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Full text of "Bulletin de la Société nationale d'acclimatation de France"

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BULLETIN 


SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


DE FRANCE 


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AE 44. 


BOLTATA NIORT ALAOTEM 
Comm dd, À 


BULLETIN 


DE LA 


Gariété Nationale d'Aeclinataton de Francs 


FONDÉE LE I1O FÉVRIER 1854 
RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE 


Par Décret du 26 Février 1855 


ANNÉE 1919 


SOIXANTE-SIXIÈME ANNÉE 


PARIS 
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 


198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (VI1°) 


HOMO 


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Société Nationale d'Aeelimatat(on 


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A 4 | DE FRANCE . 


N°1. — JANVIER 1919 


SOMMAIRE + 14 


: Pages 

ORGANISATION POUR L'ANNÉE 4919. Conseir. COMMISSION. BUREAU DES. SECTIONS. : . . : . 1 

Liste supplémentaire des membres de la: Société. . : : : . . . . 1... . | . . % 
ACTES DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION PENDANT LA GUERRE . . . … 4  . . . . . . . . . 7 
Maurice Loyer. — La fin de Villers-Bretonneux. .: . . . . . . . RO ME PR Un NP ie 11 

| Jean DErAcour. — Le Jardin zoologique de Cologne après lenmieiee PR OS PR Re 413 
MN A Préparer —/2le Bouturagse/du:Sorgho: 4:22 ae, AE re NT ET PE 15 


L, Misson. — Une nouvelle plante rabére pour les pays subtropicaux, le Chloris gayana.- 17 
Extraits de la Correspondance. À Ë 
RE a Dene nucifena Le VA ue es dico. ROME IN EAN DENT re 27 
Coran nemalere fans diuers en alu de de ae NA JON ERA UE 2128 
Concours d'observations d'Histoire naturelle présentées par les élèves des Écoles primaires. 31 


Un numéro. 3 francs ; — Pour les Membres de la Société, 2 fr. 50. 


AU SIÈGE SOCIAL 
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 
_ 498, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VII). 


Pendant la durée de la guerre, le Bulletin parait une fois par mois. 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1918 


Président, M. Edmond Perrier, Membre de l'Institutet de l'Académie de Médecine, Directeur di 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 


Saint-Mandé (Seine). 
Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 


MM. J. Decacour, 98, rue de Madrid, Paris (Etranger). 
H. Hua, Directeur adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- 
Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). 
i J. CRÉPIN, 18, rue Lhomond, Paris (Séances). 
Ca. DeBREUIL, 95, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). 
Trésorier, M. le D' SkBiLLoTTe, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. 


Archiviste-Bibliothécaire, M. L. CAPITAINE, 48, boulevard Raspail, Paris. 


Vice-Président. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faïdherhbe,. 


Membres du Conseil 


M. À. CHAPPELLIER, 6, place Saint-Michel, Paris. 
Ac&ALMe, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. 


rs rare ur de l’Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 89%, rue du 


D° LePRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. 
MaïLLes, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 
Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. . 


LecomTE, Membre de }'Institnt, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Écoles, Paris- 
CREPIN, 18, rue Lhomond, Paris. 


L. RouLe, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 
&. Foucer (abbé), 24, rue Cassette, Paris. 


P. Kesrner, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 
R. Le Fonr, 89, boulevard Maleshierbes, Paris. 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1919 


Séances pu CONSEIL, le mercredi à 4 h. 


Séances générales, le lundi 8 3h. . . de 17 17 28 
Sous-SECcTIon d'Ornilhologie (Ligue pour 

la Protection des oiseaux) le lundi 

Sache RAR 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les. 
pepe qui désireraient l’entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de Ia 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations. 
fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d’être 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
À par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 


Janvier | Février Mars Avril j ovembse | Décembre H: 


» SOCIÉTÉ NATIONALE 
… D'ACCLIMATATION 


DE FRANCE Lama z 


MEW YOHr. 
BOT: : 0! 
4 : 


E ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1919 


CONSEIL —— COMMISSIONS — BUREAUX DES SECTIONS 


“ CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 199 


+ 

4 BUREAU 

& Président. 

:. M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l'Académie de 
$ Médecine, directeur du Muséum d'Histoire naturelle. 


Wice-Présidents. 
MM, D. BOIS, assistant au Muséum d'Histoire naturelle. 


Prince Pierre d'ARENBERG. 
D: CHAUVEAU, sénateur de la Côte-d'Or. 


Ses ue général. 
M. Maurice LOYER. 


Vice-Secrétaires. 
MN. H. HUA, directeur adjoint à l'École des Hautes-Études, Secr é- 
taire du Conseil. 
J. CREPIN, Secrétaire des Séances. 
Ch. DEBREUIL, Secrétaire pour l'Intérieur. 
3, DELACOUR, Secrétaire pour l'Etranger. 
Trésorier. 
M. le D' SEBILLOTIE, 
Archviste-Bibliothécaire. 
MM. L. CAPITAINE, docteur ès sciences. 


BULL. SOC. NAT. ACL, Fu, 1919, — 1 


2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


MEMBRES DU CONSEIL 


MM. le D' LEPRINCE. 
Ch. MAILLES. 
 E. TROUESSART, professeur au Muséum d'Histoire naturelle. 
L. ROULE, professeur au Muséum d'Histoire naturelle. 
FOUCHER, (abbé G.). 
P. CARIÉ. 
P. KESTNER, président de la Société de Chimie industrielle. 
R. LE FORT. 
A. CHAPPELLIER, chef de travaux de Zoologie à l'École 
pratique des Hautes-Études. 
ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du USE 
d'Histoire naturelle. 
P. MARCHAL, membre de l’Institut, professeur à l’Institut : 
national agronomique. | 
LECOMTE, membre de l’Institut, professeur au Muséum d’His- ! 
toire naturelle. 


Président honoraire. 
M. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE. 
Vice-Président honoraire. 
M. le baron Jules de GUERNE. 


Secrétaire général honoraire. 


M. Amédée BERTHOULE. 


Archivistes-Bibliothécaires honoraïires. 


MM. MOREL. 
CAUCURTE. 


Membres honoraires du Conseil. 


MM. le professeur R. BLANCHARD. 
comte Raymond de DALMAS. 
_ MILHE-POUTINGON. 
P. A.-PICHOT. 


Secrétaire des Séances adjoint. 
M. Pierre CREPIN. 
Archiviste-Bibliothécaire adjoint. 


M. Ch. BALLEREAU. 


ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ D 0 


COMMISSION DES CHEPTELS 


MM. le: Présinenx et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, 


Membres pris dans le Conseil. Membres pris dans la Société. 


MM. DEBREUIL. MM. Lasseaux. 
DELACOUR. VOITELLIER. 
TROUESSART. MouQuer. 


COMMISSION DES RÉCOMPENSES 
MM. le Présipent et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. 


Délégués du Conseil. 
MM. À. CuarPreLLier, C. Maires, C. DEBREUIL, MarcHAr. 


Délégués des sections. 


Première section. — Mammalogie. . MM. J. Crepin. 

Deuxième section. — Ornithologie , prince P. D'ARENPERG. 
Troisième section. — Aaquiculture k L. Roure. 

Quatrième section. — ÆEntomologie . A.-L. CLÉMENT. 
Cinquième section. — Botanique . D. Bors. 

Sixième section. — Colonisation . . , LEconurs. 


COMMISSION DE COMPTABILITÉ 
MM. P. D'ARENBERG, BARRIOL, LEPRINCE, 


COMMISSION 
DE LA BIBLIOTHÈQUE ET DES ARCHIVES 
MM. Carré, Foucrer, MAILLES. 
COMMISSION DE PUBLICATION 


MM. les PRÉSIDENTS DE SECTION, le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL et les VIcE- 
SECRÉTAIRES. 


SUREAUX DES SECTIONS 


4re Section. — Mammalogie. & Section. — Entomologie. 
MM. C. DERREUIL, délégué du Conseil. | MM. p. Carié, délégué du Conseil. 
TROUESSART, président. CLÉMENT, président. 
Mouquer, vice-président. MaronaL, vice-président. 
N..., secrétaire. 


abbé Foucaer, secrétaire. 
2° Section. — Ornithologie. 


Ne 5e Section. — Botanique. 
MM: À. CnapreLLiIER, déléqué du. DR : 
Conseil. MM. Hua, délégué du Conseil. 
N.…., président. Bors, président. 
VOoiTELLIER, vice-président. Poisson, vice-président. 
J, DEracour, secrélaire. N..., secrétaire. 


3° Section. — Aquiculture. 
MM. R. Le Forr, déléqué du Conseil. 


RourE, président. A, CHEVALIER, président. 
LEPRINCE, vice-président. ACHALME, vice-président. 
N..., secrélaire. N..., secrélaire. 


6e Section. — Colonisation. 
MM. Lecomre, délégué du Conseil, 


Agent général de la Société : M. Ch. BALLEREAU, 


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FH BANC 


4 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


AGRANDISSEMENT DU SIÈGE SOCIAL 


Deuxième liste de souseriptions. 


(1918) 

MM. Bons de 50 franes. 
Capitaine (LOUIS). 10 
LeFort:(Raymond).5".28, Em 410 
RIVIBRE (Charles) #56 Mer 1 


Les noms des généreux donateurs seront inscrits sur un 
tableau placé dans la salle des séances. à 


La souscription reste ouverte. 


LISTE SUPPLÉMENTAIRE 
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


ARRÊTÉE AU 1°" JANVIER 1949. 


MEMBRE HONORAIRE 
on (Dr. W. T.), directeur du Zoological Park, New-York 
ne MEMBRE CORRESPONDANT . 
_ (William), curator of D holoes New-York Zoological 
Society, New-York (U. S.). 


MEMBRE BIENFAITEUR 
Mme 
Corz (M"° veuve), à Bièvres (Seine-et-Oise). 


MEMBRES 
Mnes 
BaLneLui Touwasi (comtesse G.), #, via Silvio Pellico, à Florence, Italie, 
membre titulaire, présentée par MM. E. Perrier, G. de Southoff et 
-C. Debreuil. 
VizuoriN (Philipe de), 1, rue de la Chaise, Paris (VIIe arr.), membre 
à vie, présentée par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. 


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LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 5 
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Visue (Marguerite-Alice de) de WEcuann, 174, boulevard Hauss- 
mann, à Paris (VIII-arr.), membre à vie, présentée par MM. E. Per- 
rier, Loyer et Hua. ï 


MM. : 

Asrzey (Hubert-Delaval), à Brinsop-Court, Hereford (Angleterre), 
membre à vie, présenté par MM. Perrier, J. Delacour et C. De- 
breuil. 

Barri0L (Alfred), secrétaire général de la Société de statistique de 
Paris, 88, rue Saint-Lazare, à Paris (IX° arr.), membre à vie, pré- 
senté par M. E. Perrier, M. Loyer et C. Debreuil. 

Beau (Arthur), négociant, 37, boulevard Michelet, à Marseille, 
membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et. 
M. Loyer. £ 

BesxarD (Georges), 58, rue Boissière, à Paris (XVI® arr.), membre 
titulaire, présenté par M. E. Perrier, J. Delacour et C. Debreuil. 

BRuGÈèRE (capitaine Henry), 26, rue Beaunier, à Paris (XIVe arr.), 
membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, H. Geoïffroy Saint- 
Hilaire et C. Debreuil. 

CaaPPeLLIER (Louis), 197, avenue Daumesnil, à Paris (XII° arr.), 
membre titulaire, présenté par MM. P. Chappellier, A. Chappel- 
lier et C. Debreuil. 

CHATELAIN (Henri), pharmacien à Niort (Deux-Sèvres\, membre titu- 
laire, présenté par MM. Ed. Perrier, Ch. Debreuil et M. Loyer. 
CLène (Marie-Jean), docteur en médecine, à Grand-Bourg, Marie- 
Galante (Guadeloupe), membre titulaire, présenté par MM. E. Per- 

rier, professeur R. Blanchard et C. Debreuil. 

Cozas (lieutenant Roger-Colas), propriétaire à La Cousinière, 
d'Ozon, près Châtellerault (Vienne), membre titulaire, présenté par 
MM. E. Perrier, J. Crepin et M. Loyer. 

CrucHon (Joseph-Paul), à Vains, par Avranches (Manche), membre 

- tilulaire, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et Loyer. 

Derocxe (François), négociant, 21, rue Cambon, à Paris (I°" arr.), 
membre titulaire, présenté par MM. Ed. Perrier, P. Carié et 
C. Debreuil. 

DesPommiers (René), pisciculteur-ostréiculteur, à Carnac (Morbihan), 
membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, Dagry et C. Debreuil. 

Du Pont (A.-F.), industriel, Citizens National Bank, à Baltimore 
(U. S.), membre tilulaire, présenté par MM. E. Perrier, A. Chap- 
pellier, M. Loyer. 

Evssarrtier (capitaine Georges), à Arcachon (Gironde), membre titu- 
laire, présenté par MM. E. Perrier, J. Crepin et C. Debreuil. 

EzrAa (Alfred), 110 Mount street, à Londres (Angleterre), présenté 
par MM. E. Perrier, J. Delacour et GC. Debreuil. 

FRAISSINET (Albert), administrateur de la Compagnie Commercials 
et Industrielle de la Côte d'Afrique, 3, rue de la République, à 
Marseille, membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, de 
Lachesnais et C. Debreuil. 


6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


MM. 

GauLr (Paul) (ingénieur-agronome), 40, rue du Bac, à Paris (VITe arr.), 
membre à vie, présenté par MM. E. Perrier, A. Chappellier et 
C. Debreuil. : 

JEANSsON (Maurice), industriel, 68, boulevard de Courcelles, à Paris 
(XVIIe a:r.), membre à vie; présenté par MM. E. Perrier, Kusel et 
C. Debreuwil. 

LABORATOIRE DE Z00LOG1E de la Faculté des Sciences de l'Université 
de Caen (Calvados), membre agrégé, présenté par MM. E. Perrier, 

* C. Debreuil et M. Loyer. 

Lane Pooze (Charles-Edouard), conservateur des forêts, à Perth 
(Western Australia), membre titulaire, présenté par MM. E. Per- 
rier, D. Bois et Ch. Debreuil. 

La Tour (Stephen de), 10, rue de Castiglione, à Paris, présenté par 
MM. !.. Perrier, P.-A. Pichot et C. Debreuil. 

Lucena (Eugenio de), avocat, 158, San-Clemente, à Rio de Janeiro 
(Brésil) ; membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, J. Grépin 
et C. Debreuil. 

More (Gevwrges-Gustave), ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats 
de Dunkerque, secrétaire général de la Société foncière du Nord 
de la France, villa des Buissons, à Rosendael (Nord), membre titu- 
laire, présenté par: MM. D. Bois, J. Goffart et Debreuil. 

Mouaue1 (Alfred-Etienne), vétérinaire, as-istant au Muséum d’his- 
toire naturelle, 7, rue Guy-de-Labros-e, à Paris (Ve arr.), présenté 
par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. 

Pereira pa CuNsaA (François), commerçant, 28, rue Condorcet, à Paris 
{IX° arr.), membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier C. De- 
breuil et M. Loyer. 

PreraErts (professeur Joseph), conservateur du Musée du Congo 
belse, à Tervueren, près Bruxelles (Belgique), membre titulaire, 
présenté par MM. E. Perrier, D. Bois et D:breuil. 

Renévize (comte Henti de), au château de Bresson par Eybens 
(Isère), membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, baron 
J. de Guerne et Mgr Leroy. 

Séverin (Augusle), au Theil, par Bourth (Eure), membre titulaire, 
présenté par MM. Perrier, Menegaux et Debreuil. 

ociéie LinÉENNE DE LA SEINE-MARITIME, 34, rue du Chillou; Le Havre 
\Seine-Inferieure), membre agrégé, présentée par M®° Augustin 
Normand, MM. E. Perrier et M. Loyer. 

Vermorez (Edouard), ingénieur-constructeur, à Villefranche-sur- 


Saône (Rhône). membre à vie, présenté par MM. E. Perrier, Mene-- 


gaux et Debreuii. 


en. 


E: 
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» 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 


PENDANT LA GUERRE 


= MOoRTS AU CHAMP D'HONNEUR. 


Le capitaine André JANET, fils de notre collègue, M. Charles 

* Janet, pilote aviateur, commandant l’escadrille de reconnais- 

sance et de réglage d'artillerie 206, a été tué en service com- 
mandé, sur le front de l'Est, le 30 mai 1918. 

André JANET était au front, dès le début de la guerre, avec 
le grade de sous-lieutenant dans l'artillerie de campagne. Sa 
batterie opère en Alsace, dans la région de Münster (vallée de 
la Fechi) et dans la région de Thann (vallée de la Thur) où il 
est blessé. Se trouvant dans l'impossibilité de reprendre im- 
médiatement son service dans l'artillerie et redoutant un séjour 
au dépôt, il entre dans l’automobilisme en attendant sa gué- 
rison complète. 

Il crée un atelier de réparation à Charmes, puis recoit le 
commandement d'une section sanilaire qui opère successive- 
ment sur le front de Lorraine, puis sur le front de Cham- 
pagne. 

Dès qu'il se sent suffisamment rétabli, il entre dans l’avia- 
tion. Il prend part, comme pilote aviateur, dans une section 
de reconnaissance et de réglage d’artillerie, à la bataille de 
Verdun, puis à celle de la Somme: Bientôt il est nommé lieute- 
nant, recoit le commandement d'une escadrille, puis est : 
nommé capitaine. Bien secondé par d'excellents et dévoués 
camarades, il fait de son escadrille de reconnaissance et de 
réglage d'artillerie une unité de premier ordre qui a su rem- 
plir, comme en font foi plusieurs documents, les missions les 
plus périlleuses et les plus difficiles. 

Après un assez long séjour sur le front de Champagne, l’es- 
cadrille part pour l'Italie où elle se comporte brillamment et 
mérite les félicitations du haut commandement. 

De retour d'Italie, l'escadrille est envoyée sur le front de 
l'Est. Elle commence immédiatement, avec activité et succès, 
ses opérations sur les lignes et sur l'arrière de l'ennemi, pour- 
suivies sans interruption par le capitaine André JANET, jus- 
qu'au 30 mai 1918, date de sa mort. 


8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Nous avons déjà publié dans le Bulletin les deux premières 
citations d'André Janet, nous donnons ci-dessous celles dont 
il fut encore l’objet le 4 janvier et le 24 mai 4918. 


« Chef irréprochable et soldat. exemplaire. Prend son tour 
de pilote et s’attribue, chaque jour, la mission la plus difficile. 
Respecté de ses pilotes et aimé d'eux, il a une unité excellente 
en tous points. Le 30 novembre, il livre combat à plusieurs 


avions. Dans le mois de décembre, il vola plus de quarante * 


heures, permettant ainsi, malgré des dangers souvent courus, 
de situer des batteries et de les combattre efficacement. » 
Le 4 janvier 1918. 
Signé : d'INFREVILLE. 


« Chef d’escadrille hors de pair, vigoureux, intelligent, éner- 
gique. Détaché en Italie en 1917 et pris avec son escadrille dans 
la retraite de Gorizia, a réussi à ramener lout son personnel et 
la plus grande partie de son matériel dans des conditions par- 
ticulièrement périlleuses et difficiles. S'est distingué, dès l’ar- 
rivée de la ...® armée en ltalie, toujours en tête des patrouilles 
de son escadrille. À assuré personnellement le travail des re- 


connaissances d’armées poussées jusqu à 50 kilomètres à l'in- - 


térieur des lignes, à la prise du mont Tomba (30 décembre 
1917), a assuré, de la facon la plus heureuse, le service de la 
contre-balterie, prenant pour lui les missions les plus dange- 
reuses. Quaire cents heures de vol sur l'ennemi. Une blessure. 
. Trois fois cité à l’ordre. » 
Le 21 mai 1918. 

Signé : MAISTRE. 


Le capitaine aviateur américain Quentin Roosevezr, fils de 
l'ancien Président de la République des États-Unis, membre: 
honoräire de notre Société, récemment décédé, est tombé 
glorieusement au-dessus des forêts de Château-Thierry au 
cours des violents combats qui se livrèrent dans la ré- 
gion, lors de la grande offensive allemande. Il était le frère 
du capitaine Archibald Roosevelt grièvement blessé au prin- 
temps dernier, sur front de Lorraine et décoré de la croix 
de guerre par le Gouvernement français, en récompense de sa 
bravoure. 


PNR 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION PENDANT LA GUERRE 9 


* 


x , 


Le lieutenant aviateur Albert Ricuer, fils de notre collègue 
le professeur Ch. Richet, membre de l’Académie de Médecine, 
a disparu dans les lignes ennemies au cours d'un bombarde- 
ment opéré au-dessus de Rancourt et d’Anizy, le 29 août 1918. 
Il avait été tué et sa tombe fut découverte par nos troupes au 
cours d'une de nos avances. 

Le lieutenant Richet était une des gloires de notre aviation 
de bombardement. Simple soldat au début de la guerre, au 
dépôt d'aviation de Longvic, il avait conquis tous ses grades 
sur le champ de bataille ; chef d’une escadrille qu’il avait for- 
mée et à qui il ne cessait de donner le plus bel exemple de 
courage et de sang-froid, il était chevalier de la Légion d’hon- 
neur et tilulaire de la croix de guerre avec sept palmes et une 
étoile. 

Voici, entre autres citations, celle qui valut au lieutenant 
Richet, la croix de la Légion d'honneur : 

« Commandant d’escadrille de haute valeur, pilote de tout 
premier ordre. À exécuté 50 bombardements de jour et de 
nuit, lançant à lui seul'plus de 8.500 kilos d'explosifs sur l'en- 
nemi, donnant en toutes circonsiances l'exemple et ne ren- 
trant jamais sans accomplir sa mission. À, pendant la nuit du 
6 au 1 juillet 1917, mené à bien un raid comportant un par- 
cours de plus de 400 kilomètres dans les lignes ennemies. » 


DISTINCTIONS HONORIFIQUES ET CITATIONS. 


Le lieutenant Emmanuel Hü4, du 25° d'artillerie, détaché à 
l'aviation comme observateur à l’escadrille 7, a obtenu la cita- 
tion suivante à l'ordre du corps d'armée (3° citation). 

« Dans l'aviation depuis deux ans et demi, s’est toujours 


acquitté brillamment des missions qui lui ont été confiées. 


Le 1% septembre 1918, attaqué par trois avions ennemis au 
cours d’un réglage, a réussi à se dégager et a continué sa mis- 
sion bien que son appareil ait élé sérieusement atteint. » 


LL: 
# x 


Les lieutenants Robert et Edmond Janet, fils de notre col- 
lègue M. Ch. Janet, etfrères du capitaine Janet dont nous déplo- 
rons la mort glorieuse, ont été cités dans les termes suivants : 


A 4 Fat GE PARA COR LR A TO PER ES 


PTE 


10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


ne « Est cité à l’ordre de l'artillerie lourde du 1° corps d'armée … 
coloniale : le lieutenant Janer, Robert. 
« Officier qui, par son calme, a obtenu le meilleur rendement 
de la batterie momentanément sous ses ordres (juin 1918), 
s'était déjà particulièrement distingué au cours de la bataille : 
2 de la Somme (juillet-décembre 1946). » 
| Le 6 juillet 1918. ! 
Signé : DESMONS. 
« Est cité à l'ordre de la 4° armée : 
« Le lieutenant JANET (Eämond), du 11° régiment d'artillerie 
à pied, 25° batterie. mi 
« Officier d’une bravoure à toute épreuve, montrant, en 
toutes circonstances, les plus belles qualités de sang-froid. Le 
‘ss : 45 juillet 1918, à la bataille de Champagne, sa batterie étan 
soumise à un violent bombardement, a soutenu par son 
8 exemple le moral de ses canonniers qui ont continué leur tir 
avec calme, sous les rafales ennemies. Ayant reçu l’ordre d : 
| changer de position, s’est retiré le dernier, après avoir assur 
l'évacuation de tout le personnel et de tout le matériel. » 


Le 8 août 1918. 
Signé : Gourau». 
AR 
Notre collègue M. Armand Aron vient d'être nommé cheva- 
lier de la Légion d'honneur, comme lieutenant au 22° régiment. 
d'artillerie. F0 
£ ES 
- M. Maxime Cuaçor, maréchal des logis au 84° régiment 
d'artillerie lourde, 5° groupe, fils de notre collègue M. Albert 
1 | Chagot, a été décoré de la croix de guerre, avec la citation 
é - suivante : | 
« Agent de liaison de premier ordre, s’est toujours fait . 
marquer par son entrain et son mépris absoiu du danger en 
assurant depuis de très longs mois la liaisor du groupe avec 
le commandement, dans des conditions parfois très difficiles. 
Ë en particulier les 6 et 10 octobre 1918. » 


* 
# 


Û M. Ch. Baizereau, agent général de la Société, vient d'être 
nommé adjudant au Ser\ice de Santé, à Nantes (Loire-Infé- 
rieure). : 


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LA FIN DE VILLERS-BRETONNEUX 


Par MAURICE LOYER. 


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Nous avons annoncé précédemment que cette collection, 
décrite dans le Bulletin de 1914, et dont nos collègues ont été 


_ souvent entretenus, avait été détruite par le canon allemand. 


Le parc ornithologique de Villers-Bretonneux, situé à 16 kilo- 


. mètres à l’est d'Amiens, dut être abandonné le 28 mars 1918, 


quard l'ennemi en approcha à moins d’un kilomètre, 
Tous les Oiseaux qui s’y trouvaient ont été perdus. 

Au début de la guerre, la collection comprenait près de deux 
mille Oiseaux appartenant à environ cinq cents espèces de 
toutes sortes, depuis des Autruches jusqu’à des Paradisiers 8t 
des Colibris. Elle avait déjà subi quelques dommages du fait 
du passage de l'ennemi en septembre 1914. 

Les aménagements, tout modernes, constituaient probable- 
blement la plus importante installation privée d'Europe. 

Des reproductions nombreuses y furent obtenues, dont les 
plus intéressantes sont celles d’un Touraco (Turacus Buffoni) 
et d’un Pigcon carpophage (A/ectrænas pulcherrima). 

La collection avait dû être un peu réduite dans le courant 
dé la guerre, par suite des difficultés d'entretien, mais toutes 
les espèces d’un intérêt particulier avaient été conservées. 

Parini ies Oiseaux qui ont été perdus, se trouvent des Au- 
truches du Cap, des Nandous blancs, des Grues, des Ibis, des 
Aisreties ; nombre de Palmipèdes; les quatre espèces de Paons, 
des Épéronniers de Germain, des Crossoptilons, des Faisans 
Mikado, de Sæœmering et à huppe blanche; des Pintades vul- 


Lurine et de Verreaux, des Hoccos (dont le Pauxi), des Péné- 
. Jopes, des Gouras, des Pigeons de Nicobar, d'autres Pigeons et 


Colombes, dont C. speciosa, des Carpophages; de nombreux 
Aras, Cacatoès, Perroquets et Perruches, dont douze Ondulées 
bleues ; trois couples reproducteurs de Touracos de Buflon, des 
Celaos et Toucans, un Motmot, un Paradisier, des Pies, Geais 
et Merles exotiques, etc.; ainsi que nombre de Passereaux gra- 
nivores, frugivores et insectivores, et cinq espèces de Soui- 
Mangas. ï 

Les Albinos étaient représentés par des Choucas, Geais et 


 Merles blancs. 


12 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Parmi les hybrides se trouvaient : 

Oie d'Égypte X Bernache de Magellan, 

Canard carolin X Canard siffleur du Chili, 

Faisan d'Elliott X Faisan Mikado, 

Faisan vénéré X Faisan de Sœmering, 

Canari X Tarin rouge du Brésil 
et des AUÉTES complètement blancs, de Canari et de Chardon- 
neret. 


L:s Oiseaux ont péri de diverses facons ; les plus délicats 
sont morts de froid et de faim ; beaucoup ont élé tués par les 
obus ou asphyxiés par les gaz; quelques-uns ont été mangés 
par les troupes; de rares individus, spécialement robustes, 
auraient été emportés par les soldats. 

Pendant tout le printemps, le parc, pris et repris, fut sou- 
mis à un bombardement intense et complètement bouleversé. 
Les installations avicoles sont détruites; les vues ci-contre 
pris-s après la bataille, donneront une idée de l'étendue des 
dégâts et montreront que tout espoir de restauration sur place 
doit être abandonné. 

Avec les Oiseaux ont aussi disparu des Orchidées (prove- 
nant pour la plupart de la collection Fanyau, à Hellemmes, 


près Lille), des collections de plantes de serre chaude et des : 


Poissons d'ornement. 


Les Sociétés et les amateurs des nations alliées ont témoi- 
gné à M. Jean Delacour une très vive sympathie à l'occasion de 
la perte de ces collections, qui lui tenaient tant à cœur. En 
parti-ulier, l’Avicultural Society (britannique) lui a voté une 
adresse de condoléances, et la New York Zoological Society a 
nommé notre collègue membre correspondant. 

Ajoutons que M°° Delacour et M. Jean Delacour ont l'inten- 
tion de refaire leurs collections aussitôt que les circonstances 
le leur permettront. Nal doute qu'une part des indemnités que 
2e va payer pour les dommages qu'il a causés les aidera 

à reconstituer ce qui était une des plus importantes collections 
privées d'Oiseaux vivants du monde. 


Sociéele nationale d'Acclimatalion de France. P£.[: 


Les volières des Passereaux. 
(Voir vue des mêmes volières dans le Bullelin de 19414, p- 163) 


La Faisanderie. Point de chute d’un ob 380.) 


Année 1919. 


Societe nationale d'Acclimatation de France. Bee All, 


2 


La Faisanderie et la Galerie chaufée. 


Le Parc des Nandous. Maisonnette écroulée. 
(Voir vue du même parc dans le Butlelin de 1914, p. 164.) 


' Année 1519. 


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LE JARDIN ZOOLOGIQUE DE COLOGNE 
APRÈS L'ARMISTICE 
Par JEAN DELACOUR. 


Mes fonctions auprès de l’armée britannique m’ayant appelé 


. dans la partie de l'Allemagne occupée par les Alliés, j'ai pu 


visiter le Jardin zoologique de Cologne le 23 décembre dernier. 

Ayant maintes et maintes fois enterdu dire, au cours de la 
guerre, que les Allemands affamés avaient dû sacrifier leurs 
animaux, je croyais ne voir que des cages vides. Quel ne fut 
pas mon étonnement d'y trouver encore de très belles séries 
d'animaux et, toutes proportions gardées, une collection bien 
supérieure à celles qui restent acluellement à Paris et même à 
Londres. 

En entrant, à droite, se trouvent des volières à Faisans qui ne 
contiennent que quelques espèces communes : dorés, argentés, 
vénérés, de Reynaud et quelques Colombes; puis viennent 
dans des parcs, des Daims, des Cerfs-Cochons et Sikas, des 
Cerfs élaphes ; l’un des parcs porte cette étiquette : 


HELDERHIRSCH 
geb. 23-5-16 
St-Gobain (Aisne). 


Un Cerf pris en France pendant la guerre ! 


Dans des séries de cages se trouvent de nombreux Loups. 
Renards et autres Carnassiers indigènes et exotiques. Les 
Ours sont très nombreux,au moins une douzaine d’Ours bruns, 
autant d'Ours blancs, et plusieurs autres espèces. 

La maison des Oiseaux est fort bien garnie. Tout autour se 
trouvent les cages. Le centre est occupé par des aquariums et 
des vivariums, 

La collection des Perroquets y est remarquable ; presque 
toutes les espèces d’Aras et de Cacatoës y figurent, entre autres 
l’Ara Leari et le Cacaloès Gang-Gang (C. galeatus), et une 
admirable paire de Polythorynchus stellatus. Les Amazones, 
Pionus, etc., sont bien représentés (A. diademata, Bodini, P. 
menstruus, etc.) ; peu de Perruches, mais une belle paire de 


#6 


14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Cyanolyseus palagonicus et un ravissant Zrologenys pyrrop- 


terus. Plus loin je note un petit Héron des plus rares au bec 
énorme, Ca:chroma cochlearia; un Dacela gigantea, un Toucan 
toco, plusieurs Calaos, un Pigeon de Nicobar, une Grande 
Veuve, des Pies bleues de Chine et nombre de petits et movens 
Oiseaux Plus loin, je remarque un couple de Gouras cou- 
ronnés et un couple du rare Goura de Sclater, des Ibis blancs 
el sacrés. 

Dans la partie centrale de la maison, on voit un Python mo- 
lure +t un Python réticulé, un certain nombre de Crocodiles, 
Alligators et Caïmans, des Lézards, des Tortues, des Gre- 
nouill.:s-bœufs, des Insectes et des Papillons. Dans les aqua- 


riums se trouvent divers Chanchitos, des Æemichromis, Chro-. 


mis, elc..., et de jeunes Esturgeons. 

Sur les pièces d’eau, les Palmipèdes sont peu nombreux, 
mais appartiennent à des espèces variées ; il s'y trouve des Oies 
des neiges, de Ross, bleues, du Canada, de Magellan, eic., 
l'Anseranas melaroleuca, des Canards de Bahama, siffleurs el 
pilets du Chili, etc. Il y a au moins cinquante Flammants roses 


et trois Flammants rouges du Mexique qui paraissent nouvel- 


lement importés. 

La collection de Rapaces est très belle; presque toutes les 
grand. s espèces y figurent : Aigles, Vautours, Condors, Pygar- 
gues ; je remarque une Harpie féroce, un Gyps du Bengale et 


“un Vautour papa. Il y a aussi un certain nombre de Noc- 


turnes. 

Les grands Oiseaux sont : un Nandou, deux Emeus, un Ca- 
soar de Benneltet un Casoar de Westermann; des Grues d Eu- 
-°pe, de Numidie, leucochen, couronnées bleues, et enfin un 
couple de la rare Grue moine. S né 

Je note encore deux beaux Bisons d’Awérique au milieu 
d’uve série de Buffles, d'Yaks, de Lamas et de Chameaux. 

Il reste, parmi les grands Carnassiers, trois Lions, trois 
Tigres, deux Jaguars, deux Léopards, un Puma el une Pan- 
thère noire. 

La maison des Singes est encore assez bien garnie sans d’ail- 
leurs rien renfermer de particulièrement intéressant. 

Des Lémures, Skungs, Ratons, Loutres et autres petits Mam- 
mifères garnissent de nombreuses loges, intérieures et exté- 
rieures. 


Enfin le Jardin de Cologne possède encore de grands ani- 


TR TE AE 


4 


44 
. 


à 


LE BOUTURAGE DU SORGHO 45 


maux : une jeune Girafe, un Hippopotame, un Éléphant d'Asie, 
un Tapir de l'Inde et un superbe Rhinocéros bicorne. Dans la 
même salle se trouvent encore des Zèbres, quelques Antilopes 
et un Gnou (Catoplepas Gorgon). 

Ajoutons que tous les animaux sont en excellent état et sem- 
blent fort bien nourris. L'établissement est bien tenu. 

En somme, le Jardin zoologique de Cologne n’a guère souf- 
fert de la guerre, et il est très probable qu'il en est de même 
des autres Jardins d'Allemagne. 

Ce n'est pas sans amertume que j'ai pu le comparer aux 
tristes ruines, aux amas de décombres, arbres cassés, fers tor- 
dus et verres brisés qui tiennent aujourd'hui la place de mon 
pauvre Jardin de Villers-Bretonneux, encore florissant il y à 
moins d’un an! Et je conclus qu'il faut que nos collections 
publiques et privées détruites parles Huns soient reconstiluées 
aux dépens des leurs. 


LE BOUTURAGE DU SORGHO 


Par A. PIÉDALLU 


Pharmacien-major de !"° classe, 
Chef de Laboratoire à l'Intendance. 


Au cours de mon étude biologique, agricole et industrielle 
sur le Sorgho sucré (1), j'ai remarqué que les tiges de Sorgho, 
penchées par le vent ou par toule autre cause, émettent natu- 
rellement et très facilement des racines adventives aux nœuds, 
jusqu'en haut des tiges. 

J'ai pensé à utiliser celte propriété pour obtenir la propaga- 
tion de cette inléressante plante par bouturage. Non pas que le 
bouturage soit à récommander comme moyen de culture dans 
les grandes exploitations. Le semi est beaucoup plus pratique, 
moins coûteux ét exige moins de main-d'œuvre. Mais j'ai pensé 
qu’il pouvait être intéressant de conserver et de multiplier 


(1) Sur l'importance du Sorgho sucré, Comptes rendus de l'Académie . 
d'Agricullure, décembre 1917; Bulletin Société nationale d'Acclimatation, 


juin 1918. — « Sorgho », Larousse mensuel, avril 1918. — Application 


industrielle de la matière colorante des glimes du Sorgho sucré, Comptes 
rendus de l'Académie des Sciences, 26 août 198. 


16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACGLIMATATION 


sûrement une variété donnée à l’état de pureté, variété ayant 
des qualités de précocité, de forte teneur en sucre, de grosseur 
et de quantité de grains, de force et de quantité de tiges, etc. 
el c’est avec cette idée que j'ai étudié la meilleure façon d'opé- 
rer le bouturage. 

Dans un chainp de Sorgho sucré d'environ un hectare cullivé 
en Poitou, j'ai remarqué des pieds beaucoup plus précoces que 
les autres. Il est avantageux dans nos pays à étés relativement 
peu chauds de propager ces variétés précoces. Or, le Sorgho 
s'hybride très facilement ; on n'est jamais sûr que les grains 
donneront des plantes ayant les qualités de la plante mère. On 
se souvient des déboires éprouvés par les cultivateurs de Sorgho 
sucré dans le voisinage du Sorgho à balais. 

Il se fit naturellement des fécondations croisées et on obtint 
finalement des grains n'ayant plus aucune valeur puisqu'ils 
donnaient des plants qui avaient perdu les qualités des deux 
Sorghos types, et qui n’en avaient plus aucune. 

Il est pour aïasi dire impossible d'obtenir des semences abso- 
lument pures quand on cultive plusieurs variétés dans des 
champs voisins ou qué plusieurs variétés se trouvent éparses 
dans le même champ. J'ai cultivé des grains soi disant purs 
de Sorgho sucré hàtif de Minnesota qui m'ont donné toute 
une variation, allant du type sucré pur à panicule diffuse jus- 
qu'au type penché à glumes noires (cou d’oie) en passant par 
le Sorgho à panicule dense et à glumes noires. Or, ces variétés 
ont des qualités différentes qu'il est intéressant de conserver 
ou d’hybrider à sa volonté. C’est là que vient l'intérêt du bou- 
turage qui conserve sûrement dans toute sa pureté une variété 
donnée. 


Pratique du bouturage. — Mes premiers essais ont porté sur 
des tronçons de tiges qui m'avaient été envoyées du Poitou. Je 
les avais plantées obliquement en terre. Malgré la sécheresse, 
avec quelques arrosages, la moitié de mes boutures ont poussé. 
J'ai cherché la cause de l'insuceès de l’autre moitié et j'ai 
remarqué que la gaine de la feuille gêénait la pousse des 
racines aux nœuds. J'ai alors incisé circulairement la gaine des 


. feuilles à l'extrême base et j'ai détaché celle-ci. 


J'ai laissé environ 3 à 4 centimètres de tige coupée en biseau 
de chaque côté du nœud et j'ai planté mes boutures en pots. 
J'ai recouvert la terre des pots avec de la mousse et mis le tout 


LE « CHLORIS GAYANA » 17 


sous cloche. J'ai bien arrosé ma plantation et l’ai exposée au 
soleil. 

En huit jours les racines étaient poussées et toutes les jeunes 
tiges étaient sorties. 

Ces boutures ont toutes réussi. 

J'en conclus qu'il est très facile de boulurer le Sorgho et de 
le conserver ainsi à l’état de pureté. Il est également facile de 
le conserver pendant l'hiver, il suffit de garder ces boutures 
sous châssis, elles partiront avec une belle vigueur au printemps 
et donneront un plant précoce. 

Le Sorgho est, en elfet, vivace. Dans nos pays, la gelée seule 
le fait périr; dans les pays chauds avec un peu d'humidité la 
souche redonne des pousses nouvelles. 

Il est plus avantageux d’alterner les cultures que de conser- 
ver plusieurs années de suite cette plante grosse mangeuse, 
dans le même terrain, mais on pourrait le faire au besoin. 


En résumé, il est facile de bouturer le Sorgho et de conserver 
ainsi une variété donnée à l’état de pureté. 


UNE NOUVELLE PLANTE FOURRAGÈRE 
POUR LES PAYS SUBTROPICAUX, LE CHLORIS GAYANA 


Par L. MISSON. 


L'alimentation des animaux domestiques est une question 
primordiale, surtout quand il s’agit de les améliorer au double 
point de vue de la précocité, du développement organique et 
de la précocité des fonctions productives ou économiques. 

Il en résulte que la question des fourrages, qui constituent 
un des éléments principaux de ces améliorations, s'impose 
aux éleveurs comme une nécessilé de premier ordre. 

Dans la plupart des pays d'Europe et aux États-Unis, où 
l'élevage, en général, est intensif et constitue une industrie 
bien connue et bien établie, ces études sont assez complètes et 
presque chaque région possède un certain nombre de plantes 
bien connues et bien déterminées, qui fournissent les fourrages 


P. 


18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


verts nécessaires pendant la belle saison, les foins et les grains 


pour la période d'hiver. 

Dans les pays tropicaux, le problème est plus A sou- 
vent même très difficile à résoudre parce que l'élevage se fait, 
en général, d'une façon plus extensive, les animaux, parfois 
semi sauvages, étant toute l’année en plein air, et en même 
temps parce que, très souvent, à la saison d'hiver correspond 
uñe période plus ou moins sèche et relativement froide. 

Ces conditions, qui se rencontrent dans quelques Élats du 


sud du Brésil, sont sensiblement les mêmes dans la plupart 


des pays de l'hémisphère sud qui setrou\ent à peu de distance 


au nord et au sud du tropique, tant en Afrique, qu’en Ausiralie 


et en Nouvelle-Zélande. 


La conséquence de cette répartition des périodes humides et, 


des périod. s sèches, c’est que, durant la saison d'été, lorsque 
les pluies provoquent une croissance réellement exubéranle, 
les animaux trouvent, même dans les pâturages naturels, une 
alimentation abondante et relativement variée, land s que, 
pendant l'hiver, par suite de là sécheresse et du froid relatif, 


non seulement la croissance de ces fourrages est sinon arrêtée, 


du moins retardée, mais encore les anitbaux se procurent à 
grand'peine leur ration d'entretien, les plantes fourragères 
élant devenues ligneuses et peu propres à l’alimeutation. 


Le bétail, pendant cette périvde, souffre beaucoup et maïgrit s 


à tel point qu'il perd parfois, en deux ou trois mois, tout ce 
qu'il a gagné pendant la bonne saison. 

La mortalité est beaucoup plus grande à ce moment. 

Pour les animaux jeunes, la croissance est alors très lente et 
l'interruption dans leur développement qui se répète chaque 


année pendant cetle période de disette, par suite des jeûnes 


forcés auxquels ils sont. soumis, diminue fortement leur résis- 
tance et ils paient un large tribut à la tuberculose. 


Dans l'État de Sao Paulo, lorsque les animaux sont en stabu- 
lation plus ou moins complète, la flore agricole variée des 
fazendas permet de suppléer facilement et presque sans in por- 
tations à la pauvreté des fourrages. 

Les deux principales Graminées du pays, le « Jaraguä », 
Andropogon rufus Kunth, et le « Catinguciro », Melinis minuti- 
flora, qui constituent les meilleurs pâturages du pays, four- 


nissent pendant l'été, en abondance, une excellente alimenta- 


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LE « CHLORIS GAYANA » 19 


tion et donnent aux animaux un fourrage qui suffit à la fois à 
leur ration d'entretien et à leur ration de production. 

Pendant l'hiver, toutes deux se dessèchent, deviennent 
ligneuses et ne permettent plus de leur donner une alimenta- 
tion suffisante. 

Dans les fermes où le bétail est conservé à l’étable pendant 
une partie de la journée, l'alimentation se fait, pendant la sai- 
son sèche, en prenant comme base le foin de ces deux Grami- 
nées et en complétant la ration au moyen de Luzerne, de Caune 
à sucre fourragère, de racines de Manioc, de Patates douces, 
de farine de Maïs, de tourteaux de Coton, toutes choses 
produiles dans le pays et de son de Froment, importé d Argen- 
tine. 

Le grand avantage que présentent la Canne à sucre, les 
Patates douces et le Manioc, c’est qu'ils sé conservent sans 
difficultés, tout l'hiver, dans les champs et que l'on peut les 
récolter ou faire la coupe au fur et à mesure des bessins, d’où 
suppression de tous frais de conservation. 

Avec toutes ces plantes, il est donc facile d instiluer et de 
modifier aisément, selon les circoustauces, un ralionnement 
avaniageux pour tous les animaux de Lx ferme. 

Dans les exploitations de l'intérieur du pays, là où la dis- 
tance des marchés pour la vente du lait, du beurre ou du fro- 
mage ne permettrait pas le remboursement des frais occasionnés 
par la stabulation et l'alimentation artificielle le seul problème 
qui se pose est la production, pendant la saison sèche, des 


_ fourrages nécessaires au bélail élevé en pleine liberté. 


Comme nous l’avons vu, l'Anvropogon rufus et le Melinis 
minutiflora et même le Cynodon dactylon, qui cependant 
résisle mieux à la sécheresse, ne suffisent pas; et même dans 
les fermes où l’on cultive ces trois plantes, les pâturages natu- 
rels ne peuvent assurer l'alimentation régulière pendant 
toute l’année. 

C'est surtout dans le but de résoudre ce problème que, pen- 
dant plusieurs années, de 1907 à 1914, au poste zootechnique 

ceniral de Sao Paulo, que je dirigeais, j'ai fait des expéricnces 
comparatives sur environ 90 espèces de plantes Ur QUE 
tant ind'gènes qu’exotiques. 

Ces essais ont confirmé absolument toutes les qualités et en 
même temps les défauts, déjà connus, des plantes lourragères 
indigènes et fait ressortir aussi le faible rendement des Légu- 


20 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


mineuses du pays et la presque impossibilité de les cultiver 
seules. 

Ils ont, en même temps, fait connaître la valeur de quelques 
Graminées d'origine étrangère et montré la facilité de leur accli- 
matation. 

Parmi les meilleures, il faut citer le Paspalum dililatum ; le 
Michrolæna Stipoïdes (dont les semences m’avaient été envoyées 
de Nouvelle-Zélande), et surtout le CAloris Gayana(?) le plus 
intéressant par des résultats obtenus. 

Ce Chloris est une plante, vivace probablement, de la famille 
des Graminées, d'origine américaine. 

D'après Beal (Grasses of North America), il en existe au 
moins 40 espèces dans le sud de l'Amérique du Nord (dans les 
régions les plus chaudes des États-Unis), dans les États de la 
Caroline du Nord, de Californie, d'Alabama, de la Floride, du 
Mississipi, de la Virginie, du Texas, de l'Arizona, elc., ainsi 
qu'au Mexique. 

Quelques espèces se rencontrent aussi dans les îles du golfe 
du Mexique et au Brésil. 

Besl donne la description de diverses espèces. Parlant du 
Chloris, il dit qu'on le trouve au Texas, dans l’Arizona et au 
Mexique, où il croit de préférence dans les parties les plus 
humides des plateaux el des plaines et que ses tiges, très 
succulentes, sont fort appréciées par les animaux de toutes 
espèces. 

Sur les plateaux secs et dans les montagnes arides de l’Ari- 
zona du Sud et de la Sonora, les Indiens, en hiver et au prin- 
temps, transportent à dos d'âne des bottes de cette plante 
qu ils viennent vendre dans les villes. 

Le Chloris polydactile existe dans le sud de la Floride, aux 
Indes occidentales et au Brésil; le verticillata se rencontre sur- 
tout au Texas; le longifolia au Mexique ; le submutica dans le 
nord de ce pays; le ciliata au Mexique et dans les Indes occi- 
dentales; le floridana dans les pineraies arides de la Floride; 
le glauca, au contraire, dans les marécages du même pays. 

Les premières semences de Chloris qui servirent à mes expé- 
riences me furent remises -par un des meilleurs éleveurs de 
l'État de Rio, comme étant le Chloris virgata, mais j'ai appris 
depuis, par des articles récents publiés à Sao Paulo, qu'il y 
était connu maintenant sous le nom de Ch/oris Gayana. 

Quand il a acquis tout son développement, il ressemble assez 


Sociélé nalionale d'Acclimatation de France. PLU 


Chloris gayana en fleur. 


Année 1919. 


.Sccieté nationale d'Acclimatalion de France. RIVE 


s 


Parc zoologique de Gooïilust (Hollande). 
Antilopes Oryx du Cap. 


Parc zoologique de Gooilust (Hollande). 
Zèbres de Grévy. 


Année 1919. 


LE © CHLORIS GAYANA » 91 


bien au Jaraguà (Andropogon rufus) et croit à une hauteur 
d'environ 060, fournissant un fourrage très apprécié par 
tous les animaux; les Chevaux et les Mules le mangent avec 
autant d’avidité que les Bovins. 

Cette plante, qui, régulièrement, m'a donné'six coupes par 
an et qui fournit un foin de très bonne qualité, convient 
parfaitement pour la création de pâturages, ne souffre nulle- 
ment du piétinement par les animaux et se conserve toujours 
tendre, même quand elle est mûre. 

Elle se propage très facilement de semences, reste vigoureuse 
même pendant l'hiver, résistant aux froids les plus rigoureux 
de Saô Paulo. Les gelées de 1912 n’ont fait aucun mal aux 
plantations de Chloris de notre champ d'expériences, tandis 
que la majorité des plantes indigènes qui y étaient cultivées 
en ont soufferl assez bien. Cette année eucore, lors des grandes 
gelées qui se sont produites les 24 et 26 juin et qui ont brûlé 
300 millions de Caféiers, sur un total, pour l'État, de 800 mil- 
lions de pieds, on à pu voir qu’alors que presque toutes les 
plantes fourragères indigènes étaient tuées par ce froid inu- 
sité, le Chloris s'est seulement desséché et a repoussé avec 
vigueur avec les premières chaleurs du printemps. 

Le Chloris se propage aussi, naturellement, par stolons, 
surtout au commencement du printemps. (V. pl. IT.) 


TERRES, — En ce qui concerce le sol, le Ch/oris est bien moins 
exigeant que l’Andropogon, et il peut être semé avantageuse- 
ment dans bien des régions où celui-ci, par suite de ses exi- 
gences quant à la richesse, à la fraîcheur du sol, et à la somme 
de chaleur nécessaire à sa maturation, ne peut être cultivé. 

Il faudrait pouvoir comparer les résultats qui ont été oblenus 
depuis 1913 dans les établissements d'élevage du gouvernement 
de Saô Paulo et dans les nombreuses fermes où il a été planté 
pour donner des indications précises quant aux sols qui lui 
conviennent le mieux. 

En tout cas, dans fes terres du Po-te zootechnique central, 
les plus pauvres peut-être de tout l'Etat (spécialement en acide 
phosphorique et en chaux), fumées au fumier de ferme et sim- 
plement labourées et hersées, des plantations faites de boutures 
ainsi qu- de semences se sont très bien développées. 

Des plantations que j'avais faites, en grand, de boutures dis- 
tantes de 0"26, en septembre 1913, malgré une sécheresse qui 


4 


99 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


s'est prolongée pendant quarante jours, ont très bien donné, 
avec très peu de vides et deux mois plus tard, grâce aux stolons 
qui s'étaient propagés et enracinés dans toutes .les directions, 
le terrain était absolument couvert. 

Plantations. — La plantation peut se faire de semences, au 
printemps, pendant les mois de septembre et octobre. Il 
semble cependant, comme l'ont montré les expériences faites 
au Poste zootechnique central, que ces semailles puissent se 
faire pendant toute la saison des pluies. | 

Le Chlorrs, en effet, fleurit et donne des semences très peu 
de temps après chaque coupe et il n’y a päs à craindre, comme 
c’est le cas pour le Melinrs et l’Andropogon, dans les régions 
les moins chaudes de l'État et dans les États limitrophes du 
Sud, que les semences ne mürissent pas. 

Le Chloris, avant la saison froide, aura müûri des semences Fe 
plusieurs reprises et ces semences, tombant sur le sol, donne- 
ront naissance à de nonyenss plantes qui se développeront 
rapidement. 

La plantation peut aussi se faire par boutures et j'ai constaté 
que ce sont les parties les plus jeunes des tiges qui s’enra- 
cinent avec le plus de facilité. 

Quant à la rapidité de propagation par ce système, elle est 
caractéristique, comme le prouve le fait suivant : le 17 juin 1909, 
done au commencement de l'hiver, j'ai fail planter dans le 
champ d'expériences du Poste zoctechnique central, au miliex 
d'une plate-bande de 10 mètres de long sur 0 de large, 

4 boutures de Chloris. 

Ce parterre a élé arrosé de temps à autre et fin août, c’ 'est-à- 
dire quarante jours plus tard, non seulement toute la plate- 
bande était couverte, mais encore des stolons en sortaient de 
plus de 150 et envahissaient les cultures voisines. 

En cas de nécessité, pour hâter les peuplements faits par- 
semis, on peut, après un certain temps, arracher les touffes 
qui se sont formées et les replanter après les avoir divisées ; 
chaque touffe donnant 5 à 6 plantes. 


RENDEMENTS. — D'après les expériences comparatives faites 
pendant deux aus et qui ont été confirmées par la suite, le 
Chloris Gayana (?) quant à son rendement en matière verle, se 
rapproche beaucoup du Jaraguà (Andropogon ai À et pro- 
duit plus que le #elinis et le Cynodon. 


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Sa production est inférieure à celle du Panicum spectabile (?) 


t très cultivé pour l’ali- 
des villes, mais les avan- 


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t à la facilité de< semailles, 


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tages qu'il présente sur celu 


24 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACGLIMATATION 


(le Panicum ne donnant pas de semences et ne pouvant être 
propagé que par boutures), à sa résistance au froid et à sa 
valeur nutritive plus grande, compensent largement ces 
moindres rendements. : 

Voici, du reste, la production en vert comparée, de diverses 
Graminées, Légumineuses, etc., cultivées toutes dans des con- 
ditions identiques, pendant deux ans, au Poste zootechnique 
de Saô Paulo. (Voy. tableau page précédente.) 

Un point important à considérer, pour toutes ces plantes, 
c'est le nombre de coupes qu'elles donnent par an, car il 
est évident qu'un nombre plus élevé correspond à une 
repousse plus rapide et à une production plus longue en 
automne ou même en hiver. Sous ce rapport, le Chloris et le 
Cynodon sont favorisés, quoique ce dernier se dessèche assez 
bien pendant l'hiver dans les terres peu fraîches. 


VALEUR NUTRITIVE. — Pour me rendre compte de la valeur 
nutritive du Chloris comme aliment, j'en ai fait faire l'analyse 
en juin 1913, par l’Institut agronomiquet de Campinas (Saô 
Paulo) et sa composition, comparée à celle de diverses autres 
plantes fourragères cultivées à Saû Paulo, est la suivante : 
(Voy. tableau ci-contre.) 


En comparant ces analyses, on voit de suite que, parmi 
toutes les meilleures plantes cultivées à Saô Paulo, le Chloris 
est non seulement la plus riche quant à la teneur en matières 
azotées et une des plus riches en matières grasses, maïs encore 
que c'est elle, à part le Paspalum, qui a la moindre proportion 
de matières ligneuses. 

Comparée à l'Andropogon, c’est-à dire à la plante qui constitue 
les meilleurs pâturages du- pays, le Chloris est trois fois plus 
riche en matières azotées, deux fois plus en matières grasses 
tandis que la proportion de matière fibreuse est deux fois 
moindre. 42 RE SU 

Le foin préparé avec le Chloris, beaucoup plus riche que 
celui de Jaragua, est moins dur que ce dernier et mieux goûté 
par les animaux. 

Le défaut que l'on note dans ce fourrage est sa faible teneur 
en maltivres minérales, de beaucoup inférieure surtout à celle 
qui se constate dans le Melinis. 

Pourl’alimentation des jeunes animaux, qui ont besoin d'une 


LE « CHLORIS GAYANA » 


plus grande quantité de 
matières minérales pour la 
constitution de leur sque- 
lette, il convient doncmoins 
que l’Andropogon, le Cyno- 
don et moins encore que le 
Melinis. 

La confirmation de la 


valeur du Chloris Gayana(?) 


est faite maintenant à Saô 
Paulo, où de nouveaux es- 
sais ontété effectués depuis 
cinq ans avec de magnifi- 
ques résultats et où sa cul- 
ture prend, tous les jours, 
une plus grande impor- 
tance. 

L'adoption de cette nou- 
velle plante  fourragère 
pourrait avoir, pour l'éle- 
vage dans le pays, des 
conséquercesimprévues au 
premier abord, mais qui 
nen sont pas moins im- 
portantes. 

Par suite de ses qualités, 
en général, et de quelques 
autres qui lui sont particu- 
lières : faibleexigence quant 
au sol, plantation et mul- 
tiplication faciles (par se- 
mences, boutures, stolons), 
fructification rapide, résis- 
tance à la gelée, à la coupe 
el au pâturage, rendement 
et valeur nutritive élevés 
et le fait qu'il reste vert 
pendant presque toute l’an- 
née, on peut déduire : 

1° Qu'il constituerait tout 
d'abord une augmentation 


EN 100 PARTIES DE LA SUBSTANCE HUMIDE : 


CANNE 
FOURRAGÈRE 


Paspalum 


: Panicum 


Gynodon | Andropogon 


dilatatum 
Taquara 


spectabile 


Melinis 


Chloris 


CO) 


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grasses 
non azotées . 
fibreuse- 
minérales . 


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+ 
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be 


26 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


nouvelle et sensible de la flore fourragère de certains pays 
subtropicaux ; | 

2 Que sa propagation facile et rapide diminuerait les 
frais de eréation des pâturages et permettrait d'en établir 
beaucoup plus et d'augmenter proportionnellement le cheptel 
du pays; 

3° Qu'il ferait disparaître les disettes annuelles pendant 


lesquelles les animaux adulles dépérissent par suite du manque 


d'alimentation et perdent presque tout ce qu'ils ont gagné 
pendant la saison des pluies; 

4° Pour la même raison, les animaux jeunes étant mieux et 
plus régulièrement nourris seraient plus résistants et moins 
sujets à la tuberculose ; 

5° Que son adoption supprimerait les incendies annuels 
de l'automne (dont la valeur est discutée et discutable), qui 
sont nécessaires dans les pâturages formés avec l’Andropogon 
rufus et avec beaucoup de Graminées indigènes, qui se 
dessèchent complètement en cetie saison; 

6° Ne séchant pas, le CAloris hébergerait peu de Tiques et 
diminuerait certainement les ravages causés par les piroplas- 
moses et anaplasmoses, assurant un engraissement plus rapide 
du bétail indigène et permettant une acclimatation plus facile des 
reproducteurs de racespures importés en vue de l'amélioration 
du bétail indigène. 


Le Ministre actuel de l'Agriculture de l'Etat de Saô Paulo, le 
D' Candido Motta, a parfaitement compris loute l’imporlance 
que présente ce problème de l'alimentation du bétail et afin de 
compléter les premiers essais fails dès 1906 au Poste zootech- 


nique de Saô Paulo (créé par le D' Carlos Botelho et supprimé 


par le D' P. de Moraes Barros en décembre 1914), a décidé, 
afin de le résoudre, la création de nouvelles stations expéri- 
mentales dans diverses régions de l'Etat. 

D'après le rapport publié par le premier Congrès d'élevage 
qui a eu lieu à Saô Paulo en septembre 1916, ces expériences, 
en ce qui concerne le Chloris, ont été concluantes etdès main- 
tenant, selon les termes du rapporteur de la Commission, le 
colonel Diederichsen, « il peut, par suite de son extrême rusti- 


cité, être comparé avec les meilleurs fourrages connus. Sa | 


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EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 27 


valeur, comme foin, est déjà suffisamment prouvée et la 
dernière preuve de sa parfaite adaptation va être donnée sous 
peu, grâce aux expériences qui se font dans les fermes où lon 
s'occupe de l’engraissement du bétail ». 


EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 


A PROPOS DU COCOS NUCIFERA 


Notre collègue, le D' Robertson-Proschowsky, nous écrit : 


« J'ai lu, dans le Pulletin d'août 1918 de notre Société 
(p. 243), la note de notre sympathique collègue, M. Ch. 
Rivière. Nous sommes tout à fait d'accord. Je n'ai fait que 
rapporter la communication qui m'avait été faite par M. Petit- 
Bergonz, amateur de plantes, à Eze. Le mieux serait de faire, 
non une, mais plusieurs expériences. 

« Je puis cependant ajouter à La note de M. Ch. Rivière que 
le Cocos nucifera résiste en Égypte, même à Alexandrie, mais il 
s’y développe peu. 

« Comme je l’ai précisé dans un article sur l'Acclimatation 
sur la Côte d'Azur (Revue horticole, 1917), avant de se pro- 
noncer sur la possibilité de résistance d’une espèce, il faut en 
avoir fait des semis en nombre, de graines provenant d'un 
climat qui se rapproche le plus de celui où on veut l’introduire. 

_« Je donnerai un exemple (et j'en ai donné d’autres dans 
l’article précité) : on peut faire des semis de Manguier (Mangi- 
fera indica L.) avec la chance d'obtenir un sujet relativement 

résistant au froid, même en semant des graines provenant de 
… variétés cultivées en climat franchement tropical; mais si les 
graines proviennent de variétés cultivées à l'extrême limite de 
cet arbre fruitier, on aura beaucoup plus de chance d'obtenir 
des sujets plus résistants. C’est ce que j'ai fait, et c’est ainsi 
que j ai réussi à cultiver cet arbre (qui ne se développe pas 
m… bien, mais qui vit), considéré comme trop frileux pour être 
* cultivé en Algérie. Pour tenter la culture du Cocos nucifera, il. 
… faudrait procéder de la même manière. » 


” 


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CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 


La carpiculture aux États-Unis. — Les Kangurous albinos du Jardin 
de Melbourne. — A propos des Pigeons messagers dans les services 
de guerre. — La ménagerie de Gooïlust. — Le Jardin zoologique 
d'Anvers. — La mort d'un Chimpanzé. — Les effets de l'hypnotisme 
sur les animaux sauvages. — Importation d'œufs d’Autruche du Cap 
en Angleterre. 4 


La Carpe d'Europe a été introduite aux États-Unis d'Amé- 
rique en 1877. On estime que ce Poisson fournit aujourd'hui 
par an 43.000.000 de livres de chair comestible. Le Bureau des 
pêcheries des États-Unis recommande la multiplication des 
étangs à Carpes, qui deviendraient rapidement une ressource 
alimentaire des plus importantes, et fait observer que si quel- 
ques personnes considèrent la chair de ce Poisson comme 
peu appétissante, c'est qu’on né sait pas le faire euire. Le 
Bureau préconise, en conséquence, certaines recettes culinaires. 


M. Le Soueff, directeur du Jardin zoologique de Melbourne, 
publie dans le Bulletin de la Société zoologique de New-York 
des notes intéressantes sur la faune de l'Australie. Ces notes 
sont illustrées par d'excellentes photogravures dont l’une 
représente un groupe de quatre Kangurous rouges albinos que 
possède le Jardin de Melbourne. 


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x * 


L'ulilisalion des Pigcons messagers dans les services de 
guerre à ramené l’atteution du public sur ces utiles auxiliaires 
de nos armées. Le Jardin zoologique de New-York a installé 
dans des volières spéciales les représentants des meilleures 
races de Pigeons messagers belges et M. Lee Crandall a con- 
sacré un article du Bulletin de la Société aux Colombes de 
guerre (war doves), comme il les appelle, quoique ces deux 
termes jurent un peu de se trouver réunis. M. Crandall fait 
. cependant observer que ces Colombidés sont loin d’être des 
Oiseaux pacifiques et qu'ils tirent aussi bon parti dans leurs 


£ 
“3 
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FRE 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 29 


querelles de leur bec et de leurs ailes que si c'élaient des 


armes plus redoutables. ? 
Au Jardin zoologique de Londres, les visiteurs affluent pour 


voir un fourgon-pigeonnier militaire pris aux Allemands dans 


les environs d'Arras. Une sonnerie électrique déclanchée par 
la tablette sur laquelle l’Oiseau vient se poser en rentrant, 
annonçait l’arrivée d'un message. A l'approche des troupes 
anglaises, les gardiens de ce fourgon-pigeonnier voulurent y 
mettre le feu, mais ils furent lués et on voit encore sur cette 
voiture de campagne des traces de feu et de nombreux trous 
de balles. 


LA 
X x 


Les ménageries des Jardins zoologiques et des amateurs 
n'auront pas été les moins épargnées parmi les établissements 
qui ont eu à souffrir de la guerre. Les difficultés du ravitaiile- 
ment et la parcimonie des allocations, même dansles pays neu- 
tres, ont été cause qu'il a fallu réduire les collections d’ani- 
maux aux proportions les plus minimes, lors même qu’on n'a 
pas été obligé de les supprimer complètement. 

Beaucoup d'essais d'élevage et de domestication qui étaient 
en bonne voie sont à recommencer et auront perdu tout le 
bénéfice des résultats obtenus précédemment. 

Notre collègue, M. Blaauw, de Hollande, a pu, non sans 
peine, maintenir son admirable ménaÿerie de Gooïlust sur son 
pied habituel, mais il a dû arrêter la reproduction des animaux 
qui ne présentaient pas un intérêt particulier, soit par leur 
rareté dans les collections, soit parce qu'ils sont menacés d'ex- 
linction à l’état sauvage. Ainsi le Gnu à queue blanche mâle 
n'ayant pas êté réuni à son harem, le petit troupeau ne se 
compose que d'adultes : un mäle et cinq femelles. Les Anti- 
lopes Oryx (Algazelles ou Gemsbock du Cap) ont malheureuse- 
ment suecombé les unes après les autres à une épidémie de 
diarrhée alors qu’elles paraissaient bien acclimatées et avaient 
commencé à 8e reproduire. Oryx et Gnu étaient autrefois si 
communs et si caractéristiques de la faune africaine que les 
premiers colons les prirent comme supports des armoiries du 
Cap. Il faut aller loin aujourd'hui dans l'intérieur du pays 
pour trouver ces belles Antilopes que les Boers ont fini par 
détruire pour en exploiter les peaux et on n’en trouve plüs dans 
les environs du Cap que de rares survivants sur quelques 


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30 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


fermes où on les protège. L'Oryx, sous une formé peu diffé- 
rente de celle de l'Oryx du Cap, s’élendait jusque dans le nord 
de l'Afrique et ses longues cornes eflilées qui ressemblent à 
des antennes d'insectes ont sans doute été chez les Anciens 
l'origine de la fabuleuse Licorne, le parallélisme des deux 
cornes faisant qu'on n’en voyait qu'une lorsque l'animal se 
présentait de profil. (V. fig. pl. IV.) Les Zèbres de Grévy et les 
Chevaux de Prézewalski continuent à prospérer à Gooïlust,. 


C'est surtout par ses heureuses reproductions d'Oiseaux 
d'eau que la collection de M. Blaauw s'est signalée, ce qu’il 
faut attribuer sans doute aux installations si bien comprises de 
celle ménagerie. Cette année encore, malgré la difficulté des 
temps,M. Blaauw a oblenu la reproduction des Oies Empereur, 
des Oies de Ross, des Bernaches des Iles Sandwich, des Berna- 


ches à lête rousse, à tête grise, des Magellan et des dispar, des 


Oies zébrées de l'Inde, des Cygnes buccinalor d'Amérique, des 
Canards sparsa de l'Afrique australe et de plusieurs Perruches, 
entre autres des Perruches à long bec, que M. Blaauw avait 
rapportées lui-même du Chili, il y a quelques années. 


Le jardin zoologique d'Anvers a pu conserver deux Hippo- 


potames, deux Girafes, quatre Zèbres, quelques Antilopes, des. 


Singes, des Kangurous et un certain nombre d'Oiseaux 
grands et petits, mais il avait fallu sacrifier presque tous les 


Quadrupèdes,et notamment les animaux féroces dont les cages 
pouvaient être brisées par le bombardement et que l’on crai- 


gnait de voir s'échapper. Le jardin zoologique de Copenhague 
a fait don au jardin d'Anvers des animaux qu'il avail en HOnDIE 
pour reconstituer la collection. 


Hamlyn annonce dans son Ménagerie Magazine la mort de 
son fameux Chimpanzé Goumba. Ce grand Quadrumane était 
remarquablement affectueux et intelligent. H avait appris à 


CS 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 31 


enfiler une aiguille et à coudre. C'était tout ce qu'il y avait de 
plus intéressant de lui voir lacer les botlines de son maître. 
Quand il avait par hasard passé un œæillet, il défaisait son ou- 
vrage pour recommencer. 


Dans la même livraison de la Wénagerie Magazine est un 
intéressant compte rendu de la façon dont certains jongleurs 
indiens pratiquent l’hypnotisme sur les animaux sauvages 
même les plus féroces; et on cite un cas où il suffit de quel- 
ques passes magnétiques pour arrêter une Tigresse qui entrait 
dans un village à la recherche de ses petits qui lui avaient été 
enlevés. L'animal fut si complètement maïtrisé qu’il vint se 
coucher aux pieds du magnétiseur et se laissa caresser. 


* 
*X x 


On a commencé à importer du Cap en Angleterre des jaunes 
d'œufs d’Autruche à l’état liquide pour suppléer au manque de 


* jaunes d'œufs de Poule employés dans l’industrie. 


CONCOURS D'OBSERVATIONS D'HISTOIRE NATURELLE 


PRÉSENTÉES PAR LES ÉLÈVES DES ÉCOLES PRIMAIRES 


La Société d’Acclimatation va reprendre en 1919 le concours 
institué en 1910 et qu'elle avait suspendu pendant la guerre. 
Les enfants des écoles primaires conviés à prendre part à ce 
concours devront s'attacher à observer un animal ou une 
plante (autant que possible un animal sauvage) et tiendront 
note sur un Cahier spécial de tout ce qui aura frappé leur 
attention relativement à l’objet de cette étude. D’après ces 
notes, ils rédigeront, du mieux qu'ils le pourront, un résumé 
de leurs observations. 


L'instituteur qui voudra bien favoriser et diriger cette étude 
choisira les six meilleurs mémoires et les enverra avec le cahier 
de notes qui leur aura servi de base, au Secrétaire général de 


32 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


la Société nationale d'Acclimatation dans le mois qui suivra la 


rentrée des classes de 1920. 

Un jury nommé par la Société d'Acclimatation examinera le 
lravail des concurrents et distribuera les prix qui consistent en 
diplômes, médailles, tableaux ou livres. 


Pour de plus amples informations sur les conditions du con- 


cours, s'adresser au Secrétaire de la Société d'Acclimatalion, 
198, boulevard Saint-Germain, Paris (VIJ°). 


ORDRES DU JOUR DES SÉANCES GÉNÉRALES 


POUR LE MOIS DE FÉVRIER 4949 


Lundi 3, à 3 heures. — M. Henri GEOFFROY SAINT-HILAIRE. La 


- situation de l'élevage au Maroc. 


— M. Pirpazcu, Ulilisation des déchets animaux en agriculture. 


Lundi 17, à 3 heures. — M. le professeur LEcourTe. L'importation 


des bois de nos colonies. 
— M. Ch. Rivière. Le climat de l'Afrique du Nord, au temps 
de Carthage et de nos jours. 


Mardi 25, à 5 heures. — Sous-Secriox d'Or\nxoLocig. Ligue pour 
la protection des Oiseaux. 


Tous les Membres de la Socièté sont priés d'assister aux 
Séances générales, qui ont lieu deux fois par mois, au Siège 
social, 198, boulevard Saint-Germain. 


Sur amande, les Ordres du Jour des Séances sont rod 


mensuellement. 


Le Gérant : À. MARETHEUX. 


“+ 


Paris. — L. MaRETHEUXx, imprimeur, 1, rus Cassette. 


+ 


LE 


faines offertes par M. G.-H. 
CAVE. Curator Llyod Botanic 
arden. Darjeeling (Indes an- 
aises). 


er Papilio King. 

- Hookeri Miq. 

Campbellii Hook f. 

— Osmastoni Gamble. 
rtemisia pauciflora Spreng. 
stragalus stipulatus D. Don. 
jsia macrocarna Wall. 
emone vitifolia Buch-Ham. 
rivularis Buch-Ham. 


hmeria macrophylla D. Don. 
 Berberis nepalensis Spreng. 

—  umbellata Lindl. 

—  concinna Hook. f. 


llicarpa rubella Lindl. 

ssiope selaginoides Hook. f. 
Thoms. 

assiope fastigiata D. Don. 
Clematis montana Buch-Ham 
Celastrus Championi Benth. 
oneaster frigida Wall. 

riaria nepalensis Wali. 
orylus ferox Wal). 

icus involucratus Wall. 
noglossum micranthum Desf. 
— denticulatum A. D. C. 


roa febrifuga Lour. 

clytra thalictrifolia Hook. f. 
_ et Thoms. 

Decaisnea insignis Hook, f. et 
_ Thoms, 

Debregeasia velutina Gand. 


E Chinocarpus dasycarpus Benth. 

Eukianthus himalaicus Hook. f. 

_et Thomse. 

‘ ? mbelia Gamblei Kurz. 
Erythrina arborescens Roxb. 


Hookerii Miq. 
azinus floribunda Wall. 


ophae salicifolia Don. 
lwingia himalaica Hook. f. et 


dymenopogon parasiticus Wall. 
pericum Hookerianum Wight 

t Arn. 

jpericum patulum Thunb. 


Ilex insignis Hook. f. 
æ intricata Hook: f. 


digofera Dosua Ham. var. to- 
mentosa. 


minum humile 
erus pseudo-Sabina Fisch, et 
y 


trim ua Dene. 
m giganteum Wall. 
_ neépalnese Don, D. 


Lobelia er:cta Hook. f. et Thoms. 
—  pyramidalis Wall 

Litsæa itonentosa H. CG. Heyne. 

Luculia gratissima Sweet. 


Magnoiia Campbellii Hook. f. el 
Thoms. 

Mandragora cærulescens C. B. 
Clarke. 


- Meconopsis Wallichii Hook. 


—  simplicifolia G. Don. 
paniculata. 
Michelia Cathcarthii Hook. f. et 
Thoms. 
Mucuna macrocarpa Wall. 


Neillia thyrsiflora Don. 
Nyssa sessiliflora Hook. f. 


ledicularis Scullyana Prain. 

— trichoglossa Hook. f. 
Picrorhiza Kurroa Royle. 
Piptanthus nepalensis D. Don 
Potentilla fruticosa L. 

— Griffithii Hook f. 

leuconota D. Don. 
Podonhyllum Emodi Wall. 
Polygonum vaccinifolium Wall. 
Poterium diandrum Hook. f. 
Primula Elwesiana King. 
capitata Hook. 
Kingii Watt. 
pusilla Wall. 
reticulata Wall. 
sikkimensis Hook. 
Stuartii Wall. 
Wattii King. 


Priotropis cytisoides Wight et 
ATrn. 


tal (AE 


 Prunus acuminata Wall, 


—  Puddum Roxb. 
Pyrus foliolosa Wall. 

—  insignis Hook. f. 

—  sikkimensis Hook f. 


Rosa maerophylla Linal. 
— sericea Lindl. 


Richelia lanuginosa. 
Rubus alpestris Blume. 
— moluccanus L. 
—  paniculatus Sm. 
—  reticulatus Wall. 
Ruellia cordifolia Wall. 
HRhus semialata Murra 
Rheum nobileH.o0k. t. et Thoms. 
Rhododendron arboreum Sw. 
—  arboreum, var. Camp- 
belli. 
Rhododendron barbatum Wall. 
— camellizflorum Hook. f. 
—  campanulatum Don. 
— campanulatum, Don.var. 
; Wallichir. 
campylocarpum Hook. f. 
cinnatarimum Hook. f. 
Dalhousiz Hook.f. 
F'alconeri Hook. f. 
fulgens Hook. f. 


Je 


EN DISTRIBUTION. 


ne grande Wight. 

— Hodgsoni Hook. f. 

— lanaltum Hook. f. 

—. lepidotum Wall. 

—  Maddeni Hook f, 

— Wighiii Hook. f. 
Sambucus adnata Wall, 
Saussurea Laneana. 

— eriostemon Wall. 
—  Sughoz C. B. Clarke. 
Saxifraga'purpurascens Hook. f. 
et Thoms. 
Sedum asialicum Spreng. 
— elongatum Wall. 
— , Ewersiü Ledeb. 
—  himalense D, Don. 


: Senecio Candolleañus Hook. et 


Arn. 
— diversifolins Wall. 
— Ligularia Hook. f. 
—  Mortoni GC. B. Clarke. 


pachyc rpus G. P.Clarke. 


pauciflorus. 

Swértia dilalata C. B. Clarke, 
— Hookeri C. B. Clarke. 
—  Kingii Hook. f. 

—  multicaulis D. Dos. 

Symplocos theæfolia D. Don. 


Thalictrum Chelidonii Hook. f. 
et Thoms. 

— 1° cultratum Walk 
Tephrosia candida D C. 
Toddulia uculeata Pers. 
Vaccinium serratum Wight. 
Veronica himalensis D. Don. 
Viburnum stellatum Wall. 


Graines offertes par M. MAR- 
NIER-LAPOSTOLLE : 


Primula malacoides. 

Dracæna indivisa atropurpurea. 

Cycas revoluta. 

Alsophila australis. 

Archontophænir Cunningha-. 
miand. 


Graines offertes par M. PROS- 
CHOWSKY : 


Butia capitata var. pulposa Bec- 
eari. (Cocos pulposa Barbosa.) 
Pittosporum floribundum MWighé 

et Arn. 
Livistona australis. 
Sabal Adansoni type. 
Sabal Adansoni, jolie variété. 


Graines offertes par M.MOREL : 


Agathea amelloides D. C. 
Antennaria plantaginea R. Br. 
Cryptomeria japonica Don. 
Cytisus Laburnum L. 
Exocharda Alberti Regel. 
Tmpatiens Sultani Hook. 
Parrotia persico G. A. Mey. 
Polemonium cœruleum L. 
Rhodotypos kerrioides Sieb. 


S'adresser! au Secrélariat 


plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. 


DEN ES NOR TP PT GA RUE MARRON TNT EP RE 


Le but de la Société Nationale d’Acclimatation de France est de concouric : 
4° à l'introduction, à l'acclimatation et à-la domestication des espèces d'animaux 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races 
nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la. propagation 
de végétaux utiles où d'ornement. à 

Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dares 
peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, .les Etablis- 
sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou ne à Musées, 
Sociétés commerciales, etc.). 

La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres : 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. 

Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une 
cotisation annuelle de 25 francs. 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s’affran- 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. ‘0 

Le membre Donateur est celui qui verse une somme d’au moins 500 francs. 

Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 francs ; 
son nom est iuscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo- 
riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société, 1e 

En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner 
amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois 
des séances spéciales de Sections: 4° Mammalogie; 2 Ornithologie et sa sous-section, 
Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4° Enlomologie; 5° Botanique, et 6° Colonisation. 

Tous les membres peuvent assister à ces séances dont les ordres du jour men- 
suels leur sont régulièrement adressés sur leur demaade. 

La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels do 
maux à ses membres. 

Le Bulletin mensuel forme, chaque année, un volume d'’environ 400 pages 
illustrées de gravures. Il'traite des questions concernant l'élevage des animaux, la 
culture des plantes et particulièrement des faits d’acclimatation survenus en France 
et à l'Etranger. Il donne des renseignements les plus variés sur les animaux et {es 


On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histaire naturelle: 
installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction), etc., etc. 


* 
+ 


La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin- 
téressé: elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commerce ; : 
adhérer à ses statuts, l'aider dans ses efforts, c'est contribuer au bien-être général 
et à la prospérité du pays. de 


Le Gérant : À. MARRTREUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


nn : B U LE; LET I N 


DE LA 


Société Nationale à Acclimatation 


DE FRANCE 


(REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES ) 


N° 2. — FÉVRIER 1919 


SOMMAIRE 
: Pages 
Pauz VAYSsiÈRE. — Sur les Champignons parasites des Insectes. . . . . . . . . . . . . 33 
ANDRÉ PIÉDALLU. — Pour la reconstitution rapide des vergers dévastés par l'ennemi S -Cepiiao 
CH. RIVIÈRE. — Les progrès de l’acclimatation des plantes exotiques dans certaines parties 
tempérées de la France et surtout dans le Sud-Ouest . . . , . . . ., SES ste 42 
REP eRTS inuile dede NS, ee One en MEN en Use duc e 43 
Extraits des procès-verbaux des séances de la Societé : 
ÉEmeceencraleduirnovempre {08 nn ES OR A A el aan ses Mage 50 
Extraits de la correspondance : 
D' ROBERTSON-PROSCHOwWSKY. — A propos de la Chenille processionnaire du Pin. . . . . 62 
Louis TERNIER. — Sur un cas d’'albinisme partiel des ailes d'une Bécasse , . . . . . . . . 3 


Un numéro. 3 francs : — Pour les Membres de la Société, 2 fr. 50. 


——— APR ON 


AU SIÈGE SOCIAL 
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 
198, BCULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VII®). 


Pendant la durée de la guerre, le Bulletin parait une fois par mois. 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1918 


Président, M. Edmond Perrier, Membre do l'Institut ot de l'Académie de Médecine, Directeur du 


Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 
MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidherbe, 


; Saint-Mandé (Seine). } ; 
Vice-Présidents. Prince P. D'ARENBERG, 10, rue de Ja Ville-l'Évêque, Paris. j : 
Dr CnauvEeAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225 boulevard Saint-Germain, Paris. 


Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 
MM. J. Deracour, 98, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 
H. HuaA, Directeur adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- 


Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). PU 
J. CrepPIN, 18, rue Lhomond, Paris (Séances). 


Cu. DeBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur). 


Trésorier, M: le D' SkBILLOTTE, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire, M. L. CAPITAINE, 48, boulevard Raspail, Paris. 


Membres du Conseil 


MM. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. (nées É 
AcHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. 


D' P. MaArcHAL,, Membre de l'Institut, Professeur à l’Institut National Agronomique, 89, rue du 


Cherche-Midi, Paris. 
D' LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. 
MAILLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 
Dr E. TRoUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. 
LecomTe, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, Paris. 


CREPIN, 18, rue Lhomond, Paris. : É 
L. RouLE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 


G. FoucER (abbé), 24, rue Cassette, Paris. $ È 
P. KESINER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 


R. Le ForT, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1919 


SÉANCES DU CONSEIL, le mercredi à 4 h. 8 12 12 16 A4 12 10 
Séances générales, le lundi à 3h. .. de 5 je de ce FE 


Sous-SEcTION d'Ornilhologie (Ligue pour 
la Protection des oiseaux) le lundi 
27 24 24 14 12 2% 


Ra ue | 
A 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront 
sur {eur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


Janvier | Février Mars Avril “Mai | Novembre 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les 
personnes qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 
Société, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 
fréquentes du fait de la guerre, Le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d’être 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 


! 


SUR LES CHAMPIGNONS PARASITES. DES INSECTES 


Par PAUL VAYSSIÈRE, 


Iagénieur-agconome, préparateur à la Station entomologique de Paris. 


L'emploi des Champignons pathogènes dans Le but d’enrayer 
la multiplication, plus ou moins dangereuse pour nos cultures, 
des Insectes nuisibles n’est pas une question nouvelle. Le pre- 
mier savant qui a préconisé l'emploi des Champignons dans la 
lutte contre les Insectes parait être Pasteur, qui en 1874 voyait 
dans le parasitisme un des moyens les plus sûrs pour enrayer 
l'extension du Phylloxéra. Toutefois les premiers essais pra- 
tiques de propagation artificielle des Champignons ne furent 
faits qu'à partir de 1878, sous la direction de Metchnikoff, en 
Russie : ce savant ayant trouvé un grand nombre de larves de 
Hannetons du Blé ‘Anisoplia austriaca) et de Cléone de la Bette- 
rave (Cleonus puncliventris), momifiées par une « Muscardine 
verte » (1), étudia ce Champignon qu'il nomma /saria destruc- 
tor. Ayant obtenu ce dernier en culture pure, il créa à Smela 
(département de Kieff) une usine qui a fonctionné pendant les 
quatre mois d’été de l’année 1884, et a produit 55 kilos de 
spores (2) absolument pures d’/. densa. Tous frais compris, 

-l’ensemencement en spores d'un hectare de Betteraves attaqué 
par C. punciiventris serait revenu seulement à 10 francs. Mal- 
heureusement les essais qui, en petit, paraissaient très encoura- 
geants (jusqu'à 80 p. 100 de mortalité) n’ont pu être faits en 
grand. + 

Toutefois la méthode avait attiré l'attention des savants 
étrangers et nous arrivons depuis cette date à enregistrer un 


(1) On appelle muscardine, une » affection fortement contagieuse et 
épidémique, ayant pour caractéristique de tuer les Insectes en peu de 
jours et de transformer leurs cadavres en dragées où momies imputres- 
cibles peu odorantes ou exhalant une légère odeur plutôt agréable, dont 
l'intérieur est rempli d’une sclérote (organe de conservation du Champi- 
gnon) envahissant et remplaçant tous les organes sauf le tube digestif. 
Les filaments perforent le tégument pour donner à l'extérieur un mycé- 
lium sporifère enveloppant l’hôte comme dans un suaire » (Picard). 

(2) On appelle spore, une portion de corps (thalle) du Champignon, qui, 
mise en liberté, peut, dans des conditions favorables, reproduire la 
plante qui lui a donné naissance. : 


BULL. SOC, NAT. ACCL,. FR, 1919. — 3 


34 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


cerlain nombre de résultats intéressants et très instructifs. 
Deux entomologistes francais, F. Picard et À. Paillot (4), ont 
récemment (191% et 1915) fait chacun une mise au point de la 
question en montrant quelles espérances on peut fonder à 
l'heure actuelle sur la propagation des épidémies artificielles. 
Cette question est, en effet, une des plus controversées en Ento- 
mologie appliquée et les résultats obtenus sont tellement diffé- 
rents suivant les auteurs des essais, les Insectes à infecter, les 
Champignons à expérimenter, et même pour un Champignon 
donné, qu'on reste très incrédule sur la valeur à attribuer 
actuellement à un tel procédé. D'ailleurs, voici quelques faits, 
après lesquels nous essaierons de tirer quelques conclusions, 

Künckel d'Herculais et Langlois ont pu déclarer, d'après 
leurs observations, lors des grands ravages causés en Algérie 
par les Criquets pèlerins, qu'il ne semble pas possible « de 
fonder des espérances sur un mode.de destruction reposant sur 
le développement artificiel des Champignons parasites observés 
sur les Criquets ». Ch. Brongniart aurait, au contraire, constaté 
la présence du même Champignon parasite des Criquets partout 
où il a été, aussi bien dans les endroits les plus secs que dans 
les lieux humides, mais cette dernière assertion n’a jamais élé 
contrôlée et a toujours été très discutée. 

L'histoire de la Muscardine, parasite du Ver blanc, est celle 
qui a depuis une trentaine d'années intéressé le plus les savants. 
français. En 1890, M. Le Moult, bien connu, en Entomologie 
appliquée, pour avoir fondé en 1887 le premier Syndicat de 
Hannetonage, à Gorron, envoya à Giard des Vers blancs para- 
sités par un Champignon, l'/saria densa. Notre éminent zoolo- 
giste tira de l’étude de ce Cryptogame un mémoire qui «est 
certainement l’un des monuments les plus riches et les plus 
précieux de l’histoire des Champignons eéntomophytes » (Pail- 
lot). La contamination, au laboratoire, des Hannetons et surtout 
de leur larve ayant parfaitement réussi, divers modes d'emploi 
de l’7. densa en grande culture furent indiqués par différents 
auteurs. Quels ont été les résultats des expériences d'’infec- 
tion? Quelques uns furent excellents, mais beaucoup d’autres 
se montrèrent très insuffisants; ce quiest certain, dit Giard, 


(1) F. Picard. Les Champignons parasites des Insectes et leur‘utilisation 
agricole. Ann. Ec. Agric. Montpellier,.t. XIII, 1914. 

A. Paillot. Les Microorganismes parasites des Insectes ; leur emploi ‘en 
agriculture. Ann. serv. Epiphyties, T. IT, 1915. 


Le] 


> SUR LES CHAMPIGNONS PARASITES DES INSECTES 39 


c'est que « dans certaines conditions, tout au moine, l'emploi 
de lZ. densa a donné des résultats très favorables et très encou- 
rageants ». Cependant Dufour, en Suisse, avoue n'avoir jamais 
réussi à créer, dans ses expériences, une épidémie et conclut 
à l'inefficacité du parasite.Depuis Giard et Dufour, l'expérience 
n’a pu définitivement établir que la dispersion artificielle des 
spores soit un moyen efficace et recommandable de lutter 
contre le Ver blanc. Or ce Champignon, l’Z. densa, a la faculté 


quand il se trouve dans un sol argileux et humide de vivre, 


non seulement en parasile, mais aussi en saprophyte, ce qui 
lui permet de contaminer des larves de Hannetons placées à 
une certaine distance les unes des autres. Aussi, bien qu'il soit 
certain que dans la Mayenne, sous l'impulsion de M. Le Moult, 
la lutte par l’Æsaria fut conduite avec plus d'énergie que partout 
ailleurs, on est obligé de constater que c'est le département où 
les gisements naturels de larves muscardinées étaient les plus 
abondants, et l’on est toujours en droit de se demander si l’on 
se trouve en présence d'épizoolies naturelles ou de maladies 
artificiellement provoquées. 

Des nombreuses expériences très intéressantes faites en 
Amérique sur le « Chinch Bug, « Plissus leucopterus (Hémiptère 
causant de grands dégâts sur les Céréales), avec un Champignon 
le Sporotrichum globuliferum «, White fungus », qui provo- 
que sur ce même Insecte des épizooties naturelles très élen- 
dues, on est arrivé à la conclusion que ce dernier ne pouvait 
compter parmi les auxiliaires capables de tuer en masse les 
« Chinch Bug ». Par contre, ce même parasite introduit en 
Algérie par le D' Trabut, pour lutter.contre l’Altise de la Vigne, 
en 1892, semble bien avoir actuellement dans notre colonie 
de nombreux foyers épidémiques. 

Les résultats des essais de F. Picard sur la contamination de 
la Teigne de la Pomme de terre sont aussi très encourageants, 
mais ont besoin d’être répétés. Nous pouvons en dire de mème 
au sujet des résultats fort intéressants obtenus par Speare et 
Colley avec Entomophthora aulicæ, parasite d’£uproctis chry- 
sorrhæa imporlé d'Europe en Amérique. Les auteurs estiment 
qu'on peut compter sur une morlalité de 60 p. 100 en moyenne 
dans les régions infectées artificiellement. Le grand intérêt de 
ces essais est aceru par ce fait que. le Champignon expérimenté 


appartient à une famille dans laquelle nous trouvons des auxi- 


liaires très précieux en ce qu’ils déterminent des épizootie 


30 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


naturelles très meurtrières chez les Insectes. Parmi les plus 
connus, je citerai ici l'Empusa muscæ qui détruit un grand 
nombre de Mouches domestiques vers la fin de l'été, surtout 
lorsque le temps est doux et humide. Picard est moins enthou- 
siasle et estime que comme dans la plupart des cas, si les con- 
ditions extérieures conviennent à une bonne contamination 
artificielle des Chenilles par Æ. aulicæ, elles conviennent de 
même aux épizooties naturelles. 

D'ailleurs, d'après Morrill et Black, qui ont opéré un grand 
nombre d'expériences sur des milliers d'arbres aux États-Unis, 
il serait inutile de pulvériser sur des arbres infestés par les 
Aleyrodes des émulsions plus ou moins concentrées de spores 
de Champignons parasites; rarement, en effet, l'infection résul- 
tant directement du traitement dépasse 1 p. 100. Les Champi- 
gnons jouent cependant dans la nature un rôle important 
comme facteurs d'équilibre. 

Enfin, durant ces dernières années, le personnel du service des 
Epiphyties s’est beaucoup occupé en France de l’utilisation des 
Champignons entomophytes, surtout dans la lutte contre deux 
fléaux de la Vigne, la Cochylis et l’'Eudémis. On a cherché à 
utiliser principalement PBotrytis bassiana et Spicaria farinosa, 
var. verlicilloides Fron. Les expérimentateurs (Fron à Paris, 
Feytaud dans le Bordelais, Paillot en Bourgogne) sont abso- 
lument d’accord sur les résultats qui sont négatifs dans les . 
essais en grand, tandis qu’au laboratoire certaines infections 
ont pu être réalisées. Notons que les expériences faites dans 
les vignobles ont été faites par des spécialistes avec des maté- 
riaux considérables et avec un soin tel qu’il serait difficile de le 
réaliser dans la pratique. 

Par ces quelques exemples, que je pourrais multiplier, on 
constate que la question des Champignons parasites des Insectes 
est bien loin d’être résolue, comme semblerait le croire bon 
nombre de praticiens. Il ne suffit pas de répandre un Champi- 
gnon pour créer une épizootie, il faut auparavant établir quelles 
sont les conditions les plus favorables à son développement. En 


- particulier, il existe certainement un stade évolutif dans la vie 


d'un Insecte mieux approprié que les autres pour la contami- 
nation ;, ce même Insecte peut de plus être placé dans des condi- 
tions de nutrition anormale qui ont unerépercussion sur son état 
général, et sur l’état de plus ou moins grande réceptivité à être 
infecté. Il y a lieu de même de rechercher quels sont les procé- 


SUR LES CHAMPIGNONS PARASITES DES INSECTES 31 


dés de multiplication et de dispersion des Champignons les plus 
efficaces, par quelles méthodes la virulence des cultures sur 


_ milieux nutritifs artificiels peut être conservée intacte, malgré 


leur renouvellement. La pratique et l’observation ont montré 
que le mode d'infection des divers Champignons n'est pas tou- 
jours le même : le Champignon pénètre tantôt par le tégument 
de l'Insecte (Isariées), tantôt par le tube digestif (Entomophtho- 
rées), täntôt enfin il agit par obstruction des voies respiratoires 
(Cladosporiées). 

Enfin, il ne faut pas oublier que toute épidémie causée par un 
Champignon est sous la dépendance des agents extérieurs et il 
semble bien alors que l’homme ne peut qu'assister en spectateui 
à ce conflit d'êtres vivants (Paillot). Ainsi, il est certain que le 


rôle du Champignon, en été, est à peu près nul et cela pour plu- 


sieurs raisons :' d'abord l’état hygrométrique de l'air s'oppose 


à la germination des spores et à la multiplication rapide du 


mycélium; d'autre part, les Insectes résistent mieux aux 
atteintes des micro-organismes pendant la saison chaude. Il 
en est de même, dit Picard, des Champignons parasites des 
Insectes comme du Mildiou. Lors des années froideset humides, 
il envahit les vignobles et, si l'on répandait des spores, la 
maladie ne serait pas plus intense; si la saison est sèche, il 
n'apparaît pas et toutes les spores que l’on pourrait. semer 
seraient dépensées en pure perte. 

Toutefo:s, il ne faut pas rejeter cette méthode de lutte contre 
les ravageurs de nos cultures, surtout à une époque où il est 
nécessaire plus que jamais d'utiliser les observations scienti- 
fiques pour augmenter la production de notre sol. Il faut donc 
encourager les savants et les praticiens qui se consacrent à ces 
recherches, dont le point le plus délicat, sinon insoluble actuel- 
lement, est de déterminer en grande culture, devant une épi- 
zootie, si elle est naturelle ou artificielle. La solution ne paraît 
être possible pour le moment que dans le cas de l'importation 
d'un Champignon entomophyte dans un pays donné où il 


nexiste pas, fait qui est le plus souvent bien difficile d'avancer. 


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POUR LA RECONSTITUTION RAPIDE DES VERGERS 
DÉVASTÉS PAR L’'ENNEMI 


Par ANDRÉ PIÉDALLU, 


Pharmacien-major de: Are classe, 
Chef de laboratoire à l’Intendance, 


En ce moment tant désiré de la libération de nos territoires, 
un.grave problème se pose, la reconstitution rapide des vergers 
dévastés par l'ennemi. 
Le creusement à la main des cavités de plantation est long 
et difficile, surtout dans les sous-sols maigres, np 
glaiseux ou pierreux. 


En général tous les terrains qui se prêtent mal à. la culture et . 


qui sont cependant souvent de belle exposition à flane de 
côteau, sont tout CALE pour la plantation des arbres 
fruitiers 

Les re minima qu'on doit donner aux cavités de 
plantation obligent à remuer une quantité de terre relativement 
considérable. Malgré cela les parois depuis le bord jusqu’au 
fond demeurent compactes et forment un mur continu devant 
lequel les radicelles se trouvent bloquées, ce qui retarde le 
développement de l’arbre et sa fructification. 


La main-d'œuvre rare et coûteuse m'a fait penser à a 


des explosifs pour le creusement rapide de ces cavités de plan- 
tation des arbres fruitiers et à faire de ces engins de mortet de 
dévastation des outils puissants. 

Je suis parti de cette idée que le violent fissurage, largement 
rayonnant, qui résulte du coup d’explosif, proeure un avantage 
certain sur les autres procédés de creusage. Ceux-ci ont, en 
effet, tous l'inconvénient des parois compactes en mur. 

J'ai remarqué, d'autre part, que les plantes sauvages se déve- 


loppent avec beaucoup de vigueur sur les bords des anciennes. 
tranchées bouleversées par Les explosifs et autour des vieux . 


trous d’obus. Ceux-ci ont agi de deux manières, d’abord 
mécaniquement, en ameublissant le sol, puis chimiquement 
en chargeant ce sol de produits nitrés propices à la pousse 
rapide des plantes. 

Je me suis souvenu, d’après Etienne A. Bitter (Za Nature, 


RECONSTITUTION DES VERGERS DÉVASTÉS PAR L'ENNEMI 39 


5 avril 1913, Masson, édit.), qu'il a été fait à l’ouest des Etats- 
Unis, dans les états de Washington, Orégon, Idaho, Utah, 
Colorado et Nouveau-Mexique, des expériences de plantation 
dans des trous creusés à la dynamite. Elles ont donné des 
résultats superbes : des Cerisiers de deux ans, pleins de vigueur, 
avaient déjà plus de 3 mètres de haut, tandis que les mêmes 
arbres plantés à la bêche au même moment, étaient chétifs et 
avaient à peine 1"50 de haut. Les plantes sauvages de la guerre 
m ont rappelé ces expériences américaines, et j'ai pensé à les 
utiliser pour nos malheureux pays dévastés. 

Nous avons, le regretté Armand Malloué et moi, étudié la 
question pour rendre pratique, sans danger et économique, ce 
procédé à la fois si efficace et si rapide. C'est un résumé de 
notre étude que je présente ici. 

Description de la cartouche. — Nous-avons établi la composi- 
tion d'un explosif insensible au choc et à l'humidité, pouvant 
être moulé, complètement exempt de produits chlorés, très 
énergique sous un faible volume et ne détonant que sous 
l’action d'une amorce au fulminale sans explosif intermédiaire. 
À. cette cartouche, j'ai pensé joindre un culot de produits fertili- 
sants- variables suivant les terrains : phosphates, nitrates, 
potasse, manganèse. 

La cartouche se présente comme suit : un tube en celluloïd, 
en papier fort ou en carton, sert d’enveloppe: Il est terminé en 
cône où fermé par un bouchon de même force. L'engrais com- 
primé est placé au fond du tube. Il entoure un noyau d’explosif 
dans lequel une cavité est ménagé pour l’amorce de fulminate. 
Le tout est fermé par un bouchon percé d’un trou par lequel 
passe, à frottement un peu dur, le cordeau bickford relié à 
l'amorce. 

Forage du trou de mine. — On emploie selon le terrain un 
outil approprié, tarière, fleuret, pince, pieu, broche et tous 
engins perfozants. Dans les terrains argileux, il suffit d’un cône 
de bois enfoncé avec une barre et une masse. La grande base 
du cône ainsi chassée alèse le trou au diamètre voulu. On peut 
se servir d'une barre d’un plus faible diamètre pour pratiquer 
préalablement un trou d'entrée dans lequel le cône est ensuite 
enfoncé à l’aide de la même barre. 

Le trou de mine doit avoir une profondeur de 20 centimètres 
moindre que celui qu’on se propose d'obtenir finalement. En 


40 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


général en faisant un trou de 60 centimètres on obtiendra une 
cavité d'une profondeur de 80 centimètres. 

On peut utiliser pratiquement toutes les ressources et les 
manières de faire employées dans Ie tirage des explosifs pour 
obtenir les meilleurs effets ou même des modes particuliers de 
dislocation, d’aflouillement ou de dérochage, selon la nature du 
terrain, l'inclinaison du sol et la superposition des couches. 

Dans les terrains dont la couche arable est très mince, il eat 
avantageux de l'enlever, de la meltre de côté et de ne faire le 
trou de mine que dans la partie rocheuse ou stérile. On plan- 
tera l'arbre dans la bonne terre mise de côté qui servira à 
combler le trou de plantation. 

Introduction de l'explosif. — L’explosif est calculé de manière 
que, descendu à une profondeur de 60 centimètres, il produise, 
en terrain moyen, une cavité de 75 à 80 centimètres de diamètre 
sur la même profondeur. Les limites de cette cavité sont correc- 
tement façonnées par le gonflement sphéroïdal de l’explosion. 

Il est à remarquer que le sol est, tout aulour et au fond de la 
cavité, très profondément fissuré. Ces fissures sont de deux 
sortes, les unes rangées horizontalement el cireulairement 
comme des parallèles, les autres, fragmentent verticalement 
les couches et forment des lignes comme des méridiens. 
Le sol est refoulé de toutes parts autqur du foyer déto- 
nant. Pour céder à la poussée instantanée, il se soulève 
et subit une disjonction profonde de ses couches. Celles-ci 
s’effeuillent ainsi, selon des fissurages qui s’étendent très loin, 
comme on peut le constater par le dégagement des produits 
gazeux de l'explosion. 

Il semble impossible d'obtenir un tel résultat par d’autres 
moyens, surtout aussi rapides. Il est certain. qu'il faudrait 
remuer une quantité énorme de terre pour ameublirle sol aussi 
complètement. 

La bonne répartition de l’engrais du culotest assurée par un 
moyen d'explosif détonant par sympathie. 

Les engrais gazeux de l'explosion et les engrais solides pro- 
venant de la pulvérisation du culot par celle-ci sous un état 
de ténuité extrême sont ainsi automatiquement distribués de 
toutes parts, également répartis, violemment soufflés dans les 
fissures et bien mélangés à la terre. 

Précautions à prendre. — II est évident qu'aussitôt le cordeau 
allumé ou avant de donner le contact électrique, il faut se retirer 


RECONSTITUIION DES VERGERS DÉVASTÉS PAR L'ENNEMI 41 


derrière un abri ou du moins assez loin pour que la terre et les 
pierrés projetées en l’air ne blessent pas l'opérateur. 

La mise de feu à l’explosif s'effectue comme pour les allu- 
mages de mines, par une amorce au fulminate, actionnée soit 
au cordeau bickford, soit par inflammation électrique. 

Ce dernier procédé permet de lirer simultanément un certain 
nombre de charges par séries. 

Il est à noter que la charge est constituée de telle façon que, 
hormis des cas:très spéciaux, tout bourrage du coup est inutile. 
Le trou de forage reste donc ouvert, il en résulte que dans le 
cas extraordinaire d’un raté, il suffit de descendre sur la 
charge manquée un deuxième amorçage, qui solutionne immé- 
diatement la question. 

D'autre part, l’explosif établi dans ce but spécial de planta- 
tion ne peut guère donner de détonations incomplètes. Or, 
même dans ce cas, les parties résiduelles seraient sans danger. 
Cet explosif est complètement insensible à la pioche et ne 
donne qu’une combustion forte s’il est allumé par une flamme; 
à l'inverse de la dynamite, il ne gèle point et ne peul donner 
aucune exsudation dangereuse. En outre, comme il est à l’état 
solide et sous une densité fixe, il n’y a pas à se préoccuper de 
sa plasticité au moment de son emploi. 

Toutes ces qualités sont très importantes pour un explosif 
agricole. Il est nécessaire qu'un explosif pour une telle destina- 
tion soit non seulement sans danger, mais encore que son 
emploi n’exige aucune connaissance spéciale. 

Plantation. — Si le coup d’explosif est bien tiré selon les 
indications données, la quantité de terre à enlever est très 
minime. On peut la laisser au fond de la cavité, un moment, 
dans les vapeurs de l'explosion. Le mieux serait de l'y diviser 
en place aussitôt que les vapeurs sont dissipées et de planter 
ensuite. 

Ces plantations se font en général pendant l’arrèt de la végé- 
tation. L'arbre repartira au printemps avec une force d’autant 
plus grande que le sol est injecté d'engrais et que les racines 
trouvent des fissures où elles peuvent se développer rapide- 
ment. 

Les arbres ainsi plantés croissent très vite, comme le font 
prévoir Les plantes sauvages des trous d’obus et les expériences 
américaines. 


42 BULLETIN DE LA SOCIËTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


En résumé, il est à recommander pour lareconstitution rapide î 
des vergers dévastés par l'ennemi de faire des plantations dans 
des cavités obtenues à l’aide d’explosifs ne contenant pas de 
produits nocifs pour les plantes (chlore), ces explosifs servant 
en même temps à pulvériser et à souffler des matières fertili- 
santes dans les fissures profondes du sol. Il est évident que ce 
procédé s'applique à toutes les plantations d'arbres et quil 
pourrait rendre de grands services dans les colonies, puisqu'il 
diminue considérablement la main-d'œuvre et favorise la see 
tation. . 


+ 


LES PROGRÈS 


1hd> LAN PEN EITT CT V7." 
# “ S- é 


DE L'ACCLIMATATION DES PLNATES EXOTIQUES 


ME : 


€ 


DANS CERTAINES PARTIES TEMPÉRÉES DE LA FRANCE 


ET SURTOUT DANS LE SUD-OUEST . 


ù Par CH. RIVIÈRE. 

6 E 

Ë Depuis une quarantaine d'années les progrès de l’acclimata- 
À tion dans certaines parties tempérées de la France, du Sud- 
4 Ouest notamment, y ont imprimé une caractéristique toute 
ÿ particulière d’exoticité, malgré la rudesse des deux derniers 
* 2 hivers. & 
% Les Bambous, notamment les Phyllostachys, sont partout, 
É et le Ph. aurea, le plus commun, atteint des dimensions plus 
: fortes qu'on ne l'aurait cru. 

2 Les Musa japonica, nombreux en fortes et hautes touffes, aux 
A larges feuilles restent souvent sans abris. 

= Mais ce sont surtout les Chamærops excelsa qui’ dominent, 
: beaux et bien verdoyants, avec des hauteurs dépassant parfois 
: 10 mètres. La particularité la plus intéressante à noter à leur 


sujet, c'est la variation du conspectus le plus apparent de cer- 
taines plantes véritablement améliorées dans leur forme, leur 
couleur, leur rusticité. En effet, on remarque maintenant chez 
ces Palmiers des stipes très hauts, à forte circonférence, avec un 
nombre considérable de feuilles puisque l’on en compte parfois 
de 60 à 100 : elles sont plus ou moins longuement pétiolées, 
par conséquent de cime plus ou moins agglomérée. Mais ces 


F 


} 


L'HUILE DE « SELÉ » 43 


feuilles elles-mêmes se signalent aussi-.par leur ampleur, leur 
verdeur, leur tenue roide ou à segments flexueux, de sorte que 
cerlains de ces types se rapprochent du Zivistona sinensis 
(Latanier) ou plus communément du Livistona australis des 
cultures, comme le type que j'avais obtenu et perpétué Livis- 
tona australis macrophylla. — Je ne songe pas à une hybrida- 
tion possible entre Chamærops et Livistona, mais à la possi- 
bilité d’une amélioration encore plus grande du premier par 
des sélections judicieuses, étant donnée déjà l’heureuse 
influence du milieu sur la plante. — En présence-de ces beaux 
types, vigoureux et: de grande résistance au froid, on se 
demande si de tels Palmiers, de 8-10 mètres.de haut, élevés en 
caisse, ne feraient pas mieux dans nos jardins publies:et même 
dans certaines grandes artères de Paris que ces chétifs et 
chlorotiques Orangers exigeant. tant de soins coûteux? 


L'HUILE DE « SELÉ » 


Par J. PIERAERTS, 


. Conservateur au Musée du Congo belge à Tervueren, 


La plante oléagineuse, désignée sous le nom vernaculaire de 
« Selé », semble jouir en certaines parties du Congo belge d’une 
certaine vogue auprès des indigènes. Il en est ainsi, notam- 


ment, de la région de Mowbasa, district des Bengala, où la 


quantité de graines grasses de Selé, récoltée en 1915, fut 
telle, selon M. l’agronome de Giorgi (1), qu’il eût été possible 
d'en exporter au moins quatorze tonnes. 

L'échantillon d'huile que nous eûmes entre les mains pro- 
venait de Mowbasa; elle fut préparée par un chef noir de 
Bolende, sous la direction de l’agronome du district. 

La méthode de préparation adoptée n'offre rien de spécial et 
se résime au processus habituellement en usage là-bas en vue 
de l’extraction de l'huile : a) torréfaction de la graine, suivie 
de décortication et vannage ; b) désagrégation de l’amande par 
le travail du pilon ; c) séparation de l'huile par l'eau bouillante ; 


(1) Bullelin agricole du Congo belge, vol. VI, 1916, p. 161. 


41 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 
d) enlèvement de l'huile surnageante et clarification ultérieure 
de celle-ci par repos et filtration. 

L'huile qui en résulla était transparente, d'une couleur jaune. 
d’or et d’un goût agréable. Son usage, à titre d’huile de table, 
donna des résultats tellement encourageants, d'après M. de 
Giorgi, qu'elle fut préférée par les Européens à n'importe quelle 
huile importée et qui souventarrive rance et de médiocre qualité. 

Par suite du long voyage auquel il avait été soumis, l’échan- 
tillon qui nous fut remis était très trouble au moment de sa 
réception ; mais, après un repos de cinq jours à la tempéralure 
du laboratoire, la quasi-totalité de la partie en suspension 
passa à nouveau en dissolution. Le faible dépôt restant fut 
éliminé par filtration. On obiüint de la sorte un produit d’un 
beau jaune d’or, à odeur empyreumatique, à saveur douce et 
agréable accusant toutefois un arrière-goût de brûlé. 

La composition et les caractéristiques auxquelles nous con- 
duisit l'examen chimique de l'huile de Selé se trouvent consi- 
gnées dans les lignes suivantes : 


A. — HuIrE. 


lo Constantes physiques : 


150 
Poids spécifique DEEE EM ET ES à 0 0 0,9231 
Ponts ONINCAION EN MN PRE TRE L'huile reste limpide 
à + 10 
BOUVOITArOLALOITE NE SN EN PNEEER en Sensiblement nul. 


Examen spectroscopique Mere 
Température critique de dissolution dans l'al- 


Pas d'absorption. 


CO0ÏNADS OA) RE EE RP CIOUI ES v 819, 9X 
Indicerde réfraction 200 NON ANNEE 1,4116 
Irdice/Maumene ii CAEN SRE 800 
Température spécifique de réaction selon Thom- 

SON Dallantyne ste r eE EES 197 

20 Constantes chimiques : 

Indice d'acide (soit 0,67 p. 100 d'acide oléique) 1,34 
Indicefde/SaponifiCa tion PP ER 190,4 
Indicerdiode IR DEEE RER ERA Ne 119,5 
Indice Reichert-MeisFlis NP VRP 1,3 
InSaponisable FES. Tr SERRE 0,67 p. 100 
GÉVCÉPINE NE UE 2e PRE RAR ER 11,23 p. 100 
Indice d'acétyle (selon Lewkowitsch) . . . . . . 9,3 
Indice de saponification de l'huile acétylée . . 196,6 
Acides gras insolubles + insaponifiables. . . . . 93,97 p. 100 


(4) Pris 1 vol. d'huile et 2 vol. d’alcool absolu; 
scellé. 


opération faite en tube 


L'HUILE DE « SELÉ » 


45 


30 Essais qualitatifs : 7 
Headelélaidine ue ui unie, Masse butyreuse 
d’un brun rougeûtre. 
Essai de l’hexabromure. . . . . . . . . Négatif. 
Réelon de AMOR ATEN RE ne Négative. 
HéacsondiHalphen een ne Sr One Négative. 
Réaction de Milliau-Becchi. . . . . . . . . . . Coloration 


d'un brun noirâtre, 


dépôt d'Ag à peine 


40 Recherches spéciales : 


Mlcaloides as: RME ER 
Principe CYAN ÉNIQUE. 2. +: 1 0 


Bo Essai de siccativilé : 


appréciable. 


. De l'huile, étalée en couche mince sur une plaque de verre puis exposée 
à l’air durant un mois, n'accusa aucun jour la moindre augmentation de 


poids et ne changea, ni de consistance, ni d'aspect. 


B. — ACIDES GRAS INSOLUBLES MÉLANGÉS. 


Bar de MONT ENRRENERr AE ae 
Pomtide solidification (titre)... > 2. +... ., 
Indice de neutralisation (poids moléculaire moyen 
CORRESDOMUANL == 31010 no EE 
Indice de saponification (poids moléculaire moyen 
COBEESpORdAN—-129%; 1) M ne un À 
Indicerdiode tr... RÉ DU PR CS OS 
FSSutde hexabromure 0 ho je 
Rédchonade Baudouin. eds 0e. lie pin 
RéachoniHalphen, teen N TOR TEEN 
Réaction de Milliau-Becchi . . . . . . . D BRU 


Proportion approximative d'acides gras solides. . . . 
Proportion approximative d'acides gras liquides . 


C. — ACIDES GRAS LIQUIDES. 


Indicede retraction 22002000 AN A 
ace d'O0lOETRMEARSENE ner eee 


193,7 
102,6 
Négatif. 
Négative. 
Négative. 
Très légère 
réduction. 
30 p. 100 
10 p. 100 


En vue de caractériser les individualités chimiques existant 
dans le mélange d'acides liquides, nous en avons soumis une 
partie à la bromuration, une autre portion à l’action du nitrate 
d'acide de Hg et le restant fut traité par le permanganate en 


solution alcaline. 


(1) Température de fusion commencante. 
(2) Température de fusion complète. 


Es 


16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION | 


1° Bromuration. —20 grammes d'acidesliquides furentdissous ‘14 
dans 50 cent. cubes d'acide acétique glacial etrefroïdis ensuite 
dans de la glace. Quand le thermomètre marqua 2°, on y ajouta, U 
goutte à goulte, la quantité voulue de brome (16 grammes), : 


tout en agitant continuellement la masse. Le produit bromé 
qui s'était formé, fut lavé à l'ean jusqu'à réaction neutre, puis 
séché dans le vide sulfurique vers 50°. Repris ensuite par 
50 cent. cubes d’éther, tout passa en dissolution, ce qui dénote 
‘ l'absence de dérivés hexabromés et, partant, la non- -existence 
dans l'huile de Selé des acides linolénique et isolinolénique. de 

La guerre ayant provoqué la réquisilion totale de l’éther de 
pétrole pour les services militaires, il ne nous fut pas possible, 
faute de ce réactif, d'isoler l'acide linolénique tétrabromé. Aussi # 
avons-nous dû nous contenter d'identifier Le Le in O° par voie e 
d'oxydalion exclusivement. 

2% Oxydation permanganique. — 20 grammes d'acides 
liquides furent saponifiés par 15 cent. cubes de NaOH de den- 
sité 1,30. Le savon ainsi formé fut dissous dans 4.200 cent. 
cubes d’eau et la solution porlée à la température de 55-60. 
On y ajouta alors, goutte à goutte et tout en agitant continuel- 
lement un litre de KMnO* à 2 p. 100. Quand toutle caméléon 
fut versé, on neutralisa l’alcali libre par de l'acide sulfurique 5 
à 10 p. 100 et l’oxyde de manganèse précipité fut résolubilisé 
au moyen d’un peu de bisulfite de soude. Par ce traitement, on 
obtint un liquide incolore et limpide, dans lequel nageait un 
volumineux précipité cristallin, blanc. Ce précipité fut séparé 
par essorage, lavé à l'eau froide et finalement passé à la presse 
pour en éliminer les dernières portions d'eaux mères. Le 
gâteau restant fut malaxé dans un mortier avec un peu d'éther 
qui enleva les acides gras originaux ayant échappé malgré tout 
à l'oxydation. 

Quand la désagrégation des grumeaux au sein de l'éther fut 
parfaile, on essora la masse et on soumit, une seconde fois, 
l'insoluble à un nouveau malaxage avec une petite quantité 
d’éther. | 

Le produit, purifié de Ja façon décrite, fut ensuite traité par 
un grand volume d'éther anhydre (1 litre-et demi-par 40 gram- 
mes de substance) et laissé en digestion durant une semaine, 
au cours de laquelle on a eu soin de secouer énergiquement le 
récipient de temps à autre. Au bout du laps de temps indiqué, 
le liquide fut filtré, puis distillé jusqu’à siccité, au bain-marie. 


= Re: 


L'HUILE DE Q SELÉ » 47 


Il laissa un dépôt cristallin blanc qui, après deux recristalli- 
sations dans l'alcool à 95°, suivies de dessiccation à poids 
constant, présentait les caractères suivants : 


Point de fusion (au bloc de Maquenne) . . . . . 1290 
RATBERTE SADOMINEAUON 00 EL MU core 116,9 
Indice de saponification «après :acétylation . . . . 442,0 


Ge sont là les caractéristiques de Facide dioxystéarique, 
provenant. de l'oxydation de l'acide oléique -existant dans le 
mélange d'acides liquides examiné. Quant au résidu insoluble, 
laissé par l’éther, il fut épuisé, à plusieurs reprises, par de 
grandes quantités d'eau bouillante (800 cent. cubes à chaque 
épuisement). Les cristaux, qui se déposèrent par le refroidis- 
sement au sein du filtrat aqueux, furent recueillis et purifiés 
par cristallisalion dans de l’alcool à 80°. Après une deuxième 
cristallisation, nous obtinmes une substance fusible à 173°5 
(bloc de Maquenne) et dont la forme cristalline correspondait 
nettement à celle de l'acide sativique. 

Du filtrat, restant après l'élimination des acides diox ystéa- 
rique et sativique, il ne nous fut point possible de retirer, ni de 
l'acide linusique, ni de l'acide isolinusique. 

3° Action du nitrate acide de mercure. — Quelques grammes 
d'acides gras liquides, additionnés de 8 p. 100 de leur poids de 
nitrale acide de Hg, préparé selon Archutt {1), furent agités 
vigoureusement pendant deux minutes. Le mélange émul- 
sionné ne tarda pas à se prendre en une masse solide, qui fut 
lavée à l’eau chaude jusqu’à élimination de toute trace d’acide 
minéral, et ensuite purifiée par cristallisations répétées dans 
de l'alcool. Les cristaux formés furent essorés, puis séchés 
avec soin dans le vide sulfurique vers 27°-98°. Ils accusaient 
un point de fusion de 44°,2 (tube capillaire). Nous avions donc 
bien affaire, en l'occurrence, à de l'acide élaïdique. 

Les essais de caractérisation, que nous venons de détailler, 
nous autorisent à admettre l'existence dans l'huile de Selé des 
acides oléique et linolénique en proportions respectives de 
60,99 p. 100 et 39,01 p. 100 environ (2). 

L'acide linolénique ainsi que son isomère l'acide isolino- 


(1) Lewkowitsch, traduit par Bontoux. Technologie et analyse chimique 
des huiles, graisses el cires. Paris, 1906, tome I, p. 405. 
(2\ Chiffres déduits de l'indice d'iode obtenu. 


ré 
id 


15 BULLÉTIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION 


lénique n'existent pas dans la matière oléagineuse qui nous 
occupe. 


D. — ACIDES GRAS SOLIDES. 


Leurs sels plombiques, insoiubles dans l'éther, furent 
décomposés par ébullition prolongée avec de l'acide chlorhy- 
drique dilué. Le gâteau d'acides gras surnageant, après refroi- 
dissement, fut dissous dans de l’éther. La solution éthérée, 
déshydratée d’abord sur du sulfate de sodium anhydre, fut 
ramenée à un petit volume par voie de distillation et finalement 
abandonnée à l'évaporation spontanée à la température du 
laboratoire. Le résidu, cristallisé par deux fois dans de l'alcool 
à 95°, se présentait sous forme de eristaux enchevêtrés, d'un 
blanc pur d’abord, mais qui prit au bout de quelques jours 
une très légère teinte d'un jaune brunâtre. Des purifications 


répétées à l'alcool ne nous laissèrent pas davantage un produit 


gardant sa blancheur. Les acides solides, résultant des précé- 
dentes manipulations, fournirent les caractères que voici : 


Poiit de fusion (tube capillaire). : 21 005805 Na 500 
Point-de solidification (tube capillaire) . . . . . . . 5105 à 510 
Indicerdiode mer" A PA UE EE à DIS 
Indice de SSpontiCTOn SIENNE NC 2) 


Une série de fractionnements effectués au moyen de l’acétate 
de baryum sur les acides solides purifiés, nous révéla la nature 
des individualités chimiques, dont ces acides formaient le mé- 
lange. 


Première fraclion : 


Pointide fusion er ER ARE re sue 6705 

CTOUV ET RPM ERA RalS RREAE 19,25 
BR (82 ie 208 calculé pour Ba (CHA O2) EDEN 19,54 
Indice delsaponiCatiOn EP NEC PE 188,2 


Les caractères sont ceux de l'acide stéarique, mélangé d’une 
faible quantité d'un acide à poids moléculaire plus élevé. : 


Deuxième fraction : 


Bointidefusion te "NC ECTS Tee CU EU £s 6808 

ÉTOUVÉ LANCE NRA ee TS 19,46 
Ba en p. 100  joulé pour Ba (CHH%02. . : . 19,54 
Indice de Sapontificatilon es NICE PEU RER 195,1 


Ces caractères correspondent à ceux de l’acide stéarique. 


nn out ot 
a 6 PEN AE TEE 


L'HUILE DE &Q SELÉ » A9 


Troisième fraction : ‘ 
Éonmbidefusion... 2, din, BA OE re ter ant fe 6005 
ÉROUVÉR AN EN ATANRUES MU DANS uN ST UNE 21 ,18 
Ba en p. 100 $ Bar CAO) PACE 19,5% 
GRNAUE POUND EE OT G AE en Ÿ 21,24 
MNCeesaDoniCAtION AMEN CET AE 214,2 


Ces caractères dénotent la présence des acides palmitique et 
stéarique, approximativement en proportions respeclives de 
95=p- 10015 p: 100. 

Quatrième fraction : 


Point de fusion 


D AA ES RC A RE CCS EE 5692 

LTOUV EN ORNE NUE EOTE (NEUTRE 22,45 
Ba en p. 100 s Be (CAPAGP 64 21,24 
calculé pour } Be (cn) . 95 10 

TLNES CERCPOMCHIONMENMEEE NORME EE 236,3 


Ces caractères correspondent à ceux d'un mélange de 
15 p. 100 d'acide palmitique et de 25 p. 100 d'acide laurique. 


Les recherches qui précèdent nous autorisent à conclure 
que l'huile de « Selé » est essentiellement formée d'un mélange 
de glycérides, des acides oléique, linoléique, stéarique, pal- 
mitique et laurique. Les pourcentages approximatifs des 
acides sont les suivants : | 


LOde DÉS EM EEE IT None LES SD 00 
ACTTerDNOIéIqUe EE TM EE 26  p. 100 
NCITERSIÉATIQUE SE A Lee io oet 000 AE poil) 
NGIdeRDalRItIqUE SAM nee CNRC UE 12,5 p.100 
AGTUEMAUTIQUE AE SU RR N AAENEC RES 2,5 p. 100 


Il existe également dans l'huile examinée une faible quantité 
d’un acide, à poids moléculaire plus élevé, dont l'identification, 
faute d’un échantillon suffisant de matière première, ne put 
être poursuivie. 


L'huile de Selé constitue une excellente huile de table, d’une 
saveur douce et agréable. Préparée d’une façon perfectionnée 
et soignée, elle ne présenterait certes pas la moindre odeur 
empyreumatique, ni d'arrière-goût de brûlé. Sa résistance au 
rancissement (1) accroît encore davantage ses précieuses qua- 


(1) I1se passa près de deux ans entre le moment de la préparation de 
l'huile étudiée et son examen au laboratoire et cependant elle n’accusait 
qu’un indice d’acidité insignifiant, moins élevé encore que celui de bien 
de nos huiles alimentaires des plus réputées. 


BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1919. — 4% 


o0 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


lités. L'huile de Selé conviendrait indubitablement à la fabri- 
cation des savons el il est probable que sa teneur relativement 
élevée en glycérine la ferait prendre en sérieuse altenlion par 
les fabricants de glycérine. Pour la stéarinerie, elle est inuti- 
lisable avec avantage, sa teneur en acides solides étant trop 
peu élevée. 

De par l’ensemble de ses caractères, l'huile de Selé doit être 
considérée comme une huile demi-siccative qui est à ranger 
dans le groupe dit de l'huile de coton. | 

À cause de sa grande ressemblance, pour ne pas dire de son 
identité de composition avec l'huile de cocorico, qui fait l'objet 
du mémoire suivant, nous croyons que l'huile de Selé a été 
extraite de la graine d’une Cucurbitacée appartenant à une 
espèce très voisine du Citrullus vulgaris, et'il n'est même pas 
improbable que le « Selé » ne soit qu’une variété de celui-ci. 


EXTRAITS DES PROCÈS -VERBAUX 
DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 4 NOVEMBRE 1918 
Présidence de M, Edmond Perrier, Président de la Société, 


En prenant place au fauteuil, M. le Président prononce l’allo- 
cution suivante : < 


Messieurs, 


Nous reprenons nos séances dans'une atmosphère de victoire 
qui ne doit pas nous faire oublier nos deuils. Depuis notre 
‘ernière session nous avons à regretter la mort au champ 
d'honneur du D' Pierre Vincenr. Il comptait parmi les ouvriers 
de cet avenir plein d’espérances qui s’ouvre devant nous. Il 
n'était qu'au début d’une carrière qui s’annoncait brillante; 
d’autres avaient eu le temps d'acquérir une expérience qui en 
faisait pour nous des guides précieux : tel était, dans notre 


D: . 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 51 


conseil, notre cher collègue Wuirron. Il s'était signalé par ses 
connaissances approfondies des Oiseaux dont l'élevage, l’accli- 
matation et la connaissance constituent, pour notre Société, 
une branche d'activité des plus importantes et l’ornithologie 
a encore perdu un savant qui y était passé maître et qui étail 
des nôtres bien qu'habitant la province, le D' Brasiz. 

Nous avons encore à déplorer la mort de M° la comtesse | 
de Por SainT-TronquET, de Me Amédée DELAURIER, de 
M. S. AUDE, membre à vie, comme M. le comte de BEaAucaamp, 
aussi celle de l’un de nos membres italiens, M. le duc CrivELrLI 
SERBELLONI qui s'était livré à l'étude de l’Aquiculture; il avait 
rendu dans cette direction de grands services à son pays et 
les grandes questions internationales que soulevaient l’orga- 
nisation et la protection de la Pêche ne le lrouvaient jamais 
indiffèrent. 

Après les amis que nous avons perdus et que nous n'oublie- 
rons pas, pensons aux amis inconnus qui habitaient les pays 
envahis et qui ont été victimes des innombrables sévices 
imaginés par l'horrible barbarie qui couvait chez nos voisins 
de l'Est et qui s'est réveillée au cours de cette guerre de 
manière à frapper le monde entier de stupeur. Partout on a 
compris que les crimes qu'elle à inspirés ne sauraient 
demeurer impunis, qu’il serait impossible de frayer amicale- 
ment avec ceux qui les ont commandés, approuvés ou simple- 
ment tolérés et c'est pourquoi l’Académie des Sciences, 
l'Académie de Médecine, l’Académie d'Agriculture et la plupart 
de nos Sociétés savantes ont par des délibérations solennelles 
« déclaré que leurs membres étaient dans l'impossibilité de 
reprendre des relations personnelles, même en matière de 
science, avec -les savants des Empires centraux, tant que 


ceux-ci n'auraient pas été admis de nouveau dans le concert 


des nations civilisées, dont elles ont été exclues en raison 
des horreurs organisées, encouragées et imaginées dès l'ori- 
gine de la guerre, dans le seul but de terroriser les popu- 
lalions inoffensives ». 

Je cite le texte adopté à une réunion de délégués des 
Académies des nations alliées tenue à Londres au mois de 
septembre dernier. Nous vous proposerons de voter la même 
résolution. Vous n'avez pas attendu jusqu'à ce jour d'ailleurs 
pour manifester votre opinion. En 1914, vous avez exclu les 
Allemands, Autrichiens et Hongrois de notre Société; en 1915, 


52 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


lorsque le tsar Ferdinand de Bulgarie s’associa aux actes des 
Empires centraux, bien qu'il fût lauréat de la Société, vous 
l'avez rayé de vos cadres; il avait, en reconnaissance de 
l'attention que nous avions portée à ses travaux d'acclima- 
tation, fait un don à la Société. Vous n'avez pas voulu garder 
cet argent et vous avez décidé qu'il serait remis au ministre 
plénipotentiaire de Serbie, M. Vesnitch, pour venir en aide 
aux enfants serbes dont les parents avaient été massacrés par 
les Bulgares. C’est avec une émotion profonde que M. le 
Ministre de Serbie a recu cette contribution, faible revanche 
sur les bourreaux de son pays. 

Nous ne pensions pas, à ce moment, que Paris aurait lui- 
même à subir f'insulte des canons et des avions allemands, des 
berthas et des gothas. Notre tour est cependant venu; sur ce 
boulevard même, presque en face de cette maison, le 5 août, 
un obus est tombé dans les magasins de la maison portant le 
n° 209; le 7 juin un autre obus avait atteint une maison voisine 
de celle que nous occupons, notre quartier était bombardé plus 
peut-êlre que tout autre ; des bombes d'avions ont frappé le mi- 
nistère de la Guerre, le palais de la Légion d'honneur, la statue 
de Chappe et les maisons voisines. Cependant notre Siège 
social n’a jamais été déserté et M° Ballereau, qui remplace 
son mari, notre Agent général, mobilisé, pour laquelle je vous 
demande les plus chaudes félicitations, est venue tranquille- 
ment, chaque jour, accomplir son œuvre coutumière. Partout 
où nos collègues se sont trouvés à Paris, comme au front, ils 
ont donné l'exemple; je rappelais tout à l'heure la mort 
glorieuse de M. le D' René Vixcenr; notre collègue le lieute- 
nant Hubert de Ganay a été blessé grièvement pour la seconde 
fois, au moment où, à la tête de ses hommes, il entrait à 
Saint-Mihiel. | 

La guerre s'achève glorieusement pour nous. Nous ne serons 
pas surpris par l'avènement de la paix; nous avons pensé que, 
pour le relèvement de toutes les ruines amoncelées par une 
guerre que les Allemands ont conduite comme une guerre de 
dévastation et de ruine de toutes les industries qui faisaient 
la richesse des pays envahis par eux, il était de notre devoir 
d'intensifier le plus possible notre action; c’est pourquoi nous 
avons agrandi notre Siège social et l'avons transporté dans un 
quartier fréquenté. Cela à été réalisé grâce à la générosité de 
tous nos collègues qui pouvaient disposer de leurs ressources 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 53 


et nous les en remercions cordialement. Mais agrandir ses 
locaux sans élargir le but de notre Société serait un contre- 
sens. Il faut que chacun de nous se mette en campagne pour 
nous recruter de nouveaux adhérents. L'œuvre entreprise par 
Isidore Geoffroy Saint-Hilaire est loin d'être terminée; elle 
sera, après la guerre, de première importance. La guerre a fait, 
depuis quatre ans, une prodigieuse destruction d’existences 
précieuses; nos plus belles contrées agricoles ou industrielles 
ont été dévastées par les Allemands non pas tant pour donner 
salisfaction à cette joie de nuire qui n'a de nom que dans la 
langue allemande, que pour briser les ailes à l’essor de notre 
industrie et sinon pour Consommer notre ruine, du moins 
pour amoindrir le plus possible nos richesses. Une des voies 
qui s'ouvrent à nous pour réparer tant de désastres, c'est 
d'inteasifier la production de nos colonies. Nous en avons 
sous tous les climats favorables à la vie des Animaux et des 
Plantes. Malgré le développement pris par notre agriculture 
coloniale il reste encore beaucoup à faire dans cette direction. 
On s'est occupé surtout, en effet, des Végétaux susceptibles 
d’une culture en grand : le riz, le café, le coton, le caoutchouc, 
la canne à sucre, la gutta-percha, les arbres fruitiers, ete., il 
reste encore dans cette direction plus à faire qu'il n’a été fait. 
Les horticulteurs ont obtenu quelques beaux résultats et ont 
enrichi nos parterres d’un certain nombre de fleurs splendides 
qu'ils ont modifiées, agrandies, colorées de mille façons et 
dans celte voie ns regrettés collègues Maurice et Philippe de 
Vilmorin s'étaient illustrés. Mais que dire des Animaux ? C’est 
à eux surtout qu'avait pensé Isidore Geoffroy Saint-Hilaire 
lorsqu'il fonda simultanément, comme des colonies, en quelque 
sorte, du Muséum d'Histoire naturelle, la Société et le Jardin 
zoologique d’Acclimatation. Il faut bien reconnaitre que les 
magnifiques projets qu’on avait formés pour eux sont demeurés 
à l’état d’espérances., Les grands Animaux des pays chauds 
sont restés à l’état de gibier sauvage; ardemment chassés, ils 
disparaissent avec une déconcertante rapidité et l'on peut pré- 
voir le jour où les Eléphants d'Afrique, les Rhinocéros, les 
Hippopotames ainsi que les Lions, les Tigres et même les Cro- 
codiles ne seront plus que des souvenirs comme le Grand Pin- 
gouin, la Rythine de Steller,la Baleine des Basques, le Dronte, 
le Solitaire, les Tortues géantes des îles Mascareignes, etc. On 
s’en est préoccupé. En France, une Commission s’est réunie au 


LA 


1 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


ministère des Colonies et a proposé un certain nombre de 
mesures de protection. Mais c'est seulement aux Etats-Unis 
que des mesnres de protection efficaces ont été prises. Des 
parcs nationaux ont élé créés par le président Roosevelt 
et il y existe une puissante Ligue pour la protection de la vie 
sauvage dont l'un des membres les plus influents est motre 
collègue Hornaday, directeur du Jardin zoologique de New- 
York à qui notre Sociélé a décerné, avant la guerre, sa plus 
haute récompense en raison de l’ardente et efficace campagne 
qu'il avait mené pour la protection des Oiseaux, à une époque 
où les industries de la plume avaient pris contre nous une 
attitude menacçante. La guerre a resserré les liens qui nous 
unissent aux Etats-Unis et avec la générosité si pratique des 
Américains, M. Hornaday a tenu à les affirmer en faisant à 
notre Société un don de 500 dollars en un chèque contenu dans 
la lettre que voici : 


« Monsieur et cher Président, il est tout à fait clairement 
envisagé par les Administrateurs de « la Permanent Wild Life 
Protection Fund » que celle-ci aiderait la cause de la protec- 
tion de la vie sauvage en France. C’est pourquoi nous vous 
envoyons ci-inclus l'original d'un chèque de 500 dollars, repré- 
sentant la somme de 2.720 francs, que nous vous prions d’ac- 
cepter comme don pour la protection et l'accroissement des 
Oiseaux et des Quadrupèdes sauvages de France et de ses colo- 
nies. Ce don est fait sans aucune restriclion, et ne comporte 
pas le besoin d’un reçu quelconque, et son montant est trop 
peu élevé pour être mentionné publiquement. 

« Il n’y a pas d’exagération d'affirmer que les protecteurs de 
la vie sauvage et les hommes de science américains ont une 
profonde admiration pour la manière continue avec laquelle 
les zoologistes de France ont mainténu leurs travaux scienli- 
fiques et leurs efforts pour la protection de la vie sauvage tout 
en ayant Sans arrêt pris une part énorme à la défense des 
libertés des nations civilisées. Je pense que l'esprit qu'exprime 
le mot de Dumas dans les Trois Mousquetaires : Un pour 
tous, et tous pour un! anime presque toutes les poitrines amé- 
ricaines. 

« De la fange et de l’effusion de sang de cette guerre est née 
une nouvelle fraternité de l’homme qui unira les Nations 
alliées, comme jamais Nations n'ont été unies auparavant. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 53 


Aussi l'Amérique désormais sent qu’il n’y a rien de trop bien 
et bon pour la France! Sans aucun doute vous vous réjouissez 
aujourd'hui, comme nous le faisons, des pas énormes accom- 
plis vers la victoire complète par les Armées alliées sous la 
conduite de votre magnifique maréchal Foch durant ces der- 
niers mois. 

« Avec un millier d’autres considérations, vos admirateurs 
ont eu l’idée qu'il serait bientôt temps de penser à ramener les 
Oiseaux et les autres créatures vivant à l'état sauvage dans les 
régions dévastées de l’Europe. Nous nous réjouissons que la 
France possède une grande organisation, qui, en temps voulu, 
désirera consacrer ses pensées et ses efforts à celte œuvre. 

« La semaine prochaine nous vous expédierons le duplicata 
du chèque. En attendant, veuillez, je vous prie, recevoir l’assu- 
rance de notre profond fraternel sentiment de respect et admi- 
ration. 

« Fidèlement vôtre : 

« W. T. HorNADAY, Zruslee. » - 


L'œuvre de M. Hornaday est d'un intérêt général considé- 
rable ; il s’est montré en toute circonstance un ami chaleureux 
de notre pays ; nous vous demandons d'émettre le vœu que le 
Gouvernement de la République récompense les services qu'il 
a rendus à notre pays, en lui conférant la Croix de la Légion 
d'honneur. Il nous reste, Messieurs, à contribuer pour notre. 
part à la résurrection nationale en reprenant à la base l’œuvre 
de notre fondateur. Ce dont notre pays a failli mourir, c'est le 
défaut chez nous de cette organisation dont l'Allemagne est si 
fière, qui lui a inspiré sa folle confiance en elle-même et qui 
aurait réussi à lui assurer la domination du monde si elle avait 
été inspiré d’un souffle assez généreux pour écarter de son 
esprit l’idée folle de cette guerre. Le danger pour nous, c'est 
le défaut de coordination des efforts. Notre pays n’arrivera à se 
relever que s'il s'organise de manière à réunir en faisceaux 
toutes les forces capables de concourir à un même but au lieu 
de les laisser se disperser. C’est à alteindre ce but que nous 
devons nous appliquer, et nous n’y contribuerons efficacement 
qu'en nous efforçant de donner à nos travaux la meilleure 
direction possible. 


56 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


BIBLIOTHÈQUE. 


M. le Bibliothécaire-Archiviste présente, au nom de 
M. Debreuil, deux in folio du xvu° siècle, avec nombreuses 
planches en couleur, ayant pour titre : « La Botanique mise à 
la portée de tout le monde ». Dès cette époque, on savait déjà 
faire de jolies planches. Le papier et l'impression étaient à la 
hauteur du reste de l'ouvrage, ainsi que la lourde reliure en 
parchemin plein. 

La bibliothèque s’est enrichie d’un grand nombre de livres 
ou brochures, soit par échange avec les diverses sociétés de 
l'étranger, soit par don d'auteur. 

Nous citerons, parmi ces ouvrages : la publication des études 
sur les Coléoptères de l'île Maurice et des Seychelles, par 
M. P. Carié, dont il est paru déjà plusieurs fascicules; la nou- 
velle édition, offerte par l’auteur, M. Voitellier, de L « Avi- 
culture pratique » qui contient un nouveau chapitre sur le 
ralionnement des pondeuses ; une étude très développée, de 
M. le D' Brasil, de l'Institut de Butantan, au Brésil, sur les 
venins de Serpents, etc. 


GÉNÉRALITÉS. 


M'° Germaine Hédiard présente une préparation culinaire 
nommée /ndian meal, qui est une sorte de crème d’un goût 
agréable. Les éléments qui composent cette crème lui assurent 
des propriétés nourrissantes remarquables. Chacun de nous a 
pu déguster un échantillon de ce produit, séance tenante. 

Recette pour la préparation de V « Indian meal ». — L' « Indian 
meal » pour crèmes, contient : 

10 p. 100 de Maranta arundinacea ou taro de l'Inde; 

10 p. 100 de fécule de manioc du Brésil ; 

5 p. 100 d’Algue « Ran Cân » d’Indo-Chine ou Agar-agar 
gelatinosum ; 

25 p. 100 de cacao avec son beurre ; 

50 p. 100 de sucre de canne. 

Pour faire la préparalion, délayer à froid une cuillerée et 
demie à soupe par tasse à déjeuner dans un peu d’eau ou de 
ait. Faire bouillir de l'eau ou du lait; verser ce liquide 
bouillant sur |’ «Indian meal ». Remettre sur le feu, laisser 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 57 


bouillir deux ou trois minules, verser cette préparation dans 
la lasse, où elle se prend en masse légèrement gélatineuse, 
presque aussitôt. Se consomme chaud ou plutôt froid. 


M. Jeanson présente un certain nombre de légumes exotiques 
qu'il a obtenus de graines, dans sa propriété, aux environs de 
Paris. 

1° La Courge de Siam, Cucurbita melanosperma A. Br. est 
très intéressante par sa production abondante et sa longue 
conservation. Vingt graines plantées et levées ont donné 
300 fruits, dont le poids variait de 1 kil. 500 grammes à 3 kilo- 
grammes. Le péricarpe de ces fruits est d’un beau vert, d’une 
consistance telle qu’ils peuvent se conserver, sans sécher, pen- 
daut de longs mois. Ils se prêtent à de multiples emplois et 
l’on pourra consulter à leur sujet la troisième édition du 
Potager d’un Curieux (1) où notre collègue, M. D. Bois, expose 
des recettes pour les préparations culinaires de cette Cucurbi- 
tacée. Indépendamment de son usage comme légume, où elle 
s'emploie cuite à la manière du chou-fleur au gratin, elle sert à 
préparer une confiture dite « Cheveux d’Ange » ou « Cabellos 
de Angel », en Espagne, ou des potages genre potiron, des bei- 
gnets frits, etc. M. D. Bois ajoute que la chair du fruit adulte 
forme des filaments qui, bien préparés, donnent l'illusion de 
la choucroûte. Des Alsaciens qui en ont mangé ont été trompés. 

2 La Courge musquée, Cucurbita moschata Duchesne. Cette 
espèce, très polymorphe, donne des fruits beaucoup plus petits 
que la précédente, d’une couleur cannelle claire, avec souvent 
des côles longitudinales comme les Melons. La chair de ces 
fruits donne un excellent plat, lorsqu'on opère comme pour le 
chou-fleur au gratin. On peut aussi mélanger un tiers de 
Pommes de terre avec deux tiers de cette Courge. On obtient 
une excellente purée. La consistance de ce fruit rappelle assez 
exactement ce que l’on mange en Angleterre sous le nom de 
« vegetable marrow », qui est aussi une Cucurbitacée. 

3° Des Ignames à tubercules sphériques, Dioscorea pentaphylla 
L. var. horiorum Prain et Burk, originaires de l'Inde et de la 
partie occidentale de la Chine méridionale. Les tubercules 
obtenus sont amers, malgré le lavage à l’eau bouillante et au 
carbonate de soude et M. Jeanson ne conseille pas de les 


(4) P. 121 ets. 


58 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


employer, en raison de l’acide cyanhydrique qu'ils peuvent 
encore contenir ; 

° Igname en massue, variété améliorée Chappellier. 

Cette espèce à racine longue et remplie au milieu sert à faire 
d'exquises pommes de terre frites. Le résultat est très supérieur 
et la consistance légère très agréable. 


M. le D' Leprince présente des tubercules de Pomme de 
terre obtenus par ensemencement de tubercules de races des 
Canaries. 

Dans un potager, aux environs de Beauvais, à Nivillers, notre 
collègue a pu faire des études sur cette Solanée. Les résultats 
sont des plus encourageants, et la qualité des tubercules 
excellente. 

La plantation a été faite le 23 mai 1918 et l’arrachage eut lieu 
le 25 octobre. | 

Les recherches portaient sur trois races : « Papas blancas », 
« Papas palmeras », « Papas nigras ». Les deux premières 


races à retenir ont fourni des tubercules gros, moyens et petits. 


La troisième sorte n’a donné que de petits tubercules. Les 
résultats si encourageants des deux premières sortes sont peut- 
être dus à l’excessive sécheresse de l'été. 


M. l'abbé G. Foucher fait une communication sur une « décou- 
verte » relative à la fabrication du vin sans raisin. Le procédé 
industriel, dont il fait le plus grand éloge, est dû à l'invention 
de M. l'abbé Constantin, dont on trouvera le rapport à la Biblio- 
thèque. M. l'abbé G. Foucher fit goûter à l'assistance plusieurs 
échantillons de vin de cri : Sauterne et autres, ainsi que de 
l'alcool. L'opinion générale des assistants fut que le conféren- 
cier n'avait pas à redouter que ce vin sans raisin pût, comme il 
avait paru le craindre, causer aucun préjudice aux vins célèbres 
de Bordeaux ou de Bourgogne: Un expert-dégustateur près la 
Cour d'appel, M. R. Lambert, nous donne son opinion qui résu- 
mait parfaitement celle de toute l'assistance : 

Les trois produits soumis n’ont pas la couleur des vins 
blancs ; ils n'ont ni la sève, ni l’arome, ni le bouquet des vins 
qu'ils prétendent représenter ; leur goût ne rappelle pas celui 
d'un vin même de qualité très ordinaire : il n’y a ni « mâche », 
ni « plein », ni « fruit ». Ce vin artificiel ne remplacera jamais 
un vin de raisins frais. On objecte aussi qu'il faut forcément 


» 0 
TE 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 5 


partir d’un sucre. M. Gustave Rivière répond dans le même 
sens, qu'ayant ensemencé, à Mareil-Marly, des cuves de 
35 hectares avec des bouquets de Volnay ou de Chambertin, il 
n'avait obtenu « que des résultats boiteux ». Donc, ce vin ne 
restera qu'un produit très bon marché pour les petites bourses, 
et peut-être aussi, et surtout, une source commode d'alcool 
éthylique industriel. 


MAMMALOGIE. 


M. F. de Chapel nous écrit de Cardet (Gard) au mois d'août 
dernier à propos des Castors : 

« Je crois qu'il sera bien difficile de protéger nos Castors 
contre le braconnage. On pourrait élablir un « Castorium » 


en Camargue. Je serais bien de cel avis si nous trouvons un 


emplacement convenable ; il y en a, mais il faudrait que l’on 
veuille le mettre à notre disposition. En outre, il devra être 
clos, car, sans cela, les Castors seraient vite au Rhône et 
échapperaient à la surveillance. De plus, ils causeraient des 


: dégâts aux digues et on les ferait détruire. Pourquoi n'es- 


saierait-on pas leur élevage dans des étangs du Centre de la 
France? » 

M. de Chapel nous communique encore les renseignements 
suivants : Les Castors ne sont pas rares à la Baume. On ya 
trouvé, il y a deux ans, de vrais « sentiers à Castors », un peu 
en aval, sur la rive droite. Le Castor remonte, du reste, bien en 
amont de Saint-Nicolas et n’est pas rare entre Pont-du-Gard et 
Remoulins. La contrée est sauvage, donc favorable au Castor, 
mais loin de la surveillance de la gendarmerie et c'est cette 
dernière considéralion qui est inquiétante. En résumé, l'opinion 
de tous ceux qui se sont intéressés à la question du Castor est 
que cet intéressant Rongeur peut être sauvé d’une destruction 
totale si l’on trouve le moyen d'empêcher le braconnage, tout 
en facilitant et en surveillant sa multiplication dans les endroits 
où il peut vivre sans causer de dégâts. 


ORNITHOLOGIE. 


M. Debreuil fait passer, en projection, cinquante vues, en- 
voyées par M. Rollinat, sur la capture des Aloueltes aux lacets, 
dans le département de l'Indre. 


60 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


M. Rollinat avait publié en 1908, dans le Bulletin, pages 166 
et suivantes, une importante étude sur cette question; les pho- 
tographies présentées aujourd'hui en sont les illustrations. 
M. Debreuil, en les expliquant, rappelle et résume le travail de 
1908 et montre comment se fabriquent et fonctionnent la 
« Saunée » et les « piquets à lacet ». 

Nous engageons ceux que la protection des Oiseaux inté- 
resse à relire l’importante et consciencieuse étude de M. Rol- 
linat. 

M. Delacour, secrétaire de la Ligue pour la Protection des 
Oiseaux, fait remarquer que ces procédés de capture des Oi- 
seaux sont absolument contraires à nos principes de pros 
tection. 

IL serait désirable que notre collègue, M. Rollinat, employât 
ses efforts pour interdire, ou tout au moins, pour restreindre 
l'usage de ces procédés dans sa région. 


Les Oiseaux ont été cette année en petit nombre dans la 
région de Melun, dit M. Debreuil; c’est à peine si on a pu 
compter quelques individus chez certaines espèces : Linottes, : 
Bruants, Verdiers, Chardonnerets, etc. 

La diminution des Moineaux, constatée par nombre de nos 
collègues depuis plusieurs années, est de plus en plus évi- 
dente ; dans certaines régions la diminution peut se chiffrer 
par les deux tiers. 

Aucune explication sérieuse de ce phénomène n’a encore te 
donnée. On ne peut invoquer pour les Moineaux les mêmes 
raisons que pour les autres Oiseaux. , 

On ne tue pas plus de Moineaux qu’autrefois ; ils trouvent 
toujours facilement leur nourriture et des endroits pour 
nicher. 


M. Decoux nous fait part de ses succès ornithologiques dans 
le cours de l’année 1948. Il a obtenu de très rares el très beaux 
hybrides de Beau-Marquet et de Cordon bleu, de Diamant mo- 
deste et de Mandarin. Cette année encore il a réussi l'élevage 
du Donacola flaviprymna ainsi que la reproduction de diverses 
espèces d’Astrilds, de Cardinaux et de Perruches. Malheureu- 
sement la difficulté qu'il a éprouvé à nourrir ses Oiseaux l’a 
obligé à se séparer des espèces les moins rares. 


4 


: 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 61 


BOTANIQUE. 


M. Marnier-Lapostolle nous adresse, de Nice, des graines de 
Cocos Romanzoffiana et des spores d'Alsophylla australis, ma- 
gnifique Fougère arborescente qui croît merveilleusement dans 
son jardin, où elle est fertile. Il nous communique une photo- 
graphie de son jardin. La lettre de notre collègue contient, en 
outre, quelques renseignements sur Cyathea medullaris, C. 
dealbata, Balantinus antarticum (Dichsonia), Pteris Tremula, 
Alsophyla excelsa, A. Rebeccæ, Cyathea Cunninghami et D. ar- 
borescens. Notre collègue s’offre à nous fournir tous renseigne- 
ments complémentaires sur ses cultures tropicales à Nice. 


M. P. A.-Pichot a constaté chez lui, à Sèvres, au mois de 


“juillet, une abondante exsudation de miellat qui vernissait des 


prunes rouges précoces, dont l'aspect était naturellement mat. 
Cette production anormale peut être attribuée à l'extrême 
sécheresse et pouvait provenir des feuilles des arbres avoi- 
sinan(s. 


Le Consul de France à Sainte-Croix de Ténériffe (Canaries) a 
fait, fin juillet, un nouvel envoi de Pommes de terre, variétés 
« Coloradas de Baya » et « Maloneras ». 

Ces tubercules ont élé distribués. 


M. Alarik Behm, de Stockholm, nous adresse des fruits de 
Mulgedium sibiricum L. A ce sujet, M. Bois nous fait savoir que 
c’est une Composée vivace à fleurs violacées surtout inléres- 
sante comme plante de rocaille. Une espèce de ce genre Mul- 
gcdium alpinum croît dans nos basses montagnes. L’une et 
l’autre atteignent de grandes dimensions. Le genre Mulgedium 
est proche parent des Lactuca (Laitue). Certains auteurs réu- 
nissent même les deux genres. 


M. Ch. Rivière nous adresse une communication sur les pro- 
grès de l’acclimatation dans certaines parties tempérées de la 
France, et dans le Sud-Ouest notamment. Cette note paraitra 
au Bulletin. 


Le Secrétaire des séances, 


D’ Lours CAPITAINE. 


EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 


A PROPOS DE LA CHENILLE PROCESSIONNAIRE DU PIN 


par le D' ROBERTSON-PROSCHOWSK Y. 


« Au cours de la séance générale du 8 avril 1948 notre col- 
iègue, M. Vayssière, a cité l'opinion de Barbey, un de nos plus 
éminents forestiers, et finit par dire qu'il y a divergence avec 
les hypothèses que j'aurais émises (1). Je n'ai pourtant émis 
aucune hypothèse au sujet de la Chenille processionnaire du 
Pin, mais simplement indiqué ce que j'ai observé dans mon 
jardin, depuis de longues années, à Nice. 

« Je vois, par cette citation, que le fait que j'ai constaté ici, 
pour la première fois depuis vingt-cinq ans, c'est-à-dire 
l'attaque du Cedrus Deodara par la Chenille processionnaire du 
Pin n'est peut-être pas aussi exceptionnel que je le croyais, 
puisque les Cèdres (quelles espèces?) sont assez souvent 
attaqués, selon M. Barbey. 

« L'espèce de Pin de beaucoup la plus nombreuse dans ma 
propriété et qui forme une partie du bois qui m'appartient, est 
le Pin d'Alep (Pinus halepensis) : il est peu attaqué. Parmi 
les autres Pins cultivés en exemplaires, les plus nombreux 
sont le Pinus excelsa, jusqu'à présent jamais attaqué, les 
Pinus canariensis, tous les ans dévastés, ainsi que l'unique 
exemplaire de P. insignis. Ces deux espèces ont été plusieurs 


fois presque complètement dégarnies de feuilles, et, deux fois, 


la cime du P. insignis s'est desséchée. Un unique exempiaire de 
Pin noir d'Autriche, qui se trouve au milieu des P. canariensis, 
n’a jamais élé attaqué; non plus le Pin maritime (P. Pinaster), 
également en exemplaire unique, ni d’assez nombreux Pins 
Laricio de Salzmann et Pinus Brutia. 

« Je possède bien quelques autres espèces de Pins, mais 
depuis moins longtemps, et ne considère pas utile de les men- 
tionner. Je répète que le Pin du pays (Pinus halepensis) ne 
souffre que peu, comparativement aux P, canariensis et insi- 


(1) Voir Bull. Soc. nat. Acclimal., 1918, p. 214. 


EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 63 


gnis, de beaucoup préférés des Chenilles processionnaires ; 
mais cela ne veut pas dire qu'éventuellement d’autres espèces 
re soient pas attaquées en l'absence des espèces préférées. 


. . . . . ° 


« Des observations que j'ai faites chez moi depuis de nom- 
breuses années, il ressort donc que certaines espèces exotiques 
de Pins sont préférées de beaucoup au Pin d'Alep (Pinus hale- 


-pensis), qui est indigène. Ce fait n’est pas exceptionnel, à mon 


avis : de semblables observations pouvant être faites pour 
d’autres Insectes. 

« Mes deux jeunes fils, naturalistes passionnés, observent les 
mœurs des animaux qui vivent dans mon jardin, et font des 
é‘evages d'un grand nombre d'insectes. Ils me disent, par 
exemple, n'avoir trouvé qu'une seule fois une Chenilie du 
grand Papillon nocturne, Acherontia Atropos, sur une Solanée 
sauvage (Solanum Dulcamara), tandis qu’ils en ont observé 
souvent sur des Solanées exotiques, notamment /ochroma 
tuhulosum Benth., Solanum Warscewiczü Hort., et quelques 
autres espèces arborescentes du genre Solanum. Ces Chenilles 
préfèrent même les Wigandia, qui appartiennent à une autre 


_ famille. 


« Une autre espèce de Papillon nocturne, dont la Chenille se 
trouve sur le Spartium junceum, préfère pourtant beaucoup le 
(renisla monosperma Lamck., qui n’est pas indigène. » 


SUR UN CAS 
D'ALBINISME PARTIEL DES AILES D'UNE BÉCASSE 
(Scolopaz rusticola) 


Par LOUIS TERNIER. 


Au mois de novembre dernier, j'ai tué, à Triqueville, 
près de Pont-Audemer (Eure), une Bécasse présentant un cas 
d'albinisme partiel des ailes : sur l’aile droite, la première des 
grandes pennes ou rémiges primaires ainsi que les deux pre- 
mières des tectrices primaires étaient d’un blanc pur. 

Sur l'aile gauche, les deux grandes pennes ou rémiges pri- 


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A Le 4 SAT) 


64 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


maires, ainsi que sept des lectrices. primaires étaient égale- 

ment d'un blanc pur. La coloration du reste du plumage de 
à l'Oiseau était normale; mais la poitrine, au lieu d’être d'un 
roux grisâtre, rayé transversalement de brun, était d’un roux 
assez ardent el rayé de roux plus foncé, mais sans que les 
è raies tranchassent bien visiblement sur le reste de la colo- 
ration générale du dessous. 
Cet Oiseau était très farouche, très rusé et avait le vol très 
M vif. Il était de taille moyenne. 


ORDRES DU JOUR DES SÉANCES GÉNÉRALES 


POUR LE MOIS DE MARS 1919 


Lundi 3, à 3 heures. — M. P. Carié : L'œuvre de la Direction de 
l'Agriculture à l’île Maurice. 


— M. le Dr Micet-Horsin : Acclimatation en Afrique occidentale 
francaise. 


Lundi 17, à 3 heures. — M. le professeur Roue : Compte rendu 
\ du Congrès de l'étang et de l'élevage de la Carpe. 


; — M.D. Bois : Cultures d’arbres exotiques chez M. de Lachesnais, 
à Marseille. 


Lundi 24, à 5 heures. — Sous-secTioN D'ORNITHOLOGIE (Ligue pour 
la proteclion des Oiseaux). 


Tous les Membres de la Société sont priés d'assister aux 
Séances générales, qui ont lieu deux fois par mois, au Siège 
social, 198, boulevard Saint-Germain. 


Sur demande, les Ordres du Jour des Séances sont adressés 
mensuellement. 


Le Gérant : A. MARETHEUX. 


Paris. — L. MAR&THEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


Graines offertes par M. G.-H. 
CAVE. Curator Lilyod Botanic 
Garden. Darjeeling (Indes an- 
glaises). 

Acer Papilio King. 

— Hookeri Miq. 

— Campbellii Hook f. 

— Osmastoni Gamble. 
Artemisia pauciflora Spreng. 
Astragalus stipulatus D. Don. 
Ardisia macrocarpa Wall. 
Anernone vitifoliæ Buch-Ham. 

— rivularis Buch-Ham. 


Bœhmeria macrophylla D. Don. 
Berberis nepalensis Spreng. 

— umbellata Lindl. 

— concinna Hook. f. 


Callicarpa rubella Lindl. 
Cassiope selaginoides Hook. f. 
Thoms. 

Cassiope fastigiata D. Don. 

Clematis montana Buch-Ham. 

Celastrus Championi Benth. 

‘Cotoneaster frigida Wall. 

Coriaria nepalensis Wall. 

: Corylus feroxz Wall. 

Cnicus involucratus Wall. 

Cynoglossum micranthum Desf. 
— denticulatum A. D. C. 


Dichroa febrifuga Lour. 

Diclytra thalictrifolia Hook. f. 
et Thoms. 

Decaisnea insignis Hook. f. et 
Thoms. 

Debregeasia velutina Gand. 


Echinocarpus dasycarpus Benth. 

Ænkianthus himalaicus Hook. f. 
et Thoms. 

Embelia Gamblei Kurz. 

Brythrina arborescens Roxb. 


Ficus Hookerti Miq. 
Fraxinus floribunda Wall. 


Hippophae salicifolia Don. 

Helwingia himalaica Hook. f. et 
Thoms. 

Holbællia. 

Hymenopogon parasiticus Wall. 

Æypericum Hookerianum Wight 
et Arn. 

Hypericum patulum Thunb. 


Tlex insignis Hook. f. 
Jlex intricata Hook. f. 


Indigofera (Dosua Ham. var. to- 
mentosa. 


Jasminum humile L. 
Juniperus pseudo-Sabina Fisch. et 
Mey. 


Liqustrum confusum Dcne. 
Zilium giganteum Wall. 

—  nepalnese Don, D. 
Lobelia er-cta Hook. f. et Thoms. 
n—  pyramidalis Wall. 


EN DISTRIBUTION 


Liisæa tomentosa H. C. Heyne. 
Luculia gratissima Sweet. 


Magnoïia Campbellii Hook. f. et 
Thoms. 
Mandragora cærulescens C. B. 
Clarke. 
Meconopsis Wallichii Hook. 
— simplicifolia G. Don. 
— paniculata. 
Michelia Cathcarthii Hook. f. et 
Thoms. 
Mucuna macrocarpa Wall. 
MNeillia thyrsiflora Don. 
Nyssa sessiliflora Hook. f. 
Pedicularis Scullyana Prain. 

— trichoglossa Hook. f. 
Picrorhiza Kurroa Royle. 
Piptanthus nepalensis D. Don. 
Potentilla fruticosa LL. 

— Griffithii Hook f. 

— leuconota D. Don. 
Podophyllum Emodi Wall. 
Polygonum vaccinifolium Wall. 
Poterium diandrum Hook. f. 
Primula Elwesiana King. 
capitata Hook. 

Kingii Watt. 

pusilla Wall. 

reticulata Wall. 

sikkimensis Hook. 

Stuart Wall. 

- Wattii King. 

Prioiropis cytisoides Wight et 
Arn. 


[TENTE EL 


Prunus acuminata Wall. 
— Pyuddum Roxb. 
Pyrus foliolosa Wall. 
—  1nsignis Hook. f. 
—  sikkimensis Hook f. 


Rosa maerophylla Lindi. 
— sericea Lindl. 


Richelia lanuginosa. 
Rubus alpestris Blume. 

—  moluccanus L. 

—  paniculatus Sm. 

—  reticulatus Wall. 
Ruellia cordifolia Wall. 
Rhus semialata Murray. 
Rheum nobileH.o0ok. f. et Thoms. 
Rhododendron arboreum Sn. 

— arboreum, var. Cam»- 

belli. 
Rhododendron barbatum Wall. 
camelliæflorum Hook. f. 
campanulatum Don. 
campanulatum, Don.var. 

Waillichi. 
campylocarpum Hook. f. 
cinnabarimum Hook. f. 
Dalhousiz Hook.f. 
lalconeri Hook. f. 
{ulgens Hook. f. 
grande Wight. 
Hodgsoni Hook. f. 
lanatum Hook. f. 


(ER ET EP 


Rhododendron lepidotum Wall. 

— Madden Hookf,. 

— Wightii Hook. f. 
Sambucus adnata Wall. 
Saussurea Lanean«. 

— eriostemon Wall. 

— Sughoæ G. B. Clarke. 
Samifraga purpurascens Hook. {. 

et Thoms. 

Sedum asiaticum Spreng. 

—  elongatum Wall. 
—  Ewersii Ledeb. 
—  himalense D. Don, 
Senecio Candolleanus Hook. et 
CAT 

—  diversifolins Wall. 

—  Liqulariw Hook. f. 

— Mortoni G. B. Clarke. 

—  pachycrrpus CO. P.Clarke. 

— pauciflorus. 

Swertia dilarata G. B. Clarke. 
— Hooker: C. B. Clarke. 
—  Kingii Hook. f. 

— multicaulis D. Don. 
Symplocos thezfolia D. Don. 
Thalictrum Chelidonii Hook. f- 

et Thoms. 

_— cultratum Wall. 
Tephrosia candida D C. 
Toddulia aculeata Pers. 
Vaccinium serratum Wight. 
Veronica himalensis D. Doa. 
Viburnum stellatum Wall. 


Graines offertes par M. MAR- 
NIER-LAPOSTOLLE : 


Primula malacoides. 

Dracæna indivisa atropurpurex. 

Cycas revoluta. 

Alsophila australis. 

Archontophænix Cunningha- 
miand. ; 


Graines offertes par M. PROS- 
CHOWSKY : 
Butia capitata var. pulposa Bec- 
cari. (Cocos pulposa Barbosa.) 
Pillosporunr floribundum Wight 
et Arn. 

Livistona australis- 

Sabal Adansoni type. 

Sabal Adansoni, jolie variété, se 
reproduit par Semis. 


Graines offertes par M. MOREL : 


Agathea amelloides D. G. 
Antennaria plantaginea R. Br. 
Cryptomeria japonica Don. 
Cytisus Laburnum L. 
Bzxocharda Alberti Regel. 
Timpatiens Sultani Hook. 
Parrotia persica G. A. Mey. 
Polemonium cœruleuwm L. 
Rhodotypos kerrioides Sieb.. 


Graines offertes par M. BOIS : 


: Ansérine amarantc. 


S'adresser au Secrélariat 


:; 1 . P g ; 606 d'A AN TT 
| ce LD 
1 

+ 

, 


SOGIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 


4° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races 
| nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la BIOpAsANGA 
É de végétaux utiles ou d'ornement. 

$ Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dames 
peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablis- 
4 sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, 
Sociétés commerciales, etc.). 

La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres 
| Donateurs, membres Bienfaiteurs. 

Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d’entrée de 10 francs et une 
ÿ cotisation annuelle de 25 francs. 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s’affran- 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 

Le membre Donateur est celui qui verse une somme d’au moins 500 francs. 

Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d’au moins 1.000 francs; 
son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo- 
riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. 

À En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner 
amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois 
des séances spéciales de Sections : 1° Mammalogie; 2° Ornithologie et sa sous-section, 
Protection des Oiseaux ; 3° Aquiculture; 4° Enlomologie; 5° Botanique, et 6° Colonisation. 

Tous les membres peuvent assister à ces séances dont les ordres du jour men- 
suels leur sont régulièrement adressés sur leur demande. 

La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d’ani- 
maux à ses membres. 

Le Bulletin mensuel forme, chaque année, un volume d’environ 400 pages 
illustrées de gravures. Il traite des questions concernant l'élevage des animaux, la 
culture des plantes et particulièrement des faits d’acclimatation survenus en France 
et à l'Etranger. 11 donne des renseignements les plus variés sur les animaux et les 
plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. 

On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle : 
installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction), etc., etc, 


| 
F Le but de la Société Nationale d’Acclimatation de France est de concourir : 
f 
1 


LI 


La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin- 
téressé; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commerce; 
adhérer à ses statuts, l’aider dans ses efforts, c’est contribuer au bien-être général 
et à la prospérité du pays. 


Le Gérant : À. MareTHRUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


BULLETIN 


$ DE LA 


Société Nationale d'Acelimatation 


DE FRANCE 


(REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES) 


N° 3. — MARS 1919 


SOMMAIRE 

Pages. 

Rita BTE. ee PNR ENS RE DEAR Re ER Er Re à 65 
ADHABIR EAN CHAR DA 25 00e m0 ee iii le le Depre lente ele aRo ee RS RSR AR PE DEN 65 
ACTES DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION PENDANT LA GUERRE. . . . + . . . . . . . . . . . 66 
Pierre AMÉDÉE-PicHoT. — Animaux à fourrures. — L'élevage pratique du Skunk. . . . . 62 
ra Hen SO rEmMplacant rh. Al Je M Me De ne TEA 73 
P. WayssiÈèRrEe. — Sur les principaux moyens de destruction de la Mouche de l’Olive. . . . 78 

Extraits des procès-verbaux des Séances générales de la Société. 

Snecma des novembre 1018224, ru EM PNNR eut ane 81 
— — Ha rtdéecembren Lol Je NUEPnRRTESEneIT R EA ANRLSIOEN A ER NL ee 87 

— — du 16 décembre 1918. . .:. . . . . . . . . . . Te RE MCE PRE 9% 


Un auméro, 3 francs : — Pour les Membres de la Société, 2 fr. 50. 


— AN, 


AU SIÈGE SOCIAL 
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 
198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VITI®). 


k Pendant la durée de la guerre, le Bulletin paraît une fois par mois. 


M EE HTR RS 


nee os A QUE EN AH te d'A 2 EG qe 


Ft Ps Lu TR AO SE qe Saut EPP DÉSERT GA CUS DC Aie DE: 
V À 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1919 4 
f É 
; 4 

Président, M. Edmond Perrier, Membre de l'Institut et de l'Acrdémie de Médecine, Directeur du 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 3 


MM. D. Bors, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faïdherbe, 


A S : Saint-Mandé (Seine). 
Vice-Présidents. Prince P. D'ARENBERG, 10, rue de la Ville-l'Évêque, Paris. 


Dr CHauveau, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint-Germain, Paris, 


Secrétaire génärai, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 
MM. H. Hua, Directeur adjoint à l'Ecole des Hautes-Mtudes, 254, boulevard Saint- 
; Germain, Paris (Conseil). 
Secrétaires. - J. CREPIN, 55, rue de Verueuil, Paris (Séances). 
CH. DKRBREUIL. %, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur). 
J. Deracour, 98, rue de Madrid, Paris (Ætranger). 


Trésorier, M. le D' SkBILLOTTK, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire, M. L. CAPITAINE, 48, boulevard Raspail, Paris. 


Membres du Conseil ! 


MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 

le D' AGHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, 
Paris. 

le D° P. Marcaaz, Membre de l'Institut, Professeur à l’Institut National Agronomique, 45, rue 
des Verrières, à Antony (Seine). 

le D' LepPriNce, 62, rue de la Tour, Paris. 

MaïLLESs, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 

le Dr E. TRoUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. 

LecomTe, Membre de l’Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Écoles, Paris. 

P. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 

L. ROULE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 

G. Foucxer (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 

P. KesrNer, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 

R. LE FORT, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1919 


Janvier | Février Mars Avril ï {Novembre } Décembre 


SÉANCES DU CONSEIL, le mercredi à 4 h. 8 19 12 16 12 10 


Séances générales, le lundi à 3h. . : se 17 É ï ke 


Sous-SECTION d'Ornithologie (Lique pour 
la Protection des oiseaux) le lundi | 
SD RER et ES AO GR nn ES OT 24 24 14 22: 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront | 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les 
re qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège EE la 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, ce 4 à 7 heures. - 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 
fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d’être 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles DAS dans le Bulletin est interdite. 


a 


ÉDOUARD BUREAU 


Ed. Bureau, professeur honoraire de Botanique au Muséum 
d'histoire naturelle, décédé le 14 décembre 1918, à l'âge 
de quatre-vingt-huit ans, appartenait depuis de longues an- 
nées à la Société d'Acclimatation de France, dont il avait été 
l'un des vice-présidents. En dehors de ses travaux de bota- 
nique et, en particulier, de ses études sur les familles des Lo- 
ganiacées et des Bignoniacées, qu'il est impossible de passer 
sous silence, M. Bureau s'était occupé longuement des Bam- 
_bous et il avait acclimaté de nombreuses espèces de ces cu- 
rieux végétaux dans sa propriété de la Meilleraie (Loire-Infé- 

_rieure). Il à fourni la liste des Bambous qu'il avait réussi à 
cultiver (Bull. du Muséum 1903, p. 403) en pleine terre, gràce 
au climat de la région nantaise, et cette liste ne comprend pas 
moins de 20 espèces appartenant aux deux genres Arundinariæ 

- et Phyllostachys. : en res 

On jugera de l'importance de cette culture, si nous ajoutons 
qu'à la même date (1903) le Jardin des Plantes de Paris ne pos- 
sédait en pleine terre que 4 espèces seulement, les autres ne 
pouvant prospérer que dans les serres. 

: Dans les dernières années de sa vie, le professeur Edouard 
Bureau publia un important mémoire intitulé : « Le bassin: 
houiïller de la Basse-Loire » avec 80 planches in-4°. 

A la mise au point de ce dernier travail, il consacra les loisirs 
de sa retraite. 

La belle bibliothèque personnelle de Paléobotanique qu'il 
avait constituée peu à peu devait, dans sa pensée, entrer un 
jour au Muséum. et ses enfants, soucieux d'exécuter ses désirs, 
en ont fait généreusement remise à l'établissement. 


RAPHAËL BLANCHARD 


La disparition du D' Blanchard, membre honoraire du Con- 
seil de notre Société, décédé le 7 février 1919, est une grande 
perte pour la science française. - 

Il était l’arrière-neveu du célèbre aéronaute Pierre Blan— 

BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. | 1919. — 5 


66 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


chard. D'abord préparateur de Georges Pouchet, puis de Paul 
Bert, il enseigna pendant quelque temps l'Histoire naturelle au 
lycée Saint-Louis. Nommé, en 1883, professeur agrégé à la 
Faculté de Médecine de Paris, il fut appelé à la mort du pro- 
fesseur Baillon à la chaire d'Histoire naturelle de cette Faculté, 
transformée, en 1907, en chaire de Parasitologie. Membre de 
l'Académie de Médecine depuis 1894, il y remplissait depuis 
sept ans les fonctions de secrétaire. 

- Ces travaux en matière de Parasitologie humaine faisaient 
partout autorité. Il avait fondé à Paris l’Institut de Médecine 
coloniale et avait été le créateur des Congrès français de Zoologie 
ainsi que de la Ligue française contre les Insectes propagateurs 
de maladies contagieuses. Linguiste remarquable, il repré- 
senta brillamment, à maintes reprises, la France dans les Con- 
grès internationaux. 

Il est l'auteur d'un 7raité de Zoologie médicale, d'un ouvrage 
sur les Moustiques ainsi que de nombreux Mémoires publiés 
dans les Annales de Parasitologie. 

La Société d'Acclimatation était représentée par le baron 
J. de Guerne, vice-président honoraire de la Société, à la levée 
du corps du professeur Blanchard. 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION 


PENDANT LA GUERRE 


DISTINCTIONS HONORIFIQUES ET CITATIONS. 


Est cité à l'Ordre du corps d’Armée : 

JANET (Robert-Henri), Lieutenant au 141° Résine d’Artil- 
lerie lourde, officier informateur près une brigade d'artillerie 
de l’armée américaine. 

« Au combat du 10 octobre, a effectué, en compagnie d’offi- 
ciers américains, la reconnaissance d’'observatoires avancés 
dans une zone violemment battue par l'artillerie ennemie. 
Blessé dès le début, a tenu à terminer sa reconnaissance, aché- 
vant de remplir la mission qui lui avait été confiée. » 


Au Grand Quartier Général, 
Le Général commandant en chef, 


Signé : PÉTAIN. 


ANIMAUX À FOURRURES 
L'ÉLEVAGE PRATIQUE DU SKUNK 


Par PIERRE AMÉDÉE-PICHOT. 


De tous les animaux à fourrures dont nous avons entretenu 
la Société d'Acclimatation à diverses reprises, le plus avanta- 
geux semble bien être le Skunk dont l'élevage est déjà assez 
avancé en Amérique pour que l’on puisse juger des résultats et 
en conclure que son sys dans notre pays pourrait être 
aussi rémunératrice qu'aux États-Unis. 

Un nouvel ouvrage, qui nous est adressé par notre collègue 
du Canada, M. Rosaire Beaudoin, et qui est destiné à guider 
les personnes qui voudraient se livrer à cette exploitalion, 
vient d’être publié à Chicago et nous fournit l’occasion de reve- 
nir sur ce sujet (1). 

* L'auteur de ce traité, M. F. M. Holbrook, s’est occupé depuis 
longtemps de l'élevage du Skunk, et ce qu’il enseigne dans son 
livre est le résultat de son expérience personnelle. Il y a une 
vingtaine d'années, frappé du caractère pacifique et sociable de 
l'animal qui semblait indiquer la possibilité de le domestiquer, 
M. Holbrook entreprit d’apprivoiser un couple de Skunks:; mais 
il fallait avant tout, pour en rendre le maniement facile, parer 
à l'émission fétide des glandes anales de ce Mustélidé qui 
constitue son moyen de défense et rend sa cohabitation insup- 
portable. Ayant étudié l'organisme en question, M. Holbrook, 
au moyen d'une opération très simple, extirpa les sacs léthi- 
fères de ses pensionnaires et à l'Exposition de 1894, à Water- 
town, dans l'Etat de New-York, il put présenter ses deux 
Skunks, sans qu'il en résultât le moindre inconvénient pour 
les nerfs olfactifs des visiteurs. En 1911, en vue de propager 
son mode de traitement et d'élevage et de mettre à la disposi- 
tion des éleveurs des animaux reproducteurs du meilleur type, 
M. Holbrook fonda, à Chicago, un Bureau de renseignements 


pour vulgariser l'élevage du Skunk, et qui serait auprès du 


public l'intermédiaire de la ferme qu'il avait établie à Glencoé, 
puis à Lombard dans les faubourgs de Chicago. 


4) Skunk culture for profit, by F. M. Holbrook, publié par le Skunk 


development Bureau, Chicago, Ill. États-Unis d'Amérique. 


GS BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Le développement de celte institution fut si rapide, qu’en 
quatre ans on avait fait environ 30.000 francs de recettes, dont 
25.000 pour fourniture de 379 reproducteurs aux différents 
États d'Amérique. Pour faciliter l'énucléation des sacs à odeur 
des Skunks, le Bureau avait aussi combiné une trousse chirur- 
gicale contenant les instruments nécessaires pour opérer faci- 
lement. Ces instruments sont un scalpel, une érigne, une 

sonde, une pince d'extraction et une pince à pression automa- 
tique, plus deux paires de lunettes à œillères pour protéger les 
yeux des opéraleurs. Les manches des instruments sont en 
métal nickelé afin qu'ils ne puissent contracter aucune mau- 
vaise odeur dans le cas d’une émission de fluide et pour être 
plus facilement nettoyés. 150 de ces trousses furent vendues à 
des éleveurs auxquels le Bureau distribua 1.500 exemplaires 
d'une brochure d'instructions et 830 manuels opératoires à la 
suite d’une correspondance se chiffrant par 5.000 lettres. Enfin 
M. Holbrook a fondé des succursales régionales pour donner 
plus rapidement salisfaction aux demandes d'animaux repro- 
ducteurs sur les fermes déjà existantes ou à organiser. 

Dans ma communication du 15 mars 1915 (voir Bulletin, 
décembre 1915), j'ai dit que la valeur des fourrures de Skunks 
dépendait beaucoup de la largeur et de l'étendue des rayures 
blanches, dites fourches, dont elles étaient ornées et qui, par- 
tant de la tête, peuvent se prolonger jusqu'à l'extrémité de la 
queue. Or, l'idéal des éleveurs est d'obtenir, par sélection dans 
les accouplements, la fourrure toute noire qui est la plus 
estimée. Pour arriver à ce résultat il était nécessaire de suivre 
méthodiquement les générations des Skunks en captivité, ce 
qui ne pouvait se faire qu'en constituant un état civil à chaque 
individu. Le Bureau a indiqué un moyen de reconnaître chaque 
animal en le numérotant d’une facon indélébile et qui consiste 
à couper une de ses griffes. Les Skunks ayant cinq doigts à 
chaque patte et un chiffre élant attribué de 1 à 0 aux dix 
doigts des membres thoraciques comme aux dix doigts des . 
membres abdominaux, on arrive, en ne sacrifiant qu'un ongle 
à chaque patte, à pouvoir formuler un nombre de 4 chiffres et, 
si l'on en coupe 2, un nombre de 8 chiffres, ce qui est ample- 
.ment suffisant pour les besoins de la cause (fig. 1). Enfin des 
cartes de pédigree, très ingénieuse combinaison de cercles 
concentriques sectionnés en arcs noirs pour les mâles et blancs 
pour les femelles, permettent de se rendre compte d'un seul 


ANIMAUX À FOURRURES : L'ÉLEVAGE PRATIQUE DU SKUNK 69 


coup d'œil de la filiation du Skunk dont.le numéro est placé au 
centre. Ces cartes de pédigree, n'étant pas plus compliquées 
que nos cartes d'alimentation, permeltent à l’éleveur de tra- 
vailler avec continuité dans une voie rationnelle et méthodique 
(fig. 2). 

Dans ma communication de 1915, j'ai surtout parlé, d’après 
M. Séton, des grands parcs d'élevage où les Skunks ‘sont tenus 
dans une quasi-liberté. 

M. Holbrook décrit les différents systèmes de clôture, mais il 


A SIMPLE METHOD OF MARKING SKUNKS 


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Fic. 1 


semble donner la préférence pour la mise bas à de petits par 

quets ou cages mobiles ayant 6 pieds carrés et 2 pieds d’élé- 
vation et construits en grillages cloués sur un bâti de bois. Ces 
parquets étant nécessairement à claire-voie, il faut y ménager 
une retraite sombre et tranquille où la femelle puisse déposer 
ses petits et les élever jusqu’au jour où ils pourront la suivre 
au dehors. Pour établir ce refuge, M. Holbrook se sert de gros 
tuyaux de drainage placés en dehors et le long de la cage avec 
laquelle ils communiquent par un drain coudé plus étroit dont 
l'ouverture esten outre abritée sous une caisse renversée qui 
sert de vestibule et assure l’obscurité nécessaire au logement 
intime où le Skunk construit son nid avec des herbes souples, 
des feuilles sèches et des chiffons. Il faut recouvrir le tuyau de- 


70 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


drainage avec de la terre, des feuilles ou de la paille pour 
garantir celte demeure rustique contre les excès du froid et de 
la chaleur. 

Les jeunes Skunks naissent à la fin d'avril ou plus générale- 
ment en mai, et l'on doit bien se garder de chercher à les voir 
avant trais semaines, Car dans son ardeur à défendre ses 
pelits, qui naissent tout nus et les yeux fermés, la mère pour- 
rait les détruire soit en les bousculant pour les cacher sous la 
litière, soit en voulant les transporter ailleurs dans un asile 
plus tranquille, soit en leur faisant des morsures dans son agi- 
tation, si même elle ne les dévorait pas.A l’âge de six semaines, 
les jeunes commencent à sorlir sous la conduite de leur mère 
el viennent partager avec elle les aliments préparés dans le 
parquet. Cest à cet âge qu'il convient le mieux d'extirper les 
glandes anales ; la blessure se ferme rapidement et quelques 
jours après il n’en reste plus trace. M. Holbrook donne de irès 
minutieux détails sur la technique de cette opéralion qui ne 
consiste pas à exlirper toute la masse musculaire à laquelle 
l'organe doit sa force de projection, mais seulement la poche 
enveloppée dans ce muscle où la liqueur s’accumule. Celte 
- poche est une membrane blanche que l’on découvre en pous- 
sant une fente à travers les fibres musculaires; dès qu’elle est 
découverte cette membrane fait hernie à travers la bouton- 
nière et il est facile de la détacher complèlement des tissus par 
des manipulations délicates. Le canal excréteur à été pincé 
entre temps par la pince à pression automatique ; on tranche 
ce canal entre la pince et l’anus en ayant soin de ne pas inté- 
resser les parois du rectum où débouche son orifice, et du 
coup, le sac est enlevé sans qu’il ait laissé échapper la plus 
petite goulte de son contenu nauséabond. Après le premier on 
passe au second sac. Sur l’animal adulte, l'opération est la 
même, mais on court le risque de provoquer parfois des com- 
plications fâcheuses. 

J'ai déjà parlé de la virulence de la liqueur projetée par le 
Skunk pour se défendre. Un jour. M. Holbrook en recul un jet 
dans les yeux, car ce sont les yeux que l’animal vise, sachant 
que c’est la meilleure manière de couvrir sa retraite. Pendant 
trois ou quatre minutes notre auteur souffrit mort et passion, 
puis la douleur se dissipa sans laisser de traces ; mais on sait 
que des Indiens et des Chiens ônt parfois perdu la vue à la 
suite d'accidents de ce genre. 


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L 


ANIMAUX A FOURRURES : L'ÉLEVAGE PRATIQUE DU SKUNK 71 


Le Skunk, cependant, ne fait jouer sa batterie que lorsqu'il 
a pris peur et quil se croit en état de légitime défense; autre- 
ment les Skunks apprivoisés se laissent manier sans incon- 
vénient, et à l’état sauvage, si on ne prend pas vis-à-vis d’eux 
une attitude menaçante, ils se contentent de vous voir venir 
avec beaucoup de placidité. Il y a d’ailleurs une manière bien 


SKUNK MATING AND PEDIGREE CHART 


__ BREEDERS ADDRESS 


BRELDERS NAME DER CORRE 
VARD NUMBER | 


DATE 6F MATING 


FrG: "2:00 


simple de les empêcher de vous bombarder, c’est, lorsqu'on a 
pu les saisir avant qu'ils ne soient entrés en action, de leur 
maintenir la queue bien droite en ligne avec l’épine dorsale; 
pour lancer sa liqueur, il faut que le Skunk relève complète- 
ment la queue sur le dos de facon à découvrir l’anus et à per- 
mettre aux papilles qui terminent les conduits excréteurs de se 
projeter en dehors du sphincter. C’est en maintenant les ani- 
maux dans cette position que les opérateurs du désarmement 
évitent tout danger, mais, pour plus de sûreté, ils mettent des 
lunettes à œillères qui sont un des accessoires de la trousse 


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72 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


fournie par le Bureau de propagation d'élevage de Chi- 
cago. 

Nous ne pouvons entrer ici dans tous les détails de soins et 
de nourriture que donne M. Holbrook dans son ouvrage ; nous 
citérons cependant un moyen aussi simple qu'ingénieux de 
procurer aux Skunks captifs les Insectes dont ils se nour- 
rissent abondamment à l’élat libre, c’est de suspendre au-des- 
sus des petits parquets d'élevage une lanterne allumée contre 
les vitres de laquelle les Insectes nocturnes viennent buler, ils 
tombent à-travers les mailles du grillage dans le parquet où ils 
sont ramassés avec avidité par les occupants. Les Skunks font, 
en eflet, pendant l'été une consommation considérable d’In- 
sectes. À ce titre ils rendent de très grands services à l’agri- 
culture. Aussi la plupart des États ont voté des lois pour les 
protéger et des époques de fermeture de chasse pendant les- 
quelles il n'est même pas permis de détenir des Skunks en 
captivité sans une licence qu'il faut renouveler tous les ans 
après paiement de l'impôt exigé des éleveurs d'animaux à four- 
rures. Et l’on concoit que les États-Unis atlachent une grande 
importance à la conservation de leurs Skunks, quand on songe 
que les pelleleries de ces animaux rapportent annuellement 
3 millions de dollars aux trappeurs de l'Amérique du Nord, ce 
qui représente une récolte d'environ 2 millions de peaux. Celle 


chasse intense du Skunk sauvage et les changements apportés 


à la configuration du sol par les défrichements de l’agricul- 
ture devaient nécessairement menacer de tarir une source de 
revenus considérable pour les États-Unis; aussi la domestica- 
tion du Skunk s'est-elle imposée et l’élevage du Skunk en cap- 
tivilé s’est rapidement propagé. On compte aujourd’hui, aux- 


États-Unis et au Canada, des fermes qui opèrent sur quelques : 


centaines de reproducteurs; le Skunk est admis aux Exposi- 
tions agricoles au même titre que les Volailles et les Pigeons ; 
son pelage ornemental, non moins que la facililé avec laquelle 
il s'apprivoise, en a fait auprès de bien des amateurs d’ani- 
maux familiers le rival heureux des Chiens et des Chats de 


luxe; si bien que, de même que l’on a pu dire que « ce qu'il y 


a de meilleur dans l’homme c'est le chien », d’aucuns ont pu 
écrire que « plus on connaît les gens, plus on aime les 
Skunks ». Cela est surtout vrai pour ceux qui les mangent, car 
le D' Hart Merriam, dans le volume I des Z'ransactions de la 
Sociélé linnéenne de New-York pour le mois d'octobre 1882, 


LE REMPLAÇANT T3 


éerit que c’est une chair blanche et tendre dont jl a essayé sous 
les différentes formes de l'avatar culinaire, bouillie, braisée, 
rôtie, frite, sautée et qu'il ne connaît pas de mets plus délicat. 

Or, si j'ai tant insisté sur l'élevage du Skunk aux États-Unis 
(sans compter celui des autres animaux à fourrures), ce n'est 
pas tant pour préparer à voir ce Mustélidé figurer sur les 


menus des banquets de la.Sociélé d’Acclimatation, quand 
_nous pourrons les reprendre, que pour attirer l'attention sur 


l'insouciance avec laquelle nous laissons perdre chez nous des 
richesses du même ordre. Sans doute, on pourrait introduire 
le Skunk dans notre pays; le climat lui serait favorable et le 
Bureau de propagande de Chicago pourrait nous fournir des 
sujets déjà tout apprivoisés et habitués à la captivité, mais 
n'avons-nous pas chez nous des Castors, des Visons, des 
Martes, des Fouines, des Hermines, des Loutres, dont les 
représentants vont se raréfiant tous les jours et qui ont déjà 
complètement disparu de certaines régions de notre sol, sans 
que l’on ait jamais cherché à en tirer un meilleur parti par 
l'élevage et un produit plus utile que les primes allouées aux 
gardes-chasse pour la destruction d'animaux dits nuisibles? 


_Ces fauves n’auraient-ils pas rendu à la communauté de plus 


grands services que le gibier artificiel, auquel on les sacrifie 
pour grossir, sous prélexte de chasse, les hécatombes de tirs 
d'abattoirs auxquels Lord Byron décochait dans son poème de 
Don Juan une des flèches de son ironie mordante? Cette des- 
truction n'aura fatalement qu'un temps, et on regrettera peul- 
être un jour d'avoir laissé éteindre les espèces indigènes que 
l’on avait sous la main et qui auraient pu augmenter les res- 
sources de notre commerce et de nos industries. 


LE REMPLAÇANT 
Par C. DEBREUIL. 


Maupassant, dans une de ses « Nouvelles », a conté la 
joyeuse histoire du père Toine, de Toine-ma-Fine, que sa femme 
avait obligé à couver des œufs de Poule. C'est, peut-être, une 


aventure analogue qui est arrivée au Faisan argenté d’une de 


|. 


mes voisines ; mais, n'étant pas Maupassant, je ne puis que rap- 
porter la chose en simple naturaliste.  - 


\ 
4 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


1 


Mme veuve Guyot, qui habite Melun, entretient dans un petit 
jardin, au milieu de la ville, quelques Oiseaux en liberté et, 
entre autres, deux Faisans argentés mâles, une femelle de même 
espèce et une Faisane commune. Ces Oiseaux sont très familiers 
et le plus vieux des mâles, âgé actuellement de huit ans, a pris 
les habitudes d’un véritable Chien ; il vient à la porte quand on 
sonne, accompagne les visileurs.et, suivant les cas, montre par 
ses cris et son atlitude sa sympathie ou son aversion ; il æst 
réellement de la maison, et, en toute circonstance, il paraît fort 
intelligent et très débrouillard. 

En 1914, ce mâle, alors, âgé de quatre ans, eut des petits avec 
la femelle de son espèce. En 1915, on pensait qu'il en serait de 
même, mais la femelle ne pondit pas, et le mâle, probablement 
décu, se mit à couver de lui-même des œufs que la Faisane com- 
mune avait abandonnés dans un coin du jardin. 

_ On le laissa faire; mais, le 28° jour, les œufs examinés ayant 
été reconnus clairs, on lui fit abandonner le nid. 

En 1916, aucun œuf ne fut pondu, et on ne remarqua rien 
d’anormal dans les habitudes du Faisan. 

En 1917, la femelle commune ayant pondu dans une grosse 
touffe de Soleil vivace, le Faisan argenté se mit sur le nid le 
18 juin. Les œufs étant supposés clairs, comme en 1915, ils 
furent remplacés, immédiatement, par des œufs de Poule. Le 
Faisan ne s'en montra nullement ému et confortablement 
installé, dans une pose de parfaite couveuse, il continua l'incu- 
bation avec la plus grande assiduité. 

Le 8 juillet les poussins commencèrent à « bécher »; mais 
alors le Faiïsan, peut-être insuffisamment préparé à son rôle et, 
en tout cas, moins perspicace, en cela, que le père Toine, ne 
se rendant probablement pas compte du bruit qu’il entendait, 
se mit à frapper les œufs de grands coups de bec. Craignant 
qu'il ne tuàt les jeunes, on lui retira les œufs pour les placer 
sous une Poule, qui ne tarda pas à les faire éclore, et on lé fit 
lever du nid; l'aventure du Faisan n'’alla pas plus avant cette 
année. 

M. Brieux n'avait pas prévu ce « Remplacant », maïs on 
connaît, soit accidentelles, soit constantes, un grand nombre 
d'interversions des fonclions chez les sexes. 

C'est ainsi, par exemple, que chez certains Oiseaux, les 
Emeus, les Nandous, les Tinamous, etc., ce sont les mâles 
seuls qui couvent; chez les Autruches, les Pigeons, les Cigo- 


LE REMPLAÇANT 15 


gnes, etc., le mäle relaie la femelle sur les œufs ; M. C. Rivière a 
même observé des Autruches mäles se chargeant seules des 
soins de l’incubation ; des Coqs chaponnés, non seulement 
mènent les poussins, comme le font, d’ailleurs, si volontiers, 
les mâles de nos Perdrix, mais parfois, aussi, paraît-il, couvent. 
Notre Bulletin contient une note de A. Milne-Edwards, parue 
en 1897, sur une incubation complète faite par un Cygne noir 
mâle, la femelle de ce dernier étant venue à mourir avant 
d'avoir pu commencer à couver. Dans « Le Jardin d’Acclima- 
tation chez soi », E. Leroy rapporte une observation semblable 
faite sur un couple de Colins de Californie ; la femelle étant 
tombée malade dans les premiers jours de l'incubation, les 
rôles furent intervertis ; ce fut le mâle qui vint se placer sur les 
œufs pendant que là femelle veillait ; celle-ci étant morte, le 
mâle continua à couver jusqu à l’éclosion, et il poursuivit 
l'éducation des petits avec une intelligence et une attention 
remarquables. Dans le même ouvrage, l’auteur publie, éga- 
lement, une note, relevée en 1873, sur un « coquard », fils 
d'un Faisan commun et d’une Poule Bantam. Cet Oiseau, ere 
au milieu des Poules, les imita et se mit à couver; il fit d’abord 
éclore des œufs de Faisan, puis il fut pris d’une telle fièvre 
d'incubation, qu'il devint impossible de l'empêcher de garder le 
nid, tant et si bien, que Le pauvre animal, après avoir suppléé 
des couveuses insuffisantes et mené à bien l’éclosion de plusieurs 
séries d'œufs, mourut sur le nid. Tegetmeier, dans son ouvrage 
sur les Faisans (1), fait mention de mâles couveurs. Des témoins 
dignes de foi, dit-il, auraient vu des coqs Faisans couver dans 
les remises et d'autres conduire aux champs des couvées de 
jeunes. Le même phénomène aurait été observé dans des volières 
par lord Willougby de Broke. D’autres cas semblables ont été 
relatés dans le Field des 5 et 19 juillet 1892. Inversement, notre 
collègue, M. Touchard et moi-même, nous avons vu des femelles 
d'Emeus prendre la place de leurs mâles sur les œufs qu'ils : 
avaient abandonnés. M. J. Crepin, l’ardent apôtre de la Chèvre, 
a raconté (2) J'histoire d’un Bouc lailier, qui donnait un lait 
excellent, épais et très sucré. Et cela n’est pas une plaisanterie 


de corps de garde, se prêtant facilement aux scabreux com- 


(1) W. B. Tegetmeier. Pheasants, nat. hist. and managements. Londres, 
ué6d., 1911: 


(2) La Vie à la Campagne, v. X., n° 123, p. 274. 


