître de conférences à l'Université, à Bordeaux
(Gironde).
1900 Guérin, préparateur de Zoologie, à l'Université de Rennes
(Ille et-Vilaine).
1880 Guerne (baron Jules de), (membre donateur), 6, rue de
Tournon, à Paris (6e).
i3o. 1895 Guiart (Dr Jules), {membre donateur), docteur ès-sciences,
chef des travaux pratiques de Parasitologie à la Faculté
de médecine, 19, rue Gay-Lussac, à Paris (5e).
1886 Guitel (Frédéric), professeur ad loint à la Faculté des sciences,
32, rue Gurvand, à Rennes (llle-et-Vilaine).
1895 Guyot, chef des travaux pratiques de Zoologie à l'Université,
à Rennes (llle-et-Vilaine).
1894 Hakki (Ismaïl), professeur à l'Ecole vétérinaire de Pankalti,
à Constantinople (Turquie).
1891 Hallez (DrPaul), professeur à l'Université, à Lille (Nord).
1900 Hamonville (Baron d'), à Viterne, par Pont-Saint-Vincent
(Meurthe-et-Moselle).
1888 Hecht (Dr Emile), chef de travaux à la Faculté des sciences,
12, rue Victor Hugo, à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
1886 Hérouard (Edgard), maître de conférences de Zoologie à
l'Université, 9, rue de l'Eperon, à Paris (6e).
1892 Herrera (Alphonse L.), aide-naturaliste au Muséum national,
à Mexico (Mexique).
1899 IIkktwig, (Dr Richard), professeur de Zoologie à l'Université
de Munich (Bavière).
i4"o. 1900 Herubel, licencié es sciences , 11. place du Panthéon,
à Paris (5e).
XIII
1896 Houssaye (Emile), pharmacien de l'Assistance publique, 5,
rue de l'Epée-de Bois, à Paris (5e).
1895 Jammes (Dr L.), maître de conférences à l'Université, à Tou-
louse (Haute-Garonne).
1893 Janet (Armand), (membre à vie), ancien ingénieur de la
marine, 29, rue des Voloutaires, Paris (15e).
1890 Janet (Charles), [membre à oie), docteur ès-sciences, ingénieur
des arts et manufactures, villa des Roses, près Beauvais
(Oise).
1895 Jaquet (Dr Maurice), assistant à l'Institut anatomique et
chirurgical de l'Université, à Bucarest (Roumanie).
1890 Joantn (Albert), préparateur à la Faculté de médecine, 272,
boulevard Raspail, Paris (14e).
1882 Joubin (Dr Louis), (membre à oie), professeur à l'Uuiversité,
à Rennes (Ille-et-Vilaine).
1892 Jourdan (Etienne), professeur-adjoint à l'Université, 6, rue
de la Bibliothèque, à Marseille (Bouches du Rhône).
F Jousseaume (Dr Félix), (membre à vie), 29, rue de Gergovie, à
Paris (14e).
ioo. 1880 Juliany (Joseph), 12, place de l'Hôtel-de-Ville, à Manosque
(Basses-Alpes).
1895 Julin (Dr Charles), professeur à l'Université, 151, rue Fragnée,
à Liège (Belgique).
1900 Jumentié, préparateur à la Faculté de médecine, 106, rue de
la Pompe, à Paris (16e).
1879 Kempen (Ch. van), 12, rue Saint-Bertin, à Saint-Omer (Pas-
de-Calais).
1888 Kerhervé (L.-B. de), licencié ès-sciences naturelles, à Lacres,
par Samer (Pas-de-Calais).
1897 Klixcksieck (Paul), éditeur, 3, rue Corneille, à Paris (6e).
1894 Koehler (R.), professeur à l'Université, à Lyon (Rhonej.
1889 Korotnev, professeur à l'Université de Kiev (Russie), directeur
de la Station maritime de Villefranche (Alpes-Maritimes).
1893 Krasilsshtshik (Isaac), 43, Leovskaïa, à Kishinev (Russie
méridionale).
1879 Kunckel d'Herculais (Jules), assistant au Muséum d'histoire
naturelle, 56, rue de Butïon, à Paris (5e).
160. 1881 Kunstler (Jules), professeur-adjoint à l'Université, à Bor-
deaux (Gironde).
1891 Labbé (Alphonse), docteur ès-sciences, chef de travaux prati-
ques de Zoologie à l'Université, 28, rue Vauquelin, à
Paris (5e).
1891 Laboratoire de Zoologie de l'École pratique des Hautes-Etudes,
au Muséum d'histoire naturelle, 55, rue de Bufîon, à
Paris (5e).
X 1 Y
1892 Laboratoire de Zoologie de l'Université, à Nancy (Meurthe-
et-Moselle).
1895 Lallier (Dr Paul), 46, passage du Bureau (rue Alexandre-
Dumas), à Paris (11e).
1886 Lamy (Ernest), 113, boulevard Haussmann, à Paris (8e).
1892 Lande (Dr Adam), 6, Maryjànska, à Varsovie (Pologne).
1880 Langlassé (René), 50, rue Jacques Dulud, à Neuilly-sur-Seine
(Seine).
1883 Lakcher (Dr Oscar), membre de la Société de Biologie,
97, rue de Passy, à Paris (16e).
1877 Larguier des Banckls (D1'), conservateur du Musée de
Zoologie de Vaud, 29, rue de Bourg, à Lausanne (Suisse).
i-o. 4900 Launois (Dr), professeur agrégea la Faculté de médecine,
12, rue Portalis, à Paris (8e).
1888 Lavergne de Labarrière (Joseph-Lois), inspecteur d'assu-
rances, 51, rue de Naples, à Paris (8e).
1882 Lennier (G.), directeur du Muséum d'histoire naturelle, 22,
route de la Hève, à Sain te -Adresse, près le Havre (Seine-
Inférieure).
1892 Léon (Dr Nicu), professeur à l'Université, à Jassy (Roumanie).
1897 Lévy (Melle Madeleine), licenciée ès-sciences, 9, rue Rataud,
à Paris (5e).
1891 Lignières (Joseph), répétiteur à l'École vétérinaire, à Alfort
(Seine).
1890 Loriol (Perceval de), au chalet des Rois, par Crassier, canton
de Vaud (Suisse).
1897 LoYEz(Melle Marie), licenciée ès-sciences naturelles, professeur
à l'Ecole Edgard Quinet, 58, rue Bonaparte, à Paris (6e).
1889 Lucet (Adrien), vétérinaire, à Courtenay (Loiret).
1893 Maës (Albert), 39 bis, rue du Landy, à Clichy ^Seine).
180. 1 889 Magalhàes (Dr Pedro Severiano de), professeur à la Faculté de
médecine, caixa do correio, u"24i, à Rio-de-Janeiro (Brésil).
1882 Maggi (Leopoldo), professeur à l'Université, à Pavie (Italie).
1886 Magne (Alexandre), (membre donateur), 36, rue de Turin.
à Paris (8e).
1899 Magretti (Dr Paolo), 76, foro Bonaparte, à Milan (Italie).
1895 Maillet (Gustave), industriel, 32, rue du Luxembourg,
à Paris (6e).
1889 Maisonneuve (D'Paul), professeur de Zoologie à la Facultédes
sciences, 5, rue Volney, Angers (Maine-et-Loire).
1897 Malaquin (Dr A.), professeur suppléant à l'Université, 159,
rue Brûle-Maison, à Lille (Nord).
1884 Man (J.-G. de), docteur es sciences, à lerseke, Zélande
(Hollande).
XV
1887 Marchal (Dr Georges), chef de travaux do médecine opéra
toire et chef de clinique chirurgicale à l'Ilotel-Dieu, 1!),
rue Robert-de-Luzarches, à Amiens (Somme).
1887 Marchal (Paul), directeur de la Station entomologique de
Paris, professeur de Zoologie à l'Institut national agrono-
mique, 12(>, rue Boucicaut, à Fontenay-aux-Roses (Seine).
190. 1891 Marconnet (Ferdinand), interne des hôpitaux, 30, rue de
Metz, à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
F Marmottais (Dr), 31, rue Desbordes-Valmore, à Paris (16e).
1895 Marotel (Gabriel), chef de travaux de zoologie à l'Ecole
vétérinaire, à Al fort (Seine).
1892 Martin (Dr Henri), 23, rue Desbordes-Valmore, à Paris (16°).
1885 Martin (René), avocat, au Blanc (Indre).
1SV)3 Maupas (E.), conservateur de la Bibliothèque nationale, rue
de PEtat-major, à Alger (Algérie).
1890 Maurice (Charles), docteur ès-scieuces, à Attiches, par Pont-
à-Marcq (Nord).
1879 Mégnin (Pierre), membre de l'Académie de médecine,
6, avenue Aubert. à Vincennes (Seine).
1889 Metshnikov (Dr Elie), chef de service à l'Institut Pasteur, 18,
rue Dutot, à Paris (15e).
1888 Miégemarque (H.), conservateur du Muséed'histoire naturelle
de Gaillac (Tarn).
200. 1899 Minchin (Dr Edward), professeur de Zoologie à Uuiversity
Collège, à Londres (Angleterre).
1884 Moniez (Dr Romain), inspecteur de l'Académie de Paris, 7,
rue Alboiii, première avenue, à Paris (16e).
1887 Monvenoux (Dr Frédéric), 25, rue Grenette, à Lyon (Rhône).
1895 Moore (J. Percy), instructor in Zoology, University of
Pennsylvania, à Philadelphie, Penna (Etats Unis).
1897 Moreau (Dr Louis), 189, boulevard Saint-Germain, à Paris (7e).
1892 Moulé (Léon), vétérinaire délégué de Paris et du département
de la Seine, 116, avenue du Roule, à Neuill y-sur-Seine
(Seine).
1892 Musée d'Histoire naturelle, à Genève (Suisse).
1888 Musée zoologique, 43, lnvalidenstrasse, à Berlin (Prusse).
1883 Musée national zoologique, à Agram (Croatie).
1886 Nabias (Dr B. de), [înembre à vie), doyen de la Faculté de
médecine et de pharmacie, 17 bis, cours d'Aquitaine, à
Bordeaux (Gironde).
2io. 1888 Nadar (Paul), photographe, 51, rue d'Anjou, à Paris (8e).
1891 Ner ville (Ferdinand de), ingénieur des télégraphes, 59, rue
de Ponthieu, à Paris (8e).
1891 Neumann (Georges) , professeur à l'Ecole vétérinaire, à
Toulouse (Haute-Garonne).
XVI
1896 Neveu-Lemairë (Dr Maurice), préparateur à la Faculté de
médecine, 20, rue d'Edimbourg, à Paris (8e).
1876 Oberthlr (Charles), imprimeur, à Rennes (Ille-et-Vilaine).
1893 Obier (Georges), 39, rue de l'Université, à Paris (7e).
1893 Odin (Amédée), directeur du Laboratoire maritime, 23, quai
Franqueville, aux Sables d'Olonne (Vendée).
1896 Oka (Dr Asajiro), professeur de Biologie à la Kotô-Gakkô, à
Yamaguchi (Japon).
1892 Olivier (Ernest), directeur de la Revue scientifique du Bour-
bonnais, 10, cours de la Préfecture, à Moulins (Allier).
1895 Olsson (Dr Peter), leclor, à Ôstersund (Suède).
220. 1890 Orueta (Domingo de), ingénieur des mines, àGijôn (Espagne).
1879 Ouori (Emile), général, commandant la 9e division d'infan-
terie, à Orléans (Loiret) et à Durtal (Maine-et-Loire).
1884 Oustalet(D' Emile), professeur au Muséum, 55, rue de Bufïon,
et 121 bis, rue Notre-Dame-des-Champs, à Paris (6e).
1900 Pacault (Edgard), 20, rue d'Antin, à Paris (2e).
1889 Packard (A. S.), professeur à Broun University, à Provi-
dence, R. I. (Etats-Unis).
1888 Pages (Dr Jules), 3, rue des Saussaies, à Paris (8e).
1890 Palacky (Jean), professeur à l'Université de Bohème, 11, rue
de Cracovie, à Prague (Bohème).
1889 Paszlavszky (Joseph), professeur à la Réaliskola, 7, Bat-
thyâny uteza, à Budapest (Hongrie).
1892 Pavesi (Pietro), professeur à l'Université, 5, via Belli, à Pavie
(Italie).
1884 Pavlov (Mme Marie) , Sheremetevski pereulok , maison
Shereinetiev, logement 32, à Moscou (Russie).
2'3o. 1900 Pellegrin (Dr Jacques), préparateur au laboratoire d'Herpé-
tologie du Muséum d'histoire naturelle, 143, rue de Rennes,
à Paris (6e).
F Pennetier (Dr Georges), directeur du Musée d'histoire natu-
relle, professeur à l'Ecole de médecine, 9, rue Alain-Blan-
chard, à Bouen (Seine-Inférieure).
1887 Perrier (Edmond), membre de l'Institut, directeur du
Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cuvier, à Paris (5e).
1880 Perroncito (Dr Edouard), correspondant de l'Académie de
médecine, professeur à l'Ecole vétérinaire et à l'Université,
40, corso Valentino, à Turin (Italie).
F Petit (Louis) aîné, naturaliste, 21, rue du Caire, à Paris (2e).
1897 Philippson (Maurice), docteur ès-sciences, 18, rue Guimard,
à Bruxelles (Belgique).
1893 Pic (Maurice), (membre à vie), à Digoin (Saône-et-Loire).
1899 Picquenard (Dr Ch.), {membre à vie), 13, rue de Brest, à Quim-
per (Finistère).
XVII
1879 Pierson (Henri), (memSre à vie), à Brunoy (Seiue-et-Oise).
1900 Pinoy (DrErnest), 30, rue de Versailles, à Ville d'Avray (Seine-
et-Oise).
240. 1899 Plate ( Dr Ludwig), privât docent à 1'Iustitut Zoologique, 43,
Invalidenslrasse, à Berlin (Allemagne).
1879 Plateau (Félix), professeur à l'Université, 148, chaussée de
Courtrai, à Gand (Belgique).
1896 Porter (Charles-E.), casilla 1108, à Valparaiso (Chili).
1896 Portier (DrPaul), préparateur à la Sorbonne, 24, rue Nicole,
à Paris (5e).
1889 Preudhomme de Borre (Alfred), villa de la Fauvette, Petit
Saconuex, à Genève (Suisse).
1886 Prouho (Henri), maître de conférences à l'Université de Lille,
à Rabastens-sur-Tarn (Tarn).
1895 Pruvôt (Dr Georges), directeur du Laboratoire Arago
(Banyuls-sur-Mer), 28, rue Vauquelin, à Paris (5e).
1893 Racovitza(G. Emile), docteur ès-sciences, 2, boulevard Saint-
André des- Arts, à Paris (6e).
1882 Railliet (A.), membre de l'Académie de médecine, professeur
d'histoire naturelle à l'Ecole vétérinaire, à Alfort (Seiue).
1886 Raspail (Xavier), à Gou vieux (Oise).
200. 1896 Râtz (Dr Stephau von), professeur à l'Académie vétérinaire,
23, Rotlenbiller ulcza, à Budapest (Hongrie).
1879 Regnard (Dr Paul), membre de l'Académie de médecine,
directeur de l'Institut national agronomique, 224, boule-
vard Saint-Germain, à Paris (7e).
1895 Régnier (Raymond), ancien greffier en chef, à Fréjus (Var).
1895 Reyckaert (J.), agent de la Société Zoologique, 7, rue des
Grands-Augustins, à Paris (6e).
1898 Riremont-Dessaignes (DrA.), professeur agrégé à la Faculté
de médecine, membre de l'Académie de médecine, 10, bou-
levard Malesherbes, à Paris (8e).
1887 Richard (Dr Jules), directeur du Musée océanographique,
à Monaco (Principauté de Monaco).
1877 Richet (Dr Charles), professeur à l'Université, 15, rue de
l'Université, à Paris (7e).
1897 Rorert (Adrien), préparateur au laboratoire Arago, 3. rue
Nouvelle, à Paris (9e).
1887 Rorinet (Charles), professeur au lycée, 13, rue Nicole, à
Chartres (Eure-et-Loir).
1893 Roche (Georges), docteur ès-sciences, 47, boulevard Saint-
Germain, à Paris (5P).
2fx> L890 Rodriguez (Léopold), étudiant eu médecine, attaché à la
légation de Guatemala, 2, rue Racine, à Paris (6e).
1888 Rollinat (Raymond), à Argenton (Indre).
f
Pull. Soc. Zool. de Fr., 1901. xxvT— 2.
XVIII
1895 Ross (Dr Norman G.), 176, Simcoe street, à Toronto (Canada).
F Rothschild (baron Edmond de), (membre donateur), 19, rue
Laffite, à Paris (9e).
1880 Rotrou (Alexandre), pharmacien, à laFerté-Rernard (Sarthe).
1895 Roule (I)1' Louis), professeur à l'Université, 19, rue d'Alsace-
Lorraine, à Toulouse (Haute-Garonne).
1900 Rudeval(de), directeur de la Société d'Éditions scientiliques,
4, rue Antoine-Dubois, à Paris (6e).
1888 Sabatier (Dr Armand), correspondant de l'Institut, doyen de
la Faculté des sciences, à Montpellier (Hérault).
1895 Saint-Joseph (Raron de), 23. rue François Ier, à Paris (8e).
1893 Saint-Loup (Remy), sous-directeur du laboratoire de cyto-
logie du Collège de France, 15, rue de Siam, à Paris (16e).
270. 1896 Saint-Paul (Léonard de), pharmacien de l'Assistance publi-
que, 18, rue Saint-Renoît, à Paris (6e).
1897 SAND(Reué), candidat en sciences à l'Université, 95, boule-
vard du Nord, à Rruxelles (Relgique).
1894 Sanquirico (Charles), 25, rue Daguerre, à Paris (14e).
1876 Saunders (Howard), F. Z. S., F. L. S., 7, Radnor place,
Gloucester square, à Londres (Angleterre).
1884 Sauvage (Dr Emile), directeur honoraire de la Station aquicole,
directeur du Musée, 39 bis, rue Tour Notre-Dame, à Roulo-
gne sur mer (Pas-de-Calais).
1881 Sauvinet (L.-Ernest), assistant au Muséum, 57, rue Cuvier,
à Paris (5e).
1894 Sauzier (Théodore), 80, rue du Rocher, à Paris (8e).
1886 Schlumberger (Charles), ingénieur de la marine eu retraite,
16, rue Christophe-Colomb, à Paris (8e).
1896 Scott (Thomas), F. L. S., naturalist to the fishery Roard for
Scotland, 3, Menzies road, Torry. à Aberdeen (Ecosse).
1889 Secques (François), pharmacien de l'Assistance publique,
43, rue Gauthey, à Paris (17e).
280. F Sédillot (Maurice), 20, rue de l'Odéon, à Paris (6e).
1897 Selmons (G. C. M.), directeur de l'Institut d'histoire naturelle,
à Latsch (Suisse).
1895 Selous (Percy Sherboru), à Greenville, Michigan (Etats-
Unis).
1876 Shelley (captain Georges-Ernest), (membre à oie), F. Z. S.,
7, Princes street, Cavendish square, W.,à Londres (Angle-
terre).
F Simon (Eugène), 16, villa Saïd, à Paris (16e).
1899 Sliounine (Dr N.), à l'hôpital maritime de Cronstadt (Russie).
1899 Société scientifique et station zoologique d'Arcachon, à
Arcacbon (Gironde).
XIX
1893 Spengel (Dr J. \V.), professeur à l'Université, à Giesseu
(Allemagne).
1877 Steindachner (Hofralh Dr Frantz), Director des naturhisto-
rischen Hofmuseums, Burgring, à Vienne (Autriche).
1889 Stolzmann (Jean), 10, rue Wiejska, à Varsovie (Russie).
acjo. 1889 Studer (Dr Th.), professeur à l'Université, directeur du
Musée, rue des Orphelins, à Berne (Suisse).
1895 Suard (I)1 Paul), médecin de première classe de la marine, 18,
avenue Colbert, à Toulon (Var).
1888 Suchetet (André), au château d'Autiville-Bréauté, par Goder-
ville (Seine-Inférieure), et 10, rue Alain-Blanchard, à Rouen.
1897 Szczawinska (Melle Wanda), docteur ès-scieuces, 11, rue
Méehain, à Paris (14e).
1892 Targioni-Tozzetti (Adolphe), professeur à l'Institut des études
supérieures, 19, via Romana, à Florence (Italie).
1898 Ternier (Luuis), avocat, 13, rue de l'Ancienne Comédie,
Paris (6e), et a Honîleur (Calvados).
1893 Théry (André), à Saint-Charles, près Philippe ville (Algérie).
1896 Thézée (Dr Henri), professeur a PEcole de médecine, 70, rue
de Paris, à Anyers (Maine-et-Loire).
1895 Thompson (W. d'Arcy), professeur à l'Université, directeur
du Musée zoologique, à Dundee (Ecosse).
1887 Topsent (Emile), docteur ès-sciences, professeur à l'Ecole de
médecine, 30, rue Vasselot, à Rennes (ille-et-Vilaine).
3oo. 1897 Torre (Carlos de la), professeur d'anatomie comparée à
l'Université de la Havane (Cuba).
1878 Tolrnelx (Dr Frédéric), professeur à l'Université, 14, rue
Sainte-Philomène, à Toulouse (Haute-Garonne).
1894 Traizet (Emile) [membre à oie), 42, rue Notre-Dame de Naza-
reth, à Paris (3e).
1887 Trapet, pharmacien-major de première classe à l'hôpital
militaire du Dey, à Alger ^Algérie).
1895 Trouessart (D1 Edouard), 145, rue de la Pompe, à Paris (16e).
1889 Vaillant (Léon), professeur au Muséum d'histoire naturelle,
8, rue de Bulïon, à Paris (5e).
1896 Vallé (Louis), docteur ès-sciences, 41, rue de l'Abattoir,
à Tourcoing (Nord).
1891 Vaudremer (Dr Albert), 50, rue Centrale, a Cannes (Alpes-
Maritimes).
1898 Versluys (J), docteur es sciences, 80, Middenlaau, à Ams-
terdam (Hollande).
F Vian (Jules), (membre donateur), 42, rue des Petits-Champs,
à Paris (2e).
*3io. 1876 Vian (Paul), notaire, 3, rue Turbigo, à Paris (1er).
1894 Vignal (Louis), 28, avenue Duquesne, à Paris (7e).
XX
1899 Vignon, préparateur au laboratoire de Zoologie de la Faculté
des sciences, 9, boulevard la Tour Maubourg, à Paris (7e).
1900 Villatte des PnÙGNEs (Robert), ingénieur-agronome, au
Château des Prûgnes, par Vallou-en-Sully (Allier).
1888 Villedieux (Léopoldj, à Lariaux, par Saint-Rémy en Rollat
(Allier).
1897 YYard (Henry Baldwin), professeurà l'Université de Nebraska,
à Lincoln, Nebr. (Etats-Unis).
1891 Wardell Stiles (Dr Charles), correspondant de l'Académie
de médecine, Bureau of animal industry, Department of
agriculture, à Washington, D. C. (États-Unis).
1880 Wavrin (marquis de), château de Ronsele, par Somergem,
près Gand (Belgique).
1880 Weber CDr Max), professeurà l'Université, 3, Sarphatikade,
à Amsterdam (Hollande).
1890 Wierzejsky, professeur à l'Université, 6, Wielopole, à Cracovie
(Autriche).
320. 1900 Yung (Dl Emile), professeur de Zoologie à l'Université de
Cenève (Suisse).
1891 Zograf (Dr Nicolas dei, professeur à l'Université (Musée poly-
technique), à Moscou (Russie).
XXI
LISTE GÉOGRAPHIQUE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
MH =- Membre honoraire, MC = Membre correspondant
FRANGE (228)
Allier (3)
Olivier
Villate des Prugnes
Villedieux
Alpes (Basses) (1)
.Iuliany
Alpes-Maritimes (4)
Bedriaga (J. de)
Gazagnaire
Korotnev
Vaudremer
Bouches-du-Rhône (3)
Aubert
Gourret
Jourdan
Calvados (3)
Catois
Duboscq
Joyeux-Laffuic
Charente-Inférieure (1)
Gauraud
Drôme (1)
Argod-Vallon
Eure-et-Loir (1)
Robinet
Finistère (1)
Picquenard
Garonne (Haute) (4)
Jamines
Neumann
Boule
Tourneux
Gironde (4)
Gruvel
Kûnstler
Nabias (B. de)
Station d'Areachon
Hérault (I)
Sabatier
Ille-et-Vilaine (8)
Bondouy
Guérin
Guitel
Guyot
Joubin
Oberthùr
Rennes (Bibliothèque)
Topsent
Indre (3)
Delouche de Pémoret
Martin (R.)
Rollinat
Isère (1)
Grenoble (Bibliothèque)
Loir-et-Cher (I)
Buchet
Loire-Inférieure (1)
Bureau
Loiret (1)
Lucet
X \ 1 1
Lot-et-Garonne (1)
Amblard
Maine-et-Loire (3)
Maisonneuve
Oudri
Thézée
Marne (1)
Demaison
Meurthe-et-Moselle (6)
Dassonville
Hamonville (baron d')
Hecht
Marconnet
Nancy (Bibliothèque)
Nancy (Laboratoire de Zoologie)
Nord (7)
Barrois (Th.)
Brabant
Fockeu
Hallez
Malaquin
Maurice
Vallé
Oise (3)
Domet de Vorges
Janet (Ch.)
Baspail
Pas-de-Calais (3)
Kempen (Ch. Van)
Kerhervé (L.-B. de)
Sauvage
Puy-de-Dôme (3)
Bruyant
Fa u rot
Girod
Bhône (4)
Dubois (B.)
Girodon
Kcehler
Monvenoux
Sarthe (2)
Besnard
Botrou
Saône (Haute) (2)
Amaudrut
André
Saône-et-Loire (1)
Pic
Seine (15)
Berthould
Bouta n
Carné (A. de)
Chevreux (Melle)
Delage
Fleutiaux
Langlassé
Lignières
Maës
. Marchai (P.)
Marotel
Mégnin
Moulé
Pinoy
Bailliet
Paris (121)
Aconin (Georges)
Alluaud
Anghelesco
Armand-Delille
Artault
Bavay
Bignon (M""e)
Binot
Blanc
Blanchard (Mme B.)
Blanchard (B.)
Blonay IB. de)
Bonaparte (Prince B.)
Bonnaire
Bonnier (J.)
Bouvier (E.-L.)
Brissemoret
Brolemann
\x rn
Brumpt
Cazamian
Ortes
Chancel (M'»e M.)
Chariot (M"e)
Chatin (J.)
Claybroockc (J. de)
Clément
Collardeau du Haume
Coutièrc
Dalmas (Comte de)
Dautzenberg
Davenière
Dollfus (A.)
Dollfus (G.)
Dominici
Donckier de Donceel
Dongé
Douvillé
Duchaussoy
Emery
Filhol
Fischer
Foà
François
Freyssinge
Gâche
Garcia
Gaudry
Gaulle (J. de)
Gervais
Grandidier
Greenough
Guerne (Baron J. de)
Guiart
Hérouard
Hérubel
Houssaye
Janef (A.)
Joanin
Jousseaume
Jumentié
Klincksieck
Kûnckel d'Herculais
Labbé
Lacaze-Duthiers (II. de), .'/. H.
La Hier
Lamy
La relier
Launois
Lavergue de Labarrière
Lévy (Melle)
Loyez (M,lle)
Magne
Maillet
Marmottan
Martin (Dr H.)
Metshnikov
Moniez
Moreau
Muséum (Bibliothèque)
Muséum (Lab. de Zoologie).
Nadar
Nerville (F. de)
Neveu-Lemaire
Odier
Oustalet
Pacault
Pages
Pellegrin
Perrier
Petit (L.)
Portier
Pruvôt
Bacovitza
Begnard
Beyckaert
Bibemont-Dessaignes
Bichet
Bobert
Boché
Bodriguez
Bothschild (Baron Edm. de)
Budeval (de)
Saint-Joseph (Baron de)
Saint-Loup
Saint-Paul (L. de)
Sanquirico
Sauvinet
Sauzier
X XIV
Schlumberger
Socques
Sédillot
Simon
Szczawinska (Me"e)
Ternier
Traizet
Trouessart
Vaillant
Vian (J.)
Vian (P.i
Vignal
Seine-et-Oise (2)
Caustier
Pierson
Seine-Inférieure (4)
Gadeau de Kerville
Lennier
Pennetier
Suchetet
Somme (1)
Marchai (G).
Tarn (2)
Miégemarque
Prou ho
Var (3)
Barrois (J.)
Régnier
Suard
Vaucluse (1)
Chobaut
Odin
Vendée (1)
ÉTRANGER(115)
EUROPE (91)
AÇORES (1)
Chaves
Allemagne (10)
Berlin (Musée)
Blasius (R.)
Blasius (W.)
Braun
Carus
Frierilânder
Hertwig (R.)
Môbius, M. II.
Plate (L.)
Spengel
Alsace (1)
Strasbourg i Bibliothèque)
Autriche-Hongrie (11)
Apfelbeck
Agram (Musée)
Brusina, M. C.
Fritsh, M. C.
Grafl (L. von), M. C.
Palackv
Paszlavszky
Ràtz (S. von)
Steindachner
Vejdovsky, M. C.
Wierzejsky
Belgique (8)
Bambeke (Ch. van)
Dubois (Alph.)
Julin
XXV
Philippson
Portugal (1)
Plateau
Sand
Barboza du Bocage, M. H.
Van Beneden (Ed.), M. II.
Wavrin (Marquis de)
Roumanie (5)
Espagne (3)
Antipa
Bolivar
Bujor
Buen (Odon de)
Cosmovici
Orueta (D. de)
Jaquet
Léon
Grande-Bretagne (il)
Boucard
Bussie (8)
Campbell
Branicki (Comte X.)
Fullarton
Kovalevsky (A.), M. H.
Gûnther, M. H,
Krasilshtshik
Minchin
Lande
Murray (John), M. H.
Pavlov (Mme M.)
Saunders
Sliounine
Scott
Stolzmann
Sharpe, M. H.
Zograf
Shelley
Thompson
Serbie (1)
Georgevitch
Hollande (5)
Suède (3)
Horst, M. C.
Man (J.-G. de)
Lilljeborg, M. 11.
Sluiter, M. C.
Nordenskjôld (Baron), M. H
Versluys
Olsson
Weber
Suisse (10)
Italie (8)
Bedot
Arrigoni degli Oddi (Comte)
Fatio
Brian
Field
Gamerano
Genève (Musée)
Maggi
Larguier des Bancels
Magretti
Loriol
Pavesi
Preudhomme de Borre
Perroncito
Selmons
Targioni-Tozzetti
Studer
Monaco (2)
Yung
Albert I" (S. A. S. le Prince)
Turquie (1)
Bichard
Ismaïl Hakki
Norvège {1)
Ellingsen
Nansen, M. H.
XXVI
Japon (1)
Oka
ASIE (1)
AFRIQUE (6)
Algérie (3)
Chevreux (Ed.)
Maupas
Théry
Egypte (1)
Morgan (J. de)
Brésil (1)
Malgalhâes (P. S. de)
Canada (2)
Bailly
Ross
Chili (1)
Porter
Cura (1)
Torre (de La)
Etats-Unis (8)
Agassiz, M. H.
Barrows
Maurice (Ile) (1)
Daruty de Grandpré
Tunisie
Travet
AMERIQUE (17)
Garman
Moore
Packard
Selous
Ward
Wardell Stiles
Guyane (1)
Gaudin
Mexique (2)
Dugès, M. C.
H errera
Uruguay (1)
Areehavaleta
LISTE DES MEMBRES DÉCÉDÉS
pendant Vannée rgoo
1885 Huet (D* L.).
1898 Inguenitzky (Jean).
1886 Milne Edwards (A.).
1878 Sklys Longchamps (Barou de).
XXVII
BUREAU ET CONSEIL POUR L'ANNÉE 1901
Membres du Bureau :
MM.
Président . Dr E. Trouessart.
... , ., ( Bava y.
^ ice-Prestaents <
( Dr J. Richard.
Secrétaire général Dr J. Guiart.
\ M. Neveu-Lemaire.
Secrétaires .... < „, „
/ E. Brumpt.
Trésorier Gh. Schlumrerger.
Archiviste-Bibliothécaire Fr. Secques.
Bibliothécaire-adjoint L. Freyssinge.
Membres du Conseil
/° Membres donateurs
S. A. S. le prince Alrert Ier,
de Monaco.
Mme R. Blanchard.
Prof. R. Blanchard.
A. Brian.
Prince R. Ronaparte.
Mme M. Chancel.
Ed. Ghevreux.
Ph. Dautzenberg.
Ron J. de Guerne.
Dr J. Guiart.
A. Magne.
Ron de Rothschild.
J. Vian.
2° Anciens présidents
Prof. E.-L. Bouvier.
Prof. Moniez.
Prof. Filhol.
Gh. Janet.
Prof. Y. Delage.
Pour 1899
Pour 1900
Pour 1931
5° Membres élus
H. Brôlemann.
A. Certes.
P. Marchal.
E. Oustalet.
A.-L. Clément.
Dr F. Jousseaume.
Dr E. Racovitza.
E. Simon.
G. Dollfus.
Dr HÉROUARD.
X. Raspail
Prof. Vaillant.
XXVIII
LISTE DES PRÉSIDENTS
DEPUIS LA FONDATION DE LA SOCIETE
Président honoraire : M. J. Vian.
MM.
1876 J. Vian
1877 J. Vian.
1878 F. Jolsseaume.
1879 E. Perrier.
1880 J. Vian.
1881 F. Lataste.
1882 E. Simon.
1883 J. Kunckel d'Herculais.
1884 M. Chaper (f 1896).
1885 P. Mégnin.
1886 P. Fischer (f 1893).
1887 A. Certes.
1888 J. Jullien (f 1897).
MM.
1889 G.
1890 J.
1891 A.
1892 Ph
1893 E.
1894 L.
1895 L.
1896 E.-
1897 R.
1898 H.
1899 Ch
1900 Y.
1901 E.
Cotteau (f 1894).
de Guerne.
Railliet.
. Dautzenrerg.
Oustalet.
Faurot.
Vaillant.
L. Bouvier.
Moniez.
Filhol.
. Janet.
Delage.
Trouessart.
Séance du 8 Janvier igoi
PRÉSIDENCE DE MM. Y. DELAGE ET TROUESSART
M. le professeur Y. Délace souhaite la bienvenue à Madame
CiIrodon et à Mademoiselle Blanchard, qui assistent à la séance.
Il adresse les félicitations de la société à MM. L. Joubin et
.1. Richard, nommés commandeurs de l'ordre de Danilo lei et à
M. E. Brlmpt, reçu docteur ès-sciences.
M. le professeur R. Blanchard rappelle les circonstances toutes
particulières dans lesquelles M. Brumpt a dû terminer sa thèse de
Doctorat es sciences, afin de pouvoir partir pour un long voyage
en Afrique. Il a été reçu néanmoins avec la mention la plus
honorable qui soit délivrée par la Faculté de Paris et M. le profes-
seur B. Blanchard propose de lui adresser avant son embarquement
un télégramme de félicitations et de bons souhaits. Le télégramme
est voté par acclamations.
M. le professeur Y. Delage, président sortant, prononce alors
une allocution pour rappeler les principaux événements de l'année.
11 adresse un souvenir ému aux membres décédés: MM. Huet,
Inguenitzky, A. Milne-Edwards et de Selys-Longchamps. Il rap-
pelle les nombreuses nominations dont bou nombre de nos collè-
gues ont été honorés, et insiste en particulier sur la manifestation
dont M. le professeur H. de Lacaze-Duthiers a été l'objet. 11 remer-
cie M. le professeur Hallez et M. le docteur Racovitza qui ont con-
tribué au succès de notre Assemblée générale et rappelle le succès
des Causeries scientifiques, dont il s'était fait le promoteur, il y a
juste un an. Il a craint un moment que cette innovation ue pût
elïrayer quelques-uns de nos collègues, certaines Causeries ayant
pu paraître trop biologiques et pas assez zoologiques. Mais ses
scrupules furent de courte durée quand il vit le succès qui les
accueillit, succès qui n'avait du reste rien d'étonnant, car la
zoologie ne vit en somme que par la taxinomie et la biologie. Or il
est dilïicile à l'heure actuelle d'être compétent dans ces deux
sciences et, ne pouvant être universel, il est heureux que les
taxinomistes puissent aider les biologistes et réciproquement. Il
montre par un exemple ce que peut faire l'association de ces
deux sciences sœurs et souhaite que les membres de la Société
Zoologique de Fiance continuent à venir exposer et échanger leurs
2 SÉANCE DU 8 JANVIER 1901
idées sans distinction de titre ou de spécialité, car chacun dans sa
sphère rend les mêmes services à la zoologie et il faut que chacun
soit bien persuadé qu'il n'y a pas de vraie zoologie sans les biolo-
gistes, pas plus qu'il n'y en aurait sans les taxinomistes. C'est du
reste ce qu'a bien compris notre nouveau Président, M. le docteur
Tuouessart, puisqu'il a voulu être à la fois taxinomiste et biologiste.
M. le docteur Trouessakt, président pour l'année 1901, prend
place au fauteuil et prononce l'allocution suivante :
« Mes chers Collègues,
» Je remplis uu devoir agréable eu commençant par vous remer-
cier de l'honneur très grand que vous voulez bien me faire en
m'appelant à ce siège présidentiel occupé successivement avant
moi par de savants professeurs du Muséum et de la Sorbonne. ou
par des spécialistes dont le nom est universellement connu et
estimé des Zoologistes du monde entier. Cet honneur, j'en suis
persuadé, je le dois bien moins à mes modestes travaux qu'à l'ardent
intérêt que je porte à notre Société, et que je n'ai guère prouvé
jusqu'ici que par mou assiduité à ses séances. Dans la nouvelle
charge que vous venez de m'octroyer, je m'efforcerai de faire
davantage.
» Dans quelques semaines nous aurons la satisfaction de fêter le
vingt-cinquième anniversaire de la fondation de la Société Zoologi-
que de France. Après une enfance agitée et difficile, cette Société a
joui d'une jeunesse tranquille et laborieuse. Reconnue déjà d'uti-
lité publique, elle atteint maintenant l'âge viril, et n'a plus qu'à
marcher d'un pas sur vers ses destinées futures. Si notre Société
occupe aujourd'hui cette situation prospère, on ne saurait trop le
rappeler, elle le doit avant tout à l'énergie et au dévouement de
son secrétaire-général, M. le professeur Raphaël Blanchard qui,
pendant 23 ans, a été littéralement 1 aine de cette Société et qui
continuera à veiller sur elle en devenant sou secrétaire-général
honoraire. Dans quelques jours, nous aurons la joie de saluer en
lui le Président d'honneur de notre 8e Assemblée générale annuelle.
» Aujourd'hui, Messieurs, j'ai la bonne fortune de succéder
immédiatement, dans ce fauteuil, à M. le professeur Yves Delage,
c'est-à dire à un savant qui porte en ce moment très haut le dra-
peau de la science française. C'est une lourde succession à recueil-
lir, et j'en serais effrayé si je n'avais l'espoir d'en profiter eu
continuant simplement les saines et laborieuses traditions que
mon Prédécesseur a instituées parmi nous. Vous savez tous quelle
SÉANCE DU 8 JANVIER 1901 3
puissante impulsion M. le professeur Delagi: a dounée à nos travaux
en inaugurant ces conférences bi-mensuelles qui accroissent l'inté-
rêt de nos séances et doublent le volume de nos publications. Si
j'en juge par les résultats obtenus après quelques mois à peine,
cette impulsion n'est pas près de s'arrêter. C'est aux jeunes mem-
bres de notre Société que je lais de nouveau appel, eu leur deman-
dant de nous continuer, avec le zèle et le dévouement dont ils ont
déjà fait preuve, ces Causeries si instructives qui résument sous
une forme facile et attrayante les progrès incessants de la science.
» Je termine, mes chers Collègues, en réclamant toute votre
indulgence pour mou inexpérience dans mes nouvelles fonctions.
J'aurai d'ailleurs près de moi. pour me guider, mon aimable
confrère et ami, M. le docteur Guiart, notre nouveau secrétaire-
général, qui, remplissant par le fait, depuis plusieurs années déjà,
les fonctious compliquées et laborieuses que ce titre comporte,
voudra bien m'aider dans la direction de nos séances et de toutes
les réunions de la Société. Je compte avant tout sur la bonne
volonté de chacun de vous, qui m'est déjà connue et qui n'a pas
besoin d'autre stimulant que les sentiments de bonne confraternité
qui sont de tradition entre les membres de la Société Zoologique
de France. ».
M. le professeur R. Blanchard, secrétaire-général honoraire,
prononce les paroles suivantes :
« Mes chers Collègues,
» Je vous demande la permission de vous faire part des senti-
ments que j'éprouve à l'heure présente ; cette première séance de
l'année 1901 est une date importante dans ma vie, puisque pour la
première fois depuis vingt trois ans je n'occupe plus le fauteuil de
secrétaire général de notre Société. Voilà deux ans déjà je manifestai
le désir de donner ma démission, certain que M. le docteur Guiart,
auquel vous avez bien voulu conlier les fonctions de secrétaire-
général adjoint sur ma proposition, saurait maintenir la Société
dans la voie de prospérité où elle est engagée depuis plusieurs
aunées et contribuerait encore à son développement. Vous avez eu
la grande amabilité d'insister pour que je conserve mes fonctions
jusqu'au commencement du siècle, cette date devant coïncider
avec le vingt-cinquième anniversaire de notre existence. J'accédai
très volontiers à votre demande si flatteuse pour moi, mais l'heure
de la retraite a sonné et je laisse avec contiance la direction de
4 SÉANCE DU 8 JANVIER 1901
notre chère Société entre les mains de M. Guiart dont vous avez
pu, ces deux aunées dernières, apprécier le dévouement et la
grande courtoisie. La Société a trouvé en son nouveau secrétaire-
général un homme jeune et actif, qui saura lui amener de nom-
breux adhérents et y maintenir ces habitudes de bonne confrater-
nité qui ont été pour une si grande part dans notre succès. Je puis
donc en toute sécurité me retirer sous ma tente : l'avenir est
assuré ; il s'auuonce brillant et prospère.
» Vous comprendrez, mes chers Collègues, que ce n'est pas sans
une certaine émotion que je résigne aujourd'hui les fonctions de
secrétaire-général que j'ai remplies pendant vingt-trois ans. J'ai
consacré à la Société une si large part de ma vie que j'en étais
arrivé à la considérer un peu comme mou enfant. La confiance dont,
pendant cette longue période, vous n'avez cessé de m'houorer, a
été mon principal stimulant et je suis heureux de vous en expri-
mer du fond du cœur ma bien vive reconnaissance.
» Je crois sincèrement que j'ai contribué en effet à la prospérité
de notre Société, à la tète de laquelle vous m'avez placé eu escomp-
tant simplement l'avenir, alors que ni mon passé, ni mes qualités
ou mes relations personnelles n'étaient une garantie de succès.
J'étais alors un simple étudiant de 20 ans : je n'ai pas hésité
néanmoins à assumer la lourde tâcae qui m'était offerte, parce que
l'œuvre entreprise était bonne et devait réussir, surtout parce que
ceux qui à cette époque déjà lointaine fréquentaient les séances
m'avaient eux-mêmes donné l'exemple du dévouement dans les
circonstances particulièrement difficiles où je fus appelé au secré-
tariat général. C'est à eux, c'est à vous tous, mes chers Collègues,
que je dois d'avoir pu mener à bien ma tâche. Parmi ces pionniers
delà première heure qui ont fait de notre Société ce qu'elle est, j'ai
grand plaisir à évoquer le souvenir de tous les anciens Présidents
et en particulier à envoyer un salut respectueux et reconnaissant à
notre Président d'honneur, M. Jules Vian.
» Au moment où je prends ma retraite ou plus exactement au
moment où je quitte le bureau de la Société, car vous pensez bien
que je serai, comme par le passé, fidèle à nos séances, et que
j'aurai grand plaisir à me trouver parmi vous, vous avez tenu à me
témoigner encore votre amitié en me conférant, par un vote
unanime, le titre de Secrétaire-général honoraire. C'est là, je le
pensais du moins jusqu'à ce jour, la plus grande marque d'afîec-
tion qui puisse me venir de vous. Mais je viens de prendre connais-
sance, au cours de cette séauce, d'une circulaire émanant du Con
SÉANCE DU 8 JANVIER 1901 5
seil, adressée à tous nos Collègues et ouvrant une souscription
daus le but de m'olïrir une médaille avec mon effigie. S'il était
temps encore d'arrêter une souscription ouverte à mon insu depuis
plusieurs jours déjà, je vous dirais que vous faites trop pour moi et,
heureux d'une aussi tlatteuse attention, je vous prierais de ne pas
donner suite à votre projet. Mais il est trop tard, puisque
M. le Trésorier, d'après ce que je viens d'apprendre, a déjà
encaissé des sommes importantes. Les mots me manquent pour
vous dire à quel point je suis sensible à une pareille manifestation.
J'avais trouvé dans votre constante sympathie, dans votre amitié à
tous, la meilleure des récompenses pour tout ce que j'ai pu faire :
appelé par la confiance de ses Collègues au poste de secrétaire-
général, chacun de vous eût fait ce que j'ai fait et je ne doute
point que votre dévouement n'eût égalé le mien et que votre succès
n'eût largement dépassé le mien. Aussi permettez-moi de dire que
cette nouvelle manifestation dont je suis l'objet me paraît immé-
ritée. Je l'accepte néanmoins d'un cœur ému et reconnaissant,
puisque c'est moi maintenant qui serai à tout jamais votre obligé,
c'est-à-dire l'obligé de notre chère Société pour la prospérité de
laquelle je forme les vœux les plus ardents. »
M. le docteur Guiart, secrétaire-général, prononce l'allocution
suivante :
« Mes chers Collègues,
» Permettez-moi à mon tour de prendre la parole pendant quel
ques instants pour remercier M. le professeur R. Blanchard des
aimables paroles qu'il vient de m'adresser. Je ne mérite nullement
les éloges qu'il a fait de moi, car il m'a toujours prodigué, avec
l'entrain que vous lui connaissez, ses précieux conseils et, depuis
deux ans que je remplis les fonctions de secrétaire général adjoint,
si vous n'avez pas eu trop à vous plaindre de moi, c'est à lui par
conséquent que je le dois et c'est à lui que doivent retourner vos
éloges. Je vous suis très reconnaissant de la confiance que vous
avez bien voulu me témoigner en me confiant le secrétariat général
de la Société Zoologique de France. Je ferai mon possible pour
continuer à mériter votre estime, mais s'il m'arrivait d'avoir
quelques moments de défaillance pardonnez-les moi, car la tâche
est quelquefois assez lourde et demande un tact particulier qui ne
s'acquiert guère qu'avec l'expérience.
» Lorsque l'on succède à quelqu'un, on a coutume de faire son
Bull. Soc. Zool. de Fr., 1901. xxvi. — 3.
6 SÉANCE DU 8 JANVIER 1901
éloge, mais il me semble que dans mou cas particulier, c'est parfai-
tement inutile, vous connaissez tous M. Blanchard aussi bien que
moi, voire même mieux que moi. Du reste je ne lui succède pas en
réalité, car j'espère continuer les saines traditions qu'il a su implan-
ter à la Société Zoologique de France ; il n'y aura donc simplement
qu'un nom de changé. Je suis heureux qu'en l'honneur de notre
vingt-cinquième anniversaire la présidence de notre assemblée
générale lui ait été confiée, car s'il n'est pas le fondateur de notre
Société, il ne faut pas oublier qu'elle lui doit cependant d'exister et
puisqu'elle peut compter en somme comme un de ses enfants, je
vais vous demander quelques minutes d'attention pour vous parler
d'elle et ce sera eu même temps le meilleur éloge que je pourrai
faire de M. Blanchard en vous montrant la réussite de son œuvre.
» La Société Zoologique de France fut fondée le 8 juin 1876 par
une réunion de naturalistes et d'amateurs, en tète desquels il con-
vient de citer M. Jules Vian, le premier Président. Dès le premier
jour de sa fondation, la Société Zoologique comptait soixante
Membres qui reçurent le titre de Membres fondateurs et dont quel-
ques-uns existent encore aujourd'hui. Malheureusement la prospé-
rité ne fut pas de longue durée. Dès l'année 1879, à la suite de cir-
constances particulièrement pénibles que je ne veux pas rappeler
ici, le Bulletin ne paraissait plus et le Président et beaucoup de
Membres démissionnaient ; la Société était à deux doigts de sa
perte.
» Un jeune étudiant en médecine, âgé alors d'uue vingtaine
d'années, sétait fait remarquer par son intelligence et son activité ;
quelques membres songèrent alors à lui conlier les fonctions de
secrétaire général. On le trouvait trop jeune, mais il sut néanmoins
inspirer confiance et emporter les suffrages de ses collègues. En
quelques mois, grâce à son activité et son dévouement, il remet la
Société sur pied : les publications réapparaissent et les Membres
nouveaux arrivent en foule. Ce jeune homme est devenu M. le pro-
fesseur Baphaèl Blanchard, à qui la Société Zoologique de France
doit, de ce fait, une reconnaissance très méritée. A cette époque
on eut du reste à enregistrer de nombreuses preuves de dévouement,
comme on est toujours heureux d'en constater dans les moments
de découragement et de tristesse. C'est ainsi que la Société Zoolo-
gique appelait récemment M. le professeur L. Bureau, de Nantes,
à la Présidence d'honneur de son Assemblée générale annuelle,
pour le remercier précisément du dévouement dont il avait fait
preuve eu 1879. A la tète des réorganisateurs, il convient de citer
SÉANCE DU 8 JANVIER 1901 7
également M. J. Vian, qui ne craignit pas de payer de sa personne
et de sou argent et mérita l'honneur exceptionnel d'occuper trois
fois le fauteuil présidentiel et d'acquérir depuis, en témoignage
de reconnaissance, le titre de Président honoraire.
» La Société Zoologique de France progressa dès lors, à pas de
géant, à tel point que, dès ISSN, le Conseil décidait qu'il y avait
lieu de provoquer à Paris, un Congrès zoologique international pen-
dant l'Exposition de 1889. Le gouvernement en accepta le patro-
nage et le Congrès eut lieu du 5 au 10 août 1889, sous la présidence
de M. A. Milne-Edwards, directeur du Muséum d'histoire naturelle.
Il compta 280 .Membres et eut le plus grand succès.
» La Société Zoologique devait en ressentir le contre-coup et de
nouveaux progrès ne tardèrent pas à en résulter. Dès 1888, le
Bulletin ayant pris trop d'extension se dédouble en deux publica-
tions : le Bulletin et les Mémoires. Depuis lors, les progrès furent
continus : les publications de la Société Zoologique sont aujour-
d'hui très appréciées dans le monde entier et les Congrès zoologiques
qui se sont succédé à Moscou (1892), à Leyde (1895) et à Cambridge
(1898), ont prouvé que son œuvre était féconde.
» Dès 1892, à un banquet, M. A. Milne-Edwards retraçait, du
reste, dans un discours plein de verve, ce qu'avait été la Société
Zoologique de France, ce qu'elle était actuellement et il disait les
espérances que la science fondait sur elle. Cette réunion eut le plus
franc succès et montra qu'il ne suffisait pas de se réunir tous les
trois ans avec les Zoologistes du monde entier. Les Zoologistes
français étaient bien aises aussi de pouvoir, une fois l'an, se réunir
dans une assemblée amicale afin d'échauger leurs idées et de resser-
rer les liens de camaraderie. C'est dans ce but que fut fondée la
Réunion générale annuelle.
» La première eut lieu en février 1894 sous la présidence d'hon-
neur de M. A Milne-Edwarus et dès lors elles se succédèrent
d'année en année. Les présidents d'honneur en sont tour à tour :
MM. A. Milne Edwards et A. Galdry, de Paris; Saratier, de Mont-
pellier ; Van Bambeke, de Gand ; Bureau, de Nantes ; Fatio, de
Genève, et Hallez, de Lille. Des conférences annuelles sont ins-
tituées et MM. Ch. Janet, de Beauvais ; Joubin, de Bennes;
Cuénot, de Nancy ; Roule, de Toulouse, et Bacovitza, de Paris, se
succèdent pour venir exposer certaines des grandes questions qui
intéressent les Zoologistes. Le renom de ces Congrès annuels va sans
cesse en augmentant et depuis deux ans les communications sont
tellement nombreuses que la séance générale a dû être dédoublée.
8 SÉANCE DU 8 JANVIER 1901
» Tous ces efforts ont eu du reste un autre résultat : notre recon-
naissance d'utilité publique par le gouvernement, le 16 Décembre
1896. La Société Zoologique de France est aujourd'hui en pleine
période de prospérité et elle n'attend plus que les dons que vou-
dront bieu lui faire des donateurs généreux pour lui permettre
d'augmenter encore la perfection de ses publications, de créer au
besoin des enseignements nouveaux et de caresser un rêve qui
se réalisera peut-être quelque jour, celui d'être enfin entièrement
dans nos meubles et d'avoir un siège social où nous puissions
étendre à l'infini notre bibliothèque.
» Voilà ce qu'était la Société Zoologique de France quand
M. le professeur R. Blanchard vous a prié de vouloir bien m'adjoin-
dre à lui. Il ne m'appartient pas de dire si depuis elle a continué à
progresser, je serais trop mauvais juge en la question. Quoi qu'il
arrive, soyez bien persuadés que j'aime sincèrement notre chère
Société et que mon dévouement lui est acquis pour aider le pro-
fesseur R. Blanchard et nos futurs Présidents à la conserver
prospère. Je vous supplie simplement de vouloir bien vous faire
tous mes collaborateurs et si vous avez la moindre appréhension,
le moindre reproche à m 'adresser, vous me ferez plaisir en me
l'adressant franchement, afin que je puisse en prendre bonne note
et, avec l'autorisation du Conseil, vous contenter dans la mesure
de mes moyens.
» Née d'hier notre Société s'est développée du reste si rapide-
ment dans le siècle qui vient de finir que j'espère pour elle une
heureuse carrière dans le siècle qui vient de commencer. »
MM. de Guerne et Guiart présentent M. Gourret, professeur-
adjoint à la Faculté des sciences de Marseille.
M. Clément est proclamé membre du Conseil, en remplacement
de M. le docteur J. Richard, vice-Président.
M. le professeur R. Blanchard annonce que les premières Confé-
rences de Y Enseignement colonial libre ont eu un tel succès qu'à
partir de la prochaine séance elles auront lieu dans le grand
amphithéâtre du Muséum, 57, rue Cuvier. Il tient à remercier les
personnes qui ont contribué au succès de ces Conférences et
adresse en particulier ses bien sincères félicitations à notre collè-
gue M. Guillaume Grandidier, dont la première Conférence, si
intéressante, a contribué pour beaucoup au succès de l'entreprise.
9
S (ui/i ce du an Janvier igoi.
PRÉSIDENCE DE M. LE Dr TROUESSART. PRÉSIDENT
ET DE M. BAVAY, VICE-PRÉSIDENT.
M. le Président adresse les félicitations de la Société à M. le
professeur Joubin, nommé Officier de la Couronne de Roumanie et
Officier de l'ordre de Saint-Jacques du Portugal.
M. le professeur Gourret, présenté à la précédente séance, est
proclamé membre de la Société.
M. le Secrétaire général fait part à la Société d'une décision
du Conseil en vertu de laquelle les Causeries scientifiques sont mises
en dépôt à la Société d'éditions scientifiques, 4, rue Antoine Dubois.
Le Conseil à cette même séance a procédé à la nomination de M.
Freyssinge, pharmacien, en qualité de Bibliothécaire adjoint.
M. le Secrétaire-général annonce que le jeudi 24 janvier, à 8 h. 1/2
du soir. M. le professeur R. Blanchard fera, sous les auspices de
l'Association française pour l'avancement des sciences, une confé-
rence sur le Rôle des Insectes dans la propagation des maladies.
11 annonce également que les deux prochaines conférences de
l'Enseignement colonial libre seront fnites par M. Grandidier et
auront trait à la Zoologie de Madagascar.
M. le Dr Trouessart fait une communication sur l'hygiène chez
les animaux. M. Bavay, Vice-Président, le remplace au fauteuil
présidentiel.
M. le professeur Y. Delage rappelle les expériences de Lœb, qui
aurait pu obtenir des fécondations sans le secours des sperma-
tozoïdes. Il a pris un animal, l'Oursin, chez lequel la parthéno-
genèse n'existe pas et est arrivé à la déterminer en traitant des
œufs vierges par une certaine solution de chlorure de magnésium ;
ces œufs reportés dans l'eau de mer se segmentaient aussitôt et
donnaient des pluteus normaux. Lœb a donc pensé que la segmen-
tation pouvait être due à l'apport de chlorure de magnésium par le
spermatozoïde. La première chose à faire était donc de rechercher
si le spermatozoïde de l'Oursin renferme effectivement plus de
magnésium que l'ovule. C'est ce qu'a fait M. Delage, aidé de son
fils, et ils ont pu arriver à cette conclusion que le spermatozoïde
renferme en réalité un peu moins de magnésium que l'ovule. Lœb
a du reste lui-même abandonné son hypothèse et pense avec
Bataillon qu'il y a perte d'eau dans le magnésium et que c'est à
cette soustraction d'eau que serait due la segmentation.
10 SÉANCE DU 22 JANVIER 1901
LES PRATIQUES D'HYGIÈNE CHEZ LES ANIMAUX
PAR
LE Dr E. TROUESSART
Les pratiques d'hygiène qui se sont développées peu à peu dans
les sociétés humaines, ont presque toutes leur origine chez les
animaux, en ce sens que l'Homme semble n'avoir eu qu'à imiter, ou
même à utiliser pour son usage, la plupart de ces pratiques.
Nous ne chercherons pas, pour le moment, à élucider la question
de savoir si ces pratiques ont été simplement instinctives chez
l'Homme comme chez les animaux, ou bien si elles dénotent uu
raisonnement psychique d'un ordre plus élevé, une véritable
intelligence. Mais il n'est peut-être pas hors de propos de chercher
à grouper ces pratiques sous des chefs précis, qui nous permettent
d'en apprécier plus facilement l'utilité pour la conservation de
l'individu et de l'espèce. Cette étude, poursuivie méthodiquement,
dans toute la série animale, ne pourrait manquer de jeter quelque
lumière sur la question qui semble avoir préoccupé depuis long-
temps les naturalistes (4): ranimai est-il simplement un être instinctif,
ou doit-on lui reconnaître une véritable intelligence?
Les pratiques que l'Homme civilisé rattache à ce qu'on appelle
l'hygiène, c'est-à-dire à l'entretien de la santé, s'observent surtout
chez les animaux vivant en sociétés plus ou moins nombreuses ;
mais on peut les observer aussi chez les autres, car le besoin de la
reproduction existe chez tous les animaux, et le groupement qui
constitue la famille, ne fût-elle composée que de la mère et de ses
petits, constitue une société sous sa forme la plus rudimentaire.
On peut grouper ces pratiques sous les quatre chefs suivants :
1° éloignement des déjections et des déchets ;
2° éloignement ou disparition des cadavres ;
3° aération des habitations;
4° conservation des provisions de bouche.
§ I. Eloignement des déjections et des déchets
dans les sociétés animales.
Les soins de propreté que l'on constate chez presque tous les
animaux sont très certainement purement instinctifs, et les moyens
(1) Buchner (L.). La vie psychique des bêtes, traduit de l'allemand par Ch.
Letourneau (1881).
SÉANCE DU 22 JANVIER 1901 H
que la plupart emploient pour se nettoyer ne sont rien moins
qu'hygiéniques, au moins à notre point de vue d'Hommes civilisés.
Le Chat qui vient de manger se nettoie en se servant de sa langue
râpeuse et de sa patte enduite de salive; il agit de même si quel-
ques gouttes d'urine, quelques traces de ses déjections ont souillé
son pelage. On peut affirmer hardiment qu'il cherche surtout à se
déharrasser d'un corps étranger qui le gêne et qui pourrait, en
agglutinant ses poils, nuire à la liberté de ses mouvements. La
preuve, c'est qu'il agit de même lorsqu'une main malicieuse
ébourifïe sou pelage sous prétexte de le caresser. De même s'il est
blessé à la patte et qu'on essaie de le panser, il arrachera le panse-
ment et léchera avec acharnement le liquide dont on aura baigné la
plaie, aussi bien que le sang et le pus qui en découlent. L'hygiène
n'a évidemment rien à faire ici, et cependant la plaie guérira dans
un temps donné. Les animaux qui se baignent cherchent surtout à
se rafraîchir : les Éléphants qui s'arrosent avec leur trompe,
s'inondent souvent de sable ou de boue et ne songent nullement à
se nettoyer ensuite en s'arrosant d'une eau plus pure qui est
pourtant à leur portée.
Le Chat qui enterre ses déjections avec le soin que l'on connaît
ne semble pas du tout remplir uu devoir d'hygiène. Il est beaucoup
plus vraisemblable que cet instinct inné lui vient du besoin de faire
disparaître toute trace de son passage, pour mieux échapper à ses
ennemis. La même préoccupation se retrouve chez beaucoup
d'autres animaux. Le Rhinocéros d'Afrique, animal stupide mais
d'une méfiance extrême, revient sur ses pas pour pulvériser avec
sa longue corne nasale ses fumées, qui ressemblent à celles du
Cheval mais sont beaucoup plus volumineuses.
La Chatte qui vient de mettre bas dévore son placenta. C'est une
pratique qui se retrouve chez les femelles de presque tous les
Mammifères.
Il semble que ces animaux aient la notion que cet objet gênant
et devenu étranger à leur corps doit disparaître par le procédé le
plus expéditif qui soit à leur portée (1). La Chatte, qu'elle soit
(1) Comme le fait observer M. le professeur Delage, il y a probablement aussi
dans ce cas l'instinct de faire disparaître un objet qui peut mettre l'ennemi sur la
trace de la mère et de ses petits. Il est plus singulier de retrouver cette pratique
chez certaines races humaines :
« Autrefois, chez les indigènes brésiliens, le père coupait le cordon avec ses
dents, lavait l'enfant et le peignait de rouge et de noir. Reynal prétend môme
que les Topinambouset les Tapuyas d'Amérique, après la délivrance, se régalaient
avec les enveloppes fœtales et le cordon ombilical. » (G. J. Witkowski, Histoire
des accouchements chez tous les peuples, p. G33).
12 SÉANCE DU 12 JANVIER 1901
installée dans la paille d'un grenier ou sur un lit douillet, soigneu-
sement préparé par ses maîtres en vue de sa prochaine maternité,
nettoie avec soin ses petits et sa préoccupation constante est de
les empêcher de salir de leurs déjections le nid qu'ils ne doivent
quitter qu'au bout de plusieurs semaines. Pour cela, on connaît le
procédé qu'elle emploie : sa langue joue le rôle d'un .suppositoire
pour forcer les petits à se vider quand elle le juge à propos, et son
estomac est encore ici le réceptable que la nature met constamment
à sa portée.
J'ai vu une Chatte s'acharner à lécher pendant des heures entières
un petit de couleur blanche mais portant une tache noire assez mal
placée sur les flancs : évidemment la mère se figurait que sa vigi-
lance s'était trouvée en défaut et que cette tache inopportune était
une ordure que sa langue pouvait enlever.
Les Mammifères qui vivent dans des terriers ont soin de ne pas
salir leur demeure habituelle. Ils sortent et s'éloignent plus ou
moins pour satisfaire leurs besoins naturels. Pendant le sommeil
hibernal ces besoins sont abolis. Les Marmottes se réveillent tous
les quinze jours pour aller, au dehors, vider leur vessie (1) : mais
elles n'ont pas de déjections solides. Pendant l'été, elles se rendent
toujours au même endroit pour y déposer leurs excréments. Les
Chauves-souris endormies dans les cavernes et suspendues la tête
en bas, se retournent afin d'uriner sans souiller leur pelage. Y a-t-il
là un véritable besoin de propreté ou simplement l'instinct de ne
pas se mouiller, et, quand il s'agit d'un terrier, de ne pas encombrer
le domicile habituel de déjections qui le combleraient en peu de
temps? Ce qui est certain c'est qu'en général on ne trouve dans le
terrier aucun objet étranger, sauf les provisions que l'animal y
accumule à dessein, et qui sont placées dans un réduit particulier
faisant fonction de magasin : le nid de la femelle près de mettre
bas, lorsqu'il est souterrain, est également construit à part et
toujours bien distinct du terrier proprement dit.
Au contraire des Mammifèrs, beaucoup d'Oiseaux semblent peu
soucieux d'écarter leurs déjections et les débris de nourriture du
nid où ils pondent leurs œufs, où ils élèvent leurs petits. Dans les
nids à ciel ouvert, cette insouciance est de peu d'importance : ces
nids sont à claire-voie et les déjections tombent à travers les
(1) Cet acte est tout machinal et comme d'un somnambule. Une Marmotte que
R. Dubois avait placée, sur une balance, dans son laboratoire pour constater sa
perte de poids pendant le sommeil, allait uriner dans un coin et revenait d'elle-
même prendre sa place sur le plateau de la balance.
SÉANCE DU 22 JANVIER 1901 13
interstices ou se détachent par un simple grattage. Mais il en est
autrement des nids placés dans le creux des arbres ou au fond d'un
terrier; le nid de la Huppe, qui est dans le premier cas, celui du
Martin-pêcheur, qui est dans le second, sont renommés pour l'odeur
infecte qu'ils exhalent et qui s'attache au plumage de l'Oiseau (1).
Il en est de même chez les Calaos, où la mère est murée par le mâle
dans un trou d'arbre pendant tout le temps que dure l'incubation
et l'élevage des petits, et nourrie par lui à travers une étroite
fenêtre. Malgré tout, les petits nés et nourris au milieu de cette
pourriture, n'en viennent pas moins à bien, ce qui semble donner
raison au dicton populaire qui veut que les vidangeurs jouissent
constamment d'une excellente santé.
Si des Vertébrés nous passons aux Invertébrés nous retrou-
vons également des animaux vivant en société dont les uns sont
très soucieux d'écarter leurs déjections de l'habitation commune,
tandis que d'autres, plus pratiques encore que les Oiseaux,
emploient ces déjections comme un mortier pour construire les
parois de ce logis.
Parmi les premiers, sont les Abeilles, qui entretiennent la plus
grande propreté dans leur ruche. La disposition verticale des
rayons, l'ouverture latérale des cellules sont éminemment favo-
rables à ces soins qui sont journaliers. Tous les débris inutilisés
sont rapidement enlevés de ces cellules. Les Abeilles ont toujours
la précaution de déposer leurs déjections en dehors de la ruche.
Mais lorsqu'elles sont atteintes de dysenterie, comme cela se produit
quelquefois en hiver, elles n'ont plus le temps de sortir et la colonie
peut se trouver gravement compromise par suite de l'infection due
à cette maladie (2). Le fait s'est produit à Darmstadt, où toutes les
ruches furent infestées par les déjections des Abeilles malades
et fort endommagées, sauf une seule. On en rechercha la cause et
l'on s'aperçut que tout le revers de la paroi postérieure de la ruche
était souillé par les excréments des abeilles qui y avaient établi
leurs lieux d'aisance. Elles avaient choisi cet endroit parce que
l'émiettement de l'argile y avait formé une petite cavité attenant à
la partie supérieure où elles se tiennent en hiver. Cette sorte de
(1) Ceci semble confirmer l'opinion des naturalistes qui prétendent que le sens
de l'odorat est peu développé chez les Oiseaux. Cependant, pour rendre justice a
certains d'entre eux, constatons que les Serins domestiques tiennent leur nid
constamment propre en rejetant les déjections au dehors.
(2.) Lorsque le mal est trop trrand, la ruche peut être complètement désertée
par ses habitants.
14 SÉANCE DU 22 JANVIER 1901
puisard leur avait permis de ménager le reste de la ruche, ce qui
avait sauvé la colonie.
Après l'hiver, saison des privations qui sont la source de ces
épizooties, provoquées surtout par l'usage du miel avarié, les
Abeilles sortent avec joie aux premiers beaux jours. Leur premier
soin est de se vider. Gare à la ménagère qui, teutée par le soleil,
aura mis ses draps à sécher au voisinage du rucher ! Les Abeilles
attirées par cette large surface blanche viennent en foule y déposer
leurs ordures. Puis elles rentrent pour nettoyer et balayer la ruche,
expulser les cadavres des Abeilles mortes, réparer les dégâts faits
aux rayons. Bientôt après a lieu l'essaimage qui pare à l'excès de
la population.
Les Mélipones, abeilles américaiues, sont celles où l'hygiène de
l'habitation est poussée à son plus haut point de perfection. Elles
ont de véritables dépotoirs, placés dans un coin du nid, et qui
reçoivent tous les immondices tels que cire avariée, déjections,
cadavres, etc. Une fois desséchés, ces débris sont découpés sur
petits morceaux, plus faciles à manier, et portés au dehors. Les
ouvrières veillent avec soin à la bonne sauté des larves. Autour de
chaque cellule d'incubation on voit des pots à provision contenant
du miel que l'on entretient toujours frais. Quand ces pots ont été
vidés, ils sont arrachés ainsi que les parois de la cellule, dont la
nymphe vient de sortir après son éclosion, et le tout est jeté au
dépotoir. Mûller, qui a étudié les Mélipones, pense que c'est pour
éviter les moisissures et les fermentations qui pourraient en
résulter, que les pots et les cellules sont reconstruits chaque fois
avec des matériaux entièrement neufs.
Les Fourmis qui construisent leur nid dans la terre semblent,
comme les Abeilles, avoir des notions très avancées sur l'hygiène
des habitations. Dans le fond est une citerne pour l'écoulement
des eaux de pluie. La fourmilière a des étages hauts et bas où l'on
transporte les larves suivant la température. On les sort même au
dehors parles belles nuits d'été. Il existe aussi des dépotoirs situés
dans les parties déclives, où tous les détritus sont balayés (1).
Les Termites, Insectes d'un autre groupe mais qui ont des
sociétés comparables à celles des Abeilles et des Fourmis, cons-
truisent avec de la terre ces énormes nids en pain de sucre que
l'on voit dans les pays chauds. Ici, la première paroi de chaque
(1) Les larves de Lithocolletis (Lépidoptères) qui creusent des galeries dans
le parenchyme des feuilles, sortent toujours de ces galeries pour déposer leurs
déjections.
SÉANCE DU 22 JANVIER t!>OI 15
étage est formée uniquement des excréments de ces Insectes, mais
soutenue de chaque côté par une couche de terre qui recouvre les
déjections et y adhère ; la paroi externe est recouverte d'une nou-
velle couche d'excréments. Les cloisons internes sont souvent
entremêlées de fèces qui forment des bandes minces, des plaques,
des pointillés. Les dégâts sont réparés à l'aide des débris de
l'ancienne muraille et des excréments qui, sans doute, constituent
un ciment destiné à donner plus de solidité à l'édifice (1). Des
ramifications en forme de tuyaux d egouts s'enfoncent dans la terre
et servent à l'écoulement des eaux de pluie. — Ainsi chez ces
Insectes les déjections sont utilisées comme une matière précieuse
et dont il leur serait difficile de se passer pour la construction du
nid.
§ 2. Éloignement ou disparition des cadarres.
On a quelquefois parlé des cimetières des animaux (2) et pré-
tendu que certains Insectes, tels que les Abeilles, ensevelissaient
leurs morts : il est infiniment probable que cetle idée ne repose
que sur des faits mal observés. L'Homme primitif lui-même a dû
atteindre un certain degré de civilisation avant de songer à creuser
la terre pour y déposer et recouvrir les morts, ou d'employer les
autres procédés de sépulture qui ont été ou sont encore en usage
dans les différentes races humaines.
Les cadavres des animaux disparaissent plus ou moins rapide-
ment par des procédés plus simples et plus naturels, mais que
l'Homme lui-même a d'abord utilisés en abandonnant ses morts à
la surface du sol. Dans les pays chauds, où la décomposition est
rapide, on sait que les Chiens, les Chacals, les Hyènes et les
Vautours se chargent de la destruction des cadavres : les Insectes
y contribuent également. Dans les pays froids, où la décomposition
est plus lente, les Loups et les Ours, d'autres carnivores de
moindre taille, les Rats et les Corbeaux remplissent le même
office. L'Ursus cadaverinus de Scandinavie, ainsi nommé à cause de
cette habitude caractéristique, n'est qu'une variété locale de l'Ours
brun des Alpes.
(Il Dans beaucoup de campagnes, notamment en Bulgarie, on utilise la bouse
de Vache comme ciment mêlé à la terre pour la construction des murs des
maisons.
