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Full text of "Bulletin de la Société zoologique de France"

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LIBRARY  OF  MARINE  BIOLOGICAL  LABORftTORY 

WOODS     HOLE,    MASS. 


Loaned  by  American  Muséum  of  Natural  History 


BULLETIN 


DE    LA 


SOCIÉTÉ    ZOOLOGIQUE 


DE    FRANCE 


POUR      L'ANNÉE      1901 


LILL1.. 


IM1>.    LE    MGOT    FRERES 


BULLETIN 


1)K    LA 


SOCIÉTÉ  Z00L0GIÛUE 


DE    FRANCE 


RECONNUE      D'UTILITE      PUBLIQUE! 


ANNEE       1901 


VINGT-SIXIÈME     VOLUME 


PARIS 

AU  SIÈGE  DE  LA  SOCIÉTÉ   ZOOLOGIQUE  DE   FRANGE 

28,  rue  Serpente,  Hôtel  des  Sociétés  savantes 
16'  arrondissement). 

190  1 


AVI  S 


Les  Membres  de   la  Société  sont   instamment  priés  d'adresser, 
d'une  façon  impersonnelle,  tous  les  envois  d'argent  et  les  mandats  à 

Monsieur  le  Trésorier 
de  la  Société  Zoologique  de  France. 


LISTE 

DES 

MEMBRES    DE    LA    SOCIÉTÉ 

AU  31  JANVIER  1901 

AVEC    LA  DATE    DE    LEUR   ADMISSION 


Le  nom  des  Membres  fondateurs  est  précédé  de  la  lettre  F 


PRESIDENT  HONORAIRE 
F     Vian  (Jules),  élu  le  27  février  1894. 

SECRÉTAIRE    GÉNÉRAL    HONORAIRE 

F     Blanchard  (Prof.  Raphaël),  élu  le  18  décembre  1900. 

MEMBRES    HONORAIRES 

1894  Agassiz  (Alexander),  directeur  du  Musée  de  zoologie  compa- 
rée de  Harvard  Collège,  à  Cambridge,  Mass.  (Etats-Unis). 
F      Barboza  du  Bocage  (prof.  José-Vicente),  membre  de  l'Aca- 
démie royale  des  sciences,  à  Lisbonne  (Portugal). 

1878  Gùnther  (Dr  Albert),  F.  R.  S.,  directeur  de  la  section  zoolo- 
gique du  British  Muséum,  à  Londres  (Angleterre). 

1898  Kovalevsky  (Alexandre),  membre  de  l'Académie  impériale 
des  sciences,  à  Saint-Pétersbourg  (Russie). 

1878  Lacaze-Duthiers  iDr  Henri  de),  membre  de  l'Institut,  profes- 
seur à  la  Sorbonne,  7,  rue  de  l'Estrapade,  à  Paris  (5e). 

1894  Lilljeborg  (W.),  professeur  émérite  à  l'Université  d'Upsal 
(Suède). 

1894  Mobius  (K.),  directeur  Ou  Musée  zoologique,  43,  Invaliden- 

strasse,  à  Berlin  (Prusse). 

1897  Murray  (John),  Ph.  D.,  directeur  des  publications  de  l'expé- 
dition du  Challenger, Challenger  lodge,  Wardiea  Edimbourg 
(Ecosse). 

1897  Nansen  (Fridtjof),  professeur  à  l'Université  de  Christiania 
(Norvège). 

1880  Nordenskjold  (baron  A. -E.),  associé  étranger  de  l'Académie 

des  sciences,  à  Stockholm  (Suède). 
F      Sharpe  (R.  Bowdler),  F.  L.  S.,  chargé  de  la  section  ornitho- 
logique  du  British  Muséum,  à  Londres  (Angleterre). 

1895  Van  Beneden  (Edouard),  membre  de  l'Académie  royale  de 

Belgique,  professeur   à  l'Université  de  Liège  (Belgique). 


MEMBRES  CORRESPONDANTS 

* 


1893  Brusina  (Spiridion),  professeur  à  l'Université,  directeur  du 
Musée  national  zoologique,  à  Agram  (Croatie). 

1886  Dugès  (Dr  Alfred),  consul  de  France,  à  Guanajuato  (Mexique). 
1888  Fritsh  (Dr  Anton),  professeur   à  l'Université  de  Bohême,  à 
Prague  (Bohême). 

1896  Graff  (L.  Von),  professeur  à  l'Université  de  Graz  (Autriche). 

1890  Horst  (Dr  B.),  conservateur  au  Musée  d'histoire  naturelle,  à 

Leide  (Hollande). 

1897  Sluiter,  professeur  à  l'Université,  à  Amsterdam  (Hollande). 

1891  Vejdovsky    (Franz),    professeur  à  l'Université   de  Bohême, 

à  Prague  (Bohème). 


MEMBRES  DONATEURS  DECEDES  <l) 


F      Branicki  (comte  Constantin),  décédé  en  1884. 
1888  Chancel  (M»e  Aline),  décédée  en  1889. 
1888  Guerne  (haron  Frédéric  de),  décédé  en  1888. 
1876  Semallé  (vicomte  Bené  de),  décédé  en  1894. 

F      Hugo  (comte  Léopold),  décédé  en  189.'». 

F      Hamonville  (baron  d'),  décédé  en  1899. 


(I)  Par  une  délibération  en  date  du  25  janvier  1885,  le  Conseil  a  décidé  de  main- 
tenir perpétuellement  en  fête  <ln  Bulletin  la  liste  des  Membres  donateurs  décédés. 


MEMBRES     TITULAIRES    (1) 

1897  aconin (Georges), avocat,  l,rueMouton-Duvernet,à  Paris(14e). 

1890  Albert  Ier  (S.  A.  S.  le  prince),  prince  do  Monaco   (membre 

donateur),  correspondant  de  l'Institut,  7,  cité  du  Retiro, 

à  Paris  (8"). 

1889  Alluaud  (Charles),  3,  rue  du  Dragon,  à  Paris  (6°). 

1895  Amaudrut,  professeur  au  lycée,  à  Vesoul  (Haute-Saône). 

1876  Amblard  (Dr  Louis),  l&bis,  rue  Paulin,  à  Agen  (Lot-et-Garonne). 

1892  André  (E.),  notaire  honoraire,  17,  rue  des  Promenades,;»  Gray 

(Haute-Saône). 

18!)2  Anghelesco  (Constantin),  interne  des  hôpitaux,  71,  rue  des 
Saints-Pères,  à  Paris  (6e). 

1897  Antipa  (Dr  Grégoire),  directeur  du  Musée  d'histoire  naturelle, 
rue  Blona,  à  Bucarest  (Roumanie). 

1893  Apfelbeck   (Victor),  conservateur  au    Musée   de    Bosnie  et 

d'Herzégovine,  à  Saraievo  (Bosnie). 
io.       1896  Arechavaleta    (Dr    José),   directeur    général    du    Muséum 
nalional,  369,  calle  Uruguay,  à  Montevideo  (Uruguay). 
1893  Argod-Vallon  (Albert),  à  Crest  (Drôme). 

1893  Armand-Delille,  étudiant  en  médecine,  7,  rue  Portalis,  à 
Paris  (8e). 

1893  Arrigoni  degli  Oddi  (comte),   professeur  à  l'Université,  à 

Padoue  (Italie). 

1897  Artault  (Dr  Stéphen),  2,  rue  Boutarel,  à  Paris  (4e). 

1895  Aubert  fMarius),  aide-naturaliste  au  Muséum  d'histoire 
naturelle,  3,  allée  Philippine,  à  Saint-Barnabe,  banlieue  de 
Marseille  (Bouches-du-Rhône). 

1877  Bailly ( J.-F.-D.),  75, rue  Aylmer,  à  Montréal  (Canada). 

1880  Bambeke  (Dr  Charles  Van),  professeur  à  l'Université,  7,  rue 
Haute,  à  Gand  (Belgique). 

1878  Babrois   (Dr    Jules),    villa    Barrois,    cap    Brun,    à    Toulon 

(Var). 

1880  Barrois   (Dr   Théodore),  professeur  à   ITJDiversité,  220,  rue 
Solfériuo,  à  Lille  (Nord). 
20.      1896  Barrows  (Walter  B.),  professeur  de  zoologie  et  de  géologie 
au  Collège  d'agriculture,  à  Lansiug,  Mich.  (Etats-Unis). 

1879  Bavay,  pharmacien  en  chef  de  la  marine,  membre  du  Conseil 

supérieur  de  santé  59,  rue  Boissière,  à  Paris(16e). 

1889  Bedot  (Dr  Maurice),  directeur  du  Musée  d'histoire  naturelle, 
professeur  à  l'Université,  à  Genève  (Suisse). 

(1)  La  Société  s'est  vue  dans  la  nécessité  de  rayer  de  la  liste  des  membres  un 
certain  nombre  de  personnes  qui  avaient  négligé  de  payer  leur  cotisation  (Art.  Il  4u 
Règlement  i. 


VIII 

1878  Bedriaga  (Jacques  de),  docteur  ès-sciences,  55,  boulevard  de 
l'Impératrice,  à  Nice  (Alpes-Maritimes). 

1880  Berthoud  (Léon),  pharmacien  de  l'hospice  de  Bicêtre  (Seine). 
F     Besnard  (Auguste),  conducteur  des  ponts-et-chaussées,  68, 

route  de  Laval,  au  Mans  (Sarthe). 
1884  Birliothèque  de  l'Université  et  de  l'Etat,  à  Strasbourg  (Alsace). 

1889  Birliothèque  de  l'Université,  à  Grenoble  (Isère). 

1890  Birliothèque  du   Muséum   d'histoire   naturelle,   2,    rue  de 

Buffon,  à  Paris  (5e). 

1892  Birliothèque  de  l'Université,  à  Rennes  (Ille-et- Vilaine). 

3o.  1884  Bignon  (Mlle  Fanny),  docteur  ès-sciences,  professeur  à  l'Ecole 
Edgard  Quinet,  162,  rue  du  Faubourg-Poissonnière,  à 
Paris  (10e). 

1884  Binot  (Dr  Jean),  chef  de  laboratoire  à  l'Institut  Pasteur,  22, 

rue  Cassette,  à  Paris  (6e). 

1891  Blanc  (Edouard),   (membre  à  vie),  explorateur,  52,  rue  de 

Va  renne,  à  Paris  (7e). 

1892  Blanchard  (Mme  Raphaël),  (membre  donateur),  226,  boulevard 

Saint-Germain,  à  Paris  (7e). 
F      Blanchard  (Dr  Raphaël),    (membre  donateur),   professeur  à 
l'Université,    membre  de  l'Académie  de  médecine,   226, 
boulevard  Saint-Germain,  à  Paris  (7e). 
1889  Blasius  (Dr  Rudolph),   25,  Petrithor-Promenade,  à   Bruns- 
wick (Allemagne). 

1889  Blasius  (prof.  Wilhelm),  directeur  du  Musée  d'histoire  natu- 

relle, 7,  Gauss-strasse,  à  Brunswick  (Allemagne). 

1881  Blonay  (Roger  de),  23,  rue  de  Larochefoucault,  à  Paris  (9e). 

1883  Bolivar  (Ignacio),  professeur  d'entomologie  à  l'Université, 
1,  calle  Moreto,  à  Madrid  (Espagne). 

1882  Bonaparte  (le  prince  Roland),  (membre  donateur),  10,  avenue 

d'Iéna,  à  Paris  (16e). 

4o.  1898  Bondouy,  préparateur  à  la  Faculté  des  sciences,  à  Rennes 
(Ille-et-Vilaine). 

1893  Bonnaire  (Dr  E.),  professeur  agrégé  à  l'Université,  accou- 

cheur des  hôpitaux,  37ter,  rue  de  Bourgogne,  à  Paris  (7e). 

1885  Bonnier  (Jules),  directeur-adjoint  de  la  Station  maritime  de 

Wimereux,  75,  rue  Madame,  à  Paris  (6e). 

1880  Boucard  (Adolphe),  officier  d'Académie,  Spring  vale,  île  de 

Wight  (Angleterre). 
1897  Boutan  (Dr  Louis),  maître  de  conférences  à  l'Université  de 

Paris,   18,    avenue  du  Petit-Chambord,  à  Bourg  la  Beine 

(Seine). 

1890  Bouvier  (E.  L.),  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle, 

39,  rue  Claude  Bernard,  à  Paris  (5e). 

1893  Bradant  (Edouard),  au  château  de  l'Alouette,  près  Cambrai 

(Nord). 


1889  Branicki  (comte  Xavier),  (membre  à  vie),   10,  rue  Wiejska, 

à  Varsovie  (Russie). 

1890  Braun  (D'Max),  professeur  à  l'Université,  directeur  du  Musée 

zoologique,  1,  Steruwartsfrasse,  à  Kônigsberg  (Prusse). 

1892  Brian  (Alfred),  {membre  donateur),  6,  via  San  Sebastiano,  à 
Gênes  (Italie). 

5o.       1898  Brisskmoret   (Alphonse),  chef  de  laboratoire  à   la  Faculté 
de  médecine  de  Paris,  58,  rue  La  Fontaine,  à  Paris  (16e). 

1894  Brôlemann  (Henry),  22,  rue  de  Marignan,  à  Paris  (8e). 

1896  Brumpt  (Emile),  docteur  ès-sciences,  préparateur  à  la  Faculté 

de  médecine,  16,  rue  Gustave  Courbet,  à  Paris  (16e). 

1897  Bruyant,  professeur-suppléant  à  l'école  de  Médecine,  26,  rue 

Gaultier-de-Biauzat,  à  Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme). 
1892  Buchet  (Gaston),  rue  de  l'Ecu,  à  Bomorantin  (Loir-et-Cher). 
1897  Bujor  (Dr   Paul),   professeur  de  Zoologie  à   la   Faculté  des 

sciences  de  1  Université  d'iassy  (Roumanie). 

1897  Buén  (Odôn    de),    professeur    à    l'Université,  à   Barcelone 
(Espagne). 

F  Bureau  (Dr  Louis),  (membre  à  vie),  directeur  du  Musée, 
professeur  à  l'Ecole  de  médecine,  15,  rue  Gresset,  à  Nantes 
(Loire-Inférieure). 

1880  Camerano   (Dr  Lorenzo) ,  professeur  à  l'Université,  palazzo 
Carignano,  à  Turin  (Italie). 

1880  Camprell  (John-Mac  Naught),  C.  E.,  F.  Z.  S.,  senior  assistant 
curator,  Kelvingrove  Muséum,  à  Glasgow  (Ecosse). 
6o.      1893  Carus  (J.  Victor),  professeur  à  l'Université,  L5,  Universitats- 
strasse,  à  Leipzig  (Allemagne). 

1897  Carné  (Adrien  de),  villa  d'Arvor,  à  Bourg-hi-Reine  (Seine). 

1887  Catois  (Dr  Eugène),  professeur  à  l'Ecole  de  médecine,  15,  rue 
Ecuyère,  à  Caen  (Calvados). 

1895  Caustier   (Eugèue),  professeur   au  lycée   de  Versailles,    à 

Viroflay  (Seine-et-Oïse). 

1900  Cazamian,   licencié  ès-ciences  naturelles,  104,  rue  d'Assas, 
à  Paris  (6-). 

1880  Certes  (Adrien),  inspecteur  général  des  finances,  53,  rue  de 
Varenne,  à  Paris  (7e). 

1891  Chancel  (Mme  Marius),  (membre    donateur),  226,   boulevard 

Saint  Germain,  à  Paris  (7e). 

1900  Charlot  (Mlle  Julie),  32,  rue  des  Francs-Bourgeois,  à  Paris (3e). 

1883  Chatin   (Dr  Joannès),   membre   de   l'Institut,   professeur   à 
l'Université,  174,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris  (6e). 

1891  Chaves    (Francisco    Alfonso),    directeur  de    l'Observatoire 
météorologique,  à  Pouta  Delgada,  île  Sào  Miguel  (Açores). 

70.       1884  Chevrecx  (Edouard),  (membre  donateur),  route   du   Cap,  à 
Bône  (Algérie). 


1891  Chevreux  (Mlle),  i membre  à  vie),  131,  Grande-Rue,  à  Boulogne- 

sur-Seine  (Seine). 

1899  Chobaut,  (Dr  A.),  4,  nie  Dorée,  à  Avignon  (Vaucluse). 
1888  Claybrooke  (Jean  de),  5,  rue  de  Sontay,  à  Paris  (16e). 

1881  Clément  (A.-L.),  (membre  à  rie),  dessinateur,  34,  rue  Lacé- 

pède,  à  Paris  (5e). 
1876  Collardeau  du  Heaume  (Marie-Philéas),  6,  rue   Halévy,  à 

Paris  (9e). 
1887  Cosmovici  (Dr  Léon-C),  professeur  à  l'Université,  11,  Stefan 

cel  mare,  à  Iassy  (Roumanie). 

1900  Coutière,  iD1  H.),  professeur  agrégé  de  l'École  de  Pharmacie, 

21  bis,  boulevard  Port-Royal,  à  Paris  (13e). 
1895  Dalmas  (Comte  Raymond  de),  26,  rue  de  Berri,  à  Paris  (8e). 

1897  Daruty  de  Grandpré  (Albert),  directeur  du  Muséum   Des 

jardins,  à  Port-Louis  (lie  Maurice). 
Ho.       1894  Dassonville  (Charles),  docteur  es  -sciences,  vétérinaire  aux 
batteries  de  la  deuxième  Division  de  cavalerie,  à  Lunéville 
(  Meurthe-et-Moselle). 
1884  Dautzenberg  (Philippe),  (membre  donateur),  213,  rue  de  l'Uni- 
versité, à  Paris  (7e). 

1898  Davenière  (Emile),  licencié  ès-scieuces,  47,  rue  Monsieur-le- 

Prince,  à  Paris  (6e). 
1887  Delage  (Dr  Yves),  professeur  à  l'Université   de   Paris,  villa 

de  Nice,  à  Sceaux  (Seine). 
1895  Delouche   de    Pémoret   (Paul),   au   château   des  Crubliers, 

commune  d'Arthon  (Indre;. 

1876  Demaison  (Louis),  archiviste.  21,  rue  Nicolas  Perseval,  à  Reims 

(Marne). 
F    Dollfus  (Adrien),  directeur  de  la  Feuille   des  jeunes  natura- 
listes, 35,  rue  Pierre  Charron,  à  Paris  (8e). 

1892  Dollfus    (Gustave),  [membre  à  rie),  45,  rue   de    Chabrol, 

à  Paris  (10e). 
1897  Domet  de  Vorges  (Albert),  licencié  es  sciences  naturelles,  4, 

avenue  Thiers,  à  Compiègne  (Oise). 
1887  Dominici  (Henri),  licencié  ès-sciences.  10,  place  de  Laborde, 

à  Paris  (8"). 
oo.      1895  Donckier    de    Donceel    (Henri),    40,    avenue    d'Orléans,   à 

Paris  (14e). 
1894  Dongé  (Ernest),  36,  avenue  de  Châtillon,  à  Paris  (14e). 

1877  Douvillé,  professeur  à   l'Ecole   des   Mines,   207,  boulevard 

Saint-Germain,  à  Paris  (7e). 
1876  Dubois  (Alphonse),  docteur  ès-sciences,  conservateur  au  Musée 
royal  d'histoire  naturelle.  127,  rue  Franklin,  à  Bruxelles 
(Belgique). 


NI 

1882  DoBOis(Dr  Raphaël),  professeur  à  l'Université,  à  Lyon(Rhone). 
1897  Duboscq  (Dr  0.),  maître  de   conférences  de  Zoologie  à  la 
Faculté  des  sciences,  à  Caen  (Calvados). 

1889  Duchaussoy  (Dr),  professeur  agrégé  à  la  faculté  de  médecine, 

8,  rue  des  Beaux-Arts,  à  Paris  (6r). 

1893  Ellingsen  (Edvard),  à  Kragerjzf  (Norvège). 

1887  Emery  (Dr  Emile),  chef  de  clinique  à  la  Faculté  de  médecine, 

•">.  rue  de  Rome,  à  Paris  (8  I. 
1870  Fatio  (Victor),  1,  rue  Bellot,  à  Genève  (Suisse). 
ioo.      l8Si  Furot  (Dr  Lionel),  [membre  à  me),  à  Soliguat,  par  Issoire 

(Pu y- de  Dôme). 

1893  Field  (Dr  Herbert  Haviland).  directeur  du  Bureau  bibliogra- 

phique   international,     38,    Eidmattstrasse ,    à    Ziïrich- 
Neumunster  (Suisse). 

1886  Filhol  (Dr  Heori),  membre  de  l'Institut,  professeur  au 
Muséum  d'histoire  naturelle.  9,  rue  Guénégaud,  à  Paris  (61). 

1894  Fischer  (Henri),  docteur  ès-sciences,  chef  de  travaux   pra- 

tiques à  la  Faculté  des  sciences, 51,  boulevard  Saint-Michel, 

à  Paris  (5   . 
1892  Fleutiai'x  (Edmond),  6,  avenue  Suzanne,  à Nogent-sur-Marne 

(Seine). 

1894  FoÀ  (Edouard),  explorateur,  51,  avenue  des  Champs-Elysées 

à  Paris  (8e). 

1895  Fockeu  (Dr  Henri),  chargé  de  cours  à  la  Faculté  de  médecine, 

34,  rue  Barthélemy-Delespaul,  à  Lille  (Nord). 

1900  François  (Ph.),  docteur  ès-sciences,  chef  de  travaux  pratiques 
à  la  Sorboûne,  20,  rue  Monsieur  le-Prince,  à  Paris  (6e). 

1897  Freyssinge  (Louis),  licenciées-sciences,  pharmacien,  prépa- 
rateur à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  105,  rue  de 
Bennes,  à  Paris  (6(  ). 

1890  Friedlànder  (R.)  et  fils,  libraires,  11,  Carlstrasse,  à  Berlin 

(Prusse). 
no.       1895  Fullarton    (Dr   J.-H.),   zoologiste    au    Fishery    Board    for 
Scotland,  à  Saint-Andrews  (Ecosse). 

1884  Gâche  (Henri),  201,  avenue  Victor  Hugo,  à  Paris  (16e). 

1881  Gadeau    de    Kerville    (Henri),  7,    rue    Dupont,   à    Bouen 

(Seine-Inférieure). 
1900  Garcia    (Philippe),     médecin-chirurgien),    29,    rue    Saint- 

Baphaël,  à  la  Havane  (Cuba). 

1880  Garman  (Samuel),  assistant  of  Ichthyology  and  Herpetology 
at  the  Muséum  of  Comparative  Zoology/at  Harvard  Collège, 
à  Cambridge,  Mass.  (Etats-Unis). 

1897  Gaudin  (Louis),  négociant,  à  Cayenne  (Guyane). 

1894  Gaudisy  Albert),  membre  de  l'Institut,  professeur  au  Muséum 
d'histoire  naturelle,  7  bis,  rue  des  Saints-Pères,  à  Paris  (6e). 


XII 

1895  Gaulle  (Jules  de),  41,  rue  de  Vaugirard,  à  Paris  (6e). 

1896  Gauraud  (Emile),  8,  place  des  Acacias,  à  Royan  (Charente- 

Inférieure). 

1879  Gazagnaire  (Joseph),  29,    rue  Centrale,   à  Cannes    (Alpes 

Maritimes). 
i2o.      1899  Georgevitch,  professeur  de  zoologie  à  l'Université  de  Bel- 
grade (Serbie). 

1895  Gervais  (Dr  Heuri),  assistant  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 
13,  rue  de  Navarre,  à  Paris  (5e). 

1887  Girod   (Dr    Paul),  professeur   à    l'Université,   à  Clermont- 

Ferrand  (Puy-de-Dôme). 

1890  Girodon  (Alphonse),  7,  quai  Saint-Clair,  à  Lyon  (Rhône). 

1901  Gourret  (Dr  Paul),  professeur  adjoint  à  la  Faculté  des  scien- 
ces, à  Marseille  (Bouches  du-Rhône). 

1900  Grandidier  (Guillaume),  chargé  de  missions  scientifiques  à 
Madagascar,  6,  Rond-Poi  nt-des-Champs-Elysées,  à  Paris  (8'). 

1888  Greenough  (H. -S.),  12,  avenue  de  Wagram,  à  Paris. 

1891  Gruvel,  maître  de  conférences  à  l'Université,  à  Bordeaux 

(Gironde). 

1900  Guérin,  préparateur  de  Zoologie,  à  l'Université  de  Rennes 
(Ille  et-Vilaine). 

1880  Guerne  (baron  Jules  de),   (membre    donateur),   6,   rue    de 

Tournon,  à  Paris  (6e). 

i3o.  1895  Guiart  (Dr  Jules),  {membre  donateur),  docteur  ès-sciences, 
chef  des  travaux  pratiques  de  Parasitologie  à  la  Faculté 
de  médecine,  19,  rue  Gay-Lussac,  à  Paris  (5e). 

1886  Guitel  (Frédéric),  professeur  ad  loint  à  la  Faculté  des  sciences, 
32,  rue  Gurvand,  à  Rennes  (llle-et-Vilaine). 

1895  Guyot,  chef  des  travaux  pratiques  de  Zoologie  à  l'Université, 
à  Rennes  (llle-et-Vilaine). 

1894  Hakki  (Ismaïl),  professeur  à  l'Ecole  vétérinaire  de  Pankalti, 
à  Constantinople  (Turquie). 

1891  Hallez  (DrPaul),  professeur  à  l'Université,  à  Lille  (Nord). 
1900  Hamonville  (Baron  d'),  à   Viterne,  par  Pont-Saint-Vincent 

(Meurthe-et-Moselle). 
1888  Hecht  (Dr  Emile),  chef  de  travaux  à  la  Faculté  des  sciences, 
12,  rue  Victor  Hugo,  à  Nancy  (Meurthe-et-Moselle). 

1886  Hérouard    (Edgard),    maître  de  conférences  de  Zoologie  à 
l'Université,  9,  rue  de  l'Eperon,  à  Paris  (6e). 

1892  Herrera  (Alphonse  L.),  aide-naturaliste  au  Muséum  national, 

à  Mexico  (Mexique). 

1899  IIkktwig,  (Dr  Richard),  professeur  de  Zoologie  à  l'Université 
de  Munich  (Bavière). 

i4"o.  1900  Herubel,  licencié  es  sciences ,  11.  place  du  Panthéon, 
à  Paris  (5e). 


XIII 

1896  Houssaye  (Emile),  pharmacien  de  l'Assistance  publique,  5, 

rue  de  l'Epée-de  Bois,  à  Paris  (5e). 

1895  Jammes  (Dr  L.),  maître  de  conférences  à  l'Université,  à  Tou- 
louse (Haute-Garonne). 

1893  Janet  (Armand),  (membre  à  vie),  ancien    ingénieur  de  la 

marine,  29,  rue  des  Voloutaires,  Paris  (15e). 
1890  Janet  (Charles),  [membre  à  oie),  docteur  ès-sciences,  ingénieur 
des  arts  et  manufactures,  villa  des  Roses,  près  Beauvais 
(Oise). 

1895  Jaquet  (Dr  Maurice),  assistant  à  l'Institut  anatomique  et 
chirurgical  de  l'Université,  à  Bucarest  (Roumanie). 

1890  Joantn  (Albert),  préparateur  à  la  Faculté  de  médecine,  272, 

boulevard  Raspail,  Paris  (14e). 

1882  Joubin  (Dr  Louis),  (membre  à  oie),  professeur  à  l'Uuiversité, 
à  Rennes  (Ille-et-Vilaine). 

1892  Jourdan  (Etienne),  professeur-adjoint  à  l'Université,  6,  rue 

de  la  Bibliothèque,  à  Marseille  (Bouches  du  Rhône). 
F     Jousseaume  (Dr  Félix),  (membre  à  vie),  29,  rue  de  Gergovie,  à 
Paris  (14e). 

ioo.      1880  Juliany  (Joseph),  12,  place  de  l'Hôtel-de-Ville,  à  Manosque 
(Basses-Alpes). 

1895  Julin  (Dr  Charles),  professeur  à  l'Université,  151,  rue  Fragnée, 
à  Liège  (Belgique). 

1900  Jumentié,  préparateur  à  la  Faculté  de  médecine,  106,  rue  de 
la  Pompe,  à  Paris  (16e). 

1879  Kempen  (Ch.  van),  12,  rue  Saint-Bertin,  à  Saint-Omer  (Pas- 
de-Calais). 

1888  Kerhervé  (L.-B.  de),  licencié  ès-sciences  naturelles,  à  Lacres, 

par  Samer  (Pas-de-Calais). 

1897  Klixcksieck  (Paul),  éditeur,  3,  rue  Corneille,  à  Paris  (6e). 

1894  Koehler  (R.),  professeur  à  l'Université,  à  Lyon  (Rhonej. 

1889  Korotnev,  professeur  à  l'Université  de  Kiev  (Russie),  directeur 

de  la  Station  maritime  de  Villefranche  (Alpes-Maritimes). 

1893  Krasilsshtshik   (Isaac),   43,  Leovskaïa,  à  Kishinev  (Russie 

méridionale). 
1879  Kunckel  d'Herculais  (Jules),  assistant  au  Muséum  d'histoire 
naturelle,  56,  rue  de  Butïon,  à  Paris  (5e). 
160.       1881  Kunstler  (Jules),  professeur-adjoint  à  l'Université,  à  Bor- 
deaux (Gironde). 

1891  Labbé  (Alphonse),  docteur  ès-sciences,  chef  de  travaux  prati- 

ques   de  Zoologie  à   l'Université,  28,  rue   Vauquelin,   à 
Paris  (5e). 
1891  Laboratoire  de  Zoologie  de  l'École  pratique  des  Hautes-Etudes, 
au  Muséum  d'histoire    naturelle,  55,  rue    de    Bufîon,  à 
Paris  (5e). 


X  1  Y 

1892  Laboratoire  de  Zoologie  de  l'Université,  à  Nancy  (Meurthe- 
et-Moselle). 

1895  Lallier  (Dr  Paul),  46,   passage  du  Bureau  (rue  Alexandre- 
Dumas),  à  Paris  (11e). 

1886  Lamy  (Ernest),  113,  boulevard  Haussmann,  à  Paris  (8e). 

1892  Lande  (Dr  Adam),  6,  Maryjànska,  à  Varsovie  (Pologne). 

1880  Langlassé  (René),  50,  rue  Jacques  Dulud,  à  Neuilly-sur-Seine 

(Seine). 

1883  Lakcher    (Dr   Oscar),   membre   de   la    Société    de   Biologie, 

97,  rue  de  Passy,  à  Paris  (16e). 

1877  Larguier   des    Banckls    (D1'),    conservateur    du    Musée    de 
Zoologie  de  Vaud,  29,  rue  de  Bourg,  à  Lausanne  (Suisse). 
i-o.       4900  Launois  (Dr),  professeur  agrégea  la  Faculté  de  médecine, 
12,  rue  Portalis,  à  Paris  (8e). 

1888  Lavergne   de  Labarrière  (Joseph-Lois),  inspecteur  d'assu- 

rances, 51,  rue  de  Naples,  à  Paris  (8e). 

1882  Lennier  (G.),  directeur  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  22, 
route  de  la  Hève,  à  Sain  te -Adresse,  près  le  Havre  (Seine- 
Inférieure). 

1892  Léon  (Dr  Nicu),  professeur  à  l'Université,  à  Jassy  (Roumanie). 

1897  Lévy  (Melle  Madeleine),  licenciée  ès-sciences,  9,  rue  Rataud, 
à  Paris  (5e). 

1891  Lignières  (Joseph),  répétiteur  à  l'École  vétérinaire,  à  Alfort 

(Seine). 

1890  Loriol  (Perceval  de),  au  chalet  des  Rois,  par  Crassier,  canton 
de  Vaud  (Suisse). 

1897  LoYEz(Melle  Marie),  licenciée  ès-sciences  naturelles,  professeur 
à  l'Ecole  Edgard  Quinet,  58,  rue  Bonaparte,  à  Paris  (6e). 

1889  Lucet  (Adrien),  vétérinaire,  à  Courtenay  (Loiret). 

1893  Maës  (Albert),  39  bis,  rue  du  Landy,  à  Clichy  ^Seine). 

180.       1 889  Magalhàes  (Dr  Pedro  Severiano  de),  professeur  à  la  Faculté  de 
médecine,  caixa  do  correio,  u"24i,  à  Rio-de-Janeiro  (Brésil). 

1882  Maggi  (Leopoldo),  professeur  à  l'Université,  à  Pavie  (Italie). 

1886  Magne  (Alexandre),  (membre  donateur),    36,   rue  de   Turin. 

à  Paris  (8e). 
1899  Magretti  (Dr  Paolo),  76,  foro  Bonaparte,  à  Milan  (Italie). 
1895  Maillet    (Gustave),    industriel,    32,    rue   du    Luxembourg, 

à  Paris  (6e). 
1889  Maisonneuve  (D'Paul),  professeur  de  Zoologie  à  la  Facultédes 

sciences,  5,  rue  Volney,  Angers  (Maine-et-Loire). 
1897  Malaquin  (Dr  A.),  professeur  suppléant  à  l'Université,  159, 

rue  Brûle-Maison,  à  Lille  (Nord). 

1884  Man  (J.-G.   de),    docteur   es  sciences,    à    lerseke,    Zélande 

(Hollande). 


XV 

1887  Marchal  (Dr  Georges),  chef  de  travaux  do  médecine  opéra 
toire  et  chef  de  clinique  chirurgicale  à  l'Ilotel-Dieu,  1!), 
rue  Robert-de-Luzarches,  à  Amiens  (Somme). 

1887  Marchal  (Paul),  directeur  de  la  Station  entomologique   de 

Paris,  professeur  de  Zoologie  à  l'Institut   national  agrono- 
mique, 12(>,  rue  Boucicaut,  à  Fontenay-aux-Roses  (Seine). 
190.       1891   Marconnet  (Ferdinand),  interne  des  hôpitaux,  30,   rue  de 
Metz,  à  Nancy  (Meurthe-et-Moselle). 
F     Marmottais  (Dr),  31,  rue  Desbordes-Valmore,  à  Paris  (16e). 

1895  Marotel  (Gabriel),   chef   de   travaux   de  zoologie  à    l'Ecole 
vétérinaire,  à  Al  fort  (Seine). 

1892  Martin  (Dr  Henri),  23,  rue  Desbordes-Valmore,  à  Paris  (16°). 

1885  Martin  (René),  avocat,  au  Blanc  (Indre). 

1SV)3  Maupas  (E.),  conservateur  de  la  Bibliothèque  nationale,  rue 
de  PEtat-major,  à  Alger  (Algérie). 

1890  Maurice  (Charles),  docteur  ès-scieuces,  à  Attiches,  par  Pont- 

à-Marcq  (Nord). 
1879  Mégnin    (Pierre),    membre    de    l'Académie    de    médecine, 
6,  avenue  Aubert.  à  Vincennes  (Seine). 

1889  Metshnikov  (Dr  Elie),  chef  de  service  à  l'Institut  Pasteur,  18, 
rue  Dutot,  à  Paris  (15e). 

1888  Miégemarque  (H.),  conservateur  du  Muséed'histoire  naturelle 

de  Gaillac  (Tarn). 
200.      1899  Minchin  (Dr  Edward),  professeur  de  Zoologie  à  Uuiversity 
Collège,  à  Londres  (Angleterre). 
1884  Moniez  (Dr  Romain),  inspecteur  de  l'Académie  de  Paris,  7, 
rue  Alboiii,  première  avenue,  à  Paris  (16e). 

1887  Monvenoux  (Dr  Frédéric),  25,  rue  Grenette,  à  Lyon  (Rhône). 
1895  Moore   (J.    Percy),   instructor    in    Zoology,    University    of 

Pennsylvania,  à  Philadelphie,  Penna  (Etats  Unis). 
1897  Moreau  (Dr  Louis),  189,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris  (7e). 
1892  Moulé  (Léon),  vétérinaire  délégué  de  Paris  et  du  département 

de  la  Seine,  116,  avenue  du  Roule,  à  Neuill y-sur-Seine 

(Seine). 
1892  Musée  d'Histoire  naturelle,  à  Genève  (Suisse). 

1888  Musée  zoologique,  43,  lnvalidenstrasse,  à  Berlin  (Prusse). 
1883  Musée  national  zoologique,  à  Agram  (Croatie). 

1886  Nabias  (Dr  B.  de),  [înembre  à   vie),  doyen  de  la  Faculté  de 

médecine  et  de  pharmacie,  17  bis,  cours  d'Aquitaine,  à 
Bordeaux  (Gironde). 
2io.       1888  Nadar  (Paul),  photographe,  51,  rue  d'Anjou,  à  Paris  (8e). 

1891  Ner ville  (Ferdinand  de),  ingénieur  des  télégraphes,  59,  rue 

de  Ponthieu,  à  Paris  (8e). 
1891  Neumann    (Georges)  ,    professeur    à    l'Ecole    vétérinaire,   à 
Toulouse  (Haute-Garonne). 


XVI 


1896  Neveu-Lemairë  (Dr  Maurice),  préparateur  à  la  Faculté  de 

médecine,  20,  rue  d'Edimbourg,  à  Paris  (8e). 
1876  Oberthlr  (Charles),  imprimeur,  à  Rennes  (Ille-et-Vilaine). 
1893  Obier  (Georges),  39,  rue  de  l'Université,  à  Paris  (7e). 
1893  Odin  (Amédée),  directeur  du  Laboratoire  maritime,  23,  quai 

Franqueville,  aux  Sables  d'Olonne  (Vendée). 

1896  Oka  (Dr  Asajiro),  professeur  de  Biologie  à  la  Kotô-Gakkô,  à 
Yamaguchi  (Japon). 

1892  Olivier  (Ernest),  directeur  de  la  Revue  scientifique  du  Bour- 
bonnais, 10,  cours  de  la  Préfecture,  à  Moulins  (Allier). 

1895  Olsson  (Dr  Peter),  leclor,  à  Ôstersund  (Suède). 

220.      1890  Orueta  (Domingo  de),  ingénieur  des  mines,  àGijôn  (Espagne). 

1879  Ouori  (Emile),  général,  commandant  la  9e  division  d'infan- 

terie, à  Orléans  (Loiret)  et  à  Durtal  (Maine-et-Loire). 
1884  Oustalet(D'  Emile),  professeur  au  Muséum,  55,  rue  de  Bufïon, 
et  121  bis,  rue  Notre-Dame-des-Champs,  à  Paris  (6e). 

1900  Pacault  (Edgard),  20,  rue  d'Antin,  à  Paris  (2e). 

1889  Packard  (A.  S.),   professeur  à  Broun  University,  à  Provi- 

dence, R.  I.  (Etats-Unis). 

1888  Pages  (Dr  Jules),  3,  rue  des  Saussaies,  à  Paris  (8e). 

1890  Palacky  (Jean),  professeur  à  l'Université  de  Bohème,  11,  rue 

de  Cracovie,  à  Prague  (Bohème). 

1889  Paszlavszky  (Joseph),  professeur  à  la  Réaliskola,  7,   Bat- 

thyâny  uteza,  à  Budapest  (Hongrie). 

1892  Pavesi  (Pietro),  professeur  à  l'Université,  5,  via  Belli,  à  Pavie 

(Italie). 

1884  Pavlov  (Mme  Marie) ,  Sheremetevski  pereulok  ,  maison 
Shereinetiev,  logement  32,  à  Moscou  (Russie). 
2'3o.  1900  Pellegrin  (Dr  Jacques),  préparateur  au  laboratoire  d'Herpé- 
tologie  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  143,  rue  de  Rennes, 
à  Paris  (6e). 
F  Pennetier  (Dr  Georges),  directeur  du  Musée  d'histoire  natu- 
relle, professeur  à  l'Ecole  de  médecine,  9,  rue  Alain-Blan- 
chard, à  Bouen  (Seine-Inférieure). 

1887  Perrier  (Edmond),  membre  de  l'Institut,  directeur  du 
Muséum  d'histoire  naturelle,  57,  rue  Cuvier,  à  Paris  (5e). 

1880  Perroncito  (Dr  Edouard),  correspondant  de  l'Académie  de 

médecine,  professeur  à  l'Ecole  vétérinaire  et  à  l'Université, 
40,  corso  Valentino,  à  Turin  (Italie). 
F      Petit  (Louis)  aîné,  naturaliste,  21,  rue  du  Caire,  à  Paris  (2e). 

1897  Philippson  (Maurice),  docteur  ès-sciences,  18,  rue  Guimard, 

à  Bruxelles  (Belgique). 

1893  Pic  (Maurice),  (membre  à  vie),  à  Digoin  (Saône-et-Loire). 
1899  Picquenard  (Dr  Ch.),  {membre  à  vie),  13,  rue  de  Brest,  à  Quim- 

per  (Finistère). 


XVII 

1879  Pierson  (Henri),  (memSre  à  vie),  à  Brunoy  (Seiue-et-Oise). 

1900  Pinoy  (DrErnest),  30,  rue  de  Versailles,  à  Ville  d'Avray  (Seine- 

et-Oise). 

240.       1899  Plate  (  Dr  Ludwig),  privât  docent  à  1'Iustitut  Zoologique,  43, 
Invalidenslrasse,  à  Berlin  (Allemagne). 

1879  Plateau  (Félix),  professeur  à  l'Université,  148,  chaussée  de 

Courtrai,  à  Gand  (Belgique). 
1896  Porter  (Charles-E.),  casilla  1108,  à  Valparaiso  (Chili). 

1896  Portier  (DrPaul),  préparateur  à  la  Sorbonne,  24,  rue  Nicole, 

à  Paris  (5e). 

1889  Preudhomme  de  Borre  (Alfred),  villa  de  la  Fauvette,  Petit 
Saconuex,  à  Genève  (Suisse). 

1886  Prouho  (Henri),  maître  de  conférences  à  l'Université  de  Lille, 
à  Rabastens-sur-Tarn  (Tarn). 

1895  Pruvôt  (Dr  Georges),  directeur  du  Laboratoire  Arago 
(Banyuls-sur-Mer),  28,  rue  Vauquelin,  à  Paris  (5e). 

1893  Racovitza(G.  Emile),  docteur  ès-sciences,  2,  boulevard  Saint- 
André  des- Arts,  à  Paris  (6e). 

1882  Railliet  (A.),  membre  de  l'Académie  de  médecine,  professeur 
d'histoire  naturelle  à  l'Ecole  vétérinaire,  à  Alfort  (Seiue). 

1886  Raspail  (Xavier),  à  Gou vieux  (Oise). 

200.        1896  Râtz  (Dr  Stephau  von),  professeur  à  l'Académie  vétérinaire, 
23,  Rotlenbiller  ulcza,  à  Budapest  (Hongrie). 

1879  Regnard  (Dr  Paul),  membre  de  l'Académie  de  médecine, 
directeur  de  l'Institut  national  agronomique,  224,  boule- 
vard Saint-Germain,  à  Paris  (7e). 

1895  Régnier  (Raymond),  ancien  greffier  en  chef,  à  Fréjus  (Var). 

1895  Reyckaert  (J.),  agent  de  la  Société  Zoologique,  7,  rue  des 
Grands-Augustins,  à  Paris  (6e). 

1898  Riremont-Dessaignes  (DrA.),  professeur  agrégé  à  la  Faculté 
de  médecine,  membre  de  l'Académie  de  médecine,  10,  bou- 
levard Malesherbes,  à  Paris  (8e). 

1887  Richard  (Dr  Jules),   directeur  du   Musée   océanographique, 

à  Monaco  (Principauté  de  Monaco). 

1877  Richet  (Dr  Charles),  professeur  à  l'Université,  15,  rue  de 
l'Université,  à  Paris  (7e). 

1897  Rorert  (Adrien),   préparateur  au  laboratoire  Arago,  3.  rue 

Nouvelle,  à  Paris  (9e). 

1887  Rorinet  (Charles),   professeur  au  lycée,    13,    rue  Nicole,   à 

Chartres  (Eure-et-Loir). 

1893  Roche  (Georges),  docteur  ès-sciences,  47,  boulevard  Saint- 
Germain,  à  Paris  (5P). 

2fx>         L890  Rodriguez  (Léopold),   étudiant  eu    médecine,   attaché  à   la 
légation  de  Guatemala,  2,  rue  Racine,  à  Paris  (6e). 

1888  Rollinat  (Raymond),  à  Argenton  (Indre). 

f 

Pull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1901.  xxvT—  2. 


XVIII 

1895  Ross  (Dr  Norman  G.),  176,  Simcoe  street,  à  Toronto  (Canada). 
F  Rothschild  (baron  Edmond  de),  (membre  donateur),  19,  rue 
Laffite,  à  Paris  (9e). 

1880  Rotrou  (Alexandre),  pharmacien,  à  laFerté-Rernard  (Sarthe). 

1895  Roule  (I)1'  Louis),  professeur  à  l'Université,  19,  rue  d'Alsace- 
Lorraine,  à  Toulouse  (Haute-Garonne). 

1900  Rudeval(de),  directeur  de  la  Société  d'Éditions  scientiliques, 
4,  rue  Antoine-Dubois,  à  Paris  (6e). 

1888  Sabatier  (Dr  Armand),  correspondant  de  l'Institut,  doyen  de 
la  Faculté  des  sciences,  à  Montpellier  (Hérault). 

1895  Saint-Joseph  (Raron  de),  23.  rue  François  Ier,  à  Paris  (8e). 

1893  Saint-Loup   (Remy),    sous-directeur  du  laboratoire  de  cyto- 

logie du  Collège  de  France,  15,  rue  de  Siam,  à  Paris  (16e). 

270.      1896  Saint-Paul  (Léonard  de),  pharmacien  de  l'Assistance  publi- 
que, 18,  rue  Saint-Renoît,  à  Paris  (6e). 

1897  SAND(Reué),  candidat  en  sciences  à  l'Université,  95,  boule- 
vard du  Nord,  à  Rruxelles  (Relgique). 

1894  Sanquirico  (Charles),  25,  rue  Daguerre,  à  Paris  (14e). 

1876  Saunders  (Howard),  F.  Z.  S.,  F.  L.  S.,  7,  Radnor  place, 
Gloucester  square,  à  Londres  (Angleterre). 

1884  Sauvage  (Dr  Emile),  directeur  honoraire  de  la  Station  aquicole, 
directeur  du  Musée,  39 bis,  rue  Tour  Notre-Dame,  à  Roulo- 
gne  sur  mer  (Pas-de-Calais). 

1881  Sauvinet  (L.-Ernest),  assistant  au  Muséum,  57,  rue  Cuvier, 
à  Paris  (5e). 

1894  Sauzier  (Théodore),  80,  rue  du  Rocher,  à  Paris  (8e). 

1886  Schlumberger  (Charles),  ingénieur  de  la  marine  eu  retraite, 
16,  rue  Christophe-Colomb,  à  Paris  (8e). 

1896  Scott  (Thomas),  F.  L.  S.,  naturalist  to  the  fishery  Roard  for 

Scotland,  3,  Menzies  road,  Torry.  à  Aberdeen  (Ecosse). 

1889  Secques  (François),  pharmacien  de  l'Assistance  publique, 
43,  rue  Gauthey,  à  Paris  (17e). 

280.         F     Sédillot  (Maurice),  20,  rue  de  l'Odéon,  à  Paris  (6e). 

1897  Selmons  (G.  C.  M.),  directeur  de  l'Institut  d'histoire  naturelle, 

à  Latsch  (Suisse). 

1895  Selous  (Percy    Sherboru),    à   Greenville,    Michigan  (Etats- 

Unis). 

1876  Shelley  (captain  Georges-Ernest),  (membre  à  oie),  F.  Z.  S., 
7,  Princes  street,  Cavendish  square,  W.,à  Londres  (Angle- 
terre). 

F     Simon  (Eugène),  16,  villa  Saïd,  à  Paris  (16e). 

1899  Sliounine  (Dr  N.),  à  l'hôpital  maritime  de  Cronstadt  (Russie). 

1899  Société  scientifique  et  station  zoologique  d'Arcachon,  à 
Arcacbon  (Gironde). 


XIX 

1893  Spengel   (Dr   J.    \V.),   professeur  à  l'Université,  à    Giesseu 
(Allemagne). 

1877  Steindachner   (Hofralh  Dr  Frantz),  Director  des  naturhisto- 

rischen  Hofmuseums,  Burgring,  à  Vienne  (Autriche). 

1889  Stolzmann  (Jean),  10,  rue  Wiejska,  à  Varsovie  (Russie). 
acjo.        1889  Studer   (Dr   Th.),    professeur  à   l'Université,   directeur   du 
Musée,  rue  des  Orphelins,  à  Berne  (Suisse). 

1895  Suard  (I)1  Paul),  médecin  de  première  classe  de  la  marine,  18, 

avenue  Colbert,  à  Toulon  (Var). 

1888  Suchetet  (André),  au  château  d'Autiville-Bréauté,  par  Goder- 

ville  (Seine-Inférieure),  et  10,  rue  Alain-Blanchard, à  Rouen. 

1897  Szczawinska  (Melle   Wanda),   docteur    ès-scieuces,    11,    rue 

Méehain,  à  Paris  (14e). 

1892  Targioni-Tozzetti  (Adolphe),  professeur  à  l'Institut  des  études 

supérieures,  19,  via  Romana,  à  Florence  (Italie). 

1898  Ternier  (Luuis),  avocat,    13,   rue  de  l'Ancienne   Comédie, 

Paris  (6e),  et  a  Honîleur  (Calvados). 

1893  Théry  (André),  à  Saint-Charles,  près  Philippe  ville  (Algérie). 

1896  Thézée  (Dr  Henri),  professeur  a  PEcole  de  médecine,  70,  rue 

de  Paris,  à  Anyers  (Maine-et-Loire). 
1895  Thompson  (W.  d'Arcy),  professeur  à  l'Université,   directeur 
du  Musée  zoologique,  à  Dundee  (Ecosse). 

1887  Topsent  (Emile),  docteur  ès-sciences,  professeur  à  l'Ecole  de 
médecine,  30,  rue  Vasselot,  à  Rennes  (ille-et-Vilaine). 

3oo.        1897  Torre  (Carlos   de   la),  professeur   d'anatomie   comparée  à 
l'Université  de  la  Havane  (Cuba). 

1878  Tolrnelx  (Dr  Frédéric),  professeur  à  l'Université,  14,  rue 

Sainte-Philomène,  à  Toulouse  (Haute-Garonne). 

1894  Traizet  (Emile)  [membre  à  oie),  42,  rue  Notre-Dame  de  Naza- 

reth, à  Paris  (3e). 

1887  Trapet,   pharmacien-major  de  première  classe  à  l'hôpital 
militaire  du  Dey,  à  Alger  ^Algérie). 

1895  Trouessart  (D1  Edouard),  145,  rue  de  la  Pompe,  à  Paris  (16e). 

1889  Vaillant  (Léon),  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle, 

8,  rue  de  Bulïon,  à  Paris  (5e). 

1896  Vallé  (Louis),   docteur  ès-sciences,  41,  rue  de   l'Abattoir, 

à  Tourcoing  (Nord). 

1891  Vaudremer  (Dr  Albert),  50,  rue  Centrale,  a  Cannes  (Alpes- 
Maritimes). 

1898  Versluys  (J),  docteur  es  sciences,  80,  Middenlaau,  à  Ams- 
terdam (Hollande). 

F     Vian  (Jules),  (membre  donateur),  42,  rue  des  Petits-Champs, 
à  Paris  (2e). 

*3io.       1876  Vian  (Paul),  notaire,  3,  rue  Turbigo,  à  Paris  (1er). 

1894  Vignal  (Louis),  28,  avenue  Duquesne,  à  Paris  (7e). 


XX 

1899  Vignon,  préparateur  au  laboratoire  de  Zoologie  de  la  Faculté 

des  sciences,  9,  boulevard  la  Tour  Maubourg,  à  Paris  (7e). 

1900  Villatte  des  PnÙGNEs    (Robert),  ingénieur-agronome,   au 

Château  des  Prûgnes,  par  Vallou-en-Sully  (Allier). 

1888  Villedieux  (Léopoldj,  à  Lariaux,  par  Saint-Rémy  en  Rollat 

(Allier). 
1897  YYard  (Henry  Baldwin),  professeurà  l'Université  de  Nebraska, 

à  Lincoln,  Nebr.  (Etats-Unis). 
1891  Wardell  Stiles  (Dr  Charles),  correspondant  de  l'Académie 

de  médecine,  Bureau  of  animal  industry,  Department  of 

agriculture,  à  Washington,  D.  C.  (États-Unis). 

1880  Wavrin  (marquis  de),  château  de  Ronsele,  par  Somergem, 

près  Gand  (Belgique). 
1880  Weber  CDr  Max),  professeurà  l'Université,  3,  Sarphatikade, 

à  Amsterdam  (Hollande). 

1890  Wierzejsky,  professeur  à  l'Université,  6,  Wielopole,  à Cracovie 

(Autriche). 

320.       1900  Yung  (Dl  Emile),  professeur  de  Zoologie  à  l'Université  de 
Cenève  (Suisse). 

1891  Zograf  (Dr  Nicolas  dei,  professeur  à  l'Université  (Musée  poly- 

technique), à  Moscou  (Russie). 


XXI 


LISTE  GÉOGRAPHIQUE  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


MH  =-  Membre  honoraire,  MC   =  Membre  correspondant 


FRANGE    (228) 


Allier  (3) 
Olivier 

Villate  des  Prugnes 
Villedieux 

Alpes  (Basses)  (1) 
.Iuliany 

Alpes-Maritimes  (4) 
Bedriaga  (J.  de) 
Gazagnaire 
Korotnev 
Vaudremer 

Bouches-du-Rhône  (3) 
Aubert 
Gourret 
Jourdan 

Calvados  (3) 
Catois 
Duboscq 
Joyeux-Laffuic 

Charente-Inférieure  (1) 
Gauraud 

Drôme  (1) 
Argod-Vallon 

Eure-et-Loir  (1) 
Robinet 

Finistère  (1) 
Picquenard 

Garonne  (Haute)  (4) 
Jamines 


Neumann 

Boule 

Tourneux 

Gironde  (4) 
Gruvel 
Kûnstler 
Nabias  (B.  de) 
Station  d'Areachon 

Hérault  (I) 
Sabatier 

Ille-et-Vilaine  (8) 
Bondouy 
Guérin 
Guitel 
Guyot 
Joubin 
Oberthùr 

Rennes  (Bibliothèque) 
Topsent 

Indre  (3) 
Delouche  de  Pémoret 
Martin  (R.) 
Rollinat 

Isère  (1) 
Grenoble  (Bibliothèque) 

Loir-et-Cher  (I) 
Buchet 

Loire-Inférieure  (1) 
Bureau 


Loiret  (1) 


Lucet 


X  \  1 1 


Lot-et-Garonne  (1) 
Amblard 

Maine-et-Loire  (3) 
Maisonneuve 
Oudri 
Thézée 

Marne  (1) 
Demaison 

Meurthe-et-Moselle  (6) 
Dassonville 
Hamonville  (baron  d') 
Hecht 
Marconnet 
Nancy  (Bibliothèque) 
Nancy  (Laboratoire  de  Zoologie) 

Nord  (7) 
Barrois  (Th.) 
Brabant 
Fockeu 
Hallez 
Malaquin 
Maurice 
Vallé 

Oise  (3) 

Domet  de  Vorges 
Janet  (Ch.) 
Baspail 

Pas-de-Calais  (3) 
Kempen  (Ch.  Van) 
Kerhervé  (L.-B.  de) 

Sauvage 

Puy-de-Dôme  (3) 

Bruyant 
Fa u rot 
Girod 


Bhône  (4) 


Dubois  (B.) 
Girodon 
Kcehler 
Monvenoux 


Sarthe  (2) 


Besnard 
Botrou 


Saône  (Haute)  (2) 

Amaudrut 
André 


Saône-et-Loire  (1) 


Pic 


Seine  (15) 
Berthould 
Bouta  n 
Carné  (A.  de) 
Chevreux  (Melle) 
Delage 
Fleutiaux 
Langlassé 
Lignières 
Maës 

.  Marchai  (P.) 
Marotel 
Mégnin 
Moulé 
Pinoy 
Bailliet 

Paris  (121) 
Aconin  (Georges) 
Alluaud 
Anghelesco 
Armand-Delille 
Artault 
Bavay 

Bignon  (M""e) 
Binot 
Blanc 

Blanchard  (Mme  B.) 
Blanchard  (B.) 
Blonay  IB.  de) 
Bonaparte  (Prince  B.) 
Bonnaire 
Bonnier  (J.) 
Bouvier  (E.-L.) 
Brissemoret 
Brolemann 


\x  rn 


Brumpt 

Cazamian 

Ortes 

Chancel  (M'»e  M.) 

Chariot  (M"e) 

Chatin  (J.) 

Claybroockc  (J.  de) 

Clément 

Collardeau  du  Haume 

Coutièrc 

Dalmas  (Comte  de) 

Dautzenberg 

Davenière 

Dollfus  (A.) 

Dollfus  (G.) 

Dominici 

Donckier  de  Donceel 

Dongé 

Douvillé 

Duchaussoy 

Emery 

Filhol 

Fischer 

Foà 

François 

Freyssinge 

Gâche 

Garcia 

Gaudry 

Gaulle  (J.  de) 

Gervais 

Grandidier 

Greenough 

Guerne  (Baron  J.  de) 

Guiart 

Hérouard 

Hérubel 

Houssaye 

Janef  (A.) 

Joanin 

Jousseaume 

Jumentié 

Klincksieck 

Kûnckel  d'Herculais 

Labbé 


Lacaze-Duthiers  (II.  de),  .'/.  H. 

La Hier 

Lamy 

La  relier 

Launois 

Lavergue  de  Labarrière 

Lévy  (Melle) 

Loyez  (M,lle) 

Magne 

Maillet 

Marmottan 

Martin  (Dr  H.) 

Metshnikov 

Moniez 

Moreau 

Muséum  (Bibliothèque) 

Muséum  (Lab.  de  Zoologie). 

Nadar 

Nerville  (F.  de) 

Neveu-Lemaire 

Odier 

Oustalet 

Pacault 

Pages 

Pellegrin 

Perrier 

Petit  (L.) 

Portier 

Pruvôt 

Bacovitza 

Begnard 

Beyckaert 

Bibemont-Dessaignes 

Bichet 

Bobert 

Boché 

Bodriguez 

Bothschild  (Baron  Edm.  de) 

Budeval  (de) 

Saint-Joseph  (Baron  de) 

Saint-Loup 

Saint-Paul  (L.  de) 

Sanquirico 

Sauvinet 

Sauzier 


X  XIV 


Schlumberger 

Socques 

Sédillot 

Simon 

Szczawinska  (Me"e) 

Ternier 

Traizet 

Trouessart 

Vaillant 

Vian  (J.) 

Vian  (P.i 

Vignal 

Seine-et-Oise  (2) 

Caustier 
Pierson 

Seine-Inférieure  (4) 
Gadeau  de  Kerville 


Lennier 

Pennetier 

Suchetet 

Somme  (1) 
Marchai  (G). 

Tarn  (2) 

Miégemarque 
Prou ho 


Var  (3) 


Barrois  (J.) 

Régnier 

Suard 


Vaucluse  (1) 


Chobaut 


Odin 


Vendée  (1) 


ÉTRANGER(115) 


EUROPE     (91) 


AÇORES    (1) 


Chaves 


Allemagne  (10) 

Berlin  (Musée) 
Blasius  (R.) 
Blasius  (W.) 
Braun 
Carus 

Frierilânder 
Hertwig  (R.) 
Môbius,  M.  II. 
Plate  (L.) 
Spengel 

Alsace  (1) 
Strasbourg  i  Bibliothèque) 


Autriche-Hongrie  (11) 

Apfelbeck 

Agram  (Musée) 

Brusina,  M.  C. 

Fritsh,  M.  C. 

Grafl  (L.  von),  M.  C. 

Palackv 

Paszlavszky 

Ràtz  (S.  von) 

Steindachner 

Vejdovsky,  M.  C. 

Wierzejsky 

Belgique  (8) 

Bambeke  (Ch.  van) 
Dubois  (Alph.) 
Julin 


XXV 


Philippson 

Portugal  (1) 

Plateau 

Sand 

Barboza  du  Bocage,  M.  H. 

Van  Beneden  (Ed.),  M.  II. 

Wavrin  (Marquis  de) 

Roumanie  (5) 

Espagne  (3) 

Antipa 

Bolivar 

Bujor 

Buen  (Odon  de) 

Cosmovici 

Orueta  (D.  de) 

Jaquet 

Léon 

Grande-Bretagne  (il) 

Boucard 

Bussie  (8) 

Campbell 

Branicki  (Comte  X.) 

Fullarton 

Kovalevsky  (A.),  M.  H. 

Gûnther,  M.  H, 

Krasilshtshik 

Minchin 

Lande 

Murray  (John),  M.  H. 

Pavlov  (Mme  M.) 

Saunders 

Sliounine 

Scott 

Stolzmann 

Sharpe,  M.  H. 

Zograf 

Shelley 

Thompson 

Serbie  (1) 

Georgevitch 

Hollande  (5) 

Suède  (3) 

Horst,  M.  C. 

Man  (J.-G.  de) 

Lilljeborg,  M.  11. 

Sluiter,  M.  C. 

Nordenskjôld  (Baron),  M.  H 

Versluys 

Olsson 

Weber 

Suisse  (10) 

Italie  (8) 

Bedot 

Arrigoni  degli  Oddi  (Comte) 

Fatio 

Brian 

Field 

Gamerano 

Genève  (Musée) 

Maggi 

Larguier  des  Bancels 

Magretti 

Loriol 

Pavesi 

Preudhomme  de  Borre 

Perroncito 

Selmons 

Targioni-Tozzetti 

Studer 

Monaco  (2) 

Yung 

Albert  I"  (S.  A.  S.  le  Prince) 

Turquie  (1) 

Bichard 

Ismaïl  Hakki 

Norvège  {1) 
Ellingsen 
Nansen,  M.  H. 


XXVI 


Japon  (1) 


Oka 


ASIE     (1) 


AFRIQUE     (6) 


Algérie  (3) 

Chevreux  (Ed.) 

Maupas 

Théry 

Egypte  (1) 
Morgan  (J.  de) 


Brésil  (1) 
Malgalhâes  (P.  S.  de) 


Canada  (2) 


Bailly 
Ross 


Chili  (1) 
Porter 

Cura  (1) 
Torre  (de  La) 

Etats-Unis  (8) 

Agassiz,  M.  H. 
Barrows 


Maurice  (Ile)  (1) 
Daruty  de  Grandpré 

Tunisie 
Travet 


AMERIQUE     (17) 


Garman 
Moore 

Packard 
Selous 
Ward 
Wardell  Stiles 

Guyane  (1) 

Gaudin 

Mexique  (2) 

Dugès,  M.  C. 
H errera 

Uruguay  (1) 

Areehavaleta 


LISTE     DES     MEMBRES     DÉCÉDÉS 
pendant  Vannée  rgoo 


1885  Huet  (D*  L.). 

1898  Inguenitzky  (Jean). 

1886  Milne  Edwards  (A.). 

1878  Sklys  Longchamps  (Barou  de). 


XXVII 


BUREAU  ET  CONSEIL  POUR  L'ANNÉE  1901 


Membres    du    Bureau  : 

MM. 

Président .    Dr  E.  Trouessart. 

...  ,  .,  (  Bava  y. 

^  ice-Prestaents < 

(  Dr  J.  Richard. 

Secrétaire  général Dr  J.  Guiart. 

\  M.  Neveu-Lemaire. 

Secrétaires ....     <  „,    „ 

/  E.  Brumpt. 

Trésorier Gh.  Schlumrerger. 

Archiviste-Bibliothécaire Fr.  Secques. 

Bibliothécaire-adjoint L.  Freyssinge. 


Membres   du    Conseil 


/°  Membres  donateurs 

S.  A.   S.  le  prince  Alrert  Ier, 

de  Monaco. 
Mme  R.  Blanchard. 
Prof.  R.  Blanchard. 
A.  Brian. 

Prince  R.  Ronaparte. 
Mme  M.  Chancel. 
Ed.  Ghevreux. 
Ph.  Dautzenberg. 
Ron  J.  de  Guerne. 
Dr  J.  Guiart. 
A.  Magne. 
Ron  de  Rothschild. 
J.  Vian. 

2°  Anciens   présidents 
Prof.  E.-L.  Bouvier. 


Prof.  Moniez. 
Prof.  Filhol. 
Gh.  Janet. 
Prof.  Y.  Delage. 


Pour  1899 


Pour  1900 


Pour  1931 


5°  Membres  élus 

H.  Brôlemann. 
A.  Certes. 
P.  Marchal. 
E.  Oustalet. 

A.-L.  Clément. 
Dr  F.  Jousseaume. 
Dr  E.  Racovitza. 
E.  Simon. 

G.  Dollfus. 

Dr  HÉROUARD. 

X.  Raspail 
Prof.   Vaillant. 


XXVIII 


LISTE   DES  PRÉSIDENTS 


DEPUIS  LA  FONDATION  DE  LA  SOCIETE 


Président  honoraire  :  M.  J.  Vian. 


MM. 

1876  J.  Vian 

1877  J.  Vian. 

1878  F.  Jolsseaume. 

1879  E.  Perrier. 

1880  J.  Vian. 

1881  F.  Lataste. 

1882  E.  Simon. 

1883  J.  Kunckel  d'Herculais. 

1884  M.  Chaper  (f  1896). 

1885  P.  Mégnin. 

1886  P.  Fischer  (f  1893). 

1887  A.  Certes. 

1888  J.  Jullien  (f  1897). 


MM. 


1889  G. 

1890  J. 

1891  A. 

1892  Ph 

1893  E. 

1894  L. 

1895  L. 

1896  E.- 

1897  R. 

1898  H. 

1899  Ch 

1900  Y. 

1901  E. 


Cotteau  (f  1894). 
de  Guerne. 
Railliet. 
.  Dautzenrerg. 
Oustalet. 
Faurot. 
Vaillant. 
L.  Bouvier. 
Moniez. 
Filhol. 
.  Janet. 
Delage. 
Trouessart. 


Séance  du  8  Janvier  igoi 
PRÉSIDENCE  DE  MM.  Y.  DELAGE  ET  TROUESSART 

M.  le  professeur  Y.  Délace  souhaite  la  bienvenue  à  Madame 
CiIrodon  et  à  Mademoiselle  Blanchard,  qui  assistent  à  la  séance. 

Il  adresse  les  félicitations  de  la  société  à  MM.  L.  Joubin  et 
.1.  Richard,  nommés  commandeurs  de  l'ordre  de  Danilo  lei  et  à 
M.  E.  Brlmpt,  reçu  docteur  ès-sciences. 

M.  le  professeur  R.  Blanchard  rappelle  les  circonstances  toutes 
particulières  dans  lesquelles  M.  Brumpt  a  dû  terminer  sa  thèse  de 
Doctorat  es  sciences,  afin  de  pouvoir  partir  pour  un  long  voyage 
en  Afrique.  Il  a  été  reçu  néanmoins  avec  la  mention  la  plus 
honorable  qui  soit  délivrée  par  la  Faculté  de  Paris  et  M.  le  profes- 
seur B.  Blanchard  propose  de  lui  adresser  avant  son  embarquement 
un  télégramme  de  félicitations  et  de  bons  souhaits.  Le  télégramme 
est  voté  par  acclamations. 

M.  le  professeur  Y.  Delage,  président  sortant,  prononce  alors 
une  allocution  pour  rappeler  les  principaux  événements  de  l'année. 
11  adresse  un  souvenir  ému  aux  membres  décédés:  MM.  Huet, 
Inguenitzky,  A.  Milne-Edwards  et  de  Selys-Longchamps.  Il  rap- 
pelle les  nombreuses  nominations  dont  bou  nombre  de  nos  collè- 
gues ont  été  honorés,  et  insiste  en  particulier  sur  la  manifestation 
dont  M.  le  professeur  H.  de  Lacaze-Duthiers  a  été  l'objet.  11  remer- 
cie M.  le  professeur  Hallez  et  M.  le  docteur  Racovitza  qui  ont  con- 
tribué au  succès  de  notre  Assemblée  générale  et  rappelle  le  succès 
des  Causeries  scientifiques,  dont  il  s'était  fait  le  promoteur,  il  y  a 
juste  un  an.  Il  a  craint  un  moment  que  cette  innovation  ue  pût 
elïrayer  quelques-uns  de  nos  collègues,  certaines  Causeries  ayant 
pu  paraître  trop  biologiques  et  pas  assez  zoologiques.  Mais  ses 
scrupules  furent  de  courte  durée  quand  il  vit  le  succès  qui  les 
accueillit,  succès  qui  n'avait  du  reste  rien  d'étonnant,  car  la 
zoologie  ne  vit  en  somme  que  par  la  taxinomie  et  la  biologie.  Or  il 
est  dilïicile  à  l'heure  actuelle  d'être  compétent  dans  ces  deux 
sciences  et,  ne  pouvant  être  universel,  il  est  heureux  que  les 
taxinomistes  puissent  aider  les  biologistes  et  réciproquement.  Il 
montre  par  un  exemple  ce  que  peut  faire  l'association  de  ces 
deux  sciences  sœurs  et  souhaite  que  les  membres  de  la  Société 
Zoologique  de  Fiance  continuent  à  venir  exposer  et  échanger  leurs 


2  SÉANCE    DU    8   JANVIER    1901 

idées  sans  distinction  de  titre  ou  de  spécialité,  car  chacun  dans  sa 
sphère  rend  les  mêmes  services  à  la  zoologie  et  il  faut  que  chacun 
soit  bien  persuadé  qu'il  n'y  a  pas  de  vraie  zoologie  sans  les  biolo- 
gistes,  pas  plus  qu'il  n'y  en  aurait  sans  les  taxinomistes.  C'est  du 
reste  ce  qu'a  bien  compris  notre  nouveau  Président,  M.  le  docteur 
Tuouessart,  puisqu'il  a  voulu  être  à  la  fois  taxinomiste  et  biologiste. 

M.  le  docteur  Trouessakt,  président  pour  l'année  1901,  prend 
place  au  fauteuil  et  prononce  l'allocution  suivante  : 

«  Mes  chers  Collègues, 

»  Je  remplis  uu  devoir  agréable  eu  commençant  par  vous  remer- 
cier de  l'honneur  très  grand  que  vous  voulez  bien  me  faire  en 
m'appelant  à  ce  siège  présidentiel  occupé  successivement  avant 
moi  par  de  savants  professeurs  du  Muséum  et  de  la  Sorbonne.  ou 
par  des  spécialistes  dont  le  nom  est  universellement  connu  et 
estimé  des  Zoologistes  du  monde  entier.  Cet  honneur,  j'en  suis 
persuadé,  je  le  dois  bien  moins  à  mes  modestes  travaux  qu'à  l'ardent 
intérêt  que  je  porte  à  notre  Société,  et  que  je  n'ai  guère  prouvé 
jusqu'ici  que  par  mou  assiduité  à  ses  séances.  Dans  la  nouvelle 
charge  que  vous  venez  de  m'octroyer,  je  m'efforcerai  de  faire 
davantage. 

»  Dans  quelques  semaines  nous  aurons  la  satisfaction  de  fêter  le 
vingt-cinquième  anniversaire  de  la  fondation  de  la  Société  Zoologi- 
que de  France.  Après  une  enfance  agitée  et  difficile,  cette  Société  a 
joui  d'une  jeunesse  tranquille  et  laborieuse.  Reconnue  déjà  d'uti- 
lité publique,  elle  atteint  maintenant  l'âge  viril,  et  n'a  plus  qu'à 
marcher  d'un  pas  sur  vers  ses  destinées  futures.  Si  notre  Société 
occupe  aujourd'hui  cette  situation  prospère,  on  ne  saurait  trop  le 
rappeler,  elle  le  doit  avant  tout  à  l'énergie  et  au  dévouement  de 
son  secrétaire-général,  M.  le  professeur  Raphaël  Blanchard  qui, 
pendant  23  ans,  a  été  littéralement  1  aine  de  cette  Société  et  qui 
continuera  à  veiller  sur  elle  en  devenant  sou  secrétaire-général 
honoraire.  Dans  quelques  jours,  nous  aurons  la  joie  de  saluer  en 
lui  le  Président  d'honneur  de  notre  8e  Assemblée  générale  annuelle. 

»  Aujourd'hui,  Messieurs,  j'ai  la  bonne  fortune  de  succéder 
immédiatement,  dans  ce  fauteuil,  à  M.  le  professeur  Yves  Delage, 
c'est-à  dire  à  un  savant  qui  porte  en  ce  moment  très  haut  le  dra- 
peau de  la  science  française.  C'est  une  lourde  succession  à  recueil- 
lir, et  j'en  serais  effrayé  si  je  n'avais  l'espoir  d'en  profiter  eu 
continuant  simplement  les  saines  et  laborieuses  traditions  que 
mon  Prédécesseur  a  instituées  parmi  nous.  Vous  savez  tous  quelle 


SÉANCE   DU   8  JANVIER    1901  3 

puissante  impulsion  M.  le  professeur  Delagi:  a  dounée  à  nos  travaux 
en  inaugurant  ces  conférences  bi-mensuelles  qui  accroissent  l'inté- 
rêt de  nos  séances  et  doublent  le  volume  de  nos  publications.  Si 
j'en  juge  par  les  résultats  obtenus  après  quelques  mois  à  peine, 
cette  impulsion  n'est  pas  près  de  s'arrêter.  C'est  aux  jeunes  mem- 
bres de  notre  Société  que  je  lais  de  nouveau  appel,  eu  leur  deman- 
dant de  nous  continuer,  avec  le  zèle  et  le  dévouement  dont  ils  ont 
déjà  fait  preuve,  ces  Causeries  si  instructives  qui  résument  sous 
une  forme  facile  et  attrayante  les  progrès  incessants  de  la  science. 
»  Je  termine,  mes  chers  Collègues,  en  réclamant  toute  votre 
indulgence  pour  mou  inexpérience  dans  mes  nouvelles  fonctions. 
J'aurai  d'ailleurs  près  de  moi.  pour  me  guider,  mon  aimable 
confrère  et  ami,  M.  le  docteur  Guiart,  notre  nouveau  secrétaire- 
général,  qui,  remplissant  par  le  fait,  depuis  plusieurs  années  déjà, 
les  fonctious  compliquées  et  laborieuses  que  ce  titre  comporte, 
voudra  bien  m'aider  dans  la  direction  de  nos  séances  et  de  toutes 
les  réunions  de  la  Société.  Je  compte  avant  tout  sur  la  bonne 
volonté  de  chacun  de  vous,  qui  m'est  déjà  connue  et  qui  n'a  pas 
besoin  d'autre  stimulant  que  les  sentiments  de  bonne  confraternité 
qui  sont  de  tradition  entre  les  membres  de  la  Société  Zoologique 
de  France.  ». 

M.  le  professeur  R.  Blanchard,  secrétaire-général  honoraire, 
prononce  les  paroles  suivantes  : 

«  Mes  chers  Collègues, 

»  Je  vous  demande  la  permission  de  vous  faire  part  des  senti- 
ments que  j'éprouve  à  l'heure  présente  ;  cette  première  séance  de 
l'année  1901  est  une  date  importante  dans  ma  vie,  puisque  pour  la 
première  fois  depuis  vingt  trois  ans  je  n'occupe  plus  le  fauteuil  de 
secrétaire  général  de  notre  Société.  Voilà  deux  ans  déjà  je  manifestai 
le  désir  de  donner  ma  démission,  certain  que  M.  le  docteur  Guiart, 
auquel  vous  avez  bien  voulu  conlier  les  fonctions  de  secrétaire- 
général  adjoint  sur  ma  proposition,  saurait  maintenir  la  Société 
dans  la  voie  de  prospérité  où  elle  est  engagée  depuis  plusieurs 
aunées  et  contribuerait  encore  à  son  développement.  Vous  avez  eu 
la  grande  amabilité  d'insister  pour  que  je  conserve  mes  fonctions 
jusqu'au  commencement  du  siècle,  cette  date  devant  coïncider 
avec  le  vingt-cinquième  anniversaire  de  notre  existence.  J'accédai 
très  volontiers  à  votre  demande  si  flatteuse  pour  moi,  mais  l'heure 
de  la  retraite  a  sonné  et  je  laisse  avec  contiance  la  direction  de 


4  SÉANCE   DU    8   JANVIER    1901 

notre  chère  Société  entre  les  mains  de  M.  Guiart  dont  vous  avez 
pu,  ces  deux  aunées  dernières,  apprécier  le  dévouement  et  la 
grande  courtoisie.  La  Société  a  trouvé  en  son  nouveau  secrétaire- 
général  un  homme  jeune  et  actif,  qui  saura  lui  amener  de  nom- 
breux adhérents  et  y  maintenir  ces  habitudes  de  bonne  confrater- 
nité qui  ont  été  pour  une  si  grande  part  dans  notre  succès.  Je  puis 
donc  en  toute  sécurité  me  retirer  sous  ma  tente  :  l'avenir  est 
assuré  ;  il  s'auuonce  brillant  et  prospère. 

»  Vous  comprendrez,  mes  chers  Collègues,  que  ce  n'est  pas  sans 
une  certaine  émotion  que  je  résigne  aujourd'hui  les  fonctions  de 
secrétaire-général  que  j'ai  remplies  pendant  vingt-trois  ans.  J'ai 
consacré  à  la  Société  une  si  large  part  de  ma  vie  que  j'en  étais 
arrivé  à  la  considérer  un  peu  comme  mou  enfant.  La  confiance  dont, 
pendant  cette  longue  période,  vous  n'avez  cessé  de  m'houorer,  a 
été  mon  principal  stimulant  et  je  suis  heureux  de  vous  en  expri- 
mer du  fond  du  cœur  ma  bien  vive  reconnaissance. 

»  Je  crois  sincèrement  que  j'ai  contribué  en  effet  à  la  prospérité 
de  notre  Société,  à  la  tète  de  laquelle  vous  m'avez  placé  eu  escomp- 
tant simplement  l'avenir,  alors  que  ni  mon  passé,  ni  mes  qualités 
ou  mes  relations  personnelles  n'étaient  une  garantie  de  succès. 
J'étais  alors  un  simple  étudiant  de  20  ans  :  je  n'ai  pas  hésité 
néanmoins  à  assumer  la  lourde  tâcae  qui  m'était  offerte,  parce  que 
l'œuvre  entreprise  était  bonne  et  devait  réussir,  surtout  parce  que 
ceux  qui  à  cette  époque  déjà  lointaine  fréquentaient  les  séances 
m'avaient  eux-mêmes  donné  l'exemple  du  dévouement  dans  les 
circonstances  particulièrement  difficiles  où  je  fus  appelé  au  secré- 
tariat général.  C'est  à  eux,  c'est  à  vous  tous,  mes  chers  Collègues, 
que  je  dois  d'avoir  pu  mener  à  bien  ma  tâche.  Parmi  ces  pionniers 
delà  première  heure  qui  ont  fait  de  notre  Société  ce  qu'elle  est,  j'ai 
grand  plaisir  à  évoquer  le  souvenir  de  tous  les  anciens  Présidents 
et  en  particulier  à  envoyer  un  salut  respectueux  et  reconnaissant  à 
notre  Président  d'honneur,  M.  Jules  Vian. 

»  Au  moment  où  je  prends  ma  retraite  ou  plus  exactement  au 
moment  où  je  quitte  le  bureau  de  la  Société,  car  vous  pensez  bien 
que  je  serai,  comme  par  le  passé,  fidèle  à  nos  séances,  et  que 
j'aurai  grand  plaisir  à  me  trouver  parmi  vous,  vous  avez  tenu  à  me 
témoigner  encore  votre  amitié  en  me  conférant,  par  un  vote 
unanime,  le  titre  de  Secrétaire-général  honoraire.  C'est  là,  je  le 
pensais  du  moins  jusqu'à  ce  jour,  la  plus  grande  marque  d'afîec- 
tion  qui  puisse  me  venir  de  vous.  Mais  je  viens  de  prendre  connais- 
sance, au  cours  de  cette  séauce,  d'une  circulaire  émanant  du  Con 


SÉANCE    DU    8   JANVIER    1901  5 

seil,  adressée  à  tous  nos  Collègues  et  ouvrant  une  souscription 
daus  le  but  de  m'olïrir  une  médaille  avec  mon  effigie.  S'il  était 
temps  encore  d'arrêter  une  souscription  ouverte  à  mon  insu  depuis 
plusieurs  jours  déjà,  je  vous  dirais  que  vous  faites  trop  pour  moi  et, 
heureux  d'une  aussi  tlatteuse  attention,  je  vous  prierais  de  ne  pas 
donner  suite  à  votre  projet.  Mais  il  est  trop  tard,  puisque 
M.  le  Trésorier,  d'après  ce  que  je  viens  d'apprendre,  a  déjà 
encaissé  des  sommes  importantes.  Les  mots  me  manquent  pour 
vous  dire  à  quel  point  je  suis  sensible  à  une  pareille  manifestation. 
J'avais  trouvé  dans  votre  constante  sympathie,  dans  votre  amitié  à 
tous,  la  meilleure  des  récompenses  pour  tout  ce  que  j'ai  pu  faire  : 
appelé  par  la  confiance  de  ses  Collègues  au  poste  de  secrétaire- 
général,  chacun  de  vous  eût  fait  ce  que  j'ai  fait  et  je  ne  doute 
point  que  votre  dévouement  n'eût  égalé  le  mien  et  que  votre  succès 
n'eût  largement  dépassé  le  mien.  Aussi  permettez-moi  de  dire  que 
cette  nouvelle  manifestation  dont  je  suis  l'objet  me  paraît  immé- 
ritée. Je  l'accepte  néanmoins  d'un  cœur  ému  et  reconnaissant, 
puisque  c'est  moi  maintenant  qui  serai  à  tout  jamais  votre  obligé, 
c'est-à-dire  l'obligé  de  notre  chère  Société  pour  la  prospérité  de 
laquelle  je  forme  les  vœux  les  plus  ardents.  » 

M.   le  docteur  Guiart,  secrétaire-général,  prononce  l'allocution 
suivante  : 

«  Mes  chers  Collègues, 

»  Permettez-moi  à  mon  tour  de  prendre  la  parole  pendant  quel 
ques  instants  pour  remercier  M.  le  professeur  R.  Blanchard  des 
aimables  paroles  qu'il  vient  de  m'adresser.  Je  ne  mérite  nullement 
les  éloges  qu'il  a  fait  de  moi,  car  il  m'a  toujours  prodigué,  avec 
l'entrain  que  vous  lui  connaissez,  ses  précieux  conseils  et,  depuis 
deux  ans  que  je  remplis  les  fonctions  de  secrétaire  général  adjoint, 
si  vous  n'avez  pas  eu  trop  à  vous  plaindre  de  moi,  c'est  à  lui  par 
conséquent  que  je  le  dois  et  c'est  à  lui  que  doivent  retourner  vos 
éloges.  Je  vous  suis  très  reconnaissant  de  la  confiance  que  vous 
avez  bien  voulu  me  témoigner  en  me  confiant  le  secrétariat  général 
de  la  Société  Zoologique  de  France.  Je  ferai  mon  possible  pour 
continuer  à  mériter  votre  estime,  mais  s'il  m'arrivait  d'avoir 
quelques  moments  de  défaillance  pardonnez-les  moi,  car  la  tâche 
est  quelquefois  assez  lourde  et  demande  un  tact  particulier  qui  ne 
s'acquiert  guère  qu'avec  l'expérience. 

»  Lorsque  l'on  succède  à  quelqu'un,  on  a  coutume  de  faire  son 

Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1901.  xxvi.  —  3. 


6  SÉANCE   DU    8   JANVIER    1901 

éloge,  mais  il  me  semble  que  dans  mou  cas  particulier,  c'est  parfai- 
tement inutile,  vous  connaissez  tous  M.  Blanchard  aussi  bien  que 
moi,  voire  même  mieux  que  moi.  Du  reste  je  ne  lui  succède  pas  en 
réalité,  car  j'espère  continuer  les  saines  traditions  qu'il  a  su  implan- 
ter à  la  Société  Zoologique  de  France  ;  il  n'y  aura  donc  simplement 
qu'un  nom  de  changé.  Je  suis  heureux  qu'en  l'honneur  de  notre 
vingt-cinquième  anniversaire  la  présidence  de  notre  assemblée 
générale  lui  ait  été  confiée,  car  s'il  n'est  pas  le  fondateur  de  notre 
Société,  il  ne  faut  pas  oublier  qu'elle  lui  doit  cependant  d'exister  et 
puisqu'elle  peut  compter  en  somme  comme  un  de  ses  enfants,  je 
vais  vous  demander  quelques  minutes  d'attention  pour  vous  parler 
d'elle  et  ce  sera  eu  même  temps  le  meilleur  éloge  que  je  pourrai 
faire  de  M.  Blanchard  en  vous  montrant  la  réussite  de  son  œuvre. 

»  La  Société  Zoologique  de  France  fut  fondée  le  8  juin  1876  par 
une  réunion  de  naturalistes  et  d'amateurs,  en  tète  desquels  il  con- 
vient de  citer  M.  Jules  Vian,  le  premier  Président.  Dès  le  premier 
jour  de  sa  fondation,  la  Société  Zoologique  comptait  soixante 
Membres  qui  reçurent  le  titre  de  Membres  fondateurs  et  dont  quel- 
ques-uns existent  encore  aujourd'hui.  Malheureusement  la  prospé- 
rité ne  fut  pas  de  longue  durée.  Dès  l'année  1879,  à  la  suite  de  cir- 
constances particulièrement  pénibles  que  je  ne  veux  pas  rappeler 
ici,  le  Bulletin  ne  paraissait  plus  et  le  Président  et  beaucoup  de 
Membres  démissionnaient  ;  la  Société  était  à  deux  doigts  de  sa 
perte. 

»  Un  jeune  étudiant  en  médecine,  âgé  alors  d'uue  vingtaine 
d'années,  sétait  fait  remarquer  par  son  intelligence  et  son  activité  ; 
quelques  membres  songèrent  alors  à  lui  conlier  les  fonctions  de 
secrétaire  général.  On  le  trouvait  trop  jeune,  mais  il  sut  néanmoins 
inspirer  confiance  et  emporter  les  suffrages  de  ses  collègues.  En 
quelques  mois,  grâce  à  son  activité  et  son  dévouement,  il  remet  la 
Société  sur  pied  :  les  publications  réapparaissent  et  les  Membres 
nouveaux  arrivent  en  foule.  Ce  jeune  homme  est  devenu  M.  le  pro- 
fesseur Baphaèl  Blanchard,  à  qui  la  Société  Zoologique  de  France 
doit,  de  ce  fait,  une  reconnaissance  très  méritée.  A  cette  époque 
on  eut  du  reste  à  enregistrer  de  nombreuses  preuves  de  dévouement, 
comme  on  est  toujours  heureux  d'en  constater  dans  les  moments 
de  découragement  et  de  tristesse.  C'est  ainsi  que  la  Société  Zoolo- 
gique appelait  récemment  M.  le  professeur  L.  Bureau,  de  Nantes, 
à  la  Présidence  d'honneur  de  son  Assemblée  générale  annuelle, 
pour  le  remercier  précisément  du  dévouement  dont  il  avait  fait 
preuve  eu  1879.  A  la  tète  des  réorganisateurs,  il  convient  de  citer 


SÉANCE    DU    8    JANVIER    1901  7 

également  M.  J.  Vian,  qui  ne  craignit  pas  de  payer  de  sa  personne 
et  de  sou  argent  et  mérita  l'honneur  exceptionnel  d'occuper  trois 
fois  le  fauteuil  présidentiel  et  d'acquérir  depuis,  en  témoignage 
de  reconnaissance,  le  titre  de  Président  honoraire. 

»  La  Société  Zoologique  de  France  progressa  dès  lors,  à  pas  de 
géant,  à  tel  point  que,  dès  ISSN,  le  Conseil  décidait  qu'il  y  avait 
lieu  de  provoquer  à  Paris,  un  Congrès  zoologique  international  pen- 
dant l'Exposition  de  1889.  Le  gouvernement  en  accepta  le  patro- 
nage et  le  Congrès  eut  lieu  du  5  au  10  août  1889,  sous  la  présidence 
de  M.  A.  Milne-Edwards,  directeur  du  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Il  compta  280  .Membres  et  eut  le  plus  grand  succès. 

»  La  Société  Zoologique  devait  en  ressentir  le  contre-coup  et  de 
nouveaux  progrès  ne  tardèrent  pas  à  en  résulter.  Dès  1888,  le 
Bulletin  ayant  pris  trop  d'extension  se  dédouble  en  deux  publica- 
tions :  le  Bulletin  et  les  Mémoires.  Depuis  lors,  les  progrès  furent 
continus  :  les  publications  de  la  Société  Zoologique  sont  aujour- 
d'hui très  appréciées  dans  le  monde  entier  et  les  Congrès  zoologiques 
qui  se  sont  succédé  à  Moscou  (1892),  à  Leyde  (1895)  et  à  Cambridge 
(1898),  ont  prouvé  que  son  œuvre  était  féconde. 

»  Dès  1892,  à  un  banquet,  M.  A.  Milne-Edwards  retraçait,  du 
reste,  dans  un  discours  plein  de  verve,  ce  qu'avait  été  la  Société 
Zoologique  de  France,  ce  qu'elle  était  actuellement  et  il  disait  les 
espérances  que  la  science  fondait  sur  elle.  Cette  réunion  eut  le  plus 
franc  succès  et  montra  qu'il  ne  suffisait  pas  de  se  réunir  tous  les 
trois  ans  avec  les  Zoologistes  du  monde  entier.  Les  Zoologistes 
français  étaient  bien  aises  aussi  de  pouvoir,  une  fois  l'an,  se  réunir 
dans  une  assemblée  amicale  afin  d'échauger  leurs  idées  et  de  resser- 
rer les  liens  de  camaraderie.  C'est  dans  ce  but  que  fut  fondée  la 
Réunion  générale  annuelle. 

»  La  première  eut  lieu  en  février  1894  sous  la  présidence  d'hon- 
neur de  M.  A  Milne-Edwarus  et  dès  lors  elles  se  succédèrent 
d'année  en  année.  Les  présidents  d'honneur  en  sont  tour  à  tour  : 
MM.  A.  Milne  Edwards  et  A.  Galdry,  de  Paris;  Saratier,  de  Mont- 
pellier ;  Van  Bambeke,  de  Gand  ;  Bureau,  de  Nantes  ;  Fatio,  de 
Genève,  et  Hallez,  de  Lille.  Des  conférences  annuelles  sont  ins- 
tituées et  MM.  Ch.  Janet,  de  Beauvais  ;  Joubin,  de  Bennes; 
Cuénot,  de  Nancy  ;  Roule,  de  Toulouse,  et  Bacovitza,  de  Paris,  se 
succèdent  pour  venir  exposer  certaines  des  grandes  questions  qui 
intéressent  les  Zoologistes.  Le  renom  de  ces  Congrès  annuels  va  sans 
cesse  en  augmentant  et  depuis  deux  ans  les  communications  sont 
tellement  nombreuses  que  la  séance  générale  a  dû  être  dédoublée. 


8  SÉANCE    DU    8   JANVIER    1901 

»  Tous  ces  efforts  ont  eu  du  reste  un  autre  résultat  :  notre  recon- 
naissance d'utilité  publique  par  le  gouvernement,  le  16  Décembre 
1896.  La  Société  Zoologique  de  France  est  aujourd'hui  en  pleine 
période  de  prospérité  et  elle  n'attend  plus  que  les  dons  que  vou- 
dront bieu  lui  faire  des  donateurs  généreux  pour  lui  permettre 
d'augmenter  encore  la  perfection  de  ses  publications,  de  créer  au 
besoin  des  enseignements  nouveaux  et  de  caresser  un  rêve  qui 
se  réalisera  peut-être  quelque  jour,  celui  d'être  enfin  entièrement 
dans  nos  meubles  et  d'avoir  un  siège  social  où  nous  puissions 
étendre  à  l'infini  notre  bibliothèque. 

»  Voilà  ce  qu'était  la  Société  Zoologique  de  France  quand 
M.  le  professeur  R.  Blanchard  vous  a  prié  de  vouloir  bien  m'adjoin- 
dre  à  lui.  Il  ne  m'appartient  pas  de  dire  si  depuis  elle  a  continué  à 
progresser,  je  serais  trop  mauvais  juge  en  la  question.  Quoi  qu'il 
arrive,  soyez  bien  persuadés  que  j'aime  sincèrement  notre  chère 
Société  et  que  mon  dévouement  lui  est  acquis  pour  aider  le  pro- 
fesseur R.  Blanchard  et  nos  futurs  Présidents  à  la  conserver 
prospère.  Je  vous  supplie  simplement  de  vouloir  bien  vous  faire 
tous  mes  collaborateurs  et  si  vous  avez  la  moindre  appréhension, 
le  moindre  reproche  à  m 'adresser,  vous  me  ferez  plaisir  en  me 
l'adressant  franchement,  afin  que  je  puisse  en  prendre  bonne  note 
et,  avec  l'autorisation  du  Conseil,  vous  contenter  dans  la  mesure 
de  mes  moyens. 

»  Née  d'hier  notre  Société  s'est  développée  du  reste  si  rapide- 
ment dans  le  siècle  qui  vient  de  finir  que  j'espère  pour  elle  une 
heureuse  carrière  dans  le  siècle  qui  vient  de  commencer.  » 

MM.  de  Guerne  et  Guiart  présentent  M.  Gourret,  professeur- 
adjoint  à  la  Faculté  des  sciences  de  Marseille. 

M.  Clément  est  proclamé  membre  du  Conseil,  en  remplacement 
de  M.  le  docteur  J.  Richard,  vice-Président. 

M.  le  professeur  R.  Blanchard  annonce  que  les  premières  Confé- 
rences de  Y  Enseignement  colonial  libre  ont  eu  un  tel  succès  qu'à 
partir  de  la  prochaine  séance  elles  auront  lieu  dans  le  grand 
amphithéâtre  du  Muséum,  57,  rue  Cuvier.  Il  tient  à  remercier  les 
personnes  qui  ont  contribué  au  succès  de  ces  Conférences  et 
adresse  en  particulier  ses  bien  sincères  félicitations  à  notre  collè- 
gue M.  Guillaume  Grandidier,  dont  la  première  Conférence,  si 
intéressante,  a  contribué  pour  beaucoup  au  succès  de  l'entreprise. 


9 


S (ui/i ce  du  an  Janvier  igoi. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  Dr  TROUESSART.  PRÉSIDENT 
ET  DE  M.  BAVAY,  VICE-PRÉSIDENT. 

M.  le  Président  adresse  les  félicitations  de  la  Société  à  M.  le 
professeur  Joubin,  nommé  Officier  de  la  Couronne  de  Roumanie  et 
Officier  de  l'ordre  de  Saint-Jacques  du  Portugal. 

M.  le  professeur  Gourret,  présenté  à  la  précédente  séance,  est 
proclamé  membre  de  la  Société. 

M.  le  Secrétaire  général  fait  part  à  la  Société  d'une  décision 
du  Conseil  en  vertu  de  laquelle  les  Causeries  scientifiques  sont  mises 
en  dépôt  à  la  Société  d'éditions  scientifiques,  4,  rue  Antoine  Dubois. 
Le  Conseil  à  cette  même  séance  a  procédé  à  la  nomination  de  M. 
Freyssinge,  pharmacien,  en  qualité  de  Bibliothécaire  adjoint. 

M.  le  Secrétaire-général  annonce  que  le  jeudi  24  janvier,  à  8  h.  1/2 
du  soir.  M.  le  professeur  R.  Blanchard  fera,  sous  les  auspices  de 
l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences,  une  confé- 
rence sur  le  Rôle  des  Insectes  dans  la  propagation  des  maladies. 

11  annonce  également  que  les  deux  prochaines  conférences  de 
l'Enseignement  colonial  libre  seront  fnites  par  M.  Grandidier  et 
auront  trait  à  la  Zoologie  de  Madagascar. 

M.  le  Dr  Trouessart  fait  une  communication  sur  l'hygiène  chez 
les  animaux.  M.  Bavay,  Vice-Président,  le  remplace  au  fauteuil 
présidentiel. 

M.  le  professeur  Y.  Delage  rappelle  les  expériences  de  Lœb,  qui 
aurait  pu  obtenir  des  fécondations  sans  le  secours  des  sperma- 
tozoïdes. Il  a  pris  un  animal,  l'Oursin,  chez  lequel  la  parthéno- 
genèse n'existe  pas  et  est  arrivé  à  la  déterminer  en  traitant  des 
œufs  vierges  par  une  certaine  solution  de  chlorure  de  magnésium  ; 
ces  œufs  reportés  dans  l'eau  de  mer  se  segmentaient  aussitôt  et 
donnaient  des  pluteus  normaux.  Lœb  a  donc  pensé  que  la  segmen- 
tation pouvait  être  due  à  l'apport  de  chlorure  de  magnésium  par  le 
spermatozoïde.  La  première  chose  à  faire  était  donc  de  rechercher 
si  le  spermatozoïde  de  l'Oursin  renferme  effectivement  plus  de 
magnésium  que  l'ovule.  C'est  ce  qu'a  fait  M.  Delage,  aidé  de  son 
fils,  et  ils  ont  pu  arriver  à  cette  conclusion  que  le  spermatozoïde 
renferme  en  réalité  un  peu  moins  de  magnésium  que  l'ovule.  Lœb 
a  du  reste  lui-même  abandonné  son  hypothèse  et  pense  avec 
Bataillon  qu'il  y  a  perte  d'eau  dans  le  magnésium  et  que  c'est  à 
cette  soustraction  d'eau  que  serait  due  la  segmentation. 


10  SÉANCE   DU    22   JANVIER    1901 

LES  PRATIQUES  D'HYGIÈNE  CHEZ  LES  ANIMAUX 

PAR 

LE  Dr  E.  TROUESSART 

Les  pratiques  d'hygiène  qui  se  sont  développées  peu  à  peu  dans 
les  sociétés  humaines,  ont  presque  toutes  leur  origine  chez  les 
animaux,  en  ce  sens  que  l'Homme  semble  n'avoir  eu  qu'à  imiter,  ou 
même  à  utiliser  pour  son  usage,  la  plupart  de  ces  pratiques. 

Nous  ne  chercherons  pas,  pour  le  moment,  à  élucider  la  question 
de  savoir  si  ces  pratiques  ont  été  simplement  instinctives  chez 
l'Homme  comme  chez  les  animaux,  ou  bien  si  elles  dénotent  uu 
raisonnement  psychique  d'un  ordre  plus  élevé,  une  véritable 
intelligence.  Mais  il  n'est  peut-être  pas  hors  de  propos  de  chercher 
à  grouper  ces  pratiques  sous  des  chefs  précis,  qui  nous  permettent 
d'en  apprécier  plus  facilement  l'utilité  pour  la  conservation  de 
l'individu  et  de  l'espèce.  Cette  étude,  poursuivie  méthodiquement, 
dans  toute  la  série  animale,  ne  pourrait  manquer  de  jeter  quelque 
lumière  sur  la  question  qui  semble  avoir  préoccupé  depuis  long- 
temps les  naturalistes  (4):  ranimai  est-il  simplement  un  être  instinctif, 
ou  doit-on  lui  reconnaître  une  véritable  intelligence? 

Les  pratiques  que  l'Homme  civilisé  rattache  à  ce  qu'on  appelle 
l'hygiène,  c'est-à-dire  à  l'entretien  de  la  santé,  s'observent  surtout 
chez  les  animaux  vivant  en  sociétés  plus  ou  moins  nombreuses  ; 
mais  on  peut  les  observer  aussi  chez  les  autres,  car  le  besoin  de  la 
reproduction  existe  chez  tous  les  animaux,  et  le  groupement  qui 
constitue  la  famille,  ne  fût-elle  composée  que  de  la  mère  et  de  ses 
petits,  constitue  une  société  sous  sa  forme  la  plus  rudimentaire. 

On  peut  grouper  ces  pratiques  sous  les  quatre  chefs  suivants  : 

1°  éloignement  des  déjections  et  des  déchets  ; 

2°  éloignement  ou  disparition  des  cadavres  ; 

3°  aération  des  habitations; 

4°  conservation  des  provisions  de  bouche. 

§  I.  Eloignement  des  déjections  et  des  déchets 
dans  les  sociétés  animales. 

Les  soins  de  propreté  que  l'on  constate  chez  presque  tous  les 
animaux  sont  très  certainement  purement  instinctifs,  et  les  moyens 

(1)  Buchner  (L.).   La   vie   psychique  des  bêtes,  traduit  de  l'allemand  par  Ch. 
Letourneau  (1881). 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  1901  H 

que  la  plupart  emploient  pour  se  nettoyer  ne  sont  rien  moins 
qu'hygiéniques,  au  moins  à  notre  point  de  vue  d'Hommes  civilisés. 
Le  Chat  qui  vient  de  manger  se  nettoie  en  se  servant  de  sa  langue 
râpeuse  et  de  sa  patte  enduite  de  salive;  il  agit  de  même  si  quel- 
ques gouttes  d'urine,  quelques  traces  de  ses  déjections  ont  souillé 
son  pelage.  On  peut  affirmer  hardiment  qu'il  cherche  surtout  à  se 
déharrasser  d'un  corps  étranger  qui  le  gêne  et  qui  pourrait,  en 
agglutinant  ses  poils,  nuire  à  la  liberté  de  ses  mouvements.  La 
preuve,  c'est  qu'il  agit  de  même  lorsqu'une  main  malicieuse 
ébourifïe  sou  pelage  sous  prétexte  de  le  caresser.  De  même  s'il  est 
blessé  à  la  patte  et  qu'on  essaie  de  le  panser,  il  arrachera  le  panse- 
ment et  léchera  avec  acharnement  le  liquide  dont  on  aura  baigné  la 
plaie,  aussi  bien  que  le  sang  et  le  pus  qui  en  découlent.  L'hygiène 
n'a  évidemment  rien  à  faire  ici,  et  cependant  la  plaie  guérira  dans 
un  temps  donné.  Les  animaux  qui  se  baignent  cherchent  surtout  à 
se  rafraîchir  :  les  Éléphants  qui  s'arrosent  avec  leur  trompe, 
s'inondent  souvent  de  sable  ou  de  boue  et  ne  songent  nullement  à 
se  nettoyer  ensuite  en  s'arrosant  d'une  eau  plus  pure  qui  est 
pourtant  à  leur  portée. 