1 


BULLETIN DE LA SOCIËTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


76 


mentaires de quelques « Poilus » facétieux; notre collègue a 
pris soin de ne publier le fait que sur l'attestation d’un vété- 
riaaire, appuyée par des photographies de l'animal, qui montrent 


les mamelles, qui normalement existent de chaque côté du . 


cordon testiculaire, fortement congestionnées et sécrétant le 
lait en abondance relative. D'ailleurs, il est connu qu’une sorte 
«de lactation s'observe chez de tout jeunes enfants du sexe mâle 
«et même chez certains hommes. 

Au Mexique et au Brésil, chez certaines tribus, le père se 
couche auprès de l’enfant nouveau-né et reçoit les soins et les 
compliments, comme s’il venait d’accoucher. Cette singulière 
«coutume a été également observée chez les Basques, où elle est 
«connue sous le nom de « couvade », et M. de Quatrefages en 
fait mention dans ses Souvenirs d’un Naturaliste. La couvade 
tait encore en usage, il y a peu d'années, dans les environs de 
‘La Bastide. On sait, aussi, qu'au Congo, des Nègres ont coutume 


de hurler, comme affolés par les douleurs de l’enfantement, 


lorsque leur femme accouche. 

ÆEnfin, et sans vouloir tout dire, il y a, de ce côté des mers, 
-quelques maris, des Chau/ffe-la-Couche, comme le peuple, dans 
son langage imagé, les appelle dédaigneusement, qui rempla- 
«ent volontiers leur femme dans les soins maternels. 

Des faits similaires, que nous considérons comme anormaux, 
“ont été remarqués chez bien d’autres animaux, mais je ne 
«rois pas qu'aucune observation, concernant l'incubation, ait 


été rapportée sur un mäle de Faisan argenté, cest-à-dire sur le . 


0 le plus batailleur, le plus no le plus mäle en un 
2mot, que l’on connaisse. 

Si d’ailleurs ces anomalies sont connues, on n’en a jamais 
äonné d'explication plausible. 

‘Quelques esprits fantaisistes pourraient y voir une manifes- 
“ation de la justice immanente et la nécessaire compensation 
- aux habitudes de certaines femelles qui, d’après le professeur 
R. Blanchard, le D' O. Larcher et quelques autres savants (4) 


“— et aussi, comme on l’a vu dans Chantecler — se metlent à 


«porter les... ergots. Mais ces explications paraïîtraient, ici, in- 
suffisantes, et il faut souhaiter que des recherches sérieusés, 
au moyen de l'autopsie, par exemple, en apportent de’ plus 
scientifiques. 


41) Travaux de I. Geoffroy Saint-Hilaire et A. Suchetet. 


LE REMPLAÇANT je 


En attendant, notre Faisan mâle, « Coco », pour l’appeler par 
son nom, quoique d’un certain âge, est en superbe état; il 
paraît lrès vigoureux et il est bon de remarquer, qu'il y à 
trois ans, il à eu des jeunes avec une femelle à qui il avait 
laissé normalement couver les œufs; la paternité ne pouvait 
lui être contestée, car l’autre Faisan, son compagnon, élait 
trop jeune à cette époque, pour être considéré comme le plus 
heureux des trois. 

Ces faits nous amènent à rechercher quelles sont les causes 
qui déterminent un Oiseau à couver; quel est son état physio- 
logique au moment où il couve: 

Quand les Oiseaux couvent, disent les éleveurs, ils ont une 
fièvre spéciale, et la température de leur ventre, au moins, 
s'élève. 

Des observations précises ont-elles été poursuivies à ‘ce 
sujet ? 

Sait-on, par exemple, si la température ordinaire d’une Poule- 
qui ne couve pas serait suffisante, la Poule étant maintenue 
de force sur les œufs, pour amener l’éclosion ? 

S'il y a fièvre, il faudrait admettre que le Faisan couveur l’a 
subie. Qui peut, alors, la donner? Si on pouvait la provoquer à 
volonté, ce serait d'un grand intérêt. Certaines fermières ont 
coutume, pour faire couver des Dindes de force, de leur frotter 
le ventre avec des Orties, après l'avoir légèrement déplumé. 
Ces Oiseaux placés sur des œufs les couveraient alors, parce 
que la fraicheur de ces œufs leur serait agréable ; mais l’expli- 
cation semble mauvaise, car dès que les œufs seraient devenus 
chauds ils les abandonneraient, et s'ils ne les abandonnent pas, 
est-ce parce que:la fièvre d’incubation leur est venue, la « fiè- 
vre brûlante », comme cela se chante dans les romances. 
d'opéra? En tout cas ce procédé ne réussirait que sur les 
Dindes. 


> / 


J'ai tenu à rapporter cette observation, espérant, en dehors 
de l’étrangeté, et peut-être de la nouveauté de la chose, provo- 
quer des questions, des conseils et des recherches. 

IL est à souhaiter, en effet, que nous sortions de la routine et 
que la pratique avicole, pour le plus grand bien du pays, s’ap- 
puie enfin davantage sur des données scientifiques. 

Sous la pression des réalités, comme il a été dit, nous devons 
acquérir le sens des événements, qui ne nous permettent plus, 


78 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


dans aucun domaine, de nous contenter des anciennes habi- 
tudes empiriques, en nous bercant de la vieille chanson et de 
quelques joyeux contes, fussent-ils écrits par un Maupassant. 


SUR LES PRINCIPAUX MOYENS DE DESTRUCTION 


\ 


DE LA MOUCHE DE L'OLIVE 


Par P. VAYSSIÈRE, 


Ingénieur agronome, 
Préparateur à la Station entomologique de Paris. 


La Mouche de l'Olive (Dacus oleæ) est certainement le plus 
grand ennemi de nos récoltes oléicoles : on évalue à plusieurs 
dizaines de millions les dégâts occasionnés annuellement par 
cet Insecte dans les pays producteurs d’Oliviers du bassin de 
la Méditerranée, et, pour la France, la Mouche de l'Olive peut 
facilement faire manquer les deux tiers de la récolte. 

Dans ces conditions, il a été nécessaire de se mettre sérieu- 
sement à l'étude pour: entreprendre une lutte méthodique 
contre cet ennemi; les Italiens ont le plus contribué à ces 
recherches qui n'ont malheureusement pas encore fourni la 
solution définitive du problème. 

Disons tout d’abord, sans entrer dans aucun détail, que le 
Dacus oleæ ou Keïroun a chez nous, suivant la température, 
deux ou trois générations par an. Les adultes volent vers la 
mi-juillet et la mi-août et, s’il y à trois générations, vers Ja fin 
septembre. L'hiver est passé soit par la pupe, dans le sol ou 
dans les greniers à Olives, soil par les ailés sous les vieilles 
écorces. 

La donnée biologique sur laquelle a été fondée la lutte par 
les entomologistes italiens est la suivante : les Dacus, contrai- 
rement à ce qui se présente pour beaucoup d'Insectes, ne pon- 
dent pas aussitôt après leur éclosion; pour que les germes qui 
se irouvent dans leurs ovaires arrivent à maturité, les Mou- 
ches des Olives doivent attendre dix à douze jours, et, pendant 
cette période qui précède la ponte, elles se nourrissent de sub- 
stances sucrées indispensables à la formation de leurs œufs. 
Normalement, les Ducus s'alimentent à l’aide du miellat sé- 
crété par les Cochenilles (Lecanium oleæ). 


DESTRUCTION DE LA MOUCHE DE L'OLIVE 79 


Il s’est agi de remplacer ce produit par des appâts toxiques. 
De nombreux procédés ont été indiqués. 

O. Comes, en 1900, commença à suspendre à l'intérieur des 
arbres de vieux morceaux de cuir ou des gousses de Carou- 
biers imprégnés d'un mélange de mélasse, d’arsénite de potas- 
sium et de vaseline. 

En 1901, de Cüillis recommandait l'emploi de récipients, ac- 
crochés aux arbres, d'une contenance d'environ un litre et 
demi, dans lesquels on mettait un mélange, connu sous le nom 
de dacicide : 

MONS MANS OR SEA . . 40 parties. 


Mélasse . . . . RAR NS RE OS ri el) — 
Arséuiate de nu D A ce A A EE EE RES 
TEE TER PR RS CROP RITES AS ONE MES 18  — 


Tous les dix jours environ, il faut remplacer l’eau évaporée. 

De Cillis, continuant l'étude de la question, a obtenu de meil- 
leurs résultats en pulvérisant sur les arbres le mélange, indi- 
qué plus haut, additionné de 10 parties d'eau. Grâce à ses 
efforts et à ceux des propriétaires intéressés, il obtint de faire 
officiellement des essais avec sa méthode. Le mélange est dis- 
tribué en quantité de 500 à 700 grammes par arbre à l’aide 
d'un pulvérisateur muni d’un bec produisant un brouillard 
très fin. Les traitements doivent être effectués à partir du 
15 juin, tous les quinze jours jusqu’à la fin août, et on doit les 
recommencer dans le cas de fortes pluies. 

Lotrionte, en 1905, suggéra de remplacer dans la formule 
de Cillis la mélasse et l’arséniate par du sirop commercial de 
glucose et du sulfate de cuivre. 

En 1908, Berlese et de Cillis proposent chacun de supprimer 
le miel qui attirait les Abeilles et indiquent, l’un : 


MR See ne toit A rt grammes. 
Arséniate de potasse ou soude. . . . . . 2 — 
LA) 5 MON RE A CR RARE Hi an D SElIbTeS: 

(à diluer dans l’eau, pour pulvérisation dans le rapport 

de 1 à 10.) 
l'autre : 

MOOMAeNTATSIn ne EE NE ESS er remmes: 
MÉlasSe enr D AE RE CET O) — 
Arsémiate detsoude.- 00" DER NE) ON ma 


Les essais officiels soit de la méthode des récipients ou mé- 
thode à sec, soit de la méthode humide par les pulvérisalions, 


… 


80 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


soit enfin de la méthode mixte se sont continués de 4903 à 
1910, et les résultats ont été interprétés très différemment. Il 
sembie bien, d’après les expériences faites en France par notre 
Service de l'oléiculture, que les PURES ENS donnent les 
résultats les plus satisfaisants. 

Toutefois ces dernières années, Lotrionte a recommandé 


l'emploi de fascines de rameaux d'Olivier empoisonnés, sus- - 


pendues dans chaque arbre. La dépense par Olivier pour le lrai- 


tement complet revient à 15 ou 20 centimes. Le même ento- 


mologiste vient enfin de proposer un perfectionnement à sa 
méthode : il consiste simplement à placer chaque fascine sous 
une espèce de capuchon'en zinc ou en fer-blanc. Les fascines sous 
les capuchons doivent être bien arrosées avec le liquide empoi- 
sonné. L’arrosage doil se répéter 5 ou 6 fois de suite, dans un 
intervalle de 20 jours environ entre chacune, du 1° juillet au 


mois d'octobre. La quantité de liquide utilisée pour cine 


capuchon est de 50 cent. cubes. 
Un des points importants pour rendre Ja lutte efficace contre 
la Mouche de l'Olive est l'emploi des traitements sur une zone 


aussi étendue que possible. C’est pourquoi on recommande la 


formation de syndicats dans les régions les plus contaminées. 


Enfin un autre entomologiste italien, Silvestri, s’est aussi. 


beaucoup occupé de la question de la lutte contre le Dacus. Ce 
savant estime, d’après de nombreux essais qu'il a effectués, 
qu'aucun résultat satisfaisant n’a été obtenu avec la méthode 
de lutte artificielle. Il espère malgré tout qu'on arrivera peut- 
être à trouver un procédé réellement efficace. Mais il est per- 
sonnellement convaincu que la seule vraie méthode de lutte est 
celle de l'emploi des Insectes auxiliaires. Sans insister plus 
longuement aujourd’hui sur celle-ci, qu'il me suffise de dire 
que Silvestri a rapporté d’une mission en Afrique un certain 
nombre de parasites du Keïroun, qu'il en a fait des élevages, 
en a répandu dans des champs d'expériences, et compte en 
obtenir d'ici peu des résultats extrêmement précieux. 

Je ne veux pas terminer sans signaler à la Société qu'en 
France les essais d’acclimatation des parasites de la Mouche 
de l'Olive ont précédé ceux opérés en Italie. En 1910, le D' Mar- 
chal a découvert en Tunisie le premier parasite interne du 
Dacus, un petit Hyménoptère, l'Opius concolor. Depuis cette 


époque, il à mis son service en relation avec les oléiculteurs | 
tunisiens afin d'obtenir des parasites qui seront élevés dans 


pr LE TES 
ES Li 
É ee n 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 81 


l’annexe de la Station entomologique de Paris, à l'Insectarium 
de Menton. Quand ils Seront en quantité suffisante, on se pro- 
pose d'entreprendre la lutte méthodique contre la Mouche. Il 
ne faut pas se faire illusion : c'est le procédé de lutte de l’ave- 
nir, mais il sera de longue haleine, et il est nécessaire d'utiliser, 
jusqu’à l'heure où la Mouche sera tenue en échec par ses 
parasites, les méthodes insecticides indiquées plus haut, bien 
qu'elles soient reconnues inférieures. Il faut plus que jamais 
encourager parallèlement les deux méthodes de lutte en recon- 
naissant que si l’une est celle de l'avenir, l’autre est encore 
celle du présent pour la plupart des ennemis de nos cultures. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX 
DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 18 NOVEMBRE 1918 


Présidence de M. D, Bois, Vice-Président de la Société. 
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 


GÉNÉRALITÉS. 
\ 

M. Louis Roule présente à la Société, pour en faire don à la 
bibliothèque, un exemplaire d'une étude qu'il vient de publier 
sur la vie et l’œuvre de Lacépède (Mémoires de la Société z00l0- 
gique de France, t, XXVII, 1917-1918). 

Il résume aa glorieuse et laborieuse de Lacépède, à 
la fois naturaliste, historien el homme d’État. Comme natura- 
liste, Lacépède a publié, entre autres grands ouvrages, une 
Histoire générale des Reptiles, une Histoire des Poissons, et une 
Histoire des Cétacés. Comme historien, son œuvre principale 
consiste en une Âistoire générale, physique et civile de l’Eu- 
rope, depuis les dernières années du v° siècle jusque vers le 


82 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


milieu du xvur. Comme homme d’État, il fut associé: à loutes 
les actions prépondérantes du Consulat et du premier Empire, 
et dirigea en qualité de grand chancelier, pendant le règne 
entier de Napoléon 1°", l'Ordre de la Légion d'honneur. 
Lacépède débula comme sous-démonstrateur au Jardin des 
Plantes d'avant la Révolution, fut ensuite nommé professeur 
de zoologie au Muséum d'Histoire naturelle issu de la transfor- 
mation du Jardin, et conserva dans cet établissement, jusqu’à 
sa mort survenue en 1895, la chaire des Reptiles et Poissons. 
Élève et ami de Buffon et de Daubenton, il s'intéressa vive- 
ment aux questions d'acclimatation. Il ne se borna point à 
accorder son appui aux personnes qui tentaient d'apporter en 
France ou aux colonies et d’acclimater des plantes ou des 
animaux uliles, il exposa en plusieurs occasions les règles de 
cet emploi avantageux des productions naturelles. Il s’adressa 
au grand public, sur ce sujet, par la plume et-par la parole. Il 
mérite d'être considéré comme un précurseur, dont le rôle 
directeur et l'influence furent notables en son temps. 


M. Vayssière dépose sur le Bureau, pour la Bibliothèque, 
une brochure éditée par le Service des Epiphyties, intitulée : 
« La Cochenille australienne (/cerya purchasi) et son parasite 

nalurel Vovius cardinalis, illustrée de deux DIRES en COU- 
leur, dessinées par A.-L. Clément. 

À propos des Insectes auxiliaires, M. Vayssière demande 
que des efforts soient faits pour instruire le public, qui lue, par 
ignorance, les Insectes les plus utiles. Les Carabes, entre 
autres, ces jolies Coléoptères qui nous rendent tant de ser- 
vices, sont impitoyablement écrasés. M. l'abbé Foucher appuie 
le vœu de M. Vayssière; il a vu des paysans tuer des Jardi- 
nières (Carabus auratus) qu'ils prenaient pour des COR AUS 
(Gryllotalpa vulgaris). 

Sur la mème idée, M. A. Robertson-Proschowsky écrit : 
« Tout le monde sera d'accord avec M. A. Chappellier, qui vou- 
drait publier des manuels à l'usage des gens du monde. L'igno- 
rance des choses de la nature est énorme et ne l’est guère 
moins chez les campagnards que chez les habitants des villes. 
J'ai devant moi une boîte contenant des grains de Blé empoi- 
sonnés. Sur celle boîte, il est imprimé que ces grains servent 
pour empoisonner les Souris, Campagnols et Musaraignes! 
Donc, même le fabricant d’une spécialité de ce genre ne pos- 


Le ue O9 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 83 


sède pas la plus élémentaire connaissance de la nourriture 
des animaux. Le campagnard non plus, car le paysan tue tou- 
jours la Musaraigne, le Crapaud et bien d’autres animaux 
utiles. Mais je crois que c'est plutôt à l’école de répandre ces 


“connaissances élémentaires et qu'il s'agirait, surtout, de faire 


des livres d'histoire naturelle plus pratiques et plus intéres- 
sants. » 


MAMMALOGIE. 


Notre président, M. E. Perrier, nous informe que M. Hon- 
norat, député des Basses-Alpes, désire avoir des renseigne- 
ments sur le Lapin angora noir de Sibérie, afin de faire élever 
cette race dans son département, comme Lapin à fourrure. Il 
existe une varité de Lapin angora, issue d’un croisement entre 
le Lapin russe et le Lapin angora, dite variété « sibérienne », 
mais ce Lapin est entièrement blanc. En outre, malgré son 
nom, il est délicatet il demande, pour procurer des profits, des 
soins assidus et spéciaux. On trouve, aussi, chez certains éle- 
veurs, une variété de Lapin angora noir de Russie, mais ce 
Lapin a, également, besoin d’un élevage très surveillé. Enfin, 
il ne faut pas confondre le Lapin dit « de peigne », dont on 
fabrique des vêtements avec les longs poils tissés, et le Lapin à 
fourrure, qu'on sacrilie pour avoir sa peau avec le poil. Le 
meilleur Lapin à fourrure serait le Lapin argenté de Cham- 


pagne. 


M. L. Viton écrit du Lot-et-Garonne, que l’élat sédentaire du 
Putois, dont il a été question précédemment, n’est qu'une façon 
de parler, puisqu'il à encore pris un de ces Mustélidés, le 
23 juin dernier, mais la période pendant laquelle ces animaux 
courent beaucoup, surtout la nuit, va de la mi-janvier à la fin 
d'avril. : 


M. le professeur Trouessart répond à la communication que 
M. C. Rivière a faite sur l'Éléphant, à la séance du 4 mars 1918. 
Notre collègue n’est pas du même avis que M. Rivière et pense 
que l'Éléphant a pu vivre à l'état sauvage dans l'Afrique 
romaine. M. C. Rivière reprendra cette question à la séance du 
16 décembre 1918. La communication de M. Trouessart sera 
publiée au Bulletin. 


LA 
4 


M. Rollinat écrit que l'intense sécheresse de l'été de 1918 


SA BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION . 


fut, en quelques endroits, dans les environs d’Argenton-sur- 
Creuse, funeste aux Taupes (Z'alpa europæa Linné). Les Lom- 
bries s'étaient enfoncés dans le sol plus profondément que les 
galeries des Taupes et plusieurs de ces Mammifères affamés 


furent trouvés morts sur le sol. 


Notre collègue a trouvé, chez un marchand de gibier, un 
Lapin sauvage, de type très pur, présentant un cas de méla- 
nisme complet. Ce sujet provenait d’un lot de Lapins de 


‘garenne, Lués aux environs de Vandœuvres (Indre); c'était un 


mâle adulle, d’un noir absolu, brillant, sauf le dessous des 
pattes, qui était d'un gris très sombre dans les parties tou- 
chant le sol. 

Les Renards, er 1917, commirent de gros dégâts dans 
l'Indre; sur plusieurs centaines de Poulets, 80 seulement 
purent être vendus; un jour de juillet, 1 seul Renard tua 
17 Poulets; un autre jour, À Renard tua 34 Dindons sur 68. En 
es 1918, 13 Poulets furent tués le même jour et, un autre 
jour, 5 Dindons. 

Les Sangliers, en 1918, causèrent aussi de sérieux dom- 
mages dans les champs de Blé et de Pommes de terre. Quand 
les Céréales furent énlevées, ils s'attaquèrent aux Pommes de 


terre et, en une nuit, une bande de Sangliers bouleversa, si 
- bien, une partie d’un champ, que le lendemain les cultivateurs 


purent remplir cinq sacs avec les Pommes de terre éparses 
sur le sol. 


ORNITHOLOGIE. 


M. Rollinat nous envoie les notes suivantes d'Argenton-sur- 
Creuse : 

« En 1917, la masse des Martinets noirs (Cypselus apus L.), 
parlit le 22 juillet, quelques-uns restèrent jusqu'au 9 août. 
En 1918, les Martinets arrivèrent le 21 avril; la masse partit 
le 23 juillet; on en vit jusqu'au 7 août. 

« En 1917, il y eut beaucoup plus d'Hirondelles rustiques 
 . rustica Linné) et de Chélidons de fenêtre (Chelidon 
urbica Boïe), que les années précédentes. Les gros départs 
eurent lieu dès la première quinzaine de septembre; les der- 
nières Hirondelles furent vues le 4 novembre. En 1918, les 
Hirondelles rustiques arrivèrent.le 30 mars, puis disparurent; 


il en vint d’autres le 4 avril et, bientôt, les Hirondelles des . 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 85 


deux espèces furent nombreuses. Je crois, dit M. Rollinat, que 
la guerre a dû être favorable aux Hirondelles. Il serait inté- 
ressant de savoir si les villes et les villages épargnés, à proxi- 
mité du front, recurent un beaucoup plus grand nombre 
 d'Hirondelles qu'avant les hostilités. 

« Le 15 septembreles Hirondelles commencèrent à partir ; le 
93 octobreil en restait encore quelques-unes des deux espèces. 

« Le 7 mars 1918, une forte bande de Grues cendrées (Grus 
 cunerea Bechstein) passa vers 6 heures 30 du soir, allant vers 
le nord. Le 18 octobre, à 11 heures, une.bande de 35 sujets, en 
ordre de route, passa, allant vers le sud; à ce moment, elles 
étaient orientées vers le sud-ouest. » : 

Le 1* janvier, notre collègue vit des Corneilles noires occu- 
pées à déchiqueter des Choux dans les jardins. Que pouvaient- 
elles y trouver? Peut-être quelques larves d’Insectes ou des 
petits Mollusques, car les Corbeaux ne broutent pas les feuilles, 
comme certains Oiseaux. Un chasseur tua, au fusil, en quelques 
jours, sur le fumier des abattoirs, 74 Corbeaux et 25 Pies; 
une fois, il abattil 10 Corbeaux en deux coups de fusil. 


AQUICULTURE 


En août 1918, près d’Argenton-sur-Creuse, et jusqu à plus 
de 20 kilomètres en amont, certains pêcheurs capturèrent, par 
suile de l'extrême sécheresse, qui avait considérablement 
abaissé le niveau de la rivière, jusqu'à 100 livres de Poisson 
par jour. En aval d'Argenton, on employa même la dynamite. 
Des Saumons périrent parce qu'ils séjournaient dans des eaux 
trop chaudes et ne pouvaient franchir les écluses; en amont 
_de la ville, plusieurs furent capturés alors qu’exténués ils 
allaient succomber. 


ENTOMOLOGIE. 


M. Vayssière fait une communication sur « l’'Acclimatation 
des Insectes auxiliaires et son importance au point de vue 
agricole ». Notre collègue cite quelques acelimatations heu- 
reuses et relativemeni faciles, mais, dit-il, la plupart du temps 
il se présente de grandes difficultés, et la réalisation du pro- 
gramme peut être très onéreuse et à longue échéance. Néan- 
moins, il convient d'entrer dans celte voie comme les Élats- 


86 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Unis, qui ont compris quels bénéfices énormes on peut 
attendre de l'introduction des précieux auxiliaires que la 
Nature nous a donnés. Nous avons trop besoin de nos récoltes, 
ne restons pas indifférents, comme avant 1914, devant les 
dîimes formidables que prélèvent les ennemis de nos cul- 
tures. > 

La Société aidera de tout son pouvoir l’acclimatation des 
Insectes auxiliaires et s’efforcera d'instruire nos compatriotes 
pour qu'ils connaissent et respectent les Insectes utiles de 
notre pays. 

La communication de M. Vayssière sera insérée au PBul- 
letin. 


BOTANIQUE. 


M. A. Robertson-Proschowsky nous envoie de Nice : 4° un 
fragment de spadice de Prahea dulcis Mart. Il y a environ 
14 mois que celte inflorescence reste sans se développer. 
M. le professeur Beccari dit que B. calcarea Liebm. demande 

“environ À an pour le développement des fleurs, et environ 
3 ans pour que les fruits soient mûrs. M. Beccari n'indique 
rien, à ce sujet, pour le 2. dulcis; il s'agirait donc là d’un fait 
qui n’a pas encore été constaté et qui pourrait, peut-être, se 
retrouver chez les deux autres espèces connues de Prahea, et, 
par conséquent, constituer un caractère générique; 

2 Un fragment de spadice d'Archontophænix Cunninghami 
Wendi. Les pédicelles et le pédoncule sont, pendant les pre- 
mières semaines après le développement de l’inflorescence, 
d’un très beau rose à nuance violette ; 

Et 3°, quelques petites branches de Aristotelia Macqui, tuées 
par une maladie, probablement d'origine cryptogamique. 
M. Bois a remis ces échantillons au Laboratoire de cryptogamie 
du Muséum, pour élude. 


M. Marnier-Lapostolle, de Nice, regrette qu'on ne sache pas 
tirer tout le profit ornemental des Palmiers et donner à ces 
splendides végétaux un aspect tout à fait tropical. Notre col- 
lègue a, entre autres, embelli les troncs de Phœnix canariensis 
en placant entre leurs gaines des plantes épiphytes ; quelques- 
unes s’y reproduisent seules. Les Broméliacées et les Fougères 
font surtout merveille. Les Cereus grimpanis laissent retom- 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 87 


ber, du haut des Palmiers, leurs tiges formant draperies. 
M. Marnier-Lapostolle nous envoie la liste des meilleures 
plantes pour garnir les Palmiers. 


Pour le secrétaire des séances, 


C.. DEBREUIL. 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 2 DÉCEMBRE 1918 


Présidence de M. D. Boïs, vice-président de la Société. 


e 


* En ouvrant la séance, M. le Président prononce les paroles 


suivantes : 


Messieurs, 


Au moment où nos troupes victorieuses font leur entrée. 
solennelle en Alsace-Lorraine reconquise, et où la Belgique 
s’affranchit d’une domination odieuse, nous adressons à nos 
collègues alsaciens, lorrains et belges, l’expression de notre 
joie émue et de notre affectueuse sympathie. 

Je serai certainement l'interprète de vos sentiments en témoi- 
gnant notre vive gratitude à nos vaillants soldats, à leurs-chefs 
et à nos excellents alliés, dont les exploits nous ont rempli 
d'admiration. 

La France doit la victoire aux hommes d'initiative et d’action 
qui ont assuré sa défense; mais, pour tenir dans le monde la 
place à laquelle elle aura droit après la signature de la paix, il 
faudra encore des hommes résolus pour organiser et assurer sa 


_ vie économique, et nous devons être prêts à faire face aux nou- 


veaux et grands devoirs que va créer cette situation nouvelle. 

Il faudra un retour vers l’agriculture, trop délaissée, qui 
pourra nous fournir des richesses illimitées si nous savons uti- 
liser toutes nos ressources, aussi bien coloniales que métropo- 
litaines, pour accroître et améliorer les productions du sol. 

Dans ce but, nous devons mettre en œuvre, non seulement 
tout ce qui doit donner des résultats assurés, mais aussi nous 
appliquer à créer de nouvelles ressources dans le domaine de 
la zoologie et de la botanique agricoles. 

C'est en cela que notre Société pourra se rendre utile, con 


88 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION de 


formément à son programme. Elle le sera d’autant plus qu'il 
se trouvera, parmi nous, de plus nombreux hommes d’action 
orientés dans la voie des réalisations, mettant à poal nos 
études, restées trop souvent spéculatives. 

Ayons foi dans l'avenir, Messieurs, et travaillons jee plus er en 
plus Pour le bien de notre pays. : 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 
Décès. 


M. le Président annonce qu'il vient d'apprendre la mort de 
notre collègue, M. Edmond Rostand. Le grand poète, qui avait 
fait revivre, sur la scène, la tradition française de la bonne 
humeur et de l’héroïsme, était aussi un grand ami de la 
nature, qu'il avait entre autres si splendidement magnifiée dans à 
son Hymne au Soleil, dans Chantecler. Edmond Rostand s’inté- 
-ressait à nos travaux ; il nous consultait et dans sa propriété de 
Cambo, où il se plaisait à élever des Oiseaux chanteurs, il cul- 
tivait en connaisseur les plantes nouvelles et rares. Nous 
adressons à sa famille je expression de nos sentiments de con- : 
doléances les plus sincères. 

Nous avons, également, perdu notre collègue etpropriétaire, 
M. Félix Bonnet, avocat à la Cour de cassation. M.le Secrétaire 
général a représenté la Société aux obsèques. 


; GÉNÉRALITÉS, 


M. de Southoff, dans une lettre vibrante de patriotisme, nous 
adresse des félicitations au sujet de « la victoire totale rem- 
portée sur les Boches et leurs acolytes ». Il s'associe à la joie 
si légitime de tous les Français, et nous prie d'être l'interprète 
de ses sentiments auprès des membres de la Société d’Accli- 
_matation. Comme Russe et comme ami de la France, il garde 
une foi inébranlable dans la résurrection de son pays. 


De son côté, M. le professeur O. Mattirolo (de Turin) nous 
fait part de sa joie profonde et nous adresse un ardent : Vive 
la France! 


Au nom de M. le D° G. Perez (des Canaries), M. Challamel, 
éditeur, à fait déposer, au siège de la Société, un certain 
nombre de brochures sur le Tagasaste (Cytisus proliferus, 


Fe 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 89 


varietas). Ces brochures sont mises gratuitement à la disposi-. 


tion des membres de la Société. M. le Président adresse ses 
remerciements à MM. Perez et Challamel. 


MAMMALOGIE. 


M. Debreuil a observé une Souris, qui avait fait son nid sous 


une mangeoire, dans une volière. En soulevant avec soin la 
mangeoire, on pouvait voir la Souris dormant au milieu d'une 
petite dépression faile dans des débris de paille, de chiffons et 
de papier; autour d’elle vivait une colonie de Blaps (2. morli- 
saga), composée de 25 à 30 individus. Ces Insectes, constam- 
ment en mouvement, l'entouraient de tous côlés et, sans la 
toucher, se rapprochaient d'elle, le plus possible. Ces animaux, 
Souris et Blaps, semblaient très bien s'entendre, et malgré 


l'odeur très forte des Insectes et leur constante turbulence, la 


Souris paraissait accepter, avec plaisir, leur présence. Les 
Blaps devaient se nourrir des déjections de la Souris et profiter 
de sa chaleur. 

La Souris puisait, peut-être, comme l’a raconté Micheiet, 
pour les sultanes d’Orient, « dans le succulent Insecte, une 
jouvence éternelle... »1l y a là, en tout cas, un fait de com- 
mensalité assez singulier, et qui laisse supposer que les ani- 
maux se comprennent et s’entr'aident mieux que nous ne le 
pensons. 


ORNITHOLOGIE. 


M. Rollinat, frappé, lui aussi, de la diminution du nombre des 


cent venaient s’abriter chaque jour, il y a à peine deux ans, il 
n y en a plus un seul aujourd'hui, va s'occuper de la question. 
Il se propose, entre autres, d'examiner au microscope des 
« frotlis » du sang de ces Oiseaux, morts récemment. Le Moi- 
neäu friquet est aussi, dit-il, en voie de diminution. 


M. Debreuil raconte l’histoire d'un Pigeon culbutant que la 
guerre avait rendu célibataire depuis deux ans et qui, chaque 
jour, faisait la cour à une Pomme d'Épicéa, tombée sur le sol ;il 
roucoulait autour et essayait de se comporter, avec elle, comme 
avec une femelle. Notre collègue ayant mis à sa disposition un 
mannequin représentant vaguement une Pigeonne, le Culbutant 


< 


Moineaux, et ayant remarqué qu’à certains endroits où plus de 


90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


abandonna la Pomme de Pin, pour ne plus s'occuper que de ce 
mannequin auquel il manifestait ses désirs les plus ardents. 
Des anomalies du même genre et chez tous les animaux ont 
été souvent constatées ; celle-ci apporte un fait de plus au cha- 
pitre des « ersalz » de la guerre. ; 


M. Gritton dit que la plupart des Pigeons privés de femelles 
cherchent à satisfaire leurs désirs sur tous les objets qu'ils ont 
à leurportée, morceaux de bois, piquets, vases et même sur le 
parquet de leurpigeonnier. 


M. de Guerne rappelle à ce propos que des cas d’accouple- 

meñts singuliers ou hors nature ont été signalés chez un cer-, 
tain nombre de Vertébrés et aussi chez des Insectes, par notre 
collègue Gadeau de Kerville, qui leur a consacré diverses publi- 
cations. Les cas observés chez les Batraciens anoures sont assez 
fréquents ; il a même été possible d'en conserver dans l'alcool. 
On en pouvait voir notamment une belle série au Musée de 
Douai, dans la collection Héron-Royer, qui y était soigneuse- 
ment exposée, avant l'invasion allemande. Les Anoures mâles 
possèdent pour se cramponner frénéliquement (suivant l'ex- 
pression du savant conservateur du British Museum, notre col- 
Jègue G.-A. Boulenger) à leurs femelles, des brosses copula- 
trices, des plaques cornées, des apophyses, etc., qui leur per- 
_ mettent de saisir également, d’une manière très énergique, des 
objets inanimés tels que racines, morceaux de bois, etc. Ils ne 
lächent pas prise quand on les plonge dans l'alcool, et c’est 
ainsi qu'ont été obtenus, sans aucun artifice, par feu Héron- 
Royer, les pièces mentionnées par M. de Guerne. 


ENTOMOLOGIE - INVERTÉBRÉS. 


M. A.-L. Clément fait une communication à propos d’un nid 
de Mégachile (Abeille solitaire), construit entre la vitre et le 
couvercle d'une ruche. Les Mégachiles ont, depuis longtemps, 
attiré l'attention des naturalistes; Réaumur et, plus près de 

- nous, Fabre, entre autres, ont laissé sur leurs mœurs d’admi- 
rables observations. La communication de M. Clément parai- 
tra, avec figures, au Bulletin. 

M. Clément, questionné sur la cristallisation du miel, répond 
que les miels se cristallisent, plus ou moins, suivant leur na- : 
ture, mais que presque tous se solidifient pendant l'hiver. Ce 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 91 


phénomène n'apporte aucune modification au goût du miel. Le 
miel cristallisé, réchauffé au bain-marie, redevient liquide et 
se maintient ensuite, très longtemps, dans cel état. En Corse, 


* on apprécie beaucoup le miel battu; ce procédé le rend plus 


léger et lui donne un aspect blanc crémeux, semblable à la 
sauce connue, en cuisine, sous le nom de « sabayon ». 

Au sujet de la nature et de la composition des miels, 
M. Jeanson rappelle que dans les pays mobilistes, en particu- 
lier aux Étais-Unis, l'abus de l'extracteur fait que l’on trouve, 
normalement, dans le commerce, du miel très aqueux, extrait 
avant operculation, qui est de bonne vente, au moment du 
miel nouveau, mais qui ne conviendrait pas pour constiluer 
des provisions d'hiver, qui ne doivent pas contenir plus de 6 à 
8 p. 100 d'humidité. Du reste, les Américains y obvient en 
concentrant, par évaporation, le miel extrait, au point de lui 
donner la consistance du savon, ce qui permet de le livrer à la 
consommation en cubes découpés au fil métallique et empa- 
quetés dans du papier paraffiné. Au point de vue gustatif, 
cértains consommateurs trouvent que les cristaux de glucose 
de miel cristallisé rapent le palais et l’arrière-gorge d'une 
facon peu agréable. (Le miel est, en effet, un mélange de glu- 
cose cristallisable et de lévulose. Ce dernier, dans le miel dit 
« cristallisé », reste emprisonné entre les cristaux de glucose.) 

Il semble qu'un acheteur de miel liquide, soucieux de la 
valeur alimentaire de la marchandise, devrait en prendre la 
densité, qui, pour un miel operculé, devrait être de 1,35 à 1,45; 
car 1} n y a rien de plus facile que d’inñcorporer 30 p. 100 d'eau 
et davantage au miel par simple mélange. La concentration du 
miel « mÜr », pour en assurer la conservation, n est pas indis- 
pensable. Les auteurs admettent qu’au moment de l'opercu- 
lation, Abeille introduit dans la cellule, avec son aiguillon, une 
gouttelette d'acide formique qui joue le rôle d’antiseptique. Il 


est bon de dire qu’à la connaissance de ces auteurs aucuné 


Abeille n’a été observée se livrant à celte occupation. Il ne 
serait pas impossible que l’atmosphère de la ruche fût saturée 
d'acide formique qui se dissoudrait dans le miel, grâce aux 
matières alcalines que contient le nectar, récolté par les 
Abeilles; ceci n’est qu'une supposition qui aurait besoin 
d’être soumise à contrôle. 

Sur le point de savoir si l’on peut établir un rucher au voi- 
simage d’une source de sucre industriel, M. Jeanson dit que, 


92 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


cette année, un wagon de sucre cristallisé, ayant été tamponné 
à Fontainebleau, les Abeilles du laboratoire de Biologie végé- 
tale ont fait la récolte en quatre jours, avec, il est vrai, l’aide 
de quelques maraudeurs. Il était curieux de voir les buti- 
neuses, en grand nombre, puiser aux bassins voisins l’eau 
nécessaire à dissoudre le sucre cristallisé. 


M. Debreuil a observé deux Limaces rouges (Arion rufus) 
qui mangeaient, chacune, un Lombric vivant, qu’elles avaient 
capturés au moment où ils sortaient de leur trou. On sait que 
ces Mollusques sont volontiers carnivores, mais, en général, 
celte espèce ne s'attaque pas à des proies vivantes, comme le 
fait, normalement, la Testacelle. 


BOTANIQUE. 


M. Mailles présente une souche de Haricot d'Espagne (Pha- 
seolus mulliflorus Willd.), âgée de trois ans et tubérisée; les 
plantes étaient arrachées, chaque année, au début de l'hiver. 


M. À. Piédallu fait une communication sur Ja « Reconsti- 
tution rapide des Vergers dévastés par l'ennemi ». Î] préconise 
l'emploi des explosifs pour le creusement des cavités de plan- 
tation des arbres fruitiers, ces explosifs servant, en même 
temps, à pulvériser et à souffler des malières fertilisantes dans 
les fissures profondes du sol. Ce procédé, qui peut s’appliquer 
à toutes les plantations d'arbres, rendrait de grands services 


dans les colonies. La communication de M. Piédallu sera 


insérée au Pulletin. 

Notre collègue lit, ensuite, une note sur le bouturage du 
Sorgho, qu'il recommande non comme moyen de culture dans 
les grandes exploitations, mais pour conserver et multiplier 
sûrement une variété donnée, à l'état de pureté. 

M. Piédallu termine par une note sur le Sorgho cultivé 
comme fourrage. Cette plante peut donner jusqu'à trois ré- 
coltes par an,et notre collègue souhaite que cette culture se 
généralise en France. M. Gustave Rivière, tout en appuyant les 
conclusions de M. Piédallu, pense que les rendements indiqués 
sont, en général, trop élevés. 


M. Charles Rivière appelle l'attention sur certains accidents 
dus à l'alimentation par le Sorgho, dans les colonies. Certaines 
variétés contiennent un glucoside cyanogénique, qui, en Al- 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 93 


gérie, entre autres, a tué de gros animaux. Au Soudan, plu- 
sieurs variétés sont toxiques. En France, aucun accident n’a, 
jusqu'ici, été constaté, mais il est bon de prendre des précau- 
tions et de choisir les variétés. D’ailleurs, le climat peut jouer 
un grand rôle dans la toxicité des Plantes el de même que la 
Ciguë, la Digitale, ete., de certaines régions sont ingérées sans 
danger, la même variété de Sorgho, toxique au Soudan, peut 
ne pas l'être en France. Sous réserve de ces observations, les 
graines de Sorgho sont employées, avec nee, pour les 
volailles. 


MM. C. et G. Rivière signalent qu'ils ont remarqué, dans les 
environs de Mirande (Gers), des bourgeons adventifs déve- 
loppés sur de grosses racines de forts Platanes, rampantes à 
la surface du sol; ces bourgeons formaient de petites touffes 
d'une trentaine de centimètres de haut. Aucune cause appa- 
rente ne semblait avoir provoqué cette anomalie. Ces sortes 
de rejetons, communs sur certains arbres, Trembles, Peupliers, 
Robiniers, etc., sont rarement constatés sur le Platane; dans 
ce cas, ils sont un élément facile de multiplication, pa éclat de 
la touffe. 


COLONISATION. 


Dommages aux plantations de Caféiers au Brésil. — Le 
ministre de l'Agriculture de l’État de Sao-Paulo évalue à 
361.202.000 le nombre des Caféiers endommagés par les froids 
récents. D’après un rapport de la Société nationale d’Agri- 
culture, 150 millions de plants de moins de cinq ans ont été 
détruits et plusieurs centaines de millions attaqués. 


M. C. Rivière demande que la Société d'Agriculture précitée 
soit priée de fournir des renseignements détaillés sur ce phé- 
nomène météorologique, peu commun dans celte zone du globe. 


» 
Pour le secrétaire des séances, 


C. DEBREUIL. 


94 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 16 DÉCEMBRE 1918 


‘Présidence de M. D. Bois, vice-président de la Société. 


Le procès-verbal de la précédente séance générale du. 


6 décembre est lu et adopté. 


GÉNÉRALITÉS. 


Le Conseil a décidé qu'une séance solennelle de distribution 
des Récompenses aurait lieu le dimanche 4 mai 1919. Le Con- 


seil apportera tous ses soins pour donner toute la grandeur : 


convenable à cette première manifestation, inaugurant la paix 
victorieuse que nous ont donnée nos admirables armées. 


M. le Secrétaire général lit une note sur [a destruction des 
collections de M”*° Delacour et de son fils, M. Jean Delacour. 
‘Cette note, qui montre que toute restauration sur place doit 


être abandonnée, est intitulée : La fin de Villers-Bretonneux. - 


Plus heureux que M. Delacour, M. Blaauw, à Gooïlust (Hol- 
lande), malgré les difficultés du ravitaillement, a pu sauver la 
plus grande partie de $es animaux. 


MAMMALOGIE. 


M. Charles Rivière, poursuivant sa controverse avec M. le 
professeur Travessart, expose les raisons qu’il a de ne pas 
croire au changement du climat de l'Afrique du Nord depuis 
l’époque de la domination puhique .et romaine. Les Éléphants 
dont parlent souvent les textes anciens sont tous des Éléphants 
de guerre; cela n'’infirme pas la proposition par laquelle l’Élé- 
phant sauvage n'existait pas plus alors dans l'Afrique du Nord 
qu'à l'époque actuelle. Cette communication très documentée, 
n'ayant pas pu être lerminée le 16, sera achevée au cours 
d’une prochaine séance générale. 


BOTANIQUE. 


M. Bois rend compte à la Société des résultats obtenus, au 
cours de l’année 1918, dans les essais de plantations de trois 
sortes de Pommes de terre des Iles Canaries : la variété Pappas 


’ 7 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 95 


negras, la variélé Pagpas palmeras, et la variété Pappas blan- 
cas. Ces essais ont été faits au Muséum, chez le docteur 
Leprince, chez M. Debreuil et chez M. Mailles. Le rapport avec 
figures paraîtra au Pulletin. 


À propos de celte communication, M. Charles-Rivière insiste 
pour que certains points, concernant ces variétés de Pommes 
de terre, soient étudiés. La maison Vilmorin serait à même de 
pouvoir rechercher l’origine exacte de ces sortes de tubercules. 


M. le Président lit une lettre de notre collègue M. Vuillet sur 
la culture de la Pomme de terre, à Kati (Afrique occidentale 
française). 


M. Gustave Rivière souhaite que pour la culture des Pommes 
de terre on s’en tienne, en France, à quelques variétés excel- 
lentes avec lesquellés on obtiendrait des résultats bien 
supérieurs à ceux que donneront des variétés prises un peu 
au hasard. : 


M. Mailles dépose sur le bureau deux tubercules, en deux 
variétés, de Topinambours bien productifs et de saveur bien 


supérieure à celle du type primitif; ces variétés ont été, il y 


a deux ans, trouvées sur un marché, sans aucune dénomina- 
tion. Notre collègue y ajoute la recette suivante pour la pré- 
paration des Topinambours à la vosgienne : Cuisez des Topi- 
nambours à l’eau salée; égouttez-les; coupez-les en tranches 
épaisses; sautez-les 2 minutes avec du beurre. Assaisonnez, 
dressez sur un plat. Masquez-les avec une sauce pain frit. — 
Recelte sauce pain frit : fondre 76 grammes de beurre. Quand 
il est bien chaud, mêlez avec 4 ou 5 cuillerées de panure. Cuisez 


_5 à 6 minutes et salez. 


COLONISATION. 


M. Paul Carié fait une communication sur la culture du Filao 
et son utilité comme bois de chauffage dans les régions intertio- 
picales. Notre collègue M. Frey ayant remis un mémoire sur 
les cultures failes par lui-même en Afrique occidentale à 
M. Crepin, M. Carié a bien voulu appliquer la connaissance. 
qu'il possède de la question à la présentation de ces intéres- 
sants résultats. Il a pu les confirmer en faisant part des résul- 
tats obtenus par lui-même dans ses propriétés de l’île Maurice 


LE pt CENTER 


06 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


où les expériences faites par lui onl por# sur une période de 
60 années et sur une étendue de 400 hectares. Notre collègue 
illustre ses explications de nombreuses projections dont les 
clichés furent pris par lui à l'ile Maurice. La communicalion 
de M. Carié paraîtra in exlenso, avec planches photographiques, 
au Bulletin. | 

Le Secrélaire des séances adjoint, 


PIERRE CREPIN. 


ORDRES DU JOUR DES SÉANCES 


POUR LE MOIS D'AVRIL 1919. 


Séances générales. 


Lundi T, 83 heures. — M. H. Georrroy-SaINT-HiLaïRE : La situation 
de l'Élevage au Maroc. 

— M. C. Rivière : L'Acclimatation des Orangers dans le bassin 
m ‘diterranéen. 


Lundi 28, à 3 heures. — M. P. Mécnin : Les Chiens de France au. 
front, pendant la guerre. 

— M. J. pe GuERNE : L'emploi du Soja dans l'alimentation; sa 
culture dans les colonies asiatiques. 


* 
RD 


Séances des Sections. 


1*e SECTION. — Mammalogie. 


Lundi 1%, à 3 heures. — La question du Mulet au Soudan. 


2e Secrion. — Ornithologie — Aviculture. 
Lundi 14, à 5 heures. — Ligue pour la Protection des Oiseaux. 
* 
# # 


Tous les membres de la Société sont priés d'assister aux 
Séances générales, qui ont lieu deux fois par mois, au Siège 
social, 198, boulevard Saint-Germain. 

Sur demande, les Ordres du Jour sont adressés mensuelle- 
ment. 


Graines offertes par M. G.-H. 
CAVE, Curator Eloyd Botanic 
Garden, Darjeeling (Indes an- 
glaises). 


cer Papilio King. 

— Hookeri Miq. 

— Campbellii Hook f. 

. — Osmastoni Gamble. 

… Artemisia pauciflora Spreng. 
stragalus stipulatus D. Don. 
rdisia macrocarra Wall. - 
nemone vitifolia Buch-Ham. 
— rivularis Buch-Ham. 


Bœhmeria macrophylla D. Don. 
erberis umbellata Lindl. 
—  concinna Hook. f. 


Callicarpa rubella Lindl. 
“Cassiope selaginoides Hook. f. 
; Thoms. 

“Cotoneaster frigida Wall. 
“Coriaria nepalensis Wall. 
_Corylus ferox Wall. 

“Cnicus involucratus Wall. 
Cynoglossum micranthum Desf. 
Mr — denticulatum A. D.C. 
Dickroa febrifuga Lour. 
Diclytra thalictrifolia Hook. f. 
- et Thoms. 

Decaisnea insignis Hook. f. et 
- Thoms. $ 


ÆBnkianthus himalaicus Hook. f. 
… et Thoms. 

ÆEmbelia Gamblei Kurz. 
Ærythrina arborescens Roxb. 
Ficus Hookerii Miq. 

razinus floribunda Wall. 


inpophae salicifolia Don. 
lehwingia. himalaica Hook. f.. ot 

… Thoms. 

Hymenopogon parasificus Wall. 

Bypericum patulum Thunb. 


lez intricata Hook. f. 


lasminum humile L. 

lumiperus pseudo-Sabina Fisch: et 

- Mey. ’ 

Lilium giganteum Wall. 

— nepanlese Don. D: 

belia erecta Hook. f. et Thoms. 
—  pyramidulis Wall. 

Luculia gratissima Sweet. 


landragora cærulescens C. B. 
… Clarke. 

Meconopsis simplicifolia G. Don. 
 —  paniculata. 

Michelia Cathcarthii Hook. f. et 
- Thoms. 6 / 

Mucuna macrocarpa Wall. 


Neillia thyrsiflora Don. 

Nyssa sessiliflora Hook. f. , . 
Pedicularis Scullyana Prain. 
_— trichoglossa Hook. f. 
crorhizo Kurroa Royle. 
Piptanthus nepalensis D. Don. 


OFFRES 


éry, par Aixe (Haute-Vienne), 


= Co. Agapornis nigrigenis de 1918, 
‘change pour d'autres Oiseaux. — M. Decoux, 


EN DISTRIBUTION 


Potentilla Griffithii Hook f. 
— leuconota D. Don, 

Podonhyllum Emodi Wall, 
Polygonum vaccinifolium Wall. 
Poterium diandrum Hook. f. 
Primula Elwesiana King. 
Kingii Watt. 
reticulata Wall. 
siklcimensis Hook. 
Stuartii Wall. 
Wattii King. 
Prunus acuminata Wall. 

—  Puddum Roxb. 
Pyrus foliolosa Wall. 

—  insignis Hook. f. 


AE IE TA 


Rosa macrophylla Lindl. 
— sericea Lindl. 


Richelia lanuginosa. 
Rubus moluccanus L. 
—  paniculatus Sm. 
—  reticulatus Wall. 
Ruellia cordifolia Wall. 
Rhus semialata Murray. 
Rheum nobiléH ook. f. et Thoms. 
Rhododendron arboreum Sun. 
— arboreum, var. Camp- 
belli. À 
Rhododendron barbatum Wall. 


— camellizflorum Hook. f.. 


— campanulatum Don. 
— campanulatum, Don.var. 
Wallichai. 
campylocarpum Hook.f. 
cinnabarimum Hook. f. 
Dalhousiz Hook.f. 
Falconert Hook. f. 
{ulgens Hook. f. 
grande Wight. 
Hodgsoni Hook. f. 
lanatum Hook. f. 
lepidotum Wall. 
Maddeni Hook f. 
Wightii Hook. f. 


Sambucus adnata Wall. 
Saussurea Laneana. 

—  eriostemon Wall. 

— Sughoæ G. B. Clarke. 

Saxifraga purpurascens Hook. f. 

et Thoms. 

Sedum asiaticum Spreng. 

— elongatum Wall. 
—  Ewersü Ledeb. 
—  himalense D. Don. 

Senecio Candolleanus Hook. et 

Arn. 
—  diversifolius Wall. 
—  Ligularia Hook. f. 
— Mortoni QG. B. Clarke. 
 —  pachycirpus G. P.Clarke. 
— pauciflorus. 

Swertia dilalata GC. B. Clarke. 
—  Hookeri G. B. Clarke. 
— Kingit Hook. f. 

—  multicaulis D. Don. 

Symplocos theæfolia D. Don. 


Thalictrum Chelidonii Hook: f. 
et Thoms. 


LEE an SE ESA 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 


accepte 


Thalictrum cultratum Wall. 
Tephrosia candida D C. 
Toddulia aculeata Pers. 
Vaccinium serratum Wight, 
Viburnum stellatum Wall. 


Graines offertes par M. MAR- 
NIER-LAPOSTOLLE : 

Primula malacoides. 

Dracæna indivisa atropurpurea. 

Cycas revoluta. k 

Alsophila australis. 

Archontophænir Cunningha- 
miana : 


Graines offertes par M. PROS- 
CHOWSKY : : 


PButia capitata var. pulposa Bec- 


Pittosporum floribundum Wig 
et Arn. 

Livistona australis. 

Sabal Adansoni QE 

Sabal Adansoni, jolie variété, se 
reproduit par semis. 


Graines offertes par M. MOREL : 
Agathea amelloïides D C. 
Antennaria plantaginea R. Br: 
Chamaæcyparis nutkaensis Spach. 
— obtusa Sieb.et Zucc. 
Cryptomeria japonica Don. 
Cupressus arizonica Green. 
Lawsoniana: 
var. Allumi. 
argentea. 
aurea-glauca. 
elegantissima 
sulfurea. 
— - filifera glauca. 
patula. 
pulcherrima. 
—  — Triomphe de 
Boskop. 
versicoler. 
sempervirens, Var. horizon- 
talis. 
Cytisus Laburnum L. 
Cytisus proliferus, var. albus. 
Exochorda Alberti Regel. 
Impatiens Sultani Hook. 
Juniperus excelsa Bieb.. 

—  japonica, Var. aureu. 

—  oxycedrus. 

—  rigida. 

—  virginiana,var.albo-picta. 
var. Chamberlaini. 
Parrotia persica G. A. Mey. 
Polemonium cæruleum L: 
Rhodotypos kerrioides Sieb. 
Sequoia gigantea Torr. 

Spiræa astibboides. 
Tazus adpressa Gord- 
— baccata, var hibernica aurec. 
— Dovastoni. 
Thuya occidentalis. 
—  orirntalis, var. filiformis. 


cari. ( ne pa 
£ 


TEE) 
| 
| 


- Thuyopsis dolabrata Sieb. et Zucc. 


Graines offertes par M. BOIS: 
Ansérine amarante. 


DEMANDES 


Thermosiphon d'occasion en bon état, avec ou 
sans ses tuyaux, pouvant chauffer environ 60 mètres 


cubes. — M, Decoux, Géry, par Aixe (Haute-Vienne). 


S'adresser au Secrélarial. 


72 


bg 
« 


D 


D 2 


de 
si] 


SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 


RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE 


Le but de la Société Nationale d’Acclimatation de France est de concourir : M 
1° à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux M 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races W 
. nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation 
de végétaux utiles où d'ornement. | 

Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dames 


peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablis- 


sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, \ 


Sociétés commerciales, etc.). 


La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres | 


Donateurs, membres Bienfaiteurs. 


Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une 


cotisation annuelle de 25 francs. 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d’entrée de 10 francs et qui s’affran- 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 

Le membre Donateur est celui qui verse une somme d’au moins 500 francs. 

Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d’au moins 1.000 francs; 
son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses, 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo- 
riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. . 

En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner 


amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois 


des séances spéciales de Sections : 4° Mammalogie; 2° Ornithologie et sa sous-section, 
Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture ; 4° Entomologie; 5° Botanique, et 6° Colonisation. 

Tous les membres peuvent assister à ces séances dont lés ordres du jour men- 
suels leur sont régulièrement adressés sur leur demande. 

La Société encourage d’une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d’ani- 
maux à ses membres. 

Le Bulletin mensuel forme, chaque année, un volume d'environ 400 pages 
illustrées de gravures. Il traite des questions concernant l'élevage des animaux, la 
culture des plantes et particulièrement des faits d’acclimatation survenus en France 


et à l'Etranger. Il donne des renseignements les plus variés sur les animaux et les 


plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. 


On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle :B 


installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction), etc., etc. 


- 
LR] 


La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin-} 
téressé; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commerce: 
adhérer à ses statuts, l'aider dans ses efforts, c’est contribuer au bien-être général} 


et à la prospérité du pays. 


Le Gérant : À. MAR&THRUX, 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


y 


BULLETIN ES 


: DE LA 


nef Nationale d'eclimatti 


de 


. DE FRANCE À : 
| (REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES ) 


* = ee. FO ANNÉE : 


«vË 


N° 4. — AVRIL 1919 


ee SOMMAIRE 
Fe 20 : Pages, 
P. AMÉDÉE-Picuor. — Albert OR HER LU vo 97 
TES DE LA S@CIÉTÉ D'ACGLIMATATION PENDANT LA GUERRE. . : 2 44. à FRS ACIDE 
aurice Loyer. — Exposé des travaux de la Société depuis 1914. . 2 20 0 103 
RE : RE Extraits des procès-verbaux des Séances Yénérales de la Socittée. 
: | Séance générale du 13 ovier HO AR ne 7 0 D en Da NA 109 
“| Assemblée générale annuelle du 20 JA ENMONO NE EUR RES Se SAT DE EE Satis) 
sr Séance générale du 3évrier 1919... . . . .. DNA A Ve DUR RU ENS 118 
5 RC Dr évier RAT RSS PER MO Te M 193 
à 


Un numéro. 3 francs : — Pour les Membres de la Société, 2 fr. 50. 


4. DEJEUNER AMICAL # | 
D Le Déjeuner amical aura lieu le Jeudi 22 Mai prochain, à midi ei demi, au 
BUFFET DE LA GARE DE LYON. (ua 


+ Ce déjeuner est exclusivement réservé aux Membres de la Société et à 
leur femme. Prix du déjeuner : 20 francs. 3 


Prière d’adresser, dès maïntenant, les adhésions au Secrétariat. 
_ Aucune adhésion ne sera acceptée après le 46 Mai. 


On est Prié d'apporter son ticket de pain. 


SÉANCE SOLENNELLE 


_. La distribution solennelle des Récompenses de 1a Société aura lieu le 
imanche 25 Mai, à 3 heures, dans le grand Amphitheâtre du Muséum 
‘Histoire naturelle. > 
Cette séance sera présidée par M. Lebrun, 
M. Edmond Haraucourt parlera sur : 
Les Membres de la Société seront ad 
” En outre, des cartes d'invitation pou 


ministre des Régions libérées. 
« La Plante, la Bête, — ef la Patrie ». 
mis sur la présentation de leur carte. 
rront être demandées au Siège social. 


Ca 


or . AU SIÈGE SOCIAL 
_ 198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VIT:). 


FAN E Free 


. BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1919 sn L <Ys 
Président, M. Edmond Peraixa, Membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 


. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidhorbe, 


, : Saint-Mandé (Seine). x A ee 
Vice-Présidents. Prince P. D'ARENBERG, 10, rue de la Ville-l'Évôque, Paris, PTE 
Dr CHAUVEAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint- Germain, Paris. | 


Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 


MM. H. Hua, Directeur adjoint à l'Ecole des Hautes- Études, 254, baulevard. Saint 
Germain, Paris (Conseil). 
Secrétaires. J. CREPIN, 55, rue de Verueuil, Paris (Séances). | 
Cu. DeBREUIL., %, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur). 
J. DecacouRr, 98, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 


Trésorier, M. le D' SkBILLOTTK, 6, rue de l'Oratoire, Paris. in 
Archiviste-Bibliothécaire, M. L. CAPITAINE, 48, boulevard Raspail, Paris, ER 


Membres du Conseil 


MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 

le D' AcHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, 
Paris. 

le D' P. MarcHaz. Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut Nalional Agronomique, 45, rue 
de Verrières, à Antony (Seine). US 3 ? Ce 

le D° LæPriNces, 62, rue de la Tour, Paris. Ste 

MxiLLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). Pret 

le Dr E. TRoUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Guvier, Paris. x 

LecouTe, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,cue des Ecoles, Paris. 

P. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. L 

L. ROULE, Profésseur au Muséum d'Histoire naturelle, 517, rue Cuvier, Paris. 

G. Foucxer (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 

P. KESTNER, APE DES ‘de la Société de Chimie industrielle, 36, rue Ribera, Paris. S 

R. Le FoRT, 89, boulevard Malesherbes, Paris. Eu 


Dates des Séances générales et du Conseil £ 


POUR L'ANNÉE 1919 


janvier | Février 
SÉANCES DU CONSEIL, le mercredi à 4 h. 


Séances générales, le lundi à 3 h. 


Sous-SEcTiOon d'Ornilhologie (Lique pour 
la Protection des oiseaux) le lundi 
HD CET Men Ne Mi 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séance générales recevront 
sur {eur demande les ordres du jour mensuels des séances. - : : 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société *. les 7 
Société, 14 qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. BA 


fréquentes du fait de ln guerre, le tableau A sur la couverture du Bulletin cesse d'être 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. à 


par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 


Let er de 
res 


nc] 


ALBERT GEOFFROY-SAINT-HILAIRE 


PRÉSIDENT HONORAIRE DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 


- La Société nationale d’Acclimatation ne voit pas sans dou- . 


_ leur disparaître selon la loi commune les derniers survivants 


de la brillante pléiade de savants, de naturalistes et d'ama- 
teurs qui avait présidé à sa naissance, il y a soixanle-six ans. 
Ce fut un de ces travailleurs de la première heure qu'Albert 


Geoffroy-Saint-Hilaire qui vient de s’éteindre, le 31 janvier 
1919, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, à Dijon, chez sa fille, 
auprès de laquelle il avait été prendre sa retraite lorsqu'affligé 
de la même cécité que son grand-père, le célèbre membre de 
l'Institut d'Egypte, il avait dû renoncer à l’activité cuberene 
qui avait caractérisé sa vie entière. 

Albert Geoffroy-Saint-Hilaire était né à Paris le 2 décembre 
1835, dans ce Jardin des Plantes où les professeurs avaient leur 
habitation et où il passa son enfance dans un milieu de natu- 
ralistes bien propre à déterminer sa vocation. Après avoir fini 
ses études au lycée Henri-IV et suivi les cours de la Faculté de 
Médecine, il avait été attaché à la mission de Richard, du 
Cantal, pour aller en Algérie étudier les races ovines de la côte 
barbaresque. 

Entre temps, la Société d'Acclimatation, qu'Isidore Geoffroy- 
Saint-Hilaire avait fondée en 1854, avait obtenu del'Empereurla 


BULL. S0C, NAT. ACCL, FR. 1919, — 6 


98 - BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


concession d'un terrain dans le Bois de Boulogne (1858) pour y 
construire un Jardin zoologique et y suivre l'application pratique 
de ses études. M. Mitchell, le secrétaire de la Société zoologique 
de Londres qui, pendant huit ans, avait remarquablement 
dirigé le jardin de la Société anglaise dans Regenl’s Park, avait 
été appelé à organiser le nouvel établissement parisien (1859), 
et Albert Geoffroy-Saint-Hilaire devint son collaborateur pour 
- la surveillance et Ia direction des travaux. M. Mitchell, étant 
mort subitement dans la même année, fut remplacé par le 
D' Rufz de Lavison, avec M. A. Geoffroy-Saint-Hilaire comme 
sous-directeur (1860) et, lorsque le D' Rufz se retira en 1865, 
M. Geoffroy-Saint-Hilaire lui succéda. Il avait pendant ce temps 
rempli à la Société d’Acclimatation différentes fonctions de 
secrétaire dans les sections et les commissions ainsi que celle 
de secrétaire général, et à la mort du professeur Bouley en 1885, 
après M. de Quatrefages qui comme vice-président avait 
rempli les fonctions de président, il fut appelé à la présidence 
de la Société aux travaux de laquelle il avait toujours active- 
ment participé. 
La Société et le Jardin d’Acclimatation, combinant leurs 
efforts sous la direction de M. A. Geoffroy-Saint-Hilaire, tra- 
versèrent une des plus brillantes périodes de leur existence. Il 
suffit de rappeler la nombreuse assistance des séances si suivies 
au siège social de la rue de Lille, les conférences, l'extension 
des relations à l'étranger, la création de succursales à Tours, à 
Hyères, à Marseille, les exhibitions ethnographiques qui ame- 
nèrent sur la pelouse du Jardin d’Acclimatation les peuplades 
les plus diverses du globe, la création d’un Musée de chasse et 
de pêche, l'introduction des Expositions canines alors incon- 
nues en France et qui, depuis, ont pris un tel essor. M. A. 
Geofiroy-Saint-Hilaire avait l’ambition de faire pour le Jardin 
de la Société d'Acclimatation ce que son grand-père avait fait 
pour le Jardin du Muséum, et il voulait lui assurer la première 
place parmi les établissements zoologiques de l'Europe; maisla 
réalisation de ses projets entrainait des dépenses excessives et, 
découragé de ne pas trouver l’aide financière qui lui eût permis 
de poursuivre une œuvre à laquelle il avait déjà sacrifié toute 
sa fortune, il abandonna en 1893 la direction du Jardin et en 
1895 donna sa démission de président de la Société d’Acclima- 
tation qui le nomma l'année suivante président honoraire. 
M. A. Geoffroy-Saint-Hilaire avait fait la campagne de 1870- 


ALBERT GEOFFROY-SAINT-HILAIRE Ë 99 


1874 dans le corps des francs-tireurs organisé par le comman- 
dant Féry-d'Esclands, avec son ami le professeur du Muséum 
Alphonse Milne-Edwards, ce qui valut à leur escouade les pré- 
mices de mets étranges lorsqu'il fallut, pendant le siège de 
Paris, sacrifier la plupart des animaux des deux jardins zoolo- 
giques. Pendant l'insurrection de la Commune, le Jardin d’Accli- 
- matation se trouva au beau milieu de la tourmente et pendant 
près de deux mois les balles et les obus tombèrent nuit et jour 
dans son enceinte faisant plusieurs victimes parmi le per- 
sonnel et tuant quelques-uns des animaux qui venaient d’être 
réinstallés. On put douter un instant que le Jardin d’Acclima- 
tation se relevât de ses ruines, mais les subventions que lui 
attribuërent la Société d'Acclimatation et la Ville de Paris 
assurèrent sa résurrection tandis que différents Jardins zoolo- 
giques de l'étranger et de généreux donateurs contribuaient 
également à reconstituer ses collections détruites. 

Tous ceux qui ont connu dans son intimité le caractère 
loyal, l'esprit enthousiaste, la fertile imagination de M. Albert 
Geoffroy-Saint-Hilaire, conserveront un souvenir ému de son 
amitié,mais il est regrettable qu’en dehors des notes, mémoires 
el rapports publiés dans le Bulletin de la Société d'Acclimata- 
tion, il n’ait pas consigné dans quelque livre les résultats de 
sa propre expérience. Il eût été intéressant de connaître par le 
détail Les projets que M. À. Geoffroy-Saint-Hilaire se proposait 
de réaliser et dont il a maintes fois entretenu son entourage. Il 
voulait attirer dans le hall du Jardin les naturalistes qui 
seraient venus raconter à un nombreux auditoire leurs voyages 
d'exploration et leurs découvertes avec l’aide de projections et 
de films cinématographiques; les galeries auraient mis sous 
les yeux des visiteurs les produits animaux manufacturés dans 
les colonies et les différents pays du monde. Des ateliers pour 
artistes et photographes avaient été déjà préparés dans les 
combles de l'édifice où au moyen d’un ascenseur on pourrait 
amener les animaux qui devaient servir de modèles, et le grand 
maitre Bonnat avait fort approuvé ces facilités données aux 
peintres pour étudier la Nature sur le vif. Enfin, une école pro- 
fessionnelle devait recueillir les nombreux enfants et jeunes 
gens qui venaient demander à être employés dans l’établisse- 
ment. Is y auraient reçu une instruction générale et se seraient 
familiarisés, dans les différents services par lesquels ils auraient 
passé, avec les soins à donner aux animaux et aux plantes de 


Len 20 A De 
FA Rs 


100 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


façon à pouvoir embrasser,un jour, des carrières rurales, loin: 
des séductions démoralisantes de la métropole. L'avenir réali- 
sera peut-être ces conceptions géniales. 

S'ilest vrai trop souvent que «la vie à différer se passé », 
néanmoins, comme l’a dit le professeur Moussu, de l'ouvrage 
que vient de faire paraître un des fils d'A. Geoffroy-Saint- 
Hilaire, M. Henri Geoffroy-Saint-Hilaire, sur l'Ælevage dans 
l'Afrique du Nord, la vie du troisième Président de la Société 
d'Acclimatation avait ajouté un chaînon aux traditions ances- 
trales. 

PIERRE AMÉDÉE- PIcHoT. 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 


PENDANT LA GUERRE 


DISTINCTIONS HONORIFIQUES ET CITATIONS. 


Notre collègue M. KusEz, gendre de notre regretté collègue 
F. Hédiard, lieutenant d'artillerie territoriale, officier observa- 
teur à l’escadrille M. F. 44, qui avait déjà été l’objet d'une 
citation fort élogieuse le 16 juin 1916, a été nommé chevalier 
de la Légion d'honneur le 11 janvier 1919 au titre militaire. 


x 
+ 


Notre collègue, le D° Albert PouLarp, médecin-major de 
l'° classe, ophlalmogogiste des hôpitaux de Paris, a été nommé 
chevalier de la Légion d'honneur au titre militaire, en jan- 
vier 1918. 


* 
*  # 


Notre collègue, M. Moussu, professeur à l'École vétérinaire 
d’Alfort, vient d’être nommé professeur d'anatomie et de phy- 
siologie comparées des animaux domestiques à l'Institut 
agronomique. 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION PENDANT LA GUERRE A01 


M. Hornanay, récemment nommé par notre Conseil membre 
honoraire et M. BEEBE, nommé membre correspondant de la 
Société, nous accusent en ces termes réception du diplôme qui 
leur a été adressé à cet effet : 


-A Monsieur Edmond Perrier, 
Pr ésident de la Société nationale An atoh de France. 


New-York, 21 décembre 1918. 
Monsieur le Président, 

Je suis profondément flatlé du grand compliment et du témoi- 
gnage d'approbation que m'apporte ma nomination de Membre 
honoraire de la Société nationale d’Acclimatation de France par 
votre entremise. C’est une nouvelle arche ajoutée au pont qui tra- 
verse déjà presque entièrement l'océan Atlantique pour notre soutien 
et bonne confraternité réciproques. Cet honneur m'’arrivant de 
France, où le premier Jardin zoologique à été fondé, est vivement 
apprécié. Veuillez transmettre mes remerciements à votre Société 
et soyez assuré que je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour 
répondre à cette distinction. 

Le diplôme de membre honoraire m'est bien arrivé en même 
temps que votre lettre. 

Il est impossible, étant donnés les temps actuels, de terminer une 
lettre à un Français sans exprimer la reconnaissance et la joie que 
l'on éprouve à constater le triomphe que voire glorieux et vic- 
torieux pays a remporté sur l’ennemi brutal qui voulait le ruiner et 
l’asservir. Je viens de relire le manifeste que les 1.341 Intellectuels 
de 1915 avaient adressé au chancelier d'Allemagne et mon sang 
bouillonne d'indignation. Ces 352 professeurs, 158 maîtres d'école et 
autres professionnels et hommes d’affaires se proposaient d’écraser 
complètement la France, de lui voler ses terres et ses industries et 
de réduire impitoyablement son peuple en esclavage. 

Maintenant, j'espère que les hommes de France, réunis autour de 
la table du Congrès de la Paix, se montreront également impitoyables 
pour les brigands d’au delà du Rhin qu'ils ont battus. 

Votre bien sincèrement dévoué, 


- (signé) W. T. HorNapay. 
A Monsieur Edmond Perrier, 
Président de la Société nationale d’'Acclimatation de France. 


New York Zoological Park, New-York City, january 18 th. 1919. 


Cher Monsieur Perrier, 
C'est avec le plus grand plaisir que je recois votre lettre du 
8 novembre qui m’annonce l'honneur de ma nomination comme 


»2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIO D IMATATION 
102 TI SO TIONALE D’ACCLIMATATI 


Membre correspondant de la Société nationale d'Acclimatation de 
France, 

J'espère qu'à l'avenir j'aurai plus souvent l’occasion de m'entrete- 
nir avec vous et vos collègues distingués, car, comme vous, j'ai 
l'espoir de voir rapprocher encore plus la sympathie de la pensée 
de nos deux pays. 

Je vous prie d'exprimer de ma part aux membres de la Société 
mon appréciation de l’honneur qu'ils m'ont fait, et l'assurance de 
ma coopération la plus complète. 

Agréez, cher Monsieur Perrier, l’expression de mes sentiments les 


plus distingués, 
WaiLciam BERRE. 


Prix fondé par un membre 
de la Société qui désire garder l’anonyme. 


Un de nos collègues vient d'instituer, pendant une période de 
trois années, un prix annuel d’une valeur de 100 franes, qui 
sera décerné à l’auteur du meilleur mémoire sur un sujet 
dont le choix a été laissé au Conseil de la Société. 

Le Conseil s’est inspiré des considérations suivantes pour 
déterminer le sujet du concours pour l’année 419149 : 

« Avant la guerre, les Allemands avaient réussi à s'emparer 
du monopole presque exclusif du commerce des animaux et 
des plantes exotiques. 

« Les Mammifères, Oiseaux, Poisson. Reptiles et Insectes 
nee de l’Ancien et du Nouveau Monde, ainsi que les Plantes 
des régions tropicales et sub-tropicales, prenaient le chemin de 
l'Allemagne d’où ils étaient revendus au monde entier. Il 
importe que la France, en particulier, ainsi que nos Alliés qui 
possèdent de vastes domaines coloniaux, enlèvent aux Alle- 
mands ce monopole qui constitue une source de richesses con- 
sidérables. 

« En conséquence, le Conseil de la Société d’Acclimatation 
met au concours, pour l’année 1949, le sujet suivant : 

« Par quels moyens, la France et ses alliés peuvent-ils arriver 
à supplanter les Allemands dans la recherche, le transport et la 
vente des animaux et des plantes exotiques, tout en assurant la 
protection de la faune et de la flore des régions d’où les animaux 
et les plantes sont originaires ? » 

Les mémoires devront être déposés au Secrétariat de la 
Société avant le 1° novembre 1919. 


EXPOSÉ DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ 
depuis 1914 
PAR 


MAURICE LOYER 


SÉCRATAIRE GÉNÉRAL 


Présenter le tableau de l’état moral de notre Société depuis 
la précédente Assemblée générale, celle de 1913, c’est faire 
l’histoire de notre Société pendant la guerre et montrer ainsi 
que jamais nos efforts pour maintenir notre activité ne furent 
plus grands que durant cette longue période de plus de quatre 
années, au cours desquelles la France et ses Alliés soutinrent la 
plus terrible des guerres en combattant pour la liberté et la paix 
du Monde et réussirent enfin à briser à jamais les chaînes dont 
les empires germaniques prétendaient charger l'Humanité. 


L'année 1914 s’annoncait féconde en résultats heureux pour 
notre Société. Dès janvier, nous avions repris avec le Jardin 
d'Acclimatation les relations amicales trop longtemps inter- 
rompues. À la même époque, grâce à notre ferme attitude, 
nous avions réussi à déjouer les plans d’un « Comité d'Ornitho-. 
logie économique » qui émettait la prétention de protéger les 
Oiseaux sauvages tout en s’enrichissant de leurs dépouilles! 

Nôütre Déjeuner amical du 15 janvier 1914 avait été un succès 
tant par le nombre et la qualité des convives que par l’imprévu 
et la délicatesse du menu. 

La Distribution solennelle de nos Récompenses avait été 


honorée pour la première fois de la présence de M. le Prési- 


dent de la République. 

Enfin l’accueil favorable que la presse et le public parisiens 
avaient fait à la première Exposition d’Insectes vivants, d'Oi- 
seaux d'ornement et de Poissons d’aquarium, organisée en 
juin 1914 sous le patronage de la Société d’Acclimatation et 
qui avait attiré les visiteurs par milliers au Jardin du Boïs de 
Boulogne, tout nous autorisait à envisager avec confiance 
l'avenir qui s'ouvrait devant nous et nous encourageait à 
poursuivre l’œuvre à la fois scientifique et utilitaire de notre 
Société, 


104 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Mais à quelques semaines de là, alors que notre session 
venait de se clore, l'horizon s’assombrissait, l'orage s'élevait 
à l’est de nos frontières et bientôt la ruée des Barbares germa- 
niques venait submerger la Belgique et nos provinces de l'Est 
et du Nord de la France! 


Je n’ai pas à décrire ici les années tragiques que nous avons 
vécues depuis lors ; chacun de nous en a suivi les phases avec la 
même passion ; le même frisson patriotique nous a secoué aux 
nouvelles de nos victoires, la même angoisse a serré nos 


cœurs aux jours sombres de l'invasion et au cours des lultes 


formidables où nous savions que le sort de la patrie se 
décidait. 

Mais alors que nous ressentions, tous, ces mêmes émotions, 
beaucoup d'entre nous dont les fils, les frères, les amis étaient 
aux armées, connaissaient d’autres angoisses, d’autres tris- 
tesses et, je dois ajouter aussi, d’autres fiertés. 

Nos Bulletins ont, à maintes reprises, proclamé les noms 
de nos collègues, des fils et petits-fils de nos collègues qui ont 
pris une part glorieuse à la plus grande épopée de l’histoire du 
Monde et notre Société, en citant leurs hauts faits, a partagé 
l'orgueil légitime de leurs familles comme elle s’est associée 
à la douleur des pères, des mères et des épouses qu’une mort 
glorieuse mais cruelle venait atteindre dans ce qu'ils avaient 
de plus cher et briser à jamais les plus douces et les plus 
légitimes espérances! 

Nous nous sommes inclinés devant les nobles victimes de la 
barbarie germanique et, aujourd’hui encore, je pense répondre 
au désir de tous nos collègues, en rappelant, devant l’Assem- 
blée de 1919, les noms immortels de ceux qui, bravement, ont 
donné leur existence pour la défense de la Patrie et la victoire 


du Droit et de la Liberté. Fe 


La liste en est longue, elle contient 29 noms (1), ce sont ceux 
de : 
MM. 
André VUILLET, tué à l'ennemi en 1914. 
Raymond MorGan, tué à l'ennemi en 1914. 
(1) Cette liste devant figurer sur un tableau, nous prions les familles de 


bien vouloir compléter les renseignements dont nous disposons en nous 
indiquant le prénom, les dates de la naissance et de la mort, et, si possible, 


celle du combat où fut tué celui qu'elles ont perdu et de rectifier, au besoin, 


les notes que nous possédons déjà. N-/D'2E7%R 


PESTE 


EXPOSÉ DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ 105 


GARRETA, tué à l'ennemi en 1914. ° 

Georges SEGRESTAT-ESCANDE, tué à l’ennemi, le 20 août 1914. 

Le prince Ernest d'ARENBERG, sergent d'infanterie, blessé 
grièvement au cours des combats d'août 1914, décédé des 
suites de ses blessures, en septembre 1914. 

André Marcxaz, soldat au 51° d'infanterie, fils de notre col- 
lègue le professeur Paul Marchal, membre de l'Institut, tué au 
combat de Villers-la-Loue, en août 1914. 

Louis JANET, caporal au 51° d'infanterie, fils de notre collègue 
M. Janet, tué à l'ennemi Le 10 septembre 1914. 

Le capitaine Alberic Vaizranr, fils de notre collègue, aujour- 
d'hui décédé, le professeur Vaillant, vice-président honoraire 
de notre Société. 

René CosTanTIN, soldat au 45° d'infanterie, fils de notre 
collègue, M. le professeur Costantin, membre de l'Institut, 
tombé au combat de Marnetz (Somme), le 18 décembre 1914, 
à l’âge de 24 ans. 

Marcel Hu, lieutenant au 25° d'artillerie, fils de notre col- 
lègue, M. Henri Hua, secrétaire du conseil de notre Société, 
tombé à Villers-les-Chênes, le 25 août 1915. 

Henri ACHALME, aspirant au 148° d'infanterie, fils de notre 
collègue le D' Achalme, tué le 16 juin 1915 au combat de 
Quennevières (Somme) à l'âge de 21 ans. 

Jean d'HÉBRARD de SAINT-SULPICE, sous-lieutenant au 
53° bataillon de chasseurs alpins, fils de notre collègue, 
M. Fernand d'Hébrard de Saint-Sulpice, tombé le 18 juin 1915, 
à l’âge de 20 ans. 

Paul FERRAND, caporal-infirmier au 176° d'infanterie (armée 
d'Orient), petit-fils de notre collègue M. Elie Ferrand, mort le 
15 décembre 1915 des suites de ses blessures, dans sa 
23° année. 

Marcel BLancuer, lieutenant au 14° d'infanterie, tué à l'ennemi 
le 11 novembre 1914. 

PREvOTAT, fils de notre collègue M. Louis Prévotat, disparu 
au cours des combats de septembre 1914. 

Louis GATIN, lieutenant au régiment de marche de zouaves 
et de tirailleurs, tombé le 16 février 1916, dans la région de 
Verdun. 

Louis-Marie-Joachim-Napoléon MuRrAT, maréchal-des-logis 
de cuirassiers à pied, fils de notre collègue le prince Murat, 
tué à l’ennemi au Bois-Crépey (Somme), le 24 août 1916. 


106 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Henri DeLcacour, soldat au 72° d'infanterie, fils de notre 
collègue, M®° Théodore Delacour, tué aux Eparges, le 26 avril 
1916, à l'âge de 34 ans. 

Loucugr, sous-lieutenant d'infanterie, tué à Bouchavesnes 
le 20 septembre 1916, fils de notre collègue M. Louchet,. 

Louis DÉRIARD, canonnier-conducteur d'artillerie lourde, tué à 
Maurepas (Somme), le 10 octobre 1916, à l’âge de 20 ans, fils de 
notre collègue M. À. Dériard (de Lyon). 

Robert de BeaucuaAwPp, capitaine au 5° groupe du 86° d’artil- 
lerie, tué à l'ennemi, le 12 mai 1917, fils de notre collègue le 
commandant de Beauchamp. : 

Robert de BUYER DE MiMEURE, lieutenant au 405° d'infanterie, 
tombé, Le 20 août 1917, au bois d'Avocourt, fils de notre col- 
lègue M*° la Comtesse de Buyer de Mimeure et petit-neveu de 
notre regretté collègue, M. Magaud d’Aubusson. 

Jacques de Vismes, capitaine au 146° d'infanterie, tombé à 
Douaumont, le 2 mars 1916, à l’âge de 25 ans, et Pierre de 
Vismes, adjudant au 127° d'infanterie, tué à l'ennemi à Maure- 
pas (Somme), le 3 septembre 1916, à l’âge de 22 ans. 

Ils étaient tous deux les fils de notre collègue M®° de Vismes 
de Wegmann. 

Le D' Pierre VINCENT, médecin chef au 233° d'infanterie, 
tué à l'ennemi, Le 5 septembre 1918. 

André JANET, capitaine aviateur, tué sur le front de l'Est, le 
30 mai 1918, fils de notre collègue M. Charles Janet. 

Quentin ROoSEvELT, capitaine aviateur américain, fils de 
l’ancien Président de la République des Etats-Unis, membre 
honoraire de la Société, tombé au-dessus des forêts de Château- 
Thierry, le 14 juillet 1948. k 

Albert Ricuer, lieutenant aviateur, fils de notre collègue le 
professeur Charles Richet, tué dans un combat aérien au-dessus 
d'Anizy, le 29 août 1918. 

Oscar Fanyau, mort en 1916 des suites des mauvais traite- 
ments que lui infligèrent les Allemands alors qu'ils l’'emme- 
naient en captivité. 


Mais ce n'était pas assez que de proclamer dans nos Bulletins 
la liste glorieuse de nos morts, il fallait que leur souvenir 
demeurât toujours parmi nous. Aussi avons-nous voulu le 
perpétuer en décidant, le 27 mai 1915, que leurs noms seraient 
inscrits sur les murs de la salle de nos séances. Ce sera 


EXPOSÉ DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ 107 


l'hommage reconnaissant de notre Société aux héros dont elle 
entend pieusement conserver la mémoire. 


Dès novembre 1914, lors de la reprise de nos travaux pour 


la session de 1914-1915, malgré les vides nombreux que la 


mobilisation, l'envahissement de nos provinces du Nord et de 
l'Est avaient creusés dans nos rangs, ceux d’entre nous que leur 
âge ou l'état de leur santé avaient dispensé du service mili- 
taire avaient décidé de continuer à tenir nos séances, publier 
notre Bulletin, et travailler, avec plus d'énergie peut-être 
encore, pour notre pays, tout en réduisant dans la mesure 
reconnue nécessaire le nombre de ces séances et de ces Bul- 
letins. 

C'est alors qu'il fut décidé que les Sections, tout en étant 
maintenues, auraient leurs réunions hebdomadaires transfor- 
mées en séances générales bi-mensuelles et que notre Bulletin 
ne paraitrait plus qu’une fois par mois. 

Ces modifications eurent, en ce qui concerne nos séances, 
d'heureux résultats, puisque nous avons vu, depuis ce jour, 
augmenter d’une facon sensible le nombre de nos collègues 
venant assister assidûment à nos séances générales dont les 
ordres du jour, portant sur les sujets les plus divers de la 
Zoologie et de la Botanique appliquées, ont paru présenter 
plus d'intérêt que la spécialisation dans les séances de sections. 

Nos Bulletins n’ont pas encore repris leur publication bi- 
mensuelle, mais lorsque la période de transition nécessaire 
entre l’état de guerre et la paix générale sera écoulée, nous ne 
doutons pas que, grâce à l'effort de tous, à l'abondance des . 
travaux qui nous sont présentés, nous ne puissions leur donner 


une importance plus considérable encore que celle qu'ils 


avaient avant la guerre, digne en tous points de ceux qui ont 
contribué à en faire un organe d’application scientifique de 
premier ordre. 


L’attitude patriotique de notre Société ne s'est pas démentie 
un seul instant durant la guerre. 

Le 19 novembre 1914, en réponse au Manifeste des intel- 
lectuels allemands, nous publiions dans notre Bulletin une 
protestation énergique contre les crimes germaniques et nous 
décidions la radiation immédiate de tous les Allemands et 
Autrichiens, membres de la Société. 


108 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Pareille mesure était prise un an après, le 18 novembre 1945, 
contre les Bulgares, et comme l’un d'eux, non des moindres, 
le tsar de Bulgarie, nous avait, jadis, remis en don la somme 
de 4.000 francs, nous décidâmes de ne point garder l'argent de 
notre ennemi et de l'offrir à celui de nos alliés qui souffrait le 
plus de la cruauté bulgare. Une délégation s’en fut remettre à 
M. Vesnitch, ministre de Serbie à Paris, le don qui nous 
avait été fait par Ferdinand I‘ afin de le consacrer à soulager 
la misère des enfants serbes que l’envahisseur bulgare avait 
jetés brutalement, après des souffrances inouïes, hors de leur 
pays. 

Ainsi ceux d’entre nous qui demeuraient à l'arrière ont-ils 
toujours agi en parfaite communion d'idées avec ceux qui 
combattaient sur le front. 


La guerre, avons-nous dit, n'avait pas modifié nos habitudes 
de travail, et, conscients de l'importance de notre action, nous 
n'avons cessé de mettre au service du pays le résultat de nos 
observations et de nos recherches. Malgré leur âge, l’état de 
leur santé, les soucis de toutes sortes qui les assaillaient, leurs 
occupations en dehors de la Société, tous nos collègues, tous 
les collaborateurs de notre Bulletin ont tenu à honneur, 
non seulement de nous conserver leur aide précieuse, mais 
encore d'’intensifier leur travail et leur production. Beaucoup 
d'entre eux sont morts avant d’avoir vu le succès de nos armes, 
mais c'est du moins avec la certitude de notre triomphe qu'ils 
se sont éteints. Parmi eux figurent trois de nos vice-présidents, 
MM. Raveret-Wattel, de Pontbriand et Maurice de Vilmorin 
et le président de notre section DOLnPAOIOE M. Magaud 
d’Aubusson. 


L'année 1917 mit notre Société en possession du Jardin alpin 
d'Édouard Coëz, ainsi que d'une rente de 2.500 francs que, 
généreusement, la mère de notre regretlé collègue mettait à 
notre disposition pour contribuer à l’entretien et à l'améliora- 
tion de l’œuvre fondée par son fils. 

C’est également au cours de cette année que, sur les se 
vations de nombreux collègues regrettant que notre Siège 
social, situé 33 rue de Bufton, fût si sommaire, si peu en 
rapport avec l'importance de notre Société, et si éloigné da 
centre de Paris, nous résolûmes de nous transporter dans le 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 109 


nouveau local où nous sommes réunis aujourd'hui. La loca- 
tion, l'installation et l'aménagement de l’appartement du bou- 
levard Samt-Germain furent faits grâce aux souscriptions de 
collègues, à la générosité desquels je dois rendre un public hom- 
mage. Notre bibliothèque, enrichie par les dons de MM. Raveret- 
Wattel et Magaud d’Aubusson, est aujourd'hui installée. Sans 
être somplueu;, notre nouveau Siège social est digne de 
recevoir nos nombreux collègues et amis; il est assez vaste 
pour en contenir un plus grand nombre encore, et nous 
ne doutons pas que l’année présente, celle de la paix glo- 
rieuse, ne nous attire, en grand nombre, des adhésions nou- 
velles, sans lesquelles les efforts que nous avons faits, durant 
ces cinq années, demeureraient superflus. 

Nous avons été, et nous sommes encore une grande Société; 
notre histoire est longue de 67 années déjà, nous avons passé, 
sans défaillance, les quatre années terribles de la guerre 
mondiale; il dépend de nous tous, aujourd’hui, qu'elle soit plus 
brillante encore si nous joignons tous nos efforts pour assurer, 
avec notre prospérité, celle de la Patrie. 


EXTRAITS DES PROCÈS - VERBAUX 
DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ 


 SÉANCE GÉNÉRALE DU 13 JANVIER 1919 


Présidence de M. D. Bois, Vice-Président de la Société. 


M. le président souhaite la bienvenue à M. Mouquet, vétéri- 
naire, assistant au Muséum, qui est présent pour la première 
fois à nos séances. 

Il salue également le sous-lieutenant Girard, qui vient de 
gagner glorieusement, au cours de cette guerre, la croix de la 
Légion d'honneur et la croix de guerre avec une palme et trois 
étoiles. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 


110 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


GÉNÉRALITÉS. 


La Société a à déplorer la perte de plusieurs de ses membres : 

M. Bosquillon de Jenlis, à Amiens (Somme), membre à vie 
de la Société depuis 1876. 

M. le D' Édouard Bureau, professeur au Muséum d'histoire 
naturelle, ancien vice-président de la Société. 

M. Raoul Hervineau, à Fontenay-le-Comte | Vendée), membre 
-à vie depuis 1889. Enfin, M. Théodore Roosevelt, ancien prési- 
dent de la République des États-Unis d'Amérique, membre 
honoraire de la Société, et M. Théodore Riant, membre à vie 
depuis 1876. 


ADMISSION DE NOUVEAUX MEMBRES. 


Le Conseil de la Société a admis dans la séance du 8 jan- 
vier 1919 les membres nouveaux dont les noms suivent : 

MM. BRUGEROLLE (Léopold), propriétaire, 76, rue Blanche, à 
Paris (IX°), présenté par MM. Ed. Perrier, Ch. Debreuil et 
M. Loyer; 

DESPLANQUES (Charles), notaire, 19, rue de Presbourg, à 
Paris (VIIL:), présenté par MM. Ed. Perrier, J. Delacour et 
Ch. Debreuil ; 

D'ÉPRÉMESNIL (comte Jacques), 36, avenue Hoche, à Paris 
-(NIII:), présenté par MM. Ed. Perrier, P. A.-Pichot et Ch. 
Debreuil. 

SENN (Olivier), de la Compagnie cotonnière, au Havre 
(Seine-Inférieure), présenté par MM. Ed. Perrier, Ch. Debreuil 
et R. Le Fort. 


La « National War Garden Commission » de Washington 
(E. U.), nous adresse des affiches en couleur, qui sont distri- 
buées en séance. à 


M. A. Chevalier, président de la section de Colonisation, a été 
nommé directeur de l’Institut scientifique de Saïgon, qui vient 
d'être fondé et qui a pour but de centraliser et d'entreprendre 
des recherches sur la flore et la faune de l'Indo-Chine, ainsi 
que sur les applications de la science à l’agriculture, les mala- 
dies des plantes, etc. Notre président M. Edmond Perrier fait 
partie de la Commission de contrôle de l'exploration scienti- 
fique en Indo-Chine. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 114 


Nous félicitons vivement notre collègue M. À. Chevalier dont 
la haute compétence et l'énergie sont un sûr garant de succès 
pour l’heureuse initiative de M. le gouverneur général, Sarraut, 


M. le D' Rochon-Duvigneaud, ophtalmologiste de l'hôpital 
Laënnec, adresse différentes brochures extraites des Annales 
de l’oculistique et, entre autres, un certain nombre d’exem- 
plaires donnant la technique de l’énucléation des différents 
yeux, de leur fixation, etc. M. Rochon-Duvigneaud demande 
que les membres de la Société d’Acclimatation veuillent bien 
l'aider dans ses travaux, en lui adressant leurs observations 
sur l’acuité comparée de la vision, de l’ouïe et de l’odorat chez 
les animaux; il désire non des opinions, ni des théories, mais 
des faits. Il prie également ceux de nos collègues qui font de 
l'élevage de lui fournir, à l’occasion, des pièces anatomiques, 
en s'inspirant des méthodes indiquées dans sa brochure sur 
l’'énucléation. Cette brochure sera adressée sur demande. | 


M. Poisson fait une communication sur un nouvel antisep- 
tique pouvant suppléer l'alcool dans les préparations d'histoire 
_ naturelle. Il s’agit de l'acide salicylique. 

Il faut remarquer à ce propos que certaines personnes out 
employé l'acide salicylique comme un préservateur dans toutes 
sortes de préparations, même dans les confitures. En ce qui 
concerne les produits alimentaires il faut déconseiller ce pro- 
cédé dangereux. 


M. Piédallu nous entretient de l’utilisation des déchets de la 
maison, entre autres du mâchefer. Notre collègue indique un 
procédé de fabrication de briquettes avec du poussier de 
charbon de terre. 


M. Mouquet signale que dans le nord de la France des bri- 
quetiers ambulants font des briquettes en agglomérant avec 
de la marne le poussier restant après les livraisons de charbon 
dans les maisons. À propos d'économie, il cite le cas d’un 
vétérinaire militaire qui nourrissait ingénieusement et pour 
rien ses Chevaux avec du «*rumen » séché provenant de l’es- 
tomac d'animaux tués. 


MAMMALOGIE. 


M. Debreuil donne lecture d'une note de M. L. Rousseau 
sur le Renard en captivité. Notre collègue nous donne dans son 


A12 BULLETIN DE LA SOCIÉIÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


travail l'impression agréable de nous trouver en face du vrai 
acclimateur s'intéressant lui-même et avec ardeur à l'animal 
dont il étudie la vie. L'élevage du Renard est facile, l’animal 
étant rustique; sa nourriture n’est pas compliquée car il est à 
peu près omnivore. M. Rousseau préconise cet élevage et le 
croisement du Renard avec le Chien. Reste à savoir de quel 
intérêt pratique serait ce croisement? Notre collègue 
M. Mailles fait remarquer que jamais on n’a obtenu d’accou- 
plement de Renard avec Chien. M. Debreuil pense que la four- 
rure ne présenterait pas suffisamment de valeur pour faire les 
frais de l'élevage. M. Pierre Crepin constate que le Renard a 
une odeur qui empêchera sa domestication en appartement. 
Pourquoi d’ailleurs ne pas s'occuper plutôt de cet autre 
Renard, le Fennec, qui n’a pas les inconvénients de notre 
Renard de France et qui a d’autres qualités beaucoup plus 
appréciables. Le Fennec n’a pas d'odeur et sa fourrure par- 
semée de poils d'argent est beaucoup plus belle que celle du 
Renard ordinaire. La note de M. Rousseau paraîtra au Bul- 
letin. 
ORNITHOLOGIE. 


M. le Secrétaire général donne lecture d’une lettre de 
M. Labbe, de Tunis. Notre collègue n’a pu mettre que très peu 
d'œufs de Faisans en incubation cette année à cause de la 
difficulté de trouver de la nourriture pour les jeunes. Il a réussi 
l'élevage de 20 sujets. Parmi ceux-ci, les quatre Faisandeaux 
vénérés étaient des femelles. Dans cette dernière espèce les 
Poules ont toujours été en surnombre : en 1917 et en 1918, 
notre collègue a obtenu 3 Coqs et 12 Poules. M. Labbe nous 
parle de l'indifférence qu'il rencontre en Tunisie en matière 
d'élevage. On admire ses Faisans, certes, mais si certains en 
acceptent en don, ils semblent encore faire une grâce au dona- 
teur. Pour finir, les animaux meurent faute de soins intelli- 
génts. Pour les œufs, résultats aussi pitoyables. « Je mets 
couver 25 œufs et j’élève 20 sujets; je donne 100 ou 150 œufs, 
pas un ne réussit », écrit notre collègue. Une Poule vénérée 
de 1915 a pondu à peu près 60 œufs en 1917 et 64 en 1918. Ce 
sont les Vénérés qui s'élèvent le mieux chez notre collègue. 
M. Labbe ajoute qu'il espère pouvoir procurer. à la Société 
quelques Fennecs. 


M. A. Boutiller nous écrit de l'Yonne que les Oiseaux qu'il 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 113 


avait confiés à un ami quand il s’est engagé viennent de périr 
dans un incendie, au moment où il se disposait à les réinstal- 
ler dans ses volières. IL est arrivé pour les voir mourir presque 
tous asphyxiés : Mésanges de Sibérie, Mésanges azurées, 
Sitelles, l'Oiseau papillon, l'Epeichette, les Donacoles, aucun 
n'a pu être sauvé. Nous espérons que notre collègue ne se 
laissera pas décourager et reconstituera bientôt ses intéres- 
santes collections. 


On préconise beaucoup, en ce moment-ci, l'élevage des Pin- 
tades. Ces Oiseaux, dont la ponte est abondante, cachent 
volontiers leurs œufs loin des habitations. À ce propos un de 
nos collègues, M. À. Chappellier, nous signale que chez lui, on 
a trouvé, un jour, en fauchant du blé, un nid de Pintade conte- 
nant cent lrente œufs. Sur cette agglomération une Piece 
couvait, installée dans un coin. 


BOTANIQUE. 


M. Bois dépose sur le bureau, pour la bibliothèque, une bro- 
chure dontil est l’auteur sur le Water Core (pommes vitreuses) 
et le Bitter Pitt (taches amères) des Pommes. : 


Notre coliègue, M. Morel. qui espère pouvoir relourner dans 
sa propriété de Beyrouth que la guerre a épargnée, nous envoie 
un lot de graines à distribuer entre les membres de la Société. 


Le Secrélaire des séances adjoint, 


PIERRE CREPIN. 


3 


\ 


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 20 JANVIER 1919 


Présidence de M. D. Bois, Vice-Président de la Société. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 


Le Secrétaire général présente l’exposé des travaux de la 
Société depuis 1913. Ceux de nos collègues que leur âge et leur 
état de santé ont tenus éloignés des armées ont maintenu notre 
activité. Des séances générales, bi-mensuelles, ont remplacé 
les séances de sections et le Bulletin a continué de paraitre. 


11% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


Malgré les difficultés, le transfert du siège social a été opéré. 
Après avoir retracé à grands traits l’œuvre accomplie pendant 
la guerre, M. Loyer salue, avec émotion, ceux des nôtres 
tombés glorieusement, nombreux, hélas ! au Champ d’hon- 
neur. Le rapport du Secrétaire général paraîtra au Bulletin 

Le Trésorier présente l'état des finances de la Société pen- 
dant la période 1914-1918. 

Les dépenses ont été considérablement augmentées par le 
_ changement du siège social etles frais d'aménagement des nou- 
veaux locaux. L'impression du Bulletin, en raison de la cherté de 
la main-d'œuvre et de la crise du papier, a été aussi une lourde 
charge. Le budget a pu, néanmoins, être équilibré, tant parles : 
recettes ordinaires provenant des cotisations, des revenus des 
valeurs et des subventions ministérielles, que par la souscrip- 
tion des Bons de participation et les dons. 

Les comptes du Trésorier sont approuvés par l'Assemblée, 
ainsi que le projet de budget pour 1949, sous la réserve, pré- 
sentée par M. Le Fort, que l'excédent de dépenses occasionné 
par l'agrandissement du siège social sera couvert au moyen 
des Bons de participation. 


MAMMALOGIE. 


M. P. A.-Pichot adresse une note sur « les Immersions de 
l'Hippopotame ». La communication de M. Pichot sera publiée 
dans le Bulletin. 


ORNITHOLOGIE. 


M. Debreuil lit un travail de M. le D’ Cathelin sur le sujet 
suivant: « Le Nid de l'Oiseau répond-il aux lois de Lamarck et 
de Darwin? » Notre collègue étudie la fixité du nid dans le 
temps, le mimétisme des nids, les variations et phénomènes 
d'adaptation et conclut que l’architecture des nids répond aux 
lois de la doctrine évolutionniste. La communication de 
M. Cathelin, extraite d’un livre à paraître après la guerre, sera 
publiée au Bulletin. 

À propos de ce travail, M. Jules de Guerne entre dans 
quelques détails sur les études du grand zoologiste anglais 
Alfred Russel Wallace, sur les Nids des Oiseaux, que le D’ Cathe- 
lin a citées. La première, intitulée : Philosophie des nids d’Oi- 
seaux, a paru en 1667 dans l'/ntellectual Observer; la seconde; 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 415 


Théorie des nids d'Oiseaux, dans le Journal of Travel and 
Natural history. L'une et l’autre ont été réimprimées depuis 
avec des additions considérables de l’auteur et c’est sous cette 
forme nouvelle qu’elles ont été traduites en français par Lucien 
de Candolle et ont pris place dans le volume édité à Paris 
en 4872 sous le titre : La Sélection nalurelle. 

Le sommaire de l'essai sur la Philosophie des nids d'Oiseaux 
suffit à montrer que nombre des intéressantes questions élu- 
diées par le D' Cathelin sont abordées, sinon résolues par 
Wallace : < 

« La construction des nids est-elle.un effet de l'instinct ou 
de la raison? — L'Homme construit-il par raison ou par imita- 
tion? — Pourquoi chaque Oiseau construit-il une espèce par- 
ticulière de nid? — Comment les jeunes Oiseaux apprennent à 
construire leurs premiers nids. — Les Oiseaux chantent-ils par 
instinct ou. par imitation? — De quelle façon les jeunes Oiseaux 
peuvent apprendre à construire leurs nids. — Que les œuvres 
de l'Homme sont surtout imitatives. — Que les Oiseaux chan- 
gent et améliorent leurs nids lorsque des conditions nouvelles 
l'exigent. — Conclusion. » 

Dans la Théorie des nids d'Oiseaux, Wallace s'attache surtout 
à montrer la relation de certaines différences de couleur chez 
les femelles avec le mode de nidification. 

M. Jules de Guerne parie également des recherches faites à 
Rouen sur les nids d'Hirondelle, par le naturaliste français, 
F.-A. Pouchet (le père de Georges Pouchet qui fut l’un des pré- 
_ décesseurs du Président de la Société d’Acclimatation dans la 
chaire d'Anatomie comparée au Muséum). Les études de 
F.-A. Pouchet offrent cet intérêt particulier qu'elles s'étendent 
sur une période d'environ cinquante ans au cours de laquelle 
la constructioñ des nids d’Airundo urbica s’est modifiée dans 
la forme et l’arrangement. 

Les nids modifiés dans un sens indubitable de perfectionne- 
ment provenaient des quartiers neufs de Rouen, tandis que 
ceux de forme ancienne conservés au musée de la ville avaient 
été recueillis sans exception dans de vieilles constructions, y 
compris des monuments historiques. En examinant à nouveau 
les églises et d’autres vieux bâtiments ainsi que des rochers 
habités par les Hirondelles, F.-A. Pouchet y trouva beaucoup 
de nids du type ancien mêlés à un petit nombre de ceux du 
modèle amélioré. D'autre part, les dessins et les descriplions 


116 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


publiés par les anciens naturalistes se rapportent tous à la 
forme primitive. 

Les intéressantes observations de F.-A. Pouchet ont paru 
dans les Comples rendus de l'Académie des Sciences de 1870. 


BOTANIQUE. 


M. Roberlson-Proschowsky envoie les graines suivantes à 
distribuer : 

1° Bulia capitata variété pupose (Cocos pulposa Barbosa 
Rodriguez) Beccari. 

2° Piltosporum floribundum Wight et Arnolt. 


COLONISATION. 


Notre collègue Mgr Lemaitre, vicaire apostolique du Sahara 
et du Soudan français, nous entretient de différentes questions 
d’acclimatation dans l'Afrique Occidentale française. Des Jar- 
dins d'essai ont été fondés à Koulikoro et à Koufera; malheu- 
reusement ils sont restés, jusqu’à l’époque actuelle, cantonnés, 
dans des expériences trop théoriques. Au ministère des Colonies 
on a senti le besoin de faire mieux ; et, récemment, le Jardin 
de Koulikoro a recu l’ordre de mettre à la disposition 
des Pères blancs 70.000 pieds de Sisal (Agave rigida Miller, 
var. Sisalana). 

Il y aurait aussi beaucoup à tirer de la laine des Moutons 
du Macina ; les religieuses francaises donnent l'exemple en fai- 
sant des tapis avec cette laine. 

Enfin la grosse question du portage serait élégamment 
résolue si l’on faisait sur une échelle suffisante l'élevage du 
Mulet du pays dont la rusticité s’accommode du climat. 

Le porteur coûte 1 franc par jour et fait 25 kilomètres ; le 
Mulet portera vingt charges de porteur (soit 500 kilogrammes), 
fera 50 kilomètres au lieu de %5 et coûtera 0 fr. 25 par jour à 
nourrir. Le portage est d’ailleurs un procédé barbare employé, 
en outre, à la seule époque de l’année où il y a de l’eau, donc 
pendant laquelle les indigènes peuvent faire de la culture. 

Un vœu sera présenté par la Société d’Acclimatation pour 
que l'élevage du Mulet soit favorisé au Soudan. 


Pendant le cours de la séance a lieu le dépouillement du 
scrutin effectué par MM. A. Chappellier et Le Fort. 


DE, 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 


Le résultat des élections pour 1919 à été le suivant : 


Nombre de votants . . . . 229 
Bulletin: nuls etre 1 
Nombre réel . 


Ho] 
1 
O0 


Sont élus : 
Président : 


M.Edmond Perrier, membre de l’Institut et de l’Académie 
de médecine, directeur du Muséum d'Histoire natu- 
TELE SVT OR SNS A 


Vice-présidents : 


MM. D. Bois, assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 


sortant . . . RAR RTE ces Pi Aa 
le prince Pierre nai nes DÉÉETR E" 220 
le D' Chauveau, sénateur de la Côte- a Or 222 


Secrétaire général : 
MÉMAMECe POYer SOrIONT 22 2 Lie de + 4 200 
Vice-Secrétaires : 


x 


MM.H. Hua, directeur-adjoint à l'École des Hautes- 


Études (Conseil), sortant : . . ... . . . . . . . 226 
Joseph @Grepin, (Séances), sortant. … . 5... . . . 295 
tepébremb intérieur), SO7Éant 1.01. 0 20h 
JP peleour(Biranger):. 2. 4... 2. 4: . 290 


Trésorier : 
Me DSSebHHoite, Sorant oi, LEP so I I0 01.998 
Archiviste-bibliothécaire : 
M. L. Capitaine, docteur ès sciences . . . . ...… . : 298 


Membres du Conseil : 


MMM DEPEbBEMCe, SOTÉANT. 0 0 Ed 0.0. aRl 
Mailles, sortant . . . . . 226 
le D' Trouessart, SHC 6 au cn d’ Hoie 

naturelle, sortant. EYE 224 
L. Roule, a au Muséum d Hroore salle 2271 
l'abbé Foucher. DRE à 225 
PACA 2. SRE 224 
P. Kestner, SÉSNTEn He à Société de tre Hire 

strielle . CPE de ND A nee LME A à 
1, 1e. PONT POS RE er 


117 


VOIX. 


voix. 


Voix. 


Voix. 


Le Secrétaire des Séances adjoint, 


PIERRE CREPIN. 


118 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 3 FÉVRIER 1919 


Présidence de M. D. Bois, Vice-Président de la Société. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. : 


DÉCES. 


Nous avons le profond regret d'apprendre la mort de notre 
président honoraire, M. Albert Geoffroy-Saint-Hilaire, fils du 
fondateur de notre Société, qui vient de mourir à Dijon. Nous 
adressons à sa famille et à son fils, notre collègue, 
Henri Geoffroy-Saint-Hilaire, nos respectueuses condoléances. 


Les journaux annoncent que quatre grands-ducs viennent 
d’être assassinés dans les prisons de Pétrograd. Parmi eux 
serait le grand-duc Nicolas Michaïlovitch, membre honoraire 
de la Société. Notre collègue était un historien de grande 
valeur, ne s'occupant nullement de politique. Nous voulons 
espérer, encore, que la nouvelle de cet acte, qui serait odieux, 
sera bientôt démentie. 


Nous avons, également, appris avec tristesse le décès de 
M. J. Künckel d'Herculais, l’entomologiste bien connu, qui 


avait donné à la Société de remarquables travaux sur les 


Criquets et dont l'expérience dans la lutte contre ces Acridiens 
nous était si précieuse. 


NOMINATION. 


Notre collègue, M. A. Fauchère, inspecteur général des 
Services Agricoles et Forestiers de Madagascar, vient d'être 
nommé chevalier de la Légion d'Honneur. 


GÉNÉRALITÉS. 
M. de Sainville nous informe que son élevage de Lamas, 
dans le Loiret, prospère, mais qu'il a perdu une partie de ses 
Nandous. Il possède encore des Lophophores, des Faisans de 


Horsfield, Lineatus, des Paons blancs et des Phénix ; il a, 
également, conservé des Poules de la race « Gaulois doré ». 


: 41 


EXTRAITS DES PROUÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ A19 


Notre collègue signale les Autruches de l'élevage de 
M. Lojacono, de Palerme, la plupart iSsues d’un croisement 
d'Autruche d’Abyssinie et d'Autruche du Cap, qui seraient à 
vendre. | 
_ M. de Sainville, qui, en hiver, habite l’île Sainte-Marguerile, 
en face de Cannes, cherche à créer, dans l’île, ce qu'il appelle 
un Jardin rustique ; malheureusement, les Lapins et surtout 
- les Rats très nombreux de la forêt, où ils se nourrissent princi- 
palement des cônes du Pinus halepensis, causent de grands 
dommages à ses plantations, en coupant ses greffons et en 
mangeant les bourgeons des Figuiers. : 


MAMMALOGIE. 


M. Mouquet, à propos d'observations recueillies à la 
Ménagerie du Muséum, sur les gestations d'une femelle 
d'Hippopotame, fait une communication sur l'influence de 
l'alimentation sur la reproduction chez les animaux captifs. 
Il insiste sur l'importance de la qualité chimique de l’alimen- 
tation. Il termine en émettant l'hypothèse que, chez les 
Insectes, les femelles qui mangent leur mâle obéissent à une 
nécessité absolue, qui leur fait rechercher des matériaux 
assimilables rapidement et dont elles ont un besoin urgent. 
La communication de notre collègue sera reproduite au 
Bulletin. 


M. A. Piédallu nous entretient de l’utilisation des déchets 
animaux dans l'alimentation et dans l’industrie. Il s'élève, 
avec force, contre le gaspillage, dans les campagnes, des. 
résidus de boucherie et des produits d'équarrissage. Il indique 
les moyens pratiques de les employer et demande que les gens 
avertis, comme les membres de la Société d’Acclimatation, 
éduquent leurs fermiers et leurs employés et leur enseignent 
cette économie de la vie courante, qui contribue, si puis- 


_ samment, à la richesse nationale. La communication de 


M. Piédallu paraîtra au Bulletin. 


ORNITHOLOGIE. 


Notre collègue, M. le prince Murat, écrit de Chambly (Oise) : 
L'acclimatation des Nandous en France est prouvée. Les 
miens vivent à l'état libre, depuis près de dix ans, dans mon 


s 


120 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


parc, hiver comme élé, et se reproduisent en grand nombre ; 
pendant la guerre j'ai été obligé d’en détruire. 


M. Labbe (de Tunis) donne des renseignements sur son 
élevage de Faisans, qui est très prospère. Les Faisans, dit-il, 
sont plus faciles à élever, ici, que des volailles de race ; leur 


plus grand ennemi est le Chat, contre lequel il est difficile de 


se défendre. Une Poule vénérée lui a donné, l’année dernière, 
64 œufs. Malheureusement, il ne rencontre autour de lui 
qu'indifférence et, malgré ses dons en œufs et en Oiseaux, 
l'élevage du Faisan est loin de se développer. Les Insectes 
parasites, qui avaient, un moment, compromis ses élevages, et 
contre lesquels il luttait, en vain, ont si complètement disparu, 
qu'il n’en trouve même plus un exemplaire pour nous 
l'envoyer à déterminer. 

Quand les transports seront possibles, notre collègue mettra 
à la disposition des membres de la Société des Faisans de 
lady Amherst, versicolores et vénérés. 


Les ennemis des petits Oiseaux, dit M. Rollinat, ont dü 
beaucoup se multiplier pendant la guerre, car, autour 
d’Argenton-sur-Creuse, les bandes de Fringilles sont beaucoup 


moins fortes qu'il y a cinq ou six ans. Pinsons, Linottes, 


Verdiers, etc., sont en diminution. 


L'International Association of Poultrÿ Instructors and 
Investigators, fondée en 1912 (voir Bulletin, n° 2, janvier 1913), 
qui a son siège à Londres, nous informe qu elle reprend ses 
travaux et que des séances auront lieu au mois de mars 
prochain, afin de discuter la reconstitution des élevages de 
volailles, qui ont tant souffert de la guerre. Elle demande à la 
Société d’Acclimatation d'envoyer des délégués. Nos collègues 
MM. Magaud d’Aubusson, Pichot et Loisel, avaient représenté 
la Société en 1912. M. Magaud d’Aubusson étant mort et 
MM. Pichot et Loisel se trouvant empêchés, MM. Jean Delacour 
et Charles Voitellier. seront désignés pour les remplacer. 
Les Allemands ont été rayés de cette Association. 


ENTOMOLOGIE. 


Au sujet des mœurs nuptiales de certains Insectes, aux- 
quelles M. Mouquet vient de faire allusion dans sa communi- 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ A21 


cation, M. le comte Delamarre fait connaître le résultat d’expé- 
riences quil à faites à Troussay, en entretenant, en captivité, 
des Carabes dorés (Carabus auratus), mâles et femelles. Les 
mâles étaient très ardents et ne semblaient vivre que pour 
manger, dormir et s’accoupler. Ils étaient nourris de Vers et 
de Chenilles, et, quoique très voraces, ne s’attaquaient pas 
entre eux. L’auteur pensait voir se reproduire ce qui avait 
caractérisé les expériences de Fabre, et s'attendait à trouver 
les mâles successivement dévorés et « vidés » par les femelles; 
mais la ponte se produisit, après d'innombrables accoupie- 
ments, sans que ce résultat fût obtenu. Il eut, alors, l’idée de 
mesurer plus parcimonieusement la nourriture à ses prison- 
niers, pour que la faim pût exciter les « féroces commères » 
à se payer un morceau de choix en la personne de leurs 
conjoints. Or, les Carabes ne s’entre-dévorèrent pas, ils s’en- 
gourdirent et moururent, en fin de saison, sans que le dénoue- 
ment dramatique attendu se fül produit. Il ne semble donc 
pas que ce soit, uniquement, pour « traiter en gibier » le mâle, 
que la femelle le dévore. D'ailleurs, le fait observé par Fabre, 
dans ses « volières », se produit, sûrement aussi, en liberté, 
car on trouve, parfois, dans les terreaux où les Carabes vont 
chercher des Vers, des mâles transformés en « conque d'or », 
soigneusement vidée. En captivité, les hécatombes de mâles, 
dont parle Fabre, et qu'il a observées et rendues d’une façon 
tout à fait saisissante, ne sont pas, en définitive, une règle 
absolue. — 


_ M. Faytaud, dans le numéro des Annales de la Société d'agri- 
culture de la Gironde, d'octobre 1918, signale, à nouveau, les 
graves méfaits des deux invasions de la Piéride du Chou (Pieris 
brassicæ L.), en 1917. Des vols considérables de ces Papillons 
eurent lieu et M. Kehrig rapporte qu'en septembre 1917 il fut 
témoin d’un de ces vols, près de Royan. Sur une bande de 
-25 mètres environ de largeur, les Papillons arrivaient en 
masse, tellement serrés, par place, qu’on avait l'illusion 
d'une chute de neige. Au milieu. des Papillons, on remarquait 
la présence d’une quantité de Libellules. M. Faytaud pense que 
ces Libellules suivaient les Piérides pour en faire leur proie. 
Cette hypothèse semble vraisemblable, bien qu'aucune obser- 
vation ne vienne la confirmer. 
M. le comte Delamarre, à l'occasion de cette note, dit qu'il 


122 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


serait intéressant de déterminer l'amplitude des migrations de 
ces Papillons et, plus généralement, des autres Insectes, au 
point de vue de l'influence de ces migrations sur la diffusion 
géographique des espèces. 


M: le D' A. R. Proschowsky écrit de Nice : « J'ai entretenu 
la Société des dégâts considérables causés dans mon jardin 
par les Chenilles processionnaires; j'ajoute, qu'autant que j'ai 
pu l’observer dans mon jardin, où elles sont, malheureuse- 
ment, très nombreuses, ces Chenilles n’abandonnent pas 
l’arbre sur lequel elles sont nées. On les voit se promener en 
procession, dès leur jeune âge, sur les branches et le tronc, 
mais je ne les ai pas vues quitter l’arbre. Les processions que 
j'ai vues se dérouler à terre consistaient, toujours, en Chenïlles 
qui étaient arrivées à leur complet développement et se ren- 
daient à un endroit où le terrain peu dur leur permettait d’en- 
trer en terre, pour s’y transformer en chrysalides. Le choix de 
la femelle, si les choses se passent toujours comme je l'ai 
observé dans mon jardin, déterminerait donc uniquement 
quelles espèces de Conifères seraient infectées. J’envoie deux 
dépôts d'œufs éclos, pris sur des branches de Pinus halepensis. 
Comme on le voit, les œufs sont protégés par des écailles, 
protection efficace contre les pluies, qui justement, ici, com- 
mencent peu de temps après que les œufs sont déposés. » 


BOTANIQUE. 


M. Bois dépose sur le bureau, pour la Bibliothèque de la 
Société, un exemplaire d’un ouvrage de notre collègue, Le pro- 
fesseur Mattirolo, président de l’Académie royale d'Agriculture 
de Turin. Il a pour titre : Phytolimurgia Piedemontana. L'au- 
teur y passe en revue toutes les plantes indigènes du Piémont 
qui peuvent être considérées comme étant alimentaires pour 
l’homme, un bon nombre d’entre elles ayant été expéri- 
mentées par lui. D’excellentes figures noires permettent de 
reconnaitre facilement les espèces dont il est question et une 
bibliographie étendue complète cette intéressante étude. 


La maison Vilmorin-Andrieux et la maison «A la Pensée ». 


nous adressent leurs catalogues pour 1949. 

M. C. Rivière remet une note, qui sera publiée, sur des enra- 
cinements spontanés chez deux Cycadées, le Pioon edule 
Lindi. et l'Encephalaïrtos horridus Lehm. 


UE 


EXTRAIIS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 123 


M. de D" À. Robertson-Proschowsky nous adresse de Nice 


une note confirmant que les fruits de Yucca qu'il avait pré- 


cédemment envoyés sont bien des fruits du Yucca aloifolia L. 

Il nous envoie des graines d’un Putia qui lui semble être le 
Butia capitata var. pulposa Beccari. Les fruits de cette variété 
seraient préférables à ceux du Putia capitata type au point de 
vue alimentaire. 


M. C. Rivière répond au sujet de la détermination des Yuccas 
et en ce qui concerne les fruits de Putia. 


M. le D' Proschowsky nous adresse, en outre, des graines 
d’ Argemone platyceras (Papavéracées). 


Le Secrétaire des Séances adjoint, 
; PIERRE CREPIN. 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 17 FÉVRIER 1919 
Présidence de M. D. Bois, Vice-Président de la Société. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 


PROCLAMATION DE NOUVEAUX MEMBRES. 


Ont été reçues membres de la Société, à la séance du Conseil 
du 12 février 1918, les personnes dont les noms suivent : 


Aus Alice VariN, 140, boulevard Haussmann, Paris (VIII arr.), 
membre titulaire, présentée par MM. Perrier, R. Le Fort et Debreuil. 


MM. 


CrAuzeL (Léon), architecte, 66, boulevard Garibaldi, à Marseille 
(Bouches-du-Rhône), membre titulaire, présenté par MM. E. Per- 
rier, de Lachenais et M. Loyer, 

Buisson (Jean), médecin auxiliaire aux Armées, 15, avenue de 
La Bourdonnais, à Paris (VII® arr.), membre à vie, présenté par 
MM. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. 

CouBan», directeur de la Compagnie de Vichy, 24, boulevard des 
Capucines, à Paris (Ile arr.), membre titulaire, présenté par 
MM. E. Perrier, Debreuil et M. Loyer. 

Décusr (Jean-Baptiste), attaché à la maison H. Valtier, cultures de 


124 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


graines, à Brétigny-sur-Orge (Seine-et-Oise), membre titulaire, pré- 
senté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et D. Bois. 

DespranQuEes (Charles), notaire, 19, rue de Presbourg, à Paris 
(VIII arr.), membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, J. De- 
lacour et Ch. lebreuil. 

Girarp (Jules), 10, rue Bossuet, à Paris (X° arr.), membre titulaire, 
présenté par MM. E. Perrier, Debreuil et Loyer. 

Méenin (Paul) directeur du journal l’Eleveur, 52, rue de la Liberté, à 
Vincennes (Seine), membre tituluire, présenté par MM. E. Perrier, 
P. A.-Pichot et C. Debreuil. 

Savieny (Albert), propriétaire, 12, rue Royale, à Paris et villa « Pas 
de Souci », vallon de Vérone, à Agen (Lot-et-Garonne), membre 
titulaire, présenté par MM. Perrier, Loyer et Debreuil. 

VARIGAULT (Roger), capitaine d'artillerie coloniale, 18, rue Saint- 
Ferdinand, à Paris (XVII- arr.), membre litulaire, présenté par 
MM. E. Perrier, M. Loyer et Debreuil. 


M. Charles Rivière fait une communication sur le climat de 
l'Afrique du Nord au temps de Carthage et de nos jours fai- 
sant suite à ses communications précédentes. Sa conclusion 
est que le climat n’a pas changé depuis l’époque romaine. 

Noire collègue, M. le professeur Trouessart, s'appuyant, éga- 
lement, sur les textes anciens ne partage pas sur ce point l’opi- 
nion de M. Rivière. Ces communications paraîtront, in extenso, 
au Bulletin. 


M. Roberison-Proschowsky envoie pour la bibliothèque de la 
Société deux numéros de la Petite Revue Agricole et Horticole 
d'Antibes, contenant chacun un article de lui : « Petités écono- 
mies pour le temps de guerre... et après » et « Les Butia ». 
Dans le premier, notre collègue porte à la connaissance du 
public quelques constatations intéressantes : il a employé 
avec su£cès de la terre glaise rouge pour boucher des fissures 
dans des rigoles d'arrosage; l’eau n’a pas emporté la terre 
glaise. On peut obtenir un mastic d'excellente qualité en 
amalgamant de la cendre de bois et de l'huile de lin. Le bois 
de Panama peut être avantageusement remplacé par les feuilles 
de Lierre, dans la proportion d'une petite poignée par litre 
d’eau. 

Dans son article sur les Butia, l'auteur attire l'attention des 
amateurs sur ces Palmiers à fruits comestibles et aux belles 
qualités ornementales, qu'il y aurait intérêt à multiplier sur la 
Côte d'Azur. 


ras 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 1925 


ORNITHOLOGIE. 


À propos du procès-verbal, M. le D’ Millet-Horsin, fait une 
communication sur les maladies par carence des Oiseaux, 
entre autres le beriberi, qui confirme les conclusions de 
M. Mouquet. Cette communication paraitra au Bulletin. 


M. Decoux offre pour les collections de la Société un hybride 
naturalisé de Diamant modeste (Ademosyne modesta) et de Dia- 
mant mandarin (7æniopyga castanotis), né dans ses volières. 


M. Debreuil donne lecture d’un article de M. P. A.-Pichot, 
intitulé : Aux Pays des Faisans Sauvages, qui résume le très 
remarquable ouvrage de M. Beebe, Curator of ornithology, au 
Zoological Park de New-York, sur les Faisans. | 

Cet article paraîtra au Bulletin. 


ENTOMOLOGIE. 


M. Bois présente les échantillons suivants qui lui ont été 
adressés par notre collègue le D' Robertson-Proschowsky de 
Nice : 

1° Des pontes de la Chenille processionnaire du Pin, sur 


. Pinus halepensis ou Pin d'Alep, espèce commune qui eroît à 


l’état sauvage dans la région; 

2° Une branche de Pinus canariensis, arbre superbe, qui est 
de beaucoup préféré par les Papillons pour y déposer leurs 
œufs. Cette espèce, dit le Dr Robertson-Proschowsky, est atta- 
quée à un tel point par les Chenilles processionnaires que cer- 
tains arbres perdent, pendant une grande partie de l’année, 


Jeur valeur ornementale. Ils souffrent, du reste, dans leur déve- 


loppement, surtout quand la pousse terminale de la cime est 
privée de ses feuilles, ce qui en amène quelquefois le desséche- 
ment. Cela n’entraîne pas la mort de l'arbre, mais il se forme 
une autre cime moins belle. 

M. Ch. Rivière fait remarquer qu’au Jardin d' Essai d'Alger 
le Pinus canariensis était très peu attaqué. 


BOTANIQUE. 


Le D' Robertson-Proschowsky nous envoie également : 
1° Des tumeurs développées sur la tige de jeunes Pinus 
laricio. 


426 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACOLIMATAITION 


2% Un fragment d’inflorescence de Prahea dulcis Martius. Ce 


Palmier a produit chez notre collègue cinq inflorescences qui, 
après leur apparition, sont restées en état stationnaire pendant 
un an; de minuscules feuilles bractéales se sont alors mon- 
trées et les inflorescences sont de nouveau restées pendant six 
mois sans se développer. Quand les fleurs apparaîtront-elles ? 
Notre collègue continue à examiner sa plante et nous fera part 
de ses observations. 

Au Jardin d’Essai d'Alger, dit M. Ch. Rivière, ce n’est qu'au 
bout de deux ou trois ans que l’on voyait quelques rares graines. 

M. Bois donne lecture d’une lettre de M. Vuillet, chef du 
Service de l’Agriculture à Bamako-Koulouba, Haut Sénégal- 
Niger, sur les travaux de reconstitution de la Palmeraie de 
Néma : 


« M. le gouverneur Brunet vient d'envoyer M. l’Inspecteur 
d'Agriculture Ravisé, à Nema (dans le Hodh, cercle de Oua- 
laka), pour déterminer sur place les mesures à prendre pour 
assurer la reconstitution de la paimeraie de cette oasis. Voici 
un résumé des observations faites : I y a une vingtaine d’an- 
nées, la palmeraie de Nema était très importante. Tout le lit 
actuel de l’oued était couvert de Dattiers sur une longueur de 
5 à 6 kilomètres et une largeur de 100 à 500 mètres suivant les 
endroits. Il n'existe plus dans la même localité que 3.000 à 
4.000 Dattiers échelonnés sur 3 kilomètres environ. 

« L'’oued a maintenant un lit d’un peu plus de 100 mètres 
de largeur moyenne. Après les plus grosses pluies, c’est un 
torrent qui coule pendant 2 à 3 heures. Quand la palmeraie 
était dense, il n'avait que 6 à 8 mètres de largeur et l’eau y 


coulait d’une façon continue de juillet à novembre. La palme- 


raie aurait périclité, au dire des indigènes, parce que, par 
suite de la lutte contre la traite des captifs poursuivie par 
l'Administration francaise dans le Haut-Sénégal-Niger, Nema 
s'est trouvé privé de nombreux travailleurs à un moment 
donné. 


« Sur l'emplacement choisi par M. Ravisé pour l’établisse- 


ment d'une pépinière de semis et de djebars, l’eau se trouve 
de 4 m. 50 à 3 mètres de profondeur suivant les endroits. 

« Les Dattiers du Hodh produisent des dattes de qualité très 
variable, ce qui doit tenir au mode de reproduction employé. 
Certains sujets en donnent d’assez belles, les uns à .pulpe 


[l 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 4927 


x 


sèche, les autres à pulpe plus molle et légèrement transpa- 
rente. : 

« Les indigènes prétendent augmenter la proportion de 
Dattiers femelles issus d'un semis en mettant trois poignées 
de pulpe de datte autour des noyaux. » 


M. Sauvaigo, de Nice, nous envoie des graines d'Ansérine 
amarante à mettre en distribution. 


M. Ch. Rivière montre une feuille de Phœnix canariensis for- 
tement altérée par un Champignon entophyte, Graphiola phæ- 
nicis, qui depuis quelques années est devenu si nuisible à la 
culture de ce Palmier, qu’il lui enlève toute valeur horticole 

“ sur certains points de l’Algérie, notamment comme plante 
- d'appartement. La Côte d'Azur conserve le monopole de cette 
importante production. Les essais de contamination faits par 
M. Ch. Rivière sur des espèces voisines, Phœænix reclinata, 
pumila, leonensis, etc., n’ont pas révélé la présence de cette 
Cryptogame qui paraît envahir seulement les Phænix dactyli- 
fera et canarie nsis, ainsi que le Chamærops humilis, ce dernier . 
_moins altéré. Une étude plus complète paraîtra au Bulletin. 


M. Morel nous envoie une série de graines à mettre en distri- 
bution. 


M. le président adresse à tous nos collègues, qui nous 
envoient des graines, les remerciements de la Société. 


Le: Secrélaire des Séances adjoint, 
PIERRE CREPIN. 


21 
7 
| À 
= 


128 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


ORDRES DU JOUR DES SÉANCES 


POUR LE MOIS DE MAI 1919. 


Séances générales. 


Lundi 19, à 3 heures. — M. le professeur Lecomre : L'importa- 
tion des Bois de nos Colonies. , 
— M. A. Prepazcu : La Préparation des peaux. 


Lundi 26, à 3 heures. — M. le docteur PerceGrin : Les Poissons 
d'ornement et leur commerce. 


— M. E. De Waicoewan : Sur les Vanilles de l'Afrique tropicale 
(Rapporteur : M. Bois). 


Séances des Sections. 


Lundi 12, à 3 heures. — Botanique. Les Coleus tubéreux, — M. Luc: 
L'Avion dans les colonies pour la recherche des peuplements à 
feuillage caractérisé. 


Lundi 12, à 4 heures. — Aquiculture. M. le professeur Roue : Etat 
actuel de la pisciculture en Alsace. : 


Lundi 12, à 5 heures. — Sous-secrion D'OrNITHOLOGIE (Ligue pour 
la protection des Oiseaux). 


Tous les membres de la Société sont priés d'assister aux 
Séances générales, qui ont lieu deux fois par mois, au Siège 
social, 198, boulevard Saint-Germain. 

Sur demande, les Ordres du Jour sont adressés mensuelle- 
ment. 


Le Gérant : A. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


offe tes er M. G.-H. 
LME, Curator Lloyd Botanic 
 Darjeeling (Indes an- 


easter frigida | 

ia nepalensis Wall. - 

ferox Wall. 5 

s involucratus Wall.  - 

jlossum micranthum Desf. : 

denticulatum A. D.C, 

} thalictrifolia Hook. f. 

a 

us himalaicus Hook. f. 
S.. PER 


lookeri 5 Miq ; 
loribunda Wall. 


qe 


UM himile ICRA 
érus pseudo-Sabina Fisch. et 


: nepalense Don. D. 
pyramidalis Wall. 

ia gratissima Sweet. _ 

10 _cærulescens GB. 


a # 


bjana Praio. 

- choglossa Hook. f. 
hiza Kurroa-Royle. 

villa Griffithii Hook f. 

uconota D. Don. 
lyjllum Emodi Wall. 

onwm vaccinfolium Wall. 

ium diandrum Hook. f. ; 


OFFRES 


par Aixe (Haute-Vienne), 


inville-le-Pont (Seine): 


. Agapornis nigrigenis de 1918, accepte 
ge pour d'autres Oiseaux. — M. Decoux, 


er démobilisé, membre de la Société, re- 
situation dans l’agriculture ou l'élevage. 
éférences. — M. L. Rousseau, 64, rue de 


_ EN DISTRIBUTION 


Primula Elwesiana King. 


— King Watt. 

— reticulata Wall. 
— siklimensis Hook, 
— Stuart Wall. 

— Wattii King. 


Pyunus Puddum Roxb. 


Pyrus foliolosa Wall. 


Rosa sericea Lindl. 
Richelia lanuginosa. 
Rubus paniculatus Sm. 
Ruellia cordifolia Wall. 
Rhus semialata Murray. 
Rheum nobileH ook. f. et Thoms. 
Rhododendron arboreum Sm. 
— arboreum, var. Camp- 
belli. - 


= Rhododendron barbatum Wall. 


— campanulatum Don. 
— campanñulatum, Don.var. 
Wallichii.  — 

— campylocarpum Hook. f. 
—. cinnabarimum Hook. f. 
—  Dalhousiæ Hook.f. 

—  T'alconeri Hook. f. 

— julgens Hook. f. 
— grande Wight. 

— Hodÿsoni Hook. f. 

— lanatum Hook. ft. 

— lepidotum Wall. 

—  Maddeni Hookf. 

— Wightii Hook. £, 


Saussurea Laneana. 


— eriostemon Wall. 

— Sughoæ G. B. Clarke. 
Sazifraga purpurascens Hook. f. 
et Thoms. ; 

Sedum asialicum Spreng. 

—  elongatum Wall. 
—  Ewersii Ledeb. 
—  himalense D. Don. 

Senecio diversifolius Wall. 

—  Liqularia Hook.f. 
—  Mortoni G. B. Clarke. 
—  puchycurpusC.P.Clarke. 
—  pauciflorus. 

Swertia dilalata C. B. Clarke. 
—  -Hookeri CG. B. Clarke. 
—  Kingit Hook. f. 

. — multicaulis D. Don. 

Thalictrum Chelidonii Hook. t. 

et Thoms. 

Thalichrum cultratum Wall. 

Toddulia aculeata Pers. 


Vaccinium serratum Wight. 


| Graines offertes par M. MAR- 


NIER -LAPOSTOLLE : 
Prinula malacoides. 


É Cytisus Laburnum L. 


Dracæna indivisa atropurpurew. 

Alsophila auslhralis. 

Archontophænie  Cunningha- 
miant. 


Graines offertes par M. PROS- 
CHOWSKY : 


Bulia capitata var. pulposa Bec: 
cari. (Cocos pulposa Barbosa, 
Pittosporwn  floribundum Wight 
et Arn. % 

Livisiona australis. 

Sabal Adansoni type. 6 

Sabal Adansoni, jolie variété, se 
reproduil par semis. 


Graines offertes par M. MOREL : 


Agathea amelloides D C, 
Antennaria p antaginea R: Br: 
Chamæcyparis null:aensis Spach. 
_ obtusa Sieb.et Zuce- 

Cryptomeria japonicæ Don. 
Cupressus arisonica Green. 

— Lawsoniana: 

— — var: A/lumi. 

Ë argentea. 
aurea-qlaucw- 
elegantissimæ 

sulfureaæ. 
fiifera glauco. 
patula. ? 
pulcherrima. 
- Triomphe de 
Boskop. 
versicolor. ! 
—  sempervirens, Nar. horizon- 
talis. 


Cytisus proliferus, var. albus. 
Exochorda Alberli Resel. 
Impatiens Sultani Hook. 
Juniperus excelsa Bieb. 

—  japoniCa, Var. aure@. 

= oxycedrus. 

—  iqida. 

— virginiana,ver.albo-picta. 
var. Chamberlaini. 
Parrotia persica G. A. Mey. 
Polemonium cæruleum L. 
Rhodotypos kerrioides Sieh.. 
Sequoia giganteu Torr. 

Spræn astrbboides. 

Tazus adpressa Gord- 

— baccafa, var hib-rnica aurea- 
— Dovastoni. 7 
Thuya occidentalis. 

—- orisntalis, var. filiformis. 
Thuyopsis dolabrata Sieb. et Zucc. 
Graines offertes par M. BOIS : 
Ansérine amarante. 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 
DEMANDES 


Thermosiphon d'occasion en bon état, avec om 
sans ses tuyaux, pouvant chauffer environ 60 mètres 


cubes. —M. Decoux, Géry, par Aixe (Haute-Vienne). 


Poules sauvages : Gallus Sonerati; @. furcatus 
G. Lafayetti et Pénélopes. — M. R. H. Houwink, 


H. Z. N. Meppel (Hollande). 


S'adresser au Secrétariat 


3 


ia te 7 
Ce ALI y 


+ 


DS 


æt à la prospérité du pays. 


RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE 


Le but de la Société Nationale d’Acclimatation de France est de concourir 
1° à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d’animat 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des race 
aouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction età la propagatic 
de végétaux utiles ou d'ornement. 4 

Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dai € 
peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablis 
sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musét € 
Sociétés commerciales, etc.). 

La Société se compose de membres Titulaires, membres ; Vie, membré 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. 

Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et un 
cotisation annuelle de 25 francs. rs 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 40 francs ét qui s ‘afrr a 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 

le membre Donateur est celui qui verse une somme d’au moins 500 (rene S 

Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 francs 
son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. 3 

La Société nue chaque année, en Séance solennelle, des récompenses 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo: 
riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. 

En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeun 2 
amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque moï 
des séances ue de Sections: 4° Mammalogie; 2 Ornithologie et sa sous-Secti ) 1 
Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4° Entomologie; 5° Botanique, et 6° Colonisation 

Tous les membres peuvent assister à ces séances dont les ordres du jour men 
suels leur sont régulièrement dressés sur leur demande. 

La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de ZObIOBie et 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'ani 
maux à ses membres. ‘ à _ 

Le Bulletin mensuel forme, chaque année, un volume d'environ 400 pages 
illustrées de gravures. Il traite des questions concernant l'élevage des animaux, la 
culture des plantes et particulièrement des faits d'acclimatation survenus en France 
et à l'Etranger. Il donne des renseignements les plus variés sur les animaux et le s 
plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. E 

On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle 
installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction), etc., etc: 


A 


. < 


* 
* 


La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désts 
téressé; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commerce ; 
adhérer à ses statuts, l’aider dans ses efforts, c'est contribuer au bien-être général 


Le Gérant : A. MarkTHEUx, 
ST SE 
Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Casse!te. 


"+ . BULLETIN 


LNÈRE Fe DE LA > 


sk ANNÉE 


N° 5. — MAI 1919 


SOMMAIRE 

PEN ERE Pages 
cTB DE LA Serre Re A Nan MOT dans 2e MN, Ra AA AUS A MU ye 129 
ERRE AMÉDÉE-PICHOT. — Au pays des ne ET VA RE a RE D SUR VA ES En DA NE 130 

“UL, VAyssrèRe.  Dacclimatation des Insectes auxiliaires el son Hire au point de 
AR SU fai ce 137 
CLÉMENT. — A propos d'une nidification de Mégachile 2. 4 . . : :. . à. , : . | 141 
. GILLET. — Production de graines potagères au Congo Del RES RRERRUSLE QE RE 145 
ÉDALLU. — Utilisation des HÉCABESLANINMAUX; 2. 0 ce En OR CE Ce PO 150 
BREUIL. — Piège Domena sVirotsset Taupes:£:.).,. MN Me ES NOR UE 194 

Extraits de la Correspondance : ? 
D ROBERTSON-PRosCHO SKY. IN OESUCHAn COLE Id AZ UT UMR Seed er urie 156 
Bibliographie : 


GrOFFROY-SALNT- Hizaire, — L'Élevage dans l'Afrique du NO MES PA ra A ee s: 158 | 


n numéro. 3 francs : — Pour les Membres de la Société, 9 fr. 50. 


Li 


DÉJEUNER AMICAL 


& pééaner Seat aura lieu le Jeudi 22 Mai prochain, à midi et demi, au 
PET DE LA GARE DE LYON. 
ze déjeuner est exclusivement réservé aux Membres de la Société et à 
ur femme. Prix du déjeuner : 20 francs. 
Prière d'adresser, dès maintenant, les adhésions au Secrétariat. 

ucune adhésion ne sera acceptée après le 16 Mai. : 


+ On est prié d'apporter son ticket de pain. 


LE coralie 


—_ La distribution solennelle des Récompenses de la Société aura lieu le 
imanche - 25 Mai, à 3 heuxes? dans le grand Amphithéâtre du Muséum 
listoire naturelle. 

ette séance sera présidée par M. Lebrun, ministre des Régions libérées. 
M. Edmond Haraucourt parlera sur : « La Plante, la Bête, — et la Patrie ». 

Les Membres de la Société seront admis sur la présentation de leur carte., 
En outre, des cartes dinvitation TOO être demandées au Siège social. 


L, * = 


AU SIÈGE SOCIAL 
198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VII). 


OR Sent Eds blé 


Æ 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1919 
M. Edmond Pranter, Membre de l'Institut el de l'Académie du Médecine, Directeur di 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. ; 
MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelie, 145, rue Faidherb: 


ns AR at Saint-Mandé (Seine). { $ 
Vise-Présidents, Prince P, D'ArEN8BRG, 10, rue de la Ville-l'Évêque, Paris. ; 3 
Dr GHAUvEAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint-Germain, Paris 


Président, 


Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 
MM. H. Hua, Directeur adjoint à l'Ecole des Haules-Études, 24, boulevard Sa 
Germain, Paris (Conseil). 
Secrétaires. J. CREPIN, 55, rue de Verueuil, Paris (Séances). 
Cu. Desakurit, 25, rue de CGhâteaudun, Paris (/ntér'ieur). 
J. DecacouR, 98, rue de Madrid, Paris (Zrranger). 


Trésorier, M. le D' SxkBiLLOTTK, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire, M. L. CAPITAINE, 48, boulevard Raspail, Paris. 


Membres du Conseil 


MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 
le D' Acaazu, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Hisloire naturelle, 
Paris. & 
le D' P. Maromaz. Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut Nalional Agronomique, 45, rt 
de Verrières, à Antony (Seine). : : 2 RE 
le D' LePriNce, 62, rue de la Tour, Paris. Ë 
MaiLLes, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). ; 
le Dr E. TrouEsSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris 
LkcomTe, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, 
. CARïÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 6 : 
RouLe, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Guvier, Paris. 
. Foucxer (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 
KestNeR, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 
. LE For, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


1, rue Andrieuxs 


Pari 


DU ES 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1919 


Janvier | Février Mars Avril | Mai Novenbre | Décenbre D 


| ———— | ———— | | ——— 


Séances pu Conseil, le mercredi à 4 h.| 8 |-12 12 16 EN EE 10 VE 


| —— | ————— | ————— | ————— | ——— 


Séances générales, le lundi à 3h. . .} 9 17 11 28 96 at |, 45 4 
Sous-Secrion d'Ornilhologie (Ligue pour RUE. 
| la Protection des oïseaux) le lundi 

DD D sn Eee PNR e eee 


o7 | 24 | > | «4 | 19 | 24 | 20 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevron)] 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. GES | 
oo ; es _ ; 2 

Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et lei! 


personnes qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de 
Société, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variation! 
fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d’êtril 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. | 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. ne | 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 


L 


| 
12 
” 108 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION 


PENDANT LA GUERRE 


Le Conseil de notre Société avait décidé de surseoir, pendant 
toute la durée de la guerre, à la Distribution de nos Récom- 
penses jusqu'après la cessation des hostilités. L'absence d’un 
grand nombre de nos collègues mobilisés ainsi que celle de 
plusieurs de nos lauréats, les vicissitudes même des années 
d'angoisse patriotique que nous traversions nous interdisaient 
de grouper dans une cérémonie, où cependant le patriotisme 
et la science devaient être glorifiés, les amis des Sciences natu- 
relles appliquées. Aujourd’hui que la Patrie est sauvée, bien 
que sanglante encore des crimes commis par les Germains, il 
nous à paru juste de ne pas attendre plus longtemps pour 
récompenser ceux qui ont, malgré la guerre, servi le pays en 
cherchant, par leur travail et leurs études, à développer ses 
ressources animales et végétales. Le Conseil de notre Société a 
donc décidé que la Distribution solennelle de nos Récompenses, 
interrompue par la guerre, serait reprise dès cette année. 

En conséquence, cette cérémonie aura lieu le dimanche 
95 mai 1919 à 3 heures, dans le grand amphithéâtre du Muséum 
d'Histoire naturelle, sous la présidence de M. Lebrun, ministre 
des Régions libérées. 

Après une allocution de notre Président. M. Ed. Perrier, la 


lecture des Rapports sur les Récompenses par le Secrétaire 


général et le Secrétaire de la Ligue pour la Protection des 
Oiseaux, M. Edmond Haraucourt, directeur du Musée de 
Cluny, parlera sur : « La Plante, la Bête... et la Patrie. » 


x *x 
x 


Le Déjeuner amical annuel de la Société, le premier depuis 
la guerre, aura lieu le jeudi 22 mai. 

Nous avons tenu, comme toujours, à ce que cette manifes- 

tation serve l'intérêt général et, cette année, notre déjeuner 
sera organisé pour « honorer » le Riz. 
* Si, en effet, cette utile Céréale n’est pas appréciée en France, 
selon ses mérites, c’est parce que l’on ne sait pas la préparer, 
et nous voulons prouver, par notre menu, qu'un repas où tous 
les plats sont au Riz, n’en est pas moins un repas excellent. 


BULL. SOC. NAT. ACCL, FR. 1919. — 9 : 


130 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Le Riz, que nous fournit en abondance notre colonie d'Indo- 
Chine et qui devrait trouver place sur toutes les tables, peut 
être accommodé sous un très grand nombre de formes ; nous 
sommes loin de les vouloir indiquer toutes, mais nous donne- 
rons les principes nécessaires à sa bonne cuisson et publierons 
quelques recettes nouvelles ou peu connues, qui, si elles sont 
bien exécutées, trouveront, nous en sommes cerlains, beau- 
coup d'amateurs. 


PAIEMENT DE LA COTISATION. 


Nous prions nos collègues de se servir, pour le paiement de 
leur cotisation, du chèque postal, nouvellement créé. 

Ils n'auront qu'à remplir un « mandat-carte à inscrire à un 
compte de chèques postaux », délivré gratuitement dans tous 
les bureaux de poste. 

Ce mandat s'emploie comme ün mandat-carte ordinaire. 

Le numéro du compte de notre Société est : Paris, n° 6.139. 

Aussitôt après l'avis de versement, noire secrétariat adres- 
sera la carte personnelle de Membre de la Société, servant de 
quittance. 


AU PAYS DES FAISANS SAUVAGES (1) 


Par PIERRE AMÉDÉE-PICHOT. 


Il serait bon, a dit un ornithologiste américain, M. Wil- 
liam Beebe, dans le récit de son exploration des forêts vierges 
de la Guyane, « que les naturalistes s’attachassent davantage à 
l'étude des animaux vivants dans les milieux qui leur sont pro- 
pres, plutôt que de se confiner dans les travaux du laboratoire 
et la contemplation des vitrines des Musées. C’est au contact 
direct de la Nature que nous pouvons espérer trouver la solu- 
tion des problèmes biologiques qui piquent notre curiosité et 
il y a d'autant plus d'urgence à diriger nos recherches de ce 


(1) À monograph of the Pheasants, par William Beebe avec de nom- 
breuses planches en couleur et autres illustrations représentant tous les 
Faisañs du monde. 4 vol. grand in-40, Tirage limité à 600 exemplaires. 
Prix de chaque volume : 3/2 fr. 50. Chez Witherby et Cie, 326, High Hol- 
born. Londres. 


AU PAYS DES FAISANS SAUVAGES 131 


côté qu'au fur et à mesure que l'Homme étend sa domination 
destructive sur la terre, beaucoup d'êtres disparaissent, empor- 
tant leur secret dans la tombe. » 

C'est dans cet esprit que M. Beebe a d'écrire l’his- 
toire des différentes espèces de Faisans, après avoir été les 
étudier sur place, à l'état sauvage, dans leur pays d’origine, 
tout en recueillant auprès des chasseurs et des indigènes qui 
sont continuellement en rapport avec ces Oiseaux, tous les 
renseignements de nature à élucider la biologie de ces splen- 
dides représentants de la faune asiatique. 

Un généreux Mécène, grand amateur de Faisans, qui en 
avait réuni une belle collection dans ses volières de Bernards- 
ville, dans le New-Jersey, le colonel Anthony R. Kuser, ayant 
offert de faire les fonds de cette expédition et de prendre à sa 
charge les frais de la publication qui en serait la conséquence, 
M. W. Beebe obtint un congé de la Société zoologique de New- 
York, dont il dirige les services ornithologiques, et il se mit en 
route en décembre 1909 avec sa femme, compagne inséparable 
de ses aventureuses explorations précédentes et collaboratrice 
de ses travaux d’études et d'observations. Au Caire, les voya- 
geurs s’adjoignirent un artiste, M. Horsfall, qui les accom- 
pagna pendant les six premiers mois de leur tournée orni- 
thologique. 

La première station des explorateurs fut l’île de Ceylan, dont 
ils parcoururent la région montagneuse et où ils étudièrent sur 
le vif des Oiseaux indigènes, tels que le Paon, l'Épercnnier et 
le Coq sauvage. Passant ensuite à Calcutta, ils profitèrent de 
leur halte en cette ville, pour examiner à fond la belle collec- 
tion de Phasianidés du Muséum indien et, ayant complété 
leurs préparatifs, ils gagnèrent l'Himalaya oriental avec une 
équipe de trente-deux Thibétains, hommes et femmes, porteurs 
de leurs bagages, et montés sur des petits Poneys du pays qui 
eurent beaucoup de mal à se frayer un chemin dans des ré- 
gions en dehors de toutes voies fréquentées. Là, ce ne fut pas 
facile de relever l'habitat des Oiseaux qu'on était venu cher- 
cher, tant à cause de l'épaisseur de la jungle que par suite de 
la raréfaction de l'air qui, à de si grandes altitudes, rend tout 
effort corporel très pénible. Cependant nos voyageurs finirent 
par réussir leur exploration le long des frontières du Népaul, 
du Sikkim et du Thibet et tous les Faisans de l'Himalaya pas- 
sèrent sous leurs yeux, les uns après les autres. Rentrés à Cal- 


132 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


cutta au mois de mai, M. et M Beebe en repartirent bientôt 
pour explorer le Cachemire où ils recueillirent des notes abon- 
dantes sur les Faisans de Wallich et sur les Euplocomes qui 
vivent au milieu de magnifiques forêts de Cèdres Deodara et 
de Sapins. 

En repassant par les plaines de l'Inde, ils revirent dans leur 
habitat naturel, les Paons, les Coqs sauvages et une grande 
quantité d'Oiseaux de toutes! les espèces. Ils rayonnèrent en- 
suite autour de Bornéo, remontant les cours d’eau en canots 
équipés par les Dyaks coupeurs de têtes, et, malgré que les 
forêts brûlées par ces sauvages n’eussent pas encore repris 
leur luxuriante végétation tropicale, ils y trouvèrent une faune 
des plus intéressantes, la plus riche assurément de toutes 
celles qu'ils rencontrèrent dans les pays asialiques. C’est là 
qu'ils découvrirent une des clairières de parade du grand 
Argus, dont, ainsi que du Zobiophasis, ils purent se procurer 
des spécimens morts ou vivants. 

Après avoir traversé l'île de Java, les voyageurs partirent de 
Singapoor pour explorer la Malaisie et descendirent la rivière 
de Pahang sur une péniche du gouvernement manœuvrée par 
cinq Malais et un Chinois. Ils explorèrent les rives‘ du fleuve et 
de ses affluents encore inconnus. Leur poursuite des Faisans 
de cette région fut encore rendue excessivement dure par l’en- 
chevêtrement des fourrés à travers lesquels il fallait pénétrer 
et par les myriades de Sangsues de terre qui s’attachaient à 
leurs jambes dès qu'ils s’avançaient dans les broussailles. 

Octobre 1910 vit nos voyageurs à Rangoon. De la Birmanie, 
ils allèrent encore à 700 milles au nord sur les frontières du 
Yunnan, où le défilé du Sansi est à 8.000 pieds au-dessus de la 
mer. Chez les Shans et les Kachins, ils s’enfoncèrent dans le 
pays aussi loin qu'il était prudent d'aller, ce qui ne les empé- 
cha pas d’être en butte aux flèches empoisonnées des indi- 
gènes qui faisaient aussi rouler sur eux des quartiers de 
rocher. | 

Dans la Chine orientale vers laquelle ils dirigèrent leurs pas 
après avoir repris haleine à Singapoor, ils eurent à modifier 
souvent l'itinéraire qu'ils s'étaient tracé à cause des soulève- 
ments imprévus de la population, des ouragans terribles de 
vent et de neige, et des épidémies de peste qui régnaient dans 
le pays. En palanquin et à dos de Chameau, ils parcoururent la 
Mongolie où les Faisans vrais fixèrent leur attention et, après 


AU PAYS DES FAISANS SAUVAGES 133 


avoir fait connaissance avec les Faisans vénérés, ils terminèrent 
leurs recherches par l'étude des Crossoptilons. 

Les Faisans qu'ils observèrent au Japon, avant leur retour, 
se laissèrent facilement approcher, familiarisés qu’ils étaient 
dans les réserves impériales par les manœuvres des troupes et 
les tirs qui avaient lieu dans leur entourage et, le 27 mai 1941, 
M. et M" Beebe effectuaient leur rentrée à New-York après 
dix-sept mois d’un des voyages les plus accidentés qu’aient 
jamais accompli des naturalistes, mais rapportant aussi une 
masse de documents comme on n’en avait jamais recueilli sur 
place. 

Telle fut la genèse de la Monographie des Phasianidés dont le 
premier volume vient de paraître et qui, grâce au patronage 
de la Société zoologique de New-York et à la large contribu- 
tion financière du colonel Kuser, est digne de prendre place 
auprès des magnifiques volumes d’Audubon, de Gould et d’El- 
liot, monuments de littérature ornithologique qui, au point de 
vue typographique et iconographique, n’avaient pas été Jjus- 
qu'ici surpassés. 

Dès le début de ses études sur les Faisans et leurs congé- 
nères, M. Beebe s'était attaché à la recherche des caractères 
qui pouvaient confirmer ou lui permettre de modifier une clas- 
sification établie d’une façon un peu arbitraire d’après des res- 
semblances plus ou moins superficielles, et, frappé de la variété 
des plumages de ces Oiseaux, tant jeunes qu'adultes, tant mâles 
que femelles, M. Beebe avait soigneusement noté les différentes 
phases de leurs mues et perçu que la chute et leremplacement 
des plumes se faisaient dans une séquence régulière et parti- 
culière à chaque groupe de la famille. Le beau travail du 
D' Bureau sur la mue des rectrices de la Perdrix grise le con- 
firma dans son idée qu'il avait mis la main sur un fil d'Ariane, 
lui permettant de grouper les Faisans autrement qu'on ne 
l'avait fait jusqu'ici. « La chute et le remplacement des rec- 
trices de la Perdrix grise, avait dit le D' Bureau, se font très 
régulièrement du dedans en dehors, c’est-à-dire du milieu de 
la queue vers le bord externe. » Or c’est là ce qui se passe 
pour les Ithagines et les Tragopans, ce qui Les rapproche des 
Perdrix. Chez les vrais Faisans, c’est le contraire. Chez les 
Argus, toujours en nymérotant les paires de rectrices à partir 
du milieu, la mue commence par la 3° et se poursuit dans 
l’ordre suivant : 3-4-2-6-1-6. Enfin chez les Paons, la chute 


13% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


commence par la 5° paire et remonte vers le milieu, la 6° pus 
la 1'° paire tombant les dernières. Très modestement, M. Becbe 
n’attache pas d'autre importance à sa découverte que de pou- 
voir grouper les Phasianidés d’une facon logique en attendant 
mieux et il n’a pas encore vérifié si un ordre de séquence ana- 
logue s'applique à d’autres familles d’Oiseaux, ce qui est pour- 
tant assez probable. 

D'autre part, la constatation de l’hybridation à l'état sau- 
vage d'espèces voisines a fait que notre naturaliste a réduit 
considérablement le nombre de celles qui n’avaient été basées 


que sur des variétés locales, variétés de transition passant: 


insensiblement de l’une dans l’autre et dont les nomenclatures 
ont fait un usage abusif. Telle était aussi l'opinion de Teget- 
meier confirmée par les croisements obtenus en faisanderie. 

Le mérite littéraire des ouvrages de M. Beebe est toujours à 
la hauteur de leur valeur scientifique, et ne constitue pas un 
des moindres charmes de leur lecture. L'auteur excelle à 
décrire les paysages pittoresques qui se sont déroulés sous ses 
yeux. C'est en véritable poète que, dans le cas présent, il nous 
fait assister au lever du soleil sur les cimes couvertes de neige 
de l'Himalaya : « Le jour venait de poindre à l’est de l’'Hima- 
laya, jetant d’abord un reflet doré sur le piton d'Everest, car 
depuis de longs siècles le plus grand foyer de lumière vient 
ainsi saluer la plus haute montagne du globe. Puis, instanta- 
nément, toutes les cimes neigeuses plus basses s’illuminèrent, 
projetant leur reflet sur les profondeurs où j'étais encore enve- 
loppé dans l'ombre. À cette heure matinale, le sentier que je 
suivais était tout noyé dans la rosée de la nuit, au-dessous de 
moi, les nuages, comme une mer chaotique de flocons de neige 
et de glacons, remplissaient les vallées et les gorges de leurs 
voiles opaques et ces vapeurs flottaient si tranquillement que 
j'avais parfois les genoux transis dans une nappe translucide 
et la figure en plein dans une transparente couche d'air. Je 
m'avancais silencieusement sur un tapis de mousses ne perce- 
vant d'autre bruit que le croassement lointain d'un Corbeau 
encore à moitié endormi, ou le babillage d’une Mésange qui 
commençait à explorer les buissons sur le bord de la route. Je 
frôlais en passant les branches de Rhododendrons qui bar- 
raient mon chemin et dont les bourgeons vernis, à moitié 
ouverts, pulvérisaient sur mes vêtements une averse de gouttes 
de rosée. Du regard, jepouvais embrasser un véritable archipel 


" 


AU PAYS DES FAISANS SAUVAGES 139 


de sommets de montagnes vertes coiffées de neige qui émer- 


_geaient d’une couche de nuages au-dessus de laquelle planait 


un Vautour dont la silhouette se détachait tantôt en noir sur 


* le brouillard, tantôt en clair sur la sombre verdure de la forêt, 


jusqu'au moment où, s’élevant de plus en plus haut dans 
l'atmosphère, son plumage fut doré par les rayons du soleil. » 

C'était le Tragopan que le naturaliste était allé chercher sur 
ces hauteurs. C’est à une élévation analogue qu'il rencontra 
pour la première fois l’Ithagine, ce Faisan de la neige dont 
l'habitat très circonserit est à 4 ou 5.000 mètres d'altitude : 
« Je m'étais embusqué, écrit-il, à l'ombre d’un bloc de rocher 
que le gel avait détaché de la montagne qui, s’élevant derrière 
moi en falaise gigantesque, semblait un mur destiné à me 
séparer du monde. À mes pieds, une prairie arctique descen- 
dait vers les gorges profondes du Changthap, émaillée entre 
les plaques de neige par les pétales roses des Primevères qui 
venaient de s'épanouir. Ces délicates fleurettes trouvent le 
moyen de vivre leur courte vie sous le ciel menaçant d’un 
éternel hiver. Le silence mystérieux qui m'entourait était si 
profond que j'entendais le choc des gouttes de givre fondu 
frapper la mince couche de glace dont la neige était lustrée. La 
lumière commencait à baisser lorsque sept Oiseaux parurent 
les uns après les autres sur la crête d’un repli de terrain et au 
premier coup d'œil je reconnus les Ithagines que j'étais venu 
chercher de si loin. Je pouvais avec ma jumelle distinguer 
chacune de leurs plumes et suivre chacun de leurs mouve- 
ments tandis que ces Oiseaux descendaient lentement la pente, 
s’arrêtant de loin en loin pour picorer et pour cueillir les baies 
rouges des buissons. Passant d’une touffe à l’autre, traversant 
les flaques de neige et s'insinuant entre les bouquets d’herbes 
grossières dont les brins étaient feutrés, ils tenaient la queue 
haute et leurs dessous écarlates brillaient de tout leur éclat. 
Puis, petit à petit, la compagnie s’éloigna et je ne la perdis de 
vue que lorsqu'elle disparut dans les buissons de Rhododen- 
drons nains qui fermaient l'horizon. Enfin j'avais vu de mes 
yeux la Perdrix de la neige. » 

Chose piquante, c’est dans les collections de peaux de notre 
Muséum que M. Beebe découvrit une nouvelle espèce d’Itha- 


gine à laquelle il a donné le nom du patron de son expédilion. 


Car dans l’année qui suivit son voyage (1912), il compléta son 
enquête sur les Phasianidés par une visite à tous les Musées de 


CN CRE 0 À 


136 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


l'Europe pour se rendre compte des types que possédaient ces 
collections. 

On voit avec quelle scrupuleuse conscience M. Beebe s'est 
acquitté de sa mission, ne négligeant aucun des documents 
antérieurs qu'il put contrôler, rectifier ou compléter par ses 
propres observations. Il en est résulté un ouvrage unique 
dans son genre qui fait le plus grand honneur, non seulement 
au naturaliste qui l’a écrit, mais encore à la Société zoologique 
de New-York qui en a facilité la publication. L'ouvrage com- 
prendra quatre volumes où les Faisans sont figurés dans une 
centaine de planches en couleur dues aux pinceaux des meil- 
leurs artistes animaliers d'Amérique et d'Angleterre. Un 
nombre égal de photographies prises par M. Beebe nous initie 
au conspectus des lieux que caractérise la présence de la 
famille phasianide depuis les neiges éternelles de l'Himalaya 
jusqu'aux côtes torrides des mers javanaises. On peut suivre la 
distribution géographique des espèces sur des cartes et de 
nombreuses gravures dans le texte sont consacrées aux détails 
du plumage et de la construction des Oiseaux. 

Le premier volumé traite des Ithagines représentées par 
neuf formes différentes; des Tragopans qui en ont six; des 
Lophophores dont trois espèces et des Crossoptilons ramenés à 
trois types fondamentaux. Dans le second volume, le chapitre 
consacré aux quatre Coqs sauvages présentera un intérêt par- 
ticulier, en ce sens que l’origine de nos races domestiques y 
est ingénieusement débrouillée. Dans le troisième volume, 
nous trouverons notamment les Faisans à longue queue qui se 
groupent autour du Vénéré, tels que le Mikado et le Sæœmme- 
ring. Enfin dans le dernier volume les Paons, les Argus, les 
Eperonniers, c’est-à-dire les Phasianidés à plumage ocellé 
nous sont présentés sous un jour nouveau. 

Ce magnifique ouvrage, dont la rédaction seule a pris huit 
ans de travail, n’est cependant pas pour nous faire oublier les 
publications antérieures de M. Beebe où dans Deux amis des 
Oiseaux au Mexique (1) et Notre recherche d'une forêt vierge (2), 
l’enthousiaste amant de la Nature, l'écrivain inspiré par la 


(1) Two Bird lovers in Mexico, illustrations prises sur le vif per l’auteur. 
Editeur : Houghton, à Boston. 

(2) Our search for a wilderness, par Marie Blair Beebe et William Beebe. - 
Photographies d’après nature prises par les auteurs. Éditeur : Constable, à 
Londres. 


L'ACCLIMATATION DES INSECTES AUXILIAIRES 137 


beauté des faunes et des flores tropicales, avait déjà donné sa 
note. Disons encore que le plus récent volume publié par 
M. Beebe : La vie sous les tropiques (1), est le résultat de six 
mois passés en 1916 avec quelques collaborateurs dans la sta- 
tion de recherches fondée par la Société zoologique de New- 
York sur les rives d’un affluent de l’Esséquibo, le Mazarumi, 
où M. Withers, le directeur du domaine agricole de Bartica a 
mis à la disposition des explorateurs une vaste habitation, 
Kalakoon house, aménagée de façon à faciliter les études, pré- 
sentes et futures, des curieux des choses de la Nature qui vou- 
dront aller étudier sur place la faune si riche de cette région, 
véritable Paradis du naturaliste. 

Nous n’oublierons pas enfin que l’ornithologiste passionné 
qu'est M. Beebe se fit oiseau lui-même lorsque au début de la 
guerre, abandonnant ses études, il s’engagea dans le corps de 
l’aviation pour apporter à nos armées combattantes l'appui 
des ailes du Nouveau Monde. 


L'ACCLIMATATION DES INSECTES AUXILTAIRES 
ET SON IMPORTANCE AU POINT DE VUE AGRICOLE 


Par PAUL VAYSSIÈRE, 


Ingénieur-agronome, 
Préparateur à la Station entomologique de Paris. 


La lutte contre les Insectes nuisibles à nos récoltes peut 
être directe ou indirecte. La méthode directe, qui fut la pre- 
mière utilisée rationnellement et reste encore actuellement la 
base de l'Entomologie agricole, consiste dans l'emploi des pro- 
cédés insecticides, mécaniques ou autres. 

Mais, peu à peu, on reconnait l'efficacité d’une autre mé- 
thode qui a de sérieux avantages sur la précédente, la méthode 
dite naturelle, qui utilise, au mieux des intérêts de l’homme, 
les phénomènes naturels et en particulier les parasites des 
ennemis de nos cultures. 

Dans cet ordre d'idées, je vous avais entretenu de l’utilisa- 

(4) Tropical wild life in British Guiana, par W. Beebe, Hartley et Howes. 


Préface par le colonel Roosevelt. Éditeur : Société zoologique de New- 
York, New-York zoological Park. 


1338 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


tion des Champignons parasites des Insectes (1). Je crois avoir 
alors montré que, si le principe de la lutte par les Champi- 
gnons est excellent, nous sommes loin d’avoir réalisé pour le 
moment, en pratique, une méthode de lutte sur laquelle on 
peut compter, dès maintenant. 

Il n’en est plus de même dans l’utilisation des Insectes qui 
vivent aux dépens des ravageurs de nos cultures. Est-il néces- 
saire de rappeler que Decaux, vers 1880, préconisait dans le 
Bulletin même de notre Société la protection des Insectes auxi- 
liaires. Il avait remarqué qu'une grande quantité d'Ichneumo- 
nidés et Braconidés s'échappaient des boutons de Pommiers 
roussis (clous. de Girofle) attaqués par l’Anthonome. Decaux 
empêcha alors de brüler immédiatement ces boutons, comme 
cela est recommandé en général. Il put remplir une capacité 
d'environ 5 hectolitres de boutons roussis provenant de 
800 Pommiers. Les récipients, qui étaient simplement des 
tonneaux défoncés, étaient recouverts d’une toile qui permet- 
tait aux minuscules Hyménoptères de s'échapper. Decaux put 
ainsi mettre en liberté plus de 250.000 auxiliaires et détruire 
plus d’un million d’Anthonomes. 

Des faits nouveaux ont permis de généraliser depuis la mé- 
thode. En effet, il est démontré que d'une manière générale 
les Insectes qui se montrent les plus nuisibles à nos cultures 
sont d’origine étrangère. Bien plus, dans leur patrie, ils pas- 
sent le plus souvent presque inapercus, leur multiplication, 
excessive dans les pays d’adoption, étant enrayée normale- 
ment par le jeu des conditions extérieures et surtoul grâce à 
l’action des parasites qui vivent à leurs dépens. 

C’est en partant de cette idée que fut réalisée, en 1888, aux 
États-Unis, l’acclimatation désormais légendaire d'une pré- 
cieuse Coccinelle, le Vovius cardinalis, pour lutter contre une 
Cochenille, l’Zcerya purchasi, fléau, en Californie, des Orangers 
el Citronniers. Une voix plus autorisée que la mienne a déjà, 
il y à quelques années, tracé toute l'odyssée de ces deux 
Insectes à travers le monde, jusques et y compris leur établisse- 
ment en France, involontaire de notre part pour l’/cerya, vo- 
lontaire pour le ÂMVovius. À cette occasion, vous aviez bien 
voulu, d’ailleurs, accorder une de vos hautes récompenses à 
mon collègue, A. Vuillet, disparu en 1944. 


(1) V. Bull., 1919, p. 33. 


« 


_ L’ACCLIMATATION DES INSECTES AU XILIAIRES 139 


4 


Depuis l’acclimatalion mémorable du Vovwius en Californie, 
de nombreuses tentatives ont été faites pour importer les 
parasites des ravageurs des cultures. Il est regrettable de con- 
stater que notre pays, pourtant si innovateur en général, s’est 
désintéressé de ces questions jusqu’à ces derniers temps. Les 
États-Unis, les îles Hawaï, l'Afrique du Sud et l'Italie sont les 
pays qui ont le plus tenté dans cet ordre d'idées et certaine- 
ment les résultats positifs obtenus ont dépassé de beaucoup 
les espérances formées par les savants. 

La question de l’acclimatation des Insectes auxiliaires n’est 
pas sans présenter de grandes difficultés dans la réalisation e 
la réussite du programme fixé. Relativement simple dans let 
cas d’une Coccinelle, telle que le Vovwius, l’acclimatation peut 
être une opération très onéreuse, à longue échéance et pré- 
sentant de nombreux aléas. L'exemple le plus typique d’une 
telle tentative est donné par la lutte gigantesque entreprise 
aux États-Unis contre deux Papillons, importés accidentelle- 
ment d'Europe. 

Après avoir essayé tous les moyens d’extinction possibles et 
n'ayant pas obtenu de résultats satisfaisants, le gouvernement 
américain donna en 1905 pleins pouvoirs au savant Directeur du 
Bureau of Entomology pour tenter l’acclimatation des parasites 
du Gipsy Moth et du Brown Tail Moth, parasites que l’on 
savait exister en Europe et en Asie. 

J’abuserais de vos instants en vous racontant toutes les péri- 

péties de l’acclimatation des ennemis des deux Papillons aux 
États-Unis. Qu'il me suffise de dire que notre pays contribua 
dans une large part au succès de l’entreprise, grâee aux initia- 
tives de MM. Marchal et R. Oberthur. 
” Pendant l'hiver 1905-1906, 117.000 nids de Z. chrysorrhæu 
furent expédiés d'Europe, via Cherbourg, où était installée une 
permanence dirigée par A. Vuillet. — 111.000 nids furent de 
nouveau expédiés l'hiver suivant et les envois des Liparis à 
tous les stades se succédèrent ainsi pendant plusieurs années. 
Actuellement un grand nombre de parasites et de prédateurs 
peuvent être considérés comme acclimatés aux États-Unis. 
Parmi eux, je citerai seulement le Calosome sycophante, bien 
connu chez nous par la chasse qu'il fait aux Chenilles. On esti- 
mait en 1913 que 80 p. 100 des colonies de Calosome avaient 
réussi à se perpétuer, et cet Insecte était établi fermement 
sûr une zone de plus de 100 milles carrés de surface boisée. 


140 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Ces résultats, pris dans un ensemble très riche en faits 
semblables, nous montrent ce que l’on est en droit d'attendre 
de l'acclimatation des auxiliaires. « C'est par centaines de mil- 
lions que l’on peut évaluer l'épargne réalisée chaque année » 
aux États-Unis, grâce au « Bureau of Entomology ». 

Les îles Hawaï nous montrent aussi la voie à suivre pour ne 

pas perdre les richesses de notre sol. Une de leurs grandes 
productions est l’arboriculture fruitière dont la Californie est 
un grand débouché. En 1910, un bateau chargé de fruits fai- 
sait escale aux îles et les gralifia d’une petite Mouche, Cera- 
litis capitata, qui est considérée comme un des plus grands 
fléaux des fruits dans les régions tropicales et tempérées. 
Celle-ci d’ailleurs s'’accommoda fort bien de sa nouvelle rési- 
dence et s’y multiplia à un tel point qu'il fallut abandonner 
tout espoir de lutte efficace sans le concours des ennemis 
naturels dans la patrie de la Ceratitis. En 1919, le gouverne- 
ment d'Honolulu n’hésita pas à charger un éminent entomolo- 
giste italien, Silvestri, de ramener d'Afrique (pays d'origine 
supposé) les auxiliaires précieux. 

Ce savant se mit donc en route et, avec une détermination 
remarquable, passa, à la recherche des parasites, des îles Cana- 
ries au Sénégal, en Guinée, en Nigéria, au Cameroun, à la 
Côte d'Ivoire, au Dahomey, au Congo, en Angola et en Afrique 
du Sud. De là, avec les matériaux récoltés, il rejoignit Hono- 
lulu, non sans encore un arrêt en Tasmanie, De ce merveilleux 
voyage, Silvestri rapporta de nombreuses espèces d’auxiliaires 
qui vivent non seulement aux dépens des Mouches des fruits, 
mais aussi d’un certain nombre d'autres ennemis, tels que la 
Mouche de l’olive (Dacus oleæ), fléau de nos Oliveraies. D'ail- 
leurs, n’oubliant pas son pays, Silvestri put installer en Italie 
des élevages de ces parasites et je crois savoir qu'ils soat là, 
de même qu'aux îles Hawaï, en bonne voie d’acclimatation. 

Enfin permettez-moi de vous signaler encore une tentative 
d’acclimatation dont M. Debreuil vient de me remettre le rap- 
port. Un des Insectes les plus nuisibles aux cultures de Canne 
à sucre à l'ile Maurice est un gros Coléoptère, surnommé dans 
le pays « gros Montouc », Oryctes tarandus. L'an dernier, en 
présence des ravages de cet Insecte, il fut décidé que l’entomo- 
logiste de l’île Maurice (car il y a un entomologiste, ce qui 
n'existe pas malheureusement dans nos colonies) se rendrait à 
Madagascar, à la recherche d'un auxiliaire, Hyménoptère rap- 


A PROPOS D'UNE NIDIFICATION DE MÉGACHILE 441 


pelant assez bien une Guêpe (Scolia oryctèphaga). Cette Scolie 
vit, dans notre colonie, aux dépens des larves d'un Oryctes 
voisin du précédent et il était probable qu’il s'accommoderait de 
son nouvel hôte. Ces prévisions ont été réalisées par l’expé- 
rience et il semble bien que la Scolie rendra de précieux ser- 
vices dans son nouvel habitat. Fait curieux : la réussite de son 
adaptation semble dépendre de l'introduction à Maurice, en 
même temps qu’elle, de deux plantes sauvages (Cordia inter- 
rupta et Urena tomentosa) sur lesquelles les Scolies adultes 
viennent de préférence chercher le pollen dont elles se nour- 
rissent en grande quantité. 

J'espère, par ces quelques exemples, avoir montré quels 
bénéfices on peut attendre de l'introduction en France ou dans 
nos colonies des précieux auxiliaires que la nature nous a 
donnés, mais que nous avons beaucoup trop négligés jusqu’à 
ce jour. Nous avons trop besoin de nos récoltes, pour rester, 
comme avant 1914, indifférents devant les dîimes formidables 
que prélèvent les ennemis de nos cultures. Je crois que la So- 

-ciété d'Acclimatation peut faire œuvre utile dans cet ordre 
d'idées et je serais très heureux si je pouvais intéresser ses 
membres aux travaux que nous poursuivons depuis de nom- 
breuses années. : 


A PROPOS D'UNE NIDIFICATION DE MÉGACHILE 
Par A.-L. CLÉMENT. 


Au cours de la séance du 2 mai 1918, nous avons présenté 
à la Société une nidification d'Hyménoptères envoyée de Saint- 
Ferme (Gironde), par notre collègue M° Vernière et trouvée 
par elle entre la vitre et la planche de fermeture d’une ruche. 

Cette nidification est l’œuvre de la Megachile centuncularis 
Lin. Les Mégachiles sont des Abeilles solitaires de la famille 
des Gastrilégides (1), que beaucoup d'auteurs nomment Méga- 
chilides, ou coupeuses de feuilles. 

Cette nidification se compose d’une dizaine de cellules dis- 
posées en deux séries parallèles ; en juillet dernier il en est 
sorti cinq Insectes parfaits; les feuilles qui la composent ne 


(4) Qui ont une brosse sous le ventre. 


142 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


sont guère déterminables, ayant souffert d'un trop long trans- 


FIGE 


Rameau de Rosier et feuille de Lilas découpés par les Mégachiles. 


port et aussi de l'humidité. Leur détermination eût été intéres- 
sante, mais on sait que le choix des plantes auxquelles les Mé- 


mic mt. ii 


A PROPOS D'UNE NIDIFICATION DE MÉGACHILE 143 


gachiles s'adressent pour prélever les matériaux qui leur ser- 
vent à construire les cel'ules cans lesquelles vont se déve- 


Fic. 2. 


1. Epimedium pinnalum Fischer, Berbé:idées (Perse). 
2. Akebia quinata Decaisne, Lardizabalées (Japon). 


(Echantillons recueillis par M. Vallée dans son jardin, à Montlhéry.) 


lopper leurs larves n’est pas absolu; elles les trouvent généra- 
lement dans leur voisinage et choisissent, de préférence, les 


14% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


feuilles qui, en raison de leur minceur, sont faciles à découper 
et qui sont assez souples pour prendre facilement la courbure 
que nécessite leur emploi. Elles choisissent donc ordinaire- 
ment, dans ces conditions, les plantes qui sont le plus à leur 
portée et souvent on les voit même s'adresser à des plantes exo- 
tiques (fig. 2) introduites récemment à leur proximité. Certaines 
ont néanmoins des préférences marquées ; c’est ainsi que Me- 
gachile centuncularis affectionne particulièrement le Rosier à 
cent feuilles, et la figure 1 ci-jointe en représente un rameau qui 
montre très nettement la forme des entailles qu’y a pratiquées 
une femelle de Megachile centuncularis en y prélevant les ron- 
delles qui ont servi à la construction de ces cellules. Les unes 
sont ovales et ont été employées pour les parois formées de 
trois couches de rondelles, chaque couche étant elle-même 
formée de trois rondelles. D'autres sont de dimension plus pe- 
tite et complètement circulaires, elles ont servi, superposées 
par trois ou quatre, à former les couvercles des mêmes cel- 
lules. 

Les Mégachiles construisent leurs nids dans les endroits les 
plus variés : trous de Souris ou de Lézard abandonnés, galeries 
vides de grosses larves, Cossus, Cerambyx, etc., anciennes ga- 
leries d'Anthophores, trous de Ver de terre. Nous avons 
autrefois trouvé un nid de Mégachile qui se composait d’une 
vingtaine de cellules dans une tige floriflère d’Oignon comes- 
tible ; deux trous servaient à la sortie des Insectes qui étaient 
en train d’éclore à ce moment; on a vu des nids de Mégachiles 
dans les plis d’un éventail, dans des plis de feuilles de papier, 
dans un canon de fusil, dans un trou de serrure, etc. 

Certaines espèces creusent des galeries dans ls terre ou dans 
le bois pourri pour y nidifier. 

C’est vers la fin de juin et en mai qu'éclosent les adultes ; elles 
ressemblent vaguement à une Abeille domestique. Dès qu'à eu 
lieu l’accouplement et que la mère a trouvé un local à sa con- 
venance, elle se met au travail; avant de construire ses cel- 
lules,’elle en tapisse les parois de plusieurs épaisseurs de ron- 
delles ovales placées de manière à ne pas laisser de vide dans 
cette enveloppe, de sorte que le nid tout entier ressemble à une 
sorte de tube d’une seule pièce. 

Chaque cellule une fois terminée est remplie de miel mêlé à 
du pollen, jusqu’à un millimètre du bord supérieur et recoit un 
œuf, puis elle est bouchée par les rondelles circulaires qui for- 


de: 


PRODUCTION DE GRAINES POTAGÈRES AU CONGO BELGE 445 


ment un couvercle légèrement concave sur lequel s’emboîtera 
la cellule suivante, et ainsi de suite. 

De l’œuf naîtra une larve blanche qui, après avoir consommé 
la provision de pâtée contenue dans sa cellule, filera un cocon 
de soie brune et s’y transformera dans le courant de juillet en 
une nymphe d’où sortira au printemps suivant l’Insecte 
parfait. 

La sortie commencera par la dernière cellule construite et se 
continuera ensuite, chaque individu passant par le même 
chemin. 

La présence de cette nidification entre la vitre de la ruche 
et son volet s'explique par la douce température qui sans 
doute régnait là, quoique la fermeture devait être assez incom- 
plète pour livrer passage à la mère chargée de ses rondelles de 
feuilles. 

Nous possédons déjà une nidification ânalogue qui nous a 
été envoyée autrefois des environs d'Aubusson; elle se com- 
pose d’une douzaine de cellules, et avait été trouvée.entre le 
coussin et les cadres d’une ruche; il existait là aussi sans doute 
dans le toit une ouverture suffisante pour le passage de la 
mère chargée de ses rondelles. 

Les Mégachiles ont depuis longtemps attiré l'attention des 
naturalistes Newport, Ray, Réaumur, parmi les anciens au- 
teurs, et plus près de nous, Perez, Fabre, etc., les ont étudiées 
avec le plus grand soin et nous ont laissé sur leurs mœurs 
d'admirables observations qu’on relit toujours avec le plus vif 
intérêt. 


PRODUCTION DE GRAINES POTAGÈRES 
AU CONGO BELGE 


AU JARDIN D’ESSAIS DE LA MISSION DE KISANTU 


Par le frère GILLET. 


C’est après l'emploi des phosphates de scories de déphos- 
phoration que nous avons enregistré quelques résultats sur la 
production de graines. 

Un semis de Radis demi-long blanc de l’hôpital, dont les 
sujets les plus vigoureux sont laissés en place, ont, après 


146 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


environ cinq mois de semis, monté pour fleurir. A cette 
époque, les pluies ayant déjà recommencé, il n'y eut que 5 à 
6 p. 100 des sujets en expérience qui nous donnèrent quelques 
siliques ayant de deux à trois graines, suffisamment formées, 
les autres ayant été atteints par la pourriture avant leur entier 
développement. | 

Le petit lot de graines ainsi récolté a été semé aussitôt après 
la fin des grandes pluies; la levée en a été parfaite. Le semis 
étant trop dru, une partie en a été repiquée,; ces derniers 
ont pris, dans la suite, un développement un peu supérieur à 
ceux laissés en place. Sur les deux carrés, les racines se sont 
développées, bien nettes, ayant un volume supérieur à celles 
de provenance directe. Quatre mois environ après le semis, les 
plants sont montés et ont dû être soutenus par des tuteurs 
pour ne pas fléchir sous le poids. Depuis, cette race s’est bien 
maintenue, ayant toules les qualités acquises à la seconde 
génération. Comme partout ailleurs, il y aura lieu de faire 
un choix judicieux des porte-graines pour éviter toute dégéné- 
rescence. 

La saison la plus favorable au semis est la saison sèche ou 
froide, celle qui s'éloigne le moins de l'été d'Europe. Dans la 
saison des grandes pluies et des plus grandes chaleurs, la 
montée en graines se fait avant que les racines aient atteint 
tout leur développement; les graines sont moins nourries, ce 
qui serait une cause de dégénérescence rapide. En effet, pen- 
dant l’époque des fortes pluies, qui est celle des fortes chaleurs, 
toule l’évolution se fait en un laps de temps qui est d'environ 
la moitié de celui de la saison froide. 

Les Navets et Carottes que nous sommes parvenus à faire 
grener ainsi que le Chou à grosses côtes, ne nous ont pas 
donné de résultats aussi satisfaisants que ceux obtenus pour 
les Radis. 

Au premier semis, beaucoup de sujets montent en graines 
presque aussitôt et semblent être retournés à l’état sauvage. 
D'autres prennent un certain développement, mais se mettent 
trop hâtivement en graines. Tous doivent être impitoyable- 
ment rejetés pour ne conserver que ceux qui, ayant acquis 
leur complet développement, subissent un arrêt avant que de 
se mettre à porter fruits. Il y aura tout un travail de sélection 
à faire avant d’avoir une variété ayant toutes les qualités du 
premier parent. Nous sommes en bonne marche dans cette 


PRODUCTION DE GRAINES POTAGÈRES AU CONGO BELGE 14417 


x 


voie. Mes essais à ce sujet, quoique trop récents encore, me 
donnent l'espoir d'arriver à fixer de bonnes variétés ayant 
toutes les qualitées désirées pour faire un bon légume et qui 
pourront ainsi être vulgarisées chez les indigènes. 

Pour la première fois en 1916, cinq pieds de Poireaux sont 
montés ; trois nous ont donné quelques graines ; deux, aux 
lieu et place de graines, ont donné des bulbilles. Les sujets de 
l’un et de l’autre étaient, quand j'ai quitté le Congo, des plus 
vigoureux. 

La Scorsonère se reproduit très bien par graines et la pro- 
duction de celles-ci ne semble pas altérer les qualités de la 
racine ; ce sera un légume fort difficile à acclimater parce qu'il 
ne supporte pas les pluies; on ne peut le cultiver qu’en saison 
sèche. Ses graines se conservent très difficilement, donnant 
après 6 à 7 mois, un pourcentage de perte d'environ 75 p. 100. 

La Laitue, qui grène bien, se reproduit fort bien également 
de graines de récolte récente. La graine un peu vieille ne lève 
que très imparfaitement ; comme pour la Scorsonère, la graine 
se conserve difficilement d’une année à l’autre. 

La Moutarde de Chine vient bien en toute saison; c est un 
excellent légume qui se reproduit parfaitement. 

La Tomate perd, dès la première génération de graines récol- 
tées sur place, toutes les qualités d’un fruit amélioré. Elle 
pousse vigoureusement, donnant de longues tiges minces qui 
se garnissent d’une abondante quantité de fruits acides. 

Les Aubergines et Piments gardent toutes leurs qualités de 
fruits perfeclionnés. 

Les Pois et Haricots s’acclimatent dun les sujets 
acclimatés sont plus vigoureux et d’un rendement supérieur à 
ceux introduits. 

Quelques résultats avec le Fenouil de Dorenees Ce légume 
délicieux est très sujet à la pourriture dès qu’il monte en fleurs. 
On »’arrive que fort difficilement à avoir des fruits bien formés. 
Le Céleri-Rave et à tige, le Persil, le Cerfeuil, les divers Choux, 
* les Salsifis, la Bette, la Betterave, le Panais, l'Oseille et l’Épi- 
nard ne nous ont pas encore donné de résultats. 

La Ciboule, que nous multiplions par divisions des touffes et 
aussi l’Ail d'Orient n’ont jamais, quoique l’un venu de graines 
et l’autre de bulbilles, montré la moindre tendance à porter 
fruits. La Ciboulette, que nous mulliplions par la division 
des touffes, pourrait aussi s’y multiplier par graines. 


148 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


Parmi les Oignons, il n'y a, à ma connaissance, que les 
Oignons indigènes qui donnent de bou: résullats ; les diffé- 


rentes variétés d'Europe n’y forment pas bulbilles , seule la 


variété dite de Santa-Cruz ou de Ténériffe, s’y développe bien, 
mais n’a pas encore grené jusqu'ici. 

Avant que de clore le chapitre dus legumes, un mot sur une 
plante sauvage de la Rép 

Le Radis Ranevelle que j'ai en expéri :e me fait prévoir les 
plus beaux résultats. À une troisième; , ération, j’ai obtenu 
des raves parfaitement nettes ayant p;., ois un diamètre de 
10 centimètres et cela sans trace de fh;°s; il y a aussi modi- 
fication des siliques, certains perdent leur aspect de graines en 
chapelet; leur test moins dur peut s’écraser entre les doigts; 
dans cette troisième génération vous retrouvez les différents 
types de la plante sauvage passant au légume parfait. 


La Pomme de terre est cultivée à Kisantu, pendant toute 
l’année. Durant la saison sèche, on pratique la culture à plat 
(identique à Ia culture à plein champ qui se pratique en 
Europe) en terre argileuse ou mieux en terre argilo-sablon- 
neuse, pouvant être irriguée ou arrosée facilement. 

Pendant la saison des pluies, cultures sur buttes allongées 
et assez surélevées, sommet de la butte à environ 50 centi- 
mètres maximum du fond du sillon, le tout suivant la nature 
du sol et les pluies : les terres légères et fertiles, celles argilo- 
sablonneuses et les nouveaux défrichés de forêts sont à 
préférer; les terres de savanes, à moins que d’être exception- 
nellement fertiles et de recevoir des soins eulturaux quelques 
mois à l'avance, ne semblent guère convenir à cette culture. 

Les tubercules, pour la plantation, seront, autant que 
possible, moyens et entiers; on ne les plante que germés et 
ayant subi Rex de la lumière. Il faut les planter quand le 
germe commence à pousser, car, dans cet état, ce dernier n est 
pas sujet à être brisé dans les manipulations. Le système en 
paniers comme pour la Pomme de terre Marjolin serait préfé- 
rable; les tubercules seront enfoncés à une profondeur de 
10 centimètres environ et sur une, deux ou trois lignes suivant 
la largeur des buttes. La levée se fera en quelques jours et 
quand les pousses auront atteint 10 à 12 centimètres, elles 
seront buttées perpendiculairement à la butte. Cette opération 
ne se fera que par temps sec. Il ne faut jamais y procéder 


PRODIU£TION DE GRAINES POTAGÈRES AU CONGO BELGE 149 


immédiatement après une pluie un peu forte, ni quand les 
tiges sont mouillées. 

- Les mauvaises herbes devront être fréquemment arrachées, 
car elles ont une influence des plus nuisibles sur le développe- 
ment des tiges et la format‘on des tubercules. 

Pendant les grandes chaleurs, et suivant les variétés, la 
récolte pourra se faire après trois mois ou trois mois et demi, 
à partir de la planta *; lorsqu'on remarque le jaunissement 
des tiges et que les * iles se détachent de celles-ci, ilne faut 
pas attendre pour ,rocéder à l’arrachage, les tubercules 
n'ayant plus rien à $2gner; on évitera des pertes en sous- 
trayant le précieux tubercule à l'humidité qui l'entoure. 

Autant que possible il ne faut procéder à la récolte que 
quand la terre est « ressuyée »,; par un temps couvert, on peut 
laisser la récolte sécher sur place avant la mise en sacs. Par 
les jours de soleil, on évitera de laisser la récolte exposée à 
l’action trop prolongée des rayons solaires; par certains jours, 
une exposition un peu prolongée peut tuer toute vie dans le 
tubercule. Il vaut mieux, après qu'ils se sont tant soit peu 
« séchés », les ensacher et les faire sécher à l'ombre. 

Lors de la récolte, on fera bien de choisir les sujets pour la 
future plantation. On les prendra parmi les moyens; certains 
plants de choix pourront être réservés à cet effet. Le petit 
surcroît de besogne que demande cette sélection sur place sera 
compensé largement dans la suite. Les tubercules choisis pour 
une future plantation seront conservés sur claies ou en couches 
minces dans un endroit sec et aéré, et si possible, sous l’action 
de la lumière et non du soleil. 

Les Pommes de terre pour la consommation seront, autant 
- que faire se peut, étendues en couches minces sur claire-voie 
ou sur le sol du plancher ou de la cave, dans un endroit frais 
et sec. Il est absolument nécessaire de les soustraire à toute 
lumière, cette dernière les verdit, ce qui leur donne des pro- 
priétés nocives et les rend dures et amères. Chaque semaine, 
on fera la visite des unes et des autres pour enlever Soigneuse- 
ment celles qui se gâtent. 

À l'exception des nouveaux défrichés de forêts, où il n’est 
pas nécessaire de faire des apports d'engrais, partout ailleurs 
il sera nécessaire, pour assurer une bonne récolte, de donner à 
la Pomme de terre une bonne fumure. À la plantation, le 
fumier de ferme récent est à déconseiller, à moins de fumer 


150 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


trois semaines à un mois avant la plantation. Le fumier sera 
employé à la plantation ainsi que les cendres de bois qui 
donnent les meilleurs effets dans cette culture; celles-ci seront 
mélangées au sol et non jetées sur les tubercules. Cette prati- 
que fâcheuse a pour effet de les rendre galeux; mous et aqueux, 
et sujets à Ja pourriture. 

L'obtention de nouvelles variétés avec des graines récoltées 
sur place est à souhaiter. 

Si des tubercules sont conservés pour semis dans un endroit 
: trop chaud et sec, un grenier par exemple ayant toiture en 
zinc, ils se dessèchent, sont mous et ridés ; il suffit de les meltre 
quelques jours sur une aire humide, pour qu'ils reprennent de 
la vigueur et entrent en végétation. 


Palmier à huile. — Le Palmier qui est désigné au Mayomba 
et qui existe au poste de l'État, à Canda-Sundi, sous le nom 
indigène de Voa-Kania est bien l’£læis Poissoni, var. tenera 
E. Annet: la seconde variété de ce même Palmier existe dans 
la région de Kisantu; elle y est rare et porte le nom indigène 
de Sampatu (sampatu veut dire qui est chaussé) (souliers). 

Cette variété dura est bien celle dont la description s’applique 
au Sampatu de notre région. Je me suis déjà demandé si l'espèce 
du Mayomba et celle de Kisantu constituaient bien deux variétés, 
étant donné que dans l’espèce « Sampatu » l’on trouve l’un ou 
l’autre fruit identique à la variété fenera ou Voa-Kania du 
Mayomba. J'ai toujours pensé que cette’ variété n’élait pas 
encore fixée ou bien que certains sujets auront subi des hybri- 
dations. Une longue étude sur place saurait seule solutionner 
la question. 


UTILISATION DES DÉCHETS ANIMAUX 


Par A. PIÉDALLU, 


Pharmacien-major de l'Armée, 
Chef au Laboratoire de l'Intendance. 


Les déchets animaux sont des matières riches en azoteet en 
phosphore. Ils constituent des éléments utilisables à plus d’un 
titre en Agriculture et dans l'Industrie. 

Ces déchets sont le plus souvent perdus à la campagne, et 


UTILISATION DES DÉCHETS ANIMAUX 151 


dans les villes on n'en tire pas toujours tout le parti dési- 
rable. 

Nous n'étudierons ici que les résidus de boucherie et les 
produits d'équarrissage, réservant pour une autre fois l’étude 
des déchets de la vie humaine et animale et leur application. 

Dans les campagnes, lorsqu'un boucher sacrifie une bête, il 
jette le plus souvent le sang sur le fumier, la panse et les intes- 
tins suivent la même route, les poumons servent de nourriture 
aux Chats et aux Chiens ; les pieds le plus souvent ne sont pas 
traités, le museau s’en va chez le tanneur où il est rogné et mis 
à la colle; les os et les suifs sont mis dans un coin où ils fer- 
mentent et de temps en temps le boucher fait des expéditions 
à la ville au marchand d'os et au fondeur de suif. 

C’est là, vous en conviendrez, un procédé barbare, coupable 
avant guerre, plus coupable encore en ces temps où la vie est 
si difficile et si chère. 

C’est aux gens cullivés, comme les membres de la Société 
d'Acclimatation, d'éduquer leurs fermiers et leurs gens et de 
leur enseigner pratiquement cette économie de la vie courante 
qui augmente la richesse nationale en faisant la fortune de 
ceux qui en suivent les principes. 