(2) Darwin lui-même parle des cimetières des Guanacos, en Patagonie.
M. Racovitza, qui a exploré cette région, pense qu'il s'agit de troupeaux entiers
détruits d'un seul coup par un chasse-neige ou une avalanche.
16 SÉANCE DU 22 JANVIER 1901
Ce mode primitif de sépulture a été adopté comme un rite reli-
gieux, par certaines races humaines, notamment par les Parsis
ou adorateurs du feu. Des peuplades de l'Asie centrale entrete-
naient autrefois des Chiens .sépulchraur, véritables croque-morts,
destinés à jouer un rôle actif dans les funérailles. Cette coutume
s'est perdue, au moins comme rite religieux, car les Chiens et les
Hyènes avides de cadavres pullulent toujours dans l'Orient. Par
contre les Vautours sépulchraux existent encore. Sans parler des
vastes tours (dakhma) où. dans le Turkestan, on expose les morts
à découvert pour qu'ils soient dépecés par les Vautours et les
Corbeaux sauvages, il existe dans l'Inde des temples dont les
prêtres entretiennent des Vautours véritablement dressés pour ce
mode de funérailles. Uu voyageur, au retour de ces pays lointains,
a projeté devant nous une photographie reproduisant, dans tout
son réalisme, cette étrange scène de mœurs. Dans l'enceinte inté-
rieure du temple, le cadavre a été déposé sur le sol ; les parents et
les amis forment un groupe compact sous la galerie de l'édifice,
tandis que dans le fond six grands Vautours sont rangés, atten-
dant le signal et maintenus à distance par un desservant armé
d'une longue baguette. Il paraît qu'à ce moment le cortège se
retire, peu désireux de voir la fin de la cérémonie ; les desservants
du temple restent seuls chargés de surveiller les Vautours jusqu'à
ce que leur funèbre office soit complètement accompli. Les os sont
jetés dans un puits ménagé à cet effet.
Tous les animaux, on peut l'affirmer, en sont encore à ce mode
primitif de sépulture, c'est-à-dire qu'ils abandonnent les cadavres
des leurs, sans plus s'en occuper, laissant à d'autres animaux, aux
Insectes et aux Microbes de la putréfaction, le soin de les faire
disparaître. Mais, chez les animaux vivant en société, nous savons
que les cadavres sont rejetés au dehors et traînés loin de l'habita-
tion commune. Les malades et les blessés ont même l'instinct de
se traîner dans quelque coin isolé pour y mourir en paix, loin de
leurs semblables. Ce qui est certain, c'est qu'on ne trouve jamais
de cadavres dans le terrier des Mammifères, à moins qu'une
épizootie foudroyante , un empoisonnement en masse provoqué
souvent par l'Homme n'ait forcé les rares survivants à la fuite, la
tache de traîuer les morts au dehors étant au-dessus de leurs forces.
Chez les Insectes vivant en société les choses se passent de la
même manière : les cadavres sont jetés au dépotoir ou traînés au
dehors, mais plutôt comme un objet gênant et encombrant et sans
que l'on puisse y voir une véritable pratique de funérailles. Est-il
SÉANCE DU 22 JANVIER 1901 17
beaucoup plus certain que l'on doive considérer ce geste connue
une pratique raisonnée d'hygiène sociale ?
Des faits plus curieux ont été observés chez les Abeilles. Des
animaux de forte taille (Souris, Serpents, Phalènes de l'espèce
Acherontia utropos) s'introduisent quelquefois dans la ruche
poussés par un instinct de pillage, pour se nourrir du miel ou des
larves. Ces intrus sont souvent mis à mort parles ouvrières irritées
qui les percent de leur aiguillon. Mais leurs cadavres, ne peuvent
être jetés au dehors, en raison de leurs grandes dimensions. Que
font alors les Abeilles? Elles enduisent le cadavre d'une épaisse
couche de propolis, substance résineuse, bien distincte de la cire et
du miel, et qui leur sert à cimenter toutes leurs constructions.
Soustrait ainsi aux germes de l'air, le cadavre ne se putréfie pas
mais se momifie lentement, sans danger pour la ruche : les Abeilles
ne s en occupent plus. Voilà donc, chez les animaux, une véritable
pratique de sépulture se rattachant de près ou de loin aux diffé-
rents modes de conservation des cadavres adoptés par l'Homme :
enterrement dans le sol ou dans des cercueils de pierre, embau-
mement, etc.
Le meurtre, en quelque sorte légal et pratiqué par mesure de
police, existe chez les Hyménoptères. Le fait est évident chez les
Mélipones. Qu'une Guêpe ou une Mouche pillarde, attirée par le
miel, se glisse dans la ruche, les ouvrières se précipitent aussitôt
sur l'intrus, l'entourent, l'étourdissent, se roulent sur lui, cherchant
à le coiffer avec une grosse boulette de propolis gluante. L'Insecte
aveuglé s'englue en se débattant et tombe bientôt épuisé, mourant.
Son cadavre, desséché et dépecé, coupé en morceaux, est ensuite
porté dehors par les ouvrières.
Les Abeilles n'épargnent même pas les individus de leur propre
espèce lorsqu'ils sont devenus inutiles ou nuisibles. Lorsqu'en
août, à la fin de l'essaimage, les femelles ont toutes été fécondées,
les mâles, errant désœuvrés dans la ruche, ne sont plus que des
bouches inutiles. Les ouvrières les refoulent dans un coin, les
mordent et leur arrachent les ailes, souvent même abrègent ce
supplice en les perçant de leur dard, puis rejettent les cadavres au
dehors. N'est-ce pas là l'organisation sociale des Amazones, dont
parlent les auteurs grecs, ne souffrant pas d'hommes au milieu
d'elles, et réduisant les mâles au rôle de producteurs d'enfants,
dont l'utilité ne se faisait sentir qu'une fois tous les ans ?
Chez les Guêpes dont les sociétés se dissolvent chaque année à
l'approche de l'hiver et qui hivernent isolément, on observe une
18 SÉANCE DU 22 JANVIER 1901
autre pratique non moins remarquable. A l'automne, les larves
arriérées qui n'ont pas eucore fermé leurs cellules pour se trans-
former en nymphes, ne pourraient plus être nourries, puisque le
nid va être abandouué et tout travail suspendu. Ces larves sont
mises à mort sans pitié. « Les mères, dit Réaumur, se changent
en véritables furies, arrachent les larves de leurs cellules et les
massacrent jusqu'à la dernière. » — Voilà l'image de l'infanticide
légal tel qu'il était pratiqué à Lacédémone sur les nouveau-nés
chétifs ou ditîormes, considérés comme incapables de supporter la
dure éducation des enfants Spartiates, — ou celle de l'infanticide
par misère des parents, tel qu'on l'observe eucore trop souvent,
malgré la défense des lois, dans les sociétés modernes. Daus le cas
des Abeilles comme dans celui des Guêpes, le meurtre des mâles
ou des jeunes peut être considéré comme une mesure d'hygiène
sociale.
On a pu observer de près les combats des Fourmis, et l'on a
constaté qu'après la bataille, le parti vainqueur ramassait les
morts et les blessés. Parmi ceux-ci, on n'épargne que ceux de
l'espèce amie qui sont en état de se rétablir et de se remettre au
travail. Les autres sont joints aux cadavres des vaincus qui sont
mis de côté comme provision de bouche et portés à la fourmilière
pour être dévorés, ou plutôt sucés : mais les Fourmis, paraît-il,
respectent les morts de leur propre espèce. De même, les tètes
coupées dans le combat sont abandonnées sur le champ de bataille :
on n'en fait pas trophée! On peut rapprocher ces pratiques de celles
qu'on observe chez les races humaines primitives : achèvement
des mourants, cannibalisme, etc.
§ 3. Aération des habitations.
Chez les Abeilles le besoin du renouvellement de l'air se fait
vivement sentir dans les ruches, surtout en été, lorsque le veut
est calme et la température élevée. Les apiculteurs ont constaté
depuis longtemps que ces Insectes savent parer à cette difficulté
en agitant leurs ailes en guise d'éventails. Les ouvrières forment
la chaîne depuis les ouvertures de l'habitation jusqu'aux galeries
les plus éloignées, établissant ainsi un courant d'air assez fort
pour entraîner une plume ou agiter une feuille de papier. Le bruit
de cette ventilation s'entend très bien du dehors, et la cause n'en
peut être douteuse. Huber ayant transporté une colonie d'Abeilles
ainsi occupée daus une grande ruche de 5 pieds de haut, bien
aérée, constata que le bruit des ailes ne se faisait plus entendre.
SÉANCE DU 22 JANVIER 1901 19
Chez les Mammifères qui vivent dans les terriers, la ventilation
est assurée par la multiplicité des galeries et des ouvertures. Mais
les jeunes ont besoin d'air, plus encore que les adultes, puisqu'ils
restent au nid, taudis que ceux-ci sortent journellement. C'est
pourquoi le nid est toujours une construction spéciale, bien séparée
du reste du terrier. Souvent même, lorsque la saison le permet, ce
nid est construit à la surface du sol, au milieu d'une touffe d'herbe.
Tel est le cas pour le Campagnol des Champs (Microtus agrestis),
dont le terrier est cependant très compliqué, tandis qu'une autre
espèce, le Campagnol souterrain (Microtus subterraneus) , plus
franchement fouisseur, construit toujours sou nid sous terre à 6
ou 8 centimètres de profondeur.
§ 4. Conservation des provisions de bouche.
Chez les animaux qui amassent des provisions pour l'hiver, la
conservation de ces substances d'origine animale ou végétale, par
conséquent sujettes à s'avarier par l'humidité, semble une difficulté
de premier ordre. Il est très curieux de constater que la plupart de
ces animaux arriveut à conserver ces provisions par des moyens
qui doivent forcément varier suivant les circonstances.
Les Fourmis moissonneuses sont très intéressantes à étudier
sous ce rapport. Elles amassent dans des chambres ou magasins
des graines de Graminées soigneusement mondées, c'est-à-dire
débarrassées des enveloppes et du son qui est jeté avec les autres
détritus. Elles ont évidemment un moyen pour empêcher les grains
de germer par l'humidité, car si on les empêche de pénétrer dans
leurs greniers, les grains commencent à germer. Quel est leur
antiseptique? Peut-être simplement de l'acide formique? Dans
tous les cas, il est facile de s'assurer qu'elles coupent la radicule
et la tigelle lorsque ces parties sont assez développées pour que
leurs mâchoires les saisissent, et qu'elles font ensuite sécher la
graine au soleil. — Les procédés de dréchage sont donc connus des
animaux.
D'autres Hyménoptères, qui ne vivent pas en société, les Sphex,
sont carnivores et recherchent des proies vivantes, qu'ils ne tuent
pas immédiatement. Ils se contentent de les piquer de manière
que leur venin paralyse cette proie; puis ils la porteut ou la
traînent dans un terrier construit tout exprès et avant de le fermer
ils pondent auprès un seul œuf d'où sortira une larve qui se nour-
rira du cadavre. Il est à remarquer que la proie simplement
20 SÉANCE DU 22 JANVIER 1901
paralysée meurt lentement; il est probable, eu outre, que le venin
injecté a le pouvoir d'aseptiser le cadavre, de telle sorte que la
larve a tout le temps nécessaire pour éclore, et trouve alors, à sa
portée, la nourriture qui lui convient. Ce procédé présente
quelques variantes suivant les genres : ainsi les Bembex qui renou-
vellent plusieurs fois la proie destinée à leur larve, la tuent
complètement du premier coup. Les Powpiles, qui font surtout la
chasse aux Araignées, leur coupent les huit pattes, ce qui les met
hors d'état de s'enfuir. Voilà, chez les animaux, l'asepsie ou l'anti-
sepsie appliquées à la conservation des aliments.
Je m'arrête ici sans avoir, à beaucoup près, épuisé ce sujet. 11
est probable que dans tous les groupes du règne animal, particu-
lièrement chez les animaux qui vivent en sociétés ou eu colonies,
on trouverait des exemples analogues. 11 serait intéressant de les
réunir et de les classer comme j'ai essayé de le faire ici. C'est un
sujet de recherches que je signale tout particulièrement aux natu-
ralistes qui étudient d'une façon spéciale les différentes classes des
Vertébrés et surtout des Invertébrés.
Professeur Alexandre Agassiz
.MEMHItE CORRESPONDANT DE L INSTITUT (ACADÉMIE DES SCIENCES]
MEMBRE HONORAIRE DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE
21
RÉCEPTION EN L'HONNEUR DE M. A. AGASSIZ
M. A. Agassiz, l'illustre océanographe américain, se trouvant de
passage à Paris pour quelques jours, la Société Zoologique de
France, en vertu d'une décision antérieure du Conseil, avait pris
l'initiative d'un bauquet en son honneur. Ce banquet a eu lieu au
Restaurant Champeaux le lei lévrier courant. Malgré le peu de
temps dont avaient disposé les organisateurs, on peut dire que
cette fête a parfaitement réussi, car si les invités étaient peu
nombreux, ils comptaient du moins parmi eux les notabilités du
inonde zoologique. Nous citerons : M. Edmond Perrier, directeur
du Muséum d'Histoire naturelle ; MM. Filhol et Giard, membres
de l'Institut : MM. Delage, Certes et Bouvier, anciens présidents
de la Société Zoologique de France ; MM. R. Blanchard, Schlum-
berger, J. Guiart et Neveu-Lemaire, représentant le bureau de
cette même Société ; M. Olivier, directeur de la Reçue générale des
sciences, et M. Schleicher, éditeur; M. Haug, représentant le labo-
ratoire de géologie de la Sorboune ; MM. Boutan , François ,
Hérouard, Labbé, Racovitza et Robert, représentant les différents
laboratoires de zoologie de la Sorbonne ; MM. Munier-Chalmas,
Ch. Richet, Trouessart et J. Richard s étaient fait excuser.
Au dessert, M. Edmond Perrier, dans une charmante allocution,
a rappelé à M. Agassiz les anciennes relations qui unissaient son
père au Muséum de Paris, dont il fut l'un des plus glorieux élèves,
relations qui depuis n'ont fait que se développer avec son fils. 11
retrace rapidement l'œuvre des deux célèbres naturalistes et rap-
pelle les principaux travaux de M. Agassiz sur la faune des grandes
profondeurs de l'Océan et sur la formation des récifs de coraux. Il
montre ensuite le savant américain travaillant à augmenter son
capital pour rassembler l'argent nécessaire à ses expéditions du
Blake et de l'Albatros. C'est là un exemple peu banal qui mérite en
effet d'être rappelé.
M. Agassiz adresse alors un souvenir ému à la mémoire de
M. A. Milne-Edwards, son ancien ami, et remercie M. Edmond
Bull. Soc. Zool. de Fr., 1901. xxvi. — i.
22 RÉCEPTION EN L'HONNEUR DE M. A. AGASS1Z
Perrier des paroles élogieuses qu'il vient de lui adresser. Il re-
mercie la Société Zoologique de France du grand honneur qu'elle
lui a fait en organisant ce banquet et de la délicate attention
qu'ont eue les organisateurs en reproduisant son portrait sur le
menu. M. Y. Delage lui souhaite la bienvenue comme ancien
président de la Société Zoologique de France et M. R. Blanchard
présente les excuses des absents. Il espère que cette soirée, si elle
est la première en ce genre, ne sera pas du moins la dernière et
que les zoologistes français auront à cœur de recevoir dignement
les savants étrangers qui nous feront l'honneur de venir dans
notre pays.
23
Séance du. i'2 Février igoi
PRÉSIDENCE DK M. LE D' TROUESSART, PRÉSIDENT
M. le professeur R. Blanchard s'excuse de ne pouvoir assister à
la séance.
M. le Président annonce le décès de M. E. de Pousargues, assis-
tant au Muséum. M. E. de Pousargues n'était pas Membre de la
Société Zoologique de France, mais la Société a eu l'honneur de
publier dans les Mémoires son travail sur les Ruminants de l'Asie
centrale, qui lors du dernier Congrès international de Zoologie
remporta le prix de S. M. l'Empereur Alexandre III.
MM. Artault et Guiart présentent M. Desalle, 2, rue Boutarel, à
Paris (4e).
MM. Bavay, R. Blanchard, Certes, Guiart, Neveu-Lemaire et
Trouessart proposent la nomination de M. le Dr Laveran en qualité
de Membre honoraire de la Société. M. le professeur R. Blanchard
est désigné comme rapporteur.
M. le Président annonce à la Société qu'à la suite d'une décision
du Bureau, M. Leygues, Ministre de l'Instruction Publique et des
Beaux-Arts et, M. de Saint-Arroman , directeur du service des
Sociétés savantes et des Échanges internationaux ont été conviés à
assister à la prochaine Assemblée générale annuelle, pour donner
plus d'éclat à notre vingt-cinquième anniversaire.
MM. Bavay et Certes sont proclamés Membres de la Commission
de vérification des comptes.
M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre de M. le Dr J.
Richard, directeur du Musée océanographique de Monaco. Il
annonce à ses Collègues que le Secrétariat des travaux scientifiques
du Prince de Monaco est transféré de Paris au Musée de Monaco, où
devront être adressés désormais tous les documents scientifiques
concernant le Musée ou les travaux scientifiques du Prince.
M. le Dr J. Guiart fait une communication sur les mœurs des
Opisthobrauches et en particulier des genres Philine, Haminea,
Acera et Oscanius.
24 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1901
LE BARON EDMOND DE SELYS-LONGCHAMPS
PAR
LE Dr A. DUBOIS
Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique.
Le savant confrère que nous venons de perdre, aussi éminent
par le caractère que par l'intelligence, nous olïre le bel exemple
d'un homme né dans l'opulence et qui, au lieu de se borner,
comme tant d'autres, à jouir des biens que le destin lui a octroyés,
consacra sa vie tout entière au culte de la Science et au service de
sa patrie.
Le baron Michel -Edmond de Selys-Longchamps est né à Paris le
25 mai 1813. — A cette époque, la Belgique faisait partie de
l'Empire français, et le père de notre confrère était maire de Liège
sous la République, puis député du département de l'Ourthe au
Corps Législatif; il fut ainsi conduit à fixer sa résidence à Paris,
où il avait épousé une Parisienne.
Edm. de Selys-Longchamps fit ses études presque exclusivement
chez ses parents, tantôt à Paris, où sa mère résida jusqu'en 1827,
tantôt à Longchamps ou à Liège. C'est dans cette dernière ville qu'il
épousa, en 1838, Mlle Sophie d'Omalujs d'Halloy (fille de l'illustre
géologue belge), dont la mort prématurée, en 1869, le laissa incon-
solable.
Dès l'âge de dix ans, de Selys fut attiré par les charmes des
sciences naturelles, car il s'intéressait autant à la Botanique qu'à
la Zoologie, et la formation d'un herbier avait été une de ses
premières occupations scientifiques. Mais il ne tarda pas à se
consacrer particulièrement à l'étude de la faune belge ; ce n'était
pas aisé à cette époque où le chemin de fer n'existait pas encore ou
était en voie de construction, et où les relations entre les savants
étaient rares et difficiles. On ne peut donc assez admirer le courage
du jeune débutant à entreprendre, malgré les railleries du monde
et le déplaisir de son père il), une tâche entourée de tant de
difficultés.
Dès 1829 il s'était fait recevoir membre de la Société des Sciences
naturelles de Liège (2), dont la scission donna naissance un peu
(1) Son père est décédé à Liège en 1837.
(2) Présidée à cette époque par Schmehling, le premier explorateur des cavernes
de la Meuse.
Baron Edmond de Selys-Longchamps
MEMBRE HONORAIRE DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE
1813-1900
SÉANCE DU 12 FÉVR1KR 1901 2.^1
plus tard, à la Société royale des Sciences, qui existe toujours. Le
jeune de Sblys ne tarda guère à y présenter son premier travail
intitulé : Mémoire sur les Lépidoptères de la province de Liège. Un
peu plus tard, en 1831, il publia dans le Dictionnaire géographique
de la province de Liège, édité par Van der Maelen, un Catalogne des
Oiseaux et des Insectes Aptères, Névroptères et Lépidoptères de la pro-
vince de Liège. En 1836 il publia un Essai monographique sur les
Campagnols des environs de Liège, suivi bientôt de travaux plus im-
portants : 1° Études de micromammalogie ou revue des Musaraignes,
des Rats et des Campagnols (1839) ; 2° Monographie des Libellules d'Eu-
rope (1840); 3° Faune Belge, indication méthodique des Mammifères,
Oiseaux, Reptiles et Poissons observés jusqu'ici en Belgique (1842).
Depuis lors, l'activité scientifique de notre savant confrère n'a
cessé de se manifester par des travaux concernant des sujets les
plus divers : Zoologie, Botanique, Statistique et Archéologie,
surtout préhistorique. 11 était membre de la Commission de statis-
tique de la province de Liège depuis son origine, et membre fonda-
teur de l'Institut archéologique liégeois, etc.
Edm. Selys-Longchamps fut élu en 1841 Correspondant et en
1846 Membre de Y Académie royale des Sciences, Lettres et Beaux-Arts
de Belgique, qu'il présida à plusieurs reprises. C'est dans les
Mémoires et dans les Bulletins de l'Académie qu'ont été publiées la
plupart de ses notices ornithologiques, ainsi que ses observations
sur les phénomènes périodiques des règnes végétal et animal.
L'Entomologie était cependant sa science de prédilection. C'est
dans l'étude des Odonates ou Libellules qu'il s'est particulièrement
distingué, et ses travaux sur cette matière l'ont placé au premier
rang des entomologistes; personne ne connaissait mieux que lui
les élégantes Libellules, aussi les a-t-il monographiées magistrale-
ment, parfois en collaboration avec le Dr Hagen, de Kônigsberg.
Il serait trop long de citer tous les écrits de notre illustre
confrère, dont la liste n'occupe pas moins de vingt pages des
Notices bibliographiques de l'Académie (1896); ses travaux sur les
Odonates seuls représentent la matière de plusieurs volumes. Les
principaux recueils qui ont publié les travaux de notre regretté
confrère sont : les Mémoires et les Bulletins de l'Académie royale des
Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique, Mémoires de la
Société royale des Sciences de Liège, Annales de la Société entomolo-
gique de France, Annales de la Société entomologique de Belgiqur,
Revue zoologique, Mémoires de l'Académie royale de Turin, Annali
del Museo ckico di Storia naturale di Genova, llnrœ Societatis
26 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 4901
entomologicae Hossicœ , Annals and Magazine of Natural History,
EnlomologisVs Monthly Magazine, Naumannia Journal fur Ornitho-
logie, etc. — Dans la Naumannia se trouve un intéressant travail
de notre auteur sur le genre Anser et une revue des hybrides
observés dans la famille des Anatidées. Ajoutons encore que
de Selys était au nombre de mes collaborateurs pour les « Obser-
vations ornitliologiques faites en Belgique » depuis l'année 1885, et
publiées dans les Bulletins du Musée royal. d'Histoire naturelle de
Belgique et dans YOrnis. — Dans les Bulletins de la Société Zoolo-
gique de France, nous trouvons de notre savant confrère deux
articles des plus intéressants : Excursion d l'île d'Helgoland (t. VII),
et Considérations sur le genre Mésange (t. IX). Il publia également
divers articles sur la Zoologie agricole, entre autres dans le Livre
de la Ferme de P. Joigneaux et dans les Bulletins de la Société fores-
tière de Belgique.
Edm. de Selys-Longchamps était Grand Cordon de l'Ordre de
Léopold et de l'Ordre des SS. Maurice et Lazare, Commandeur de
la Légion d'Honneur, décoré de la Croix Civique de lre classe, etc.
Il était aussi Membre honoraire de la Société Zoologique de France,
des Sociétés Entomologiques de Belgique, de France, de Londres,
de Berlin, de Florence, de Vienne, de Stockholm, de Dresde, de
Stettin, de Berne, d'Helsingfors et d'un grand nombre d'autres
Sociétés savantes. Il était aussi Président du Conseil de surveil-
lance du Musée royal d'Histoire naturelle.
Il n'y avait pas de Congrès international de Zoologie ou d'Orni-
thologie dont il ne fit partie; au dernier Congrès international
d'Ornithologie de Paris (1900), où il représentait l'Académie, il fut
nommé Président d'honneur, et il prit encore part aux discussions,
malgré son grand âge.
Comme homme public, il a siégé au Conseil provincial de 1846 à
1848, à la Chambre des Représentants en 1848, mais il y avait été
porté à son corps défendant ; très radical et même républicain à
cette époque, il ne prit part qu'à la session extraordinaire de
juillet 1848, et donna sa démission dès le mois de novembre
suivant. Au Sénat il siégea sans interruption de 1855 à 1900, année
où il prit prétexte de son grand âge pour décliner un nouveau
mandat; il a été Président du Sénat de 1880 à 1884. c'est à-dire
jusqu'à la chute du Ministère libéral. Son âge ne fut pas le seul
motif, ni peut-être même le principal, de sa renonciation au
mandat sénatorial. La disparition, comme entité distincte, de
l'arrondissement de Waremme (réuni désormais à celui de Huy),
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1901 27
qu'il représentait depuis 45 ans, y fut aussi pour beaucoup, surtout
qu'il ne voulait pas éliminer, comme l'application de la Représen-
tation proportionnelle l'aurait fatalement entraîné sans cela, le
sénateur libéral sortant de Huy, encore dans la force de l'âge et
qui lui était fort sympathique. Ajoutons aussi, que le désir de con-
sacrer exclusivement à la science le reste de sa vie était également
une raison. Enfin, il était Conseiller communal de Waremme
depuis 1842 et il le resta jusqu'à sa mort.
Edm. de Selys-Longchamps était un libéral sincère, d'un dévoù-
ment et d'une fidélité à toute épreuve, mais qui n'eût jamais
d'autre mobile que le bien public, d'autre guide que sa conscience.
Il n'avait pas été moins précoce en politique qu'en science : dès
1827 il était déjà nettement philhellène, démocrate et anticlérical ;
en 1830, il se passionna pour le mouvement révolutionnaire et cela
dans le sens le plus radical. — Jamais il ne fit étalage de son titre
nobiliaire, jamais je n'ai vu un écrit, imprimé ou manuscrit,
signé : « Baron de Selys-Longchamps. »
Outre tous les titres mentionnés plus haut, de Selys avait
d'autres mérites, d'une nature plus intime, qui lui ont conquis tous
les cœurs : je veux parler ici de son caractère si droit, si loyal, si
digne, de sa courtoisie qui ne se démentait jamais, du tact et de
l'exquise délicatesse dont il a toujours fait preuve. Il encourageait
les jeunes naturalistes, aidait les autres de ses conseils ou mettait
à leur disposition ses riches collections et sa bibliothèque. Sou
rang social, sa haute situation comme homme politique, autant
que sa douceur et son affabilité, le désignaient à tous comme leur
protecteur naturel; il est vrai qu'il ne reculait devant aucune
démarche, quand il s'agissait de venir en aide à un honnête homme
malheureux. Combien n'ont pas trouvé , dans l'une ou l'autre
administration de l'Etat, une situation selon leurs aptitudes, grâce
au bienveillant appui de notre bon et regretté confrère.
J'ajouterai encore que la question si importante de l'épuration
et du repeuplement de nos rivières, a trouvé en lui un défenseur
ardent et convaincu, et qu'en 1882 il a institué un prix de
3.000 francs, destiné à récompenser le meilleur mémoire sur la
purification des eaux contaminées. Enfin, en dernier lieu, il a fait
un legs de 500 francs de rente à l'Académie royale de Belgique, pour
fonder un prix en faveur des travaux concernant la faune indigène.
Pendant sa longue carrière, de Selys a formé des collections du
plus haut intérêt scientifique ; voici en quoi elles consistent :
1° La Faune belge (Vertébrés et Invertébrés);
28 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1901
2° Les Oiseaux de l'Europe presque au complet;
3° Un Gênera (y compris les sous-genres) des Oiseaux en général,
parmi lesquels on remarque un Fregilupus varius et un Alca
impennis, tous deux éteints;
4° La famille des Mésanges, à peu près au complet;
5° Une nombreuse collection de Mammifères, de Reptiles, de
Batraciens et de Cyprinides d'Europe, plus un grand nombre de
Rongeurs, d'Insectivores et de Chéiroptères exotiques ;
6° Les Lépidoptères de la région palaearctique ;
7° Des Névroptères de toutes les parties du monde et les
Orthoptères d'Europe ;
8° La faunule entomologique de Longchamps, près de Liège.
Il est à souhaiter, dans l'intérêt de la Science, qu'une partie de
ces collections vienne enrichir celles du Musée de l'Etat à Bruxelles.
Le sort des plus importantes d'entre elles n'a pas été définitivement
fixé par les dispositions testamentaires du défunt, et la famille a
été laissée libre d'en disposer pour le mieux.
Le baron Edm. de Selys-Longchamps s'est éteint à Liège, le
11 décembre 1900, à l'âge de 87 ans, 6 mois et 16 jours, entouré de
ses enfants et petits-enfants. — Avant sa mort il a encore eu la
consolation de voir deux de ses petits-fils se vouer à la Zoologie, et
préparer sous ses yeux et sous la savante direction de M. le profes-
seur Ed. Van Beneden, leur doctorat spécial à l'Université de Liège.
L'inhumation a eu lieu dans le caveau de la famille, à Waremme.
En retraçant brièvement la vie si bien remplie d'un homme de
bien, qu'on peut donner à tous pour exemple, j'ai voulu en même
temps rendre hommage au savant et à l'ami que j'ai connu depuis
mon enfance, et qui m'a toujours témoigné une bienveillance toute
paternelle.
LE BARON E. DE SELYS LONGCHAMPS
PAR
RENÉ MARTIN
La Zoologie vient de faire en la personne de M. de Selys-
Longchamps une perte irréparable. Les savants, les entomologistes
du monde entier, tous ceux qui connaissaient M. de Selys ont
appris, avec une douloureuse émotion, sa mort arrivée à Liège le
11 décembre dernier.
Né à Paris le 25 mai 1813, le baron Michel Edmond de Selys-
SEANCE DU 12 FÉVRIRR 1901 20
Longchamps avait conservé, jusqu'au dernier moment, sa remar-
quable intelligence et une santé excellente. D'une affabilité extrê-
me, d'une bienveillance à toute épreuve, il se prodiguait à tous ceux
qui allaient le trouver ou qui avaient recours à ses conseils.
.Membre honoraire de la Société Zoologique de France, membre
de l'Académie royale des Sciences, Lettres et Beaux-Arts de
Belgique, des Sociétés entomologiques de France, de Belgique, de
Londres, de Berlin, de Vienne, de Florence, de Stockholm et de
vingt autres Sociétés savantes, il était Sénateur depuis 1855, et de
1880 à 1884, il avait été Président du Sénat belge.
Dès sa plus tendre jeunesse, M. de Selys s'adonna à l'étude des
Sciences naturelles. En même temps qu'il réunissait au château de
Longchamps, près Waremme, les magnifiques collections de
Mammifères et d'Oiseaux qui y sont installées, il publiait de remar-
quables travaux sur les Vertébrés de la Belgique, sur les Lépi-
doptères, sur les Orthoptères.
Mais ce fut surtout l'étude des Névroptères qui l'attira. Avant
lui, l'ordre des Odonates était à peine connu par les écrits de
Rambur, de Vanderlinden et de deux ou trois autres savants.
Grâce à lui, ce groupe intéressant a été décrit, classé, discuté, et
personne aujourd'hui ne peut entreprendre l'étude de ces Insectes
sans s'appuyer sur les ouvrages du grand entomologiste.
Sur ce groupe il a publié des travaux innombrables, monogra-
phies des familles, dissertations sur la valeur des genres et des
espèces, faunes géographiques. Ses faunes de la Belgique, du
Japon, de la Nouvelle-Guinée, de la Birmanie, de l'Algérie, de
l'Asie Septentrionale et Mineure sont des modèles; et dans ces
dernières années les articles qu'il publiait sous le titre modeste de
« Causeries » sont d'un extrême intérêt pour l'entomologie.
Il laisse, outre ses galeries de Vertébrés, une série de boîtes
contenant presque tous les Névroptères et les Orthoptères de la
Belgique et les Orthoptères de l'Europe; enfin une collection des
Odonates du globe qui, pour le nombre des genres et des espèces,
pour les séries de types, pour le classement est, sans contestation,
la plus belle collection existant aujourd'hui.
Nous avons tout lieu d'espérer que l'un de ses petits-fils conti-
nuera ses études Odonatologiques et ne laissera pas dépérir cette
merveilleuse collection. Comme nous tous, il ne pourra feuilleter
le moindre écrit traitant des Libellules, consulter le plus mince
ouvrage sur ces Insectes sans trouver à chaque page le nom de
son illustre aïeul.
30
Séance du 26 Février igoi
HUITIÈME ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE
PRÉSIDENCE DE M. LE PROFESSEUR R. BLANCHARD, PRÉSIDENT DHONNEUR
ET DE M. LE Dr TROLESSART, PRESIDENT
M. le professeur R. Blanchard remercie la Société de lui avoir
fait l'honneur de présider la huitième Assemblée générale annuelle
et souhaite la bienvenue aux Membres de province et de l'étranger
venus pour la séance. 11 présente les excuses de M. J.Vian que son
graud âge a seul empêché de venir présider et propose de lui
adresser des vœux collectifs pour la continuation de sa santé.
M. L. Petit, délégué à cet effet par M. Jules Vian, exprime tous
ses regrets de ne pouvoir assister à nos séances. II prend toujours
beaucoup d'intérêt à suivre les travaux de la Société Zoologique
de France et il lui adresse ses meilleurs vœux de prospérité.
Sont présents : MM. Artault, Bavay, Bedot, R. Blanchard, Brôle-
mann, Certes, Clément, Y. Delage, Desalle, Field, François, Gadeau
de Kerville, Gruvel, de Guerne, Guiart, Guyot, Hérouard, A. Janet,
Ch. Janet, Joubin , Jumentié, Lennier, Mlle Levy, MUe Loyez,
MM. Marchai, Moreau , Neveu-Lemaire , Pellegrin, Petit, Pic.
Portier, Pruvôt, Racovitza, M, et Mm- X. Raspail, MM. Robert,
Ryckaert, Schlumberger, Secques, Simon, Trouessart et Vignal.
MM. Fatio , Faurot , Julin, Malaquin , Minchin , Perroncito ,
Richard, Roule, J Vian, Vignou et Yung s'excusent de ne pouvoir
assistera la séance.
M. le Président d'Honneur adresse les félicitations de la Société
à M. le Dr J. Guiakt, qui vient de conquérir le diplôme de Docteur
ès-sciences naturelles devant la Faculté des sciences de Paris.
A la suite d'un rapport verbal de M. le professeur R. Blanchard,
M. le D1 Laveran est proclamé Membre honoraire.
M. Desalle, présenté à la précédente séance, est proclamé
Membre de la Société.
MM. Trouessart et Guiart présentent M. le Dr Favette, à Saint-
Bel (Rhône).
MM. Minchin et Guiart présentent M. P. Chalmers Mitchell,
professeur de Biologie au London Hospital, Whitechapel, London, E
u
M. Jules VIAN
MEMBRE FONDATEUR DE LA SOCIÉTÉ
PRÉSIDENT EN 1876, 1877 ET 1880
ÉLU PRÉSIDENT HONORAIRE LE 27 FÉVRIER 1894
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901 31
Monsieur le Président d'Honneur donne lecture d'une lettre de
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts qui,
ne pouvant assister aux séances de notre vingt-cinquième anni-
versaire, délègue M. de Saint- Arroman , chef du Bureau des
Travaux historiques et des Sociétés savantes.
M. de Saint-Arroman empêché d'assister à notre huitième Assem-
blée générale annuelle s'en excuse et assistera au banquet.
M. le Secrétaire général donne lecture du programme détaillé
du Cougrès international de Zoologie qui doit se tenir à Berlin du
12 au 16 août 1901.
Le bulletin d'adhésion doit être envoyé, accompagné de 20 marks
pour les Membres et de 10 marks pour les dames des Membres, à
l'adresse de MM. Robert Warschauer et C°, 48, Behrenstrasse, Berlin
W. 64.
MM. Petit, Trouessart, Gadeau de Kerville et Clément s'ins-
crivent pour les Causeries scientifiques du semestre d'été. Ces
Causeries auront lieu dans l'ordre suivant :
26 mars. — L. Petit. Leçon de taxidermie pratique (Mammifères).
14 mai. — Dr Trouessart. La notion d'espèce et de sous-espèce
en Zoologie.
Il juin. — H. Gadeau de Kerville. Les Zoocécidies.
9 juillet. — L. Clément. L'apiculture.
MM. Bavay et Certes donnent lecture du rapport suivant sur les
comptes du Trésorier pour l'année 1900.
« Messieurs et chers Collègues,
» Comme les années précédentes nous avons été chargés ,
M. Certes et moi, de la vérification des comptes de notre Trésorier.
» Comme vous pouvez vous en douter, l'année a été particuliè-
rement dure pour nos finances. Il a fallu faire face, outre l'augmen-
tation du loyer, aux frais de déménagement et d'emménagement,
à l'achat d'un mobilier, à l'installation de l'éclairage et surtout à
l'acquisition de cette belle bibliothèque qui orne les murs de notre
nouvelle salle des séances.
» Une souscription spéciale ouverte pour payer ces frais a produit
1.951 fr. 60. Grâce à cet aide nous clôturons l'année sans déficit.
Mais au lieu d'un boni de quinze à seize francs, comme l'année
dernière, nous clôturons avec un actif de 133 fr. 74 après avoir
dépensé 11.056 fr. 27.
32 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
» Nous avons reconnu l'exactitude et la bonne tenue des comptes,
et nous vous proposons de voter l'approbation et de voter aussi des
remerciements à notre Trésorier pour le soin avec lequel il a géré
les finances de la Société, nous devons vous faire remarquer que
cette année ses fonctions ont été bien loin d'être une sinécure, en
raison des travaux qu'il a dû faire exécuter avec une économie
bien entendue. »
Ces conclusions sont adoptées à l'unanimité et saluées de chaleu-
reux applaudissements.
M. le Dr Trouessart prononce le discours suivant :
LES RAPPORTS DE LA ZOOLOGIE ET DE LA MÉDECINE
« Mes chers Collègues,
» La Société Zoologique de France célèbre aujourd'hui le vingt-
cinquième anniversaire de sa fondation et c'est avec une joie sans
mélange que je constate ici que cette fête commémorative, coïn-
cidant avec la fin du dix-neuvième siècle, voit aussi le développe-
ment complet de la science qui fait le sujet spécial de nos études.
>) Les vingt-cinq années qui viennent de s'écouler ont permis à
la Zoologie de prendre la place qui lui revient de droit dans
l'immense essor de civilisation qui caractérise le siècle écoulé.
L'Agriculture, le Commerce et l'Industrie ne peuvent plus se passer
des laboratoires d'Entomologie appliquée qui se sont fondés de
toute part ; la Zootechnie leur ouvre une voie nouvelle par la créa-
tion des Stations maritimes où l'on étudie la Culture des mers, et
la politique elle-même s'iucline devant la Zoologie. N'avons-nous
pas vu, il y a quelques mois à peine, les gouvernements européens
qui possèdent des colonies en Afrique, avoir recours aux Zoolo-
gistes pour rédiger, sous forme de convention internationale, un
règlement de chasse destiné à mettre les grands animaux, devenus
rares sur ce vaste continent, à l'abri d'une destruction complète?
Combien il est regrettable que toutes les questions internationales
ne puissent se régler avec la même facilité !
» L'Instruction Publique n'est pas restée étrangère à ce grand
mouvement qu'elle avait le droit et le devoir de diriger. Un natura-
liste qui fut en même temps un grand patriote, Paul Bert, profi-
tait, en 1881, de son passage au pouvoir pour réorganiser l'ensei-
gnement de l'Histoire Naturelle dans les lycées. Quelques années
après, l'un de ses successeurs affirmait encore mieux la nécessité
SÉANCE DU ïti FÉVRIER 1901 33
de cette science eu créant V Enseignement préparatoire à la Médecine,
désormais confié aux Facultés des Sciences.
» Il y a vingt-cinq aus, la Physique, la Chimie et l'Histoire
Naturelle s'appelaient, à l'Ecole de Médecine, les « Sciences accès
sotres » et ce nom tout au moins malheureux était pris à la lettre.
Ceux qui ont fait leurs études médicales à cette époque, se rap-
pellent avec quelle désinvolture les étudiants traitaient ces sciences
accessoires et particulièrement la Zoologie, considérée comme la
plus accessoire de toutes. On prétendait pouvoir étudier d'emblée
l'Anatomie et la Physiologie de l'Homme sans connaître celles des
Animaux, et l'on se hâtait de passer le premier examen de doctorat
pour oublier le peu d'Histoire Naturelle que l'on avait été forcé
d'apprendre.
» Aujourd'hui, ces sciences accessoires sont devenues les Sciences
fondamentales de la Médecine. Les chaires de Physique, de Chimie
et d'Histoire Naturelle que possédait la Faculté se sont transfor
mées eu chaires d'application à la Médecine ; chaires amplement
pourvues de laboratoires où l'on enseigne la Physique et la Chimie
biologiques, et le laboratoire d'Histoire Naturelle médicale s'appelle
désormais « laboratoire de l'arasitologie. »
» Ces laboratoires , ouverts à tous les élèves , ont eu la plus
heureuse iufluence sur l'évolution des sciences, car pour cultiver
une science il faut commencer par l'aimer. Lorsque cette science
ne se présentait que sous la figure d'un professeur dogmatisant du
haut de sa chaire, il était bien difficile d'en apprécier toute la
beauté. Aujourd'hui le professeur circule, comme un maître sur-
veillant ses apprentis, autour d'un vaste laboratoire où chaque
élève, armé du microscope ou du scalpel, s'instruit lui-même en
fouillant dans le grand livre de la Nature; c'est ainsi que les voca-
tions se font jour librement, pour les découvertes que l'avenir nous
réserve encore.
» La Médecine et l'Hygiène ont déjà recueilli les fruits de ce
courant nouveau. Les laboratoires de Micrographie et de Bactério-
logie ne sont pas restés confinés dans l'enceinte de nos Universités.
Toutes les villes de quelque importance en possèdent aujourd'hui.
Faut-il vous citer l'Institut Pasteur, ïe modèle de ces grands établis-
sements, et vous rappeler que c'est une souscription nationale,
ayant produit en quelques mois près de trois millions, qui permit
de l'élever en 1888?
» Rien de tout cela n'existait il y a vingt-cinq ans. Qu'a-t-il donc
fallu pour révolutionner ainsi toute la Médecine? Peu de chose eu
34 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
apparence : simplement la preuve de la réalité d'une doctrine
médicale longtemps dédaignée, — que dis -je, profondément
méprisée, — par ceux-là mêmes qui avaient le plus d'intérêt à la
connaître : la doctrine parasitaire des maladies virulentes et con-
tagieuses, le Parasitisme pour l'appeler par son nom. Et s'il est
une chose qui puisse nous étonner aujourd'hui , c'est que le
triomphe de cette doctrine ait été si complet et si rapide.
» Ce triomphe, vous le savez, Messieurs, est dû tout entier à
l'énergie scientifique d'un homme dont j'ai déjà prononcé le nom.
C'est Pasteur qui, de 1865 à 1885, a lutté pied à pied, accumulant
découverte sur découverte, pour la démonstration de cette grande
vérité dont son génie avait eu, dès 1860, la lucide intuition. Et
Pasteur, qui n'était pas médecin, qui n'était même pas naturaliste,
— c'est lui du moins qui le dit, — mais qui était certainement
un grand biologiste, a rendu ainsi un service immense à la méde-
cine et par contre-coup à la Zoologie, comme je vous le montrerai
tout-à-l'heure.
» C'est qu'en elïet toutes les sciences se tiennent et se prêtent un
mutuel appui. 11 fut une époque, qui s'étend de l'antiquité à la
renaissance, où le savant, — le philosophe, comme on disait alors,
— pouvait prétendre connaître toutes les sciences. Naturaliste,
médecin, chimiste, physicien, mathématicien, il était tout cela à
la fois, parce que le savoir humain était condensé dans un petit
nombre de livres que l'étudiant s'assimilait facilement en quelques
années. 11 n'en est plus de même aujourd'hui : les connaissances
humaines ont pris une telle extension, que la vie la plus longue
suffirait à peine pour acquérir ne fut-ce que les éléments de toutes
les sciences. Par suite, les savants ont dû se spécialiser de plus en
plus dans la science de leur choix Mais les rapports nécessaires
que les sciences présentent entre elles n'en subsistent pas moins,
et c'est ce qui force souvent le savant à faire une excursion dans le
domaine d'une autre science. Tel fut le cas de Pasteur; et l'on peut
dire que cette excursion d'un chimiste dans le domaine du natura-
liste et du médecin fut un véritable bienfait pour l'humanité.
» Pour vous montrer les Rapports de la Zoologie et de la Médecine,
je ne puis mieux faire que de vous retracer successivement un
épisode de la vie scientifique de trois hommes dont l'orientation
s'est modifiée sous l'influence de ces rapports nécessaires dont je
vous parlais tout à l'heure, et qui, partis de points différents, se
sont rencontrés pour rendre à la médecine les plus éclatants
services.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901 35
» Pasteur, physicien et chimiste, est devenu, sinon médecin, tout
au moins naturaliste pour faire triompher la doctrine parasitaire
des maladies;
» Laveran, médecin-clinicien, est devenu naturaliste pour com-
pléter sa découverte de l'Hématozoaire du paludisme;
» Metchnikoff, naturaliste, s'est fait médecin pour démontrer
la phagocytose et prouver, comme il le dit lui-même que « la
pathologie générale n'est qu'une branche de la Zoologie ou plutôt
de la Biologie. »
l. — Pasteur et la maladie des Vers-a-soie
« Si je choisis à dessein cet épisode de la vie de Pasteur, c'est
que cette maladie, la Pébrine, est causée par un organisme, le
Nosema bombycis, qui appartient au Règne animal et rentre par
conséquent dans le cadre de nos études. Le Nosema est un Sporo-
zoaire de l'ordre des Microsporidies, et son évolution est aujour-
d'hui bien connue : mais il n'en était pas de même il y a trente-
cinq ans et les péripéties par lesquelles a passé l'histoire de sa
découverte, sont des plus instructives au point de vue qui nous
occupe ici.
» C'est en 1865 que Pasteur fut chargé, par le Ministre de l'Agri-
culture et sur la demande de Dumas, d'aller dans le midi étudier
les causes de la Pébrine, qui menaçait sérieusement notre industrie
séricicole. Aux yeux de l'illustre Dumas, Pasteur était tout désigné
pour cette mission par ses recherches antérieures sur les fermenta-
tions, sur les maladies des Vins, sur les Générations dites spon-
tanées. Cependant Pasteur, semble-t-il, en jugeait autrement, soit
par modestie naturelle, soit qu'il eût présent à l'esprit l'échec déjà
subi par Cornalia, en Italie, et de Quatrefages, en France. Ce
dernier, malgré ses connaissances de naturaliste, n'avait pu
débrouiller la véritable nature de la Pébrine en l'étudiant quelques
années auparavant (1860). Toutefois, les hésitations de Pasteur ne
furent pas de longue durée. — «Cette marque de confiance, dit-il (1),
pour laquelle je ne me trouvais aucun titre sérieux, m'a jeté tout
d'abord dans une grande perplexité. Il a fallu toute la bienveillante
insistance de M. Dumas pour me déterminer à tenter sans prépara-
tion l'examen d'une question si délicate. — Les choses sont chan-
gées aujourd'hui. L'émotion que j'ai ressentie sur les lieux mêmes
[\) C.-R. Acad. des Sciences, LXI, 1865, p. iiOti.
36 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
où le mal sévit dans toute sa force, sans doute aussi la passion qui
s'empare de l'esprit du savant en présence des mystères de la
nature, m'ont inspiré au contraire le vif désir de poursuivre les
premières études que je viens de terminer. . . »
» Comme vous le voyez, Pasteur, naturaliste malgré lui, à ce
qu'il prétend du moins, mais naturaliste dans l'âme, comme le
prouvent ses recherches antérieures, parle ici en véritable natura-
liste, et s'il ne connaît pas encore la véritable nature du fléau qu'il
s'agit de combattre, il en a déjà percé en partie les « mystères ». Les
corpuscules noirs ou vibrants, déjà signalés par Cornalia et de Qua-
trefages, comme le « signe physique de la maladie », sont hérédi-
taires, transmissibles du Papillon femelle aux larves nées de ses
œufs. C'est là un grand point d'acquis et qui permettra bientôt à
Pasteur d'indiquer le remède à cette maladie. Déjà il la compare
à la phtisie, mais en faisant cette réserve : « Je désire toutefois
que l'on sache bien que je parle en profane lorsque j'établis des
assimilations entre les faits que j'ai observés et les maladies
humaines. » Ce fut là, on le sait, une des grandes préoccupations
de Pasteur, la crainte de paraître empiéter sur le domaine de la
médecine.
» Il continue : « J'aurais désiré pouvoir traiter ici de la nature
des corpuscules, mais ce sujet mérite des observations plus éten-
dues que celles que j'ai pu faire. Cependant, je me hasarde à dire
que mon opinion présente est que les corpuscules ne sont ni des
animaux ni des végétaux, mais des corps plus ou moins ana-
logues aux granulations des cellules cancéreuses ou des tuber-
cules pulmonaires... Ils devraient être rangés plutôt à côté
des globules du pus ou des globules du sang... qu'auprès
des Iufusoires ou des Moisissures... »
» Cette opinion de Pasteur, si nettement exprimée, peut paraî-
tre étrange au premier abord de la part d'un savant qui venait
de montrer, dans les fermentations et les générations préten-
dues spontanées, la présence constante d'organismes animaux
ou végétaux. Elle prouve simplement la prudence avec laquelle
Pasteur s'avançait dans toutes ses recherches. Notez qu'en 1865,
la nature parasitaire de la Tuberculose n'était pas encore
démontrée, et quant à la ressemblance avec les globules du
pus, ne savons-nous pas aujourd'hui que ces derniers sont,
au point de vue morphologique, de véritables Amibes? De même
la ressemblance des cellules cancéreuses avec des Sporozoaires
doit être bien grande puisque de nombreux observateurs sou-
SÉANCE DU 2<» FÉVRIER 1901 37
tiennent encore que le Cancer est une maladie parasitaire causé*;
par une Coccidie ( I).
» Un naturaliste de profession pouvait seul placer la question
sur son véritable terrain. Ce naturaliste fut Balbiani. Il était à
cette époque chef du laboratoire de Claude Bernard au Muséum.
11 ne connaissait les Sporozoaires que par les travaux encore assez
rares de Hake (1839), de J. Muller (1841), de Miescher (1843), de
Remak (1845), de Leydig (1853), et le nom de « Sporozoaire » n'était
pas encore créé (2). On désignait ces organismes sous le nom de
Psorospermies, et on les rattachait au règne végétal (3). Balbiani
indiqua le premier « l'étroite parenté (des Corpuscules de la
Pébriue) avec les organismes parasites (étudiés par Leydig) et
connus sous le nom de Psorospermies (4). »
» Pasteur, évidemment, ne connaissait pas les Psorospermies
dont le nom n'était même pas prononcé dans les traités de Zoologie
existant à cette époque. Les Grégarines, qui sont les plus grands et
les plus anciennement connus des Sporozoaires, après avoir été
considérées comme des Vers, étaient classées dans le groupe des
[illusoires, assemblage hétérogène de Protozoaires et de Proto-
pliytes, comprenant aussi les Bactéries. — Pasteur cependant sut
se défendre.
» Je n'ai encore sur ces objets, dit-il (parlant des Corpuscules de
la Pébrine), que des vues préconçues auxquelles je ne tiens pas
plus que de raison... Je souhaite vivement que les idées de
MM. Balbiani et Leydig soient vraies, parce qu'il n'en est pas qui
puissent donner une plus grande force aux conséquences pratiques que
j'ai déduites de mes observations... Si je ne crois pas, quant à présent,
que les corpuscules soient des parasites..., c'est que je ne les ai
jamais vus se reproduire, et tant qu'on n'aura pas démontré le mode
(1; Si l'on admet que les leucocytes sont tles cellules évoluant physio logique-
ment sous forme d'Amibes, on doit admettre également que des cellules puissent
évoluer [latholog iqueinent sous forme de Coccidies. « Les formes décrites (dans le
Cancer) comme des Sporozoaires, dit Fabre-Domeruue, n'ont avec ces êtres que
des ressemblances morphologiques et n'en possèdent pas les caractères. Toutes les
Pseudo-Coccidies figurées jusqu'ici se rattachent par des gradations insensibles à
la cellule néoplasique dont elles émanent par voie de dégénérescence » {Archives
de Parasitologie, II, 1899, p. 487).
(2\ Il le fut seulement en 1879 par Leuokart.
(3) Hake, le premier observateur des Coccidies (1839) , les avait considérées
comme une forme particulière de globules du pus.
(4) C.-R. Açad. 'les Se, L866, LXI1I. p. 388.
Bull. Soc. Zool. de Fr., 1901. xxvi. — 3.
38 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
de génération des corpuscules, l'idée que ce sont des parasites
manquera de base... » (1).
» La preuve que Pasteur réclame ici, Balbiani la donnera
bientôt (2), et Pasteur lui-même se rendant à l'évidence acceptera,
dans ses publications ultérieures, les idées de Balbiani sur la
nature parasitaire de la Pébrine (3).
» Si j'ai tenu à vous montrer, Messieurs, les différentes phases
de cette discussion scientifique, c'est que nulle part, à mon avis,
on ne voit plus clairement l'influence des recherches zoologiques
sur une question de Pathologie. Supposez pour un instant que
l'histoire des Sporozoaires ait été connue, en 1865, comme elle l'est
de nos jours, Pasteur en aurait certainement tiré parti et ses
longues et patientes recherches sur la Pébrine en auraient été sin-
gulièremeut éclairées et par suite abrégées, pour le grand profit de
la Science et de l'Industrie. Supposez que Pasteur ait été doublé
pour ces recherches d'un Balbiani, ou qu'il ait eu près de lui,
comme il l'eût plus tard dans Elie Metchnikoff, un élève dévoué,
rompu à toutes les pratiques de la Micrographie et de la Microbio-
logie, ne vous semble-t-il pas que le triomphe de la doctrine para-
sitaire des maladies eût pu être avancé de dix ou de vingt ans
peut-être? Tant il est vrai que la Vérité ne sort jamais toute armée,
comme Minerve, du cerveau de Jupiter; son enfantement est plus
laborieux et réclame souvent l'intervention de plusieurs intelli-
gences humaines.
IL — Laveran et l'Hématozoaire du Paludisme
» La doctrine des maladies parasitaires s'est fondée, vous le
savez, sur l'étude des Bactéries qui semblaient, il y a peu d'années
encore, devoir jouer un rôle exclusif dans Pédologie des maladies
générales. Ces Bactéries, rangées d'abord parmi les Infusoires et
considérées comme des Protozoaires, puis désignées, par Sédillot,
sous le nom plus général de Microbes, ont été réclamées depuis,
avec raison, par la Botanique, et classées sous le nom de
Schizomycètes, à la base du règne végétal près des Champi-
gnons microscopiques et des Moisissures.
(1) C.-R., 1. c, p. 442 et suiv.
(2) Étude sur la maladie psorospermique des Vers-à-soie {C.-R. Ac. des Se,
1867, LXIV, p. 574, 691 et 1045; et — Jovrn. Anat. et Phys., 1866 (1867), III,
p. 602; — Les Sporozoaires, 1884, p. 150-153.
(3) Pasteur, Études sur la maladie des Vers-à-soie, 1870.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901 39
» Nous avons aujourd'hui la preuve que les Bactéries ne soûl
pas seules à produire des maladies générales et que les Proto-
zoaires en produisent également. Sous ce rapport, la Zoologie
ue doit plus rien envier à la Botanique, et l'avenir prouvera
sans doute que la part des deux Règnes est à peu près égale
dans le domaine de la Parasitologie.
» Si la Botanique a précédé dans cette voie la Zoologie, c'est
qu'à l'époque où la théorie parasitaire s'est fait jour, l'étude
des Bactéries était beaucoup plus avancée que celle des Proto-
zoaires. Les premières peuvent vivre librement dans l'eau ou
dans le sol : leur mode d'existence, leur évolution et leur
reproduction sont relativemeut simples; leur culture artificielle
est facile. Les Protozoaires, au contraire, et surtout les Sporo-
zoaires, ne vivent généralement que dans le corps des animaux :
leur évolution, leurs migrations et leur reproduction sont des
plus compliquées ; enfin, on n'a pas encore trouvé le moyeu
de les cultiver artificiellement, et l'on ne peut les observer en
dehors des conditions biologiques spéciales qui sont propres à
chacune d'elles. Ce n'est que depuis deux ou trois ans que leur
étude a fait des progrès éclatants. « Le règne des Bactéries a
atteint son apogée, — disait récemment Patrick Manson, un des
apôtres du Parasitisme, à notre collègue Neveu -Lemaire, — celui
des Protozoaires commence ». En effet, près de l'Hématozoaire du
Paludisme, près de la Filariose et de l'Éléphantiasis, causés sinon
par des Protozoaires, du moins par des parasites animaux, viennent
se placer maintenant la Fièvre du Texas, la Domine des Chevaux,
le Nagana ou maladie transmise par la Mouche Tsétsé, les diverses
Coccidioses de l'Homme et des Animaux domestiques, la Dysenterie
des pays chauds, probablement aussi le Béribéri, et bien d'autres
maladies des régions iutertropicales, que notre expansion coloniale
nous force d'étudier de plus près. Tout récemment (1900),
MM. Roger et Weil ont trouvé dans les pustules de la Variole et
dans le sang des malades atteints de Variole hémorrhagique, un
organisme parasitaire, déjà entrevu par d'autres observateurs, et
qui semble bien un Protozoaire (1).
» Le Paludisme est doublement intéressant au point de vue qui
nous occupe ici : il appartient à la Zoologie non seulement par son
parasite, mais encore par le mode d'introduction dans l'organisme,
car celle-ci se fait, comme vous le savez aujourd'hui, par la piqûre
des Moustiques.
(1) Comptes-Rendus de la Société de Biologie, LU, 1900, p. 970.
40 SÉANCE DU 2b* FÉVRIER 1901
» Le parasite du Paludisme est le Plasmodium malariae, Sporo-
zoaire de l'ordre des Hémosporidies, groupe que beaucoup de natu-
ralistes rattachent à l'ordre des Coccidies proprement dites. Cet
animalcule qui se loge dans les globules du sang « comme un Cha-
rançon dans un grain de Blé » (Laveran), est le fléau de l'Algérie et
de de toutes nos colonies iutertropicales.
)) C'est le 6 novembre 1880 que Laveran, alors médecin-major à
l'hôpital de Constautine, découvrit cet organisme microscopique
dans le sang des malades atteints de Fièvre intermittente (1).
Partout à cette époque on cherchait ces Bactéries qui venaient de
forcer la porte de la Pathologie, et de nombreux observateurs,
Salisbury, Klebs et Tommasi-Crudeli, beaucoup d'autres encore,
s'acharnaient à trouver le parasite dans l'eau des marais ou dans le
sol, persuadés que c'était une Bactérie ayant le même mode d'exis-
tence que celles de la Fièvre typhoïde ou du Choléra.
» Frappé de l'impuissance de ces observateurs à faire la preuve
de cette étiologie, ayant lui-même cherché vainement le parasite
dans l'eau des marais, constatant, par les autopsies, que ce para-
site, quel qu'il fût. produisait des désordres bien différents de ceux
que l'on observe dans les maladies bactériennes , Laveran fut
conduit à supposer qu'il s'agissait d'un Protozoaire ayant un genre
de vie très différent de celui des Bactéries.
» Eu 1878, dit-il, ayant eu l'occasion de faire à Bône plusieurs
autopsies de sujets qui avaient succombé à des accidents per-
nicieux, je fus frappé de ce fait que la mélanémie était une
altération très spéciale, très caractéristique du Paludisme. Eu
étudiant dans le sang frais des malades atteints de fièvre palus-
tre les éléments pigmentés, je remarquai qu'à côté des leuco-
cytes inélanifères, on trouvait des éléments de forme assez
régulière (corps sphériques et corps en croissant) bien différents
des leucocytes ; le 6 novembre 1880, je constatai, à Constau-
tine, dans le sang d'un malade, l'existence de corps sphéri-
ques pigmentés, de corps en croissant et de flagelles très
mobiles ; dès lors, je n'eus plus de doutes sur la nature animée
des éléments qui, depuis quelque temps, avaient attiré mon
attention et je décrivis les trois formes principales sous les-
quelles se présente Y Hématozoaire du Paludisme : corps ami-
boïdes. corps en croissant, flagelle (2) ».
ii Bulletin <ir l'Académie <ï< Médecine, 23 Nov. el 28 Dec. 1880; 25 Oct. 1881.
(2) Laveran, Traité du Paludisme, I8ii8.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER i î>0 1 41
» Admirez ici, Messieurs, comme le véritable savant sait, tirer
parti des faits d'observation pour en arriver de degrés en degrés,
lentement mais sûrement, aux découvertes les plus dilficiles.
Le clinicien a noté que la mélauémie, c'est-à-dire la destruction
des globules rouges du sang, est une lésion spéciale au Palu-
disme et qui ne s'observe pas dans les maladies où l'on constate
la présence de Bactéries dans le sang. Le médecin devient
alors naturaliste, fait des préparations microscopiques de ce
sang altéré et ne tarde pas à y distinguer des formes étranges
et fugitives qu'il saura rattacher les unes aux autres comme
les différentes phases du développement d'un seul et même
parasite qui ne peut être qu'un Protozoaire et qui l'est en effet.
» Et notez bien que ceci se passe en 1880, c'est-à-dire il y
a vingt ans, et que ce n'était pas un mince mérite, à cette époque,
loin de Paris, dans le modeste laboratoire de l'hôpital militaire
de Constantine, de faire de la Micrographie et de bonne Micro-
graphie. On ne s'étonnera pas, après cela, que Laveran soit,
devenu un de nos maîtres dans cette science.
» L'Hématozoaire du Paludisme était découvert. Malgré l'oppo
sition de ceux qui se raccrochaient encore à la théorie bacté-
rienne de la maladie, il faisait son chemin. La Zoologie et la
Pathologie comparée lui prêtaient bientôt leur appui. En 1886,
Damvlesky montrait dans le sang des Oiseaux des organismes
parasites tellement semblables à celui de Laveran qu'on pou-
vait d'abord les croire identiques. Ils appartiennent tout au moins
au même groupe naturel des Hémosporidies. De plus ils fourniront
le moyen de démontrer le mode d'introduction du parasite.
» Ce n'était pas tout, en effet, que d'avoir découvert le parasite :
il importait surtout de savoir comment il pénétrait dans le sang.
Dès le début, Laveran avait indiqué le nœud de la question en
constatant que l'Hématozoaire ne se trouvait, sous aucune forme
libre, dans l'eau ou dans le sol des contrées marécageuses. « 11
paraît probable, dit-il en 1892, que l'Hématozoaire du Paludisme
existe dans les milieux palustres à l'état de parasite de quelque
animal ou de quelque plante. J'ai émis l'hypothèse que les Mousti-
ques jouaient un rôle dans la propagation du Paludisme comme
dans celle de la Filariose » (1).
» Vous savez, Messieurs, que cette hypothèse s'est pleinement
réalisée. Laveran, revenu à Paris, dans un milieu à peu près
(1) Laveran, Paludisme (Bibl. des Aide-mémoires), 1892, p. 60.
\1 SÉANCE DU 26 FÉVRIKR 190
indemne du Paludisme, absorbé, d'ailleurs, par ses devoirs de
médecin militaire et de professeur au Val-de-Grâce, ne pouvait
poursuivre que de loin ses recherches. Mais, à son instigation, elles
furent reprises, dans l'Inde, par Ronald Ross qui réussit à infester
des Oiseaux en les faisant piquer par des Moustiques. Il reconnut
en outre que ces Moustiques appartiennent au genre Anophèles et
non au vulgaire Culex. Peu après Grassi constatait, en Italie, que
l'affection se propage également chez l'Homme par la piqûre des
Moustiques appartenant au genre Anophèles (1). Comme vous le
voyez, c'est encore la Zoologie et la Pathologie comparée qui ont
permis de percer le dernier voile qui enveloppait l'histoire du
Paludisme.
» On entend dire, bien souvent, que les grandes découvertes
sont dues tout entières à l'effet du hasard. N'en croyez rien,
Messieurs, et les faits que je viens de vous retracer le prouvent
surabondamment. Je suis persuadé que si l'on demandait à Laveran
comment il a découvert la véritable nature du paludisme, il répon-
drait sans hésiter : « En y pensant sans cesse ».
III. — METCHNIKOFF (2) ET LA PHAGOCYTOSE
» Je vous ai montré déjà comment un chimiste devenait biolo-
giste et comment un médecin se faisait naturaliste pour le plus
grand bien de la science. Il me reste à vous montrer le zoologiste
mettant ses connaissances spéciales au service de la Pathologie
pour éclairer l'un des grands problèmes de cette science et
montrer ses rapports avec la Zoologie générale. Ce zoologiste sera,
si vous le voulez bien, Elie Metchmkoff, aujourd'hui l'un des
maîtres de l'Institut Pasteur, et vous verrez qu'aucun exemple
ne pourrait être mieux choisi.
» On savait, depuis longtemps, qu'à côté des globules rouges
si abondants dans le sang et qui lui donnent sa couleur vermeille,
il existe d'autres globules beaucoup plus rares et incolores que
l'on a nommé leucocytes ou globules blancs du sang, et qui
ressemblent sous tous les rapports à des Amibes. On connais-
sait le rôle des globules rouges qui transportent l'oxygène de
l'air du poumon à tous nos organes : mais on était fort embar-
rassé pour dire à quoi servaient les globules blancs et pourquoi
leur nombre augmentait, souvent dans des proportions énormes,
(1) La Fièvre jaune, bien que de nature bactérienne, se propage également par
la piqûre des Moustiques.
(2) Doit s'écrire Metshnikov ; l'orthographe usuelle a été laissée à la demande
de l'auteur.
SÉANCE DU 2(> FÉVRIER 1901 43
dès que l'organisme était malade. C'est à Metchnikoff que revient
l'honneur de nous l'avoir enseigné.
Metchnikoff était professeur de Zoologie à l'Université d'Odessa,
lorsquen 1888, Pasteur l'appela près de lui pour lui confier
la direction d'un des laboratoires de l'Institut de la rue Dutot.
Ses précédents travaux sur l'embryogénie des Némertiens, des
Echinodermes, des Méduses, sur la digestion intracellulaire des
Invertébrés, ses recherches sur la maladie des Daphnies, sa grande
habileté en Micrographie, en faisaient une précieuse recrue
pour ce grand établissement. En quittant la Russie pour la
France, Metchnikoff ne fit qu'étendre à la Pathologie ses recher-
ches de Zoologie comparée. Pour don d'heureux avènement il nous
donna la théorie de la Phagocytose.
» Vous connaissez tous, Messieurs, ce beau livre de M. Edmond
Perrier, Les Colonies Animales, que l'on lit comme un roman capti-
vant et qui est l'application à toute la Zoologie de la théorie cellu-
laire, fondée par Schwan en 1839, et qui domine depuis cette
époque toutes les sciences biologiques. Eh! bien, ce que l'œuvre
de M. Perrier a fait pour la Zoologie, les Leçons sur la Pathologie
comparée de l'Inflammation (1) professées en 1892, par Metchnikoff à
l'Institut Pasteur, l'ont fait pour la Pathologie, en nous révélant le
rôle considérable dévolu aux leucocytes dans l'organisme malade
de l'Homme et des animaux.
» Ces globules blancs sont, non seulement par leur forme et
leurs mouvements, mais par tous leurs caractères, de véritables
Amibes. A ce titre ils ont la faculté d'englober tous les corps
étrangers, débris divers ou parasites qui se trouvent accidentelle-
ment dans le sang. Ils s'attaquent même aux globules rouges dès
que ceux-ci sont malades ou déformés et cessent de rouler avec
leur vitesse normale : ils les dissolvent en absorbant leur résidu
pigmentaire. Ce sont les ennemis-nés des Bnctéries qu'ils englou-
tissent et digèrent avec une facilité surprenante, et ceci doit être
pris à la lettre car ces leucocytes, qu'on nomme dès lors des phago-
cytes, possèdent un ferment amylytique (Rossrach), une véritable
diastase qui leur permet de détruire la membrane d'enveloppe des
Bactéries pour les fractionner en masses irrégulières. Ils s'attaquent
aussi aux Protozoaires parasites, et c'est un spectacle étrange de
voir, sur la platine du microscope, cette lutte entre l'Amibe domes-
tique (le phagocyte de l'organisme) et l'Amibe sauvage (le parasite
(1) E. Metchnikoff, Leçons sur lu Pathologie comparée de V Inflammation.
Paris, 189:>.
44 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
venu du dehors), que le premier finit par vaincre et dévorer (1).
» On comprend, d'après cela, quel est le rôle des phagocytes
dans les maladies. Pour me servir d'une comparaison frappante, et
que l'on a faite avant moi, les leucocytes si rares que l'on voit à
l'état physiologique suivre lentement les parois des capillaires
pendant que les globules rouges s'y précipitent en foule, ce sont
les gardes de police qui suffisent pour la protection de l'organisme
dans l'état de santé. Mais qu'un point de cet organisme soit menacé
par une inflammation, un traumatisme, une cause irritante quel-
conque, on voit en peu d'instants les globules blancs augmenter de
nombre : au bout de quelques heures ils sont légion, car ils sortent
de la rate, de la moelle des os, des glandes lymphatiques, de tous
les organes où ils étaient au repos sous forme de cellules.
» En un mot, c'est l'armée nationale qui se lève et mobilise
toutes ses réserves pour la Défense de l'Organisme (2). Et de
même que, dans une armée il y des soldats de plusieurs armes,
on distingue aussi parmi les leucocytes jusqu'à quatre espèces
différentes que l'on reconnaît à leur taille macrophages et micro-
phages), au nombre de leurs noyaux (mono - et polynucléaires)
et qui paraissent avoir des rôles bien distincts. Lorsqu'un
phagocyte mononucléaire succombe après avoir englobé des
Bactéries, son cadavre, devenu globule de pus, est englobé à
son tour par un Phagocyte polynucléaire qui joue près de lui
le rôle d'ambulancier ou de croque mort.
» Ces phagocytes semblent doués d'une véritable sensibilité,
que les biologistes désignent sous le nom de chimiotaxie, et
qu'un naturaliste serait tenté d'appeler de l'instinct. Ils sentent
à distance les toxines que les Bactéries diffusent dans le sang,
et comme des soldats qui respirent l'odeur de la poudre et
courent au combat, ils affluent et se précipitent vers les points
de l'organisme envahis par ces Bactéries. Ainsi s'expliquent
les grandes suppurations qui ont fait notre étonnement à l'époque
où l'antisepsie n'était pas encore connue.
» Telle est, dans ses grandes lignes, la théorie de la phagocytose
qui éclaire d'un jour tout nouveau l'histoire des inflammations
microbiennes. Je ne crois pas qu'il y ait, en Biologie, de concep-
tion plus grandiose et qui montre mieux l'alliance de la Zoologie
générale et de la Pathologie.
(1) Ce qui est dit ici de la Phagocytose n'est qu'un essai de vulgarisation sans
aucune prétention à la précision scientifique.
(2) Ciiarles Richet, La Défense de l'Organisme, 1894.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901 45
» Je m'arrête ici, Messieurs, et j'aurai atteiut mou but si, par ces
trois grands exemples, j'ai réussi à vous faire voir l'influence que
les progrès de la Zoologie, à une époque donnée, peuvent avoir
sur les progrès de la Pathologie et de la Médecine. Des esprits
superficiels se sont ligures que l'on pouvait séparer la Zoologie
pratique, - - la Zoologie médicale, pour rester dans le cadre que je
me suis tracé ici — de la Zoologie pure, considérée par eux comme
une science spéculative à placer près de l'Astronomie et de la Méta-
physique. Nous sommes en mesure de les détromper. Que serait
aujourd'hui la Parasitologie de l'Homme si la Zoologie descriptive
n'avait pris depuis longtemps à tâche l'étude des formes parasites
dans toute la série animale ? Comment nous débrouiller des Sporo-
zoaires si nous en étions encore aux « corpuscules » de Cornalia et
de Pasteur ? Laveran aurait-il découvert la véritable nature de
l'Hématozoaire du Paludisme, s'il n'avait connu les travaux de
Balbiani sur les Coccidies ?