Le  Chat  qui  enterre  ses  déjections  avec  le  soin  que  l'on  connaît 
ne  semble  pas  du  tout  remplir  uu  devoir  d'hygiène.  Il  est  beaucoup 
plus  vraisemblable  que  cet  instinct  inné  lui  vient  du  besoin  de  faire 
disparaître  toute  trace  de  son  passage,  pour  mieux  échapper  à  ses 
ennemis.  La  même  préoccupation  se  retrouve  chez  beaucoup 
d'autres  animaux.  Le  Rhinocéros  d'Afrique,  animal  stupide  mais 
d'une  méfiance  extrême,  revient  sur  ses  pas  pour  pulvériser  avec 
sa  longue  corne  nasale  ses  fumées,  qui  ressemblent  à  celles  du 
Cheval  mais  sont  beaucoup  plus  volumineuses. 

La  Chatte  qui  vient  de  mettre  bas  dévore  son  placenta.  C'est  une 
pratique  qui  se  retrouve  chez  les  femelles  de  presque  tous  les 
Mammifères. 

Il  semble  que  ces  animaux  aient  la  notion  que  cet  objet  gênant 
et  devenu  étranger  à  leur  corps  doit  disparaître  par  le  procédé  le 
plus  expéditif  qui  soit  à  leur  portée  (1).   La  Chatte,  qu'elle  soit 

(1)  Comme  le  fait  observer  M.  le  professeur  Delage,  il  y  a  probablement  aussi 
dans  ce  cas  l'instinct  de  faire  disparaître  un  objet  qui  peut  mettre  l'ennemi  sur  la 
trace  de  la  mère  et  de  ses  petits.  Il  est  plus  singulier  de  retrouver  cette  pratique 
chez  certaines  races  humaines  : 

«  Autrefois,  chez  les  indigènes  brésiliens,  le  père  coupait  le  cordon  avec  ses 
dents,  lavait  l'enfant  et  le  peignait  de  rouge  et  de  noir.  Reynal  prétend  môme 
que  les  Topinambouset  les  Tapuyas  d'Amérique,  après  la  délivrance,  se  régalaient 
avec  les  enveloppes  fœtales  et  le  cordon  ombilical.  »  (G.  J.  Witkowski,  Histoire 
des  accouchements  chez  tous  les  peuples,  p.  G33). 


12  SÉANCE  DU  12   JANVIER  1901 

installée  dans  la  paille  d'un  grenier  ou  sur  un  lit  douillet,  soigneu- 
sement préparé  par  ses  maîtres  en  vue  de  sa  prochaine  maternité, 
nettoie  avec  soin  ses  petits  et  sa  préoccupation  constante  est  de 
les  empêcher  de  salir  de  leurs  déjections  le  nid  qu'ils  ne  doivent 
quitter  qu'au  bout  de  plusieurs  semaines.  Pour  cela,  on  connaît  le 
procédé  qu'elle  emploie  :  sa  langue  joue  le  rôle  d'un  .suppositoire 
pour  forcer  les  petits  à  se  vider  quand  elle  le  juge  à  propos,  et  son 
estomac  est  encore  ici  le  réceptable  que  la  nature  met  constamment 
à  sa  portée. 

J'ai  vu  une  Chatte  s'acharner  à  lécher  pendant  des  heures  entières 
un  petit  de  couleur  blanche  mais  portant  une  tache  noire  assez  mal 
placée  sur  les  flancs  :  évidemment  la  mère  se  figurait  que  sa  vigi- 
lance s'était  trouvée  en  défaut  et  que  cette  tache  inopportune  était 
une  ordure  que  sa  langue  pouvait  enlever. 

Les  Mammifères  qui  vivent  dans  des  terriers  ont  soin  de  ne  pas 
salir  leur  demeure  habituelle.  Ils  sortent  et  s'éloignent  plus  ou 
moins  pour  satisfaire  leurs  besoins  naturels.  Pendant  le  sommeil 
hibernal  ces  besoins  sont  abolis.  Les  Marmottes  se  réveillent  tous 
les  quinze  jours  pour  aller,  au  dehors,  vider  leur  vessie  (1)  :  mais 
elles  n'ont  pas  de  déjections  solides.  Pendant  l'été,  elles  se  rendent 
toujours  au  même  endroit  pour  y  déposer  leurs  excréments.  Les 
Chauves-souris  endormies  dans  les  cavernes  et  suspendues  la  tête 
en  bas,  se  retournent  afin  d'uriner  sans  souiller  leur  pelage.  Y  a-t-il 
là  un  véritable  besoin  de  propreté  ou  simplement  l'instinct  de  ne 
pas  se  mouiller,  et,  quand  il  s'agit  d'un  terrier,  de  ne  pas  encombrer 
le  domicile  habituel  de  déjections  qui  le  combleraient  en  peu  de 
temps?  Ce  qui  est  certain  c'est  qu'en  général  on  ne  trouve  dans  le 
terrier  aucun  objet  étranger,  sauf  les  provisions  que  l'animal  y 
accumule  à  dessein,  et  qui  sont  placées  dans  un  réduit  particulier 
faisant  fonction  de  magasin  :  le  nid  de  la  femelle  près  de  mettre 
bas,  lorsqu'il  est  souterrain,  est  également  construit  à  part  et 
toujours  bien  distinct  du  terrier  proprement  dit. 

Au  contraire  des  Mammifèrs,  beaucoup  d'Oiseaux  semblent  peu 
soucieux  d'écarter  leurs  déjections  et  les  débris  de  nourriture  du 
nid  où  ils  pondent  leurs  œufs,  où  ils  élèvent  leurs  petits.  Dans  les 
nids  à  ciel  ouvert,  cette  insouciance  est  de  peu  d'importance  :  ces 
nids  sont  à  claire-voie  et  les  déjections  tombent    à    travers  les 

(1)  Cet  acte  est  tout  machinal  et  comme  d'un  somnambule.  Une  Marmotte  que 
R.  Dubois  avait  placée,  sur  une  balance,  dans  son  laboratoire  pour  constater  sa 
perte  de  poids  pendant  le  sommeil,  allait  uriner  dans  un  coin  et  revenait  d'elle- 
même  prendre  sa  place  sur  le  plateau  de  la  balance. 


SÉANCE  DU  22   JANVIER  1901  13 

interstices  ou  se  détachent  par  un  simple  grattage.  Mais  il  en  est 
autrement  des  nids  placés  dans  le  creux  des  arbres  ou  au  fond  d'un 
terrier;  le  nid  de  la  Huppe,  qui  est  dans  le  premier  cas,  celui  du 
Martin-pêcheur,  qui  est  dans  le  second,  sont  renommés  pour  l'odeur 
infecte  qu'ils  exhalent  et  qui  s'attache  au  plumage  de  l'Oiseau  (1). 
Il  en  est  de  même  chez  les  Calaos,  où  la  mère  est  murée  par  le  mâle 
dans  un  trou  d'arbre  pendant  tout  le  temps  que  dure  l'incubation 
et  l'élevage  des  petits,  et  nourrie  par  lui  à  travers  une  étroite 
fenêtre.  Malgré  tout,  les  petits  nés  et  nourris  au  milieu  de  cette 
pourriture,  n'en  viennent  pas  moins  à  bien,  ce  qui  semble  donner 
raison  au  dicton  populaire  qui  veut  que  les  vidangeurs  jouissent 
constamment  d'une  excellente  santé. 

Si  des  Vertébrés  nous  passons  aux  Invertébrés  nous  retrou- 
vons également  des  animaux  vivant  en  société  dont  les  uns  sont 
très  soucieux  d'écarter  leurs  déjections  de  l'habitation  commune, 
tandis  que  d'autres,  plus  pratiques  encore  que  les  Oiseaux, 
emploient  ces  déjections  comme  un  mortier  pour  construire  les 
parois  de  ce  logis. 

Parmi  les  premiers,  sont  les  Abeilles,  qui  entretiennent  la  plus 
grande  propreté  dans  leur  ruche.  La  disposition  verticale  des 
rayons,  l'ouverture  latérale  des  cellules  sont  éminemment  favo- 
rables à  ces  soins  qui  sont  journaliers.  Tous  les  débris  inutilisés 
sont  rapidement  enlevés  de  ces  cellules.  Les  Abeilles  ont  toujours 
la  précaution  de  déposer  leurs  déjections  en  dehors  de  la  ruche. 
Mais  lorsqu'elles  sont  atteintes  de  dysenterie,  comme  cela  se  produit 
quelquefois  en  hiver,  elles  n'ont  plus  le  temps  de  sortir  et  la  colonie 
peut  se  trouver  gravement  compromise  par  suite  de  l'infection  due 
à  cette  maladie  (2).  Le  fait  s'est  produit  à  Darmstadt,  où  toutes  les 
ruches  furent  infestées  par  les  déjections  des  Abeilles  malades 
et  fort  endommagées,  sauf  une  seule.  On  en  rechercha  la  cause  et 
l'on  s'aperçut  que  tout  le  revers  de  la  paroi  postérieure  de  la  ruche 
était  souillé  par  les  excréments  des  abeilles  qui  y  avaient  établi 
leurs  lieux  d'aisance.  Elles  avaient  choisi  cet  endroit  parce  que 
l'émiettement  de  l'argile  y  avait  formé  une  petite  cavité  attenant  à 
la  partie  supérieure  où  elles  se  tiennent  en  hiver.  Cette  sorte  de 

(1)  Ceci  semble  confirmer  l'opinion  des  naturalistes  qui  prétendent  que  le  sens 
de  l'odorat  est  peu  développé  chez  les  Oiseaux.  Cependant,  pour  rendre  justice  a 
certains  d'entre  eux,  constatons  que  les  Serins  domestiques  tiennent  leur  nid 
constamment  propre  en  rejetant  les  déjections  au  dehors. 

(2.)  Lorsque  le  mal  est  trop  trrand,  la  ruche  peut  être  complètement  désertée 
par  ses  habitants. 


14  SÉANCE  DU  22  JANVIER  1901 

puisard  leur  avait  permis  de  ménager  le  reste  de  la  ruche,  ce  qui 
avait  sauvé  la  colonie. 

Après  l'hiver,  saison  des  privations  qui  sont  la  source  de  ces 
épizooties,  provoquées  surtout  par  l'usage  du  miel  avarié,  les 
Abeilles  sortent  avec  joie  aux  premiers  beaux  jours.  Leur  premier 
soin  est  de  se  vider.  Gare  à  la  ménagère  qui,  teutée  par  le  soleil, 
aura  mis  ses  draps  à  sécher  au  voisinage  du  rucher  !  Les  Abeilles 
attirées  par  cette  large  surface  blanche  viennent  en  foule  y  déposer 
leurs  ordures.  Puis  elles  rentrent  pour  nettoyer  et  balayer  la  ruche, 
expulser  les  cadavres  des  Abeilles  mortes,  réparer  les  dégâts  faits 
aux  rayons.  Bientôt  après  a  lieu  l'essaimage  qui  pare  à  l'excès  de 
la  population. 

Les  Mélipones,  abeilles  américaiues,  sont  celles  où  l'hygiène  de 
l'habitation  est  poussée  à  son  plus  haut  point  de  perfection.  Elles 
ont  de  véritables  dépotoirs,  placés  dans  un  coin  du  nid,  et  qui 
reçoivent  tous  les  immondices  tels  que  cire  avariée,  déjections, 
cadavres,  etc.  Une  fois  desséchés,  ces  débris  sont  découpés  sur 
petits  morceaux,  plus  faciles  à  manier,  et  portés  au  dehors.  Les 
ouvrières  veillent  avec  soin  à  la  bonne  sauté  des  larves.  Autour  de 
chaque  cellule  d'incubation  on  voit  des  pots  à  provision  contenant 
du  miel  que  l'on  entretient  toujours  frais.  Quand  ces  pots  ont  été 
vidés,  ils  sont  arrachés  ainsi  que  les  parois  de  la  cellule,  dont  la 
nymphe  vient  de  sortir  après  son  éclosion,  et  le  tout  est  jeté  au 
dépotoir.  Mûller,  qui  a  étudié  les  Mélipones,  pense  que  c'est  pour 
éviter  les  moisissures  et  les  fermentations  qui  pourraient  en 
résulter,  que  les  pots  et  les  cellules  sont  reconstruits  chaque  fois 
avec  des  matériaux  entièrement  neufs. 

Les  Fourmis  qui  construisent  leur  nid  dans  la  terre  semblent, 
comme  les  Abeilles,  avoir  des  notions  très  avancées  sur  l'hygiène 
des  habitations.  Dans  le  fond  est  une  citerne  pour  l'écoulement 
des  eaux  de  pluie.  La  fourmilière  a  des  étages  hauts  et  bas  où  l'on 
transporte  les  larves  suivant  la  température.  On  les  sort  même  au 
dehors  parles  belles  nuits  d'été.  Il  existe  aussi  des  dépotoirs  situés 
dans  les  parties  déclives,  où  tous  les  détritus  sont  balayés  (1). 

Les  Termites,  Insectes  d'un  autre  groupe  mais  qui  ont  des 
sociétés  comparables  à  celles  des  Abeilles  et  des  Fourmis,  cons- 
truisent avec  de  la  terre  ces  énormes  nids  en  pain  de  sucre  que 
l'on  voit  dans  les  pays  chauds.  Ici,  la  première  paroi  de  chaque 

(1)  Les  larves  de  Lithocolletis  (Lépidoptères)  qui  creusent  des  galeries  dans 
le  parenchyme  des  feuilles,  sortent  toujours  de  ces  galeries  pour  déposer  leurs 
déjections. 


SÉANCE   DU   22   JANVIER    t!>OI  15 

étage  est  formée  uniquement  des  excréments  de  ces  Insectes,  mais 
soutenue  de  chaque  côté  par  une  couche  de  terre  qui  recouvre  les 
déjections  et  y  adhère  ;  la  paroi  externe  est  recouverte  d'une  nou- 
velle couche  d'excréments.  Les  cloisons  internes  sont  souvent 
entremêlées  de  fèces  qui  forment  des  bandes  minces,  des  plaques, 
des  pointillés.  Les  dégâts  sont  réparés  à  l'aide  des  débris  de 
l'ancienne  muraille  et  des  excréments  qui,  sans  doute,  constituent 
un  ciment  destiné  à  donner  plus  de  solidité  à  l'édifice  (1).  Des 
ramifications  en  forme  de  tuyaux  d  egouts  s'enfoncent  dans  la  terre 
et  servent  à  l'écoulement  des  eaux  de  pluie.  —  Ainsi  chez  ces 
Insectes  les  déjections  sont  utilisées  comme  une  matière  précieuse 
et  dont  il  leur  serait  difficile  de  se  passer  pour  la  construction  du 
nid. 

§  2.  Éloignement  ou  disparition  des  cadarres. 

On  a  quelquefois  parlé  des  cimetières  des  animaux  (2)  et  pré- 
tendu que  certains  Insectes,  tels  que  les  Abeilles,  ensevelissaient 
leurs  morts  :  il  est  infiniment  probable  que  cetle  idée  ne  repose 
que  sur  des  faits  mal  observés.  L'Homme  primitif  lui-même  a  dû 
atteindre  un  certain  degré  de  civilisation  avant  de  songer  à  creuser 
la  terre  pour  y  déposer  et  recouvrir  les  morts,  ou  d'employer  les 
autres  procédés  de  sépulture  qui  ont  été  ou  sont  encore  en  usage 
dans  les  différentes  races  humaines. 

Les  cadavres  des  animaux  disparaissent  plus  ou  moins  rapide- 
ment par  des  procédés  plus  simples  et  plus  naturels,  mais  que 
l'Homme  lui-même  a  d'abord  utilisés  en  abandonnant  ses  morts  à 
la  surface  du  sol.  Dans  les  pays  chauds,  où  la  décomposition  est 
rapide,  on  sait  que  les  Chiens,  les  Chacals,  les  Hyènes  et  les 
Vautours  se  chargent  de  la  destruction  des  cadavres  :  les  Insectes 
y  contribuent  également.  Dans  les  pays  froids,  où  la  décomposition 
est  plus  lente,  les  Loups  et  les  Ours,  d'autres  carnivores  de 
moindre  taille,  les  Rats  et  les  Corbeaux  remplissent  le  même 
office.  L'Ursus  cadaverinus  de  Scandinavie,  ainsi  nommé  à  cause  de 
cette  habitude  caractéristique,  n'est  qu'une  variété  locale  de  l'Ours 
brun  des  Alpes. 

(Il  Dans  beaucoup  de  campagnes,  notamment  en  Bulgarie,  on  utilise  la  bouse 
de  Vache  comme  ciment  mêlé  à  la  terre  pour  la  construction  des  murs  des 
maisons. 

(2)  Darwin  lui-même  parle  des  cimetières  des  Guanacos,  en  Patagonie. 
M.  Racovitza,  qui  a  exploré  cette  région,  pense  qu'il  s'agit  de  troupeaux  entiers 
détruits  d'un  seul  coup  par  un  chasse-neige  ou  une  avalanche. 


16  SÉANCE   DU    22   JANVIER    1901 

Ce  mode  primitif  de  sépulture  a  été  adopté  comme  un  rite  reli- 
gieux, par  certaines  races  humaines,  notamment  par  les  Parsis 
ou  adorateurs  du  feu.  Des  peuplades  de  l'Asie  centrale  entrete- 
naient autrefois  des  Chiens  .sépulchraur,  véritables  croque-morts, 
destinés  à  jouer  un  rôle  actif  dans  les  funérailles.  Cette  coutume 
s'est  perdue,  au  moins  comme  rite  religieux,  car  les  Chiens  et  les 
Hyènes  avides  de  cadavres  pullulent  toujours  dans  l'Orient.  Par 
contre  les  Vautours  sépulchraux  existent  encore.  Sans  parler  des 
vastes  tours  (dakhma)  où.  dans  le  Turkestan,  on  expose  les  morts 
à  découvert  pour  qu'ils  soient  dépecés  par  les  Vautours  et  les 
Corbeaux  sauvages,  il  existe  dans  l'Inde  des  temples  dont  les 
prêtres  entretiennent  des  Vautours  véritablement  dressés  pour  ce 
mode  de  funérailles.  Uu  voyageur,  au  retour  de  ces  pays  lointains, 
a  projeté  devant  nous  une  photographie  reproduisant,  dans  tout 
son  réalisme,  cette  étrange  scène  de  mœurs.  Dans  l'enceinte  inté- 
rieure du  temple,  le  cadavre  a  été  déposé  sur  le  sol  ;  les  parents  et 
les  amis  forment  un  groupe  compact  sous  la  galerie  de  l'édifice, 
tandis  que  dans  le  fond  six  grands  Vautours  sont  rangés,  atten- 
dant le  signal  et  maintenus  à  distance  par  un  desservant  armé 
d'une  longue  baguette.  Il  paraît  qu'à  ce  moment  le  cortège  se 
retire,  peu  désireux  de  voir  la  fin  de  la  cérémonie  ;  les  desservants 
du  temple  restent  seuls  chargés  de  surveiller  les  Vautours  jusqu'à 
ce  que  leur  funèbre  office  soit  complètement  accompli.  Les  os  sont 
jetés  dans  un  puits  ménagé  à  cet  effet. 

Tous  les  animaux,  on  peut  l'affirmer,  en  sont  encore  à  ce  mode 
primitif  de  sépulture,  c'est-à-dire  qu'ils  abandonnent  les  cadavres 
des  leurs,  sans  plus  s'en  occuper,  laissant  à  d'autres  animaux,  aux 
Insectes  et  aux  Microbes  de  la  putréfaction,  le  soin  de  les  faire 
disparaître.  Mais,  chez  les  animaux  vivant  en  société,  nous  savons 
que  les  cadavres  sont  rejetés  au  dehors  et  traînés  loin  de  l'habita- 
tion commune.  Les  malades  et  les  blessés  ont  même  l'instinct  de 
se  traîner  dans  quelque  coin  isolé  pour  y  mourir  en  paix,  loin  de 
leurs  semblables.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'on  ne  trouve  jamais 
de  cadavres  dans  le  terrier  des  Mammifères,  à  moins  qu'une 
épizootie  foudroyante ,  un  empoisonnement  en  masse  provoqué 
souvent  par  l'Homme  n'ait  forcé  les  rares  survivants  à  la  fuite,  la 
tache  de  traîuer  les  morts  au  dehors  étant  au-dessus  de  leurs  forces. 

Chez  les  Insectes  vivant  en  société  les  choses  se  passent  de  la 
même  manière  :  les  cadavres  sont  jetés  au  dépotoir  ou  traînés  au 
dehors,  mais  plutôt  comme  un  objet  gênant  et  encombrant  et  sans 
que  l'on  puisse  y  voir  une  véritable  pratique  de  funérailles.  Est-il 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  1901  17 

beaucoup  plus  certain  que  l'on  doive  considérer  ce  geste  connue 
une  pratique  raisonnée  d'hygiène  sociale  ? 

Des  faits  plus  curieux  ont  été  observés  chez  les  Abeilles.  Des 
animaux  de  forte  taille  (Souris,  Serpents,  Phalènes  de  l'espèce 
Acherontia  utropos)  s'introduisent  quelquefois  dans  la  ruche 
poussés  par  un  instinct  de  pillage,  pour  se  nourrir  du  miel  ou  des 
larves.  Ces  intrus  sont  souvent  mis  à  mort  parles  ouvrières  irritées 
qui  les  percent  de  leur  aiguillon.  Mais  leurs  cadavres,  ne  peuvent 
être  jetés  au  dehors,  en  raison  de  leurs  grandes  dimensions.  Que 
font  alors  les  Abeilles?  Elles  enduisent  le  cadavre  d'une  épaisse 
couche  de  propolis,  substance  résineuse,  bien  distincte  de  la  cire  et 
du  miel,  et  qui  leur  sert  à  cimenter  toutes  leurs  constructions. 
Soustrait  ainsi  aux  germes  de  l'air,  le  cadavre  ne  se  putréfie  pas 
mais  se  momifie  lentement,  sans  danger  pour  la  ruche  :  les  Abeilles 
ne  s  en  occupent  plus.  Voilà  donc,  chez  les  animaux,  une  véritable 
pratique  de  sépulture  se  rattachant  de  près  ou  de  loin  aux  diffé- 
rents modes  de  conservation  des  cadavres  adoptés  par  l'Homme  : 
enterrement  dans  le  sol  ou  dans  des  cercueils  de  pierre,  embau- 
mement, etc. 

Le  meurtre,  en  quelque  sorte  légal  et  pratiqué  par  mesure  de 
police,  existe  chez  les  Hyménoptères.  Le  fait  est  évident  chez  les 
Mélipones.  Qu'une  Guêpe  ou  une  Mouche  pillarde,  attirée  par  le 
miel,  se  glisse  dans  la  ruche,  les  ouvrières  se  précipitent  aussitôt 
sur  l'intrus,  l'entourent,  l'étourdissent,  se  roulent  sur  lui,  cherchant 
à  le  coiffer  avec  une  grosse  boulette  de  propolis  gluante.  L'Insecte 
aveuglé  s'englue  en  se  débattant  et  tombe  bientôt  épuisé,  mourant. 
Son  cadavre,  desséché  et  dépecé,  coupé  en  morceaux,  est  ensuite 
porté  dehors  par  les  ouvrières. 

Les  Abeilles  n'épargnent  même  pas  les  individus  de  leur  propre 
espèce  lorsqu'ils  sont  devenus  inutiles  ou  nuisibles.  Lorsqu'en 
août,  à  la  fin  de  l'essaimage,  les  femelles  ont  toutes  été  fécondées, 
les  mâles,  errant  désœuvrés  dans  la  ruche,  ne  sont  plus  que  des 
bouches  inutiles.  Les  ouvrières  les  refoulent  dans  un  coin,  les 
mordent  et  leur  arrachent  les  ailes,  souvent  même  abrègent  ce 
supplice  en  les  perçant  de  leur  dard,  puis  rejettent  les  cadavres  au 
dehors.  N'est-ce  pas  là  l'organisation  sociale  des  Amazones,  dont 
parlent  les  auteurs  grecs,  ne  souffrant  pas  d'hommes  au  milieu 
d'elles,  et  réduisant  les  mâles  au  rôle  de  producteurs  d'enfants, 
dont  l'utilité  ne  se  faisait  sentir  qu'une  fois  tous  les  ans  ? 

Chez  les  Guêpes  dont  les  sociétés  se  dissolvent  chaque  année  à 
l'approche  de  l'hiver  et  qui  hivernent  isolément,  on  observe  une 


18  SÉANCE    DU   22   JANVIER    1901 

autre  pratique  non  moins  remarquable.  A  l'automne,  les  larves 
arriérées  qui  n'ont  pas  eucore  fermé  leurs  cellules  pour  se  trans- 
former en  nymphes,  ne  pourraient  plus  être  nourries,  puisque  le 
nid  va  être  abandouué  et  tout  travail  suspendu.  Ces  larves  sont 
mises  à  mort  sans  pitié.  «  Les  mères,  dit  Réaumur,  se  changent 
en  véritables  furies,  arrachent  les  larves  de  leurs  cellules  et  les 
massacrent  jusqu'à  la  dernière.  »  —  Voilà  l'image  de  l'infanticide 
légal  tel  qu'il  était  pratiqué  à  Lacédémone  sur  les  nouveau-nés 
chétifs  ou  ditîormes,  considérés  comme  incapables  de  supporter  la 
dure  éducation  des  enfants  Spartiates,  —  ou  celle  de  l'infanticide 
par  misère  des  parents,  tel  qu'on  l'observe  eucore  trop  souvent, 
malgré  la  défense  des  lois,  dans  les  sociétés  modernes.  Daus  le  cas 
des  Abeilles  comme  dans  celui  des  Guêpes,  le  meurtre  des  mâles 
ou  des  jeunes  peut  être  considéré  comme  une  mesure  d'hygiène 
sociale. 

On  a  pu  observer  de  près  les  combats  des  Fourmis,  et  l'on  a 
constaté  qu'après  la  bataille,  le  parti  vainqueur  ramassait  les 
morts  et  les  blessés.  Parmi  ceux-ci,  on  n'épargne  que  ceux  de 
l'espèce  amie  qui  sont  en  état  de  se  rétablir  et  de  se  remettre  au 
travail.  Les  autres  sont  joints  aux  cadavres  des  vaincus  qui  sont 
mis  de  côté  comme  provision  de  bouche  et  portés  à  la  fourmilière 
pour  être  dévorés,  ou  plutôt  sucés  :  mais  les  Fourmis,  paraît-il, 
respectent  les  morts  de  leur  propre  espèce.  De  même,  les  tètes 
coupées  dans  le  combat  sont  abandonnées  sur  le  champ  de  bataille  : 
on  n'en  fait  pas  trophée!  On  peut  rapprocher  ces  pratiques  de  celles 
qu'on  observe  chez  les  races  humaines  primitives  :  achèvement 
des  mourants,  cannibalisme,  etc. 

§  3.  Aération  des  habitations. 

Chez  les  Abeilles  le  besoin  du  renouvellement  de  l'air  se  fait 
vivement  sentir  dans  les  ruches,  surtout  en  été,  lorsque  le  veut 
est  calme  et  la  température  élevée.  Les  apiculteurs  ont  constaté 
depuis  longtemps  que  ces  Insectes  savent  parer  à  cette  difficulté 
en  agitant  leurs  ailes  en  guise  d'éventails.  Les  ouvrières  forment 
la  chaîne  depuis  les  ouvertures  de  l'habitation  jusqu'aux  galeries 
les  plus  éloignées,  établissant  ainsi  un  courant  d'air  assez  fort 
pour  entraîner  une  plume  ou  agiter  une  feuille  de  papier.  Le  bruit 
de  cette  ventilation  s'entend  très  bien  du  dehors,  et  la  cause  n'en 
peut  être  douteuse.  Huber  ayant  transporté  une  colonie  d'Abeilles 
ainsi  occupée  daus  une  grande  ruche  de  5  pieds  de  haut,  bien 
aérée,  constata  que  le  bruit  des  ailes  ne  se  faisait  plus  entendre. 


SÉANCE    DU    22  JANVIER    1901  19 

Chez  les  Mammifères  qui  vivent  dans  les  terriers,  la  ventilation 
est  assurée  par  la  multiplicité  des  galeries  et  des  ouvertures.  Mais 
les  jeunes  ont  besoin  d'air,  plus  encore  que  les  adultes,  puisqu'ils 
restent  au  nid,  taudis  que  ceux-ci  sortent  journellement.  C'est 
pourquoi  le  nid  est  toujours  une  construction  spéciale,  bien  séparée 
du  reste  du  terrier.  Souvent  même,  lorsque  la  saison  le  permet,  ce 
nid  est  construit  à  la  surface  du  sol,  au  milieu  d'une  touffe  d'herbe. 
Tel  est  le  cas  pour  le  Campagnol  des  Champs  (Microtus  agrestis), 
dont  le  terrier  est  cependant  très  compliqué,  tandis  qu'une  autre 
espèce,  le  Campagnol  souterrain  (Microtus  subterraneus)  ,  plus 
franchement  fouisseur,  construit  toujours  sou  nid  sous  terre  à  6 
ou  8  centimètres  de  profondeur. 

§  4.  Conservation  des  provisions  de  bouche. 

Chez  les  animaux  qui  amassent  des  provisions  pour  l'hiver,  la 
conservation  de  ces  substances  d'origine  animale  ou  végétale,  par 
conséquent  sujettes  à  s'avarier  par  l'humidité,  semble  une  difficulté 
de  premier  ordre.  Il  est  très  curieux  de  constater  que  la  plupart  de 
ces  animaux  arriveut  à  conserver  ces  provisions  par  des  moyens 
qui  doivent  forcément  varier  suivant  les  circonstances. 

Les  Fourmis  moissonneuses  sont  très  intéressantes  à  étudier 
sous  ce  rapport.  Elles  amassent  dans  des  chambres  ou  magasins 
des  graines  de  Graminées  soigneusement  mondées,  c'est-à-dire 
débarrassées  des  enveloppes  et  du  son  qui  est  jeté  avec  les  autres 
détritus.  Elles  ont  évidemment  un  moyen  pour  empêcher  les  grains 
de  germer  par  l'humidité,  car  si  on  les  empêche  de  pénétrer  dans 
leurs  greniers,  les  grains  commencent  à  germer.  Quel  est  leur 
antiseptique?  Peut-être  simplement  de  l'acide  formique?  Dans 
tous  les  cas,  il  est  facile  de  s'assurer  qu'elles  coupent  la  radicule 
et  la  tigelle  lorsque  ces  parties  sont  assez  développées  pour  que 
leurs  mâchoires  les  saisissent,  et  qu'elles  font  ensuite  sécher  la 
graine  au  soleil.  —  Les  procédés  de  dréchage  sont  donc  connus  des 
animaux. 

D'autres  Hyménoptères,  qui  ne  vivent  pas  en  société,  les  Sphex, 
sont  carnivores  et  recherchent  des  proies  vivantes,  qu'ils  ne  tuent 
pas  immédiatement.  Ils  se  contentent  de  les  piquer  de  manière 
que  leur  venin  paralyse  cette  proie;  puis  ils  la  porteut  ou  la 
traînent  dans  un  terrier  construit  tout  exprès  et  avant  de  le  fermer 
ils  pondent  auprès  un  seul  œuf  d'où  sortira  une  larve  qui  se  nour- 
rira du  cadavre.   Il  est  à  remarquer  que   la    proie   simplement 


20  SÉANCE  DU  22  JANVIER  1901 

paralysée  meurt  lentement;  il  est  probable,  eu  outre,  que  le  venin 
injecté  a  le  pouvoir  d'aseptiser  le  cadavre,  de  telle  sorte  que  la 
larve  a  tout  le  temps  nécessaire  pour  éclore,  et  trouve  alors,  à  sa 
portée,  la  nourriture  qui  lui  convient.  Ce  procédé  présente 
quelques  variantes  suivant  les  genres  :  ainsi  les  Bembex  qui  renou- 
vellent plusieurs  fois  la  proie  destinée  à  leur  larve,  la  tuent 
complètement  du  premier  coup.  Les  Powpiles,  qui  font  surtout  la 
chasse  aux  Araignées,  leur  coupent  les  huit  pattes,  ce  qui  les  met 
hors  d'état  de  s'enfuir.  Voilà,  chez  les  animaux,  l'asepsie  ou  l'anti- 
sepsie appliquées  à  la  conservation  des  aliments. 

Je  m'arrête  ici  sans  avoir,  à  beaucoup  près,  épuisé  ce  sujet.  11 
est  probable  que  dans  tous  les  groupes  du  règne  animal,  particu- 
lièrement chez  les  animaux  qui  vivent  en  sociétés  ou  eu  colonies, 
on  trouverait  des  exemples  analogues.  11  serait  intéressant  de  les 
réunir  et  de  les  classer  comme  j'ai  essayé  de  le  faire  ici.  C'est  un 
sujet  de  recherches  que  je  signale  tout  particulièrement  aux  natu- 
ralistes qui  étudient  d'une  façon  spéciale  les  différentes  classes  des 
Vertébrés  et  surtout  des  Invertébrés. 


Professeur  Alexandre  Agassiz 


.MEMHItE     CORRESPONDANT     DE     L  INSTITUT     (ACADÉMIE     DES    SCIENCES] 
MEMBRE    HONORAIRE    DE    LA    SOCIÉTÉ   ZOOLOGIQUE    DE    FRANCE 


21 


RÉCEPTION    EN    L'HONNEUR    DE    M.   A.   AGASSIZ 


M.  A.  Agassiz,  l'illustre  océanographe  américain,  se  trouvant  de 
passage  à  Paris  pour  quelques  jours,  la  Société  Zoologique  de 
France,  en  vertu  d'une  décision  antérieure  du  Conseil,  avait  pris 
l'initiative  d'un  bauquet  en  son  honneur.  Ce  banquet  a  eu  lieu  au 
Restaurant  Champeaux  le  lei  lévrier  courant.  Malgré  le  peu  de 
temps  dont  avaient  disposé  les  organisateurs,  on  peut  dire  que 
cette  fête  a  parfaitement  réussi,  car  si  les  invités  étaient  peu 
nombreux,  ils  comptaient  du  moins  parmi  eux  les  notabilités  du 
inonde  zoologique.  Nous  citerons  :  M.  Edmond  Perrier,  directeur 
du  Muséum  d'Histoire  naturelle  ;  MM.  Filhol  et  Giard,  membres 
de  l'Institut  :  MM.  Delage,  Certes  et  Bouvier,  anciens  présidents 
de  la  Société  Zoologique  de  France  ;  MM.  R.  Blanchard,  Schlum- 
berger,  J.  Guiart  et  Neveu-Lemaire,  représentant  le  bureau  de 
cette  même  Société  ;  M.  Olivier,  directeur  de  la  Reçue  générale  des 
sciences,  et  M.  Schleicher,  éditeur;  M.  Haug,  représentant  le  labo- 
ratoire de  géologie  de  la  Sorboune  ;  MM.  Boutan ,  François , 
Hérouard,  Labbé,  Racovitza  et  Robert,  représentant  les  différents 
laboratoires  de  zoologie  de  la  Sorbonne  ;  MM.  Munier-Chalmas, 
Ch.  Richet,  Trouessart  et  J.  Richard  s  étaient  fait  excuser. 

Au  dessert,  M.  Edmond  Perrier,  dans  une  charmante  allocution, 
a  rappelé  à  M.  Agassiz  les  anciennes  relations  qui  unissaient  son 
père  au  Muséum  de  Paris,  dont  il  fut  l'un  des  plus  glorieux  élèves, 
relations  qui  depuis  n'ont  fait  que  se  développer  avec  son  fils.  11 
retrace  rapidement  l'œuvre  des  deux  célèbres  naturalistes  et  rap- 
pelle les  principaux  travaux  de  M.  Agassiz  sur  la  faune  des  grandes 
profondeurs  de  l'Océan  et  sur  la  formation  des  récifs  de  coraux.  Il 
montre  ensuite  le  savant  américain  travaillant  à  augmenter  son 
capital  pour  rassembler  l'argent  nécessaire  à  ses  expéditions  du 
Blake  et  de  l'Albatros.  C'est  là  un  exemple  peu  banal  qui  mérite  en 
effet  d'être  rappelé. 

M.  Agassiz  adresse  alors  un  souvenir  ému  à  la  mémoire  de 
M.  A.  Milne-Edwards,  son  ancien  ami,  et  remercie  M.  Edmond 

Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1901.  xxvi.  —  i. 


22  RÉCEPTION    EN    L'HONNEUR   DE   M.    A.    AGASS1Z 

Perrier  des  paroles  élogieuses  qu'il  vient  de  lui  adresser.  Il  re- 
mercie la  Société  Zoologique  de  France  du  grand  honneur  qu'elle 
lui  a  fait  en  organisant  ce  banquet  et  de  la  délicate  attention 
qu'ont  eue  les  organisateurs  en  reproduisant  son  portrait  sur  le 
menu.  M.  Y.  Delage  lui  souhaite  la  bienvenue  comme  ancien 
président  de  la  Société  Zoologique  de  France  et  M.  R.  Blanchard 
présente  les  excuses  des  absents.  Il  espère  que  cette  soirée,  si  elle 
est  la  première  en  ce  genre,  ne  sera  pas  du  moins  la  dernière  et 
que  les  zoologistes  français  auront  à  cœur  de  recevoir  dignement 
les  savants  étrangers  qui  nous  feront  l'honneur  de  venir  dans 
notre  pays. 


23 


Séance   du.    i'2   Février    igoi 
PRÉSIDENCE  DK  M.  LE  D'  TROUESSART,  PRÉSIDENT 


M.  le  professeur  R.  Blanchard  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à 
la  séance. 

M.  le  Président  annonce  le  décès  de  M.  E.  de  Pousargues,  assis- 
tant au  Muséum.  M.  E.  de  Pousargues  n'était  pas  Membre  de  la 
Société  Zoologique  de  France,  mais  la  Société  a  eu  l'honneur  de 
publier  dans  les  Mémoires  son  travail  sur  les  Ruminants  de  l'Asie 
centrale,  qui  lors  du  dernier  Congrès  international  de  Zoologie 
remporta  le  prix  de  S.  M.  l'Empereur  Alexandre  III. 

MM.  Artault  et  Guiart  présentent  M.  Desalle,  2,  rue  Boutarel,  à 
Paris  (4e). 

MM.  Bavay,  R.  Blanchard,  Certes,  Guiart,  Neveu-Lemaire  et 
Trouessart  proposent  la  nomination  de  M.  le  Dr  Laveran  en  qualité 
de  Membre  honoraire  de  la  Société.  M.  le  professeur  R.  Blanchard 
est  désigné  comme  rapporteur. 

M.  le  Président  annonce  à  la  Société  qu'à  la  suite  d'une  décision 
du  Bureau,  M.  Leygues,  Ministre  de  l'Instruction  Publique  et  des 
Beaux-Arts  et,  M.  de  Saint-Arroman  ,  directeur  du  service  des 
Sociétés  savantes  et  des  Échanges  internationaux  ont  été  conviés  à 
assister  à  la  prochaine  Assemblée  générale  annuelle,  pour  donner 
plus  d'éclat  à  notre  vingt-cinquième  anniversaire. 

MM.  Bavay  et  Certes  sont  proclamés  Membres  de  la  Commission 
de  vérification  des  comptes. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  le  Dr  J. 
Richard,  directeur  du  Musée  océanographique  de  Monaco.  Il 
annonce  à  ses  Collègues  que  le  Secrétariat  des  travaux  scientifiques 
du  Prince  de  Monaco  est  transféré  de  Paris  au  Musée  de  Monaco,  où 
devront  être  adressés  désormais  tous  les  documents  scientifiques 
concernant  le  Musée  ou  les  travaux  scientifiques  du  Prince. 

M.  le  Dr  J.  Guiart  fait  une  communication  sur  les  mœurs  des 
Opisthobrauches  et  en  particulier  des  genres  Philine,  Haminea, 
Acera  et  Oscanius. 


24  SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1901 

LE    BARON    EDMOND    DE   SELYS-LONGCHAMPS 

PAR 

LE   Dr  A.    DUBOIS 

Conservateur  au  Musée  royal  d'Histoire  naturelle  de  Belgique. 

Le  savant  confrère  que  nous  venons  de  perdre,  aussi  éminent 
par  le  caractère  que  par  l'intelligence,  nous  olïre  le  bel  exemple 
d'un  homme  né  dans  l'opulence  et  qui,  au  lieu  de  se  borner, 
comme  tant  d'autres,  à  jouir  des  biens  que  le  destin  lui  a  octroyés, 
consacra  sa  vie  tout  entière  au  culte  de  la  Science  et  au  service  de 
sa  patrie. 

Le  baron  Michel -Edmond  de  Selys-Longchamps  est  né  à  Paris  le 
25  mai  1813.  —  A  cette  époque,  la  Belgique  faisait  partie  de 
l'Empire  français,  et  le  père  de  notre  confrère  était  maire  de  Liège 
sous  la  République,  puis  député  du  département  de  l'Ourthe  au 
Corps  Législatif;  il  fut  ainsi  conduit  à  fixer  sa  résidence  à  Paris, 
où  il  avait  épousé  une  Parisienne. 

Edm.  de  Selys-Longchamps  fit  ses  études  presque  exclusivement 
chez  ses  parents,  tantôt  à  Paris,  où  sa  mère  résida  jusqu'en  1827, 
tantôt  à  Longchamps  ou  à  Liège.  C'est  dans  cette  dernière  ville  qu'il 
épousa,  en  1838,  Mlle  Sophie  d'Omalujs  d'Halloy  (fille  de  l'illustre 
géologue  belge),  dont  la  mort  prématurée,  en  1869,  le  laissa  incon- 
solable. 

Dès  l'âge  de  dix  ans,  de  Selys  fut  attiré  par  les  charmes  des 
sciences  naturelles,  car  il  s'intéressait  autant  à  la  Botanique  qu'à 
la  Zoologie,  et  la  formation  d'un  herbier  avait  été  une  de  ses 
premières  occupations  scientifiques.  Mais  il  ne  tarda  pas  à  se 
consacrer  particulièrement  à  l'étude  de  la  faune  belge  ;  ce  n'était 
pas  aisé  à  cette  époque  où  le  chemin  de  fer  n'existait  pas  encore  ou 
était  en  voie  de  construction,  et  où  les  relations  entre  les  savants 
étaient  rares  et  difficiles.  On  ne  peut  donc  assez  admirer  le  courage 
du  jeune  débutant  à  entreprendre,  malgré  les  railleries  du  monde 
et  le  déplaisir  de  son  père  il),  une  tâche  entourée  de  tant  de 
difficultés. 

Dès  1829  il  s'était  fait  recevoir  membre  de  la  Société  des  Sciences 
naturelles  de  Liège  (2),  dont  la  scission  donna  naissance  un  peu 

(1)  Son  père  est  décédé  à  Liège  en  1837. 

(2)  Présidée  à  cette  époque  par  Schmehling,  le  premier  explorateur  des  cavernes 
de  la  Meuse. 


Baron  Edmond  de  Selys-Longchamps 

MEMBRE   HONORAIRE   DE   LA    SOCIÉTÉ    ZOOLOGIQUE    DE    FRANCE 

1813-1900 


SÉANCE   DU    12    FÉVR1KR    1901  2.^1 

plus  tard,  à  la  Société  royale  des  Sciences,  qui  existe  toujours.  Le 
jeune  de  Sblys  ne  tarda  guère  à  y  présenter  son  premier  travail 
intitulé  :  Mémoire  sur  les  Lépidoptères  de  la  province  de  Liège.  Un 
peu  plus  tard,  en  1831,  il  publia  dans  le  Dictionnaire  géographique 
de  la  province  de  Liège,  édité  par  Van  der  Maelen,  un  Catalogne  des 
Oiseaux  et  des  Insectes  Aptères,  Névroptères  et  Lépidoptères  de  la  pro- 
vince de  Liège.  En  1836  il  publia  un  Essai  monographique  sur  les 
Campagnols  des  environs  de  Liège,  suivi  bientôt  de  travaux  plus  im- 
portants :  1°  Études  de  micromammalogie  ou  revue  des  Musaraignes, 
des  Rats  et  des  Campagnols  (1839)  ;  2°  Monographie  des  Libellules  d'Eu- 
rope (1840);  3°  Faune  Belge,  indication  méthodique  des  Mammifères, 
Oiseaux,  Reptiles  et  Poissons  observés  jusqu'ici  en  Belgique  (1842). 
Depuis  lors,  l'activité  scientifique  de  notre  savant  confrère  n'a 
cessé  de  se  manifester  par  des  travaux  concernant  des  sujets  les 
plus  divers  :  Zoologie,  Botanique,  Statistique  et  Archéologie, 
surtout  préhistorique.  11  était  membre  de  la  Commission  de  statis- 
tique de  la  province  de  Liège  depuis  son  origine,  et  membre  fonda- 
teur de  l'Institut  archéologique  liégeois,  etc. 

Edm.  Selys-Longchamps  fut  élu  en  1841  Correspondant  et  en 
1846  Membre  de  Y  Académie  royale  des  Sciences,  Lettres  et  Beaux-Arts 
de  Belgique,  qu'il  présida  à  plusieurs  reprises.  C'est  dans  les 
Mémoires  et  dans  les  Bulletins  de  l'Académie  qu'ont  été  publiées  la 
plupart  de  ses  notices  ornithologiques,  ainsi  que  ses  observations 
sur  les  phénomènes  périodiques  des  règnes  végétal  et  animal. 

L'Entomologie  était  cependant  sa  science  de  prédilection.  C'est 
dans  l'étude  des  Odonates  ou  Libellules  qu'il  s'est  particulièrement 
distingué,  et  ses  travaux  sur  cette  matière  l'ont  placé  au  premier 
rang  des  entomologistes;  personne  ne  connaissait  mieux  que  lui 
les  élégantes  Libellules,  aussi  les  a-t-il  monographiées  magistrale- 
ment, parfois  en  collaboration  avec  le  Dr  Hagen,  de  Kônigsberg. 

Il  serait  trop  long  de  citer  tous  les  écrits  de  notre  illustre 
confrère,  dont  la  liste  n'occupe  pas  moins  de  vingt  pages  des 
Notices  bibliographiques  de  l'Académie  (1896);  ses  travaux  sur  les 
Odonates  seuls  représentent  la  matière  de  plusieurs  volumes.  Les 
principaux  recueils  qui  ont  publié  les  travaux  de  notre  regretté 
confrère  sont  :  les  Mémoires  et  les  Bulletins  de  l'Académie  royale  des 
Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de  Belgique,  Mémoires  de  la 
Société  royale  des  Sciences  de  Liège,  Annales  de  la  Société  entomolo- 
gique  de  France,  Annales  de  la  Société  entomologique  de  Belgiqur, 
Revue  zoologique,  Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Turin,  Annali 
del    Museo   ckico   di   Storia  naturale    di    Genova,    llnrœ  Societatis 


26  SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  4901 

entomologicae  Hossicœ ,  Annals  and  Magazine  of  Natural  History, 
EnlomologisVs  Monthly  Magazine,  Naumannia  Journal  fur  Ornitho- 
logie, etc.  —  Dans  la  Naumannia  se  trouve  un  intéressant  travail 
de  notre  auteur  sur  le  genre  Anser  et  une  revue  des  hybrides 
observés  dans  la  famille  des  Anatidées.  Ajoutons  encore  que 
de  Selys  était  au  nombre  de  mes  collaborateurs  pour  les  «  Obser- 
vations ornitliologiques  faites  en  Belgique  »  depuis  l'année  1885,  et 
publiées  dans  les  Bulletins  du  Musée  royal.  d'Histoire  naturelle  de 
Belgique  et  dans  YOrnis.  —  Dans  les  Bulletins  de  la  Société  Zoolo- 
gique de  France,  nous  trouvons  de  notre  savant  confrère  deux 
articles  des  plus  intéressants  :  Excursion  d  l'île  d'Helgoland  (t.  VII), 
et  Considérations  sur  le  genre  Mésange  (t.  IX).  Il  publia  également 
divers  articles  sur  la  Zoologie  agricole,  entre  autres  dans  le  Livre 
de  la  Ferme  de  P.  Joigneaux  et  dans  les  Bulletins  de  la  Société  fores- 
tière de  Belgique. 

Edm.  de  Selys-Longchamps  était  Grand  Cordon  de  l'Ordre  de 
Léopold  et  de  l'Ordre  des  SS.  Maurice  et  Lazare,  Commandeur  de 
la  Légion  d'Honneur,  décoré  de  la  Croix  Civique  de  lre  classe,  etc. 
Il  était  aussi  Membre  honoraire  de  la  Société  Zoologique  de  France, 
des  Sociétés  Entomologiques  de  Belgique,  de  France,  de  Londres, 
de  Berlin,  de  Florence,  de  Vienne,  de  Stockholm,  de  Dresde,  de 
Stettin,  de  Berne,  d'Helsingfors  et  d'un  grand  nombre  d'autres 
Sociétés  savantes.  Il  était  aussi  Président  du  Conseil  de  surveil- 
lance du  Musée  royal  d'Histoire  naturelle. 

Il  n'y  avait  pas  de  Congrès  international  de  Zoologie  ou  d'Orni- 
thologie dont  il  ne  fit  partie;  au  dernier  Congrès  international 
d'Ornithologie  de  Paris  (1900),  où  il  représentait  l'Académie,  il  fut 
nommé  Président  d'honneur,  et  il  prit  encore  part  aux  discussions, 
malgré  son  grand  âge. 

Comme  homme  public,  il  a  siégé  au  Conseil  provincial  de  1846  à 
1848,  à  la  Chambre  des  Représentants  en  1848,  mais  il  y  avait  été 
porté  à  son  corps  défendant  ;  très  radical  et  même  républicain  à 
cette  époque,  il  ne  prit  part  qu'à  la  session  extraordinaire  de 
juillet  1848,  et  donna  sa  démission  dès  le  mois  de  novembre 
suivant.  Au  Sénat  il  siégea  sans  interruption  de  1855  à  1900,  année 
où  il  prit  prétexte  de  son  grand  âge  pour  décliner  un  nouveau 
mandat;  il  a  été  Président  du  Sénat  de  1880  à  1884.  c'est  à-dire 
jusqu'à  la  chute  du  Ministère  libéral.  Son  âge  ne  fut  pas  le  seul 
motif,  ni  peut-être  même  le  principal,  de  sa  renonciation  au 
mandat  sénatorial.  La  disparition,  comme  entité  distincte,  de 
l'arrondissement  de  Waremme  (réuni  désormais  à  celui  de  Huy), 


SÉANCE   DU    12   FÉVRIER    1901  27 

qu'il  représentait  depuis  45  ans,  y  fut  aussi  pour  beaucoup,  surtout 
qu'il  ne  voulait  pas  éliminer,  comme  l'application  de  la  Représen- 
tation proportionnelle  l'aurait  fatalement  entraîné  sans  cela,  le 
sénateur  libéral  sortant  de  Huy,  encore  dans  la  force  de  l'âge  et 
qui  lui  était  fort  sympathique.  Ajoutons  aussi,  que  le  désir  de  con- 
sacrer exclusivement  à  la  science  le  reste  de  sa  vie  était  également 
une  raison.  Enfin,  il  était  Conseiller  communal  de  Waremme 
depuis  1842  et  il  le  resta  jusqu'à  sa  mort. 

Edm.  de  Selys-Longchamps  était  un  libéral  sincère,  d'un  dévoù- 
ment  et  d'une  fidélité  à  toute  épreuve,  mais  qui  n'eût  jamais 
d'autre  mobile  que  le  bien  public,  d'autre  guide  que  sa  conscience. 
Il  n'avait  pas  été  moins  précoce  en  politique  qu'en  science  :  dès 
1827  il  était  déjà  nettement  philhellène,  démocrate  et  anticlérical  ; 
en  1830,  il  se  passionna  pour  le  mouvement  révolutionnaire  et  cela 
dans  le  sens  le  plus  radical.  —  Jamais  il  ne  fit  étalage  de  son  titre 
nobiliaire,  jamais  je  n'ai  vu  un  écrit,  imprimé  ou  manuscrit, 
signé  :  «  Baron  de  Selys-Longchamps.  » 

Outre  tous  les  titres  mentionnés  plus  haut,  de  Selys  avait 
d'autres  mérites,  d'une  nature  plus  intime,  qui  lui  ont  conquis  tous 
les  cœurs  :  je  veux  parler  ici  de  son  caractère  si  droit,  si  loyal,  si 
digne,  de  sa  courtoisie  qui  ne  se  démentait  jamais,  du  tact  et  de 
l'exquise  délicatesse  dont  il  a  toujours  fait  preuve.  Il  encourageait 
les  jeunes  naturalistes,  aidait  les  autres  de  ses  conseils  ou  mettait 
à  leur  disposition  ses  riches  collections  et  sa  bibliothèque.  Sou 
rang  social,  sa  haute  situation  comme  homme  politique,  autant 
que  sa  douceur  et  son  affabilité,  le  désignaient  à  tous  comme  leur 
protecteur  naturel;  il  est  vrai  qu'il  ne  reculait  devant  aucune 
démarche,  quand  il  s'agissait  de  venir  en  aide  à  un  honnête  homme 
malheureux.  Combien  n'ont  pas  trouvé ,  dans  l'une  ou  l'autre 
administration  de  l'Etat,  une  situation  selon  leurs  aptitudes,  grâce 
au  bienveillant  appui  de  notre  bon  et  regretté  confrère. 

J'ajouterai  encore  que  la  question  si  importante  de  l'épuration 
et  du  repeuplement  de  nos  rivières,  a  trouvé  en  lui  un  défenseur 
ardent  et  convaincu,  et  qu'en  1882  il  a  institué  un  prix  de 
3.000  francs,  destiné  à  récompenser  le  meilleur  mémoire  sur  la 
purification  des  eaux  contaminées.  Enfin,  en  dernier  lieu,  il  a  fait 
un  legs  de  500  francs  de  rente  à  l'Académie  royale  de  Belgique,  pour 
fonder  un  prix  en  faveur  des  travaux  concernant  la  faune  indigène. 

Pendant  sa  longue  carrière,  de  Selys  a  formé  des  collections  du 
plus  haut  intérêt  scientifique  ;  voici  en  quoi  elles  consistent  : 

1°  La  Faune  belge  (Vertébrés  et  Invertébrés); 


28  SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1901 

2°  Les  Oiseaux  de  l'Europe  presque  au  complet; 

3°  Un  Gênera  (y  compris  les  sous-genres)  des  Oiseaux  en  général, 
parmi  lesquels  on  remarque  un  Fregilupus  varius  et  un  Alca 
impennis,  tous  deux  éteints; 

4°  La  famille  des  Mésanges,  à  peu  près  au  complet; 

5°  Une  nombreuse  collection  de  Mammifères,  de  Reptiles,  de 
Batraciens  et  de  Cyprinides  d'Europe,  plus  un  grand  nombre  de 
Rongeurs,  d'Insectivores  et  de  Chéiroptères  exotiques  ; 

6°  Les  Lépidoptères  de  la  région  palaearctique  ; 

7°  Des  Névroptères  de  toutes  les  parties  du  monde  et  les 
Orthoptères  d'Europe  ; 

8°  La  faunule  entomologique  de  Longchamps,  près  de  Liège. 

Il  est  à  souhaiter,  dans  l'intérêt  de  la  Science,  qu'une  partie  de 
ces  collections  vienne  enrichir  celles  du  Musée  de  l'Etat  à  Bruxelles. 
Le  sort  des  plus  importantes  d'entre  elles  n'a  pas  été  définitivement 
fixé  par  les  dispositions  testamentaires  du  défunt,  et  la  famille  a 
été  laissée  libre  d'en  disposer  pour  le  mieux. 

Le  baron  Edm.  de  Selys-Longchamps  s'est  éteint  à  Liège,  le 
11  décembre  1900,  à  l'âge  de  87  ans,  6  mois  et  16  jours,  entouré  de 
ses  enfants  et  petits-enfants.  —  Avant  sa  mort  il  a  encore  eu  la 
consolation  de  voir  deux  de  ses  petits-fils  se  vouer  à  la  Zoologie,  et 
préparer  sous  ses  yeux  et  sous  la  savante  direction  de  M.  le  profes- 
seur Ed.  Van  Beneden,  leur  doctorat  spécial  à  l'Université  de  Liège. 

L'inhumation  a  eu  lieu  dans  le  caveau  de  la  famille,  à  Waremme. 

En  retraçant  brièvement  la  vie  si  bien  remplie  d'un  homme  de 
bien,  qu'on  peut  donner  à  tous  pour  exemple,  j'ai  voulu  en  même 
temps  rendre  hommage  au  savant  et  à  l'ami  que  j'ai  connu  depuis 
mon  enfance,  et  qui  m'a  toujours  témoigné  une  bienveillance  toute 
paternelle. 


LE    BARON    E.    DE    SELYS    LONGCHAMPS 

PAR 

RENÉ    MARTIN 

La  Zoologie  vient  de  faire  en  la  personne  de  M.  de  Selys- 
Longchamps  une  perte  irréparable.  Les  savants,  les  entomologistes 
du  monde  entier,  tous  ceux  qui  connaissaient  M.  de  Selys  ont 
appris,  avec  une  douloureuse  émotion,  sa  mort  arrivée  à  Liège  le 
11  décembre  dernier. 

Né  à  Paris  le  25  mai  1813,  le  baron  Michel  Edmond  de  Selys- 


SEANCE    DU    12    FÉVRIRR     1901  20 

Longchamps  avait  conservé,  jusqu'au  dernier  moment,  sa  remar- 
quable intelligence  et  une  santé  excellente.  D'une  affabilité  extrê- 
me, d'une  bienveillance  à  toute  épreuve,  il  se  prodiguait  à  tous  ceux 
qui  allaient  le  trouver  ou  qui  avaient  recours  à  ses  conseils. 

.Membre  honoraire  de  la  Société  Zoologique  de  France,  membre 
de  l'Académie  royale  des  Sciences,  Lettres  et  Beaux-Arts  de 
Belgique,  des  Sociétés  entomologiques  de  France,  de  Belgique,  de 
Londres,  de  Berlin,  de  Vienne,  de  Florence,  de  Stockholm  et  de 
vingt  autres  Sociétés  savantes,  il  était  Sénateur  depuis  1855,  et  de 
1880  à  1884,  il  avait  été  Président  du  Sénat  belge. 

Dès  sa  plus  tendre  jeunesse,  M.  de  Selys  s'adonna  à  l'étude  des 
Sciences  naturelles.  En  même  temps  qu'il  réunissait  au  château  de 
Longchamps,  près  Waremme,  les  magnifiques  collections  de 
Mammifères  et  d'Oiseaux  qui  y  sont  installées,  il  publiait  de  remar- 
quables travaux  sur  les  Vertébrés  de  la  Belgique,  sur  les  Lépi- 
doptères, sur  les  Orthoptères. 

Mais  ce  fut  surtout  l'étude  des  Névroptères  qui  l'attira.  Avant 
lui,  l'ordre  des  Odonates  était  à  peine  connu  par  les  écrits  de 
Rambur,  de  Vanderlinden  et  de  deux  ou  trois  autres  savants. 
Grâce  à  lui,  ce  groupe  intéressant  a  été  décrit,  classé,  discuté,  et 
personne  aujourd'hui  ne  peut  entreprendre  l'étude  de  ces  Insectes 
sans  s'appuyer  sur  les  ouvrages  du  grand  entomologiste. 

Sur  ce  groupe  il  a  publié  des  travaux  innombrables,  monogra- 
phies des  familles,  dissertations  sur  la  valeur  des  genres  et  des 
espèces,  faunes  géographiques.  Ses  faunes  de  la  Belgique,  du 
Japon,  de  la  Nouvelle-Guinée,  de  la  Birmanie,  de  l'Algérie,  de 
l'Asie  Septentrionale  et  Mineure  sont  des  modèles;  et  dans  ces 
dernières  années  les  articles  qu'il  publiait  sous  le  titre  modeste  de 
«  Causeries  »  sont  d'un  extrême  intérêt  pour  l'entomologie. 

Il  laisse,  outre  ses  galeries  de  Vertébrés,  une  série  de  boîtes 
contenant  presque  tous  les  Névroptères  et  les  Orthoptères  de  la 
Belgique  et  les  Orthoptères  de  l'Europe;  enfin  une  collection  des 
Odonates  du  globe  qui,  pour  le  nombre  des  genres  et  des  espèces, 
pour  les  séries  de  types,  pour  le  classement  est,  sans  contestation, 
la  plus  belle  collection  existant  aujourd'hui. 

Nous  avons  tout  lieu  d'espérer  que  l'un  de  ses  petits-fils  conti- 
nuera ses  études  Odonatologiques  et  ne  laissera  pas  dépérir  cette 
merveilleuse  collection.  Comme  nous  tous,  il  ne  pourra  feuilleter 
le  moindre  écrit  traitant  des  Libellules,  consulter  le  plus  mince 
ouvrage  sur  ces  Insectes  sans  trouver  à  chaque  page  le  nom  de 
son  illustre  aïeul. 


30 


Séance  du  26  Février  igoi 

HUITIÈME    ASSEMBLÉE    GÉNÉRALE   ANNUELLE 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  PROFESSEUR  R.  BLANCHARD,  PRÉSIDENT  DHONNEUR 
ET  DE  M.  LE  Dr  TROLESSART,   PRESIDENT 

M.  le  professeur  R.  Blanchard  remercie  la  Société  de  lui  avoir 
fait  l'honneur  de  présider  la  huitième  Assemblée  générale  annuelle 
et  souhaite  la  bienvenue  aux  Membres  de  province  et  de  l'étranger 
venus  pour  la  séance.  11  présente  les  excuses  de  M.  J.Vian  que  son 
graud  âge  a  seul  empêché  de  venir  présider  et  propose  de  lui 
adresser  des  vœux  collectifs  pour  la  continuation  de  sa  santé. 

M.  L.  Petit,  délégué  à  cet  effet  par  M.  Jules  Vian,  exprime  tous 
ses  regrets  de  ne  pouvoir  assister  à  nos  séances.  II  prend  toujours 
beaucoup  d'intérêt  à  suivre  les  travaux  de  la  Société  Zoologique 
de  France  et  il  lui  adresse  ses  meilleurs  vœux  de  prospérité. 

Sont  présents  :  MM.  Artault,  Bavay,  Bedot,  R.  Blanchard,  Brôle- 
mann,  Certes,  Clément,  Y.  Delage,  Desalle,  Field,  François,  Gadeau 
de  Kerville,  Gruvel,  de  Guerne,  Guiart,  Guyot,  Hérouard,  A.  Janet, 
Ch.  Janet,  Joubin ,  Jumentié,  Lennier,  Mlle  Levy,  MUe  Loyez, 
MM.  Marchai,  Moreau ,  Neveu-Lemaire ,  Pellegrin,  Petit,  Pic. 
Portier,  Pruvôt,  Racovitza,  M,  et  Mm-  X.  Raspail,  MM.  Robert, 
Ryckaert,  Schlumberger,   Secques,  Simon,  Trouessart  et  Vignal. 

MM.  Fatio  ,  Faurot ,  Julin,  Malaquin  ,  Minchin  ,  Perroncito  , 
Richard,  Roule,  J  Vian,  Vignou  et  Yung  s'excusent  de  ne  pouvoir 
assistera  la  séance. 

M.  le  Président  d'Honneur  adresse  les  félicitations  de  la  Société 
à  M.  le  Dr  J.  Guiakt,  qui  vient  de  conquérir  le  diplôme  de  Docteur 
ès-sciences  naturelles  devant  la  Faculté  des  sciences  de  Paris. 

A  la  suite  d'un  rapport  verbal  de  M.  le  professeur  R.  Blanchard, 
M.  le  D1  Laveran  est  proclamé  Membre  honoraire. 

M.  Desalle,  présenté  à  la  précédente  séance,  est  proclamé 
Membre  de  la  Société. 

MM.  Trouessart  et  Guiart  présentent  M.  le  Dr  Favette,  à  Saint- 
Bel  (Rhône). 

MM.  Minchin  et  Guiart  présentent  M.  P.  Chalmers  Mitchell, 
professeur  de  Biologie  au  London  Hospital,  Whitechapel,  London,  E 


u 


M.  Jules  VIAN 


MEMBRE      FONDATEUR      DE     LA     SOCIÉTÉ 

PRÉSIDENT    EN    1876,    1877   ET   1880 

ÉLU   PRÉSIDENT    HONORAIRE    LE   27    FÉVRIER    1894 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901  31 

Monsieur  le  Président  d'Honneur  donne  lecture  d'une  lettre  de 
M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  qui, 
ne  pouvant  assister  aux  séances  de  notre  vingt-cinquième  anni- 
versaire,  délègue  M.  de  Saint-  Arroman  ,  chef  du  Bureau  des 
Travaux  historiques  et  des  Sociétés  savantes. 

M.  de  Saint-Arroman  empêché  d'assister  à  notre  huitième  Assem- 
blée générale  annuelle  s'en  excuse  et  assistera  au  banquet. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  du  programme  détaillé 
du  Cougrès  international  de  Zoologie  qui  doit  se  tenir  à  Berlin  du 
12  au  16  août  1901. 

Le  bulletin  d'adhésion  doit  être  envoyé,  accompagné  de  20  marks 
pour  les  Membres  et  de  10  marks  pour  les  dames  des  Membres,  à 
l'adresse  de  MM.  Robert  Warschauer  et  C°,  48,  Behrenstrasse,  Berlin 
W.  64. 

MM.  Petit,  Trouessart,  Gadeau  de  Kerville  et  Clément  s'ins- 
crivent pour  les  Causeries  scientifiques  du  semestre  d'été.  Ces 
Causeries  auront  lieu  dans  l'ordre  suivant  : 

26  mars. —  L.  Petit.  Leçon  de  taxidermie  pratique  (Mammifères). 
14  mai.  —  Dr  Trouessart.  La  notion  d'espèce  et  de  sous-espèce 
en  Zoologie. 

Il  juin.  —  H.  Gadeau  de  Kerville.  Les  Zoocécidies. 
9  juillet.  —  L.  Clément.  L'apiculture. 

MM.  Bavay  et  Certes  donnent  lecture  du  rapport  suivant  sur  les 
comptes  du  Trésorier  pour  l'année  1900. 

«  Messieurs  et  chers  Collègues, 

»  Comme  les  années  précédentes  nous  avons  été  chargés , 
M.  Certes  et  moi,  de  la  vérification  des  comptes  de  notre  Trésorier. 

»  Comme  vous  pouvez  vous  en  douter,  l'année  a  été  particuliè- 
rement dure  pour  nos  finances.  Il  a  fallu  faire  face,  outre  l'augmen- 
tation du  loyer,  aux  frais  de  déménagement  et  d'emménagement, 
à  l'achat  d'un  mobilier,  à  l'installation  de  l'éclairage  et  surtout  à 
l'acquisition  de  cette  belle  bibliothèque  qui  orne  les  murs  de  notre 
nouvelle  salle  des  séances. 

»  Une  souscription  spéciale  ouverte  pour  payer  ces  frais  a  produit 
1.951  fr.  60.  Grâce  à  cet  aide  nous  clôturons  l'année  sans  déficit. 
Mais  au  lieu  d'un  boni  de  quinze  à  seize  francs,  comme  l'année 
dernière,  nous  clôturons  avec  un  actif  de  133  fr.  74  après  avoir 
dépensé  11.056  fr.  27. 


32  SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 

»  Nous  avons  reconnu  l'exactitude  et  la  bonne  tenue  des  comptes, 
et  nous  vous  proposons  de  voter  l'approbation  et  de  voter  aussi  des 
remerciements  à  notre  Trésorier  pour  le  soin  avec  lequel  il  a  géré 
les  finances  de  la  Société,  nous  devons  vous  faire  remarquer  que 
cette  année  ses  fonctions  ont  été  bien  loin  d'être  une  sinécure,  en 
raison  des  travaux  qu'il  a  dû  faire  exécuter  avec  une  économie 
bien  entendue.  » 

Ces  conclusions  sont  adoptées  à  l'unanimité  et  saluées  de  chaleu- 
reux applaudissements. 

M.  le  Dr  Trouessart  prononce  le  discours  suivant  : 

LES  RAPPORTS  DE  LA  ZOOLOGIE  ET  DE  LA  MÉDECINE 

«  Mes  chers  Collègues, 

»  La  Société  Zoologique  de  France  célèbre  aujourd'hui  le  vingt- 
cinquième  anniversaire  de  sa  fondation  et  c'est  avec  une  joie  sans 
mélange  que  je  constate  ici  que  cette  fête  commémorative,  coïn- 
cidant avec  la  fin  du  dix-neuvième  siècle,  voit  aussi  le  développe- 
ment complet  de  la  science  qui  fait  le  sujet  spécial  de  nos  études. 

>)  Les  vingt-cinq  années  qui  viennent  de  s'écouler  ont  permis  à 
la  Zoologie  de  prendre  la  place  qui  lui  revient  de  droit  dans 
l'immense  essor  de  civilisation  qui  caractérise  le  siècle  écoulé. 
L'Agriculture,  le  Commerce  et  l'Industrie  ne  peuvent  plus  se  passer 
des  laboratoires  d'Entomologie  appliquée  qui  se  sont  fondés  de 
toute  part  ;  la  Zootechnie  leur  ouvre  une  voie  nouvelle  par  la  créa- 
tion des  Stations  maritimes  où  l'on  étudie  la  Culture  des  mers,  et 
la  politique  elle-même  s'iucline  devant  la  Zoologie.  N'avons-nous 
pas  vu,  il  y  a  quelques  mois  à  peine,  les  gouvernements  européens 
qui  possèdent  des  colonies  en  Afrique,  avoir  recours  aux  Zoolo- 
gistes pour  rédiger,  sous  forme  de  convention  internationale,  un 
règlement  de  chasse  destiné  à  mettre  les  grands  animaux,  devenus 
rares  sur  ce  vaste  continent,  à  l'abri  d'une  destruction  complète? 
Combien  il  est  regrettable  que  toutes  les  questions  internationales 
ne  puissent  se  régler  avec  la  même  facilité  ! 

»  L'Instruction  Publique  n'est  pas  restée  étrangère  à  ce  grand 
mouvement  qu'elle  avait  le  droit  et  le  devoir  de  diriger.  Un  natura- 
liste qui  fut  en  même  temps  un  grand  patriote,  Paul  Bert,  profi- 
tait, en  1881,  de  son  passage  au  pouvoir  pour  réorganiser  l'ensei- 
gnement de  l'Histoire  Naturelle  dans  les  lycées.  Quelques  années 
après,  l'un  de  ses  successeurs  affirmait  encore  mieux  la  nécessité 


SÉANCE    DU    ïti    FÉVRIER    1901  33 

de  cette  science  eu  créant  V Enseignement  préparatoire  à  la  Médecine, 
désormais  confié  aux  Facultés  des  Sciences. 

»  Il  y  a  vingt-cinq  aus,  la  Physique,  la  Chimie  et  l'Histoire 
Naturelle  s'appelaient,  à  l'Ecole  de  Médecine,  les  «  Sciences  accès 
sotres  »  et  ce  nom  tout  au  moins  malheureux  était  pris  à  la  lettre. 
Ceux  qui  ont  fait  leurs  études  médicales  à  cette  époque,  se  rap- 
pellent avec  quelle  désinvolture  les  étudiants  traitaient  ces  sciences 
accessoires  et  particulièrement  la  Zoologie,  considérée  comme  la 
plus  accessoire  de  toutes.  On  prétendait  pouvoir  étudier  d'emblée 
l'Anatomie  et  la  Physiologie  de  l'Homme  sans  connaître  celles  des 
Animaux,  et  l'on  se  hâtait  de  passer  le  premier  examen  de  doctorat 
pour  oublier  le  peu  d'Histoire  Naturelle  que  l'on  avait  été  forcé 
d'apprendre. 

»  Aujourd'hui,  ces  sciences  accessoires  sont  devenues  les  Sciences 
fondamentales  de  la  Médecine.  Les  chaires  de  Physique,  de  Chimie 
et  d'Histoire  Naturelle  que  possédait  la  Faculté  se  sont  transfor 
mées  eu  chaires  d'application  à  la  Médecine  ;  chaires  amplement 
pourvues  de  laboratoires  où  l'on  enseigne  la  Physique  et  la  Chimie 
biologiques,  et  le  laboratoire  d'Histoire  Naturelle  médicale  s'appelle 
désormais  «  laboratoire  de  l'arasitologie.  » 

»  Ces  laboratoires  ,  ouverts  à  tous  les  élèves  ,  ont  eu  la  plus 
heureuse  iufluence  sur  l'évolution  des  sciences,  car  pour  cultiver 
une  science  il  faut  commencer  par  l'aimer.  Lorsque  cette  science 
ne  se  présentait  que  sous  la  figure  d'un  professeur  dogmatisant  du 
haut  de  sa  chaire,  il  était  bien  difficile  d'en  apprécier  toute  la 
beauté.  Aujourd'hui  le  professeur  circule,  comme  un  maître  sur- 
veillant ses  apprentis,  autour  d'un  vaste  laboratoire  où  chaque 
élève,  armé  du  microscope  ou  du  scalpel,  s'instruit  lui-même  en 
fouillant  dans  le  grand  livre  de  la  Nature;  c'est  ainsi  que  les  voca- 
tions se  font  jour  librement,  pour  les  découvertes  que  l'avenir  nous 
réserve  encore. 

»  La  Médecine  et  l'Hygiène  ont  déjà  recueilli  les  fruits  de  ce 
courant  nouveau.  Les  laboratoires  de  Micrographie  et  de  Bactério- 
logie ne  sont  pas  restés  confinés  dans  l'enceinte  de  nos  Universités. 
Toutes  les  villes  de  quelque  importance  en  possèdent  aujourd'hui. 
Faut-il  vous  citer  l'Institut  Pasteur,  ïe  modèle  de  ces  grands  établis- 
sements, et  vous  rappeler  que  c'est  une  souscription  nationale, 
ayant  produit  en  quelques  mois  près  de  trois  millions,  qui  permit 
de  l'élever  en  1888? 

»  Rien  de  tout  cela  n'existait  il  y  a  vingt-cinq  ans.  Qu'a-t-il  donc 
fallu  pour  révolutionner  ainsi  toute  la  Médecine?  Peu  de  chose  eu 


34  SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 

apparence  :  simplement  la  preuve  de  la  réalité  d'une  doctrine 
médicale  longtemps  dédaignée,  —  que  dis -je,  profondément 
méprisée,  —  par  ceux-là  mêmes  qui  avaient  le  plus  d'intérêt  à  la 
connaître  :  la  doctrine  parasitaire  des  maladies  virulentes  et  con- 
tagieuses, le  Parasitisme  pour  l'appeler  par  son  nom.  Et  s'il  est 
une  chose  qui  puisse  nous  étonner  aujourd'hui  ,  c'est  que  le 
triomphe  de  cette  doctrine  ait  été  si  complet  et  si  rapide. 

»  Ce  triomphe,  vous  le  savez,  Messieurs,  est  dû  tout  entier  à 
l'énergie  scientifique  d'un  homme  dont  j'ai  déjà  prononcé  le  nom. 
C'est  Pasteur  qui,  de  1865  à  1885,  a  lutté  pied  à  pied,  accumulant 
découverte  sur  découverte,  pour  la  démonstration  de  cette  grande 
vérité  dont  son  génie  avait  eu,  dès  1860,  la  lucide  intuition.  Et 
Pasteur,  qui  n'était  pas  médecin,  qui  n'était  même  pas  naturaliste, 

—  c'est  lui  du  moins  qui  le  dit,  —  mais  qui  était  certainement 
un  grand  biologiste,  a  rendu  ainsi  un  service  immense  à  la  méde- 
cine et  par  contre-coup  à  la  Zoologie,  comme  je  vous  le  montrerai 
tout-à-l'heure. 

»  C'est  qu'en  elïet  toutes  les  sciences  se  tiennent  et  se  prêtent  un 
mutuel  appui.  11  fut  une  époque,  qui  s'étend  de  l'antiquité  à  la 
renaissance,  où  le  savant,  —  le  philosophe,  comme  on  disait  alors, 

—  pouvait  prétendre  connaître  toutes  les  sciences.  Naturaliste, 
médecin,  chimiste,  physicien,  mathématicien,  il  était  tout  cela  à 
la  fois,  parce  que  le  savoir  humain  était  condensé  dans  un  petit 
nombre  de  livres  que  l'étudiant  s'assimilait  facilement  en  quelques 
années.  11  n'en  est  plus  de  même  aujourd'hui  :  les  connaissances 
humaines  ont  pris  une  telle  extension,  que  la  vie  la  plus  longue 
suffirait  à  peine  pour  acquérir  ne  fut-ce  que  les  éléments  de  toutes 
les  sciences.  Par  suite,  les  savants  ont  dû  se  spécialiser  de  plus  en 
plus  dans  la  science  de  leur  choix  Mais  les  rapports  nécessaires 
que  les  sciences  présentent  entre  elles  n'en  subsistent  pas  moins, 
et  c'est  ce  qui  force  souvent  le  savant  à  faire  une  excursion  dans  le 
domaine  d'une  autre  science.  Tel  fut  le  cas  de  Pasteur;  et  l'on  peut 
dire  que  cette  excursion  d'un  chimiste  dans  le  domaine  du  natura- 
liste et  du  médecin  fut  un  véritable  bienfait  pour  l'humanité. 

»  Pour  vous  montrer  les  Rapports  de  la  Zoologie  et  de  la  Médecine, 
je  ne  puis  mieux  faire  que  de  vous  retracer  successivement  un 
épisode  de  la  vie  scientifique  de  trois  hommes  dont  l'orientation 
s'est  modifiée  sous  l'influence  de  ces  rapports  nécessaires  dont  je 
vous  parlais  tout  à  l'heure,  et  qui,  partis  de  points  différents,  se 
sont  rencontrés  pour  rendre  à  la  médecine  les  plus  éclatants 
services. 


SÉANCE   DU    26    FÉVRIER    1901  35 

»  Pasteur,  physicien  et  chimiste,  est  devenu,  sinon  médecin,  tout 
au  moins  naturaliste  pour  faire  triompher  la  doctrine  parasitaire 
des  maladies; 

»  Laveran,  médecin-clinicien,  est  devenu  naturaliste  pour  com- 
pléter sa  découverte  de  l'Hématozoaire  du  paludisme; 

»  Metchnikoff,  naturaliste,  s'est  fait  médecin  pour  démontrer 
la  phagocytose  et  prouver,  comme  il  le  dit  lui-même  que  «  la 
pathologie  générale  n'est  qu'une  branche  de  la  Zoologie  ou  plutôt 
de  la  Biologie.  » 

l.  —  Pasteur  et  la  maladie  des  Vers-a-soie 

«  Si  je  choisis  à  dessein  cet  épisode  de  la  vie  de  Pasteur,  c'est 
que  cette  maladie,  la  Pébrine,  est  causée  par  un  organisme,  le 
Nosema  bombycis,  qui  appartient  au  Règne  animal  et  rentre  par 
conséquent  dans  le  cadre  de  nos  études.  Le  Nosema  est  un  Sporo- 
zoaire  de  l'ordre  des  Microsporidies,  et  son  évolution  est  aujour- 
d'hui bien  connue  :  mais  il  n'en  était  pas  de  même  il  y  a  trente- 
cinq  ans  et  les  péripéties  par  lesquelles  a  passé  l'histoire  de  sa 
découverte,  sont  des  plus  instructives  au  point  de  vue  qui  nous 
occupe  ici. 

»  C'est  en  1865  que  Pasteur  fut  chargé,  par  le  Ministre  de  l'Agri- 
culture et  sur  la  demande  de  Dumas,  d'aller  dans  le  midi  étudier 
les  causes  de  la  Pébrine,  qui  menaçait  sérieusement  notre  industrie 
séricicole.  Aux  yeux  de  l'illustre  Dumas,  Pasteur  était  tout  désigné 
pour  cette  mission  par  ses  recherches  antérieures  sur  les  fermenta- 
tions, sur  les  maladies  des  Vins,  sur  les  Générations  dites  spon- 
tanées. Cependant  Pasteur,  semble-t-il,  en  jugeait  autrement,  soit 
par  modestie  naturelle,  soit  qu'il  eût  présent  à  l'esprit  l'échec  déjà 
subi  par  Cornalia,  en  Italie,  et  de  Quatrefages,  en  France.  Ce 
dernier,  malgré  ses  connaissances  de  naturaliste,  n'avait  pu 
débrouiller  la  véritable  nature  de  la  Pébrine  en  l'étudiant  quelques 
années  auparavant  (1860).  Toutefois,  les  hésitations  de  Pasteur  ne 
furent  pas  de  longue  durée.  — «Cette  marque  de  confiance,  dit-il  (1), 
pour  laquelle  je  ne  me  trouvais  aucun  titre  sérieux,  m'a  jeté  tout 
d'abord  dans  une  grande  perplexité.  Il  a  fallu  toute  la  bienveillante 
insistance  de  M.  Dumas  pour  me  déterminer  à  tenter  sans  prépara- 
tion l'examen  d'une  question  si  délicate.  —  Les  choses  sont  chan- 
gées aujourd'hui.  L'émotion  que  j'ai  ressentie  sur  les  lieux  mêmes 

[\)  C.-R.  Acad.  des  Sciences,  LXI,  1865,  p.  iiOti. 


36  SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 

où  le  mal  sévit  dans  toute  sa  force,  sans  doute  aussi  la  passion  qui 
s'empare  de  l'esprit  du  savant  en  présence  des  mystères  de  la 
nature,  m'ont  inspiré  au  contraire  le  vif  désir  de  poursuivre  les 
premières  études  que  je  viens  de  terminer. . .  » 

»  Comme  vous  le  voyez,  Pasteur,  naturaliste  malgré  lui,  à  ce 
qu'il  prétend  du  moins,  mais  naturaliste  dans  l'âme,  comme  le 
prouvent  ses  recherches  antérieures,  parle  ici  en  véritable  natura- 
liste, et  s'il  ne  connaît  pas  encore  la  véritable  nature  du  fléau  qu'il 
s'agit  de  combattre,  il  en  a  déjà  percé  en  partie  les  «  mystères  ».  Les 
corpuscules  noirs  ou  vibrants,  déjà  signalés  par  Cornalia  et  de  Qua- 
trefages,  comme  le  «  signe  physique  de  la  maladie  »,  sont  hérédi- 
taires, transmissibles  du  Papillon  femelle  aux  larves  nées  de  ses 
œufs.  C'est  là  un  grand  point  d'acquis  et  qui  permettra  bientôt  à 
Pasteur  d'indiquer  le  remède  à  cette  maladie.  Déjà  il  la  compare 
à  la  phtisie,  mais  en  faisant  cette  réserve  :  «  Je  désire  toutefois 
que  l'on  sache  bien  que  je  parle  en  profane  lorsque  j'établis  des 
assimilations  entre  les  faits  que  j'ai  observés  et  les  maladies 
humaines.  »  Ce  fut  là,  on  le  sait,  une  des  grandes  préoccupations 
de  Pasteur,  la  crainte  de  paraître  empiéter  sur  le  domaine  de  la 
médecine. 

»  Il  continue  :  «  J'aurais  désiré  pouvoir  traiter  ici  de  la  nature 
des  corpuscules,  mais  ce  sujet  mérite  des  observations  plus  éten- 
dues que  celles  que  j'ai  pu  faire.  Cependant,  je  me  hasarde  à  dire 
que  mon  opinion  présente  est  que  les  corpuscules  ne  sont  ni  des 
animaux  ni  des  végétaux,  mais  des  corps  plus  ou  moins  ana- 
logues aux  granulations  des  cellules  cancéreuses  ou  des  tuber- 
cules pulmonaires...  Ils  devraient  être  rangés  plutôt  à  côté 
des  globules  du  pus  ou  des  globules  du  sang...  qu'auprès 
des  Iufusoires  ou    des  Moisissures...  » 

»  Cette  opinion  de  Pasteur,  si  nettement  exprimée,  peut  paraî- 
tre étrange  au  premier  abord  de  la  part  d'un  savant  qui  venait 
de  montrer,  dans  les  fermentations  et  les  générations  préten- 
dues spontanées,  la  présence  constante  d'organismes  animaux 
ou  végétaux.  Elle  prouve  simplement  la  prudence  avec  laquelle 
Pasteur  s'avançait  dans  toutes  ses  recherches.  Notez  qu'en  1865, 
la  nature  parasitaire  de  la  Tuberculose  n'était  pas  encore 
démontrée,  et  quant  à  la  ressemblance  avec  les  globules  du 
pus,  ne  savons-nous  pas  aujourd'hui  que  ces  derniers  sont, 
au  point  de  vue  morphologique,  de  véritables  Amibes?  De  même 
la  ressemblance  des  cellules  cancéreuses  avec  des  Sporozoaires 
doit  être  bien  grande   puisque  de    nombreux  observateurs  sou- 


SÉANCE    DU   2<»   FÉVRIER    1901  37 

tiennent  encore  que  le  Cancer  est  une  maladie  parasitaire  causé*; 
par  une  Coccidie  (  I). 

»  Un  naturaliste  de  profession  pouvait  seul  placer  la  question 
sur  son  véritable  terrain.  Ce  naturaliste  fut  Balbiani.  Il  était  à 
cette  époque  chef  du  laboratoire  de  Claude  Bernard  au  Muséum. 
11  ne  connaissait  les  Sporozoaires  que  par  les  travaux  encore  assez 
rares  de  Hake  (1839),  de  J.  Muller  (1841),  de  Miescher  (1843),  de 
Remak  (1845),  de  Leydig  (1853),  et  le  nom  de  «  Sporozoaire  »  n'était 
pas  encore  créé  (2).  On  désignait  ces  organismes  sous  le  nom  de 
Psorospermies,  et  on  les  rattachait  au  règne  végétal  (3).  Balbiani 
indiqua  le  premier  «  l'étroite  parenté  (des  Corpuscules  de  la 
Pébriue)  avec  les  organismes  parasites  (étudiés  par  Leydig)  et 
connus  sous  le  nom  de  Psorospermies  (4).  » 

»  Pasteur,  évidemment,  ne  connaissait  pas  les  Psorospermies 
dont  le  nom  n'était  même  pas  prononcé  dans  les  traités  de  Zoologie 
existant  à  cette  époque.  Les  Grégarines,  qui  sont  les  plus  grands  et 
les  plus  anciennement  connus  des  Sporozoaires,  après  avoir  été 
considérées  comme  des  Vers,  étaient  classées  dans  le  groupe  des 
[illusoires,  assemblage  hétérogène  de  Protozoaires  et  de  Proto- 
pliytes,  comprenant  aussi  les  Bactéries.  —  Pasteur  cependant  sut 
se  défendre. 

»  Je  n'ai  encore  sur  ces  objets,  dit-il  (parlant  des  Corpuscules  de 
la  Pébrine),  que  des  vues  préconçues  auxquelles  je  ne  tiens  pas 
plus  que  de  raison...  Je  souhaite  vivement  que  les  idées  de 
MM.  Balbiani  et  Leydig  soient  vraies,  parce  qu'il  n'en  est  pas  qui 
puissent  donner  une  plus  grande  force  aux  conséquences  pratiques  que 
j'ai  déduites  de  mes  observations...  Si  je  ne  crois  pas,  quant  à  présent, 
que  les  corpuscules  soient  des  parasites...,  c'est  que  je  ne  les  ai 
jamais  vus  se  reproduire,  et  tant  qu'on  n'aura  pas  démontré  le  mode 


(1;  Si  l'on  admet  que  les  leucocytes  sont  tles  cellules  évoluant  physio logique- 
ment sous  forme  d'Amibes,  on  doit  admettre  également  que  des  cellules  puissent 
évoluer  [latholog iqueinent  sous  forme  de  Coccidies.  «  Les  formes  décrites  (dans  le 
Cancer)  comme  des  Sporozoaires,  dit  Fabre-Domeruue,  n'ont  avec  ces  êtres  que 
des  ressemblances  morphologiques  et  n'en  possèdent  pas  les  caractères.  Toutes  les 
Pseudo-Coccidies  figurées  jusqu'ici  se  rattachent  par  des  gradations  insensibles  à 
la  cellule  néoplasique  dont  elles  émanent  par  voie  de  dégénérescence  »  {Archives 
de  Parasitologie,  II,  1899,  p.  487). 

(2\  Il  le  fut  seulement  en  1879  par  Leuokart. 

(3)  Hake,  le  premier  observateur  des  Coccidies  (1839) ,  les  avait  considérées 
comme  une  forme  particulière  de  globules  du  pus. 

(4)  C.-R.  Açad.  'les  Se,  L866,  LXI1I.  p.  388. 


Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1901.  xxvi.  —  3. 


38  SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 

de  génération  des  corpuscules,  l'idée  que  ce  sont  des  parasites 
manquera  de  base...  »  (1). 

»  La  preuve  que  Pasteur  réclame  ici,  Balbiani  la  donnera 
bientôt  (2),  et  Pasteur  lui-même  se  rendant  à  l'évidence  acceptera, 
dans  ses  publications  ultérieures,  les  idées  de  Balbiani  sur  la 
nature  parasitaire  de  la  Pébrine  (3). 

»  Si  j'ai  tenu  à  vous  montrer,  Messieurs,  les  différentes  phases 
de  cette  discussion  scientifique,  c'est  que  nulle  part,  à  mon  avis, 
on  ne  voit  plus  clairement  l'influence  des  recherches  zoologiques 
sur  une  question  de  Pathologie.  Supposez  pour  un  instant  que 
l'histoire  des  Sporozoaires  ait  été  connue,  en  1865,  comme  elle  l'est 
de  nos  jours,  Pasteur  en  aurait  certainement  tiré  parti  et  ses 
longues  et  patientes  recherches  sur  la  Pébrine  en  auraient  été  sin- 
gulièremeut  éclairées  et  par  suite  abrégées,  pour  le  grand  profit  de 
la  Science  et  de  l'Industrie.  Supposez  que  Pasteur  ait  été  doublé 
pour  ces  recherches  d'un  Balbiani,  ou  qu'il  ait  eu  près  de  lui, 
comme  il  l'eût  plus  tard  dans  Elie  Metchnikoff,  un  élève  dévoué, 
rompu  à  toutes  les  pratiques  de  la  Micrographie  et  de  la  Microbio- 
logie, ne  vous  semble-t-il  pas  que  le  triomphe  de  la  doctrine  para- 
sitaire des  maladies  eût  pu  être  avancé  de  dix  ou  de  vingt  ans 
peut-être?  Tant  il  est  vrai  que  la  Vérité  ne  sort  jamais  toute  armée, 
comme  Minerve,  du  cerveau  de  Jupiter;  son  enfantement  est  plus 
laborieux  et  réclame  souvent  l'intervention  de  plusieurs  intelli- 
gences humaines. 

IL  —  Laveran  et  l'Hématozoaire  du  Paludisme 

»  La  doctrine  des  maladies  parasitaires  s'est  fondée,  vous  le 
savez,  sur  l'étude  des  Bactéries  qui  semblaient,  il  y  a  peu  d'années 
encore,  devoir  jouer  un  rôle  exclusif  dans  Pédologie  des  maladies 
générales.  Ces  Bactéries,  rangées  d'abord  parmi  les  Infusoires  et 
considérées  comme  des  Protozoaires,  puis  désignées,  par  Sédillot, 
sous  le  nom  plus  général  de  Microbes,  ont  été  réclamées  depuis, 
avec  raison,  par  la  Botanique,  et  classées  sous  le  nom  de 
Schizomycètes,  à  la  base  du  règne  végétal  près  des  Champi- 
gnons microscopiques  et   des  Moisissures. 

(1)  C.-R.,  1.  c,  p.  442  et  suiv. 

(2)  Étude  sur  la  maladie  psorospermique  des  Vers-à-soie  {C.-R.  Ac.  des  Se, 
1867,  LXIV,  p.  574,  691  et  1045;  et  —  Jovrn.  Anat.  et  Phys.,  1866  (1867),  III, 
p.  602;  —  Les  Sporozoaires,  1884,  p.  150-153. 

(3)  Pasteur,  Études  sur  la  maladie  des  Vers-à-soie,  1870. 


SÉANCE   DU    26    FÉVRIER    1901  39 

»  Nous  avons  aujourd'hui  la  preuve  que  les  Bactéries  ne  soûl 
pas  seules  à  produire  des  maladies  générales  et  que  les  Proto- 
zoaires en  produisent  également.  Sous  ce  rapport,  la  Zoologie 
ue  doit  plus  rien  envier  à  la  Botanique,  et  l'avenir  prouvera 
sans  doute  que  la  part  des  deux  Règnes  est  à  peu  près  égale 
dans   le   domaine   de   la    Parasitologie. 

»  Si  la  Botanique  a  précédé  dans  cette  voie  la  Zoologie,  c'est 
qu'à  l'époque  où  la  théorie  parasitaire  s'est  fait  jour,  l'étude 
des  Bactéries  était  beaucoup  plus  avancée  que  celle  des  Proto- 
zoaires. Les  premières  peuvent  vivre  librement  dans  l'eau  ou 
dans  le  sol  :  leur  mode  d'existence,  leur  évolution  et  leur 
reproduction  sont  relativemeut  simples;  leur  culture  artificielle 
est  facile.  Les  Protozoaires,  au  contraire,  et  surtout  les  Sporo- 
zoaires,  ne  vivent  généralement  que  dans  le  corps  des  animaux  : 
leur  évolution,  leurs  migrations  et  leur  reproduction  sont  des 
plus  compliquées  ;  enfin,  on  n'a  pas  encore  trouvé  le  moyeu 
de  les  cultiver  artificiellement,  et  l'on  ne  peut  les  observer  en 
dehors  des  conditions  biologiques  spéciales  qui  sont  propres  à 
chacune  d'elles.  Ce  n'est  que  depuis  deux  ou  trois  ans  que  leur 
étude  a  fait  des  progrès  éclatants.  «  Le  règne  des  Bactéries  a 
atteint  son  apogée,  —  disait  récemment  Patrick  Manson,  un  des 
apôtres  du  Parasitisme,  à  notre  collègue  Neveu -Lemaire,  —  celui 
des  Protozoaires  commence  ».  En  effet,  près  de  l'Hématozoaire  du 
Paludisme,  près  de  la  Filariose  et  de  l'Éléphantiasis,  causés  sinon 
par  des  Protozoaires,  du  moins  par  des  parasites  animaux,  viennent 
se  placer  maintenant  la  Fièvre  du  Texas,  la  Domine  des  Chevaux, 
le  Nagana  ou  maladie  transmise  par  la  Mouche  Tsétsé,  les  diverses 
Coccidioses  de  l'Homme  et  des  Animaux  domestiques,  la  Dysenterie 
des  pays  chauds,  probablement  aussi  le  Béribéri,  et  bien  d'autres 
maladies  des  régions  iutertropicales,  que  notre  expansion  coloniale 
nous  force  d'étudier  de  plus  près.  Tout  récemment  (1900), 
MM.  Roger  et  Weil  ont  trouvé  dans  les  pustules  de  la  Variole  et 
dans  le  sang  des  malades  atteints  de  Variole  hémorrhagique,  un 
organisme  parasitaire,  déjà  entrevu  par  d'autres  observateurs,  et 
qui  semble  bien  un  Protozoaire  (1). 

»  Le  Paludisme  est  doublement  intéressant  au  point  de  vue  qui 
nous  occupe  ici  :  il  appartient  à  la  Zoologie  non  seulement  par  son 
parasite,  mais  encore  par  le  mode  d'introduction  dans  l'organisme, 
car  celle-ci  se  fait,  comme  vous  le  savez  aujourd'hui,  par  la  piqûre 
des  Moustiques. 

(1)  Comptes-Rendus  de  la  Société  de  Biologie,  LU,  1900,  p.  970. 


40  SÉANCE  DU  2b*  FÉVRIER  1901 

»  Le  parasite  du  Paludisme  est  le  Plasmodium  malariae,  Sporo- 
zoaire  de  l'ordre  des  Hémosporidies,  groupe  que  beaucoup  de  natu- 
ralistes rattachent  à  l'ordre  des  Coccidies  proprement  dites.  Cet 
animalcule  qui  se  loge  dans  les  globules  du  sang  «  comme  un  Cha- 
rançon dans  un  grain  de  Blé  »  (Laveran),  est  le  fléau  de  l'Algérie  et 
de  de  toutes  nos  colonies  iutertropicales. 

))  C'est  le  6  novembre  1880  que  Laveran,  alors  médecin-major  à 
l'hôpital  de  Constautine,  découvrit  cet  organisme  microscopique 
dans  le  sang  des  malades  atteints  de  Fièvre  intermittente  (1). 
Partout  à  cette  époque  on  cherchait  ces  Bactéries  qui  venaient  de 
forcer  la  porte  de  la  Pathologie,  et  de  nombreux  observateurs, 
Salisbury,  Klebs  et  Tommasi-Crudeli,  beaucoup  d'autres  encore, 
s'acharnaient  à  trouver  le  parasite  dans  l'eau  des  marais  ou  dans  le 
sol,  persuadés  que  c'était  une  Bactérie  ayant  le  même  mode  d'exis- 
tence que  celles  de  la  Fièvre  typhoïde  ou  du  Choléra. 

»  Frappé  de  l'impuissance  de  ces  observateurs  à  faire  la  preuve 
de  cette  étiologie,  ayant  lui-même  cherché  vainement  le  parasite 
dans  l'eau  des  marais,  constatant,  par  les  autopsies,  que  ce  para- 
site, quel  qu'il  fût.  produisait  des  désordres  bien  différents  de  ceux 
que  l'on  observe  dans  les  maladies  bactériennes  ,  Laveran  fut 
conduit  à  supposer  qu'il  s'agissait  d'un  Protozoaire  ayant  un  genre 
de  vie  très  différent  de  celui  des  Bactéries. 

»  Eu  1878,  dit-il,  ayant  eu  l'occasion  de  faire  à  Bône  plusieurs 
autopsies  de  sujets  qui  avaient  succombé  à  des  accidents  per- 
nicieux, je  fus  frappé  de  ce  fait  que  la  mélanémie  était  une 
altération  très  spéciale,  très  caractéristique  du  Paludisme.  Eu 
étudiant  dans  le  sang  frais  des  malades  atteints  de  fièvre  palus- 
tre les  éléments  pigmentés,  je  remarquai  qu'à  côté  des  leuco- 
cytes inélanifères,  on  trouvait  des  éléments  de  forme  assez 
régulière  (corps  sphériques  et  corps  en  croissant)  bien  différents 
des  leucocytes  ;  le  6  novembre  1880,  je  constatai,  à  Constau- 
tine, dans  le  sang  d'un  malade,  l'existence  de  corps  sphéri- 
ques pigmentés,  de  corps  en  croissant  et  de  flagelles  très 
mobiles  ;  dès  lors,  je  n'eus  plus  de  doutes  sur  la  nature  animée 
des  éléments  qui,  depuis  quelque  temps,  avaient  attiré  mon 
attention  et  je  décrivis  les  trois  formes  principales  sous  les- 
quelles se  présente  Y  Hématozoaire  du  Paludisme  :  corps  ami- 
boïdes.   corps   en   croissant,  flagelle  (2)  ». 


ii  Bulletin  <ir  l'Académie  <ï<  Médecine,  23  Nov.  el  28  Dec.  1880;  25  Oct.  1881. 
(2)  Laveran,  Traité  du  Paludisme,  I8ii8. 


SÉANCE   DU   26   FÉVRIER    i  î>0 1  41 

»  Admirez  ici,  Messieurs,  comme  le  véritable  savant  sait,  tirer 
parti  des  faits  d'observation  pour  en  arriver  de  degrés  en  degrés, 
lentement  mais  sûrement,  aux  découvertes  les  plus  dilficiles. 
Le  clinicien  a  noté  que  la  mélauémie,  c'est-à-dire  la  destruction 
des  globules  rouges  du  sang,  est  une  lésion  spéciale  au  Palu- 
disme et  qui  ne  s'observe  pas  dans  les  maladies  où  l'on  constate 
la  présence  de  Bactéries  dans  le  sang.  Le  médecin  devient 
alors  naturaliste,  fait  des  préparations  microscopiques  de  ce 
sang  altéré  et  ne  tarde  pas  à  y  distinguer  des  formes  étranges 
et  fugitives  qu'il  saura  rattacher  les  unes  aux  autres  comme 
les  différentes  phases  du  développement  d'un  seul  et  même 
parasite  qui  ne  peut  être  qu'un  Protozoaire  et  qui  l'est  en  effet. 

»  Et  notez  bien  que  ceci  se  passe  en  1880,  c'est-à-dire  il  y 
a  vingt  ans,  et  que  ce  n'était  pas  un  mince  mérite,  à  cette  époque, 
loin  de  Paris,  dans  le  modeste  laboratoire  de  l'hôpital  militaire 
de  Constantine,  de  faire  de  la  Micrographie  et  de  bonne  Micro- 
graphie. On  ne  s'étonnera  pas,  après  cela,  que  Laveran  soit, 
devenu   un  de   nos   maîtres  dans  cette  science. 