Revenons donc à l’abattoir et suivons le travail du boucher. 
Celui-ci, après avoir assommé son Bœuf, le saigne. 

Le sang sera soigneusement récupéré. Il sera le plus pos- 
sible transformé en boudins ou à l'état cuit et mélangé à des 
pommes de terre, des topinambours, des farines, on l’em- 
ploiera dans l’alimentation des POrcs. L’excédent sera trans- 
formé en engrais. 

Après coagulation au sulfate ferrique, le sang est égoutté et 
desséché, puis pulvérisé et employé tel quel en agriculture. On 
s’en sert même dans la nourriture des volailles. 

Industriellement on extrait du sang l’albumine qui, blan- 
chie et purifiée, est avantageusement employée dans la pâtis- 
serie et la biscuiterie. Les produits fabriqués ainsi sont aussi 
bons que ceux qui contiennent du blanc d'œuf. 

On extrait aussi du sang l’hémoglobine qui est FH en 
pharmacie. 

L'animal est ensuite dépouillé. Cette HesRene est courante et 
bien faite. La peau est salée et envoyée au tanneur. 

Dans les campagnes on néglige complètement le museau. 
Dans les villes, les tanneurs vendent les museaux pour être 


152 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


transformés en hors-d'œuvre. Le prélèvement chez les tan- 
neurs est le plus souvent fait malproprement, il serait beau- 
coup mieux de détacher chez le boucher même ces morceaux 
utiles en partie velus. 

Préparation du museau de bœuf. — Le museau est mis à 
tremper dans l’eau courante pendant quelques heures pour le 
dessaigner. Il est ensuite rasé avec un couteau parfaitement 
aiguisé, rincé à nouveau et mis au sel comme du porc. Après 
quelques jours de sel, il est secoué et cuit pendant six à huit 
heures, bien gratté pour enlever les débris épidermiques et mis 
au moule (récipient rectangulaire muni d’un couvercle sur 
lequel on place des poids). 

Après refroidissement, la masse est débitée en petites tran- 
ches et conservée au vinaigre et aux aromates. Ce procédé 
permet de préparer un hors-d'œuvre excellent et propre. 

Les muscles des joues font un excellent bouillon, on peut 
aussi les employer pour faire du saucisson mélangé de porc. 
Ce saucisson est d’un goût excellent. 

Les os de la tête broyés sont donnés aux volailles. 

Le palais de bœuf nettoyé à l’eau bouillante et dépouillé, 
préparé au beurre d’anchois, à la lyonnaise ou en croquette, 
constitue une excellente entrée. 

Le Bœuf est ouvert : la panse et les intestins sont extraits. 

La panse est fendue et le contenu est jeté sur le fumier. Ce 
contenu, égoutté et séché peut être consominé à nouveau par 
les animaux de la ferme, comme l’a démontré'un vétérinaire 
ingénieux qui pendant la guerre à nourri les animaux de son 
infirmerie.avec ce résidu de boucherie. | 

La panse sera lavée à grande eau, bien grattée et trans- 
formée en gras double par cuisson prolongée avec des pieds 
de bœuf désonglés et au besoin un peu de museau pour géla- 
tiner la masse. 

Si toutes les panses ne peuvent être transformées en gras 
double, on en fera de l’andouille, ou bien on l’ajoutera à la 
nourriture des Porcs. 

Les intestins lavés et retournés, puis raclés, serviront à 
faire des andouilles, ceux de Moutons des chipolatas. Le cæcum 
enveloppera la mortadelle. 10e 

Les intestins inutilisés des Bœufs et des Moutons seront 
tranformés en cordes à violon, à piano, à archet pour horlogers 
et en catgut pour la chirurgie. 


UTILISATION DES DÉCHETS ANIMAUX 153 


0 


La vessie et le péricarde serviront de blague à tabac ou d’en- 
veloppe pour la graisse alimentaire. 

La verge servira de lien solide ou, armée d’une tige de fer et 
tournée, de canne. 

Le tendon d'Achille servira aussi de lien; en travaillant les 
tendons et les tissus résistants on peut en confectionner des 
cordes dites « cordes de nerfs » qui sont très solides. 

Le cœur de bœuf lardé est excellent, cuit à la mode. 

Les poumons, cuits en civet, sont un aliment acceptable. Ils 
seront aussi ajoutés à la nourriture des Porcs. 

Les os longs seront sciés aux deux extrémités, et la moelle en 
sera extraite avec soin. 

La moelle de bœuf est un aliment de premier ordre qu’on 
peut avantageusement employer dans l'alimentation humaine, 
en remplacement du beurre. Les deux extrémités seront 
broyées et données aux Volailles ou aux Porcs. La partie 
longue sera cuite et nettoyée, puis mise de côté pour les 
couteliers, tourneurs-bimbelotiers ou éventaillistes. 

Les pieds de bœufs, désonglés seront cuits, l'huile sera récu- 
pérée en surface par décantation, et les bouillons gélatinés, 
comme ceux de la cuisson des autres os, serviront à la nourri- 
tureides Porcs. Les os seront vendus aux fabricants de boutons 
et de brosses à dents. HU 

Les glandes des Bœufs, des Moutons et des Porcs: ovaires, 
testicules, thyroïdes, capsules surrénales, pourront servir en _ 
pharmacie hopothérapique. 

Le pancréas, vulgairement « fagoue », servira en mégisserie 
pour remplacer la crotte de Chien. Celui du Porc donnera la 
pancréatine de pharmacie. 

La vésicule biliaire. La bile, fiel ou amer du bœuf sert à dé- 
sraisser les étoffes, elle est également utilisée en pharmacie. 

La moelle épinière, contenue dans le canal rachidien est 
appelée « amourette » par les bouchers, sans doute à cause des 
propriétés aphrodisiaques qu’on lui prête. C’est un aliment 
d’une extrème finesse, riche en graisses phosphorées. 

L'œsophage où herbière sera ajouté à la nourriture des Porcs, 
ainsi que la rate et les mamelles des Vaches, bien qu'on puisse 
cuire celles-ci dans le pot-au-feu. 

L'émouchet. On appelle ainsi l'extrémité de la queue garnie 
de poils. Les poils étant lavés, décolorés, crêpés, servent à 
garnir les matelas, sièges, oreillers, etc. 


154 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Les nivets, ou débris de toutes sortes seront un peu triés, 
les débris de laine, les bouts de corne seront mis à l'engrais, le 
reste sera fondu et pressé, le suif qui s'écoule se conserve 
mieux que le suif brut et les pains de cretons seront ajoulés à 
la nourriture des Porcs et des Volailles. 

Les viandes saisies et les animaux crevés seront stérilisés 
par la vapeur en vase clos et serviront encore à la nourriture 
des Pores et des Volailles. 

Nous avons élevé à Verdun 100.000 kilogrammes de viande 
de Porcs avec des crevailles stérilisées. La viande des Porcs 
était parfaite. ; 

Un Porc, nourri avec des aliments carnés, mélangés d'hy- 
drates de carbone et bien soigné, augmente facilement de 
2 kilogrammes par jour. Des Cannetons, à six semaines, sont 
vendables. 


Vous voyez quel bénéfice on peut tirer d’un élevage proche 
d’une boucherie de campagne ou d’un équarrissage bien monté, 
et quelle ressource un élevage ainsi conçu serail pour le pays. 

Je ne parle pas bien entendu des bêtes par trop infectées ou 
des bêtes en état de putréfaction. Dans ce cas on se contentera 
d’en faire de l’engrais en stérilisant la masse, en la desséchant 
et en la réduisant en poudre. 

Je n'ai pas la prétention de dire ici quoi que ce soit de nou- 
veau; je voudrais seulement faire pénétrer dans les campagnes 
françaises des idées d'économie de matières chez des gens qui 
sont déjà si économes d'argent. 


PIÈGE POUR RATS, MULOTS ET TAUPES 


Par CG. DEBREUIL. 


Ce piège, qui peut être facilement fabriqué par n'importe 
quel serrurier de village, est fait au moyen d'un fil de fer lai- 
tonné de 3 millimètres d'épaisseur, courbé en une sorte de 8, 
dont les branches supérieures, rapprochées par le haut, sont 
repliées à l’angle droit, à leur extrémité sur 4 centimètres de 
longueur. A la base du 8, le fil est enroulé sur lui-même, pour 
” donner le ressort nécessaire à la fermeture. 


PIÈGE POUR RATS, MULOTS ET TAUPES 155 


Pour le tendre, on serre à pleine main, les deux branches 
inférieures l’une vers l’autre, ce qui fait ouvrir les branches 
_ supérieures; on maintient ces dernières ouvertes par un anneau, 
légèrement trapézoïdal, fait en fil de fer de 2 millimètres et 
demi d'épaisseur. Cet anneau recoit les branches du piège dans 
de petites encoches ménagées sur 
chacun de ses côtés, près de son 
sommet; il doit être placé sur le 
même plan que la partie recourbée 
des branches et à une distance plus 
ou moins éloignée de celles-ci, sui- 
vant l'animal que l’on désire cap- 
turer. 

La figure ci-jointe, qui indique 
les mesures, fera mieux comprendre 
ce piège et la façon de le fabriquer. 

Malgré sa simplicité, il donne d’ex- 
cellents résultats, à la condition de 
bien savoir le tendre. 

Pour les Rats, placer l’anneau de 
fil de fer à 5 centimètres des bran- 
ches recourbées et fixer sur lui, 
comme appt, une figue un peu dure, / 
légèrement frottée d'essence d’anis;, {k---L--0,445---- À 
pendre le piège par son extrémité |! 
formant boucle, dans l'angle d'un 
mur, de facon que la partie infé- 
rieure soit à 48 centimètres au-dessus 
du sol. 

Par ce moyen, le Rat sera obligé 
de se dresser, et pour saisir l’appât, 
de passer entre les branches du piège; =. 
ces dernières se refermeront brusquement sur lui, dès qu'il 
tirera sur l’anneau pour prendre la figue. Ù 

Pour les Mulots, placer l'anneau de fil de fer à 3 centi- 
mètres des branches recourbées en y fixant, comme appt, une 
figue frottée d’anis; enfoncer le piège, ainsi amorcé, dans le 
trou en ayant soin de ne pas boucher ce dernier. 

Pour les Taupes, placer l'anneau de fil de fer, sans appt, 
- à 4 centimètres des branches recourbées ; disposer le piège 
dans les « routes » ou galeries » principales, la partie ouverte 


s Anneau - 


= _--6/00 = 2700] inonbuvp ==> 


456 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


tournée du côté où viendra la Taupe (pour plus de sureté, on 
pêut mettre deux pièges placés en sens contraire); le piège doit 
être posé de côté, de façon que les branches recourbées se 
trouvent en haut et en bas et non sur les parties latérales de la 
galerie. 

Grâce à cette disposition, les Taupes, qui fouillent de côté et 
non sous elles, ne rencontrent pas avec leurs mains, les 
branches du piège, avant d'arriver à l’anneau. Si les branches 
étaient placées différemment, elles les rencontreraient et, pré- 
voyant un danger, elles pousseraient de la terre devant elles, 
ce qui ferait détendre, impunément le piège. 

Le piège doit occuper tout le diamètre de la galerie, ne pas 
pouvoir remuer et être buté à son extrémité ; il convient enfin, 
de reboucher soigneusement l'ouverture qui à été faite pour le 
placer. 

Nous rappelons que les Taupes, sous notre climat, font leurs 
petits du 1° au 15 mai et du 15 au 20 septembre; à ces époques, 
on peut facilement les détruire en piochant les grosses taupi- 
nières ou donjon. 


\ 


‘EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 


NOTES DE LA COTE-D'AZUR 
Par le D' ROBERTSON-PROCHOWSKY. 


Je lis dans le Bulletin de décembre 1918 (p. 373) que notre 
collègue M. Ch. Rivière pense que les fruits, que j'avais envoyés 
comme étant des fruits de Yucca aloifolia 1. seraient des 
fruits de Y. draconis; maïs il ne donne aucune raison pour 
justifier cette opinion. Ce nom de Yucca draconis ne figure 
d’ailleurs pas dans les ouvrages scientifiques sur le genre. 
Vucca que j'ai à ma disposition, entre autres dans celui du 
_ prof. Trelease, de Saint-Louis (Etats-Unis) qui l’a étudié spé- 
cialement. Ce nom ne figure pas non plus dans le « Hand- 
list » de Kew-Gardens, ni dans le catalogue du jardin bota- 
nique de La Mortola, où la collection de Yuccas est très com- 


. 


EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 157 


plète (1). En tout cas je puis affirmer que les fruits que j'ai 
envoyés proviennent bien de l'espèce, reconnue comme Y. 
aloifolia 1. à la Mortola, où les plantes grasses sont spécialité. 
C’est, du reste, l’espèce la plus répandue sur la Côte d'Azur et 
à ma connaissance, la seule qui produise des fruits, au moins 
sans pollinisation artificielle, à l'exception peut-être de quel- 
ques très rares cas isolés. : 

J'envoie par ce même courrier des graines d’un Putia, qui 
me semble être B. capitata var. pulposa Beccari. Notre collègue, 
M. Rivière, n'a pas trouvé bien remarquables les qualités 
comestibles de Pufia capitata typica Becc. que j'avais envoyés, 
il y a deux ans; je suis d’accord avec lui; malgré leur goût 
assez agréable, le grand nombre de fibres dans ces fruits en 
rend la consommation à l’état cru assez pénible; je les avais 
conseillés pour en faire du sirop. Les fruits de cette variété 
pulposa contiennent moins de fibres et ont un goût bien meil- 
leur. Il y a même des personnes qui trouvent excellents ces 
fruits qui ont müri dans mon jardin au mois d'octobre- 
novembre. 


RÉPONSE DE M. CH. RIVIÈRE 


Au sujet des fruits du Vucca aloifolia présentés par le 
D’ Proschowsky dans la séance du 27 mars 1918, M. Ch. Rivière 
dit qu’il n’a pas entendu rapporter ces fruits à ceux du Yucca 
draconis, Lin ?? qui est différent absolument, mais il a seule- 
ment discuté sur la qualité négligeable des premiers, opinion 
qu’il a d’ailleurs formulée en 4897 dans son étude : Végétaux 
fruitiers monocotylédones en Algérie. Quant à la plante dite 
parfois Yucca draconis et si différente du Y. aloifolia, son fruit 
excellent est très rare dans les cultures. Cette espèce est de 
dénomination peut être simplement horticole, suivant M. Pros- 
chowsky, et c’est aussi l’avis de M. Ch. Rivière qui a toujours 
considéré cette plante remarquable comme appartenant au 
groupe des Yucca elephantipes, si différemment caractéristique 
du Ÿ. aloifolia. 

En ce qui concerne les fruits de Butia (genre retiré de cer- 


(1) D’après L « Index Kewensis » le Y. Draconis L. doit être rapporté au 


Y. aloïfolia 1. comme synonyme. 
NDLR 


458 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


tains Cocos), M. Ch. Rivière partage l'opinion de notre collègue 
sur la valeur fruitière relative de ceux qu'il a présentés. En 
effet, il y a parmi les espèces et variétés nombreuses de ce 


groupe de Palmiers, dont le type le plus connu est l’ancien : 


Cocos australis Mart., des fruits qui peuvent passer pour comes- 
tibles et utilisables pour leur fermentation : c'est ce que 
M. Ch. Rivière signalait dans l’étude précitée. 

La diversité d'appréciations analeptiques provient cerlaine- 
ment de la confusion des espèces et peut-être aussi d’hybrida- 
tions, tant ces plantes sont maintenant répandues et bien cul- 
tivées.. question également à suivre. 


BIBLIOGRAPHIE 


L'élevage dans l’Afrique du Nord, par M. GEOFFROY SAINT- 
HILAIRE, inspecteur de l'élevage en Tunisie, en congé, inspec- 
teur des Services de l'Agriculture au Maroc. Préface de M. le 
professeur Moussu, membre de l'Académie d'Agriculture (1). 

Un livre qui vient’à son heure, alors que les hostilités finies, 
les énergies francaises, de toutes parts, se tendent pour recon- 
stituer ce qui fut détruit, récupérer ce qui.a été perdu, rétablir 
l'équilibre des productions épuisées. Les colons, les agricul- 
teurs en particulier ont une lourde tâche en perspective pour 
remettre leurs terres en valeur et en obtenir le maximum de 
rendement. Par ailleurs la guerre a provoqué chez beaucoup 
de combattants des revirements d'opinion; le besoin de liberté 
et de grand air est devenu un fait général et nombreux sont les 
candidats qui aspirent à la vie coloniale. Toutes ces bonnes 
volontés ne seront pas de trop pour l'exploitation rationnelle 
de notre empire colonial nord-africain, pour en extraire toutes 
les productions si nécessaires, et satisfaireaux besoins toujours 
croissants de la Métropole, mais encore de l’Europe et du 
monde entier, dont les exploitations agricoles ou d'élevage 
ont été, de toutes parts, saignées à blanc. 

Dans la question de l'élevage, la production de la viande, la 
création des animaux de trait qui font à l'heure actuelle un si 
grand défaut, sont à l’ordre du jour; les nécessités de laine et 


(1) Un volume in-8° de 560 pages, 62 gravures et une carte de l'Afrique 
du Nord, prix 24 francs. A. Challamel, éditeur, 17, rue Jacob, Paris. 


2 


BIBLIOGRAPHIE 159 


de peaux sont grandissantes ; la guerre fut un consommateur 
toujours inassouvi, déterminant des goûts et des besoins qu'il 
faut aujourd’hui satisfaire à tout prix. 

Si l'élevage doit être une source de fortune pour Je proprié- 
taire qui s'y adonnera, encore faut-il qu'il soit aidé, dirigé et 
conseillé. 

C'est bien le but que s’est fixé M. H. Geoffroy Saint-Hilaire 
en écrivant son livre sur l Élevage dans l'Afrique du Nord, con- 
naissant la Tunisie et l'Algérie dans leurs moindres détails, 
ayant pu comparer leurs productions avec celles de la Tripoli- 
taine et de l'Egypte, il fut encore un des ouvriers de la pre- 
mière heure du Maroc. 

Professionnellement, M. H. Geoffroy Saint-Hilaire était peut- 
être le seul ayant une connaissance complète de l'Afrique du 
Nord lui permettant d'entreprendre la tâche ardue d'examiner 
comparativement toutes les espèces domestiques dans leurs 
races, sous-races et variétés, d’en parler en homme de métier 
et d'en tirer des conclusions pratiques sans ménager les direc- 


tives, les conseils et les instructions. Bien informé des res- 


sources du pays, il en connaît aussi les écueils, les difficultés 
qu'il a su mettre au jour en indiquant, toutefois, les moyens de 
les éviter. | 

On croit trop généralement dans le public mal informé des 
choses coloniales qu’il suffit de se présenter dans ces pays, trop 
souvent appréciés dans un rêve, pour prendre de la terre et la 
voir prospérer sans peine, donnant une fortune que le temps 
seul peut accroître. 

Faire l’ examen des conditions du milieu en montrant ses 
inconvénients ou ses ressources, l'histoire des élevages divers, 
des vicissitudes ou des succès qu’ils ont pu traverser, était une 
tâche saine qu'il n’était pas donné à tout le monde de tracer,car 


si les éleveurs expérimentés sauront reconnaitre l'intérêt des 


conseils éclairés de l’£levage dans l'Afrique du Nord, certains 
y verront peut-être s’écrouler bien des illusions. 

Après un examen approfondi des conditions du mile et de 
la situation de l'élevage avant la guerre, montrant ce qui a été 
fait et ce qui aurait pu être fait en Algérie, en Tunisie et au 
Maroc, M. Geoffroy Saint-Hilaire donne un apercu historique 
de ces pays afin d'amener le lecteur à comprendre le pourquoi 
et le comment des origines des espèces ou des races exploitées. 

Celles-ci sont étudiées tour à tour en même temps que les 


2 


EP CTP USER", 
4 d 


160 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


méthodes indigènes ou européennes qui président à leur déve- 
loppement et à leur exploitation, enregistrant les résultats de 
chacune d'elles, le pour et le contre, et ce qu'on pourrait 
obtenir de procédés rationnels dans l'avenir telqu'ilse présente 
déjà à nous. 

L'ouvrage est complété par des notions d'hygiène, l'énoncé 
des réglementations de police sanitaire en vigueur dans cha- 
cune des trois colonies pour se terminer par l'étude des mala- 
dies épizootiques et enzootiques. 

Le professeur Moussu, dans sa préface, qualifie bien l'ouvrage 
en disant : | 

« Henry Geoffroy Saint-Hilaire a vécu son œuvre. Depuis 
plus de vingt ans, il a passé son existence dans la France 
transméditerranéenne, l'a parcourue dans tous les sens durant 
toutes les saisons et par tous les moyens ; nul n’était donc plus 
qualifié pour juger de ce dont il parle. 

« Son Élevage dans l'Afrique du Nord n’est pas, comme on 
pourrait le supposer de prime abord, un aride traité technique 
ne pouvant s'adresser qu'au public restreint de ceux qui s’inté- 
ressent à la production animale; c'est plus et mieux que cela. 
C'est un livre charmant, parfaitement documenté, élégamment 
écrit, de lecture attrayante, dont bon nombre de chapitres 
présentent autant d'intérêt que des récits d’histoire,de voyages 
ou de missions coloniales. C’est de l’histoire naturelle appli- 
quée autant que l’histoire économique de la production des 
animaux en Afrique du Nord, complétée par des apercus sur 
les coutumes, les mœurs, les qualités et les défauts de popula- 
tions indigènes qu’il importe de bien connaître lorsqu'on se 
décide à accepter les conditions de l’existence au milieu d'elles. 

« Toutes les bibliothèques de colons, agriculteurs ou éle- 
veurs devront posséder ce livre, et je souhaite, en outre, qu'on 
le diffuse dans toutes nos grandes ou petites écoles d’agricul- 
ture. re 
« Le livre de M. H. Geoffroy Saint-Hilaire est enfin un livre 
d'actualité que la secousse brutale et terrible de la Grande 
Guerre fait apparaître au moment opportun. » 

L'Académie d'Agriculture de France a couronné cet ouvrage 
dans sa séance solennelle du 26 février 1919 en lui attribuant 
une médaille d’or. 


Le Gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


CAVE, Curator Lloyd Botanic 
Garden, Darjeeling (Indeséan- 
DIS ON) AE Re > : 

cer Papilio King. 

= Hopkers. Mi Fe 

— Campbellii Hook f. 

… — Osmastoni Gamble. 
Artemisia pauciflora Spreng, —— 
Astragalus stipulatus D. Don. 
Anemone vitifolia Buch-Ham. 

5 rivularis Buch-Ham, 


Bæœhmeria macrophylla D. Don. 
_Cassiope selaginoides Hook. f. 


… Thoms. k 
>  Cotoneaster frigida Wall. 
Coriaria nepalensis Wall. : 
Corylus feroz Wall. 
Cnicus involucratus Wall. _. 
Cynoglossum micranthun Desf, 
RS. _ dentficulatumA, D. C. 
 Diclytra thalictrifolia Hook. f. 
_ et Thoms. KT 


Fe 


- - et Thoms. - ei 

s Erythrina arborescens Roxb. 
Ficus Hookerii URSS 
Fraxzinus floribunda Wall. 


Hippophae salicifolia Don. _\ 
Helwingia himalaica Hook. {. et 
RFhome ss ee 

 Hymenopogon parasiticus Wall. 
- Hiypericum patulum Thunb- 


ninum humile L. : 


Mey. PARENTS 
» Lilium nepalense Don, D, 
. Lobelia pyramidalis Wall. 
. Luculia gratissima Sweet. 


Mandragora cærutlescens C, B. 
Clarke. Fe 
Meconopsis simplicifolia G. Don. 
RER ÈE paniculata. 
Mucuna macrocarpa Wall, 


Verllia thyrsiflora Don. 
Nyssa sessiliflora Hook. f. 


 Dedicularis Scullyana Prain, 

ee © trichoglossa Hook. f, 
 Picrorhiza Kurroa Royle. 

- Potentilla Griffithii Hook f. 

— leuconota D. Don. 
dophyllum Emodi Wall, 
lygonum vaccinifolium Wall. 
lerium diandrum Hook. f. 


— 


Po 


AREA OFFRES 


éry, par Aïxe (Haute-Vienne), 


» Paris, Joinville-le-Pont (Seine). 


Graines offertes par M. G.-H. 


 Eukianthus himalaicus Hook. f.. 


ue pseudo-Sabina Fisch. et 


“ Co. Agapornis nigrigenis de 198, accepte 
échange pour d'autres Oiseaux. — M. 


DOffiéier démobilisé, membre de la Société, re- 
cherche situation dans l’agriculture ou l'élevage. 
Hautes références. — M. L. Rousseau, 64, rue de 


EN DISTRIBUTION 


Primula Elwesiana King. 
Kingii Watt. 
reticulata Wall. 
Sikkimensis Hook. 
Stuartit Wall. 

>  Wattii King. 

Prunus Puddum Roxb. 

Pyrus foliolosa Wall. 


Rosa sericea Lindl. 
Richelia lanuginosa. 
Rubus paniculatus Sm. 


_ Ruellia cordifolia Wall. 


Rhus semialata Murray. 
Rheum nobileH ook. f. et Thoms. 
Rhododendron arboreum Sw. 
— arboreum, var. Camp- 
bellr. 5 = 
Rhododendron barbatum Wall. 
campanulatum Don. 
— campanulatum, Don.var. 
Wallichii. 
campylocarpum Hook. f. 


Dathousiz Hook.f: 
Falconeri Hook. f. 
fulgens Hook. f. 
grande Wight. 
Hodysoni Hook. f. 
lanatum Hook. f. 
lepidotum Wall. 
Maddeni Hook f. 
Wightii Hook. f. 


Saussurea Laneana. 
: eriostemon Wall. 
Sughoæ GC. B. Clarke. 
Saxifraga purpurascens Hook: f. 
et Thoms. 
Sedum asiaticum Spreng. ù 
elongatum Wall. 
Erversit Ledeb. 
himalense D. Don. 
Senecio diversifolius Wall. 
Ligularia Hook. f. 
Mortonti GC. B. Clarke, 
pachycarpus CG. P:Clarke. 
pauciflorus. 
Swertia dilatata C.B. Clarke. 
Hookeri G. B. Clarke. 
Kingii Hook. f. 
multicaulis D. Don. 
Thalictrum Chelidonii Hook. ft, 
et Thoms. ; 
Thalictrum cultratum Wall. 
Toddulia aculeata Pers. 


Vacciniun serratum Wight, 
Graines offertes par M. MAR- 

NIER-LAPOSTOLLE : 
Primula malacoides. 


PESTE AU ta 


Decoux, 


- cinnabarimum Hook. f. 


Dracæna indivisu àtropurpurea. 

Alsophila auslralis. 

Archontophænix Cunningha- 
_miand, 


Graines offertes par M. PROS- 
CHOWSKY : Ë 

Butlia capitata var. pulposa Bec- | 
cari. (Cocos pulposa Barbosa. 

Pittosporu:r floribundum Wight. 
et Arn. 

Livistona australis. 

Sabal Adansoni type. . 

Sabal Adansoni, jolie variété, se 
reproduit par semis. 


Graines offertes par M.MOREL : 


- Agathea amelloides D GC: ; 
Antennaria plantagineæ R: Br- 
Chinæcyparis nutkaensis Spach. 

obtusa Sieb.et Zuce: 

Cryptomeria japonica Don. 

Cupressus arisonica Green. 

Lawsoniana : 

var. Allumui. 
argentea. 
aurea-jlauca. 
elegantissimæ 

sulfurea: 
filifera glaucæ. 
patula. 
pulcherrima. 

Triomphe de 

Boskop. 

— versicoler. 

sémpervirens, var. horizon- 

talis. 

Cytisus Laburnum E. 

Cytisus proliferus, var. albus. 

Exochorda Albert Revel. 
Impatiens Sultani Hook. 

Juniperus excelsa Bieb. 

japonica, var. aurea. 
oœycedrus. - 

rigida. 
vérginiana,var.albo-picta. 

var. Chamberlaint. 

Païrrotia persica C. À, Mey. 

Polemonium cæruleum L. 

Rhodotypos kerrioides Sieb. 

Sequoia gigantea Torr. 

Spiræa astibboides. 

Taxus adpressa Gord. 

— baccata, var. hibernica aureæ. 
— Dovastont. 

Thuya occidentalis. 

ortentalis, var. filiformis. 
Thuyopsis dolabrata Sieb.etZucc- 

Graines offertes par M: BOIS : 

Ansérine at'arante. 


S'adresser au Secrélarial 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 


DEMANDES 


Thermosiphon d'occasion en bon état, avec ou 
Sans ses tuyaux, pouvant chauffer environ 60 mètres 


cubes, —M. Decoux, Géry, par Aixe (Haute-Vienne). 


Poules sauvages : Gallus Sonerati,; G. furcatus 2 
G. Lafayetti et Pénélopes. — M. R. H. Houvwink, 
H. Z. N. Meppel (Hollande). 


Oie d'Egypte femelle, Chèvre adulte bonne lai- 


tière, — M, Ch, 


Loyer, 28, rue Bonaparte, Paris, 


SÉVÉ : 


SOCIÊTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ve 


RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE 


utiles et d'ornement; 2° au D étfeb LE EU et à la mn des races 
“4 nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation 
Ne de végétaux utiles où d'ornement. c . A 7 ue 
Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dames. 
peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablis- 
sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins LO0IOBIUNER ou botaniques, Pass 
Sociétés commerciales, etc.). 
4 La Société se compose de membres Titulaires, membres # Vie, membres 
| Donateurs, membres Bienfaiteurs. 
Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'éntrés de 10 francs e une 


| 
| 
| 
| <otisation annuelle de 25 francs. (ee 
Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et ain s 'affran- 
1° chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. à 
Fe Le membre Donateur est celui qui verse une somme d’au moins 500 francs. 
g Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d’au moins 1.000 francs ; Fe 
£: son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. 
d La Société done chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 
4 Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant. théo- 
riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. Dal 
$ En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner 
x amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois 
des séances spéciales de Sections: 1° Mammalogie; 2° Ornithologie et sa. sous-section, 
Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture ; 4° Entomologie; 5° Botanique, et 6° Colonisation. 
Tous les membres peuvent assister à ces séances dont les ordres du jour men- 
| _  suels leur sont régulièrement adressés sur leur demande, 
| & E La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de Zoologie et 10 
| = Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels Done 
| maux à ses membres. 
| Le Bulletin mensuel formé, chaque année, un “ie déne on 400 pages + 
d illustrées de gravures. Il traite des questions concernant l'élevage des animaux, la 
© RE des plantes et particulièrement des faits d’acclimatation survenus en France 
ri à l'Etranger. Il donne des renseignements les plus variés sur les animaux et {es 
| res utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. 4 
| On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire: naturelle : 
| D. installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction), etc., ‘etc 4 
- & + { 3 DA TER | 5 : & 


La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin- 
= téressé; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commercé 
ser à ses statuts, l'aider dans ses efforts, c'est contribuer au bien-être génér 
ét à la prospérité du pays. 


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Le Gérant : À. MareTHEUXx, 


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Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


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SOMMAIRE 
SIÈGE SOCIAL 


NATIONALE D'ACCLIMATATION DE 


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DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES) 


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stations d'une femelle d'Hippopotame; alimentation et reproduction 
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BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1919 


Président, M Hdmond Perrier, Membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. F 


MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faid 
: ) Saint-Mandé (Seine). . 
Vice-Présidents. Prince P. D'ARENBERG, 10, rue de la Ville-l’ Évèque, Paris. 
Dr CHAUVEAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint-Germain, 


Secrétaire général; M. Maurice Lovxe, 12, rue du Four, Paris. 


MM.J. CRÉPIN, 55, rue de Verneuil, Paris (Séances). 
Secrétaires. CH. DRBREUIL, 2%, rue de Châteaudun, Paris ({ntérieur). i 
J. DELACOUR, 28, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 


Trésorier, M. le D' SkBILLOTTK, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bihliothécaire, M. L. CAPITAINE, 48, boulevard Raspail, Paris. 


Membres du»Conseil 


MM. A. CHaPpPELLIER, 197, avenue An ee Paris. f 

le D' AcHALMK, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue an 
Paris 

le D' P. MarcHaz. Membre de l'Institut, Professeur à l’Institut National Apréntetne: re 
de Verrières, à Antony (Seine). 

le D' LebiNcEe, 62, rue de la l'our, Pants. 

Maures, rue de l'Union, La Varenne-Saimnt-Hilaire (Seine). 

le Dr E. TaourssanTr, Professeur au Muséum d'Ilisioire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. 

Lkcoure, Membre de l'Institut, Protesseur au Muséurix d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, P 

P. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 

L. RouLe, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris, 

G. FoucxEr (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 

P. KESTNER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 

R. Le Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1919 


Janvier | Février Mars Avril Mai Novembre 


——————— | ————— | ——__— | ————— | ———_— | ——— 


| SÉANCES pu CONSEIL, le mercredi à 4 h. 8 12 12 16 14 12 


| Séances générales, le lundi à 3h. . .} op 17 n À d , & 


| Sous-SEecTion d'Ornilhologie (Ligue pour 
la Protection des oiseaux) le lundi 
OO Are PR ANR ARENA D CRE 


DIRE OU 24 14 12 24 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevrof 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société 
PR qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d' 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions DE 
par les auteurs ces articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 


PENDANT LA GUERRE 


Paris, le 1er juin 1919. 
Aux Membres de la Société. 


Les résultats obtenus depuis notre installation, boulevard 
Saint-Germain, sont trop encourageants pour que nous ne 
cherchions pas à en maintenir et même à en augmenter le 
succès. 

Mais les événements ne nous permettent pas, cette année 
encore, de poursuivre nos efforts sans faire un nouvel appel à 

- la générosité et au dévouement des membres de la Société. 
C'est pourquoi, nous venons, en toute confiance, et en 
remerciant ceux d’entre vous qui nous ont déjà prêté leur 
appui, vous demander, en participant plus nombreux à notre 
souscription de 1919, de rendre plus fructueuse, encore, la 
lâche patriotique que nous nous sommes imposée. 


Le Président de la Société, 


Eb. PERRIER, 
Membre de l'Institut. 


Les Bons de souscription sont de 50 francs. 

Un Bulletin de souscription est encarté dans ce numéro. 
Les noms des Donateurs sont inscrits sur un tableau, placé 
dans la salle des séances. 


4 


HENRI HUA 


(1861-1919) : 


Notre Société a le rare privilège de grouper dans la même 
communion d'idées des hommes que leurs professions, leurs 
travaux, leurs études semblent destinés à vivre sans se ren- 
contrer jamais. Mais les uns et les autres ont un lien commun, 
un même idéal : l'amour de la Nature et le désir de mettre ses 
ressources innombrables au service du pays. 


* BULL. S9C. NAT. ACCL. FR. 4919. — 11 


162 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


C'est cette union qui a permis à des savants et à des ama- 
teurs, à des hommes illustres, à d’autres plus modestes, à des 
techniciens et à des praticiens, mais tous ayant le même culte, 
la même passion, de collaborer efficacement à la même œuvre, 
en y consacrant le meilleur de leur temps et la meilleure part 
de leur activité. 

Henri Hua, que nous avons eu la douleur de perdre, le 
30 avril dernier, presque subitement, à l’âge de cinquante- 
sept ans, était un de ces hommes de science que nous sommes 
honorés de compter parmi nous. Érudit et modeste, c'était un 
travailleur opiniâtre et consciencieux. Issu d’une famille de 
magistrats, il semblait devoir continuer les traditions en 
honneur dans le milieu où s'étaient écoulées son enfance et sa 
jeunesse, quand, après quelques années passées au barreau, 
il orienta sa vie vers l'Histoire naturelle dont les études pré- 
sentaient pour lui plus de charmes que celle des controverses 
du droit. 

Ayant acquis en 1886 le grade de licencié ès sciences, il quitta 
le barreau pour poursuivre les études de Botanique qui lui 
étaient chères et s’attacha de préférence à l’une des branches 
de cette science encore négligée à celte époque, la Botanique 
systématique. Chargé d'abord, en 1892, au Muséum, par le pro- 
fesseur Bureau, du classement et de l'étude des plantes pro- 
venant de l'Afrique tropicale, il devenait ensuite, en 1896, 
préparateur au laboratoire de l'École des Hautes-Études, puis, 


en 1900, sous-directeur du même laboratoire. En 4907, il était 


nommé secrétaire général de la Société des Amis du Muséum, 
et en 1911, président de la Société philomatique. 

C'est en 1896 qu'il devint membre de la Société d’Acclima- 
tation ; il était élu, la même année, secrétaire de notre Conseil 
d'administration, et, depuis cette époque jusqu'à sa mort, il a 
rempli ces délicates fonctions avec le même zèle et le même 
dévouement. 

Ce collègue, dont l’aspect calme et froid cachait un savant 
modeste et timide, aimait beaucoup notre Société; il en a 
fourni la preuve en collaborant pendant vingt-trois années à 
notre œuvre, sans aucune défaillance, avec cette régularité et 
cette ponctualilé qui caractérisaient toute sa vie. 

La guerre, en lui prenant trois de ses fils dont l’un fut 
tué, le second blessé et prisonnier, le troisième, aviateur, au 
péril chaque jour, lui causa des angoisses qu'il cacha à ses 


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NOTE COMPLÉMENTAIRE SUR L'ŒUVRE DE RAPHAEL BLANCHARD 163 


amis, mais qui cerlainement contribuèrent à provoquer sa fin 
prématurée. , 
La liste des pertes que nous avons subies depuis le début de 
la guerre est extrêmement longue, celle que nous avons faite 
en la personne d'Henri Hua comptera parmi les plus doulou- 
reuses pour notre Société. 

M. Loyer. 


NOTE COMPLÉMENTAIRE SUR L'OEUVRE SCIENTIFIQUE 
DU PROFESSEUR RAPHAEL BLANCHARD 


_A PROPOS DES CONGRES INTERNATIONAUX DE ZOOLOGIE 


Par JULES DE GUERNE, 


Vice-président honoraire de la Société. : 


Un légitime hommage a été rendu à la mémoire du profes- 
seur Raphaël Blanchard par la rédaction du Bulletin de la 
Société d'Acelimatation. Parmi tant de travaux utiles accom- 
plis par notre regretté collègue, il à été fait mention très juste- 
ment, de la part considérable prise par lui à la création des 
Congrès de Zoologie. Une erreur toutefois s’est glissée à ce 
propos dans la courte notice publiée dans le dernier numéro du 
Bulletin (mars 1919). Bien qu’elle soït légère, puisqu'il s’agit 
d'un seul mot et d'ailleurs fort excusable, vu la rapidité de 
l'impression, il importe de la rectifier. Elle pourrait en effet, 
pour les lecteurs non avertis, diminuer la valeur de l’œuvre du 
défunt, ce que tous regretteraient sincèrement ici. Au surplus, 


_cela nous fournit l’occasion d'évoquer quelques souvenirs con- 


cernant la fondation des Congrès internationaux de Zoologie. 

À aueun moment de sa carrière scienlifique, Raphaël Blan- 
chard ne s’est occupé des Congrès francais de Zoologie, pour la 
simple raison que jamais institution semblable n’a fonctionné 
au profit de nos seuls compatriotes. Les Congrès de Zoologie 
auxquels notre collègue à consacré avec succès, pendant près 
de trente ans, une grande part de son inlassable activité, sont 
en réalité internationaux. Les zoologistes du monde entier ont 
été appelés à y participer. De cela même résulte leur impor- 
tance et l'intérêt général du fait qu’ils ont pris naissance en 
France grâce à l'initiative de quelques bons Francais. Sera-t-1il 


164 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION : 


permis à l’un d'eux de rappeler ici que plusieurs appartenaient 
à l'état-major de la Société d’Acclimatation.Du comité d’origine, 
formé à Paris en 1888, il ne reste plus aujourd'hui que notre 
président, M. Edmond Perrier et l’auteur de ces lignes. Mais il 
convient de mentionner qu'au début, deux des vice-présidents 
de Ia Société d'Acclimatation, Armand de Quatrefages (1) et 
Léon Vaillant firent partie l’un et l’autre du groupe de savants 
qui, sous la présidence d’Alphonse Milne-Edwards, membre de 
notre Conseil, réussirent à organiser, Raphaël Blanchard étant 
secrétaire, le premier Congrès réuni à Paris pendant l’Exposi- 
tion universelle de 1889. 

L'avenir a montré que l’œuvre était non seulement utile, mais 
durable.et qu'elle était appelée en outre à faire grand honneur 
à la France. Le siège du Comité permanent du Congrès fut en 
effet fixé à Paris et la langue française adoptée pour ses com- 
munications officielles (2). Les sessions, devenues triennales, 
se tinrent successivement dans les principaux centres scienti- 
fiques de l’Europe et des États-Unis. Particulièrement bien 
composées, les délégations francaises y furent toujours accueil- 
lies avec honneur, spécialement en Allemagne et en Autriche. 


Il nous est du reste agréable de constater aujourd'hui que sur. 


neuf Congrès, deux seulement ont eu lieu chez nos ennemis. 
Raphaël Blanchard a assisté à tous ces Congrès, y mainte- 
nant à un très haut degré la bonne renommée de la culture et 
de l'esprit francais auxquels il s’efforcait toujours de faire 
rendre justice. J'ai pu le constater maintes fois, ayant accom- 
pagné aux sept premiers Congrès internationaux de Zoologie, 
le secrétaire de leur Comité permanent. Il y représenta sou- 
vent la France au Bureau et participa toujours activement aux 
travaux de la Commission internationale permanente de 
nomenclature zoologique instituée en 1895 par le Congrès de 
Leyde et qu'il présida jusqu’à sa mort. Là pouvait s'exercer, au 
profit de tous, sa connaissance approfondie des langues qui 
lui permit également d'examiner les travaux d’origine très 


(1) A. de Quatrefages ayant donné sa démission fut remplacé par 
Albert Gaudry. 


(2) Le Comité permanent du Congrès est présidé depuis La mort d'Al- 


phonse Milne-Edwards par M. Edmond Perrier auquel on doit d’ailleurs 
l'un des premiers rapports qui aient été discutés à la session de Paris en 
1889. Voir Edmond Perrier. Sur les services que l’'embryogénie peut rendre à 
la classification.#" 


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NOTE COMPLÉMENTAIRE SUR L'ŒUVRE DE RAPHAEL BLANCHARD 165 


diverse, présentés pour les prix décernés par les Congrès et sur 
lesquels il rédigeait les rapports. 
_ Ayant eu la bonne fortune de faire avec Raphaël Blanchard 
de nombreux voyages à l'étranger (deux en Allemagne, en 
Angleterre et en Hollande, un au Canada, aux États-Unis, au 
Mexique et à Cuba, en Suisse et en Russie), j’ai bénéficié en 
maintes circonstances de son remarquable polyglottisme. Et 
je n'oublierai jamais l'enthousiasme qu'il souleva à Moscou, au 
mois d'août 1892, en remerciant, dans leur propre langue, les 
naturalistes russes de l'accueil fait par eux à leurs confrères 
de France. 

Une circonstance heureuse avait permis à Raphaël Blan- 
chard, au cours de ses études médicales, de s’assimiler com- 


. plètement la langue allemande. En 1877 et en 1880, une bourse 


de la Ville de Paris lui donna la possibilité de faire de longs 
séjours en Autriche et en Allemagne.Il y fréquenta assidument 
les laboratoires des plus grands maîtres en physiologie, 
embryologie, anatomie et zoologie des Universités de Vienne, 
de Leipzig, Halle, Berlin et Bonn. Un nouveau voyage entrepris 
en compagnie du D' Paul Regnard, aujourd’hui directeur hono- 
raire de l'Institut national agronomique, le conduisit dans les 
pays slaves et scandinaves, puis de nouveau dans l’Europe 
centrale. C’est alors qu’il adressa au Progrès médical une série 
de vingt-sept lettres du plus vif intérêt. Réunies en 1883, elles 
forment un volume intitulé : Les Universités allemandes, et où 
se trouvent groupés sous une forme attrayante nombre de docu- 
ments précis sur l’organisation de l’enseignementsupérieur chez 
nos ennemis. La vie universitaire et les mœurs parfois si gros- 
sières des étudiants d'outre-Rhin y sont décrites avec une vérité 
et une fraicheur d’impressions qui classent ce travail de jeu- 
nesse parmi les meilleurs qui soient sortis de la plume claire, 
facile et féconde de Raphaël Blanchard. 

C'est de cette époque lointaine, voilà près de quarante ans! 
que datent mes relations amicales avec le secrétaire général 
rénovateur, sinon fondateur au sens absolu du mot, de la 
Société zoologique de France. C’est en cette qualité que je l’ai 
connu tout d'abord, au temps où il publiait ses premières 
recherches sur l’anatomie et la physiologie des Reptiles et des 
Batraciens (1879-82). Devenu agrégé d'histoire naturelle à la 
Faculté de Médecine, il s’occupa plus spécialement des Vers 


parasites, puis des Sangsues, sur lesquelles il a donné un très 


166 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


grand nombre de notices insérées pour la plupart dans le Bul- 
letin et dans les Mémoires de la Société zoologique de France. 
Celle-ci s'était singulièrement développée grâce à son active 
impulsion, et c’est en s'appuyant sur la juste notoriété acquise 
par celte association absolument indépendante, que les savants 
dont j'ai ci-dessus évoqué le souvenir purent organiser le Con- 
grès international de Zoologie en 1889. Premier d'une fort 
belle série, sa tradition, des plus honorables pour la France, 
sera certainement conservée et suivie par les délégués des 
Sociétés savantes qui se réunissent actuellement ici même 
au siège de la Société d’Acclimatation, pour s'entendre sur les 
meilleurs moyens d'assurer le progrès scientifique chez les 
nations alliées. 

Appelé à succéder à Baillon comme professeur d'Histoire 
nalurelle à la Faculté de Médecine, Raphaël Blanchard adapta 
vite sa chaire et son laboratoire à l’enseignement de la parasi- 
tologie comprise dans le sens le plus large. Les Archives qu'il 
fonda en 1898 et dont les beaux fascicules se succédèrent sans 
interruption de trimestre en trimestre jusqu à la déclaration 
de guerre, absorbèrent dès lors à peu près exclusivement les 
nombreuses publications de leur directeur. On y retrouvera 
l'expression de sa pensée sur une foule de questions auxquelles 
s'appliquait son esprit de recherche et d'entreprise, secondé 
par une érudition qui croissait avec l’âge et par de vastes con- 
naissances en bibliographie. 

Cependant l’activité de Raphaël Blanchard s’étendait ailleurs, 
notamment à l'histoire de la médecine vers laquelle l'avaient 
depuis longtemps attiré le goût des documents iconographiques. 
anciens et surtout des médailles. Il avait réuni au cours des 
années une collection denumismatique des plus intéressantes 
concernant la médecine, l’art vétérinaire, les épidémies ou 
épizooties et tout ce qui s’y rattache, sans en excepter, bien 
entendu, les parasites. Dans ce domaine encore, sa connais- 
sance des langues le servait. Que d'heures agréables j'ai 
passées, en causeries à la fois documentées «et familières, 
examinant avec lui, en compagnie de quelques amis, les 
curieuses et souvent très belles médailles, anciennes ou 
modernes que leur heureux propriétaire nous permettait de 
manier dans l'intimité. Souhaitons que cette belle collection, 
pleine d'intérêt pour la science et qui touche de près l'acclima- 
tation par tout ce qui concerne les animaux domestiques, ne 


GESTATION D'UNE FEMELLE D HIPPOPOTAME 167 


soit pas dispersée. Puisse sa conservation dans quelque établis- 
sement public, contribuer, mieux que ces lignes trop rapide- 
ment écrites, à garder le souvenir et à honorer la mémoire de 
notre collègue trop tôt disparu. 


GESTATIONS D'UNE FEMELLE D'HIPPOPOTAME 


ALIMENTATION ET REPRODUCTION CHEZ LES ANIMAUX CAPTIFS 


par ALFRED MOUQUEX, 


Vétérinaire, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle. 


J'ai l'honneur de donner dans le tableau ci-contre les dates 
de naissance de 12 jeunes animaux proveuant d’un couple 
d'Hippopotames du Sénégal entré à la Ménagerie du Muséum : 
le mäle en fin juillet 1896, à l’âge de 8 mois; la femelle en 

mai 1897, à 6 mois environ. 


DURÉE DE LA GESTATION. 


La durée de la gestation est de : 
237 — 221 — 242 jours (Bartlett (1). 
234 .— 238. . . . jours (Westermann). 
BH... . … | , jours (Sauvinet}, 


Chiffres dont la moyenne est 237, soit en nombre facile à 
retenir : 8 mois (de 30 jours). La première parturition ayant 
eu lieu le 9 décembre 1901, le premier coït fécondant s’est 
produit environ 237 jours auparavant, époque à laquelle le 
mâle était âgé de 5 ans et 4 mois et la femelle d’un peu plus 

2 de 4 ans. 


NOMBRE DE JEUNES. SEXE. Poips. 


Chaque porlée n'a donné qu'un produit pesant de 34 à 
40 kilogrammes (2). Le jeune de 1907, dont M. le professeur 
Trouessart a parlé dans La Nature, pesait 38 kil. 900, 9 jours 
après sa naissance. 


(4) Observateurs cités par M. le professeur Trouessart, in La Nalure, 
14 septembre 1907. 
(2) Renseignements fournis par M. Sauvinet, pour 5 individus. 


168 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Les 12 petits, portés au tableau, fournissent comme sexes 
les nombres suivants : 
Mäles. . 


Femelles . 
Indéterminés . 


D] & © 


chiffres qui, émanant d’un seul couple, ne peuvent permettre 
de tirer aucune conclusion certaine; toul au plus peut-on 
croire, d'après le calcul des probabilités, que le nombre des 


mâles aurait continué à être le plus fort, si tous les sexes 
avaient été connus. 


ÉPOQuE DES NAISSANCES. 


À l'état sauvage, d'après les renseignements fournis par 
M. le lieutenant Girard (1) qui a fait de longs séjours au Séné- 
gal et au Soudan, on voit au mois de juillet, à l’époque où l’eau 
des fleuves monte, des mères avec leur petit âgé d'environ 
2 mois. Ceci mettrait donc les naissances dans le courant de 
mai. Mais je crois qu'il serait imprudent de généraliser ces 
dates pour tous les pays où les Hippopotames peuvent étre 
rencontrés, en raison des variations de la saison des pluies 
suivant les latitudes et la plus ou moins grande proximité de 
la mer. 

En captivité, les naissances ont lieu comme l'indique le 
tableau dans 7 des mois. Le mois d'août à lui seul en fournit 3 
et les périodes août-septembre et décembre-janvier sont les 
plus favorisées, avec 4 chacune. Les 4 autres se remarquent en 
mars 2, avril À et juin 1. 


Peut-on tirer un enseignement de l'analyse qui vient d’être 
faite ? Je crois l'observation fournie par un seul couple chose 
insuffisante pour cela. Le fait suivant semble pourtant s’en 
dégager : La captivité rapproche les grands animaux sauvages 
des animaux domestiques chez lesquels la régularité de l’ali- 
mentation provoque assez facilement de nouveaux ruts, sou- 


vent bien visibles chez les femelles non fécondées lors des pre- 


mières « chaleurs ». 


(1) Cet officier est bien connu des membres de la Société. Il a fait de 
- nombreux et intéressants dons au Muséum. 


169 


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170 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Chez les animaux «en liberté, le rut ‘se manifeste à époques 
fixes, variables suivant les zones d'habitat et, une fois ter- 
miné, a moins de tendance à réapparaître, car la vie sauvage 
oblige la bète à subir les influences des périodes de diselte 
plus ou moins intense et d’abondance amenées par le froïd et 
la chaleur, la sécheresse et l'humidité. Ceux-ci font varier dans 
d'énormes proportions la végétation nécessaire aux herbivores 
et modifient profondément les conditions de chasse et de cap- 
ture imposées aux carnivores. Le rôle de l'alimentation, sur 
lequel j'aurai d’ailleurs à revenir, était bien connu des vieux 
chasseurs francais et leurs observations, souvent si précieuses 
pour nous, signalent, par exemple, l’abondance des glands 
comme une cause d'un deuxième rut, très déprimant d'ail- 
leurs (en fin octobre), chez les Cerfs de nos forêts. 

L'étude du tableau permet encore de constater des variantes 
énormes dans les nombres de jours qui séparent deux mises- 
bas. Le chiffre le plus fort est 635 et le plus faible 266. En 
retranchant de chacun d’eux la durée d'une gestation, soit 
237 jours, nous saurons approximativement pendant combien 
de temps l'utérus est resté au repos. Les soustractions faites 
nous disent que, dans un cas, la femelle, suivant l’expression 
imagée des campagnes, est restée vide durant 391 jours et dans 
l’autre durant 22 jours seulement. 


Comme il n’y a pas d'effet sans cause, à quoi attribuer sem- 


blable différence ? 

Peut-être peut-on a une question alimentaire, peut- 
ètre aussi peut-on penser à un état pathologique ? En effet à 
l’état de nature la quantité d’eau de lac ou de rivière dont dis- 
posent les animaux peut être considérée comme immense 
quand on la compare à celle d’un bassin de ménagerie. De. 
plus les femelles s’isolent pour mettre bas et, après une partu- 


rition qui a pu se faire dans des conditions favorables, restent. 


assez longtemps éloignées des troupeaux. 

En ménagerie, au contraire, le liquide des bassins est tou- 
jours souillé par les déjections et la bête, qu’elle accouche 
dans l’eau ou hors de l'eau, a des chances beaucoup plus 
grandes de s’infecter. En résulte-t-il une inflammation subai- 
guë, une sécrétion anormale des muqueuses génitales capable, 
en tuant les spermatozoïdes, d'empêcher la fécondation pen- 
dant un certain temps? La chose est possible, maïs n’en reste 
pas moins difficile à démontrer pour le moment. Je suis d’ail- 


GESTATIONS D'UNE FEMELLE D HIPPOPOTAME 171 


leurs prêt à accepter toute autre explication qui paraîtrait plus 
plausible. 


ÉLEVAGE DES JEUNES. 


L'élevage des petits Hippopotames n’a pas donné de bons 
résultats au Muséum. Tous les produits sont morts très jeunes; 


l'un d'eux, alimenté au lait de Chèvres a, par exception, vécu 


durant 21 jours (Trouessart, loc. cüt.). 

Les causes de ces insuccès sont les suivantes : 

1° Difficulté grande de séparation du mäle et de la femelle, 
avant, pendant et après la mise-bas; 

2° Brutalité des ascendants; 

3° Influences des visites trop fréquentes et par conséquent 
inopportunes qui n’ont pour résultat que d’irriter la mère (1); 

4° Manipulations du jeune ; è 

5° Infections diverses se produisant par voies ombilicale, 
digestive ou cutanée (en cas de plaie) et ayant pour cause l’eau 
souillée par des excréments et des débris alimentaires. 

La part de l'infection dans la mortalité est bien prouvée par 
l’autopsie du petit de 1907, qui a vécu 21 jours. Les lésions 


 d’endocardite ulcéreuse constatée et les abcès extérieurs en 


sont la preuve évidente. 


Je vais maintenant, en essayant d'être aussi bref que possi- 


ble, dire quelques mots de la reproduction des animaux 


captifs qui pus au point de vue génital, être divisés en 
3 chasses : 


À. — Animaux qui se reproduisent bien ; 
B. — Animaux qui se reproduisent mal ; 
C. — Animaux qui ne se reproduisent pas. 


Je ne m'occuperai que des deux dernières catégories qui 
sont, avec une question de plus ou de moins, dans des condi- 
tions analogues. Je ferai cependant remarquer en passant que 
les individus de la classe B sont fatalement appelés à passer 


(1) Tout le monde sait que les Oiseaux jettent souvent hors du nid ou 
abandonnent des petits qui ont été manipulés par des curieux. Chez les 
Mammifères, la production du lait est influencée.: Les Vaches laitières, 
que des visites d'étrangers font sortir de leur tranquillité, donnent un 


- rendement moins grand à la fin de la journée, 


172 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


dans la classe C pour la raison suivante : Les animaux à petite 
fécondité (par rapport à celle de leur espèce) engendrent des 
descendants qui, par hérédité, sont peu féconds et les produits 
de ces derniers ont de la tendance à l'être moins encore (4). 
C'est ce que mon professeur, Raoul Baron, exposait dans son 
cours de zootechnie d’une facon à la fois humoristique et 
sérieuse par la formule : La stérilité est héréditaire. 

A quoi est due cette stérilité complète ou relative ? On peut 
invoquer pour les bêtes de ménagerie le changement de climat 
avec toutes ses variantes, l’exiguïté des locaux, le manque 
d'exercice, l'absence de retraite pour Les amours, la consangui- 
nité, l'ennui, la peur, etc., etc. < 

Toutes ces raisons de trouble ont ou peuvent avoir une plus 
ou moins grande importance, mais une cause doit, sans aucun 
doute, être placée en première place : c’est l'alimentation. 

Avant d'aller plus loin, quelques données seront résumées. 
Vous les trouverez, sans doute, vérités banaïies, mais elles ont 
leur place dans la question qui nous occupe. 

On dit, avec ‘raison, que chez l’animal en santé oies les 
fonctions s’accomplissent régulièrement. La fonction de repro- 
duction étant celle qui doit prolonger l'être dans le temps ne 
fait pas exception à la règle. On peut donc conclure qu'un 
couple à bonne conformation des organes génitaux qui reste 
sans postérité est un couple qui n’est pas en santé parfaite, et 
cela quelle que soit l'apparence extérieure de prospérité de 
chacun des individus qui le composent. 

Ceci admis, les physiologistes nous disent que les divers 
organes ou tissus qui se trouvent réunis dans un individu ne 
fonctionnent pas indépendamment comme une série de mon- 
tres sur l'établi d’un horloger, mais qu’ils sont au contraire 
en corrélation intime. Et ce, non seulement par l'influence du 
système nerveux, mais encore par les produits qu'ils laissent 
dans la circulation. Il y a symbiose entre les tissus, a dit 
Armand Gautier, et il n’est par conséquent pas de cellule dont 
le travail ne soit dépendant du travail chimique d’autres cel- 
lules, a ajouté le professeur E. Lambling. 

La coordination chimique se produit donc par les sécrétions 
internes ou hormones (de opuaw, j’excite) que les études mo- 


(4) Surtout si les enfants et petits- enfants sont maintenus dans les mé- 
mes conditions que les parents. 


sit 
| 
\ 


GESTATIONS D'UNE FEMELLE D'HIPPOPOTAME 173 


dernes ont fait connaître. Le testicule et l'ovaire subissent la 
loi commune. IIS influencent d’autres tissus et sont influencés 
par eux. Tous deux sont des glandes doubles, c’est-à-dire à 
sécrétion externe et à sécrélion interne. De la première résulte 
le sperme ou l’ovule ; par la seconde sont provoquées les modi- 
fications remarquées de tout temps sur le squelette, les pha- 
nères, la voix, etc., etc. Les mâles châtrés ressemblent à des 
femelles (andromorphisme), les femelles à des mâles (gyno- 
morphisme). Une vieille Biche à l'ovaire usé peut avoir des 
bois, etc., etc.). Pour être moius visible pour un observateur 
superficiel, l'influence des divers tissus ou organes sur les tes- 
ticules et les ovaires n'en est pas moins nette et tout ce qui 
concerne la digestion (destruction) et l'assimilation (reconsti- 
tution), par exemple, a la plus grande importance sur la mar- 
che des phénomènes touchant à la reproduction. Comme c’est 
l'alimentation qui fournit les éléments de développement ou 
d'entretien d'un être, la bonne composition de celle-ci doit être 
forcément d'une importance exceptionnelle. Mais avant d'aller 
plus loin sur ce sujet il serait bon de dire un mot du rut. On 
ne doit pas le considérer comme une manifestation amoureuse 
se produisant une première fois par hasard et se reproduisant 
ensuite par habitude ou par simple hérédité à certaines épo- 
ques, mais comme le résultat de phénomènes complexes qui se 
passent dans l'être durant une période préparatoire qui est 
plus ou moins longue, suivant la taille, la durée de la gesta- 
tion, etc., etc. C’est l'alimentation qui apporte les éléments qui 
s'accumulent, en réserves, dans divers tissus, dans le testicule 
et dans l'ovaire entre autres, pour permettre l'apparition des 
chaleurs à certains moments. Le rut est donc une résultante. 
Une fois celui-ci déclenché, le testicule et l'ovaire étant sortis 
de leur torpeur apparente déversent en dehors le produit de 
leur sécrétion externe et lancent en dedans, par la circulation, 
la masse de la sécrétion interne beaucoup plus abondante qu'à 
l’état de non-rut. À cette dernière vient parfois s'ajouter une 
partie des produits de la sécrétion externe qui peut être 

résorbée (1). Il résulte de tout cet apport dans l'organisme une 


(1) Les travaux de divers auteurs et entre autres du vétérinaire Pruneau 
prouvent que les Chiens dont on a ligaturé les canaux déférents sont plus 
ardents, plus vigoureux que les autres (au moirs jusqu'au moment où les 
testicules subissent des altérations déterminées par l'opération). (Bulletin 
Soc. cent. de Médecine vétérinaire, 1900.) 


174 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


excitation des glandes sébacées, du système nerveux, etc., ete., 
qui a été remarquée de longue date. L'influence sur le systéme 
nerveux est telle que les mâles, en particulier, subissent une 
véritable auto-intoxication qui les pousse à commettre des actes 
contraires à leurs habitudes. Intoxiqué le craintif Cerf de nos 
bois qui attaque l’homme ou engage des combats avec des 
objets inanimés, intoxiqué l'Éléphant domestique qui tue son 
gardien sans aucune provocation. Intoxiqué probablement 
aussi cet homme très continent qui voyait, au cours d’une 
réunion, les têtes des femmes présentes ornées d’une auréole. 
Si on admet ces données, etje crois qu’elles sont l'expression 
de la vérité, on peut se demander si parmi les crimes passion- 
nels fréquents à certaines époques de l’année, quelques-uns ne 
sont pas commis par des individus ayant une responsabilité 
plus ou moins atténuée, au moment de la perpétration de leur 
forfait. Mais ce dernier point n'étant point de notre ressort, 
j'en reviens à l’alimentation. 

Jusqu'à une époque très rapprochée de nous, on disait qu’un 
aliment était complet quand il contenait en certaines propor- 
tions des matières protéiques, des hydrates de. carbone, des 
graisses et des éléments minéraux. On donnait le coefficient 
de digestibilité d'une ration, le rapport des albuminoïdes aux 
autres éléments, le rapport adipo-protéique, maïs on traitait 
sur un pied de trop grande égalité chimiqueles diverses matières 
azotées (albuminoïdes), autrement dit on ne tenait pas assez 
compte des produits de leur dislocation ; ceux-ci, suivant leur 
nature, ayant une importance variabie. 

Les travaux modernes nous ont en effet appris que les mo- 
lécules complexes et très grosses des albuminoïdes sont de 
structure plus où moins différente non seulement dans les 
innombrables organismes qui forment les règnes animal et 
végétal, mais encore dans les divers tissus d’un même être. On 
peut comparer ces molécules à des maïsonnettes construites 
avec des éléments variés : briques, moellons, meulières, agglo- 
mérés, pierres de taille de dimensions plus ou moins gran- 
des, etc. De même qu’un architecte voulant faire de nouvelles 
construclions avec les matériaux d'anciennes maisons doit 
commencer par démolir ces dernières, de même l’animal qui 
trouve des albuminoïdes dans ses aliments doit commencer 
par les démolir chimiquement et plus ou moins complètement 
pour y trouver des molécules plus petites qui serviront à l'édi- 


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GESTATTONS D'UNE FEMELLE D'HIPPOPOTAME 475 


fication de ses propres tissus ou à la confection de principes 
indispensables à la bonne marche de son organisme. On com- 
prend facilement que l'architecte ne trouve pas toujours dans 
ses matériaux de démolition tous les éléments nécessaires à la 
construction d'une maisonnette nouvelle. Il sera donc obligé 
d'arrêter les travaux ou d'acheter ce qui lui manque. L'animal 
de son côté pourra ne pas trouver dans les albuminoïdes de 
son alimentation les molécules plus petites indispensables à 
l'édification ou la réparation d’une albumine qui lui est propre 
ou encore indispensable à l'élaboration d’une sécrétion abso- 
Jlument nécessaire. Il devra donc aussi arrêter les travaux; ce 
sera pour lui la panne dans le développement, l’usure dé ses 
propres tissus, l’arrêt dans les fonctions de reproduction ou la 
maladie par carence, états qui forcément trouveront remède 
dans l'apport à la ration des éléments manquants. Ce serait 
dépasser de beaucoup le cadre de cette petite note que résumer 
les beaux travaux qui ont été faits sur la dislocation des albu- 
minoïdes in vitro, sur les synthèses partielles réalisées au 
laboratoire, sur le rôle de quelques-uns des matériaux de dé- 
molition (acides aminés) (1) sur la croissance et la nutrition 
générale, soit que ces corps agissent en quantité, en qualité ou 
- par leur groupement. Ceux que ces travaux intéressent pour- 
ront y trouver l'explication de choses restées bien longtemps 
obscures. Ils pourront recueillir aussi dans la lecture des 
recherches sur les vitamines (2) bien des surprises. 

On sait que ces dernières substances sont considérées actuel- 
lement comme absolument nécessaires à l'organisme en vertu 
de leur action (par quantités excessivement petites) sur la crois- 
sance du jéune, la nutrition générale de l’adulte et sur les phé- 
nomènes de la génération. Les vitamines agissent sur la repro- 
duction. Des expérimentateurs américains ont pu, en les suppri- 
mant de l'alimentation, rendre impuissants des animaux qui 
retrouvaient leurs qualités de reproducteurs au retour de ces 
principes dans la ration. 

D’autres faits doivent aussi à l’heure actuelle être pris en 
considération. Ce sont eux qui nous disent le rôle que jouent 


(1) Lysine, Cystine, Arginine, Hiystidine, etc. 

(2) On trouvera un excellent exposé de la question dans l’article de 
Georges Schæffer : « Les travaux récents sur les besoins qualitatifs 
d'azote chez les Mammifères et les vitamines » (Bull. Soc. scientifique 
d'hygiène alimentaire de 1918). 


176 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


les symbiotes (micro-organismes vivants dans les tissus) 
dans la nutrition générale. Le professeur Paul Portier qui est 
l'auteur d'une théorie sur la symbiose dit : « Tous les êtres 
vivants, tous les animaux depuis l’amibe jusqu’à l'homme, 
toutes les plantes, depuis les Cryptogames jusqu'aux Dicotylé- 
dones, sont constitués par l'association, l'emboîtement de deux 
êtres différents ». « Toute synthèse biologique est l’œuvre d’un 
symbiote vivant », et il ajoute « la Carence, l’Avitominose 
(manque de vitamines) n’est autre chose que l’Asymbiose, c'est- 
à-dire un déficit de Symbiotes dans l’organisme ». Pour lui 
une Vitamine n'est autre chose qu’une grande quantité de 
Symbiotes. Au sujet de la reproduction qui nous occupe parti- 
culièrement il a constaté que les animaux mâles morts de 
carence présentaient des altérations des testicules ; les tubes 
séminifères étaient bourrés de cellules, mais il n’y avait plus 
de spermatozoïdes. 

La théorie de la symbiose n’est pas une simple vue de l’es- 
prit, elle s'appuie sur des faits scientifiques qui ne sont pas 
sans faire grande impression sur ceux qui en lisent l’exposé 
dans le livre de l’auteur (1). 

L'ensemble des données qui viennent d’être nn. à 
grands traits indique le rôle très important que joue l'arnen- 
talion insuffisante en qualité chimique dans la stérilité constatée 
chez les animaux captifs, mais si les belles recherches des 
savants modernes semblent bien démontrer scientifiquement la 
chose, il ést certain qu'avant eux les observateurs avaient pu se 
former une opinion à ce sujet : quelques exemples le prouve- 
ront. Si tous n'ont pas la EIBUEUE scientifique exigée d’une 
expérience de laboratoire, ils n’en conservent pas moins leur 
valeur pratique. 

Et tout d’abord les botaniste et les agronomes nous avaient 
appris, au sujet des aliments minéraux, que du Blé, par exem- 
_ple, cultivé en sable lessivé, se développait mal et ne donnait 
pas de grains quand le phosphate ne lui était pas fourni en 
quantité suffisante. Les chimistes nous disaient également 
que la magnésie qui existe souvent en plus grande quantité 
que la chaux dans les graines devait jouer un rôle important 
dans la production et l'évolution des semences. 

Sans insister plus longtemps sur ces faits, passons aux obser- 


1) Paul Portier. Les Symbiotes. 


Societe Nalionale d'Acclimatation. PIANE 


Chinois promeneur d'oiseau. (Extrait des Oiseaux de Sport, par P. A.-Picuor. 


Annee 1919. 


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Année 1919. 


GESTATIONS D'UNE FEMELLE D HIPPOPOTAME 177 


… 


yations des ovoculteurs qui, pour augmenter le rendement en 
nombre des œufs, ont préconisé depuis longtemps l'adjonction 
de viande à la ration végétale des Poules. Or, comment peut 
agir cette viande? Peut-être par les vitamines, mais probable- 
ment aussi parce que les molécules albuminoïdes de la viande 
fournissent en qualité des éléments plus facilement et plus 
rapidement transformables en protéiques d'œufs que les pro- 
téiques végétaux. La viande semblerait done agir, dans ce cas 
au moins, comme accélératrice de la production. 

Examinons maintenant ur carnivore de nos contrées que les 
chasseurs trouvent toujours trop prolifique : le Renard. En 
captivité sa reproduction se fait mal et au Muséum, d’après 
les renseignements que j'ai pu recueillir, elle n’a pas été obte- 
nue ou l’a été rarement. Le Renard, en liberté, mange des 
animaux divers, des Oiseaux, des petits Mammifères qu'il avale 
parfois complètement (viande, peau, os et viscères) (1). Peut- 
être aussi en cas de disette se contente-t-il de bêtes inférieures 
et de végétaux. Il est, paraît-il, friand de raisins et, comme 
l'Ours, de miel? Tout cela forme une variété d’aliments qui 
n'existe pas en ménagerie où l’animal, le plus souvent, d'un 
bout de l’année à l’autre, recoit de la viande saignée, générale- 
ment maigre et pas de viscères. On peut en conclure qu'il ne 
trouvé pas, avec son alimentation de captivité, les éléments 
nécessaires à la mise en branle de ses fonctions génératrices. 
Et cette déduction devient tout à fait évidente quand on prend 
connaissance des remarques de deux fermiers des États-Unis, 
Mrs Stevens et Norton qui, à Dover (Maine), se livrent à 
l'élevage des Renards argentés pour en vendre les peaux. Ces 
personnes ont conslaté qu'une nourriture exclusivement ani- 
male, composée de Poulets, Lapins et Souris, rend les ani- 
maux stériles et leur donne de la dyspepsie. 

Le régime employé par chacun des éleveurs est un peu dif- 

. férent, mais peut se résumer de la facon suivante : Alimenter 
les Renards comme les Chiens, donner très peu de viande, 
utiliser les déchets de cuisine, le lait frais (2), la viande crue 

- ou cuile, des gâteaux composés de farine et lait caillé (sans 


a 


. sel) et y ajouter de temps à autre des Corbeaux et des Mar- 


(1) Les organes glandulaires sont plus riches en vitamines que les 
muscles. : 
(2) Riche en vitamines. 


» 


178 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


mottes grasses. Résultat : Peu ou pas de morts en 5 ans; moitié 
des femelles fertiles chez M. Norton, un tiers seulement chez 
M. Stevens qui nourrit moins les animaux que son voisin. 
Nombre de petits à chaque portée variant de 3 à 9 (1). 

Après les faits si nets que nous venons de voir, ceux qui 
suivent paraîtront peut-être moins démonstratifs, mais n’en 
présenteront pas moins un réel intérêt. J'ai dit plus haut que 
les chasseurs avaient remarqué un deuxième rut chez les Cerfs 
quand les glands étaient abondants; les mêmes observateurs 
signalent que le rut ordinaire est d'autant plus précoce que les 
animaux, mâles ou femelles, sont plus âgés. La chose m’a paru 
digne d'être remise en mémoire avant de dire que les traités 
de chasse qui parlent de l'entretien et de la reproduction des 
Cerfs, en grands parcs fermés, recommandent de ne point 
négliger de cueillir durant l’été de la ramée de Chône rouvre 
ou de Hêtre (la première de préférence) afin de pouvoir la dis- 
tribuer avec ses feuilles durant l'hiver. Les animaux en tirent, 
paraît-il, le plus grand bénéfice. 

Brehm, d’un autre côté, dans son Traité des Mammifères, au 
chapitre « Elan » raconte qu’il n’a jamais pu conserver un de 
ces animaux en ménagerie jusqu’au jour où l'idée lui vint 
d'ajouter à leur nourriture du tannin, qui les remit en pleine 
vigueur (2). 

Or on remarquera tout de suite que les glands et la ramée 
(brindilles et feuilles) des chasseurs sont des aliments riches 
en tannins. 

Voilà donc trois observalions qui nous disent que ces der- 
nières substances sont très utiles sinon indispensables aux 
Cervidés et probablement aussi à d’autres animaux. Comment 
agissent ces tannins? Je n’en sais rien. Il me paraît certain 
que, dans les écorces, des vitamines doivent leur être associées 
et il est possible qu'une de ces. dernières reste accolée au tan- 
nin des pharmacies (au moins avec certains modes de prépa- 
ration). Mais il est également admissible que les tannins entiers 
ou les deux molécules d'acide gallique qui peuvent provenir 
de celui de la noix de galle, par exemple, soient utilisés par 


x 


les animaux à des fins dont j'aurai peut-être à vous reparler 


(1) Les observations de Mrs Stevens et Norton ont été rapportées par 
M. Loisel dans les Nouvelles Archives des Missions scientifiques et litté- 
raires (année 1908). 

(2) Les Elans sont de grands mangeurs d’écorces d'arbres. 


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GESTATIONS , D'UNE FEMELLE D'HIPPOPOTAME 179 


plus tard. Pour eu terminer avec cette Substance il est bon de 
rappeler qu’elle forme une bonne nourriture pour les moisis- 
sures qui parfois la dédoublent, qu’elle entre dans un certain 
nombre de préparations pharmaceutiques dites toniques et 
qu'elle a été employée avec profit par le professeur Yves De- 
lage, si je ne fais erreur, dans ses expériences sur le développe 
ment des œufs non fécondés. 

J'ai déjà bien abusé de votre bienveillante attention, mais je 
voudrais avant de terminer vous dire deux mots des Insectes. 

J.-H. Fabre, dans ses remarquables « Souvenirs entomolo- 
giques », nous conte avec une verve toute française les amours 
de la Mante religieuse dont la femelle, dans l’intervalle de deux 
semaines, dévore jusqu'à sept mâles et pousse la gloutonnerie 
jusqu'au point de ne pas attendre la fin d’un contact intime 
pour commencer un repas dont son partenaire fait les frais. La 
petite Mante décolorée a, dit le même auteur, des mœurs ana- 
logues. Pour expliquer ces tueries Fabre écrit : « Peut-être 
est-ce une réminiscence des temps géologiques, lorsque, à 
l’époque houillère, l'Insecte s’ébauchait en des ruts mons- 
trueux. Les Orthoptères dont les Mantiens font partie, sont les 
premiers nés du Monde entomologique. Grossiers, incomplets, 
en transformation, ils vaguaient parmi Les Fougères arbores- 
centes, déjà florissants lorsque n'existait encore aucun des 
Insectes à délicates métamorphoses, Papillons, Scarabées, 
Mouches, Abeïlles. Les mœurs n'étaient pas douces en ces 
temps de fougue pressée de détruire afin de produire; et les 
Mantes, faibles souvenirs des antiques spectres, pourraient 
bien continuer les amours d’autrefois. » | 

Ces explications sur les causes de la voracité de la Mante 
femelle me paraissent un peu nuageuses, je crois plus simple 
de dire : Dans les conditions où l'observateur a placé les In- 
sectes ou même eu liberté, les femelles qui mangent leurs 
mâles obéissent à une nécessité absolue. Elles ont besoin de 
maliériaux, soit pour les opérations d’une ponte immédiate, 
soit pour les besoins d’une ponte future et ces matériaux que 
peut-être les mâles seuls peuvent fournir, sont bien plus rapi- 
dement iransformables (par une femelle qui n’a pas de temps 
à perdre) que ceux provenant de proies d'espèces différentes. 
Hypothèse, direz-vous et hypothèse n’est pas forcément vérité, 
mais comme Fabre fait méntion de mœurs analogues non seu- 
lement chez le Carabe doré, le Scorpion languedocien, le Dec- 


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180 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


tique à front blanc, la Sauterelle verte qui sont carnivores, 
mais aussi chez des Insectes végétariens, l'hypothèse prend du 
poids et d'autant plus de poids que d’autres espèces non signa- 
lées doivent agir de même façon. 

L'androphagie reconnaît donc des causes analogues à celles 
signalées pour l’anthropophagie primilive des tribus sauvages. 
Pour celles-ci on a invoqué le besoin d'albuminoïdes animaux ; 
pour la première il serait sage pour le moment de dire : Besoin 
de malières encore indéterminées. 

Telles sont quelques-unes des observations qui ont pu, avant 
les travaux actuels signalés plus haut, aider -certaines per- 
sonnes à se former une opinion sur le grand rôle que joue la 
qualité chimique de l'alimentation dans les phénomènes de 
reproduction et par conséquent dans les causes de la stérilité 
constatée chez certains animaux SOUS. 


LES OISEAUX DE CAGE EN CHINE 


Par PIERRE AMÉDÉE-PICHOT 


Nous recevons de M. A. Boppe, ministre plénipotentiaire en 
Chine, des renseignements sur la capture et l'élevage des 
Oiseaux dans ce pays. Les renseignements de notre collègue 
complètent ceux que le médecin de marine K.-H. Jones a 
récemment publiés dans l'Avicultural Magazine. 

Le goût des Oiseaux de cage est particulièrement développé 
en Chine où il est très répandu dans le peuple. On ne peut, dit 


M. Jones, parcourir le quartier populaire de Hong-Kong ou de. 


toute autre ville chinoise sans être frappé du nombre de cages 
que l’on voit suspendues aux fenêtres des maisons et à la 
devanture des baraques. La grande quantité de marchands 
d'Oiseaux est surprenante. 

Il faut croire que le piégeage est pratiqué sur une grande 


échelle à en juger par la facon dont ces boutiques sont appro- 


visionnées et par les masses de volatiles que transportent les 
bateaux qui font du cabotage le long des côtes. Il est rare que 
les matelots des steamers qui viennent de Takou et des autres 
ports du Nord n'aient pas une pacotille d’Oiseaux de cage dont 
ils font le commerce. 


LES OISEAUX DE CAGE EN CHINE Pr out 


Par une belle matinée, on peut voir tous les hommes de 
l'équipage, qui ne sont pas de service, mettre à l’air et au soleil 
à l'avant du navire les cages où les captifs sont souvent bien 
entassés et, dans un pays où il se fait tant de trafic par les 
rivières, les jonques et les sampans sont souvent de véritables 
oiselleries flottantes remplies de cages de Serins et d’autres 
Oiseaux chanteurs. Beaucoup des Oiseaux indigènes sont pris 
au filet et destinés à la consommation, mais ceux que l’on 
garde en cage pour leur chant ou leur plumage sont générale- 
ment dénichés très jeunes et s’apprivoisent facilement. C’est 
pour cela, sans doute, qu'il est si difticile d'obtenir des Chinois 
qu'ils vous montrent le nid des espèces les plus recherchées et 
dont ils veulent se conserver le monopole. - 

D'après M. Jones, le plus grand nombre des Oiseaux de cage 
des Chinois sont des Rossignols soleil (Copsychus solaris), des 
Sucriers (Zosterops simplex) et des Alouettes (A lauda cœlivor). 
On voit aussi des Fauveltes à sourcils blancs, des Grives babil- 
lardes, des Liothrix ou Rossignols de Pékin, des Moineaux de 
Java, des Munia et l’Alouette de Mongolie ou de Shantung 
comme l'appellent les amateurs. 

A ces espèces on peut encore ajouter, d'après notre corres- 
pondant, une Pie-grièche que les Chinois appellent « Hu-po-la », 
c'est-à-dire Oiseau-tigre, à cause de la façon cruelle dont elle 
empale ses victimes sur les épines des buissons pour se 
constituer un garde-manger comme la Pie-grièche d'Europe; 
puis la belle Pie bleue à bec et à pattes rouges et la Pie ordi- 
naire que le livre Pentsao regarde comme un messager de 
bonne forlune. On rencontre aussi beaucoup de Chinois faisant 
voler dans les rues un Gros bec à bec jaune dressé à rapporter 
à son maître une petite bille d'os ou d'ivoire qu’on lui jette en 
l'air et les amateurs de sports violents ont de petites Mésanges 
qu'ils font battre ensemble, car malgré leur nom d’Oiseau. 
d'amour (Hsiang-se-niao), ces volatiles sont si querelleurs que, 
si leurs cages sont trop rapprochées, ils trouvent moyen de se 
fendre la tête à coups-de bec à travers les barreaux. 

Ces Oiseaux sont tenus dans de très jolies petites cages faites 
en brins de bambous refendus très fins et, malgré l’étroitesse 
de leurs prisons, ils paraissent tout à fait contents de leur sort 
et chantent à gorge déployée sur un petit piédestal placé pour 
cet usage au milieu de la cage. Les Chinois prennent du reste 
le plus grand soin de leurs Oiseaux et leur tiennent compagnie. 


182 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


Ils les enmènent avec eux dans leurs promenades et on ren- 
contre les amateurs leur faisant prendre l'air et portant da 
petite cage en équilibre sur la paume de leur main étendue. 
Des perchoirs en potence auxquels l'Oiseau est attaché par un 
lien passé autour de son cou et qui se tiennent à la main, 
servent aussi à ces promenades. Cela fut d'usage en Europe au 
xvin® siècle. Rubens, dans le portrait en pied des enfants de 
sa première femme, les montre jouant avec un Chardonneret 
attaché sur une petite potence exactement comme les Oiseaux 
chinois, et dans l'ouvrage, les Oiseaux de Sport, une des illus- 
trations représente un jeune seigneur qui tient aussi sur un 
porte-oiseau à main un Pinson retenu sur ce perchoir orné de 
grelots et de nœuds de ruban rose (V. planche HI). Mais il y a 
mieux. Le fond des cages chinoises est mobile. L’amateur qui 


mène son Oiseau à la campagne retire ce fond_avant de poser 


la cage sur le sol ou sur le gazon, ce qui permet au captif de 


fouiller la terre pour picorer et y chercher graines et insectes, : 


et il ya, nous écrit-on encore, des gens qui font métier de pro- 
meneurs d'Oiseaux. Ils vont prendre les cages à domicile et 
les rapportent à leurs propriétaires respectifs lorsque l'occupant 
a fait sa cure d’air frais et qu’ils’est rassasié des alimentsnatu- 
rels qu'ila ramassés pendant son heure de récréation. Enfin, dit 
l'auteur des Oiseaux de Sport (1), il y a-en Chine un jour de fête 
consacré aux Oiseaux comme il y en a un consacré aux cerfs- 
volants et aux toupies, aux lanternes et aux fleurs, ét où les 
promeneurs d'Oiseaux s’arrêtent dans les rues et les carrefours 
pour se montrer leurs captifs et se congratuler. 

D'autre part, Me Gray, femme de l’archidiacre de Hong- 
Kong, raconte, dans le récit de son séjour en Chine, qu'elle a 
assisté dans un temple de Canton à une fête d'une divinité 
populaire nommée Pak-Taï, où les Chinois amènent leurs 
Oiseaux chanteurs pour faire honneur au saint personnage. 
Les Oiseaux, principalement des Alouettes, que les gens les 
plus pauvres comme les plus riches paient souvent un prix 
énorme, sont apportés dans des cages que l’on suspend à des 
bambous disposés en travers de l'édifice, de six heures à sept 
heures et demie pendant trois soirées consécutives. Ces cages 
sont couvertes d'une étoffe et, lorsqu'on l’enlève, les Oiseaux, 


(1) Les Oiseaux de Sport, par Pierre Amédée-Pichot, un beau volume 
in-4° illustré. Legoupy, édit. Prix : 15 francs. 


4 
2 
| 
: 
E 
à 


L'HUITRE PERLIÈRE DANS LE GOLFE DE CALIFORNIE 183 


excités par l'éclat d’une centaine de ‘lampes suspendues au 
plafond qu'ils prennent pour la lumière du jour, se mettent à 
chanter à gosier déployé, cherchant à étouffer par le bruit 
qu'ils font la voix de leurs congénères. Le tapage est assour- 
dissant car quelques centaines d’'Oiseaux composaient ce 


* choral et le temple était bondé par une foule de gens des 


classes les plus infimes qui semblaient ravis d'écouter ce 
concert. 

M°° Gray fait aussi la remarque que les Chinois prennent un 
soin extrême de leurs Oiseaux et les envoient faire une cure 
d’air dans les montagnes. 


CULTURE DE L'HUITRE PERLIÈRE 
DANS LE GOLFE DE CALIFORNIE 


Par LÉON DIGUET. 


° 


L'Huître perlière ou Méléagrine dont on connaît la réputa- 
tion mondiale, tant par la valeur de ses perles que par la 
richesse de la nacre de sa coquille, n'avait jusqu'ici été l’objet 
d'une culture industrielle, le commerce et l’industrie s'étant 
toujours contentés des produits que lui fournissaient les pé- 
cheries des mers tropicales. 

Comme cette pêche fut toujours sujette à de sérieux aléas 
dans sa production, on avait depuis longtemps songé à remé- 
dier à ces inconvénients par une culture méthodique du pré- 
cieux Mollusque, afin de s'assurer un rendement aussi régulier 
que possible de ses bénéfices. 

Des essais d’ostréiculture perlière furent alors tentés pour Ja 
première fois sur les grands fonds perliers de l'Océan indien et 
des mers océaniennes (1), mais n'amenèrent pas tout d’abord 


les résultats décisifs que l’on espérait, aussi furent-ils sinon 


(1) Consulter à ce sujet : le mémoire de Seurat, dans le Bulletin de la 
Société d'Acclimatation de 1901, p. 129 et 161; — L'’huître perlière, Ex- 
posé des connaissances acluelles sur ce Mollusque, essai de culture dont 
il à été l’objet et histoire de la formation de la perle et l'important tra- 
vail de Herdman : The fisheries of Ceylan and marin Diolosu à vol. in-40, 
London, 1905, 


184 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


complètement abandonnés'du moins réduits à une semi-culture 
consistant en de simples parquages sur des fonds spéciaux. 
Ces premières tentatives, si elles n’aboutirent pas à un succès 
complet, eurent au moins pour conséquence de fournir des 
indications assez précises sur les points essentiels de la bio- 


logie de la Méléagrine et de faire entrevoir la possibilité de sa 


culture intensive dans les mers chaudes qui lui servaient 
d'habitat. 

Cette intéressante et passionnante queslion a été reprise il y 
a déjà plus d'une vingtaine d'années aux îles de La Paz par 
M. Gaston Vives avec l’aide et le concours de son regretté 
frère Edmond. 

Grâce aux minutieuses et persévérantes recherches, ainsi 
qu'à l'esprit d’initialive de leurs entrepreneurs, celte nouvelle 
branche d'industrie est entrée maintenant dans le domaine de 
la pralique et les résultats actuellement acquis sont venus réa- 
liser les espérances que l’on avait fondées en elle ainsi que 
cela a été constaté en 1911 par M. Ch. Haskins Townsend (1). 

L'Ostréiculture perlière, telle qu’elle a été conçue à ses dé- 
buts et dont en 1908 M. G. Vives en a exposé la méthode dans 
un rapport adressé au minislère de Fomento (2), ne visait que 
la conservation des fonds perliers existants et l'entretien per- 


manent de leur richesse à l’aide d’ensemencements pério- 


diques ; depuis lors les faits acquis par l’expérience et les 
recherches poursuivies sans relâche, on a pu, tout en assurant 
un rendement constant des fonds perliers, en augmenter la su- 
perficie et arriver même à en créer de nouveaux par li impro- 
visation de sols artificiels. | 

La culture de l'huître perlière, qui n’a pas seulement pour 
but la récolte des perles, jusqu'ici restée une chose éventuelle, 
mais aussi la production intensive de la coquille pour la 
nacre très appréciée qu'elle fournit, comporte trois opérations 
successives : 

1° La récolte du naïssain; 

2° Le parquage de ce naissain ; 

3° L’ensemencement des fonds perliers. 

La mise en œuvre de ces trois opérations requiert une in- 


(1) Charles Haskins Townsend. Voyage of the Albatros to gulf of Cali- 
fornia. Bulletin of the natural history, vol. XXXV, 1916, p. 399, New-York. 

(2) Vives. Compañia criadora de concha y perla de la Baja California. 
Bolelin de la secretaria de Fomenlo, n° 6, p. 183, Euero 1908. 


L'HUITRE PERLIÈRE DANS LE GOLFE DE CALIFORNIE 185 


stallation et un matériel représentant un capital très important, 
En outre du matériel.courant employé pour la pêche per- 
lière, tels que navires et embarcations aménagés pour le trans- 
port et la plonge à l'aide du scaphandre, celte nouvelle in- 
dustrie exige des constructions spéciales tant marines que 


terrestres, consistant en viviers, magasins, hangars pour la- 


BAIE DE SAN GZBRIEL 
OÙ SE PRATIQUE 
LE PRINCIPAL TRAVAIL DE LA CULTURE 
DE L'HUÎTRE PERLIÈRE 


ILE D'ESPIRITU SANTO 
{Golfe de Californie) 


remise des appareils et tout ce que comportent les Dis 
et l'existence des travailleurs. 


La direction et l'administration, telles que M. Gaston Vives 


les a installées, ont leur siège à la ville de La Paz, capitale de 
la partie méridionale du territoire de la Basse-Californie et 
l'exécution des travaux s’effectue à l’île d’Espiritu Santo, dans 
la baie de San Gabriel (PI. VI). 

Cette superbe baie, située presque à l'extrémité méridionaie 
de l’île, est bien abritée par une enceinte de montagnes ; elle 
Dacst suffisamment spacieuse pour constituer un excellent port 


se. 


D) 


186 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


en eau profonde où peuvent en moment de tempête se réfugier 
les escadrilles de pèche; la nature de ses fonds la met dans les 
conditions favorables pour les essais en grand de culture 
d'Huitre perlière. 

L'agencement de la baie de San Gabriel pour le travail marin 
de ne Cle perlière, et dont les planches VII et VIT 
donnent un aperçu général, consiste en un certain nombre de 
viviers disposés en chicanes et faisant partie d'une digue en 
maçonnerie, qui vient transformer une anse, située à la partie 
sud-est, en une lagune n'ayant d’autre issue à la mer qu'une 
porte à écluse située au centre des viviers. 

Le dispositif des viviers est établi suivant un plan permet- 
tant d'utiliser automatiquement le flux et le reflux des faibles 
marées du golfe de Californie (1), afin d'entretenir constam- 
ment sur toute l'étendue des viviers le courant indispensable 
aux exigences biologiques et au développement régulier des 
huitres perlières. 

Le mécanisme du fonctionnement de ce courant est des plus 
simples ; sous l’action des marées, la lagune se remplit ou se 
vide; il s'ensuit donc un afflux et un reflux d’eau qui, grâce au 
barrage qui ferme la baâie, ne peut s'effectuer qu'en passant par 
le canal formé par les viviers; il.en résulte donc une circu- 
lation d’eau presque ininterrompue tantôt dans un sens tantôt 
dans un autre, venant irriguer les endroits réservés aux éle- 
vages et apporter incessamment la nourriture aux mollusques. 


La circulation d’eau peut être réglée à volonté, grâce à un. 


jeu d’écluse qui permet de maintenir un certain niveau sur 
toute l'étendue des viviers; de plus cette écluse est pourvue de 
treillages métalliques qui en défendent l'entrée afin de pré- 
venir l'invasion de poissons ou autres animaux marins dépré- 
dateurs, dont la présence pourrait compromettre et même 
anéantir complètement les parquages de jeunes huîtres per- 
lières. 


Sur toute son étendue, le canal vivier est pourvu de toitures, 


(1) Le golfe de Californie, vu sa faible largeur par rapport à son éten- 
due, se trouve placé dans les conditions des mers qui, étant resserrées 
entre les terres et orientées du nord au sud, ne possèdent de marées bien 
accusées qu'aux époques équinoxiales ; dans ces sortes de mer, en temps 
ordinaires, le mouvement quotidien de la nappe d'eau ne se fait guère 
sentir d'une facon un peu appréciable que dans le fond des baies où les 
plages sont en pente douce. 


HANETREt RTE ; 


PDC ET 


= 


D PA LPS EE RE PR 


L'HUITRE PERLIÈRE DANS LE GOLFE DE CALIFORNIE 187 


afin d’abriter les élevages des ardéurs du soleil qui en temps 
des basses eaux pourraient leur être funeste. 

La planche IX donne une idée du genre de vivier mis en 
usage ; cette vue a été prise à la sortie de la lagune; elle montre 
le canal vivier avec et sans sa toiture de protection ; commedans 
toute la digue barrage les murs et les parois de ces viviers sont 
constitués par une solide maçonnerie en pierres cimentées. 

Après la description de l'édifice le plus important servant 
au (ravail de la culture du Mollusque producteur de la perle et 
de la nacre, voyons maintenant la série des trois opérations 
qui permettent d'obtenir les résultats dont l'ostréiculture per- 
lière est l'objectif. 


Récolte du naissain. — L'opération initiale de cette nouvelle 


industrie est celle qui consiste dans la récolte du naissain en 


pleine mer, elle s'effectue à l’époque de l’année où a lieu la 
ponte des Méléagrines et dans les endroits que l'expérience 
et les essais ont fait reconnaître comme les plus propices. 

Comme on le sait, les larves de la plupart des Mollusques 
ont, à leur début, une vie nomade et pélagique; ils constituent 
même à certaines époques un contingent assez important du 
plancion marin. Pour recueillir ces larves et leur offrir des 
points d'attache au moment où elles se disposent à abandon- 
ner leur vie errante pour devenir définitivement sédentaires, 
M. Gaston Vives a imaginé un collecteur très pratique qui, 
tout en préservant ces larves de leurs ennemis, leur permet 
d'accomplir en toute sécurité le premier stade de leur déve- 
loppement. Le collecteur de naissain consiste en des caissons 
d'environ 2 mèêtres cubes de capacité, dont les parois sont à 
claire-voie de façon à permettre facilement l’entrée à tout être 
flottant au gré des courants. 

Ces caissons, comme le montre la planche X, sont garnis 1 
branchages, de laltes, de coquilles à surface rugueuse, en un 


mot de toute sorte de matériaux reconnus susceptibles de 


laisser dans l’intérieur la libre circulation de l’eau, tout en 


offrant des points d'attache appropriés au faible et rudimen- 


taire byssus des Méléagrines à leur époque juvénile. 

Ces appareils, lorsqu'ils sont placés dans les conditions et 
les moments opporluns, se trouvent pourvus en un temps 
relativement court, d'une quantité considérable de naissain fixé 
sur les matériaux de, garniture, et c'est souvent par plusieurs 


188 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


milliers que l'on peut parfois compter les jeunes Méléagrines 
collectées par un seul caisson. 


Parquage du naissain. — Lorsque les jeunes coquilles de 
Méléagrines ont atteint une laille voisine de 4 centimètre, ce 
qui demande environ un bon mois, les caissons collecteurs 
sont retirés de l’eau et amenés au rivage. Là, on procède 
immédiatement, sous les hangars agencés pour le travail, à 
la deuxième opération qui consiste à détacher avec précaution 
les jeunes coquilles de leur support primitif, où souvent elles 
se gênent par leur surabondance, pour les reporter et les dis- 
poser convenablement sur de nouveaux supports, où elles trou- 
veront les conditions requises pour accomplir librement leur 
développement. " 

Cette transposition, qui doit Éfeetuer dans le plus bref- 
délai, car elle a lieu hors de l’eau et craindrait les effets désas- 
treux de la dessiccation, se fait sur des tuiles, des pierres 
plates, des débris de grosses coquilles, etc.; une fois ces maté- 
riaux garnis, ils sont portés immédiatement aux viviers où 
alors les jeunes Méléagrines ne tardent pas à émettre de nou- 
veaux filaments de byssus afin de se fixer définitivement à leur 
nouveau support. 

Pour cette opération on a parfois recours à un procédé ingé- 
nieux imaginé par M. G. Vives, et qui consiste à employer des 
casiers sans fonds, construits en toile métallique que l’on place 
sur une surface aussi plane que possible. 

Dans chacune des cases de cet appareil accessoire mis en 
position, on dépose une ou deux coquilles, ces dernières ainsi 
maintenues sans crainte d'être déplacées par les remous des 
courants sont confiées aux eaux des viviers. Là elles ne tardent 
pas à se fixer par leur byssus , au bout de quelques jours on 
supprime l'appareil devenu inutile; les jeunes Méléagrines de- 
meurent alors régulièrement espacées sur un support facile- 


ment transportable, elles pourront après un séjour plus ou. 


moins prolongé aux viviers d'élevage être réparties dans de 
très bonnes conditions sur les fonds à régénérer en mer libre. 


Ensemencement des fonds perliers. — La troisième opération 
a pour objetl’essaimage en pleine mer, elie est pratiquée par des 
scaphandriers qui vont alors disposer sur les fonds choisis les 


Mollusques provenant des viviers, ; \ 


L'HUITRE PERLIÈRE DANS LE GOLFE DE CALIFORNIE 189 


Comme la Méléagrine, lorsqu'elle n‘a-pas atteint une cer-. 

taine taille, est exposée sur les fonds perliers à être ravagée 
par des animaux de toutes sortes et tout particulièrement par 
certains Poissons voyageant en troupes nombreuses, on est 
contraint d'avoir recours à des moyens de protection qui va- 
rient suivant la constitution physique des fonds. 
_ Dans les endroits rocheux ou fortement accidentés, la nature 
suffit souvent à elle seule à fournir l'abri protecteur, mais sur 
les surfaces planes comme celles que les pêcheurs du golfe de 
Californie désignent sous les noms d’ « Arénales », « Blanqui- 
sales », « Chicharones » (1) et qui forment généralement des 
superficies bien nivelées où l'on a l'avantage de placer les co- 
quilles en position régulièrement étendue, on est obligé d’avoir 
recours à des moyens de protection soit en établissant un sys- 
tème de rocailles, soit en se servant de protecteurs en treillage 
métallique plus ou moins semblables à ceux que l’on emploie 
dans le même but dans les parcs à huîtres comestibles ; ces 
derniers appareils sont maintenus en position pendant un cer- 
lain temps; on les relève lorsque les Méléagrines sont en état 
de se soustraire à la voracité de leurs ennemis. 

Lorsque, avec le concours des scaphandriers, les fonds des- 
tinés au repeuplement ont été convenablement aménagés et 
garnis, ils n'exigent plus, jusqu’à ce que les Méléagrines aient 
atteint la grandeur voulue (2), qu'une simple surveillance 


_exercée de temps en temps afin de s'assurer de leur bon élat de 


développement. 

L'expérience a fait reconnaître que pour un bon et régulier 
accroissement, le nombre de coquilles par mètre carré ne de- 
vait pas excéder une cinquantaine. 


(4) Les » Arénales » sont constitués par des bancs de sables, les « Blan- 


quisales » par un mélange de sables et de débris coquillers, les « Chi- 


charones » qui ont plus ou moins la constitution du précédent, donnent 
lieu à d'abondantes proliférations d’Algues calcaires qui parfois couvrent 
toute la superficie des fonds. 

(2) La Méléagrine du golfe de Califoroie demande environ quatre ans 
pour atteindre l’état adulte, passé cette époque la coquille ne s'accroît plus 
qu’en épaisseur. L'Huître perlière du golfe de Californie est considérée 
comme une variété naine de la Meleasrina margarilifera, elle n’atteint pas 
d'aussi fortes proportions que l'espèce type de l'Océan indien; sa taille 
maximum courante n'excède guère 18 centimètres chez un sujet bien 


+ adulte. 


190 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLINATATION 
EXTRAITS DES PROCÈS - VERBAUX DES, SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 3 MARS 1919 
Présidence de M. D. Bois, vice-président de la Société. 
Le procès-verbal de Ja précédente séance est lu et adopté. 
GÉNÉRALITÉS. 

M. Rosaire Beaudoin (de Québec) nous demande s'il y a un 
organe d'agriculture à Jersey. Il voudrait également savoir-si 
des expériences ont été faites pour améliorer le tégument de 
la peau des Lapins par l’alimentation ? » 

Aucune réponse affirmative ne peut être faite à ces deux 
questions. 

Notre collègue a lu que l’on pouvait doubler le poids de 
certaines volailles par l'alimentation. Quelle alimentation ? 

Les membres de la Société présents à la séance pensent que 
cette affirmation qu'on puisse doubler le poids d’une volaille 
est exagérée, mais on peut obtenir un engraissement considé- 
rable avec une alimentation appropriée. M. Le Fort, indique 
une pâtée de farine de Maïs, phosphates et lait. M. Delamarre 
préconise des boulettes faites avec des grains broyés deux fois, 
du son et du petit-lait. | 


Notre collègue M. C. E. Lane Poole, conservateur des forêts à 
Perth (Australie), adresse une brochure intitulée : « Quelques 
apercus sur les bois de l'Australie occidentale ». 

Cette brochure, écrite en français, est fort bien illustrée. 
Elle avait pour but d'attirer l'attention de la mission française, 
qui, sous la direction du général Pau, a visité l'Australie occi- 
dentale, sur les produits forestiers de certe région. Presque 
tous les Arbres composant ces immenses forêts appartiennent 
au genre « Eucalyptus » ; parmi les bois durs; les plus appré- 
ciés sont : le Jarrah (£ucalyptus marginata) et le Karri (Zuca- 
lyptus diversicolor). Nos compatriotes, qui ont vu ces magni- 
fiques espaces couverts d’arbres géants; ont pu avoir une juste 
idée des ressources forestières de l’Australie occideniale. 

Il convient de se rapporter également aux importants ouvra- 
ges de M. Maiden, directeur du Jardin botanique de Sidney, 
sur les plantes forestières de l'Australie. 

À propos des forêts d'Eucalyptus, M. Carié signale qu’à l'ile 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 191 


Maurice le bois que l'on emploie est l'Eucalyptus globulus qui 


résiste particulièrement aux Termites. Des maisons construites 


avec cet Eucalyptus ne se sont pas détériorées après vingt ans 
d'existence. 

M. Lane Poole nous informe que les élevages d'Opossums, 
qui avaient très bien débutés en Australie, n’ont pas pu être 
continués pendant la guerre. 

Notre collègue nous parle de l’ ni enthousiaste envers la 
France qu'ont gardé les Australiens revenus de la guerre. Ils 
n'ont qu un espoir: pouvoir revenir chez nous. 


M. Carié fait une communication sur l’œuvre de la direction 
de l'Agriculture à l’île Maurice. Cet organisme, dû à des élé- 
ments d'origine française, a donné des résultats tout à fait 
remarquables. Il à été une source de prespérité pour la colonie 


“dont il a protégé l’industrie sucrière en faisant une guerre 


efficace aux ennemis de la Canne à sucre. La communication 
de M. Carié sera publiée, in extenso, au Bulletin. 


MAMMALOGIE. 


M. Xavier Raspail envoie une note sur les Surmulots méla- 
nos. Le mélanisme chez le Surmulot, dit notre collègue, a fait 
commettre des erreurs à des naturalistes éminents qui ont pris 
le Surmulot mélanos pour le Rat noir (Mus rattus Linné). 

M. Raspail, depuis de longues années, n'a pas rencontré de 
Rats noirs. D’après lui et certains auteurs, cette espèce aurait 
été, sinon complètement détruite par le Surmulot (Mus decu- 
manus Pall.), tout au moins obligée à se réfugier dans des 
contrées où son adversaire lui était moins redoutable. 

M. Maiïlles pense, au contraire, qu’il existe encore beaucoup 
de Mus rattus en France et que la destruction de ce Rat par le 
Surmulot est une légende. 


j ORNITHOLOGIE. | 


Notre collègue M. Decoux vient d'acheter un mâle Calliste 
brasiliensis. Ce petit Tangara est un des premiers de son espèce 
arrivé en France. 

-M. le D' Millet-Horsin fait une communication sur l’accli- 


- matation des Oiseaux en Afrique occidentale. Le domaine 


ornithologique de notre grande colonie est immense et il y 


… aurait beaucoup à faire de ce côté. Puis le D'Millet-Horsin passe 


192 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


à la question des Paradisiers, dont on pourrait organiser l'éle- 
vage à la Côte d'Ivoire. 

La communicalion de M. le D' Millet-Horsin paraîtra, in 
extenso, au Bulletin. 

ENTOMOLOGIE. 


A propos de la communicalion de M. Carié, M. Vayssière 
fait passer sous les yeux de nos collègues des spécimens d’£u- 
ryctes larandus et de son ennemie la Scolie. L'Euryctès adulte 
fait à Maurice de gros dégâts dans les Cocotiers. Les larves 
attaquent les Cannes à sucre. 


BOTANIQUE. 


M. Bois donne lecture d'üne lettre qu'il a recue de M. Gof- 
fart, de Tanger. Notre collègue a mis en culture deux variétés 
de Pommes de terre des Canaries. Les « coloradas de Bayo » 


sortent à peine leurs pousses de terre; les « melaneras » n'ont 


encore rien donné. Il est vrai que le temps a été relativement 
froid dans la contrée, ajoute notre collègue. À Marrakech, 
M. Goffart a vu des Pommés de terre qui, à la cinquième ou 


sixième génération sur place, avaient conservé pas mal de pro- 


ductivité. + ; 

M Vernière nous signale les bons résultats obtenus avec un 
jeune Feijoa. Cet arbuste, planté au midi, en pleine terre, le 
long d'un mur, a résisté à une température de — 5° sans souffrir 
le moins du monde. Cet essai a été fait dans le département 
de la Gironde. Le Feijoa, introduit par M. Edouard André, 
donne un fruit dont on peut faire d'assez bonnes confitures. 

M. le sénateur Chauveau adresse un numéro de la Revue 
Contemporaine contenant un article dont il est l’auteur, sur 


« la Végétation malgache ». Il signale le livre en cours d’im- 


pression de M. H. Perrier de la Bathie sur « la Flore malgache », 
d’où il ressort que c'est à l'intervention de l’homme, qui a 
détruit les forêts et inauguré les feux de brousses ou de prai- 
rie, qu'est due la stérilité relative de l'ile. 
Le Secrélaire des séances adjoint, 
PIERRE CREPIN. 


Ll 

ERRATUM. — Page 111, 34° ligne, au lieu de : avec du « rumen » séché, 
provènant de l’eslomac d'animaux tués, lire : avec le contenu séché des 
rumens provenant d'animaux tués. Fois 


Le Gérant : À. MARETAEUXx. 


Paris. — J[. MaARETHEUX, imprimour, 1, rue Casselle.. 


” 


raines ver par M. G.-H. 
CAVE, Curator Lloyd Botanic 
2 Garden, Darjeeling (Indes an- 
_ glaises). 


» Papilio King. 
Hookeri Miq. 

‘Campbellii : ook t. 
… — Osmastoni Gamble. 

emone vitifolia Buch-Ham. 
rivularis Buch-Ham. 
emisia pauciflora Spreng. 
iséragalus stipulatus . Don. 


Bœhmeria macrophylla D. Don. 
Pre selaginoides. Hook. f. 


nicus involucratus Wall. 
Coriaria nepalensis Wall. 

lus ferox Wall. 

Cotoneaster frigida Wall. 

Cyn noglossum micranthum Desf. 
— denticulatum À. D. 0. 


ichytra thalictrifolia Hook. f. 
et Thoms. . 


nike himalaicus Hook. f. 
et Thoms. 
lhrina arborescens Roxb. 


_ Hookerii Mig: 
nus  floribunda Wall. 


; ippophae salicifolia Don. 
elwingia himalaica Rod. f. et 
Thoms. ; 
enopogon parasiticus Wall. 
ericum patulum Thunb. 


hinum humile L. 
TEE pseudo-Sabina Fisch. et 
e y 


n nepalense Don, D. 
belia pyramidalis Wall. 
sculia gratissima Sweet. 


andragora cæruléscens GC. B. 
Clarke. 

2 ESA RE G. Don. 
-  paniculata. 

un  macrocarpa Wall. 


Uia thyrsiflora Don. 
sessiliflora Hook. f. 


cularis Scullyana Praïn. 
trichoglossa Hook. f. 
srorhiza Kurroa Royle. 

) yum Emodi Wall. ÿ 
lygonum vaccimfolium Wall. 
or Griffithii Hook f. 
leuconota D. Don. 
um diandrum Hook. f. 


OFFRES 


ge. pour d'autres Oiseaux. 
par Aixe (Haute-Vienne). 


, Joinville-le- Pont pen 


une Renard apprivoisé. — TM. 
de “re soinel ECS ter 


ee PO Se A 
k RE 
ss 3 "E 

Fes ‘ 

De 2 


| Agapornis nigrigenis de 1918, 
iv Decoux, 


icier démobilisé, membre de la Société, re- 
che situation dans l’agriculture ou l'élevage. 
“références. — M. L. Rousseau, 64, rue de 


2e 


EN DISTRIBUTION 
Primula Elwesiana King. 
— King Watt. 
— reticulata Wall. 
— sikkimensis Hook. 
— Stuartii Wall. 
— Wattii King. 
Prunus Puddum Roxb. 
Pyrus foliolosa Wall. 


Rosa sericea Lindi. 
Richelia lanuginosa. 
Rubus paniculatus Sm. 
Ruellia cordifohia Wall. 
Rheum nobileH- ook. f. et Thoms. 
Rhododendron arboreum Swm. 
—  arboreum, var. Camp- 
belli. 
Rhododendron barbatum Wall. 
— campanulatum Don. 
— campanulatum, Don.var. 
Wallichir. 
campylocarpum Hook. f. 
cinnabarimum Hook. f. 
Dalhousiæ Hook.f. 
Falconeri Hook. f. 
.fulgens Hook. f. 
grande Wight. 
Hodgsoni Hook. f. 
lanatum Hook. t. 
-lepidotum Wall. 
addenti Hook f. 
Wightii Hook, f. 
Rhus semialata Murray. 


PA UE SIA 


Saussurea Laneana. 
— eriostemon Wall. 
— Sughoæ G. B. Clarke. 

Saxifraga purpurascens Hook. f. 
et Thoms. 

Sedum asiaticum Spreng. 

—  elongatum Wall. 
—  ÆEwersüi Ledeb. 
—  himalense D. Don. 

Senecio diversifolius Wall. 

—  Ligularia Hook. f. 

—  Mortoni CG. B. Clarke. 

—  pachycarpusC. P. Clarke. 
—  pauciflorus. 

Swertia dilatata G. B. Clarke. 
—  Hookeri CG. B. Clarke. 
—  Kingit Hook. f. 

—  multicaulis D. Don. 


Thalictrum Chelidonii Hook. f. 
et Thoms. 

Thalictrum cultratum Wall. 

Toddulia aculeata Pers. 


Vaccinium serratum Wight. 


Graines offertes par M. MAR- 
NIER-LAPOSTOLLE : 
Alsophila australis. 


accepte 


Archontophænx Cunningha= 


miand. 
Dracæna indivisa atropurpureas 
Primula malacoides. 


Graines offertes par M. PROS- 


CHOWSKY : 


Butia capitata var. pulposa Bec 


cari. (Cocos pulposa Barbosa.). 
Livistona australis. 


Pittosporwr floribundum Wight. 


et Arn. 
Sabal Adansoni ty 


Sabal Adansoni, joHié variété, se 


reproduit par semis. 


Graines offertes par M. MOREL : 


Agathea amelloides D GC: 
Antennaria plantaginea R+ Br. 
Chamaæcyparis nutkaensis Spach.. 


— obtusa Sieh. et Zucc, 


* Cryptomeria japonica Don. 
Cupressus arizonica Green. 
Lawsoniana: 
var. Allumi. 
—  argentea. 
aurea-glaucas 
— elegantissimaæ 
sulfurea. 


BIMESI 


patula. 


— Triomphe de. 
Boskop. 
versicoler. 


ASE 
APE 
] 


l | 


talis. 

Cytisus Laburnum L. 
Cytisus proliferus, var. albus: 
Exochorda Alberti Regel. 
Tmpatiens Sultani Hook. 
Juniperus excelsa Bieb: 

— japonica, Var. aurea. 

—  oxycedrus. 

—  rigida. 


—  virginiana,var. albo-picta.… 


— — var. Chamberlaïni. 
Parrotia persica C. A. Mey: 
Polemonium cærulewm L. 
Rhodotypos kerrioides Sieb. 
Sequoiaïgigantea Torr: 
Spiræa astibboides. 
Tazus adpressa Gord. 
— baccata, var hibemnica aurea. 
— Dovastoni. 
Thuya occidentalis. <= 
—  ortientalis, var. filiformis. 
Thuyopsis dolabrata Sieb. et Zucc. 


Graines offertes par M. BOIS: 
Ansérine amarante. 


S'adresser au Secrélarial. 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 
DEMANDES 


Thermosiphon d'occasion en bon état, 
sans ses tuyaux, pouvant chauffer environ 60 mètres 


avec où 


cubes.— M. Decoux, Géry, par Aixe (Haute-Vienne). 


Poules sauvages : 
G. Lafayetti et Pénélopes. — M. R. H. Houwink, 
H: 2: N. Meppel (Hollande). 


Oie d'Egypte femelle. Chèvre adulte bonne lai- 


Gallus Sonerati; G. furcatus; 


tière. — M. Ch. Loyer, 28, rue Bonaparte, Paris. 


Riffault, châ-, 


Grues cendrées et de Numidie, Canards d'agré- 


ment, Oiseaux de parc, Echassiers. — M. Dulignier, 
. Saint-Gérand-le-Puy (Allier). 


D 


—  fiifera glauca. LAN 


— pulcherrima: 8. 


sempervirens, Var. horizon- 


PE ns 


Fe. végétaux utiles ou d'ornentent. 
Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Étrangers eb les Dune 
. peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Étab] s- 
sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musé 
Sociétés commerciales, etc.). 
” La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, mem 
_ Donateurs, membres Bienfaiteurs. ; 
. Le membre Titulaire -est celui qui paie un droit d "entrée de 410 francs et. un: 
cotisation annuelle de 25 francs. u 
Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 frate et qui s ‘an 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 
Le membre Donateur est celui qui verse une somme d'au moins 500 francs. 
® Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d’au moins 1.000 fran. 
‘son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. . 
Des formules d° adhésion sont adressées sur demande. 
_— La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, de récompenses 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant thé 
riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. 
En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déje 
amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque 
des séances. générales et des séances de Sections: 1° Mammalogie; 2° Ornitholo 
sa sous-section, Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture ; 4° Entomologie; 5e Botanique 
et 6° Colonisation. 
Tous les membres peuvent assister à ces séances ; les ordres du SRE se si 
ee sont adressés sur mans 


maux:à ses membres. 
Le Bulletin mensuel forme, chaque année, un volume d’environ à pag 


illustrées de gravures. Il traite des questions concernant l’élevage des animaux, 
culture des ire et RASE des faits d’ acclimatation survenus en Fr 


x 
*x * 


La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièremen 
éressé; elle ne sert aucun intérêt ne se Le à aucun co 


et à la prospérité du” PAYS - 


Le Gérant : A. Marxrn 


‘ 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Casselte. . £ 


Fe ; 


D BULLETIN 


Société Nationale d'Aeelimatation 


. DE FRANCE 


4€ r. tel n 


= (REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES 


} 
6% ANNÉE 


N° 7. — JUILLET 1919 


Ps 4e 20 is Ath, 


Fa > ; SOMMAIRE 

à : Pages 
4 ACTES DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION . . . . . NS RAR A dE A D 193 
._ P. AMÉDÉE-Picxor. — Irréductibilité et Domestication. . . . . . . . . . . . . . . . . .. 193 


Rivière. — Dioon edule et Encephalartos horridus. Exemples d enracinements spontanés. 196 
Déjeuner amical annuel du 22 mai 1919 : 1° Procès-verbal; 2 Le Riz; 3 Avant-propos de 
ble 4 Farehanson du-Riz;:50 Quelques récettes-25 "22; 2 aura. 198 


*h} da. 0) 1 a LA d Ù Ps 
Piguet slt dus mmnhee te 


Extraits de la correspondance. 


es SEE ANT ERNST  N EE 29 
A. PIÉDALLU. — Sur une colonie d'Hirondelles des rivages . . . . . .  . . .. . . ... 29 


Un numéro. 3 francs ; — Pour les Membres de la Société, 2 fr. 50. 


L: AU SIÈGE SOCIAL 
LA 
É DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 


- 498, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VII). 


& 


…—._ Pendant la durée de la guerre, le Bulletin paraît une fois par mois. 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1919 


Président, M. Edmond Perrier, Membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur 
! Muséum d'Histoire naturelle, Paris. si: 


MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidhorhe, 

: À Saint-Mandé (Seine). : 
Vice-Présidents. Prince P. D'ARENBERG, 10, rue de Ja Ville-l'Évêque, Paris, 

L Dr CnAuUvEAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint-Germain, Paris. 


A 


Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 4 


MM.J. CREPIN, 55, rue de Verueuil, Paris (Séances). 
Secrétaires. Ca. DeBreuir, %, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur). 
Le J. DELACOUR, ?8, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 


Trésorier, M. le D' SkBiLLoTrk, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire, M.L. CAPITAINE, 48, boulevard Raspail, Paris. 


Membres du Conseil 


MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. À 

le D' AcHALMK, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, 
Paris. ‘4 

le D' P. Marcmaz, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 45, rue 
de Verrières, à Antony (Seine). 

le D' LePrincE, 62, rue de la Tour, Paris. u: 

MaïLLes, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 4 

le Dr E. TrouxssaRT, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. { 

Lecoure, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, Paris." 

P. CARtÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 6 

L. ROULE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 

G. FoucKER (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 

P. KesrNer, Président de la Société de Chimie industrielle, 88, rue Ribera, Paris. 

R. LE ForrT, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1919 ë 


Janvier | Février Mars 


SÉANCES DU CONSEIL, le mercredi à 4 h. 8 19 19 16 A4 12 


| ——————— | —— | — | | | 


L 
" 
* 
L 


Séances générales, le lundi à 3 h. 


Sous-SECTION d'Ornilhologie (Lique pour 
la Protection des oiseaux) le lundi 
CR A PR ER 


21 2% 24 1% | 12 2% 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront 


‘2 


sur {eur demande les ordres du jour mensuels des séances. % 
—————— 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les 5 
Deonne qui désireraient l’entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 
Société, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations + 
fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d’être sl 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. si 
D PEN RS EE 
ni: La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. ; 


Eu 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 4 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 2 


EE MENU 


Se 


HORS-D'ŒUVRE 
- Riz aux Huit Merveilles 
Salade de Riz 
POISSON 


Carpe-Cuir en Surprise 


ENTRÉE 


Rizottes de Porc, sauce Tomate 


ROTI 


Antilope de l’Inde, sauce Curry et sauce Soyou 
Riz à fa Chinoise 


ENTREMETS 
Riz Fondant 


> 


Dessert « Fromage + Fruits 


# 


Vins æ Cafe » Sham-Suh (Eau-de-Vie de Riz, offerte par M. Fontaine) 
Pouilly en carafe « Avize 1900 x Clos des Cornets 
Bière au Riz 


(MM. Letessiet et Tcho-Ving-Chao, chefs.) 


LE RIZ 


Le Riz (Oryza saliva L.) est la céréale qui nourrit le plus 
grand nombre d'êtres humains, car les populations d'Extrême- 
Orient surloul, qui en font la base de leur alimentation, ge 
comptent par centaines de millions. 

Bien que le grain de Riz soit l’un des plus riches en amidon, 
sa pauvreté en gluten le rend, s’il est employé seul, impropre 
à la panification ; mais il offre d'autre part des avantages pré- 
.. cieux qui expliquent amplement la faveur dont sa culture jouit 

dans certains pays. En effet, les récoltes abondantes qu'il 
fournit peuvent nourrir des populations exceptionnellement 
denses; la décortication facile du grain permet de l'utiliser 
sans travail de mouture et avec le moins de déchet possible; 
enfin sa texture compacte lui communique une résistance 
remarquable vis-à-vis des moisissures. 

Le. Riz, qui appartient à la vaste famille des Graminées, 
comme d'ailleurs nos céréales ordinaires, Froment, Seigle et 
Orge, se distingue de ces dernières plantes d’abord par ses 
épillets disposés en panicules et non pas en un épi serré et 
enfin par les étamines de ses fleurs qui sont au nombre de 6 au 
Jieu de 3. 

On connait plusieurs espèces de Riz, mais la plus com- 
munément cultivée (on peut même dire exclusivement) est 
l’Oryza sativa L. dont Loureiro a retrouvé la forme sauvage 
dans les marais de la Cochinchine. 

Le Riz est une plante annuelle dont le port rappelle celui de 
l’'Avoine avec une tige qui atteint une longueur d’environ 
12,50, pouvant, d’ailleurs, être largement dépassée chez le 
«Riz flottant » de la Cochinchine. La panicule d’épillets à une 
longueur de 0%,30-0%,40 et chacun des épillets ne comporte 
qu'une fleur fertile. 

Ce qu’on appelle le grain est non pas une graine, mais le 
fruit lout entier ou caryopse, caractérisé par la présence d'une 
seule graine dont l'enveloppe propre, ou tégument, est intime- 
ment soudée au péricarpe qui constitue la paroi propre du 
fruit; il en est d’ailleurs de même pour le Blé, l'Avoine et 
l'Orge. Mais en outre chez le Riz, le fruit ou grain de Riz reste 
lui-même entouré à la maturité par les deux glumelles ou 
pièces les plus internes de la fleur qui sont indurées et con- 


LE RIZ 203 


slituent une sorte de boite ou nacelle permettant au fruit:mür 
de ne pas tomber au fond de l’eau, mais, au contraire, de 
flotter jusqu’au moment où, arrivée sur une partie émergée, 
la graine pourra germer. Ce sont ces deux pièces extérieures 
3 au fruit, mais lui restant adhérentes, qui constituent les balles 
du Riz. 

Le Riz est cultivé en Chine, en Birmanie, au Siam, à Ceylan, 
en Indochine, dans l'Inde, à Java, aux Philippines, à Mada- 
sascar, au Brésil, aux États-Unis et même, plus près de nous, 
en Italie el en Espagne. 

Dans notre seule colonie d'Indochine, les cultures de Riz 
occupent des surfaces considérables et le rendement de ces 
cultures constitue, actuellement, la principale ressource du 
pays. Dans ces dernières années la Cochinchine comptait 
environ 1.400.000 hectares de rizières avec une production de 
2.700.000 tonnes de riz; d'autre part, au Tonkin, les surfaces 

_ cultivées en rizières peuvent être évaluées à 900.000 hectares 

et le rendement à plus de 2 millions de tonnes, soit une pro- 
duction totale de 4.700.000 tonnes pour ces deux régions seu- 
lement. 

Les variétés connues (1) dans notre colonie sont : 

1° Variété dura ou Riz ordinaire ; 

2° Variété glutinosa ou Riz gluant; 

: 3° Variété montana ou Riz de montagne; 

4° Variété fluitans ou Riz flottant. 

La première variété est de beaucoup la plus cultivée. 

Le Riz gluant, agréable au goût et très nourrissant, possède 
un grain plus gros que la variété dura, mais il passe pour être : 
d'une digestion moins facile et, bien qu’il soit communément 
utilisé dans l'alimentation au Laos, il sert surtout ailleurs à la 
fabrication de l’alcool. 

Le Riz de montagne, dont le grain tient le milieu entre les 
deux variétés précitées, a une valeur marchande moindre que 
celle du Riz ordinaire, mais cependant certaines formes du 
Tonkin pourraient avantageusement entrer en concurrence, 
dit-on, avec les riz ordinaires. 


(1) Mie A. Camus a donné en 1913, d’après les collections du 
Muséum national d'Histoire naturelle, une intéressante étude des 
variétés de Riz cultivées en Indochine (Suppl. du Journal d'Agri- 
culture tropicale). 


204 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Enfin les Riz flottants de Cochinchine ont la propriété d'al- 

longer leurs tiges proportionnellement à l'importance des 
crues, ce qui leur donne, parfois, une longueur de 5 à 6 mètres. 
. Sauf pour le Riz de montagne, qui se comporte à peu près 
comme notre Blé, la culture du Riz exige de l’eau, depuis le 
moment où on repique la jeune plante jusqu’à celui de la 
maturation. » 

Pour cela, on élève, autour des rizières, des digues en terre, 
hautes de 40 à 50 centimètres, assez larges pour permettre à 
un buffle de passer et disposées de manière à limiter des 
carrés plus ou moins réguliers, de 50 à 60 mètres de côté. Des. 
ouvertures pratiquées dans ces digues permettent de faire 
circuler l’eau d'une pièce dans une autre ou de l’accumuler, 
suivant les besoins, dans celle-ci plutôt que dans celle-là, en 
un mot de régler l’arrosage et l'inondation des champs de Riz. 

Commercialement, on distingue les sortes suivantes : 

4° Le paddy ou Riz non décortiqué entouré par ses balles; 

2° Le cargo, passé une seule fois à la meule et qui est encore 
revêtu d'une partie de son enveloppe. Avant l'expédition, on y 
mélange une petite proportion (2 à 20 °/,) de paddy, pour 
assurer sa bonne conservation; 

3° Le Riz blanchi complètement décortiqué; il est blanc et 
comme glacé ; 

4° Les brisures ; 

5° La farine de Riz cargo; 

6° La farine de Riz blanc. 

Les exportations de Riz de l’Indochine qui représentent 
l'excédent de la production sur la consommation locale ont 
subi les accroissements indiqués ci-dessous : 


: TOTAL 
ANNÉES DE COCHINCHINE POUR L'INDOCHINE 

 Tonnes Tonnes 
LBDS TE US nas RE 630.214 681.935 
19002 2e 139.503 915.635 
1908 RSR RE 603.000 622.537 
LOHD TRS ET ER 1.269.516 1.106.482 
LONG El NET 1,173.802 1,286 .304 


Par ces chiffres on voit quelles quantités énormes de Riz 
notre colonie peut fournir à l'exportation et de quelle ressource 
cette culture peut être pour la richesse de l’Indochine et pour 
l'alimentation générale. 


= 


% 
“à 
4 


EN ART RS EU 


LE RIZ 205 


Si les exportations de Riz d'Indochiné étaient dirigées exclusi- 
vement sur la France, chaque habitant de notre pays pourrait 
donc recevoir annuellement plus de 30 kilogrammes de cette 
précieuse céréale. 

Comme il a été dit plus haut, le Riz est très riche en substances 
féculentes. Les résultats d'analyses fournis par M. Lefeuvre, 
directeur du laboratoire d'analyses de la Cochinchine, le 


montrent très nettement : 
RIZ DE GO-CONG RIZ DE BAI-XAU 


PÉOCIMERNS RENÉE 6,48 9,00 
ÉTARSSE RER 1,04 2,01 
AOL on 0 Ut 67,96 _62,22 
Cemlase 2, Lo 8,35 8,17 
dendres 7 ra 5,24 4,72 
AR MN 10,93 13,88 

100,00 100,00 


D'autre part le tableau ci-dessous indique d'après Boussin- 
gault la composition moyenne de diverses céréales : 


ET DEXTRINE 
GRASSES 
MINÉRALES 


CELLULOSE 


uw 
[2] 
>= 
© 
= 
+ 
u1 
a 
= 
= 
= 
= 
271 


AMIDON 
MATIÈRES 
MATIÈRES 


Seigle . 
! Orge. 
Avoine 
Maïs. 
RIZ: 


© -1 XX N  W 


Comme on peut le voir, par ce tableau, dont les résultats 
sont un peu différents de ceux de M. Lefeuvre relatés plus 
haut, car les analyses de ce chimiste n’ont porté que sur les 
produits de notre colonie, le Riz est la céréale contenant la 
plus forte proportion d’amidon. A ce titre il constitue un ali- 
ment de première qualité. 

Pendant la guerre de Crimée, chaque soldat de l’armée 
anglaise recevait dans sa ration journalière 6 grammes de 


90G BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


Riz et dans l’armée américaine, en temps de guerre, cette 
quantité était, il y a quelques années, de 47 grammes par jour. 
Dans ces dernières années, on a proposé, très justement, 
d'incorporer’de la farine de Riz à la farine de Blé pour la fabri- 
cation du pain et les expériences réalisées semblent montrer 
qu'une proportion de 20 °}, peut facilement être envisagée 
comme pratique. Mais ce mélange du Riz à la farine de Blé 
n'est pas une innovation récente, car il fut déjà pratiqué pen- 
dant l’expédition"du Siam en 1893-1894, ce qui permit de con- 


Transport des gerbes de Riz sur un bambou. 


stater que la proportion de 25 °/, pouvait être atteinte, sans 
inconvénient. 

Le D' Lahille qui s'est beaucoup occupé de cette question 
pense que le Riz épuré, mais incomplètement décortiqué 
et encore revêtu d’une partie de son enveloppe propre, 
convient mieux que le Riz complètement décortiqué pour la 
fabrication du pain. C'est d'ailleurs ce qu'a démontré 
À. Gautier pour le Blé : il résulte en effet de ses observations 
que le blutage excessif élimine de la farine, comme la décorti- 
cation du grain, les éléments nutritifs importants que contient 
le son. 


F- 
” 


L] 


AVANT-PROPOS DE TABLE 207 


D'autre part, des expériences récente$ ont montré que des 
animaux nourris exclusivement avec du Blé ou de l'Orge décor- 
tiqués manifestent des troubles de:même nature que le béri- 
béri. Il serait donc souverainement injuste d'attribuer, comme 
on le fait parfois à, l'alimentation par le Riz, la production de 
cette maladie. fl ne s’agit pas, en effet, de se nourrir unique- 
ment de Riz complètement décortiqué : ni les Japonais, ni les 
Chinois, ni les Annamites, ni les Malais ne suivent un régime 
aussi exclusif et ils se trouvent fort bien de leur alimentation, 
qui deviendrait, au contraire, désastreuse s'ils se nourrissaient 
seulement de Riz sans ses enveloppes et surtout de Riz sans 
autres aliments. 

En réalité, et personne ne le contestera sérieusement, le Riz 
constitue, pour l'Homme, un aliment de premier ordre, conte- 
tenant une plus forte proportion d'amidon que le Blé et ses 
qualités sont attestées, mieux que nous pourrions le faire, par 
la généralité de son emploi, surtout en Extrème-Orient. 

_Il ne peut être utilisé seul pour la fabrication du pain, car il 


_ ne possède pas en suffisante proportion les matières azotées 


spéciales qui font lever la pâte; mais rien n'empêche, comme 
on l’a vu plus haut, de le faire entrer en certaine proportion 
dans sa composition. En tout cas, il a sa place marquée 
dans une foule de préparations culinaires : il suffit de l’accom- 
moder convenablement. On se trouverait très mal d'une ali- 
mentation qui consisterait en colle de pâte de farine, même 
de farine fabriquée avec le plus beau Blé, et cependant le pain 


de Blé est apprécié par tout le monde : le Riz est une chose, 


l’art de le préparer en est une autre; c’est ce qui justifie la 


* vulgarisation des recettes les plus réputées. 


AVANT-PROPOS DE TABLE 
De gustibus est disputandum. 


L'autre jour, un ami bienveillant vint me trouver pour me 
confier son embarras et m'honorer d’une consultation. Me 
sachant amateur de Riz, comme qui dirait « oryziphile », pour 
en avoir consommé sous de multiples espèces et de nom- 


908 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION 


breuses latitudes et longitudes, il me dit son désir d’embrasser 
le même culte, mais encore sa perplexité à fixer son choix sur 
l'un ou l’autre des rites que la propagande et le manuel culi- 
aire proposaient à son zèle de néophyte. Muni de textes, les 
uns compendieux el secs comme des ordres, les autres insi- 
nuants et moelleux comme des eucologes, il allongea devant 
mes yeux une théorie de recettes d'origine et d'âge évidem- 
ment très différents. Palimpsestes (les anciennes remontent, 
sans conteste, à l’époque proto-historique) que les Moïs, les 
Dayaks et les Battaks continuent à suivre dans la patrie du Riz; 
macaronées gastronomiques, les modernes se sont façonnées 
à des lois gourmandes entachées d’exotisme assez récent pour 
ne pas être inscrites encore dans le « Digeste » de Grimod de la 
Reynière. 

Acceptons pour les unes et les autres le sentiment si délicat 
de Fulbert-Dumonteil : « Reliques embaumées du passé ou 
primeurs exquises du présent, triées sur le fourneau et comme 
sorties de la casserole d’or de quelques fées du foyer ». 

Ce qui inquiétait surtout la religion de mon ami, ce furent, 
dans des recettes tendant au même résultat, des préceptes 
contradictoires. C'est ainsi que la logique lui refusait d’ad- 
mettre qu'un Riz $ec pouvait être obtenu par une cuisson dans 
laquelle les uns proscrivent sévèrement l'intrusion du sel, 
alors que les autres le recommandent, dans laquelle encore, 
tantôt on noie le Riz dans un excès d’eau et tantôt on lui refuse 
son bain dans la casserole. L’ardeur du feu, la nature du réci- 


pient, la durée de la cuisson, le point critique de l’ébullition, 


la douche à l’eau froide, etc., etc. 

Aulant de problèmes que prétendent résoudre, avec une 
égale assurance, des commandements différents. 

Nous convinmes, tout de suite, du devoir, qui incombe à 
tout esprit libéral et éclectique, de se joindre à la croisade et 
de faire propagande en faveur du Riz en France. Au concours 
général de calorimétrie cette brave céréale rivalise avec la 
lentille et si elle doit le respect au macaroni, elle peut faire la 
nique à la côtelette de porc ou de mouton, laissant la pomme 
de terre parmi les derniers de la classe. Sa propreté n’admet 
aucun mensonge en échange de celui que le velouté de sa 
poudre prête à la houpette du boudoir. Elle exige des lavages 
répétés avant de se confier à la cuisson et si l'éclat de sa blan- 
cheur fait valoir les tons harmonieux d’un «Riz à l’Impéra- 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 


DISTINCTIONS HONORIFIQUES. 


Parmi les dernières promotions de Médailles d'honneur nous 
relevons lesnoms:de nos collègues, Mesdames la princesse de 
Poix «et B. Willard qui ont recu la Médaille de Vermeil des 
Épidémies. 

La Faculté de Médecine de ‘Paris vient -d'élire professeur 


titulaire de Parasitologie M. le D' Brumpt,‘en remplacement 


du regretté professeur R. Blanchard. 
Notre’collègue est connu par ses travaux sur la maladie du 


‘sommeil et les diverses maladies tropicales qu'il a étudiées 


monseulement à Paris, mais en Afrique et au Brésil. 


DÉCÈS. 

Nous regrettons d'apprendre la mort du colonel Robert 
Bacon, ancien ambassadeur des États-Unis à Paris, où il rem- 
plit ces fonctions pendant trois ans. En 1917, il fut attaché, 
avec le grade de chef de bataillon, à l'état-major du général 
Pershing et fut bientôt promu colonel. C'était un ami éprouvé 
de notre pays et également de notre Société, à laquélle il 
donna, à maintes reprises, de nombreuses marques de sym- 
pathie. 


Nous avons le regret d'annoncer le décès de M. Paul-Émile 
Biollay. Notre collègue était l’un des doyens de notre Société 
dont il faisait partie depuis quarante-trois ans. Nous prions 


-M°,Biollay, motre collègue, d’agréer l'expression de nos res- 


pectueuses condoléances. 


IRRÉDUCTIBILITÉ ET DOMESTICATION 
Par PIERRE AMÉDÉE-PICHOT. 


On à pu remarquer combien le Faisan était resté irréduc- 
tible aux essais de domestication. Quoique vivant depuis de 
longues années en contact intime avec l’homme et. dans bien 


BULL, SOC. NAT, ACCL. FR. 1919. — 13 


191 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


des cas dépendant entièrement de lui pour sa nourriture et sa 
sécurité, le Faisan est encore aujourd’hui à demi sauvage etne 


s'est jamais accommodé à un changement de conditions. Ce-. 


pendant il se reproduit facilement dans les endroits où il a été 
introduit aussi bien qu'en captivité. 

Il en est tout autrement pour un grand nombre d'Oiseaux 
du Nouveau-Monde, comme le fait observer M. Beebe dans le 
premier volume d'études d'Histoire nalurelle où sont consi- 
gnés les résultats de la première campagne des naturalistes 
américains à la station établie par la Société zoologique de 
New-York sur les bords du Mazaruni dans la Guyane anglaise (1). 

« Quoique d'espèces bien différentes, dit M. Beebe, ces Oi- 
seaux montrent une étonnante disposition à se rapprocher des 


hommes et à se plier de leur plein gré à l’état domestiqué. S'il 


arrive à un chasseur de tuer un Hocco ou un Agami accom- 
pagné d’un poussin el qu'il capture et emporte le jeune Oiseau 
pendant une partie du chemin dans la direction de son habi- 
tation, le poussin ne fera aucune difficulté pour le suivre pen- 
dant le reslant de la route. Dès ce moment l'Oiseau devient un 
familier de la maison ou de la cour de ferme. J’ai souvent 
observé ce fait chez les Indiens et j'ai moi-même obtenu le 
même résultat avec les poussins des Hoccos. Dans notre rési- 
dence de Kalakoon, nous avions une quantité de Hoccos, de 
Pénélopes et d'Agamis qui se montraient tous également fami- 
liers. En plein milieu de la jungle, il vous arrivera de tomber 
sur un campement temporaire d'Indiens autour duquel vous 
verrez voler et circuler ces Oiseaux apprivoisés sans qu'il leur 
vienne jamais à l’idée de retourner vivre en liberté dans la 
forêt vierge. Et cependant les Hoccos et les Agamis, qui se 
familiarisent si complètement qu'ils en sont parfois gènants, 
ne pondent jamais et ne se reproduisent en captivité que d'une 
façon tout à fait exceptionnelle. D’année en année la saison de 
la pariade revient sans que ces captifs volontaires manifestent 
le moindre instinct familial, si ce n’est que les Hoccos sem- 
blent parfois faire quelques avances à leurs femelles, mais ils 
ne construisent jamais de nids et ne pondent pas, même quand 
les grands arbres qui les entourent et qu’une abondante pro- 
vision de matériaux pourraient les engager à se meltre en 
ménage. » 


(1) Tropical wild life in Guiana, page 122. 


à. dns dd ner. D +22 


<< da L : 
LE -andet at ds Ru nt on Dsl 


3 


-  TRRÉDUCTIBILITÉ ET DOMESTICATION 495 


M. Beebe ne peut donc s'empêcher de.signaler le contraste 
frappant entre ce comportement et celui des Faisans asiali- 
ques, des Paons et des Perdrix qui, trop méfiants pour se 
laisser caresser ou même approcher, se mettent rapidement à 
pondre en captivité et couvent et élèvent leurs jeunes lorsqu'ils 
ne sont pus dérangés. 

Rien n’explique jusqu'ici cette différence qui rend le pro- 
blème de la domesticalion des animaux très mystérieux. Parmi 
les Phasianidés asiatiques, nous avons constaté, chez les Ho-kis 
ou Crossoptilons, une grande tendance à se familiariser d'une 
façon spontanée, quoique ces Oiseaux conservent un esprit 
d'indépendance très notable et une brutalité de caractère qui 
les rend insociables pour les gens et mème pour leurs congé- 
nères. Quant aux Hoccos, la remarque de M. Beebe confirme 
ce que nous savons de la stérilité de ces Oiseaux dans nos fai- 
sanderies et nos volières. Aussi avons-nous toujours douté de 
l'exactitude d’un fait rapporté par beaucoup de compilateurs 
d’après lesquels les Hoccos auraient été si bien domestiqués en 
Hollande au commencement du dernier siècle chez un riche 
amateur qu'on en servait communément sur sa table. Si on 
- remonte à la source de cette affirmation, on voit qu’elle est due 

à Temminck qui l'avait entendu dire dans son enfance à un 
banquet auquel il avait assisté chez M. Ameshoff, le particulier 
en question, et il est probable que le menu zoologique de ce 
festin était composé de plats somptuaires comme ceux que l'on 
servait à Rome à la cour d’Héliogabale où l'on mangeait des 
cervelles de Paon et des langues de Rossignol, des pépites d'or 
et des perles fines. 

Les Hoccos n’ont donc que très rarement pondu chez les 
amateurs et dans les jardins zoologiques et les succès d’éle- 
vage sont inexistants. Dixon, dans son ouvrage le Colombier el 
la Volière, figure un poussin de Hocco éclos chez lord Derby 
dans sa ménagerie de Knowsley; on pourrait encore citer 
quelques exceptions analogues. D'autre part, malgré leur ap- 
parence galline, les Hoccos se rapprochent des Pigeons par 
leur nidification, car ils construisent leur nid de baguettes au 
sommet des arbres de haute futaie et ne pondent que deux 
œufs. 


VÉPSRRE TAR 


7” 


DIOON ÆEDULE ET £ZNCEPHALARTOS HORRIDUS 
EXEMPLES D'ENRACINEMENTS SPONTANÉS 
Par CH. RIVIÈRE. 


Les Cycadées, dont nous ne connaissons guère [la reproduc- 
tion par graines dans nos cultures ‘européennes, même‘dans [te 
Nord de l'Afrique, où d’ailleurs leur-récolte est fort rare ‘pour 
des causes diverses, ne se multiplient que par œillétons plus 
ou moins gros et grâce à l'intervention du praticien. 

Voici deux cas de propagation naturelle observés ‘à une ‘fai-. 
ble distance, il est vrai, des pieds-mères (environ 3 mètres) 
concernant les deux plantes précitées : ‘il est évident qu'ils 
pourraient se produire avec d’autres espèces à œiïllétons ou 
bourgeons vivipares. 

Dans ‘une plantation sur un s01 déclive ‘où se trouvait un 
groupe de diverses Cycadées, étaient en bordure de larges 
touffes de quelques espèces de Cestrum régulièrement rabat- 
tues; mais comme cés plantes avaient une tendance à l’enva- 
hissement, on les réduisit, et c'est alors que, non sans étonne- 
ment, on trouva, ayant poussé naturellement au milieu de ces 
touffes de Solanées, un Dioon edule Lindl.'et un Æncephalartos 
horridus Lehm. à feuilles développées ét à troncs ‘assez gros, 
paraissant enracinés depuis deux ou trois ans au moins. 

En voici la simple explication : ‘ 

Ces œilletons pseudo-globuleux:poussant ordinairement à la 
base du tronc, parfois assez gros et âgés, font une ou deux 
racines peu longues, souvent non implantées dans le’sol. Alors, 
quand leur adhérence aux pieds-mères se trouve rompue par 
une cause quelconque, ils gisent sur le sol où ils peuvent s’en- 
raciner plus ou moins rapidement, mais:sur place. - 

Dans Je cas signalé ici, ces œilletons globuleux ét déjà gros 
avaient roulé sur un:sol déclive; le Dioon s'était bien enraciné 
dans une position verticale, mais l’Æncephalartos, plus penché, 
avait redréssé son bourgeon central qui formaït coude avec le 
tronc, mais avec le temps le sujet devait reprendre sa direc- 
tion normale. 

Ces faits d’enracinement spontanés sont plus communs chez 
le Cycas revoluta, à haut tronc souvent garni de nombreux 
bourgeons vivipares qui, de dimensions diverses, finissent par 


DIOON EDULE ET ENCEPHALARTOS HORRIDUS 197 


se détacher et tomber sur le sol où leur eñracinement s’accom- 
plit assez facilement. 

Mais ces organes erratiques exigent pour s’enraciner spon- 
tanément des conditions spéciales de milieu. D'ailleurs, pour 
bien cultiver la plupart de ces Cycadées, en prenant pour type 
le climat du littoral nord-africain, il faut les mettre dans des 
conditions assez semblables à celles qu'elles trouvent au Cap : 
atmosphère assez sèche une grande partie de l’année et sol en 
pente et rocailleux non exempL de lacunes remplies de terre 
végétale. 

Quelques explorateurs du Cap ont observé que de gros œille- 
tons: globuleux et même de forts trones de Cycadées parais- 
saient avoir été transportés d'assez: loin, entraînés par des 
éboulis, dus à des orages assez violents et que néanmoins ils 
_ s'étaient enracinés après de longues pérégrinations et consti- 
tuaient de: forts sujets. 

Oxw sait d’ailleurs que ces. troncs, de Cycadées;. quelles. que 
soient leurs dimensions, supportent facilement les plus longs 
voyages, privés de feuilles et de racines et qu'ensuite, sans 
soins spéciaux, leur enracinement, s'obtient sans. difficultés, 
même à l'air libre: sous le-climat d'Alger pour toutes les espèces 
du Cap; mais une réserve est à faire pour les provenances de 
la zone intertropicale, plus délicates, comme par exemple, le 
Cycas siamensis et le Zamia Brongnartü, ce dernier ne parais- 
sant pas pouvoir dépasser le 17° degré de latitude au Brésil. 

Si, à Vétat spontané, la plupart de ces: Gycadées australes 
vivent en terrain: sec, ou sur des pentes où l’eau: est d’écoule- 
ment facile, et dans un climat aux longues sécheresses, en 
horticulture ces conditions peuvent être avantageusement 
remplacées: par une intervention raisonnée du praticien. 

Ainsi, dans un milieu analogue: à celui du centre de végé- 
tation naturelle de la plante, dans; une terre riche, peu com- 
pacte et bien drainée, on peut obtenir, même dans un sol plat 
et surtout avec des arrosages d'été, un. développement rapide 
du tronc et des feuilles nombreuses, amples et plus fraiches 
que: celles émises: au: pays d’origine. 

Dans le climat marin du Nord. de l'Afrique, sauf aux alti- 
tudes, ces Cycadées résistent à l'insolation, à la sécheresse, 
aux abaissements marqués de température et il n’est pas rare 
de voir des: rosaces de feuilles des Cycas revoluta transformées 
en une corbeille de neige.sans que la plante en souffre. 


ATEN QT Ed 


PE ; 


x 


DÉJEUNER AMICAL ANNUEL 
DU 22 MAI 1919 


AU BUFFET DE LA GARE DE LYON 
PROCÈS - VERBAL 


Ce déjeuner, qui avait été organisé pour essayer de propager 

l'usage du Riz en France, obtint le plus vif succès. On 8entait 
tout le plaisir qu'éprouvaient nos collègues à se retrouver 
ensemble, après les terribles événements de la guerre, et c’est 
en pleine communion d'idées et avec la plus franche gaîté que 
l'on ft honneur au menu, entièrement composé de ps de 
Riz ou au Riz. | 

La preuve est faite maintenant; le Kiz, bien préparé, est un 
aliment excellent, digne, en tout point, de figurer sur toutes les 
tables. 

Aux côtés de notre Président avaient pris place M"° la mar- 
quise de Ganay, M° Th. Delacour, M" Perrier, M” Harau- 
court, M. le comte Potocki, M. E. Haraucourt, le prince Siso- 
wath, M. G. Capus. | 

M. le baron J. de Guerne, vice-président honoraire; M. le 
D' Sebillotte, trésorier ; M. Loyer, secrétaire général. 

MM. R. Caucurte, A. Chappellier, J. Crepin, C. Debreuil, 
J. Delacour, l’abbé Foucher, le professeur Lecomte, Le Fort, le 
D' Leprince, le poisse Roule, P. Kestner, membres du Con: 
seil. 

M. Li Tchuin, vice-consul de Chine à Paris, M. Chis -Tsung-Hu. 

La presse élait représentée par MM. Pierre Mille, Latapie, 
Forest; le Syndicat de la Rizerie française par MM. Raverat, 
président; J.-J. Francou, F. Dewulf, P. Lévesque, Jollan de 
Clerville, T. Veyrin, P. Caron et L. Mellier; l'Âgence écono- 
mique de l'Indochine par M. Gourdon. 

Les membres de la Société étaient venus nombreux ; en outre 
de ceux déjà nommés, citons : M"% Brumpt, Brunot, Caucurte, 
Debreuil, Gallois, Lamarque, Lebelle, Loyer, Nattan, Pascalis, 
Sebillotte, de Visme, Willard, MM. Barrachin, le professeur 
Brumpt, Brunot, A.-L. Clément, P. Crepin, le comte Delamarre 
de Monchaux, le D’ Delcroix, Desplanques, Diguet, Dode, 
Douste, Fontaine, A. Godard, Gallois; Lamarque, Laumonnier, 


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DÉJEUNER AMICAL ANNUEL 199 


le D: Legros, député; Le Moult, Mégnin, du Mesnil, Mouquet, 
Nibelle, député ; Petit aîné, Prévost, C. et G. Rivière, Savigny, 
Schwærer, Simon, le capilaine Varigault, Viguier, de Visme, 
Worms de Romilly. 

Une brochure sur le Riz, dans laquelle était encarté le menu, 
contenant un grand nombre de recettes de plats au Riz et que 
nous reproduisons ci-après, fut offerte à chaque convive. 

Les hors-d'œuvre, et principalement le « Riz aux Huit Mer- 
veilles » préparé à la mode chinoise, eurent un grand succès et 
mirent en confiance les convives les plus sceptiques. Les 
Carpes-Cuir, presque toutes de belle taille, cuites à l'huile et 
farcies de Riz relevé d’un mélange de Porc, d'Oignons et de 
divers condiments, furent déclarées excellentes. Ces Carpes, 
d'une race peu connue en France, provenaient de l'élevage de 
notre collègue M. Brunet, dans le Cher. Après les Carpes vin- 
rent les Rizottes de Porc à la Tomate; ce sont des croquettes de 
Riz passées au four, puis le rôti d’Antilope de l'Inde (Antilopa 
cervicapra) accompagné de Riz sec, que l’on pouvait assai- 
sonner à son goût, à la façon orientale, avec de la sauce Curry 
ou de la sauce Soyou, offerie par notre collègue, M. Fontaine. 
La chair de l’Antilope, très tendre et d’un goût délicat, fut 
particulièrement appréciée. Il y eut, ensuite, un supplémentau 
menu : une « jardinière » de Riz et de légumes frais, servie 
dans une crêpe. Après l’entremets sucré et un abondant dessert 
qui faisaient oublier les récentes restrictions, vint le café, 
accompagné de vieille eau-de-vie de Riz et d’eau-de-vie anna- 
mite parfumée à la Camomille, présents de M. Fontaine. 

Pendant le repas, les vins avaient été très appréciés et, prin- 

cipalement, le Clos des Cornets, spécialité du Buffet. 
_ D’excellentes cigarettes (don de M. Fontaine) faites avec du 
tabac cultivé en Indochine, ainsi que de la poudre de riz 
« Luzy », souvenir aux dames, avaient été mises à la dispo- 
sition des invités. 

À la demande générale, M. Tcho-Ying-Chao, contremaître à 
l'usine chinoise de la Caséo-Sojaïne, qui, bénévolement, avait 
prêté son concours au chef des cuisines du Buffet, M. Letessier, 
fut appelé et recut les plus sincères félicitations de tous. 

M. Perrier ayant été obligé de se retirer, un peu avant la fin 


* du déjeuner, afin d’aller faire son cours au Muséum, M. le pro- 


fesseur Lecomte le remplaça et, dans une improvisation très 
applaudie, après avoir remercié M. Fontaine et notre col- 


/ 


200 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


lègue, M. du Mesnil qui avait offert la Bière au Riz, préparée à 
notre intention et félicité le chef M. Letessier, souhaita que la 
manifestation de la Société d’Acclimatation: soit le point de 
départ d'une plus juste appréciation des qualités du Riz dans 
l'alimentation et demanda à la presse de soutenir des efforts 
désintéressés tendant à un accroissement du bien-être général. 

MM. Pierre Mille et Debreuil prirent ensuite là parole pour 
affirmer leur pleine confiance dans le succès de l’utile cam- 
pigne entreprise par la Société, à la condition que le Riz 
vendu soit de bonne qualité et que les méthodes pour le pré- 
parer soient largement vulgarisées. Pour cela, la coopération 
du Gouvernement, des botanistes, des planteurs, des indus- 
triels et de la presse est nécessaire. M. le professeur Roule, 
sollicité, donna des renseignements sur la Carpe-Cuir et félicita 
notre collègue, M. Brunet, d’avoir introduit dans ses étangs du 
Cher l'élevage de cette race de Carpes dont l’accroissement est 
plus rapide et la chair plus délicate. 

Enfin le déjeuner se termina par le tirage au sort de la 
dépeuille de l’Antilope et d’une Carpe-Cuir qui avait été 
exposée. 


QUELQUES RECETTES 217 


RIZ CUIT A L’INDIENNE Faites bouillir le riz à grande eau 
ee nude apres Sdheure 
d'ébullition, prendre quelques grains, les écraser entre le pouce et 
Pindex : si vous ne sentez pas de dureté, versez le riz dans une pas- 
soire, jetez ensuite sur le riz un courant d’eau. fraîche; égouttez, 
mettez dans une casserole et laissez, pendant quelque temps, sur un 
feu. doux. 

Lorsque le riz est bien sec, les grains doivent se séparer facilement 


les uns des autres. 


#% AUTRE RECETTE # Pour faire le riz à l’indienne et se déta- 
mm cal bien procéder de lafmanière sut 
DE RIZ A L’INDIENNE vante : Prendre riz ‘‘ /nde #wletjeter, 

; : après l'avoir lavé soigneusement, dans 
une grande quantité d'eau bouillante légèrement salée. 

Quand le riz s'écrase sous le doigt, le passer, le laver de nouveau à 
l'eau froide dans4a passoire, sous le robinet, puis le mettre à sécher 
et à chauffer à l'entrée du four, en le secouant de temps en temps 
pour le faire se mieux détacher. 


RIZ À L’ORIENTALE Faire revenir dans une casserole lard et 
maman oc hauts'de côteleties ow poitrnre: Saler, poi- 
vrer, laisser bien dorer. Puis retirer de la casserole et mettre au 
chaud. 

Danstla graisse-que-la viande aura rendue, fäire revenir du riz de 


- Valence (petits grains ronds), après l'avoir bien lavé. Saler, poivrer, 


un peu des 4 épices et: mouiller de bouillon, de façon à: recouvrir le 
riz. Le laisser cuire doucement, puis remettre la viande. Mouler le 
tout dans un bol, renverser dans le plat et arroser d'un jus ow d'une: 
sauce tomate. 


# CROQUETTES DE RIZ # Faire revenir riz de Valence ou 
2 Cooinedindu beurre Saindonx 
AVEC RESTES DE VIANDE ou graisse, Sel, poivre, # épices. 
 Mouiller d'un: jus ou: de: bouillon. 
Quand le riz est cuit y ajouter le reste du poulet, veau, bœuf ou 
mouton haché très fin. Joindre au mélange 2 œufs entiers. Faire des 
croquettes qu'on roule dans la farine, le blanc d'œuf et un peu de 
chapelure. Jeter dans la friture ou cuire doucement au beurre. Servir 
telles ou avec une sauce: tomate ow hollandaise. 


(Ces: inois receites. communiquées 
pan M... Kusel-Hédiard.) 


RIZ AUX HUIT MERVEILLES Bien laver le. riz. Cuire: le riz 
mm dl peardneAnamres 
EN 0 ceEvre) # À Le sortir et tre sauter dans la 
poêle pendant 5 minutes en ajoutant deux cuillerées à-soupe d'huile 
ordinaire par 250 grammes:de-riz; oignons en morceaux, 50 gr.; jambon 
fumé; 50 gr; filet de porc, 501 gr. ; jambon: de soja, 50 gr, œufs à la. 
crème, 4 œuf; champignons, 50 gr.; sauce de soja, 50 gr. 
Retirer'et dresser. 


CARPE EN SURPRISE* Cuire la carpe dans 1/2 litre d'huile pen- 
—_.  dant 3 minutes Faire un mélange de riz 
cuit, porc, oignon, poivre et sel et l’introduire à l'intérieur de la carpe. 


918 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


Mettre au four pendant 10 minutes environ en ajoutant sauce de 
soja, oignon, vinaigre, ail el un peu d’eau. 
Retirer el dresser. 


PORC AU RIZ, SAUCE TOMATE Faire une boule de riz cuit 
un à EAU. a DIU EME 
l'huile bouillante. Dès qu'elle est frite la sortir, la couper en deux et 
farcir avec de la viande de porc hachée, oignon, sel, poivre. Mettre 
au four pendant 10 minutes, environ, en arrosant de sauce tomate. 
Sortir et servir. 
(Ces trois recelles communiquées par M. Chi-Tsung-Hu, 
directeur de la « Caséo-Sojaine ».) 


RIZ A LA MALAISE Bien laver le riz. Le moudre dans un moulin 
me mu .d Caié-eMesurer un‘ volume d'eau era 
RARE ro ES EAGQUE RES primitif du riz (soit environ 445 gr. 
- d'eau pour 100 de riz). Faire bouillir l’eau salée à volonté. Quand elle 
est bouillante, y jeter le riz et cuire à feu lrès doux 30 à 40 minutes. 

On obtient un bloc solide qui, refroidi, peut ètre utilisé en guise de 
pain. 


RIZ À LA CRÉOLE Bien laver le riz. Le faire cuire 25 minutes 
eme Grande eau: Esoulter Passe atmIouret 
(d’après le Prof. LAPICQUE) ajouter du beurre frais au moment de servir. 


RIZ AU POISSON S'il s'agit de poisson frais, c'est généralement 
du poisson cuil au court-bouillon sur un canapé 
de riz au maigre. S'il s’agit de poisson de conserve : morue, thon, 
harengs, sardines, anchois, etc., enlever les arêtes et cartilages, piler 
en purée et incorporer au riz maigre. On obtient ainsi un mets très 
nourrissant et {rès appétissant. 

Le riz associé au poisson de conserve constitue l'alimentation 
presque exclusive des deux tiers de la population asiatique. 


RIZOTTO MILANAISE Un litre de bon bouillon; 250 grammes 
De un mn de riz (bien lavé) :4125erammestdemernier 

(d’après M*° MOLL-WEISS) 9 grammes de moelle de bœuf; 123 gram- 
mes de champignons; trois cuillerées de parmesan râpé; une pincée 
de safran. 

__ 1e Faire fondre le beurre et la moelle, émincer les champignons et 
les faire sauter; les enlever du beurre et les mettre de côté; 2° Jeter 
dans le beurre les 250 grammes de riz, les faire blondir 5 minutes, 
mouiller avec deux ou trois cuillerées de bouillon. Ajouter du bouillon 
cuillerée à cuillerée lorsque l'apparence de la préparation devient 
huïleuse ; 3° Avant la dernière cuillerée de bouillon, ajouter les cham- 
pignons et le safran délayé ; 4° Ajouter le parmesan. : 

L'ensemble de la préparation prend trois quarts d'heure. 


# AUTRE RECETTE DE % Hacher la moitié d'un oignon, le 
nee uen mt faille TeVeHIL AURbeEUTrE AM ARCAESE 
RIZOTTO À LA MILANAISE role, jusqu'à ce qu'il soit couleur 

d’or; y verser une livre de riz et du 
2% #% À (Potage) À À À bouillon à mesure qu'il en faudra 
pour le faire crever en consistance encore ferme; additionner d’une 
pincée de safran en poudre, y verser 100 gr. de parmesan ràpé et 
50 gr. de beurre frais et servir chaud après avoir poivré au poivre 
blanc et à la muscade. (Mets de haute saveur.) 


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F0 L 
‘dl \ 


QUELQUES RECETIES 219 


RIZ RAPIDE Par personne : 150 grimmes de riz (bien lavé), 
15 grammes de beurre ou de végétaline (ou mieux, 
5 grammes de beurre et 10 de végétaline). Faire revenir le riz dans 
une poêle. Quand il est doré, y ajouter de l’eau, peu à peu (environ 
300 grammes d’eau par 100 grammes de riz). 

Toute la préparation ne demande pas plus de 25 minutes. 

On peut la rendre plus agréable, mais plus chère, en y ajoutant du 
gruyère râpé (20 grammes par personne). 


RIZ AU GRATIN Prendre 125 grammes de riz trié et lavé, 
ee 250 grammes d'eau et une pincée de sel. Faire 
crever dans une casserole émaillée, au bain-marie, pendant une heure 
et demie. On obtient ainsi du riz à la japonaise non écrasé. Préparer 
d'autre part une sauce blanche au lait avec fines herbes hachées et 
pilées. Laisser donner deux ou trois bouillons. Y délayer deux jaunes 
d'œufs avec une cuillerée à café de jus de citron et les blancs d'œufs 
en neige. Méler le tout et verser dans un plat à gratin bien beurré. 
Parsemer de quelques morceaux de beurre, saupoudrer de chapelure 
et tenir au four 20 minutes. (Mets recherché.) $ 


(Receltes communiquées par M. Raverat.) 


RIZ. A LA FONDUE Pour quatre personnes : Faire cuire une 


: demi-livre de riz à l'eau bouillante salée, pas 
trop cuit. Egoutter.: Mettre un peu de beurre. Mouler dans un moule 
à baba. 

Fondue : Mettre la grosseur d’un œuf de beurre dans une casserole. 
Ajouter 2 cuillerées de farine et verser un demi-litre de lait, petit à 
petit, en tournant. Quand la sauce est suffisamment épaisse, c’est-à-dire 
crémeuse, ajouter sel et poivre et 12 grammes de fromage de Gruyère 
ràpé, à feu doux sur le coin du fourneau. Au moment de servir, 
ajouter 3 jaunes d'œufs bien mélangés. 

Démouler le riz et verser la fondue au milieu. 


SALADE DE RIZ Faire cuire le riz pendant 20 minutes à l’eau 
TT bouillante ; le passer à l’eau froide. Assaisonner 
avec huile, vinaigre, sel, poivre, moutarde ou avec une mayonnaise. 
Ajouter à volonté des œufs durs, des haricots verts, des tomates. En 
hiver, on peut remplacer par des truffes et de la betterave. 

Le riz peut aussi se mélanger à une salade de laitues ou à une 
salade de pommes de terre. 

La salade de riz est un plat très nourrissant, très agréable par les 
temps chauds. 


RIZ A LA MUSCADE Faire cuire 20 minutes dans le bouillon, 
ee oputern de lat sauce tomatesavecmunercuile 
lerée de bouillon et de la muscade râpée. 


(Ces trois recettes ccinmuniquées 
par Mne Tolet.) 


PILAU DE RIZ À Ce pilau est essentiellement un plat de lan- 

mm GoUSieautriz) partumé/au safran: 

LA PROVENÇALE Dans une casserole à moitié remplie d'eau, 
metlez : ail, oignon, persil, thym, laurier, 

girofle, sel.et poivre, afin d'obtenir après ébullition un bouillon très 

parfumé, dans lequel vous jetez une langouste lavée et ficelée, et, si 

possible, un de ces crustacés épineux nommés araignées de mer. 


> 


220 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Durant la cuisson du bouillon, lavez soigneusement, dans deux ou 
trois eaux, une trentaine-de belles moules. Faites-les ouvrir dans une 

casserole sur le feu, retirez:les de leur coquille à mesure qu'elles 
s'ouvrent et mettez-les sur une assiette: Coulez dans un bol l'eau 
qu'elles auront rendue, bien lentement pour laisser 'au fond le résidu 
terreux, que vous jetterez. 

Les crustacés étant cuits, relirez:les du’ bouillon, jetez l’araigmée de 
mer à l'exception des pattes, et coupez la langouste en morceaux. 

Ceci étant terminé, failes roussir, dans une casserole de fonte, un 
oignon coupé en tranches dans de: la bonne huile d'olive; lorsquiil 
aura commencé à prendre couleur, versez le riz dans la casserole et 


faites cuire sur un feu doux pendant dix minutes. Versez’alors dessus: 
un bon demi-litre du mélange de bouillon avee l’eau rendue par les 


moules (lequel mélange doit être bouillant), deux ou trois tomates 


pélées:et épépinées, du safran en quantité suffisante pour que le riz: 


premne une belle teinte jaune d’or; salez et poivrez, si cela est néces- 
saire. Couvrez la casserole et laissez cuire sur un feu assez doux 
15 à 20 minutes, en ajoutant, selon les nécessités, du bouillon de la 
cuisson; y incorporer, 5 à 10 minutes avant de servir, les pattes 
d'araignée, les morceaux de langouste et les moules. 

La cuisson étant achevée, versez le riz dans un plat, chaque grain 
de riz devant être ferme: et n'adhérant pas. aux autres: Décorez à votre: 
gré: avec les: morceaux de langouste, les pattes de l’araignée et les 
moules. 


Ce plat devant être très relevé, on peut, selon le goùt des per- 


sonnes, le corser en y ajoutant du curry. 
(Recetle communiquée: par Me Christiane Roule.) 


LA TERRINÉE Mettez dans une terrine : 4 litres de lait, une 


livre de riz bien lavé et un peu de-:cannelle; sucrez: 
selon le goùt. Laissez le tout cuire doucement dans le four pendant 


4 heures. Ne remuez pas pendant la cuisson. Au bout de ces 4 heures 
il s’est formé une couche noire qu’on enlève et on trouve en dessous, 
une crème délicieuse. : 


(Communiqué par le commandant Chavane.) 


RIZ PERDU Lavez soigneusement le riz ; mettez-le dans une ter- 
TT rine avec quelques morceaux. de sucre et un peu de 
vanille, ou mieux de cannelle. 

Remplissez la terrine aux trois quarts de lait et mettez-la dans un 
four très doux. Ajoutez du lait à mesure que celui-ci se réduit. 
Laissez cuire 4 ou 5 heures et servez dans la terrine. 


(Communiqué par M: Kusel-Hédiard.) 


RIZ AUX FRUITS Suivant lessaisons, faire. rapidement et à pant 
ue "compoie de censes de frusestébacots 


de prunes, de poires. ou de pommes et la servir au centre d’un riz au 


lait. (Mets exquis.) 


GATEAU DE RIZ Prendre 250 grammes de riz, 4 litre de lait, 
250 grammes. de sucre, un ou deux zestes de 
citron hachés menu, 60 grammes de Corinthe: Faire cuire à point. Y 
délayer quatre jaunes d'œufs battus et verser le Lout dans. un moule 
bien beurré. Faire: cuire au four pendant une heure environ et 
démouler à froid. 


QUELQUES RECETTES é 291 


BEIGNETS DE RIZ Faire un riz au-Jait très épais, verser dans 
un plät, laisser refroidir et durcir. Découper 
en tranches, enduire avec un œuf, saupoudrer de chapelure et faire 
sauter au beurre. (Mets exquis.) 
(Ces trois recetles communiquées 
par M. Raverat.) 


ÉCONOMIE DOMESTIQUE 


Jo Soupe aux Poireaux et aux Pommes de T'erte 

MÊME SOUPE AU RIZ 
Dans le premier cas, il faut 1 kilo de.pommes de terre; dans le 
second, 250 grammes'‘de riz suffisent pour obtenir d'abord'une bonne 


<oupe,ensuite un bon plat de lécumes qu'il faut ‘assaisonner dans 
les deux cas avec une quantité équivalente de beurre. 


Économie en faveur du Riz : 75 ° Joe 


2° Navarin aux Pommes de Terre 
NAVARIN AU RIZ 


Pour six personnes, il ne faut pas moins de 2 kilos de pommes 
de terre dans le premier cas; dans le second, 300 grammes de riz 
suffisent amplement pour la même quantité de viande et d’assaison- 
mement.' Dans le premier cas, on obtient une nourriture agréable, 
mais lourde, indigeste et peu nourrissante; dans le second, un plat 
qui ne le cède en rien au premier au point de vue gastronomique, 
maïs qui est infiniment plus léger et plus nutritif. ë 

Économie en faveur du Riz : 75 °o. 


39 Gâteau de Pommes de lerre 
(GATEAU DE RIZ 


On se‘fatigue de tout, même dela purée de pommes de terre, mème 
de riz au lait. On fait, pour changer, un gâteau de pommes de terre 
ou un gâteau de riz. D'ailleurs, la manière d'opérer est à peu près la 
même. Pour six personnes, il ne faut pas moins de 1.500 grammes de 
pommes de terre, alors qu'avec 500 grammes de riz on obtient un 
gäteau très volumineux et infiniment plus nubritif. 


Économie -en faveur du Riz : 66 °/0. 


A la condition de satisfaire aux exigences culinaires très 
simples qui viennent d’être exposées, le:Riz, bien loin de 
provoquer la constipation, est un agent régulateur des diges- 
tions intestinales. (Société scientifique d'Hygiène alimentaire et 
. l'Alimentation rationnelle de l'Homme.) 


EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 


A PROPOS /DURRIZU UN) 


Par M. L. MELLIER, 


Membre du Syndicat de la Rizerie française. 


Vous m'avez aimablement demandé de vous donner les 
quelques remarques par lesquelles j'aurais répondu aux obser- 
valions que vous avez faites sur le Riz, sije m'étais attendu à 
la possibilité de prendre la parole à votre déjeuner amical du 
22 mai. 

Je vous aurais d’abord remercié de l’aimable pensée que 
vous avez eue d'inviter les membres du Syndicat de la Rizerie 
francaise à prendre part à vos agapes,et la propagande que 
vous faites en faveur d’une Céréale des plus utiles à l'alimenta- 
tion des hommes et aussi des animaux; et j'aurais soumis 
deux vœux à votre Association : 

1° Qu'elle veuille bien persuader à ses adhérents établis dans 
les colonies productrices de Riz, notamment la Cochinchine, 
qu'il n y à aucun antagonisme entre les intérêts des coloniaux 
et des usiniers d'Europe; au contraire ces intérêts sont con- 
nexes et il serait de la plus haute utilité de comprendre qu'ils 
doivent s’allier et non pas se combattre. Sans doute il semble, 
à première vue, que le travail à fond du Riz aux lieux de pro- 
duction procurerait des économies de transport, de manuten- 
tion et d’intermédiaires, mais c'est là une illusion pour les 
Riz destinés à la consommation humaine et l'expérience de 
tous les pays le prouve. 

Les Riz expédiés, surtout d'Extrème-Orient, entièrement 
apprètés pour la consommation, parviennent très difficilement 
en bon état et n'obtiennent! que des prix très inférieurs, c'est 
ce que comprennent les Hollandais qui n'envoient de leur 
colonie de Java que des grains recouverts des pellicules qui 
les protègent et qui sont parachevés dans les usines de Hol- 
lande. Le coût final est de quelques centimes plus élevé, mais 


(1) Lettre adressée le 6 juin 1919 à M. Debreuil. 


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ARE LU TES US 0 


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EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 008 


on donne satisfaction à la clientèle qui achète plus et paie plus 
volontiers 2 francs et plus pour ces Riz parachevés en Europe 
que À franc pour ceux parachevés à la colonie. 

Une preuve éclatante de ce que j’avance était fournie par les 
Allemands qui achetaient 7 à 800.000 tonnes de Riz tant dans 
la Birmanie anglaise que dans notre grande colonie d'Extrême- 
Orient, mais seulement à l’état demi-ouvré; ils avaient ainsi, 
en dehors des questions de navires el de leur propre consom- 


mation, accaparé toute la réexportation considérable faite 


d'Europe aux Antilles et autres colonies qui ne veulent pas 
d'importation directe, leur laissant le plus souvent de gros 
déboires et viennent faire leurs achats en Europe. IL y a là une 
place importante à leur reprendre, et c’est par l'union entre 
producteurs coloniaux et métropolitains qu’elle peut être prise; 
vous auriez donc une œuvre des plus utiles à accomplir en sti- 
mulant celte union. 

2 Que, par son influence en haut lieu elle voulût bien con- 


tribuer à ce que les approvisionnements, réservés à l'État 


pendant la période de guerre, fussent le plus promptement 
possible rendus aux décortiqueurs de la métropole. Ces der. 
niers connaissent exactement les qualités convenant aux con- 
sommateurs et, par des répartitions appropriées, peuvent 
mieux que personne travailler à faire apprécier l'utilité et Les 
mérites de celte CGéréale et, par suite, en développer la consom- 
malion. 

Leur intérêt guiderait leurs efforts pour obtenir ce dévelop- 
pement dans les conditions les plus économiques. Chaque fois 
qu il a été fait appel à eux, ils ont su montrer leur zèle et leur 
capacité, non pas pour leur seul intérêt, mais pour le bien-être 
et l'intérêt du public consommateur. 

Je m'excuse d’avoir, au dessert, retenu votre attention sur 
des points de vue économiques, mais que pourriez-vous attendre 
d'autre de professionnels que vous avez bien voulu accueillir 
parmi vous et qui vous remercient de votre bonne réceplion. 

Agréez, elc. 


EM #7 CA Lau al RL AE. 
VUE PEN MARS ETES 
Her © n° 2 
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29% BULLETIN DE .LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACGLIMATATION 


SUR UNE COLONIE :D'HIRONDELLES .DES RIVAGES 
A 'ESBLY (SEINE-ET- MARNE) 


Par A. PIÉDALLU, 


Pharmacien-major de l'armée. 


Au cours d'une excursion scientifique dans les curieuses 
régions du confluent du Grand Morin et de ‘a Marne, j'ai pu 
constater qu'une pétite colonie d’'Hirondelles de rivages a élu 
domicile dans le front de taille de la ‘balastière qui se ‘trouve 
dans les alluvions quaternaires au delà du pont de la Marne 
détruit en 1914 et remplacé par une passerelle du génie. 

Ces petits Oiseaux auxiliaires de l’agriculture nichent là 
presque à la portée de la main et une troupe d'étudiants ne les 
empêche pas d’entrer'ni de sortir de leur demeure de troglo- 
dytes; nous connaissions déjà la grande colonie qui loge dans 
la ‘falaise de sables de Stampiens (de Fontainebleau), de la 
Ferté-Alais, une autre à Châtillon-sur-Seime dans les alluvions 
de la Seine et une autre ‘au Mont Cassel (Nord). ; 

J'ai cru qu'il serait intéressant, pour les amis des Oiseaux, de 
connaître cette petite colonie et de savoir qu'elle n’est nulle- 
ment troublée, ce'printemps 1919, dans cette riante campagne 
encore toute endeuillée de la première poussée des boches. On 
sait qu'il existe trois espèces d'Hirondelles dans la région pari- 
sienne : ji’Hirondelle des fenêtres #. urbica; Hirondelle des 
cheminées . rustica; Hirondelle de rivage 7. riparia. La der- 
nière compte seulement quelques colonies ; C’est pourquoi j'ai 
signalé celle-ci. 


< 


ERRATUM. — Bull., juin 1919, p. 173, 8e ligne, au lieu de : andromor- 
phisme, lire : gynomorphisme; — et au lieu de gynomorphisme, lire : 
andromorphisme. 


L 
Le Gérant : À. MARETHEUX. 


ee 


Paris. — L. Marërasux, imprimeur, 1, rue Cassette. 


AVANT-PROPOS DE TABLE 209 


—_  trice», la discrétion de son parfum naturel s'accommode des 
mariages les plus tendres d’un gâteau de Riz à la vanille autant 
S . que des unions passionnées d'un carry à l’indienne. 


Alors pourquoi cette levée de fourchettes en faveur d'un si 
noble fils de Cérès? Pourquoi la S. S. D. H. A. E. O.A.R. D. L. H. 
dit-elle que le Riz est un aliment méconnu? Parce que, nous 
répond avec juste raison la Société Scientifique d'Hygiène Ali- 
mentaire et d'Alimentation Rationnelle de l'Homme, le Riz, tel 

> qu'onle fait habituellement en France, est insuffisamment lavé, 
cuit avec trop d'eau, cuit à trop grand feu, cuit trop longtemps. 

La formule est courte el honne. Encore faut-il s'entendre. 

4 Nous ne faisons pas campagne contre le Codex culinaire dont 
les savants et parfois mirifiques préceptes, depuis feu Carême 
jusqu'aux wagons-reslaurants de feu l'Orient-Express, ont 
enrichi le catalogue voluptuaire. Le mode de cuisson du Riz 
s’y ritualise quel qu'il soit et tel que la tyrannie de la tradition 
éprouvée l'impose à l'art du Chef soucieux de sa renommée. 

Non! nous aimons le Riz pour lui-même, sans compagnon 
somptuaire, dans son entité nue, et nous voulons qu'il ne soit 
plus traité en parent pauvre dans la famille des céréales. Que 
vous aimiez le Riz pourvu qu'il ne vous soit pas servi à l’état 
colloïdal, en bouillie molle et vous qui le dédaignez sans plus, 
faites-le cuire comme vous l’apprend la vertu des Anciens, 
dans l'Inde, en pays d'Annam, en Chine, en Bactriane, et vous 
‘rendrez justice à leur sagesse. 

Vous obtiendrez un Riz gonflé à souhait dont chaque grain 
a gardé sa personnalité qu'il accuse au palais et qui lui permet 
de se désolidariser d'avec son voisin au point de se faire cueillir 
individuellement par les baguettes dont l'Annamite se sert en 

- guise de fourchette ou, proprement, par les doigts du Sarte de 
Samarcande. 

Vous aurez ainsi un plat d’une bienveillante neutralité, gar- 
dant son naturel, son autonomie et sa dignité, auxquels vous 
ajouterez, à votre goût, les apprêts variés, tels: que reprises en 
rissole, sauces condimentaires, blanquettes, daubes, mirotons, 
ragoûts, béatilles, griblettes, fricassées, salmis, gibelottes, 
poivrades, matelotes, marinades, poulettes, financières et 
autres galimafrées. - 

Mon ami me ramena au sujet de sa visite et je lui fis part de 
mon opinion sur l'influence du sel, la quantité d’eau et la 
durée de !a cuisson. 


C4 


210 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Crever le Riz ne signifie pas faire éclater le grain en mor- 
ceaux, mais le faire gonfler par la cuisson de manière à ce 
qu'il ne reste pas de noyau dur. 

Faire cuire dans de l’eau salée expose, à moins d'une surveil- 
lance attentive, à obtenir un Riz mou et humide. Le premier 
bouillon peut se faire avec du sel; mais la fin de l'opération 
doit se faire avec l’eau retenue seulement par le Riz pour finir 
à l'estouffade. 

La recette qui fixe les proportions d’eau et de Riz, les temps de 
la cuisson et qui exclutle sel, donne loujours un résultat certain. 

On peut faire cuire à grande eau à condition de la jeter 
lorsque le grain est cuit à fond le passer à la douche froide et 
finir à l’estouffade. 

Le temps de la cuisson et de ses phases successives dépend 
du mode que l’on a adopté. Il diffère selon les variétés de Riz. 
Il est reconnu que les belles variétés de Riz d'Amérique, 
d'Italie ou d'Espagne, réclament plus de soins et de surveil- 
lance à la cuisson, pour donner des Riz sees, que les variétés 
d'Extrème-Orient qui sont de moindre apparence, mais géné- 
ralement d'un goût plus fin auquel le connaisseur donne la 
préférence. 

Les Riz de Saïgon el du Tonkin sont parliculièrement 
recommandables à ce point de vue. 

Toute cuisson doit être précédée d'un lavage répété du graie 
de Riz afin de le débarrasser de la fine poussière ou farine 
qu'il apporte de la meule décortiqueuse et qui lui donnerait, à 
la cuisson, la consistance pâteuse que nous voulons éviter. 

Pour bien le désenfariner, frottez-le par poignées entre la 
paume des mains. 

Les Riz très blancs et les mieux décortiqués sont moins 
nutritifs que ceux qui ont conservé dans leurs couches parié- 
tales un peu de gluten et des vitamines précieuses, nous disent 
les savants, et qui nous éviteraient le béribéri si nous ne man- 
gions que du Riz trop blanc. 

Mais nous n'avons pas à craindre cet excès d'amour pour ce 
blé d'Orient et nous estimons, avec saint Mathieu, que non in 
solo pane vivit homo. 

Je montrai, aussi, à mon ami la belle Chanson du iz que 
chantent les Annamites et que je reproduis plus loin, comme 
délectation. 
| RISORIUS. 


4 
X 


ES 


LA CHANSON DU RIZ (1) 


Dédiée à sa Majesté KHAI-DINH, 
#% % Empereur d'Annam. *# .# 


Je suis un blanc seigneur, tout habillé de vert; 
D'un casque aux grelots d'or, j'ai le crâne couvert, 
Mon pied baigne dans l'eau profonde. 

Blé, roi de l'Occident, 6 mon frère lointain, 
Mon destin glorieux vaut ton noble destin, 
Comme loi, je nourris un monde. 


Antique Annawm, je suis La chair : c’est moi, le Riz. 

Dans les fauves deltas, sur les monts bleus, je ris 
Au soleil qui brûle ma tête. 

Je ris quand je m'abats au tranchant de l'acier, 

Et quand mon gr ain fumant tombe au fond du gone 
Je ris, je ris, j'ai l'âme en féte! 


Lorsque j'ai déserté, pour d’étroites Dee 
La terre maternelle aux larges horizons, 
Ah! comme le sol nu regrette 
Mon manteau de velours, frais l'été, chaud l'hiver, 
En toutes saisons beau, que pique d'un point clair 
Le flocon léger d'une aigrette… 


Cependant je tressaille el ris en mon grenier, 
Dans la campagne aride un souffle printanier 
Épanche en immenses traïnées 
L'eau divine par qui le désert se fait champ, 
Le coucou quilleret annonce par son chant 

L’'aurore de la jeune année. 


Puis la terre à son tour frémit d'un long frisson, 
— Car la terre à l'espoir d'une riche moisson 
Toujours ouvre son flanc robuste — 
Dans la Ville hautaine aux sépulcres royaux, 
Quittant sa robe jaune où tlambent les joyaux, 
D'un geste doublement auguste, 


Le Fils du Ciel, le front d'un humble chapeau ceint, 
À saisi de sa dextre — 6 sceptre entre tous saint, 
Que plus d'un empereur envie! — 
Le mancheron poli du rustique instrument 
Et dans le sol sacré promène lentement 
. Le fer qui dispense la vie. 


(1) D'après une chanson annamite, traduite en français par M. Chivas- 


- Baron, Contes el Légendes de l'Annam, et parue dans la Revue Indo- 


chinoise, XXIe année, n° 4, avril 1918. 


219 


BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Alors, dans tout le Sud où règne enfin la paix, 

Depuis les bords heureux que d'un limon épais 
Le Fleuve-aux-neuf-dragons engraisse, 

Jusqu'au rivage où meure le Song-Coï, vomissant 

Dans un golfe houleux ses flots teintés de sang, 
Éclate un hymne d'allégresse!- 


Je vais ressusciter! Graves buffles et bœufs, 


Plantant leurs pas pesants dans les sillons bourbeux 
Traïnent la herse ou la charrue. 

Hommes, femmes, flanqués du panier aux grains d'or, 

Laissant entre leurs doigts couler ‘le blond trésor, 
Epandent la semence druë. 


Sainteté du Travail! Ah! qu'on soit Jaune ou Biane, 
A l'Est comme à l'Ouest, sous un ciel accablant, 
Ou sous un soleil doux et blême, 
Que par les quérets bruns on lance le froment, 
Ou que ce soit le Riz qu'on jette au sol fumant, 
Béni soit le geste qui sème! 


Mais précoce, œuf éclos avant d'être couvé, 

J'avais, tel un poussin, d'un bec tendre crevé 
Le fréle tissu de ma coque, 

Et je m'épanouis et ris dans mon trou noir. 

J'ai pour voisin le crabe et j'écoute, le soir, 
Le chant d'un crapaud ventriloque. 


Dans l’humide terreau, sans répit, jour et nuit, 
L'œuvre mystérieuse ardemment se poursuit, 

Si bien qu'un beau matin émerge, 
Transformant d'un seul coup en jardin un maraïs, 
Coiffé d'un vert bourgeon, mon cou timide, frais 

* Comme le bras nu d’une vierge... 


À quoi s'occupe donc la main qui me sema ? 

J ai plus d'un mois. Veut-on que je reste en ce ma 
Eternellement en lisière? 

Je suis d'âge à sortir de nourrice, ma foi! 

À moi la grande vie, à moi l'air libre, à moi 
L'immensité de la rizière! 


Mais j'entends bourdonner l'essaim des repiqueurs. ' 
Les voici. Qu'ils sont qais: sous les propos moqueurs 
Des garçons, le rouge à la joue, 
Les rieuses congaïs, se retroussant très haut, 
Bondissent dans le champ qui les chausse aussitôt 
D'une double botte de boue. 


LA CHANSON DU RIZ 243 


- Je ris de leur gaieté, je ris de leur entrain, 

Je ris de leurs chansons. Un poing nerveux m'étreint, 
MWarrache au sol gluant et cogne 

Contre un dur chevalet mes jeunes brins meurtris. 

On me taille, on me lie, on m'empile. Je ris. 
Pourquoi voulez-vous que je grogne ? 


L'homme saït ce qu'il fait. Tout ce qu'il fait est bier. 
On m'emporte et bientôt, libre de tout lieu, 
Ma racine et ma tige à l'aise, 
Je mire au tain de l’eau mon visage riant 
Et hume dans l'air vif qu'exhale l'Orient 
L’odeur äâpre de la falaise. 


Et, dès lors, je n'ai plus qu'à vivre au jour le jour. 

Le merle au collier d'or vient me faire la cour. 
D'un joyeux salut je l'accueille. 

Je ris de son sifflet, je ris de son caquet, 

Je ris quand de son bec il gobe un vert criquet 
Trop friand de ma tendre feuille. 


Les mois passent. Voici l'Eté. Vive l'Eté, 

L'Eté, gloire des champs, l'Eté, fauve irrité 
Dont les colères sont ma joie, 

L'Eté qui, le matin, fait patte de velours 

Et sinistre, au couchant, déchire ses flancs lourds 
Où l'orage en hurlant flamboie. 


L'eau bouïllonne à mon pied. Le soleil cuit mon front. 
Eh! Qu'importe, je ris, flatté que mon grain rond 
- À la dent qui le mord résiste. 
Je ris, pourtant je sais mon sort, et que demain 
L'homme viendra, farouche, une lame à la main, 
Je ris, mais je suis un peu triste. 


Terre qui me portas,”onde qui me nourris, 

Ciel changeant, tour à tour bleu, rose, vert et gris, 
Je vais.vous quitter, dure épreuve! 

Adieu, soleil. Demain, par le champ dévétu, 

Ton rayon baisera, morne et vide fétu, 
Ma tige de son épi veuve! 


* Maïs tout être, ici-bas, porte avec lui sa loi. 
Peuple d'Annam, la mienne est de mourir pour toi. 
Que l'œuvre sainte s’accomplisse ! 
Tranche d'un coup mon pied! Repais-toi de ma chair, 
Plus je souffre par toi, plas, homme, tu m'es cher. 
Je te bénis dans mon supplice…. 


21 


BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


Au ciel pourpre de juin le jour falal à lui. 

Le moissonneur chante et je chante avec lui. 
Quand mon grain git sur l'aire chaude, 

Quand mâchant le bétel, de son bras alourdi, 

La congaïe fait ronfler le moulin à paddy | 
Et, sous l'œil d'un galant, minaude, 


Quand le pilon brutal met ma chair blanche à nu, 

Moi, je chante et je ris, et mon chant ingénu 
S’envole vers les ‘bleus espaces, 

Et mon rire stoïque éclate, bravant tout : 

Faucille, lourds sabots, mortier, meule, eau qui bout, 
Baguettes et lèvres rapaces. 


Enfin d'un poids heureux chargeant les estomacs, 
Mon étre se dissout, mol et fluide amas, 
Et le mystère se consomme. 
Je ne m'anéantis que pour naïtre plus fort. 
Contre un plus beau destin troquant mon humble sort, 
Je deviens sang, je deviens homme! 


C’est moi qui de l'aïeul soutiens le pas tremblaut, 

Qui, pour le nouveau-né, coule en ruisselet blane 
De l’inépuisahle mamelle, 

C’est moi qui, poursuivant un glorieux dessein, 

Sur la poitrine vierge, aux plis du couvre-sein, 
Ebauche une rondeur jumelle. 


Je me change en amour au cœur du jouvenceau; 

Les poèmes que trace un docte et fin pinceau, 
C’est encor moi qui les inspire. 

Sur moi repose un monde, et mon chaume léger, 

Que peut rompre un oiseau, qu'un ver mei en danger, 
Est la colonne. de P'Empir e. 


Petit bambin, 6 toi qui, dédaignant les jeux, 

Tiens d’un doigt malhabile un bâtonnet fangeux, 
Quand, grave, tu sors de l’école, 

Promène sur les champs tes regards atlendris, 

Car la rizière immense est un livre où j inscr is 
Plus d’une sublime parole : 


Quel que soit ton destin, subis-le d'un cœur haut : 
Enfant! Tout étre vaut ce que sa lâche vaut. 
Travaille, lutte, souffre, crée. 
Suis mon exemple, ris sous la dent qui te mord, 
Sache qu'il ne meurt pas celui de qui la mort 
Fait vivre une cause Sacrée... 


QUELQUES RECETTES 215 


Antique Annam, je suis La chair : c'est moi le Riz, 

Dans les fauves deltas, sur les monts bleus, je ris 
Au soleil qui brûle ma tête, 

Je ris quand je m'abats au tranchant de l'acier, 

Et quand mon grain fumant tombe au fond du gosier, 
Je ris, je ris, j'ai l’âme en fête ! 


Je suis un blanc seigneur, tout habillé de vert; 
D'un casque aux grelots d’or j'ai le cräne couvert, 
Mon pied baigne dans l’eau féconde. 

Blé; roi de l'Occident, 6 mon frère lointain, 
Mon destin glorieux vaut ton noble destin : 
- Comme toi, je nourris un monde. 


PUJARNISCLE. 


QUELQUES RECETTES 


Le riz est, il faut malheureusement le reconnaître, un aliment peu 
apprécié en France. Cette défaveur provient d’ailleurs très certaine- 
ment de la facon défectueuse dont on le prépare habituellement dans 
notre pays. Les divers modes de préparation qui y sont en usage 
comprennent tous une cuisson comportant, selon le terme usité en 
l'espèce, de faire crever le riz, ce qui a pour résultat d'en briser le 
grain qui ne demeure pas formé et entier dans le plat servi. De ce 
mode de préparation provient évidemment le peu de goût que le 
public français montre pour le riz. Cette défaveur cesse en effet pour 
faire place à une prédilection marquée pour cet aliment chez ceux 
qui ont gouté du riz préparé suivant les procédés de cuisson tout 
différents en usage chez les peuples mangeurs de riz, chez ceux qui 
font de cet aliment la base même de leur nourriture. 

Il nous parait, en conséquence, intéressant de communiquer des 
recettes simples de préparation du riz, empruntées, principalement, 
à la cuisine orientale et à la cuisine italienne : 


RIZ A L’ANNAMITE Le riz est cuit dans la vapeur d’eau, après 
= avoir élé soigneusement lavé, et mis dans une 
casserole (de préférence en terre). L’on verse dans ce récipient une 
quantité d’eau restreinte, juste suffisante pour éviter que le riz n’at- 
tache au fond de la casserole et pour produire la vapeur d’eau néces- 
saire à-la cuisson, lorsque, la casserole étant bien couverte, l’eau sera 
en ébullition. 

Cette casserole est mise sur un feu de bois vif et bien allumé. La 
cuisson, quelle que soit la quantité de riz, de provenance indochinoise, 
doit durer exactement 20 minutes à compter du moment auquel la 
casserole a été placée sur le feu. Ce délai est si rigoureusement 
exact que, pour le paysan annamite, la durée de la cuisson d'une 
marmite de riz sert d'unité de mesure du temps. Il est en effet cou- 
rant d'entendre dire par un paysan annamite : « Pour aller à tel 


216 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


CpAtA il faut le temps de cuire une marmite de riz, ou 2 marmites 
de riz. 

Il faut naturellement saler l’eau dans laquelle on fait ainsi cuire le 
riz dont les grains après cuisson restent gonflés, mais entiers. 

Le riz ainsi préparé a un goût bien supérieur à celui du riz cuit 
pär nos méthodes habituelles. 

Il peut ainsi être mangé avec n'importe quel plat, de même que des 
pommes de terre à l'anglaise. Les Annamites en relèvent souvent le 
goùt en le faisant accompagner d’une sauce de poisson qui peut être 
agréablement remplacée en France par de la sauce anglaise ou de la 
sauce au Curry. 

Cette méthode demande de la part de celui qui en fait usage une 
certaine habitude. Une cuisinière ne saurait prétendre, dès le premier 
essai, apprécier exactement la quantité d’eau nécessaire à la cuisson 
et il pourra arriver, par suite, que le riz sera trop ou pas assez cuit 
suivant qu'il y aura eu excès ou manque d'eau. Après quelques tâton- 
nements, qui ne doivent pas détourner de cette recette, il est aisé 
d'arriver à une juste appréciation de la quantité d’eau convenant à la 
cuisson d'un plat de riz. 


RIZ À L'ITALIENNE Cette méthode eél particulièrement simple, 
et permet d'éviter les tätonnements obliga- 
toires dans l'emploi de la méthode annamite. 

On fait bouillir une quantité d’eau préalablement salée. Peu 
importe, pour la cuisson même du riz, la quantité d’eau employée. 
Quand l’eau bout on y jette le riz, qui a été préalablement lavé, et on 
laisse bouillir pendant 12 à.13 minutes après avoir couvert la mar- 
mite. Les 12 ou 13 minutes écoulées, on retire le riz et on le met dans 
une passoire où on le laisse égoutter. On peut aussi, si l’on a un four 
chaud, l’y faire passer pendant un temps très court afin de le bien 
sécher. Le riz ainsi préparé a sensiblement le même aspect et le 
mème goût que le riz préparé à l’annamite. 


(Communiqué par l'Agence économique du 
Gouvernement général de l’'Indochine.) 


# RIZ AU NATUREL # Prenez le riz à la mesure que vous 
désirez, lavez‘bien à plusieurs eaux, mettez 
À LA CAMBODGIENNE cuire à l'eau bouillante. ? 

Remuez de temps en temps : quand le 
riz est devenu presque transparent, c'est 
qu'il est bientôt cuit : retirez aussitôt du feu, faites égoutter sur une 
passoire ; remettez sur feu doux et bien couvert, afin que la vapeur 
finisse la cuisson. 

Le riz ne doit pas être salé; néanmoins, un peu de sel serait bon 
pour le goût européen. 

(Le riz se mange en guise de pain en Extrême-Orient.) 


(d’après {e Prince SISOWATH) 


RIZ AU NATUREL Lavez le riz jusqu'à ce que l’eau devienne 
me rene = claire et transparente /MEmesune dcr 
À L’ANNAMITE mesure 1/2 d'eau. Mettre au feu sans sel. 
à Au premier bouillon, bien couvrir et laisser 

( D e e 0 a A 
SHARÉRRAMPAREUSTeE à petit feu jusqu'à cuisson complète : le tout 
demande de 20 minutes à une demi-heure. 

On peut ensuite assaisonner au goût du consommateur. 


Graines offertes par M. G.-H. 
_ CAVE, Curator Lloyd Botanic 

Garden, Darjeeling (Indes an- 
glaises). 


. Acer Papilio King. 
— Hookeri Miq. 

— Campbellii ook t. 

— Osmastoni Gamble. 

Anemone vitifolia Buch-Ham. 
— rivularis Buch-Ham. 

ue pauciflora Spreng. 

 Astragalus stipulatus D. Don. 


 Bœhmeria macrophylla D. Don. 
» Cassiope selaginoides Hook. f. 
Thoms. 

… Cnicus involucratus Wall. 
Coriaria nepalensis Wall. 
 Corylus feror Wall. 