» Metchmkoff, enfin, aurait-il édifié sa belle théorie de l'Inflam-
mation s'il n'avait observé la phagocytose sur les organismes infé-
rieurs, objet de ses premières recherches? Et n'est-il pas jusqu'aux
Culicides, ces Diptères longtemps négligés, malgré leurs piqûres,
qui ne prennent tout d'un coup une énorme importance par leur
rôle dans l'étiologie des maladies? Les médecins ne doivent-ils pas
remercier les entomologistes d'avoir caractérisé d'avance avec tant
de soins les genres Culex et Anophèles, et d'avoir ainsi aplani leurs
travaux ?
» Par une juste réciprocité la Pathologie sert aux progrès de la
Zoologie en stimulant le zèle des chercheurs que le côté pratique
d'une question attire et séduit. Je constate que les travaux relatifs
aux Sporozoaires ont décuplé depuis dix ans; ceux qui traitent
des Culicides ont doublé dans ces deux dernières années. Ce double
courant est une preuve que l'alliance entre la Pathologie et les
Sciences naturelles devient tous les jours plus intime.
» La Société Zoologique de France a travaillé pendant vingt ans
à conquérir ce beau titre « d'utilité publique » que le gouvernement
lui a octroyé en 1896. Le zoologiste peut, aujourd'hui, prendre une
place légitime dans la société moderne. Qu'il poursuive donc cou-
rageusement sa voie, creusant toujours plus avant le sillon qu'il
s'est tracé ; qu'il soit bien convaincu que le grain qu'il y jette, et
qui peut sommeiller plus d'un hiver, ne restera pas stérile, et que
tôt ou tard les générations futures sauront en tirer une riche
moisson pour le plus grand bien de l'humanité. »
i6 SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1901
M. le professeur R. Blanchard remercie M. le Président de son
très intéressant discours. Il est eu elïet fort regrettable que les
sciences dites accessoires soient encore considérées comme telles
dans les Facultés de médecine, alors que c'est à elles en réalité
que la médecine doit ses progrès incessants.
M. le Président d'Honneur annonce à la Société que M. le baron
J. de Guerne vient de faire une nouvelle libéralité de 200 francs
pour parfaire la somme de 400 francs déjà fournie par les intérêts
de la somme antérieurement versée. Eu conséquence, M. le Prési-
dent d'Honneur propose de décerner immédiatement le prix en
l'honneur du vingt cinquième anniversaire de la Société et au nom
du Bureau qui s'est réuni avant séance, et au nom de M. le baron
J. de Guerne il propose de décerner ce prix à M. Rollinat, qui a
donné aux publications de la Société des travaux très appréciés.
Par acclamation M. Rollinat est proclamé lauréat du prix Malotau
de Guerne (Frédéric-Jules).
M. le Président d'Honneur adresse également les remerciements
de la Société à M. Fr. Secoues, qui vient de déposer entre les mains
du Trésorier une somme dont la rente servira à l'achat d'une
médaille d'argent qui sera décernée tous les trois ans à l'Assemblée
générale.
Elle pourra être attribuée à un fonctionnaire colonial (civil ou
militaire) qui aura le plus contribué à augmenter nos connais-
sances zoologiques par l'envoi de collections, soit à la Société
Zoologique de France, soit au Muséum d'Histoire naturelle de Paris,
à condition que l'étude de ces collections ait été publiée dans les
recueils de la Société Zoologique de France.
Pourront aussi concourir les Instituteurs qui auront adressé à la
Société les notes les plus importantes sur la faune française.
Vu la modicité de la récompense, les voyageurs naturalistes
pourvus de missions officielles à l'étranger et à qui d'autres Com-
pagnies réservent de plus grands avantages, ne pourront prendre
part au concours.
M. H. H. Field , Directeur du Concilium Bibliographicum de
Zurich, annonce à la Société Zoologique de France que grâce à une
forte subvention du Gouvernement Fédéral Suisse, son œuvre est
actuellement en bonne voie et que le nombre des fiches annuelles s'est
élevé de 3.000 en 1896 à 20.000 en 1900. Il espère que la progression
ira sans cesse en croissant et que dans un avenir très rapproché il
pourra satisfaire à toutes les demandes.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER I90d \t
M. Henri Gadeau de Kerville qui, depuis plusieurs années,
s'occupe de la question de l'accouplement dans différents groupes
d'animaux, donne quelques détails sur la manière de photographier
les Batraciens en copulation, et ajoute que, dans de semblables
études, il convient d'employer, toutes les fois que cela est possible,
la photographie, en raison de sou absolue fidélité.
Pour photographier à l'état vivant les Batraciens accouplés et
obtenir ainsi des vues réunissant l'exactitude à la netteté, il se
sert d'un appareil photographique 13x18, à long tirage, que l'on
peut placer verticalement, horizontalement et dans toutes les posi-
tions intermédiaires. De cette façon, les animaux restant posés sur
un plan horizontal, on peut aisément en prendre des vues dorsales
et latérales.
Notre collègue indique le mode opératoire et fait passer sous les
yeux de l'assemblée des photographies montrant, avec beaucoup
de netteté , l'accouplement du Crapaud vulgaire ( Bufo vulgaris
Laur. ) et l'accouplement d'un Crapaud vulgaire mâle avec une
femelle morte de Grenouille verte (Rana esculenta L.).
M. Bavay rappelle les moulages de Crapaud accouplés obtenus
par M. Lataste, après anesthésie par le tabac.
M. Clément ne partage pas complètement la manière de voir de
M. Gadeau de Kerville au sujet des intéressantes photographies
qu'il a présentées.
« Tout d'abord si Ton considère qu'elles reproduisent des animaux
avec leurs dimensions naturelles, que ces animaux ont un fort
relief et qu'ils sont de couleurs peu photogéniques, on reconnaîtra
qu'elles sont beaucoup plus parfaites qu'il veut bien le dire.
» Mais où les auteurs ne sont plus d'accord c'est lorsqu'il s'agit
d'obtenir des clichés phototypiques en se servant de photographies
non retouchées.
» Les épreuves fournies par ces clichés sont forcément inférieures
aux photographies originales, à cela rien à faire, le photo-graveur
seul peut approcher par ses soins et son adresse de la perfection.
Mais une retouche intelligente de la photographie est chose recom-
mandable et toujours facile.
» Pourquoi en effet ne pas corriger certains effets de lumière, des
brillants par exemple, que l'objectif donne trop blancs ou des con-
tours que la lumière a noyés, si l'on y met la conscience voulue et
qu'on n'ait d'autre but que de mieux préciser la vérité?
» La photographie et le dessin sont deux arts qui ne sont nulle-
48 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
ment incompatibles, et faute de ne pas combiner les ressources de
l'un et de l'autre, on se contente trop souvent de résultats qu'on
pourrait facilement dépasser.
» Des photographies aussi belles que celles de M. Gadeau de Ker-
ville, ne sont pas choses courantes, et pourtant certains détails en
seraient perdus à la reproduction, faute d'une très légère et très
honnête retouche. »
M. Henri Gadeau de Kerville montre ensuite la photographie et
le squelette de la tête et des quatre pattes d'un Veau monstrueux
du sexe mâle, qui fut tué à l'âge de trois semaines environ. Le
corps de ce monstre était de la grosseur normale, mais, par suite
de la déformation des maxillaires, sa tête ressemblait vaguement à
celle d'un Bouledogue. Quant à ses pattes, elles étaient beaucoup
moins longues qu'à l'état normal.
M. le baron J. de Guerne rapproche ce Veau monstrueux des
Veaux niatos ou Bœufs boule-dogues de la Bépublique argentine,
étudiés autrefois par M. Dareste, et dont les pièces sont conservées
dans les Musées de Douai et de Lille.
Le Jeudi 2S février, à sept heures et demie du soir, les membres
de la Société se sont réunis en un banquet au Restaurant Cham-
peaux, sous la Présidence d'Honneur de M. le professeur R.
Blanchard, secrétaire général honoraire, et sous la présidence
de M. le Dr Trouessart. M. de Saint-Arroman, délégué de M. le
Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, assistait au
Banquet.
Etaient présents : MM. Artault, Bavay, Bedot, R. Blanchard,
Brôlemann, Clément, Dessalle, A. Dollfus, Field, Fockeu, Freys-
singe, Gadeau de Kerville, Gruvel, de Guerne, Guiart, Hérouard,
A. Janet, Gh. Janet, Joubin, Jumentié, Lennier, H. Martin, Neveu-
Lemaire, Olivier, Petit, Portier, Pruvôt, X. Raspail, P. Richer,
Robert, de Rude val, de Saint Arroman, Schlumberger, Secques,
Trouessart, Vignal etVignon.
S'étaient excusés : MM. Certes, Y. Delage, Fatio, Faurot, Guyot,
Juliu, Malaquin, Moniez, Minchin, Racovitza, J. Richard, Roule,
Sauvage et Yung.
M. le Dr Trouessart, Président, ouvre la série des toasts par le
discours suivant:
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901 49
« Monsieur le Délégué du Ministre,
» Mes chers Collègues,
» La Société Zoologique de France célèbre aujourd'hui ses noces
d'argent. Rompant avec la tradition, votre Bureau a pensé que
dans cette occasion solennelle, il convenait d'offrir la Présidence
d'Honneur à l'un de ses Membres fondateurs et tout naturellement
elle a pensé à M. Vian, qui fut son premier Président eu 1876 et
1877 et qui est encore notre Président Honoraire. Malheureuse-
ment M. Vian, dont uous regrettons l'absence ce soir, a décliné
cette invitation en raison de son grand âge. Dès lors, notre choix
ne pouvait être douteux; il devait se porter sur notre dévoué
Secrétaire général qui, après avoir rempli, pendant 23 ans, ces
lourdes et délicates fonctions, vient de demander à en être relevé.
Il était juste que celui qui avait toujours été à côté du fauteuil
présidentiel, l'occupât au moins une fois, et c'est une occasion que
nous ne pouvions laisser échapper.
» Je n'ai pas à vous faire ici, Messieurs, l'éloge de R. Blanchard
comme savant. Professeur à la Faculté de Médecine, Membre de
l'Académie de Médecine, bientôt, je l'espère aussi, Membre de
l'Institut, son plus beau titre à nos yeux est d'être resté, malgré
ses fonctions absorbantes de professeur, notre actif et dévoué
Secrétaire général.
» Lorsqu'en 1877, alors à peine âgé de 20 ans, R. Blanchard fut
appelé par M. Vian au Bureau de la Société, la situation était des
plus critiques, car cette Société, encore au berceau, était menacée
d'une mort prématurée. Mais, Blanchard est de la race des vail-
lants dont le poète a dit :
« .... Mais aux âmes bien nées,
» La valeur n'attend pas le nombre des années. »
» La Société fut sauvée et depuis cette époque Blancbard n'a
cessé de lui prêter un solide appui, jusqu'en ce jour où elle atteint
sa grande majorité. Aujourd'hui seulement celui qui fut son grand
et puissant ministre demande à être relevé de sa charge, mais
nouveau Mazarin, il ne le fait qu'après nous avoir présenté comme
successeur un jeune Colbert, formé à son école, en la personne de
M. le Dr Guiart, notre nouveau Secrétaire Général.
» En dehors de la Société, mais sous ses auspices, je vous rappel-
lerai le rôle si important que Blanchard a joué comme Secrétaire
Général du Comité permanent des Congrès internationaux de
50 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
Zoologie. Il en fut, vous le savez, un des principaux organisateurs,
avec notre regretté maître, Alphonse Milne Edwards, dont nous
déplorous la perte encore toute récente. C'est à Blanchard que nous
devons la rédaction du Règlement de la Nomenclature des Êtres orga-
nisés, ce modèle de justice et de bon sens qui est notre code à tous.
Comme représentant de la France, Blanchard a pris part aux
Congrès de Leyde, de Moscou, de Cambridge, et partout il a été le
porte-parole écouté de la Zoologie Française. Partout sa franche
cordialité, cet humour et cette vivacité vraiment gauloise que
vous lui connaissez tous nous ont valu le meilleur accueil. Son
talent de polyglotte, son aisance à manier tous les idiomes, lui a
permis de saluer nos hôtes dans leur propre langue et même de
glisser dans ses toasts d'aimables jeux de mots qu'eux seuls et lui
comprenaient, à leur grande joie. Eu un mot il a fait aimer à
l'Etranger la Science française et les Savants français. Nous lui en
sommes cordialement reconnaissants.
» Je bois à la santé de notre Président d'Honneur, M. le profes-
seur B. Blanchard, et je vous demande de réunir dans le même
toast notre Président Honoraire, M. Vian, dont nous regrettons
profondément l'absence. »
M. le professeur B. Blanchard, Président d'Honneur, prononce
ensuite un discours très applaudi que nous regrettons de n'avoir
pas fait sténographier pour en faire protiter nos collègues.
Il retrace les premiers temps de la Société zoologique de France
et fait un portrait des plus fidèle des différents Présidents qui se
sont succédé et ont été ses collaborateurs. Il remercie à nouveau
ses collègues du grand honneur qu'ils lui ont fait en l'appelant à
la Présidence d'honneur de cette Assemblée et en lui faisant la sur-
prise d'une médaille à son effigie en commémoration du vingt-cin-
quième anniversaire de la Société.
Cette médaille est presque terminée et il convient de féliciter
M. le Dr P. Bicher qui a su fixer les traits de son modèle avec une
rare fidélité.
M. de Saint-Arroman présente les excuses de M. le Ministre de
l'Instruction publique et des Beaux-Arts qui, retenu par des enga-
gements antérieurs, s'est vu dans l'impossibilité d'assister aux
séances du vingt cinquième anniversaire de la fondation de la
Société Zoologique de France. M. le Ministre, en lui confiant le
grand honneur de le représenter, lui a particulièrement recom-
mandé d'insister sur la sympathie qu'il porte à la Société Zoolo
i f
Illustration du Menu du 28 février 1901
Professeur Raphaël BLANCHARD
MEMBRE FONDATEUR DE LA SOCIETE
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE 1880 A 11)01
ÉLU^SECRÉTAIRE GÉNÉRAL HONORAIRE LE 2G DÉCEMBRE 1900
PRÉSIDENT D'HONNEL'R
DE LA HUITIÈME ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 190 1 51
gique de France et sur l'intérêt qu'il porte à ses études. Il lève
son verre au cinquantenaire de la Société.
Après lecture des lettres et télégrammes d'excuse des Membres
absents, M. le Secrétaire général adresse les remerciements de la
Société à M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux Arts
qui, en déléguant à ce banquet M. de Saint-Arroman, a tenu à
témoigner de l'intérêt qu'il portait à la Société Zoologique de
France. Il s'associe à M. le Président d'Honneur pour saluer en
M. de Saint-Arroman un des plus aimables fonctionnaires du
Ministère de l'Instruction publique, à qui la Société Zoologique a
eu recours en maintes circonstances et qui a toujours su aplanir
les difficultés avec un zèle qui n'a d'égal que son extrême amabilité.
Il remercie également les Membres de la province et de l'étranger
qui assistent au banquet et qui, en l'honneur du vingt-cinquième
anniversaire de la Société, ont tenu à venir apporter l'hommage de
leur sympathique reconnaissance à celui qui en a été l'àme durant
vingt- trois ans.
M. le Secrétaire général adresse les vœux de la Société à ceux de
ses membres partis en voyage d'exploration : à MM. Alluaud et
Brumpt, partis depuis peu pour Madagascar et l'Abyssinie, à M. G.
Grandidier, qui va partir incessamment pour Madagascar.
Il remercie M. Clément, à qui l'on doit la charmante composition
qui orne le menu (voir ci-contre), et M. Petit qui, comme les années
précédentes, a tenu à orner la table de vols gracieux d'Insectes et
d'Oiseaux.
Il termine par des remerciements persounels à l'adresse de M. le
professeur B. Blanchard, à qui il a le périlleux honneur de succéder,
et lui en exprime publiquement ses sentiments d'affectueuse recon-
naissance. Il porte un toast à M. le Président d'Honneur et à sa
famille.
M. Fr. Secques, archiviste-bibliothécaire de la Société, prononce
ensuite le discours suivant :
u Messieurs,
» Au moment où la Société Zoologique de France célèbre sou
vingt-cinquième anniversaire , permettez moi d'évoquer des sou-
venirs encore plus lointains.
» La Zoologie a toujours été en honneur dans notre pays et bien
que la faune française nous révèle chaque jour des nouveautés,
depuis longtemps déjà les régions inconnues ont tenté la curiosité
52 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
des naturalistes. Ces voyages ne sont pas cependant sans présenter
de grands dangers et plusieurs voyageurs ont payé de leur vie
leur amour pour la science. Aux difficultés de la vie matérielle,
sous des climats souvent mortels, se joint L'hostilité d'indigènes
toujours superstitieux et craintifs, quand ils ne sont pas guerriers
et pillards et cela ne vous étonuerait guère si je vous racontais les
mésaventures d'un paisible entomologiste arrêté dans les montagnes
d'Auvergne et traîné devant la gendarmerie qui n'avait jamais eu à
verbaliser pour semblable délit de chasse.
» La force armée heureusement u'a pas toujours été aussi hostile
aux naturalistes, elle les a même souvent secondés en protégeant
leurs recherches. Je ne vous rappellerai pas à ce propos les voyages
de nos marins à travers le monde, les croisières de l'Altrossabt, la
Bonite, l'Uranie, etc., pas plus que sur terre les travaux de l'Institut
du Caire, sous le Directoire, pendant la campagne d'Egypte.
» Depuis cette époque, la division du travail s'est malheureuse-
ment opérée, ayant pour la Zoologie les plus fâcheuses consé-
quences : aux soldats les canons et la poudre, aux naturalistes le
scalpel et le savon de Bécœur. L'ardeur de nos voyageurs ne s'en
est point ralentie pour cela et pendant que paisiblement, à l'abri
des intempéries de toutes sortes, la Société Zoologique de France
tenait sur les bords de la Seine ses premières assises, un de ses
membres fondateurs et des plus dévoués que vous reconnaîtrez
tous, partait au Congo encore inexploré, un fusil sur l'épaule, une
chanson sur les lèvres. Pendant que ses collections péniblement
amassées pendant neuf ans, enrichissaient nos musées, leur étude
alimentait nos premières publications.
» Certes l'appui du Ministère de l'Instruction publique n'a jamais
fait défaut à ceux que passionnent les voyages et l'étude de la
nature, et la présence parmi nous de son délégué particulièrement
sympathique aux voyageurs, nous est un très sûr garant de sa
sollicitude. Permettez-moi toutefois d'exprimer un regret : à une
époque où les expéditions coloniales n'ont jamais été plus floris-
santes, comment le Gouvernement n'a-t il pas songé à adjoindre
des naturalistes aux différentes colonnes opérant dans ces pays
encore si mal connus? C'est un regret que j'exprime ici, laissant à
de plus puissants le soin d'y remédier, dans l'espoir qu'à notre
prochain banquet cette idée aura trouvé des défenseurs et dans la
réalisation de mes désirs, qui sont certainement les vôtres, con-
tribué à donner plus d'éclat encore au bon renom de la Zoologie
française. »
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901 53
M. de Saint- Arroman fait à M. Secques une réponse très humo-
ristique et très documentée pour lui moutrer que le Ministère de
l'Instruction publique a toujours fait son possible pour réaliser les
idées qui viennent d'être exposées. Mais les Ministères de la Guerre
et de la Marine y ont vu de nombreux inconvénients qu'il énumère.
11 espère toutefois que dans un avenir prochain il sera possible
d'arriver à une entente qu'il désire lui-même très ardemment.
LES RUSES MATERNELLES CHEZ LES ANIMAUX
PAR
XAVIER RASPAIL
Sous ce titre, qui promet plus que je ne puis tenir, je veux
simplement, par quelques exemples, attirer l'attention sur l'intérêt
qu'il y aurait à recueillir les preuves de l'intelligence déployée
par les femelles des animaux, pour mettre leurs jeunes à l'abri
de la recherche d'ennemis insatiables, contre lesquels ils seraient
impuissants à se sauvegarder eux-mêmes.
Quand on songe à toutes les causes de destruction auxquelles
sont exposés certains animaux, qui n'ont que leur instinct pour
se défendre et déjouer les embûches tendues sous leurs pas à
toute heure du jour et de la nuit, il faut admettre que les
moyens dont ils disposent sont puissants, autrement, leur espèce
ne tarderait pas à disparaître partout où l'Homme, à son tour,
se livre avec acharnement à leur capture.
Parmi les Mammifères, les plus dépourvus d'armes défen-
sives sont assurément ceux classés sous la dénomination de
gibier; ils n'ont à leur disposition, pour échapper aux dangers
qui les environnent de toutes parts, que la rapidité de leur
course et surtout les ruses, souvent étonnantes, auxquelles ils
ont recours pour se dérober à la recherche de leurs nombreux
destructeurs. Mais, alors qu'adultes ils ne réussissent pas tou-
jours à leur échapper, combien ils se trouveraient exposés dans
les premiers temps de leur existence, si la mère prévoyante
n'était pas là pour veiller à leur sécurité, pour écarter d'eux
le danger sans cesse renaissant.
11 est incontestable que la Nature, telle qu'elle s'est cons-
tituée après les modifications survenues dans l'état atmosphé-
Bull. Soc. Zool. de Fr., 1901. xxvi. — li.
54 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
rique et les grands cataclysmes qui ont bouleversé l'écorce terrestre
a assuré la perpétuation des espèces, de manière que toutes
dussent se retrouver, dans des proportions sensiblement les
mêmes, après l'accumulation des siècles et, pour établir cette
loi d'équilibre, elle a pourvu d'une fécondité toute spéciale, celles
de ces espèces destinées à servir de pâture à certaines autres.
Or, depuis plusieurs siècles, bien des représentants, dans toutes
les classes du règne animal, ont complètement disparu et, à l'heure
actuelle, on en signale un certain nombre qui sont en voie de
disparaître, fl) Eh bien, c'est à l'Homme seul qu'il faut en faire
remonter la responsabilité ; partout où il a pénétré, il s'est fait le
perturbateur de l'ordre naturel ; il a tué, sans nécessité et jusqu'au
dernier, des êtres inofïensifs comme le malheureux Alca impennis ;
il a tué pour le plaisir de détruire, avec une imprévoyance trop
souvent funeste à ses propres intérêts. En quelques années, il est
parvenu à faire disparaître le Bison des immenses prairies de
l'Amérique du Nord où, il y a encore quelque vingt ans, ce superbe
Mammifère formait des troupeaux composés de centaines de mille
d'individus. Aujourd'hui, le Bison, qui ne pouvait succomber que
sous les attaques de l'homme civilisé, est rayé de la faune améri-
caine ; il n'en existe plus que deux petits troupeaux, à peine une
centaine en tout, qui sont conservés dans des parcs comme l'Au-
roch l'est encore, de nos jours, en Russie.
En France, nous voyons de même des contrées où l'on ne ren-
contre plus certaines espèces, qui, sans remonter bien loin dans le
passé, peuplaient les plaines et les forêts ; et si, sur d'autres points,
ces mêmes animaux existent toujours, cela est dû, en grande partie,
à la protection qu'ils trouvent dans les propriétés où l'on veille
à leur reproduction et à leur repeuplement. Aussi, si la chasse
était libre eu tout temps et sans limite dans son exercice, comme
certains esprits inconscients en ont émis la proposition jusqu'au
parlement, il ne faudrait pas deux années pour la destruction
complète des espèces animales, dont une sage réglementation peut
permettre de tirer, chaque année, une précieuse ressource alimen-
taire.
De tous les animaux qui luttent avec avantage contre l'extinc-
tion de leur espèce, il faut placer au premier rang le Lapin de
garenne (Lepus cuniculus). Là, où l'on croirait qu'il a définitive-
(1) M. le Dr !„.-.). Morkau a publié, sur ce sujet, sous le titre : L'extinction
des espèces animales, une, intéressante étude, très documentée (Bull, de la Soc.
Zool. de France, XXV, page 109; 1900.)
SÉANCE DU 2t> FÉVKIEK 1001 55
ment succombé à la guerre saûs merci que lui fait l'Homme à
l'aide des procédés les plus destructifs, ou le voit reparaître et
prospérer comme si la terre, selon l'expression d'un vieux garde,
l'enfantait elle-même. Dès lors, si le sol lui convient et qu'il y
trouve les conditions favorables à son développement, car il ne se
plaît pas partout, chaque année, il faut recommencer à lutter
contre son expansion rapide, si on ne veut pas se déclarer vaincu
par ce Rongeur, comme l'ont été naguère les Australiens.
Et cette force de résistance le Lapin ne l'oppose pas seulement à
l'action déjà si effective de l'Homme, il doit l'exercer en même
temps contre tous les animaux qui le recherchent pour se repaître
de sa chair et de son sang. En m'appuyant sur les constatations
que j'ai pu faire, tout en ne mentionnant que celles relevées dans
la localité que j'habite dans l'Oise, je citerai :
D'abord, la Belette qui détruit les Lapereaux tant dans la rabouil-
lère, où je lui ai vu souvent pratiquer un trou directement au-
dessus du nid, que partout où elle peut les surprendre une fois
qu'ils l'ont quitté.
Puis l'Hermine, que je considère comme plus destructive à elle
seule que les autres carnassiers réunis , car le Lapin qu'elle a
découvert et sur lequel elle se met en chasse, est irrévocablement
perdu ; il a beau faire crochet sur crochet dans les fourrés, franchir
les fossés, se lancer en plaine pour revenir au bois dans une course
affolée, l'Hermine ne perd pas un seul instant sa piste et le malheu-
reux, qui se rend compte de son impuissance à éviter le sort qui
l'attend, s'arrête tout à-coup comme paralysé, se ramasse sur lui-
même en poussant des cris de détresse, bien avant que son impla-
cable poursuivante ne l'ait atteint pour le saisir derrière l'oreille
et le juguler.
Le Putois, la Fouine, le Renard sont également de grands
mangeurs de Lapins qu'ils capturent, le premier par surprise
dans les terriers et sous les tas de bois, les deux autres grâce
à leur agilité et à leur adresse. A côté de ces carnassiers de
profession, d'autres Mammifères viennent eu ligne de compte:
le Sanglier et le Blaireau qui fouillent la terre, l'un avec son
groin, l'autre à l'aide de ses pattes puissantes pour prendre les
jeunes dont ils découvrent la présence souterraine grâce à la
finesse de leur odorat. Le Hérisson pénètre également dans la
rabouillère et s'attaque aux jeunes déjà eu état de quitter le
nid. Et chose que je n'aurais pu admettre si je ne l'avais vue
moi-même, la Taupe, qui est aussi Carnivore qu'insectivore,
56
SÉANCE DU 26 FÉVRIER l901
vient ouvrir sa galerie dans le fond même de la rabouillère,
si elle y sent la présence de jeunes nouveau- nés livrés ainsi
sans défense à sa voracité.
Ajoutons encore deux facteurs de destruction et non des
moindres aux abords des villages : le Chien, qu'on laisse diva-
guer trop souvent à sa guise, et le Chat, cet abominable marau-
deur, dont les courses nocturnes, souvent à de grandes distances
des habitations, sont si meurtrières pour toutes les espèces
de gibier.
Si nous passons maintenant des Mammifères aux Oiseaux,
nous aurons encore à augmenter la liste des destructeurs du
Lapin; nous relèverons pour la contrée qui me sert d'exemple,
parmi les Rapaces diurnes et nocturnes : la Buse, le Faucon
Emérillon, le Busard St-Martin et la Hulotte Chat-Huant; enfin,
parmi les Passereaux, deux maraudeurs redoutables pour les
lapereaux : le Corbeau Corneille et la Pie.
Et quand, brochant sur le tout, survient la tuberculose cocci-
dienne du foie, dont j'ai vu, en vingt ans, trois épidémies
tellement meurtrières que, lors de l'une d'elles en 1890, on
estima, dans une seule propriété des environs de Gouvieux, à
plus de douze cents les cadavres de ce Rongeur éparpillés sur le
sol, on reste confondu de voir, envers et contre tous, ce modeste
Lapin renaître, pour ainsi dire, de ces hécatombes, plus prospère
que jamais et ne mériterait-il pas de faire sienne cette fière devise :
fluctuât nec mergitur ?
La vérité est que toute la gloire de cette surprenante vitalité de
l'espèce revient à la femelle seule, car le mâle, loin d'être un pro-
tecteur de la jeune progéniture, s'empresserait de la détruire pour
se ménager de nouvelles amours. Aussi, la mère, quand elle est
sur le point de mettre bas, fuit-elle, à l'égal de tous ses autres
ennemis, ce sensuel et sanguinaire despote; elle va creuser à
l'écart, souvent loin dans la plaine, une petite galerie d'environ
un mètre de profondeur dont elle fait disparaître l'ouverture en
ramenant et nivelant la terre autour, après avoir établi au fond
un nid moelleux formé d'herbes sèches et du poil qu'elle s'arrache
sous le ventre pour dégager ses mamelles.
La nuit , elle ne s'en approche que lorsqu'elle s'est assurée
qu'elle n'entraîne à sa suite aucun être dangereux ; elle ne débouche
de l'ouverture que juste assez pour y pénétrer, allaite ses petits et
après avoir refermé et dissimulé avec soin le passage souterrain,
regagne le bois où elle va attendre la nuit suivante pour recom-
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901 57
mencer le même manège. Et il en est ainsi pendant un mois,
au bout duquel les lapereaux sont seulement en état de sortir et
de pourvoir eux-mêmes à leur subsistance; appelée alors à pour-
suivre son œuvre procréatrice , cette mère, qui s'est montrée
jusqu'alors si pleine de sollicitude pour ses jeunes, cesse de s'en
occuper; elle les abandonne, non cependant sans les avoir conduits
vers l'endroit qui lui parait leur offrir le plus de sécurité et elle va
déposer une nouvelle portée dans une autre rabouillère, qu'entre
temps, elle avait préparée.
Ces actes, à la vérité, sont reproduits par toutes les femelles de
cette espèce; c'est donc l'instinct, tel qu'on l'attribue aux animaux,
qui les leur fait accomplir. Mais, si l'on constate, chez certaines
d'entre elles, une intention très nettement indiquée d'augmenter les
conditions de sécurité pour leurs jeunes, par un choix judicieux de
l'emplacement où elles vont en faire le dépôt, alors, commencent à
s'affirmer, chez ces êtres dits inférieurs, des facultés qui leur ont
été jusqu'alors refusées ; car, en elles, à côté de l'instinct, dont les
manifestations sont immuables, nous découvrons l'intelligence qui.
de même que pour l'espèce humaine, se différencie de l'instinct en
ce sens qu'elle est variable et perfectible selon les individus.
Comment ne pas en voir une preuve dans les exemples de deux
femelles, dont je pus juger l'intelligence avec laquelle elles firent
choix d'un emplacement particulier pour y déposer leurs jeunes,
de façon à les mieux garantir contre les dangers, que les moyens
propres à l'espèce ne leur avaient pas paru suffisants à écarter.
Dans le fond d'une de ces ornières, que creusent profondément les
lourds fardiers dans les chemins déterre, une de ces femelles avait
établi sa rabouillère, mais en en dirigeant la galerie du côté du
bord externe, de façon que cette galerie se trouvât en dehors du
passage du Cheval, dont les sabots aurait pu la défoncer. 4 ce
moment, le produit d'une coupe de bois était débardé toute la
journée par ce chemin et cette circulation, loin d'avoir détourné
la mère de venir y faire ses jeunes, avait dû lui paraître, au contraire,
une garantie plus sûre pour leur tranquillité. Outre le soin avec
lequel, ainsi que toutes ses congénères, elle refermait l'ouverture,
les roues en passant devaient encore mieux en faire disparaître la
trace, en même temps que l'odeur que la mère aurait pu laisser à
la terre. Cette mère intelligente avait de cette façon augmenté les
chances de déjouer les recherches des animaux carnassiers qui
franchissent d'un saut les ornières accidentées qu'ils rencontrent
sur leur passage, sans être tentés d'y circuler ou de les inspecter.
58 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
L'exemple de l'autre femelle est non moins éloquent. C'est dans
un petit terrain, enclos de toutes parts par un grillage de un mètre
de hauteur, qu'elle était allée établir sa rabouillère, de sorte que,
pour pénétrer dans l'enceinte et en sortir, elle était obligée d'en
escalader la clôture. Et, chose qui me frappa, lorsque je découvris
l'empreinte de ses pattes, à l'endroit où elle sautait après être par-
venue à grimper au sommet du grillage, c'est qu'elle ne le faisait
jamais à la même place, ce qui aurait laissé sur le sol une indication
trop apparente de son passage.
Je ne rappellerai que pour mémoire les ruses que pratiquent la
Perdrix grise et la Fauvette à tête noire, lorsque l'une et l'autre
veulent détourner votre attention et vous éloigner de leurs jeunes
ou de leur nid ; elles sont bien connues et, du reste, je les ai déjà
mentionnées ailleurs; mon intention est de m'en tenir, ici, aux seuls
exemples que j'ai tout lieu de croire inédits et que j'ai eu la bonne
fortune de recueillir dans le cours de mes excursions.
Ce sont encore deux animaux qui ont certainement à craindre
l'Homme plus que tous les ennemis que la Nature leur a donnés :
le Lièvre et le Chevreuil, qui vont nous fournir de nouvelles preu-
ves de la sollicitude et de l'intelligence qu'apportent les mères à
protéger leurs jeunes.
Le Lièvre a à redouter les mêmes carnassiers que le Lapin.
Mais, alors que les jeunes de ce dernier naissent entièrement
nus, les veux fermés, que leur mère est obligée de les sous-
traire aux intempéries et de sauvegarder leur faiblesse en les
enfermant sous terre, les Levrauts viennent au monde couverts de
poils, les yeux ouverts, aptes déjà à marcher et leur mère les dépose
simplement à même le sol aussi bien au bois qu'en plaine ; elle les
laisse loin d'elle abrités sous un buisson, une touffe d'herbe, tapis
le long d'un sillon, derrière une motte de terre, cachés enfin sous
un tas de fumier ou de foin. Ils paraissent ainsi, ces pauvres petits,
bien abandonnés et exposés aux plus fâcheuses aventures et c'est à
se demander comment il peut en échapper un seul à tous les
rôdeurs qui, de jour et de nuit, se livrent à la recherche d'une
proie vivante.
Le Lièvre parvient cependant à résister à toutes les causes de
destruction et il possède certainement des moyens efficaces de
préserver le plus grand nombre de ses jeunes, car, bien que moitié
moins prolifique que le Lapin, il se multiplie assez rapidement
lorsque, à la fermeture de lâchasse, quelques individus ont pu
échapper aux chasseurs et aux braconniers.
SÉANCE DU 2G FÉVRIER 1901 59
J'avais déjà remarqué que l'Hase, après avoir fait ses deux à trois
petits, ue tarde pas à les séparer pour les établir à une certaine
distance les uns des autres; précaution évidente, de sa part, pour
empêcher qu'ils ne soient détruits, du même coup, par le Carnas-
sier qui parviendrait à les découvrir.
.Mais, néanmoins, je pensais que souvent la mère, en venant les
allaiter, devait être la cause de leur perte eu attirant, à sa suite
jusqu'à leur refuge, l'un des nombreux ennemis qu'elle a déjà tant
à redouter elle-même. Je me trompais, car, là encore, j'eus l'occa-
sion d'admirer avec quelle intelligence l'Hase arrive à écarter ce
danger de ses jeunes Levrauts.
Dans un champ nouvellement roulé et qui par conséquent pré-
sentait une surface unie, j'aperçus, un matin, de très petits pas de
Levraut venant d'un amoncellement de Chiendent et y retournant ;
ce va et vient formait un tracé qui rejoignait à angle droit une
ligne cette fois fortement indiquée par les pas d'un Lièvre et à la
jonction, distante de quinze mètres de l'amas de Chiendent, la terre
était légèrement tassée, ce qui indiquait le séjour qu'y avait fait
l'animal.
Je ne pouvais avoir sous les yeux une plus éloquente révélation
de la petite scène nocturne qui se passait à cet endroit : L'Hase
arrivait, s'arrêtait là, appelait son jeune qui accourait la rejoindre
et lorsque goulûment, il. avait tété, qu'il s'était réchauffé à la douce
chaleur de la mère, celle-ci le renvoyait à son refuge où, obéissant,
il allait se blottir en attendant le retour de l'heure bienheureuse
de goûter de nouveau la seule joie dont la Nature lui permettait
de jouir à cet âge. L'Hase poursuivait ensuite son chemin, certaine
d'entraîner derrière elle l'ennemi qui aurait pu rencontrer sa piste
et de l'éloigner aiusi de la retraite du petit solitaire.
Le Chevreuil, dans les pays où le Loup a disparu, n'a pas d'en-
nemis naturels. On dit à la vérité que sou faou devient la proie du
Renard, mais sans en nier la possibilité, j'ai tout lieu de croire le
fait très rare, car la mère ne quitte jamais ses jeunes et elle est
certainement capable de les défendre contre ce maraudeur plus
rusé que courageux et qui, du reste, a suffisamment de quoi trou-
ver à se nourrir parmi les Mammifères de petite taille et les volati-
les de toutes sortes.
L'Homme seul détruit le Chevreuil; sans lui et malgré que la
femelle ne fasse qu'une portée d'un ou de deux jeunes, le Chevreuil
se multiplierait assez rapidement pour devenir nuisible à la conser-
vation des bois. Les Chiens, par exemple, lorsqu'ils divaguent au
GO SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
moment de la reproduction, deviennent très dangereux pour les
faons que la mère ne saurait protéger contre leurs attaques, ni
songera entraiuer avec elle dans une course rapide, trop faibles
qu'ils sont encore sur leurs jambes pour tenter l'aventure.
Il est évident qu'il y aurait de ce fait une cause de destruction
suffisante pour diminuer sensiblement la reproduction du Che-
vreuil ; mais, ici encore, comme nous l'avons vu pour le Lièvre, la
mère, par son intelligente sollicitude, vient écarter le danger
auquel le faon ne pourrait échapper.
Un de ces hasards, sur lesquels l'observateur doit le plus compter
pour découvrir ce qu'il ignore des choses de la Nature, me fit
assister à la scène que je vais décrire. J'explorais, une après-midi
de mai, le bois des Aigles, séparé de la forêt de Chantilly par la
route nationale de Paris à Amiens et aujourd'hui presqu'entière-
ment défriché par la Société d'Encouragement, pour y établir des
pistes d'entraînement, lorsque, arrivé à un taillis de deux ans, où
le genêt et la ronce formaient d'inextricables fourrés, j'entendis
tout-à-coup, à peu de distance, les voix de deux Chiens que je
reconnus pour les avoir rencontrés bien souvent dans les bois après
la fermeture de la chasse.
D'après ce que je jugeai, l'animal qui venait d'être mis sur pied,
devait traverser cette partie découverte et, en effet, une Chevrette
apparut bientôt ayant à ses côtés un tout jeune faon paraissant déjà
à bout de forces et prêt à tomber ; la mère le comprit sans doute,
car elle se mit au pas et se penchant vers son faon elle semblait
l'encourager à faire encore un effort. Elle s'arrêta près d'un épais
roncier et pendant quelques secondes, la tête tournée du côté de ses
ennemis, les oreilles dressées, manifestant les impressions qu'elle
éprouvait par quelques coups nerveux de ses fines pattes sur le sol,
elle resta là comme si elle était décidée à attendre les deux corniaux
et à entamer contre eux une lutte dans laquelle elle ne pouvait
que succomber avec son jeune. Je m'applaudissais de m'être trouvé
à point nommé pour lui venir en aide et je me préparais à couper
ces Chiens en maraude, quand la Chevrette, d'un coup de tête,
envoya tout-à-coup son faon rouler en plein centre du fourré; elle
s'y avança légèrement comme si elle voulait voir s'il était suffisam-
ment caché, puis se redressant avec une allure qui ne dénotait,
chez elle, aucune frayeur, elle partit par bonds sur son contre-pied
au moment où les Chiens, après avoir été un instant en défaut,
débouchaient du grand bois. A la vue de la Chevrette qui venait
droit sur eux, ils s'élancèrent en hurlant à sa rencontre, mais la
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901 01
vaillante faisant alors un brusque crochet, bondit et disparut dans
un épais taillis certaine de les entraîner acharnés à sa poursuite.
Par la voix des Chiens qui s'éloignait de plus eu plus en suivant
une ligne droite, je compris le plan qu'en quelques secoudes, cette
Chevrette avait combiné pour sauver son jeune. Nul doute qu'elle
allait gagner à plus de deux kilomètres, après avoir sauté la route
de Chantilly à Gouvieux et s'être fait battre dans les bois broussail
leux de la Cage, les tourbières de la Canardière où bien souvent
j'avais vu nos Chiens mis en défaut par des Chevreuils attaqués
dans les Aigles.
Lorsque deux heures après je quittai le bois, j'aperçus, au loin
sur la route, les deux corniaux rentrant au village, et je pensai
qu'en ce moment la vaillante mère regagnait promptement l'en-
droit où elle avait laissé son faon, en lui faisant certainement
comprendre, dans son langage, de ne pas bouger et d'attendre son
retour.
Je termine ici mes exemples , peu nombreux, ainsi que je
l'annonçais en débutant, mais ne sont-ils pas suffisants pour nous
montrer que chez les animaux, il y a autre chose que de l'instinct.
Que voir, en effet, dans les actes que certains d'entre eux accom-
plissent pour écarter le plus possible de leur progéniture les
dangers qui les menacent, sinon la mise en action de facultés dont
l'Homme, jusqu'ici, s'est souverainement attribué le monopole.
Refuser de l'admettre, ce serait nier l'évidence même.
BIBLIOGRAPHIE ET BIBLIOTHÈQUES
PAK
FR. SECQUES,
Archiviste-bibliothécaire de la Société Zoologique de France
Beaucoup de notes relatives à la Zoologie sont publiées dans des
recueils contenant les sujets les plus divers et pour cette raison peu
répandus dans des bibliothèques spéciales comme la nôtre. Ces
travaux resteront donc inconnus si leur indication bibliographique
exacte n'est pas mentionnée dans un index spécial aussi, mis à la
portée des Zoologistes. 11 conviendrait donc de favoriser la centra-
lisation de ces documents, soit au Concilium bibliograpkicum de
Zurich, soit à \a Société Zoologique de France, qui leur donnerait une
H2 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
plus grande publicité. Cette mesure pourrait être complétée par
une innovation appelée, je crois, à donner toute satisfaction à
ceux que leurs travaux obligent à des recherches bibliographiques
longues et ennuyeuses.
Jusqu'ici en effet les bibliothèques ne peuvent être considérées
que comme des magasins de volumes. Un travail quelconque omis
dans la bibliographie précédente restera donc ignoré du zoologiste
et le bibliothécaire restera impuissant à réparer cette erreur. Il
serait donc de la plus grande utilité que notre bibliothèque ren-
fermât une série de fiches classées méthodiquement (et le système
décimal nous paraît réunir tous les avantages) ayant trait aux
volumes qu'elle renferme. Le lecteur en quête, non pas d'un
volume où il sait trouver un renseignement utile, mais de toute
une bibliographie à créer sur un sujet qui l'intéresse, trouverait à
l'endroit donné toute cette bibliographie concernant les volumes
contenus dans la bibliothèque et il pourrait quitter le magasin de
livres absolument assuré qu'il y a glané tous les documents utiles
pour son travail.
De même que chaque volume contieut une table des matières
des notes qui y sont imprimées, la série de fiches à établir, serait
en quelque sorte une table des matières de la bibliothèque.
NOTES DE TÉRATOLOGIE
PAR
M. NEVEU-LEMAIRE
Préparateur au Laboratoire de Parasitologie à la Faculté de médecine
I. — DÉFORMATION ET ATROPHIE PARTIELLE DU CRANE
Crâne de Chevreuil (Capreolus capreolus L.).
Il s'agit d'un crâne de Chevreuil adulte qui m'a été remis par
M. L. Petit. Les os de la face, particulièrement les os nasaux et
les maxillaires, sout déformés ou plutôt déjetés du côté gauche. Il
est très facile de se rendre compte de cette disposition sur la
ligure 1, qui est la photographie du crâne vu de face. Cette mal-
formation rentre-t-elle dans le domaine de la tératologie ; il est
difficile de l'affirmer. En effet elle peut être due à un trauma-
tisme postérieur à la naissance de l'animal ; mais comme elle peut
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
63
aussi s'être produite pendant la vie intra-utérine, j'ai cru inté-
ressant de la signaler.
Crâne de Chimpanzé {Troglodytes niger L. ).
Ce crâne a été rapporté de l'Afrique occidentale par M. Bour-
darie, et M. Sf.cques m'a prié de l'examiner. Il présente une atro-
phie partielle ou plutôt une hémiatrophie de la plupart des os du
crâne et de la face du côté droit, ce qui lui donne un aspect
tout à fait asymétrique (fig. 2). La crête de l'occipital, très déve-
loppée à gauche, n'existe pas à droite. L'os malaire et surtout
l'apophyse zygomatique sont très réduits du même côté. La portion
Fig. 1. — Crâne de Chevreuil.
Fig. 2. — Crâne de Chimpanzé.
orbitaire du frontal est également atrophiée du côté droit. Mais
l'os le plus déformé est le maxillaire inférieur ; le corps de cet os
ne mesure à droite que 9 centimètres de long au lieu de 11 à
gauche et sa branche montante, également très raccourcie, ne me-
sure que 6 centimètres à droite, au lieu de 7 à gauche. Enfin
l'angle de la mâchoire, le condyle et l'apophyse coronoïde ont subi
du côté droit une atrophie considérable. Il s'agit certainement là
d'une malformation congénitale, due à un arrêt de développement
d'une moitié du crâne, anomalie inverse de celle qu'on a signalée
sous le nom d'hypertrophie unilatérale du crâne et que l'on peut
appeler atrophie unilatérale.
64
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
II. — DEUX CAS DE PSEUDENCEPHALIE
Ces deux monstres sont nés à quelques semaines de distance
dans le service de M. Bonnaire, à Lariboisière, en 1898, et j'ai pu les
étudier, grâce à mon ami M. Brumpt, qui remplaçait alors l'interne
du service. L'un deux m'a été remis intact et je l'ai placé dans le
formol ; l'autre n'a pu être conservé eu entier, mais le crâne en a
été préparé par M. Brumpt.
PREMIER CAS
C'est un enfant du sexe féminin mesurant 46 centimètres de lon-
gueur ; il est né à terme et a vécu quelques heures. Il n'y a rien à
signaler dans les antécédents de la mère; la grossesse et l'accouche-
ment ont été normaux. Le corps, un peu plus volumineux que
Fig. 3. — Monstre pseudencéphalien du genre noseneéphale (premier cas).
celui d'un nouveau-né, est normalement conformé. La tête seule
présente un aspect particulier ; elle est pour ainsi dire réduite à la
face ; le front est fuyant et à la place que devrait occuper le crâne
et l'encéphale se trouve une petite tumeur molle (fig. 3). Cette
tumeur, qui caractérise les monstres pseudencéphaliens, et les
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
65
nosencéphales en particulier, s'étend sur une longueur de 6 centi-
mètres depuis la racine du nez jusqu'à la région occipitale revêtue
à sa partie inférieure de quelques cheveux ; elle mesure 7 centimè-
tres de large et environ 2 centimètres dans sa partie la plus épaisse.
Dans son ensemble elle a la forme d'un losange ; sa surface est
légèrement convexe et assez lisse bien qu'on y remarque quelques
sillons peu profonds. Cette tumeur à l'état frais est d'un rouge vif ;
elle est très vasculaire et en continuation, en arrière, avec la pie-
mère spinale. Sa structure est assez analogue à celle des tumeurs
érectiles et on n'y rencontre que quelques vestiges de substance
nerveuse.
Nous allons étudier le crâne à propos du second cas et nous
verrons quel aspect singulier il présente.
DEUXIÈME CAS
Ce monstre, du sexe féminin, mesurait 47 centimètres de lon-
gueur et pesait 2560 grammes à sa naissance. Comme le précédent,
Fig. 4. — Monstre pseudencépliale (deuxième cas); crâne, vue supérieure.
il n'a pu vivre que quelques heures. La grossesse et l'accouchement
se sont passés normalement et la mère avait eu déjà deux garçons
66
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 19Ul
bien constitués et actuellement vivants. Celle-ci présentait un
mamelon supplémentaire de 6 millimètres de diamètre très rappro-
ché du seiu droit. Cet individu étant identique à celui que nous
venons de décrire nous ne reviendrons pas sur sa conformation
extérieure et nous ne nous occuperons que du crâne, la seule
partie qui a pu être conservée et aussi la plus intéressante.
Vu par la face inférieure, ce crâne est normal et tous les os ont
conservé leurs rapports habituels. Le maxillaire inférieur est bien
conformé.
La face supérieure (fig. 4) ne ressemble en rien à celle d'un crâne
normal et la calotte crânienne fait totalement défaut. On n'aperçoit
qu'un plan irrégulier constitué par les os de la base du crâne et
Fig. 5. — Monstre pseudencéphale (deuxième cas) ; crâne, vue latérale.
limité en avant par le bord supérieur des orbites, la seule portion
qui reste du frontal, latéralement par deux lames minces et apla-
ties, qui représentent les pariétaux, et postérieurement par la crête
de l'occipital, toute la portion de l'os située au dessous de cette
crête faisant défaut. C'est directement sur la base du crâne ainsi
limitée que reposait la petite tumeur qui remplaçait l'encéphale
absent.
Vu par sa face antérieure et par ses faces latérales (fig. 5), le
crâne a l'aspect d'un crâne dont on aurait enlevé toutes les pièces
osseuses, qui, dans l'état normal, ferment supérieurement la cavité
crânienne. Par conséquent, la portion écailleuse des temporaux
manque complètement.
Enfin, la face postérieure, qui mériterait plutôt le nom de bord
postérieur, est formée uniquement par la crête de l'occipital.
Isidore Geoffroy Saint Hilaire a étudié deux crânes semblables
à celui qui nous occupe et eu a donné les proportions que nous
reproduisons dans le tableau suivant, ainsi que les mesures que
nous avons prises sur notre exemplaire.
SÉANCE DU 2(î FÉVRIER 1901
K7
INDICATION
des
PARTIES MESURÉES
Longueur de la tète osseuse
prise sur la ligne médiane.
Distance du bord postérieur
des orbites au bord posté-
rieur du crâne. .....
Distance du bord postérieur
des orbites à l'extrémité
de la mâchoire supérieure.
Largeur de la lête, prise dans
la région orbitaire. . . .
Largeur de ia tête, prise à
la partie postérieure du
crâne
Hauteur de la lète, prise dans
la région orbitaire. . .
Hauteur de la tête, prise à
la partie postérieure du
crâne
l'UI Mil H CAS
d'Isidore Geoffroy
S;iint-Hilaire
Milliim i.
62
35
27
47
56
22
20
DEUXIÈME CAS
d'l6idore Geoffroy
Saint-Hilaire
Millimèti
m
37
29
49
60
T,
29
CAS ACTUEL
Millimètres
72
43
29
50
55
39
Comme oo le voit, il existe une grande analogie entre tous ces
crânes, qui ne présentent que quelques modifications de détail,
mais sont conformés sur le même plan. La dernière dimension
seule varie considérablement, de 2 millimètres à 20 et même à 29.
Cela tient simplement à un développement un peu plus grand de
l'occipital et par conséquent de la face postérieure du crâne, qui,
chez notre exemplaire, est réduite à un bord, comme nous l'avons
vu plus haut.
Considérations générales
Voyons maintenant quelle est la place que doivent occuper ces
monstres dans la classification tératologique. Ils rentrent tout
d'abord dans la famille des Pseudencéphaliens caractérisée par un
arrêt de développement des parois du crâne, qui restent largement
ouvertes en haut, ainsi que par l'arrêt de développement des vési-
cules cérébrales etde l'encéphale, remplacé par une tumeur molle(l).
Ils appartiennent en outre au genre noxencéphale (2), ainsi carac-
(1) Nous n'avons pas eu le temps d'étudier cette tumeur au point de vue histo-
logique ; cette étude fera l'objet d'une communication ultérieure.
(2) De vo(to:, maladie et e-pieçaXoç encéphale.
68 SÉANCE DU 2(j FÉVRIER 1901
térisé : Encéphale remplacé par une tumeur vasculaire ; crâne
largement ouvert en dessus , mais seulement dans les régions
frontale et pariétale : trou occipital distinct.
Cette monstruosité n'est pas rare chez l'Homme, et Isidore
Geoffroy Saint-Hilaire en cite un grand nombre de cas. Elle se
rencontre au contraire très rarement chez les animaux.
111. — MONSTRE DOUBLE XIPHO-1SCHIOPAGE
Le monstre double, dont nous allons donner la description, m'a
été apporté au printemps dernier par M. Guiou, français résidant
à Hong-Kong, qui voulut bien me le confier quelque temps afin
d'en faire l'étude.
Ce monstre naquit à terme d'une femme annamite ; malheureu-
sement je n'ai pu obtenir aucun renseignement sur ce qui survint
pendant sa grossesse ni au moment de l'accouchement. Ce qui est
certain, c'est que les deux enfants soudés vinrent au monde vivants,
jouirent d'abord d'une parfaite santé et ne périrent qu'au bout de
trois mois, non de mort naturelle, mais empoisonnés (1). Leur
organisation était donc tout à fait compatible avec la vie, mais le
sujet me fut remis dans un tel état de décomposition que les orga-
nes étaient réduits à une niasse informe et que leur étude anatomi-
que a été impossible.
Aussi nous contenterons-nous de décrire l'aspect extérieur du
monstre, la conformation du squelette, et de lui donner la place
qui lui convient dans la classification tératologique. Nous termine-
rons par quelques considérations générales sur ce genre de mons-
truosité très rare.
Configuration extérieure
Les deux individus ont la même taille et mesurent 44 centimè-
tres. La partie supérieure du tronc et la tète ne présentent aucune
particularité. 11 existe deux tètes et quatre bras parfaitement
distincts et conformés normalement. La soudure a lieu au niveau
de l'appendice xiphoïde et la peau de la poitrine de l'un des indi-
vidus se continue saus ligne de démarcation avec la peau de
la môme région de l'autre individu. Cette soudure se prolonge
jusqu'à la partie inférieur du tronc, où les deux corps sont intime-
Ci) 11 est très rare que les monstres les plus voisins de ceux-ci, les ischiopages,
vivent plus de quelques semaines. On ne connaît pas d'exemples d'une plus
longue survie.
SÉANCE DU 2(î FÉVRIER 1901
(19
ment unis. Il u'y a qu'un seul ombilic. Les enfants se regardent
face à face, mais chaque tète est cependant légèrement tournée
en avant.
Face antérieure. — En examinant le monstre par la face anté-
rieure ou un peu obliquement, comme le représente la figure 6, on
remarque que la portion supérieure du corps est double et présente
les caractères indiqués ci-dessus, tandis que l'abdomen est com-
Fig. 6. — Monstre double xipho-ischiopage ; face antérieure.
mun et le cordon ombilical unique. De l'abdomen se détachent
deux membres inférieurs normalement conformés ; l'un représente
le membre inférieur gauche de l'individu de droite, l'autre, le
membre inférieur droit de l'individu de gauche. En effet, nous
appellerons individu de droite celui qui est à notre droite quand
nous regardons la figure 6 et individu de gauche celui qui est
situé à notre gauche. Entre ces deux jambes, disposées comme si
elles appartenaient à un même individu, se trouvent des organes
génitaux femelles : une vulve avec des grandes et des petites lèvres
Bull. Soc. Zool. de Fr., 1901.
xxvi. — 7.
70
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
bien conformées, un clitoris, un orifice uréthral et un orifice
vaginal dans leurs rapports normaux.
Mais, de même que les deux membres abdominaux appartiennent
l'un à un enfant, l'autre à l'autre, la vulve est formée de deux
moitiés appartenant chacune à un individu différent. Ce n'est donc
pas l'appareil sexuel d'un enfant du sexe féminin, mais un organe
Fift. 7. — Monstre double xipho-ischiopage ; face inférieure.
appartenant moitié à un individu, moitié à l'autre, comme cela a
lieu chez tous les monstres ischiopages.
Face inférieure. — On aperçoit encore mieux la conformation de
la vulve sur la face inférieure du monstre (fig. 7) ; on y voit égale-
ment un peu au dessous et légèrement déjeté à droite un anus
commun, où aboutissait sans doute un rectum unique. A côté de
l'anus se trouvent deux petits appendices cutanés : le plus rappro-
ché, situé à gauche, est plus petit et terminé en pointe mousse ; le
plus éloigné est plus grand, à contours arrondis et aplati contre la
paroi du corps, mais cet aplatissement semble résulter d'une
séance nu 26 FÉVRIER 1901 71
compression entre la paroi du bocal et celle du corps. D'après la
situation de ces deux diverticules et aussi d'après la forme qu'ils
devaient avoir durant la vie du monstre, on peut penser qu'il s'agit
de rudiments d'organes génitaux mâles; le plus petit serait un
péuis atrophié, l'autre un scrotum, dans lequel les testicules ne
seraient point descendus. Malheureusement, il a été impossible
de trouver les organes mâles internes, absolument décomposés.
De la face inférieure partent trois membres abdominaux ; les
deux symétriques situés de chaque côté de la vulve sont ceux
que nous avons décrits précédemment ; le troisième plus volumi-
neux que les deux autres est simple jusqu'à l'articulation tibio-
larsienne ; à partir de cette région, il devient double. Il existe
par conséquent une cuisse, une jambe et deux pieds accolés par
leur bord interne de sorte que les gros orteils se touchent. Ces
pieds présentent chacun cinq orteils assez bien conformés. Le
membre tout entier semble être le membre inférieur droit de
l'individu de droite, mais en réalité il correspond à la fois à celui-ci
et au membre inférieur gauche de l'individu de gauche. La dupli-
cité est d'ailleurs indiquée par la présence des deux pieds.
Cette réunion de deux membres abdominaux en un seul est une
anomalie secondaire que l'on rencontre assez souvent chez les
ischiopages et qui n'a pas encore été observée, comme le fait
remarquer Isidore Geoffroy Saint-Hilaire(I), sur les deux côtés du
double corps. Cette anomalie est analogue aux monstruosités symé-
liques ordinaires et peut présenter comme celles-ci divers degrés.
Dans tous les cas, la réunion se fait régulièrement, chaque partie
d'un membre n'allant jamais se joindre qu'avec son homologue
dans l'autre membre. Il existe cependant entre la symélie propre-
ment dite et celle qui accompagne l'ischiopagie des différences
importantes : C'est d'abord la nature mixte du membre double
qui chez les ischiopages appartient toujours en commun aux deux
individus et il ne peut en être autrement, ajoute I. Geoffroy Saint-
Hilaire. puisque chacun d'eux a ses deux membres rejetés tout à
fait latéralement et séparés par un intervalle considérable qui
rend entre eux toute réunion impossible. En second lieu, dans la
symélie unitaire, les deux pieds subissent autour de leur axe une
demi révolution, de sorte qu'ils sont unis par leurs faces externes,
que le talon est situé en avant, les orteils en arrière et que les gros
orteils se trouvent externes tandis que les petits sont internes. Or
(t) Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire générale et particulière des ano-
malies de l'organisation chez l'Homme et les animaux : III, p. 77-79. Paris, 1836.
72 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
cela n'a pas lieu chez les monstres ischiopages, où les deux mem-
bres s'accolent par leur bord interne et pur conséquent ont,
comme dans l'état normal, leur gros orteil en dedans et leur
talon en arrière. C'est en effet ce que nous observons chez notre
sujet.
De plus dans ce cas de soudure de deux membres inférieurs,
l'appareil sexuel, placé à la base des membres réunis, présente
généralement une conformation très vicieuse, ce qui se comprend
aisément puisqu'il devrait être situé entre les deux membres
fusionnés. Il est donc fort probable que les deux organes rudimen-
taires, qui occupent exactement cette situation et que nous avons
décrits plus haut, sont bien les rudiments d'un appareil génital
mâle
Face dorsale. — Si nous examinons maintenant la face dorsale,
nous voyons le côté droit et le bras droit de l'individu de droite,
ainsi que le côté gauche et le bras gauche de l'individu de gauche.
On aperçoit également une partie du dos de chaque enfant. Ici
encore, les deux individus, distincts dans leur moitié supérieure
sont unis dans leur moitié inférieure, de sorte qu'il n'existe à ce
niveau qu'une région fessière commune. De cette région se détache
le membre abdominal fusionné résultant de l'union d'un membre
de chaque individu et qui a été décrit avec la face inférieure.
Squelette
L'étude du squelette n'a pu être faite que d'après la dissection
sommaire de certaines régions et surtout à l'aide de la radiogra-
phie, qui nous a fourni de précieux renseignements, et que nous
devons à l'obligeance de M. le Dr Dagincourt.
Le squelette est normal sauf au niveau de l'appendice xiphoïde.
du bassin et du membre abdominal impair. Etudions successive-
ment ces trois points.
Les deux appendices xiphoïdes sont soudés par leur bord
inférieur ou pointe; ils se continuent l'un avec l'autre en formant
une courbe à concavité supérieure recouverte par la peau et à
convexité inférieure, limitant intérieurement les cages thoraciques,
qui n'ont subi aucune déformation.
Les deux bassins soudés n'en forment plus qu'un seul très vaste
(fig. 8). Il est constitué en avant par l'os iliaque droit de l'individu
de gauche, où s'articule le membre abdominal correspondant et
par l'os iliaque gauche de l'individu de droite, où s'articule égale
ment le membre abdominal correspondant, et symétrique. De chaque
SÉANCK DU 2(i FÉVRIER 1901
73
côté il est limité par un sacrum et par une portion des os iliaques
précédents. En arrière, il est formé par l'os iliaque gauche de l'in-
dividu de gauche et par l'os iliaque droit de l'individu de droite,
mais ici la soudure est plus intime ; les os sont déformés et dimi-
nués de volume et les deux cavités colyloïdes confondues en une
seule, qui reçoit le membre abdominal impair, résultant, comme
nous l'avons vu plus haut, de la fusion de deux membres apparte-
nant chacun à un individu différent.
Kig. 8. — Monstre double Xipho-ischiopage ; conformation du bassin.
Ce membre abdominal impair est formé d'un seul fémur, d'un
tibia et d'un péroné uniques mais se dédouble au niveau du tarse.
La radiographie permet de voir en effet que les os du tarse, du
métatarse ainsi que les phalanges, sont dédoublés. Le squelette
des deux pieds, accolés par leur boni interne, est donc complet,
mais il n'existe pas de soudure osseuse, et l'union a lieu seulement
par l'intermédiaire des muscles et de la peau.
Place de ce monstre dans la classification
Ce monstre appartient à l'ordre des monstres doubles autositaires :
en effet les deux sujets sont sensiblement égaux et ils ont dû jouir
pendant leur courte existence d'une égale activité physiologique
et concourir, aussi bien l'un que l'autre, à l'accomplissement de
toutes les fonctions vitales.
74 SÉANCE DU 26 FÉVR1KR 1901
T)q divise habituellement cet ordre en trois tribus : 1° Les axes
longitudinaux des deux corps sont sensiblement parallèles; 2° Ces
axes convergent supérieurement ; 3° Ces axes convergent intérieu-
rement. 11 est bien certain que le sujet, qui nous occupe, n'appar-
tient pas à la deuxième tribu, mais appartient il à la première ou
à la troisième ?
A première vue, surtout si ou examine la figure 6, les axes Ion
gitudinaux des deux corps semblent bien converger intérieurement.
Cependant la convergence n'est pas complète, et le monstre est
encore double dans la partie située au dessous de l'ombilic puis-
qu'on lui compte trois jambes et quatre pieds. Or. chez les monstres
appartenant à la troisième tribu, le corps devient simple à partir
de l'ombilic et on ne trouve qu'une paire de membres abdominaux
complètement développés ; rarement il existe en outre un ou deux
petits appendices rappelant des membres rudimentaires.
D'autre part, si l'on examine les deux enfants dans la position
qu'ils prendraient habituellement s'ils vivaient, on voit quelesaxes
longitudinaux de leur corps deviennent sensiblement parallèles.
Comme de plus il y a une duplicité très nette dans les membres
inférieurs, ce monstre appartient à la première tribu.
Celle-ci se subdivise elle-même en deux familles: les ensompha-
liens, qui présentent deux ombilics et deux cordons et les monom-
phaliens, qui ont un seul ombilic et dont les vaisseaux ombilicaux
sont réunis en un cordon commun ; c'est donc dans ce dernier
groupe que nous devons ranger notre sujet. Or d'après la descrip-
tion que nous venons d'en donner, il ne peut rentrer dans aucun
des genres de cette famille. En effet, dans le genre ischiopage, les
individus sont réuuis par la région pelvienne; dans le genre
riphopage, ils sont unis par l'appendice xiphoïde ; dans le genre
sternopage, la réunion a lieu sur toute la longueur du sternum ;
dans le genre ectopnge, le mode d'union est le même mais il est
accompagné du développement inégal des parois thoraciques, de
sorte que les deux individus sont placés l'un à côté de l'autre ;
enfin dans le genre hémipage, la fusion de la partie supérieure du
thorax est accompagnée de celle du cou et de la face avec réunion
des deux bourbes en une seule.
Le monstre, que nous venons d'étudier, n'appartient à aucun de
ces genres : il présente cependant à la fois les caractères de la
xiphopagie et de l'ischiopagie. Certains auteurs font de ces mons-
tres, qui ont des caractères communs à deux genres, une catégorie
à part qu'ils désignent sous le nom de monstre* doubles complexes;
SÉANCE DU 26 FÉVIUER 1901 75
je crois qu'il est plus logique de faire uu genre spécial, que nous
appellerons xip ho -isehiopage et qui viendra s'intercaler dans la
classification entre les deux genres xiphopage et isehiopage.
Je ne connais qu'un cas semblable observé en 1863 par Leroux.
H s'agit d'un monstre humain, présentant deux cavités thoraciques
indépendantes avec quatre poumons et deux cœurs bien conformés
et une cavité abdominale unique.
Considérations générales
Une question intéressante se pose ; les [deux sujets sont-ils de
même sexe ou de sexe différent ?
Les monstres doubles qui ne possèdent qu'un ombilic n'ont qu'un
seul placenta et sont renfermés dans des enveloppes fœtales com-
munes ; ils proviennent par conséquent d'une grossesse gémellaire
univitelline. Or tous les auteurs admettent que, dans les cas de
grossesse gémellaire univitelline, les enfants sont de môme sexe.
Notre sujet semble faire exception à cette règle, car il existe
une vulve normalement conformée entre les deux membres abdo-
minaux symétriques, tandis que du côté du membre inférieur
commun, non seulement il n'y en a pas trace, mais, il existé de*
rudiments d'organes génitaux externes mâles. Le cas qui nous
occupe n'est pas unique en son genre. Boinet (1) rapporte celui
d'un monstre double isehiopage, qui se rapproche beaucoup du
nôtre, avec cette différence que la soudure est limitée au bassin et
qu'il existe deux paires de membres abdominaux complets. Il a
décrit ce monstre d'après une photographie, sur laquelle il est
malheureusement impossible de voir les deux appareils sexuels ;
on distingue parfaitement d'un côté un pénis et deux testicules,
mais on ne voit rien de l'autre. Cependant le Dr Ricard, médecin
sanitaire à Alexandrie, qui a envoyé la photographie et l'observa-
tion, affirme que l'un de ces êtres appartient au sexe masculin et
et l'autre au sexe féminin.
Bien que la dualité des sexes chez les monstres doubles monom-
phaliens ne soit pas conforme aux données de la tératologie, l'obser-
vation de Boinet et la mienne viennent modifier l'opinion générale-
ment admise et je pense qu'il ne faut pas affirmer d'une manière
absolue, que tous les jumeaux, qui proviennent d'un même œuf à
deux vésicules germinatives, sont nécessairement de même sexe.
Une autre considération très curieuse résulte de notre étude.
Nous avons vu précédemment que la vulve unique des deux sujets
(11 Roinet, Etudes de tératologie. Archives, provinciales de médecine, 1S90,
p. 63. " '
76
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1901
n'appartenait pas en propre à l'un d'eux, mais était formée de
deux moitiés appartenant chacune à un individu. Bien que l'organe
mâle soit resté à l'état d'ébauche, il appartient également par
moitié à l'un des individus et par moitié à l'autre. De cette façon,
il est impossible de dire qu'il s'agit de deux enfants de sexe diffé-
rent, d'un garçon et d'une fille. Faut-il donc les considérer comme
des hermaphrodites? C'est ce que l'étude anatomique du sujet
aurait pu nous apprendre si les organes nous étaient parvenus
dans un état suffisant de conservation.
PRÉSENTATION D'UN EMBRYON DE VIPERA ASPIS,
MONSTRE ANOPHTHALME
PAR
HENRI MARTIN
Cette monstruosité très rare doit s'expliquer par l'atrophie pré-
coce des yeux. Il existe en elïet dans la région oculaire présumable
une petite fossette longitudinale qui correspond sans doute à un
travail d'invagination.
t. Embryon normal (grandeur naturelle) d'un stade voisin de celui désigné anté-
rieurement par la lettre Q ; longueur du corps = 9 cm, 8 ; largeur de tête
— 0 cm, 65 — 2. Tête du même, grossie. — 3. Embryon anoplitlialme de la
même portée (grandeur naturelle) ; longueur du corps = 5 cm, 2; largeur de
tête = 0 cm, 45. — 4. Tête du même, grossie.
Les coupes sériées que je compte faire sur cet embryon montre-
ront le degré exact du développement de ces yeux ; j'en ferai l'objet
d'une prochaine communication.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1!><H 77
NOTES DIVERSES SUR LE GENRE ZONABR1S HAROLD
MAURICE PIC
Zonabris erivanicai'ï v. de variabilis Pal.). Allongé, hérissé de
poils foncés, noir avec les élytres jaune-roux ornés des dessins
noirs suivants : une macule antérieure située au-dessous du calus
humerai, une fascie sinuée située en dessous du milieu, n'attei-
gnant ni le bord externe ni la suture, une bande apicale large,
sinuée antérieurement ; antennes courtes, très épaissies à l'extré-
mité : tète déprimée sur le front ; prothorax assez large, très peu
diminué antérieurement, à ponctuation peu forte et peu écartée;
élytres à ponctuation assez fine et dense. Longueur 17 mm. Armé-
nie : Erivan (Korb, in coll. Pic).
Différent de variabilis Payk. par son dessin élytral. L'étude
d'autres exemplaires est nécessaire pour la spécification de eri-
vanica.
Zonabris akbesiana Reitt. Cette espèce rappelant beaucoup qua-
dripunctata v. Adamsi Fisch., s'en distingue cependant à première
vue par le dessin élytral, celui-ci composé à l'extrémité des élytres
d'une macule suturale transversale commune et sur chaque élytre,
à côté de celle-ci, d'une autre macule externe touchant le bord
latéral. La fascie médiane est très raccourcie, peu découpée.
Je possède plusieurs exemplaires de cette espèce recueillis par
M. Gh. Delagrange à Akbès, dans la Haute-Syrie.
Zonabris externepunctata Fald. D'après de Marseul, cette espèce
caucasique a 4 macules élytrales noires ainsi disposées 1, 1, 2,
mais je possède un exemplaire de Taurus (que M. le D1 Escherich
a vu et rapporté à cette espèce) qui possède 6 taches noires (2, 2, 2) ;
je nommerai cette variété taurusiensis. Z. serena Esch., d'après la
description ou la figure | Wien. Eut. Zeit. 1899), offrirait un dessin
élytral analogue mais la première macule externe n'est pas
allongée et les médianes paraissent situées moins près du milieu.
Zonabris insignipennis n. sp. Court et assez large, hérissé de poils
noirs, peu brillant, noir, élytres testacés maculés ou fasciés de
noir; tète large, tronquée-échancrée en arrière, à ponctuation
forte et plus ou moins espacée; antennes noires, courtes, n'attei-
gnant pas la base du prothorax, fortement épaissies à l'extrémité ;
l'.nll. So,-. Zoo] . il'- hi-., 1901. xxvi
78 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1901
prothorax un peu plus long que large, bien diminué en avant,
sillonné sur la base; élytres bien plus larges que le prothorax, rela-
tivement courts, uu peu élargis en arrière, testacés , ornés des
dessins noirs suivants : deux macules antérieures disposées obli-
quement, l'externe placée plus haut, une fascie sinuée médiane
éloiguée de la suture, une fascie antéapicale, parfois interrompue
de chaque côté; pattes noires, courtes. Long. 9 mill. Algérie : Mos-
taganem (ex. coll. Leprieur). Paraît voisin de curta Chevr., mais
dessin foncé bien différent, élytres sans bordure apicale foncée, etc.
Zonabris 1 i~punct ata Fischer v. 1-punctata. Les quatre macules
antérieures internes manquent, de sorte que les élytres n'ont que
sept taches noires, trois externes sur chacun et la macule suturale
commune. Turkestan, in coll. Pic.