»  L'Hématozoaire  du  Paludisme  était  découvert.  Malgré  l'oppo 
sition  de  ceux  qui  se  raccrochaient  encore  à  la  théorie  bacté- 
rienne de  la  maladie,  il  faisait  son  chemin.  La  Zoologie  et  la 
Pathologie  comparée  lui  prêtaient  bientôt  leur  appui.  En  1886, 
Damvlesky  montrait  dans  le  sang  des  Oiseaux  des  organismes 
parasites  tellement  semblables  à  celui  de  Laveran  qu'on  pou- 
vait d'abord  les  croire  identiques.  Ils  appartiennent  tout  au  moins 
au  même  groupe  naturel  des  Hémosporidies.  De  plus  ils  fourniront 
le  moyen  de  démontrer  le  mode  d'introduction  du  parasite. 

»  Ce  n'était  pas  tout,  en  effet,  que  d'avoir  découvert  le  parasite  : 
il  importait  surtout  de  savoir  comment  il  pénétrait  dans  le  sang. 
Dès  le  début,  Laveran  avait  indiqué  le  nœud  de  la  question  en 
constatant  que  l'Hématozoaire  ne  se  trouvait,  sous  aucune  forme 
libre,  dans  l'eau  ou  dans  le  sol  des  contrées  marécageuses.  «  11 
paraît  probable,  dit-il  en  1892,  que  l'Hématozoaire  du  Paludisme 
existe  dans  les  milieux  palustres  à  l'état  de  parasite  de  quelque 
animal  ou  de  quelque  plante.  J'ai  émis  l'hypothèse  que  les  Mousti- 
ques jouaient  un  rôle  dans  la  propagation  du  Paludisme  comme 
dans  celle  de  la  Filariose  »  (1). 

»  Vous  savez,  Messieurs,  que  cette  hypothèse  s'est  pleinement 
réalisée.    Laveran,  revenu   à    Paris,  dans  un  milieu  à  peu  près 

(1)  Laveran,  Paludisme  (Bibl.  des  Aide-mémoires),  1892,  p.  60. 


\1  SÉANCE  DU  26  FÉVRIKR  190 

indemne  du  Paludisme,  absorbé,  d'ailleurs,  par  ses  devoirs  de 
médecin  militaire  et  de  professeur  au  Val-de-Grâce,  ne  pouvait 
poursuivre  que  de  loin  ses  recherches.  Mais,  à  son  instigation,  elles 
furent  reprises,  dans  l'Inde,  par  Ronald  Ross  qui  réussit  à  infester 
des  Oiseaux  en  les  faisant  piquer  par  des  Moustiques.  Il  reconnut 
en  outre  que  ces  Moustiques  appartiennent  au  genre  Anophèles  et 
non  au  vulgaire  Culex.  Peu  après  Grassi  constatait,  en  Italie,  que 
l'affection  se  propage  également  chez  l'Homme  par  la  piqûre  des 
Moustiques  appartenant  au  genre  Anophèles  (1).  Comme  vous  le 
voyez,  c'est  encore  la  Zoologie  et  la  Pathologie  comparée  qui  ont 
permis  de  percer  le  dernier  voile  qui  enveloppait  l'histoire  du 
Paludisme. 

»  On  entend  dire,  bien  souvent,  que  les  grandes  découvertes 
sont  dues  tout  entières  à  l'effet  du  hasard.  N'en  croyez  rien, 
Messieurs,  et  les  faits  que  je  viens  de  vous  retracer  le  prouvent 
surabondamment.  Je  suis  persuadé  que  si  l'on  demandait  à  Laveran 
comment  il  a  découvert  la  véritable  nature  du  paludisme,  il  répon- 
drait sans  hésiter  :  «  En  y  pensant  sans  cesse  ». 

III.    —    METCHNIKOFF    (2)    ET   LA    PHAGOCYTOSE 

»  Je  vous  ai  montré  déjà  comment  un  chimiste  devenait  biolo- 
giste et  comment  un  médecin  se  faisait  naturaliste  pour  le  plus 
grand  bien  de  la  science.  Il  me  reste  à  vous  montrer  le  zoologiste 
mettant  ses  connaissances  spéciales  au  service  de  la  Pathologie 
pour  éclairer  l'un  des  grands  problèmes  de  cette  science  et 
montrer  ses  rapports  avec  la  Zoologie  générale.  Ce  zoologiste  sera, 
si  vous  le  voulez  bien,  Elie  Metchmkoff,  aujourd'hui  l'un  des 
maîtres  de  l'Institut  Pasteur,  et  vous  verrez  qu'aucun  exemple 
ne   pourrait  être    mieux   choisi. 

»  On  savait,  depuis  longtemps,  qu'à  côté  des  globules  rouges 
si  abondants  dans  le  sang  et  qui  lui  donnent  sa  couleur  vermeille, 
il  existe  d'autres  globules  beaucoup  plus  rares  et  incolores  que 
l'on  a  nommé  leucocytes  ou  globules  blancs  du  sang,  et  qui 
ressemblent  sous  tous  les  rapports  à  des  Amibes.  On  connais- 
sait le  rôle  des  globules  rouges  qui  transportent  l'oxygène  de 
l'air  du  poumon  à  tous  nos  organes  :  mais  on  était  fort  embar- 
rassé pour  dire  à  quoi  servaient  les  globules  blancs  et  pourquoi 
leur  nombre  augmentait,  souvent  dans  des  proportions  énormes, 

(1)  La  Fièvre  jaune,  bien  que  de  nature  bactérienne,  se  propage  également  par 
la  piqûre  des  Moustiques. 

(2)  Doit  s'écrire  Metshnikov  ;  l'orthographe  usuelle  a  été  laissée  à  la  demande 
de  l'auteur. 


SÉANCE  DU  2(>  FÉVRIER  1901  43 

dès  que  l'organisme  était  malade.  C'est  à  Metchnikoff  que  revient 
l'honneur  de   nous    l'avoir  enseigné. 

Metchnikoff  était  professeur  de  Zoologie  à  l'Université  d'Odessa, 
lorsquen  1888,  Pasteur  l'appela  près  de  lui  pour  lui  confier 
la  direction  d'un  des  laboratoires  de  l'Institut  de  la  rue  Dutot. 
Ses  précédents  travaux  sur  l'embryogénie  des  Némertiens,  des 
Echinodermes,  des  Méduses,  sur  la  digestion  intracellulaire  des 
Invertébrés,  ses  recherches  sur  la  maladie  des  Daphnies,  sa  grande 
habileté  en  Micrographie,  en  faisaient  une  précieuse  recrue 
pour  ce  grand  établissement.  En  quittant  la  Russie  pour  la 
France,  Metchnikoff  ne  fit  qu'étendre  à  la  Pathologie  ses  recher- 
ches de  Zoologie  comparée.  Pour  don  d'heureux  avènement  il  nous 
donna  la  théorie  de  la  Phagocytose. 

»  Vous  connaissez  tous,  Messieurs,  ce  beau  livre  de  M.  Edmond 
Perrier,  Les  Colonies  Animales,  que  l'on  lit  comme  un  roman  capti- 
vant et  qui  est  l'application  à  toute  la  Zoologie  de  la  théorie  cellu- 
laire, fondée  par  Schwan  en  1839,  et  qui  domine  depuis  cette 
époque  toutes  les  sciences  biologiques.  Eh!  bien,  ce  que  l'œuvre 
de  M.  Perrier  a  fait  pour  la  Zoologie,  les  Leçons  sur  la  Pathologie 
comparée  de  l'Inflammation  (1)  professées  en  1892,  par  Metchnikoff  à 
l'Institut  Pasteur,  l'ont  fait  pour  la  Pathologie,  en  nous  révélant  le 
rôle  considérable  dévolu  aux  leucocytes  dans  l'organisme  malade 
de  l'Homme  et  des  animaux. 

»  Ces  globules  blancs  sont,  non  seulement  par  leur  forme  et 
leurs  mouvements,  mais  par  tous  leurs  caractères,  de  véritables 
Amibes.  A  ce  titre  ils  ont  la  faculté  d'englober  tous  les  corps 
étrangers,  débris  divers  ou  parasites  qui  se  trouvent  accidentelle- 
ment dans  le  sang.  Ils  s'attaquent  même  aux  globules  rouges  dès 
que  ceux-ci  sont  malades  ou  déformés  et  cessent  de  rouler  avec 
leur  vitesse  normale  :  ils  les  dissolvent  en  absorbant  leur  résidu 
pigmentaire.  Ce  sont  les  ennemis-nés  des  Bnctéries  qu'ils  englou- 
tissent et  digèrent  avec  une  facilité  surprenante,  et  ceci  doit  être 
pris  à  la  lettre  car  ces  leucocytes,  qu'on  nomme  dès  lors  des  phago- 
cytes, possèdent  un  ferment  amylytique  (Rossrach),  une  véritable 
diastase  qui  leur  permet  de  détruire  la  membrane  d'enveloppe  des 
Bactéries  pour  les  fractionner  en  masses  irrégulières.  Ils  s'attaquent 
aussi  aux  Protozoaires  parasites,  et  c'est  un  spectacle  étrange  de 
voir,  sur  la  platine  du  microscope,  cette  lutte  entre  l'Amibe  domes- 
tique (le  phagocyte  de  l'organisme)  et  l'Amibe  sauvage  (le  parasite 

(1)  E.   Metchnikoff,  Leçons  sur  lu  Pathologie  comparée  de  V Inflammation. 
Paris,  189:>. 


44  SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 

venu  du  dehors),  que  le  premier  finit  par  vaincre  et  dévorer  (1). 

»  On  comprend,  d'après  cela,  quel  est  le  rôle  des  phagocytes 
dans  les  maladies.  Pour  me  servir  d'une  comparaison  frappante,  et 
que  l'on  a  faite  avant  moi,  les  leucocytes  si  rares  que  l'on  voit  à 
l'état  physiologique  suivre  lentement  les  parois  des  capillaires 
pendant  que  les  globules  rouges  s'y  précipitent  en  foule,  ce  sont 
les  gardes  de  police  qui  suffisent  pour  la  protection  de  l'organisme 
dans  l'état  de  santé.  Mais  qu'un  point  de  cet  organisme  soit  menacé 
par  une  inflammation,  un  traumatisme,  une  cause  irritante  quel- 
conque, on  voit  en  peu  d'instants  les  globules  blancs  augmenter  de 
nombre  :  au  bout  de  quelques  heures  ils  sont  légion,  car  ils  sortent 
de  la  rate,  de  la  moelle  des  os,  des  glandes  lymphatiques,  de  tous 
les  organes  où  ils  étaient  au  repos  sous  forme  de  cellules. 

»  En  un  mot,  c'est  l'armée  nationale  qui  se  lève  et  mobilise 
toutes  ses  réserves  pour  la  Défense  de  l'Organisme  (2).  Et  de 
même  que,  dans  une  armée  il  y  des  soldats  de  plusieurs  armes, 
on  distingue  aussi  parmi  les  leucocytes  jusqu'à  quatre  espèces 
différentes  que  l'on  reconnaît  à  leur  taille  macrophages  et  micro- 
phages),  au  nombre  de  leurs  noyaux  (mono  -  et  polynucléaires) 
et  qui  paraissent  avoir  des  rôles  bien  distincts.  Lorsqu'un 
phagocyte  mononucléaire  succombe  après  avoir  englobé  des 
Bactéries,  son  cadavre,  devenu  globule  de  pus,  est  englobé  à 
son  tour  par  un  Phagocyte  polynucléaire  qui  joue  près  de  lui 
le  rôle   d'ambulancier  ou  de  croque  mort. 

»  Ces  phagocytes  semblent  doués  d'une  véritable  sensibilité, 
que  les  biologistes  désignent  sous  le  nom  de  chimiotaxie,  et 
qu'un  naturaliste  serait  tenté  d'appeler  de  l'instinct.  Ils  sentent 
à  distance  les  toxines  que  les  Bactéries  diffusent  dans  le  sang, 
et  comme  des  soldats  qui  respirent  l'odeur  de  la  poudre  et 
courent  au  combat,  ils  affluent  et  se  précipitent  vers  les  points 
de  l'organisme  envahis  par  ces  Bactéries.  Ainsi  s'expliquent 
les  grandes  suppurations  qui  ont  fait  notre  étonnement  à  l'époque 
où   l'antisepsie  n'était   pas  encore  connue. 

»  Telle  est,  dans  ses  grandes  lignes,  la  théorie  de  la  phagocytose 
qui  éclaire  d'un  jour  tout  nouveau  l'histoire  des  inflammations 
microbiennes.  Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait,  en  Biologie,  de  concep- 
tion plus  grandiose  et  qui  montre  mieux  l'alliance  de  la  Zoologie 
générale  et  de  la  Pathologie. 

(1)  Ce  qui  est  dit  ici  de   la  Phagocytose  n'est  qu'un  essai  de  vulgarisation   sans 
aucune  prétention  à  la  précision  scientifique. 

(2)  Ciiarles  Richet,  La  Défense  de  l'Organisme,  1894. 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901  45 

»  Je  m'arrête  ici,  Messieurs,  et  j'aurai  atteiut  mou  but  si,  par  ces 
trois  grands  exemples,  j'ai  réussi  à  vous  faire  voir  l'influence  que 
les  progrès  de  la  Zoologie,  à  une  époque  donnée,  peuvent  avoir 
sur  les  progrès  de  la  Pathologie  et  de  la  Médecine.  Des  esprits 
superficiels  se  sont  ligures  que  l'on  pouvait  séparer  la  Zoologie 
pratique,  -  -  la  Zoologie  médicale,  pour  rester  dans  le  cadre  que  je 
me  suis  tracé  ici  —  de  la  Zoologie  pure,  considérée  par  eux  comme 
une  science  spéculative  à  placer  près  de  l'Astronomie  et  de  la  Méta- 
physique. Nous  sommes  en  mesure  de  les  détromper.  Que  serait 
aujourd'hui  la  Parasitologie  de  l'Homme  si  la  Zoologie  descriptive 
n'avait  pris  depuis  longtemps  à  tâche  l'étude  des  formes  parasites 
dans  toute  la  série  animale  ?  Comment  nous  débrouiller  des  Sporo- 
zoaires  si  nous  en  étions  encore  aux  «  corpuscules  »  de  Cornalia  et 
de  Pasteur  ?  Laveran  aurait-il  découvert  la  véritable  nature  de 
l'Hématozoaire  du  Paludisme,  s'il  n'avait  connu  les  travaux  de 
Balbiani  sur  les  Coccidies  ? 

»  Metchmkoff,  enfin,  aurait-il  édifié  sa  belle  théorie  de  l'Inflam- 
mation s'il  n'avait  observé  la  phagocytose  sur  les  organismes  infé- 
rieurs, objet  de  ses  premières  recherches?  Et  n'est-il  pas  jusqu'aux 
Culicides,  ces  Diptères  longtemps  négligés,  malgré  leurs  piqûres, 
qui  ne  prennent  tout  d'un  coup  une  énorme  importance  par  leur 
rôle  dans  l'étiologie  des  maladies?  Les  médecins  ne  doivent-ils  pas 
remercier  les  entomologistes  d'avoir  caractérisé  d'avance  avec  tant 
de  soins  les  genres  Culex  et  Anophèles,  et  d'avoir  ainsi  aplani  leurs 
travaux  ? 

»  Par  une  juste  réciprocité  la  Pathologie  sert  aux  progrès  de  la 
Zoologie  en  stimulant  le  zèle  des  chercheurs  que  le  côté  pratique 
d'une  question  attire  et  séduit.  Je  constate  que  les  travaux  relatifs 
aux  Sporozoaires  ont  décuplé  depuis  dix  ans;  ceux  qui  traitent 
des  Culicides  ont  doublé  dans  ces  deux  dernières  années.  Ce  double 
courant  est  une  preuve  que  l'alliance  entre  la  Pathologie  et  les 
Sciences  naturelles  devient  tous  les  jours  plus  intime. 

»  La  Société  Zoologique  de  France  a  travaillé  pendant  vingt  ans 
à  conquérir  ce  beau  titre  «  d'utilité  publique  »  que  le  gouvernement 
lui  a  octroyé  en  1896.  Le  zoologiste  peut,  aujourd'hui,  prendre  une 
place  légitime  dans  la  société  moderne.  Qu'il  poursuive  donc  cou- 
rageusement sa  voie,  creusant  toujours  plus  avant  le  sillon  qu'il 
s'est  tracé  ;  qu'il  soit  bien  convaincu  que  le  grain  qu'il  y  jette,  et 
qui  peut  sommeiller  plus  d'un  hiver,  ne  restera  pas  stérile,  et  que 
tôt  ou  tard  les  générations  futures  sauront  en  tirer  une  riche 
moisson  pour  le  plus  grand  bien  de  l'humanité.  » 


i6  SÉANCE  DU  25  FÉVRIER  1901 

M.  le  professeur  R.  Blanchard  remercie  M.  le  Président  de  son 
très  intéressant  discours.  Il  est  eu  elïet  fort  regrettable  que  les 
sciences  dites  accessoires  soient  encore  considérées  comme  telles 
dans  les  Facultés  de  médecine,  alors  que  c'est  à  elles  en  réalité 
que  la  médecine  doit  ses  progrès  incessants. 

M.  le  Président  d'Honneur  annonce  à  la  Société  que  M.  le  baron 
J.  de  Guerne  vient  de  faire  une  nouvelle  libéralité  de  200  francs 
pour  parfaire  la  somme  de  400  francs  déjà  fournie  par  les  intérêts 
de  la  somme  antérieurement  versée.  Eu  conséquence,  M.  le  Prési- 
dent d'Honneur  propose  de  décerner  immédiatement  le  prix  en 
l'honneur  du  vingt  cinquième  anniversaire  de  la  Société  et  au  nom 
du  Bureau  qui  s'est  réuni  avant  séance,  et  au  nom  de  M.  le  baron 
J.  de  Guerne  il  propose  de  décerner  ce  prix  à  M.  Rollinat,  qui  a 
donné  aux  publications  de  la  Société  des  travaux  très  appréciés. 

Par  acclamation  M.  Rollinat  est  proclamé  lauréat  du  prix  Malotau 
de  Guerne  (Frédéric-Jules). 

M.  le  Président  d'Honneur  adresse  également  les  remerciements 
de  la  Société  à  M.  Fr.  Secoues,  qui  vient  de  déposer  entre  les  mains 
du  Trésorier  une  somme  dont  la  rente  servira  à  l'achat  d'une 
médaille  d'argent  qui  sera  décernée  tous  les  trois  ans  à  l'Assemblée 
générale. 

Elle  pourra  être  attribuée  à  un  fonctionnaire  colonial  (civil  ou 
militaire)  qui  aura  le  plus  contribué  à  augmenter  nos  connais- 
sances zoologiques  par  l'envoi  de  collections,  soit  à  la  Société 
Zoologique  de  France,  soit  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris, 
à  condition  que  l'étude  de  ces  collections  ait  été  publiée  dans  les 
recueils  de  la  Société  Zoologique  de  France. 

Pourront  aussi  concourir  les  Instituteurs  qui  auront  adressé  à  la 
Société  les  notes  les  plus  importantes  sur  la  faune  française. 

Vu  la  modicité  de  la  récompense,  les  voyageurs  naturalistes 
pourvus  de  missions  officielles  à  l'étranger  et  à  qui  d'autres  Com- 
pagnies réservent  de  plus  grands  avantages,  ne  pourront  prendre 
part  au  concours. 

M.  H.  H.  Field  ,  Directeur  du  Concilium  Bibliographicum  de 
Zurich,  annonce  à  la  Société  Zoologique  de  France  que  grâce  à  une 
forte  subvention  du  Gouvernement  Fédéral  Suisse,  son  œuvre  est 
actuellement  en  bonne  voie  et  que  le  nombre  des  fiches  annuelles  s'est 
élevé  de  3.000  en  1896  à  20.000  en  1900.  Il  espère  que  la  progression 
ira  sans  cesse  en  croissant  et  que  dans  un  avenir  très  rapproché  il 
pourra  satisfaire  à  toutes  les  demandes. 


SÉANCE   DU  26   FÉVRIER    I90d  \t 

M.  Henri  Gadeau  de  Kerville  qui,  depuis  plusieurs  années, 
s'occupe  de  la  question  de  l'accouplement  dans  différents  groupes 
d'animaux,  donne  quelques  détails  sur  la  manière  de  photographier 
les  Batraciens  en  copulation,  et  ajoute  que,  dans  de  semblables 
études,  il  convient  d'employer,  toutes  les  fois  que  cela  est  possible, 
la  photographie,  en  raison  de  sou  absolue  fidélité. 

Pour  photographier  à  l'état  vivant  les  Batraciens  accouplés  et 
obtenir  ainsi  des  vues  réunissant  l'exactitude  à  la  netteté,  il  se 
sert  d'un  appareil  photographique  13x18,  à  long  tirage,  que  l'on 
peut  placer  verticalement,  horizontalement  et  dans  toutes  les  posi- 
tions intermédiaires.  De  cette  façon,  les  animaux  restant  posés  sur 
un  plan  horizontal,  on  peut  aisément  en  prendre  des  vues  dorsales 
et  latérales. 

Notre  collègue  indique  le  mode  opératoire  et  fait  passer  sous  les 
yeux  de  l'assemblée  des  photographies  montrant,  avec  beaucoup 
de  netteté ,  l'accouplement  du  Crapaud  vulgaire  (  Bufo  vulgaris 
Laur. )  et  l'accouplement  d'un  Crapaud  vulgaire  mâle  avec  une 
femelle  morte  de  Grenouille  verte  (Rana  esculenta  L.). 

M.  Bavay  rappelle  les  moulages  de  Crapaud  accouplés  obtenus 
par  M.  Lataste,  après  anesthésie  par  le  tabac. 

M.  Clément  ne  partage  pas  complètement  la  manière  de  voir  de 
M.  Gadeau  de  Kerville  au  sujet  des  intéressantes  photographies 
qu'il  a  présentées. 

«  Tout  d'abord  si  Ton  considère  qu'elles  reproduisent  des  animaux 
avec  leurs  dimensions  naturelles,  que  ces  animaux  ont  un  fort 
relief  et  qu'ils  sont  de  couleurs  peu  photogéniques,  on  reconnaîtra 
qu'elles  sont  beaucoup  plus  parfaites  qu'il  veut  bien  le  dire. 

»  Mais  où  les  auteurs  ne  sont  plus  d'accord  c'est  lorsqu'il  s'agit 
d'obtenir  des  clichés  phototypiques  en  se  servant  de  photographies 
non  retouchées. 

»  Les  épreuves  fournies  par  ces  clichés  sont  forcément  inférieures 
aux  photographies  originales,  à  cela  rien  à  faire,  le  photo-graveur 
seul  peut  approcher  par  ses  soins  et  son  adresse  de  la  perfection. 
Mais  une  retouche  intelligente  de  la  photographie  est  chose  recom- 
mandable  et  toujours  facile. 

»  Pourquoi  en  effet  ne  pas  corriger  certains  effets  de  lumière,  des 
brillants  par  exemple,  que  l'objectif  donne  trop  blancs  ou  des  con- 
tours que  la  lumière  a  noyés,  si  l'on  y  met  la  conscience  voulue  et 
qu'on  n'ait  d'autre  but  que  de  mieux  préciser  la  vérité? 

»  La  photographie  et  le  dessin  sont  deux  arts  qui  ne  sont  nulle- 


48  SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 

ment  incompatibles,  et  faute  de  ne  pas  combiner  les  ressources  de 
l'un  et  de  l'autre,  on  se  contente  trop  souvent  de  résultats  qu'on 
pourrait  facilement  dépasser. 

»  Des  photographies  aussi  belles  que  celles  de  M.  Gadeau  de  Ker- 
ville,  ne  sont  pas  choses  courantes,  et  pourtant  certains  détails  en 
seraient  perdus  à  la  reproduction,  faute  d'une  très  légère  et  très 
honnête  retouche.  » 

M.  Henri  Gadeau  de  Kerville  montre  ensuite  la  photographie  et 
le  squelette  de  la  tête  et  des  quatre  pattes  d'un  Veau  monstrueux 
du  sexe  mâle,  qui  fut  tué  à  l'âge  de  trois  semaines  environ.  Le 
corps  de  ce  monstre  était  de  la  grosseur  normale,  mais,  par  suite 
de  la  déformation  des  maxillaires,  sa  tête  ressemblait  vaguement  à 
celle  d'un  Bouledogue.  Quant  à  ses  pattes,  elles  étaient  beaucoup 
moins  longues  qu'à  l'état  normal. 

M.  le  baron  J.  de  Guerne  rapproche  ce  Veau  monstrueux  des 
Veaux  niatos  ou  Bœufs  boule-dogues  de  la  Bépublique  argentine, 
étudiés  autrefois  par  M.  Dareste,  et  dont  les  pièces  sont  conservées 
dans  les  Musées  de  Douai  et  de  Lille. 


Le  Jeudi  2S  février,  à  sept  heures  et  demie  du  soir,  les  membres 
de  la  Société  se  sont  réunis  en  un  banquet  au  Restaurant  Cham- 
peaux,  sous  la  Présidence  d'Honneur  de  M.  le  professeur  R. 
Blanchard,  secrétaire  général  honoraire,  et  sous  la  présidence 
de  M.  le  Dr  Trouessart.  M.  de  Saint-Arroman,  délégué  de  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts,  assistait  au 
Banquet. 

Etaient  présents  :  MM.  Artault,  Bavay,  Bedot,  R.  Blanchard, 
Brôlemann,  Clément,  Dessalle,  A.  Dollfus,  Field,  Fockeu,  Freys- 
singe,  Gadeau  de  Kerville,  Gruvel,  de  Guerne,  Guiart,  Hérouard, 
A.  Janet,  Gh.  Janet,  Joubin,  Jumentié,  Lennier,  H.  Martin,  Neveu- 
Lemaire,  Olivier,  Petit,  Portier,  Pruvôt,  X.  Raspail,  P.  Richer, 
Robert,  de  Rude  val,  de  Saint  Arroman,  Schlumberger,  Secques, 
Trouessart,  Vignal  etVignon. 

S'étaient  excusés  :  MM.  Certes,  Y.  Delage,  Fatio,  Faurot,  Guyot, 
Juliu,  Malaquin,  Moniez,  Minchin,  Racovitza,  J.  Richard,  Roule, 
Sauvage  et  Yung. 

M.  le  Dr  Trouessart,  Président,  ouvre  la  série  des  toasts  par  le 
discours  suivant: 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901  49 

«  Monsieur  le  Délégué  du  Ministre, 
»  Mes  chers  Collègues, 

»  La  Société  Zoologique  de  France  célèbre  aujourd'hui  ses  noces 
d'argent.  Rompant  avec  la  tradition,  votre  Bureau  a  pensé  que 
dans  cette  occasion  solennelle,  il  convenait  d'offrir  la  Présidence 
d'Honneur  à  l'un  de  ses  Membres  fondateurs  et  tout  naturellement 
elle  a  pensé  à  M.  Vian,  qui  fut  son  premier  Président  eu  1876  et 
1877  et  qui  est  encore  notre  Président  Honoraire.  Malheureuse- 
ment M.  Vian,  dont  uous  regrettons  l'absence  ce  soir,  a  décliné 
cette  invitation  en  raison  de  son  grand  âge.  Dès  lors,  notre  choix 
ne  pouvait  être  douteux;  il  devait  se  porter  sur  notre  dévoué 
Secrétaire  général  qui,  après  avoir  rempli,  pendant  23  ans,  ces 
lourdes  et  délicates  fonctions,  vient  de  demander  à  en  être  relevé. 
Il  était  juste  que  celui  qui  avait  toujours  été  à  côté  du  fauteuil 
présidentiel,  l'occupât  au  moins  une  fois,  et  c'est  une  occasion  que 
nous  ne  pouvions  laisser  échapper. 

»  Je  n'ai  pas  à  vous  faire  ici,  Messieurs,  l'éloge  de  R.  Blanchard 
comme  savant.  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine,  Membre  de 
l'Académie  de  Médecine,  bientôt,  je  l'espère  aussi,  Membre  de 
l'Institut,  son  plus  beau  titre  à  nos  yeux  est  d'être  resté,  malgré 
ses  fonctions  absorbantes  de  professeur,  notre  actif  et  dévoué 
Secrétaire  général. 

»  Lorsqu'en  1877,  alors  à  peine  âgé  de  20  ans,  R.  Blanchard  fut 
appelé  par  M.  Vian  au  Bureau  de  la  Société,  la  situation  était  des 
plus  critiques,  car  cette  Société,  encore  au  berceau,  était  menacée 
d'une  mort  prématurée.  Mais,  Blanchard  est  de  la  race  des  vail- 
lants dont  le  poète  a  dit  : 

«    ....   Mais  aux  âmes  bien  nées, 
»  La  valeur  n'attend  pas  le  nombre  des  années.   » 

»  La  Société  fut  sauvée  et  depuis  cette  époque  Blancbard  n'a 
cessé  de  lui  prêter  un  solide  appui,  jusqu'en  ce  jour  où  elle  atteint 
sa  grande  majorité.  Aujourd'hui  seulement  celui  qui  fut  son  grand 
et  puissant  ministre  demande  à  être  relevé  de  sa  charge,  mais 
nouveau  Mazarin,  il  ne  le  fait  qu'après  nous  avoir  présenté  comme 
successeur  un  jeune  Colbert,  formé  à  son  école,  en  la  personne  de 
M.  le  Dr  Guiart,  notre  nouveau  Secrétaire  Général. 

»  En  dehors  de  la  Société,  mais  sous  ses  auspices,  je  vous  rappel- 
lerai le  rôle  si  important  que  Blanchard  a  joué  comme  Secrétaire 
Général    du    Comité  permanent  des  Congrès    internationaux   de 


50  SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 

Zoologie.  Il  en  fut,  vous  le  savez,  un  des  principaux  organisateurs, 
avec  notre  regretté  maître,  Alphonse  Milne  Edwards,  dont  nous 
déplorous  la  perte  encore  toute  récente.  C'est  à  Blanchard  que  nous 
devons  la  rédaction  du  Règlement  de  la  Nomenclature  des  Êtres  orga- 
nisés, ce  modèle  de  justice  et  de  bon  sens  qui  est  notre  code  à  tous. 
Comme  représentant  de  la  France,  Blanchard  a  pris  part  aux 
Congrès  de  Leyde,  de  Moscou,  de  Cambridge,  et  partout  il  a  été  le 
porte-parole  écouté  de  la  Zoologie  Française.  Partout  sa  franche 
cordialité,  cet  humour  et  cette  vivacité  vraiment  gauloise  que 
vous  lui  connaissez  tous  nous  ont  valu  le  meilleur  accueil.  Son 
talent  de  polyglotte,  son  aisance  à  manier  tous  les  idiomes,  lui  a 
permis  de  saluer  nos  hôtes  dans  leur  propre  langue  et  même  de 
glisser  dans  ses  toasts  d'aimables  jeux  de  mots  qu'eux  seuls  et  lui 
comprenaient,  à  leur  grande  joie.  Eu  un  mot  il  a  fait  aimer  à 
l'Etranger  la  Science  française  et  les  Savants  français.  Nous  lui  en 
sommes  cordialement  reconnaissants. 

»  Je  bois  à  la  santé  de  notre  Président  d'Honneur,  M.  le  profes- 
seur B.  Blanchard,  et  je  vous  demande  de  réunir  dans  le  même 
toast  notre  Président  Honoraire,  M.  Vian,  dont  nous  regrettons 
profondément  l'absence.  » 

M.  le  professeur  B.  Blanchard,  Président  d'Honneur,  prononce 
ensuite  un  discours  très  applaudi  que  nous  regrettons  de  n'avoir 
pas  fait  sténographier  pour  en  faire  protiter  nos  collègues. 

Il  retrace  les  premiers  temps  de  la  Société  zoologique  de  France 
et  fait  un  portrait  des  plus  fidèle  des  différents  Présidents  qui  se 
sont  succédé  et  ont  été  ses  collaborateurs.  Il  remercie  à  nouveau 
ses  collègues  du  grand  honneur  qu'ils  lui  ont  fait  en  l'appelant  à 
la  Présidence  d'honneur  de  cette  Assemblée  et  en  lui  faisant  la  sur- 
prise d'une  médaille  à  son  effigie  en  commémoration  du  vingt-cin- 
quième anniversaire  de  la  Société. 

Cette  médaille  est  presque  terminée  et  il  convient  de  féliciter 
M.  le  Dr  P.  Bicher  qui  a  su  fixer  les  traits  de  son  modèle  avec  une 
rare  fidélité. 

M.  de  Saint-Arroman  présente  les  excuses  de  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  qui,  retenu  par  des  enga- 
gements antérieurs,  s'est  vu  dans  l'impossibilité  d'assister  aux 
séances  du  vingt  cinquième  anniversaire  de  la  fondation  de  la 
Société  Zoologique  de  France.  M.  le  Ministre,  en  lui  confiant  le 
grand  honneur  de  le  représenter,  lui  a  particulièrement  recom- 
mandé d'insister  sur  la  sympathie  qu'il  porte  à  la  Société  Zoolo 


i  f 


Illustration  du  Menu  du  28  février  1901 


Professeur  Raphaël  BLANCHARD 


MEMBRE    FONDATEUR    DE    LA    SOCIETE 

SECRÉTAIRE     GÉNÉRAL     DE      1880     A      11)01 

ÉLU^SECRÉTAIRE   GÉNÉRAL    HONORAIRE    LE   2G   DÉCEMBRE    1900 

PRÉSIDENT    D'HONNEL'R 

DE    LA    HUITIÈME    ASSEMBLÉE   GÉNÉRALE   ANNUELLE 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  190 1  51 

gique  de  France  et  sur  l'intérêt  qu'il  porte  à   ses  études.  Il  lève 
son  verre  au  cinquantenaire  de  la  Société. 

Après  lecture  des  lettres  et  télégrammes  d'excuse  des  Membres 
absents,  M.  le  Secrétaire  général  adresse  les  remerciements  de  la 
Société  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux  Arts 
qui,  en  déléguant  à  ce  banquet  M.  de  Saint-Arroman,  a  tenu  à 
témoigner  de  l'intérêt  qu'il  portait  à  la  Société  Zoologique  de 
France.  Il  s'associe  à  M.  le  Président  d'Honneur  pour  saluer  en 
M.  de  Saint-Arroman  un  des  plus  aimables  fonctionnaires  du 
Ministère  de  l'Instruction  publique,  à  qui  la  Société  Zoologique  a 
eu  recours  en  maintes  circonstances  et  qui  a  toujours  su  aplanir 
les  difficultés  avec  un  zèle  qui  n'a  d'égal  que  son  extrême  amabilité. 

Il  remercie  également  les  Membres  de  la  province  et  de  l'étranger 
qui  assistent  au  banquet  et  qui,  en  l'honneur  du  vingt-cinquième 
anniversaire  de  la  Société,  ont  tenu  à  venir  apporter  l'hommage  de 
leur  sympathique  reconnaissance  à  celui  qui  en  a  été  l'àme  durant 
vingt- trois  ans. 

M.  le  Secrétaire  général  adresse  les  vœux  de  la  Société  à  ceux  de 
ses  membres  partis  en  voyage  d'exploration  :  à  MM.  Alluaud  et 
Brumpt,  partis  depuis  peu  pour  Madagascar  et  l'Abyssinie,  à  M.  G. 
Grandidier,  qui  va  partir  incessamment  pour  Madagascar. 

Il  remercie  M.  Clément,  à  qui  l'on  doit  la  charmante  composition 
qui  orne  le  menu  (voir ci-contre),  et  M.  Petit  qui,  comme  les  années 
précédentes,  a  tenu  à  orner  la  table  de  vols  gracieux  d'Insectes  et 
d'Oiseaux. 

Il  termine  par  des  remerciements  persounels  à  l'adresse  de  M.  le 
professeur  B.  Blanchard,  à  qui  il  a  le  périlleux  honneur  de  succéder, 
et  lui  en  exprime  publiquement  ses  sentiments  d'affectueuse  recon- 
naissance. Il  porte  un  toast  à  M.  le  Président  d'Honneur  et  à  sa 
famille. 

M.  Fr.  Secques,  archiviste-bibliothécaire  de  la  Société,  prononce 
ensuite  le  discours  suivant  : 

u  Messieurs, 

»  Au  moment  où  la  Société  Zoologique  de  France  célèbre  sou 
vingt-cinquième  anniversaire  ,  permettez  moi  d'évoquer  des  sou- 
venirs encore  plus  lointains. 

»  La  Zoologie  a  toujours  été  en  honneur  dans  notre  pays  et  bien 
que  la  faune  française  nous  révèle  chaque  jour  des  nouveautés, 
depuis  longtemps  déjà  les  régions  inconnues  ont  tenté  la  curiosité 


52  SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 

des  naturalistes.  Ces  voyages  ne  sont  pas  cependant  sans  présenter 
de  grands  dangers  et  plusieurs  voyageurs  ont  payé  de  leur  vie 
leur  amour  pour  la  science.  Aux  difficultés  de  la  vie  matérielle, 
sous  des  climats  souvent  mortels,  se  joint  L'hostilité  d'indigènes 
toujours  superstitieux  et  craintifs,  quand  ils  ne  sont  pas  guerriers 
et  pillards  et  cela  ne  vous  étonuerait  guère  si  je  vous  racontais  les 
mésaventures  d'un  paisible  entomologiste  arrêté  dans  les  montagnes 
d'Auvergne  et  traîné  devant  la  gendarmerie  qui  n'avait  jamais  eu  à 
verbaliser  pour  semblable  délit  de  chasse. 

»  La  force  armée  heureusement  u'a  pas  toujours  été  aussi  hostile 
aux  naturalistes,  elle  les  a  même  souvent  secondés  en  protégeant 
leurs  recherches.  Je  ne  vous  rappellerai  pas  à  ce  propos  les  voyages 
de  nos  marins  à  travers  le  monde,  les  croisières  de  l'Altrossabt,  la 
Bonite,  l'Uranie,  etc.,  pas  plus  que  sur  terre  les  travaux  de  l'Institut 
du  Caire,  sous  le  Directoire,  pendant  la  campagne  d'Egypte. 

»  Depuis  cette  époque,  la  division  du  travail  s'est  malheureuse- 
ment opérée,  ayant  pour  la  Zoologie  les  plus  fâcheuses  consé- 
quences :  aux  soldats  les  canons  et  la  poudre,  aux  naturalistes  le 
scalpel  et  le  savon  de  Bécœur.  L'ardeur  de  nos  voyageurs  ne  s'en 
est  point  ralentie  pour  cela  et  pendant  que  paisiblement,  à  l'abri 
des  intempéries  de  toutes  sortes,  la  Société  Zoologique  de  France 
tenait  sur  les  bords  de  la  Seine  ses  premières  assises,  un  de  ses 
membres  fondateurs  et  des  plus  dévoués  que  vous  reconnaîtrez 
tous,  partait  au  Congo  encore  inexploré,  un  fusil  sur  l'épaule,  une 
chanson  sur  les  lèvres.  Pendant  que  ses  collections  péniblement 
amassées  pendant  neuf  ans,  enrichissaient  nos  musées,  leur  étude 
alimentait  nos  premières  publications. 

»  Certes  l'appui  du  Ministère  de  l'Instruction  publique  n'a  jamais 
fait  défaut  à  ceux  que  passionnent  les  voyages  et  l'étude  de  la 
nature,  et  la  présence  parmi  nous  de  son  délégué  particulièrement 
sympathique  aux  voyageurs,  nous  est  un  très  sûr  garant  de  sa 
sollicitude.  Permettez-moi  toutefois  d'exprimer  un  regret  :  à  une 
époque  où  les  expéditions  coloniales  n'ont  jamais  été  plus  floris- 
santes, comment  le  Gouvernement  n'a-t  il  pas  songé  à  adjoindre 
des  naturalistes  aux  différentes  colonnes  opérant  dans  ces  pays 
encore  si  mal  connus?  C'est  un  regret  que  j'exprime  ici,  laissant  à 
de  plus  puissants  le  soin  d'y  remédier,  dans  l'espoir  qu'à  notre 
prochain  banquet  cette  idée  aura  trouvé  des  défenseurs  et  dans  la 
réalisation  de  mes  désirs,  qui  sont  certainement  les  vôtres,  con- 
tribué à  donner  plus  d'éclat  encore  au  bon  renom  de  la  Zoologie 
française.  » 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901  53 

M.  de  Saint- Arroman  fait  à  M.  Secques  une  réponse  très  humo- 
ristique et  très  documentée  pour  lui  moutrer  que  le  Ministère  de 
l'Instruction  publique  a  toujours  fait  son  possible  pour  réaliser  les 
idées  qui  viennent  d'être  exposées.  Mais  les  Ministères  de  la  Guerre 
et  de  la  Marine  y  ont  vu  de  nombreux  inconvénients  qu'il  énumère. 
11  espère  toutefois  que  dans  un  avenir  prochain  il  sera  possible 
d'arriver  à  une  entente  qu'il  désire  lui-même  très  ardemment. 


LES  RUSES  MATERNELLES  CHEZ  LES  ANIMAUX 

PAR 

XAVIER   RASPAIL 

Sous  ce  titre,  qui  promet  plus  que  je  ne  puis  tenir,  je  veux 
simplement,  par  quelques  exemples,  attirer  l'attention  sur  l'intérêt 
qu'il  y  aurait  à  recueillir  les  preuves  de  l'intelligence  déployée 
par  les  femelles  des  animaux,  pour  mettre  leurs  jeunes  à  l'abri 
de  la  recherche  d'ennemis  insatiables,  contre  lesquels  ils  seraient 
impuissants   à   se  sauvegarder  eux-mêmes. 

Quand  on  songe  à  toutes  les  causes  de  destruction  auxquelles 
sont  exposés  certains  animaux,  qui  n'ont  que  leur  instinct  pour 
se  défendre  et  déjouer  les  embûches  tendues  sous  leurs  pas  à 
toute  heure  du  jour  et  de  la  nuit,  il  faut  admettre  que  les 
moyens  dont  ils  disposent  sont  puissants,  autrement,  leur  espèce 
ne  tarderait  pas  à  disparaître  partout  où  l'Homme,  à  son  tour, 
se  livre  avec   acharnement   à   leur  capture. 

Parmi  les  Mammifères,  les  plus  dépourvus  d'armes  défen- 
sives sont  assurément  ceux  classés  sous  la  dénomination  de 
gibier;  ils  n'ont  à  leur  disposition,  pour  échapper  aux  dangers 
qui  les  environnent  de  toutes  parts,  que  la  rapidité  de  leur 
course  et  surtout  les  ruses,  souvent  étonnantes,  auxquelles  ils 
ont  recours  pour  se  dérober  à  la  recherche  de  leurs  nombreux 
destructeurs.  Mais,  alors  qu'adultes  ils  ne  réussissent  pas  tou- 
jours à  leur  échapper,  combien  ils  se  trouveraient  exposés  dans 
les  premiers  temps  de  leur  existence,  si  la  mère  prévoyante 
n'était  pas  là  pour  veiller  à  leur  sécurité,  pour  écarter  d'eux 
le  danger  sans  cesse   renaissant. 

11  est  incontestable  que  la  Nature,  telle  qu'elle  s'est  cons- 
tituée  après  les   modifications    survenues   dans   l'état  atmosphé- 

Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,   1901.  xxvi.  —  li. 


54  SÉANCE   DU    26   FÉVRIER    1901 

rique  et  les  grands  cataclysmes  qui  ont  bouleversé  l'écorce  terrestre 
a  assuré  la  perpétuation  des  espèces,  de  manière  que  toutes 
dussent  se  retrouver,  dans  des  proportions  sensiblement  les 
mêmes,  après  l'accumulation  des  siècles  et,  pour  établir  cette 
loi  d'équilibre,  elle  a  pourvu  d'une  fécondité  toute  spéciale,  celles 
de  ces  espèces  destinées  à  servir  de  pâture  à  certaines  autres. 

Or,  depuis  plusieurs  siècles,  bien  des  représentants,  dans  toutes 
les  classes  du  règne  animal,  ont  complètement  disparu  et,  à  l'heure 
actuelle,  on  en  signale  un  certain  nombre  qui  sont  en  voie  de 
disparaître,  fl)  Eh  bien,  c'est  à  l'Homme  seul  qu'il  faut  en  faire 
remonter  la  responsabilité  ;  partout  où  il  a  pénétré,  il  s'est  fait  le 
perturbateur  de  l'ordre  naturel  ;  il  a  tué,  sans  nécessité  et  jusqu'au 
dernier,  des  êtres  inofïensifs  comme  le  malheureux  Alca  impennis  ; 
il  a  tué  pour  le  plaisir  de  détruire,  avec  une  imprévoyance  trop 
souvent  funeste  à  ses  propres  intérêts.  En  quelques  années,  il  est 
parvenu  à  faire  disparaître  le  Bison  des  immenses  prairies  de 
l'Amérique  du  Nord  où,  il  y  a  encore  quelque  vingt  ans,  ce  superbe 
Mammifère  formait  des  troupeaux  composés  de  centaines  de  mille 
d'individus.  Aujourd'hui,  le  Bison,  qui  ne  pouvait  succomber  que 
sous  les  attaques  de  l'homme  civilisé,  est  rayé  de  la  faune  améri- 
caine ;  il  n'en  existe  plus  que  deux  petits  troupeaux,  à  peine  une 
centaine  en  tout,  qui  sont  conservés  dans  des  parcs  comme  l'Au- 
roch  l'est  encore,  de  nos  jours,  en  Russie. 

En  France,  nous  voyons  de  même  des  contrées  où  l'on  ne  ren- 
contre plus  certaines  espèces,  qui,  sans  remonter  bien  loin  dans  le 
passé,  peuplaient  les  plaines  et  les  forêts  ;  et  si,  sur  d'autres  points, 
ces  mêmes  animaux  existent  toujours,  cela  est  dû,  en  grande  partie, 
à  la  protection  qu'ils  trouvent  dans  les  propriétés  où  l'on  veille 
à  leur  reproduction  et  à  leur  repeuplement.  Aussi,  si  la  chasse 
était  libre  eu  tout  temps  et  sans  limite  dans  son  exercice,  comme 
certains  esprits  inconscients  en  ont  émis  la  proposition  jusqu'au 
parlement,  il  ne  faudrait  pas  deux  années  pour  la  destruction 
complète  des  espèces  animales,  dont  une  sage  réglementation  peut 
permettre  de  tirer,  chaque  année,  une  précieuse  ressource  alimen- 
taire. 

De  tous  les  animaux  qui  luttent  avec  avantage  contre  l'extinc- 
tion de  leur  espèce,  il  faut  placer  au  premier  rang  le  Lapin  de 
garenne  (Lepus  cuniculus).  Là,  où  l'on  croirait  qu'il  a  définitive- 

(1)  M.  le  Dr  !„.-.).  Morkau  a  publié,  sur  ce  sujet,  sous  le  titre  :  L'extinction 
des  espèces  animales,  une,  intéressante  étude,  très  documentée  (Bull,  de  la  Soc. 
Zool.  de  France,  XXV,  page  109;  1900.) 


SÉANCE    DU    2t>    FÉVKIEK     1001  55 

ment  succombé  à  la  guerre  saûs  merci  que  lui  fait  l'Homme  à 
l'aide  des  procédés  les  plus  destructifs,  ou  le  voit  reparaître  et 
prospérer  comme  si  la  terre,  selon  l'expression  d'un  vieux  garde, 
l'enfantait  elle-même.  Dès  lors,  si  le  sol  lui  convient  et  qu'il  y 
trouve  les  conditions  favorables  à  son  développement,  car  il  ne  se 
plaît  pas  partout,  chaque  année,  il  faut  recommencer  à  lutter 
contre  son  expansion  rapide,  si  on  ne  veut  pas  se  déclarer  vaincu 
par  ce  Rongeur,  comme  l'ont  été  naguère  les  Australiens. 

Et  cette  force  de  résistance  le  Lapin  ne  l'oppose  pas  seulement  à 
l'action  déjà  si  effective  de  l'Homme,  il  doit  l'exercer  en  même 
temps  contre  tous  les  animaux  qui  le  recherchent  pour  se  repaître 
de  sa  chair  et  de  son  sang.  En  m'appuyant  sur  les  constatations 
que  j'ai  pu  faire,  tout  en  ne  mentionnant  que  celles  relevées  dans 
la  localité  que  j'habite  dans  l'Oise,  je  citerai  : 

D'abord,  la  Belette  qui  détruit  les  Lapereaux  tant  dans  la  rabouil- 
lère,  où  je  lui  ai  vu  souvent  pratiquer  un  trou  directement  au- 
dessus  du  nid,  que  partout  où  elle  peut  les  surprendre  une  fois 
qu'ils  l'ont  quitté. 

Puis  l'Hermine,  que  je  considère  comme  plus  destructive  à  elle 
seule  que  les  autres  carnassiers  réunis  ,  car  le  Lapin  qu'elle  a 
découvert  et  sur  lequel  elle  se  met  en  chasse,  est  irrévocablement 
perdu  ;  il  a  beau  faire  crochet  sur  crochet  dans  les  fourrés,  franchir 
les  fossés,  se  lancer  en  plaine  pour  revenir  au  bois  dans  une  course 
affolée,  l'Hermine  ne  perd  pas  un  seul  instant  sa  piste  et  le  malheu- 
reux, qui  se  rend  compte  de  son  impuissance  à  éviter  le  sort  qui 
l'attend,  s'arrête  tout  à-coup  comme  paralysé,  se  ramasse  sur  lui- 
même  en  poussant  des  cris  de  détresse,  bien  avant  que  son  impla- 
cable poursuivante  ne  l'ait  atteint  pour  le  saisir  derrière  l'oreille 
et  le  juguler. 

Le  Putois,  la  Fouine,  le  Renard  sont  également  de  grands 
mangeurs  de  Lapins  qu'ils  capturent,  le  premier  par  surprise 
dans  les  terriers  et  sous  les  tas  de  bois,  les  deux  autres  grâce 
à  leur  agilité  et  à  leur  adresse.  A  côté  de  ces  carnassiers  de 
profession,  d'autres  Mammifères  viennent  eu  ligne  de  compte: 
le  Sanglier  et  le  Blaireau  qui  fouillent  la  terre,  l'un  avec  son 
groin,  l'autre  à  l'aide  de  ses  pattes  puissantes  pour  prendre  les 
jeunes  dont  ils  découvrent  la  présence  souterraine  grâce  à  la 
finesse  de  leur  odorat.  Le  Hérisson  pénètre  également  dans  la 
rabouillère  et  s'attaque  aux  jeunes  déjà  eu  état  de  quitter  le 
nid.  Et  chose  que  je  n'aurais  pu  admettre  si  je  ne  l'avais  vue 
moi-même,    la   Taupe,    qui    est    aussi    Carnivore    qu'insectivore, 


56 


SÉANCE   DU    26   FÉVRIER    l901 


vient  ouvrir  sa  galerie  dans  le  fond  même  de  la  rabouillère, 
si  elle  y  sent  la  présence  de  jeunes  nouveau- nés  livrés  ainsi 
sans  défense  à   sa  voracité. 

Ajoutons  encore  deux  facteurs  de  destruction  et  non  des 
moindres  aux  abords  des  villages  :  le  Chien,  qu'on  laisse  diva- 
guer trop  souvent  à  sa  guise,  et  le  Chat,  cet  abominable  marau- 
deur, dont  les  courses  nocturnes,  souvent  à  de  grandes  distances 
des  habitations,  sont  si  meurtrières  pour  toutes  les  espèces 
de  gibier. 

Si  nous  passons  maintenant  des  Mammifères  aux  Oiseaux, 
nous  aurons  encore  à  augmenter  la  liste  des  destructeurs  du 
Lapin;  nous  relèverons  pour  la  contrée  qui  me  sert  d'exemple, 
parmi  les  Rapaces  diurnes  et  nocturnes  :  la  Buse,  le  Faucon 
Emérillon,  le  Busard  St-Martin  et  la  Hulotte  Chat-Huant;  enfin, 
parmi  les  Passereaux,  deux  maraudeurs  redoutables  pour  les 
lapereaux  :    le   Corbeau   Corneille   et  la   Pie. 

Et  quand,  brochant  sur  le  tout,  survient  la  tuberculose  cocci- 
dienne  du  foie,  dont  j'ai  vu,  en  vingt  ans,  trois  épidémies 
tellement  meurtrières  que,  lors  de  l'une  d'elles  en  1890,  on 
estima,  dans  une  seule  propriété  des  environs  de  Gouvieux,  à 
plus  de  douze  cents  les  cadavres  de  ce  Rongeur  éparpillés  sur  le 
sol,  on  reste  confondu  de  voir,  envers  et  contre  tous,  ce  modeste 
Lapin  renaître,  pour  ainsi  dire,  de  ces  hécatombes,  plus  prospère 
que  jamais  et  ne  mériterait-il  pas  de  faire  sienne  cette  fière  devise  : 
fluctuât  nec  mergitur  ? 

La  vérité  est  que  toute  la  gloire  de  cette  surprenante  vitalité  de 
l'espèce  revient  à  la  femelle  seule,  car  le  mâle,  loin  d'être  un  pro- 
tecteur de  la  jeune  progéniture,  s'empresserait  de  la  détruire  pour 
se  ménager  de  nouvelles  amours.  Aussi,  la  mère,  quand  elle  est 
sur  le  point  de  mettre  bas,  fuit-elle,  à  l'égal  de  tous  ses  autres 
ennemis,  ce  sensuel  et  sanguinaire  despote;  elle  va  creuser  à 
l'écart,  souvent  loin  dans  la  plaine,  une  petite  galerie  d'environ 
un  mètre  de  profondeur  dont  elle  fait  disparaître  l'ouverture  en 
ramenant  et  nivelant  la  terre  autour,  après  avoir  établi  au  fond 
un  nid  moelleux  formé  d'herbes  sèches  et  du  poil  qu'elle  s'arrache 
sous  le  ventre  pour  dégager  ses  mamelles. 

La  nuit ,  elle  ne  s'en  approche  que  lorsqu'elle  s'est  assurée 
qu'elle  n'entraîne  à  sa  suite  aucun  être  dangereux  ;  elle  ne  débouche 
de  l'ouverture  que  juste  assez  pour  y  pénétrer,  allaite  ses  petits  et 
après  avoir  refermé  et  dissimulé  avec  soin  le  passage  souterrain, 
regagne  le  bois  où  elle  va  attendre  la  nuit  suivante  pour  recom- 


SÉANCE   DU   26    FÉVRIER    1901  57 

mencer  le  même  manège.  Et  il  en  est  ainsi  pendant  un  mois, 
au  bout  duquel  les  lapereaux  sont  seulement  en  état  de  sortir  et 
de  pourvoir  eux-mêmes  à  leur  subsistance;  appelée  alors  à  pour- 
suivre son  œuvre  procréatrice ,  cette  mère,  qui  s'est  montrée 
jusqu'alors  si  pleine  de  sollicitude  pour  ses  jeunes,  cesse  de  s'en 
occuper;  elle  les  abandonne,  non  cependant  sans  les  avoir  conduits 
vers  l'endroit  qui  lui  parait  leur  offrir  le  plus  de  sécurité  et  elle  va 
déposer  une  nouvelle  portée  dans  une  autre  rabouillère,  qu'entre 
temps,  elle  avait  préparée. 

Ces  actes,  à  la  vérité,  sont  reproduits  par  toutes  les  femelles  de 
cette  espèce;  c'est  donc  l'instinct,  tel  qu'on  l'attribue  aux  animaux, 
qui  les  leur  fait  accomplir.  Mais,  si  l'on  constate,  chez  certaines 
d'entre  elles,  une  intention  très  nettement  indiquée  d'augmenter  les 
conditions  de  sécurité  pour  leurs  jeunes,  par  un  choix  judicieux  de 
l'emplacement  où  elles  vont  en  faire  le  dépôt,  alors,  commencent  à 
s'affirmer,  chez  ces  êtres  dits  inférieurs,  des  facultés  qui  leur  ont 
été  jusqu'alors  refusées  ;  car,  en  elles,  à  côté  de  l'instinct,  dont  les 
manifestations  sont  immuables,  nous  découvrons  l'intelligence  qui. 
de  même  que  pour  l'espèce  humaine,  se  différencie  de  l'instinct  en 
ce  sens  qu'elle  est  variable  et  perfectible  selon  les  individus. 

Comment  ne  pas  en  voir  une  preuve  dans  les  exemples  de  deux 
femelles,  dont  je  pus  juger  l'intelligence  avec  laquelle  elles  firent 
choix  d'un  emplacement  particulier  pour  y  déposer  leurs  jeunes, 
de  façon  à  les  mieux  garantir  contre  les  dangers,  que  les  moyens 
propres  à  l'espèce  ne  leur  avaient  pas  paru  suffisants  à  écarter. 

Dans  le  fond  d'une  de  ces  ornières,  que  creusent  profondément  les 
lourds  fardiers  dans  les  chemins  déterre,  une  de  ces  femelles  avait 
établi  sa  rabouillère,  mais  en  en  dirigeant  la  galerie  du  côté  du 
bord  externe,  de  façon  que  cette  galerie  se  trouvât  en  dehors  du 
passage  du  Cheval,  dont  les  sabots  aurait  pu  la  défoncer.  4  ce 
moment,  le  produit  d'une  coupe  de  bois  était  débardé  toute  la 
journée  par  ce  chemin  et  cette  circulation,  loin  d'avoir  détourné 
la  mère  de  venir  y  faire  ses  jeunes,  avait  dû  lui  paraître,  au  contraire, 
une  garantie  plus  sûre  pour  leur  tranquillité.  Outre  le  soin  avec 
lequel,  ainsi  que  toutes  ses  congénères,  elle  refermait  l'ouverture, 
les  roues  en  passant  devaient  encore  mieux  en  faire  disparaître  la 
trace,  en  même  temps  que  l'odeur  que  la  mère  aurait  pu  laisser  à 
la  terre.  Cette  mère  intelligente  avait  de  cette  façon  augmenté  les 
chances  de  déjouer  les  recherches  des  animaux  carnassiers  qui 
franchissent  d'un  saut  les  ornières  accidentées  qu'ils  rencontrent 
sur  leur  passage,  sans  être  tentés  d'y  circuler  ou  de  les  inspecter. 


58  SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 

L'exemple  de  l'autre  femelle  est  non  moins  éloquent.  C'est  dans 
un  petit  terrain,  enclos  de  toutes  parts  par  un  grillage  de  un  mètre 
de  hauteur,  qu'elle  était  allée  établir  sa  rabouillère,  de  sorte  que, 
pour  pénétrer  dans  l'enceinte  et  en  sortir,  elle  était  obligée  d'en 
escalader  la  clôture.  Et,  chose  qui  me  frappa,  lorsque  je  découvris 
l'empreinte  de  ses  pattes,  à  l'endroit  où  elle  sautait  après  être  par- 
venue à  grimper  au  sommet  du  grillage,  c'est  qu'elle  ne  le  faisait 
jamais  à  la  même  place,  ce  qui  aurait  laissé  sur  le  sol  une  indication 
trop  apparente  de  son  passage. 

Je  ne  rappellerai  que  pour  mémoire  les  ruses  que  pratiquent  la 
Perdrix  grise  et  la  Fauvette  à  tête  noire,  lorsque  l'une  et  l'autre 
veulent  détourner  votre  attention  et  vous  éloigner  de  leurs  jeunes 
ou  de  leur  nid  ;  elles  sont  bien  connues  et,  du  reste,  je  les  ai  déjà 
mentionnées  ailleurs;  mon  intention  est  de  m'en  tenir,  ici,  aux  seuls 
exemples  que  j'ai  tout  lieu  de  croire  inédits  et  que  j'ai  eu  la  bonne 
fortune  de  recueillir  dans  le  cours  de  mes  excursions. 

Ce  sont  encore  deux  animaux  qui  ont  certainement  à  craindre 
l'Homme  plus  que  tous  les  ennemis  que  la  Nature  leur  a  donnés  : 
le  Lièvre  et  le  Chevreuil,  qui  vont  nous  fournir  de  nouvelles  preu- 
ves de  la  sollicitude  et  de  l'intelligence  qu'apportent  les  mères  à 
protéger  leurs  jeunes. 

Le  Lièvre  a  à  redouter  les  mêmes  carnassiers  que  le  Lapin. 
Mais,  alors  que  les  jeunes  de  ce  dernier  naissent  entièrement 
nus,  les  veux  fermés,  que  leur  mère  est  obligée  de  les  sous- 
traire aux  intempéries  et  de  sauvegarder  leur  faiblesse  en  les 
enfermant  sous  terre,  les  Levrauts  viennent  au  monde  couverts  de 
poils,  les  yeux  ouverts,  aptes  déjà  à  marcher  et  leur  mère  les  dépose 
simplement  à  même  le  sol  aussi  bien  au  bois  qu'en  plaine  ;  elle  les 
laisse  loin  d'elle  abrités  sous  un  buisson,  une  touffe  d'herbe,  tapis 
le  long  d'un  sillon,  derrière  une  motte  de  terre,  cachés  enfin  sous 
un  tas  de  fumier  ou  de  foin.  Ils  paraissent  ainsi,  ces  pauvres  petits, 
bien  abandonnés  et  exposés  aux  plus  fâcheuses  aventures  et  c'est  à 
se  demander  comment  il  peut  en  échapper  un  seul  à  tous  les 
rôdeurs  qui,  de  jour  et  de  nuit,  se  livrent  à  la  recherche  d'une 
proie  vivante. 

Le  Lièvre  parvient  cependant  à  résister  à  toutes  les  causes  de 
destruction  et  il  possède  certainement  des  moyens  efficaces  de 
préserver  le  plus  grand  nombre  de  ses  jeunes,  car,  bien  que  moitié 
moins  prolifique  que  le  Lapin,  il  se  multiplie  assez  rapidement 
lorsque,  à  la  fermeture  de  lâchasse,  quelques  individus  ont  pu 
échapper  aux  chasseurs  et  aux  braconniers. 


SÉANCE    DU   2G    FÉVRIER    1901  59 

J'avais  déjà  remarqué  que  l'Hase,  après  avoir  fait  ses  deux  à  trois 
petits,  ue  tarde  pas  à  les  séparer  pour  les  établir  à  une  certaine 
distance  les  uns  des  autres;  précaution  évidente,  de  sa  part,  pour 
empêcher  qu'ils  ne  soient  détruits,  du  même  coup,  par  le  Carnas- 
sier qui  parviendrait  à  les  découvrir. 

.Mais,  néanmoins,  je  pensais  que  souvent  la  mère,  en  venant  les 
allaiter,  devait  être  la  cause  de  leur  perte  eu  attirant,  à  sa  suite 
jusqu'à  leur  refuge,  l'un  des  nombreux  ennemis  qu'elle  a  déjà  tant 
à  redouter  elle-même.  Je  me  trompais,  car,  là  encore,  j'eus  l'occa- 
sion d'admirer  avec  quelle  intelligence  l'Hase  arrive  à  écarter  ce 
danger  de  ses  jeunes  Levrauts. 

Dans  un  champ  nouvellement  roulé  et  qui  par  conséquent  pré- 
sentait une  surface  unie,  j'aperçus,  un  matin,  de  très  petits  pas  de 
Levraut  venant  d'un  amoncellement  de  Chiendent  et  y  retournant  ; 
ce  va  et  vient  formait  un  tracé  qui  rejoignait  à  angle  droit  une 
ligne  cette  fois  fortement  indiquée  par  les  pas  d'un  Lièvre  et  à  la 
jonction,  distante  de  quinze  mètres  de  l'amas  de  Chiendent,  la  terre 
était  légèrement  tassée,  ce  qui  indiquait  le  séjour  qu'y  avait  fait 
l'animal. 

Je  ne  pouvais  avoir  sous  les  yeux  une  plus  éloquente  révélation 
de  la  petite  scène  nocturne  qui  se  passait  à  cet  endroit  :  L'Hase 
arrivait,  s'arrêtait  là,  appelait  son  jeune  qui  accourait  la  rejoindre 
et  lorsque  goulûment,  il.  avait  tété,  qu'il  s'était  réchauffé  à  la  douce 
chaleur  de  la  mère,  celle-ci  le  renvoyait  à  son  refuge  où,  obéissant, 
il  allait  se  blottir  en  attendant  le  retour  de  l'heure  bienheureuse 
de  goûter  de  nouveau  la  seule  joie  dont  la  Nature  lui  permettait 
de  jouir  à  cet  âge.  L'Hase  poursuivait  ensuite  son  chemin,  certaine 
d'entraîner  derrière  elle  l'ennemi  qui  aurait  pu  rencontrer  sa  piste 
et  de  l'éloigner  aiusi  de  la  retraite  du  petit  solitaire. 

Le  Chevreuil,  dans  les  pays  où  le  Loup  a  disparu,  n'a  pas  d'en- 
nemis naturels.  On  dit  à  la  vérité  que  sou  faou  devient  la  proie  du 
Renard,  mais  sans  en  nier  la  possibilité,  j'ai  tout  lieu  de  croire  le 
fait  très  rare,  car  la  mère  ne  quitte  jamais  ses  jeunes  et  elle  est 
certainement  capable  de  les  défendre  contre  ce  maraudeur  plus 
rusé  que  courageux  et  qui,  du  reste,  a  suffisamment  de  quoi  trou- 
ver à  se  nourrir  parmi  les  Mammifères  de  petite  taille  et  les  volati- 
les de  toutes  sortes. 

L'Homme  seul  détruit  le  Chevreuil;  sans  lui  et  malgré  que  la 
femelle  ne  fasse  qu'une  portée  d'un  ou  de  deux  jeunes,  le  Chevreuil 
se  multiplierait  assez  rapidement  pour  devenir  nuisible  à  la  conser- 
vation des  bois.  Les  Chiens,  par  exemple,  lorsqu'ils  divaguent  au 


GO  SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 

moment  de  la  reproduction,  deviennent  très  dangereux  pour  les 
faons  que  la  mère  ne  saurait  protéger  contre  leurs  attaques,  ni 
songera  entraiuer  avec  elle  dans  une  course  rapide,  trop  faibles 
qu'ils  sont  encore  sur  leurs  jambes  pour  tenter  l'aventure. 

Il  est  évident  qu'il  y  aurait  de  ce  fait  une  cause  de  destruction 
suffisante  pour  diminuer  sensiblement  la  reproduction  du  Che- 
vreuil ;  mais,  ici  encore,  comme  nous  l'avons  vu  pour  le  Lièvre,  la 
mère,  par  son  intelligente  sollicitude,  vient  écarter  le  danger 
auquel  le  faon  ne  pourrait  échapper. 

Un  de  ces  hasards,  sur  lesquels  l'observateur  doit  le  plus  compter 
pour  découvrir  ce  qu'il  ignore  des  choses  de  la  Nature,  me  fit 
assister  à  la  scène  que  je  vais  décrire.  J'explorais,  une  après-midi 
de  mai,  le  bois  des  Aigles,  séparé  de  la  forêt  de  Chantilly  par  la 
route  nationale  de  Paris  à  Amiens  et  aujourd'hui  presqu'entière- 
ment  défriché  par  la  Société  d'Encouragement,  pour  y  établir  des 
pistes  d'entraînement,  lorsque,  arrivé  à  un  taillis  de  deux  ans,  où 
le  genêt  et  la  ronce  formaient  d'inextricables  fourrés,  j'entendis 
tout-à-coup,  à  peu  de  distance,  les  voix  de  deux  Chiens  que  je 
reconnus  pour  les  avoir  rencontrés  bien  souvent  dans  les  bois  après 
la  fermeture  de  la  chasse. 

D'après  ce  que  je  jugeai,  l'animal  qui  venait  d'être  mis  sur  pied, 
devait  traverser  cette  partie  découverte  et,  en  effet,  une  Chevrette 
apparut  bientôt  ayant  à  ses  côtés  un  tout  jeune  faon  paraissant  déjà 
à  bout  de  forces  et  prêt  à  tomber  ;  la  mère  le  comprit  sans  doute, 
car  elle  se  mit  au  pas  et  se  penchant  vers  son  faon  elle  semblait 
l'encourager  à  faire  encore  un  effort.  Elle  s'arrêta  près  d'un  épais 
roncier  et  pendant  quelques  secondes,  la  tête  tournée  du  côté  de  ses 
ennemis,  les  oreilles  dressées,  manifestant  les  impressions  qu'elle 
éprouvait  par  quelques  coups  nerveux  de  ses  fines  pattes  sur  le  sol, 
elle  resta  là  comme  si  elle  était  décidée  à  attendre  les  deux  corniaux 
et  à  entamer  contre  eux  une  lutte  dans  laquelle  elle  ne  pouvait 
que  succomber  avec  son  jeune.  Je  m'applaudissais  de  m'être  trouvé 
à  point  nommé  pour  lui  venir  en  aide  et  je  me  préparais  à  couper 
ces  Chiens  en  maraude,  quand  la  Chevrette,  d'un  coup  de  tête, 
envoya  tout-à-coup  son  faon  rouler  en  plein  centre  du  fourré;  elle 
s'y  avança  légèrement  comme  si  elle  voulait  voir  s'il  était  suffisam- 
ment caché,  puis  se  redressant  avec  une  allure  qui  ne  dénotait, 
chez  elle,  aucune  frayeur,  elle  partit  par  bonds  sur  son  contre-pied 
au  moment  où  les  Chiens,  après  avoir  été  un  instant  en  défaut, 
débouchaient  du  grand  bois.  A  la  vue  de  la  Chevrette  qui  venait 
droit  sur  eux,  ils  s'élancèrent  en  hurlant  à  sa  rencontre,  mais  la 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901  01 

vaillante  faisant  alors  un  brusque  crochet,  bondit  et  disparut  dans 
un  épais  taillis  certaine  de  les  entraîner  acharnés  à  sa  poursuite. 

Par  la  voix  des  Chiens  qui  s'éloignait  de  plus  eu  plus  en  suivant 
une  ligne  droite,  je  compris  le  plan  qu'en  quelques  secoudes,  cette 
Chevrette  avait  combiné  pour  sauver  son  jeune.  Nul  doute  qu'elle 
allait  gagner  à  plus  de  deux  kilomètres,  après  avoir  sauté  la  route 
de  Chantilly  à  Gouvieux  et  s'être  fait  battre  dans  les  bois  broussail 
leux  de  la  Cage,  les  tourbières  de  la  Canardière  où  bien  souvent 
j'avais  vu  nos  Chiens  mis  en  défaut  par  des  Chevreuils  attaqués 
dans  les  Aigles. 

Lorsque  deux  heures  après  je  quittai  le  bois,  j'aperçus,  au  loin 
sur  la  route,  les  deux  corniaux  rentrant  au  village,  et  je  pensai 
qu'en  ce  moment  la  vaillante  mère  regagnait  promptement  l'en- 
droit où  elle  avait  laissé  son  faon,  en  lui  faisant  certainement 
comprendre,  dans  son  langage,  de  ne  pas  bouger  et  d'attendre  son 
retour. 

Je  termine  ici  mes  exemples ,  peu  nombreux,  ainsi  que  je 
l'annonçais  en  débutant,  mais  ne  sont-ils  pas  suffisants  pour  nous 
montrer  que  chez  les  animaux,  il  y  a  autre  chose  que  de  l'instinct. 

Que  voir,  en  effet,  dans  les  actes  que  certains  d'entre  eux  accom- 
plissent pour  écarter  le  plus  possible  de  leur  progéniture  les 
dangers  qui  les  menacent,  sinon  la  mise  en  action  de  facultés  dont 
l'Homme,  jusqu'ici,  s'est  souverainement  attribué  le  monopole. 

Refuser  de  l'admettre,  ce  serait  nier  l'évidence  même. 


BIBLIOGRAPHIE  ET  BIBLIOTHÈQUES 


PAK 


FR.    SECQUES, 

Archiviste-bibliothécaire  de  la  Société  Zoologique  de  France 

Beaucoup  de  notes  relatives  à  la  Zoologie  sont  publiées  dans  des 
recueils  contenant  les  sujets  les  plus  divers  et  pour  cette  raison  peu 
répandus  dans  des  bibliothèques  spéciales  comme  la  nôtre.  Ces 
travaux  resteront  donc  inconnus  si  leur  indication  bibliographique 
exacte  n'est  pas  mentionnée  dans  un  index  spécial  aussi,  mis  à  la 
portée  des  Zoologistes.  11  conviendrait  donc  de  favoriser  la  centra- 
lisation de  ces  documents,  soit  au  Concilium  bibliograpkicum  de 
Zurich,  soit  à  \a  Société  Zoologique  de  France,  qui  leur  donnerait  une 


H2  SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 

plus  grande  publicité.  Cette  mesure  pourrait  être  complétée  par 
une  innovation  appelée,  je  crois,  à  donner  toute  satisfaction  à 
ceux  que  leurs  travaux  obligent  à  des  recherches  bibliographiques 
longues  et  ennuyeuses. 

Jusqu'ici  en  effet  les  bibliothèques  ne  peuvent  être  considérées 
que  comme  des  magasins  de  volumes.  Un  travail  quelconque  omis 
dans  la  bibliographie  précédente  restera  donc  ignoré  du  zoologiste 
et  le  bibliothécaire  restera  impuissant  à  réparer  cette  erreur.  Il 
serait  donc  de  la  plus  grande  utilité  que  notre  bibliothèque  ren- 
fermât une  série  de  fiches  classées  méthodiquement  (et  le  système 
décimal  nous  paraît  réunir  tous  les  avantages)  ayant  trait  aux 
volumes  qu'elle  renferme.  Le  lecteur  en  quête,  non  pas  d'un 
volume  où  il  sait  trouver  un  renseignement  utile,  mais  de  toute 
une  bibliographie  à  créer  sur  un  sujet  qui  l'intéresse,  trouverait  à 
l'endroit  donné  toute  cette  bibliographie  concernant  les  volumes 
contenus  dans  la  bibliothèque  et  il  pourrait  quitter  le  magasin  de 
livres  absolument  assuré  qu'il  y  a  glané  tous  les  documents  utiles 
pour  son  travail. 

De  même  que  chaque  volume  contieut  une  table  des  matières 
des  notes  qui  y  sont  imprimées,  la  série  de  fiches  à  établir,  serait 
en  quelque  sorte  une  table  des  matières  de  la  bibliothèque. 


NOTES  DE  TÉRATOLOGIE 

PAR 

M.   NEVEU-LEMAIRE 
Préparateur  au  Laboratoire  de  Parasitologie  à  la  Faculté  de  médecine 

I.  —  DÉFORMATION  ET  ATROPHIE  PARTIELLE  DU  CRANE 

Crâne  de  Chevreuil  (Capreolus  capreolus  L.). 

Il  s'agit  d'un  crâne  de  Chevreuil  adulte  qui  m'a  été  remis  par 
M.  L.  Petit.  Les  os  de  la  face,  particulièrement  les  os  nasaux  et 
les  maxillaires,  sout  déformés  ou  plutôt  déjetés  du  côté  gauche.  Il 
est  très  facile  de  se  rendre  compte  de  cette  disposition  sur  la 
ligure  1,  qui  est  la  photographie  du  crâne  vu  de  face.  Cette  mal- 
formation rentre-t-elle  dans  le  domaine  de  la  tératologie  ;  il  est 
difficile  de  l'affirmer.  En  effet  elle  peut  être  due  à  un  trauma- 
tisme postérieur  à  la  naissance  de  l'animal  ;  mais  comme  elle  peut 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 


63 


aussi  s'être  produite  pendant  la  vie  intra-utérine,  j'ai   cru  inté- 
ressant de  la  signaler. 

Crâne  de  Chimpanzé  {Troglodytes  niger  L.  ). 

Ce  crâne  a  été  rapporté  de  l'Afrique  occidentale  par  M.  Bour- 
darie,  et  M.  Sf.cques  m'a  prié  de  l'examiner.  Il  présente  une  atro- 
phie partielle  ou  plutôt  une  hémiatrophie  de  la  plupart  des  os  du 
crâne  et  de  la  face  du  côté  droit,  ce  qui  lui  donne  un  aspect 
tout  à  fait  asymétrique  (fig.  2).  La  crête  de  l'occipital,  très  déve- 
loppée à  gauche,  n'existe  pas  à  droite.  L'os  malaire  et  surtout 
l'apophyse  zygomatique  sont  très  réduits  du  même  côté.  La  portion 


Fig.  1.  —  Crâne  de  Chevreuil. 


Fig.  2.  —  Crâne  de  Chimpanzé. 


orbitaire  du  frontal  est  également  atrophiée  du  côté  droit.  Mais 
l'os  le  plus  déformé  est  le  maxillaire  inférieur  ;  le  corps  de  cet  os 
ne  mesure  à  droite  que  9  centimètres  de  long  au  lieu  de  11  à 
gauche  et  sa  branche  montante,  également  très  raccourcie,  ne  me- 
sure que  6  centimètres  à  droite,  au  lieu  de  7  à  gauche.  Enfin 
l'angle  de  la  mâchoire,  le  condyle  et  l'apophyse  coronoïde  ont  subi 
du  côté  droit  une  atrophie  considérable.  Il  s'agit  certainement  là 
d'une  malformation  congénitale,  due  à  un  arrêt  de  développement 
d'une  moitié  du  crâne,  anomalie  inverse  de  celle  qu'on  a  signalée 
sous  le  nom  d'hypertrophie  unilatérale  du  crâne  et  que  l'on  peut 
appeler  atrophie  unilatérale. 


64 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 


II.   —  DEUX  CAS  DE  PSEUDENCEPHALIE 


Ces  deux  monstres  sont  nés  à  quelques  semaines  de  distance 
dans  le  service  de  M.  Bonnaire,  à  Lariboisière,  en  1898,  et  j'ai  pu  les 
étudier,  grâce  à  mon  ami  M.  Brumpt,  qui  remplaçait  alors  l'interne 
du  service.  L'un  deux  m'a  été  remis  intact  et  je  l'ai  placé  dans  le 
formol  ;  l'autre  n'a  pu  être  conservé  eu  entier,  mais  le  crâne  en  a 
été  préparé  par  M.  Brumpt. 

PREMIER   CAS 

C'est  un  enfant  du  sexe  féminin  mesurant  46  centimètres  de  lon- 
gueur ;  il  est  né  à  terme  et  a  vécu  quelques  heures.  Il  n'y  a  rien  à 
signaler  dans  les  antécédents  de  la  mère;  la  grossesse  et  l'accouche- 
ment ont  été  normaux.  Le  corps,  un  peu  plus  volumineux  que 


Fig.  3.  —  Monstre  pseudencéphalien  du  genre  noseneéphale  (premier  cas). 

celui  d'un  nouveau-né,  est  normalement  conformé.  La  tête  seule 
présente  un  aspect  particulier  ;  elle  est  pour  ainsi  dire  réduite  à  la 
face  ;  le  front  est  fuyant  et  à  la  place  que  devrait  occuper  le  crâne 
et  l'encéphale  se  trouve  une  petite  tumeur  molle  (fig.  3).  Cette 
tumeur,  qui  caractérise   les  monstres  pseudencéphaliens,  et   les 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 


65 


nosencéphales  en  particulier,  s'étend  sur  une  longueur  de  6  centi- 
mètres depuis  la  racine  du  nez  jusqu'à  la  région  occipitale  revêtue 
à  sa  partie  inférieure  de  quelques  cheveux  ;  elle  mesure  7  centimè- 
tres de  large  et  environ  2  centimètres  dans  sa  partie  la  plus  épaisse. 
Dans  son  ensemble  elle  a  la  forme  d'un  losange  ;  sa  surface  est 
légèrement  convexe  et  assez  lisse  bien  qu'on  y  remarque  quelques 
sillons  peu  profonds.  Cette  tumeur  à  l'état  frais  est  d'un  rouge  vif  ; 
elle  est  très  vasculaire  et  en  continuation,  en  arrière,  avec  la  pie- 
mère  spinale.  Sa  structure  est  assez  analogue  à  celle  des  tumeurs 
érectiles  et  on  n'y  rencontre  que  quelques  vestiges  de  substance 
nerveuse. 

Nous  allons  étudier  le  crâne  à  propos  du  second  cas  et  nous 
verrons  quel  aspect  singulier  il  présente. 

DEUXIÈME   CAS 

Ce  monstre,  du  sexe  féminin,  mesurait  47  centimètres  de  lon- 
gueur et  pesait  2560  grammes  à  sa  naissance.  Comme  le  précédent, 


Fig.  4.  —  Monstre  pseudencépliale  (deuxième  cas);  crâne,  vue  supérieure. 


il  n'a  pu  vivre  que  quelques  heures.  La  grossesse  et  l'accouchement 
se  sont  passés  normalement  et  la  mère  avait  eu  déjà  deux  garçons 


66 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  19Ul 


bien  constitués  et  actuellement  vivants.  Celle-ci  présentait  un 
mamelon  supplémentaire  de  6  millimètres  de  diamètre  très  rappro- 
ché du  seiu  droit.  Cet  individu  étant  identique  à  celui  que  nous 
venons  de  décrire  nous  ne  reviendrons  pas  sur  sa  conformation 
extérieure  et  nous  ne  nous  occuperons  que  du  crâne,  la  seule 
partie  qui  a  pu  être  conservée  et  aussi  la  plus  intéressante. 

Vu  par  la  face  inférieure,  ce  crâne  est  normal  et  tous  les  os  ont 
conservé  leurs  rapports  habituels.  Le  maxillaire  inférieur  est  bien 
conformé. 

La  face  supérieure  (fig.  4)  ne  ressemble  en  rien  à  celle  d'un  crâne 
normal  et  la  calotte  crânienne  fait  totalement  défaut.  On  n'aperçoit 
qu'un  plan  irrégulier  constitué  par  les  os  de  la  base  du  crâne  et 


Fig.  5.  —  Monstre  pseudencéphale  (deuxième  cas)  ;  crâne,  vue  latérale. 


limité  en  avant  par  le  bord  supérieur  des  orbites,  la  seule  portion 
qui  reste  du  frontal,  latéralement  par  deux  lames  minces  et  apla- 
ties, qui  représentent  les  pariétaux,  et  postérieurement  par  la  crête 
de  l'occipital,  toute  la  portion  de  l'os  située  au  dessous  de  cette 
crête  faisant  défaut.  C'est  directement  sur  la  base  du  crâne  ainsi 
limitée  que  reposait  la  petite  tumeur  qui  remplaçait  l'encéphale 
absent. 

Vu  par  sa  face  antérieure  et  par  ses  faces  latérales  (fig.  5),  le 
crâne  a  l'aspect  d'un  crâne  dont  on  aurait  enlevé  toutes  les  pièces 
osseuses,  qui,  dans  l'état  normal,  ferment  supérieurement  la  cavité 
crânienne.  Par  conséquent,  la  portion  écailleuse  des  temporaux 
manque  complètement. 

Enfin,  la  face  postérieure,  qui  mériterait  plutôt  le  nom  de  bord 
postérieur,  est  formée  uniquement  par  la  crête  de  l'occipital. 

Isidore  Geoffroy  Saint  Hilaire  a  étudié  deux  crânes  semblables 
à  celui  qui  nous  occupe  et  eu  a  donné  les  proportions  que  nous 
reproduisons  dans  le  tableau  suivant,  ainsi  que  les  mesures  que 
nous  avons  prises  sur  notre  exemplaire. 


SÉANCE    DU    2(î    FÉVRIER    1901 


K7 


INDICATION 

des 

PARTIES   MESURÉES 


Longueur  de  la  tète  osseuse 
prise  sur  la  ligne  médiane. 

Distance  du  bord  postérieur 
des  orbites  au  bord  posté- 
rieur du  crâne.    ..... 

Distance  du  bord  postérieur 
des  orbites  à  l'extrémité 
de  la  mâchoire  supérieure. 

Largeur  de  la  lête,  prise  dans 
la  région  orbitaire.    .   .    . 

Largeur  de  ia  tête,  prise  à 
la  partie  postérieure  du 
crâne  

Hauteur  de  la  lète,  prise  dans 
la  région  orbitaire.   .    . 

Hauteur  de  la  tête,  prise  à 
la  partie  postérieure  du 
crâne 


l'UI    Mil   H     CAS 

d'Isidore  Geoffroy 
S;iint-Hilaire 


Milliim  i. 


62 


35 

27 

47 

56 
22 

20 


DEUXIÈME  CAS 

d'l6idore  Geoffroy 
Saint-Hilaire 


Millimèti 

m 

37 

29 
49 

60 

T, 

29 


CAS  ACTUEL 


Millimètres 
72 

43 

29 
50 

55 
39 


Comme  oo  le  voit,  il  existe  une  grande  analogie  entre  tous  ces 
crânes,  qui  ne  présentent  que  quelques  modifications  de  détail, 
mais  sont  conformés  sur  le  même  plan.  La  dernière  dimension 
seule  varie  considérablement,  de  2  millimètres  à  20  et  même  à  29. 
Cela  tient  simplement  à  un  développement  un  peu  plus  grand  de 
l'occipital  et  par  conséquent  de  la  face  postérieure  du  crâne,  qui, 
chez  notre  exemplaire,  est  réduite  à  un  bord,  comme  nous  l'avons 
vu  plus  haut. 

Considérations  générales 

Voyons  maintenant  quelle  est  la  place  que  doivent  occuper  ces 
monstres  dans  la  classification  tératologique.  Ils  rentrent  tout 
d'abord  dans  la  famille  des  Pseudencéphaliens  caractérisée  par  un 
arrêt  de  développement  des  parois  du  crâne,  qui  restent  largement 
ouvertes  en  haut,  ainsi  que  par  l'arrêt  de  développement  des  vési- 
cules cérébrales  etde  l'encéphale,  remplacé  par  une  tumeur  molle(l). 

Ils  appartiennent  en  outre  au  genre  noxencéphale  (2),  ainsi  carac- 

(1)  Nous  n'avons  pas  eu  le  temps  d'étudier  cette  tumeur  au  point  de  vue  histo- 
logique  ;  cette  étude  fera  l'objet  d'une  communication  ultérieure. 

(2)  De  vo(to:,  maladie  et  e-pieçaXoç  encéphale. 


68  SÉANCE  DU  2(j  FÉVRIER  1901 

térisé  :  Encéphale  remplacé  par  une  tumeur  vasculaire  ;  crâne 
largement  ouvert  en  dessus ,  mais  seulement  dans  les  régions 
frontale  et  pariétale  :  trou  occipital  distinct. 

Cette  monstruosité  n'est  pas  rare  chez  l'Homme,  et  Isidore 
Geoffroy  Saint-Hilaire  en  cite  un  grand  nombre  de  cas.  Elle  se 
rencontre  au  contraire  très  rarement  chez  les  animaux. 

111.  —  MONSTRE  DOUBLE  XIPHO-1SCHIOPAGE 

Le  monstre  double,  dont  nous  allons  donner  la  description,  m'a 
été  apporté  au  printemps  dernier  par  M.  Guiou,  français  résidant 
à  Hong-Kong,  qui  voulut  bien  me  le  confier  quelque  temps  afin 
d'en  faire  l'étude. 

Ce  monstre  naquit  à  terme  d'une  femme  annamite  ;  malheureu- 
sement je  n'ai  pu  obtenir  aucun  renseignement  sur  ce  qui  survint 
pendant  sa  grossesse  ni  au  moment  de  l'accouchement.  Ce  qui  est 
certain,  c'est  que  les  deux  enfants  soudés  vinrent  au  monde  vivants, 
jouirent  d'abord  d'une  parfaite  santé  et  ne  périrent  qu'au  bout  de 
trois  mois,  non  de  mort  naturelle,  mais  empoisonnés  (1).  Leur 
organisation  était  donc  tout  à  fait  compatible  avec  la  vie,  mais  le 
sujet  me  fut  remis  dans  un  tel  état  de  décomposition  que  les  orga- 
nes étaient  réduits  à  une  niasse  informe  et  que  leur  étude  anatomi- 
que  a  été  impossible. 

Aussi  nous  contenterons-nous  de  décrire  l'aspect  extérieur  du 
monstre,  la  conformation  du  squelette,  et  de  lui  donner  la  place 
qui  lui  convient  dans  la  classification  tératologique.  Nous  termine- 
rons par  quelques  considérations  générales  sur  ce  genre  de  mons- 
truosité très  rare. 

Configuration  extérieure 

Les  deux  individus  ont  la  même  taille  et  mesurent  44  centimè- 
tres. La  partie  supérieure  du  tronc  et  la  tète  ne  présentent  aucune 
particularité.  11  existe  deux  tètes  et  quatre  bras  parfaitement 
distincts  et  conformés  normalement.  La  soudure  a  lieu  au  niveau 
de  l'appendice  xiphoïde  et  la  peau  de  la  poitrine  de  l'un  des  indi- 
vidus se  continue  saus  ligne  de  démarcation  avec  la  peau  de 
la  môme  région  de  l'autre  individu.  Cette  soudure  se  prolonge 
jusqu'à  la  partie  inférieur  du  tronc,  où  les  deux  corps  sont  intime- 
Ci)  11  est  très  rare  que  les  monstres  les  plus  voisins  de  ceux-ci,  les  ischiopages, 
vivent  plus  de  quelques  semaines.  On  ne  connaît  pas  d'exemples  d'une  plus 
longue  survie. 


SÉANCE  DU    2(î    FÉVRIER    1901 


(19 


ment  unis.  Il  u'y  a  qu'un  seul  ombilic.  Les  enfants  se  regardent 
face  à  face,  mais  chaque  tète  est  cependant  légèrement  tournée 
en  avant. 

Face  antérieure.  —  En  examinant  le  monstre  par  la  face  anté- 
rieure ou  un  peu  obliquement,  comme  le  représente  la  figure  6,  on 
remarque  que  la  portion  supérieure  du  corps  est  double  et  présente 
les  caractères  indiqués  ci-dessus,  tandis  que  l'abdomen  est  com- 


Fig.  6.  —  Monstre  double  xipho-ischiopage  ;  face  antérieure. 

mun  et  le  cordon  ombilical  unique.  De  l'abdomen  se  détachent 
deux  membres  inférieurs  normalement  conformés  ;  l'un  représente 
le  membre  inférieur  gauche  de  l'individu  de  droite,  l'autre,  le 
membre  inférieur  droit  de  l'individu  de  gauche.  En  effet,  nous 
appellerons  individu  de  droite  celui  qui  est  à  notre  droite  quand 
nous  regardons  la  figure  6  et  individu  de  gauche  celui  qui  est 
situé  à  notre  gauche.  Entre  ces  deux  jambes,  disposées  comme  si 
elles  appartenaient  à  un  même  individu,  se  trouvent  des  organes 
génitaux  femelles  :  une  vulve  avec  des  grandes  et  des  petites  lèvres 


Bull.   Soc.  Zool.  de  Fr.,  1901. 


xxvi.  —  7. 


70 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 


bien  conformées,   un  clitoris,   un  orifice   uréthral   et  un  orifice 
vaginal  dans  leurs  rapports  normaux. 

Mais,  de  même  que  les  deux  membres  abdominaux  appartiennent 
l'un  à  un  enfant,  l'autre  à  l'autre,  la  vulve  est  formée  de  deux 
moitiés  appartenant  chacune  à  un  individu  différent.  Ce  n'est  donc 
pas  l'appareil  sexuel  d'un  enfant  du  sexe  féminin,  mais  un  organe 


Fift.  7.  —  Monstre  double  xipho-ischiopage  ;  face  inférieure. 


appartenant  moitié  à  un  individu,  moitié  à  l'autre,  comme  cela  a 
lieu  chez  tous  les  monstres  ischiopages. 

Face  inférieure.  —  On  aperçoit  encore  mieux  la  conformation  de 
la  vulve  sur  la  face  inférieure  du  monstre  (fig.  7)  ;  on  y  voit  égale- 
ment un  peu  au  dessous  et  légèrement  déjeté  à  droite  un  anus 
commun,  où  aboutissait  sans  doute  un  rectum  unique.  A  côté  de 
l'anus  se  trouvent  deux  petits  appendices  cutanés  :  le  plus  rappro- 
ché, situé  à  gauche,  est  plus  petit  et  terminé  en  pointe  mousse  ;  le 
plus  éloigné  est  plus  grand,  à  contours  arrondis  et  aplati  contre  la 
paroi  du  corps,  mais  cet  aplatissement   semble    résulter    d'une 


séance  nu  26  FÉVRIER    1901  71 

compression  entre  la  paroi  du  bocal  et  celle  du  corps.  D'après  la 
situation  de  ces  deux  diverticules  et  aussi  d'après  la  forme  qu'ils 
devaient  avoir  durant  la  vie  du  monstre,  on  peut  penser  qu'il  s'agit 
de  rudiments  d'organes  génitaux  mâles;  le  plus  petit  serait  un 
péuis  atrophié,  l'autre  un  scrotum,  dans  lequel  les  testicules  ne 
seraient  point  descendus.  Malheureusement,  il  a  été  impossible 
de  trouver  les  organes  mâles  internes,  absolument  décomposés. 

De  la  face  inférieure  partent  trois  membres  abdominaux  ;  les 
deux  symétriques  situés  de  chaque  côté  de  la  vulve  sont  ceux 
que  nous  avons  décrits  précédemment  ;  le  troisième  plus  volumi- 
neux que  les  deux  autres  est  simple  jusqu'à  l'articulation  tibio- 
larsienne  ;  à  partir  de  cette  région,  il  devient  double.  Il  existe 
par  conséquent  une  cuisse,  une  jambe  et  deux  pieds  accolés  par 
leur  bord  interne  de  sorte  que  les  gros  orteils  se  touchent.  Ces 
pieds  présentent  chacun  cinq  orteils  assez  bien  conformés.  Le 
membre  tout  entier  semble  être  le  membre  inférieur  droit  de 
l'individu  de  droite,  mais  en  réalité  il  correspond  à  la  fois  à  celui-ci 
et  au  membre  inférieur  gauche  de  l'individu  de  gauche.  La  dupli- 
cité est  d'ailleurs  indiquée  par  la  présence  des  deux  pieds. 

Cette  réunion  de  deux  membres  abdominaux  en  un  seul  est  une 
anomalie  secondaire  que  l'on  rencontre  assez  souvent  chez  les 
ischiopages  et  qui  n'a  pas  encore  été  observée,  comme  le  fait 
remarquer  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire(I),  sur  les  deux  côtés  du 
double  corps.  Cette  anomalie  est  analogue  aux  monstruosités  symé- 
liques  ordinaires  et  peut  présenter  comme  celles-ci  divers  degrés. 
Dans  tous  les  cas,  la  réunion  se  fait  régulièrement,  chaque  partie 
d'un  membre  n'allant  jamais  se  joindre  qu'avec  son  homologue 
dans  l'autre  membre.  Il  existe  cependant  entre  la  symélie  propre- 
ment dite  et  celle  qui  accompagne  l'ischiopagie  des  différences 
importantes  :  C'est  d'abord  la  nature  mixte  du  membre  double 
qui  chez  les  ischiopages  appartient  toujours  en  commun  aux  deux 
individus  et  il  ne  peut  en  être  autrement,  ajoute  I.  Geoffroy  Saint- 
Hilaire.  puisque  chacun  d'eux  a  ses  deux  membres  rejetés  tout  à 
fait  latéralement  et  séparés  par  un  intervalle  considérable  qui 
rend  entre  eux  toute  réunion  impossible.  En  second  lieu,  dans  la 
symélie  unitaire,  les  deux  pieds  subissent  autour  de  leur  axe  une 
demi  révolution,  de  sorte  qu'ils  sont  unis  par  leurs  faces  externes, 
que  le  talon  est  situé  en  avant,  les  orteils  en  arrière  et  que  les  gros 
orteils  se  trouvent  externes  tandis  que  les  petits  sont  internes.  Or 

(t)  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire,  Histoire  générale  et  particulière  des  ano- 
malies de  l'organisation  chez  l'Homme  et  les  animaux  :  III,  p.  77-79.  Paris,  1836. 


72  SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 

cela  n'a  pas  lieu  chez  les  monstres  ischiopages,  où  les  deux  mem- 
bres s'accolent  par  leur  bord  interne  et  pur  conséquent  ont, 
comme  dans  l'état  normal,  leur  gros  orteil  en  dedans  et  leur 
talon  en  arrière.  C'est  en  effet  ce  que  nous  observons  chez  notre 
sujet. 

De  plus  dans  ce  cas  de  soudure  de  deux  membres  inférieurs, 
l'appareil  sexuel,  placé  à  la  base  des  membres  réunis,  présente 
généralement  une  conformation  très  vicieuse,  ce  qui  se  comprend 
aisément  puisqu'il  devrait  être  situé  entre  les  deux  membres 
fusionnés.  Il  est  donc  fort  probable  que  les  deux  organes  rudimen- 
taires,  qui  occupent  exactement  cette  situation  et  que  nous  avons 
décrits  plus  haut,  sont  bien  les  rudiments  d'un  appareil  génital 
mâle 

Face  dorsale.  —  Si  nous  examinons  maintenant  la  face  dorsale, 
nous  voyons  le  côté  droit  et  le  bras  droit  de  l'individu  de  droite, 
ainsi  que  le  côté  gauche  et  le  bras  gauche  de  l'individu  de  gauche. 
On  aperçoit  également  une  partie  du  dos  de  chaque  enfant.  Ici 
encore,  les  deux  individus,  distincts  dans  leur  moitié  supérieure 
sont  unis  dans  leur  moitié  inférieure,  de  sorte  qu'il  n'existe  à  ce 
niveau  qu'une  région  fessière  commune.  De  cette  région  se  détache 
le  membre  abdominal  fusionné  résultant  de  l'union  d'un  membre 
de  chaque  individu  et  qui  a  été  décrit  avec  la  face  inférieure. 

Squelette 

L'étude  du  squelette  n'a  pu  être  faite  que  d'après  la  dissection 
sommaire  de  certaines  régions  et  surtout  à  l'aide  de  la  radiogra- 
phie, qui  nous  a  fourni  de  précieux  renseignements,  et  que  nous 
devons  à  l'obligeance  de  M.  le  Dr  Dagincourt. 

Le  squelette  est  normal  sauf  au  niveau  de  l'appendice  xiphoïde. 
du  bassin  et  du  membre  abdominal  impair.  Etudions  successive- 
ment ces  trois  points. 

Les  deux  appendices  xiphoïdes  sont  soudés  par  leur  bord 
inférieur  ou  pointe;  ils  se  continuent  l'un  avec  l'autre  en  formant 
une  courbe  à  concavité  supérieure  recouverte  par  la  peau  et  à 
convexité  inférieure,  limitant  intérieurement  les  cages  thoraciques, 
qui  n'ont  subi  aucune  déformation. 

Les  deux  bassins  soudés  n'en  forment  plus  qu'un  seul  très  vaste 
(fig.  8).  Il  est  constitué  en  avant  par  l'os  iliaque  droit  de  l'individu 
de  gauche,  où  s'articule  le  membre  abdominal  correspondant  et 
par  l'os  iliaque  gauche  de  l'individu  de  droite,  où  s'articule  égale 
ment  le  membre  abdominal  correspondant,  et  symétrique.  De  chaque 


SÉANCK    DU    2(i    FÉVRIER    1901 


73 


côté  il  est  limité  par  un  sacrum  et  par  une  portion  des  os  iliaques 
précédents.  En  arrière,  il  est  formé  par  l'os  iliaque  gauche  de  l'in- 
dividu de  gauche  et  par  l'os  iliaque  droit  de  l'individu  de  droite, 
mais  ici  la  soudure  est  plus  intime  ;  les  os  sont  déformés  et  dimi- 
nués de  volume  et  les  deux  cavités  colyloïdes  confondues  en  une 
seule,  qui  reçoit  le  membre  abdominal  impair,  résultant,  comme 
nous  l'avons  vu  plus  haut,  de  la  fusion  de  deux  membres  apparte- 
nant chacun  à  un  individu  différent. 


Kig.  8.  —  Monstre  double  Xipho-ischiopage  ;  conformation  du  bassin. 


Ce  membre  abdominal  impair  est  formé  d'un  seul  fémur,  d'un 
tibia  et  d'un  péroné  uniques  mais  se  dédouble  au  niveau  du  tarse. 
La  radiographie  permet  de  voir  en  effet  que  les  os  du  tarse,  du 
métatarse  ainsi  que  les  phalanges,  sont  dédoublés.  Le  squelette 
des  deux  pieds,  accolés  par  leur  boni  interne,  est  donc  complet, 
mais  il  n'existe  pas  de  soudure  osseuse,  et  l'union  a  lieu  seulement 
par  l'intermédiaire  des  muscles  et  de  la  peau. 

Place  de  ce  monstre  dans  la  classification 

Ce  monstre  appartient  à  l'ordre  des  monstres  doubles  autositaires  : 
en  effet  les  deux  sujets  sont  sensiblement  égaux  et  ils  ont  dû  jouir 
pendant  leur  courte  existence  d'une  égale  activité  physiologique 
et  concourir,  aussi  bien  l'un  que  l'autre,  à  l'accomplissement  de 
toutes  les  fonctions  vitales. 


74  SÉANCE  DU  26  FÉVR1KR  1901 

T)q  divise  habituellement  cet  ordre  en  trois  tribus  :  1°  Les  axes 
longitudinaux  des  deux  corps  sont  sensiblement  parallèles;  2°  Ces 
axes  convergent  supérieurement  ;  3°  Ces  axes  convergent  intérieu- 
rement. 11  est  bien  certain  que  le  sujet,  qui  nous  occupe,  n'appar- 
tient pas  à  la  deuxième  tribu,  mais  appartient  il  à  la  première  ou 
à  la  troisième  ? 