 Cotoneaster frigida Wall. 

… Cynoglossum micrañthum Desf. 
— denticulatum A. D. C. 


… Diclytra thalictrifolia Hook. f. 
_ et Thoms. 


* Enkianthus himalaicus Hook. f. 
| et Thoms. 
Erythrina arborescens Roxb. 


« Ficus Hookerii Miq. 
- Fraxinus fioribunda Wall. 


…Hippophae salicifolia Don. 
“Helwingia himalaica Hock. f. et 
“ Thoms. 

Hymenopogon parasiticus Wall. 
icum palulum Thunb. 


Josminum humile L. 

niperus pseudo- Fiac Fisch. et 
> Mey. 

Lilium nepalense Don. D. 
Lobelia pyramidalis Wall. 
Luculia gratissima Sweet. 


Maondragora cærulescens GC. B. 
Clarke. 

Meconopsis simplicifoiia G. Don. 
— paniculata. 


- macrocarpa Wall. 


Veillia thyrsiflora Don. 
Myssa sessiliflora Hook. f. 


Pedicularis Scullyana Prain. 

ne — trichoglossa Hook. f. 
Picrorhkiza Kurroa Royle. 
Podophyllum Emodi Wall. 
Polygonum vaccinifolium Wall. 
3 Eve Griffithii Hook f. 

_ _— leuconota D. Don. 
Poterium diandrum Hook. f. 


OFFRES 


dange pour d'autres Oiseaux. 
IÉTY, per Aixe (Haute-Vienne). 


aris, Joinville-le-Pont (Seine). 


au de Cheverny ( RISse-Gherl 


A gapornis nigrigenis de 1918, 
NE 


bfficier démobilisé, membre de la Société, re- 
érche situation dans l’agriculture ou l'élevage. 
autes références. — M. L. Rousseau, 64, rue ‘de 


eune Renard apprivoisé. — M. Riffault, or 


EN DISTRIBUTION 


Primula Elwesiana King. 
—  Kingii Watt. 
— reticulata Wal. 
— siklimensis Hook. 
— Stuartii Wall. 
— Wattii King. 
Prunus Puddum Roxb. 
Pyrus foliolosa Wall. 


Rosa sericea Lindl. 
Richelia lanuginosa. 
Rubus paniculatus Sm. 
Zuelliæ cordifolia Wall, 
Rheum nobileH ook. f. et Thoms. 
Rhododendron arboreum Suw. 
— arboreum, var. Cam»- 
belli. 
Rhododendron barbatum Wall. 
— campanulatum Don. 
— campanulatum, Don.var. 
Wallichir. 
campylocarpum Hook. f, 
cinnabarimum Hook. f. 
Dathousiæ Hook.f. 
Falconeri Hook. f. 
[ulgens Hook. f. 
grande Wight. 
Hodgsoni Hook. f. 
lanatum Hook. f. 
lepidotum Wall. 
Maddeni Hook f. 
Wightii Hook. f. 
Rhus semialata Murray. 


(EE ES en 


Saussurea Laneana. 
— eriostemon Wall. 
= Sughoæ G. B. Clarke. 

Saxifraga purpurascens Hook. f. 
et Thoms. 

Sedum asialicum Spreng. 

—  elongatum Wall. 

—  Ewersii Ledeb. 

—  himalense D. Don. 
Senecio diversifolius Wall. 

—  Ligularia Hook. f. 

— Mortoni G. B. Clarke. 

—  pachycarpus CG. P.Clarke. 

—  pauciflorus. 

Swertia dilatata-C: B. Clarke. 
—  Hookeri GC. B. Clarke. 
—  Kingii Hook. f. 

— multicaulis D. Don. 

Thalictrum Chelidonii Hook. f. 

ét Thoms. 


- Thalictrum cultratum Wall. 


Toddulia aculeata Pers. 
Vaccinium serratum Wight. 


Graïnes offertes par M. MAR- 
NIER-LAPOSTOLLE : 


Alsophila australis. 


accepte 
Decoux, 


Archontophænirs  Cunningha- 
miana. 

Dracæna indivisa atropurpurea. 

Primula malacoides. 


Graines offertes par M. PROS- 
CHOWSKY : 


Butia capitata var. pulposa Bec 
cari. (Cocos pulposu Barbosa.) 

Livistona australis. 

Pitiosporum floribundum Wight 
et Arn. 


 Sabal Adunsoni type 


Sabal Adansoni, lie variété, se 
reproduit par semis. 


Graïnes offertes par M. MOREL : 
A gathea amelloides D C. 


Antennaria plantaginea R. Br. 


Chamaæcyparis nutkaensis Spach. 


oblusa Sieh.et Zucc. 


Cryptomeria japonica Don. 
Cupressus arizonica Green. 
— Lawsoniana : 
— — var. Allumi. 
= —  — argentea. 

— —  — aurea-jlauca. 
= elegantissima 
sulfurea. 

— —  filifera glauca. 
— —  — patula. 


pulcherrima. 
Triomphe de 
Boskop. 
versicoler. 
— sempervirens, Var. horizon- 
talis. 
Cytisus Laburnum L. 
Cytisus proliferus, var. albus. 
Æxzochorda Alberti Regel. 
TImpatiens Suliani Hook. 
Juniperus excelsa Bieb. 

—  japonica, var. aurea. 

—  ozycedrus. 

— rigida. 

—  virgimiana,var.albo-picta. 
var. Chamberlaini. 
Parrotia persica G. A. Mey. 
Polemonium cæruleum L:. 
Rhodotypos kerrioides Sieb.. 
Sequoia gigantea Torr. 

Spiræa astibboides. 
Taxus adpressa Goxrd. 
— baccata, var. hibernicaaurea. 
— Dovastoni. 
Thuya occidentalis. 

— orientalis, var. filiformis. 
Thuyopsis dolabrata Sieb. et Zuce 


Graines offertes par M. BOIS: 
Ansérine amarante. 


S'adresser au Secrélariat. 


2,2» 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 
DEMANDES 


Thermosiphon d'occasion en bon état, 
sans ses tuyaux,pouvant chauffer environ 60 mètres 


avec ou 


cubes. — M. Decoux, Géry, par Aixe (Haute- Vienne). 


 naparte, Paris, 


ous sauvages : 
G. Lafayetti et Pénélopes. — ce R. H. Houwink, 
H. Z. N. Meppel (Hollande). 


Grues cendrées et de Numidie, Canards d'agré- 
--ment, Oiseaux de parc, Echassiers. — M, Dulignier, 
Saint-Gérand-le-Puy (Allier). 


Lapins à fourrure. 


Gallus Sonerati; G. furcatus : 


— M. C. Loyer, 28, rue Bo- 


L: 


AU ARR a Gi 4 CE 


SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 


RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE 


Acclimatation de France est de concourir 
jo à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux , 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement el à la multiplication des racer 
nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation A 
de végétaux utiles ou d'ornement. d { 

Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dames 4 
peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablis-" 
sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, 


Sociétés commerciales, etc.). 
La Société se compose 

Donateurs, membres Bienfaiteurs. 
Le membre Titulaire est celui qui P 


cotisation annuelle de 25 francs. 1 
Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s’affran- 


chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 
Le membre Donateur est celui qui verse une somme d’au moins 500 francs. Ù 
Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 41.000 francs ;« 
son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. +4 
Des formules d'adhésion sont adressées sur demande. | 
La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses: 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo=} 
riques que pratiques, on aidé à la vulgarisation des idées de la Société. 4 
En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeune 
amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois} 
des séances générales et des séances de Sections: 4° Mammalogie; 2° Ornithologie eb 
sa sous-section, Protection des Oiseaux; 3° Aguiculture; 4e Entomologie; 5° Botanique, 


et 6° Colonisation. 4 
Tous les membres peuvent assister à ces séances ; les ordres du jour des séances} 


générales sont adressés sur demande. - À 
La Société encourage d’une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d’an 
maux à ses membres. É 
Le Bulletin mensuel forme, chaque année, un volume d'environ 800 page 
illustrées de gravures. Il traite des questions concernant l'élevage des animaux, 
culture des plantes et particulièrement des faits d’acclimatation survenus en Franc 
et à l'Étranger. Il donne des renseignements les plus variés sur les animaux et le 
plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. “4 
On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturel e 
installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction, etc., et 
Ce Bulletin est adressé, gratuitement, à tous les membres de la Société. 


Le but de la Société Nationale d 


de membres Titulaires, membres à Vie, membres. 


aie un droit d'entrée de 10 francs et une, 


r 


LS 
# * 


La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désil 
téressé; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commer 
adhérer à ses statuts, l'aider dans ses efforts, c'est contribuer au bien-être géné 


et à la prospérité du pays. 


Le Gérant : A. Manr&THBUX, | 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


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RU ct ; d 


BULLETIN 


4 
£ 
: 
# 
+ 


Société Nationale d'Aeelinatation 


DE LA 


DE FRANCE ? 


(REVUE DES SCIENCES NATURELLES A PPLIQUÉES) 


6% ANNÉE 


N° 8. — AOÛT 1919 


SOMMAIRE 
Séance publique annuelle de distribution des récompenses : 

a) Procès-verbal. : ... , . . . . . . ile eo PRE eee ACT ee NT RU LOUE 225! 
b) Discours prononcé par M. LEBRUN, ile des Régions libérées. , , . . . , È 297 
c) Discours prononcé par M. PERRIER, directeur du Muséum, président de la Société. 232 
d) Rapport présenté au nom de la Commission des récompenses par M. MAURICE 

Loyer, secrétaire général. . . . . . . . . NAN R NE EE A ER TR RER de A0 
2) Lauréats de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. , , . . . . . . . . , , + «+ 248 
f) La plante, la bête et la patrie, conférence faite par M. En. HARAUCOURT. directeur 

du musée de Cluny. . . . . . . . ep D AD RELEASES NN ET 249 


Un numéro, 3 francs , — Pour les Membres de la Société, 2 tr. 50. 


AU SIÈGE SOCIAL 


DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 
198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VIT). 


Pendant la durée de la guerre, le Bulletin paraït une fois par mois. 


Président, M. Edmond Perrier, Mombre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur on. 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 


MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faïdherbe, | 
Vice-Président Saint- Mandé (Seine). - { 
Lg de Prince P, D'ARENBERG, 10, rue de la Ville-l'Évêque, Paris. 
Dr CHAUVEAU, Sénateur de la Côte-d' Or, 225, boulevard Saint-Germain, Paris. 


Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 


MM.J. Crepin, 55, rue de Verueuil, Paris (Séances). 
Secrétaires. CH. DRBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). 
J. DELACOUR, 28, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 


Trésorier, M. le D' SeBiLLOTTE, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire, M. Li. CAPITAINE, 48, boulevard Raspail, Paris. 


Membres du Conseil 


MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 4 

le D' ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial] du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, 
Paris. 

le D" P. MaARCHAL, Membre de l'Institut, Professeur à l’Institut Nalional Agronomique, 45, rue 
de Verrières, à Antony (Seine). 

le D' LepriNce, 62, rue de la Tour, Paris. 

MAILLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 

le Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. 

LecouTe, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, Paris. 

P. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 

L. RouLE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 

G. FoucER (l'abbé), 24, rue Cassetle, Paris. 

P. KesTNER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 

R. LE For, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1919 


Janvier | Février | Mars Avril Mai | Novembre | Décembre 


——————— | ——_ |__| ———— | ————_———_— | 


SÉANCES DU CONSEIL, le mercredi à 4 h. 8 12 12 16 14 12 10 


Séances générales, le lundi à 3h. . .} 9 17 17 28 96 | 47 15 À 


Sous-SEcTION d'Ornilhologie ( ue) Le pour 
| la Protection des oiseaux) lundi 
FAP NE LS CEST APR ÿ 


21 "| 24 | es | 04 PAR ere 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront 
sur {eur demande les ordres du jour mensuels des séances. 4 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de 1a Société et les « 
nes qui désireraient l’entretenir, qu'il se tient à leur disposition, au siège de la 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. É 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 1 
fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d'être 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 


SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE 


DE DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES 


PROCÈS -VERBAL 


La distribution solennelle des Récompenses de notre Société, 
la première depuis la guerre, a eu lieu le 25 mai, dans le grand 
amphithéâtre du Muséum d'Histoire naturelle. 

M. le Président de la République, qui devait assister à cette 


séance, ayant été empêché au dernier moment par les événe- 


ments, s'était excusé par une lettre autographe adressée à 
notre président, M. Perrier; il s'était fait représenter par M. le 
lieutenant-colonel Blavier. M. Lebrun, Ministre des Régions 
libérées, membre du Comité d'honneur de la Société, présidait 
la séance. ‘ 

Aux côtés du ministre avaient pris place M. E. Perrier, 
membre de l'Institut, président de la Société ; les représentants 
des ministères de l'Agriculture, des Colonies et de l’Instruction 
publique ; MM. Develle, ancien ministre, Raphaël-Georges Lévy, 
membre de l'Institut, membres du Comité d'honneur de la 
Société, MM. Bois, Chauveau, sénateur, vice-présidents de la 
Société; M. E. Haraucourt, directeur du Musée de Cluny ; 
M. Loyer, secrétaire général, ; M. A. Chappellier, secrétaire de 
la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 

Sur l'estrade on remarquait MM. P. Carié, J. Crepin, C. De- 
breuil, G. Foucher, le professeur Lecomte, Le Fort, le D' Le- 
prince, le D' Sebillotte, le professeur Roule, membres du 
Conseil, etc. | 

Aux premiers rangs de l’hémicycle, avec le représentant de 
M. le Président de la République, avaient pris place son Excel- 
lence Hugh Campbell Wallace, ambassadeur des États-Unis et 
M. Gouverneur Spaulding, secrétaire d’ambassade; le comte 


_J. Potocki, représentant de ia Pologne; M. Tai Maingfou, 


représentant de la Chine. La Grande-Bretagne, l'Italie, la Bel- 
gique, la Serbie, s'étaient fait excuser. 


BULL. SOC. NAT. ACCL. FE. AC19. — 14 


LUE TE ASE PC IR 
. FA 4 a L # « Le 
tx y j k 


226 BULLETIN DE LA SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


La musique de la Garde républicaine, à l'entrée du repré- 
sentant de M. le Président de la République et du Ministre, 
exécuta la Marseillaise, puis, en hommage et en remerciement 
aux puissances alliées qui avaient donné tant de preuves de 
sympathie à la Société, successivement et par ordre alphabé- 
tique, les hymnes des nations représentées à la séance. Ces 
hymnes, dont plusieurs peu connus, furent écoutés debout. 

M. le Ministre des Régions libérées, après avoir lu la lettre 
de M. le Président de la République, prononca un discours 
très applaudi, dans lequel il félicita la Société d’Acclimatation 
de s'être adaptée à l'esprit nouveau et d’avoir élevé son effort 
à la hauteur de la tâche formidable qui s'impose aujourd hui à 
tous. 

Après le discours de M. Perrier et les Rapports lus, au nom 


de la Commission des récompenses, par MM. Loyer, Secrétaire . 


général et À. Chappellier, Secrétaire de la Ligue pour la Pro- 
tection des Oiseaux, le président, M. Lebrun, donna la parole à 
M. Haraucourt. 

Cette année, le grand poète, aux idées si originales et si 
prenantes, avait choisi comme sujet : la Plante, la Bête et la 
Patrie. i 

Pendant près d’une heure, l'assemblée tout entière, tour à 
tour captivée et amusée, fut tenue sous Le charme de la parole 
vibrante de l’orateur, qui mit en relief, avec une clarté saisis- 
sante, l'étroite parenté qui unit l'homme à la terre et les rap- 
ports qui existent entre le sol et la vie. M. Haraucourt montra, 
par d'impressionnants arguments, que le sens de l’idée de 
Patrie devait être fixé au moment de l’apparition de l'œuvre 
d’art. 

C'est après de longs applaudissements, nourris et répétés, 
que M. le Président, remerciant M. Haraucourt de sa remar- 
quable conférence, lui remit, en souvenir, au nom de la Société 
d'Acclimatation, une médaille à l’effigie de Montigny, frappée 
à son intention. 

La séance se termina par la marche de Sambre-et-Meuse, 
exécutée par la Garde Républicaine. 


1 
à 
À 
È 


DISCOURS 


PRONONCÉ 


par M. LEBRUN, Ministre des Régions libérées. 


Mesdames, Messieurs, 


Le 26 mars 1914, nous étions, comme aujourd'hui, assem- 
blés pour la séance annuelle de la Société Nationale d’Aceli- 
matation, dans ce même amphithéâtre de ce vieux Muséum 
illustré depuis sa fondation par tant de savants, afin de mar- 
quer l'estime en laquelle il convient de tenir des associations 
comme la vôtre qui mettent au service du pays leur activité 
désintéressée et s'efforcent, dans un patient et persévérant 
labeur, de rendre notre France toujours plus belle et plus 
prospère. 

Alors, comme aujourd'hui, nous avions le rare privilège 
d'écouter M. Haraucourt dans une conférence dont le souvenir 
vous est demeuré sans doute, comme à moi-même, très vivace. 
J'entends encoreles applaudissements nourris qui accuëéillaient 
ses paroles, lorsqu'il nous montrait, en des détails où s’alliait 
l’érudition la plus étendue à l'esprit le plus varié et le plus fin, 
comment, à travers les âges, la Belle avait su asservir la nature 
et arracher à la Bête tant d'objets de parure et de luxe. 

Alors, comme aujourd’hui encore, j'avais le grand honneur, 
aux côtés de l'éminent directeur du Muséum, M. Edmond Per- 
rier, de présider la réunion, et, au nom du Gouvernement, 
d'apporter aux lauréats de la Société le juste tribut d’éloges 
que méritent leurs travaux. 

11 semble donc que tout s'accorde à nous montrer, dans la 
solennité d'aujourd'hui, la suite normale et naturelle de celle 


x 


de jadis, et nous incline à prononcer les mêmes paroles, à 
accomplir les mêmes gestes, à nous abandonner aux mêmes 
sentiments. 

Illusion passagère qui ne peut qu’effleurer nos esprits! Cinq 
années ont passé depuis, les plus dramatiques, les plus doulou- 
reuses, les plus magnifiques aussi et les plus glorieuses de 


notre Histoire. Le terrible orage qui s’amoncelait alors sur le 


228 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


si di 


monde, et dont nous avions le vague pressentiment, a éclaté 
un jour dans une sinistre et formidable lueur. Par la volonté 
criminelle d’un peuple de proie, la terre s’est muée en un 
immense champ de carnage; et pendant plus de quatre années 
nous avons lutté, nous avons souffert, nous avons payé à la 
mort le plus rude tribut qu’on ait jamais connu, et enfin, avec 
l'aide de nos vaillants alliés, nous avons vaincu. 

Le jour-de gloire est arrivé qui à vu fuir, en une suprême 
déroute, les soldats de l’orgueilleuse Allemagne, cependant 
que les nôtres, alertes et joyeux, réveillaient sur les chemins 
d'Alsace, de Lorraine et des pays Rhénans, les échos des vieilles 
chansons dont ils avaient retenti jadis. 

Et maintenant, ils sont là, ces héros magnifiques de la plus 
belle épopée qui fut jamais, montant la garde au Rhin, nor 
pas celle qu’acclame en ses strophes insolentes et brutales le 
« Wacht am Rhein », mais celle qui sied aux frontières des 
pays de liberté, celle qui couronne le plus grand effort de libé- 
ration que les hommes aient jamais entrepris, celle enfin qui 
leur garantit un avenir de justice, de droit, de civilisation. 

Comment en de telles heures et au lendemain de tels événe- 
ments pourrions-nous nous retrouver les mêmes hommes 
qu’en 1914? 

Alors, convenons-en en toute franchise, notre activité dans 
tous les domaines se trouvait en quelque sorte bornée, limitée 
par d’inconscientes préoccupations. Certes nous avions con- 
fiance en nous-mêmes et dans notre valeur, mais quelle timi- 
dité singulière et inexplicable apportions-nous dans les diverses 
manifestations de notre force économique et même intellec- 
tuelle! II semblait que de vagues pressentiments assiégeaient 
sans cesse les esprits, les empêchant de prendre en DIE 
liberté leur Copies essor. 2 

Tandis qu’à l'extérieur, les peuples voisins secondés par des 
moyens de transport et de communication rapides, aiguillonnés 
par la multiplicité des besoins chaque jour grandissants, par 
l'entrée dans le monde civilisé de nouveaux continents, étaient 
en pleine lutte économique, en proie à une fièvre toujours plus 
intense, alors qu'on'se battait à coups d'échanges, de produits, 
de tarifs, notre marché intérieur constituait, sinon le seul, du 
moins le principal débouché pour la production nationale. On 
craignait les transformations, on hésitait devant les entre- 
prises de vaste envergure, on ajournait sans cesse l'exécution 


14 
î 

Es: 
[ 


DISCOLRS PRONONCÉ PAR M. LEBRUN 2929 


des grands travaux susceptibles de bouleverser les conditions 
de la vie habituelle. Nos agriculteurs, comme nos manufactu- 
riers, restaient réfractaires à trop de méthodes nouvelles 
d'exploitation du sol. Nos universités regorgeaient de maîtres 
pleins de savoir, d'étudiants pleins d’ardeur, mais les uns et 
les autres semblaient s’efforcer le plus souvent de rechercher 
dans leurs études le but même de leurs travaux, sans se rendre 
compte que la science pure doit êlre surtout le support de la 
science appliquée, qu'elle doit l’éclairer et la vivifier sans 
absorber à son seul profit et pour son propre objet toute l'élite 
intellectuelle d’un pays. 

. Maintenant, les temps sont révolus. Les amené événe- 
ments que nous venons de vivre ont bouleversé notre vie 
nationale, nos habitudes, nos manières de voir, de sentir el de 


penser. En eouronnant nos efforts sur les champs de bataille, 


la Victoire nous infuse en tous les domaines audace et con- 
fiance ;, d'un souffle puissant et novateur, elle balaye nos pré- 
jugés et nos timidités d'hier; sous ses ailes, la France, empcrlée 
dans un splendide élan, s'apprête au plus bel effort qui ait 
jamais été fourni par un pays à travers les âges. 

Votre vieille maison de la science française, qui enferme en 
elle un si riche passé de gloire, ressent pour sa part les mysté- 
rieux effets de ce grand mouvement de rénovation nationale. 
Comme nos manufactures, comme nos grands établissements 
commerciaux et financiers, elle ouvre ses.portes à l’esprit nou- 
veau qui, pénétrant dans vos laboratoires, guide dans leurs 
patientes études vos naturalisles vers des buts toujours plus 
voisins des réalités de la vie, de ses besoins et de son objet. 

Et, Messieurs, s’il me fallait un exemple de nature à carac- 
tériser ces nouvelles tendances d'esprit, je le trouverais dans 
cette décision prise récemment par votre Société relativement 
à l’utilisation du don qui vous a été fait par le « Permanent 
Wild Life Protection Fund » des États-Unis et dont votre Pré- 


- sident a bien voulu, il y a quelques jours, me faire part. 


En acceptant ce don, tout de suite vous avez compris que, 
pour contribuer au repeuplement en animaux des régions 
dévastées, le meilleur moyen consistait à l’employer d’une 
manière essentiellement pratique dans la création de réserves, 
de « sanctuaires », comme disent les Américains, comportant 
des parties boisées, des étangs, des mares, des landes, des 


terres incultes où toute chasse est interdite, où les animaux 


230 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


utiles peuvent se reproduire en sécurité et de là essaimer et 
repeupler peu à peu la zone environnante. 

Soyez certains qu'en tant que Ministre des Régions libérées 
je me suis grandement félicité de votre initiative quand vous 
l'avez signalée à mon attention. Je l'ai immédiatement soumise 
à mes services de reconstitution agricole en les priant d’exa- 
miner la possibilité de généraliser cette tentative intéressante 
pour la reconstitution de la faune dans nos départements les 
plus dévastés. 

Sans doute nos régions bouleversées par la guerre seront 
reconslituées dans toute la mesure et partout où il sera possible 
de le faire; nous y travaillons, vous le savez, mais il est des 
territoires trop nombreux et trop vastes, hélas! où l’œuvre de 
mort s’est accomplie dans des conditions telles que l'homme, 
avant longtemps, ne peut songer à y reprendre sa vie et ses 
occupations d'antan. L'explosion des obus de tous calibres à 
fait disparaître la terre arable et (transformé les riantes contrées 
en des paysages lunaires où l’on doil renoncer à toùte culture 
pendant des années, des siècles peut-être. On a songé, vous 
ne l’ignorez pas, à planter ces régions désolées en forêts et à y 
laisser la nature accomplir son lent travail de reconstitution 
du sol. Je me demande, et ici je fais appel à votre lrès grande 
compétence en ces questions, s’il n’y aurait pas là un moyen 
d'utiliser ces secteurs dévastés pour le plus grand bien de 
notre agriculture à qui tant d’animaux, d'oiseaux en parti- 
culier, rendent de si précieux services. 

.. Quoi qu’il en soit, vous êtes décidés, je le vois et vous en 
félicite, à élever votre effort à la hauteur de la tâche formidable 
qui s'impose à nous à l’heure actuelle. Vous aurez, vous aussi, 
à faire de la reconstitution, car la guerre vous a atteints vous 
aussi et, à ce point de vue, le nom de Villers-Bretonneux est 
à lui seul tout un programme. Là, l’un d’entre vous avait réussi 
avant ja guerre à créer un parc ornithologique doté de tous les 
perfectionnements scientifiques modernes. 

Villers-Bretonneux, qui a servi de bastion avancé à notre 
défense dans la ruée allemande sur Amiens et Paris, n'existe 
plus aujourd’hui qu’à l’état de souvenir. Les 105, les 210, même 
les 380 ont détruit toutes les installations; les volières ne sont 
plus qu'un amoncellement de fers tordus, les collections sont 
à tout jamais disparues. 

Je sais que son créateur songe à Les reconstituer, car c'est un 


ET RS Parler ND Ie DE SP 


| 


PO RER OPEN TT 


DISCOURS PRONONCÉ PAR M. LEBRUN 231 


naturaliste de talent qui n'entend pas que son œuvre passée 
reste sans lendemain. Je l’en félicite et tout à l'heure nous 
applaudirons de tout cœur à la récompense décernée à sa mère 
qui l’a si efficacement encouragé jadis dans ses efforts. 

Il faut maintenant que d’autres l’imitent et que vous, Mes- 
sieurs, vous persévériez dans votre œuvre d'encouragement et 
de recherches scientifiques susceptibles d'améliorer les condi- 
tions de vie dans notre France de demain. 

Après les cinq années épouvantables que nous venons de 
vivre, une tâche immense s'impose à nous tous. Il faut vouloir 
restaurer nôn seulement la France partout où l'ennemi a porté 
ses coups les plus durs et Les plus sauvages ; il faut aussi dans 
son ensemble la rendre plus belle, plus prospère, ù faire la vie 
plus large et plus douce. 

Aussi bien, la victoire a étendu es champ d'action comme 
d'ailleurs celui de toutes les activités nationales. En rendant à 
la France ses deux filles chéries, Lorraine et Alsace, demeurées 
si près de son cœur malgré un demi-siècle de la plus doulou- 
reuse des séparations, en faisant entrer dans son domaine ces 
immenses espaces de savanes et de forêts de l’Ouest africain 
sur lesquels elle va pouvoir porter son effort de colonisation, 
la Victoire vous appelle à de nouveaux efforts et à de nouvelles 
conquêtes. Quelle joie pour le naturaliste français de fouler 
demain le sol d'Alsace sans cette contrainte que faisait peser 
sur lui l'œil soupconneux de l'Allemand, de cultiver la faune 
et la flore si riches de cette chère province, dans l'épanouisse- 
ment plantureux de ses bois et de ses prairies, de ses monts e° 
de ses plaines, de ses ruisseaux et de ses lacs! Quel énivrement 
pour l'explorateur de pouvoir s’élancer au cœur de cette géné- 
reuse terre d'Afrique, avec l'assurance de ne plus se heurter à 
quelqu'un de ces hommes dont le contact lui était odieux, et 
d'aller chercher au fond de ses forêts impénétrables le secret 
de la vie qui s’y développe avec exubérance et profusion! 

Puisse la science française collaborer pour sa part à la mise 
en valeur de cet immense et nouveau domaine, pour le plus 
grand profit de notre Patrie! 


Messieurs, la France sort de la rude épreuve qu’elle vient de 
traverser plus grande et plus admirée que jamais. Elle réclame 
l'amour passionné de tous ses fils. Donnons-le-lui sans réserve. 
La plaie qu'elle porte à son flanc, rançon glorieuse de la liberté 


9239 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


du monde, appelle les soins attentifs et empressés de tous ses 
enfants. Prodiguons-les-lui sans compter. Apportons dans la 
paix la même énergie farouche, la même activité féconde qui 
ont eu raison hier sur les champs de bataille des forces de 
violence dressées contre elle, et ainsi elle poursuivra, dans la 
joie et la prospérité, les destins heureux que ses sacrifices 
héroïques lui ont si justement mérités. 


DISCOURS 


PRONONCÉ 


par M. Edmond PERRIER, directeur du Muséum, 


PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ 


Mesdames, Messieurs, 


Mon premier devoir est de remercier M. le Président de la 
République et M"* Poincaré qui, au dernier moment, empêchés 


d'assister à cette séance, s’en sont excusés par une lettre des . 


plus gracieuses et nous devons encore des remerciements à 
M. le ministre Lebrun pour l’encouragement qu’il donne aujour- 
d'hui à l'œuvre entréprise par la Société d’acclimatation et pour 
le haut patronage qu'il a bien voulu lui accorder en venant 
pour la seconde fois honorer de sa présence cette cérémonie 
annuelle momentanément suspendue par la guerre, qui d’ail- 
leurs avait rendu dangereuse la réunion de nombreuses 
personnes dans cette enceinte. 

Laborieusement la paix se prépare, et tout le monde espère 
qu'une ère nouvelle va s'ouvrir peut-être pour la France, peut- 
être pour l’Europe, peut-être pour le Monde entier qui semble, 
en effet, avoir ressenti dans toutes ses parties la commotion 
qui nous à si profondément ébranlés. L’humanité va-t-elle 
entrer dans une période de calme, de tranquillité et de raison, 
c'est-à-dire de richesse et de prospérité? Allons-nous subir, au 
contraire, les agitations incessantes, et trop souvent meur- 
trières, conséquences certaines de l'ignorance et de l'envie, et 
tomber ainsi dans le désordre et l'anarchie, c’est-à-dire äans la 


DISCOURS PRONONCÉ PAR M. EDMOND PERRIER 9233 


misère et la décadence? Nul ne le sait: mais chacun de nous 
sent le péril ; c’est le moment de faire notre examen de con- 
science, de confesser nos fautes, de tout faire pour les réparer 
et pour n’y plus retomber et de profiter de ce sondage dans le 
passé pour préparer à notre pays un resplendissant avenir. 

En ce moment, renoncant aux errements parfois jaloux du 
passé, toutes les Sociétés scientifiques interalliées s’occupant 
d'objets analogues cherchent à se grouper pour coordonner 
‘leurs efforts et à se partager la besogne pour éviter toules les 
déperditions de temps et d'énergie qui étaient fatales lors- 
qu'elles marchaient sur les brisées les unes des autres, de 
manière aussi à ce que la solution des problèmes qui dépassent 
la compétence de l’une d'elles soit reprise par les autres. 

S'il est vrai que la collaboration et une intelligente réparti- 
tion des tâches sont les conditions de rendement maximum 
du travail humain, quelle puissance de progrès pourrait 
atteindre cette usine universelle magnifiquement coordonnée ! 

La Société d’acclimatation est entrée dans ce concert et y 
tiendra bonne place, el l’œuvre due à son initiative est déjà 
considérable. 

Je laisse de côté les plantes pour lesquelles nos parterres et 
nos jardins plaident assez brillamment. 

L’acclimatation des animaux dont les résultats sont moins 
publics, pourrait-on dire, compte aussi de magnifiques succès... 
surtout dans les régions où l'étendue de certaines propriétés 
favorise les essais les plus hardis. En Russie, une institution 
privée, créée dans ce but, avait particulièrement bien réussi : 
c'élait celle de Pilawin, en Volhynie, organisée par le comte 
Joseph Potocki, membre d'honneur de notre Société, avec le 
concours de M. Sokalski, mort en 1917 victime de la guerre; le 
comte avait réuni dans son vaste parc les grands Mammifères 
les plus rares : des Bison® d'Europe et d'Amérique oui non 
seulement se multipliaient mais s'étaient métissés, ies plus 
belles espèces de Cerfs parmi lesquelles le Wapiti d'Amérique; 
la bizarre Antilope Saïga des steppes des Kirghiz, au museau 
busqué, transversalement ridé en dessus et tronqué en groin 
comme s'il avait été refoulé et modifié dans sa forme par un 
brusque choc et bien d’autres Herbivores. Lorsque du sommet 
des observatoires ménagés à cet effet, on pouvait embrasser la 
plus grande partie de l'étendue de ce beau domaine, on eût pu 
se croire revenu au Paradis terrestre. Il y manquait le Serpent; 


234 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


il devait y venir sous la forme du bolchevisme par qui tout à 
été méthodiquement et complètement détruit. C'est avec une 
émolion douloureuse et profonde que nous avons entendu, de 
la bouche mème du comte Potocki, le récit des horreurs qui ont 
marqué la destruction de l'œuvre à la réalisation de laquelle il 
avait donné le’meilleur de sa vie; plusieurs de nous connais- 
saient bien ce parc de Pilawin qui n’est plus qu'un souvenir ; 
sa disparition est un désastre pour la conservation de certaines 
espèces. | 

A l'heure actuelle il n'existe plus en tout, en Europe, qu'une 
centaine de Bisons confinés dans la forêt de Bielowicz en 
Russie ; ils n’y sont guère en sécurité. L'espèce est sur le point 
de disparaître. 

Messieurs, prenons-y garde, ce qui menace nos Bisons, mena- 
cera bientôt tous nos grands Mammifères sauvages, et c'est ici 
que le rôle des Sociétés d’acclimatation, et surtout de la nôtre 
qui est leur mère, doit devenir A nidEabIe, 

La population humaine du Globe, même en temps de guerre, 
augmente d’une façon continue et ar de plus en plus indus- 
trieuse, active et envahissante. Il y avait autrefois au centre 
de l'Afrique une vaste région sur laquelle étaient simplement 
écrits ces mots : Z'erra incognita; les hommes civilisés n’y avaient 
pas encore pénétré. Depuis le milieu du xix° siècle, les choses 
ont rapidement changé : de hardis voyageurs ont parcouru 
en tous sens la Terra incognita; elle est, dans son ensemble, 
dépourvue de tout mystère; la Conférence de la Paix a dü en 
répartir les territoires entre les nations alliées. On va s'occuper 
de les organiser à l’'européenne. Des chemins de fer vont les 
parcourir en tous sens, des avions au vol rapide les survoler, 
le Touring-Club y organisera des voyages à prix réduit avec 
billets circulaires ou d'aller et retour et des chasseurs de tous, 
pays y viendront, en caravanes, procéder à la destruction 
méthodique de leurs superbes animaux que notre impré- 
vovance aura laissés sans défense suffisante. Elle marche déjà 
rapidement cette destruction ! Des voyageurs, qui parfois ont 
bélas ! un titre officiel, se vantent d’avoir tué 20 Hippopotames 
dans leur matinée. Les Rhinocéros, les Éléphants expirent 
frappés par les balles explosibles ; les troupes de Girafes 
deviennent rares et l’agilité des nombreuses espèces d’Anti- 
lopes n’est pas suffisante pour les mettre à l'abri du fusil des 
chasseurs. Vous direz : « Nous n’avons que faire de ces bêtes 


DISCOURS PRONONCÉ PAR M. EDMOND PERRIER 235 


sauvages. » Qu'en savez-vous ? Laissons de côté, ce qui n’est 
cependant pas négligeable, toute considération esthétique, ne 
nous laissons même pas toucher par ce sentiment de curiosité 
qui attire, les beaux dimanches, plus de 20.006 personnes bien 
comptées dans la ménagerie, trop pauvre encore, de ce Jardin 
des Plantes. Êtes-vous bien certains que si nous nous étions 
occupés de ces beaux ou grandioses animaux des régions tro- 
picales, comme nos ancêtres se sont occupés des Chiens, des 
Chats, des Chèvres, des Moutons, des Bœufs, des Anes, des 
Chevaux ou même des Chameaux et des Dromadaires, nous 
n’aurions pas trouvé parmi eux d'utiles ou d’agréables auxi- 
liaires qui auraient mis plus de variété dans notre existence et 
auraient trouvé quelque emploi spécial dans nos fermes ou nos 
maisons ? 

Il n’est que temps d'examiner ces problèmes. La guerre d’où 


nous sortons victorieux, mais fortement meurtris, a pour cause 


0 


profonde la surpopulation de l'Europe centrale qui n’est elle- 
même qu'un €as particulier de la force d’expansisn de la race 
blanche. Alors qu'elle n’avait pas encore atteint la maitrise de 
la science à laquelle elle est parvenue et qui n’est peut-être 
qu'un commencement, cette race avait déjà envahi l'Amérique 
et l'Océanie, elle s’installe en Afrique dont elle gagne les 
régions centrales après en avoir occupé d’abord les côtes. Les 
chemins de fer lui permettront d'en organiser l'exploitation 
intensive, c'est-à-dire d'en abattre ses forêts profondes, de 
traverser rapidement ses déserts de sable, de manière à mettre 
en rapport les unes avec les autres et à relier à l’Europe ses 
régions fertiles dont la mise en culture ne laissera bientôt plus 
subsister que les plantes alimentaires ou industrielles et les 
animaux domestiques. Mais pour en arriver là, il aura fallu 
creuser de plus en plus profondément les mines de charbon, 
vider les sources de pétrole, extraire du sol tous les minerais 
qu'il contient depuis le fer jusqu’à l'or; rien de tout cela n’est 
inépuisable; rien de tout cela ne se refait et tout cela c’est 
l’origine et la condition de notre industrie. Laissons de côté 
les métaux qu'il n'est pas impossible de recouvrer après usage. 
Où prendrons-nous la force quand le charbon et le pétrole 
seront épuisés ? Il restera, dira-t-on, la houille blanche. Oui! 
mais la houille blanche réside dans les fleuves; les fleuves 
prennent naissance dans les montagnes, surtout dans les monta- 
gnes boisées ; or, nous sommes en train de faire disparaître leurs 
| 


236 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. 


forêts, et il ne faut pas un bien grand nombre de siècles pour 
que la neige, les pluies et les vents amènent au ras du sol les 
plus hautes montagnes quand elles sont dénudées. Il s’en for- 
mera d’autres! N'y comptons pas trop. Les chaînes de mon- 
tagnes sont des rides encerclant le globe qui se sont formées 
successivement à de longs intervalles en s’éloignant du pôle 
Nord; nous en sommes au quatrième ridement qui comprend 
les Pyrénées, les Alpes et l'Himalaya et les hautes montagnes 
américaines. Ce ridement se rapproche beaucoup de l'équateur 
et pourrait bien être le dernier; à moins que l'hémisphère aus- 
tral ne sorte des eaux sous lesquelles, nous ne savons pour- 
quoi, il est, en grande parlie, enseveli. Sans montagnes, la 
houille blanche elle-même ferait défaut; il ne resterait à uti- 
liser que les marées, ce qui ne parait pas très commode, et les 
forces qui nous viennent du soleil. 

Certes, nous avons encore du temps devant nous. Mais il faut 
se metitre en face des réalités et prévoir l'avenir pour nos 
descendants, si nous ne voulons pas risquer que nos âmes 
immortelles éprouvent la douleur de leur malédiction. C'est 
dans cet esprit de prévision que la Société d’Acclimatation a 
été fondée. Elle devait simplement au début enrichir nos 
basses-cours, nos étables, varier la population de nos parcs et 
de nos forêts. Son rôle peut et doit devenir plus étendu. Il lui 
appartient de prendre sous sa protection les œuvres de la vie, 
de les faire durer, de leur conserver cette variélé infinie qui 
fait le charme de nos yeux et couvre d’un manteau de poésie 
les rudes entrailles de notre Terre. Elle doit veiller, comme on 
l'a fait aux États-Unis sous l'impulsion du président Roose- 
velt, à créer dans nos colonies africaines et asiatiques de 
vastes parcs nationaux, comprenant aussi bien des plaines cul- 
tivées que des forêts traversées par des fleuves, où la chasse 
serait rigoureusement interdite et où les animaux et les plantes 
sauvages pourraient se multiplier à l'aise, où l’on introduirait . 
même des espèces nouvelles, sauf à veiller pendant quelque 
temps à leur multiplication. On sait la fureur avec laquelle ont 
été poursuivis naguère les Oiseaux de paradis; pourquoi 
laisser ces Oiseaux superbes confinés à la Nouvelle-Guinée et 
exposés à une destruction rapide quand il serait si simple de 
cultiver ailleurs les arbres sur lesquels ils vivent et de leur 
créer ainsi une nouvelle patrie ? Le jeune et regretté marquis 
de Ségur a élevé des Oiseaux-Mouches avenue d’Iéna à Paris; 


DISCOURS PRONONCÉ PAR M. EDMOND PERRIER 9237 


serait-il impossible de les acclimater dans les régions chaudes 
‘de l'Ancien Monde ? À combien d'autres créatures superbes ou 
seulement intéressantes on assurerait une existence pour ainsi 
dire indéfinie rien qu’en étendant par des soins appropriés leur 
aire de répartition ! 

Est-il nécessaire, est-il utile de les conserver toutes ? Pour- 
quoi pas? Il y a, dira-t-on, de terribles animaux, comme les 
Lions, les Tigres, les Panthères et les autres grands Carnas- 
siers ou même les Crocodiles ; il y en a de tout à faits falots 
comme les Tatous, les Fourmiliers, les Paresseux d'Amérique, 
les Pangolins ou les Oryctéropes d'Afrique. Pourquoi les con- 
server ? Ce sont des éléments d’études précieux qui tiennent 
leur place dans l’enchainement des formes vivantes et détien- 
nent peut-être le secret de quelque loi de l’évolution des orga- 
nismes. Qui nous dit d’ailleurs que, bien dressés, des animaux 
que nous considérons comfne d’irréductibles ennemis ne pour- 
raient pas être transformés en auxiliaires, peut-être même 
modifiés comme nous modifions les plantes, comme nous 
avons modifié nos animaux domestiques? Le Chien, avant de 
s'attacher à nous, n’était-il pas un animal sauvage à la facon 
du Loup et probablement tout aussi dangereux ? Voyez à quelle 
diversité de forme, de taille, de couleur, de pelage, d’intelli- 
gence, il est arrivé sans qu'on ait appliqué à son élevage une 
autre méthode que celle d’une sélection qui peut conserver et 
accentuer les caractères acquis, on ne sait comment, mais est 
incapable de les faire apparaître, ce que réaliseraient sûrement 
d'autres méthodes. Quelle distance entre le minuscule et do- 
lent « Singe belge » que les dames portaient naguère dans leur 
manchon et imposaient à leurs voisins de table quand elles 
dinaient en ville et les vigoureux Chiens du Saint-Bernard ou 
même les Chiens de berger qui comprennent la parole, et à qui 
elle ne manquerait même pas tout à fait à ce qu'on dit. 

Il y a là de captivants problèmes que nous avons à peine 
abordés scientifiquement et dont la solution intéresse l'homme 
lui-même ; or, nous nous connaissons si mal que nous ne som- 
mes même pas en élat d’avoir un avis ferme sur la question de 
l'égalité des races. 

Un autre problème de ce genre nous presse depuis quelque 
temps chaque jour davantage et il s'impose partout autour de 
nous : celui de l'égalité des sexes. A leur habitude, les philoso- 
phes qui vivent dans le charmant domaine du rêve où rien ne 


238 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


parait impossible et qui font d’ailleurs assaut de générosité, 
l'ont vite résolu. Ils dédaignent les corps entre lesquels il 
existe tout de même, comme disait un humoriste, quelques 
petites différences et ne tiennent compte que des âmes qui 
laissent dire d'elles tout ce qu'on veut puisqu'elles sont invi- 
sibles et impalpables, quoiqu'elles ne soient pas mueltes, sur- 
tout, dit-on, chez les femmes. Ils ne se sont jamais demandé 
pourquoi il y avait des sexes chez tous les êtres vivants depuis 
les plus humbles plantes jusqu'à nous, pourquoi les sexes pré- 
sentent des différences mentales et physiques chez tous les 
animaux, ni pourquoi l'homme a tenu la femme en esclavage 
jusqu'au jour où il s’est jeté à ses pieds, sans jamais la traiter 
en égale. L'Académie des Sciences a été à la fois plus pru- 
dente et plus hardie, ou simplement plus curieuse. Elle à mis 
au concours depuis plusieurs années, pour l’un de ses prix, le 
problème de la détermination expérimentale des sexes. Peut- 
être pourrait-on attendre, avant de bouleverser notre organi- 
sation sociale, qu'on ait quelque lumière sur ce point. Les 


naturalistes ne l’ont pas tout à fait laissé dans les ténèbres; ils 


ont indiqué une voie sur laquelle divers expérimentateurs se 
sont engagés et ont obtenu quelques résultats. Les éleveurs de 
chevaux s’en préoccupent, et le jour où l’on saurait pourquoi il 
y a des garcons et des filles, où l’on serait en mesure d’en pro- 
porlionner rationnellement le nombre et où l’on pourrait com- 
poser à son gré sa famille, quelles conséquences sociales en 
découleraient ? 

Pour résoudre de pareils problèmes qui rentrent dans le 
méme cadre que ceux de l'acclimatation, ce n’est pas trop des 
efforts combinés de tous. Depuis que la puissance de l’assoeia- 
tion est apparue nettement, on fonde un peu partout des grou- 
pements plus ou moins homogènes ayant pour objet de faire 
aboutir des projets depuis longtemps en suspens. Pourquoi les 
Sociétés d’'acclimatation et les particuliers qui ont assez de res- 
sources personnelles pour agir par eux-mêmes ne s’uniraient- 
ils pas en un vaste syndicat, non pas seulement pour conserver 
ce qui vit sur le territoire des nations associées, mais pour 
répandre partout où elles peuvent vivre les espèces intéres- 
santes actuellement cantonnées, pour étudier leur degré de 
plasticité, pour les améliorer, les modifier même capricieuse- 
ment comme cela est arrivé pour les Chiens et pour les Galli- 
nacées dont M®° Paderewska à su réunir de si nombreuses 


—T 4 


DISCOURS PRONONCÉ PAR M. EDMOND PERRIER 239 


4 


variétés, et pour les Pigeons domestiques. L'homme deviendrait 
ainsi le maître de la Nature dont il était naguère le jouet ; il 
s'égalerait presque au Créateur qui commence à lui livrer quel- 
ques-uns de ses secrets quant à l'origine de la vie que nous 
arrivons à entrevoir, l’aveugle lutte pour l'existence serait 
contenue, réglée dans ses détails par l'intelligence humaine 
dont elle ne serait plus qu’un instrument, et pas même le plus 
puissant, pour le perfectionnement des êtres. 

Faire‘un tel rêve eût paru, il y a quelques années, une folie 
d'astronome jaloux pour la Terre de ce qui se passe peut-être 
dans la planète Mars, sa sœur aînée. Mais depuis, la vitesse de 
nos moyens de locomotion sur terre s’est décuplée, nos bateaux 
voguent aussi rapidement et aussi sûrement sur l’eau et sous 
l’eau que nos trains sur la terre; nous savons voler plus haut 
et plus vite que les Oiseaux ; notre pensée se transmet instan- 
tanément sans guide tout autour de la Terre ; il n’est pas cer- 
tain qu’elle ne puisse atteindre d’autres planètes ; nous sentons 
dans tout l'Univers des tressaillements mystérieux qui peuvent 
nous réserver encore bien des surprises et nous avons le sen- 
timent de la puissance de découverte qui réside dans la 
Science. Le jour où nous aurons réussi à coordonner nos 
efforts, à bien poser les questions, à résoudre et à collaborer 
avec ordre et méthode à leur solution nous serons les maîtres 
du monde. Notre Société d’Acclimatation, en s'appliquant à do- 
miner et à répandre la vie, aura planté les premiers jalons de 
la route infinie qui s'ouvre devant nous. 


RAPPORT 


. AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 


PRÉSENTÉ PAR 


MAURICE LOYER 
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL 


Monsieur le Ministre, 
Mesdames, Messieurs, 


Avant de proclamer devant vous les noms de ceux qui se 
sont signalés par leurs travaux de Zoologie et de Botanique 
appliquées, permettez-moi d'évoquer le souvenir impérissable 
de ceux d’entre nous qui, durant les longues années de cette 
guerre qui vient de donner à la France une gloire immortelle, 
ont fait à la Patrie le sacrifice de leur vie! La liste en estlongue. 
Elle contient 29 noms: les jeunes gens y côtoient les hommes 
de l’âge mür, les officiers y sont à côté des soldats; grâce à 
eux, grâce aussi à ceux qui, plus heureux, sont revenus sains 
et saufs après avoir couru les pires dangers, nous pouvons 
dire avec fierté que, dans cette lutte héroïque, notre Société a 
contribué de son mieux à la victoire du Droit et de l’'Honneur 
contre la Barbarie! 

Nos pertes ont été lourdes et douloureuses, mais, si nous 
avons été à la peine, notre Société a été aussi à l'honneur. Le 
palmarès des distinctions qui nous furent accordées présente 
65 citations à l’ordre du jour, 36 croix de guerre, 4 médailles 
des épidémies, 1 médaille militaire et 12 croix de la Légion 
d'honneur, preuves éclatantes des services rendus par nos col- 
lègues à la Patrie! 

Mais, d'autre part, nous devons songer avec tristesse aux 
ruines que la guerre a causées parmi nous. Les élevages si 
prospères, les cultures si riches du Nord etdel’Est de la France 
sont détruites, et, dans le reste du pays, les espèces animales ou 
végétales, délicates et rares, ont été décimées par les maladies, 
le manque de nourriture et de soins spéciaux; beaucoup d’ex- 
périences en cours ont dû être abandonnées, et plus d’une a 


r 


RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 241 


échoué par suite de circonstances indépendantes de la volonté 
de ceux qui l'avaient entreprise. 

Ces pertes sont graves, mais nous avons tous la ferme 
volonté de les réparer, nous y travaillerons sans relâcheet nous 
sommes sûrs de surmonter toutes les difficultés. 

Du reste, pendant ces quatre années de guerre, malgré 
les décès — qui, hélas ! ont été trop nombreux, car 103 de nos 
collègues sont morts! — ceux d’entre nous que leur âge ou 
l’état de leur santé retenait à l'arrière ont continué à travailler 
au maintienetau perfectionnement de l’œuvre de notre Société; 
celle-ci n’a pas failli devant sa tâche et l’exposé des titres de 
ses lauréats vous prouvera qu’elle a réussi, malgré tout, à con- 
tribuer au bien-être de la Patrie et de l'Humanité! 


GRANDES MÉDAILLES 
A L'EFFIGIE D ISIDORE GEOFFROY SAINT-HILAIRE. 


La guerre à étreint l'humanité tout entière, mais il est des 
nations qui en supportaient plus que les autres le poids écra- 
sant, telles la Belgique et la France à l’ouest, la Pologne à 
l’est de l’Europe. 

Cette dernière, si éprouvée pendant des siècles, se prépare à 
se relever de ses ruines et sous la conduite de l'homme émi- 
nent qui dirige ses destinées, M. Paderewski, va prendre dans 
le monde civilisé la place qui lui est due. Aux côtés de son 
mari, M°° Paderewska a travaillé au relèvement social de son 
pays. Elle a voulu qu'au jour de sa renaissance sa patrie 
trouve les enseignements et les matériaux nécessaires à la 
reconstitution de ses élevages ravagés. C'est dans cet esprit 
qu'elle avait créé, dans sa propriété de Morges, tout un inté- 
ressant élevage destiné à servir de base à l’aviculture polo- 
naise. Au nombre de ces créations se trouve une race de Poules, 
la race Ziemowitte, adaptée au climat de la Pologne. Souhaitons 
voir bientôt les bienfaits de M2° Paderewska se répandre sur 
toute sa patrie; c’est dans cet espoir que nous lui demandons 


d'accepter notre grande Médaille à l'effigie d'Isidore Geoffroy 
Saint-Hilaire. 


Le parc ornithologique, créé, il y a une dizaine d'années, par 


BULL. SOC, NAT, ACCL, FH, 1919, — 45 


242 BULLUTIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Mme Théodore Delacour et son fils M. Jean Delacour, à Villers- 
Bretonneux (Somme), contenait, en 1944, une importante col- 
lection d'Oiseaux exoliques, au nombre d'environ 2.000, répartis 
entre 500 espèces, depuis l'Autruche jusqu’au Colibri. C'était 
également un établissement scientifique aménagé non seule- 
ment pour les expériences d’acclimatation des espèces utiles ou 
ornementales, mais aussi pour l'étude de la biologie des 
Oiseaux. Dès la mobilisation de. son fils, M‘ Delacour prit, 
seule, en mains la direction du parc ornithologique. Grâce à 
son énergie, les collections furent conservées intactes pendant 
l'invasion allemande, d'août à septembre 1914, et après le 
recul de l’ennemi pendant les années 1915, 1916, 1917 et 1918, 
où malgré la proximité du front des observations intéressantes 
furent faites et des reproductions d'espèces rares furent obte- 
nues. Telles sont celles du Touraco de Buffon et du Pigeon car- 
pophage des Seychelles. 

Mais en mars 1918, lors de l'avance allemande sur Amiens, 
Villers-Bretonneux devenait le centre de luttes formidables. 
Mc Delacour devait, sous la menace des obus, abandonner le 
parc ornithologique à la conservation duquel elle s’était dévouée 
et qui disparaissait bientôt sous un ouragan de fer et de feu; 
mais du moins eut-elle la joie de constater que le parc de Vil- 
lers-Bretonneux eut l'honneur de servir de digue suprême au 
flot de l’envahisseur et que, malgré ‘ous ses efforts, celui-ci ne 
put jamais ia dépasser. 

En souvenir de tant d'efforts généraux, de tant d'énergie et 
de courage dépensés au service de là cause que nous soute- 
nons ici, nous sorames heureux d'attribuer à M®° Th. Delacour 
notre Grande Médaille à l'effigie d'Isidore Geoffroy ue 
Hilaire. 


Parmi les savants dont s’honore la Science francaise le nom 
du médecin-inspecteur général Vincent mérite d’être cité. Ce 
n'est pas ici le lieu d'évoquer ses beaux travaux de pathologie 
humaine, nous devons nous borner à rappeler les services 
qu'il a rendus à l'élevage et indirectement à l’homme par ses 
découvertes de l'infection fuso-spirillaire, cette symbiose micro- 
bienne qui constitue un chapitre nouveau de la pathologie 
humaine et animale; ses observations sur le tétanos « frigore 
du Cheval, et surtout ses recherches sur la fièvre de Malte, sa 
transmission, et la prophylaxie générale de cette maladie par 


AA ULUC SE US SE t 


4 


RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 243 


la découverte de la vaccinalion spécifique des Chèvres et des 
Brebis qui tiennent la place principale dans l’étiologie de cette 
redoutable affection. Cette vaccination confère l’immunisation 
rigoureuse aux animaux domestiques. Grâce au professeur 
Vincent l'espèce caprine, si précieuse à tous points de vue, au 
perfectionnement de laquelle notre Socièté a consacré tant 
d'efforts, se trouve efficacement protégée contre cette maladie 
transmissible à l'homme par le lait ou ses dérivés. 

En reconnaissance de ses éminents services nous décernons 
au D" Vincent notre Grande Médaille à L'ANGE d'Isidore 
Geoffroy Saint-Hilaire. 


_ Les plantes d’Extrême-Orient enrichissent depuis de longues 
années nos parterres et nos potagers. Leur introduction est 
l’œuvre de botanistes au premier rang desquels doit figurer 
M. E. H. Wilson, de l’Université de Cambridge (E. U.) qui, 

- au cours de ses voyages en Chine, a fait connaître à la Science 
4 genres nouveaux ainsi que 521 espèces et 356 variétés. Ces 
résultats ont une importance considérable, non seulement au 
point de vue de la Science pure, mais aussi pour la Dendro- 
logie et l'Horticulture qui sont ainsi redevables à M. Wilson de 
nombreuses iniroductions d’un très grand intérêt pour les 
régions tempérées. Nous en reconnaissons tout le mérite en 
attribuant à M. Wilson notre Grande Médaille à l'effigie d’Isi- 
dore Geoffroy Saint-Hilaire. 


Nous décernons également une Grande Médaille à la compa- 
gnie du Chemin de fer d'Orléans, qui contribue gratuitement, 
depuis plusieurs années, gräce à l’iñtelligente initiative de ses 
services commerciaux, aux progrès de l’Acclimatation, tant par 
l'introduction, dans les contrées qu'elle.dessert, de bonnes races 
d'élevage et de culture, que par l’utilisation économique de ces 
dernières. | 

La Compagnie a institué de vérilables écoles d'application 
des théories nouvelles relatives aux meilleurs procédés d’éle- 
vage et de culture, de préservation et de conservation des pro- 
duits du sol. Son action s’est étendue à la culture des plantes 
maraichères et médicinales, à l’horticulture, et entin à la pis- 
ciculture dont elle a favorisé l'essor par la production inten- 
sive de la Carpe däns nos étangs du Centre et de l'Ouest de la 


France. 


TIR AMAR Es 1 
24% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 
| 
M. Faucon est un des agriculteurs d’élite qui ont contribué à | 
répandre les bienfaits de notre civilisation dans nos posses- 
sions africaines. Par ces soins, une région désertique des 
environs de Sfax (Tunisie) a été transformée en un vaste 
domaine florissant de 5.000 hectares, qui fait l'admiration de 
tous ceux qui l'ont parcouru. Les cultures forestières y cou- 
vrent plus de 1.400 hectares; 1.200 hectares sont consacrés 
aux Céréales ; l'élevage du Mouton groupe 4.500 têtes de bétail 
et plus récemment celui de l’Autruche compte déjà 160 Oiseaux 
nés sur le domaine. 
De tels résultats justifient amplement l'attribution de la 
Grande Médaille que nous sommes heureux d'offrir à M. Faucon. 


Nous décernons les médailles de la Société aux lauréats dont 
les noms suivent : 


MÉDAILLES D'ARGENT GRAND MODULE. 


M. Ernest Tuompson SErow, de Greenwich (Connecticut) pour 
ses études sur l’acclimatation des Animaux à fourrures et par- 
liculièrement pour ses élevages de Skunghs. 


M. À. DEcoux, qui a réalisé de remarquables acclimatations 
de Passereaux exotiques et de Perruches, ainsi que de fortes 
intéressantes hybridations. 


M. VorrezutEr, Maître de conférences et Chef des travaux de 
Zootechnie à l’Institut national agronomique, dont les écrits et 
les travaux ont une si grande et si heureuse influence sur le 
développement de l’agriculture et de l’aviculture francaises. 


M. Bruner, Conseilter d'état honoraire, pour ses élevages de 
Carpes-cuir dans les étangs, et pour ses méthodes de nouris- 
sage de ces Poissons afin d’en activer la croissance. 


M. Farou, Inspecteur des Eaux et Forêts à Lorient, pour 
l’œuvre qu'il a accomplie dans le repeuplement des cours 
d’eau de Bretagne et principalement pour ses élevages de Sal- 
monidés dans la région de Quimperlé. 


M. FEYTAUD pour ses nouveaux travaux sur les Insectes des- 
tructeurs de l’osier, du liège et de diverses cultures, ainsi que 


RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 245 


pour la part très importante qu'il a prise à l’œuvre de la vul- 
garisation des connaissances de l'Entomologie agricole. 


M. l'abbé Foucuer, pour ses remarquables études sur la 
biologie des Orthoptères miméliques des genres Phyllia, 
Carausius et Cyphocrania. 


M. le professeur Bueniow, de Lausanne, pour l’ensemble de 
ses trayaux de Zoologie et en particulier pour ses études sur 
les Fourmis et les Termites. 


M. le D‘ RoBErTsoN-ProscaowskY, pour les intéressantes accli- 
matations, dans la région de Nice, de Végétaux exotiques, prin- 
cipalement des diverses espèces de Palmiers de l’Ancien et du 
Nouveau Monde. 


Mie Aimée Camus, qui fut la collaboratrice de son regretté 
père dans la rédaction des deux importantes monographies 
des Saules d'Europe et de France, pour sa contribution à 
l’étude de notre flore indigène et des flores exotiques, ainsi que 
pour la part qu'elle a prise dans la publication du chapitre 
des Cyperacées et des Graminées dans la Flore générale d'Indo- 
Chine. 


M. Henri GEorFRoY SAINT-HILAIRE, Inspecteur des services 
d'Agriculture au Maroc, pour son excellent ouvrage sur l’Éle- 
vage dans l'Afrique du Nord, œuvre scientifique et agricole 
dans laquelle il à résumé ses travaux de Zoologie appliquée 
durant 22 années de séjour en Tripolitaine, en Tunisie, en 
Algérie et au Maroc. 


M. Paul CaRIÉ, pour ses importantes études sur la faune et 
la flore de l’île Maurice qui nous font mieux connaître cette 
ancienne colonie, restée en grande partie française bien 
qu'elle soit séparée, depuis deux siècles, de la métropole. 


M. LAUMONNIER, pour son ouvrage sur les jardins de plantes 
vivaces-où sont étudiées les diverses associations de plantes 
pour augmenter la valeur de chacune d'elles et le mérite de 
l’ensemble. 

M. Li-Yu-Yinc, professeur et délégué de l'Université de Pékin, 
pour ses travaux sur le Soja hispida, ou Haricot de Chine, et la 
vulgarisation des produits qui en sont extraits sous les formes 
les plus diverses : alimentaire, thérapeutique et industrielle. 


MM. Charles Lararop PACK, Percival S. RipspALE et Normand 
C. Mac Lau», président et secrétaires de la National War 


246 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Garden Commission pour l’aide généreuse qu'ils ont apportée à 
notre pays en fondant aux Étals-Unis l’œuvre si utile des 
Jardins de Guerre et en coopérant au reboisement des régions 
de France dévastées par l'ennemi, à l’aide d'arbres d’origine 
américaine, 


MÉDAILLES D'ARGENT. 

M. Paul VAYSSIÈRE, Préparateur à la Station entomologique 
de Paris, pour ses études sur les Insectes nuisibles à nos 
récolles et pour la part active qu’il a prise à l’acelimatation 
des Insectes utiles exotiques dans le Midi de la France. 


M. Louis-Albert Done, pour l’acclimatalion en France de 
nombreuses espèces de plantes nouvelles ou délicates et pour 
ses nouvelles méthodes de transport pratique et économique 
de jeunes plants, boutures et graines qui ont permis à celles-ci 
de subir sans danger des voyages de plusieurs semaines. 


M. Émile Jananotez, de Carqueranne (Var), pour ses belles 
collections de Mimosées australieunes, de Cactées et dé Mésem- 
brianthémées et pour l'introduction et l’acclimatation des 
Echium et des Stalice des îles Canaries. | 


M. Salvadoré Isouierno, fondateur de l'important établisse- 
ment d'horticulture et d’arboricullure de Santa-[nès, près de 
Santiago de Chili, 


MÉDAILLES DE BRONZE GRAND MODULE. 


Me la Vicomtesse de BoisLanprY, pour ses élevages et ses 
études sur les diverses races de Lapin domestique et pour les 
résullats qu'elle a obtenus par la sélection en vue de l'obtention 
de sujets à fourrure. 


MM. MESSAGER, brigadier et Leroux, garde des Eaux et 
Forêls, pour le zèle et le dévouement dont ils ont donné la 
preuve en collaborant à l’œuvre du repeuplement en Salmoni- 
dés des rivières du Finistère. 

M. André Pinarp pour son ouvrage : La Consommalion, le 
Bien-être et le Luxe, livre d'économie sociale dans lequel une 
part importante est faite à nos cultures coloniales et à l’impor- 


tation en France des fruits et des divers produits de nos colo- 
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RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 241 


M. Francis FLeuny, altaché à la missidn forestière du com- 
mandant Bertier, à la Côte d'Ivoire, au Congo et au Cameroun, 
a réuni la collection des bois industriels de ces Colonies, et 
ayant ensuite rejoint M. Chevalier en Indo-Chine a renouvelé 
pour notre colonie d'Extrême-Orient l'œuvre qu'il avait déjà 
accomplie en Afrique. Malheureusement, nous apprenons avec 
peine la mort de M. Fleury, décédé en mer, au cours de son 
voyage de retour en France. 


M. Maurice Luc, directeur de 3° classe de l’agriculture colo- 
niale, s’est signalé par ses travaux d'amélioration agricole dans 
les diverses colonies où il a exercé ses fonctions, par l’organi- 
sation des concours agricoles qu'il à fondés au Gabon et qui 
sont appelés au plus grand succès en suscitant l’émulation 
parmi les agriculteurs indigènes. 


MÉDAILLES DE BRONZE. 


M. Henri EstioT, pour ses intéressantes expériences d’avicul- 
ture, relatives à la nourriture raisonnée des Oiseaux de basse- 
cour et leur séleclion, ainsi que pour ses remarquables élevages 
de Lapins à fourrure. 


M. Abel Houcxe, surveillant aux Grapperies du Nord, à Bail- 
leul (Nord), pour sa belle conduite pendant la guerre et surtout 
en mars 1918 lors de la prise de la ville par les Allemands. En 
la personne de M. Abel Houcke, la Société d’Acclimatation 
entend distinguer tout le personnel de l'important établisse- 
ment horlicole de Baïlleul qui s’est signalé par son dévouement 
et son abnégation. 


M. Oreste GueLaRpi, pour les soins dévoués et intelligents 
qu'il a donnés à l’intéressante collection de Reptiles et de 
Batraciens vivants que possédait à Florence notre collègue 


M. de Southoff. 


Le 
x * 


MEMBRES CORRESPONDANTS. 


Sont nommés Membres correspondants de la Société : 
MM. 
BALFOUR, professeur de Botanique et directeur du Jardin roÿal 
d'Edimbourg (Ecosse). 
Begge (William), membre de l’Académie des Sciences de New- 


y 


248 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


York, chef des services ornithologiques de la Société z00- 
logique de New-York (E.-U.). 

MAIDEN, botaniste du gouvernement, directeur du Jardin bota- 
nique de Sidney (Australie). 


Mac Doucar, directeur du Laboratoire désertique de Tuczon, 
Arizona (E.-U.). 

Rosrer, directeur de l’Institut royal des Études supérieures à 
Florence (Italie). 

SwinGce, chef du bureau des Plantes industrielles au Ministère 
de l'Agriculture à Washington (E.-U.). 

TRELEASE, professeur de Botanique à Urbana, Illinois (E.-U.). 


LAURÉATS 
de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 


MÉDAILLE HORS CLASSE 


ET MÉDAILLES D'ARGENT GRAND MODULE. 


Tandis qu’en France la protection des Oiseaux utiles à l’Agri- 
culture laisse encore indifférents ceux qui auraient le plus 
besoin de ces auxiliaires indispensables dans la lutte contre 
les insectes nuisibles, en Angleterre, il s’est fondé, il y a 
trente ans, la « Royal Society for the Protection of Birds » qui 
a obtenu et obtient les résultats les meilleurs. 

Cette Société doit, en grande partie, sa fructueuse aclivité à 
l’action de sa Présidente, Sa Grâce, la Duchesse de Portland, 
qui est à sa tête depuis vingt-huit ans, et à qui nous sommes 
heureux de décerner notre plus haule récompense : 


Notre médaille hors classe, 
à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, 
offerte par la Société nationale d’Acclimatation. 
Médailles d'argent grand module. 


M. Antoine BARON, président de la Fédération des chasseurs 
des Bouches-du-Rhône, qui s'efforce, par ses publications et sa 
propagande, de faire interdire les engins prohibés employés par 


LA PLANTE, LA BÊTE ET LA PATRIE 329 


les destructeurs méridionaux. Nous pouvons espérer, grâce à 
lui, voir disparaître un jour la meurtrière chasse au DM. 


M. Alfred Burper, qui applique la photographie à l’étude des 
Oiseaux, vivant à l’état libre, dans leur milieu naturel. Il con- 
sacre ses beaux clichés à la propagande et nous lui sommes 
tout particulièrement reconnaissants des 50 conférences qu'il 
a données, pendant la guerre, à nos grands blessés internés en 
Suisse, Son pays natal. 


M. André GoparD, qui a toujours fait, dans ses ouvrages, 
une Lee place à la Nature et aux Oiseaux. Pour ceux-ci, il a 
écrit : Les Oireaux nécessaires et son livre : Les Jardins- 
ee dans lequel il décrit son système d'élevage qui, 
méthodiquement appliqué, permettrait de repeupler en espèces 
utiles nos campagnes et nos bois. 


LA PLANTE, LA BÊTE ET LA PATRIE 


CONFÉRENCE FAITE 


3 par M. Ed. HARAUCOURT, directeur du musée de Cluny. 


Monsieur le Président, 
Messieurs les Ambassadeurs, 
Mesdames, Messieurs, 


Puisqu'il vous a plu d’entrér dans celte salle et de vous y 
asseoir pour écouter des gens qui parlent, au lieu de rester 
dehors pour regarder des plantes qui poussent et des bêtes qui 
remuent, ou même des plantes et des bêtes fossiles, je vou- 
drais essayer de réparer le mal en vous proposant un sujet de 
méditation pour la promenade que vous n'avez pas faite et que 
vous ferez une autre fois. 

Nous sommes ici dans la plus stupéfiante de toutes les expo- 
sitions universelles, où l’on peut, en trois heures d’hor- 
loge, faire le plus immense d2s voyages, boucler la boucle 
autour du monde et autour des âges, visiter la terre en surface 
et en profondeur, circuler dans l’espace et dans la durée. 
Aucun aérobus ne vous fournira jamais de telles possibilités ; 
et ça ne coûte rien. 


} 


250 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Donc, s’il vous plait, sortons ensemble, et vous constaterez, 
par surcroît, que le voyage est symbolique. 

Entrons par la porte orientale, poussons à gauche. et allons 
vite, car nous sommes pressés, 

Voici le bâtiment où gisent et se recueillent les. reliques. de 
la préhistoire. C'est ici que se déroulent sous nos yeux les 
scènes successives du plus grand de tous les drames terrestres, 
la formation même du globe et le roman de son existence 
tourmentée. 

Après l’Age Primordial, où les Algues et les Lichens, les 
Mousses et les Fougères, avec quelques Invertébrés, risquent 
les premières tentatives d’une vie organique, voici tour à tour 
l'Age Primaire, avec son soleil énorme et ses forêts intenses 
qui seront notre houille, dans huit ou dix millions d'années; 
puis l’Age Secondaire, où l'atmosphère se purifie, où le soleil 
diminue, où les éruptions secouent l’écorce qui se forme, le 
terrible Trias et la mer Jurassique, avec leurs géants mons- 
trueux qui laissent sur la vase tiède une trace immortelle de 
leurs pas éphémères. Ce qui, plus tard, sera la France, 
n’émerge encore qu’en partie, et, dans la profondeur des mers, 
les infiniment petits entassent par myriades leurs squelettes 
ou leurs coquilles pour nous préparer une assise. 

Ont-ils bien la ferme intention de travailler pour nous? Ne 
nous abusons pas d’une croyance si présomptueuse. Ces hum- 
bles Crétacés, s'ils songent à quelque chose, ne songent qu'à 
eux-mêmes. Ils vivent pour leur compte, et n’imaginent guère 
que le monde changera jamais : ce qui d’ailleurs ne les 
empêche pas de confectionner de l’avenir, comme vous et moi, 
sans le savoir. Par le seul fait de vivre, et par le seul fait de 
mourir, ils construisent toujours, comme vous et moi: Minute 
par minute, ils fabriquent le sédiment sur lequel s’installera 
tout à l'heure, c’est-à-dire dans quelques milliers de siècles, 
l’Age Tertiaire : et voici l’aube de l’Eocène, les Simiens du Mio- 
cène. Votre heure approche, Mesdames et Messieurs, car les 
Anthropoïdes du récent Pliocène commencent déjà quelques 
grimaces qui sont laspromesse des nôtres. Enfin l'Europe est 
faite, et l'Homme, entouré des intelligents Mammifères, fonde 
son règne sur les détritus accumulés des siècles innombrables 
qui furent avant lui. 

Je vous avais promis que l’excursion serait rapide : j’aitenu 
parole ; nous avons marché à l'allure moyenne de deux ou trois 


Léucée 
; " 


LA PLANTE, LA BÊTE ET LA PATRIE 251 


millions d'années par minute. Mais passons au déluge! Puisque 
nous voici au début de l’Age Quaternaire, il ne nous reste plus 
guère à fournir qu'une petite étape de cent mille ans, avant 
d'arriver jusqu'à vous, qui êtes mon but. 

Pour faire celte étape, sortons du bâtiment paléontologique 
et vite revenons au jardin. Une surprise nous guette. Mais 
sera-ce bien une surprise? Si la contemplation du passé a suffi- 
samment préparé nos esprits, c’est une simple évidence qui 
va nous apparaître dès le seuil du jardin : {a création du monde 
continue ! 

Le drame antique se poursuit. Le décor a changé, une fois 
de plus, et qui ne sera pas la dernière ; les personnages, bêtes 
et plantes, sont déjà de dimensions moindres, l’action est 
moins fougueuse, mais la pièce qui se joue demeure identique- 
ment la même. 

Comme jadis, comme toujours, voici la merveille des mer- 
veilles, le phénomène immense auquel nous ne prenons plus 
garde parce que l'habitude de le voir nous empêche de l’ad- 
mirer : des plantes qui poussent, des bêtes qui bougent. Rien 
de plus. Mais ces tiges qui sortent de terre pour porter des 
feuilles, des fleurs et des fruits qui tout à l'heure retombe- 
ront sur la terre pour y pourrir et y rentrer; ces animaux 
qui naissent, Insectes ou Reptiles, Oiseaux ou Mammi- 
fères, herbivores ou carnivores, qui mangent, digèrent, se 
démènent et meurent pour retourner finalement à la terre 
originelle, qu'est-ce donc, en vérité, sinon la création qui con- 
tinue ? 

Tousices êtres énormes ou minuscules, végétaux ou animaux, 
travaillent simultanément à la fabrication et à la transforma- 


tion perpétuelle du globe. Le sol que nous foulons, c'est leur 


œuvre. Depuis que la carcasse osseuse du pays où nous 
sommes est apparue à la lumière du soleil, ils coopèrent sans 
relâche à revêtir cette carcasse d’une chair vivante qui est la 
terre, ma terre, votre terre. 

La Science, ici, est d'accord avec les textes sacrés : Zu es 
pulvis et in pulverem reverteris. « Tu es poussière et tu retour- 
neras en poussière ». Celte terre du jardin ou du champ, c'est 
l'accumulation progressive des sédiments laissés ici par les 
myriades de créatures qui se sont succédé à cette même place. 
C’est le magma de tous les êtres qui vécurent ici, des plus 
humbles comme des plus magnifiques, du Chêne gigantesque 


252 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


aussi bien que du Moucheron imperceplible, et de l'Homme. 
C'est [a tombe de tout ce qui cohabite et de tout ce qui colla- 
bore, la somme vivante des morts qui tour à tour ont enrichi la 
masse, en y versant l'un après l’autre ce qui fut eux et ce qui 
fut par eux. 

Tout est sorti d'elle, tout y rentre. L’herbe mange la terre, la 
bête mange l'herbe, l'homme mange la bête, et la terre man- 
gera l'homme, afin qu'ensuite l'herbe à nouveau mange la 
terre. 8 

Cela peut se chanter : «Si cetle histoire vous ennuie... » La 
vie est un circuit; le sol, un réservoir de forces qui s'emmaga- 
sinent ; l'individu, un alambic; et l’homme, quelle que soit som 
incontestable noblesse, n'échappe point à la règle des échanges 
circulatoires. Pascal disait de lui : « L'homme n'est qu'un 
roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pen- 
sant. » J'en demande pardon à la gloire de Pascal, et je n'aurai 
la prétention ni de le corriger ni de le compléter; mais quand 
ce philosophe nous compare, en raison de notre fragilité, à un 
tube végétal, n’avons-nous pas le droit de nous souvenir, en 
notre humilité, que ce tube est digestif? Aussi bien que le Ver 
de terre, apparu dès l'aurore du Monde, était un intestin qui 
rampe, On pourrait dire que l'Homme est un intestin qui 
pense. 

Mais comme la démonstration de cette réalité scientifique 
risquerait d’être à la fois banale et indécente, un peu trop déli- 
cate à formuler en prose devant les dames, je vous deman- 
derai la permission de m'exprimer en vers. 

En un soir de mélancolie, l’auteur a vidé coup sur coup deux 
coupes de champagne, et il s’en apercoit. 


CHANSON A BOIRE (1) 


Par Bacchus et Noé, je crois que je suis ivre! 

J'aurai donc pour un soir connu l'amour de vivre, 

Reconquis mes gaîlés, mes douceurs et ma foi, 

Et posé ma croix lourde aux rochers du calvaire. 

Or, pourquoi? Pour un peu de mousse dans du verre, 
Et je deviens meilleur que moi! 


(1) L’Ame nue. Fasquelle, éditeur. 


LA PLANTE, LA BÊTE ET LA PATRIE 253 


O ma pensée, orgueil unique de mon être! 

Que vaux-tu donc, si tout te fait changer ou naître ? 

C'est toi qui rutilais dans l'éclat des cristaux 

Et scandais en chantant le hoquet des bouteilles; 

C’est toi qui mürissais dans les grappes vermeilles, 
Sur le flanc lointain des coteaux ! 


Aux mois d'automne, aux mois rubiconds des vendanges, 
C'est mon cœur qu'on foulait dans les pressoirs des granges; 
Et quand la vie intime et chaude crépitait 
Sous la pulpe des fruits qui bout au fond des cuves, 
Quand l'air chaud des hangars se saturait d’effluves, 

C'est mon rêve qui fermentait. 


Mon rêve ! Fils bâtard des forces que j'héberge ! 

Dieu les accouple en moi comme dans une auberge ; 

Puis, né de la matière aveugle et du hasard, 

Un feu court dans mon sang comme un torrent de lave, 

Et, libre, en moi, sans moi, sous mon crâne d’esclave, 
S'allume le brasier de l’art! 


Ma volonté, néant, et mes cultes, fumée ! 

Je suis moyen; je suis la brute désarmée; 

Je suis le point fatal où s'accomplit la loi, 

Furtive éclosion d’un germe involontaire, 

Atome, inconscience errant dans le mystère : 
Rien n’est à moi, pas même moi! 


Semblable au bois qui brûle, au bruit vain des tempêtes, 
Aux nuages, aux blés fauchés, semblable aux bêtes, 
Je tourne dans la roue immense du destin, 
Je vais sans voir ; je suis le frère du brin d’herbe, 
Et s’il plaît au zéphir d’écraser ma superbe, 
C’est fini du soir au matin. 


Mon corps se renouvelle avec le vent qui passe; 

Je naïs et meurs un peu chaque jour, et l’espace 

Me tient comme la mer tiendrait un grain de sel : 

Je suis la goutte d’eau dans le déluge énorme; 

Je suis un des creusets sans nombre, où se trans'orme 
L'être de l'Étre universel. 


Mais elle va sonner, l'heure des glas funèbres 
Où l’orgueil désillé voit clair dans les ténèbres : 
Les règnes, doucement, reprendront mes lambeaux ; 
Ils en feront des fleurs pour nourrir les abeilles, 
Et mon sang rajeuni coulera dans les treilles 
Pour griser des peuples nouveaux. 


254 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION / 


Tout cela, en vérité, n’est pas merveilleusement neuf, et je 
peux vous attester que l’auteur ne se fait sur ce point aucune 
illusion. Les hommes n’ont point attendu les découvertes de la 
chimie pour sentir, de façon mystique, cette parenté qu'ils ont 
avec le sol de leur pays. Maintes légendes nous en donnent la 
preuve, quand elles nous montrent, aux époques les plus recu- 
lées, ce geste naïf et touchant, ce geste impulsif et pieux des 
émigrants qui, chassés de leur patrie, s'agenouillent une der- 
nière fois sur le champ familial pour y ramasser ce trésor qu'ils 
emporleront dans l'exil : une motte de terre! 

Ces vieilles légendes, et la logique un peu moins vieille, 
concorderaient donc pour établir que le sens de la patrie 
est, initialement, un phénomène d'habitude héréditaire, une 
accommodation de la race au sol et au climat. 

Avant de répondre à un besoin qui est devenu moral, l’idée 
de patrie a répondu à un besoin qui était vital. Et si les bêtes 
n'ont pas encore cette idée-là, elles ont tout de même ce besoin- 
ci. Au temps où les Oiseaux détenaient le record de l'aviation, 
on les a vus en profiter pour revenir obstinément, de géné- 
ration en génération, au même lieu : la Cigogne à son toit 
d'Alsace, l'Hirondelle à son chéneau, le Pigeon à son colom- 
bier. Et tant d’autres. 

Les Mammifères, moins avantageusement doués au point de 
vue des transports, sont restés beaucoup plus casaniers, et 
consécutivement plus patriotes. Assez volontiers, ils semontrent 
irréductibles sur le principe qui les attache au pays natal, et 
souvent ils en font une question de vie ou de mort. N’en 
déplaise à la Société d’Acclimatation, dont les visées nettement 
internationalistes ne tendraient rien moins qu’à transplanter 
toutes les espèces sous tous les climats, nombre de Mammi- 
fères meurent quand on les dépayse. 

N’essayez pas, Messieurs, d'envoyer le Lion au Groënland, 
ni le Phoque à Madagascar. Leur patriolisme animal protes- 
terait jusqu'au trépas. 

Je vous concède qu’en cela ils différeront de l’homme : car 
l’homme est le plus accommodable de tous les animaux, et 
peut-être le seul qui s’acclimate partout. Mais concédez-moi à 
votre tour quil existe entre les bêtes et les hommes de chaque 
pays des similitudes de goûts, des communautés de besoins, 
et parfois même des imitations réciproques, des plagiats d'habi- 
tudes qui finissent par créer entre eux certaines ressemblances 


LA PLANTE, LA BÊTE ET LA PATRIE 255 


physiques et morales. La tyrannie de chaque climat a institué 
entre les espèces imdigènes une homogénéité mentale. Il y 


_ aurait, dans le développement de ce thème, la matière d’un 


cours qui durerait un an. 

J'abrègerai, en vous priant de regarder pour exemple l'œil 
admirable du Chameau qui se promène sous la fenêtre. En 
cette prunelle d’agate, ne voyons-nous pas une résignaltion 
sévèrement méditative, un fatalisme conscient, l’immobile 
philosophie d’une sérénité qui accepte l’inévitable? « C'était 
écrit ». Toute la loi de l'Islam, tout le Koran est dans cet 
œil magnifique d’un penseur qui ne daigne. Mieux encore 
que l'œil d'un Arabe, celui-ci nous atteste que la race, née 
au bord du désert, était prédestinée à la religion qu'elle pro- 
fesse; l'instinct de la bête, d'accord avec le soleil, a précédé 
la loi de l’homme; la bosse a précédé le dogme. Nul n’est pro- 
phète en son pays? C’est peut-être vrai chez nous autres. Ce 
ne l'est pas en Orient, et le Chameau nous en avise. 

Ce ne l’est pas non plus chez les plantes. Elles prophétisent, 
elles aussi; elles délimitent les possibilités et fixent les capa- 
cités locales. Les géographes ne nous expriment-ils pas une 
idée de patrie à l'usage des végétaux, avec démarcations de 
frontières, quand ils tracent les zones de culture pour l'Olivier 
et le Mürier, le Maïs et la Vigne, l'Orge et le Blé? Le Chinois a 
son Riz, le Lorrain a son Chou. 

Cela, me direz-vous, relève de questions purement climaté- 
riques. 

D'accord. Notre âme aussi. Les lignes isothermes et les 
lignes isonèphes n'influeraient-elles donc que sur le monde 
végétal? L'excessive chaleur oblige à l’inaction; donc elle 
enseigne la paresse; doncelle engendre le fatalisme. L’extrème 
nébulosité n'empêche pas seulement la Vigne de pousser; pour 
les mêmes raisons qu'elle a de refuser le vin, enfant de la 
lumière et du soleil, elle interdira la gaieté, l'alerte joie de 
vivre, et l'espérance, qui est de la joie tournée vers l’avenir. 

En nos régions tempérées, où les alternatives du chaud et 
du froid astreignent l’indigène au labeur de féconder sa terre, 
la nécessité de l'effort matériel aura des conséquences morales, 
et voici déjà deux corollaires : 

D'une part, l’impérieux besoin du travail engendrera le 
respect de leffort, le culte de l'effort, le goût de l'énergie; 
d'autre part, le désir bien légitime d'obtenir le meilleur rende- 


2356 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


ment possible en se dépensant le moins possible, suscitera 
l'ingéniosité de l'effort, l'invention et la découverte, c’est-à- 
dire l'esprit scientifique : la journée de 8 heures chez nous sera 
un cadeau de la science, comme la journée de 8 minutes, au 
Congo, est un présent du soleil. 

Ainsi nous apercevons, parmi les races humaines, parallèle- 
ment aux zones de la culture végétale, des zones de culture 
morale, et des organisations sociales : zone de passivité, zone 


d'énergie, zone scientifique. L'hérédité fera le reste, puisqu'elle 


est un entassement d’habitudes tout comme le sol est un enlas- 
sement de détritus. Elle fixera les particularités ethniques, et 
elle donnera à chaque peuple son caractère propre, exacte- 
ment comme elle donne aux différents crus leur saveur propre. 
Il y aura des Bourguignons tout comme il y a du bourgogne, 
et pour les mêmes raisons ; tout comme il y a du bordeaux, il 
‘y aura des Gascons. Le vin de Touraine, c’est du Rabelais en 
bouteille. 


Je vous remercie de m’applaudir au lieu de m'envoyer des 
petits bancs; je pouvais m'attendre à des protestations contre 
cette idée insolente de rapprocher trop étroitement les plantes, 
les bêtes et les gens. Boileau nous a dit que le lecteur français 
veut être respecté. S'il n’a point parlé de l’auditeur, c’est que, 
sous Louis XIV, on écrivait plus qu’on ne discourait; les 
choses ont un peu changé, du moins en apparence. De son 
temps, mes propos auraient choqué surtout la classe nobi- 
liaire, qui aurait peut-être consenti à quelques assimilations 
de l’homme avec la vigne, mais qui ne les aurait pas per- 
mises entre l’homme et l'homme. En ce temps-là, les nobles ne 
se contentaient pas de former une caste, ils prétendaient aussi 
constituer une race, et pour un peu, ils auraient cru, de bonne 
foi, que leur sang même avait le privilège d'une couleur spé- 
ciale : le sang bleu. 

Aujourd’hui, ils ont sagement renoncé à cette illusion; mais 
il faut croire qu’elle est tenace en notre pays, car voici main- 
tenant que la classe ouvrière revendique à son tour l'honneur 
d'être une race à part, et non mélée. Ils se trompent, les uns 


aussi bien que les autres; nous sommes tous parents, et même 
parents proches. 


En 


LA PLANTE, LA BÉTE ET LA PATRIE 257 


La preuve en serait facile à faire. Partant de ce principe 
incontestable que, pour venir au monde, chacun de nous a eu 
besoin d’un père et d’une mère, qui jadis avaient eu le même 
besoin, vous constaterez que vingt générations seulement 
nécessitent plus de 2 millions d’ancêtres; pour remonter à 
Vercingétorix, chacun de nous a collectionné personnellement 
18 quatrillions, 14 trillions, 583 milliards, 333 millions, 333 mille 
333 pères, et juste autant de mères. Jamais l'humanité n’en pro- 
duira autant qu’il nous en faudrait à chacun. Il nous faut donc 
admettre que chaque individu a servi plusieurs fois, — ce que 
nous pouvions supposer, — et que chaque alliance a introduit, 
dans les familles les plus fermées, un nombre incalculable de 
parentés. Nous voilà tous cousins, en vertu d’une nécessité 
mathématique; et pour reconnaître cetle parenté nous n’aurons 
même pas besoin d'évoquer l'hypothèse des intrusions que 
purent occasionner le hasard, l'herbe tendre, les voyages, et 
toutes circonstances généralement prévues et interdites par le 
neuvième commandement de Dieu. 


Cette unité familiale, ce faisceau d’affinités héréditaires qui 
nous apparente les uns aux autres et qui, plus mystérieuse- 
ment, nous ratlache à la terre même, vers quelle époque les 
hommes de ce pays en prirent-ils conscience pour la première 
fois? À quelle époque s’est révélé chez nous le sens de la 
Patrie? 

Je dis le « sens » et non pas lä notion. Car la question qui 
nous occupe, cet après-midi, n’est point celle du patriotisme 
éclairé, religion qui porte l'homme d’une race à sacrifier sa 
personne au salut de la race; il s’agit simplement de rechercher 
l'apparition d'un émoi intuitif, animal, si j'ose dire, la révé- 
lation du lien qui raccorde l’homme à sa terre natale, comme 
le cordon ombilical raccorde l’enfant à sa mère. 

- À quelle époque se produisit ce phénomène psychique, 
essentiel dans la vie d'un peuple? 7e 

La date est connue; elle nous est fournie par un document 
dont l’authenticité est cerlaine, car ce document-là émane du 
peuple même, de la masse du peuple, d’une génération qui tout 
à coup comprit une vérité neuve, et jeta son cri d'amour. Ce 


258 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


document, c’est l’œuvre d'art, c’est l’œuvre sculpturale de la 
France au milieu du x1r° siècle. 

Une parenthèse s'impose ici. Les plus hautes créations de 
l'art ne sont pas seulement, comme on le croit trop volontiers, 
le produit d’une main savante ou d’un cerveau qui pense; un 
homme les exécute, mais un peuple les engendra. Elles sont la 
floraison de la sève commune, la résultante des forces qui 
couvaient dans la race; c’est par elles que chaque époque 
traduit ses aspirations et son rêve, explique ses misères, 
exprime ses espérances, affirme sa foi, proclame son idéal. 

L'art est la confession des sociétés humaines, et l’histoire 
nous montre ceci : chaque fois qu'un peuple a traversé une de 
ces crises d'âme au cours desquelles la grande famille tout 
entière s’exalte pour un idéal, quel qu'il soit, l’œuvre d’art qui 
sort de ce peuple est une œuvre de génie. Le jour où le brûlant 
foyer s'éteint, les artistes issus de ce même peuple n’ont plus 
que du talent. 

Il faut une foi en quelque chose, et peu importe en quoi, 
pour dresser une œuvre immortelle. Jamais l'écho d’une voix 
ne se prolonge dans les âges, sinon quand cette voix d'un 
homme pousse le cri qui sortait de la race. 

Notre époque, ayant eu la foi, ayant eu le geste, aura le c cri; 
une œuvre surgira, géniale et nécessaire, faite avec des mots 
ou faite avec des pierres, pour attester ce que fut, de 1914 à 1919, 
la magnanimité de la France. 

Au long de notre histoire, d’autres sursauts inoubliables ont 
produit des œuvres grandioses. Celle qui nous occupe a jailli 
du sol au milieu du x siècle. Elle s'appelait Notre-Dame de 
Paris, la Sainte-Chapelle; elle s'appelait, par-dessus tout, la 
cathédrale, de Reims. Elle s'appelait aussi Opus francigenum, 
« l’'OEuvre issue de la France »; et les Allemands eux-mêmes 
l’ont saluée de ce nom à sa naissance, et ce nom était mérité, 
car elle traduisait l'âme francaise. Arrétons-nous devant le 
miracle qui se manifeste à ce moment-là : une révolution 
s'opère dans les idées du monde, et elle sera resplendissante. 
Elle va se propager tantôt dans l’Europe entière, comme fera 
plus tard celle de 89, et c’est chez nous, comme en 89, qu’elle 
prend naissance et trouve sa formule. 

Qu'est-ce donc que la France a découvert ce jour-là ? Simple- 
ment la Nature et l'Homme, — la Terre et ce qui sort de terre, 
— ce qu’elle peut offrir de beauté, de culle, et d'espérance. De 


LA PLANTE, LA BÊTE ET LA PATRIE 259 


cette double réalité, la terre et son produit, nous dégageons un 
idéal. 

L'Homme de France, d'un même coup, a compris la terre de 
France et fondé l’âme de la France. 

Pour discerner les origines de cet événement énorme et 
pour en apercevoir la portée, il faut se rappeler deux faits 
essentiels. : 

Primo, rappelez-vous l’excessive détresse du peuple pendant 
le haut moyen âge, sa misère matérielle et son angoisse morale : 
depuis les invasions barbares du 1v° siècle, sa vie est une per- 
pétuelle torture, et sa conception de la survie est un épouvan- 
tement ; ici-bas, son existence est un enfer, et, par delà la mort, 
or lui montre l'enfer. Il n’y a pas de quoi être gai : il va pour- 
tant inventer le sourire. 

Secundo, rappelez-vous la proscription religieuse dont la 
nature était l’objet, depuis plus de mille ans. Le Paganisme 
vaincu avait divinisé, jadis, les forces de la Nature, et tous les 
instincts étaient dieux; le Christianisme vainqueur avait nor- 
malement relégué dans l'Enfer ces anciennes divinités qui 
devenaient des démons. Afin de réprimer les appels de l’ins- 
tinct brutal, la loi nouvelle en faisait des péchés, et la Nature 
était le domaine de Satan. 


Mais voilà tout à coup un siècle, le plus pieux de tous les 


- siècles, le plus mystique, le plus rêveur, le plus idéaliste, celui 


qui s’incarne en la douce figure de saint Louis, le voilà qui 
s’avise de tourner son regard vers la Nature si longtemps mau- 
dite, de l’admirer et de l'aimer, de la vénérer aussi, de la 
reprendre au diable pour la rendre à Dieu. 

Soudainement, il vient d’apercevoir le sourire de la Nature, 
oublié depuis Virgile, et il le célèbre avec une tendresse si 
émue quelle nous fait pleurer d’admiration, comme il en a 
pleuré lui-même. Est-ce tout? ! a vu un autre sourire, sur le 
visage de la Femme, qui restait, depuis le Paradis terrestre, le 
pire suppôt du Tentateur. 

Deux sourires, quand on souffre tant ! Il les cueillera. Il les 
cueillé, fleurs suaves qu'il divinisera en statues, toutes les 
deux. Sur le sol nourricier, il s'agenouille avec ferveur devant 
l'herbe qui pousse, et il découpe un morceau de son champ 
pour en faire le mur de son église. Il ramasse un carré de la 
terre natale; verticalement il le dresse pour en faire la maison 


260 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


de Dieu, et dans cetle maison, désormais, la divinité terrible 
de naguère s'adoucira d'un sourire de femme. 

Quand on entrait dans la cathédrale de Reims, dès le pre- 
mier pas, après avoir franchi le seuil, on trouvait le vestige de 
cette invention et de l'émoi sacré qui l’engendra : sur la paroi 
intérieure, en des panneaux rectangulaires, on voyait, amou- 
reusement ciselée dans la pierre indigène, toute la flore indi- 
gène, des feuilles, des tiges, les plantes du verger et celles du 
potager, les portraits du champ qui nourrit l’homme et du pré 
qui nourrit la bête. Ces panneaux étaient comme les pages 
d'un herbier. C’étaient des pages de prière, aussi, des pages de 
gratitude et d’adoration, l'hymne du paysan à la terre féconde, 
le premier des hymnes que le peuple de France ait chantés en 
l'honneur du pays natal. Reliques de famille, ces panneaux 
étaient là pour commémorer une minute solennelle de notre 
histoire : l'invention de la Patrie ! 

Dans le même moment de sa genèse progressive, le paysan 
de France vient de découvrir à la fois la Patrie et la Nature : 
la divination de l’une est donnée par la compréhension de 
l’autre. 

Comment lui vint cette compréhension attendrie? 

On peut l’imaginer. — Nous rentrons des Croisädes ; elles 
durent depuis deux siècles et elles n’ont rien donné. Les 
hommes d'Occident, partis pour l'Orient, dans le dessein de 
délivrer leur Dieu, avaient cru rencontrer là-bas la Terre de 
Chanaan, l’Eden; ils ont vu des rochers qui flambent sous un 
ciel implacable, le désert jaune, du sable, la mort sèche. 


« Emerveillés que Dieu soit venu naître là », 
ils ont songé : 
« Au doux pays de France où l'herbe est tant fleurie ». 
En souvenir, ils ont revu : 


« Les bois frais, les clochers qui chantent dans l’air bleu 
L'eau claire, et les troupeaux couchés dans la prairie ». 


Ils rentrent chez eux, désabusés d’un rêve qui les a 
décus. 


PA + 


LA PLANTE, LA BÊTE ET LA PATRIE 261 


LE RETOUR (1). 


Le croisé qui revient avec la barbe grise 
Aperçoit le manoir lointain, 
Et reconnaît aux parfums du matin 
Cette terre désapprise. 


Un rayon de soleil gît sur l'herbe du bois 
Toute verte et toute mouillée : 
Les gouttes d’eau jasent dans la feuillée 
Avec de petites voix. 


Les muguets souriants ont relevé leurs têles, 
Et les fougères font du bruit; 
Le doux soleil va chercher dans leur nuit 
Les imperceptibles bêtes. 


Il glisse, il saute, il fait un rond, il fait un bond, 
S'ouvre des fenêtres, des portes, 
Et se parfume avec les feuilles moites, 
Car la mort des bois sent bon. 


Il chatouille la mousse, égratigne les branches, 
‘Se griffe aux ronces en rampant, 
Et dans l'air frais qu'il traverse, il répand 
Une odeur de fraises blanches. 


Puis il se vautre et sent la vase à s’y griser, 
Trébuche aux fossés et se plaque, 
En se mirant au miroir d’une flaque 
Qu'il fait rire d'un baiser. 


I gravit le talus, trotte, el sent l’aveline ; 
Il court la route et sent le miel; 
Il sent la vie, et d’un pas d’arc-en-ciel 
Il enjambe la colline. 


Pour remonter au ciel il s’ouvre un chemin bleu 
Fait de vouütes et d’avenues : 
Et le baron croit voir entre les nues 
La prunelle du Bon Dieu. 


C’est bon de vivre ici! L'homme a compris que sa terre n’est 
pas maudite, mais qu’elle est bénie, au contraire; et il constate 


qu'il l'adore. Il faut quitter la terre natale pour comprendre 


(1) L'Espoir du monde, Lemerre, éditeur. 


262 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


combien on l'aime. Demandez à nos prisonniers! Le Croisé qui 
revient a vu les temples grecs, les chapiteaux où s’enroule 
l'Acanthe et il les trouvait beaux. Mais la feuille de Chou est 
plus belle encore que l’Acanthe ; elle est belle deux fois par la 
vertu majestueuse de ses lignes, et par la vertu nutritive de sa 
chair. La feuille de Trèfle aussi est belle, si souple sous la brise, 
et qui nourrit le bétail ! 

Il cueille une feuille de Chou, il cueille une feuille de Trèfle, 
il les baise en pleurant, illes façonne en pierre et l’art gothique 
est né! 

L'art « gothique »? Pourquoi pas l’art boche? L'art que des 
Goths, voleurs et plagiaires appelleront gothique — Deutsch- 
land über alles! — mais que le moyen âge appelait l’art de 
France, est né ici. Il est l’apothéose d’une pensée française. Il 
est la glorification du sol et de ce qui sort du sol. En même 
temps qu'il proclame, par son élancement vers le ciel, la Foi, — 
par la multiplication des sourires, l'Espérance, — il symbo- 
lise par ses clochetons et ses fleurons, par ses crochets, ses 
rampants, ses rosaces, par ses nervures et par ses clefs de 
voûte, par toutes ses pierres, joyeusement, il symbolise la 
gratitude de l’homme pour sa terre, l'union de l'être pensant 
avec la chose dont il est fait, et leur parenté reconnue. 

La Terre ! Ma terre natale, cette mince croûte d'humus faite 
du résidu des êtres et des choses, total des mâñes ancestraux, 
réalité mystique mais tangible, matière mêlée d'esprit, œuvre 
chimique et morale à la fois, synthèse des créatures éphémères 
qui s’absorbent et se résorbent pour constituer ensemble une 
unité durable, un tout local, un siphon de vie en continuel 
mouvement, un perpétuel devenir. La terre, ma terre ! Ce pro- 
duit d’une communion interminablement renouvelée entre les 
trois règnes qui s'alimentent par l'échange d’une sève indéfini- 
ment transmissible. Ma terre ! Ce par quoi je suis le parent de 
l’homme qui passe là-bas, et que je ne connais point, mais qui 
est, comme moi, issu de la même souche, imbu des mêmes 
sucs ; et le parent, aussi, de l'herbe qui pousse en mon pré, du 
bétail qui broute cette herbe, de Ia motte de glèbe où je retrou- 
verais, mêlés et confondus, pour me nourrir et me porter, 
l’aïeul du Bœuf, l’aïeul du brin d'herbe ou du Chêne, et mon 
aïeul ! 

En chacun des êtres qui bougent ici, animaux ou végétaux, 
un peu de mon sang se recueille et travaille, fermente et se 


LA PLANTE, LA BÊTE ET LA PATRIE 263 


recompose, tout comme dans mes veines un peu de leur sub- 
stance à tous circule pour être en mofî le sang de la race per- 
pétuée ! 

La terre de ma patrie, addition des siècles, pâte féconde 
qu'ont triturée et malaxée tous les efforts d’antan, où gisent 
encore les vestiges de tous les gesies et des moindres frissons 
passés, les feuilles mortes et les idées qui furent, les mœurs et 
les labeurs, les peines et les espoirs, les rêves et les rumina- 
tions. 

Chaque pulpe d'un fruit, chaque goutte de sueur tombée du 
front d'un laboureur, chaque coup de reins d'un bœuf enfon- 
çant un soc de charrue, chaque coup de la hache en silex qui 
défricha la forêt préhistorique pour conquérir un sol arable, 
toutes les minutes de tout ce qui a été jadis demeurent ici pré- 
sentes ettoujours efficaces, pou l’interminable héritage de leurs 
résultats totalisés ! 


Peut-être y a-t-il dans cette salle une poétesse dont la sensi- 
bilité s’attristera d'entendre un poète qui ravale l’idée de patrie 
au point de la raltacher à des questions de zoologie, d’ethno- 
graphie, de botanique, et même de lui chercher des explica- 
tions qui relèvent de la chimie organique. 

Madame, tout cela n’est peut-être pas d’une philosophie aussi 
matérialiste que vous seriez tentée de le croire. Le vieil anta- 
gonisme de la science et de l’idéalisme me semble beaucoup 
plus apparent que réel; j'inclinerais même à penser — et c'est 


peut-être un paradoxe, mais c’est peut-être aussi une vérité de 


l'avenir — que l’idéalisme humain est tout bonnement une 
divination de ce que la science ne reves pas encore et qu'elle 
enseignera tantôt. 

Quand on regarde bien au fond, on s'aperçoit que ces pré- 
tendus ennemis disent à peu près les mêmes choses, et qu’en 
tout cas ils tendent aux mêmes fins, alors qu'ils s’imaginent 
tendre à des fins contraires. Mais ceux-là procèdent du senti- 
ment et ceux-ci de la logique ; les uns éprouvent, les autres 
calculent ; les uns s'expriment par des images et les autres par 
des formules. Notez surtout qu'ils ne partirent pas ensemble, 
et qu’il s’en faut, puisque les religions eurent à répondre aux 


264 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


premiers besoins de l'humanité et que les sciences se mirent à 
l'œuvre 20.000 ans plus tard. Comment se rejoindre ? 

Spirilualistes et matérialistes me font un peu l'effet des gens 
qui ont entonné une fugue, sans préparation; ils ont beau 
chanter le même air, ils n'arrivent pas à s’en apercevoir, parce 
qu'ils ne chantent pas en même temps. Le groupe de gauche, à 
pleins poumons, crie : « Frère Jacques, Frère Jacques ! » tan- 
dis que le groupe de droite en est à psalmodier : « Sonne les 
matines, sonne les matines! » Et la gauche proteste : « Frère 
Jacques, Frère Jacques ! » si bien qu'il lui arrive de se mettre 
en colère et de se prendre pour Jacques Bonhomme. 

Pour remettre tout le monde d'accord, il suffirait peut-être 
de chanter en mesure et de nc pas crier; les choristes alors 
découvriraient qu'ils chantent le même air, parce qu’ils sont de 
la même race, et qu’un même idéal s'impose à cette race 
dont il est le produit normal et nécessaire, infrangible et inéluc- 
table, commun à tous : un commun idéal fait de justice et de 
clarté. 

En d’autres termes, pour que le vieux malentendu cessât, ne 
suffirait-il pas d'apprendre l'harmonie ? 

C'est peut-être ce que voulait dire la Sagesse des Nations, 
cette lointaine aïeule de la Société des Nations, lorsqu'elle 
affirmait que « la musique adoucit les mœurs ». C’est peut-être 
aussi ce que Musset voulait exprimer à son tour, le soir où il 
déclara, en deux vers inintelligibles mais célèbres, que l’'Har- 
monie est fille de la Douleur, qu'elle est la langue de l'Amour, 
et qu’elle nous vint d'Italie. Ces paroles sibyllines re signi- 


fient peut-être rien du tout; mais si on veut absolument leur 


découvrir un sens, et en dégager une prophétie, on pourra les 
traduire ainsi : toute la douleur des hommes vient de leur dis- 
cordance, mais cette douleur même leur dénoncera le besoin 
de vivre en harmonie; l'harmonie conduira vers l'amour, et 
l'honneur de cette compréhension tardive reviendra aux races 
latines. j 

En France, nous appellerons cela : « l'Union sacrée ». Ainsi 
soit-il ! 


Le gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Casselte. 


» Papilio King. 
_Hookeri Miq. 

Campbellii ook t. 
Osmastoni Gamble. 

mone vitifolia Buch-Ham. 
—  rivularis Buch-Ham. 
‘temisia pauciflora Spreng. 
ragalus stipulatus D. Don. 


meria macrophylla D. Don. 


siope selaginoides Hook. f 
homs. 

s involucratus Wall. 

aria nepalensis Wall. 
lorylus feroxz Wall. 

Cotoneaster frigida Wall. 
Drossum micranthum Desf. 
— denticulatum À. D. CG. 


- et Thoms. 


Hianthus himalaicus Hook. f. 
et Thoms. 
IUnina arborescens Roxb. 


us Hookerii Miq. 
azinus floribunda Wall. 


J ippophae salicifolia Don. 
lwingia himalaica Hook. f, et 
- Thoms. 

Hymenopogon parasiticus Wall. 
Hypericum patulum Thunb. 


ninum humile L. 
Juniperus pseudo-Sabina Fisch. et 
le. - 
m nepalense Don, D. 
belia pyramidalis Wall. 
culia gratissima Sweet. 


mdragora cærulescens CG. B. 
larke. : 

conopsis simplicifolia G. Don. 
paniculata. 

una macrocarpa Wall. 


Meillia thyrsiflora Don. 
Wyssa sessiliflora Hook. f. - 


Pedicularis Sculhjana Prain. 

— trichoglossa Hook. f. 
morhiza Kurroa Royle. 
dophyllum Emodi Waï. 
ygonum vaccinifolium Wall. 
tentilla Griffithii Hook f. 

— leuconota D. Don. 
erium diandrum Hook. f. 


OFFRES 


y, par Aixe (Haute-Vienne). 


utes références. — M. 
is, Joinville-le-Pont (Seine). 


de Cheverny (Loir-et-Cher). 


Decitre thalictrifolia Hook. f. 


0. Agapornis migrigenis de 1918, 


ge pour d'autres Oiseaux. — M. 


Officier démobilisé, membre de la Société, re- 
érche situation dans l’agriculture ou l'élevage. 
L Rousseau, 64, rue ‘de 


Jeune Renard apprivoisé. — M. Riffault, chä- 


EN DISTRIBUTION 


Primula Elwesiana King. 
— Kingii Watt. 
— reticulata Wall. 
— silkimensis Hook. 
—. Stuartii Wall. * 
— Wattii King. 
Prunus Puddum Roxb. 
Pyrus foliolosa Wall. 


Rosa sericea Lindl. 
Richelia lanuginosa. 
Rubus paniculatus Sm. 
Ruellia cordifolia Wall. 
Rheum nobileH ook. f. et Thoms. 
Rhododendron arboreum Sm. 
— arboreum, var. Camp- 
belli. 
Rhododendron barbatum Wall. 
— campanulatum Don. 
— cañparilatum, Don.var. 
Wallichir. 
— campylocarpum Hook.f. 
—  cianabarimum Hook. f. 
—  Daihousiæ Hook.f. 
—  Falconeri Hook. f. 
.—  fulgens Hook. f. 
— grande Wicht. 
—  Hodgsoni Hook. f. 
— lanatum Hook. f. 
— lepidotum Wall. 
— Maddeni Hook f. 
— Wightii Hook. f. 
Blhus semialata Murray. 


Saussurea Laneana. 
— eriostemon Wall. 
— Sughoæ G. B. Clarke. 
Savifraga purpurascens Hook. f. 
et Thoms. 
Sedum asiaticum Spreng. 
—  elongatum Wall. 
—  Ewersi Ledeb. 
—  himalense D. Don. 
Senecio diversifolius Wall. 
—  Liqularia Hook. f: 
—  Mortoni C. B. Clarke. 


—  pachycarpusG.P.Clarke. 


—  pauciflorus. 

Swertia dilatata GC. B. Clarke. 
— Hookeri C. B. Clarke. 
—  Kingit Hook. f. 

— multicaulis D. Don. 

Thalictrum Chelidonii Hook. ft. 

et Thoms. 

Thalictrum cultratum Wall. 

Toddulia aculeata Pers. 


Vaccinium serratum Wight. 


Graines offertes par M. MAR- 
NIER-LAPOSTOLLE : 


Alsophilu australis. 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Sociét 


accepte 
Decoux, 


Archontophænix  Cunringha- 
miand, 

Dracæna indivisa atropur PU eu, 

Prinrula malacoides. 


Graines offertes par M. PROS- 
CHOWSKY : 


Butlia capilala var. pulposa Bec- 
cari. (Cocos pulposa Barbosa.) 

Livistona australis. 

Pitlosporum floribundum Wight 
et Arn. 

Sabal Adansoni type. 

Sabal Adansoni, Hit variété, se 
reproduit par semis. 


Graines offertes par M. MOREL : 


Agathea amelloides D C. 
Antennaria plantaginea R\ Br. 
Chamaæcyparis nutkaensis Spach, 
— obtusa Sieh. et Zucc. 
Cryptomeria japonica Don. 
Cupressus arisonica Green. 

— Lawsoniana : 

— — var. Allumi. 
argenteu. 
aurea-glauca. 
— elegantissima 

sulfurea: 
filifera glauca. 
patula. 
pulcherrima. 
Triomphe de 

Boskop. 

—  versicolor. 

— sempervirens, Nar. horizon- 

talis. 

Cytisus Laburnum L. 

Cytisus proliferus, var. albus. 

Exochorda Alberti Regel. 

Impatiens Suliani Hook. 

Juniperus excelsa Bieb. 

— japonica, Var. awreu. 

—  oxycedrus. 

—  rigida. 

—  virginiana,var.albo-picta. 
var. Chamberlaini. 
Puarrotia persica C. À. Mey. 
Polemonium cæruleum L. 
Rhodotypos kerrioides Sieb. 
Sequoia gigantea Torr. 

Spiræa astibboides. 
Taxus adpressa Gord. 

— baccata, var. hibernica aure, 
— Dovastoni. 
Thuya occidentalis. 

—  orientalis, var. filiformis. 
Thuyopsis dolabrata Sieb. et Zuce 


Graines offertes par M. BOIS: 
Ansérine amarante. 


S'adresser au Secrélariat. 


té 


DEMANDES 


Thermosiphon occasion en bon état, 
sans ses tuyaux, pouvant chauffer environ 60 mètres 


avec ou 


cubes. — M. Decoux, Géry,par Aixe (Haute-Vienne). 


Poules sauvages : 
G: Lafayetti et Pénélopes. — M. KR. H. Roue 
H. Z. N. Meppel (Hollande). ; 


Grues cendrées et de Numidie, É d’asré- 


Gallus Sonerati; G. furcatus ; 


ment, Oiseaux de pare, Echassiers. — M. Dulignier, 


naparte, Paris. 


Saint-Gérand-le-Puy (Allier). 
Lapins à fourrure. — M. C. Loyer, 28, rue Bo- 


ONE UE A ie à à Clé, PR TR PRIE” 7% 


SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLINATATION | 


RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE 


Le but de la Société Nationale d’Acclimatation de France est de concourir À 

e à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races 
nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation 
de végétaux utiles où d'ornement. | 

Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Étrangers et les Dames 
peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Établis: 
sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, 
Sociétés commerciales, etc.). ] 

La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, nernby 6 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. É 

Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et uné 
cotisation annuelle de 25 francs. 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s ‘affran- 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. j 

Le membre Donateur est celui qui verse une somme d’au moins 500 francs. 

Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 4.000 francs 
son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. L 

Des formules d'adhésion sont adressées sur demande. 4 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo= 
riques que pratiques, ont.aidé à la vulgarisation des idées de la Société. } 

En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeune ; 
amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois 
des séances générales et des séances de Sections: 1° Mammalogie; 2° Ornithologie et, 
sa sous-section, Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4° Entomologie; 5° POCHE 
et 6° Colonisation. 

Tous les membres peuvent assister à ces séances ; ie ordres du jour des séances 
générales sont adressés sur demande. à 

La Société encourage d’une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels us 
maux à ses membres. 

Le Bulletin mensuel forme, chaque année, un volume d’environ 800 pages 
illustrées de gravures. Il traite des questions concernant l'élevage des animaux, là 
culture des plantes et particulièrement des faits d’acclimatation survenus en France 
et à l'Étranger. Il donne des renseignements les plus variés sur les animaux et les 
plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. È 

On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l'histoire naturelle 
installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction, etc., etc 

Ce Bulletin est adressé, gratuitement, à tous les membres de la Société. - 


* 
æ * 
ÿ 


La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin- 
téressé; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commerce; 
adhérer à ses statuts, l'aider dans ses efforts, c'est contribuer au bien-être général 
et à la prospérité du pays. 


Le Gérant : À. MarxTAKUx, 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


* BULLETIN 


Sci Natinrale d'Acelimaation 


(REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES) 


«h 
6% ANNÉE . 


N° 9. — SEPTEMBRE 1919 


SOMMAIRE 

: J. CREPIN. D La Chèvre dans les régions dévastées, . . . .... 265 
Ps LG NL ATEN ROSE PAR ER CR Re PERD 268 
D: Bors. — Expériences de culture le diverses variétés de Pommes de terre reçues des 

na à da nov tien cie 273 
RE UE boisson économique. 2... mi ivre 280 Z 

Extraits des procès-verbaux des séances de la Société : 

ETS AE" BR 4 Li ND 5. 284 
AO MT RES Se TP NE ose 289 


Un numéro, 3 francs ; — Pour les Membres de la Société, 2 fr. 50. 


A — 


AU SIÈGE SOCIAL 


DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE 


198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS [VIT®). 


En RL A DO Ce US om 
Pendant la durée de la guerre, le Bulletin paraît une fois par mois. 


_. RU s 


A 


ES DORE EE pur à 26 tr 


REP E 


f 
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% 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1919 


Président, M. Edmond Pgarir, Membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 4 
MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidherbe, 1 
Vice-Présidents. Saint-Mandé (Seine). 4 
Dr CHAuveAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint- Germain, Paris. 
Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 


. MM.J. Crepin, 55, rue de Verneuil, Paris (Séances). 
Secrétaires. cu: DeRREUIL, 29, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). 
. DELACOUR, 28, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 


Trésorier, M. le D' SE 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire : N. 


Membres du Conseil 


MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 

le D' ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux;, 
Paris. 

le D° P. MARCHAL, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 45, rue 
de Verrières, à Antony (Seine). “ 

le D' LePrince, 62, rue de la Tour, Paris. 

MAILLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 

le Dr E. TrouEssART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Guvier, Paris. 

LecouTEe, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, Paris. 

P. CARtÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 

L. ROULE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 

G. FouoERr (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. à 

P. KEsINER, Président de la Société ‘de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 

R. Le Forr, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1919 


Janvier | Février Mars Avril Mai | Novembre te 


SÉANCES DU Conseil, le mercredi à 4 h. 8 12 12 16 14 re 10 | 
Séances générales, le lundi à 3h. .. _ É D Se . 1e FL 
Sous-SEcrTiOn d'Ornilhologie (Ligue pour 

la Protection des oiseaux) le lundi 

RIT RER RÉ LU CS Do 2 D] AA 24 2% LA 12 2% 22 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les 
Rnb de qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 
ciété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 
fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur. la couverture du Bulletin cesse d'être 
applicable; il sera fait désor mais un prix spécial pour chaque tirage à part. 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 


LA CHÈVRE DANS LES RÉGIONS DÉVASTÉES 
COMMUNICATION FAITE AU CONGRES DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE 
(Juin 1919) 


Par J. CREPIN, 


délégué de la Société d'Acclimatation. 


Au nom de la Société nationale d’Acclimatation de France, 
nous avons l'honneur de faire à la 2° section du Congrès une 
communication dont l’objet n'apparaîtra d'ordre secondaire 
que tant que l’opinion publique n’aura pas été mise à même 
d’en saisir la très grande portée. 

Les faits que nous venons signaler à l'attention du Congrès 
ont été soigneusement étudiés et vérifiés et apportent une pré- 
cieuse contribution à la documentation de la question caprine 
qui emprunte aux circonstances un regain d'intérêt. 

_ Gardez-vous, Messieurs, de dire que la causeest entendue et 
jugée, car nous serions obligés de vous répliquer qu'il est 
absolument extraordinaire, pour ne pas dire monstrueux, que 
nos scientifiques de l’agriculture aient pu passer condamnation 

à la légère sur une question constamment controversée et qui 
ne vise à rien moins qu à établir si, oui ou non, la Uhèvre peut 
rendre à la santé publique et à l'économie nationale lesimmenses 
services dont certains la croient capable. 

Remarquez que vous avez parlé iei de toutes les espèces ani- 
males contribuant à la richesse de notre domaine agricole, et, 
dans l’énumération des précieux auxiliaires de la ferme dont 
vous proposez l’anélioration ei le développement dans un but 
-de bien-être publie, vous écartez systématiquement la Chèvre, 
même la Chèvre nourrice, ce puissant moyen de lutte contre la 
tuberculose et la mortalité infantile. 

Cette dernière allégation peut rencontrer parmi vous des 
sceptiques, surtout qu'il a été fait, il y a peu de temps, à la tri- 
bune de l'Académie de l'Agriculture, une communication qui y 
contredit. Malgré l'autorité qui s'altache à cette déclaration, 
nous la dénonçons comme caduque parce que les faits sur les- 
quels elle s- basaït se sont effondrés aussitôt. 

On y disait que « là légende de la résistance de la Chèvre à 
Vinfection tuberculeuse avait vécu, qu'il n'en restait plus rien», 


BULL. SOC. NAT. ACCL. FR, 1919. — 16 


966 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


et cela malgré l'acte de foi qu'y avait ajouté l'Académie de 
Médecine dans sa séance du 8 avril 1902. 

Faut-il rappeler la déclaration faite à l’unanimité des suf- 
frages par cette docte assemblée et traduite par M. Railliet dans. 
les termes suivants : « La facilité avec laquelle on entretient la 
Chèvre, même dans les villes, la possibilité qu'elle offre de pro- 
duire en toute saison du lait de lactation récente, la résistance 
bien connue qu'elle présente à l'infection tuberculeuse, toutes 
ces conditions rendraient infiniment avantageuse l'installation 
dans les grandes villes, et à Paris en particulier, de nombreuses 
petites chèvreries propres à fournir, en tout temps et à tous, 
un lait frais et pur, d’une richesse appropriée aux besoins. » 

Cette prétendue légende vérifiée de la sorte et revue aux 
clartés projetées par les recherches de la Société nationale 
d'Acclimatation est bien, sans aucun doute aujourd'hui, de 
l’histoire que tout le monde doit connaître et relire attentive- 
ment pour en faire son profit. 

Oui, il importe grandement de mettre en plein jour la vérité 
sur la Chèvre et nous vous adjurons de nous aider dans cette 
tâche après vous être convaincus vous-mêmes de la réalité des 
faits que nous avançons. ù 

Tout le monde, à votre insligation, voudra savoir ce que 
cette espèce animale, qui a été lraitée jusqu'alors au rebours 
de son instinct et de ses besoins. est capable de donner lors- 
qu'elle est placée dans des conditions de vie favorables au déve- 
loppement de ses faculiés. 

Vous tous, agriculteurs ou petits fermiers, vous reprochez à 
la Chèvre de mal utiliser l’espace de prairie dévolu à son entre- 
tien, de gâcher le bon fourrage que vous lui distribuez. Selon 

vous, elle ne s'applique qu'à détruire, à saccager vergers et 
plantations. Vous vous joignez aux forestiers pour la vouer à 
la vindicte publique et exiger sa radiation de la liste des ani- 
maux de la ferme. Que ne songez-vous plutôt à vous mettre en 
garde contre ses défauts pour mettre à profit ses merveilleuses 
facultés ! Le problème a été résolu et la solution est à la portée 
de qui voudra la connaitre. 

En résumé, nous nous croyons autorisés à vous dire, avec 
pièces justificatives en mains, que le procès de la Chèvre est à 
reviser. 

En conséquence, nous nous mettons à votre disposition pour 
indiquer comment il faut élever cette bête laitière pour en faire 


À 
4 


LA CHÈVRE DANS LES RÉGIONS DÉVASTÉES 267 


une bonne mangeuse, qualité indispensable pour la rendre 
apte au grand rendement. 

Nous signalerons en même temps le moyen qui existe de 
libérer son lait de toute saveur trahissant l’origine, sa peau et 
ses produits de toute odeur spécifique : ce moyen réside dans 
le choix de la race et surtout dans l’absolue propreté avec 
laquelle l'animal et son produit sont trailés. 

Pour enlever tout prétexte à reprocher à la Chèvre son goût 
pour la déprédation et la mettre à l’abri de l'atteinte des para- 
sites entozoaires qui la recherchent et qui lui sont immanqua- 
biement funestes lorsqu'elle vit aux champs, en pays de plaine 
et de bonne culture, nous conseillons avec insistance la stabu- 
lation à laquelle elle s'adapte admirablement, sans le moindre 
dommage pour sa santé ou sa faculté de production. 

C'est à ce régime qu'elle arrive à la plus grande longévité et 
qu'elle se montre apte à l’engraissement pour servir en bou- 
cherie. 

De toutes les industries agricoles aucune ne donne de résul- 
tals aussi fructueux qu'une exploitation de Chèvres nourries à 
l’étable pour la grande production laitière. 

Il en est de même pour la Chèvre lanigère entretenue sur les 
hauts plateaux incultes et désertiques ; elle y trouvera sa vie, 
coûtera peu et donnera une riche toison de mohair avec une 
excellente chair à livrer à la consommation publique. 

Enfin notons que nous possédons en France une race autoch- 
tone, la Chèvre indigène des hauts sommets alpestres, abso- 
lument pure et de forme remarquable. 

C’est de toutes les races caprines que nous connaissons celle 
qui a l'allure d’un bétail de rapport : la plus grande taille, la 
lactation la plus prolongée et un rendement en lait dépassant 
de beaucoup la faculté des meilleures races laitières d’autres 
espèces. 

Si elle ne porte pas de toison précieuse, son cuir est remar- 
quable par sa souplesse et sa solidité, et fait la renommée de 
notre industrie du gant de peau et du cuir-chevreau. La viande 
de cette Chèvre peut être appréciée à l’égal de celle du Mouton. 

Il n’échappera pas au Congrès que si ia nouvelle branche 
d'industrie que nous préconisons peut réellement offrir les 
ressources que nous signalons, il importe de chercher à en 
faire profiter tout d’abord nos régions dévastées par la guerre. 

Aucun animal domestique n'est capable d'utiliser comme la 


268 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Chèvre et de traduire en une source de produits la maigre 
provende que peuvent offrir les parages incultes et stérilisés de 
la zone des combats. 

 Meltons-y nos Chèvres des Alpes pour la production laitière 
et importons en même temps d’Asie-Mineure des troupeaux 
caprins d'Angora pour créer sur place, dans nos régions du 
Nord, la matière première de la précieuse étoffe mohair, très 
connue déjà des fabricants de tissus de laine des dites régions. 

La Société nationale d’acclimatation de France se tient à la 
disposition du Congrès pour fournir la documentation et les 
concours compétents nécessaires pour la mise en pratique de 
toutes ces idées. 


L'AMARANTE 
ESTRELDA SENEGALA (minima). 


Par RENÉ BACON. 


L'Amarante est trop connu des amateurs d'Oiseaux pour en 
donner ici la description ; cependant, son élevage mérite d’être 
signalé, car il est certainement négligé ou méconnu par un 
srand nombre d'éleveurs. 

Ce charmant petit Astrild, par son plumage, sa grâce, peut 
figurer dans toutes les volières ; son caractère sociable permet 
de l'élever en compagnie d'Oiseaux rares, sans crainte qu’il en 
trouble la reproduction. Il est vrai que c’est un Oiseau commun, 
que l'on trouve toute l'année, chez tous les marchands d’Oi- 
seaux ; son prix, peu élevé, indique la facilité avec laquelle on 
peut se le procurer ; mais ce n'est pas précisément le fait de 
posséder tel ou tel Oiseau qui a de l'intérêt pour l’éleveur, c’est 
de voir cet Oiseau se reproduire en captivité. 

L'Amarante, comme tous les autres Astrilds, a besoin de 
certains soins, principalement à son arrivée, il est frileux, 
craint l'humidité, mais, si l'on peut se le procurer au prin- 
temps, son acclimatation en est beaucoup simplifiée. 

Rien de particulier à signaler pour sa nourriture; il s’accom- 
mode très bien de celle des autres Oiseaux, c’est-à-dire qu'il 
mange le millet et l'alpiste ainsi que les pâtées, accepte avec 
plaisir quelques petits Vers de farine et toutes sortes de ver- 
dure. Il est souvent à terre, à la recherche de graines gonflées 


L'AMARANTE 269 


et attendries par l'humidité, fait plusieurs petits vols de 
branche en branche, puis retourne à terre, afin d'y découvrir 
quelques Insectes. Le mâle et la femelle ne s’abandonnent 
guère, ils pourraient servir d'exemple à tous les autres couples 
de la volière et au moment de construire leur nid ils s’entr'aident 
mutuellement. ÿ 
Contrairement à certains Oiseaux qui parcourent la volière 
en tous Sens, avec une brindille au bec, avant de se poser, 
lAmarante travaille‘ avec plus de mystère ; c’est presque par 
surprise que vous le voyez à l’œuvre et il arrive très souvent 
que le nid est terminé sans que vous vous en soyez aperçu. La 
construction de celai-eiest des plus variées bien qu'il yait dans 
la volière toutes sortes de matériaux à la disposition de ces 
Oiseaux, mais les uns font l'enveloppe extérieure de feuilles 
sèches, posées sans art ou plutôt sans affecter la forme d'un 


nid ; on croirait voir tout simplement une poignée de feuilles 


entassées ; les autres n’emploient que la mousse et le foin, mais 
tous apportent un soin particulier pour en tapisser l’intérieur 
qui est toujours parfaitement tissé de menus brins d'herbe 
sèche et matelassé très douillettement de crin et de plumes de 
toutes couleurs. La disposition des nids diffère également 
selon le caprice des Oiseaux, cependant, ils sont plus réguliè- 
rement placés dans le bas de la volière, soit à O0 m. 50 ou 
1 mètre du sol; ce sont les hauteurs moyennes observées si les 
Oiseaux construisent eux-mêmes ; ils nichent également dans 
de petites boîtes ou nids de jonc ou d’osier préparés d'avance et 
placés en divers endroits jusqu’à 2 mètres de hauteur, mais 
c'estipresque une exception. 

L'ouverture du nid est toujours très soignée, de forme 
ronde, très petite ainsi que l’intérieur du nid, si bien qu'à 


chaque couvée, après un séjour prolongé sur les œufs, la queue 


de l'Oiseau qui a couvé est retournée, prenant ainsi la forme 
circulaire du nid ; je puis même ajouter que maintes fois c’est 
le seul indice qui m’a fait supposer qu'il avait fait un nid. 
L’Amarante est un Oiseau très confiant ; vous pouvez vous 
approcher de lui lorsqu'il est au nid sans crainte de le voir en 
sortir affolé; au contraire, s’il vous voit, il suit des yeux chaque 
mouvement que vous faites et semble rassuré. Lorsque vous 
entrez dans la volière, ne soyez pas surpris de voir accourir le 
mâle el la femelle ; ils sont tellement familiers qu'il n’est pas 
rare, si Vous vous occupez à quelque ouvrage d'agencement 


270 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


ou de nettoyage, de voir passer et repasser entre vos jambes 
votre petit couple de curieux ; que de fois, après un lemps 
d'arrêt devant un arbuste, par exemple, les ai-je vu apparaître 
à mes pieds, sautillant, picorant, sans paraître incommodés de 
ma présence ; il m'arrive souvent que, pour les taquiner, je les 
menace du pied et, en agissant tout doucement, j'arrive presque 
à les toucher, les obligeant à se retirer graduellement, car j'ai 
toujours crainte de les écraser. Ils me suivent un peu partout 
dans la volière, sachant bien que je n’en sortirai pas sans leur 
distribuer une petite friandise. 
La ponte varie de 3 à 5 œufs, plus souvent 4, ils sont d’un 
blanc rosé; le mâle et la femeile couvent alternativement, 
comme tous les Astrilds d’ailleurs, et même parfois tous les 
deux ensemble. Les jeunes sont couverts d’un léger duvet 
noir ; ils ont, pendant les premiers jours, à la naissance du 
bec, deux petites bulles, bleu pâle, et lorsqu'ils ouvrent le bec, 
vous croiriez voir une fleur de myosotis, ces bulles n'existent 
plus à la sortie du nid. Les jeunes conservent la livrée de la 
femelle pendant assez longtemps et ce n'est que par petites 
plaques que le rouge apparaît indiquant le sexe ; la mue est 
‘assez longue et j'ai même observé que l'Amarante s’accouplait 
parfois avant qu’elle ne soit complète. 
À ce sujet, j'ai eu l’occasion d’envoyer une note à La Revue 
Française d'Ornithologie (novembre 1913, page 183). Voici ce 


que je disais en réponse à une question posée par M. Ménegaux, 


directeur de la dite Revue. 

« Ayant parmi mes Astrilds africains une femelle d'Ama- 
rante de l’an dernier, je me suis procuré cette année (11 mai 
1913) un jeune mâle n'ayant qu'une toute petite plaque rouge 
au front marquant le sexe; aussitôt que ces Oiseaux furent 
ensemble ils construisirent un nid, et le 26 mai il y avait quatre 
œufs qu'ils ont couvés très assidument jusqu’au 20 juin, c’est- 
à-dire jusqu'au jour ou j'ai enlevé les œufs, car ils étaient 
clairs. Quelques jours après, dans le même nid, ils se sont remis 
à nicher ; l’éclosion a eu lieu le 5 juillet; sur quatre œufs, il y a 
eu trois petits. Le mâle reproducteur, non en couleur, n’avait de 
rouge que le front et quelques plaques au cou. 

« En ce moment, 24 août, la prise de couleur est un peu plus 
avancée, le dos se teinte de rouge ainsi que la gorge et la poi- 
trine, mais les ailes et le ventre restent gris-brun. Ce couple 
fait une nouvelle nichée, toujours dans le même nid tapissé de 


L'AMARANTE DTA 


nouveau, intérieurement, de menu foin et de plumes; ces 
Oiseaux étant toujours très vigoureux, je ne doute pas que les 
œufs soient fécondés. Je dois ajouter qu'ils sont seuls de leur 
espèce dans cette volière ; un autre couple d’Amarantes, en 


pleine couleur, a niché cet hiver en plein air, malgré le 


froid et la neige ; les petits sont nés, mais la couvée n’a pas 
réussi. 

« Ainsi que le dit le D’ Parrot, le port de la livrée d’adulte 
«n'est donc pas une raison sine qua non de la possession 
« du pouvoir fécondateur », ce qui est d’ailleurs confirmé par le 
D' Bureau, qui dit : « Quant aux mâles qui fécondent leurs 
« femelles, après une première mue partielle, ils constituent 
« l'immense majorité des Oiseaux. » 

Depuis longtemps je ne change rien au régime de mes 
Oiseaux lorsqu'ils élèvent leurs jeunes ; ils ont toujours, en 
plus que la variété des grains habituels, une petite ration de 
pâtée de ma composition ou celle de Duquesne ; tous s'en trou- 
vent bien et élèvent leurs jeunes, avec plus ou moins de succès 
il est vrai, mais sans distribution d'Insectes, sauf quelques 
Vers de farine. 

Au début, et ceci remonte déjà à plusieurs années (fin mars 
1892, d'après mon carnet d'élevage), j'avais dans ma volière, 
parmi quelques Diamants australiens, toute une collection de 
petits Sénégaliens ; un matin, tout en rendant visite à mes petits 
pensionnaires, je nettoyais le sol, lorsqu'un mâle d’Amarante, 
effarouché par le froissement des branches d'un petit arbuste 
où il se trouvait, s’envola lentement et me sembla plutôt 
s'abattre à terre; comme il faisait encore très froid, j'ai pensé 
qu’il était engourdi et j'ai voulu le ramasser; mais aussitôt il 
reprit son vol, jetant plusieurs petits cris auxquels se mêlèrent 
aussitôt ceux de la femelle ; ne comprenant rien à ce tumulte 
inaccoutumé, j'eus l’idée de visiter l'endroit d'où il s'était 
envolé et j'ai failli commettre une erreur des plus graves; ce que 
Je prenais pour un amas de feuilles sèches était un nid placé 
près du tronc de l’arbuste à la naissance des branches et qui 
paraissait presque informe au premier coup d'œil; ce n’est 
qu'après un examen plus attentif que je me suis rendu compte 
que le nid était parfaitement bien fait et qu'il y avait des œufs. 
Très surpris, n'ayant rien remarqué qui puisse me le faire 
soupconner, j ignorais s’il y avait longtemps que l’incubation 
était commencée, mais comment le savoir? A peine si je voyais 


272 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


les œufs. Je pris la décision, et c’est ce que je fais toujours 
depuis pour satisfaire ma curiosité, de prendre une cuiller à 
café, de l’introduire par l'ouverture du nid et d'en retirer les 
œufs ; à ma grande satisfaction, ils étaient fécondés et l'incu- 
bation en était même avancée. Mais là se posait la question de 
la nourriture à donner, je n'avais que du millet et j'ignorais les 
« pâtées ». Comment faire ? Mon parti fut vite pris. Le nid 
étant placé dans la partie de la volière à air libre, je fis passer 
tous les autres Oiseaux dans Ja partie vitrée, ne laissant que le 
couple d'Amarantes avec ses jeunes, puis, au risque de tout 
compromettre, je lächais mes Oiseaux en pleine liberté. Ce 
que j’espérais arriva, ils se mirent aussitôt à inspecter tous les 
arbres du jardin et semblaient heureux de ma décision ; aussi, 
comme pour me remercier, mais plus sûrement par instinct 
naturel et par amour de leur progériture, ils revinrent au nid, 
apportant à la petite famille l’indispensable, c'est-à-dire une 
nourriture animalisée et substantielle qui faisait défaut ; les 
premiers jours se passèrent ainsi et très bien. 

‘ La volière était à quelques mètres seulement d’une véritable 
haie de Lierre couvrant et surplombant, en forme de voûte, un 
mur sur 12 à 15 mètres de longueur; c’est là que j'ai pu jouir, 
en plein soleil, de toute la beauté de ces minuscules petits 
Oiseaux; mais voyant qu'ils s’éloignaient de plus en plus de la 
volière j'eus crainte de ne plus les voir revenir ; je pris aussitôt 
une nouvelle résolution en nelaissant qu’un seul Oiseau dehors 
à la fois, chaque jour je faisais l'échange et tout alla très bien 
jusqu’à la sortie du nid. La nichée réussit admirablement et 
fut suivie d’une seconde. Aussitôt un couple de Cordons bleus 
fit son nid ainsi queplusieurs couples de Diamants, il ne fallait 
donc plus penser à ouvrir les portes de la volière ! 

Ce n’est qu'à partir de ce. moment que je fis des pâtées et, 
depuis, j'ai toujours élevé mes jeunes Amarantes ainsi que 
tous mes autres Oiseaux avec le régime mixte de grains et de 
pâtée. 

Je ne puis qu'engager à accorder une place au petit Sénéga- 
lien rouge dans toutes les volières, car la facilité avec laquelle 
il se reproduit égale sa gentillesse, et son plumage d’adulte 
rivalise avec ceux de:bon nombre d’Oiseaux rares. 


Cognac, mai 1919. 


it 
ke 
SR 


EXPÉRIENCES DE CULTURE 
- DE DIVERSES VARIÉTÉS DE POMMES DE TERRE 


REÇUES DES CANARIES 


Par D. BOIS. 


Au mois de mai 1918, j'ai remis au Muséum, pour en expé- 
rimenter la culture, cinq tubercules de chacune des variétés 
de Pommes de terre dont l'intérêt m'avait été signalé par le 
D' G.-V. Perez, et que nous avons reçues par l'aimable entre- 
mise du consul de France à Ténérife, M. Juan Claverie (1). 

La plantation a été effectuée le 10 mai, en solléger, mais qui 
avait été fumé à l'automne. Il n'a pas été donné de soins spé- 
ciaux, mâis seulement des binages, sarclages et buttage, comme 
en grande culture. 

, En raison de la date tardive de la plantation, la récolte a été 
effectuée le 4 novembre, c'est-à-dire le plus tard possible, 
pour permettre aux tubercules d'atteindre leur complet déve- 
loppement. 

Les résultats ont été les suivants : 


1° Papa palmera, 5 pieds. 


Récolte totale : 51 tubercules pesant ensemble 3 kil. 598, 
soit une production moyenne de 120 grammes par plante. 
Ils se répartissaient ainsi, comme grosseur : 


17 gros, dont le plus volumineux . . . pesait 295 grammes. 
19 moyens, dont le plus volumineux. . pesait 55 — 
45 petits, dont le plus volumineux. . . pesait 15 — 


Dans cette variété, les tubercules se développent à une très 
faible profondeur dans le sol; ils sont de formes très irrégu- 
lières : les petits et les moyens généralement globuleux; les 
plus gros, globuleux ou allongés; tous bossués, munis d'yeux 
nombreux et profonds; dans ‘certains cas, ils sont rameux, 
forment des groupes de deux ou trois tubérosités réunies entre 
elles à la base. 


(4) Je tiens à remercier M. J. Gérôme, jardinier en chef au Muséum. 
* pour’le soin savec lequel il a suivices expériences, 


144 274 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Ces tubercules ont la peau rose violacé, et la plupart pré- 
sentent, au moment de la récolte, autour de chaque œil, une 
macule étroite, de couleur blanc jaunâtre. Leur chair ‘est 
jaune. | 

Cuits à l’eau (en robe de chambre), ils restent consistants. 
Coupés en morceaux pour Ja friture, ils conservent la forme 
qui leur à été donnée. 'æ 


Papa palmera (demi-grandeur). 


A la dégustation, ils ont été reconnus de qualité moyenne, 
assez bonne. 


_ 2 Papa blanca, 5 pieds. 


Récolte totale : 55 tubercules, pesant ensemble 4 kil. 406, 
soit un poids moyen de 281 grammes par plante. 
Ces tubercules se répartissaient ainsi, comme grosseur : 


A0#eros;dontvle plus \eros PEN Ip Sat O RM 0 
16 moyens, dont le plus gros . . . . . . . pesait 0 kil. 030 
39%petits, dontéle plus eros CP RIDE Sata Een ON 


Cette variété a donné une récolte très inférieure à celle de la 


- CULTURE DE DIVERSES VARIÉTÉS DE POMMES DE TERRE 275 


variété Papa palmera. Les plus gros tubercules n’ont atteint 
que la moitié du poids de ceux que cette dernière a pro- 
duits. 

Le nombre des petits tubercules peu développés est beau- 
coup plus étevé, ce qui diminue encore le poids moyen par 
tubercule (25 gr. 45 au lieu de 69 gr. 17). 


Papa blanca (demi-grandeur). 


Ces tubercules sont plus réguliers de forme; le plus grand 
nombre sont globuleux; quelques-uns seulement allongés; les 
yeux sont moins nombreux, peu enfoncés. Ils sont de couleur 
| blanc jaunâtre uniforme. 

ô La chair est jaune pâle; la fécule fine. Cuite à l’eau ou en 
friture, la chair de ces tubercules reste ferme; à la dégustation, 
la qualité est jugée très bonne. 


976 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCIIMAMATION 


3° Papa negra, 2 pieds seulement, 3 tubereules n'ayant pas. 
poussé. 

Récolle totale : 11 tubercules pesant ensemble 700 grammes 
seulement, soit un poids moyen de 63 gr. 63 par tubercule et 
de 350 grammes par plante. 

Ces tubercules sont de forme irrégulière, comme ceux de la 
variété Papa palmera; ils sont aussi de couleur rose violacé, 
mais ne présentent pas de lache blanc jaunâtre autour des 
yeux. 

La chair est jaune. Aucun renseignement ne peut étre donné. 
sur la qualité de cette variété, la récolte entière devant être 
conservée pour être plantée l'année prochaine en vue d’une 
nouvelle expérience. | 

Les deux autres variétés : Papa meloncra et Papa de Baya, 
ont été recues trop tardivement (fin juin 1918) pour être plan- 
itées. Les tubercules, conservés au sec, sont en parfait état à 
l'heure actuelle et on peut espérer les garder ainsi jusqu’au 
printemps prochain. 


k 
x # 


Des tubercules de ces mêmes variétés ont été donnés pour 
essais à quelques-uns de nos collègues habitant la France et à 
un certain nombre d’autres qui ont dû en expérimenter la cul- 
ture en Algérie, en Tunisie, au Maroc. Il sera intéressant de 
connaître les résultats obtenus par chacun d'eux. 

La maison Vilmorin, qui possède une très importante collec- 
tion de variétés de la précieuse Solanée, pourra nous dire si 
celles que nous avons reçues des Canaries sont distinctes ou si. 
elles se rattachent à d’autres déjà connues. 

Notre excellent correspondant et ami, le D' Perez, nous 
disait dans les lettres qu'il nous à adressées au sujet de ces 
plantes : 

Les Canaries sont depuis longtemps le pays idéal pour la 
production des Pommes de lerre. Leur exportation est consi- 
dérable aux Antilles et, dans ces dernières années, en Europe, 
surtout en Angleterre. 

Pour satisfaire aux exigences du marché anglais, les variétés 
« anglaises » sont presque exclusivement cultivées, les tuber- 
cules de plantation « semences » étant importés chaque année 
d'Angleterre, vers octobre et novembre. Elles sont cultivées. 


CULTURE DE DIVERSES VARIÉTÉS DE POMMES DE TERRE 277 


-n hiver, jusqu'en mai; mais elles sont peu productives, ne 
donnant que 3 à 10 pour !, habituellement 5, tandis que les 
variétés locales ont un rendement beaucoup plus considérable. 

Ces dernières, probablement introduites directement d'Amé- 
rique à une époque reculée, sont plus recherchées des paysans 
des Canaries, non seulement pour leur grande productivité, 
mais aussi parce que la chair de leur tubereule, au lieu d'être 
farineuse comme dans les variétés « anglaises », est au con- 
traire consistante, ce qui permet de les consommer plus faci- 
lement non pelées, en les trempant, suivant l'habitude locale, 
dans une sauce composée d'huile, de vinaigre et de Piment de 
saveur très brûlante : 

Parmi ces variétés locales, le D' Perez citait : Papa colorada, 
Papa melonera, Papa borida, Papa peluca, Papa negra, Papa 
de Baya. D'autres sont reproduites au moyen de tubercules de 
plantation (de semence) récoltés l’année précédente par les 
cultivateurs dans leurs propres cultures. 

Elles sont cultivées sur les hauteurs, maïs on sait qu'aux 
‘Canaries les altitudes extrêmes où les cultures peuvent être 
établies ont un caractère subtropical, les plantes indigènes des 
plus grandes hauteurs : Pinus canariensis, Cytisus fragrans 
(qui croît jusqu’à 3.000 mètres), certains Æ£chium ne peuvent 
figurer que dans les jardins de la région de l'Oranger. 

Les races de Pommes de terre des Canaries sont donc adap- 
lées, sinon au climat tropical, du moins au climat subtropical. 

C’est à ce titre surtout qu'elles nous intéressent, car elles 
seraient précieuses si cette adaptation en permettait la culture 
dans celles de nos colonies où les variétés d'Europe ne réus- 
sissent pas ou ne donnent que de médiocres résultats (1). C’est 
ce que l’expérimentation seule pourra nous apprendre. 


LS 
sp": 


Dans l’essai que nous avons entrepris cette année au Muséum, 
la variété Papa palmera à donné un rendement assez élevé, 


(1) Dans une note intitulée : Simple question sur la Pomme de terre, 
Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation, 1916, p. 219, M. Charles 
Rivière établit que, même en Algérie, où la culture de la Pomme de 
terre est faite en vue de la production de tubercules de primeur pour 
l'exportation, les tubercules de plantation (de semence) doivent être 
importés de France chaque année, et que le rendement, assez faible, rend 
le chiffre des importations supérieur à celui des exportations. 


978 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


mais son lubercule, de forme très irrégulière, et sa qualité 
moyenne sont des défauts assez graves; elle ne serait vraiment 
intéressante que dans le cas où de nouveaux essais, en saison 
plus favorable, la montreraient très productive et si sa qualité 
se trouvait améliorée par la culture dans un sol mieux 
approprié. 

La variété blanca a donné des tubercules moins abondants, 
mais beaucoup plus réguliers et de bonne qualité. 


Les Pommes de terre des Canaries, remises à quelques-uns 
de nos collègues et cultivées par eux, ont donné les résultats 
suivants : 


Chez M. Debreuil, à Melun, les trois variélés Papa blanca, 
palmera et negra, ont été plantées le 8 mai 1918. Arrachées le 
15 octobre, elles ont donné, par touffe : 


CAPÉDIAN CA PERTE SEE QU EST LEE 1 kil. 800 
«RP palmera UMA MEME CEE NES NET SI DE 
LP. MOPTAN D De NE QUES EEE ES ANS 0 kil. 800 


Une autre plantation des mêmes variétés, faite le 3 juin et 
arrachée le 3 novembre, à donné un ondes: plutôt 
supérieur. $ 

Comme qualité, la P. palmera est nettement supérieure. 

Les tubercules ont été plantés dans une terre ordinaire, très 
‘su fumée, el n’ont été l’objet d'aucun soin particulier. 


Chez M. Mailles, à la Varenne (Seine), les résultats ont été 
médiocres. La sécheresse extrême de l'été dernier a nui consi- 
dérablement à la végétation et, par suite, à la production des 
diverses « Papas » mises à l'essai, la trop forte chaleur égale- 
ment. La journée du 16 juillet 1918, notamment, a eu des effets 
très fâcheux; la température, à l'ombre, a atteint, ce jour-là, 
+ 35°, avec soleil intense, et la nuit a présenté un minimum 
de + 20°, ce qui est rare dans la région. Ce jour-là, les tiges 
et les feuilles des « Papas » ont en grande partie séché. 


Chez M. le D’ Leprince, à Nivillers (Oise), les Pommes de 
terre des Canaries, plantées le 23 mai, ont été arrachées le 
25 octobre. Elles ont donné les résultats suivants : 


RPRVERE TEEET 


CULEURE DE DIVERSES VARIÉTÉS DE POMMES DE TERRE 279 
\ 


« Papa blanca » (deux pieds) : 


Sur { pied : 19 tubercules . . . . . Poids : À kil. 620 

Sur 2 pieds : 18 tubercules . . . . . Poids : 4 kil. 510 
« Papa palmera » (trois pieds : 

Sur fpied : 12 tubercules. . . . . . Poids : 0 kil. 625 

SSD ls tubercules EME MA POIA SE A0METIETA0 

cupied29%tubereules. 2,7%" Poids: 2}kil-0570 
« Papa negra » (quatre pieds) : 

SURMMDIeN MN IUberCUles- EN NOTE Poids : 0 kil. 365 

SunMbpied: 32) tubercules LE M Poids 0 KIINS20 

Sun dlipied :40Mtubercules LU Poids 0 kil 1160 

SÉRIE de lubDercules FARM TE Poids : 0 kil. 520 


Cette dernière variélé n'avait que de petits tubercules et 
quelques moyens. Les deux premières en avaient des gros, des 
moyens et des petits. 

Ces Pommes de terre ont été plantées sur une même ligne 
d’un même terrain et ont reçu les mêmes soins. 


D'autre part, M. Jean Vuillet, chef du service de l’Agricullure 
à Bamako-Koulouba (Haut-Sénégal-Niger), nous communique 
les observations suivantes : 

La Pomme de terre est cultivée chaque année au début de la 


saison sèche dans les jardins de la plupart des postes du Haut- 


Sénégal-Niger. Les différentes variétés importées par le com- 
merce, soit de la métropole, soit des Canaries, dont l'acheteur 
ne connaît généralement pas l'origine, sont plantées indiffé- 
remment. 

C'est surtout aux environs de Kati et de Bamako que cette 
culture s’est développée. Là, la production est entièrement 
entre les mains des cultivateurs indigènes, qui vendent leur 
récolte aux Européens, de Kati, Bamako et Koulouba, par 
charges de 25 à 30 kilogrammes, à un prix très variable suivant 
les saisons, normalement compris entre 0 fr. 25 et 0 fr. 65 le 
kilogramme. 

Les produits obtenus de tubercules d'introduction directe 
sont souvent très beaux, mais les générations créoles dégé- 
nèrent rapidement. Quoi qu'il en soit, certains des lots pré- 
sentés par nos Bambaras aux concours de fruits et de légumes, 
organisés par la Chambre de commerce de Bamako, en février 
et avril derniers, auraient pu figurer honorablement sur les 
étagères d’un concours agricole de canton français. 


980 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


Il est intéressant d'enregistrer que de nombreux noirs de 


Bamako (artisans, boutiquiers, écrivains, domestiques) con- 4 
somment déjà la Pomme de terre, concurremment avec la É 
Patate, l'Igname et le Manioc, à seule fin, semble-t-il, de varier k 


leurs menus. 


UNE BOISSON ÉCONOMIQUE | 


Par ANDRÉ PIÉDALLU, 


Phrmacien-major de 1re classe de l’armée, 
Chef de Laboratoire à l’Intendance. 


Le prix du vin, du cidre et de la bière, oblige nombre de 
familles à chercher des succédanées, eau pure étant, pour bien 
des gens, beaucoup trop fade. 

Il y a quelques années, notre Société publiait la formule 
d'une boisson hygiénique, la « frenetle », dont je crois utile’ 
d'entretenir aujourd’hui les lecteurs du Bulletin, en apportant 
quelques variantes que nous imposent la rareté du sucre et son 
prix de revient. 

La formule donnée dans le Bulletin de la Société était la sui- 
vante : ; 

Pour une demi-pièce de 115 litres, en moyenne, employer : 


100 grammes de feuilles de Frênes sèches, 

100 grammes d'acide tartrique, 

100 grammes de chicorée à café du commerce, 
15 grammes de levure fraiche, 

kilogrammes de sucre cristallisé. 


1 © 


Un: objection se présente immédiatement à l'esprit : il est 
très difficile de se procurer du sucre; c'est pourquoi l’expé- 
rience m'a fait quelque peu modifier la formule ci-dessus. Il 
est possible de remplacer le sucre par : 

1° De la glucose en sirop, dit sirop cristal ou de la glucose 
massée ; 

2° Des figues desséchées ; 

3° Des cossetltes menues de Sorgho sucré hâtif de Minnesota 
ou autres variétés sucrées, pendant la saison, septembre et 
octobre ; 

4° Des jus sucrés : jus de Sorgho sucré, jus de Betterave à 
sucre, sur la préparation desquels nous reviendrons; ‘2 

Du miel. 


UNE BO!SSON ÉCONOMIQUE 281 
NOUVEAU MODE DE PRÉPARATION DE LA « #renelle ». 


Pour une demi-pièce de 115 litres environ : 


Hemdleside-Rrènes sèches. . 100044 a00teramnies 
AGO RARE. EAU ME EU 10 — 
DRPORÉERANIGREAEN ESURL  n 250  — 
DENTS 6401 0) RARRERENERERSRn etes ESA EURE ESTe — 
. Sucre cristallisé roux ou glucose. . . . 71 kilogrammes. 


1° Faire une décoction des feuilles de Frêne dans une 
dizaine de litres d’eau. Faire bouillir le mélange et ensuite le 
laisser sur le coin du fourneau pendant 12 heures ou, tout au 
moins, 4 à 5 heures, afin de le maintenir chaud, verser le 
liquide en le passant à travers un linge, sur un entonnoir, une 
passoire ou un tamis; verser à nouveau une même quantité 
d’eau bouillante sur les feuilles, brasser le mélange, verser le 
liquide, presser le résidu et passer le jus un peu trouble en 
l'ajoutant au liquide déjà filtré; ie 

2° Faire bouillir la chicorée dans 4 à 5 litres d'eau. Laisser 
quelques heures, filtrer, faire bouillir à nouveau jusqu'à épui- 
sement, c'est-à-dire jusqu'à ce que le liquide passe à peine 
coloré. | 

A. — Faire dissoudre le sucre ou la glucose dans environ leur 
poids d'eau, la quantité d’eau de dissolution n’a aucune impor- 
tance pourvu qu'elle soit suffisante. [1 sera bon de faire bouillir 
et d'écumer. Il faudra laisser reposer la glucose avant de l’en- 
tonner, car cette matière industrielle laisse toujours un dépôt 
de carbonate et de sulfate de chaux. 

Le sirop de glucose dit süop cristal, est introduit directement. 

Un litre contient environ 1.100 grammes de glucose. 
_ B. — Les figues sèches contiennent 60 à 70 p. 100'de sucre, 
elles seront hachées, cuites et épuisées par plusieurs traite- 
ments; la cuisson dissout les matières sucrées, et stérilise La 
masse qu'il est préférable de presser et de filtrer. 

On pourra aussi mettre les figues cuites directement dans 
le fût. \ 

C. — Les cossettes de Sorgho sucré hâtif de Minnesota, qui 
contiennent environ 9 p. 100 de sucre, seront introduites direc- 
tement, ou mieux elles seront pressées, et Le jus obtenu qui 
titre en bonne saison, fin septembre-octobre, environ 45 p. 100 
de sucre, sera ajouté aux décoctions. 


989 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


D.— Ze jus de Sorgho sucré s'obtient aussi par épuisement 
des cosseltes dans l’eau chaude. Le liquide obtenu sera con- 
centré à chaud dans une marmite, jusqu’à consistance siru- 
peuse, après avoir élé neutralisé à la chaux et filtré. Il sera 
ensuite ajouté aux décoctions. 

Ce sirop concentré et cuit a un peu le goût de Châtaigne, on 
pourra le conserver en bouteilles ou en bidons, el s'en servir 
au moment du besoin. Si on l’emploie immédiatement, il sera 
inutile de le concentrer beaucoup, on aura alors moins d’eau à 
ajouter. 

Le jus de Belterave à sucre peut être avantageusement 
employé. Les Betteraves sont lavées puis coupées en cossettes 
et cuites dans l’eau de telle facon que l’eau les couvre complè- 
tement. Le jus est neutralisé à la chaux qui produit une défé- 
cation, fillré, puis concentré et ajouté aux décoclions. 

E. — Ze miel pourra aussi être utilisé mais il coûte si cher 
qu il est inemployable pour le moment. 

4° L'acide tartrique sera dissout à chaud pour aller plus vite 
et introduit dans le füt. Il est inutile d'ajouter plus d'acide 
tartrique que la formule ne l'indique, les boissons trop acides 
n'étant pas à recommander. 

5° La levure sera délayée dans un litre d’eau froide; il faut 
bien se garder de délayer la levure dans l’eau bouillante qui la 
tuerait. 


FERMENTATION. PRÉCAUTIONS À PRENDRE. CONSERVATION. 


Pour que la fermentation marche bien, il est nécessaire d in- 
troduire la levure dans un Jiquide ayant une température d’en- 
viron 20 à 25°. La levure se développe alors normalement et la 
fermentation est parfaite. 

En hiver, celte précaution est indispensable. Si on ne l'ob- 
serve pas, la boisson reste douce et n’est pas aussi agréable. 

En général, il vaut mieux laisser débuter la fermentation 
avant de remplir complètement le fût. On fait ce remplissage 
le lendemain ou le surlendemain et on maintient le fût plein 
pendant 8 à 10 jours. 

Quand la fermentation se calme un peu, on met en bouteilles, 
on bouche et au besoin, ce qui n’est pas indispensable, on 
ficelle au fil de fer, puis on conserve les bouteilles debout et au 
frais. 

Cette boisson est excellente, j'en ai fait usage pendant plu- 


UNE BOISSON ÉCONOMIQUE 283 


sieurs années. On lui prête des propriélés lhérapeuliques 
anti-arthritiques. 

Je puis répondre de ses parfaites qualités alimentaires et 
rafraichissantes. Elle est mème très légèrement laxalive et diu- 
rétique. 

Si on veut donner à cette boisson le gout de la bière, on 
ajoute aux feuilles de Frêne quelques cônes de Houblon, plus 
ou moins, suivant le goût. 


FEUILLES DE FRÊNE. — Les feuilles employées pour la fabri- 
cation de la Frenette sont celles du frêne commun ou Duin- 
quina d'Europe (Fraxinus excelsior L.), arbre de la famille des 
Oléacées qui croît dans les endroits humides de l’Europe et de 
l’Asie septentrionale. 

Avant la découverte du Quinquina, l'écorce des rameaux 

était employée comme fébrifuge; elle est amère et astringente 
d’où son nom de « Quinquina d'Europe ». 
_ Keller a trouvé dans les Fraxinus rotondifolius et ornus de 
la mannite. Le prince Salm. Horsimar y découvrit la fraxine, 
remarquable par ses propriétés fluorescentes. Traitée par un 
acide faible, elle fixe l’eau et se dédouble en fraxétine et glu- 
cose. 

Garot a trouvé dans les feuilles de Frêne 16 p. 100 de malate 
de chaux, ce qui explique pourquoi la Frenette a un peu le 
goût du cidre. L’acide malique se trouve en effet dans les 
pommes, 

Les feuilles, qui servent de nourrilure aux Cantharides, sont 
purgatives à la dose de 15 à 20 grammes. Elles ne produisent 
pas de tranchées, dit-on, el. on les à prescrites en infusion, 
de 10 à 15 grammes par litre, et en applications topiques contre 
la goutte et les rhumatismes. 

La fraxine a été vantée comme fébrifuge. 

RÉcorte. — On récolte Les feuilles de Frêne dans le courant 
de l'été en évitant d'abimer l'arbre. On les lie en petites bottes 
qu on fait sécher en les attachant à une ficelle tendue dans un 
lieu aéré. 

CONSERVATION. — Une fois séchées, on les conserve à l'abri 
de l'humidité et de la poussière. 


GLucosE ou DEXTROSE. — La glucose est un sucre qu'on ren- 
contre normalement dans le miel, le jus de raisin, une grande 
quantité de fruits, etc... 


287 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


On la prépare industriellement en traitant sous pression 
à 105°-140° l'empois d'amidon ou de fécule acidulé par l'acide 
sulfurique, 4 p. 400 environ; amidon ou fécule 20 p. 100; 
eau 80 p. 100 ; acide sulfurique 4 p. 400. 

Quaad l'iode ne colore plus le liquide, on sature par la craie, 
on filtre et on concentre en évaporant à basse température 
jusqu'à ce qu'on obtienne un sirop marquant 40 à Æ1° B‘. On 
le coule dans des tonneaux où il se prend peu à peu en masse 
dure d’un blanc jaunâtre. 

La glucose commerciale relient toujours une petite quantité 
de sulfate et de carbonate de chaux, elle titre de 70 à 95 p.100 de 
glucose pure. Elle est néanmoins parfaitement employable pour 
la fabrication des boissons. Les prix tendent à baisser, ils 
suivent les cours des fécules et amidons. 


Les quelques données pratiques dont j'ai fait expérience 


permettront, je l'espère, à quelques personnes curieuses ou 


avisées de faire une économie sensible et de se procurer une 
boisson agréable. 

Fabriquer soi-même une denrée utile avec les produits de 
sa terre, c'est contribuer à l’abaissement du prix de la vie et 
c'est collaborer à la reconstitution de la richesse nationale. 


EXTRAITS DES PROCÈS - VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 17 MARS 1919 
Présidence de M. BD. Boïs, vice-président de la Société. 
PROCLAMATION DE NOUVEAUX MEMBRES. 


M. le Président proclame les noms des membres récemment 
adnris par le Conseil, dans sa séance du 12 mars 1919. 


1. M“ Ja marquise de SAINTE-MARIE D'AGNEAUX, château de 
Thibermont, à Martin-Église (Seine-Inférieure), membre 
litulaire, présentée par MM. P. A.-Pichot, comte d'Epré- 
mesnil et M. Loyer. 


Le 


PT LR. SLR EAU 


sr 


Pr QE LE Ve a EN ME SEE CU 


EXYRALEFS DES PROCÈS-VERPBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 285 


» - MM. 

: . Czanis (Gaston), industriel colonial, 26 bis, rue Alphonse- 
de-Neuville, à Paris (XVII arr.), membre titulaire, pré- 
senté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

. 3. Gxismar (Alphonse), négociant, 168, avenue Victor Hugo, 
à Paris (XVI° arr.), membre titulaire, présenté par 
MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

. Micgez-CôTEe (Charles), explorateur, 22, rue Clément- 
Marot, à Paris (VIII arr.), membre à vie, présenté par 
MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

5. NALINE (Abel), pharmacien-spécialiste, 12, rue du Chemin- 

- Vert, à Villeneuve-la-Garenne (Seine), membre titulaire, 
présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

6. Païrrarn (Pierre), directeur de la maison G. Paillard et 
Rouanet, importateur-exportateur, 31, rue du Taillau, à 
Bordeaux (Gironde), membre titulaire, présenté par 
MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

7. Pitmié (Victor), industriel, 101, boulevard Pereire, à Paris 
(XVIT arr.), membre titulaire, présenté par MM. Perrier, 
Debreuil et Loyer. 

8. ProrT (Paul), 65, rue Jouffroy, à Paris ([X° arr.), membre à 
wie, présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

9. Rocca, Tassvx, DE Roux, fabricants d'huile, 46, rue Bre- 
teuil, à Marseille (Bouches-du-Rhône), membre titulaire, 
présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

10. Secux (Gaston), administrateur-délégué de la Société 

| commerciale de l'Ouest-Africain, 69, rue de Miromesnil, 
à Paris (VIIT:), membre titulaire, présenté pur MM. Per- 
rier, Debreuil et Loyer. 

41. Supervizze (Maurice), fondé de pouvoirs des Sultanats du 

Haut-Oubangui, 64, rue de la Victoire, à Paris (IX° arr.), 
membre litulaire, présenté par MM. Perrier, Debreuil et 
Loyer. 

42. VILMORIN (Pierre de), 54, rue de Varenne, à Paris (VIT° arr.), 
membre titulaire, présenté par MM. Perrier, Pierre 
Crepin et Jacques de Vilmorin. 

13. VoGué (marquis de), 2, rue Fabert, à Paris (VIT), membre 
titulaire, présenté par MM. E. Perrier, prince P. d'Aren- 
berg et Debreuil. 


19 


= 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 


286 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 
GÉNÉRALITÉS. 


M. l'abbé Foucher offre pour la bibliothèque deux volumes : 
.i° Handbuch der palæarktischen Gross-Schmetterlinge, für 
Forscher und Sammiler, 1896; 

2 The Bulterfly Book, by W.J. Holland. New-York, 1898. 


M. L. Ternier offre pour les collections de la Société les ailes 
de la Bécasse, atteinte d’albinisme partiel, dont il a été ques- 
tion dans le numéro de février du Bulletin, p. 63. 


M. A. Chevalier nous envoie de Saïgon une copie de 
l'arrêté constitutif de l’Institut scientifique de Saïgon. Il nous 
prie de le rappeler au souvenir de ses coliègues ; il pense passer 
quelque temps en France au mois de juillet prochain. 


Notre collègue M. Veyssière nous annonce son départ pour 
le Maroc. 


’ 


ORNITHOLOGIE. 


M. Debreuil cite l'exemple d’un concierge de Paris, qui 
depuis la fin d’avril 1918, élève 4 Poules dans la cour de son 
immeuble. Cette cour est étroite, mal éclairée, humide et 
entièrement pavée. Pour tout poulailler, il a une mauvaise 
caisse d'emballage retournée et une planche pour placer la 
nourriture. Malgré cette installation défectueuse, depuis le 
1% mai 1918 jusqu’au 10 novembre de la même année, les 
4 Poules de race commune ont pondu 384 œufs, pesant de 70 à 
80 grammes chacun, ce qui représente une production nor- 
male d'environ 2 œufs par jour. La ponte a recommencé le 
1% février 1919. Ces Poules, qui avaient été envoyées de pro- 
vince par un éleveur qui ne pouvait plus que difficilement les 
nourrir, sont entretenues à Paris avec les déchets de la maison; 
elles ne coùtent absolument rien et l’on peut dire qu’elles don- 
nent un bénéfice net. 

Si la moitié des concierges de Paris avaient agi de même, et 
ils auraient pu le faire avec simplement un peu plus d’initia- 
tive, la crise des œufs dans la capitale n’aurait peut-être pas 
été entièrement résolue, mais elle aurait été très atténuée et 
cela, sans taxe, niréquisition. 

Ce qui prouve, comme dirait Louis Forest, que pour avoir 
des œufs il vaut mieux entretenir des Poules que des législa- 
teurs. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 287 


À propos de cette communication, M. Maurice Jeanson parle 


des installations qu'il à eues à Paris même. À une certaine 


époque il posséda trois couples de Pigeons et des ruchettes 
d'élevage, sur un balcon de l'avenue dé l'Opéra. Pendant la 
guerre, à Bagnolet, 40 Poules de Bresse noires, que notre col- 
lègue avait installées dans un tout petit jardinet de 12 mètres 
sur 8, produisirent, en 8 mois, 5.600 œufs. Ces Poules étaient 
alimentées au pain condensé et au tourteau de coprah; pen- 
dant l'hiver, une tranche de Potiron leur était distribuée de 
temps en temps. 


M. le comte Delamarre fait une communication sur un cas 
particulier de diphtlérie chez le Dindon, observé par M. Barto- 
lomé Darder Pericas, à Palma de Mayorque, et sur la question 
de la propagation de la diphtérie par les Oiseaux de basse-cour. 


M. Debreuil lit une note de M. Boppe sur les Oiseaux en 
cage, en Chine. À ce sujet, M. de Guerne signale les publica- 
tions du P. David, qui contiennent des renseignements inté- 
ressants. Notre collègue a vu lui-même des promeneurs d’Oi- 
seaux, à Pékin, faisant en plein marché des concours de chant 
entre leurs Alouettes captives. 


AQUICULTURE 


M. Louis Roule présente à la Société, pour en faire don à la 
Bibliothèque, le volume des Comptes rendus du Congrès de 
l’'Étang et de l'Élevage de la Carpe, qui fut tenu à Paris du 18 
au 23 mars 1918 et, malgré les circonstances difficiles, réunit 
plus de 300 adhérents. Certaines séances furent suivies par 
près d'une centaine d’assistants. Le Congrès était présidé par 
M. le sénateur Gomot, ancien ministre de l'Agriculture, ayant 
comme vice-présidents MM. Dabat, directeur général des Eaux 
et Forêts; Brunet, ancien directeur général des Douanes; de 
Larmina, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, et Louis 


Roule, professeur au Muséum national d'Histoire naturelle. 


Le secrétaire général était M. Cardot, chef du Service de la 
Péche et de la Pisciculture au Ministère de l'Agriculture. 

Ce volume compte 412 pages, et contient 25 figures dans le 
texte. La publication a été.assurée par M. le professeur Roule 
et M. Ernest Poher, inspecteur principal à la Compagnie d'Or- 
léans agissant en qualité de président et de secrétaire général 


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La Mo FR 


288 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


NC a AU AT ORAN ETC PAUL 


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4 


Î 


du Comité d'organisation du Congrès. Il renferme les parties ‘ 


essentielles des rapports présentés sur les multiples questions 
se rapporlant à la pisciculture d’étangs et les remarques 
auxquelles la lecture de ces rapports a donné lieu. 

Notre collègue, M. de Guerne, qui assista aux séances de ce 
Congrès, constate qu'il a rarement rencontré un ensemble 
mieux constitué de questions intéressantes et une direction 
plus parfaite des travaux que dans cette manifestation de la 
science et de l'industrie de l'étang. 

- Sur cette question de l'élevage de la Carpe, notre collègue 
M. Raymond Le Fort se propose de faire une communication 
à une séance ultérieure. 


BOTANIQUE. 


M. Bois fait une communication sur le pare du « Roucas 
Blanc » à Marseille, propriété de notre collègue M. de La 
Chesnais. 

Ce pare, situé aux environs du Prado, couvre une superficie 
d'environ 25 hectares et s'étend sur la pente d’une colline des- 


cendant vers la mer. Il présente un grand intérêt au point de 


vue de l’acclimatation des plantes exotiques dont il renferme 
une très importante et très belle collection. M. Bois passe en 
revue les diverses espèces d'arbres et d’arbrisseaux qui font 
l'ornement du pare du « Roucas Blanc » ; d'abord ceux qui 
appartiennent à la flore locale, puis les représentants très 
variés de la flore subtropicale parmi lesquels on compte des 
espèces peu connues ou même non encore cultivées dans la 
région. Cette communication sera insérée dans le Bulletin. 
Pour compléter les indications données par M. Bois, M. Ri- 
vière rappelle que les collections furent commencées par 
Paulin Taiabot, une des plus brillantes personnalités de la fin 
du siècle dernier et à qui l’on doit la plus vive impulsion pen- 


dant une quarantaine d'années pour toutes les questions d'aceli- 


matation dans le midi de la France et en Algérie. 

Talabot était un grand ingénieur, l'auteur de l'unification 
_des réseaux P.-L.-M. jusquà la frontière italienne, ainsi que 
du premier tracé du percement de l’isthme de Suez, etc. 


M. Geismar nous fait parvenir une ficelle qu'il a trouvée:en 
Alsuce. Cette ficelle, fabriquée par les Allemands, est en:papier. 
Elle est de belle apparence et, tout en étant peu:solide relati- 


RD D A I Ent 


TN 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 289 


vement à sa grosseur. peut rendre de certains services. Il est 
malheureusement probable qu'elle a été confectionnée avéc de 
la pâte de bois provenant de nos forêts saccagées. 


À propos de l’industrie du papier, M. Maurice Jeanson 
expose le mécanisme de la fabrication d’un faux Raphia. Les 
troncs d'arbres sont coupés avec des massicots, de facon à 
former des minces feuilles. Après leinture, on obtient des 
fibres semblables au Raphia, pas très résistantes, mais dont 
l'utilité a été très grande, au cours de cette guerre, pour le 
camouflage. 


M. le comte Delamarre signale, dans le même ordre d'idées, 
qu'on a/pu fabriquer des tonneaux en papier. 


La flore marocaine, reconnaissent les botanistes, a la plus 
grande analogie avec celle de certaines parlies de la France et 
même de l’Angleterre. En effet, M. Charles Rivière a trouve sur 
les hauts plateaux de l'Algérie, au voisinage du Maroc, il yia 
de cela une quarantaine d'années, une plante souvent minus- 
cule, Draba verna, en nombreux peuplements, au milieu d’une 
touffe d’Alfa. Or, on sait que celte petite Crucifère poussait 
autrefois entre les pavés de certaines rues de Paris, notam- 
ment aux environs du Panthéon. 

Au sujet de cette espèce dans le nord de l’Afrique, M. Charles 
Rivière pense qu'il y a une rectification à faire dans l’excel- 
lente flore de M. Battendier (dicotylédonées), qui lui attribue 
la découverte de celte espèce. Or, M. Charles Rivière s'aperçoit 
que le botaniste anglais Munby, dans sa flore d'Algérie de 
1858, signalait déjà cette espèce, mais son édition de 1849 ne 


l'indiquait pas. 
Le Secrétaire des Séances adjoint. 


PIERRE CREPIN. 
SÉANCE GÉNÉRALE DU 7 AVRIL 1919 
Présidence de M. D. Boïs, Vice-Président de la Société. 
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 


DÉCcEs. 


La Société a le regret d'apprendre la mort, à Boulogne-sur- 
Seine, de M. Aimé Bouvier, membre à vie depuis 4873: On lui 
doit, entre autres, une adaptation de l'édition francaise de l'Ico- 


\ 


990 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


nographie des Oiseaux d'Europe de Naumann à l’Ornithologie 
européenne de Degland et Gerbe. Cette iconographie devint 
ainsi l'atlas de l'ouvrage de ces deux auteurs. 

M. Bouvier, possesseur d’une belle bibliothèque d'histoire 
naturelle, avait fait une table générale du Pulletin de la Société 
nationale d'Acclimatalion. 


GÉNÉRALITÉS. 


M. J. Sydney Dash, directeur de la Station agronomique de 
la Guadeloupe créée en avril 1918, envoie le premier numéro 
du Bulletin de la Station 


La Royal Jersey Agricultural and Horticultural Society 
adresse son Annual Report pour 1917. 


M. le baron de Guerne lit un article biographique dont il est 
l'auteur sur notre regretté collègue, M. le professeur Raphaël 
Blanchard, de l’Académie de Médecine. 


M. Piédallu présente un savon fait avec de l'huile de pépins 
de Raisin, puis nous montre de la toile à sac fabriquée avec du 


papier. 


M. Bois communique un article très suggestif pour notre 
service de reboisement des pays dévastés. Cet article, dû à la 
plume de M. George V. Perez, a été publié en espagnol dans le 
Bulletin (janvier 1918) de la « Societad española de los Amigos 
del Arbol ». Il a trait aux expériences aussi simples que lumi- 
neuses faites par le D' Marloth, en plaçant deux pluviomètres 
dans les parages d'altitude où se condensent les brises marines 
pendant la saison d'été. L'un des pluviomètres était de forme 
usuelle et l’autre contenait une vingtaine de baguettes d’en- 
viron 30 centimètres de hauteur réunies vers leurs extrémités 
par une toile métallique. 

Ces pluviomètres ont été placés sur la célèbre montagne, 
située à près de 1.000 mètres d'altitude qui domine au sud la 
ville du Cap de Bonne-Espérance. Le pluviomètre ordinaire ne 
recueillit pas une goutte d’eau du 21 décembre 1902 au 1° jan- 
vier 1903, mais il gagna 195 millimètres d’eau de cette date 
jusqu’au 15 février. Par contre le pluviomètre imaginé pour 
imiter la disposition d’un arbre rassembla dans la première 
période 375 millimètres d'eau et atteignit, le 15 février, le 
chiffre incroyable de 2 mètres. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DÉ LA SOCIÉIÉ 291 


On doit tenir compte que l’époque à laquelle eut lieu cette 
expérience correspond à l'été dans l'hémisphère sud. 

Le D’ Marloth a fait ainsi la preuve de la précipitation, par 
l'arbre, des eaux de brume. Tel le phénomène produit par 
les arbres du Monte Verde aux îles Canaries où prospère le grand 
Laurier, appelé communément le Til (Oreodaphne fœtens Nees). 

Ce fait ne devrait jamais être oublié dans la campagne entre- 
prise par les Amis des Arbres, et il importe de couvrir de bois 
toutes les hauteurs où l’un sait que se rassemblent les nuées 
pour recueillir ainsi l’eau qu'elles contiennent et qui sans cela 
se perdrait inutilement. On observe que les terrains recouverts 
par les arbres sont dans des sites élevés largement arrosés, 
alors que dans les mêmes parages des terrains déboisés sont 
absolument desséchés. 


ORNITHOLOGIE. 


M. le comte Delamarre remet une note qu'il a écrite sur la 
diphtérie aviaire à la suite d’une communication succincte 
qu'il a faite précédemment sur ce sujet. 

Notre collègue nous donne également les renseignements 
suivants sur les œufs du Maroc et d'Algérie. 

Le Maroc commence à nous fournir son appoint sérieux pour 
la production des œufs. Cette colonie en exporte déjà beau- 
coup. L'Algérie, qui voudrait pouvoir en faire autant, se trouve 
gènée, à cet égard, par des restrictions administratives qui 
entravent l'effort des colons. 

Un arrêté du Gouvernement limite, en effet, la sortie des 
œufs algériens à 550 quintaux par mois, pour toute l'Algérie et 
toute la France. 

Il peut paraître intéressant de comparer le poids des œufs du 
Maroc et de l'Algérie à celui de nos œufs français. 

Voici les éléments de cette comparaison, d'après ceux reçus 
aux Halles de Paris, ces temps derniers. 

Au Maroc, les œufs de Mazagan pèsent de 47 à 48 kilogrammes 
le mille net ; ceux du rayon Casablanca-Mogador, 45 à 46 kilo- 
grammes seulement. Ces œufs sont plus petits que les œufs 
français. 

Pour l’Algérie, où l’aviculture est plus avancée dans le sens 
de la sélection, l’on arrive, dans la région d'Oran, à exporter 
des œufs pesant en moyenne 56 à 57 kilogrammes le mille net, 


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292 BULLETIN DÉ LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


poids correspondant à nos œufs du centre de la France (Creuse 
et départements voisins). 

Dans le département d'Alger, le poids moyen des œufs est de 
54 à 55 kilogrammes le mille net, ce qui correspond au poids 
des pelits œufs de Bretagne (Morbihan). 

Ces chiffres, que nous tenons d’un mandataire aux Halles 
centrales de Paris, et qui représentent des moyennes établies 
sur de très fortes quantités, sont très intéressants, comme 
points de comparaison, et montrent ce que pourrait obtenir un 
élevage rationnel et sélectionné. 


M. Rollinat nous informe, d'Argenton-sur-Creuse, que, pen- 
dant tout le mois de février et le début de mars, il y a eu, dans 
sa région, une quantité considérable de Pigeons-ramiers 
(Columba palumbus L.). Les chasseurs en ont tué des centaines. 
Les Faucons, probablement des Pèlerins (Falco peregrinus 
Tunstall) suivaient les fortes bandes de Pigeons qui leur pro- 
curaient une proie facile. Un chasseur a vu une bande pour- 
suivie par un Faucon s’abattre violemment sur le sol, à tel point 
que des Pigeons roulèrent pêle-mêle les uns sur les autres et 


que l’on aurait pu aisément en tuer à coups de bâton. 


M. P. À.-Pichot adresse une note intitulée : /rréductibilité et 
Domestication. Notre collègue signale le contraste frappant 
entre certains Oiseaux, dont les uns, comme les Faisans, se 
reproduisent facilement en captivité mais restent irréductibles 
aux essais de domestication,etlesautres, comme les Hoccos, qui 
ne se reproduisent que très exceptionnellement en captivité, 
mais se familiarisent très vite. 


A propos de l’article de M. Debreuil : Le Remplacant, paru 
dans le Bulletin du mois de mars, sur les mäles d'Oiseaux qui 
remplacent leur femelle dans l’incubation, M. X. Raspail rap- 


pelle qu'en 1892 il a publié, dans le Bulletin de la Société z00- 


logique, l'observation d’une incubation continue par un Pinson 
mâle, après la disparition de la femelle, et poursuivie après 
l’éclosion des œufs jusqu'à l'éducation complète des jeunes. 
Notre collègue cite également un fait tout semblable fourni 
par un mâle de Faisan de Lady Amherst et relaté par l'Accli- 
matation de 1888, n° 54, p. 416 du supplément. Dans ces deux 
cas, remarque M. Raspail, il y avait une preuve de la perfecli- 
bilité de l'intelligence chez certains Oiseaux, car il serait 
puéril de considérer autrement de telles manifestations, en les 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÈTÉ 29% 


mettant sur le compte seul de l'instinct. M. Raspail termine en 
disant qu'il a rencontré, quelques années plus tard, un second 
exemple d'une incubation commencée et continuée par un 
Bruant jaune mâle, la femelle ayant élé tuée après la ponte de 
son troisième œuf. Le dixième jour de l'incubation, les œufs 
furent mangés par un Mulot. Il faut noter que, chez le Pinson 
et le Bruant jaune, les mâles ne couvent pas, comme cela a 
lieu chez d'autres espèces telles que le Merle noir, les Fau- 
vettes.\elc-reltc. 


BOTANIQUE. 


M. Bois dépose sur le bureau un ouvrage de notre collègue, 
M. Guillaumin, préparateur au Muséum, ayant pour titre : Les 
Citrus cultivés et sauvages, in-8° de 80 pages, Paris, 1917, Chal- 
lamel, éditeur. 

Notre collègue s’est surtout attaché à fixer, aussi clairement 
que possible, les limites du genre, et à passer en revue iles 
espèces cultivées et sauvages. 

Le bon à tirer de ce travail avait été donné le 27 juillet 1914, 
mais la guerre en empécha la publication. 

L'auteur profita d’un séjour qu’il fit à l'hôpital, à la fin de 
1916, ayant eu les pieds gelés devant Douaumont, pour apporter 
quelques corrections à son œuvre, et le livre put enfin paraitre 
en 1917. 

M. Guillaumin n’a pas cru devoir suivre M. W. T. Swingle, le 
savant citriculteur du Bureau of Plant Industry, de Washington, 
dans son dénombrement du genre Cutrus, en Citrus Fortunella, 
Microcitrus, Poncirus, préférant s’en tenir à des données bota- 
niques qui permettent toujours d’avoir une base certaine, 
appuyée d'échantillons d’herbier, au lieu de se baser sur des 
caractères impossibles à conserver : de port, de germination, 
de taille ou de saveur. | 

Un grand nombre de Citrus cultivés, considérés comme 
espèces, ne sont que de simples variétés horticoles ou des 
hybrides qu'il est parfois impossible de rattacher aux types 
botaniques. 

M. Guillaumin réduit à 12 le nombre des espèces botani- 
quement distinctes, qui comprennent des sous-espèces, des 
variétés, des sous-variétés et des races discernables au moyen 
de tableaux dichotomiques. Ces espèces sont : C. trifoliata, 


294 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


decumana, aurantium, neo-caledonica, nobilis, japonica, medica, 
hystrix, australis, oxanthera, australasica, inodora. 


Notre collègue M. le D' Robertson-Proschowski nous écrit de 
Nice : 

« On connait la difficulté qu'il y a souvent à obtenir la ger- 
mination de certaines graines dures, notamment des Légumi- 
neuses, mais ce qui pourrait paraître plus étonnant c'est que 
certaines graines, qui ne sont nullement dures, mais molles et 
périssables, ont une germination difficile et des plus capri- 
cieuses, comme certaines Araliacées. J'ai dans mon jardin plu- 
sieurs exemplaires de Oreopanax platanifolius qui fructifient 
tous les ans, mais des milliers de graines, ou séparées des 
fruits ou semées avec les fruits, n'ont donné que deux ou 
trois plantes, bien que les graines aient paru toujours bien 
constituées. Mais, par-ci par-là, je trouve cette espèce levée 
spontanément dans le jardin et loin des plantes mères, sans 
doute par graines provenant de fruits mangés par des Oiseaux. 

Un autre fait : j'ai voulu faire garnir rapidement un haut 
talus par des Lierres et j'ai semé au pied de ce talus un très 
grand nombre de fruits de Lierre. Pas une seule graine n’a 
levé! Pourtant il n'y a pas de plante, peut-êlre, qui naïsse 
spontanément dans mon jardin en plus grand nombre, car 
c'est en véritable Lapis que les jeunes plantes de Lierre lèvent, 
mais aussi les fruits du Lierre sont très recherchés par les 
Oiseaux. 


M. Bois offre en distribution des graines de Courge de Siam 
(Cucurbita melanosperma). : 


Notre collègue, M. Guillochon, chef par intérim du service 
botanique de Tunis, adresse les résultats de ses cultures de 
Pommes de terre des iles Canaries. 

Les variétés expérimentées provenaient de Ténérife. Ce sont 
les Papa blanca, Papa negra, Papa palmera. 

Elles furent plantées en mai, car il n’eût pas été possible de 
les conserver pendant tout l’été pour en réserver la plantation 
en aulomne. 

La végétation, vu l'époque, nécessita un arrosage; elle fut 
anormalement feuillue avec des tiges grêles et aqueuses, les 
feuilles se plissèrent pendant le milieu du jour par excès de 
transpiration, il y eut déséquilibre de nutrition. 


- 4 RE 


ES 


EE RS ER Re 


DAS 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 295 


Dès juillet, les fanes desséchèrent brusquement et on ne 
trouva aucun tubercule à l’arrachage. 

Ce même phénomène de cessation brusque du processus de 
végétation en pleine formation des organes de réserve de la 
plante avait déjà frappé M. Guillochon en 1907, lorsqu'il put 
disposer, à l’issue du Concours général agricole de Tunis, de la 
belle série d'échantillons de Pommes de terre exposée à ce 
concours par la maison Vilmorin-Andrieux et Ci. 

Il avait fait la plantation également en mai. Le 30 juillet 1918, 
M. Guillochon recut un second envoi de tubercules. Deux 
étaient de la variété Welonera et trois de celle dite Colorado 
de Baya. 

Ils furent plantés le 11 octobre 1918 et le 20 mai 1919 on fit 
la récolte. La végétalion avait été normale. 

Le seul tubercule de Colorado de Baya qui avait pu être 
planté, — les autres blessés à leur arrivée n'avaient pu être 
conservés, — donna cinq petits tubercules rougeûtres profon- 
dément sillonnés. 

Les deux tubercules Melonera donnèrent : 

Un pied, 13 tubercules d'un poids total de 600 grammes. 

L'autre 12 tubereules pesant ensemble 480 grammes. 

Ces tubercules sont jaunes, à chair blanche, ronds à yeux 
enfoncés. Ils sont très fins, fondants, et conviennent plutôt 
pour soupe et purées que pour être frits. 

On remarquera que l’un des pieds de la variété Melonera a 
produit des tubercules aériens. M. Philippe de Vilmorin a 
signalé en 1905, à la Société botanique de France, cette tuhé- 
risation, observée au moment des pluies abondantes de l'hiver; 
elle détermine des rameaux secondaires hypertrophiés et gon- 
flés de réserves alimentaires. (Voir l’article sur les T'ubercules 
aériens de Pommes de terre, 1905, dans le Bulletin de cette 
Société, p. 535.) 


M. Chappelier demande une bonne variélé de Noyers pour le 
Loiret. Les variétés Mayette et Franquette lui sont indiquées. Il 
est très recommandé de planter des Noyers greffés. Il y a 
malheureusement trop de paysans qui ne plantent que des 
Noyers non greffés parce qu'il est plus facile de planter une 
noix que d'acheter un jeune arbre greffé. 


M. de Guerne fait une communication sur le Soja dans l’ali- 


296 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


mentation. À propos de cette communication M: Charles : 


Rivière fait remarquer que le Soja est très long à cuire et que: 


sa culture est très irrégulière. M. Bois signale la grande quan- 
tité de variétés de cette plante : il y a des Sojas à grains noirs, il 
y en à à grains jaunes, ces derniers sont plus comestibles pour 
l'homme. 

M. Charles Rivière rappelle les expériences faites par lui en 
Algérie. « Quand on sème des Sojas, ils ne lèvent que s'ils sont 
arrosés : ils font, alors, un beau fourrage mais pas de grains. 
Pour les pays qui n’ont pas de pluies d'été, le Soja ne donnera 
jamais rien. » 


COLONISATION. 


La culture du Bersim, ou Trèfle d'Alexandrie, 7#1folium 
alexandrinum L., a préoccupé autrefois la Société d’Acclimata- 
tion pour l'Algérie. Or, par erreur, certainement, une commu- 
nication contenue dans le dernier Bulletin de l'Académie d'A qri- 
culture donne celte Légumineuse comme de culture nouvelle 
dans notre colonie. 

À ce sujet M. Ch. Rivière rappelle que déjà, en 1845, Moll la 
conseillait et que dans les traités d'Agriculture algérienne 
de 1900 et 1912, MM. Rivière et Lecq rappelaient les essais 
antérieurs, notamment les cultures faites au Jardin d'essai 
d'Alger, il y a de cela une quarantaine d'années, pour nourrir 
le nombreux troupeau d’Autruches de reproduction. 


M. Henri Geoffroy Saint-Hilaire fait une communication sur 
la situation de l'élevage au Maroc. Notre collègue offre pour la 
bibliothèque de la Société un volume dont il est l’auteur : 
« l'Élevage dans l'Afrique du Nord ». C'est un fort volume in-8° 
abondamment illustré de belles photographies. 


Le secréluire des séances, 


JosEPn CREPIN. 


Le gérant : A. MARETHEUX. 


Paris: — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


erintendant du Jardin royal 
que de Darjeeling, à 

aalcutta (Inde). AIS : 

- + Plante rustique. 

_ Plante demi-rustique. 


hymalaicus. 
lævigatum**. 
villasam v. Thomsoni. 
nidia strigosa. 

culus punduana. 

nus nepalensis. 

lemone rivularis *. 
vitifolia **, 

sia involucrata. 

isia parviflora *. 
Slilbe rivularis *. 
lschmiedia Gammieana. _ 
rberis insignis *. 

-  népalensis *. 

tula utilis *. 

sa10pSis speciosa. 
dleia asiatica. 


icarpa rubella. 
mpammaæea parviflora. 
aris olæifolia. 

aria Vareca. 

ia lzvigata. 
occidentalis. 
Tora. 

dtleya lutea. 

strus Championi. 
paniculata. 
atis Gouriana. 
nopsis affinis. 
mellina obliqua *. 
dalis longipes *. 
easter acuminala *, 
— frigida *. 


microphylla nv. gla- 


seaster rotundi/olia. *. 
Mourdic speciosa **. 
Lalaria tetragona. 
olepis elegans. 
toglossum Wallichianum *. 
s nulans. 

odeum tiliæfolium*. 
tra thalictrifolia *. 
hroa febrifuga. 
eworthia Gurdneri **. 
arpus siklimensis: 
othria petiolata. 
hrina-arborescens: 

à acwminal«u. 

dia fraxinifolia. 


ur > æ 


EN DISTRIBUTION 


offertes par M. GAGE, |! 


Ficus Hookeri. 
— nemoralis. 
Frazinus floribunda **. 


Gaultheria nummularioides. 


Helwingia himalaica. 
iTeptapleurum impressum. 
— venulosum. 
Holboellia latifolia. 
Hydrangea robusta. 
Hypericum Hookerianum **, 
— patulum **. 
— réptans *. 
— robusta. 
Ilex fragilis. 
— insignis. 
— intricata *. 
Jasminum humile *. 


£Easianthus Biermannt. 
Ligustrum confusum *. 
Litsa a elongata. 
Lobelia pyramidalis *. 
Lonicera macrantha. 
— tomentella*, 
Luculia gratissima. 


Machylus edulis. 
Magnolia Campbelli *, 
Michelia Cathearti. 

— lanuginosa. 
Mucuna macrocarpa. 
Mussaenda macrophylla. 


Neillia thyrsiflora *. 
Notochæte hamosa *. 


Ole Gamblei. 
Onhiopogon intermedius- 
Osbeckia nepalensis. 

= nutans. 
Oxyspora paniculata. 


Picea imorinda *. 

Pieris ovalifolia **. 
Pittosporum floribundum-: 
Piptanthus nepalensis **. 
Plectranthus Stocksit. 
Pogostemon parviflorus 
Polygonum chinense *. 


_ 


Pordna racemosa. E 


Potentilla fruticosa *. 
= Mooniana *. 
Prunus acuminata *. 
—  Puddum. 
—  nepalensis. 
Pratia montana. 
Pyrularia-edulis. 


Quercus incana. 
— Griffith, 


Rhododendron arboreum. 
— ciliatum **.: 


Bhododendron cnhabarinum. j 


— Dalhousie. 
— Faleoneri. 
— grande. 
— Maddeni. 
Rlus semialata *. 
Rubia cordifolia. 
Rubus ellipticus **. 

— molluceanus. 

—  rosæfolius. 
Sauranga nepalensis. 
Sauropus albicans * 
Saussurea deltoided. 
Schima Wallichi. 
Senecio densiflorus. 

—  seandens*. 
Skimmia laureola *. 
Smilax aspericaulis. 
Solanum crassipetalum. 

— Khasianum. 

— macrodon. 

— nigrum. 

— verbasciflorum. 
Sonchus arvensis *, 
Spiræa bella *. 

—  micrantha. 
Siyraxæ Hookeri. 
Swertia bimaculata *. 

—  purpurascens. 

—  tongluensis. 
Symplocos theæfolia. 
Tephrosia candida. 
Trachycarpus Martianus. 
Trichosanthus palmata. 
Tricholepis. furcata. 
Tridax procumbens. 
Triumfelta rhomboidea. 
Tsuga Brussonian«. 
Urena lobata. 
Vaccinium coriaceum. 

— Dunathianum. 

— numniularia. 

—— serralum. 
Viburnum ‘erubescens *. 
Vitis bracteolata. 
Zanthozylum acanthopodium. 


Graines envoyées par le Jardin 
botanique de Sydney (Australie). 


Andropogoncæruleus(Queensland 
blue grass). 

Dantonia semiannularis 
laby or white sop grass). 

Bromus  inermis (Australian 
Brome grass). 

Tamworth Lucerne. 

Lucerne Hunter River. 

New Zealand Rye grass. 

New Zealand Bocksfoot grass. 

Sudangrass.  ‘ / ; 


(Wal- 


S'adresser au Secrétariat. 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 


OFFRES = 
yages touristiques et documentaires à 
vers le Continent noir. 

xplorations scientifiques. — Récoltes entomo- 
us. — Captures scientifiques en vue de 
oduction en France et de l’acclimatation. — 
és au gros gibier /animaux non protégés). 
xsept années de pratique en Afrique occiden- 
>. Afrique équatoriale et Centre africain. 
ire à M. Geo Kavarel, administrateur des 


Colonies à Brive (Corrèze), qui, au cours d'un 
congé, éventuellemeut sollicité, orsganiserait itiné- 
rairé voyage en but mission, Coopérerait travaux, 
prendrait activement part chasses, assumerait 
direction convois, etc. = 


2 
x 


Vu excès nombre, réelle occasion. Étalons Orient 
pour amélioration cheptel caprin. Ecrire Jennys 
Farm, Créteil (Seine). 


SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLINATATION DE FRANCE. 


RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE 


Le but de la Société Nationale d’Acclimatation de France est de concourir. 
4e à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux: 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des race 
nouvellement introduites ou domestiquées, 3° à l'introduction et à la propagatio 
de végétaux utiles ou d'ornement. 

Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Étrangers et les Dam 
peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Établis 
sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musée 
Sociétés commerciales, etc.). 

La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, Remi 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. 

Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et 4 
cotisation annuelle de 25 francs. 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s fran 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 

Le membre Donateur est celui qui verse une somme d’au moins 500 francs. 

Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 ue 
son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. 

Des formules d’ adhésion sont adressées sur demande. 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo 
riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. 4 

En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeune 
amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mot 
des séances générales et des séances de Sections: 1° Mammalogie; 2° Ornithologie ê 

sa sous-section, Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4° Entomologie; 5° ans 
et 6° Colonisation. 

Tous les membres peuvent assister à ces séances ; les ordres du jour des séances 
générales sont adressés sur demande. 