Zonabris elegantissima Qubk. v. anteactus. Première fascie remon-
tant sur la suture et s'unissant à la macule scutellaire. Aulie-Ata
(coll. Pic).
Zonabris 48-maculata Mars. Cette espèce paraît rare, elle est
signalée par de Marseul à Tunis et en Egypte ; en Algérie je la
connais des localités suivantes: Ain Sefra (Bleuse); Guelt-es-Stel
(Le Comte, in coll. Pic) ; Le Hodna (Leprieur).
Zonabris Khodjentica Bail. J'ai reçu de M. M. le Dr Standinger et
A. Bang Haas, provenant du Turkestan, plusieurs modifications
de cette espèce, parmi lesquelles je nommerai les suivantes : la
var. mediojuncta caractérisée par la macule interne jointe à la fascie
médiane, la var. subinterrupta caractérisée par la fascie antéapicale
décomposée en macules; enfin les exemplaires présentant la farie
médiane décomposée se rapportent à la var. mediopunctata.
Ouvrages offerts
E. Akrigom degli Oddi, Note bibliogra fiche ; Atti del Real lstiluto Venelo di
scienze lettere ed arti, 22 aprile 1900
Dr P. Ballion, La mort chez les animaux. Zoopsychologie et Zooéthique ;
in-8», 70 p. Bazas, 1900.
C. Bkrg, Rectificaciones y anolaciones a la « Sinopsis de los FJemiptcros de
Chile » de Edwyn C. Reed ; Ann. del Museo nacional de Buenos-Aires, VII, 1900.
1. F. Bernard, Recherches sur les organes palléaux des Gastéropodes Lamelli-
branches ; in-8», 404 p. et 9 pi. Paris, 1890.
2. Id., Recherches sur Valvata piscinalis ; Bull, scientif. de la France et de la
Belgique, XXII, p. 253-361 et pi. XII-XX, 1890.
3. Id , Deuxième note sur le développement et lu morphologie de la coquille
SBANCI DU 2fi FÉVR1KR 1901 7U
chez les Lamellibranches [Taxodonles) : Bull. Soc. Géol. de France (3), XXVI
p. 84-82, 1896.
4. Scioberetia australis, type nouveau de Lameliibranche .• Bull, scientif. de la
France et de la Belgique, XXVII, p. 364-395 et pi. XIII-XV, 1896.
">. lu., Quatrième et dernière note sur le développement et la morphologie de
la coquille chez les Lamellibranches ; Bull. Soc. géol. de France, (3), XXV,
p. 559-566, 1897.
6. In., Sur quelques coquilles de Lamellibranches de l'Ile Saint-Paul ; Bull.
du Mus. d'hist. natur. de Paris, n° 2, p. 78, 1898.
1. H.-W. Brôlemann, Myriapodes cavernicoles, descriptions d'espèces nou-
velles ; Ann. de la Soc. entomol. de France, 1er trini. 1900.
2. Id., Myriapodes recueillis en Espagne par le P. J. Pantel ; Bull, de la Soc.
entomol. de France, n° 6, 1900.
3. Id. Notes myriapodologiques ; Zoologischer Anzeiger, XXIII, n° 612, avrill900.
4. Id., A propos des Doppelmannchen ; Ibidem, 17 déc. 1900.
5. Id., Dous Myriapodos notaveis do Brazil, notas myriapodologicas ; in-8°,
p. 65-71, 1898.
H. -A. Bryden, Ward's Reedbuck (Cervicapra redunca Wardi); Great and small
Game in Africa London s. d.
G. Buchet, Considérations sur les conditions favorables au dosage du
Plankton de surface en haute mer ; Bévue scientifique, 7 juillet 1900.
Ed. Chevreuv, Diagnosc d'un Crustacé Amphipode nouveau de la famille des
Slenolhoidae Parametopa Kervillei nov. gen. et sp., capturé au moyen d'une
nasse par M. H. Gadeau de Kerville, dans la région d'Omonvitle-la-Rogue
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L. Cosmovici, Cursul de Zoologie descriptivâ ; Classificarea animalâ ; in-16,
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i« fév. 1900.
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80 SÉANCE DU 26 FEVRIER 1901
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2. In., Kleine Beitrdge zur Kenntniss des Thierlebens urtter dicker Eisdecke
m einigen Gevassern Finlands , Ofvers. ur Meddelanden af Soc. pro Fauna et
Flora fennioa, "avril 1894.
K. Môbius Ûber die Grundlagen der aesthetischen Beurtheiiung der Sauge-
llnere : Sit/ungsb. der Kùnig. preussisch. Akademie der Wissensch. zu Berlin,
XIV, 1900.
H.- A. Morgan, Ticks and texas fever ; Bull, oi the Louisiana state University
and A. et M. Collège, (2), n» 56, Bâton Bouge, La., 1899.
Morgan, Dalrymple et Douson, Caille tick and texas fever, Ibidem, n° 51, 189s
A. Pellegrin, Les Poisson* vénéneux ; in-8", 121 p., Paris, 1899.
(i. P. Piana el P. Stazzi, Elininti intestinal) ili unu Elephantessu ; Archives
de parasilolo^ie, 111, n° 3, 1900.
1. F. Plateau. Expériences sur l'attraction des insectes par les étoffes colorées
ri les objets brillants ; Ann. de la Soc. entomol. de Belgique, XLIV, 1900.
2. In., Observations sur le phénomène de la constance chez quelques Hyme-
noptères; Ibidem, XLV, 1901.
X. Raspail, Le Hanneton (Melolontha vulgaris) au point de vue de sa pro-
gression dans les années intermédiaires de ses cycles ; Bull, de la Soc. nation,
d'acclimatation, avril, 1900.
1. F. Sahut, La défense du nu et lit découverte du Phylloxéra . in-8°, Mont-
pellier, 1900.
2, La défense du vin et le Phylloxéra, in-8°, 36 p.. Montpellier, 1900.
G. G. Sars, du arc, mut of the Crustacea of Norway, III, n°" V-VIII, Bergen,
1900.
81
Séance du i j. Mars i go i
PRÉSIDENCE DE MM TROUESSART ET HÉROUÀRD
\l. Bavaj s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.
MM. Fayette et Mitchell, présentés à la précédente séance, sont
proclamés Membres de la Société.
MM. Y. Delage et E. Hérouard présentent M. le Dr Joyeux-Laffuie,
professeur de Zoologie a la Faculté des Sciences de Caen (Calvados).
M. le Secrétaire général doune lecture d'une lettre de M. le Pré-
sident du Congrès Zoologique international de Berlin, priant la
Société Zoologique de France de vouloir déléguer un certain nombre
de ses Membres.
MM. R. Blanchard, Y. Delage, Desalle, Guiart, Hérouard,
A. Janet et Neveu-Lemaire sont délégués.
L'Union Zoologique italienne convie les Membres de la Société
Zoologique de France à se rendre au Congrès des Zoologistes italiens
qui se tiendra à Naples du 10 au 13 avril prochain. Un rabais de
30 à oO % est consenti par tous les chemins de fer et compagnies
de navigation italiens. Des excursions auront lieu à Pompéïetdans
le golfe de Naples (Baïa. Capri et Sorrento).
M. le Dr Laveran remercie de son élection en qualité de Membre
honoraire.
M. Fr. Secques fait passer sous les yeux des membres présents
une photographie représentant des fouilles faites dans la propriété
de M. Chevillot, dans les environs de Bône (Algérie). Chaque jour,
dans cette propriété, sous les ruines de l'ancienne Hippone, sont
mises à découvert de superbes mosaïques où les animaux rentrent
pour une grande part dans la décoration. Il y a quelques années
Y Académie d' Hippone a publié une de ces mosaïques restaurée.
Celle que M. Fr. Secques a photographiée en novembre dernier et
qui venait seulement d'être découverte, tout en présentant moins
d'intérêt au point de vue zoologique, est digne d'être admirée. Il est
intéressant de remarquer combien la Zoologie a inspiré les artistes
des temps anciens.
M. le D1 Trouessart fait une communication sur le mimétisme
du pelage chez le Léopard, le Tigre et plus particulièrement la
Girafe. M. HÉRouARn le remplace au fauteuil présidentiel.
82
SÉANCE DU l'2 MARS 190 1
M. le Dr Neveu-Lemaire fait une communication sur une particu-
larité anatomique de la trachée du Paresseux.
SUR DEUX ESPÈCES. FORMANT UN GENRE NOUVEAU.
DE SARCOPTIDES DÉTRITICOLES PARASITES DES FOURRURES.
FAK
LE D' E. TROUESSART
En 1897, M. Petit aîné, membre de la Société Zoologique de
France, ayant bien voulu me remettre des poussières recueillies sur
des peaux de Mammifères préparées et plus ou moins attaquées par
des Insectes ou Acariens rongeurs, j'ai découvert parmi ces débris
deux espèces de Sarcoptides détriticoles présentant les caractères
d'un genre nouveau pour lequel j'ai proposé le nom de Mealia.
Ces deux espèces ont été figurées, d'après mes préparations, par
M. A. Berlese dans ses Acari, Myriopoda Scorpiones que hueusque in
llalia reperta, 1897, fasc. XCII, pi. 3 et 4. Je crois utile d'en donner
ici la diagnose en français. Il est probable que les espèces de Tyro-
glyphinœ vivant dans les mêmes conditions, indigènes ou exotiques,
sont plus nombreuses qu'on ne l'a supposé jusqu'ici, et il y aurait
lieu d'étudier de plus près leurs formes et leur genre de vie.
Subfam. : Tyroglyphinae
Mealia gen. nov.
(Etymologie : Nom propre de fantaisie)
Mealia (Trouessart, in litteris), Berlese, Acari, etc. in Italia reperta,
1897, fasc. XCII, pi. 3 et 4; Cryptostigmata (Sarcoptidae), p. 101.
104.
Caractères. — Pattes de la 3e paire plus longues et plus fortes
que celles de la 4e, mais à peine plus fortes que celles des deux
paires antérieures, chez le mâle: celles de la 4e paire plus ou
moins sous-abdominales. Pas de ventouses génitales dans les deux
sexes, mais, chez le mâle, une paire de ventouses copulatrices
entourées d'un cadre chitineux complet. Sillon thoracique bien
marqué. Ambulacres munis d'un ongle médian.
SÉANCE Dl 12 MARS 1901 83
Ce genre est voisin de Chortoglyphus (Berlese, 1884), par ses
ambulacres munis d'une membrane triangulaire et d'un ongle
petit, inséré sur le bord libre de cette membrane. Les proportions
relatives des pattes postérieures le rapprochent des genres de Sar
coptides plumicoles Pteronyssus (Robin) et Dermogtypkus (Mégnini
ou l'aralges (Trt). Il se distingue de Chortoghjphua par ce dernier
caractère, par l'absence de ventouses génitales et de tubercules au
tarse de la 4e paire chez le mâle, enfin par la forme de la vulve
i thocostome) dont l'ouverture est longitudinale et non transversale,
et par les autres caractères propres à ce dernier genre.
Deux espèces.
1. Mealia pteronyssina sp. n.
Berlese. Acari, etc., l.c, 1897, fasc. 92, pi. 3.
De forme allongée, la plaque de l'épistome ne recouvrant que la
hase du rostre : abdomen entier dans les deux sexes. Epimères
antérieurs libres ; plaque de l'épistome arrondie en avant ; plaque
notogastrique recouvrant tout l'abdomen : une seule paire de poils
longs sur la plaque de l'épistome et une autre sur les flancs, après
le sillon thoracique.
Mâle à pattes de la 3e paire plus fortes que les autres dépassant
légèrement l'extrémité de l'abdomen; celles de la 4e plus faibles,
légèrement sous-abdominales, n'atteignant pas cette extrémité.
Bord postérieur de l'abdomen coupé carrément, portant de chaque
côté quatre poils dont les dimensions vont en décroissant dans
l'ordre suivant 3, 1, 2, 4. ce dernier le plus externe, très court.
Ventouses copulatrices situées à l'extrémité de l'abdomen, de
chaque côté de l'anus et entourées avec lui d'un cadre arrondi.
Pénis assez fort, conique, entre les epimères de la 4e paire.
Femelle en ovale allongé, l'abdomen portant deux paires de longs
poils ; pattes postérieures plus grêles que celles des deux paires
antérieures et beaucoup plus courtes que l'abdomen. Thocostome
situé entre les epimères des pattes postérieures, surmonté d'un
épigynium en demi-cercle.
Longueur totale : mâle : 0llim30; femelle : 0mm4<>.
Habitat. — Sur des peaux de Mammifères préparées et attaquées
par des Insectes rongeurs (par M. Petit aîné, de Paris).
84 SÉANCE 1>L' 12 MARS 1901
2. Mealia longiorsp. n.
Berlese, Acari, etc., I. c. 1897. fase. 92, pi, 4.
En ovale très allongé, l'abdomen entier, atténué en arrière, la
plaque de l'épistome se prolongeant en avant sous forme de pointe
bifide et cachant le rostre : d'ailleurs semblable à l'espèce précé-
dente ; les épimères antérieurs courts, très écartés.
Mâle ayant les pattes de la 3e paire à peine un peu plus fortes que
celles des paires antérieures et n'atteignant pas l'extrémité de
l'abdomen ; celles de la 4? paire plus courtes et plus grêles, forte
ment sous-abdominales, alors que celles de la 3e le sont déjà
légèrement. Abdomen fortement rétréci en arrière, échancré sur
les côtés, l'extrémité coupée carrément et portant une seule paire
de poils assez longs en dehors. Ventouses copulatrices assez éloi-
gnées de l'extrémité de l'abdomen entourées d'un cadre elliptique
ou cordiforme, lancéolé surtout en avant. Pénis grand, droit,
soutenu de chaque côté par un épi mérite en S, situé entre les
pattes de la 4e paire.
Femelle inconnue.
Long. tôt. (du mâle) : 0mm26.
Habitat. — Sur des peaux préparées et attaquées par des
Moisissures (par M. Petit aîné, de Paris).
m
Séance du jli Mars i</oi
PRÉSIDENCE DK M. LE !>' TROUESSART, PRÉSIDENT.
M. le Président adresse les félicitations de la Société à M. E.
Olivier, nommé membre correspondant de la Société nationale
d'Agriculture de France (section d'Histoire uaturelle agricole). Il
remercie également M. Rollinat qui vient de s'inscrire comme
Membre à vie de la Société Zoologique de France.
MM. R. Blanchard et Rotrou présentent M. Henri Beauclair,
médecin vétérinaire, maire de la commune de Cherré (Sarthe).
M. le professeur Joyeux-Laffuie, présenté à la précédente séance,
est proclamé membre de la Société.
M. le Secrétaire général donne connaissance d'une lettre du
Comité de la Société zoologique et botanique de Vienne invitant la
Société Zoologique de France à se faire représenter aux fêtes du
Cinquantenaire de sa fondation, qui auront lieu le 30 mars 1901.
En vertu d'une récente décision du Conseil, M. Steindachneu,
directeur du Musée d'Histoire Naturelle de Vienne, a été chargé de
vouloir bien représenter la Société Zoologique de France.
M. le professeur Y. Delage fait une communication sur un
projet de réforme des désinences employées dans la nomenclature
zoologique. L'établissement delà nomenclature binaire a constitué
un grand progrès en zoologie, mais en ce qui concerne les dési-
nences des groupes, l'arbitraire règne en maître. MM. Y. Delage et
Hérouard ont donc pensé qu'il y aurait lieu d'établir des règles.
On se heurtera naturellement à des difficultés considérables, mais
ces difficultés n'ont pas rebuté les chimistes et il faudra que cette
réforme soit faite tôt ou tard en zoologie.
Les désinences qu'ils proposent sont basées sur ces principes :
1° que chaque groupe doit être caractérisé par une particularité
dans la désinence ; 2° que ces désinences doivent se compliquer en
allant des grands groupes aux plus petits ; 3° qu'elles doivent
suivre l'ordre de l'alphabet.
La nomenclature proposée serait la suivante :
Le nom d'embranchement se terminerait toujours en a
— sous-embranchemeni — *
— classe — ia
86 SÉANCE DU 26 MARS 19U1
Le nom de sous-classe se terminerait toujours eu ise
— ordre — idn
— sous-ordre — id&
— tribu — in a
— sous-tribu — iuip
— famille — isa
— sous- famille — isse
genre — us
Cette dernière modification a pour effet d'éviter à coup sur que
le nom d'un genre se trouve identique à quelque nom de groupe,
ce qui arrive quelquefois actuellement.
Les noms en us ainsi obtenus : Ranus, Bonus (pour Rana, Bos)
sembleront constituer des barbarismes grossiers et quelques
personnes pourraient voir là une raison suffisante de rejeter la
modification proposée. Pour répondre à cette objection, il suffit de
remarquer qu'on ne considérerait pas le nom générique comme le
nom latin du genre, mais comme un mot nouveau, empruntant au
nom latin du genre son radical auquel on ajoute une terminaison
formant avec le radical un cas nouveau de la déclinaison, le cas
taxinomique. En réalité Grenouille ne se dit pas en latin Baim.
mais Ran auquel on ajoute ces terminaisons : Ran-a la Grenouille,
Ban-arum des Grenouilles, Ran-is aux Grenouilles, Ban-us le genre
des Grenouilles. Parfois cette désinence se trouvera être la même
que celle d'un des cas grammaticaux, ce qui arrive déjà pour
d'autres, tels que le nominatif et l'accusatif des noms neutres, etc..
SUR UNE ESPÈCE NOUVELLE D'IDEOBISIUM
GENRE DES PSEUDOSCORPIONS DE L'EUROPE
l'AK
EDV. ELLINGSEEN
de Kragerô (Norvège).
Le célèbre connaisseur de Pseudoscorpions, Luigi Balzan (1) créa,
en 1890, un genre Ideoroncus avec l'espèce Id. pallidus, Pseudo-
(1) Luigi Balzan, Revisione dei Pseudoscorpioiii del bacino dei Hunii Paranà et
Paraguay nell America méridionale, Genova, 1890.
SÉANCE DU 2li MARS 1901 87
scorpion sud-américain, qui, malgré sa ressemblance avecObisiMes,
avait les chélicères pourvues d'une galea vraie : « una apofisi assai
lunga ed esile, e semplice ». En 1891 (1) une connaissance plus
étendue de ces formes le porta à créer dans son second sous-ordre
Emichenodactyli, une famille nouvelle : les P&eudobisiidae, contenant
les espèces qui se distinguaient par les particularités ci dessus
nommées. Il caractérisa ainsi la famille : Chelœ mediocri magnitu-
dine, oet maximœ, ànte apicem super digitum mobilem processu
pellucido subuliformi vel furcilliformi, prœditœ. — Il divisa cette
famille en deux sous-familles : Pseudobisiinae et Microcreagrinae
avec des caractères distinctifs assez faibles. La première sous-
famille avait quant à la galea : Chelœ, mediocri magnitndine, ante
apicem, super digitum mobile») processu pellucido subuliformi, plus
minusve longo. prœditœ. La seconde sous-famille, les Microcreag-
rinae, avait : Chelœ maximœ, ante apicem super digitum. mobilem
processu pellucido hreri, in apicem furcilliformi, armatœ. Ce qui
distinguait d'ailleurs le plus les deux sous-familles, c'était, que les
Pseudobisiinae avaient pour le céphalothorax : margo superior ex
medio, super magines latérales utrinque paulum inclinatus, et que les
Microcreagrinae avaient : superior margo ex medio, super margines
latérales utrinque inclinatus. Si on donne à ces caractères assez
d'importance pour distinguer entre ces deux sous-familles, il faut
rapporter aux Pseudobisiinae l'animal norvégien, qui est le sujet
de ce petit mémoire. Du moins, quant au bord antérieur du
céphalothorax et quant aux chélicères, qui ne sont pas maximœ,
mais mediocri magnitudine ; mais non quant à la forme de la
galea, celle-ci n'étant pas subuliformis, pas même furcilliformis
dans le même sens que chez Microcreagris gigas Balzan fia seule
espèce, connue, des Microcreagrinae), qui n'a qu'une seule tige
avec quelques petites dents à l'extrémité. Chez l'animal norvégien,
au contraire, la galea est. presque depuis la base, divisée en trois
branches, qui sont, environ depuis le milieu jusqu'à l'extrémité,
pourvues de plusieurs dents ou poils, minces, pointus. Il n'y a
pourtant aucune raison de le rapporter aux Pseudobisiinae ; comme
chez les Cheliferidae, qui ont toujours une galea, cette différence
dans la forme de la galea. ou rameuse ou sans rameaux (avec ou
sans dents), n'est pas, à bon droit, considérée comme suffisante
pour séparer les espèces dans les genres différents. Il faut donc,
en conséquence, altérer la caractéristique de la sous famille des
il) Voyage de M. E. Simon au Venezuela; Chernetes par L. Balzan, Annales de
In Société Entomologiqne de France, 1891.
88 ÉANI E m 26 MARS 1901
Pseudobisiinae de Balzan et du seul genre, appartenant à cette
sous-famille, Yldfiobisium. La caractéristique de Balzan pour
Yldeobisium, quant à la galea, est la suivante : Chelarum mediocri
magnitudine, digiti mobilis processus subuUformis, plus minusve
longus et recurvus. — Il faut doue pour placer l'espèce nouvelle,
qu'elle soit : Chelarum mediocri magnitudine, digiti mobilis processus
subuUformis vel ramosus et furcillli forints, plus minusve longus et
recurvus. Balzan divisa le genre Ideobisium en trois sous-genres :
Ideoroncus à deux yeux, Ideobisium sens. str. à quatre yeux et
Ideoblothrus sans yeux. L'espèce nouvelle appartient au sous-
genre Ideoblothrus. - Autant (pie je sache, ou ne connaît de ce
sous-genre, jusqu'ici que trois espèces : Ideobisium caecum E. Simon
des îles Açores (sec. Balzan), Id. sirnile Balzan de Venezuela et
ïd. bipectinatum Daday de la Nouvelle-Guinée. C'est ainsi le premier
représentant de ce sous-genre, qui soit décrit, ici, de l'Europe.
— Voici la description de la nouvelle espèce :
Idkobisium Sthandi nov. sp.
(Sous-genre Ideoblothrus)
Céphalothorax lisse, parsemé de courts poils tins ; seulement un
peu plus long que large, côtés droits presque parallèles, un peu
rétrécis en avant, bord antérieur très légèrement convexe, pas de
pointe au milieu. Pas d'yeux. Les segments abdominaux dorsaux
pourvus transversalement d'une série de poils fins au bord posté-
rieur, et de deux poils au bord latéral : les segments ventraux
également pourvus de séries de poils. Pattes-mâchoires assez
longues, assez robustes, lisses, très finement chagrinées rugueuses,
pourvues de longs poils fins, pointus, particulièrement les doigts.
Trochanter à pédicule court, beaucoup plus loug que large, le bord
antérieur plus long que le bord postérieur, tous les deux très
légèrement convexes. Fémur à pédicule court, fort, environ deux
fois plus long que le trochanter et un peu plus large, environ deux
fois plus long que large, le bord antérieur presque droit, dans la
seconde moitié très légèrement concave, le bord postérieur assez
convexe. Tibia à pédicule court, presque ovale ou piriforme.
beaucoup plus court et un peu plus épais que le fémur, les côtés
externes et internes fortement et également convexes, le côté
externe, cependant, le plus fortement vers l'extrémité. Mais un
peu plus longue et large que le tibia, brusquement élargi de la
base, légèrement atténuée vers les doigts, les bords externes et
SÉANCE DU 26 MARS 1901 89
internes légèrement convexes. Doigts un peu plus courts que la
main, assez courbés. — Les chélicères de moyenne grandeur ; le
doigt fixe dans la seconde moitié fortement atténué, avec 15 très
petites dents, triangulaires, aiguës, rangées presque le long du
côté intérieur ; le doigt mobile un peu plus fort que le doigt fixe,
le long du bord externe également convexe, dans la seconde moitié
interne, seulement (hors la pointe courbe), pourvu de 8 dents
pareilles, mais en partie moins distinctes ; serrula partiellement
libre, très épaisse avec 25 longues dents fines ; la galea transpa-
rente est robuste et presque depuis la base divisée en trois branches
un peu courbes, sortant dans trois directions, c'est-à-dire qu'elles
ne se trouvent pas dans le même plan, de manière qu'il arrive
aisément qu'une soit cachée par les deux autres ; pour voir toutes
les branches, il est donc nécessaire quelquefois, do les voir
obliquement; les branches sont, depuis le milieu ou un peu au
dessus, pourvues de petites dents ou poils, fins et pointus. Le fla-
gellum se compose de trois poils, d'inégale longueur, sans dents.
Les pattes pourvues de poils ; les griffes simples. — La couleur
des segments dorsaux brun verdàtre, du céphalothorax clair, tes-
tacé, la moitié postérieure plus claire, au bord antérieur une ligne
obscure ; patte-mâchoire brun assez obscure ; les pattes et le corps
dessous très clair. Longueur : 3 mm.
Cette espèce dilïère de toutes les autres espèces du sous-genre
Ideoblothrus (en réalité de toutes les autres espèces connues de la
sous-famille des Pseudobisiinae) par sa galea ; de plus, entre
autres, de VId. simite Balzan par les dents du doigt Wxe des
chélicères, qui sont, alternativement grandes chez liL simile, et
petites chez Id. Strandi de même grandeur.
Trois individus de cette espèce ont été trouvés à Aaleu Uallingdal
(Norvège) par l'arachnologue norvégien M. Embr. Strand, à qui
j'ai l'honneur de la dédier.
90
Séance du y avril iyoi
PRESIDENCE DE M. LE DOCTEUR TKOUESSART, PRÉSIDENT
M. le Président adresse les félicitations de la Société à MM.
R. Dubois, R. Moniez. et De Rudeval, promus officiers de l'ordre
de Saint-Sava.
M. Beauclair, présenté à la précédente séance, est proclamé
membre de la Société.
MM. Brolemann et Schlumberger présentent M. Juan Rodriguez,
de Guatemala.
M. Petit aîné s'excuse de ne pouvoir assister à la séance et
annonce à la Société que les Hirondelles ont fait leur apparition à
Fontainebleau le 5 avril.
\l. le Secrétaire général donne lecture de la lettre suivante,
adressée par M. le Ministre de l'Instruction publique :
« La Société Royale de Londres vient d'entreprendre la publica-
tion d'un Répertoire international de bibliographie scientifique
(International catalogue of scientific littérature), destiné à tenir les
savants et les chercheurs au courant de tout ce qui se publie dans
le domaine des sciences mathématiques, physiques et naturelles de
l'univers entier.
» Cette œuvre considérable, à laquelle presque tous les pays du
monde ont apporté leur concours, s'imposait. Son utilité n'a pas
besoin d'être démontrée ; elle sera reconnue par tous ceux qui ont
fait des recherches scientifiques et qui savent combien il est difficile,
aujourd'hui, de s'orienter dans la masse, toujours croissante, des
publications.
» Au cours de trois conférences internationales, tenues à Londres
(1896-1898 1900), et auxquelles le Gouvernement français fut
officiellement représenté, l'organisation définitive de cette œuvre a
été arrêtée et sou exécution est maintenant assurée : 1° dans
chaque pays participant, pour chaque ordre de science, par un
Comité régional de spécialistes et de bibliographes expérimentés :
'1° à Londres, par un Comité central chargé de la publication du
« Catalogue. »
» Favorable, dès le principe, à cet intéressant projet, le Gouver-
nement français s'est associé, dès le début à cette entreprise, et il
SÉANCE DU 9 AVRIL 1901 !t|
;i institué, au Ministère de l'Instruction publique, un Bureau
régional qui fonctionne depuis plusieurs mois. De plus, il a décidé
qu'il serait souscrit à un certain nombre d'exemplaires du « Cata-
logue, » de manière à assurer, dans des conditions honorables, la
participation de la France à une œuvre secondée par la majorité
des nations du globe.
» Le Répertoire comprendra, chaque année, 17 volumes conte-
nant le catalogue alphabétique par noms d'auteurs et le catalogue
systématique par matières de tous les travaux originaux, parus
dans les périodiques ou à part, dans le courant de l'année.
» Les 17 premiers volumes seront publiés cette année même.
Comme tous ceux qui les suivront, ils se rapporteront aux 17
sciences dont voici la liste :
a) Mathématiques ;
b) Mécanique théorique ;
c) Physique ;
d) Chimie ;
e) Astronomie ;
/) Météorologie (y compris le magnétisme terrestre) ;
g) Minéralogie (y compris la cristallographie et la pétrogra-
phie) ;
h) Géologie ;
i) Géographie mathématique et physique ;
/') Paléontologie ;
/,•) Biologie générale :
/) Botanique ;
m i Zoologie ;
n) Anatomie humaine ;
o) Anthropologie humaine physique (y compris le préhisto-
rique) ;
pi Physiologie (y compris la psychologie et la pathologie
expérimentales, ainsi que la pharmacologie) ;
q) Bactériologie.
» Les sciences pures, abstraction faite de ce qu'on appelle parfois
les sciences appliquées, y seront donc seules représentées pour le
moment.
» Chaque volume sera accompagné d'un tableau de classification
et d'un index alphabétique des matières, rédigés eu français.
Certains volumes contiendront, en outre, la liste des espèces
nouvelles de plantes et d'animaux et des corps chimiques nouveaux
<)2 SÉANCE nu 9 AVRIL 1901
découverts dans le courant de l'année. Les titres des ouvrages
seront transcrits seulement dans la langue originale s'il s'agit du
français, de l'anglais, de l'allemand, de l'italien et du latin, et,
pour les autres cas, ils seront d'abord reproduits dans la langue
originale et, de plus, accompagnés d'une traduction dans l'un de
ces cinq idiomes.
» Le Conseil international a arrêté à 25 fr. le prix moyen des
volumes pour les bureaux régionaux, soit 425 francs pour la série
complète de 17 volumes. Les exemplaires livrés au commerce
seront vendus à un prix plus élevé. Il y aura donc avantage à
souscrite par l'intermédiaire du bureau régional.
» Le prix de chaque volume séparé variera nécessairement
suivant le nombre de pages et ne peut être exactement établi. Ce
que l'on peut affirmer, dès à présent, c'est que les limites extrêmes
sont fixées entre 10 et 45 francs. Les volumes se rapportant à la
physique, à la géographie, à la bactériologie, se maintiendront
probablement aux environs du prix moyen de 25 francs. Au
contraire, ceux de chimie, de géologie, de botanique, de zoologie
et de physiologie atteindront sans doute le prix de 35 à 45 francs,
tous les autres devant demeurer au-dessous du prix moyen
à 10, 15 et 20 francs.
)) Quant aux volumes imprimés d'un seul côté, exemplaires qui
permettront de découper les titres et de les coller ensuite sur fiches
mobiles, ils reviendront à un prix un peu plus élevé que les
volumes ordinaires. On doit prévoir pour ces volumes spéciaux
une majoration de 25 à 3(J 0/0.
» L'utilité d'une semblable publication ne vous échappera pas,
Monsieur le Président, et vous jugerez sans doute que la présente
lettre est de nature à intéresser votre Compagnie. Je vous serai
reconnaissant, dans l'affirmative, de vouloir bien la lui communi-
quer en l'assurant que je suis disposé à la faire bénéficier des
avantages qui résultent d'une souscription à la série complète ou
à tels volumes particuliers du Répertoire faite par l'intermédiaire
du bureau régional français qui fonctionné au Ministère de
l'Instruction publique. » (Renvoyé au Conseil).
A propos de la communication de M. S. Artault dont on trouvera
le texte plus loin, une discussion s'engage entre MM. R. Blancharu,
V. Delage et Trouessart. Le professeur R. Blanchard fait des
réserves sur les terminaisons de familles et de genres proposées
par M. le professeur V. Delage et ne voit pas la nécessité de créer
des règles de nomenclature pour les groupes supérieurs.
SÉANCE DO 9 AVRIL 1901 93
Kn ce qui concerne la communication de M. Artadlt, les
membres présents sont d'avis qu'il est inutile d'encombrer de
nouveaux caractères les ateliers de typographie et qu'il serait plus
simple de taire précéder le nom de genre du nom du groupe qui le
renferme.
M. A. L. Hkrrera (de Mexico) adresse à la Société un certain
nombre de microphotographies représentant des préparations de
protoplasme artificiel. Après quelques années d'expériences,
l'auteur a conclu que le protoplasme était un composé analogue aux
oléates alcalins. Il a donc fabriqué un protoplasme artificiel avec
un mélange d'acide phosphorique chimiquement pur et d'albumine
d'œuf. Il obtient de la sorte une substance reproduisant quelques
caractères physiques du protoplasme et il espère que cette subs-
tance sera capable d'évoluer et peut-être de réagir dans un milieu
nutritif. Les expériences rapportées par l'auteur ont été faites
devant la Société Alzate.
A PROPOS DES RÈGLES DE NOMENCLATURE
PROPOSÉES PAR M. LE PROFESSEUR Y. DELAGE*
PAR
S, ARTAULT DE VEVEY
11 va sans dire que la réforme de la nomenclature taxinomique
s'impose eu zoologie comme d'ailleurs en toutes les branches des
sciences naturelles, et qu'on devra tôt ou tard, devant l'envahisse-
ment inquiétant des néologismes pour désigner des groupes ou
des faits déjà connus, mettre un frein aux prétentions et aux
caprices des novateurs, et imposer à tous les savants, par une
entente internationale, une série de cadres et de mesures immua-
bles pour désigner les divers groupements des classifications. On
fera, eu un mot, pour la zoologie, ce que presque toutes les
puissances ont fait pour le système métrique, ce que toutes ont
accepté pour la nomenclature chimique.
Le langage chimique est certainement le plus logique, le plus
scientifique ; mais, comme je le faisais observer à la dernière
séance, les nouveaux composés organiques en particulier, arrivent
Bull. Soc. Zool. de Fr., 1901. xxvi. — 9.
94 SÉANCE DU 9 AVHIL 1901
à être telleineut compliqués que l'indication de leurs radicaux
dans le nom de baptême devient impraticable en langage courant.
Cela tient à ce que les combinaisons chimiques sont sans limites ;
or cette objection ne saurait s'adresser à la nomenclature zoologique
où les indications de familles et de groupes dépasseraient rarement
quatre radicaux ou initiales. Mais ce serait peut-être encore trop.
Ce que nous cherchons, c'est de désigner les différents groupes
des êtres vivants par des mots qui, en dérivant les uns des autres,
nous indiqueraient les filiations. La chose est à peu près réalisée,
au moins jusqu'aux tribus dans la nomenclature classique, et le
débat, ainsi réduit, ne porte plus guère que sur les terminaisons ;
il faut souhaiter qu'il ne tarde pas trop à se clore. On en sera
quitte pour adopter une nomenclature fixe pour tous les ouvrages
parus à partir d'uue date déterminée à l'avance.
Mais dira-t-on, cela déroutera beaucoup pour les ouvrages
anciens ; guère plus, eu réalité, que ne nous gênent aujourd'hui le
vieux français ou les anciennes mesures. Les réformateurs ne
doivent regarder en arrière que pour corriger les erreurs du passé ;
leur devoir est de se soustraire aux contingences et aux sentimen
talités des traditions. Reste un point délicat à fixer : celui de la
possibilité pour un lecteur non prévenu de classer immédiatement
un être dont il lit le nom pour la première fois.
L'apposition d'un préfixe entraînerait des difficultés dont
M. le professeur Delage a lui-même signalé l'ennui, comme par
exemple de parcourir une table en se guidant sur la quatrième
ou la cinquième lettre ; c'est la principale. Elle subsisterait même
en n'adoptant pour préfixes que les initiales des divers degrés
de classement, comme le proposait M. Neveu-Lemaire. C'est
pour remédier à cet inconvénient et pour permettre immédiate-
ment de savoir à quel animal on a affaire en voyant son nom, que
j'ai l'honneur de vous soumettre la proposition suivante :
On adopterait dans toutes les publications spéciales, pour les
citations ou créations de genres, un signe conventionnel, comme
ceux que les botanistes emploient pour désiguer une plante
annuelle ou vivace, herbacée ou ligneuse, etc., etc.. mais ce sigue
représenterait alors un type réel ou schématique du groupe, ou
par exemple de la classe nu dp l'ordre auquel appartiendrait l'être
en question.
Le nombre de ces signes conventionnels serait forcément assez
restreint, et on pourrait adopter dans une convention interna-
tionale, pour chacun, une forme déterminée.
SEANCE DU 9 AVRIL lÔOl
«m
Pour bien faire comprendre ma pensée, je cite quelques
exemples :
['Emjgrus carinatus, Ophidien, aurait le signe : . . . .
le Cyclura cannata, Saurien, aurait le signe
la Chelydra serpentina, Chélonien, aurait le signe
VHadena upsilon. Lépidoptère, aurait le signe
VElater sanguineus, Coléoptère, aurait le signe
Il va sans dire que dans bien des cas on n'aurait pas besoin
d'indiquer d'une façon aussi précise la tribu ou l'ordre, il sullirait
peut être de savoir, par exemple, que
Charadrius fluviale
est un Oiseau sans que le signe représente forcément uu Echassier.
Ce signe conventionnel se placerait eu avant du nom de genre,
comme je viens de le figurer ci-dessus, et s'emploierait spéciale-
ment dans les recueils, les mémoires, partout où on cite, ou traite
des types isolés.
Je soumets cette idée, sans y ajouter autrement d'importance
mais je crois que son application rendrait bien des services à ceux
qui s'intéressent à la Zoologie en général sans être spécialistes.
96
Séance du 23 Avril igoi
PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR TROUESSART, PRÉSIDENT
M. le Président adresse les félicitations de la Société à M. le
Dr P. Portier, chef des travaux pratiques de Physiologie à la
Sorbonne, qui vient d'être promu Officier d'Académie.
M. Juan Rodriguez, présenté à la précédente séance, est proclamé
Membre de la Société.
L'Académie royale des sciences de Turin fait part à la Société du
décès du professeur Giulio Bizzozero.
M. Petit aîné présente les peaux d'Ecureuil qui ont été natura-
lisées par lui au cours de sa causerie de mars dernier et qui se
trouvent dans un parfait état de conservation.
MM. Brôlemann et Schlumberger s'inscrivent pour les Causeries
du semestre d'hiver.
M. le professeur Y. Delage annonce à ses collègues qu'il se rend
aux raisons invoquées dans la précédeute séance par M. le profes-
seur R. Blanchard et qu il renonce définitivement à l'idée
d'abandonner les désinences des familles et sous-famillles acceptées
par tous. Provisoirement il s'est donc arrêté au projet suivant :
Les embranchements se termineront en ida
sous-embranchements — ina
classes — ides
sous-classes — ines
ordres — idi
sou s- ordres — ini
familles — ulse
sous-familles — inœ
M. le professeur R. Blanchard pense qu'avec ces modifications
le projet peut être présenté au Congrès de Berlin.
M. le Dr Trouessart fait une communication sur les fossiles
quaternaires qui ont été découverts, en ces dernières années,
dans les cavernes de Patagonie. C'est la première fois que des
fossiles aussi bien conservés étaient rencontrés ailleurs que dans
les places des régions septentrionales.
FÉLIX DUJARDTN
, 1801 - 1860)
D'après une minature
l'iiite par sa fille en 1* 17.
SÉANCE DU 23 AVRIL 1 90 1 97
M. le professeur R. Blanchard présente à la Société une
Biographie de F. Dujardin, publiée par M. le professeur L. Joubin,
dans les Archives de Parasitologie. Cette notice est destinée à rendre
une tardive justice à l'un des plus puissants observateurs de ce
siérle. Ce travail ofïre un intérêt tout particulier de ce fait que M.
Joubin a eu entre les mains tous les papiers de Dujardin, conservés
au Laboratoire de Zoologie de l'Université de Rennes, ainsi que la
nombreuse correspondance qu'il entretint avec les savants de son
temps : H. Milue Edwards, Doyère, de Quatrefages, I. Geoffroy
Saint-Hilaire, Decaisne, Von Siebold, Thénard, etc.
Malheureusement, de la lecture de ces nombreuses lettres se
dégage une impression douloureuse. Dujardin, pendant toute son
existence, a lutté pour la vie et pour la science. Il a connu les pires
difficultés, les jalousies, les injustices. Aussi, lorsqu'à une distance
de près d'un demi-siècle, on jette un regard sur son œuvre, lors-
qu'on se rend compte de tous les progrès dont on lui est redevable,
ou ne peut s'empêcher d'avoir pour lui la plus sincère admiration.
Nous croyons faire plaisir à nos collègues en donnant ici un
portrait de Dujardin, publié par les Archives de Parasitologie, et qui
est la reproduction d'une miniature exécutée en 1847, par sa fille,
Mlle Louise Dujardin.
98
Séance du 14 Mai iqoi
PRÉSIDENCE DE M. LE Dr TROUESSART, PRÉSIDENT
M. X. Raspail s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.
M. Desalle donne lecture de la traduction d'un article de M. le
Dr Meyer (de Saarbruck) relatif à la nomenclature. L'auteur expose
avec nombreux documents à l'appui les fautes d'orthographe
usitées journellement en nomenclature. Il espère voir à l'avenir
ces erreurs disparaître dans les catalogues. Le règlement de la
Société Zoologique de France s'opposant à la publication d'une
traduction, nous nous permettons d'attirer l'attention de nos
collègues sur ce travail publié dans VEntomologisch.es Jahrbuch de
1901, p. 115 et suivantes.
M. Clément annonce qu'en raison de l'extension prise par son
cours d'Entomologie appliquée, ses collections sont devenues
insuffisantes. Il serait donc reconnaissant à ses collègues de vouloir
bien récolter, à son intention, tous les matériaux relatifs à ce sujet,
qu'ils pourront rencontrer au cours de leurs excursions.
M. le secrétaire général donne lecture de la communication de
M. X. Raspail sur la cérémonie de secondes noces chez les, Garni/uns.
NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LES ÉCHINIDES,
OPHIURES ET CRINOIDES RECUEILLIS EN 1898 ET 1899
PAR LA 1>IUXCESSE ALICE DANS LES RÉGIONS ARCTIQUES
PAU
R. KŒHLER
Professeur de Zoologie à l'Université de Lyon.
Les collections d'Echinodermes (Echinides, Ophiures et Cri-
noides) recueillis au cours des campagnes effectuées en 1898 et
1899 par la « Princesse A lice » dans les régions du Spitzberg et
dont S. A. S. le Prince de Monaco a bien voulu me confier l'étude,
ne renferment aucune espèce nouvelle. Les échantillons capturés
SÉANCE DU 14 MAI 1901 09
se rapportent tous aux types habituellement rencontrés dans les
mers arctiques et qui sont, pour la plupart, très bien connus. Il me
parait néanmoins utile d'en donner l'énumération avec l'indication
des stations, ne serait ce qu'au point de vue de la géographie
zoologique et surtout de l'extension bathymétrique de certaines
espèces, plusieurs dragages ayant été laits à une grande profondeur.
En outre, quelques espèces peuvent donner lieu à des remarques
intéressâmes.
ÉCHINIDES.
Dorocidaris papillata ( Leske)
1898. — St. 939 et 1043. — Petits échantillons.
Echinus sphoera 0. F. Mûller.
1898. - St. 929. — Deux échantillons.
PSAMMECHINUS MILIARIS (0. F. Mûller)
1898. — St. 1043. - Quelques échantillons.
Strongylocentrotus drôbrachiensis Agassiz
Cette espèce a été recueillie en nombreux exemplaires, dans
ditïérentes stations des campagnes de 1898 et de 1899.
Spaïangus purpureus (0. F. Mûller)
1898. — St. 1043. — Quelques échantillons de moyennes
dimensions.
Echinocardium flavescens (0. F. Mûller)
1898. — St. 1043. — Un échantillon de grande taille et un autre
beaucoup plus petit.
Brissopsis lyrifera Agassiz
1898. — St. 922. — Plusieurs échantillons de ditïérentes
dimensions.
Schizaster fragilis (Diiben et Koren)
1898. — St. 939 (profondeur 177 mètres) et 900 (profondeur
394 mètres). — Quelques échantillons.
Ces exemplaires sont d'assez grande taille et le diamètre antéro-
postérieur varie entre 6 et 8 centimètres.
Je n'ai pas retrouvé, chez le Schizaster fragilis, ces pédicellaires
à quatre branches que j'ai signalés pour la première fois en 1883
chez Schizaster canaliferus de la Méditerranée et qui sont si parti-
culiers. Les grands pédicellaires que j'ai rencontrés dans les spéci-
100 SÉANCE DU 14 MAI 1901
meus recueillis par la « Princesse ilice » sout des péciicellaires
tridactyles de la forme habituelle; ils sont surtout nombreux
dans le sillon antérieur.
En ce qui concerne l'anatomie interne, je mentionnerai la
présence d'un siphon intestinal accessoire, identique à celui que
j'ai découvert, en 1883, chez les Schizaster canali férus, Brissopsis
lyrifera et Echinocardiurn de la Méditerranée. Le trajet du siphon
accessoire est un peu plus long chez le Schizaster fragilis que chez
le Schizaster canaliferus ; le premier orifice se trouve situé à peu
près au même point que chez cette dernière espèce, mais le
deuxième orifice est reporté beaucoup plus loin, tout près de l'ori-
fice du siphou principal. Le canal du sable et les mésentères intes-
tinaux sont disposés chez le Schizaster fragilis comme chez le
Schizaster canaliferus.
POURTALESIA Sp. ?
1898. — St. 991 (profondeur 1535 mètres) et 1017 (profondeur
1865 mètres). — Un fragment de face dorsale dans chaque station.
Je crois que ces deux débris appartiennent à des Pourtalesia
Jeffreysii, mais ils sont insuffisants pour permettre une détermi-
nation certaine.
Echinocyamus pusillus Gray
1898. — St. 1043. —Un très petit échantillon.
OPHIURES
Ophioglypha texturata (Lamarck).
1898. — St. 1012 et 1043. — Un échantillon dans chaque station.
Ophioglypha albida (Forbes).
1898. - St. 1043. — Quelques échantillons
Ophioglypha sarsi (Lûtken)
1898. - St. 939,960 et 1012. —Quelques échantillons.
1899. — St. 1052. — Quelques échantillons.
Ophioglypha robusta (Ayres).
1898. — St. 970 (profondeur 48 mètres). — Quelques échantillons.
Le diamètre du disque varie entre 3 et 8 millimètres.
Les plaques brachiales dorsales offrent des variations analogues à
celles qui ont déjà été signalées par Duncan et P. Sladen (I). Dans
(1) A Memoir un the Eclnnodermata of the arclie Sea to the West of Green-
lund, p. 62*65.
SÉANCE DU 14 MAI 1901 101
tous les exemplaires, elles deviennent rapidement aussi larges que
longues. Dans un échantillon de taille moyenne, elles sont d'abord
très nettement hexagonales ; enfin dans les grands exemplaires, le
bord distal est remarquablement convexe.
Ophioplecra bokealis Dauiellsen.
1898.— St. 952 (profondeur 1185 mètres et 1040 (profondeur
650 mètres. — Quelques échantillons.
Cette Ophiure est l'une des plus grandes espèces connues. Dans
certains échantillons de la « Princesse Alice ». le diamètre du disque
atteint 4 centimètres.
L'Ophiopleura borealis est exclusivement limitée aux mers boréa-
les. Elle a été signalée dans les mers de Kana et de Barentz, à la
Nouvelle Zemble, à Jan Mayen et sur la côte du Groenland, à des
profondeurs variant entre quelques mètres et un millier de mètres.
Lyman a conservé la distinction faite par Duncau et Sladen entre
VOphiopleura borealis et YOphiopleura arctica. Griega réuni ces deux
espèces en une seule, et, après avoir comparé les Ophiopleura
borealis que j'ai en mains aux descriptions de Duncau et P. Sladen,
je dois dire que je partage entièrement l'opinion du naturaliste
norvégien. Les différences invoquées par les auteurs anglais ne
portent que sur la saillie plus ou moins accusée des dix côtes
radiales du disque, sur la forme des plaques brachiales ventrales
et sur quelques autres caractères très secondaires. Ce sont là des
variations comme on en observe chez tant d'espèces d'Ophiures et
elles ne justifient pas une séparation spécifique.
Les échantillons capturés par la « Princesse Alice » sont con-
formes au type.
Ophiocten sericeum Ljungmann
1898. — St. 1020 (profondeur 393 mètres). - - Deux échantillons.
1899. — St. 1070 (profondeur 175 mètres). — Deux échantillons.
Duucan et P. Sladen ont donné une excellente description de
cette espèce et plus récemment Grieg a noté les variations que
présentent les papilles buccales et les incisures radiales du disque ;
je n'ai rien à ajouter aux descriptions de ces auteurs.
Ophiopholis aculeata Gray
C'est l'Ophiure la plus commune des mers boréales et la « Prin-
cesse Alice » l'a capturée dans un grand nombre de stations, soit
en 1898, soit en 1899.
102 SKANCR DtT 14 MAI 1901
Ophiagtis Balli Liitken
1898. — St. 960 (profondeur394 mètres). — Quelques échantillons.
Ophiactis corallicola Kœhler
1899. — St. 1052. — Un échantillon.
Amphilepis norvegica Ljuuginann
1898. — St. 922 (profondeur 343 mètres). — Un seul exemplaire
de petite taille dont les bras sont cassés près du disque.
Amphilra squamata Sars
1898. -- St. 1043 (profondeur 88 mètres). - - Un petit échantillon.
Amphiura filiformis Forbes
1899, _ st. 1070 (profondeur 175 mètres) et 1074 (profondeur
22 mètres). — Deux échantillons.
Ophiacantha ridentata Ljungmann
Cette espèce est abondamment répartie dans les mers boréales ;
elle est cependant moins commune que VOphiopholis aculeata. La
K Princesse Alice » l'a rencontrée dans plusieurs localités:
en 1898, dans les stations 960, 970, 976, 997 et 1012 ;
en 1899, dans les stations 1052 et 1070.
J'ai retrouvé dans ces exemplaires les variations déjà indiquées
par plusieurs auteurs et par moi-même dans la forme, la longueur
et le nombre des piquants de la face dorsale du disque.
Ophiacantha aryssicola S. O. Sars.
1899. —St. 1052 (profondeur440 mètres). — Quelqueséchantillons.
Ophioscolex glacialis Millier et Troschel
1898. — St. 922, 970 976 997 et 1040.
1899. — St. 1052.
Plusieurs échantillons, mais la plupart en mauvais état, la face
dorsale du disque étant enlevée.
Ophiothrix fr agi lis Abbidgard
1898. — St. 1043. — Quelques échantillons se rapportant à la
forme pentaphyllum.
GORGONOCEPHALUS AGASS1Z1I Lymail
1898. — St. 939. — Deux échantillons de grande taille : dans le
plus grand, le diamètre du disque dépasse 6 centim.
St. 976. — Deux grands échantillons.
St. 1012. Un petit échantillon réduit au disque seul.
SÉANCE DU 14 MAI 1901
103
Astronyx Loveni Mùller et Troschel
1899. St. 1052 et 1070. — Un petit exemplaire daus chaque
station.
CRINOIDES
Antedon phalangium (J,
1898. St. 970 (profondeur 48 m.) -
» St. 1012 (profondeur 430 m.)
» St. 1040 (profondeur 650 m.)
tillons.
1899. — St. 1052 (profondeur 440 m.)
Antedon eschrichtii (J.
1898. — St. 976 (profondeur 186 m.) -
m St. 997 (profondeur 102 m.) —
» St. 1012 (profondeur 430 m.)
1899. — St 1070 (profondeur 40-70 m,
Mùller)
Un petit échantillon.
— Plusieurs échantillons.
— Quelques petits échan-
— Débris de calice.
Mùller)
• Un petit échantillon.
Deux grands échantillons.
— Quelques échantillons.
) — Un échantillon.
TABLEAU DES LOCALITES
1
NUMÉROS
DES STATIONS
DATES
LATIT. NORD LONGIT. EST
PROFONDEUR
922
6 juillet 1898
58° 16' 3°28'
343'"
9211
939
15-16 —
18
Rade de Rorvig (Norvège)
66°42' 11 23'
25"
177'"
952
00
Près des Lofoten
1 185'"
960
29 -
Entre la Norvège et l'Ile des Ours
394"'
970
976
991
997
31
2 août
7 —
11 —
Près de l'Ile Hope (Spitzberg)
Entre les îles Hope et Edge
Au large du Horn Sound(Spitzb.)
Baie Temple ( — )
48'"
186»
1535"
102"'
1012
1017
18 —
19 —
AuN.duSpitzb. prèsilêla banqui"
AuN.-O. - —
430"'
1865'"
1020
20-30
A l'entrée de l'Isfjord
393'"
1040
1043
7 septembre
13 -
A l'Est de l'Islande
A l'Est des Orcades
650'"
88'"
I052
10 juillet 1899
Côte de Norvège
440"'
1070
4 août
Près des Seven Iceberg (Spitzb.)
!75"'
104 SÉANCE DU 14 MAI 1901
CÉRÉMONIE DE SECONDES NOCES CHEZ LES GARRULIENS
[Pica caudata et Carmins glandarius)
PAR
XAVIER RASPAIL
Je ne puis mieux qualifier les scènes qui se produisent chez les
Garruliens qui habitent la France, la Pie et le Geai, lorsque les
couples de ces deux espèces se trouvent brusquement désunis au
moment de la reproduction.
On dit d'ailleurs couramment des Oiseaux qui, à l'époque des
amours, revêtent leur plus brillante parure et dont le Combattant
[Mâchâtes pugnax) fournit un remarquable exemple, qu'ils sont en
plumage de noces. Ce n'est donc pas commettre une hérésie que
d'appeler secondes noces la reformation des couples aussitôt que
survient la disparition du mâle ou de la femelle.
J'avais déjà été témoin, il y a quelque vingt-cinq ans, de cette
particularité curieuse des mœurs de la Pie que j'ai, du reste, signa-
lée dans une note concernant le nid de cet oiseau et la destruction
de ses œufs par la Corneille (1).
J'habitais alors la propriété que mon père possédait à Cachan
(Seine), où je trouvais, pendant la belle saison, à utiliser, avec
profit, les heures que je pouvais consacrer à mes recherches orni-
thologiques et entomologiques. Tous les ans, il s'y faisait un nid de
Pie au centre d'une haute futaie, c'était là un mauvais voisinage
pour les futures couvées de Passereaux ; aussi, une année, je me
décidai à prendre une mesure radicale et, au momeut où il appor-
tait des matériaux, j'abattis d'un coup de fusil l'un des deux
Oiseaux comptant que, de ce fait, le nid serait abandonné.
Le lendemain, de grand matin, je fus surpris d'entendre de
nombreuses Pies jacasser dans le parc et, en ouvrant ma fenêtre,
j'en aperçus plus d'une vingtaine, jouant et se poursuivant dans
les arbres où elles exécutaient de véritables chasses-croisés avec
accompagnement de manifestations phonétiques des moins harmo-
nieuses. Cela dura toute la matinée et ce n'est que l'après-midi que
le calme succéda aux bruyants ébats de cette bande piaillarde qui
disparut comme elle était venue.
(1) Bull, de la Soc. Zool. de France; XIII, page 126; 1888
SÉANCE l>U 14 MAI 1901 !'*•'»
Le jour suivant, à mon grand étonnement, je constatai, non
seulement la présence de deux Pies dans le parc, mais la conti-
nuation, par elles, du même nid dont elles poursuivaient paisible-
ment l'achèvement. 11 s'était donc reformé une nouvelle union —
et ce qu'il faut bien se résoudre à admettre -- aux noces de laquelle
étaient venues assister toutes les Pies du canton.
Dans ma note de 1888, j'avais surtout appuyé sur le fait de la
continuation de ce nid dans ces conditions, fait qui réfutait cette
assertion avancée par plusieurs naturalistes, entre autres Vieillot
et Nordmann que la Pie fait plusieurs nids bien en vue pour dé-
tourner l'attention de celui qu'elle bâtit en cachette et destiné à
recevoir la ponte.
J'avais négligé, à cette époque un point assez intéressant à uoter,
c est-à-dire le sexe de l'individu que javais tué. Aussi, à quelques
années «le là, ayant eu l'occasion de recommencer l'expérience,
j'eus soin de m'assurer de ce détail et je trouvai que ma victime
était justement le mâle. Or, les mêmes scènes se reproduisirent et,
à leur suite, le couple fut reconstitué ; un autre époux prit la
succession du disparu pour continuer l'œuvre de la nidification
commencée.
Plus tard, à Gouvieux, il m'arriva encore de désunir un couple
occupé à construire un nid à proximité de mou habitation ; ce fut
également le mâle qui eut la mauvaise chance de se présenter le
premier à portée de mon fusil. J'assistai aux mêmes scènes avec
cette différence que le pays étant entouré d'importantes forêts, il
vint un uombre de Pies autrement considérable qu'à Cachan dont
tous les environs n'ont guère, en fait de parties boisées, que quel-
ques propriétés de peu d'étendue. Il résulta de cette réunion,
pendant toute la matinée, un concert si désagréable que plusieurs
fois la tentation me vint d'y mettre un terme en faisant parler la
poudre.
Ce fait, qui s'était reproduit trois fois dans les mêmes con-
ditions, pouvait donc être considéré comme propre aux mœurs
de la Pie ; de plus il devait être totalement inconnu, car, il pré-
sentait assez d'intérêt, s'il avait déjà été observé chez un Oiseau,
pour qu'on u'eût pas manqué de le citer dans les recueils ornitho-
logiques.
En dehors de la Pie et du Geai, je ne connaissais jusqu'alors
qu'un exemple presque analogue ; il s'agit d'un mâle Pinson
qui continua l'incubation alors que sa femelle avait disparu victime
probablement d'une des nombreuses causes de destruction au
100 SÉANCE DU 14 MAI 1901
milieu desquelles vivent les Passereaux (1). Ce mâle exceptionnel
amena à terme l'éclosioQ des œufs et ce n'est que quelques jours
après la naissance des jeuues, alors qu'il se donnait beaucoup de
peine pour fournir la nourriture nécessaire à ses cinq affamés, que
je vis, un matiu. une femelle l'aider dans ce labeur et le partager
jusqu'à ce que les jeunes eussent quitté le nid. Le veuf avait donc
trouvé une femelle également libre avec laquelle il avait formé une
nouvelle union.
Mais ici, tout s'était passé sans cérémonie, dans la plus stricte
intimité, sans le concours des Pinsons d'alentour dont l'arrivée en
nombre, si près de cbez moi — le nid était justement établi dans
un massif de lilas bordant la cour des communs — n'aurait pu
échapper à mon attention, surtout s'ils s'étaient livrés aux manifes-
tations familières aux Pies eu pareille circonstance.
Le hasard, sur lequel il faut le plus compter pour connaître les
mœurs des animaux vivant à l'état libre, m'a permis de voir se
reproduire des manifestations semblables chez un autre Garrulien,
de sorte qu'on pourrait leur attribuer un véritable caractère
générique.
Le 11 mai 1900. je trouvai en bordure de ma propriété, à l'entrée
des bois de la Plaine Basse mitoyens de la forêt du Lys, un nid de
Geai duquel émergeait le bout de la queue de la femelle en train de
couver. Malgré ma répugnance à détruire un oiseau dans ces con-
ditions, d'un coup de fusil j'abattis la malheureuse mère avec les
débris du nid et les œufs brisés; j'avais fait acte de justicier, dura
justitia, sed justifia, car, deux jours avant, j'avais surpris un Geai
au moment où il enlevait d'un nid de Pinson le dernier des jeunes
sortis le matin de la coquille, et, étant donnée la proximité, il était
à peu près certain que le coupable était l'un ou l'autre des proprié-
taires du nid que j'avais supprimé.
Essentiellement destructeur des couvées, c'est là, en effet, la
spécialité de cet Oiseau ; rarement il mange les œufs, il préfère
attendre leur éclosion pour emporter successivement les nouveaux
nés tout palpitants dans son bec, imitant en cela le Chat qui
généralement ne touche aux nids qu'il a découverts qu'au dernier
moment, lorsque les jeuues sont prêts à les abandonner. Combien
de fois ne m'est-il pas arrivé d'escompter la réussite d'une couvée
en voyant les jeunes à la veille de quitter le nid et de trouver le
(1) Note sur une incubation continuée par un maie Pinson. — Bull, de la Soc.
Zool. de France ; XVIII ; 1892.
SÉANCE DU 14 MAI 1901 107
matin ce dernier démoli et au-dessous quelques pattes, quelques
débris sanglants, seuls restes des pauvres petits surpris pendant
le dernier sommeil qu'ils passaient dans leur berceau.
Pour en revenir à mon sujet, le 12 mai, à deux heures de l'après-
midi, par conséquent le lendemain de la destructiou du nid à la-
quelle j'avais procédé non sans éprouver, je dois l'avouer, un léger
remords, je remarquai, en passant dans les mêmes parages, sept à
huit Geais qui volaient très rapprochés les uns des autres et dans
des conditions identiques à celles qu'offrent les bandes de petits
Échassiers ; ils se posaient un instant sur un arbuste où ils se
tenaient toujours eu groupe, reprenaient leur vol en parcourant
le parc en tous sens, puis finissaient par regagner le bois de la Plaine
Basse.
J'étais doublement étonné et de ces évolutions, dont je ne
m'expliquais pas la cause, et du silence qu'en même temps parais-
saient observer ces Oiseaux contrairement à leurs habitudes, car,
ils ne manquent jamais de signaler par leurs cris tout ce qui
survient ou qu'ils remarquent de nouveau autour d'eux.
Deux heures après, comme je longeais une haie assez haute
bordant la plaine, je fus surpris par uu fort bruissement d'ailes
juste au dessus de ma tête ; c'étaient encore les mêmes Oiseaux
revenant du bois en bande et qui, cette fois, sans se préoccuper
autrement de ma présence, s'arrêtèrent à peu de distance dans une
charmille en émettant des cris sourds ressemblant à un gazouille-
ment très doux que je n'avais pu percevoir de loin. Comme a leur
première incursion, ils firent quelques courses au caprice du vol
pour retourner de nouveau au bois.
Cette scène bizarre et toute nouvelle serait restée sans explica-
tion pour moi, si je n'avais déjà eu l'exemple de la Pie. Je ne
pouvais douter uu seul instant que toutes ces allées et venues ne
fussent la conséquence de mon forfait de la veille: le veuf que
j'avais fait convolait eu secondes noces avec le concours joyeux des
Geais du voisinage.
En détruisant au dehors la mère et sa couvée, j'avais obtenu
comme résultat d'avoir un nid dans le parc même ; car le couple
reformé, vint s'y établir en plein centre, ce dont je m'aperçus trop
tard, alors que la couvée de ces pillards avait certainement été
nourrie par un bon nombre de jeunes Passereaux enlevés à leur
sortie de l'œuf.
Je viens d'exposer très succinctement et d'une façon bien impar-
faite, les scènes curieuses dont j'ai eu la bonne fortune d'être
108 SÉANCE DU 14 MAI 1901
témoin ; je pourrais m'arrèter là, ayant rempli mon rôle de simple
observateur; mais, comme toute observation, celle ci n'a réelle-
ment de valeur que par les déductions qu'elle permet d'en tirer et
par les aperçus qu'elle ouvre, sur les mœurs des Oiseaux, au point
de vue de leur intelligence et de leur esprit de sociabilité.
Il est un point qui m'a tout d'abord frappé dans les faits que je
viens de citer, c'est la reformation sur la place même où le mâle
aussi bien que la femelle avaient été tués, d'un nouveau couple
appelée continuer la nidification en cet endroit. Pourqu'oi l'inverse
ne s'est-il pas produit ? L'explication la plus rationnelle qu'on
puisse en donner c'est qu'aux années correspondantes à la destruc
tion que j'avais faite des mâles Pies et de la femelle Geai, il s'était
trouvé, dans un rayon indéterminé, des mâles et une femelle en
disponibilité, c'est-à-dire n'ayant pas trouvé à s'accoupler au
moment de la reproduction ; de sorte, qu'il était tout indiqué pour
eux de répondre à l'appel des conjoints que le hasard leur offrait,
là où ces derniers avaient déjà commencé la nidification et jugé
l'endroit favorable à la reproduction de l'espèce.
Chez la Perdrix (Starna cinerea) par exemple, j'ai tout lieu de
croire que les mâles sont presque toujours en excès et que, par
suite, un certain nombre ne trouvant pas à s'apparier, restent des
célibataires contraints et forcés : sans cesse à la recherche d'une
femelle, ils viennent, quelquefois de très loin, jeter le désordre
dans les pariades et c'est alors affaire aux bons gardes de les
détruire s'ils ne veulent pas perdre le bénéfice de quelques couvées
sur leur canton. Je n'ai jamais eu de Perdrix femelles en captivité,
sans voir arriver, dans le courant de mai, des mâles qui ne quit-
taient plus le pourtour de la volière ; certains séjournaient ainsi
plusieurs semaines, s'effarouchant à peine quand on approchait.
Dans ce cas, il est facile de comprendre que ces mâles, en circu-
lant dans la campagne arrivent à passer à proximité et que leur
flair délié ou quelques rappels timides de la femelle les amènent
tout naturellement auprès de cette dernière qui, alors même qu'elle
a un époux, ne paraît jamais insensible aux hommages que lui otîre
à travers le grillage, ce visiteur amoureux.
Mais il n'eu est pas aiusi pour nos Garruliens. Ce n'est ni le
hasard, ni les courses aventureuses qui favorisent la reformation
de ces couples brutalement désunis. 11 faut que la nouvelle de la
place vacante arrive jusqu'au célibataire, mâle ou femelle, appelé
à prendre une successiou imprévue; de même qu'il est évident que
tous les couples établis dans les cantons voisins sont aussitôt
SÉANCE DU 14 MAI 15)01 109
avisos de l'événement d'une manière quelconque, pour qu'à peine
vingt-quatre heures après, tous se trouvent réunis sur le même
point et dans le même but.
Les Oiseaux ont donc des moyens de se transmettre de proche en
proche les nouvelles qui les intéressent; ils se comprennent et ils
agissent tout comme pourrait le faire l'homme en pareille circons-
tance.
Bull. Soc. Zool. de Fr., 1901. xxvi. — 10.
110
Séance du 28 Mai igoi
PRÉSIDENCE DE M. LE D' TROUESSART, PRÉSIDENT,
ET DE M. LE Dr HÉROUARD
M. Vignon s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.
M. le Président adresse les félicitations de la Société à M. le
Dr Laveran, élu Membre de l'Académie des Sciences.
M. Fr. Secques fait une communication sur les différents ani-
maux importés à Rome pour les jeux du Cirque. Il montre en
particulier que l'Éléphant d'Afrique était l'espèce la plus répandue
à cette époque.
M. le Dr Trouessart fait une communication sur la découverte
récente, au Congo belge, d'une nouvelle espèce animale, que l'on
identifie avec Y tlelladothérium découvert en Grèce par M. Gaudry.
Or les fragments qui sout parvenus en Europe ne sont pas encore
suffisants pour permettre une telle identification. Tout ce qu'il est
possible d'affirmer, c'est que c"est bien un Ruminant voisin de la
Girafe et de Y Helladothérium. La confirmation de ce fait serait une
preuve de plus pour montrer que la faune africaine résulte bien
de la faune septentrionale tertiaire, qui aurait émigré vers le sud.
M. le Dr Trouessart fait une Causerie sur la notion d'espèce et de
sous-espèce en Zoologie. Cette Causerie sera publiée ultérieurement.
M. le D1' HÉROUARn, qui le remplace au fauteuil présidentiel, lui
adresse les remerciements et les félicitations de la Société.
111
Séance du 11 Juin igoi
PRÉSIDENCE DE M. LE Dr TROUESSART, PRÉSIDENT
M. le Secrétaire général présente à la Société un mémoire de
M. le professeur Gourret sur les Térebellacées et les Ampharétiens
du golfe de Marseille.
Il donne ensuite lecture de la circulaire suivante émanée du
Congrès international des bibliothécaires et relative à un concours
pour l'étude des Insectes ennemis des livres :
a Au cours du Congrès international des bibliothécaires, tenu à
Paris les 20, 21, 21 et 23 août 1901, Mn« Marie Pelleghet (1), biblio-
thécaire honoraire à la Bibliothèque nationale et membre du Con-
grès, a institué deux prix, l'un de 1,000 francs, l'autre de 500 francs,
destinés à récompenser les deux meilleurs mémoires relatifs aux
Insectes qui détruisent les livres. Ces prix seronts décernés sous le
nom de Prix Marie Pellechet.
» Au cours du même Congrès, un second donateur, qui désire
garder l'incognito, a fondé un prix unique de 1,000 francs à décer-
ner à l'étude la plus sérieuse présentée sur le même sujet, mais
dans laquelle l'auteur se sera plus spécialement occupé des Insectes
qui s'attaquent aux reliures des volumes. Ce prix est dénommé
Prix du Congrès des rirliotrécaires.
» La Commission d'organisation du Congrès des bibliothécaires,
autorisée par les fondateurs, a arrêté, ainsi qu'il suit, les condi-
tions du concours.
» Art. 1er. Prix Marie Pellechet. — Un premier prix de 1,000
francs et un second prix de 500 francs seront décernés en 1902 aux
deux meilleurs mémoires présentés sur ce sujet : Étudier d'une
façon scientifique les Insectes ou Vers qui s'attaquent aux livres; en
déterminer les genres et les espèces; en décrire les modes de propaga-
tion, les mœurs, les ravages ; mentionner les parasites qui vivent à
leurs dépens ; définir les matières dont ils se nourrissent, celles qui les
attirent, celles qui les font fuir ou les font périr ; indiquer les meilleurs
moyens à employer pour les détruire et les chasser quand ils ont envahi
une bibliothèque, pour prévenir de leur invasion les bibliothèques
encore in de m nés.
» Art. II. Prix du Congrès desdirliothécaires. — Un prix unique
de 1,000 francs sera décerné, à la même époque et dans les mêmes
conditions, à un autre mémoire sur le même sujet, mais avec cette
différence, toutefois, que le mémoire qui pourra être récompensé
(1). M"s Marie Pellechet, fondatrice de ces prix, est décédée le 11 décembre 1900.
112 SÉANCE DU 11 JUIN 1901
par ce prix sera consacré à l'étude des Insectes ou Vers qui s'atta-
quent plus particulièrement à la reliure des livres.
» Art. III. — Le jury, chargé d'examiner les mémoires et de
décerner les prix, est formé du bureau de la Commission du Con-
grès des bibliothécaires, auquel sont adjoints des membres de la
Commission et des zoologistes.
» Art. IV. — Les mémoires pourront être rédigés, non seulement
en français ou en latin, mais aussi en allemand, en anglais, en
espagnol et en italieu.
» Art. V. — Les auteurs ne doivent pas se faire connaître avant
la décision du jury ; mais chaque manuscrit devra porter une
épigraphe ou devise qui sera répétée sur un pli cacheté joint à
l'ouvrage et contenant le nom de l'auteur.
» Art. VI. — Les mémoires devront être adressés, avant le 31
mai 1902, au secrétaire général du Congrès des bibliothécaires.
» Art. VIL — Si les mémoires présentés à la date du 31 mai 1902
ne semblent pas au jury d'un mérite suffisant pour obtenir les
récompenses offertes, le concours sera prorogé jusqu'au 31 mai
1903. Si à cette date encore aucun mémoire digne d'être récom-
pensé n'avait été présenté, le concours serait prorogé une seconde
fois jusqu'au 31 mai 1904 ; mais les prix qui n'aurait pu être décer-
nés après ces deux prorogations seraient définitivement retirés.
» Art. VIII. — Les auteurs devront inscrire, en tète de leurs
mémoiies, les mots Prix Marie Pellechet, ou Prix du Congrès des
bibliothécaires, suivant qu'ils auront en vue l'un ou l'autre de
ces concours.
>) Art. IX. — Il est bien entendu que le désir des donateurs
n'est pas de faire attribuer une récompense aux personnes qui
enverraient simplement des formules et recettes ou qui signale-
raient des moyens empiriques généraux pour détruire les Insectes
ou les éloigner des livres.
)) Art. — Les manuscrits envoyés ne seront pas rendus. »
Les mémoires, ainsi que les demandes de renseignements, doi-
vent être adressés à M. Henry Martin, secrétaire général du
Congrès des bibliothécaires, à la bibliothèque de l'Arsenal, rue de
Sully, 1, à Paris.
M. Gadeau de Kerville fait une Causerie sur les Cécidiozooses
et les animaux qui les produisent. Cette Causerie sera publiée
ultérieurement.
M. le Président lui adresse les félicitations de la Société et émet
l'espoir que l'exemple donné par M. Gadeau de Kerville sera suivi
par nos collègues de province.