A  première  vue,  surtout  si  ou  examine  la  figure  6,  les  axes  Ion 
gitudinaux  des  deux  corps  semblent  bien  converger  intérieurement. 
Cependant  la  convergence  n'est  pas  complète,  et  le  monstre  est 
encore  double  dans  la  partie  située  au  dessous  de  l'ombilic  puis- 
qu'on lui  compte  trois  jambes  et  quatre  pieds.  Or.  chez  les  monstres 
appartenant  à  la  troisième  tribu,  le  corps  devient  simple  à  partir 
de  l'ombilic  et  on  ne  trouve  qu'une  paire  de  membres  abdominaux 
complètement  développés  ;  rarement  il  existe  en  outre  un  ou  deux 
petits  appendices  rappelant  des  membres  rudimentaires. 

D'autre  part,  si  l'on  examine  les  deux  enfants  dans  la  position 
qu'ils  prendraient  habituellement  s'ils  vivaient,  on  voit  quelesaxes 
longitudinaux  de  leur  corps  deviennent  sensiblement  parallèles. 
Comme  de  plus  il  y  a  une  duplicité  très  nette  dans  les  membres 
inférieurs,  ce  monstre  appartient  à  la  première  tribu. 

Celle-ci  se  subdivise  elle-même  en  deux  familles:  les  ensompha- 
liens,  qui  présentent  deux  ombilics  et  deux  cordons  et  les  monom- 
phaliens,  qui  ont  un  seul  ombilic  et  dont  les  vaisseaux  ombilicaux 
sont  réunis  en  un  cordon  commun  ;  c'est  donc  dans  ce  dernier 
groupe  que  nous  devons  ranger  notre  sujet.  Or  d'après  la  descrip- 
tion que  nous  venons  d'en  donner,  il  ne  peut  rentrer  dans  aucun 
des  genres  de  cette  famille.  En  effet,  dans  le  genre  ischiopage,  les 
individus  sont  réuuis  par  la  région  pelvienne;  dans  le  genre 
riphopage,  ils  sont  unis  par  l'appendice  xiphoïde  ;  dans  le  genre 
sternopage,  la  réunion  a  lieu  sur  toute  la  longueur  du  sternum  ; 
dans  le  genre  ectopnge,  le  mode  d'union  est  le  même  mais  il  est 
accompagné  du  développement  inégal  des  parois  thoraciques,  de 
sorte  que  les  deux  individus  sont  placés  l'un  à  côté  de  l'autre  ; 
enfin  dans  le  genre  hémipage,  la  fusion  de  la  partie  supérieure  du 
thorax  est  accompagnée  de  celle  du  cou  et  de  la  face  avec  réunion 
des  deux  bourbes  en  une  seule. 

Le  monstre,  que  nous  venons  d'étudier,  n'appartient  à  aucun  de 
ces  genres  :  il  présente  cependant  à  la  fois  les  caractères  de  la 
xiphopagie  et  de  l'ischiopagie.  Certains  auteurs  font  de  ces  mons- 
tres, qui  ont  des  caractères  communs  à  deux  genres,  une  catégorie 
à  part  qu'ils  désignent  sous  le  nom  de  monstre*  doubles  complexes; 


SÉANCE   DU    26    FÉVIUER    1901  75 

je  crois  qu'il  est  plus  logique  de  faire  uu  genre  spécial,  que  nous 
appellerons  xip  ho -isehiopage  et  qui  viendra  s'intercaler  dans  la 
classification  entre  les  deux  genres  xiphopage  et  isehiopage. 

Je  ne  connais  qu'un  cas  semblable  observé  en  1863  par  Leroux. 
H  s'agit  d'un  monstre  humain,  présentant  deux  cavités  thoraciques 
indépendantes  avec  quatre  poumons  et  deux  cœurs  bien  conformés 
et  une  cavité  abdominale  unique. 

Considérations  générales 

Une  question  intéressante  se  pose  ;  les  [deux  sujets  sont-ils  de 
même  sexe  ou  de  sexe  différent  ? 

Les  monstres  doubles  qui  ne  possèdent  qu'un  ombilic  n'ont  qu'un 
seul  placenta  et  sont  renfermés  dans  des  enveloppes  fœtales  com- 
munes ;  ils  proviennent  par  conséquent  d'une  grossesse  gémellaire 
univitelline.  Or  tous  les  auteurs  admettent  que,  dans  les  cas  de 
grossesse  gémellaire  univitelline,  les  enfants  sont  de  môme  sexe. 

Notre  sujet  semble  faire  exception  à  cette  règle,  car  il  existe 
une  vulve  normalement  conformée  entre  les  deux  membres  abdo- 
minaux symétriques,  tandis  que  du  côté  du  membre  inférieur 
commun,  non  seulement  il  n'y  en  a  pas  trace,  mais,  il  existé  de* 
rudiments  d'organes  génitaux  externes  mâles.  Le  cas  qui  nous 
occupe  n'est  pas  unique  en  son  genre.  Boinet  (1)  rapporte  celui 
d'un  monstre  double  isehiopage,  qui  se  rapproche  beaucoup  du 
nôtre,  avec  cette  différence  que  la  soudure  est  limitée  au  bassin  et 
qu'il  existe  deux  paires  de  membres  abdominaux  complets.  Il  a 
décrit  ce  monstre  d'après  une  photographie,  sur  laquelle  il  est 
malheureusement  impossible  de  voir  les  deux  appareils  sexuels  ; 
on  distingue  parfaitement  d'un  côté  un  pénis  et  deux  testicules, 
mais  on  ne  voit  rien  de  l'autre.  Cependant  le  Dr  Ricard,  médecin 
sanitaire  à  Alexandrie,  qui  a  envoyé  la  photographie  et  l'observa- 
tion, affirme  que  l'un  de  ces  êtres  appartient  au  sexe  masculin  et 
et  l'autre  au  sexe  féminin. 

Bien  que  la  dualité  des  sexes  chez  les  monstres  doubles  monom- 
phaliens  ne  soit  pas  conforme  aux  données  de  la  tératologie,  l'obser- 
vation de  Boinet  et  la  mienne  viennent  modifier  l'opinion  générale- 
ment admise  et  je  pense  qu'il  ne  faut  pas  affirmer  d'une  manière 
absolue,  que  tous  les  jumeaux,  qui  proviennent  d'un  même  œuf  à 
deux  vésicules  germinatives,  sont  nécessairement  de  même  sexe. 

Une  autre  considération  très  curieuse  résulte  de  notre  étude. 
Nous  avons  vu  précédemment  que  la  vulve  unique  des  deux  sujets 

(11  Roinet,  Etudes  de  tératologie.  Archives,  provinciales  de  médecine,  1S90, 
p.  63.  "     ' 


76 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1901 


n'appartenait  pas  en  propre  à  l'un  d'eux,  mais  était  formée  de 
deux  moitiés  appartenant  chacune  à  un  individu.  Bien  que  l'organe 
mâle  soit  resté  à  l'état  d'ébauche,  il  appartient  également  par 
moitié  à  l'un  des  individus  et  par  moitié  à  l'autre.  De  cette  façon, 
il  est  impossible  de  dire  qu'il  s'agit  de  deux  enfants  de  sexe  diffé- 
rent, d'un  garçon  et  d'une  fille.  Faut-il  donc  les  considérer  comme 
des  hermaphrodites?  C'est  ce  que  l'étude  anatomique  du  sujet 
aurait  pu  nous  apprendre  si  les  organes  nous  étaient  parvenus 
dans  un  état  suffisant  de  conservation. 


PRÉSENTATION  D'UN  EMBRYON  DE  VIPERA  ASPIS, 
MONSTRE  ANOPHTHALME 


PAR 

HENRI    MARTIN 


Cette  monstruosité  très  rare  doit  s'expliquer  par  l'atrophie  pré- 
coce des  yeux.  Il  existe  en  elïet  dans  la  région  oculaire  présumable 
une  petite  fossette  longitudinale  qui  correspond  sans  doute  à  un 
travail  d'invagination. 


t.  Embryon  normal  (grandeur  naturelle)  d'un  stade  voisin  de  celui  désigné  anté- 
rieurement par  la  lettre  Q  ;  longueur  du  corps  =  9  cm,  8  ;  largeur  de  tête 
—  0  cm,  65  —  2.  Tête  du  même,  grossie.  —  3.  Embryon  anoplitlialme  de  la 
même  portée  (grandeur  naturelle)  ;  longueur  du  corps  =  5  cm,  2;  largeur  de 
tête  =  0  cm,  45.  —  4.  Tête  du  même,  grossie. 

Les  coupes  sériées  que  je  compte  faire  sur  cet  embryon  montre- 
ront le  degré  exact  du  développement  de  ces  yeux  ;  j'en  ferai  l'objet 
d'une  prochaine  communication. 


SÉANCE    DU    26    FÉVRIER    1!><H  77 


NOTES  DIVERSES  SUR  LE  GENRE  ZONABR1S  HAROLD 

MAURICE    PIC 

Zonabris  erivanicai'ï  v.  de  variabilis  Pal.).  Allongé,  hérissé  de 
poils  foncés,  noir  avec  les  élytres  jaune-roux  ornés  des  dessins 
noirs  suivants  :  une  macule  antérieure  située  au-dessous  du  calus 
humerai,  une  fascie  sinuée  située  en  dessous  du  milieu,  n'attei- 
gnant ni  le  bord  externe  ni  la  suture,  une  bande  apicale  large, 
sinuée  antérieurement  ;  antennes  courtes,  très  épaissies  à  l'extré- 
mité :  tète  déprimée  sur  le  front  ;  prothorax  assez  large,  très  peu 
diminué  antérieurement,  à  ponctuation  peu  forte  et  peu  écartée; 
élytres  à  ponctuation  assez  fine  et  dense.  Longueur  17  mm.  Armé- 
nie :  Erivan  (Korb,  in  coll.  Pic). 

Différent  de  variabilis  Payk.  par  son  dessin  élytral.  L'étude 
d'autres  exemplaires  est  nécessaire  pour  la  spécification  de  eri- 
vanica. 

Zonabris  akbesiana  Reitt.  Cette  espèce  rappelant  beaucoup  qua- 
dripunctata  v.  Adamsi  Fisch.,  s'en  distingue  cependant  à  première 
vue  par  le  dessin  élytral,  celui-ci  composé  à  l'extrémité  des  élytres 
d'une  macule  suturale  transversale  commune  et  sur  chaque  élytre, 
à  côté  de  celle-ci,  d'une  autre  macule  externe  touchant  le  bord 
latéral.  La  fascie  médiane  est  très  raccourcie,  peu  découpée. 

Je  possède  plusieurs  exemplaires  de  cette  espèce  recueillis  par 
M.  Gh.  Delagrange  à  Akbès,  dans  la  Haute-Syrie. 

Zonabris  externepunctata  Fald.  D'après  de  Marseul,  cette  espèce 
caucasique  a  4  macules  élytrales  noires  ainsi  disposées  1,  1,  2, 
mais  je  possède  un  exemplaire  de  Taurus  (que  M.  le  D1  Escherich 
a  vu  et  rapporté  à  cette  espèce)  qui  possède  6  taches  noires  (2,  2,  2)  ; 
je  nommerai  cette  variété  taurusiensis.  Z.  serena  Esch.,  d'après  la 
description  ou  la  figure  |  Wien.  Eut.  Zeit.  1899),  offrirait  un  dessin 
élytral  analogue  mais  la  première  macule  externe  n'est  pas 
allongée  et  les  médianes  paraissent  situées  moins  près  du  milieu. 

Zonabris  insignipennis  n.  sp.  Court  et  assez  large,  hérissé  de  poils 
noirs,  peu  brillant,  noir,  élytres  testacés  maculés  ou  fasciés  de 
noir;  tète  large,  tronquée-échancrée  en  arrière,  à  ponctuation 
forte  et  plus  ou  moins  espacée;  antennes  noires,  courtes,  n'attei- 
gnant pas  la  base  du  prothorax,  fortement  épaissies  à  l'extrémité  ; 

l'.nll.   So,-.  Zoo] .  il'-   hi-.,    1901.  xxvi 


78  SÉANCE  DU  20  FÉVRIER  1901 

prothorax  un  peu  plus  long  que  large,  bien  diminué  en  avant, 
sillonné  sur  la  base;  élytres  bien  plus  larges  que  le  prothorax,  rela- 
tivement courts,  uu  peu  élargis  en  arrière,  testacés  ,  ornés  des 
dessins  noirs  suivants  :  deux  macules  antérieures  disposées  obli- 
quement, l'externe  placée  plus  haut,  une  fascie  sinuée  médiane 
éloiguée  de  la  suture,  une  fascie  antéapicale,  parfois  interrompue 
de  chaque  côté;  pattes  noires,  courtes.  Long.  9  mill.  Algérie  :  Mos- 
taganem  (ex.  coll.  Leprieur).  Paraît  voisin  de  curta  Chevr.,  mais 
dessin  foncé  bien  différent,  élytres  sans  bordure  apicale  foncée,  etc. 

Zonabris  1  i~punct ata  Fischer  v.  1-punctata.  Les  quatre  macules 
antérieures  internes  manquent,  de  sorte  que  les  élytres  n'ont  que 
sept  taches  noires,  trois  externes  sur  chacun  et  la  macule  suturale 
commune.  Turkestan,  in  coll.  Pic. 

Zonabris  elegantissima  Qubk.  v.  anteactus.  Première  fascie  remon- 
tant sur  la  suture  et  s'unissant  à  la  macule  scutellaire.  Aulie-Ata 
(coll.  Pic). 

Zonabris  48-maculata  Mars.  Cette  espèce  paraît  rare,  elle  est 
signalée  par  de  Marseul  à  Tunis  et  en  Egypte  ;  en  Algérie  je  la 
connais  des  localités  suivantes:  Ain  Sefra  (Bleuse);  Guelt-es-Stel 
(Le  Comte,  in  coll.  Pic)  ;  Le  Hodna  (Leprieur). 

Zonabris  Khodjentica  Bail.  J'ai  reçu  de  M.  M.  le  Dr  Standinger  et 
A.  Bang  Haas,  provenant  du  Turkestan,  plusieurs  modifications 
de  cette  espèce,  parmi  lesquelles  je  nommerai  les  suivantes  :  la 
var.  mediojuncta  caractérisée  par  la  macule  interne  jointe  à  la  fascie 
médiane,  la  var.  subinterrupta  caractérisée  par  la  fascie  antéapicale 
décomposée  en  macules;  enfin  les  exemplaires  présentant  la  farie 
médiane  décomposée  se  rapportent  à  la  var.  mediopunctata. 


Ouvrages  offerts 

E.  Akrigom  degli  Oddi,  Note  bibliogra fiche  ;  Atti  del  Real  lstiluto  Venelo  di 
scienze  lettere  ed  arti,  22  aprile  1900 

Dr  P.  Ballion,  La  mort  chez  les  animaux.  Zoopsychologie  et  Zooéthique  ; 
in-8»,  70  p.  Bazas,  1900. 

C.  Bkrg,  Rectificaciones  y  anolaciones  a  la  «  Sinopsis  de  los  FJemiptcros  de 
Chile  »  de  Edwyn  C.  Reed  ;  Ann.  del  Museo  nacional  de  Buenos-Aires,  VII,  1900. 

1.  F.  Bernard,  Recherches  sur  les  organes  palléaux  des  Gastéropodes  Lamelli- 
branches ;  in-8»,  404  p.  et  9  pi.  Paris,  1890. 

2.  Id.,  Recherches  sur  Valvata  piscinalis  ;  Bull,  scientif.  de  la  France  et  de  la 
Belgique,  XXII,  p.  253-361  et  pi.  XII-XX,  1890. 

3.  Id  ,  Deuxième  note  sur  le  développement  et  lu  morphologie  de  la  coquille 


SBANCI  DU  2fi    FÉVR1KR  1901  7U 

chez  les  Lamellibranches  [Taxodonles)  :  Bull.  Soc.  Géol.  de  France  (3),  XXVI 
p.  84-82,  1896. 

4.  Scioberetia  australis,  type  nouveau  de  Lameliibranche  .•  Bull,  scientif.  de  la 
France  et  de  la  Belgique,  XXVII,  p.  364-395  et  pi.  XIII-XV,  1896. 

">.  lu.,  Quatrième  et  dernière  note  sur  le  développement  et  la  morphologie  de 
la  coquille  chez  les  Lamellibranches  ;  Bull.  Soc.  géol.  de  France,  (3),  XXV, 
p.  559-566,  1897. 

6.  In.,  Sur  quelques  coquilles  de  Lamellibranches  de  l'Ile  Saint-Paul  ;  Bull. 
du  Mus.  d'hist.  natur.  de  Paris,  n°  2,  p.  78,  1898. 

1.  H.-W.  Brôlemann,  Myriapodes  cavernicoles,  descriptions  d'espèces  nou- 
velles ;  Ann.  de  la  Soc.  entomol.  de  France,  1er  trini.  1900. 

2.  Id.,  Myriapodes  recueillis  en  Espagne  par  le  P.  J.  Pantel  ;  Bull,  de  la  Soc. 
entomol.  de  France,  n°  6,  1900. 

3.  Id.  Notes  myriapodologiques ;  Zoologischer  Anzeiger,  XXIII,  n°  612,  avrill900. 

4.  Id.,  A  propos  des  Doppelmannchen  ;  Ibidem,  17  déc.  1900. 

5.  Id.,  Dous  Myriapodos  notaveis  do  Brazil,  notas  myriapodologicas  ;  in-8°, 
p.  65-71,  1898. 

H. -A.  Bryden,  Ward's  Reedbuck  (Cervicapra  redunca  Wardi);  Great  and  small 
Game  in  Africa  London  s.  d. 

G.  Buchet,  Considérations  sur  les  conditions  favorables  au  dosage  du 
Plankton  de  surface  en  haute  mer  ;  Bévue  scientifique,  7  juillet  1900. 

Ed.  Chevreuv,  Diagnosc  d'un  Crustacé  Amphipode  nouveau  de  la  famille  des 
Slenolhoidae  Parametopa  Kervillei  nov.  gen.  et  sp.,  capturé  au  moyen  d'une 
nasse  par  M.  H.  Gadeau  de  Kerville,  dans  la  région  d'Omonvitle-la-Rogue 
{Manche)  ;  Bull,  de  la  Soc  des  Amis  des  se.  natur.  de  Bouen,  7  fév.  1901. 

L.  Cosmovici,  Cursul  de  Zoologie  descriptivâ  ;  Classificarea  animalâ  ;  in-16, 
27  p.  lasi,  1899. 

H.  Coutière,  Poissons  venimeux  et  Poissons  vénéneux  ;  in-8",  221  p.,  Paris  1899. 

E.  Foa,  La  traversée  de  l'Afrique.  Du  Zambèze  au  Congo  français,  in-16, 
323  p.  et  1  carte,  Paris,  1900. 

1.  H.  Gadeau  de  Kerville,  Description  et  figuration  d'Actiniaires  monstrueux 
de  l'espèce  Aclinoloba  dianthus  (Ellis)  par  feu  l'abbé  Dicquemare,  du  Havre; 
Bull,  de  la  Soc.  des  Amis  des  se.  natur.  de  Bouen,  2e  sem.  1899,  avec  1  pi. 

2.  Sur  un  Pic  épeiche  Picus  major  L.,  atteint  d'albinisme  imparfait  ;  Ibidem, 
i«  fév.  1900. 

3.  Id.,  Description,  par  M.  l'abbé  J.-J.  Kieffer,  d'une  nouvelle  espèce  de  Diptère 
marin  de  la  famille  des  Chironomidés  Clunio  bicoloret  renseignements  sur  cette 
espèce,  etc.  ;  Ibidem,  8  novembre  1900. 

4.  Id..  L'accouplement  des  Coléoptères  ;  Bull,  de  la  Soc.  entomol.  de  France, 
n"  4,1900. 

5.  Id.,  Oie  domestique  à  tête  anormale  (av.  2  lig.)  ,  Le  Naturaliste,  15  nov.  1900. 

6.  Id.  Les  jeux  des  Oiseaux:  La  Science  française  et  la  Science  pour  tous, 
16  mars  1900. 

J.  Guiart,  Contribution  à  l'étude  des  Gastéropodes  Opisthobranches  et  en 
particulier  des  Céphalaspides  ;  in-8»,  et  219  p.  et  7  pi.,  Lille,  1901. 

1.  Ch.  Janet,  Sur  le  mécanisme  du  roi  chez  les  Insectes  ;  C.  B.  23  janv.  1899. 

2.  Id.,  Essai  sur  la  constitution  morphologique  de  la  tête  de  l'Insecte  ;  in-8°, 
74  p.  et  7  pi.,  Paris,  1899. 

A.  Lameere,  Note  pour  la  classification  des  Coléoptères  ;  Ann.  de  la  Soc. 
entomol.  de  Belgique,  XLIV,  1900. 


80  SÉANCE   DU    26   FEVRIER    1901 

•>.  Id.,  Manuel  de  la  Faune  de  Belgique  :  in-8°,  S57  p.,  Bruxelles,  19Û0. 

1.  K.  M.  Levander,  Liste  uber  im  Finnischen  Meerbusen  in  der  Urngebung 
von  Helsingfors  beubachlele  Protozoen  ;  Zoologischer  Anzeiger,  no  449,  1894. 

2.  In.,  Kleine  Beitrdge  zur  Kenntniss  des  Thierlebens  urtter  dicker  Eisdecke 
m  einigen  Gevassern  Finlands ,  Ofvers.  ur  Meddelanden  af  Soc.  pro  Fauna  et 
Flora  fennioa,  "avril  1894. 

K.  Môbius  Ûber  die  Grundlagen  der  aesthetischen  Beurtheiiung  der  Sauge- 
llnere  :  Sit/ungsb.  der  Kùnig.  preussisch.  Akademie  der  Wissensch.  zu  Berlin, 
XIV,  1900. 

H.- A.  Morgan,  Ticks  and  texas  fever  ;  Bull,  oi  the  Louisiana  state  University 
and  A.  et  M.  Collège,  (2),  n»  56,  Bâton  Bouge,  La.,  1899. 

Morgan,  Dalrymple  et  Douson,  Caille  tick  and  texas  fever,  Ibidem,  n°  51,  189s 

A.  Pellegrin,  Les  Poisson*  vénéneux  ;  in-8",  121  p.,  Paris,  1899. 

(i.  P.  Piana  el  P.  Stazzi,  Elininti  intestinal)  ili  unu  Elephantessu  ;  Archives 
de  parasilolo^ie,  111,  n°  3,  1900. 

1.  F.  Plateau.  Expériences  sur  l'attraction  des  insectes  par  les  étoffes  colorées 
ri  les  objets  brillants  ;  Ann.  de  la  Soc.  entomol.  de  Belgique,  XLIV,  1900. 

2.  In.,  Observations  sur  le  phénomène  de  la  constance  chez  quelques  Hyme- 
noptères;  Ibidem,  XLV,  1901. 

X.  Raspail,  Le  Hanneton  (Melolontha  vulgaris)  au  point  de  vue  de  sa  pro- 
gression dans  les  années  intermédiaires  de  ses  cycles  ;  Bull,  de  la  Soc.  nation, 
d'acclimatation,  avril,  1900. 

1.  F.  Sahut,  La  défense  du  nu  et  lit  découverte  du  Phylloxéra  .  in-8°,  Mont- 
pellier, 1900. 

2,  La  défense  du  vin  et  le  Phylloxéra,  in-8°,  36  p..  Montpellier,  1900. 

G.  G.  Sars,  du  arc, mut  of  the  Crustacea  of  Norway,  III,  n°"  V-VIII,  Bergen, 
1900. 


81 


Séance  du   i  j.   Mars   i  go  i 
PRÉSIDENCE  DE  MM    TROUESSART  ET  HÉROUÀRD 

\l.  Bavaj  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

MM.  Fayette  et  Mitchell,  présentés  à  la  précédente  séance,  sont 
proclamés  Membres  de  la  Société. 

MM.  Y.  Delage  et  E.  Hérouard  présentent  M.  le  Dr  Joyeux-Laffuie, 
professeur  de  Zoologie  a  la  Faculté  des  Sciences  de  Caen  (Calvados). 

M.  le  Secrétaire  général  doune  lecture  d'une  lettre  de  M.  le  Pré- 
sident du  Congrès  Zoologique  international  de  Berlin,  priant  la 
Société  Zoologique  de  France  de  vouloir  déléguer  un  certain  nombre 
de  ses  Membres. 

MM.  R.  Blanchard,  Y.  Delage,  Desalle,  Guiart,  Hérouard, 
A.  Janet  et  Neveu-Lemaire  sont  délégués. 

L'Union  Zoologique  italienne  convie  les  Membres  de  la  Société 
Zoologique  de  France  à  se  rendre  au  Congrès  des  Zoologistes  italiens 
qui  se  tiendra  à  Naples  du  10  au  13  avril  prochain.  Un  rabais  de 
30  à  oO  %  est  consenti  par  tous  les  chemins  de  fer  et  compagnies 
de  navigation  italiens.  Des  excursions  auront  lieu  à  Pompéïetdans 
le  golfe  de  Naples  (Baïa.  Capri  et  Sorrento). 

M.  le  Dr  Laveran  remercie  de  son  élection  en  qualité  de  Membre 
honoraire. 

M.  Fr.  Secques  fait  passer  sous  les  yeux  des  membres  présents 
une  photographie  représentant  des  fouilles  faites  dans  la  propriété 
de  M.  Chevillot,  dans  les  environs  de  Bône  (Algérie).  Chaque  jour, 
dans  cette  propriété,  sous  les  ruines  de  l'ancienne  Hippone,  sont 
mises  à  découvert  de  superbes  mosaïques  où  les  animaux  rentrent 
pour  une  grande  part  dans  la  décoration.  Il  y  a  quelques  années 
Y  Académie  d' Hippone  a  publié  une  de  ces  mosaïques  restaurée. 
Celle  que  M.  Fr.  Secques  a  photographiée  en  novembre  dernier  et 
qui  venait  seulement  d'être  découverte,  tout  en  présentant  moins 
d'intérêt  au  point  de  vue  zoologique,  est  digne  d'être  admirée.  Il  est 
intéressant  de  remarquer  combien  la  Zoologie  a  inspiré  les  artistes 
des  temps  anciens. 

M.  le  D1  Trouessart  fait  une  communication  sur  le  mimétisme 
du  pelage  chez  le  Léopard,  le  Tigre  et  plus  particulièrement  la 
Girafe.  M.  HÉRouARn  le  remplace  au  fauteuil  présidentiel. 


82 


SÉANCE    DU    l'2    MARS    190 1 


M.  le  Dr  Neveu-Lemaire  fait  une  communication  sur  une  particu- 
larité anatomique  de  la  trachée  du  Paresseux. 


SUR  DEUX  ESPÈCES.  FORMANT  UN  GENRE  NOUVEAU. 
DE  SARCOPTIDES  DÉTRITICOLES  PARASITES  DES  FOURRURES. 


FAK 


LE    D'    E.    TROUESSART 


En  1897,  M.  Petit  aîné,  membre  de  la  Société  Zoologique  de 
France,  ayant  bien  voulu  me  remettre  des  poussières  recueillies  sur 
des  peaux  de  Mammifères  préparées  et  plus  ou  moins  attaquées  par 
des  Insectes  ou  Acariens  rongeurs,  j'ai  découvert  parmi  ces  débris 
deux  espèces  de  Sarcoptides  détriticoles  présentant  les  caractères 
d'un  genre  nouveau  pour  lequel  j'ai  proposé  le  nom  de  Mealia. 

Ces  deux  espèces  ont  été  figurées,  d'après  mes  préparations,  par 
M.  A.  Berlese  dans  ses  Acari,  Myriopoda Scorpiones  que  hueusque  in 
llalia  reperta,  1897,  fasc.  XCII,  pi.  3  et  4.  Je  crois  utile  d'en  donner 
ici  la  diagnose  en  français.  Il  est  probable  que  les  espèces  de  Tyro- 
glyphinœ  vivant  dans  les  mêmes  conditions,  indigènes  ou  exotiques, 
sont  plus  nombreuses  qu'on  ne  l'a  supposé  jusqu'ici,  et  il  y  aurait 
lieu  d'étudier  de  plus  près  leurs  formes  et  leur  genre  de  vie. 

Subfam.  :  Tyroglyphinae 

Mealia  gen.  nov. 

(Etymologie  :  Nom  propre  de  fantaisie) 

Mealia  (Trouessart,  in  litteris),  Berlese,  Acari,  etc.  in  Italia  reperta, 
1897,  fasc.  XCII,  pi.  3  et  4;  Cryptostigmata  (Sarcoptidae),  p.  101. 
104. 

Caractères.  —  Pattes  de  la  3e  paire  plus  longues  et  plus  fortes 
que  celles  de  la  4e,  mais  à  peine  plus  fortes  que  celles  des  deux 
paires  antérieures,  chez  le  mâle:  celles  de  la  4e  paire  plus  ou 
moins  sous-abdominales.  Pas  de  ventouses  génitales  dans  les  deux 
sexes,  mais,  chez  le  mâle,  une  paire  de  ventouses  copulatrices 
entourées  d'un  cadre  chitineux  complet.  Sillon  thoracique  bien 
marqué.  Ambulacres  munis  d'un  ongle  médian. 


SÉANCE   Dl     12    MARS    1901  83 

Ce  genre  est  voisin  de  Chortoglyphus  (Berlese,  1884),  par  ses 
ambulacres  munis  d'une  membrane  triangulaire  et  d'un  ongle 
petit,  inséré  sur  le  bord  libre  de  cette  membrane.  Les  proportions 
relatives  des  pattes  postérieures  le  rapprochent  des  genres  de  Sar 
coptides  plumicoles  Pteronyssus  (Robin)  et  Dermogtypkus  (Mégnini 
ou  l'aralges  (Trt).  Il  se  distingue  de  Chortoghjphua  par  ce  dernier 
caractère,  par  l'absence  de  ventouses  génitales  et  de  tubercules  au 
tarse  de  la  4e  paire  chez  le  mâle,  enfin  par  la  forme  de  la  vulve 
i  thocostome)  dont  l'ouverture  est  longitudinale  et  non  transversale, 
et  par  les  autres  caractères  propres  à  ce  dernier  genre. 

Deux  espèces. 

1.   Mealia  pteronyssina  sp.    n. 
Berlese.  Acari,  etc.,  l.c,  1897,  fasc.  92,  pi.  3. 

De  forme  allongée,  la  plaque  de  l'épistome  ne  recouvrant  que  la 
hase  du  rostre  :  abdomen  entier  dans  les  deux  sexes.  Epimères 
antérieurs  libres  ;  plaque  de  l'épistome  arrondie  en  avant  ;  plaque 
notogastrique  recouvrant  tout  l'abdomen  :  une  seule  paire  de  poils 
longs  sur  la  plaque  de  l'épistome  et  une  autre  sur  les  flancs,  après 
le  sillon  thoracique. 

Mâle  à  pattes  de  la  3e  paire  plus  fortes  que  les  autres  dépassant 
légèrement  l'extrémité  de  l'abdomen;  celles  de  la  4e  plus  faibles, 
légèrement  sous-abdominales,  n'atteignant  pas  cette  extrémité. 
Bord  postérieur  de  l'abdomen  coupé  carrément,  portant  de  chaque 
côté  quatre  poils  dont  les  dimensions  vont  en  décroissant  dans 
l'ordre  suivant  3,  1,  2,  4.  ce  dernier  le  plus  externe,  très  court. 
Ventouses  copulatrices  situées  à  l'extrémité  de  l'abdomen,  de 
chaque  côté  de  l'anus  et  entourées  avec  lui  d'un  cadre  arrondi. 
Pénis  assez  fort,  conique,  entre  les  epimères  de  la  4e  paire. 

Femelle  en  ovale  allongé,  l'abdomen  portant  deux  paires  de  longs 
poils  ;  pattes  postérieures  plus  grêles  que  celles  des  deux  paires 
antérieures  et  beaucoup  plus  courtes  que  l'abdomen.  Thocostome 
situé  entre  les  epimères  des  pattes  postérieures,  surmonté  d'un 
épigynium  en  demi-cercle. 

Longueur  totale  :  mâle  :  0llim30;  femelle  :  0mm4<>. 

Habitat.  —  Sur  des  peaux  de  Mammifères  préparées  et  attaquées 
par  des  Insectes  rongeurs  (par  M.  Petit  aîné,  de  Paris). 


84  SÉANCE    1>L'    12   MARS    1901 

2.   Mealia  longiorsp.  n. 
Berlese,  Acari,  etc.,  I.  c.    1897.  fase.  92,  pi,  4. 

En  ovale  très  allongé,  l'abdomen  entier,  atténué  en  arrière,  la 
plaque  de  l'épistome  se  prolongeant  en  avant  sous  forme  de  pointe 
bifide  et  cachant  le  rostre  :  d'ailleurs  semblable  à  l'espèce  précé- 
dente ;  les  épimères  antérieurs  courts,  très  écartés. 

Mâle  ayant  les  pattes  de  la  3e  paire  à  peine  un  peu  plus  fortes  que 
celles  des  paires  antérieures  et  n'atteignant  pas  l'extrémité  de 
l'abdomen  ;  celles  de  la  4?  paire  plus  courtes  et  plus  grêles,  forte 
ment  sous-abdominales,  alors  que  celles  de  la  3e  le  sont  déjà 
légèrement.  Abdomen  fortement  rétréci  en  arrière,  échancré  sur 
les  côtés,  l'extrémité  coupée  carrément  et  portant  une  seule  paire 
de  poils  assez  longs  en  dehors.  Ventouses  copulatrices  assez  éloi- 
gnées de  l'extrémité  de  l'abdomen  entourées  d'un  cadre  elliptique 
ou  cordiforme,  lancéolé  surtout  en  avant.  Pénis  grand,  droit, 
soutenu  de  chaque  côté  par  un  épi  mérite  en  S,  situé  entre  les 
pattes  de  la  4e  paire. 

Femelle  inconnue. 

Long.  tôt.  (du  mâle)  :  0mm26. 

Habitat.  —  Sur  des  peaux  préparées  et  attaquées  par  des 
Moisissures  (par  M.  Petit  aîné,  de  Paris). 


m 


Séance  du   jli  Mars   i</oi 
PRÉSIDENCE  DK  M.  LE  !>'  TROUESSART,  PRÉSIDENT. 

M.  le  Président  adresse  les  félicitations  de  la  Société  à  M.  E. 
Olivier,  nommé  membre  correspondant  de  la  Société  nationale 
d'Agriculture  de  France  (section  d'Histoire  uaturelle  agricole).  Il 
remercie  également  M.  Rollinat  qui  vient  de  s'inscrire  comme 
Membre  à  vie  de  la  Société  Zoologique  de  France. 

MM.  R.  Blanchard  et  Rotrou  présentent  M.  Henri  Beauclair, 
médecin  vétérinaire,  maire  de  la  commune  de  Cherré  (Sarthe). 

M.  le  professeur  Joyeux-Laffuie,  présenté  à  la  précédente  séance, 
est  proclamé  membre  de  la  Société. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  connaissance  d'une  lettre  du 
Comité  de  la  Société  zoologique  et  botanique  de  Vienne  invitant  la 
Société  Zoologique  de  France  à  se  faire  représenter  aux  fêtes  du 
Cinquantenaire  de  sa  fondation,  qui  auront  lieu  le  30  mars  1901. 

En  vertu  d'une  récente  décision  du  Conseil,  M.  Steindachneu, 
directeur  du  Musée  d'Histoire  Naturelle  de  Vienne,  a  été  chargé  de 
vouloir  bien  représenter  la  Société  Zoologique  de  France. 

M.  le  professeur  Y.  Delage  fait  une  communication  sur  un 
projet  de  réforme  des  désinences  employées  dans  la  nomenclature 
zoologique.  L'établissement  delà  nomenclature  binaire  a  constitué 
un  grand  progrès  en  zoologie,  mais  en  ce  qui  concerne  les  dési- 
nences des  groupes,  l'arbitraire  règne  en  maître.  MM.  Y.  Delage  et 
Hérouard  ont  donc  pensé  qu'il  y  aurait  lieu  d'établir  des  règles. 
On  se  heurtera  naturellement  à  des  difficultés  considérables,  mais 
ces  difficultés  n'ont  pas  rebuté  les  chimistes  et  il  faudra  que  cette 
réforme  soit  faite  tôt  ou  tard  en  zoologie. 

Les  désinences  qu'ils  proposent  sont  basées  sur  ces  principes  : 
1°  que  chaque  groupe  doit  être  caractérisé  par  une  particularité 
dans  la  désinence  ;  2°  que  ces  désinences  doivent  se  compliquer  en 
allant  des  grands  groupes  aux  plus  petits  ;  3°  qu'elles  doivent 
suivre  l'ordre  de  l'alphabet. 

La  nomenclature  proposée  serait  la  suivante  : 

Le  nom  d'embranchement  se  terminerait  toujours  en  a 

—  sous-embranchemeni  —  * 

—  classe  —  ia 


86  SÉANCE   DU    26   MARS    19U1 

Le  nom  de  sous-classe  se  terminerait   toujours  eu      ise 

—  ordre  —  idn 

—  sous-ordre  —  id& 

—  tribu  —  in  a 

—  sous-tribu  —  iuip 

—  famille  —  isa 

—  sous- famille  —  isse 
genre  —  us 

Cette  dernière  modification  a  pour  effet  d'éviter  à  coup  sur  que 
le  nom  d'un  genre  se  trouve  identique  à  quelque  nom  de  groupe, 
ce  qui  arrive  quelquefois  actuellement. 

Les  noms  en  us  ainsi  obtenus  :  Ranus,  Bonus  (pour  Rana,  Bos) 
sembleront  constituer  des  barbarismes  grossiers  et  quelques 
personnes  pourraient  voir  là  une  raison  suffisante  de  rejeter  la 
modification  proposée.  Pour  répondre  à  cette  objection,  il  suffit  de 
remarquer  qu'on  ne  considérerait  pas  le  nom  générique  comme  le 
nom  latin  du  genre,  mais  comme  un  mot  nouveau,  empruntant  au 
nom  latin  du  genre  son  radical  auquel  on  ajoute  une  terminaison 
formant  avec  le  radical  un  cas  nouveau  de  la  déclinaison,  le  cas 
taxinomique.  En  réalité  Grenouille  ne  se  dit  pas  en  latin  Baim. 
mais  Ran  auquel  on  ajoute  ces  terminaisons  :  Ran-a  la  Grenouille, 
Ban-arum  des  Grenouilles,  Ran-is  aux  Grenouilles,  Ban-us  le  genre 
des  Grenouilles.  Parfois  cette  désinence  se  trouvera  être  la  même 
que  celle  d'un  des  cas  grammaticaux,  ce  qui  arrive  déjà  pour 
d'autres,  tels  que  le  nominatif  et  l'accusatif  des  noms  neutres,  etc.. 


SUR  UNE  ESPÈCE  NOUVELLE  D'IDEOBISIUM 
GENRE    DES    PSEUDOSCORPIONS    DE    L'EUROPE 


l'AK 


EDV.    ELLINGSEEN 
de  Kragerô  (Norvège). 

Le  célèbre  connaisseur  de  Pseudoscorpions,  Luigi  Balzan (1)  créa, 
en  1890,   un   genre  Ideoroncus  avec  l'espèce  Id.  pallidus,  Pseudo- 

(1)  Luigi  Balzan,  Revisione  dei  Pseudoscorpioiii  del  bacino  dei  Hunii  Paranà  et 
Paraguay  nell    America  méridionale,  Genova,  1890. 


SÉANCE  DU   2li   MARS   1901  87 

scorpion  sud-américain,  qui,  malgré  sa  ressemblance  avecObisiMes, 
avait  les  chélicères  pourvues  d'une  galea  vraie  :  «  una  apofisi  assai 
lunga  ed  esile,  e  semplice  ».    En  1891  (1)  une   connaissance   plus 
étendue  de  ces  formes  le  porta  à  créer  dans  son  second  sous-ordre 
Emichenodactyli,  une  famille  nouvelle  :  les  P&eudobisiidae,  contenant 
les  espèces  qui  se  distinguaient  par  les   particularités  ci  dessus 
nommées.  Il  caractérisa  ainsi  la  famille  :  Chelœ  mediocri  magnitu- 
dine,    oet  maximœ,   ànte  apicem    super  digitum    mobilem  processu 
pellucido  subuliformi  vel  furcilliformi,  prœditœ.  —  Il  divisa  cette 
famille  en  deux  sous-familles  :  Pseudobisiinae  et  Microcreagrinae 
avec  des   caractères  distinctifs  assez  faibles.   La   première  sous- 
famille  avait  quant  à  la  galea  :  Chelœ,  mediocri  magnitndine,  ante 
apicem,  super  digitum  mobile»)  processu  pellucido  subuliformi,  plus 
minusve  longo.  prœditœ.  La  seconde  sous-famille,  les  Microcreag- 
rinae, avait  :  Chelœ   maximœ,   ante  apicem  super  digitum.  mobilem 
processu  pellucido  hreri,    in  apicem   furcilliformi,  armatœ.    Ce   qui 
distinguait  d'ailleurs  le  plus  les  deux  sous-familles,  c'était,  que  les 
Pseudobisiinae  avaient  pour  le  céphalothorax  :  margo  superior  ex 
medio,  super  magines  latérales  utrinque  paulum  inclinatus,  et  que  les 
Microcreagrinae  avaient  :  superior  margo  ex  medio,  super  margines 
latérales  utrinque  inclinatus.  Si  on  donne  à  ces  caractères  assez 
d'importance  pour  distinguer  entre  ces  deux  sous-familles,  il  faut 
rapporter  aux  Pseudobisiinae  l'animal  norvégien,  qui  est  le  sujet 
de   ce  petit   mémoire.    Du    moins,  quant   au    bord  antérieur  du 
céphalothorax  et  quant  aux  chélicères,  qui  ne  sont  pas  maximœ, 
mais   mediocri  magnitudine  ;  mais    non  quant  à  la  forme  de  la 
galea,  celle-ci  n'étant  pas  subuliformis,  pas  même  furcilliformis 
dans  le  même  sens  que  chez  Microcreagris  gigas  Balzan  fia  seule 
espèce,   connue,  des  Microcreagrinae),  qui  n'a  qu'une  seule  tige 
avec  quelques  petites  dents  à  l'extrémité.  Chez  l'animal  norvégien, 
au  contraire,  la  galea  est.  presque  depuis  la  base,  divisée  en  trois 
branches,  qui  sont,  environ  depuis  le  milieu  jusqu'à  l'extrémité, 
pourvues  de  plusieurs  dents  ou   poils,   minces,  pointus.  Il  n'y  a 
pourtant  aucune  raison  de  le  rapporter  aux  Pseudobisiinae  ;  comme 
chez  les  Cheliferidae,  qui  ont  toujours  une  galea,  cette  différence 
dans  la  forme  de  la  galea.  ou  rameuse  ou  sans  rameaux  (avec  ou 
sans  dents),  n'est  pas,  à  bon  droit,  considérée  comme  suffisante 
pour  séparer  les  espèces  dans  les  genres  différents.  Il  faut  donc, 
en  conséquence,  altérer  la  caractéristique  de  la  sous  famille  des 

il)  Voyage  de  M.  E.  Simon  au  Venezuela;  Chernetes  par  L.  Balzan,  Annales  de 
In  Société  Entomologiqne  de  France,  1891. 


88  ÉANI  E   m     26    MARS    1901 

Pseudobisiinae  de  Balzan  et  du  seul  genre,  appartenant  à  cette 
sous-famille,  Yldfiobisium.  La  caractéristique  de  Balzan  pour 
Yldeobisium,  quant  à  la  galea,  est  la  suivante  :  Chelarum  mediocri 
magnitudine,  digiti  mobilis  processus  subuUformis,  plus  minusve 
longus  et  recurvus.  —  Il  faut  doue  pour  placer  l'espèce  nouvelle, 
qu'elle  soit  :  Chelarum  mediocri  magnitudine,  digiti  mobilis  processus 
subuUformis  vel  ramosus  et  furcillli forints,  plus  minusve  longus  et 
recurvus.  Balzan  divisa  le  genre  Ideobisium  en  trois  sous-genres  : 
Ideoroncus  à  deux  yeux,  Ideobisium  sens.  str.  à  quatre  yeux  et 
Ideoblothrus  sans  yeux.  L'espèce  nouvelle  appartient  au  sous- 
genre  Ideoblothrus.  -  Autant  (pie  je  sache,  ou  ne  connaît  de  ce 
sous-genre,  jusqu'ici  que  trois  espèces  :  Ideobisium  caecum  E.  Simon 
des  îles  Açores  (sec.  Balzan),  Id.  sirnile  Balzan  de  Venezuela  et 
ïd.  bipectinatum  Daday  de  la  Nouvelle-Guinée.  C'est  ainsi  le  premier 
représentant  de  ce  sous-genre,  qui  soit  décrit,  ici,  de  l'Europe. 
—  Voici  la  description  de  la  nouvelle  espèce  : 

Idkobisium    Sthandi   nov.  sp. 
(Sous-genre  Ideoblothrus) 

Céphalothorax  lisse,  parsemé  de  courts  poils  tins  ;  seulement  un 
peu  plus  long  que  large,  côtés  droits  presque  parallèles,  un  peu 
rétrécis  en  avant,  bord  antérieur  très  légèrement  convexe,  pas  de 
pointe  au  milieu.  Pas  d'yeux.  Les  segments  abdominaux  dorsaux 
pourvus  transversalement  d'une  série  de  poils  fins  au  bord  posté- 
rieur, et  de  deux  poils  au  bord  latéral  :  les  segments  ventraux 
également  pourvus  de  séries  de  poils.  Pattes-mâchoires  assez 
longues,  assez  robustes,  lisses,  très  finement  chagrinées  rugueuses, 
pourvues  de  longs  poils  fins,  pointus,  particulièrement  les  doigts. 
Trochanter  à  pédicule  court,  beaucoup  plus  loug  que  large,  le  bord 
antérieur  plus  long  que  le  bord  postérieur,  tous  les  deux  très 
légèrement  convexes.  Fémur  à  pédicule  court,  fort,  environ  deux 
fois  plus  long  que  le  trochanter  et  un  peu  plus  large,  environ  deux 
fois  plus  long  que  large,  le  bord  antérieur  presque  droit,  dans  la 
seconde  moitié  très  légèrement  concave,  le  bord  postérieur  assez 
convexe.  Tibia  à  pédicule  court,  presque  ovale  ou  piriforme. 
beaucoup  plus  court  et  un  peu  plus  épais  que  le  fémur,  les  côtés 
externes  et  internes  fortement  et  également  convexes,  le  côté 
externe,  cependant,  le  plus  fortement  vers  l'extrémité.  Mais  un 
peu  plus  longue  et  large  que  le  tibia,  brusquement  élargi  de  la 
base,  légèrement  atténuée  vers  les  doigts,  les  bords  externes  et 


SÉANCE   DU   26    MARS    1901  89 

internes  légèrement  convexes.  Doigts  un  peu  plus  courts  que  la 
main,  assez  courbés.  —  Les  chélicères  de  moyenne  grandeur  ;  le 
doigt  fixe  dans  la  seconde  moitié  fortement  atténué,  avec  15  très 
petites  dents,  triangulaires,  aiguës,  rangées  presque  le  long  du 
côté  intérieur  ;  le  doigt  mobile  un  peu  plus  fort  que  le  doigt  fixe, 
le  long  du  bord  externe  également  convexe,  dans  la  seconde  moitié 
interne,  seulement  (hors  la  pointe  courbe),  pourvu  de  8  dents 
pareilles,  mais  en  partie  moins  distinctes  ;  serrula  partiellement 
libre,  très  épaisse  avec  25  longues  dents  fines  ;  la  galea  transpa- 
rente est  robuste  et  presque  depuis  la  base  divisée  en  trois  branches 
un  peu  courbes,  sortant  dans  trois  directions,  c'est-à-dire  qu'elles 
ne  se  trouvent  pas  dans  le  même  plan,  de  manière  qu'il  arrive 
aisément  qu'une  soit  cachée  par  les  deux  autres  ;  pour  voir  toutes 
les  branches,  il  est  donc  nécessaire  quelquefois,  do  les  voir 
obliquement;  les  branches  sont,  depuis  le  milieu  ou  un  peu  au 
dessus,  pourvues  de  petites  dents  ou  poils,  fins  et  pointus.  Le  fla- 
gellum  se  compose  de  trois  poils,  d'inégale  longueur,  sans  dents. 

Les  pattes  pourvues  de  poils  ;  les  griffes  simples.  —  La  couleur 
des  segments  dorsaux  brun  verdàtre,  du  céphalothorax  clair,  tes- 
tacé,  la  moitié  postérieure  plus  claire,  au  bord  antérieur  une  ligne 
obscure  ;  patte-mâchoire  brun  assez  obscure  ;  les  pattes  et  le  corps 
dessous  très  clair.   Longueur  :  3  mm. 

Cette  espèce  dilïère  de  toutes  les  autres  espèces  du  sous-genre 
Ideoblothrus  (en  réalité  de  toutes  les  autres  espèces  connues  de  la 
sous-famille  des  Pseudobisiinae)  par  sa  galea  ;  de  plus,  entre 
autres,  de  VId.  simite  Balzan  par  les  dents  du  doigt  Wxe  des 
chélicères,  qui  sont,  alternativement  grandes  chez  liL  simile,  et 
petites  chez  Id.  Strandi  de  même  grandeur. 

Trois  individus  de  cette  espèce  ont  été  trouvés  à  Aaleu  Uallingdal 
(Norvège)  par  l'arachnologue  norvégien  M.  Embr.  Strand,  à  qui 
j'ai  l'honneur  de  la  dédier. 


90 


Séance  du  y  avril  iyoi 
PRESIDENCE  DE  M.  LE   DOCTEUR  TKOUESSART,  PRÉSIDENT 

M.  le  Président  adresse  les  félicitations  de  la  Société  à  MM. 
R.  Dubois,  R.  Moniez.  et  De  Rudeval,  promus  officiers  de  l'ordre 
de  Saint-Sava. 

M.  Beauclair,  présenté  à  la  précédente  séance,  est  proclamé 
membre  de  la  Société. 

MM.  Brolemann  et  Schlumberger  présentent  M.  Juan  Rodriguez, 
de  Guatemala. 

M.  Petit  aîné  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance  et 
annonce  à  la  Société  que  les  Hirondelles  ont  fait  leur  apparition  à 
Fontainebleau  le  5  avril. 

\l.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  de  la  lettre  suivante, 
adressée  par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  : 

«  La  Société  Royale  de  Londres  vient  d'entreprendre  la  publica- 
tion d'un  Répertoire  international  de  bibliographie  scientifique 
(International  catalogue  of  scientific  littérature),  destiné  à  tenir  les 
savants  et  les  chercheurs  au  courant  de  tout  ce  qui  se  publie  dans 
le  domaine  des  sciences  mathématiques,  physiques  et  naturelles  de 
l'univers  entier. 

»  Cette  œuvre  considérable,  à  laquelle  presque  tous  les  pays  du 
monde  ont  apporté  leur  concours,  s'imposait.  Son  utilité  n'a  pas 
besoin  d'être  démontrée  ;  elle  sera  reconnue  par  tous  ceux  qui  ont 
fait  des  recherches  scientifiques  et  qui  savent  combien  il  est  difficile, 
aujourd'hui,  de  s'orienter  dans  la  masse,  toujours  croissante,  des 
publications. 

»  Au  cours  de  trois  conférences  internationales,  tenues  à  Londres 
(1896-1898  1900),  et  auxquelles  le  Gouvernement  français  fut 
officiellement  représenté,  l'organisation  définitive  de  cette  œuvre  a 
été  arrêtée  et  sou  exécution  est  maintenant  assurée  :  1°  dans 
chaque  pays  participant,  pour  chaque  ordre  de  science,  par  un 
Comité  régional  de  spécialistes  et  de  bibliographes  expérimentés  : 
'1°  à  Londres,  par  un  Comité  central  chargé  de  la  publication  du 
«  Catalogue.  » 

»  Favorable,  dès  le  principe,  à  cet  intéressant  projet,  le  Gouver- 
nement français  s'est  associé,  dès  le  début  à  cette  entreprise,  et  il 


SÉANCE   DU   9    AVRIL    1901  !t| 

;i  institué,  au  Ministère  de  l'Instruction  publique,  un  Bureau 
régional  qui  fonctionne  depuis  plusieurs  mois.  De  plus,  il  a  décidé 
qu'il  serait  souscrit  à  un  certain  nombre  d'exemplaires  du  «  Cata- 
logue, »  de  manière  à  assurer,  dans  des  conditions  honorables,  la 
participation  de  la  France  à  une  œuvre  secondée  par  la  majorité 
des  nations  du  globe. 

»  Le  Répertoire  comprendra,  chaque  année,  17  volumes  conte- 
nant le  catalogue  alphabétique  par  noms  d'auteurs  et  le  catalogue 
systématique  par  matières  de  tous  les  travaux  originaux,  parus 
dans  les  périodiques  ou  à  part,  dans  le  courant  de  l'année. 

»  Les  17  premiers  volumes  seront  publiés  cette  année  même. 
Comme  tous  ceux  qui  les  suivront,  ils  se  rapporteront  aux  17 
sciences  dont  voici  la  liste  : 

a)  Mathématiques  ; 

b)  Mécanique  théorique  ; 

c)  Physique  ; 

d)  Chimie  ; 

e)  Astronomie  ; 

/)    Météorologie  (y  compris  le  magnétisme  terrestre)  ; 

g)  Minéralogie  (y  compris  la  cristallographie  et  la  pétrogra- 
phie) ; 

h)  Géologie  ; 

i)    Géographie  mathématique  et  physique  ; 

/')    Paléontologie  ; 

/,•)  Biologie  générale  : 

/)    Botanique  ; 

m  i  Zoologie  ; 

n)  Anatomie  humaine  ; 

o)  Anthropologie  humaine  physique  (y  compris  le  préhisto- 
rique) ; 

pi  Physiologie  (y  compris  la  psychologie  et  la  pathologie 
expérimentales,  ainsi  que  la  pharmacologie)  ; 

q)  Bactériologie. 

»  Les  sciences  pures,  abstraction  faite  de  ce  qu'on  appelle  parfois 
les  sciences  appliquées,  y  seront  donc  seules  représentées  pour  le 
moment. 

»  Chaque  volume  sera  accompagné  d'un  tableau  de  classification 
et  d'un  index  alphabétique  des  matières,  rédigés  eu  français. 
Certains  volumes  contiendront,  en  outre,  la  liste  des  espèces 
nouvelles  de  plantes  et  d'animaux  et  des  corps  chimiques  nouveaux 


<)2  SÉANCE  nu  9  AVRIL   1901 

découverts  dans  le  courant  de  l'année.  Les  titres  des  ouvrages 
seront  transcrits  seulement  dans  la  langue  originale  s'il  s'agit  du 
français,  de  l'anglais,  de  l'allemand,  de  l'italien  et  du  latin,  et, 
pour  les  autres  cas,  ils  seront  d'abord  reproduits  dans  la  langue 
originale  et,  de  plus,  accompagnés  d'une  traduction  dans  l'un  de 
ces  cinq  idiomes. 

»  Le  Conseil  international  a  arrêté  à  25  fr.  le  prix  moyen  des 
volumes  pour  les  bureaux  régionaux,  soit  425  francs  pour  la  série 
complète  de  17  volumes.  Les  exemplaires  livrés  au  commerce 
seront  vendus  à  un  prix  plus  élevé.  Il  y  aura  donc  avantage  à 
souscrite  par  l'intermédiaire  du  bureau  régional. 

»  Le  prix  de  chaque  volume  séparé  variera  nécessairement 
suivant  le  nombre  de  pages  et  ne  peut  être  exactement  établi.  Ce 
que  l'on  peut  affirmer,  dès  à  présent,  c'est  que  les  limites  extrêmes 
sont  fixées  entre  10  et  45  francs.  Les  volumes  se  rapportant  à  la 
physique,  à  la  géographie,  à  la  bactériologie,  se  maintiendront 
probablement  aux  environs  du  prix  moyen  de  25  francs.  Au 
contraire,  ceux  de  chimie,  de  géologie,  de  botanique,  de  zoologie 
et  de  physiologie  atteindront  sans  doute  le  prix  de  35  à  45  francs, 
tous  les  autres  devant  demeurer  au-dessous  du  prix  moyen 
à  10,  15  et  20  francs. 

))  Quant  aux  volumes  imprimés  d'un  seul  côté,  exemplaires  qui 
permettront  de  découper  les  titres  et  de  les  coller  ensuite  sur  fiches 
mobiles,  ils  reviendront  à  un  prix  un  peu  plus  élevé  que  les 
volumes  ordinaires.  On  doit  prévoir  pour  ces  volumes  spéciaux 
une  majoration  de  25  à  3(J  0/0. 

»  L'utilité  d'une  semblable  publication  ne  vous  échappera  pas, 
Monsieur  le  Président,  et  vous  jugerez  sans  doute  que  la  présente 
lettre  est  de  nature  à  intéresser  votre  Compagnie.  Je  vous  serai 
reconnaissant,  dans  l'affirmative,  de  vouloir  bien  la  lui  communi- 
quer en  l'assurant  que  je  suis  disposé  à  la  faire  bénéficier  des 
avantages  qui  résultent  d'une  souscription  à  la  série  complète  ou 
à  tels  volumes  particuliers  du  Répertoire  faite  par  l'intermédiaire 
du  bureau  régional  français  qui  fonctionné  au  Ministère  de 
l'Instruction  publique.  »  (Renvoyé  au  Conseil). 

A  propos  de  la  communication  de  M.  S.  Artault  dont  on  trouvera 
le  texte  plus  loin,  une  discussion  s'engage  entre  MM.  R.  Blancharu, 
V.  Delage  et  Trouessart.  Le  professeur  R.  Blanchard  fait  des 
réserves  sur  les  terminaisons  de  familles  et  de  genres  proposées 
par  M.  le  professeur  V.  Delage  et  ne  voit  pas  la  nécessité  de  créer 
des  règles  de  nomenclature  pour  les  groupes  supérieurs. 


SÉANCE    DO   9   AVRIL   1901  93 

Kn  ce  qui  concerne  la  communication  de  M.  Artadlt,  les 
membres  présents  sont  d'avis  qu'il  est  inutile  d'encombrer  de 
nouveaux  caractères  les  ateliers  de  typographie  et  qu'il  serait  plus 
simple  de  taire  précéder  le  nom  de  genre  du  nom  du  groupe  qui  le 
renferme. 

M.  A.  L.  Hkrrera  (de  Mexico)  adresse  à  la  Société  un  certain 
nombre  de  microphotographies  représentant  des  préparations  de 
protoplasme  artificiel.  Après  quelques  années  d'expériences, 
l'auteur  a  conclu  que  le  protoplasme  était  un  composé  analogue  aux 
oléates  alcalins.  Il  a  donc  fabriqué  un  protoplasme  artificiel  avec 
un  mélange  d'acide  phosphorique  chimiquement  pur  et  d'albumine 
d'œuf.  Il  obtient  de  la  sorte  une  substance  reproduisant  quelques 
caractères  physiques  du  protoplasme  et  il  espère  que  cette  subs- 
tance sera  capable  d'évoluer  et  peut-être  de  réagir  dans  un  milieu 
nutritif.  Les  expériences  rapportées  par  l'auteur  ont  été  faites 
devant  la  Société  Alzate. 


A  PROPOS  DES  RÈGLES  DE  NOMENCLATURE 
PROPOSÉES    PAR    M.    LE    PROFESSEUR    Y.    DELAGE* 

PAR 

S,  ARTAULT   DE  VEVEY 

11  va  sans  dire  que  la  réforme  de  la  nomenclature  taxinomique 
s'impose  eu  zoologie  comme  d'ailleurs  en  toutes  les  branches  des 
sciences  naturelles,  et  qu'on  devra  tôt  ou  tard,  devant  l'envahisse- 
ment inquiétant  des  néologismes  pour  désigner  des  groupes  ou 
des  faits  déjà  connus,  mettre  un  frein  aux  prétentions  et  aux 
caprices  des  novateurs,  et  imposer  à  tous  les  savants,  par  une 
entente  internationale,  une  série  de  cadres  et  de  mesures  immua- 
bles pour  désigner  les  divers  groupements  des  classifications.  On 
fera,  eu  un  mot,  pour  la  zoologie,  ce  que  presque  toutes  les 
puissances  ont  fait  pour  le  système  métrique,  ce  que  toutes  ont 
accepté  pour  la  nomenclature  chimique. 

Le  langage  chimique  est  certainement  le  plus  logique,  le  plus 
scientifique  ;  mais,  comme  je  le  faisais  observer  à  la  dernière 
séance,  les  nouveaux  composés  organiques  en  particulier,  arrivent 

Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1901.  xxvi.  —  9. 


94  SÉANCE   DU   9   AVHIL    1901 

à  être  telleineut  compliqués  que  l'indication  de  leurs  radicaux 
dans  le  nom  de  baptême  devient  impraticable  en  langage  courant. 
Cela  tient  à  ce  que  les  combinaisons  chimiques  sont  sans  limites  ; 
or  cette  objection  ne  saurait  s'adresser  à  la  nomenclature  zoologique 
où  les  indications  de  familles  et  de  groupes  dépasseraient  rarement 
quatre  radicaux  ou  initiales.  Mais  ce  serait  peut-être  encore  trop. 

Ce  que  nous  cherchons,  c'est  de  désigner  les  différents  groupes 
des  êtres  vivants  par  des  mots  qui,  en  dérivant  les  uns  des  autres, 
nous  indiqueraient  les  filiations.  La  chose  est  à  peu  près  réalisée, 
au  moins  jusqu'aux  tribus  dans  la  nomenclature  classique,  et  le 
débat,  ainsi  réduit,  ne  porte  plus  guère  que  sur  les  terminaisons  ; 
il  faut  souhaiter  qu'il  ne  tarde  pas  trop  à  se  clore.  On  en  sera 
quitte  pour  adopter  une  nomenclature  fixe  pour  tous  les  ouvrages 
parus  à  partir  d'uue  date  déterminée  à  l'avance. 

Mais  dira-t-on,  cela  déroutera  beaucoup  pour  les  ouvrages 
anciens  ;  guère  plus,  eu  réalité,  que  ne  nous  gênent  aujourd'hui  le 
vieux  français  ou  les  anciennes  mesures.  Les  réformateurs  ne 
doivent  regarder  en  arrière  que  pour  corriger  les  erreurs  du  passé  ; 
leur  devoir  est  de  se  soustraire  aux  contingences  et  aux  sentimen 
talités  des  traditions.  Reste  un  point  délicat  à  fixer  :  celui  de  la 
possibilité  pour  un  lecteur  non  prévenu  de  classer  immédiatement 
un  être  dont  il  lit  le  nom  pour  la  première  fois. 

L'apposition  d'un  préfixe  entraînerait  des  difficultés  dont 
M.  le  professeur  Delage  a  lui-même  signalé  l'ennui,  comme  par 
exemple  de  parcourir  une  table  en  se  guidant  sur  la  quatrième 
ou  la  cinquième  lettre  ;  c'est  la  principale.  Elle  subsisterait  même 
en  n'adoptant  pour  préfixes  que  les  initiales  des  divers  degrés 
de  classement,  comme  le  proposait  M.  Neveu-Lemaire.  C'est 
pour  remédier  à  cet  inconvénient  et  pour  permettre  immédiate- 
ment de  savoir  à  quel  animal  on  a  affaire  en  voyant  son  nom,  que 
j'ai  l'honneur  de  vous  soumettre  la  proposition  suivante  : 

On  adopterait  dans  toutes  les  publications  spéciales,  pour  les 
citations  ou  créations  de  genres,  un  signe  conventionnel,  comme 
ceux  que  les  botanistes  emploient  pour  désiguer  une  plante 
annuelle  ou  vivace,  herbacée  ou  ligneuse,  etc.,  etc..  mais  ce  sigue 
représenterait  alors  un  type  réel  ou  schématique  du  groupe,  ou 
par  exemple  de  la  classe  nu  dp  l'ordre  auquel  appartiendrait  l'être 
en  question. 

Le  nombre  de  ces  signes  conventionnels  serait  forcément  assez 
restreint,  et  on  pourrait  adopter  dans  une  convention  interna- 
tionale, pour  chacun,  une  forme  déterminée. 


SEANCE  DU   9    AVRIL    lÔOl 


«m 


Pour    bien    faire    comprendre    ma    pensée,   je    cite    quelques 

exemples  : 

['Emjgrus  carinatus,  Ophidien,  aurait  le  signe  :  .     .     .     . 


le  Cyclura  cannata,  Saurien,  aurait  le  signe 


la  Chelydra  serpentina,  Chélonien,  aurait  le  signe 


VHadena  upsilon.  Lépidoptère,  aurait  le  signe 


VElater  sanguineus, Coléoptère,  aurait  le  signe 


Il  va  sans  dire  que  dans  bien  des  cas  on  n'aurait  pas  besoin 
d'indiquer  d'une  façon  aussi  précise  la  tribu  ou  l'ordre,  il  sullirait 
peut  être  de  savoir,  par  exemple,  que 


Charadrius  fluviale 


est  un  Oiseau  sans  que  le  signe  représente  forcément  uu  Echassier. 

Ce  signe  conventionnel  se  placerait  eu  avant  du  nom  de  genre, 
comme  je  viens  de  le  figurer  ci-dessus,  et  s'emploierait  spéciale- 
ment dans  les  recueils,  les  mémoires,  partout  où  on  cite,  ou  traite 
des  types  isolés. 

Je  soumets  cette  idée,  sans  y  ajouter  autrement  d'importance 
mais  je  crois  que  son  application  rendrait  bien  des  services  à  ceux 
qui  s'intéressent  à  la  Zoologie  en  général  sans  être  spécialistes. 


96 


Séance  du  23  Avril  igoi 
PRÉSIDENCE   DE  M.   LE  DOCTEUR  TROUESSART,  PRÉSIDENT 


M.  le  Président  adresse  les  félicitations  de  la  Société  à  M.  le 
Dr  P.  Portier,  chef  des  travaux  pratiques  de  Physiologie  à  la 
Sorbonne,  qui  vient  d'être  promu  Officier  d'Académie. 

M.  Juan  Rodriguez,  présenté  à  la  précédente  séance,  est  proclamé 
Membre  de  la  Société. 

L'Académie  royale  des  sciences  de  Turin  fait  part  à  la  Société  du 
décès  du  professeur  Giulio  Bizzozero. 

M.  Petit  aîné  présente  les  peaux  d'Ecureuil  qui  ont  été  natura- 
lisées par  lui  au  cours  de  sa  causerie  de  mars  dernier  et  qui  se 
trouvent  dans  un  parfait  état  de  conservation. 

MM.  Brôlemann  et  Schlumberger  s'inscrivent  pour  les  Causeries 
du  semestre  d'hiver. 

M.  le  professeur  Y.  Delage  annonce  à  ses  collègues  qu'il  se  rend 
aux  raisons  invoquées  dans  la  précédeute  séance  par  M.  le  profes- 
seur R.  Blanchard  et  qu  il  renonce  définitivement  à  l'idée 
d'abandonner  les  désinences  des  familles  et  sous-famillles  acceptées 
par  tous.  Provisoirement  il  s'est  donc  arrêté  au  projet  suivant  : 

Les   embranchements  se  termineront  en  ida 

sous-embranchements  —  ina 

classes  —  ides 

sous-classes  —  ines 

ordres  —  idi 

sou  s- ordres  —  ini 

familles  —  ulse 

sous-familles  —  inœ 

M.  le  professeur  R.  Blanchard  pense  qu'avec  ces  modifications 
le  projet  peut  être  présenté  au  Congrès  de  Berlin. 

M.  le  Dr  Trouessart  fait  une  communication  sur  les  fossiles 
quaternaires  qui  ont  été  découverts,  en  ces  dernières  années, 
dans  les  cavernes  de  Patagonie.  C'est  la  première  fois  que  des 
fossiles  aussi  bien  conservés  étaient  rencontrés  ailleurs  que  dans 
les  places  des  régions  septentrionales. 


FÉLIX     DUJARDTN 

,    1801  -  1860) 


D'après  une  minature 

l'iiite  par  sa  fille  en  1*  17. 


SÉANCE    DU    23    AVRIL    1 90 1  97 

M.  le  professeur  R.  Blanchard  présente  à  la  Société  une 
Biographie  de  F.  Dujardin,  publiée  par  M.  le  professeur  L.  Joubin, 

dans  les  Archives  de  Parasitologie.  Cette  notice  est  destinée  à  rendre 
une  tardive  justice  à  l'un  des  plus  puissants  observateurs  de  ce 
siérle.  Ce  travail  ofïre  un  intérêt  tout  particulier  de  ce  fait  que  M. 
Joubin  a  eu  entre  les  mains  tous  les  papiers  de  Dujardin,  conservés 
au  Laboratoire  de  Zoologie  de  l'Université  de  Rennes,  ainsi  que  la 
nombreuse  correspondance  qu'il  entretint  avec  les  savants  de  son 
temps  :  H.  Milue  Edwards,  Doyère,  de  Quatrefages,  I.  Geoffroy 
Saint-Hilaire,  Decaisne,  Von  Siebold,  Thénard,  etc. 

Malheureusement,  de  la  lecture  de  ces  nombreuses  lettres  se 
dégage  une  impression  douloureuse.  Dujardin,  pendant  toute  son 
existence,  a  lutté  pour  la  vie  et  pour  la  science.  Il  a  connu  les  pires 
difficultés,  les  jalousies,  les  injustices.  Aussi,  lorsqu'à  une  distance 
de  près  d'un  demi-siècle,  on  jette  un  regard  sur  son  œuvre,  lors- 
qu'on se  rend  compte  de  tous  les  progrès  dont  on  lui  est  redevable, 
ou  ne  peut  s'empêcher  d'avoir  pour  lui  la  plus  sincère  admiration. 

Nous  croyons  faire  plaisir  à  nos  collègues  en  donnant  ici  un 
portrait  de  Dujardin,  publié  par  les  Archives  de  Parasitologie,  et  qui 
est  la  reproduction  d'une  miniature  exécutée  en  1847,  par  sa  fille, 
Mlle  Louise  Dujardin. 


98 


Séance  du  14  Mai  iqoi 
PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  Dr  TROUESSART,  PRÉSIDENT 

M.  X.  Raspail  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

M.  Desalle  donne  lecture  de  la  traduction  d'un  article  de  M.  le 
Dr  Meyer  (de  Saarbruck)  relatif  à  la  nomenclature.  L'auteur  expose 
avec  nombreux  documents  à  l'appui  les  fautes  d'orthographe 
usitées  journellement  en  nomenclature.  Il  espère  voir  à  l'avenir 
ces  erreurs  disparaître  dans  les  catalogues.  Le  règlement  de  la 
Société  Zoologique  de  France  s'opposant  à  la  publication  d'une 
traduction,  nous  nous  permettons  d'attirer  l'attention  de  nos 
collègues  sur  ce  travail  publié  dans  VEntomologisch.es  Jahrbuch  de 
1901,  p.  115  et  suivantes. 

M.  Clément  annonce  qu'en  raison  de  l'extension  prise  par  son 
cours  d'Entomologie  appliquée,  ses  collections  sont  devenues 
insuffisantes.  Il  serait  donc  reconnaissant  à  ses  collègues  de  vouloir 
bien  récolter,  à  son  intention,  tous  les  matériaux  relatifs  à  ce  sujet, 
qu'ils  pourront  rencontrer  au  cours  de  leurs  excursions. 

M.  le  secrétaire  général  donne  lecture  de  la  communication  de 
M.  X.  Raspail  sur  la  cérémonie  de  secondes  noces  chez  les,  Garni/uns. 


NOTE  PRÉLIMINAIRE  SUR   LES   ÉCHINIDES, 

OPHIURES    ET   CRINOIDES    RECUEILLIS   EN    1898  ET    1899 

PAR   LA   1>IUXCESSE  ALICE  DANS    LES    RÉGIONS    ARCTIQUES 


PAU 


R.    KŒHLER 

Professeur  de  Zoologie  à  l'Université  de  Lyon. 


Les  collections  d'Echinodermes  (Echinides,  Ophiures  et  Cri- 
noides)  recueillis  au  cours  des  campagnes  effectuées  en  1898  et 
1899  par  la  «  Princesse  A  lice  »  dans  les  régions  du  Spitzberg  et 
dont  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  a  bien  voulu  me  confier  l'étude, 
ne  renferment  aucune  espèce  nouvelle.  Les  échantillons  capturés 


SÉANCE   DU    14   MAI   1901  09 

se  rapportent  tous  aux  types  habituellement  rencontrés  dans  les 
mers  arctiques  et  qui  sont,  pour  la  plupart,  très  bien  connus.  Il  me 
parait  néanmoins  utile  d'en  donner  l'énumération  avec  l'indication 
des  stations,  ne  serait  ce  qu'au  point  de  vue  de  la  géographie 
zoologique  et  surtout  de  l'extension  bathymétrique  de  certaines 
espèces,  plusieurs  dragages  ayant  été  laits  à  une  grande  profondeur. 
En  outre,  quelques  espèces  peuvent  donner  lieu  à  des  remarques 
intéressâmes. 

ÉCHINIDES. 

Dorocidaris  papillata  (  Leske) 
1898.  —  St.  939  et  1043.  —  Petits  échantillons. 

Echinus  sphoera  0.  F.  Mûller. 
1898.  -  St.  929.  —  Deux  échantillons. 

PSAMMECHINUS    MILIARIS    (0.   F.   Mûller) 

1898.  —  St.  1043.  -  Quelques  échantillons. 

Strongylocentrotus  drôbrachiensis  Agassiz 

Cette  espèce  a  été  recueillie  en   nombreux  exemplaires,  dans 
ditïérentes  stations  des  campagnes  de  1898  et  de  1899. 

Spaïangus  purpureus  (0.  F.  Mûller) 
1898.   —   St.  1043.    —    Quelques    échantillons    de    moyennes 
dimensions. 

Echinocardium  flavescens  (0.  F.  Mûller) 

1898.  —  St.  1043.  —  Un  échantillon  de  grande  taille  et  un  autre 
beaucoup  plus  petit. 

Brissopsis  lyrifera  Agassiz 

1898.  —  St.  922.  —  Plusieurs  échantillons  de  ditïérentes 
dimensions. 

Schizaster  fragilis  (Diiben  et  Koren) 

1898.  —  St.  939  (profondeur  177  mètres)  et  900  (profondeur 
394  mètres).  —  Quelques  échantillons. 

Ces  exemplaires  sont  d'assez  grande  taille  et  le  diamètre  antéro- 
postérieur  varie  entre  6  et  8  centimètres. 

Je  n'ai  pas  retrouvé,  chez  le  Schizaster  fragilis,  ces  pédicellaires 
à  quatre  branches  que  j'ai  signalés  pour  la  première  fois  en  1883 
chez  Schizaster  canaliferus  de  la  Méditerranée  et  qui  sont  si  parti- 
culiers. Les  grands  pédicellaires  que  j'ai  rencontrés  dans  les  spéci- 


100  SÉANCE   DU    14   MAI    1901 

meus  recueillis  par  la  «  Princesse  ilice  »  sout  des  péciicellaires 
tridactyles  de  la  forme  habituelle;  ils  sont  surtout  nombreux 
dans  le  sillon  antérieur. 

En  ce  qui  concerne  l'anatomie  interne,  je  mentionnerai  la 
présence  d'un  siphon  intestinal  accessoire,  identique  à  celui  que 
j'ai  découvert,  en  1883,  chez  les  Schizaster  canali férus,  Brissopsis 
lyrifera  et  Echinocardiurn  de  la  Méditerranée.  Le  trajet  du  siphon 
accessoire  est  un  peu  plus  long  chez  le  Schizaster  fragilis  que  chez 
le  Schizaster  canaliferus  ;  le  premier  orifice  se  trouve  situé  à  peu 
près  au  même  point  que  chez  cette  dernière  espèce,  mais  le 
deuxième  orifice  est  reporté  beaucoup  plus  loin,  tout  près  de  l'ori- 
fice du  siphou  principal.  Le  canal  du  sable  et  les  mésentères  intes- 
tinaux sont  disposés  chez  le  Schizaster  fragilis  comme  chez  le 
Schizaster  canaliferus. 

POURTALESIA    Sp.    ? 

1898.  —  St.  991  (profondeur  1535  mètres)  et  1017  (profondeur 
1865  mètres).  —  Un  fragment  de  face  dorsale  dans  chaque  station. 

Je  crois  que  ces  deux  débris  appartiennent  à  des  Pourtalesia 
Jeffreysii,  mais  ils  sont  insuffisants  pour  permettre  une  détermi- 
nation certaine. 

Echinocyamus  pusillus  Gray 

1898.  —  St.  1043.  —Un  très  petit  échantillon. 

OPHIURES 
Ophioglypha  texturata  (Lamarck). 
1898.  —  St.  1012  et  1043.  —  Un  échantillon  dans  chaque  station. 

Ophioglypha  albida  (Forbes). 
1898.  -  St.  1043.  —  Quelques  échantillons 

Ophioglypha  sarsi  (Lûtken) 

1898.  -  St.  939,960  et  1012.  —Quelques  échantillons. 

1899.  —  St.  1052.  —  Quelques  échantillons. 

Ophioglypha  robusta  (Ayres). 

1898. —  St.  970  (profondeur 48  mètres). —  Quelques  échantillons. 

Le  diamètre  du  disque  varie  entre  3  et  8  millimètres. 
Les  plaques  brachiales  dorsales  offrent  des  variations  analogues  à 
celles  qui  ont  déjà  été  signalées  par  Duncan  et  P.  Sladen  (I).  Dans 

(1)  A  Memoir  un  the  Eclnnodermata  of  the  arclie  Sea  to  the  West  of  Green- 
lund,  p.  62*65. 


SÉANCE    DU    14   MAI    1901  101 

tous  les  exemplaires,  elles  deviennent  rapidement  aussi  larges  que 
longues.  Dans  un  échantillon  de  taille  moyenne,  elles  sont  d'abord 
très  nettement  hexagonales  ;  enfin  dans  les  grands  exemplaires,  le 
bord  distal  est  remarquablement  convexe. 

Ophioplecra  bokealis  Dauiellsen. 

1898.—  St.  952  (profondeur  1185  mètres  et  1040  (profondeur 
650  mètres.  —  Quelques  échantillons. 

Cette  Ophiure  est  l'une  des  plus  grandes  espèces  connues.  Dans 
certains  échantillons  de  la  «  Princesse  Alice  ».  le  diamètre  du  disque 
atteint  4  centimètres. 

L'Ophiopleura  borealis  est  exclusivement  limitée  aux  mers  boréa- 
les. Elle  a  été  signalée  dans  les  mers  de  Kana  et  de  Barentz,  à  la 
Nouvelle  Zemble,  à  Jan  Mayen  et  sur  la  côte  du  Groenland,  à  des 
profondeurs  variant  entre  quelques  mètres  et  un  millier  de  mètres. 

Lyman  a  conservé  la  distinction  faite  par  Duncau  et  Sladen  entre 
VOphiopleura  borealis  et  YOphiopleura  arctica.  Griega  réuni  ces  deux 
espèces  en  une  seule,  et,  après  avoir  comparé  les  Ophiopleura 
borealis  que  j'ai  en  mains  aux  descriptions  de  Duncau  et  P.  Sladen, 
je  dois  dire  que  je  partage  entièrement  l'opinion  du  naturaliste 
norvégien.  Les  différences  invoquées  par  les  auteurs  anglais  ne 
portent  que  sur  la  saillie  plus  ou  moins  accusée  des  dix  côtes 
radiales  du  disque,  sur  la  forme  des  plaques  brachiales  ventrales 
et  sur  quelques  autres  caractères  très  secondaires.  Ce  sont  là  des 
variations  comme  on  en  observe  chez  tant  d'espèces  d'Ophiures  et 
elles  ne  justifient  pas  une  séparation  spécifique. 

Les  échantillons  capturés  par  la  «  Princesse  Alice  »  sont  con- 
formes au  type. 

Ophiocten  sericeum  Ljungmann 

1898.  —  St.  1020  (profondeur  393  mètres).  -  -  Deux  échantillons. 

1899.  —  St.  1070  (profondeur  175  mètres).  —  Deux  échantillons. 

Duucan  et  P.  Sladen  ont  donné  une  excellente  description  de 
cette  espèce  et  plus  récemment  Grieg  a  noté  les  variations  que 
présentent  les  papilles  buccales  et  les  incisures  radiales  du  disque  ; 
je  n'ai  rien  à  ajouter  aux  descriptions  de  ces  auteurs. 

Ophiopholis  aculeata  Gray 

C'est  l'Ophiure  la  plus  commune  des  mers  boréales  et  la  «  Prin- 
cesse Alice  »  l'a  capturée  dans  un  grand  nombre  de  stations,  soit 
en  1898,  soit  en  1899. 


102  SKANCR    DtT    14    MAI    1901 

Ophiagtis  Balli  Liitken 

1898.  —  St.  960  (profondeur394  mètres).  —  Quelques  échantillons. 

Ophiactis  corallicola  Kœhler 

1899.  —  St.  1052.  —  Un  échantillon. 

Amphilepis  norvegica  Ljuuginann 
1898.  —  St.  922  (profondeur  343  mètres).  —  Un  seul  exemplaire 
de  petite  taille  dont  les  bras  sont  cassés  près  du  disque. 

Amphilra  squamata  Sars 

1898.  --  St.  1043  (profondeur  88  mètres).  -  -  Un  petit  échantillon. 

Amphiura  filiformis  Forbes 

1899,  _  st.  1070  (profondeur  175  mètres)  et  1074  (profondeur 
22  mètres).  —  Deux  échantillons. 

Ophiacantha  ridentata  Ljungmann 

Cette  espèce  est  abondamment  répartie  dans  les  mers  boréales  ; 
elle  est  cependant  moins  commune  que  VOphiopholis  aculeata.  La 
K  Princesse  Alice  »  l'a  rencontrée  dans  plusieurs  localités: 

en  1898,  dans  les  stations  960,  970,  976,  997  et  1012  ; 

en  1899,  dans  les  stations  1052  et  1070. 

J'ai  retrouvé  dans  ces  exemplaires  les  variations  déjà  indiquées 
par  plusieurs  auteurs  et  par  moi-même  dans  la  forme,  la  longueur 
et  le  nombre  des  piquants  de  la  face  dorsale  du  disque. 

Ophiacantha  aryssicola  S.  O.  Sars. 
1899.  —St.  1052  (profondeur440  mètres).  — Quelqueséchantillons. 

Ophioscolex  glacialis  Millier  et  Troschel 

1898.  —  St.  922,  970  976  997  et  1040. 

1899.  —  St.  1052. 

Plusieurs  échantillons,  mais  la  plupart  en  mauvais  état,  la  face 
dorsale  du  disque  étant  enlevée. 

Ophiothrix  fr agi  lis  Abbidgard 
1898.  —  St.   1043.  —  Quelques  échantillons  se  rapportant  à  la 
forme  pentaphyllum. 

GORGONOCEPHALUS    AGASS1Z1I    Lymail 

1898.  —  St.  939.  —  Deux  échantillons  de  grande  taille  :  dans  le 
plus  grand,  le  diamètre  du  disque  dépasse  6  centim. 
St.  976.  —  Deux  grands  échantillons. 
St.  1012.  Un  petit  échantillon  réduit  au  disque  seul. 


SÉANCE   DU    14   MAI    1901 


103 


Astronyx  Loveni  Mùller  et  Troschel 

1899.   St.   1052   et    1070.  —  Un   petit  exemplaire  daus  chaque 
station. 


CRINOIDES 
Antedon  phalangium  (J, 

1898.  St.  970  (profondeur  48  m.)  - 
»  St.  1012  (profondeur  430  m.) 
»             St.  1040  (profondeur  650  m.) 

tillons. 

1899.  —  St.  1052  (profondeur  440  m.) 

Antedon  eschrichtii  (J. 

1898.  —  St.  976  (profondeur  186  m.)  - 
m  St.  997  (profondeur  102  m.)  — 
»  St.   1012  (profondeur  430  m.) 

1899.  —  St    1070  (profondeur  40-70  m, 


Mùller) 

Un  petit  échantillon. 

—  Plusieurs  échantillons. 

—  Quelques  petits  échan- 

—  Débris  de  calice. 
Mùller) 

•  Un  petit  échantillon. 
Deux  grands  échantillons. 

—  Quelques  échantillons. 
)  —  Un  échantillon. 


TABLEAU  DES  LOCALITES 


1 

NUMÉROS 

DES   STATIONS 

DATES 

LATIT.    NORD    LONGIT.    EST 

PROFONDEUR 

922 

6  juillet  1898 

58°  16'  3°28' 

343'" 

9211 
939 

15-16      — 
18 

Rade  de  Rorvig  (Norvège) 
66°42'  11  23' 

25" 

177'" 

952 

00                   

Près  des  Lofoten 

1 185'" 

960 

29            - 

Entre  la  Norvège  et  l'Ile  des  Ours 

394"' 

970 
976 
991 
997 

31 

2  août 

7    — 
11     — 

Près  de  l'Ile  Hope  (Spitzberg) 
Entre  les  îles  Hope  et  Edge 
Au  large  du  Horn  Sound(Spitzb.) 
Baie  Temple                      ( — ) 

48'" 

186» 

1535" 

102"' 

1012 
1017 

18  — 

19  — 

AuN.duSpitzb.  prèsilêla  banqui" 
AuN.-O.      -                 — 

430"' 
1865'" 

1020 

20-30 

A  l'entrée  de  l'Isfjord 

393'" 

1040 
1043 

7  septembre 
13         - 

A  l'Est  de  l'Islande 
A  l'Est  des  Orcades 

650'" 
88'" 

I052 

10  juillet  1899 

Côte  de  Norvège 

440"' 

1070 

4  août 

Près  des  Seven  Iceberg  (Spitzb.) 

!75"' 

104  SÉANCE   DU    14    MAI    1901 

CÉRÉMONIE    DE   SECONDES    NOCES   CHEZ    LES    GARRULIENS 
[Pica  caudata  et  Carmins  glandarius) 

PAR 

XAVIER   RASPAIL 

Je  ne  puis  mieux  qualifier  les  scènes  qui  se  produisent  chez  les 
Garruliens  qui  habitent  la  France,  la  Pie  et  le  Geai,  lorsque  les 
couples  de  ces  deux  espèces  se  trouvent  brusquement  désunis  au 
moment  de  la  reproduction. 

On  dit  d'ailleurs  couramment  des  Oiseaux  qui,  à  l'époque  des 
amours,  revêtent  leur  plus  brillante  parure  et  dont  le  Combattant 
[Mâchâtes  pugnax)  fournit  un  remarquable  exemple,  qu'ils  sont  en 
plumage  de  noces.  Ce  n'est  donc  pas  commettre  une  hérésie  que 
d'appeler  secondes  noces  la  reformation  des  couples  aussitôt  que 
survient  la  disparition  du  mâle  ou  de  la  femelle. 

J'avais  déjà  été  témoin,  il  y  a  quelque  vingt-cinq  ans,  de  cette 
particularité  curieuse  des  mœurs  de  la  Pie  que  j'ai,  du  reste,  signa- 
lée dans  une  note  concernant  le  nid  de  cet  oiseau  et  la  destruction 
de  ses  œufs  par  la  Corneille  (1). 

J'habitais  alors  la  propriété  que  mon  père  possédait  à  Cachan 
(Seine),  où  je  trouvais,  pendant  la  belle  saison,  à  utiliser,  avec 
profit,  les  heures  que  je  pouvais  consacrer  à  mes  recherches  orni- 
thologiques  et  entomologiques.  Tous  les  ans,  il  s'y  faisait  un  nid  de 
Pie  au  centre  d'une  haute  futaie,  c'était  là  un  mauvais  voisinage 
pour  les  futures  couvées  de  Passereaux  ;  aussi,  une  année,  je  me 
décidai  à  prendre  une  mesure  radicale  et,  au  momeut  où  il  appor- 
tait des  matériaux,  j'abattis  d'un  coup  de  fusil  l'un  des  deux 
Oiseaux  comptant  que,  de  ce  fait,  le  nid  serait  abandonné. 

Le  lendemain,  de  grand  matin,  je  fus  surpris  d'entendre  de 
nombreuses  Pies  jacasser  dans  le  parc  et,  en  ouvrant  ma  fenêtre, 
j'en  aperçus  plus  d'une  vingtaine,  jouant  et  se  poursuivant  dans 
les  arbres  où  elles  exécutaient  de  véritables  chasses-croisés  avec 
accompagnement  de  manifestations  phonétiques  des  moins  harmo- 
nieuses. Cela  dura  toute  la  matinée  et  ce  n'est  que  l'après-midi  que 
le  calme  succéda  aux  bruyants  ébats  de  cette  bande  piaillarde  qui 
disparut  comme  elle  était  venue. 

(1)  Bull,  de  la  Soc.  Zool.  de  France;  XIII,  page  126;  1888 


SÉANCE    l>U    14   MAI    1901  !'*•'» 

Le  jour  suivant,  à  mon  grand  étonnement,  je  constatai,  non 
seulement  la  présence  de  deux  Pies  dans  le  parc,  mais  la  conti- 
nuation, par  elles,  du  même  nid  dont  elles  poursuivaient  paisible- 
ment l'achèvement.  11  s'était  donc  reformé  une  nouvelle  union  — 
et  ce  qu'il  faut  bien  se  résoudre  à  admettre  --  aux  noces  de  laquelle 
étaient  venues  assister  toutes  les  Pies  du  canton. 

Dans  ma  note  de  1888,  j'avais  surtout  appuyé  sur  le  fait  de  la 
continuation  de  ce  nid  dans  ces  conditions,  fait  qui  réfutait  cette 
assertion  avancée  par  plusieurs  naturalistes,  entre  autres  Vieillot 
et  Nordmann  que  la  Pie  fait  plusieurs  nids  bien  en  vue  pour  dé- 
tourner l'attention  de  celui  qu'elle  bâtit  en  cachette  et  destiné  à 
recevoir  la  ponte. 

J'avais  négligé,  à  cette  époque  un  point  assez  intéressant  à  uoter, 
c  est-à-dire  le  sexe  de  l'individu  que  javais  tué.  Aussi,  à  quelques 
années  «le  là,  ayant  eu  l'occasion  de  recommencer  l'expérience, 
j'eus  soin  de  m'assurer  de  ce  détail  et  je  trouvai  que  ma  victime 
était  justement  le  mâle.  Or,  les  mêmes  scènes  se  reproduisirent  et, 
à  leur  suite,  le  couple  fut  reconstitué  ;  un  autre  époux  prit  la 
succession  du  disparu  pour  continuer  l'œuvre  de  la  nidification 
commencée. 

Plus  tard,  à  Gouvieux,  il  m'arriva  encore  de  désunir  un  couple 
occupé  à  construire  un  nid  à  proximité  de  mou  habitation  ;  ce  fut 
également  le  mâle  qui  eut  la  mauvaise  chance  de  se  présenter  le 
premier  à  portée  de  mon  fusil.  J'assistai  aux  mêmes  scènes  avec 
cette  différence  que  le  pays  étant  entouré  d'importantes  forêts,  il 
vint  un  uombre  de  Pies  autrement  considérable  qu'à  Cachan  dont 
tous  les  environs  n'ont  guère,  en  fait  de  parties  boisées,  que  quel- 
ques propriétés  de  peu  d'étendue.  Il  résulta  de  cette  réunion, 
pendant  toute  la  matinée,  un  concert  si  désagréable  que  plusieurs 
fois  la  tentation  me  vint  d'y  mettre  un  terme  en  faisant  parler  la 
poudre. 

Ce  fait,  qui  s'était  reproduit  trois  fois  dans  les  mêmes  con- 
ditions, pouvait  donc  être  considéré  comme  propre  aux  mœurs 
de  la  Pie  ;  de  plus  il  devait  être  totalement  inconnu,  car,  il  pré- 
sentait assez  d'intérêt,  s'il  avait  déjà  été  observé  chez  un  Oiseau, 
pour  qu'on  u'eût  pas  manqué  de  le  citer  dans  les  recueils  ornitho- 
logiques. 

En  dehors  de  la  Pie  et  du  Geai,  je  ne  connaissais  jusqu'alors 
qu'un  exemple  presque  analogue  ;  il  s'agit  d'un  mâle  Pinson 
qui  continua  l'incubation  alors  que  sa  femelle  avait  disparu  victime 
probablement    d'une  des  nombreuses  causes   de   destruction  au 


100  SÉANCE    DU    14   MAI    1901 

milieu  desquelles  vivent  les  Passereaux  (1).  Ce  mâle  exceptionnel 
amena  à  terme  l'éclosioQ  des  œufs  et  ce  n'est  que  quelques  jours 
après  la  naissance  des  jeuues,  alors  qu'il  se  donnait  beaucoup  de 
peine  pour  fournir  la  nourriture  nécessaire  à  ses  cinq  affamés,  que 
je  vis,  un  matiu.  une  femelle  l'aider  dans  ce  labeur  et  le  partager 
jusqu'à  ce  que  les  jeunes  eussent  quitté  le  nid.  Le  veuf  avait  donc 
trouvé  une  femelle  également  libre  avec  laquelle  il  avait  formé  une 
nouvelle  union. 

Mais  ici,  tout  s'était  passé  sans  cérémonie,  dans  la  plus  stricte 
intimité,  sans  le  concours  des  Pinsons  d'alentour  dont  l'arrivée  en 
nombre,  si  près  de  cbez  moi  —  le  nid  était  justement  établi  dans 
un  massif  de  lilas  bordant  la  cour  des  communs  —  n'aurait  pu 
échapper  à  mon  attention,  surtout  s'ils  s'étaient  livrés  aux  manifes- 
tations familières  aux  Pies  eu  pareille  circonstance. 

Le  hasard,  sur  lequel  il  faut  le  plus  compter  pour  connaître  les 
mœurs  des  animaux  vivant  à  l'état  libre,  m'a  permis  de  voir  se 
reproduire  des  manifestations  semblables  chez  un  autre  Garrulien, 
de  sorte  qu'on  pourrait  leur  attribuer  un  véritable  caractère 
générique. 

Le  11  mai  1900.  je  trouvai  en  bordure  de  ma  propriété,  à  l'entrée 
des  bois  de  la  Plaine  Basse  mitoyens  de  la  forêt  du  Lys,  un  nid  de 
Geai  duquel  émergeait  le  bout  de  la  queue  de  la  femelle  en  train  de 
couver.  Malgré  ma  répugnance  à  détruire  un  oiseau  dans  ces  con- 
ditions, d'un  coup  de  fusil  j'abattis  la  malheureuse  mère  avec  les 
débris  du  nid  et  les  œufs  brisés;  j'avais  fait  acte  de  justicier,  dura 
justitia,  sed  justifia,  car,  deux  jours  avant,  j'avais  surpris  un  Geai 
au  moment  où  il  enlevait  d'un  nid  de  Pinson  le  dernier  des  jeunes 
sortis  le  matin  de  la  coquille,  et,  étant  donnée  la  proximité,  il  était 
à  peu  près  certain  que  le  coupable  était  l'un  ou  l'autre  des  proprié- 
taires du  nid  que  j'avais  supprimé. 

Essentiellement  destructeur  des  couvées,  c'est  là,  en  effet,  la 
spécialité  de  cet  Oiseau  ;  rarement  il  mange  les  œufs,  il  préfère 
attendre  leur  éclosion  pour  emporter  successivement  les  nouveaux 
nés  tout  palpitants  dans  son  bec,  imitant  en  cela  le  Chat  qui 
généralement  ne  touche  aux  nids  qu'il  a  découverts  qu'au  dernier 
moment,  lorsque  les  jeuues  sont  prêts  à  les  abandonner.  Combien 
de  fois  ne  m'est-il  pas  arrivé  d'escompter  la  réussite  d'une  couvée 
en  voyant  les  jeunes  à  la  veille  de  quitter  le  nid  et  de  trouver  le 

(1)  Note  sur  une  incubation  continuée  par  un  maie  Pinson.  —  Bull,  de  la  Soc. 
Zool.  de  France  ;  XVIII  ;  1892. 


SÉANCE    DU    14    MAI    1901  107 

matin  ce  dernier  démoli  et  au-dessous  quelques  pattes,  quelques 
débris  sanglants,  seuls  restes  des  pauvres  petits  surpris  pendant 
le  dernier  sommeil  qu'ils  passaient  dans  leur  berceau. 

Pour  en  revenir  à  mon  sujet,  le  12  mai,  à  deux  heures  de  l'après- 
midi,  par  conséquent  le  lendemain  de  la  destructiou  du  nid  à  la- 
quelle j'avais  procédé  non  sans  éprouver,  je  dois  l'avouer,  un  léger 
remords,  je  remarquai,  en  passant  dans  les  mêmes  parages,  sept  à 
huit  Geais  qui  volaient  très  rapprochés  les  uns  des  autres  et  dans 
des  conditions  identiques  à  celles  qu'offrent  les  bandes  de  petits 
Échassiers  ;  ils  se  posaient  un  instant  sur  un  arbuste  où  ils  se 
tenaient  toujours  eu  groupe,  reprenaient  leur  vol  en  parcourant 
le  parc  en  tous  sens,  puis  finissaient  par  regagner  le  bois  de  la  Plaine 
Basse. 

J'étais  doublement  étonné  et  de  ces  évolutions,  dont  je  ne 
m'expliquais  pas  la  cause,  et  du  silence  qu'en  même  temps  parais- 
saient observer  ces  Oiseaux  contrairement  à  leurs  habitudes,  car, 
ils  ne  manquent  jamais  de  signaler  par  leurs  cris  tout  ce  qui 
survient  ou  qu'ils  remarquent  de  nouveau  autour  d'eux. 

Deux  heures  après,  comme  je  longeais  une  haie  assez  haute 
bordant  la  plaine,  je  fus  surpris  par  uu  fort  bruissement  d'ailes 
juste  au  dessus  de  ma  tête  ;  c'étaient  encore  les  mêmes  Oiseaux 
revenant  du  bois  en  bande  et  qui,  cette  fois,  sans  se  préoccuper 
autrement  de  ma  présence,  s'arrêtèrent  à  peu  de  distance  dans  une 
charmille  en  émettant  des  cris  sourds  ressemblant  à  un  gazouille- 
ment très  doux  que  je  n'avais  pu  percevoir  de  loin.  Comme  a  leur 
première  incursion,  ils  firent  quelques  courses  au  caprice  du  vol 
pour  retourner  de  nouveau  au  bois. 

Cette  scène  bizarre  et  toute  nouvelle  serait  restée  sans  explica- 
tion pour  moi,  si  je  n'avais  déjà  eu  l'exemple  de  la  Pie.  Je  ne 
pouvais  douter  uu  seul  instant  que  toutes  ces  allées  et  venues  ne 
fussent  la  conséquence  de  mon  forfait  de  la  veille:  le  veuf  que 
j'avais  fait  convolait  eu  secondes  noces  avec  le  concours  joyeux  des 
Geais  du  voisinage. 

En  détruisant  au  dehors  la  mère  et  sa  couvée,  j'avais  obtenu 
comme  résultat  d'avoir  un  nid  dans  le  parc  même  ;  car  le  couple 
reformé,  vint  s'y  établir  en  plein  centre,  ce  dont  je  m'aperçus  trop 
tard,  alors  que  la  couvée  de  ces  pillards  avait  certainement  été 
nourrie  par  un  bon  nombre  de  jeunes  Passereaux  enlevés  à  leur 
sortie  de  l'œuf. 

Je  viens  d'exposer  très  succinctement  et  d'une  façon  bien  impar- 
faite,  les   scènes  curieuses   dont  j'ai  eu  la  bonne  fortune   d'être 


108  SÉANCE    DU    14    MAI    1901 

témoin  ;  je  pourrais  m'arrèter  là,  ayant  rempli  mon  rôle  de  simple 
observateur;  mais,  comme  toute  observation,  celle  ci  n'a  réelle- 
ment de  valeur  que  par  les  déductions  qu'elle  permet  d'en  tirer  et 
par  les  aperçus  qu'elle  ouvre,  sur  les  mœurs  des  Oiseaux,  au  point 
de  vue  de  leur  intelligence  et  de  leur  esprit  de  sociabilité. 

Il  est  un  point  qui  m'a  tout  d'abord  frappé  dans  les  faits  que  je 
viens  de  citer,  c'est  la  reformation  sur  la  place  même  où  le  mâle 
aussi  bien  que  la  femelle  avaient  été  tués,  d'un  nouveau  couple 
appelée  continuer  la  nidification  en  cet  endroit.  Pourqu'oi  l'inverse 
ne  s'est-il  pas  produit  ?  L'explication  la  plus  rationnelle  qu'on 
puisse  en  donner  c'est  qu'aux  années  correspondantes  à  la  destruc 
tion  que  j'avais  faite  des  mâles  Pies  et  de  la  femelle  Geai,  il  s'était 
trouvé,  dans  un  rayon  indéterminé,  des  mâles  et  une  femelle  en 
disponibilité,  c'est-à-dire  n'ayant  pas  trouvé  à  s'accoupler  au 
moment  de  la  reproduction  ;  de  sorte,  qu'il  était  tout  indiqué  pour 
eux  de  répondre  à  l'appel  des  conjoints  que  le  hasard  leur  offrait, 
là  où  ces  derniers  avaient  déjà  commencé  la  nidification  et  jugé 
l'endroit  favorable  à  la  reproduction  de  l'espèce. 