La Société encourage d’une manière toute spéciale les études de Zoologie et. 4 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d' ani 
maux à ses membres. 4 

Elle publie le Bulletin de la Société Nationale d’Acclimatation de Fiantl 
et la Revue d'Histoire Naturelle appliquée, illustrée de gravures. Ces publication 
traitent des questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes € 
particulièrement des faits d’acclimatation survenus en France et à l'Étranger. Elles 
donnent les renseignements les plus variés sur les animaux et les plantes utiles oÙ 
d'ornement d'introduction nouvelle. | 

On y trouve des articles de fond relatifs aux ohne de fre naturel e 
installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction, etc., ete 

Ces publications sont adressées, gratuitement, à tous les membres de la Société 


PE VAT EP re 


* 
X * 


La Société Nationale d'Acclimatetion poursuit un but entièrement désir 
téressé et ne sert aucun intérêt particulier ; adhérer à ses statuts, l'aider dans ses 
efforts, c'est contribuer au bien-être général et à la prospérité du pays. 3 


Le Gérant : À. MareTHRUx 


Paris. — LL MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


BULLETIN 


DE LA * 


DE FRANCE 


(REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES) 


&te ‘ANNÉE 


N° 10. — OCTOBRE 1919 


SOMMAIRE 
P. A.-Prcaor. — Les immersions de l'Hippopotame . :  . . , . . . . . . . .. 15 0207 
R. RoLziNAr. — Le Grand-Duc; sa reproduction en captivité. . . . . . . . . . . . .. 300 
Comte DELAMARRE DE MONCHAUX. — De l'influence des migrations et des introductions 
LT OUR PRO ne TE EE A RS TS DIE RE CP TE ET 308 
P. CArié. — L’'Œuvre de la direction de l'Agriculture à l'île Maurice . . . . . . . . . . . 317 
A. PrépAzLu. — Le Sorgho sucré hâtif de Minnesota cultivé comme fourrage . . . . . . . 326 


Un numéro, 3 francs ; — Pour les Membres de la Société, 2 fr. 50. 


A — 


AU SIÈGE SOCIAL 


DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION DE FRANCE 
198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VIT). 


Pendant la durée de la guerre, le Bulletin paraît une fois par mois. 


oclété Nationale d'Aeelimatatior 


< 


Pet ER A M PRÉ P M Re 20 Pre dm SEAT ES 


mn 


TN M RES Pere ELA Le PTE RS 


FSI TIR 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1919 


Président, M. Edmond Perrier, Membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 
MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rué Faiïdherbe, 
Saint-Mandé (Seine). 
Dr Cuauveau, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint-Germain, Paris, 
Secrétaire général, M. Maurice Lover, 12, rue du Kour, Paris. 9 


MM.J. Crepin, 55, rue de Verueuil, Paris (>éances). 
Secrétaires. Ca. DkBaEuiLr, %, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur). 
J. Decacour, 98, rue de Madrid, Paris Ztranger). 


Vice-Présidents, 


Trésorier, M. le D' SkBILLOTTK, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire : N... 


Membres du Conseil. 


MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 

le D" ACHALMF, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, 
Paris. 

le D° P. MARCHAL, Membre de l’Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 45, rue 
de Verrières, à Antony (Seine). 

le D' LePrince, 62, rue de la Tour, Paris. 

MAILLES, rue de l’ Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 

le Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. 

LecomrEe, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, Paris. 

P. CaRtÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 

L. ROULE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 

G. FOUCHER (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 

P. KEsTNER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 

R. LE Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1919 


Janvier | Février | Mars Avril Mai | Novembre | Décembre 


SÉANCES. DU CONseIt,, le mercredi à 4 h. 8 12 12 16 14 12 10 


Séances générales, le lundi à 3h. . .} 0j 17 17 28 26 17 TE 


Sous-Secrion d'Ornilhologie ( ue) de pour 
la Protection des oiseaux) lundi 


à 5h. 21 | 24 | 924 | 14 | 19 | 941| 0 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les 
Ronde qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 
ociété, 1498, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 


fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d’être 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


Le reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 


LES IMMERSIONS DE L'HIPPOPOTAME 


Par PIERRE AMÉDÉE-PICHOT. 


La mort de l'Hippopotame du Jardin zoologique de Londres, 
qui a succombé récemment pour avoir avalé un fil de fer laissé 
par mégarde dans une botte de foin, a donné lieu à un échange 
de notes intéressantes dans le field sur le temps que ces gros 
Pachydermes peuvent rester sous l’eau sans remonter à la sur- 
face pour respirer. Le grand chasseur de grosses bêtes de 
l'Afrique, Selous, a une fois noté, montre en main, pendant 
une heure, la durée des plongées d'un de ces animaux et il a 
compté 40 secondes pour la plus courte et 4 minutes et 20 se- 
condes pour la plus longue. I estime que les immersions sont 
habituellement de 2 minutes à 2 minutes 1/2, la bêle restant 
sous l’eau le plus longtemps qué&nd on venait de la tirer, par 
conséquent nayant pas rempli ses poumons de sa pleine 
provision d'air. 

Les immersions de l’Hippopotame au Jardin zoologique de 
Londres ont beaucoup dépassé, d’après M. Pocock, cette esti- 
mation. Le gardien Robinson a vu, en effet, dans une circon- 
stance où l'Hippopotame avait été effrayé, l'animal plonger dans 
son bassin et rester 29 minutes sans remonter. L'eau du bassin 
était très limpide, ce qui permit à son gardien de ne pas le 
perdre de vue, et, ce qui avaitengagé Robinson à tirer sa montre 
et à faire cetle constatation, c'était que sachant l’animal pris 
de peur, il s'attendait bien à ce que la plongée durerait plus 
longtemps que d'habitude. 

M.Pocockrapporte une autre observation du même genre prise 
par Topping, le gardien de l’Hippopotame qui avait précédé 
celui-ci. On appelait cet animal Guy Fawkes, parce qu'il était né 
au jardin le 5 novembre 1872, date anniversaire de la fameuse 
conspiration des poudres, et il mourut de vieillesse en 1905, 
ayant vécu 33 ans dans la ménagerie. Or un jour que l’animal 
reposait au soleil, un Chien pénétra dans le parc à travers les 
barreaux de la grille et se mit à aboyer. Furieux d’être dérangé 
dans sa sieste, l’'Hippopotame poursuivit le Chien qui se jeta 
dans l’eau du bassin où il fut vite rejoint et brisé entre les mà- 
choires de son vindicatif adversaire. Ce drame avait considéra- 
blement troublé la placidité de l’'Hippopotame qui fut très agité 


BULL. SOC. NAT. ACCL. FR, 1919. — 17 


298 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


pendant toute la journée et, le lendemain matin, quand on lui 
ouvrit son parc, il alla se blottir au fond de son bassin. Après 
une demi-heure d'attente, ne le voyant pas reparaître, Topping 
craignit que son pensionnaire ne se fût noyé et il se préparait 
à laisser l’eau s'écouler pour recueillir le cadavre, lorsque l’a- 
nimal revint à la surface pour respirer. 

Un voyageur en Afrique, M. Butler, de Horsham, pense que 
les faits relatés ci-dessus n'ont rien d’exagéré, car lorsqu'il 
pêchait dans un étang sur les bords de la rivière Setit, et qui 
n'avait pas plus de 50 mètres de large sur 150 mètres de long, 
il fut très surpris, après une station de 3 heures, de voir les 
têtes de deux Hipppopotames émerger à la surface de cette 
nappe d’eau, que pendant tout ce temps luiet ses serviteurs 
n’avaient pas perdu de vue. Pendant le reste de la journée les 
Hippopotames reparurent de nouveau à de fréquents inter- 
valles. 

Enfin le capitaine Flower, le directeur du Jardin zoologique 
de Giseh, en Egypte, a raconté à M. Butler qu'ayant acheté 
deux jeunes Hippopotames à bord d’un steamer qui passait à 
Port-Saïd,il fut consterné de voir ces animaux disparaître dans 


la pièce d'eau du pare où ils furent lâchés et ne remonter à la- 


surface qu'après un espace de temps si long que l’on put crain- 


dre qu'affolés par le voyage, ils avaient perdu latêteet s’élaient : 


laissés asphyxier. 

On fera bien d'observer les mœurs de l'Hippopotame pendant 
qu'il en est temps encore, car ses jours sont comptés, et ce gros 
survivant d’une époque où la faune du monde était composée 
d'êtres gigantesques est destiné à disparaître dans un avenir 
prochain. Aux temps de la formation des couches pleistocènes, 
il était répandu sur tout le globe; il peuplait les rivières de 
l'Europe et on trouve les restes fossiles d’une plus petite espèce 
dans les îles de la Méditerranée, alors rattachées au continent. 
Il y a déjà longtemps que l'Hippopotame a été détruit dans le 
bassin du bas Nil et il se fait rare dans les fleuves du Sud de 
l'Afrique. Son régime herbivore ne s'accorde pas avec les inté- 
rêts des colons qui le tuent pour protéger leurs cultures et sa 
chair est recherchée par les indigènes qui, malgré leurs armes 
primitives, viennent facilement à bout de ce colosse. Sur le 
Zambèze, les nègres le harponnent ou le criblent de lances et de 
javelots, mais comme, malgré son caractère pacifique, il n’est 
pas très prudent d'aborder de trop près un Hippopotame en 


LES IMMERSIONS DE L HIPPOPOTAME 299 


4 


colère, ils lui tendent des pièges et des fosses qui leur per- 
mettent de massacrer leur capture en toute sécurilé. 

Selous raconte qu'il vit une fois exterminer toute une bande 
d'Hippopotames de la facon la plus cruelle. Ces animaux 
avaient été surpris sur un banc de sable de la rivière Ummati 
où les nègres les avaient cernés et empêchés de sortir en allu- 
mant des feux tout autour. « Quand j'’arrivai sur la scène du 
drame, dit l'explorateur, il y avait encore une dizaine d’ani- 
maux vivants se tenant massés dans une mare trop peu 
profonde pour leur cacher plus de la moitié du corps. Ils : 
appuyaient leurs grosses têtes sur le corps de leurs compa- 
gnons d’infortune et il y en avait deux qui nageaient dans la 
partie de la mare où ils ne pouvaient prendre pied, le dos cri- 
blé d’assagaies comme des pelotes d’épingies. Mais un certain 

_ nombre des emmurés avait déjà syuecombé à leurs blessures ou 
ils étaient morts de faim, car des guirlandes de viande fraiche 
avaient été mises à sécher au soleil sur les arbres qui entou- 
raient la mare. Il y avait déjà trois semaines, me dirent les 
indigènes, que les pauvres bêtes avaient élé ainsi parquées et 
pendant ce temps elles n'avaient rien eu à manger. » : 

On a découvert il y a quelques années dans la colonie de 
Liberia une espèce d'Hippopotame qui diffère beaucoup de 
l'espèce connue. Elle est beaucoup plus petite, ne mesurant 
guère plus d’un mètre au garrot, ses doigts sont indépendants 
au lieu d’être réunis en une seule masse par les tissus, les 

-pattes sont grêles et hautes et son cou est allongé. Cet Hippo- 
potame pigmée comme on l’a appelé, tout en ayant des mœurs 
aquatiques comme son congénère, se tient surtout dans les 

_ profondes et épaisses forêts, ce qui fait qu’on a été longtemps 
à le découvrir et même à s’en procurer les dépouilles. Le pre- 
mier que l’on vit en Europe était un tout jeune envoyé à Du- 
blin vers 1860 et qui vécut peu. L’importateur d'animaux de 
Hambourg, Hagenbeck, chargea en 1910 un de ses agents d'aller 
en Libéria pour lui procurer cette nouveauté zoologique, IL 
confia cette mission à Hans Schomburgk, attaché militaire à la 
Légation de Libéria à Londres et très familiarisé avec les pays 
nègres quil avait parcourus pendant douze ans. La première 
expédition n'eut pas de résultat; on ne rencontra qu'une seule 
fois l'animal cherché et qui se hâta de disparaître dansles 
profondeurs d'une mare, mais une seconde expédition entre- 
prise quelques mois plus tard fut couronnée de succès. Ayant 


300 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


situé la localité fréquentée par ces Hippopotames pygmées sur 
les bords de la rivière Lofa, Shomburgk fit creuser une cen- 
taine de fosses dans les endroits où il y avait chance que ces 
animaux passassent, et il en captura trois qu’on logea dans des 
paniers fabriqués par les nègres et qu’il fallut quarante hommes 
pour transporter à travers La brousse jusqu'au cours d’eau où 
l’on put les embarquer. Ces Hippopotames sont beaucoup plus 
difficiles à prendre que l'espèce ordinaire; ils ne se tiennent 
pas en bandes et sont très erratiques, ne suivant pas toujours 
les mêmes pistes. 

Les captures de Hans Schomburgk arrivèrent saines et sauves 
à Hambourg. Hagenbeck en vendit deux au Jardin zoologique 
de New-York; le troisième resta en Allemagne. Le Jardin z00- 
logique de Londres a fait en 1943 l'acquisition d’un autre Hip- 
popotame pygmée dont M. Pocock a donné la description dans 
le Field du 15 février 1913. Le récit émouvant des expédi- 
tions de Hans Schomburgk, qui, pour atteindre son objectif, 
eut non seulement à surmonter les obstacles de la nature dans 
un pays sauvage et inexploré, mais encore à lutter contre le 
mauvais vouloir et l’indiscipline des indigènes, a été publié 
dans le Bulletin de la Société zoologique de New-York, et repro- 


duit avec d'excellentes photographies de l’animal dans l’'An- 


nuaire du Club des amateurs de ménagerie pour l’année 1913. 


LE GRAND-DUC 
SA REPRODUCTION EN CAPTIVITÉ (1) 


Par RAYMOND ROLLINAT 


Le Grand-Duc, Bubo maximus Flemming, habite une grande 
partie de l’Europe et de l’Asie ; on le trouve aussi dans quel- 
ques régions de l'Afrique. Il est assez commun en Autriche, en 
Hongrie, dans les Balkans, en Russie ; il se tient surtout dans 
les contrées accidentées, couvertes d'arbres et de rochers dans 
les cavités desquels il niche. En France, on le trouve dans les 
parties montagneuses du territoire : Vosges, Jura, Alpes, Pla- 
teau central, Esterel et autres; un de mes amis l’a tué dans 


(4) Voy. Bull., 1918, p, 836. 


Le 


LE GRAND-DUC £ 301 


le département de la Côte-d'Or ; d'autres l'ont tiré sur différents 
points du département de la Creuse, où il niche et semble être 
sédentaire en certains endroits. J’en ai vu qui provenaient des 
environs de Boussac et de Guéret, et je possède un sujet, qui 
m'a été offert monté, tué près de la première de ces villes. 
L'un de mes Grauds-Ducs vivants, mon vieux mâle, provient des 
environs de Chambon, où il a été pris à l’état de poussin dans 
l’un des bois rocheux et accidentés où l'espèce niche: je l'ai 
acheté, pour le prix de 35 francs, en février 1904, alors qu'il 
avait une dizaine de mois, puisqu il était né au printemps pré- 
cédent. Le propriétaire qui me l’a vendu en possédait deux 
autres, l’un, frère de celui qu’il me cédait, et l’autre d’un an plus 
vieux, capturé lui aussi très jeune. Mais, depuis cette époque, 
on a établi, de 1905 à 1907, dans la région habitée par les 
Grands-Ducs, l'important barrage du Cher, qui retient mainte- 
nant l’une, des plus importantes réserves d'eau existant en 
France, et à l'édification duquel un grand nombre d'ouvriers 
ont été employés ; on a ouvert les mines d’or du Châtelet, et on 
a construit là, pour y loger les 400 ou 450 ouvriers nécessaires à 
l'exploitation, une petite ville rustique.On a troubléle repos des 
Grands-Ducs ; on a plus ou moins envahi, parcouru leurs soli- 
tudes agrestes, etalors, ne jouissant plus du calme indispensable 
à leur caractère méfiant et sauvage, ils ont évacué le pays ; peut- 
être même sont-ils morts, tout simplement, intoxiqués par les 
petits Rongeurs empoisonnés dont ils ont dû faire leur nour- 
riture. En effet, bon nombre de Campagnols, de Mulots ont 
certainement péri du fait des poussières provenant des produits 
chimiques propres à isoler l’or de la roche, poussières entrai- 
nées aux alentours par les vents ; dans une ferme située à 
proximité des mines, 47 bêtes à cornes, sur 22, périrent en 
peu de temps, d'où procès avec la Compagnie des extracteurs du 
précieux métal. 

_ Dans le département où j'habite, l'Indre, il ne niche pas; je 
n'ai connaissance que de très rares et accidentelles captures 
de ce grand nocturne. Vers 1585 ou 1886, à un an d'intervalle, 
deux Grands-Ducs furent tués dans un bois près d’Ardentes, 
c’est-à-dire non loin de la forêt de Châteauroux, et, en octobre 
1895, un beau sujet fut blessé et pris dans le bois de Grammont, 
près Lourdoueix-Saint-Michel; touché à l'aile et placé en 
volière, il fut plus tard empoisonné au cyanure et mourut 
promptement. Cette espèce résisterait assez bien à certains 


9302 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


poisons : un ornithologiste berrichon, qui désirait préparer 
pour sa collection un Grand-Duc vivant capturé dans la Creuse, 
essaya, sans y parvenir, de le tuer à l'aide d’acétate de mor- 
phine employé à forte dose, et fut forcé de l'étouffer à l’aide 
d'une couverture. 

En résumé, si l'on trouve cette espèce sur différents points de 
la France, elle n’y est très commune nulle part. 

En juillet 1904, j'achetai, au prix de 100 francs, une superbe 
femelle très adulte de provenance autrichienne, aussi douce, 
aussi maniable que mon mâle était féroce et difficile à toucher. 
Après m'avoir donné, en 1909, un produit de sexe masculin qui 
devint encore plus méchant que son père, elle mourut subite- 
ment devant moi de la rupture d’un anévrisme, un matin de 
février 1910, alors qu'un petit Chat, qui d'ordinaire m'accom- 
pagnait, élait entré en même temps que moi dans la volière et 
était venu s'installer près d'elle en sautant sur l’un des per- 
choirs ; cette bête était grasse, bien en chair, merveilleuse de 
force et de beauté, et mesurait plus de 1 m. 70 d'envergure ; ce 
fut là une des déceptions les plus cruelles de ma vie de natura- 
liste. En juin suivant, je la remplaçai par une jeune femelle de 
la variété sibérienne, assez douce et qui, par la suite, devint de 
forte taille. Cette variété asiatique, qu'on rencontre aussi, dit- 
on, sur quelques points de la Russie orientale d'Europe, est 
beaucoup plus claire de costume que l'espèce type de l’Europe 
centrale et occidentale; on dirait un sujet décoloré, blanchâtre, 
surtout lorsqu'on le regarde de face, sujet avec de beaux yeux 
dont l'iris, d'abord jaune clair près de la pupille, estensuite d’un 
jaune orangé vif du plus bel effet, alors que chez le type de 
l'espèce l'iris a une teinte à peu près uniforme dans toutes ses 
parties, jaune clair pendant quelques années, puis devenant 
plus tard d’un jaune de plus en plus foncé ; en outre, la variété 
sibérienne a les tarses et les doigts recouverts de courtes 
plumes blanches, tandis que ces mêmes plumes sont roussâtres 
chez le type. Beaucoup plus visible à distance, je préfère, pour 
la chasse, la variété décolorée. 

A l’état sauvage, le Grand-Ducse nourrit de petits Rongeurs, 
Mulots et Campagnols, et s'attaque aussi à des proies plus 
fortes, Ecureuils, Lapins et Lièvres ; il ne dédaigne pas la 
plume, car la nuit beaucoup d'Oiseaux sont pour lui une proie 
facile. Aux environs d'Argenton, on a trouvé des Perdrix, de 
jeunes Lapins près de la nichée de la Hulotte ; que de dégâts 


: 
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) 
| 


PE 


LE GRAND-DUC 303 


pourraient commettre des Grands-Ducs installés à proximité 
d’une réserve de gibier. 

En captivité, mes Grands-Ducs margent principalement des 
Rats, et préfèrent le Rat noir au Surmulot, car ce dernier, sur- 
tout lorsqu'il a été capturé dans un aba!toir, une tannerie, ou 
dans un égout malpropre, a une odeur plutôt désagréable. Je 
leur ai donné des Loirs lérots, des Campagnols amphibies, des 
Campagnols des champs, des Rats mulots, des Souris, des 
Ecureuils et des Belettes ; à la viande fraiche, et de bonne qua- 
lité, de Veau, de Bœuf ou de Cheval, qui fait leur ordinaire 
lorsque je n'ai rien autre à leur offrir, ils préfèrent les petits 
Mammifères que je viens d'énumérer, ou les petits Oiseaux non 
dépouillés de leurs plumes; mais si on leur offre des Pies, des 
Geais, des Corbeaux, des Rapaces diurnes, il les dédaignent 
parfois pour se nourrir de viande de boucherie, et si l’on veut 
les contraindre à dévorer Buses et Faucons, il est bon de leur 
supprimer tout autre mets. Il est indispensable de leur donner 
des aliments frais, pour eux d’abord et aussi dans l'intérêt de 
ceux qui les manient. Bien souvent mes employés et moi avons 
été fortement blessés par les serres des Grands-Ducs, sans 
aucune suite fàâcheuse. Mais on a vu des personnes succomber 
à des blessures de ce genre, faites par des serres souillées au 
contact de proies en voie de putréfaction. Comme chez la plu- 
part des Rapaces, pour ne pas dire chez tous, plumes, poils, os, 
sont, la digestion opérée, rejetés par la bouche sous forme de 
pelotes cylindriques plus ou moins grosses, allongées ou arron- 
dies. Quand la digestion est mauvaise, on trouve dans ces 
pelotes des débris de chair plus ou moins gros. Du sable, avalé 
en même temps que de la viande, sortira par le bec, aggloméré 
en une boule ronde ou ovale par les mucosités de l'estomac. 
Lorsque j'offre des Lapins à mes captifs, ils avalent rarement 
quelques lambeaux de peau et rejettent des pelotes d’os qui se 
déforment en tombant, n'étant pas feutrées par une aggloméra- 


_ tion de poils; ils n’avalent pas les trop gros os et laissent de 
- côté la tête des Lapins, ainsi que celle des gros Surmulots dont 


souvent ils ne dévorent pas la peau ni la queue. J’enlève 
l'estomac et les intestins des Rats capturés en ville et qu'on 
m'apporte morts, par mesure de séeurilé, car en quelques 
endroits on place des appâts empoisonnés à l'intention de ces 
encombrants Rongeurs; mais si j'offre des Rats entiers pris 
dans des locaux où aucun poison n'a été déposé, je remarque 


304 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


que mes Oiseaux n’avalent d'ordinaire ni l'estomac, ni les 
intestins, ni les chapelets d’embryons ou de fœtus que contien- 
nent souvent les femelles. S'il y a abondance de Rats, leur 
appétit satisfait, les Grands-Ducs entassent avec soin, dans les 
angles de leur demeure, les cadavres entiers ou fragments 
de cadavres non utilisés. A l'état sauvage, il doit en être de 
même, et les sujets libres doivent certainement mettre en 
réserve l'excédent de vivres afin de l'utiliser quelques heures 
plus tard. Un Rat noir très adulte ou un Surmulot, un Campa- 
gnol amphibie aussi très adulte, un Corbeau ou 125 grammes de 
viande de boucherie, telle est la nourriture suffisante pour un 
Grand-Duc et par 24 heures. En été, et par les fortes chaleurs 
qui semblent fatiguer ces Oiseaux, l'appétit diminue; par la 
gelée, la viande de boucherie est refusée en partie si elle n’est 
absorbée promptement avant d’être durcie par le froid. D’un 
naturel sauvage, le Grand-Duc mange rarement devant la per- 
sonne qui lui apporte sa nourriture ; il n’en est pas de même 
sans doute lorsque son local est situé dans un endroit où à 
chaque instant il voit du monde. Beaucoup d’auteurs ont pré- 
conisé un jeûne hebdomadaire de 24 heures pour cette espèce 
en captivité ; je ne l’ai jamais fait observer à mes Oiseaux. Le 
Grand-Duc boit-il ? Certainemment, comme du reste la plupart 
des Rapaces. Il se baigne de temps à autre, et ne manque 
jamais de le faire lorsque par l'humidité qui ramollit la terre 
ilrevient de la chasse avec quelques plumes souillées de boue; 
il est donc bon de mettre à sa disposition un large récipient 
dont on change l’eau chaque jour. 


Pourvue d’un réduit bien abrité muni d’un perchoir et d’une . 


litière de paille, et d'une partie en plein air close de toile 
métallique, la volière de mes Grands-Ducs mesure 3 m. 80 de 
longueur, 3 m. 10 de largeur et 4 m. 70 de hauteur; le 
réduit a { m. 45 de longueur, 1 m. 65 de largeur et 1 m. 60 de 
hauteur. Exposée au sud-est, elle est siluée entre la basse-cour 
et le jardin, et touche, d’un côté, le remblai de la ligne de Paris 
à Toulouse dont elle n'est séparée que par un mur, mais ce 
dernier étant dominé par le remblai,les Oiseaux peuvent voir, 
d'un des perchoirs en plein air, passer les nombreux trains qui 
circulent sur cette grande ligne. Si mes bêtes sont absolument 
à l'abri de la curiosité des personnes qui viennent dans la 
basse-cour ou dans le jardin, elles sont souvent interpellées 
par les mécaniciens, chauffeurs ou employés des trains de 


| 


de 


Mer tot 
rt 


Societé Nationale d'Acclimatation de France. Pr. XI. 


RENE LS 


(EEE À Au en S 


Sesamia vuleria Q. Prodenia relina. 
Sesamia vuleria &. Cirphis nebulosa &. 
Cirphis nebulosa Q. 


Insectes nuisibles à la Canne à sucre. 


CI. CINTRACT. 


OEufs de Sesamia vuleria parasités. 
OEufs de Sesamia vuteria. 
OEufs de Prodenia relina. 


CI. D'ÉMMEREZ. 


LE GRAND-DUC 305 


marchandises allant vers Paris, lesquels, arrivés devant chez 
moi, marquent d'ordinaire un arrêt avant d'être admis à fran- 
chir les aiguilles de garage. Et si avec cela on pense à ce que 
peut avoir d’effarant la vue des locomotives bruyantes crachant 
la vapeur, la fumée et les escarbilles, la venue en tempête des 
rapides qui sifflent terriblement pour annoncer qu'ils vont 
franchir la gare en vitesse, on se rend comple que mes Grands- 
Ducs ne jouissent, nuit et jour, que d’une tranquilité relative. 
Mais on se fait à tout ; et mes sauvages bêtes, habituées à la 
vue et au bruit des trains, ont fini par se reproduire là ; cepen- 
dant, je considère que le long repos donné à la femelle est la 
principale cause de l’accomplissement de cet acte. La repro- 
duction du Grand-Duc en captivité est, paraît-il, plutôt rare; 
je Liens donc à faire connaître entièrement ce que j'ai pu en 
observer. - 

Dans la journée, j'ai perçu chaque jour, en toutes saisons, le 
cri de mes Grands-Dues ; mais c’est surtout dans la soirée, la 
nuit et dans la matinée qu’ils se font presque continuellement 
entendre : ouhou! bou-hou ! dits sur un ton grave, tels sont les 


“cris ordinaires de cette espèce, cris moins retentissants que 


l'appel de la Hulotte, suivi des notes roulantes et sonores qui 
l'accompagnent presque toujours. Parfois, le Grand-Duc fait 
entendre un autre cri : vouet ! vouet / sorte d’aboiement qui se 
rapproche beaucoup de celui du Renard, mais en plus fort. 

Quand survient l’époque des amours, le cri du grand Rapace se 
complète d'un roucoulement analogue, ou presque, à celui 
d’un Pigeon, mais plus fort, et de sons répétés qui rappellent 

à s'y méprendre le bruit d'une scie de menuisier qui divise 
une planche fixée à l’établi par le valet de fer : vou-vri ! vou- 

CLOUS f 

Je possède depuis longtemps un Grand-Duc empaillé les 

ailes ouvertes ; bien des fois je l’ai fixé sur un arbre pour 

attirer les Rapaces et les Corvidés. Dans le cours du second 

semestre de 1906, j'achetai un (rand-Duc monté et articulé, 

lequel, fixé sur une perche qu'on ornait de quelques petites 

branches, tournait la tête et remuait les ailes lorsqu'on l’action- 

nait à l’aide d'une corde goudronnée, couleur de terre, qu'on 

tirait de la hutte. Pendant plus d'un an, mes Grands-Ducs 

vivants restèrent à peu près tranquilles dans leur volière et 

furent rarement emmenés en campagne. Je n'ai pu voir s'ils 

se poudraient comme le font beaucoup d’Oiseaux en s'accrou- 


306 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


pissant pour s’agiter et gralter dans la poussière. Je ne le crois 
pas. Cependant, même en dehors de l'époque de la reproduc- 


tion, j'ai souvent vu de larges et peu profondes excavations - 


dans le sol de leur volière, qui, chaque matin, était ratissé. Ce 
qui ne me permettait pas de comprendre le pourquoi de cette 
manœuvre, C'est que parfois ces excavations étaient faites par 
temps humide ; alors, je constatais de temps à autre, si le 
travailleur ne s'était pas encore lavé, que la bête s'était servie 
de ses ongles et de son bec pour creuser le sol. 

Or, pendant les premiers mois de 1908 Les trous en forme de 
large cuvette, soigneusement comblés par mes employés 
chaque matin, se renouvelaient avec persistance et de plus en 
plus ; mes deux Oiseaux y travaillaient, ainsi quele témoignait 
l'état de leur bec et de leurs serres. Outre les cris ordinaires, 
j'entendais des roucoulements, des bruits de scie, ces derniers 
nouveaux pour moi. Et le matin du 21 avril 1908 je trouvai, 
à ma grande joie, un œuf superbe dans une cuvette creusée 
pendant la nuit; la veille, il avait neigé abondamment, et 
dans la matinée du 21 il y eut quatre degrés centigrades au- 


dessous de zéro. La femelle n'était pas sur son œuf; il était 


glacé et je le mis dans une large caisse plate sans couvercle, 
remplie de foin, que je plaçai dans l’abri des Grands-Ducs ; 
mais ma femelle ne s’en occupa pas. Le 22, je le mis sous une 
Poule qui désirait couver, en l’accompagnant de quelques œufs 
de Poule que je marquai, car je me proposais de les enlever les 
uns après les autres et de les remplacer par de nouveaux œufs 
de Poule, afin de prolonger, si besoin était, l'incubation de 
l’œuf étranger jusqu’à l’époque de l’éclosion de son poussin, 
époque que j'ignorais, et sans qu'il y ait avant une éclosion de 
Poulet. Ma femelle Grand-Duc dédaigna de pondre dans la 
caisse remplie de foin. Le 24, dans la matinée, je la trouvai 
couchée dans une cuvette creusée dans le sol humide de sa 
cour, exactement au même endroit que la première, que j'avais 
comblée; la pluie tombait abondamment et la bête était toute 
mouillée ; l'œuf qu'elle venait de pondre était très chaud. Je 
mis encore cet œuf dans l’abri, mais elle n’alla pas s’accroupir 
dessus, et dans la soirée, ainsi que dans la matinée suivante où 
e le plaçai sous la Poule couveuse, il était froid. Le 27 avril, 
nouvelle cuvette creusée exactement à la même place que les 
premières; je la comble. Le même jour, à quatre heures du 
soir, toujours au même endroit, je trouve la femelle couchée 


A 


LE GRAND-DUC 307 


dans une nouvelle excavation ; sous elle, un œuf chaud tout 
nouvellement pondu ; placé dans son abri, elle l’abandonne, et, 
le lendemain, il est mis sous la Poule. 

Toujours exactement à la même place, le 1° mai, la 
femelle est couchée dans sa cuvette de sable, et sous elle je 
trouve un œuf, que je vide pour le mettre dans ma collection. 
Ma bête a conservé sa douceur habituelle ; elle se laisse toucher 
facilement et ne cherche pas à se défendre. Quant au mâle, il 
me saute dessus et me blesse à la lèvre inférieure et au front ; 
depuis deux mois, il attaquait souvent mes employés et moi- 
même. Le 4 mai au matin, la femelle est couchée sur une 
cuvette contenant un œuf, creusée à la même place que les 
précédentes ; comme je prends cet œuf sans protestation de la 
part de la pondeuse, son mâle me saute à la tête et d’un violent 
coup de serres me déchire une oreille en plusieurs endroits. 
Le lendemain, l'œuf est mis sous une seconde Poule cou- 
veuse, la femelle Grand-Duc refusant de le couver dans son 
refuge. : 

Le 7 mai, à 4 heures du soir, même cuvette, et, sous ma 
bête, un œuf tout nouvellement pondu. Refus de le couver 
dans l’abri; mise de l’œuf sous la deuxième Poule, le lende- 
main. Le 11 mai, dans la matinée, dans une cuvette creusée en 
un autre endroit de la cour de la volière, je trouve un œuf 
encore chaud ; la femelle est juchée sur le perchoir de son 
abri, cet œuf fut mis sous la seconde Poule, après avoir été, 
comme les autres œufs de Poule ou de Grand-Duc, marqué et 
numéroté au crayon. À la même place que le 11 mai, la femelle 
Grand-Duc creuse une excavation pendant la nuit du 14 au 
15 mai ; elle y pond un œuf et rentre dans son refuge. 

Ma bête a pondu, du 21 avril au 15 mai, huit œufs d’un blanc 
mat, parfois très légèrement lustré, à extrémités à peu près 
semblables ; cependant, en regardant bien, on remarque qu’un 
bout est plus petit que l’autre, mais très peu, ce qui donne aux 
œufs de cette espèce une apparence assez arrondie; ils mesurent 
de 58 à 61 millimètres de longueur, sur 48 à 50 de largeur. 
Désirant ne pas fatiguer ma femelle Grand-Duc, je laissai le 
dernier œuf dans son abri. Elle ne se plaça pas dessus ; mais 
sa ponte était bien terminée, car je ne trouvai plus aucun nou- 
vel œuf. 

Pourquoi, alors que chez cette espèce la ponte ne se compose 
que de deux à trois œufs, ma femelle en avait-elle donné un 


308 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


nombre aussi considérable ? La quantilé de jours entre les 
œufs a élé de trois entre le premier et le deuxième, trois entre 
le deuxième et le troisième, quatre entre le troisième et le 
quatrième, trois entre le quatrième et le cinquième, trois entre 
le cinquième et le sixième, quatre entre le sixième et le sep- 
tième, et quatre entre le septième et le huitième. La ponte s'est 
poursuivie, régulière, du premier au huitième, avec un inter- 
valle de trois ou de quatre jours entre chaque œuf. Il faut donc 
croire que cette femelle, qui peut-être pondait pour la première 
fois alors qu'à l'état sauvage elle aurait dû pondre depuis long- 
temps déjà, a eu une proportion anormale d’ovules arrivant 
presque en même temps à maturité, d'où cette ponte nombreuse 
et extraordinaire. Mais on sait aussi que la ponte recommence 
et continue promplement chez les Oiseaux auxquels on subti- 
lise leurs œufs. } 

Les œufs placés sous les Poules ne donnèrent rien; quand je 
vidais les coques, un seul œuf, lé premier pondu, était fécondé 
et contenait certainementun embryon mort; je crois aussi avoir 


trouvé trace d'embryon dans le second œuf. 
(A suivre.) 


À 


DE L'INFLUENCE DES MIGRATIONS 
ET DES INTRODUCTIONS ACCIDENTELLES 


Par le comte DELAMARRE DE MONCHAUX. 


Dans une courte observation présentée à la séance du 
3 février 1919 de notre Société, à propos de migrations des 
Papillons du Choux (Pieris brassicæ L.), j'ai insisté sur l'intérêt 
que présenterait la déterminalion de l'amplitude des migra- 
tions de ces Papillons et, plus généralement, des autres 
Insectes, au point de vue de l'influence de ces migrations sur 
la diffusion géographique des espèces. 


On peut généraliser la question, pour les êtres organisés 


vivant à l'époque actuelle, comme pour ceux des temps géolo- 
giques. 

Celle diffusion géographique et paléogéographique est inté- 
ressante à la fois àu point de vue de la répartition géogra- 
phique des espèces et au point de vue du problème de l’évo- 
lution. 


MIGRATIONS ET INTRODUCTIONS ACCIDENTELLES 309 


C'est ainsi, notamment, que, dans une discussion, qui eut 
lieu en 1892, à la Société belge géologique (1), à la suite d’une 
communication de M. Dollo, M. van den Broeck, traitant des 
rapports entre l’'émigralion et la filiation des espèces, notam- 
ment à l’époque miocène, faisait remarquer que les précur- 
seurs de la faune malacologique des sables miocènes ne doi- 
vent pas, le plus souvent, être recherchés dans les terrains 
sous-jacents, ni leurs successeurs immédiats dans les dépôts 
qui leur sont superposés; car, par suite des transgressions 
géologiques, on constate de véritables invasions d’espèces. 

Ce que la connaissance des couches géologiques et de la 
paléogéographie nous révèle pour les âges disparus, nous 
sommes à même de le constater à l’époque actuelle; car nous 
vivons, en somme, à une époque géologique semblable aux 
autres, avec cette circonstance, favorable à son étude, que nous 
avons la bonne fortune d'en être les contemporains. 

Les observations et les études relatives aux migrations des 
animaux et des plantes, à leur disparition de certaines régions, 
à leur dispérsion et à leur acclimatation sont donc d'une très 
haute portée scientifique et d'un intérêt très général, dans la 
durée comme dans l’espace. 

C’est pourquoi”il nous a paru utile d’y revenir, dans la pré- 
sente note, n'ayant pu développer notre pensée dans la courte 
observation ci-dessus rapportée. 

Il serait très intéressant que les membres et les correspon- 
dants de notre Société à l'étranger voulussent bien recueillir 
toutes les observations susceptibles de contribuer à la connais- 
sance de ces migrations. Leur groupement, sous les auspices 
du Secrétariat, ne pourrait être que fort instructif et jetterait 
sans doute un jour plus grand sur bien des problèmes encore 
obscurs. \ 

Les migrations en question sont d'autant plus importantes 
à suivre ou à étudier, semble-t-il, qu’elles sont souvent provo- 
quées par les modifications survenues dans les conditions 
d'existence et de milieu, qui forcent l'espèce ou le trop-plein 
de l’espèce à émigrer. Il serait, par suite, extrêmement intéres- 
sant d'étudier l'adaptation des émigrants, lorsqu'ils subsistent, 
au nouveau milieu qui s'offre à eux. 

Cette étude favoriserait grandement les essais d’acclimata- 


(1) Séance du 26 avril 1892. Bull. Soc. belge de géol., NI, 1892, p. 95. 


310 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


tion, par la connaissance acquise de la faculté d'adaptation des 
espèces. 

Elle pourrait être également poursuivie par l'observation des 
animaux et des plantes, utiles ou nuisibles, importés acciden- 
tellement. 

Sans rappeler ici la déplorable acclimatation spontanée du 
Phylloxéra, qui trouva, sur nos Vignes, moins résislantes que 
les américaines, un terrain de culture où il prospéra de 
fächeuse manière, on peut citer un autre exemple remarquable 
de parasite importé, dans la Teigne des Pommes de terre et du 
Tabac (Phthorimæa operculella Zell.), qu’on pourrait juste- 
ment appeler la Teigne des Solanées, suivant la remarque de 
F. Picard ; car la Pomme deterre n’est pas la seule Solanée sur 
laquelle elle exerce ses ravages. 

Dans une « Note sur la Teigne des Pommes de terre », parue 
au Bulletin de la Société d'Acclimatation (1875, IT, p. 223-229), 
M. E. Ragonot désiguait sous le nom de Gelechia solanella 
Boisd., l'Insecte auquel le D' Boisduval avait consacré, en 
novembre 1874, une courte note parue dans le Journal de la 
Société centrale d'Horticulture de France (2° série, VIII, 1874, 
p. 713), note qui fut reproduite dans le Bulletin de notre 
Société (1875, II, p. 272-73). 

La Teigne, qui nous occupe, n’est donc pas une inconnue 
pour les lecteurs du Bulletin. 

C'est sous le nom de Briotropha solanella, que Boisduval 
l'avait signalée, en 1874, comme existant en Algérie, où la 
larve de ce très petit papillon occasionnait, depuis deux ans 
déjà, des dégâts importants, en attaquant les Pommes de terre 
des environs d'Alger. À El Rear, notamment, plus des trois 
quarts de la récolte avaient été perdus. Cette redoutable 
quoique minuscule Chenille ravageait les précieux tubercules, 
en y creusant des galeries, qu'elle remplisssait de ses excré- 
ments, au point de les rendre impropres à toute consommation. 

L'année suivante, en 1875, Ragonot signale le fait, dans 
une note sur cette Tinéide, communiquée à la séance du 
10 février de la Société entomologique de France (Bull. Soc. ent. 
Fr. 1875, p. XXXWV). 

Quatre ans plus tard, en 1879, il signalait, à la séance du 
22 octobre de la même Société, sous le nom de Gelechia laba- 
cella, un microlépidoptère dont la Chenille causait des ravages 
dans les dépôts de feuilles de Tabac, en Algérie. 


- MIGRATIONS ET INTRODUCTIONS ACCIDENTELLES 311 


En 1902, Meyrick créa, pour cette espèce, le genre Phthori- 
mæa (Entomologist Monthley Magazine, 1. XXXVIII, 4909, 
p. 103). 

Sous ce titre « Un ennemi de la Pomme de terre », F. Lafont, 
dans le Progrès agricole et viticole de Montpellier, consacrait, 
en 1906, uné étude à notre frêle et nuisible Insecte, dont l’in- 
troduction en France fut signalée, cette même année, par 
M. le baron de Fonscolombe, qui, après enquête, fit connaître 
l'existence de dégâts, peu graves encore, dans la région des 
environs de Cogolin, près Saint-Tropez (Var). 

: M. Lafont, alors préparateur à l'École nationale d'Agriculture 
de Montpellier, à qui avaient été envoyés les Insectes auteurs 
de ces dégâts, les donna à déterminer au R. P. de Joannis, qui 
reconnut la même espèce que celle signalée par Boisduval en 
Algérie. 

Cette espèce est signalée, pour la seconde fois en France, pär 
M. le professeur Picard, de Montpellier (C. À. Ac. Sc., CLIV, 
8 janv. 1912, p. 84), qui indique, en même temps, qu'on a 
constaté sa présence en Portugal. L’Insecte, dit-il, est cosmo- 
polite (1). On peut croire, tout au moins, qu'il a des aptitudes 
à le devenir. 

Lafont l'avait signalé, en 1906, à La Môle, près Cogolin (Var). 
M. Picard l’y retrouve, en 1911, avec l’aide de M. Sénéquier, 
professeur d'agriculture. C’est bien de la Teigne des Pommes 
de terre qu'il s'agit. 

Les cultivateurs de Bormes l’avaient remarquée, dès 1902. 
Depuis, les dégâts avaient été croissants. 

L'Insecte à, en effet, plusieurs générations annuelles. Les 
Chenilles d'été minent les feuilles ; celles d'automne et d’hiver 

_creusent des galeries dans les tubercules conservés en magasin. 

Les Pommes de terre contaminées sont envahies par de 
nombreuses Bactéries et par des Champignons parasites ( Sty- 
zanus stemonilis). 

Les animaux de la ferme refusent de les manger. La perte est 
donc considérable ; et le mal se propage par la mauvaise habi- 
tude qu'ont certains paysans de planter des tubercules atta- 
qués, au lieu de les détruire soigneusement. 

M. F. Picard, auteur de travaux approfondis et d'observa- 
tions détaillées sur la Teigne des Pommes de terre, conseillait, 


(1) Ann, du Serv. des Epiphyties, T, p. 106. 


312 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


pour lutter contre ce redoutable fléau, des désinfections répé- 
tées au sulfure de carbone, après l’arrachage, d'après les expé- 
riences faites par Clarke en Californie; mais il reconnut ensuite 
què cette méthode, excellente pour détruire les Chenilles et les 
chrysalides extérieures aux tubercules, laissait subsister des | 
larves vivantes dans l’intérieur des Pommes de terre elles- 
mêmes. Il s'arrêta donc (indépendamment de l'étude à pour- | 
suivre des moyens de lutte par les ennemis naturels) à des | 
procédés pratiques de destruction, qui sont les suivants : con- | 
servation des provisions sur une couche de sable sec ; destruc- 
tion des tubercules contaminés ; désinfection des magasins, | 
sols et murs, par des lavages ou pulvérisations au pétrole ou : 
avec des émulsions de pétrole et de savon. | 

Accessoirement, il indique l'emploi de pièges lumineux; la | 
destruction des tiges attaquées dans les cultures, pour anéantir L 
les générations d'été ; le nettoyage des champs après la récolte, 4 
et enfin un buttage soigné des plantations (1). | 

L’invasion de la Teigne des Pommes de terre semble, quant 
à présent, localisée dans une région restreinte du Midi, d'après 
les renseignements qu’a bien voulu #ous donner M. le professeur 
Marchal. Pourtant, la présence de cette Teigne, constatée en 
Nouvelle-Zélande, semblerait indiquer qu'elle peut s'adapter 
aux climats plus froids du Nord de la France. Des Pommes de 
terre de la région méridionale contaminée arrivent parfois 
sur le marché de Paris. : 


not fc nn do 


Ve ENET VUE 


Déjà, à notre connaissance, deux papillons de Phthorimæa | 
operculella ont été capturés aux environs du Bois de Boulogne, 4 
et déterminés par le R. P. de Joannis, antérieurement à 1906. 

Enfin Chittenden (cité par Picard) a récemment signalé : 

à 


l’envahissement des régions froides des États-Unis par la 
Teigne. , 

Le dangereux parasite pourrait donc menacer nos cultures 
de Pommes de terre, de Tabac, d’Aubergines, de Tomates, 
puisqu'il peut vivre sur ces diverses Solanées, comme le prou- 
vent les expériences de M. Picard. 

Et le danger est d'autant plus grand, que le même auteur 
a signalé l'existence de la parthénogénèse chez la Teigne de la 
Pomme de terre (C. À. Ac. Sc., 7 avril 1913, p. 1077), assez 
rarement d’ailleurs, neuf fois sur plus de cent expériences. Les 


(1) Loc. cit., pp. 110 et 174. 


Fa 


LME ETES 
L À 1 af : - 


MIGRATIONS ET INTRODUCTIONS ACCIDENTELLES 313 


neuf femelles qui donnèrent une descendance produisirent, en 
tout, vingt-trois femelles et vingt et un mâles. 

M. Picard a établi que la Teigne s’attaquait à la plupart des 
Solanées. En Amérique, elle s'attaque au Tabac. Howard (1898) 
et Clarke (1901) ont constaté qu’elle peut vivre sur Solanum 
Douglasi, nigrum, umbelliferum, xanti, Carolinense ; sur la 
Tomate et la Plante aux œufs (Solanum ovigerum). 

En 1911, on a signalé une forte attaque sur les Tomates de 
la Nouvelle-Zélande. 

Picard réussit à infester Solanum Maglia, Commersoni, 
dulcamara, miniatum, melongena (Aubergine), lycopersicum 
(Tomate), Capsicum annuum (Piment), Micotiana tabaccum et 
sylvestris (Tabac), Hyoscyamus albus (Jusquiame), Lycium euro- 
pæum. 

Parmi les espèces végétales n’appartenant pas à la famille 
des Solanées, il infesta le Verbascum sinuatum, et obtint même 
un élevage, unique il est vrai, sur le Pommier (Pyrus malus). 

On voit quelle faculté d'adaptation possède ce Microlépi- 
doptère. Quant à sa répartition géographique et à sa diffusion, 
il est assez difficile d'établir exactement son origine. 

Signalé d’abord aux États-Unis, en 1891, par Riley et 
Howard, qui constatèrent sa présence en Californie, où il était 
déjà connu depuis nombre d’années, Zeller l’a décrit, en 1873, 
du Texas, mais sans savoir sur quoi vivait la chenille, et 
n'ayant vu que le papillon. 

Avant 1891, Chambers, en 1878, décrivit à nouveau Gelechia 
solaniella (Canadian Entomologist, t. X, mars 1878, p. 50-54). 

Matthew Cooke, en 1883, la signale comme nuisible en Cali- 
fornie ;, son travail est le plus complet « sur le cycle évolutif et 
les moyens de lutte » (F. Picard, Ann. du service des Epiphy- 
hes, I, 141). 

La Teigne parasite ravageait surtout les Pommes de terre, 
dans les États de l'Ouest, et le Tabac dans ceux de l'Est. 

La génération d'été s’attaquait aux feuilles; celle d’hiver 
aux tubercules rentrés et aux stocks de tabac en feuilles. 

La Teigne est signalée à Porto-Rico, aux iles Sandwich et 
en Australie. 

Le capitaine Berthon la signale, dès 1854, en Tasmanie, 
mais sans lui donner de nom. 

Meyrick la signale, en 1886, en Nouvelle-Zélande, venant de 
Tasmanie. 


314 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Or l'ile du sud de la Nouvelle-Zélande possède un climat 
analogue au climat breton, et la Teigne y existe à l’état endé- 
mique! Les climats froids ne sont donc pas un obstacle absolu 
à son acclimalation ; ils diminuent seulement sa nocivité, en 
restreignant son développement. 

Busk signale notre Insecte dans la colonie du Cap en 1903. 
Il est signalé aux Indes anglaises, en 1910, par Maywell-Lefroy 
et Evans. Il est alors répandu d’un bout à l'autre des Indes, et 
les dégâts auraient débuté en 1907! 

Maxwell-Lefroy et Evans, qui ignoraient alors que Zeller 
avait reçu notre Phthorimæa du Texas, croyaient que cet 
Insecte venait d'Algérie. Meyrick élait également de cet avis,, 
pour la même raison; car on en était toujours à la Solanella 
de Boisduval, provenant de cette contrée. 

Evans pensait qu'elle avait pu être importée d'Italie aux 
Indes. 

Staudinger et Rebel (Catalogne Lépid. paléart) la signalent 
de Catalogne, sans autre détail. 

Enfin, on l’a trouvée aussi aux Canaries et aux Açores. 

Elle a été étudiée aux Açores par Re (L’A griculture 
contemporaine, 1899). 

Quant aux Canaries, elle est citée par Staud et Rebel; et, 
dans les Annalen des K. K. naturhistorischen Hofmuseums 
(Wien, 1892, p. 274), le D' H: Rebel raconte que le professeur 
Simony caplura un mâle le 20 octobre 1890, la nuit, à l'endroit 
nommé Dorfe Rio Palma, dans l'ile de Fuertaventura. Ce mâle 
fut déterminé Solanella B. par Ragonot (Annalen, t. VIT, 
fasc. III). 

Sur la foi d'expériences faites par M. Olivier, qui avait 
trouvé, le 4 mai 1885, à Mondovi (Algérie), des chenilles de 
Lila tabacella Rag. et avait réussi à élever l’une de ces che- 
nilles avec des Pommes de terre (premier essai d’identification 
des deux espèces), Rebel croit à l'identité des espèces sola- 
nella B. et tabacella Rag. Il cite les expériences de notre com- 
patriote el ajoute que les papillons n'ont d’ailleurs entre eux 
aucune différence. é 

Enfin Meyrick rapprocha des diagnoses de ces deux espèces 
celle de l’'Operculella Zeller. I fut reconnu que les trois n’en 
faisaient qu’une et l’on accorda la priorité à Phthorimæa oper- 
culella Zeller. 

Pour en finir avec les Canaries, le Russe Alpheraky a signalé 


MIGRATIONS ET INTRODUCTIONS ACCIDENTELLES 345 


notre espèce, qui fut prise en septembre 1888, dans le Jardin 
botanique d’Orotava, par le grand-duc Nicolas Michaïlowitch 
(assassiné depuis par les bolcheviks!) durant un court séjour 
qu'il fit à Ténériffe, du 20 au 26 septembre, en compagnie des 
lépidoptéristes Serge Alpheraky et le D' G. Sievers; et, dans 
un Rapport publié sur les résultats de ce voyage, Alpheraky se 
dit redevable à notre compatriote Ragonot de la délermination 
de la Lita solanella B. Maïs, en lui donnant ce nom, Ragonot 
avait ajouté sur l'étiquette —? fabacella Rag. (Zur Lepidop- 
teren-Fauna von Teneriffe, von S. Alpheraky, p. 231). 

On nous pardonnera d'être entré dans ces délails de nomen- 
clature et de zoogéographie, à l’occasion de la Teigne des 
Solanées; mais il nous a paru utile de montrer, par cet exemple, 
l'intérêt pratique que peut offrir la réunion d'observations 
diverses et les questions scientifiques que pose l'apparition d’un 
être nouveau là où ne l’attendait pas. 

Peut-être des observations et des expériences ultérieures 
permettront-elles d'introduire et d’acclimater, dans les régions 
infestées par la Teigne des Solanées, des Hyménoptères endo- 
phages qui semblent exister en Amérique, et arrivera-t-on à 
lutter efficacement contre ce parasile, comme on l'a fait en 
Italie, non sans succès, contre la terrible Cochenille du Mürier 
(Diaspis pentagona) qu’une sorte de Guêpe minuscule de moins 
de 1 millimètre de longueur, la Prospaltella Berlesei, parasite 
victorieusement ; ou comme on a lutté, en divers pays, contre 
la Cochenille de l'Oranger et du Citronnier (/cerya Purchasi), 
au moyen de la Coccinelle australienne bien connue, le Vovius 
cardinalis ; et comme on arriverait peut-être à le faire contre 
les Criocères de l'Asperge (Crioceris Asparagi et C. duodecim- 
punctata) au moyen du Zetrastichus Asparagi, petit Chalcidien, 
d’un bleu vert, observé par M. A. Paillot, dans la région marai- 
chère d’ L'or (4). 

Quant aux végélaux introduits Clement rappelons 
que le marquis de Vibraye signalait en 1872, à l’Académie des 
Sciences, l'apparition spontanée en France de plantes fourra- 
gères exotiques, à la suite du séjour des armées Der 
en 1870 et 1871 (2). 


(1) Ann. du Serv. des Epiphyties, 1V, pp. 335-36. 
(2) Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, LXXIV, 1872, pp. 1376-1381, 
1283- 


| "el us 


316 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


La grande guerre qui vient de finir ayant amené, sur notre 
territoire, des armées et des denrées des provenances les plus 
diverses et les plus lointaines, il est presque certain que des 
faits analogues se sont déjà produits ou vont se produire. 

Il y aurait lieu d'y prendre garde, de les observer et de les 
signaler. 

Nous avons trouvé nous-même, dans des haricots du Ravitail- 
lement, de provenance exotique, des traces du travail dévas- 
tateur de certaines Bruches. 

Comme importation ancienne signalons, pour clore cette série 
d'exemples, qu'à Blois, l’on retrouve encore, dans les fossés du 
Chäteau et sur les terrasses de l'Évêché, quelques « mauvaises 
herbes » exotiques, qui paraissent provenir de l’ancien Jardin 
botanique où Gaston d'Orléans avait su réunir, au xvr° siècle, 
un ensemble de plus de 2.000 végétaux catalogués. 

On voit par là quelle est la persistance de certaines espèces, 
quand elles rencontrent un milieu favorable. 

Disons pourtant que les mauvaises herbes en question sem- 
blent tout à fait localisées. 

Nous en avons transporté, à titre expérimental, dans notre 
parc de Troussay; mais, dès que nous cessâmes de les cultiver, 
elles disparurent rapidement, ce qui nous rassura sur leur 
dispersion possible. ; 

Il nous serait facile de multiplier ces exemples, notamment 
pour les végétaux parasites introduils parfois avec des semences 
de provenance étrangère. 

C'est ainsi que la Cuseute (Cuscuta epithymum L.) présente, 
en Loir-et-Cher, d'après Franchet, deux variétés : a. fypica, 
qui croit isolément sur le Thym, les Genèêts, les Bruyères, les 
Centaurées; D. Trifolu, qui s'étend en taches circulaires et 
détruit par places les prairies artificielles de Trèfle et de Luzerne 
qu’elle infeste. Cette variété b, connue dans l'Europe moyenne 
et australe, en Asié-Mineure, au Caucase et dans l'Afrique 
septentrionale, est ordinairement introduite avec les graines, 
et s’est beaucoup développée dans nos régions du Centre depuis 
la guerre. 

Tels sont les divers points de vue auxquels nous désirions 
faire allusion. Nous espérons qu'ils seront de nature à pro- 
voquer, parmi nos collègues et correspondants, des observa- 
tions nouvelles et des communications utiles au progrès de la 
Science appliquée. 


PRET : 


PAS TONER 2 


En er bn Te LC on ME A a ni > 


< 


LA DIRECTION DE L'AGRICULTURE À LILE MAURICE 317 


L'OEUVRE DE LA DIRECTION DE L'AGRICULTURE 
A L'ILE MAURICE 


Par P. CARIÉ 


La Direction ou, pour nous servir du terme anglais, le Dépar- 
tement de l'Agriculture de l'île Maurice est une création toute 
récente, mais dont les services ont été d’une telle importance 
pour l'Agriculture coloniale, qu’il est de quelque intérêt de les 
résumer ici, comme exemple de ce qui pourrait et devrait être 
fait dans nos colonies. 

Il existait à Maurice un organisme agricole, créé en 1899, 
sous le nom de station agronomique et contrôlé par l'Etat, mais 
jouissant d’une certaine autonomie. Les frais de cette institution 
étaient couverts par un droit de sortie sur les sucres de 0 r. 02 
par 100 kilogrammes. Cette contribution, infime en fait, pro- 
duisait cependant de 30 à 40.000 roupies (50 à 67.000 francs) 
annuellement, somme plus que suffisante pour le budget de 
la station, qui s'élevait à 21.000 roupies (35.000 francs) 
environ. | 

M. Philippe Bonâme, chimiste agronome des plus distingués, 
avait été appelé, quoique Francais, à la direction de ce service, 
car il n’y avait pas, à ce moment, de spécialiste disponible en 
Angleterre. 

A ce sujet, il est permis d'ouvrir une parenthèse : en chimie 
agricole comme en toutes les autres sciences, la France peut 
s'enorgueillir d’avoir eu ses fils comme précurseurs. Pourquoi 
faut-il que nos rivaux et nos ennemis nous aient peu à peu 
dépassés dans l’application pratique des principes que nous 
avons posés ? 

. Quoi qu'il en soit, M. Bonâme, à ce moment, était déjà très 
connu : il avait fait une exploration scientifique du Turkestan 
russe, etavait dirigé à la Guadeloupe, pendant plusieurs années, 
la station agronomique de la Pointe-à-Pitre. 

Un concours de circonstances, dont on ne peut le rendre 
responsable, ne lui permit pas de rendre à la colonie tous les 
services qu'on pouvait attendre de lui. La routine de beaucoup 
de planteurs, la suspicion qui suivait, quand elle ne la précé- 
dait pas, l’œuvre d’un Français, entravèrent les meilleures ini- 
tiatives de M. Bonâme. L'œuvre qu'il accomplit fut cependant 


318 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


considérable : sélection des meilleures espèces de Cannes à 
_ sucre, étude des sols au point de vue des engrais complémen- 
taires à leur fournir, cultures diverses tentées, et très souvent 
réussies, formation de jeunes chimistes qui n’ont jamais été en 
Europe, et qui font honneur à leur maitre, conseils aux plan- 
teurs, disposés sinon à les suivre, tout au moins à les écouter, 
telles furent, pendant vingt ans, les constantes directives de la 
pensée et de l'action de ce savant. Si l'estime publique l’environ- 
nait à Maurice, il n’y exerçait pas l'influence à laquelle il aurait 
eu droit, mais en France, dans les milieux coloniaux et sucriers, 
il faisait autorité. 

En 1906, émus de voir combien la Station agronomique 
s’effaçait peu à peu, quelques-uns des membres les plus actifs 
et les plus énergiques de la Chambre d'Agriculture de Maurice 
résolurent de lui donner un nouvel essor. Les maladies de la 
Canne à sucre se multipliaient, sans qu'aucun effort fût tenté 
pour les combattre. D'autre part, malgré les essais de 
M. Bonâme, on n'était pas arrivé à améliorer sensiblement les 
espèces de Cannes cultivées dans l'ile. On tournait dans un 
cercle vicieux. Les Cannes relativement rustiques, et à gros 
rendements aux champs, pêchaient parun manque de richesse, 
et les Cannes très riches ne donnaient qu'un faible poids à 
l’hectare. Alors qu’en Allemagne, la Betterave donnait un pro- 
duit de 17 p. 100, en France de 15 p. 100, les meilleures espèces 
de Cannes, à Maurice, ne dépassaient pas 11 et 42 p. 400, 
exceptionnellement, et dans des régions privilégiées. 

M. André d’Arifat, à la séance du 18 juillet 1906 de la Chambre 
d'Agriculture, posa nettement la question. Le projet revétait 
une forme modeste : La Chambre demandait qu'on adjoignît 
au service de Chimie agronomique un spécialiste en phytopa- 
thologie, ayant des connaissances étendues en botanique. Il 
n’était pas question de modifier plus profondément l'organisme 
existant dont M. Bonâme restait Le directeur. 

Cette demande se heurta à une force d'inertie inconcevable. 
Ce ne fut que plus de deux ans après, exactement le 27 mai 1909 
(Bulletin Agricole, 1910, p. 143), que le Comité de la Station 
agronomique vota le crédit demandé par la création d’une 
place de botaniste. Le gouvernement local avait d’ailleurs 
entravé la bonne volonté du Comité et ne ratifia cetle décision 
que plusieurs semaines après Le vote de ce crédit. 

En juin de la même année, arrivait à Maurice une Commission 


LA DIRECTION DE L'AGRICULTURE A L'ILE MAURICE 319 


royale d'enquête sur la situation économique et financière de 
l'ile. Après avoir siégé pendant plus de deux mois, procédé à de 
nombreux interrogatoires, réuni une énorme documentation, 
elle présenta l'année suivante, au mois de juin, un rapport aux 
Chambres du Parlement britannique, et recommanda, entre 
autres, la création d’un Département d'Agriculture, qui aurait 
à sa tête un fonctionnaire britannique, chimiste ou botaniste, 
auquel serait adjoint un assistant possédant l’une ou l’autre de 
ces qualifications, et un entomologiste. 

La question fut agitée à ce moment de savoir si le Départe- 
ment d'Agriculture serait un corps autonome, dont les dépenses 
seraient payées par un impôt spécial sur la sortie des sucres, 
et qui serait sous le contrôle de la Chambre d'Agriculture, ou 
si les frais de cette institution seraient inscrits au budget géné- 
ral, ce quila mettrait sous le contrôle absolu de l'Etat, ainsi que 
le conseillaient les Commissaires royaux. 

Une longue correspondance s’ensuivit, et aboutit en janvier 
1912 à des propositions faites, j'insiste sur le mot, par le gou- 
verneur Sir Robert Chancellor à la Chambre d'Agriculture. 
Il reconnaissait tacitement par cette démarche le droit de la 
Chambre à intervenir dans une question qui, pour elle, était 
d'intérêt vital. ; 

Une étude approfondie eut pour résultat une contre-propo- 
sition de la Chambre, sur la base d’un Comité de Contrôle 
émanant de celle-ci. Le gouverneur ne sembla faire aucune 
objection, mais, le 8 novembre 1912, brutalement, le Sous- 
secrétaire d’État des Colonies faisait savoir, par son intermé- 
diaire, à la Chambre d'Agriculture convoquée à cet effet, que 
toutes ses propositions étaient rejetées, que le droit de sortie de 
roupie 0,02 par 109 kilos était supprimé, afin que les planteurs 
nepuissent se prévaloir de ce paiement pour intervenir. 

La Chambre, suivant les détestables errements qui préva- 
laient et prévalent encore dans certains milieux mauriciens, 
s'inclina en silence, malgré la vigoureuse protestation que fit 
entendre l’auteur de ces lignes à la séance du 11 novembre. 

Par une ordonnance en date du 17 décembre, le Département 
était constitué, et un Comité n'ayant que voix consultative, et 
nommé par le gouverneur, était formé. 

Cependant, les discussions qui avaient eu lieu n'étaient pas 
complètement stériles. Le nouvel organe avait pu s’assurer les 
services précieux de M. d'Emmerez de Charmoy, l'entomolo- 


320 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


giste colonial, et de M. H. Robert, le statisticien de la Chambre 
d'Agriculture. Malheureusement, M. Bonâme fut sacrifié, mis 
en sous-ordre, et dégoûté par l’ingratitude qui récompensait 
vingt années de dévouement ininterrompu, il donna sa démis- 
sion. 

Ce long exorde était nécessaire pour faire comprendre le 
mécanisme et l’origine de la Direction d'Agriculture : ce dépar- 
tement se composait par le fait d’un directeur phytopatholo- 
giste, jeune homme de 28 à 30 ans, à peine sorti des études 
préliminaires, et sans grande expérience, d’un assistant-direc- 
teur, chimiste de valeur discutable, tous deux Anglais, d’un 
entomologiste de premier ordre, M. d’'Emmerez, d’un chimiste 
en second, de haute valeur, M. de Sornay, et d’un statisticien, 
M. Henri Robert. 

On n'avait pas d’ailleurs, fort heureusement, attendu l’arrivée 
des compétences d’outre-Manche pour se mettre à l’œuvre. En 
juillet 1911, la découverte, dans les champs de Cannes du nord 
de l’île, d'un Coléoptère inconnu, avait jeté l’'émoi dans le 
monde agricole. Ces craintes étaient amplement justifiées. Des 
centaines, puis des milliers d'hectares étaient infestés. Fort 
heureusement, le Gouvernement, poussé par la Chambre 
d'Agriculture, confia le soin de combaltre cet ennemi à 


M. d’'Emmerez. Les mesures prises donnèrent en peu de temps. 


d'excellents résultats. Le résumé de ces travaux a été publié en 
1912, sous le titre suivant : Rapport sur le Phytalus Smithi 
Arrow, et autres Coléoptères s’attaquant à la Canne à sucre à 
Maurice (fig. 1). 

L'Insecte découvert dans l’île avait été en effet identifié avec 
une espèce de la Barbade par M. Gilbert Arrow, entomologiste 
au British Museum, qui la décrivit. Mais, dans son pays d'ori- 
gine, elle se trouvait en si petit nombre qu'elle avait pu passer 
à peu près inaperçue. 

M. d'Emmerez, se doutant que des parasites devaient êlre la 
cause de cette rareté relative, multiplia les démarches, et le 
résultatne se fit pas attendre, car la 7iphia parallela Smith, qui 
existe au Brésil et à la Barbade, fut reconnue comme étant le 
principal parasite du Phytalus. 

Le Département d'Agriculture, sous l’énergique impulsion de 
son entomologisie, prit des mesures pour l'introduction et 
l'acclimatation de ce parasite. Après plusieurs essais infruc- 
tueux, des cocons vivants parvinrent à Maurice. Ces difficultés 


SRE 


» 


Société Nationale d'Acclimatation de France. 


Un Grand-Duc 


(Bubo maximus) entre MM. Rocuxar et DEBREUIL 


PL. XII 


LA DIRECTION DE L'AGRICULTURE A L'ILE MAURICE 321 


étaient dues en partie à l'éloignement de Maurice de la Barbade, 
en partie à de mauvaises conditions de transport. En mai 1914, 
des Ziphia adultes apparurent, en petit nombre, dans l'insecta- 
rium : quatre couples de ces Scolies furent mis en liberté le 
20 novembre de la même année. 

Le 5 mai 1917, des milliers de Z'iphia furent découverts sur 
le Cordia interrupta, plante couverte de duvets, dans lesquels 
se trouvent des vésicules sucrées. 


F1G. 1. — Capture de 16.000 Phytalus Smithi dans une nuit. 
(CI. du Dépt d'Agriculture. Phot. d'Emmerez,. 


La Tiphia parasite non seulement les Phytalus, mais aussi 
les Oryctes et les A doretus, autres ennemis de la Canne à sucre, 
ceux-ci indigènes. 

D'après un rapport de M. d'Emmerez, publié en août 1917, 
dans le Pulletin of Entomological research, vol. VIU, p. I, le 
nombre des Phytalus détruits par des moyens mécaniques : 
capture, épandage de produits chimiques, etc., se serait élevé 
de 4911 à 1916 à 17.127.089 larves et à 160.979.668 adultes. Les 
frais de cette destruction ont atteint pendant ce temps la 
somme de 89.262 r. 05 ou 148.770 fr. 08. 

On peut considérer le danger, sinon comme conjuré, en 


| tous cas comme fortement diminué. Les résultats de cette 


322 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


campagne, qui se continue depuis huit années, font le plus 
grand honneur à M. d'Emmerez. 

Son activité ne s’arrêla pas à la destruction du Phytalus 
Smithi. D'autres Coléoptères attaquaient la Canne à sucre, 
l’'Oryctes tarandus entre autres, sévissait dans le sud de l’île. 
M. d'Emmerez obtint d’être envoyé en mission à Madagascar, 
où vivent de nombreuses Scolies, parasites des Oryctes de la 
grande ile. Ce voyage, couronné de succès, lui permit de rap- 
porter six espèces de Scolies : 

Scolia oryclophaga, S. viridicolor, S. caffra, Elis Pfeifferac, 
E. Romandi et E. thoracica. 

Ces espèces sont maintenant bien acclimatées à Maurice. 
D'autres travaux sur les Insectes nuisibles aux grains en gre- 
nier, sur les ennemis des Manguiers, sur les Borers de la Canne 
à sucre, ne diminuaient pas l’activité de M. d'Emmerez: l'étude 
sur les Lépidoptères de la Canne à sucre, connus vulgairement 
sous le nom de Borers, mérite une mention spéciale. 

Il s’agit de quatre espèces de Papillons nocturnes : une 
Noctuelle : Sesamia vuteria Stoll., un Crambide : Diatraëa stria- 
talis Snell., et deux Tineïdes: Grapholita schistaccana Van 
Deventer, et A lucita sacchari Bojer. Ces Lépidoptères, d’accli- 
matation certaine, causent des dégâts énormes aux plantations 
de Cannes à sucre, et leur destruction à l’état larvaire, grève 
lourdement le budget des planteurs. 

M. d'Emmerez, ayant étudié les Graminées re 
ment de la Canne à sucre, le Sesamia vuteria fréquente pour y 
déposer ses œufs, arriva rapidement à la conclusion que le 
Maïs était, de beaucoup, la plante de prédilection de cette 
Noctuelle. Il préconisa de procéder entre les lignes de Cannes à 
sucre, à des semis de Maïs, et à l’arrachage des jeunes plants 
dès que les Sesamia y auraient déposé leurs œufs. Cette 
méthode a donné des résultats surprenants. Tout le passage 


qui concerne cette expérience doit être cité; je le fais avec 


d'autant plus de plaisir qu’elle fut tentée sur notre propriété: 

« L'application de cette méthode en 19145 sur une superficie 
de 100 arpents sur la propriété « Mon Désert » eut pour résultat 
la destruction de 5.700.000 Borers et ne coûta, tant pour l’en- 
lèvement des plants infestés que pour l’acquisition des semences 
et leur mise en terre, qu'une somme de 146 roupies (243 fr. 33) 
alors que la destruction de 92.000 Borers blanes et Borers 
ponctués par les moyens ordinaires ; c’est-à-dire l’échenillage, 


Get Ref nd ice DE Rd en et dau a 


tn 


DFE AE TEA 


LA DIRECTION DE L'AGRICULTURE A L'ILE MAURICE 323 


coûta 312 r. 08 (520 fr. 13). ILest bon defaire remarquer qu'in- 
dépendamment des différences entre les sommes dépensées les 
92.000 Borers, provenant de l’échenillage, avaient déjà commis 
leurs ravages que l’on peut facilement évaluer à 275.000 tiges 
détruites au moins, alors que les cinq milliers détruits au 
moyen du Maïs l'ont été avant qu'ils ne se soient attaqués à la 
Canne (Voir Sommaire des recherches, faites du 1° janvier au 
30 juin 1945) (1). 

M. d'Emmerez avait, il y a quelque vingt ans, publié en colla- 
boration avec M. Daruty de Grandpré, un essai sur les Mous- 
tiques, et une monographie des Cochenilles, qui est restée 
classique. Il se propose de la remanier, et entre temps, étudie 
les maladies parasitaires des Oiseaux de basse-cour, prépare 
uu travail sur les Insectes nuisibles aux cultures potagères, et 
doit, de plus, visiter les champs attaqués par les Insectes, les 
vergers, les diverses cultures et répondre aux demandes d’en- 
quête. 

Cette partie de l’œuvre du Département d'Agriculture est 
certes la plus importante, mais il serait injuste de ne pas parler 
du très beau travail de M. de Sornay sur les Légumineuses 
(Les plantes tropicales alimentaires et industrielles de La famille 
des Légumineuses, Challamel, éditeur, 1913), des statistiques 
remarquables de M. H. Robert. 

Le personnel britannique, d'autre part, absorbé, il faut le 
dire, par la besogne administrative, a cependant publié d’inté- 
ressants rapports sur les industries d'extraction de fibres, sur 
la valeur des Camphriers de Maurice au point de vue de la pro- 
duction du camphre raffiné et de l'huile de camphre, et a 
donné, sous forme de petits traités pratiques, des instructions 
très précises aux planteurs pour la récolte et la conservation 
des spécimens destinés à l'examen, sur la composition chimique 
du lait, sur des essais de culture d’Arachides, de Riz, de Maïs 
et surtout de Tabac. 

La culture principale de l'ile n’a pas été oubliée; suivant 
l'exemple de la Société locale des Chimistes, le Département 
d'Agriculture publie, deux fois par mois, pendant la période de 
récolte et de fabrication, une feuille de contrôle des usines, 
(celles-ci ne sont désignées que par un numéro, et toute indis- 
crétion est rendue impossible.) 


(1) Les Borers attaquant la Canne à sucre à Maurice. (Moth. Borers 
affecting Sugar. Cane in Maurituis), 1947, p. 14. 


324 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Cette feuille donne des renseignements du plus haut intérêt 
sur le travail comparé de ces usines: Teneur en sucre des 


Cannes manipulées, ligneux p. 100, jus extrait p. 100, sucre. 


entré en usine, pureté, coefficient glucosique, eau d’imbibition, 
sucre p. 100 dans la bagasse et d'humidité de celle-ci, sucre 
extrait en réalité, perte totale p.100, perle due à la pression 
insuffisante ou défectueuse des moulins, et pertes industrielles 
pendant le processus de fabrication. 

De cette facon, les usiniers peuvent se rendre compte de leur 
infériorité ou de leur supériorité à l'égard de leurs voisins, et 
y suppléer par des mesures appropriées. 

D'autre part, beaucoup d'agriculteurs ont mis à la disposi- 
tion du Département des champs d'expérience, et les résultats 
sont consignés dans des rapports spéciaux. Ces champs, 
divisés en parcelles aussi homogènes que possible, reçoivent la 
même culture, mais différents engrais y sont apportés et, la 
valeur relative de chaque amendement est étudiée avec soin. 

L'amélioration des races locales se fait avec Le plus grand 
soin. Des Taureaux et des Béliers de race pure ont été importés 
pour des croisements judicieux. Des acclimatations de Volailles 
se poursuivent simultanément. 

Les cultures secondaires sont encouragées et développées. 
La destruction des plantes nuisibles est poursuivie avec assi- 
duité par des moyens mécaniques, et des essais de destruction 
par des Insectes parasites sont étudiés dans le Iaboratoire 
d'entomologie. 

L'irrigation des terres, dans les régions arides, a été entre- 
prise, et a donné des résultats encourageants. 


En résumé, malgré une inertie officielle qui a duré trop 
longtemps, malgré mille autre obstacles, l’île Maurice possède, 
à l'heure actuelle, un organisme bien compris, bien vivant, qui 
a déjà rendu, et qui peut, dans l'avenir, par une coopération 
constante avec les agriculteurs, rendre de très grands services. 
Mais au point de vue national, nous pouvons nous enorgueillir 
que la vie et l'âme même de cet organisme soient dues à des 
éléments d’origine francaise. 

Ceci est encourageant, car nous pouvons espérer que de 
semblables institutions pourraient et devraient fonctionner 
dans toutes nos colonies, et si, comme il en est question, l'ile 
Maurice revenait, par voie de cession ou d'échange, à l'an- 


LA DIRECTION DE L AGRICULTURE A L'ILE MAURICE 325 


cienne mère patrie, celle-ci pourrait y puiser un précieux 
exemple. 

ANNEXE A. 
Le budget du Département d'Agriculture s'élève à la somme de 


172.716 r. 67 ou 288.127 fr. 70, dont 52.740 roupies (87.900 francs) 
pour les traitements du personnel : 


etdiresteur Mer ee recoit 12.000 roupies, ou 20.000 francs 
L'assistant-directeur . . . . . — 7.500 — ou 12.500 — 
L'entomologiste . . . . . . : — 6.000 — ou 10.000 — 
Penvétérinaire 4 42:20 — 6.000 — ou 10.000 — 
Lesstatisticien : 1%... — 3.600 — ou 6.000 — 
L’inspecteur des cultures. . . — 3.600 — ou 6.000 — 


Le solde du budget, soit 120.036 r. 67 ou 200.227 fr. 70 s’applique 
aux frais de destruction des insectes et des plantes nuisibles, d’in- 
demnité aux propriétaires d'animaux atteints de maladies conta- 
gieuses et abattus par ordre des autorités, aux dépenses d’instruc- 
tion agricole, d'entretien des jardins d’essai, aux frais de voyage, 
de mission, etc. 


ANNEXE B. 


Publications du Département d'Agriculture. 


Ces publications sont subdivisées en séries : scientifique, générale, 
statistique, et en « leaflets », sortes de circulaires de propagande, à 
quelques exceptions près, ces publications s’impriment en français 
et en anglais. 

Le Bulletin agricole a donné lieu à onze publications d'intérêt 
général : 


. Instructions pour f’envoi des échantillons aux fins d'examen. 
. Règlements sur les maladies et les parasites des plantes. 
. Essai sur Les variétés d’Arachides, de Maïs et de Riz (1914). 
. 1e partie. Fabrication du sucre à la Louisiane. 
. 2e partie. Fabrication du sucre à Cuba et à Porto-Rico. 
. 3e partie. Fabrication du sucre à Java. 
. L'industrie de la fibre d’Aloës à Maurice. 
. L'irrigation de la Canne à sucre à Maurice. 
. Règlements sur les épizooties. 
. L'amélioration du Maïs par la sélection. 
Essais de Tabac de la Réunion, en 1916-1917. 
. Règlements et statut de l'École d’ Agriculture. 
.La fièvre aphteuse à Maurice. 


= © «© oo 1 © OX He He He O0 I > 


= 


Série scientifique. 


. Le pouvoir absorbant des sols de l’île Maurice. 

. Les Insectes nuisibles aux grains en grenier. 

. La composition des laits à Maurice. 

Recherches sur les Camphriers de Maurice. 

. Les Lépidoptères nuisibles à la Canne à sucre à Maurice. 

. L'importation de la Tiphia parallela de la Barbade à Maurice. 


D Où & & D 


326 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Série statistique. 
1. Statistique du bétail et des animaux de basse-cour, 1914. 
2. Les variétés de Canne à sucre à Maurice, 1915. 
3. La production des substances alimentaires à Maurice. 
Série des circulaires (Leaflets). 


1. La maladie de la Pomme de terre. 

2. Les effets de la culture du Maïs sur le sol. 

3. La valeur nutritive des épis de Maïs. 

4. La valeur comme engrais de diverses substances organiques 
d'usage commun. 

5. La maladie des racines de la Canne à sucre. 

6. Les citernes à immersion. , 

7. L'usage de succédanés de la farine de froment. 

8. Le choléra des Poules. 

9. L'Arachide, l'huile d’Arachide et les tourteaux. 


LE SORGHO SUCRÉ HATIF DE MINNESOTA 
CULTIVÉ COMME FOURRAGE 


Par ANDRÉ PIÉDALLU, 


Pharmacien-major de 1re classe de l'Armée, 
Chef de laboratoire à l’Intendance. 


Dans les régions de France où le Sorgho mürit mal, on peut 
le cultiver avantageusement pour en faire du fourrage. 

Cette utilisation est d’ailleurs suffisante à elle seule pour 
rendre cette plante intéressante dans nos pays à climat peu 
chaud. à 

Le Sorgho coupé repousse et peut donner deux récoltes. 
6 à 8 kilogrammes de grains suffisent pour ensemencer 1 hec- 
tare, en fourrage. Les rangs doivent être espacés de 30 à 35 cen- 
timètres seulement, alors que lorsqu'on veut amener la plante 
à maturité, il est nécessaire d’espacer les pieds de 60 à 80 cen- 
timètres en tous sens. Dans ce cas 3 à 4 kilogrammes suffi- 
sent à l’hectare. 

On sème le Sorgho lorsque les gelées ne sont plus à craindre, 
de fin avril à mai, suivant les régions. Il est bon de laisser 
tremper les grains pendant 24 heures dans l’eau, cette opéra- 
tion permet de reconnaître les bons grains qui tombent au 
fond, des mauvais qui surnagent. Cette opération avance la 
pousse. 

On peut faire une première coupe en fin juillet, lorsque les 


; 


CN ALTO 7 *S$ 
Sd 7 ” 


LE SORGHO SUCRÉ HATIF DE MINNESOTA 327 


panicules s'épanouissent. Les pieds repoussent, ils donneront 
une deuxième récolte en fin de saison. Ces deux récoltes sont 
très appréciables, à un moment où le fourrage n’est plus très 
abondant en Juillet, août, la deuxième coupe a lieu fin octobre. 

On peut semer le Sorgho après la récolte du Trèfle incarnat, 
dans une terre labourée. On peut aussi le semer jusqu'en 
juillet, après la récolte du Colza. On obtient encore dans ces 
conditions une bonne récolte de fourrage à une époque où le 
fourrage est parfois rare. 

En 1918, le D' Ledé, membre de la Société d’Acclimatation, 
a semé à La Tuilerie, près de Breuillet (Seine-et-Oise), le 
1e: juillet, des grains de Sorgho que je lui avais envoyés. Il 
sema 70 poquets de 3 grains germés chacun (ces grains ger- 
ment très vite en été). 

Le 1° septembre, les tiges avaient de 70 centimètres à 
À mètre de hauteur. Il les récolta le 18 octobre, la moitié de ces 
plantes était alors arrivée à maturité. Cette observation 
prouve qu'on aurait pu dans ce cas obtenir une récolte de 
fourrage. 

En Poitou, mon ami M. Deniau a semé environ un hectare 
de Sorgho qu'il a donné en septembre-octobre comme fourrage 
à ses bestiaux, 25 kilos environ par tête et par jour donnent de 
bons résultats. Les Vaches laitières en sont gourmandes, la 
lactation est abondante et le lait parfait. 

Les avis sont partagés quant au moment de la récolte du 
fourrage, cerlains préfèrent attendre la maturité, la quantité 
de sucre des tiges est plus forte, mais la quantité en fourrage 
total obtenu est moindre et surtout on ne peut faire qu’une 
récolte. Je crois qu'il est préférable d'obtenir deux coupes. 

Les pluies d’été ou d'irrigation sont nécessaires à la bonne 
venue du Sorgho. 

En Poitou, les cultivateurs qui ont vu le champ de Sorgho 
en sèmeront tous pour fourrage l’an prochain. 

En Touraine et en Loir-et-Cher, j’ai fait aussi des adeptes. 

Cette plante se cultive comme le Maïs, son petit grain néces- 
site un poids beaucoup moindre de semence à l'hectare et de 
plus il est possible de faire deux coupes au lieu d'une. 

Le Sorgho peut donner 30 à 40 tonnes de fourrage vert à 
chaque coupe à l’hectare. De plus les racines arrachées aprèsla 
dernière coupe, secouées et lavées, sont une bonne nourriture 
pour les Porcs quand elles sont cuites. On pourrait même es- 


SE 
> 


328 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


sayer de les donner crues. Cette dernière application est appré- 
ciable en ces années de restrictions. 

En résumé, il est à souhaiter que la culture du Sorgho pour 
fourrage se généralise en France. 

Cette plante se cultive comme le Maïs, elle a sur lui l’avan- 
tage de nécessiter un poids beaucoup moindre de semence à 
l'hectare et de pouvoir donner deux récoltes au lieu d'une. 

Les bestiaux en sont friands, et le lait obtenu est parfait et 
abondant. 

Les racines arrachées en arrière-saison et cuites sont une 
bonne nourriture pour les Porcs (1). 


(1) On a signalé des accidents survenus après ingestion de fourrage de 
Sorgho par les bestiaux. 

Ces accidents seraient produits par un glucoside cyanogénique qui se 
trouve dans les tiges jeunes ou malvenues de certaines variétés. 

Il serait intéressant de déterminer ces variétés. J'ai l'intention de faire 
cette étude dès que j’en aurai les éléments. / 

J'ai nourri l'an passé, en fin de saison pendant plusieurs jours, des 
lapins avec des tiges vertes de Sorgho sucré hâtif de Minnesota, ces 
lapins n’ont éprouvé aucun malaise, et le bétail de M. Deniau s’est trouvé 
très bien de cette nourriture. 


ORDRES DU JOUR DES SÉANCES 


POUR LE MOIS DE NOVEMBRE 1919. 


SÉANCES GÉNÉRALES 
Lundi 3, à 3 heures. Séance de rentrée. — M. Mouquer : Que!- 
ques remarques sur les Orchidées rustiques. : i 
— M. A. CuaprpeLrer : Le germe fécondé et non fécondé de l’œuf 
d'Oiseau; développement parthénogénétique (projections). 
— M. R. Lienuarort : Le sexe des œufs de Poule. 


Lundi 17, à 3 heures. — M. Done : Essais et résultat d'acclimata- 
tion de Végétaux ligneux dans le Centre de la France. 


— M. Luogsr : Le Jardin zoologique d'Anvers, pendant la guerre. 


Séance de section. 
Lundi 24, à 5 heures. — Sous-secrion D'ORNITHOLOGIE (Ligue pour 
la Protection des Oiseaux. 
Tous les membres de la Société sont priés d'assister aux 
Séances générales, qui ont lieu deux fois par mois, au Siège 
social, 198, boulevard Saint-Germain. 


Sur demande, les Ordres du Jour sont adressés mensuelle- 
ment. 


Le gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


7? A 


erintendant du Jardin royal 
i Darjeeling, à 


- * Plante rustique. 
** Plante demi-rustique. 
er Campbelli **, 
Hookeri. 
— hymalaicus. 
— lævigatum **. 

= villasum v. Thomsoni. 
idia strigosa. 

ulus punduana. 
us nepalensis. 

one rivularis *. 

=. _vitifolia Fe 
“drsia involucrata. 
»nisia parviflora *. 
1be rivularis *. 


“erberis insignis *. 
nepalensis *. 
s15e 


landia populnea. 
carpa rubella. 
ampammæa parviflora. 
apparis olæifolia. 
searia Vareca. 
sia lævigata. 
 occidentalis. 
F3  Tora. 
tleya lutea. 
élastrus Championi. 
» —  paniculata. 
Hematis Gouriana. 
odonopsis affinis. 
Ommellina obliqua *. 
dalis longipes *. 
neaster acuminata *. 
— frigida *. 
microphylla v. gla- 
ialis *. 
toneaster rctundifolia. 
npfurdia speciosa **. 


tolepis elegans. 
ioglossum Wallichianum 
jerus nutans. 


* 


hrina arborescens. 
Tryo acuminata. 
dia fraxinifolia. 


OFFRES 


es offertes par M. GAGE, 


oyages touristiques et documentaires à 


EN DISTRIBUTION 


Ficus Hookeri. 
— nemoralis. 
Fraxinus floribunda **. 


Gaultheria nummularioides. 


Helwingia himalaica. 
zZeptapleurum impressum. 
—  venulosum. 
Holboellia latifolia. 
Hydrangea robusta. 
Hypericum Hookerianum **, 
Er patulum **. 
— reptans *. 
— robusla. 
Ilex fragilis. 
— insignis. 
— ontricata *. 
Jasminum humile *. 


Lasianthus Biermann. 
Liqustrum confusum *. 
Litsæa elongata. 
Lobelia pyramidalis *. 
Lonicera macrantha. 
— tomentella *. 
Luculia gratissima. 


Machylus edulis. 
Magnolia Campbelli *. 
Michelia Catheart. 

—  lanuginosa. 
Mucuna macrocarpa. 
Mussaenda macrophylla. 


Neillia thyrsiflora *. 
Notochæte hamosa *. 


Olea Gamblei. 
Ophiopogon intermedius. 
Osbeckia nepalensis. 

— nulans. 
Oxyspora paniculata. 


Picea morinda *. 
Pieris ovalhifolia **. 
Pittosporum floribundum. 
Piptanthus nepalensis **. 
Plectranthus Stochsi. 
Pogostemon parviflorus *. 
Polygonum chinense *. 
Pordna racemosa. 
Potentilla fruticosa *. 

= Mooniana *. 
Prunus acuminata *. 

— Puddum: 

—  nepalensis. 
Pratia montana: 
Pyrularia edulis. 
OQuercus incana. 

—  Griffitlui. 


Rhododendron arboreum. 
_— ciliatum “*. 


Rhododendron cmmnabarinum. 
— Dalhousiz. 
— Falconerti. 
— grande. 
—  - Maddeni. 
Rlus semialala *. 
Rubia cordifolia. 
Rubus ellipticus 
—  molluceanus. 
—  rosæfolius. 
Sauranga nepalensis. 
Sauropus albicans *. 
Saussurea deltoidea. 
Schima Wallichi. 
Senecio densiflorus. 

—  scandens*. 
Skimmia laureola 
Smilauw aspericaulis. 

Solanum crassipetalum. 

— Khasianum. 

— macrodon. 

— nigrum. 

— verbaseiflorum. 
Sonchus arvensis *. 

Spiræa bella *. 

—  micrantha. 
Styrax Hookeri. 
Swertia bimaculata *. 

— purpurascens. 

— tlongluensis. 
Symplocos theæfolia. 
Tephrosia candida. 
Trachycarpus Martianus. 
Trichosanthus palmata. 
Tricholepis furcata. 
Tridax procumbens. 
Triumfelta rhomboidea. 
Tsuga Brussoniana. 

Urena lobata. 
Vacciniwm coriaceum. 

— Dunalianum. 

— nummularia. 

— serratum. 
Viburnum erubescens *, 
Vitis bracteolata. 
Zanthozylum acanthopodium. 


LES 


* 


Graines envoyées par le Jardin 
botanique de Sydney (Australie): 


Andropogoncæruleus (Queensland 
blue grass). 

Dantonia semiannularis (Wal- 
laby or white sop grass). 

Bromus  inermis (Australian 
Brome grass). 

Tamworth Lucerne. 

Lucerne Hunter River. 

New Zealand Rye grass. 

New Zealand Bocksfoot grass- 

Sudangrass. 


S'adresser au Secrélariat. 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 


Colonies à Brive (Corrèze), qui, au cours dun 
congé, éventuellement sollicité, organiserait itiné- 
raire voyage en but mission, coopérerait travaux, 


prendrait activement pari chasses, assumerait 
direction convois, eLc. 


travers le Continent noir. 


Explorations scientifiques. — Récoltes entomo- N 
giques. — Captures scientifiques en vue de 
niroduction en France et de l’acclimatation. — 
isses au gros gibier (animaux non protégés). 
Dix-sept années de pratique en Afrique occiden- 
6, Afrique équatoriale et Gentre africain. 
ire. à LTa Geo KFavarel, administrateur des 


Vu excès nombre, réelle occasion, Étalons Orient 
our amélioration cheptel caprin. Ecrire Jenny s 
Karm, Créteil (Seine). 


Tuer. * 


SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACGLINATATION DE FRANCEË 


RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE 


| 
| 
| 

À 
Le but'de la Société Nationale d’Acclimatation de France est de concourir} 
1° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d’animau} 
utiles et d'ornement; 2 au perfectionnement et à la multiplication des racel 
nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation}. 
de végétaux utiles ou d'ornement. VOUS 1 
Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dame}. 
peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Établis 
sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musée 
Sociétés commerciales, etc.). 4 
La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membrei|, 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. | 4l 
Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et uné 
cotisation annuelle de 95 francs. dE 
Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s’affran:| 


chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. | 

Le membre Donateur est celui qui verse une somme d'au moins #00 francs. 

Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 francsi} 

son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. 4f 

Des formules d'adhésion sont adressées sur demande. . 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo 

riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. Es 

En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeune 
amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mi 
des séances générales et des séances de Sections : 40 Mammalogie; 2° Ornithologie 
sa sous-section, Profection des Oiseaux; 3° Aquiculture: 4° Entomologie; 5° Botanig 
-et 6° Colonisation. Ë 4 

Tous les membres peuvent assister à ces séances ; les ordres du jour des séanc 
générales sont adressés sur demande. : 

La Société encourage d’une manière toute spéciale les études de Zoologie et 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'ani- 
“maux à ses membres. : «2 

Elle publie le Bulletin de la Société Nationale d’Acclimatation de France} 
et la Revue d'Histoire Naturelle appliquée, illustrée de gravures. Ces publicatio 
traitent des questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes 
particulièrement des faits d’acclimatation survenus en France et à l'Étranger. Ell 
donnent les renseignements les plus variés sur les animaux et les plantes utiles ou 
d'ornement d'introduction nouvelle. : + 

On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l'histoire naturelle 
installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction, etc., etc: 

Ces publications sont adressées, gratuitement, à tous les membres de la Société» 


* 


#  * 742 


La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désinh 
téressé et ne sert aucun intérêt particulier ; adhérér à ses statuts, l’aider dans ses 
“efforts, c’est contribuer au bien-être général et à la prospérité du pays. à 
Le Gérant : A. MarnTHkux. 


A 4 D — 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


BULLETIN 


Susiété Nationale d'Acelimatation 


(REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES) 


6% ANNÉE 


# % N° 11. — NOVEMBRE 1919 

: SOMMAIRE | 
M. Lover. — Paul Ghappellier . , , + . ,., . . . . D NT ENCORE ERA CPE 39 | 
open iPenrent ATenDers UE NRA NE Te al Rose MAN NT MN ie de 330 
M: Loyer. — Le Mulet en Afrique occidentale française . . . . . . . . . , . . . . . .., 332 
R. RoLLINAT. — Le Grand-Duc; sa reproduction en captivité. . . . , , , . . FN RMS 
PR ee Éude sun l'Hibiseus filiaceus 0,02. en. + de à + à à à + à 343 
A, Prépazzu. — Utilisation des déchets de la maison en Agriculture . . . . . . , . . . . 345 

Extraits des procès-verbaux des Séances de la Société : 

Éénerooneaiennunos avril 10101 276 En NE TR An ET SM ET AN TER, 353 


“Un numéro, 3 francs : — Pour les Membres de la Société, 2 fr. 50. : 


AU SIÈGE SOCIAL 


“ DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 
…_ 198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS !VIL). 


Pendant la durée de la guerre, le Bullelin paraît une fois par mois. 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1919 | 


‘ 


Président, M. Edmond Perrite, Membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. : 

( MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire nalurelle, 15, rue Faidherbe, 

Vice-Présidents. Saint-Mandé (Seine). | 
l Dr CHAuvVEAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint-Germain, Paris." 

Secrétaire général, M, Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. | 


MM.J. Crepin, 59, rue de Verueuil, Paris (Séances). 
Secrétaires. < CH. DkBRœeuIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur). 
J. DELACOUR, 28, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 


Trésorier, M. le D' SkBiLLorTk, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire : NN... 


Membres du Conseil. 


MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 
le D' Acñazue, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, 
Paris. 1 
le D° P. MARGHAL, Membre de lInstitut, Professeur à l’Institut Nalional Agronomique, 45, rue 
de Verrières, à Antony (Seine). 
le Dr LepriNce, 62, rue de la Tour, Paris. 
MAILLES, rue de l Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 
le Dr L. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. : 
LkcomTk, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rus des Écoles, Paris." 
. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. | 
. ROULE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 
. FoUcHER (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 
. KESTNER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 
. LE Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


chalo)elas) 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1919 


Janvier | Février Mars Avril 


| 2 


SÉANCES DU CONSEIL, le mercredi à 4 h. 


À À — 


Séances générales, le lundi à 3h. . . 26, 


Sous-SECTION d'Ornilhologie (Ligue pour 
la Protection des oiseaux) le lundi 
à 5 h. Re ë BCE 


21 24 24 14 12 24 22 | 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société et Te. s 
Sociéré, 44 qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de 1a À 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations! 
fréquentes du fait dé la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d’ être 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. : TE 


i 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises « 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. : 20 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 


# PAUL CHAPPELLIER 


(1822-1919) 


C'est le doyen d'âge de notre Société qui vient de s’éteindre 
à l'âge de 97 ans. Tous ceux d’entre nous qui fréquentaient nos 
séances, il y à une vingtaine d’an- 
nées, ont conservé le souvenir de ce 
vieillard aimable et souriant, à l’in- 
telligence vive et alerte qui était 
notre collègue depuis 1871. 

Esprit distingué, aimant toutes 
les choses de la Nature, Paul Chap- 
pellier prit, pendant une vingtaine 
d'années, une part active à nos tra- 
vaux. Colläborateur à notre Bulletin, 
assistant avec assiduité à nos réu- 
nions, il continua, même lorsque 

\ à l’âge el une cécité presque complète 
lui interdisaient de nous prêler le secours de sa plume, à 
s'intéresser à nos efforts et à nos recherches. 

Ses travaux eurent surtout pour objet d'augmenter la pro- 
duction des plantes comestibles ou industrielles. Nous pouvons 
citer, entre autres, ses recherches sur le Safran, à l'effet d’en 
augmenter le rendement en multipliant les branches du stig- 
mate. Il était arrivé à obtenir des fleurs dans lesquelles les 
sépales et les pétales étaient transformées en stigmates. 

Ses expériences culturales sur l’Igname de Chine sont con- 
nues de tous ceux qui s’occupent de l'introduction en France 
et de l'amélioration des Végétaux exotiques. Par des croi- 
sements judicieux, notre collègue avait rendu plus facile et 
plus productive la cullure de l’Igname de Chine, en dimi- 
nuant la taille des tubercules, et en augmentant leur nombre 
par pied, il avait réussi à créer aiusi une variété commer- 
ciale. 

Notons encore ses travaux : sur le Sfachys affinis,le Crosne 
du Japon, et ses tentatives de croisement avec Sfachys palus- 
tris de France; sur la Belle de Nuit dont il était arrivé à obte- 
nir des variétés de coloration et des plantes plus florifères: sur 
les plantes potagères et arbres fruitiers, notamment en vue de 


BULL. SOC. NAT. ACCL. FR, 1919. — 18 


— 


330 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


leur adaptation à des terrains impropres jusque-là à leur cul- 
ture: 

Nous adressons aux pelits-fils de notre regretté doyen, à nos 
collègues MM. Albert et Louis Chappellier, l'expression des 
bien vives condoléantes de notre Société. M. Loyer. 


PIERRE D'ARENBERG 


Depuis quelques mois notre Société est cruellement éprouvée 
par la disparition de nombreux collègues, tout dévoués à notre 
œuvre ; après tant d’autres, la mort enlevait au mois d'août 
dernier notre vice-président, le prince Pierre d'Arenberg. 

Succédant à Le Myre de Villers, P. d'Arenberg nous pro- 
mettait une collaboration de tous les instants ; sa science pra- 
tique de l'Histoire naturelle, sa compétence des besoins de 
l'Agriculture, nous étaient un sûr garant d’un travail fruc- 
tueux, et nous avions le droit de compter sur son activité 
inlassable. 

Nous savions tout ce dont il était capable, nous qui l'avions 
vu à l’œuvre comme organisateur de la première Exposition 
d'Histoire naturelle à Paris. Le succès avait répondu pleinement 
à ses efforts, et c’est alors que nos collègues pensèrent à lui 
confier la vice-présidence de notre Société. 

Mais, quelques jours après la clôture de l'Exposition, la 
guerre éclalait brusquement, et Pierre d’Arenberg partait à 
l'armée comme capitaine d'état-major. Nous le revimes après 
la Victoire. 

Bien peu, hélas! de ceux qui en furent les glorieux 
artisans purent jouir pleinement de nos succès, beaucoup 
durent faire généreusement le sacrifice de leur vie, et au cours 
de l’année dernière Pierre d’Arenberg le comprit bientôt pour 
lui-même. Atteint d'une maladie qu’un labeur incessant aggra- 
vait chaque jour, il fallut un ordre formel de ses chefs pour 
l'obliger à prendre quelque temps de repos, repos trop tardif 
car le mal ne pouvait plus être enrayé ; quelques moments 
d'accalmie laissaient parfois espérer une guérison ; nous vou- 
lions le croire sauvé, et lui-même, faisant des projels d'avenir, 
nous révélait ses idées sur le relèvement économique de Ja 
France par l'union de toutes les Sociétés en vue d’un apport de 


Den end th Es 2 PM 4 so ds D ce ep 
PAR NES . ADS 1 


PIERRE D ARENBE£RG 331 


. toutes les bonnes volontés, de toules les compétences, de tous 
les dévouements ; rêves trop beaux, dont il ne devait jamais 
voir ici-bas la réalisation ! 

Nous nous séparions au mois de juin, nous donnant rendez- 
vous à la rentrée de novembre, et le 3 août Pierre d’Arenberg 
mourait, quelques mois après son frère Ernest, décédé des 
suites de blessures reçues au champ d'honneur. 


Sur sa tombe, dans le Berry, son lieu d'origine, le préfet du 
Cher, les conseillers généraux et d'arrondissement, inspirés par 
la foule d'amis et d’admirateurs venus à ses obsèques, surent 
‘trouver des paroles éloquentes pour dire l'affection, l'estime, 
dont jouissait dans ce cadre familial le prince P. d’Arenberg. 

La Société d’Acclimatation se devait à elle-même de proclamer 
les services rendus par son regretté Vice-Président ; la tâche 
était facile à celui qui fut chargé de cette mission; il est per- 
mis dé penser que la gratitude, la plus affectueuse sympathie, 
lui auront donné les accents propres à magnifier cette belle 
figure de soldat et de savant qui fut Pierre d’Arenberg. 

L'abbé G. Forcxer. 


LE MULET 
EN AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 


Par MAURICE LOYER. 


La substitution de la traction animale au portage humain a 
une brande importance économique et sociale dans toutes les 
régions de notre colonie de l'Afrique occidentale. 

Le porlage est tout d'abord une coutume barbare qu'il 
convient de supprimer dans la mesure du possible et qui à, 
en outre, lé grave inconvénient d'’obliger les indigènes à 
transporter des fardeaux à l’époque où la pe des champs 
réclame leur présence au village. 

C'est également une coutume onéreuse qui grève lourdement 
les transports des marchandises, car un homme ne peut porter 
que 25 kilogrammes pour 25 kilomètres d'étapes, par jour, en 
moyenne, pour lesquels il est payé de O0 fr. 90 à 1 franc (y 
compris la journée de retour, s’il ne rapporte rien), soil 
0 fr. 60 centimes pour aller et © fr. 30 à Ofr. 40 centimes pour 
revenir à vide et cela est un minimum. 

Or, un Mulet attelé à une charrette peut transporter 
500 kilogrammes, soit 20 charges d'homme, partout où il ya 
des routes. La nourriture d’un Mulet ne coûte pas plus de 
0 fr. 25 centimes par jour. Sa location ne reviendra pas à plus 
de 1 franc par jour, nourriture et entretien compris. Un mule- | 
tier qui conduira 3 Mulets et 3 charrettes coûtera également 
À franc. 6 

On voit donc l'intérêt qu'il ÿ a à substituer le transport par 
charrette au transport à dos d'homme. 

Or, seuls, les Mulets peuvent remplir ce rôle. Le Cheval afri- } 
cain tire mal; question de race. Le Bœuf également ét il ne 
peut porter que 100 kilogrammes au maximum, de plus, il ne 
supporte pas de longues marches. 

Dans ces conditions, il faut produire des Mulets, capables de 
remplir les conditions exigées par Îles transports en Afrique 
occidentale. 

Le choix des étalons doit être l’ Ai d’une étude spéciale. 

On devra écarter le Baudet du Poitou, qui donne un Mulet 
lent, lourd, de trop grande taille, souffrant de la chaleur et 
dont les sabots se fendent. 


LE MULET EN AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 399 


Il en est de même du Baudet pyrénéen, bien que celui-ci 
donnerait le Mulet souhaïilé, comme taille. 

Le Mulet qui convient est le Mulet moyen d'artillerie, issu du 
Baudet d'Espagne ou même de celui du Maroc. Il est de petite 
taille et ne souffre pas des pieds. 

En Afrique, le Mulet n'existe qu'accidentellement, car 
les indigènes se refusent à le produire délibérément, sous le 
prétexte qu'il est le résultat d’un accouplement contre nature 

et cependant ils l’estiment au-dessus du Cheval, car ils payent 
un Cheval 150 francs et ils donnent jusqu’à 600 francs pour 
un Mulet. Or, les Mulets d'artillerie venus de France ne peu- 
vent revenir à moins de 1.800 francs l’un, dans le Haut-Sénégal, 
par exemple. Il faut donc produire des Mulets sur place, et 
cela est possible, car un essai tenté à -Koulikoro, il y a une 
quinzaine d'années, par le capitaine de Franco, avait donné de 
bons résultats. 

Il y a des Mulassières convenables dans notre colonie, notam- 
ment dans le bassin de la Volta, mais la monte est difficile, car 
le Baudet du pays reste indifférent — comme devant une page 
de chinois — écrivait un missionnaire. Au contraire, le Baudet 
européen et celui du Maroc, qui ont déjà fait des saillies, ne 
présentent pas cet inconvénient. 

Aux avantages que présente le Mulet pour le transport, il 
faut ajouter ceux qu'il présenterait pour le labour, car il y a là 
encore une besogne ulile, que ni les Bœufs ni les Chevaux ne 
peuvent accomplir dans les pays tropicaux. 

Or, les indigènes ne labourent pas. Après les pluies, ils 
donnent un coup de pioche dans le sol, placent les grains et, 
d’un coup de talon, les enterrent. Ils sarclent le champ quand 
les tiges des Céréales commencent à pousser. Malgré cette 
méthode primitive, ils peuvent pratiquer la culture des mêmes 
Céréales pendant 15 ou 20 ans de suite dans le même champ ! 

On voit donc toute l'importance que l'acquisition d'un Mulet 
africain serait pour notre colonie. 

L'expérience pourrait être tentée sur une petite échelle pour 
commencer, la production d’une centaine de Mulets serait suf- 
fisanté au début et l'avantage énorme que leur aide apporterait 
aux indigènes les inciterait à les multiplier rapidement. 


LE GRAND-DUC 
SA REPRODUCTION EN CAPTIVITÉ 
Par RAYMOND ROLLINAT 


Suite (1). 


Après la ponte de la femelle, le mäle devint moins hargneux. 
En novembre et décembre 1908 j’emmenai souvent, et alter- 
nativement, le mâle ou la femeile à Ja chasse aux Corbeaux ; 
mais à partir de la fin de décembre je laissai le couple tran- 
quille dans sa volière et ne fis qu’une seule exhibition du mâle 
vers la mi-avril, un jour que j'avais absolument besoin de sa 
présence à la chasse aux Rapaces diurnes. 

A celte époque, mi avril 1909, je remarquai que mes Grands- 
Ducs mettaient en cercle des brins de paille presque dans un 
des angles de leur abri. Depuis quelque t-mps déjà, le mäle 
faisait entendre ses roucoulements, ses bruits de scie spéciaux 
et devenait très agressif. Le matin du 17 avril, je trouve la 
femelle accroupie sur celte sorte de nid en paille ; je passe la 
main sous elle, sans la déranger, et je touche un œuf bien 
chaud, pondu de la nuit ; dans la soirée, ma bête est encore à 
la même place, et je mets près d'elle de la chair de Bœuf coupée 
en petits morceaux. Chaque matin et chaque soir, je constate 
que la femelle est sur son œuf ; cette espèce commence donc à 
couver dès la ponte du premier œuf, ce qui s’observe d'ailleurs 
chez plusieurs sortes de Rapaces diurnes ou nocturnes, chez la 
Chouette effraye, par exemple, qui, quoique pondant cinq à 
huit œufs, commence à couver dès l’apparition du premier. 
Matin et soir, je passe la main sous ma femelle, et, dans la 
matinée du 21, je constate la présence d'un second œuf, pondu 
dans la nuit. J’examine ces œufs, exactement semblables 
comme forme et grosseur à ceux pondus l'année précédente; 
mais au lieu d'en donner huit en vingt-quatre jours, ma bête 
en pondit sculement deux en quatre jours; un de mes employés 
s'étant approché pour voir, le mâle lui sauta à la tête et le 
blessa assez fortement à une paupière. 

Le 7 mai, vingt jours se sont écoulés depuis le début de la 


(1) Voy. Bulletin, octobre 1919, p. C0. 


LE GRAND-DUC 335 
ponte ; et je me propose de toucher les œufs chaque jour, matin 
et soir, de les examiner, puis de les remettre en place exacte- 
ment comme ils étaient, sans déranger la couveuse, toujours 
très douce, très docile, et que je trouve constamment sur sa 
ponte qu'elle couve avec assiduité, la peau de sa poitrine et de 
son abdomen, dénudée, touchant les œufs. Se lève-t elle de 
temps à autre ? Je l’ignore. Mais souvent je retire de dessous 
elle des'Rats, des petits Chats nouvellement nés, des morceaux 
de viande qu’elle met peut-être là elle-même, mais que je crois 
plutôt approchés par son mâle ; je n’ai jamais vu ce dernier la 
remplacer sur les œufs. Puisque le mâle ne remplace pas la 
femelle sur la ponte, il doit être, à l'état sauvage, le pourvoyeur 
de sa compagne. Dans la cour de la volière, les fientes sont peu 
nombreuses, ce qui prouve que le mâle, seul, va s’y percher ; 
la femelle ne doit se lever de dessus ses œufs que pendant les 
courts instants où elle déchire sa nourriture pour l’avaler, ou, 
lorsqu'elle a à faire ses déjections, et pour cela elle ne sort pas 
de son abri. Avant la couvaison, du reste, le mâle et la 
femelle se soulageaient aussi bien dans leur refuge qu’au 
dehors. 

Le 20 mai, un des œufs est un peu pioché de dedans en 
dehors, en deux endroits, mais très peu, l'enveloppe dure, 
seule, ayant cédé et l'enveloppe fibreuse étant intacte. 

Le 21, l'œuf pioché l’est encore plus ; la coque dure a été 
soulevée et a éclaté en étoile vers le milieu de l'œuf, sous 
une poussée du petit ; à sept heures du soir, en deux autres 
endroits proches de la partie attaquée, la coque est soulevée et 
étoilée. 

Le 22, la coque calcaire et la coque fibreuse sont ouvertes en 
face de la tête du pelit, vers le milieu de l’œuf; on voit remuer 
le bec à travers l'ouverture ; le petit, lorsque j'examine l’œuf, 
pousse des cris flûtés ; il piaule : pi/pü / pi! 11 est 8 heures 
du matin. À 6 heures du soir, la situation est la même; 
le petit crie lorsque je lui touche le bec du bout du doigt. Le 
mâle me saute dessus, mais j'ai la tête couverte d’un masque 
grillagé. 

Le 23, sous la pcussée du pelit, la coque de l'œuf, piochée, 
s’effrite de plus en plus en ceinture, sur les trois quarts de la 
circonférence du petit diamètre ; en dessous d'elle, la coque 
fibreuse est déchirée par endroits; le petit crie et s’agite. À 
6h. 30 du soir, je passe la main sous la femelle : le petit est né, 


(1° A MROURS ST ve 
Re AY ARS CuEteT 
PEER RMEMA Le 
… É 1 Lo Ca" 


336 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


il se remue et crie quand je le touche, mais je ne l'enlève pas 
de dessous sa mère pour voir comment il est fait. Il est sous 
la poitrine de sa mère, bien au chaud. Le second œuf est, 
cette fois, relégué du côté du croupion et à peine tiède ; peut- 
être la femelle va-t-elle négliger eet œuf, qui doit être cepen- 
dant bon mais n'est pas encore pioché, et devrait l'être dès le 
lendemain. = 

Le 24, à 2 heures du soir, je visite mes Grands-Dues ; le 
mâle m'attaque aussitôt à cinq ou six reprises et semble décidé 
à défendre énergiquement sa progéniture. Je trouve la femelle 
un peu soulevée de la partie antérieure du corps; cette fois, le 
second œuf est sous cette partie, et pas très chaud. Le petit est 
presque entre les pattes de sa mère, redressé et agitant sa tête 
de droite et de gauche ; il semble très bien portant; ses yeux 
sont fermés ; il est couvert d’un court duvet très fourni, blan- 
châtre ; sur le bec d’un noir cendré, son diamant, petite protu- 
bérance cornée qui lui a servi à entamer la coque de l'œuf, est 
très apparent et blanc ; sa tête est grosse, mais pas de facon 
extraordinaire. Les débris de la coque qui le contenait ont été 
mis dans la cour de la volière, par la femelle peut-être, mais 
plutôt par le mäle; la femelle a dû retirer les débris de 
dessous elle et le mäle les porter au dehors ; si ce dernier est 
le pourvoyeur, il doit être aussi le nettoyeur des abords du 
nid. # 

Un Rat noir est isous la femelle, en partie déchiqueté, sans 
doute pour alimenter le petit en fins morceaux bien choisis et 
tièdes. A ce moment, tout allait bien dans cette famille, si 
j'avais été moins curieux; par ma faute, une catastrophe était 
sur le point de s’y produire. Heureusement, quelques instants 
après ma visite un ami étant venu me voir, me demanda ins- 
tamment de lui montrer le nouveau-né. Je le conduisischez les 
Grands-Ducs. Le petit, dérangé par moi une ou deux minutes 
avant, était sous une des pattes de sa grosse maman ; il était 
presque étouilé, et, de temps à autre, ouvrait le bec pour pren- 
dre de l'air; c'était l’agonie, que la mort allait suivre de près si 
le hasard ne m’eût ramené là. J'avais eu le grand tort de 
déranger mes Oiseaux au lendemain même de la naissance du 
petit; quelques secondes de plus, et j'éprouvais une de ces 
désagréables émotions qui sont trop souvent la triste récom- 
pense de ceux qui aiment à étudier les bêtes ! À 6 heures du 
soir, Je regarde encore: le petit est remis et respire normale- 


LE GRAND-DUC 337 


ment; il est sous les plumes de sa mère, en avant. Le mâle me 


- tombe sur le dos. 


Le 95, je ne dérangeai pas mes Oiseaux. Mais le 96, j'ai un 
peu soulevé l’avant de la femelle et constaté que le petit, bien 
vivant, avait un peu grossi ; ses yeux ne sont pas ouverts et il 
crie comme un jeune Poulet, lorsqu'on le touche. Le second 
œuf est piocré en un seul endroit ; près de lui, sous la mère, 
il y a des morceaux de viande de Bœuf. Le mâle se jette furieu- 
sement sur moi et me blesse à une cuisse, ses ongles ayant 
traversé mes vêtements ; je frappe dessus, mais il revient à la 
charge. Pour éviter que le petit ne soit écrasé par sa mère, Je le 
place un peu en avant d'elle, près des plumes de la poitrine, 
sous lesquelles il se cache de lui-même, doucement. Pourvu 
que ces dérangements, causés par ma curiosité de naturaliste, 
n’occasionnent pas la perte du petit! 

. Le 217, je regarde sous la femelle, qui me laisse toujours faire, 
tout en se hérissant parfois et claquant du bec, pendant que 
son mâle, invariablement, m’attaque. Dès que je soulève la 
mère, le petit ouvre le bec, semblant demander à manger. Je 
le prends et l’examine : il a grossi; ses yeux ne sont pas ouverts; 
son cône caduc, ou diamant, est encore à la mandibule supé- 
rieure et apparaît comme un gros point blanchâtre. Le second 
œuf a, au même endroit que la veille, sa coque un peu plus 
soulevée et éclatée. J’agite doucement l'œuf et j'entends crier 
le pelit sous sa coque entamée et un peu cuverte.Je suis main- 
tenant fixé sur la durée de l’incubation chez cette espèce, car 
le petit né le premier provient du premier œuf, pondu le 
17 avril ; comme l’éclosion a eu lieu le 23 mai, l'incubation a 
donc eu une durée de trente-six jours. Le second œuf à été 
pondu le 21 avril ; il y a, le 27 mai, également trente-six jours 
que ia femelle le couve. : 

Le 28 maï, le mâle se jette sur moi avec un acharnement tel, 
que je me vois forcé de l'expulser du réduit et d'en fermer la 
porte ; pendant qu'il se morfond dans la cour de la volière, je 


puis faire tranquillement mes observations. Le petit grossit ; il 


est en parfait état et très vigoureux; par endroits, sa peau 
apparait, rose, sous son duvet court et serré; son diamant est 
en place; ses yeux sont fermés. Près de lui, sous sa mère, un 
morceau de viande. Je ne lui donne jamais rien ; ce sont ses 
parents qui l’alimentent, et le mäle aide certainement sa 
femelle, car, depuis la naissance du petit, je le trouve presque 


338 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


constamment près d'eile, sur la paille de l'abri, quand j'entre 
dans la volière. Le second œuf porte un grand trou vers son 
milieu et je vois s'agiter le petit qu’il contient; il n'est pas 
encore très pioché ni éclaté en cemture. Ma FE terminée, le 
mâle rentre aussitôt dans , abri, se perche et se RéRISSE, cla- 
quant du becet les ailes en bataille. 

Le 29, dès mon entrée dans le réduit le mâle m’attaque et je 
le mets dehors. Le petit est sous les plumes du devant de la 
‘poitrine de sa mère. Il a les yeux ouverts; il a donc commencé 
à voir le 6° jour après sa naissance ; son diamant est encore en 
place: L'autre petit qui était dans l'œuf a été étouflé l'II est 
mort sans êlre sorti de sa coque; il éprouvait sans doute des 
difficultés pour piocher son œuf en ceinture, car 4l aurait dû 
naître depuis deux jours; peut-êlre aussi la femelle, trop sou- 
vent dérangée par moi, s’est-elle mal placée sur l'œuf et a-t-elle 
obturé complètement la large ouverture par laquelle l'air arri- 
vait au prisonnier. : 

Dans' la soirée du 30, je trouve le petit sous l’avant de sa 
mère ; il a les yeux grands ouverts; son diamant est en place. 
Mais trois petils brins de feuilles de blé, que les parents ont 
dû lui faire avaler en l’alimentant, apparaissent à son bec. 
Comme cela aurait pu lui être nuisible, je les enlève ; deux 
viennent facilement, mais il me faut tirer fort, quoique pru- 
demment, sur le troisième, qui était assez long; avec une 
litière de foin, au lieu d’une litière de paille, cet inconvénient 
se serait produit beaucoup plus souvent. Sous la mère, un 
morceau de Rat. Pourquoi toujours des vivres sous la mère? 
Probablement pour que le jeune soit constamment alimenté de 
chair tiède par ses parents, quand besoin est, et il doit en être 
de même à l’état sauvage, car entre la mort d'une proie et le 
moment où on l'utilise selon les besoins de la nichée, cette 
proie peut se refroidir. à \ 

Le 31, tout va bien ; le petit profite à merveille. Après avoir 
chassé le mâle, chaque fois que je me retire il rentre aussitôt 
dans l'abri et se perche; mais si je reviens quelques instants 
après, je le trouve descendu de son perchoir et tout près de sa 
femelle, qu'il doit aider beaucoup dans l'alimentation du petit, 
pour lequel il semble avoir une vive affection. 

Le 41®% juin, au moment de son expulsion le mäle me blesse 
encore à une cuisse, avec ses serres, et s’acharne à grands 
coups de bec sur mon pantalon. Le petit est gros, pesant. Je le 


LE GRAND-DUC 3939 


brouve toujours sous les plumes du devant de la poitrine de sa 
mère, et presque chaque fois il ouvre le bec, comme pour de- 
mander à manger ; mais je ne lui ai jamais donné quoi que ce 
soit, laissant entièrement aux parents le soin de l’élever. 

Le 2, le petit est à la même place; comme il est déjà très 


- gros, on le voit sans soulever la mère; il a encore son dia- 


mant ; ses yeux sont de plus en plus ouverts; les plumes des 
ailes, qui se forment, donnent une apparence noirâtre à la 
peau, mais on n’en voit que les étuis. 

Le 3, des plumes des ailes commencent à paraître au bout 
de leur étui. Les yeux sont bien ouverts; mais ainsi qu'on 
l'observe chez la plupart des très jeunes Mammifères ou Oi- 
seaux, ils ne sont pas très limpides ; l'iris est brun très clair; 
la membrane clignotante passe à chaque instant eur le globe 
de l’œil. Les yeux, si beaux chez cetle espèce, semblent trou- 
bles et rudimentaires. Le diamant, qui était encore en place le 


3, est tombé le 4 juin, douze jours après la naissance. 


\ 


Le 5, je constate que les plumes du jeune Grand-Duc pous- 


sent non seulement aux ailes mais aussi à la queue. Pour la 


première fois, il montre son mauvais caractère et fait entendre 


un souffle encore faible, qu'il répète souvent quand je le tou- 


che. La mère alimente aussi le petit, Dans la journée du 6, 
j'entre brusquement dans sa volière et je la trouve avec un 
faible morceau de viande au bec ; sôn rejeton, qui a déjà la 
grosseur d'une forte Perdrix rouge, est en partie sous elle. 
Pour la première fois, le 8 juin la femelle n’est plus sur son 
petit. Elle est près de lui et vient de se laver, car elle a toute la 
tête et la poitrine imprégnées d'eau. Le mâle est près de sa 
compagne; tous deux font claquer énergiquement leurs man- 
dibules. Pour 1a première fois aussi, j'observe que le jeune 


fait cherus avec ses parents et claque du bec; le bruit qu'il 
‘produit est très nettement perceptible. Il est si gros, qu'il se 
‘tient mal sur ses pattes ; ses ÿeux sont un peu troubles; l'iris 


est brun très clair. Dans la soirée de ce même jour, la mère est 
à nouveau sur sou petit. 

Le 9 juin, le jeune s'est un peu déplacé; sa mère l’a accom- 
pagné et Le recouvre de l’avant de sa poitrine ; l'endroit où il a 


vécu jusqu'alors n’est pas malpropre. 


Le malin du 14 juin, le petit n’est plus sous la femelle, mais 
en avant d'elle ; il s'est mis à imiter ses parents lorsqu'ils ont 


‘soufflé comme des Chats, selon leur habitude,et elaqué du bec. 


Éric 


340 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Le mâle, les ailes écartées, les plumes hérissées, les replie 
bientôt, et, ramassé sur lui-même, est prêt à bondir sur moi; 
le jeune va se cacher entre ses parents; la femelle est toute 
mouillée, par suite d'un bain qu'elle a dû prendre peu avant 
mon arrivée. Le petit a considérablement grossi; ses pattes 
sont énormes; il ne semble pas avoir, toutes proportions 
gardées, la tête aussi grosse que les adultes ; l'iris devient d’un 
brun jaunâtre clair; l'œil n’est pas encore très limpide. Les 
plumes poussent, recouvertes de duvet par endroits, les ré- 
miges ont plusieurs centimètres de longueur. Dans la journée, 
j'entends des cris, des roucoulements, des bruits de scie 
comme à l’époque de l’accouplement, cris poussés par le mâle 
et auxquels répondait la femelle par un simple « oûoûoû » dit 
sur un ton grave. Est-ce que mes Oiseaux auraient l’idée de 
s'accoupler à nouveau ? 

Le 17, dans la matinée, le petit est dans un coin de son abri, 
et la femelle, qui vient de prendre un bain, est dans un autre 
coin ; mes Oiseaux soufflent et claquent du bec; le mâle saule 
à la tête d’un de mes employés et frappe sur le masque qui lui 
prolège le visage. Dans la soirée, le petit se déplace devant moi 
et marche avec aisance, il grandit et grossit à vue d'œil. 
Bientôt, il sera aussi gros qu’une Poule; il est vrai de dire que 
ses plumes, qui se développent beaucoup, lui donnent de jour 
en jour une apparence plus forte; on voit, dès le 19, deux 
petites proéminences duveteuses qui formeront les aigrettes; 
les rémiges et les pennes sortent peu à peu des étuis, surtout 
les premières. Ses parents ont dû lui faire avaler quelques lam- 
beaux de peau de Rat, car je trouve près de lui de très petites 
pelotes de feutre qu'il a rejetées par le bec. Souvent, dans la 
journée, je le trouve près de sa mère et non dessous; elle aurait 
d’ailleurs beaucoup de peine à l’abriter, tellement il est gros. 
Le 23 juin, exactement un mois après sa naissance, je le pèse : 

son poids est de 1.255 grammes ! Ce même jour, dans la soirée, 

je m’aperçus qu'il commençait à manger seul, car il s’efforcait 
de déchirer et avaler un morceau de viande de Bœuf. Ses 
plumes duveteuses lui donnent l’aspect d’un Chien caniche 
blanc grisätre. 

Le 25 juin, pour la première fois depuis la ponte, je trouve 
la femelle perchée dans son abri; elle est près du mâle; à 


partir de cette date, je ne la trouverai plus sur son rejeton. Le : 


petit est couché sur la paille; ses plumes se développent de 


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2 40 Lu Dh” de Fe: UE 


LE GRAND-DUC JA 
ë _ plus en plus et commencent à perdre leur duvet. Le lende- 
; main, je le mets un instant dans la cour de la volière; il 


marche bien, souffle et fait elaquer son bec. Il me mord forte- 
ment, mais ne sait pas encore se défendre avec ses énormes 
pattes, pourtant munies d'ongles longs et acérés; jes plumes 
des doigts sont bien netles et celles des tarses ont encore du 
duvet; l'iris devient peu à peu jaune clair; les yeux ne sont 
pas très limpides. Le 27, le jeune Grand-Duc est sorti de lui- 
même dans la cour de la volière, où je le trouve. 

Mon jeune Grand-Duc circule dans son abri et sa cour; pen- 
dant les premiers jours de juillet ses rémiges et ses pennes 
s’allongent de plus en plus, sans duvet aucun; sur la tête et 
le corps, ses plumes sont encore en grande partie couvertes de 
duvet, qui se détache par ébarbement; autour du bec et des 
yeux, les nouvelles plumes se forment. Le 11 juillet, je le 
trouve perché près de ses parents; il se tient bien droit. Il a 
deux petites boules duveteuses sur la tête, représentant les 
aigrettes; le duvet des plumes diminue de plus en plus et sur 
quelques parties du dos il a disparu. La femelle, qui avait les 
parties inférieures un peu dénudées pendant qu’elle couvait 
ses œufs et réchauffait son petit, commence à refaire ses 
plumes en ces parties; deux rangs de nouvelles plumes pous- 
sent sur la poitrine et on les voit très bien en écartant les 
grandes plumes. 

À deux mois, le 23 juillet, le jeune Grand-Duc pèse 1.685 gram- 
mes. Il a les aïles longues, la queue bien développée, encore 
du duvet sur la tête et la poitrine,et, çà et là, sur les plumes 
du corps. Sés yeux sont maintenant limpides et à iris jaune 
clair; son bec paraissait long, mais maintenant que les plumes 

_ciliées qui l'entourent sont poussées, il paraît semblable à 
celui des adultes. Le 26 juillet, je constate qu'il perd quelques 
plumes longues et duveteuses. Il est plus replet que son père 
et presque de sa laille; il est aussi méchant que lui; à l’avenir, 

_il me faudra prendre des précautions pour le toucher. Alors 
que l'humeur de son père semble se calmer puisque la période 
de reproduction est terminée, lui devient de plus en plus irri- 
table, mord et griffe avec fureur. 

Dans les premiers jours d’août,le jeune Grace Duc serait en 
état de commencer à chasser avec ses parents, s’il était né et 
avait été élevé à l’état sauvage, tellement il est grand et fort. Il 
a un peu de duvet sur les plumes de la tête; ses longues 


“17 2 
42 


BULLETIN DE LA SOCIÊTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 
| 

plumes duveteuses des flancs et des parties inférieures se déla- 
chent et sont peu à peu remplacées par de nouvelles plumes 
qui semblent légèrement plus claires que chez lès adultes; les 
aigrettes, qui poussent très lentement, sont représentées par 
deux petites proéminences duveteuses. Si le mäle est moins 
méchant, le petit, maintenant aussi grand que son père, 
devient véritablement mauvais et n'hésite pas à se jeter sur les 
gens qui l’'approchent de trop près. 


A trois mois, le 23 août, le jeune Grand-Duc est aussi fort 


que ses parents; ses yeux, d'un beau jaune clair, deviendront 
d'un jaune plus foncé, mais pour cela il faudra plusieurs 
années. Je puis dire que la teinte plus ou moins foncée de 
l'iris chez le type de l’espèce, indique un âge plus ou moins 
avancé; ainsi, mon vieux mäle qui a actuellement, en 1919, 
seize ans, à l'iris d’un jaune un peu plus foncé que son fils qui 
en'a dix. Chez la variété de Sibérie, l'iris, dès la seconde année, 
est d’un superbe jaune orange assez foncé, avec, bordant la 
pupille, un cercle étroit d’un beau jaune clair; ces deux tons 
donnent aux yeux de cette variété un éclat magnifique et beau- 
coup plus remarquable que chez le type de l'espèce dont l'iris 
a un lon presque uniforme; mais par la suite, la partie jaune 
clair devient très légèrement jaune verdàtre. | 

- Le jeune Grand-Duc, à trois mois, dépasse le poids de son 
père, car il pèse 1.810 grammes. Chez cette espèce, comme du 
reste chez la plupart des Rapaces diurnes ou nocturnes, la 
femelle atteint toujours: une taille beaucoup plus forte que 
celle du mâle; ma femelle pèse 2.585 grammes, alors que son 
mâle n’atteint que le poids de 4.520 grammes. Les aigrettes 
noires commencent à se montrer sur la tête du ieune Grand- 


Duc, mais elles sont encore peu apparentes ; les plumes duve- 


teuses des flancs et de la poitrine tombent de plus en plus. Fin 
août, il n'a presque plus de duvet sur la tête. Il est alors sera- 
blable à ses parents, sauf que sa coloration est un peu plus 
claire, plus floue, que ses aigrettes sont beaucoup moins 
longues et que l'iris est d'un jaune plus clair. Son père et sa 
mère ne lui sont plus indispensables, et depuis quelque temps 
déjà je les emmène à la chasse, alternativement, mais avec 
l'intention bien arrêtée de les laisser au repos dès le mois de 
décembre, surlout la femelle. À la mi-septembre, il n’a plus 
aucune plume duveteuse au corps ou à la tête; ses aigrettes 
érectiles noires, par lesquelles, selon la position qu'elles occu- 


| 
| 


ÉTUDE SUR L' & HIBISCUS TILIACEUS » (MALVACÉES) 343 


pent et qui va de la verticale à l'horizontale, il manifeste ses 
sentiments, et qui sont presque le refle! de son état d'âme, s’al- 
longent de plus en plus. Très méchant, ii n’a aucune crainte de 
moi ou de mes employés, et lorsqu'il est perché dans la cour 
de sa volière, il ne se dérange pas et fait tête à quiconque 
s'approche de lui. 

(A suivre.) 


ÉTUDE SUR L'HIBISCUS TILIACEUS (Marvacérs) 
VEL 
PARITIUM TILIACEUM 
BURAO DES TAHITIENS — HAU DES MARQUISIENS 


Par M. HENRY, 


Directeur technique de ia Société francaise des ils Marquises à Taiïohae, 


L’Æibiscus tilinceus est sans contredit l'essence forestière la 
plus répandue des îles de la Polynésie française; on la ren- 
contre partout, dans les vallées comme sur les sommets les 
plus élevés, dans les endroits humides comme aux expositions 
les plus sèches ; cependant la présence de l'Hibiscus tiliaceus 
indique toujours une humidité plus ou moins importante du 
sous-sol lorsqu'il croît dans les endroits d'aspect extérieur 
aride. 

Si les formes en sont relalivement variées, elles semblent 
se résumer à une seule espèce. | 

Les formes du feuillage ne sont pas des caractères suffisants 
pour ériger en espèces diverses toutes celles que l’on rencontre. 

On trouve en effet comme formes : 

Celle à très larges feuilles non pubescentes, cordiformes, à 
sinus ouvert ; 

Celle à très larges feuilles non pubescentes, cordiformes, à 
sinus fermé et dont les extrémités des lobes se recouvrent; 

Celle à très larges feuilles pubescentes en dessous, à sinus 
ouvert; 

Celle à très larges feuilles pubescentes en dessous, à sinus 
fermé et dent les extrémités des lobes se recouvrent; 

Celle à feuilles moyennes, pubescentes en dessous ; 


344 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


Celle à feuilles moyennes ou grandes, à parenchyme mince et 
vert clair; 

La variété {ricuspis, qui n’est sans doute qu'un dimorphisme ; 

Et enfin une forme dont nous parlerons un peu plus longue- 
ment en raison de sa variabilité. 

._ Sauf la dernière, toutes ces formes ont une floraison abso- 

lument identique et une fructificalion semblable; tout au plus 
sembleraient produire des semences plus fertiles, les formes à 
parenchyme mince et vert clair; les jeunes plants issus de 
graines sont en effet beaucoup plus nombreux auprès de ces 
formes qu'auprès des autres. 

Le bois de l’Aibiscus est comparable pour ses usages à celui 
du Noyer; il fournit des courbes appréciées pour les construc- 
tions maritimes ; âgé, il prend une teinte foncée et peut fournir 
un beau bois d'ébénisterie, surtout les variétés à feuilles 
minces dont le grain est plus fir et la fibre plus serrée. 

Les tiges jeunes, aoûtées, fournissent des fibres résistantes 
avec lesquelles on peut faire des cordages économiques pour 
les usages domestiques. 

La dernière sorte que nous avons citée plus haut est carac- 
térisée par sa polymorphie; elle comprend en effet: 

la forme à feuilles rondes, cordiformes, assez grandes, ver- 
nissées en dessus, pubescentes en dessous; 

la forme à petit feuillage vert clair, ovale, cordiforme, légè- 
rement gaufré. 

La particularité intéressante au point de vue botanique de 
cette espèce est que : 

la forme à petites feuilles vert clair est toujours stérile ; 

la forme à grandes feuilles est tantôt fertile, tantôt abortive 
ou semi-abortive. | 

Ces différentes formes peuvent se rencontrer sur un seul et 

nême sujet, ou isolées, ou encore par deux. Fe 

Remarque intéressante, le bois varie de qualité selon la 
forme de la feuille; le meilleur et le plus dur est celui de la 
forme à petites feuilles, que l’arbre soit isolé ou qu'il croisse de 
compagnie avec une autre forme. > 

Ces caractères sont constants et on trouve généralement les 
différentes formes groupées en colonie. 

Les rameaux florifères de cette dernière variélé sont tou- 
jours pourvus de bractées assez grandes, caduques; les fertiles, 


= ER 


UTILISATION DES DÉCHETS DE LA MAISON EN AGRICULTURE 945 


semblables à ceux des autres formes, quoique un peu plus 
grêles, portent des fleurs normalement constituées de couleur 
et de forme identiques à celles des autres formes ; les rameaux 
de la forme stérile, d'aspect semblable aux précédentes, ne 
portent à l’aisselle des bractées que des fleurs avortées qui se 
dessèchent à peine ont-elles alteint la taille d'un clou de 
Girofle ; la forme semi-abortive porte, mélangées, des fleurs de 
l’une ou de l'autre sorte. 

Un sujet portant des branches de ces différentes formes réu- 

-nies est du plus bizarre effet. 

La forme éricuspis semble être localisée à Tahiti et aux Iles- 
sous-le-Vent. 

Certains sujets de la forme à grandes feuilles, citée en pre- 
mier, la plus répandue, ont le tronc recouvert d’une écorce 
épaisse, subéreuse et profondément cannelée. 


UTILISATION DES DÉCHETS DE LA MAISON 
EN AGRICULTURE 


Par ANDRÉ PIÉDALLU, 


Pharmacien-major de 1r° classe, 
Chef de Laboratoire, à l'Intendance. 


Nos soldats nous ont donné la victoire militaire, à nous tous 
de gagner la victoire économique. 

Il ne faut pas s’en remettre aux pouvoirs publics, mais bien, 
dans la mesure de nos moyens, chercher à augmenter le ren- 
dement de la vieille terre de France, pour la parcelle grande 
ou pelite qui nous appartient Or, les déchets de la maison 
sont des produits encore riches qui peuvent être diversement 
ulilisés. Il s’agit de le faire méthodiquement et par exemple de 
ne pas employer directement comme engrais des déchets qui 
peuvent encore servir à l'alimentation des animaux. 

Il faut dégrader la matière par échelons. On est toujours sûr 
de récupérer l’engrais final. 

Toutes les ménagères de la campagne donnent les épluchures 
de leur cuisine à leurs Lapins ou à leurs Porcs. Elles récu- 
pèrent ainsi de l'énergie, qui serait perdue si elles jetaient ces 


340 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


déchets. au fumier. En revanche, j'ai vu jeter des quantités 
énormes de marc de pomme à la décharge: dans beaucoup 
d'endroits on n’en veut même pas pour en faire du fumier. 


LE Marc DE POMME. — Le mare de Pomme mélangé à la 
nourriture des animaux est parfaitement accepté par eux. De 
plus, il est facile de le faire sécher; il se conserve alors très 
bien et peut être employé pendant l'hiver. 

D'après Lechartier, la composition moyenne des mares de 
Pomme frais est la suivante : 


Eau/efimatiéres volatiles PM man SN EN ERENT Er 
Matières azotées rent A EN EREE TAUC nTer) 
Matières onassest)iie 7 eme Ens En eRS eInT 6 
Matières: Sucréési armes D Een Nes AT 
Matières hydroearhonées, 1 CAE Men PNA Se 
GCellulose, eus Se Mb LAURE AU ES TE RENTE ETS 
Cendrés: par PSE ANNEES (PE LUE Er PE RENNES ERTIATES 


La composition en éléments fertilisants est de p. 1.000 : 


Azote UE IR EAN AR LAN a #2 A0 
Acide phosphorique . . . . . 0,3 à 1. 
Potasse ne Re 1,2 à 3,10 


La composition moyenne des marcs secs est de: 


Faure AE ME NE D RO ARS EE 2 Pa 
Matienesproteiques enr PAME ES 49 = 
Mäfières: grasses 24. 0 Le AN en CROIRE 
Matieres hydrocarbontes MERE SE TPE — 
Cellulo Se US LES PANE OnAE pee Rt R ne — 
CENTRES MATE ANA ARE LE ee rt ARE JA — 


C'est là un aliment qui vaut la peine qu on y pense. 


Il y aurait lieu pendant octobre, novembre, décembre et 
janvier, saisons où l'on fait le cidre, d'utiliser la chaleur 
perdue des fours et des usines pour sécher ces mares et les 
conserver afin de les employer par la suite en mélange dans 
[a nourriture des animaux domestiques. 

Le marc de Pomme contient une certaine quantités d'acides 
organiques, qui est un inconvénient à son emploi direct 
comme engrais surtout dans les terres pauvres en calcaire. 

Il est préférable de l’employer en compost, en le mélangeant 


2 7 11 “ fr née : Ps d os ra 


UTILISATION DES DÉCHETS DE LA MAISON EN AGRICULTURE 347 


avet de la chaux à raison de deux hectolitres de marc pour un 
hectolitre de chaux vive en petits morceaux. En deux ou irois 
jours la chaux est délitée, on mélange à la bêche et on recoupe 
deux ou trois fois dans l’année. Au bout de ce temps le com- 
post est employable. 

On peut aussi étendre Je marc sur les loue. l'acidité du 
marc fixe les vapeurs ammoniacales qui se dégagent de la fer- 
mentation des fumiers et en augmentent la qualité. 


Le Marc DE RaïsiN. — Dans beaucoup d'endroits on ne tire 
pas non plus parti du marc de Raisin comme il le faudrait. 

Le marc une fois soumis à la distillation est dans cerlains 
pays jeté à la décharge. Or il constitue un excellent engrais 
qui contient de la potasse, de l’azote el de l’acide phospho- 
rique. 

D’après Muntz et Girard, Composition des marcs de Raisin en 
éléments fertilisants : 


COMPOSITION 9/0 I (il LLL H 
Anote: : :. 1 AM 1,22 1.30 0,81 
Acide anus 02 0,33 0,25 0,28 
BOSS ae Er. À NO00Ù 1,03 0.86 0,20 


L'échantillon IV provient d’un marc épuisé ayant servi à 
faire de la piquette. 

D'après M. Is. Pierre, le département de l'Hérault fournit 
annuellement environ 840.000 quintaux de marc de Raisin dont 
le 1/10 environ est consommé pour la nourriture du bétail, le 
reste est employé comme engrais. 

Dans la Côte-d'Or, le mare de Raisin est employé comme 
engrais sur les grands crus et les vignerons prétendent que ce 
moyen de fertilisation sauvegarde la délicatesse des vins. 

Il est possible de comprimer le marc de Raisin en briqueltes 
ou en mottes à la manière du tan de tanneries, de le faire 
sécher et de l'employer comme combustible. L'engrais potas- 
sique et phosphaté se retrouve dans les cendres. 

Cette année même, on a fait dans le Midi un essai industriel 
de récupération d'huile de pépins de Raïsin. 

Le marc fraichement exprimé contient 25 p: 100 de graines 
qui renferment 6 à 20 p. 100 d'huile. 

Pour obtenir l'huile, on sèche les graines à l'air, on les 


348 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


réduit en farine grossière à laquelle on mélange 25 p. 400 
d'eau, puis on presse la masse d'abord à froid, puis à chaud. 

La quantité d'huile est variable avec la variélé du Raïsin et 
le climat du pays de culture. D’après certains auteurs, les 
Raisins blancs seraient plus riches en huile que les Raisins 
noirs. Les Raisins doux sont plus riches que les Raisins moins 
sucrés. 

D'après d’autres auteurs, les grains de Raisins noirs récoltés 
dans les pays chauds contiennent plus d'Euile et de qualité 
meilleure, pouvant atteindre 10 à 20 p. 100, alors qu’en France, 
on ne dépasse guère 8 à 11 p. 100 d'huile brute. 

C'est au moment de la vendange que les graines renferment 
le plus d'huile. 

L'huile obtenue par pression à froid a une couleur jaune 

d’or et est inodore. Celle qu’on obtient avec des graines con- 
servées est plus foncée. L'huile de He pression est brune 
et a un goût amer. 

L'huile extraite par solvants est foncée, mais deviendrait à 
peu près incolore par filtration sur du noir animal. 

Ses caractéristiques, son indice d’acétyle très élevé en par- 
ticulier, rapprochent celte huile de l'huile de Ricin. 

Cette huile est employée sur place comme huile comestible ; 
on peut s’en servir pour faire du savon et on l’a préconisée 
comme succédané de l'huile de Ricin dans la fabrication des 
huiles pour rouge turc. 


Les LiES. -— Le résidu de la distillation des lies eSt également 
le plus souvent jeté; c'est un grand tort. Ceslies contiennent du 
tartre qui a une valeur et qui, desséché, peut être vendu. De 
plus, le résidu de tartre contient encore 1,90 p. 100 d'azote et 


4,24 p. 100 d'acide phosphorique. La potasse reste entière- 


ment dans le tartre. 


LE MARC DE Caré. — D'après M. Is. Pierre, le marc de Café 
contient une moyenne de 1,85 p. 100 d'azote et 12,2 p. 100 
d'acide phosphorique représentant environ 23 p. 100 de phos- 
phates. Ces chiffres sont éloquents. Certains pays font une con- 
sommation de Café considérable et cet engrais est loin d’être à 
dédaigner. Il n’est pas rare de trouver des établissements qui 
pourraient livrer 50 hectolitres de marc de Café par an. 

Cet engrais fait sentir son effet pendant deux à trois ans. Il 


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- UTILISATION DES DÉCHETS DE LA MAISON EN AGRICULTURE 9349 


serait facile d'activer sa décomposilion en l’arrosant avec de 
l'urine. On obtiendrait alors un engrais très puissant. 

Le marc de café contient de plus une huile employable dans 
la fabrication des savons noirs. 


LES CENDRES DE NOS FOYERS. — Elles constituent une véritable 
richesse qui est aussi, le plus souvent, jetée au vent. 

J'avais attiré l'attention du Commandement, dès 1914, sur 
l'utilité des cendres en agriculture et dans l'industrie, et j'ai 
fabriqué à Verdun du savon en partant des cendres des bou- 
_ langeries de l'Armée et des corps gras de déchets des abattoirs. 

Dès février 1915, je me suis servi de ces cendres et aussi des 
cendres de houille dans le jardin que j'avais improvisé sur les 
glacis des fortifications de Verdun. 

En 1916, j'ai signalé à nouveau l'importance des cendres 
comme source de potasse et l'Inspecteur général du Ravitail- 
lement a donné des ordres pour que les cendres des boulan- 
geries de l'Armée soient récupérées et vendues. 

(Ces cendres sont depuis lors vendues ou employées comme 
engrais dans les jardins militaires. Les engrais potassiques 
sont très favorables à la Pomme de terre et à la Vigne dont ils 
augmentent le rendement. Les cendres des boulangeries de 
l'Armée contiennent environ 8 p. 100 de potasse. Les cendres 
de bois contiennent généralement 8 à 10 p. 100 de sels de po- 
tasse, de petites quantités d’acide phosphorique, du manga- 
nèse, du fer, des sels de calcium, de magnésium, de sodium et 
de la silice en quantilés variables. 


Je me suis occupé l'an passé des cendres des boulangeries 
de Paris en vue de leur récupération comme engrais. 

À Paris, 1.000 boulangeries environ chauffent encore leur 
four au bois. On peut admettre qu’elles perdent environ 3 kilo- 
grammes de cendres par jour. C’est donc trois tonnes de cen- 
dres qui sont perdues tous les jours à Paris. Ces trois tonnes 
représentent environ 10 p. 100 de leur poids, c’est-à-dire, 
300 kilogrammes de sels de potasse. Or, malgré la victoire, les 
sels de potasse manquent. Le carbonate de potasse coùûtait 
encore récemment 500 à 600 francs les 100 kilogrammes. 

M. Elbel, l'actif Directeur du Service des Récupéralions au 


ministère du Commerce, a bien voulu m aider et il a envoyéà 


tous les journaux agricoles de province un résumé d’une com- 


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300 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION | 


munication que j'ai faite sur ce sujet à l’Académie d'Agricul- 
türe, en juillet dernier. 

Les cendres vives doivent être employées surtout au prin- 
temps et par temps humide. 

Sur les prairies et les plantes levées, on doit les employer à 
faible dose : 20 à 25 hectolilres à l’hectare en terres légères, 
30 à 35 en terres fortes. Les alcalis et alcalino-terreux des cen- 
dres neutralisent les sols acides. 

L'emploi des cendres est surtout indiqué dans les sols man- 
quant de calcaire. Elles favorisent la nitrification et rendent la 
‘silice soluble. Il faut remarquer cependant que les cendres 
neuves sont souvent nuisibles en sol calcaire où dans des 
terres fraîchement chaulées ou marnées. 

Les cendres de houille et d’anthracite peuvent aussi rendre 
des services. Outre les petites quantités de potasse de chaux et 
d'acide phosphorique qu'elles contiennent, elles constituent 
un amendement appréciable dans les terres lourdes qu'elles 
rendent plus meubles: 

J'ai fait à ce sujet, depuis plusieurs années, des expériences = 
très probantes et j'ai obtenu des résultats très intéressants : 
dans un jardin à terre argileuse des environs de Paris. 

D'autre part, F. Dupont signale l'emploi des cendres de 
houille et escarbilles pulvérisées répandues au semoir en même 
temps que la graine de Belterave au moment des semis. Les 
graines semées dans ces conditions Ièvent beaucoup plus vite 
que les graines témoins et la végétation se maintient plus 
vigoureuse. | 

Ces cendres s’emploient à la dose de 80 à 150 hectolitres à 
l’hectare. C’est encore là un intéressant appoint pour certaines 
régions industrielles où ces déchets ne sont pas utilisés. 

J'ai, moi-même, l’année dernière (saison d’été 1918), fait des 
expériences de culture sur un tas de cendres de houille, d’es- 
carbilles et mächefer dont j'avais enlevé les trop gros mor- 
ceaux ; Ce tas avait environ 80 centimètres de haut et mesurait 
10 mètres de long sur 3 mètres de large environ. 

Sur ce sol artificiel, avec de l’eau et un peu de fumier, j'ai 
récolté, en octobre, 700 à 750 grammes par pied de Pommes 
de terre, malgré la plantation tardive, en fin juin. 

J’ai obtenu des Choux pommés, de beaux Navets et des Sor- 
ghos de 4 m. 80 de haut. 

J'ai fait cette expérience pour montrer que le mâchefer et 


UTILISATION DES DÉCHETS DE LA MAISON EN AGRICULTURE 3914 


les cendres de houille ne sont pas nuisibles aux plantes, comme 
le prétendent certains jardiniers, et qu'on peut ies employer en 
grande quantité pour amender les terres lourdes. 

On peut faire un très bon engrais azoté en arrosant ces 
cendres avec des urines. Cet engrais m'a donné des résultats 
excellents. Il ne coûte rien, il est propre et sert en même temps 
d'amendement. 

L’urine étendue d'eau, à raison de 1/2 litre pour un 
arrosoir de 10 litres, constitue un engrais de premier ordre. 
L'urine est, en effet, un engrais complet; elle contient de 
l’azote, de l’acide phosphorique, de la potasse, etc. J'ai obtenu 
de très belles pousses sur des Rosiers que je croyais morts. Les 
Haricots, en particulier, se trouvent très bien de cet arrosage. 


LES POUSSIERS DE CHARBON. — En parlant des cendres, je 
crois utile de recommander l’utilisation pralique et économi- 
que des poussiers de charbons. 

Ces poussiers sont pour la plupart difficilement utilisables. 
Jé me suis trouvé, cette année même, aux prises avec des diffi- 
cultés de chauffage pour mon laboratoire et PélabHscement 

militaire dans lequel il se trouve. 

N'ayant plus qu un poussier avec lequel nous ne pouvions 
pas faire de feu, j'ai cherché le moyen le plus économique et le 
plus pratique pour l'utiliser à l’état de briquettes. J'ai essayé, 
comme agglomérant, le plâtre et le ciment qui coûtent trop 
cher et qui nécessitent un outillage dispendieux. Je me suis 
arrête à l'argile qu'on trouve en abondance dans la région 
parisienne. \ 

On pèse 5 p. 100 d'argile du poids du poussier, on délaie 
cette argile dans son poids d’eau et on malaxe, comme du mor- 
tier, le poussier et la barbotline d’argile, puis on moule dans 
un moule en bois fait avec deux planches parallèles longue 
de 4 mètre environ et larges de 7 centimètres. Elles sont légè- 
rement plus écartées vers le côté qui formera la base des bri- 
quettes. Le moule est divisé en compartiments par d'autres 
planches longues de 15 centimètres qui sont écartées l’une de 
l'autre de 10 centimètres. Ces traverses sont un peu évidées du 
baut vers la base pour faciliter le démoulage. 

Ce moule est goudronné pour l'empêcher de pourrir. 

11 suffit de poser le moule sur une planche ou sur l'endroit 
où l’on veut faire les briquettes, d'introduire dedans le mortier 


352 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


de poussier, de pilonner, de lisser le dessus avec une truelle et 
de démouler après avoir frappé légèrement le moule avec un 
maillet en bois. On laisse sécher les briquettes, on les entasse 
à l'abri de la pluie et on les brûle au moment du besoin. 

Pour les foyers importants et les poêles à fort tirage, il n'est 
pas besoin d'attendre qu’elles soient tout à fait sèches. 

Ces briquettes économiques constituent un combustible 
excellent, qui tient très bien le feu et qui brüle sans perte 
aucune, en donnant une flamme claire et en maintenant très 
bien la pression dans les calorifères. 

Les cendres sont plus abondantes, mais, puisque nous les 
récupérons, cela n'a aucune importance. 


* 
* * 


EN RÉSUMÉ, dans l'intérêt de la richesse nationale et dans 
l'intérêt de chacun, il faut tirer parti des déchets. 

Il ne faut pas employer directement comme engrais un dé- 
chet susceptible d'être utilisé dans l'alimentation du bétail, 
comme les marcs de Pomme. 

Les marcs de Café, riches en acide phosphorique, les mares 
de Raisin, les résidus de lies seront employés comme engrais, 
de même que les cendres. 

Enfin on pourra facilement transformer en briquettes le 
poussiér de charbon inutilisable, en mélangeant ce peussier 
avec 5 p. 100 d’argile délayée dans son poids d'eau. Ces bri- 
quettes serviront avantageusement dans les foyers domestiques 
et même dans les chaudières de calorifères et d'usines. 

Utiliser les déchets et apprendre aux autres à le faire c’est 
rendre service au pays et c’est augmenter la richesse nationale. 


EXTRAITS DES PROCÈS - VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÈTE 


: SÉANCE GÉNÉRALE DU 28 AVRIL 1919 


Présidence de M. E. Perrier, Président de la Société. 


En ouvrant la séance, M. le Président souhaite la bienvenue 
à notre collègue, M. le comte Joseph Potocki, et le prie de 
prendre piace au premier rang. 

« C'est, dir M. Perrier, avec d'autant plus d'émotion, que 
nous vous saluons, que nous savons que ce n’est que par 
miracle, que vous avez échappé aux tortures bolchevistes, dans 
vos beaux domaines de Volhynie, où vous aviez si cordiale- 
ment accueilli la délégation de la Société, en 1910. 

« Jusqu'en décembre 1917, grâce à votre énergie, vous aviez 

‘pu protéger vos biens et sauver Pilawin et ses merveilleux 
élevages. Mais le flot bolcheviste a passé et tout a été saccagé. 
Pilawin, concu et créé par vous, que vous affectionniez comme 
un être vivant, comme un des vôtres, n’est plus qu'un désert, 
ur immense charnier, où finissent de disparaître les carcasses 
de Bisons, d'Élans, de Wapitis, etc., etc. 

« Je vous demande, mon cher collègue, au nom de la 
Société et en celui de tous vos amis qui sont ici, de nous don- 
ner, vous-même, quelques détails sur les crimes, les hontes et 
les désastres dont vous avez été le témoin et la victime. » 


_ Le comte Potocki remercie et, disant toute l'émotion qui 
l’étreint, nous apprend, « sans vouloir parler de ses autres 
infortunes, » comment Pilawin fut détruit. Ce fut en décem- 
bre 1917, qu'une bande de bolchevistes, chassant la garde qui 
avait été donnée, pour préserver ces réserves reconnues d'uti- 
lité publique, arriva et avec une stupidité de sauvages massacra 
en quelques jours tous les animaux, détruisit la maison de 
chasse, saccagea les aménagements. Ce fut la ruine complète, 
poursuivie, sans raison, pour le seul plaisir de la destruction. 
Plus de cinq cents Cerfs furent tués, ainsi que les Élans et les 
Bisons. Les résultats de patients efforts poursuivis, méthodi- 
quement, depuis de longues années, furent anéantis en quelques 


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354 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


jours ; des hybrides remarquables de Bison d'Europe et de Bison 
d'Amérique, ceux de Cerf Wapiti et de Cerf de Cachemire 
(Hangul), tous furent massacrés, sans but et sans profit. De 
toutes ces expériences si intéressantes, dont certaines étaient 
uniques, dont la plupart ne pourront être reprises, il ne reste 
plus rien... » 


M. le Président remercie notre collègue d'avoir bien voulu, 
dominant l'émotion de ses poignants souvenirs, nous faire le 
récit des derniers jours de Pilawin. Aux applaudissements de 
tous, il informe le comte Joseph Potocki, que le Conseil, dans 
sa séance du 16 avril dernier, l’a proclamé membre du Comité 
d'honneur de la Société d’Acclimatation de France et il termine 
en souhaitant que les désastres et les amertumes dont il a été 
victime, s'atténuent devant la réalisation du rêve de pur 
patriotisme, poursuivi par ses ancêtres et par lui-même, 
depuis 150 ans : La Pologne unifiée et libre! 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 
DÉCEs. 


Depuis la séance du 7 avril, nous avons eu le regret d’appren- 
dre la mort de MM. le D' H. Auzoux, membre à vie depuis 1876, 
Gaillard fils, membre à vie depuis 1886, À. Leroy, membre à 
vie depuis 1880, Maisonneuve, membre à vie depuis 1877 et 
Félix Crépin, membre à vie depuis 1889. 


PROCLAMATION DE NOUVEAUX MEMBRES. 


M. le Président proclame les noms de nos nouveaux collè- 
gues récemment admis par le Conseil. Ce sont : 


L'AGENCE ÉCONOMIQUE DE L'INDOCHINE, 35, rue Tronchet, à 
Paris (IX° arr.), présentée par MM. Perrier, Hermenier et 
Debreuil. de 

LE COMITÉ CENTRAL AGRICOLE DE LA SOLOGNE, à la Motte-Beuvron 
(Loir-et-Cher), présenté par MM. Perrier, le comte Dela- 
marre de Monchaux et Chappellier). 

MM. 

ALTAZIN (Émile), armateur de pêche, 22, rue de la Gare, à Bou- 
logne-sur-Mer (Pas-de-Calais), présenté par MM. Perrier, 
Debreuil et Loyer. 


EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 399 


Bacon (A.-René), aviculteur, 11, rue de la Rochefoucauld, à 
Cognac (Charente), présenté par MM. Decoux, Ferrand el 
Loyer. 

- BarzrauD (Émile), 5, rue de Noailles, à Marseille (Bouches-du- 

Rhône), présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

BRUNET (Fernand), ancien conseiller d'État, directeur général 
des Douanes, inspecteur général des Finances honoraire, 
présenté par MM. Perrier, Roule et Debreuil. 

Carié (Paul-Joseph), 40, boulevard de Courcelles, à Paris 
(XVIE arr.), présenté par MM. Perrier, Debreuil et Fou- 
cher. 

!- DAGEvILLE (Georges), La Richardie, à Champagne-Fontaine 

(Dordogne), présenté par MM. Crepin, Lehmann et Clery. 

DELAPALME (Félix), notaire, 250, boulevard Saint-Germain, à 
Paris (VII arr.), présenté par MM. Perrier, Debreuil et 
Loyer. 

Dusosc (Albert), La Roseraie, à Sainte-Adresse (Seine-Infé- 
rieure), présenté par MM. Perrier, G. Coëz et Debreuil. 

Dcuponr (André), ingénieur, 16, quai de Passy, à Paris (XVI°arr.), 
présenté par MM. Perrier, Worms de Romilly et De- 
breuil. 

FERE (Charles), administrateur de la Compagnie de Vichy, 
38, rue de Lubeck, à Paris (XV[I° arr.), présenté par 
MM. Perrier, Couband et Debreuil. 

GRESsE (Élie), négociant, 41, rue du Béguin, à Lyon (Rhône), 

F présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

Guy (Joseph), négociant en vins, 1, rue Verdi, à Béziers 
(Hérault, présenté par MM. Perrier, Forestier et Bois. 

Join-LamBErT (Octave), archiviste-paléographe, ancien membre 
de l'École de Rome, à Monceaux, par Couterne (Orne), 
présenté par MM. Perrier, Loyer et Debreuil., | 

JozeauD (Léonce), maître de conférences à la Facullé des 
Sciences de l’Université, 1, rue Victor-Cousin, à Paris 
(V° arr.), présenté par MM. Perrier, Trouessart et De- 
breuil. 

LÉCALLIER, 109, rue de la République, à Caudebec-les-Elbeuf 
(Seine-Inférieure), présenté par MM. Perrier, Delacour et 
Debreuil. 

MAEs (Lucien), directeur de Pathé-Revue, 30, rue des Vigne- 
rons, à Vincennes (Seine), présenté par MM. Perrier, 
Debreuil et Loyer. 


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356 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Macric (Eugène), chef d'escadron de cavalerie, 34, rue de Bel- 
lechasse, à Paris (VII-), présenté par MM. Mégnin, Cau- 
curte et Debreuil. 

Marriaz (Louis-Hilaire), à Champmillon, par Hiersac (Cha- 
rente), présenté par MM. E. Perrier, Lauwers et J. Crepin. 

Mizcer-Horsin (Pierre), médecin-major des troupes coloniales, 
présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

Noucayroz (Pierre), industriel, 4, Jardin-Royal, à Toulouse 
(Haute-Garonne), présenté par MM. Crepin, Cléry et Lau- 
wers. 

Poncer (Constantin), comptable, villa Altorf, 125, boulevard 
Périer, à Marseille (Bouches-du-Rhône), présenté par 
MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

PueraRt (Henri), banquier, 38, avenue Hoche, à Paris (VIT arr.), 
présenté par MM. Hottinguer, Perrier et Debreuil. 

Rocne (Philippe), 18, rue du Colonel-Moll, à Paris (XVI[° arr.), 
présenté par MM. Perrier, Débreuil et Loyer. 

Roy (Albert), pharmacien, 79 bis, boulevard Suchet, à Paris 
(XVI° arr.), présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

-SavarY (Martial), contremaître de tannerie, à Sireuil (Cha- 
rente), présenté par MM. J. Crepin, P. Crepin et Lauwers. 


GÉNÉRALITÉS- 


M. À. Fauchère, inspecteur général des Services agricoles et 
forestiers de Madagascar, compte nous envoyer prochainement 
la liste des Plantes introduites à Madagascar et reprendre, 
bientôt, sa collaboration au Pulletin. 

Il envoie, pour la bibliothèque, un extrait du Journal officiel 
de Madagascar, sur la « Création d’une école forestière indi- 
gène et l'exploitation en régie de la forêt d’Analamazaotra ». 


La maison L. Desmet-Verteneuil, de Bruxelles, nous informe 
qu'elle commence la publication de A reference Work on 


general Ornithology. Cet ouvrage, publié par un comité d'orni- 


thologisies, sera entièrement écrit en anglais. 


MAMMALOGIE. 


À propos des anomalies du sens sexuel, chez certains 
Oiseaux, le D' A. Robertson-Proschowsky (de Nice) nous 


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EXTRAITS? DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 9397 


adresse l'observation suivante : « J'ai, ici, deux jeunes Che- 
vrettes, qui, déjà, depuis l'âge de un mois, cherchent, surtout 
l'une, à se couvrir mutuellement, en y procédant tout à fait 
comme le ferait un Bouc. Il ne peut s’agir d’un jeu en imitation 
des rapports sexuels des adultes, car ces deux Chevrettes 
sœurs n ont jamais vu leur mère. » 

Notre collègue demande si de telles observations ont 
déjà été faites et si on a essayé d'en donner une explica- 
tion. 


Des massacres d'Antilopes Dik-Dik (Madoqua sp. varia) ont 
lieu, actuellement, et une seule mégisserie de Florence a reçu, 
en moins d'un an, 100.000 peaux provenant de l'Erythrée et de 
la Somalie. De semblables destructions devraient être inter- 
dites, car c’est par millions, nous affirme-t-on, que ces jolis 
animaux sont tués, après avoir été pris au lacet ou au filet, 
pour ne pas abimer leur peau. Il conviendrait de commencer à 
les protéger avant qu’il n'en existe plus! 


On écrit d'Anvers que M. Louis Franck, ministre des 
Colonies, vient d'informer la Direction du Jardin zoologique, 
pour lui apprendre que M. Landeghem, commissaire du district 
du Bas-Uélé au Congo, possède un Okapi femelle, d'un an, 


‘vivant, qu'il a réussi à apprivoiser. 


M. Paul Mégnin fait une communication sur les « Chiens de 
Frauce au front pendant la guerre ». Notre collègue nous 
dit qu'à la déclaration de guerre, l’armée allemande avait 
6.009 Chiens de guerre et l’armée française 6! Malgré cette 
imprévoyance, on s organisa, assez rapidement, grâce à l'acli- 
vité et au dévouement de certains spécialistes et des chenils 
militaires furent créés. Des Chiens furent recrutés, préparés, 
dressés et ils rendirent les plus importants services comme 
auxiliaires de sent'nelles, estafettes, Chiens de liaison, Chiens 
de patrouille, Chiens d'attaque, Ghiens de trait, Chiens por- 
teurs, etc., etc. M. Mégnin pense qu'un Chien, pour être bon 
avertisseur, doit être en possession de tous ses sens, mais il lui 
semble que l'ouie est le sens le plus utile et même le sens 
indispensable. Nos « poilus à quatre pattes »; dit en terminant 
notre collègue, furent à l'honneur et les nombreux rapports 
d'officiers généraux et de chefs de corps, sur les Chiens de 


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358 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACÔLIMATATION 


guerre, valent « les plus belles parmi les plus belles citations 
à l'ordre ». 

La communication, très documentée, de M. Mégnin sera 
insérée au Bulletin. 


ORNITHOLOGIE. 


M. Rollinat nous informe que les Re Hirondelles sont 
arrivées à Argenton-sur-Creuse le 7 avril et les Martinets le 24. 
En 1917 et en 1918, ces Oiseaux étaient arrivés également, le21. 


BOTANIQUE. 


M. le D' A. Robertson-Proschowsky nous adresse les deux 
observations suivantes : 

1° Il ya 27 mois que nous avons eu, à Nice, une chute de 
neige, qui fut de beaucoup la plus considérable que j'aie 
observée ici, pendant 28 ans, et qui fut, du reste, la plus 
grande de mémoire d'homme. Il tomba, pendant la nuit, 12 cen- 
timètres de neige, et sans que, d’ailleurs, les dégâts fussent très 
importants; quelques feuilles de Palmiers cassèrent sous le 
poids de la neige. C'est ainsi qu'une grande feuille d'Arecas- ' 
trum Romanzo/ffianum Beccari (Coco R. Chamisso) fut cassée 
près de la base du pétiole où la parlie cassée forme un angle 
très aigu. La feuille pend en touchant le tronc et parallèle à 
celui-ci, et se trouve, ainsi, dans une position tout à fait 
opposée à celle normale des feuilles, qui, chez ce Palmier sont 
érigées. Malgré que le péliole se trouve ainsi cassé à angle 
_aigu, la feuille est restée tout à fait verle, ce qui prouve que la 
circulation de la sève chez ce Palmier, pour gênée qu’elle soit, 
peut encore suffire à maintenir la vie dans cette grande feuille 
de 3 mètres de longueur. 

2 On sait combien souvent des éboulements on lieu dans 
les terrains de colline à pente rapide et quels dégâts peuvent 
ainsi être causés par les pluies, autrement si nécessaires et | 
bienfaisantes dans ce climat sec. Il y a quelques années qu'un : 
éboulement eut lieu et qu'un grand Cupressus semperuirens 
fastigiata L. glissait avec le terrain. On sait combien droit 
pousse cette espèce, et j'attendais avec curiosité ce qui arrive- 
rait à l’arbre qui, dans sa nouvelle position, avait un angle 
d'environ 40°. Grand fut mon étonnement quand j'ai vu se 


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EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 359 


redresser, non seulement, ce qui était à prévoir, la pousse 
terminale, mais encore le tronc d'en haut pourtant parfaite- 
ment lignifié, sur une longueur de 3 à 4 mètres. J'ai pu con- 
stater le même fait chez quelques Cupressus lusitanica Mill. 
var. Benthami, qui avaient aussi glissé par suite d'un ébou- 
lement, mais ici le redressement du tronc lignifié a été moins 
prononcé. » 


M. Ch. Rivière fait une communication sur l'acclimatation 
des Orangers dans le bassin méditerranéen : 

« L'acclimatation des Orangers et de leurs congénères, dit 
M. Ch. Rivière, ne paraît être entrevue dans la partie orientale 
du bassin méditerranéen que vers le x° siècle de notre ère, 
grâce aux Maures. 

_ « Mais l'historique de leur culture aux procédés si divers et 
l'obtention de races et de variétés si nombreuses restent 
obscures. 

« Les fruits d'or dit Oranges du jardin des Hespérides ne sont 
qu'un mythe, puisque l'Antiquité ne connaissait pas l'Oranger 
et d'ailleurs tout fait supposer que ces fameux fruits n'étaient 
autres que des Coings. 4 

« Seules, des traces du Cédratier, aux environs de notre ère, 
ontété trouvées récemment dans les sépultures d'Antinoé, en 
Egypte, mais documents et hiéroglyphes sont muets sur les 
Aurantiacées. 

« Quant aux explications données sur les prétendus passages 
morphologiques d'espèces du genre Citrus et les hybridations 
naturelles ou voulues dites récemment obtenues, M. Ch. Rivière 
les trouvent discutables, tant les preuves manquent. Ainsi, 
comme exemple, la « Clémentine », ou fruit nouveau, n’est pas 
le résuliat d'une hybridation voulue, mais un simple gain de 
hasard et la « Tangerine » n’est peut-être que le vrai type de la 
« Mandarine » fructifiant en milieu convenable. » 


COLONISATION. 


M. Kusel-Hédiard nous adresse une certaine quantité de 
graines de Voandjobory de Madagascar. Ces graines sont dis- 
tribuées. Il conviendra de les faire tremper pendant 24 heures 
et de les laisser cuire pendant une demi-journée; elles sont très 
farineuses. 


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360 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


La Légumineuse dont M Kusel-Hédiard nous envoie des 
graines, dit M. Bois, est le Voandzou ( Voandzeia subterranea), 
plante sur laquelle on trouvera des renseignements dans la 
3* édition du Potager d'un curieux. Le fruit de cette curieuse 
Légumineuse s’'enterre comme l’Arachide pour se développer 
et mürir. Il est intéressant pour les pays chauds, parcequ'il ne 
s'ouvre pas comme nos Haricots; l'unique graine que chaque 
gousse contient se trouve ainsi protégée contre les agents de 
destruction extérieurs. On extrait la graine au moment de la 
consommer. 

Le secrélaire des séances, 


J. CREPIN. 


ORDRES DU JOUR DES SÉANCES 


POUR LE MOIS DE DÉCEMBRE 1919. 


SÉANCES GÉNÉRALES 


. Lundi 1°, à 3 heurés. — M. Mouquer : Altération des yeux 
d'origine alimentaire. 

— M. G. Basauzr : Acclimalation et Élevage de l’Élan du Cap 
(lecture). 

Lundi 15, à 3 heures. — Assemblée générale. Elections. Rapport 
des Commissions. Approbation des Comptes et Vote du Budget. 

Lundi 15, à 3 h. 30. — M. G. Vayssière : Utilisation des produits 
de guerre pour la destruction des Animaux nuisibles à l’Agricul- 
ture. 

— M. C. Desreuic : Un cas de virilisme chez une Faisane dorée. 


Séance de section. 


x 


Lundi 22, à 5 heures. — Sous-secrion D'ORNITHOLOGIE (Ligue pour 
la Protection des Oiseaux). 


Tous les membres de la Société sont priés d'assister aux 
Séances générales, qui ont lieu deux fois par mois, au Siège 
social, 198, boulevard Saint-Germain. 


Le gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


es offertes par M. GAGE, 
erintendant du Jardin royal 
nique de Darjeeling, à 
cutta (Inde). 


à Plante rustique 
* Plante demi-rustique. 
Campbelli **. 
Hookeri. 
hymalaicus. 
ævigatum ‘*. 
inidia strigosa. 
culus punduana. 
us nepalensis. 
emone rivularis *. 
; vitifolia **. 
rdisia involucrata. 
emisia parviflora *. 
lbe rivularis *. 
schmiedia Gammieana. 
tula utilis *. 
Buddleia asiatica. 
ampammaæa parviflora. 
äsearia Vareca. 
ia levigata. 
- occidentalis. 
s To*a. 
autleya luteaf 
strus Championi. 
— paniculata. 
. atis Gouriana. 
ommellina obliqua *. 
. longipes *. 
Cotoneaster frigida *. 
lotoneaster rotundifolia. *. 
otalaria tetragona. 
tolepis elegans.. 
Zynoglossum Wallichianum *. 
Desmodeum tiliefolium*. 
centra thalictrifolia *. 
geworthia Gardner **. 
æocarpus sikkimensis. 
iobothria petiolata. 
thrina arborescens. 
ya acuminata. 


EN DISTRIBUTION 


Ficus Hookeri. 
Erazinus floribundu **. 


Gaultheria nummularioides, 


Helwingia himalaica. 
zleptapleurum impressum.: 
— venulosur. 
Hydrangea robusta. 
Hypericum Hookerianum **, 
— patulum **. 
— reptans *, 
— robusla. 
Ilex /ragilis. 
— insignis. 
Jasminum humrile *, 


Liguslrum confusum *. 
Lobelia pyramidalis *. 


Magnolia Campbelli **. 
Michelia Cathearti. 
Mucuna macrocarpa. 
Neilliu thyrsiflora *. 
Notochæle hamosa *. 
Olea Gamblei. 
Osbeckia nutans. 


Picea morinda *. 
Pieris ovalifolia **. 
Pitlosporum floribundum. 
Piptanthus nepalensis **. 
Plectranthus Stocksii. 
Pogostemon parviflorus 
Porana racemosa. 
Prunus acuminata *. 
—  Puddum. 
—  nepalensis. 
Pratia montana. 


Quereus incana. 


—  Griffithir. 


Rhododendron arboreum. 
RE ciliatum *. 
— cinnabarinum. 
— Dalhousiæ. 
— Falconert. 


x 


Rhododendron grande. 
— Maddeni. 
Rubia vordifolix. 
Sauranga nepalensis. 
Sauropus albicans *. 
Saussurea deltoidea. 
Schima Wallichi. 
Senecio densiflorus, 

—  scandens *. 
Smilaz aspericaulis. 
Solanum Khasianum. 

— niqrum 

— verbasciflorum. 
Sonchus arvensis *. 
Styrax Hookeri. 
Swertia longluensis. 
Symplocos theæfolia. 
Tephrosia candida. 
Trachycarpus Martianus. 
Trichosanthus nalmata. 
Tricholepis furcata. 
Triumfelta rhomboidea. 
Tsuga Brussoniana. 
UÜrena lobata. 
Vaccinium coriaceum. 

— Dunalianum. 

— numinularia. 

= serratlunm. 
Viburnum  erubescens *. 
Vitis bracteolata. 


-Zanthozylum acanthopodium. 


Graines envoyées par le Jardin 
botanique de Sydney (Australie). 


Andropogon cæruleus (Queensland 
blue grass). 

Dantonia semiannularis (Wal- 
laby or white sop grass). 

Bromus  inermis (Australian 
Brome grass). 

Tamworth Lucerne. 

Lucerne Hunter River. 

New Zealand Rye grass. 

New Zealand Bocksfoot grass. 

Sudangrass. 


S'adresser au Secrélarial. 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 


OFFRES 


Voyages touristiques et documentaires à 
travers le Continent noir. 


ÆExplorations scientifiques. — Récoltes entomo- 
Diques. — Captures scientifiques en vue de 
troduction en France et de l’acclimatation, — 
ses au gros gibier {animaux non protégés). 
k-sept années de pratique en Afrique occiden- 
Afrique équatoriale et Centre africain. 
Jerire à M Geo Favarel, administrateur des 
olonies à Brive (Corrèze), qui, au cours d’un 
ongé, éventuellement sollicité, organiserait itiné- 
ire voyage en but mission, coopérerait travaux, 
rendrait activement part chasses, assumerait 
irection convois, etc. 


Vu excès nombre, réelle occasion. Étalons Orient 
pour amélioration cheptel caprio. Ecrire Jennys 
Farm, Créteil (Seine). 


1-2 Daims 1919, 2 p pleines ou échange contre 
Chèvre Murcie ou espèce à poil court. — Jeunes 
Mouflons à manchettes pour Mouflons de Corse. 
M. Jouffrault, Argenton-Château (Deux-Sèvres). 


* 
x * 


Lophophore &, co. Ho-ki, Swinhoé &, Mélanote &, 
Nandou &, ayant couvé et élevé des jeunes. 

Deux & et quatre® Lamas, adultes: — M. de Sain- 
ville, Courbes-Vaux, par Saint-Germain-des-Prés 
(Loiret). u 


SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLINATATION DB 


RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE 


À 
Le but.de la Société Nationale d’Acclimatation de France est de concourir 
1° à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d’animau 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des race 
nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et:à la propagatio 
de végétaux utiles où d'ornement. | ; YTel 
Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Da 16 
peuvent en laire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Établis 
sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées 
Sociétés commerciales, etc.). ù 4 
La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membre 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. 
Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et 
cotisation annuelle de 25 francs. a Am 
Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s’affra 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. : 
le membre Donateur est celui qui verse une somme d’au moins 500 francs. 
Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 4.000 fran 
son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. Ta 
Des formules d'adhésion sont adressées sur demande. 4 
La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompensés 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant t 
riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. À 
En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeune 
amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mo) 
des séances générales et des séances de Sections: 4° Mammalogie; 2° Ornithologiet 
sa sous-section, Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4° Entomologie; 5° Botanique 
et 6° Colonisation. E 
Tous les membres peuvent assister à ces séances : les ordres du jour des séance| 
générales sont adressés sur demande. 1 
La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de Zoologie et d 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'a ai 
maux à ses membres. : 4 
Elle publie le Bulletin de la Société Nationale d’Acclimatation de Franc 
et la Revue d'Histoire Naturelle appliquée, illustrée de gravures. Ces publicatiot 
traitent des questions concernant l'élevage des animaux, la cullure des plantes le 
particulièrement des faits d’acclimatation survenus en France et à l'Étranger. Elle 
donnent les renseignements les plus variés sur les animaux et les plantes utiles € 
‘d'ornement d'introduction nouvelle. : 1 
On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle 
installation, éducation des animaux, culture des rlantes, usages, introduclion, etc. 
Ces publications sont adressées, gratuitement, à tous les membres de la Soci 


un 


CS 


£ 


% 
x * 


Le 3 
La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désif 
téressé et ne sert aucun intérêt particulier : adhérer à ses statuts, l'aider dans sê 
eforts, c'est contribuer au bien-être général et à la prospérité du pays. ‘A 
nes 


Le Gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


BULLETIN 


DE LA 


été Nationale d'Acelimatation 


DE FRANCE 


uci 


(REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES ) 


66e ANNÉE 


N° 12. — DÉCEMBRE 1919 


SOMMAIRE 

PCSI ESA NS OCIAEE DEA CCEINATA TION UN de ln ARE AE ER PRG EE te 361 
RENOM Po Picoon GauCHois.ren er. D.) MAN, NAN Per NA Pne 363 
R. RoLLINAT. — Le Grand-Duc; sa reproduction en captivité . . . . . . . . . . . . . . . 372 
Comte DELAMARRE DE MoncHaux. — Surveillance des arrivages de Pommes de terre 

infestées par la Teigne. . , . . . Os Oro de 9 MAITRE Tor oo MO ANG ND PRET Are 376 

Extraits des procès-verbaux des Séances de la Société : 

nebeenemioidnlonnar 101900) RME AR NET NAN EUR LT ARR RAA ES Er QU EL 378 
Liste des souscripteurs pour l’agrandissement du Siège social. .:. . . . . . . . . . .. . 384 
Mn dons Ein AP Socidtéen 19101 m0... Lo D, ire 385 
LATE CR TENTE NOR NO 381 


Un numéro. 3 francs : — Pour les Membres de la Société, 2 fr. 50. 


‘AU SIÈGE SOCIAL 


DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 
198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VII). 


Pendant la durée de la guerre, le Bulletin paraît une fois par mois. 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1919 


C2 


Président, M. Edmond Peraikk, Membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur d 
Muséum d'Hisloire naturelle, Paris. ‘ 
MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidherbg 

Saint-Mandé (Seine). 
( Dr CHAUvEAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint- Germain, Paris 
Secrétaire général, M. Maurice LoyEr, 12, rue du Four, Paris. 


Vice-Présidents. 


MM.J. CRePIN, 55, rue de Verneuil, Paris (Séances). 
Secrétaires. Ca. Desreuit, %, rue de Châleaudun, Paris (/ntérieur). 
J. DecAcour, 98, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 


Trésorier, M. le D' SkBiLLOTTK, 6, rue de l'Oraloire, Paris. 
Archiviste-Bihliothécaire : N... 


Membres du Conseil. 
MM. A. C&APPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. #4 
le D' AcHALME, Directeur du Laboratoire colonia] du Muséum d’ Histoire naturelle, 1, rue Andrieu: 
Paris. - : 
le D' P. MarcHAL, Membre de l’Institut, Professeur à l’Institut National Agronomique, 45, rue 
de. Verrières, à Antony (Seine). 4 
le Dr LæepriNce, 62, rue de la Tour, Paris. 
MAILLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 
le Dr E. TrourssART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. : 
Lecomre, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, Paris! 
P. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. ÿ 
L. ROULE, Professeur au Muséum d'Histoire naburelle, 517, rue Guvier, Paris. \ 
G. FoUCHER (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 
P. KEsINER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 
R. Le Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1919 


Janvier | Février Mars Avril Mai |Noyembre Décembre] 


SÉANCES DU CONSEIL, le mercredi à 4 h. 8 12 12 _ 16 14 12 10 
Séances générales, le lundi à 3h. . . i je : se jÈ 7 1 


Sous-SEcTion d'Ornilhologie (Ligue pour 
de Protection des oiseaux) le lundi 


271.2 024 2% 14 42 | 94 | 929. 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances PÈLE EEE recevront 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. . 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les 
RP re de qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 
fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d’ être 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. - 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises . 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION 


AUX MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


L’effort accompli par la Société d’Acclimatation durant les 
cinq années de guerre, dans le but d’accroilre nos richesses 
nationales, en appliquant à l'Agriculture, à l’Élevage, au Com- 
merce et à l'Industrie les découvertes de la Zoologie et de la 
Botanique, a eu pour résultat, en étendant le champ de nos 
recherches, en multipliant nos expériences, d'augmenter le 
nombre des communications présentées au cours de nos Séan- 
ces générales et de sections. 

L'apport considérable de travaux originaux qui nous est fait 
régulièrement ne nous permet plus de retarder la réorgani- 
sation de nos publications. Notre Bulletin, qui contient à la 
fois des procès-verbaux, des communications, de la corres- 
pondance, des faits divers, de la bibliographie ne peut suffire à 
là publication régulière de travaux nombreux et intéressants 
qui demeurent trop longtemps ignorés de la plupart de nos 
collègues parce qu'ils paraissent tardivement, faute de place 
suffisante dans notre Bulletin. 

Il a donc paru nécessaire au Conseil de notre Société de 
procéder à la revision de notre système de publications, et de 
créer un nouvel organe de Zoologie et de Botanique appliquées 
tout en conservant le Bulletin de la Société d'Acclimatation. 

- Les publications de la Société seront donc les suivantes : 


1° Le Bulletin de ia Société d’Acclimatation; bulletin men- 
suel, réservé aux membres de la Société. 

2° La Revue d'Histoire naturelle appliquée, recueil mensuel 
contenant des articles originaux traitant de toutes les questions 
de Zoologie et de Botanique appliquées et composé de deux 
fascicules : a) le premier sera consacré à la Zoologie (l’Ornitho- 
logie exceptée), à la Botanique et aux questions de Colonisa- 
tion ; b) le second fascicule sera réservé aux études de toutes 
sortes concernant l'Oiseau : introduction, acclimatation, éle- 
vage, utilisation industrielle et commerciale, et, bien que rat- 


BULL. SOC. NAT, ACCL. FR, 1949. — 19 


362 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


taché à la Æ#evue d'Histoire naturelle appliquée, sera publié 
séparément. 

Mais pour obtenir ce résultat considérable au moment où les 
frais d'impression et de gravure, le prix du papier et, en gé- 
néral, tout ce qui se rattache, de près ou de loin, aux services 
d'une publication quelconque, subit une augmentalion de 
200 p. 100 sur les tarifs d’avant-guerre, les recettes effectuées 
par notre Société, malgré les sacrifices consentis par bon nom- 
bre d’entre nous, sont notoirement insuffisants. 

Néanmoins le Conseil de notre Société n’a pas voulu élever 
le prix de la cotisation annuelle qui reste fixé, comme par le 
passé, à 25 francs. 

Cependant il a décidé que le service gratuit du Bulletin con- 
tinuerait à être fait aux membres de la Société, mais qu'il ne 
pouvait en être de même pour les nouvelles publications. 

Celles-ci seront envoyées seulement à ceux d’entre nos col- 
lègues qui en feront la demande, et les prix d'abonnement en 
seront très réduits. 

En effet, 1°) l'abonnement annuel au premier fascicule de la 
Revue d'Histoire naturelle appliquée, publication mensuelle d'au 
moins 32 pages de texte, ne coûtera que À5 francs et 2° l'abon- 
nement à l’Oiseau, second fascicule de la Revue d'Histotre 
naturelle appliquée, publication mensuelle d’au moins 16 pages, 
avec figures en noir et en couleurs, ne coûtera que 15 francs et 
le prix des deux publications réunies sera réduit à 20 francs. 

Pour les étrangers le prix de l'abonnement annuel à chaque 
fascicule de la /evue sera de 25 francs, soit 50 frans pour les 
deux publications. 


Le Conseil a également décidé que, pour faire apprécier à 
tous nos collègues l'intérêt que présentent les deux nouveaux 
organes qui paraiîtront dès janvier 1920, le service en serait 
fait pendant deux mois, à titre gracieux, à tous les membres de 
la Société. 

Nous ne doutons pas que ces nouvelles publications ne 
soient favorablement accueillies par tous ceux qui s intéressent 
à nos travaux; elles répondent à des besoins nouveaux et étant 
essentiellement pratiques, elles contribuent à remplir le but 
que notre Sociélé s'est toujours donné depuis son origine : 
l'accroissement des richesses animales et végétales de notre 
Patrie par l'étude de la Zoologie et de la Botanique appliquées. 


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LE PIGEON CAUCHOIS 


Par le D' F. LOUART, 


Président du Pigeon Club francais. 


Parmi nos plus belles races françaises, le Cauchois se fait 
remarquer autant par ses incomparables qualités de Pigeon de 
rapport (il n’exige pas de soins spéciaux, est sociable, très 
ruslique, très prolifique et bon nourricier) que par sa grande 
taille, sa belle prestance et surtout la richesse et la variété de 
son plumage. 

Ce Pigeon, très ancien et d’origine bien francaise, était déjà 
connu par Buffon (1750) qui en décrivait trois variétés : 1° le 
Pigeon grosse-gorge jacinthe « d’une couleur bleue, ouvragée 
en blanc »; 2 le Pigeon grosse-gorge couleur de feu; 3° le 
Pigeon grosse-gorge couleur de bois de noyer. 

Boitard et Corbié, en 1824 (Histoire naturelle et Monogra- 
phie des Pigeons domestiques), s'expriment ainsi à leur sujet : 

Pigeons muillés. — Buffon et les autres naturalistes, qui tous 
se sont contentés de le copier servilement (M. Vieillot lui- 
même, à mon avis le seul ornithologiste qui ait connu les 
Pigeons après le grand naturaliste), ont rangé ces Oiseaux avec 
les Grosses-gorges, quoiqu'ils en diffèrent essentiellement par 
leur taille plus petile, leur gorge beaucoup moins enflée, leurs 
jambes beaucoup plus courtes et leur manteau singulièrement 
remarquable par les mailles agréables dont il est couvert. Le 
dernier auteur que nous venons de citer pense qu'ils ont été 
produits par le mélange des Grosses-gorges et des Mondains. 

Ces Oiseaux Sont très productifs; souvent ils ont des petits 
et des œufs à la fois. Ils volent bien et s'écartent assez loin 
pour aller chercher leur nourriture ; ils sont beaucoup moins 
délicats que les Grosses gorges et ne sont pas sujets comme 
eux à la maladie du jabot. 

1° Pigeon maillé jacinthe. — Tête et queue ardoisées, bout de 
la queue plus foncé; les grandes pennes des ailes blanches ; 
mañteau à mailles bleu clair, une barre bleue et une barre 
noire placées à l'extrémité; Loutes les plumes de la barre bleue 
ont le côlé interne bleu et le côté externe avec une grande 
place blanche, bordée d’un liséré noirâtre; pas de liséré 
autour des yeux; pieds nus. 


304 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


2 Pigeon maillé jacinthe plein. — Un peu moins gros que le 
précédent ; il en diffère encore en ce que ses grandes pennes 
des ailes sont entièrement bleues. 

3° Pigeon maillé couleur de feu. — Une barre bleue, une 
barre rouge, une barre noire sur toutes les plumes, la barre 
noire placée à l'extrémité; il diffère essentiellement du 
jacinthe en ce que sa maille est couleur de feu au iieu d’être 
blanche. 

4° Pigeon maillé couleur de feu plein. — Il ne diffère du 
couleur de feu qu’en ce qu'il a les grandes pennes des ailes 
noires, à reflets mordorés. 

5° Pigeon maillé noyer. — Semblable à celui couleur de feu, 
mais à mailles couleur de bois de noyer, c’est-à-dire tirant un 
peu sur le fauve. C’est un métis procédant du jacinthe et du 
feu, mais formant une variété constante. 

6° Pigeon maillé pêcher. — À mailles comme les précédents, 
mais tenant du jacinthe et du noyer dont il est métis et for- 
mant une variété constante. 

Mailles bleu tendre et grandes pennes des ailes blanches. Ce 
dernier caractère en ferait, selon les auteurs, un Pigeon de 
race pure, ce qui prouve assez l’inexactitude de leurs observa- 
tions. 

7° Pigeon maillé pêcher plein. — Il diffère du précédent par 
les grandes pennes des ailes qui sont d’un noir bleuâtre. Ces 
Oiseaux, avec les Suisses, sont ceux qui offrent les couleurs les 
plus rares et les plus brillantes. 


D'après M. P. Wacquez, dont le grand-père, excellent colom- 
bophile, était contemporain de Corbié, il existait à Paris, à 
l'époque où parut l'ouvrage dont nous extrayons ce passage, 
des variétés non décrites plus haut, à bavette et à vol blanc. 
L'aïeul de M. Wacquez reprochait à Corbié de n'avoir pas 
décrit ces variétés sous prétexte qu'elles étaient difficiles à 
fixer. 

Nous ne poursuivrons pas plus loin l'analyse des écrits qui 
ont paru sur cetle intéressante race par Brehm, 1840 ; Lullin, 
1861 ; Eug Gayot, 1870 ; La Perre de Roo, 1883; P. Wacquez, 
1892, 1900, 1901, 1902; P. Mégnin, 1898; Blanchon, 1899; 
Lépagneul, 1902; Robert Fontaine, 1904; Jacques Danchin, 
1905 ; la Monographie du Pigeon-Club, 1908; Alfred Gritton 
(La Vie à la Campagne), P. Le Gouis, 1909, 1940. 


LE PIGEON CAUCHOIS 365 


Nous tenons, en effet, bien moins à redire après tant d’autres 
ce qui est connu sur le Cauchois acluel, que de préciser ses 
origines jusqu à présent un peu obscures. 

Dans les écrits des anciens auteurs, il n’est pas question de 
Pigeons maillés à bavette, et cependant, M. P. Wacquez est 
très affirmatif sur ce point, il existait, avant 1870, dans la 
région parisienne des sujets maillés à bavette et à vol blanc 
dans les quatre variétés : feu jacinthe, pêcher, noyer et des 
sujets sans bavette et à vol plein dans ces mêmes variétés (les 
variétés à vol plein el à bavette y étaient inconnues). Dans la 
région du Nord on trouvait aussi, autrefois, des maillés rouges 
el des maillés jaunes, très gros (presque aussi gros que des 
Montaubans, nous affirme M. R. Fontaine dont le grand-père 
en possédait de beaux spécimens) et sans bavette; on les 
appelait Pigeons hyacinthes. 0 

Enfin, dans le pays de Caux, on trouvait aussi à la même 
époque, des Pigeons appelés « gros fallus » ou « gros mar- 
brés » qui étaient représentés par les variétés suivantes : 4° le 
noir jais avec bavette et croupe blanches (variété aujourd'hui 
éteinte); 2° les barrés : bleu barré rouge et l’argenté barré 
jaune ou « surlet » ; 3° les maillés : le rouge et le jaune qu'on 
appelait aussi « bion ». Les vieux amateurs du pays de Caux ne 
connaissaient ni le jacinthe, ni le pêcher et donnaient leur pré- 
férence aux maillés à bavette et à vol plein. Ils possédaient 
cependant des maïllés à bavette et à vol blanc, mais les consi- 
déraient comme défectueux. 

À la fin du siège, il ne restait plus un seul Pigeon dans 
Paris. De l’année terrible date la disparition des superbes 
maillés qui existaient avant 1870 dans la région parisienne. 

_ Les premiers maillés qu’on revit dans Paris venaient au pays 
de Caux. M. Rrindel père, de Fécamp, les avait, dit-on, vers 
1880 ; baptisés du nom de « maillés de Caux ». 

Les premiers sujets qui figurèrent dans les expositions pari- 
siennes en 1891 y furent désignés sous le nom de « mondains 
de Caux ». Ces appellations diverses ne satisfaisant personne, 
les aviculteurs du Nord, à la demande de plusieurs amateurs 
sérieux, les classèrent sous le nom de Cauchois à l'Exposition 
de Lille (janvier 1905), nom qui leur est resté depuis et sous 
lequel on les désigne actuellement, Cette appellation n'est 
d’ailleurs pas nouvelle. Boileau, dans ses « Satires », nous parle 
du « Pigeon Cauchois », et dans un vieux livre de cuisine : 


966 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


Les dons de Comns (1739) (par un cuisinier nommé Marin), on 
nous parle aussi dans un menu du Pigeon « cochois ». 


Description. — Le Cauchois est un gros Pigeon assez élancé 
et boulant légèrement. II lient le milieu entre le Boulant et le 
eros Mondain, mais se rapprocherait plulôt de ce dernier, dont 
il diffère cependant par la poitrine moins large et le port plus 
relevé. 

Le bec, de longueur moyenne, est presque droil. [Il est épais 
à la base ; la couleur est noire ou foncée chez les sujets à fond 
bleu et clair chez les unicolores rouges et jaunes, chez les 
argentés et chez les maillés-jaunes. Les morilles sont blanches, 
peu accentuées et disposées longitudinalement, 

La tête est assez forte. Elle est longue et arrondie vue de 
profil; le front est bombé. 

L'œil est rouge orangé très vif. Le tour d'œil est étroit et de 
couleur brun violacé chez les sujets à fond bleu ; il est rosé 
chez les sujets à fond argenté et chez les unicolores rouges et 
jaunes. 

Le cou est assez court et très fort à la base. 

La poitrine est assez développée et bien saillante, sans cepen- 
dant être trop large. 

Le dos et le bouclier de l'aile sont légèrement arrondis; le 
bréchet doit être droit. 

Le croupion doit être blanc. 

Les ailes, assez longues, doivent bien se poser sur la queue 
sans se croiser. 

La queue est large, pas trop longue et bien dans le prolon- 
sement du dos. 

Les jambes, de moyenne longueur, sont beaucoup plus 
courtes que celles du Boulant, mais, cependant, elles sont plus 
longues que celles du Mondain pur. 

Les tarses et les doigts sont forts, nus et de couleur rouge 
carmin. 

Les ongles sont noirs chez les sujets à fond bleu, ils sont de 
couleur chair chez les sujets à fond argenté et chez les unico- 
lores rouges et les unicolores jaunes. 

Il existe trois variétés de Cauchois : 

1° Les maillés ; 

2° Les sujets à manteau uni et barré; 

3° Les sujets unicolores, 


ES 


LE PIGEON CAUCHOIS 907 


Ces trois variétés peuvent être avec ou sans bavette, à vol 
coloré ou à vol blanc. 

La bavette, chez les sujets corrects, doit être figurée par un 
croissant blanc placé sur la gorge et à concavité tournée en 
haut. Ce croissant doit être large d’environ 4 centimètres dans 
sa plus grande largeur qui correspond au centre de la bavelte. 
Il va en diminuant pour (tout en décrivant une courbe régu- 
lière) se terminer en pointe à droite et à gauche. 