SÉANCE DU 11 JUIN 1901 113
LA NIDIFICATION DE L' « ASTUR NISUS 9»
DANS LE DÉPARTEMENT DE LA MEURTHE-ET MOSELLE
PAR
LE BARON D'HAMONVILLE
Sur un hêtre de moyenne grandeur, à huit mètres envirou du sol
et près du tronc, un nid. Composé de bûchettes entrelacées et gros-
sièrement construit, il est placé à l'intersection de deux grosses
branches. Le fond est garni de ces plumes duveteuses que la femelle
s'arrache de la poitrine et de l'abdomen au moment de la ponte.
Un seul œuf oblong, à fond blanc légèrement verdàtre, marqué de
larges taches brun-clair, malheureusement cassé par le coup de feu.
Le germe en est déjà développé.
A notre approche la femelle qui couvait très chaud s'échappa du
nid pour y rentrer presque aussitôt. Tirée et manquée, cinq minu-
tes après elle était de retour. Cette fois un coup de fusil l'abat.
Rien d'anormal en ce qui concerne les dimensions du sujet. Mais,
particularité curieuse et peu fréquente à cette époque de l'année,
la couveuse se trouve en pleine mue. Toutes les rémiges anciennes
décolorées, prêtes à tomber, sont recouvertes par un nouveau
rang de rémiges nouvelles, qui ofîreut la coloration bleu-ardoisée
des jeunes plumes. Ces rémiges nouvelles ayant encore leurs
tuyaux sont d'une longueur de 4 à o centimètres. Tandis que les
plumes du dos usées et d'une couleur terne ne sont pas encore
renouvelées, les nouvelles plumes en cette partie n'ont point fait
leur apparition. Les rectrices ne sont pas renouvelées.
Nous sommes donc en présence d'un Oiseau en transformation
au moment de la couvaison, ce qui est un fait rare et curieux, la
mue précédant toujours cette fonction.
J'ajouterai que la nidification en Meurthe-et-Moselle de !'« Astur
nisus » n'avait pas encore été constatée, cemme le prouve cette
phrase de feu mon père dans son travail si documenté et si cons-
ciencieux sur les Oiseaux de la Lorraine : « Cet Epervier assez
commun aux passages d'avril et d'octobre ne se reproduit point
dans notre région, sauf dans les Vosges. »
Or cette femelle a été tuée sur son nid dans le massif de Saint-
Pierremont, à 22 kilomètres au nord deToul, c'est-à-dire à peu près
au centre du département de Meurthe-et-Moselle.
114 SÉANCE DU 11 JUIN 1901
SUR L'HISTOLOGIE DU VER -A- SOIE
{Xote préliminaire)
PAR
P. VIGNON,
Préparateur de Zoologie à la Sorbonne.
Frenzel [1886] nous a donné une description excellente de l'in-
testin des Chenilles, description parfaitement applicable au cas du
Ver-à-Soie. Il avait, sur divers points, contredit les vues de
Leydig [1883]. A son tour, la description de Frenzel devait être
précisée, au point de vue cytologique.
C'est ainsi que, pour ce qui est des cellules spéciales qui se
trouvent disséminées entre les cellules cylindriques, et qu'on appelle
cellules caliciformes, quoiqu'elles diffèrent considérablement des
cellules muqueuses, il y aurait lieu de se rapprocher des idées de
Leydig, déconsidérer, contre Frenzel, leur couche corticale comme
du protoplasma en voie de transformation, et la cellule elle-même
comme une glande unicellulaire.
Il faudrait insister sur le rôle que semble bien jouer, dans la
sécrétion, le noyau des cellules cylindriques : rôle peu habituel,
puisqu'il garde à son intérieur ses grains de chromatine considéra-
blement accrus en nombre, à mesure que la cellule mûrit.
Bien entendu, Frenzel ne pouvait connaître, de Yergastoplasma
de Garnier, ni le mot ni la chose ; ces formations, trop incons-
tantes dans la série pour qu'on puisse les regarder comme fonda-
mentales, n'en sont pas moins, ici, très développées, sous forme de
filaments flexueux que les auteurs ont vus, mais sans préciser leur
rôle dans le processus sécrétoire.
Enfin Frenzel avait tout-à-fait méconnu le rôle de la membrane
péritrophique, ainsi que sa véritable nature.
Au rebours de ce qu'on aurait souhaité, les mémoires récents de
Verson [1897] et de Nazari [1899] marquent, pour tout ce qui
concerne la forme des cellules et leurs transformations, un retour
en arrière notable. J'aurai donc l'occasion, prochainement, de
comparer les vues de ces divers auteurs et je m'efforcerai de
remettre les choses au point.
Tout comme dans les cas où la membrane péritrophique, par-
venue à son plus haut degré de différenciation, se forme dans une
région limitée de l'intestin moyen, elle doit ici son origine à une
SÉANCE DU 11 JUIN 1901 115
émission de chitine fluide, quoiqu'elle soit sécrétée par la totalité
de l'intestiu, conformément aux vues de Plateau. Bien entendu les
boules sarcodiques ne sont [tour rien dans sa formation (Cf. Verson),
et il est faux de la dessiner, ainsi que le fait Nazari, sous l'aspect
d'une cuticule. Ce n'est pas que je sois désireux d'établir une ligne
de démarcation tranchée entre les cuticules et la membrane péri-
trophique : mais, dans la série des formations dues à l'activité de
la partie supérieure de la cellule épithéliale (série qui va depuis les
bordures en brosses à poils libres jusqu'aux cuticules sécrétées, en
passant par les membranes à structure plus ou moins définie), il est
nécessaire de faire une place à part aux membranes péritrophiques,
qui représentent le terme ultime de la série. On parvient jusqu'à
elles en passant par celles des cuticules qui sont formées, elles
aussi, par de la chitine émise à l'état plus ou moins fluide, ainsi
qu'on peut s'en rendre compte en examinant la formation du bec
chez l'embryon de Sépia.
Verson s'est rallié sans réserve à la théorie vésiculaire de la
sécrétion. Cette théorie l'a induit complètement en erreur, pour ce
qui concerne la description des processus sécrétoires : quoique les
boules sarcodiques soient ici, comme bien souvent ailleurs, inévi-
tables, il est, chez le Ver-à-Soie particulièrement, facile de montrer
qu'elles restent étrangères à la formation des vrais produits de
sécrétion, produits que la cellule met ensuite en liberté par
destruction totale.
C'est à partir des formations ergastoplasmiques qu'il est le plus
avantageux d'aborder l'examen de la théorie du protoplasma supé-
rieur, telle que l'ont formulée, indépendamment l'un de l'autre,
Prenant et Kassowitz. Ici, en effet, les vues de ces auteurs revêtent
une véritable précision. Si nous partions, au contraire, de la
question des racines ciliaires, nous serions obligés d'homologuer
ces racines avec les bâtonnets de R. Heidenhain, lesquels n'ont rien
de commun avec les filaments basaux de nature ergastoplasmique.
Nous nous trouverions alors en face de formations qui, loin d'être
de la quintessence de protoplasma, jouent souvent un simple rôle
de soutien. Le Ver-à-soie nous fournit d'ailleurs un exemple de
fibrilles proloplasmiques qui, pour n'être pas chitinisées, n'en sont
pas moins en rapport avec une fonction mécanique. Je veux parler
des magnifiques fibrilles, plus belles encore que ne le montrent les
dessins de Gilson [1890 J ou de Korschelt[1896], qui se différencient
dans les conduits vecteurs des glandes séricigènes.
116
Séance du 2 5 Juin 1901
PRESIDENCE DE M. LE Dr THOUESSART, PRÉSIDENT
M. Alluaud, de retour d'un long voyage à Madagascar, assiste
à la séance.
M. le Président félicite M. le DfGuiart de sa nomination en qua-
lité de professeur agrégé de la Faculté de médecine de Paris.
M. Alluaud fait une communication sur les premiers résultats de
son voyage dans la région du Fort-Dauphin et du fleuve Mandravé.
Différents auteurs ont déjà fait connaître un certain nombre
d'espèces nouvelles parmi les Protozoaires, les Insectes et les
Reptiles rapportés par lui et il est permis d'espérer que la liste va
s'en accroître considérablement.
M. le Président lui adresse les félicitations de la Société.
M. Certes fait une communication sur les Protozoaires nouveaux
obtenus par lui à la suite de cultures faites avec les sédiments
recueillis à Madagascar par M. Alluaud.
A l'appui de la communication dont on trouvera le texte plus
loin, M. Certes expose sommairement les résultats qu'il vieut
d'obtenir avec les cultures des sédiments desséchés qui lui ont
été obligeamment envoyés de Port-Dauphin (Madagascar), par
M. Alluaud, qu'il est heureux de pouvoir remercier publiquement
Parmi les coquilles de Rhizopodes trouvées dans ces sédiments,
il en est (Euglypha alveolata) dont les habitants sont vivants.
Plusieurs espèces d'Amibes et un Arlinophrys ont apparu dans les
cultures, ainsi qu'un certain nombre d'Infusoires flagellés et ciliés.
M. Certes cite parmi ces derniers: Borio angustatus, des Colpodes,
desChilodons, un Halteria, un Microthorax relativement de grande
taille, à cuticule très ornée dans lequel la bouche est précédée d'une
sorte de nasse qui n'a pas encore été décrite, deux grandes espèces
d'Oxytriches, une très petite Vorticelle globuleuse, à péristoine très
étroit, des Blepharisma, enfin uu Acinétien ou un Rhizopode fusi-
formetrès petit, à longs et épais tentacules hyalins dont M. Certes
n'a rencontré jusqu'ici que trois exemplaires et qu'il n'a pu com-
plètement étudier à raison de sa petite taille. Enfin, M. Certes
signale comme particulièrement intéressante la présence d'un
rotifère assez rare, VAdineta vaga, et d'un Chœtonotus lu rus qui
SÉANCE DU 25 JUIN 1901 117
parait différer de l'espèce type par l'existence de deux bouquets de
longs cils rigides, à gauche et à droite des épines caudales.
Parmis les carapaces de Diatomées assurément vivautes actuel-
lement à Madagascar, M. Certes a retrouvé V Amphicampa admi-
rabilis qui a été décrite comme fossile au Mexique.
Ces résultats qui ne sont certainement pas les derniers puisqu'il
n'a été fait jusqu'ici que quatre cultures, démontrent cependant
tout l'intérêt qui s'attache à la recherche des espèces microsco-
piques qui résistent à la dessiccation prolongée.
INSTRUCTIONS SUR LE MODE DE RÉCOLTE ET D'ENVOI
DES SÉDIMENTS D'EAU DOUCE, SAUMATRE OU SALÉE
DESTINÉS AUX RECHERCHES MICROSCOPIQUES
PAK
A. CERTES
Ancien Président de la Société Zoologique de France
Plusieurs de mes correspondants ont bien voulu me demander
des instructions sur le mode de récolte et d'envoi des sédiments
d'eau douce, saumâtre ou salée qui servent aux expériences de
reviviscence des organismes microscopiques que j'ai entreprises il
y a plus de vingt ans et dont j'ai déjà fait connaître les principales
conclusions dans une note publiée en 1892 (1).
Les eaux mêmes limpides et placées dans des flacons bouchés
avec soin, se conservent difficilement et ne présentent de sérieuses
garanties, contre l'introduction des germes atmosphériques, que
lorsqu'elles sont recueillies et rapportées dans des tubes flambés et
fermés à la lampe. Encore, dans ces conditions, les échantillons
recueillis ne présentent-ils d'intérêt qu'au point de vue des Micro-
bes et peut-être pas de tous. Les Infusoires et les autres animal-
cules microscopiques supportent mal cet atmosphère confiné et ne
survivent pas aux secousses du voyage.
Il en est tout autrement des organismes enkystés ou non et des
germes que renferment les sédiments desséchés.
(1) « Sur la vitalité des germes des organismes microscopiques des eaux douces
et salées» — Comptes-rendus. Acad. des Sciences. Séance du 22 février 1892 et
Bulletin de la Société Zool. de France. Séance du 2S mars 1892. — J'ajoute de
suite que les expériences continuées depuis 1892 sur des sédiments déplus en plus
âgés et de toute provenance n'ont fait que confirmer les conclusions de cette note.
118 SÉANCE DU 25 JUIN 1901
La vase et surtout la couche jaunâtre et visqueuse qui se forme à
sa surface, les petites touffes de Conferves et les autres plantes
qui surnagent ou végètent dans les eaux, les feuilles mortes et les
débris végétaux. recueillis dans les lacs, les mares ou les flaques
d'eau claire ou croupie, l'enduit visqueux verdâdre ou brunâtre
qui se dépose sur les bords et sur les objets submergés, les Mousses
recueillies au pied des arbres ou dans les creux de rochers, le foin,
les herbes desséchées, etc.... tels sont les éléments habituels de
mes cultures. La variété de ces cultures, lorsqu'elles sont maintenues
avec soin à l'abri des germes atmosphériques, fournit la preuve
que l'on a bien sous les yeux la faune locale réviviscente des
localités explorées et non celle du laboratoire où on l'étudié.
De très petites quantités de matériaux suffisent et il n'y a qu'à
introduire chaque échantillon, sans aucun apprêt, dans de petits
sacs (1) ou, à leur défaut, dans une feuille de papier quelconque
repliée avec soin sur elle-même, de manière à éviter autant que
possible, l'introduction des poussières atmosphériques en cours de
route. Avant l'envoi, ces sédiments doivent être desséchés dans
leur enveloppe, non pas au soleil, mais de préférence dans un
courant d'air à l'ombre.
Il est presque inutile d'ajouter qu'il convient de numéroter
chaque échantillon et d'indiquer soit sur le sac, soit sur une fiche
introduite dans le sac, la date, la température de l'air et des eaux,
surtout lorsqu'il s'agit d'eaux thermales, la localité exacte, si elle
est saine ou malsaine, le mode de dessiccation, la nature des échan-
tillons et s'ils proviennent d'eau douce, saumàtre, salée, courante
ou stagnante, la profondeur au moins approximative, lorsque
la vase a été recueillie par draguage, en un mot tous les rensei-
gnements qui peuvent donner plus de précision aux recherches
biologiques dont ces sédiments seront l'objet.
Les sédiments recueillis dans les cavernes et autres cavités
souterraines, à l'abri du jour, ont été peu étudiés jusqu'ici. Ils
présentent donc un intérêt spécial. Dans ce dernier cas, la tempé-
rature est un facteur important et toujours à noter. Des cultures
faites à une température plus élevée que celle des grottes courraient
le risque d'être envahies rapidement par les espèces banales de
(1) Les petits sacs dont je fais usage et qui se trouvent dans le commerce pour
l'envoi des échantillons de graines, sont en parchemin et cousus. Lorsque les
recherches doivent porter sur les microbes, il est bon de les faire passer à l'étuve
sèche à 70" minimum.
SÉANCE DU 25 JUIN 1901 119
microbes dont les germes pénètrent à de grandes distances — j'en
ai eu la preuve — dans les galeries souterraines.
Je laisse sans crainte à l'intelligence des explorateurs le soiu de
discerner celles des indications ci-dessus qu'ils peuvent négliger
— s'ils n'ont pas le temps de s'y conformer — et je leur adresse
à l'avance tons mes remerciements.
NIDIFICATION DE L'HIRONDELLE DE FENÊTRE:
HIRUNDO URBICA (Linn.)
ET
Arrivée prématurée dans le Nord de la France d'un Rossignol :
PHILOMELA LUSCINIA (Linn.).
PAR
CH. VAN KEMPEN
Les mœurs des Oiseaux sont toujours très intéressantes à étudier
et de nouvelles découvertes ont lieu fréquemment.
Chaque année une paire d'Hirondelles de fenêtre vient établir son
nid sous le toit de mon Musée d'histoire naturelle. Au moment de
sa construction, le couple, qui y doit nicher, est aidé par plusieurs
autres Hirondelles, apportant dans leurs becs les matériaux utiles
à l'établissement du logis. Ces aides complaisantes et serviables
sont-elles des amies? Sont-elles des voisines? Il m'a été impos-
sible de résoudre ces questions ! Aussitôt le nid formé, elles dispa-
raissent, le laissant à la disposition de la paire qui pondra et y
élèvera ses petits.
Mon préparateur de Lille a reçu, le 1er avril, un Rossignol cap-
turé dans un jardin des environs de cette ville. C'est une époque
tout à fait anormale, car cet Oiseau n'arrive jamais dans nos dépar-
tements du nord avant le 12 où le 15 de ce mois. Cette année, la
température était très froide, ce qui me fait citer cette arrivée hâtive.
Je n'ai pas aperçu d'Hirondelles à Saint-Omer, avant le L2 avril.
120 SÉANCE DU 25 JUIN 1901
QUELQUES MOTS SUR LA BIOLOGIE DES LARVES DE CULEX
PAR
MAURICE NEVEU-LEMAIRE
On sait que Ja femelle des Moustiques, uue fois fécoudée, pond ses
œufs à la surface des eaux staguantes. Au bout d'environ deux
jours ces œufs donnent naissance à une petite larve qui ne mesure
pas un millimètre de largeur. Après une série de mues successives
elle atteiDt environ un centimètre et, une quinzaine de jours après
son éclosiou, elle se transforme en nymphe, puis trois ou quatre
jours plus tard en Insecte parfait.
J'ai eu dernièrement l'occasion d'observer au laboratoire de
Parasitologie de la Faculté de Médecine de Paris un grand nombre
de larves de Moustiques vivantes, et principalement des larves de
Culex nemorosus. Deux points ont surtout attiré mon attention :
le premier est relatif à l'attitude de ces larves dans l'eau ; le second
se rapporte à la transformation de la larve en nymphe, et fera
l'objet d'une autre note.
Attitude des larces de Culex dans l'eau. — Depuis que les Mous-
tiques ont pris en pathologie exotique une importance capitale, il
est peu de médecins ou de naturalistes, s'intéressant aux maladies
des pays chauds, qui n'aient étudié plus ou moins ces Diptères.
Mais la plupart de ces études ont été faites hâtivement et, comme il
arrive généralement en pareil cas, on a attribué à des caractères
tout à fait secondaires une importance beaucoup trop grande. C'est
ainsi qu'on avait indiqué comme caractère distinctif des genres
Culex et Anophèles leur mode de station sur une paroi plane; or
Grassi, Sambon et Low montrèrent que l'attitude de ces Insectes
était très variable et, bien qu'il soit assez facile à un œil exercé de
reconnaître à première vue les deux genres par leur allure générale,
on ne peut pas dire qu'ils prennent infailliblement la même posi-
tion comme on l'avait cru d'abord.
On a également voulu distinguer les larves de Culex et d'Anophèles
à la position qu'elles prennent dans l'eau pour respirer : les larves
de Culex, munies d'un tube respiratoire plus ou moins long, res-
pirent en mettant ce tube en contact avec la surface de l'eau et se
tiennent toujours, disait-on, obliquement la tête en bas ; les larves
d'Anophèles, au contraire, qui ne possèdent point de tube, mais deux
orifices respiratoires postérieurs et dorsaux, se tiennent pour res-
SÉANCE DU 2.') JUIN 1901
121
pirer parallèlement à la surface de l'eau. J'ai moi-même donné ce
caractère comme distinctif des deux genres.
Or, je me suis aperçu depuis, qu'il n'y a rien d'absolu dans cette
distinction, et j'ai vu fréquemment des larves de Culex prendre
alternativement pour respirer une positiou oblique ou une position
borizontale, parallèle à la surface de l'eau, attitude que l'on pensait
prise uniquement par les larves du genre Anoplicles. Gela ne veut
pas dire que la position oblique la tète en bas ne soit pas beaucoup
plus fréquente chez les larves de Culex, mais cette position n'est pas
constante. Si l'on rencontre dans l'eau d'une mare ou d'un étang
des larves situées horizontalement, il ne faut donc pas conclure,
sans les avoir examinées, qu'il s'agit de larves d'Anophèles, d'autant
plus que d'autres larves encore, d'une famille voisine des Culicides,
celle du genre Corethra respirent également en prenant une position
borizontale. D'ailleurs l'examen, même superficiel, des larves récol-
tées permet de reconnaître si elles appartiennent au genre Culex,
ces dernières présentant seules un tube respiratoire plus ou
moins long.
Les larves de Culex memorosus, en particulier, peuvent prendre
dans l'eau les positions les plus variées; tantôt elles s'agitent en
faisant des contorsions et des soubresauts continuels, tantôt elles
se tiennent presque immobiles à la surface de l'eau pour respirer
l'air extérieur. Elles se placent alors soit obliquement la tète eu bas,
se contournant parfois pour chercher à atteindre avec leurs man-
dibules un débris végétal flottant sur l'eau, soit tout à fait verticales,
toujours la tête en bas ; soit enfin complètement horizontales simu-
lant des larves d Anophèles.
122 SÉANCE DU 25 JUIN 1901
Ed. résumé, on peut dire que les larves de Culex prennent dans
l'eau les attitudes les plus diverses non seulement quand elles
nagent, comme le montre la figure précédente, mais aussi quand
elles viennent respirer à la surface de l'eau. Néanmoins dans ce
dernier cas, leur attitude de beaucoup la plus fréquente est la posi-
tion oblique la tête en bas, remarquée depuis longtemps par tous
les observateurs.
123
Séance du g Juillet igoi
PRÉSIDENCE DE M. LE Dr TROUESSART, PRÉSIDENT
MM. R. Blanchard et Neveu-Lemaire s'excusent de ne pouvoir
assister à la séance.
M. le Président fait part du décès de M. Foa, explorateur dans
l'Afrique centrale, qui vient de mourir des suites d'une affection
contractée au cours de ses voyages.
M. le Président adresse à la famille les compliments de condo-
léance de la Société Zoologique de France.
M. le Secrétaire général rappelle à la Société que le Congrès
international de Zoologie s'ouvrira à Berlin le 12 août prochain.
M. Clément fait une causerie sur Y Apiculture et présente à la
Société les principaux appareils qui ont été gracieusement mis à sa
disposition par la maison Gariel.
M. le Président lui adresse les félicitations de la Société.
MISSION DU VICOMTE DU BOURG DE BOZAS EN AFRIQUE CENTRALE.
I. — Note sur les Hirudinées du lac Arramaya (Aryssinie)
PAR
LE Dr EMILE BRUMPT
Nous avons rencontré trois espèces d'Hirudiuées dans le lac Arra-
maya, aux environs d'Harrar. L'une d'elles, que nous connaissions
déjà d'Europe, a particulièrement frappé notre attention ; c'est
la Glossosiphonia tessellata (0. E, Mùller). Cette Sangsue a une
distribution géographique des plus étendues : elle a été signalée
déjà par mon maître M. le professeur R. Blanchard (1) au Chili,
où elle a été probablement apportée par les Oiseaux sauvages
migrateurs, aux dépens desquels elle vit.
Il doit en être de même pour le lac Arramaya, sur les rives duquel
(1) R. Blanchard, Présence de la Glossossiphonia tessellata au Chili. Description
complémentaire de cette Hiruilinée. Actes île la Soc. xcientif. du Chili, II,
p. 177 187, 1892.
124 SÉANCE DU 9 JUILLET 1901
on trouve des légions d'Oiseaux aquatiques, dont beaucoup ont une
grande ressemblance avec ceux de France ou d'Europe.
La reproduction de la Glossosiphonia tessellata est activée par le
climat très régulier delà région. Les exemplaires capturés portaieut
des petits à même de vivre isolés et identiques à ceux que j'ai récol-
tés aux environs de Paris, environ deux mois plus tard. Ce fait est
d'accord avec les observations que l'on peut faire facilement dans
les laboratoires (1), où la ponte est accélérée de deux et même de
trois mois par la cbaleur.
Le lac Arramaya offre aux Hirudinées parasites un gîte de pre-
mier choix ; on se croirait plutôt au Jardin d'acclimatation que dans
un pays africain, tous les Oiseaux sont abondants; les habitants de
ces régions ne consommant pas leur chair, ils ne craignent pas
l'Homme. Dans une excursion que nous fîmes sur le lac avec mon
compagnon de voyage, des espèces de Poules d'eau venaient autour
du canot Berton; plusieurs femelles, auxquelles nous voulions ravir
les jeunes, venaient frapper l'eau à un mètre de nous, dans le but
de nous effrayer. L'abondance de ces Oiseaux explique celle des
Hirudinées parasites des Oiseaux, comme l'abondance des bestiaux
explique celle des Sangsues médicinales ou tout au moins d'une
variété de ces dernières. En quelques heures passées sur les bords
du lac, nous avons récolté et pu faire récolter par déjeunes Gallas
des centaines de ces Vers. LesGallas les prennent très simplement :
ils immergent leurs pieds en des points où l'eau est très claire ; les
Sangsues médicinales s'y fixent aussitôt. Les deux autres espèces
d'Hirudinées (Glossosiphonia tesselata et Glossosiphonia s. p.?) quit
tent également leurs repaires, pensant trouver quelques Oiseaux
entrain de plonger: c'est à ce moment qu'on les capture. Elles ne
peuvent piquer l'Homme; je n'ai pas réussi à me faire piquer pat-
elles ; mais j'ai pu en récolter une bonne collection qui rampèrent
sur mes jambes.
Harrac, 20 mai 1901 .
(Il E. Brcmpt. Reproduction des Hirudinées. Mém. Soc. Zool. de France,
XIII, n° 4, 1901.
\->:\
Séance du 23 Juillet iqoi
PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR TROUESSART, PRÉSIDENT
M. le professeur R. Blanchard s'excuse de ne pouvoir assister
à la séance.
M. le Président fait part de la perte cruelle que vient de faire la
Zoologie française en la personne de M. de Lacaze Duthiers, profes-
seur d'anatomie et de physiologie comparées à la Faculté des scien-
ces de Paris, Membre honoraire de la Société Zoologique de France.
M. le Président adresse les félicitations de la société à M. le
professeur Kunsler, de Bordeaux, pour sa nomination de Chevalier
de la Légion d'Honneur.
M. Juan Rodriguez, de Guatemala, remercie de sa nomination
en qualité de Membre de la Société Zoologique de France.
HENRI DE LACAZE-DUTHIERS
1821-1901
NOTICE NÉCROLOGIQUE
PAh
LE Dr J. GUIART
Professeur agrégé à la Faculté de médeine de P.iris
Il y a deux jours à peine le télégraphe nous annonçait le décès de
H. de Lacaze-Duthiers. Cette mort, bien que n'étant pas tout à fait
imprévue, va profondément troubler le monde savant. H. de
Lacaze-Duthiers était, en effet, le dernier survivant de cette pléiade
zoologique du siècle passé dont de Blainville, de Quatrefages, Emile
Blanchard, H. Milne-Edwards, I. Geoffroy- Saint -Hilaire, Van
Benedf.n, Vogt, H. de Lacaze-Duthiers et tant d'autres ont été les
glorieux représentants. Depuis de nombreuses années nous étions
habitués à voir en de Lacaze-Duthiers le seul détenteur des vieilles
traditions zoologiques et ce n'est pas sans émotion que nous voyous
disparaître en lui une des gloires de la science française. C'est à ce
titre que je consacre cette notice à celui qui fut mon premier
maître, car, s'il compta parmi les Membres honoraires de la Société
126 SÉANCE DU 23 JUILLET 1901
Zoologique de France, on ne peut s'empêcher de regretter qu'il lui
ait toujours porté aussi peu d'intérêt.
H. de Lacaze-Duthiers comptait au nombre de ces cadets de
Gascogne parmi lesquels tant de nos grands hommes sont allés se
recruter depuis quelques siècles. 11 naquit dans le Lot et Garonne,
le 15 mai 1821. 11 fit ses études au collège de Villeneuve sur-Lot
puis vint à Paris pour étudier la médecine. Durant ses années
d'internat, il se lia d'une amitié profonde avec celui qui devait
devenir le professeur Potain. Ils se lancèrent ensuite dans des
voies différentes; mais ne se départirent jamais de leur vieille
amitié que la mort seule fut capable de rompre.
C'est à Lille qu'il débuta dans l'enseignement comme professeur
de zoologie et il laissa de son passage en cette université un tel
souvenir que la Faculté des sciences de Lille a inscrit son nom à
côté de celui de Pasteur, qui fut son premier doyen. A Paris, il fut
professeur à cette école normale contre laquelle il devait lutter
durant tout le reste de sa vie. Il traversa le muséum, où il occupa
l'une des chaires les plus importantes, mais il se fit surtout con-
naître à la Sorbonne, où, durant trente-trois ans, il enseigna la
zoologie et l'anatomie comparée dans cette chaire où le mois
dernier il faisait encore son cours. C'est donc une carrière de près de
cinquante années qu'il a consacrée à l'enseignement supérieur et à
la zoologie. Il fut un professeur émérite et je n'eu veux pour preuve
que les innombrables élèves qui se sont succédé dans ses labora-
toires et qui occupent, presque tous, les situations les plus enviées
des principales Universités françaises et de beaucoup d'Universités
européennes. C'est qu'en effet il fut non seulement un maître, mais
un véritable apôtre de la Zoologie. Il savait du reste prêcher d'exem-
ple, comme le prouvent ses nombreux et admirables travaux sur le
Corail, sur les Insectes, sur les Mollusques et sur les ïuniciers,
qui sont dans toutes les mains et qui sont devenus classiques dans
tous les pays. 11 devait donc nécessairement exciter autour de lui
une émulation peu commune, et les trente volumes des Archives de
zoologie expérimentale et générale, où se trouvent publiés les travaux
de ses nombreux élèves, en sont la meilleure preuve. On peut dire,
sans crainte d'être taxé d'exagération, qu'il fut le savant qui eut le
plus d'élèves ; mais son caractère inquiet et méfiant fit qu'il ne sut
malheureusement pas les conserver, de telle sorte que durant sa
vieillesse ce grand homme dut vivre dans un isolement à peu près
complet. H. de Lacaze-Duthiehs fut un persécuté ; il fut plus à
plaindre qu'à blâmer.
1É1P
■/'■"
HENRI DE LACAZE-DUTHIERS
1821 -1901
(Cliché prêté par MM. Schleicher).
SÉANCE DU 23 JUILLET 1901 127
Mais je neveux pas m'étendre plus longuement sur sa biographie
et je ne veux cependaut pas terminer sans dire un mot de ce qui
fut son œuvre capitale : la fondation des laboratoires de Biologie
marine. En 1872, il fondait, sur les côtes de l'Océan, le Laboratoire
de Roscolî, puis, rendu audacieux par les nombreux travailleurs
qui y affluèrent bientôt de tous pays, le Laboratoire de Roscolî
n'était pas encore terminé, qu'il résolut de compléter par un
Laboratoire d'hiver, aux bords de la Méditerrannée, l'enseignement
de la Zoologie à la Sorbouue. Mais cette fois le gouvernement se lit
tirer l'oreille et il dut recourir à l'initiative privée. Il se fit frère
quêteur et en peu de temps il rassemblait les 132,000 francs qui lui
furent nécessaires pour fonder le laboratoire Arago, de Banyuls sur-
Mer, qu'il terminait et dont il fit don à l'État en 1883. On ne saurait
trop vanter la perspicacité dont il fit preuve dans le choix de ces
deux laboratoires qui sont tous deux d'une admirable richesse.
Mais les rhumatismes d'H. de Lacaze Duthiers ne pouvant s'accom-
moder des bruues de l'Océan, le laboratoire Arago devint sa station
préférée, bien que les travailleurs y fussent plus rares et il aban-
donna à peu près le laboratoire de Roscolf, où les savants de tous
pays ne cessèrent cependant de se donner rendez vous chaque
année, durant la saison chaude. Cet état d'infériorité de Roscofï sur
Banyuls m'a beaucoup peiné pendant les deux années ou j'ai eu
l'honneur de diriger cette station ; j'ai tout fait pour y remédier,
mais sans grand résultat. Le laboratoire de Banyuls est allé au
contraire sans cesse en prospérant, doublant d'importance, s'enri-
chissant d'un vivier, d'un bateau à vapeur et d'un bassin de
radoub. Mais, si ce fut au détriment des budgets de la Sorbonne et
de Roscolï, la zoologie ne doit cependant pas le regretter, puisque
cet état de choses a été en réalité très profitable à la science fran-
çaise. C'est en effet grâce au bateau à vapeur le Roland, que M. le
professeur Pruvot, le nouveau directeur du Laboratoire, a pu dresser
la carte zoologique, géologique et bathymétrique du golfe du Lion,
carte qu'il travaille encore actuellement à compléter avec l'aide de
M. le Docteur Racovitza, directeur adjoint de la station. On peut
dire qu'en créant ces laboratoires, H. de Lacaze-Duthiers a été un
novateur, en montrant qu'il n'y a pas de vraie zoologie, si l'on
n'étudie pas à la fois la biologie, la morphologie, l'anatomie, l'his-
tologie et l'embryologie, et s'il fut un grand maître, c'est que grâce
à ses laboratoires, comme l'a dit un jour M. le professeur Delage,
« il put apprendre en quelques semaines à ses élèves plus de vraie
zoologie que pendant des années entières d'études théoriques ». On
128 SÉANCE DU 23 JUILLET 1901
lui reprochera peut-être d'avoir lancé la zoologie française un
peu trop vers l'étude de la Zoologie marine et d'avoir formé
des élèves ne connaissant pas la (aune des environs de Paris,
mais la faute n'en est-elle pas bien plutôt à ceux-ci, qui auraient
pu compléter dans d'autres laboratoires les enseiguements du
maître. 11 lit du reste beaucoup d'adeptes, comme eu témoignent
le grand nombre des savants de tous pays qui se sont succédé
dans ses laboratoires et les innombrables laboratoires maritimes
qui se sont fondés tout le long des côtes de France. Aussi est-il
peu de carrières qui aient été aussi brillantes que la sienne : toutes
les académies et sociétés savantes se sont disputé l'honneur de le
compter parmi leurs membres ; il fut élu membre de l'Académie
des sciences le 31 juillet 1871, membre de l'Académie de médecine
le 18 mai 1886 et le 15 août 1900, lors de la remise du buste que lui
offrait l'Université de Barcelone, le Gouvernement français lui
décernait le grade de Grand-Oflicier de la Légion d'Honneur. Le
nom d'H. de Lacaze Duthiers restera parmi les fastes de la zoologie
française et la Société Zoologique de France peut être hère de
l'avoir compté au nombre de ses Membres honoraires.
129
CINQUIEME CONGRES INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE
Tenu à Berlin en Août 1901
COMPTE - RENDU SOMMAIRE
PAR
LE Dr JULES GUIART
La Société Zoologique de France peut être fière de l'œuvre entre-
prise sous son patronage par Alphonse Milne Edwards et le pro-
fesseur R. Blanchard. Le Congrès de Berlin a dépassé toutes les
espérances. Le Congrès de Leyde comptait 250 membres ; celui de
Cambridge 380 sur 440 inscrits; celui de Berlin a compté 470 mem-
bres sur 604 inscrits. C'est un grand succès qui fait bien augurer
de l'avenir.
Parmi les membres de la Société Zoologique de France, présents
à Berlin, nous citerons :
M. le prof. Th. Barrois, délégué du Gouvernement ; M. Beauclair ;
M. le prof. Blanchard, délégué du Gouvernement et de la Société
Zoologique de France; M. Brôlemann; M. Certes, délégué de la
Société Zoologique de France (et Madame); M. le prof. Y. Delage,
délégué du Gouvernement et de la Société Zoologique de France
(et Madame) ; M. H. H. Field, délégué de la Société Zoologique de
France ; M. Freyssinge ; M. Gadeau de Kerville ; M. le baron J. de
Guerne, délégué du Gouvernement; M. le Dr J. Guiart, délégué de
la Société Zoologique de France ; M. Hérouard ; M. Ch. Janet, délé-
gué du Gouvernement ; M. le prof. Jourin, délégué de la Société
Zoologique de France ; M. le prof. E. Perrier, délégué du Gouver-
nement ; M. le prof. Pruvôt ; M. Racovitza, délégué de la Société
Zoologique de France ; M. le prof. Railliet, délégué du Gouverne-
ment ; M. Rotrou ; M. Schlumrerger, délégué du Gouvernement et
de la Société Zoologique de France ; M. le prof. Vaillant, délégué
du Gouvernement.
Au nombre des Français, ne faisant pas partie de notre Société,
nous avons remarqué :
M. Darroux (et Madame) ; M. Fauvel, délégué de la Société Ento-
mologique de France; M. le prof. Giard, délégué du Gouvernement
(et Madame); M. Gravier, délégué du Gouvernement ; M. Greban ;
Bull. Soc. Zool. de Fr., 1901. xxvi. — 11.
130 CINQUIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE
M. A. Janet ; M. E. Janet ; M. A. Monnet; M. Nibelle ; M. Van Oye;
M. Pizon; M. L. Vaillant et M. Viré.
Soit un total de 34 Français et 4 dames sur 54 Fiançais inscrits et
6 dames. La France était donc, malgré la distance, mieux repré-
sentée qu'aux précédents Congrès et mieux représentée que les
autres nations, sauf l'Allemagne, qui comptait naturellement le
plus grand nombre de membres. Les autres nations venaient dans
l'ordre suivant : la Russie (27 membres), l'Angleterre (25), l'Autri-
clie-Hongrie (20), la Hollande et la Suisse (11), l'Italie (8), les Etats-
Unis (6), le Japon (4), la Suède (3) la Belgique, le Danemark, le
Grand-Duché de Luxembourg et la Roumanie (2), le Brésil, la Bul-
garie, le Mexique, la Norvège, la Serbie et le Venezuela (1).
I. Séances générales.
Le lundi 12 août, à 10 heures du matin, a lieu la séance d'inaugu-
ration, sous la p.'ésidence du professeur Môbius, et la vice-prési-
dence de MM. Emery (de Bologne), Howes (de Londres), Jentink
(de Leyde), Ludwig (de Bonn), Perrier (de Paris) et von Zograf (de
Moscou). Autour du Président, ont pris place sur l'estrade les repré-
sentants du Gouvernement impérial allemaud, de la ville de Berlin
et les délégués des différents pays. Le Congrès décide l'envoi de
télégrammes de condoléances à S. M. l'Empereur d'Allemagne et à
S. A. le Kronprinz, à l'occasion du décès de l'Impératrice mère.
Puis viennent les discours d'ouverture de M. Rothe, sous-secré-
taire d'Etat au Ministère de la Marine, représentant du Gouverne-
ment allemand ; de M. Kirschner, bourgmestre de Berlin ; de
S. M. le professeur Harnack, recteur de l'Université de Berlin ;
du professeur Môbius, président du Congrès ; du professeur Edm.
Perrier, parlant au nom des délégués étrangers, et du professeur
Blasius, représentant des délégués allemands.
M. le professeur Grassi, de Rome, fait alors un important discours
sur le problème malarique au point de vue zoolotjique. Il montre que
beaucoup d'affections redoutables de l'Homme et des animaux
domestiques sont tramsmises par la piqûre des Moustiques. En ce
qui concerne la malaria les seuls agents de transmission sont les
Moustiques du genre Anophèles et jamais les Culex. Il cite les parti-
cularités de développement du parasite malarique. Chez l'Homme,
ce parasite vit à l'intérieur de globule rouge. Il peut ainsi arriver
avec le sang dans le tube digestif du Moustique où a lieu la repro-
duction sexuelle. H montre la formation des sporozoïtes et leur
pénétration dans les glandes salivaires de l'Insecte, d'où ils revien-
CINQUIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE 131
(Iront chez l'Homme avec la salive inoculée. Il cite aussi le rôle de
certains Culex dans la transmission de la lièvre jaune et termine en
montrant le rôle important que peuvent jouer les recherches zoolo-
giques en hygiène.
Avant de lever la séauce, le Président donne lecture de deux
télégrammes adressés par S. A. le Kronprinz et par M. le comte
de Bûlow, chancelier de l'empire.
Le mardi matin, 13 août, nouvelle séance générale sous la prési-
dence de M. Sci.ater (de Londres) et la vice-présidence de MM.
Aurivillius (Stockholm), Grassi (Rome), Salenski (Pétersbourg),
Stejneger (Washington) et Weber (Amsterdam). Après la lecture
d'un télégramme de S. M. l'Empereur d'Allemagne, la parole est
donnée à M. le professeur R. Blanchard, secrétaire de la Commis-
sion internationale du Congrès, qui propose au Congrès, au nom
de la Commission, de donner la présidence du Comité à M. le
professeur Ed. Perrier, directeur du Muséum d'Histoire naturelle
de Paris. (La proposition est acceptée par acclamations). Puis,
après l'élection de M. le professeur Ludwig, comme membre de la
Commission internationale des prix, M. le professeur R. Blanchard
lit son rapport sur-le prix de S. M. l'Empereur Nicolas IL Les
conclusions du rapport étant adoptées à l'unanimité, M. Oudemans,
d'Amsterdam, est proclamé lauréat du prix de S. M. l'Empereur
Nicolas II, pour son travail intitulé : Influence de la lumière sur le
développement des couleurs chez les Lépidoptères.
M. le professeur Y. Delage fait un discours sur les théories de la
fécondation. 11 montre que la nécessité des divisions maturatives
n'est expliquée d'une manière suffisante ni par la réduction numé-
rique des chromosomes ni par la réduction quantitative ou quali-
tative de la chromatine. Il peuse qu'il convient de chercher, dans
les phénomènes physico-chimiques encore indéterminés, la cause
de l'existence générale de ces divisions.
Il convient, d'après lui, de distinguer dans la fécondation normale
deux opérations distinctes qui ont pour but, l'une de déterminer
la formation d'un embryon (embryogenèse), l'autre de donner à cet
embryon une double lignée ancestrale (amphimixie).
La mésogonie et la parthénogenèse expérimentales prouvent que
les phénomènes morphologiques principaux de la fécondation,
relatifs à la copulation des noyaux et aux centrosomes, sont relatifs
à l'amphimixie, et que l'embryogenèse a surtout pour facteurs des
phénomènes physico-chimiques. Il termine en engageant les zoolo-
gistes à étudier moins exclusivement les phénomènes morpholo-
J32 CINQUIÈME CONGRÈS INÎ ERNATIONAL DE ZOOLOGIE
giques et à accorder plus de temps à l'étude des phénomènes
physico-chimiques qui interviennent dans les opérations biolo-
giques.
Le discours de M. le professeur Delage est salué par d'unanimes
applaudissements et la Société Zoologique de France peut être
fière du succès obtenu par son ancien Président.
M. le professeur A. Forel, de Morges (Suisse), fait ensuite un
long discours sur les propriétés psychiques des Fourmis et de
quelques autres Insectes. L'orateur s'élève contre l'opinion de
Bethe et de quelques autres savants qui veulent faire de ces Insectes
de simples machines réflexes. Il étudie surtout les rapports de la
conscience avec l'activité cérébrale, les qualités sensorielles et les
deux fondements de la vie psycho-physiologique : l'automatisme
et la plasticité. Il donne alors des exemples des propriétés psy-
chiques des Fourmis, des Abeilles, etc., et indique particulièrement
leur faculté de mémoire et d'association. Il commence par les hypo-
thèses d'identité, il montre que les organes des sens des Insectes,
sont les mêmes que les nôtres, avec quelques légères modifi-
cations. La complication des fonctions centrales entraîne du reste
une plus grande complication du complexus des neurones (cer-
veau) ; aussi, chez les animaux sociaux, le développement des
fonctions psychiques s'observe-t-il facilement par la grosseur du
cerveau.
Il décrit une à une toutes les particularités psychiques que l'on
rencontre chez ces derniers et finalement il place au premier plan
la faculté d'observation dans les actes des Insectes. Elle les domine
et rend l'animal complètement inattentif aux autres impressions
sensorielles.
Le jeudi 15 août, à 2 h., clans le grand amphithéâtre de l'Institut
de chimie, nouvelle séance générale, sous la présidence de M. le
professeur Y. Delage (Paris) et la vice-présidence de MM. Antipa
(Bukarest), Blanc (Lausanne), Ehlers (Gottingen), Ijima (Tokio),
Mac Murrich (Ann Arbor), Pelseneer (Gand), et Stirling (Adélaïde).
Les membres présents votent une proposition présentée par la
troisième section du Congrès, en vue de la conservation des
animaux supérieurs non nuisibles, menacés par les progrès de la
civilisation. Après quoi, sur la proposition de la même section, il
est décidé que le prochain Congrès aura une section de Zoogéo-
graphie. On assiste alors à toute une série de communications
accompagnées de projections.
M. E. Poulton (Oxford) fait une communication sur le mimétisme
CINQUIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE 133
et la sélection naturelle. M. W. Patten (Hannover, Etats-Unis) parle
de l'origine des Vertébrés ; il montre par une comparaison détaillée
que les Ostracodermes sont des types intermédiaires entre les
Arthropodes et les Vertébrés. M. N. Zograf (de Moscou) traite
des recherches hydrobiologiques en Russie ; M. le professeur Môbius
prend la parole pour montrer toute l'importance de ces recherches
et prie le Gouvernement russe de les continuer avec soin dans
l'intérêt de la science ; cette résolution est votée à l'unanimité.
M. A. Pizon (Paris) fait ensuite une communication sur une méthode
d'observation des animiux coloniaux et son application à l'étude des
Tuniciers bourgeonnants. L'auteur expose la nécessité, dans l'étude
des animaux coloniaux, de les suivre pendant plusieurs mois consé-
cutifs pour arriver à établir leurs phénomènes évolutifs avec toute la
précision désirable. Il fait connaître le procédé qu'il emploie pour
faire vivre des colonies de Tuniciers (Botryllidés, Distaplia, Diplo-
soma, etc.) dans des laboratoires éloignés de la mer, et pour les faire
fixer sur des lames porte-objets; cela permet de les observer au
miscroscope par transparence sur leurs deux faces. Pour donner un
exemple des heureux résultats de cette méthode, il projette une
série de clichés représentant : 1° les phases successives d'une jeune
colonie de Bolrijllus Schlosseri édifiée par une larve; — 2° l'évolu-
tion d'une colonie de Botrylloïdes rubrum observée du 1er février
jusqu'au 8 mai; huit générations d'ascidiozoïdes s'étaient succédé
dans le cormus durant cet intervalle, et leur nombre était passé de
de. 12 à 182. L'auteur expose en même temps les observations biolo-
giques qu'il a pu faire sur les colonies élevées dans ces conditions,
particulièrement en ce qui concerne la durée de chaque génération,
le mode de régression, la circulation coloniale, la précocité des
battements du cœur chez les jeunes bourgeons et leur persistance
pendant l'histolyse.
La séance se termine par deux communications de M. C. G. Schil-
lings (Diïren), sur des observations biologiques sur les Mammifères de
l'Est- Africain et de M. 0. Neumann (Berlin) sur les résultats de son
voyage de la mer Rouge au Nil blanc.
Le vendredi 16 août, à 8 h. 1/2 du matin, séance de clôture, sous
la présidence de M. le professeur R. Blanchard (Paris) et la vice-
présidence de MM. ApAthy (Klausenburg), Butschli (Heidelberg),
Forel (Morjes), von Graff (Graz), Krapelin (Hambourg) et Poulton
(Oxford). M. le Dr Studt, ministre de l'Instruction publique, assiste
à la séance. M. le professeur R. Blanchard donne lecture du rapport
de la Commission de nomenclature. Ce rapport est accepté à l'una-
134 CINQUIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE
nimité et la rédaction définitive des règles de la nomenclature est
confiée à une Commission composée de MM. R. Blanchard, pour la
langue française ; von Moerenthal, pour l'allemand, et W. Stiles,
pour l'anglais.
Après un discours de M. Bûtschli sur le mécanisme et le vitalisme,
on vote sur l'emplacement du prochain Congrès. Sur la proposition
du professeur Môbius, la Suisse est désignée et le professeur Studer
(Bâle) est proclamé président du VIe Congrès international de
Zoologie. M. le professeur Studer remercie l'assemblée et annonce,
au nom du Gouvernement suisse, que le Congrès se tiendra à Berne.
Après une communication de M. W. Branco (Berlin) sur les restes
humains fossiles, M. le professeur R. Blanchard prend de nouveau
la parole, et dans un long discours en langue allemande, accueilli
par les applaudissements chaleureux de l'assemblée, il résume les
travaux du Congrès et, sans oublier personne, remercie tous ceux
qui ont contribué à l'éclat du Ve Congrès international de Zoologie.
La séance se termine par les remerciements du professeur Môbius,
président du Congrès, et du Dr Studt, ministre de rinstructiou
publique.
II. Séances des Sections.
I. Zoologie générale. Séance du 13 août. Président : M. E. Per-
rier (Paris); secrétaire: M. Rengel (Postdam). — Communications
de M. Apâthv (Kolozsvar) sur quelques nouvelles méthodes micros-
copiques (avec démonstration des appareils) ; de M. K. Brandt
(Kiel) sur les procli aines recherches internationales dans la mer
du Nord ; de M. Dahl (Berliu) sur le but de ^l'Éthologie comparée ;
de M. C. Emery (Bologne) sur l'atavisme.
Séance du 14 août. Président : M. R. Hertwig (Munich) ; secré-
taires: MM. Fuhrmann (Neufchâtel) et Rhumbler (Gôttingen). —
Communications de M. Lauterborn (Ludwigshafen) sur le projet
d'une station biologique flottante, pour étudier la faune et la flore
des fleuves; de M. Mewes (Berlin) sur la comparaison possible
entre le travail utile de l'organisme animal et celui d'une machine
à vapeur; de M. E. Perrier (Paris) sur la fixation des attitudes
avantageuses par l'hérédité et son importance dans la transfor-
mation des organismes ; de M. Pizon (Paris) sur le rôle du pigment
dans le phénomène de la vision.
Séance du 15 août. Président: C. Emery (Bologne); secrétaires:
MM. Racovitza (Paris) et Brauer (Marburg). — Communications
de M. C. Piepers ('s Gravenhage) sur le mimétisme; de M. R. F.
CINQUIEME CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE l.'i.'i
Scharff (Dublin) sur l'influence des Pyrénées dans les migrations
animales entre la France et l'Espagne ; de M. S. L. Schenk (Vienne)
sur la détermination du sexe chez l'homme; de M. W. Wedekind
(Berlin) sur la parthénogenèse et la loi sexuelle; de M. F. von
Llcanus (Berlin) sur la hauteur du vol des Oiseaux basée sur des
observations aéronautiques.
II. Zoologie expérimentale. Séance du 13 août. Président :
M. Wilson (New-York) ; secrétaire : M. Driesch (Heidelberg). —
Communications de M. Driesch sur le vitalisme ; de M. Herbst
(Heidelberg) sur les rapports normatifs entre le système nerveux et
les produits de régénération ; de M. Hûlsen (St-Pétersbourg) sur
la solidité des os longs à la pression ; de M. Spemann ( Wiirzbourg)
sur la production expérimentale des monstres doubles.
Séance du ib août. Président : M. Y. Delage (Paris) ; secrétaires :
MM. Spemann (Wiirzburg) et Herbst (Heidelberg). — Commu-
nications de M. G. Tornier (Berlin) sur les formations surnumé-
raires et la signification de la pathologie en technique biologique ;
de M. Thilo (Biga) sur les machines et le corps des animaux ; de
M. L. Vaillant (Paris) sur les altérations des globules blancs du
sang chez les animaux mordus par des Serpents venimeux et traités
ou non par le sérum antivenimeux de Calmette ; de M. Wilson
(New- York) à propos d'études expérimentales sur les œufs d'Echi-
nodermes (parthénogenèse).
III. — Vertébrés : biologie, systématique. Séance du
iS août. Président : M. Sharpe (Londres) ; Secrétaires : MM. Har-
tert (Tring) et Hacker (Stuttgart). — Communications de
M. Blaauw (s'Graveland) sur l'élevage du Somateria mollissima et
de VOcydromus australis; de M. Eckstein (Eberswalde) sur l'utilité
ou la noscivité des Oiseaux insectivores ; de M. A. Jacobi (Berlin)
sur l'utilité de la Zoogéographie dans les recherches ornitholo-
giques; de M. Bohweder (Husum) sur un albinos de Calamodus
schœnobxnus.
Séance du 14 août. Président : M. Blasius (Brunswick); secré-
taires : MM. Wilson (Weybridge Heath) et A. Jacobi (Berlin). —
Communications de M. Forsyth Major (Londres) sur les Mammi-
fères vivants et éteints de Madagascar; de MM. Forsyth Major et
Andrews sur l'existence de Proboscidiens dans les dépôts tertiaires
de l'Egypte; de M. A. Bôrig (Francfort a. M.) sur la corrélation
entre certains organes des Cerfs et leur ramure; de M. E. Schàff
(Hanovre) sur les espèces du genre Cercopithccus ; de M. A. Bôrig
136 CINQUIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE
(Francfort) sur la phylogénie des bois de Cerfs; de M. Sclater
(Londres) sur un nouveau Mammifère découvert en Afrique,
VOkapia Johnstoni.
Séance du 15 août. Président : M. von Zograf (Moscou) ; secré-
taires : MM. Arnold (St-Pétersbourg) et Schiemenz (Berlin). —
Communications de M. L. Plate (Berlin) sur les Cyclostomes de
l'hémisphère sud ; de M. Arnold (St.-Pétersbourg) sur la nourriture
des Poissons dans les eaux continentales ; de M. Bêla von Dezsô
(Kassa) sur les causes artificielles et naturelles du changement et
de la diminution des Poissons dans le fleuve Hernâd, dans la haute
Hongrie; de M. P. Schiemenz (Berlin) sur la Zoologie comme auxi-
liaire de la pèche ; de M. WoLTERSTORFF(Magdebourg) sur la répar-
tition géographique des Urodèles des temps anciens; de M. von
Zograf (Moscou) sur les mœurs et la place systématique de Corne-
phorus baikalensis.
IV. — Vertébrés : anatomie et embryologie. Séance
du iS août. Présidents: MM. Hurrecht (Utrecht) et Max Werer
(Amsterdam); secrétaires: MM. Guiart (Paris) et Rômer (Frank-
furt a. M.). — Communications de M. Van Bemmelen (s'Gravenhage)
sur l'os prémaxillaire des Monotrèmes ; de M. Brandt (Charkov)
sur les abajoues; de M. Burckhardt (Bàle) sur les cervaux des
Lémuriens géants subfossiles de Madagascar; de M. Jaeckel
(Berlin) sur la ceinture scapulaire des Vertébrés.
Séance du ii août. Président: M. Max Werer (Amsterdam) ;
secrétaires : MM. Van Bemmelen (s'Gravenhage) et Zur Strassen
(Leipzig). — Communications de M. Pûtter (Breslau) sur l'adapta-
tion de l'œil des Mammifères à la vie aquatique ; de M. Burckhahdt
(Bâle) sur l'unité de système des organes des sens dans la série des
Vertébrés ; de M. Deditius (Berlin) sur l'acoustique de l'organe
vocal des Oiseaux chanteurs ; de M. Kleinschmidt (Volkmaritz) sur
la variation du cràue des Hiboux; de M. G. Wetzel (Berlin) sur
la sécrétion de l'élastine dans les glandes de l'oviducte chez la
Couleuvre à collier; de M. Fritsch (Berlin) sur la coloration et le
dessin des Poissons électriques.
Séance du l.~> août. Président : M. A. Hurrecht (Utrecht) ; secré-
taires : MM. Kathariner (Fribourg) et Kopsch (Berlin). — Commu-
nications de M. E. Godlewski (Cracovie) sur le développement du
tissu musculaire strié ; de M. Hurrecht (Utrecht) sur le dévelop-
pement embryonnaire de Tarsius spectrum en insistant spécialement
sur la formation des feuillets ; de M. Kopsch (Berlin) sur la signi-
CINQUIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE! 137
fîcation de la ligne primitive chez l'embryon de Poulet et sur les
parties homologues chez l'embryon des Vertébrés inférieurs ; de
M. Schauinsland (Brème) sur l'embryologie des Vertébrés ; de
M. Thon (Prague) sur la bionomie et l'embryologie de Hyla arborea.
V. — Invertébrés (à l'exception des Arthropodes). Séance du
i3 août. Président : M. Ijima (Tokio) ; secrétaires : MM. Monticelli
(Rome) et Michaelsen (Hambourg). — Communications de M. Kocu
(Berlin) sur les Sarcosporidies ; de M. STEMPEL(Greifswald) sur un
nouveau Protozoaire parasite de Branchipus Grubii Dyb. ; de
M. Schewiakov (St-Pétersbourg) sur la nature chimique du sque
Jette et de l'appareil hydrostatique des Radiolaires acanthomètres;
de M. J. Roux (Geuève) sur la faune des Infusoires dans les envi-
rons de Genève ; de M. Ijima (Tokio) sur une collection d'Hexacti-
nellides rassemblée dans la baie de Misaki; de M. Certes (Paris)
sur des préparations de Spirobacillus gigas Certes, colorés vivants
par le bleu de méthylène.
Séance du 14 août. Président : M. Chun (Leipzig); secrétaires:
MM. Bergendal (Lund) et Woltereck (Leipzig). — Communications
de M. Mac Bride (Montréal) sur le développement de Echinas
esculentus; de M. LûHE(Kônigsberg) sur le rapport des Helminthes
intestinaux avec la paroi intestinale de leur hôte; de M. S. von
Apâthy (Kolozsvâr) sur trois formes différentes de cellules lumi-
neuses chez des Hirudinées; de M. Woltereck (Leipzig) sur deux
modes de développement du Polygordius ; de M. Pizon (Paris) sur
l'origine et la vitalité des granules pigmentaires des Tuniciers et le
mimétisme de nutrition; de M. D. Bergendal (Lund) sur des
Callinera et des Polypostia ; de M. Kengi Osawa (Tokyo) sur les
Palolo japonais.
Séance du 15 août. Président : M. Horvâth (Budapest) ; secré-
taires : MM. Babor (Prague) et Meisenheimer (Marebourg). —
Communications de M. F. E. Schulze (Berlin) sur l'histologie des
Hexactinellides ; de M. Brockmeier (Munich) sur l'élevage de
Limmea truncatula avec des pontes de Limnœa palustris ; de
M. Faussek (St-Pétersbourg) sur le parasitisme des larves d'Ano-
donte; de M. Saint-Hilaire (St-Pétersbourg) sur la structure des
glandes salivaires de quelques Mollusques; de M. W. E. Hoyle
(Manchester) sur les organes lumineux intrapalléaux des Céphalo-
podes; de M. P. Pelseneer (Gand) sur les Néoméniens de l'Expédi-
tion antarctique belge et la distribution géographique des Aplaco-
pliores; du même, sur les cavités cérébrales des Mollusques Pul-
138 CINQUIÈME CONGRÈS INTER NATIONAL DE ZOOLOGIE
monés; de M. Simroth (Leipzig) sur l'appareil digestif des Mollus-
ques et en particulier des Prosobranches; du même, sur le carac-
tère fondamental de l'alimentation chez les animaux; de M. Solger
(Berlin) sur les rapports entre la formatiou des loges et les mœurs
de quelques Ammonites; de M. Raillet (Paris) sur une larve d'un
Cestode nouveau ; de M. J. F. Babor (Prague) sur l'histogenèse du
tissu conjonctif chez les Mollusques.
VI. Arthropodes. — Séance du 13 août. Président : M. Ch.
Janet (Beauvais) ; secrétaires : MM. Jordan (Tring) et Kuhlgatz
(Berlin). — Communications de M. Absalon (Prague) sur les Insec-
tes aptères (Thysanoures) des cavernes d'Europe et en particulier
sur la faune des cavernes de Mâhren ; de M. A. Forel (Morges) sur
les particularités du sens de l'odorat chez les Insectes.
Séance du H août. Président : M. Ch. Janet (Beauvais) ; secré-
taires: MM. Jordan (Tring) et Kuhlgatz (Eerlin). — Communica-
tions de M. Jordan (Tring) sur la morphologie et la classification
des Papillons diurnes ; de Mme la comtesse M. von Linden (Bonn)
sur les causes morphologiques et physiologiques des dessins et de
la coloration de l'aile des Insectes et en particulier des Papillons ;
de M. Langhoffer (Zagreb) sur les mandibules des Dolichopodidae.
Séance du 15 août. Président : M. Ch. Janet (Paris) ; secrétaires :
MM. Jordan (Tring) et Kuhlgatz (Berlin). — Communications de
M. 0. Hauchecorne (Berlin) sur quelques colorations anormales
des Papillons indigènes ; de M. Breddin (Halle a. s.) sur un Han-
neton monstrueux ; de M. Langhoffer sur la visite des fleurs par
les Bombylidae ; de M. Wasmann (Luxembourg) sur un nouveau
genre de Diptère termitophile, Termitorenia.
VIL Nomenclature. Séance du 14 août. Président : M. R.
Blanchard (Paris) ; secrétaires : MM. W. Stiles (Washington) et
F. von M^.renthal (Berlin). — Communications de M. F.-E. Schulze
(Berlin) au nom de la Commission de terminologie et de réglemen-
tation des figures ; de M. W. Stiles (Washington) au nom de la
Commission de nomenclature.
Séance du 15 août. Président : M. R. Blanchard (Paris) : secré-
taires: MM. W. Stiles (Washington) et F. von M.erenthal (Berliu).
— Communications de M. Bernard (Londres) sur la nomenclature
et la descendance ; de M. Hartert (Tring) sur une modification
grave, mais logiquement nécessaire, dans la nomenclature des
Oiseaux ; de M. Klunzinger (Stuttgart) sur les fautes de langue en
CINQUIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE 139
Zoologie; de M. Reichenow (Berlin) sur la notion et la dénomination
de la sous-espèce ; de M. Field (Zurich) sur l'enregistrement des
noms systématiques.
Projections. Séance du /.) août. Président M. 0. Hertwig. —
Communications de M. Murill (Ithaque) sur la fécondation chez
les Gymnospermes; de M. Certes (Paris) sur les colorations de
Spiroharillus gigas vivants par le bleu de mythilène ; de M. 0. Hert-
wig (Berlin) sur le rôle du blastopore dans la formation des feuillets
chez les Vertébrés ; de M. von Wasieliwski (Berlin) sur des
Flagellés parasites du sang- de la Grenouille et du Bat ; de M.Bhum-
bler (Gôttingen) sur la fusion de la coquille chez les Foraminifères
et se< analogies avec les œufs géants et les monstres doubles chez
les Métazoaires.
III. Exposition zoologique et démonstrations.
Si les démonstrations ont été nombreuses au cours des communi-
cations de sections, nous ne pouvons nous empêcher de regretter
la pauvreté de l'exposition des travaux purement scientifiques.
Avaient exposé :
M. Apàty : cellules et fibres nerveuses (coupes) ; instruments
nouveaux applicables à la technique microscopique.
M. Bergendal (Luud) : coupes de CaUiuera Bùrgeri (Paléo-
némerte).
M. Me. Bride (Montréal): coupes de pluteus d'Echiniis esculentus.
M. Certes (Paris) : individus colorés vivants du Spirobacillus
gigas.
M. E. Godlewsky (Cravovie) : développement de la musculature
chez les embryons de Vertébrés.
M. von Lendenfeld (Prague) : spicules d'Epongés [Pachastrclla
provenant de l'expédition de la Valdidia).
Graflin von Linden (Bonn) : puppes de Vanessa (préparations
microscopiques.
M. Lùhe (Kônigsberg) : coupes d'intestins avec parasites fixés.
M. Mrâzek (Prague) : Myxosporidies.
M. Ch. Bousselet (Londres) : Botateurs.
M. Stempel (Greifswald) : Polycarium branchipianum n. g., u.sp.,
parasite du Branchipe.
IW Réceptions, fêtes et excursions.
Nous devons dire maintenant quelques mots de la partie sinon
la plus importante, du moins la plus attrayante pour les congres-
140 CINQUIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE
sistes. En effet, si les séances générales sont très suivies, il est loin
d'en être de même des séauces de sections. Chaque congressiste
préfère sans doute lire les communications dans les comptes ren-
dus ultérieurs et avoir un peu plus de temps libre pour visiter les
laboratoires et les musées qui l'intéressent ou pour se rencontrer
avec les personnes dont il désire faire la connaissance. A ce point
de vue, les fêtes et excursions sont excellentes, car il y règne en
général une agréable intimité et l'on apprend à s'y mieux connaî-
tre. Aussi, nul ne songet-il à manquera ces séances où la zoologie
est du reste toujours présente, car rien n'est plus facile que d'y
iuterwiewer les grands maîtres de la science et de s'y instruire,
sans en avoir l'air, près de ceux dont on lit les travaux avec véné-
ration. Que de points obscurs sont ainsi expliqués! que de
méthodes nouvelles on rapporte avec soi !
Ce que l'on peut dire des fêtes du Congrès de Berlin, c'est qu'elles
ont été nombreuses, splendides et toujours empreintes d'une franche
cordialité. Le programme des fêtes ayant dû être remanié la veille
même du Congrès, en raison du décès de l'Impératrice-mère, on
aurait pu croire cette partie du Congrès sacrifié ; il n'en a rien été.
Nous citerons tout d'abord la charmante excursion sur le Havel et
à Wansee, organisée au pied-levé pour remplacer une visite à
Postdain et qui s'est terminée par un banquet au Swedischer-
Pavillon où notre Secrétaire général honoraire, M. le Professeur
R. Blanchard, a provoqué des tonnerres d'applaudissements, dans
un long discours, où il a étonné tous les étrangers par son brio, sa
bonne humeur et sa connaissance parfaite de la langue allemande.
Le lendemain soir, le théâtre scientifique Urania olïre aux
congressistes une représentation de vulgarisation sur l'histoire de
la Terre. Nous voyons défiler devant nos yeux toute une succession
de tableaux bien machinés et bien imaginés, représentant les prin-
cipales phases de la formation de la terre et la naissance de la vie à
sa surface. Cette représentation a été diversement appréciée. Nous
ne pouvons cependant nous empêcher d'encourager une entreprise,
qui n'a d'autre but que d'instruire le peuple en l'amusant et qui
trouve moyen d'assurer son existence par des exhibitions purement
scientifiques. C'est évidemment tout à la louange de la direction de
Urania et à la louange du public berlinois.
Le mercredi à midi, à l'issue de la séance générale, tous les
congressistes montent en landau pour se rendre au Jardiu zoolo-
gique. C'est un spectacle peu banal que celui de ces centaines de
landaus, constituant dans les allées du Thiergarten un long Serpent
CINQUIÈME CONGRES INtERNATtONAL DE ZOOLOGIE 141
aux replis infinis et capricieux. Ajoutons que le hasard, qui fait
toujours bien les choses, fit que l'Empereur vint croiser plusieurs
fois les voitures pendant la promenade. En arrivant au Jardin
zoologique, un prétendu lunch, en réalité un excellent déjeuner de
600 couverts, offert par l'administration du jardin, attend les
congressistes. Malheureusement, le déjeuner est si savoureux et les
vins si capiteux que tout le monde s'attarde dans la salle des fêtes,
sans s'apercevoir que les nuages s'amoncellent et quand l'heure est
venue de sortir pour visiter les richesses zoologiques du jardin, une
véritable pluie diluvienne a remplacé le joyeux soleil de midi. Il est
juste de dire que la plupart des congressistes se conduisent en
braves et affrontent résolument la douche, ce dont ils furent du
reste récompensés par le spectacle qui s'offrit à leurs yeux. Le
Jardin zoologique de Berlin est en effet un admirable établissement
et l'on ne saurait trop féliciter M. le Dr Heck, qui le dirige avec un
talent digne des plus grands éloges.
Le jardin à peine visité, il faut sauter dans le métropolitain pour
aller au plus vite revêtir l'habit de cérémonie, afin de se rendre à
l'invitation de la Municipalité de Berlin. Ici ce n'est plus un simple
repas, mais un festin vraiment pantagruélique, qui attend les invi-
tés ; jamais certainement la plupart d'entre nous, n'ont vu semblable
abondance de victuailles. Et il faut croire que les zoologistes ont bon
appétit, car, deux heures plus tard, les longs Poissons ne montrent
plus que leurs squelettes et, les plats complètement vides, offrent un
aspect lamentable. Mais les salons restent éblouissants de lumière
et les convives joyeux et pétillant d'esprit.
Signalons encore le grand banquet du jeudi soir qui eut lieu, lui
aussi, dans la grande salle des fêtes du Jardiu zoologique et sur
lequel nous ne voulous pas insister, parce que, trop officiel, il s'est
fait surtout remarquer par la lenteur du service et la longueur des
discours.
Du reste, malgré ce banquet de clôture, on peut dire que les fêtes
de Berlin n'étaient que le prélude de la brillante réception qui
attendait les congressistes à Hambourg. Dès le soir de notre arrivée
en cette ville il y a réception par le Sénat de la ville : la beauté des
salles de réception, le jeu archaïque des trompettes de la marine,
les livrées éblouissantes des laquais, la simplicité et la cordialité
de l'accueil, l'exquise qualité des mets, les torrents de Champagne
et en même temps la sobriété des discours, tout contribue
à donner à cette fête une gaieté et un éclat tout particulier, faisant
bien augurer de ce qui nous attend dans la vieille ville hanséa-
142 CINQUIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE
tique. Bien que la fête se soit terminée fort tard, je pousserai l'in-
discrétioQ jusqu'à raconter que les grands maîtres de la Zoologie
voulurent bien oublier pour un soir le poids des ans ou la dignité
professionnelle et prirent grand plaisir, dans certain cercle artis-
tique, à savourer la bière allemande au bruit des salamaudes ,et
des chants d'étudiants.
Le lendemain samedi, M. le Dr Krâpelin, avec sa bonne grâce
accoutumée, nous fait les honneurs de son superbe Musée zoolo-
gique. Puis, après une promenade en bateau à travers l'immense et
florissant port libre, un banquet de 400 couverts nous est offert par
la « Hamburg- Amerika Linie » à bord d'un de ses plus grands
paquebots le « (iraj Waldersee ». A signaler aussi une visite à
l'établissement Hagenbeck, où nous avons pris grand plaisir à voir
les magnifiques collections d'animaux féroces et à assister au
dressage des fauves. Enfin, la journée se termine par une visite du
célèbre Jardin zoologique, où nous attend encore un banquet et une
fête de nuit avec illumination féerique du jardin.
Le lendemain dimanche, le vapeur ((Cobra)) nous transporte à
l'îlot pittoresque d'Helgoland. Comme nous avons peu de temps à
rester dans l'île, on s'empresse, aussitôt le débarquement, de visiter
le Musée zoologique qui, malgré sa petitesse, est véritablement
charmant par la conservation parfaite de ses exemplaires et très
intéressant parce qu'il a su rester un musée purement local. On se
rend ensuite à la Station zoologique, qui est forcément très petite,
comme tout doit l'être dans cette petite île, mais où tout a été
savamment ménagé en vue du travail. Puis, tandis que les uns vont
se promener sur le plateau de l'Oberland, le plupart, dans de petites
barques, font le tour de l'île et peuvent à loisir en admirer les
falaises escarpées et si bizarrement stratifiées, en même temps
qu'admirer la faune pélagique de la mer, à la surface de laquelle,
comme en l'honneur du Congrès, viennent miroiter les Béroés et
danser des Méduses aux teintes les plus variées. Le lendemain, à
mer basse, nouvelle excursion sur la grève des Dunes, qui ne nous
a pas paru d'une bien grande richesse au point de vue zoologique.
Mais ce fut une promenade très gaie et très belle ; aussi est-ce le
cœur bien gros que nous revenons vers le lunch qui nous attend,
parce que c'est vraiment la fin de ce merveilleux Congrès et que
dans quelques minutes, il va falloir se séparer.
Arrivé au terme de ce compte-rendu par trop sommaire, nous
ne voudrions pas laisser nos collègues sous l'impression seule des
CINQUIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE 143
fêtes. Si elles ont contribué en effet à rendre ce Congrès charmanl
et très intéressant, il ne faut pas oublier qu'on y a fait aussi de la
bonne zoologie et qu'au point de vue général, on y a mis au point
d'une façon définitive, les régies de la nomenclature. C'est là un
résultat très important, car il était désirable de voir une entente
délinitive s'établir entre les zoologistes ; et quand tous voudront
bien s'astreindre à la stricte application des règles élaborées par les
différents Congrès, les questions si embrouillées de synonymie
disparaîtront pour faire place à une nomenclature précise. Ce sera
le travail facilité pour tous et, à ce titre déjà, les zoologistes devront
une éternelle reconnaissance aux Congrès de zoologie et à ceux qui
en auront été les promoteurs.
144
Séance du sa Octobre igoi
PRÉSIDENCE DE M. LE Dr TROUESSART, PRÉSIDENT
M. Secques s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.
M. le Président adresse les vœux de la Société à M. le Dr Moreau,
parti en mission scientifique en Abyssinie.