Chez  la  Perdrix  (Starna  cinerea)  par  exemple,  j'ai  tout  lieu  de 
croire  que  les  mâles  sont  presque  toujours  en  excès  et  que,  par 
suite,  un  certain  nombre  ne  trouvant  pas  à  s'apparier,  restent  des 
célibataires  contraints  et  forcés  :  sans  cesse  à  la  recherche  d'une 
femelle,  ils  viennent,  quelquefois  de  très  loin,  jeter  le  désordre 
dans  les  pariades  et  c'est  alors  affaire  aux  bons  gardes  de  les 
détruire  s'ils  ne  veulent  pas  perdre  le  bénéfice  de  quelques  couvées 
sur  leur  canton.  Je  n'ai  jamais  eu  de  Perdrix  femelles  en  captivité, 
sans  voir  arriver,  dans  le  courant  de  mai,  des  mâles  qui  ne  quit- 
taient plus  le  pourtour  de  la  volière  ;  certains  séjournaient  ainsi 
plusieurs  semaines,  s'effarouchant  à  peine  quand  on  approchait. 
Dans  ce  cas,  il  est  facile  de  comprendre  que  ces  mâles,  en  circu- 
lant dans  la  campagne  arrivent  à  passer  à  proximité  et  que  leur 
flair  délié  ou  quelques  rappels  timides  de  la  femelle  les  amènent 
tout  naturellement  auprès  de  cette  dernière  qui,  alors  même  qu'elle 
a  un  époux,  ne  paraît  jamais  insensible  aux  hommages  que  lui  otîre 
à  travers  le  grillage,  ce  visiteur  amoureux. 

Mais  il  n'eu  est  pas  aiusi  pour  nos  Garruliens.  Ce  n'est  ni  le 
hasard,  ni  les  courses  aventureuses  qui  favorisent  la  reformation 
de  ces  couples  brutalement  désunis.  11  faut  que  la  nouvelle  de  la 
place  vacante  arrive  jusqu'au  célibataire,  mâle  ou  femelle,  appelé 
à  prendre  une  successiou  imprévue;  de  même  qu'il  est  évident  que 
tous  les  couples  établis  dans  les  cantons   voisins   sont   aussitôt 


SÉANCE   DU    14   MAI    15)01  109 

avisos  de  l'événement  d'une  manière  quelconque,  pour  qu'à  peine 
vingt-quatre  heures  après,  tous  se  trouvent  réunis  sur  le  même 
point  et  dans  le  même  but. 

Les  Oiseaux  ont  donc  des  moyens  de  se  transmettre  de  proche  en 
proche  les  nouvelles  qui  les  intéressent;  ils  se  comprennent  et  ils 
agissent  tout  comme  pourrait  le  faire  l'homme  en  pareille  circons- 
tance. 


Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,   1901.  xxvi.  —  10. 


110 


Séance  du  28  Mai  igoi 

PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  D'  TROUESSART,  PRÉSIDENT, 
ET  DE  M.  LE  Dr  HÉROUARD 


M.  Vignon  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

M.  le  Président  adresse  les  félicitations  de  la  Société  à  M.  le 
Dr  Laveran,  élu  Membre  de  l'Académie  des  Sciences. 

M.  Fr.  Secques  fait  une  communication  sur  les  différents  ani- 
maux importés  à  Rome  pour  les  jeux  du  Cirque.  Il  montre  en 
particulier  que  l'Éléphant  d'Afrique  était  l'espèce  la  plus  répandue 
à  cette  époque. 

M.  le  Dr  Trouessart  fait  une  communication  sur  la  découverte 
récente,  au  Congo  belge,  d'une  nouvelle  espèce  animale,  que  l'on 
identifie  avec  Y tlelladothérium  découvert  en  Grèce  par  M.  Gaudry. 
Or  les  fragments  qui  sout  parvenus  en  Europe  ne  sont  pas  encore 
suffisants  pour  permettre  une  telle  identification.  Tout  ce  qu'il  est 
possible  d'affirmer,  c'est  que  c"est  bien  un  Ruminant  voisin  de  la 
Girafe  et  de  Y Helladothérium.  La  confirmation  de  ce  fait  serait  une 
preuve  de  plus  pour  montrer  que  la  faune  africaine  résulte  bien 
de  la  faune  septentrionale  tertiaire,  qui  aurait  émigré  vers  le  sud. 

M.  le  Dr  Trouessart  fait  une  Causerie  sur  la  notion  d'espèce  et  de 
sous-espèce  en  Zoologie.  Cette  Causerie  sera  publiée  ultérieurement. 

M.  le  D1'  HÉROUARn,  qui  le  remplace  au  fauteuil  présidentiel,  lui 
adresse  les  remerciements  et  les  félicitations  de  la  Société. 


111 

Séance  du  11  Juin  igoi 
PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  Dr  TROUESSART,  PRÉSIDENT 

M.  le  Secrétaire  général  présente  à  la  Société  un  mémoire  de 
M.  le  professeur  Gourret  sur  les  Térebellacées  et  les  Ampharétiens 
du  golfe  de  Marseille. 

Il  donne  ensuite  lecture  de  la  circulaire  suivante  émanée  du 
Congrès  international  des  bibliothécaires  et  relative  à  un  concours 
pour  l'étude  des  Insectes  ennemis  des  livres  : 

a  Au  cours  du  Congrès  international  des  bibliothécaires,  tenu  à 
Paris  les  20,  21,  21  et  23  août  1901,  Mn«  Marie  Pelleghet  (1),  biblio- 
thécaire honoraire  à  la  Bibliothèque  nationale  et  membre  du  Con- 
grès, a  institué  deux  prix,  l'un  de  1,000  francs,  l'autre  de  500  francs, 
destinés  à  récompenser  les  deux  meilleurs  mémoires  relatifs  aux 
Insectes  qui  détruisent  les  livres.  Ces  prix  seronts  décernés  sous  le 
nom  de  Prix  Marie  Pellechet. 

»  Au  cours  du  même  Congrès,  un  second  donateur,  qui  désire 
garder  l'incognito,  a  fondé  un  prix  unique  de  1,000  francs  à  décer- 
ner à  l'étude  la  plus  sérieuse  présentée  sur  le  même  sujet,  mais 
dans  laquelle  l'auteur  se  sera  plus  spécialement  occupé  des  Insectes 
qui  s'attaquent  aux  reliures  des  volumes.  Ce  prix  est  dénommé 
Prix  du  Congrès  des  rirliotrécaires. 

»  La  Commission  d'organisation  du  Congrès  des  bibliothécaires, 
autorisée  par  les  fondateurs,  a  arrêté,  ainsi  qu'il  suit,  les  condi- 
tions du  concours. 

»  Art.  1er.  Prix  Marie  Pellechet.  —  Un  premier  prix  de  1,000 
francs  et  un  second  prix  de  500  francs  seront  décernés  en  1902  aux 
deux  meilleurs  mémoires  présentés  sur  ce  sujet  :  Étudier  d'une 
façon  scientifique  les  Insectes  ou  Vers  qui  s'attaquent  aux  livres;  en 
déterminer  les  genres  et  les  espèces;  en  décrire  les  modes  de  propaga- 
tion, les  mœurs,  les  ravages  ;  mentionner  les  parasites  qui  vivent  à 
leurs  dépens  ;  définir  les  matières  dont  ils  se  nourrissent,  celles  qui  les 
attirent,  celles  qui  les  font  fuir  ou  les  font  périr  ;  indiquer  les  meilleurs 
moyens  à  employer  pour  les  détruire  et  les  chasser  quand  ils  ont  envahi 
une  bibliothèque,  pour  prévenir  de  leur  invasion  les  bibliothèques 
encore  in  de  m  nés. 

»  Art.  II.  Prix  du  Congrès  desdirliothécaires.  —  Un  prix  unique 
de  1,000  francs  sera  décerné,  à  la  même  époque  et  dans  les  mêmes 
conditions,  à  un  autre  mémoire  sur  le  même  sujet,  mais  avec  cette 
différence,  toutefois,  que  le  mémoire  qui  pourra  être  récompensé 

(1).  M"s  Marie  Pellechet,  fondatrice  de  ces  prix,  est  décédée  le  11  décembre  1900. 


112  SÉANCE  DU  11  JUIN  1901 

par  ce  prix  sera  consacré  à  l'étude  des  Insectes  ou  Vers  qui  s'atta- 
quent plus  particulièrement  à  la  reliure  des  livres. 

»  Art.  III.  —  Le  jury,  chargé  d'examiner  les  mémoires  et  de 
décerner  les  prix,  est  formé  du  bureau  de  la  Commission  du  Con- 
grès des  bibliothécaires,  auquel  sont  adjoints  des  membres  de  la 
Commission  et  des  zoologistes. 

»  Art.  IV.  —  Les  mémoires  pourront  être  rédigés,  non  seulement 
en  français  ou  en  latin,  mais  aussi  en  allemand,  en  anglais,  en 
espagnol  et  en  italieu. 

»  Art.  V.  —  Les  auteurs  ne  doivent  pas  se  faire  connaître  avant 
la  décision  du  jury  ;  mais  chaque  manuscrit  devra  porter  une 
épigraphe  ou  devise  qui  sera  répétée  sur  un  pli  cacheté  joint  à 
l'ouvrage  et  contenant  le  nom  de  l'auteur. 

»  Art.  VI.  —  Les  mémoires  devront  être  adressés,  avant  le  31 
mai  1902,  au  secrétaire  général  du  Congrès  des  bibliothécaires. 

»  Art.  VIL  —  Si  les  mémoires  présentés  à  la  date  du  31  mai  1902 
ne  semblent  pas  au  jury  d'un  mérite  suffisant  pour  obtenir  les 
récompenses  offertes,  le  concours  sera  prorogé  jusqu'au  31  mai 
1903.  Si  à  cette  date  encore  aucun  mémoire  digne  d'être  récom- 
pensé n'avait  été  présenté,  le  concours  serait  prorogé  une  seconde 
fois  jusqu'au  31  mai  1904  ;  mais  les  prix  qui  n'aurait  pu  être  décer- 
nés après  ces  deux  prorogations  seraient  définitivement  retirés. 

»  Art.  VIII.  —  Les  auteurs  devront  inscrire,  en  tète  de  leurs 
mémoiies,  les  mots  Prix  Marie  Pellechet,  ou  Prix  du  Congrès  des 
bibliothécaires,  suivant  qu'ils  auront  en  vue  l'un  ou  l'autre  de 
ces  concours. 

>)  Art.  IX.  —  Il  est  bien  entendu  que  le  désir  des  donateurs 
n'est  pas  de  faire  attribuer  une  récompense  aux  personnes  qui 
enverraient  simplement  des  formules  et  recettes  ou  qui  signale- 
raient des  moyens  empiriques  généraux  pour  détruire  les  Insectes 
ou  les  éloigner  des  livres. 

))  Art.  —  Les  manuscrits  envoyés  ne  seront  pas  rendus.  » 

Les  mémoires,  ainsi  que  les  demandes  de  renseignements,  doi- 
vent être  adressés  à  M.  Henry  Martin,  secrétaire  général  du 
Congrès  des  bibliothécaires,  à  la  bibliothèque  de  l'Arsenal,  rue  de 
Sully,  1,  à  Paris. 

M.  Gadeau  de  Kerville  fait  une  Causerie  sur  les  Cécidiozooses 
et  les  animaux  qui  les  produisent.  Cette  Causerie  sera  publiée 
ultérieurement. 

M.  le  Président  lui  adresse  les  félicitations  de  la  Société  et  émet 
l'espoir  que  l'exemple  donné  par  M.  Gadeau  de  Kerville  sera  suivi 
par  nos  collègues  de  province. 


SÉANCE  DU    11    JUIN    1901  113 

LA  NIDIFICATION  DE  L'  «  ASTUR  NISUS  9» 
DANS  LE  DÉPARTEMENT  DE  LA  MEURTHE-ET  MOSELLE 

PAR 

LE    BARON    D'HAMONVILLE 

Sur  un  hêtre  de  moyenne  grandeur,  à  huit  mètres  envirou  du  sol 
et  près  du  tronc,  un  nid.  Composé  de  bûchettes  entrelacées  et  gros- 
sièrement construit,  il  est  placé  à  l'intersection  de  deux  grosses 
branches.  Le  fond  est  garni  de  ces  plumes  duveteuses  que  la  femelle 
s'arrache  de  la  poitrine  et  de  l'abdomen  au  moment  de  la  ponte. 
Un  seul  œuf  oblong,  à  fond  blanc  légèrement  verdàtre,  marqué  de 
larges  taches  brun-clair,  malheureusement  cassé  par  le  coup  de  feu. 
Le  germe  en  est  déjà  développé. 

A  notre  approche  la  femelle  qui  couvait  très  chaud  s'échappa  du 
nid  pour  y  rentrer  presque  aussitôt.  Tirée  et  manquée,  cinq  minu- 
tes après  elle  était  de  retour.  Cette  fois  un  coup  de  fusil  l'abat. 

Rien  d'anormal  en  ce  qui  concerne  les  dimensions  du  sujet.  Mais, 
particularité  curieuse  et  peu  fréquente  à  cette  époque  de  l'année, 
la  couveuse  se  trouve  en  pleine  mue.  Toutes  les  rémiges  anciennes 
décolorées,  prêtes  à  tomber,  sont  recouvertes  par  un  nouveau 
rang  de  rémiges  nouvelles,  qui  ofîreut  la  coloration  bleu-ardoisée 
des  jeunes  plumes.  Ces  rémiges  nouvelles  ayant  encore  leurs 
tuyaux  sont  d'une  longueur  de  4  à  o  centimètres.  Tandis  que  les 
plumes  du  dos  usées  et  d'une  couleur  terne  ne  sont  pas  encore 
renouvelées,  les  nouvelles  plumes  en  cette  partie  n'ont  point  fait 
leur  apparition.  Les  rectrices  ne  sont  pas  renouvelées. 

Nous  sommes  donc  en  présence  d'un  Oiseau  en  transformation 
au  moment  de  la  couvaison,  ce  qui  est  un  fait  rare  et  curieux,  la 
mue  précédant  toujours  cette  fonction. 

J'ajouterai  que  la  nidification  en  Meurthe-et-Moselle  de  !'«  Astur 
nisus  »  n'avait  pas  encore  été  constatée,  cemme  le  prouve  cette 
phrase  de  feu  mon  père  dans  son  travail  si  documenté  et  si  cons- 
ciencieux sur  les  Oiseaux  de  la  Lorraine  :  «  Cet  Epervier  assez 
commun  aux  passages  d'avril  et  d'octobre  ne  se  reproduit  point 
dans  notre  région,  sauf  dans  les  Vosges.  » 

Or  cette  femelle  a  été  tuée  sur  son  nid  dans  le  massif  de  Saint- 
Pierremont,  à  22  kilomètres  au  nord  deToul,  c'est-à-dire  à  peu  près 
au  centre  du  département  de  Meurthe-et-Moselle. 


114  SÉANCE  DU  11  JUIN  1901 

SUR   L'HISTOLOGIE   DU    VER -A- SOIE 

{Xote  préliminaire) 

PAR 

P.    VIGNON, 

Préparateur  de  Zoologie  à  la  Sorbonne. 

Frenzel  [1886]  nous  a  donné  une  description  excellente  de  l'in- 
testin des  Chenilles,  description  parfaitement  applicable  au  cas  du 
Ver-à-Soie.  Il  avait,  sur  divers  points,  contredit  les  vues  de 
Leydig  [1883].  A  son  tour,  la  description  de  Frenzel  devait  être 
précisée,  au  point  de  vue  cytologique. 

C'est  ainsi  que,  pour  ce  qui  est  des  cellules  spéciales  qui  se 
trouvent  disséminées  entre  les  cellules  cylindriques,  et  qu'on  appelle 
cellules  caliciformes,  quoiqu'elles  diffèrent  considérablement  des 
cellules  muqueuses,  il  y  aurait  lieu  de  se  rapprocher  des  idées  de 
Leydig,  déconsidérer,  contre  Frenzel,  leur  couche  corticale  comme 
du  protoplasma  en  voie  de  transformation,  et  la  cellule  elle-même 
comme  une  glande  unicellulaire. 

Il  faudrait  insister  sur  le  rôle  que  semble  bien  jouer,  dans  la 
sécrétion,  le  noyau  des  cellules  cylindriques  :  rôle  peu  habituel, 
puisqu'il  garde  à  son  intérieur  ses  grains  de  chromatine  considéra- 
blement accrus  en  nombre,  à  mesure  que  la  cellule  mûrit. 

Bien  entendu,  Frenzel  ne  pouvait  connaître,  de  Yergastoplasma 
de  Garnier,  ni  le  mot  ni  la  chose  ;  ces  formations,  trop  incons- 
tantes dans  la  série  pour  qu'on  puisse  les  regarder  comme  fonda- 
mentales, n'en  sont  pas  moins,  ici,  très  développées,  sous  forme  de 
filaments  flexueux  que  les  auteurs  ont  vus,  mais  sans  préciser  leur 
rôle  dans  le  processus  sécrétoire. 

Enfin  Frenzel  avait  tout-à-fait  méconnu  le  rôle  de  la  membrane 
péritrophique,  ainsi  que  sa  véritable  nature. 

Au  rebours  de  ce  qu'on  aurait  souhaité,  les  mémoires  récents  de 
Verson  [1897]  et  de  Nazari  [1899]  marquent,  pour  tout  ce  qui 
concerne  la  forme  des  cellules  et  leurs  transformations,  un  retour 
en  arrière  notable.  J'aurai  donc  l'occasion,  prochainement,  de 
comparer  les  vues  de  ces  divers  auteurs  et  je  m'efforcerai  de 
remettre  les  choses  au  point. 

Tout  comme  dans  les  cas  où  la  membrane  péritrophique,  par- 
venue à  son  plus  haut  degré  de  différenciation,  se  forme  dans  une 
région  limitée  de  l'intestin  moyen,  elle  doit  ici  son  origine  à  une 


SÉANCE  DU  11  JUIN  1901  115 

émission  de  chitine  fluide,  quoiqu'elle  soit  sécrétée  par  la  totalité 
de  l'intestiu,  conformément  aux  vues  de  Plateau.  Bien  entendu  les 
boules  sarcodiques  ne  sont  [tour  rien  dans  sa  formation  (Cf.  Verson), 
et  il  est  faux  de  la  dessiner,  ainsi  que  le  fait  Nazari,  sous  l'aspect 
d'une  cuticule.  Ce  n'est  pas  que  je  sois  désireux  d'établir  une  ligne 
de  démarcation  tranchée  entre  les  cuticules  et  la  membrane  péri- 
trophique  :  mais,  dans  la  série  des  formations  dues  à  l'activité  de 
la  partie  supérieure  de  la  cellule  épithéliale  (série  qui  va  depuis  les 
bordures  en  brosses  à  poils  libres  jusqu'aux  cuticules  sécrétées,  en 
passant  par  les  membranes  à  structure  plus  ou  moins  définie),  il  est 
nécessaire  de  faire  une  place  à  part  aux  membranes  péritrophiques, 
qui  représentent  le  terme  ultime  de  la  série.  On  parvient  jusqu'à 
elles  en  passant  par  celles  des  cuticules  qui  sont  formées,  elles 
aussi,  par  de  la  chitine  émise  à  l'état  plus  ou  moins  fluide,  ainsi 
qu'on  peut  s'en  rendre  compte  en  examinant  la  formation  du  bec 
chez  l'embryon  de  Sépia. 

Verson  s'est  rallié  sans  réserve  à  la  théorie  vésiculaire  de  la 
sécrétion.  Cette  théorie  l'a  induit  complètement  en  erreur,  pour  ce 
qui  concerne  la  description  des  processus  sécrétoires  :  quoique  les 
boules  sarcodiques  soient  ici,  comme  bien  souvent  ailleurs,  inévi- 
tables, il  est,  chez  le  Ver-à-Soie  particulièrement,  facile  de  montrer 
qu'elles  restent  étrangères  à  la  formation  des  vrais  produits  de 
sécrétion,  produits  que  la  cellule  met  ensuite  en  liberté  par 
destruction  totale. 

C'est  à  partir  des  formations  ergastoplasmiques  qu'il  est  le  plus 
avantageux  d'aborder  l'examen  de  la  théorie  du  protoplasma  supé- 
rieur, telle  que  l'ont  formulée,  indépendamment  l'un  de  l'autre, 
Prenant  et  Kassowitz.  Ici,  en  effet,  les  vues  de  ces  auteurs  revêtent 
une  véritable  précision.  Si  nous  partions,  au  contraire,  de  la 
question  des  racines  ciliaires,  nous  serions  obligés  d'homologuer 
ces  racines  avec  les  bâtonnets  de  R.  Heidenhain,  lesquels  n'ont  rien 
de  commun  avec  les  filaments  basaux  de  nature  ergastoplasmique. 
Nous  nous  trouverions  alors  en  face  de  formations  qui,  loin  d'être 
de  la  quintessence  de  protoplasma,  jouent  souvent  un  simple  rôle 
de  soutien.  Le  Ver-à-soie  nous  fournit  d'ailleurs  un  exemple  de 
fibrilles  proloplasmiques  qui,  pour  n'être  pas  chitinisées,  n'en  sont 
pas  moins  en  rapport  avec  une  fonction  mécanique.  Je  veux  parler 
des  magnifiques  fibrilles,  plus  belles  encore  que  ne  le  montrent  les 
dessins  de  Gilson  [1890 J  ou  de  Korschelt[1896],  qui  se  différencient 
dans  les  conduits  vecteurs  des  glandes  séricigènes. 


116 


Séance  du  2 5  Juin  1901 
PRESIDENCE  DE  M.  LE   Dr  THOUESSART,  PRÉSIDENT 

M.  Alluaud,  de  retour  d'un  long  voyage  à  Madagascar,  assiste 
à  la  séance. 

M.  le  Président  félicite  M.  le  DfGuiart  de  sa  nomination  en  qua- 
lité de  professeur  agrégé  de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris. 

M.  Alluaud  fait  une  communication  sur  les  premiers  résultats  de 
son  voyage  dans  la  région  du  Fort-Dauphin  et  du  fleuve  Mandravé. 
Différents  auteurs  ont  déjà  fait  connaître  un  certain  nombre 
d'espèces  nouvelles  parmi  les  Protozoaires,  les  Insectes  et  les 
Reptiles  rapportés  par  lui  et  il  est  permis  d'espérer  que  la  liste  va 
s'en  accroître  considérablement. 

M.  le  Président  lui  adresse  les  félicitations  de  la  Société. 

M.  Certes  fait  une  communication  sur  les  Protozoaires  nouveaux 
obtenus  par  lui  à  la  suite  de  cultures  faites  avec  les  sédiments 
recueillis  à  Madagascar  par  M.  Alluaud. 

A  l'appui  de  la  communication  dont  on  trouvera  le  texte  plus 
loin,  M.  Certes  expose  sommairement  les  résultats  qu'il  vieut 
d'obtenir  avec  les  cultures  des  sédiments  desséchés  qui  lui  ont 
été  obligeamment  envoyés  de  Port-Dauphin  (Madagascar),  par 
M.  Alluaud,  qu'il  est  heureux  de  pouvoir  remercier  publiquement 

Parmi  les  coquilles  de  Rhizopodes  trouvées  dans  ces  sédiments, 
il  en  est  (Euglypha  alveolata)  dont  les  habitants  sont  vivants. 
Plusieurs  espèces  d'Amibes  et  un  Arlinophrys  ont  apparu  dans  les 
cultures,  ainsi  qu'un  certain  nombre  d'Infusoires  flagellés  et  ciliés. 
M.  Certes  cite  parmi  ces  derniers:  Borio  angustatus,  des  Colpodes, 
desChilodons,  un  Halteria,  un  Microthorax  relativement  de  grande 
taille,  à  cuticule  très  ornée  dans  lequel  la  bouche  est  précédée  d'une 
sorte  de  nasse  qui  n'a  pas  encore  été  décrite,  deux  grandes  espèces 
d'Oxytriches,  une  très  petite  Vorticelle  globuleuse,  à  péristoine  très 
étroit,  des  Blepharisma,  enfin  uu  Acinétien  ou  un  Rhizopode  fusi- 
formetrès  petit,  à  longs  et  épais  tentacules  hyalins  dont  M.  Certes 
n'a  rencontré  jusqu'ici  que  trois  exemplaires  et  qu'il  n'a  pu  com- 
plètement étudier  à  raison  de  sa  petite  taille.  Enfin,  M.  Certes 
signale  comme  particulièrement  intéressante  la  présence  d'un 
rotifère  assez  rare,  VAdineta  vaga,  et   d'un  Chœtonotus  lu  rus  qui 


SÉANCE  DU  25  JUIN  1901  117 

parait  différer  de  l'espèce  type  par  l'existence  de  deux  bouquets  de 
longs  cils  rigides,  à  gauche  et  à  droite  des  épines  caudales. 

Parmis  les  carapaces  de  Diatomées  assurément  vivautes  actuel- 
lement à  Madagascar,  M.  Certes  a  retrouvé  V Amphicampa  admi- 
rabilis  qui  a  été  décrite  comme  fossile  au  Mexique. 

Ces  résultats  qui  ne  sont  certainement  pas  les  derniers  puisqu'il 
n'a  été  fait  jusqu'ici  que  quatre  cultures,  démontrent  cependant 
tout  l'intérêt  qui  s'attache  à  la  recherche  des  espèces  microsco- 
piques qui  résistent  à  la  dessiccation  prolongée. 


INSTRUCTIONS  SUR  LE  MODE  DE  RÉCOLTE  ET  D'ENVOI 

DES  SÉDIMENTS  D'EAU   DOUCE,  SAUMATRE  OU  SALÉE 

DESTINÉS  AUX  RECHERCHES  MICROSCOPIQUES 


PAK 


A.    CERTES 

Ancien  Président  de  la  Société  Zoologique  de  France 

Plusieurs  de  mes  correspondants  ont  bien  voulu  me  demander 
des  instructions  sur  le  mode  de  récolte  et  d'envoi  des  sédiments 
d'eau  douce,  saumâtre  ou  salée  qui  servent  aux  expériences  de 
reviviscence  des  organismes  microscopiques  que  j'ai  entreprises  il 
y  a  plus  de  vingt  ans  et  dont  j'ai  déjà  fait  connaître  les  principales 
conclusions  dans  une  note  publiée  en  1892  (1). 

Les  eaux  mêmes  limpides  et  placées  dans  des  flacons  bouchés 
avec  soin,  se  conservent  difficilement  et  ne  présentent  de  sérieuses 
garanties,  contre  l'introduction  des  germes  atmosphériques,  que 
lorsqu'elles  sont  recueillies  et  rapportées  dans  des  tubes  flambés  et 
fermés  à  la  lampe.  Encore,  dans  ces  conditions,  les  échantillons 
recueillis  ne  présentent-ils  d'intérêt  qu'au  point  de  vue  des  Micro- 
bes et  peut-être  pas  de  tous.  Les  Infusoires  et  les  autres  animal- 
cules microscopiques  supportent  mal  cet  atmosphère  confiné  et  ne 
survivent  pas  aux  secousses  du  voyage. 

Il  en  est  tout  autrement  des  organismes  enkystés  ou  non  et  des 
germes  que  renferment  les  sédiments  desséchés. 

(1)  «  Sur  la  vitalité  des  germes  des  organismes  microscopiques  des  eaux  douces 
et  salées»  —  Comptes-rendus.  Acad.  des  Sciences.  Séance  du  22  février  1892  et 
Bulletin  de  la  Société  Zool.  de  France.  Séance  du  2S  mars  1892.  —  J'ajoute  de 
suite  que  les  expériences  continuées  depuis  1892  sur  des  sédiments  déplus  en  plus 
âgés  et  de  toute  provenance  n'ont  fait  que  confirmer  les  conclusions  de  cette  note. 


118  SÉANCE  DU  25  JUIN  1901 

La  vase  et  surtout  la  couche  jaunâtre  et  visqueuse  qui  se  forme  à 
sa  surface,  les  petites  touffes  de  Conferves  et  les  autres  plantes 
qui  surnagent  ou  végètent  dans  les  eaux,  les  feuilles  mortes  et  les 
débris  végétaux. recueillis  dans  les  lacs,  les  mares  ou  les  flaques 
d'eau  claire  ou  croupie,  l'enduit  visqueux  verdâdre  ou  brunâtre 
qui  se  dépose  sur  les  bords  et  sur  les  objets  submergés,  les  Mousses 
recueillies  au  pied  des  arbres  ou  dans  les  creux  de  rochers,  le  foin, 
les  herbes  desséchées,  etc....  tels  sont  les  éléments  habituels  de 
mes  cultures.  La  variété  de  ces  cultures,  lorsqu'elles  sont  maintenues 
avec  soin  à  l'abri  des  germes  atmosphériques,  fournit  la  preuve 
que  l'on  a  bien  sous  les  yeux  la  faune  locale  réviviscente  des 
localités  explorées  et  non  celle  du  laboratoire  où  on  l'étudié. 

De  très  petites  quantités  de  matériaux  suffisent  et  il  n'y  a  qu'à 
introduire  chaque  échantillon,  sans  aucun  apprêt,  dans  de  petits 
sacs  (1)  ou,  à  leur  défaut,  dans  une  feuille  de  papier  quelconque 
repliée  avec  soin  sur  elle-même,  de  manière  à  éviter  autant  que 
possible,  l'introduction  des  poussières  atmosphériques  en  cours  de 
route.  Avant  l'envoi,  ces  sédiments  doivent  être  desséchés  dans 
leur  enveloppe,  non  pas  au  soleil,  mais  de  préférence  dans  un 
courant  d'air  à  l'ombre. 

Il  est  presque  inutile  d'ajouter  qu'il  convient  de  numéroter 
chaque  échantillon  et  d'indiquer  soit  sur  le  sac,  soit  sur  une  fiche 
introduite  dans  le  sac,  la  date,  la  température  de  l'air  et  des  eaux, 
surtout  lorsqu'il  s'agit  d'eaux  thermales,  la  localité  exacte,  si  elle 
est  saine  ou  malsaine,  le  mode  de  dessiccation,  la  nature  des  échan- 
tillons et  s'ils  proviennent  d'eau  douce,  saumàtre,  salée,  courante 
ou  stagnante,  la  profondeur  au  moins  approximative,  lorsque 
la  vase  a  été  recueillie  par  draguage,  en  un  mot  tous  les  rensei- 
gnements qui  peuvent  donner  plus  de  précision  aux  recherches 
biologiques  dont  ces  sédiments  seront  l'objet. 

Les  sédiments  recueillis  dans  les  cavernes  et  autres  cavités 
souterraines,  à  l'abri  du  jour,  ont  été  peu  étudiés  jusqu'ici.  Ils 
présentent  donc  un  intérêt  spécial.  Dans  ce  dernier  cas,  la  tempé- 
rature est  un  facteur  important  et  toujours  à  noter.  Des  cultures 
faites  à  une  température  plus  élevée  que  celle  des  grottes  courraient 
le  risque  d'être   envahies  rapidement  par  les  espèces  banales  de 

(1)  Les  petits  sacs  dont  je  fais  usage  et  qui  se  trouvent  dans  le  commerce  pour 
l'envoi  des  échantillons  de  graines,  sont  en  parchemin  et  cousus.  Lorsque  les 
recherches  doivent  porter  sur  les  microbes,  il  est  bon  de  les  faire  passer  à  l'étuve 
sèche  à  70"  minimum. 


SÉANCE  DU  25  JUIN   1901  119 

microbes  dont  les  germes  pénètrent  à  de  grandes  distances  —  j'en 
ai  eu  la  preuve  —  dans  les  galeries  souterraines. 

Je  laisse  sans  crainte  à  l'intelligence  des  explorateurs  le  soiu  de 
discerner  celles  des  indications  ci-dessus  qu'ils  peuvent  négliger 
—  s'ils  n'ont  pas  le  temps  de  s'y  conformer  —  et  je  leur  adresse 
à  l'avance  tons  mes  remerciements. 


NIDIFICATION    DE   L'HIRONDELLE   DE    FENÊTRE: 
HIRUNDO    URBICA    (Linn.) 

ET 

Arrivée  prématurée  dans  le  Nord  de  la  France  d'un  Rossignol  : 
PHILOMELA    LUSCINIA    (Linn.). 

PAR 

CH.    VAN   KEMPEN 

Les  mœurs  des  Oiseaux  sont  toujours  très  intéressantes  à  étudier 
et  de  nouvelles  découvertes  ont  lieu  fréquemment. 

Chaque  année  une  paire  d'Hirondelles  de  fenêtre  vient  établir  son 
nid  sous  le  toit  de  mon  Musée  d'histoire  naturelle.  Au  moment  de 
sa  construction,  le  couple,  qui  y  doit  nicher,  est  aidé  par  plusieurs 
autres  Hirondelles,  apportant  dans  leurs  becs  les  matériaux  utiles 
à  l'établissement  du  logis.  Ces  aides  complaisantes  et  serviables 
sont-elles  des  amies?  Sont-elles  des  voisines?  Il  m'a  été  impos- 
sible de  résoudre  ces  questions  !  Aussitôt  le  nid  formé,  elles  dispa- 
raissent, le  laissant  à  la  disposition  de  la  paire  qui  pondra  et  y 
élèvera  ses  petits. 

Mon  préparateur  de  Lille  a  reçu,  le  1er  avril,  un  Rossignol  cap- 
turé dans  un  jardin  des  environs  de  cette  ville.  C'est  une  époque 
tout  à  fait  anormale,  car  cet  Oiseau  n'arrive  jamais  dans  nos  dépar- 
tements du  nord  avant  le  12  où  le  15  de  ce  mois.  Cette  année,  la 
température  était  très  froide,  ce  qui  me  fait  citer  cette  arrivée  hâtive. 

Je  n'ai  pas  aperçu  d'Hirondelles  à  Saint-Omer,  avant  le  L2  avril. 


120  SÉANCE   DU    25   JUIN    1901 


QUELQUES    MOTS    SUR    LA    BIOLOGIE    DES   LARVES    DE  CULEX 

PAR 

MAURICE   NEVEU-LEMAIRE 


On  sait  que  Ja  femelle  des  Moustiques,  uue  fois  fécoudée,  pond  ses 
œufs  à  la  surface  des  eaux  staguantes.  Au  bout  d'environ  deux 
jours  ces  œufs  donnent  naissance  à  une  petite  larve  qui  ne  mesure 
pas  un  millimètre  de  largeur.  Après  une  série  de  mues  successives 
elle  atteiDt  environ  un  centimètre  et,  une  quinzaine  de  jours  après 
son  éclosiou,  elle  se  transforme  en  nymphe,  puis  trois  ou  quatre 
jours  plus  tard  en  Insecte  parfait. 

J'ai  eu  dernièrement  l'occasion  d'observer  au  laboratoire  de 
Parasitologie  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris  un  grand  nombre 
de  larves  de  Moustiques  vivantes,  et  principalement  des  larves  de 
Culex  nemorosus.  Deux  points  ont  surtout  attiré  mon  attention  : 
le  premier  est  relatif  à  l'attitude  de  ces  larves  dans  l'eau  ;  le  second 
se  rapporte  à  la  transformation  de  la  larve  en  nymphe,  et  fera 
l'objet  d'une  autre  note. 

Attitude  des  larces  de  Culex  dans  l'eau.  —  Depuis  que  les  Mous- 
tiques ont  pris  en  pathologie  exotique  une  importance  capitale,  il 
est  peu  de  médecins  ou  de  naturalistes,  s'intéressant  aux  maladies 
des  pays  chauds,  qui  n'aient  étudié  plus  ou  moins  ces  Diptères. 
Mais  la  plupart  de  ces  études  ont  été  faites  hâtivement  et,  comme  il 
arrive  généralement  en  pareil  cas,  on  a  attribué  à  des  caractères 
tout  à  fait  secondaires  une  importance  beaucoup  trop  grande.  C'est 
ainsi  qu'on  avait  indiqué  comme  caractère  distinctif  des  genres 
Culex  et  Anophèles  leur  mode  de  station  sur  une  paroi  plane;  or 
Grassi,  Sambon  et  Low  montrèrent  que  l'attitude  de  ces  Insectes 
était  très  variable  et,  bien  qu'il  soit  assez  facile  à  un  œil  exercé  de 
reconnaître  à  première  vue  les  deux  genres  par  leur  allure  générale, 
on  ne  peut  pas  dire  qu'ils  prennent  infailliblement  la  même  posi- 
tion comme  on  l'avait  cru  d'abord. 

On  a  également  voulu  distinguer  les  larves  de  Culex  et  d'Anophèles 
à  la  position  qu'elles  prennent  dans  l'eau  pour  respirer  :  les  larves 
de  Culex,  munies  d'un  tube  respiratoire  plus  ou  moins  long,  res- 
pirent en  mettant  ce  tube  en  contact  avec  la  surface  de  l'eau  et  se 
tiennent  toujours,  disait-on,  obliquement  la  tête  en  bas  ;  les  larves 
d'Anophèles,  au  contraire,  qui  ne  possèdent  point  de  tube,  mais  deux 
orifices  respiratoires  postérieurs  et  dorsaux,  se  tiennent  pour  res- 


SÉANCE    DU    2.')   JUIN    1901 


121 


pirer  parallèlement  à  la  surface  de  l'eau.  J'ai  moi-même  donné  ce 
caractère  comme  distinctif  des  deux  genres. 

Or,  je  me  suis  aperçu  depuis,  qu'il  n'y  a  rien  d'absolu  dans  cette 
distinction,  et  j'ai  vu  fréquemment  des  larves  de  Culex  prendre 
alternativement  pour  respirer  une  positiou  oblique  ou  une  position 
borizontale,  parallèle  à  la  surface  de  l'eau,  attitude  que  l'on  pensait 
prise  uniquement  par  les  larves  du  genre  Anoplicles.  Gela  ne  veut 
pas  dire  que  la  position  oblique  la  tète  en  bas  ne  soit  pas  beaucoup 
plus  fréquente  chez  les  larves  de  Culex,  mais  cette  position  n'est  pas 
constante.  Si  l'on  rencontre  dans  l'eau  d'une  mare  ou  d'un  étang 
des  larves  situées  horizontalement,  il  ne  faut  donc  pas  conclure, 
sans  les  avoir  examinées,  qu'il  s'agit  de  larves  d'Anophèles,  d'autant 
plus  que  d'autres  larves  encore,  d'une  famille  voisine  des  Culicides, 
celle  du  genre  Corethra  respirent  également  en  prenant  une  position 
borizontale.  D'ailleurs  l'examen,  même  superficiel,  des  larves  récol- 
tées permet  de  reconnaître  si  elles  appartiennent  au  genre  Culex, 
ces  dernières  présentant  seules  un  tube  respiratoire  plus  ou 
moins  long. 


Les  larves  de  Culex  memorosus,  en  particulier,  peuvent  prendre 
dans  l'eau  les  positions  les  plus  variées;  tantôt  elles  s'agitent  en 
faisant  des  contorsions  et  des  soubresauts  continuels,  tantôt  elles 
se  tiennent  presque  immobiles  à  la  surface  de  l'eau  pour  respirer 
l'air  extérieur.  Elles  se  placent  alors  soit  obliquement  la  tète  eu  bas, 
se  contournant  parfois  pour  chercher  à  atteindre  avec  leurs  man- 
dibules un  débris  végétal  flottant  sur  l'eau,  soit  tout  à  fait  verticales, 
toujours  la  tête  en  bas  ;  soit  enfin  complètement  horizontales  simu- 
lant des  larves  d Anophèles. 


122  SÉANCE  DU  25  JUIN  1901 

Ed.  résumé,  on  peut  dire  que  les  larves  de  Culex  prennent  dans 
l'eau  les  attitudes  les  plus  diverses  non  seulement  quand  elles 
nagent,  comme  le  montre  la  figure  précédente,  mais  aussi  quand 
elles  viennent  respirer  à  la  surface  de  l'eau.  Néanmoins  dans  ce 
dernier  cas,  leur  attitude  de  beaucoup  la  plus  fréquente  est  la  posi- 
tion oblique  la  tête  en  bas,  remarquée  depuis  longtemps  par  tous 
les  observateurs. 


123 


Séance  du  g  Juillet  igoi 
PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  Dr  TROUESSART,  PRÉSIDENT 

MM.  R.  Blanchard  et  Neveu-Lemaire  s'excusent  de  ne  pouvoir 
assister  à  la  séance. 

M.  le  Président  fait  part  du  décès  de  M.  Foa,  explorateur  dans 
l'Afrique  centrale,  qui  vient  de  mourir  des  suites  d'une  affection 
contractée  au  cours  de  ses  voyages. 

M.  le  Président  adresse  à  la  famille  les  compliments  de  condo- 
léance de  la  Société  Zoologique  de  France. 

M.  le  Secrétaire  général  rappelle  à  la  Société  que  le  Congrès 
international  de  Zoologie  s'ouvrira  à  Berlin  le  12  août  prochain. 

M.  Clément  fait  une  causerie  sur  Y  Apiculture  et  présente  à  la 
Société  les  principaux  appareils  qui  ont  été  gracieusement  mis  à  sa 
disposition  par  la  maison  Gariel. 

M.  le  Président  lui  adresse  les  félicitations  de  la  Société. 


MISSION  DU  VICOMTE  DU  BOURG  DE   BOZAS  EN  AFRIQUE  CENTRALE. 
I.  —  Note  sur  les  Hirudinées  du  lac  Arramaya  (Aryssinie) 

PAR 

LE  Dr   EMILE  BRUMPT 

Nous  avons  rencontré  trois  espèces  d'Hirudiuées  dans  le  lac  Arra- 
maya, aux  environs  d'Harrar.  L'une  d'elles,  que  nous  connaissions 
déjà  d'Europe,  a  particulièrement  frappé  notre  attention  ;  c'est 
la  Glossosiphonia  tessellata  (0.  E,  Mùller).  Cette  Sangsue  a  une 
distribution  géographique  des  plus  étendues  :  elle  a  été  signalée 
déjà  par  mon  maître  M.  le  professeur  R.  Blanchard  (1)  au  Chili, 
où  elle  a  été  probablement  apportée  par  les  Oiseaux  sauvages 
migrateurs,  aux  dépens  desquels  elle  vit. 

Il  doit  en  être  de  même  pour  le  lac  Arramaya,  sur  les  rives  duquel 

(1)  R.  Blanchard,  Présence  de  la  Glossossiphonia  tessellata  au  Chili.  Description 
complémentaire  de  cette  Hiruilinée.  Actes  île  la  Soc.  xcientif.  du  Chili,  II, 
p.  177  187,  1892. 


124  SÉANCE    DU    9   JUILLET    1901 

on  trouve  des  légions  d'Oiseaux  aquatiques,  dont  beaucoup  ont  une 
grande  ressemblance  avec  ceux  de  France  ou  d'Europe. 

La  reproduction  de  la  Glossosiphonia  tessellata  est  activée  par  le 
climat  très  régulier  delà  région.  Les  exemplaires  capturés  portaieut 
des  petits  à  même  de  vivre  isolés  et  identiques  à  ceux  que  j'ai  récol- 
tés aux  environs  de  Paris,  environ  deux  mois  plus  tard.  Ce  fait  est 
d'accord  avec  les  observations  que  l'on  peut  faire  facilement  dans 
les  laboratoires  (1),  où  la  ponte  est  accélérée  de  deux  et  même  de 
trois  mois  par  la  cbaleur. 

Le  lac  Arramaya  offre  aux  Hirudinées  parasites  un  gîte  de  pre- 
mier choix  ;  on  se  croirait  plutôt  au  Jardin  d'acclimatation  que  dans 
un  pays  africain,  tous  les  Oiseaux  sont  abondants;  les  habitants  de 
ces  régions  ne  consommant  pas  leur  chair,  ils  ne  craignent  pas 
l'Homme.  Dans  une  excursion  que  nous  fîmes  sur  le  lac  avec  mon 
compagnon  de  voyage,  des  espèces  de  Poules  d'eau  venaient  autour 
du  canot  Berton;  plusieurs  femelles,  auxquelles  nous  voulions  ravir 
les  jeunes,  venaient  frapper  l'eau  à  un  mètre  de  nous,  dans  le  but 
de  nous  effrayer.  L'abondance  de  ces  Oiseaux  explique  celle  des 
Hirudinées  parasites  des  Oiseaux,  comme  l'abondance  des  bestiaux 
explique  celle  des  Sangsues  médicinales  ou  tout  au  moins  d'une 
variété  de  ces  dernières.  En  quelques  heures  passées  sur  les  bords 
du  lac,  nous  avons  récolté  et  pu  faire  récolter  par  déjeunes  Gallas 
des  centaines  de  ces  Vers.  LesGallas  les  prennent  très  simplement  : 
ils  immergent  leurs  pieds  en  des  points  où  l'eau  est  très  claire  ;  les 
Sangsues  médicinales  s'y  fixent  aussitôt.  Les  deux  autres  espèces 
d'Hirudinées  (Glossosiphonia  tesselata  et  Glossosiphonia  s.  p.?)  quit 
tent  également  leurs  repaires,  pensant  trouver  quelques  Oiseaux 
entrain  de  plonger:  c'est  à  ce  moment  qu'on  les  capture.  Elles  ne 
peuvent  piquer  l'Homme;  je  n'ai  pas  réussi  à  me  faire  piquer  pat- 
elles ;  mais  j'ai  pu  en  récolter  une  bonne  collection  qui  rampèrent 

sur  mes  jambes. 

Harrac,  20  mai  1901 . 


(Il  E.  Brcmpt.   Reproduction   des    Hirudinées.    Mém.   Soc.   Zool.    de  France, 
XIII,  n°  4,  1901. 


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Séance  du  23  Juillet  iqoi 
PRÉSIDENCE   DE  M.   LE  DOCTEUR  TROUESSART,  PRÉSIDENT 

M.  le  professeur  R.  Blanchard  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister 
à  la  séance. 

M.  le  Président  fait  part  de  la  perte  cruelle  que  vient  de  faire  la 
Zoologie  française  en  la  personne  de  M.  de  Lacaze  Duthiers,  profes- 
seur d'anatomie  et  de  physiologie  comparées  à  la  Faculté  des  scien- 
ces de  Paris,  Membre  honoraire  de  la  Société  Zoologique  de  France. 

M.  le  Président  adresse  les  félicitations  de  la  société  à  M.  le 
professeur  Kunsler,  de  Bordeaux,  pour  sa  nomination  de  Chevalier 
de  la  Légion  d'Honneur. 

M.  Juan  Rodriguez,  de  Guatemala,  remercie  de  sa  nomination 
en  qualité  de  Membre  de  la  Société  Zoologique  de  France. 


HENRI  DE  LACAZE-DUTHIERS 

1821-1901 

NOTICE  NÉCROLOGIQUE 

PAh 

LE  Dr  J.  GUIART 

Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médeine  de  P.iris 

Il  y  a  deux  jours  à  peine  le  télégraphe  nous  annonçait  le  décès  de 
H.  de  Lacaze-Duthiers.  Cette  mort,  bien  que  n'étant  pas  tout  à  fait 
imprévue,  va  profondément  troubler  le  monde  savant.  H.  de 
Lacaze-Duthiers  était,  en  effet,  le  dernier  survivant  de  cette  pléiade 
zoologique  du  siècle  passé  dont  de  Blainville,  de  Quatrefages,  Emile 
Blanchard,  H.  Milne-Edwards,  I.  Geoffroy- Saint -Hilaire,  Van 
Benedf.n,  Vogt,  H.  de  Lacaze-Duthiers  et  tant  d'autres  ont  été  les 
glorieux  représentants.  Depuis  de  nombreuses  années  nous  étions 
habitués  à  voir  en  de  Lacaze-Duthiers  le  seul  détenteur  des  vieilles 
traditions  zoologiques  et  ce  n'est  pas  sans  émotion  que  nous  voyous 
disparaître  en  lui  une  des  gloires  de  la  science  française.  C'est  à  ce 
titre  que  je  consacre  cette  notice  à  celui  qui  fut  mon  premier 
maître,  car,  s'il  compta  parmi  les  Membres  honoraires  de  la  Société 


126  SÉANCE    DU    23   JUILLET    1901 

Zoologique  de  France,  on  ne  peut  s'empêcher  de  regretter  qu'il  lui 
ait  toujours  porté  aussi  peu  d'intérêt. 

H.  de  Lacaze-Duthiers  comptait  au  nombre  de  ces  cadets  de 
Gascogne  parmi  lesquels  tant  de  nos  grands  hommes  sont  allés  se 
recruter  depuis  quelques  siècles.  11  naquit  dans  le  Lot  et  Garonne, 
le  15  mai  1821.  11  fit  ses  études  au  collège  de  Villeneuve  sur-Lot 
puis  vint  à  Paris  pour  étudier  la  médecine.  Durant  ses  années 
d'internat,  il  se  lia  d'une  amitié  profonde  avec  celui  qui  devait 
devenir  le  professeur  Potain.  Ils  se  lancèrent  ensuite  dans  des 
voies  différentes;  mais  ne  se  départirent  jamais  de  leur  vieille 
amitié  que  la  mort  seule  fut  capable  de  rompre. 

C'est  à  Lille  qu'il  débuta  dans  l'enseignement  comme  professeur 
de  zoologie  et  il  laissa  de  son  passage  en  cette  université  un  tel 
souvenir  que  la  Faculté  des  sciences  de  Lille  a  inscrit  son  nom  à 
côté  de  celui  de  Pasteur,  qui  fut  son  premier  doyen.  A  Paris,  il  fut 
professeur  à  cette  école  normale  contre  laquelle  il  devait  lutter 
durant  tout  le  reste  de  sa  vie.  Il  traversa  le  muséum,  où  il  occupa 
l'une  des  chaires  les  plus  importantes,  mais  il  se  fit  surtout  con- 
naître à  la  Sorbonne,  où,  durant  trente-trois  ans,  il  enseigna  la 
zoologie  et  l'anatomie  comparée  dans  cette  chaire  où  le  mois 
dernier  il  faisait  encore  son  cours.  C'est  donc  une  carrière  de  près  de 
cinquante  années  qu'il  a  consacrée  à  l'enseignement  supérieur  et  à 
la  zoologie.  Il  fut  un  professeur  émérite  et  je  n'eu  veux  pour  preuve 
que  les  innombrables  élèves  qui  se  sont  succédé  dans  ses  labora- 
toires et  qui  occupent,  presque  tous,  les  situations  les  plus  enviées 
des  principales  Universités  françaises  et  de  beaucoup  d'Universités 
européennes.  C'est  qu'en  effet  il  fut  non  seulement  un  maître,  mais 
un  véritable  apôtre  de  la  Zoologie.  Il  savait  du  reste  prêcher  d'exem- 
ple, comme  le  prouvent  ses  nombreux  et  admirables  travaux  sur  le 
Corail,  sur  les  Insectes,  sur  les  Mollusques  et  sur  les  ïuniciers, 
qui  sont  dans  toutes  les  mains  et  qui  sont  devenus  classiques  dans 
tous  les  pays.  11  devait  donc  nécessairement  exciter  autour  de  lui 
une  émulation  peu  commune,  et  les  trente  volumes  des  Archives  de 
zoologie  expérimentale  et  générale,  où  se  trouvent  publiés  les  travaux 
de  ses  nombreux  élèves,  en  sont  la  meilleure  preuve.  On  peut  dire, 
sans  crainte  d'être  taxé  d'exagération,  qu'il  fut  le  savant  qui  eut  le 
plus  d'élèves  ;  mais  son  caractère  inquiet  et  méfiant  fit  qu'il  ne  sut 
malheureusement  pas  les  conserver,  de  telle  sorte  que  durant  sa 
vieillesse  ce  grand  homme  dut  vivre  dans  un  isolement  à  peu  près 
complet.  H.  de  Lacaze-Duthiehs  fut  un  persécuté  ;  il  fut  plus  à 
plaindre  qu'à  blâmer. 


1É1P 


■/'■" 


HENRI    DE    LACAZE-DUTHIERS 


1821 -1901 


(Cliché  prêté  par  MM.  Schleicher). 


SÉANCE   DU    23   JUILLET    1901  127 

Mais  je  neveux  pas  m'étendre  plus  longuement  sur  sa  biographie 
et  je  ne  veux  cependaut  pas  terminer  sans  dire  un  mot  de  ce  qui 
fut  son  œuvre  capitale  :  la  fondation  des  laboratoires  de  Biologie 
marine.  En  1872,  il  fondait,  sur  les  côtes  de  l'Océan,  le  Laboratoire 
de  Roscolî,  puis,  rendu  audacieux  par  les  nombreux  travailleurs 
qui  y  affluèrent  bientôt  de  tous  pays,  le  Laboratoire  de  Roscolî 
n'était  pas  encore  terminé,  qu'il  résolut  de  compléter  par  un 
Laboratoire  d'hiver,  aux  bords  de  la  Méditerrannée,  l'enseignement 
de  la  Zoologie  à  la  Sorbouue.  Mais  cette  fois  le  gouvernement  se  lit 
tirer  l'oreille  et  il  dut  recourir  à  l'initiative  privée.  Il  se  fit  frère 
quêteur  et  en  peu  de  temps  il  rassemblait  les  132,000  francs  qui  lui 
furent  nécessaires  pour  fonder  le  laboratoire  Arago,  de  Banyuls  sur- 
Mer,  qu'il  terminait  et  dont  il  fit  don  à  l'État  en  1883.  On  ne  saurait 
trop  vanter  la  perspicacité  dont  il  fit  preuve  dans  le  choix  de  ces 
deux  laboratoires  qui  sont  tous  deux  d'une  admirable  richesse. 
Mais  les  rhumatismes  d'H.  de  Lacaze  Duthiers  ne  pouvant  s'accom- 
moder des  bruues  de  l'Océan,  le  laboratoire  Arago  devint  sa  station 
préférée,  bien  que  les  travailleurs  y  fussent  plus  rares  et  il  aban- 
donna à  peu  près  le  laboratoire  de  Roscolf,  où  les  savants  de  tous 
pays  ne  cessèrent  cependant  de  se  donner  rendez  vous  chaque 
année,  durant  la  saison  chaude.  Cet  état  d'infériorité  de  Roscofï  sur 
Banyuls  m'a  beaucoup  peiné  pendant  les  deux  années  ou  j'ai  eu 
l'honneur  de  diriger  cette  station  ;  j'ai  tout  fait  pour  y  remédier, 
mais  sans  grand  résultat.  Le  laboratoire  de  Banyuls  est  allé  au 
contraire  sans  cesse  en  prospérant,  doublant  d'importance,  s'enri- 
chissant  d'un  vivier,  d'un  bateau  à  vapeur  et  d'un  bassin  de 
radoub.  Mais,  si  ce  fut  au  détriment  des  budgets  de  la  Sorbonne  et 
de  Roscolï,  la  zoologie  ne  doit  cependant  pas  le  regretter,  puisque 
cet  état  de  choses  a  été  en  réalité  très  profitable  à  la  science  fran- 
çaise. C'est  en  effet  grâce  au  bateau  à  vapeur  le  Roland,  que  M.  le 
professeur  Pruvot,  le  nouveau  directeur  du  Laboratoire,  a  pu  dresser 
la  carte  zoologique,  géologique  et  bathymétrique  du  golfe  du  Lion, 
carte  qu'il  travaille  encore  actuellement  à  compléter  avec  l'aide  de 
M.  le  Docteur  Racovitza,  directeur  adjoint  de  la  station.  On  peut 
dire  qu'en  créant  ces  laboratoires,  H.  de  Lacaze-Duthiers  a  été  un 
novateur,  en  montrant  qu'il  n'y  a  pas  de  vraie  zoologie,  si  l'on 
n'étudie  pas  à  la  fois  la  biologie,  la  morphologie,  l'anatomie,  l'his- 
tologie et  l'embryologie,  et  s'il  fut  un  grand  maître,  c'est  que  grâce 
à  ses  laboratoires,  comme  l'a  dit  un  jour  M.  le  professeur  Delage, 
«  il  put  apprendre  en  quelques  semaines  à  ses  élèves  plus  de  vraie 
zoologie  que  pendant  des  années  entières  d'études  théoriques  ».  On 


128  SÉANCE  DU  23  JUILLET  1901 

lui  reprochera  peut-être  d'avoir  lancé  la  zoologie  française  un 
peu  trop  vers  l'étude  de  la  Zoologie  marine  et  d'avoir  formé 
des  élèves  ne  connaissant  pas  la  (aune  des  environs  de  Paris, 
mais  la  faute  n'en  est-elle  pas  bien  plutôt  à  ceux-ci,  qui  auraient 
pu  compléter  dans  d'autres  laboratoires  les  enseiguements  du 
maître.  11  lit  du  reste  beaucoup  d'adeptes,  comme  eu  témoignent 
le  grand  nombre  des  savants  de  tous  pays  qui  se  sont  succédé 
dans  ses  laboratoires  et  les  innombrables  laboratoires  maritimes 
qui  se  sont  fondés  tout  le  long  des  côtes  de  France.  Aussi  est-il 
peu  de  carrières  qui  aient  été  aussi  brillantes  que  la  sienne  :  toutes 
les  académies  et  sociétés  savantes  se  sont  disputé  l'honneur  de  le 
compter  parmi  leurs  membres  ;  il  fut  élu  membre  de  l'Académie 
des  sciences  le  31  juillet  1871,  membre  de  l'Académie  de  médecine 
le  18  mai  1886  et  le  15  août  1900,  lors  de  la  remise  du  buste  que  lui 
offrait  l'Université  de  Barcelone,  le  Gouvernement  français  lui 
décernait  le  grade  de  Grand-Oflicier  de  la  Légion  d'Honneur.  Le 
nom  d'H.  de  Lacaze  Duthiers  restera  parmi  les  fastes  de  la  zoologie 
française  et  la  Société  Zoologique  de  France  peut  être  hère  de 
l'avoir  compté  au  nombre  de  ses  Membres  honoraires. 


129 


CINQUIEME  CONGRES  INTERNATIONAL  DE  ZOOLOGIE 

Tenu  à  Berlin  en  Août  1901 


COMPTE  -  RENDU   SOMMAIRE 

PAR 

LE  Dr  JULES  GUIART 

La  Société  Zoologique  de  France  peut  être  fière  de  l'œuvre  entre- 
prise sous  son  patronage  par  Alphonse  Milne Edwards  et  le  pro- 
fesseur R.  Blanchard.  Le  Congrès  de  Berlin  a  dépassé  toutes  les 
espérances.  Le  Congrès  de  Leyde  comptait  250  membres  ;  celui  de 
Cambridge  380  sur  440  inscrits;  celui  de  Berlin  a  compté  470  mem- 
bres sur  604  inscrits.  C'est  un  grand  succès  qui  fait  bien  augurer 
de  l'avenir. 

Parmi  les  membres  de  la  Société  Zoologique  de  France,  présents 
à  Berlin,  nous  citerons  : 

M.  le  prof.  Th.  Barrois,  délégué  du  Gouvernement  ;  M.  Beauclair  ; 
M.  le  prof.  Blanchard,  délégué  du  Gouvernement  et  de  la  Société 
Zoologique  de  France;  M.  Brôlemann;  M.  Certes,  délégué  de  la 
Société  Zoologique  de  France  (et  Madame);  M.  le  prof.  Y.  Delage, 
délégué  du  Gouvernement  et  de  la  Société  Zoologique  de  France 
(et  Madame)  ;  M.  H.  H.  Field,  délégué  de  la  Société  Zoologique  de 
France  ;  M.  Freyssinge  ;  M.  Gadeau  de  Kerville  ;  M.  le  baron  J.  de 
Guerne,  délégué  du  Gouvernement;  M.  le  Dr  J.  Guiart,  délégué  de 
la  Société  Zoologique  de  France  ;  M.  Hérouard  ;  M.  Ch.  Janet,  délé- 
gué du  Gouvernement  ;  M.  le  prof.  Jourin,  délégué  de  la  Société 
Zoologique  de  France  ;  M.  le  prof.  E.  Perrier,  délégué  du  Gouver- 
nement ;  M.  le  prof.  Pruvôt  ;  M.  Racovitza,  délégué  de  la  Société 
Zoologique  de  France  ;  M.  le  prof.  Railliet,  délégué  du  Gouverne- 
ment ;  M.  Rotrou  ;  M.  Schlumrerger,  délégué  du  Gouvernement  et 
de  la  Société  Zoologique  de  France  ;  M.  le  prof.  Vaillant,  délégué 
du  Gouvernement. 

Au  nombre  des  Français,  ne  faisant  pas  partie  de  notre  Société, 
nous  avons  remarqué  : 

M.  Darroux  (et  Madame)  ;  M.  Fauvel,  délégué  de  la  Société  Ento- 
mologique  de  France;  M.  le  prof.  Giard,  délégué  du  Gouvernement 
(et  Madame);  M.  Gravier,  délégué  du  Gouvernement  ;  M.  Greban  ; 

Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1901.  xxvi.  —  11. 


130  CINQUIÈME   CONGRÈS    INTERNATIONAL    DE   ZOOLOGIE 

M.  A.  Janet  ;  M.  E.  Janet  ;  M.  A.  Monnet;  M.  Nibelle  ;  M.  Van  Oye; 
M.  Pizon;  M.  L.  Vaillant  et  M.  Viré. 

Soit  un  total  de  34  Français  et  4  dames  sur  54  Fiançais  inscrits  et 
6  dames.  La  France  était  donc,  malgré  la  distance,  mieux  repré- 
sentée qu'aux  précédents  Congrès  et  mieux  représentée  que  les 
autres  nations,  sauf  l'Allemagne,  qui  comptait  naturellement  le 
plus  grand  nombre  de  membres.  Les  autres  nations  venaient  dans 
l'ordre  suivant  :  la  Russie  (27  membres),  l'Angleterre  (25),  l'Autri- 
clie-Hongrie  (20),  la  Hollande  et  la  Suisse  (11),  l'Italie  (8),  les  Etats- 
Unis  (6),  le  Japon  (4),  la  Suède  (3)  la  Belgique,  le  Danemark,  le 
Grand-Duché  de  Luxembourg  et  la  Roumanie  (2),  le  Brésil,  la  Bul- 
garie, le  Mexique,  la  Norvège,  la  Serbie  et  le  Venezuela  (1). 

I.  Séances  générales. 

Le  lundi  12  août,  à  10  heures  du  matin,  a  lieu  la  séance  d'inaugu- 
ration, sous  la  p.'ésidence  du  professeur  Môbius,  et  la  vice-prési- 
dence de  MM.  Emery  (de  Bologne),  Howes  (de  Londres),  Jentink 
(de  Leyde),  Ludwig  (de  Bonn),  Perrier  (de  Paris)  et  von  Zograf  (de 
Moscou).  Autour  du  Président,  ont  pris  place  sur  l'estrade  les  repré- 
sentants du  Gouvernement  impérial  allemaud,  de  la  ville  de  Berlin 
et  les  délégués  des  différents  pays.  Le  Congrès  décide  l'envoi  de 
télégrammes  de  condoléances  à  S.  M.  l'Empereur  d'Allemagne  et  à 
S.  A.  le  Kronprinz,  à  l'occasion  du  décès  de  l'Impératrice  mère. 
Puis  viennent  les  discours  d'ouverture  de  M.  Rothe,  sous-secré- 
taire d'Etat  au  Ministère  de  la  Marine,  représentant  du  Gouverne- 
ment allemand  ;  de  M.  Kirschner,  bourgmestre  de  Berlin  ;  de 
S.  M.  le  professeur  Harnack,  recteur  de  l'Université  de  Berlin  ; 
du  professeur  Môbius,  président  du  Congrès  ;  du  professeur  Edm. 
Perrier,  parlant  au  nom  des  délégués  étrangers,  et  du  professeur 
Blasius,  représentant  des  délégués  allemands. 

M.  le  professeur  Grassi,  de  Rome,  fait  alors  un  important  discours 
sur  le  problème  malarique  au  point  de  vue  zoolotjique.  Il  montre  que 
beaucoup  d'affections  redoutables  de  l'Homme  et  des  animaux 
domestiques  sont  tramsmises  par  la  piqûre  des  Moustiques.  En  ce 
qui  concerne  la  malaria  les  seuls  agents  de  transmission  sont  les 
Moustiques  du  genre  Anophèles  et  jamais  les  Culex.  Il  cite  les  parti- 
cularités de  développement  du  parasite  malarique.  Chez  l'Homme, 
ce  parasite  vit  à  l'intérieur  de  globule  rouge.  Il  peut  ainsi  arriver 
avec  le  sang  dans  le  tube  digestif  du  Moustique  où  a  lieu  la  repro- 
duction sexuelle.  H  montre  la  formation  des  sporozoïtes  et  leur 
pénétration  dans  les  glandes  salivaires  de  l'Insecte,  d'où  ils  revien- 


CINQUIÈME  CONGRÈS   INTERNATIONAL   DE   ZOOLOGIE  131 

(Iront  chez  l'Homme  avec  la  salive  inoculée.  Il  cite  aussi  le  rôle  de 
certains  Culex  dans  la  transmission  de  la  lièvre  jaune  et  termine  en 
montrant  le  rôle  important  que  peuvent  jouer  les  recherches  zoolo- 
giques en  hygiène. 

Avant  de  lever  la  séauce,  le  Président  donne  lecture  de  deux 
télégrammes  adressés  par  S.  A.  le  Kronprinz  et  par  M.  le  comte 
de  Bûlow,  chancelier  de  l'empire. 

Le  mardi  matin,  13  août,  nouvelle  séance  générale  sous  la  prési- 
dence de  M.  Sci.ater  (de  Londres)  et  la  vice-présidence  de  MM. 
Aurivillius  (Stockholm),  Grassi  (Rome),  Salenski  (Pétersbourg), 
Stejneger  (Washington)  et  Weber  (Amsterdam).  Après  la  lecture 
d'un  télégramme  de  S.  M.  l'Empereur  d'Allemagne,  la  parole  est 
donnée  à  M.  le  professeur  R.  Blanchard,  secrétaire  de  la  Commis- 
sion internationale  du  Congrès,  qui  propose  au  Congrès,  au  nom 
de  la  Commission,  de  donner  la  présidence  du  Comité  à  M.  le 
professeur  Ed.  Perrier,  directeur  du  Muséum  d'Histoire  naturelle 
de  Paris.  (La  proposition  est  acceptée  par  acclamations).  Puis, 
après  l'élection  de  M.  le  professeur  Ludwig,  comme  membre  de  la 
Commission  internationale  des  prix,  M.  le  professeur  R.  Blanchard 
lit  son  rapport  sur-le  prix  de  S.  M.  l'Empereur  Nicolas  IL  Les 
conclusions  du  rapport  étant  adoptées  à  l'unanimité,  M.  Oudemans, 
d'Amsterdam,  est  proclamé  lauréat  du  prix  de  S.  M.  l'Empereur 
Nicolas  II,  pour  son  travail  intitulé  :  Influence  de  la  lumière  sur  le 
développement  des  couleurs  chez  les  Lépidoptères. 

M.  le  professeur  Y.  Delage  fait  un  discours  sur  les  théories  de  la 
fécondation.  11  montre  que  la  nécessité  des  divisions  maturatives 
n'est  expliquée  d'une  manière  suffisante  ni  par  la  réduction  numé- 
rique des  chromosomes  ni  par  la  réduction  quantitative  ou  quali- 
tative de  la  chromatine.  Il  peuse  qu'il  convient  de  chercher,  dans 
les  phénomènes  physico-chimiques  encore  indéterminés,  la  cause 
de  l'existence  générale  de  ces  divisions. 

Il  convient,  d'après  lui,  de  distinguer  dans  la  fécondation  normale 
deux  opérations  distinctes  qui  ont  pour  but,  l'une  de  déterminer 
la  formation  d'un  embryon  (embryogenèse),  l'autre  de  donner  à  cet 
embryon  une  double  lignée  ancestrale  (amphimixie). 

La  mésogonie  et  la  parthénogenèse  expérimentales  prouvent  que 
les  phénomènes  morphologiques  principaux  de  la  fécondation, 
relatifs  à  la  copulation  des  noyaux  et  aux  centrosomes,  sont  relatifs 
à  l'amphimixie,  et  que  l'embryogenèse  a  surtout  pour  facteurs  des 
phénomènes  physico-chimiques.  Il  termine  en  engageant  les  zoolo- 
gistes à  étudier  moins  exclusivement  les  phénomènes  morpholo- 


J32  CINQUIÈME   CONGRÈS    INÎ ERNATIONAL   DE   ZOOLOGIE 

giques  et  à  accorder  plus  de  temps  à  l'étude  des  phénomènes 
physico-chimiques  qui  interviennent  dans  les  opérations  biolo- 
giques. 

Le  discours  de  M.  le  professeur  Delage  est  salué  par  d'unanimes 
applaudissements  et  la  Société  Zoologique  de  France  peut  être 
fière  du  succès  obtenu  par  son  ancien  Président. 

M.  le  professeur  A.  Forel,  de  Morges  (Suisse),  fait  ensuite  un 
long  discours  sur  les  propriétés  psychiques  des  Fourmis  et  de 
quelques  autres  Insectes.  L'orateur  s'élève  contre  l'opinion  de 
Bethe  et  de  quelques  autres  savants  qui  veulent  faire  de  ces  Insectes 
de  simples  machines  réflexes.  Il  étudie  surtout  les  rapports  de  la 
conscience  avec  l'activité  cérébrale,  les  qualités  sensorielles  et  les 
deux  fondements  de  la  vie  psycho-physiologique  :  l'automatisme 
et  la  plasticité.  Il  donne  alors  des  exemples  des  propriétés  psy- 
chiques des  Fourmis,  des  Abeilles,  etc.,  et  indique  particulièrement 
leur  faculté  de  mémoire  et  d'association.  Il  commence  par  les  hypo- 
thèses d'identité,  il  montre  que  les  organes  des  sens  des  Insectes, 
sont  les  mêmes  que  les  nôtres,  avec  quelques  légères  modifi- 
cations. La  complication  des  fonctions  centrales  entraîne  du  reste 
une  plus  grande  complication  du  complexus  des  neurones  (cer- 
veau) ;  aussi,  chez  les  animaux  sociaux,  le  développement  des 
fonctions  psychiques  s'observe-t-il  facilement  par  la  grosseur  du 
cerveau. 

Il  décrit  une  à  une  toutes  les  particularités  psychiques  que  l'on 
rencontre  chez  ces  derniers  et  finalement  il  place  au  premier  plan 
la  faculté  d'observation  dans  les  actes  des  Insectes.  Elle  les  domine 
et  rend  l'animal  complètement  inattentif  aux  autres  impressions 
sensorielles. 

Le  jeudi  15  août,  à  2  h.,  clans  le  grand  amphithéâtre  de  l'Institut 
de  chimie,  nouvelle  séance  générale,  sous  la  présidence  de  M.  le 
professeur  Y.  Delage  (Paris)  et  la  vice-présidence  de  MM.  Antipa 
(Bukarest),  Blanc  (Lausanne),  Ehlers  (Gottingen),  Ijima  (Tokio), 
Mac  Murrich  (Ann  Arbor),  Pelseneer  (Gand),  et  Stirling  (Adélaïde). 

Les  membres  présents  votent  une  proposition  présentée  par  la 
troisième  section  du  Congrès,  en  vue  de  la  conservation  des 
animaux  supérieurs  non  nuisibles,  menacés  par  les  progrès  de  la 
civilisation.  Après  quoi,  sur  la  proposition  de  la  même  section,  il 
est  décidé  que  le  prochain  Congrès  aura  une  section  de  Zoogéo- 
graphie. On  assiste  alors  à  toute  une  série  de  communications 
accompagnées  de  projections. 

M.  E.  Poulton  (Oxford)  fait  une  communication  sur  le  mimétisme 


CINQUIÈME   CONGRÈS    INTERNATIONAL    DE   ZOOLOGIE  133 

et  la  sélection  naturelle.  M.  W.  Patten  (Hannover,  Etats-Unis)  parle 
de  l'origine  des  Vertébrés  ;  il  montre  par  une  comparaison  détaillée 
que  les  Ostracodermes  sont  des  types  intermédiaires  entre  les 
Arthropodes  et  les  Vertébrés.  M.  N.  Zograf  (de  Moscou)  traite 
des  recherches  hydrobiologiques  en  Russie  ;  M.  le  professeur  Môbius 
prend  la  parole  pour  montrer  toute  l'importance  de  ces  recherches 
et  prie  le  Gouvernement  russe  de  les  continuer  avec  soin  dans 
l'intérêt  de  la  science  ;  cette  résolution  est  votée  à  l'unanimité. 

M.  A.  Pizon  (Paris)  fait  ensuite  une  communication  sur  une  méthode 
d'observation  des  animiux  coloniaux  et  son  application  à  l'étude  des 
Tuniciers  bourgeonnants.  L'auteur  expose  la  nécessité,  dans  l'étude 
des  animaux  coloniaux,  de  les  suivre  pendant  plusieurs  mois  consé- 
cutifs pour  arriver  à  établir  leurs  phénomènes  évolutifs  avec  toute  la 
précision  désirable.  Il  fait  connaître  le  procédé  qu'il  emploie  pour 
faire  vivre  des  colonies  de  Tuniciers  (Botryllidés,  Distaplia,  Diplo- 
soma,  etc.)  dans  des  laboratoires  éloignés  de  la  mer,  et  pour  les  faire 
fixer  sur  des  lames  porte-objets;  cela  permet  de  les  observer  au 
miscroscope  par  transparence  sur  leurs  deux  faces.  Pour  donner  un 
exemple  des  heureux  résultats  de  cette  méthode,  il  projette  une 
série  de  clichés  représentant  :  1°  les  phases  successives  d'une  jeune 
colonie  de  Bolrijllus  Schlosseri  édifiée  par  une  larve;  —  2°  l'évolu- 
tion d'une  colonie  de  Botrylloïdes  rubrum  observée  du  1er  février 
jusqu'au  8  mai;  huit  générations  d'ascidiozoïdes  s'étaient  succédé 
dans  le  cormus  durant  cet  intervalle,  et  leur  nombre  était  passé  de 
de.  12  à  182.  L'auteur  expose  en  même  temps  les  observations  biolo- 
giques qu'il  a  pu  faire  sur  les  colonies  élevées  dans  ces  conditions, 
particulièrement  en  ce  qui  concerne  la  durée  de  chaque  génération, 
le  mode  de  régression,  la  circulation  coloniale,  la  précocité  des 
battements  du  cœur  chez  les  jeunes  bourgeons  et  leur  persistance 
pendant  l'histolyse. 

La  séance  se  termine  par  deux  communications  de  M.  C.  G.  Schil- 
lings (Diïren),  sur  des  observations  biologiques  sur  les  Mammifères  de 
l'Est- Africain  et  de  M.  0.  Neumann  (Berlin)  sur  les  résultats  de  son 
voyage  de  la  mer  Rouge  au  Nil  blanc. 

Le  vendredi  16  août,  à  8  h.  1/2  du  matin,  séance  de  clôture,  sous 
la  présidence  de  M.  le  professeur  R.  Blanchard  (Paris)  et  la  vice- 
présidence  de  MM.  ApAthy  (Klausenburg),  Butschli  (Heidelberg), 
Forel  (Morjes),  von  Graff  (Graz),  Krapelin  (Hambourg)  et  Poulton 
(Oxford).  M.  le  Dr  Studt,  ministre  de  l'Instruction  publique,  assiste 
à  la  séance.  M.  le  professeur  R.  Blanchard  donne  lecture  du  rapport 
de  la  Commission  de  nomenclature.  Ce  rapport  est  accepté  à  l'una- 


134  CINQUIÈME   CONGRÈS    INTERNATIONAL   DE   ZOOLOGIE 

nimité  et  la  rédaction  définitive  des  règles  de  la  nomenclature  est 
confiée  à  une  Commission  composée  de  MM.  R.  Blanchard,  pour  la 
langue  française  ;  von  Moerenthal,  pour  l'allemand,  et  W.  Stiles, 
pour  l'anglais. 

Après  un  discours  de  M.  Bûtschli  sur  le  mécanisme  et  le  vitalisme, 
on  vote  sur  l'emplacement  du  prochain  Congrès.  Sur  la  proposition 
du  professeur  Môbius,  la  Suisse  est  désignée  et  le  professeur  Studer 
(Bâle)  est  proclamé  président  du  VIe  Congrès  international  de 
Zoologie.  M.  le  professeur  Studer  remercie  l'assemblée  et  annonce, 
au  nom  du  Gouvernement  suisse,  que  le  Congrès  se  tiendra  à  Berne. 
Après  une  communication  de  M.  W.  Branco  (Berlin)  sur  les  restes 
humains  fossiles,  M.  le  professeur  R.  Blanchard  prend  de  nouveau 
la  parole,  et  dans  un  long  discours  en  langue  allemande,  accueilli 
par  les  applaudissements  chaleureux  de  l'assemblée,  il  résume  les 
travaux  du  Congrès  et,  sans  oublier  personne,  remercie  tous  ceux 
qui  ont  contribué  à  l'éclat  du  Ve  Congrès  international  de  Zoologie. 
La  séance  se  termine  par  les  remerciements  du  professeur  Môbius, 
président  du  Congrès,  et  du  Dr  Studt,  ministre  de  rinstructiou 
publique. 

II.    Séances    des    Sections. 

I.  Zoologie  générale.  Séance  du  13  août.  Président  :  M.  E.  Per- 
rier  (Paris);  secrétaire:  M.  Rengel  (Postdam).  —  Communications 
de  M.  Apâthv  (Kolozsvar)  sur  quelques  nouvelles  méthodes  micros- 
copiques (avec  démonstration  des  appareils)  ;  de  M.  K.  Brandt 
(Kiel)  sur  les  procli aines  recherches  internationales  dans  la  mer 
du  Nord  ;  de  M.  Dahl  (Berliu)  sur  le  but  de ^l'Éthologie  comparée  ; 
de  M.  C.  Emery  (Bologne)  sur  l'atavisme. 

Séance  du  14  août.  Président  :  M.  R.  Hertwig  (Munich)  ;  secré- 
taires: MM.  Fuhrmann  (Neufchâtel)  et  Rhumbler  (Gôttingen).  — 
Communications  de  M.  Lauterborn  (Ludwigshafen)  sur  le  projet 
d'une  station  biologique  flottante,  pour  étudier  la  faune  et  la  flore 
des  fleuves;  de  M.  Mewes  (Berlin)  sur  la  comparaison  possible 
entre  le  travail  utile  de  l'organisme  animal  et  celui  d'une  machine 
à  vapeur;  de  M.  E.  Perrier  (Paris)  sur  la  fixation  des  attitudes 
avantageuses  par  l'hérédité  et  son  importance  dans  la  transfor- 
mation des  organismes  ;  de  M.  Pizon  (Paris)  sur  le  rôle  du  pigment 
dans  le  phénomène  de  la  vision. 

Séance  du  15  août.  Président:  C.  Emery  (Bologne);  secrétaires: 
MM.  Racovitza  (Paris)  et  Brauer  (Marburg).  —  Communications 
de  M.  C.   Piepers  ('s  Gravenhage)  sur  le  mimétisme;   de  M.  R.  F. 


CINQUIEME   CONGRÈS    INTERNATIONAL   DE   ZOOLOGIE  l.'i.'i 

Scharff  (Dublin)  sur  l'influence  des  Pyrénées  dans  les  migrations 
animales  entre  la  France  et  l'Espagne  ;  de  M.  S.  L.  Schenk  (Vienne) 
sur  la  détermination  du  sexe  chez  l'homme;  de  M.  W.  Wedekind 
(Berlin)  sur  la  parthénogenèse  et  la  loi  sexuelle;  de  M.  F.  von 
Llcanus  (Berlin)  sur  la  hauteur  du  vol  des  Oiseaux  basée  sur  des 
observations  aéronautiques. 

II.  Zoologie  expérimentale.  Séance  du  13  août.  Président  : 
M.  Wilson  (New-York)  ;  secrétaire  :  M.  Driesch  (Heidelberg).  — 
Communications  de  M.  Driesch  sur  le  vitalisme  ;  de  M.  Herbst 
(Heidelberg)  sur  les  rapports  normatifs  entre  le  système  nerveux  et 
les  produits  de  régénération  ;  de  M.  Hûlsen  (St-Pétersbourg)  sur 
la  solidité  des  os  longs  à  la  pression  ;  de  M.  Spemann  ( Wiirzbourg) 
sur  la  production  expérimentale  des  monstres  doubles. 

Séance  du  ib  août.  Président  :  M.  Y.  Delage  (Paris)  ;  secrétaires  : 
MM.  Spemann  (Wiirzburg)  et  Herbst  (Heidelberg).  —  Commu- 
nications de  M.  G.  Tornier  (Berlin)  sur  les  formations  surnumé- 
raires et  la  signification  de  la  pathologie  en  technique  biologique  ; 
de  M.  Thilo  (Biga)  sur  les  machines  et  le  corps  des  animaux  ;  de 
M.  L.  Vaillant  (Paris)  sur  les  altérations  des  globules  blancs  du 
sang  chez  les  animaux  mordus  par  des  Serpents  venimeux  et  traités 
ou  non  par  le  sérum  antivenimeux  de  Calmette  ;  de  M.  Wilson 
(New- York)  à  propos  d'études  expérimentales  sur  les  œufs  d'Echi- 
nodermes  (parthénogenèse). 

III.  —  Vertébrés  :  biologie,   systématique.    Séance    du 

iS  août.  Président  :  M.  Sharpe  (Londres)  ;  Secrétaires  :  MM.  Har- 
tert  (Tring)  et  Hacker  (Stuttgart).  —  Communications  de 
M.  Blaauw  (s'Graveland)  sur  l'élevage  du  Somateria  mollissima  et 
de  VOcydromus  australis;  de  M.  Eckstein  (Eberswalde)  sur  l'utilité 
ou  la  noscivité  des  Oiseaux  insectivores  ;  de  M.  A.  Jacobi  (Berlin) 
sur  l'utilité  de  la  Zoogéographie  dans  les  recherches  ornitholo- 
giques;  de  M.  Bohweder  (Husum)  sur  un  albinos  de  Calamodus 
schœnobxnus. 

Séance  du  14  août.  Président  :  M.  Blasius  (Brunswick);  secré- 
taires :  MM.  Wilson  (Weybridge  Heath)  et  A.  Jacobi  (Berlin).  — 
Communications  de  M.  Forsyth  Major  (Londres)  sur  les  Mammi- 
fères vivants  et  éteints  de  Madagascar;  de  MM.  Forsyth  Major  et 
Andrews  sur  l'existence  de  Proboscidiens  dans  les  dépôts  tertiaires 
de  l'Egypte;  de  M.  A.  Bôrig  (Francfort  a.  M.)  sur  la  corrélation 
entre  certains  organes  des  Cerfs  et  leur  ramure;  de  M.  E.  Schàff 
(Hanovre)  sur  les  espèces  du  genre  Cercopithccus  ;  de  M.  A.  Bôrig 


136  CINQUIÈME    CONGRÈS    INTERNATIONAL    DE    ZOOLOGIE 

(Francfort)  sur  la  phylogénie  des  bois  de  Cerfs;  de  M.  Sclater 
(Londres)  sur  un  nouveau  Mammifère  découvert  en  Afrique, 
VOkapia  Johnstoni. 

Séance  du  15  août.  Président  :  M.  von  Zograf  (Moscou)  ;  secré- 
taires :  MM.  Arnold  (St-Pétersbourg)  et  Schiemenz  (Berlin).  — 
Communications  de  M.  L.  Plate  (Berlin)  sur  les  Cyclostomes  de 
l'hémisphère  sud  ;  de  M.  Arnold  (St.-Pétersbourg)  sur  la  nourriture 
des  Poissons  dans  les  eaux  continentales  ;  de  M.  Bêla  von  Dezsô 
(Kassa)  sur  les  causes  artificielles  et  naturelles  du  changement  et 
de  la  diminution  des  Poissons  dans  le  fleuve  Hernâd,  dans  la  haute 
Hongrie;  de  M.  P.  Schiemenz  (Berlin)  sur  la  Zoologie  comme  auxi- 
liaire de  la  pèche  ;  de  M.  WoLTERSTORFF(Magdebourg)  sur  la  répar- 
tition géographique  des  Urodèles  des  temps  anciens;  de  M.  von 
Zograf  (Moscou)  sur  les  mœurs  et  la  place  systématique  de  Corne- 
phorus  baikalensis. 

IV.  —  Vertébrés  :  anatomie  et  embryologie.  Séance 
du  iS  août.  Présidents:  MM.  Hurrecht  (Utrecht)  et  Max  Werer 
(Amsterdam);  secrétaires:  MM.  Guiart  (Paris)  et  Rômer  (Frank- 
furt  a.  M.).  — Communications  de  M. Van  Bemmelen  (s'Gravenhage) 
sur  l'os  prémaxillaire  des  Monotrèmes  ;  de  M.  Brandt  (Charkov) 
sur  les  abajoues;  de  M.  Burckhardt  (Bàle)  sur  les  cervaux  des 
Lémuriens  géants  subfossiles  de  Madagascar;  de  M.  Jaeckel 
(Berlin)  sur  la  ceinture  scapulaire  des  Vertébrés. 

Séance  du  ii  août.  Président:  M.  Max  Werer  (Amsterdam)  ; 
secrétaires  :  MM.  Van  Bemmelen  (s'Gravenhage)  et  Zur  Strassen 
(Leipzig).  —  Communications  de  M.  Pûtter  (Breslau)  sur  l'adapta- 
tion de  l'œil  des  Mammifères  à  la  vie  aquatique  ;  de  M.  Burckhahdt 
(Bâle)  sur  l'unité  de  système  des  organes  des  sens  dans  la  série  des 
Vertébrés  ;  de  M.  Deditius  (Berlin)  sur  l'acoustique  de  l'organe 
vocal  des  Oiseaux  chanteurs  ;  de  M.  Kleinschmidt  (Volkmaritz)  sur 
la  variation  du  cràue  des  Hiboux;  de  M.  G.  Wetzel  (Berlin)  sur 
la  sécrétion  de  l'élastine  dans  les  glandes  de  l'oviducte  chez  la 
Couleuvre  à  collier;  de  M.  Fritsch  (Berlin)  sur  la  coloration  et  le 
dessin  des  Poissons  électriques. 

Séance  du  l.~>  août.  Président  :  M.  A.  Hurrecht  (Utrecht)  ;  secré- 
taires :  MM.  Kathariner  (Fribourg)  et  Kopsch  (Berlin).  —  Commu- 
nications de  M.  E.  Godlewski  (Cracovie)  sur  le  développement  du 
tissu  musculaire  strié  ;  de  M.  Hurrecht  (Utrecht)  sur  le  dévelop- 
pement embryonnaire  de  Tarsius  spectrum  en  insistant  spécialement 
sur  la  formation  des  feuillets  ;  de  M.  Kopsch  (Berlin)  sur  la  signi- 


CINQUIÈME   CONGRÈS   INTERNATIONAL   DE   ZOOLOGIE!  137 

fîcation  de  la  ligne  primitive  chez  l'embryon  de  Poulet  et  sur  les 
parties  homologues  chez  l'embryon  des  Vertébrés  inférieurs  ;  de 
M.  Schauinsland  (Brème)  sur  l'embryologie  des  Vertébrés  ;  de 
M.  Thon  (Prague)  sur  la  bionomie  et  l'embryologie  de  Hyla  arborea. 

V.  —  Invertébrés  (à  l'exception  des  Arthropodes).  Séance  du 
i3  août.  Président  :  M.  Ijima  (Tokio)  ;  secrétaires  :  MM.  Monticelli 
(Rome)  et  Michaelsen  (Hambourg).  —  Communications  de  M.  Kocu 
(Berlin)  sur  les  Sarcosporidies  ;  de  M.  STEMPEL(Greifswald)  sur  un 
nouveau  Protozoaire  parasite  de  Branchipus  Grubii  Dyb.  ;  de 
M.  Schewiakov  (St-Pétersbourg)  sur  la  nature  chimique  du  sque 
Jette  et  de  l'appareil  hydrostatique  des  Radiolaires  acanthomètres; 
de  M.  J.  Roux  (Geuève)  sur  la  faune  des  Infusoires  dans  les  envi- 
rons de  Genève  ;  de  M.  Ijima  (Tokio)  sur  une  collection  d'Hexacti- 
nellides  rassemblée  dans  la  baie  de  Misaki;  de  M.  Certes  (Paris) 
sur  des  préparations  de  Spirobacillus  gigas  Certes,  colorés  vivants 
par  le  bleu  de  méthylène. 

Séance  du  14  août.  Président  :  M.  Chun  (Leipzig);  secrétaires: 
MM.  Bergendal  (Lund)  et  Woltereck  (Leipzig).  —  Communications 
de  M.  Mac  Bride  (Montréal)  sur  le  développement  de  Echinas 
esculentus;  de  M.  LûHE(Kônigsberg)  sur  le  rapport  des  Helminthes 
intestinaux  avec  la  paroi  intestinale  de  leur  hôte;  de  M.  S.  von 
Apâthy  (Kolozsvâr)  sur  trois  formes  différentes  de  cellules  lumi- 
neuses chez  des  Hirudinées;  de  M.  Woltereck  (Leipzig)  sur  deux 
modes  de  développement  du  Polygordius  ;  de  M.  Pizon  (Paris)  sur 
l'origine  et  la  vitalité  des  granules  pigmentaires  des  Tuniciers  et  le 
mimétisme  de  nutrition;  de  M.  D.  Bergendal  (Lund)  sur  des 
Callinera  et  des  Polypostia  ;  de  M.  Kengi  Osawa  (Tokyo)  sur  les 
Palolo  japonais. 

Séance  du  15  août.  Président  :  M.  Horvâth  (Budapest)  ;  secré- 
taires :  MM.  Babor  (Prague)  et  Meisenheimer  (Marebourg).  — 
Communications  de  M.  F.  E.  Schulze  (Berlin)  sur  l'histologie  des 
Hexactinellides  ;  de  M.  Brockmeier  (Munich)  sur  l'élevage  de 
Limmea  truncatula  avec  des  pontes  de  Limnœa  palustris  ;  de 
M.  Faussek  (St-Pétersbourg)  sur  le  parasitisme  des  larves  d'Ano- 
donte;  de  M.  Saint-Hilaire  (St-Pétersbourg)  sur  la  structure  des 
glandes  salivaires  de  quelques  Mollusques;  de  M.  W.  E.  Hoyle 
(Manchester)  sur  les  organes  lumineux  intrapalléaux  des  Céphalo- 
podes; de  M.  P.  Pelseneer  (Gand)  sur  les  Néoméniens  de  l'Expédi- 
tion antarctique  belge  et  la  distribution  géographique  des  Aplaco- 
pliores;  du  même,  sur  les  cavités  cérébrales  des  Mollusques  Pul- 


138  CINQUIÈME    CONGRÈS    INTER NATIONAL    DE    ZOOLOGIE 

monés;  de  M.  Simroth  (Leipzig)  sur  l'appareil  digestif  des  Mollus- 
ques et  en  particulier  des  Prosobranches;  du  même,  sur  le  carac- 
tère fondamental  de  l'alimentation  chez  les  animaux;  de  M.  Solger 
(Berlin)  sur  les  rapports  entre  la  formatiou  des  loges  et  les  mœurs 
de  quelques  Ammonites;  de  M.  Raillet  (Paris)  sur  une  larve  d'un 
Cestode  nouveau  ;  de  M.  J.  F.  Babor  (Prague)  sur  l'histogenèse  du 
tissu  conjonctif  chez  les  Mollusques. 

VI.  Arthropodes.  —  Séance  du  13  août.  Président  :  M.  Ch. 
Janet  (Beauvais)  ;  secrétaires  :  MM.  Jordan  (Tring)  et  Kuhlgatz 
(Berlin).  —  Communications  de  M.  Absalon  (Prague)  sur  les  Insec- 
tes aptères  (Thysanoures)  des  cavernes  d'Europe  et  en  particulier 
sur  la  faune  des  cavernes  de  Mâhren  ;  de  M.  A.  Forel  (Morges)  sur 
les  particularités  du  sens  de  l'odorat  chez  les  Insectes. 

Séance  du  H  août.  Président  :  M.  Ch.  Janet  (Beauvais)  ;  secré- 
taires: MM.  Jordan  (Tring)  et  Kuhlgatz  (Eerlin).  —  Communica- 
tions de  M.  Jordan  (Tring)  sur  la  morphologie  et  la  classification 
des  Papillons  diurnes  ;  de  Mme  la  comtesse  M.  von  Linden  (Bonn) 
sur  les  causes  morphologiques  et  physiologiques  des  dessins  et  de 
la  coloration  de  l'aile  des  Insectes  et  en  particulier  des  Papillons  ; 
de  M.  Langhoffer  (Zagreb)  sur  les  mandibules  des  Dolichopodidae. 

Séance  du  15  août.  Président  :  M.  Ch.  Janet  (Paris)  ;  secrétaires  : 
MM.  Jordan  (Tring)  et  Kuhlgatz  (Berlin).  —  Communications  de 
M.  0.  Hauchecorne  (Berlin)  sur  quelques  colorations  anormales 
des  Papillons  indigènes  ;  de  M.  Breddin  (Halle  a.  s.)  sur  un  Han- 
neton monstrueux  ;  de  M.  Langhoffer  sur  la  visite  des  fleurs  par 
les  Bombylidae  ;  de  M.  Wasmann  (Luxembourg)  sur  un  nouveau 
genre  de  Diptère  termitophile,  Termitorenia. 

VIL  Nomenclature.  Séance  du  14  août.  Président  :  M.  R. 
Blanchard  (Paris)  ;  secrétaires  :  MM.  W.  Stiles  (Washington)  et 
F.  von  M^.renthal  (Berlin).  —  Communications  de  M.  F.-E.  Schulze 
(Berlin)  au  nom  de  la  Commission  de  terminologie  et  de  réglemen- 
tation des  figures  ;  de  M.  W.  Stiles  (Washington)  au  nom  de  la 
Commission  de  nomenclature. 

Séance  du  15  août.  Président  :  M.  R.  Blanchard  (Paris)  :  secré- 
taires: MM.  W.  Stiles  (Washington)  et  F.  von  M.erenthal  (Berliu). 
—  Communications  de  M.  Bernard  (Londres)  sur  la  nomenclature 
et  la  descendance  ;  de  M.  Hartert  (Tring)  sur  une  modification 
grave,  mais  logiquement  nécessaire,  dans  la  nomenclature  des 
Oiseaux  ;  de  M.  Klunzinger  (Stuttgart)  sur  les  fautes  de  langue  en 


CINQUIÈME   CONGRÈS   INTERNATIONAL   DE  ZOOLOGIE  139 

Zoologie;  de  M.  Reichenow  (Berlin)  sur  la  notion  et  la  dénomination 
de  la  sous-espèce  ;  de  M.  Field  (Zurich)  sur  l'enregistrement  des 
noms  systématiques. 

Projections.  Séance  du  /.)  août.  Président  M.  0.  Hertwig.  — 
Communications  de  M.  Murill  (Ithaque)  sur  la  fécondation  chez 
les  Gymnospermes;  de  M.  Certes  (Paris)  sur  les  colorations  de 
Spiroharillus  gigas  vivants  par  le  bleu  de  mythilène  ;  de  M.  0.  Hert- 
wig  (Berlin)  sur  le  rôle  du  blastopore  dans  la  formation  des  feuillets 
chez  les  Vertébrés  ;  de  M.  von  Wasieliwski  (Berlin)  sur  des 
Flagellés  parasites  du  sang-  de  la  Grenouille  et  du  Bat  ;  de  M.Bhum- 
bler  (Gôttingen)  sur  la  fusion  de  la  coquille  chez  les  Foraminifères 
et  se<  analogies  avec  les  œufs  géants  et  les  monstres  doubles  chez 
les  Métazoaires. 

III.    Exposition   zoologique  et  démonstrations. 

Si  les  démonstrations  ont  été  nombreuses  au  cours  des  communi- 
cations de  sections,  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  regretter 
la  pauvreté  de  l'exposition  des  travaux  purement  scientifiques. 
Avaient  exposé  : 

M.  Apàty  :  cellules  et  fibres  nerveuses  (coupes)  ;  instruments 
nouveaux  applicables  à  la  technique  microscopique. 

M.  Bergendal  (Luud)  :  coupes  de  CaUiuera  Bùrgeri  (Paléo- 
némerte). 

M.  Me.  Bride  (Montréal):  coupes  de  pluteus  d'Echiniis  esculentus. 

M.  Certes  (Paris)  :  individus  colorés  vivants  du  Spirobacillus 
gigas. 

M.  E.  Godlewsky  (Cravovie)  :  développement  de  la  musculature 
chez  les  embryons  de  Vertébrés. 

M.  von  Lendenfeld  (Prague)  :  spicules  d'Epongés  [Pachastrclla 
provenant  de  l'expédition  de  la  Valdidia). 

Graflin  von  Linden  (Bonn)  :  puppes  de  Vanessa  (préparations 
microscopiques. 

M.  Lùhe  (Kônigsberg)  :  coupes  d'intestins  avec  parasites  fixés. 

M.  Mrâzek  (Prague)  :  Myxosporidies. 

M.  Ch.  Bousselet  (Londres)  :  Botateurs. 

M.  Stempel  (Greifswald)  :  Polycarium  branchipianum n.  g.,  u.sp., 
parasite  du  Branchipe. 

IW    Réceptions,   fêtes   et   excursions. 

Nous  devons  dire  maintenant  quelques  mots  de  la  partie  sinon 
la  plus  importante,  du  moins  la  plus  attrayante  pour  les  congres- 


140  CINQUIÈME   CONGRÈS    INTERNATIONAL   DE  ZOOLOGIE 

sistes.  En  effet,  si  les  séances  générales  sont  très  suivies,  il  est  loin 
d'en  être  de  même  des  séauces  de  sections.  Chaque  congressiste 
préfère  sans  doute  lire  les  communications  dans  les  comptes  ren- 
dus ultérieurs  et  avoir  un  peu  plus  de  temps  libre  pour  visiter  les 
laboratoires  et  les  musées  qui  l'intéressent  ou  pour  se  rencontrer 
avec  les  personnes  dont  il  désire  faire  la  connaissance.  A  ce  point 
de  vue,  les  fêtes  et  excursions  sont  excellentes,  car  il  y  règne  en 
général  une  agréable  intimité  et  l'on  apprend  à  s'y  mieux  connaî- 
tre. Aussi,  nul  ne  songet-il  à  manquera  ces  séances  où  la  zoologie 
est  du  reste  toujours  présente,  car  rien  n'est  plus  facile  que  d'y 
iuterwiewer  les  grands  maîtres  de  la  science  et  de  s'y  instruire, 
sans  en  avoir  l'air,  près  de  ceux  dont  on  lit  les  travaux  avec  véné- 
ration. Que  de  points  obscurs  sont  ainsi  expliqués!  que  de 
méthodes  nouvelles  on  rapporte  avec  soi  ! 

Ce  que  l'on  peut  dire  des  fêtes  du  Congrès  de  Berlin,  c'est  qu'elles 
ont  été  nombreuses,  splendides  et  toujours  empreintes  d'une  franche 
cordialité.  Le  programme  des  fêtes  ayant  dû  être  remanié  la  veille 
même  du  Congrès,  en  raison  du  décès  de  l'Impératrice-mère,  on 
aurait  pu  croire  cette  partie  du  Congrès  sacrifié  ;  il  n'en  a  rien  été. 
Nous  citerons  tout  d'abord  la  charmante  excursion  sur  le  Havel  et 
à  Wansee,  organisée  au  pied-levé  pour  remplacer  une  visite  à 
Postdain  et  qui  s'est  terminée  par  un  banquet  au  Swedischer- 
Pavillon  où  notre  Secrétaire  général  honoraire,  M.  le  Professeur 
R.  Blanchard,  a  provoqué  des  tonnerres  d'applaudissements,  dans 
un  long  discours,  où  il  a  étonné  tous  les  étrangers  par  son  brio,  sa 
bonne  humeur  et  sa  connaissance  parfaite  de  la  langue  allemande. 

Le  lendemain  soir,  le  théâtre  scientifique  Urania  olïre  aux 
congressistes  une  représentation  de  vulgarisation  sur  l'histoire  de 
la  Terre.  Nous  voyons  défiler  devant  nos  yeux  toute  une  succession 
de  tableaux  bien  machinés  et  bien  imaginés,  représentant  les  prin- 
cipales phases  de  la  formation  de  la  terre  et  la  naissance  de  la  vie  à 
sa  surface.  Cette  représentation  a  été  diversement  appréciée.  Nous 
ne  pouvons  cependant  nous  empêcher  d'encourager  une  entreprise, 
qui  n'a  d'autre  but  que  d'instruire  le  peuple  en  l'amusant  et  qui 
trouve  moyen  d'assurer  son  existence  par  des  exhibitions  purement 
scientifiques.  C'est  évidemment  tout  à  la  louange  de  la  direction  de 
Urania  et  à  la  louange  du  public  berlinois. 

Le  mercredi  à  midi,  à  l'issue  de  la  séance  générale,  tous  les 
congressistes  montent  en  landau  pour  se  rendre  au  Jardiu  zoolo- 
gique.  C'est  un  spectacle  peu  banal  que  celui  de  ces  centaines  de 
landaus,  constituant  dans  les  allées  du  Thiergarten  un  long  Serpent 


CINQUIÈME   CONGRES    INtERNATtONAL   DE   ZOOLOGIE  141 

aux  replis  infinis  et  capricieux.  Ajoutons  que  le  hasard,  qui  fait 
toujours  bien  les  choses,  fit  que  l'Empereur  vint  croiser  plusieurs 
fois  les  voitures  pendant  la  promenade.  En  arrivant  au  Jardin 
zoologique,  un  prétendu  lunch,  en  réalité  un  excellent  déjeuner  de 
600  couverts,  offert  par  l'administration  du  jardin,  attend  les 
congressistes.  Malheureusement,  le  déjeuner  est  si  savoureux  et  les 
vins  si  capiteux  que  tout  le  monde  s'attarde  dans  la  salle  des  fêtes, 
sans  s'apercevoir  que  les  nuages  s'amoncellent  et  quand  l'heure  est 
venue  de  sortir  pour  visiter  les  richesses  zoologiques  du  jardin,  une 
véritable  pluie  diluvienne  a  remplacé  le  joyeux  soleil  de  midi.  Il  est 
juste  de  dire  que  la  plupart  des  congressistes  se  conduisent  en 
braves  et  affrontent  résolument  la  douche,  ce  dont  ils  furent  du 
reste  récompensés  par  le  spectacle  qui  s'offrit  à  leurs  yeux.  Le 
Jardin  zoologique  de  Berlin  est  en  effet  un  admirable  établissement 
et  l'on  ne  saurait  trop  féliciter  M.  le  Dr  Heck,  qui  le  dirige  avec  un 
talent  digne  des  plus  grands  éloges. 