Chez un Cauchois bien marqué, le centre du bord supérieur 
de la bavette doit se trouver à environ 4 centimètres au-dessous 
du bec ; les deux pointes se terminent à environ 3 centimètres 
au-dessous du centre de l'œil. 

a) Les sujets maillés se divisent en: 

1° Rouges ou feu, 

2° Jaunes ou noyer, 

3° Blancs ou jacinthes, 

4° Rosés ou fleur de pêcher ; 

b) Les sujets à manteau uni et barrés sont: 

1° Le bleu à barres rouges, 

2% Le bleu à barres blanches, 

3° L’argenté à barres jaunes, 

4° L'argenté à barres blanches; 

c) Les sujets unicolores sont: 

1° Le rouge uni, 

2° Le jaune uni, 

3° Le noir uni. 

Les Maillés sans bavette, les sujets à manteau uni et barré, 
ainsi que les unicolores, ne sont pas ordinairement des sujets 
d'exposition ; les amateurs ne s’en servent guère que pour l’éle- 
vage. 

Les Maillés rouges, les Maïllés jaunes à hbavette et à vol plein, 
les Maillés jacinthes à bavette el à vol coloré, les Maillés 
jacinthes à bavette et à vol blanc sont certainement les sujets 
les plus recherchés et ceux que tout amateur sérieux doit se 
proposer de sélectionner. Les autres variétés, parfois utiles 
pour l'élevage, ne doivent servir qu'à corriger les défauts de 
ces Maillés, comme nous l’expliquerons dans un prochain 
article. 

Description du plumage. — Nous prendrons comme type le 
Maïllé jacinthe à vol coloré et à bavette que nous avons pu 
obtenir après une longue, patiente et rigoureuse sélection, 


36S BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


malheureusement interrompue par ces cinq années de guerre. 

Chez le Maillé jacinthe, la tête, le cou et la poitrine sont de 
couleur bleu foncé ; sur la gorge existe le croissant blanc déjà 
déjà décrit et qu'on appelle bavette. Le corps est bleu pâle, 
mais ne doit pas être blanc (ce qui est très difficile à éviter 
dans la variété à vol blanc et à bavette) ; le croupion est blanc; 
la queue est bleue avec une large bande noire à l'extrémité. 
Les couvertures supérieures et inférieures de la queue sont de 
la couleur des pennes caudales. Le manteau doit être blanc pur 
maillé de noir et de bleu. 

Chez les Maillés jacinthes à vol plein, les dix grandes pennes 
du vol sont marquées de bleu foncé sur tout le bord externe, 
de blane grisätre au centre et de noir à leur extrémité. Les 
dix rémiges secondaires sont chez eux d’un bleu noirâtre à la 
base, blanches au centre et ont l'extrémité bleue avec un liséré 
noir qui sépare nettement le blanc du bleu. Le vol fermé doit 
être bleu foncé. 

Les plumes du pouce, cachées sous les moyennes couvertures 
des ailes, sont colorées de blanc, de bleu et de noir, mais leur 
dessin manque le plus souvent de netteté. 

Les barres alaires se présentent sous la forme de deux bandes 

blanches, légèrement incurvées, se rejoignant à leur extrémité 
supérieure et séparées à leur base par un espace bleu, liséré de 
noir à son bord antérieur. 
, Ges barres sont formées, la première du côté du vol, par 
les marques blanches des longues couvertures des ailes ou 
grandes tectrices (au nombre de 12 à 14) qui recouvrent en 
partie les plumes du vol quand l'aile est fermée. Ces plumes 
sont marquées de façon différente; la plus externe est en grande 
partie colorée de bleu et de noir et présente une petite tache 
blanche sur le milieu des barbes externes. Puis, au fur et à 
mesure qu'on s'avance vers le corps, les plumes ont des marques 
blanches beaucoup plus larges, si bien que les dernières tec- 
trices sont presque entièrement blanches, le noir bordant le 
bleu qui est relégué aux deux extrémités de la plume. 

La deuxième barre de l'aile est formée par les marques 
blanches des moyennes couvertures ou moyennes tectrices qui, 
au nombre de 12 à 14, recouvrent le milieu de l'aile. Plus 
petites que les précédentes, elles sont aussi marquées de façon 
différente selon qu'on prend les plumes les plus externes (où 
le blanc apparaît sur un seul côté) ou qu'on se rapproche du 


LE PIGEON CAUCHOIS 309 


corps (ou le blanc arrive à occuper la plus grande partie de la 
plume, le noir et le bleu étant relégués aux deux extrémités). 
Faisant suite aux barres alaires, les petites couvertures ou 
pelites tectrices sont marquées comme les précédentes, tout 
en étant plus petites. Elles vont en diminuant de grandeur vers 
le corps. 

Après les petites couvertures, les autres plumes de l'aile 
deviennent de plus en plus petites en approchant du pommeau 
de l’aile. Elles sont de trois grandeurs différentes et en grande 
partie colorées en bleu. Elles portent sur leurs bords deux 
petites taches blanches ovales, ourlées de noir : ce sont ces 
plumes qui forment le bouclier. 

Enfin les plumes du scapulaire, qui recouvrent la base de 
l’aile à sa jonction avec le corps, sont plus molles et plus 
longues. Elles sont comme les plumes du bouelier, bleues au 
centre et aux deux extrémités, et présentent sur chaque bord 
une tache ovale lisérée de noir. 

Si les taches blanches qui constituent le fond du maillage ne 
sont pas trop larges, si le liséré noir qui sépare le blanc du 
bleu est assez nettement accentué, on aura un maillage correct. 
Le maillage est défectueux quand le blanc domine trop sur le 
bouclier et sur le scapulaire. Les barres alaires ne doivent pas 
être trop larges; elles doivent être d’un blanc pur ourlé de 
noir, et être très nettes. 

Dans la variété à vol blanc, les dix grandes pennes qui 
forment le vol sont entièrement blanches, ainsi que les dix 
rémiges secondaires qui les séparent des plumes du pouce (il 
arrive fréquemment cependant que de très beaux Cauchois 
jacinthes n'aient pas dix couteaux blanes à chaque aile; il suffit 
que les sept premières grandes pennes soient blanches pour 
que le vol fermé apparaisse entièrement blanc). 

Chez le Cauchois jacinthe, le blanc du maillage doit être 
absolument pur sans teintes rosées ou jaunätres. Dans cette 
variété, les Pigeonneaux naissent souvent avec la teinte rosée 
et ce n’est qu’à la mue que la couleur blanche apparaît dans le 
maillage. Il arrive cependant que quelques jeunes soient 
maillés blanc dès le nid. Ces Pigeonneaux devront être toujours 
gardés de préférence aux autres, car ils seront très utiles pour 
reproduire des sujets ayant une teinte correcte. Il faudra aussi 
éviter, surtout chez les sujets à vol blanc (chez qui ce défaut 
n’est que trop fréquent) que les dessous soient blancs. Le 


370 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


J/ 


maillé jaciothe à vol blanc n a d’ailleurs été, dans mon esprit, 
qu'un Pigeon de transition nécessaire pour obtenir, grâce à une 
sélection rigoureuse, le maillé jacinthe à vol plein et à bavette 
qui a loutes les qualités des variétés anciennes rouges et jaunes. 

Chez le maillé jaune, le fond du plumage est gris. La lête est 
gris argenté. Le bec est blanc rosé ou très légèrement corné. 
Les Pigeons qui, dans cette variété, ont le bec foncé, sont 
défectueux. Le cou et la poitrine sont de couleur gris verdâtre 
avec reflets métalliques; les sujets ayant des plumes jaunâtres 
dans le camail ou sur la poitrine sont défectueux. Sur la gorge 
doit se trouver la bavette blanche qui doit être en croissant et 
suffisamment développée. Le corps, le dessous du ventre, les 
cuisses, doivent être de couleur grise sans mélange de plumes 
blanches. Le croupion est blanc. La queue est grise avec large 
bande plus foncée à l'extrémité; les couvertures supérieures 
et inférieures de la queue sont de la couleur des pennes cau- 
dales. Chez le maillé jaune, le vol fermé est gris foncé; les 
barbes externes des dernières grandes pennes ne doivent pas 
être jaunâtres. elles ne doivent surtout pas être blanches, 
comme cela arrive trop souvent, même chez de beaux sujets. 
Quand l'aile est ouverte, les dix grandes pennes qui forment 
le vol doivent être gris foncé sur le bord externe; jaunes au 
centre et gris noirâtre à l'extrémité. 

Les barres alaires doivent être d'une belle couleur jaune 
paille avec liséré tabac foncé à leur bord postérieur. Ces barres 
doivent être très nettes et ne pas êlre trop larges. Je me suis 
assez longuement étendu sur la description des plumes du 
manteau chez le maillé jacinthe pour ne pas recommencer ici. 
Le jaune paille remplace, en effet, le blanc dans le mailiage:; 
le liséré, au lieu d’être noir, est couleur tabac foncé; le fond du 
plumage est gris argeaté au lieu d'être bleu clair. 

Je n'insisterai pas sur la correction du maillage que l’on doit 
toujours s’efforcer d'obtenir dans toutes les variétés, mais je 
voudrais que tous les amateurs se rendissent bien compte de 
la nécessité d’une minutieuse sélection de leurs sujets pour 
garder au maillé jaune cette teinte délicate qui, chez les beaux 
Pigeons de cette nuance, flatte si agréablement l'œil. 

Chez le maillé rouge, la tête, le cou et la poitrine sont de 
couleur bleu foncé. le corps est plus päle, mais ne doit jamais 
être blanc. Sont défectueux les Pigeons ayant du blanc sous le 
ventre, aux cuisses ou aux manchettes (comme cela se ren- 


LE PIGEON CAUCHOIS 371 


contre malheureusement trop souvent). Le cou et la gorge sont 
couleur gorge de pigeon, c’est-à-dire à reflets verts et rouges. 
La couleur rouge du manteau ne doit pas monter dans le cou, 
ni tacher le poitrail. La bavette placée sous la gorge doit être 
comme dans les autres variélés, en croissant et suffisamment 
développée. Le bec est noir ou de couleur foncée. Le croupion 
est blanc. La queue est bleue avec une large bande noire de 
3 centimètres environ, s'arrêtant à un demi-centimèlre de 
l'extrémité. Les couvertures supérieures et inférieures de Ja 
queue sont de la couleur des pennes caudales. Chez ie maillé 
rouge, le vol fermé est bleu très foncé (presque noir), les barbes 
externes des dernières grandes pennes ne doivent pas être rou- 
geàälres, elles doivent encore moins être lavées de blanc, comme 
cela se présente fréquemment. Quand l'aile est ouverte, les 
äix grandes pennes qui forment le voi doivent être bleu très 
foncé sur le bord externe, noires à l'extrémité et rouge acajou 
au centre. Les barres alaires doivent être d’une belle couleur 
rouge feu intense lisérée de noir. La disposition du maillage 
est absolument la même que chez les autres variétés, mais ici 
les ocelles sont d’un rouge feu intense liséré de noir sur fond 
bleu. Je ne m'étendrai pas longuement sur le maillé pêcher, 
variété rare et peu connue que trop d'amateurs confondent 
avec des rouges pâles et défectueux. Dans celte variélé, Le fond 
du plumage est le même que chez le maillé rouge, mais d’un 
bleu cependant un peu moins foncé, le rouge du maillage est 
remplacé par uue teinte rose tendre (couleur fleur de pêcher) 
qui chez les beaux sujets est d’un très joli effet. e 

Pour compléter cette description des maillés, je citerai enfin 
les maillés blancs sur fond gris argenté. Je ne erois pas que 
cette variété zit déjà été décrite et cependant elle est très belle. 
Même maillage que dans les autres variétés, le fond du plu- 
mage est gris argenté comme chez les maillés jaunes, mais le 
blanc pur remplace le jaune dans le manteau. Le liséré est 
couleur café au lait. 

Nous dirons dans un prochain article comment nous avons 
pu reconstituer le maillé jacinthe à bavette et à vol blanc, ce 
qui nous permit de créer ensuite le maillé jacinthe à bavette 
et à vol plein. Nous en profiterons peur donner quelques con- 
seils pratiques sur la sélection des jeunes, et la manière de 
faire les accouplements pour obtenir de beaux sujets dans 
toutes les variétés. 


LE GRAND-DUC 
SA REPRODUCTION EN CAPTIVITÉ 
Par RAYMOND ROLLINAT 


Suite (1). 


À quatre mois, le 23 septembre, il pèse 1.790 grammes et a 
par conséquent diminué de 20 grammes en un mois; son père 
a pris 15 grammes et sa mère 75. Alors que ses parents, sa 
mère surtout, se remettent des fatigues de la période de repro- 
duction, lui maigrit un peu et j'attribue cela à la croissance. 
Vers la fin du mois, je commence son éducation et je l’em- 
mène en voiture, dans une caisse de chasse mais sans entrave; 
cela ne semble pas l'effrayer beaucoup. Alors, le 6 octobre Je 
lui mets une entrave et l’emmène à la chasse. Placé sur son 
piquet, il cherche à s'enfuir et saute souvent à terre sans tou- 
jours remonter de lui-même sur le perchoir; à chaque instant, 
il faut aller le remettre en place et ces apparitions continuelles 
empèchent les Oiseaux d'approcher avec confiance. Je tue 
néanmoins deux Pieset deux Cresserelles. Au quatrième coup 
de fusil, il reste perché ; peu après, il descend et remonte seul. 
Une Cresserelle vient encore et je la laisse faire ; maintes fois 
elle pique droit sur lui et va jusqu'à lui toucher la tête et le dos 
de ses serres ; il se hérisse, mais reste en place. Puis arrivent 
trois Rapaces d'assez grande taille qui tournent longuement au- 
dessus de lui, mais trop haut pour que je puisse les tirer. Ce ne 
sont pas des Milans, très reconnaissables à leur queue échan- 
crée ; ils poussent des cris qui me sont inconnus : groûü, groûà ; 
venus du nord, ils partent vers le sud. Vieux huttier cepen- 
dant, je reste perplexe, et encore aujourd'hui je me demande 
quels pouvaient bien être ces migrateurs. À sa deuxième 
chasse, le jeune Grand-Duc s’est très bien comporté; il est 
souvent descendu de son perchoir pour y remonter aussitôt; 
deux ou trois fois seulement j'ai été obligé d'intervenir et de le 
remettre en place; il n’a pas eu peur des nombreux Faucons 
cresserelles que je m'abstenais de tirer ét qui sont venus, 
même à quatre ou cinq à la fois, lui toucher la tête en passant 


1) Voy. Bulletin, octobre et novembre 1919. 


LE GRAND=-DUC: 313 


et qui semblaient vouloir se précipiter sur lui. Les cris des 
Faucons attirèrent des Corbeaux, que la vue d'une de mes Cor- 
neilles noires vivantes, fixée à lerre par un poids en fonte caché 
dans le sol à quelques mètres du Grand-Duc, retint et fit.crier 
longtemps. Ce jour-là, j'abattis une Pie, trois Freux et une 
Corneille noire, sans que les coups de fusil parussent effrayer 
mon jeune élève. 

Quelques jours après la mort de sa femelle, survenue comme 
je l'ai dit en février 1910, mon vieux mâle se mit à creuser des 
cuvettes dans la cour de sa volière, et recommenca à roucouler 
et à faire entendre le bruit de scie; plus tard, il mit en rond de 
nombreux brins de paille, dans son abri. Appelait-il sa com- 
pagne disparue? Je le suppose. Ces cris spéciaux cessèrent fin 
avril. Quand la femelle mourut, je ne manquai pas d’en exa- 
miner l'ovaire. Il portail de nombreux ovules de 4 à 2 milli- 
mètres de diamètre. Un ovule commencait à se développer et 
avait déjà 6 millimètres de diamètre. Dans le cloaque et l’ovi- 
ducte, aucune trace de spermatozoïdes ; l'accouplement n’au- 
rait eu lieu que plus tard. 

J'ai dit que vers la mi-juillet de l’année où la femelle couva 
ses œufs et éleva son petit, elle avait refait les plumes de ses 
parties inférieures, et qu en écartant les grandes plumes de la 
poitrine on en voyait se former deux rangs de nouvelles. Je 
n'ai pas constaté d’arrachement volontaire de plumes de la 
part de la femelle pendant les jours qui ont précédé la ponte 
du premier œuf. Il y avait bien quelques plumes disséminées 
cà et là sur la couche de paille de l'abri, mais je n’en ai pas vu 
spécialement dans le rond de paille où elle pondit. Peut-être 
_les plumes de la poitrine tombèrent-elles pendant la couvaison. 
Chez le Grand-Duc, la mue est assez longue. 

Presque chaque année, je constate que mes Oiseaux perdent 
quelques plumes vers la fin de février, mais plus ordinaire- 
ment en mars et en avril. La mue s’accentue légèrement aux 
derniers jours d'avril; elle est un peu plus forte en mai, et 
vers la fin de ce mois des rémiges et des rectrices commencent 
à se détacher; elle augmente encore en juin. En juillet, mes 
Grands-Ducs sont en pleine mue, ainsi que pendant tout le 
mois d'août. Fin juillet, les aigrettes érectiles ont presque dis- 
paru, ce qui donne à ces Oiseaux une physionomie particu- 
lière. La mue se ralentit en septembre ; à la fin de ce mois, les 
nouvelles aigrettes sont déjà assez bien développées. En octo- 


974 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


bre, elle se raléntit encore et les aigrettes deviennent de plus 
en plus longues ; elle prend fin en novembre, époque où les 
aigrelles ont achevé leur développement. Le Grand-Duc ne 
mue ‘pas entièrement chaque année, surtout en ce qui con- 
cerne les grandes rémiges et beaucoup des plumes de là face et 
dés parties supérieures ; mais il renouvelle presque entière- 
ment les longues et légères plumes des flancs et des parties 
idfétieures du Corps. 

Depuis que la femelle sibérienne à remplacé la mère de mon 
jeune Grand-Duc, ce dernier, qui est un mâle et est aussi mé- 
chant et dangereux que son père, vit cependant en très bonne 
intelligence avec lui. A la volière primitive, j'en ai adjoint une 
autre semblable et communiquant avec la première ; en cas de 
bätaille, un des mâles pourrait être facilement isolé dès que 
j'aurais la certitude de connaître l'élu ; mais les années passent 
et je h'ai pas encore eu ce plaisir. Chaque année, en février, 
mars et avril des trous sont creusés par les mâles dans le sable 
de la volière ; jusqu'à ce jour je n’ai pas constaté que la Sibé- 
rienne prit part à ces travaux. Le vieux mâle et Son fils occu- 
peñt presque continuellement la nouvelle volière, alors que la 
femelle reste la plupart dû temps dans l’ancienne; Ia nuit, 
tous se réunissent, et parfois, le matin, je trouve les trois 
Oiseaux dans la même cour ou dans lé même réduit. Ils vivent 
tous en parfait accord; mais cela durerait-il si l'un des mâles 
s'appariait avec la femelle, et la guerre n’éclaterait-elle pas 
entre le père et le fils, qui sont cependant très unis ? On a vu 
des mäles s’entre-déchirer; j'ai même lu qu’une femelle avait 
tué son mâle. Chaque fois que j'ai introduit une Hulotte dans 
la volière de mes Grands-Ducs, elle fut tuée par l’un des mâles 
ou tout au moins grièvement blessée. Pourtant, une Effrave 
vécut pendant plusieurs mois en compagnie de mes grands 
Noctürnes ; c'était une fort jolie bête, assez craintive et qui 
dodelinäait drôlement de la tête tout en faisant entendre un 
long sifflement semblable au bruit d'un léger jet de vapeur, 
chaque fois qu'on s’en approchait. Un jour que le vieux Grand- 
Duc s'était jeté sur moi sans raison aucune, je le corrigeai 
fortement ; j'élais à peine sorti, qu'il se vengea sur l'Effraye, 
que peu après Je trouvai morte et ensanglantée. Des Hulottes, 
que j'avais dans un autre local, tuèrent de jeunes Moyens Ducs 
déjà forts, mis en leur compagnie; une Hulotte et une Effraye 
vécurent ensemble pendant fort longtemps, et cela me procu- 


LE GRAND-DUC 315 
rait presque chaque nuit la visite de sujets de ces deux espèces 
fort communes dans ma contrée. À l’époque où j'avais plu- 
sieurs Hulottes captives, les visileurs nocturnes étaient par- 
fois si nombreux que leurs cris empêéchaient mes voisins de 
dormir. 

Chez le Grand-Duc, la vuë est absolument parfaite, même 
pendant le jour ; l’ouïe est d’une merveilleuse sensibilité. et le 
moindre bruit éveille l'attention de l’Oiseau. La grande lumière 
gêne fort peu le Grand-Duc et ne l'empêche en aucune facon 
de voir parfaitement ce qui se passe au loin. A la chasse, même 
en plein soleil il ne somnole pas et ne ferme que rarement les 
yeux, et il ne prend cette attitude qu'après une longue attente, 
alors qu'aucun agresseur ne vient rôder autour de lui. Mais la 
Hulotte et l'Effraye, fixées sur leur perchoir, auront presque 
constamment les yeux à peu près clos, et il leur faudra la 
venue de Rapaces diurnes, de Pies, Corbeaux ou autres, pour 
leur faire apprécier les charmes du monde extérieur. 

Un Grand-Duc vivant, acheté chez un marchand d'animaux, 
revient d'ordinaire à 80 ou 100 francs. Mais s'il est bien soigné, 
convenablement logé, si l'on évite de lui envoyer maladroite- 
ment du plomb, si, enfin. il ne brise pas son entrave pendant 
une chasse, on peut le conserver fort longtemps à condition de 
se l'être procuré jeune. Certains disent qu'il vit d'ordinaire 
dix ou douze ans en captivité, d’autres ont écrit qu’on en avait 
conservé pendant soixante et même soixante-huit ans. Je pense 
que si les grands Aigles et les grandes espèces de Vautours 
peuvent vivre fort longtemps captifs, ainsi qu'on l'a constaté 
dans quelques ménageries particulières, le plus fort de nos 
Rapaces nocturnes peut également atteindre un très grand 
âge. Mon vieux mâle, qui à maintenant seize ans, a conservé 
toute sa beauté et toute sa vigueur. 

Un Grand-Duc est, dit-on, de force à se défendre d'un Aïgle 
royal; son bec est redoutable et terribles sont ses serres. Si à 
le voir immobile, massif, on peut lé croire peu agile, il n’en est 
rien ; il se ramasse sur lui-même, se détend comme un ressort, 
et, le plus souvent, attaque à la face; on n’a pas le temps de le 
voir venir, c'est instantané. Très musclé, il est pourtant peu 
pesant ; cela tient à son squelette, léger quoique fort solide ; 
son crâne, principalement, très volumineux, est presque entiè- 
rement cloisonné, surtout dans sa partie postérieure, comme 
l'est du reste celui de la plupart des Rapaces nocturnes. 


31706 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Qu'on ne se fie donc pas à « l'Oiseau-borne », si c'est un mâle, 
car il peut réserver à son possesseur les plus crueiles sur- 
prises. 


SURVEILLANCE DES ARRIVAGES DE POMMES DE TERRE 
INFESTÉES PAR LA TEIGNE 


Par le comte DELAMARRE DE MONCHAUX. 


C'est surtout par les envois de tubercules sur les marchés, 
que la Teigne des Pommes de terre (Phthorimæa operculella 
Z.), dont nous avons eu occasion de 
parler dans un précédent article (1), 
peut être propagée. 

D'après les derniers renseigne- 
ments que nous possédons, et que 
nous devons à l’obligeance de M. R. 
Poutier, de l’'Insectarium de Men- 
ton, le foyer actuel est limité, dans 
le Var, à la région dite des Maures, 
entre Toulon et Saint-Raphaël. Les 
producteurs y récoltent les tuber- 
cules, comme primeurs surtoul, ef 
les vendent comme Pommes de terre 

: nouvelles. L'exportation en est d’ail- 

te ae à leurs assez réduite, ces « Pommes 

d'un sac ayant contenu des ) 

tubercules infestés (2). nouvelles » servant surtout à la con- 

sommation régionale ; mais la cap- 

ture aux environs du Bois de Boulogne des deux Papillons 

du R. P. de Joannis, prouve que l’Insecte a dû être importé 
dans la région parisienne avec des tubercules contaminés. 

Sans en exagérer l'importance (car l’acclimatation de la Tei- 
gne des Solanées est fonction de bien des conditions dans les 
régions septentrionales), M. R. Poutier est d'avis, °omme nous, 
que les échanges et arrivages de Pommes de terre des centres 
contaminés vers les régions indemnes sont toutefois à sur- 
veiller. 


(1) De l'influence des migrations et des introductions accidentelles. 
Bull., oct. 1919, p. 310 et suivantes. 
(2) D'après F. Picarp. Ann. du Service des Epiphyties, t. I. 


des 


LA SURVEILLANCE DE L'ARRIVAGE DES POMMES DE TERRE 971 


M. le professeur Picard, en effet, dans sa remarquable étude 
de cette Teigne, a montré quelles étaient ses chances possibles 
d'extension, notammint dans l'Ouest et le Nord-Ouest de la 
France; et il a fait remarquer, très justement, à titre de com- 
paraison, que | Eudemis, par exeniple, apres être res!'ée confinée 
pendant des années daus les treilles d'une région limitée des 


Coupe de pomme de terre atta- Pomme de terre attaquée mon- 
quée montrant les galeries. (D'après trant les excréments de la chenille 
F. Picard } refoulés à l’orifice des galeries. 


(D'après F. Picard.) 


Alpes-Maritimes, s'est répandue tout d'un coup très rapide- 
ment dans la France viticole presque entière {1). 


Il importe donc, afin d'empêcher la propagation de la Teigne, 
de pouvoir discerner aisément, dans les arrivages des régions 
suspectes, les tubercules contaminés. C’est pourquoi il nous a 
paru utile d- reproduire ici, dans un but d intérêt général et 
d'après cet auteur, l'aspect que présentent les tubercules in- 
festés et celui d'un fragment de sac couvert de cocons du para- 
site, ce qui permettra à nos lecteurs de mettre à part les tuber- 
cules suspects et de nous les envoyer au besoin pour examen, 


(1) Ann. du Service des Épiphylies, 1, 152. 


EXTRAITS DES PROCÈS - VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 19 MAI 1919 


Présidence de M. D. Bois, Vice-Président de la Société. 


M. le Secrétaire général annonce, en termes émus, la mort de 
M. Henri Iua, décédé subitement à l’âge de cinquante-sept 
ans. M. Hua était secrétaire du Conseil depuis vingt-trois ans. 
Une délégation, composée de MM. Edm. Perrier, Bois, Loyer, 
Lecomte, Debreuil, représentait la Société aux obsèques de 
notre collègue. 

Nous avons également le regret d'apprendre la mort de 
M. Georges Collet, décédé le 5 mai 1919, à l'âge de trente-six 
ans, M. Collet était membre titulaire de la Société depuis 1910. 


PROCLAMATION DE NOUVEAUX MEMBRES. 


M. le président proclame les noms des nouveaux membres 
admis par le Conseil, dans sa séance du 14 mai 1919 : 
MERE 

KeLcEr (J.), 32, boulevard de Courcelles, à Paris (XVII arr.), 
Membre titulaire, présentée par M"° Th. Delacour, MM. J. 
Delacour et M. Loyer. 

Lior-ReNour (J.), aviculteur-amateur, 30, rue Fontenelle, au 
Havre {Seine-Inférieure), Membre titulaire, présentée par 
Me Augustin Normand, MM. C. Debreuil et M. Loyer. 

MM. 

ARFEUILLE (Maxime), entrepreneur de chaudronnerie, à Le Gond- 
Pontouvre, par Angoulême (Charente), Membre titulaire, 
présenté par MM. E. Perrier, Lauwers et J. Crepin. 

Bazsan (Robert), à Châteauroux (Indre), Membre titulaire, pré- 
senté par MM. Eyssartier, E. Perrier et Le Fort. 

BarauD, industriel, 34, avenue Victor-Hugo, à Cognac (Cha- 
rente), Membre titulaire, présenté par MM. Lauwers, Per 
rier et Debreuil. | 

BoucnecoT (Jean-lules), propriétaire, à Châleauneuf-sur-Cha- 
rente (Charente), Membre titulaire, présenté par MM. E. 
Perrier, Lauwers et à. Crepin. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 319 


Daurez (Pierre), négociant, 25, allées de Tourny, à Bordeaux 
(Gironde); Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, 
Déchet et Debreuil. 

FaucIeNy-LuaiNcE (le prince de\, 19, rue de Lubeck, à Paris, 
(XVI® arr.), Membre à vie, présenté par MM. E: Perrier, 
d'Hébrard de Saint-Sulpice et C. Debreuil. 

Foëx (Etienne), directeur de la station de Pathologie végétale, 
11 bis, rue d'Alésia, à Paris (XIV° arr.), Membre titulaire, 
présenté par MM. Ed. Perrier, Gustave Rivière et D. Bois. 

FRAISSINET (Alfred), armateur, villa Valensole, avenue de la 
Cadenelle, à Marsaille (Bouches-du-Rhône), Membre titu- 
laire, présenté par MM. de la Chesnais, Perrier, Debreuil. 

‘Giéon (André, Marie), docteur en médecine, pharmacien, 7, 
rue Cog-Héron, à Paris ([° arr.), Membre titulaire, pré- 
senté par MM. E. Berrier, C. Debreuil et le D' Sebillotte. 

GIRARDIN (Frédéric, Jean), ébéniste, 175, rue du Temple, à 
Paris, Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, 
C. Debreuil et M. Loyer. 

Jacouor (Alfred), docteur en médecine, 3, rue de Valentigney, 
à Audincourt (Doubs), Membre titulaire, présenté par 
MM. E. Perrier, Ch. Debreuil et Mottaz. 

Jupe (Alexandre), propriétaire, à Châteauneuf-sur-Charente 
(Charente), Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, 
Lauwers et J. Crepin. 

LAGARDE Y RODRIGUEZ (José Maria), officier de la marine de 
guerre, Commandancia de marina de Malaga, Apatardo 
133, à Malaga (Espagne), Membre titulaire, présenté par 
MM.E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. 

Larourisqur (Daniel, Louis), caissier-comptable, à Sireuil 
(Charente), Membre titulaire, présenté par MM. Lauvwers, 
E. Perrier et C. Debreuil. 

LEGros (Georges), docteur en médecine, 139, boulevard Ras- 
pail, à Paris (VI° arr.), Membre fitulaire, présenté par 
MM. E. Perrier, C. Debreuil et R, Rollinat. 

Loisy (Louis), électricien, 13, place François-l°', à Cognac (Cha- 
rente), Membre titulaire, présenté par MM. Ed. Perrier, 
Lauwers et J. Crepin. 

Luc (Maurice), directeur d'Agriculture des Colonies, 10, rue du 
Laos, Paris (XV° arr.), Membre titulaire, présenté par 
MM. E. Perrier, D. Bois et C. Debreuil. 

Morraz (Charles), zoologiste, à Etupes (Doubs), Wembre titu- 


380 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


laire, présenté par MM. Ed. Perrier, C. Debreuil et de 
_ Guerne. 

NEUKER (Alfred), agronome, directeur de la Société Agricole de 
M'Bato, Grand Bassam (Côte d'Ivoire), 34, rue de la Fai- 
sanderie, Paris (XVI° arr.), Membre titulaire, présenté par 
MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. 

Nocarp (Paul), industriel, 10, boulevard de Strasbourg, à Paris 
(X° arr.), Membre à vie, présenté par MM. E: Perrier, 
C. Deb'euil et M. Loyer. 

Pur (Léon). docteur en médecine, à Hautevil'e (Ain), Merbre 
blulaire, présenté par MM. J. Crepin, P. Crepin et Ch. De- 
breuil. 

PicnauL (J anny), directeur des Nouve'les-Galeries, à Angou- 
lême (Charente), Wembre titulaire, présenté par MM. Ed. 
Perrier, Lauwers et J. Crepin. 

RouGier (Albert), entrep eneur de peinture, à Nersac (Cha- 
rente), Membre titulaire, présenté par MM. Lauwers, 
Ch. Debreuil et J. Crepin. 

SIMONET (Roger), entrepreneur de charpente, à Mosnac, par 
Châteauneuf (Charente), Membre tir laire, présenté par 
MM. Ed. Perrier, Lauwers et J. Crepin. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 


Ê 


GÉNÉRALITÉS. 


En Angleterre, le commerce des animaux a repris. John D. 
Hamlyn annonce un important arrivage de Lions, Singes, 
Oiseaux et informe qu'il en attend prochainement un grand 
nombre. 

M. P. A.-Pichot. au nom de M Robert Le Bret, fait don à la 
Société de diverses curiosités ethnogr.phiques {flèches caraïbes, 
boucliers, etc.). 

M. Garnier adresse le Moniteur d'Indo Chine et le D' Chau- 
veau un article sur notre politique forestière. 

Une série d'ouvrages pour notre bibliothèque nous est remise 
gracieusement par M. Jahandiez. 

M. Debreuil communique la recette suivante dite de « Pain 
atwéricain » qui procure un excellent « pain d'épices » de 
ménage : 

Prendre 250 grammes de farine, 125 grammes de sucre, { cuil- 
lerée à café de bicarbonate de soude, 1 verre de lait tiède, faire ce 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 281 


mélange lentement; travailler cette pâte 1/4 d'heure avec une cuil- 
lère de bois. Laisser reposer une heure, puis ajouter 2 cuilierées à 
soupe de miel, quelques fruits confits coupés en morceaux : Angé- 
lique, Pruneaux, Oranges, etc. (s'ils sont trop secs, les mettre un 
peu dans l’eau-de-vie); beurrer un moule, faire cuire à four chaud 
environ 3/4 d'heure. Ce pain se garde un mois; ne pas le manger 
avant quelques jours. 


MAMMALOGIE. 


M. Bois communique une lettre de M. Lemée dans laquelle 
est signalé un cas d'albinisme qui se rencontre de temps à 
autre chez la Taupe (7'alpa vulgaris). Ce cas vient d'être cons- 
taté dans la plaine d'Alencon : 

« M. Épinette, jardinier-maraicher, route de Courteille, à 
Alencon, visitant ses cultures le 8 mai, apercut une Taupe au 
travail. S'emparant d'une bêche, il la fit sauter au-dessus du 
sol. Quelle ne fut pas sa surprise, quand il constata que c'était 
up albinos : elle était entièrement blanche. En 1918, il avait 
capturé une Taupe également blanche. Il avait vu le même fait 
se produire dans son jardin en 1910. Il se rappela qu'il y a 
25 ans, un de ses voisins, qui faisait bâtir, trouva un matin dans 
uue cave dont la terre étail extraite une Taupe également 
blanche. Ce fait paraît établir que dans ce quartier l’albinisme 
paraît se perpétuer et être héréditaire. Voilà quelque vingt ans, 
les taupiers du canton de Tran et des environs de Vimoutiers 
descendaient, au cours de l'été, dans ces contrées et les dépar- 
tements limitrophes et faisaient l’éfaupinage à forfait; il y 
avait parfois, dans le marché, un article additionnel concer- 
nant les Taupes blanches qu'ils prétendaient commettre des 
dégâts plus considérables et être plus difficiles à prendre : ils 
réclamaient pour leur capture un supplément de prix. 

Le signataire de la lettre ajoute : Ceux de ces taupiers que 
j'ai connus étaient vieux, ils sont morts ou retirés des affaires : 
le métier était bon, parait-1l. Je ne sais s'ils ont été remplacés? 
Mais on n'en voit plus circuler. Cependant les Taupes sont tou- 
jours aussi nombreuses et continuent leurs méfaits. 


ORNITHOLOGIE. 


M. Voitellier donne un apercu des travaux de la Confé- 
rence internationale d’aviculture de Londres, où il avait accepté 
ainsi que M. Jean Delacour, de représenter la Société d’Accli- 
matation. Il regrette que l'impression tardive des rapports ne 


382 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


lui permette pas de nous faire, dès maintenant, un compte 
rendu détaillé. 

Organisée par l’« International Association of Poultry instruc- 
lors and investigators », à la fondation de laquelle ont pris 
part en 1912 (1) notre regretté collègue Magaud d’Aubusson, 
M. Pichot et M.le D' Loisel, cette conférence réunissait les 
représentants officiels de la plupart des nations alliées ouasso- 
ciées, ou des pays neutres, et des délégués des grandes sociétés 
avicoles de diverses contrées. M. Delacour fut appelé à accepter 
un des fauteuils de vice-président. La restauration des basses- 
cours dans tous les pays dévastés par la guerre, les moyens 
propres à accroître la production des œufs, le développement 
de l’enseignement et des recherches avicoles, l'organisation du 
commerce des œufs ont donné lieu à des rapports et à des dis- 
cussions du plus haut intérêt pour le perfectionnement de l’in- 
dustrie avicole. 

Une visite au « Concours de ponte » organisé par la Great 
Eastern Railway Company sur son domaine de Dodnash Priory, 
à Bentley, à 100 kilomètres de Londres, clôtura les travaux de 
la Conférence. Les détails que M. Voitellier donne sur ce Con- 
cours prouvent qu'il est tout à fait désirable de vulgariser chez 
nous la sélection méthodique des pondeuses par l'emploi des 
nids trappes, et d'organiser en outre des concours du même 
genre. 

L'Inlernational Association of Poultry instructors a été 
chargée de poursuivre, auprès des gouvernements représentés, 
la réalisation des vœux de la Conférence. Après avoir renou- 
velé son bureau, dont M. Voitellier a été appelé à faire partie 
comme vice-président, elle a décidé de procéder le plus tôt 
possible à l’organisation, ébauchée en 1914, du Congrès mon- 
dial d’aviculture qui devait se tenir à La Haye, en 1915, et 
dont la date à été reportée à 1921. 


COLONISATION. 


L'ordre du jour appelle la communication de M. Lecomte, 
professeur de botanique au Muséum sur les bois coloniaux. 

il existe, nous dit M. Lecomte, dans nos colonies d'Afrique 
des ressources en bois d'œuvre et de chauffage dans une 
mesure incalculable. Certains explorateurs ont estimé à près 


(1) Voir Bullelin du 15 janvier 19138. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 383 


de 10.000.900 d'hectares Ia superficie boisée du domaine colo- 
nial de la France qu'ils ont visité. En puisant à cette source, on 
trouverait de quoi compenser largement le déficit survenu, du 
fait de la guerre et de ses destructions, dans notre richesse 
forestière. 

L'éeueil pour faire cette réalisalion désirable réside dans la 
grosse difficulté que présente l'exploitation de forêts tellement 
denses et touflues qu'on ne peut y pratiquer des chemins pour 
le transport du bois abattu qu'au prix d'efforts aussi pénibles 
qu'extrêmement coûteux. Cette entreprise ne poutfrait devenir 
pratique qu'avec les encouragements matériels de l’État per- 
mettant d'entamer la forêt sans se préoccuper de la nature ou 
de la valeur du bois recueilli. La pénétration s’y ferait ainsi 
progressive et méthodique, les pièces abattues seraient ame- 
uées à meilleur compte au lieu d'embarquement et le tri des 
essences transportées se ferait, en France, à la portée immédiate 
des industries intéressées. 

Les forêts envisagées sont, en effet composées d'arbres d’es- 
sences extrêmement variées et de natures très diverses. Elles 
comportent des bois rares et recherchés : acajou, palissandre, 
ébène, elc., à côté de bois de qualité banale. Toute celte pro- 
duction forestière doit nous parvenir à des prix de revient 
assez modiques pour influencer en baisse nos marchés de bois 
et devenir ainsi une opération d'intérêt public justifiant l’in- 
tervention de l'État et les facilités administratives qu’il devrait 
consentir. 


ERRATUM 


Page 312, au lieu de : « Conservation des provisions sur une couche 
de sable sec », lire : « sous une couche ». Le Papillon ne traversant pas 
cette couche de sable, elle préserve les tubercules contre la ponte de 
l'Insecte qui s'introduirait dans les magasins. 


Page 351, au lieu de : ces deux Chevrettes sœurs n’ont jamais vu leur 
mère, lire : ces deux Chevrettes sœurs n’ont jamais vu d'autre Chèvre que 
leur mère. 


LISTE DES SOUSCRIPTEURS 


POUR L'AGRANDISSEMENT DU SIÈGE SOCIAL 


(4919) 


Bons de 50 francs. 
Mes 


BÉARN (COmteSseNde) MMM ONE ESS 10 
CORAN INA MP EANR EE L'ÉTÉ PSC 6 
PASCATIS A, He rn SOA a Ft STE FT 1 


MM. 
ARENBERG (Prince Pierre d'). . . . . . 
ARON (Arm.). . AP AE SE 
BABAUDTA (CS) REMREPPATEREURRE 
Bonn . . 
Boucrent(Es) EMA 
Bucxer (Ch.). . 
Buenion (E.) . . . 
CATHELIN (Dr L.). . 
CAUCURTE ANR?) EME 
CHAPPELLIER (Albert). 
CHAUvVEAU (Dr C.). . : 
CouRTOISNREV Pères 0 
DEBRE UT |Ce) ER 
DEcxer (JB) "00 
Decacour (J.) : . . RARE IMTETE 
DÉRTARDE VAS) ANS NPA UE 
DIGuET (ES) EMEA 
Foucaer (Abbé G.). . . 
GALLOIS (C.). . 
GENsouL (J.). 
KES DNER PRE RER 
LAacHESNAIS (E. px) 
LI0T-RENOUF. . 
ÉEFERVRE RAP SR RE" Re 
ÉEPRINCE NID MS) RER 
Murar (S. A. le Prince) 
Porocrr (Comte J.) . 
SEBILLOTTE (D' L.). . 
VATOIS A (C2) 
VITON #2 0e OIL EC 
VILMORIN (J. DE) . 
WorMs DE ROMILLY. 


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E. 
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À 


SUBVENTIONS 


Par décision, en date du 23 avril 1919, le Ministère de l'Agri- 
culture a accordé à la Société une subvention de 2.500 francs. 

Le Ministère de l’Instruction publique a également accordé 
à la Société une subvention de 100 francs. 


ÉTAT DES DONS 
FAITS A LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE 


PENDANT L'ANNÉE 1919. 


NOMS DES DONATEURS 


Carposo (El. Ferreira). . . . . 

MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE . . 

MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PU- 
BDIODE RS EEE SEE #4 c 


DEPAEUTE (MEN CA) EN. à . 

ANONVMER PU PU UE ue 
MM. 

DesrEuIL (C.). . . QUE RES LE 

DEPACOUR MIE EN EUR | , 

Dome (SRE PRE 

GENSOUL. . LEA De 


BOIS ODA) ne Re NET. 

CLAvERIE (J.), consul de France 
aux Canaries Abu Es Le 

DEBREDILI(CHA) AE RE 

DELAMARRE DE MONCHAUXx (comte). 

Gace, superintendant du Jardin 
botanique de Darjeeling(Indes) 

JEANSONIOMP) RENE MENT LL : 

MaA1DEN, directeur du Jardin bo- 
tanique de Sidney. . 

I MARNIER-LAPOSTOLLE . 
Niition, (Lire ! 
ROBERTSON-PROSCHO WSKkY . 


ANpEecy (M. D’). . . 
BOIS DA) RARE Te ENT, 
BUGNIONAIES) AE LE !. . 


CRAUVEAT DAC) Me 2 Le. 

DBPREUDE(CA MERS EL 0. 
DELACODAN ee "Te. ee 
DECAGRAVE TE EUR N. 7 2) C 


OBJETS DONNÉS 


1° Dons en espèces. 


PLenstdes nel EU DV ur AE ESS 
SUDVENTHONITEN EE RE Re AS CONIT 
SUDVENTIONITe EME CEE Jus 100 fr. 
DORE re PRE NAT PRE EEE RER TANT 350 fr. 
DONNE ETIENNE MN dde 100 fr. 
Dontde rer A Re NE Fr 520 fr. 
D'ÉNÉUERAPNE SEE IE ARR aEg 1RE20N Nr 
Donne RER LAN RER ER AR AT DOM: 
DOnAdeN MA es ARR Re Le NARCtSr MAN 20 fr. 


20 Animaux et Végétaux : Plantes 
Fr . et graines. 
Graines diverses. 


Tubercules de pommes de terre. 
Graines diverses. 
Graines diverses. 


Graines diverses. 
Graines et fruits. 


Graines de plantes fourragères et de céréales. 
Graines diverses. 
Graines diverses. 
Graines diverses. 


30 Livres et brochures pour la Bibliothèque. 


Collections des Bulletins de la Société et du 
Touring-Club. 

Brochures pour la Bibliothèque. 

Brochures pour la Bibliothèque. 

Livre pour la Bibliothèque. 

Brochures pour la Bibliothèque. 

Brochures pour la Bibliothèque. 

Livres pour;la Bibliothèque. 

Livres pourilaf Bibliothèque. 

Livre pour la Bibliothèque. 


390 BULLETIN DE 


NOMS DES DONATEURS 


MM. 
Foucuer (Abbé G.). SA 
GEorrkoY SaiNr-HiLAIRE (H.) . 
GUILLAUMIN. . 
JAHANDIEZ ER 
LANE PooOLE (C. E.). 
LEeconre (prof. L.) . . 
Marrinoco (prof. O.). 
MÉGnIN (P.) . . 
MERLATO (L:). . 
Mouer. 
NATIONAL War GARDEN COMMIS- 
SION . è 
OFFICE COLONIAL . 
PELLEGRIN (Dr J.). . 
PENSÉE (A la) 
PEREZ (Dr J.). LE sl 
ROBERTSON-PROSCHOWSE (Dr). 
Rocaon-DuviGxEauD (Dr) . . . . 


|| Rouce (prof. L.) . 


SAUTON. DE 
SÉGUR (marquise de) AE 
SIDNEY Dasn. 


| VAYSSIÈRE . : 
{| VILMORIN- ANDRIEUX 


VOITEL!IER. 


Carié (P.). 


[| CharPELLIER (A) . 


DEBBEUIL (C.). 
DELracour (C.).. 
DiGuer {L }. . 


| Foucnex (abbé G.). . 


LECOuTE (prof. L.) . 
Picuor (lP. A.-j. 
ROLLINAT (R.) . 


} CHAPPELLIER (A.) . 
|| Decoux (A.) 


DeBPREUT (CE) 
DEureuIL (Me C:.) 


[LZONTAINE. © 
[ Héorarn (Mur ) 
1 Loyer (M.). 


MaAïLLEs . 

MESNIL: (DU). 

Pan (LS) MEME 
Picuor (P. A.-). 

RIVIÈRE (C.) ee 
ROBERTSON- Baba 
Rousseau (L.) . 


{| SAUTON 


LA SOCIÈTÉ 


NATIONALE D ACCLIMATATION 


OBJETS DONNÉS 


Livres pour la Bibliothèque. 
Livre pour la Bibliotheque. 
Brocaures pour la Bibliothèque. 
Livres pour la Bibliothèque. 
Brochures pour la Bibliothèque. 
Brochures pour la Bibliothèque. 
Brochures pour la Bibliothèque. 
Livre pour la Bibliothèque. 
Livre pour la Bibliothèque. 
Livres pour la Bibliothèque. 


Brochures pour la Bibliothèque. 
Livres pour la Bibliothèque. . 
Livre pour la Bibliothèque. 
Catalogues pour la Bibliothèque. 
Brochures pour la Bibliothèque. 
Brochures pour la Bibliotheque. 
B'ochures pour la Bibliothèque. 
Brochures pour la Bibliothèque. 
Livres pour la Bibliothèque. 
Livres pour la Bibliothèque. 
Brochures pour la Bibliothèque. 
Brochures pour la Bibliothèque. 
Catalogues pour la Bibliothèque. 
Livre pour la Bibliothèque. 


49° Clichés typographiques. 


Clichés typographiques. 
Clichés typographiques. 
Clichés typographiques. 
Clichés typographiques. 
Clichés typographiques. 
Clichés typographiques. 
Clichés typograph ques. 
Clichés typographiques. 
Clichés typographiques. 


59 @biets divers. 
Classeurs. 
Oiseau naturalisé. 
Oiseau naturalisé. 
Meubles divers. 
Objets divers. 
Indian meal. 
Cadres. 
Echantillons botaniques. 
Bière au riz. 
Cadres ornithologiques. 
Objets divers. 
Tortue naturalisée. 
Echantillons botaniques. 
Uiseau naturalisé. 
Collection de papillons et classeurs. 


Le Conseil renouvelle ses remerciements aux Donateurs ; 
il adresse ses sentiments de gratitude à tous les collabo- 
rateurs du Bulletin qui contribuent si puissamment à la diffu- 
sion de l'œuvre de la Société, 


TABLE DES MATIÈRES 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 


DONT LES ARTICLES SONT PUBLIÉS DANS CE VOLUME 


Bacon (R.). L’Amarante, 268. 

Bors (D.). Expériences de culture 
de diverses variétés de Pommes 
de terre recues des Canaries, 273. 

Carié (P.). L'OEuvre de la Direction 
de l'Agriculture à l’île Maurice, 
VIE 

CLÉMENT (A.-L.) A propos d’une 
nidification de Mégachile, 141. 

CrePIN (J.) La Chèvre dans les 
Régions dévastées, 265. 

Deereuir (C.). Le remplaçant, 73. 

DeBreuIL (C.). Pièges pour Rats, 
Mulots et Taupes, 154, 

Decacour (J.). Le Jardin zoologique 
de Cologne après l'armistice, 13. 

DELAwARRE DE Moncaacx (Comte). 
De l'influence des migrations et 
des introductions accidentelles, 
308. 

DELAMARRE DE MoncHaux (Comte). 
Surveillance des arrivages de 
Pommes de terre infectées par la 
Teigne, 316. 

Dicuer (Léon). Culture de l'Huitre 
perlière dans le golfe de Cali- 
fornie, 183. 

Foucner (L'abbé). 
berg, 330. 

GEOrFROY-SAINT=HiILAIRE (H.). L'éle- 
vage dans l'Afrique du Nord, 158. 

Gizcer (F.). Production de graines 
potagères au Congo belge, 145. 

- GUERNE (Jules de). Note complé- 
mentaire sur l'œuvre scienti- 
fique du professeur Raphaël 
Blanchard, 163. 

HaraucourtT (Ed.\. La Plante, la 
Bête et la Patrie. Conférence faite 
le 25 mai 1919, 249. 

Hexry. Étude sur Hibiscus liliaceus, 
343. 


Pierre d'Aren- 


LEBruN (M.). Discours prononcé le 
25 mai 1919, 29. 

Louart (Dr F.). Le Pigeon Cauchois, 
363. 

Loyer (M.). Exposé des travaux de 
la Société depuis 1914, 103. 

Loyer (M.). Henri Hua, 161. 

Loyer (M.). La fin de Villers-Bre- 
tonneux, 11. 

Lover (M.). Le Mulet en Afrique 
occidentale francaise, 332. 

Loyer (M.). Paul Chappellier, 329. 

Loyer (M.). Rapport au nom de Ja 
Commission des Récompenses, 
210. 

MELLteR. (L.). À propos du Riz, 222. 

Missox (L.) Une nouvelle plante 
fourragère pour les pays subtro- 
picaux, le Chloris gayana, 11. 

Mouquer (A.). Gestation d'une fe- 
melle d'Hippopotame. Alimenta- 
tion et reproduction chez les 
animaux captifs, 167. 

PERRIER (El.). Discours prononcé 
le 25 mai 1919, 232. 

Picuor(P.A.-).AlbertGeoffroy-Saint- 
Hilaire, 97. 

Picaor (P. A.-). Animaux à fourru- 
res. L'élevage pratique du Skunk, 
61. 

Picaor (P. A.-). Au pays des Faisans 
sauvages, 130. 

Picot (P. A.-). Jrréduetibilité et do- 
mestication, 193. 

Prcuor (P. A.-). Les ]Immersions de 
l'Hippopotame, 297. 

Picaor (P. A.-). Les Oiseaux de cage 
en Chine, 180. 

Pr£parcu (A.). Une boisson écono- 
mique, 280. 
PrebALLu (A). 
Sorgho, 15. 


Le bouturage du 


389 


PrkpaLLu (A.). Pour la reconstitu- 
tion rapide des Vergers dévastés 
par l’ennemi, 38. 

Prepazzu (A.). Le Sorgho hâtif de 
Minnesota cultivé comme four- 
rage, 326. 

Prepaczu (A.). Sur une colonie 
d'Hirondelles des rivages, 224. 
PrepaLzu (A.). Utilisation des dé- 

chets animaux, 150. 

- Prenarzu (A.) Utilisation des dé- 
chets de la maison en agricul- 
ture, 345. 

PierraErts (J.). L'huile de Selé, 43. 

Rivière (Ch.). Dioon edule et En- 
cephalartos horridus. Exemples 
d’enracinement spontané, 196. 

Rivière (Ch.). Les progrès de l’ac- 
climatation des Plantes exotiques 
dans certaines parties tempérées 
de la France et surtout dans le 
Sud-Ouest, 42. 


BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


ROBERTSON-PROsCHOWSKY. À propos 
de la Chenille processionnaire du 
Pin, 62. 

ROBERtSON-ProsCHOWSKY. A propos 
du Cocos nucifera, 21. 

RoBertrson-Proscnowsxky. Notes de 
la Côte d'Azur, 156. 

Rozrinar (R.). Le Grand-duc. Sa 
reproduction en captivité, 300, 
334, 372. 

TerNIER (L.). Sur un cas d’albi- 
nisme partiel des ailes d’une 
Bécasse, 63. 

VayssiÈRE (P.). L'acclimatation des 
Insectes auxiliaires et son impor- 
tance au point de vue agricole, 
131. 

VAYssiÈREe (P.). Sur les Champignons 
parasites des Insectes, 33. 

VAYSSiÈRE (P.). Sur les principaux 
moyens de destruction de la 
Mouche de l’Olive, 78. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX 


‘MENTIONNÉS DANS CE VOLUME 


Abeille solitaire, 91. 
Agami, 194. 

Alauda cœlivox, 181. 
Alouette, 60. 

Altise de la Vigne, 35. 
Alucila sacchari, 322. 
Amarante, 268. 
Anisoplia austriaca, 33. 
Anthonowe, 138. 
Antilope dik-dik, 357. 

— gnou, 15, 29. 

—  oryx, 29. 

—  Ssaïiga, 233. 
Autruche du Cap, 11, 31, 119. 
Argus, 132. 

Batraciens anoures, 90. 
Bécasse, 63. 

Bernaches, 30. 

Bison d'Amérique, 14, 233, 353. 

— d'Europe, 233, 353. 
Blaps mortisaga, 89. 
Blissus leucopterus, 35. 
Briotropha solanella, 310. 
Buffles, 14. 


Cacatoës, 11, 13. 

Calao, 11, 14. 

Calliste brasiliensis, 191. 

Calosome sycophante, 139. 

Canard d'Afrique australe, 30. 

Carabe doré, 121. 

Carnassiers, 13, 14. 

Carpe, 28, 287. 

Casoar, 14. 

Castor, 59. 

Ceruatilis capilala, 140. 

Ceris MSAUTÉ: 

Cerf wapiti, 233, 353. 

Chsmeau, 14. 

Chélidon de fenêtre, 84, 115. 

Chenille precessionnaire du Pin, 
62, 122, 195. 

Chèvre, 75, 265, 357. 

Chien, 357. 

Chimpanzé, 30. 

Chouca, 11. 

Cléone de la Betterave, 33. 

Cleonus punctiventris, 33. 

Cochylis, 36. 


éadsss. rte is 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX 389 


Colombes, 11, 13. 
Copsychus solaris, 181. 
Coq sauvage, 136. 
Corneille, 85. 
Crioceris Asparagi, 315. 
— duodecimpunelata, 315. 
Criquet pèlerin, 34. 
Crossoplilon, 136. 
Cygne d'Amérique, 30. 
Ducus oleæ, 18, 140. 
Diamants, 195. 
Diaspis pentagona, 315. 
Diatræa striatalis, 322. 
Dindon, 2871. 
Donacola flaviprymna, 60. 
Elan, 233, 353. 
Eléphant d'Afrique, 83, 94. 
— d'Asie, 15. 
Emeu, 14, 75. 
Eudemis, %6. 
Estrelda senegala, 268. 
Faisans, 11, 13, 130, 195. 
— argenté, 13. 
—  mikado, 132. 
— de Sæmmering, 135. 
—  vénéré, 112, 120. 
— de Wallich, 132. 
Fennec, 112. 
Geai, 11. 
Gelechia solaneila, 310. 
—  labacella, 310. 
Girafe, 15, 30. 
Goura, 11, 14. 
Grand-Duc, 300, 334, 372. 
Grapholila schistaccana, 322. 
Grue, 11, 14. 
Hanneton du blé, 33. 
Héron, 14. 


Hippopotame, 15, 30, 119, 167, 297. 


Hirondelle de rivage, 224. 
— rustique, 84, 358. 

Hocco, 194. 

Huiître perlière, 183. 

Hybrides divers, 12, 60, 125. 

lcerya purchasi, 82, 138, 315. 

Ithagine, 135. 

Kangurous, 28, 30. 

Lama, 14, 115. 

Lapin, 83, 84. 

Lecanium oleæ, 58. 

Lemures, 14. 

Limace rouge, 92. 

Liparis chrysorrhæa, 139. 

Lophophore, 136. 

Loutre, 14. 

Mante religieuse, 119. 


Martinet, 84, 358. 
Meléagrine, 183. 
Mégachile, 90, 141. 
Merle, 11. 

Moineau, 60, 89. 
Motmot, 11. 

Mouche de l’Olive, 78. 
Mulet, 116, 332. 
Mulot, 155. 

Naudou, 11, 14, 119. 
Novius cardinalis, 82, 138, 315. 
Oie empereur, 30. 

— de Ross, 30. 

— zébrée, 30. 

Oiseau (Nid de l’), 114. 
Oiseaux de cage, 180. 
Okapi, 357. 

Opius concolor, 80. 
Orycles tarandus, 140. 
Palmipèdes, 14. 

Paon HMS 2 A0 
Paradisier, 11. 
Parilium tliliaceum, 343. 
Pénélope, 11. 
Perroquet, 11, 13. 
Perruche, 11. 

Perruche à long bec, 30. 

— ondulée bleue, 11. 
Phthorimæa operculella, 310, 316. 
Phytalus Smithi, 320. 
Pie” ASE USA 
Pie bleue, 181. 
Pie-grièche, 181. 

Piéride du chouf 121, 308. 
Pigeon carpophage, 11. 

— Cauchois, 363. 

— culbutant, 89. 

— messager, 28. 

— de Nicobar, 11, 14. 

— ramier, 292. 
Pinson, 182, 292. 
Pintade, 113. 

— de Verreaux, 11. 

— vulturine, 11. 
Poule, 286, 291. 
Prospaltella Berlesei, 315. 
Python, {4. 

Rapaces, 14. 

Rat, 155. 

Raton, 14. 

Renard, 84, 111, 177. 
Rhinocéros, 15. 

Sanglier, 84. 

Saumon, 85. 

Scolia oryctophaga, 141, 392. 
Scolies, 322. 


390 


Sesamia vuleria, 322. 

Skung, 67. 

Singe, 14, 30. 

Soui-manga, 11. 

Souris, 89. 

Tangara, 191. 

Tapir de l'Inde, 15. 

Taupe, 84, 155, 381. 

Teigne de la Pomme de terre, 35, 
376, 


BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Telrastichus Asparagi, 315. 
Tiphia parallela, 320. 
Toucan, 11. 

Touraco, 11. 

Tragopan, 135. 

Ver blanc, 34. 

Yack, 14. 

Zèbre, 1%. 

Zosterops simplex, 181, 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX 


MENTIONNÉS DANS CE VOLUME 


Agave rigida, 116. 
Alsophylla australis, 64. 
Andropogon rufus, 18. 
Archonlophænix Cunninghami, S6. 
Arecastrum Romanzoffianum, 358. 
Aristotelia Macqui, 86. 
Aubergine, 1417. 
Belle de nuit, 329. 
Bothrytis bassiana, 36. 
Brahæa calcarea, 86. 
—  dulcis, 86, 426. 
Butia capilata var. pulposa, 157. 
Caféier, 93. 
Canne à sucre, 140, 322. 
Carotte, 146. 
Catinguciro, 18. 
Chamaærops excelsa, 42. 
Champignons, 33. 
Chloris ciliata, 20. 
—  gayana, 11. 
—  glauca, 20. 
—  floridana, 20. 
— longifolia, 20. 
—  polydactila, 20. 
— submultica, 20. 
—  verlicillala, 20. 
— vürgala, 20. 
Ciboule, 147. 
Citrus, 293. 
Cocos nucifera, 27. 
— romansoffiana, 61. 
Cordia interrupla, 141, 321. 
Courge de Siam, 51. 
Cucurbila melanosperma, 57. 
Cupressus sempervirens fastigiala, 
358. 
Cuscute, 316. 


Cycas revolula, 196. 
Cynodon daclylon, 19. 
Draba verna, 289. 
Dioon edule, 196. 
Dioscorea pentaphylla var. horlo- 
rum, 51. 
Elæis Poissoni var. {enera, 150, 
Empusa muscæ, 36. 
Encephalarlos horridus, 196. 
Entomophlthora aulicæ, 35. 
Eucalyptus, 190. 
Feijoa, 192: 
Fenouil, 141. 
Filao, 95. 
Frêne, 280. 
Graphiola phænicis, 127. 
Haricot, 147. 
Hibiscus tiliinceus, 343. 
Igname, 57, 329. 
Isaria densa, 33. 
—  destruclor, 33. 
Jaragua, 18. 
Laïitue, 147. 
Livislona australis macrophyllu, 43. 
Mangifera indica, 27, 
Melinis minuliflora, 18. 
Microlæna slipoides, 20. 
Moutarde de Chine, 141. 
Mulgedium sibericum, 61. 
Musa japonica, #2. 
Navet, 146. 
Noyer, 295. 
Oignon, 148. 
Olivier, 78. 
Oranger, 359. 
Orchidées, 12. 
Oreopanazx plalanifolius, 294, 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES 391 


Paspalum dilalatum, 20. 
Phaseolus multiflorus, 92. 
Phillostachys aurea, 42. 
Phænix, 121. 

Piment, 141. 

Pins, 62, 193. 

Poireau, 141. 

Pois, 147. 

Pomme de terre, 310. 


Pomme de terre des Canaries, 58, 


61, 94, 192, 273, 29%. 
Pomme de terre du Congo, 148. 
Radis, 145. 
Riz, 129, 198. 
Safran, 329. 
Scorsonère, 141. 


Selé, 43. 

Spicaria farinosa var. verlicilloides, 
36. 

Sporotrichum globuliferum, 35. 

Soja, 295. 

Solanum, 63, 313. 

Sorgho, 15, 92, 326. 

Slachys affinis, 329. 

Slyzanus stemonitis, 311. 

Tagasaste, 58 

Tomate, 141. 

Topinambour, 95. 

Trifolium alerandrinum, 296. 

Voandzeia subierranea, 360. 

Yucca aloifolia, 156, 157. 

Zamia Brongniartii, 197. 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES 


PUBLIÉS DANS CE VOLUME 


Acclimatation (L'\ des Insectes auxiliaires et son importance au 


MODE VUE AETIC Ole NN NL E NE NE EN MNEnE 137 
Acclimatation (Les progrès de |’) des Plantes exotiques dans cer- 
taines parties tempérées de la France et surtout dans le Sud- 
QUES RE EE TR en te MAO AQU Lu 42 
Actes de la Société d’Acclimatation . . . . 66, 100. 129, 161, 493, 361 
Agriculture à l’île Maurice (L'œuvre de la Direction de) . . : . : . 317 
ANaTontenl)e NET EN MEET ARRET DENT Ro A QE Xe) 
Animaux à fourrure. L'élevage pratique du Skunk . PE ER M 67 
RENE GMIBLeRREAND)) END 2 6 UNE NES 25 330 
Bécasse (Sur un cas d’albinisme partiel des aïles d'une) . . . . . . 63 
BPANCHARDER APR AE). 20220500 0) LS NT Re nn 65 
BLancuarp (Note complémentaire sur l'œuvre scientifique du pro- 
fesseur Raphaël) . . . . . } 163 
Boisson (Une) économique . . 280 
PURE AMEL OUT) PARTNER EN ANR 65 
ChaPpPELLIER (Paul) . . . . A AR EE AMEL D ut RE) 
Champignons (Sur les) parasites des Insectes CE A TT VAN TL 33 
Chenille processionnaire du Pin (A propos de la). . . . . . . . 3 62 
Chévre (la) danses résions dévastées "NN 265 
Chloris gayana (Uue nouvelle po fourragère pour les pays Sub. 
ÉLOPICAUX/Rle) ER NTRN 17 
Cocos nucifera (A propos du). pe 27 
Côte d'Azur (Notes de la). . . . . . 156 
Chroniquersénérale etifaits) divers MC COM 28 
DécreteniUtiisation des)fanimauxe ere NM ENENENt En lS D 
Déchets (Utilisation des) de la maison en Agriculture . . . . . . . 345 
Déeunenanticalannuel eee NE ANT 198 


392 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Dioon edule et Encephalartos horridus. Exemples: d'enracinement 
SD OLA ES AR MSN TENNIS DER EP DR PR 
Discours prononcé Je 28 mai 1919 par M. Lebrun, ministre des 
RÉSIONSYIDÉTÉ SN MN RP TN RE UT RCE 
Discours Rs le 25 mai 1919 par M'Ed. Perrier . 
Élevage (L') dans l'Afrique du Nord. . . . . . ; 
Exposé des travaux de la Société depuis 1914. . etat OO 
Faisans sauvasesNiAUMDAVSIUES) APE PO NN 
GEorr8oy SaINT-HiLarre (Albert). À te PMRANE 
Graines polagères (Production de) au Congo belge. Ds le 7e 
Grand-Duc (Le). Sa reproduction en captivité. . . . . . 300, 334, 
Hrbiscusatiliaceusi(tuder srl) PEN NE 
Hippopotame (Gestation d'une femelle d’); alimentation et repro- 
duction chez les animaux captifs . . . . . IN EL 2 AE 
Hippopotame (Les "immersions del)". F OU 
Hirondelles (Sur une colonie d’) des rivages. . . . . . . .. loi 
Histoire naturelle (Concours d'observations d’) présentés par les 
élèves des Ecoles primaires. . . . . . . . . ent 
HuA (Henri) MU eu T0) SEE RAI RP 
Huître perlière (Culture de l ) dans le golfe de Californie. . . . . . 
Influence (De l') des migrations et des introductions accidentelles. 
Irréductibilité et domestication Ph PAPE NNER OPUS RE" 
Jardin zoologique (Le) de Cologne après l'armistice. . . . . . . . . 
Mégachile (A#propos d'une nidification de) TN 
Membres de la Société (Liste supplémentaire des). 
Mouche de l'Olive (Sur les principaux moyens de destruction de Ia). 
Mulet(Le)\en Afrique occidentale francaise nv" NN 
Oiseaux (Les) de cage en Chine. . . .. PRE te oc: de 
Piésesipour Rats fMulolstet#Taupes Ur MEN MEN 
Pigeon\Gauchoïs (Le) EAN ELISA EN IPS RTE 
Plante (La), la Bête et la Patrie. Contérence faite le 25 mai 1919. 
Pommes de terre des Canaries (Expériences de culture de diverses 
vante LéSIAe 2 EM Lee URSS ME IR AN ne PETER 
Pommes de terre (Surveillance des arrivages de) infestées .par la 
Telp nes Leu Lu ele el ie een MT NO AN APRES 
Rapport au nom 1 de la Commission deshRécompenses ER 
Rempblacant le) HE NAREME TSSNT: LT NAS TOOURE Le 
IRIZH(AMPrO POS (du): 20 Et Un M et EN A PEER 
Selé”(L'hüuile: de) raie ete TR RE EE 
Sorchollebouturase du) EME EN CPE 
Sorgho (Le) hâtif de Minnesota cultivé c comnie fourrage. 
Vergers (Pour la reconstitution rapide des) dévastés par l'ennemi. 
Villers- ae (La fin de)... LP ti SRE RNENNERP EE 


TABLES DES 


TABLE DES 


Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE, p. 98. 
ARENBERG (Pierre D’), p. 331. 
CHAPPELLIER (Paul), p. 329. 

Chinois promeneur d’Oiseau, PI. V. 

Chloris Gayana, un mois et vingt 
jours après la plantation par 
bouture, PI. III. 

Chloris Gayana en fleurs, PI. II. 

Grand-Duc entre MM. Rollinat et 
Debreuil, PL XII. 

Huître perlière. Vue générale du 
fond de la baie de San Gabriel et 
des établissements d'Ostréiculture 
perlière. Ile d'Espiritu Santo 
(Golfe de Californie), PI. VI. 

Huître perlière. Vue montrant le 
barrage du fond de la baie de San 
Gabriel et le dispositif des bâti- 
ments et établissements pour la 
culture de l’Huiître perlière. Ile 
d’'Espiritu Santo (Golfe de Cali- 
fornie), PI. VII. 

Huitre perlière. Partie du barrage 
du fond de la baie de San Ga- 
briel, montrant la disposition des 
viviers pour le premier dévelop- 
pement des jeunes Huiîtres per- 
lières. Ile d'Espiritu Santo (Golfe 
de Californie), PI. VIII. 

Huître perlière. Canal vivier avec 
et sans sa toiture de protection, 
PI. IX. 

Huître perlière. Caissons-protec- 
teurs de naissin, PI. X. 

Papa palmera (demi-grandeur ), 
p- 2174. 

Papa blanca (demi- grandeur ), 
p- 215: 

Parc zoologique de Gooilust (Hol- 
lande), Antilopes Oryx du Cap, 
PI: "1V: 

Parc zoologique de Gooilust (Hol- 
lande), Zèbres de Grévy, PI. IV. 


GRAVURES 393 


GRAVURES 


Piège pour Rats, Mulots et Taupes, 
p- 155. 

Phytalus Smithi (Capture de 16.000) 
dans une nuit, p. 321. 

Rameau de Rosier et feuille de 
Lilas découpés par les Méga- 
liches, p. 142. 

1) Epimedium  pinnatum 
Berberidées (Perse); 

2) Akebia quinata Decaisne, Lardi- 
zabalées (Japon), p. 143. 

Sesamia vuteria © et 6. Prode- 
nia relina. Cirphis © et 6. In- 
sectes nuisibles à la Canne à 
sucre, PI. XI. 

Sesamia vuteria (OEufs de) para- 
sités. OEufs de Sesamia vuteria. 
OEufs de Prodenia retina, PI. XI. 

Simple method of marking Skunks, 
p. 69. 

Skung making and pedigree chart, 
DAME 

Teigne des solanées (Phtorimæa 
oparculella), p. rt. 

1) Cocons fixés à la surface d’un sac 
ayant contenu des tubercules in- 
festés, p. 376. 

2) Coupe de Pomme de terre atta- 
quée, montrant les galeries, p.371. 

3) Pomme de terre attaquée, mon- 
trant les excréments de la Che- 
nille refoulés à l’orifice des gale- 
ries, p. 371. 

Villers-Bretonueux. Les volières des 
Passereaux, PI. 1. 

Villers-Bretonneux. La Faisanderie, 
BL 1 

Villers-Bretonneux. La Faisanderie 
et la galerie chauffée, PI. IT. 

Villers-Bretonneux. Le parc des 


Nandous. Maiïisonnette écroulée, 
PI. IT. 


Fisher, 


01 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX 


DES SÉANCES GÉNÉRALES 


1918. Séance du 4 novembre. 50 | 1949. Séance du 3 févriér. . 118 
— Séance du 18 uovembre 81 171 Séance du 110fevrier 2.193 
— Séance du 2 décembre. 87 — Séance du 3 nrars . . ! 190 
— Séance du 16 décembre. 94 — Séance du AT Mars "584 

4919. Séance du 13 janvier . 109 — Séance du 7 avril. . . 289 
— Assemblée générale du — Séance du 28 avril. . . 4353 

20ManVIEr EE se US — Séance du 19 mai. . . 318 


ORDRES DU JOUR DES SÉANCES 
POUR LE MOIS DE JANVIER 1920. 


SÉANCES GÉNÉRALES 


Lundi 5, à 3 heures. — M. LE PROFESSEUR GRUVEL : Produits 
gras d’origine animale des Colonies françaises. 

— M. AnDRÉ PiépazLu : lufluence des récipients en fer sur les 
vins. 

Lundi 19, à 3 heures. — M. PicrrEe Crepin : Les Vers-à-soie chez 
les auteurs grecs et latins. 


— L'intelligence des Animaux (observations). 


Séance de section. 


Jeudi 8, à 3 heures. — Sous-sEcrion D'ORNIIHOLOGIE : Ligue pouf 
la Protection des Oiseaux. 


Tous les membres de la Société sont priés d'assister aux 
Séances générales, qui ont lieu deux fois par mois, au Siège 
social, 198, boulevard Saint-Germain. 


Le Gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


UN 


tx 


Mage ag 4 


MRC PTT # Er 


* Plante rustique. 
** Plante demi-rustique. 


_ Acer Campbelli **. 
— Hookeri. 
— hymalaicus. 
j — levigatum**. 
_ Aclinidia strigosa. 
» Æsculus punduana. 7 
» Alnus nepalensis. 
… Anemone rivularis *. 
__  —  vitifolia *. 
» Ardisia involucrata. 
» Artemisia parviflora *. 
…. Astilbe rivularis *. 
- Beilschmiedia Gammieana. 
. Betula ufilis *. 
“ Buddleia asiatica. 
Campammaæa parviflora. 
_ Casearia Vareca. 
. Cassia lzvigata. 
—  occidentalis. 
De 7 Tora; 
_ Cautleya lutea. 
. Celastrus Championi. 

—  paniculata. 
lematis Gouriana. 
Commellina obliqua *. 
Corydalis longipes *. 
Cotoneaster frigida *. 
Cotoneaster rotundifolia. *. 
- Crotalaria tetraÿona. 

- Cryptolepis elegans. 


… Desmodeum tilizfolium*. 

- Dicentra thalictrifolia *. : 

ÆEdgeworthia Gardneri **. 
- Elzocarpus sikkimensis. 

= Eriobothria petiolata. 

- Erythrina arborescens. 

… Eurya acuminata. 

» Ficus Hookeri. 

… Frazinus floribunda **. 

- Gaultheria nummularioides. 

« Helwingia limalaica. 
eptapleurum impressum. 

E- — venulosum. 
Hydrangea robusta. 
Hypericum Hookerianum *. 


raines offertes par M. GAGE, 
superintendant du Jardin royal 
__ botanique de Darjeeling, à 
_ Calcutta (Inde). . 


Cynoglossum Wallhichianum *. 


: lex fragilis. 


Hypericum patulum **, 
— PÉPIANSIE. "3 
robusla. 


— insignis. 
Jasminum humile *, 


Liqustrum confusum *. 
Lobelia pyramidalis *. 


Magnolia Campbelli *. 
Michelia Cathearti. 
Mucuna macrocarpa. 
Neillia thyrsiflora *. 
Notochæte hamosa *. 


Olea Gamblei. 
Osbeckia nutans. 


Picea morinda *. 
Pieris ovalifolia **. 
Pitiosporum floribundum." 
Piptanthus nepalensis **. 
Plectranthus Stocksii. 
Pogostemon parviflorus *. 
Pordna racemosa. 
Prunus acuminata *. 

—  Puddum. 

—  nepalensis. 
Pratia montana. 


Quercus incana. 


—  Griffithii. 


Rhododendron arboreum. 
— ciliatum **. 


— cinnabarinum. 


— Dalhousiæ. 

— Falconerti. 
Rhododendron grande. 

— Madden. 
Rubia cordifolia. 
Sauranga ñepalensis. 
Sauropus albicans *. 
Saussurea deltoidea. 
Schima Wallichi. 
Senecio densiflorus. 

—  scandens *. 
Smilax aspericaulis. 
Solanum Khasianum. 

— nigrum. 

— verbasciflorum. 
Sonchus arvensis *. 
Styraz Hookeri. 
Swertia tongluensis. 
Symplocos theæfolia. 


Tephrosia candida. 


EN DISTRIBUTION 


#r, 

Trachycarpus Marlianus. 
Trichosanthus palmata. 
Tricholepis furcata. 
Triumfelta rhomboidea. 
Tsuga Brussonianu. 
Urena lobata. 
Vaccinium coriaceum. 

— Dunaliarym. 

— nummularia. 

= serralum. 
Viburnum erubescens *. 
Vitis bracteolata. : 
Zanthozylum acanthopodium. 


2° LISTE. 
Antistrophe oxyantha. 
Aster himalaicus. 
Aucuba himalaica. 
Clematis nepalensis. 
Cynura nepalensis. 
Dendrocalamus Hamiltoni. 
Eriobotrya Hookeriana. 
Trichosanthes palmata. 
Moœsia chisia. 
Nyssa sessiliflora. 
Osbeckia. stellata. 
Oxalis corniculata. 
Rosa macrophylla. 
Rosa sericea. 
Rubus alpestris 
Rubus cordifolius. & 
Trachy-carpus excelsa. À 


Graines envoyées par le Jardin 


botanique de Sydney (Australie). 


Añdropogon cæruleus (Queensland! 
blue grass). 


Dantonia semiannularis (Walz NO 


laby or white sop grass). ! 
Bromus inermis (Australian 
Brome grass). 
Tamworth Lucerne. ; 
Lucerne Hunter River. 
New Zealand Rye crass. 
New Zealand Bocksfoot orass. 
Sudangrass. 


Graines offertes par M. BOIS 


Cucurbila melanosperma (Courge. 
de Siam). F 


Graines offertes par M. MOREL 


Dimorphoteca auriantiaca. 
Cytisus sempervirens. 
Héliotrope géant var. Lemoine. 


S'adresser au Secrélariat. 


tale, Afrique équatoriale 
rire à M Geo Favarel, 


direction convois, etc. 
" LA 


OFFRES 


x oyages touristiques et documentaires à 
travers le Continent noir. 


xplorations scientifiques. — Récoltes entomo- 
giques. — Captures scientifiques en vue de 
troduction en Francé et de l’acclimatation, — 
“Chasses au gros gibier {animaux non protégés). 

.… Dix-sept années de pratique en Afrique occiden- 
Centre africain. 
administrateur des 
lônies à Brive (Corrèze), qui, au cours d'un 
gé, éventuellement sollicité, organiserait itiné- 
faire voyage en but mission, coopérerait travaux, 
Drendrait activement part chasses, assumerail 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 


Mu excès nombre, réelle occasion. Étalon Orient 
pour amélioration cheptel caprin. Ecrire Jennys 


(Loiret). 


Nandou & 


Farm, Créteil (Seine). 


1-2 Daïms 1919, 2 ® pleines ou échange contre. 
Chèvre Murcie ou espèce à poil court. — Jeunes 
Mouflons à manchettes pour Mouflons de Corse. 
M. Jouffrault, Argenton-Château (Deux-Sèvres). 


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Lophophore &,co. Ho-ki, Swinhoé &, Mélanote à, 
ayant couvé et élevé des jeunes. 

Deux & et quatreQ Lamas, adultes. — M. de Sain-. 
ville, Courbes-Vaux, par Saint-Germain-des-Prés 


SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 


PR 


RECONNUE D’UTILITÉ PUBLIQUE 


Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de concourir : 
1° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races 
nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation 
de végétaux utiles ou d'ornement. 

Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Étrangers et les Dames 
peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Établis- 
sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, 
Sociétés commerciales, etc.). 

La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. 

Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée 46 10 francs et une 
cotisation annuelle de 25 francs. 3 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s 'affran- 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 

Le membre Donateur est celui qui verse une somme d’au moins 500 francs. 

Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 francs; 
son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. 

Des formules d'adhésion sont adressées sur demande. 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. « 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo- 
riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. 

En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner ” 
amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois 


des séances générales et aes séances de Sections : 4° Mammalogie; 2° Ornithologie et 


sa sous-section, Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4° Entomologie; 5° Botanique; \ 
et 6° Colonisation. 


Tous les membres peuvent assister à ces séances ; les ordres du jour des séances M 


générales sont adressés sur demande. 

La Société encourage d’une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d’ani- 
maux à ses membres. À 

Elle publie le Bulletin de la Sokigé:;] Hatiônale d’Acclimatation de France j 
et la Revue d'Histoire naturelle appliquée WStrée de gravures. Ces publications 
traitent des questions concernant l'élevage deS’animaux, la culture des plantes et 
particulièrement des faits d’acclimatation survetrus en France et à l’Étranger. Elles 
donnent les renseignements les plus variés sur les animaux et les plantes utiles ou 
d'ornement d'introduction nouvelle. 4 

On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle : 


installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction, etc., etc. 


Ces publications sont adressées, gratuitement, à tous les membres de la Société." 


* 
# * 


La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin-\ 
téressé et ne sert aucun intérêt particulier; adhérer à ses statuts, l'aider dans ses 
efforts, c'est contribuer au bien-être général et à la prospérité du pays. 


Le Gérant : A. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


BULLETIN 


DE LA 


cité Natorale d'Accinataton de Francs 


FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 
RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE 


Par Décret du 26 Février 1835 


ANNÉE 1920 


SOIXANTE-SEPTIÈME ANNÉE 


sant 

uw. Yoùs 

Tant: à! 
LT 


PARIS 
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 


198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (vrr*) 


1920 


BULLETIN 


SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 
: DE FRANCE 


PAT one À ANNE SOMESTE SENN L Re PET TRES MCE ETS" 
z k AGREE LT, c : ÿ RARES. À 


BULLETIN dé 


ociété Nationale d'Acclimatation 


É:. | DE FRANCE à 


CE 


REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES 


67e ANNÉE 
N° 1. — JANVIER 1920 à 
SOMMAIRE ka 
ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1920. — Conseil, Commissions, Sections. . . . . . . . . . . Î PA 
Liste supplémentaire des Membres de la Société, arrêtée au 1# janvier 1920. . . . . . . . 4 i 
PRO ES DES DCI EE D A CCLÉIMATATION RE: URL Ve 02 etes ous 6 
Extraits des procès-verbaux des Séances de la Société : re 
Séance générale du 26 mai 1919. . . . . . . . . . . Se PE DURS RE SE er M UE 7 : 
Séances des Sections : PS 
PoSécnon—Manmmalosnie séance. du d4avril 1919474 2 ne AS ee 8 | 
rom Noquicuitures. séance du 12"mar 19107. DNS RE PR AISNE ER 9 
DESeGHOn A NBotdHquer séance du 12 mar 19198 22e SNL NN Re True 10 
Extraits de la Correspondance : 
H° Jumerze. — La conservation des œufs d'Autruche . . . . .,. . . . . . . . . CE ETS 11 x 
RATER TE IPNE I fants ADS. LE NT MR NN etat eat RON 12 5; 
Bibliographie : 
E."W. MAc CorcLum. — The newer knowledge of nutrition, par A. MouQUET . : , . . . . 15 


Un naiméro, 3 francs : — Pour les Membres de la Société, 2 fr. 50. 


ONE ENT —— 


AU SIÈGE SOCIAL :. “ 
| DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE GE 
= 198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS !VII°). 


«_ Des cartes annuelles d'entrée au Jardin d’Acclimatation, accompagnées de 
40 tickets sont délivrées au prix de 10 francs, aux membres de la Société, di 


“ans nos bureaux. Ds 
K F 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1920 


Président, M. Edmond PEeRrixr, Membre de l'Institul ot de l’Académie de Médecine, Professeur an 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 
MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rune Faidherhbe, 
Vice-Présidents.. Saint-Mandé (Seine). 
Dr Cnauveau, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint-Germain, Paris. 
Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. à ". 


MM.J. CrepiN, 55, rue de Verneuil, Paris (Séances). 
Ca. DeBRKUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). 


Secrétaires. 
J. DELACGOUR, 28, rue de Madrid, Paris (Etranger). 


Trésorier, M. le D' SkBILLOTTE, 6, rue de l'Oratoiré, Paris. 
Archivisie-Bibliothécaire : M. P. DE CLERMONT. 


re sat. Membres du Conseil. 


MM. A. CHAPRELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 
le D" ACHÂLME, Directeur du Laboratoire ‘colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, 


Paris. 

le D° P. MARCHAL,, Membre de l’Institut, Professeur à l’Institut National Agronomique, 45, rue 
de Verrières, à Antony (Seine). 

le D' LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. 

MAILLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 

le Dr E. TrourssarT, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. 

LecouTE, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, Paris. 

P. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 

L. RouLe, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 

G. Foucxer (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 

P. KEsINER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 

R. Le Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1920 


Janvier | Février Mars | Avril | Mai | Novembre | Décembre 


SÉANCES DU CONSEIL, le mercredi à 4 h. 


Séances. générales, le lundi à 3 h. 
Sous-SECTION d'Ornilhologie (Ligue pour 

la Protection des oiseaux) les jeudis 
EHESS RTE ON AT OUR 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les 
PO qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. î 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations ; 
fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d’être 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. : 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 


SOCIÉTÉ NATIONALE 


D'ACCLIMATATION 


DE FRANCE ei 


quew YORK 
BOTant: 4! 
SAR 


ORGANISATION POUR L'ANNÉE 192 


CONSEIL — COMMISSIONS — BUREAUX DES SECTIONS 


CONSEIL D’ADMINTSTRATION POUR 1920 


BUREAU 


Président. 


M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l’Académie de 
Médecine, professeur au Muséum d'Histoire naturelle. 


Vice-Présidents. 


MM. D. BOIS, assistant au Muséum d'Histoire naturelle. 
Dr CHAUVEAU, sénateur de la Côte-d'Or. 
| Secrétaire général. 
M. Maurice LOYER. 
Vice-Secrétaires. 
MM. J. CREPIN, Secrétaire des Séances. 
Ch. DEBREUIL, Secrétaire pour l'Intérieur. 
J. DELACOUR, Secrétaire pour l'Étranger. 


Trésorier. 
M. le D: SEBILLOTTE. 


Archiviste-Bibliothécaire. 
M. P. de CLERMONT. 


BULL. SOC. NAT. ACCL.: ER, 1090. — 1 


M 0 HN 


2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 


pa 


MEMBRES DU CONSEIL 


MM. le D' LEPRINCE. 
Ch. MAILLES. 
E. TROUESSART, professeur aù Müséuri d'Histoire naturellé. 
L. ROULE, professeur au Muséum d'Histoire naturelle. 
FOUCHER (abbé G.). 
P. CARIÉ. 
P. KESTNER, président de la Société de Chimie industrielle. 


RÉAPEHARORIT 
A. CHAPPELLIER, chef de travaux de Zoologie à l'Ecole 


pratique des Hautes-Études. 

ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum 
d'Histoire naturelle. 

P. MARCHAL, membre de l’Institut, professeur à l’Institut 


national agronomique. 
LECOMTE, membre de l’Institut, professeur au Muséum d’His- 


toire naturelle. 


Vice-Président honoraire. 
M. le baron Jules de GUERNE. 


Archivistes-Bibliothécaires honoraires. 


MM. MOREL. 
CAUCURTE. 


Membres honoraires du Conseil. 


MM. le comte Raymond de DALMAS. 
MILHE-POUTINGON. 
P. A.-PICHOT. 


Secrétaire des Séances adjoint. 


M. Pierre CREPIN. 


COMMISSION DES CHEPTELS 


MM. le PRrÉsIoENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. 


Membres pris dans le Conseil. Membres pris dans la Société. 
MM. DEpREuIz. MM. Lasseaux. 
DELACOUR. VOITELLIER. 
TROUESSART. MouQuEr. 


ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ 3 


COMMISSION DES RÉCOMPENSES 


MM. le Présinenr et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. 


Délégués du Conseil. 
MM. A. Cnarrezuer, C. Maizces, C. DEBREUIL, MARCHAL. 


Déléqués des sections. 


Première section. — Mammalogie. . MM. J. Creri. 
Deuxième section. — Ornithologie . . J. DEcacour. 
Troisième section. — Aquiculture . . L. ROULE. 
Quatrième section. — Entomologie . . A.-L. CLÉMENT. 
Cinquième section. — Botanique . . . D. Bots. 
Sixième section. — Colonisation . . . LECONTE. 


COMMISSION DE COMPTABILITÉ 
MM. Barrior, P. Faucon, LEPRINCE. 
COMMISSION 
DE LA BIBLIOTHÈQUE ET DES ARCHIVES 


MM. Cartïé, FoucHEer, MAILLES. 


COMMISSION DE PUBLICATION 


MM. les PRÉSIDENTS DE SECTION, le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL et les Vice- 
SECRÉTAIRES. : 


LUREAUX DES SECTIONS 


4re Section. — Mammalogie. 3° Section. — Aquiculture. 
MM. C. Desreuir, déléqué du Conseil. | MM. R. Le Forr, déléque du Conseil. 
TROUESSART, président. ROULE, président. 
Movquer, vice-président. LEPRINCE, vice-président. 
L. Perrr, secrétaire. ANGEL, secrélaire. 
2° Section. — Ornithologie. : ; 
FE 0 Jo FAR 4° Section. — Entomologie. 
MM. C. Marries, déléqué du Conseil. nc 
J, Decacour, président. MM: P. CariE, déléqué du Conseil. 
VoirTELLIER, vice-président. | CLÉMENT, président. 
J. Bexuioz et A. Decoux, secré- MarcaL, vice-président. 
Hire. Abbé Foucuer, secrétaire. 
Sous-Section. 5° Section. — Botanique. 
(LIGUE FRANÇAISE MM. P. Kesrner, déléqué du Conseil. 
POUR LA PROTECTION DES OISEAUX). Bois, président. 
MM. C. Maires, délégué d'u Conseil. N..., vice-président. 
L. TERNIER, président. ConNrARD, secrétaire. 
MÉNÉGAUx et HuGuEs, vice-pré- ; JU 
te 6° Section. — Colonisation. 
A. CHAPPELLIER, secrétaire. MM. Lecoure, déléqué du Conseil. 
R. DE CLerMonr, secrélaire des A. CHEVALIER, président. 
séances. L. DiGuer, vice-président. 


R. Lert1, frésorier. BrET, secrétaire. ; 


LISTE SUPPLÉMENTAIRE 
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


ARRÊTÉE AU 1°" JANVIER 1920 
Mmes 

Perrier (Marguerite), 171, boulevard du Montparnasse, à Paris (VI®); 
Membre titulaire, présentée par MM. E. Perrier, C. Debreuil et 
M. Loyer. 

Bioccay (Paul), 22, rue Hamelin, à Paris (XVIe); Membre titulaire, 
présentée par MM. E. Perrier, M. Loyer et C. Debreuil. 

M'iie 

Powwer (Marie-Antoinette), château du Ferry, par Cherves-de- 
Cognac (Charente); Membre titulaire, présentée par MM. R. Rol- 
linat, E. Perrier et C. Dehbreuil. 

MM. 

Renarn (Benoît-Alfred-François-Marie), propriétaire à Bretteville- 
sur-Odon (Calvados); Membre titulaire, présenté par MM. Fortin, 
J. Crepin et M. Loyer. 

BrauD (Léonard), mégissier, avenue Thiers, à Saint-Junien (Haute- 
Vienne); Membre titulaire, présenté par MM. Lauvwers, J. Crepin et 
FNPerrier 

Bouyoun (Albert), directeur du Laboratoire de Biologie vétérinaire, 
2, rue de la Charité, à Saint-Etienne (Loire); Membre titulaire, 
présenté par MM. E. Perrier, G. Debreuil et M. Loyer. 

Boursier (Albert), propriétaire, à Châteauneuf-sur-Charente (Cha- 
rente); Membre titulaire, présenté par MM. Lauvwers, J. Crepin et 
E. Perrier. 

Courerc (Georges), ingénieur-agriculteur, à Aubenas (Ardèche); 
Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, D. Bois et le comte 
Delamarre de Monchaux. 

Peix (L.), propriétaire, 20, rue Arago, à Angoulême (Charente); 
Membre titulaire, présenté par MM. Lauwers, J. Crepin et Debreuil. 

WATCHAYARONG SissowaTH (prince), étudiant à l’École des Sciences 
politiques, 35, rue de Lubeck, à Paris (XVI-); Membre titulaire, 
présenté par MM. G. Capus, Debreuil et E. Perrier. 

ScawerEr (Emile), correspondant de l’Institut de France, à Colmar 
(Alsace), et 53, rue de Vaugirard, à Paris (VIe); Membre tituluire, 
présenté par MM. J. Crepin, Debreuil et Delamarre de Monchaux. 

BRinGEMAN (Reginald-Francis-Orlando), secrétaire de l'Ambassade 
de Sa Majesté Britannique, 51, rue des Mathurins, à Paris (VIII); 
Membre à vie, présenté par MM.E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. 

Rogertuie (Kléber), mécanicien, à La Couronne (Charente); Membre 
titulaire, présenté par MM. Debreuil, J. Crepin et Lauwers. 

Dorizon (Louis), 72, rue Ampère, à Paris (XVII); Membre titulaire, 
présenté par MM. E. Perrier, D. Bois et Ch. Debreuil. 

Gau (André-Marius), pharmacien, 1, boulevard de Strasbourg, à 
Nogent-sur-Marne (Seine); Membre titulaire, présents par MM. Lau- 
wers, C. Debreuil et J. Crepin. 


LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 5 


Muxté (Louis-Victor), propriétaire-forestier, 56, boulevard Gam- 
betta, à Troyes (Aube); Membre titulaire, présenté par MM. E. Per- 
rier, C. Debreuil et M. Loyer. 

Ducxance (Maurice), ingénieur en chef à la Compagnie de Béthune, 
à Mazingarbe (Pas-de-Calais), Membre titulaire, présenté par 
MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. 

CaaPpée (Julien), 2, route de Rouillon (au Cogner), Le Mans (Sarthe); 
Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et 
M. Loyer. 

Darzzy (Pierre), propriétaire, 182, faubourg Saint-Honoré, à Paris 
(VILLE), Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, Delacour et 

M. Loyer. 

Favarez (Géo), administrateur des colonies, actuellement à Brive 
(Corrèze); Membre tilulaire, présenté par MM. E. Perrier, M. Loyer 
et C. Debreuil. 

Monricau (Maurice-Jean), propriétaire-viticulteur, Chez Saudou, à 
Mosnac (Charente); Membre titulaire, présenté par MM. Lauwers, 
J. Crepin et E. Perrier. : 

RIBEROLLES (Jean), propriétaire, 10, rue de la Fosse, à Nantes, (Loire- 
Inférieure); Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, M. Loyer 
et C. Debreuil. 

Caroir (R.), à Vireux-Vallerand (Ardennes); Membre titulaire, pré- 
senté par MM. E. Perrier, M. Loyer et C. Debreuit. 

BerGer (Gaston), docteur en pharmacie, 4, rue Gambelta, à Creil 
(Oise); Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil 
et M. Loyer. 

FerRié (Pierre), industriel et propriétaire, 2, quai des Célestins, 
major Albert à Villez, par Limetz (Seine-et-Oise); Membre titulaire, 
présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. 

Beauvi5s468 (Léon), docteur en pharmacie, licencié ès sciences natu- 
relles, 53, rue Nationale, à l'ours (Indre-et-Loire); Membre titu- 
laire, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. 

Pam (major Albert), Wormley-Bury-Broxburne (Heris, Angleterre); 
Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, J. Delacour et 
Astley. 

DezAs (Georges), planteur à Bingerville (Côte d'Ivoire), Membre à vie, 
préseuté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. 

ScariBAux (Pierre-Emile-Laurent), professeur à l’Institut agrono- 
mique, directeur de la Station d'essais de semences au ministère 
de l'Agriculture, 4, rue Platon, à Paris (VI); Membre titulaire, 
présenté par MM. Rivière, C. Debreuil et E. Perrier. 

L'Hogsr (Michel), directeur de la Société royale de Zoologie d'Anvers 
(Belgique), 26, place de la Gare, à Anvers; Membre titulaire, pré- 
senté par MM. E. Perrier, M. Loyer et C. Debreuil. 

AzaARIA (Pierre), 58, avenue du Bois-de-Boulogne, à Paris (XVI°), et 
Château de Sermaize, à Bois-le-Roi (Seine-et-Marne); Membre 
titulaire, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. 

LassupriE-Ducuène (Emils-Adrien), docteur en médecine, 14, rue 
de Liége, à Paris (IX°);, Membre titulaire, présenté par MM. E. Per- 
rier, l'abbé Foucher et C. Debreuil. 

Bourin (Jules), receveur particulier des Finances en retraite, château 


(n BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


de la Durante, par Castanet (Haute-Garonne); Membre titulaire, 
présenté par MM. J. Crepin, P. Crepin et C. Debreuil. 

Raverar (Georges), président du Syndicat de la Rizerie française, 
64, Chaussée-d’Antin, à Paris (IX°); Membre titulaire, présenté 
‘par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M, Loyer. 

CreriN (Joseph-Auguste), directeur adjoint de l’usine à glace de 
Dakar, Frigorifique Maurel et Rom, à Dakar (Sénégal); Membre 
titulaire, présenté par MM. J. Crepin, C. Debreuil et P, Crepin. 

SYNDICAT DE LA RIZERIE FRANÇAISE (secrétaire L. Mellier), 64, Chaussée- 
d’Antin à Paris (IX°); Membre titulaire, présenté par MM, E. Poer- 
rier, C. Debreuil et M. Loyer. 

Levesque et Cie, industriels à Nantes (Loire-Inférieure); Membre titu- 
laire, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. 

Lecenpre (Marcel), chirurgien-dentiste, 25, rue La Condamine, à 
Paris (XVIT:) ; Membre titulaire, présenté par MM. Rollinat, E; Per- 
trier et C. Debreuil. 

GERBAULT (Edouard-Louis), ancien juge. botaniste à Fresnay-sur- 
Sarthe (Sarthe); Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, 
D. Bois et A. Chevalier. 

TAMWISIER, capitaine d'infanterie, mission Pellé, à Prague (Tchéco- 
Slovaquie); Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, C. De- 
breuil et J. Crepin. 

HErrissoN (René), artiste-peintre, à Cognac (Charente); Membre titu- 
laire, présenté par MM. E. Perrier, A. Chappellier et C. Debreuil, 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION 


Notre collègue, le D' Brumpt a été nommé professeur titu- 
laire de la chaire de Parasitologie de la Faculté de Médecine de 
Paris en remplacement de notre regretté collègue le professeur 
Raphaël Blanchard. 


Notre collègue, M":° la princesse de Poix a recu la médaille 
de vermeil de la Reconnaissance francaise avec la citation 
suivante : « Infirmière-major de la $S. B. M., en service depuis 
le début des hostilités. N’a cessé de prêter son concours à de 
nombreuses formations sanitaires, tant en France qu’en 
Serbie eten Égypte. A fondé à Corfou un hôpital de 200 lits, 
dont elle a assuré le service, seule avec sa fille, soignant avec 
un ädmirable dévouement et un absolu mépris du danger les 
malades atteints de typhus, de variole et de choléra, se prodi- 


guant avec un zèle des plus louables au chevet des conta- 
gieux. » 


2 


EXTRAIYS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 7 


M. Aug. Chevalier, président de notre section de Colonisation, 
directeur du laboratoire d'Agronomie coloniale et de l’Institut 
scientifique de l'Indochine, a été promu officier de la Légion 
d'honneur. | 


Le grand prix des Sciences physiques pour 1919 a été 
décerné, par l’Académie des Sciences, à notre collègue 
M. Louis Roule, professeur au Muséum national d'Histoire 
naturelle. 


Parmi les lauréats des prix de vertu décernés par l’Académie 
francaise nous sommes heureux de voir figurer le nom de notre 
collègue, Mf Lemaître, évêque du Soudan, pour sa propagande 
active et incessante en faveur de la France pendant toute la 
durée de la guerre. 


Notre collègue, ie D' F. Louart a été nommé chevalier de la 
Légion d'honneur. 


EXTRAITS DES PROCÈS - VERBAUX DES SÉANCES DB LA SOCIÉTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 26 MAI 1919 


Présidence de M. D. Bois, Vice-Président de la Société. 


GÉNÉKALITÉS. 5 

M. Sauton fait don à la Société d’une importante collec- 
tion de Lépidoptères de la zone paléarclique, comprenant 
1.655 sujets. Des remerciements sont votés à mains levées au 
généreux donateur. 

L'Institut colonial de Marseille fait remettre à la Société le 
premier numéro du « Pulletin des caoutchours » qui traite des 
méthodes scientifiques dans la production, le classement et la 
fabrication du caoutchouc. 

Il donne en même temps le sommaire du n° 2 qui concerne 
l’amélioration du caoutchouc africain. 

M. le Président résume quelques notes sur les Vanilliers 
africains par E. de Wildeman {de Bruxelles). 

Il résulte de cette communication qu'il reste, en Afrique, 
beaucoup à faire pour la connaissance des espèces Vanilla et 


8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


qu'il convient de fixer sur ce genre de plantes l'attention des 
chercheurs, en vue de l'intérêt économique qui s'y attache. 


MAMMALOGIE. 


M. Crepin présente à la Société les résultats qu'ont obtenus 
respectivement deux de nos collègues, M. Théodore Fortin, de 
Bretteville-sur-Odon et M"*° Lebelle, de Fontenay-sous-Bois, 
dans leurs tentatives pour supprimer les cornes des Chèvres 
qu'ils élèvent. 

Un de nos collègues, jugeant superflu de soumettre à une 
opération pouvant être douloureuse de jeunes animaux qui 
n'avaient, selon lui, rien à gagner par la suppression d’un 
attribut de leur espèce, contestait au surplus que la domestica- 
tion ait pu déterminer, dans les races caprines de choix, la 
régression de la substance cornée. Le fait cependant est 
démontré par des exemples dans la note envisagée qui dit 
également en quoi les cornes présentent souvent des inconvé- 
nients chez la Chèvre appelée à vivre en troupeau dans une 
étable et surtout chez le Bouc souvent brutal et turbulent. 


AOQUICULTURE. 


M. Jacques Pellegrin fait une communication sur les Poissons 
d'ornement exotiques et leur commerce. 

Cette communication relate des faits et phénomènes extrême- 
ment curieux et fort intéressants au point de vue scientifique. 

Le Président rend hommage à l'effort que fait le D' Pelle- 
grin pour instaurer et répandre en France le goût de l’aqua- 
rium d'ornement renfermant des animaux curieux et jolis et 


des plantes aquatiques du plus bel effet décoratif pour nos 
serres et vérandas. 

Le Secrétaire, 

P. CREPIN. 


Extraits des procès-verbaux des séances des seen. 


Je SECTION. — MAMMALOGIE 
(Séance du 14 avril 1919.) 


Présidence de M. Trouessart, président. 


L'ordre du jour appelle la discussion de la question du Mulet 
en Afrique occidentale française. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 9 


La section, après observations et discussion, émet le vœu : 
- « Que l'emploi du Mulet soit substitué, aussi rapidement que 
possible en Afrique occidentale française, au portage par 
l’homme. 


ITI° SECTION. — AQUICULTURE 
(Séance du 12 mai 1919.) 
Présidence de M. Roule, président. 


M. L. Roule, en ouvrant cette première séance de la Section 
après la guerre, rappelle le souvenir du regretté Raweret- 
Watel,son prédécesseur, mort en 1916, et adresse à sa mémoire 
un hommage auquel s'associent les membres présents. 

M. L. Roule expose ensuite, d’après ses constatations 
récentes, l’état actuel de la pisciculture en Alsace-Lorraine. 

L'élevage de la Carpe se pratique surtout en deux régions : 
celle de Dieuze-Sarrebourg en Lorraine, et celle de la Sundgau 
en Haute-Alsace. La première se fait remarquer par la grande 
étendue de ses étangs, alimentés par les pluies, dont l’un, celui 
de Lindre, occupe plus de 700 hectares. La méthode suivie se 
rapproche de celle des Dombes : mise en eau pendant deux 
ans, et culture de Céréales pendant une année d’asséchement. 
Les races élevées comportent une forte proportion de Carpes- 
cuir et de Carpes-miroir. La condition, dans la Sundgau, est 
différente; les étangs sont petits, alimentés presque tous par 
des sources, et contiennent surtout des Carpes à écailles. Cer- 
tains exploitants, dans les deux régions, se servent du nour- 
rissage au maïs pour alimenter les Poissons, et disent en 
_ obtenir de bons résultats. 

L'Alsace-Lorraine possède également deux grands établis- 
sements de salmoniculture. L'un est celui d'Huningue, ou 
plutôt de Blotzheim, commune située à 5 kilomètres de la ville 
d'Huningue. Construit en 1852 par le Gouvernement français 
sous l'inspiration de Coste, il fut alors affecté à la production 
d’alevins de Saumons, de Truites, de Corégones, pour le repeu- 
plement. La domination allemarde, après la guerre de 1870, 
modifia d'abord cette affectation en lui ôtant son caractère 
d'utilité générale par la distribution gratuite des alevins; puis, 
l’État cessa de subventionner l'établissement, et le remit à la 
commune de Blotzheim, qui le loue actuellement à un piscicul- 
teur de métier. L'autre installation est celle de Barville et de 


10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Wasperviller, au pied du Donon, la plus vaste qui soit; fondée 
en 1893 par M. Gérard, négociant à Sarrebourg, elle comprend 
une quarantaine d'étangs alimentés par la Sarre. L'élevage 
principal est celui de la Truite arc-en-ciel ; sa production est 
considérable. 


M. Le Fort donne le tableau comparatif des prix de vente du 
_ poisson, en Sologne, à l'étang lui-même, en 1914 et en 1919. 


Carpes he re ASEUR ER Au kilog. : 0,90 2,40 
LAN CNE SUCRE TRUE — 0,90 2,40 
BrOCRE (SOMME FER FAR" — 1,40 3,00 
ATEN EL NE MEME EAN — 2,30 4,00 
ÉICUTENL ASS TUNE does : — 0,30 1,50 
ALIEN SSSR AR EE Pc PA LEE — 2,40 


Ve SECTION. — BOTANIQUE 
(Séance du 12 mai 1919.) 


Présidence de M. Bois, président. 


Le président résume l'ouvrage de M. Charles Lathrop Pack 
The War Garden victorious qui nous a été envoyé de Phila- 
delphie. Il présente ensuite : 

1° Le catalogue dés Plantes des jardins coloniaux des environs 
de Pondichéry, de M. Djeganadin Achard (1884) qui est offert 
par M. Nouët, gouverneur des colonies; 

2° Le numéro de mars de la Forestry Association, American 
Forestry, contenant le compte rendu de la mission de M. Percival 
Sheldon Ridsdale dans les régions dévastées de France. | 

— Le Department of Agriculture, de Washington, annonce 
un envoi de différentes variétés de graines de Soja. 

Ces graines seront confiées au Muséum. 

— M. Luc fait une communication sur l'emploi de l'avion 
dans les colonies pour la recherche des peuplements à feuillage 
caractérisé. 

— M. Bois lit une note de M. Henry sur un essai de plan- 
tation de Coleus tubéreux aux îles Marquises. Cette plante 
pourrait y remplacer la Pomme de terre. 

— M. Bois présente de la part de M. le comte Delamarre de 
Monchaux un croisement de Coucou jaune (Primula officinalis) 
et Primevère des jardins à fleurs simples, ayant donné une 
plante à fleurs doubles (Troussay, avril 1919). M: Delamarre 
de Monchaux avait planté dans le pare de son père, à Troussay, 


EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 11 


au voisinage des Primevères communes à fleurs simples jaunes 
(Primula officinalis Jacq.). des Primevères de jardins à fleurs 
simples, rouges. 

La plante présentée n'est pas seulement intéressante en tant 
qu'hybride ; elle porte des fleurs doubles (deux corolles 
emboitées), ce qui semble démontrer que la plante cultivée 
apparlenail à une race possédant des ancêtres à fleurs doubles. 
L'hybride de Troussay posséderait donc ce dernier caractère 
par atavisme. 

Le coloris de la fleur de cet hybride se rapproche du rouge 
brun que l’on observe sur l’une des formes sauvages de Pr. offi- 
cinalis. Cette dernière forme, assez rare à Troussay, avait été 
signalée par Franchet à Cheverny et au Gué-la-Guette (com- 
mune de Fontaines-en-Sologne, Loir-et-Cher). 

Ea forme sauvage de Pr. officinalis à fleurs rouge brun étant 
surtout signalée au voisinage des habitations, M. le comte 
Delamarre se demande si elle ne serait pas elle-même un 
hybride, comme la plante présentée, cette variation de couleur 
pouvant être le point de départ de celles obtenues dans cer- 
taines Primevères cultivées, qui se rapprochent beaucoup de 
Pr. vulgaris, dont la variété caulescens semble une des souches 
probables. 


Le Secrétaire, 
P. CREPIN. 


EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 


LA CONSERVATION DES OEUFS D'AUTRUCHE 


Par HENRI JUMELLE, 
Directeur du Musée colonial de Marseille. 


Par une lettre datée du 22 août 1919, et que je recevais au 
commencement d'octobre dernier, mon ami M. Perrier de la 
Bâthie me prévenait de Tuléar, qu'un colon, M. Jamet, m’adres- 
sait « trois œufs d’Autruche pour une expérience ». « Ces œufs 
d'Autruche, ajoutait M. Perrier de la Bâthie, sont devenusassez 
abordants iei pour qu'on songe à les exploiter en tant qu'œufs 
pour la confiserie. Ils se conservent sur place plus de soixante- 
dix jours. Nous désirons savoir s'ils peuvent supporter le voyage 
et s'ils vous sont arrivés en bon état. On les mange comme 
les œufs de poule, en omelette, en flan, etc. » 


12 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


Le colis que j'attendais done en même temps que cette lettre, 
cest-à-dire dans les premiers jours &@'octobre, ne m'est par- 
venu que le 12 décembre! C'était une caissette ne contenant 
que les trois œufs, entre lesquels les vides étaient remplis par 
des morceaux de papier chiffonnés. 

Après ces quatre mois de voyage, ou presque, de Tuléar à 
Marseille, on conçoit que je n'avais plus grande confiance dans 
l'expérience tentée. Les soixante-dix jours étaient largement 
dépassés. C'est donc même avec quelque méfiance de l'odeur 
qui se dégagerait que je fis percer un de ces œufs. Or, le con- 
tenu qui s’en est écoulé élait à peu près inodore et la légère 
odeur qu'il présentait ét qui élait un peu l’odeur de brioche, 
était plutôt agréable. 

Tout le liquide a donc été battu en omelette, qui a été goûtée 
par huit personnes. Il y a eu complet accord pour reconnaître 
que c'était une omelette parfaitement mangeable, sans saveur 
ni odeur pouvant provoquer la moindre répugnance. L'aspect 
en était un peu compact et granuleux (compact intérieurement, 
granuleux à la surface), peut-être à cause de la trop grande 
quantité de liquide employé; mais la question n’est pas là, 
puisqu'il s'agissait seulement de s'assurer si les œufs pou- 
vaient supporter ce long voyage sans s’altérer. Sans conteste, 
à cet égard, l'expérience a réussi, malgré la longue et anor- 
male durée du transport. 

Je ne recherche point sous quelle forme les ue ainsi eXpé- 
diés trouveraient leur utilisation ; mais j'ai cru intéressant de 
signaler — à tout hasard du moins, car la constatation a peut- 
ètre élé déjà antérieurement faite — la parfaite possibilité de 
ces exportations, pour le cas où quelque industrie accepterait 
celte utilisation d'œufs que le Sud-Ouest de Madagascar pour- 
rait fournir, semble-t-il, en assez grandes quantités. 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 


Les Cygnes des Tuileries. — La destruction des Éléphants de la forêt 
d'Addo. — Les œufs granulés. — Nouvelles importations. — Les 
victimes des bêtes sauvages aux Indes. 

M. Frédéric Masson vient d'ajouter un nouveau volume à sa 
série déjà longue d'Etudes napoléoniennes. Ce dernier ouvrage 
traite spécialement de l’impératrice Joséphine, alors qu'elle 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAIT3 DIVERS 13 


n'était encore que la femme du Premier Consul, Madame Bona- 
parte (1196-1804). Mais déjà l'illustre couple était reçu, dans 
les villes qu'il allait visiter, avec les honneurs souverains. 
Presque partout sont offerts en leur forme ancienne et naïve 
les présents des municipalités : vin de Bourgogne, beurre, fro- 
mages et fleurs, cadeaux traditionnels qu'elles faisaient aux 
rois à leur passage. Telle fut l’origine des Cygnes qui ont fait si 
longtemps l’ornement du bassin des Tuileries. « Henri [V et 
Louis XII, dit le maire d'Amiens en s'adressant au général en 
chef de l’armée d'Italie, recurent autrefois de mes concitoyens 
deux Cygnes. Réunissant en votre personne les qualités qui 
rendent encore leur mémoire si chère aux Français, ils ont cru 
devoir en doubler le nombre pour vous. » Le Consul envoya 
les quatre Cygnes à Paris. « Je compte, écrivit-il, les faire 
mettre sur le bassin des Tuileries. » De là une coutume qui se 
perpétua plus d'un demi-siècle et que les promeneurs seraient 
certainement heureux de voir reprendre lorsque les restrictions 
du ravitaillement n’empêcheront plus d'entretenir ces beaux 
Oiseaux, compléments indispensahles de l’ornementation hor- 
ticole. Delille, le chantre des Jardins, n’a-t-il pas préconisé 
l’'adjonction des Animaux vivants et principalement des 
Oiseaux pour augmenler les charmes du paysage : 

Placons-y ces Oiseaux qui, d'une rame agile, 

Navigateurs ailés, fendent l’onde docile ; 

Au milieu d'eux s'élève et nage avec fierté 

Le Cygne au cou superbe, au plumage argenté; 


Le Cygne, à qui l'erreur prêta des chants aimables 
Et qui n’a pas besoin du mensonge des fables. 


x 
XX 


Le Gouvernement du Cap vient d'ordonner la destruction 
totale de la dernière bande d’Éléphants qui avait réussi à se 
maintenir dass une région où ces animaux ont été autrefois si 
nombreux, en se cautonnant dans la forêt d’Addo, à trente 
milles en arrière de la baie d'Algoa. Ce massif forestier est un 
réseau si inextricable de Lianes, de Cactus épineux et de 
plantes tropicales que nul n'osait s’y aventurer, mais les colons 
riverains se plaignaient vivement depuis quelque temps des 
dégâts que les Éléphants causaient dans leurs fermes, surtout 
lorsque pendant la sécheresse ils sortaient de leur fort pour 
aller boire et se baigner dans les mares réservées au bétail 
auquel ils ne laissaient pas une goutte d’eau. Ces tanks de la 


pa k, ride: | Lun” OM TU 


14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


Nature renversaient aussi toutes les clôtures sur leur passage 
et, dans l'impossibilité de lesconfiner dans la forêt, les auto- 
rités ont fini par adopter la mesure radicale de la destruction. 

La bande des Éléphants d’Addo compte une centaine de têtes 
et la chasse dans la jungle est si difficile qu'il faudra un cer: 
ain Lemps pour parachever le massacre dont l'exécution à été 
confiéé à un fameux chasseur de grosses bêtes, le major Hans 


._ Pretorius qui va s'installer dans le pays même avec sa femme, 


non moins hardie chasseresse que lui. Hans Pretorius à rendu 
de grands services à l’armée anglaise pendant la guerre si bien 
que les Allemands avaient mis sa tête à prix. C'est lui qui 
découvrit l'endroit où le croiseur Æünigsberg échappaità toutes 
les recherches. 

La mesure draconienne prise contre les Eléphants de la forêt 
d'Addo n’a-pas élé sans soulever des protestations violentes 
mème dans le pays. Le journal de Port Elisabeth déclare que 
les dégâts commis par les Éléphants ont été manifestement 
exagérés par un syndicat de colons qui voudraient vendre leurs 
propriétés cinquante fois ce qu'ils les avaient payées alors 
qu'ils avaient accepté de supporter les risqués que pouvaient 
leur faire courir le voisinage des gros Pachydermes.Ceux-ci ne 
sortirent de leur refuge que lorsque, cherchant un prétexte ä se 
plaindre, on leur eut coupé les ruisseaux qui leur permettaient 
de se désaltérer chez eux. Ainsi, même en Afrique, à l'égard 
des Éléphants, on voit le syndicalisme appliquer des théories 
de spolialion! Que n’a-t-on utilisé les Éléphants d'Afrique 
comme ceux de l'Inde! Ils n'auraient été ni plus indomptables, 
ni plus nuisibles dans un pays où il est si facile de les 
nourrir (1). 


La bausse exitravagante des œufs de Poule sur nos marchés 
va sans doute généraliser dans nos ménages l'emploi des œufs 
en poudre sèche granulée que l’on importe déjà de Chine en 
très grande quantité. À une des dernières réunions de l’Asso- 
ciation internationale des techniciens et praticiens d'aviculture 
à Londres, un aviculteur chinois, M. Kiar You,a fait un rapport 


1) La Société d Acclimatation s’est déjà occupée de la domestication et 
de l’utilisation de l'Éléphant africain et a publié sur la question divers arti- 
cles, entre autres, un de M. P. Bourdarie, Bullelin, année 1899, p. 33 et 
Bulletin, année 4912, p. 127. 


BIBLIOGRAPHIE 15 
sur ce commerce d'œufs séchés, d’où il résulte qu’il a été 
expédié pendant le dernier exercice des ports de Shangai, 
Tientsin et Nankin pour environ soixante millions de cette 
poudre à destination des États-Unis, de l'Angleterre et de la 
France. On trouve ces œufs granulés à Paris dans la plupart 
des grandes épiceries où elle coûte moitié moins cher que l'œuf 
en coquille, et nous pouvons certifier, d’après notre propre 
expérience, que ce produit, pour presque toutes les prépara- 
tions culinaires, donne d'aussi bons résultats que l’œuf ordi- 
naire. | 


x 
x 


Les importations d'animaux exotiques recommencent à nous 
arriver. Hamlyn, de Londres, a recu des Indes un envoi de 
plus de deux mille Oiseaux, quatre tout petits Éléphants mesu- 
rant de 1220 à 170, trois Tigres, une Panthère noire, cent 
vingt-deux Singes, deux Serpents pithons, etc. Presque tout ce 
stock à été revendu à peine débarqué. En mème temps arri- 
vaient pour le Jardin de Londres quatre Tortues géantes des 
Seychelles. 


* 
#  * 


Le Gouvernement de l'Inde anglaise a publié récemment la 
statistique des victimes faites par les bêtes sauvages (Tigres, 
Panthères, Éléphants, etc.) pendant le cours de l’année 1918. 
Le chiffre est formidable et monte à 2.164. De plus 22.600 per- 
sonnes sont mortes de morsure des Serpents venimeux. La 
lutte de l’homme contre les animaux, dont M. P. A.-Pichot a 
retracé l’histoire en 1891, se poursuit donc plus intense que 
jamais dans certaines régious du globe. Le nombre de bêtes 
fauves détruites pendant la même période est de 16.045 et celui 
des Serpents de 59.485. 


BIBLIOGRAPIITE 


The Newer Knowledge of nutrition (Les connaissances les 
plus nouvelles sur la nutrition), by E. V. Mac Corzuu (The 
Macmillan Company, New-York 1919). 

Les savants travaux du D' E. V. Mac Collum, professeur à 
l'Université John Hopkins, à Baltimore (États-Unis) sont con- 
nus de tous les biologistes. Les nombreuses expériences d’ali- 


16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


mentation, entreprises par lui et ses collaborateurs sur des 
Cochons, des Vaches, des Rats, etc., etc. ont montré, entre 
autres choses, les différences produites par des régimes divers 
sur la croissance des jeunes, l'entretien des adultes, leur 
reproduction et la santé ou la misère physiologique des des- 
cendants. 

Ces patients chercheurs, abordant la question des matières 
à composition inconnue, nommées par Funk : « Vitamines » 
ont fait voir que deux de ces matières désignées par eux sous 
les termes de « Facteur À » — soluble dans les graisses — et 
de « Facteur B » — soluble dans l’eau — étaient indispensables 
à l'entretien de la vie. 

C'est la genèse, le mode opératoire, les résultats, la critique 
de tous ces travaux que le D' Mac Collum présente dans son 
livre avec grande clarté et grande simplicité. 

L'ouvrage se divise en 7 chapitres : 

1° La méthode biologique pour l'analyse des matières ali- 
mentaires ; 

2 Scorbut expérimental et propriétés alimentaires des végé- 
taux ; 

3° Le régime végélarien ; 

? Les aliments d’origine animale ; 

5° Les maladies imputables à un régime défectueux ou mala- 
dies par carence (« deficiency diseases »); 

6° La mère nourrice comme facteur de santé (safety : sûreté) 
dans la nutrition du nourrisson ; 

7° Considérations pratiques qui doivent guider dans l’éta- 
blissement du régime. 

Introduction aux légendes des graphiques. PONS 
Table. Gravures. 

L'ouvrage illustré du D' Mac Collum traite de questions 
d'une importance capitale. 

Il doit être lu par tous ceux qui ont pour mission de veiller 
à la santé des hommes et des bêtes. Les éleveurs, les médecins 
et les vétérinaires y trouveront des données scientifiques indis- 
pensables à la pratique de chaque jour. 

Il est à regretter qu'il n’existe pas de traduction française de 
ce livre ; la lecture en sera cependant aisée à tous ceux ayant 
quelques notions de langue anglaise. A. Mouquer. 


Le Gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. 


ee 


Calcutta (Inde). 


* Plante rustique. 


Acer Campbelli *. 
 — Hookeri, 
— hymalaicus. 


Æsculus punduana. . 
Alnus nepalensis. 
“Anemone rivularis *. 
nn — vitifolia **, 
“Ardisin involucrata. 
Artemisia parviflora *. 
“Astlilbe rivularis *. 
Beilschmiedia Gammieana. 
Betula utilis *. 
Buddleia asiatica. 
Campammaæza parviflora. 
Casearia Vareca. 
Cassia levigata. 
 —_  occidentalis. 
—  Tora.. 
Cautleya lutea. 
elastrus Championi. 
…. — paniculata. 
Clematis Gouriana. 
Commellina obliqua *. 
pénis longipes *. 
"Cotoneaster frigida *. 
otoneaster rotundifolia. *. 
"Crotalaria tetragona. 
ICryptolepis elegans. 


Desmodeum ti liæfolium *. 
Dicentra thalictrifolia *, 
ÆEdgeworthia Gardneri **. 
ÆElzæzocarpus sikkimensis. 
Briobothria petiolata. 

: die arborescens. — 
Zurya acuminata. 

Micus Hookeri. 

TFraxinus floribunda **. 


“Helwingia himalaica. 
ÆHepiapleurum impressum. 
ps = venulosum. 
Hydrangea robusta. 


Graines offertes par M. GAGE, 
» superintendant du Jardin royal 
- botanique de Darjeeling, à 


** Plante demi-rustique. 


Cinoglossum Wallichianum *. 


\Gaultheria nummularioides. 


re 


EN DISTRIBUTION 


Hypericum patulum **, 
— reptans *, 
— robusta. 
Ilex fragilis. 

— Insiqnis. 
Jasminum humile *, 
Ligustrum confusum *. 
Lobelia pyramidalis *. 


Magnolia Campelli *. 
Michelia Cathearti. 
Mucuna macrocarpa. 
Neillia thyrsiflora *. 
Notochæte hamosa *. 


Olea Gamblei. 
Osbeckia nutans. 


s 


Picea morinda *. 
Pieris ovalifolia *. 
Pitiosporum floribundum. 
Piptanthus nepalensis *. 
Plectranthus Stocks. 
Pogostemon parviflorus *. 
Pordna racemosa. 
Prunus acuminata *. 

-—  Puddum. 

—  nepalensis. 

Pratia montana. 


Quercus incana. 
—  Griffithi. 


Rhododendron arboreum. 
— ciliatum **. 


— cinnabarinum. 


= Dalhousiæ. 

— Falconeri. 
Rhododendron grande. 

— Maddeni. 
Rubia cordifolia. 
Sauranga nepalensis. 
Sauropus. albicans *. 
Saussurea deltoidea. 
Schima Wallichi. 
Senecio densiflorus. 

—  scandens*. 
Smilax aspericaulis. 
Solanum Khasianum. 

= nigrum. 

— verbasciflorum. 
Sonchus arvensis *, 
Styraz Hookeri. 
Swertia tongluensis. 
Symplocos theæfolia. 


Trachycarpus Martianus. 
Trichosanthus palmata. 
Tricholepis- furcata. 
Triumfelta rhomboidea. 
Tsuga Brussoniana, 
Urena lobata. 
Vaccinium coriaceum. 

— Dunalianum. 

— nummularia, 

— serralun. 
Viburnum erubescens *,. 
Vilis bracteolata. 
Zanthozylum acanthopodium. 

2° LISTE. 

Antlistrophe oxyantha. 
Aster himalaicus. 
Aucuba himalaica. 
Clematis nepalensis. 
Cynura nepalensis.: 
Dendrocalämus Hamiltoni. 
Eriobotrÿya Hookeriana. 


irichosanthes palmatu. … 


Moœsia chisia. 

Nyssa sessiliflora. 
Osbeckia. stellata. 
Oxalis corniculata. 
Rosa macrophylla. 
Rosa sericea. 

Rubus alpestris. 
Rubus cordifolius. 
Trachy-carpus excelsa. 


Graines envoyées par le Jardin 
botanique de Sydney (Australie). 


Andropogon cæruleus(Queensland 


blue grass). 


Dantonia semiannularis (Wal: 


laby or white sop grass). 


Bromus  ïinermis (Australian 


Brome grass). 
Tamworth Lucerne. 
Lucerne Hunter River. 
New Zealand Rye grass. 


New Zealand Bocksfoot grass. 


Sudangrass,. 


Graines offertes par M. BOIS 
Cucurbita melanosperma (Courge 


de Siam). 


Graines offertes par M. MOREL 


Dimorphoteca auriantiaca. 
Cytisus sempervirens. 


Hypericum Hookerianum **. 
19 " 


La OFFRES 
Vo yages touristiques et documentaires à 
«travers le Continent noir. 


Æxplorations scientifiques. — Récoltes entomo- 
ügiques. — Captures scientifiques en vue de 
Mintroduction en France et de l’acclimatation., — 
Bhasses au gros gibier (animaux non protégés). 
Dix-sept années de pratique en Afrique occiden- 
le, Afrique équatoriale et Centre africain. 
ire à M Geo Favarel, administrateur des 
onies à Brive (Corrèze), qui, au cours d'un 
congé, éventuellement sollicité, organiserait itiné- 
dire voyage en but mission, coopérerait travaux, 
rendrait activement part chasses, assumerait 
irection convois, etc. 


Tephrosia candida. 


Héliotrope géant var. Lemoine. 
S’adresser au Secrétariat. 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 


Vu excès nombre, réelle occasion. Étalon Orient - 
pour amélioration cheptel caprin. Ecrire Jennys 
Farm, Créteil (Seine). 


1-2 Daims 1919, 2 pleines ou échange contre 
Chèvre Murcie ou espèce à poil court. — Jeunes 
Mouflons à manchettes pour Mouflons de Corse. 
M. Jouffrault, Argenton-Château (Deux-Sèvres). 


* 
x x 


Lophophore &, co. Ho-ki, Swinhoé 6, Mélanote&, 
Nandou &, ayant couvé et élevé des jeunes. 

Deux & et quatreO Lamas, adultes. — M. de Sain- 
ville, Courhes-Vaux., par Saint-Germain-des-Prés 
(Loiret). 


_Sociétés commerciales, etc.). 


efforts, c'est contribuer au bien-être général et à la prospérité du pays. / 


SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE. 


RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE 


Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de concourir : - 
19 à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux . 
utiles et d'ornem nt; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races » 


. nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation 
_ de végélaux utiles ou d'ornement. 


Fe nombre des Membres de la Société est illimité : les Étran, ‘ et les Dames 
peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associativus, les Établis- 
sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, 


La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres, 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. ï 

Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une. 
cotisation annuelle de 25 francs. x 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s’affran- 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. o 

Le membre Donateur est celui qui verse une somme d'au moins 500 francs. 

Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d’au moins 1.000 francs; 
son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. k | 

Des formules d’ adhésion sont adressées sur demanile. 4 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo- 
riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. 

En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner. 
amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois 
des séances générales et aes séances de Sections : 1° Mammalogie; 2° Ornithologie et 
sa sous-section, Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4° Entomologie, 5° Botanique; 
et 6° Colonisation. 

Tous les membres peuvent assister à ces séances; les ordres du j jour des séances 
générales sont adressés sur demande. 

La Société encourage d’une manière toute ae les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d’ani- 
maux à ses membres. 

Elle publie le Bulletin de la Société Nationale d’Acclimatation de France 
et la Revue d'Histoire naturelle appliquée, illustrée de gravures. Ces publications 
traitent ‘es anestions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et 
particulierem : des faits d’acclimatation survenus en France et à l'Étranger. Elles 
donnent les renseignements les plus variés sur les animaux et les plantes utiles ou 
d'ornement d'introduction nouvelle. 

On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle :* 
installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction, etc., etc.w 

Ces publications sont adressées, gratuitement, à tous les membres de la Société.” 

) 


La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin-, 
téressé et ne sert aucun intérêt particulier; adhérer à ses statuts, l'aider dans sesw 


: 


Le Gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. 


BULLETIN 


DE LA 


DE FRANCE 


| LIRE _ 6% ANNÉE 


N° 2. — FÉVRIER 1920 


SOMMAIRE 


PAP ACTES DE PA SOCIÉTÉ D'ACGLIMATATION 2... à à à 20 5 à de 0 à vit. 404 0 de Qi 17 
UGS NPOISSONS 0. à. . . OT PS CR ANNE SR ANT ARE Pr 18 
Extraits des procès-verbaux des Séances de la Société : 


LEE PPrae =senérale dun 8inoyombro- 1919. 4.124. 24. à 2. sim. à desire 19 
ie = LEGER ECO D dete IO IC SR SES Re REA ET ER PR ren An PSS AE Ne 28. 


= À | Un numéro, 2 fr. 50 : — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. 


€ 


AU SIÈGE SOCIAL 
__ DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 
198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS !{ VII°). 


Des cartes annuelles d'entrée au Jardin d’Acclimatation, accompagnées de 
40 tickets, sont délivrées, au prix de 10 francs, aux membres de la Société, 
- dans nos bureaux. 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1920 


Président, M. Edmond Pernigr, Membre de l'Insutut et de l'Académie de Médecine, Professeur aw 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 4 
MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidherbe, 

Vice-Présidents. Saint-Mandé (Seine). 
Dr CnauveAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saïnt-Germain, Paris. 
Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 


MM.J. Crepin, 55, rue de Verueuil, Paris Er pre 
Secrétaires. Ce. DesreurL, 25, rue de Châteaudun, Paris ({ntérieur). 
J. Decacour, 98, rue de Madrid, Paris (Ætranger). 


Trésorier, M. le D' SkBILLOTTE, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire : M. P. DE CLERMONT. 


Membres du Conseil. 


MM. A. CBAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 

le Dr AcomALme, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, 
Paris. 

le D° P. MarcHAz, Membre de l'Institut, Professeur à l’Institut National Agronomique, 45, rue 
de Verrières, à Antony (Seine). . 1 

le Dr Leprincr, 62, rue de la l'our, Paris. ; 

MAILLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 

le Dr E. TrouzssarT, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Guvier, Paris. 

Lecomrte, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Écoles, Paris. 

P. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 

L. Roue, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 

G. FoucHER (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 

P. KEsINER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 

R. Le For, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1920 


Janvier | Février Mars Avril Mai |Novembre | Décembre 
Séances Du ConseiL, le mercredi à 4 h.| 44 A1 | 140 14 19 47 | 45 
Séances générales, le lundi à 3h. .. je L F “ DE # 


Sous-SEcTiOn d'Ornithologie (Ligue pour 
la Protection des oiseaux) les jeudis 
GT ARE RER EE Aa die PE AE 


= 
FO 
= 
©0 
= 
(Sr 

, 
D 
(=) 
mi 
= 
Le] 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront. 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. ; 


Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les. 
promesse qui désireraient l’entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 
fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d’être 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans ie Bulletin est interdite. 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION 


DÉJEUNER AMICAL 


Nous avons repris, cette année, nos traditions et le Déjeuner 
amical aura lieu le jeudi 26 février 1920, à midi et demi, au 
Buffet de la gare de Lyon. 


Fidèles au but d’iniérêt général de notre Société, nous avons 
voulu conserver à notre banquet annuel une portée plus 
grande que celle d’une agréable réunion d'amis et nous y pré- 
senterons, comme toujours, des mets nouveaux ou méconnus 
et des plats économiques. 

Nous espérons, malgré les difficultés des transports, faire 
déguster, après un Esturgeon à la broche, un curry de Maras 
ou Lièvres de Patagonie. Nous chercherons, ensuite, à détruire 
la calomnieuse et néfaste légende répandue contre la viande des 
Caprins, en donnant comme rôii, une Chèvre adulte. Puis viendra 
un pâté dit « Bourguignon », préparé d'après une méthode 
nouvelle, faisant de ce plat ur mets de haut goût, tout en lui 
conservant ses qualités de plat de ménage. 

C’est dans le même esprit que seront servis un entremets au 
sucre complet, puis des boissons économiques, agréables, 
saines et de préparation facile. 


Notre déjeuner, comme toujours, est réservé aux Membres 
de la Société et à leur femme. Nous souhaitons, cette année, 


nous trouver, encore plus nombreux qu’en 1919, autour de la 
table amicale. 


Prière de se faire inscrire avant le 20 février, dernier délai. 


BULL. SOC. NAT. FR. ACCL. 1920. — 2 


JULES POISSON 
(29 avril 1833-31 NOVEMBRE 1919) 


La longue existence du savant botaniste que nous avons eu 
la douleur de perdre fut celle d’un homme désintéressé, 
aimant passionnément la nature, à l'étude de laquelle il s'était 
donné tout entier. 

Entré, dés son enfance, en 1845, comme élève-jardinier au 
Muséum d'Histoire naturelle de Paris, il se fit remarquer par 
sa vive intelligence et ses aptitudes spéciales pour l’étude des 
plantes, aussi ne tarda-t-il pas à passer dans les services de la 
Botanique phanérogamique, s'élevant d’abord aux fonctions de 
préparateur, puis d’aide-naturaliste, et enfin à celles d assis- 
tant-professeur, à force de travail et d’étude. 

Il possédait à un très haut degré la connaissance des plantes, 
et sa réputation était si bien établie que l’on s’adressait à lui 
chaque fois qu’on se trouvait en présence d’une difficulté pour 
l'identification. Il s'était tout particulièrement attaché à l'étude 
des produits végétaux qu'il par venait à déterminer par l'examen 
de fragments aussi réduits et aussi informes qu'ils fussent. 
Aussi, le nombre des personnes qui avaient recours à ses 
lumières était-il considérable d'autant plus que son obligeance 
était sans limites. 

À juste titre, très apprécié dans le monde scientifique, il se 
vit dédier un bon nombre d’espèces nouvelles de plantes et le 
genre Porssonia, de la famille des Légumineuses, fut créé en 
son honneur par Baillon. 

Il fut nommé président ou vice-président de diverses Sociétés 
savantes, et les services qu'il rendit lui valurent de hautes dis- 
tinctions honorifiques, notamment l’attribution de la croix de 
la Légion d'honneur. | 

Comme botaniste on lui doit la description d'un bon nombre 
d'espèces et de genres nouveaux de Phanérogames et une excel- 
lente publication sur la famille des Casuarinées. 

Mais les questions de botanique appliquée ont toujours étéau 
nombre de celles qu'il affectionnait le plus. 

On peut s’en rendre compte par la grande quantité de 
mémoires quil a publiés dans les journaux spéciaux, notam- 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 149 


ment dans le « Bulletin de la Société nationale d’'Acclima- 
tation », la « Revue horticole », etc. 

Mais, à côté du savant, il y avait l’homme charmant, gai, 
spirituel, d’une bonté qui le faisait aimer de tous ceux qui 
l’approchaient el auxquels il prodiguait services et bons con- 
seils que sa grande expérience rendait précieux. 

Mais notre excelient et vénérable collègue eut la douleur pro- 
fonde de perdre un fils adoré, plein d'avenir; puis, les années 
de guerre sont venues à leur tour, agir sur sa santé, si parfaite 
jusque-là, qu’il ne paraissait pas avoir subi les atteintes de la 
vieillesse et qu’il était resté jeune de corps et d'esprit malgré 
son grand âge. 

Il disparaît en ayant conservé jusqu'à la fin toute sa lucidité, 
emportant avec lui les regrets de tous ses collègues de la 
Société d’Acclimatation qui furent aussi ses amis. 


D. Bors. 


EXTRAITS DES PROGES - VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 3 NOVEMBRE 1919 
Présidence de M. D. Boïs, Vice-Président de la Société. 


Conformément au Règlement, le procès-verbal de la der- 
nière séance générale de mai, ayant été adopté par le Conseil, 
il n’en est pas donné lecture. 

M. le Président souhaite la bienvenue à notre collègue 
M. Astley qui, de passage à Paris, assiste à la séance. 


DÉcës. 


M. le Président rend hommage à ceux de nos collègues 
décédés depuis la dernière séance de mai. 


M. Paul Chappellier est mort à quatre-vingt-dix-huit ans, 
dans sa propriété de la Commanderie (Loiret). Inscrit en 1871, 
il était presque le doyen des membres de la Société. Nous 
associons nos regrets bien sincères à ceux de ses petits-fils, 
nos collègues, MM. Albert et Louis Chappellier. 


20 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACGLIMATATION 


x 


M. E. Ferreira Cardoso, membre à vie depuis 1894, était 
moins connu parmi nous; mais amateur éclairé des choses de 
la Nature, il avait toujours voulu encourager notre action. 
Pour que sa participation se perpétue après lui, il lègue à la 
Société une somme de trois mille franes. Le Conseil, n'ayant pu 
se faire représenter à ses obsèques, a fait parvenir à sa veuve, 
Me E. Ferrira Cardoso, ses condoléances et ses sentiments de 
reconnaissance. 


Notre vice-président, le prince Pierre d’Arenberg, est mort 
des suites de la guerre, bien peu de mois après son frère, notre 
collègue Ernest d’Arenberg. M. l'abbé Foucher, délégué de la 
Société à Menetou-Salon (Cher), où eurent lieu les obsèques, a 
prononcé un discours sur sa tombe. Il ne comptait parmi nous 
que des amis, et sa mort, si prématurée, nous laisse une pro- 
fonde tristesse. 

Le professeur Robert Wurlz, inscrit depuis 1907, s’intéres- 
sait principalement aux questions de pisciculture pratique; 
ses conseils nous avaient été souvent très utiles; tous, nous 
regrettons vivement sa mort. 


Il y a quelques jours, nous avons appris le décès de M. Jules 
Develle, sénateur, ancien ministre, membre d'honneur de notre 
Société. | 

Nous trouvions toujours auprès de M. Develle, si averti dans 
toutes les questions agricoles, le plus bienveillant accueil et 
l'appui le plus précieux. Sa mort laissera parmi nous un vide 
difficile à combler. Notre vice-président, M. le sénateur Chau- 
veau, délégué par la Société, a transmis à M®° Develle nos sen- 
timents de respectueuses condoléances. 


Enfin, à cette trop longue liste, il nous faut encore ajouter le 
nom de notre collègue l'honorable Sir Robert Bacon, ancien 
ambassadeur des États-Unis à Paris, décédé à New-York. 


GÉNÉKALITÉS. 


Notre collègue, M. Maiden, directeur du Jardin Botanique de 
Sydney, nous informe que, dorénavant, l’importante publica- 
tion The Forest Flora of tne New South Walles sera adressée 
gracieusement à la Société. 


Notre collègue, M. Mégnin, nous a envoyé, pour la bibliothèque 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 21 


de la Société, un exemplaire de son nouveau livre : Les Chiens 
de France, soldats de la grande querre. 


MAMMALOGIE. 


En juin, M. Debreuil a trouvé, dans un même nid, quinze 
jeunes Souris; elles semblaient être de trois portées diffé- 
rentes, mais presque du même âge, puisque aucune ne voyait 
clair. S'il y avait trois mères, comme cela est vraisemblable, 
comment allaitaient-elles les petits; choisissaient-elles les 
leurs? En tous cas, elles devaient s'entendre fort bien ensemble 
et cette union devait être volontaire. 

M. Mailles explique que ces phalanstères souriquois se cons- 
tatent fréquemment chez les Souris en captivité. Les petits 
réunis dans le même nid tètent indifféremment toutes les 
mères. Mais la même constatation n'avait jamais encore été 
faite pour des Souris vivant à l'état sauvage. En règle géné- 
rale, conclut M. Mailles, c’est l'odorat seul qui établit le lien 
entre la mère et les petits. À ce propos, M. Mouquet fait remar- 
quer qu'un tout jeune animal a le sens olfactif suffisamment 
développé pour discerner un ami d’un ennemi. Darwin a rap- 
porté, dit-il, le cas d’un Chat nouveau-né qui salivait de colère 
à l'approche d’un Chien qu'il ne pouvait pas voir encore. 

Le Daily Mail a signalé que des Rats auraient été vus tra- 
versant des rues à Londres sur des fils téléphoniques. Un 
témoin pense que ces Rats doivent appartenir à l'espèce du Rat 
d'Alexandrie, réputé pour son agilité et dont le nombre s’ac- 
croît en ce moment. 

M. Le Fort remarque que ces promenades sur des fils sont 
tout à fait naturelles pour certains Rongeurs. Un Lérot peut 

parfaitement circuler sur un simple fil de fer n° 15. Le Rat 
d'Alexandrie du Daily Mail est le Rat noir (Mus raltus). 


ORNITHOLOGIE. 


Les Moineaux francs, dit M. Debreuil, ont été un peu plus 
nombreux cette année, dans ma région (Seine-et-Marne). Au 
moment de la moisson, j'en ai vu plusieurs bandes de 30 à 
40 individus sur les moyettes de Blé. Ils ont ensuite disparu et 
je n’ai revu qu’en octobre 5 ou 6 individus qui couchaient dans 
une touffe de Lilas, près d’une habitation. Je n'en avais pas 
remarqué autant depuis six ou sept ans. 

De son côté M. Gustave Rivière à fait une petite enquête en 


29 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACGCLIMATATION 


Seine-et-Oise sur la disparition des Moineaux. Dans la région 
parisienne, à Écouen, Argenteuil, la diminution est très 


notable. M. le comte Delamarre en Loir-et-Cher, M. Dode dans 


l'Allier, ont fait la même constatation. 

M. le baron de Guerne dit que cette diminution vient peut- 
être de l'augmentation des automobiles. 

M. Debreuil insiste sur ce fait qu'au moment de la moisson 
les Moineaux apparurent nombreux et qu'après la moisson ils 
disparurent à nouveau presque complètement. 

M. le comte Delamarre se demande s’il n'y aurait pas un 
parallélisme entre les migrations des Moineaux et l'apparition 
et la disparition de certains Insectes servant à la nourriture de 
leurs petits. 

M. Vayssière ne le croit pas, car au moment où nous consta- 
tons en France cette notable diminution du nombre des Moi- 
neaux, £elui des [Insectes croît sensiblement. 

La disparition est due peut-être, dit M. Chapellier, à une 
maladie épidémique atteignant les Moineaux. A l'appui de cette 
opinion, M. l'abbé Foucher rapporte qu'il a trouvé il y a 
quelque temps un Moineau mort dont le corps était couvert de 
pustules. 


M. Touchard écrit, de l'Indre, que cette année la ponte a été 
très médiocre et que presque tous les œufs étaient clairs. 
Cependant un couple de Demoiselles de Numidie (A. vwrgo) a 
élevé ses deux petits. C’est la première fois, depuis quarante 
ans que notre collègue possède de ces Oiseaux, que des jeunes 
sont nés: les œufs étaient toujours clairs. 


Une intéressante collection d'Oiseaux vivants de la Nouvelle- 
Guinée et des îles voisines vient d’arriver en Angleterre pour 
notre collègue le marquis de Tavistock. Il s’y trouve un exem- 
plaire très apprivoisé du Perroquet de Pesquet (Dasyptilus 
Pesqueti); une Perruche de Calthrop (Paleornis Calthropi); une 
Perruche royale de Sula; une paire de Perroquets à raquettes; 
trois Casoars à casque; des Gouras couronnés et de Victoria; 
des Pigeons de Nicobar, carpophages verts et couronnés 
rouges, quatre Petits Oiseaux de Paradis, un Calao, six Merles 
bronzés, une paire de Dyala (Capsichus), deux Oriolus æantho- 
notus et divers autres Oiseaux de grand intérêt. 


M. Albert Chappellier fait une communication sur le germe 
non fécondé (fig. I) et fécondé (tig. II) de l’œuf d'Oiseau, qu'il 


Le, stin 


pbs. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 23 


Fig. II. — Germe fécondé d'œuf de Cane. 


24 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


accompagne de nombreuses projections montrant des spé- 
cimens de développement parténogénétique d'œufs d'Oiseaux. 
Nous donnons ci-joint des photographies très caractéristiques 
dé germe fécondé et de germe non fécondé de Canards (1). 


Il est donné lecture d'uné communication de M.R. Lienhart, 
de la Faculté des sciences de Nancy, sur le sexe des œufs de 
Poule. Laissant de côté les délails de science pure, M. Lienhart 
résume les recherches qui l’ont amené à formuler le principe 
suivant : 

« En tenant comple de son poils, on peul reconnaître le sexe 
de l’œuf de Poule; et pour une race donnée et dans un élevage 
homogène, les œufs les plus lourds donnent des mâles, les œufs 
les moins lourds donnent des femelles. » 


M. le Président remercie M. Lienhart d'aider la Société 
dans sa campagne sur la nécessité de l’organisation scienti- 
fique des poulaillers. Il est temps que les éleveurs français 
renoncent à l’empirisme, s'ils ne veulent pas être distancés, 
pour toujours, par les étrangers. 


M. le Secrétaire général indique que des expériences de 
pesées, faites par lui, ont révélé que, dans les petits œufs 
comme dans les gros, le poids du jaune est toujours le même. 


À propos de la communication de M. Lienhart, M. Le Fort 
demande la parole. Notre collègue fait d'abord remarquer que 
les expériences sur le poids et le sexe des œufs sont très diffici- 
les. Il existe un système beaucoup plus simple : le pendule. Il est 
extrêmement facile de confectionner un pendule. Il suffit d’une 
boule de cuivre fixée sur une vis également de cuivre. Cette 
vis se trouve à l'extrémité d’une chaînetle d'acier non nickelé. 
Un appareil à été construit par un industriel avec quelques 
variantes, mais suivant les mêmes principes. À l’aide de ce 
pendule on est fixé facilement sur le sexe du germe contenu 
dans l'œuf. Pour opérer cette reconnaissance, il suffit de 
laisser la boule de cuivre pendre au bout de la chaîne au- 
dessus de l’œuf à inspecter; la main de l'opérateur servant de 
polence à la chaîne tombante. Si l'œuf contient un germe 
mâle, le pendule se met, au bout de quelques instants, à oscil- 


(1) Ces deux clichés ont été gracieusement prêtés par la Sociélé centrale 
des Chasseurs. 


EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DÉ LA SOCIÉTÉ 25 


ler à la facon du balancier d’une horloge. Si, au contraire, 
l'œuf contient un germe femelle, le pendule décrit un cercle 
dans l’espace, il tourne. M. Le Fort à fait de nombreuses expé- 
riences qui toutes, dit-il, sans aucune exception, ont élé cou- 
ronnées du succès le plus complet. Dans l’une d'elles, sept œufs 
étaient à expertiser. Le pendule donna trois douteux, deux 
Poules et deux Coqs. Les œufs furent mis en incubation et 
donnèrent naissance à quatre Poulets dont deux Poules et 
deux Cogqs ; les trois autres œufs étaient clairs. 

Notre collègue présente les deux sortes de pendules dont il 
parle : le pendule à boule de cuivre et l'appareil qui est dans 
le commerce. Il ajoute que non seulement pour les œufs, mais 
pour tout être vivant, le pendule indique le sexe. Ceci est du 
plus haut intérêt pour certains Oiseaux, les Colombidés, par 
exemple, chez lesquels il est à peu près impossible de discer- 
ner les sexes. 

Chez un humain, l'expérience peut être faite en plaçant le 
pendule au-dessus de la main d’une personne qui tiendrait ses 
doigts largement écartés. Dans ce cas, il est à remarquer un 
phénomène curieux (et l'expérience est faite immédiatement 
sur un de nos collègues), le pendule placé au-dessus du troi- 
sième doigt reste immobile. 

Le pendule peut servir également à la découverte des nappes 
d’eau souterraines. Il convient pourtant d’ajouter que toute 
personne ne peut se servir du pendule. Certains opérateurs, 
particulièrement peu doués, n’obtiennent aucun résultat, mais 
ceci est l'exception. 

Les explications et expériences de notre collègue sont sui- 
vies avec le plus vif intérêt par toute l'assistance. 


M: Astley signale un procédé similaire et beaucoup plus 
simple encore que celui employé par M. Le Fort. Il s’agit tou- 
jours du pendule, mais notre collègue a obtenu d’excellents 
résultats avec une simple aiguille suspendue à un fil de soie. 
L'’aiguille, comme la boule de cuivre, indique le sexe de l’ani- 
mal soumis à l'expérience. 

On peut aussi employer des ciseaux en acier à la place d’ai- 
guille. 

Là question si éminemment pratique de la distinction du 
sexe des œufs à meltre en incubation et leur faculté germina- 
tive serait donc tranchée, grâce à ces appareils; mais, malgré 


926 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


les expériences faites par nos collègues, il est bon de ne con- 
clure qu'avec prudence. De nouvelles observations conduites 
scientifiquement seront poursuivies et, d'ici là, nous devons 
nous montrer sceptiques. 


ENTOMOLOGIK. 


Il y a eu très peu d’Altises, cette année, en Seine-et-Marne et 
les Crucifères, ce qui est rare, se sont développées en toute 
sécurité. Les Choux, les Navets, le Cresson, les Capucines, etc., 
les Sanves mêmes (Sinapis arvensis) n'ont été qu'à peine 
attaqués. 

Cela provient, probablement, de ce que le commencement du 
printemps (avril) a été très humide; les beaux jours et la séche- 
resse ne sont venus qu'en mai. 

Les Galéruques de l’Orme se sont montrées en grand nombre 
et on peut craindre pour l’année prochaine des dégâts im- 
portants. 


M. Gustave Rivière ne se montre pas trop attristé du mal- 
heureux sort prédit aux Ormes. (C’est un arbre, dit-il, bien 
nuisible à la culture lorsqu'il borde les routes ; dans un péri- 
mètre de 50 mètres autour de sa base, le cultivateur ne peut 
rien récolter. 


Mais, fait remarquer M. le comte Delamarre, l'Orme est, 
parmi les feuillus, l’arbre qui donne les plus beaux sujets dans 
les terrains calcaires. D'ailleurs, conclut M. le Président, 
l’Orme noir d'Amérique résiste aux Galéruques et son acclima- 
tation en France est chose faite. 


Les Hannetons furent également nombreux ; chez M. De- 
breuil, des Sansonnets qui avaient leur nid dans des nichoirs 
artificiels en ont fait une grande consommation. . 


M. l’abbé Foucher a ramassé, le 26 octobre, vingt-neuf co- 
cons de Saturnia Cynthia, rue de Rennes. Ces cocons sont 
éclos le 28 octobre au lieu d’éclore en avril-mai, ou en août- 
septembre. 


M. Vayssière a également observé une deuxième génération, 
cette année, de la Mineuse des feuilles de Platane, à Fontaine- 
bleau, en septembre. Le Cher, le Rhône et le Loiret ont énor- 
mément souffert des Chenilles de ZLiparis chrysorrhæa ; M. Vays- 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 27 


sière en à vu jusqu à cent nids sur un seul Poirier de taille 
moyenne. 


À Troussay, en Loir-et-Cher, M. le comte Delamarre a con- 
staté cette année l'abondance relalive des Criocères de l’As- 
perge (C. Asparagi et C. duodecimpunctata) ; celle de la Galé- 
ruque de l'Orme (Galerucella ulmariensis); des larves de Cé- 
toine (Cetonia aurata); le petit nombre des Coupe-bourgeons 
(Rhynchites cœruleus), très abondants l'an dernier; l’abon- 
dance du Pique-bourgeons (Cephus compressus); la diminution 
du Puceron lanigère (Schisoneura lanigera) et l'infestation de 
certaines Vignes par la Cochenille (Lecanium persicæ); enfin, 
les nids caractéristiques du Liparis chrysorrhæa, et l'absence 
de la Mouche de l’Asperge (Platyparea pæœciloptera). 


BOTANIQUE. 


M. le Président présente une note très étudiée accom- 
pagnée de belles photographies sur le Souchet comestible, par 
M. Pieraerts. 


M. Debreuil a trouvé, à nouveau, cette année, des Pommes 
vitreuses dans sa récolte. Comme en 1917, la maladie a atteint 
la kReinette d'Angleterre et la Pomme à cidre de la variété 
Chandreville ; elle a été en outre remarquée sur le Grand 
Alexandre. 


Notre collègue M. Maiden nous a envoyé, pour mettre en 
distribution, des graines diverses dont certaines graines four- 
ragères. 


M. Mouquet fait une communication sur les Orchidées rus- 
tiques ; les études de notre collègue ont porté sur : 

1° Un petit nid d'Orchidées ; 

2° Les labelles de Cypripedium calceolus et d'Ophrys ; 

3° Certains phénomènes d’atrophie chez des fleurs d'Ophrys 
conservées dans l’eau. 


M. le comte Delamarre donne les résultats des semis et 
plantations des graines et plantes exotiques faites par lui en 
1919, à Troussay (Loir-et-Cher) : 

Haricots panachés. du Japon. — Semé premiers jours de 
mai, ont bien poussé et ont donné 287 grains. 

Haricots du Brésil. — Semé 1 litre premiers jours de juin, 


28 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


ont commencé à fleurir, mais peu, fin septembre ; ne sont pas 
arrivés à maturité. 

. Haricots du Chili. — Semé cinq grains, premiers jours de 
mai, ont poussé jusqu à 2"50 de hauteur environ; ont peu pro- 
duit, mais sont bien arrivés à maturité. Variété intéressante à 
suivre pour Conserver en grains. 

Pommes de terre de Ténériffe. — Papas nigras : Plantation 
23 avril en sol léger, fumé. Récolté 17 tubercules moyens et 
petits sur deux pieds. Papas palmeras : Récolté 63 tubercules 
moyens et petits sur trois pieds. 

Courge de Siam (Cucurbila melanosperma). — Semée pre- 
miers jours de mai. Récolté 15 Courges arrivées à maturilé. 

Courge musquée (C. moschata). — Récolté 24 Courges assez 
grosses. Ces Courges ont bien poussé, les temps humides sem- 
blant leur être favorables. 

Luffa cylindrica et acutanqula : Semé même époque 4 grai- 
nes, qui n'ont pas levé et semblent avoir pourri en terre. 


Le Secrétaire des séances adjoint, 
P. CREPIN. 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 17 NOVEMBRE 1919 


Présidence de M. D. Bois, vice-président de la Société. 
GÉNÉRALITÉS. 


M. Le président souhaite la bienvenue à M. Lewis Bonhote, 
le zoologiste connu, ancien secrétaire de l’Avicultural Maga- 
zine, et à notre collègue, M. le professeur Lignières, de Buenos 
Aires, présents à la séance. 


M. Clément, président de notre section d'Entomologie, a reçu 
la médaille de la Reconnaissance francaise avec la citation sui- 
vante : 

« M. Clément (Lucien-Armand), à Paris. Depuis le début des 
hostilités, a collaboré bénévolement au Laboratoire antityphique 
de l’armée, n'a cessé, malgré son grand âge, de Se dévouer avec 
un zèle inlassable aux täches les plus pénibles. A formé et 
surveillé un atelier de confection d'instruments (J. 0. du 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 29 


21 mai 1919). » M. le Président se fait l'interprète de tous nos 
collègues en adressant ses félicitations à M. Clément. 


Les maxima thermiques, dit M. Rivière, qui se sont produits 
en août dernier et désignés sous le nom de vague de chaleur, 
ont paru être extrêmes et considérés comme la cause de certains 
dégäts en agriculture. 

En réalité, si le thermomètre a marqué plusieurs fois + 62° 
au soleil dans le Midi, de tels chiffres ne sont pas des maxima 
inconnus en France, et, en ce qui me concerne, j'en observe 
souvent d'analogues dans le Jura à l’altitude de 600 mètres. 
Ainsi, au mois d'août dernier, j'ai enregistré beaucoup de 
maxima dépassant + 60° et dont les extrêmes étaient, à l’acti- 
nomètre, boule noire dans le vide, de + 66° à 143 heures dans 
les journées des 11, 12, 19 et 20 août, c’est-à-dire des chiffres 
égaux à ceux des violents sirocos d'Alger. 

Or, en France, ces maxima n'ont guère de signification en 
culture que par leur relation avec les chiffres extrèmes de la 
température à l'ombre, le degré hygrométrique de l'air et sur- 
tout la durée de ces phénomènes réunis. Ainsi, pendant que la 
température de l’air se maintenait à l'ombre à 28° ou 30°, l’ac- 
tinomètre marquait + 66°, mais le degré hygrométrique donné 
par les thermomètres secs et mouillés restait élevé et non 
raréfié, comme dans les temps de siroco en Algérie. Le 
véritable danger pour les végétaux réside surtout dans la durée 
de ces actions météoriques. 


Notre collègue, M. Louis Rousseau, nous envoie la recette 
suivante pour confectionner une boisson économique sans 
sucre : 

Faire bouillir 2 litres d’eau environ avec une petite poignée 
de chicorée, verser cette eau teintée dans unrécipient oùauraient 
été mis : 4 kilogramme de figues sèches, 500 grammes de rai- 
sins de Corinthe et une poignée de baies de Genièvre ; laisser 
refroidir, puis remplir d’eau ordinaire jusqu’à concurrence de 
95 litres ; ne pas boucher complètement, et au bout de 2 jours 
la boisson est buvable. Il est préférable de mettre en bouteille 
à ce moment; on obtient alors un véritable cidre mousseux 
d’une saveur très agréable. Cette boisson ne provoque aucun 
trouble d'estomac. En ce moment le litre revient à O fr. 10. 


M. Lhoëst, directeur de la Société royale de Zoologie d’An- 
vers, nous adresse un rapport sur le Jardin Zoologique d’An- 


30 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


vers, pendant la guerre. D’après un plan étudié à l’avance, les 
richesses zoologiques ont été méthodiquement sacrifiéessuivant 
les nécessités. Les Mammifères, qui étaient au nombre de 538 
en 1914, étaient réduits à 66 en 1919; les Oiseaux, de 5.062, 
n'étaient plus que 155 ; les Reptiles et Batraciens sont passés 
de 913 à 18 ; les Poissons et Mollusques de 3.579 à 23. 

Malgré ces pertes très graves et les difficultés les plus 
sérieuses, notre collègue ne désespère pas et il a la ferme con- 
viction que les installations seront restaurées et les collections 
reconstituées. 

Le 9 août dernier, le Jardin recevait un Okapi, le premier 
animal de cette espèce qui soit arrivé vivant en Europe. 


Au nom de la Société, M. le Président renouvelle à M. Lhoëst 
ses sentiments de sympathie et le félicite chaleureusement 
pour l'indomptable énergie qu’il a montrée pendant l’odieuse 
occupation et qui lui a permis de sauvegarder l'avenir du 
Jardin Zoologique d'Anvers, un des plus remarquables d’avant- 
guerre. — Le rapport de M. Lhoëst sera publié dans la Revue. 


MAMMALOGIE. 


Notre collègue, M. À. Chevalier, rapporte qu’une Tigresse tua, 
en Cochinchine, dans une seule expédition, 43 Brebis. C’est 
dire le fléau que constituent ces animaux. Et pourtant à Su- 
matra on vient d'interdire la chasse du Tigre. M. Chevalier 
nous en donne la raison: On cultive beaucoup à Sumatra 
l’Elæis, Palmier africain qui y est parfaitement acclimaté. Les 
fruits de ces arbres ont été tout à fait du goût des Sangliers de 
l'ile qui, ayant le vivre assuré, ont fait de la repopulation 
intensive. Leur pullulement est devenu tel, que les planteurs 
de Sumatra ont été bien heureux de voir les Tigres dévorer 
une partie de ces Sangliers. Diplomates consommés, ils ont 
pensé qu’il était d'excellente tactique de faire la paix avec les 
Tigres pour se débarrasser des Sangliers. Politique dangereuse 
pourtant, si les Tigres, ayant leur Sanglier quotidien, se 
déclarent, eux aussi, partisans des familles nombreuses. 
Comme quoi la culture des Palmiers peut être mortelle aux 
Hollandais. 

BOTANIQUE. 


M. le comte Delamarre nous envoie, pour mettre en distri- 
bution, des graines de Noyer noir d'Amérique (/uglans nigra). 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 94 


M. le D'Robertson-Prochowsky nous adresse une note sur 
une nouvelle variété naine du Putia capilata. 


M. le comte Delamarre fait une communication sur les 
effets de la chute de neige des 14 et 15 novembre 1919 dans 
l’'Arboretum de Cheverny et le parc de Troussay (Loir-et-Cher). 
Parmi les feuillus, les Chênes anciens qui possédaient encore 
leurs feuilles ont surtout souffert ; d'énormes branches brisées 
barraient les allées. Il en à été de même pour les vieux 
Charmes et les Hêtres. Les vieux Ormes ont un peu moins 
souffert. Dans les bois les baliveaux de la dernière coupe 
étaient courbés jusqu’à terre, certains ne se relèveront pas et 
devront être abattus. Parmi les résineux, les Sapins ont, en 
général, bien résisté. Les Abies pectinata, Douglasii, Engel- 
mani, Nordmaniana, concolor, cephalenica, picea, ont peu 
souffert, de même que les Cyprès : Cupressus Lawsoniana, 
funebris. Les Thuyas (gigantea, Lobbi) se sont bien comportés. 
Les vieux Cèdres du Liban ont eu de très grosses branches 
brisées et plusieurs, de toute beauté, sont très compromis. 
Les Cèdres (atlantica, atlantica glauca, pyramidalis) ont 
beaucoup mieux résisté à cause de leur port très différent ; 
remarque intéressante pour les amateurs de parcs et de beaux 
arbres. — Le poids de la neige était considérable sur les 
rameaux et les Cyprès chauves (7'axodium distychum), dont les 
branches sont peu flexibles, ont eu de nombreux et gros 
rameaux brisés. À signaler enfin la bonne résistance des 
Sequoia gigantea et sempervirens. 


M. Dode fait une importante communication sur les essais et 
résultats d'acclimatation de Végétaux ligneux faits et obtenus 
par lui dans le centre de la France. 


M. Chevalier fait une communication sur l’Acclimatation des 
végétaux en Normandie. 


M. Gustave Rivière constate que l'Etat seul pourrait organiser 
des tentatives d’acclimatation vraiment fructueuses. Actuelle- 
ment, ces expériences ne peuvent être faites que par Îles offices 
régionaux qui, trop souvent, n’ont pas la compétence nécessaire. 
En matière de pomologie, entre autres, notre pays est extrême- 
ment en retard. Des variétés nouvelles sont obtenues en Amé- 
rique. Le semis se fait en France, surtout au hasard. 


3% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


M. Chevalier signale dans l'Orne une tentative intéressante 
due à la générosité de M. Lautreuil. 


M. le Président cite aussi l'exemple du Puy-de-Dôme, où un 
syndicat de producteurs de Pommes s’est formé, qui contribue 
à faire la fortune de ses participants. Il serait très utile de faire 
connaître aux paysans de France les qualités des différentes 
variétés de Pommes. 


Le Secrétaire des séances adjoint, 


PIERRE CREPIN. 


ORDRES DU JOUR DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 


POUR LE MOIS DE FÉVRIER 1920. 
SÉANCES GÉNÉRALES 
Lundi ?, à 3 heures. — M. LE prRoresseur Route : Le Poisson- 
Chat dans la Carpiculture. 


— M. C. Rivière : Acclimatations anciennes. 


Lundi 16, à 3 heures. — M. A. GuizcaumiN : Les Plantes ornemen- 
tales de la Nouvelle-Calédonie (Projections). 


— M. M. Luc : Les Plantations de Malaisie et le Palmier à huile 
africain. 


— M. P. Crepin : Le Faisan Mikado-Elliot. 


Séance de section. 


Jeudi 12, à 3 heures. — Sous-secrion D'ORNITHOLOGIE : Ligue pour 
la Protection des Oiseaux. 


Tous les membres de la Société sont priès d'assister aux 
Séances générales, qui ont lieu deux fois par mois, au siège 
social, 198, boulevard Saint-Germain. 


Le Gérant : À: MARETHEUX. 


— —_——————————  — 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


sraines offertes par M. GAGE, 
superintendant du Jardin royal 

otanique de Darjeeling, à 
alcutta (Inde). 


* Plante rustique. 
** Plante demi-rustique. 


r Campbelli *. 
Hookeri. 
 hymalaicus. 
= lævigatum **. 
Actinidia strigosa. 
Æsculus punduana. 
Alnus nepalensis. 
Anemone rivularis *, 
…Ardisia involucrata. 
Artemisia parviflora *. 
tilbe rivularis *. - 
eulschmiedia Gammieana. 
Betula utilis *. 
Buddleia asiatica. 
Campammaæa parviflora. 
Casearia Vareca. 
Cassia lævigata. 
 —  occidentalis. 
— Tora. 
“Cautleya lutea. 
Celastrus Champion. 
Dlematis Gouriana. 
Commellina oblique *. 
“Cotoneaster frigida *. 
Crotalaria tetragona. 
Cryptolepis elegans.. 
Cynoglossum Wallichianum 
Desmodeum tilizfolium”. 
entra thalictrifolia *. 
geworthia Gardneri **, 
Ælzocarpus sikkimensis. 
Æriobothria petiolata. 
Ærythrina arborescens. 
rya acuminata. 
icus Hookeri. 
azinus floribunda **. 
aultheria nummularioides. 
Helhwingia himalaica. 
Æeptapleurum impressum. 
Es — venulosum. 
ydrangea robusta. 
Hypericum Hookerianum 


x 


*k 
. 


Re ee 


— réptans *. 
_ robusta. 
Ilex fragilis. 
— insignis. 
Jasminum humile *, 


Ligustrum confusum *. 
Lobeha pyramidalis *. 
Magnolia Campbelli *. 
Michelia Cathearti. 
Mucuna macrocarpa. 


Neillia thyrsiflora *. 


Olea Gamblei. 
Osbeckia nutans. 


Picea morinda *.. 
Pieris ovalifolia #. 
Pittosporum floribundum. 
Piptanthus nepalensis *. 
Pogostemon parviflorus *. 
Porana racemosa. 
Prunus acuminata *. 

—  Puddum. 

—  nepalensis. 
Praiia montana. 


Quercus incana. 
—  Griffithii. 


Rhododendron cinnabarinum. 


— Dalhousiæ. 

— Falconerti. 
Rhododendron grande. 

— Maddeni. 
Rubia cordifolia. 


Sauranga nepalensis. 
Sauropus albicans *. 
Saussurea deltoidea. 
Schima Wallichi. 
Senecio scandens *. 
Smilax aspericaulis. 
Solanum Khasianum. 

= nigrum 

— verbasciflorum. 
Sonchus arvensis *. 
Styraz Hookeri. 
Swertia tongluensis. 
Symplecos theæfolia. 


Tephrosia candida. 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 


Vu excès nombre, réelle occasion. Étalon Orient 


EN DISTRIBUTION 


Hypericum patulum **. ., 


. Clematis nepalensis. 


 Zrichosanthes palmata. 


Trachycarpus Martianus. 
Trichosanthus valmata. 
Tricholepis furcala. 
Triumfelta rhomboidea. 
Tsuga Brussonian«. 
Urena lobata. 

Vaccinium Dunalianum. 


Viburnum erubescens *. 
Vitis bracteolata. 


Zanthozylum acanthopodium. 
2° LISTE. 


Aster himalaicus. 
Aucuba himalaica. 


Cynura nepalensis. 
Dendrocalamus Hamilloni. 
Eriobotrya Hookeriana. 


Mo&sia chisia. 

Nyssa sessiliflora. 
Osbechkia. stellata. 
Ozxalis corniculata. 
Rosa macrophylla. 
Rosa sericea. 
Trachy-carpus excelsa. 


Graines envoyées par le Jardin 
botanique de Sydney (Australie). 


Dantonia semiannularis (Wal- 
laby or white sop grass). 

Bromus inermis (Australian 
Brome grass). 

New Zealand Rye graés. 

New Zealand Bocksfoot grass. 

Sudangrass. 


Graines offertes par M. BOIS 
Cucurbita melanosperma (Courge 
de Siam). 
Graines offertes par M. MOREL 


Dimorphoteca auriantiaca. ; 

Cytisus sempervirens. € Re 
Héliotrope géant var. Lemoine. 
Polygonum Baldschuanicum. 


Graines. offertes par M. PIÉ- 
DALLU. | 


Sorgho hâtif de Minnesota. 


S'adresser au Secrétariat. 


OFFRES 


yages touristiques et documentaires à 
“travers le Continent noir. 


“Explorations scientifiques. — Récoltes entomo- 
ügiques. — Captures scientifiques en vue de 
introduction en France et de l’acclimatation. — 
“Cnasses au gros gibier (animaux non protégés). 
…Dix-sept années de pratique en Afrique occiden- 
le, Afrique équatoriale et (Centre africain. 
ire à M Geo Favarel, administrateur des 
onies à Brive (Corrèze), qui, au cours d’un 
gé, éventuellement sollicité, organiserait itiné- 
e voyage en but mission, coopérerait travaux, 
drait activement part chasses, assumerait 
ireéction convois, etc. 


pour amélioration cheptel caprin. Ecrire Jenny’s 
Farm, Créteil (Seine). 


#  * 
1-2 Daims 1919, 2 y pleines ou échange contre 
Chèvre Murcie ou espèce à poil court. — Jeunes 


Mouflons à manchettes pour Moufions de Corse. 
M. Jouffrault, Argenton-Château (Deux-Sèvres). 


* 
+ * 


Lophophore &, co. Ho-ki, Swinhoé &, Mélanote&, 
Nandou &, ayant couvé et élevé des jeunes. 

Deux à et quatreQ Lamas, adultes. — M.'de Sain- 
ville, Courbes-Vaux, par Saint-Germain-des-Prés 


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gendre, 25, rue de La Condamine, Paris. 


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SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 


RECONNUE D’'UTILITÉ PUBLIQUE 


Le but de la Société Nationale d’'Acclimatation de France est de concourir :| 
10 à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux | 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races k 
nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation | 
de végétaux utiles ou d'ornement. ÿ 

Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Étrangers et les Dames | 
peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les es | 


sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, k 


Sociétés commerciales, etc.). Ne 
La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres 

Donateurs, membres Bienfaiteurs. ; s 
Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une ' 

cotisation annuelle de 25 francs. æ 


Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et quis 'affran- 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 
Le membre Donateur est celui qui verse une somme d’au moins 500 francs. 
Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d’au moins 1.000 francs; . 
son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. ( 
Des formules d'adhésion sont adressées sur demande. EI 
La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 
Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo-. 
riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. 
En ouire de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner 
amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois 
des séances générales et aes séances de Sections : 1° Mammalogie; 2° Ornithologie et. 
sa sous-section, Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4° Entomologie ; 5° Botanique ; 
et 6° Colonisation. 1 
Tous les membres peuvent assister à ces séances ; les ordres du jour des séances 
générales sont adressés sur deman e. 
La Société encourage d’une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d’ani- 
maux à ses membres. È 
Elle publie le Bulletin de la Société Nationale d’Acclimatation de France 
et la Revue d'Histoire naturelle appliquée, illustrée de gravures. Ces publications. 
traitent des questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et 
particulièrement des faits d’acclimatation survenus en France et à l’Étranger. Elles” 
donnent les renseignements les plus variés sur les animaux et les plantes utiles ou 
d'ornement d'introduction nouvelle. ë 
On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle :. 
installation, éducation des animaux, cullure des plantes, usages, introduction, etc., etc. 
Le Bulletin est adressé gratuitement à tous les membres de la Société. 4 


* 
X x 


? 


La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin- 
téressé et ne sert aucun intérêt particulier; adhérer à ses statuts, l'aider dans sesh 
efforts, ( ‘est contribuer au bien-être général et à la prospérité du pays. 


Le Gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


D BULLETIN © 


aciété Nationale d'Acelimatation 


67% ANNÉE 


N° 3. — MARS 1920 


SOMMAIRE 
À Liste supplémentaire des membres de la Société . . . . . NES CE AN AINEN te OAI 3 
d'A, BEAUDUIN. — Intelligence de l'Ours brun . . . . . . . . . . . . . . ......... 3% 
—_ E. Cravane. — L'Ansérine amarante dans la Haute-Saône. . . . . . . . MMA VO Ere 36 
1 : Les Be Hebonstonenontanuxs Miats- Unis mener NUE US CNE TT CR EOEE 38 à 
Extraits des procès-verbaux des Séances de la Société 
HHÉERTE Pénéralmidnidécembre 1919002) NEA ENS ENS EE AE RES 39 
D norProenéraleidunardecempre 1919224. 4:00 28 ns en 40 
a brule ct puits divers 2 EN: PR) ET VEN NN LRU. 46 


7 _ Un numéro, 2 fr. 50 : — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. 


k AU SIÈGE SOCIAL 
à DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACÉLIMATATION DE FRANCE 
198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VII°). 
Des cartes annuelles d'entrée au Jardin d’Acclimatation, accompagnées de 


O tickets, sont délivrées, au prix de 10 francs, aux membres de la Société, 
ns nos bureaux. 


$ BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1920 


Président, M. Edmond Perrier, Membre de l’Institut et de l'Académie /de HbacIne, Prsfesaons 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 
MM. D. Bois, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidhorbell 
Vice-Présidents. Saint-Mandé (Seine). 4 
Dr GaauvEAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint-Germain, Far 

Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 
MM.J. CrePIN, 55, rue de Verueuil, Paris (Annee, 


Secrétaires. Ca. DrsReutr, 25, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). 
J. DecAcour, 28, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 


Trésorier, M. le D' SkgiLLorrk, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire : M. P. DE CLERMONT. 


Membres du Conseil. 


MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. : 
le D' AcHALME, Directeur du Laboratoire colonial] du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, 
Paris. 
le D' P. MARCHAL, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 45, rue 
de Verrières, à Antony (Seine). 
le D° LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. 
MAïLLES, rue de l' Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 
le Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. È 
LecouTre, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Écoles, Paris 
\ P. CARItÉ, 40, boulevard de Courcelles; Paris. 
5 L. ROULE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 
G. FoucxEr (l'abbé), 24, rue Cassetle, Paris. 
P. KesrNeRr, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 
R. Le Forr, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


r, 


Dates’ des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1920 


Janvier | Février À Mars | Awil | Mi co Décenbre (| 
SÉANCES DU CONSEIL, le mercredi à 4 h.| 14 11 | .10 14 19 17 


————— | ———— | — | —— | —_—— |__| ——_——— 


Séances générales, le lundi à 3h. . .} 49 LEE 96 31 929 


: Sous-SEcrion d'Ornilhologie (Lique pour 
la Protection des oiseaux) les jeudis 
Ia sn. : 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. D: 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer. MM. les Membres de la Société et les 
personnes qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 
Société, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. ] 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 
fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin CE d être 2 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part, 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises \ 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. ; 


Le reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur 
des articles publiés dans le Bulletin: est interdite, ., 


LISTE SUPPLÉMENTAIRE 
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTE 


ADMIS PAR LE CONSEIL 


DANS LA SÉANCE DU 10 pÉcEMBRE 1919 


MM: 

Le Prévosr DE LA MOISSONNIÈRE, propriétaire, château de Can- 
teleu (Seine-Inférieure)\, membre titulaire, présentée par 
MM. Delacour, Boullet et Perrier. 

DE Bauncourr {vicomtesse Geneviève), 31, boulevard La 
Tour-Maubourg, à Paris (VII® arr.), membre titulaire, pré- 
sentée par MM. Sebillotte, J. Crepiu et Ch. Debreuil. 

MM. 

Darrasse (Maxime), château d’Acon, par Tillières-sur-Avre 
(Eure), membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, 
M. Loyer et Ch. Debreuil. 

DerLesseLre (Albert-Constant), planteur à Mahina, île de Tahiti 
(Établissements français de l'Océanie), membre à vie, pré- 
senté par MM. Gallois, M. Loyer et E. Perrier. 

Mercier (Francis-Auguste-Tremayne), officier de cavalerie, 
6, rue Marcel-Renault, à Paris (XVII arr.), membre litulaire, 
présenté par MM. E. Perrier, M. Loyer et Ch. Debreuil. 

CHAVANNE DE Darmassy (Emmanuel), chef d’escadrons de ca- 
valerie en retraite, 8, rue de Greffulhe, à Paris (VIII® arr.), 
membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, Ch. Debreuil 
et l'abbé Foucher. 

TRAYVELLA, oOiselier, 2 fer, quai de la Mégisserie, à Paris 
(I arr.), membre titulaire, présenté par MM. Delacour, 
E. Perrier et Ch. Debreuil. 

DuuieniEr (Gabriel-Georges-Joseph), agriculteur et étudiant 
en droit, à Saint-Gérand-le-Puy (Allier), membre à vie, pré- 
senté par MM. E. Perrier, J. Dulignier et M. Loyer. 

Leco (Hippolyte), 4, rue du Maréchal-Harispe, à Paris 
(VII: arr.), membre litulaire, présenté par MM. Ch. Rivière, 
G. Rivière et J. de Guerne, 


BULL. SOC. NAT, ACCL, FR. 1920. — 3 


INTELLIGENCE DE L'OURS BRUN 


Par A. BEAUDUIN, 


Architecte ordinaire du Muséum d'Histoire naturelle. 


Au Muséum d'Histoire naturelle, au cours des inondations 
de janvier 1910 il a été remarqué une manœuvre d’un Ours 
brun (parqué dans la fosse du milieu en compagnie de 
2 femelles), qui indique chez cet animal un enchaînement de 
raisonnements intéressant à noter : 

Voici les faits : 

Quand, au cours des saisons précédentes, un fort orage ou 
quelque grande pluie amenait au point bas de la fosse en ques- 
tion une quantité d’eau considérable, la gargouille d'écoulement, 
unique pour les trois fosses, se trouvait quelquefois engorgée 
par les détritus que la pluie charriait dans les caniveaux. 

L'eau, alors, s'accumulait d’abord contre le mur sud-ouest 
de la fosse où est percée ladite gargouille, puis gagnait une 
assez grande surface, en suivant les pentes sur le sol pavé de 
la fosse. 

L'Ours trouvait d’abord cette mare très amusante et y bar- 
botait consciencieusement ; puis, quand le jeu avait assez duré, 
il venait, les pattes dans l’eau, dégager la grille avec ses griffes 
et rétablir l'écoulement. 

Quand, en janvier 1910, il vit son domaine envahi par l’eau, 
qui, cette fois venait de la Seine par l'égout où la gargouille se 
jette, l'Ours sembla d'abord ne pas faire la différence de ce 
cas nouveau, et nous le vimes à différentes reprises chercher 
dans l’eau, dont le niveau s'élevait rapidement, à répéter la 
manœuvre habituelle. 

Pourtant ses facons indiquaient une certaine perplexité. 

A ce moment, pour permettre aux pensionnaires de cette 
fosse de trouver un coin au-dessus de l’inondation qui avait 
gagné toute l'étendue du pavage, il fut jeté dans l'angle nord- 
ouest de la fosse trois ou quatre tombereaux de pierres pour 
former un tertre dépassant le niveau de l’eau. 

Or, l’Ours, après être venu reconnaître la nature de ces 
matériaux, se mit à emporter une à une dans ses bras quelques 
grosses pierres vers l'endroit où la gargouille aboutit. 

Il essaya avec ces pierres de constituer un barrage contre 


L'ANSÉRINE AMARANTE DANS LA HAUTE-SAONE a) 


l'inondation, prouvant, par cetle lentative, qu'il avait compris 
que cette fois l’eau venait par la gargouille. 

A ce moment le matériel amené pour encager et sortir les 
animaux étant prêt, la fosse put être évacuée et les Ours mis 
en süreté. 

Il fut constaté, après la baisse des eaux, que, pour la construe- 
tion de son barrage, l'Ours avait transporté une vingtaine de 
pierres pesant de 10 à 20 kilogrammes chacune. 


L'ANSÉRINE AMARANTE DANS LA HAUTE-SAONE 
Par E. CHAVANE. 


Quelques graines m'avaient été remises en mars 1919 par la 
Société : elles furent semées le 12 avril suivant dans 4 grands 
pots à fleurs remplis de lerreau et placés dans une écurie der- 
riére un vitrage exposé au midi (faute d'une serre). Le semis 
n'avait pas été fait sur couche, parce que celle-ci avait été 
ravagée deux fois par des Rongeurs inconnus et une autre fois 
bouleversée par des Taupes. Dès que les jeunes plants eurent 
atteints une quinzaine de centimètres, ils furent mis en place, 
en pleine terre, à intervalles de 080 à 1 mètre les uns des 
autres, et entre eux on repiqua des Laitues et des Choux. La 
terre, bien fumée, était forte et se sécha vite. Les plants pous- 
sèrent rapidement d'abord, puis marquèrent un temps d’arrêt, 
faute, je crois, d’un arrosage suffisant. Au commencement de 
juillet, ils atteignaient à peine 080 et ne pouvaient encore 
fournir des feuilles en quantité suffisante; mais, dès qu’à ce 
moment on leur eût donné de l’eau en abondance, celles-ci, 
jusque-là petites, augmentèrent rapidement et les tiges prirent 
beaucoup de force et s’élevèrent jusqu'à 1"70. De fin juillet 
jusqu’au 15 novembre, on put en cueillir abondamment, leur 
qualité restant la même. Il n’y eut à tuteurer aucun pied, et 
cependant, le 28 août, la plantation subit un orage de grêle 
d’une violence inouïe : les feuilles seules furent coupées, arra- 
chées. 

Il'est à remarquer qu'un certain nombre de plants, dont la 
tête avait été pincée ou brisée par accident, se ramifièrent, 
formant touffe, et donnèrent plus que les tiges restées indemnes 


30 BULLETIN LE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


et chez lesquelles les branches latérales étaient beaucoup moins 
développées. Il semble que si on généralisait cetle facon de 
traiter les plants — quand ils ont de 60 à 75 centimètres au 
maximum — on aurait l'avantage de diminuer un peu l’arro- 
sage, la plante très fournie ne permettant pas au soleil de des- 
sécher autant la terre. 

Une autre remarque : quelques plants, repiqués dans du 
terreau, prirent un développement intense, atteignant plus de 
2 mètres de haut et fournissant quantité de grosses branches : 
ce qui semblerait indiquer qu’une terre légère convient mieux 
à l’Ansérine que la terre forte dans laquelle J'avais dû, faute 
d'autre, la planter. 

Jusqu'au 20 octobre la température resta très douce, maigré 
quelques gelées blanches et des brouillards froids le matin; 
mais de la fin d'octobre au 15 novembre il y eut un froid vif, 
des chutes de neiges abondantes auxquels l’Ansérine résista. 
Elle ne se flétrit et ne devint inutilisable qu'après de fortes 
gelées (deux jours notamment à — %°). 

Le semis avait si bien réussi que j'avais pu donner à un jar- 
dinier voisin un bon nombre de jeunes plants; quoique la 
terre et l'exposition fussent différentes, les résultats chez lui 
furent sensiblement les mêmes que chez moi. 


En résumé, l’Ansérine amarante est de culture facile, pro- 
duit très abondamment et longtemps, elle résiste bien au froid. 
C'est donc pour l'été, où les Épinards montent de suite; un 
précieux légume. Toutefois, malgré que les tiges fussent 
chargées de graines, celles-ci étaient, au 15 novembre, loin d'être 
müres et ne purent être récoltées. Mais en pays plus chauds ou 
plantées beaucoup plus tôt, il doit en être autrement. 

À mon goût, l’Ansérine, qui fond beaucoup moins à la cuis- 
son que l'Épinard et la Tétragone et par conséquent fournit 
plus, est moins fine que ceux-ci; c’est cependant un agréable 
légume, mais qui, un peu sec naturellement, nécessite beau- 
coup de beurre pour être moelleux. Pour éviter la dépense de 
cette denrée si chère actuellement et. à cerlains moments et 
dans certains pays, si rare, il suffit d’incorporer à l’Ansérine, 
cuite à grande eau, hachée, puis passée, un peu de béchamel 
ou sauce blanche, 


LES BOIS DE CONSTRUCTION AÛX ÉTATS-UNIS 


En 1914-1915, une importante enquêle a été conduite sur 
l'industrie des bois de construction aux États-Unis par le ser- 
vice forestier du Ministère de l’Agricullure, en coopéralion 
avec le Bureau des corporations et la Commission fédérale de 
commerce et avec l’aide du Bureau du commerce national et 
étranger. Douze brochures ont été publiées, traitant des forêts 
américaines et de leur utilisation commerciale. 

Paru en 1917, le premier rapport nous à été communiqué 
par notre collègue M. Du Pont qui, avec raison, a pensé que 
nous pourrions y trouver d'utiles enseignements. Sur la pré- 
sentation de cette brochure de 100 pages nous n'insisterons 
pas, les bureaux américains nous ayant, depuis longtemps, 
habitués à un travail conduit et achevé dans le sens des réali- 
sations pratiques. 

Le fait qui doit dominer pour nous est l’encouragement 
donné à l'exportation. Il y a là une concurrence possible à nos 
bois indigènes et celoniaux, concurrence à redouter à cause 
des ressources et des moyens qu'elle mettrait en aclion. 

Les forêts des États-Unis couvrent une surface énorme et 
l'estimation officielle donne, pour le bois d'œuvre sur pied, un 
volume d'environ 109 milliards de mètres cubes. Il est abattu, 
chaque année, près de 1 milliard et demi de mètres cubes. En 
1909, 49.000 scieries actives employaient 900.000 ouvriers et le 
roulement de fonds atteignit 11 milliards 500 millions. 

L'emploi de nouveaux matériaux, l’accroissement des villes 
et des agglomérations, d’autres causes encore, toutes liées aux 
progrès industriels et à l'amélioration des conditions d’exis- 
tence, ont abaissé dans une large mesure, le volume de bois 
consommé par tête d'habitant aux États-Unis. Les prix de 
vente au détail relevés, de 1895 à 19145, dans des communes du 
Minnesota montrent un accroissement rapide jusqu'en 1907, 
où le maximum est atteint: une baisse s'amorce ensuite avec 
des fluctuations, mais paraissant s’accentuer en 1915, dernière 
année relevée. La consommation nationale de bois de cons- 
truction a diminué d’un quart depuis 1906. 

D'une année à l’autre, la demande est sujette à de brusques 
et très importantes variations. Les chemins de fer, par exemple, 
parmi des plus gros consommateurs, prélèveront 15 p. 100 de 


38 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


l'abatage total pour ne plus prendre plus que 5 p. 100 l’année 
suivante. 

Dans toutes ces causes, le commerce des bois de construction 
aux États-Unis manque encore d’une stabilité que lui apporte- 
ra une meilleure entente entre le producteur d'arbres et l’in- 
dustrie. L'abatage ne suit pas toujours la demande du débit, 
d’où gaspillage d'arbres tombés. Le reboisement des surfaces 
dégarnies est mal conduit et laisse plus de 40 millions d’hec- 
tares à peu près improductifs. 

A tout ceci, les bureaux cherchent et indiquent les remèdes; 
nous pouvons être assurés qu'ils en poursuivront énergique- 
ment l’application. C’est pourquoi nous devons nous attendre à 
. une forte importation américaine de bois de construction, car 
l'exportation est envisagée et préconisée comme devant être le 
meilleur agent compensateur destiné à contrebalancer les 
irrégularités locales qui se font trop vivement sentir. 


EXTRAITS DES PROGHS -VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÈTÉ 


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 15 DÉCEMBRE 1919 


Présidence de M. .J. de Guerne, 
Vice-Président honoraire de la Société. 


M. le Président informe l’Assemblée que le Conseil, dans sa 
séance du 12 novembre 1919, après avoir examiné la situation 
créée par la guerre, au point de vue de l'administration de la 
Société, ayant constaté que des élections générales ont déjà eu 
lieu en 1919, propose qu'il ne soit pas procédé à de nouvelles 
élections cette année, que les nominations faites en 1919 
soient valables pour l’an prochain et que la date régulière des 
élections soit reprise en 1920. 


M. le comte Delamarre demande la prorogation des pouvoirs 
des membres sortants jusqu'aux prochaines élections. 

Dans ces conditions, l’Assemblée générale, prenant en con- 
sidération les perturbations apportées par la guerre dans 
l’admiaistration de la Société, renouvelle par acclamation 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 99 


les pouvoirs des membres sortants jusqu'aux prochaines 
élections, qui devront avoir lieu à leur date régulière en 1920. 


M. le Trésorier présente la situation financière à ce jour. 

Les dépenses ont été considérablement augmentées par la 
hausse du coût de la vie et principalement par les prix extré- 
mement élevés des frais de publications. Le prix des cotisa- 
tions, qui est la principale ressource normale, n’ayant pas été 
augmenté, l'équilibre du budget n’a été obtenu que grâce à 
des recettes extraordinaires, provenant, en grande partie, de 
dons volontaires. 

Les comptes du Tréscrier sont approuvés, ainsi que le projet 
du budget pour 1920, qui lui aussi, pour s'équilibrer, devra, si 
les mesures envisagées pour la modification des publications 
ne donnent pas ce qui est prévu, avoir recours à des recettes 
extraordinaires. 


L'Assemblée approuve les décisions du Conseil qui ont 
modifié les publications. Ces modifications seront annoncées 
dans le Bulletin de décembre 1919. 


M. le Président informe l’Assemblée que le Conseil, dans sa 
séance du 12 novembre dernier, a décidé qu'il n’y aurait pas 
de Distribution de Récompenses en 1920, la dernière distribu- 
lion ayant eu lieu en mai 1919, et que les dates habituelles des 
Séances solennelles seraient reprises à partir de 4921. 


Par contre le Déjeuner amical aura lieu à la fin de février 
1920. 


M. le Président donne lecture de la liste des membres nom- 
més par le Conseil aux divers Commissions et aux Bureaux des 
Sections. Cetle liste paraîtra dans le Bulletin de janvier 1920. 


Enfin les dates et heures des Séances générales et de la 
Sous-Section d'Ornithologie, pour 1920, sont indiquées. 


Sur la proposition du Conseil, l’Assemblée générale décerne 
le titre de Membre honoraire de la Société à M. R. Chalmers 
Mitchell, secrétaire de la Société zoologique de Londres, direc- 
teur du Jardin zoologique de Regent's Park. 


Avant de lever la séance, M. le Président, au nom de l’As- 
semblée, adresse à M. Jean Delacour, qui prend à sa charge les 
frais d'un des fascicules de la Revue, ses félicitations et ses 


7/0) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


remerciements pour le concours si dévoué et si généreux qu'il 
apporte à la Société. 


Le Secrélaire du Conseil, secrélaire de la séance, 


G. Foucner. 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 15 DÉCEMBRE 1919 


Présidence de M. J. de Guerne, 
Vice-Président honoraire de la Société. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 
GÉNÉRALITÉS. 


M. C. Toulouse, directeur de l’École Paul-Bert, de Millau, 
adresse un important relevé de « Proverbes, Pensées et 
Maximés, concernant les Animaux de la Ferme ». 

M. Toulouse qui a déjà publié des proverbes concernant les 
travaux des champs, la prévision du temps, les récoltes, ete., 
pense justement, qu'il convient de ne pas laisser perdre les 
savoureux dictons de nos aïeux. 

La place nous manque pour faire paraître le travail de 
M. Toulouse, mais nous le tenons à la disposition de nos col- 
lègues. 


Notre collègue, M. le capitaine Tamisier, de la mission Peilé, 
à Prague, nous écrit que tout son dévouement est acquis à la 
Société. Si certains de nos collègues désiraient éclaircir quel- 
ques points sur la faune et la flore de la Moravie et de la Silé- 
sie, ils trouveront dans M. Tamisier un très aimable corres- 
pondant. 


MAMMALOGIE. 


M. le D: Pellegrin dépose sur le bureau un ouvrage faisant 
partie de l'Encyclopédie scientifique, éditée par O. Doin, inti- 
tulé : « Les Équidés domestiques (le Cheval, l'Ane, le Mulet) » 
par À. Gallier, vétérinaire de la ville de Caen. 


ORNITHOLOGIE — AVICULTURE. 


M. Salvador Castello, l’aviculteur espagnol connu, nous 
informe qu'une nouvelle race de Poules lui à été signalée 
dans la région de l’Araucanie, au sud du Chili. Des Indiens 


CU, I 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 41 


élèveraient là des Poules de petite taille caractérisées par des 
sortes de boucles d'oreilles, de pendeloques de plumes tombant 
de chaque côté de la tête. M. Castello espère, prochainement, 
faire venir un cerlain nombre de ces Poules dont il possède 
des photographies. 


M. Debreuil offre deux œufs frais d'Emeu pondus à Melun; 
ces œufs sont tirés au sort par les membres de la Société 
assistant à la séance. 


Notre collègue présente ensuite, vivante, une femelle de 
Faisan doré qui a pris, en une seule mue, cet été, la parure du 
mâle. À cette occasion, M. Debreuil rappelle que les anciens 
avaient déjà remarqué de semblables anomalies et qu'il existe 
une nombreuse bibliographie sur des cas analogues. 

Le wirilisme et le gynomorphisme, que l'on attribue à des 
modifications des glandes génitales, se rencontrent, également, 
chez les Mammifères, les Poissons, les Crustacés; on en 
remarque des cas, relativement fréquents, chez les Insectes. 


M. Debreuil fait également passer des photographies, puis 
des exemplaires d'Oryctes rhinoceros Lin., de Ceylan, envoyés 
par M. E. Bugnion, dont les femelles portent une corne presque 
aussi grande que celle des mâles. 

Les études qui touchent aux importants problèmes de la for- 
mation des sexes et de la conservation de la race, sont inléres- 
santes à poursuivre et nous serons reconnaissants à nos col- 
lègues qui nous feront connaître de nouvelles observations. 


A ce sujet, M. le Président rappelle qu'Isidore Geoffroy-Saint- 
Hilairé a publié des planches en couleur de Faisanes ayant la 
livrée masculine. Notre collègue, lord Walter Rothschild, pos- 
sède, dans son superbe musée de Tring, toute une collection 
d'Animaux en peau ou montés présentant ces différentes ano- 
malies. 


M. le comte Delamarre de Monchaux rapporte que dans une 
battue, à laquelle il assislait, une Faisane à livrée de mâle a 
été tuée. 

M. P. Vayssière fait une communication sur l'utilisation des 
produits toxiques et des appareils de guerre dans la destruction 
des Animaux nuisibles à l’agriculture. Notre collègue signale 
tout d’abord, l'existence au ministre de l'Agriculture (direction 
des services sanitaires scientifiques et de la répression des 


#2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


fraudes) d'une Commission d'études pour l'emploi agricole des 
produits chimiques de guerre. | 

Au printemps dernier, on obtint d'excellents résultats dans 
la destruction des Sauterelles (Criquet marocain en Crau, Cri- 
quet pèlerin en Algérie) avec les lance-flammes (modèles P, et 
P, de l’Armée) d’une part et avec les pulvérisations de chloro- 
picrine d'autre part. La chloropicrine pure ou en solution 
charbonneuse fut très efficace, en outre, contre les Animaux 
les plus divers, tels que les Punaïses de lit, les Charancons des 
grains, le Puceron lanigère et les Limaces (P. Marchal). On a 
employé efficacement de nouveaux moyens de lutte contre les 
Campagnols dans les régions libérées; malheureusement tout 
est arrêté à l'heure actuelle par suite de la crise des transports. 