M. le Président adresse les félicitations de la Société à M. Sau-
vage, correspondant du Ministère de l'Instruction publique et
conservateur du Musée de Boulogne, pour sa nomination de Cheva-
lier de la Légion d'Honneur. Il félicite également MM. Filhol,
Fischer, Hérouard et Topsent nommés Ofiiciers de l'Instruction
publique, ainsi que M. Labbé et Mlle Loyez, nommés Officiers
d'Académie.
MM. R. Blanchard, Edra. Perrier, Railliet, Schlumberger et
Trouessart présentent M. Antoine Pizon, docteur ès-sciences natu-
relles, professeur au lycée Janson de Sailly, 92, rue de la Pompe,
à Paris.
MM. H. Field, J. Guiart et Ch. Janet présentent M. Henri Simroth,
professeur à l'Université, à Leipzig (Allemagne).
MM. Bavay et Pellegrin présentent M. Jean-Baptiste Tillieb, chef
du transit du canal de Suez à Ismaïlia (Egypte).
M. Schlumberger présente différentes photographies du Congrès
zoologique de Berlin et offre à la Société une photographie encadrée
représentant l'ouverture du Congrès dans la grande salle du
Reichstag. M. le Président lui adresse les remerciements de la
Société.
M. le Secrétairegénéral, au nom de M. le professeur R. Blanchard,
met à la disposition des membres présents, des reproductions des
portraits de A. Milne-Edwards et Dujardin.
Sur la proposition de M. le Président, il est décidé qu'une adresse
de félicitations sera envoyée par la Société Zoologique de France
à la Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques de
Cherbourg, en l'honneur du cinquantfôme anniversaire de cette
Société.
M. le Dr Trouessart fait une communication sur les Acariens
marins de Bretagne (région de Saint-Guénolé) et sur un nouvel
appareil imaginé par lui pour les recueillir. M. Bavay le remplace
au fauteuil présidentiel.
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901 145
Errata. — Dans le dernier Bulletin, p. 116, au lieu de : « M. Certes
fait une communication sur les Protozoaires nouveaux. . . recueillis
à Madagascar par M. Alluaud » lire : « M. Certes fait une commu-
nication sur le mode de récolte et d'envoi des sédiments d'eau
douce, saumàtre ou salée destinés aux recherches microscopiques »;
•le reste comme au Balletin.
DESCRIPTION D'ESPÈCES NOUVELLES WHALACARIDAEW Note) (1)
PAR
LE DOCTEUR E. TROUESSART
Genre ISCHYROGNATHUS gen. nov.
J'ai d'abord considéré ce genre comme un simple sous-genre de
Simognathus Trt., 1889. Je crois plus naturel d'en faire un genre
bien distinct. En etïet, ce type est à Simognathus ce que Scapto-
gnatus est à Leptognatus par la forme et la disposition des palpes.
Caractères. — Rostre court comme chez Simognathus, mais les
palpes grands, insérés latéralement et bien séparés dans toute leur
longueur, de quatre articles dont les 2e et 3e soudés ensemble, le 4e et
dernier recourbé en dedans. Forme du corps et des pattes comme
chez Simognathus.
Remarque. — Ce type est très intéressant en ce qu'il représente
la forme primitive de Simognathus : il montre que clans ce dernier
genre les palpes se sont atrophiés, raccourcis, et par suite rappro-
chés sur le dessus du rostre, de manière que le dernier article est
dirigé en dehors ; en outre, ces palpes se trouvent réduits à trois
articles, par suite de la brièveté du 3e qui ne forme plus qu'un
avec le 2e. Les mœurs doivent être moins carnassières que dans le
nouveau genre Ischgrognathus.
ISCHYROGNATHUS CoUTIERI, Sp. nOV.
Rostre pyramidal, nettement resserré à sa base en forme de cou
et rebordé en dessus, échancré en avant et portant de chaque côté
un palpe robuste, inséré latéralement, presqu'aussi long que le
rostre et parallèle à son congénère, de manière à ne pouvoir le
toucher que par son extrémité distale; le 2e article allongé, plus
long à lui seul que la moitié du palpe, droit et portant en dedans
(1) /" Noie, voyez Bull. Soc. ZooL, 1900, p. 38.
Bull. Soc. Zool. de Fr., 1901. xxvi. — 12.
146 SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901
un court tubercule mousse ou tronqué, en avant duquel on distin-
gue nettement la soudure du 3e article qui est très court; 4e et
dernier article court, pointu, recourbé en dedans.
Tronc ayant la forme générale de celui de Simognathus sculptus.
Face dorsale à plaque de l'épistome hexagonale ; la plaque noto-
gastrique sub- ovale, élargie en arrière; les plaques oculaires
réduites à deux bandes chitineuses étroites, allongées en forme de
semelle et dépourvues de cornées; plaques axillaires larges, sépa-
rées, renforcées en anneau dans leur portion ventrale, la partie
médiane restant très mince. Face ventrale à plaque sternale trapé-
zoïdale, échancrée en avant par l'ouverture du camérostome, les
angles antérieurs tronqués pour l'insertion des pattes de la pre-
mière paire, présentant sur son bord externe, au niveau de l'inser-
tion de la deuxième paire, une échancrure linéaire profonde ; plaque
ventrale ovale, présentant en son milieu le cadre génital et plus
en arrière le cadre anal qui est infère. Toutes les plaques sont
ponctuées et peu nettement criblées vers leur milieu.
Pattes ayant la forme générale de celles du genre Simognathus,
mais lisses (comme chez S. liomerus). Pénultième article de la
première paire muni d'une apophyse triangulaire entre le gros
piquant et la base du dernier article qui présente une échancrure
contre laquelle vient buter cette apophyse : cette disposition doit
permettre à l'animal de maintenir à volonté le dernier article dans
le prolongement du membre. Dernier article des trois paires de
pattes postérieures allongé, conique, dépourvu d'échancrure et de
gouttière unguéale. Griffes en faucille faiblement ciliées.
Longueur totale = 0mm50.
Habitat. — Djibouti (Afrique N.-Est, Océan Indien occidental)
sur les récifs de coraux ; fond de coquilles brisées dans la zone des
marées (par M. Coutière).
Cette belle espèce est dédiée à M. le professeur Coutière qui a
recueilli, à Djibouti, les coquilles brisées sur lesquelles je l'ai
découverte.
Genre HALACARUS Gosse, 1855.
Les deux espèces suivantes se rattachent au sous-genre Halacarus
proprement dit et au groupe qui comprend H. anomalus et
H. striatus, caractérisé par une taille moyenne ou petite, une cui-
rasse faible ou peu développée, des pattes et des palpes faiblement
armés. L'estomac est coloré en vert noirâtre (comme dans le genre
Rhombognathus), ce qui indique un régime omnivore (matières
végétales ou animales en décomposition).
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901 147
Halacarus rostratus, sp. nov.
Rostre deux fois plus long que large, triangulaire, bien dégagé
du tronc, avec l'hypostome formant au moins moitié de la longueur
totale ; cet organe rétréci dès la base, en triangle allongé, tronqué
et arrondi à son extrémité, quatre à cinq fois plus long que large.
Chélicères longues et grêles, droites, à lame pointue, dépassant
l'extrémité de l'hypostome. Palpes coniques, arqués, recourbés sur
leur face inféro-interne, dépassant le rostre de moitié de la longueur
du dernier article ; le premier article court, le deuxième quatre
fois aussi long que le premier, le troisième court, le quatrième
conique, pointu, ayant uu peu plus de moitié de la longueur du
deuxième.
Tronc ovoïde avec l'extrémité de l'abdomen fortement ovoïco-
nique. Face dorsale à plaque de l'épistome petite, coupée carrément
en avant; les plaques oculaires peu distinctes ; la plaque notogas-
trique grande, ovale, à bord antérieur arrondi, à bord postérieur
coupé carrément avant l'extrémité de l'abdomen. Plaques axillaires
se prolongeant en arrière de la quatrième paire de pattes jusqu'à
l'extrémité de la plaque ventrale qu'elles bordent sur les côtés.
Face ventrale présentant au niveau de la quatrième paire de pattes
un pli transversal très marqué, ou une suture, qui correspond au
bord antérieur de la plaque ventrale, et semble diviser le tronc
en deux régions bien distinctes, l'une sternale, l'autre ventrale.
Plaque ventrale en forme d'écusson, à bord antérieur droit, son
bord postérieur rétréci n'atteignant pas l'extrémité de l'abdomen,
avec le cadre génital allongé, à bords parallèlles, formant la
pointe de l'écusson. Cadre anal bien séparé, ovale, allongé, infère.
Toutes les plaques minces, transparentes, finement ponctués, lais-
sant voir par transparence l'estomac coloré en vert noirâtre par la
nourriture qu'il contient.
Pattes robustes, subcylindriques, à troisième article renflé en
dessus, surtout à la première paire, ne portant que des soies
grêles, à l'exception d'un grand poil pinnatifide inséré à l'extré-
mité interne du 5e ou pénultième article des trois paires de pattes
postérieures ; à la première paire, ce poil est remplacé par un
piquant court. Gouttière unguéale faible, mais garnie de soies
assez fortes à la première et surtout la deuxième paire, nulle aux
troisième et quatrième paires. Griffes recourbées à angle droit,
non ciliées et dépourvues de pièce médiane impaire.
Longueur totale = 0mm3o.
148 SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901
Habitat, — Djibouti (Océau Indien occidental), sur les récifs de
Coraux ; fond de coquilles brisées dans la zone des marées (par
M. le professeur Coutièbe).
Halacarus parallelus, sp. nov.
Semblable au précédent par le faible développement de la
cuirasse et la couleur d'un vert noirâtre, mais les flancs sont droits,
parallèles, et l'extrémité de l'abdomen est largement arrondie.
Rostre bien dégagé, conique, avec l'bypostome triangulaire deux
fois au moins aussi long que large. Palpes assez courts, appliqués
sur les colés du rostre qu'ils dépassent des deux tiers du dernier
article; celui-ci moins de deux fois aussi long que le 3e ou pénul-
tième article ; cbélicères ne dépassant pas l'iiypostome.
Tronc à flancs nettement parallèles entre les deuxième et troi-
sième paires de pattes, avec l'abdomen largement arrondi en
arrière. Epistome coupé carrément en avant ; les plaques dorsales
finement ponctuées; la plaque ventrale lisse dans son tiers posté-
rieur, avec le cadre génital formant une saillie très marquée à son
extrémité qui est tronquée, mais présente une fente génitale à
lèvres saillantes ou rebordées, eu avant de la fente anale. Anus
terminal.
Pattes lisses portant des soies rares, longues et grêles sauf deux
piquants plus forts et plus courts sur le bord interne des deux
premières paires ; troisième article des deux premières paires un
peu renflé en dessus. Tarse échancré en dessus, à gouttière rudi-
mentaire aux pattes antérieures, nulle aux pattes postérieures,
portant de longues soies. Griffes fortement recourbées, brièvement
pectinées, à pièce médiane impaire distincte mais peu développée.
Longueur totale = 0mm30.
Habitat. — Djibouti (Océan Indieu occidental), sur les récifs de
Coraux; fond de coquilles brisées dans la zone des marées (par
M. le professeur Coutière).
Sous-genre COPIDOGNATHUS Trt., 1893.
Halacabus (Copidognathus) Bavayi coballobum, subsp. nov.
Plus grand que le type (1) et plus élancé ; le rostre et l'hypostome
très allongés, les palpes longs, arqués eu dessus du rostre, le der-
nier article aussi long que le deuxième qui est très long, tandis que
le 3e est très court. Plaque de l'épistome fortement sculptée, mais
(1) Trouessakt. Bull. Soc. Entomol. de France, 10 juin 1896, p. 251.
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901 l'iî)
présentant, à la place de l'impression en 00 du type, une large
impression criblée, en forme de raquette dont le manche serait
dirigé en avant. Plaques oculaires trapézoïdales, saillantes, à angle
interne échancrant la plaque de l'épistome ; celle-ci cordiforme à
bord postérieur droit. Plaque noto-gastrique grande, ovale. Plaque
sternale hexagonale, grande, ponctuée sur son champ, sculptée
seulement aux angles antéro-externes, entre la première et la deu-
xième paire de pattes ; plaque ventrale sub-ovale, à bord antérieur
droit, ponctuée sur sou champ, mais sculptée aux angles postéro-
externes ; cadre génital eu ovale très allougé, à bords latéraux
parallèles. Cadre anal bien séparé, infère, cordiforme. Pattes rela-
tivement courtes, à sculptures et lames très développées.
Longueur totale = 0mm60.
Habitat. — Djibouti (Océan Indien occidental), sur les récifs de
Coraux ; fond de coquilles brisées dans la zone des marées (par
M. le professeur Coutière).
Genre AGAUE Lohmann, 1889.
Agaue exornata, sp. nov.
Espèce d'assez grande taille, à cuirasse finement et régulière-
ment sculptée, voisine d'.4. hirsuta par la forme de son rostre et de
ses palpes. (Les pattes sont incomplètes sur l'unique exemplaire
type de l'espèce).
Rostre cylindro-conique, à hypostome allongé, plus long que la
base du rostre, sub-triangulaire, à côtés sub-parallèles, arrondi à
son extrémité. Palpes dépassant l'hypostome de la moitié du dernier
article; le 1er très court, le 2e trois fois aussi long que le 1er,
dilaté à son extrémité: le 3e très court, muni d'un fort piquant
interne; le 4e et dernier plus long que le 2°, pointu et recourbé en
dedans à son extrémité. Chélicères fortes, à lame recourbée mais
non dentée en scie.
Tronc ovale, allongé, avec l'anus terminal. Cuirasse complète.
Plaque de l'épistome grande dilatée et coupée carrément en avant,
recouvrant la base du rostre et présentant, au milieu de son bord
antérieur, une saillie anguleuse, sculptée, qui porte l'œil impair;
le champ porte deux bandes sculptées, subparallèles, divergentes
eu arrière. La sculpture de ces bandes imite la disposition en
plaques hexagonales, perlées, que Lohmann a très bien figurée sur
le 3e article des pattes à.' Agaue microrhynrha (1), et qui rappelle les
11) H. Lohmann. Halacaridae der Ptaukl<>n-Exi>edition, pi. XI, fig. 9.
150 SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901
sculptures de la cuirasse des Glyptodontes. — Plaque notogas-
trique grande, ovale, à bords antérieur et postérieur droits, por-
tant deux bandes sculptées, subparallèles, qui sont la continuation
de celles de l'épistome et deviennent confluentes en arrière, de telle
sorte que leur ensemble ligure une ellipse allongée, interrompue
par la séparation des deux plaques dorsales et ouverte en avant,
parce que les bandes ne vont pas rejoindre la saillie médiane de
l'épistome. Plaques oculaires allongées, subquadrilatères, arron-
dies en avant, fortement anguleuses en arrière, présentant une
impression sculptée médiane saillante, qui porte, en debors, l'œil
bien pigmenté mais à cornée peu développée. Plaques axillaires
grandes, allongées, sculptées sur les flancs seulement. Plaque
sternale très grande, s'étendant jusqu'au delà de l'insertion de la
troisième paire, sub-hexagonale, plus étroite et tronquée en arrière,
simplement granuleuse. Plaqua ventrale petite, sub-hexagonale,
portant en arrière le cadre génital ovale, allongé, formant une
saillie légère en avant de l'anus.
Pattes (incomplètement connues), mais à sculpture fine, portant
des piquants émoussés comme celles d'4. hirsuta.
Longueur totale = O^ôS.
Habitat. — Djibouti (Océan Indien occidental), sur les récifs de
Coraux; fond de coquilles brisées dans la zone des marées (par
M. le professeur Coutière).
DESCRIPTION D'ESPÈCES NOUVELLES V'HALACA RID A E
(3e note, HALACARIDAE DES COTES DE FRANCE)
PAR
LE Dr E. TROUESSART
Les espèces suivantes, nouvelles pour la science, ou nouvelles
pour les côtes de France, ont été recueillies, pendant l'été (août-
septembre 1901), à Saint-Guénolé, dans le Penmarcb (Finistère);
la première fait seule exception. La localité qui m'a fourni la plu
part de ces espèces semble peu explorée par les naturalistes bien
qu'elle présente, au moins sur les rochers granitiques du Penmarch,
une faune plus riche et plus variée que les Corallines. Je veux
parler des plaques de petites Moules sauvages que l'on trouve fixées
sur ces rochers par leur byssus, et qui restent à découvert d'une
marée à l'autre. L'épais feutrage formé par ce byssus offre une
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901 151
retraite sûre à une foule d'animaux (Annélides, Copépodes, Ostra-
codes, Amphipodes, etc.), et conserve unehumidité suffisante pour
que les Halacaridés, qui meurent dès que leurs téguments sont à
sec, puissent y vivre en toute sécurité. On y trouve en abondance
une espèce qui semble rare partout ailleurs {Lohmanellà falcata
[Hodge], type de l'ancien genre Lcptognathus Hodge), et surtout une
graude variété d'espèces appartenant au genre Rhombognathus, ce
qui semble indiquer que ces Acariens se nourrissent de matières
animales en décomposition et non pas seulement de matières végé-
tales (Algues, etc.), comme ou l'a admis jusqu'à présent.
Genre RHOMBOGNATHUS Trt.
Dans ce genre la forme des griffes (en râteau ou en crochet lisse,
munies ou non d'un troisième crochet médian, etc.), permet de
caractériser et de distinguer facilement les espèces qui se ressem-
blent beaucoup, à première vue, par leurs autres caractères. Outre
Rh. pascens Lohm. et Rh. magnirostris Trt., on trouve ici trois
autres espèces (nos 2, 3 et 4).
1. Rhombognathus exoplus nov. sp.
Semblable à Rh. pascens, mais toutes les pattes dépourvues du
petit crochet médian qui termine le tarse, aux pattes antérieures,
chez cette espèce. Les peignes qui terminent les griffes sont beau-
coup moins dilatés, surtout en dehors, et n'ont point la forme
d'aile qui caractérise Rh. pascens, chacun d'eux ne portant que
10 à 11 dents. Epistome arrondi en avant, recouvrant les deux
tiers du rostre. Abdomen arrondi ou coupé carrément en arrière ;
anus infère sous forme de fente longitudinale en arrière du cadre
génital. Cuirasse peu développée.
Longueur totale — 0mm35.
Habitat. - Sur les Corallines de l'Anse de Saint-Martin, près
d'Omonville-la-Rogue (Manche). Un seul individu, d'abord confondu
avec des centaines de Rh. pascens, espèce très commune partout.
(Par M. H. Gadeau de Kerville).
2. Rhombognathus cryptorhynchus nov. sp.
En ovale court, avec l'ouverture du camérostome infère et le
rostre complètement caché sous l'épistome comme dans le genre
Uropoda. Le rostre est très faible et l'épistome est parfaitement
arrondi en avant. L'abdomen est arrondi ou coupé carrément en
arrière, avec l'anus infère sous forme de fente longitudinale en
152 SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901
arrière du cadre génital : celui-ci forme un ovale parfait, situé très
en avant, au niveau de l'insertion de la 4e paire de pattes. Pattes
bien développées, subégales, fusiformes, sans échancrure au tarse,
terminées par des griffes fortement recourbées, sans crochet
médian, le denticule accessoire ou latéral de chaque ongle formant,
aux pattes antérieures, un très petit peigne en râteau de 4 à 5
dents; ce peigne presqu'obsolète aux pattes postérieures dont les
griffes semblent entièrement lisses. Cuirasse très faible, à plaques
peu étendues et lisses.
Longueur totale = 0mm29.
Habitat. — Sur le byssus des Moules fixées aux rochers ; zone
du balancement des marées, à Saiut-Guénolé, Penmarch (Finis-
tère). Un seul spécimen.
3. Rhombognathus trionyx Trt.
Dans une note précédente (Bull. Soc. Zool., 1900, p. 38), j'ai décrit
cette espèce d'après un exemplaire unique provenant de la Terre de
Feu. Son habitat parait très étendu, puisqu'elle se retrouve sur nos
côtes du Finistère. Elle est bien caractérisée par ses griffes en cro-
chet, lisses, sans peigne ni râteau, avec un crochet médian plus
petit aux deux paires de pattes antérieures seulement.
Habitat. — Sur le byssus des Moules fixées aux rochers ; zone
du balancement des marées, à Saint-Guénolé, Penmarch (Finis-
tère). Assez commun.
4. Rhombognathus armatus Lohmann.
Cette belle espèce a été décrite récemment par M. Lohmann
(Ergebn. Plankton-Exped., Halacaridae, 1893, p. 8, note, — et : Das
Tierreich, Halacaridae, 1901, p. 282), d'après la 2e nymphe trouvée
dans la mer du Nord. — J'ai trouvé l'adulte {imago)k Saint-Guénolé.
L'espèce est bien caractérisée par la triple griffe lisse qui termine le
tarse aux quatre paires de pattes, le crochet médian étant aussi
développé que les griffes latérales. Chez l'adulte, la cuirasse est très
forte, les plaques se joignant complètement et portant des sculptures
qui rappellent celles du sous-genre Copidognathus. Le 4e article des
deux paires de pattes antérieures est fortement renflé en dessus.
Longueur totale = 0mm50.
Habitat. — Sur le byssus des Moules fixées aux rochers, avec
les espèces précédentes, à Saint-Guénolé, Penmarch (Finistère).
Trois spécimens adultes.
SEANCE DU 22 OCTOBRE 1901 153
Genre HALAGARUS Gosse.
Sous-genre Copidognathus Trt.
5. Halacarus (CopinoGNATHUs) crassirostris, nov. sp.
Semblable à //. (Copidogn.) glyptoderma Trt., par la forme géné-
rale et celle du rostre : mais celui-ci est encore plus court, dilaté
latéralement en forme de pomme, étranglé à sa base, presque deux
fois aussi large que long; l'hypostome est court mais triangulaire
et non tronqué en avant; les chélicères sont très fortes, à ongle
droit, large et denté en scie comme chez H. glyptoderma. Mais ce
qui distingue surtout la présente espèce, c'est que la lre paire de
pattes porte au pénultième article une grosse épine pinnatifide
munie à sa base d'une écaille triangulaire (comme chez les exem-
plaires septentrionaux d'H. Fabriciusi décrits et figurés par M.
Lohmaxn). Cette espèce doit doue s'intercaler entre H. Fabriciusi et
H. glyptoderma. — La 2e nymphe est seule connue ; l'adulte doit être
fortement cuirassé comme dans cette dernière espèce. — Taille
d'H. glt/plorterma.
Habitat. — Sur le byssus des Moules fixées aux rochers, dans
la zone des marées, à Saint-Guénolé, Penmarch (Finistère). Une
seule nymphe.
PRÉSENTATION D'UN FŒTUS DE CHAT MONSTRE SYNOTE
PAR
LE D' JACQUES PELLEGRIN.
Le jeune Chat monstrueux que j'ai l'honneur de présenter à la
Société appartient au groupe des monstres douhles sycéphaliens et
au genre synote. Cette monstruosité est relativement assez fré-
quente chez les animaux domestiques, néanmoins, comme le
faisait jadis fort judicieusement ohserver notre collègue M. Gadeau
de Kerville (1), en matière tératologique tous les documents ont un
intérêt, ce qui me pousse à donner de l'exemplaire en question une
courte description.
C'est à l'obligeance de mon excellent ami et cousin M. Léopold
(1) Gadeau de Kerville. Sur un très jeune Porc monstrueux du genre Déra-
delpbe. — Le Naturaliste cl), n° 218, 1er septembre 1896.
154
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901
Dufour, pharmacien à Orléans, que je dois cette curiosité térato-
logique. Je n'ai pu avoir aucun détail ni sur la coufonnation des
individus appartenant à la même portée ni sur la survie de l'ani-
mal qui d'ailleurs a dû être fort courte, comme il est habituel chez
les monstres sycéphaliens.
Quoi qu'il en soit, l'exemplaire en ma possession présente bien
les caractères typiques du genre synote (1). Les deux individus
composants sont fusion-
nés au-dessus de l'om-
bilic, lesextrémités pos-
térieures restant libres
et distinctes. Les deux
animaux sont unis par
la partie antérieure du
thorax et pour ainsi
dire face à face. Il existe
quatre membres thora-
ciques. C'est à la tête
que la fusion devient
plus intime. En effet,
elle n'est qu'incomplè-
tement double ; on dis-
tingue bien encore, à la
vérité, deux crânes et
quatre oreilles, dont
deux médianes étroite-
ment accolées mais pos-
sédant encore chacune
un pavillon séparé, mais il n'y a plus qu'une seule face, celle-ci
étant formée par moitié par chacun des sujets composants et pré-
sentant, à cause de son mode de réunion, une direction latérale.
L'œil médian, appartenant à la deuxième face qu'on retrouve
encore chez les monstres iniopes, ne se voit pas chez notre sujet. La
face uuique paraît assez normale avec ses deux yeux latéraux
encore fermés ; la bouche semble bien conformée, mais l'appareil
olfactif est réduit à un tubercule médian percé au sommet d'un
orifice unique.
Les deux individus réunis sont de même sexe, ce qui est la
règle chez ces monstres.
(1) I. Geoffroy St-Hilaire. Histoire générale et particulière des anomalies de
l'organisation chez l'homme et chez les animaux, III, p. 126.
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901 155
Je n'ai pas examiné les organes internes pour ne pas sacrifier ce
spécimen. Il pourrait être intéressant toutefois de rechercher s'il
existe un seul ou deux cœurs et quel est le degré de fusionnement
des organes thoraciques.
A PROPOS DE LA NOMENCLATURE
PROPOSÉE PAR MM. DELAGE ET ARTAULT DE VEVEY
PAU
LE PROFESSEUR A.-L. HERRERA, DE MEXICO
A diverses reprises et dans différentes publications (1), j'ai pro-
posé une réforme de la momenclature , basée sur les règles
suivantes :
1° Les genres des animaux se termineront en us (masculin), ceux
des plantes en a (féminin) et ceux des minéraux en um (neutre).
2° Les genres des animaux et des plantes seront précédés de
l'abréviation delà classe ou des ordres de Bentham.
3° A la fin des genres, dans certains cas seulement, on ajoutera
les abréviations de type, ordre, famille.
4û Les genres des minéraux se formeront avec les abréviations
des principaux composants. Exemple : Repacansaurus (V. S. C.)>
est un animal par la terminaison en us ; un Reptile, par l'abrévia-
tion Rep. ; un Saurien et un Crassilingue par les initiales (S. C. ).
On peut écrire encore : Rcp-acansaurus.
De même que dans n'importe quelle autre momenclature, les
abréviations seront mieux comprises par les spécialistes, mais le
vulgaire pourra comprendre au moins s'il s'agit d'un animal,
plante ou minéral, vertébré, dicotylédoné, etc.
Cette réforme à été adoptée ici pour l'enseignement et les exer-
cices pratiques de minéralogie, dans le cours de l'Ecole Normale,
(1) Nouvelle nomenclature des êtres organisés et des minéraux. Edition de
la Société Alzate. Mexico, 1901. Voir en outre : Red Meteorolôgica del Estado
de Mexico, 1900, p. 135- III; Boletin mensual del Observalorio de la Escuela
Normal para Profesoras, 1900, p. 5; Revista de la Fnstrucciôn Pûblica, 1900,
p. 305; Science, july 28, 1899; El Progreso de Mexico, 1899, p. 9; Mémoires de la
Société Alzate, XII, p. 137; Sinonimia de vertebrados é invertebndos mexicanos,
publicada por la Sociedad Agricola, 1899; Note sur l'organisation et la réforme des
études biologiques, Mémoires de la Société Alzate, XIV, p. 379 (Réforme de la
nomenclature) ; X. Raspail, A propos d'un projet de réforme de la nomenclature
des êtres organisés et des corps inorganiques, Ibid,, XII, p. 47o (juillet 30-1899).
156 SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901
par M. R. Aguilar; dans le cours de Biologie de la même Ecole,
par moi-même ; dans les Musées des Ecoles Normales de Mexico et
Veracruz ; dans les publications de la Société Agricole, ainsi que
dans le Bulletin de la Commission de Parasitologie agricole, que
j'ai l'honneur d'adresser à la Société Zoologique de France.
Dans tous ces cas on a observé l'avantage de cette nomenclature,
pour la vulgarisation, l'enseignement et les applications des scien-
ces naturelles.
Tout récemment M. L. 0. Howard m'a écrit à ce sujet que « espe-
cially in économie publications it bas some advantages, and I am
quite inclined to believe that it may become adopted eventually in
this class of publications. . . I think tbatyour System has very deci-
ded advantages in mauy instances. » (7 august 1901).
Enfin M. Baspail termine ainsi une note sur la dite réforme :
« L'excellence de cette nouvelle méthode de momenclature ne
pourra échapper aux esprits qui ne redoutent pas le progrès et qui
comprendront tout l'avantage qu'elle offre pour l'enseignement et
la vulgarisation de la science » d).
Je serai heureux de connaître à ce sujet, les observations de M. le
professeur Y. Delage, ainsi que celles des membres de la Société
Zoologique de France et des naturalistes en général.
Dlote. — J'adresse à la Société la partie publiée de la liste des
principaux genres de plantes et d'animaux, depuis Con obiesa (G.)
jusqu'à Cni astrœas (I. A. S.).
LA CIGOGNE BLANCHE CICONIA ALBA L. DANS LES
VOSGES FRANÇAISES
PAR
E. HECHT.
De tous les Oiseaux commensaux, permanents ou temporaires,
des habitations humaines, dans l'Europe occidentale : Hirondelles,
Martinets, Moineaux. Cigognes, ce sont peut-être ces dernières qui
suscitent le plus d'intérêt. Elles doivent ce privilège à leur colo-
ration et à leur grande taille qui les rendent meublantes, à leurs
mœurs bien accusées et facilement observables, enfin à leur rareté
relative. 11 y a quelques années encore on admettait que la Cigogne
(1) Mémoires de la Société scientifique Alzate, 30 juillet 1899, p. 480.
SÉANCE 1)1! "l'I OCTOBRE 1901 I.i7
blanche dconia alba L. était confinée dans la seule province d'Al-
sace, on peut dire aujourd'hui qu'elle niche régulièrement sur les
ileux versants des Vosges, en Lorraine et eu Alsace.
Il résulte eu etïet d'une petite enquête que j'ai faite, enquête sans
doute eucore sujette à quelques erreurs, comme toutes les enquêtes
de ce genre, que la Cigogne blanche (Ciconia alba L.) niche depuis
plusieurs années, et a niché en particulier en 1901, dans quelques
localités des départements des Vosges et de Meurthe-et-Moselle.
A notre époque on est trop souvent, malheureusement, obligé de
constater la diminution rapide de l'aire de dispersion d'une espèce.
Au contraire l'extension d'une espèce, quand il s'agit d'Oiseaux
surtout, est chose assez rare pour que l'on étudie avec soiu sa
modalité et ses causes.
Le tableau suivant résume les quelques renseignements que j'ai
pu recueillir sur les localités fréquentées par les Cigognes en Lor-
raine (voir la carte), la date de leur installation, le nombre des nids,
leur emplacement, le nombre des jeunes arrivés à bien eu 1901,
etc. Un trait horizontal, entre deux dates, indique une période
d'occupation régulière, sans interruption anormale. Les rensei-
gnements généraux, du reste incomplets, relatifs aux départements
du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, ne sont donnés qu'à titre de docu-
ment, pour faciliter quelques comparaisons.
Lorraine. — Département oes Vosges :
Moyenmoutier, sur Je Rabodeau, affluent de droite de la Meurthe,
1896-1901. Un nid sur la cheminée d'une filature (Vincent); i jeunes
réussis en 1901.
Etival, sur la Meurthe, 1895-1901. Un nid sur l'angle nord de la
tour de l'église de l'ancienne abbaye. Décès de l'uu des parents en
1899, néanmoins retour d'uu couple l'année suivante ; 4 jeunes
réussis en 1901.
Raon l'Etape, sur la Meurthe. Un nid sur la cheminée désaffectée
d'une faïencerie (Bragon-Muller). Première apparition en 1899.
Premier nid construit eu 1900, sans résultat ; 4 jeunes réussis
en 1901.
Nossoncourt, à 8 kilom. environ au sud est de Baccarat. Un nid
en 1899, sur un Peuplier du parc du château de Ville (à M. de
Ravinel), détruit sans jeunes.
Département de Meurthe et-Moselle :
Baccarat, sur la Meurthe. Première apparition en 1899. Un nid
en 1900 sur une des cheminées, désaffectée depuis, d'uue cristal-
lerie (Michaut) ; 4 jeunes réussis en 1901.
158
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901
Lssenu
ffJlClUfifr
o Bains
BALLON D'AL^i
Distribution géographique des Cigognes en Lorraine.
Localités où elles ont niché en 1901,
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901 159
Lunéville, sur la Meurt he. Séjour temporaire eu 1900. Construc-
tion tardive d'uu nid (mi-avril) en 1901, sur la cheminée d'une
vieille maison (maison Delorme, n° 15, à l'angle de la rue de
Lorraine et de la rue du Château). Séjour de deux mois, disparition
de la femelle en juin, à la suite de la mort du mâle.
Nancy, sur la Meurthe. Apparition à deux reprises eu avril 1901.
Phalsbourg, sur un petit affluent de la Sarre. Est la seule localité
de Lorraine où Godrou (1) signale la Cigogne en 1862. Ne parait
plus y nicher.
Alsace. — Département du Haut-Rhin :
Belfort. Pas de nid. Au passage du printemps 1901, une Cigogne
s'est reposée pendant quelques instants sur une cheminée de la
place d'Armes.
Sevenans à 4 kil. de Belfort. Un nid sur la cheminée du Château,
1871-1873.
Giromagny. Deux individus ont fait un séjour de deux jours en
1901, puis sont repartis.
A Roppe, village frontière, au pied du talus des Vosges, les
Cigognes ont été vues par centaines en mars et fin avril 1900.
Les Cigognes nichent en grand nombre à Thann, Cernay (vallée
de la Thur) à Mulhouse, Colmar, Ribeauvillé et environs. Un nid
à Munster (fabrique Hartmann).
A Sainte-Marie-aux-Mines, sur la Liepvrette, pas de uids (Cote
390), mais parfois passages de Cigognes au-dessus de la ville.
Département du Bas-Rhin :
Nids abondants dans la vallée de la Bruche, en particulier à
Molsheim : 5 nids (certains nids sont établis depuis plus d'un siècle
sur la même maison, Mertian) ; Entzheim : nids sur des arbres, aux
environs de la gare ; Dorlisheim : 3 ; Mutzig : 3 ; Gresswiller : 5 ;
Haslach : 1 ; et dans les localités en amont jusqu'à Schirmeck et
Rothau inclusivement. Cette dernière localité fréquentée autrefois
par les Cigognes, puis abandonnée, dit-on, en 1869, à la suite d'un
incendie, n'a été réoccupée qu'il y a 5 ou 6 ans. Un nid seulement.
Strasbourg, 16 nids en 1901. Leur nombre autrefois considérable
a diminué de plus de moitié, depuis trente ans. Les nids occupent
surtout le secteur nord-ouest de la ville, et en particulier les rues
du Fossé des Tanneurs, des Juifs, des Hallebardes, Grand'rue, etc.
Les Cigognes ont abandonné en partie la rue des Grandes- Arcades,
autrefois une de leurs rues préférées.
(1) Godron, Zoologie de la Lorraine. Mém. de l'Àcad. de Stanislas, 1862.
160 SÉANCE OU 22 OCTOBRE 1901
Soultz-sous-Forèt et villages voisins de Keffenach et Birten-
bach. Aux environs : nids établis sur des arbres étètés.
Nombreux nids aux environs de Saverne et de Wissembourg.
L'examen de ce petit tableau permet d'établir quelques conclu-
sions.
La Cigogne blancbe doit être considérée, désormais, comme se
reproduisant régulièrement en Lorraine, dans la vallée de la
Meurthe. Elle niche en effet dans une série de localités sur le cours
supérieur de cette rivière, et même sur un de ses affluents, le Rabo-
deau. Elle n'occupe encore qu'une bande d'une quinzaine de kilo-
mètres dirigée assez exactement du sud-est au nord-ouest, mais son
aire de distribution tend à s'accroître d'une façon assez manifeste
et régulière, vers le nord-ouest. Le point initial est à Etival en 1895 ;
cinq ans plus tard, elles nichent à Baccarat; cette année en 1901,
sans la balle d'un braconnier, une première couvée réussissait à
Luuéville; enfin cette même année, en avril, c'est-à-dire après
l'époque des passages réguliers, elle est signalée, à deux reprises,
planant au-dessus de Nancy. Ces étapes successives indiquent
quelle pousse ses pointes régulièrement vers le nord ouest, en
suivant le cours de la Meurthe. Depuis sa source jusqu'à Nancy,
cette rivière, au cours lent et paresseux, comme l'Ill en Alsace,
parcourt une vallée large, couverte de prairies naturelles, assez
humides. Les conditions sont donc] à peu près identiques sur toute
cette étendue de 65 kilom., (en ligne droite) et rien ne s'opposerait
à ce que les Cigognes l'occupassent tout entière, surtout si, comme
il faut l'espérer, les habitants, mus par des mobiles divers, conti-
nuent à se montrer presque partout favorables à leur établissement.
Dans trois des localités, la construction des nids a été facilitée à
l'aide de vieilles roues de chariots, capitonnées de paille, et dispo-
sées horizontalement sur les cheminées choisies par les Cigognes.
En Lorraine les couples de Cigognes cherchent à s'isoler de leur
mieux ; chaque localité ne possède jusqu'à présent qu'un seul nid,
sans qu'on puisse attribuer cette pauvreté à un défaut de concur-
rence. Partout on a constaté, au printemps, l'arrivée de plusieurs
Oiseaux. A Moyenmoutier, par exemple, le couple installé a
empêché l'établissement d'un second couple, sur une cheminée,
pourtant assez éloignée de celle déjà occupée, mais, il est vrai, en
vue de celle-ci. On notera cette prétention de chaque couple à
l'hégémonie incontestée dans toute l'étendue de son domaine, car
elle contraste un peu avec la manière d'être des Cigognes de l'autre
côté des Vosges; d'autant plus que les localités de Lorraine, au
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901 ICI
lieu d'être ramassées, presque circulaires, comme les villages d'Al-
sace, s'étendent en longs faubourgs, qui permettraient l'établisse-
ment de plusieurs uids, sans danger de voisinage immédiat. Aiusi,
comme on l'a vu, dans le groupe tle la vallée de la Bruche, la
plupart des localités comptent plusieurs uids, et ces localités sont
très voisines l'uue de l'autre. Les territoires de chasse de chaque
couple doivent doue être très restreints, et s'ils sont peut-être plus
riches que ceux de Lorraine, cet avantage est bieu compensé par
la nécessité de nourrir uu plus grand nombre d'individus.
Cette tendance à s'isoler rigoureusement est d'autant plus
curieuse, qu'en certains points de l'Alsace, à Strasbourg par exem-
ple, les Cigognes formaieut autrefois une véritable colonie, con-
centrée sur un espace restreint de la ville, et comparable par cer-
tains points aux grandes colonies, plus ramassées encore, que
forment les Hérons (héronnière du Château de Saint-Georges, par
Salous-les-Vignes, Marne, propriété de M. le comte de Sainte-
Suzanne). Aujourd'hui encore, sur quinze nids environ que compte
à peine la colonie, bien réduite, quatre sont installés sur les che-
minées d'une même rue : faubourg des Tanneurs, c'est-à-dire sur
une longueur de 200 mètres à peine.
Dans la majorité des cas les Cigognes out choisi de vieilles che-
minées d'usine, désaffectées, parfois surmontant des bâtiments
renfermant des machines fort bruyantes (métiers). Ces cheminées
leur offrent un double avantage : grâce à leur faible hauteur, le
nid, fait de branches d'arbres superposées plutôt qu'entrelacées, est
moins exposé à être démoli par les coups de veut (ce qui malgré
cela arrive encore trop souvent). De plus ces cheminées ne présen-
tent pas, à leur couronnement, cette sorte de cercle saillant qui,
dans les nouvelles cheminées, prolonge la paroi interne et nuirait
à l'établissement des nids. La hauteur de ces vieilles cheminées
d'usine correspond à peu près à celles des hautes cheminées
que les Cigognes affectionnent en Alsace, sur les vieilles maisons
à quatre étapes surmontés de toits pointus à trois étages. Du reste
c'est aussi la cheminée de la plus vieille et plus haute maison
de toute la ville, qu'elles ont choisie à Lunévilie.
Dans un point seulement (Nossoucourt), le nid a été installé sur
un arbre, un Peuplier, mais ce fait n'a rien d'extraordinaire ; on a
vu qu'il est signalé sur plusieurs points de l'Alsace. J'ai eu moi-
même l'occasion de voir, le long de la voie ferrée de Strasbourg à
Saveine, en 1886 ou 1887, tout un groupe de nids disposés sur de
vieux Saules étètés, qui offrent du reste une aire assez étendue.
Bull. Soc. Zool. de Fr., 1901. xxvi. - 13.
162 SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901
J'ai constaté une prédilection marquée pour l'orientation nord-
ouest, dans l'établissement des nids. Ainsi à Etival, sur la tour
carrée de l'église presque isolée (ancienne abbaye), les Cigognes ont
choisi l'angle nord du couronnement, formé par une large balus-
trade en pierre de taille. A Moyen moutier, de deux cheminées
symétriques par rapport à la tour de l'ancienne abbaye, elles ont
préféré celle du nord-ouest. A Raon l'Etape enfin, elles se sont
installées dans le faubourg dit de Lunéville, qui s'allonge vers le
nord-ouest. Cette préférence a déjà été constatée à Strasbourg. On
sait en effet que c'est le secteur nord-ouest de cette ville qui ren-
ferme la grande majorité des nids; on n'en trouve pas un à Test
d'une ligne nord-sud, passant par la porte de Pierres, la cathédrale
et la porte dite d'Austerlitz.
L'année 1901 paraît avoir été particulièrement favorable à la
réussite des couvées en Lorraine. Cette heureuse circonstance, dont
il faut prendre note, hâtera peut-être l'extension de l'espèce ;
l'année prochaine, le nombre des couples qui reparaîtront dans la
région risque en effet d'être plus que doublé. Dans les quatre loca-
lités occupées, les quatre jeunes ont réussi, c'est-à-dire la totalité
de la poute normale ; les années précédentes, à Etival, deux jeunes
seulement arrivaient à bien.
De nombreux accidents déciment en général les jeunes, comme
l'a constaté Fischer-Sigwart à Solingue (canton d'Argovie); c'est
là sans doute ce qui a nouué naissance aux légendes poétiques qui
ont encore cours en Alsace. Avec le temps les jeunes seront toujours
plus exposés, tout au moins dans les villes, grâce au développement
rapide des réseaux aériens (télégraphe et téléphone), qui mettent
obstacle à leurs premiers essais de vol, toujours si surveillés par
les parents.
Peut être faut-il attribuer la réussite des couvées en 1901 aux
froids tardifs de l'hiver (seconde quinzaine de février et de mars),
qui, eu retardant la ponte, ont permis l'éclosion à une saison plus
favorable, et aux sécheresses relatives du printemps, qui ont évité
aux jeunes une humidité persistante qui leur est souvent funeste.
D'où et pourquoi la Cigogne blanche est-elle venue nicher depuis
six ans en Lorraine, dans cette portion restreinte de la vallée de la
Meurthe, après s'être si longtemps contentée des plaines de l'Alsace?
Nous est-elle venue de cette province, en franchissant la chaîne
des Vosges de l'est à l'ouest, ou nous vient-elle directement du sud,
pardessus les monts Faucilles? Question délicate, à laquelle il
est malaisé de répondre catégoriquement.
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901 1G3
De nombreux arguments militent en faveur de la première hypo-
thèse : modification des conditions du milieu en certains points
de l'Alsace, localisation des Cigognes dans la seule vallée de la
Meurthe et absence de nids dans le reste de la Lorraine, occupation
première de cette vallée par le point précisément le plus rapproché
de la ligne de faite, arrivée plus tardive en Lorraine (mi-mars)
qu'eu Alsace (lin février) ; enfio opinion publique consacrant cette
origine.
A Strasbourg, autrefois un de leurs grands centres de repro-
duction, le nombre des Cigognes a beaucoup diminué dans ces der-
nières années. Dans la ville même : les anciennes cheminées
qu'elles affectionnaient sont peu à peu remplacées par de nouvelles,
et certains propriétaires, peu soucieux de voir leurs toits souillés
d'excréments (absolument blanchis), enlèvent les nids pendant
l'hiver. Aux environs, les progrès de la culture suppriment les
marais , et l'établissement récent d'un grand canal de jonction
(partant d'Erstein), a provoqué l'assèchement général des prairies,
en faisant baisser de 30 cm. le niveau de la nappe souterraine.
Dans l'ensemble de l'Alsace, l'utilisation industrielle des cours d'eau,
et surtout l'établissement de grands réservoirs à leur origine, u'ont
pu manquer aussi d'assécher la plaine, en régularisant leur débit.
On peut donc supposer que les Gigognes trouvent dans les plaines
d'Alsace des conditions moins favorables qu'autrefois. Leur abon-
dance au pied même des Vosges, à l'entrée des vallées, leur
remontée dans ces vallées, la réoccupation par exemple d'un point
comme Rothau, paraissent coulirmer ce fait. Simultanément les
conditions sur le versant occidental ont peu changé, les prairies
naturelles sont demeurées telles, et, pour des raisons multiples,
les populations ne pouvaient que leur faire bon accueil. On peut
donc admettre que la diminution, sur un versant, des conditions
de milieu fovorables aux Cigognes, Je maintien du statu quo sur
l'autre, ont suffi pour rétablir un équilibre longtemps rompu, et
égaliser leurs chances de séjour sur les deux versants des Vosges.
D'autre part la vallée de la Meurthe est, de toutes nos vallées
vosgiennes, celle qui communique avec l'Alsace, et en particulier
avec cette vallée de la Bruche si fréquentée par les Cigognes, par
le plus grand nombre de cols, relativement bas et faciles. Les deux
vallées sont larges et couvertes de prairies.
Des quatre points actuellement occupés en Lorraine, Etival le
premier occupé en 1895, est précisément le plus reculé dans la
vallée, celui dont la cote d'altitude 307 M. correspond exactement à
164 SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901
la cote de Schirmeck, le point extrême de stationnement des
Cigognes de l'autre côté des Vosges. Rothau est un peu plus élevé,
il est vrai, mais son occupation coïncidant avec celle d'Etival, peut
n'être considéré que comme un jalon d'une même étape.
Rien d'étonnant à ce que des Cigognes, ayant franchi acciden-
tellement la ligne de faite par le col de Saales (580 m.), ou celui de
Sainte-Marie (788 m.), aient été attirées d'abord par les vastes
prairies de la plaine Sainte -Marguerite, puis redescendant la
vallée de la Meurthe, se soient fixées dans la première localité à
leur convenance : Etival.
On ne signale aucun nid dans le reste du département des Vosges,
pas plus à Bains qu'à Remiremont, Bruyères, Thaon, Epinal, etc.,
et pourtant, certaines de ces localités auraient pu tenter, semble-
t-il, et retenir des Cigognes en reconnaissance, remontant pour la
première fois du sud au nord, sans préférences ou sans souvenirs
de localités précises.
Enfin, autant que j'ai pu en juger par une dizaine d'interroga-
toires, tous les habitants des localités lorraines semblent admettre
que les Cigognes qui nichent chez eux proviennent d'Alsace.
En résumé, dans cette première hypothèse du peuplement de la
Lorraine par l'ouest, on suit facilement l'itinéraire des Cigognes
qui, arrivées en Alsace par le sud, et trouvant les conditions peu
favorables en plaine, se rejettent à l'ouest vers les vallées humides
des Vosges, laissent le gros de leurs forces à l'entrée d'une grande
vallée, la remontent (en descendant vers le sud), poussent une
dernière pointe à l'ouest, franchissent la ligne de faîte, et, trouvant
enfin-une large vallée qui leur offre des conditions identiques sinon
supérieures à celles qu'elles viennent de quitter, s'établissent défi-
nitivement en des points similaires de ceux qu'occupent leurs
sœurs de l'autre côté des Vosges.
L'hypothèse du peuplement de la Lorraine par le sud a pour
elle entre autres arguments : la logique et les règles mêmes des
migrations, certaines dispositions topographiques, enfin l'existence
d'une vaste région privée de nids, s'étendant entre les deux points
extrêmes, occupés de chaque côté de la ligne de faîte.
La Cigogne étant considérée comme un franc migrateur du sud
il serait, évidemment plus logique qu'elle arrive par la voie du
du sud dans les localités où elle veut nicher, et les quitte par la
même voie, surtout quand cette voie est plus courte et dépourvue
de tout obstacle sérieux. Sinon, dans le cas très plausible et qui
aurait pu se produire cette année déjà, où l'aire de distribution
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1901 165
de la Cigogne blanche, partant d'Etival atteindra Nancy, il faudra
admettre que les Cigognes qui nicheront dans cette ville sont venues
elles aussi d'Alsace, en franchissant les Vosges, et par suite de leurs
quartiers d'hiver en Afrique, après avoir décrit à l'est un angle
aigu très prononcé, ce qui sera pour le moins un parcours bizarre,
inadmissible.
La disposition spéciale de la chaîne des Vosges, sa brisure, qui,
à l'ouest du Climont, contribue à la formation de la vallée de la
Bruche, pourrait expliquer en partie l'arrêt et la fixation des
Cigognes dans la vallée de la Meurthe. On sait en effet qu'au niveau
du Climont (voir carte) la ligne de faîte, abandonnant sa direction
première sud-nord, se porte à l'ouest, pour remonter ensuite au
nord vers le Donon, tout en projetant au sud-ouest quelques con-
treforts importants. Le massif ainsi constitué est suffisant pour
arrêter sur son revers sud, des Oiseaux migrateurs déjà fatigués
par leur long vol vers le nord. Il les arrête et les fixe d'autant mieux
qu'il est précisément limité, au sud, par cette vallée de la Meur-
the, qui paraît réaliser des conditions favorables aux Cigognes.
Enfin un dernier argument réside dans l'absence de nids dans la
partie supérieure de la vallée de la Bruche, à partir de Bothau, et
dans le vaste éventail formé par la Meurthe et son principal affluent
la Fare, entre la ligne de faîte et Etival. Toute cette région, peu boi-
sée, renferme de nombreuses localités et de vastes prairies humides,
surtout aux environs de Sainte-Marguerite : toutes conditions favo-
rables à l'établissement des Cigognes. Pourquoi donc, si elles vien-
nent de l'est, ne se sont-elles pas fixées en un de ces points, au lieu
de redescendre jusqu'à Etival, en négligeant même Saint-Dié?
Cette absence de nids sur cette longue étendue, tout en faveur de
la seconde hypothèse, ne s'explique guère dans la première, que par
l'altitude un peu trop élevée de cette région, et surtout l'existence
de courants d'air violents, dus à la réunion de plusieurs vallées.
En résumé, au risque de ne satisfaire personne, je proposerai
une solution mixte : le peuplement de la Lorraine se serait fait
primitivement par l'est, mais, postérieurement, les itinéraires se
régulariseront ou se sont peut-être déjà régularisés, et les Cigognes
de Lorraine, au printemps et en automne, suivront leur direction
normale nord-sud, pour gagner ou quitter une patrie, que leurs
parents n'ont atteinte d'abord que par un grand détour.
Du reste cette question de la présence des Cigognes en Lorraine»
que je n'ai fait qu'esquisser, demandera des observations rigou-
reuses et suivies.
166 séance du 22 octobre 1901
Ouvrages offerts depuis le 26 Février 1901
E. Arrigoni, Bird Notes from Brembana Valley. The Zoologist, V, in-8° de 16 p.,
january 1901.
A. Bavay et Ph. Dautzenberg, Description de deux Unio et d'un Corbicula
nouveaux, provenant de l'Indo-Chine. Journal de Conchyliologie, XLIX, p. 5-11,
1901.
B. Beutler, Die Anatomie von Paryphinta Eochstelleri Pfr. Iniug. Dissert.
Giessen. Zoolog. Jahrbiïchern, XIV, in-S° de 44 p., 1901.
G -A. Boulenger, Les Poissons du bassin du Congo. In-8° de532 p., Bruxelles, 1901.
E -L. Bouvier et II. Fischer, Observations nouvelles sur l'organisation des
Pleurotomaires. C. R. Acnd. Sciences, 4 mars 1901.
Ph. Dautzenberg, Note sur le Voluta (Mamillana) mamilla Gray. Journal de
Conchyliologie, XLIX, p 10-11, 1901.
Ph. Dautzenberg. Description de trois Mollusques nouveaux provenant de
l'État indépendant du Congo. Mémoires de la Société malacologique de Belgique,
XXXVI, in-8" de 7 p., 1901.
G. Dollfus et Ph. Dautzenberg, Découverte du Tympanotomus liqnitirum
Eichw. dans le Miocène du Bolderberg en Belgique. Journal de Conchyliologie,
XLIX, p. 33-34. 1901.
O. Finsch, Systematische Uebersicbt der Vôgel der Sûdwest-Inseln Notes from
the leyden Muséum, XXII, p. 2i5-325, 1900.
H.Fischer, Note sur YHelix hnmboldtinna Valenciennes, avec quelques remar-
ques sur le sous-genre Lysinoe et sur la section Odonlura. Journal de Conchy-
liologie, n°4, Paris. 1899.
J.-.T. Gerassimov, Ueber den Einfluss des Kerns auf das Wachsthum der Zelle.
Bull. Sor. imp. des Naturalistes de Moscou, p. 1,85-220, 1901 .
A.-L. Herrera, Sur l'imitation du protoplasma. 1 feuille in-4\ lo mai 1901.
C.-K. Hoffmann, Die Entwicklungsgeschichte des Sympathicus bei den Sela-
chiern (Acanthias mdgaris). Verhand'Hingen der Koninkiijke Akad. van
Wetensrhapprn te Amsterdam, XII, in 8° de 74 p., 1900.
K. Karnbach, Zur pathologischen Anatomie der Hufgelencksrhale des Pferdes.
Monatshefte fur patholorjische Thierheilkunde, XI, in 8n de 47 p., Stuttgart, 1900.
P. de Loriol, Notes pour servir à l'étude des Échinodermes. In-4° de 45 p-i
Baie, Genève et Berlin, mai 1901.
J.-G. de Man, Description of a new Fresliwater Crustacean from the Soudan :
followed by some Bemarks on an allied Species. Proceedings of the Zoological
Society of London, p. 94-104, 1901.
J. Peters, Ueber einen Fall von Transposition beider Ventrikel mit korrigierte
Transposition der grossen Gefâsse. Inaug Dissert, de Giessen, in 8° de 35 p . 1899.
X. Raspail, On the sensé of Smell in Birds. Smithsonian Reports, p.367-373, 1899.
J.-J. Rodriguez, Memoria sobre la Fauna de Guatemala. In-4" de 11 p., Gua-
temala, 1894.
J.-J. Bodriguez, Preocupaciones y Errores que respecto a algunos Animales
existen in Guatemala El Roletin Cientifu-o, in-8" de 18 p., Guatemala, 1889 1900.
J.-J. Rodriguez, Apuntamientos sobre los Estudios de Biologia de Guatemala e
importancia des estos Estudios. Discrtacion, in-8'1 de 28 p., Guatemala, 1893.
R. Sand. Nematopoila cylindrica n. gen. nov. spec. Mémoires de le Société belge
de Microscopie, XXII, p. 85-99.
R. Sand, Esquisse de l'évolution de la division nucléaire chez les êtres vivants.
Bull. Soc. belge de Microscopic, XXIV, p. 45 S2, 1899.
R. Sand, Etude monographique sur le groupe des Infusoires tentaculifères.
Annales Soc. belge de Microsenpie. XXIV, XXV, XXVI, in-8u de ill p., 1901.
R. Sand, Exosporidium Marinum. Bull. Séances Soc. belge de Microscopie,
XXIV, p. 116-119, 1901.
167
Séance du 12 novembre iqoi
PRÉSIDENCE DE M. LE \Y TROUESSART, PRÉSIDENT
MM. Antoine Pizon, Henri Simroth et Jean-Baptiste Tillier, pré-
sentés à la dernière séance, sont proclamés membres de la Société.
M. Pellegrin présente des photographies d'une Raie cornée
(Dicerobatis qiorna Lacépède) gigantesque, capturée à Oran par
M. Chamfroid. Elle mesurait 5 m. 20 d'envergure, 4 m. 15 de longueur
et 60 cm. d'épaisseur ; ses cornes avaient 50 cm. de longueur et sa
bouche 75 cm. de large. Son poids était de 900 kg. Cinq Rémora,
dont le plus grand mesurait 70 cm. étaient fixés sur son dos.
M. Trouessart parle d'espèces analogues remontant le Sénégal.
M. Neveu-Lemaire dit avoir rencontré un de ces Poissons pendant
la dernière campagne de S. A. S. le Prince de Monaco, dans les
parages des îles du Cap Vert. Ces animaux redoutables appelés
Montes par les indigènes, Diamand Fish par les Anglais, sont la
terreur des pêcheurs, qui ont vu leurs embarcations chavirées par
ces immenses Raies. Les préjugés relatifs à ces animaux ne sont
pas rares dans la région, et les indigènes prétendent que la corne
de l'un de ces Poissons, pendue dans la chambre d'une femme en
travail, assure l'heureuse issue de l'accouchement.
M. Neveu-Lemaire fait une communication sur les Nègres pies et
sur l'albinisme partiel.
MM. François, Petit, Bavay, Blanchard, Trouessart et Secques
citent des cas d'albinisme observés chez l'Homme ou chez les
auimaux.
M. Racovitza attire l'attention de la Société sur la bibliograghie
zoologique et sur la disparition probable du Zoolorjical Record et de
la Bibliographie, Zoologica. Il demande à la Société de vouloir bien
s'occuper de ces graves questions et de favoriser le développement
d'ouvrages analogues.
MM. Blanchard, Secques et Trouessart prennent la parole à ce
sujet.
M. Blanchard fait une communication sur l'Homme-tronc qui
s'est exhibé dernièrement à Paris.
M. Regnault, qui a eu dernièrement l'occasion d'observer cet
individu, montre comment, avec sa joue et son moignon, il arrive
à remplacer ses membres absents, ajoutant que la peau du moignon
a acquis une sensibilité tactile très développée, mais en un point
très limité.
168 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
AMPHIPODES DES EAUX SOUTERRAINES DE FRANCE ET D'ALGÉRIE
PAU
ED. CHEVREUX
I
Niphargus Plateaui nov. sp.
Cette nouvelle espèce comprend deux formes bien distinctes
d'un grand Niphargus, commun dans les eaux souterraines de
France et différant de toutes les espèces connues de ce genre par
l'inégalité des branches des uropodes des deux premières paires,
chez le mâle. Le professeur Plateau, dans un travail consacré
principalement à l'anatomie et à la physiologie des Crustacés (1),
a figuré la partie postérieure du corps d'un Amphipode des eaux
souterraines de Belgique, qu'il désigne sous le nom de Gammarus
puteanus Koch(2). Sur cette figure, les branches des uropodes de
la première paire sont très inégales et la plus grande est recourbée
à son extrémité. Il me paraît certain que l'espèce décrite ci-dessous
est bien celle qui a été figurée par le savant naturaliste belge et je
suis heureux de pouvoir la lui dédier.
Niphargus Plateaui eloxgatus nov. var.
Mâle. — Le corps (fig. 1), extrêmement grêle et allongé, mesurait,
chez l'exemplaire figuré ici et provenant d'un puits de Nantes,
22 millimètres de longueur, non compris les antennes et les uro-
podes. C'est la taille moyenne de l'adulte, mais elle peut être encore
dépassée ; un mâle, trouvé au Croisic, mesurait 25 millimètres. Les
trois segments du métasome et les deux premiers segments de
l'urosome portent quelques fines spinules au bord dorsal postérieur.
La tête, aussi longue que le premier segment du mésosome, ne porte
pas de projection rostrale, mais présente des lobes latéraux étroits
et arrondis à l'extrémité. Les plaques coxales, moins hautes et
beaucoup plus étroites que les segments correspondants du
(1) Plateau (F.), Recherches sur les Crustacés d'eau douce de Belgique. Mémoi-
res Acad. des sciences, lettres et beaux-arts de Belgique, XXXIV, Bruxelles 1868,
p. 5, fig. 1.
(2) Le Dr Chilton (The subterranean Amphipoda of the British Isles. Linn. Soc.
Journal, Zoologi/, XXVIII, p. 140, pi. 16 à 1S) a établi récemment les caractères
du véritable Gammarus puteanus Koch [Niphargus subterraneus (Leach)].
SÉANCK DU 12 NOVEMBRE 1901
160
mésosome, sont bordées de petites épines. Les plaques épimérales
du troisième segment du métasome se terminent en arrière par un
angle un peu obtus et sont bordées de quelques épines, comme celles
des deux segments précédents.
Les exemplaires conservés dans l'alcool ne présentent aucune
trace d'organes de vision. Ceux du Croisic, examinés vivants,
portaient, à la base du lobe latéral de la tète, une tacbe irrégulière,
d'un jaune citron, qui n'est peut-être qu'un organe de vision
atrophié.
Les antennes supérieures, assez courtes, n'atteignent guère que
le tiers de la longueur du corps. Le premier article du pédoncule,
un peu plus long que la tête, porte, 'à l'extrémité de son bord pos-
Fig l. — Niphargus Plateaui elongatus. Mâle adulte, vu du côté droit.
térieur, une petite touffe de soies. Le second article est un peu plus
court que le premier. Le troisième article atteint les deux tiers de
la longueur du second. Le flagellum principal, à peu près deux fois
aussi long que le pédoncule et complètement glabre, comprend
vingt-cinq articles. Le flagellum accessoire, aussi long que le
premier article du flagellum principal, se compose de deux articles,
dont le second, rudimentaire, se termine par deux longues soies. Les
antennes inférieures atteignent à peu près les deux tiers de la lon-
gueur des antennes supérieures. Le cinquième article du pédoncule,
un peu plus court que l'article précédent, porte des touffes de soies
assez allongées. Le flagellum comprend onze articles, garnis de
petites soies.
La lèvre antérieure est régulièrement arrondie. La lèvre posté-
rieure présente des lobes internes normalement développés, garnis,
170
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
comme les lobes externes, d'une épaisse rangée de cils. Les
mandibules, courtes et robustes, présentent un bord tranchant
terminé par une grosse dent fourchue, accompagnée de trois dents
plus petites. Le lobe accessoire de la mandibule gauche est tridenté.
Celui de la mandibule droite, finement crénelé au bord antérieur,
Fig. 2. — Niphargus Plateaux elongatus. A, gnathopode antérieur du mAle;
B, uropode de la 1re paire du mâle; C, uropode de la 2me paire du mâle;
D, telson du mâle; E, uropode de la dernière paire de la femelle.
se termine par une dent aiguë. Le processus molaire est bien
développé. Le palpe, très robuste, atteint le double de la longueur
de la mandibule. Sou second article porte, au bord interne, une
rangée de soies d'inégale taille. Le troisième article, aussi long que
le second, finement cilié au bord interne, se termine par une touffe
de longues soies. Le lobe interne des maxilles antérieures, étroit et
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901 171
allongé, porte deux soies à son extrémité et quelques cils très
courts au bord interne. Le lobe externe est armé de huit fortes
épines. Le palpe, bi-articulé, se termine par une touffe d'épines.
Les lobes des maxilles postérieures, d'égale longueur, sont bordés
de longues soies à leur extrémité. Le lobe interne porte quelques
cils très courts au bord interne. Le lobe interne des maxilljpèdes
porte, à son extrémité, trois grosses épines, accompagnées de
quelques longues soies. Le lobe externe, qui atteint à peu près le
milieu du second article du palpe, porte une rangée d'épines au
bord interne. Le palpe, bien développé, se termine par un article
dactyliforme, aussi long que l'article précédent.
L'article basai des gnatbopodes antérieurs (fig, 2, A), très court,
présente un bord postérieur fortement convexe. Le carpe est un
peu plus court que l'ensemble des articles iscbial et méral. Le
propode, piriforme, presque aussi large que long, porte, comme
ebez la plupart des Nipharqus, une forte épine recourbée, qui
sépare le bord postérieur du bord palmaire. Les bords postérieurs
du carpe et du propode sont garnis de soies longues et touffues.
Le dactyle, un peu dilaté en son milieu, porte une petite dent au
bord interne et se termine par une griffe aiguë. Le bord externe
est garni d'une rangée de soies. Les gnathopodes postérieurs sont
plus allongés que les gnatbopodes antérieurs. En particulier,
l'article basai et le carpe sont plus longs. Le propode, de même
forme que le précédent, est un peu plus volumineux. Le dactyle,
un peu plus recourbé, porte également une petite dent au bord
interne et de nombreuses soies au bord externe.
Les pattes des troisième et quatrième paires sont de même forme,
mais celles de la troisième paire dépassent un peu en longueur les
suivantes. L'article basai est aussi long que l'ensemble des trois
articles suivants. Le carpe n'atteint pas tout à fait la longueur du
propode. Tous les articles de ces pattes sont garnis de nombreuses
petites épines. Le dactyle porte une petite soie au bord interne. Les
pattes de la cinquième paire ne sont pas plus longues que celles de
la troisième paire. L'article basai, irrégulièrement ovale, porte
quelques épines au bord antérieur. Le carpe, un peu plus long que
l'article méral, est plus court que le propode. Les pattes des deux
paires suivantes, beaucoup plus longues que celles de la cinquième
paire et presque d'égale taille, sont relativement courtes, leur
longueur ne dépassant pas celle du métasome. Leur article basai
porte quelques épines au bord antérieur et de petites crénelures,
à peine visibles à l'aide d'un fort grossissement, au bord postérieur.
172 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
Les proportions des articles suivants sont les mêmes que dans les
pattes de la cinquième paire. Les dactyles des pattes des trois
dernières paires portent une petite soie au bord interne.
Les pléopodes, grêles et allongés, présentent des branches
d'inégale taille, la branche interne étant notablement plus longue
que la branche externe.
Les uropodes de la première paire (fig. 2, B) ofïreut un caractère
bien spécial. La branche interne, assez fortement recourbée, un
peu dilatée à l'extrémité, est aussi longue que le pédoncule et
atteint à peu près le double de la longueur de la branche
externe(l). Le pédoncule porte deux rangées de fortes épines. La
branche externe porte trois touffes de soies et se termine par deux
petites épines. La branche interne porte quelques soies au bord
postérieur et se termine par une épine et une touffe de soies. Dans
les uropodes de la deuxième paire (fig. 2, G), la branche externe
n'atteint que les deux tiers de la branche interne. Les uropodes de
la troisième paire sont à peu près de la longueur du métasome. La
branche interne, grêle et rudimentaire, n'est pas tout à fait aussi
longue que le pédoncule. Les deux articles de la branche externe
sont d'égale longueur.
Le telson (fig. 2, D), un peu plus court que le pédoncule des
uropodes de la dernière paire, est fendu sur les deux tiers de sa
longueur. Ses lobes sont tronqués à leur extrémité, qui porte une
rangée de quatre épines. Une épine, accompagnée d'une petite soie
ciliée, se trouve vers le milieu du bord externe et une autre épine
est située dans la partie médiane de chaque lobe. Le nombre et la
position de ces épines sont, du reste, très variables. Chez un
exemplaire du Croisic, chacun des lobes du telson porte quatre
épines au bord interne, quatre épines au bord externe et trois
épines à l'extrémité.
Femelle. — Les plus grandes femelles ovifères ne mesurent que
13 millimètres de longueur. Elles diffèrent des mâles par leur corps
un peu moins grêle, parleurs pattes de la dernière paire relati-
vement plus allongées et par la forme de leurs uropodes. Les
branches des uropodes des deux premières paires sont presque
d'égale taille, la branche externe étant néanmoins quelque peu plus
courte que la branche interne. Les uropodes de la troisième paire
(fig. 2,E), sont beaucoup plus courts que ceux du mâle et le second
article de leur branche externe est loin d'atteindre la moitié de la
longueur du premier article.
(1) Ces branches sont un peu moins inégales chez les jeunes mAles.
SÉANCK DU 12 NOVKMRIIE 1D01
173
Habitat. — LeNiphargus Plateaui elongatus est commun dans les
puits du Croisic (Loire-Inférieure). M. Marcel Ladmirault m'en a
envoyé, à plusieurs reprises, de nombreux exemplaires provenant
de divers puits de la ville de Nantes et de ses faubourgs. M. Raphaël
Ladmirault m'en a adressé quelques exemplaires de petite taille,
trouvés dans des puits, à Port-Navalo et à Arzon (Morbihan).
M. Adrien Dollfus me l'a envoyé de Villers-sur-Mer (Calvados)
Enfin, M. Viré l'a trouvé dans les catacombes de Paris.
Niphargus Plateaui rorustus nov. var.
Cette variété diffère de la précédente par la forme plus robuste du
corps (fig. 3), dans les deux sexes. Les plaques coxales ne sont pas
espacées, mais se recouvrent l'une l'autre. Celles des troisième et
quatrième paires sont plus hautes que les segments correspondant
du mésosome. Le deuxième article de la branche externe des
Fig. 3. — Niphargus Plateaui robustus. Maie adulte, vu du côté gauche.
uropodes de la dernière paire, chez le mâle, est un peu plus court
que le premier article. Les autres appendices ne diffèrent pas sen-
siblement de ceux de la forme précédemment décrite.
Habitat. — Le Mphargus Plateaui robustus a été trouvé pour la
174 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
première fois par M. Emile Simon, dans la grotte de Sare (Basses-
Pyrénées). M. Viré l'a recueilli dans la grotte de Beaume les-
Messieurs (Jura), MM. Martel et Viré l'ont rencontrée dans le
gouffre de Padirac (Lot). M. Brolemann m'en a envoyé un spécimen
provenant de la grotte de Saint-Mesme (Isère). Entin, j'en ai reçu
trois exemplaires provenant de Besse (Puy-de-Dome), où ils ont été
trouvés par M. Bruyant, dans le réservoir d'une serre.
AMPHIPODES DES EAUX SOUTERRAINES DE FRANCE ET D'ALGÉRIE
PAR
ED. CHEVREUX
II
Niphargus Ladmiraulti nov. sp.
Cette espèce, beaucoup plus rare que le Niphargus Plateaui, n'a,
jusqu'ici, été trouvée qu'à Nantes. C'est encore à mon excellent
ami, M. Marcel Ladmirault, que je dois les exemplaires qui m'ont
servi à la décrire et j'ai grand plaisir à la lui dédier.
Mâle. — Le corps, assez robuste et modérément comprimé, atteint
21 millimètres de longueur, dans la position où il est figure (fig. 1).
Les trois segments du métasome et les deux premiers segments de
l'urosome portent quelques fines spinules au bord dorsal posté-
rieur. La tête, un peu plus longue que le premier segment du
mésosome, présente une petite projection rostrale et des lobes laté-
raux très saillants, arrondis à l'extrémité. Les plaques coxales des
quatre premières paires, beaucoup plus bautes que les segments
correspondants du mésosome, sont bordées de nombreuses petites
épines. Ces plaques sont très larges et celles de la première paire,
fortement prolongées en avant, atteignent presque au niveau des
angles postérieurs de la tète. Les plaques épimérales du dernier
segment du métasome se terminent en arrière par un angle droit.
Ces plaques portent, comme celles des deux segments précédents,
quelques petites épines au bord postérieur.
L'exemplaire, conservé dans l'alcool, ne présente aucune trace
d'organes de vision. Les antennes supérieures, très allongées,
atteignent à peu près les deux tiers de la longueur du corps. Le
premier article du pédoncule, très robuste, est presque aussi long
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
175
que l'ensemble de la tète et du premier segment du mésosomc. Le
second article est à pou près de la longueur du premier. Le troi-
sième article atteint les deux tiers de la longueur du second. Le
flagellum principal, beaucoup plus long que le pédoncule, com-
prend une quarantaine d'articles, garnis de courtes soies au bord
postérieur. Le flagellum accessoire se compose d'un article aussi
long que le premier article du flagellum principal, suivi d'un petit
article rudimentaire. Les antennes inférieures n'atteignent pas
Fig. 1. - Niphargus Ladmiraulti. Mâle adulte vu du côté droit.
tout à fait la moitié de la longueur des antennes supérieures. Le
cinquième article du pédoncule est presque aussi long que l'article
précédent. Le flagellum, un peu plus long que le dernier article du
pédoncule, comprend une vingtaine d'articles, garnis de nom-
breuses petites soies.
Les pièces buccales diffèrent à peine de celles du Niphargus
Plateaui. On peut cependant noter que le lobe interne des maxilles
antérieures porte quatre soies â son extrémité et n'est pas cilié au
bord interne.