Le  jardin  à  peine  visité,  il  faut  sauter  dans  le  métropolitain  pour 
aller  au  plus  vite  revêtir  l'habit  de  cérémonie,  afin  de  se  rendre  à 
l'invitation  de  la  Municipalité  de  Berlin.  Ici  ce  n'est  plus  un  simple 
repas,  mais  un  festin  vraiment  pantagruélique,  qui  attend  les  invi- 
tés ;  jamais  certainement  la  plupart  d'entre  nous,  n'ont  vu  semblable 
abondance  de  victuailles.  Et  il  faut  croire  que  les  zoologistes  ont  bon 
appétit,  car,  deux  heures  plus  tard,  les  longs  Poissons  ne  montrent 
plus  que  leurs  squelettes  et,  les  plats  complètement  vides,  offrent  un 
aspect  lamentable.  Mais  les  salons  restent  éblouissants  de  lumière 
et  les  convives  joyeux  et  pétillant  d'esprit. 

Signalons  encore  le  grand  banquet  du  jeudi  soir  qui  eut  lieu,  lui 
aussi,  dans  la  grande  salle  des  fêtes  du  Jardiu  zoologique  et  sur 
lequel  nous  ne  voulous  pas  insister,  parce  que,  trop  officiel,  il  s'est 
fait  surtout  remarquer  par  la  lenteur  du  service  et  la  longueur  des 
discours. 

Du  reste,  malgré  ce  banquet  de  clôture,  on  peut  dire  que  les  fêtes 
de  Berlin  n'étaient  que  le  prélude  de  la  brillante  réception  qui 
attendait  les  congressistes  à  Hambourg.  Dès  le  soir  de  notre  arrivée 
en  cette  ville  il  y  a  réception  par  le  Sénat  de  la  ville  :  la  beauté  des 
salles  de  réception,  le  jeu  archaïque  des  trompettes  de  la  marine, 
les  livrées  éblouissantes  des  laquais,  la  simplicité  et  la  cordialité 
de  l'accueil,  l'exquise  qualité  des  mets,  les  torrents  de  Champagne 
et  en  même  temps  la  sobriété  des  discours,  tout  contribue 
à  donner  à  cette  fête  une  gaieté  et  un  éclat  tout  particulier,  faisant 
bien  augurer  de  ce  qui  nous  attend  dans  la  vieille  ville  hanséa- 


142  CINQUIÈME    CONGRÈS    INTERNATIONAL    DE    ZOOLOGIE 

tique.  Bien  que  la  fête  se  soit  terminée  fort  tard,  je  pousserai  l'in- 
discrétioQ  jusqu'à  raconter  que  les  grands  maîtres  de  la  Zoologie 
voulurent  bien  oublier  pour  un  soir  le  poids  des  ans  ou  la  dignité 
professionnelle  et  prirent  grand  plaisir,  dans  certain  cercle  artis- 
tique, à  savourer  la  bière  allemande  au  bruit  des  salamaudes  ,et 
des  chants  d'étudiants. 

Le  lendemain  samedi,  M.  le  Dr  Krâpelin,  avec  sa  bonne  grâce 
accoutumée,  nous  fait  les  honneurs  de  son  superbe  Musée  zoolo- 
gique. Puis,  après  une  promenade  en  bateau  à  travers  l'immense  et 
florissant  port  libre,  un  banquet  de  400  couverts  nous  est  offert  par 
la  «  Hamburg- Amerika  Linie  »  à  bord  d'un  de  ses  plus  grands 
paquebots  le  «  (iraj  Waldersee  ».  A  signaler  aussi  une  visite  à 
l'établissement  Hagenbeck,  où  nous  avons  pris  grand  plaisir  à  voir 
les  magnifiques  collections  d'animaux  féroces  et  à  assister  au 
dressage  des  fauves.  Enfin,  la  journée  se  termine  par  une  visite  du 
célèbre  Jardin  zoologique,  où  nous  attend  encore  un  banquet  et  une 
fête  de  nuit  avec  illumination  féerique  du  jardin. 

Le  lendemain  dimanche,  le  vapeur  ((Cobra))  nous  transporte  à 
l'îlot  pittoresque  d'Helgoland.  Comme  nous  avons  peu  de  temps  à 
rester  dans  l'île,  on  s'empresse,  aussitôt  le  débarquement,  de  visiter 
le  Musée  zoologique  qui,  malgré  sa  petitesse,  est  véritablement 
charmant  par  la  conservation  parfaite  de  ses  exemplaires  et  très 
intéressant  parce  qu'il  a  su  rester  un  musée  purement  local.  On  se 
rend  ensuite  à  la  Station  zoologique,  qui  est  forcément  très  petite, 
comme  tout  doit  l'être  dans  cette  petite  île,  mais  où  tout  a  été 
savamment  ménagé  en  vue  du  travail.  Puis,  tandis  que  les  uns  vont 
se  promener  sur  le  plateau  de  l'Oberland,  le  plupart,  dans  de  petites 
barques,  font  le  tour  de  l'île  et  peuvent  à  loisir  en  admirer  les 
falaises  escarpées  et  si  bizarrement  stratifiées,  en  même  temps 
qu'admirer  la  faune  pélagique  de  la  mer,  à  la  surface  de  laquelle, 
comme  en  l'honneur  du  Congrès,  viennent  miroiter  les  Béroés  et 
danser  des  Méduses  aux  teintes  les  plus  variées.  Le  lendemain,  à 
mer  basse,  nouvelle  excursion  sur  la  grève  des  Dunes,  qui  ne  nous 
a  pas  paru  d'une  bien  grande  richesse  au  point  de  vue  zoologique. 
Mais  ce  fut  une  promenade  très  gaie  et  très  belle  ;  aussi  est-ce  le 
cœur  bien  gros  que  nous  revenons  vers  le  lunch  qui  nous  attend, 
parce  que  c'est  vraiment  la  fin  de  ce  merveilleux  Congrès  et  que 
dans  quelques  minutes,  il  va  falloir  se  séparer. 

Arrivé  au  terme  de  ce  compte-rendu  par  trop  sommaire,  nous 
ne  voudrions  pas  laisser  nos  collègues  sous  l'impression  seule  des 


CINQUIÈME   CONGRÈS   INTERNATIONAL   DE    ZOOLOGIE  143 

fêtes.  Si  elles  ont  contribué  en  effet  à  rendre  ce  Congrès  charmanl 
et  très  intéressant,  il  ne  faut  pas  oublier  qu'on  y  a  fait  aussi  de  la 
bonne  zoologie  et  qu'au  point  de  vue  général,  on  y  a  mis  au  point 
d'une  façon  définitive,  les  régies  de  la  nomenclature.  C'est  là  un 
résultat  très  important,  car  il  était  désirable  de  voir  une  entente 
délinitive  s'établir  entre  les  zoologistes  ;  et  quand  tous  voudront 
bien  s'astreindre  à  la  stricte  application  des  règles  élaborées  par  les 
différents  Congrès,  les  questions  si  embrouillées  de  synonymie 
disparaîtront  pour  faire  place  à  une  nomenclature  précise.  Ce  sera 
le  travail  facilité  pour  tous  et,  à  ce  titre  déjà,  les  zoologistes  devront 
une  éternelle  reconnaissance  aux  Congrès  de  zoologie  et  à  ceux  qui 
en  auront  été  les  promoteurs. 


144 


Séance  du  sa  Octobre  igoi 
PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  Dr  TROUESSART,  PRÉSIDENT 

M.  Secques  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

M.  le  Président  adresse  les  vœux  de  la  Société  à  M.  le  Dr  Moreau, 
parti  en  mission  scientifique  en  Abyssinie. 

M.  le  Président  adresse  les  félicitations  de  la  Société  à  M.  Sau- 
vage, correspondant  du  Ministère  de  l'Instruction  publique  et 
conservateur  du  Musée  de  Boulogne,  pour  sa  nomination  de  Cheva- 
lier de  la  Légion  d'Honneur.  Il  félicite  également  MM.  Filhol, 
Fischer,  Hérouard  et  Topsent  nommés  Ofiiciers  de  l'Instruction 
publique,  ainsi  que  M.  Labbé  et  Mlle  Loyez,  nommés  Officiers 
d'Académie. 

MM.  R.  Blanchard,  Edra.  Perrier,  Railliet,  Schlumberger  et 
Trouessart  présentent  M.  Antoine  Pizon,  docteur  ès-sciences  natu- 
relles, professeur  au  lycée  Janson  de  Sailly,  92,  rue  de  la  Pompe, 
à  Paris. 

MM.  H.  Field,  J.  Guiart  et  Ch.  Janet  présentent  M.  Henri  Simroth, 
professeur  à  l'Université,  à  Leipzig  (Allemagne). 

MM.  Bavay  et  Pellegrin  présentent  M.  Jean-Baptiste  Tillieb,  chef 
du  transit  du  canal  de  Suez  à  Ismaïlia  (Egypte). 

M.  Schlumberger  présente  différentes  photographies  du  Congrès 
zoologique  de  Berlin  et  offre  à  la  Société  une  photographie  encadrée 
représentant  l'ouverture  du  Congrès  dans  la  grande  salle  du 
Reichstag.  M.  le  Président  lui  adresse  les  remerciements  de  la 
Société. 

M.  le  Secrétairegénéral,  au  nom  de  M.  le  professeur  R.  Blanchard, 
met  à  la  disposition  des  membres  présents,  des  reproductions  des 
portraits  de  A.  Milne-Edwards  et  Dujardin. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  Président,  il  est  décidé  qu'une  adresse 
de  félicitations  sera  envoyée  par  la  Société  Zoologique  de  France 
à  la  Société  nationale  des  Sciences  naturelles  et  mathématiques  de 
Cherbourg,  en  l'honneur  du  cinquantfôme  anniversaire  de  cette 
Société. 

M.  le  Dr  Trouessart  fait  une  communication  sur  les  Acariens 
marins  de  Bretagne  (région  de  Saint-Guénolé)  et  sur  un  nouvel 
appareil  imaginé  par  lui  pour  les  recueillir.  M.  Bavay  le  remplace 
au  fauteuil  présidentiel. 


SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901  145 

Errata.  —  Dans  le  dernier  Bulletin,  p.  116,  au  lieu  de  :  «  M.  Certes 
fait  une  communication  sur  les  Protozoaires  nouveaux. . .  recueillis 
à  Madagascar  par  M.  Alluaud  »  lire  :  «  M.  Certes  fait  une  commu- 
nication sur  le  mode  de  récolte  et  d'envoi  des  sédiments  d'eau 
douce,  saumàtre  ou  salée  destinés  aux  recherches  microscopiques  »; 
•le  reste  comme  au  Balletin. 


DESCRIPTION  D'ESPÈCES  NOUVELLES  WHALACARIDAEW  Note)  (1) 

PAR 

LE   DOCTEUR    E.  TROUESSART 

Genre  ISCHYROGNATHUS  gen.  nov. 

J'ai  d'abord  considéré  ce  genre  comme  un  simple  sous-genre  de 
Simognathus  Trt.,  1889.  Je  crois  plus  naturel  d'en  faire  un  genre 
bien  distinct.  En  etïet,  ce  type  est  à  Simognathus  ce  que  Scapto- 
gnatus  est  à  Leptognatus  par  la  forme  et  la  disposition  des  palpes. 

Caractères.  —  Rostre  court  comme  chez  Simognathus,  mais  les 
palpes  grands,  insérés  latéralement  et  bien  séparés  dans  toute  leur 
longueur,  de  quatre  articles  dont  les  2e  et  3e  soudés  ensemble,  le  4e  et 
dernier  recourbé  en  dedans.  Forme  du  corps  et  des  pattes  comme 
chez  Simognathus. 

Remarque.  —  Ce  type  est  très  intéressant  en  ce  qu'il  représente 
la  forme  primitive  de  Simognathus  :  il  montre  que  clans  ce  dernier 
genre  les  palpes  se  sont  atrophiés,  raccourcis,  et  par  suite  rappro- 
chés sur  le  dessus  du  rostre,  de  manière  que  le  dernier  article  est 
dirigé  en  dehors  ;  en  outre,  ces  palpes  se  trouvent  réduits  à  trois 
articles,  par  suite  de  la  brièveté  du  3e  qui  ne  forme  plus  qu'un 
avec  le  2e.  Les  mœurs  doivent  être  moins  carnassières  que  dans  le 
nouveau  genre  Ischgrognathus. 

ISCHYROGNATHUS   CoUTIERI,    Sp.    nOV. 

Rostre  pyramidal,  nettement  resserré  à  sa  base  en  forme  de  cou 
et  rebordé  en  dessus,  échancré  en  avant  et  portant  de  chaque  côté 
un  palpe  robuste,  inséré  latéralement,  presqu'aussi  long  que  le 
rostre  et  parallèle  à  son  congénère,  de  manière  à  ne  pouvoir  le 
toucher  que  par  son  extrémité  distale;  le  2e  article  allongé,  plus 
long  à  lui  seul  que  la  moitié  du  palpe,  droit  et  portant  en  dedans 

(1)  /"  Noie,  voyez  Bull.  Soc.  ZooL,  1900,  p.  38. 

Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1901.  xxvi.  —  12. 


146  SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901 

un  court  tubercule  mousse  ou  tronqué,  en  avant  duquel  on  distin- 
gue nettement  la  soudure  du  3e  article  qui  est  très  court;  4e  et 
dernier  article  court,  pointu,  recourbé  en  dedans. 

Tronc  ayant  la  forme  générale  de  celui  de  Simognathus  sculptus. 
Face  dorsale  à  plaque  de  l'épistome  hexagonale  ;  la  plaque  noto- 
gastrique  sub- ovale,  élargie  en  arrière;  les  plaques  oculaires 
réduites  à  deux  bandes  chitineuses  étroites,  allongées  en  forme  de 
semelle  et  dépourvues  de  cornées;  plaques  axillaires  larges,  sépa- 
rées, renforcées  en  anneau  dans  leur  portion  ventrale,  la  partie 
médiane  restant  très  mince.  Face  ventrale  à  plaque  sternale  trapé- 
zoïdale, échancrée  en  avant  par  l'ouverture  du  camérostome,  les 
angles  antérieurs  tronqués  pour  l'insertion  des  pattes  de  la  pre- 
mière paire,  présentant  sur  son  bord  externe,  au  niveau  de  l'inser- 
tion de  la  deuxième  paire,  une  échancrure  linéaire  profonde  ;  plaque 
ventrale  ovale,  présentant  en  son  milieu  le  cadre  génital  et  plus 
en  arrière  le  cadre  anal  qui  est  infère.  Toutes  les  plaques  sont 
ponctuées  et  peu  nettement  criblées  vers  leur  milieu. 

Pattes  ayant  la  forme  générale  de  celles  du  genre  Simognathus, 
mais  lisses  (comme  chez  S.  liomerus).  Pénultième  article  de  la 
première  paire  muni  d'une  apophyse  triangulaire  entre  le  gros 
piquant  et  la  base  du  dernier  article  qui  présente  une  échancrure 
contre  laquelle  vient  buter  cette  apophyse  :  cette  disposition  doit 
permettre  à  l'animal  de  maintenir  à  volonté  le  dernier  article  dans 
le  prolongement  du  membre.  Dernier  article  des  trois  paires  de 
pattes  postérieures  allongé,  conique,  dépourvu  d'échancrure  et  de 
gouttière  unguéale.  Griffes  en  faucille  faiblement  ciliées. 

Longueur  totale  =  0mm50. 

Habitat.  —  Djibouti  (Afrique  N.-Est,  Océan  Indien  occidental) 
sur  les  récifs  de  coraux  ;  fond  de  coquilles  brisées  dans  la  zone  des 
marées  (par  M.  Coutière). 

Cette  belle  espèce  est  dédiée  à  M.  le  professeur  Coutière  qui  a 
recueilli,  à  Djibouti,  les  coquilles  brisées  sur  lesquelles  je  l'ai 
découverte. 

Genre  HALACARUS  Gosse,  1855. 

Les  deux  espèces  suivantes  se  rattachent  au  sous-genre  Halacarus 
proprement  dit  et  au  groupe  qui  comprend  H.  anomalus  et 
H.  striatus,  caractérisé  par  une  taille  moyenne  ou  petite,  une  cui- 
rasse faible  ou  peu  développée,  des  pattes  et  des  palpes  faiblement 
armés.  L'estomac  est  coloré  en  vert  noirâtre  (comme  dans  le  genre 
Rhombognathus),  ce  qui  indique  un  régime  omnivore  (matières 
végétales  ou  animales  en  décomposition). 


SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901  147 

Halacarus  rostratus,  sp.  nov. 

Rostre  deux  fois  plus  long  que  large,  triangulaire,  bien  dégagé 
du  tronc,  avec  l'hypostome  formant  au  moins  moitié  de  la  longueur 
totale  ;  cet  organe  rétréci  dès  la  base,  en  triangle  allongé,  tronqué 
et  arrondi  à  son  extrémité,  quatre  à  cinq  fois  plus  long  que  large. 
Chélicères  longues  et  grêles,  droites,  à  lame  pointue,  dépassant 
l'extrémité  de  l'hypostome.  Palpes  coniques,  arqués,  recourbés  sur 
leur  face  inféro-interne,  dépassant  le  rostre  de  moitié  de  la  longueur 
du  dernier  article  ;  le  premier  article  court,  le  deuxième  quatre 
fois  aussi  long  que  le  premier,  le  troisième  court,  le  quatrième 
conique,  pointu,  ayant  uu  peu  plus  de  moitié  de  la  longueur  du 
deuxième. 

Tronc  ovoïde  avec  l'extrémité  de  l'abdomen  fortement  ovoïco- 
nique.  Face  dorsale  à  plaque  de  l'épistome  petite,  coupée  carrément 
en  avant;  les  plaques  oculaires  peu  distinctes  ;  la  plaque  notogas- 
trique  grande,  ovale,  à  bord  antérieur  arrondi,  à  bord  postérieur 
coupé  carrément  avant  l'extrémité  de  l'abdomen.  Plaques  axillaires 
se  prolongeant  en  arrière  de  la  quatrième  paire  de  pattes  jusqu'à 
l'extrémité  de  la  plaque  ventrale  qu'elles  bordent  sur  les  côtés. 
Face  ventrale  présentant  au  niveau  de  la  quatrième  paire  de  pattes 
un  pli  transversal  très  marqué,  ou  une  suture,  qui  correspond  au 
bord  antérieur  de  la  plaque  ventrale,  et  semble  diviser  le  tronc 
en  deux  régions  bien  distinctes,  l'une  sternale,  l'autre  ventrale. 
Plaque  ventrale  en  forme  d'écusson,  à  bord  antérieur  droit,  son 
bord  postérieur  rétréci  n'atteignant  pas  l'extrémité  de  l'abdomen, 
avec  le  cadre  génital  allongé,  à  bords  parallèlles,  formant  la 
pointe  de  l'écusson.  Cadre  anal  bien  séparé,  ovale,  allongé,  infère. 
Toutes  les  plaques  minces,  transparentes,  finement  ponctués,  lais- 
sant voir  par  transparence  l'estomac  coloré  en  vert  noirâtre  par  la 
nourriture  qu'il  contient. 

Pattes  robustes,  subcylindriques,  à  troisième  article  renflé  en 
dessus,  surtout  à  la  première  paire,  ne  portant  que  des  soies 
grêles,  à  l'exception  d'un  grand  poil  pinnatifide  inséré  à  l'extré- 
mité interne  du  5e  ou  pénultième  article  des  trois  paires  de  pattes 
postérieures  ;  à  la  première  paire,  ce  poil  est  remplacé  par  un 
piquant  court.  Gouttière  unguéale  faible,  mais  garnie  de  soies 
assez  fortes  à  la  première  et  surtout  la  deuxième  paire,  nulle  aux 
troisième  et  quatrième  paires.  Griffes  recourbées  à  angle  droit, 
non  ciliées  et  dépourvues  de  pièce  médiane  impaire. 

Longueur  totale  =  0mm3o. 


148  SÉANCE  DU  22   OCTOBRE  1901 

Habitat,  —  Djibouti  (Océau  Indien  occidental),  sur  les  récifs  de 
Coraux  ;  fond  de  coquilles  brisées  dans  la  zone  des  marées  (par 
M.  le  professeur  Coutièbe). 

Halacarus  parallelus,  sp.  nov. 

Semblable  au  précédent  par  le  faible  développement  de  la 
cuirasse  et  la  couleur  d'un  vert  noirâtre,  mais  les  flancs  sont  droits, 
parallèles,  et  l'extrémité  de  l'abdomen  est  largement  arrondie. 

Rostre  bien  dégagé,  conique,  avec  l'bypostome  triangulaire  deux 
fois  au  moins  aussi  long  que  large.  Palpes  assez  courts,  appliqués 
sur  les  colés  du  rostre  qu'ils  dépassent  des  deux  tiers  du  dernier 
article;  celui-ci  moins  de  deux  fois  aussi  long  que  le  3e  ou  pénul- 
tième article  ;  cbélicères  ne  dépassant  pas  l'iiypostome. 

Tronc  à  flancs  nettement  parallèles  entre  les  deuxième  et  troi- 
sième paires  de  pattes,  avec  l'abdomen  largement  arrondi  en 
arrière.  Epistome  coupé  carrément  en  avant  ;  les  plaques  dorsales 
finement  ponctuées;  la  plaque  ventrale  lisse  dans  son  tiers  posté- 
rieur, avec  le  cadre  génital  formant  une  saillie  très  marquée  à  son 
extrémité  qui  est  tronquée,  mais  présente  une  fente  génitale  à 
lèvres  saillantes  ou  rebordées,  eu  avant  de  la  fente  anale.  Anus 
terminal. 

Pattes  lisses  portant  des  soies  rares,  longues  et  grêles  sauf  deux 
piquants  plus  forts  et  plus  courts  sur  le  bord  interne  des  deux 
premières  paires  ;  troisième  article  des  deux  premières  paires  un 
peu  renflé  en  dessus.  Tarse  échancré  en  dessus,  à  gouttière  rudi- 
mentaire  aux  pattes  antérieures,  nulle  aux  pattes  postérieures, 
portant  de  longues  soies.  Griffes  fortement  recourbées,  brièvement 
pectinées,  à  pièce  médiane  impaire  distincte  mais  peu  développée. 

Longueur  totale  =  0mm30. 

Habitat.  —  Djibouti  (Océan  Indieu  occidental),  sur  les  récifs  de 
Coraux;  fond  de  coquilles  brisées  dans  la  zone  des  marées  (par 
M.  le  professeur  Coutière). 

Sous-genre  COPIDOGNATHUS  Trt.,  1893. 

Halacabus  (Copidognathus)  Bavayi  coballobum,  subsp.  nov. 

Plus  grand  que  le  type  (1)  et  plus  élancé  ;  le  rostre  et  l'hypostome 
très  allongés,  les  palpes  longs,  arqués  eu  dessus  du  rostre,  le  der- 
nier article  aussi  long  que  le  deuxième  qui  est  très  long,  tandis  que 
le  3e  est  très  court.  Plaque  de  l'épistome  fortement  sculptée,  mais 

(1)  Trouessakt.  Bull.  Soc.  Entomol.  de  France,  10  juin  1896,  p.  251. 


SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901  l'iî) 

présentant,  à  la  place  de  l'impression  en  00  du  type,  une  large 
impression  criblée,  en  forme  de  raquette  dont  le  manche  serait 
dirigé  en  avant.  Plaques  oculaires  trapézoïdales,  saillantes,  à  angle 
interne  échancrant  la  plaque  de  l'épistome  ;  celle-ci  cordiforme  à 
bord  postérieur  droit.  Plaque  noto-gastrique  grande,  ovale.  Plaque 
sternale  hexagonale,  grande,  ponctuée  sur  son  champ,  sculptée 
seulement  aux  angles  antéro-externes,  entre  la  première  et  la  deu- 
xième paire  de  pattes  ;  plaque  ventrale  sub-ovale,  à  bord  antérieur 
droit,  ponctuée  sur  sou  champ,  mais  sculptée  aux  angles  postéro- 
externes  ;  cadre  génital  eu  ovale  très  allougé,  à  bords  latéraux 
parallèles.  Cadre  anal  bien  séparé,  infère,  cordiforme.  Pattes  rela- 
tivement courtes,  à  sculptures  et  lames  très  développées. 
Longueur  totale  =  0mm60. 

Habitat.  —  Djibouti  (Océan  Indien  occidental),  sur  les  récifs  de 
Coraux  ;  fond  de  coquilles  brisées  dans  la  zone  des  marées  (par 
M.  le  professeur  Coutière). 

Genre  AGAUE  Lohmann,  1889. 

Agaue  exornata,  sp.  nov. 

Espèce  d'assez  grande  taille,  à  cuirasse  finement  et  régulière- 
ment sculptée,  voisine  d'.4.  hirsuta  par  la  forme  de  son  rostre  et  de 
ses  palpes.  (Les  pattes  sont  incomplètes  sur  l'unique  exemplaire 
type  de  l'espèce). 

Rostre  cylindro-conique,  à  hypostome  allongé,  plus  long  que  la 
base  du  rostre,  sub-triangulaire,  à  côtés  sub-parallèles,  arrondi  à 
son  extrémité.  Palpes  dépassant  l'hypostome  de  la  moitié  du  dernier 
article;  le  1er  très  court,  le  2e  trois  fois  aussi  long  que  le  1er, 
dilaté  à  son  extrémité:  le  3e  très  court,  muni  d'un  fort  piquant 
interne;  le  4e  et  dernier  plus  long  que  le  2°,  pointu  et  recourbé  en 
dedans  à  son  extrémité.  Chélicères  fortes,  à  lame  recourbée  mais 
non  dentée  en  scie. 

Tronc  ovale,  allongé,  avec  l'anus  terminal.  Cuirasse  complète. 
Plaque  de  l'épistome  grande  dilatée  et  coupée  carrément  en  avant, 
recouvrant  la  base  du  rostre  et  présentant,  au  milieu  de  son  bord 
antérieur,  une  saillie  anguleuse,  sculptée,  qui  porte  l'œil  impair; 
le  champ  porte  deux  bandes  sculptées,  subparallèles,  divergentes 
eu  arrière.  La  sculpture  de  ces  bandes  imite  la  disposition  en 
plaques  hexagonales,  perlées,  que  Lohmann  a  très  bien  figurée  sur 
le  3e  article  des  pattes  à.' Agaue  microrhynrha  (1),  et  qui  rappelle  les 

11)  H.  Lohmann.  Halacaridae  der  Ptaukl<>n-Exi>edition,  pi.  XI,  fig.  9. 


150  SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901 

sculptures  de  la  cuirasse  des  Glyptodontes.  —  Plaque  notogas- 
trique  grande,  ovale,  à  bords  antérieur  et  postérieur  droits,  por- 
tant deux  bandes  sculptées,  subparallèles,  qui  sont  la  continuation 
de  celles  de  l'épistome  et  deviennent  confluentes  en  arrière,  de  telle 
sorte  que  leur  ensemble  ligure  une  ellipse  allongée,  interrompue 
par  la  séparation  des  deux  plaques  dorsales  et  ouverte  en  avant, 
parce  que  les  bandes  ne  vont  pas  rejoindre  la  saillie  médiane  de 
l'épistome.  Plaques  oculaires  allongées,  subquadrilatères,  arron- 
dies en  avant,  fortement  anguleuses  en  arrière,  présentant  une 
impression  sculptée  médiane  saillante,  qui  porte,  en  debors,  l'œil 
bien  pigmenté  mais  à  cornée  peu  développée.  Plaques  axillaires 
grandes,  allongées,  sculptées  sur  les  flancs  seulement.  Plaque 
sternale  très  grande,  s'étendant  jusqu'au  delà  de  l'insertion  de  la 
troisième  paire,  sub-hexagonale,  plus  étroite  et  tronquée  en  arrière, 
simplement  granuleuse.  Plaqua  ventrale  petite,  sub-hexagonale, 
portant  en  arrière  le  cadre  génital  ovale,  allongé,  formant  une 
saillie  légère  en  avant  de  l'anus. 

Pattes  (incomplètement  connues),  mais  à  sculpture  fine,  portant 
des  piquants  émoussés  comme  celles  d'4.  hirsuta. 

Longueur  totale  =  O^ôS. 

Habitat.  —  Djibouti  (Océan  Indien  occidental),  sur  les  récifs  de 
Coraux;  fond  de  coquilles  brisées  dans  la  zone  des  marées  (par 
M.  le  professeur  Coutière). 


DESCRIPTION    D'ESPÈCES    NOUVELLES    V'HALACA RID A E 
(3e  note,  HALACARIDAE  DES  COTES  DE  FRANCE) 

PAR 

LE  Dr  E.  TROUESSART 

Les  espèces  suivantes,  nouvelles  pour  la  science,  ou  nouvelles 
pour  les  côtes  de  France,  ont  été  recueillies,  pendant  l'été  (août- 
septembre  1901),  à  Saint-Guénolé,  dans  le  Penmarcb  (Finistère); 
la  première  fait  seule  exception.  La  localité  qui  m'a  fourni  la  plu 
part  de  ces  espèces  semble  peu  explorée  par  les  naturalistes  bien 
qu'elle  présente,  au  moins  sur  les  rochers  granitiques  du  Penmarch, 
une  faune  plus  riche  et  plus  variée  que  les  Corallines.  Je  veux 
parler  des  plaques  de  petites  Moules  sauvages  que  l'on  trouve  fixées 
sur  ces  rochers  par  leur  byssus,  et  qui  restent  à  découvert  d'une 
marée  à  l'autre.  L'épais  feutrage  formé  par  ce  byssus  offre  une 


SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901  151 

retraite  sûre  à  une  foule  d'animaux  (Annélides,  Copépodes,  Ostra- 
codes,  Amphipodes,  etc.),  et  conserve  unehumidité  suffisante  pour 
que  les  Halacaridés,  qui  meurent  dès  que  leurs  téguments  sont  à 
sec,  puissent  y  vivre  en  toute  sécurité.  On  y  trouve  en  abondance 
une  espèce  qui  semble  rare  partout  ailleurs  {Lohmanellà  falcata 
[Hodge],  type  de  l'ancien  genre  Lcptognathus  Hodge),  et  surtout  une 
graude  variété  d'espèces  appartenant  au  genre  Rhombognathus,  ce 
qui  semble  indiquer  que  ces  Acariens  se  nourrissent  de  matières 
animales  en  décomposition  et  non  pas  seulement  de  matières  végé- 
tales (Algues,  etc.),  comme  ou  l'a  admis  jusqu'à  présent. 

Genre  RHOMBOGNATHUS  Trt. 

Dans  ce  genre  la  forme  des  griffes  (en  râteau  ou  en  crochet  lisse, 
munies  ou  non  d'un  troisième  crochet  médian,  etc.),  permet  de 
caractériser  et  de  distinguer  facilement  les  espèces  qui  se  ressem- 
blent beaucoup,  à  première  vue,  par  leurs  autres  caractères.  Outre 
Rh.  pascens  Lohm.  et  Rh.  magnirostris  Trt.,  on  trouve  ici  trois 
autres  espèces  (nos  2,  3  et  4). 

1.  Rhombognathus  exoplus  nov.  sp. 

Semblable  à  Rh.  pascens,  mais  toutes  les  pattes  dépourvues  du 
petit  crochet  médian  qui  termine  le  tarse,  aux  pattes  antérieures, 
chez  cette  espèce.  Les  peignes  qui  terminent  les  griffes  sont  beau- 
coup moins  dilatés,  surtout  en  dehors,  et  n'ont  point  la  forme 
d'aile  qui  caractérise  Rh.  pascens,  chacun  d'eux  ne  portant  que 
10  à  11  dents.  Epistome  arrondi  en  avant,  recouvrant  les  deux 
tiers  du  rostre.  Abdomen  arrondi  ou  coupé  carrément  en  arrière  ; 
anus  infère  sous  forme  de  fente  longitudinale  en  arrière  du  cadre 
génital.  Cuirasse  peu  développée. 

Longueur  totale  —  0mm35. 

Habitat.  -  Sur  les  Corallines  de  l'Anse  de  Saint-Martin,  près 
d'Omonville-la-Rogue  (Manche).  Un  seul  individu,  d'abord  confondu 
avec  des  centaines  de  Rh.  pascens,  espèce  très  commune  partout. 
(Par  M.  H.  Gadeau  de  Kerville). 

2.  Rhombognathus  cryptorhynchus  nov.  sp. 

En  ovale  court,  avec  l'ouverture  du  camérostome  infère  et  le 
rostre  complètement  caché  sous  l'épistome  comme  dans  le  genre 
Uropoda.  Le  rostre  est  très  faible  et  l'épistome  est  parfaitement 
arrondi  en  avant.  L'abdomen  est  arrondi  ou  coupé  carrément  en 
arrière,  avec  l'anus  infère  sous  forme  de  fente  longitudinale  en 


152  SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901 

arrière  du  cadre  génital  :  celui-ci  forme  un  ovale  parfait,  situé  très 
en  avant,  au  niveau  de  l'insertion  de  la  4e  paire  de  pattes.  Pattes 
bien  développées,  subégales,  fusiformes,  sans  échancrure  au  tarse, 
terminées  par  des  griffes  fortement  recourbées,  sans  crochet 
médian,  le  denticule  accessoire  ou  latéral  de  chaque  ongle  formant, 
aux  pattes  antérieures,  un  très  petit  peigne  en  râteau  de  4  à  5 
dents;  ce  peigne  presqu'obsolète  aux  pattes  postérieures  dont  les 
griffes  semblent  entièrement  lisses.  Cuirasse  très  faible,  à  plaques 
peu  étendues  et  lisses. 

Longueur  totale  =  0mm29. 

Habitat.  —  Sur  le  byssus  des  Moules  fixées  aux  rochers  ;  zone 
du  balancement  des  marées,  à  Saiut-Guénolé,  Penmarch  (Finis- 
tère). Un  seul  spécimen. 

3.   Rhombognathus  trionyx  Trt. 

Dans  une  note  précédente  (Bull.  Soc.  Zool.,  1900,  p.  38),  j'ai  décrit 
cette  espèce  d'après  un  exemplaire  unique  provenant  de  la  Terre  de 
Feu.  Son  habitat  parait  très  étendu,  puisqu'elle  se  retrouve  sur  nos 
côtes  du  Finistère.  Elle  est  bien  caractérisée  par  ses  griffes  en  cro- 
chet, lisses,  sans  peigne  ni  râteau,  avec  un  crochet  médian  plus 
petit  aux  deux  paires  de  pattes  antérieures  seulement. 

Habitat.  —  Sur  le  byssus  des  Moules  fixées  aux  rochers  ;  zone 
du  balancement  des  marées,  à  Saint-Guénolé,  Penmarch  (Finis- 
tère). Assez  commun. 

4.  Rhombognathus  armatus  Lohmann. 

Cette  belle  espèce  a  été  décrite  récemment  par  M.  Lohmann 
(Ergebn.  Plankton-Exped.,  Halacaridae,  1893,  p.  8,  note,  —  et  :  Das 
Tierreich,  Halacaridae,  1901,  p.  282),  d'après  la  2e  nymphe  trouvée 
dans  la  mer  du  Nord.  —  J'ai  trouvé  l'adulte  {imago)k  Saint-Guénolé. 
L'espèce  est  bien  caractérisée  par  la  triple  griffe  lisse  qui  termine  le 
tarse  aux  quatre  paires  de  pattes,  le  crochet  médian  étant  aussi 
développé  que  les  griffes  latérales.  Chez  l'adulte,  la  cuirasse  est  très 
forte,  les  plaques  se  joignant  complètement  et  portant  des  sculptures 
qui  rappellent  celles  du  sous-genre  Copidognathus.  Le  4e  article  des 
deux  paires  de  pattes  antérieures  est  fortement  renflé  en  dessus. 

Longueur  totale  =  0mm50. 

Habitat.  —  Sur  le  byssus  des  Moules  fixées  aux  rochers,  avec 
les  espèces  précédentes,  à  Saint-Guénolé,  Penmarch  (Finistère). 
Trois  spécimens  adultes. 


SEANCE  DU  22  OCTOBRE  1901  153 

Genre  HALAGARUS  Gosse. 

Sous-genre  Copidognathus  Trt. 
5.   Halacarus  (CopinoGNATHUs)  crassirostris,  nov.  sp. 

Semblable  à  //.  (Copidogn.) glyptoderma  Trt.,  par  la  forme  géné- 
rale et  celle  du  rostre  :  mais  celui-ci  est  encore  plus  court,  dilaté 
latéralement  en  forme  de  pomme,  étranglé  à  sa  base,  presque  deux 
fois  aussi  large  que  long;  l'hypostome  est  court  mais  triangulaire 
et  non  tronqué  en  avant;  les  chélicères  sont  très  fortes,  à  ongle 
droit,  large  et  denté  en  scie  comme  chez  H.  glyptoderma.  Mais  ce 
qui  distingue  surtout  la  présente  espèce,  c'est  que  la  lre  paire  de 
pattes  porte  au  pénultième  article  une  grosse  épine  pinnatifide 
munie  à  sa  base  d'une  écaille  triangulaire  (comme  chez  les  exem- 
plaires septentrionaux  d'H.  Fabriciusi  décrits  et  figurés  par  M. 
Lohmaxn).  Cette  espèce  doit  doue  s'intercaler  entre  H.  Fabriciusi  et 
H.  glyptoderma.  — La  2e  nymphe  est  seule  connue  ;  l'adulte  doit  être 
fortement  cuirassé  comme  dans  cette  dernière  espèce.  —  Taille 
d'H.  glt/plorterma. 

Habitat.  —  Sur  le  byssus  des  Moules  fixées  aux  rochers,  dans 
la  zone  des  marées,  à  Saint-Guénolé,  Penmarch  (Finistère).  Une 
seule  nymphe. 


PRÉSENTATION  D'UN  FŒTUS  DE  CHAT  MONSTRE  SYNOTE 


PAR 


LE  D'  JACQUES   PELLEGRIN. 

Le  jeune  Chat  monstrueux  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  la 
Société  appartient  au  groupe  des  monstres  douhles  sycéphaliens  et 
au  genre  synote.  Cette  monstruosité  est  relativement  assez  fré- 
quente chez  les  animaux  domestiques,  néanmoins,  comme  le 
faisait  jadis  fort  judicieusement  ohserver  notre  collègue  M.  Gadeau 
de  Kerville  (1),  en  matière  tératologique  tous  les  documents  ont  un 
intérêt,  ce  qui  me  pousse  à  donner  de  l'exemplaire  en  question  une 
courte  description. 

C'est  à  l'obligeance  de  mon  excellent  ami  et  cousin  M.  Léopold 

(1)  Gadeau  de  Kerville.  Sur  un  très  jeune  Porc  monstrueux  du  genre  Déra- 
delpbe.  —  Le  Naturaliste  cl),  n°  218,  1er  septembre  1896. 


154 


SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901 


Dufour,  pharmacien  à  Orléans,  que  je  dois  cette  curiosité  térato- 
logique.  Je  n'ai  pu  avoir  aucun  détail  ni  sur  la  coufonnation  des 
individus  appartenant  à  la  même  portée  ni  sur  la  survie  de  l'ani- 
mal qui  d'ailleurs  a  dû  être  fort  courte,  comme  il  est  habituel  chez 
les  monstres  sycéphaliens. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'exemplaire  en  ma  possession  présente  bien 
les  caractères  typiques  du  genre  synote  (1).  Les  deux  individus 

composants  sont  fusion- 
nés au-dessus  de  l'om- 
bilic, lesextrémités  pos- 
térieures restant  libres 
et  distinctes.  Les  deux 
animaux  sont  unis  par 
la  partie  antérieure  du 
thorax  et  pour  ainsi 
dire  face  à  face.  Il  existe 
quatre  membres  thora- 
ciques.  C'est  à  la  tête 
que  la  fusion  devient 
plus  intime.  En  effet, 
elle  n'est  qu'incomplè- 
tement double  ;  on  dis- 
tingue bien  encore,  à  la 
vérité,  deux  crânes  et 
quatre  oreilles,  dont 
deux  médianes  étroite- 
ment accolées  mais  pos- 
sédant encore  chacune 
un  pavillon  séparé,  mais  il  n'y  a  plus  qu'une  seule  face,  celle-ci 
étant  formée  par  moitié  par  chacun  des  sujets  composants  et  pré- 
sentant, à  cause  de  son  mode  de  réunion,  une  direction  latérale. 

L'œil  médian,  appartenant  à  la  deuxième  face  qu'on  retrouve 
encore  chez  les  monstres  iniopes,  ne  se  voit  pas  chez  notre  sujet.  La 
face  uuique  paraît  assez  normale  avec  ses  deux  yeux  latéraux 
encore  fermés  ;  la  bouche  semble  bien  conformée,  mais  l'appareil 
olfactif  est  réduit  à  un  tubercule  médian  percé  au  sommet  d'un 
orifice  unique. 

Les  deux  individus  réunis  sont  de  même  sexe,  ce  qui  est  la 
règle  chez  ces  monstres. 

(1)  I.  Geoffroy  St-Hilaire.  Histoire  générale  et  particulière  des  anomalies  de 
l'organisation  chez  l'homme  et  chez  les  animaux,  III,  p.  126. 


SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901  155 

Je  n'ai  pas  examiné  les  organes  internes  pour  ne  pas  sacrifier  ce 
spécimen.  Il  pourrait  être  intéressant  toutefois  de  rechercher  s'il 
existe  un  seul  ou  deux  cœurs  et  quel  est  le  degré  de  fusionnement 
des  organes  thoraciques. 


A  PROPOS  DE  LA  NOMENCLATURE 
PROPOSÉE  PAR  MM.  DELAGE  ET  ARTAULT  DE  VEVEY 

PAU 

LE    PROFESSEUR    A.-L.    HERRERA,    DE    MEXICO 

A  diverses  reprises  et  dans  différentes  publications  (1),  j'ai  pro- 
posé une  réforme  de  la  momenclature ,  basée  sur  les  règles 
suivantes  : 

1°  Les  genres  des  animaux  se  termineront  en  us  (masculin),  ceux 
des  plantes  en  a  (féminin)  et  ceux  des  minéraux  en  um  (neutre). 

2°  Les  genres  des  animaux  et  des  plantes  seront  précédés  de 
l'abréviation  delà  classe  ou  des  ordres  de  Bentham. 

3°  A  la  fin  des  genres,  dans  certains  cas  seulement,  on  ajoutera 
les  abréviations  de  type,  ordre,  famille. 

4û  Les  genres  des  minéraux  se  formeront  avec  les  abréviations 
des  principaux  composants.  Exemple  :  Repacansaurus  (V.  S.  C.)> 
est  un  animal  par  la  terminaison  en  us  ;  un  Reptile,  par  l'abrévia- 
tion Rep.  ;  un  Saurien  et  un  Crassilingue  par  les  initiales  (S.  C.  ). 
On  peut  écrire  encore  :  Rcp-acansaurus. 

De  même  que  dans  n'importe  quelle  autre  momenclature,  les 
abréviations  seront  mieux  comprises  par  les  spécialistes,  mais  le 
vulgaire  pourra  comprendre  au  moins  s'il  s'agit  d'un  animal, 
plante  ou  minéral,  vertébré,  dicotylédoné,  etc. 

Cette  réforme  à  été  adoptée  ici  pour  l'enseignement  et  les  exer- 
cices pratiques  de  minéralogie,  dans  le  cours  de  l'Ecole  Normale, 

(1)  Nouvelle  nomenclature  des  êtres  organisés  et  des  minéraux.  Edition  de 
la  Société  Alzate.  Mexico,  1901.  Voir  en  outre  :  Red  Meteorolôgica  del  Estado 
de  Mexico,  1900,  p.  135- III;  Boletin  mensual  del  Observalorio  de  la  Escuela 
Normal  para  Profesoras,  1900,  p.  5;  Revista  de  la  Fnstrucciôn  Pûblica,  1900, 
p.  305;  Science,  july  28,  1899;  El  Progreso  de  Mexico,  1899,  p.  9;  Mémoires  de  la 
Société  Alzate,  XII,  p.  137;  Sinonimia  de  vertebrados  é  invertebndos  mexicanos, 
publicada  por  la  Sociedad  Agricola,  1899;  Note  sur  l'organisation  et  la  réforme  des 
études  biologiques,  Mémoires  de  la  Société  Alzate,  XIV,  p.  379  (Réforme  de  la 
nomenclature)  ;  X.  Raspail,  A  propos  d'un  projet  de  réforme  de  la  nomenclature 
des  êtres  organisés  et  des  corps  inorganiques,  Ibid,,  XII,  p.  47o  (juillet  30-1899). 


156  SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901 

par  M.  R.  Aguilar;  dans  le  cours  de  Biologie  de  la  même  Ecole, 
par  moi-même  ;  dans  les  Musées  des  Ecoles  Normales  de  Mexico  et 
Veracruz  ;  dans  les  publications  de  la  Société  Agricole,  ainsi  que 
dans  le  Bulletin  de  la  Commission  de  Parasitologie  agricole,  que 
j'ai  l'honneur  d'adresser  à  la  Société  Zoologique  de  France. 

Dans  tous  ces  cas  on  a  observé  l'avantage  de  cette  nomenclature, 
pour  la  vulgarisation,  l'enseignement  et  les  applications  des  scien- 
ces naturelles. 

Tout  récemment  M.  L.  0.  Howard  m'a  écrit  à  ce  sujet  que  « espe- 
cially  in  économie  publications  it  bas  some  advantages,  and  I  am 
quite  inclined  to  believe  that  it  may  become  adopted  eventually  in 
this  class  of  publications. . .  I  think  tbatyour  System  has  very  deci- 
ded  advantages  in  mauy  instances.  »  (7  august  1901). 

Enfin  M.  Baspail  termine  ainsi  une  note  sur  la  dite  réforme  : 
«  L'excellence  de  cette  nouvelle  méthode  de  momenclature  ne 
pourra  échapper  aux  esprits  qui  ne  redoutent  pas  le  progrès  et  qui 
comprendront  tout  l'avantage  qu'elle  offre  pour  l'enseignement  et 
la  vulgarisation  de  la  science  »  d). 

Je  serai  heureux  de  connaître  à  ce  sujet,  les  observations  de  M.  le 
professeur  Y.  Delage,  ainsi  que  celles  des  membres  de  la  Société 
Zoologique  de  France  et  des  naturalistes  en  général. 

Dlote. — J'adresse  à  la  Société  la  partie  publiée  de  la  liste  des 
principaux  genres  de  plantes  et  d'animaux,  depuis  Con  obiesa  (G.) 
jusqu'à  Cni  astrœas  (I.  A.  S.). 


LA  CIGOGNE  BLANCHE  CICONIA  ALBA  L.  DANS  LES 
VOSGES  FRANÇAISES 


PAR 


E.   HECHT. 


De  tous  les  Oiseaux  commensaux,  permanents  ou  temporaires, 
des  habitations  humaines,  dans  l'Europe  occidentale  :  Hirondelles, 
Martinets,  Moineaux.  Cigognes,  ce  sont  peut-être  ces  dernières  qui 
suscitent  le  plus  d'intérêt.  Elles  doivent  ce  privilège  à  leur  colo- 
ration et  à  leur  grande  taille  qui  les  rendent  meublantes,  à  leurs 
mœurs  bien  accusées  et  facilement  observables,  enfin  à  leur  rareté 
relative.  11  y  a  quelques  années  encore  on  admettait  que  la  Cigogne 

(1)  Mémoires  de  la  Société  scientifique  Alzate,  30  juillet  1899,  p.  480. 


SÉANCE    1)1!    "l'I    OCTOBRE    1901  I.i7 

blanche  dconia  alba  L.  était  confinée  dans  la  seule  province  d'Al- 
sace, on  peut  dire  aujourd'hui  qu'elle  niche  régulièrement  sur  les 
ileux  versants  des  Vosges,  en  Lorraine  et  eu  Alsace. 

Il  résulte  eu  etïet  d'une  petite  enquête  que  j'ai  faite,  enquête  sans 
doute  eucore  sujette  à  quelques  erreurs,  comme  toutes  les  enquêtes 
de  ce  genre,  que  la  Cigogne  blanche  (Ciconia  alba  L.)  niche  depuis 
plusieurs  années,  et  a  niché  en  particulier  en  1901,  dans  quelques 
localités  des  départements  des  Vosges  et  de  Meurthe-et-Moselle. 
A  notre  époque  on  est  trop  souvent,  malheureusement,  obligé  de 
constater  la  diminution  rapide  de  l'aire  de  dispersion  d'une  espèce. 
Au  contraire  l'extension  d'une  espèce,  quand  il  s'agit  d'Oiseaux 
surtout,  est  chose  assez  rare  pour  que  l'on  étudie  avec  soiu  sa 
modalité  et  ses  causes. 

Le  tableau  suivant  résume  les  quelques  renseignements  que  j'ai 
pu  recueillir  sur  les  localités  fréquentées  par  les  Cigognes  en  Lor- 
raine (voir  la  carte),  la  date  de  leur  installation,  le  nombre  des  nids, 
leur  emplacement,  le  nombre  des  jeunes  arrivés  à  bien  eu  1901, 
etc.  Un  trait  horizontal,  entre  deux  dates,  indique  une  période 
d'occupation  régulière,  sans  interruption  anormale.  Les  rensei- 
gnements généraux,  du  reste  incomplets,  relatifs  aux  départements 
du  Haut-Rhin  et  du  Bas-Rhin,  ne  sont  donnés  qu'à  titre  de  docu- 
ment, pour  faciliter  quelques  comparaisons. 

Lorraine.  —  Département  oes  Vosges  : 

Moyenmoutier,  sur  Je  Rabodeau,  affluent  de  droite  de  la  Meurthe, 
1896-1901.  Un  nid  sur  la  cheminée  d'une  filature  (Vincent);  i  jeunes 
réussis  en  1901. 

Etival,  sur  la  Meurthe,  1895-1901.  Un  nid  sur  l'angle  nord  de  la 
tour  de  l'église  de  l'ancienne  abbaye.  Décès  de  l'uu  des  parents  en 
1899,  néanmoins  retour  d'uu  couple  l'année  suivante  ;  4  jeunes 
réussis  en  1901. 

Raon  l'Etape,  sur  la  Meurthe.  Un  nid  sur  la  cheminée  désaffectée 
d'une  faïencerie  (Bragon-Muller).  Première  apparition  en  1899. 
Premier  nid  construit  eu  1900,  sans  résultat  ;  4  jeunes  réussis 
en  1901. 

Nossoncourt,  à  8  kilom.  environ  au  sud  est  de  Baccarat.  Un  nid 
en  1899,  sur  un  Peuplier  du  parc  du  château  de  Ville  (à  M.  de 
Ravinel),  détruit  sans  jeunes. 

Département  de  Meurthe  et-Moselle  : 

Baccarat,  sur  la  Meurthe.  Première  apparition  en  1899.  Un  nid 
en  1900  sur  une  des  cheminées,  désaffectée  depuis,  d'uue  cristal- 
lerie (Michaut)  ;  4  jeunes  réussis  en  1901. 


158 


SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901 


Lssenu 


ffJlClUfifr 


o  Bains 


BALLON  D'AL^i 


Distribution  géographique  des  Cigognes  en  Lorraine. 
Localités  où  elles  ont  niché  en  1901, 


SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901  159 

Lunéville,  sur  la  Meurt he.  Séjour  temporaire  eu  1900.  Construc- 
tion tardive  d'uu  nid  (mi-avril)  en  1901,  sur  la  cheminée  d'une 
vieille  maison  (maison  Delorme,  n°  15,  à  l'angle  de  la  rue  de 
Lorraine  et  de  la  rue  du  Château).  Séjour  de  deux  mois,  disparition 
de  la  femelle  en  juin,  à  la  suite  de  la  mort  du  mâle. 

Nancy,  sur  la  Meurthe.  Apparition  à  deux  reprises  eu  avril  1901. 

Phalsbourg,  sur  un  petit  affluent  de  la  Sarre.  Est  la  seule  localité 
de  Lorraine  où  Godrou  (1)  signale  la  Cigogne  en  1862.  Ne  parait 
plus  y  nicher. 

Alsace.  —  Département  du  Haut-Rhin  : 

Belfort.  Pas  de  nid.  Au  passage  du  printemps  1901,  une  Cigogne 
s'est  reposée  pendant  quelques  instants  sur  une  cheminée  de  la 
place  d'Armes. 

Sevenans  à  4  kil.  de  Belfort.  Un  nid  sur  la  cheminée  du  Château, 
1871-1873. 

Giromagny.  Deux  individus  ont  fait  un  séjour  de  deux  jours  en 
1901,  puis  sont  repartis. 

A  Roppe,  village  frontière,  au  pied  du  talus  des  Vosges,  les 
Cigognes  ont  été  vues  par  centaines  en  mars  et  fin  avril  1900. 

Les  Cigognes  nichent  en  grand  nombre  à  Thann,  Cernay  (vallée 
de  la  Thur)  à  Mulhouse,  Colmar,  Ribeauvillé  et  environs.  Un  nid 
à  Munster  (fabrique  Hartmann). 

A  Sainte-Marie-aux-Mines,  sur  la  Liepvrette,  pas  de  uids  (Cote 
390),  mais  parfois  passages  de  Cigognes  au-dessus  de  la  ville. 

Département  du  Bas-Rhin  : 

Nids  abondants  dans  la  vallée  de  la  Bruche,  en  particulier  à 
Molsheim  :  5  nids  (certains  nids  sont  établis  depuis  plus  d'un  siècle 
sur  la  même  maison,  Mertian)  ;  Entzheim  :  nids  sur  des  arbres,  aux 
environs  de  la  gare  ;  Dorlisheim  :  3  ;  Mutzig  :  3  ;  Gresswiller  :  5  ; 
Haslach  :  1  ;  et  dans  les  localités  en  amont  jusqu'à  Schirmeck  et 
Rothau  inclusivement.  Cette  dernière  localité  fréquentée  autrefois 
par  les  Cigognes,  puis  abandonnée,  dit-on,  en  1869,  à  la  suite  d'un 
incendie,  n'a  été  réoccupée  qu'il  y  a  5  ou  6  ans.  Un  nid  seulement. 

Strasbourg,  16  nids  en  1901.  Leur  nombre  autrefois  considérable 
a  diminué  de  plus  de  moitié,  depuis  trente  ans.  Les  nids  occupent 
surtout  le  secteur  nord-ouest  de  la  ville,  et  en  particulier  les  rues 
du  Fossé  des  Tanneurs,  des  Juifs,  des  Hallebardes,  Grand'rue,  etc. 
Les  Cigognes  ont  abandonné  en  partie  la  rue  des  Grandes- Arcades, 
autrefois  une  de  leurs  rues  préférées. 

(1)  Godron,  Zoologie  de  la  Lorraine.  Mém.  de  l'Àcad.  de  Stanislas,  1862. 


160  SÉANCE  OU  22  OCTOBRE  1901 

Soultz-sous-Forèt  et   villages  voisins  de  Keffenach  et  Birten- 
bach.  Aux  environs  :  nids  établis  sur  des  arbres  étètés. 

Nombreux  nids  aux  environs  de  Saverne  et  de  Wissembourg. 

L'examen  de  ce  petit  tableau  permet  d'établir  quelques  conclu- 
sions. 

La  Cigogne  blancbe  doit  être  considérée,  désormais,  comme  se 
reproduisant    régulièrement    en  Lorraine,   dans   la  vallée  de  la 
Meurthe.  Elle  niche  en  effet  dans  une  série  de  localités  sur  le  cours 
supérieur  de  cette  rivière,  et  même  sur  un  de  ses  affluents,  le  Rabo- 
deau.  Elle  n'occupe  encore  qu'une  bande  d'une  quinzaine  de  kilo- 
mètres dirigée  assez  exactement  du  sud-est  au  nord-ouest,  mais  son 
aire  de  distribution  tend  à  s'accroître  d'une  façon  assez  manifeste 
et  régulière,  vers  le  nord-ouest.  Le  point  initial  est  à  Etival  en  1895  ; 
cinq  ans  plus  tard,  elles  nichent  à  Baccarat;  cette  année  en  1901, 
sans  la  balle  d'un  braconnier,  une  première  couvée  réussissait  à 
Luuéville;  enfin  cette   même  année,  en   avril,  c'est-à-dire  après 
l'époque  des  passages  réguliers,  elle  est  signalée,  à  deux  reprises, 
planant  au-dessus    de  Nancy.    Ces   étapes  successives  indiquent 
quelle  pousse  ses  pointes  régulièrement  vers  le   nord  ouest,   en 
suivant  le  cours  de  la  Meurthe.  Depuis  sa  source  jusqu'à  Nancy, 
cette  rivière,  au  cours  lent  et  paresseux,   comme  l'Ill  en  Alsace, 
parcourt  une  vallée  large,   couverte  de  prairies  naturelles,  assez 
humides.  Les  conditions  sont  donc]  à  peu  près  identiques  sur  toute 
cette  étendue  de  65  kilom.,  (en  ligne  droite)  et  rien  ne  s'opposerait 
à  ce  que  les  Cigognes  l'occupassent  tout  entière,  surtout  si,  comme 
il  faut  l'espérer,  les  habitants,  mus  par  des  mobiles  divers,  conti- 
nuent à  se  montrer  presque  partout  favorables  à  leur  établissement. 
Dans  trois  des  localités,  la  construction  des  nids  a  été  facilitée  à 
l'aide  de  vieilles  roues  de  chariots,  capitonnées  de  paille,  et  dispo- 
sées horizontalement  sur  les  cheminées  choisies  par  les  Cigognes. 
En  Lorraine  les  couples  de  Cigognes  cherchent  à  s'isoler  de  leur 
mieux  ;  chaque  localité  ne  possède  jusqu'à  présent  qu'un  seul  nid, 
sans  qu'on  puisse  attribuer  cette  pauvreté  à  un  défaut  de  concur- 
rence.  Partout  on  a  constaté,  au  printemps,  l'arrivée  de  plusieurs 
Oiseaux.    A   Moyenmoutier,    par  exemple,   le  couple    installé  a 
empêché  l'établissement  d'un  second  couple,  sur  une  cheminée, 
pourtant  assez  éloignée  de  celle  déjà  occupée,  mais,  il  est  vrai,  en 
vue  de  celle-ci.    On  notera  cette  prétention  de  chaque  couple  à 
l'hégémonie  incontestée  dans  toute  l'étendue  de  son  domaine,  car 
elle  contraste  un  peu  avec  la  manière  d'être  des  Cigognes  de  l'autre 
côté  des  Vosges;  d'autant   plus  que  les  localités  de  Lorraine,  au 


SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901  ICI 

lieu  d'être  ramassées,  presque  circulaires,  comme  les  villages  d'Al- 
sace, s'étendent  en  longs  faubourgs,  qui  permettraient  l'établisse- 
ment de  plusieurs  uids,  sans  danger  de  voisinage  immédiat.  Aiusi, 
comme  on  l'a  vu,  dans  le  groupe  tle  la  vallée  de  la  Bruche,  la 
plupart  des  localités  comptent  plusieurs  uids,  et  ces  localités  sont 
très  voisines  l'uue  de  l'autre.  Les  territoires  de  chasse  de  chaque 
couple  doivent  doue  être  très  restreints,  et  s'ils  sont  peut-être  plus 
riches  que  ceux  de  Lorraine,  cet  avantage  est  bieu  compensé  par 
la  nécessité  de  nourrir  uu  plus  grand  nombre  d'individus. 

Cette  tendance  à  s'isoler  rigoureusement  est  d'autant  plus 
curieuse,  qu'en  certains  points  de  l'Alsace,  à  Strasbourg  par  exem- 
ple, les  Cigognes  formaieut  autrefois  une  véritable  colonie,  con- 
centrée sur  un  espace  restreint  de  la  ville,  et  comparable  par  cer- 
tains points  aux  grandes  colonies,  plus  ramassées  encore,  que 
forment  les  Hérons  (héronnière  du  Château  de  Saint-Georges,  par 
Salous-les-Vignes,  Marne,  propriété  de  M.  le  comte  de  Sainte- 
Suzanne).  Aujourd'hui  encore,  sur  quinze  nids  environ  que  compte 
à  peine  la  colonie,  bien  réduite,  quatre  sont  installés  sur  les  che- 
minées d'une  même  rue  :  faubourg  des  Tanneurs,  c'est-à-dire  sur 
une  longueur  de  200  mètres  à  peine. 

Dans  la  majorité  des  cas  les  Cigognes  out  choisi  de  vieilles  che- 
minées d'usine,  désaffectées,  parfois  surmontant  des  bâtiments 
renfermant  des  machines  fort  bruyantes  (métiers).  Ces  cheminées 
leur  offrent  un  double  avantage  :  grâce  à  leur  faible  hauteur,  le 
nid,  fait  de  branches  d'arbres  superposées  plutôt  qu'entrelacées,  est 
moins  exposé  à  être  démoli  par  les  coups  de  veut  (ce  qui  malgré 
cela  arrive  encore  trop  souvent).  De  plus  ces  cheminées  ne  présen- 
tent pas,  à  leur  couronnement,  cette  sorte  de  cercle  saillant  qui, 
dans  les  nouvelles  cheminées,  prolonge  la  paroi  interne  et  nuirait 
à  l'établissement  des  nids.  La  hauteur  de  ces  vieilles  cheminées 
d'usine  correspond  à  peu  près  à  celles  des  hautes  cheminées 
que  les  Cigognes  affectionnent  en  Alsace,  sur  les  vieilles  maisons 
à  quatre  étapes  surmontés  de  toits  pointus  à  trois  étages.  Du  reste 
c'est  aussi  la  cheminée  de  la  plus  vieille  et  plus  haute  maison 
de  toute  la  ville,  qu'elles  ont  choisie  à  Lunévilie. 

Dans  un  point  seulement  (Nossoucourt),  le  nid  a  été  installé  sur 
un  arbre,  un  Peuplier,  mais  ce  fait  n'a  rien  d'extraordinaire  ;  on  a 
vu  qu'il  est  signalé  sur  plusieurs  points  de  l'Alsace.  J'ai  eu  moi- 
même  l'occasion  de  voir,  le  long  de  la  voie  ferrée  de  Strasbourg  à 
Saveine,  en  1886  ou  1887,  tout  un  groupe  de  nids  disposés  sur  de 
vieux  Saules  étètés,  qui  offrent  du  reste  une  aire  assez  étendue. 

Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1901.  xxvi.  -  13. 


162  SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901 

J'ai  constaté  une  prédilection  marquée  pour  l'orientation  nord- 
ouest,  dans  l'établissement  des  nids.  Ainsi  à  Etival,  sur  la  tour 
carrée  de  l'église  presque  isolée  (ancienne  abbaye),  les  Cigognes  ont 
choisi  l'angle  nord  du  couronnement,  formé  par  une  large  balus- 
trade en  pierre  de  taille.  A  Moyen moutier,  de  deux  cheminées 
symétriques  par  rapport  à  la  tour  de  l'ancienne  abbaye,  elles  ont 
préféré  celle  du  nord-ouest.  A  Raon  l'Etape  enfin,  elles  se  sont 
installées  dans  le  faubourg  dit  de  Lunéville,  qui  s'allonge  vers  le 
nord-ouest.  Cette  préférence  a  déjà  été  constatée  à  Strasbourg.  On 
sait  en  effet  que  c'est  le  secteur  nord-ouest  de  cette  ville  qui  ren- 
ferme la  grande  majorité  des  nids;  on  n'en  trouve  pas  un  à  Test 
d'une  ligne  nord-sud,  passant  par  la  porte  de  Pierres,  la  cathédrale 
et  la  porte  dite  d'Austerlitz. 

L'année  1901  paraît  avoir  été  particulièrement  favorable  à  la 
réussite  des  couvées  en  Lorraine.  Cette  heureuse  circonstance,  dont 
il  faut  prendre  note,  hâtera  peut-être  l'extension  de  l'espèce  ; 
l'année  prochaine,  le  nombre  des  couples  qui  reparaîtront  dans  la 
région  risque  en  effet  d'être  plus  que  doublé.  Dans  les  quatre  loca- 
lités occupées,  les  quatre  jeunes  ont  réussi,  c'est-à-dire  la  totalité 
de  la  poute  normale  ;  les  années  précédentes,  à  Etival,  deux  jeunes 
seulement  arrivaient  à  bien. 

De  nombreux  accidents  déciment  en  général  les  jeunes,  comme 
l'a  constaté  Fischer-Sigwart  à  Solingue  (canton  d'Argovie);  c'est 
là  sans  doute  ce  qui  a  nouué  naissance  aux  légendes  poétiques  qui 
ont  encore  cours  en  Alsace.  Avec  le  temps  les  jeunes  seront  toujours 
plus  exposés,  tout  au  moins  dans  les  villes,  grâce  au  développement 
rapide  des  réseaux  aériens  (télégraphe  et  téléphone),  qui  mettent 
obstacle  à  leurs  premiers  essais  de  vol,  toujours  si  surveillés  par 
les  parents. 

Peut  être  faut-il  attribuer  la  réussite  des  couvées  en  1901  aux 
froids  tardifs  de  l'hiver  (seconde  quinzaine  de  février  et  de  mars), 
qui,  eu  retardant  la  ponte,  ont  permis  l'éclosion  à  une  saison  plus 
favorable,  et  aux  sécheresses  relatives  du  printemps,  qui  ont  évité 
aux  jeunes  une  humidité  persistante  qui  leur  est  souvent  funeste. 

D'où  et  pourquoi  la  Cigogne  blanche  est-elle  venue  nicher  depuis 
six  ans  en  Lorraine,  dans  cette  portion  restreinte  de  la  vallée  de  la 
Meurthe,  après  s'être  si  longtemps  contentée  des  plaines  de  l'Alsace? 
Nous  est-elle  venue  de  cette  province,  en  franchissant  la  chaîne 
des  Vosges  de  l'est  à  l'ouest,  ou  nous  vient-elle  directement  du  sud, 
pardessus  les  monts  Faucilles?  Question  délicate,  à  laquelle  il 
est  malaisé  de  répondre  catégoriquement. 


SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901  1G3 

De  nombreux  arguments  militent  en  faveur  de  la  première  hypo- 
thèse :  modification  des  conditions  du  milieu  en  certains  points 
de  l'Alsace,  localisation  des  Cigognes  dans  la  seule  vallée  de  la 
Meurthe  et  absence  de  nids  dans  le  reste  de  la  Lorraine,  occupation 
première  de  cette  vallée  par  le  point  précisément  le  plus  rapproché 
de  la  ligne  de  faite,  arrivée  plus  tardive  en  Lorraine  (mi-mars) 
qu'eu  Alsace  (lin  février)  ;  enfio  opinion  publique  consacrant  cette 
origine. 

A  Strasbourg,  autrefois  un  de  leurs  grands  centres  de  repro- 
duction, le  nombre  des  Cigognes  a  beaucoup  diminué  dans  ces  der- 
nières années.  Dans  la  ville  même  :  les  anciennes  cheminées 
qu'elles  affectionnaient  sont  peu  à  peu  remplacées  par  de  nouvelles, 
et  certains  propriétaires,  peu  soucieux  de  voir  leurs  toits  souillés 
d'excréments  (absolument  blanchis),  enlèvent  les  nids  pendant 
l'hiver.  Aux  environs,  les  progrès  de  la  culture  suppriment  les 
marais ,  et  l'établissement  récent  d'un  grand  canal  de  jonction 
(partant  d'Erstein),  a  provoqué  l'assèchement  général  des  prairies, 
en  faisant  baisser  de  30  cm.  le  niveau  de  la  nappe  souterraine. 
Dans  l'ensemble  de  l'Alsace, l'utilisation  industrielle  des  cours  d'eau, 
et  surtout  l'établissement  de  grands  réservoirs  à  leur  origine,  u'ont 
pu  manquer  aussi  d'assécher  la  plaine,  en  régularisant  leur  débit. 

On  peut  donc  supposer  que  les  Gigognes  trouvent  dans  les  plaines 
d'Alsace  des  conditions  moins  favorables  qu'autrefois.  Leur  abon- 
dance au  pied  même  des  Vosges,  à  l'entrée  des  vallées,  leur 
remontée  dans  ces  vallées,  la  réoccupation  par  exemple  d'un  point 
comme  Rothau,  paraissent  coulirmer  ce  fait.  Simultanément  les 
conditions  sur  le  versant  occidental  ont  peu  changé,  les  prairies 
naturelles  sont  demeurées  telles,  et,  pour  des  raisons  multiples, 
les  populations  ne  pouvaient  que  leur  faire  bon  accueil.  On  peut 
donc  admettre  que  la  diminution,  sur  un  versant,  des  conditions 
de  milieu  fovorables  aux  Cigognes,  Je  maintien  du  statu  quo  sur 
l'autre,  ont  suffi  pour  rétablir  un  équilibre  longtemps  rompu,  et 
égaliser  leurs  chances  de  séjour  sur  les  deux  versants  des  Vosges. 

D'autre  part  la  vallée  de  la  Meurthe  est,  de  toutes  nos  vallées 
vosgiennes,  celle  qui  communique  avec  l'Alsace,  et  en  particulier 
avec  cette  vallée  de  la  Bruche  si  fréquentée  par  les  Cigognes,  par 
le  plus  grand  nombre  de  cols,  relativement  bas  et  faciles.  Les  deux 
vallées  sont  larges  et  couvertes  de  prairies. 

Des  quatre  points  actuellement  occupés  en  Lorraine,  Etival  le 
premier  occupé  en  1895,  est  précisément  le  plus  reculé  dans  la 
vallée,  celui  dont  la  cote  d'altitude  307  M.  correspond  exactement  à 


164  SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901 

la  cote  de  Schirmeck,  le  point  extrême  de  stationnement  des 
Cigognes  de  l'autre  côté  des  Vosges.  Rothau  est  un  peu  plus  élevé, 
il  est  vrai,  mais  son  occupation  coïncidant  avec  celle  d'Etival,  peut 
n'être  considéré  que  comme  un  jalon  d'une  même  étape. 

Rien  d'étonnant  à  ce  que  des  Cigognes,  ayant  franchi  acciden- 
tellement la  ligne  de  faite  par  le  col  de  Saales  (580  m.),  ou  celui  de 
Sainte-Marie  (788  m.),  aient  été  attirées  d'abord  par  les  vastes 
prairies  de  la  plaine  Sainte -Marguerite,  puis  redescendant  la 
vallée  de  la  Meurthe,  se  soient  fixées  dans  la  première  localité  à 
leur  convenance  :  Etival. 

On  ne  signale  aucun  nid  dans  le  reste  du  département  des  Vosges, 
pas  plus  à  Bains  qu'à  Remiremont,  Bruyères,  Thaon,  Epinal,  etc., 
et  pourtant,  certaines  de  ces  localités  auraient  pu  tenter,  semble- 
t-il,  et  retenir  des  Cigognes  en  reconnaissance,  remontant  pour  la 
première  fois  du  sud  au  nord,  sans  préférences  ou  sans  souvenirs 
de  localités  précises. 

Enfin,  autant  que  j'ai  pu  en  juger  par  une  dizaine  d'interroga- 
toires, tous  les  habitants  des  localités  lorraines  semblent  admettre 
que  les  Cigognes  qui  nichent  chez  eux  proviennent  d'Alsace. 

En  résumé,  dans  cette  première  hypothèse  du  peuplement  de  la 
Lorraine  par  l'ouest,  on  suit  facilement  l'itinéraire  des  Cigognes 
qui,  arrivées  en  Alsace  par  le  sud,  et  trouvant  les  conditions  peu 
favorables  en  plaine,  se  rejettent  à  l'ouest  vers  les  vallées  humides 
des  Vosges,  laissent  le  gros  de  leurs  forces  à  l'entrée  d'une  grande 
vallée,  la  remontent  (en  descendant  vers  le  sud),  poussent  une 
dernière  pointe  à  l'ouest,  franchissent  la  ligne  de  faîte,  et,  trouvant 
enfin-une  large  vallée  qui  leur  offre  des  conditions  identiques  sinon 
supérieures  à  celles  qu'elles  viennent  de  quitter,  s'établissent  défi- 
nitivement en  des  points  similaires  de  ceux  qu'occupent  leurs 
sœurs  de  l'autre  côté  des  Vosges. 

L'hypothèse  du  peuplement  de  la  Lorraine  par  le  sud  a  pour 
elle  entre  autres  arguments  :  la  logique  et  les  règles  mêmes  des 
migrations,  certaines  dispositions  topographiques,  enfin  l'existence 
d'une  vaste  région  privée  de  nids,  s'étendant  entre  les  deux  points 
extrêmes,  occupés  de  chaque  côté  de  la  ligne  de  faîte. 

La  Cigogne  étant  considérée  comme  un  franc  migrateur  du  sud 
il  serait,  évidemment  plus  logique  qu'elle  arrive  par  la  voie  du 
du  sud  dans  les  localités  où  elle  veut  nicher,  et  les  quitte  par  la 
même  voie,  surtout  quand  cette  voie  est  plus  courte  et  dépourvue 
de  tout  obstacle  sérieux.  Sinon,  dans  le  cas  très  plausible  et  qui 
aurait  pu  se  produire  cette  année  déjà,  où  l'aire  de   distribution 


SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1901  165 

de  la  Cigogne  blanche,  partant  d'Etival  atteindra  Nancy,  il  faudra 
admettre  que  les  Cigognes  qui  nicheront  dans  cette  ville  sont  venues 
elles  aussi  d'Alsace,  en  franchissant  les  Vosges,  et  par  suite  de  leurs 
quartiers  d'hiver  en  Afrique,  après  avoir  décrit  à  l'est  un  angle 
aigu  très  prononcé,  ce  qui  sera  pour  le  moins  un  parcours  bizarre, 
inadmissible. 

La  disposition  spéciale  de  la  chaîne  des  Vosges,  sa  brisure,  qui, 
à  l'ouest  du  Climont,  contribue  à  la  formation  de  la  vallée  de  la 
Bruche,  pourrait  expliquer  en  partie  l'arrêt  et  la  fixation  des 
Cigognes  dans  la  vallée  de  la  Meurthe.  On  sait  en  effet  qu'au  niveau 
du  Climont  (voir  carte)  la  ligne  de  faîte,  abandonnant  sa  direction 
première  sud-nord,  se  porte  à  l'ouest,  pour  remonter  ensuite  au 
nord  vers  le  Donon,  tout  en  projetant  au  sud-ouest  quelques  con- 
treforts importants.  Le  massif  ainsi  constitué  est  suffisant  pour 
arrêter  sur  son  revers  sud,  des  Oiseaux  migrateurs  déjà  fatigués 
par  leur  long  vol  vers  le  nord.  Il  les  arrête  et  les  fixe  d'autant  mieux 
qu'il  est  précisément  limité,  au  sud,  par  cette  vallée  de  la  Meur- 
the, qui  paraît  réaliser  des  conditions  favorables  aux  Cigognes. 

Enfin  un  dernier  argument  réside  dans  l'absence  de  nids  dans  la 
partie  supérieure  de  la  vallée  de  la  Bruche,  à  partir  de  Bothau,  et 
dans  le  vaste  éventail  formé  par  la  Meurthe  et  son  principal  affluent 
la  Fare,  entre  la  ligne  de  faîte  et  Etival.  Toute  cette  région,  peu  boi- 
sée, renferme  de  nombreuses  localités  et  de  vastes  prairies  humides, 
surtout  aux  environs  de  Sainte-Marguerite  :  toutes  conditions  favo- 
rables à  l'établissement  des  Cigognes.  Pourquoi  donc,  si  elles  vien- 
nent de  l'est,  ne  se  sont-elles  pas  fixées  en  un  de  ces  points,  au  lieu 
de  redescendre  jusqu'à  Etival,  en  négligeant  même  Saint-Dié? 

Cette  absence  de  nids  sur  cette  longue  étendue,  tout  en  faveur  de 
la  seconde  hypothèse,  ne  s'explique  guère  dans  la  première,  que  par 
l'altitude  un  peu  trop  élevée  de  cette  région,  et  surtout  l'existence 
de  courants  d'air  violents,  dus  à  la  réunion  de  plusieurs  vallées. 

En  résumé,  au  risque  de  ne  satisfaire  personne,  je  proposerai 
une  solution  mixte  :  le  peuplement  de  la  Lorraine  se  serait  fait 
primitivement  par  l'est,  mais,  postérieurement,  les  itinéraires  se 
régulariseront  ou  se  sont  peut-être  déjà  régularisés,  et  les  Cigognes 
de  Lorraine,  au  printemps  et  en  automne,  suivront  leur  direction 
normale  nord-sud,  pour  gagner  ou  quitter  une  patrie,  que  leurs 
parents  n'ont  atteinte  d'abord  que  par  un  grand  détour. 

Du  reste  cette  question  de  la  présence  des  Cigognes  en  Lorraine» 
que  je  n'ai  fait  qu'esquisser,  demandera  des  observations  rigou- 
reuses et  suivies. 


166  séance  du  22  octobre  1901 

Ouvrages  offerts  depuis  le  26  Février  1901 

E.  Arrigoni,  Bird  Notes  from  Brembana  Valley.  The  Zoologist,  V,  in-8°  de  16  p., 
january  1901. 

A.  Bavay  et  Ph.  Dautzenberg,  Description  de  deux  Unio  et  d'un  Corbicula 
nouveaux,  provenant  de  l'Indo-Chine.  Journal  de  Conchyliologie,  XLIX,  p.  5-11, 
1901. 

B.  Beutler,  Die  Anatomie  von  Paryphinta  Eochstelleri  Pfr.  Iniug.  Dissert. 
Giessen.  Zoolog.  Jahrbiïchern,  XIV,  in-S°  de  44  p.,  1901. 

G  -A.  Boulenger,  Les  Poissons  du  bassin  du  Congo.  In-8°  de532  p.,  Bruxelles,  1901. 

E  -L.  Bouvier  et  II.  Fischer,  Observations  nouvelles  sur  l'organisation  des 
Pleurotomaires.  C.  R.  Acnd.  Sciences,  4  mars  1901. 

Ph.  Dautzenberg,  Note  sur  le  Voluta  (Mamillana)  mamilla  Gray.  Journal  de 
Conchyliologie,  XLIX,  p   10-11,  1901. 

Ph.  Dautzenberg.  Description  de  trois  Mollusques  nouveaux  provenant  de 
l'État  indépendant  du  Congo.  Mémoires  de  la  Société  malacologique  de  Belgique, 
XXXVI,  in-8"  de  7  p.,  1901. 

G.  Dollfus  et  Ph.  Dautzenberg,  Découverte  du  Tympanotomus  liqnitirum 
Eichw.  dans  le  Miocène  du  Bolderberg  en  Belgique.  Journal  de  Conchyliologie, 
XLIX,  p.  33-34.  1901. 

O.  Finsch,  Systematische  Uebersicbt  der  Vôgel  der  Sûdwest-Inseln  Notes  from 
the  leyden  Muséum,  XXII,  p.  2i5-325,  1900. 

H.Fischer,  Note  sur  YHelix  hnmboldtinna  Valenciennes,  avec  quelques  remar- 
ques sur  le  sous-genre  Lysinoe  et  sur  la  section  Odonlura.  Journal  de  Conchy- 
liologie, n°4,  Paris.  1899. 

J.-.T.  Gerassimov,  Ueber  den  Einfluss  des  Kerns  auf  das  Wachsthum  der  Zelle. 
Bull.  Sor.  imp.  des  Naturalistes  de  Moscou,  p.  1,85-220,  1901 . 

A.-L.  Herrera,  Sur  l'imitation  du  protoplasma.  1  feuille  in-4\  lo  mai  1901. 

C.-K.  Hoffmann,  Die  Entwicklungsgeschichte  des  Sympathicus  bei  den  Sela- 
chiern  (Acanthias  mdgaris).  Verhand'Hingen  der  Koninkiijke  Akad.  van 
Wetensrhapprn  te  Amsterdam,  XII,  in  8°  de  74  p.,  1900. 

K.  Karnbach,  Zur  pathologischen  Anatomie  der  Hufgelencksrhale  des  Pferdes. 
Monatshefte  fur  patholorjische  Thierheilkunde,  XI,  in  8n  de  47  p.,  Stuttgart,  1900. 

P.  de  Loriol,  Notes  pour  servir  à  l'étude  des  Échinodermes.  In-4°  de  45  p-i 
Baie,  Genève  et  Berlin,  mai  1901. 

J.-G.  de  Man,  Description  of  a  new  Fresliwater  Crustacean  from  the  Soudan  : 
followed  by  some  Bemarks  on  an  allied  Species.  Proceedings  of  the  Zoological 
Society  of  London,  p.  94-104,  1901. 

J.  Peters,  Ueber  einen  Fall  von  Transposition  beider  Ventrikel  mit  korrigierte 
Transposition  der  grossen  Gefâsse.  Inaug  Dissert,  de  Giessen,  in  8°  de  35  p  .  1899. 

X.  Raspail,  On  the  sensé  of  Smell  in  Birds.  Smithsonian  Reports,  p.367-373,  1899. 

J.-J.  Rodriguez,  Memoria  sobre  la  Fauna  de  Guatemala.  In-4"  de  11  p.,  Gua- 
temala, 1894. 

J.-J.  Bodriguez,  Preocupaciones  y  Errores  que  respecto  a  algunos  Animales 
existen  in  Guatemala    El  Roletin  Cientifu-o,  in-8"  de  18  p.,  Guatemala,  1889  1900. 

J.-J.  Rodriguez,  Apuntamientos  sobre  los  Estudios  de  Biologia  de  Guatemala  e 
importancia  des  estos  Estudios.  Discrtacion,  in-8'1  de  28  p.,  Guatemala,  1893. 

R.  Sand.  Nematopoila  cylindrica  n.  gen.  nov.  spec.  Mémoires  de  le  Société  belge 
de  Microscopie,  XXII,  p.  85-99. 

R.  Sand,  Esquisse  de  l'évolution  de  la  division  nucléaire  chez  les  êtres  vivants. 
Bull.  Soc.  belge  de  Microscopic,  XXIV,  p.  45  S2,  1899. 

R.  Sand,  Etude  monographique  sur  le  groupe  des  Infusoires  tentaculifères. 
Annales  Soc.  belge  de  Microsenpie.  XXIV,  XXV,  XXVI,  in-8u  de  ill  p.,  1901. 

R.  Sand,  Exosporidium  Marinum.  Bull.  Séances  Soc.  belge  de  Microscopie, 
XXIV,  p.  116-119,  1901. 


167 

Séance  du  12  novembre  iqoi 
PRÉSIDENCE  DE  M.   LE  \Y  TROUESSART,  PRÉSIDENT 

MM.  Antoine  Pizon,  Henri  Simroth  et  Jean-Baptiste  Tillier,  pré- 
sentés à  la  dernière  séance,  sont  proclamés  membres  de  la  Société. 

M.  Pellegrin  présente  des  photographies  d'une  Raie  cornée 
(Dicerobatis  qiorna  Lacépède)  gigantesque,  capturée  à  Oran  par 
M.  Chamfroid.  Elle  mesurait  5 m. 20  d'envergure,  4 m.  15  de  longueur 
et  60  cm.  d'épaisseur  ;  ses  cornes  avaient  50  cm.  de  longueur  et  sa 
bouche  75  cm.  de  large.  Son  poids  était  de  900  kg.  Cinq  Rémora, 
dont  le  plus  grand  mesurait  70  cm.  étaient  fixés  sur  son  dos. 

M.  Trouessart  parle  d'espèces  analogues  remontant  le  Sénégal. 

M.  Neveu-Lemaire  dit  avoir  rencontré  un  de  ces  Poissons  pendant 
la  dernière  campagne  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  dans  les 
parages  des  îles  du  Cap  Vert.  Ces  animaux  redoutables  appelés 
Montes  par  les  indigènes,  Diamand  Fish  par  les  Anglais,  sont  la 
terreur  des  pêcheurs,  qui  ont  vu  leurs  embarcations  chavirées  par 
ces  immenses  Raies.  Les  préjugés  relatifs  à  ces  animaux  ne  sont 
pas  rares  dans  la  région,  et  les  indigènes  prétendent  que  la  corne 
de  l'un  de  ces  Poissons,  pendue  dans  la  chambre  d'une  femme  en 
travail,  assure  l'heureuse  issue  de  l'accouchement. 

M.  Neveu-Lemaire  fait  une  communication  sur  les  Nègres  pies  et 
sur  l'albinisme  partiel. 

MM.  François,  Petit,  Bavay,  Blanchard,  Trouessart  et  Secques 
citent  des  cas  d'albinisme  observés  chez  l'Homme  ou  chez  les 
auimaux. 

M.  Racovitza  attire  l'attention  de  la  Société  sur  la  bibliograghie 
zoologique  et  sur  la  disparition  probable  du  Zoolorjical  Record  et  de 
la  Bibliographie,  Zoologica.  Il  demande  à  la  Société  de  vouloir  bien 
s'occuper  de  ces  graves  questions  et  de  favoriser  le  développement 
d'ouvrages  analogues. 

MM.  Blanchard,  Secques  et  Trouessart  prennent  la  parole  à  ce 
sujet. 

M.  Blanchard  fait  une  communication  sur  l'Homme-tronc  qui 
s'est  exhibé  dernièrement  à  Paris. 

M.  Regnault,  qui  a  eu  dernièrement  l'occasion  d'observer  cet 
individu,  montre  comment,  avec  sa  joue  et  son  moignon,  il  arrive 
à  remplacer  ses  membres  absents,  ajoutant  que  la  peau  du  moignon 
a  acquis  une  sensibilité  tactile  très  développée,  mais  en  un  point 
très  limité. 


168  SÉANCE    DU    12    NOVEMBRE    1901 


AMPHIPODES   DES   EAUX   SOUTERRAINES  DE  FRANCE  ET  D'ALGÉRIE 

PAU 

ED.    CHEVREUX 
I 

Niphargus  Plateaui  nov.  sp. 

Cette  nouvelle  espèce  comprend  deux  formes  bien  distinctes 
d'un  grand  Niphargus,  commun  dans  les  eaux  souterraines  de 
France  et  différant  de  toutes  les  espèces  connues  de  ce  genre  par 
l'inégalité  des  branches  des  uropodes  des  deux  premières  paires, 
chez  le  mâle.  Le  professeur  Plateau,  dans  un  travail  consacré 
principalement  à  l'anatomie  et  à  la  physiologie  des  Crustacés  (1), 
a  figuré  la  partie  postérieure  du  corps  d'un  Amphipode  des  eaux 
souterraines  de  Belgique,  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  Gammarus 
puteanus  Koch(2).  Sur  cette  figure,  les  branches  des  uropodes  de 
la  première  paire  sont  très  inégales  et  la  plus  grande  est  recourbée 
à  son  extrémité.  Il  me  paraît  certain  que  l'espèce  décrite  ci-dessous 
est  bien  celle  qui  a  été  figurée  par  le  savant  naturaliste  belge  et  je 
suis  heureux  de  pouvoir  la  lui  dédier. 

Niphargus  Plateaui  eloxgatus  nov.  var. 

Mâle.  —  Le  corps  (fig.  1),  extrêmement  grêle  et  allongé,  mesurait, 
chez  l'exemplaire  figuré  ici  et  provenant  d'un  puits  de  Nantes, 
22  millimètres  de  longueur,  non  compris  les  antennes  et  les  uro- 
podes. C'est  la  taille  moyenne  de  l'adulte,  mais  elle  peut  être  encore 
dépassée  ;  un  mâle,  trouvé  au  Croisic,  mesurait  25  millimètres.  Les 
trois  segments  du  métasome  et  les  deux  premiers  segments  de 
l'urosome  portent  quelques  fines  spinules  au  bord  dorsal  postérieur. 
La  tête,  aussi  longue  que  le  premier  segment  du  mésosome,  ne  porte 
pas  de  projection  rostrale,  mais  présente  des  lobes  latéraux  étroits 
et  arrondis  à  l'extrémité.  Les  plaques  coxales,  moins  hautes  et 
beaucoup   plus    étroites    que    les    segments    correspondants    du 

(1)  Plateau  (F.),  Recherches  sur  les  Crustacés  d'eau  douce  de  Belgique.  Mémoi- 
res Acad.  des  sciences,  lettres  et  beaux-arts  de  Belgique,  XXXIV,  Bruxelles  1868, 
p.  5,  fig.  1. 

(2)  Le  Dr  Chilton  (The  subterranean  Amphipoda  of  the  British  Isles.  Linn.  Soc. 
Journal,  Zoologi/,  XXVIII,  p.  140,  pi.  16  à  1S)  a  établi  récemment  les  caractères 
du  véritable  Gammarus  puteanus  Koch  [Niphargus  subterraneus  (Leach)]. 


SÉANCK  DU  12  NOVEMBRE  1901 


160 


mésosome,  sont  bordées  de  petites  épines.  Les  plaques  épimérales 
du  troisième  segment  du  métasome  se  terminent  en  arrière  par  un 
angle  un  peu  obtus  et  sont  bordées  de  quelques  épines,  comme  celles 
des  deux  segments  précédents. 

Les  exemplaires  conservés  dans  l'alcool  ne  présentent  aucune 
trace  d'organes  de  vision.  Ceux  du  Croisic,  examinés  vivants, 
portaient,  à  la  base  du  lobe  latéral  de  la  tète,  une  tacbe  irrégulière, 
d'un  jaune  citron,  qui  n'est  peut-être  qu'un  organe  de  vision 
atrophié. 

Les  antennes  supérieures,  assez  courtes,  n'atteignent  guère  que 
le  tiers  de  la  longueur  du  corps.  Le  premier  article  du  pédoncule, 
un  peu  plus  long  que  la  tête,  porte, 'à  l'extrémité  de  son  bord  pos- 


Fig   l.  —  Niphargus  Plateaui  elongatus.  Mâle  adulte,  vu  du  côté  droit. 


térieur,  une  petite  touffe  de  soies.  Le  second  article  est  un  peu  plus 
court  que  le  premier.  Le  troisième  article  atteint  les  deux  tiers  de 
la  longueur  du  second.  Le  flagellum  principal,  à  peu  près  deux  fois 
aussi  long  que  le  pédoncule  et  complètement  glabre,  comprend 
vingt-cinq  articles.  Le  flagellum  accessoire,  aussi  long  que  le 
premier  article  du  flagellum  principal,  se  compose  de  deux  articles, 
dont  le  second,  rudimentaire,  se  termine  par  deux  longues  soies.  Les 
antennes  inférieures  atteignent  à  peu  près  les  deux  tiers  de  la  lon- 
gueur des  antennes  supérieures.  Le  cinquième  article  du  pédoncule, 
un  peu  plus  court  que  l'article  précédent,  porte  des  touffes  de  soies 
assez  allongées.  Le  flagellum  comprend  onze  articles,  garnis  de 
petites  soies. 

La  lèvre  antérieure  est  régulièrement  arrondie.  La  lèvre  posté- 
rieure présente  des  lobes  internes  normalement  développés,  garnis, 


170 


SÉANCE   DU    12   NOVEMBRE    1901 


comme  les  lobes  externes,  d'une  épaisse  rangée  de  cils.  Les 
mandibules,  courtes  et  robustes,  présentent  un  bord  tranchant 
terminé  par  une  grosse  dent  fourchue,  accompagnée  de  trois  dents 
plus  petites.  Le  lobe  accessoire  de  la  mandibule  gauche  est  tridenté. 
Celui  de  la  mandibule  droite,  finement  crénelé  au  bord  antérieur, 


Fig.  2.  —  Niphargus  Plateaux  elongatus.  A,  gnathopode  antérieur  du  mAle; 
B,  uropode  de  la  1re  paire  du  mâle;  C,  uropode  de  la  2me  paire  du  mâle; 
D,  telson  du  mâle;  E,  uropode  de  la  dernière  paire  de  la  femelle. 


se  termine  par  une  dent  aiguë.  Le  processus  molaire  est  bien 
développé.  Le  palpe,  très  robuste,  atteint  le  double  de  la  longueur 
de  la  mandibule.  Sou  second  article  porte,  au  bord  interne,  une 
rangée  de  soies  d'inégale  taille.  Le  troisième  article,  aussi  long  que 
le  second,  finement  cilié  au  bord  interne,  se  termine  par  une  touffe 
de  longues  soies.  Le  lobe  interne  des  maxilles  antérieures,  étroit  et 


SÉANCE   DU    12   NOVEMBRE    1901  171 

allongé,  porte  deux  soies  à  son  extrémité  et  quelques  cils  très 
courts  au  bord  interne.  Le  lobe  externe  est  armé  de  huit  fortes 
épines.  Le  palpe,  bi-articulé,  se  termine  par  une  touffe  d'épines. 
Les  lobes  des  maxilles  postérieures,  d'égale  longueur,  sont  bordés 
de  longues  soies  à  leur  extrémité.  Le  lobe  interne  porte  quelques 
cils  très  courts  au  bord  interne.  Le  lobe  interne  des  maxilljpèdes 
porte,  à  son  extrémité,  trois  grosses  épines,  accompagnées  de 
quelques  longues  soies.  Le  lobe  externe,  qui  atteint  à  peu  près  le 
milieu  du  second  article  du  palpe,  porte  une  rangée  d'épines  au 
bord  interne.  Le  palpe,  bien  développé,  se  termine  par  un  article 
dactyliforme,  aussi  long  que  l'article  précédent. 

L'article  basai  des  gnatbopodes  antérieurs  (fig,  2,  A),  très  court, 
présente  un  bord  postérieur  fortement  convexe.  Le  carpe  est  un 
peu  plus  court  que  l'ensemble  des  articles  iscbial  et  méral.  Le 
propode,  piriforme,  presque  aussi  large  que  long,  porte,  comme 
ebez  la  plupart  des  Nipharqus,  une  forte  épine  recourbée,  qui 
sépare  le  bord  postérieur  du  bord  palmaire.  Les  bords  postérieurs 
du  carpe  et  du  propode  sont  garnis  de  soies  longues  et  touffues. 
Le  dactyle,  un  peu  dilaté  en  son  milieu,  porte  une  petite  dent  au 
bord  interne  et  se  termine  par  une  griffe  aiguë.  Le  bord  externe 
est  garni  d'une  rangée  de  soies.  Les  gnathopodes  postérieurs  sont 
plus  allongés  que  les  gnatbopodes  antérieurs.  En  particulier, 
l'article  basai  et  le  carpe  sont  plus  longs.  Le  propode,  de  même 
forme  que  le  précédent,  est  un  peu  plus  volumineux.  Le  dactyle, 
un  peu  plus  recourbé,  porte  également  une  petite  dent  au  bord 
interne  et  de  nombreuses  soies  au  bord  externe. 

Les  pattes  des  troisième  et  quatrième  paires  sont  de  même  forme, 
mais  celles  de  la  troisième  paire  dépassent  un  peu  en  longueur  les 
suivantes.  L'article  basai  est  aussi  long  que  l'ensemble  des  trois 
articles  suivants.  Le  carpe  n'atteint  pas  tout  à  fait  la  longueur  du 
propode.  Tous  les  articles  de  ces  pattes  sont  garnis  de  nombreuses 
petites  épines.  Le  dactyle  porte  une  petite  soie  au  bord  interne.  Les 
pattes  de  la  cinquième  paire  ne  sont  pas  plus  longues  que  celles  de 
la  troisième  paire.  L'article  basai,  irrégulièrement  ovale,  porte 
quelques  épines  au  bord  antérieur.  Le  carpe,  un  peu  plus  long  que 
l'article  méral,  est  plus  court  que  le  propode.  Les  pattes  des  deux 
paires  suivantes,  beaucoup  plus  longues  que  celles  de  la  cinquième 
paire  et  presque  d'égale  taille,  sont  relativement  courtes,  leur 
longueur  ne  dépassant  pas  celle  du  métasome.  Leur  article  basai 
porte  quelques  épines  au  bord  antérieur  et  de  petites  crénelures, 
à  peine  visibles  à  l'aide  d'un  fort  grossissement,  au  bord  postérieur. 


172  SÉANCE    DU    12    NOVEMBRE    1901 

Les  proportions  des  articles  suivants  sont  les  mêmes  que  dans  les 
pattes  de  la  cinquième  paire.  Les  dactyles  des  pattes  des  trois 
dernières  paires  portent  une  petite  soie  au  bord  interne. 

Les  pléopodes,  grêles  et  allongés,  présentent  des  branches 
d'inégale  taille,  la  branche  interne  étant  notablement  plus  longue 
que  la  branche  externe. 

Les  uropodes  de  la  première  paire  (fig.  2,  B)  ofïreut  un  caractère 
bien  spécial.  La  branche  interne,  assez  fortement  recourbée,  un 
peu  dilatée  à  l'extrémité,  est  aussi  longue  que  le  pédoncule  et 
atteint  à  peu  près  le  double  de  la  longueur  de  la  branche 
externe(l).  Le  pédoncule  porte  deux  rangées  de  fortes  épines.  La 
branche  externe  porte  trois  touffes  de  soies  et  se  termine  par  deux 
petites  épines.  La  branche  interne  porte  quelques  soies  au  bord 
postérieur  et  se  termine  par  une  épine  et  une  touffe  de  soies.  Dans 
les  uropodes  de  la  deuxième  paire  (fig.  2,  G),  la  branche  externe 
n'atteint  que  les  deux  tiers  de  la  branche  interne.  Les  uropodes  de 
la  troisième  paire  sont  à  peu  près  de  la  longueur  du  métasome.  La 
branche  interne,  grêle  et  rudimentaire,  n'est  pas  tout  à  fait  aussi 
longue  que  le  pédoncule.  Les  deux  articles  de  la  branche  externe 
sont  d'égale  longueur. 

Le  telson  (fig.  2,  D),  un  peu  plus  court  que  le  pédoncule  des 
uropodes  de  la  dernière  paire,  est  fendu  sur  les  deux  tiers  de  sa 
longueur.  Ses  lobes  sont  tronqués  à  leur  extrémité,  qui  porte  une 
rangée  de  quatre  épines.  Une  épine,  accompagnée  d'une  petite  soie 
ciliée,  se  trouve  vers  le  milieu  du  bord  externe  et  une  autre  épine 
est  située  dans  la  partie  médiane  de  chaque  lobe.  Le  nombre  et  la 
position  de  ces  épines  sont,  du  reste,  très  variables.  Chez  un 
exemplaire  du  Croisic,  chacun  des  lobes  du  telson  porte  quatre 
épines  au  bord  interne,  quatre  épines  au  bord  externe  et  trois 
épines  à  l'extrémité. 

Femelle.  — Les  plus  grandes  femelles  ovifères  ne  mesurent  que 
13  millimètres  de  longueur.  Elles  diffèrent  des  mâles  par  leur  corps 
un  peu  moins  grêle,  parleurs  pattes  de  la  dernière  paire  relati- 
vement plus  allongées  et  par  la  forme  de  leurs  uropodes.  Les 
branches  des  uropodes  des  deux  premières  paires  sont  presque 
d'égale  taille,  la  branche  externe  étant  néanmoins  quelque  peu  plus 
courte  que  la  branche  interne.  Les  uropodes  de  la  troisième  paire 
(fig.  2,E),  sont  beaucoup  plus  courts  que  ceux  du  mâle  et  le  second 
article  de  leur  branche  externe  est  loin  d'atteindre  la  moitié  de  la 
longueur  du  premier  article. 

(1)  Ces  branches  sont  un  peu  moins  inégales  chez  les  jeunes  mAles. 


SÉANCK    DU    12   NOVKMRIIE   1D01 


173 


Habitat.  —  LeNiphargus  Plateaui  elongatus  est  commun  dans  les 
puits  du  Croisic  (Loire-Inférieure).  M.  Marcel  Ladmirault  m'en  a 
envoyé,  à  plusieurs  reprises,  de  nombreux  exemplaires  provenant 
de  divers  puits  de  la  ville  de  Nantes  et  de  ses  faubourgs.  M.  Raphaël 
Ladmirault  m'en  a  adressé  quelques  exemplaires  de  petite  taille, 
trouvés  dans  des  puits,  à  Port-Navalo  et  à  Arzon  (Morbihan). 
M.  Adrien  Dollfus  me  l'a  envoyé  de  Villers-sur-Mer  (Calvados) 
Enfin,  M.  Viré  l'a  trouvé  dans  les  catacombes  de  Paris. 

Niphargus  Plateaui  rorustus  nov.  var. 

Cette  variété  diffère  de  la  précédente  par  la  forme  plus  robuste  du 
corps  (fig.  3),  dans  les  deux  sexes.  Les  plaques  coxales  ne  sont  pas 
espacées,  mais  se  recouvrent  l'une  l'autre.  Celles  des  troisième  et 
quatrième  paires  sont  plus  hautes  que  les  segments  correspondant 
du  mésosome.  Le  deuxième  article  de  la   branche   externe  des 


Fig.  3.  —  Niphargus  Plateaui  robustus.  Maie  adulte,  vu  du  côté  gauche. 


uropodes  de  la  dernière  paire,  chez  le  mâle,  est  un  peu  plus  court 
que  le  premier  article.  Les  autres  appendices  ne  diffèrent  pas  sen- 
siblement de  ceux  de  la  forme  précédemment  décrite. 
Habitat.  —  Le  Mphargus  Plateaui  robustus  a  été  trouvé  pour  la 


174  SÉANCE   DU    12   NOVEMBRE   1901 

première  fois  par  M.  Emile  Simon,  dans  la  grotte  de  Sare  (Basses- 
Pyrénées).  M.  Viré  l'a  recueilli  dans  la  grotte  de  Beaume  les- 
Messieurs  (Jura),  MM.  Martel  et  Viré  l'ont  rencontrée  dans  le 
gouffre  de  Padirac  (Lot).  M.  Brolemann  m'en  a  envoyé  un  spécimen 
provenant  de  la  grotte  de  Saint-Mesme  (Isère).  Entin,  j'en  ai  reçu 
trois  exemplaires  provenant  de  Besse  (Puy-de-Dome),  où  ils  ont  été 
trouvés  par  M.  Bruyant,  dans  le  réservoir  d'une  serre. 