Il serait à désirer que les pouvoirs publics se rendent compte 
de l'importance primordiale pour nos:départements dévastés 
de la lutte contre les Campagnols qui détruisent toutes les 
récoltes. 


À propos de la communication de M. Vayssière, M. Piédallu 
remarque que l’on devrait prendre des mesures pour empêcher 
les paysans de tuer les Chouettes. Une Chouette mange de 
nombreux Campagnols et, à défaut de chloropicrine, elle rend 
donc de signalés services. 


BOTANIQUE. 


M. le Secrétaire général donne communication d’une circu- 
laire de l'éditeur des Botanical abstracts, renseignant sur le 
but de cet organe de bibliographie botanique, qui remplace 
avantageusement les recueils boches traitant du même objet 
dans le sens international. 

Cet organe américain, dans ses deux premiers volumes, a 
analysé 1.200 publications, et le Comité bibliographique espère 
porter ce chiffre à 2.000 à la fin de 1920. 3.000 extraits et cita- 
tions sont compris dans les volumes [I et Il, et ce chiffre 
atteindra probablement 5 à 6.000 dans les volumes ITF et IV 
(1920). | 

Les éditeurs sont Williams and Wilkins Company. Baltimore 
(États-Unis). 


M. le professeur L. Beille, de Bordeaux, nous adresse, sur 
notre demande, de nouveaux exemplaires de son travail sur 
l'Industrie des Plantes médicinales, et plusieurs listes de 


nn. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ A3 


graines récoltées par lui au Jardin botanique en 1919. M. Beille 
cherche à introduire dans nos collections des espèces intéres- 
santes susceptibles de s’acclimater dans la région du Sud- 
Ouest, et nous serons heureux de l’y aider en favorisant des 
échanges. 

Les brochures et ies listes de M. Beille sont à la disposition 
de nos collègues. Û 


À propos des fruits sans pépins dont il a été parlé à la der- 
nière séance, M. le comte Delamarre fait observer que ces 
variétés ont attiré, de longue date, l'attention des amateurs et 
des spécialistes. 

On peut citer, dit-il, entre autres exemples les deux suivants : 

Dans son Zhédtre des jardinages, en 1678, Claude Mollet, 
premier jardinier du Roi, parlant des diverses sortes de Poi- 
riers de « Bon-Chrestien », indique quelles sont les greffes de 
la « bonne espèce » qui porte de bon fruit, lequel est « fort 
gros »,ayant la pelure blonde et douce, où il se trouve fort peu 
de pépins dedans... [1 y avait certainement des Poiriers de 
celte variété dans ce « Parc de Fontaine-Belleau », où il déclare 
avoir planté sept mille pieds d'Arbres fruitiers « par l’ordre 
exprès de Sa Majesté le feu roy » (op. cit., p. 18, 19). 


L'autre exemple est de Jean Hermann Knoop, qui, dans sa 
Fructologie (traduit de l'hollandais, à Leenwarde, 1766, p. 201, 
202), cite une « sorte » d'Epine-vinette sans pépins (Berberis 
sine nucleo), qui diffère seulement de l’Epine-vinette ordinaire, 
« en ce que les fruits sont sans pépins », et pour cette raison, 
ajoute-t-il, «on les estime le plus pour être confits, à cause 
qu'il est très difficile d’éplucher les pépins de ces petits fruits. 
On prétend que cette sorle sans pépins change quelquefois, et 
prend des pépins, mais je n’en ai jamais fait l'expérience ». 
On propageait cette variété par boutures, et l’on en formait 
des haies vives pour clore les vergers et jardins potagers, tout 
en obtenant du fruit un meilleur rendement pour les confitures 
et les sirops. On a supprimé presque partout les baies d'Epine- 
vinette comme étant de nature à propager la rouille du blé. 


Notre collègue, M. le docteur Robertson-Prochowsky nous 
envoie de Nice toute une série d'échantillons botaniques. 

4° Un fruit mûr d'Opuntia qgymnocarpa Web., assez bon au 
goût el très rafraichissant. [l mürit tard à l’automne, se con- 


(1 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


serve el s’expédie bien; il présente donc une ressource pour 
l'hiver et le printemps. 

2° Un fruit d'Opuntlia d'une espèce voisine, présumé origi- 
paire du Mexique et meilleur au goût que celui du gymnocarpa. 

3° Un fruit d’Anona Cherimolia Mill., variété très appréciée 
dans les pays chauds. Il provient d’ua arbre fructifiant depuis 
de longues années chez notre collègue. Ses caractéristiques 
sont : beaucoup de graines, peu de chair, mais bon goût. Cet 
arbre fruitier est exploité en grand par les Américains dans la 
Californie du Sud. 

4° Un fruit encore incomplètement développé de Bananier 
séminifère Musa paradisiaca L., sous-espèce seminifera Baker. 

Les fruits sont comestibles, mais remplis de graines. Ils 
proviennent d’une plante énorme, de près de 10 mètres de 
hauteur et d’une beauté incomparable. 


À cette première série el dans un autre ordre d'idées notre 
collègue a joint les échantillons suivants : 


1° Une branche de Xhamnus alaternus L. et une branche 
d'un Rosier hybride minés par la Chenille du Zeuzera 
Æsculi L. 

2° Une capsule de Beshorneria Bigolouri montrant les stries 
noires des graines développées, tandis que les graines non 
développées ne laissent pas de marques colorées sur la capsule. 

3° Une excroissance sur un Polygala myrtifolia L., variété 
grandiflora, due, peut-être, à un microbe. 

4° Une vrille de Pithecocthenium buccinatorium D. G. (Pho- 
dranthus buccinatorius Miers), montrant la manière d’attache, 
par une plaque très adhérente, à l’écorce des arbres sur 
lesquels ils grimpent. 

»° Des articles d'Opuntia dont le tissu en pourrissant laisse 
un résidu minéral dont notre collègue n’a pas eu le moyen 
d'étudier la composilion. 

Le Secrétaire des séances adjoint, 
P. CREPIN. 
Bibliographie relative à l'utilisation des produits chimiques de 


guerre pour la destruction des animaux nuisibles à l’Agricul- 
ture, cités dans ce procès-verbal. 


G. BaziLe : Nouveaux procédés de destruction des Acridiens. 
Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 169, p. 547, 1919. 
G. BERTRAND, BROCO-RoUssEAU et DASSoNviLLe : Destruction 


EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANGES DE LA SOCIÉTÉ 45 


de la Punaise des lits par la chloropicrine. Comptes rendus de 
VAcad. des Sciences, t. 169, p. 441, 1919. 

G. BERTRAND, BRoco-RoussEaAu et Dassonvizze : Destruction 
du Charancon par la chloropicrine. Comples rendus de l'Acar. 
des Sciences, t. 169, p. 880, 1919. 

P. VAy3SIÈRE : Quelques procédés de destruction des Acri- 
diens et leur application. Comptes rendus de l’Acad. des Scienres, 
RO DE 2225 01919" 

P. VAyssiÈRE : La lutte contre le Criquet pèlerin en Afrique. 
Journ. d'Agric. trop., n° 161, p. 305, 1919. 

P. VayssiÈRE : La lutte conire les Campagnols dans les 
Régions libérées en 1919. Utilisation de la chloropicrine. 
Comptes rendus de l'Académie d'Agriculture de France, \. 
p. 885, 1919. 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 


Les Eléphants de la forêt d'Addo. — La question de la Chouette che- 
vêche en Angleterre. — La destruction des animaux nuisibles au Cap. 
— La protection des Pingouins de l'île Macquarie. — Un nouvel Aque- 
rium à Londres. — Les envois du Jardin zoologique de New-York à 
celui d'Anvers. 


Nous signalions, en janvier dernier, la regrettable destruc- 
tion des Eléphants de la forêt d’Addo, ordonnée par le gouver- 
nement du Cap. À ce sujet, notre collègue M. Blaauw a 
adressé au journal le Field la lettre suivante: 

« Depuis mon voyage dans l'Afrique du Sud, au printemps 
de 1914, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour empêcher l’acte de 
vandalisme du gouvernement du Cap. Ce que vous dites de 
cette mesure concorde avec ce que j'ai appris à Port-Elisabeth, 
c'est-à-dire que c'est l’âpreté des colons à s'emparer du terri- 
toire réservé et des sources qui en est la cause. Ils disent que 
les Eléphants sont dangereux et qu'ils ont tué un homme; cela 
est vrai, mais on a rendu ces grands Pachydermes vindicatifs 
en lirant dessus à tout propos. L'homme qui a été tué était 
justement parti en expédition pour les attaquer ; il n’a eu que 
Le sort qu'il méritait. 

« Mais peut-on encore, aujourd'hui, faire quelque chose 
d'efficace pour sauver les derniers survivants de la bande 
d'Addo? On me dit qu'il est question d’attraper les jeunes et de 


40 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


les transférer au Knysna ? Je crains bien que cela ne serve à 
rien. Que feront ces pauvres orphelins dans un pays neuf et 
sans leurs mères pour les allaiter? Ils périront sûrement de 
misère, ou s'égareront pour aller se faire tuer ailleurs. Sans 
doute il y eut un temps où il y avait des Eléphants sauvages 
au Knysna ; ils passaient pour y être protégés, mais en 1914, 
le conservateur de la réserve m'a avoué qu'il n’en restait plus 
un seul. Peut-on vraiment contester qu'il n y ait pas assez de 
- place dans l’Afrique du Sud pour que l’on n'y puisse aban- 
donner le massif d'Addo aux Eléphants ? » 

Notre collègne aura fort à faire pour défendre la faune sau- 
vage contre la rage de destruction qui de tout temps a carac- 
térisé les races humaines jalouses de leur hégémonie sur la 
nalure entière. 


M. Blaauw a, en outre, de sa campagne pour les Eléphants, 
entrepris de défendre la petite Chouette Chevêche contre les 
attaquesauxquelleselle est actuellement en butte.en Angleterre. 

Ce nocturne fut introduit dans les Iles Britanniques par 
lord Lilford qui en lächait tous les ans sur sa propriété un 
certain nombre, apportés de Hollande par les oïiseliers de 
Londres. Ces Oiseaux se plurent dans le pays, et en 1889, on 
découvrit un nid dans le parc de la résidence seigneuriale d’où 
la Chevêche s’est répandue peu à peu dans bien des comtés. 
Aujourd'hui on l’accuse de chasser nuit et jour et de détruire 
les couvées de jeunes Perdreaux et de Faisans. Cependant la 
Chevêche trouve, même dans les milieux les plus hostiles, des 
défenseurs, ce qui fait qu'il est assez difficile de se rendre 
compte du véritable état des choses. 

M. Blaauw écrit au field : « La Hollande étant le lieu d’ori- 
gine d'où, de temps à autre, la Chevêche a été introduite en 
Angleterre, j'ai suivi avec intérêt les discussions auxquelles 
celte importation a donné lieu dans le pays d'adoption de ma 
pelite compatriote. Naturellement, je ne puis être juge de ce. 
que fait la Chevêche en Angleterre, mais je puis me porter 
garant de ses actions dans mon pays de Hollande, sa patrie 
naturelle. La Chevêche est très commune dans mes environs ; 
on ne l'y tracasse nullement et les petits Oiseaux à l’état sau- 
vage sont aussi nombreux qu’on pourrait le désirer. Je pense 
que je ne puis rien dire de mieux en:sa faveur. » 

Faudra-t-1l donc mettre la Chevêche sur la liste des animaux 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 47 


que l’homme a maladroitement déracinés tels que le Lapin et 
le Chat en Australie, le Martin et la Mangouste dans les An- 
tilles, le Moineau aux États-Unis ! 

Disons avec le fabuliste : « Dieu fait bien ce qu'il fait ». Soit! 
mais sans vouloir faire pousser les Citrouilles sur les Chênes, 
cherchons à améliorer les conditions d’une existence qui n’est 
pas toujours très délectable. 


x * 


Les colons du Cap ont déclaré une guerre à mort à toutes les 
bêtes nuisibles qui fréquentent leurs exploitations. Le Conseil 
du district de Graaff-Reinet a payé, pour l'exercice du 4 juil- 
let 1948 au 30 juin 1919, plus de 20.000 francs de primes pour 
la destruction de 974 Chacals, 69 Lynx et 365 Babouins. Ces 
erands Singes sont des voisins peu commodes ; non seulement 
ils commettent beaucoup de dégâts dans les fermes, mais 
encore ils sont dangereux pour les habitants, lorsque la faim 
et la soif les rendent furieux. On en signale un, cantonné aux 
environs de Graaff-Reinet, qui se jette sur les promeneurs et, 
dernièrement, un jeune garçon n’a pu échapper à l’attaque 
d'un de ces quadrumanes que grâce à sa bicyclette qui lui a 
permis de distancer en vitesse son adversaire. Un fermier de 
J’endroit se plaint que de trois à quatre cents Babouins ont 
envahi sa propriété et se sont mis à manger les œufs de ses 
Autruches. 


* x 


Heureusement à côté de destructions regrettables, l’esprit 
de protection trouve encore l’occasion de se manifester. Au 
Congrès de l'Union des Ornithologistes d'Australie à Brisbane, 
M. Lord, de Tasmanie, avait insisté sur l’urgente nécessité de 
protéger les Pingouins de l’île Macquarie. Le capitaine White, 
de l'Australie du Sud, avait appuyé le projet de faire de l’ile 
Macquarie un sanctuaire pour la faune australienne. Il dit que 
le gouvernement fédéral se proposait d'acheter dans ce but, à 
la Tasmanie, l’ilot en question dont on demandait 375.000 fr., 
prix exagéré, vu que cet îlot n’est loué que 1.000 francs par an 
à une société particulière. Le D' Mawson déclara que, si on ne 
prenait pas rapidement une décision, on verrait bientôt les 
régions antarctiques saccagées par les trafiquants en fourrures 
et en huiles. En conséquence le Conseil fut autorisé à faire le 
nécessaire, et nous sommes heureux d'apprendre que, grâce 


48 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


aux efforts de la Société Royale pour la Protection des Oiseaux, 
la Tasmanie a refusé de renouveler le baïl de la Compagnie qui 
massacrait par millions les Pingouins pour en extraire les ma- 
tières grasses. Elle eût bientôt rayé de la surface du globe le 
Pingouin d'Australie comme il est déjà advenu pour son con- 
génère le Grand Pingouin des régions polaires. 


* 
Er pe 


Il s'est fondé, à Londres, une Société pour construire et 
exploiter un Aquarium sur des données scientifiques. La coli- 
sation annuelle est de cinq shillings pour les membres ordi- 
naires et de deux shillings pour les membres associés. Le 
siège social est à Londres, 252 Caledonian Road. 

On vient aussi de fonder une nouvelle Société zoologique, 
qui n’a pas pour but d'exploiter une ménagerie ou un 
musée, mais bien de venir en aide aux Sociétés de naturalistes 
qui auraient besoin de secours pécuniaires. 


* 
# x 


Le Jardin zoologique de New York a entrepris de regarnir 
les parquets et volières du Jardin zoologique d'Anvers qui a 
eu tant à souffrir de l'invasion allemande et ila déjà effectué un 
premier envoi d'animaux comprenant 369 individus de 
162 espèces, dont 68 Mammifères et 232 Oiseaux. Un autre 
envoi doit suivre prochainement. 


ORDRES DU JOUR DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 
POUR LE MOIS DE MARS 1920. 


SÉANCES GÉNÉRALES 

Lundi 1°", à 3 heures. — M. ze Docreur GaupucHEeAU : Les Levures 
dans l’Alimentation de l'Homme et des Auimaux. 

Lundi 15, à 3 heures. — M. LE ProrEssEurR GRUVEL : La Pêche de la 
Langouste royale en Mauritanie. 

— M. Henri Poisson : L’Agriculture au Sambirano (Madagascar) 
[projections |. 

Séance de section. 


Jeudi 18, à 3 heures. — Sous-secrion p'ORNITHOLOGIE : Ligue pour 
la Protection des Oiseaux. 


Le gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


UN VOYAGE AU MAROC 


Parmi les membres de la Société nationale d’Acclimatation, se trouverait-il 
quelques amis du plein air et du pittoresque disposés à m’accompagner au 
printemps prochain (15 mai) à l'époque où tout est en fleurs et où cependant 

» aucune chaleur excessive, même dans le Sud, n’est à craindre ? 

Vieux Marocain par adoption, aimant le pays que j’ai maintes fois parcouru 
en tous sens, je suis persuadé que je ne serais pas un mauvais guide. 

Certes, je n'oserai pas présenter cette excursion comme un voyage 
d’études scientifiques, mais je tiens cependant à ce qu’elle ne soit aucune- 
ment une course de vilesse dont le but serait de brûler des kilomètres. 

En un-mois, très posément, en petit nombre, à dix (les dix premiers 
souscripteurs) nous verrions tout le Maroc, partant à notre heure et nous 

- arrétant partout où bon nous semblerait. Je crois qu'un plus grand nombre 

de voyageurs serait un obstacle à l’exécution d’une promenade conçue dans 

cet esprit. 


rs 


Comme itinéraire : Tanger, Larache, La Zarya, Les Grandes Lagunes, 

. Kenitra, Salè, Rabat, Fedalah, Casablanca, Azemour, Mazagan, Saffi, Mogador, 

Marrakech, Demnat, Tadla, Boujad, Rabat, Tifflet, Bataille, Mekenes, Azrou, 

Mouley Idris, les ruines de Volubilis, Fez, Sefrou, Taza et Tanger, ou 

inversement (voire peut-être même Oudjda) et retour en France par Tlemcen 
et Oran, moyennant un minime supplément, 


Ainsi, tranquillement et confortablement nous verrions de façon très 
- suffisante toutes les villes du Maroc, toutes ses riches régions agricoles et 
toutes ses forêts. 


Moyennant .un millier de.francs par personne (la somme précise n'a pas 
pu être: arrêtée exactement dès aujourd'hui, par suite des facéties du change 
du franc, mais sur des offres fermes, elle le serait immédiatement) une 

- excellente société de transports automobiles nous ferait parcourir notre 
- itinéraire dans de très bonnes voitures. 


Il resterait à chacun de nous à régler selon ses fantaisies ou ses besoins, 
“ses notes d'hôtels : nos hôtels marocains n'ayant pas le grand confort mo- 
« derne des grands palaces, n’en ont pas non plus les tarifs. loin de là, tout 
en étant suffisants. 


Et nul besoin d'être milliardaire pour faire ce petit voyage. 
J. Gorranr (1). 


7 (4) La Société nationale d'Acclimatation, 198, boulevard Saint-Germain, à Paris et 
M. J. Goffart, conseiller du commerce extérieur de la France, se tiennent à la disposition 
“des futurs voyageurs pour tous les renseignements qu'ils désireraient. 

pr F e 


5 
2 


Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de concourir: | 
10 à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux. 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à {a multiplication des races … 
nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation 
de végétaux utiles ou d'ornement. 

La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. 

Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une 
cotisation annuelle de 25 francs. 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s’affran- 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 

Elle tient des séances générales bi- mensuelles. 

La Société encourage d' une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d’ani- 
maux à ses membres. 

Elle publie, outre ce Bulletin, la Revue d'Histoire naturelle appliquée, 
composée de deux parties et illustrfe de gravures. Ces publications traitent des 
questions concernant l'élevage des maux, la culture des plantes et particuliè- 
rement des faits d'acclimatation. 

On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle : 
installation, éducation des animaux, cullure des plantes, usages, introduction, etc., etc. 

Le Bulletin est adressé gratuitement, la Revue est servie par abonnement, aux 
membres de la Société, au prix réduit de 15 fr. pour chaque partie ou de 20 fr. 
pour les deux. 


REVUE D'HISTOIRE NATURELLE APPLIQUÉE 


PREMIÈRE PARTIE : MAMMALOGIE 
AQUICULTURE —ENTOMOLOGIE— BOTANIQUE — COLONISATION 


SOMMAIRE, N° 3, MARS. 


D: L'Hoësr. — Le Jardin zoologique d'Anvers pendant la guerre. . . . . . … ….. . . . -65 
Cx. RIVIÈRE, — Invariabilité du climat du Nord de l'Afrique depuis les temps historiques : 
Eléphants. Carthage. Légende du grenier de Rome. Agrologie et Climatologie comparées: 71 
L. Roue. — Le Poisson-Chat dans la Carpiculture, , . . , . /. PM ARR ER MN CEE AMP) 
A. GRUVEL. — État actuel de l’industrie des Pêches coloniales . . , . . . . . . , . no co 
L.-A. Done. — Considérations générales sur l’Acclimatation des arbres et arbustes et les 
hivers rigoureux. Essais et résultats d'Acclimatation de Végétaux ligneux dans le Centre 
dela, France. 19) chi nee EE NL RTE NN 82 
Alice VuILLET. — Les Parasites de la Pyrale du Maïs en France. Intérêt de leur dissémi- 
nation et de leur acclimatation en Amérique. , 0.0 CRM en 92 
Chronique généralelet faits \divers PNR EE ONE PC NP RCIP ÉPee nr O4 


DEUXIÈME PARTIE : L'OISEAU 


SOMMAIRE, N°3, MARS. 


H°D'ASTLEY.— a Brêve. à queue bleue (/lustré) MEN EEE CNE RE EENE 65 
D' MirreT-HoRrsiN. — Acclimatation en Afrique occidentale française. . : . . . . . 66 
J. Decacour. — Notes sur quelques collections d'Oiseaux vivants en Angleterre (llustré). 69 
ADEcoux..— Des (Calistesien captivité EE, TONNERRE RENE 73 
Ghronique ornithologiquen(ilustré)e ME NON ERP ER 18 


Le Gérant : A. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette, 


BULLETIN 


DE LA 


N° 4. — AVRIL 1920 


ne 7 # 


A Pages 
iste des membres récemment admis dans la Société . . . . . . à . . , . . . , . . . . . 49 
rx fondé en 1918 par un membre de la Société qui désire garder l’anonyme . . . . . . . 52 : 
[. ons" PExposition d'Aviculture de 190%.) DC, CURE 53 S 
z Extraits des procès-verbaux des Séances de la Société. à 
ange générale du 22 décembre 1919. . . . . . . . . . .. SAS CURE PE SES AA VC 
UE D RME CO ATOS OP EE OT VIRE ER OS Le 
Un numéro. 2 fr. 50 : — Pour les Membres de la Société, 4 fr. 50. 7 


AU SIÈGE SOCIAL : 


ï 2 


DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 
| Fou BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VII°). 


es cartes annuelles d'entrée au Jardin d” Acclimatation, accompagnées de 
kets, sont délivrées, au prix de 10 francs, aux membres de la Société, 
s n08 bureaux. 


An  <4 


mr 


BUREAU ET CONSEIL D'ARMUNSTRATEUS POUR 1920 


Président, M. Edmond Perrier, Membre de l'Institut et de l'Académie 5 Médecine, Professeur au 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. | 
MM. D. Bois, Professeur au Muséum d'Histoire at tE UE 15, rue Faidherbe, 4 

Saint-Mandé (Seine). 
| Dr CHauvEAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint-Germain, Paris. 
Secrétaire général, M, Maurice Loyer, 12, rue üu Mour, Paris. ; 


MM.J. CREPIN, 55, rue de Verueuil, Paris (Séances). 
Secrétaires. CH. DkhkEUIL, %, rue de Châteaudun, Paris ({ntérieur). 


Vice-Présidents. 


J. DeLcacour, 98, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 
Trésorier, M. le D' SkgiLLoTTk, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archivisie-Bibliothécaire : M. P. DE CLERMONT, 


Membres du Conseil. 
MM. A. CeAFPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. ‘4 
le D' AcHALME&, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d' Histoire nelle 1, rue Andrieux,” 
Paris. à 
le D° P. Marcmaz, Membre de l'Institut, Professeur à l’Institut National Agronomique, 45, ŒU6 
de Verrières, à Antony (Seine). ! À 

le D' LerriNCE, 62, rue de la Tour, Paris. 3 

MAILLES, rue de l Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 

le Dr E. TrouessarT, Professeur au Muséum d'Histoire vaturelle, 61, rue Cuvier, Paris. 
Brkcomre, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle 14,rue des Ecoles, Paris. - 


P. CaRtÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 
L. ROULE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 
G. FoucaEr (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 
P. KEsTNER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 
R. Lx Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 
Dates des Séances générales et du Conseil 
POUR L'ANNÉE 1990 
| Janvier | Février Mars Avril Mai | Novembre | Décembre 
Séances DU CONSEIL, le mercredi à 4 h.| 44 11 10 | 44 19 47 45 À 
- © | =—— | ——— | — | — | — | D 
5 2 4 419 10 8 6 | + 


es générales, le lundi à 3h. . . 19 16 18 96 31 99 29 


Sous-SECTION d'Ornilhologie (Ligue pour 
la Protection des oiseuux) les jeudis 
Hg hi: NARAePe 0 PR RER 


8 | 42 | as | 15 Ven 9 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront 
sur {eur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


+ 


Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les… 
ROSE de qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. à 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 
fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d'êtres 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. 3 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite, 


Sy L Je 


Vel 4 F “is: 


LISTE SUPPLÉMENTAIRE 
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTE 
ADMIS PAR LE CONSEIL 


A. DANS LA SÉANCE DU 2 FÉVRIER 4990. 


M'e DE FRANQUEVILLE, château de Sentheim, par Belfort (Haut- 
Rhin), membre à vie, présentée par MM. E. Perrier, Decoux 
et Delacour. 

M2: Poupé (Yvonne-Daniel), 9 bis, square du Champ-de-Mars, à 
Paris (X V° arr.), membre titulaire, présentée par MM. E. Per- 
rier, Tolet et Debreuil. 

MM. 

Augy (Louis-Jean d'), économiste, 18, rue d’Aummale, à Paris 
(IX° arr.), membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, 
A. Chevalier et Debreuil. 

Courrics (Marie-René-Charles-Jean, comte des), ancien officier 
de cavalerie, propriétaire-exploitant, cultivateur-éleveur, 
chevalier de la Légion d'honneur, à Bouconvillers, par Lier- 
ville (Oise), membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, 
P. Carié et Crepin. 

Duccoux (Edouard), directeur de l'Élevage, à la Rabta, Tunis, 
membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, Loyer et 
Debreuil. 

Faseuizze (Charles), docteur en médecine, 57, rue Boissière, à 
Paris (XVI° arr.), membre titulaire, présenté par MM. E. Per- 
rier, Debreuil et Loyer. 

GauDucHEAU (Alexandre), docteur en médecine, 57, rue Va- 
neau, à Paris (VII° arr.), membre titulaire, présenté par 
MM. E. Perrier, Debreuil et Loyer. 

GERVAISE (Albert), mandataire, vente en gros de volailles et 
gibiers, 33, rue de Rivoli, à Paris (IV° arr.) et à Brunoy (Seine- 
et-Oise), membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, Si- 
mon et.Debreuil. 

JENNISSON (George), naturaliste, Zoological Gardens Belle Vue, 
Manchester (Angleterre), membre tilulaire, présenté par 
MM. E. Perrier, Delacour et Loyer. 

PiNELLE (J.), professeur d’Arboriculture de la Ville de Paris, 
1, avenue Daumesnil, à Saint-Mandé (Seine), membre titu- 
laire, présenté par MM. Bois, Lasseaux et Dode. 


BULL. SOC. NAT. ACCL, FR. 1920, — 4 


»0 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


Pococr (R. L.), chef du service de Mammalogie du Jardin z00- 
logique de Londres, membre correspondant, présenté par 
MM. Perrier, Delacour et Debreuil. 

Sesu-Smiru (D.), chef du service d'Ornithologie du Jardin z00- 
logique de Londres, membre correspondant, présenté par 
MM. Perrier, Delacour et Pichot. 


D. Dans LA SÉANCE Du 10 mars 1920. 
MM. 

ANTHOUARD (baron Albert d’), ministre plénipotentiaire, 421 bis, 
rue de la Pompe, à Paris (XVI arr., membre à vie, présenté 
par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

Anna (don José, Julia), capitaine de la Commandancia de 
Ingenieros, à Palma de Majorque (Espagne), membre lilulaire, 
présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

Barzzy-Maîrre (Jules), 20, rue de la Tolosane, à Castres 
(Yarn), membre tilulaire, présenté par MM. Caucurte, Méguin 
et le D' Louart. | 

Bizacu (Louis), 61, cours d'Aquitaine, à Bordeaux (Gironde), 
membre à vie, présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

Cornuer (Albert), propriétaire à Yerres (Seine-el-Oise), membre 
litulaire, présenté par MM. Gallois, Perrier et Loyer. | 

FaucnÈre (Étienne), inspecteur général des Services agricoles 
de Madagascar à Tananarive (Madagascar) el à Châteauneuf- 
sur-Cher (Cher), membre titulaire, présenté par MM. Perrier, 
Gruvel et Lecomte. 

GuicARp (Louis), propriélaire à Siecq (Charente-Inférieure), 
membre titulaire, présenté par MM. Decoux, Bacon et Loyer. 

HuBert (Henri), chef du Service géologique de l'Afrique Occi- 
dentale, 58, boulevard du Montparnasse, à Paris (XV® arr.), 
membre titulaire, présenté par MM. Perrier, Chevalier el 
Debreuil. 

Ib&viice (Louis, baron d'), propriétaire-éleveur, à Saint-Aubin- 
en-Charollais (Saône-et-Loire), membre titulaire, présenté 
par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. | 

Komyarorr (Alexis), naturaliste, vice-président de la Sociéte 
d'Acclimatation de Russie, 43, rue de l'Université, à Paris 
(VII arr.), membre titulaire, présenté par MM. Perrier, De- 
breuil et Loyer. 

LE BLaNc (James), avoué, à Vacoas (Ile Maurice), membre titu- 
laire, présenté par MM. Perrier, P. Carié et J. Crépin. 


| 


LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 51 


LE Breron (Eugène), 5, villa de la Réunion, à Paris (XVI* arr.), 
membre titulaire, présenté par MM. Perrier, Debreuil et 
Loyer. 

L'HERMITTE (Joseph), 1%, rue Beaumont, à Marseille (Bouches- 
du-Rhône), membre tilulaire, présenté par MM. Delacour, 
Decoux et Debreuil. 

Louvexcourt (comte Maurice-Frédéric de), inspecteur général 
de la Société Industrielle de la Grande Pêche, 72, rue Saint- 
Lazare, à Paris (IX° arr.), membre lilulaire, présenté par 
MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

LunET pE LA MALÈNE (Pierre-Joseph), propriétlaire-agriculleur, 
château de Planèzes, par Luc-Primaube (Aveyron), membre 
à vie, présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

Macuarr (Michel), administrateur délégué de la Compagnie du 

- Louvre, 7, rue Bayard, à Paris, membre tilulaire, présenté 
par MM. Delacour, Perrier et Debreuil. 

NorTEr (Raphaël de), acclimateur, vulgarisateur agricole, à 
Aulnay-sous-Bois (Seine-et-Oise), membre titulaire, présenté 
par MM. Debreuil, Bois et Loyer. 

PrRanes (Joseph), garde général des forêts en Indo-Chine, 12, 
rue du Grand Bouddha, Hanoï (Tonkin), membre à vie, pré- 
senté par MM. Perrier, Loyer et Debreuil. 

Rosranb (Jean), licencié ès sciences naturelles, à Arnaga, 
Cambo-les-Bains (Basses-Pyrénées), membre tilulaire, pré- 
senté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

RouLreaux-DccaGE (Henry), député de l'Orne, 15, rue Le Sueur, 
à Paris (XVI° arr.), membre titulaire, présenté par MM. Per-. 
rier, Chevalier et Debreuil. 

Roxazz TYLER, 21, quai de Bourbon, à Paris (IV° arr.), membre 

_ titulaire, présenté par MM. le comte de Grancey, le baron de 
Guerne et Perrier. 

* Scuuvz Dirk GERRIT, naturaliste, 12, Toe Haringvliet, à Rotter- 
dam (Hollande), membre titulaire, présenté par MM. Perrier, 
Debreuil et Loyer. 

Scort (A.-H.), Waterside copse, Liphook, Hants (Angleterre), 

membre à vite, présenté par MM. Perrier, Delacour et De- 
breuil. 

SIRON (Maurice-F.), publiciste, 11, boulevard des Italiens, à 
Paris (Il° arr.\, membre titulaire, présenté par MM. Perrier, 
Loyer et Debreuil. 

TEROUANNE (Georges-Edmond-Maurice de), à Épinay-sur-Orge 


52 BULLETIN DE £A SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


(Seine-et-Oise), membre lilulaire, présenté par MM. Perrier, 
Loyer et Debreuil. 

Tomas (Marius), propriétaire, 10, rue Saint-Étienne, à Tou- 
louse (Haute-Garonne), membre lilulaire, présenté par 
MM. Perrier, Crepin et Debreuil. 

VaRNiER (Léon-Pierre), propriétaire-cultivateur, à Pont-et- 
Massène, par Semur (Côte-d'Or), membre lilulaire, présenté 
par MM. Perrier, J. Crepin et Voitellier. 


PRIX FONDÉ EN 1918 


PAR UN MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ QUI DÉSIRE GARDER L'ANONYME. 


Ce prix, d’une valeur de 100 francs, devait être attribué, en 
1919, à l’auteur du meilleur mémoire sur le sujet suivant : 


« Par quels moyens la France et ses alliés peuvent-ils arriver 
à supplanter les Allemands dans la recherche, le transport et la 
vente des animaux et des plantes exotiques, lout en assurant la 
protection de la flore et de la faune des régions d’où les animaux 
et les plantes sont originaires ? » 


Une Commission fut nommée par le Conseil à l'effet d’exa- 
miner les mémoires qui nous furent adressés. Parmi ceux-ci, 
deux ont retenu plus particulièrement l'attention de la Com- 
mission composée de MM. Bois, Crepin et Foucher : celui du 
D' Millet-Horsin, médecin-major des troupes coloniales, ayant 
pour titre : Par quels moyens peut-on enlever aux Allemands le 
monopole du commerce des animaux exotiques? et celui du 
D’ Pellegrin, assistant au Muséum d'Histoire naturelle, dont ie 
titre était : Les Poissons exoliques et leur commerce. 

Ces deux études répondaient, en se complétant l’une et 
l’autre, au désir exprimé par le Conseil de notre Société. Les 
deux auteurs se sont attachés à nous indiquer les moyens 
employés per les Allemands pour conquérir le marché mon- 
dial : le D' Millet-Horsin, en étudiant le commerce des Mam- 
mifères et des Oiseaux exotiques, le D' Pellegrin en traitant la 
question au point de vue de l'importation des Poissons exo- 
tiques ; tous deux nous ont montré par quels procédés nous 
pourrions remplacer les Allemands dans cette importante 
branche de l’activité commerciale. 

La Commission a pensé que le prix LES être attribué à 


L'EXPOSITION D'AVICULTURE DE 1920 53 


l’un ou à l’autre des deux auteurs. Mais le Conseil, dans la 
séance du 10 décembre 1919, fut d'avis de diviser le prix entre 
MM. Millet-Horsin et Pellegrin. En conséquence MM. Millet- 
Horsin et Pellegrin ont élé proclamés ex æquo ; le prix leur fut 
attribué à chacun par moitié et il fut décidé que les mémoires 
des deux lauréats seraient publiés in extenso dans la fevue 
d'Histoire naturelle appliquée (1). | 


* 
x x 


Dans la même séance, le Conseil a arrêté le texte du sujet 
mis au concours pour 1920 : « /ndiquer les moyens de recon- 
naître le sexe : 

des œufs d'Oiseaux ; 

des embryons et des larves; 

_ des animaux, jeunes ou adultes, chez lesquels le sexe ne se 
reconnaît pas ow se reconnaît difficilement par des caractères 
extérieurs ». 

Le concours est ouvert jusqu’au 30 novembre 1920. 


L’'EXPOSITION D'AVICULTURE DE 1920 


Par M. LOYER. 


La XLI° Exposition internationale d’Aviculture eut lieu, du 
4 au 9 février 1920, dans le Grand Palais des Champs-Élysées. 
- Organisée par la Société centrale d'Aviculture de France, qui 
est issue de la fusion heureuse des deux Sociétés d’Aviculture 
d’avant-guerre, cette Exposition, très réussie, a montré l'effort 
considérable effectué par les aviculteurs français depuis la 
cessation des hostilités. 

Nous avons connu naguère les belles expositions avicoles où 
tout un monde ailé, aux brillantes couleurs, faisait vibrer de 
ses chants sonores les échos du Grand Palais et nous crai- 
gnions que les belles races d’Oiseaux de basse-cour, admirées 
alors, n’aient disparu pour la plupart au cours de la tour- 
mente, faute de nourriture ou de soins appropriés durant les 
quatre années de guerre. 

Une courte visite à travers l'Exposition nous à rassuré. Si le 
nombre des sujets exposés est moins grand qu'autrefois, la 


() Voy. Rev. d'Hist. nat. appliquée, re partie, n°* 1 et 2. 


54 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


qualité est restée la même; mais, comme l'on devait sy 
attendre, l'effort des aviculteurs apparaît nettement orienté 
vers la production d'Oiseaux producteurs de chair ou d'œufs 
plutôt que vers les races de sport. C'est qu'en effet nous de- 
vons accroître le rendement de nos ressources nationales 
pour remplacer les importations de l'étranger, car il ne faut 
pas oublier qu'avant la guerre des quantités énormes d'œufs 
et de volailles nous arrivaient de contrées fort éloignées : de 
Turquie, de Danemark, de Russie, voire de Sibérie et de Chine 
et que, maintenant et pendant longtemps, nous ne pourrons 
plus compter que sur nous-mêmes. 

Plus de 3.000 lots d'animaux de basse-cour figuraient à 
l'Exposition. Citons parmi les nombreuses classes de Poules : 
celles du Bourbonnais et du Gâtinais, excellentes races du 
Centre de la France qui présentent une grande amélioration, 
ainsi que celle de la Bresse, et enfin la Caussade. 

Parmi les races de Poules étrangères, les Malines ont fait de 
grands progrès ; il y avait là des sujets remarquables surtout 
pour la qualité de la chair. Les Orpington étaient très bien 
représentées ainsi que les Leghorn, les Dorking et les Ham- 
bourg. 

Nous pouvons signaler également de beaux spécimens de 
Canards de Rouen anglais et francais ainsi que des Pékin et 
des Coureurs indiens. 

Les Oies de Toulouse étaient fort remarquables. C’étaient 
des jeunes de 1919, mais, grâce à une habile sélection, celles-ci 
atteignaient la taille de sujets de deux ans. 

Un beau parquet de Dindons blancs attirait l'attention, ces 
Oiseaux, supérieurs aux autres comme type, étaient d'une très 
forte taille; leur plumage blanc procure également un gros 
avantage commercial à leurs producteurs. es 

Mais la grande attraction de l'Exposition, c'étaient les 
Pigeons voyageurs militaires, non pas que les Pigeons de race 
fussent à dédaigner, au contraire; il y avait parmi eux de 
superbes Maillés et de remarquables Boulants anglais; mais 
les Pigeons militaires avaient été à la guerre et tous ceux qui 
étaient exposés avaient été cités avec diplôme de bague de 
guerre, de bague militaire ou de bague d'honneur, et plusieurs 
venaient de Verdun! 

Voici, entre autres, le diplôme de bague militaire attribué à 
l’un de ces vaillants Oiseaux : le Pigeon matricule 183.14 du 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DD 


Colombier F. 76-14 à Verdun Central: « A trois reprises diffé- 
rentes, pendant la bataille de Verdun, a assuré, sous un feu 
violent, le transport rapide de messages très importants, a 
notamment assuré les liaisons du commandant Raynal, défen- 
seur du fort de Vaux, au moment où ses troupes investies 
étaient privées de tout moyen de communication, malgré les 
conditions atmosphériques les plus défavorables. » 

Mais celui que la foule entourait c'était le Pigeon matri- 
cule 787.15 du Colombier FF. 70-1 à Verdun Central qui avait 
assuré, le dernier, les communications avec le fort de Vaux. 

Voici son diplôme de bague d'honneur : 

« Malgré les difficultés énormes résultant d'une intense 
fumée et d’une émission abondante de gaz, a accompli la mis- 
sion dont l'avait chargé le commandant Raynal. Unique moyen 
de communication de l'héroïque défenseur du fort de Vaux, a 
transmis les derniers renseignements qui aient été recus de cet 
officier. Fortement intoxiqué, est arrivé mourant au colom- 
bier. » Ce vaillant Oiseau était porteur de la dépêche suivante : 
« Colombogramme R. n° 15. Nous tenons toujours, mais nous 
subissons une attaque par les gaz et des fumées très dange- 
reuses. Urgence à nous dégager. Faites-nous donner de suite 
communication optique par Souville, qui ne répond pas à nos 
appels. C’est mon dernier Pigeon. — RayNan. » 

Le public, en défilant devant ces modestes et glorieux auxi- 
liaires de nos soldats, rendait encore hommage aux héros de 
la Grande Guerre, à ceux qui se sont dévoués pour le salut de 
la Patrie. 


EXTRAITS DES PROCES - VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIRTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 22 DÉCEMBRE 1919 


Présidence de M. le baron J, de Guerne, 
Vice-président honoraire de la Société. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 
GÉNÉRALITÉS, 


M. Mouquet fait une communication aur l’altération des 
yeux, d’origine alimentaire. 


D 


56 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


À propos de cette communication M. le Président se rappelle 
avoir été frappé du nombre considérable d’aveugles qu'il ren- 
contra lors de son voyage au Japon. Parmi ces aveugles, ceux 
qui exercent la profession de masseurs sont particulièrement 
recherchés. Les écoles japonaises, poursuit M. de Guerne, sont 
souvent visitées au point de vue sanitaire; on s’y préoccupe 
beaucoup de l'alimentation des enfants qui, défectueuse, les 
prédisposerait plus spécialement aux maladies des yeux. 


M. Mouquet présente également une étude qu'il a faite sur le 
livre du D' E. V. Mac Collum, professeur à l'Université John 
Hopkins, à Baltimore (Etats-Unis), intitulé : Les connaissances 
les plus nouvelles sur la nutrition. 


MAMMALOGIF. 


Il est donné lecture d’une notice sur l'élevage de l’Elan du 
Cap (Oreas canna), de M. G. Babault. Notre collègue préconise 
l'élevage de cette Antilope afin d’en utiliser la viande, qui est 
excellente et aussi pour obtenir un vaccin antivariolique dans 
nos colonies. 


ORNITHOLOGIE. 


M. L. Petit offre à la Société deux tableaux représentant des 
photographies d'Oiseaux de la vallée de la Marne, de la collec- 
tion de M. Lescuyer qui fut membre de notre Société. 


BOTANIQUE. 


M. le comte Delamarre de Monchaux signale que dans sa 
région, aux confins de la Sologne et du Blaisois, les Péchers, 
qui prospéraient autrefois dans les Vignes, dépérissent et 
meurent en peu d'années. Il ne lui reste plus qu’un seul Pêcher 
greffé de ceux qu'il fit planter avant la guerre. Les sujets 
greffés ne vivent que peu d'années après leur plantation. Les 
sujets non greffés, dont la plupart donnent des fruits de moin- 
dre qualité, vivent plus longtemps, mais périssent de même. 

Le sous-sol ne doit pas être seul incriminé, car les mêmes 
terrains nourrissaient jadis de fort beaux Pêchers. Il s’agirait 
donc d’une cause d'ordre pathologique ou d’une dégénéres- 
cence des variétés, à laquelle on n’a pas trouvé, jusqu'ici, de 
remède pratique. Notre collègue présente, à l’appui de cette 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 57 


communication, deux rameaux atteints de chancre et un autre 
affecté par une gomme très prononcée, ce dernier offrant, sur 
les jeunes pousses, de lègères taches rougeâtres et sur le vieux 
bois des sécrétions abondantes de gommose. Ces échantil- 
lons proviennent d’un Pêcher non greffé âgé de quinze ans, 
longévité que n'’atteignent plus chez notre collègue les sujets 
greffés. 


M. Gustave Rivière dit qu'il en est de même dans toute la 
France. La cause de cette brièveté de vie des Pêchers n’est 
pas encore déterminée. Notre collègue pense qu'il serait bon 
de semer des noyaux de bonnes variétés (Reine des Vergers 
par exemple). Mais ces variétés elles-mêmes ne résisteront pas 
au bout de quelques années. Et ceci n’est pas particulier aux 
arbres dits « de plein vent », les espaliers de Montreuil rendent 
moins, beaucoup moins. L’Abricotier qui a toujours été plus 
rare en France, mais qu'on rencontrait encore naguère assez 
souvent, disparaît lui aussi rapidement. 


Cette année, dans les parties basses du Jura et dans les 
plaines de l’Ain, M. Charles Rivière a constaté que l’ergot s’est 
principalement développé sur le Maïs, et l’Ustilago myalis s’est 
présenté scus toutes formes. La base de l’inflorescence mâle 
était atrophiée, envahie sur plusieurs points par d'énormes 
funqus sphériques, parfois très allongés. L’inflorescence femelle 
était complètement hypertrophiée, désorganisée dans ses enve- 
loppes, le tout transformé en une volumineuse boursouflure 
noire. Les fungus se remarquaient également à la base de la tige, 
à la naissance des racines. Il faut attribuer ces développements 
cryptogamiques à la météorologie spéciale de l’année, chaude 
et sèche en juin, très pluvieuse en juillet, chaleurs exagérées 
en août et septembre. La végétation s’en est ressentie : haute 
taille du Maïs, anomalies dans l’inflorescence mâle ayant ten- 
dance à prendre la forme en fuseau, épis femelle parfois 
géminé, mais avec une ramification avortée, etc. Quant à 
lergot, Claviceps purpurea, il s’est montré en quelques points 
sur le Blé du Manitoba, ce qui pourrait être dangereux si l'ex- 
tension se produisait. 


M. le comte Delamarre qui a trouvé chez lui, en Loir-et- 
Cher, à plusieurs reprises, l'ergot du Seigle, dit qu'il a expé- 
rimenté, en 1918, le Blé du Manitoba, et que ce Blé n’a pas été 


58 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


atteint cette année-là dans ses cultures. Il demande si l'ergot 
constaté sur ce Bl6 est le même que celui du Seigle ou s’il 
s'agit d'une variété nouvelle du Claviceps qui aurait été intro- 
duite avec le Manitoba et serait susceptible de se propager sur 
d'autres Céréales comme le fait le purpurea. M. Charles Rivière 
a en effet constaté que l’ergot du Blé du Manitoba a une forme 
beaucoup plus allongée que celle du Claviceps ordinaire. 11 y a 
donc lieu d’être très attentif à ce sujet, car le Blé du Manitoba 
ayant été distribué par le gouvernement aux agriculteurs, le 
Claviceps du Manitoba risquerait d'être acclimaté avec le Mani- 
toba, ce qui ne laisse pas d’être fort dangereux. 


Le Secrélaire des séances adjoint, 
P. CREPIN, 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 5 JANVIER 1920 
Présidence de M. D. Bois, Vice-Président de la Société. 


Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. 
GÉNÉRALITÉS, 


Le Président fait connaître que M. E. Brumpt, professeur de 
Parasitologie à la Faculté de médecine, vient d'être élu, dans 
la Section de thérapeutique et d'histoire naturelle médicale de 
l’Académie de médecine, à la presque unanimilé des voix. et se 
fait l'interprète des membres de la Société pour adresser à 
notre collègue, dont les beaux travaux sur les trypanosomiases 
et notamment sur la maladie du sommeil sont universellement 
appréciés, leurs félicitations les plus vives. 

M. Brumpt est le plus jeune membre de l’Académie de 
médecine. 


M. Debreuil exprime également tout le plaisir ressenti par 
tous, ici, à l’annonce de la nomination de M. D. Bois à la 
présidence, pour 1920, de la Société Botanique de France. Nul 
mieux, dit-il, que notre collègue, dont nous apprécions, si 
hautement, la science et l’affabilité, ne pouvait présider les 
travaux de cette savante Compagnie. 


M. le professeur H. Blanc, de Lausanne, fait envoi à la 
Société d'un tiré-à-part du Bulletin de la Société vaudoise des 
Sciences naturelles sur un cas d'Æchinocaccose exceptionnelle 
d'un Lemur catta L.° 


RE 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 9 


Notre collègue conclut que la cohabitation intime du Lémur 
avec un Chien a dû être la cause de l'infestation. 


MAMMALOGIE. 


Un de nos collègues, le capitaine Brugère, nous écrit de 
Marrakech pour poser la question suivante : 

Dans cette région la plus chaude du Maroc, le thermomètre 
marque en août jusqu'à 49 el 50° à l'ombre, mais, en hiver, il 
tombe pendant huit à dix jours jusqu'à 5 au-dessous de zéro ; 
pourrait-on élever dans ces conditions climatériques la Chèvre 
d'Angora ? Cet élevage serait ici d'autant plus désirable que la 
Chèvre du pays est un animal de petite taille dont l'existence, 
à partir de mai, est péniblement assurée, l’indigène ne s’in- 
quiétant jamais du lendemain. , 

M. Crepin répond à cette question que la Chèvre d’Angora ne 
donne réellement des résultats parfaits que sous un climat à 
températures extrêmes et nettement saisonnières. La nature 
veut la justification de la magnifique et riche toison dont 
l'animal se recouvre en hiver pour s’en dépouiller ensuite, dès 
que la saison redevient chaude. Quand la Société nationale 
d'Acclimatation aura obtenu la mission qu'elle attend du Gou- 
vernement de relever l’industrie et l'élevage caprins en France, 
une des premières mesures qui s’imposera à ses soins sera 
d'importer d'Asie Mineure des troupeaux de Chèvres d'Angora 
pour les Sociétaires algériens et autres qui sont en possession 
de terrains en altitude dans des pays rudes et accidentés où 
l'élevage de l’Angora peut réussir admirablement et donner de 
gros résultats financiers, étant donnés la rareté et le prix de la 
laine mohair, cet admirable et précieux succédané de la soie. 


ORNITHOLOGIE. 


M. R. FE. O. Bridgeman nous écrit de Vienne qu'un de ses 
amis, étant allé chasser près du Danube, a tué une Dinde sau- 
vage pesant 20 livres anglaises. 

Ces Oiseaux, dit notre collègue, ont été acclimatés en Hon- 
grie, il y a environ cinquante ans, et se reproduisent, avec 
succès, à l’état sauvage. 


Une note de M. H. Jumelle sur la conservation des œufs 
d’Autruche indique que des œufs envoyés le 22 août 1919 de 
Tuléar, dans une simple caisse, bien que n'étant arrivés à 


60 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Marseille que le 12 décembre, étaient encore, à cette époque, 
parfaitement mangeables. 

La longue conservation de ces gros œufs est connue : notre 
collègue, M. Hermenier, nous a déjà parlé des œufs d’Autruche 
qu'il ouvrait et dans lesquels il puisait suivant ses besoins, 
pendant plusieurs jours; M. Debreuil conserve des œufs de 
Nandous et d'Emeus pendant plus de deux mois sans aucun 
soin particulier. 

En France, les œufs d’Autruche pourraient donc être utilisés, 
avec avantage, dans bien des cas et, entre autres, pour les 
besoins de la pâtisserie. Malheureusement, quoique le plus 
grand nombre de ces œufs ne soit pas mis en incubation. la 
production actuelle n’en semble ni assez importante, ni assez 
régulière, pour permettre des marchés rémunérateurs aux 
éleveurs. Dans ces conditions, il pourrait être plus intéressant 
de chercher à les conserver en les desséchant. 

Un œuf d’Autruche (Struthio Camelus) a environ 17 cenli- 
mètres de hauteur sur 13 cent. 8 de largeur. 

Son poids est : 

Blanc, 1.180 grammes; jaune, 365 grammes; coquille, 
250 grammes; déchet (peau), 15 grammes; soit un total de 
1.810 grammes. 

Le volume intérieur est de un litre et demi. 

M. le comte Delamarre de Monchaux fait connaître qu'il a 
vu le À janvier s’ébattre à Paris, sur la Seine, grossie par la 
crue, plusieurs Canards sauvages aux environs du pont de la 
Concorde. Ces Palmipèdes suivaient, en nageant, le fil de 
l'eau, passaient sous les ponts, puis remontaient le courant en 
volant à une faible hauteur au-dessus de ces ponts, se posaient 
sur l'eau en amont et recommencCaient ensuite le même ma- 
nège. 


Depuis quelques années, on remarque, chaque hiver, dans 
la traversée de Paris, des Canards sauvages; cette année, 
M. Lasseaux a aperçu, dès le mois de décembre, une bande de 
quelques Canards, se tenant généralement près du jardin du 
Vert-Galant, et dans laquelle se trouve une Cane blanche. 


ENTOMOLOGIE. 


M. Jules de Guerne signale trois notes récemment publiées 
dans le Bulletin de la Société Entomologique de France (séance 
du 12 novembre 1919). 


EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 61 


L'une, de M. Lesne, Assistant au Muséum, concerne un 
Coléoptère indo-malais nouvellement introduit à l’île de la 
Réunion. C’est un Longicorne dont le laboratoire d’entomo- 
logie du Muséum d'Histoire naturelle a récemment reçu de 
M. de Villèle plusieurs spécimens adultes. Ceux-ci ont été 
obtenus par l'élevage de larves qui s'étaient signalées dans 
notre colenie de l'Océan Indien, par les dégâts qu’elle com- 
mettait dans une plantation de jeunes Filaos (Casuarina equi- 
setifolia L.). 

Les adultes n'avaient pu être identifiés avec aucune des 
espèces connues pour habiter l’île. 

Or, l'Insecte en question n’est autre que Cælosierna scabrata 

Fabr., Longicorne du groupe des Lamiaires, répandu dans 
une grande partie de l’Inde britannique, mais dont la présence 
u’avait pas encore été signalée aux îles Mascareignes. 
_ Dans l’Aoudh (Inde septentrionale), cet Insecte attaque une 
Diptérocarpée (Shorea robusta Gaertn.), dans l'Inde centrale, 
au Barar, il se développe notamment dans le bois de l’Acacia 
arabica Willd. (Légumineuse, Mimosée); enfin, dans la prési- 
dence de Madras, on a vu le même Longicorne écorcant à l’état 
adulte les jeunes pousses des Casuarina (Filaos), traitement 
qu'ii fait d’ailleurs également subir aux pousses d'Acacia 
arabica. Le Cælosterna semble se développer dans les arbres 
vivants et notamment dans les jeunes arbres. 

Ce Coléoptère est donc, ajoute M. de Guerne, un hôte parfai- 
tement indésirable et il y a d'autant plus lieu de s'opposer 
énergiquement à son acclimatation que d’autres Longicornes 
indomalais se sont répandus déjà dans les iles Mascareignes et 
à Madagascar. M. Lesne cite même une espèce, indomalaise 
également, le Xystrocera globosa OI. qui, répandue déjà dans 
toute la région malgache, existe en outre en Egypte et à Hawaï, 
semblant être en voie de devenir cosmopolite dans les pays 
chauds. 


Une autre note due à M®° Alice Vuillet a trait aux parasites 
d’un Lépidoptère du genre Pyrale (Pyrausta nubilialis Hb.), 
très nuisible au Maïs dans les cultures duquel elle commet de 
grands dégâts aux Etats-Unis. M. de Guerne demande que ce 
travail très court soit reproduit in extenso dans le Bulletin; il 
est en effet très utile de donner une grande publicité aux faits 
signalés par M"° Vuillet. L'introduction en Amérique des para- 


62 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGCLIMATATION 


sites de la Pyrale du Maïs permettrait sans doute de lutter 
avec succès contre l'invasion de cet Insecte. M. de Guerne 
rappelle que cela a eu lieu déjà, gräce à notre collègue M. Mar- 
chal, pour les Chenilles processionnaires dont les invasions 
furent arrêtées par les Calosomes dont la Station entomolo- 
gique de Paris assura la récolte et l'envoi en grand nombre au 
Service entomologique des Etats-Unis, dirigé par M. Howard. 


Une troisième notice enfin, due à M. Jean-L. Lichtenstein, 
est consacrée à un Hyménoptère du groupe des Torymides, le 
Philotrypesis caricæ Hass., qui vit aux dépens des Figues sau- 
vages dans l’intérieur desquelles les femelles peuvent déposer 
leurs œufs à l’aide de leur longue tarière. Cet Hyménoptére, 
qui est répandu dans l'Europe méridionale et en Asie Mineure, 
vient d'être découvert aux environs de Montpellier conjointe- 
ment par MM. J.-L. Lichtenstein et F. Picard. Sa biologie est 
intéressante à étudier, car il semble jouer un rôle dans la 
fécondation des fleurs de Figuier, par la caprification. 

M. de Guerne exprime le désir que notre Section d'entomo- 
logie reprenne son fonctionnement régulier de façon à ce que 
puissent y être discutées des questions très intéressantes, 
mais par trop spéciales pour être abordées dans les séances 
générales. 

BOTANIQUE. 


M. le capitaine Brugère, dans la lettre précitée, réclame le 
concours de ses collègues pour lui procurer, ne fût-ce que 
quelques onces, des graines fertiles de Chloris Gayana, four- 
rage très précieux pour la région sèche de Marrakech. 

Des graines ont été demandées au Chili. 


COLONISATION. 


M. le professeur Gruvel fait une communication sur la pêche 
des Cétacés au Gabon et la production des matières grasses et 
des matières azotées dans les colonies francaises. 

A leur rentrée de mission de 1910-1911, MM. Gruvel et 
Charcot ont signalé aux armaleurs et aux capitalistes français 
la présence de nombreuses bandes de Baleinoplères, depuis 
les côtes du Gabon jusque dans l'Antarctique. 

Cet appel à l'industrie francaise a eu simplement pour effet 
d'intéresser si vivement les pêcheries norvégiennes qu'elles 
ont envoyé immédiatement dans les parages indiqués des 


EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 63 


bateaux -chasseurs et des navires-usines pour la capture 
des Célacés et leur transformation en matière d'utilisation 
industrielle. L'entreprise a donné des résultats si fructueux et 
a pris une telle ampleur que l'administration française a dû, 
pour éviter la destruclion complète de cette richesse de son 
domaine, nommer une Commission spéciale pour réglementer 
la chasse sur les côtes des colonies francaises. 

M. Gruvel, devant l'altitude des capitalistes francais qui ne 
savent pas comprendre encore tout l'intérêt qui s'attache à 
développer, au profit national, cette industrie coloniale de 
notre domaine, demande, puisqu'il nous faut le savoir-faire 
étranger pour nous slimuler, de tenter, tout au moins, la 
formalion de sociétés franco-norvégiennes pour l'exploitation 
des richesses ichtyologiques envisagées. 

Il est certain que, dans les circonstances d'après-guerre où 
nous vivons, l'acquisition de l'outillage pour faire cette exploi- 
lation nécessile une dépense dix fois plus forle qu'avant la 
guerre, mais l'opération resterait très bonne puisque les pro- 
duils de la pêche ont acquis une plus-value en concordance 
avec les énormes prix de revient. C’est ainsi que l'huile de 
Baleine, au lieu de 600 francs la tonne qu’elle valait en 1915, 
se vend, au cours actuel, 3.000 francs et les guanos azotés ont 
monté de 180 francs à 600 francs les 1.000 kilogrammes. La 
poudre d'os vaut, à cette quantité, 600 francs au lieu de 200 
avant la guerre et les fanons de 1'° qualité coûtent 50 francs le 
kilogramme. 

Emus de la disparition des grands Cétacés dans l’hémi- 
sphère boréal, les Norvégiens avaient, dès 1903, interdit la 
pêche de ces grands Mammifères aquatiques. Les nécessités de 
la guerre ayant déterminé le Gouvernement norvégien à lever 
cette interdiction après une période d'exercice de moins de 
16 ans, il est intéressant de constater qu'il n’a pas fallu plus 
de temps pour rendre celte pêche si fruclueuse, qu'on à dû, 
pour {raiter et transformer son produit, fonder cinq usines sur 
la côte ouest de la Norvège. 

Si nous savions orienter une exploitation de ce genre vers la 
France, la ville de Marseille est toute désignée pour devenir 
le grand marché francais des huiles et des guanos de Cétacés 
et de Poissons. Le port de Marseille pourrait, en effet, recevoir, 
en même temps, les produits d'usines installées au Maroc, en 
Afrique Occidentale, à Madagascar, de même qu'en Indo-Chine. 


64 BULLETIN DE LA SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Il est illogique, pour ne pas dire coupable, que nous continuions 
à abandonner au profit de l'étranger cette part considérable 
offerte à notre prospérité nationale. 

Le moment semble particulièrement bien choisi, conclut 
M. Gruvel, pour tirer de l'exploitation intensive de nos pêche- 
ries coloniales les matières grasses et les matières azotées 
sous toutes les formes dont notre commerce et nos industries 
métropolitaines ont un si urgent besoin, et que notre empire 
colonial pourra fournir en très grande abondance, pour peu 
que l’on sache et que l’on veuille en tirer parti. 

M. le baron de Guerne souligne le très grand intérêt de la 
question traitée par M. le professeur Gruvel. M. de Guerne évo- 
que ses souvenirs de voyage, pour faire préciser l’état d'avan- 
cement des œuvres coloniales qu'il a vu en marche ou débuter 
et qui se rattachent à l’ordre de choses que M. Gruvel a étudiées. 

Les difficultés du moment font poser notamment la question 
de savoir si l’on ne pourrait pas obtenir bientôt, par les con- 
cours recherchés, des poudres alimentaires tirées des déchets 
pour nourrir économiquement les Pores et les volailles devenus 
hors de prix par la cherté de leurs prix de revient. 

M. Gruvel répond que la question est au point dans le sens 
désiré et n’attend plus que les moyens financiers de réalisa-- 
tion. Les expériences faites ont établi que la viande des Porcs 
alimentés par ces poudres n’accuse aucun goût de ce fait si l’on 
prend la précaution de suspendre cette alimentation spéciale 
pendant un laps de temps assez court avant la saignée de 
l'animal. Quant aux œufs des Poules nourries de cette manière 
ils seraient, dit-il, de goût irréprochable. 

Les perspectives économiques que cette communication a 
ouvertes sont extrêmement importantes, et il est à souhaiter 
que la masse du public en ait connaissance. Il faudrait trouver 
le moyen de faire connaître les sujets traités à nos séances par 
les journaux quotidiens. 


M. Piédallu parle de l'influence des récipients en fer sur le vin. 
La portée utilitaire du travail de M. Piédallu donne un réel 
intérêt à la publication de tous les détails de ses observations. 
Elles figureront, comme la communication de M. Gruvel, dans 
un prochain numéro de la Æevue d'Histoire naturelle appliquée. 


Le Secrétaire des séances, 
PIERRE CREPIN. 


Le gérant : À. MAReTHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


aines offertes par M. GAGE, 

 superintendant du Jardin royal 
botanique. de Darjeeling, à 
Calcutta (Inde). 


# _* Plante rustique. 
_ © Plante demi-rustique. 


Acer Campbelli **, 

_ — Hookeri. | 

© — lzv'gatum**. 

| Actinidia strigosa. 

Anemone rivularis * 
rdisia or ete 

Artemisia Door. 

Astilbe rivularis * 

Beilschmiedia horr 

-Betula utilis *. 
ampammæu parviflora. 
asearia Vareca. 


occidentalis. 


ynoglossum Wallichianum *. 
esmodeum tiliæfolium*. 
dgeworthia Gardneri *. 
læocarrus sikkimensis. 
Erythrina arborescens. 
urya acuminata. 
ainus floribunda **. 
 Helwingra himalaica. 
Heptapleurun impressuns 
venulosum. 
Bydrangea robusta. 
ypericum Hookerianum “*. 
ypericum patulum **. 
— reptans *. - 
LZ, robusta. 
À dé fragilis. 
- insignis.… 
sminum humile * 
igustrum confusum * 
agnolia Campbelli **. 
ichelia Cathearti. 
cuna Mmacrocarpe. 
eckia nutans. 
ieea morinda * 
Pieris ovalifolia **. 
Pittosporum floribundum. 
 Piptanthus nepalensis **. 
Porana racemosa. 
Prunus acuminata *. 
. Puddum. 
_ nepalensis. 


Pratia montana. 
Quercus incana. 
—  Gri/fillir. 


Rhododendron cinnabarinum. 


— Dalhousiæ. 
an Ialeoneri. 
— grande. 
— Maddeni. 
Rubia cordifolia. 
Sauranga nepalensis. 
Sauropus albicans *. 
Saussurea deltoidea. 
Schima Wallichi. 
Smilax aspericaulis. 
Solanum Khasiañum. 

— niyrum . 

—  verbasciflorum:. 
Sonchus arvensis * 
Styrax Hookeri. 
Swertia tongluensis. 


_ Symplocos thezfolia. 


Tepluosia candida. 
Trachycarpus Martianus. 
Trichosanthus palmata. 
Tricholepis furcata. 
Priumfelta rhombhoidea. 
Tsuga Brussoniana. 


Zanthoxylum acanthopodiun. 


28 LISTE. 


Aster himalaicus. 

Aucuba himalaica. 
Clematis nepalensis. 
Cynura nepalensis. ; 
Dendrocalamus Hamiltoni. 
Briobotrya Hookeriana. 
Trichosanthes palmata. 
Meæsia chisia. 

Nyssa sessiliflora. 
Osbeckia siellata. 

Oxalis corniculata. 

Rosa macrophylla, 

Rosa sericea. 
Trachycarpus excelsa. 


3° LISTE. 


Æsculus punduana. 
Alangium alpinum. 
Berberis angulosa. 

—  concmna. 

—. umbellata . 

—  Wallichiana. 
Betula Bhojpalira. 
Bœhmeria platyphylla. 
Cassiope fastiqata. 


Castanapais hystri. 
Corylus ferox. 
Cotoneaster avuminata. 
— m'crophylle. 
Dicentra scandens. 
Dobinca vulgaris. 
Elæocarpu: sikkimensis. 
Enkianthus hinealaicus. 
Hypericum Hookerianum. 
— palulum. 
Juniperus pseuso-subina. TR 
prostrala. 
—  YECUrUQ. à 
Leycesterià formosæ. 
Lilium yryanteum. 
Lonicéra hispiua. à 
Magnolia Campbelli, à fours ; 
rouges. 
Michelin excelsa. 
Neillia thyrseflore. 
Polygalu arillata. 
Pyrus microphylla. 
—  vestila. 7.410 
Rhododendron andropogon.. 
— lepidotum. 
_— Sélosum. 
Ribes Griffithii. 
Rubus motuccanus. 
— niveus. 
Salix calyculula. 
— oreophilu. 
Sambus a inuta. 
Spiræa arcuata. 
— bella. 
Solanuin macroden. 
Swertiæ Hookeri. 
Viburnum siellulatum. 
Vitis capreoluta. 


Graines offertes par M. BOIS. 


Cucurbita melanosperma (Courge: 
de Siam). 
Anserine amarante. 
Onopordon illyricum L. var. car. 
duncutus. 
4 


Graines offertes par M. MORE 


Cytisus sempervirens, 


Dimorphoteca aurantiaca. È 
Héliotrope géant var. Lemoine 


Polygonum Baldschuanicum. 


Graines offertes par M. PIÉ- 
DALLU. Ia 


Sorgho hâtif de Minnesota. 
S'adresser au Secrétariat. 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 


OFFRE 


FT 


in 


#1 Canard et 2 Canes sauvages 
M. - b. Loyer, 4, rue de Tournon, Paris. 


60 francs, 


DEMANDE 


Jeune Chat des Chartreux gris, poil ras si 
possible, âgé de 6 semaines à 2 mois. 
Mo Bethmont, 1, rue Davioud. 


+ 


rer 


Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de conco | 
{° à l'introduction, à l'acclimatation et à ia domestication des espèces d'animaux 
utiles et d’ornem nt; 2% au perfectionnement et à la multiplication des races | 
nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation 
de végéianx utiles où d'ornement. 

La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. 
Le meimbre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une 
cotisation annuelle de 25 francs. | 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et quis ‘affran- 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 

La Sociélé décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 

Elle tient des séances géuérales bimensuelles. 

La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de Zoologie et de | 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'ani- 
maux à ses membres. 

Elle publie, outre ce Bulletin, la Revue d'Histoire naturelle appliquée, 
composée de deux parties et illustrée de gravures. Ces publications traitent des 
questions cencernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particuliè- 
rement des faits d'acclimatation. < 

On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle : … 
installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction, etc., etc. 

Le Bulletin e-t adressé gratuitement, la Revue est servie par abonnement, aux. 
membres de la Société, au prix réduit de 15 fr. pour chaque partie ou de 20 fr. 
pour les deux. 


REVUE D'HISTOIRE NATURELLE APPLIQUÉE 


PREMIÈRE PARTIE : MAMMALOGIE 
AQUICULTURE — ENTOMOLOGIE-—BOTAN IQUE — COLONISATION 


SOMMAIRE, N°: 4 et 5, AVRIL-MAI. 


E. TROUESSART. — Les Caractères de l'Okapi à l'âge adulte (avec fiqure). 


G. BABAULT. — Essai d'Acclimatation et d'élevage pratique de l'Oneas Canna (Élan du Cap) 
{avec figure]. 


X. Raspaiz. — Les Surmulots mélanos. 

C. Maizzes. — Le Rat et le Surmulot. 

P. CrupiN. — Le Ver à soie dans les auteurs grecs et latins. 

A. Mouquer. — Un petit nid d'Orchidées. 

L.-A. Done. — Considération générale sur l’Acclimatation des arbres et arbustes et les hivers 


rigoureux. Essais et résultats d'Acclimatation de Végétaux ligneux dans le Centre) de la 
France (suite). 


CH. RIVIÈRE. — Jnvariabilité du climat du Nord de l'Afrique depuis les temps historiques è 


Eléphants. Carthage. Légende du grenier de Rome. Agrologie et Climatologie comparées. 
Chronique générale et faits divers. À 


DEUXIÈME PARTIE : L'OISEAU 


SOMMAIRE, N° 4 et 5, AVRIL-MAI. 


R. ReBoUS8gIN. — Forêts lorraines. Milan royal (i/ustré). 
D' Mycret-HoRsIN. — Acclimatatlon en Atrique occidentale française II, 
A. Decoux. — Notes sur trois Oiseaux de l'Afrique occidentale (z/lustré). 
A. MErGIER. — Le Torcol en captivité. 
D' E. TrRouEssART. — Hybrides de Paon et de Poule (illustré) 
G. DEBREUIL. — Une féministe. 

- Chromque ornithologique. ; 


Paris. — [. MaRKETHEUX, imprimeur, 1, rue Cessette. 


BULLETIN 


DA: 1 DÉ LA 10 
oeiété Nationale d'Acelimatation 
DE FRANCE 0 


67% ANNÉE 


N° 5. — MAI 1920 


SOMMAIRE 


Extraits des procès-verbaux des Séances de la Société. 


FAN Pages : 
ncetgénérale du 19 janvier 1920 . . . . . . . . . .. NAN SR Mt EUR APE PE 65 
AACONRÉnÉrA le RU ENMICRMLI20 TR UN CNE ES EN EE te ÉD NNre 68 
éance générale du 16 février 1920 . . . . . . . . . . . . . . . . .. RAT en INT CARRE NO 
HÉcÉALTEO D a SOA ES LAN TROP RE ARR BE ace ER A er 79 ; 


AU SIÈGE SOCIAL 


E LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION DE FRANCE 
. 198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VIS). 


artes annuelles d'entrée au Jardin d’Acclimatation, accompagnées de 
sont délivrées, au prix de 10 francs, aux membres de la Société, 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1920 


Président, M. Hdmond Perrier, Membre de l'Institut et de LA CAlUNE de Médecine, Professeur 
Muséum d’ Histoire naturelle, Paris. 5 
MM. D. Bois, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidherbe, | 
Vice-Présidents. Saint-Mandé (Seine). | 
Dr Caauveau, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulévard Saint-Germain, Paris: | 


Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 19, rue du Four, Paris. 1 


MM.J. CRrePIN, 55, rue de Verueuil, Paris (Séances). 
Secrétaires. CH. DEBREUIL, %5, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur). 
J. DELAGOUR, 28, rue de Madrid, Paris (Etranger). 


Trésorier, M. le D: SkBirLoTTk, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire : M. P. DE CLERMONT. 


Membres du Conseil. À 
MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 1:51 
le D° AcaALMx, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux. 
Paris. ‘ti 
le D' P. MaRCHAL, Membre de l'Institut, Professeur à l’Institub. | National Agronomique, 45, ke a 
de Verrières, à Antony (Seine). 
le D' LePriNce, 62, rue de la Tour, Paris. 
MAILLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 
le Dr E. TrouzssarTr, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. CU. 
LecomrEe, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rua des Ecoles, Paris: 
P. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. É 
L. ROULE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 
G. FoUCHER (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 
P. KesrNER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. : 
R. Le ForT, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


{ 
: 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1990 


Janvier | Kévriee | Mars | Avril Mai | Novembre | Décembre! 


| SÉANCES Du Conseiz, le mercredi à 4 h. 


| Séances générales, le lundi à 3 h. 


Sous-Secrion d'Ornithologie (Ligue pour 
la Protection des oiseaux) les jeudis 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevrorI 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. 1 


Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et L 
personnes qui désireraient l’'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de ] i 
Société, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 1 


fréquentes du fait de la guerre, le tableau sur la couverture du | Bolletin cesse d'êt 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. 024 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises, 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. è 


La reproduction, sans indication de source ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite 


EXTRAITS DES PROGES - VERBAUX DES SÉANCES DA LA SOCIÉTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 19 JANVIER 1920 


Présidence de M. le baron de Guerne, 


Vice-Président honoraire de la Société. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 


GÉNÉRALITÉS. 


À propos d’une précédente communication de-M. Gruvel sur 
la pêche des Cétacés, M. de Guerne fait circuler une boîte con- 
tenant les mandibules d’un Céphalopode gigantesque. IL a 
recueilli lui-même cet appareil buccal dans l'estomac d’un 
Cachalot capturé au cours d'un voyage aux Acores. D’après 
leurs dimensions, ces mandibules permettent d'établir que le 
Céphalopode qui les possédait devait mesurer au moins 
10 mètres de long. 


1 


M. Mouquet donne lecture d’une note de M. Beaudoin, archi- 
tecte au Muséum, qui relate les obsérvalions curieuses faites à 
la Ménagerie sur l'intelligence des Ours et des Singes. Ces faits 
d'observation ont été soigneusement contrôlés par des expé- 
riences répétées qui ne laissent aucun doute sur la portée de 
l'esprit de ces bêtes. Aussi M. Mouquet a été invité à faire un 
recueil de tout ce qu’il a pu noter par lui-même et par d’autres 
personnes s'intéressant à la vie et aux gestes des animaux, 
afin de pouvoir publier ces curieuses remarques et observa- 
Lions dans la Revue mensuelle des travaux de la Société. 


MAMMALOGIE. 


M. Brugère demande si la région sèche et steppienne qu'il 
babite au Maroc pourrait convenir à l'élevage de la Chèvre 
d'Angora. Si elle pouvait y réussir, il pense qu'elle pourrait 
remplacer avantageusement la banale Chèvre indigène, abso- 
lument inférieure à tous les points de vue de son utilisation 
économique. 


BULL. SOC. NAT. ACCL, FR. 1920. — 5 


66 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


M. Charles Rivière qui a une grande connaissance de la cli- 
matologie de l'Afrique du Nord se müntre très favorable à l’idée 
d'importer au Maroc le Caprin lanigère d'Angora, qui est un 
animal rustique, capable de trouver sa subsistance dans les 
terrains arides des hauteurs du Maroc où le climat extrême, 
assez semblable à celui de l'Asie Mineure, est précisément celui 
qui dispose l’animal à développer sa magnifique et riche toison. 
. [ faut, ajoute M. Crepin, des saisons bien tranchées, avec tem- 
pérature extrême dans les deux Sens pour obtenir de beaux 
résultats avec la Chèvre d'Angora qui se couvre d’une chaude 
enveloppe de laine en hiver pour se garantir des grands froids 
et qui réclame en été une température élevée et sèche pour 
l'époque où elle a dépouillé son opulent vêtement. 


M. Rivière voit la preuve de la réussite de cette race caprine 
en Afrique du Nord dans la beauté du troupeau de cette éspèce 
que M. G. Couput a entretenu dans la bergerie nationale de 
Mondjebeur, près Boghar, en Algérie. 

Il n’est pas inutile, ajoute M. Rivière, de rappeler que la diffu- 
sion de cette race dont le troupeau d'origine à été importé, il 
y a plus de 60 ans, par la Société nationale d’Acclimatation 
s’est trouvée brusquement arrêtée par une mesure administra- 
tive inexplicable : la destruction de ce magnifique troupeau. 
Plus tard, mais trop tard, le Gouvernement de l'Algérie a 
reconnu sOn erreur et a cherché à se procurer, de nouveau, 
cette race en Asie Mineure, mais il dut renoncer à ce projet 
devant les dépenses considérables exigées par cette nouvelle 
introduction du précieux Caprin. 


Quelle richesse pour notre pays si les 3 millions de Chèvres 
arabes qui vivent sur notre domaine algérien pouvaient être 
remplacées par l'animal qui fournit la matière première pour la 
confection des riches étoffes mohair, aussi solides que cha- 
toyantes et recherchées pour le vêtement de luxe ! 


BOTANIQUE. 


M. Lecomte, professeur au Muséum, dépose sur le bureau la 
liste des graines récoltées au Jardin alpin de Bièvres. Ces 
graines sont offertes aux membres de là Société qui voudront 
bien les demander. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 67 
ENTOMOLOGIE. 


La parole est donnée à M. Pierre Crepin pour sa causerie sur 
le Ver à soie chez les auteurs grées et latins. 

Cette commuñication nous fait assister à l’éclosion de la 
vérité scientifique sur cette espèce de chenille « lanigère ». 
C'est, én effet, sous le vocable de laine que fut définie dans le 
principe la précieuse matière que nous appelons « soie »; on la 
disait produite par un arbre, mäis les Anciens qui rapportaient 
ce propos ignoraient totalement à cette époque la genèse phy- 
siologique de là soie. Cependant au v° siècle on commence à 
parler d’un Bombyx qui tisse des loiles comme les Araignées, 
et l’origine animale de la Soie paraît à ce moment admise 
jusque vers le xm° siècle où cette notion se perd à la reprise des 
erreurs de Sträbon et de Pline sur ce sujet : ceux-ci donnent à 
ce produit nettement une origine végétale. Le Ver à soie rentre 
alors dans l'oubli complet jusqu'aux temps modernes où les 
Jésuites le voient à l’œuvre au cours de leurs voyages en 
. Extrême-Orient et rendent hommage à là vérité en faisant 
apprécier le précieux Insecte. 

Cette conférence sera reproduite ?n extenso dans la Revue. 

M. Piédallu fait observer qu'il existe d’autres produits tex- 
tiles d'ordre animal tel le byssus, qui possèdent un brillant et 
une finessse aussi remarquable que la soie. 

M. de Guérne souligne cette observation en citant ce fait 
rapporté par les Anciens que Cléopätré portait des gants tissés 
en byssus, Qui devaient être très beaux à en juger par la grande 
richesse avec laquélle sé vêtait la souveraine dé l'Égypte pto- 
lémaïque.. 

M. de Guerne ajoute que l'élevage du Ver à soie pratiqué sur 
une grande échelle, comme dans les magnaneries, donne lieu 
souvent à de graves mécomptes par les fréquentes épidémies 
qui y éclatént. Pour y parer lès femmes de la Russie méridio- 
nale faisaient éclore autrefois les œufs en les gardant soigneu- 
sement et proprement au chaud sur leur poitrine, entre Îles 
seins. Dans l’Europe orientale l’industrie de là soie remonte à 
une date déjà fort ancienne : les tissus de céètte matière étaient 
confectionnés avec un art très particulier et très original qui 
lés faisaient rechercher. 

Le secrélaire des séances, 


JOSEPH CREPIN. 


68 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 2 FÉVRIER 4920 


Présidence de M. le baron J. de Guerne, 


Vice-Président honoraire de la Société. 
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 
GÉNÉRALITÉS. 


Notre collègue, M. te professeur Lignières, ancien directeur 
de l’Institut national de bactériologie de Buenos-Aires, vient 
d'être élu membre correspondant national de l’Académie de 
médecine. 


M. le professeur E. Bugnion adresse un extrait du Bulletin 
de la Société zoologique, sur «les Mues de l'Empuse » (Empusa 
egena) dont il est l’auteur. 


M. Jouffrault, d’Argenton-Chäteau (Deux-Sèvres), envoie une 
note sur des cas d’albinisme et de mélanisme chez des Mam- : 
mifères et des Oiseaux. 


M: le Président fait part à la Société de la mort de M. Ivan 
Braconier. Notre regretté collègue a succombé à l’âge de 
65 ans dans un accident d'automobile survenu en Belgique. 


M. C. Rivière fait don à la Bibliothèque de la Société des 
trois volumes de La Porta et Marion intitulés « l'Évolution du 
Règne végétal » dont les deux premiers tomes traitent des 
Phanérogames et le troisième des Cryptogames, ainsi i que « Les 
Champignons » par Cook et Berkeley. 


Un de nos collègues nous communique la recette suivante 
pour faire des pains à la cassonade. 

« Prendre des pains au lait, les fendre dans leur longueur, 
« beurrer les deux moitiés et étaler dessus une cuiilerée à café 
« de cassonade que l’on saupoudre d'un peu de cannelle, refer- 
mer les petits pains et les mettre dans un moule à gaufrettes 
pour les chauffer et les aplatir. Se mange chaud. 
Ces pains sont très appréciés dans le Nord. 


= 
2 


= 
= 


M. le Président, se référant aux faits rapportés dans le procès- 
verbal de la dernière séance, rappelle, à propos de l’usage de 
la viande de Cétacé, qu'un dîner à eu lieu à Londres, à une date 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 69 


récente, pour démontrer que la chair -de Baleine se prête à 
d'excellentes préparations culinaires. Chez ce Cétacé la graisse 
entoure la chair mais ne s’y mêle pas. 

En Afrique orientale, les nègres sont très friands de cette 
viande. 


À propos du « byssus », qui est une matière filamenteuse de 
nature animale, M. de Guerne fait remarquer que le tissu 
qu'on en obtient est si merveilleusement fin que le pape 
Benoît XIV recut un jour une paire de bas de ce tissu enfer- 
mée dans une tabatière. Le byssus a la particularité de ne pas 
prendre la teinture. Son aspect est si semblable à celui de la 
soie que dans certains pays on le dénomme soie de nacre. Il 
est formé de la sécrélion durcie du Jambonneau (Pinna nobilis). 


Le Président présente la publication nouvelle de la Revue 
d'Histoire naturelle appliquée, comprenant deux parties : 

La première a trait à la Mammalogie, à l’Aquiculture, à 
l'Entomologie, à la Botanique et à la Colonisation. 

La seconde concerne l’Ornithologie-Aviculture et a pour sous- 
titre : « l’Oiseau ». 

Pour ces deux parties de la Revue le tarif d'abonnement est 
réduit pour les Sociétaires à 20 francs. Pour les personnes 
étrangères à la société, l'abonnement aux deux parties de la 
Revue est de 50 francs, soit 25 franes pour chacune. 


MAMMALOGIE. 


Plusieurs lettres que des amateurs adressent à la Société 
pour avoir des renseignements sur les moyens de se procurer 
des Chèvres suggèrent au Secrétaire des séances les observa- 
tions suivantes : 

La Chèvre d'Angora, dont il a été question dans de nom- 
breuses communications faites à la Société et publiées dans le 
Bulletin, éveille, en ce moment, un très grand intérêt dans 
l'esprit de beaucoup de ceux qui songent à la rénovation de 
notre industrie agricole en France et dans nos colonies. 

Ce précieux animal donne, en sus de son lait et de sa chair 
excellente, un abondant produit textile, presque aussi beau que 
la soie mais plus solide et plus chaud que celle-ci. Nous pos- 
sédons sur les hauts plateaux de France, d'Algérie et du Maroc 
le climat rude, de température extrême et saisonnière, que 


70 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


réclame cette Chèvre pour déployer sa riche toison gt ses 
autres facultés de rendement. 

L'élevage industriel de cette race caprine n’est pas encore ins- 
titué en France. Des tentatives vont être faites auprès du minis- 
tère de l'Agriculture pour intéresser le Gouvernement à l'idée 
d'importer en France des troupeaux d’Angoras, maintenant que 
l'opposition de l'administration turque n'est plus à craindre. 
Nous espérons que la question pourra être au point, pour le 
moment où les conditions de transport seront d’un prix plus 
abordable. Les membres de la Société seront d’ailleurs préve- 
ous en temps utile de manière à leur permettre de participer à 
cette entreprise d'intérêt public qui ne peut donner que d’ex- 
cellents résultats dans la suite, lorsque seront créées des orga- 
nisations coopératives pour l'écoulement industriel de tous les 
produits de la Chèvre. 


M. le professeur Trouessart fait une communication sur 
l'Okapi dont les cornes présentent une disposition semblable à 
celle des cornes de la Girafe qui sont recouvertes de peau. 
Cependant les cornes de l'Okapi offrent cette particularité d’être 
dénudées au sommet. À l’époque tertiaire beaucoup de Rumi- 
nants du même groupe avaient des cornes disposées en “Rles 
entièrement recouvertes d'un tégument. 


À propos de l'Okapi, M. le comte Delamarre cite les trois 
monographies suivantes : 

J. Fraipont : Ofapia (Ann. du Musée du Corgo, 1907); 
E. R. Lankester : Monograph of the Okapi (London, 1910); 
M. de Rothschild et H. Neuville : Recherches sur l'Okapi etles 
(Girafes de l'Est Africain (Ann. Sciences nat., IX, 1910); aux- 
quelles il convient d'ajouter la notice sur l’Okapi, publiée par 
Sir Harry Johnston dans les Animaux vivants du monde (tome I, 
p. 267-270); et une note du professeur Cabrera de Madrid, 
signalée par M. Joleaud insérée dans le Poletin de la real 
Sociedad espanola de Historia natural (numéro d'octobre 1919), 
et dans laquelle l’auteur s'élève contre les descriptions fantai- 
sistes que certains périodiques espagnols avaient faites de cet 
animal. 


ORNITHOLOGIE. 


Deux articles, l’un de M. H. D. Astley sur le Pie à Nuque 
d'or (Chrysophlegma flavinucha Gould) et l'autre de M. Decoux 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 71 


sur les Callistes en captivité, sont lus en séance. Ces articles 
paraîtront dans la deuxième partie de la Revue. 


M. Voitellier informe, la Société qu’un Concours national de 
ponte sera organisé à partir du 4° octobre 1920, sur le do- 
maine des Vaulx-de-Cernay (Seine-et-Oise), propriété de M. le 
baron Henri de Rothschild, où est installé, par application de la 
loi du 6 janvier 1919, le Centre national d’expérimentation 
zootechnique. 

C’est la Commission d'organisation et de contrôle de cette 
institution à la tête de laquelle se trouve M. René Berge, prési- 
dent de l'Office agricole régional du Nord, qui s’est chargée de 
l'agencement et de la bonne marche de cette épreuve. Elle 
convie les éleveurs de volailles de toutes races à y participer 
par l’envoi d’un lot de cinq Poulettes, nées en 1920 et prêtes à 
pondre dès le mois d'octobre. 

D'importantes récompenses sont offertes par la Société cen- 
trale d’'Aviculture de France. 

M. Voilellier donne en outre quelques renseignements sur 
l’organisation et les résultats des concours de ponte à l'é- 
tranger. Une note les reproduisant sera publiée ultérieu- 
remen L. 

Notre collègue montre le mécanisme d’un nid-trappe qui 
sera utilisé dans ce concours. 


AQUICULTURE. 


La parole est à M. le professeur Roule pour une communi- 
cation sur le Poisson-Chai dans la carpiculture. 

Ce Siluridé, dit M. Roule, nous vient d'Amérique. Il existe 
en Europe depuis une trentaine d'années et a suscité des con- 
_ troverses pour savoir si son acclimatation a été avantageuse 
ou préjudiciable. 

Si ce Poisson est intéressant pour les personnes qui se 
livrent au sport de la pêche à la ligne, en ce sens qu’il mord 
assez facilement et mérite par sa laille et le goût de sa chair 
quelque considération, il n’en est pas moins devenu un hôte 
fächeux pour les étangs où l’on élève de la Carpe. 

A la faveur des circonstances actuelles qui conduisent à 
utiliser à fond toules nos productions naturelles, l'élevage de 
la Carpe est devenu une industrie avantageuse et tout ce qui 
peut en diminuer le rendement doit être proscrit. 


79 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Le Poisson-Chat détruit les alevins de Carpe, subsiste dans 
les étangs aux dépens de la Carpe dont la valeur sur le marché, 
est incomparablement supérieure à la sienne et rebute le 
pêcheur occupé à faire le tri du Poisson capturé au filet par les 
blessures envenimées qu'occasionnent aux mains les piquants 
aigus que le Poisson-Chat porte à ses nageoires pectorales. 

Les gros Brochets eux-mêmes, placés dans les étangs pour 
la destruction des Poissons-Chats, n'affrontent pas ceux-ci 
malgré leur voracité, à cause des aiguillons venimeux dont il 
vient d'être parlé. 

Même la vidange de l'étang et la capture des Poissons-Chats 
après l'épuisement de l’eau n’amènent pas la disparition de ce 
Poisson indésirable. Il sait s’enfoncer dans la vase et est 
capable d’attendre ainsi pendant quelque temps le retour de la 
mise en eau de son aire d'élection. Il faut donc, pour arriver à 
détruire les individus envasés, mettre l’étang à sec pendant la 
période des froids d'hiver, labourer le sol pour mettre à nu 
les Poissons-Chats et enfin chauler fortement le fond asséché 
avant d'y ramener l’eau. 


MM. le baron de Guerne et le comte Delamaïrre pensent, 
comme M. Roule, que le Poisson-Chat est une espèce nuisible 
qu'il faut bannir de notre industrie aquicole. Dans le réservoir 
du Bourdon, dans le département de l’Yonne, M. Lavollé a 
acclimaté ce Poisson que M. de Guerne à vu à l’œuvre dans la 
destruction du frai de la Carpe qu'il avalait avec une extraor- 
dinaire voracité. 

M. Loyer parle de l’utilisation du Poisson-Chat dans les eaux 
stagnantes où il peut rendre quelque service par sa grande 


rusticité. M. Roule objecte que dans ces conditions il donne la 
préférence à l’Anguille. 


ENTOMOLOGIE. 


M. Gustave Rivière présente une certaine quantité d'œufs de 
Criquet recueillis dans la Crau, lors des expériences de des- 
truction de ces Sauterelles au moyen des lance-flammes de la 
guerre. 


BOTANIQUE. 


L'Arbre d'argent, Protea argentea Lin. ou Leucodendron 
argenteum KR. Br. est une magnifique Protéacée du Cap, au 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DÉ LA SOCIÉTÉ 73 


feuillage argenté, métallique, resplendissant au soleil et M. Ch. 
Rivière en présente un rameau chargé de belles inflorescences. 
Ce végétal est encore rare dans les cultures méditerranéennes, 
parce que l'éducation dans le jeune âge présente quelques 
difficultés, d’abord la lente germination des graines. 

L'échantillon présenté provient du jardin de M. Rivière, à El 
Biar, près d'Alger. 


Sur la fructification avec graines fertiles du Musa japonica 
ou Musa Basjoo signalée à Nice par notre collègue le D' Pros- 
chowsky, M. Ch. Rivière constate que le fait est intéressant 
parce que ce Bananier séminifère et en même temps à rhizome 
a une résistance qui lui permet de remonter plus vers le nord 
que toutes les autres espèces connues. Mais M. Ch. Rivière 
croit devoir rappeler qu'il a déjà tenté des essais de fécon- 
dation et même d'hybridation sur cette espèce, ainsi que le 
prouve sa note parue dans notre Bulletin (1909). Par hybri- 
dation de l’une ou de l’autre des espèces Musa japonica et M. 
sapientum, serait-il possible d'améliorer le fruit dans le pre- 
mier et d'augmenter la rusticité ‘de la plante dans le second? 
Expérimentation de longue haleine interrompue par diverses 
causes et qui serait à reprendre. 


La climatologie spéciale et accidentelle d'un milieu con- 
corde avec l’aggravation des épidémies, et c’est ainsi, d’après 
notre collègue le D’ Sergent, directeur de l'Institut Pasteur à 
Alger, qu'il y à une corrélation entre la recrudescence du palu- 
disme en Algérie par un microbe macédonien et l’état atmo- 
sphérique; l'épidémie de l'été 1918 a été particulièrement 
meurtrière, et à ce sujet, M. Ch. Rivière rappelle le proverbe 
arabe. « Printemps pluvieux, été fiévreux ». 


Au sujet des Pommes de terre des Canaries, que l’on croit 
pouvoir être implantées dans le nord de l'Afrique et même 
dans nos régions subtropicales, M. Ch. Rivière, qui, l'an der- 
nier, a continué des expérimentations de culture, pense quil 
n’y a là qu'une légende. 

Il n’y à pas aux Canaries, comme on l’espérait, des races 
indigènes absolument pérennes, n'’exigeant pas périodi- 
quement un renouvellement de semences. 

Les Pommes de terre cultivées aux Canaries proviennent de 
variétés européennes annuellement importées d'Angleterre 


74 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


comme semence et exportées aussitôt récoltées : l'emploi de 
ces tubercules en seconde culture ne donne que des produits 
en dégénérescence immédiale. MM. Pérez aux Canaries et 
Vuillet au Sénégal-Niger confirment cette observation. 

Consulté sur cette question par M. Ch. Rivière, notre collègue 
M. Mallet, directeur de l’agriculture et du commerce du Maroc, 
lui adresse, pour être communiqué à notre Société, un 
tableau résumant les expériences faites l’an dernier sur divers 
points et desquelles il résulte que les principales variétés dites 
des Canaries ne seraient autres que ln de siècle et Magnum 
bonum, bien connues dans nos cultures francaises comme 
excellents produits. 

Mais trois autres variétés dites espagnoles : Negros, de Vaga 
et J'orrente se sont montrées franchement mauvaises, et même 
cette dernière n'a donné aucun tubercule consommable. 

M. Mallet rapporte toutes les bonnes variétés à des types 
connus en Europe et, comme lui, M. Rivière aurait tendance, 
malgré un conspectus particulier de végétation de certaines 
variétés, à admettre son opinion si une anomalie ne s'était 
présentée l’an dernier, c’est-à-dire que tandis que la floraison 
de nos Pommes de terre ordinaires était particulièrement 
abondante, celle de Papa blanca, palmera et negra était fort 
rare et les fleurs, petites, à pétales exigus et jaunâtres. Il y & 
donc là une anomalie à étudier. 


Sur les acclimatations anciennes dans le bassin méditer- 
ranéen et dans le midi de la France. M. Ch. Rivière donne 
quelques brèves indications notamment sur le Bananier, le 
Cotonnier et la Canne à sucre. 

Les Bananiers comestibles, Musa sapientum, paradisiaca et 
même M. sinensis étaient connus à Alger dans les jardins 
maures avant la conquête, ce que démontre un agronome au- 
torisé, Loiseleur-Deslongchamps, dans une communication à la 
Société d'Horticulture de Paris en 1832, où des Bananes trou- 
vées bonnes avaient été envoyées. 

Quant aux essais de culture du Bananier nain de Chine, ils 
ont toujours échoué et ce n’est qu'après quelques déceptions 
coûteuses qu on l’a abandonnée malgré un avis officiel de 1903 
sur l'opportunité de reprendre cette tentative. 

Les Bananiers comestibles auraient pu donner des résultats 
appréciables sur le littoral nord-africain, mais on n’y sut pas 


HE 


EXTRAITS DES PROCÈÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 75 


lutter contre les importations des Banames des Canaries, dont 
nous sommes tributaires. 


La production du Coton a toujours hanté l’agriculture du 
bassin méditerranéen et du nord de l'Afrique, ce que nous 
apprennent divers auteurs de 1500 à 1600. Quand Charles IX 
entra à Hyères, il trouva des forêts de Cotonniers; plus lard, 
en 1606, les Cotonniers sont également signalés nombreux en 
Provence. 

Mais on se doute peu que c’est le Cotannier qui attira l’atten- 
tion sur le nord de l'Afrique à la suite des écrits du poète 
Malherbe. 

En réalité, le Cotonnier en Algérie n'a jamais donné que des 
déboires : culture prospère avec des primes, abandonnée quand 
celles-ci étaient supprimées, telle est encore la situation 
actuelle; mais en réalité cette production à toujours été et 
reste encore restreinte faute de moyens d'arrosage. 


Quant à la Canne à sucre, son histoire est quelque peu 
obscure dans le midi de la France où cependant sa végétation 
avait paru suffisante pour attirer l'attention de cultivateurs 
et d’industriels, au point que le parlement d’Aix en saisit 
Colbert. 

En 1893, après un été chaud et prolongé, la bonne végé- 
tation de la Canne avait fait renaître quelques espérances 
dans le Midi : une gelée tardive détruisit ces illusions. 


En résumé, une acclimatation n’est complète que quand l'es- 
pèce s'adapte au milieu pendant de longues années et déve- 
loppe normalement toutes les phases de sa végétation. 

Mais cette modification de l'espèce dans un autre milieu 
climatique est de moins en moins admise et l'opinion du 
savant Aug. de Saint-Hilaire subsiste : « Les plantes ne se 
désacclimatent pas plus qu'elles ne s’acclimatent. » 


Le secrélaire des séances, 


J. CREPIN. 


76 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 16 FÉVRIER 1920 
Présidence de M. Bois, Vice-Président de la Société, 


Le procès verbal de la précédente séance est lu et adopté. 


GÉNÉRALITÉS. 


M. le comte Delamarre offre, pour la bibliothèque, un exem- 
plaire de l’Almanach de la Société des Agriculleurs de France 
contenant quatre articles dont il est l’auteur; les deux premiers 
traitent respectivement de la Teigne des Pommes de terre el 
des Insectes de l’Asperge; les autres des Basses-Cours et de 
leur hygiène. 


M. Luc offre également, à la bibliothèque de la Société, le 
tome III des Actes du Congrès d'Agriculture Coloniale des 
21-25 mai 1918 traitant des productions suivantes : Café, 
Cacao, Canne à sucre, Riz, Thé, Tabac, Caoutchouc, Coton, 
Soie, par M. Zolla. 


M. le D' Chalmers Mitchell, secrétaire de la Société Zoolo- 
gique de Londres, fait partie du raid audacieux qui s’accomplit 
en avion du Caire au Cap. Ce voyage sensationnel que notre 
collègue, qui n’est plus un jeune homme, entreprend avec le 
plus souriant courage, est une entreprise des plus hasardeuses. 
Nous espérons que tous les obstacles seront surmontés et que 
M. Chalmers Mitchell, après avoir recueilli d'importantes 
observations, reviendra sain et sauf de cette hardie randonnée 
de près de 8.000 kilomètres au-dessus des régions les plus 
sauvages de l'Afrique. 


M. R. de Clermont soumet à l’approbation de la Société un 
certain nombre de vœux : 

1° Sur la création dans les pays dévastés de Sancluaires 
pour les Oiseaux ; 

2° Sur la création de réserves scientifiques complétant les 
dispositions de la loi Beauquier du 21 avril 1906; 

3° Sur la création d’un parc planté d’essences intéressantes 
indigènes ou exotiques dans une des portions des terrains 
laissées libres par la démolition des fortifications de Paris; 


RS Le ce © 


\ 
EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 77 


4° À propos de la Protection internalionale de la Nature ; 
5° Sur le reboisement de certaines régions dévastées. 


MAMMALOGIE. 


M. Joseph Crepin it une note sur les Chèvres dans les Expo- 
sitions et en particulier à la dernière Exposition avicole. Notre 
collègue déplore la légèreté avec laquelle on a admis et primé 
des bêtes ordinaires. Un Bouc, même sans race aucune, a 
obtenu un grand prix d'honneur. Il est regrettable pour l’idée 
caprine, qui acquiert, en ce moment, une importance capitale 
pour la vitalité du pays, que des exhibitions semblables aient 
lieu. La note de M. Crepin paraïtra dans notre Revue d'Histoire 
naturelle appliquée. 


ORNITHOLOGIE. 


Il est donné lecture d'un mémoire de M. Delacour sur le 
Faisan Mikado et les essais tentés en Europe en vue de son 
acclimatation. L'article de notre collègue doit paraître dans le 
prochain numéro de la deuxième partie de la fevue. Comme 
suite à l'étude de M. Delacour, M. Pierre Crepin fait une com- 
munication sur les hybrides de Mikado (Syrmaticus Wikado) et 
de Faisan d'Elliott (Syrmaticus Elliotti) dont il fait l'élevage. 
Cette communication paraîtra, également, ?n extenso dans la 
deuxième partie de la Revue. 


BOTANIQUE. 


M. le président présente des fibres d’Ananas et du Riz de la 
Côte d'Ivoire remis par M° Tourillon de Clercq. M. Bois pré- 
sente également 3 fruits de Chayotte (Sechium edule) que nous 
envoie de Nice notre collègue M. Marnier-Lapostolle. La 
Chayotte est une plante grimpante, cultivée dans tous les pays 
chauds, et dont les fruits comestibles, d’un goût très fin, se 
préparent comme des Aubergines, farcis ou sautés au beurre. 
Ces fruits mûrissent d'octobre à novembre et peuvent se con- 
server dans un endroit sec et à l'abri de la gelée jusqu’en avril. 
Un seul pied, dès la 2° année, peut produire jusqu'à 200 fruits. 
On fait germer ces fruits en avril en les plaçant sur les tablettes 
d'une serre chaude. Dès que le germe se montre, le fruil doit 


718 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


être placé dahs un pot repli de terreau léger, lé germe n'ayant 
qu'une très pelite couclie de lerréau au-dessus dé lüi. On 
arrose très modérément, puis, lorsque la petite plante a cinq 
ou six feuilles, on la met eh pleine terre avec beaucoup de 
fumier. 


M. A. Guillau@min fäit une communication Sur Jes Plantes 
orliementales de la Nouvelle-Cälédonie. Notre collègue signale 
l'intérêt qui 8’attäche à cette flore particulièrement riche ét 
belle : «Conifères, aux formes de jeunesse d'une grâce extrôrne; 
Araliacées, dont les formes jeunes présentent des feuilles d'üne 
exquise légèreté ét d’üne remarquable richesse de coloris, 
Liliacées aux feuilles ou äux fleurs éclatantes ; Pälmiers 
superbes et Orchidées extraordinairement floribondés ». 
Toutes ces Plantes sont sous nos climats des Plantes de serre 
tempérée, chaude ou d’orangerie. 

Le très intéressant travail de notre collègue, qui comporte la 
description de 244 plantes néo-calédoniennes, paraîtra dans 
notre AÆevue. 


M. le D' Leprince nous adresse les résultats suivants de là 
culture des Pommes de terre des Canaries faité dans Sà pro- 
priété dans l'Oise. 

Pappas Blancas. — 18 touffes plantées, à 4 tubercule par 
touffé de la grosseur d'un œuf; récolte 215 tubéercules, énsemble 
22 kilogr. 

Pappas Palmeras. — 18 touffes plantées, à 1 tubercule par 
touffe de grosseur égaie à ceux de là variété précédente; récolte 
225 tubercules, ensemble 45 kilogr. 

Pappas Nigras. — 18 touffes plantées, à 2 tuberculés par 
touffe dé la grosseur d'une noix; récolte, 260 tubercules, 
ensemble 10 kilogr. Date de la plantation : mi-avril. Däté de la 
récolte : 2° quinzaine de septembre. 


COLONISATION. 


M. A. Chevalier lit sés Conclusions sur les améliorations à 
faire en matière d'acclimatation végétale et l’influénce bien- 
faisante que lé Gouvérnement pourrait exercer en cette 
matière. Puis notre collègue propose à là ratification de la 
Sociélé quatre vœux, qui sont adoptés à l'unanimité. Le texte 


BIBLIOGRAPHIE 79 


complèt de ces vœux, précédé d’un résumé des conclusions de 
M. Chevalier, sera publié ultérieurement. 


M. Luc fait une commuuication sur les plantations de la 
Malaisie et les Palmiers à huile africains. 

Notre collègue insiste vivement pour que dés mesures éner- 
giques soient prises dans nos colonies africaines afin de tirer 
parti avec le maximum de rendement de nos Palmiers 4 huile. 
Le temps presse, cer les Etats fédérés Malais organisent, à 
Malaccà, des plantations d'£/æis qui, exploitées méthodique- 
ment, supplanteront sur le marché nos huiles de palmes afri- 
caines. La communication de M. Luc paraitra in extenso dans 
notre revue. 


Le Secrétaire des séances adjoint, 


PIERRE CREPIN. 


BIBLIOGRAPHIE 


Malgré les difficultés du moment, M. Tyrwhitt-Drake vient 
de publier le V/LE Annuaire de l'Association des amateurs de 
ménagerie de la Grande-Bretagne. Ce joli petit volume, fort bien 
illustré comme à l'ordinaire, embrasse Iles exercices 1918 
et 1919 ; le nombre des sociétaires, loin de diminuer, comme 
on aurait pu le craindre, est passé de 71 à 73. Les membres de 
ce club original ont fourni à l'Annuaire d’intéressants détails 
sur les animaux qu'ils entretiennent dans leurs ménageries. 
Nous signalerons particulièrement l’article de notre collègue 
M. Blaauw sur ses pensionnaires de Gooïlust : les Antilopes 
bontebok du Cap, les Chevaux sauvages de Mongolie, les 
Canards noirs du Cap et les jolies Bernaches des îles Sand- 
wich. M. Blaauw conserve précieusement ces Bernaches dont il 
n'existe plus, même aux iles Sandwich, que de bien rares indi- 
vidus. 


Fruits et légumes de primeur, Culture sous verre el sous abris, 
tome I : « Légumes », par J. Nanor et R. VuieniEr. — 1 vol. 
in-16, de 370 pages, avec nombreuses gravures dans le texte 


80 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


et hors texte. Prix : 10 francs (Librairie Agricole de la Maison 
Rustique. Librairie de l’Académie d'Agriculture, 26, rue Jacob, 
Paris). 

Il n'existait pas jusqu'à présent de traité complet et détaillé 
en langue française consacré aux cultures de primeur. Cet 
ouvrage paraît donc appelé à rendre les plus grands services 
aux amateurs comme aux praticiens du métier. 

Le Tome I, comprend les chapitres : Généralités, Abris, 
Chassis, Coffres, Outillage, Fumier, Couches, Chauffages divers, 
Haricot, Fève, Pois. C’est un guide indispensable à tous les 
jardiniers. 


ORDRES DU JOUR DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 


POUR LE MOIS DE MAI 19920. 


SÉANCES GÉNÉRALES 


Lundi 10, à 3 heures. — M. P. Carté : Les Cultures de Plantes 
alimentaires en Malaisie. (Projections.) 


Lundi 31, à 3 heures. — M. LE PROFESSEUR Rouze : La Croissance 
des Tortues et des Crocodiles. 


— M. P. Vayssière : L’Invasion des Sauterelles en Crau et en 
Camargue en 1920; organisation de sa répression. 


Séance de section. 


Jeudi 20, à 3 heures. — Sous-SECrION D'ORNITHOLOGIE : Ligue pour 
la Protection des Oiseaux. 


La séance du 31 mai sera la dernière, avant les 
vacances. 


Le gérant : A. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


Éd offertes par M. GAGE, 
: _superintendant du Jardin royal 

_ botanique de Darjeeling, à 
Calcutta (Inde). 


“+ Plänte rustique. 
#* Plante demi-rustique. 


— Hookeri. 
 — lævigatum **. 
Actinidia strigosa. 
| Anemone rivularis * 

Ardisia involucrata. 
 Artemisia parviflora *. 
Astilbe rivularis * 
À  Beilschmiedia Camnérata: 
Betula utilis * 
Campammæa riad 
Casearia Vareca. 
Cassia lævigata. 
… — occidentalis. 
= MAR : 
Cautleya luteu. NE , 
Celastrus Championi. 
Clematis Gouriana. 
Cotoneaster frigida *. 
| Cryptolepis « elegans. 
 Cynoglossum Wallichianum *. 
| Besmodeum tiliæfolium*. 
 Edgeworthia Gardneri **. 
Elæocarpus sikkimensis. 
Erythrina arborescens. s 
ÆEurya acuminata. j 
Fraxinus floribunda **. 
Helwingia himalaica. 
 Æeptapleurum impressum. 
— venulosum. 
Hydrangea robusta. 
_ Hypericum Bookerianum **. 
Bypericum patulum **. 


‘5 SE reptans *, 

mA —: robuste. 

 Ilex /ragilis. 
insignis. 


Jasminum humile * 
Ligusirum confusum * 
Magnolia Campbelli **. 
 Michelia Cathearti. 
Mucuna macrocarpo. 
Osbeckia nutans. 


 Pieea morinda *. 


x 


Pieris ovalifolia **. 
Pittosporum Aoréban dun. 
 Piptanthus nepalensis E 
 Porana racemosa." 
Prunus acuminata * 
 —  Puddum. 

—  nepulensis. 


OFFRE 


où 2 Canes sauvages 
» Loyer, 4, rue de Tournon, Paris. 


Pralia montana. 
Quencus incana. 
—  Griffithir. 


Rhododendron cinnabarinum. 


— .: Dalhousiz. 
= L'alconert. 
— grande. 
Maddeni. 
RUE purs 
Sauranga hepalensis. 
Sauropus albicans *. 
Saussurea deltoidea. 
Schima Wallichi. 
Smilaz aspericaulis. 
Solanum Khasianum. 
— nigrum 
— hais 
Sonchus arvensis * 
Styraxz Hookeri. 
Swertia tongluensis. 
Symplocos theæfolia. 
Tephrosia candida. 
Trachycarpus Martianus. 
Trichosanthus palmata. 
Tricholepis furcata. 
Triumfelta rhomboidea. 
Tsuga Brussonianu. 
Zamthoæylum acanthopodium. 


22 LISTE. 


Aster himalaicus. 
Aucuba himalaica. 
Clematis nepalensis. : 
Cynura nepalensis. 
Dendrocalamus Hamilton:i. 
Eriobotrya Hookeriana. 
Trichosanthes palmata. 
Moœsia chisia. 

Nyssa sessiliflora. : 
Osbeckia stellata. 
Oxalis corniculata. 
Rosa macrophylla. 

Rosa sericea. 
Trachycarpus excelsa. 


3° LISTE. 


Æsculus punduan«. 
Alangium alpinum. , 
Berberis angulosa. 

—  concinna. 

—  umbellata: 

— Wallichiana. 
Belula Bhojpaltra. 
Bœhmeria platyphylla. 
Cassiope fastigata. 


Offres et Demandes réservées aux membres de la Société. 
| DEMANDE 


Jeune Chat des-:Chartreux gris, Le ras 
sible, âgé de 6 semaines à 2 mois. 
Mre Bethmont, 1, rue Davioud. 


60 francs. 


Caslanapsis hystriæ. 
Corylus ferox. 
Cotoneaster acuminata. 
— microphylla. 
Dicentra scandens. 
Dobinca vulgaris. 
Ælæocarpus sikkimensis. 
Pnkianthus himalaicus. 
Hypericum Hookerianum. 
_— patulum. 
Juniperus pseuso-sabina. 


—  recurva. 
Leycesteria formosa. 
Lilium giganteuwm. 
Lonicera hispida. ; 
Maynolia Campbelli, à fe MU 1 

rouges. 6 
Michelia excelsa. 
Neillia {hyrsiflora. . 
Polygala arillata. LEE 
Pyrus microphylla. dE 

—  vestita. (2 
Rhododendron Ah eDo 

— lepidotunr. 

D selosum. | 
Ribes Griffithii. \ ! 
Rubus moluccanus. 

—  nivêus. 

Salix calyculata. 

—  oreophila. 
Sambus adnata. 
Spiræa arcuata. 

— bella: 
Solanum macrodon . 
Swertia Hookeri. 
Viburnum stellulatum. 
Vitis capreolata. 


Graines offertes par M. BOIS | 


Cucurbita melanosperma (Gourge 
de Siam). 

Anserine. amarante. 

Onopordon tllyricum L. ver. eæ 
duneulus. 


Graines offertes par M. MORE] 


Cytisus sempervirens. j 
Dimorphoteca aurantiaca. 

Héliotrope géant var. Lemoine. 
Polygonum Baldschuanicum. 


Graines offertes par M. 
DALLU. 


Sorgho hâtif de Minnesota. 
S’adresser au Secrétarial 


40 à l'introduction, À l’acclimatation ae à hs Re di espèces d’anima 
_ utiles et d'ornement ; 20 au perfectionnement et à la multiplication des race 
_ nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation … 
_ de végétaux utiles ou d'ornement. - Le 
La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres 
_ Donateurs, membres Bienfaiteurs. ù 
Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une 
cotisation annuelle de 25 francs. 
Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s’affran- 
<hit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 
3 La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 
* / Elle tient des séances générales bimensuelles. 
La Société encourage d une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d’ani- 
maux à ses membres. LAS 
Elle publie, outre ce Bulletin, la Revue d'Histoire naturelle appliquée, 
composée de deux parties et illustrée de gravures. Ces publications traitent des 
questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particulié- 
_rement des faits d’acclimatation. "4 
On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle : 
installation, éducation des animaux, culiure des plantes, usages, introduction, etc., etc. 
Le Bulletin est adressé gratuitement, la Revue est servie par abonnemeñt, aux 
* membres de la Société, au prix réduit de 15 fr. (Done chaque partie ou de 20 fr. 
pour les deux. 


REVUE D'HISTOIRE NATURELLE APPLIQUÉE 


PREMIÈRE PARTIE : MAMMALOGIE | 
_ AQUICULTURE —ENTOMOLOGIE — BOTANIQUE — COLONISATION 


SOMMAIRE, N°: 4 et 5, AVRIL-MAI. 


E. ŒROUESSART. — Les Caractères de l'Okapi à l'âge adulte (avec figure). ÿ 
G. BaBAuLr. — Essai d'Acclimatation et d'élevage pratique de l'Oreas Canna (Élan du Cap) 
à [avec figure]. 
X. RAspaiLz. — Les Surmulots mélanos. 
C. Maires. — Le Rat et le Surmulot. î 
4 P. CRÉPIN. — Le Ver à soie dans les auteurs grecs et latins. . À 
$ A. Mouquer. — Un petit nid d'Orchidées. 6 
L.-A. Done. — Considérations générales sur l’Acclimatation des arbres et arbustes et les hivers 
rigoureux. Essais et résultats d’Acclimatation de Végétaux ligneux dans le Centre de la 
France (suite). 3% 
Ca. RIVIÈRE. — {nvariabilité du climat du Nord de l'Afrique depuis les temps historiques : 


Eléphants . Carthage. Légende du grenier de Rome. Agrologie et Climatologie comparées. 
Chr onique générale et fairs divers. 


DEUXIÈME PARTIE : L'OISEAU A: 


SOMMAIRE, N°: 4 et 5, AVRIL-MAI. 


R. REBOUSsIN. — Forêts lorraines. Milan royal (i//ustré). 

D' Mrczer-Horsin. — Acclimatation en Afrique occidentale française II. 

À. Decoux. — Notes sur trois Oiseaux de l'Afrique occidentale (&lustré). Que 
A. MErRCIER. — Le Torcol en captivité. 

D: E. TRouEssART. — Hybrides de Paon et de Poule (illustré) 
G. DeBreuIL. — Une féministe. 

Chronique ornithologique. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Casselte. 


> 


BULLETIN 


E- nn | DE LA : Le 
Société Nationale d'Acelimatation 
L DE FRANCE 

l 67 ANNÉE 

“5e : N° 6. — JUIN 1920 

Éé 4 SOMMAIRE 

Aires O8 le Gone Gi ON PR ER Re RE Un 
H- Déjeuner amical annuel du 26 février 1920 . . . . . . . . . . . . Ste De M AE Re NL x 


a) Procès-verbal ; 

by Allocution prononcée par M. SARRAUT, ministre des Colonies ; 

| c) Discours prononcé par M. Ed. PERRIER, président de la Société. 

| J. de GuerNe. — Plaque de Gofio (farine de Maïs torréfié). . . . . . . . . . . . 
| P. Carré. — Observations sur le Curry et le Chutney. . . . . . . . . A ÉR RR e 


. Un numéro, 2 fr. 50 : — Pour les Membres de la Société, À fr. 50. 


AU SIÈGE SOCIAL 
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 
198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VIL). 


7 A 
> 
F1 
4 

1 

à 

F 


pe Des cartes annuelles d'entrée au Jardin d’Acclimatation, accompagnées de 
A0tickets, sont délivrées, au prix de 10 francs, aux membres de la Société, . 
dans nos bureaux. 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1920 


Président, M. Edmond Perrikr, Membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Professeur a! 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. ; 


er | 

MM. D. Bois, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidherbe 

Vice-Présidents « Saint-Mandé (Seine) ; \ 
Dr CHauveau, Sénateur de la Côte-d'Or, 295, boulevard Saint-Germain, Paris! 

Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. Fe! 
MM.J. CREPIN, 55, rue de Verneuil, Paris (Séances) : | 

Secrétaires CH. DkBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris ({nterieur) ; | 
J. Deracour, 98, rue de Madrid, Paris (Ætranger). À 

Trésorier, M. le D' SixBILLOTTK, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 4 


Archiviste-Bibliothécaire : M. P. DE CLERMONT. 
Membres du Conseil. 3 4 


MM. A. CHAPPgLLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 
le D' Acxazur, Directeur du Laboraloire colonial du Muséum d'Hisloire naturelle, 1, rue Andrieux, 


Paris. 
le D' P. MarcHAr, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut [National Agronomique, 45, rue! 
de Verrières, à Antony (Seine). : ë 


le D' Leprince, 692, rue de la Tour, Paris. 

MarzLes, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). | à 

le Dr E. TrRouEssART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. 

LecomTE, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, Paris. 
. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 

.- RouLE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 

G. Foucxer (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. re 

P. KEsrNer, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 

R. Le Forr, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


Er 


Dates des Séances générales et du Conseil 
POUR L'ANNÉE 1990 
- | © | Janvier | Février | Mars | Avril Mai | Nerembre | Bécembre 


me EEE, 


SÉANCES DU CONSEir, le mercredi à 4 h. 14 11 10 14 19 17 


Séances genérales, le lundi à 3h. . . 19 dé 


Sous-SECTION d'Ornilhologie (Ligue pour 
la Protection des oiseuux) les jeudis 
è3h Se : 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront À 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 3 
RE 
Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 
fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d'être 
applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. 
La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite 


kié :: 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 


AUX MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


Lorsque, précédemment, nous avons fait appel au dévoue- 
ment des membres de la Société, en sollicitant leur généreux 
concours, nous espérions ne plus avoir à renouveler semblable 
démarche, mais le désir de contribuer, toujours plus active- 
ment, aurelèvement de notre pays nous a imposé, aujourd’hui, 
d’autres charges. 

Nous avons créé une /evue nouvelle, afin de montrer l’impé- 
rieuse nécessité du développement de la Zoologie et de la 
Botanique appliquées et les bienfaits de l'étude de l'Histoire 
naturelle. 

Or, les frais d'impression, devenus si lourds, vont obérer 
notre budget dans de telles proportions que, malgré le succès, 
déjà marqué, de nos efforts, nous sommes obligés de vous 
demander, cette fois encore, de nous aider à poursuivre l’œuvre 
d'intérêt général que nous avons entreprise, en participant à 
notre nouvelle souscription de 1920. 


Nous vous sommes à l'avance profondément reconnaissants 
de l’appui que vous pourrez nous accorder. 
Le Président de la Sociélé, 
EDMOND PERRIER, 


Membre de l'Institut, 


Un bulletin de souscription est encarté dans ce numéro. 


Les noms des donateurs sont inscrits sur un tableau dans la 
salle des séances. 


Liste supplémentaire pour la souscription de 1919. 
MB UXATeO OrIDE ou. hi. . … u4-0001T. 
io (Ci) EE mn A eee Lu € 100 fr. 


Total de la deuxième liste. . . 41.100 fr. 


BULL. SOC. NAT. ACCL, FR. 1920. — 6 


02 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


CRÉATION D'UNE NOUVELLE SECTION 


EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU CONSEIL 


du 19 mai 1920. 


Le Conseil, après avoir entendu la lecture du procès-verbal 
de la réunion tenue le jeudi 6 mai, au siège de la Société, sur 
l'initiative de MM. le D’ J. Pellegrin et Fabre-Domergue, lec- 
ture de laquelle il ressort qu'un certain nombre de membres 
de la Société demandent la création d’une nouvelle Section 
afin de grouper les amateurs de feptiles, de PBatraciens, de 
Poissons et d’/nsectes d'ornement ; 


Considérant quele goût de l'Histoire naturelle ne peut qu'être 
favorisé par l’encouragement à l'élevage et à l’étude de ces 
animaux, encore insuffisamment appréciés en France, décide, 
pour répondre à la demande formulée, qu'une nouvelle Section 
est créée sous le titre de : VII° Section « Aquariums et Terra- 
Tiums ». 


Le Conseil acceptant, en outre, les propositions faites pour 
la constitution du Bureau de celte section, nomme : 


‘Président. . . : . . M. le D' Jacques PELLEGRIN. 
Ma: le D' M. PuisaLix, 
M. Bécuin-Bicrecoco. 

M. BRUYÈRE, 
HA Gi M. l'abbé G. Foucner. 
Déléqué du conseil. M. J. de GUERNE. 


Vice-présidents. . | 


Secrélaires . 


Suivant l’article 83 du règlement, la Section se réunira à la 
diligence de son Bureau. 


Les membres de la Société qui désirent recevoir les ordres 
du jour de ces séances sont priés de se faire inscrire au Secré- 
tariat, 


Les séances seront mensuelles et se tiendront alternative- 
ment l’après-midi et le soir. 


MM. 


LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 89 


LISTE SUPPLÉMENTAIRE 
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


ADMIS PAR LE CONSEIL (1) 
A. — SÉANCE DU 14 AVRIL 420. 


VAN ACKER (Oscar-Henri-Gustave), villa Markgraef, Calmp- 
thout, Anvers (Belgique) |[M.T.|, présenté par MM. Per- 
rier, Loyer et Debreuil. 

BLancaet (Alfred), juge rapporteur, villa « Les Gazelles », 
à Hammam-Lif, Tunisie [M.T.], présenté par MM. Per- 
rier, Loyer et Delacour. 

LEcuieN (Paul), à Bellecourt (Hainaut), Belgique [M. V.;, 
présenté par MM. Perrier, Loyer et Debreuil. 

le général MEssiuy (Adolphe), 1, rue Bonaparte, à Paris 
(VI° arr.) [M.T.}, présenté par MM. Perrier, Debreuil et 
Lover. 

Mizoure (Francois), 20, rue André-Moinier, à Clermont- 
Ferrand (Puy-de-Dôme) [M.T.], présenté par MM. Per- 
rier, Déchet, Debreuil. 

Murar (S. À. le prince Joachim), député du Lot, 98, rue de 
Monceau, à Paris (VIII® arr) [M.T.], présenté par M. le 
prince Murat, M"° la marquise de Ganay et M. Perrier. 

Paris (Adolphe), pharmacien, 71, route d'Orléans, à Mont- 
rouge (Seine) [M.T.|, présenté par MM. le comte Dela- 
marre, Caucurte et Crepin. 

Porsson (Louis-Henri), 61, rue de Buffon, à Paris (Ve arr.) 
[M. V.}, présenté par MM. Bois, Debreuil et Perrier. 

DE PuyTisox (Roger), agronome, château de Vauguenige, 
par Saint-Pardoux (Haute-Vienne) [M.T.], présenté par 
MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

QuENNESsEN (Louis), château de la Marcellière, à Marcon 
(Sarthe) [M.T.|, présenté par MM. Perrier, Debreuil et 
Loyer. 


Mr: SEcarp (E.), 5, rue Anatole-de-la-Forge, à Paris (XVII° arr.) 


[M.T.|, présentée par MM. Perrier, KeStner et Debreuil. 


(4) Les lettres [M. T.] signifient : Membre tilulaire; les lettres [M. V.] 
signifient : membre à me. 


84 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 
B. —— SÉANcE Du 19 mar 19920. 


AMERICAN MUSEUM or NATURAL Hisrory, NEwW-York Ciry, 


New-York (États-Unis) [M.T.|, présenté par MM. Perrier, : 


Debreuil et Loyer. 

MM. Berzioz (Jacques), 3, rue de la Tour-des-Dames, à Paris 
(UX° arr.) [M.[.|, présenté par MM. Perrier, Delacour et 
Debreuil. 

BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ DE Lyon, 18, quai Claude- 
Bernard, à Lyon (Rhône) [M.T.], présenté par MM. Per- 
rier, Loyer et Debreuil. 

BLARINGHEN (Louis), 14, rue de Tournon, à Paris (VI° arr.) 
[M. V.|, présenté par MM. Perrier, Chevalier et Debreuil. 

Me BRUNNERYE, 140, boulevard Exelmans, à Paris (XVI° arr.) 
[M.T.), présentée par MM. J. Crepin, P.Crepin et Debreuil. 

MM.Durrawc (Abel), ingénieur des mines, à Frameries (Garde) 
(Belgique) [M.T.], présenté par MM. Perrier, Sébillotte 
et Loyer. 

DumouTaiErs (Gustave), 11, rue de Boargogne, à Paris 
(NITI°) [M.T.|, présenté par MM. Crepin, Loyer et Leprince. 

DuprrEe (Horace), agent de change, 299, avenue Brugmann, 
à Bruxelles (Belgique) [M.T.], présenté par MM. Perrier, 
Debreuil et Loyer. 

FABRE-DoMERGUE (Paul), 65, boulevard Arago, à Paris 
(XIII° arr.) [M.T.}, présenté par MM. Dode, Debreuil et 
Lover. 

GERALD E. RATrIGAN, Lanarkslee Cornwall Gardens, Lon- 
don. S. W., 7 (Angleterre) [M. V.], présenté par MM. Per- 
rier, Delacour et Debreuil. 

Henry, directeur de la Société francaise des îles Marquises, 
à Taiohae, Nuka-Hiva, Iles Marquises (Océanie francaise) 
[M.T.], présenté par MM. Perrier, Bois et Debreuil. 

Me Monnier-JourDan, Les Ridets, par Dampierre-sur-Linotte 
(Haute-Saône) [{M. T.|, présentée par MM. J. Crepin, 
Debreuil et P. Crepin. 

M'e MurneLer (Yvonne), rue du Bouloi, 17, à Paris ([* arr.) 
[M.T.|, présentée par MM. Lefebvre, Crepin et Debreuil. 

New-York PugLic LIBRARY, à New-York (États-Unis) [M.T.|, 
présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

Pugzic LisrARY Boston, à Boston (Étals-Unis [M.T.]. pré- 
senté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 


og Te name 


DÉJEUNER AMICAL ANNUEL DU 26 FÉvRIER 1920 85 


M. Rocers (I. E.), 7, Aigburth Road, à Liverpool (Angleterre) 

[M.T.}, présenté par MM. Astley, Jennisson, Delacour. 
_ M2° Sacrro (Charles), 9, rue Newton, à Paris (XVI arr.) [M.T.|, 
présentée par MM. Perrier, Aron et Debreuil. 

MM. Savy (Ernest), notaire, à Bussière-Poitevine (Haute- 
Vienne) [M.T.|, présenté par MM. Perrier, Decoux et 
Debreuil. 

SCHLOSS (Lucien), avenue Henri-Martin, 38, à Paris 
(XVI arr.) [M.T.!, présenté par MM. Aron, Poulard et 
Debreuil. 

TurBour (Georges-Marie), député de la Seine, 16, rue d'Offe- 
mont, à Paris (XVII° arr.) [M. V.}, présenté par MM. le 

prince Joachim Murat, Legros et Debreuil. - 

M": Taomas (Victor), 44, rue de la Faisanderie, à Paris (XVI°) 
[M. T.|, présentée par MM. Aron, Poulard et Debreuil. 

M'° Warnau (Marie), 146, rue Legendre, à Paris (XVII® arr.) 
[M.T.], présentée par MM. Louis Chappellier, Albert 
Chappellier et Debreuil. 


DÉJEUNER AMICAL ANNUEL DU 26 FÉVRIER 1920 


au buffet de la gare de Lyon. 


PROCÈS - VERBAL 


Malgré la grève des chemins de fer qui retint éloigné de. 
Paris un certain nombre de nos collègues et la Haute-Cour 
qui nous priva de la présence de notre collègue M. le sénateur 
Lebrun et de notre vice-président M. le sénateur Chauveau, 
89 convives s’assirent à notre table. 

M. Sarraut, ministre des Colonies, présidait, ayant à sa 
droite M. E. Perrier, président de la Société et à sa gauche, 
notre vice-président honoraire, M. le baron J. de Guerne. 

A la table d'honneur avaient pris place M°° E. Perrier, 
MM. L. Mauris, directeur général honoraire du P.-L.-M., 
Y. Miura, envoyé extraordinaire du Japon, le baron d’An- 
thouard, ministre plénipotentiaire, le professeur Lecomte, 
A. Chevalier, l’intendant général Tassel, le professeur Gruvel, 
le prince Sissowath ; 

M. le D' Sebillotte, trésorier, MM. Loyer, secrétaire général; 


86 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Etaient, en outre, présents : MM. P. Carié, R. Caucurte, 

J. Crepin, G. Debreuil, J. Delacour, l’abbé Foucher, P. Kestner, 
le professeur Roule, membres du Conseil; 

M°°° Barriol, Biollay, Brumpt, P. Carié, R. Caucurte, C. De. 
breuil, Lamarque, Lebelle, Loisy, M. Loyer, Pascalis, L. Per- 
rier, Y.-D. Pompé, E. Ricois, Sebillotte, de Visme,; M!° Barriol 
et Carié; 

MM. Aron, Aubry, Barrachin, Barriol, Bouret, le professeur 
- Brumpt, G. Capus, Clanis, A.-L. Clément, le comte J. des 
Courtils, P. Crepin, Dannin, le comte Delamarre, le D' Gaudu- 
cheau, le comte de Grancey, Gritton, H. Hubert, le professeur 
Joubin, Komyakoff, Lamarque, Le Blanc, Lebrelon, Lefebvre, 
Legendre, le D' Legros, député, le D’ Loisel, Loisy, de Lou- 
vencourt, H. Loyer, F. Mercier, du Mesnil, Muteau, Pauwels, 
A. Piédallu, le D' Polaillon, de Pouvourville, Prévot, Richard, 
Ricois, G. Rivière, J, Rivière, Roulleaux-Dugage, député, Tyler, 
le marquis de Scey-Montbéliard, L. Ternier, Valois, de Visme, 
Walter, Worms de Romilly. 

Au dessert, M. Perrier remercia le ministre d’avoir bien 
voulu accepter de présider notre fête amicale et l’assura du 
concours de la Société. 

M. Sarraut, dans une improvisation très UE traça les 
grandes lignes de son programme pour la mise en valeur de 
nos colonies et demanda la collaboration de la Société pour 
l’œuvre qu'il poursuit. 

L'heure étant trop avancée pour permettre de commenter le 
menu, il fut décidé que les explications paraîtraient dans le 
Bulletin; nous les donnons ci-dessous : 


- Beurre de Chèvre : ce beurre avait été fabriqué et offert par 
M%° Lebelle. Il avait un fin goût de noisette et était, en tout 
point, véritablement exquis. Nous en remercions d'autant plus 
vivement notre collègue, qu’elle nous a ainsi permis de prouver, 
une fois de plus, que les produits les plus délicats de la Chèvre 
n'ont aucun mauvais goût quand ils sont bien préparés. 

C'est dans le même esprit que des Chèvres adultes avaient 
été présentées rôties au naturel. Il est temps de détruire la 
légende qui existe contre la viande des caprins adultes et qui 
nous fait sacrifier de jeunes animaux au lieu d'attendre que 
l’âge nous apporte intégralement leurs qualités de chair et de 
poids. Les bouchers parisiens, mieux avertis que leurs clients, 


DÉJEUNER AMICAL ANNUEL DU 26 FÉVRIER 1920 81 


savent que la meilleure côtelette de Mouton de présalé est une 
côtelette de Bouc castré, mais ils ne peuvent l'avouer à leur 
clientèle imbue de fâächeux préjugés. 


Courbines de Mauritanie : ces Poissons offerts au dernier 
moment par la Société Industrielle de la Grande Pêche avaient 
été pris sur le banc d’Arguin et séchés à Port-Étienne. 

M. le professeur Gruvel, qui depuis de longues années, avec 
un dévouement et une persévérance inlassables, préconise et 
dirige l'organisation des pêches sur la côte occidentale d'Afrique 
et à Madagascar, expliqua que ces Poissons étaient des Sciæna 
aquila ou Maigres, et qu'ils étaient appelés à remplacer avec 
avantage la Morue, d’abord parce que, séchés très rapidement, 
ils n'avaient aucun des inconvénients de cette dernière, ensuite 
parce qu'ils coûteraient moins cher. 

En fait, s'ils furent trouvés moins délicats que :le superbe 
Esturgon servi ensuite, on les déclara, néanmoins, d'un goût 
très agréable. 


Le Curry de Maras était attendu avec curiosité. Peu d'entre 
nous avaient mangé du Dolicholis patagonica et nous sommes 
reconnaissants à S. A. I. le prince Louis Napoléon, qui, après 
avoir envoyé pour notre déjeuner de 1913 une Antilope Gnou, 
avait bien voulu continuer à prouver l'intérêt qu'il porte à 
notre fête amicale, en nous expédiant, cetie année, de ses éle- 
vages de Prangins, huit Lièvres de Patagonie. 

Le plat préparé par un Cyngalais, spécialiste en curry, était 
un plat de haut goût, remarquablement cuisiné. Il fut présenté 
à la mode de Ceylan, avec du Riz cuit à l’indienne et avec 
l'accompagnement obligé de deux Chutneys, sorte de sauces, 
l'une très relevée (Chutney vert), l’autre composée de confi- 
tures d'Abricot (remplaçant le Mango-Chutney) et de piments. 
Ce plat, présenté par le Cyngalais en costume national orné 
d’une large ceinture rouge-cerise, recueillit l'approbation de 
tous. 


Le Pâté Bourguignon, sous des apparences modestes, peut 
être appelé à transformer une partie de notre alimentation. 
C’est le D' Gauducheau qui l'avait fait préparer d’après ses 
méthodes qui, entièrement nouvelles, permettent, économi- 
quement, de donner à des viandes ordinaires les fumets les 
plus délicats. Nous remercions notre collègue de nous avoir 


permis de goûter des premiers ce pâté et c'est avec un grand 


88 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


intérêt que nous entendrons, en séance, l'exposé de ses pro- 
cédés. 


M. P. Kestner, chimiste distingué, avait bien voulu nous 
donner, lui aussi, la primeur du Sucre complet. Notre collègue, 
après d'heureuses recherches, a mis au point la fabrication 
d’un sucre brut de Betterave, c'est-à-dire un produit renfer- 
mant en moyenne 90 p. 100 de sucre cristallisable et 10 p. 100 
d'autres matières comestibles. Ce produit, qui, à poids égal, 
contient plus de matière alimentaire et peut être obtenu écono- 
miquement dans de petites sucreries agricoles, sera d’un très 
grand secours pour le pays. 

La crème renversée fabriquée avec ce sucre fut trouvée par- 
faite et le café sucré au sucre complet sans aucun goût spécial. 
Les dames à qui M. Kesiner offrit une petite boîte de sucre 
l’emportèrent avec plaisir. 


Le Gofio est fabriqué avec de la farine de Maïs torréfié. La 
recette nous avait été communiquée par M. de Guerne. Cet 
entremets fut très apprécié. 


M. le pharmacien-major A. Piédallu, qui s'est fait l’apôtre 
de l’économie ménagère, avait fabriqué et apporté une Boisson 
de ménage, la Frénette à la Fique. C’est une heureuse modifi- 
cation de la Frênette préparée au sucre que nous connaissions 
déjà. Nous remercions M. Piédallu, et sa nouvelle préparation 
rendra, certainement, bien des services. 


Les vins avatent été fort bien choisis par M. Jubier, proprié- 
taire du Buffet, qui avait tenu à nous offrir quelques vieilles 
_ bouteilles de Ribeauvillé, pour fêter le retour de l'Alsace. 


En résumé et de l’avis de tous, ce Déjeuner fut un nouveau 
succès; aucun, pensons-nous, ne fut aussi suivi comme qua- 
lité de plats et nous devons féliciter M. Letessier, chef des Cui- 
sines du Buffet de la gare de Lyon, qui met avec une grande 
bonne volonté son talent et son expérience au service de nos 
initiatives. : 

Il convient, plus que jamais, dans les circonstances actuelles, 
de mettre en valeur les plats méconnus; il faut S’ingénier 
à trouver de nouveaux mets et il ne faut pas craindre de 
demander à la Science son concours pour la découverte de 
nouvelles méthodes d'alimentation. 


E 


OCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 


198, Boulevard Saint-Germain, PARIS (VII:) 


My 
@ 
L] 


Déjeuner amical 
.du jeudi 26 février 1920. 


BUFFET DE LA 
GARE DE LYON 


MENU 


Se 


Maras. 


HORS-D'ŒUVRE 
Coquilles Saint-Jacques au gratin -- Beurre de Chèvre. 
POISSON 


Courbine de Mauritanie, sauce mousseline. 
Esturgeon rôti. 


ENTRÉE 
Curry de Maras. 
ROT 
Chèvres à la broche. — Pommes sautees. 
FROID 
Pâté Bourguignon -- Salade Lorette. 
ENTREMETS AU SUCRE COMPLET 
Tartelettes de GOFIO. 
DESSERT 
Fromages -- Fruits. 
CAFÉ - LIQUEURS . 
VINS 
Saumur en Carafe, Beaujolais, Ribeauvillé, 


Chateau-Lussac 1911 (Saint-Émilion). 


OISSON DE MÉNAGE : : 
Frênette à la Figue. Si M. LETESSIER, chef des cuisines, 


90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


Nous pensons, malgré les sceptiques et quelques rieurs, 
avoir depuis de longues années, par nos manifestations, utile- 
ment suivi notre programme et accompli une œuvre d'intérêt 
général : nous continuerons. 


ALLOCUTION 


prononcée par M. SARRAUT, ministre des Colonies. 


Je ne suis pas venu ici dans l'intention de faire un discours. 
Et je n'en ferai pas. Mais, tout en vous remerciant de votre 
aimable accueil, je veux demander à la Société d’Acclimatation 
de France-sa collaboration dans l’œuvre coloniale que je pré- 
pare et que je poursuivrai tant que j'’assumerai la charge du 
ministère des Colonies. 

Il faut, dans nos colonies, et pour qu'elles rendent tout ce 
que, grâce à leur fertilité et à leurs richesses, elles sont appe- 
lées à rendre, il faut une méthode scientifique qui succède à 
l’empirisme dont nous avons usé jusqu'ici à leur endroit. 

Ce sont des hommes d'étude, des hommes de science, qui, 
dans le silence du laboratoire et du cabinet, dégageront, par 
l'appropriation et la continuité de leurs efforts, les méthodes, 
les moyens propres à accroître sans cesse les richesses des 
colonies et à valoriser leurs productions. 

Car cette collaboration que je vous demande, je vous la 
demande permanente. Il faut, à côté de la tâche du gouverne- 
ment, à côté de l’action temporaire d’un ministre qui passe, il 
faut la continuité de l'effort et du travail des observateurs et 
des savants. Ce n’est qu’à cette condition que le labeur effectué 
porte des fruits et que le résultat acquis demeure. 

C’est dans cette double conviction que j'ai chargé d’une mis- 
sion scientifique en Indo-Chine — mission à qui j'ai immédia- 
tement conféré la permanence — un homme à l'esprit clair 
et robuste, M. le D' Auguste Chevalier. L'Institut scientifique 
de Saïgon enregistre ses travaux et conserve sa trace. Et mon 
désir serait, et j'y porterai mon effort, que chaque colonie 
fût dotée d’un organisme semblable. 

Mais il ne suffit pas que de telles institutions existent au 
loin. Il faut, auprès du ministre même, un organisme perma- 
nent et central, 


DÉJEUNER AMICAL ANNUEL DU 26 FÉVRIER 1920 91 


* Or, il existe à Paris, ou du moins il semble exister, un orga- 
nisme sérieux, solennel, majestueux et doué de toutes les 
vertus ; seulement, ainsi que la jument de Roland, qui avait, 
elle aussi, toutes les vertus, mais avait le défaut d’être morte, 
le Conseil supérieur des colonies n'a jamais vécu. 

Mon intention est de le remplacer par une Assemblée de 
savants, de chercheurs, d’industriels, d’intellectuels et de 
commercants, qui connaîtront, tous, les colonies qu'ils repré- 
senteront, et qui éclaireront le ministre sur toutes les questions 
à résoudre, sur toutes les méthodes à employer. 

C'est dans cette réunion que trouveront leur place ulile et 
nécessaire des compétences comme celles des membres de votre 
Société, dont l'union et la collaboration avec les services 
des Colonies françaises sont indispensables et s’annoncent 
comme devant donner des résultats féconds. 


DISCOURS 


prononcé par M. ED. PERRIER, membre de l’Institut, 
Président de la Société. 


Monsieur le Ministre, 
Mesdames, Messieurs, 

Mon premier mot doit être pour remercier M. le Ministre des 
Colonies d’avoir bien voulu accepter la présidence de ce 
déjeuner qui va redevenir annuel. 

La cuisine de tous les pays y à déjà figuré. Nous avons eu 
des déjeuners homogènes comme celui dont le Riz, sous tous 
ses aspects, accompagné de tous les condiments possibles, a 
fait uniquement les frais ; d'autres sont demeurés célèbres par 
le gibier imprévu qu'on y a servi; mais routes ces réunions 
n'avaient qu'un but: montrer qu'il est possible de multiplier 
nos ressources culinaires et faire mieux connaître et appré- 
cier les productions de nos colonies. 

Lorsque Isidore Geoffroy Saint-Hilaire fonda notre Société, 
nos colonies se réduisaient à l'Algérie, à la Guyane et à quel- 
ques îles des Antilles et du Pacifique, et Geoffroy lui-même 
croyait les espèces animales et végétales à peu près immuables. 
Aujourd'hui notre domaine colonial encercle presque entière- 
ment le Globe sous les latitudes les plus favorables au déve- 


92 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


loppement le plus magnifique de la vie. Des richesses incalcu- 
lables y sont accumulées et la rude épreuve que nous venons 
de traverser nous fail un devoir d'organiser leur exploitation 
de la façon la plus rémunératrice tout en ménageant l'avenir, 
c’est-à-dire en empêchant toute destruction. 

Connaître exactement ce que produit chaque colonie, 
rechercher le parti que l’on peut tirer des plantes et des ani- 
maux qui y vivent, tenter la domesticalion de ceux de ces der- 
niers qui pourraient être uliles à la ferme ou à la maison, 
prendre les mesures de protection qui éviteront la destruction 
des espèces belles ou utiles que guette le fusil des chasseurs, 
voilà tout un programme séduisant. Mais ce n’est là qu'une 
partie de ce que nous pouvons tenter. On a disséminé, sur toute 
la surface des régions chaudes du globe, le Caféier,la Canne à 
sucre, le Bananier, les arbres à Caoutchouc, pourquoi n’entre- 
prendrait-on pas une dispersion semblable pour les animaux ? 
Les formes de ceux-ci sont-elles done immuables ? C’est une 
sorte de dogme que n'ont pu abattre encore les successeurs de 
Lamarck et de Darwin. Cependant quand on compare les 
minuscules Chiens de manchon belges avec les Terre-Neuve et 
les Saint-Bernard, on devrait être convaincu que les formes 
vivantes sont plus plastiques qu’on ne le croit ; nous avons sur 
elles des moyens d'action autrement puissants que ne le sont 
les hasards de la Nalure, pourquoi ne les mettrions-nous pas 
en œuvre et n’essayerions-nous pas de pétrir à notre gré la 
forme animale ? 

Ne serait-il pas également possible de créer dans nos prinei- 
pales colonies, comme on l’a fait aux États-Unis, des parcs 
. nationaux, protégés contre les chasseurs, et où pourraient être 
préservés d’une disparition prochaine Îles divers représentants 
de ces formes magnifiques ou étranges qui attestent la puis- 
sance de la vie et qui font partie de son histoire sur ce globe 
que nos inventions modernes font paraître chaque jour plus 
petit. Detels parcs permettraient, en outre, de répandre, par- 
tout où elles pourraient vivre, des espèces précieuses jusqu ici 
cantonnées dans certaines régions trop limitées. 

Je me borne à ces quelques exemples de l’œuvre coloniale à 
laquelle notre Société pourrait contribuer. Mais elle peut faire 
autre chose encore. 

Pour exploiter nos colonies, il faut des colons, car les indi- 
gènes ne suffisent pas; dans nos écoles primaires, un ensei- 


Ha ae. 


PLAQUE DE GOFIO 93 


grement bien compris, donné par des maitres intelligents, 
peut susciter dans de jeunes esprits un désir ardent de voir et 
de mettre en valeur ces beaux pays du soleil et des miracles 
de la Nature que sont nos colonies. Notre Société, qui a déjà 
fondé un concours d'observations zoologiques et botaniques 
entre les élèves des écoles primaires, peut encore, par un 
concours analogue, susciter chez les enfants de nos écoles 
le désir de connaître nos Colonies, et d'y faire plus tard leur 
carrière. 


Permettez-moi, enfin, Monsieur le Ministre, d'exprimer ici un 
vœu. Il s’est fondé un peu partout, en vue d'assurer la prospérité 
de notre domaine colonial, des institutions diverses, œuvres 
d'un ministère, d’un établissement scientifique, ou de simples 
particuliers, qui travaillent en ordre dispersé, sans méthode, 
sans coordination, méconnaissant les principes fondamentaux 
de la division du travail en vue d’un résultat déterminé, et qui 
gaspillent ainsi une bonne partie de leurs efforts et de leurs 
ressources. Ne serait-il pas possible — l’union fait la force — 
de condenser tous ces efforts en instituant un organisme unique 
et puissant qui, sous l’égide du ministère des Colonies, étu- 
dierait toutes les questions qui intéressent nos colonies, 
répandrait le désir de les mieux connaître, de les mettre en va- 
leur et constituerait ainsi un Conseil technique des colonies ? 

Nous savons, Monsieur le Ministre, que c'est là une idée qui 
vous est sympathique, et nous pouvons vous assurer que, pour 
sa réalisation, tout le dévouement de la Société d'Acclimata- 
tion vous est acquis. 


PLAQUE DE GOFIO (FARINE DE MAÏS TORRÉFIÉ) 
ENTREMETS SUCRÉ 


Recette en usage chez M. JULES de GUERNE. 


Pour 4 personnes, prendre deux cuillères à soupe bien pleines 
de « Gofio ». 

On fait chauffer d’autre part un demi-litre de lait (le lait 
condensé peut être employé), dans lequel on aura fait dissoudre 
quatre morceaux de sucre cassé mécanique (cette indication est 
donnée pour fixer la quantité de sucre, il est d’ailleurs entendu 


94 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


qu’on n’ajoute pas de sucre, si l’on fait usage de lait condensé 
sucré). Lorsque le lait à bouilli et qu'il commence à perdre un 
peu de sa chaleur, on le verse peu à peu sur le Gofio en délayant 
bien celui-ci de façon à former une bouillie sans grumeaux. 
Mettre une pincée de sel. 

La farine, ainsi délayée dans le lait sucré et légèrement salé, 
doit bouillir environ dix minutes dans la casserole, où l’on a 
soin de tourner la bouillie pour qu’elle ne s'attache pas. 

Vers la fin de la cuisson, on ajoute 40 grammes (10 par per- 
sonne) de beurre frais que l’on incorpore par petits morceaux 
à la pâte, en tournant toujours celle-ci. Laisser cuire deux ou 
trois minutes seulement avec le beurre. 

Il faut qu’à la fin de la cuisson le mélange ait l’apparence 
d’une crème épaisse et bien lisse. Si le mélange semble trop 
épais, ajouter un peu de lait bouillant sucré; s’il est au con- 
traire trop liquide, prolonger un peu la cuisson jusqu'à ce que 
l'on obtienne la consistance voulue. 

L'on prend alors une tourtière de dimension telle que la 
bouillie, lorsqu'elle y est versée, ait un centimètre d'épaisseur 
au maximum, pas davantage. (La tourtière pour plusieurs per- 
sonnes peut être remplacée par une série de petits plats, à œufs 
sur le plat, par exemple, si l’on veut servir le Gofio par portions 
individuelles.) 

Laisser tiédir, puis mettre sur la pâle bien étalée dans la 
tourtière ou les petits plats 40 grammes de beurre frais débité 
en petites coquilles dont on parsème toute l'étendue de la pâte 
(c'est pour éviter que ce beurre né fonde trop vite qu'il est 
essentiel de laisser tiédir un peu le mélange quand il vient 

d’être versé dans la tourlière ou dansles petits plats). 

On prend enfin une cuillère à entremets de sucre en poudre 
dont on saupoudre la plaque disposée dans la tourtière ou les 
petits plats, on passe FApIOPment au four afin de faire gratiner 
légèrement. 

Éviter un four trop chaud de même qu'un séjour prolongé 
dans le four. La plaque de Gofio, pour être servie tout à fait à 
point, doit être présentée bien chaude et moelleuse. On se sert 
avec une grande cuillère si l’on passe la tourtière, chacun pré- 
levant sa part. Si l’on use des petits plats, chaque convive 
recoit le sien avec une cuillère ou une fourchette à entremets. 
Les personnes aimant beaucoup le sucre peuvent ajouter du 


sucre en poudre. 


OBSERVATIONS SUR LE CURRY ET LE CHUTNEY 95 


Le « Gofio », préparé et servi comme il vient d'être dit, est 
un aliment sain et fort agréable au goût. Il est nourrissant et 
bien supporté par les personnes délicates, il peut entrer dans 
le régime des malades souffrant d’entérite. 


OBSERVATIONS SUR LE CURRY ET LE CHUTNEY 


Par P. CARIÉ. 


Ces deux mets indiens ont été servis au déjeuner amical du 
26 février, on permettra à un vieux colonial d’en faire la cri- 
tique. 

Il y & autant de manières de préparer un curry qu’il y a de 
provinces dans l'Inde, et par le fait, un curry cinghalais peut 
différer de celui que préparent les cuisiniers de la côte de Coro- 
mandel ou de celle de Malabar; de plus, autre chose est de le 
faire pour un petit nombre de convives ou de l’exécuter pour 
cent personnes. Disons qu’il était bon, mais aurait pu être 
meilleur. 

Beaucoup ont cru que les deux sauces servies avec le curry 
en faisaient partie intégrante ; c'est une erreur. Ces sauces 
sont un accompagnement obligé du curry, mais en sont indé- 
pendantes. Ce sont deux chutneys, ou chalnis, comme on pro- 
nonce dans nos vieilles colonies ; le premier, de couleur rou- 
geàtre, avait la prétention d’être un « mango-chutney » (j'ai pu 
savoir de notre maître-queux qu'il avait remplacé les Mangues 
introuvables par de la confiture d’Abricots); ce chutney donc est 
un condiment très recherché dans l'Inde et dans la Malaisie ; le 
Journal d'Agriculture tropicale en avait publié en 1902, à mon 
instigation, les formules. 

Le deuxième chutney élait une mixture de divers légumes, 
d'Oignons, de Piment et de vinaigre, mais ne ressemblait que 
de très loin à ceux qui se consomment aux colonies. 


Formule de la päte à carri ou curry, pour 4 à 6 personnes. — 
Prenez une certaine quantité de racines de Safran (100 gr.), 
du Gingembre (10 gr.), de la pulpe de Tamarin (Tamarindus 
indicus (20 gr.), de l’Anis étoilé (20 gr.), du Giroîle (quelques 
clous), de la Cannelle (écorce) (10 gr.), qui peut être remplacée 


96 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


par des feuilles de Ravensava (/avensava aroticum) ou de 
quatre épices (Pamenta acris Kostchtsky), ajoutez-y du Piment 
ou des capsules de Cardamone en quantité variable, suivant les 
palais. 

Broyez le tout, en l’humectant d'eau, dans un mortier. (Les 
Indiens se servent d’une pierre plate et d’un rouleau de pierre.) 

Si vous ne voulez pas prendre cette peine, achetez tout sim- 
plement du curry powder de Morton ou de Cross et Blackwell. 
Le deuxième est de beaucoup préférable. 

Préparez avec un Oignon et Ja quantité de beurre ordinaire 
un roux; mettez-y la viände ou du poisson découpé en mor- 
ceaux ; à peu près à la moitié de la cuisson, ajoutez-y la pâte 
ou la poudre à curry (1 cuillerée à soupe pour cinq couverts), 
autant de poudre de Safran pur, et laissez mijoter une demi- 
heure. 


Formule du Mango-Chutney (1). — « Piment (Poivre de 
Cayenne), une livre à une livre et demie; Mangues, cueillies 
avant maturité, une livre; Tamarin, deux livres; sucre de 
Canne, une livre ; petits Oignons, trois quarts de livre; Rai- 
sins secs, une livre et demie; sel fin, une livre; vinaigre dis- 
tillé, 5 bouteilles. » 

Il y a 9 recettes de ce genre, également impossibles à suivre 
et immangeables pour un palais français. Dans quelques-unes 
on ajoute de la moutarde, ou des clous de Girofle, du Gin- 
gembre, voire des Dattes, à la mixture. 


Formule du Chuiney frais. — Prenez quelques Pommes 
avant la maturité, pelez, hâchez très fin, ajoutez un Oignon 
_hâché, du sel fin, un jus ou deux de Citron, du Piment en très 
petite quantité. Ceci remplace avantageusement les chutneys 
composés. 


(1) Journal d'Agricullure tropicale, décembre 1902, p. 309. 


Le gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassetie. 


Graïnes offertes! par M. GAGE, 
_  Superintendant du Jardin royal 
botanique de Darjeeling, à 
_ Calcutta (Inde). 

_ * Plante rustique. 

4 * Plante demi-rustique. 


È Astilbe rivularis *. 
_ Casearia Vareca. 
_ Cassia levigata. 
—  occidentalis. 

ET 070 
Cautleya lutea. 
Celastrus Championi. 
Cotoneaster frigida *. 
Desmodeum tiliæfolium*. 
Edgeworthia Gardneri *. 
… Erythrina arborescens. 
Frazinus floribunda **. 
- Hypericum patulum **. 
 — réptans *. 
 Îlex fragilis. 
 — insignis. : 
_Ligustrum confusum *. 
Magnolia Campbelli *. 
Michelia Cathearti. 4 
Mucuna macrocarpa. 
* Osbeckia nutans. 
_Pitiosporum floribundum. 

EP : 

us nepalensis **, 
_ Porana racemosa. 

Prunus Puddum. 
Le —  nepalensis. 
Juereus incana. 
hododendron cinnabtrinum. 
RNCS Dalhousiz. 
FES Falconeri. 
Solanum Khasianum. 
NET VIQT LT 
 verbasciflorum. 


% 


Oryctes nasicornis (Rh inocéros), 


EN DISTRIBUTION 


Sonchus arvensis *. 
Styrax Hookeri. 
Zanthozylum acanthopodium. 


2e LISTE. 


ÆEriobotrya Hookeriana. 
Zrichosanthes palmata. 
Moesia chisia. 

Nyssa sessiliflora. 
Osbeckia stellata. 
Oxalis corniculata. 
Rosa macrophylla. 


3° LISTE, 


Betula Bhojpaltra. 
Bœhmeria platyphylta. F 
Cotoneaster acuminata. 
— microphylla. 

Dobinea vulgaris. 
Hypericum patulum. 
Leycesteria formosa. 
Lonicera hispida. : 
Magnolia Campbelli, à fleurs 

rouges. 
Michelia excelsa. 
Salix calyculata. 

— oreophila. 
Sambus adnata. 
Spiræa bella. 
Swertia Hookeri. f 


4 LISTE 


Atnus nepalensis. 
Berberis nepalensis. 
Buddleia asiatica. 
Callicawr pa rubella. 
Edgeworthia Gardneri. 
Erjptolepis elegans. 


Offres et demandes réservées aux membres de la Société. 


DEMANDE 


larves, nymphes et adultes. 
M. Jean Rostand, Cambo, Basses-Pyrénées. 


Ficus Hookeri. 

Gaullheria nummularioides. 
Gynura nepalensis. 
Hedychium Gardnerianum. 
Hymenopogon narasiticum. 
Indigofera dosua. Ë 

= Var. fomentosa. 

Zriumfelta rhomboidea. 2 
Mas rugosa. 
Morus indica. 
Oxyspora paniculata. 
Pieris ovalifolia. 
Rhus semialata. 

— Succedaneu. 
Rubus rosæfolius. 
Senecio scandens. 
Swertia bimaculata. £ 
Vaccinium dunatianum. 


Graines offertes par M. BOIS 


Cucurbita melanosperma (Courge 
de Siam). L et 

 Onopordon illyricum L. var. car-. s 
dunculus. 7. 


\ 


Graines offertes par M. MOREL 


Aralia sinensis. 
Clematis erecta alba. 
Cytisus Alschingeri. 
Cytisus sempervirens. 
Dimorphoteca aurantiaca. 
Eucalyptus amygdalina. 

— globulus. 
Gallonia candicans. 
Héliotrope géant var. Lemoine. 
Heuchera sanguinea. ee 
Polygonum Baldschuanicum. DA 
Sequoia gigantea. SA 
Spiræa astiulboides. 


S'adresser au Secrélariat. 


Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de concouri 
1° à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animau 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à {la multiplication des races 
nouvellement introduites ou domestiquées,; 3° à l'introduction et à la propagation 
de végétaux utiles ou d'ornement. 7 

La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. 

Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d’ entrée de 10 francs et une 4 
cotisation annuelle de 25 francs. à 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 Dire et qui s'affran- 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. i 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 

Elle tient des séances générales bimensuelles. 

La Société encourage d’une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'ani- 
maux à ses membres. 

Elle publie, outre ce Bulletin, la Revue d'Histoire naturelle appliquée, 
composée de deux parties et illustrée de gravures. Ces publications traitent des \ 
questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particuliè- À 
rement des faits d'acclimatation. ] 

On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l'histoire naturelle : 
inctallatioz :, cducation des animaux, cullure des plantes, usages, introduction, etc., etc. … 

Le Bulletin est adressé gratuitement, la Revue est servie par abonnement, aux 
membres de la Société, au prix réduit de 45 fr. pour chaque partie ou de 20 fr. … 
pour les deux. Fi 4 


Des RS 


REVUE D'HISTOIRE NATURELLE APPLIQUÉE 


PREMIÈRE PARTIE : MAMMALOGIE 
AQUICULTURE —ENTOMOLOGIE— BOTANIQUE -—COLONISATION 


SOMMAIRE, N° 6, JUIN. 


P. MÉGxIN. — Les Chiens de France au front pendant la guerre. . z 
M. Luc. — Les plantations de Malaisie et le Palmier à huile africain. 
L.-A. Done. — Considérations générales sur l’Acclimatation des arbres et arbustes et les hivers 


rigoureux. Essais et résultats d'Acclimatation de Végétaux ligneux dans le Centre de la 
France (suite). 

CH. RIVIÈRE. — Invariabilité du climat du Nord de l'Afrique depuis les temps historiques : 
Éléphants. Carthage. Légende du grenier de Rome. Agrologie et Climatologie comparées (suite). 


DEUXIÈME PARTIE : L'OISEAU 


SOMMAIRE, N° 6, JUIN. 


J. DELACOUR. — Le Loriot jaune de Java (illustré). 


A. MERCIER. — Le Loriot en captivité. 
G. Orzivry. — Élevage du Lori à collier rouge. 
. À. DEecoux. — Le Lori à collier rouge. 
R. BruCE HoRSFALL. — Moœurs curieuses du Tétras des Sauges (illustr 6). 


Chronique ornithologique LOUE 


Paris. — L. MARETHEUx imprimeur, 1, rue Cassette. 


EL BULLETIN 


É. DE LA 


Soeiété Nationale d'Acelimatation 


DE FRANCE 


67% ANNÉE 


L. N° 7. — JUILLET 1920 


SOMMAIRE 
: RC CS Pages. 
Nécrologie. — Sir Ep. Loper ; Dr G. PÉREZ ; J. ROUSSEL . . . . . , . . . . EU D HN ER 97 4 
Extraits des procès-verbaux des Séances de la Société . . . : . . . . . o . . . . . . . . . . 100 
Séance générale du 1 mars 1920 ; 
Séance générale du 15 mars 1920. 
Extrait de la Correspondance : 
À. ROBERTSON-PRoscHOwSKY. — Notes de la Cûte d'Azur . . . . . . . . . . ANNE 108 
CRETE ET EME RES DIVERS SNS EN de AR Ne ANR MECS 109 
Bibliograghie : G. GUÉNAUx. — « Ornrithologie agricole », par J. Delacour. . . . . . . . . 112 


Un numéro, 2 fr. 50 : — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. 


\ 


AU SIÈGE SOCIAL 
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 
: . 198, BOÜLEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VII*). 


Te ; 2 : ; c ; 

Des cartes annuelles d'entrée au Jardin d’Acclimatation, accompagnées de 
40 tickets, sont délivrées, au prix de 10 francs, aux membres de la Société, 
dans nos bureaux. 


14 


Ed 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1920 


Président, M. Edmond Penaixa, Membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Professeur au 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 
{ MM. D. Bois, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidherbe, 
Vice-Présidents Saint-Mandé (Seine) ; 
l Dr CaauveAu, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint-Germain, Paris. 
Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 


à MM.J. CRePiN, 55, rue de Verueuil, Paris (Séances) ; 
Secrétaires CH. DKBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur) ; 
J. DerAcour, 28, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 


: Trésorier, M. le D' SkBiLLorTk, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire : M. P. DE CLERMONT. 


Membres du Conseil. 


MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. # 

le Dr AcALur, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, 
Paris. 

le D' P. MarcHar, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut [National Agronomique, 45, rue 
de Verrières, à Antony (Seine). 

le D' Leprince, 62, rue de la Tour, Paris. 

MaïLLes, rue de l' Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 

le Dr E. TRouEsSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. 

LecomTEe, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. 


P. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 

L. ROULE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 

G. FOUCHER (L'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 

P. KESTNER, Président de la Société ‘de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 

R. Le For, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 

Dates des Séances générales et du Conseil 
POUR L'ANNÉE 1920 

Janvier | Février Mars Avril Mai | Novembre | Décembre À 
| SÉANCES DU Conseir, le mercredi à 4 h.| 14 14 40° :| 144 19 47 45 


| Séances genérales, le lundi à 3h. . , 416 À 15 26 31 99 20 
! Sous-Secrion d'Ornilhologie Ligue pour 


( 
la Protection des oiseaux) les jeudis 
Dee ele Re nue ; 


42 18 15 20 44 9 


eee re 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les 
personnes qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 
fréquentes du fait de la guerre, il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage 
à part. 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite 


NÉCROLOGIE : 


C'est avec un profond chagrin que nous avons appris la 
mort de notre collègue, sir Edmund Loder, un des vice-prési- 
dents de la Société zoologique de Londres. Elève d’Elon et de 
Cambridge, sir Edmund s'était entrainé de bonne heure par la 
pratique des sports aux fatigues des nombreux voyages qu'il 
devait entreprendre aux Indes, au Cachemir, en Amérique, 
en Algérie et chez les Somalis Ces expéditions, souvent 
aventureuses, n'avaient pas seulement pour but de voir du 
pays, mais encore de recueillir ces trophées de chasse dont les 
Anglais sont si fiers et d'entrer en contact plus intime avec les 
animaux des faunes diverses dont, dès sa petite jeunesse, il 
avait observé les mœurs avec tout l'instinct d’un naturaliste. 
C'est ainsi qu’il a signalé l'existence d’une Gazelle qui avait 
échappé aux. observations des explorateurs ses prédécesseurs 
et qu'il déterminera un Mara que l’on avait jusqu'alors con- 
fondu avec l'espèce ordinaire. 

Sir Edmund Loder dut construire un hall spécial dans son 

parc pour y loger des trophées de chasse qui constituent un 
intéressant musée dont un Eléphant naturalisé tout entier 
n’est pas la seule grosse pièce de la collection. Puis il intro- 
duisit dans son vaste pare du Sussex les animaux les plus 
rares des différentes faunes exotiques qui y vivent en pleine 
liberté et se sont multipliés comme dans leur pays d’origine. 
Aussi la promenade à travers les bois et les vallons de 
Leonardslee n’était pas Loujours sans danger et je me souviens 
d'y avoir été accompagné d'un peu trop près par un Mouflon 
avec lequel, malgré ses avances, je n'étais nullement désireux 
d'entrer en conversation. 
_ Mais on pouvait bien courir quelques risques pour aller 
visiter la colonie des Castors vaquant à leurs travaux hydrau- 
liques sur le cours d’eau qu'ils avaient aménagé avec leur 
ingéniosité habituelle ! Tout à côté était une autre colonie, non 
moins prospère, de Cabiais géants ou Capibara de l’'Amazone. 
Ces animaux, les plus grands des Rongeurs qui existent 
aujourd hui, étaient beaucoup plus familiers que les Castors et 
sortaient de l’eau où ils prenaient leurs ébats, lorsqu'ils vous 
voyaient approcher, pour venir gravement vous manger dans 
la main ce que vous aviez à leur offrir. 

Dans d’autres cantons du parc de Leonardslee c'étaient des 


BULL. SOC. NAT. ACCL. FK. ‘ 1920. — 7 


98 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


Springboks du Cap, des Gazelles de Perse, des Maras de 
l'Argentine et des Kangurous d'Australie qui frappaient vos 
regards. Mais c'était la collection d'arbres et d’arbustes repré- 
sentant la végétation de toutes les parties du globe qui donnaïent 
au pavsage un caractère très particulier. Sir Edmund Loder 
avait groupé ensemble les végétaux de la même région, de 
sorte qu'on passait d'Afrique en Amérique, d'Amérique aux 
Indes, des pays de plaine aux pays de montagne, des terrains 
secs aux terrains humides sans que ces plantations perdissent 
leur physionomie naturelle. 

La collection d'arbres à feuilles persistantes, d'arbres verts 
et de Rhododendrons de Leonardslee est unique au monde 
el réunissait, je crois, loutes les espèces connues, ce qui a 
permis à sir Edmund Loder de rectifier la nomenclature de 
ces végétaux en signalant les confusions propagées par les 
calalogues des horticulteurs. Le climat du Sussex favorisait 
admirablement la croissance de ces plantes exotiques qui se 
présentaient avec tous les avantages dont elles jouissent dars 
leurs pays d’origine. 

Comme les lianes dans les forêts vierges, les Rosiers grim- 
pants couraient. d’un arbre à l’autre et sur les bords de la 
rivière qui lraversait la propriété, on pouvait circuler sous les 
feuilles gigantesques des Gunnera scabra du Chili, aussi facile- 
ment que le Lapin sous les Ronces de notre pays. 

Les collections d’arbres et d'arbrisseaux cultivés en plein 
air à Leonardslee sont très importantes et d’un grand intérêt, 
comme le montrent les catalogues qui en ont été publiés : 
Conifers at Leonardslee, List of trees and Shrubs grown in the 
open air at Leonardslee, London, 1913. 

Elles comprennent, notamment, un bôn nombre d'espèces 
des régions tempérées-ehaudes du globe : Région méditerra- 
néenne, Himalaya, Chine méridionale, Sud des Etats-Unis, 
Chili, Australie, Nouvelle-Zélande, Cap de Bonne-Espérance, elc. 

Les Conifères y occupent une grande place puisqu'on y 
compte (variétés non comprises) : une trentaine d'e Cupressus, 
9 Tsuga, une trentaine de Paicea, une douzaine de Larix, plus 
de 30 Abies, environ 50! Pinus, d'intéressants Phyllocladius, 
Podocarpus, Saxegothæa, Fitzroya, Fokiénià, Athrotaxis, éte… 

Parmi les arbres el arbrisseaux autres que les Conifères : 
20 espèces de Magnolia, le Primys Winteri, des AHlicin, le 
Cercidiphyllum japonicum, l'Eucommia ulmoides, dés Trocho- 


D re 


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Er neuf, ao aa 


NÉCROLOGIE 99 


dendron aralioides, Telracentron sinense, Decaisnea F'argestü, 
_ une trentaine de Perbéris, divers Cistus, le Carrieréa calycina, 
divers Pittosporum, des Stuartia, des Camellia, 8 espèces de 
Coriaria, plusieurs Acacia, le Quillaja Saponaria, 7 Escallonia, 
des Ztéa, 12 Eucalyptus, 12 Opuntia, le Davidia involucrata, 
une vingtaine de Viburnum, de nombreux O/earia, de Gaylus- 
sacia, une vingtaine de Vaccinium, de très nombreux repré- 
sentants de la famille des Ericacées, notamment plus de 
100 espèces de Æhododendron (la plupart introduites récem- 
ment de la Chine) et environ 75 hybrides, 25 espèces de Vero- 
nica de la Nouvelle-Zélande, le Peumus Boldus, diverses 
Proteacées (notamment des (Grevillea), des Myrica, plusieurs 
Quercus, américains ou asiatiques, etc. 

La courtoisie. de sir Edmund Loder, les saillies piquantes de 
son esprit original lui avaient assuré le respect et l'amitié de 
tous ceux qui l’approchèrent. 

Sa perte sera vivement ressentie aussi bien dans les milieux 
scientifiques que dans toutes les classes de la Société anglaise. 


% : * 

Nouùs apprenons avec regret le décès du D' Georges V. Perez, 
de Quinta, Santa-Ursula, Ténériffe (Canaries). C'était un ardent 
botaniste-acclimateur, auquel notre Société est redevable d’un 
très grand nombre d'envois de graines de plantes utiles ou 
ornementales des îles Canaries, de divers Cytises fourragers 
(Tagasaste), de Juniperus Cedrus, à la propagation duquel il 
s'était particulièrement attaché, celte espèce intéressante et 
précieuse étant en voie de disparition dans son pays d'origine ; 
de plusieurs espèces ornementales de Sialice, et surtout des 
-Echium frutescents, plantes admirables pour les jardins de 
la région méditerranéenne et dont une espèce porte son nom : 
FE. Perezn. Nous lui devons également la publication de notes 
intéressantes dans notre Bulletin. 


* 
M ITR 
M. Joseph Roussel, chimiste, est décédé après une courte 
maladie. Depuis longtemps notre collègue s'était occupé tout 
spécialement de l'étude chimique du lait de Chèvre. Il était, 
depuis 4896, le coliaborateur dévoué de M. J. Crepin, dans ses 
études caprines. 


EXTRAITS DES PROCES - VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 1: MARS 1920 


Présidence de M. le baron de Guerne, 


Vice-Président honoraire de la Société. 


Le procès-verbal de la précédente séance générale est lu et 
adopté. 
GÉNÉRALITÉS. 


Plusieurs de nos collègues offrent des livres pour la Biblio- 
thèque de la Société. 


M. Maiden, directeur du Botanic Gardens de Sydney, nous 
fait don de deux volumes dont il est l’auteur : Useful Native 
Plants of Australia et Census of New-South Wales Plants (en 
collaboration avec M. Betche). Notre collègue nous a adressé 
également la MVorthen Territory Flora de Ewart et Davies, 
contenant deux suppléments rédigés par lui. L'Useful Native 
Plants of Australia est une rareté très difficile à trouver et 
dont nous sommes particulièrement heureux de posséder ainsi 
un exemplaire dans notre Bibliothèque. 


Une autre rareté d'un autre ordre nous a été offerte par notre 
collègue M. Charles Rivière. C'est la savoureuse « Histoire 
naturelle, drolatique et philosophique des professeurs du 
Jardin des Plantes, des aides-naturalistes, préparateurs, etc., 
attachés à cet établissement, accompagnés d'épisodes scienti- 
fiques et pittoresques, par Isidore $. de Gosse, avec annotations 
de M. Frédéric Gérard, ancien rédacteur en chef du Üiclionnaire 
universel d'Histoire naturelle ». 

Ce petit volume rarissime publié à Paris, en 1847, chez Gus- 
tave Soudré, fut acheté par dizaines d'exemplaires aussitôt sa 
publication par les professeurs du Muséuw, finement ridicu- 
lisés par l’auteur. L’autodafé de ces livres brülés en masse par 
leurs mains vengeresses n'empêcha pas un certain nombre 
d'exemplaires de continuer à circuler, et augmenta considéra- 
blement la valeur des survivants. 

Nous sommes certains que nos collègues bibliophiles seront 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 101 


particulièrement heureux de savoir l'entrée à notre PBiblio- 
thèque de cet ouvrage. 


M. Gustave Rivière offre le 7raité d’Anatomie comparée des 
Animaux domestiques, de À. Chauveau, deuxième édition, revue 
par S. Arbing. Nous avons reçu également la Zoologie agricole 
des Animaux nuisibles de M. Guénaux. 


M. le Président rend compte, en quelques mots, de notre 
Déjeuner amical du 26 février. MM. Chauveau et Lebrun, sé- 
nateurs-juges, n ont pu assister à notre repas, retenus qu'ils 
étaient par une audience de l'affaire Caillaux. M. de Guerne 
félicite les organisateurs du succès de cette manifestation tra- 


ditionnelle et tant goûtée de la vie de notre Société. 


M. le comte Delamarre présente un kyste de la dimension 
d'un œuf de Poule moyen, renfermant un grand nombre de 
jeunes Ténias (7ænia serialis Raïllet, 1863), qu'il a trouvés,le 
24 février 1920, dans l'épaule d’une Lapine où le Cénure 
(Cænurus serialis P. Gervais, 1845) s'était développé dans le 
tissu cellulaire intramusculaire, et dont il doit la détermination 
spécifique à notre collègue, M. Mouquet. 

Le cas observé par M. Delamarre n'étant pas isolé dans sa 
région prouve, une fois de plus, les dangers de la divagation 
des Chiens, dont les excréments, infectés d'œufs de Ténias, 
souilient les végétaux dont se nourrissent les Lapins. 


M. le D' Gauducheau fait une communication sur les levures 

dans les préparations de viandes. En plaçant des viandes dans 
une flore de levures convenable, on peut obtenir des conserva- 
tions parfaites. 
- À l’appui de ses explications, notre collègue nous présente, 
entre autres préparations, un Canard placé depuis trois mois 
dans une culture favorable et qu’il fait circuler dans l’assis- 
tance. La viande de ce Palmipède, parfaitement conservée, a 
l’odeur d’une bonne viande de Canard. 

Par des traitements particuliers, notre collègue arrive à 
transformer la saveur de certaines viandes qu’il remplace par 
celle d’autres viandes. Il nous l’a prouvé par le Pâté Bourgui- 
gnon servi au dernier déjeuner de la Société et qui, alors qu'il 
était composé de viande de Bœuf et d’une très forte proportion 
de sang, avait le goût du pâté de Lièvre. 

On saisit par ce bref apercu l'importance de la très intéres- 


102 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


sante conférence de M. Gauducheau, qui paraîtra in extenso' 
dans la Revue 


M. le Président souligne tout le parti que l’on pourrait tirer 
dé ces procédés pour transformer, par exemple, le goût de la 
viande de Baleine. Il rappelle aussi que M. Bertrand a obtenu 
d’intéressantes conservations de fruits dans de l’eau ; M. Gau- 
ducheau répond que l'action conservatrice ‘employée par 
M. Bertrand est due à des oxydases, procédé tout à fait différent 
du sien. M. Gauducheau a essayé, lui aussi, de conserver des 
fruits (en l'espèce des Cerises) par les levures; le fruit s’est 
conservé, mais à perdu sa couleur. Ce qui est fâcheux pour les 
fruits serait, au contraire, fort heureux pour la choucroute » par 
exemple, où le blanchiment du Chou est recherché. 


ORNITHOLOGIE. 


M. le Président annonce que le prix triennal d'Ornithologie 
de la Société zoologique vient d’être attribué à notre collègue 
M. Jean Delacour, sur un rapport de M. le professeur Troues- 
sart. 

Ce prix, fondé par M. Petit, fut décerné pour la première fois 
à notre collègue M. Xavier Raspail, et pour la deuxième fois à 
notre autre collègue M. van Kempen. 

Nous sommes particulièrement heureux d’être ici l'interprète 
de la Société d’Acclimatation pour adresser nos plus vives féli- 
citations à M. J. Delacour. 


Notre collègue, le D' Saverio Cannarsa, l’aviculteur-amateur 

bien connu, nous éerit de Termoli (Italie) qu’il possède un Coq 

de seize ans qui est resté en pleine possession de tous ses 
moyens et donne de très beaux produits. 


BOTANIQUE. 


Notre regretté collègue, M. le D' Perez, nous avaitenvoyé de 
Ténériffe une intéressante note sur la germination rebelle des 
graines de quelques Légumineuses. Ce sont des conseils pra- 
tiques et la réunion des procédés (eau chaude ou incision) 
employés par différents auteurs dans différentes contrées pour 
provoquer la germination du Sulla, du l'agasaste, de l’Acacia, 
du Zathyrus lingilanus et du Psoralea bituminosa. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 403 


Au sujet de l'introduction de la culture de la Pomme deterre 
en France, sans vouloir atténuer le rôle de Parmentier comme 
propagateur de ce précieux tubercule, M. Ch. Rivière rappelle 
l'historique fait par notre coilègue M. Mailles, en 4914, d'après 
d'intéressants renseignements trouvés dans une traduction 
anglaise, Guide du fermier, 4° édition, Paris, 1772. 

Or, en étudiant à nouveau ce document, M. Ch. Rivière croit 
devoir résumer quelques points de culture donnés actuellement 
et qui cependant paraissent bien précisés depuis plus de deux 
siècles en Europe, en Angleterre surtout. Ainsi, les variétés 
hâtives et tardives étaient déjà connues, puis les procédés de 
multiplication par de simples veux, même par les épluchures 
du tubercule, et aussi les moyens de conservation hivernale 
par ensilage préconisés dans ces derniers temps. 

On doit conclure de ces recherches historiques que Parmen- 
tier n'était pas né quand on pratiquait déjà ces diverses 
méthodes de culture. Mais la constatation la plus intéressante à 
faire au sujet de la Pomme de terre, c'est l'apport direct dans 
l'Ancien Monde de variétés diverses, très perfectionnées, d'une 
espèce dont l'origine sauvage est restée inconnue, même en 
Amérique, et dont la culture paraît remonter à de bien vieilles 
civilisations. 

CG OLONISATION- 


Un de nos collègues fixé à Marakech (Maroc) demande des 
renseignements sur les fourrages à cultiver en terrain sec ; 
question intéressante, pense M. Ch. Rivière, d'autant plus que 
le demandeur nous donne, sur ia situation fourragère, une 
indication assez grave ainsi formulée : « Tous les ans, à peu 
_ près réqulièr ement, la sécheresse et, par suite, la disette de four- 
rages cause à l'élevage des pertes immenses. » Mais, ajoute 
M. Ch. Rivière, il ne faut pas oublier que Marakech est déjà 
dans la région des steppes, au climat excessif, et que si l’on y 
trouve des Dattiers, leurs fruits sont de qualité inférieure. 
Mais, comme dans cette localité existent des moyens d’'arro- 
sage, il s’agit de déterminer les plantes à la convenance du 
milieu et, sur ce sujet, suit une assez longue dissertation rela- 
tive à l'implantation des espèces exotiques ou à la culture des 
plantes indigènes. 


Le Secrélaire des séances adjoint, 


P. CREPIN. 


104 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 15 MARS 1920 


Présidence de M. le baron de Guerne, 
Vice-Président honoraire de la Société. \ 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 
GÉNÉRALITÉS. 


M. le Président salue au nom de la Société deux de nos col- 
lègues présents à la séance: M la marquise de Noaïlles et 
M. Alexis Komyakoff qui à pu, récemment, s'échapper de 
Russie, mais dont les élevages et les collections ont été détruits 
ou confisqués par les bolchevistes. 


Notre collègue M. de Wildemann adresse, pour la Biblio- 
thèque, une série de brochures sur la flore du Congo belge 
dont il est l’auteur, ainsi que des notices sur quelques bota- 
nistes belges. 


M. Bois, vice-président de la Société, entrant dans la salle, 
M. de Guerne présente à M. Bois, qui vient d'être nommé pro- 
fesseur de culture au Muséum, les félicitations de ses collègues. 

Tous sont heureux d'apprendre cette nomination que justifie 
une carrière déjà longue presque entièrement passée dans les 
importants services dont M. Bois devient aujourd’hui le chef. 
Ses recherches originales, ses nombreuses publications et ses 
voyages d’études horticoles ou coloniales en France et à 
l'étranger, l'ont d’ailleurs parfaitement préparé à occuper la 
chaire dont'il devient le titulaire, d'autant plus autorisé qu'il 
en fut longtemps l'un des plus fermes appuis sous les profes- 
seurs Decaisne, Cornu et Costantin. 

Attaché au Muséum depuis le 8 mars 1872, M. Bois, après 
avoir passé quelque temps dans le service de l'Ecole de Bota- 
nique, fut distingué par le professeur Decaisne qui le fit entrer 
au Laboratoire des graines où il oceupa bientôt les fonctions 
de sous-chef et dont il devint le directeur en 1877. Deux ans 
plus tard, en 1879, à la mort de Spach, M. Bois entra, en qua- 
lité de préparateur, à la chaire de Botanique (classification et 
familles naturelles) qu'oceupait alors le professeur Edouard Bu- 
reau, l’un des vice présidents de la Société d'Acclimatation. 

Pendant les sept années qu’il passa dans ce service, M. Bois, 


EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES. DE LA SOCIÉTÉ 105 


commença la série des publications concernant la botanique 
appliquée, si appréciées des spécialistes et dans lesquelles il 
s est acquis la plus légitime autorité. L'une des premières en 
date, sur le Physalis peruviana, fut précisément insérée en 
1884, dans le Bulletin de la Société d’Acclimatation. Elle est 
rédigée en commun avec Paillieux, inaugurant ainsi cette 
collaboration féconde d'où est sorti ce livre excellent que nous 
connaissons tous, Le Potager d’un curieux, dont trois éditions 
parues en 1885, 1892 et 1899 n’ont pas épuisé le succès. 

Entre temps, M. Bois, avec une incessante activité, poursui- 
vail ses travaux, au laboratoire, à l'herbier, à la collection de 
botanique appliquée, herborisait, enseignait, écrivait, voya- 
geait. Revenu au service de la Culture dont il fut nommé 
assistant en 1886, notre collègue n'eut pour ainsi dire pas à 
changer la direction de ses études, le professeur Maxime Cornu 
lui ayant confié tout cé qui concernait la science dans le vaste 
domaine de la chaire de Culture. D'accord avec son chef et 
plus tard avec le successeur de celui-ci, le professeur Costantin, 
M. Bois s'appliqua dès lors à augmenter la collection de 
plantes utiles des pays chauds du Muséum, l’une des plus 
importantes de l'Europe, contribuant ainsi au développement 
colonial de la France. 

Les Sociétés savantes, les Congrès, les Expositions ont 
beaucoup occupé notre collègue qui fit notamment un voyage 
des plus intéressants en Extrême-Orient, en 1902, après avoir 
pris une grande part aux opérations du Jury à l'Exposition 
d'Hanoï. Il visita entre autres, sans parler de fructueuses 
excursions en Indochine, le Jardin botanique anglais de Sin- 
gapour et le magnifique établissement de science et de culture 


coloniale du Gouvernement hollandais à Buitenzorg, dans l’île 


de Java. 

Nul doute que l’enseignement de M. Bois n'obtienne un 
grand succès. Beaucoup de nos collègu®s iront certainement 
entendre au Muséum les cours du vice-président dont ils appré- 
cient depuis longtemps les conseils excellents donnés avec une 
aménité parfaite dans les séances de la Société d’Acclimatation. 

« Nous sommes d’ailleurs convaincu, ajoute M. de Guerne, 
qu'il ne les fera pas à 6 heures du matin, suivant l’exemple de 
son illustre prédécesseur André Thouin, sur lequel il a, du 
reste, le très grand avantage d’avoir beaucoup voyagé, notam- 
ment dans la zone torride. Le professeur Bois connaît ainsi 


106 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


personnellement, si l'on peut dire, la flore magnifique des 
pays intertropicaux dont les maîtres de la Culture au Muséum, 
de Mirbel et Decaisne, pour citer seulement les plus fameux, 
n'ont vu les représentants que vivants dans les serres ou 
figurés dans les livres. » 


AQUICULTURE. 


M. le professeur Gruvel fait une communication, à la fots 
biologique et pratique, sur la pêche de la Langouste royale 
(Palinurus regius), en Mauritanie, et donne lecture d'une note 
consacrée à la Courbine que nous avons dégustée au dernier 
déjeuner amical. 


À propos des pêches de Langoustes, M. le Président rappelle 
qu'il a eu l’occasion de voir à Luanco, sur la côte nord de l'Es- 
pagne, des goélettes employées à cette pêche et à celle des 
Homards. [I remarqua alors, comme M. Gruvel dans sa commu- 
nication, combien les pêcheurs prenaient peu de précaution 
pour éviter la mort, en masse, des Crustacés capturés. Sur 
les côtes espagnoles, ajoute M. de Guerne, on employait les 


casiers, bien qu'avec de sérieuses difficultés, en même temps 


que des tramails. 

Au Japon, par contre, on pêche au filet; d’ailleurs là-bas, on 
pêche beaucoup d'animaux marins au filet, voire même des 
Cétacés. 


M. Piédallu pense qu'il faudrait encourager sur les chalu- 
liers pêcheurs l'emploi du moteur à gaz pauvre, comme mo- 
teur auxiliaire. Notre collègue souligne sa grande qualité, celle 
de tout brüler indistinetement ; tout ce qui est destructible PRE 
le feu sert de combustible à ce peu difficile moteur. 


COLONISATION. 


Le discours que notre vice-président, M. le D' Chauveau, a 
prononcé au Sénat le 27 février dernier sur les bois coloniaux 
et l'élevage colonial est analysé. Avec beaucoup de raison, 
M. Chauveau demande que les travaux de MM. Pierre, H. Le- 
comte, À. Chevalier, soient continués et qu'une flore forestière 
des colonies soit dressée ; il convient que les bois des colonies 
soient connus, si l’on veut qu'ils soient utilement employés. Il 
serait bon, aussi, qu'une Bourse des Bois coloniaux soit insti- 
tuée en France. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 107 


Pour le bétail, M. Chauveau dit qu’il faut organiser et diriger 
l'élevage vers le maximum de production utile en important 
dans nos colonies, en vue de croisements judicieux, nos races 
sélectionnées. 


M. Henri Poisson fait une communication sur une excursion 
effectuée au Sambirano (N.-0. de Madagascar), avec M. le lieu- 
tenant Decary en septembre 1949. C’est un exposé des princi- 
pales cultures de cette région, l’une des plus intéressantes de 
notre possession. Elle a pour but de faire connaître les mé- 
thodes de culture, les efforts et les résultats obtenus par les 
colons dans les cultures du Manioc, de la Vanille, du Cacaoyer, 
du Cocotier, du Café, du Caoutchouc, de l'Ylang-Ylang, de la 
Canne à sucre, du Maïs, du Sorgho, ainsi que dans celles des 
jardins potagers, des bois, pâturages, ete. Cette communica- 
tion est accompagnée de fort jolies projections. 


M. Charles Rivière a la parole pour une communication tou- 
chant quelques questions coloniales. 

Le premier point abordé par notre collègue est l’acclimata- 
tion des Dattiers du Sahara algérien aux États-Unis, dans 
l’Arizona. 

« En ce qui concerne ces Dattiers, dit M. Rivière, trans- 
portés d'Algérie en 1900 par notre collègue M. Swingle, chef 
d’un grand service agricole, aucune réponse ne nous est encore 
parvenue, mais j'ai déjà pu savoir que dans l’Arizona, climat 
trop steppien et d'altitude, les Dattes récoltées étaient de mau- 
vaise qualité quoique appartenant à une des meilleures va- 
riétés, celle dite Deglat nour, provenant du Djerid. Le tort a 
été de choisir une variété des plus délicates. » 


Sur la demande de M. le Président, M. Rivière nous fera le 
26 avril une conférence sur l’acclimatation des Dattiers algé- 
riens en Amérique et en Australie, car les Anglais ont fait en 
Nouvelle-Galles du Sud des essais intéressants. 


M. Rivière nous parle, ensuite, de la vague de froid qui en 
1917 a gelé des millions de Caféiers au Brésil. Jusqu'ici, malgré 
de pressantes démarches, il n’a pas été possible d’avoir des 
renseignements positifs et concordants sur cet intéressant phé- 
nomène météorologique. 


La dernière question abordée par notre collègue est celle de 
l’utilisation de la chaleur solaire comme force motrice en ma- 


« 


108 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


tière hydraulique. Des résultats assez probants auraient été 
obtenus dans l’Arizona à l’aide d’un appareil assez compliqué, 
dit appareil Schuman. 

«Le principe, ditnotre collègue, se rapprochede celui de Mou- 
chot ; mais celui-ei est plus simple grâce à un système spécial de 
miroirs paraboliques. Son application faite au Jardin d’Essai 
d'Alger en 1885, sous ma direction, n'a donné qu'un très 
faible résultat et nullement pratique, car il faut beaucoup de 
temps pour mettre l'appareil en marche, attendre certaines 
heures du jour pour avoir un certain degré d'insolation. En 
résumé, tous les pays dits chauds ont souvent des degrés acti- 
nométriques aux effets atténués par la vapeur d’eau, par de 
légers nuages et par les poussières de l’air en temps de siroco, 
surtout dans le Nord de l'Afrique. Ces régions nord-africaines, 
même sahariennes, ne sont pas toujours à atmosphère de 
grande diathermanéité, comme on le pense généralement. » 


Le Secrétaire des séances, 
PIERRE CREPIN. 


EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 


NOTES DE LA COTE D'AZUR 
Par A. ROBERTSON-PROSCHOWSKY. 


Je vous envoie pour présenter à nos collègues des échantil- 
lons d’une plante, qui a joué un rôle important dans l’an- 
cienne industrie du papier en Chine. C’est le Zetrapanax papy- 
rifer G. Koch (Aralia papyrifera Hooker, fatsia p. Bentham), 
indigène en Chine et à l’ile de Formose. Par des procédés assez 
primitifs, les Chinois fabriquent un papier de qualité tout à 
fait supérieure en ulilisant la moelle, qui est abondante et 
d'une blancheur de neige. 

J'ignore si celte industrie est encore très importante en 
Chine, et si cette plante, d'une cullure très facile, peut avoir 
une importance quelconque pour la fabrication de papier supé- 
rieur par des procédés moins primitifs. 

C'est, à Nice, une plante ornementale, de beauté hors ligne, 
et possédant au plus haut degré l'aspect dit « tropical ». Les 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 109 


feuilles, à part celles de quelques espèces à feuilles composées 
pennées, sont les plus grandes des feuilles de Dicotylédones 
de mon jardin, et mesurent quelquefois jusqu'à 150 (dont 
environ la moilié sur le pétiole). Le limbe est palmatilobé. C’est 
un arbuste de croissancerapide, pouvant s’accroître de 2 mètres 
par an, là où le lerrain est fertile et humide. C’est une plante 
envahissante, produisant des tiges en nombre autour de la 
plante mère, surtout si, en enfoncant une bêche, on coupe les 
racines, dont alors le moindre morceau produit une plante. 
Cette plante est rustique ici, et seulement par des gelées excep- 
tionnelles les feuilles tombent, mais sont vite remplacées par 
des nouvelles au printemps. Un groupe de tiges, penchant gra- 
cieusement de tous côtés et portant ces énormes feuilles, pro- 
duit un effet décoratif comme bien peu de plantes peuvent le 
faire, surtout lorsque les grandes inflorescences sont dévelop- 
pées. Les fleurs individuelles sont petites, insignifiantes, de 
couleur blanc jaunâtre, mais leur ensemble est très orne- 
mental. 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 


À propos des Gobayes. — La vente de la collection de sir Ed. Loder. 
— La Gélinotte en Norvège. — L’Exposition de volailles de Boston. 


Les éleveurs ont créé et fixé de nombreuses races de Cobayes 
ou Cochons d'Inde. On les élève comme animaux de luxe, 
mais très prolifiques, et d’un entretien facile, ils pourraient 
fournir à l'alimentation un appoint qui ne serait pas à dédai- 


gner, car leur chair est aussi bonne que celle des meilleurs 


Lapins. On en a des espèces noires, blanches, fauves-rouge et 
fauves-chocolat, des dorés et des argentés, des panachés, des 
poils ras et des angoras que les amateurs ont baptisés Cobayes 
d'Abyssinie ou du Pérou, sans que rien puisse justifier ces 
désignations géographiques, si ce n’est que c'est au Nouveau 
Monde qu'appartiennent toutes les espèces de Cavidés, Agoutis, 
Pacas, Cabiais et Maras. 

Dans le récit de son voyage en Espagne en 1680, la comtesse 
d'Aulnoy raconte que quelques-unes des dames qui vinrent lui 
rendre visite à Bayonne « avaient un petit Cochon de lait sous 


I10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


le bras, comme nous portons nos pelits Chiens. Il est vrai 
qu'ils étaient fort décrassés, dit-elle, et qu'il y en avait plu- 
sieurs avec des colliers de rubans de différentes couléurs : 
mais vous Conviendrez que c'est une inclination fort bizarre et 


je suis persuadée qu'il y en à beaucoup entre elles dont le goût 


est trop bon pour s'actommoder de cetle coutume. Il fallut, 
lorsqu'elles dansèrent, laisser aller dans la chambre ces vilaïns 
animaux et ils y firent plus de bruit que dés lutins ». 

Nous avons déjà appelé l'attention (V. Pulletin, 15 avril 
1913) sur cette curieuse assertion de la noble voyageuse dans 
l'espoir que quelques-uns de nos lecteurs pourraient élucider un 
fait qui nous paraissait sujet à caution. M"° d’Aulnoy était 
peut-être fort ignorante des choses dé là Nature êt a pu prén- 
dre au pied de la leitre le nom de Cochons donné aux petits 
animaux des dames de Bayonne. Il est probable que c’est par 
l'Espagne que les Cochons d'Inde furent introduits d'Amérique 
en Europe et naturellement les villes pyréneennes durent être 
les premières à les recevoir et à les populariser. 


x 
MENEX 


À la suite de la mort regrettable de Sir Ed. Loder, une partie 
de la belle collections d'animaux dont notre collègue avait 
orné son parc de Leonardalee est mis en vente. Parmi les ani- 
maux ainsi offerts aux amateurs, nous notons des Cabiais 
(Capybara d'Amérique), des Cerfs et Mouflons de diverses 
espèces et des Nandous blancs. Le Bulletin de la Société d’Ac- 
climatation a consacré en 1913, pages 97 et suivantes, un long 
article de M. P. A.-Pichot, aux Capybaras dont l’acclimatation 


-àa réussi admirablement chez quelques amateurs anglais et 


français. 
LS 
# x 


La grande consommation de Gélinottes, quise fait en Norvège, 
menace cet excellent gibier d’une extinction complète dans ce 
pays, si l’on n’en réglementé pas la chasse avant qu'il ne soit 
trop tard. En Norvège, c'est au moyen de collets que les chas- 
seurs du pays capturent cet Oiseau et un habile tendeur peut, 
pendant une saison d'hiver, se faire pour 4.000 où 2.500 francs 
de revenu; élant donné que la Gélnotte se vend 70 centimes 
sur le marché, cette somme réprésente une destruction de plus 
de 2.000 prises par chasseur, ce qui n’a rien d'extraôrdinaire. 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 111 


Mais, de fait, la destruction est encore plus grande, car les 
Renards.et les Corbeaux visitent les tendues avant le chasseur 
et [ui emportent au moins la moitié de ses prises. 