L'article basai des gnathopodes antérieurs (fig. 2, A) est remarqua-
blement dilaté en arrière, sa plus grande largeur atteignant la
170
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
moitié de sa longueur. Le carpe est presque aussi long que
l'ensemble des articles ischial et méral. Le propode est aussi large
que long. Son bord palmaire est nettement distinct du bord posté-
rieur et forme avec lui un angle obtus, près duquel se trouve une
forte épine recourbée, qui se croise avec l'extrémité du dactyle. Le
bord postérieur porte de nombreuses touffes de soies spiniformes.
Fig. 2. — Niphargus Ladmiraulti. A, gnathopode antérieur du maie; B, extré-
mité d'une patte de la 4e paire du mâle; C, extrémité d'une patte de la
1°" paire du mâle; D, telson du maie; E, uropode de la dernière paire de la
femelle.
Le dactyle, assez fortement courbé, dilaté en son milieu, se termine
par une griffe aiguë. La dent du bord interne du dactyle est petite
et peu visible. Le bord externe ne porte pas de soies chez cet exem-
plaire. Les gnatbopodes postérieurs diffèrent surtout des gnatho-
podes antérieurs par la longueur plus grande de l'article basai et
du carpe. Le propode, un peu plus volumineux que celui des
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
177
pattes précédentes, est de même forme. Le dactyle porte, au bord
externe, cinq soies assez allongées.
Les pattes des troisième et quatrième paires sont un peu plus
longues que les gnatbopodes postérieurs. Leurs dactyles, très
robustes, portent trois fortes épines au bord interne (fig. 2, B). Les
pattes de la cinquième paire, beaucoup plus longues que les pattes
précédentes, portent de petites crénelures au bord postérieur de
l'article basai. Le carpe, un peu plus long que l'article ischial, est
plus court que le propode. Les pattes des deux dernières paires,
beaucoup plus longues que celles de la cinquième paire, sont à peu
près d'égale taille. Elles atteignent la loDgueur de l'ensemble du
Fig. 3. — Niphargus Ladmiraulti. Gnathopodes gauches d'une femelle anomale.
métasome et de Turosome. Les dactyles des pattes des trois dernières
paires, extrêmement robustes, dilatés en leur milieu, portent, au
bord interne, trois épines dans les pattes de la cinquième paire,
quatre épines dans celles de la sixième paire et cinq épines dans
celles de la septième paire (fig. % C).
Dans les trois paires de pléopodes, la branche interne est un peu
plus longue que la branche externe.
Dans les uropodes de la première paire, les branches, d'égale
taille, sont plus courtes que le pédoncule. La branche interne des
uropodes de la deuxième paire est un peu plus longue que la
branche externe. Les uropodes de la troisième paire, extrêmement
Bull. Soc. Zool de Fr., 1901.
XXVI.
14.
178
SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1901
allongés, sont plus longs que l'eusemble du métasome et de
l'urosome. Le pédoncule atteint le double de la longueur du telson.
La branche interne, très réduite, n'atteint pas tout à fait la longueur
du telsou. Le second article de la branche externe est un peu plus
long que le premier article.
Le telson (fig. 2, D), est fendu surà peu près la moitié de sa longueur.
Les lobes sont tronqués à leur extrémité, qui porte trois épines et
quelques soies. Sur chacun des côtés se trouvent une longue soie
ciliée et deux soies simples. Trois petites épines existent sur la
ligne médiane.
Femelle. — Les femelles, presque aussi grandes que les mâles,
Fig. 4. — Niphargus Ladmiraulti. Gnathopodes droits d'une femelle anomale.
atteignent en moyenne 18 millimètres de longueur. Les antennes
supérieures, un peu plus courtes que celles du mâle, ne dépassent
pas de beaucoup la moitié de la longueur du corps. Les gnathopodes
présentent un caractère bien remarquable. Le propode des
gnathopodes antérieurs est beaucoup plus volumineux que celui des
gnathopodes postérieurs. Ces propodes alïectent, du reste, la môme
forme que ceux du mâle. Les dactyles des pattes des cinq dernières
paires portent le même nombre d'épines que ceux du mâle. Dans
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901 179
les uropodes de la dernière paire (fig. 2, E), le pédoncule est très
allongé, comme chez le mâle, mais le second article de la branche
externe n'atteint qu'un peu plus du tiers de la longueur du
premier article. Le telson ne présente rien de particulier.
Une très grande femelle, mesurant 20 millimètres de longueur,
présente une anomalie bien remarquable et qu'il m'a semblé inté-
ressant de signaler. Tandis que ses gnathopodes gauches (fig. 3)
sont normaux, le gnathopode antérieur droit est beaucoup plus
pelit que le gnathopode postérieur (fig. 4).
Habitat. — Je n'ai vu que peu d'exemplaires de cette espèce :
trois femelles provenaut d'un puits situé dans une propriété
riveraine de la Loire, un mâle trouvé dans un puits de la rue
Cambronne et deux mâles et trois femelles provenant d'un puits du
boulevard Saint- Pern. Aucun de ces trois puits n'a procuré le
Xiphargus Plateaui, si commun dans les autres puits de Nantes
explorés.
SUR DEUX CAS D'ALBINISME PARTIEL OBSERVÉS CHEZ DES NÈGRES
AUX ILES DU CAP VERT ; CONSIDÉRATIONS SUR L'ALBINISME
PARTIEL CHEZ L'HOMME ET LES ANIMAUX
PAR
M. NEVEU-LEMAIRE
Pendant la dernière Campagne scientifique de S. A. S. le Prince
de Monaco, j'eus l'occasion d'observer à Praya, ville principale de
Saô Thiago et capitale de l'Archipel du Cap Vert, deux cas d'albi-
nisme partiel chez des enfants, représentés aux figures 1 et 2.
Observation I
11 s'agit d'un enfant de dix ans, nommé Juau, dont le corps est
presque entièrement noir (fig. 1). 11 présente cependant une tache
blanche au milieu du front empiétant un peu sur la tète et les cheveux
à cet endroit sont également blancs. Une autre tache blanche trian-
gulaire se trouve sur la partie droite de la poitrine et une beaucoup
plus grande, ayant l'aspect d'un quadrilatère irrégulier, se trouve
du côté gauche, partant du mamelon gauche pour s'étendre jusqu'au
milieu de l'abdomen à gauche de l'ombilic. Il existe en outre une
petite tache en forme de croissant au dessus du genou gauche et une
autre placée en écharpeà la jambe droite, cette dernière part de la
180
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
partie externe du genou droit pour se diriger obliquement en bas et
se terminer sur le bord interne du mollet droit. Ces taches blanches
sont parsemées de petits points noirs, de diamètre variable et possé-
dant les caractères de la peau normale des Nègres.
Fig.
1. — Nègre des îles
du Cap Vert.
Fig. 2. — Nègre des îles
du Cap Vert (1).
Observation II
L'enfant représenté à la figure 2 est le frère du précédent ; il se
nomme Miguel et est âgé de treize ans. Celui-ci est beaucoup plus
tacheté de blanc que son frère. Il présente sur le front une tache
blanche au niveau de laquelle les cheveux sont blancs; la partie
interne de chaque sourcil est également blanche. Il existe, en
outre, une grande tache de forme rectangulaire, presque carrée,
qui commence au dessous des mamelons, occupe toute la partie
antérieure et inférieure du thorax et se continue sur l'abdomen,
cessant un peu au dessous de l'ombilic. Elle se termine latéralement
à droite et à gauche sans empiéter sur la région dorsale. Enfin,
chaque membre inférieur est tacheté depuis le milieu de la cuisse
jusqu'au milieu de la jambe. Sur la cuisse droite, la tache blanche
(1) 11 ne faut pas tenir compte des parties qui semblent blanches sur la photo-
graphie, telle que la partie supérieure du thorax et les avant-bras. Cette teinte
est simplement due aux reflets de la lumière, la photographie ayant été prise au
soleil et à midi.
SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1901 181
remonte un peu pi us haut que sur la cuisse gauche. Ajoutons que
toutes ces taches ne sont p;is uniformément blanches, mais de cou-
leur rosée et qu'elles présentent çà et là des parties noires plus ou
moins étendues, comme chez l'individu précédent. La portion du
genou, située au-dessous de la rotule, forme une tache noire assez
considérable.
En questionnant ces deux enfants, j'ai obtenu les renseignements
suivants : leur père est nègre, mais présente aussi sur le corps des
taches blanches; leur mère ne possède rien de semblable, elle est
tout à fait noire. Leur frère aîné Roman, âgé de vingt ans, est
également tacheté de blanc. Ils n'ont pas d'autres frères, ni de
sœurs.
Ces enfants m'ont assuré avoir toujours eu ces taches blanches
sur le corps depuis leur naissance. Il s'agit donc bien ici d'une
anomalie congénitale. Ils sont d'ailleurs parfaitement conformés
et bien développés pour leur âge, et ne présentent pas cet état d'in-
fériorité observé généralement chez les albinos.
La présence de cette anomalie chez le père et ses trois fils
montre suffisamment le rôle de l'hérédité dans ce cas particulier.
Considérations générales
Depuis Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1), on divise l'albinisme
en trois geures :
1° L'albinisme complet, lorsqu'il y a absence totale de pigmen-
tation sur toute la surface du corps.
2° L'albinisme partiel lorsque certaines parties du corps sont
dans l'état normal, l'absence de pigment restant localisée sur quel-
ques points plus ou moins étendus.
3° L'albinisme imparfait, lorsque le pigment a seulement éprouvé
une diminution plus ou moins sensible, soit par tout le corps, soit
dans quelque partie seulement, mais sans manquer entièrement
dans aucune.
C'est évidemment au second de ces genres qu'appartient l'ano-
malie que nous avons constatée; il s'agit donc de deux Nègres
atteints ^albinisme partiel et appelés vulgairement Nègres mou-
chetés ou Nègres pies.
Nous nous occuperons seulement de cette anomalie, laissant décote
(1) Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire générale et particulière des ano-
malies de l'organisation chez l'Homme et chez les animavx. Paris, 1P32; I,
p. 293-323.
182
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
l'albinisme complet, dont ou connaît bien des cas dans la science
et l'albinisme imparfait encore peu étudié.
L'albinisme partiel (1) est connu depuis fort longtemps. Th. Simon
en a réuni vingt-deux cas et depuis cette époque on en a signalébeau-
coup d'autres, que je n'ai pas la prétention d'énumérer ici ; je signa-
lerai seulement les plus intéressants.
Fig. 3. — Négresse pie de Buffon.
En 1680, Barbet vit dans la contrée de Sestos deux individus dont
l'un était blanc avec des taches noires, ce qui lui donnait un aspect
tigré, l'autre était noir avec des taches blanches.
Un peu plus de cinquante ans plus tard, Buffon (2) eut l'occasion
de décrire, d'après un portrait, une jeune Négresse pie (fig. 3), née
en 1736, près de Carthagène, en Amérique. 11 ne connaissait pas
encore d'exemple de cette anomalie. C'est Taverne, ancien bourg-
(1) R. Bj.anchahd, Albinisme. Grande Encyclopédie, I, p. 1174-1180.
(2) Buffon, Histoire naturelle de l'Homme: addition à l'article qui a pour
titre: Variétés dans l'espèce humaine.
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
183
mestre et subdélégué de Dunkerque, qui lui envoya ce portrait
colorié, accompagné des renseignements suivants contenus dans
une lettre dont voici l'extrait :
« Je vous envoie, Monsieur, un portrait qui s'est trouvé dans une
prise anglaise, faite dans la dernière guerre par le corsaire
la Royale, dans lequel j'étais intéressé. C'est celui d'une petite fille
dont la couleur est mi-partie de noir et de blanc ; les mains et les
pieds sont entièrement noirs ; la tête l'est également, à l'exception
Fjg. 4. — Tableau appartenant au laboratoire de M. le prof. R. Blanchard.
du menton, jusques et compris la lèvre inférieure ; partie du front,
y compris la naissance des cheveux ou laine au-dessus sont éga-
lement blancs, avec une tache noire au milieu de la tache blanche :
tout le reste du corps, bras, jambes et cuisses sont marquées de
taches plus ou moins grandes, et sur les grandes taches noires, il
s'en trouve de plus petites encore plus noires. On ne peut comparer
cet enfant, pour la forme des taches, qu'aux chevaux gris ou tigrés ;
le noir et le blanc se joignent par des teintes imperceptibles de la
184 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
couleur des mulâtres ». Le père et la mère de cette Négresse pie
étaient absolument noirs.
Dans une seconde lettre, Taverne écrit à Buffon que l'original du
portrait de l'enfant noir et blanc a été trouvé à bord du navire
le Chrétien, de Londres, venant de la Nouvelle-Angleterre, navire
qui fut pris en 1746 par le vaisseau nommé le Comte de Maurepas,
de Dunkerque.
Il existe un portrait fort semblable dont j'ignore l'origine,
qui est actuellement conservé au Laboratoire de Parasitologie de
la Faculté de médecine. Il porte pour toute mention : Rocha pintan
do Natural, im 1786 et figurait précédemment dans l'amphithéâtre
Laënnec de l'ancienne Faculté. M. le Professeur Blanchard l'a fait
restaurer dernièrement et je lui suis très reconnaissant d'avoir bien
voulu m'autoriser à le reproduire ici (fig. 4).
En 1738, naquit à la Nouvelle-Grenade une autre Négresse pie;
son père était noir, sain et vigoureux, sa mère était une Négresse
infirme.
On peut voir actuellement au Muséum d'Histoire Naturelle, dans
la galerie d'Anthropologie, deux portraits peints par Le Masurier,
représentant une jeune Négresse pie née en 1782 à la Martinique.
Arthaud(I), dans un intéressant mémoire sur les albiuos et les
enfants pies, cite les deux observations suivantes :
Première observation. — « Le 10 mai 1784, nous avons vu au
Cap une Négritte âgée de vingt mois, créole de Sainte-Lucie, appar-
tenant au sieur Valois, chirurgien-dentiste.
Les cheveux, depuis le sinciput jusqu'au vertex, étaient blancs et
formaient un augle qui ressemblait à une aigrette. Depuis la base
de cette aigrette jusqu'à la racine du nez, il y avait une bande
blanche de la largeur de deux pouces ; on observait dans le centre
de cette bande, à peu près au milieu du front, une tache noire en
forme d'étoile, les sourcils étaient à moitié blancs, les yeux noirs ;
il y avait une bande un peu moins large que celle du front, qui
s'étendait depuis le bord de la lèvre inférieure jusqu'à la partie
supérieure de la gorge ; la peau de la face était d'un noir clair, elle
était unie, douce ; les traits du visage étaient fins et annonçaient
une constitution délicate.
Le col, la partie supérieure de la poitrine, la postérieure, le dos,
les épaules, les lombes, les fesses étaient noirs, les lombes et le
(1) Akthaui), Observations sur les albinos et sur deux enfants pies. Journal de
physique, 1789, part. II, p. 277.
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901 185
gros des fesses étaient d'un noir plus foncé; la partie antérieure
delà poitrine, du ventre depuis le dessous des clavicules, les bras
depuis la partie supérieure jusqu'à la moyenue, les cuisses, les
jambes jusqu'à la partie inférieure et moyenne étaient parsemés
de taches blanches et noires de diverses nuances, les taches
noires étaient multipliées sur les genoux; la partie moyenne des
avant bras, les mains étaient noires, ce qui formait des espèces
de gants ; la partie inférieure et moyenne des jambes, les pieds
étaient noirs, ce qui (igurait assez bien des brodequins ; les parties
naturelles étaient noires ; le blanc, qui dominait sur la poitrine,
sur le ventre et sur les cuisses, était animé comme celui qui est la
suite d'une brûlure qui a détruit le corps muqueux chez un Nègre».
Seconde observation. — « Un Mulâtre de 19 mois, d'une couleur
claire, appartenant au même maître, avait, au sommet de la tête
un peu à droite, une touffe étoilée de cheveux blancs; il y avait dans
le centre du sinciput une autre touffe blanche de la largeur de deux
pouces et demi ; on voyait une bande blanche sur le centre du front.
Elle était placée obliquement en déclinant à gauche, jusqu'aux
sourcils qui étaient blancs à moitié. Les yeux étaient grands, noirs
bien fendus; au-dessous des pectoraux jusqu'à l'ombilic, et à la partie
externe des hypocondres, il y avait une étoile blanche animée à
sept pointes. Le téton droit était blanc, il y avait quatre taches
étoilées du côté droit de la poitrine; on voyait deux taches d'un
blanc jaune sur l'hypocoudre et une au-dessous du téton droit, il y
avait une tache blanche sur la verge. On observait une bande
blanche parsemée de taches jaune clair sur la partie interue du
bras, jusqu'à la partie interne et inférieure de l'avant-bras. Ou
voyait une autre tache depuis l'olécrane jusqu'à la partie moyenne
interne de l'avant-bras et deux taches à la partie supérieure
moyenne des jambes avec des nuances brunes.
La forme de cet enfant n'était pas aussi fine et aussi élégante que
celle de la Négritte, qui était jolie et plutôt parée que défigurée par
les taches qui étaient parsemées avec une symétrie agréable sur la
surface de son corps ».
Arthaud (1 ) rapporte encore le cas d'un Nègre, dont le pénis seul
était entièrement blanc.
Un voyageur allemand, Erdman Isert, a vu, sur la côte de
Guinée, un Nègre dont les mains et les pieds étaient blancs.
Plus récemment, Berchon, Huard, Simonot, Vincent et d'autres
(1) Arthaud, Loc. cit.
186
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
ODt observé des cas d'albinisme partiel chez des Nègres du Sénégal,
du Gabon, de Guinée, etc..
Je citerai aussi le cas observé à Lifou (iles Loyalty), par
M. François, qui présenta, à l'une desdernières séance de la Société,
la photographie d'un Nègre pie. Je le remercie d'avoir bien voulu
me la communiquer et me permettre de la reproduire ici (fig. 5).
Enfin tout le monde peut voir en ce moment à Paris, exposée
Fig.
Nègre pie observe à Lifou (iles Loyalty)
par M. Fhançois.
chez Barnum et Bailey, sous le nom de Fille à peau de Léopard,
une jeune Négresse de sept ans nommée Béatrice (fig. 6), qui
présente au front, sur la poitrine et l'abdomen, aux bras et aux
jambes des parties décolorées. Elle possède au dessus de la tache
frontale une longue mèche de cheveux blancs et cotonneux ; ses
sourcils sont en partie blancs. Ces taches sont assez régulièrement
symétriques. Cette petite fille, qui est venue me rendre visite au
laboratoire de Parasitologie de la Faculté de médecine et que j'ai
SEANCE DU \'l NOVEMRRK 1 *. M H
187
pu examiner à loisir, est née à Calhoun en Louisiane; son père est
noir, mais sa mère, trois de ses frères et trois de ses sœurs sont
atteints d'albinisme partiel. Ces dernières ont été exposées récem-
ment au Nouveau Cirque. Elle a encore quatre frères et quatre
sœurs qui sont entièrement noirs.
D'après les observations précédentes, on peut voir que les
Fig. 6. — Négresse pie exposée chez.
Barnum et Bailey.
iudividus atteints d'albinisme partiel sont surtout des Nègres ou des
Mulâtres ; cette anomalie est donc plus fréquente dans les régions
équatoriales que dans les régions tempérées. Ceci semble en
contradiction, avec le fait bien connu, que les espèces ou les races
normalement blanches, aussi bien chez l'Homme que chez les
animaux, sont d'autant plus communes que l'on se rapproche
davantage des pôles.
Les Hommes atteints d'albinisme partiel présentent tantôt une
seule ou quelques taches blanches sur un fond qui conserve
188 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
sa couleur normale; tels sont le cas observé par Isert et celui que
je rapporte dans ma première observation (lig. 1). Tantôt le con-
traire a lieu, le blanc occupe presque la totalité de la surface du
corps et la coloration normale de la peau n'apparaît qu'en certains
points sous l'aspect de taches plus ou moins nombreuses : tel est le
cas observé par Barbet. Eufin, dans les cas les plus nombreux, le
blanc et le noir sont à peu près également répandus à la surface du
corps ; c'est ce que l'on peut voir sur le portrait envoyé à Buffon,
sur ceux qui figurent dans la galerie d'Anthropologie du Muséum
et sur la jeune Négresse exposée chez Barnum. Dans ces derniers
cas, on peut remarquer qu'il existe en certains points une symétrie
frappante.
Il est un point sur lequel la plupart des auteurs ont insisté et qui
a aussi attiré mon attention, c'est la couleur des taches, qui ne sont
pas d'un blanc mat, ni de la teinte blafarde qui caractérise les
albinos, mais qui présentent une coloration rosée. La peau est plus
rose même que ne l'est habituellement celle des Européens. Elle a
l'aspect de la peau atteinte d'une brûlure au premier degré ou d'un
coup de soleil. Cette coloration rose est fort bien représentée sur
les portraits coloriés qui se trouvent à la Faculté de médecine et au
Muséum.
Quant aux yeux et aux cheveux, leur couleur est toujours en
rapport avec la coloratiou de la peau. Selon qu'ils se trouvent
compris dans des taches blanches ou dans des parties où la peau
est normale, ils sont atteints d'albinisme ou présentent leur aspect
habituel. C'est ainsi que l'on peut observer des cheveux noirs sur
presque toute l'étendue du cuir chevelu, sauf au niveau d'une tache
blanche, et que les yeux sont privés de pigment s'ils sont compris
dans une tache blanche, et sont normalement conformés si la peau
qui les entoure est de couleur normale. Il est à remarquer que
chez les Nègres les cheveux blancs sont laineux aussi bien que les
noirs. Enfin, il est assez intéressant de signaler que chez tous les
individus atteints d'albinisme partiel, dont j'ai lu la description ou
dont j'ai vu le portrait ou la photographie, ainsi que sur ceux que
j'ai eu l'occasion d'observer moi-même, il existe sur le front une
tache blanche médiane plus ou moins étendue et une mèche de
cheveux blancs laineux.
E. Blanc (1) prétend que «les Nègres pies sont ordinairement des
ujets chez lesquels l'albinisme est eu voie de développement et de
(1) Louis Ri.anc, J.cs anomalies chez l'Homme et chez les Mammifères. Paris,
1893, p. 84.
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901 189
généralisation. La peau se décolore en certains points qui devien-
nent grisâtres, puis forment des taches blanches qui s'étendent, se
réunissent les unes aux autres; les régions noires sont envahies peu
à peu et disparaissent si bien que l'individu finit par être complè-
tement albinos. »
Or, je ne crois pas qu'il en soit ainsi chez les individus atteints
d'albinisme partiel vrai, car ils conservent pendant toute leur vie
les taches blanches qu'ils possédaient au moment de leur naissance
et je citerai comme exemple le père des deux Nègres pies, que j'ai
observés, dont les parties albiues n'avaient aucune tendance à
s'accroître. Il n'en est pas de même chez les individus atteints d'une
affection connue sous le nom de vitiligo et qui consiste dans l'appa-
rition spontanée, c'est-à-dire sans cause connue, sans trouble local
dans la sensibilité ou dans la nutrition de taches albines qui se
montrent eu différents points du corps et s'élargissent toujours.
C'est à cela sans doute que L. Blanc a fait allusion, mais nous
sortons ici du cadre de la Tératologie, car le vitiligo peut succéder
à une maladie grave ou à une influence nerveuse, mais n'est pas
congénital. Il peut d'ailleurs s'observer aussi bien chez les Nègres
que chez les Blancs.
On sait aussi qu'à la suite d'une vive douleur, d'une grande
frayeur ou d'une émotion violente, la peau et surtout les cheveux
peuvent perdre presque instantanément leur coloration.
La décoloration exclusive des cheveux ou des poils peut être éga-
lement congénitale et on trouve dans les Ephémérides des curieux de
la nature (1) le cas d'une femme dont les poils du pubis étaient blancs
et qui resta toujours stérile. Bartholin rapporte le cas d'un enfant
dont les cheveux étaient noirs d'un côté de la tète, blancs de l'autre.
11 y a canitie quand la décoloration porte seulement sur les cheveux,
et poliose, quand elle s'étend au système pileux dans son ensemble.
On a dit aussi que les femmes albinos donnaient avec les Nègres
des enfants pies, cela peut arriver, mais il ne manque pas d'exem-
ples, où des enfants tachetés ont eu pour parents des individus
entièrement noirs. Néanmoins l'hérédité semble jouer un rôle
considérable dans l'albinisme partiel. Je citerai seulement le cas
observé aux îles du Cap Vert, où le père et les trois fds étaient
tachetés de blanc et celui de Barnum où la mère et sept de ses
enfants sont pies. L'union d'un Blanc et d'une Négresse ou récipro-
quement ne donne pas un enfant pie mais bien un Mulâtre.
(1) Dec. II, ann., 6, obs. XX, 1688.
190
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
Fig. 7. — Saharien atteint d'une dermatose analogue à la pinta,
(Extrait des irchives rie parasitologie).
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 190 1 l'.M
En résumé, il est nécessaire de distinguer, parmi les individus
tachetés de blanc et de noir, deux choses tout à fait dissemblables.
Tantôt les taches blanches sont congénitales, il s'agit alors d'une
anomalie, d'un cas tératologique, c'est l'albinisme partiel; tantôt
ces taches apparaissent après la naissance, il s'agit alors d'une
maladie, d'un cas pathologique.
Dans le premier cas, l'anomalie est duc à un arrêt de développe-
ment partiel de l'appareil épidermique et particulièrement du
pigment. Le pigment manque en efïet chez le fœtus jusqu'à une
époque avancée de la vie intra-utérine, aussi bien chez les Nègres
que dans la race blanche. Si cet arrêt de développement se produit
sur toute la surface du corps, il y a albinisme complet; s'il ne se
produit, qu'en certains points, il y albinisme partiel; enfin si la
production du pigment, sans faire complètement défaut, se fait
d'une manière insuffisante, il y albinisme imparfait.
G. Simon a fait l'étude microscopique de la peau d'une Euro
péenne, morte à la Charité de Berlin, et qui offrait en divers points
des taches blanches. Dans les parties blanches, les cellules de la
couche muqueuse de Malpighi étaient dépourvues de granulations
pigmentaires.
Dans le second cas, la décoloration de la peau est due soit au
vitiligo, dont nous venons de parler, soit à une dermatose généra-
lement d'origine parasitaire. L'une de ces dermatoses, bien connue
dans l'Amérique tropicale, a reçu le nom de pinla. Les taches sont
ici produites par le Champignon parasite qui, en se développant,
cache aux yeux le pigment de la peau sous-jaceute. Nous repré-
sentons (fig. 7) un Saharien atteint d'une affection analogue (1).
Albinisme partiel chez les animaux
Les animaux, particulièrement les Mamifères et les Oiseaux, peu-
vent aussi être atteints d'albinisme partiel, et il est arrivé souvent que
des naturalistes ont décrit comme des espèces différentes des indivi-
dus atteints simplement de cette anomalie. Il est cependant facile,
dans la grande majorité des cas, de distinguer les taches qui carac-
térisent une espèce de celles qui sont accidentelles ; ces dernières
sont en effet presque toujours irrégulières et asymétiiques.
Parmi les nombreux cas d'albinisme partiel observés chez les
Mammifères, je citerai d'abord ceux d'Isidore Geoffroy Saint-
Hilaire(2) qui a vu une Chauve-souris, dont les poils et les mera-
(1) Figure Urée des Archives de Parasitologie, I, 1898, p. 153.
(2) I Geoffroy Saint-Hilaihe, Loc. cit..
192 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1901
braues étaient d'un blanc pur, sauf le tiers inférieur de la queue
et de la membrane interfémorale, et un Écureuil (Sciurus mdgaris),
dont les poils blancs étaient plus courts que ceux qui avaient gardé
leur coloration normale. Tb. van Kempen (1) observa une Taupe
(Talpa europœa) tachetée de blanc et deux Rats [Mus ratlus) dont l'un
était blanc et roux et dont l'autre était entièrement blanc, sauf la
tête qui était noire. L. Petit (2) présenta en 1898 à la Société Zoolo-
gique un Ecureuil, tué aux environs de Paris, dont les poils blancs
recouvraient à peu près la moitié de la surface du corps.
Th. van Kempen (3) rencontra chez les Oiseaux un grand nombre
de cas d'albinisme partiel dont voici les principaux : une Buse
(Pernis apivorus), et deux Autours (Astur palumbarius) qui présen-
taient des plumes blanches sous le ventre; une Corneille (Cornus
comix) dont le plumage noir était parsemé de plumes blanches ;
quatre Moineaux (Passer dômes ticus) également tachetés de blanc;
un Bouvreuil (Pyrrhula mdgaris) et un Pinson des Ardennes (Frin-
gilla montifringilla) dont les ailes étaient blanches; neuf Merles
(Turdus merula) et quatre Grives (Turdus musicus) présentant des
plumes blanches plus ou moinsnombreuses. 11 cite encore unTétras
Urogalle (Tetrao urogallus) parsemé de blanc, un Tétras Lyre (Tetrao
tetrix) avec les ailes blanches et un Faisan (Phasianus colchicm)
panaché.
L'albinisme partiel a aussi été observé chez les autres Vertébrés,
spécialement chez les Batraciens et les Poissons.
(1) Th. van Kempen, Mammifèreset Oiseaux présentant des variétés de coloration,
des casd'hybriditéou des anomalies. Bulletin de la Société Zoologique de France,
XIX, 1894, p. 76.
(2) L. Petit, Un cas d'albinisme partiel chez l'Écureuil. Bulletin de la Société
Zoologique de France, XXIII, 1898, p. 185, avec deux figures.
(3) Th. van Kempen. Loc. cit.
H. DE LACAZE-DUTHIERS (l821-190l).
Membre de l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine.
Professeur d'Anatomie et de Physiologie comparées
à la Faculté des sciences de Paris.
Fondateur des laboratoires de Zoologie expérimentale de RoscofI
et de Banyuls-sur Mer.
Membre honoraire de la Société Zoologique de France.
193
Séance du n(> Novembre igoi
PRÉSIDENCE DE M. LE Dr TROUESSART, PRÉSIDENT
Madame Trouessart, Mesdemoiselles ïrouessart et Horst assistent
à la séance.
M. Petit s'excuse de ne pouvoir assister à la séance et s'inscrit
en qualité de membre à vie.
M. le Président annonce à la Société la perte cruelle que vient de
faire la Zoologie en la personne de M. le professeur Kowalewsky,
membre honoraire de la Société Zoologique de France.
M. le Dr Racovitza publiera ultérieurement la biographie du pro-
fesseur Kowalewsky.
M. le Président adresse les félicitations de la Société à M. le pro-
fesseur Y. Delage, élu Membre de l'Académie des sciences.
MM. Bavay , R. Blanchard, Brôlemann , Clément, Guiart,
Hérouard, Moniez, Neveu-Lemaire et Schlumberger proposent de
conférer le titre de membre honoraire à MM. Fabre, Grassi, Ijima
et F.-E. Schulze.
M. le professeur R. Blanchard est prié de faire un rapport à la
prochaine séance.
M. le professeur R. Blanchard présente la photographie d'un
pied humain atteint de Chique (Sarcopsylla pénétrans) et présentant
des lésions ulcéreuses très étendues. Il présente également le dessin
d'une Chenille du Gabon dans l'espoir que quelqu'un pourra lui
donner des renseignements sur ce type très curieux. M. Alluaud
dit avoir rencontré cette Chenille assez fréquemment dans la région
de la côte d'Ivoire, mais il ne connaît pas l'adulte.
M. A. Robert offre à la Société un travail de M. Dedekind sur la
pourpre. A ce propos M. Robert fait remarquer qu'il existe en tète
du volume une superbe phototypie représentant M. H. de Lacaze-
Duthiers. Il exprime le regret de trouver dans le Bulletin de la
Société Zoologique de France une reproduction vraiment peu digne
du grand Zoologiste français, et bien inférieure au portrait publié
à l'étranger. ,
M. le Dr Guiart partage l'opinion de M. A. Robert. Le cliché
publié par la Société a été très aimablement prêté par MM. Schlei-
cher frères, éditeurs des Archives de Zoologie expérimentale, dirigées
Bull. Soc. Zool de Fr., 19U1. xxvi. — 15.
194 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1901
autrefois par M. de Lacaze-Duthiers, mais le cliché, un peu usé, est
mal venu et, pour comble de malheur, a été tiré de travers par
un typographe trop négligent. Il en est résulté une planche vrai-
ment déplorable et M. le Dr Guiart se fera un plaisir de publier à
ses frais un nouveau portrait de son ancien maître, afin que ses
collègues puissent l'insérer dans le Bulletin à la place du portrait
manqué.
M. Schlumberger fait une causerie sur les Foraminifères, avec
accompagnement de projections de préparations microscopiques.
Les projections ont été faites par la maison Molteni aux frais du
conférencier. M. le Président se fait l'interprète de la Société en
adressant à notre cher Trésorier ses félicitations pour son intéres-
sante conférence et ses remerciements pour la nouvelle preuve de
générosité dont il a fait preuve envers la Société.
ANOMALIE DES PALPES MAXILLAIRES
CHEZ QUELQUES MOUSTIQUES DU GENRE CULEX
PAR
L. DYÉ et M. NEVEU LEMAIRE
En déterminant quelques Moustiques recueillis dernièrement
dans une cave aux environs de Paris (Parc Saint-Maur) nous avons
observé deux Culex, un C. pipiens 9 et un C. annulatus $, présen-
tant chacun une anomalie des palpes maxillaires.
Les palpes maxillaires sont des appendices articulés situés de
chaque coté de la trompe; leur forme et leur longueur varient
suivant les genres et aussi suivant le sexe des Culicides. Dans le
genre Culex par exemple, les femelles ont des palpes beaucoup plus
courts que la trompe. Chez certaines espèces (C. pipiens; C. lûtes-
cens), ces palpes sont formés de trois articles, l'extrémité du
dernier étant arrondie; chez d'autres espèces (C nemorosus : C.
annulatus), le troisième article est nettement tronqué et présente à
sa partie terminale un quatrième petit article plus ou moins caché
par les poils environnants.
1° Culex pipiens. — La première disposition se rencontre toujours
chez C. pipiens normal (fig. 1), or, chez l'exemplaire que nous avons
eu l'occasion d'examiner, les palpes présentaient la seconde disposi-
SÉANCF. DU 20 NOVEMBKK 1901
195
tion, c'est-à-dire possédaient un quatrième petit article supplémen-
taire sans cependaut que le troisième ait perdu sa forme arrondie
habituelle. Cet article surajouté est visible sur les deux palpes,
mais il est à peu près deux fois plus grand à droite qu'à gauche.
De plus le troisième article
est un peu plus long que le
même article chez un Insecte
normal (fig. 2).
2° Culex annula tus. — La
disposition que nous venons
de signaler comme anormale
chez C. pipiens est au con-
traire la règle chez C. annu-
latUS, OÙ il existe un qua- Fig. 2. - Palpes ma-
xillaires de Culex
avec un
PeSCuTex trième arlide de tFèS Petite ÎSSïïïV
Fis- 1
xillaires d'un _
pipiens 9 normal, dimension a 1 extrémité tron- J^J^jJ616 SUP
quée du troisième (fig. $).
Fig. 3. — Palpes maxillaires
d'un Culex annulalus 9 nor-
mal.
Tig
4. — Palpes maxillaires de Culex
armulatus 9 présentant un ^"arti-
cle plus développé que normalement
et un 5"" article supplémentaire.
Or, chez l'individu que nous avons étudié, outre le quatrième petit
196
SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1901
article terminal qui est lui-même plus grand que normalement, il
en existe un cinquième supplémentaire, encore plus petit, à l'extré-
mité duquel se trouve une toufïe de poils courts. Cette malfor
mation est aussi bilatérale (fig. 4).
A propos de cette anomalie, nous citerons une autre malforma-
tion signalée par Macquart (1) chez Culex ciliatus.
« Dans cette espèce, dit-il, l'on n'a pas encore signalé des espèces
de palpes situés entre les ordinaires et la
trompe. Ils sont couchés à peu près sur
elle, longues du tiers de cet organe, c'est-à-
dire, de près d'une ligne, de trois articles
dont le premier est fort court et peu dis-
tinct, le second allongé, cylindrique, pubes-
cent, fauve et le troisième court, ovalaire,
un peu incliné, noir. Us semblent être des
palpes maxillaires, oblitérés dans les autres
Culicides. Les ordinaires sont courts et ne
diffèrent pas de ceux des autres espèces. » (fig. 5).
Ces palpes sont-ils bien, comme le pense Macquart, des palpes
maxillaires oblitérés chez les autres Culicides, cela est peu vrai-
semblable attendu que chez tous les Insectes, les palpes maxillaires
ne sont qu'au nombre de deux. Il est donc plus logique d'admettre
qu'on est en présence d'une paire de palpes supplémentaires. Cette
anomalie serait analogue à la polydactylie chez l'Homme ou les
Vertébrés supérieurs. De même qu'il existe des individus à 6 doigts,
des Chevaux à deux doigts il peut y avoir des Moustiques à
quatre palpes maxillaires au lieu de deux.
Fig. 5. — Tête de Culex ci-
liatus présentant deux
palpes maxillaires sup-
plémentaires (d'après
Macquart).
(1) J Macquart, Diptères, exotiques nouveaux ou peu connus; 4" supplément.
Mémoires de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille. Paris
1850, p. H.
SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1901
107
AMPHIPODES DES EAUX SOUTERRAINES DE FRANCE ET D'ALGÉRIE
PAU
ED. CHEVREUX
111
N1PH ARGUS V1RE1 Chevreux(l)
Cette intéressante espèce, découverte par M. Armand Viré dans la
grotte de Beaume-les-Messieurs (Jura), n'est connue que par une
courte diagnose, publiée en 1890, et n'a jamais été figurée. J'en
donne ici une description plus complète.
Femelle. — Le corps (fig. 1), très comprimé, atteignait 30 milli-
mètres de longueur chez le grand exemplaire figuré ici, mais la
taille moyenne des femelles est d'environ 26 millimètres. Les trois
Fig. 1. — Niphargus Virex. Femelle, vue du côté gauche.
segments du métasome portent, au bord dorsal postérieur, quelques
petites soies spiniformes. Les deux premiers segments de l'urosome
portent un groupe de trois petites épines de chaque côté de la ligne
dorsale, au bord postérieur. La tète, beaucoup plus longue que le
premier segment du mésosome, ne présente pas de projection
(1) Sur un Anipliipode d'eau douce, Niphargus Virei nov. sp., provenant des
grottes du Jura. Bull, du Muséum d'Hist. nal. de Paris, II, p. 136.
198 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1901
rostrale. Les lobes latéraux, assez proéminents, sont arrondis à
l'extrémité. Les angles postérieurs sont légèrement aigus. Les
plaques coxales des quatre premières paires, beaucoup plus bautes
que les segments correspondants du mésosome, sont bordées de
fines spinules. Les plaques coxales de la quatrième paire (fig. 2, B),
très larges, sont profondément écbancrées au bord postérieur,
comme chez les espèces du genre Gamniarus. Les plaques épimé-
rales des trois segments du métasome se terminent en arrière par
un angle un peu aigu, presque droit. Elles portent quelques petites
épines au bord postérieur. Deux fortes épines se trouvent au bord
inférieur des plaques du second segment ; on compte quatre épines
au bord inférieur de celles du troisième segment.
Il n'existe aucune trace d'organes de vision. Les antennes supé-
rieures, très allongées, atteignent les deux tiers de la longueur du
corps. Le premier article du pédoncule est un peu plus long que
la tête. Le second article est aussi long, mais beaucoup plus grêle
que le premier. Le troisième article atteint les deux tiers de la
longueur du second. Le flagellum, à peu près deux fois aussi
long que le pédoncule, comprend une cinquantaine d'articles,
garnis desoies très courtes au bord postérieur. Le flagellum acces-
soire (fig. 2, C), relativement allongé, se compose d'un article un
peu plus long que le premier article du flagellum principal, suivi
d'un petit article atteignant le quart de la longueur du premier.
On remarquera que le premier article du flagellum principal atteint
le double de la longueur de l'article suivant. Les antennes infé-
rieures atteignent à peu près la moitié de la longueur des antennes
supérieures. Le cinquième article du pédoncule est un peu plus
long que le quatrième. Le flagellum comprend une vingtaine
d'articles, garnis de courtes soies.
Les maxilles de la première paire (fig. 2, D) sont remarquables par
les soies spiniformes qui garnissent l'extrémité du lobe interne.
Ces soies sont au nombre de huit chez tous les exemplaires exami-
nés. Dans les maxilles de la deuxième paire, le lobe interne est un
peu plus court que le lobe externe. Les autres pièces buccales ne
diffèrent pas sensiblement de celles du N. Plateaui.
Les gnathopodes antérieurs (fig. 2, E) sont courts et robustes.
L'article basai, assez large, atteint à peu près la longueur de
l'ensemble des trois articles suivants. Le carpe présente, au bord
antérieur, un petit renflement garni de quelques soies. Le propode,
trapézoïdal, est un peu plus large que long. Une épine existe à
l'intersection des bords palmaire et postérieur. Le bord postérieur
SÉANCE DU 26 NOVKMBBE 1901
199
est, comme d'habitude, garni de touffes de soies spiniformes. Le
dactyle, peu courbé, plus long que le bord palmaire, porte, au
bord interne, une petite deut à peine visible à l'aide d'un fort
grossissement Les gnathopodes postérieurs (fig. 2, F) sont beaucoup
plus longs que les guatbopodes antérieurs. L'article basai atteint
le double de la longueur de l'ensemble des articles ischial et
meral. Le propode, beaucoup plus volumineux que celui des
gnathopodes précédents, affecte une forme à peu près triangu-
Fig. 2. — Niphargus Virei, femelle. B, plaque coxalede la 4e paire ; C, premier
article du flagelluin accessoire d'une antenne supérieure ; D, mâchoire de la
première paire; E, gnalopode antérieur; F, gnatopode postérieur; G, telson.
laire (1). Son bord palmaire, presque droit, est notablement plus
long que le bord antérieur. Le bord postérieur, fortement convexe,
porte de nombreuses touffes de soies. Deux épines existent à l'in-
tersection des bords palmaire et postérieur. Le dactyle, très
recourbé, ne dépasse pas l'extrémité du bord palmaire et peut
s'appliquer sur la face interne du propode. La dent du bord interne
du dactyle est rudimentaire.
(1) Chez les femelles un peu plus petites, ce propode est de même forme, mais
beaucoup plus grand, que le précédent.
200 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1901
Les pattes des troisième et quatrième paires, un peu plus lougues
que les gnathopodes postérieurs, sont garnies de nombreuses
petites épines. Le propode, un peu plus court que l'article méral,
est beaucoup plus long que le carpe. Les pattes suivantes, très
allongées, augmentent progressivement de longueur, de la
cinquième à la septième paire. L'article basai porte, au bord posté-
rieur, de petites crénelures garnies d'un cil. Le propode est beau-
coup plus long que le carpe. Le dactyle porte une petite soie au
bord interne.
Les branches des pléopodes, comprenant de nombreux articles,
sont à peu près d'égale longueur. Dans les uropodes de la première
paire, la branche interne, un peu plus lougue que la branche
externe, est beaucoup plus courte que le pédoncule. Les brandies
des uropodes de la deuxième paire sont aussi un peu inégales, la
branche interne, qui est la plus grande, atteignant la longueur du
pédoncule. Les uropodes de la troisième paire sont beaucoup plus
courts quelemétasome.La branche interne, rudimentaire, n'atteint
que la moitié de la longueur du pédoncule. Le second article de la
branche externe n'atteint qu'un peu plus du tiers de la longueur
du premier article. Le telson (fig. 2, G), un peu moins long que large
à la base, est fendu sur les deux tiers de sa longueur. Cette fente,
très ouverte, a plutôt l'aspect d'une profonde échancrure. Cinq
épines existent à l'extrémité de cbaque lobe et un groupe de trois
épines et d'une soie ciliée se trouve vers le milieu de chacun des
bords latéraux.
Mâle. — Je ne crois pas avoir vu un mâle complètement adulte
de cette espèce. Quelques mâles, un peu plus petits que la femelle
décrite ci-dessus, n'en différaient que parleur corps plus grêle, par
leurs antennes supérieures presque aussi longues que le corps et
par leurs uropodes de la dernière paire un peu plus allongés, mais
les proportions relatives des deux articles de la branche externe de
ces uropodes étaient les mêmes que chez la femelle. Les uropodes
de la dernière paire étaient brisés chez deux mâles de 33 millimètres
de long, provenant de la grotte de Beaume-les-Messieurs.
Habitat. — Ce Niphargus a été trouvé par M. Viré dans les grottes
de Beaume-les-Messieurs, d'Arbois et des Nans (Jura) et dans l'Aven
de Sauve (Gard). Le Dr Raymond l'a rencontré dans la grotte de la
Dragonnière (Ardèche). Enfin, M. Fournier l'aurait trouvé dans le
Doubs(l).
(I) A. Viré, l.a faune souterraine de France. Paris 10U0, p. 37. On trouvera dans
cet ouvrage les résultats d'intéressantes expériences physiologiques sur les organes
des sens des Niphargus.
SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1901 201
M. Viré nous apprend que le Niphargus Virei est tantôt blanc, tan-
tôt d'un blanc rosé ou d'un rose très prononcé (1). Un des tubes,
provenant de la grotte de Beaume-les-Messieurs, portait, la mention :
« vert jaunâtre ». La coloration de ce Niphargus est donc extrême-
ment variable.
AMPHIPODES DES EAUX SOUTERRAINES DE FRANCE ET D'ALGÉRIE
l'A H
ED. CHEVREUX
IV
Niphargus kochianus Sp. Bâte
J'ai reçu de M. Rapbaël Ladmirault un tube d'Ampbipodes, pro-
venant d'un puits de Cette (Hérault), et contenant une vingtaine
d'exemplaires de Niphargus kochianus Sp. Bâte. Cette petite
espèce a été récemment caractérisée d'une façon bien nette par
M. Chilton (2). On la reconnaît facilement à la forme de ses
gnathopodes, ainsi qu'à la grande longueur des lobes de ses maxil-
lipèdes. La pêche, effectuée dans la première quinzaine de juillet,
n'a ramené que des femelles, pour la plupart ovifères, dout les
plus grandes atteignaient 6 millimètres de longueur. Le mâle de
cette espèce, qui n'a été vu ni par Sp. Bâte, ni par M. Chilton,
nous est donc encore inconnu.
Niphargus fontanus Sp. Bâte.
Parmi les Niphargus kochianus, provenant du puits de Cette dont
il est question ci-dessus, se trouvaient quelques Amphipodes d'une
espèce bien différente, et que je crois devoir assimiler au Niphargus
fontanus Sp. Bâte (3). M. Chilton, n'ayant pu examiner un seul
exemplaire de cette espèce, l'a simplement mentionnée dans son
mémoire sur les Niphargus des Iles Britanniques. J'ai été assez
heureux pour trouver, parmi les quelques spécimens contenus
(1) A. Viré, loc. cit., p. 39 et p. 100.
(2) Chilton. The subterranean Amphipoda of the British Isles. linn. Soc.
Journal. Zoology, XXVIII, 1900, p. 150, pi. XVII, fig. 2 et pi. XVIII, (ig. 2 et 3.
(3) Bâte, Catalogue of the spécimens of Amphipodous Crustacea in the collection
of the British Muséum, Londres 1862, p. 175, pi. XXXII, fig. 2.
202
SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1901
dans le tube, un mâle semblant adulte et deux femelles ovifères.
La description qui suit ne concorde pas absolument avec celle de
Sp. Bâte. En particulier, les propodes des gnathopodes sont de
forme moins allongée que ne le montrent les figures du catalogue
et celles de l'ouvrage de Bâte et Westwood (1), mais on sait qu'il
n'est pas possible de se fier absolument aux figures de ces ouvrages,
dont le peu d'exactitude a été maintes fois signalé.
Mâle. — Le corps, peu comprimé, mesurait 6 millimètres de
Fig. i. — Niphargus font anus. Mâle, vu du côté gauche.
longueur, dans la position où il est figuré (fig. 1). Le bord dorsal
postérieur des segments du métasome et de l'urosome ne porte ni
soies, ni épines. La tête, presque aussi longue que l'ensemble des
deux premiers segments du mésosome, présente des lobes latéraux
assez proéminents, arrondis à l'extrémité. Les plaques coxales des
quatre premières paires, très larges, sont bordées de petites épines.
Les plaques coxales de la quatrième paire ne sont pas échancrées
;ui bord postérieur. Les plaques épimérales des trois segments du
métasome se terminent en arrière par un petit crochet aigu, garni
d'une épine.
1 1 liritish sessile-eyed Crustacea, Londres 1863, vol. I, p. 319.
SÉANCK DU 26 NOVEMBKR 1901
203
Les exemplaires, conservés dans l'alcool, ne présentent pas
trace d'organes de vision. Les antennes supérieures n'atteignent
pas tout à fait la longueur de l'ensemble de la tète et du mésosome.
Le premier article du pédoucule est de la longueur de la tète. Le
second article est un peu plus court que le premier. Le troisième
article n'atteint pas tout à fait la moitié de la longueur du second.
Le flagellum principal comprend vingt-trois articles absolument
glabres. Le flagellum accessoire, bi-articulé, n'atteint pas tout à fait
Fig. 2. — Niphargus fontanus. A, gnathopode antérieur d'une femelle ovifère ;
B, gnathopode postérieur d'une femelle ovifere ; C, telson ; D, urosome,
uropodes et telson d'une femelle ovifère.
la longueur de l'ensemble des deux premiers articles du flagellum
principal. Le pédoncule des antennes inférieures est un peu plus
long que celui des antennes supérieures. Son cinquième article
n'atteint pas tout à fait la longueur du quatrième. Le flagellum
comprend neuf articles, garnis de petites touffes de soies.
Les mandibules, larges et courtes, présentent un processus
molaire peu saillant, séparé du bord tranchant par une rangée de
six épines. Le palpe est gros et court. Son troisième article, un peu
plus long que le second, porte une rangée de petites épines au bord
204 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1901
interne et se termine par trois longues soies. Les maxiiles de la
première paire sent peu développées. Le lobe interne ne porte
qu'une seule soie à son extrémité. Le lobe externe est armé de sept
épines assez faibles. Le palpe, bi-articulé, dépasse à peine le lobe
externe et ne porte que trois soies à son extrémité. Les maxiiles
de la deuxième paire, un peu plus longues que les maxiiles précé-
dentes, présentent des lobes d'égale taille. Le lobe externe des
maxillipèdes atteint un peu au delà du milieu du second article du
palpe.
Les gnathopodes sont semblables dans les deux sexes. Les figures
2, A et 2, B, ci-jointes, représentent les gnathopodes d'une femelle
ovifère. L'article basai des guatbopodes antérieurs, large et court,
présente un bord postérieur fortement convexe. Le carpe, un peu
plus long que large, est quadrangulaire. Le propode, piriforme,
est presque aussi large que long. Le bord palmaire est séparé du
bord postérieur par deux épines d'inégale taille. Le bord posté-
rieur, fortement convexe, porte quelques touffes de longues soies.
Le dactyle, un peu plus long que le bord palmaire et terminé en
pointe aiguë, porte une dent assez accentuée au bord interne. Les
gnathopodes postérieurs sont beaucoup plus longs que les gnatho-
podes antérieurs. Le carpe est plus de deux fois aussi loug que
large. Le propode, plus volumineux que le précédent, affecte une
forme un peu différente. Il est plus allongé. Le bord palmaire, très
oblique, presque aussi long que le bord antérieur, est séparé du
bord postérieur par une grande épine. Le dactyle, très grêle, est
plus long que le bord palmaire.
Les pattes des troisième et quatrième paires ne présentent rien
de particulier. Les pattes des trois dernières paires croissent pro-
gressivement en longueur, de la cinquième à la septième. Les
dactyles des pattes des cinq dernières paires portent une petite
épine au bord interne.
Les branches des uropodes de la première paire, beaucoup plus
courtes que le pédoncule, sont d'égale longueur. Dans les uropodes
de la deuxième paire, les branches sont, à peu près de la longueur
du pédoncule. Les uropodes de la dernière paire sont aussi longs
que l'ensemble du métasome et de l'urosome. La branche interne,
très courte, n'atteint que la moitié de la longueur du pédoncule.
Le premier article de la branche externe porte quelques petites
épines. Le deuxième article, un peu plus long que le premier, ne
porte qu'une touffe de soies à son extrémité. Le telsou (lig. 2, C), à peu
près aussi long que le pédoncule des uropodes de la dernière paire,
SÉANCE DU '11') NOVEMBRE 1901 208
est fendu sur plus des deux tiers de sa Longueur. Chacun de ses
lobes est armé de deux épines terminales. Une soie simple et une
soie ciliée se trouvent sur chacun de ses bords latéraux.
Femelle. — La femelle, un peu plus petite que le mâle, n'en
diffère que par la forme de ses uropodesde la dernière paire (fig. 2, D).
Ces uropodes, beaucoup plus allongés que ceux des femelles des
espèces précédemment décrites, atteignent plus du double de la
longueur de l'urosome. Le premier article de la branche externe
est trois fois aussi long que le pédoncule. Le second article atteint
les deux tiers de la longueur du premier. Les deux articles sont
garnis de nombreuses épines.
SUR DEUX ESPÈCES DE PSEUDOSCORPIONS DE L'ASIE
PAR
EDV. ELLINGSEN, de Kragerô-Norvège
Dans une petite collection de Pseudoscorpions exotiques, que je
reçus ce printemps de MM. les D™ Staudinger et Bang-Haas (de
Blasewitz-Dresde), se trouvaient deux exemplaires provenant de
l'Asie, l'un de Madras (Inde) et l'autre de Bornéo. J'ai identifié le
premier avec Chelifer orites Thorell ; l'autre est d'un intérêt plus
grand. C'est une espèce nouvelle de Chelifer, appartenant à un petit
groupe, qui se distingue en ce que les mâles ont plusieurs segments
abdominaux dorsaux relevés latéralement en carènes (comme les
Polydesmides chez les Myriapodes) et en ce que la dernière strie
transversale du céphalothorax est plus profonde que la première. Le
premier qui a décrit une espèce avec ces caractères est M. E. Simon (1),
qui a même créé d'après ces caractères un genre nouveau, Lopho-
chernes. L'espèce de Simon, Lophochernes bicarinatus, avait été trou-
vée vivante à Paris « dans une caisse arrivant directement du
Japon», ce qui lui fit conclure avec justesse que l'espèce appar-
tenait en propre à la faune du Japon. Après M. Simon, M. H.-J.
Hansen s'est occupé de cette question (2). Il indique que ces carac-
tères existent chez deux espèces connues de lui : chelifer granulatus
C. L. Koch (= Ch. cancroides L.) et Chelifer depressus C. L. Koch ;
M. Hansen est le seul qui, après C. L. Koch, ait eu la dernière
(1) E. Simon, Description d'un genre nouveau de la famille des Cheliferitlae
Bull. Soc. Zool. de France, III, pp. 66-67, 1878.
(2) Arthrogastra dcmica (In Schioedte, Naturh. Tidsskr. 1884,3. R. XIV).
206 SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1901
espèce sous les yeux ; mais il ne mentionne pas sur quoi il a fixé
l'identité. La seule chose de la description de Koch (1) qui puisse
indiquer que les plaques tergales seraient carénées, c'est que selon
lui l'abdomen a « die Schildringe flach, fastdurchziehend ». Chelifer
tampropsalis L. Koch aurait aussi, comme les précédents, d'après
M. Hansen, quelques segments dorsaux un peu carénés. Il n'y a
pas d'autres espèces connues ayant des plaques tergales carénées.
Sur les individus norvégiens de Chelifer cancroides les carènes sont
assez faibles (2) ; les carènes de l'espèce, décrite ci-dessous Chelifer
borneoensis, sont beaucoup plus fortes. Chez Chelifer cancroides les
griffes des pattes sont généralement pourvues d'une petite dent;
chez Chelifer depressus, d'après M. Hansen toujours, et chez Chelifer
lampropsalis, d'après le même auteur, l'une des griffes de la première
paire de pattes est aussi pourvue d'une petite dent. M. Simon ne
mentionne pas ce caractère chez Luphochernes bicarinatus ; chez
Chelifer borneoensis les griffes sont simples. Ces deux caractères,
les carènes des segments dorsaux et les dents aux griffes ne se
trouvent donc pas toujours rassemblés.
Chelifer borneoensis nov. sp.
Deux yeux distincts, un de chaque côté.
Le corps ovale, l'abdomen assez élargi.
Tout l'animal brun, les pattes-mâchoires et les plaques tergales
un peu plus obscures et particulièrement la première partie du
céphalothorax.
Céphalothorax un peu plus long que large, se rétrécissant légère-
ment en avant, depuis la partie postérieure, le bord antérieur
arrondi, un peu tronqué dans le milieu; deux stries transversales,
très fortes, la première légèrement courbée en avant et située
environ au milieu du céphalothorax, la seconde plus profonde que
la première, droite et plus rapprochée du bord postérieur que de
la première strie ; céphalothorax brillant, presque lisse, pourvu de
poils très dispersés, plus denses sur la première partie, courts,
tronqués, d'une épaisseur homogène, parfois un peu dentés à
l'extrémité, le bord postérieur du céphalothorax terminé latérale-
ment en pointe.
L'abdomen possède onze segments dorsaux; les cinq premiers
chagrinés, courts et relevés sur les côtés en forme de carènes
(1) C. L. Koch. Die Arachniden, X, p. 58.
Ci) M. E. Simon dit de cette espèce que le bord des segments dorsaux est « pau-
lulum dilatatus et carinalus » {Mission scientifique du Cap Horn. Arachnides,
Paris, 1887).
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 11)01 207
(presque comme chez les Polydesmides parmi les Myriapodes), la
première part de l'abdomen devenant ainsi un peu plane eu-dessus,
les bords des carèues sont entiers et coupés obliquement parce que
ces cinq plaques tergales s'élargissent en arrière ; sur le bord
postérieur de chaque segmeut dorsal, une série de poils courts de
la même sorte que sur le céphalothorax, et sur chaque bord latéral se
trouve un poil. Le 6e segment dorsal a aussi une petite carène laté-
rale, mais moins forte que les ciuq premiers et forme ainsi un
passage aux cinq derniers, qui sont ordiuaires, un peu chagrinés
aussi, mais plus légèrement; les six derniers segments sont aussi
plus longs que les premiers, les deux derniers moius larges que les
précédents. L'arrangemeut des poils est identique à celui des pre-
miers segments. Tous les segmeuts dorsaux sont brillants, divisés
lougitudinalement par une fine ligne, assez indistincte, sauf le
dernier et le premier qui sont entier. Les segments ventraux sont
aussi divisés longitudinalement (excepté le dernier), chagrinés et
pourvus de poils de la même sorte.
Pattes-mâchoires un peu plus longues que le corps, grêles, très
brillantes, très finement chagrinées ou presque lisses, la main et
les doigts entièrement lisses; trochanterà pédicule fort, un peu
plus long que large, le bord antérieur fortement convexe, le bord
postérieur un peu convexe au milieu. Fémur à pédicule fort, envi
ron aussi large que le trochanter, environ trois fois plus long que
large, le bord antérieur presque droit depuis le pédicule, un peu
concave seulement vers l'extrémité ; le bord postérieur régulière-
ment et médiocrement convexe. Tibia à pédicule fort, un peu plus
court au delà du pédicule, et environ aussi large que le fémur ; le
bord extérieur légèrement et régulièrement convexe, le bord
interne d'abord presque droit et dans la seconde moitié convexe.
La main à pédicule fort, environ de la longueur du tibia, sans
pédicule et environ une fois et demie plus large; la base arrondie et
un peu oblique; légèrement convexe sur les deux côtés, le bord
interne s'atténuant régulièrement vers les doigts, le bord externe
un peu rompu à la base des doigts (vu au-dessus). Les doigts
environ aussi longs que la main, forts, un peu courbés (vus
au-dessus) ; si on les voit de côté, on voit qu'ils sont courbés, de
sorte que les pointes se touchent quand la pince est fermée, et il y a
un intervalle entre eux, et les doigts sont courbés, le doigt mobile
le plus fortement; l'intervalle est au plus d'environ uu quart de la
longueur(chez Lophochernesbicarinatus il semble uu peu plus large);
le bord interne du doigt mobile est pourvu, dans environ deux tiers
2Û8 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1901
ou trois quarts de la longueur, depuis l'extrémité, d'une série dense
de dents courtes, le bord interne du doigt fixe est pourvu de
pareilles dents presque à la base.
Pattes mâchoires pourvues de poils courts, un peu dentés, de
même longueur ; sur les doigts quelques-uns très longs entremêlés.
Le doigt mobile des petites cliélicères un peu atténué jusqu'à l'ex-
trémité; galea droite, médiocrement forte, et pourvue de quelques
dents fines, plus près de l'extrémité, particulièrement au-dessous.
Les quatre paires de pattes ont des trochnntins distincts ; le fémur
des deux dernières paires de pattes plus fort que celui des deux
premières, le bord postérieur des hanches de la dernière paire de
pattes un peu concave. Les pattes pourvues de poils assez longs,
simples, partiellement finement denticulés ; surtout serrés au
niveau du bord interne et des tarses. Les griffes simples. Lon-
gueur 2mm, largeur à peine lmm. Un ex. (à*) de Bornéo.
L'espèce nouvelle diffère de Lophochernes hirarinatus E. Simon
surtout en ce que la dernière espèce possède les caractères suivants:
« trochanter beaucoup plus long que large au-delà du pédicule,
son bord antérieur presque droit », fémur « légèrement et graduel-
lement élargi dès la base, sans pédicule distinct ». et le doigt
mobile « fortement arqué en demi-cercle », d'ailleurs elle est un
peu plus grande. De la galea M. Simon, dans sa description assez
brève, ne dit rien.
Chelifer orites Thorell
Subgenus Atemnus
1889. Chelifer orties Thorell, Aracnidi artrogastri Birmani, Ann.
Mus. Civ. Genova VII, p. 597, tav. V., fig. 7.
Pas d'yeux, mais des taches oculaires.
Le corps un peu allongé.
Céphalothorax brun foncé, un peu plus clair en arrière ; les seg-
ments dorsaux et les pattes-mâchoires brun foncé, les segments
ventraux brun plus clair; les autres parties claires.
Céphalothorax sans stries transversales, distinctement plus long
que large, les bords presque parallèles excepté la première partie
qui est également arrondie ; en avant, cependant, un peu tronqué ;
un peu brillant, avec quelques poils, dispersés, forts.
Les trois premiers segments dorsaux de l'abdomen plus courts
que les autres , le dernier segment entier, les trois premiers avec
une incision anguleuse en arrière, les autres segments divisés
longitudinalement ; peu de poils sur quelques-uns des bords late-
SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1901 209
raux, sauf sur le dernier segment où il y en a plusieurs. Les seg-
ments ventraux, qui sont divisés aussi, excepté le premier et le
dernier, ont quelques poils le long des bords postérieurs.
Pattes-mâchoires fortes, distinctement plus courtes que le corps,
un peu brillantes; trochaoter et fémur distinctement chagrinés;
tibia fortement chagriné vers l'extrémité, le reste lisse ; la main
au bord interne assez distinctement, et pour le reste très légère-
ment chagrinée. Trochanter à pédicule fort, un peu plus long que
large, le bord externe convexe, au bord interne et en-dessus un peu
conique. Fémur à pédicule fort, court, environ deux fois plus long
que large, le bord antérieur d'abord légèrement convexe, ensuite
légèrement concave, le bord postérieur fortement et régulièrement
convexe, un peu atténué vers l'extrémité. Tibia à pédicule long et
fort, un peu plus court et un peu plus large que le fémur, au delà
du pédicule seulement un peu plus long que large, fortement
arrondi sur les deux côtés, surtout vers la base au niveau du bord
interne et surtout vers l'extrémité au niveau du bord externe. La
main environ une fois et demie plus longue et un peu plus large
que le tibia, presque sans pédicule, à base large un peu oblique
sur les deux côtés très légèrement convexes, plus convexe sur le
bord interne, s'atténuant graduellement vers les doigts courbés,
forts, qui ne sont que de la demi-longueur de la main.
Pattes-mâchoires irrégulièrement et pauvrement pourvues de
poils longs et courts; sur les doigts quelques poils très longs,
.entremêles.
Le doigt mobile des chélicères a le bord externe entièrement
droit, et le bord interne légèrement concave. Galea assez forte,
droite et à l'extrémité et le long du dernier tiers du bord inférieur
pourvue de quelques dents fines.
Les pattes poilues, surtout au niveau des tarses; le fémur des
deux dernières paires de pattes médiocrement fort; les griffes
simples.
Longueur omm.
Un exemplaire de Madras (Inde).
La seule différence remarquable entre cet individu (9) et la
description de M. Thorell est, que l'animal de Thorell avait le
bord externe de la main très distinctement chagriné, tandis que
l'exemplaire de Madras a le bord interne distinctement chagriné et
le bord externe presque lisse.
Le type de M. Thorell provenait de Mooleyit en Burma.
Bull. Soc. Zool. de Fr., 1901. xxvi. — 16.
210
Séance du 10 Décembre igoi
PRÉSIDENCE DE M. LE Dr TROUESSART, PRÉSIDENT
M. le professeur R. Blanchard s'excuse par lettre de ne pouvoir
assister à la séance. Il prie le secrétaire général de vouloir bien le
remplacer pour faire le rapport verbal sur les personnes présentées
au titre de membres honoraires.
M. le Secrétaire général fait circuler dans l'assistance un portrait
à la plume de notre Président, exécuté par Mlle Trouessart et qui
sera publié dans le dernier fascicule du Bulletin de l'année 1900.
Il présente également la photographie d'une jeune Négresse pie,
native de la Louisiane, exposée actuellement chez Barnum et
Bailey, et dont l'observation sera ajoutée à la note en cours de
publication de M. le Dr Neveu-Lemaire.
A la suite d'un rapport verbal de M. le secrétaire général,
M. Fabre, d'Avignon ; M. le professeur Grassi, de Rome ; M. le
professeur Isao Ijima, de Tokio, M. le professeur F.-E. Schulze,
de Berlin, présentés à la précédente séance, sont proclamés mem-
bres honoraires.
La Société autorise M. le secrétaire général à offrir la présidence
d'honneur de l'assemblée générale de 1902 à M. le professeur
Perroncito, de Turin.
M. Robert, au nom de M. Lanceplaine, offre à la Société une
série très complète de tirés à part de M. H. de Lacaze-Duthiers.
M. le Président prie M. Robert de vouloir bien se faire l'inter-
prète de la Société et remercier M. Lanceplaine de sa générosité.
A propos d'un Guide de l'entomologiste à Madagascar offert à la
Société par M. Alluaud, M. le Dr Guiart exprime le vœu que dans
une prochaine édition, M. Alluaud cousacre un court chapitre aux
Insectes parasites de l'Homme que l'on rencontre à Madagascar, et
qui sont encore très peu connus.
M. Secques demande à ce propos si la Société Zoologique ne
pourrait pas prendre l'initiative d'une publication relatant sous
une forme très restreinte les desiderata des Zoologistes. Une petite
brochure dans le genre de celle publiée par M. Alluaud donnerait
quelques indications sur la façon de faire des récoltes et des
/
Docteur Edouard TROUESSART
Président i>e la Société Zoologique de France
1901
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 4901 241
chasses et les animaux sur lesquels devraient porter les investi-
cations des fonctionnaires coloniaux.
A ce propos M. Secques donne lecture d'une lettre que lui a
adressée M. J. Waddy. agent de culture au jardin botanique de Saint-
Pierre, Martinique.
M. Waddy a lu dans notre Bulletin l'annonce des prix réservés aux
fonctionnaires coloniaux, il en a fait part à quelques-uns de ses
amis, et sans attendre leur réponse, il s'engage lui-même, sans
compter sur aucune récompense, à adresser à ceux qui lui en font
la demande les échantillons qu'ils pourraient désirer. Pour cela il
suffît de lui adresser des instructions nécessaires.
C'est là une initiative qu'il serait bon d'encourager, cette offre
toute spontanée venant d'une personne qui s'intéresse à la Zoo-
logie.
Le Muséum s'est déjà adressé à M. Waddy sur la présentation de
M. Secques.
AMPHIPODES DES EAUX SOUTERRAINES DE FRANCE ET D'ALGÉRIE
PAR
ED. CHEVREUX
PSEUDONIPHARGUS AFRICANUS 110V. géU. et Sp.
Au premier abord, cet Amphipode offre l'aspect d'un véritable
Niphargus. Il faut le regarder de très près pour constater que la
branche externe des uropodes de la dernière paire du mâle, qui
semble composée de deux articles très allongés, est, au contraire,
uniarticulée, l'appendice qui simule le premier article de la
branche externe n'étant autre que le pédoncule, extrêmement
développé, de l'uropode. En dehors de cette conformation si parti-
culière, le nouveau genre est encore caractérisé par la forme très
différente des propodes de ses gnathopodes antérieurs et postérieurs.
L'examen des exemplaires vivants permet de constater que leur
mode de progression diffère absolument de celui des Mphargus.
On sait que ces derniers, lorsqu'ils ne nagent pas, rampent assez
péniblement sur le côté. Les Pseudoniphanjus courent avec assez
d'agilité sur le fond du vase qui les contient, la progression s'effec-
tuant surtout à l'aide des pattes des troisième et quatrième paires,
212
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901
qui s'agitent vivement sous le mésosome, tandis que les pattes des
trois dernières paires, très écartées du corps, ne font que de faibles
mouvements et semblent servir surtout à maintenir l'équilibre.
Pendant la marche, les longs uropodes de la dernière paire du
mâle traînent derrière l'animal.
Le corps et tous les appendices de ces petits Amphipodes sont
d'un blanc opalescent translucide, sur lequel le tube intestinal se
détache en brun jaunâtre.
Mâle. — Le corps (fig. 1), beaucoup moins comprimé que celui
Fig. 1. — Pseudoniphargus africanus. Mâle, vu du côté gauche.
des Niphargus, mesurait 8 millimètres chez l'exemplaire figuré ici.
C'est la taille du mâle adulte. J'en ai examiné plusieurs centaines
d'exemplaires, capturés à diverses époques de l'année, sans en
trouver de plus grands. Le bord dorsal postérieur de chacun des
segments du mésosome porte une petite soie à peine visible. Les
segments de l'urosome ne portent pas d'épines.
La tête, aussi longue que l'ensemble des deux premiers segments
du mésosome, présente une petite projection rostrale. Ses lobes
latéraux, assez proéminents, sont larges et arrondis à l'extrémité.
Les plaques coxales des quatre premières paires, beaucoup plus
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901 213
hautes que les segments correspondants du mésosome, portent
quelques petites épines au bord inférieur. Les plaques coxales de
la première paire, très larges, s'étendent presque jusqu'aux angles
postérieurs de la tête. Les plaques coxales de la quatrième paire
sont un peu échancrées au bord postérieur pour recevoir les plaques
coxales suivantes. Les plaques épimérales des trois segments du
métasome se terminent en arrière par un petit crochet aigu et
portent quelques spinules au bord postérieur.
Les yeux, très imparfaitement constitués, sont représentés par
une tache d'un jaune orangé, de forme irrégulière et assez variable.
Chez certains exemplaires, les petites taches arrondies, situées au
bord postérieur de l'œil (fig. l),sont isolées de la tache principale (1).
Les antennes supérieures atteignent la longueur de l'ensemble
de la tête et du mésosome. Le premier article du pédoncule est
presque aussi long que la tête. Le second article atteint les deux
tiers de la longueur du premier. Le troisième article est un peu
plus court que le second. Le flagellum principal comprend environ
vingt-cinq articles. Le flagellum accessoire, bi-articulé, est un peu
plus court que le premier article du flagellum principal. Les
antennes inférieures n'atteignent pas la moitié de la longueur des
antennes supérieures. Le cinquième article du pédoncule est plus
grêle et plus court que le quatrième article. Le flagellum, com-
prenant sept articles, est un peu moins long que l'ensemble des
deux derniers articles du pédoncule. Les antennes ne portent pas
de calcéoles.
La lèvre antérieure est régulièrement arrondie. Les lobes internes
de la lèvre postérieure sont bien développés. Les mandibules
(fig. 2, A), courtes et robustes, présentent un processus molaire très
proéminent. Le bord tranchant est armé de quatre fortes dents. Le
lobe accessoire de la mandibule droite porte de fines denticulations,
suivies d'une grosse dent obtuse. Le lobe accessoire de la mandibule
gauche est armé de quatre dents. Le palpe est assez allongé. Son
troisième article, un peu plus court que le second, porle quelques
longues soies spiniformes et se termine par une rangée de petites
épines , accompagnées d'une grosse épine bi-articulée, dont le
premier article est finement cilié au bord interne. Dans les maxilles
de la premièce paire (fig. 2, B), le lobe interne porte deux longues
soies à sou extrémité. Le lobe externe, armé de sept épines, pré-
sente quelques cils au bord interne. Le palpe, bi-articulé, porte
(1) M. Armand Viré doit publier prochainement un travail sur l'anatomie et la
physiologie des organes des sens de cette espèce.