AMPHIPODES  DES   EAUX  SOUTERRAINES   DE  FRANCE  ET  D'ALGÉRIE 

PAR 

ED.    CHEVREUX 

II 

Niphargus  Ladmiraulti  nov.  sp. 

Cette  espèce,  beaucoup  plus  rare  que  le  Niphargus  Plateaui,  n'a, 
jusqu'ici,  été  trouvée  qu'à  Nantes.  C'est  encore  à  mon  excellent 
ami,  M.  Marcel  Ladmirault,  que  je  dois  les  exemplaires  qui  m'ont 
servi  à  la  décrire  et  j'ai  grand  plaisir  à  la  lui  dédier. 

Mâle.  —  Le  corps,  assez  robuste  et  modérément  comprimé,  atteint 
21  millimètres  de  longueur,  dans  la  position  où  il  est  figure  (fig.  1). 
Les  trois  segments  du  métasome  et  les  deux  premiers  segments  de 
l'urosome  portent  quelques  fines  spinules  au  bord  dorsal  posté- 
rieur. La  tête,  un  peu  plus  longue  que  le  premier  segment  du 
mésosome,  présente  une  petite  projection  rostrale  et  des  lobes  laté- 
raux très  saillants,  arrondis  à  l'extrémité.  Les  plaques  coxales  des 
quatre  premières  paires,  beaucoup  plus  bautes  que  les  segments 
correspondants  du  mésosome,  sont  bordées  de  nombreuses  petites 
épines.  Ces  plaques  sont  très  larges  et  celles  de  la  première  paire, 
fortement  prolongées  en  avant,  atteignent  presque  au  niveau  des 
angles  postérieurs  de  la  tète.  Les  plaques  épimérales  du  dernier 
segment  du  métasome  se  terminent  en  arrière  par  un  angle  droit. 
Ces  plaques  portent,  comme  celles  des  deux  segments  précédents, 
quelques  petites  épines  au  bord  postérieur. 

L'exemplaire,  conservé  dans  l'alcool,  ne  présente  aucune  trace 
d'organes  de  vision.  Les  antennes  supérieures,  très  allongées, 
atteignent  à  peu  près  les  deux  tiers  de  la  longueur  du  corps.  Le 
premier  article  du  pédoncule,  très  robuste,  est  presque  aussi  long 


SÉANCE  DU  12  NOVEMBRE  1901 


175 


que  l'ensemble  de  la  tète  et  du  premier  segment  du  mésosomc.  Le 
second  article  est  à  pou  près  de  la  longueur  du  premier.  Le  troi- 
sième article  atteint  les  deux  tiers  de  la  longueur  du  second.  Le 
flagellum  principal,  beaucoup  plus  long  que  le  pédoncule,  com- 
prend une  quarantaine  d'articles,  garnis  de  courtes  soies  au  bord 
postérieur.  Le  flagellum  accessoire  se  compose  d'un  article  aussi 
long  que  le  premier  article  du  flagellum  principal,  suivi  d'un  petit 
article  rudimentaire.    Les  antennes  inférieures  n'atteignent  pas 


Fig.  1.  -    Niphargus  Ladmiraulti.  Mâle  adulte  vu  du  côté  droit. 


tout  à  fait  la  moitié  de  la  longueur  des  antennes  supérieures.  Le 
cinquième  article  du  pédoncule  est  presque  aussi  long  que  l'article 
précédent.  Le  flagellum,  un  peu  plus  long  que  le  dernier  article  du 
pédoncule,  comprend  une  vingtaine  d'articles,  garnis  de  nom- 
breuses petites  soies. 

Les  pièces  buccales  diffèrent  à  peine  de  celles  du  Niphargus 
Plateaui.  On  peut  cependant  noter  que  le  lobe  interne  des  maxilles 
antérieures  porte  quatre  soies  â  son  extrémité  et  n'est  pas  cilié  au 
bord  interne. 

L'article  basai  des  gnathopodes  antérieurs  (fig.  2,  A) est  remarqua- 
blement dilaté  en  arrière,  sa  plus  grande  largeur  atteignant  la 


170 


SÉANCE    DU    12   NOVEMBRE    1901 


moitié  de  sa  longueur.  Le  carpe  est  presque  aussi  long  que 
l'ensemble  des  articles  ischial  et  méral.  Le  propode  est  aussi  large 
que  long.  Son  bord  palmaire  est  nettement  distinct  du  bord  posté- 
rieur et  forme  avec  lui  un  angle  obtus,  près  duquel  se  trouve  une 
forte  épine  recourbée,  qui  se  croise  avec  l'extrémité  du  dactyle.  Le 
bord  postérieur  porte  de  nombreuses  touffes  de  soies  spiniformes. 


Fig.  2.  —  Niphargus  Ladmiraulti.  A,  gnathopode  antérieur  du  maie;  B,  extré- 
mité d'une  patte  de  la  4e  paire  du  mâle;  C,  extrémité  d'une  patte  de  la 
1°"  paire  du  mâle;  D,  telson  du  maie;  E,  uropode  de  la  dernière  paire  de  la 
femelle. 


Le  dactyle,  assez  fortement  courbé,  dilaté  en  son  milieu,  se  termine 
par  une  griffe  aiguë.  La  dent  du  bord  interne  du  dactyle  est  petite 
et  peu  visible.  Le  bord  externe  ne  porte  pas  de  soies  chez  cet  exem- 
plaire. Les  gnatbopodes  postérieurs  diffèrent  surtout  des  gnatho- 
podes  antérieurs  par  la  longueur  plus  grande  de  l'article  basai  et 
du  carpe.  Le  propode,  un  peu  plus  volumineux   que  celui  des 


SÉANCE  DU  12  NOVEMBRE  1901 


177 


pattes  précédentes,  est  de  même  forme.  Le  dactyle  porte,  au  bord 
externe,  cinq  soies  assez  allongées. 

Les  pattes  des  troisième  et  quatrième  paires  sont  un  peu  plus 
longues  que  les  gnatbopodes  postérieurs.  Leurs  dactyles,  très 
robustes,  portent  trois  fortes  épines  au  bord  interne  (fig.  2,  B).  Les 
pattes  de  la  cinquième  paire,  beaucoup  plus  longues  que  les  pattes 
précédentes,  portent  de  petites  crénelures  au  bord  postérieur  de 
l'article  basai.  Le  carpe,  un  peu  plus  long  que  l'article  ischial,  est 
plus  court  que  le  propode.  Les  pattes  des  deux  dernières  paires, 
beaucoup  plus  longues  que  celles  de  la  cinquième  paire,  sont  à  peu 
près  d'égale  taille.  Elles  atteignent  la  loDgueur  de  l'ensemble  du 


Fig.  3.  —  Niphargus  Ladmiraulti.  Gnathopodes  gauches  d'une  femelle  anomale. 

métasome  et  de  Turosome.  Les  dactyles  des  pattes  des  trois  dernières 
paires,  extrêmement  robustes,  dilatés  en  leur  milieu,  portent,  au 
bord  interne,  trois  épines  dans  les  pattes  de  la  cinquième  paire, 
quatre  épines  dans  celles  de  la  sixième  paire  et  cinq  épines  dans 
celles  de  la  septième  paire  (fig.  %  C). 

Dans  les  trois  paires  de  pléopodes,  la  branche  interne  est  un  peu 
plus  longue  que  la  branche  externe. 

Dans  les  uropodes  de  la  première  paire,  les  branches,  d'égale 
taille,  sont  plus  courtes  que  le  pédoncule.  La  branche  interne  des 
uropodes  de  la  deuxième  paire  est  un  peu  plus  longue  que  la 
branche  externe.  Les  uropodes  de  la  troisième  paire,  extrêmement 


Bull.  Soc.  Zool    de  Fr.,  1901. 


XXVI. 


14. 


178 


SÉANCE    DU    21    NOVEMBRE    1901 


allongés,  sont  plus  longs  que  l'eusemble  du  métasome  et  de 
l'urosome.  Le  pédoncule  atteint  le  double  de  la  longueur  du  telson. 
La  branche  interne,  très  réduite,  n'atteint  pas  tout  à  fait  la  longueur 
du  telsou.  Le  second  article  de  la  branche  externe  est  un  peu  plus 
long  que  le  premier  article. 

Le  telson  (fig.  2,  D),  est  fendu  surà  peu  près  la  moitié  de  sa  longueur. 
Les  lobes  sont  tronqués  à  leur  extrémité,  qui  porte  trois  épines  et 
quelques  soies.  Sur  chacun  des  côtés  se  trouvent  une  longue  soie 
ciliée  et  deux  soies  simples.  Trois  petites  épines  existent  sur  la 
ligne  médiane. 

Femelle.  —  Les  femelles,  presque  aussi  grandes  que  les  mâles, 


Fig.  4.  —  Niphargus  Ladmiraulti.  Gnathopodes  droits  d'une  femelle  anomale. 


atteignent  en  moyenne  18  millimètres  de  longueur.  Les  antennes 
supérieures,  un  peu  plus  courtes  que  celles  du  mâle,  ne  dépassent 
pas  de  beaucoup  la  moitié  de  la  longueur  du  corps.  Les  gnathopodes 
présentent  un  caractère  bien  remarquable.  Le  propode  des 
gnathopodes  antérieurs  est  beaucoup  plus  volumineux  que  celui  des 
gnathopodes  postérieurs.  Ces  propodes  alïectent,  du  reste,  la  môme 
forme  que  ceux  du  mâle.  Les  dactyles  des  pattes  des  cinq  dernières 
paires  portent  le  même  nombre  d'épines  que  ceux  du  mâle.  Dans 


SÉANCE   DU    12   NOVEMBRE    1901  179 

les  uropodes  de  la  dernière  paire  (fig.  2,  E),  le  pédoncule  est  très 
allongé,  comme  chez  le  mâle,  mais  le  second  article  de  la  branche 
externe  n'atteint  qu'un  peu  plus  du  tiers  de  la  longueur  du 
premier  article.  Le  telson  ne  présente  rien  de  particulier. 

Une  très  grande  femelle,  mesurant  20  millimètres  de  longueur, 
présente  une  anomalie  bien  remarquable  et  qu'il  m'a  semblé  inté- 
ressant de  signaler.  Tandis  que  ses  gnathopodes  gauches  (fig.  3) 
sont  normaux,  le  gnathopode  antérieur  droit  est  beaucoup  plus 
pelit  que  le  gnathopode  postérieur  (fig.  4). 

Habitat. — Je  n'ai  vu  que  peu  d'exemplaires  de  cette  espèce  : 
trois  femelles  provenaut  d'un  puits  situé  dans  une  propriété 
riveraine  de  la  Loire,  un  mâle  trouvé  dans  un  puits  de  la  rue 
Cambronne  et  deux  mâles  et  trois  femelles  provenant  d'un  puits  du 
boulevard  Saint- Pern.  Aucun  de  ces  trois  puits  n'a  procuré  le 
Xiphargus  Plateaui,  si  commun  dans  les  autres  puits  de  Nantes 
explorés. 


SUR  DEUX  CAS  D'ALBINISME  PARTIEL  OBSERVÉS   CHEZ  DES  NÈGRES 

AUX  ILES  DU  CAP  VERT  ;  CONSIDÉRATIONS  SUR  L'ALBINISME 

PARTIEL  CHEZ  L'HOMME  ET  LES  ANIMAUX 


PAR 


M.    NEVEU-LEMAIRE 

Pendant  la  dernière  Campagne  scientifique  de  S.  A.  S.  le  Prince 
de  Monaco,  j'eus  l'occasion  d'observer  à  Praya,  ville  principale  de 
Saô  Thiago  et  capitale  de  l'Archipel  du  Cap  Vert,  deux  cas  d'albi- 
nisme partiel  chez  des  enfants,  représentés  aux  figures  1  et  2. 

Observation  I 

11  s'agit  d'un  enfant  de  dix  ans,  nommé  Juau,  dont  le  corps  est 
presque  entièrement  noir  (fig.  1).  11  présente  cependant  une  tache 
blanche  au  milieu  du  front  empiétant  un  peu  sur  la  tète  et  les  cheveux 
à  cet  endroit  sont  également  blancs.  Une  autre  tache  blanche  trian- 
gulaire se  trouve  sur  la  partie  droite  de  la  poitrine  et  une  beaucoup 
plus  grande,  ayant  l'aspect  d'un  quadrilatère  irrégulier,  se  trouve 
du  côté  gauche,  partant  du  mamelon  gauche  pour  s'étendre  jusqu'au 
milieu  de  l'abdomen  à  gauche  de  l'ombilic.  Il  existe  en  outre  une 
petite  tache  en  forme  de  croissant  au  dessus  du  genou  gauche  et  une 
autre  placée  en  écharpeà  la  jambe  droite,  cette  dernière  part  de  la 


180 


SÉANCE    DU    12    NOVEMBRE    1901 


partie  externe  du  genou  droit  pour  se  diriger  obliquement  en  bas  et 
se  terminer  sur  le  bord  interne  du  mollet  droit.  Ces  taches  blanches 
sont  parsemées  de  petits  points  noirs,  de  diamètre  variable  et  possé- 
dant les  caractères  de  la  peau  normale  des  Nègres. 


Fig. 


1.  —  Nègre  des  îles 
du  Cap  Vert. 


Fig.  2.  —  Nègre  des  îles 
du  Cap  Vert  (1). 


Observation  II 

L'enfant  représenté  à  la  figure  2  est  le  frère  du  précédent  ;  il  se 
nomme  Miguel  et  est  âgé  de  treize  ans.  Celui-ci  est  beaucoup  plus 
tacheté  de  blanc  que  son  frère.  Il  présente  sur  le  front  une  tache 
blanche  au  niveau  de  laquelle  les  cheveux  sont  blancs;  la  partie 
interne  de  chaque  sourcil  est  également  blanche.  Il  existe,  en 
outre,  une  grande  tache  de  forme  rectangulaire,  presque  carrée, 
qui  commence  au  dessous  des  mamelons,  occupe  toute  la  partie 
antérieure  et  inférieure  du  thorax  et  se  continue  sur  l'abdomen, 
cessant  un  peu  au  dessous  de  l'ombilic.  Elle  se  termine  latéralement 
à  droite  et  à  gauche  sans  empiéter  sur  la  région  dorsale.  Enfin, 
chaque  membre  inférieur  est  tacheté  depuis  le  milieu  de  la  cuisse 
jusqu'au  milieu  de  la  jambe.  Sur  la  cuisse  droite,  la  tache  blanche 


(1)  11  ne  faut  pas  tenir  compte  des  parties  qui  semblent  blanches  sur  la  photo- 
graphie, telle  que  la  partie  supérieure  du  thorax  et  les  avant-bras.  Cette  teinte 
est  simplement  due  aux  reflets  de  la  lumière,  la  photographie  ayant  été  prise  au 
soleil  et  à  midi. 


SÉANCE   DU    21    NOVEMBRE    1901  181 

remonte  un  peu  pi  us  haut  que  sur  la  cuisse  gauche.  Ajoutons  que 
toutes  ces  taches  ne  sont  p;is  uniformément  blanches,  mais  de  cou- 
leur rosée  et  qu'elles  présentent  çà  et  là  des  parties  noires  plus  ou 
moins  étendues,  comme  chez  l'individu  précédent.  La  portion  du 
genou,  située  au-dessous  de  la  rotule,  forme  une  tache  noire  assez 
considérable. 

En  questionnant  ces  deux  enfants,  j'ai  obtenu  les  renseignements 
suivants  :  leur  père  est  nègre,  mais  présente  aussi  sur  le  corps  des 
taches  blanches;  leur  mère  ne  possède  rien  de  semblable,  elle  est 
tout  à  fait  noire.  Leur  frère  aîné  Roman,  âgé  de  vingt  ans,  est 
également  tacheté  de  blanc.  Ils  n'ont  pas  d'autres  frères,  ni  de 
sœurs. 

Ces  enfants  m'ont  assuré  avoir  toujours  eu  ces  taches  blanches 
sur  le  corps  depuis  leur  naissance.  Il  s'agit  donc  bien  ici  d'une 
anomalie  congénitale.  Ils  sont  d'ailleurs  parfaitement  conformés 
et  bien  développés  pour  leur  âge,  et  ne  présentent  pas  cet  état  d'in- 
fériorité observé  généralement  chez  les  albinos. 

La  présence  de  cette  anomalie  chez  le  père  et  ses  trois  fils 
montre  suffisamment  le  rôle  de  l'hérédité  dans  ce  cas  particulier. 

Considérations  générales 

Depuis  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire  (1),  on  divise  l'albinisme 
en  trois  geures  : 

1°  L'albinisme  complet,  lorsqu'il  y  a  absence  totale  de  pigmen- 
tation sur  toute  la  surface  du  corps. 

2°  L'albinisme  partiel  lorsque  certaines  parties  du  corps  sont 
dans  l'état  normal,  l'absence  de  pigment  restant  localisée  sur  quel- 
ques points  plus  ou  moins  étendus. 

3°  L'albinisme  imparfait,  lorsque  le  pigment  a  seulement  éprouvé 
une  diminution  plus  ou  moins  sensible,  soit  par  tout  le  corps,  soit 
dans  quelque  partie  seulement,  mais  sans  manquer  entièrement 
dans  aucune. 

C'est  évidemment  au  second  de  ces  genres  qu'appartient  l'ano- 
malie que  nous  avons  constatée;  il  s'agit  donc  de  deux  Nègres 
atteints  ^albinisme  partiel  et  appelés  vulgairement  Nègres  mou- 
chetés ou  Nègres  pies. 

Nous  nous  occuperons  seulement  de  cette  anomalie,  laissant  décote 

(1)  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire,  Histoire  générale  et  particulière  des  ano- 
malies de  l'organisation  chez  l'Homme  et  chez  les  animavx.  Paris,  1P32;  I, 
p.  293-323. 


182 


SÉANCE   DU    12    NOVEMBRE    1901 


l'albinisme  complet,  dont  ou  connaît  bien  des  cas  dans  la  science 
et  l'albinisme  imparfait  encore  peu  étudié. 

L'albinisme  partiel  (1)  est  connu  depuis  fort  longtemps.  Th.  Simon 
en  a  réuni  vingt-deux  cas  et  depuis  cette  époque  on  en  a  signalébeau- 
coup  d'autres,  que  je  n'ai  pas  la  prétention  d'énumérer  ici  ;  je  signa- 
lerai seulement  les  plus  intéressants. 


Fig.  3.  —  Négresse  pie  de  Buffon. 

En  1680,  Barbet  vit  dans  la  contrée  de  Sestos  deux  individus  dont 
l'un  était  blanc  avec  des  taches  noires,  ce  qui  lui  donnait  un  aspect 
tigré,  l'autre  était  noir  avec  des  taches  blanches. 

Un  peu  plus  de  cinquante  ans  plus  tard,  Buffon  (2)  eut  l'occasion 
de  décrire,  d'après  un  portrait,  une  jeune  Négresse  pie  (fig.  3),  née 
en  1736,  près  de  Carthagène,  en  Amérique.  11  ne  connaissait  pas 
encore  d'exemple  de  cette  anomalie.  C'est  Taverne,   ancien  bourg- 


(1)  R.  Bj.anchahd,  Albinisme.  Grande  Encyclopédie,  I,  p.  1174-1180. 

(2)  Buffon,  Histoire  naturelle  de  l'Homme:  addition  à  l'article  qui  a   pour 
titre:  Variétés  dans  l'espèce  humaine. 


SÉANCE    DU    12   NOVEMBRE    1901 


183 


mestre  et  subdélégué  de  Dunkerque,  qui  lui  envoya  ce  portrait 
colorié,  accompagné  des  renseignements  suivants  contenus  dans 
une  lettre  dont  voici  l'extrait  : 

«  Je  vous  envoie,  Monsieur,  un  portrait  qui  s'est  trouvé  dans  une 
prise  anglaise,  faite  dans  la  dernière  guerre  par  le  corsaire 
la  Royale,  dans  lequel  j'étais  intéressé.  C'est  celui  d'une  petite  fille 
dont  la  couleur  est  mi-partie  de  noir  et  de  blanc  ;  les  mains  et  les 
pieds  sont  entièrement  noirs  ;  la  tête  l'est  également,  à  l'exception 


Fjg.  4.  —  Tableau  appartenant  au  laboratoire  de  M.  le  prof.  R.  Blanchard. 

du  menton,  jusques  et  compris  la  lèvre  inférieure  ;  partie  du  front, 
y  compris  la  naissance  des  cheveux  ou  laine  au-dessus  sont  éga- 
lement blancs,  avec  une  tache  noire  au  milieu  de  la  tache  blanche  : 
tout  le  reste  du  corps,  bras,  jambes  et  cuisses  sont  marquées  de 
taches  plus  ou  moins  grandes,  et  sur  les  grandes  taches  noires,  il 
s'en  trouve  de  plus  petites  encore  plus  noires.  On  ne  peut  comparer 
cet  enfant,  pour  la  forme  des  taches,  qu'aux  chevaux  gris  ou  tigrés  ; 
le  noir  et  le  blanc  se  joignent  par  des  teintes  imperceptibles  de  la 


184  SÉANCE  DU  12  NOVEMBRE  1901 

couleur  des  mulâtres  ».  Le  père  et  la  mère  de  cette  Négresse  pie 
étaient  absolument  noirs. 

Dans  une  seconde  lettre,  Taverne  écrit  à  Buffon  que  l'original  du 
portrait  de  l'enfant  noir  et  blanc  a  été  trouvé  à  bord  du  navire 
le  Chrétien,  de  Londres,  venant  de  la  Nouvelle-Angleterre,  navire 
qui  fut  pris  en  1746  par  le  vaisseau  nommé  le  Comte  de  Maurepas, 
de  Dunkerque. 

Il  existe  un  portrait  fort  semblable  dont  j'ignore  l'origine, 
qui  est  actuellement  conservé  au  Laboratoire  de  Parasitologie  de 
la  Faculté  de  médecine.  Il  porte  pour  toute  mention  :  Rocha  pintan 
do  Natural,  im  1786  et  figurait  précédemment  dans  l'amphithéâtre 
Laënnec  de  l'ancienne  Faculté.  M.  le  Professeur  Blanchard  l'a  fait 
restaurer  dernièrement  et  je  lui  suis  très  reconnaissant  d'avoir  bien 
voulu  m'autoriser  à  le  reproduire  ici  (fig.  4). 

En  1738,  naquit  à  la  Nouvelle-Grenade  une  autre  Négresse  pie; 
son  père  était  noir,  sain  et  vigoureux,  sa  mère  était  une  Négresse 
infirme. 

On  peut  voir  actuellement  au  Muséum  d'Histoire  Naturelle,  dans 
la  galerie  d'Anthropologie,  deux  portraits  peints  par  Le  Masurier, 
représentant  une  jeune  Négresse  pie  née  en  1782  à  la  Martinique. 

Arthaud(I),  dans  un  intéressant  mémoire  sur  les  albiuos  et  les 
enfants  pies,  cite  les  deux  observations  suivantes  : 

Première  observation.  —  «  Le  10  mai  1784,  nous  avons  vu  au 
Cap  une  Négritte  âgée  de  vingt  mois,  créole  de  Sainte-Lucie,  appar- 
tenant au  sieur  Valois,  chirurgien-dentiste. 

Les  cheveux,  depuis  le  sinciput  jusqu'au  vertex,  étaient  blancs  et 
formaient  un  augle  qui  ressemblait  à  une  aigrette.  Depuis  la  base 
de  cette  aigrette  jusqu'à  la  racine  du  nez,  il  y  avait  une  bande 
blanche  de  la  largeur  de  deux  pouces  ;  on  observait  dans  le  centre 
de  cette  bande,  à  peu  près  au  milieu  du  front,  une  tache  noire  en 
forme  d'étoile,  les  sourcils  étaient  à  moitié  blancs,  les  yeux  noirs  ; 
il  y  avait  une  bande  un  peu  moins  large  que  celle  du  front,  qui 
s'étendait  depuis  le  bord  de  la  lèvre  inférieure  jusqu'à  la  partie 
supérieure  de  la  gorge  ;  la  peau  de  la  face  était  d'un  noir  clair,  elle 
était  unie,  douce  ;  les  traits  du  visage  étaient  fins  et  annonçaient 
une  constitution  délicate. 

Le  col,  la  partie  supérieure  de  la  poitrine,  la  postérieure,  le  dos, 
les  épaules,  les  lombes,  les  fesses  étaient  noirs,  les   lombes  et  le 

(1)  Akthaui),  Observations  sur  les  albinos  et  sur  deux  enfants  pies.  Journal  de 
physique,  1789,  part.  II,  p.  277. 


SÉANCE   DU    12   NOVEMBRE    1901  185 

gros  des  fesses  étaient  d'un  noir  plus  foncé;  la  partie  antérieure 
delà  poitrine,  du  ventre  depuis  le  dessous  des  clavicules,  les  bras 
depuis  la  partie  supérieure  jusqu'à  la  moyenue,  les  cuisses,  les 
jambes  jusqu'à  la  partie  inférieure  et  moyenne  étaient  parsemés 
de  taches  blanches  et  noires  de  diverses  nuances,  les  taches 
noires  étaient  multipliées  sur  les  genoux;  la  partie  moyenne  des 
avant  bras,  les  mains  étaient  noires,  ce  qui  formait  des  espèces 
de  gants  ;  la  partie  inférieure  et  moyenne  des  jambes,  les  pieds 
étaient  noirs,  ce  qui  (igurait  assez  bien  des  brodequins  ;  les  parties 
naturelles  étaient  noires  ;  le  blanc,  qui  dominait  sur  la  poitrine, 
sur  le  ventre  et  sur  les  cuisses,  était  animé  comme  celui  qui  est  la 
suite  d'une  brûlure  qui  a  détruit  le  corps  muqueux  chez  un  Nègre». 

Seconde  observation.  —  «  Un  Mulâtre  de  19  mois,  d'une  couleur 
claire,  appartenant  au  même  maître,  avait,  au  sommet  de  la  tête 
un  peu  à  droite,  une  touffe  étoilée  de  cheveux  blancs;  il  y  avait  dans 
le  centre  du  sinciput  une  autre  touffe  blanche  de  la  largeur  de  deux 
pouces  et  demi  ;  on  voyait  une  bande  blanche  sur  le  centre  du  front. 
Elle  était  placée  obliquement  en  déclinant  à  gauche,  jusqu'aux 
sourcils  qui  étaient  blancs  à  moitié.  Les  yeux  étaient  grands,  noirs 
bien  fendus;  au-dessous  des  pectoraux  jusqu'à  l'ombilic,  et  à  la  partie 
externe  des  hypocondres,  il  y  avait  une  étoile  blanche  animée  à 
sept  pointes.  Le  téton  droit  était  blanc,  il  y  avait  quatre  taches 
étoilées  du  côté  droit  de  la  poitrine;  on  voyait  deux  taches  d'un 
blanc  jaune  sur  l'hypocoudre  et  une  au-dessous  du  téton  droit,  il  y 
avait  une  tache  blanche  sur  la  verge.  On  observait  une  bande 
blanche  parsemée  de  taches  jaune  clair  sur  la  partie  interue  du 
bras,  jusqu'à  la  partie  interne  et  inférieure  de  l'avant-bras.  Ou 
voyait  une  autre  tache  depuis  l'olécrane  jusqu'à  la  partie  moyenne 
interne  de  l'avant-bras  et  deux  taches  à  la  partie  supérieure 
moyenne  des  jambes  avec  des  nuances  brunes. 

La  forme  de  cet  enfant  n'était  pas  aussi  fine  et  aussi  élégante  que 
celle  de  la  Négritte,  qui  était  jolie  et  plutôt  parée  que  défigurée  par 
les  taches  qui  étaient  parsemées  avec  une  symétrie  agréable  sur  la 
surface  de  son  corps  ». 

Arthaud  (1  )  rapporte  encore  le  cas  d'un  Nègre,  dont  le  pénis  seul 
était  entièrement  blanc. 

Un  voyageur  allemand,  Erdman  Isert,  a  vu,  sur  la  côte  de 
Guinée,  un  Nègre  dont  les  mains  et  les  pieds  étaient  blancs. 

Plus  récemment,  Berchon,  Huard,  Simonot,  Vincent  et  d'autres 

(1)  Arthaud,  Loc.  cit. 


186 


SÉANCE   DU    12   NOVEMBRE    1901 


ODt  observé  des  cas  d'albinisme  partiel  chez  des  Nègres  du  Sénégal, 
du  Gabon,  de  Guinée,  etc.. 

Je  citerai  aussi  le  cas  observé  à  Lifou  (iles  Loyalty),  par 
M.  François,  qui  présenta,  à  l'une  desdernières  séance  de  la  Société, 
la  photographie  d'un  Nègre  pie.  Je  le  remercie  d'avoir  bien  voulu 
me  la  communiquer  et  me  permettre  de  la  reproduire  ici  (fig.  5). 

Enfin  tout  le  monde  peut  voir  en  ce  moment  à  Paris,  exposée 


Fig. 


Nègre  pie  observe  à   Lifou   (iles   Loyalty) 
par  M.  Fhançois. 


chez  Barnum  et  Bailey,  sous  le  nom  de  Fille  à  peau  de  Léopard, 
une  jeune  Négresse  de  sept  ans  nommée  Béatrice  (fig.  6),  qui 
présente  au  front,  sur  la  poitrine  et  l'abdomen,  aux  bras  et  aux 
jambes  des  parties  décolorées.  Elle  possède  au  dessus  de  la  tache 
frontale  une  longue  mèche  de  cheveux  blancs  et  cotonneux  ;  ses 
sourcils  sont  en  partie  blancs.  Ces  taches  sont  assez  régulièrement 
symétriques.  Cette  petite  fille,  qui  est  venue  me  rendre  visite  au 
laboratoire  de  Parasitologie  de  la  Faculté  de  médecine  et  que  j'ai 


SEANCE    DU    \'l   NOVEMRRK    1  *. M H 


187 


pu  examiner  à  loisir,  est  née  à  Calhoun  en  Louisiane;  son  père  est 
noir,  mais  sa  mère,  trois  de  ses  frères  et  trois  de  ses  sœurs  sont 
atteints  d'albinisme  partiel.  Ces  dernières  ont  été  exposées  récem- 
ment au  Nouveau  Cirque.  Elle  a  encore  quatre  frères  et  quatre 
sœurs  qui  sont  entièrement  noirs. 

D'après   les   observations    précédentes,   on    peut  voir  que   les 


Fig.  6.  —  Négresse  pie  exposée  chez. 
Barnum  et  Bailey. 


iudividus  atteints  d'albinisme  partiel  sont  surtout  des  Nègres  ou  des 
Mulâtres  ;  cette  anomalie  est  donc  plus  fréquente  dans  les  régions 
équatoriales  que  dans  les  régions  tempérées.  Ceci  semble  en 
contradiction,  avec  le  fait  bien  connu,  que  les  espèces  ou  les  races 
normalement  blanches,  aussi  bien  chez  l'Homme  que  chez  les 
animaux,  sont  d'autant  plus  communes  que  l'on  se  rapproche 
davantage  des  pôles. 

Les  Hommes  atteints  d'albinisme  partiel  présentent  tantôt  une 
seule    ou    quelques   taches    blanches   sur   un   fond  qui  conserve 


188  SÉANCE    DU    12   NOVEMBRE    1901 

sa  couleur  normale;  tels  sont  le  cas  observé  par  Isert  et  celui  que 
je  rapporte  dans  ma  première  observation  (lig.  1).  Tantôt  le  con- 
traire a  lieu,  le  blanc  occupe  presque  la  totalité  de  la  surface  du 
corps  et  la  coloration  normale  de  la  peau  n'apparaît  qu'en  certains 
points  sous  l'aspect  de  taches  plus  ou  moins  nombreuses  :  tel  est  le 
cas  observé  par  Barbet.  Eufin,  dans  les  cas  les  plus  nombreux,  le 
blanc  et  le  noir  sont  à  peu  près  également  répandus  à  la  surface  du 
corps  ;  c'est  ce  que  l'on  peut  voir  sur  le  portrait  envoyé  à  Buffon, 
sur  ceux  qui  figurent  dans  la  galerie  d'Anthropologie  du  Muséum 
et  sur  la  jeune  Négresse  exposée  chez  Barnum.  Dans  ces  derniers 
cas,  on  peut  remarquer  qu'il  existe  en  certains  points  une  symétrie 
frappante. 

Il  est  un  point  sur  lequel  la  plupart  des  auteurs  ont  insisté  et  qui 
a  aussi  attiré  mon  attention,  c'est  la  couleur  des  taches,  qui  ne  sont 
pas  d'un  blanc  mat,  ni  de  la  teinte  blafarde  qui  caractérise  les 
albinos,  mais  qui  présentent  une  coloration  rosée.  La  peau  est  plus 
rose  même  que  ne  l'est  habituellement  celle  des  Européens.  Elle  a 
l'aspect  de  la  peau  atteinte  d'une  brûlure  au  premier  degré  ou  d'un 
coup  de  soleil.  Cette  coloration  rose  est  fort  bien  représentée  sur 
les  portraits  coloriés  qui  se  trouvent  à  la  Faculté  de  médecine  et  au 
Muséum. 

Quant  aux  yeux  et  aux  cheveux,  leur  couleur  est  toujours  en 
rapport  avec  la  coloratiou  de  la  peau.  Selon  qu'ils  se  trouvent 
compris  dans  des  taches  blanches  ou  dans  des  parties  où  la  peau 
est  normale,  ils  sont  atteints  d'albinisme  ou  présentent  leur  aspect 
habituel.  C'est  ainsi  que  l'on  peut  observer  des  cheveux  noirs  sur 
presque  toute  l'étendue  du  cuir  chevelu,  sauf  au  niveau  d'une  tache 
blanche,  et  que  les  yeux  sont  privés  de  pigment  s'ils  sont  compris 
dans  une  tache  blanche,  et  sont  normalement  conformés  si  la  peau 
qui  les  entoure  est  de  couleur  normale.  Il  est  à  remarquer  que 
chez  les  Nègres  les  cheveux  blancs  sont  laineux  aussi  bien  que  les 
noirs.  Enfin,  il  est  assez  intéressant  de  signaler  que  chez  tous  les 
individus  atteints  d'albinisme  partiel,  dont  j'ai  lu  la  description  ou 
dont  j'ai  vu  le  portrait  ou  la  photographie,  ainsi  que  sur  ceux  que 
j'ai  eu  l'occasion  d'observer  moi-même,  il  existe  sur  le  front  une 
tache  blanche  médiane  plus  ou  moins  étendue  et  une  mèche  de 
cheveux  blancs  laineux. 

E.  Blanc  (1)  prétend  que  «les  Nègres  pies  sont  ordinairement  des 
ujets  chez  lesquels  l'albinisme  est  eu  voie  de  développement  et  de 

(1)  Louis  Ri.anc,  J.cs  anomalies  chez  l'Homme  et  chez  les  Mammifères.  Paris, 
1893,  p.  84. 


SÉANCE  DU  12  NOVEMBRE  1901  189 

généralisation.  La  peau  se  décolore  en  certains  points  qui  devien- 
nent grisâtres,  puis  forment  des  taches  blanches  qui  s'étendent,  se 
réunissent  les  unes  aux  autres;  les  régions  noires  sont  envahies  peu 
à  peu  et  disparaissent  si  bien  que  l'individu  finit  par  être  complè- 
tement albinos.  » 

Or,  je  ne  crois  pas  qu'il  en  soit  ainsi  chez  les  individus  atteints 
d'albinisme  partiel  vrai,  car  ils  conservent  pendant  toute  leur  vie 
les  taches  blanches  qu'ils  possédaient  au  moment  de  leur  naissance 
et  je  citerai  comme  exemple  le  père  des  deux  Nègres  pies,  que  j'ai 
observés,  dont  les  parties  albiues  n'avaient  aucune  tendance  à 
s'accroître.  Il  n'en  est  pas  de  même  chez  les  individus  atteints  d'une 
affection  connue  sous  le  nom  de  vitiligo  et  qui  consiste  dans  l'appa- 
rition spontanée,  c'est-à-dire  sans  cause  connue,  sans  trouble  local 
dans  la  sensibilité  ou  dans  la  nutrition  de  taches  albines  qui  se 
montrent  eu  différents  points  du  corps  et  s'élargissent  toujours. 
C'est  à  cela  sans  doute  que  L.  Blanc  a  fait  allusion,  mais  nous 
sortons  ici  du  cadre  de  la  Tératologie,  car  le  vitiligo  peut  succéder 
à  une  maladie  grave  ou  à  une  influence  nerveuse,  mais  n'est  pas 
congénital.  Il  peut  d'ailleurs  s'observer  aussi  bien  chez  les  Nègres 
que  chez  les  Blancs. 

On  sait  aussi  qu'à  la  suite  d'une  vive  douleur,  d'une  grande 
frayeur  ou  d'une  émotion  violente,  la  peau  et  surtout  les  cheveux 
peuvent  perdre  presque  instantanément  leur  coloration. 

La  décoloration  exclusive  des  cheveux  ou  des  poils  peut  être  éga- 
lement congénitale  et  on  trouve  dans  les  Ephémérides  des  curieux  de 
la  nature  (1)  le  cas  d'une  femme  dont  les  poils  du  pubis  étaient  blancs 
et  qui  resta  toujours  stérile.  Bartholin  rapporte  le  cas  d'un  enfant 
dont  les  cheveux  étaient  noirs  d'un  côté  de  la  tète,  blancs  de  l'autre. 
11  y  a  canitie  quand  la  décoloration  porte  seulement  sur  les  cheveux, 
et  poliose,  quand  elle  s'étend  au  système  pileux  dans  son  ensemble. 

On  a  dit  aussi  que  les  femmes  albinos  donnaient  avec  les  Nègres 
des  enfants  pies,  cela  peut  arriver,  mais  il  ne  manque  pas  d'exem- 
ples, où  des  enfants  tachetés  ont  eu  pour  parents  des  individus 
entièrement  noirs.  Néanmoins  l'hérédité  semble  jouer  un  rôle 
considérable  dans  l'albinisme  partiel.  Je  citerai  seulement  le  cas 
observé  aux  îles  du  Cap  Vert,  où  le  père  et  les  trois  fds  étaient 
tachetés  de  blanc  et  celui  de  Barnum  où  la  mère  et  sept  de  ses 
enfants  sont  pies.  L'union  d'un  Blanc  et  d'une  Négresse  ou  récipro- 
quement ne  donne  pas  un  enfant  pie  mais  bien  un  Mulâtre. 

(1)  Dec.  II,  ann.,  6,  obs.  XX,  1688. 


190 


SÉANCE    DU    12    NOVEMBRE    1901 


Fig.  7.  —  Saharien  atteint  d'une  dermatose  analogue  à  la  pinta, 
(Extrait  des    irchives  rie  parasitologie). 


SÉANCE   DU    12   NOVEMBRE    190 1  l'.M 

En  résumé,  il  est  nécessaire  de  distinguer,  parmi  les  individus 
tachetés  de  blanc  et  de  noir,  deux  choses  tout  à  fait  dissemblables. 

Tantôt  les  taches  blanches  sont  congénitales,  il  s'agit  alors  d'une 
anomalie,  d'un  cas  tératologique,  c'est  l'albinisme  partiel;  tantôt 
ces  taches  apparaissent  après  la  naissance,  il  s'agit  alors  d'une 
maladie,  d'un  cas  pathologique. 

Dans  le  premier  cas,  l'anomalie  est  duc  à  un  arrêt  de  développe- 
ment partiel  de  l'appareil  épidermique  et  particulièrement  du 
pigment.  Le  pigment  manque  en  efïet  chez  le  fœtus  jusqu'à  une 
époque  avancée  de  la  vie  intra-utérine,  aussi  bien  chez  les  Nègres 
que  dans  la  race  blanche.  Si  cet  arrêt  de  développement  se  produit 
sur  toute  la  surface  du  corps,  il  y  a  albinisme  complet;  s'il  ne  se 
produit,  qu'en  certains  points,  il  y  albinisme  partiel;  enfin  si  la 
production  du  pigment,  sans  faire  complètement  défaut,  se  fait 
d'une  manière  insuffisante,  il  y  albinisme  imparfait. 

G.  Simon  a  fait  l'étude  microscopique  de  la  peau  d'une  Euro 
péenne,  morte  à  la  Charité  de  Berlin,  et  qui  offrait  en  divers  points 
des  taches  blanches.  Dans  les  parties  blanches,  les  cellules  de  la 
couche  muqueuse  de  Malpighi  étaient  dépourvues  de  granulations 
pigmentaires. 

Dans  le  second  cas,  la  décoloration  de  la  peau  est  due  soit  au 
vitiligo,  dont  nous  venons  de  parler,  soit  à  une  dermatose  généra- 
lement d'origine  parasitaire.  L'une  de  ces  dermatoses,  bien  connue 
dans  l'Amérique  tropicale,  a  reçu  le  nom  de  pinla.  Les  taches  sont 
ici  produites  par  le  Champignon  parasite  qui,  en  se  développant, 
cache  aux  yeux  le  pigment  de  la  peau  sous-jaceute.  Nous  repré- 
sentons (fig.  7)  un  Saharien  atteint  d'une  affection  analogue  (1). 

Albinisme  partiel  chez  les  animaux 

Les  animaux,  particulièrement  les  Mamifères  et  les  Oiseaux,  peu- 
vent aussi  être  atteints  d'albinisme  partiel,  et  il  est  arrivé  souvent  que 
des  naturalistes  ont  décrit  comme  des  espèces  différentes  des  indivi- 
dus atteints  simplement  de  cette  anomalie.  Il  est  cependant  facile, 
dans  la  grande  majorité  des  cas,  de  distinguer  les  taches  qui  carac- 
térisent une  espèce  de  celles  qui  sont  accidentelles  ;  ces  dernières 
sont  en  effet  presque  toujours  irrégulières  et  asymétiiques. 

Parmi  les  nombreux  cas  d'albinisme  partiel  observés  chez  les 
Mammifères,  je  citerai  d'abord  ceux  d'Isidore  Geoffroy  Saint- 
Hilaire(2)  qui  a  vu  une  Chauve-souris,  dont   les  poils  et  les  mera- 

(1)  Figure  Urée  des  Archives  de  Parasitologie,  I,  1898,  p.  153. 

(2)  I   Geoffroy  Saint-Hilaihe,  Loc.  cit.. 


192  SÉANCE   DU    12   NOVEMBRE    1901 

braues  étaient  d'un  blanc  pur,  sauf  le  tiers  inférieur  de  la  queue 
et  de  la  membrane  interfémorale,  et  un  Écureuil  (Sciurus  mdgaris), 
dont  les  poils  blancs  étaient  plus  courts  que  ceux  qui  avaient  gardé 
leur  coloration  normale.  Tb.  van  Kempen  (1)  observa  une  Taupe 
(Talpa  europœa)  tachetée  de  blanc  et  deux  Rats  [Mus  ratlus)  dont  l'un 
était  blanc  et  roux  et  dont  l'autre  était  entièrement  blanc,  sauf  la 
tête  qui  était  noire.  L.  Petit  (2)  présenta  en  1898  à  la  Société  Zoolo- 
gique un  Ecureuil,  tué  aux  environs  de  Paris,  dont  les  poils  blancs 
recouvraient  à  peu  près  la  moitié  de  la  surface  du  corps. 

Th.  van  Kempen  (3)  rencontra  chez  les  Oiseaux  un  grand  nombre 
de  cas  d'albinisme  partiel  dont  voici  les  principaux  :  une  Buse 
(Pernis  apivorus),  et  deux  Autours  (Astur  palumbarius)  qui  présen- 
taient des  plumes  blanches  sous  le  ventre;  une  Corneille  (Cornus 
comix)  dont  le  plumage  noir  était  parsemé  de  plumes  blanches  ; 
quatre  Moineaux  (Passer  dômes ticus)  également  tachetés  de  blanc; 
un  Bouvreuil  (Pyrrhula  mdgaris)  et  un  Pinson  des  Ardennes  (Frin- 
gilla  montifringilla)  dont  les  ailes  étaient  blanches;  neuf  Merles 
(Turdus  merula)  et  quatre  Grives  (Turdus  musicus)  présentant  des 
plumes  blanches  plus  ou  moinsnombreuses.  11  cite  encore  unTétras 
Urogalle  (Tetrao  urogallus)  parsemé  de  blanc,  un  Tétras  Lyre  (Tetrao 
tetrix)  avec  les  ailes  blanches  et  un  Faisan  (Phasianus  colchicm) 
panaché. 

L'albinisme  partiel  a  aussi  été  observé  chez  les  autres  Vertébrés, 
spécialement  chez  les  Batraciens  et  les  Poissons. 


(1)  Th.  van  Kempen,  Mammifèreset  Oiseaux  présentant  des  variétés  de  coloration, 
des  casd'hybriditéou  des  anomalies.  Bulletin  de  la  Société  Zoologique  de  France, 
XIX,  1894,  p.  76. 

(2)  L.  Petit,  Un  cas  d'albinisme  partiel  chez  l'Écureuil.  Bulletin  de  la  Société 
Zoologique  de  France,  XXIII,  1898,  p.  185,  avec  deux  figures. 

(3)  Th.  van  Kempen.  Loc.  cit. 


H.    DE   LACAZE-DUTHIERS   (l821-190l). 

Membre  de  l'Académie  des  sciences  et  de  l'Académie  de  médecine. 

Professeur  d'Anatomie  et  de  Physiologie  comparées 
à  la  Faculté  des  sciences  de  Paris. 

Fondateur  des  laboratoires  de  Zoologie  expérimentale  de  RoscofI 
et  de  Banyuls-sur  Mer. 

Membre  honoraire  de  la  Société  Zoologique  de  France. 


193 


Séance  du  n(>  Novembre  igoi 
PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  Dr  TROUESSART,  PRÉSIDENT 

Madame  Trouessart,  Mesdemoiselles  ïrouessart  et  Horst  assistent 
à  la  séance. 

M.  Petit  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance  et  s'inscrit 
en  qualité  de  membre  à  vie. 

M.  le  Président  annonce  à  la  Société  la  perte  cruelle  que  vient  de 
faire  la  Zoologie  en  la  personne  de  M.  le  professeur  Kowalewsky, 
membre  honoraire  de  la  Société  Zoologique  de  France. 

M.  le  Dr  Racovitza  publiera  ultérieurement  la  biographie  du  pro- 
fesseur Kowalewsky. 

M.  le  Président  adresse  les  félicitations  de  la  Société  à  M.  le  pro- 
fesseur Y.  Delage,  élu  Membre  de  l'Académie  des  sciences. 

MM.  Bavay ,  R.  Blanchard,  Brôlemann ,  Clément,  Guiart, 
Hérouard,  Moniez,  Neveu-Lemaire  et  Schlumberger  proposent  de 
conférer  le  titre  de  membre  honoraire  à  MM.  Fabre,  Grassi,  Ijima 
et  F.-E.  Schulze. 

M.  le  professeur  R.  Blanchard  est  prié  de  faire  un  rapport  à  la 
prochaine  séance. 

M.  le  professeur  R.  Blanchard  présente  la  photographie  d'un 
pied  humain  atteint  de  Chique  (Sarcopsylla pénétrans)  et  présentant 
des  lésions  ulcéreuses  très  étendues.  Il  présente  également  le  dessin 
d'une  Chenille  du  Gabon  dans  l'espoir  que  quelqu'un  pourra  lui 
donner  des  renseignements  sur  ce  type  très  curieux.  M.  Alluaud 
dit  avoir  rencontré  cette  Chenille  assez  fréquemment  dans  la  région 
de  la  côte  d'Ivoire,  mais  il  ne  connaît  pas  l'adulte. 

M.  A.  Robert  offre  à  la  Société  un  travail  de  M.  Dedekind  sur  la 
pourpre.  A  ce  propos  M.  Robert  fait  remarquer  qu'il  existe  en  tète 
du  volume  une  superbe  phototypie  représentant  M.  H.  de  Lacaze- 
Duthiers.  Il  exprime  le  regret  de  trouver  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  Zoologique  de  France  une  reproduction  vraiment  peu  digne 
du  grand  Zoologiste  français,  et  bien  inférieure  au  portrait  publié 
à  l'étranger.   , 

M.  le  Dr  Guiart  partage  l'opinion  de  M.  A.  Robert.  Le  cliché 
publié  par  la  Société  a  été  très  aimablement  prêté  par  MM.  Schlei- 
cher  frères,  éditeurs  des  Archives  de  Zoologie  expérimentale,  dirigées 

Bull.  Soc.  Zool    de  Fr.,  19U1.  xxvi.  —  15. 


194  SÉANCE    DU    26   NOVEMBRE    1901 

autrefois  par  M.  de  Lacaze-Duthiers,  mais  le  cliché,  un  peu  usé,  est 
mal  venu  et,  pour  comble  de  malheur,  a  été  tiré  de  travers  par 
un  typographe  trop  négligent.  Il  en  est  résulté  une  planche  vrai- 
ment déplorable  et  M.  le  Dr  Guiart  se  fera  un  plaisir  de  publier  à 
ses  frais  un  nouveau  portrait  de  son  ancien  maître,  afin  que  ses 
collègues  puissent  l'insérer  dans  le  Bulletin  à  la  place  du  portrait 
manqué. 

M.  Schlumberger  fait  une  causerie  sur  les  Foraminifères,  avec 
accompagnement  de  projections  de  préparations  microscopiques. 
Les  projections  ont  été  faites  par  la  maison  Molteni  aux  frais  du 
conférencier.  M.  le  Président  se  fait  l'interprète  de  la  Société  en 
adressant  à  notre  cher  Trésorier  ses  félicitations  pour  son  intéres- 
sante conférence  et  ses  remerciements  pour  la  nouvelle  preuve  de 
générosité  dont  il  a  fait  preuve  envers  la  Société. 


ANOMALIE  DES  PALPES  MAXILLAIRES 
CHEZ   QUELQUES    MOUSTIQUES    DU    GENRE    CULEX 

PAR 

L.    DYÉ   et  M.    NEVEU  LEMAIRE 

En  déterminant  quelques  Moustiques  recueillis  dernièrement 
dans  une  cave  aux  environs  de  Paris  (Parc  Saint-Maur)  nous  avons 
observé  deux  Culex,  un  C.  pipiens  9  et  un  C.  annulatus  $,  présen- 
tant chacun  une  anomalie  des  palpes  maxillaires. 

Les  palpes  maxillaires  sont  des  appendices  articulés  situés  de 
chaque  coté  de  la  trompe;  leur  forme  et  leur  longueur  varient 
suivant  les  genres  et  aussi  suivant  le  sexe  des  Culicides.  Dans  le 
genre  Culex  par  exemple,  les  femelles  ont  des  palpes  beaucoup  plus 
courts  que  la  trompe.  Chez  certaines  espèces  (C.  pipiens;  C.  lûtes- 
cens),  ces  palpes  sont  formés  de  trois  articles,  l'extrémité  du 
dernier  étant  arrondie;  chez  d'autres  espèces  (C  nemorosus  :  C. 
annulatus),  le  troisième  article  est  nettement  tronqué  et  présente  à 
sa  partie  terminale  un  quatrième  petit  article  plus  ou  moins  caché 
par  les  poils  environnants. 

1°  Culex  pipiens.  —  La  première  disposition  se  rencontre  toujours 
chez  C.  pipiens  normal  (fig.  1),  or,  chez  l'exemplaire  que  nous  avons 
eu  l'occasion  d'examiner,  les  palpes  présentaient  la  seconde  disposi- 


SÉANCF.    DU    20    NOVEMBKK    1901 


195 


tion,  c'est-à-dire  possédaient  un  quatrième  petit  article  supplémen- 
taire sans  cependaut  que  le  troisième  ait  perdu  sa  forme  arrondie 
habituelle.  Cet  article  surajouté  est  visible  sur  les  deux  palpes, 
mais  il  est  à  peu  près  deux  fois  plus  grand  à  droite  qu'à  gauche. 

De   plus  le  troisième  article 

est  un  peu  plus  long  que  le 

même  article  chez  un  Insecte 

normal  (fig.  2). 

2°  Culex  annula  tus.  —  La 
disposition  que  nous  venons 
de  signaler  comme  anormale 
chez  C.  pipiens  est  au  con- 
traire la  règle  chez  C.  annu- 

latUS,    OÙ    il    existe   un    qua-   Fig.  2.  -  Palpes  ma- 
xillaires   de    Culex 
avec  un 


PeSCuTex  trième   arlide   de    tFèS   Petite       ÎSSïïïV 


Fis-  1 
xillaires  d'un  _ 

pipiens  9  normal,  dimension  a  1  extrémité  tron-     J^J^jJ616  SUP 
quée    du  troisième   (fig.  $). 


Fig.  3.  —  Palpes  maxillaires 
d'un  Culex  annulalus  9  nor- 
mal. 


Tig 


4.  —  Palpes  maxillaires  de  Culex 
armulatus  9  présentant  un  ^"arti- 
cle plus  développé  que  normalement 
et  un  5""  article  supplémentaire. 


Or,  chez  l'individu  que  nous  avons  étudié,  outre  le  quatrième  petit 


196 


SÉANCE   DU    26   NOVEMBRE    1901 


article  terminal  qui  est  lui-même  plus  grand  que  normalement,  il 
en  existe  un  cinquième  supplémentaire,  encore  plus  petit,  à  l'extré- 
mité duquel  se  trouve  une  toufïe  de  poils  courts.  Cette  malfor 
mation  est  aussi  bilatérale  (fig.  4). 

A  propos  de  cette  anomalie,  nous  citerons  une  autre  malforma- 
tion signalée  par  Macquart  (1)  chez  Culex  ciliatus. 

«  Dans  cette  espèce,  dit-il,  l'on  n'a  pas  encore  signalé  des  espèces 

de  palpes  situés  entre  les  ordinaires  et  la 
trompe.  Ils  sont  couchés  à  peu  près  sur 
elle,  longues  du  tiers  de  cet  organe,  c'est-à- 
dire,  de  près  d'une  ligne,  de  trois  articles 
dont  le  premier  est  fort  court  et  peu  dis- 
tinct, le  second  allongé,  cylindrique,  pubes- 
cent,  fauve  et  le  troisième  court,  ovalaire, 
un  peu  incliné,  noir.  Us  semblent  être  des 
palpes  maxillaires,  oblitérés  dans  les  autres 
Culicides.  Les  ordinaires  sont  courts  et  ne 
diffèrent  pas  de  ceux  des  autres  espèces.  »  (fig.  5). 

Ces  palpes  sont-ils  bien,  comme  le  pense  Macquart,  des  palpes 
maxillaires  oblitérés  chez  les  autres  Culicides,  cela  est  peu  vrai- 
semblable attendu  que  chez  tous  les  Insectes,  les  palpes  maxillaires 
ne  sont  qu'au  nombre  de  deux.  Il  est  donc  plus  logique  d'admettre 
qu'on  est  en  présence  d'une  paire  de  palpes  supplémentaires.  Cette 
anomalie  serait  analogue  à  la  polydactylie  chez  l'Homme  ou  les 
Vertébrés  supérieurs.  De  même  qu'il  existe  des  individus  à  6  doigts, 
des  Chevaux  à  deux  doigts  il  peut  y  avoir  des  Moustiques  à 
quatre  palpes  maxillaires  au  lieu  de  deux. 


Fig.  5.  —  Tête  de  Culex  ci- 
liatus présentant  deux 
palpes  maxillaires  sup- 
plémentaires (d'après 
Macquart). 


(1)  J  Macquart,  Diptères,  exotiques  nouveaux  ou  peu  connus;  4"  supplément. 
Mémoires  de  la  Société  des  sciences,  de  l'agriculture  et  des  arts  de  Lille.  Paris 
1850,  p.  H. 


SÉANCE  DU  26  NOVEMBRE  1901 


107 


AMPHIPODES   DES   EAUX   SOUTERRAINES  DE  FRANCE  ET  D'ALGÉRIE 


PAU 


ED.    CHEVREUX 


111 
N1PH ARGUS  V1RE1  Chevreux(l) 

Cette  intéressante  espèce,  découverte  par  M.  Armand  Viré  dans  la 
grotte  de  Beaume-les-Messieurs  (Jura),  n'est  connue  que  par  une 
courte  diagnose,  publiée  en  1890,  et  n'a  jamais  été  figurée.  J'en 
donne  ici  une  description  plus  complète. 

Femelle.  —  Le  corps  (fig.  1),  très  comprimé,  atteignait  30  milli- 
mètres de  longueur  chez  le  grand  exemplaire  figuré  ici,  mais  la 
taille  moyenne  des  femelles  est  d'environ  26  millimètres.  Les  trois 


Fig.  1.  —  Niphargus  Virex.  Femelle,  vue  du  côté  gauche. 

segments  du  métasome  portent,  au  bord  dorsal  postérieur,  quelques 
petites  soies  spiniformes.  Les  deux  premiers  segments  de  l'urosome 
portent  un  groupe  de  trois  petites  épines  de  chaque  côté  de  la  ligne 
dorsale,  au  bord  postérieur.  La  tète,  beaucoup  plus  longue  que  le 
premier   segment   du    mésosome,  ne  présente  pas  de    projection 

(1)  Sur  un  Anipliipode  d'eau  douce,  Niphargus  Virei  nov.  sp.,  provenant  des 
grottes  du  Jura.  Bull,  du  Muséum  d'Hist.  nal.  de  Paris,  II,  p.  136. 


198  SÉANCE    DU    26    NOVEMBRE    1901 

rostrale.  Les  lobes  latéraux,  assez  proéminents,  sont  arrondis  à 
l'extrémité.  Les  angles  postérieurs  sont  légèrement  aigus.  Les 
plaques  coxales  des  quatre  premières  paires,  beaucoup  plus  bautes 
que  les  segments  correspondants  du  mésosome,  sont  bordées  de 
fines  spinules.  Les  plaques  coxales  de  la  quatrième  paire  (fig.  2,  B), 
très  larges,  sont  profondément  écbancrées  au  bord  postérieur, 
comme  chez  les  espèces  du  genre  Gamniarus.  Les  plaques  épimé- 
rales  des  trois  segments  du  métasome  se  terminent  en  arrière  par 
un  angle  un  peu  aigu,  presque  droit.  Elles  portent  quelques  petites 
épines  au  bord  postérieur.  Deux  fortes  épines  se  trouvent  au  bord 
inférieur  des  plaques  du  second  segment  ;  on  compte  quatre  épines 
au  bord  inférieur  de  celles  du  troisième  segment. 

Il  n'existe  aucune  trace  d'organes  de  vision.  Les  antennes  supé- 
rieures, très  allongées,  atteignent  les  deux  tiers  de  la  longueur  du 
corps.  Le  premier  article  du  pédoncule  est  un  peu  plus  long  que 
la  tête.  Le  second  article  est  aussi  long,  mais  beaucoup  plus  grêle 
que  le  premier.  Le  troisième  article  atteint  les  deux  tiers  de  la 
longueur  du  second.  Le  flagellum,  à  peu  près  deux  fois  aussi 
long  que  le  pédoncule,  comprend  une  cinquantaine  d'articles, 
garnis  desoies  très  courtes  au  bord  postérieur.  Le  flagellum  acces- 
soire (fig.  2,  C),  relativement  allongé,  se  compose  d'un  article  un 
peu  plus  long  que  le  premier  article  du  flagellum  principal,  suivi 
d'un  petit  article  atteignant  le  quart  de  la  longueur  du  premier. 
On  remarquera  que  le  premier  article  du  flagellum  principal  atteint 
le  double  de  la  longueur  de  l'article  suivant.  Les  antennes  infé- 
rieures atteignent  à  peu  près  la  moitié  de  la  longueur  des  antennes 
supérieures.  Le  cinquième  article  du  pédoncule  est  un  peu  plus 
long  que  le  quatrième.  Le  flagellum  comprend  une  vingtaine 
d'articles,  garnis  de  courtes  soies. 

Les  maxilles  de  la  première  paire  (fig.  2,  D)  sont  remarquables  par 
les  soies  spiniformes  qui  garnissent  l'extrémité  du  lobe  interne. 
Ces  soies  sont  au  nombre  de  huit  chez  tous  les  exemplaires  exami- 
nés. Dans  les  maxilles  de  la  deuxième  paire,  le  lobe  interne  est  un 
peu  plus  court  que  le  lobe  externe.  Les  autres  pièces  buccales  ne 
diffèrent  pas  sensiblement  de  celles  du  N.  Plateaui. 

Les  gnathopodes  antérieurs  (fig.  2,  E)  sont  courts  et  robustes. 
L'article  basai,  assez  large,  atteint  à  peu  près  la  longueur  de 
l'ensemble  des  trois  articles  suivants.  Le  carpe  présente,  au  bord 
antérieur,  un  petit  renflement  garni  de  quelques  soies.  Le  propode, 
trapézoïdal,  est  un  peu  plus  large  que  long.  Une  épine  existe  à 
l'intersection  des  bords  palmaire  et  postérieur.  Le  bord  postérieur 


SÉANCE  DU  26  NOVKMBBE  1901 


199 


est,  comme  d'habitude,  garni  de  touffes  de  soies  spiniformes.  Le 
dactyle,  peu  courbé,  plus  long  que  le  bord  palmaire,  porte,  au 
bord  interne,  une  petite  deut  à  peine  visible  à  l'aide  d'un  fort 
grossissement  Les gnathopodes  postérieurs  (fig.  2,  F)  sont  beaucoup 
plus  longs  que  les  guatbopodes  antérieurs.  L'article  basai  atteint 
le  double  de  la  longueur  de  l'ensemble  des  articles  ischial  et 
meral.  Le  propode,  beaucoup  plus  volumineux  que  celui  des 
gnathopodes  précédents,   affecte  une   forme  à   peu   près  triangu- 


Fig.  2.  —  Niphargus  Virei,  femelle.  B,  plaque  coxalede  la  4e  paire  ;  C,  premier 
article  du  flagelluin  accessoire  d'une  antenne  supérieure  ;  D,  mâchoire  de  la 
première  paire;  E,  gnalopode  antérieur;  F,  gnatopode  postérieur;  G,  telson. 

laire  (1).  Son  bord  palmaire,  presque  droit,  est  notablement  plus 
long  que  le  bord  antérieur.  Le  bord  postérieur,  fortement  convexe, 
porte  de  nombreuses  touffes  de  soies.  Deux  épines  existent  à  l'in- 
tersection des  bords  palmaire  et  postérieur.  Le  dactyle,  très 
recourbé,  ne  dépasse  pas  l'extrémité  du  bord  palmaire  et  peut 
s'appliquer  sur  la  face  interne  du  propode.  La  dent  du  bord  interne 
du  dactyle  est  rudimentaire. 

(1)  Chez  les  femelles  un  peu  plus  petites,  ce  propode  est  de  même  forme,  mais 
beaucoup  plus  grand,  que  le  précédent. 


200  SÉANCE    DU    26    NOVEMBRE    1901 

Les  pattes  des  troisième  et  quatrième  paires,  un  peu  plus  lougues 
que  les  gnathopodes  postérieurs,  sont  garnies  de  nombreuses 
petites  épines.  Le  propode,  un  peu  plus  court  que  l'article  méral, 
est  beaucoup  plus  long  que  le  carpe.  Les  pattes  suivantes,  très 
allongées,  augmentent  progressivement  de  longueur,  de  la 
cinquième  à  la  septième  paire.  L'article  basai  porte,  au  bord  posté- 
rieur, de  petites  crénelures  garnies  d'un  cil.  Le  propode  est  beau- 
coup plus  long  que  le  carpe.  Le  dactyle  porte  une  petite  soie  au 
bord  interne. 

Les  branches  des  pléopodes,  comprenant  de  nombreux  articles, 
sont  à  peu  près  d'égale  longueur.  Dans  les  uropodes  de  la  première 
paire,  la  branche  interne,  un  peu  plus  lougue  que  la  branche 
externe,  est  beaucoup  plus  courte  que  le  pédoncule.  Les  brandies 
des  uropodes  de  la  deuxième  paire  sont  aussi  un  peu  inégales,  la 
branche  interne,  qui  est  la  plus  grande,  atteignant  la  longueur  du 
pédoncule.  Les  uropodes  de  la  troisième  paire  sont  beaucoup  plus 
courts  quelemétasome.La  branche  interne,  rudimentaire,  n'atteint 
que  la  moitié  de  la  longueur  du  pédoncule.  Le  second  article  de  la 
branche  externe  n'atteint  qu'un  peu  plus  du  tiers  de  la  longueur 
du  premier  article.  Le  telson  (fig.  2,  G),  un  peu  moins  long  que  large 
à  la  base,  est  fendu  sur  les  deux  tiers  de  sa  longueur.  Cette  fente, 
très  ouverte,  a  plutôt  l'aspect  d'une  profonde  échancrure.  Cinq 
épines  existent  à  l'extrémité  de  cbaque  lobe  et  un  groupe  de  trois 
épines  et  d'une  soie  ciliée  se  trouve  vers  le  milieu  de  chacun  des 
bords  latéraux. 

Mâle.  —  Je  ne  crois  pas  avoir  vu  un  mâle  complètement  adulte 
de  cette  espèce.  Quelques  mâles,  un  peu  plus  petits  que  la  femelle 
décrite  ci-dessus,  n'en  différaient  que  parleur  corps  plus  grêle,  par 
leurs  antennes  supérieures  presque  aussi  longues  que  le  corps  et 
par  leurs  uropodes  de  la  dernière  paire  un  peu  plus  allongés,  mais 
les  proportions  relatives  des  deux  articles  de  la  branche  externe  de 
ces  uropodes  étaient  les  mêmes  que  chez  la  femelle.  Les  uropodes 
de  la  dernière  paire  étaient  brisés  chez  deux  mâles  de  33  millimètres 
de  long,  provenant  de  la  grotte  de  Beaume-les-Messieurs. 

Habitat.  —  Ce  Niphargus  a  été  trouvé  par  M.  Viré  dans  les  grottes 
de  Beaume-les-Messieurs,  d'Arbois  et  des  Nans  (Jura)  et  dans  l'Aven 
de  Sauve  (Gard).  Le  Dr  Raymond  l'a  rencontré  dans  la  grotte  de  la 
Dragonnière  (Ardèche).  Enfin,  M.  Fournier  l'aurait  trouvé  dans  le 
Doubs(l). 

(I)  A.  Viré,  l.a  faune  souterraine  de  France.  Paris  10U0,  p.  37.  On  trouvera  dans 
cet  ouvrage  les  résultats  d'intéressantes  expériences  physiologiques  sur  les  organes 
des  sens  des  Niphargus. 


SÉANCE   DU   26   NOVEMBRE    1901  201 

M.  Viré  nous  apprend  que  le  Niphargus  Virei  est  tantôt  blanc,  tan- 
tôt d'un  blanc  rosé  ou  d'un  rose  très  prononcé  (1).  Un  des  tubes, 
provenant  de  la  grotte  de  Beaume-les-Messieurs,  portait,  la  mention  : 
«  vert  jaunâtre  ».  La  coloration  de  ce  Niphargus  est  donc  extrême- 
ment variable. 


AMPHIPODES   DES   EAUX  SOUTERRAINES  DE  FRANCE   ET  D'ALGÉRIE 

l'A  H 

ED.    CHEVREUX 

IV 

Niphargus   kochianus  Sp.  Bâte 

J'ai  reçu  de  M.  Rapbaël  Ladmirault  un  tube  d'Ampbipodes,  pro- 
venant d'un  puits  de  Cette  (Hérault),  et  contenant  une  vingtaine 
d'exemplaires  de  Niphargus  kochianus  Sp.  Bâte.  Cette  petite 
espèce  a  été  récemment  caractérisée  d'une  façon  bien  nette  par 
M.  Chilton  (2).  On  la  reconnaît  facilement  à  la  forme  de  ses 
gnathopodes,  ainsi  qu'à  la  grande  longueur  des  lobes  de  ses  maxil- 
lipèdes.  La  pêche,  effectuée  dans  la  première  quinzaine  de  juillet, 
n'a  ramené  que  des  femelles,  pour  la  plupart  ovifères,  dout  les 
plus  grandes  atteignaient  6  millimètres  de  longueur.  Le  mâle  de 
cette  espèce,  qui  n'a  été  vu  ni  par  Sp.  Bâte,  ni  par  M.  Chilton, 
nous  est  donc  encore  inconnu. 

Niphargus  fontanus  Sp.  Bâte. 

Parmi  les  Niphargus  kochianus,  provenant  du  puits  de  Cette  dont 
il  est  question  ci-dessus,  se  trouvaient  quelques  Amphipodes  d'une 
espèce  bien  différente,  et  que  je  crois  devoir  assimiler  au  Niphargus 
fontanus  Sp.  Bâte  (3).  M.  Chilton,  n'ayant  pu  examiner  un  seul 
exemplaire  de  cette  espèce,  l'a  simplement  mentionnée  dans  son 
mémoire  sur  les  Niphargus  des  Iles  Britanniques.  J'ai  été  assez 
heureux  pour   trouver,  parmi  les  quelques   spécimens  contenus 

(1)  A.  Viré,  loc.  cit.,  p.  39  et  p.  100. 

(2)  Chilton.  The  subterranean  Amphipoda  of  the  British  Isles.  linn.  Soc. 
Journal.  Zoology,  XXVIII,  1900,  p.  150,  pi.  XVII,  fig.  2   et  pi.  XVIII,  (ig.  2  et  3. 

(3)  Bâte,  Catalogue  of  the  spécimens  of  Amphipodous  Crustacea  in  the  collection 
of  the  British  Muséum,  Londres  1862,  p.  175,  pi.  XXXII,  fig.  2. 


202 


SÉANCE    DU    26    NOVEMBRE    1901 


dans  le  tube,  un  mâle  semblant  adulte  et  deux  femelles  ovifères. 
La  description  qui  suit  ne  concorde  pas  absolument  avec  celle  de 
Sp.  Bâte.  En  particulier,  les  propodes  des  gnathopodes  sont  de 
forme  moins  allongée  que  ne  le  montrent  les  figures  du  catalogue 
et  celles  de  l'ouvrage  de  Bâte  et  Westwood  (1),  mais  on  sait  qu'il 
n'est  pas  possible  de  se  fier  absolument  aux  figures  de  ces  ouvrages, 
dont  le  peu  d'exactitude  a  été  maintes  fois  signalé. 

Mâle.  —  Le  corps,   peu  comprimé,   mesurait  6  millimètres  de 


Fig.  i.   —  Niphargus  font  anus.  Mâle,  vu  du  côté  gauche. 

longueur,  dans  la  position  où  il  est  figuré  (fig.  1).  Le  bord  dorsal 
postérieur  des  segments  du  métasome  et  de  l'urosome  ne  porte  ni 
soies,  ni  épines.  La  tête,  presque  aussi  longue  que  l'ensemble  des 
deux  premiers  segments  du  mésosome,  présente  des  lobes  latéraux 
assez  proéminents,  arrondis  à  l'extrémité.  Les  plaques  coxales  des 
quatre  premières  paires,  très  larges,  sont  bordées  de  petites  épines. 
Les  plaques  coxales  de  la  quatrième  paire  ne  sont  pas  échancrées 
;ui  bord  postérieur.  Les  plaques  épimérales  des  trois  segments  du 
métasome  se  terminent  en  arrière  par  un  petit  crochet  aigu,  garni 
d'une  épine. 


1 1     liritish  sessile-eyed  Crustacea,  Londres  1863,  vol.  I,  p.  319. 


SÉANCK    DU   26    NOVEMBKR    1901 


203 


Les  exemplaires,  conservés  dans  l'alcool,  ne  présentent  pas 
trace  d'organes  de  vision.  Les  antennes  supérieures  n'atteignent 
pas  tout  à  fait  la  longueur  de  l'ensemble  de  la  tète  et  du  mésosome. 
Le  premier  article  du  pédoucule  est  de  la  longueur  de  la  tète.  Le 
second  article  est  un  peu  plus  court  que  le  premier.  Le  troisième 
article  n'atteint  pas  tout  à  fait  la  moitié  de  la  longueur  du  second. 
Le  flagellum  principal  comprend  vingt-trois  articles  absolument 
glabres.  Le  flagellum  accessoire,  bi-articulé,  n'atteint  pas  tout  à  fait 


Fig.  2.  —  Niphargus  fontanus.  A,  gnathopode  antérieur  d'une  femelle  ovifère  ; 
B,  gnathopode  postérieur  d'une  femelle  ovifere  ;  C,  telson  ;  D,  urosome, 
uropodes  et  telson  d'une  femelle  ovifère. 

la  longueur  de  l'ensemble  des  deux  premiers  articles  du  flagellum 
principal.  Le  pédoncule  des  antennes  inférieures  est  un  peu  plus 
long  que  celui  des  antennes  supérieures.  Son  cinquième  article 
n'atteint  pas  tout  à  fait  la  longueur  du  quatrième.  Le  flagellum 
comprend  neuf  articles,  garnis  de  petites  touffes  de  soies. 

Les  mandibules,  larges  et  courtes,  présentent  un  processus 
molaire  peu  saillant,  séparé  du  bord  tranchant  par  une  rangée  de 
six  épines.  Le  palpe  est  gros  et  court.  Son  troisième  article,  un  peu 
plus  long  que  le  second,  porte  une  rangée  de  petites  épines  au  bord 


204  SÉANCE   DU   26   NOVEMBRE    1901 

interne  et  se  termine  par  trois  longues  soies.  Les  maxiiles  de  la 
première  paire  sent  peu  développées.  Le  lobe  interne  ne  porte 
qu'une  seule  soie  à  son  extrémité.  Le  lobe  externe  est  armé  de  sept 
épines  assez  faibles.  Le  palpe,  bi-articulé,  dépasse  à  peine  le  lobe 
externe  et  ne  porte  que  trois  soies  à  son  extrémité.  Les  maxiiles 
de  la  deuxième  paire,  un  peu  plus  longues  que  les  maxiiles  précé- 
dentes, présentent  des  lobes  d'égale  taille.  Le  lobe  externe  des 
maxillipèdes  atteint  un  peu  au  delà  du  milieu  du  second  article  du 
palpe. 

Les  gnathopodes  sont  semblables  dans  les  deux  sexes.  Les  figures 
2,  A  et  2,  B,  ci-jointes,  représentent  les  gnathopodes  d'une  femelle 
ovifère.  L'article  basai  des  guatbopodes  antérieurs,  large  et  court, 
présente  un  bord  postérieur  fortement  convexe.  Le  carpe,  un  peu 
plus  long  que  large,  est  quadrangulaire.  Le  propode,  piriforme, 
est  presque  aussi  large  que  long.  Le  bord  palmaire  est  séparé  du 
bord  postérieur  par  deux  épines  d'inégale  taille.  Le  bord  posté- 
rieur, fortement  convexe,  porte  quelques  touffes  de  longues  soies. 
Le  dactyle,  un  peu  plus  long  que  le  bord  palmaire  et  terminé  en 
pointe  aiguë,  porte  une  dent  assez  accentuée  au  bord  interne.  Les 
gnathopodes  postérieurs  sont  beaucoup  plus  longs  que  les  gnatho- 
podes antérieurs.  Le  carpe  est  plus  de  deux  fois  aussi  loug  que 
large.  Le  propode,  plus  volumineux  que  le  précédent,  affecte  une 
forme  un  peu  différente.  Il  est  plus  allongé.  Le  bord  palmaire,  très 
oblique,  presque  aussi  long  que  le  bord  antérieur,  est  séparé  du 
bord  postérieur  par  une  grande  épine.  Le  dactyle,  très  grêle,  est 
plus  long  que  le  bord  palmaire. 

Les  pattes  des  troisième  et  quatrième  paires  ne  présentent  rien 
de  particulier.  Les  pattes  des  trois  dernières  paires  croissent  pro- 
gressivement en  longueur,  de  la  cinquième  à  la  septième.  Les 
dactyles  des  pattes  des  cinq  dernières  paires  portent  une  petite 
épine  au  bord  interne. 

Les  branches  des  uropodes  de  la  première  paire,  beaucoup  plus 
courtes  que  le  pédoncule,  sont  d'égale  longueur.  Dans  les  uropodes 
de  la  deuxième  paire,  les  branches  sont,  à  peu  près  de  la  longueur 
du  pédoncule.  Les  uropodes  de  la  dernière  paire  sont  aussi  longs 
que  l'ensemble  du  métasome  et  de  l'urosome.  La  branche  interne, 
très  courte,  n'atteint  que  la  moitié  de  la  longueur  du  pédoncule. 
Le  premier  article  de  la  branche  externe  porte  quelques  petites 
épines.  Le  deuxième  article,  un  peu  plus  long  que  le  premier,  ne 
porte  qu'une  touffe  de  soies  à  son  extrémité.  Le  telsou  (lig.  2,  C),  à  peu 
près  aussi  long  que  le  pédoncule  des  uropodes  de  la  dernière  paire, 


SÉANCE  DU  '11')   NOVEMBRE  1901  208 

est  fendu  sur  plus  des  deux  tiers  de  sa  Longueur.  Chacun  de  ses 
lobes  est  armé  de  deux  épines  terminales.  Une  soie  simple  et  une 
soie  ciliée  se  trouvent  sur  chacun  de  ses  bords  latéraux. 

Femelle.  —  La  femelle,  un  peu  plus  petite  que  le  mâle,  n'en 
diffère  que  par  la  forme  de  ses  uropodesde  la  dernière  paire  (fig.  2,  D). 
Ces  uropodes,  beaucoup  plus  allongés  que  ceux  des  femelles  des 
espèces  précédemment  décrites,  atteignent  plus  du  double  de  la 
longueur  de  l'urosome.  Le  premier  article  de  la  branche  externe 
est  trois  fois  aussi  long  que  le  pédoncule.  Le  second  article  atteint 
les  deux  tiers  de  la  longueur  du  premier.  Les  deux  articles  sont 
garnis  de  nombreuses  épines. 


SUR    DEUX    ESPÈCES    DE    PSEUDOSCORPIONS    DE    L'ASIE 

PAR 

EDV.   ELLINGSEN,   de   Kragerô-Norvège 

Dans  une  petite  collection  de  Pseudoscorpions  exotiques,  que  je 
reçus  ce  printemps   de  MM.  les  D™  Staudinger  et  Bang-Haas   (de 
Blasewitz-Dresde),   se   trouvaient  deux  exemplaires  provenant  de 
l'Asie,  l'un  de  Madras  (Inde)  et  l'autre  de  Bornéo.  J'ai  identifié  le 
premier  avec  Chelifer  orites  Thorell  ;  l'autre  est  d'un  intérêt  plus 
grand.  C'est  une  espèce  nouvelle  de  Chelifer,  appartenant  à  un  petit 
groupe,  qui  se  distingue  en  ce  que  les  mâles  ont  plusieurs  segments 
abdominaux  dorsaux  relevés  latéralement  en  carènes  (comme  les 
Polydesmides  chez  les  Myriapodes)  et  en  ce  que  la  dernière  strie 
transversale  du  céphalothorax  est  plus  profonde  que  la  première.  Le 
premier  qui  a  décrit  une  espèce  avec  ces  caractères  est  M.  E.  Simon (1), 
qui  a  même  créé  d'après  ces  caractères  un  genre  nouveau,  Lopho- 
chernes.  L'espèce  de  Simon,  Lophochernes  bicarinatus,  avait  été  trou- 
vée vivante  à  Paris  «  dans  une  caisse   arrivant  directement  du 
Japon»,  ce  qui  lui  fit  conclure  avec  justesse  que  l'espèce  appar- 
tenait en  propre  à  la  faune  du  Japon.  Après  M.  Simon,  M.  H.-J. 
Hansen  s'est  occupé  de  cette  question  (2).  Il  indique  que  ces  carac- 
tères existent  chez  deux  espèces  connues  de  lui  :  chelifer  granulatus 
C.  L.  Koch  (=  Ch.  cancroides  L.)  et  Chelifer  depressus  C.  L.  Koch  ; 
M.  Hansen  est  le  seul  qui,  après  C.  L.  Koch,  ait  eu  la  dernière 

(1)  E.  Simon,  Description  d'un  genre  nouveau  de  la  famille   des   Cheliferitlae 
Bull.  Soc.  Zool.  de  France,  III,  pp.  66-67,  1878. 

(2)  Arthrogastra  dcmica  (In  Schioedte,  Naturh.  Tidsskr.  1884,3.  R.  XIV). 


206  SÉANCE    DU    20    NOVEMBRE    1901 

espèce  sous  les  yeux  ;  mais  il  ne  mentionne  pas  sur  quoi  il  a  fixé 
l'identité.  La  seule  chose  de  la  description  de  Koch  (1)  qui  puisse 
indiquer  que  les  plaques  tergales  seraient  carénées,  c'est  que  selon 
lui  l'abdomen  a  «  die  Schildringe  flach,  fastdurchziehend  ». Chelifer 
tampropsalis  L.  Koch  aurait  aussi,  comme  les  précédents,  d'après 
M.  Hansen,  quelques  segments  dorsaux  un  peu  carénés.  Il  n'y  a 
pas  d'autres  espèces  connues  ayant  des  plaques  tergales  carénées. 
Sur  les  individus  norvégiens  de  Chelifer  cancroides  les  carènes  sont 
assez  faibles  (2)  ;  les  carènes  de  l'espèce,  décrite  ci-dessous  Chelifer 
borneoensis,  sont  beaucoup  plus  fortes.  Chez  Chelifer  cancroides  les 
griffes  des  pattes  sont  généralement  pourvues  d'une  petite  dent; 
chez  Chelifer  depressus,  d'après  M.  Hansen  toujours,  et  chez  Chelifer 
lampropsalis,  d'après  le  même  auteur,  l'une  des  griffes  de  la  première 
paire  de  pattes  est  aussi  pourvue  d'une  petite  dent.  M.  Simon  ne 
mentionne  pas  ce  caractère  chez  Luphochernes  bicarinatus  ;  chez 
Chelifer  borneoensis  les  griffes  sont  simples.  Ces  deux  caractères, 
les  carènes  des  segments  dorsaux  et  les  dents  aux  griffes  ne  se 
trouvent  donc  pas  toujours  rassemblés. 

Chelifer  borneoensis  nov.  sp. 

Deux  yeux  distincts,  un  de  chaque  côté. 

Le  corps  ovale,  l'abdomen  assez  élargi. 

Tout  l'animal  brun,  les  pattes-mâchoires  et  les  plaques  tergales 
un  peu  plus  obscures  et  particulièrement  la  première  partie  du 
céphalothorax. 

Céphalothorax  un  peu  plus  long  que  large,  se  rétrécissant  légère- 
ment en  avant,  depuis  la  partie  postérieure,  le  bord  antérieur 
arrondi,  un  peu  tronqué  dans  le  milieu;  deux  stries  transversales, 
très  fortes,  la  première  légèrement  courbée  en  avant  et  située 
environ  au  milieu  du  céphalothorax,  la  seconde  plus  profonde  que 
la  première,  droite  et  plus  rapprochée  du  bord  postérieur  que  de 
la  première  strie  ;  céphalothorax  brillant,  presque  lisse,  pourvu  de 
poils  très  dispersés,  plus  denses  sur  la  première  partie,  courts, 
tronqués,  d'une  épaisseur  homogène,  parfois  un  peu  dentés  à 
l'extrémité,  le  bord  postérieur  du  céphalothorax  terminé  latérale- 
ment en  pointe. 

L'abdomen  possède  onze  segments  dorsaux;  les  cinq  premiers 
chagrinés,  courts  et  relevés   sur  les  côtés  en   forme   de  carènes 

(1)  C.  L.  Koch.  Die  Arachniden,  X,  p.  58. 

Ci)  M.  E.  Simon  dit  de  cette  espèce  que  le  bord  des  segments  dorsaux  est  «  pau- 
lulum  dilatatus  et  carinalus  »  {Mission  scientifique  du  Cap  Horn.  Arachnides, 
Paris,  1887). 


SÉANCE   DU    20   NOVEMBRE    11)01  207 

(presque  comme  chez  les  Polydesmides  parmi  les  Myriapodes),  la 
première  part  de  l'abdomen  devenant  ainsi  un  peu  plane  eu-dessus, 
les  bords  des  carèues  sont  entiers  et  coupés  obliquement  parce  que 
ces  cinq  plaques  tergales  s'élargissent  en  arrière  ;  sur  le  bord 
postérieur  de  chaque  segmeut  dorsal,  une  série  de  poils  courts  de 
la  même  sorte  que  sur  le  céphalothorax,  et  sur  chaque  bord  latéral  se 
trouve  un  poil.  Le  6e  segment  dorsal  a  aussi  une  petite  carène  laté- 
rale, mais  moins  forte  que  les  ciuq  premiers  et  forme  ainsi  un 
passage  aux  cinq  derniers,  qui  sont  ordiuaires,  un  peu  chagrinés 
aussi,  mais  plus  légèrement;  les  six  derniers  segments  sont  aussi 
plus  longs  que  les  premiers,  les  deux  derniers  moius  larges  que  les 
précédents.  L'arrangemeut  des  poils  est  identique  à  celui  des  pre- 
miers segments.  Tous  les  segmeuts  dorsaux  sont  brillants,  divisés 
lougitudinalement  par  une  fine  ligne,  assez  indistincte,  sauf  le 
dernier  et  le  premier  qui  sont  entier.  Les  segments  ventraux  sont 
aussi  divisés  longitudinalement  (excepté  le  dernier),  chagrinés  et 
pourvus  de  poils  de  la  même  sorte. 

Pattes-mâchoires  un  peu  plus  longues  que  le  corps,  grêles,  très 
brillantes,  très  finement  chagrinées  ou  presque  lisses,  la  main  et 
les  doigts  entièrement  lisses;  trochanterà  pédicule  fort,  un  peu 
plus  long  que  large,  le  bord  antérieur  fortement  convexe,  le  bord 
postérieur  un  peu  convexe  au  milieu.  Fémur  à  pédicule  fort,  envi 
ron  aussi  large  que  le  trochanter,  environ  trois  fois  plus  long  que 
large,  le  bord  antérieur  presque  droit  depuis  le  pédicule,  un  peu 
concave  seulement  vers  l'extrémité  ;  le  bord  postérieur  régulière- 
ment et  médiocrement  convexe.  Tibia  à  pédicule  fort,  un  peu  plus 
court  au  delà  du  pédicule,  et  environ  aussi  large  que  le  fémur  ;  le 
bord  extérieur  légèrement  et  régulièrement  convexe,  le  bord 
interne  d'abord  presque  droit  et  dans  la  seconde  moitié  convexe. 
La  main  à  pédicule  fort,  environ  de  la  longueur  du  tibia,  sans 
pédicule  et  environ  une  fois  et  demie  plus  large;  la  base  arrondie  et 
un  peu  oblique;  légèrement  convexe  sur  les  deux  côtés,  le  bord 
interne  s'atténuant  régulièrement  vers  les  doigts,  le  bord  externe 
un  peu  rompu  à  la  base  des  doigts  (vu  au-dessus).  Les  doigts 
environ  aussi  longs  que  la  main,  forts,  un  peu  courbés  (vus 
au-dessus)  ;  si  on  les  voit  de  côté,  on  voit  qu'ils  sont  courbés,  de 
sorte  que  les  pointes  se  touchent  quand  la  pince  est  fermée,  et  il  y  a 
un  intervalle  entre  eux,  et  les  doigts  sont  courbés,  le  doigt  mobile 
le  plus  fortement;  l'intervalle  est  au  plus  d'environ  uu  quart  de  la 
longueur(chez  Lophochernesbicarinatus  il  semble  uu  peu  plus  large); 
le  bord  interne  du  doigt  mobile  est  pourvu,  dans  environ  deux  tiers 


2Û8  SÉANCE   DU    26    NOVEMBRE    1901 

ou  trois  quarts  de  la  longueur,  depuis  l'extrémité,  d'une  série  dense 
de  dents  courtes,  le  bord  interne  du  doigt  fixe  est  pourvu  de 
pareilles  dents  presque  à  la  base. 

Pattes  mâchoires  pourvues  de  poils  courts,  un  peu  dentés,  de 
même  longueur  ;  sur  les  doigts  quelques-uns  très  longs  entremêlés. 

Le  doigt  mobile  des  petites  cliélicères  un  peu  atténué  jusqu'à  l'ex- 
trémité; galea  droite,  médiocrement  forte,  et  pourvue  de  quelques 
dents  fines,  plus  près  de  l'extrémité,  particulièrement  au-dessous. 

Les  quatre  paires  de  pattes  ont  des  trochnntins  distincts  ;  le  fémur 
des  deux  dernières  paires  de  pattes  plus  fort  que  celui  des  deux 
premières,  le  bord  postérieur  des  hanches  de  la  dernière  paire  de 
pattes  un  peu  concave.  Les  pattes  pourvues  de  poils  assez  longs, 
simples,  partiellement  finement  denticulés  ;  surtout  serrés  au 
niveau  du  bord  interne  et  des  tarses.  Les  griffes  simples.  Lon- 
gueur 2mm,  largeur  à  peine  lmm.  Un  ex.  (à*)  de  Bornéo. 

L'espèce  nouvelle  diffère  de  Lophochernes  hirarinatus  E.  Simon 
surtout  en  ce  que  la  dernière  espèce  possède  les  caractères  suivants: 
«  trochanter  beaucoup  plus  long  que  large  au-delà  du  pédicule, 
son  bord  antérieur  presque  droit  »,  fémur  «  légèrement  et  graduel- 
lement élargi  dès  la  base,  sans  pédicule  distinct  ».  et  le  doigt 
mobile  «  fortement  arqué  en  demi-cercle  »,  d'ailleurs  elle  est  un 
peu  plus  grande.  De  la  galea  M.  Simon,  dans  sa  description  assez 
brève,  ne  dit  rien. 

Chelifer  orites  Thorell 
Subgenus  Atemnus 

1889.  Chelifer  orties  Thorell,  Aracnidi  artrogastri  Birmani,  Ann. 
Mus.  Civ.  Genova  VII,  p.  597,  tav.  V.,  fig.  7. 

Pas  d'yeux,  mais  des  taches  oculaires. 

Le  corps  un  peu  allongé. 

Céphalothorax  brun  foncé,  un  peu  plus  clair  en  arrière  ;  les  seg- 
ments dorsaux  et  les  pattes-mâchoires  brun  foncé,  les  segments 
ventraux  brun  plus  clair;  les  autres  parties  claires. 

Céphalothorax  sans  stries  transversales,  distinctement  plus  long 
que  large,  les  bords  presque  parallèles  excepté  la  première  partie 
qui  est  également  arrondie  ;  en  avant,  cependant,  un  peu  tronqué  ; 
un  peu  brillant,  avec  quelques  poils,  dispersés,  forts. 

Les  trois  premiers  segments  dorsaux  de  l'abdomen  plus  courts 
que  les  autres  ,  le  dernier  segment  entier,  les  trois  premiers  avec 
une  incision  anguleuse  en  arrière,  les  autres  segments  divisés 
longitudinalement  ;  peu  de  poils  sur  quelques-uns  des  bords  late- 


SÉANCE   DU    26    NOVEMBRE    1901  209 

raux,  sauf  sur  le  dernier  segment  où  il  y  en  a  plusieurs.  Les  seg- 
ments ventraux,  qui  sont  divisés  aussi,  excepté  le  premier  et  le 
dernier,  ont  quelques  poils  le  long  des  bords  postérieurs. 

Pattes-mâchoires  fortes,  distinctement  plus  courtes  que  le  corps, 
un  peu  brillantes;  trochaoter  et  fémur  distinctement  chagrinés; 
tibia  fortement  chagriné  vers  l'extrémité,  le  reste  lisse  ;   la  main 
au  bord  interne  assez  distinctement,  et  pour  le  reste  très  légère- 
ment chagrinée.  Trochanter  à  pédicule  fort,  un  peu  plus  long  que 
large,  le  bord  externe  convexe,  au  bord  interne  et  en-dessus  un  peu 
conique.  Fémur  à  pédicule  fort,  court,  environ  deux  fois  plus  long 
que  large,  le  bord  antérieur  d'abord  légèrement  convexe,  ensuite 
légèrement  concave,  le  bord  postérieur  fortement  et  régulièrement 
convexe,  un  peu  atténué  vers  l'extrémité.  Tibia  à  pédicule  long  et 
fort,  un  peu  plus  court  et  un  peu  plus  large  que  le  fémur,  au  delà 
du    pédicule   seulement  un  peu  plus  long  que   large,   fortement 
arrondi  sur  les  deux  côtés,  surtout  vers  la  base  au  niveau  du  bord 
interne  et  surtout  vers  l'extrémité  au  niveau  du  bord  externe.  La 
main  environ  une  fois  et  demie  plus  longue  et  un  peu  plus  large 
que  le  tibia,  presque  sans  pédicule,  à  base  large  un  peu   oblique 
sur  les  deux  côtés  très  légèrement  convexes,  plus  convexe  sur  le 
bord  interne,  s'atténuant  graduellement  vers  les  doigts  courbés, 

forts,  qui  ne  sont  que  de  la  demi-longueur  de  la  main. 
Pattes-mâchoires   irrégulièrement  et  pauvrement   pourvues  de 

poils  longs  et  courts;  sur  les  doigts  quelques  poils  très  longs, 

.entremêles. 

Le  doigt  mobile  des  chélicères  a  le  bord  externe  entièrement 

droit,  et  le  bord   interne  légèrement  concave.  Galea  assez  forte, 

droite  et  à  l'extrémité  et  le  long  du  dernier  tiers  du  bord  inférieur 

pourvue  de  quelques  dents  fines. 
Les  pattes  poilues,  surtout  au  niveau  des  tarses;  le  fémur  des 

deux  dernières  paires  de   pattes  médiocrement  fort;  les  griffes 

simples. 
Longueur  omm. 

Un  exemplaire  de  Madras  (Inde). 
La   seule  différence  remarquable  entre  cet  individu  (9)  et  la 

description  de  M.  Thorell  est,  que  l'animal  de  Thorell  avait  le 

bord  externe  de  la  main  très  distinctement  chagriné,  tandis  que 

l'exemplaire  de  Madras  a  le  bord  interne  distinctement  chagriné  et 

le  bord  externe  presque  lisse. 
Le  type  de  M.  Thorell  provenait  de  Mooleyit  en  Burma. 


Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1901.  xxvi.  —  16. 


210 


Séance  du  10  Décembre  igoi 
PRÉSIDENCE  DE  M.  LE   Dr  TROUESSART,  PRÉSIDENT 

M.  le  professeur  R.  Blanchard  s'excuse  par  lettre  de  ne  pouvoir 
assister  à  la  séance.  Il  prie  le  secrétaire  général  de  vouloir  bien  le 
remplacer  pour  faire  le  rapport  verbal  sur  les  personnes  présentées 
au  titre  de  membres  honoraires. 

M.  le  Secrétaire  général  fait  circuler  dans  l'assistance  un  portrait 
à  la  plume  de  notre  Président,  exécuté  par  Mlle  Trouessart  et  qui 
sera  publié  dans  le  dernier  fascicule  du  Bulletin  de  l'année  1900. 

Il  présente  également  la  photographie  d'une  jeune  Négresse  pie, 
native  de  la  Louisiane,  exposée  actuellement  chez  Barnum  et 
Bailey,  et  dont  l'observation  sera  ajoutée  à  la  note  en  cours  de 
publication  de  M.  le  Dr  Neveu-Lemaire. 

A  la  suite  d'un  rapport  verbal  de  M.  le  secrétaire  général, 
M.  Fabre,  d'Avignon  ;  M.  le  professeur  Grassi,  de  Rome  ;  M.  le 
professeur  Isao  Ijima,  de  Tokio,  M.  le  professeur  F.-E.  Schulze, 
de  Berlin,  présentés  à  la  précédente  séance,  sont  proclamés  mem- 
bres honoraires. 

La  Société  autorise  M.  le  secrétaire  général  à  offrir  la  présidence 
d'honneur  de  l'assemblée  générale  de  1902  à  M.  le  professeur 
Perroncito,  de  Turin. 

M.  Robert,  au  nom  de  M.  Lanceplaine,  offre  à  la  Société  une 
série  très  complète  de  tirés  à  part  de  M.  H.  de  Lacaze-Duthiers. 

M.  le  Président  prie  M.  Robert  de  vouloir  bien  se  faire  l'inter- 
prète de  la  Société  et  remercier  M.  Lanceplaine  de  sa  générosité. 

A  propos  d'un  Guide  de  l'entomologiste  à  Madagascar  offert  à  la 
Société  par  M.  Alluaud,  M.  le  Dr  Guiart  exprime  le  vœu  que  dans 
une  prochaine  édition,  M.  Alluaud  cousacre  un  court  chapitre  aux 
Insectes  parasites  de  l'Homme  que  l'on  rencontre  à  Madagascar,  et 
qui  sont  encore  très  peu  connus. 

M.  Secques  demande  à  ce  propos  si  la  Société  Zoologique  ne 
pourrait  pas  prendre  l'initiative  d'une  publication  relatant  sous 
une  forme  très  restreinte  les  desiderata  des  Zoologistes.  Une  petite 
brochure  dans  le  genre  de  celle  publiée  par  M.  Alluaud  donnerait 
quelques  indications  sur  la   façon   de   faire   des  récoltes  et  des 


/ 


Docteur   Edouard    TROUESSART 

Président   i>e   la  Société   Zoologique   de   France 

1901 


SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  4901  241 

chasses  et  les  animaux  sur  lesquels  devraient  porter  les  investi- 
cations  des  fonctionnaires  coloniaux. 

A  ce  propos  M.  Secques  donne  lecture  d'une  lettre  que  lui  a 
adressée  M.  J.  Waddy.  agent  de  culture  au  jardin  botanique  de  Saint- 
Pierre,  Martinique. 

M.  Waddy  a  lu  dans  notre  Bulletin  l'annonce  des  prix  réservés  aux 
fonctionnaires  coloniaux,  il  en  a  fait  part  à  quelques-uns  de  ses 
amis,  et  sans  attendre  leur  réponse,  il  s'engage  lui-même,  sans 
compter  sur  aucune  récompense,  à  adresser  à  ceux  qui  lui  en  font 
la  demande  les  échantillons  qu'ils  pourraient  désirer.  Pour  cela  il 
suffît  de  lui  adresser  des  instructions  nécessaires. 

C'est  là  une  initiative  qu'il  serait  bon  d'encourager,  cette  offre 
toute  spontanée  venant  d'une  personne  qui  s'intéresse  à  la  Zoo- 
logie. 

Le  Muséum  s'est  déjà  adressé  à  M.  Waddy  sur  la  présentation  de 
M.  Secques. 


AMPHIPODES  DES  EAUX    SOUTERRAINES    DE   FRANCE  ET  D'ALGÉRIE 


PAR 


ED.    CHEVREUX 


PSEUDONIPHARGUS   AFRICANUS    110V.    géU.    et   Sp. 

Au  premier  abord,  cet  Amphipode  offre  l'aspect  d'un  véritable 
Niphargus.  Il  faut  le  regarder  de  très  près  pour  constater  que  la 
branche  externe  des  uropodes  de  la  dernière  paire  du  mâle,  qui 
semble  composée  de  deux  articles  très  allongés,  est,  au  contraire, 
uniarticulée,  l'appendice  qui  simule  le  premier  article  de  la 
branche  externe  n'étant  autre  que  le  pédoncule,  extrêmement 
développé,  de  l'uropode.  En  dehors  de  cette  conformation  si  parti- 
culière, le  nouveau  genre  est  encore  caractérisé  par  la  forme  très 
différente  des  propodes  de  ses  gnathopodes  antérieurs  et  postérieurs. 

L'examen  des  exemplaires  vivants  permet  de  constater  que  leur 
mode  de  progression  diffère  absolument  de  celui  des  Mphargus. 
On  sait  que  ces  derniers,  lorsqu'ils  ne  nagent  pas,  rampent  assez 
péniblement  sur  le  côté.  Les  Pseudoniphanjus  courent  avec  assez 
d'agilité  sur  le  fond  du  vase  qui  les  contient,  la  progression  s'effec- 
tuant  surtout  à  l'aide  des  pattes  des  troisième  et  quatrième  paires, 


212 


SÉANCE    DU    10    DÉCEMBRE    1901 


qui  s'agitent  vivement  sous  le  mésosome,  tandis  que  les  pattes  des 
trois  dernières  paires,  très  écartées  du  corps,  ne  font  que  de  faibles 
mouvements  et  semblent  servir  surtout  à  maintenir  l'équilibre. 
Pendant  la  marche,  les  longs  uropodes  de  la  dernière  paire  du 
mâle  traînent  derrière  l'animal. 

Le  corps  et  tous  les  appendices  de  ces  petits  Amphipodes  sont 
d'un  blanc  opalescent  translucide,  sur  lequel  le  tube  intestinal  se 
détache  en  brun  jaunâtre. 