214
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901
une rangée de cils au bord externe et se termine par une touffe
d'épines. Le lobe externe des maxilles de la deuxième paire (fig. 2, C)
est plus long et beaucoup plus large que le lobe interne. Trois des
soies du lobe externe, plus longues que les autres, sont finement
Fig. 2. — Pseudoniphargus africanus. A, mandibule droite; B, maxille de la
première paire; C, maxille de la deuxième paire; D, maxillipède ; E, gnatho-
pode antérieur d'un mâle ; F, gnatopode postérieur d'un mâle ; G, telson ;
H, partie postérieure du corps d'une femelle ovifère; K, plaque épimérale
du troisième segment du métasome d'un exemplaire de Kef Djemel.
ciliées. Le lobe interne porte cinq cils au bord interne. Le lobe
interne des maxillipèdes (fig. 2, D), remarquablement long, porte
quelques soies à son extrémité. Le lobe externe n'atteint pas tout
à fait l'extrémité du second article du palpe. Le premier article du
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901 215
palpe, très court, n'atteint guère que le quart de la longueur du
second article. Le quatrième article, assez gros à la base, se termine
brusquement en pointe aiguë.
Les gnathopodes antérieurs (fig. 2, E) ne sont pas très développés.
Le propode, beaucoup plus long que le carpe, affecte une forme
trapézoïdale. Le bord palmaire, aussi long que le bord postérieur,
forme avec lui un angle à peu près droit, près duquel se trouvent
trois épines fourchues. Le bord postérieur est concave. Le dactyle,
robuste et peu courbé, porte deux longs cils au bord externe. Les
gnathopodes postérieurs (fig. 2, F), beaucoup plus robustes que les
gnathopodes précédents, sont de forme très différente. Le carpe est
relativement plus court. Le propode, très volumineux, est ovalaire.
Son bord palmaire est séparé du bord postérieur par deux grosses
épines obtuses, garnies d'un cil. Le dactyle, fortement courbé,
porte un long cil au bord externe.
Les pattes des troisième et quatrième paires, un peu plus longues
que les gnathopodes postérieurs, sont semblables entre elles. L'ar-
ticle méral et le propode sont d'égale longueur; le carpe est beau-
coup plus court. Les pattes de la cinquième paire, très réduites,
sont un peu plus courtes que les pattes précédentes. L'article basai,'
largement ovale, porte, au bord postérieur, de petites crénelures
garnies d'un cil. Les pattes de la sixième paire, beaucoup plus
longues que les pattes précédentes, sont plus courtes et moins
robustes que celles de la septième paire. Le propode de ces der-
nières pattes est très allongé.
Les pléopodes sont assez courts et leurs branches, d'égale taille,
ne comprennent qu'un petit nombre d'articles. Dans les uropodes
des deux premières paires, la branche externe est un peu plus
courte que la branche interne. Le pédoncule des uropodes de la
troisième paire est beaucoup plus long que l'urosome. La branche
interne, absolument rudimentaire, est représentée par une petite
écaille, moins longue que la largeur de la branche externe. Cette
dernière, beaucoup plus grande que le pédoncule, atteint à peu
près la longueur du métasome. Elle se termine par une petite
touffe de soies.
Le telsou (fig. 2, G), un peu plus hirge que long, presque rectangu-
laire, présente, au bord distal, une petite échancrure arrondie, de
chaque côté de laquelle se trouvent quatre épines d'inégale taille.
Deux petits cils existent vers le milieu de chacun de ses bords
latéraux.
Femelle. — Un peu plus petites que les mâles, les femelles ovifères
216 SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901
mesurent environ 6 millimètres. Leurs gnathopodes sont semblables
à ceux des mâles, bien qu'un peu plus petits. La seule différence
sexuelle consiste dans la forme des uropodes de la dernière
paire (fig. 2, H). Le pédoncule de ces uropodes est à peine plus long
que le telson. La branche interne, rudimentaire, n'atteint que la
moitié de la longueur des épines qui l'accompagnent. La branche
externe n'est pas plus longue que l'ensemble des deux premiers
segments de l'urosome.
Habitat. — J'ai trouvé de nombreux exemplaires de cette espèce
dans un puits situé aux environs de Bône, à quelques centaines de
mètres de la mer. L'eau de ce puits est légèrement saurnàtre. Un
autre puits.de la même propriété, plus rapproché de la mer d'une
centaine de mètres, et dont l'eau est un peu plus saurnàtre, ne
contient pas d'Amphipodes. J'ai aussi reçu d'un de mes amis,
M. Paul Soual, un certain nombre d'exemplaires de la même
espèce, trouvés dans uue source souterraine, à Kef Djemel, par
Medjez-Sfâ, dans les montagnes des Beui-Salah, à environ 600 mètres
d'altitude. Ces exemplaires constituent une variété locale, ne
différant du type que par la forme des plaques épimérales des
segments du métasome. Ces plaques (fig. 2, K), terminées en arrière
par un crochet très accentué, portent, au bord postérieur, un
second crochet, plus petit, situé un peu au-dessus du premier.
AMPHIPODES DES EAUX SOUTERRAINES DE FRANCE ET D'ALGÉRIE
PAR
ED. CHEVREUX
VI
? Gammarus rhipidiophorus Gatta.
J'ai trouvé la curieuse espèce dont la description suit pendant
un séjour du yacht Melita au mouillage de la Galite, en juillet 1901.
Située à 70 milles (130 kilomètres) de Bône et à 21 milles (39 kilo-
mètres) du point le plus rapproché de la côte, la Galite est une île
très escarpée, constituée par des roches volcaniques. Elle a un peu
plus de 5 kilomètres de long et le plus élevé de ses deux pics
atteint 393 mètres de hauteur. Un sentier abrupt conduit de la
plage à un groupe de maisons, habitées par des Italiens, pêcheurs
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901 217
de Langoustes. C'est auprès de ces maisons, à une altitude d'environ
100 mètres, que se trouve une des sources d'eau douce de l'île.
La petite mare que forme cette source, à sa sortie de terre, est
habitée par des Amphipodes appartenant à trois espèces différentes.
Quelques exemplaires à'Orchestia littorea (Mont.) se trouvent dans
la terre humide des bords et de nombreux Gammarus Simoni Che-
vreux (1), forme très commune dans les ruisseaux d'Algérie et de
Tunisie, rampent sur le côté, au fond de l'eau. Parmi ces derniers,
facilement reconnaissables à leur forme robuste et à leur couleur
vert jaunâtre, relevée par de petites taches rouges sur les plaques
épimérales du métasome, se trouvaient quelques Gammarus, de
forme plus grêle et plus allongée, et de couleur très différente. Ces
Amphipodes présentent deux caractères bien particuliers : Leurs
pattes de la troisième paire, beaucoup plus longues que les pattes
de la paire suivante, portent, au bord postérieur, une épaisse
rangée de longues soies, et les uropodes de la première paire,
beaucoup plus courts que les uropodes suivants, sont de forme
absolument anomale.
Ces deux caractères existent chez le Gammarus rhipidiophorus
Catta (2), trouvé à La Ciotat (Bouches du-Rhône), clans un puits
situé à une centaine de mètres de la mer, et tout porte à croire
que c'est bien cette espèce qui habite la Galite. Malheureusement,
la description, fort incomplète, du G. rhipidiophorus, n'est accom-
pagnée d'aucune figure et nous ne savons rien des antennes, des
pièces buccales, des gnathopodes et des pattes des trois dernières
paires. Il n'est donc pas possible d'affirmer l'identité des deux
formes. Néanmoins, cette identité est tellement probable que je
crois préférable de l'admettre provisoirement, pour ne pas ajouter
un nouveau nom spécifique, de valeur douteuse, à la synonymie,
déjà si encombrée, des Amphipodes.
Voici la description du Gammarus de la Galite.
Mâle. — Le corps (fig. 1), grêle et comprimé, mesure environ
6 millimètres. Sa couleur est d'un blanc jaunâtre translucide,
teinté de rose sur les plaques épimérales du métasome et sur
l'urosome. Le mésosome et le métasome sont lisses. Cinq petites
épines sont fixées au bord dorsal postérieur de chacun des deux
premiers segments de l'urosome. Le troisième segment n'en porte
(1) Gammarus Simoni nov. sp., Amphipode des eaux douces d'Algérie et de
Tunisie. Bull, de la Soc. Zool. de France, XIX, 189i, p. 171.
(2) Sur un Amphipode nouveau, le Gammarus rhipidiophorus. Actes de la
60' session de la Soc. Helv. des Se. nat., Bex, août 1877, p. 257.
218
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901
que deux. La tête, presque aussi longue que l'ensemble des deux
premiers segments du mésosome, présente des lobes latéraux peu
saillants, tronqués au bord antérieur. Les plaques coxales des
quatre premières paires sont un peu plus hautes que les segments
correspondants du mésosome. Les plaques épimérales du troisième
segment du métasome, largement arrondies en arrière, portent
trois épines au bord inférieur et quelques petites crénelures,
garnies d'un cil, au bord postérieur.
Les yeux, bien conformés, ovales, sont d'un brun marron. Les
antennes supérieures sont aussi longues que l'ensemble de la tête
Fig. 1. — ? Gammarns rhipidiophorus Catta. Mâle, vu du côté gauche.
et des cinq premiers segments du mésosome. Le second article du
pédoncule est presque aussi long, mais beaucoup plus étroit que
le premier. Le troisième article atteint un peu plus de la moitié
de la longueur du second. La flagellum principal comprend une
trentaine d'articles garnis de nombreuses petites soies. Le flagellum
accessoire, aussi long que l'ensemble des deux premiers articles
du flagellum principal, se compose de trois articles, dont le dernier
est rudiinentaire. Les antennes inférieures atteignent les deux tiers
de la longueur des antenues supérieures. Les deux derniers articles
du pédoncule sont d'égale taille. Le flagellum comprend dix
articles. Les antennes ne portent pas de calcéoles.
Les pièces buccales sont bien celles du (iaminarus typique et
correspondent absolument à la diagnose qui en a été donnée par
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901
219
Wrzesniowski (1). Les mandibules sout courtes et robustes. Le lobe
interne des maxilles antérieures, très large, est bordé de treize soies
ciliées. Le lobe externe porte une rangée de soies au bord interne.
Le palpe de la maxille droite, très large, se termine par six grosses
dents. Celui de la maxille gauche, beaucoup plus étroit, se termine
par une touffe d'épines. Le lobe interne des maxilles postérieures
porte une rangée de soies ciliées au bord interne. Le lobe interne
Fig. 2. — ? Gammarus rhipidiophorus Catta, mâle. A, gnathopode antérieur;
B, gnathopode postérieur; C, patte de la troisième paire ; D. uropode de la
première paire ; E, uropode de la dernière paire ; F, telson.
des maxillipèdes porte de longues soies ciliées au bord interne ;
son extrémité est armée de trois fortes dents.
Les gnathopodes antérieurs (fig. 2, A) sont assez robustes. Le pro-
pode, subovale, est un peu plus long que le carpe. Le bord palmaire,
légèrement concave, est sépare du bord postérieur par une forte
épine, suivie de trois épines plus petites. Le dactyle, fortement
(I) Uber drei unterindische Gamtnariden. Zeitsch. fur icissenschafl. Zoologie,
IV, Leipzig 1890, p. 614.
220 SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901
courbé, est de la longueur du bord palmaire. Les gnathopodes
postérieurs (fig. 2, B) sont beaucoup plus longs que lesgoathopodes
antérieurs. Le propode, plus volumineux, quadrangulaire, présente
aussi un bord palmaire concave, séparé du bord postérieur par
deux fortes épines. Le dactyle, modérément courbé, est de la lon-
gueur du bord palmaire.
Les pattes de la troisième paire (fig. 2, C), remarquablement déve-
loppées, sont presque aussi longues que les pattes de la dernière
paire. L'article méral, très robuste, porte, au bord postérieur, un
grand nombre de longues soies ciliées, disposées sur une quinzaine
de rangées transversales. Le bord postérieur du carpe porte des
soies semblablement disposées, mais un peu moius longues. Le
bord postérieur du propode est garni de soies plus courtes et dis-
posées sur un seul rang (1). Les pattes de la quatrième paire,
beaucoup plus courtes que les pattes précédentes, ne portent pas de
soies ciliées. Les pattes de la cinquième paire ne sont pas plus
longues que celles de la quatrième paire. Les pattes des deux
dernières paires, beaucoup plus allongées que les précédentes, sont
d'égale taille. Leur article basai, assez fortement dilaté dans sa
partie supérieure, se rétrécit ensuite brusquement, le bord posté-
rieur présentant une courbure concave assez accentuée. Le propode
est un peu plus court que le carpe. Le dactyle porte un petit cil au
bord iuterne.
Les uropodes de la première paire (fig. 2, D) affectent une forme
absolument anomale chez les Gamrnarides. Plus grêles et plus
courts que les uropodes suivants, ils se composent d'un pédoncule,
beaucoup plus large à la base qu'à l'extrémité, portant trois épines
au bord postérieur, et de deux branches bi-articulées, d'inégale
taille. La branche externe est un peu moius longue que le pédon-
cule. Son second article, spiniforme, atteint plus de la moitié de
la longueur du premier. La branche interne, beaucoup plus longue
que le pédoncule, se compose d'un article un peu plus grand que
la branche externe, suivi d'un second article spiniforme, atteignant
les deux tiers de la longueur du premier. Les uropodes de la
seconde paire sont de forme normale. Leur branche interne atteint
la longueur du pédoncule ; la branche externe est un peu plus
courte. Les uropodes de la troisième paire (fig. 2. E), très développés,
sont aussi longs que l'ensemble de l'urosome et du dernier segment
11) M. Catta ne parle pas des soies de l'article méral et dit simplement (loc.
cit., p 258): « Le carpe et le propode sont garnis d'immenses poils plumeux
disposés par rangées transversales et entremêlés de piquants ».
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901 221
du métasome. Le pédoncule atteint à peu près la longueur du
dernier segment de l'urosome. La branche externe se compose
d'un article robuste et allongé, garni de nombreux faisceaux
d'épines, et d'un petit article terminal spiniforme. La branche
interne, absolument rudimentaire, est représentée par une petite
lamelle atteignant à peine le tiers de la longueur du pédoncule.
Le telson (lig. 2, F), est fendu jusqu'à la base. Chacun de ses lobes
porte deux épines, d'inégale taille, au bord externe et trois épines,
accompagnées d'une petite soie, à l'extrémité.
Femelle. — L'examen d'une cinquantaine d'exemplaires de cette
espèce ne m'a permis de reconnaître parmi eux que deux femelles.
Aucune d'elles ne portait d'oeufs, et leurs lamelles incubatrices
étaient peu développées. Il est probable que les femelles ovifères
habitent la partie souterraine de la source. Beaucoup plus petites
que les mâles, ces femelles ne mesurent guère plus de 4 milli-
mètres. Le dimorphisme sexuel ne porte que sur les antennes, les
gnathopodes et les uropodes de la dernière paire. Les antennes
sont plus courtes que celles des mâles. On compte seize articles au
flagellum des antennes supérieures et sept articles au flagellum
des antennes inférieures. Les gnathopodes ne diffèrent de ceux du
mâle que par la forme du bord palmaire du propode, qui est légè-
rement convexe. Dans les pattes de la troisième paire, l'article
méral et le carpe sont bordés de longues soies ciliées, mais le
propode n'en porte pas. Les uropodes de la première paire sont
semblables à ceux du mâle. Les uropodes de la troisième paire,
relativement moins allongés , dépassent à peine l'urosome en
longueur.
Le Gamma/rus Guernei Ghevreux (1), des ruisseaux de Flores
(Açores), possède des pattes de la troisième paire absolument sem-
blables à celles du Gammarusrhipidiophorus. Leur taille est énorme,
relativement à celle des pattes suivantes. L'article méral, le carpe
et le propode sont garnis, chez le mâle, de longues soies ciliées
qui n'existent que dans les deux premiers de ces articles, chez la
femelle. Enfin, la taille des deux espèces est la même, et les
uropodes de la dernière paire sont à peu près identiques. Le
Gammarus Guernei est facile à distinguer de l'espèce du littoral
méditerranéen par la forme un peu aiguë des angles postérieurs de
(1) Amphipodes provenant des campagnes de l'Hirondelle (1885-1888). Résultats
des campagnes scientifiques accomplies sur sou yacht par Albert I", Prince
souverain de Monaco, XVI, Monaco 19Û0, p. 76, pi. X, flg. 2.
222 SÉANCE DU 40 DÉCEMBRE 1901
ses plaques épimérales du troisième segment du métasome, par le
flagellum accessoire de ses antennes supérieures, qui comprend
quatre articles, par ses pattes de la cinquième paire, presque aussi
longues que les suivantes, et par la forme normale de ses uropodes
de la première paire.
NOTE PRÉLIMINAIRE SUR QUELQUES OPHIURES NOUVELLES
PROVENANT DES CAMPAGNES DE LA PRINCESSE ALICE
PAR
R. KŒHLER
Professeur à la Faculté des Sciences de Lyon
Cette note a pour objet la description de trois Ophiures nouvelles
draguées par la Princesse Alice. L'une de ces Ophiures est le type
d'un genre nouveau, le genre Ophiophycis et elle provient de la
campagne de 1896 ; les deux autres ont été capturées en 1901.
Genre OPHIOPHYCIS
Ce genre est voisin du genre Ophiomusium, mais il en diffère par
l'élargissement considérable des premières plaques brachiales laté-
rales sur la face ventrale et par les piquants brachiaux larges,
courts et aplatis eo forme de lamelles ; enfin il existe une paire de
pores tentaculaires buccaux situés entre les plaques orales et la
première plaque brachiale ventrale. Les bras sont courts.
Ophiophycis mirabilis, nov. sp.
(Fig. 1 et 2).
Le diamètre du disque est de 5 millimètres environ et les bras,
courts, sont formés de quelques articles seulement, d'abord très
larges et s'amincissant rapidement. La face dorsale du disque est
couverte d'un petit nombre de plaques, grandes et très régulièrement
disposées. On distingue une plaque centro-dorsale grande, penta-
gonale, à bords légèrement concaves, entourée de cinq radiales pri
maires un peu plus petites qu'elle, arrondies et. coutiguës. En
dehors, on ue trouve, dans les espaces radiaux, que les boucliers
radiaux, grands, plus longs que larges, coutigus sur la moitié de
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901
223
leur longueur et séparés en dehors par les deux premières plaques
Fig. 1 et 2. — Opltyophycis mirabilis.
brachiales dorsales. Dans les espaces interradiaux, on remarque
224 SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901
deux plaques successives : l'interne, quadrangulaire, est allongée,
plus longue que large ; l'externe, large, proémine dans l'espace
interradial et se continue sur la face ventrale. Entre cette plaque et
le bouclier radial correspondant, on aperçoit de chaque côté de la
base du bras, la portion externe de la deuxième plaque brachiale
latérale avec les trois piquants qu'elle porte.
La face ventrale n'offre, en dehors du bouclier buccal, qu'une
plaque médiane carrée, et, en dehors, on retrouve la partie ventrale
de la plaque interradiale externe signalée plus haut. Entre la pre-
mière plaque brachiale latérale d'une part et le bouclier buccal et
la plaque qui lui fait suite d'autre part, se place une plaque géni-
tale, étroite et courte. Les fentes génitales ne sont pas visibles.
Le bouclier buccal est petit, pentagonal et limité par des côtés
droits, avec un angle proximal, deux côtés latéraux obliques et un
bord distal étroit. Les plaques adorales sont étroites, deux fois plus
longues que larges. Les plaques orales sont un peu plus longues
que les précédentes. Les papilles buccales sout très petites, basses,
à contours peu distincts et elles forment une frange presque con-
tinue : on distingue plus ou moins difficilement cinq papilles de
chaque côté et une petite papille impaire terminale conique.
Les bras sont courts, aplatis, et ne comprennent qu'une demi-
douzaine d'articles. La première plaque brachiale dorsale est petite,
triangulaire ; la deuxième est large et courte, légèrement recourbée :
ces deux plaques sont comprises dans l'intervalle des boucliers
radiaux. Les suivantes sont petites, triangulaires, avec un bord
distal arrondi, et leurs dimensions diminuent rapidement.
Les plaques brachiales ventrales sont pentagonales, avec un angle
proximal obtus, deux côtés latéraux excavés par les pores tentacu-
laires et un bord distal convexe. Leur taille diminue progressive-
ment à partir de la première, qui est la plus grande, en même
temps que s'allonge l'intervalle qui les sépare.
Les premières plaques latérales, vues par le côté ventral, sont
fortement élargies. Les trois premières se présentent sous forme
de plaques très allongées, quadrangulaires, à grands côtés paral-
lèles et portant sur leur bord libre, le premier deux et les suivants
trois piquants. Ces piquants sont courts, larges, aplatis en forme
de lamelles, à extrémité coupée carrément et terminée par quelques
spinules ; ils sont aussi larges et môme plus larges à l'extrémité
qu'à la base. Les quatrième et cinquième plaques latérales sont
beaucoup plus réduites tout en rappelant par leur forme les trois
premières, et leurs trois piquants se raccourcissent également. Au
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1 1»< > I 225
delà de la cinquième, les plaques latérales, très petites, se montrent
avec les caractères qu'elles offrent d'habitude chez les Ophiures, et
elles portent, vers leur angle (listai, chacune trois petits piquants
coniques, pouvant offrir quelques aspérités vers l'extrémité.
L'élargissement considérable des premières plaques brachiales
donne à VOphiophycis mirabilis une physionomie très particulière,
et, quand on la regarde par le côté ventral, il semble que le disque
se continue avec les bras comme chez les Astéries. Du côté dorsal,
les bras sont, au contraire, parfaitement distincts du disque.
Les pores tentaculaires de la première paire sont situés entre
les plaques adorales et la première plaque brachiale ventrale : ils
offrent deux écailles arrondies. Les pores suivants n'offrent qu'une
seule écaille, grande et arrondie, dont la taille se réduit beaucoup
vers la quatrième ou la cinquième paire, et qui disparaît ensuite.
Au premier abord, on pourrait être tenté de rapprocher VOphio-
phycis mirabilis de VAstrophiura permira décrite par Sladen,
forme remarquable intermédiaire entre les Astéries et les Ophiures ;
mais cette ressemblance est tout à fait superficielle et c'est bien
d'une Ophiure qu'il s'agit.
Le genre Ophiophycis est d'ailleurs voisin du genre Ophiomusium,
et même certaines espèces de ce dernier genre ont une tendance à
offrir cette disposition qui est considérablement exagérée chez
VOphiophycis, je veux parler de l'élargissement considérable des
premières plaques brachiales latérales ; c'est ce qu'on ohserve, par
exemple, chez les Ophiomusium flabellum et pulchellum; mais le
grand développement de ces plaques chez l'O. mirabilis, joint à la
forme des piquants et à la présence d'une paire de pores tentacu-
laires buccaux, nécessitent la création d'un genre nouveau.
La Princesse Alice a recueilli deux exemplaires d' Ophiophycis
mirabilis à la station 71 ; profondeur 1165 m. — 14 Juillet 1895
(38o27' Lat. N.;28°51' Long. 0.).
OPHIOGLYPHA ABD1TA, UOV. Sp.
(Fig. 3-5)
Le diamètre du disque varie entre 7mmet8mm5; les bras sont
cassés à lmm8 de la base.
Le disque est épais et la face dorsale bombée; le contour est
pentagoual. La face dorsale est couverte de plaques nombreuses,
arrondies, petites, un peu inégales. On distingue une plaque centro-
dorsale et cinq plaques radiales primaires arrondies, un peu plus
Bull. Soc. Zool. de Fi\, 1001.
xxvi. — 17.
226 SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901
grandes que les voisines et séparées par une ou deux rangées de
Fig. 4
Fig. 5
Fig. 3-5. — Ophioglypha abdita.
plaques. A la périphérie du disque, on remarque une grosse plaque
SÉANCE DU 10 DÉCKMBHK 1901 227
élaririr qui occupe le bord dans chaque espace interradial. Les
boucliers radiaux sont grands, triaogulaires, à bonis et angles
arrondis, divergents <'l à peine contigus en dehors par leur angle
externe. Les papilles du peigne radial sont courtes, larges et
obtuses.
La face ventrale n'offre, en dehors du très grand bouclier buccal
qui la recouvre à peu près complètement dans l'espace interbra-
chial, que les bords de trois plaques qui occupent la face latérale
du disque, et, de chaque côté du bouclier, une plaque génitale
assez petite, triangulaire, munie sur son bord libre de papilles
assez grosses.
Les boucliers buccaux sout très grands et occupent à peu près
tout l'espace interradial entre les bras. Leur contour est penta-
gonal, avec un angle proximal aigu, limité par deux côtés droits,
deux bords latéraux droits et un bord distal arrondi. Les plaques
adorales et orales sont larges. Les papilles buccales, au nombre de
cinq de chaque côté, sont larges et obtuses; il y a, en plus, une
papille terminale conique.
Les bras sont hauts et carénés. La première plaque brachiale
dorsale est petite, triangulaire. Les suivantes sont quadrangulaires,
avec un bord proximal droit et étroit, deux côtés latéraux diver-
gents droits et un bord distal arrondi : celui-ci se décompose
parfois en trois côtés. Ces plaques sont toutes contiguës. Les pre-
mières sont aussi longues que larges, mais elles ne tardent pas à
devenir plus longues que larges.
La première plaque brachiale ventrale est grande, triangulaire.
Les suivantes sont rectangulaires, aussi longues que larges ou
légèrement plus longues que larges, à bords opposés parallèles.
Elles sont contiguës par toute la longueur de leurs bords adjacents.
Les plaques latérales sont très développées et hautes, non proé-
minentes. Elles portent trois piquants égaux, petits, courts, papil-
liformes, situés à égale distance l'un de l'autre le long du bord
aboral de la plaque.
Les pores tentaculaires de la première paire, très gros, portent
quatre écailles en dehors et trois en dedans. Ceux de la deuxième
paire, un peu moins gros, ont quatre écailles en dehors et deux en
dedans. Les pores de la troisième paire, plus petits, ont encore
trois écailles sur le bord externe ou proximal, et deux ou une seule
sur l'autre bord. La quatrième paire, très petite, n'offre que deux
écailles proximales et une distale; enfin les pores suivants n'en
offrent plus que deux.
228 SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901
VO. abdita est voisine de VO. convexa Lyman dont elle diffère
surtout parles plaques dorsales du disque qui sont, ici, nombreuses
et petites. Chez VO. convexa, au contraire, elles sont peu nombreuses
et très grandes : les six plaques primaires notamment sont très
développées ; elles sont contiguës et recouvrent une partie impor-
tante de la face dorsale du disque. Les papilles radiales sont courtes,
larges et obtuses dans VO. abdita, tandis que les dessins de Lyman
les montrent allongées et pointues chez VO. convexa. Enfin les pores
tentaculaires décroissent rapidement de taille dans mon espèce, ce
qui n'est pas le cas de VO. convexa.
La Princesse Alice a capturé trois exemplaires de VO. abdita
à la station 1173 (12° 07' 30" long. N ; 35» 53' Lat. 0) par 6035 m. de
profondeur. Cette espèce doit donc être placée parmi les Ophiures
qui peuvent descendre aux plus grandes profondeurs.
Ophioglypha concreta, nov. sp.
(Fig. 6-8)
Le diamètre du disque est de 25mm; les bras sont cassés à 35mm.
Le disque est aplati et pentagonal ; les bras sont minces et
carénés. La face dorsale du disque est couverte de plaques irrégu-
lières, polygonales ou arroudies, nombreuses et très petites, parmi
lesquelles on ne distingue qu'une petite plaque centro-dorsale
arrondie mais pas de radiales primaires. Les boucliers radiaux sont
petits, triangulaires, avec les angles et les bords arrondis; leur
longueur est plus petite que le tiers du rayon du disque. Les
papilles du peigne radial sont larges, basses et obtuses.
La face ventrale du disque est couverte de plaques nombreuses,
petites et imbriquées. Les plaques génitales, très minces, offrent
une bordure de papilles basses et obtuses. Les boucliers buccaux
sont assez grands, triangulaires, plus larges que hauts, avec un
angle proximal obtus, des angles latéraux très arrondis et uu bord
proximal droit. Les plaques adorales et les plaques orales sont
étroites, à bords parallèles, trois fois plus longues que larges. Les
papilles buccales sont petites, serrées, au nombre de huit ou neuf
de chaque côté ; les externes sont obtuses, les internes plus poin-
tues; il y a, en plus, une papille terminale impaire conique, un
peu plus haute que les voisines.
Les deux ou trois premières plaques brachiales dorsales sont
rectangulaires, beaucoup plus larges que longues, à bords paral-
lèles. Les suivantes, beaucoup plus grandes, sont quadrangulaires,
plus larges que longues, avec un côté proximal un peu plus étroit
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901
229
que le bord distal et des côtés latéraux légèrement divergents. Elles
deviennent ensuite aussi longues que larges, puis enfin plus longues
que larges. Elles sont coutiguës par toute la largeur de leurs bords
adjacents.
b'ig. 6-8.
Fig. 8
Ophioglyphu concreta.
La première plaque brachiale ventrale est ovalaire, élargie
transversalement. La deuxième et la troisième sont grandes, un
230 SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1901
peu plus larges que longues, quadrangulaires, avec un bord proxi-
mal droit plus étroit que le bord distal qui est convexe, et des
côtés latéraux divergents et excavés par les pores tentaculaires
correspondants. Les plaques suivantes deviennent triangulaires en
se raccourcissant fortement; elles sont beaucoup plus larges et leur
bord distal est très convexe. Elles cessent d'être contiguës vers
la quatrième ou la cinquième.
Les plaques latérales sont hautes; elles portent trois piquants
courts, papilliformes : deux sont réunis en un petit groupe très
voisin du bord ventral et le troisième est reporté vers le côté
dorsal.
Les trois premières paires de pores tentaculaires sont très allon-
gées. La première offre cinq ou six écailles sur son bord interne et
huit ou neuf sur le bord externe, ces dernières se continuant avec
les papilles buccnles. Les pores de la deuxième paire ont quatre
écailles internes et sept ou huit externes ; ceux de la troisième
paire en ont trois en dedans et six en dehors. Les pores de la qua-
trième paire, plus petits, n'ont plus que quatre ou cinq écailles
externes ou proximales et une seule écaille distale. Au delà, on
n'observe plus que des écailles proximales dont le nombre tombe
à trois, puis à deux.
VOphioglypha concreta est voisine des Ophioglypha involuta
Kœhler, irrorata Lyman et orbiculata Lyman qui sont toutes très
voisines1" l'une de l'autre. Ces trois espèces ont trois piquants
brachiaux rapprochés l'un de l'autre et VOphioglypha concreta se
distingue immédiatement par son piquant dorsal isolé et séparé
du groupe formé par les deux piquants ventraux. Les premières
paires de pores tentaculaires sont aussi plus allongées et les
écailles plus nombreuses chez VOphioglypha concreta que dans les
autres espèces.
Un seul échantillon provenant de la station 1182 par 2478 m. de
profondeur (14' 47' Lat. N, 26° 52' Long. 0; 11 août 1901).
Ophioglypha Thouleti Koehler.
J'ai décrit autrefois cette espèce d'après un exemplaire unique
que j'ai recueilli dans le golfe de Gascogne, à bord du Caitdan.
La Princesse Alice en a retrouvé de nombreux individus dans
différentes stations et j'ai ainsi pu examiner en détail certains
SÉANCE DU 40 DÉCEMBRE 1901 23t
points d'organisation, que j'avais dû négliger pour ne pas détériorer
le seul exemplaire que j'avais alors. J'ai notamment reconnu chez
VOphioglypha Thouleti la présence, à la base des bras, d'un peigne
radial supplémentaire, caché sous les papilles du peigne radial
principal et disposé comme celui que l'on connaît chezl' Ophioglypha
aequalis. La présence de ce peigne supplémentaire accentue encore
les différences que j'ai indiquées entre VOphioglypha Thouleti et les
Ophioglypha palliata et Ljungmanni.
232
Séance du 2 4 Décembre 1901
PRÉSIDENCE DE M. LE Dr TROUESSART, PRÉSIDENT
MM. Bavay, Certes et A. Dollfus s'excusent de ne pouvoir
assister à la séance.
M. le Président adresse les félicitations de la Société à MM. J. Bon-
nier, Bouvier, Lignières et Maupas, lauréats de l'Académie des
sciences et à MM. Lignières et Brumpt, lauréats de l'Académie de
médecine.
MM. B. Blanchard, J. Guiart et Neveu-Lemaire présentent M. le
Dr Polaillon, 129, boulevard Saint-Germain, à Paris.
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts
prévient la Société Zoologique de France que le premier volume du
Répertoire bibliographique international sera publié dans le
courant de 1902.
Il annonce également que le Congrès des Sociétés savantes s'ou-
vrira à la Sorbonne le mardi lor avril, à 2 heures.
MM. Secques et Trouessart sont délégués pour représenter la
Société Zoologique de France à ce Congrès.
Sur la proposition de M. le Secrétaire général, il est décidé de
faire une série de causeries scientifiques destinées à venir en aide
à nos collègues des colonies et à leur faciliter les recherches.
M. Alluaud accepte de faire une causerie sur la faune entomolo-
gique de Madagascar.
M. L. Petit fait une communication sur le vol des Martinets.
Le dépouillement du scrutin pour le renouvellement du Bureau
et du tiers sortant du Conseil, donne les résultats suivants:
Président: M. Bavay par 121 voix.
,7. „ . . , ( ; M. le D1 Richard .... 120 »
Vice-Présidents : ,_ tT, ,n_.
( M. Herouard 122 »
Secrétaire général : M. le D1" Guiart 121 »
( M. le Dr Neveu-Lemairf; . 122 »
Secrétaires: .. _ .ao
( M. Brumpt 122 »
Trésorier : M. Schlumrerger ... 121 »
Archiviste-bibliothécaire: M. Secques , 122 »
M. Brôlemann 121 »
M. Certes 122 »
Membres du Conseil .
M. Marchal 122 »
M. Oustalet 122 »
SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1901 233
La nomination de M. Hérouard laissant une place vacante dans
le Conseil, M. le Secrétaire général, en vertu d'une décision anté-
rieure du Conseil, propose l'élection de M. L. Petit.
A l'unanimité des Membres présents, M. L. Petit est proclamé
Membre du Conseil de la Société Zoologique de France.
LES OISEAUX DE LA BAIE DE LA SOMME ET LEUR MIGRATION
TARDIVE EN 1901
PAR
L. PETIT
Les Oiseaux migrateurs nous quittent toujours à peu près à date
fixe. On voit cependant se produire parfois certains retards, favo-
risés par la douceur de la température. C'est ainsi que, cette année,
j'ai observé que, sur nos côtes et principalement en baie de Somme,
les Sternes ont séjourné beaucoup plus tardivement qu'à l'ordi-
naire. Le cas est d'autant plus rare que depuis quinze ans que
j'habite Saint Valéry et le Crotoy, on ne l'a jamais observé, à ma
connaissance.
Le passage de ces Oiseaux regagnant la Tunisie, l'Egypte, la
Tripolitaine, qui se fait presque toujours du 10 au 25 août, s'est
fait beaucoup plus tardivement. C'est ainsi que jusqu'au 1er septem-
bre on croyait ces Oiseaux passés par d'autres régions ; il n'en était
rien, car à partir de ce jour le vent sud-est qui favorise ce passage,
nous amena en quantité toutes les espèces de Sternes. Puis les
vents et la température s'en mêlant, ce passage dura trois semaines.
Fait curieux, j'ai également reçu des Sternes de la Hollande jusqu'au
5 novembre. Pendant ce passage abondant j'ai rencontré les espèces
suivautes : Sterna anglica, S. cantiaca, S. hirundo, S. minuta (celle-ci
moins communément), H\jdrocheU(lon fissipes, outre de nombreux
Stercoraires et autres espèces d'Oiseaux de mer. J'ai eu la chance
de tuer également trois sujets de Mouette Pygmée [Larm minutus).
La baie de Somme constitue donc un séjour charmant et propice
aux récoltes ornithologiques.
234 SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1901
AMPHIPODES DES EAUX SOUTERRAINES DE FRANCE ET D'ALGÉRIE
PAR
ED. CHEVREUX
VII
ADDENDA
Le Niphargus Plateaui robustus a été trouvé par M. Raphaël Ladmi-
rault dans un petit bassin formé par la source de la Robine,
ruisseau qui sort des montagnes de la Gardiole et se jette dans
l'étang de Vie (Hérault), après un parcours d'environ trois kilo-
mètres. Les Niphargus habitent sous les plantes aquatiques qui
recouvrent une partie du bassin, tandis qu'un Amphipode terrestre,
VOrchestia littorea (Mont.), se trouve au bord de l'eau, sous les
pierres et dans la terre humide. M. Raphaël Ladmirault, que je ne
saurais trop remercier de sa complaisance à recueillir à mon
intention les Amphipodes marins et d'eau douce des environs de
Cette, m'a envoyé, à plusieurs reprises, de nombreux exemplaires
de ce Niphargus, en insistant sur la jolie teinte rose qui colorait les
animaux vivants. J'extrais les renseignements suivants d'une lettre
de M. Ladmirault : « Ces animaux habitent les parties, couvertes
d'herbes aquatiques, avoisinant la source, dans un espace de 7 à
8 mètres carrés. On n'en trouve, ni au-dessus, ni au-dessous. La
couleur du corps est rose pâle chez les petits individus, rouge sau-
mon chez les grands. Les antennes et les pattes ne sont pas colo-
rées ». M. Viré a vu ces Niphargus en avril 1899 et en fait mention
clans son ouvrage (1). Enfin, au mois d'août de la même année, j'ai
pu constater l'exactitude des renseignements de M. Ladmirault en
visitant, avec lui, la source de la Robine.
Les premiers envois de M. Ladmirault ne contenaient que des
femelles. Leur grande taille (15 millimètres), leur coloration inusitée,
leur habitat au grand jour, m'avaient porté, tout d'abord, à les
considérer comme appartenant à une espèce nouvelle, mais un
dernier envoi, contenant un mâle presque adulte, me fit reconnaître
mon erreur. Cet exemplaire présente tous les caractères du N.
iHateaui robustus et ne s'en écarte que par la forme, un peu diffé-
rente, des plaques épimérales des segments du métasome. On a vu
(I) La Faune souterraine de France, Paris 1900, p. 104.
SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1901
235
que, chez le mâle adulte, l'angle postérieur de ces plaques est
légèrement arrondi à l'extrémité. Chez le jeune mâle de la Robine,
cet angle est droit, comme celui des femelles, le bord postérieur
étant bien nettement perpendiculaire au bord inférieur. 11 est
possible que cette forme se modifie au cours des mues suivantes
de l'animal ; je n'ai pas eu entre les mains un
nombre assez grand d'exemplaires de Padirac
pour pouvoir trancher la question.
Dans les quelques lignes que j'ai consacrées
au N. Plateaui rofrustus, j'ai négligé de faire
connaître les caractères qui distinguent la
femelle de cette forme de la femelle du N.
Plateaui elongatus. Je répare ici cette omission.
En dehors de son apparence plus robuste et de
ses plaques coxales plus larges et plus hautes,
la femelle du type de Padirac se reconnaît faci-
lement à la forme rectangulaire des plaques
épimérales des segments du métasome et au
peu de longueur du second article de la bran-
che externe des uropodes de la dernière paire.
Tandis que cet article atteint plus du tiers de
la longueur du premier, chez la femelle de
N. Plateaui elongatus, il est à peine égal au
quart de cette longueur chez la femelle du
Niphargus de Padirac. Ce caractère est encore
plus exagéré chez la forme de la Robine, et le
second article, presque rudimentaire, n'atteint
que la sixième partie de la longueur du premier (fig. 1)
Fig. 1. — Niphargus
Plateaui robusius.
Uropode de la der-
niers paire d'une
femelle de la Robine.
Le professeur Moniez, dans un fort intéressant travail sur Ta
Faune souterraine du département du Nord (1), signale la présence,
dans le réservoir d'Emmerin, qui sert à l'alimentation de Lille, et
dans les puits de cette ville et des environs, de deux espèces
d'Amphipodes. L'une de ces espèces, dont un seul exemplaire a
été trouvé dans le réservoir d'Emmerin, est un énorme Gammarus,
mesurant 22 millimètres de longueur. M. Moniez le considère
comme une variété du Gammarus fluviatilis. Je n'ai pas vu ce
Gammarus, mais sa taille auomale et la présence de cinq articles
au flagellum accessoire de ses antennes supérieures me portent à
(1) Revue biol. du Nord de la France, n 7, avril 1889, p. 242.
236 SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1901
croire qu'il appartient à une espèce nouvelle. L'autre espèce, que
M. Moniez désigne sous le nom de Gammarus puteanus Koch, se
présente sous deux formes, l'une, à mains triangulaires, l'autre, à
mains ovales. Je n'ai malheureusement pu voir aucune de ces deux
formes, conservée dans l'alcool, mais M. Moniez a eu l'obligeance
de m'envoyer une vingtaine de préparations d'animaux entiers,
adultes et jeunes. Bien qu'il soit souvent difficile de déterminer un
Amphipode sans le disséquer, j'ai pu reconnaître avec certitude,
parmi les exemplaires à mains triangulaires, deux espèces diffé-
rentes : Niphargus subterraneus (Leach) (1) et l'une des formes
décrites dans le présent travail, N. Plateaui elongatus.
La forme à mains ovales est caractérisée, d'après M. Moniez, par
ses uropodes de la dernière paire, dont la branche externe est
uniarticulée et dont la branche interne est rudimentaire, et par
son telson double. Wrzesniowski (2), s'appuyant sur deux des
caractères assignés au genre Crangonyx par Sp. Bâte : « Posterior
pair nf pleopoda unibranched telson single, entire », pense que
la forme à mains ovales ne peut être un Crangonyx et propose de
la classer clans le genre Niphargus, sous le nom de N. Moniezi.
La branche interne, rudimentaire, est bien nettement visible sur
plusieurs des préparations de M. Moniez, mais la forme du telson
est, on le sait, presque impossible à distinguer sur des préparations
d'animaux entiers. Il me semblait bien voir, chez l'un des exem-
plaires, une fente s'étendant de la base à l'extrémité du telson,
mais, l'animal ayant été fortement comprimé entre les lames de
verre, le telson, aplati latéralement, pouvait sembler fendu alors
qu'il était simplement replié dans le sens de sa longueur. Fort
heureusement, les préparations avaient été faites avec un médium
glycérine, ce qui m'a permis, en prenant de grandes précautions,
d'en extraire un exemplaire et de le disséquer. Ou voit, sur la
figure 2, ci-jointe, que le telson n'est pas fendu, mais simplement
échancré à l'extrémité. Enfin, cette dissection m'a montré que la
forme à mains ovales de Lille ne différait pas spécifiquement de
l'Amphipode de Prague, décrit par le professeur Vejdowsky (3) sous
le nom de Crangonyx subterraneus Sp. Bâte.
(1) = Niphargus puteanus (Koch).
(2) Ûber drei unterirdisehe Gammariden. Zeitsch. fur Wissmschaft. Zool. IV,
Leipzig 1890, p. 072.
(3) Ueber einige Sùsswasser-Amphipoden. I. Kônigl. bômîschen Gesellsch. der
Wissenschaften. Mathem.-naturwissensch. Classe, X, l'rag 1896.
SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1901
ï. M
Le Rév. Stebbing (1) n'admet pas l'identité de la forme décrite
par Sp. IUte avec celle de Prague et s'appuie sur la présence d'un
rudiment de branche interne aux uropodes de la dernière paire, et
sur l'échancrure du telson, pour classer cette dernière forme dans
le nouveau genre Eucrangonyx. D'autre part, le Dr Chilton {î), ayant
pu examiner un exemplaire de Crangomjx sublrrraneus de pro-
venance anglaise, admet son identité avec la forme décrite par le
professeur Vejdowsky. Il n'y a rien d'invraisemblable à admettre
que la branche interne rudimentaire des uropodes de la dernière
paire et l'échancrure du telson aient échappé à l'attention de
Sp. Bâte et je crois devoir me ranger à l'opinion du Dr Chilton.
Voici les caractères principaux de l'exemplaire que j'ai étudié :
Femelle. — Plaques coxales de la quatrième paire atteignant au
moins le double de la grandeur des plaques précédentes. Plaques
coxales des trois dernières paires portant une petite lamelle brau-
chiale accessoire. Plaques épiméra-
les des trois segments du métasome
subrectangulaires , l'angle posté-
rieur étant un peu arrondi à l'ex-
trémité. Antennes supérieures aussi
longues que l'ensemble de la tête
et des cinq premiers segments du p
mésosome. Flagellum 12-articulé;
Fig
— Crangonyx subterraneus
Sp. Bâte. A, uropode de ia dernière
paire ; B, telson
flagellum accessoire bi - articulé.
Antennes inférieures n'atteignant
pas tout à fait la moitié de la lon-
gueur des antennes supérieures.
Flagellum un peu plus court que le
dernier article du pédoncule, 4- arti-
culé. Gnathopodes antérieurs peu
allongés. Carpe triangulaire, pro-
longé en arrière en un lobe aigu.
Propode ovalaire. Bord palmaire garni de petites épines bifides et
séparé du bord postérieur par une grande épine bifide. Gnatho-
podes postérieurs plus longs que les précédents. Carpe arrondi en
arrière. Propode de même forme mais un peu plus long que le
précédent et garni d'épines semblables. Pattes des troisième et
(1) Amphipoda from the Copenha^en Muséum and other Sources. II. Transad.
of the l.tnii. Soc. of London \2), Zoology, Vil, part 8, 1899, p. 423.
\±) The subterranean Ampliipoda of tlie Britisli Isles. Linn. Soc. Journal. —
Zoology, XXVIII, p. Ia6.
238 SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1901
quatrième paires plus longues que les pattes précédentes. Article
basai des pattes des trois dernières paires ovale, crénelé au bord
postérieur. Propode presque aussi long que le carpe. Dactyle grêle
et allongé. Branche externe des uropodes de la dernière paire
(fig. 2. A) beaucoup plus longue que le pédoncule, portant deux
paires de longues épines et terminée par une toulïe de cinq petites
épines. Branche interne rudimentaire, inerme. Telson (fig. 2, B)
beaucoup plus long que le pédoncule des uropodes de la dernière
paire, quadrangulaire, un peu moins large que long, échancré au
bord distal, portant quatre à cinq grandes épines de chaque côté
de l'échancrure et un petit cil, fixé vers le milieu de chacun de
ses bords latéraux. Longueur du corps, 4 millimètres.
Au moment de terminer ce travail, je viens de recevoir, de M. Viré,
un envoi de Niphargus, qui me permet de faire connaître quelques
provenances nouvelles. Le Niphargus Virai a été trouvé à la Douix
(Côte-d'Or). Le N. Plateaui robustus a été recueilli dans la grande
grotte d'Arcy (Yonne), dans la grotte de la Balme (Isère) et à Cam-
bounès (Tarn).
En dehors du grand Gammarus de Lille, qui reste indéterminé,
on voit que les eaux souterraines de France ne contiennent pas
moins de neuf formes différentes d'Amphipodes :
Niphargus subterraneus (Leach). Niphargus kochianus Sp. Bâte.
Niphargus Plateaui elongatus. Niphargus fontanus Sp. Bâte.
Niphargus Plateaui robustus. Crangonyx subterraneus Sp. Bâte
Niphargus Ladmiraulti. Gammarus rhipidiophorus Gatta.
Niphargus Virex Chevreux.
Grâce aux explorations de M. Viré, la faune des grottes de France
est actuellement assez bien connue (1). D'autre part, sept espèces
d'Amphipodes ont été déjà obtenues, au cours de recherches effec-
tuées dans quelques puits du nord et de l'ouest de la France et
dans deux puits du littoral méditerranéen. 11 serait fort intéressant
(1) M. de Peyekimboff m'a envoyé, ces jours-ci, trois exemplaires, incomplète-
ment adultes, d'un Nipha/rgus, provenant de la crotte de Méailles (liasses-Alpes),
et que je ne puis identifier avec aucune des formes mentionnées ci- dessus. Mon
aimable correspondant me promet d'autres exemplaires pour le printemps pro-
chain, la grotte, très élevée, n'étant pas abordable en hiver.
SÉANCE DU ±k DÉCEMBRE 1901 239
de multiplier ces recherches, qui n'offrent aucune difficulté (I). Ed
dehors des nouvelles espèces qu'elles pourraient procurer, elles
permettraient probablement de recueillir en grand nom lire le
Niphargus koehianus et le Crangonyx subterraneus et de connaître
les caractères sexuels de ces deux rares espèces.
ÉTUDE PRÉLIMINAIRE DES GNATH1IDAE
RECUEILLIS DANS LES CAMPAGNES DE L'HIRONDELLE
ET DE LA PRINCESSE- ALICE
FAH
A. DOLLFUS.
Nous croyons pouvoir grouper les espèces connues de Gnathiidae
en quatre genres que nous caractérisons dans le tableau ci dessous ;
l'un de ces genres (Euneognathia) a déjà été proposé par Th. Stebbing
dans son excellent ouvrage : A Hixtory of Récent Crustacea (1893),
p. 338.
TABLEAU DES GENRES
Espèces pourvues d'yeux, littorales ou ne dépassant pas 500 mètres.
Pleopodes munis de cils natatoires ou dépourvus de cils et pure-
ment branchiaux A.
Espèces dépourvues d'yeux, vivant à plus de 1000 mètres de
profondeur B.
A. Gnathopodes formés de cinq articles; yeux moyens ou grands.
Corps lisse ou faiblement épineux .... Gnathia Leach (2).
(1) Les exemplaires ramenés par les pompes sont généralement mutilés et peu
utilisables. Il est bien préférable de chercher dans les puits à ciel ouvert. Les
nasses en toile métallique, employées dans les lacs des grottes, ne sont pas indis-
pensables pour les puits. On obtient d'aussi bons résultats en se servant d'un
appareil beaucoup plus simple, composé d'un cercle en fort fil de fer, garni d une
poche en étoffe claire. On laisse couler au fond du puits cette poche, lestée d'une
pierre et amorcée d'un morceau de viande ou de poisson cru et on la relève le
lendemain. Ce procédé permet également de prendre les animaux vivant dans la
vase du fond (IsopoJes, Hirudinées, etc.), que les pompes ne rejettent jamais.
(2) Le type de ce genre est Gnathia (Cancer) maxillaris Montagu (Gnathia
maxitlaris Latr., Encycl. méth., pi. 336, lig. 25, d'après Montagu. — Anceus
maxillaris Sp. Bâte and Westwood, Hist. Brit. sessile eyed. Crust., nec Gnathia
maxillaris O. O. Sars, An Account of the Crust. of Norwai/. — Le genre Gnathia
a été établi par Leach (Crustaceology in Edinburgh Encyclop., 1813).
240 SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1901
Gnathopodes formés de six articles. Yeux petits, sortis sur un
mamelon latéral Euneognathia Th. Stebbing (1)
B. Cephalosome et mandibules présentant les mêmes caractères
que dans le genre Gnathia, sauf l'absence d'yeux. Corps garni de
fortes dents spinesceutes. Antennes toujours munies de poils sen-
soriels spéciaux (2). Pleopodes purement branchiaux
Cœcognathia, genus novum (3).
Cephalosome projeté en processus très développé et muni de longs
cils; mandibules très étroites et allongées. . . Bathy gnathia
genus novum (4).
Gnathia Ghimaldii, species nova.
o" Corps lisse, glabre, peu allongé, à côtés parallèles; cephalon
grand, quadrangulaire, déprimé et s'élargissant antérieurement, à
bord frontal sinué-denté, les trois lobes médians étant subégaux.
Premier segment pereial (gnathopodique) entièrement confondu
avec le cephalon ; les deux segments suivants sont inégaux, le 2me
(1er apparent) étant moins large et moins long que le 3me (2me appa-
rent) ; les 4me et 5me segments (3me et 4md apparents) sont très
courts, tandis que le 6me (5rae apparent) est très développé avec les
angles postérieurs arrondis. Le ome segment (4me apparent) est
muni d'un sillon longitudinal médian ; le fime (orae apparent) n'a pas
de sillon, mais une simple dépression médiane peu accentuée. Le
dernier segment pereial, analogue aux segments pleonaux, est
partiellement caché par les côtés du grand segment précédent. Les
deux premiers segments pleonaux sont moins développés que les
suivants, l'aire latérale (coxale), est étroite. Le telson triangulaire
allongé, à côtés faiblement arrondis, se termine eu pointe subaiguë.
Yeux moyens à pigment foncé. Antennes très inégales, celles de
la première paire plus grêles et plus courtes que celles de la deu-
(1) Le type de ce genre est Euneognathia (Anceus) gigas, Beddard (Challenger
Exped.). seule espèce signalée jusqu'à présent.
(2) L'existence de ces mômes poils sensoriels a été signalée dans un exemplaire 9
de Gnathia, décrit par J. Bonnier (G. propinqua) et dragué à 180 mètres de pro-
fondeur (camp, du Cuudan) et figuré par Sars chez son Gnathia maxillaris o*
sp.?).
(3) Le type de ce genre est Caecognathia (Anceus) stygia, G. O. Sars (Prodr.
descr. Crust et Pycnog. quas in exped. Norw. observ.) — Les espèces signalées
jusqu'à ce jour sont au nombre de deux : C. stygia G. O. Sars, C. Sarsi Dollfus
(n. sp.).
(4) Le type de ce genre est Bathy gnathia (Anceus) bathybia, Beddard (Challen-
ger Exped.), seule espèce connue.
8ÉANCE DU 24 DÉCEMBHK 1901
241
xième paire; des 5 articles du fouet de la première paire, le premier
est de beaucoup le plus court : la 2mc paire a une tige robuste et
uu fouet de 7 articles subégaux. Mandibules très blanches, à pointe
allongée, munie d'une forte dent du côté externe et de 6 petites
dents du côté interne. Gnathopodes à article apical très court.
Pleopodes natatoires, courts, tronqués et longuement ciliés. Uro-
podes tronqués, longuement ciliés et munis extérieurement de 2 à
3 dents.
Dimensions : Longueur 6 millimètres, largeur 2 millimètres.
Couleur blanchâtre avec 4 taches arrondies sur les segments pleo-
naux ; mandibules d'un blanc laiteux.
Fig. i. — Gnathia Grimaldii Dollfus, d* adulte. — a, Cephalosome et gnathopodes
(vus en dessous); b, 5e segment pleonal, telson et uropodes.
4 exemplaires <?, recueillis par 47° 11' 35" latitude nord, et
5° 26' 30" longitude ouest, en péchant au chalut sur un fond de
sable, gravier et coquilles brisées, à 63 mètres. Station 40 (3 du
numérotage provisoire), 15 juillet 1886.
Nous rapportons à la même espèce une larve au dernier stade,
caractérisée par la partie postérieure du corps qui présente les
mêmes taches sur le pleon et la même forme du telson et des
uropodes que le d1 adulte ci-dessus. Cette larve a été trouvée par
46° 27' latitude nord et 6° 30' longitude ouest, sur un fond de sable
vaseux et d'alênes jaunes, à 146 mètres. — Station 44 (1 du numé-
rotage provisoire), 20 juillet 1886.
Bull. Soc. Zool de Fr., 1901.
XXVI.
18.
242
SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1901
Gnathia Richakdi, species nova.
d1 Corps lisse, étroit, allongé, à côtés parallèles. Cephalon grand,
quadrangulaire, non élargi antérieurement, avec une dépression
assez marquée ; bord frontal sinueux, avec trois lobes subarrondis
ciliés, dont le médian est le plus grand. Le premier segment pereial
(gnatbopodique) est nettement distinct. Les deux segments suivants
sont très développés et de dimensions presque égales ; ils sont
suivis d'une constriction qui sépare le 3e et le 4e segments ; les 4e,
5e et 6e segments sont de largeur égale et munis d'une dépression
médiane longitudinale élargie mais sans sillon; le 5e segment est
deux fois plus long que le 4e ; le 6e présente latéralement un faible
relief. Le 7e segment, de mêmes dimensions que les segments
h
Fig. t. — Gnathia Richardi Dollfus, a* adulte. — a, Cephalosome et gnathopodes
(vus en dessous); /;, 5e segment pleonal, telson et uropodes.
pleonaux, a les côtés cachés par le Ge segment. Les segments
pleonaux vont en diminuant très légèrement de largeur, du 1er au
5°; ils présentent latéralement une aire coxale étroite mais nette-
ment limitée ; telson allongé, spatuli forme et terminé par une pointe
subaiguë.
Yeux grands, à pigment clair. Antennes de la première paire à
fouet 5-articulé, un peu plus courtes que celles de la 2e paire dont
le fouet est 7-articulé. Mandibules assez allongées, non denticulées
du côté interne, avec une indentation peu accentuée du côté externe.
SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1901 243
Gnathopodes à article apical très petit. Pattes ambulatoires grêles,
ciliées, mais non spinescentes. Pleopodes natatoires courts, tron-
qués et longuement ciliés. Uropodes lancéolés, étroits, finement
denticulés et ciliés.
Dimensions : Longueur, 8 millimètres; largeur, 2 millimètres.
Un exemplaire d\ recueilli par 43°, 12' latitude nord et 11°53,
longitude ouest, au chalut à une profondeur de 363 mètres sur fond
de vase. Station 66 (n° provisoire 29), 24 août 1886.
Gnathia robusta, G. 0. Sars (Anceus).
Anceus robustus G. 0. Sars, Crust. et Pycnog. nova in itinerc 2do et
3&° exped. Norweg. coll., Arch. Math. Naturv. Kristiania, 1879,
p. 432.
Cette espèce, ainsi que Gnathia [Anceus) abyssorum G. 0. Sars,
appartient à la faune profonde et se rapproche des Caecognathia
par l'aspect rugueux du corps, toutefois les épines sont beaucoup
plus fortes chez les Caecognathia qui diffèrent aussi très nettement
des Gnathia des profondeurs océaniques par l'absence complète
des yeux; ce caractère, fort important, indique un degré de plus
dans la vie abyssale, les Caecognathia vivant d'ailleurs à des profon-
deurs de 1200 à 2200 mètres tandis que les Gnathia ne paraissent
pas dépasser 500 mètres. Cette absence d'yeux est compensée chez
les Caecognathia par le développement constant de poils sensoriels
spéciaux, notamment sur les antennes. Ces poils se trouvent plus
rarement chez les Gnathia (voir la note ci-dessus).
Un exemplaire d", recueilli par 72° 37' latitude nord et 17° 40'
longitude est, entre la Norwège et l'île des Ours, à une profondeur
de 394 mètres, sur fond de vase et de gravier (tube Buchanan).
Station 960, 29 juillet 1898.
Gnathia sp. ? (larvae)
1°. Quelques exemplaires (état larvaire) trouvés dans la bouche
d'un Phycis phycis, au mouillage Santa-Cruz (Floreo). — Station 704
(20-21 juillet 1896).
La partie postérieure du corps qui seule peut servir à carac-
tériser les larves est très semblable à celle de la larve de Gnathia
maxiilaris Mont. — Il nous est difficile cependant de l'assimiler
complètement à cette espèce de nos côtes.
2°. Un exemplaire (jeune larve), recueillie dans la Méditerranée,
à Porto Conte (Sardaigne) sur le littoral. — Station 358 (4 septem-
bre 1893).
244 SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1901
3°. Deux exemplaires (jeunes larves), recueillies par 59°3' latitude
Nord et 4° 8' longitude Ouest, à une profondeur de 80 mètres
(chalut), à l'est des Orcades.
Cette larve est très probablement celle de Gnathia elongataKrôyer,
d'après les caractères du pleon et du telson.
CjECognathia stygia G.-O. Sars (Anceus).
Anceus stygius G.-O. Sars, Prodr. descript. Crustac. et Pycnog. quœ
in exped. Norweg., etc., p. 348 et fig. in Crust. of the Sorweg.
N. Atlantic Exped., Crust., pi. VIII, fig. 1-22.
5 exemplaires (4 cT, 1 9), recueillis par 79° 28' latitude Nord et
3° 20' longitude Est (Nord-Ouest du Spitzberg), à une profondeur
de 1865 mètres, sur fond de vase sableuse (chalut. — Station 1017,
19 août 1898.
Cette espèce, de grande taille, a été figurée avec beaucoup de
détail et de soin par G.-O. Sars dans l'ouvrage cité et a été recueillie
dans plusieurs stations profondes de l'Atlantique boréal. Tout
récemment encore M. Axel Ohlin l'a signalée (Arctic Crust. coll.
during the Sivedish Arctic Exped., p. 22, et pi. II, fig. 3) à l'ouest de
Hornsund, à la latitude 76° 36' nord et à une profondeur de 1750
mètres. L'expédition Suédoise en a recueilli 6 cf, 1 $ et 1 larve :
M. Sars ayant déjà figuré le cT et la larve, M. Ohlin donne la figure
de la $. M. Ohlin nous fait savoir également que cette espèce a
été recueillie durant les croisières du Vôringen, dans sept localités
boréales, à des profondeurs variant de 1200 à 2200 mètres, sur
l'argile à Biloculines, au voisinage du Spitzberg où cette espèce
paraît fréquente.
C^ecognathia Sarsi, species nova
$. Corps peu convexe, allongé, granulé et pourvu latéralement
de très fortes dents spinescentes et de longs cils. Cephalon présen-
tant antérieurement une large dépression ; processus médiau du
bord frontal plus accentué que dans l'espèce précédente, processus
latéraux bidentés; bord latéral bordé de trois groupes d'épines
(4-2-3). Premier segment pereial (gnathopodique) bien distinct
et muni d'une ligne transversale de granulations assez fortes.
Deuxième et troisième segments garnis postérieurement d'une
ligne transversale de granulations spinescentes ; bord latéral muni
de trois dents spinescentes dont la première est très robuste ;
quatrième et cinquième segments présentant un sillon médian,
SÉANCE DU 24 DECEMBRE 1901
245
plus accentué sur le cinquième que sur le quatrième segments;
Sixième segment muni à l'angle postéro-latéral d'un processus très
fortement épineux allongé et sinueux ; septième segment pereial
peu développé, à côtés cachés par le sixième segment. Les segments
pleonaux sont garnis latéralement de deux grandes dents et les
trois" premiers segments présentent deux fortes granulations
coniques au bord postérieur. Telson se terminant en pointe allongée,
aiguë et munie latératement de 5 à 6 dents.
Yeux absents, antennes pareilles à celles de C. stygia. Mandibules
munies d'une forte dent sur le côté externe. Pattes pereiales ambu-
latoires longuement ciliées et présentant
de très fortes épines. Pattes pleonales
branchiales à appendices très inégaux.
Uropodes subégaux, ciliés et dentés.
Longueur 12 millimètres, largeur
3 1/2 millimètres.
Un exemplaire 6*, recueilli dans la
même station que Cœcognathia stygia.
Cette espèce est certainement très voi-
sine de C. stygia; toutefois, elle s'en dis-
tingue nettement par son corps moins
convexe, plus allongé et plus étroit, pré-
sentant des épines plus fortes et plus
nombreuses sur les côtés et sur les pat-
tes ; et par la forme du telson se terminant en pointe aiguë, à côtés
nettement dentés.
Fig. 3. — Cœcognathia Saj'si
Dollfus, o* adulte. — 5c
segment pleonal , telson
et uropodes.
OUVRAGES CITÉS DANS CETTE NOTE
Montagu (George). — Description of several marine animais
found on tbe south coast of Devonshire {Transactions ofthe Linnean
Society of London, VII, p. 61-85, pi. VI-VII, 1804). La suite de ce tra-
vail a paru dans les vol. IX (1808) et vol. XI (1815).
Leach (William Elford). — Crustaceology [EdinburghEncyclopœdia
VII, 1813-1814).
Latreille. — Encyclopédie méthodique, Crust., Arach., Insectes-
atlas, pi. CCCXXXVI, (1817).
Krover (Henrik). — Karcinologiske Bidrag (Naturhistorisk
246 SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1901
Tidsskrïft, Ny Itaekke, II, p. 1-123 (1846), le travail se poursuit aux
p. 366-446 (1847).
Spence Bâte and Westwood. — A History of the British sessile-
eyed Crustacea, II, London (1868).
Sars (George-Ossian). — Prodromus descriptionis Crustaceorum
et Pycnogonidarum quae in Expeditione Norwegica anno 1876,
observavit [Archic for Mathematik og Naturvidenskab, KristiaDia,
1877, p. 337-371).
Id. — Crustacea et Pycnogonida nova in itinere 2° et 3t0 Expedi-
tionis Norvegicae anno 1877 et 1878 collecta (Prodromus descrip-
tionis). {Archiv for Mathematik og Naturvidenskab, Kristiania, 1879,
p. 427-476).
Id. — TheNorwegian North Atlantic Expédition, Crustacea (1885).
Beddard (Frank Evers). — Preliminary Notice of the Isopoda
collected during the voyage of H. M. S. «Challenger» {Proceedings
Zoological Society, 1886, p. 97-122).
Id. — The Zoology of the voyage of H. M. S. Challenger, Part
XLVIII, Report on the Isopoda, second Part, 1886.
Stebbing (Thomas R. R.). — A History of Crustacea, Récent
Malacostraca, London (1893).
Bonnier (Jules). — Résultats scientifiques de la Campagne du
« Caudan » dans le Golfe de Gascogne, août -septembre 1895
(Annales de l'Université de Lyon, 1896, pp. 527-690, pi. 28-40).
Sars (G.-O.). — An Account of the Crustacea of Norway, II,
Isopoda, Bergen (1899).
Ohlin (Axel). — Arctic Crustacea collected during the Swedish
Arctic Expéditions 1898 and 1899 under the direction of Professor
A. -G. Nathorst. — I, Leptostraca, Isopoda, Cumacea (Bihang till
K. Svenska Vet. Akad. XXVI, (4), n° 12, 54 pp., 6 pi.). Stockholm
(1901).
247
ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX
DECRITS DANS LE BULLETIN DE 1901
EcHÏNODERMES
Pages
Ophioglypha abdila Koehler 225
0. concreta K 228
Ophiophycis mirabilis K.
Pages
Crustacés
Ceeognuthia Sarsi A. Dollfus..
Gnathia Grimaldii A. D
Gnathia Richardi A. D
Niphargus Plateaui Chevreux.
JV. P. elongatus C. (nov. var.)
244 A'. P. robustus C. (nov. var.).. 173
240 N. Lamiraulti C. 174
242 Pseudoniphargus ufricanus C.
168 (nov. gen. et sp.).. 211
168
Pseudoscorpions
Chelifer borneoensis Ellingsen... 206 Ideobisium Strcmdi E.
Acariens
Àgaue. exornata Trouessart 149
Halacarus(Copidognatus)Bavayi
corallorum T. (subsp. nov.) 148
H. (C.) crassii'ostris T 153
H. paralletvs T 148
H. rostratus T 147
Ischyrognathus Coutieri T. (nov.
gen., sp. n.).. 145
Mealia /o/ig'torT.(nov.gen.,sp.n.) 84
M. pleronyssina T. (nov.gen.,sp.n.) 83
Rhombugiiathus exoplus T 151
R. cryptorhynchus T loi
Insectes
Zonabris utsignipennis Pic 77
248
TABLE DES MATIÈRES
PAR ORDRE ALPHARÉTIQUE D'AUTEURS
Pages
S. Artault de Vevey. A propos des règles de nomenclature proposées par
M. le professeur Y. Delage 93
E. Brumpt. Mission du Vicomte Du Bourg de Bozas en Afrique centrale.
I. Note sur les Hirudinées du lac Arramaya (Abyssinie) .... 123
A. Certes. Instructions sur le mode de récolte et d'envoi des sédiments
d'eau douce, saumâtre ou salée, destinés aux recherches micros-
copiques 117
E. Chevreux. Amphipodes des eaux souterraines de France et d'Algérie :
1 168
II 174
III 197
IV 201
V . . . 211
VI 216
VII (addenda) 234
A. Doli.fus. Etude préliminaire des Gnathiidae recueillis dans les cam-
pagnes de Y Hirondelle et de la Princesse-Alice 239
A. Dubois. Le baron Edmond de Selys-Longchamps (avec un portrait). . 24
L. Dyé et M. Neveu-Lemaire. Anomalie des palpes maxillaires chez quelques
Moustiques du genre Culex 194
E. Ellingsen. Sur une espèce nouvelle d'Ideobisium, genre des Pseudo-
scorpions de l'Europe 86
E. Ellingsen. Sur deux espèces de Pseudoscorpions de l'Asie 205
J. Guiart. H. de Lacaze-Duthiers (1821-1901). Notice nécrologique (avec
un portrait) 125
Id. Cinquième Congrès international de Zoologie, tenu à Berlin en 1901.
Compte-rendu sommaire 129
Baron D'Hamonville. La nidification de l'Astur nisus Ç dans le départe-
ment de la Meuithe-et-Moselle 113
E. Heoht. La Cigogne blanche (Ciconia alba L.) dans les Vosges françaises. 156
A. L. Herrera. A propos de la nomenclature proposée par MM. Delage et
Artault de Vf.vey 1^5
Ch. Van Kempen. Nidification de l'Hirondelle de fenêtre [Hirundo urbica
(Linn.)] et arrivée prématurée d'un Bossignol [Philomela luscinia
(Linn.)J dans le nord de la France 119
249
Pages
R. Koehler. Note préliminaire sur les Echinides, Ophiures et Crinoïdes
recueillis en 1898 et 1899 par la Princesse-Alice dans les régions
arctiques 98
Id. Note préliminaire sur quelques Ophiures nouvelles provenant des
campagnes de la Princesse-Alice 222
H. Martin. Présentation d'un embryon de Vipera aspis, monstre anoph-
thalme 76
R. Martin. Le baron E. de Selys-Longchamps 28
M. Neveu-Lemaire. Notes de tératologie 63
Id. Quelques mots sur la biologie des larves de Culex 120
Id. Sur deux cas d'albinisme partiel observés chez les Nègres aux îles
du Cap vert ; considérations sur 1 albinisme partiel chez l'Homme
et les animaux 179
M. Nevel'-Lemaire et L. Dyé. Anomalie des palpes maxillaires chez quelques
Moustiques du genre Culex 194
J. Pellegrin. Présentation d'un fœtus de Chat, monstre synote .... 153
L. Petit. Les Oiseaux de la baie de la Somme et leur migration tardive
en 1901 . 233
M. Pic. Notes diverses sur le genre Zonabris Harold 77
X. Raspail. Les ruses maternelles chez les animaux 53
Id. Cérémonie de secondes noces chez les Garruliens [Pica caudata et
Garrulus glandarius) 104
F. Secques. Ribliographie et bibliothèques 61
E. Trouessart. Les pratiques d'hygiène chez les animaux 10
Id. Les rapports de la Zoologie et de la médecine 32
Id. Sur deux espèces, formant un genre nouveau, de Sarcoptides détriti-
coles parasites des fourrures 82
Id. Description d'espèces nouvelles d'Halacaridae (2e note) 145
Id. Description d'espèces nouvelles d'Halacaridae (3e note ; Halacaridae des
côtes de France) 130
P. Vignon. Sur l'histologie du Ver à soie. (Note préliminaire) 114
250
TABLE
PAR ORDRE DES MATIERES
Pages
Liste des Membres v
Liste géographique des Membres xxi
Liste des Membres décédés xxvi
Bureau et Conseil xxvn
Liste des Présidents depuis la fondation de la Société xxvm
Séance du 8 janvier 1901 1
— 22 — 9
Réception en l'honneur de M. Agassiz (avec un portrait) 21
Séance du 12 février 23
26 — Huitième Assemblée générale annuelle (avec un
portrait et une planche) 30
— 12 mars 81
— 26 - 85
— 9 avril 90
— 23 — (avec un portrait) . 96
— 14 mai . 98
— 28 - 110
— 11 juin 111
— 25 — 116
— 9 juillet . 123
— 23 — 125
Cinquième Congrès international de Zoologie, tenu à Berlin en août 1901 .
Compte rendu sommaire 129
Séance du 22 octobre 144
12 novembre 167
— 26 — 193
17 décembre 210
— 24 — 232
Kspèces et genres nouveaux décrits dans le Bulletin de 1901 .... 247
Table des "matières par ordre alphabétique d'auteurs 248
Table par ordre des matières 250
Le Secrétaire général honoraire,
Prof. R. BLANCHARD.
Le Secrétaire général, gérant,
Dr J. GUIART.
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