Mâle.  —  Le  corps  (fig.  1),  beaucoup  moins  comprimé  que  celui 


Fig.  1.  —  Pseudoniphargus  africanus.  Mâle,  vu  du  côté  gauche. 


des  Niphargus,  mesurait  8  millimètres  chez  l'exemplaire  figuré  ici. 
C'est  la  taille  du  mâle  adulte.  J'en  ai  examiné  plusieurs  centaines 
d'exemplaires,  capturés  à  diverses  époques  de  l'année,  sans  en 
trouver  de  plus  grands.  Le  bord  dorsal  postérieur  de  chacun  des 
segments  du  mésosome  porte  une  petite  soie  à  peine  visible.  Les 
segments  de  l'urosome  ne  portent  pas  d'épines. 

La  tête,  aussi  longue  que  l'ensemble  des  deux  premiers  segments 
du  mésosome,  présente  une  petite  projection  rostrale.  Ses  lobes 
latéraux,  assez  proéminents,  sont  larges  et  arrondis  à  l'extrémité. 
Les  plaques  coxales  des  quatre  premières  paires,  beaucoup  plus 


SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901  213 

hautes  que  les  segments  correspondants  du  mésosome,  portent 
quelques  petites  épines  au  bord  inférieur.  Les  plaques  coxales  de 
la  première  paire,  très  larges,  s'étendent  presque  jusqu'aux  angles 
postérieurs  de  la  tête.  Les  plaques  coxales  de  la  quatrième  paire 
sont  un  peu  échancrées  au  bord  postérieur  pour  recevoir  les  plaques 
coxales  suivantes.  Les  plaques  épimérales  des  trois  segments  du 
métasome  se  terminent  en  arrière  par  un  petit  crochet  aigu  et 
portent  quelques  spinules  au  bord  postérieur. 

Les  yeux,  très  imparfaitement  constitués,  sont  représentés  par 
une  tache  d'un  jaune  orangé,  de  forme  irrégulière  et  assez  variable. 
Chez  certains  exemplaires,  les  petites  taches  arrondies,  situées  au 
bord  postérieur  de  l'œil  (fig.  l),sont  isolées  de  la  tache  principale  (1). 

Les  antennes  supérieures  atteignent  la  longueur  de  l'ensemble 
de  la  tête  et  du  mésosome.  Le  premier  article  du  pédoncule  est 
presque  aussi  long  que  la  tête.  Le  second  article  atteint  les  deux 
tiers  de  la  longueur  du  premier.  Le  troisième  article  est  un  peu 
plus  court  que  le  second.  Le  flagellum  principal  comprend  environ 
vingt-cinq  articles.  Le  flagellum  accessoire,  bi-articulé,  est  un  peu 
plus  court  que  le  premier  article  du  flagellum  principal.  Les 
antennes  inférieures  n'atteignent  pas  la  moitié  de  la  longueur  des 
antennes  supérieures.  Le  cinquième  article  du  pédoncule  est  plus 
grêle  et  plus  court  que  le  quatrième  article.  Le  flagellum,  com- 
prenant sept  articles,  est  un  peu  moins  long  que  l'ensemble  des 
deux  derniers  articles  du  pédoncule.  Les  antennes  ne  portent  pas 
de  calcéoles. 

La  lèvre  antérieure  est  régulièrement  arrondie.  Les  lobes  internes 
de  la  lèvre  postérieure  sont  bien  développés.  Les  mandibules 
(fig.  2,  A),  courtes  et  robustes,  présentent  un  processus  molaire  très 
proéminent.  Le  bord  tranchant  est  armé  de  quatre  fortes  dents.  Le 
lobe  accessoire  de  la  mandibule  droite  porte  de  fines  denticulations, 
suivies  d'une  grosse  dent  obtuse.  Le  lobe  accessoire  de  la  mandibule 
gauche  est  armé  de  quatre  dents.  Le  palpe  est  assez  allongé.  Son 
troisième  article,  un  peu  plus  court  que  le  second,  porle  quelques 
longues  soies  spiniformes  et  se  termine  par  une  rangée  de  petites 
épines ,  accompagnées  d'une  grosse  épine  bi-articulée,  dont  le 
premier  article  est  finement  cilié  au  bord  interne.  Dans  les  maxilles 
de  la  premièce  paire  (fig.  2,  B),  le  lobe  interne  porte  deux  longues 
soies  à  sou  extrémité.  Le  lobe  externe,  armé  de  sept  épines,  pré- 
sente quelques  cils  au  bord  interne.  Le  palpe,  bi-articulé,  porte 

(1)  M.  Armand  Viré  doit  publier  prochainement  un  travail  sur  l'anatomie  et  la 
physiologie  des  organes  des  sens  de  cette  espèce. 


214 


SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901 


une  rangée  de  cils  au  bord  externe  et  se  termine  par  une  touffe 
d'épines.  Le  lobe  externe  des  maxilles  de  la  deuxième  paire  (fig.  2,  C) 
est  plus  long  et  beaucoup  plus  large  que  le  lobe  interne.  Trois  des 
soies  du  lobe  externe,  plus  longues  que  les  autres,  sont  finement 


Fig.  2.  —  Pseudoniphargus  africanus.  A,  mandibule  droite;  B,  maxille  de  la 
première  paire;  C,  maxille  de  la  deuxième  paire;  D,  maxillipède  ;  E,  gnatho- 
pode  antérieur  d'un  mâle  ;  F,  gnatopode  postérieur  d'un  mâle  ;  G,  telson  ; 
H,  partie  postérieure  du  corps  d'une  femelle  ovifère;  K,  plaque  épimérale 
du  troisième  segment  du  métasome  d'un  exemplaire  de  Kef  Djemel. 


ciliées.  Le  lobe  interne  porte  cinq  cils  au  bord  interne.  Le  lobe 
interne  des  maxillipèdes  (fig.  2,  D),  remarquablement  long,  porte 
quelques  soies  à  son  extrémité.  Le  lobe  externe  n'atteint  pas  tout 
à  fait  l'extrémité  du  second  article  du  palpe.  Le  premier  article  du 


SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901  215 

palpe,  très  court,  n'atteint  guère  que  le  quart  de  la  longueur  du 
second  article.  Le  quatrième  article,  assez  gros  à  la  base,  se  termine 
brusquement  en  pointe  aiguë. 

Les  gnathopodes  antérieurs  (fig.  2,  E)  ne  sont  pas  très  développés. 
Le  propode,  beaucoup  plus  long  que  le  carpe,  affecte  une  forme 
trapézoïdale.  Le  bord  palmaire,  aussi  long  que  le  bord  postérieur, 
forme  avec  lui  un  angle  à  peu  près  droit,  près  duquel  se  trouvent 
trois  épines  fourchues.  Le  bord  postérieur  est  concave.  Le  dactyle, 
robuste  et  peu  courbé,  porte  deux  longs  cils  au  bord  externe.  Les 
gnathopodes  postérieurs  (fig.  2,  F),  beaucoup  plus  robustes  que  les 
gnathopodes  précédents,  sont  de  forme  très  différente.  Le  carpe  est 
relativement  plus  court.  Le  propode,  très  volumineux,  est  ovalaire. 
Son  bord  palmaire  est  séparé  du  bord  postérieur  par  deux  grosses 
épines  obtuses,  garnies  d'un  cil.  Le  dactyle,  fortement  courbé, 
porte  un  long  cil  au  bord  externe. 

Les  pattes  des  troisième  et  quatrième  paires,  un  peu  plus  longues 
que  les  gnathopodes  postérieurs,  sont  semblables  entre  elles.  L'ar- 
ticle méral  et  le  propode  sont  d'égale  longueur;  le  carpe  est  beau- 
coup plus  court.  Les  pattes  de  la  cinquième  paire,  très  réduites, 
sont  un  peu  plus  courtes  que  les  pattes  précédentes.  L'article  basai,' 
largement  ovale,  porte,  au  bord  postérieur,  de  petites  crénelures 
garnies  d'un  cil.  Les  pattes  de  la  sixième  paire,  beaucoup  plus 
longues  que  les  pattes  précédentes,  sont  plus  courtes  et  moins 
robustes  que  celles  de  la  septième  paire.  Le  propode  de  ces  der- 
nières pattes  est  très  allongé. 

Les  pléopodes  sont  assez  courts  et  leurs  branches,  d'égale  taille, 
ne  comprennent  qu'un  petit  nombre  d'articles.  Dans  les  uropodes 
des  deux  premières  paires,  la  branche  externe  est  un  peu  plus 
courte  que  la  branche  interne.  Le  pédoncule  des  uropodes  de  la 
troisième  paire  est  beaucoup  plus  long  que  l'urosome.  La  branche 
interne,  absolument  rudimentaire,  est  représentée  par  une  petite 
écaille,  moins  longue  que  la  largeur  de  la  branche  externe.  Cette 
dernière,  beaucoup  plus  grande  que  le  pédoncule,  atteint  à  peu 
près  la  longueur  du  métasome.  Elle  se  termine  par  une  petite 
touffe  de  soies. 

Le  telsou  (fig.  2,  G),  un  peu  plus  hirge  que  long,  presque  rectangu- 
laire, présente,  au  bord  distal,  une  petite  échancrure  arrondie,  de 
chaque  côté  de  laquelle  se  trouvent  quatre  épines  d'inégale  taille. 
Deux  petits  cils  existent  vers  le  milieu  de  chacun  de  ses  bords 
latéraux. 

Femelle.  —  Un  peu  plus  petites  que  les  mâles,  les  femelles  ovifères 


216  SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901 

mesurent  environ  6  millimètres.  Leurs  gnathopodes  sont  semblables 
à  ceux  des  mâles,  bien  qu'un  peu  plus  petits.  La  seule  différence 
sexuelle  consiste  dans  la  forme  des  uropodes  de  la  dernière 
paire  (fig.  2,  H).  Le  pédoncule  de  ces  uropodes  est  à  peine  plus  long 
que  le  telson.  La  branche  interne,  rudimentaire,  n'atteint  que  la 
moitié  de  la  longueur  des  épines  qui  l'accompagnent.  La  branche 
externe  n'est  pas  plus  longue  que  l'ensemble  des  deux  premiers 
segments  de  l'urosome. 

Habitat.  —  J'ai  trouvé  de  nombreux  exemplaires  de  cette  espèce 
dans  un  puits  situé  aux  environs  de  Bône,  à  quelques  centaines  de 
mètres  de  la  mer.  L'eau  de  ce  puits  est  légèrement  saurnàtre.  Un 
autre  puits.de  la  même  propriété,  plus  rapproché  de  la  mer  d'une 
centaine  de  mètres,  et  dont  l'eau  est  un  peu  plus  saurnàtre,  ne 
contient  pas  d'Amphipodes.  J'ai  aussi  reçu  d'un  de  mes  amis, 
M.  Paul  Soual,  un  certain  nombre  d'exemplaires  de  la  même 
espèce,  trouvés  dans  uue  source  souterraine,  à  Kef  Djemel,  par 
Medjez-Sfâ,  dans  les  montagnes  des  Beui-Salah,  à  environ  600  mètres 
d'altitude.  Ces  exemplaires  constituent  une  variété  locale,  ne 
différant  du  type  que  par  la  forme  des  plaques  épimérales  des 
segments  du  métasome.  Ces  plaques  (fig.  2,  K),  terminées  en  arrière 
par  un  crochet  très  accentué,  portent,  au  bord  postérieur,  un 
second  crochet,  plus  petit,  situé  un  peu  au-dessus  du  premier. 


AMPHIPODES  DES  EAUX  SOUTERRAINES    DE  FRANCE  ET    D'ALGÉRIE 

PAR 

ED.    CHEVREUX 
VI 

?  Gammarus  rhipidiophorus  Gatta. 

J'ai  trouvé  la  curieuse  espèce  dont  la  description  suit  pendant 
un  séjour  du  yacht  Melita  au  mouillage  de  la  Galite,  en  juillet  1901. 

Située  à  70  milles  (130  kilomètres)  de  Bône  et  à  21  milles  (39  kilo- 
mètres) du  point  le  plus  rapproché  de  la  côte,  la  Galite  est  une  île 
très  escarpée,  constituée  par  des  roches  volcaniques.  Elle  a  un  peu 
plus  de  5  kilomètres  de  long  et  le  plus  élevé  de  ses  deux  pics 
atteint  393  mètres  de  hauteur.  Un  sentier  abrupt  conduit  de  la 
plage  à  un  groupe  de  maisons,   habitées  par  des  Italiens,  pêcheurs 


SÉANCE    DU    10   DÉCEMBRE    1901  217 

de  Langoustes.  C'est  auprès  de  ces  maisons,  à  une  altitude  d'environ 
100  mètres,  que  se  trouve  une  des  sources  d'eau  douce  de  l'île. 

La  petite  mare  que  forme  cette  source,  à  sa  sortie  de  terre,  est 
habitée  par  des  Amphipodes  appartenant  à  trois  espèces  différentes. 
Quelques  exemplaires  à'Orchestia  littorea  (Mont.)  se  trouvent  dans 
la  terre  humide  des  bords  et  de  nombreux  Gammarus  Simoni  Che- 
vreux  (1),  forme  très  commune  dans  les  ruisseaux  d'Algérie  et  de 
Tunisie,  rampent  sur  le  côté,  au  fond  de  l'eau.  Parmi  ces  derniers, 
facilement  reconnaissables  à  leur  forme  robuste  et  à  leur  couleur 
vert  jaunâtre,  relevée  par  de  petites  taches  rouges  sur  les  plaques 
épimérales  du  métasome,  se  trouvaient  quelques  Gammarus,  de 
forme  plus  grêle  et  plus  allongée,  et  de  couleur  très  différente.  Ces 
Amphipodes  présentent  deux  caractères  bien  particuliers  :  Leurs 
pattes  de  la  troisième  paire,  beaucoup  plus  longues  que  les  pattes 
de  la  paire  suivante,  portent,  au  bord  postérieur,  une  épaisse 
rangée  de  longues  soies,  et  les  uropodes  de  la  première  paire, 
beaucoup  plus  courts  que  les  uropodes  suivants,  sont  de  forme 
absolument  anomale. 

Ces  deux  caractères  existent  chez  le  Gammarus  rhipidiophorus 
Catta  (2),  trouvé  à  La  Ciotat  (Bouches  du-Rhône),  clans  un  puits 
situé  à  une  centaine  de  mètres  de  la  mer,  et  tout  porte  à  croire 
que  c'est  bien  cette  espèce  qui  habite  la  Galite.  Malheureusement, 
la  description,  fort  incomplète,  du  G.  rhipidiophorus,  n'est  accom- 
pagnée d'aucune  figure  et  nous  ne  savons  rien  des  antennes,  des 
pièces  buccales,  des  gnathopodes  et  des  pattes  des  trois  dernières 
paires.  Il  n'est  donc  pas  possible  d'affirmer  l'identité  des  deux 
formes.  Néanmoins,  cette  identité  est  tellement  probable  que  je 
crois  préférable  de  l'admettre  provisoirement,  pour  ne  pas  ajouter 
un  nouveau  nom  spécifique,  de  valeur  douteuse,  à  la  synonymie, 
déjà  si  encombrée,  des  Amphipodes. 
Voici  la  description  du  Gammarus  de  la  Galite. 

Mâle.  —  Le  corps  (fig.  1),  grêle  et  comprimé,  mesure  environ 
6  millimètres.  Sa  couleur  est  d'un  blanc  jaunâtre  translucide, 
teinté  de  rose  sur  les  plaques  épimérales  du  métasome  et  sur 
l'urosome.  Le  mésosome  et  le  métasome  sont  lisses.  Cinq  petites 
épines  sont  fixées  au  bord  dorsal  postérieur  de  chacun  des  deux 
premiers  segments  de  l'urosome.  Le  troisième  segment  n'en  porte 

(1)  Gammarus  Simoni  nov.  sp.,  Amphipode  des  eaux  douces  d'Algérie  et  de 
Tunisie.  Bull,  de  la  Soc.  Zool.  de  France,  XIX,  189i,  p.  171. 

(2)  Sur  un  Amphipode  nouveau,  le  Gammarus  rhipidiophorus.  Actes  de  la 
60'  session  de  la  Soc.  Helv.  des  Se.  nat.,  Bex,  août  1877,  p.  257. 


218 


SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901 


que  deux.  La  tête,  presque  aussi  longue  que  l'ensemble  des  deux 
premiers  segments  du  mésosome,  présente  des  lobes  latéraux  peu 
saillants,  tronqués  au  bord  antérieur.  Les  plaques  coxales  des 
quatre  premières  paires  sont  un  peu  plus  hautes  que  les  segments 
correspondants  du  mésosome.  Les  plaques  épimérales  du  troisième 
segment  du  métasome,  largement  arrondies  en  arrière,  portent 
trois  épines  au  bord  inférieur  et  quelques  petites  crénelures, 
garnies  d'un  cil,  au  bord  postérieur. 

Les  yeux,  bien  conformés,  ovales,  sont  d'un  brun  marron.  Les 
antennes  supérieures  sont  aussi  longues  que  l'ensemble  de  la  tête 


Fig.  1.  —  ?  Gammarns  rhipidiophorus  Catta.  Mâle,  vu  du  côté  gauche. 


et  des  cinq  premiers  segments  du  mésosome.  Le  second  article  du 
pédoncule  est  presque  aussi  long,  mais  beaucoup  plus  étroit  que 
le  premier.  Le  troisième  article  atteint  un  peu  plus  de  la  moitié 
de  la  longueur  du  second.  La  flagellum  principal  comprend  une 
trentaine  d'articles  garnis  de  nombreuses  petites  soies.  Le  flagellum 
accessoire,  aussi  long  que  l'ensemble  des  deux  premiers  articles 
du  flagellum  principal,  se  compose  de  trois  articles,  dont  le  dernier 
est  rudiinentaire.  Les  antennes  inférieures  atteignent  les  deux  tiers 
de  la  longueur  des  antenues  supérieures.  Les  deux  derniers  articles 
du  pédoncule  sont  d'égale  taille.  Le  flagellum  comprend  dix 
articles.  Les  antennes  ne  portent  pas  de  calcéoles. 

Les  pièces  buccales  sont  bien  celles  du   (iaminarus  typique  et 
correspondent  absolument  à  la  diagnose  qui  en  a  été  donnée  par 


SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901 


219 


Wrzesniowski  (1).  Les  mandibules  sout  courtes  et  robustes.  Le  lobe 
interne  des  maxilles antérieures,  très  large,  est  bordé  de  treize  soies 
ciliées.  Le  lobe  externe  porte  une  rangée  de  soies  au  bord  interne. 
Le  palpe  de  la  maxille  droite,  très  large,  se  termine  par  six  grosses 
dents.  Celui  de  la  maxille  gauche,  beaucoup  plus  étroit,  se  termine 
par  une  touffe  d'épines.  Le  lobe  interne  des  maxilles  postérieures 
porte  une  rangée  de  soies  ciliées  au  bord  interne.  Le  lobe  interne 


Fig.  2.  —  ?  Gammarus  rhipidiophorus  Catta,  mâle.  A,  gnathopode  antérieur; 
B,  gnathopode  postérieur;  C,  patte  de  la  troisième  paire  ;  D.  uropode  de  la 
première  paire  ;  E,  uropode  de  la  dernière  paire  ;  F,  telson. 

des  maxillipèdes  porte  de  longues  soies  ciliées  au  bord  interne  ; 
son  extrémité  est  armée  de  trois  fortes  dents. 

Les  gnathopodes  antérieurs  (fig.  2,  A)  sont  assez  robustes.  Le  pro- 
pode,  subovale,  est  un  peu  plus  long  que  le  carpe.  Le  bord  palmaire, 
légèrement  concave,  est  sépare  du  bord  postérieur  par  une  forte 
épine,  suivie  de  trois  épines  plus  petites.   Le  dactyle,  fortement 


(I)  Uber  drei  unterindische  Gamtnariden.  Zeitsch.  fur  icissenschafl.  Zoologie, 
IV,  Leipzig  1890,  p.  614. 


220  SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901 

courbé,  est  de  la  longueur  du  bord  palmaire.  Les  gnathopodes 
postérieurs  (fig.  2,  B)  sont  beaucoup  plus  longs  que  lesgoathopodes 
antérieurs.  Le  propode,  plus  volumineux,  quadrangulaire,  présente 
aussi  un  bord  palmaire  concave,  séparé  du  bord  postérieur  par 
deux  fortes  épines.  Le  dactyle,  modérément  courbé,  est  de  la  lon- 
gueur du  bord  palmaire. 

Les  pattes  de  la  troisième  paire  (fig.  2,  C),  remarquablement  déve- 
loppées, sont  presque  aussi  longues  que  les  pattes  de  la  dernière 
paire.  L'article  méral,  très  robuste,  porte,  au  bord  postérieur,  un 
grand  nombre  de  longues  soies  ciliées,  disposées  sur  une  quinzaine 
de  rangées  transversales.  Le  bord  postérieur  du  carpe  porte  des 
soies  semblablement  disposées,  mais  un  peu  moius  longues.  Le 
bord  postérieur  du  propode  est  garni  de  soies  plus  courtes  et  dis- 
posées sur  un  seul  rang  (1).  Les  pattes  de  la  quatrième  paire, 
beaucoup  plus  courtes  que  les  pattes  précédentes,  ne  portent  pas  de 
soies  ciliées.  Les  pattes  de  la  cinquième  paire  ne  sont  pas  plus 
longues  que  celles  de  la  quatrième  paire.  Les  pattes  des  deux 
dernières  paires,  beaucoup  plus  allongées  que  les  précédentes,  sont 
d'égale  taille.  Leur  article  basai,  assez  fortement  dilaté  dans  sa 
partie  supérieure,  se  rétrécit  ensuite  brusquement,  le  bord  posté- 
rieur présentant  une  courbure  concave  assez  accentuée.  Le  propode 
est  un  peu  plus  court  que  le  carpe.  Le  dactyle  porte  un  petit  cil  au 
bord  iuterne. 

Les  uropodes  de  la  première  paire  (fig.  2,  D)  affectent  une  forme 
absolument  anomale  chez  les  Gamrnarides.  Plus  grêles  et  plus 
courts  que  les  uropodes  suivants,  ils  se  composent  d'un  pédoncule, 
beaucoup  plus  large  à  la  base  qu'à  l'extrémité,  portant  trois  épines 
au  bord  postérieur,  et  de  deux  branches  bi-articulées,  d'inégale 
taille.  La  branche  externe  est  un  peu  moius  longue  que  le  pédon- 
cule. Son  second  article,  spiniforme,  atteint  plus  de  la  moitié  de 
la  longueur  du  premier.  La  branche  interne,  beaucoup  plus  longue 
que  le  pédoncule,  se  compose  d'un  article  un  peu  plus  grand  que 
la  branche  externe,  suivi  d'un  second  article  spiniforme,  atteignant 
les  deux  tiers  de  la  longueur  du  premier.  Les  uropodes  de  la 
seconde  paire  sont  de  forme  normale.  Leur  branche  interne  atteint 
la  longueur  du  pédoncule  ;  la  branche  externe  est  un  peu  plus 
courte.  Les  uropodes  de  la  troisième  paire  (fig.  2.  E),  très  développés, 
sont  aussi  longs  que  l'ensemble  de  l'urosome  et  du  dernier  segment 

11)  M.  Catta  ne  parle  pas  des  soies  de  l'article  méral  et  dit  simplement  (loc. 
cit.,  p  258):  «  Le  carpe  et  le  propode  sont  garnis  d'immenses  poils  plumeux 
disposés  par  rangées  transversales  et  entremêlés  de  piquants  ». 


SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901  221 

du  métasome.  Le  pédoncule  atteint  à  peu  près  la  longueur  du 
dernier  segment  de  l'urosome.  La  branche  externe  se  compose 
d'un  article  robuste  et  allongé,  garni  de  nombreux  faisceaux 
d'épines,  et  d'un  petit  article  terminal  spiniforme.  La  branche 
interne,  absolument  rudimentaire,  est  représentée  par  une  petite 
lamelle  atteignant  à  peine  le  tiers  de  la  longueur  du  pédoncule. 

Le  telson  (lig.  2,  F),  est  fendu  jusqu'à  la  base.  Chacun  de  ses  lobes 
porte  deux  épines,  d'inégale  taille,  au  bord  externe  et  trois  épines, 
accompagnées  d'une  petite  soie,  à  l'extrémité. 

Femelle.  —  L'examen  d'une  cinquantaine  d'exemplaires  de  cette 
espèce  ne  m'a  permis  de  reconnaître  parmi  eux  que  deux  femelles. 
Aucune  d'elles  ne  portait  d'oeufs,  et  leurs  lamelles  incubatrices 
étaient  peu  développées.  Il  est  probable  que  les  femelles  ovifères 
habitent  la  partie  souterraine  de  la  source.  Beaucoup  plus  petites 
que  les  mâles,  ces  femelles  ne  mesurent  guère  plus  de  4  milli- 
mètres. Le  dimorphisme  sexuel  ne  porte  que  sur  les  antennes,  les 
gnathopodes  et  les  uropodes  de  la  dernière  paire.  Les  antennes 
sont  plus  courtes  que  celles  des  mâles.  On  compte  seize  articles  au 
flagellum  des  antennes  supérieures  et  sept  articles  au  flagellum 
des  antennes  inférieures.  Les  gnathopodes  ne  diffèrent  de  ceux  du 
mâle  que  par  la  forme  du  bord  palmaire  du  propode,  qui  est  légè- 
rement convexe.  Dans  les  pattes  de  la  troisième  paire,  l'article 
méral  et  le  carpe  sont  bordés  de  longues  soies  ciliées,  mais  le 
propode  n'en  porte  pas.  Les  uropodes  de  la  première  paire  sont 
semblables  à  ceux  du  mâle.  Les  uropodes  de  la  troisième  paire, 
relativement  moins  allongés ,  dépassent  à  peine  l'urosome  en 
longueur. 

Le  Gamma/rus  Guernei  Ghevreux  (1),  des  ruisseaux  de  Flores 
(Açores),  possède  des  pattes  de  la  troisième  paire  absolument  sem- 
blables à  celles  du  Gammarusrhipidiophorus.  Leur  taille  est  énorme, 
relativement  à  celle  des  pattes  suivantes.  L'article  méral,  le  carpe 
et  le  propode  sont  garnis,  chez  le  mâle,  de  longues  soies  ciliées 
qui  n'existent  que  dans  les  deux  premiers  de  ces  articles,  chez  la 
femelle.  Enfin,  la  taille  des  deux  espèces  est  la  même,  et  les 
uropodes  de  la  dernière  paire  sont  à  peu  près  identiques.  Le 
Gammarus  Guernei  est  facile  à  distinguer  de  l'espèce  du  littoral 
méditerranéen  par  la  forme  un  peu  aiguë  des  angles  postérieurs  de 

(1)  Amphipodes  provenant  des  campagnes  de  l'Hirondelle  (1885-1888).  Résultats 
des  campagnes  scientifiques  accomplies  sur  sou  yacht  par  Albert  I",  Prince 
souverain  de  Monaco,  XVI,  Monaco  19Û0,  p.  76,  pi.  X,  flg.  2. 


222  SÉANCE  DU  40  DÉCEMBRE  1901 

ses  plaques  épimérales  du  troisième  segment  du  métasome,  par  le 
flagellum  accessoire  de  ses  antennes  supérieures,  qui  comprend 
quatre  articles,  par  ses  pattes  de  la  cinquième  paire,  presque  aussi 
longues  que  les  suivantes,  et  par  la  forme  normale  de  ses  uropodes 
de  la  première  paire. 


NOTE    PRÉLIMINAIRE    SUR    QUELQUES    OPHIURES   NOUVELLES 
PROVENANT  DES  CAMPAGNES  DE  LA  PRINCESSE  ALICE 


PAR 


R.     KŒHLER 

Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Lyon 

Cette  note  a  pour  objet  la  description  de  trois  Ophiures  nouvelles 
draguées  par  la  Princesse  Alice.  L'une  de  ces  Ophiures  est  le  type 
d'un  genre  nouveau,  le  genre  Ophiophycis  et  elle  provient  de  la 
campagne  de  1896  ;  les  deux  autres  ont  été  capturées  en  1901. 

Genre  OPHIOPHYCIS 

Ce  genre  est  voisin  du  genre  Ophiomusium,  mais  il  en  diffère  par 
l'élargissement  considérable  des  premières  plaques  brachiales  laté- 
rales sur  la  face  ventrale  et  par  les  piquants  brachiaux  larges, 
courts  et  aplatis  eo  forme  de  lamelles  ;  enfin  il  existe  une  paire  de 
pores  tentaculaires  buccaux  situés  entre  les  plaques  orales  et  la 
première  plaque  brachiale  ventrale.  Les  bras  sont  courts. 

Ophiophycis  mirabilis,  nov.  sp. 

(Fig.  1  et  2). 

Le  diamètre  du  disque  est  de  5  millimètres  environ  et  les  bras, 
courts,  sont  formés  de  quelques  articles  seulement,  d'abord  très 
larges  et  s'amincissant  rapidement.  La  face  dorsale  du  disque  est 
couverte  d'un  petit  nombre  de  plaques,  grandes  et  très  régulièrement 
disposées.  On  distingue  une  plaque  centro-dorsale  grande,  penta- 
gonale,  à  bords  légèrement  concaves,  entourée  de  cinq  radiales  pri 
maires  un  peu  plus  petites  qu'elle,  arrondies  et.  coutiguës.  En 
dehors,  on  ue  trouve,  dans  les  espaces  radiaux,  que  les  boucliers 
radiaux,  grands,  plus  longs  que  larges,  coutigus  sur  la  moitié  de 


SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901 


223 


leur  longueur  et  séparés  en  dehors  par  les  deux  premières  plaques 


Fig.  1  et  2.  —  Opltyophycis  mirabilis. 
brachiales  dorsales.   Dans  les  espaces  interradiaux,  on  remarque 


224  SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901 

deux  plaques  successives  :  l'interne,  quadrangulaire,  est  allongée, 
plus  longue  que  large  ;  l'externe,  large,  proémine  dans  l'espace 
interradial  et  se  continue  sur  la  face  ventrale.  Entre  cette  plaque  et 
le  bouclier  radial  correspondant,  on  aperçoit  de  chaque  côté  de  la 
base  du  bras,  la  portion  externe  de  la  deuxième  plaque  brachiale 
latérale  avec  les  trois  piquants  qu'elle  porte. 

La  face  ventrale  n'offre,  en  dehors  du  bouclier  buccal,  qu'une 
plaque  médiane  carrée,  et,  en  dehors,  on  retrouve  la  partie  ventrale 
de  la  plaque  interradiale  externe  signalée  plus  haut.  Entre  la  pre- 
mière plaque  brachiale  latérale  d'une  part  et  le  bouclier  buccal  et 
la  plaque  qui  lui  fait  suite  d'autre  part,  se  place  une  plaque  géni- 
tale, étroite  et  courte.  Les  fentes  génitales  ne  sont  pas  visibles. 

Le  bouclier  buccal  est  petit,  pentagonal  et  limité  par  des  côtés 
droits,  avec  un  angle  proximal,  deux  côtés  latéraux  obliques  et  un 
bord  distal  étroit.  Les  plaques  adorales  sont  étroites,  deux  fois  plus 
longues  que  larges.  Les  plaques  orales  sont  un  peu  plus  longues 
que  les  précédentes.  Les  papilles  buccales  sout  très  petites,  basses, 
à  contours  peu  distincts  et  elles  forment  une  frange  presque  con- 
tinue :  on  distingue  plus  ou  moins  difficilement  cinq  papilles  de 
chaque  côté  et  une  petite  papille  impaire  terminale  conique. 

Les  bras  sont  courts,  aplatis,  et  ne  comprennent  qu'une  demi- 
douzaine  d'articles.  La  première  plaque  brachiale  dorsale  est  petite, 
triangulaire  ;  la  deuxième  est  large  et  courte,  légèrement  recourbée  : 
ces  deux  plaques  sont  comprises  dans  l'intervalle  des  boucliers 
radiaux.  Les  suivantes  sont  petites,  triangulaires,  avec  un  bord 
distal  arrondi,  et  leurs  dimensions  diminuent  rapidement. 

Les  plaques  brachiales  ventrales  sont  pentagonales,  avec  un  angle 
proximal  obtus,  deux  côtés  latéraux  excavés  par  les  pores  tentacu- 
laires  et  un  bord  distal  convexe.  Leur  taille  diminue  progressive- 
ment à  partir  de  la  première,  qui  est  la  plus  grande,  en  même 
temps  que  s'allonge  l'intervalle  qui  les  sépare. 

Les  premières  plaques  latérales,  vues  par  le  côté  ventral,  sont 
fortement  élargies.  Les  trois  premières  se  présentent  sous  forme 
de  plaques  très  allongées,  quadrangulaires,  à  grands  côtés  paral- 
lèles et  portant  sur  leur  bord  libre,  le  premier  deux  et  les  suivants 
trois  piquants.  Ces  piquants  sont  courts,  larges,  aplatis  en  forme 
de  lamelles,  à  extrémité  coupée  carrément  et  terminée  par  quelques 
spinules  ;  ils  sont  aussi  larges  et  môme  plus  larges  à  l'extrémité 
qu'à  la  base.  Les  quatrième  et  cinquième  plaques  latérales  sont 
beaucoup  plus  réduites  tout  en  rappelant  par  leur  forme  les  trois 
premières,  et  leurs  trois  piquants  se  raccourcissent  également.  Au 


SÉANCE    DU    10    DÉCEMBRE    1 1»<  >  I  225 

delà  de  la  cinquième,  les  plaques  latérales,  très  petites,  se  montrent 
avec  les  caractères  qu'elles  offrent  d'habitude  chez  les  Ophiures,  et 
elles  portent,  vers  leur  angle  (listai,  chacune  trois  petits  piquants 
coniques,  pouvant  offrir  quelques  aspérités  vers  l'extrémité. 

L'élargissement  considérable  des  premières  plaques  brachiales 
donne  à  VOphiophycis  mirabilis  une  physionomie  très  particulière, 
et,  quand  on  la  regarde  par  le  côté  ventral,  il  semble  que  le  disque 
se  continue  avec  les  bras  comme  chez  les  Astéries.  Du  côté  dorsal, 
les  bras  sont,  au  contraire,  parfaitement  distincts  du  disque. 

Les  pores  tentaculaires  de  la  première  paire  sont  situés  entre 
les  plaques  adorales  et  la  première  plaque  brachiale  ventrale  :  ils 
offrent  deux  écailles  arrondies.  Les  pores  suivants  n'offrent  qu'une 
seule  écaille,  grande  et  arrondie,  dont  la  taille  se  réduit  beaucoup 
vers  la  quatrième  ou  la  cinquième  paire,  et  qui  disparaît  ensuite. 

Au  premier  abord,  on  pourrait  être  tenté  de  rapprocher  VOphio- 
phycis mirabilis  de  VAstrophiura  permira  décrite  par  Sladen, 
forme  remarquable  intermédiaire  entre  les  Astéries  et  les  Ophiures  ; 
mais  cette  ressemblance  est  tout  à  fait  superficielle  et  c'est  bien 
d'une  Ophiure  qu'il  s'agit. 

Le  genre  Ophiophycis  est  d'ailleurs  voisin  du  genre  Ophiomusium, 
et  même  certaines  espèces  de  ce  dernier  genre  ont  une  tendance  à 
offrir  cette  disposition  qui  est  considérablement  exagérée  chez 
VOphiophycis,  je  veux  parler  de  l'élargissement  considérable  des 
premières  plaques  brachiales  latérales  ;  c'est  ce  qu'on  ohserve,  par 
exemple,  chez  les  Ophiomusium  flabellum  et  pulchellum;  mais  le 
grand  développement  de  ces  plaques  chez  l'O.  mirabilis,  joint  à  la 
forme  des  piquants  et  à  la  présence  d'une  paire  de  pores  tentacu- 
laires buccaux,  nécessitent  la  création  d'un  genre  nouveau. 

La    Princesse  Alice  a  recueilli  deux   exemplaires  d' Ophiophycis 
mirabilis   à    la   station   71  ;  profondeur  1165  m.  —  14  Juillet  1895 
(38o27' Lat.  N.;28°51'  Long.  0.). 

OPHIOGLYPHA    ABD1TA,  UOV.    Sp. 

(Fig.  3-5) 

Le  diamètre  du  disque  varie  entre  7mmet8mm5;  les  bras  sont 
cassés  à  lmm8  de  la  base. 

Le  disque  est  épais  et  la  face  dorsale  bombée;  le  contour  est 
pentagoual.  La  face  dorsale  est  couverte  de  plaques  nombreuses, 
arrondies,  petites,  un  peu  inégales.  On  distingue  une  plaque  centro- 
dorsale  et  cinq  plaques  radiales  primaires  arrondies,  un  peu  plus 


Bull. Soc.  Zool.  de  Fi\,   1001. 


xxvi.  —   17. 


226  SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901 

grandes  que  les  voisines  et  séparées  par  une  ou  deux  rangées  de 


Fig.  4 


Fig.  5 
Fig.  3-5.  —  Ophioglypha  abdita. 

plaques.  A  la  périphérie  du  disque,  on  remarque  une  grosse  plaque 


SÉANCE   DU    10    DÉCKMBHK    1901  227 

élaririr  qui  occupe  le  bord  dans  chaque  espace  interradial.  Les 
boucliers  radiaux  sont  grands,  triaogulaires,  à  bonis  et  angles 
arrondis,  divergents  <'l  à  peine  contigus  en  dehors  par  leur  angle 
externe.  Les  papilles  du  peigne  radial  sont  courtes,  larges  et 
obtuses. 

La  face  ventrale  n'offre,  en  dehors  du  très  grand  bouclier  buccal 
qui  la  recouvre  à  peu  près  complètement  dans  l'espace  interbra- 
chial,  que  les  bords  de  trois  plaques  qui  occupent  la  face  latérale 
du  disque,  et,  de  chaque  côté  du  bouclier,  une  plaque  génitale 
assez  petite,  triangulaire,  munie  sur  son  bord  libre  de  papilles 
assez  grosses. 

Les  boucliers  buccaux  sout  très  grands  et  occupent  à  peu  près 
tout  l'espace  interradial  entre  les  bras.  Leur  contour  est  penta- 
gonal,  avec  un  angle  proximal  aigu,  limité  par  deux  côtés  droits, 
deux  bords  latéraux  droits  et  un  bord  distal  arrondi.  Les  plaques 
adorales  et  orales  sont  larges.  Les  papilles  buccales,  au  nombre  de 
cinq  de  chaque  côté,  sont  larges  et  obtuses;  il  y  a,  en  plus,  une 
papille  terminale  conique. 

Les  bras  sont  hauts  et  carénés.  La  première  plaque  brachiale 
dorsale  est  petite,  triangulaire.  Les  suivantes  sont  quadrangulaires, 
avec  un  bord  proximal  droit  et  étroit,  deux  côtés  latéraux  diver- 
gents droits  et  un  bord  distal  arrondi  :  celui-ci  se  décompose 
parfois  en  trois  côtés.  Ces  plaques  sont  toutes  contiguës.  Les  pre- 
mières sont  aussi  longues  que  larges,  mais  elles  ne  tardent  pas  à 
devenir  plus  longues  que  larges. 

La  première  plaque  brachiale  ventrale  est  grande,  triangulaire. 
Les  suivantes  sont  rectangulaires,  aussi  longues  que  larges  ou 
légèrement  plus  longues  que  larges,  à  bords  opposés  parallèles. 
Elles  sont  contiguës  par  toute  la  longueur  de  leurs  bords  adjacents. 

Les  plaques  latérales  sont  très  développées  et  hautes,  non  proé- 
minentes. Elles  portent  trois  piquants  égaux,  petits,  courts,  papil- 
liformes,  situés  à  égale  distance  l'un  de  l'autre  le  long  du  bord 
aboral  de  la  plaque. 

Les  pores  tentaculaires  de  la  première  paire,  très  gros,  portent 
quatre  écailles  en  dehors  et  trois  en  dedans.  Ceux  de  la  deuxième 
paire,  un  peu  moins  gros,  ont  quatre  écailles  en  dehors  et  deux  en 
dedans.  Les  pores  de  la  troisième  paire,  plus  petits,  ont  encore 
trois  écailles  sur  le  bord  externe  ou  proximal,  et  deux  ou  une  seule 
sur  l'autre  bord.  La  quatrième  paire,  très  petite,  n'offre  que  deux 
écailles  proximales  et  une  distale;  enfin  les  pores  suivants  n'en 
offrent  plus  que  deux. 


228  SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901 

VO.  abdita  est  voisine  de  VO.  convexa  Lyman  dont  elle  diffère 
surtout  parles  plaques  dorsales  du  disque  qui  sont,  ici,  nombreuses 
et  petites.  Chez  VO.  convexa,  au  contraire,  elles  sont  peu  nombreuses 
et  très  grandes  :  les  six  plaques  primaires  notamment  sont  très 
développées  ;  elles  sont  contiguës  et  recouvrent  une  partie  impor- 
tante de  la  face  dorsale  du  disque.  Les  papilles  radiales  sont  courtes, 
larges  et  obtuses  dans  VO.  abdita,  tandis  que  les  dessins  de  Lyman 
les  montrent  allongées  et  pointues  chez  VO.  convexa.  Enfin  les  pores 
tentaculaires  décroissent  rapidement  de  taille  dans  mon  espèce,  ce 
qui  n'est  pas  le  cas  de  VO.  convexa. 

La  Princesse  Alice  a  capturé  trois  exemplaires  de  VO.  abdita 
à  la  station  1173  (12°  07'  30"  long.  N  ;  35»  53'  Lat.  0)  par  6035  m.  de 
profondeur.  Cette  espèce  doit  donc  être  placée  parmi  les  Ophiures 
qui  peuvent  descendre  aux  plus  grandes  profondeurs. 

Ophioglypha  concreta,  nov.  sp. 

(Fig.  6-8) 

Le  diamètre  du  disque  est  de  25mm;  les  bras  sont  cassés  à  35mm. 

Le  disque  est  aplati  et  pentagonal  ;  les  bras  sont  minces  et 
carénés.  La  face  dorsale  du  disque  est  couverte  de  plaques  irrégu- 
lières, polygonales  ou  arroudies,  nombreuses  et  très  petites,  parmi 
lesquelles  on  ne  distingue  qu'une  petite  plaque  centro-dorsale 
arrondie  mais  pas  de  radiales  primaires.  Les  boucliers  radiaux  sont 
petits,  triangulaires,  avec  les  angles  et  les  bords  arrondis;  leur 
longueur  est  plus  petite  que  le  tiers  du  rayon  du  disque.  Les 
papilles  du  peigne  radial  sont  larges,  basses  et  obtuses. 

La  face  ventrale  du  disque  est  couverte  de  plaques  nombreuses, 
petites  et  imbriquées.  Les  plaques  génitales,  très  minces,  offrent 
une  bordure  de  papilles  basses  et  obtuses.  Les  boucliers  buccaux 
sont  assez  grands,  triangulaires,  plus  larges  que  hauts,  avec  un 
angle  proximal  obtus,  des  angles  latéraux  très  arrondis  et  uu  bord 
proximal  droit.  Les  plaques  adorales  et  les  plaques  orales  sont 
étroites,  à  bords  parallèles,  trois  fois  plus  longues  que  larges.  Les 
papilles  buccales  sont  petites,  serrées,  au  nombre  de  huit  ou  neuf 
de  chaque  côté  ;  les  externes  sont  obtuses,  les  internes  plus  poin- 
tues; il  y  a,  en  plus,  une  papille  terminale  impaire  conique,  un 
peu  plus  haute  que  les  voisines. 

Les  deux  ou  trois  premières  plaques  brachiales  dorsales  sont 
rectangulaires,  beaucoup  plus  larges  que  longues,  à  bords  paral- 
lèles. Les  suivantes,  beaucoup  plus  grandes,  sont  quadrangulaires, 
plus  larges  que  longues,  avec  un  côté  proximal  un  peu  plus  étroit 


SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901 


229 


que  le  bord  distal  et  des  côtés  latéraux  légèrement  divergents.  Elles 
deviennent  ensuite  aussi  longues  que  larges,  puis  enfin  plus  longues 
que  larges.  Elles  sont  coutiguës  par  toute  la  largeur  de  leurs  bords 
adjacents. 


b'ig.  6-8. 


Fig.  8 
Ophioglyphu  concreta. 


La    première   plaque    brachiale    ventrale   est    ovalaire,   élargie 
transversalement.  La  deuxième  et  la  troisième  sont  grandes,  un 


230  SÉANCE  DU  10  DÉCEMBRE  1901 

peu  plus  larges  que  longues,  quadrangulaires,  avec  un  bord  proxi- 
mal  droit  plus  étroit  que  le  bord  distal  qui  est  convexe,  et  des 
côtés  latéraux  divergents  et  excavés  par  les  pores  tentaculaires 
correspondants.  Les  plaques  suivantes  deviennent  triangulaires  en 
se  raccourcissant  fortement;  elles  sont  beaucoup  plus  larges  et  leur 
bord  distal  est  très  convexe.  Elles  cessent  d'être  contiguës  vers 
la  quatrième  ou  la  cinquième. 

Les  plaques  latérales  sont  hautes;  elles  portent  trois  piquants 
courts,  papilliformes  :  deux  sont  réunis  en  un  petit  groupe  très 
voisin  du  bord  ventral  et  le  troisième  est  reporté  vers  le  côté 
dorsal. 

Les  trois  premières  paires  de  pores  tentaculaires  sont  très  allon- 
gées. La  première  offre  cinq  ou  six  écailles  sur  son  bord  interne  et 
huit  ou  neuf  sur  le  bord  externe,  ces  dernières  se  continuant  avec 
les  papilles  buccnles.  Les  pores  de  la  deuxième  paire  ont  quatre 
écailles  internes  et  sept  ou  huit  externes  ;  ceux  de  la  troisième 
paire  en  ont  trois  en  dedans  et  six  en  dehors.  Les  pores  de  la  qua- 
trième paire,  plus  petits,  n'ont  plus  que  quatre  ou  cinq  écailles 
externes  ou  proximales  et  une  seule  écaille  distale.  Au  delà,  on 
n'observe  plus  que  des  écailles  proximales  dont  le  nombre  tombe 
à  trois,  puis  à  deux. 

VOphioglypha  concreta  est  voisine  des  Ophioglypha  involuta 
Kœhler,  irrorata  Lyman  et  orbiculata  Lyman  qui  sont  toutes  très 
voisines1"  l'une  de  l'autre.  Ces  trois  espèces  ont  trois  piquants 
brachiaux  rapprochés  l'un  de  l'autre  et  VOphioglypha  concreta  se 
distingue  immédiatement  par  son  piquant  dorsal  isolé  et  séparé 
du  groupe  formé  par  les  deux  piquants  ventraux.  Les  premières 
paires  de  pores  tentaculaires  sont  aussi  plus  allongées  et  les 
écailles  plus  nombreuses  chez  VOphioglypha  concreta  que  dans  les 
autres  espèces. 

Un  seul  échantillon  provenant  de  la  station  1182  par  2478  m.  de 
profondeur  (14'  47'  Lat.  N,  26°  52'  Long.  0;  11  août  1901). 

Ophioglypha  Thouleti  Koehler. 

J'ai  décrit  autrefois  cette  espèce  d'après  un  exemplaire  unique 
que  j'ai  recueilli  dans  le  golfe  de  Gascogne,  à  bord  du  Caitdan. 
La  Princesse  Alice  en  a  retrouvé  de  nombreux  individus  dans 
différentes  stations  et  j'ai  ainsi  pu   examiner  en  détail  certains 


SÉANCE  DU  40  DÉCEMBRE  1901  23t 

points  d'organisation,  que  j'avais  dû  négliger  pour  ne  pas  détériorer 
le  seul  exemplaire  que  j'avais  alors.  J'ai  notamment  reconnu  chez 
VOphioglypha  Thouleti  la  présence,  à  la  base  des  bras,  d'un  peigne 
radial  supplémentaire,  caché  sous  les  papilles  du  peigne  radial 
principal  et  disposé  comme  celui  que  l'on  connaît  chezl' Ophioglypha 
aequalis.  La  présence  de  ce  peigne  supplémentaire  accentue  encore 
les  différences  que  j'ai  indiquées  entre  VOphioglypha  Thouleti  et  les 
Ophioglypha  palliata  et  Ljungmanni. 


232 


Séance  du  2 4  Décembre  1901 
PRÉSIDENCE  DE  M.   LE  Dr  TROUESSART,  PRÉSIDENT 

MM.  Bavay,  Certes  et  A.  Dollfus  s'excusent  de  ne  pouvoir 
assister  à  la  séance. 

M.  le  Président  adresse  les  félicitations  de  la  Société  à  MM.  J.  Bon- 
nier,  Bouvier,  Lignières  et  Maupas,  lauréats  de  l'Académie  des 
sciences  et  à  MM.  Lignières  et  Brumpt,  lauréats  de  l'Académie  de 
médecine. 

MM.  B.  Blanchard,  J.  Guiart  et  Neveu-Lemaire  présentent  M.  le 
Dr  Polaillon,  129,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts 
prévient  la  Société  Zoologique  de  France  que  le  premier  volume  du 
Répertoire  bibliographique  international  sera  publié  dans  le 
courant  de  1902. 

Il  annonce  également  que  le  Congrès  des  Sociétés  savantes  s'ou- 
vrira à  la  Sorbonne  le  mardi  lor  avril,  à  2  heures. 

MM.  Secques  et  Trouessart  sont  délégués  pour  représenter  la 
Société  Zoologique  de  France  à  ce  Congrès. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  Secrétaire  général,  il  est  décidé  de 
faire  une  série  de  causeries  scientifiques  destinées  à  venir  en  aide 
à  nos  collègues  des  colonies  et  à  leur  faciliter  les  recherches. 
M.  Alluaud  accepte  de  faire  une  causerie  sur  la  faune  entomolo- 
gique  de  Madagascar. 

M.  L.  Petit  fait  une  communication  sur  le  vol  des  Martinets. 

Le  dépouillement  du  scrutin  pour  le  renouvellement  du  Bureau 
et  du  tiers  sortant  du  Conseil,  donne  les  résultats  suivants: 

Président:  M.  Bavay par  121  voix. 

,7.      „  .  .  ,  ( ;   M.  le  D1  Richard    ....     120     » 

Vice-Présidents  :  ,_   tT,  ,n_. 

(   M.  Herouard 122      » 

Secrétaire  général  :  M.  le  D1"  Guiart 121      » 

(    M.  le  Dr  Neveu-Lemairf;  .     122     » 
Secrétaires:  ..    _  .ao 

(    M.  Brumpt 122     » 

Trésorier  :  M.  Schlumrerger  ...  121  » 

Archiviste-bibliothécaire:      M.  Secques  , 122  » 

M.  Brôlemann 121  » 

M.  Certes 122  » 


Membres  du  Conseil  . 

M.  Marchal 122      » 

M.  Oustalet 122     » 


SÉANCE  DU  24  DÉCEMBRE  1901  233 

La  nomination  de  M.  Hérouard  laissant  une  place  vacante  dans 
le  Conseil,  M.  le  Secrétaire  général,  en  vertu  d'une  décision  anté- 
rieure du  Conseil,  propose  l'élection  de  M.  L.  Petit. 

A  l'unanimité  des  Membres  présents,  M.  L.  Petit  est  proclamé 
Membre  du  Conseil  de  la  Société  Zoologique  de  France. 


LES  OISEAUX  DE  LA  BAIE  DE  LA  SOMME  ET  LEUR  MIGRATION 

TARDIVE  EN  1901 

PAR 

L.    PETIT 

Les  Oiseaux  migrateurs  nous  quittent  toujours  à  peu  près  à  date 
fixe.  On  voit  cependant  se  produire  parfois  certains  retards,  favo- 
risés par  la  douceur  de  la  température.  C'est  ainsi  que,  cette  année, 
j'ai  observé  que,  sur  nos  côtes  et  principalement  en  baie  de  Somme, 
les  Sternes  ont  séjourné  beaucoup  plus  tardivement  qu'à  l'ordi- 
naire. Le  cas  est  d'autant  plus  rare  que  depuis  quinze  ans  que 
j'habite  Saint  Valéry  et  le  Crotoy,  on  ne  l'a  jamais  observé,  à  ma 
connaissance. 

Le  passage  de  ces  Oiseaux  regagnant  la  Tunisie,  l'Egypte,  la 
Tripolitaine,  qui  se  fait  presque  toujours  du  10  au  25  août,  s'est 
fait  beaucoup  plus  tardivement.  C'est  ainsi  que  jusqu'au  1er  septem- 
bre on  croyait  ces  Oiseaux  passés  par  d'autres  régions  ;  il  n'en  était 
rien,  car  à  partir  de  ce  jour  le  vent  sud-est  qui  favorise  ce  passage, 
nous  amena  en  quantité  toutes  les  espèces  de  Sternes.  Puis  les 
vents  et  la  température  s'en  mêlant,  ce  passage  dura  trois  semaines. 
Fait  curieux,  j'ai  également  reçu  des  Sternes  de  la  Hollande  jusqu'au 
5  novembre.  Pendant  ce  passage  abondant  j'ai  rencontré  les  espèces 
suivautes  :  Sterna  anglica,  S.  cantiaca,  S.  hirundo,  S.  minuta  (celle-ci 
moins  communément),  H\jdrocheU(lon  fissipes,  outre  de  nombreux 
Stercoraires  et  autres  espèces  d'Oiseaux  de  mer.  J'ai  eu  la  chance 
de  tuer  également  trois  sujets  de  Mouette  Pygmée  [Larm  minutus). 

La  baie  de  Somme  constitue  donc  un  séjour  charmant  et  propice 
aux  récoltes  ornithologiques. 


234  SÉANCE   DU   24    DÉCEMBRE    1901 


AMPHIPODES  DES  EAUX   SOUTERRAINES    DE  FRANCE    ET    D'ALGÉRIE 

PAR 

ED.    CHEVREUX 

VII 
ADDENDA 

Le  Niphargus  Plateaui  robustus  a  été  trouvé  par  M.  Raphaël  Ladmi- 
rault  dans  un  petit  bassin  formé  par  la  source  de  la  Robine, 
ruisseau  qui  sort  des  montagnes  de  la  Gardiole  et  se  jette  dans 
l'étang  de  Vie  (Hérault),  après  un  parcours  d'environ  trois  kilo- 
mètres. Les  Niphargus  habitent  sous  les  plantes  aquatiques  qui 
recouvrent  une  partie  du  bassin,  tandis  qu'un  Amphipode  terrestre, 
VOrchestia  littorea  (Mont.),  se  trouve  au  bord  de  l'eau,  sous  les 
pierres  et  dans  la  terre  humide.  M.  Raphaël  Ladmirault,  que  je  ne 
saurais  trop  remercier  de  sa  complaisance  à  recueillir  à  mon 
intention  les  Amphipodes  marins  et  d'eau  douce  des  environs  de 
Cette,  m'a  envoyé,  à  plusieurs  reprises,  de  nombreux  exemplaires 
de  ce  Niphargus,  en  insistant  sur  la  jolie  teinte  rose  qui  colorait  les 
animaux  vivants.  J'extrais  les  renseignements  suivants  d'une  lettre 
de  M.  Ladmirault  :  «  Ces  animaux  habitent  les  parties,  couvertes 
d'herbes  aquatiques,  avoisinant  la  source,  dans  un  espace  de  7  à 
8  mètres  carrés.  On  n'en  trouve,  ni  au-dessus,  ni  au-dessous.  La 
couleur  du  corps  est  rose  pâle  chez  les  petits  individus,  rouge  sau- 
mon chez  les  grands.  Les  antennes  et  les  pattes  ne  sont  pas  colo- 
rées ».  M.  Viré  a  vu  ces  Niphargus  en  avril  1899  et  en  fait  mention 
clans  son  ouvrage  (1).  Enfin,  au  mois  d'août  de  la  même  année,  j'ai 
pu  constater  l'exactitude  des  renseignements  de  M.  Ladmirault  en 
visitant,  avec  lui,  la  source  de  la  Robine. 

Les  premiers  envois  de  M.  Ladmirault  ne  contenaient  que  des 
femelles.  Leur  grande  taille  (15  millimètres),  leur  coloration  inusitée, 
leur  habitat  au  grand  jour,  m'avaient  porté,  tout  d'abord,  à  les 
considérer  comme  appartenant  à  une  espèce  nouvelle,  mais  un 
dernier  envoi,  contenant  un  mâle  presque  adulte,  me  fit  reconnaître 
mon  erreur.  Cet  exemplaire  présente  tous  les  caractères  du  N. 
iHateaui  robustus  et  ne  s'en  écarte  que  par  la  forme,  un  peu  diffé- 
rente, des  plaques  épimérales  des  segments  du  métasome.  On  a  vu 

(I)  La  Faune  souterraine  de  France,  Paris  1900,  p.  104. 


SÉANCE  DU  24  DÉCEMBRE  1901 


235 


que,  chez  le  mâle  adulte,  l'angle  postérieur  de  ces  plaques  est 
légèrement  arrondi  à  l'extrémité.  Chez  le  jeune  mâle  de  la  Robine, 
cet  angle  est  droit,  comme  celui  des  femelles,  le  bord  postérieur 
étant  bien  nettement  perpendiculaire  au  bord  inférieur.  11  est 
possible  que  cette  forme  se  modifie  au  cours  des  mues  suivantes 
de  l'animal  ;  je  n'ai  pas  eu  entre  les  mains  un 
nombre  assez  grand  d'exemplaires  de  Padirac 
pour  pouvoir  trancher  la  question. 

Dans  les  quelques  lignes  que  j'ai  consacrées 
au  N.  Plateaui  rofrustus,  j'ai  négligé  de  faire 
connaître  les  caractères  qui  distinguent  la 
femelle  de  cette  forme  de  la  femelle  du  N. 
Plateaui  elongatus.  Je  répare  ici  cette  omission. 
En  dehors  de  son  apparence  plus  robuste  et  de 
ses  plaques  coxales  plus  larges  et  plus  hautes, 
la  femelle  du  type  de  Padirac  se  reconnaît  faci- 
lement à  la  forme  rectangulaire  des  plaques 
épimérales  des  segments  du  métasome  et  au 
peu  de  longueur  du  second  article  de  la  bran- 
che externe  des  uropodes  de  la  dernière  paire. 
Tandis  que  cet  article  atteint  plus  du  tiers  de 
la  longueur  du  premier,  chez  la  femelle  de 
N.  Plateaui  elongatus,  il  est  à  peine  égal  au 
quart  de  cette  longueur  chez  la  femelle  du 
Niphargus  de  Padirac.  Ce  caractère  est  encore 
plus  exagéré  chez  la  forme  de  la  Robine,  et  le 
second  article,  presque  rudimentaire,  n'atteint 
que  la  sixième  partie  de  la  longueur  du  premier  (fig.  1) 


Fig.  1.  —  Niphargus 
Plateaui  robusius. 
Uropode  de  la  der- 
niers paire  d'une 
femelle  de  la  Robine. 


Le  professeur  Moniez,  dans  un  fort  intéressant  travail  sur  Ta 
Faune  souterraine  du  département  du  Nord  (1),  signale  la  présence, 
dans  le  réservoir  d'Emmerin,  qui  sert  à  l'alimentation  de  Lille,  et 
dans  les  puits  de  cette  ville  et  des  environs,  de  deux  espèces 
d'Amphipodes.  L'une  de  ces  espèces,  dont  un  seul  exemplaire  a 
été  trouvé  dans  le  réservoir  d'Emmerin,  est  un  énorme  Gammarus, 
mesurant  22  millimètres  de  longueur.  M.  Moniez  le  considère 
comme  une  variété  du  Gammarus  fluviatilis.  Je  n'ai  pas  vu  ce 
Gammarus,  mais  sa  taille  auomale  et  la  présence  de  cinq  articles 
au  flagellum  accessoire  de  ses  antennes  supérieures  me  portent  à 


(1)  Revue  biol.  du  Nord  de  la  France,  n   7,  avril  1889,  p.  242. 


236  SÉANCE  DU  24  DÉCEMBRE  1901 

croire  qu'il  appartient  à  une  espèce  nouvelle.  L'autre  espèce,  que 
M.  Moniez  désigne  sous  le  nom  de  Gammarus  puteanus  Koch,  se 
présente  sous  deux  formes,  l'une,  à  mains  triangulaires,  l'autre,  à 
mains  ovales.  Je  n'ai  malheureusement  pu  voir  aucune  de  ces  deux 
formes,  conservée  dans  l'alcool,  mais  M.  Moniez  a  eu  l'obligeance 
de  m'envoyer  une  vingtaine  de  préparations  d'animaux  entiers, 
adultes  et  jeunes.  Bien  qu'il  soit  souvent  difficile  de  déterminer  un 
Amphipode  sans  le  disséquer,  j'ai  pu  reconnaître  avec  certitude, 
parmi  les  exemplaires  à  mains  triangulaires,  deux  espèces  diffé- 
rentes :  Niphargus  subterraneus  (Leach)  (1)  et  l'une  des  formes 
décrites  dans  le  présent  travail,  N.  Plateaui  elongatus. 

La  forme  à  mains  ovales  est  caractérisée,  d'après  M.  Moniez,  par 
ses  uropodes  de  la  dernière  paire,  dont  la  branche  externe  est 
uniarticulée  et  dont  la  branche  interne  est  rudimentaire,  et  par 
son  telson  double.  Wrzesniowski  (2),  s'appuyant  sur  deux  des 
caractères  assignés  au  genre  Crangonyx  par  Sp.  Bâte  :  «  Posterior 

pair  nf  pleopoda  unibranched telson  single,  entire  »,  pense  que 

la  forme  à  mains  ovales  ne  peut  être  un  Crangonyx  et  propose  de 
la  classer  clans  le  genre  Niphargus,  sous  le  nom  de  N.  Moniezi. 

La  branche  interne,  rudimentaire,  est  bien  nettement  visible  sur 
plusieurs  des  préparations  de  M.  Moniez,  mais  la  forme  du  telson 
est,  on  le  sait,  presque  impossible  à  distinguer  sur  des  préparations 
d'animaux  entiers.  Il  me  semblait  bien  voir,  chez  l'un  des  exem- 
plaires, une  fente  s'étendant  de  la  base  à  l'extrémité  du  telson, 
mais,  l'animal  ayant  été  fortement  comprimé  entre  les  lames  de 
verre,  le  telson,  aplati  latéralement,  pouvait  sembler  fendu  alors 
qu'il  était  simplement  replié  dans  le  sens  de  sa  longueur.  Fort 
heureusement,  les  préparations  avaient  été  faites  avec  un  médium 
glycérine,  ce  qui  m'a  permis,  en  prenant  de  grandes  précautions, 
d'en  extraire  un  exemplaire  et  de  le  disséquer.  Ou  voit,  sur  la 
figure  2,  ci-jointe,  que  le  telson  n'est  pas  fendu,  mais  simplement 
échancré  à  l'extrémité.  Enfin,  cette  dissection  m'a  montré  que  la 
forme  à  mains  ovales  de  Lille  ne  différait  pas  spécifiquement  de 
l'Amphipode  de  Prague,  décrit  par  le  professeur  Vejdowsky  (3)  sous 
le  nom  de  Crangonyx  subterraneus  Sp.  Bâte. 

(1)  =  Niphargus  puteanus  (Koch). 

(2)  Ûber  drei  unterirdisehe  Gammariden.  Zeitsch.  fur   Wissmschaft.  Zool.  IV, 
Leipzig  1890,  p.  072. 

(3)  Ueber  einige  Sùsswasser-Amphipoden.  I.  Kônigl.  bômîschen  Gesellsch.  der 
Wissenschaften.  Mathem.-naturwissensch.  Classe,  X,  l'rag  1896. 


SÉANCE    DU    24    DÉCEMBRE    1901 


ï.  M 


Le  Rév.  Stebbing  (1)  n'admet  pas  l'identité  de  la  forme  décrite 
par  Sp.  IUte  avec  celle  de  Prague  et  s'appuie  sur  la  présence  d'un 
rudiment  de  branche  interne  aux  uropodes  de  la  dernière  paire,  et 
sur  l'échancrure  du  telson,  pour  classer  cette  dernière  forme  dans 
le  nouveau  genre  Eucrangonyx.  D'autre  part,  le  Dr  Chilton  {î),  ayant 
pu  examiner  un  exemplaire  de  Crangomjx  sublrrraneus  de  pro- 
venance anglaise,  admet  son  identité  avec  la  forme  décrite  par  le 
professeur  Vejdowsky.  Il  n'y  a  rien  d'invraisemblable  à  admettre 
que  la  branche  interne  rudimentaire  des  uropodes  de  la  dernière 
paire  et  l'échancrure  du  telson  aient  échappé  à  l'attention  de 
Sp.  Bâte  et  je  crois  devoir  me  ranger  à  l'opinion  du  Dr  Chilton. 
Voici  les  caractères  principaux  de  l'exemplaire  que  j'ai  étudié  : 
Femelle.  —  Plaques  coxales  de  la  quatrième  paire  atteignant  au 
moins  le  double  de  la  grandeur  des  plaques  précédentes.  Plaques 
coxales  des  trois  dernières  paires  portant  une  petite  lamelle  brau- 
chiale  accessoire.  Plaques  épiméra- 
les  des  trois  segments  du  métasome 
subrectangulaires ,  l'angle  posté- 
rieur étant  un  peu  arrondi  à  l'ex- 
trémité. Antennes  supérieures  aussi 
longues  que  l'ensemble  de  la  tête 


et  des  cinq  premiers  segments  du  p 
mésosome.  Flagellum   12-articulé; 


Fig 


—  Crangonyx  subterraneus 
Sp.  Bâte.  A,  uropode  de  ia  dernière 
paire  ;  B,  telson 


flagellum  accessoire  bi  -  articulé. 
Antennes  inférieures  n'atteignant 
pas  tout  à  fait  la  moitié  de  la  lon- 
gueur des  antennes  supérieures. 
Flagellum  un  peu  plus  court  que  le 
dernier  article  du  pédoncule,  4- arti- 
culé. Gnathopodes  antérieurs  peu 
allongés.  Carpe  triangulaire,  pro- 
longé en  arrière  en  un  lobe  aigu. 

Propode  ovalaire.  Bord  palmaire  garni  de  petites  épines  bifides  et 
séparé  du  bord  postérieur  par  une  grande  épine  bifide.  Gnatho- 
podes postérieurs  plus  longs  que  les  précédents.  Carpe  arrondi  en 
arrière.  Propode  de  même  forme  mais  un  peu  plus  long  que  le 
précédent  et  garni  d'épines  semblables.  Pattes  des  troisième   et 

(1)  Amphipoda  from  the  Copenha^en  Muséum  and  other  Sources.  II.  Transad. 
of  the  l.tnii.  Soc.  of  London  \2),  Zoology,  Vil,  part  8,  1899,  p.  423. 

\±)  The  subterranean  Ampliipoda  of  tlie  Britisli  Isles.  Linn.  Soc.  Journal.  — 
Zoology,  XXVIII,  p.  Ia6. 


238  SÉANCE  DU  24  DÉCEMBRE  1901 

quatrième  paires  plus  longues  que  les  pattes  précédentes.  Article 
basai  des  pattes  des  trois  dernières  paires  ovale,  crénelé  au  bord 
postérieur.  Propode  presque  aussi  long  que  le  carpe.  Dactyle  grêle 
et  allongé.  Branche  externe  des  uropodes  de  la  dernière  paire 
(fig.  2.  A)  beaucoup  plus  longue  que  le  pédoncule,  portant  deux 
paires  de  longues  épines  et  terminée  par  une  toulïe  de  cinq  petites 
épines.  Branche  interne  rudimentaire,  inerme.  Telson  (fig.  2,  B) 
beaucoup  plus  long  que  le  pédoncule  des  uropodes  de  la  dernière 
paire,  quadrangulaire,  un  peu  moins  large  que  long,  échancré  au 
bord  distal,  portant  quatre  à  cinq  grandes  épines  de  chaque  côté 
de  l'échancrure  et  un  petit  cil,  fixé  vers  le  milieu  de  chacun  de 
ses  bords  latéraux.  Longueur  du  corps,  4  millimètres. 


Au  moment  de  terminer  ce  travail,  je  viens  de  recevoir,  de  M. Viré, 
un  envoi  de  Niphargus,  qui  me  permet  de  faire  connaître  quelques 
provenances  nouvelles.  Le  Niphargus  Virai  a  été  trouvé  à  la  Douix 
(Côte-d'Or).  Le  N.  Plateaui  robustus  a  été  recueilli  dans  la  grande 
grotte  d'Arcy  (Yonne),  dans  la  grotte  de  la  Balme  (Isère)  et  à  Cam- 
bounès  (Tarn). 

En  dehors  du  grand  Gammarus  de  Lille,  qui  reste  indéterminé, 
on  voit  que  les  eaux  souterraines  de  France  ne  contiennent  pas 
moins  de  neuf  formes  différentes  d'Amphipodes  : 

Niphargus  subterraneus  (Leach).  Niphargus  kochianus  Sp.  Bâte. 

Niphargus  Plateaui  elongatus.  Niphargus  fontanus  Sp.  Bâte. 

Niphargus  Plateaui  robustus.  Crangonyx  subterraneus  Sp.  Bâte 

Niphargus  Ladmiraulti.  Gammarus  rhipidiophorus  Gatta. 
Niphargus  Virex  Chevreux. 

Grâce  aux  explorations  de  M.  Viré,  la  faune  des  grottes  de  France 
est  actuellement  assez  bien  connue  (1).  D'autre  part,  sept  espèces 
d'Amphipodes  ont  été  déjà  obtenues,  au  cours  de  recherches  effec- 
tuées dans  quelques  puits  du  nord  et  de  l'ouest  de  la  France  et 
dans  deux  puits  du  littoral  méditerranéen.  11  serait  fort  intéressant 


(1)  M.  de  Peyekimboff  m'a  envoyé,  ces  jours-ci,  trois  exemplaires,  incomplète- 
ment adultes,  d'un  Nipha/rgus,  provenant  de  la  crotte  de  Méailles  (liasses-Alpes), 
et  que  je  ne  puis  identifier  avec  aucune  des  formes  mentionnées  ci- dessus.  Mon 
aimable  correspondant  me  promet  d'autres  exemplaires  pour  le  printemps  pro- 
chain, la  grotte,  très  élevée,  n'étant  pas  abordable  en  hiver. 


SÉANCE    DU    ±k    DÉCEMBRE    1901  239 

de  multiplier  ces  recherches,  qui  n'offrent  aucune  difficulté  (I).  Ed 
dehors  des  nouvelles  espèces  qu'elles  pourraient  procurer,  elles 
permettraient  probablement  de  recueillir  en  grand  nom  lire  le 
Niphargus  koehianus  et  le  Crangonyx  subterraneus  et  de  connaître 
les  caractères  sexuels  de  ces  deux  rares  espèces. 


ÉTUDE    PRÉLIMINAIRE    DES    GNATH1IDAE 

RECUEILLIS    DANS    LES    CAMPAGNES    DE    L'HIRONDELLE 

ET    DE   LA   PRINCESSE- ALICE 


FAH 


A.    DOLLFUS. 

Nous  croyons  pouvoir  grouper  les  espèces  connues  de  Gnathiidae 
en  quatre  genres  que  nous  caractérisons  dans  le  tableau  ci  dessous  ; 
l'un  de  ces  genres  (Euneognathia)  a  déjà  été  proposé  par  Th.  Stebbing 
dans  son  excellent  ouvrage  :  A  Hixtory  of  Récent  Crustacea  (1893), 
p.  338. 

TABLEAU    DES    GENRES 

Espèces  pourvues  d'yeux,  littorales  ou  ne  dépassant  pas  500  mètres. 
Pleopodes  munis  de  cils  natatoires  ou  dépourvus  de  cils  et  pure- 
ment branchiaux A. 

Espèces  dépourvues  d'yeux,  vivant  à  plus  de  1000  mètres  de 
profondeur B. 

A.  Gnathopodes  formés  de  cinq  articles;  yeux  moyens  ou  grands. 
Corps  lisse  ou  faiblement  épineux  ....       Gnathia  Leach  (2). 

(1)  Les  exemplaires  ramenés  par  les  pompes  sont  généralement  mutilés  et  peu 
utilisables.  Il  est  bien  préférable  de  chercher  dans  les  puits  à  ciel  ouvert.  Les 
nasses  en  toile  métallique,  employées  dans  les  lacs  des  grottes,  ne  sont  pas  indis- 
pensables pour  les  puits.  On  obtient  d'aussi  bons  résultats  en  se  servant  d'un 
appareil  beaucoup  plus  simple,  composé  d'un  cercle  en  fort  fil  de  fer,  garni  d  une 
poche  en  étoffe  claire.  On  laisse  couler  au  fond  du  puits  cette  poche,  lestée  d'une 
pierre  et  amorcée  d'un  morceau  de  viande  ou  de  poisson  cru  et  on  la  relève  le 
lendemain.  Ce  procédé  permet  également  de  prendre  les  animaux  vivant  dans  la 
vase  du   fond  (IsopoJes,  Hirudinées,  etc.),   que  les  pompes  ne  rejettent  jamais. 

(2)  Le  type  de  ce  genre  est  Gnathia  (Cancer)  maxillaris  Montagu  (Gnathia 
maxitlaris  Latr.,  Encycl.  méth.,  pi.  336,  lig.  25,  d'après  Montagu.  —  Anceus 
maxillaris  Sp.  Bâte  and  Westwood,  Hist.  Brit.  sessile  eyed.  Crust.,  nec  Gnathia 
maxillaris  O.  O.  Sars,  An  Account  of  the  Crust.  of  Norwai/.  —  Le  genre  Gnathia 
a  été  établi  par  Leach  (Crustaceology  in  Edinburgh  Encyclop.,  1813). 


240  SÉANCE  DU  24  DÉCEMBRE  1901 

Gnathopodes  formés  de  six  articles.  Yeux  petits,  sortis  sur  un 
mamelon  latéral Euneognathia  Th.  Stebbing  (1) 

B.  Cephalosome  et  mandibules  présentant  les  mêmes  caractères 
que  dans  le  genre  Gnathia,  sauf  l'absence  d'yeux.  Corps  garni  de 
fortes  dents  spinesceutes.  Antennes  toujours  munies  de  poils  sen- 
soriels spéciaux  (2).  Pleopodes  purement  branchiaux 

Cœcognathia,  genus  novum  (3). 

Cephalosome  projeté  en  processus  très  développé  et  muni  de  longs 

cils;  mandibules  très  étroites  et  allongées.     .     .       Bathy gnathia 

genus  novum  (4). 

Gnathia  Ghimaldii,  species  nova. 

o"  Corps  lisse,  glabre,  peu  allongé,  à  côtés  parallèles;  cephalon 
grand,  quadrangulaire,  déprimé  et  s'élargissant  antérieurement,  à 
bord  frontal  sinué-denté,  les  trois  lobes  médians  étant  subégaux. 
Premier  segment  pereial  (gnathopodique)  entièrement  confondu 
avec  le  cephalon  ;  les  deux  segments  suivants  sont  inégaux,  le  2me 
(1er  apparent)  étant  moins  large  et  moins  long  que  le  3me  (2me  appa- 
rent) ;  les  4me  et  5me  segments  (3me  et  4md  apparents)  sont  très 
courts,  tandis  que  le  6me  (5rae  apparent)  est  très  développé  avec  les 
angles  postérieurs  arrondis.  Le  ome  segment  (4me  apparent)  est 
muni  d'un  sillon  longitudinal  médian  ;  le  fime  (orae  apparent)  n'a  pas 
de  sillon,  mais  une  simple  dépression  médiane  peu  accentuée.  Le 
dernier  segment  pereial,  analogue  aux  segments  pleonaux,  est 
partiellement  caché  par  les  côtés  du  grand  segment  précédent.  Les 
deux  premiers  segments  pleonaux  sont  moins  développés  que  les 
suivants,  l'aire  latérale  (coxale),  est  étroite.  Le  telson  triangulaire 
allongé,  à  côtés  faiblement  arrondis,  se  termine  eu  pointe  subaiguë. 

Yeux  moyens  à  pigment  foncé.  Antennes  très  inégales,  celles  de 
la  première  paire  plus  grêles  et  plus  courtes  que  celles  de  la  deu- 

(1)  Le  type  de  ce  genre  est  Euneognathia  (Anceus)  gigas,  Beddard  (Challenger 
Exped.).  seule  espèce  signalée  jusqu'à  présent. 

(2)  L'existence  de  ces  mômes  poils  sensoriels  a  été  signalée  dans  un  exemplaire  9 
de  Gnathia,  décrit  par  J.  Bonnier  (G.  propinqua)  et  dragué  à  180  mètres  de  pro- 
fondeur (camp,  du  Cuudan)  et  figuré  par  Sars  chez  son  Gnathia  maxillaris  o* 
sp.?). 

(3)  Le  type  de  ce  genre  est  Caecognathia  (Anceus)  stygia,  G.  O.  Sars  (Prodr. 
descr.  Crust  et  Pycnog.  quas  in  exped.  Norw.  observ.)  —  Les  espèces  signalées 
jusqu'à  ce  jour  sont  au  nombre  de  deux  :  C.  stygia  G.  O.  Sars,  C.  Sarsi  Dollfus 
(n.  sp.). 

(4)  Le  type  de  ce  genre  est  Bathy  gnathia  (Anceus)  bathybia,  Beddard  (Challen- 
ger Exped.),  seule  espèce  connue. 


8ÉANCE  DU  24  DÉCEMBHK  1901 


241 


xième  paire;  des  5  articles  du  fouet  de  la  première  paire,  le  premier 
est  de  beaucoup  le  plus  court  :  la  2mc  paire  a  une  tige  robuste  et 
uu  fouet  de  7  articles  subégaux.  Mandibules  très  blanches,  à  pointe 
allongée,  munie  d'une  forte  dent  du  côté  externe  et  de  6  petites 
dents  du  côté  interne.  Gnathopodes  à  article  apical  très  court. 
Pleopodes  natatoires,  courts,  tronqués  et  longuement  ciliés.  Uro- 
podes  tronqués,  longuement  ciliés  et  munis  extérieurement  de  2  à 
3  dents. 

Dimensions  :  Longueur  6  millimètres,  largeur  2  millimètres. 
Couleur  blanchâtre  avec  4  taches  arrondies  sur  les  segments  pleo- 
naux  ;  mandibules  d'un  blanc  laiteux. 


Fig.  i.  —  Gnathia  Grimaldii  Dollfus,  d*  adulte.  —  a,  Cephalosome  et  gnathopodes 
(vus  en  dessous);  b,  5e  segment  pleonal,  telson  et  uropodes. 

4  exemplaires  <?,  recueillis  par  47°  11'  35"  latitude  nord,  et 
5°  26'  30"  longitude  ouest,  en  péchant  au  chalut  sur  un  fond  de 
sable,  gravier  et  coquilles  brisées,  à  63  mètres.  Station  40  (3  du 
numérotage  provisoire),  15  juillet  1886. 

Nous  rapportons  à  la  même  espèce  une  larve  au  dernier  stade, 
caractérisée  par  la  partie  postérieure  du  corps  qui  présente  les 
mêmes  taches  sur  le  pleon  et  la  même  forme  du  telson  et  des 
uropodes  que  le  d1  adulte  ci-dessus.  Cette  larve  a  été  trouvée  par 
46°  27'  latitude  nord  et  6°  30'  longitude  ouest,  sur  un  fond  de  sable 
vaseux  et  d'alênes  jaunes,  à  146  mètres.  —  Station  44  (1  du  numé- 
rotage provisoire),  20  juillet  1886. 


Bull.  Soc.  Zool    de  Fr.,   1901. 


XXVI. 


18. 


242 


SÉANCE  DU  24  DÉCEMBRE  1901 


Gnathia  Richakdi,  species  nova. 

d1  Corps  lisse,  étroit,  allongé,  à  côtés  parallèles.  Cephalon  grand, 
quadrangulaire,  non  élargi  antérieurement,  avec  une  dépression 
assez  marquée  ;  bord  frontal  sinueux,  avec  trois  lobes  subarrondis 
ciliés,  dont  le  médian  est  le  plus  grand.  Le  premier  segment  pereial 
(gnatbopodique)  est  nettement  distinct.  Les  deux  segments  suivants 
sont  très  développés  et  de  dimensions  presque  égales  ;  ils  sont 
suivis  d'une  constriction  qui  sépare  le  3e  et  le  4e  segments  ;  les  4e, 
5e  et  6e  segments  sont  de  largeur  égale  et  munis  d'une  dépression 
médiane  longitudinale  élargie  mais  sans  sillon;  le  5e  segment  est 
deux  fois  plus  long  que  le  4e  ;  le  6e  présente  latéralement  un  faible 
relief.  Le  7e  segment,  de  mêmes  dimensions  que  les  segments 


h 


Fig.  t.  —  Gnathia  Richardi  Dollfus,  a*  adulte.  —  a,  Cephalosome  et  gnathopodes 
(vus  en  dessous);  /;,  5e  segment  pleonal,  telson  et  uropodes. 


pleonaux,  a  les  côtés  cachés  par  le  Ge  segment.  Les  segments 
pleonaux  vont  en  diminuant  très  légèrement  de  largeur,  du  1er  au 
5°;  ils  présentent  latéralement  une  aire  coxale  étroite  mais  nette- 
ment limitée  ;  telson  allongé,  spatuli  forme  et  terminé  par  une  pointe 
subaiguë. 

Yeux  grands,  à  pigment  clair.  Antennes  de  la  première  paire  à 
fouet  5-articulé,  un  peu  plus  courtes  que  celles  de  la  2e  paire  dont 
le  fouet  est  7-articulé.  Mandibules  assez  allongées,  non  denticulées 
du  côté  interne,  avec  une  indentation  peu  accentuée  du  côté  externe. 


SÉANCE  DU  24  DÉCEMBRE  1901  243 

Gnathopodes  à  article  apical  très  petit.  Pattes  ambulatoires  grêles, 
ciliées,  mais  non  spinescentes.  Pleopodes  natatoires  courts,  tron- 
qués et  longuement  ciliés.  Uropodes  lancéolés,  étroits,  finement 
denticulés  et  ciliés. 

Dimensions  :  Longueur,  8  millimètres;  largeur,  2  millimètres. 

Un  exemplaire  d\  recueilli  par  43°, 12'  latitude  nord  et  11°53, 
longitude  ouest,  au  chalut  à  une  profondeur  de  363  mètres  sur  fond 
de  vase.  Station  66  (n°  provisoire  29),  24  août  1886. 

Gnathia  robusta,  G.  0.  Sars  (Anceus). 

Anceus  robustus  G.  0.  Sars,  Crust.  et  Pycnog.  nova  in  itinerc  2do  et 
3&°  exped.  Norweg.  coll.,  Arch.  Math.  Naturv.  Kristiania,  1879, 
p.  432. 

Cette  espèce,  ainsi  que  Gnathia  [Anceus)  abyssorum  G.  0.  Sars, 
appartient  à  la  faune  profonde  et  se  rapproche  des  Caecognathia 
par  l'aspect  rugueux  du  corps,  toutefois  les  épines  sont  beaucoup 
plus  fortes  chez  les  Caecognathia  qui  diffèrent  aussi  très  nettement 
des  Gnathia  des  profondeurs  océaniques  par  l'absence  complète 
des  yeux;  ce  caractère,  fort  important,  indique  un  degré  de  plus 
dans  la  vie  abyssale,  les  Caecognathia  vivant  d'ailleurs  à  des  profon- 
deurs de  1200  à  2200  mètres  tandis  que  les  Gnathia  ne  paraissent 
pas  dépasser  500  mètres.  Cette  absence  d'yeux  est  compensée  chez 
les  Caecognathia  par  le  développement  constant  de  poils  sensoriels 
spéciaux,  notamment  sur  les  antennes.  Ces  poils  se  trouvent  plus 
rarement  chez  les  Gnathia  (voir  la  note  ci-dessus). 

Un  exemplaire  d",  recueilli  par  72°  37'  latitude  nord  et  17°  40' 
longitude  est,  entre  la  Norwège  et  l'île  des  Ours,  à  une  profondeur 
de  394  mètres,  sur  fond  de  vase  et  de  gravier  (tube  Buchanan). 
Station  960,  29  juillet  1898. 

Gnathia  sp.  ?  (larvae) 

1°.  Quelques  exemplaires  (état  larvaire)  trouvés  dans  la  bouche 
d'un  Phycis  phycis,  au  mouillage  Santa-Cruz  (Floreo).  —  Station  704 
(20-21  juillet  1896). 

La  partie  postérieure  du  corps  qui  seule  peut  servir  à  carac- 
tériser les  larves  est  très  semblable  à  celle  de  la  larve  de  Gnathia 
maxiilaris  Mont.  —  Il  nous  est  difficile  cependant  de  l'assimiler 
complètement  à  cette  espèce  de  nos  côtes. 

2°.  Un  exemplaire  (jeune  larve),  recueillie  dans  la  Méditerranée, 
à  Porto  Conte  (Sardaigne)  sur  le  littoral.  —  Station  358  (4  septem- 
bre 1893). 


244  SÉANCE  DU  24  DÉCEMBRE  1901 

3°.  Deux  exemplaires  (jeunes  larves),  recueillies  par  59°3'  latitude 
Nord  et  4°  8'  longitude  Ouest,  à  une  profondeur  de  80  mètres 
(chalut),  à  l'est  des  Orcades. 

Cette  larve  est  très  probablement  celle  de  Gnathia  elongataKrôyer, 
d'après  les  caractères  du  pleon  et  du  telson. 

CjECognathia  stygia  G.-O.  Sars  (Anceus). 

Anceus  stygius  G.-O.  Sars,  Prodr.  descript.  Crustac.  et  Pycnog.  quœ 
in  exped.  Norweg.,  etc.,  p.  348  et  fig.  in  Crust.  of  the  Sorweg. 
N.  Atlantic  Exped.,  Crust.,  pi.  VIII,  fig.  1-22. 

5  exemplaires  (4  cT,  1  9),  recueillis  par  79°  28'  latitude  Nord  et 
3°  20'  longitude  Est  (Nord-Ouest  du  Spitzberg),  à  une  profondeur 
de  1865  mètres,  sur  fond  de  vase  sableuse  (chalut.  —  Station  1017, 
19  août  1898. 

Cette  espèce,  de  grande  taille,  a  été  figurée  avec  beaucoup  de 
détail  et  de  soin  par  G.-O.  Sars  dans  l'ouvrage  cité  et  a  été  recueillie 
dans  plusieurs  stations  profondes  de  l'Atlantique  boréal.  Tout 
récemment  encore  M.  Axel  Ohlin  l'a  signalée  (Arctic  Crust.  coll. 
during  the  Sivedish  Arctic  Exped.,  p.  22,  et  pi.  II,  fig.  3)  à  l'ouest  de 
Hornsund,  à  la  latitude  76°  36'  nord  et  à  une  profondeur  de  1750 
mètres.  L'expédition  Suédoise  en  a  recueilli  6  cf,  1  $  et  1  larve  : 
M.  Sars  ayant  déjà  figuré  le  cT  et  la  larve,  M.  Ohlin  donne  la  figure 
de  la  $.  M.  Ohlin  nous  fait  savoir  également  que  cette  espèce  a 
été  recueillie  durant  les  croisières  du  Vôringen,  dans  sept  localités 
boréales,  à  des  profondeurs  variant  de  1200  à  2200  mètres,  sur 
l'argile  à  Biloculines,  au  voisinage  du  Spitzberg  où  cette  espèce 
paraît  fréquente. 

C^ecognathia  Sarsi,  species  nova 

$.  Corps  peu  convexe,  allongé,  granulé  et  pourvu  latéralement 
de  très  fortes  dents  spinescentes  et  de  longs  cils.  Cephalon  présen- 
tant antérieurement  une  large  dépression  ;  processus  médiau  du 
bord  frontal  plus  accentué  que  dans  l'espèce  précédente,  processus 
latéraux  bidentés;  bord  latéral  bordé  de  trois  groupes  d'épines 
(4-2-3).  Premier  segment  pereial  (gnathopodique)  bien  distinct 
et  muni  d'une  ligne  transversale  de  granulations  assez  fortes. 
Deuxième  et  troisième  segments  garnis  postérieurement  d'une 
ligne  transversale  de  granulations  spinescentes  ;  bord  latéral  muni 
de  trois  dents  spinescentes  dont  la  première  est  très  robuste  ; 
quatrième  et  cinquième  segments  présentant  un  sillon  médian, 


SÉANCE  DU  24  DECEMBRE  1901 


245 


plus  accentué  sur  le  cinquième  que  sur  le  quatrième  segments; 
Sixième  segment  muni  à  l'angle  postéro-latéral  d'un  processus  très 
fortement  épineux  allongé  et  sinueux  ;  septième  segment  pereial 
peu  développé,  à  côtés  cachés  par  le  sixième  segment.  Les  segments 
pleonaux  sont  garnis  latéralement  de  deux  grandes  dents  et  les 
trois"  premiers  segments  présentent  deux  fortes  granulations 
coniques  au  bord  postérieur.  Telson  se  terminant  en  pointe  allongée, 
aiguë  et  munie  latératement  de  5  à  6  dents. 

Yeux  absents,  antennes  pareilles  à  celles  de  C.  stygia.  Mandibules 
munies  d'une  forte  dent  sur  le  côté  externe.  Pattes  pereiales  ambu- 
latoires longuement  ciliées  et  présentant 
de  très   fortes  épines.   Pattes  pleonales 
branchiales  à  appendices  très  inégaux. 
Uropodes  subégaux,  ciliés  et  dentés. 

Longueur    12     millimètres,     largeur 
3  1/2  millimètres. 

Un   exemplaire   6*,   recueilli    dans  la 
même  station  que  Cœcognathia  stygia. 

Cette  espèce  est  certainement  très  voi- 
sine de  C.  stygia;  toutefois,  elle  s'en  dis- 
tingue nettement  par  son  corps  moins 
convexe,  plus  allongé  et  plus  étroit,  pré- 
sentant des  épines  plus  fortes  et  plus 
nombreuses  sur  les  côtés  et  sur  les  pat- 
tes ;  et  par  la  forme  du  telson  se  terminant  en  pointe  aiguë,  à  côtés 
nettement  dentés. 


Fig.  3.  —  Cœcognathia  Saj'si 
Dollfus,  o*  adulte.  —  5c 
segment  pleonal  ,  telson 
et  uropodes. 


OUVRAGES  CITÉS  DANS  CETTE  NOTE 


Montagu  (George).  —  Description  of  several  marine  animais 
found  on  tbe  south  coast  of  Devonshire  {Transactions  ofthe  Linnean 
Society  of  London,  VII,  p.  61-85,  pi.  VI-VII,  1804).  La  suite  de  ce  tra- 
vail a  paru  dans  les  vol.  IX  (1808)  et  vol.  XI  (1815). 

Leach  (William  Elford).  —  Crustaceology  [EdinburghEncyclopœdia 
VII,   1813-1814). 

Latreille.  —  Encyclopédie  méthodique,  Crust.,  Arach.,  Insectes- 
atlas,  pi.  CCCXXXVI,  (1817). 

Krover    (Henrik).    —    Karcinologiske    Bidrag    (Naturhistorisk 


246  SÉANCE  DU  24  DÉCEMBRE  1901 

Tidsskrïft,  Ny  Itaekke,  II,  p.  1-123  (1846),  le  travail  se  poursuit  aux 
p.  366-446  (1847). 

Spence  Bâte  and  Westwood.  —  A  History  of  the  British  sessile- 
eyed  Crustacea,  II,  London  (1868). 

Sars  (George-Ossian).  —  Prodromus  descriptionis  Crustaceorum 
et  Pycnogonidarum  quae  in  Expeditione  Norwegica  anno  1876, 
observavit  [Archic  for  Mathematik  og  Naturvidenskab,  KristiaDia, 
1877,  p.  337-371). 

Id.  —  Crustacea  et  Pycnogonida  nova  in  itinere  2°  et  3t0  Expedi- 
tionis  Norvegicae  anno  1877  et  1878  collecta  (Prodromus  descrip- 
tionis). {Archiv  for  Mathematik  og  Naturvidenskab,  Kristiania,  1879, 
p.  427-476). 

Id.  —  TheNorwegian  North  Atlantic  Expédition,  Crustacea  (1885). 

Beddard  (Frank  Evers).  —  Preliminary  Notice  of  the  Isopoda 
collected  during  the  voyage  of  H.  M.  S.  «Challenger»  {Proceedings 
Zoological  Society,  1886,  p.  97-122). 

Id.  —  The  Zoology  of  the  voyage  of  H.  M.  S.  Challenger,  Part 
XLVIII,  Report  on  the  Isopoda,  second  Part,  1886. 

Stebbing  (Thomas  R.  R.).  —  A  History  of  Crustacea,  Récent 
Malacostraca,  London  (1893). 

Bonnier  (Jules).  —  Résultats  scientifiques  de  la  Campagne  du 
«  Caudan  »  dans  le  Golfe  de  Gascogne,  août -septembre  1895 
(Annales  de  l'Université  de  Lyon,  1896,  pp.  527-690,  pi.  28-40). 

Sars  (G.-O.).  —  An  Account  of  the  Crustacea  of  Norway,  II, 
Isopoda,  Bergen  (1899). 

Ohlin  (Axel). — Arctic  Crustacea  collected  during  the  Swedish 
Arctic  Expéditions  1898  and  1899  under  the  direction  of  Professor 
A. -G.  Nathorst.  —  I,  Leptostraca,  Isopoda,  Cumacea  (Bihang  till 
K.  Svenska  Vet.  Akad.  XXVI,  (4),  n°  12,  54  pp.,  6  pi.).  Stockholm 
(1901). 


247 


ESPÈCES     ET    GENRES     NOUVEAUX 


DECRITS    DANS   LE  BULLETIN  DE  1901 


EcHÏNODERMES 


Pages 

Ophioglypha  abdila  Koehler 225 

0.  concreta  K 228 


Ophiophycis  mirabilis  K. 


Pages 


Crustacés 


Ceeognuthia  Sarsi  A.  Dollfus.. 

Gnathia  Grimaldii  A.  D 

Gnathia  Richardi  A.  D 

Niphargus  Plateaui  Chevreux. 
JV.  P.  elongatus  C.  (nov.  var.) 


244  A'.  P.  robustus  C.  (nov.  var.)..       173 

240      N.  Lamiraulti  C. 174 

242  Pseudoniphargus    ufricanus    C. 

168  (nov.  gen.  et  sp.).. 211 

168 


Pseudoscorpions 


Chelifer  borneoensis  Ellingsen...     206      Ideobisium  Strcmdi  E. 


Acariens 


Àgaue.  exornata  Trouessart 149 

Halacarus(Copidognatus)Bavayi 

corallorum  T.  (subsp.  nov.) 148 

H.  (C.)  crassii'ostris  T 153 

H.  paralletvs  T 148 

H.  rostratus  T 147 


Ischyrognathus  Coutieri  T.  (nov. 

gen.,  sp.  n.).. 145 

Mealia  /o/ig'torT.(nov.gen.,sp.n.)  84 

M.  pleronyssina  T.  (nov.gen.,sp.n.)  83 

Rhombugiiathus  exoplus  T 151 

R.  cryptorhynchus  T loi 


Insectes 


Zonabris  utsignipennis  Pic 77 


248 


TABLE   DES   MATIÈRES 
PAR  ORDRE  ALPHARÉTIQUE  D'AUTEURS 


Pages 
S.  Artault  de  Vevey.  A  propos  des  règles  de  nomenclature  proposées  par 

M.  le  professeur  Y.  Delage 93 

E.  Brumpt.    Mission  du  Vicomte  Du  Bourg  de  Bozas  en  Afrique  centrale. 

I.  Note  sur  les  Hirudinées  du  lac  Arramaya  (Abyssinie)   ....       123 

A.  Certes.  Instructions  sur  le  mode  de  récolte  et  d'envoi  des  sédiments 
d'eau  douce,  saumâtre  ou  salée,  destinés  aux  recherches  micros- 
copiques      117 

E.  Chevreux.  Amphipodes  des  eaux  souterraines  de  France  et  d'Algérie  : 

1 168 

II 174 

III 197 

IV 201 

V      .     .      . 211 

VI 216 

VII  (addenda) 234 

A.  Doli.fus.  Etude  préliminaire  des  Gnathiidae  recueillis  dans  les  cam- 
pagnes de  Y  Hirondelle  et  de  la  Princesse-Alice 239 

A.  Dubois.   Le  baron  Edmond  de  Selys-Longchamps  (avec  un  portrait).     .        24 

L.  Dyé  et  M.  Neveu-Lemaire.  Anomalie  des  palpes  maxillaires  chez  quelques 

Moustiques  du  genre  Culex 194 

E.  Ellingsen.  Sur  une  espèce  nouvelle  d'Ideobisium,  genre  des  Pseudo- 
scorpions de  l'Europe 86 

E.  Ellingsen.  Sur  deux  espèces   de  Pseudoscorpions  de  l'Asie 205 

J.  Guiart.  H.  de  Lacaze-Duthiers  (1821-1901).   Notice  nécrologique  (avec 

un  portrait) 125 

Id.      Cinquième  Congrès  international  de  Zoologie,  tenu  à  Berlin  en  1901. 

Compte-rendu  sommaire 129 

Baron  D'Hamonville.  La  nidification  de  l'Astur  nisus  Ç  dans  le  départe- 
ment de  la  Meuithe-et-Moselle 113 

E.  Heoht.   La  Cigogne  blanche  (Ciconia  alba  L.)  dans  les  Vosges  françaises.       156 
A.  L.  Herrera.  A  propos  de  la  nomenclature  proposée  par  MM.  Delage  et 

Artault  de  Vf.vey 1^5 

Ch.  Van  Kempen.  Nidification  de  l'Hirondelle  de  fenêtre  [Hirundo  urbica 
(Linn.)]  et  arrivée  prématurée  d'un  Bossignol  [Philomela  luscinia 
(Linn.)J  dans  le  nord  de  la  France 119 


249 

Pages 
R.  Koehler.    Note  préliminaire    sur   les  Echinides,   Ophiures  et   Crinoïdes 
recueillis  en  1898  et  1899  par  la  Princesse-Alice  dans  les  régions 

arctiques 98 

Id.    Note   préliminaire    sur    quelques   Ophiures    nouvelles    provenant    des 

campagnes  de  la  Princesse-Alice 222 

H.  Martin.   Présentation   d'un  embryon  de  Vipera  aspis,  monstre  anoph- 

thalme 76 

R.  Martin.  Le  baron  E.  de  Selys-Longchamps 28 

M.  Neveu-Lemaire.  Notes  de  tératologie 63 

Id.     Quelques  mots  sur  la  biologie  des  larves  de  Culex 120 

Id.     Sur   deux  cas  d'albinisme    partiel   observés    chez    les  Nègres  aux  îles 
du  Cap  vert  ;  considérations  sur  1  albinisme  partiel  chez  l'Homme 

et  les  animaux 179 

M.  Nevel'-Lemaire  et  L.  Dyé.  Anomalie  des  palpes  maxillaires  chez  quelques 

Moustiques  du  genre  Culex 194 

J.  Pellegrin.   Présentation  d'un  fœtus  de  Chat,  monstre  synote    ....  153 

L.  Petit.  Les  Oiseaux  de  la  baie  de  la  Somme  et  leur  migration   tardive 

en  1901 .  233 

M.  Pic.  Notes  diverses  sur  le  genre  Zonabris  Harold 77 

X.  Raspail.   Les  ruses  maternelles  chez  les  animaux 53 

Id.     Cérémonie   de   secondes  noces  chez  les  Garruliens   [Pica  caudata  et 

Garrulus  glandarius) 104 

F.  Secques.   Ribliographie  et  bibliothèques 61 

E.  Trouessart.  Les  pratiques  d'hygiène  chez   les  animaux 10 

Id.     Les  rapports  de  la  Zoologie  et  de  la  médecine 32 

Id.     Sur  deux  espèces,  formant  un  genre  nouveau,  de  Sarcoptides  détriti- 

coles  parasites  des  fourrures 82 

Id.     Description  d'espèces  nouvelles  d'Halacaridae  (2e  note) 145 

Id.     Description  d'espèces  nouvelles  d'Halacaridae  (3e  note  ;  Halacaridae  des 

côtes  de  France) 130 

P.  Vignon.  Sur  l'histologie  du  Ver  à  soie.  (Note  préliminaire) 114 


250 


TABLE 


PAR   ORDRE   DES   MATIERES 


Pages 

Liste  des  Membres v 

Liste  géographique  des  Membres xxi 

Liste  des  Membres  décédés xxvi 

Bureau  et  Conseil xxvn 

Liste  des  Présidents  depuis  la  fondation  de  la  Société xxvm 

Séance  du    8  janvier  1901 1 

—  22         —            9 

Réception  en  l'honneur  de  M.  Agassiz  (avec  un  portrait) 21 

Séance  du  12  février           23 

26      —  Huitième   Assemblée  générale   annuelle  (avec   un 

portrait  et  une  planche) 30 

—  12  mars 81 

—  26    - 85 

—  9  avril               90 

—  23    —            (avec  un  portrait) .  96 

—  14  mai                .  98 

—  28    -                  110 

—  11  juin 111 

—  25    — 116 

—  9  juillet             . 123 

—  23      —                125 

Cinquième  Congrès  international  de  Zoologie,  tenu  à  Berlin  en  août  1901 . 

Compte  rendu  sommaire 129 

Séance  du  22  octobre 144 

12  novembre 167 

—  26        —              193 

17  décembre 210 

—  24        —              232 

Kspèces  et  genres  nouveaux  décrits  dans  le  Bulletin  de  1901     ....  247 

Table  des  "matières  par  ordre  alphabétique  d'auteurs 248 

Table  par  ordre  des  matières 250 


Le  Secrétaire  général  honoraire, 

Prof.  R.  BLANCHARD. 


Le  Secrétaire  général,  gérant, 
Dr  J.  GUIART. 


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