La Gélinotte était autrefois un gibier très commun dans nos 
montagnes et nos forêts alpe<tres; on n’en trouve plus que de 
rares individus dans les Ardennes, Le Jura, les Vosges. Un 
vieux traité de Vénerie dit que les rois ont chassé la Gélinotte 
dans la forêt de Compiègne; le marquis de Cherville, dans son 
ouvrage sur les Oiseaux de chasse, assure que la Gélinotte 
manifeste une certaine tendance à reparaître dans les forêts de 
la Marne et de la Haute-Saône. On pourrait facilement aider à 
ce repeuplement en mettant des œufs de Gélinottes de Norvège 
dans les nids de nos Faisans communs. 

C'est de cette façon que le Grand Tétras a été réintroduit en 
Ecosse vers 1828, au moyen d'œufs envoyés de Suède, qui 
furent placés dans les nids du Petit Tétras à queue fourchue. 
On fit aussi plusieurs importations d'Oiseaux vivants, notam- 
ment un lot de 48 Grands Tétras qu'on lächa dans les bois de 
lord Breadalbane. Le Grand Tétras avait disparu de la faune 
britannique depuis la fin du xvnr° siècle; il s’est de nouveau 
répandu dans les forêts et les montagnes favorables à son exis- 
tence. 


L'Association des Éleveurs de volailles de Boston a célébré, 
au mois de janvier dernier, le 70° anniversaire de l’introduc- 
tion des Expositions de volaille en Amérique par une Exposi- 
tion monstre qui n’a pas réuni au Palais des Arts mécaniques, 
moins de 4.827 lots de Volailles, 438 de Lapins, 227 de Cochons 
d'Inde, sans compter les œufs et les accessoires de l’aviculture. 
La première Exposition de Boston avait eu lieu en novembre 
1849, à l'instigation de M. James Pedder, le directeur du Culti- 
valeur Bostonien, dans le Jardin publie de la ville et avait déjà 
pu réunir 1.423 Oiseaux appartenant à 219 exposants. Les races 
étaient à peu près les mêmes que celles que nous connaissons ; 
mais les Plymouth Rocks étaient fauves ou couleur perdrix et 
n'avaient aucun rapport avec les Plymouth Rocks d'aujour- 
d'hui. I y avait déjà des Leghorns blancs et de plusieurs 
autres nuances d’origine italienne; M. Webster exposa une Oie 
sauvage avec ses cinq jeunes. Le nombre des visiteurs de cette 
première Exposition fut évalué à 10.000. 


BIBLIOGRAPHIE 


Ornithologie agricole. Oiseaux utiles et nuisibles à l Agri- 
culture, par Georges GUÉNAUX, 2° édition revue et augmentée, 
| volume in-18 de 396 pages, avec 153 figures. J.-B. Baillière 
et fils, 19, rue Hautefeuille. Paris, 1920. (Prix : 7 fr. 50) 

L'Ornithologie Agricole est un excellent ouvrage pratique, 
que consulteront avec profit tous ceux qui s'intéressent aux 
, Oiseaux, et que devront lire les habitants des campagnes; ils y 
apprendront à connaître et à aimer les créatures ailées qui les 
entourent et à apprécier les services que nous rendent l'immense 
majorité d’entre eux. 

Au début du livre, le lecteur trouvera sur la classe des 
Oiseaux des considérations générales zoologiques que chacun 
devrait avoir présentes à la mémoire; les grandes lignes de 
l’organisation de ces êtres y sont tracées de façon claire, pré- 
cise et simple; quiconque les lira aura des notions suffisantes 
sur ce point. 

Les Oiseaux indigènes, que l’auteur passe en revue, sont 
divisés ici en sept ordres : Rapaces, Passereaux, Grimpeurs, 
Pigeons, Gallinacés, Échassiers et Palmipèdes; c’est, on le voit, 
une classification fort simple, connue de tous de longue dateet 
qui convient à un ouvrage de vulgarisation. 

Les diverses espèces sont décrites, avec les particularités de 
leurs mœurs, et leur degré d'utilité ou de nocivité par rapport 
à l'Homme. De nombreuses illustrations ornent cette partie du 
texte, permettant aux personnes qui débutent dans l’étude des 
Oiseaux de reconnaître facilement les espèces. 

La dernière partie de l'ouvrage est consacrée à la protection 
des Oiseaux; on y examine successivement les causes princi- 
pales de leur diminution (oiselage, plumasserie, dénichage, 
déboisement, migration, ennemis uaturels), et le rôle des 
Oiseaux en agriculture (thèse ornithophile, thèse entomologique, 
degré d'utilité des Oiseaux insectivores, nécessité de protéger 
les Oiseaux utiles, leur colonisation et les moyens de favoriser 
leur multiplication). La bonne cause est défendue avec chaleur, 
mais aussi avec impartialité. Nous regrettons seulement que 
l’auteur paraisse ignorer la Zique Francaise pour la Protection 
des Oiseaux et les bons résultats qui ont déjà été obtenus grâce 
à son activité et à sa propagande. Jean DELACOUR. 


Le Gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — 1. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


Graines offertes par M. GAGE, 

 superintendant du Jardin royal 
botanique de Darjeeling, à 
Calcutta (Inde). 


_ * Plante rustique. 
* Plante demi-rustique. 


Astilbe rivularis * 
Casearia Vareca. 
Cassia lævigata. 

—  occidentalis. 

= UINTREE 
Cautleya lutea. 
Celastrus Championi. 
Cotoneaster frigida *. 
Desmodeum tiliæfolium*. 
ÆEdgeworthia Gardneri **. 
Erythrina arborescens. 
Fraxinus floribunda **. 
Hypericum patulüm **. 
= reptans *. 

Iles fragilis. 

— insignis. 
Ligustrum confusum *. 
Magnolia Campbelli **, 
Michelià Cathearti. 
Mucuna macrocarpa. 
Osbeckia nutans. 
Pittosporum floribundum. 
Piptanthus nepalensis **. 
Porana racemosa. 
Prunus Puddum. 

—  nepalensis. 
Quercus incana. 
Rhododendron cinnabarinum. 

— Dalhousiz. 
— Falconert. 
LA Khasianum. 
—  nigrum. 
— verbasciflorum. 


, Magnolia Campbelli, 


EN DISTRIBUTION 


Sonchus arvensis * 
Styraxz Hookeri. 
Zanthozylum acanthopodium. 


2e LISTE. 


Eriobotrya Hookeriana. 
Irichosanthes palmat«. 
Moœsia chisia. , 

Nyssa sessiliflora. 
Osbeckia siellata. 
Oxalis corniculata. 
Rosa macrophylla. 


3° LISTES 


Belula Bhojpaltra. 
Bœhmeria platyphylla. 
Cotoneaster acuminata. 
— microphylla. 
Dobinea vulgaris. 
Hypericum patulum. 


Leycesteria formosa. 


Lonicera hispida. 

à fleurs 
rouges. 

Michelia excelsa. 

Salixz calyculata. 
— orecphila. 

Sambus adnata. 

Spiræa bella. 

Swertia Hookeri. 


4° LISTE 


Alnus nepalensis. 
Berberis nepalensis. 
Buddleia asiatica. 
Callicarpa rubella. 
Edgeworthia Gardneri. 
Eryptolepis elegans. 


Ficus Hookeri. 
Gaullheria nummularioides. 
Gynura nepalensis. 
Hedychium Gardnerianum. 
Hyymenopoyon parasiticum. 
Indigofera dosua. : 
= — var. lomentosa. 

Zriumfella rhomboidea. 
Maæsa rüugosa. 
Morus indica. 
Ozyspora paniculala. 
Pieris ovalifolia. 
Rhus semialata. 

— succedanea. 
Rubus rosæfolius. 
Senecio scandens. 
Swertia bimaculata. 
Vaccinium dunalianum. 


Graines offertes par M, BOIS 


Cucurbita meurtre (Courge 
de Siam). 

Onopordon illyricum L. var. car- 
dunculus. 


Graines offertes par M. MOREL 


Aralia sinensis. 
Clematis erecta alba. 
Cytisus Alschingeri. 
Cytisus sempervirens. 
Dimorphoteca aurantiace. 
Eucalyptus amygdalina. 

— globulus. 
Gallonia candicans. 
Héliotrope géant var, Lemoine. 
Heuchera sanguinea. 
Polygonum Baldschuanicum. 
Sequoia gigantea. 
Spiræa astilboides. 


S'adresser au Secrélariat. 


Offres et demandes réservées aux membres de la Société. 


OFFRES 

- Plusieurs milliers Volailles et Lapins, visibles tous les jours. À vendre : Caretons ? à 3 mois, eu 
Rouen, Coureurs-Indiens, de ferme. — Jeunes Canes de l’année, — Poulettes 2 à 3 mois. — Oisons 233 
mois. — Lapins havanes, Beveren, Géants noirs, communs, etc. — Grand choix Vclailles de tous âges 
et Lapins. - 
# Frédéric Passy, Désert de Retz, par Chambourcey, (S.-et-0.) | téléphone : 15]. 
2 
î DEMANDE 


Oryctles nasicornis (Rhinocéros), larves, nymphes et adultes. 
«M: Jean Rostand, Cambo, Basses-P yrénées. 


Û V . é L 
Der % k û 1 
[A { a à ? 


; Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de concourir : 
"s {° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux 


utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races. 
nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation 


ReT de végétaux utiles ou d'ornement. 

nn. La Société se compbse de membres Titulaires, membres à Vie, membres 
NS Donateurs, membres Bienfaiteurs. 

NE Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une 


cotisation annuelle de 25 francs. 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et quis ‘affran: 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 

Elle tient des séances générales bimensuelles. 

La Société encourage d’une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d’ani-. 
maux à ses membres. 

Elle publie, outre ce Bulletin, la Revue d'Histoire naturelle appliquée, 
composée de deux parties et illustrée de gravures. Ces publications traitent des 

questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particuliè- 
rem ent des faits d’acclimatation. 

On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle : 

installation, éducation des animaux, cullure des plantes, usages, introduction, ete., etc. 

Le Bulletin est adressé gratuitement, la Revue est servie par abonnement, aux 
membres de la Société, au prix réduit de 15 fr. pour chaque partie ou de 20 fr. 
pour les deux. 


REVUE D'HISTOIRE NATURELLE APPLIQUÉE 


PREMIÈRE PARTIE : MAMMALOGIE 
AQUICULTURE —ENTOMOLOGIE— BOTANIQUE — COLONISATION 


SOMMAIRE, N° 7, JUILLET. 


A. GRUYEL. — La Courbine: 
R. ROLLINAT. — Le commerce des fourrures dans un chef-lieu de canton de la France centrale. 


H.-L. Poisson. — Quelques mots sur l’utilisation du Satra de Madagascar. 

L.-A. Done. — Considérations générales sur l’Acclimatation des arbres et arbustes et les hivers 
rigoureux. — Essais et résultats d’acclimatation de Végétaux ligneux dans le Centre 2 la 
France (suite et fin). à 

: CH. RIVIÈRE. — Invariabilité du climat du Nord de l'Afrique depuis les temps historiques : 


Éléphants ; Carthage ; Légende du grenier de Rome : Agrologie et Climatologie comparées (suite). 
Chronique générale et Faits divers. 


DEUXIÈME PARTIE : L'OISEAU 


SOMMAIRE, N° 7, JUILLET. 


we T. PAGE. — Reproduction du Merle à ailes ne (illustré). 2 x 
we . OLLIVRY. — La Perruche à ailes d'or. 
ie CG. FoucHER. — Quelques notes sur la manière de se procurer les insectes NACRE NES 


à la nourriture des Oiseaux. 
Chronique ornithologique (illustrée). 


%, 


Paris. — L. MARETHEUx imprimeur, 1, rue Cassette. 


74 


BULLETIN 


€ 


DE LA 


Sueété Nationale d'Aeclimatatin 


DE FRANCE 


67% ANNÉE 


N° 8. — AOÛT 1920 


ë SOMMAIRE 
; Pages 
D' J. PELLEGRIN. — La nouvelle section d'Aquariums et de Terrariums. . . . : . . . . . 113 
Extraits des procès-verbaux des Séances des Sections : j 
DÉARNUS BÉRÉAIE CHEN AN NOIRE LE AUS Re A een RL 116 
Séance générale du 26 avril 1920 . - . . . . . . . . PE AE AE CUBA LEE (A LE 121 
Extrait de la Correspondance : 
D ROBERTSON-PROSEHOWSKY. — À propos du Musa paradisiaca. . . . . . . . . . . . . . 123 
one qenéralene mA tsidivers 1,2 (LM QT AE ANNUAL REIN 124 
Li Fonte - 1 ES MERE RAA Sen ee A RSS 127 


Un numéro, 2 fr. 50 : — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. 


AU SIÈGE SOCIAL 
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION DE FRANCE 
198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VIT). 


Des cartes annuelles d'entrée au Jardin d’Acclimatation, accompagnées de 
A0tickets, sont délivrées, au prix de 10 francs, aux membres de la Société, 
dans nos bureaux. 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1920 


ufr Président, M. Edmond. Perrier, Membre de l’Institut et de l’Académie de Médecins, Professeur a 
CAR Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 
2 ( MM. D. Bois, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidherbe, 


Saint-Mandé (Seine) : 
Dr CHAUVEAU, Sénateur de la Côte- d'Or, 225, boulevard Saint-Germain, Paris. 


Vice-Présidents | 
9 Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 


FR MM.J. CREPIN, 55, rue de Verneuil, Paris (Séances) ; 
mé Secrétaires Ce. DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur) ; 
œ J. DELACOUR, 28, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 


Trésorier, M. le D' SkBiLLorTe, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire : M. P. DE CLERMONT. À | 


Membres du Conseil. 


MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. ; 
ga le D' Acaazmr, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux.. 


È Paris. 
ie le D° P. Marcaz, Membre de l'Institut, Professeur à l’Institut [National Agronomique, 45, rue 
ve de Verrières, à Antony (Seine). 


le D' LePRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. 
MaAïLLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 
le Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. 
LecouTEe, Membre de l’Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des ÉERIEES Paris. 
P. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 
L. ROULE, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 
G. Foucæer (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. À 
+ P. KesINeR, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 
74 R. Le Forr, 89, boulevard Malesherbes, Paris. } 


4 | Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1920 


st Janvier || Février Ï Mai | Novembre 
4 SÉANCES DU ConsEïz, le mercredi à 4 h. 


Séances genérales, le lundi à 3 h. 


CE 


| Sous-SECTION d'Ornilhologie (Ligue pour 
se la Protection des oiseaux) les jeudis 
a 57h. : 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront " 
sur {eur demande les ordres du jour mensuels des séances. ! 


Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les - 
PRE qui désireraient l’entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la « 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 
_ fréquentes du fait de la guerre, il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage 
à part. 


2 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
ÿ par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite, 


LA NOUVELLE SECTION D'AQUARIUMS 
ET DE TERRARIUMS 


Par le Dr JACQUES PELLEGRIN. 


Un certain nombre de nos collègues ont pensé qu'il y avait 
lieu de créer, au sein de la Société, une nouvelle Section réu- 
nissant tous ceux qui s'intéressent aux petits animaux et aux 
plantes aquatiques ou terrestres, susceptibles de peupler aqua- 
riums et terrariums, C'est-à-dire ces vases, ces récipients, ces 
abris de modèles variés, destinés à prendre place dans nos 
demeures qu'ils contribuent à embellir et à orner, tandis que 
le petit mcende qui les habite est pour nos yeux un charme 
continu, pour notre esprit une perpétuelle distraction. 

Appelé au grand honneur de présider aux destinées de ce 
nouveau groupement, je vais m'’efforcer de retracer brièvement 
quelle est sa raison d’être, quels seront ses principaux objec- 
tifs, ses moyens d'action, à quel avenir il peut prétendre. 

J'ai montré (1) combien, avant la guerre, était développée à 
l’étranger, surtout dans les pays germaniques, la mode des 
aquariums et des terrariums. Elle avait donné naissance à 
toute une industrie florissante, englobant à la fois importa- 
teurs, éleveurs, négociants et fabricants d'appareils de toutes 
sortes. De nombreuses Sociétés, établies dans les principales 
villes, réunissaient à la fois professionneis et amateurs. 

Si la France s'était laissé quelque peu distancer, elle n’était 
cependant pas restée étrangère à ce mouvement. Plusieurs 
Sociétés propageaient chez nous le goût des jolis animaux 
- exotiques et des plantes décoratives, l’une d'elles « Aquaria », 
dont je suis heureux de retrouver parmi nous plusieurs des 
membres les plus sympathiques, avait même groupé dans son 
sein la plupart des amateurs parisiens. Des expositions parti- 
culièrement réussies, comme celle organisée en 1914 au Jardin 
d'Acclimatation, avaient su intéresser le grand public. Un mou- 
vement était donc né qui allait porter ses fruits quand écelata la 
gigantesque conflagration qui devait bouleverser le monde. 

Aujourd'hui que le calme est revenu, semble-t-il, il s'agit de 


(1) Les Poissons d'ornement exotiques et leur commerce, par le D" J. 
Pellegrin. Revue Hist. nat. appliquée, 1'e partie, 1920, n° 1, p. 1. 


BULL, SOC. NAT. ACCL. FH. 1920. — 8 


114 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


renouveler l'effort interrompu pendant ces cinq années de 
guerre et d’'après-guerre. La Société nationale d’Acclimatation, 
plus que toute autre, est qualifiée pour prendre l'initiative de 
cette remise en marche, car notre nouvelle section « Aqua- 
riums et ferrariums » rentre äbsoluméent dans son cadre. 
N’exislait-elle pas déjà en fait, sinon en titre? Il suffit pour 
s'en convaincre de jeter un coup d'œil sur la collection de 
notre Bulletin où une part si importante est réservée à l'intro- 
duction et à la multiplication des jolies espèces ornementales 
d'animaux et de plantes. Est-il besoin de rappeler encore 
aujourd'hui, pour n’en citer qu'un exemple entre mille, que 
c'est à l’un de nos anciens collègues, Carbonnier, qu’on est 
redevable de l'introduction en France, il v a un demi-siècle 
déjà, du ravissant Macropode, l’un des plus séduisants et des 
plus curieux parmi les Poissons d’aquarium. 

N'opérant qu'en champ clos, qu’en espace limité, nous pou- 
vons aller de l’avant. Point d’acclimatations intempestives à 
redouter. Quand on travaille en pleine nature, sur des animaux 
étrangers qu on remet en liberté, on n’est pas toujours sûr de 
rendre service, car parfois les espèces introduites ne valent 
pas celles dont elles vont prendre la place. Pour nos char- 
mantes bestioles d'appartement nous n’avons pas à craindre de 
pareils mécomptes. Pourvu qu'elles soient jolies ou intéres- 
santes, nous pourrons les propager sans arrière-pensée. 

Et maintenant quelle va être l'étendue de notre nouveau 
domaine ? 

Laissant de côté les Oiseaux de volière et les petits Mammi- 
fères de la basse-cour et de la mäison qui se rattachent aux Sec- 
tions d'Ornithologie ét de Mammalogie, nous nous occupérons 
des animaux dé tous les autres groupes. 

Les Reptiles nous arréteront peu. Les Serpents sont un 
objet de répulsion pour beaucoup, quoiqu’en grand nombre se 
montrent parfaitement inoffensifs et que quelques-uns soient 
parés des couleurs les plus brillantes, mais il s’agit de plaire 
ebils sont antipathiques, donc il n’y a pas lieu d’insister. Par 
contre, lés pacifiques Tortues terrestres pourront peupler nos 
jardins et certaines espèces aquatiques prendront place dans 
lés pelits bassins et les aquariums. Parmi lés Lézards il en est 
de bien jolis ou de bien curieux, comme les Caméléons, qui 
formeront une population de choix pour les errariums. 

Déjà les Batraciens nôus reliendront davantage. Si parmi 


LA NOUVELLE SECTION D'AQUARIUMS .ET DE TERRARIUMS 115 


a 


les Grenouilles Bruyantés, dônt le chant, hélas! ne peut riva- 
liser avec celui des Oiseaux que sous le rapport de l'intensité, 
il én ést assez peu que nôus puissions abritér dans nos 
demeures ; en revanche, les élégants Tritons et les Salämandres 
viendront prendre place dans des appareils spécidux, adaptés à 
leurs mœurs amphibies et qu'on désigne sous le nom d'aqua- 
terrariums. 

Mäis C'est la classe des Poissons qui, de beaucoup, nous 
fournira le plus d'éléments intéressänts. Quantité d'espèces 
indigènes ou exotiques nous séduiront par l'élégance de leurs 
formes ou la richesse de leur coloration, d’autres retiendront 
notre attention par leur aspect bizarre ou par leurs mœurs 
curieuses à observer. 

Parmi les fn vertébrés, il en est d’aquatiques comme certains 
Crustacés et divers Mollusques, qui viendront compléter la 
population des aquariums, mais c'est surtout aux espèces 
aériennes comme les Insectes que nous réserverons la plus 
large plâce. Les uns nous ättireront à cause de la variété, de 
là beauté de leurs teintes, de la délicatesse, de l'étrangeté de 
leurs formes, d’autres se confondant, se « mimélisant » avec 
les plantes sur lesquelles ils vivent, seront un perpétuelobjetde 
curiosilé. Tous seront conservés dans des cages appropriées à 
leur genre de vie et qu'on peut appeler insectariums. 

Mais le règne végétal ne sera pas non plus négligé. Sans 
nous occuper des grandes plantes ornementales des serres ou 
des jardins étudiées däns les sections de Botanique et de Colo- 
nisalion, nous nous consacrerons aux nombreuses espèces qui 
peuvent se cultiver dans les aquariums ou les terrariums et qui 
constituent un milieu harmonieux et élégant pour nos intéres- 

_sants pensionnaires. 

En ce qui concerne le programme de nos futurs travaux, 
nous nous réunirons chaque mois au siège de notre Société. 
_ Chacun viendra faire part de ses observations, donner ou sol- 
liciter des conseils. Ce sera ainsi une école de renseignements 
mutuels où chaque amateur tiendra ses collègues au courant 
de l’état de ses élevages, de ses réussites, de ses insuccès 
même, car ils portent en eux leur enseignement, indiquera les 
moyens de se procurer où de Cotsérver les espèces les plus 
remarquables. Mais dans une section où le côté esthétique 
tient une Si largé place, il n’est rien de tel que de parler direc- 
tement aux yeux. Nous organiserons donc des excursions, nous 


116 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


nous transporterons chez les principaux éleveurs qui nous 
feront visiter leurs collections et conslater sur place l’origina- 
lité. ou l’ingéniosité de leurs dispositifs, admirer leurs plus 
beaux sujets. 

Enfin, il entrera dans nos vues de stimuler le zèle de tous 
par l’organisation de concours, d'expositions. La Société d’Ac- 
climatalion se fera certainement un devoir de réserver quel- 
ques-unes de ses récompenses à ceux qui se seront distingués 
dans la conduite de leurs élevages, qui auront réussi à intro- 
duire ou à multiplier les formes les plus rares et les plus inté- 
ressantes. 

Notre nouvelle Section est done appelée, je l'espère, à prendre 
un rapide essor, car elle doit réunir non seulement ceux que, 
jadis, on appelait des « curieux de la Nature », mais encore 
tous les amateurs de jolies choses, de bibelots rares et pré- 
cieux. Les spécialistes, les savants devront s’y rencontrer avec 
les artistes et les gens du monde; mais ce sont les dames qui, 
j'en suis certain, répondront en plus grand nombre à notre 
appel, elles qui veillent, avec cet inimitable bon goût francais, 
à maintenir l’agrément de nos demeures et le charme de nos 


foyers. 


EXTRAITS DES PROGES - VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 19 AVRIL 1920 


Présidence de M. Boïs, Vice-Président de la Société. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 
DÉCës. 


Nous avons le regret d'apprendre la mort de notre collègue 
M. le baron de Paranä, de Rio-de-Janeiro. 


GÉNÉRALITÉS. 


Le Conseil, dans sa séance du 14 avril dernier, a admis onze 
nouveaux membres dont la liste paraîtra au Bulletin. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 117 


M. le Président fait part des nouvelles obtenues sur le sort 
de notre collègue le D' Chalmers-Mitchell, parti pour traverser 
l'Afrique du nord au sud en avion, L'appareil que montait 
notre collègue et cinq compagnons s’écrasa le 26 février der- 
nier à Tahora, près du lac Tanganyka. Fort heureusement 
l'avion ne prit pas feu, malgré la perforalion des réservoirs et 
notre collègue s’en tira avec des contusions. Nous félicitons 
vivement M. le D’ Chalmers-Mitchell d’avoir pu revenir sain et 
sauf de cette dangereuse mission et nous espérons pouvoir, un 
jour. publier un compte rendu de son voyage au-dessus du 
continent noir. 


M. J. Lewis Bonhote fait hommage à la Société de son 
ouvrage « Vigour and Heredity ». 


M. P. Roy, haut commissaire du Canada à Paris, envoie le 
dernier Annuaire du Canada (1918) (édition jubilaire). 


La Compagnie du P.-L.-M. fait don de son Agenda pour 
1920. Ce volume relate les efforts faits par le Service agricole 
-de la Compagnie pour développer les productions fruitières et 
maraîchères. La Compagnie a ajouté à cet envoi plusieurs bro- 
chures de propagande sur la culture du Prunier,les pépinières 
d’Arbres fruitiers, etc. 


Un autographe intéressant est offert à la Société par M. Ch 
Rivière : c’est une lettre que lui adressait le maréchal de Mac- 
Mahon, alors gouverneur général de l’Algérie, dalée de mai 
1870. Elle est relative à une tentative d’acclimatation du 
Martin-triste, envoyé de Madagascar par M. Grandidier pour 
combattre les invasions de Sauterelles en Algérie. 

Le maréchal de Mac-Mahon, membre de notre Société, se 
proposait, au cas où les renseignements recueillis offriraient 
quelque intérêt, de les soumettre à M. Drouyn de l’Hüys, alors 
notre président. Mais ces renseignements furent négatifs 
comme, d’ailleurs, toutes les tentatives renouvelées en 1884 
par M. Charles Rivière qui en a rendu compte dans une bro- 
chure de 1890 que possède notre bibliothèque et qui conclut au 
rôle inefficace de cette espèce d’acridophage, tout au moins en 
Algérie. 

Notre collègue offre également, pour notre Bibliothèque, une 
importante suite de brochures dont beaucoup sont actuelle- 
ment épuisées et rares. 


118 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


M. le Président remercie, au nom de la Société, notre géné- 
reux collègue qui enrichit sans cesse notre Bibliothèque de 
précieuses acquisitions. 


M. À. Chappellier a la parole pour une communication con- 
cernant un appareil pour reconnaître le sexe des animaux et 
des œufs d'Oiseaux. Me 

Notre collèguerappelle qu'à la séance générale du 3 novembre 
1919, à la suite d'une communication sur les expériences de 
M. Lienhart, de Nancy, au sujet du sexe des œufs, M. Le Fort 
présenta deux modèles de pendule qui lui auraient permis de 
savoir facilement de quel sexe étaient les œufs et s'ils étaient 
fécondés. 

Depuis, la grande presse ayant parlé de cetie communica- 
tion et beaucoup de personnes s'y intéressant, M. A. Chappel- 
lier a pensé qu'il convenait, dans un but d'utilité générale, de 
revenir sur cette question incomplètement mise au point, et de 
chercher par des expériences mullipliées à dégager quelques 
notions claires des phénomènes remarqués. 


Avant de procéder à ces expériences qui sont à l’ordre du 
jour de la séance, M. Le Fort fait un intéressant historique du 
pendule ; il rappelle que des recherches ont été poursuivies 
depuis les temps les plus reculés et qu’elles aboutirent à cette 
constatation que nous nous trouvons devant des forces incon- 
nues, excessivement influençables, et, partant, extrêmement 
difficiles à préciser et à étudier ; mais ces forces, dit notre col- 
lègue, existent et, toutes ses expériences ayant réussi, il est 
persuadé, quoi qu'on en puisse dire, avoir en sa possession un 
moyen facile de reconnaître, sous certaines conditions, le sexe 
et la fécondation des œufs. 


M. A. Chappellier présente, alors, les expériences qu’il a pré- 
parées. Elles portent, principalement, sur des Cobayes, des 
Souris et des œufs. 

Les deux faits étudiés par notre collègue sont : la mise à 
l'épreuve de la réalité même des déplacements du pendule et 
l'identité des résultats sur un même objet, soit par des opéra- 
teurs différentes, soit parle même opérateur dans des condi- 
tions différentes. | 

Deux sortes d'essais sont pratiqués : 

1° À main libre ; | 

2° En isoloir (un isoloir en étoffe, dans le genre des isoloirs 


EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 119 


utilisés dans les sections de vote, a été installé dans la salle des 
séances; dans le rideau a été pratiquée une ouverture munie 
d'une manche permettant à l'opérateur qui y passe le bras, de 
tenir le pendule sans le voir. 

MM. P. Kestner et R. Caucurte voulant bien servir d’opéra- 
teurs, les deux types d'expériences indiquées ci-dessus sont 
poursuivies tour à tour par chacun de nos deux collègues iso- 
lément sur les Cochons d'Inde, sur des boîtes renfermant des 
Souris et des œufs provenant du laboratoire d’'Évolution des 
Êtres organisés. 

Le sexe des animaux soumis à l'expérience et les indications 
diverses concernant les œufs se trouvent sous enveloppe 
cachetée remise au début de la séance au Président. 

Le pointage des résultats obtenus est effectué par M. l'abbé 
Foucher et M. Pierre Crepin. 

Toutes ces expériences longuement poursuivies sont elôtu- 
rées par le dépouillement des résultats inscrits au tableau noir. 

Ces résultats, dont beaucoup sont contradictoires, ne sont 
pas concluants; M. Le Fort, d'ailleurs, fait observer que 
de nombreux agents sont venus fausser les expériences ; 
aujourd hui, pour les Souris, par exemple, les boîtes en fer 
dans lesquelles on a dû les enfermer ont pu influencer le 
pendule qui, au-dessus des métalloïdes et des métaux, est 
incité à donner le signe féminin ; la lune, également, aurait une 
influence. 

Les limites de ce procès-verbal empêchent d'entrer dans le 

détail de ces intéressantes expériences, mais M. Chappellier se 
propose de rédiger pour la Revue un compte rendu complet de 
ses présentations et de tous les résultats obtenus. 
FhEn somme, et bien qu'il ne soit pas possible de conclure net- 
tement sur cette question délicate, il reste acquis que le pen- 
dule se déplace réellement, de différentes façons, entre les 
mains de certaines personnes, mais que les indications qu'il 
donne sont plus ou moins nettes suivant les circonstances et 
les opérateurs. Suggestion ? Magnétisme ? 

La question reste pendante. 


M. le Président remercie vivement M. A. Chappelier d'avoir 
organise avec autant de soins ses expériences et espère que 
grâce à lui et à M. Le Fort un pas nouveau sera fait dans cette 
importante question de la connaissance du sexe. 


120 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


ORNITHOLOGIE. 


Notre collègue M. G. de Southofl nous écrit que Hamelyn, de 
Londres, offre en vente des Merles sifflant le «Rule Britannia ». 
Or ces Oiseaux, ajoute notre collègue, viennent d'Allemagne, 
et ont été instruits pendant l'armistice. Quelle jolie preuve de 
la platitude des Boches battus mais voulant quand même faire 
des affaires avec les Anglais! 


BOTANIQUE. 


M. Roberlson-Proschowsky nous adresse de Nice des échan- 
tillons de Z'elrapanax papyrifer GC. Kock. Certe plante qui a 
joué un rôle important dans l’ancienne industrie du papier en 
Chine peut être facilement cultivée sur la Côte d’Azur. Elle est 
d’un effet décoratif d'une grande beauté et ne saurait ME trop 
recommandée comme plante ornementale. 


Des Haricots « Los Peralinos » issus de ceux qui nous 
avaientété envoyés du Chili il ya quelques années par le R. P. 
Coste sont mis en distribution. Ce sont des Haricots à rames, 
très vigoureux, plantés dans un terrain favorable ils donnent 
une abondante récolte. On les mange en Haricots verts, mais 
ils sont surtout recommandables secs et en purée. Plusieurs de 
nos collègues ont déjà fait d’intéressantes cultures de ce 
Haricot sur lequel un article a paru, en 1918, dans le Bulletin, 
p. 350, sous la signature de M. Mailles. 


Dans une lettre adressée à M. Bois, M. Perrier de La Bathie 
dit avoir trouvé en abondance, à Antsirabe (Madagascar), le 
Chenopodium amaranticolor (Ansérine amarante) naturalisé. Il 
atteint 2 mètres de haut. Les plantes proviennent de graines 
envoyées, jadis, par M. Reyÿnier, de Toulon, et qui avaient 
semblé défier la culture, peut-être simplement parce que la 
plante avait été, comme les autres légumes d'Europe, semée en 
saison fraîche. Les individus que M. Perrier de ia Bathie a vus 
à Antsirabe (1.500 mètres d'altitude) indiquent que la saison 
chaude est celle qui lui convient. 


Le secrétaire des séances adjoint, 


PIERRE CREPIN. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 121 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 26 AVRIL 1920 
Présidence de M. Maïlles, membre du Conseil de la Société. 


Le procès-verbal &e la précédente séance est lu et adopté: 
GÉNÉRKALITÉS. 


Un certain nombre de collègues ayant demandé la création 
d’une nouvelle section, afin de grouper les amateurs de Rep- 
tiles, de Batraciens, de Poissons et d'Insectes d'ornement, il 
est décidé qu'une réunion préparatoire aura lieu avant la pro- 
chaine séance générale. 

On examinera dans cette réunion, comment on pourra pro- 
céder, pour répondre au désir exprimé et on désignera les 
membres du bureau qui composeront cette nouvelle section. 

On s’occupera également, dans cette section, de l’importante 
question des plantes qui doivent vivre dans les aquariums et 
orner les terrariums. 


ORNITHOLOGIE. 


À propos du Martin triste, dont M. Charles Rivière a parlé 
lors de la dernière séance, M. Carié indique qu'à Maurice, le 
Martin a donné des résultats merveilleux. Il en a été de même 
aux Comores. Dans ces îles, grâce à cet Oiseau. on a pu se 
rendre maître des Sauterelles. Si les Martins pouvaient se 
trouver en assez grande quantité dans le Nord de l'Afrique, on 
pourrait, peut-être, espérer des bons résultats. 

En effet, répond M. Rivière, mais il faudrait que les Martins 
se trouvent lors de la formation des nuages de Sauterelles. A 
Maurice, l'ennemi est toujours là pour détruire la Sauterelle à 
l’éclosion. Dans l'Afrique du Nord, les nuages de Sauterelles 
viennent de l'intérieur, parcourant des espaces considérables, 
de très vastes steppes, avant d'atteindre les contrées qu'elles 
vont ravager. On ne sait jamais très exactement d'où elles 
viennent, dès lors des Martins au point d'arrivée sont ineffi- 
caces, ils sont débordés. 

[1 les faudrait au point de départ, et ce point-là est ignoré. 


M. Jean Delacour a la parole pour une communication sur 
les collections d'Oiseaux de notre collègue M Lécallier, à 
Caudebec-lès-Elbeuf.' 


199 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


S 


Cette communication n’est qu'une préface à une seconde 
communication plus complète qui Sera faite en novembre pro- 
chain, avec projections. 

‘On sait que M. Delacour reconstitue son parc ornithologique 
à Clères, près de Rouen; à ce propos M. Debreuil demande si 
une région de France est plus favorable qu'une autre à|l’éle- 

vage des Oiseaux exotiques. M. Delacour perse que partout 
ces élevages sont possibles. 

En attendant la communication de novembre, M. Delacour 
donne quelques détails sur les richesses ornithologiques de 
Me Lécallier, que l’on pourrait vraiment appeler richesses 
artistiques. M. Delacour nous présentera, à la rentrée, des 
photographies des sujets les plus intéressants. ls | 

Notre collègue pense que, l'année prochaine, sa propre col- 
lection sera, en grande partie reconstituée, et quil pourra 
organiser une excursion des membres de notre .Sociélé à 
Clères et à Caudebec. 

Il est, en effet, du plus haut intérêt de multiplier ces visites 
aux Jardins zoologiques de certains particuliers, trop peu 
connus de la plupart.Il faut que l’on sache tout l'attrait, et 
même tout le profit qui s'attache à l'élevage des espèces d'or- 
nement. 

La dernière rareté arrivée à Clères est un couple de Cycnus 
buccinator (Oiseau trompette). 


Notre collègue M. Astley possède en Angleterre des mâles 
de Lophophores en liberté. Ces Oiseaux s'accouplent, fréquem- 
ment, avec des Poules Rhode-Island. Or, un hybride est né 
tout à fait semblable au Lophophore. 

M. le président demande à ceux de nos collègues disposant 
de parcs ornithologiques de tenter, à nouveau, l'élevage du 
Dindon ocellé, qu'on avait réussi, jadis, chez notre collègue 
M. Cornély, en Touraine. | | | k 

Il est, actuellement, extrêmement difficile d’en avoir, et on 
ne peut espérer s'en procurer qu'en envoyant spécialement des 
chasseurs dans leur pays d'origine, au Guatémala où au 
Honduras. à 


BOTANIQUE. 


Un de nos collègues demande si les Mexicains n'ont pas un 
Maïs servant de fourrage, M. Lasseaux répond, qu'en effet, on 


EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE ; 193 


trouve au Mexique le Maïs Caragua. Il faut l’ensiler, ajoute 
M. Gustaye Rivière ; j'ai obtenu par cette pratique des résul- 
tats excellents. Si le paysan n’ensile pas, en général, clest que 
le piétinement du silo le rebute. Le fourrage ensilé plaît parti- 
culièrement au bétail qui le consomme avec avidité. 


M. Charles Rivière signale, aussi, la variété mexicaine de 
Gusco; ce Maïs, qui pousse très haut, se coupe en vert et est 
très recherché pour la nourriture des Vaches. Notre collègue 
l'employa, jadis, avec beaucoup de succès, en Algérie pour la 
nourriture des Autruches. 


COLONISATION. 


M. Charles Rivière fait une communication sur l’acclimata- 
tion du Dattier algérien dans la Nouvelle-Galles du Sud et 
daps l’Arizona. 

Le secrélaire des séances adjoint, 


PIERRE CREPIN. 


EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 


A PROPOS DU MUSA PA RADISIACA 


Par le D' À. ROBERTSON-PROSCHOWSK Y. 


— Dans le Bulletin de mai 1920, à la page 73, je constate 
une erreur qui Ssest glissée dans la communication de 
M. Ch. Rivière. Le Bananier que j'ai signalé comme ayant fruc- 
tifié en produisant des graines fertiles dans mon jardin, est 
non pas le Musa Basjoo Sieb. et Pucc. du Japon, mais le Musa 
paradisiaca Linné, sub-species M. seminifera (Loureiro) Baker, 
et qui est probablement le type sauvage du Bananier cultivé 
dans les pays tropicaux et dont les variétés sont si nom- 
breuses. Il y a quelques années, j'ai envoyé des fruits mürs de 
cette plante au professeur H. Lecomte, qui à bien voulu con- 
firmer son identité. On à pu alors se rendre compte, que la 
Chair, très peu abondante à cause des nombreuses graines, était 
sucrée et fondante, ce qui n’est pas Le cas pour le usa Basjoo. 

J'ai conseillé dans un article paru dans La Petite Revue hor- 
ticole d'Antibes, de tenter la fécondation avec le pollen de 


LA 
La 


19% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


celte sous-espèce, très rustique ici, des variétés excellentes du 
Banania ordinaire en vue de la création de variétés plus rus- 
tiques de Bananiers à fruits comestibles. Pourtant, depuis, je 
n'ai pas eu de floraisons simultanées dans mon jardin, mais j'ai 
distribué des graines, et on cherche ailleurs l’occasion d’es- 
sayer ces croisements. 

J'ajoute, du reste, que Musa paradisiaca L., subspecies 
M. seminifera (Lour.) Baker, est une plante d’une beauté 
idéale. L'année passée, une de ces plantes mesurait près de 
10 mètres de hauteur, et les jeunes feuilles ont le dessous 
d'une magnifique couleur pourpre. Il s’agit donc d’une plante 
d'une valeur ornementale de tout premier ordre pour la Côte 
d'Azur. 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 


Les Babouins du Cap. — Dons de la Société zoologique de New- 
York aux Jardins zoologiques d'Europe. — Les Nandous blancs 
du jardin zoologique de Londres. — La destruction des Cèdres du 
Liban et des Sequoias géants de Galifornie. — Procédé pour distri- 
buer la nourriture aux jeunes Autruches, Emeus et Nandous. 


Nous avons eu parfois à noter la perversion d’instincts chez 
certains animaux que des changements de climat ou d’aceli- 
matation ont amené à modifier leurs habitudes. Tel le Perro- 
quet Kea de la Nouvelle-Zélande qui s’est pris d’un goût immo- 
déré pour la chaire du Mouton à laquelle le hasard l'avait fait 
goûter dans les hangars des colons où les carcasses étaient 
_ suspendues. On à remarqué la même chose chez les Babonins 
du Cap, comme nous l'avons relaté dans la chronique du Bul- 
letin du mois de mars. Ces féroces Quadrumanes ont encore 
dernièrement attaqué deux enfants qui voulaient défendre les 
troupeaux confiés à leur garde, et ils leur ont arraché les 
entrailles. Cette férocité est confirmée par M. Fitz-Simons, le 
directeur du Muséum de Port-Élisabeth, dans /’Aistoire natu- 
relle de l’Afrique du Sud dont il a entrepris la publication. 
« Les Babouins, dit cet auteur, ont pris l'habitude d'attaquer 
les Agneaux et les Chevreaux pour se repaître du lait caillé 
qu'ils trouvent généralement dans l'estomac de leurs vic- 
times. » 

On se rappelle que M. Fitz-Simons a publié en 1912 une 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 195 


Histoire des Serpents de l'Afrique du Sud dont nous avons 


rendu compte et qui fait bien augurer de l’œuvre nouvelle de 
ce naturaliste. 


x 
x  * 


La Société zoologique de New-York a généreusement entre- 
pris de repeupler, au moyen de ses élevages, les jardins zoolo- 
giques d'Europe qui ont vu diminuer sinon disparaitre leurs 
collections par suite des difficultés de ravitaillement pendant 
la guerre. Le Jardin d'Anvers a déjà recu une riche et belle 
collection et le Jardin de Londres vient également d’être 
largement doté par un important envoi d'Amérique. Dans cet 
envoi figurent un lot intéressant de Canards dits de Barbarie, 
l'espèce sauvage originale, des Oies des Neiges et plusieurs 
espèces de Colins : le Colin de Gambel, le Colin Houi du Texas 
et le Colin huppé de Colombie, en tout 200 Oiseaux principa- 
lement originaires d'Amérique où d'espèces australiennes qui 
se sont reproduites au Jardin de New-York. 


* 


x. 


La collection d'Oiseaux du Jardin zoologique de Londres 
s'est augmentée d’un couple de Nandous blancs, achetés à la 
succession de sir Edmond Loder. Ces Autruches américaines 
ne sont pas des albinos. Elles ont le cou noir et les yeux de la 
même couleur que l'espèce ordinaire. 


k 
x x 


La guerre n'aura pas élé la cause de destructions de forêts 
seulement dans les départements de la France; les Tures ont 
abattu des quantités considérables de Cèdres du Liban pour 
alimenter les foyers de leurs locomotives sur la ligne de Bey- 
routh à Damas, pour activer le transport de leurs troupes. 
Mais c’est sans une nécessité semblable que les marchands de 
bois des États-Unis se sont mis à exploiter les Sequoias géants 
de la côte de Californie. 

On estime que du train dont ils y vont il ne faudra pas 60 ans 
pour avoir fait disparaître les arbres séculaires de cette région 
où ils représentaient la végétation gigantesque de l’époque où 
les animaux terrestres n'étaient encore que les premiers Sau- 
riens. Les Sequoias ainsi menacés sont les sempervirens qui 
différent notablement des gigantea, mais qui sont encore en 


126 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


pleine végétation malgré leur grand âge landis que celle du 
jigantea parait arrêtée. La Société zoologique de New-York 
proteste contre cet acte de vandalisme des ravageurs de forêts 
dans un but mercantile et on espère arrêter la dévastation 
qui est déjà très avancée. 


Une des difficultés de l'élevage est dé mettre, constamment, 
à la disposition des jeunes animaux qui mangent seuls, une 
nourriture appropriée, dont 
l'accès soit interdit aux pa- 
rents. Autrement, ces derniers 
ne se font pas faute de Ja 
manger et en privent, à cer- 
tains moments, leurs petits 
qui en souffrent; ils occa- 
sinnent, en outre, ainsi, un 
surcroît de dépense inutile. 

Les aviculteurs ont trouvé 
divers procédés plus ou moins 
ingénieux pour résoudre la 
question, mais lorsque les 
Oiseaux ne dépassent pas la 
taille d’un Faisan, le moyen 
le plus pratique est de placer 
la nourriture de choix (pain, 
œuf, millet, etc.), au centre 
d’une mue chargée d'une forte 
pierre et surélevée juste assez 
pour que les Poussins puissent passer dessous. 

Pour les Oiseaux de grande taille, tels que les Emeus, les 
Nändous, etc., cette disposition est impossible et voici lé pro- 
cédé que nous communique M. Debreuil : 

Construire un entourage de grillage (mailles de 3 centi- 
mètres), maintenu par 7 piquets, reliés entre eux, haut et bas, 
par une forte tringle, et espacés, l’un de l’autre, d'environ 
60 centimètres. 

Cet entourage aurà 1"35 centimètres de diamètre et 195 cen- 
timètres de hauteur au-dessus du sol; les piquets Seront 
enfoncés en Lerre de 15 ou 20 centimètres, jusqu à la tringle 
du bas. 


US fes ER ee Mais . 


_ 


er 


BIBLIOGRAPHIE 127 


Un intervalle entre deux piquets ne séra pas grillägé et, 
devant, on fixera une auge (A), montée Sur 4 pieds, laissant 
dessous un espace libre de 40 centimètres de hauteur. 

Entre le deuxième et le troisième piquet, à droite de celte 
auge, On ménagera dans le grillage une porte (B), de 45 centi- 
mètres de hauteur sur 20 centimètres dé largeur. Une porte 
semblable (C) séra également ménägée entre le deuxième et le 
troisième piquet à gauche de l’auge. 

Deux augettés (D, D’), de 40 cehtimètres sur 20 centimètres, 
et 15 centimètres de hauteur, seront placées à l'intérieur de 
l'entourage, entre les deux portes. 

Dans la grande auge on mettra là nourriture du parent éle- 
veur et dans les augettes celle des jeunes. 

Cette disposition est très vite comprise par les jeunes, qui 
voyaht leur père manger, passent sous son auge pour äller à 
leurs augettes; ils prennent ensuite l'habitude de se servir des 
petites portes latérales. 

Au milieu de l'entourage, on peut, également, jeter de la 
salade, qui ést, ainsi, à la seule disposition des jeunes. 


BIBLIOGRAPHIE 


Notes ptéridologiques, par le prince Roland BonN4ParTE. 
Fascicule VIIT, Paris, 18 juin 1919, broch. 197 pages, com- 
prenant les ptéridophyÿtes de l'Indochine, avec tableaux dicho- 
tomiques et description des espèces appartenant aux genres : 
Hÿrhenophyllacées, Gleichéniacées, Schizéacées, Gyathéacées. 

Fascicule IX, Paris, 40 février 1920, broch., avec tableaux 
récapilulatifs, entièrement consacré à l'étude et à la détermi- 
nation des spécimens des cinq premières familles de Fougères 
croissant à Madagascar. 


Zoologie agricole. Animaux nuisibles et animaux utiles à 
l'Agriculture. Mammifères. Reptiles. Batraciens, par G. GuÉ- 
NAUX, ingénieur-agronome, chef des travaux de zoologie à 
institut national agronomique. 1 vol. de 312 pages, orné de 
196 figures. Baillière, éditeur. 

Les animaux sauvages, ceux qui vivent en liberté dans nos 


1 26 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


champs et dans nos bois, sont souvent mal connus, même de 
ceux qui se trouvent fr équemment en contact avec eux. Nom- 
bre d’entre eux sont cependant utiles à l’agriculteur alors que 
d’autres sont nuisibles. Il importe donc de connaître l'étendue 
des services que ceux-là peuvent nous rendre et l'importance 
des dégâts que ceux-ci peuvent commettre. L'agriculteur doit 
pouvoir tirer parti des premiers et savoir combattre les 
seconds. 

Enfin, nul, aujourd’hui, citadin ou rural, ne peut ignorer 
l'existence et les mœurs des animaux sauvages qui peuplent 
encore la France. Si quelques espèces, et non les moins nuisi- 
bles, y sont représentées par de trop nombreux individus, il en 
est d’autres, au contraire, qui n’y subsistent qu’en petit nom- 
bre, et quelques-unes, même, sont en voie de complète dis- 
parition ; toutes, à des titres divers, méritent d'être mieux 
connues. 

M. Guénaux a condensé dans un volume tout ce qu'il est 
utile de savoir touchant les Mammifères, les Reptiles et les Ba- 
traciens qui vivent à l'état sauvage sur le sol de la France. 
Suivant la classification zoologique, l’auteur passe d’abord en 
revue les diverses espèces de Mammifères, décrivant leurs ca- 
ractères anatomiques, leur biologie, la chasse qui peut leur 
être faite, leur piégeage lorsqu'il s’agit de bêtes nuisibles, leur 
utilité dans le cas contraire. L'auteur consacre les deux der- 
niers chapitres de son livre aux Reptiles et aux Batraciens, qui 
sont encore bien moins connus que les Mammifères, et signale 
les caractéristiques qui permettront de distinguer les espèces 
utiles ou indifférentes de celles qui sont nuisibles ou dange- 
reuses. 

Cet excellent manuel doit être entre les mains de tous ceux 
qui vivent à la campagne, il sera consulté avec fruit par tous 
ceux qui s'intéressent à la vie el aux mœurs des animaux sau- 
vages de la France. Présentées sous la forme agréable que 
l’auteur a su leur donner, ces études de zoologie agricole 
seront lues avec plaisir et l’enseignement qui en résullera sera 
facilement retenu. M. L. 


Le Gerant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


s! perintendant du En He] 
botanique de Darjeeling, à 
alcutta (Inde). ‘ 
AS | FRA 


* Plante rustique. 
Plante demi-rustique. 


stilbe rivularis * 
asearia ont 
sia læevigata. 
 occidentalis. 


L esmodeum nes 
dgeworthia Gardneri **. 


_ reptans*.. 
ex fragilis. 
insignis. 
qusirum confusum *. 
nolia GE ae Ka 
helia Cathearti. 
Cuna Macrocarpa. 
beckia nutans. 
tiosporum floribundum. 
Piptanthus nepalensis *. 
rana racemosa. 
unus Puddum. 
—  nepalensis. 
ercus incana. 
>dodendron cinnabarinum. 
= Dalhousiz. 
— Falconeri. 
NUM Khasianum. 
- nigrum 
verbasciflorum. 


re 


EN DISTRIBUTION 


Sonchus arvensis * 
Styrax Hookeri. 
Zanthoæylum acanthopodiun. 


DOTISEE. 


Briobotrya Hookerianc. 
Zrichosanthes palmat«. 
Maæsia chisia. 

Nyssa sessiliflora. 
Osbeckia stellata. 
Oxalis corniculata. 
Rosa macrophylla. 


3% LISTE, 


Betula Bhojpaltra. 
Bœhmeria platyphylla. 
Cotoneaster acuminata. 
— microphylle. 
Dobinea vulgaris. 
Hypericum patulum. 
Leycesteria formosa. 
Lonicera hispida. 
Magnolia Campbelli, à 
rouges. 
Michelia excelsa. 
Salir calyculata. 
— oreophila. 
Sambus adnata. 
Spiræa bella. 
Swertia Hookeri. - 


fleurs 


4° LISTE 


Alnus nepalensis. 
Berberis nepalensis. 
Buddleia asiatica. 
Callicarpa rubella. 
Edgeworthia Gardneri. 
Eryptolepis elegans. 


s 


Ficus Hookeri, : 
Gaullheria nummularioides. 
Gynuwra nepalensis. 
Hedychium Gardnerianum. 
Hymenopogon parasilicum. 
Indigofera dosua. 
— — Var. lomenlosa: 

Zriumfella rhomboïden. Le 
Maæsi rugosa. 
Morus indica. 
Ozxyspora paniculala. 
Pieris ovalifolia. 
Rhus semialata. 

— succedanen. 
Rubus rosæfolius. 
Senecio scandens. 
Swertia bimaculara. 
Vaccinium dunalianum. 


Graines offertes par M. BOIS: 


Cucurbita melanosperma (Goes Ve 


de Siam). * 
Onopordon illyricum L. var. car. 
dumculus. 


Graines offertes par M. MOREL 


Aralia.sinensis. 
Clematis erecta alba. 
Cytisus Alschingeri. 
Cytisus sempervirens. 
Dimorphoteca aurantiaca. 
Eucalyptus amygdalina. 

— globulus. 
Galtonia candicans. 
Héliotrope géant var. Lemoine. 
Heuchera sanguinea. 
Polygonum Baldschuañicum. 
Sequoia gigantea. 
Spiræa astilboides. 

S'adresser au Secrélariat. 


Offres et demandes réservées aux membres de la Société. 


. 


usieurs milliers Volailles et Lapins, visibles tous les jours. 
uen, Coureurs-Indiens, de ferme. — Jeunes Canes de l'année. — Poulettes 2 à 3 mois. 


OFFRES 


A vendre : Ciretons 2? à 3 mois, Pékin, 


— Oisons ? à 3 


« 
15 — Lapins havanes, Beveren, Géants noirs, communs, etc. — Grand choix Vclailles de tous âges 


t Lapins. 


rédéric Passy, Désert de Retz, par Chambourcy, (S.-et-O.) 


 Paon blanc. — Me Biollay, à Séricourt, par Bussières (S.-et-M.) 


DEMANDES 


ctes nasicornis (Rhinocéros), larves, nymphes et adultes. 

- Jean Rostand, Cambo, Basses-P yrénées. | 

Sonde campagne, à louer, trois chambres non meublées à 4 ou 5 heures de Paris. Région boisée, : 
ère ou étang proches, facilités de circulation pour l'étude et la photographie des animaux. 


1 crire au Secrétariat. 


4 Coquelet ét 3 Pouleltes Java noirs, 1 co. Oies d'Écyple. 
Billette, 55, Abbaye des Prés, Douai. 


[téléphone : 15], 


Lou (ss 
141 a Ai EU F 


Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de concourir : | 
1° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux 
utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à {a multiplication des races 
nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation. 

de végétaux utiles ou d'ornement. 1) 
La Société se compose de membres Titulaires, membres À Vie, membres . 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. 3 | 
Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une 
cotisation annuelle de 25 francs. + 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s’affran- 

chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 

Elle tient des séances générales bimensuelles. 

La Société encourage d’une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Bo tanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'ani- 
ma ux à ses membres. ) 

Elle publie, outre ce Bulletin, la Revue d'Histoire naturelle appliquée, 
composée de deux parties et illustrée de gravures. Ces publications traitent des 
questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particuliè- 
rement des faits d’acclimatation. à 

On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle : 
installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction, etc., etc. 

Le Bulletin est adressé gratuitement, la Revue est servie par abonnement, aux 
membres de la Société, au prix réduit de 43 fr. Pour chaque partie ou de 29 fr. 
_pourles deux. 


| 


‘ % 
A 
REVUE D'HISTOIRE NATURELLE APPLIQUÉE 


<x 


PREMIÈRE PARTIE : MAMMALOGIFE 
AQUICULTURE—ENTOMOLOGIE— BOTANIQUE — COLON ISATION 


SOMMAIRE, N° 8, AOUT. 


( 


D” A. GauDUCHEAU. — Les levures dans l'alimentation de l’homme et des animaux. 
X... — Les Zébroïdes. ; 
; A. GRUVEL. — Étude monographique de la Langouste royale (Panulirus regius de Brit. Cap.). 
J. PIERAERTS. — Souchet comestible ; Données botaniques, culturales et commerciales. 
Ca. RIVIÈRE. — Jnvariabilité du climat du Nord de l'Afrique depuis les temps historiques : 
Eléphants ; Carthage ; Légende du grenier de Rome ; Agrologie et Climatologie comparées (suite). 
J. CREPIN. — Chronique caprine. 


DEUXIÈME PARTIE : L'OISEAU TRES 
SOMMAIRE, N°8, AOUT. 1 
G. DE SourHorr. — Mes Hiboux Scops. 
N. MAYER. — Reproduction en captivité du Rossignol indigène. 


A. Decoux. — Le Stéphanophore à couronne blanche (illustré) 


D: Mirrer-HorsiN. — Souvenirs d'un naturaliste en Afrique occidentale francaise. 
Chronique ornithologique. 


RE TE ED MGR ue RRQ, 


Paris. — L. MARETHEUX imprimeur, 1 rue Cassette. 


BULLETIN 


DE LA 


DE FRANCE 


N° 9. 


— SEPTEMBRE 1920 


TA des oiour des Séances de la Société : 
SERGE GRÉE CDTI ES NE SE 134 
2. seeien : ARaTaE 6 et Terrariums. — Séance du 9-mai 190 0: 


RCE MON OM OMR TA OT MORE 7e DA SA CTRNR ET CERS EE CES 


Un numéro. 2 tr. 50 : — Pour les Membres de la Société, 4 fr. 50. 


ki ‘AU SIÈGE SOCIAL 
_ DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 
_ 198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VII:). 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1920 


Président, M. Edmond Peakike, Membre de l'Institut et de l’Académie de MAC Professeur au 
Muséum d' Histoire naturelle, Paris. $ 
{ MM. D. Bois, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue KFaidherbe, 

Vice-Présidents Saint-Mandé (Seine) ; 1 
{ Dr CHAuvEAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint-Germain, Paris. 
Secrétaire yénérul, M. Maurice LoyEk, 12, rue du Mour, Paris. à 


MM.J. CREPIN, 59, rue de Verueuil, Paris (Séances) ; 
Secrélaires Ca. DkBREUIL -, 25, rue de Châteaudun, Paris ({ntérieur) ; 
J. Decacour, 98, rue de Madrid, Paris (Etranger). 


Trésorier, M. le D' SkBiLLoTTk, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviete-Bibliothécuire : M. P. DE CLERMONI. 


Membres du Conseil. . 
MM. A. CHAPP&LLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 
le D' AcHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue  Andrieux,f 
Paris. 
le D' P. MarcHaz, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 45, rue 
de Verrièreg, à Antony (Seine). 
le D' LePRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. 
MAILLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). 
le Dr E. TRoUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. 9 
LecouTe, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, Paris. 
. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 
ROULE, Protesseur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 
. Foucen (l'abbé), 24, rue Cassetle, Paris. 
. KESTNER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 
. Le Forr, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


H'UAE 


Dates des Séances zénérales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 19920 


2 mm 
Janvier | Février Mars Avril Mai [Novembre | Décembre 1 


Séances pu Conseiz, le mercredi à 4 h.| 144 11 10. 14 19 17 45 


Séances genérales, le lundi à 3h. . . : < : LÉ a : 

Sous-Secrion d'Ornilhologie (Ligue pour 
la Protection des oiseaux) les jeudis 
ASH 7 0 Me EE ù 


22 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevron 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les 
Pre qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 4 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à ‘7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations 
fréquentes du fait de la guerre, il sera fait désormais un prix spécial pour cueque tirage] 
à part. 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


La reproduction, sans indication de source ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite 


LA DESTRUCTION DE LA FAUNE ALGÉRIENNE 


Par PIERRE AMÉDÉE-PICHOT. 


Un membre de la Société zoologique de New-York qui vient 
de parcourir nos possessions africaines sur la côte de la Médi- 
terranée a été tristement impressionné par la destruction de la 
faune sauvage de ces régions qu'il dit en voie de disparaitre 
par suite de l’intempérance des chasseurs. 

Rendant compte de son voyage à ses collègues de la Société 
zoologique, M. Schæmaker a dit : « Du Lion, il ne faut plus 
parler, c’est à peine si on en a conservé le souvenir, j'ai visité à 
Biskra la tombe de Jules Gérard et j'ai été surpris d'apprendre 
quil n'était mort qu'en 1911 dans sa quatre-vingt-neuvième 
année. La Panthère n’existe plus que dans deux localités. À en 
juger par le nombre de femmes qui portent des fourrures de 
Chacal, ces animaux ont dû être l’objet de massacres considé- 
rables. L'Hyène est très rare. 

« Le Mouflon a disparu de toute la région algérienne, sauf 
sur un point, et il n'est pas commun au Maroc. Autrefois, à 
Biskra, on trouvait partout à acheter des cornes de Mouflon, 
d’Addax et de Gazelle. Cette fois on ne m'a rien proposé qu'une 
très vieille paire de cornes de Mouflon, des cornes de Gazelle 
très médiocres et point d'Addax ni de peau de Panthère. Que 
voulez-vous ! Tous les ans, 40 à 50 Anglais collectionneurs de 
trophées ravagent le pays depuis un demi-siècle et, tout en se 
conformant aux lois insuffisantes sur la chasse, ils ont nettoyé 
à blanc El Kantara et ses environs. Autrefois à Bougie on vous 
_ vendait comme amulettes à 5 francs pièce des griffes de Pan- 
thère, maintenant on n’en tue plus. 

« Dans le Sahara, Mahomed Szhir, bien connu à Biskra, m'a 
dit : «Il n’y a plus de gibier. De loin en loin on vous montre 
« une vieille peau, et c'esttout. Voilà plusieurs années qu'onn'a 
« rencontré d'Autruches ; on ne se souvient même plus des 
« Bubales. La Perdrix Gambra est presque un mythe.» Et dans 
tout son voyage M. Schœæmaker n'a guère vu plus de trois de 
ces Oiseaux, deux Renards, deux Chacals, un Écureuil et un 
Sanglier apprivoisé. 

« C'est que les lois sur la chasse sonttraitées en «chiffons de 
papier » qui n'obligent aucun chasseur bien armé et infati- 


BULL. SOC. NAT. ACCL, FR, 1920. — 9 


130 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


gable, comme ils le sont (ous. Si ces messieurs ne veulent pas 
mettre un frein à leur gourmandise, on finira par ne plus 
trouver de gibier nulle part. 

« Quand j'ai visité ce pays, en 1913, il semblait que la Panthère 
ne courait aucun risque d'extinction. Il n'y en a plus à propre- 
ment parler et les Gazelles sont si peu nombreuses qu’en 1925 
on pourra les chercher en vain. Le Sanglier résistera plus long- 
temps à cause de l’épaisseur des forêts où il trouve un refuge. 
Mais c’est la diminution du nombre des Oiseaux qui est le plus 
lamentable. Les Insectivores, même, ne sont pas protégés par 
la fermeture officielle. C'est tout le charme du pittoresque que 
l'on a détruit. » | 

Avant de quitter Alger, notre Américain a pu s'entretenir avec 
Édouard Arnaud, le guide habituel des Anglais et des Améri- 
cains qui viennent chasser le Mouflon et la Gazelle. « Les Gazelles, 
lui a-t-il dit, n’en ont plus guère que pour trois ans autour de 
Biskra el de Tuggurt. Pendant la guerre tout ce qui existait de 
Gazelles dans le petit Sahara a été nettoyé. Depuis que les 
Français sont au Maroc, les Gazelles sont également en train 
de disparaître de Marakech, et je ne connais qu'un seul endroit 
en Algérie où l'on pourrait trouver Mouflons et Gazelles, parce 
que le pays est trop dur pour que les chasseurs touristes puis- 
sent y pénétrer. » 


Tel est bien l’état de choses. 

Et nous voyons cependant des entreprises de tourisme cyné- 
gétique, sous l’invocation de saint Hubert et avec la compli- 
cité des autorités coloniales, recruter des Tartarins auxquels 
ils promettent dans des réclames éhontées une abondante 
moisson de toutes sortes de bêtes, comprenant même dans 
leurs tableaux de gibier les malheureux Vautours qu'il fau- 
drait d'autant plus respecter qu'ils sont à peu près seuls chargés 
du service de la voirie dans des régions à peines ouvertes aux 
bienfaits de la civilisation ! 

Heureusement pour la Tunisie, un décret du 19 mai 1918 
réglemente les droits et les devoirs des chasseurs d'une façon 
assez nette en 18 articles. C’est le directeur général de l'Agri- 
culture qui fixe les dates d'ouverture et de fermeture pour les 
divers gibiers, qui indique les animaux nuisibles que les pro- 
priétaires peuvent détruire en tout temps sur leur propre fonds 
et autorise la chasse avec les Lévriers et les Faucons, qui n’est 


GERMINATION REBELLE DES GRAINES DE LÉGUMINEUSES 131 


pas plus destructive en Afrique qu'elle. ne le serait en Europe 
si un préjugé imbécile ne l’avait interdite chez nous. 


GERMINATION REBELLE DES GRAINES 


DE QUELQUES LÉGUMINEUSES 


Par le D G.-V. PEREZ (1). 


A yant été consulté sur la culture du Sulla et de son intro- 
duction à Ténérife, j'ai cherché des informations dans cette 
excellente publication, Le Bulletin agricole de l'Algérie, où 
dans les tomes I et II (1895 et 1896) se trouvent les articles 
très complets sur cette Légumineuse fourragère, par feu 
M. Kuiïll. 

Dans les pages 41 à 44 du dit Bulletin de 1896 il y a des 
notes par M. Schribaux sur la germination des graines de 
Sulla et, sans vouloir le moins du monde critiquer les tra- 
vaux du directeur des essais de graines à l'Instilut agrono- 
mique de Paris, je me permets de faire les observations sui- 
vantes : 


1° Depuis 1865, le D' Paul Sagot conseillait une petite scarifi- 
cation avec un canif dans le cas des graines rebelles de 
Tagasaste (Cytisus palmensis Hutchinson) et mon père, le 
D' V. Perez, son collaborateur et ami, le conseillait également; 

2° Dans une autre brochure sur le Tagasaste, en 1876, mon 
père conseille la macération dans l’eau chaude entre 40° et 
50° pendant 2 jours ; 

3° Dans une note sur le Tagasaste que j'ai publiée à Paris 
en 1892 et qui est un ouvrage posthume de feu les D'° Perez et 
Sagot, on lit : 

« Dans la pratique, aux Canaries, on remplit un vase de 
graines, puis on verse dessus un peu d'eau bouillante et on 
sème le lendemain », et plus loin à la page 33 : « Les soumettre 
instantanément à une température de 100° C. en les couvrant 
d’eau bouillante, etc. »; 


(4) C'est la dernière note qui nous fut adressée avant sa mort par 
notre regretté collègue, le D' G.-V. Perez. 


132 BULLETIN DE LA SOCIÈTE NATIONALE D ACCLIMATATION 


4° En Australie, selon Mr. Maiden (Wattles and Wattle barks, 
p. 9), depuis très longtemps on y traite les graines d'Acacia 
par le feu, l’eau chaude et bouillante. Mr. Maiden cite le 
professeur Tate, qui avait fait bouillir pendant plusieurs 
minutes les graines d'Acacia, mais remarque ensuite qu'une 
température de 65° et au-dessus est bien suffisante et que l’on 
y obtient les mêmes résultats qu'avec de l’eau bouillante; 

° Bien avant ces publications, en Australie, et, depuis un 
temps immémorial, les paysans de Palma (Canaries) ont 
l'habitude de verser de l’eau bouillante dans le vase où ils 
conservent les graines de Tagasaste, avant de les semer, et 
les y laissent en macération jusqu'au complet refroidissement 
de l’eau. 

Les paysans des Canaries en font de même pour les graines 
de Zathyrus tingitanus et de Psoralea bituminosa que l’on 
cultive aussi comme fourrage. 

Il serait intéressant d'apprendre si dans sie partie du 
monde, en Italie par exemple, on a recours à l’eau chaude ou 
bouillante pour préparer la bonne germination des graines de 
Légumineuses qui sont souvent si rebelles ; mais, à mon avis, 
ce sont les paysans des îles Canaries qui ont la priorité indis- 
cutable, et ceci bien avant qu'en Australie on ait employé ces 
méthodes, et que M. Schribaux, à Paris, ait fait bouillir les 
graines de Sulla pour faciliter leur germination. 

Nihil novum sub sole et, loin de moi le désir de diminuer, 
par cette note, le mérite des travaux de M. Schribaux qui 
ignorait sans doute, quand il les a faits, ceux du professeur 
Tate en Australie, et, avant ceux-ci, ceux da D" ne de feu mon 
père, et surtout la tradition des paysans des îles Canaries qui 
font germer les graines de Cytise après immersion dans l'eau 
bouillante. 


Santa Ursula, Tenerife, 11 février 1920. 


N. B. — En 1899 j'ai indiqué la grande résistance des graines 
de Tagasaste à l’eau bouillante, et mes expériences ont été 
confirmées à Kew par Sir Daniel Morris. 

Dans ces dernières années, la Société d’Acclimatation m'a 
fait l'honneur de me citer comme ayant fait bouillir des 
graines d'Acacia Lophanta jusqu'à 3 heures sans empêcher la 
germination de beaucoup d’entre elles. J'ai su après ceci qu'au 


Cap de Bonne-Espérance on avait constaté, avant moi, lamême 


RE 


GERMINATION REBELLE DES GRAINES DE LÉGUMINEUSES 133 


grande résistance des graines de cet Acacia dans l’eau bouil- 
Jante. 

Ici, à Santa Ursula, j'ai observé que, si les graines d'Acacia 
Lophanta tombent sur les routes sèches et chaudes pendant 
l'été, elles germent très facilement sur place et découvertes 
quand les pluies de l'hiver surviennent. 

C'est sans doute la chaleur sèche ou humide qui, en produi- 
sant une altération dans l'enveloppe dure de la graine, per- 
met lintroduction de l’eau et la germination par suite de 
la modification du « vernis dur » du testa, de même qu'une 
« incision » ou « scarification » le fait d’une facon mécanique, 
mais il est vraiment remarquable de constater combien les 
graines de toules res Légumineuses « fraîches » sont résis- 
tantes. 

BTBLIOGRAPHIE. 


À. El Tagasaste, Dr Victor Perez, Santa Cruz de Ténérife, 1865. 
(M. B., à la page 7, L « incision » recommandée par le Dr Sagot est 
citée.) 

2. El Tagasasle (aussi en espagnol), publié à La Laguna, Ténérife, en 
1876 : « Incision ou macération par l’eau chaude, entre 40 et 500 ». 

3. De la végétation aux îles Canaries (extr. du Journal d’Agricullure des 
pays chauds, 1865-1866), à la page 12, on lit : « Aussi on conseille pour 
en hâter Ja germination de pratiquer avec un canif sur l'écorce une inci- 
sion imperceptible ». : 

L. Le Tagasaste. Paris, 1892, imprimerie de {a Semaine Médicale. On y 
lit page 9 : « Dans la pratique, aux Canaries, on remplit un vase de 
graines, puis on verse dessus un peu d’eau bouillante, et on sème le lende- 
main. » 

Aussi à la page 33 : « 3° Les soumettre instantanément à une tempéra- 
ture de 100° C. en les couvrant d’eau bouillante », etc. 

5. Manuel des cultures tropicales, par P. Sagot et E. Raoul. Paris, 
À. Challamel, 1893. À la page 489, on lit : « L’écorce dure de ces graines 
rend souvent leur germination très lente. On peut en assurer la prompte 
évolution en les excoriant très légèrement avec un canif sur un point de 
leur surface au moment où on les sème » (graines de Tagasaste). 

6. Contribution de Georges-V. Perez à la Revue horticole de l'Algérie, 
4899, €. IIT, p. 119. « Graines de Tagasaste et leur résistance à l’action 
prolongée de l’eau bouillante. » 

1. Dictionnaire d'Agriculture, t. TIT, p. 630, par Barral et Sagnier, 
art. Sulla. — N. B. Cette citation est faite par le Bull. Agric. de l'Al- 
gérie, p. 41, t. II, 1896. 

8. Réponse de M. Schribaux, directeur du Laboratoire des essais des 
graines à l’Institut agronomique, p. 41 à 44. Bull. Agric. de l'Algérie, 
t. Il, 1896. M. Schribaux y parle des « scarifications » des graines dures 
de Sulla et de leur « ébullition pendant 5 minutes », etc. 

9. Wattles and Wattle Barks. J. H. Maiden. Sydney, 1891, 2e édition. 


EXTRAITS DES PROGES - VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIRTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 10 MAÏ 1920 
Présidence de M. D. Bois, vice-président de la Société. 


M. le Président annonce la création d’une nouvelle section; 
elle portera le nom de VII° section « Aquariums et Terra- 
riums ». Le bureau suivant a été proposé à la ralification du 
Conseil : Président, M. Jacques Pellegrin; Vice-présidents, 
M: le D' Phisalix et M. Béguin-Billecoq; Secrétaires, MM. Bru- 
gère et Foucher; Déléqué du Conseil, M. le baron de Guerne. 

Les séances de cette section seront mensuelles ; elles auront 
lieu alternativement, l’une dans l'après-midi à 5 heures et 
l’autre, le soir, à 8 h. 3/4; de cette facon un plus grand nombre 
de nos collègues pourront suivre les travaux. 


DÉCÈS. 


C'est avec une grande tristesse que nous avons appris la 
mort de sir Edmund Giles Loder qui était membre à vie de la 
Sociélé depuis 1878. Dans sa belle résidence de Leonardslee, 
située dans le comté de Sussex, à une soixantaine de kilo- 
mètres de Londres, notre collègue, amateur passionné et érudi 
des choses de la nature, avait réuni un grand nombre d’ani- 
maux exotiques et une remarquable collection de végétaux 

“rares. 

Il avait été deux fois récompensé de notre grande médaille à 

l'effigie d’'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. 


MAMMALOGIF. 


Il est présenté un mémoire très complet de M. R. Rollinat sur 
le commerce des fourrures à Argenton-sur-Creuse pendant et 
après la guerre. Notre collègue montre là haussé énorme qui 
s’est produite sur les fourrures. Une peau de Lapin ou de 
Lièvre qui en 1913 se vendait O fr. 40 trouvait preneur en 1920 
à 10 francs. 

M. Rollinat donne successivement des renseignements sur le 
Blaireau, la Marte fouine, la Marte vulgaire, la Belette, la 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 125% 


Belette hermine, le Pulois, lé Putois vison, la Loutre, la 
Genette, le Chat sauvage, le Loup, le Enecél La note de 
M. Rollinat sera publiée, mais dès maintenant nous insistons 
pour que la capture de ces animaux soit faite Judicieusement 
afin qu'ils ne disparaissent pas; ils jouent leur rôle dans l'équi- 
libre de la nature; presque lous sont jolis et 1l serait plus pro- 
fitable pour le bien général d'essayer leur élevage au lieu de 
les exterminer souvent sans profit sérieux. 


ORNITHOLOGIE. 


M. Mouquet lit une note de notre collègue M. le D' Millet- 
Horsin sur quelques observations ornithologiques faites par 
notre collègue dans la région de Kati (Haut-Sénégal-Niger). 


Nütre collègue M. lé professeur Brumpt, qui fait äctuelle- 
ment des recherches sur le Ver rouge, serait obligé à ceux de 
nos collègues qui voudraient bien lui envoyer des Faisans 
atteints de strongylose, et encore en vie, au laboratoire de para- 
sitologie de l'École de médecine. 


BOTANIQUE. 


M. Couderc vient signaler à la Société une redoutable 
maladie qui attaque le Châtaignier. On l’appelle maladie de 
l’enere. Elle est due à un Champignon de la section des{Oomi- 
cètes, presque anaérobie. Le sol, autour de l’arbre infecté, se 
tache de noir, d’où le nom donné à la maladie. | 

Cette affection, mortelle pour le Châtaignier, cause actuelle- 
ment en France des destructions considérables. C'est, toutes 
proportions gardées, un fléau comparable au Phylloxéra. 

Dans le Plateau Central, dans le Var, dans la Corse, le Châtai- 
gnier est très cultivé; c’est une ressource importante. La maladie 
de l’encre va faire disparaître ces arbres jusqu'au dernier. La 
maladie, introduite par imprudence avec des jeunes sujets 
contaminés dans la région pyrénéenne, a détruit les deux tiers 
des Châtaigniers des départements limitrophes de l'Espagne : 
et là où la maladie de l’encre a sévi, impossible de refaire des 
plantations nouvelles, même 15 ou 20 ans après. 

On a prôné la résistance du Châtaignier du Japon; les agri- 
culteurs intéressés en firent immédiatement venir des graines. 
Or très peu de ces châtaignes germèrent, mais elles poussè- 
rent fort bien dane les régions infestées. Seulement ces arbres 


1436 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


sont demeurés de taille exiguë, ne dépassant pas 3 ou 4 mètres 
de haut, d’ailleurs se couvrant de fruits. 

La solution trouvée jusqu'ici est donc insuffisante, car ces 
arbrisseaux ne peuvent être, comme les Chätaigniers euro- 
péens, des arbres à bois procurant suffisamment d'extraits 
tanniques meilleurs, comme l’on sait, que ceux du Chêne. Il 
nous faut des grands arbres. Or ces grands arbres doivent 
exister en Chine et au Japon, mais il faut aller se rendre 
compte sur place. M. Couderc à entretenu de cette question 
MM. Bois et Chevalier qui ont étudié une combinaison. Le 
ministre des Colonies va envoyer au Laos et en Extrême-Orient 
M. Miéville pour étudier les arbres fruitiers, et pourra s'occuper, 
en outre, des Châtaigniers japonais. Mais quelques ressources 
supplémentaires seront, peut-être, nécessaires. M. Couderc 
recommande à la Société la cause, si intéressante, du Châtai- 
gnier. 

M. le Président, au nom de notre Société, répond que nous 
aiderons à cette recherche dans la mesure de nos forces. 


Au sujet de l'introduction, sans doute très intéressante des 
Châtaigniers du Japon, M. de Guerne exprime l'espoir qu’elle 
ne fasse pas négliger le Châtaignier indigène. De magnifiques 
forêts de cette belle essence existaient jadis, notamment en 
Corse, aux environs de Bocognano où des arbres plus que cen- 
tenaires furent abattus en masse il y a une vingtaine d'années. 
L'opération était conduite par une compagnie anglaise qui dis- 
tillait le bois et exportait les produits ainsi obtenus de Bastia 
à Livourne. Un service régulier de navigation italien était 
chargé du transport, de sorte que la France ne semble avoir 
tiré de ce travail aucun bénéfice, même accessoire. Le maquis 
s'est simplement étendu sur le territoire de Bocognano à la 
place qu’occupaient les Châtaigniers détruits. 

Par contre, en Sardaigne, M. de Guerne avait pu voir, vers 
la même époque, à Sassari, d’intéressants essais de fabrication 
de meubles, dont la matière, de qualité excellente, était préci- 
sément fournie par les Châtaigniers du pays, exploités de 
facon normale. 


M. Lasseaux fait remarquer que la maison Vilmorin a tenté 
l'élevage du Castanea japonica; les premiers essais furent mau- 
vais, mais, en 1912, les résultats furent bien meilleurs; la 
guerre seule a arrêté ces expériences. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 127 


M. Chevalier signale l'abondance dans le bois de Meudon, 
à la date du 8 mai, d'un Champignon, le Pholiota præcox. 
Ce Champignon printanier est comestible. MM. Richon et Rose 
l'ont depuis longtemps signalé comme très recommandable. 
Malgré cela il est encore négligé et pourtant on pourrait 
en faire des récoltes importantes dans les bois des environs de 
Paris, spécialement sous les Chênes. M. Chevalier, qui en à 
mangé, trouve ce Champignon excellent. 


Dans ce même ordre d'idées M. Piédallu présente quelques 
spécimens de Pleurote de l'Orme, Champignon également 
comestible et qu'en général on détruit par ignorance. 


M. le comte Delamarre appelle l'attention sur la différence 
de qualité, au point de vue culinaire, qu’il a constatée, en 1945, 
dans les Vosges, entre les Champignons de l'espèce Pleurotus 
ostreatus, suivant les essences d’arbres dépérissants sur lesquels 
il l’a récoltée. Comme on le sait, ce Pleurote doit être consommé 
jeune, et constitue alors un mets excellent. Plus âgé, il devient 
coriace. 


M. Piédallu nous apporte aussi des Haricots de Birmanie 
contenant 30 milligrammes d’acide cyanhydrique p. 100. C’est 
une variété de Phaseolus lunatus (Amérique du Sud). On l’ap- 
pelle quelquefois Haricot de Birmanie, quelquefois Haricot de 
Cieva. 

COLONISATION. 


M. Carié fait une communication très documentée sur les 
cultures alimentaires en Malaisie qu'il illustre de belles projec- 
tions en couleur. 

Le secrétaire des séances adjoint, 


PIERRE CREPIN. 


NII: SECTION. — AQUARIUMS ET TERRARIUMS 
Séance du 27 mai 1920. 


Présidence de M. le baron J. de Guerne, délégué du Conseil, 
puis de M. le D: J. Pellegrin, président. 


Au nom du Conseil de la Société qui l’a délégué auprès de la 
nouvelle Section d'Aquariums et Terrariums, M. de Guerne 


138 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


déclare la séance ouverte et remercie les nombreuses per- 
sonnes qui ont bien voulu se rendre à l’appel de la Société 
d’Acclimatation. | 

Le groupement spécial dont la présente réunion marque la 
constilution définitive voit s'ouvrir devant lui un champ d’études 
très vaste et des plus intéressants. Les amis des animaux et 
des plantes, savants, amateurs ou praticiens professionnels s’y 
rencontreront pour s’instruire, pour exposer et aussi pour dis- 
cuter les résultats de leurs essais d'élevage où de culture. Et 
chacun tirera profit des échanges d'idées qui auront lieu ici. 

En réalité, la Société d’Acclimatation ne fait qu'étendré et 
consolider aujourd’hui une tradition déjà fort ancienne. Voici 
un peu plus de 64 ans, exactement le 23 mai 1856, le vicomte 
de Valmer présentait à la Société un travail sur les Aquaria 
d'eau de mer et d'eau douce élablis au Jardin zoologique de 
Londres. Bien que la Société d'Acclimatation se qualifiât elle- 
même à cette époque de « Zoologique », comme cela ressort du 
titre qu’elle portait alors, M. de Valmer n’a garde d'oublier les 
plantes. Il recommande de placer « dans l’aquarium d’eau 
douce le Vallisneria spiralis dont la fécondation s'opère d’une 
manière toute merveilleuse, et l’Anacharis À lsinastrum, herbe 
magique, dit-il, dernièrement apportée en Angleterre avec 
de la charpente du Canada et qui s’est multipliée et resemée si 
prodigieusement qu'elle menace d’envahir les canaux et la 
Tamise elle-même ». 

Il serait facile de multiplier les exemples et de citer ici une 
foule de travaux publiés dans le Bulletin de la Société d’Accli- 
matation concernant la construction des aquariums ou des 
 terrariums, leur peuplement, l'introduction et l'élevage de 
Poissons, de Batraciens et de Reptiles, sans oublier les Plantes 
aquatiques, venus les uns et les autres de contrées lointaines. 

Une longue liste de récompenses décernées par la Société 
pourrait être également rappelée à ce propos ét l’on ÿ verrait 
figurer les noms les plus autorisés dans les matières dont la 
VII: Section est appelée à s'occuper. 

M. de Guerne n’en mentionnera qu'un seul, à titre d'exemple 
et parce qu'il évoque précisément des souvenirs de la guerre 
de 1870, au cours de laquelle notre très distingué prédécesseur 
Carbonnier, c'est de lui qu'il s’agit, parvint à sauver, au prix 
d'extrêmes difficultés, les charmants Poissons connus sous le 
nom de Macropodes dé la Chine. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 129 


Cärbonnier fut un maître dans l’art d'aménager les aqua- 
riums, d'y entretenir et d'y multiplier les Poissons et les Batra- 
ciens curieux. Îl à d’ailleurs publié et répandu, sous les auspices 
de la Société, des instructions pratiques pour rapporter vivantes 
les espèces exotiques. C'est ainsi que, voilà longtemps déjà, 
notre collègue fournissait de précieuses indications propres à 
élablir en France, grâce à nos colonies, nn important com- 
merce, presque monopolisé par l'Allemagne avant la grande 
guerre. 

Au surplus, la Société d’Acclimatation ne compte-t-elle pas 
actuellement parmi ses membres un maître inconteslé en 
matière de terrarium et de vivarium? M. Raymond Rollinat, 
dans cet ordre d'idées, a réalisé des merveilles qui lui ont 
permis de poursuivre ses belles études sur les Batraciens ét les 
Reptiles du Centre de la France. Il est permis de souhaiter que 
la Section aille quelque jour les admirer à Argenton-sur- 
Creuse, dans le département de l'Indre. 

M. de Guerne se reprocherait de prolonger ce préambule, 
retardant ainsi l'installation, au Bureau, de l'état-major haute- 
ment qualifié que, dans une réunion préparatoire, la Section, 
d'accord avec le Conseii de la Société, a choisi de la facon la 
plus heureuse pour diriger ses travaux. 

C'est d’abord M. Jacques Pellegrin, assistant au Muséum, 
dont la science ichtyologique est partout appréciée, et qui x 
publié de nombreuses études sur les Poissons d’aquariums. 

Il sera assisté à la vice-présidence par M"° Phisalix, docteur 
ès sciences. On connaît ses belles études sur les Batraciens. Le 
second siège de vice-président Sera occupé par un amateur dis- 
tingué et tout à fait convaincu, M. Béguin-Billecoq. 

M: Bruyère, ättaché à la Ménagerie des Reptiles du Jardin 
des Plantes, veut bien assurer le service du secrétariat avec le 
concours de M. l’abbé Foucher dont il est superflu de rappeler 
ici l’heureuse activité lors de l'Exposition, si bien réussie, en 
juin 1914, à la veille de la guerre, et où les Poissons et les 
Insectes d'ornement tenaient une place considérable. 


M. de Guerne invite M. Pellegrin à prendre place au fauteuil 
présidentiel. Pour sa part, il continuera à suivre avec le plus 
vif intérêt les travaux de la nouvelle Section. Il est tout disposé 
à l’aidér de l'expérience qu'il lui a été donné d'acquérir au 
cours des années et aussi de ses nombreux et lüintains voyages 


140 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


scientifiques. Maintes fois, pendant ceux-ci, l’occasion $’est 
offerte de conserver des animaux vivants en aquariums. En 
outre, M. de Guerne n’a jamais manqué de visiter, guidé le 
plus souvent par les directeurs ou les propriétaires eux-mêmes, 
les établissements publics ou particuliers de la France ou de 
l'étranger. À New-York notamment, à Amsterdam et à Naples, 
sans parler de la Norvège, de la Chine et du Japon, il a pu voir 
des aquariums et des terrariums tout à fait remarquables, 
aussi bien par leur installation que par la variété de leurs 
hôtes, animaux ou végétaux. 

Ceux-ci étaient fréquemment présentés avec beaucoup d'art. 
C'est à quoi le goût français réussira parfaitement, surtout 
s’il est dirigé par les dames dont M. de Guerne salue, en termi- 
nant, le groupe important qui a bien voulu honorer de sa pré- 
sence les débuts de la nouvelle Section. 


x 
X x 


MM. Pellegrin et Bruyère prennent place au bureau et le 
nouveau Président prononce un discours inaugural, expliquant 
la création de cette VIT® Section, son but, ses moyens d’action, 
ses travaux futurs. 


CORRESPONDANCE. 


M. le Président a recu des lettres d’excuses de MM. Béguin- 
Billecoq, Lefebvre et Barriol. 


M. Debreuil donne lecture d’une lettre de notre collègue, 
M. Pachundaki, de l’Institut sultanien d'Hydrobiologie 
d'Alexandrie (Égypte), l'informant qu'il se mettait à la dispo- 
sition de la Société d'Acclimatation pour lui adresser d'Égypte 
des Batraciens et des Poissons que le Nil procure aux amateurs 
et qui figuraient sur les catalogues allemands d’avant-guerre. 
De plus, M. Pachundaki estime que l'Égypte pourrait offrir aux 
espèces, importées des tropiques vers le nord, une station de 
passage de tout premier ordre. 


M. le Président se fait l'interprète de la Section pour remer- 
cier notre collègue d'Égypte de ses aimables propositions et 
explique tout l'intérêt qu’il y a de recevoir des Poissons et 
Batraciens de cette région. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ A41 


La Section à en outre recu de M. Märion (de Lausanne) un 
important travail sur la construction des terrariums, avec un 
certain nombre de photographies à l'appui. 


M. Debreuil, parlant au nom de la Société d'Acclimatation, 
se félicite de voir l'assistance nombreuse qui a bien voulu se 
rendre à son appel. Il serait heureux de la voir suivre les 
séances de cette nouvelle Section avec beaucoup d’assiduité; il 
explique que les personnes, qui, bieu que ne faisant pas partie 
de la Société d’'Acclimatation, voudraient néanmoins assister à 
nos séances, pourront le faire avec l'agrément du Président, 
en s'abonnant à la première partie de notre Revue dont le 
coût est de 25 francs par an. En terminant, il demande au 
Président de vouloir bien fixer le jour de la première séance et 
autànt que possible un ordre du jour. 


D'accord avec le Bureau, M. Pellegrin fixe la prochaine 
séance au jeudi 24 juin à 5 heures, une séance de jour devant 
alterner avec une séance du soir. 

M. le Président ajoute qu'en dehors des réunions men- 
suelles il sera intéressant pour les membres de se rendre 
chez quelques amateurs pour visiter leur élevage. 


M. Fabre-Domergue demande qu’on veuille bien, pour les 
futures séances, convoquer les membres de l’ancienne Société 
« Aquaria ». 


M. Debreuil répond qu'il ne croit pas que cette Société soit 
: défunte, officiellement du moins, mais que cependant ses 
membres seraient toujours bien accueillis à nos réunions. 


M. le Président donne ensuite la parole à M. Fabre-Domergue, 
pour faire la communication inscrite à l'ordre du jour : l’/nstal- 
lation et l'entretien d’un aquarium d'appartement. 


M. Fabre-Domergue fait un exposé des conditions que doit 
réunir un aquarium d'appartement « équilibré », c’est-à-dire 
dans lequel, par une heureuse association des animaux et des 
végétaux, les échanges vitaux se trouvent si harmonieusement 
établis que le milieu demeure indéfiniment pur sans néces- 
siter aucun changement. 


142 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


Pourvu que l'aquarium soit exposé à une lumière suffisante, 
füt-elle même artificielle, les Végétaux assimilent complète- 
ment l’acide carbonique dégagé par les Poissons, ainsi que les 
produits de désassimilation provenant de leur alimentation. De 
leur côté, les animaux qui vivent dans un pareil milieu trou- 
vent dans les végétaux qui les entourent une certaine quantité 
de nourriture et leur fournissent l'acide carbonique nécessaire 
à leur développement. Cela est si vrai que dans un aquarium 

- garni de plantes et où n'existe aucun Poisson la végélation se 
montre beaucoup plus languissante que dans tel autre où se 
rencontrent les représentants des deux règnes. 

Pour montrer combien est simple l'installation d’un pareil 
aquarium, M. Fabre-Domergue procède, au cours de sa cau- 
serie, à l'aménagement complet d’un modèle apporté par lui. 
Après l'avoir garni de terre, puis de sable, il le remplit d'eau, 
le plante de diverses espèces de Sagittaria natans, Ludwigia, 
Myriophyllum, etc.; et termine en donnant quelques conseils 
sur les soins dont il convient d’entourer l'aquarium pour 
assurer son parfait fonctionnement. 

Ces soins peuvent se résumer ainsi : éclairage suffisant, mais 
sans l’accès des rayons solaires directs, nourriture des Pois- 
sons en quantité modérée, siphonage des impuretés, entretien 
d'une température appropriée aux Plantes et aux Poissons qui 
habitent l’aquarium. Cette dernière condition varie naturelle- 
ment selon le lieu d’origine des espèces envisagées; mais, dans 
beaucoup de cas, celles-ci peuvent se contenter des tempéra- 
tures moyennes habituelles de nos appartements pendant 
l'hiver. 

M. Fabre-Domergue répond aux quelques explications com- 


plémentaires qui lui sont adressées par M°®° Girod et M. De-. 


breuil, et il termine en exprimant le désir de voir tous ses 
auditeurs devenir des amateurs d’aquarium. 


M. le Président se fait l'interprète de la réunion pour ex- 
primer à M. Fabre-Domergue tous ses plus vifs remerciements. 


Le secrélaire, 
HENRI BRUYÈRE. 


—.—— 


ee 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 


La diminution du gros gibier en Alaska. — La destruction 
de la faune sauvage aux États-Unis. — L'abus des autopsies d'Oiseaux. 


La Sociélé de protection de la faune sauvage aux États-Unis 
appelle l'attention des Pouvoirs publics sur la rapide diminu- 
lion du gros gibier de l'Alaska et réclame des lois énergiques 
pour enrayer sa destruction. Non seulement les Indiens, les 
ouvriers des mines et les explorateurs du pays ne se nourris- 
sent que de ce gibier, mais encore on voit aujourd'hui des 
entrepreneurs de ravitaillement vouloir concurrencer la viande 
de houcherie avec les Élans, les Rennes sauvages el les Mou- 
flons de l'Alaska; ces mercantis ne se donnent même pas la 
peine de transporter les carcasses et les bas morceaux qu'ils 
donnent à manger à leurs chiens ou laissent pourrir sur place; 
les animaux à fourrure sont également menacés. Une très sage 
mesure avait réservé aux seuls chasseurs de bonne foi le droit 
de tuer les grands Ours de l’Alaska et encore les chasseurs 
étaient-ils limités à un pelit nombre de pièces. Les trafiquants en 
fourrure réclament contre cette restriction et demandent à tuer 
ces grands Ours comme ils l’entendront pour faire commerce de 
leurs peaux, il ne faudrait pas longtemps pour arriver à l’'exter- 
mination complète. Les ouvriers du chemin de fer central de 
Seward à Fairbanks consomment le gibier en proportion for- 
midable, étant donné que cette viande leur estlivrée au prix de 
0 fr. 75 à 1 fr. 75 la livre. Il n'est que temps de protester 
contre le gaspillage qui à déjà transformé en désert des régions 
entières où il y a quelques années la faune sauvage paraissait 
inépuisable. AE 


x x 


Le professeur Osborn, la grande autorité arnéricaine sur les 
questions préhistoriques, déclare, jugeant par analogie, que le 
monde touche à la fin de l’âge des Mammifères. A voir la façon 
dont les races humaines s’emploient à la destruction de toute 
la faune du globe, cela n'aurait rien d'étonnant. Tandis que 
dans le Vieux-Monde on a l'air de s'intéresser fori peu, sous 
prétexte de chasse, aux conséquences de la guerre contre 
toutes les espèces d'êtres vivants, dans le Nouveau-Monde on 
s'inquiète fort de la diminution sensible du gibier qui n'existe 


444 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


déjà plus qu'à titre de souvenir dans plus d'un État. La Société 
de protection de la faune sauvage publie une intéressante bro- 
chure pour appeler l'attention sur la situation et réclamer des 
mesures énergiques si l’on veut arrêter les progrès du mal. Il 
ne s'agirait de rien moins que d'interdire la chasse dans cer- 
tains États pour une période de deux à dix ans sans compter 
d’autres mesures subsidiaires. Et l'affaire est urgente quand on 
voit que pour une faible somme d’un dollar (5 francs) il est 
délivré 5.000.000 de permis de chasse. New-York seul a délivré, 
en 1918, 230.000 permis; en Pensylvanie, en 1919, le nombre 
des permissionnaires est monté à 400.000, sans compter les 
200.000 fermiers qui peuvent chasser sur leurs terres sans 
permis. Il en est à peu près de même sur toute l'étendue du 
territoire. Il est vrai que les chasseurs ne sont autorisés qu’à 
abattre un nombre limilé de pièces, mais il est facile de cal- 
culer que, si tous les chasseurs usaient en plein de leur droit, 
il ne faudrait pas une année pour détruire tout le gibier des 
États-Unis. C’est ce qui ressort très clairement de la brochure 
de la Société de protection dont le texte est illustré. de tableaux 
pris par la photographie, à la fin de certaines journées de 
chasse où des montagnes de cadavres de gibier et aussi de 
poissons témoignent du beau travail des fusils à tir rapide 
et d’autres engins de destruction. 


* 
*X _* 


Dans un livre intéressant sur les mœurs intimes des Oiseaux 
des États-Unis, M®* Stratton-Porter déplore l'introduction du 
Moineau dans le Nouveau Monde. Cet étranger, dit-elle, ne 
manque aucune occasion de se substituer aux espèces indi- 
gènes et son sans-gêne dépasse tout ce que l’on peut s’imaginer. 

M"° Porter s'élève aussi contre l’abus des autopsies d'Oi- 
seaux que l’on pratique aux États-Unis sur une si grande 
échelle pour vérifier de quoi les victimes se nourrissent par 
rapport aux intérêts de l’agriculture. Elle admet bien que l’on 
tue une douzaine de Gros Becs à ventre rose pour voir s'ils ont 
dans l'estomac des parasites de la Pomme de terre, mais pous- 
ser l'enquête jusqu’à sacrifier 152 de ces ravissants Oiseaux, 
pour une question sur laquelle on est fixé depuis longtemps, 
lui parait excessif. 


Le Gérant : A. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


Dalhousiz. 
Falconert, 


Sonchus arvensis * 
Styrax Hookeri. ce 
Zanthozylum acanthopodium. 


2 LISTE. 


Eriobotrya Hookerianw. 
Trichosanthes palmat. 
Meæsia chisia. 

Nyssa sessiliflora. 
Osbeckia siellata. 
Oxalis corniculata. 
Rosa macrophylla. 


8* LISTE, 


Betula Bhojpaltra. 
Bœhmer ia platyphylla. 
Goonsasten acwninata. 
— microphylle. 
Dobinea vulgaris. 
Hypericum patulum. 
Leyceste:ia formosa, 
Lonicera hispida. 


Maynolia Campbelli, à fMeurs 


rouges, 
Michelia excelsa. 
Salir calyculata. 

— oreophila.. 
Sambus ainata. 
Spiræa bella. 
Swertia Hookeri. 


4 LISTE. 


Alnus nepalensis. 
Berberis nepalensis. 
Buddleia asiatica. 
Callicarpa rubella. 
Edgeworthia Gardneri. 
Eryptolepis elegans. 


OFFRES 


Ficus Hookeri. 
Gaultheria nummularioides. 
Gynura nepalensis. € 
Hedychiuvm Gardnerianum.… 
Hymenopoyon narasilicum. 
Indigofera dosua. ki 
— — var, fomentosa. 

Triumfelta rhomboidea. "y 
Mas rugosa. 
Morus indica. 
Oxyspora paniculata. 
Pieris ovalifolia. 
Rhus semialata. 

—  succedaneu. 
Rubus rosæfolius. 
Senécio scandens. 
Swerlia bimaculara. 
Vaccinium dunalianum. 


Graines offertes par M. Be 5 


Cucurbita melanosperma (Gourg 
de Siam). à 

Onopordon illyricum L: var. 
duneulus. 


Aralia sinensis. 
Clematis erecta alba. 
Cytisus Alschingeri. 
Cytisus sempervirens. 
Dimorphoteca aurantiaca. 
Eucalyptus amygdalina. 
— globulus. 
Galtonia candicans. 


Heuchera sanguinea.. 
Polygonum Baldschuanicum. 
Sequoia gigantea. 


| Spiræa astuboides. 


S'adresser au Secrélaris t 


É ï 
RE 


’]Jusieurs te Volailles et Lapins, visibles tous les jours. À vendre: Cazetons 2 à 3 mois, Pékin, 
ouen, Coureurs-Indiens, de ferme. — Jeunes Canes de l’année. — Poulettes 2 à 3 mois. — Oisons 2 à 
is Lapins havanes, Beveren, Géants noirs, communs, etc. — Grand choix Volailles de tous îges 


Frédénie Passy, Désert de Retz, par Chambourcy, (S.-et-O.) [téléphone : 15]. 
L: —. Mne Biollay, à Séricourt, par Bussières (S.-et-M.) 


DEMANDES 


ie nocércs): larves, nymphes et adultes. 
can Rostand, Cambo, Basses-Pyrénées. 
son de campagne, à louer, trois chambres non meublées à 4 ou 5 heures de Paris. ne boisés, 
iérerou étang proches, facilités de circulation pour l'étude & la photographie des animaux. 1= 
au Secrétariat. 


Le but de la Société Nationale d’ Acclimatation de Faure est de concourir : 2 
1° à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux 
utiles et d'ornement : 29 au perfectionnement et à la multiplication des races 
nouvellement introduites ou domestiquées: 3° à l'introduction et à la propagation 
de végétaux utiles ou d'ornement. 

La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. 

Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une 
cotisation annuelle de 25 francs. 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s’affran- 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 

La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 

Elle tient des séances générales bimensuelles. 

La Société encourage d’une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'ani- 
maux à ses membres. 

Elle publie, outre ce Bulletin, la Revue d'Histoire naturelle appliquée; 
‘composée de deux parties et illustrée de gravures. Ces publications traitent des 
questions cancernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particuliè- 
rement des faits d'acclimatation. 

On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle : 
installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction, etc., etc. 

Le Bulletin est adressé gratuitement, la Revue est servie par abonnement, aux 
membres de la Société, au prix réduit de 15 fr. pour chaque partie ou de 290 fr. 
pour les deux. 


REVUE D'HISTOIRE NATURELLE APPLIQUÉE 


PREMIÈRE PARTIE : MA MMALOGIE 
AQUICULTURE — ENTOMOLOGIE — BOTANIQUE — COLONISATION 


SOMMAIRE, N° 9, SEPTEMBRE. 


Pages 

P>A:=Prcuor,— Les Lupoides (2/lustré) CURE. 0 RS ONE ER PR RER 241 

A. MouqueT. — Sur les affections des yeux d’origine alimentaire. . . . . . . . . … . : . . 248 

D: J. PELLEGRIN. — Le Poisson-Roseau (illustré). .… . , . . ... - 0: CN 255 
J. PIERAERTS. — Souchet comestible ; Données botaniques, culturales et commerciales 

(surfe el fm) à 5 LS AN NN ARNO E ER NS 258 


CH. Rivière. — Invariabilité du climat du Nord de l'Afrique depuis les temps historiques : ! 
Éléphants, Carthage, Légende du grenier de Rome, Agrologie et Climatologie comparées 


(auile) Rs RS DR SEA A ER RO RE er te AL HNRES ERA NRSAEER Rte 263 
J."CREPIN:-— Chronique .caprine sr RER ERNEST TE 267 
P::À.=Pionor:-—: Pibliographiens MN MM EN ER CRE RE ON CD CT Te 272 

} 
DEUXIÈME PARTIE : L'OISEAU 
SOMMAIRE, N° 9, SEPTEMBRE. 
Pages 

J. Decacour. — Le Cacatoès Gang-Gang (illustré) . . . . . . 2 Ne  . + 161 

D: Mizzer-HorsiN. — Souvenirs d'un naturaliste en Afrique occidentale française (suste] 

{alustré). 55 NE ER RE a OT CORTE NERO 162 

4. PÉzaRD. — Le Virilisme expérimental DECO RE EU A ae lon Gr ele 165 

A: Mercier. — Le Cincle d'eauen captivité, :). - :,. . : . : ... . 0 470 
P. CREPIN. — Le Faisan Mikado X ElHott FAR NT EEE à ee cs 0 NC MT MO OP MERE 490 
Chronique ornithologique. 2 AT PMR vote VMC CNE RE 146 


È Paris. — L. MarrTaeux, imprimeur, 1, rue Cassette. 


DE LA 


Je 


giété Natal d'Acelim 


DE FRANCE 


N° 10. — OCTOBRE 1920 


Pages. 
145 


ND on EN DUO ART, 


IA ré $ Er » $ . Ô : 
Un numéro. 2 fr. 50 : — Pour les Membres de la Société, 4 fr. 50. 


) ! ! 

| AU SIEGE SOCIAL 

M: DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 
498, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VII:). 


Président, M. Edmond PERRIER, Mbits de l'Institut ot de l'A eMÉaIe de Médecine, Professeur a | 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. ; ; 
+ MM. D. Bois, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 15, 
Vice-Présidents Saint-Mandé (Seine) ; 
à. Dr CRHAUVEAU, Sénateur de la Côte- d'Or, 225, boulevard. Saint- Germain, Paris. 
n Secrétaire général, M. Maurice Lozkr, 12, rue du Four, Paris. 
MM.J. CREPIN, 55, rue de Verueuil, Paris (Séances) ; 


: rltaiés ) CH. Dr8REUIL, 2%, rue de Châteaudun, Paris ({ntérieur) ; 
J: DEcacour, 28, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 


rue Faidherbe, ; 


. Trésorier, M. le D' SkBiLLoTrk, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire : M. P. DE CLERMONT. Ro “4 


Membres du Conseil. 


MM. A. CHAPPSLLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 
le D' AcHALMx, Directeur du Laboratoire colonia] du Muséum d'Histoire RAENE 1, rue Andrieux, | 


: 

Paris. 
le D' P. Marcaaz, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 45, rue 
de Verrières, à Antony (Seine). L 


le D' LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. 
MaILLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). } 
le Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cie Paris. L 
Lecomre, Membre de l’ Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, ee 4 
P. Cart, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 

L. ROULE, Professeur au Muséum d’ Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Partie | 
G. FoUCHER (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. qi \ e 
P. KESTNER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 
R. Le Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris. CIE 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1990 


AE AVR | Janviér | Février | Mars Avril Mai | Novembre | Décembre 
Séances pu ConseiL, le mercredi. à 4 h.| 44 11 40. | .14 |. 49 AT SM PAS SE 
5 2 1 | 19 | 40 8 61 


Séances genérales, le lundi à 3h. . :} jo 16 15 26 31 99 20 


Sous-SECTION d'Ornilhologie (Ligue pour 
la Protection des oiseaux) les jeudis 
FN  LLON L ARE EAST E ED 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales SMS 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


À. | 
D Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les : 
nr cine qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de la 
hs ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 
D 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissent des variations 
fréquentes du fait de la guerre, il sera fait désormais un-prix spécial pour chaque tirage 
à part. 


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+ 
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+ 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. f 


La reproduction, sans indication de source ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite. 


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ACTES DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION 


Parmi les récentes nominations et promotions dans l'ordre 
de la Légion d'honneur nous sommes heureux de signaler les 
noms de plusieurs membres de notre Société. 


Notre collègue, M®° la marquise de Noailles, a été nommée 
chevalier de la Légion d'honneur avec cette belle citation : 


« Membre de l'Office national des mutilés et réformés, prési- 
dente d'œuvres de guerre; dix-huit ans de services. S’est con- 
sacrée avec un dévouement et une générosité admirables à de 


nombreuses œuvres intéressant des mutilés el les orphelins de 
la guerre. » 


Notre collègue, M. le professeur Lignières, directeur de l'Ins- 
titut de bactériologie de Buenos Aires, a été promu officier de 
la Légion d'honneur. 


M. le marquis de Vogüé, membre d'honneur de notre Société, 
a été nommé chevalier de la Légion d'honneur, ainsi que nos 
collègues : M. Couderc, dont on connaît les travaux en viticul- 
ture et M. Guillaumin, assistant à la chaire de Culture au 
Muséum d'Histoire naturelle. 


LS 
CRE 


Notre collègue M. le D' Joyeux, préparateur au Laboratoire 

de Parasitologie de la Faculté de médecine de Paris. à été 

- nommé professeur agrégé à cette Faculté, et notre collègue, 

M. le D' Gruvel, a été nommé à la Chaire coloniale de produits 
d'origine animale au Muséum d'Histoire naturelle. 


LS 
X x 


L'Académie française vient de décerner à notre collègue, 
M. J. Crepin, le prix Monthyon pour ses beaux travaux en 
faveur de l'amélioration des races caprines et l’utilisation du 
lait de Chèvre pour l’alimenñtation des jeunes enfants. 


BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1920. — 10 


L'EXPORTATION 
DES ANIMAUX ET DES PLANTES EXOTIQUES 
DE NOS COLONIES AFRICAINES 


Par A. BAUDON, 


Administrateur des colonies. 


À titre documentaire nous croyons devoir signaler les causes 
suivantes qui sont susceptibles d’influencer l'exportation de 
nos colonies d'Afrique des animaux et plantes exotiques. Nom- 
breux seraient, en dehors des commerçants que cette question 
poarrait intéresser, les agents de commerce, colons, militaires 
et fonctionnaires qui ramèneraient avec eux des animaux si 
cela leur était pratiquement possible, mais dans l’état actuel 
des choses il n'en est pas ainsi. Nous devons préciser que 
l'état actuel ne signifie pas, dans notre idée, la situation telle 
qu'elle résulte de la guerre, c’est-à-dire la désorganisation des 
services de transport et des organisations commerciales, mais 
telle qu'elle était avant la guerre. D'autre part, dans ce qui 
suit, nous ferons exception pour la colonie du Sénégal où un 
commerce régulier d'Oiseaux existe depuis longtemps et où 
l’on trouve, en outre, des facilités de transport spéciales. Pour 
le reste de nos colonies, de la Guinée au Congo, il faudrait pour 
amorcer un mouvement d'exportation : 

1° Faciliter les transports par mer et obtenir des compagnies 
de navigation des tarifs raisonnables. En fait, depuis long- 
temps la Compagnie des Chargeurs réunis qui a le monopole 
des transports à la côte d'Afrique a établi des larifs absolument 
prohibilifs pour les animaux, Mammifères et Oiseaux. Il fau- 
drait donc, tout d’abord, obtenir de cette Compagnie qu’elle 
revise ces tarifs, ensuite qu'elle réserve, sur son pont avant ou 
dans les entreponts, des emplacements pour les animaux qui 
seraient embarqués; enfin qu’elle donne des facilités pour la 
nourriture de cês animaux et, en particulier, qu’elle fournisse 
de l’eau pour leur denner à boire. Tant qu'on n’aura pas obtenu 
des améliorations dans ce sens on ne pourra songer à trans- 
porter des animaux de nos colonies d'Afrique en France. 

2° Il faudrait ensuite que ceux qui ramèneraient des ani- 
maux soient assurés de pouvoir les vendre à un prix rémuné- 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 147 


rateur à leur arrivée en France, à Bordeaux ou Marseille. Pour 
cela, il serait nécessaire’ que les commerçants et les amateurs 
de la métropole fassent paraître quelques annonces dans les 
journaux coloniaux pour faire connaître leur existence. De cette 
facon ceux qui voudraient rapporter des animaux vivants sau- 
raient où et à qui les offrir et pourraient à l'avance se rensei- 
gner sur la valéur marchande des espèces qu'ils exporteraient. 

3° Il serait utile de faire connaître d'une facon quelconque 
la liste des animaux ou plantes intéressantes à ramener en 
Europe, afin que les exportateurs aient une base pour 
faire leur choix. Dans présque toutes les factoreries et les 
postes, on élève des Mammifères et des Oiseaux qui seraient 
exportés si ceux à qui ils appartiennent savaient pouvoir les 
vendre avantageusement. En un mot la question se résume en 
deux points : transport et organisation de l'exportation en 
mettant en relations acheteurs et exportateurs occasionnels, 
en signalant à ces derniers les espèces surlesquelles ils devront 
porter leur choix. 


ENTRANTS DES PROCÈS -VERBAUX DES SEANCES DE LA SOUÈTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 31 MAI 1920 


Présidence de M. le baron de Guerne, 


Vice-Président honoraire de la Société. 
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 


GÉNÉRALITÉS. 


Vingt-deux nouveaux membres, dont six James, ont été 
admis dans la séance du Conseil du 10 mai 1920; la te com- 
plète en sera publiée dans le Bulletin. 


M. le Président informe nos collègues que la Society of Che- 
mical Industry de Londres vient de décerner sa médaille à 
M. Paul Kestner, membre du Conseil, en reconnaissance des 
sérvices distingués qu'il a rendus aux industries Chimiques. 

C'est Ja prémière fois qu'un Francais est titulaire de cette 


148 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


médaille, décernée tous les deux ans. Certes nul n’était plus 
digne que notre collègue de cette flatteuse distinction. Parmi 
ses inventions les plus marquantes, on peut citer l'emploi du 
tirage forcé dans les tours à acides, les élévateurs automati- 
ques pour acides, les évaporateurs à ascension capillaire. les 
chaudières tubulaires et plusieurs autres appareils intéressant 
la fabrication du sucre de betteraves. Ajoutons que M. Kestner 
a été l'artisan de l’Union internationale de la Chimie pure et 
‘appliquée. 

M. le Président se fait l’interprète des membres de notre 
Société pour adresser à M. Kestner nos plus vives félicitations. 


M. Luc, qui vient de partir à Madagascar comme chef du 
service de Colonisation, s'excuse de n'avoir pu, lui-même, 
venir nous présenter ses adieux ; il charge M. Bois de nous 
faire part de ses sentiments d’attachement à la Société; il nous 
assure qu'il restera un correspondant fidèle et il nous prie de 
ne pas craindre de lui demander tous les renseignements dont 
nous aurons besoin. 


Au nom du comte Joseph Potocki, M. Debreuil dépose sur le 
bureau le « Vecrologe de Pilawin » qui est la relation, faite par 
notre collègue, de la destruction de ses belles réserves d’ani- 
maux de Pilawin. 


M. le professeur H. Blanc, conservateur du Musée zoologique 
de Lausanne, envoie pour la Bibliothèque les Notes de son 
cours de Pisciculture, reliées en un volume. M. le Président 
remercie notre collègue : ces Notes, dit-il, sont le résumé d’un 
enseignement poursuivi depuis trente-deux ans à l'École can- 
tonale vaudoise d'agriculture ; elles sont aussi claires que pré- 
cises et remarquablement adaptées à leur but; plusieurs des 
figures qui composent les planches sont originales. 


M. le Secrétaire général annonce que le ministère de l’Agri- 
culture vient de répondre aux vœux exprimés par notre S0- 
ciété. Il donne lecture des deux lettres qui nous sont parve- 
nues, l’une de M. le ministre de l'Agriculture à propos des 
vœux de M. Chevalier, l’autre de M. le sous-secrétaire d'État à 


l'Agriculture à propos des vœux de M. de Clermont. 


La première séance de notre VII® Section « Aquariums et 
Terrariums » a réuni le 27 mai, dans une séance du soir, une 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 449 


nombreuse assistance. Après un historique de M. de Guerne et 
une allocution de M. Pellegrin, président de la Section, M. Fa- 
bre-Domergue nous fit une très pratique conférence sur l’ins- 
tallation et l'entretien d’un aquarium bien compris. 

La section Aquariums et Terrariums doit se réunir à nou- 
veau le quatrième jeudi de juin, à 5 heures de l'après-midi. 


MAMMALOGIE. 


M. P. A.-Pichot remet un article intitulé « Les Lupoïdes » sur 
les origines probables du Chien. 

Notre collègue pense, et il donne des arguments en faveur 
de sa thèse, que l'ancêtre du Chien n’est ni le Renard, ni le 
Chacal, mais le Loup. 

Des photographies représentant des métis sauvages de 
Chien et de Louve, un piqueur et son Loup-limier et des métis 
de grand Danois et de Loup d'Amérique sont présentées. 


M. le Président entretient l'assemblée d'un parasite de l'Élé- 
phant, le Rodhainomyia chrysidiformis. Ce Diptère a été dédié 
au D' Rodhain, médecin chef du Congo belge. 


ORNITHOLOGIE. 


M. Touchard a de nouveau obtenu cette année dans sa pro- 
priété de l’Indre la reproduction des Grues de Numidie (Grus 
virgo). Un des deux œufs qui n’avait pas été couvé jusqu'à 
l’éclosion fut mis sous une Poule. Le petit fut ensuite facile- 
ment adopté par les parents. 

Notre collègue a également obtenu huit jeunes Emeus (Dro- 
mæus Novæ Hollandiæ). Cette note paraitra dans « l'Oiseau ». 


Une publication de propagande agricole, éditée par une de. 
nos grandes librairies parisiennes engage ses lecteurs à « pro-° 
duire » des œufs « bien frais ». 

La recommandation ainsi présentée surprend un peu, mais 
que dire de cette phrase relevée dans le corps de l’article : 
« quand l’œuf vient d’être pondu, il est généralement exempt 
de germe ». 

On reproche aux Français d’être fort ignorants en Histoire 
naturelle, comment ne le seraient-ils pas avec un tel enseigne- 
ment. 


450 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


ENTOMOLOGIE. 


M. E. Vayssière, qui étaitinserit pour une communication sur 
l'invasion des Sauterelles en Crau et l'organisation de sa 
répression, s'excuse de n'avoir pu venir: il nous écrit de Fos- 
sur-Mer : « Malgré les nombreuses difficultés auxquelles je 
me heurte tous les jours, j'ai bon espoir en l'issue de la lutte. 

« Les principaux procédés que nous utilisons sont : 1° le lance- 
flammes de guerre dont avec une seule charge (10 litres) nous 
arrivons à balayer 350 à 500 mètres carrés et cela en quelques 
minutes. 

« 2° Les appâts empoisonnés dans les cultures irriguées : du 
son imprégné d'acide arsénieux et semé à la volée dans les 
champs envahis à raison de 60 kilogrammes environ, à l'hec- 
tare. Mortalité considérable à partir du deuxième jour après 
l'épandage. 

« 3° Ramassage des Sauterelles à l’aide d’une toile de 8 mèlres 
de long sur ? wètres de large. À donné d'excellents résultats. 
Dans une seule propriété, une équipe de 8 hommes a pu, en 
six jours, récolter 3.530 kilogrammes de Criquets non encore 
munis d'ailes. » 

M. Vayssière se propose de compléter cet apercu dans une 
communicalion en novembre. 


M. le comte Delamarre de Monchaux signale, d’après le 
numéro de juin du Zadies Home Journal,, de Philadelphie, 
qu'il existe aux États-Unis un certain nombre de personnes 
élevant des Papillons pour les collections particulières, musées 
et établissements d'enseignement, Jusqu'ici les demandes 
avaient été faites par des collectionneurs: mais maintenant on 
compte en outre organiser la production de Papillons pour des 

travaux artistiques. Cette production, dit notre collègue, pour- 
rait réussir en France. 


M. le Président souligne toute l'importance qu'il y aurait à 
entreprendre en France ce commerce, qui nous permettrait de 
concurrencer l'Allemagne. Dans notre pays M. Melar s'était 
occupé de cette industrie, il vient malheureusement de 


mourir. net 
AQUICULTURE. 


M. le professeur Roule fait une communication sur la erois- 
sance des Tortues. Notre collègue relate à ce propos les diffi- 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 151 


cultés éprouvées par son service au Muséum pour assurer 
l'alimentation des Tortues éléphantines du Jardin des Plantes 
et le chauffage du local où elles hivernaient d'habitude. A la 
suite des bombardements, de nombreux carreaux avaient été 
brisés et, en 1918, la dernière de ces Tortues succombait au 
froid et aux privalions. 

M. Roule, à cette occasion, s'étend sur la croissance très 
lente et presque nulle de ces Chéloniens sous notre climat. Ces 
Tortues qui,se trouvaient à la Ménagerie depuis vingt ans 
n avaient nullement semblé s’accroitre. 


Dans 12 discussion qui eut lieu à ce sujet, M. Carié relate 
qu'une Tortue éléphantine fut acquise par lui en, 1903 ; elle 
mesurait à cette époque environ. à0 centimètres de lai 
sur 95 de largeur et pesait une trentaine de kilogrammes. 

En mai 1916, cette même Tortue mesurait 78 centimètres et 
demi de long sous le plastron sur 54 centimètres de large et 
60 de hauteur au-dessus du sol. Elle pesait 430 kilogrammes. 
Cette Tortue vivait dans son milieu à l’île Maurice même. 


M. Roule répond que ces Tortues doivent avoir une crois- 
sance assez rapide pendant la période juvénile de leur existence 
et rester ensuite presque stalionnaires. M. Carié confirme cette 
impression par le fait de la Tortue légendaire des casernes du 
Port-Louis (Maurice), morte en 1917, qui a vécu dans cel 
endroit depuis 1840 au moins. 

Au point de vue alimentaire, M. Roule dit que ces Tortues 
offriraient un intérêt pour nos colonies. 


M. Pierre Crepin rappelle qu’en effet les Tortues des îles 
Seychelles ont servi à l’alimentation de l'Ile de France (Mau- 
rice) jusqu'à l'époque contemporaine. Dès les premiers temps 
de la colonisation française, on faisait déjà un grand trafic 
de Tortues qui étaient une des bases de l’alimentation de la 
population des îles Mascareignes. La Bourdonnais en appro- 
visionnait l'hôpital de Port-Louis qu'il avait créé pour fournir 
à ses malades le réconfortant bouillon de Torlues. À une époque 
plus récente, pendant la grande Révolution, quand Maurice et 
la Réunion, livrées à elles-mêmes, ne recevaient plus aucun 
approvisionnement ni secours de la, France, c'est aux îles 
Seychelles que Surcouf allait chercher encore les Tortues 
éléphantines qui devaient servir à la nourriture de la popula- 


452 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


tion. On a si bien fait que la Tortue éléphantine a à peu près 
disparu de la surface du globe. 


M. Carié ajoute qu'une espèce voisine, mais de beaucoup 
plus petile taille, la Tortue rayonnée de Madagascar, fait l'objet 
d'un commerce assez actif avec les îles voisines. À Maurice, on 
la débarquait en 1911 par centaines, pour la consommation. 


M. le président rappelle qu'une des causes prépondérantes 
‘de la disparition des Tortues éléphantines vient de la destruc- 
tion systémalique des œufs de ces Chéloniens par les chasseurs 
de Tortues. M. de Guerne se souvient d’avoir vu, en 1898, une 
exhibition de Tortues géantes au Jardin zoologique de Londres. 
Certaines avaient été amenées par M. Walter Rothschild, de 
sa propriété de Trink. Il fallait 4 hommes pour les porter. 


M. le comte Delamarre constate combien il serait nécessaire 
de créer des stations scientifiques internationales pour pro- 
téger les espèces en voie de disparition comme la Tortue élé- 
phantine. 


À propos de la communication du professeur Roule, 
M. de Guerne expose, au sujet des Tortues géantes, quelques 
faits qu'il lui a été donné d'observer au cours de ses divers 
voyages scientifiques. 

C'est ainsi qu'il a pu voir, en 1898, au Jardin zoologique de 
Londres, la plus importante collection de Tortues géantes qui 
ait sans doute jamais été réunie en captivité. Dans une récep- 
tion offerte au Jardin par la Société zoologique de Londres, aux 
membres du Congrès international de Zoologie tenu à Cam- 
. bridge, on put observer à loisir non seulement les Tortues 
géantes de l’établissement, mais encore de très beaux spéci- 
mens que M. Walter Rothschild y avait fait transporter pour la 
circonstance. C'était en plein été et les grands Chéloniens pas- 
saient la journée sur une vaste pelouse où on les apportait dès 
le matin au moyen de brancards garnis de matelas et dont 
quatre hommes pouvaient à peine supporter la charge. 

En 1907, M. de Guerne eut la bonne fortune de voir au Jardin 
zoologique de New-York, outre un J'estudo elephantina, des 
iles Aldabra, deux espèces provenant des îles Galapagos : Zes- 
tudo nigrita et T. vicina. Ce dernier spécimen pesait à cette 
époque près de 120 kilogrammes. Ces Chéloniens géants absor- 
baient une énorme quantité d'herbe à laquelle venaient 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES D£ LA SOCIÉTÉ 1353 


s'ajouter, pendant la saison, des rations considérables de 
Melons, de Citrouilles et de Courges. 

Au Muséum de Tring, en Angleterre, M. de Guerne a pu 
admirer les beaux exemplaires de Tortues géantes à l’état 
subfossile, réunis par M. Walter Rothschild et le professeur 
Alexandre Agassiz lui a également montré au Musée de zoologie 
comparée d'Harvard College, près Boston, une remarquable 
série de grands Chéloniens rapportés des îles Galapagos. 


BOTANIQUE. 


Spathe de Cocos. — M. Ch. Rivière présente une remarquable 
anomalie de la spathe d’un Cocos dalil. On sait que les spathes 
naissent à l’aisselle des dernières feuilles de Palmiers et que, 
suivant les espèces, les caractères de ces organes diffèrent 
beaucoup. La spathe s'ouvre pour laisser s'épanouir le spadice 
ou inflorescence ; elle resle plus ou moins érigée en forme de 
longue cuillère tandis que s’en échappe le spadice, rameux 
chez les Palmiers. Ce spadice, sous le poids des fleurs et bientôt 
sous celui de milliers de graines souvent grosses comme de 
petits abricots, s'incline et devient parallèle au stipe. 

La spathe, dans quelques genres de Cocoinées, est quasi 
ligneuse, forte et dure. 

L’anomalie présentée est que cet organe n'ayant pu s'ouvrir, 
le spadice reste emprisonné dans une enveloppe véritablement 
lignifiée. L’exemplaire en question est un organe long de 2 mè- 
tres, fusifcrme, en sorte de torpille fortement renflée au milieu. 
M. Rivière a déjà signalé dans notre Bulletin un cas assez rare 
d’une spathe d'Oreodoxa regia qui n’avait pu s’ouvrir par suite 
de la soudure de la commissure; une forte explosion due sans 
doute à une fermentation intérieure, s'était produite sous les 
effets du siroco et d’une grande insolation en réduisant l'or- 
gane en miettes. 

La spathe n’a comme dimension, aucun rapport avec la 
feuille du Palmier, elle est courte dans le Dattier très élevé. 


COLONISATION. 


M. Poisson fait une communication sur le Palmier Satra 
(Hyphæne coriacea Gærtner). Notre collègue souligne les qua- 
lités alimentaires de ce Palmier de Madagascar dont le cœur 
constitue une excellente salade. La communication de M. Poisson 
paraîtra dans la Revue. 


154 BULLETIN DE LA SOCIÉTE NATIONALE D'ACCLIMATATION 


M. Miéville fait une conférence avec de nombreuses projec- 
tions sur les Arbres fruitiers de l’'Indochine. Elle sera publiée 


dans la Revue. 
Le Secrélaire des séances adjoint, 


PIERRE CREPIN. 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAÎTS DIVERS 


a { i : Ka } ic Su \ 
Les Daims de Grande-Bretagne. — Les Écureils en Écosse. — La 
réacclimatation du Grand Tétras. — Le sanctuaire d'Oiseaux de la 
Société Selborne. — La Fête des Oiseaux en Norvège. 


Une particularilé caractéristique des grands parcs de l’An- 
gleterre estle Daim que l’on y voit en troupeaux nombreux. 
Ces Cervidés y vivent sur le même pied que les animaux domes- 
tiques. Quoiqu'il semble que le Daim, ou une espèce analogue, 
ait habité l’Europe et les îles Britanniques, on n’en trouve 
aucune trace dans les couches géologiques postérieures à 
l’époque glaciaire et il n’est pas possible de préciser quand il 
a reparu dans les îles Britanniques. On sait que, peu après 
l'invasion des Normands, le Daim, était pourchassé par le roi 
etles grands feudataires. Remontant vers, le nord, les Daims 
anglais se réinstallèrent en Écosse et ils y furent protégés par 
des ordonnances dans des parcs où on les entretenait, ce qui 
donne bien à supposer que l'animal était d’introduction 
récente. 

Le roi d'Écosse, Alexandre III, fit entourer d’une palissade 
un nouveau parc à Daims en 1263. Le Daim est mentionné 
dans un acte de 1424 pour la protection des Cervidés et un 
statut de 4603 donne à entendre que ce sont animaux de parc 
ne faisant pas partie de la faune libre. Vers 1780, une dou- 
zaine de Daims, amenés dans le Dumfrieshire s'étant échappés, 
ont vécu en liberté dans les forêts environnantes où ces ani- 
maux se multiplièrent tellement qu'il fallut procéder à des 
destructions ; en 1845, il en restait uné bande d'environ 
200 têtes, devenues excessivement sauvages. Dès 1649, le 
Daim'sauvage s'était établi dans la forêt de Killin, au centre 
du Perthshire. Les Daims des parcs fournissent aujourd'hui 
un appoint très sérieux à l'alimentation dela Grande-Bretagne. 


SE DS > 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 155 


Dans sa minutieuse étude de l'influence de l'homme sur la 
faune de l'Écosse, M. Ritchie rappelle que l'exploitation des 
forêts, presque pariout coupées à blanc pour être remplacées 
par des pâturages, avait à la fin du xvin® siècle, fait disparaître 
l'Écureuil dont c'est à peine si un très pelit nombre avait 
trouvé un refuge dans quelques massifs forestiers des monts 
Grampians. En 1772, la duchesse de Buccleuch apporta d’An- 
sleterre plusieurs Écureuils qui S'échappèrent de sa ménagerie 
de Dalkeith. Ces Écureuils et quelques autres introduits suc- 
cessivement plus lard se sont tellement multipliés qu'il a fallu, 
en 1903, organiser une association pour les détruire et pro- 
téger les reboisements du Rosshire, du Sutherland et d’In- 
verness. En 15 ans, dans cette région seule, on à tué 
60.450 Écureuils, dont on payait les queues de 30 à 40 cen- 
times pièce. Au sud du canal de Calédonie, les destructions de 
ce Rongeur ont été également abondantes ; dans le Naïirnshire, 
14.193 ont été tués en 15 ans; dans les bois de Glen Tanar, 
près d'Aberdeen on en tua environ 200 par an. La destruction 
des Oiseaux de proie et des petits Mammifères carnassiers est, 
en grande partie, la cause de cette rapide multiplication de 
l'Écureuil qui n’a pas été arrêté dans ses invasions par ses 
ennemis naturels et il faut maintenant que l'homme rétablisse 
lui-mêmé un équilibre qu'il a contribué à rompre. 

Cela n’a pas empêché des amateurs anglais d'introduire 
chez eux l'Écureuil gris d'Amérique, comme nous l'avons 
raconté dans le Bulletin de juillet 1915. On signale déjà son 
arrivée en Écosse où l'on se plaint que cet étraiger « mange 
tout ce qui est mangeable et gaspille encore plus qu'il ne 
mange ». 


k 
* # 


Comme pour l’Écureuil, la destruction des forêts de l'Écosse, 
pour satisfaire aux besoins de la ferme et de l’industrie, avait 
chassé le Grand Tétras de son habitat naturel et, vers le 
milieu du xvim° siècle, il était déjà depuis longtemps un Oiseau 
presque légendaire. Le dernier semble avoir été tué aux envi- 
rons de l’ännée 1770. Il fut réimporté de Suède soixante- 
huit ans plüs lard et les reboisements des districts qu’il fré- 


156 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


quentait lui offrant de nouveau un abri indispensable, ce bel 
Oiseau s'est rapidement répandu et multiplié dans le pays. En 
1829, on n’en avait pu lâcher qu'une seule paire qui se repro- 
duisit et éleva plusieurs couvées. Aucun de ces Oiseaux ne 
vécut longtemps, mais les quarante et quelques Tétras que le 
marquis de Breadalbane, en 1837 et 1838, importa de Suède et 
lächa dans ses bois, autour du château de Taymouth, furent 
le point de départ d’un repeuplement si nombreux, qu'en 
1910, en une seule journée de chasse sur le domaine de Sir 
Arthur Grant à Monymusk dans l’Aberdeenshire, on en a tué 
84 et 73 en 1911. M. Millais rapporte qu’en 1894, dans le For- 
farshire, on en avait déjà abattu 107 en une seule Journée et, 
en 1908, le tableau d’une chasse dans le Kincardinshire avait 
donné 150 pièces. 

« Il semblerait, dit M. Ritchie, que la réinstallation d'un 
Oiseau dans une contrée où il avait prospéré soit une chose 
très facile, mais cela n’est pas aussi simple que cela en a l'air. 
Il faut se rappeler que la disparition du Grand Tétras en 
Écosse avait eu pour cause la destruction progressive des 
forêts et que sa réintroduction à été favorisée par Le reboise- 
ment qui avait été opéré pendant son absence. Or, il est pos- 
sible que les abatages d'arbres occasionnés par la guerre 
viennent de nouveau porter un coup funeste au Grand Tétras 
et arrêter sa dispersion en le privant des massifs forestiers qui 
le mettaient en communication avec les centres où il pouvait 
trouver les conditions nécessaires à son existence. » 


Il y a dix-huit ans, la Société de naturalistes connue sous le 
nom de Société Selborne, en souvenance du célèbre ornitho- 
logiste Gilbert White qui à la fin du xviu* siècle était pasteur 
du village de ce nom dont il a écrit l’histoire, avait loué un 
bois dans la vallée de la Brent, près de Londres, pour y consti- 
tuer un sanctuaire pour les Oiseaux de la capitale qui pour- 
 raient y trouver un refuge paisible au moment de la nidifica- 
tion. 

Cette entreprise avait été couronnée du plus grand succès 
et nombreux furent les Oiseaux citadins qui tirèrent bon 
profit de cette villégiature suburbaine. Malheureusement le 
bail de la vallée de la Brent touche à sa fin et les propriétaires 


BIBLIOGRAPHIE 157 


de cet Eden, vu les circonstances, ne-veulent pas renouveler 
le bail qu'ils avaient consenti à la Société Selborne afin 
d'exploiter les terrains à bâtir. C’est pourquoi les amateurs des 
Oiseaux ont ouvert une souscription pour devenir eux-mêmes 
possesseurs du terrain qui est estimé 112.000 francs environ. 
Une première souscription de 7.500 francs a déjà été versée et 
on pense arriver facilement à parfaire la totalité de la somme 
demandée. | 


Une jolie coutume de la Noël en Norvège est de donner un 
repas aux Oiseaux. Le 25 décembre, au matin, on décore le 
pignon de la maison ou le comble de la grange d’une gerbe 
destinée aux Moineaux et autres petits Oiseaux. Le plus 
pauvre paysan tient à leur faire cette offrande. Quand la gerbe 
n’est pas toute pillée le jour de Noël on la laisse pour le repas 
du lendemain et jours suivants. La gerbe est, au besoin, fixée 
au bout d’une perche et c’est un joli spectacle que de voir les 
Oiseaux s’assembler tout autour. 


BIBLIOGRAPHIE 


Dans ses efforts pour assurer sa domination sur toutes les 
bêtes de la terre, l'Homme devait nécessairement modifier 
considérablement l'ordonnance de la Création quand même il 
n'aurait pas porté le trouble dans le fonctionnement des Lois 
de la Nature. 

C'est cette intervention de l'Humanité que M. James Ritchie, 
conservateur de la section d'Histoire Naturelle du Musée royal 
d'Écosse, vient d'étudier et il a consigné le résultat de ses 
recherches dans un beau volume de 550 pages qui répond bien 
à son titre : L'Influence de l'Homme sur la Faune de: l'Écosse; 
Recherches sur l'Évolution animale (4). 

En limilant son étude à la faune écossaise, M. Ritchie avait 
plusieurs raisons, dont la principale était qu'il embrassait, de 
cette manière, une période bien définie, et pouvait prendre les 


(1) The Influence of Man on Animal life in Scotlund, by James Ritchie. 
Cambridge University press, 1920. 


158 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


choses à un commencement. L'Homme n'est arrivé dans le 
Nord de la Grande-Bretagne, que longtemps après l’époque 
paléolithique, et ne s’y est établi qu’à l’époque néolithique de 
la pierre polie. | 

La faune et la flore de l'Écosse, détruites pendant l’époque 
glaciaire, venaient de se reconstituer. Bornée de trois côtés 
par la mer, l'Écosse ne pouvait plus recruter sur le continent 
une faune et une flore nouvelles, comme lorsque les Iles Britan- 


niques n'étaient pas détachées de la terre ferme. Son repeuple- 


ment ne pouvait se faire que par la remonte, vers le nord, des 
animaux et des plantes du Midi de la Grande Bretagne qui 
n'avait pas élé ensevelie sous Îles glaces, et par l'invasion de 
peuplades du Nord arrivant par mer, accompagnées de leurs 
animaux domestiques. Le peuplement zoologique de l'Écosse à 
donc eu deux origines bien distinctes : une faune sauvage 
autochtone, et une faune domestique importée. R 
La faune sauvage que l'Homme trouva en Écosse, à son 
arrivée, comprenait notamment : le Renne, le Grand Cerf des 
Tourbières, le Cheval, l'Urus, le Sanglier, la Loutre, le Castor, 
le Lynx, l’Ours et le Loup, le Lägopède, le Corbeau, le Grand 
Pingouin, l’Outarde. Les émigrations du Nord apportèrent 
successivement le Bœuf, le Cheval, le Mouton, la Chèvre, le 


‘ Chien, le Chat, le Coq et les Faisans, puis beaucoup plus tard 


le Rat, ce cosmopolite. Tels sont les animaux dont M. Ritchie 
étudie l'évolution sous l’influence humaine en Écosse. 

Cette influence fut de deux sortes : l'une de destruction, 
l'autre d'adaptation. M. Ritchie appuie son étude des différentes 
phases de ces évolutions, autant sur l'observation de faits con- 
temporains que sur le témoignage des anciens aujeurs, qu'il 
cite textuellement mais malheureusement sans mettre le vieux 
langage et les anciens termes à la portée de ses contemporains, 

M. Ritchie a classé ses recherches sous les rubriques sui- 
vantes : 

l. — /nfluence directe de l'Homme sur les animaux. La domes- 
tication. La destruction pour divers motifs. La protection pour 
diverses raisons. L'introduction d'espèces nouvelles. 


Il. — /nfluence indirecte de l’Horme sur les animaux. La des- 
truction des forêts. La culture. Le commerce. 
III. — Répercussions sur l’espèce humaine. Parasites. Mala- 


dies. Alimentation. 
On suit dans ces sections les facons différentes des procédés 


BIBLIOGRAPHIE 159 


humains et des lois nalurelles. Sauf dans quelques cata- 
clysmes exceplionnels, la Nature transforme lentément une 
espèce et lui donne le temps de s'accommoder progressivement 

à dés conditions nouvelles ; l'homme veut arriver brusque- 
ment et du premier coup au but qu'il s’est proposé au risque 
de détruire un équilibre indispensable à l’ekistence des étres 
dont il a entrepris la gérance. Sans doute ses méthodes d'éle- 
vage et de culture ont profité à ses animaux domestiques, 
mais elles n’èn ont pas moins été funestes à la faune sauvage 
qu'il n 'élait pas nécessaire de proscrire, et il est grand temps 
d’aviser aux moyens de protéger ce qui en reste et dont la 
conservation intéresse aulant la science que le commerce et 
l’industrie. 

M. Ritchie estime que le nombre des animaux domestiques 
que l'Écosse nourrit aujourd’hui, grâce à l'élevage et à l’agri- 
culture, est supérieur à celui des animaux de la faune sauvage 
avant l’arrivée de l’homme. Nous ne pourrions accepter cette 
évaluation que sous bénéfice d'inventaire, et cet inventaire 
n’est guère réalisable. Mais M. Ritchie croit qu'au moment de 
l'arrivée de l'homme en Écosse, le pays ne devait pas pouvoir 
nourrir plus de 100.000 cross alors qu'on y compte à notre 
époque 8.635.918 têtes de bétail; nous serions plus disposés à 
admettre que les habitants de bien des pays, en général, et de 
l'Écosse, en particulier, ont plus perdu qu'ils n'ont gagné à 
remplacer le Renne, l'Elan, le Castor, voire même le Loup et 
l'Ours, par les Lapins et les Moineaux, les Rats et les Can- 
crelats qui sont venus concurrencer les anciennes faunes en 
attendant de les détruire. Il résulte de la situation actuelle, 
qu’ une révision sérieuse des lois sur Ja chasse, ainsi que la 
créalion de réserves et de sanctuaires s'imposent aux peuples 
civilisés, et c'est pourquoi nous voyons un pays neuf comme 
les États-Unis s’'émouvoir des destructions qui menacent la 
faune du Nouveau-Monde tout autant que celle de l'Ancien, et 
promulguer, en conséquence, pour protéger les animaux sau- 
vages des lois rigoureuses, suspendre le droit de chasse pen- 
dant des périodes plus ou moins longues et décréter l’inviola- 
bilité de certains sanctuaires. 


Nous reviendrons sur le livre de M. Ritchie, car plusieurs 
des chapitres de cet ouvrage rentrent dans le cadre des études 
de la Société d’Acclimatation qui s’est déjà occupée, en 1913, 


160 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


des recherches de M. Elwes sur les races primitives de Moulons 
de l'Écosse (1). 

C'est dans le même sens que conclut un chasseur naturaliste 
qui vient de publier le journal de ses chasses dans les jungles 
de. l'Inde. M. Stebbing, dans cet ouvrage, prouve surabon- 
damment qu'on aurait tort de croire que le gibier indien est 
inépuisable (2). À chacun de ses voyages il a pu constater les 
progrès du dépeuplement. Aussi demande-t-il au Gouverne- 
ment des Indes de compléter la législation protectrice déjà 
appliquée par la création de réserves et de sanctuaires où la 
faune et la flore continueront à vivre dans les conditions qui 
ont présidé à leur naissance. Les chasseurs y trouveront leur 
avantage dans le rayonnement du gibier à travers les localités 
circonvoisines et les savants y étudieront des types et des 
organisations qui auraient pu évoluer vers une extinction 
totale sans laisser de traces, comme il en a été pour tant de 
plantes et d'animaux des époques précédentes. 


*k 
# # 


Le voyage d’études de M. Millerand dans nos départements 
lui était nécessaire pour se rendre compte, d’une façon exacte, 
des efforts accomplis en vue de leur reconstitution. 

L'album superbement illustré {plus de 60 photographies) que 
publie aujourd’hui La Vie aux champs, sur la renaissance 
agricole des régions libérées, permet à chacun, sans se 
déplacer, de faire le même pèlerinage. 

Lire la préface de M. Poincaré, les déclarations de MM. Hano- 
taux et Tardieu et l’exposé intéressant des résultats obtenus 
par toutes les œuvres dues à l'initiative privée. Rien n’a encore 
été publié sur ce sujet, d'aussi complet, d'aussi luxueusement 
présenté malgré le prix peu élevé du numéro (1 fr. 25). Jean 
Blondel et Ci°, éditeurs, 146, rue Montmartre, à Paris. 


(1) Bull. Soc. Ace., octobre 1913. 
(2, The Diary of a Sportsman naturalist in India, by E. P. Stebbing. 
J°hn Lane, éditeur, Londres et New-York, 1920. 


Le Gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


GE ER | 


Graines offertes par M. BOIS Eucalyptus globulus. 
Gallonia candicans. 
Halesia corymbosum. 
Héliotrope var. Lemoine, | 


Onopordon illyricum L. var. car- 
: dunculus. 


7 a Diatue, à 4 
ehmeria platyphylla. Graines offertes par M. MOREL | Æeuchera sanguine, 
1 Ë Impaliens Sullans 
Sriobotry œ Hookeriana. ; Agathæa celestis. Polygonum Baldschuanicum | 
Praxinus floribunda. Angelica archangelica. Sequoia Jigantea: à 
digofera dosua var. tomentosa. Aralia sinensis. Tamarix africana, 
helia excelsa. Bioia aureu. 
Castanopsis hystrix. l- 
Chionantlrus virginica. Graines offertes par le A 
Clematis erecta alba. nement: général de l'AS 
Cratæqus Carrierei. et par le Jardin ee 
Cytisus sempervirens Sydney. | fl 
Dimorphotheca aurantiaca. Ê 
Ærucalyptus amygdalina. | Clhloris gayand. 


_ Offres et demandes réservées aux membres de la Société. 


OFFRES 


Plusieurs milliers Volailles et Lapins, visibles tous les jours. À vendre: Canetons 2 à 3 mois, : “y 
ouen, Re de ferme. — Jeunes Canes de l’année. — Poulettes 2 à 3 mois. — Oisons 2 à8 


DEMANDES 


yctes näsicornis (Rhinocéros), larves, nymphes et adultes. 
an Rostand, Cambo (Basses-Pyrénées). 
Maison de campagne, à louer, trois chambres non meublées à 4 ou 5 heures de Paris. Région boisé 
ère ju étang proches, facilités de circulation pour l’étud2 et la photographie des animaux. 43. 
crire au Secrétariat. LAINE < 


1° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des Re ja ae 


utiles et d'ornement ; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races 


nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à Ja propagation 
de végétaux utiles ou d'ornement. 


La Société se compose de membres Titulaires, membres À Vie, membres | 


Donateurs, membres Bienfaiteurs. 
Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une 
cotisation annuelle de 25 francs. 
Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francset qui s'affran- 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 
La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. 
Elle tient des séances générales bimensuelles. 


La Société encourage d une manière toute spéciale les études de Zoologie et de 


Botanique appliquées en LH UEE des graines et en confiant des cheptels d’ani- 
maux à ses membres. 
Elle publie, outre ce Bulletin, la Revue d'Histoire naturelle appliquée: 


gd, dsl RES) 


‘composée de deux parties et illustrée de gravures. Ces publications traitent des : 


- questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particuliè- 


rement des faits d’acclimatation. 
On y trouve des articles de fond'relatifs aux applications de l’histoire naturelle : 


installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction, etc., etc. 


Le Bulletin est adressé gratuitement, la Revue est servie par abonnement, aux 
membres de la Société, au prix réduit de 15 fr. pour chaque partie ou de 20 fr. 
pour les deux. 


REVUE D'HISTOIRE NATURELLE APPLIQUÉE 


PREMIÈRE PARTIE : MAMMALOGIE 


AQUICULTURE —ENTOMOL OGIE—BOTANIQUE— COLONISATION 


SOMMAIRE, N° 10, OCTOBRE. 


\ Pages 

J. DecAcour. — Mes Mammifères à Clères . . . . . . . . . . . . . ee Le Te TN RE NIUE rs 
Mrs Prisarix. — Rôle biologique des Batraciens . . . . . . . . . . "CU DR 
P. Carré. — La culture du « Filao » et son utilité comme bois de chauffage dans les régions 

interiropicales (ts né) HD ER INRP EN RS ETAT MERE RER ee ART EAN AC LE ER EOSS 
R. FREy. — Les plantations de « Filaos » au Sénégal. . . . . . . . . 1... SAROUES UE PAU 
A. PrépALLU. — Préparation et tannage des peaux. . . . . , . . . . . ARS VERT INRR TS RE 
A. Mouquer. — Sur les affections des yeux d'origine alimentaire (suite ef fin). à . &: à: … . | 


G. Riviëré. — Invariabilité du climat du Nord de l'Afrique depuis les temps historiques. 
Éléphants. Carthage. Légende du grenier de Rome. Agrologie et Fer as 
ANT D) A LES AS PSS NE detc D AO TRE SAT RU TAT a ent iA MON UTE AA el 


DEUXIÈME PARTIE : L'OISEAU dune 


SOMMAIRE, N° 10, OCTOBRE. 


Pages. 
J. Decacour. — Le Cacatoès Gang-Gang [suite et fin] (illustré) . . : - : . | EE ea 
D' Mrrrer-Horsin. — Souvenirs d'un naturaliste en Afrique occidentale française (suite). 
A. PézanD. — Le Virilisme expérimental [suzée el fin] (llustré) . . , : : . 
A MERCIER: — Le Coucou en/captivité PAM NCA NL RUE CNE MERE SC ORER ES DATE 
Chronique ornithologique D PE A STAR MALE LA HAN RE RSR D LES Ne 


EEE 7 NS ONE 


nn Le rt es te 


Paris. — L. MaArETHeUx, imprimeur, 1, rue Cagsette. 


BULLETIN 


DE LA 


- N° 11. — NOVEMBRE 1920 


| 
EE, Pages. | + 
l'Actes de la Société PACE LUTR TA DONS ARTE PAS UE LE NS CAN RS Ne A EP ee des M 1 
1 D. Bois: — Le parc du Roucas blanc à Marseille. . . . . . . . . . . . . . . . . .. : 1168 “ 
Extraits de la Correspondance : 
Done — A propos des Châtaigniers de la Chine .. . : . 2... . . . . . . . . .. ATEN 
M. LaBBr. — Observations sur le virilisme des femelles d'Oiseaux. . . . . . . . . . . . . 172 
MéDienqueentralchethaits divers ie Den Un Len ee ie 173 


AU ne SOCIAL id 4 


(198,8 BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VI). 


cartes Pole d'entrée au Jardin d’Acclimatation, accompagnées de. U re 
lickets, sont délivréés, au prix de 10 francs, aux membres de la Société, Ne 
n$ $ nos bureaux. | 


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1920 


Président, M. Edmond Perrixr, Membre de l'Institut.et de l'Académie de Médecine, Proféssour | 
Muséum d' Histoire naturelle, Paris. 


MM. D. Bois, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rune Faidherh, 
y Vice-Présidents Saint-Mandé (Seine) ; 
Dr CHAUvEAU, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint- Germain, Pa 


\ Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 


MM.J. CREPIN, 55, rue de Verueuil, Paris (Séances) ; Î 
{ Secrétaires CH. DkBREUIL, 25, rue de Châleaudun, Paris (Intérieur) ; 
\ J. DeLacour, 28, rue de Madrid, Paris (Ztranger). 


Trésorier, M. le D' SkBILLOTTK, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire : M. P. DE CLERMONT. 


Mémbres du Conseil. 


MM. A. CHAPPSLLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 1 
le D' ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andri 
Paris. 
le D" P. MARCHAL, Membre de l’Institut, Professeur à l’Institut [National Agronomique, 45, 
? de Verrières, à Antony (Seine). 4 
te le D' LePRince, 62, rue de la Tour, Paris. 
" MaAïLLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). ; 
Den le Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuviër, Paris. n à 
2574100 Leconure, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rûe des Ecoles, Parl, 4.) 


P. CARIÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 4 
L. Roue, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. Ÿ be 
à} G. FoucHER (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 2 
} P. KestrnKER, Président de la Société de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. | 


R. Le ForrT, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


1 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1920 


Janvier | Février | Mars Avril 


———— | ——— | ————— | —————— | ———— | ——— 


SÉANCES DU CONSEIL, le mercredi à 4 h. 


Séances genérales, le lundi à 3 h. . 


SOUS-SECTION d'Ornilhologie (Ligue pour 
la Protection des oiseaux) les jeudis 
A9 ne 2 mb RENE NE Ne 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales CE à 
sur {eur demande les ordres du jour mensuels des séances. 


4 Le Secrétaire général a l’honneur d'informer MM. les Membres de la Société et 
$e personnes qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de, 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 ; 7 heures. | 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part ‘subissant des variatio 
fréquentes du fait de la guerre, il sera fait désormais un prix spécial pour chaque ta 
à part. 


par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


ÿ Le reproduction, sans indication de source ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite 


ACTES DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 


AUX MEMBRES DE LA SOCIETÉ 
ÉLECTIONS 


Aux termes des articles 7 et 8 des Statuts et des articles 50 
et 18 du Règlement administratif, il doit être procédé, chaque 
année, au renouvellement du Bureau et d’un tiers des Membres 
du Conseil. 

En conséquence, les élections auront lieu au cours de l'As- 
semblée générale annuelle, qui se tiendra à 3 heures, le lundi 
20 décembre 1920. 

Les membres de la Société qui ne pourront assister à cette 
réunion sont priés de bien vouloir envoyer au Secrétariat leur 
vote inscrit sur un bulletin cacheté, renfermé dans une enve- 
loppe signée par eux, d'après le mode ordinaire du vote par 
correspondance, avant le 20 décembre 1920. 


Instructions pour le vote par correspondance. 


4° Plier le bulletin de vote et le cacheter, ou le mettre dans 
une petite enveloppe fefmée, sans aucun signe ni indication 
quelconque pouvant lui enlever son caractère secret; 


2° Placer le bulletin cacheté, ou la petite enveloppe qui le 
contient, dans une grande enveloppe; 


3° La grande enveloppe doit porter, soit à l'intérieur avant 
d’être fermée, soit au dehors, la signature et l'adresse du 
votant nécessaires pour établir l'origine du vote et sa validité. 


Nota. — Un bulletin de vote est encarté dans ce numéro. 


PVIL SOC. NAT. ACCL. FR. 1920. — 11 


162 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


_ 


DISTINCTIONS HONORIFIQUES. 


Le roi Albert de Belgique a fait remettre à notre président, 
M. Edmond Perrier, la croix de commandeur de l’ordre de 


Léopold. 


Nos collègues MM. Gruvel, professeur au Muséum d'Histoire 
‘naturelle, et le D' Cathelin ont été promus officiers de la Légion 


d'Honneur. 


Nos collègues MM. Henri Geoffroy-Saint-Hilaire, inspecteur 
des services de l'Agriculture au Maroc, Henry, inspecteur gé- 
péral d'Agriculture en Afrique occidentale francaise et Lemarié, 
directeur des Services agricoles du Tonkin, ont élé nommés 
chevaliers de la Légion d'Honneur. 


AUX MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


ABONNÉS A LA « REVUE D'HISTOIRE NATURELLE APPLIQUÉE » 


Le Secrétariat rappelle aux membres de la Société qui sont … 
abonnés à la Revue d'Histoire naturelle appliquée que leur 
abonnement expire à la fin du mois. Il les prie, pour que le 
service de la Revue ne subisse pas de retard dans l'envoi, de 
bien vouloir faire parvenir, dès maintenant, au siège social, le 
montant dudit abonnement (soit 20 francs pour l’abonnement 
aux deux parties de la Revue, ou 45 francs pour une des deux 
parties seulement) en y-joignant le prix de la cotisation qui est 


de 25 francs. 


Nous prions instamment nos abonnés de vouloir bien user 
des facilités données par le chèque postal. Il leur suffit de 
verser à notre compte de chèques postaux n° 6139, Bureau de 
Paris, le montant de l'abonnement. 


LE PARC DU ROUCAS BLANC À MARSEILLE 


Par D. BOIS, 


Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. 


Le chäteau du Roucas blanc, à Marseille, propriété de notre 
collègue, le comte de Lachesnaie, possède un pare d’un grand 
intérêt, au point de vue de l’'Acclimatalion, par le nombre élevé 
des plantes exotiques qu'il renferme, dont quelques-unes en 
superbes exemplaires. 

Il offre un excellent exemple des résultats que l’on peut obte- 
nir dans une partie de la France moins privilégiée que le lit- 
torai des Alpes-Maritimes au point de vue du climat, mais où 
il est possible de réunir, cependant, des représentants très 
variés de la flore subtropicale. . 

Ce parce, situé aux environs du Prado, a une superficie d’en- 
viron 25 hectares; il s'étend sur la pente d’une colline, descen- 
dant de la cote 110 à la mer, dont il n’est séparé que par le 
chemin de la Corniche. Des dérivations de la Durance en assu- 
rent l’'arrosage. 

Il fut créé vers 4860, par M. Paulin Talabot, ancien direc- 
teur de la Compagnie des Chemins de fer du P.-L.-M., qui fut, 
on le sait, un très grand amateur d'Horticulture, en relation 
avec le Muséum d'Histoire naturelle et les grands établisse- 
ments étrangers. Son propriétaire actuel s’en est rendu acqué- 
reur en 1893, et s'est attaché à l’enrichir par de constantes ten- 
tatives d’acclimatation d'espèces peu connues, ou même non 
encore cultivées dans la région. 

Les accidents de terrain permettent de placer certaines 
_ plantes délicates dans les milieux les plus favorables à leur 
développement, suivant qu’elles exigent une exposition abri- 
tée, ombragée ou ensoleillée, un endroit humide ou sec. 

La nature calcaire du sol s’opposerait à la culture d’un bon 
nombre d'espèces calcifuges, telles que certains Conifères, 
divers Acacia, des Protéacées et beaucoup de plantes d’Aus- 
tralie et du Cap de Bonne-Espéranee. H a été paré à cet incon- 
vénient en enlevant ie substratum naturel, en certains points 
et sur une assez grande profondeur, pour le remplacer par 
de la terre granitique. Grâce à cela, on admire, au Roucas 
blanc, des espèces que l’on peut être surpris de voir dans des 


164 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


conditions qui, au premier abord, ne paraissent pas leur con- 
venir. 4 

Le fond de la végétation est constitué par des arbres et des 
arbrisseaux appartenant à la flore locale, soigneusement con- 
servés; notamment de beaux Pins d'Alep {Pinus halepensis 
Miller), précieux pour les plantations en sols calcaires dans les 
régions tempérées chaudes ; des Pins maritimes (Pinus Pinaster 
Solander), espèce silicicole; des Pins Pignon (Pinus Pinea 
Linné), arbre silicicole, de la région méditerranéenne, comme 
les précédents; puis de superbes Pins exotiques : P. du Lord 
Weymouth (Pinus Strobus Lamarck), de l'Amérique septen- 
trionale ; P. des Canaries (P. canariensis G. Smith), des Cana - 
ries: l’un et l’autre affectionnant surtout les sols siliceux. Cer- 
tains de ces arbres atteignent jusqu'à 25 mètres de hauteur. 

Parmi les autres Conifères on peut citer: les Abies cilicica 
Carrière, de l’Asie-Mineure, beau Sapin calcicole, et Pinsapo 
Boissier, d'Espagne, qui prospère en tous terrains ; de jeunes 
Araucaria: imbricata Pavon, du Chili, Bidwilli Hooker, d’Aus- 
tralie et brasiliensis À. Richard, du Brésil, des exemplaires de 
cette dernière espèce mesurant 4 à à mètres de hauteur; des 
Callitris quadrivalvis Ventenat (Thuia articulé), d'Algérie, 
arbre calcicole, dont certains individus ont de 7 à 8 mètres de 
hauteur ; de très beaux CÈDRES, Conifères qui acceptent les sols 
calcaires: C. de l'Atlas (Cedrus atlantica Manetti), d'Algérie ; C. 
Deodara Loudon, de l'Himalaya ; C. Libani Barrelier, du Liban, 
atteignant 15 à 20 mètres; des Cyprès de Lawson (Chamæx- 
cyparis Lawsoniana Parlatore), de l'Amérique septentrionale; 
des Cryptomeria japonica Don, de la Chine et du Japon (10 à 
12 mètres); le Cyprès pleureur, Cupressus funebris Endlicher 
(C. pendula Staunton), de la Chine ; le Cyprès commun (Cupres- 
sus sempervirens Linné), de la région méditerranéenne; le 
Cyprès pyramidal C. sempervirens Linné, var. fastigiata (0. 
fastigiata De Candolle), dont certains ont de 10 à 15 mètres, au 
moins ; le Cyprès de Lambert (Cupressus macrocarpa Hart- 
mann), de la Californie, précieux pour les plantations en ter- 
rains calcaires et pour la rapidité de sa croissance dans les 
régions tempérées chaudes. 

Citons encore de grands exemplaires de Picea Morinda Link, 
le superbe Epicéa de l'Himalaya; de beaux Sapins bleus, Picea 
pungens Engelmann (Picea Parryana Sargent, Abies Parryana 
Ed. André) ; des Picea polita Carrière (Abies polita Siebold et 


LE PARC DU ROUCAS BLANC A MARSEILLE 165 


Zuccarini), du Japon; des Podocarpus macrophylla Don, du 
Japon, et nerufolia Don, de l'Himalaya, de 3 à 4 mètres : d’ad- 
mirables Sequoia sempervirens Endlicher (Taxodium sempervi- 
rens Lambert), de la Californie : des Cyprès chauve (Taxodium 
dhstichum L. C. Richard), de l'Amérique septentrionale ; enfin 
des Thuia Géant de Californie, J'huya gigantea Nuttall (7! 
Lobbii Hortulanorum), de l'Amérique septentrionale occiden- 
tale, très bel arbre à croissance rapide. 

La famille des Casuarinées, voisine des Conifères, est repré- 
sentée par une espèce de Filao, le Casuarina stricta Dryander, 
d'Australie; celle des Cycadacées, par le Cycas revoluta Thun- 
berg, du Japon, dont certains exemplaires ont un tronc dépas- 
sant 1 mètre de hauteur. 

Les PALMIERS, au port si majestueux, qui contribuent tant à 
donner leur caractère particulier aux jardins de la Côte d'Azur, 
sont nombreux dans le Pare du Roucas blanc. Notons : Are- 
castrum Romanzoffianum Beccari, var. australe Beccari (Cocos 
australis Martius, C. Datil Gris. et Drude, C. Romanzoffiana 
Lindmann), de la République Argentine et de l'Uruguay, de 
2 à 3 mètres; Butia eriospatha Beccari (Cocos eriospatha Mar- 
tius), du Brésil; Butia Yatai Beccari (Cocos Yalai Martius), de 
Ja République Argentine, de mêmes dimensions; Chamærops 
humilis Linné (Palmiste, Palmier nain), du Sud de l’Europe et 
du Nord de l'Afrique, Æ£rythea armata S. Watson et Æ. edulis 
S. Watson, l’un et autre originaires de la Californie, mesurant 
de 2 à 3 mètres, le dernier fructifiant, Phœnix dactylifera 
Linné (Dattier commun), P. canariensis Chabaud, des Canaries 
et sa variété glauca, nombreux, très vigoureux, quelques-uns 
ayant de 10 à 12 mètres de hauteur, presque tous fructifiant 
chaque année ; des Sabal Adansoni Guerns et Palmetto Loddi- 
ges, tous les deux de la Floride et de la Caroline du Nord, des 
exemplaires du dernier mesurant environ 2 mètres de hauteur; 
de grands et beaux 7rachycarpus excelsa Wendland (Chamæ- 
rops excelsa Thunberg), de la Chine et du Japon ; de nombreux 
et superbes Washingtonia : W. fiifera Wendlaud (Pritchardia 
fihfera Linden, Brahea filamentosa Hort. Veitch); W. filifera, 
var. robusta (Washingtonia robusta Wendland);, W. Sonoræ 
Watson, d'introduction plus récente; tous originaires de la 
Californie : ces Palmiers progressent d'une manière extraordi- 
daire ; le plus âgé (W”. fiifera) a plus de 15 mètres et fleurit 
depuis longtemps. 


166 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


Parmi les autres plantes du groupe des Monocotylédones, 
on remarque : 

Des BamBouS variés, qui prospèrent à merveille dans les 
parties humides : Arundinaria gracilis Blanchard (Bambusa 
gracilis À. et Ch. Rivière), de l'Himalaya; Arundinaria japo- 
nica Siebold et Zucearini (Bambusa Metake Siebold), du Japon ; 
Bambusa nana Roxburgh, var. gracillima Makino (PBambusa 
scriploria Mort. gall.); Phyllostachys mitis À. et C. Rivière, 
espèce de grande taille; Phyllostachys nigra Munro (Bambusa 
nigra Loddiges), de la Chine et du Japon; etc. 

Des LicracéEs : Aloe brenifolia Miller, Salm-Dychiana Schultes 
et virens Haworth, de l'Afrique australe, un peu délicats ; Cok- 
DYLINE indivisa Kunth (Dracæna indivisa Forster), de Um Nou- 
velle Zélande, exemplaires atteignant 4à 5 mètres de hauteur; 
DasyLirioN glaucophyllum Hooker; 1. acrotrichum Zuccarini 
(Bonapartea gracilis Sweet); D. quadrangulatum S. Watson, 
tous les trois du Mexique, le dernier souvent cultivé dans les 
jardins sous le nom de Yanthorrhæa hastilis, qui appartient à 
une toute autre plante originaire de l'Australie : Nolina longi- 
folia Hemsley (Dasylirion longifolium Zuccarini), du Mexique; 
PHoRmiUM tenax Forster, de la Nouvelle-Zélande, en belles 
touffes ; Semele androgyna Kunth (Ruscus androgynus Linné), 
des Canaries: Yucca aloifolia Linné, variegata, du Mexique: 
Y. australis Trelease (Y. filifera Chab.), du Mexique ; Y. 7re- 
culeana Carrière, du Nouveau-Mexique et du Texas. 

Des AMARYLLIDACÉES, notamment de très nombreux Agave, 
qui poussent avec vigueur: À. americana Linné, de l'Amérique 
centrale et variétés panachées ; A. applanata Lemaire, filifera 
Salm-Dyck, franzozini Nissen, ferox C. Koch, Ghiesbreghiti 
C. Koch., mitræformis Jacobi, Sniune Otto, Victoriæ- -reginæ 
Moore, tous du Mexique. 

Si nous examinons, dans l’ordre alphabélique des familles, 
les principales plantes Dicotylédones exotiques qui figurent 
dans le Parc du Roucas blanc, nous verrons qu’elles y sont 
également nombreuses et intéressantes. 

ACANTHACÉES : Justicia Adhatoda Linné (Adhatoda vasica 
Neëes), de l'Amérique tropicale. 

ANACARDIACÉES : Rhus excisa Thunberg, var. pallens Sonder 
(À. trifoliata Hortulanorum), du Cap de Bonne-Espérance, 
plante très vigoureuse, de 2 à 3 mètres. — Schinus Molle 
Linné (Faux-Poivrier), du Chili, arbre de 2 à 3 mètres. 


: LÉ PARC DU ROUCAS BLANC_.A MARSEILLE 167 


APOCYNACÉES : Nombreux Lauriers-rose (Verium Oleander 
Linné), de la région méditerranéenne. 

ARALIACÉES : #atsia japonica Detaisne et Planchon (Aralia 
japonica Thunbèrg, A. Sieboldi Hort.), du Japon: F. papyri- 
fera Decaisne et Planchon (Aralia papyrifera Hooker), de la 
Chine. — Oreopanax dactylifolius Nicholson (Aralia dactylh- 
folia Hort.), du Mexique. — Pseudopanax crassifolius C. Koch 
(Awalia crassifolia Solander), de la Nouvelle-Zélande. 

ASCLÉPIADACÉES : Periploca graca Linné, grande liane de la 
région méditerranéenne orientale. 

BERBÉRIDACÉES : À kebia quinata Decaisne, liane de la Chine 
et du Japon. — Aolboellia latifolia Wallich (Stauntonia lati- 
folia Wailich), de l'Himalaya. L’exemplaire du parc du Roucas 
blanc est, dit-on, le plus grand qui existe sur la Côte d'Azur. 
Planté depuis trente ans, il se développe d’une manière extra- 
ordinaire et fleurit abondamment en mars-avril, embaumant 
l’air de son parfum pénétrant. — Vandina doinestica Thunberg, 
de la Chine et du Japon. 

BIGNONIAGÉES : Pignonia Tweediana Lindley, de la République 
Argentine et du Brésil méridional. — Pandorea australis 
Spach (Tecoma australis Robert Brown, Pignonia australis 
Aiton), d'Australie. — 7Jecomaria capensis Spach (7ecoma 
capensis Lindley, Pignonia capensis Thunberg), du Cap de 
Bonne-Espérance. 

CACTACÉES : Cereus peruvianus Miller, de l'Amérique aus- 
trale ; serpentinus De Candolle, du Mexique; triangularis 
Haworth, du Mexique; tortuosus Forbes, de la République 
Argentine; Æchinopsis multiplex Zuccarini, du Brésil — 
Opuntia Ficus-indica Gussone, du Mexique; candelabriformis 
 Hort. Monace., du Mexique. 

CAPRIFOLIACÉES : Viburnum japonicum Sprengel (V. macro- 
phyllum Blume), du Japon; odoratissimum Ker. (V. Awafushi 
Hort.) de l'Inde, de la Chire et du Japon; T'inus Linné (Laurier- 
_ Tin), de la région méditerranéenne. Plantes de toutes dimen- 
sions. 

CÉLASTRACÉES : £’vonymus fimbriatus Wallich, de l'Himalaya. 

ComPosÉES : Æupatorium micranthum Lessing (Æ. arboreum 
Hort., £. Morisü Visiani, Æ. Weinmannianum Regel et Kôr- 
nicke), à floraison hivernale, dont la description et la figure 
en couleur ont été données dans la Aevue horticole, 1917, 
page, 204. 


168 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


CrassuLacÉes : Crassula arborescens Willdenow, de l'Afrique 
australe. 

ELæacNacées : £Zlæagnus pungens Thunberg, var. reflexa 
(Æ. reflexa Morren et Decaisne), du Japon, de 4 ou 5 mètres. 

Ertcackes : Arbulus Unedo Linné (Arbousier, Arbre aux 
Fraises), de l'Europe méridionale; À. Andrachne Linné, de la 
Grèce. Arbres de 7 à 8 mètres de hauteur, ce dernier avec un 
tronc énorme. 

GARRYAGÉES : Garrya elliptica Lindley, du Mexique. 

Iuicacées : /lex Aquifolium Linné (Houx), variétés diverses. 

LABIËES : -Saloia (Sauges), plusieurs espèces. — Teucrium, 
plusieurs espèces. 

LauRACÉES : Cinnamomum Camphora Nees et Ebermeyer 
(Camphora officinarum Nees, Laurus Camphora Linné), du 
Japon et de la Chine. — Persea caroliniensis Nees von Esenbeck 
(Laurus caroliniensis Catesby), de l'Amérique septentrionale. 
Umbellularia californica Nuttall (Oreodaphne californica Nees, 
Tetranthera californica Hooker et Arnott, Laurus reyalis Hort.), 
de la Californie. Une Lauracée indéterminée, envoyée par 
M. Naudin, qui la croyait originaire des Canaries; l'arbre, très 
rustique, mesure de 8 à 10 mètres de hauteur. 

LÉGUMINEUSES : À cacia ; plusieurs espèces d'Australie : Pai- 
leyana L. Mueller, cultriformis À. Cunningham, cyanophylla 
Lindley, Cyclopis A. Cunningham, dealbata Link, linifolia 
Willdenow, melanoxrylon R. Brown, retinodes Schlechtendall, 
verlicillata Willdenow. Seul, l'A. cyanophylla se montre sen- 
sible au froid, mais repart du pied quand il a souffert. Les À. 
dealbata, melanoxylon et retinodes atteignent souvent 4 ou 
5 mètres de hauteur. — Ceratonia siliqua Linné (Caroubier), 
de l’Europe méridionale ; très nombreux exemplaires dont plu- 
sieurs ont 3 ou 4 mètres de hauteur. — Cytisus scoparius Link, 
var. Andreanus ((renista Andreana Hortulanorum).-— £rythrina 
Crista-galli Linné, du Brésil, forts sujets. — Genista canariensis 
Linné, des Canaries; G. munosperma Lamarck (Retama mono- 
sperma Boissier), de la région méditerranéenne. — Pueraria 
Thunbergiana Bentham, de la Chine et du Japon, liane de très 
grandes dimensions. 

LOGANIACÉES : Puddleia asiatica Loureiro, Inde, Malaisie ; 2. 
globosa Hope, du Pérou et du Chili; 2. nivea Duthie, de la 
Chine; 8. madagascariensis Lamarck, de Madagascar, sensible 
au froid ; P. variabilis Hemsley, de la Chine. 


en 


LE PARC DU ROUCAS BLANC À MARSEILLE 169 


MaGnozracÉES : Magnolia grandiflora Linné, de l'Amérique 
septentrionale. Beaux arbres de 10 à 15 mètres. Des W. Yulan 
ont de 4 à 5 mètres. 

MaALvAcÉES : Sphæralcea umbellata Saint-Hilaire, du Mexique. 

Montmracies : Peumus Boldus Molina (Peumus fragrans Per- 
soon, Boldoa fragrans G. Gay), Boldo, du Chili, arbrisseau à 
fruits aromatiques et à écorce tinctoriale. 

MYRSINACÉES : Myrsine africana Linné, de l'Afrique australe, 
des Acores et de l'Himalaya. 

MYRTACÉES : C'allistemon (diverses espèces désignées sous le 
nom de Metrosideros par certains horticulteurs). — £'ucalyptus 
Andreana Carrière (Revue horticole, 1890), de la Tasmanie; #. 
amygdalina La Billardière (Æ. longifolia Lindley); Æ£. leucoxy- 
lon F. v. Mueller; Æ. Maideni F. v. Mueller; Æ£. melliodora A. 
Cunningham ; Æ. resinifera Smith, Æ’. rostrala Sehlechtendall ; 
tous d'Australie. Plusieurs sont vigoureux et atteignent une 
hauteur de 15 à 18 mètres. — Æugenia uniflora Linné (£. Mi-. 
cheli Lamarck), du Brésil. — Feijoa Sellowiana Berg, du Brésil 
méridional, arbre fruitier voisin des Goyaviers, dont il existe 
des individus de toutes dimensions. 

OLÉACÉES : Jasminum grandiflorum Linné, de l'Himalaya, 
cultivé en grand en Provence comme plante à parfum. — Li- 
gustrum lucidum Aiton, de la Chine, nombreux, quelques-uns 
de très grandes dimensions. — Osmanthus fragrans Loureiro 
(Olea fragrans Thunberg), de la Chine, du japon et de l’'Hima- 
laya, arbrisseau aux fleurs très agréablement odorantes. 

PASSIFLORACÉES : Passiflora cærulea Linné (Fleur de la pas- 
sion), du Brésil et du Pérou. 

PITTOSPORACÉES : Paittosporum crassifolium Solander, de la 
Nouvelle-Zélande ; ?. Mayi Hugel, d'Australie, à fleurs noi- 
râtres ; P. phillyreoides De Candolle, d'Australie; P. procerum 
Naudin, d'Australie; P. Tobira Aiton, de la Chine et du Japon; 
P. undulatum Ventenat, d'Australie. Arbrisseaux extrêmement 
nombreux dans le parce et d’une très belle végétation. 

POLYGALACÉES : Polygala oppositifolia Linné (P. cordifolia 
Thunberg), de l'Afrique australe. 

PRoTÉAGÉES : Grevillea robusta À. Cunningham et rosmarini- 
folia À. Cunningham, d'Australie. 

RHAMNACGÉES : Colletia spinosa Lamarck (C. horrida Will- 
denow), du Chili. 

ROSACÉES : £riobotrya japonica Lindley (Bibacier, Néflier du 


170 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Japon, Loquat), du Japon ; de toutes dimensions. — Quillaja 
Saponaria Molina (Bois de Panama), du Chili. — Raphiolepis 
Delacouri Hortulanorum ; #. indica Lindley, de la Ghine rnéri- 
dionale ; #. japonica Siebold et Zuccarini (#. ovata Briot), du 
Japon. 

RuTAGÉES : Choisya lernata Humboldt, Boupland et Kunth, 
du Mexique, nombreux et très vigoureux. — Citrus : Bigara- 
diers, Mandariniers, Orangers, de 3 mètres environ, d’une 
belle végétation. — Correa. alba Smith et cardinalis F. Mueller, 
d'Australie. 

SAXIFRAGACÉES : {scallonia ; plusieurs espèces. | 

SCROPAULARIACÉES : freylinia cestroides Colla, de l'Afrique 
australe. — Veronica Hulkeana F. Mueller, speciosa R. Cun- 
ningham, elliptica Forster, 7raversii Hooker fils, tous de Ja 
Nouvelle-Zélande. 

SOLANAGÉES : Fabiana imbricata Ruiz et Pavon, du Pérou. 

TILIACÉES : Sparmannia a fricana Linné, de l'Afrique australe, 
souvent atteint par le froid, mais repoussant du pied. 

UrricacéEs: #ficus stipulata Thunberg (F. repens Hortula- 
norum, F. pumila Linné), de la Chine et du Japon. Fructifie 
tous les ans. | 

VERBÉNACÉES : Duranta Plumieri Jacquin, de l’Amérique 
tropicale. 


Cette énumération suffit à donner une idée de l'importance 
et de l'intérêt que présentent les collections réunies dans la 
belle propriété de M. de Lachesnaie ; on pourrait y ajouter une 
longue liste de plantes herbacées; de plantes aquatiques cultivées 
dans les bassins : Aponogeton distachyon Thunberg, de l’Afri- 
que australe, Velumbium, Nymphæa, espèces et variétés 
diverses, Pontederia, etc. 


eee 


EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 


À PROPOS DES CHATAIGNIERS DE LA CHINE 


Par L.-A. DODE. 


Je lis dans le Bulletin de cette année, p. 135, les observa- 
tions de M. Couderc concernant les Châlaigniers, où il est dit 
que de grands Châtaigniers doivent exister en Chine et qu'il 
serait intéressant de les introduire, etc. 


Je signale, à ce sujet, que j'ai publié, en 1907, dans le Bulle- 
tin de Ïa Société dendrologique une revision du genre Cas- 
tanea, avec figures et contenant sept espèces nouvelles dont six 
chinoises; j'ai fait venir de Chine et du Japon des sacs entiers 
de Châtaignes qui ont toujours bien germé; j'en ai distribué et 
j'ai en culture un grand nombre d'individus âgés d’une 
quinzaine d'années ou un peu moins. 

L'espèce la plus intéressante estle Castanea Duclouxii, espèce 
nouvelle. C'est bien à tort que divers auteurs l’ont ramenée au 
Castanea mollissima Blume, décrit sur de simples feuilles d'un 
arbre cultivé à Java et qui ne provenait sans doute pas d’une 
espèce de l’intérieur des terres de la Chine (en 1849-1854). On 
ne peut savoir ce que signifie ce nom. 

Castanea Duclouxtü est un grand arbre à gros fruit, et passe 
pour végéter, du moins dans son pays, même en sol cal- 
caire. 

* D’autres espèces sont naines, mais à petits fruits abondants 
et excellents (1). 


Je ne sais ce que sont devenus les Castanea chinois cultivés 
ailleurs que chez moi, mais il doit y en avoir. 


(1) Castanea japonica n’est pas nécessairement un arbre nain. Il y en a 
d'assez grands, du moins au Japon. Il a été introduit depuis déjà long- 
temps et mis au commerce par des pépiniéristes en plusieurs variétés. 


172 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


OBSERVATIONS 
SUR LE VIRILISME ET LES FEMELLES D'OISEAUX 


Par M. LABBE. 


À propos de l’article de M. Debreuil sur le virilisme paru 
dans le n° 4-5 de la deuxième partie de la Revue, M. Labbe 
nous écril : 


« J'ai connu, jadis, à Houplines (Nord) une femelle de 
Faisan doré qui avait pris à un âge assez avancé les plumes du 
Coq auquel elle était complètement semblable. J'ai négligé 
de regarder si elle avait pris l'œil du Coq. Car chez le Doré, 
chez l’Amherst, la femelle a l'œil brun, tandis que le mâle a 
l’œil clair, de la couleur de la membrane qui entoure les yeux 
(jaune clair chez le Doré, vert chez l’'Amherst (1). 

« Pour ma part, j'ai eu un sang de Faisan doré dont toutes 
les Poules avaient dès leur première mue, alors que les jeunes 
Cogqs avaient le plumage de Poule, quelques plumes dorées sur 
la tête. Elles reproduisaient parfaitement bien. Malheureuse- 
ment je ne les ai pas gardées jusqu’à ce qu’elles eussent un 
äge avancé et je n'ai pu savoir si elles prenaient plus complè- 
tement la livrée masculine en vieillissant. » 

Notre collègue cite un autre cas curieux de virilisme chez 
une vieille Poule de race Padoue (ne pas confondre avec la 
race Hollandaise) dont les plumes, tout en gardantleur couleur 
noire, qui ne se rencontre jamais chez le Coq, avaient pris les 
formes de celles du mâle {lancettes, faucilles, plumes poin- 
tues au lieu de rondes, huppe, etc. 

Par contre, M. Labbe a possédé un Coq de la race Andalouse 
bleue qui, dans ses vieux jours, avait pris la livrée d’une 
Poule : queue carrée, plus de faucilles, plus de lancettes, plus 
de camail et de manteau noir, mais plumage bleu partout, les 
plumes arrondies au lieu d’être pointues. 


(1) La Faisane dorée de M. Debreuil a conservé l'œil brun. 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 


« Zoologica ». — La destruction des Mammifères sauvages au Zulu- 
land. — Les Bisons du Yellowstonpark. — La caprification des Figuiers 
en Californie. — Le Cingle ou Merle d'eau. — L'industrie des peaux 


de Lapins en Angleterre. — La chasse aux Kangourous en Australie. 
— L'acclimatation du Mouton australien en Afrique du Sud. 


La Société zoologique de New-York vient de réunir en un 
beau volume les notices et études publiées d’une facon inter- 
mittente par ses savants et ses voyageurs sous le titre de 
Zoologica. Parmi les mémoires les plus remarquables de cette 
collection, nous trouvons tout d’abord les curieuses observa- 
tions de M. Beebe sur l’ « Oiseau-reptile », si on peut dire, le 
Hoatzin de l'Amérique tropicale. M. Ditmars, chargé spéciale- 
ment de la direction de la section des Reptiles du Jardin 
zoologique, a étudié particulièrement la facon dont les Ser- 
pents se nourrissent à l'état libre et en captivité. Il en est qui 
font absolument la grève de la faim, lorsqu'ils sont privés de 
liberté ; il faut les faire manger de force, et ce sont les plus 
venimeux. Un des mémoiresde M. Townsend, l'administrateur de 
l’Aquarium, est consacré aux Dauphins que la Société zoolo- 
gique entretient dans un vaste bassin, où ils se sont si bien 
adaptés à la captivité que l’on espère qu'ils se reproduiront. 
Ce sera le cas de vérifier tout ce que les anciens ont raconté de 
merveilleux sur ces Mammifères aqualiques, à commencer par 
leur goût pour la musique et leur amour pour les enfants ! 
M. Townsend a, dans ce volume, écrit un article sur le Phoque 
éléphant (Macrorhinus) dont le Jardin de New-York possède 
aussi des individus vivants, et le professeur de biologie de 
l'École normale de Greensboro, M. Gudger, a longuement 
étudié le Requin géant, le Rhineodon tacheté. Malgré sa 
grande taille qui rivalise avec celle de la Baleine, c'est un 
animal inoffensif, se nourrissant, comme la Baleine, de proies 
marines infiniment petites. 


* 
x x 


Les colons du Zululand (Afrique du Sud) sont actuellement 
en train de faire une immense battue pour détruire les ani- 
maux sauvages qu’ils accusent de favoriser la multiplication 


17% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


de la Mouche tsé-tsé, si funeste aux besliaux domestiques. Cette 
battue a mobilisé 500 fusils et des traqueurs indigènes au 
nombre d'environ 5.000. Le gouvernement avait défendu de 
pousser cette battue dans la réserve de gibier, au nord de 
l'Umfolosi, mais les colons sont décidés à ne pas tenir compte 
de cette restriction, et comptent envahir le sanctuaire et y 
tuer autant d'animaux sauvages qu’ils pourront. 


+ 
* x 


Le troupeau de Bisons du Yellowstonpark, en Californie, 
avait été atteint en 1911 d'une septicémie qui, en 1919, y a 
encore fait quelques victimes. On à dù se décider à vacciner 
tout le troupeau composé de 355 têtes, ce qui n’a pas été facile 
étant donné que ces Bisons protégés sont quasi sauvages. 
Cependant, il n'y à eu que cinq Veaux et une vieille femelle 
qui aient été tués par accident pendant l'opération de la capture. 


On sait que beaucoup de fleurs ne sont fertilisées que par les 
Insectes qui, en bulinant, transportent le pollen de l'organe 
mäle (étamine) sur l'organe femelle (pistil). M. Ritchie rap- 
pelle, dans son ouvrage déjà cité, plusieurs cas remarquables 
de ce genre. Ainsi le Trèfle blanc, introduit dans la Nouvelle- 
Zélande, n’a donné de graines fertiles que du jour où les 
Abeilles ont été acclimatées dans la colonie, et le Tréfle 
incarnat n'a dû, de même, sa fécondation qu'aux Bourdons 
qui n’ont été amenés d'Europe que longtemps après la plante. 

Pendant 10 ans, les cultivateurs de la Californie s'étaient 
évertués sans succès à obtenir la fructification de leurs 
Figuiers. Ce n’est que lorsque M. Rœding imagina de faire 
venir de Smyrne une quantité de Figues sauvages contenant 
des œufs de Blastophage qu’il suspendit dans les branches de 
ses arbres au moment de la floraison, qu'il obtint la fécondation 
désirée grâce aux petits Hyménoptères qui issurent des figues 
smyrniotes. C’est, du reste, un procédé usité à Smyrne même 
et, en 4900, on put récolter 60 tonnes de Figues dans le verger 
californien. Enfin, en 1917, une épidémie ayant détruit les 
Abeilles de l'ile de Wight, on dut, au moment de la floraison 
des Pommiers, faire pratiquer la pollenisation par des enfants 
armés de houppettes. 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 175 


* 
# # 


Le Cincele ou Merle d’eau, auquel la Revue d'Histoire naturelle 
appliquée (2° partie), consacrait un article dans la livraison de 
septembre, a été longtemps proscrit comme oiseau nuisible 
par les pêcheurs qui l’accusent de manger les œufs des Pois- 
sons. Il n’y a pas d'accusation plus injuste, le Cincle rend au 
contraire de très grands services en faisant une guerre active 
aux insectes aquatiques qui, eux, ne se privent pas de dévorer 
les œufs dans les frayères. Mais avant que son innocence ne 
fût reconnue, un nombre considérable de Cineles sont morts 
victimes du préjugé. M. Ritchie nous dit, par exemple, que 
sur les domaines du duc de Sutherland, où l’on payait chaque 
tête de Cincle 60 centimes, on a tué, en 3 ans, 548 de ces 
Oiseaux, de 1831 à 1834 ; et dans le pays de Reay, également 
dans le Sutherland, de 1873 à 1879, il en a été détruit 368. 

Ce n'est pas d'aujourd'hui que la peau de Lapin fait concur- 
rence aux dépouilles les plus précieuses d'animaux à fourrures. 
M. Ritchie, dans l’ouvrage où il à étudié l'influence de l’hom- 
me sur la forme sauvage de l'Écosse, a rappelé les temps où 
la peau du £apin, introduit dans la Grande-Bretagne par les 
Normands, se vendait d'une demi-couronne à trois shillings 
la pièce, très gros prix pour l'époque, et, en 1424, cette four- 
rure élait tellement demandée, qu'un droit de 24 sols par 
100 peaux frappait l'exportation. Au commencement du xvu° 
siècle, l'Écosse exportait plus de 53.006 peaux par an. Le com- 
merce en devint encore plus actif, lorsqu'en 1621 l'usage de 
coiffures de Castor devint un privilège réservé aux grands 
seigneurs. C'est alors que la chapellerie utilisa les feutres de 
poils de Lièvres et de Lapins. La fourrure de Lapin était 
aussi très employée pour faire des manchons et des doublures. 
Vers le milieu du x1x° siècle, nous voyons par un rapport au 
Parlement que la consommation de peaux de Lapins dans la 
Grande-Bretagne atteignait 30.000.000 par an. En 1874, au 
seul marché de fourrures de Durnfries, on en vendait 200.000. 

La multiplication du Lapin n'a pas été moins merveilleuse, 
en France. Les dégâts eausés par le nombre excessif que les 
privilégiés de la fortune entretenaient dans leurs garennes ont 


176 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


été pour beaucoup dans les causes dela Révolution. Quiqueran 
de Beaujef rapporte que tel gentilhomme provencal, aidé de 
quelques vassaux, prit en un jour 600 Lapins. 


* 
Sad 27 


Les prix élevés qu'atteignent les fourrures ont tenté les 
chasseurs et certains d'entre eux sont partis pour l'Australie 
- pour y chasser les Kangourous. On raconte qu’à Carnarvon 
celte chasse rapporte 7 livres sterling par jour et que deux 
colons se sont fait, de la sorte, 1.000 livres sterling en six mois. 
Si cela continue nous aurons bientôt à enregistrer la diminution 
des espèces de Kangourous, puis enfin la disparition de ces in- 
téressants Marsupiaux. 


k 


x x 


Les Moutons australiens ont été importés, 1l y a déjà quel- 
ques années, de l’Afrique du Sud. Ils s’y sont acclimatés si 
bien qu'ils-risquent maintenant de faire une grave concurrence 
à leur pays d’origine pour la production de la laine. Par réci- 
procité, les Aastraliens ont cherché à introduire dans leur 
pays des Autruches du Cap. Ils se sont toujours heurtés au refus 
des Africains qui ne veulent pas s’exposer à perdre la suprématie 
du marché des plumes et l'Australie regrette aujourd’hui d'avoir 
cédé ses Moutons reproducteurs sans exiger l'échange contre 
les Autruches. 


ORDRES DU JOUR DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 
POUR LE MOIS DE NOVEMBRE 19920. 


SÉANCES GÉNÉRALES 


Lundi 8, à 3 heures. — M. L.-A. Dons : Un Élevage industriel de 
Canards dans le Bourbonnais. 

— M. Pierre CREPIN : Mahé de la Bourdonnais, colonisateur et 
acclimateur. 

Lundi 22, à 3 heures. — M. J. Decacour : La Collection d'Oiseaux 
de Mne Lécailler, à Caudebec-lès-Elbeuf. 

— M. Poisson : L’Aviculture à Diégo-Suarez. 


Séances de sections. 


Jeudi 11, à 3 heures. — Sous-8ECrION D'ORNITHOLOGIE : Ligue pour 
la Protection des Oiseaux. 
Jeudi 25, à 8 h. 3/4 du soir. — VIIS Secrion. Aquariums et Ter- 


rariums : M. LE DocTEUR PELLEGRIN : La Nidification chez les Pois- 
sons de la famille des Cichlidés. È 

— M. Fapre-DomERGuE : Le Chauffage et l’Éclairage des Aqua- 
riums en hiver. Présentation de nouveaux appareils. 


Le gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


- Le bu de la Société Nationale d’ Re En de are. est de € 
1° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d’ani 
utiles et d'ornement : 2° au perfectionnèment et à la multiplication des r 
nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et ; Ja propagat 
de végétaux utiles ou d'ornement. 

La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membr 
Donateurs, membres Bienfaiteurs. 

Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 40 francs et u 
cotisation annuelle de 25 francs. 

Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s 'affran de 
chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. 


Elle tient des séances générales bimensuelles. 
La Société encourage d’une manière toute spéciale les études de Zoologie dt: de. 
Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d' ani à 
. maux à ses membres. Re 
_ Elle publie, outre ce Bulletin, la Revue d'Histoire naturelle appliquée : 
composée de deux parties et illustrée de gravures. Ces publications traitent. de: 
questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particuliè- 
rement des faits d’acclimatation. : 
On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l’histoire naturelle 
installation, éducation des animaux, cullure des plantes, usages, introduction, ete., etc 
Le Bulletin est adressé gratuitement, la Revue est servie par abonnement, au) 
membres de la Société, au DE réduit de 15 fr. pour chaque partie ou de 20 re 
pour les deux. 


PREMIÈRE PARTIE : MAMMALOGIE \ : 


SOMMAIRE, N° 14, NOVEMBRE 


9 , A ET “4 

© Pages. 

MANMDones Sur l'intelligence des/Poissonsi 11 Cr ERP RENE one RAR CE S 

Mr° PrisAuix. — Rôle biologique des Batraciens (présentation de quelques espèces indigènes » 

d'ornement) [suite et fin]. . . . . . . . RAR ne URI E re OA RET LL AR ARS 
A. MouquEr. — Labelles de Cypripedium calceolus et d'Ophrys. :. . . . . . . . . : . . . . & | 
Aug. CHEVALIER. — Les acclimaiations d’arbres utiles en France, et spécialement dans le SEE 

j Nhihietdans la Normandie: Vo EAU AE CMS ROME RNA UE Tee AND F2 
À J. CREPIN. — Chronique caprine . . . : . . . . . . . PTE ra Dr RARE SERRE fr) 
DEUXIÈME PARTIE : L OISEAU Le 


SOMMAIRE, N° 44, NOVEMBRE. x : 
Pages. 
H. D. Asrrey. — Les Oiseaux de D Ron Court en 1920 (i/lustr 6) ÉRSINRE SU PCREES EU LIN HTC UTNA0S: L 
D° Mircer-HorsiN. — Souvenirs d’un naturaliste en Afrique occidentale française (suite). . 1126. va 


J. L'Hermirre. — L'Acridothère à cou noir (éllusfré). . . . à à . . . . . : . . + - - LEAINS 
J. DérAcour. — Une grande collection de Perruches et de Perroquets en a A ECPANZ 


P. VENDRAN, — Note sur l'élevage du der ÉDIQUPE NAN LR SONORE NO Use Re EMATESE 00 
Chronique ornithologique. . .. . . . . . +. 3... - . - : RUN ARE VER RS AR Pt ANA AR 


Paris. — L. MARETHEUx, imprimeur, 1, rue Cassette. 


EN DISTRIBUTION 


Graines offertes par M. GAGE, Graines offertes par M. BOIS LBucalyptus globulus. 


S'’adresser au Secrélariat. 


Offres et demandes réservées aux membres de la Société. 


OFFRES 


jé Pour 80 francs par semaine, j'envoie à domicile, panier de provisions pour une famille de 4 personnes, 

contenant : un canard et un lapin de 2 kilos chaque (ou un poulet de 2 kilos et 750 grammes de char- 
ESS 4 salades, 1 botte salsifis, 1 botte poireaux, 1 pied céleri, 1 kilo mâches, 4 kilo carottes, 4 kilo: 
ets, 1 kilo oignons, 1 kilo épinards ou oseille, i chou (légumes de saison pouvant varier chaque 
maine suivant demande). 


Écrire : : Mr Ourselin, 31, Grande Rue, Triel ensssrvse) 


a vendre : Lama femelle blanche âgée de 4 ans, née en Suisse. 


ne dresser offres à l'Intendant de la Villa de Prangins, près: Nyon (Canton de Vaud), Suisse. 
PER : 
Élevage contenant plusieurs milliers Volailles et Lapins, visible tous les jours : 

Poules : Wyandottes blanches, Wyandottes argentées, Leghorn blanches, Minosques, Bresses FER 
averolles, Canes Rouen foncées, Coureurs-Indiens, Pékin, Duclair, Oies Toulouse, Dindes noires. 
Reproducteurs de race pure, premier choix, élevés en grande liberté. 

Œufs à couver, poussins, adultes. Lapins : Chinchilla, Dibouski, Bleus Beer Argentés 
ie blancs, noirs, havanes, Fauves Bourgogne, Géants noirs, Géants blancs, Vendée. Sujets 1°Hne> 
t adultes. à 


M: Passy, Domaine du Désert de Retz, à Chambourey [téléphone : 15] (S.-et-0.). Gare Saint-Germain, 


DEMANDES 


C Oryctes nasicornis (Rhinocéros), larves, nymphes et adultes. 
. M: Jean Rostand, Cambo (Basses-P yrénées). 


D. faison de campagne, à louer, trois chambres non meublées à 4 ou 5 heures de Paris. Région boisée, 
on ère ou étang proches, facilités de circulation pour l'étude et la photographie des animaux. cer 
g crire au Secrétariat. 


à Coquelet et 3 Poulettes Java noirs, 1 co. Oies d'Égypte. : 
M. Bellette, 95, Abbaye des Prés, Douai. 


. sSuperintendant du Jardin royal Da EN NT SRE Gallonia candicans. 
botanique de Darjeeling (Inde). na Abris y Nos Halesia corymbosum. 
lbe rivularis. gi ? Héliotrope var. Lemoine. 
ula Bhojpaltra. = — Mn Bruand. 
meria platyphylla. Graines offertes par M. MOREL ee RAT AVEC 
‘hroa febrifuga. à Impaliens Sullans: 
iobotrya Hookeriana. Agathæa cœleslis. É Polygonum Baldschuanicum. 
inus floribunda. Angelica archangelice. Sequoia gigantea. 
igofera dosua var. fomentosa. Aralia sinensis. Tamarix africana. 
Michelia excelsa. Biota aurea. 
Pinus Puddum. Castanopsis hystri. 
Æ thododendron arboreum. Chionanthus virginica. Graines offertes par le Gouver- ! 
Rosa macrophylla. Clematis erecta alba. nement général .de l'Algérie 
us semialata. Cratæqus Carrierei. et par le Jafdin botanique de 
lix calyculata. Cytisus sempervirens Sy dney. 
— oreophila. Dimorphotheca aurantiaca. L 
CRT us Martianus. Eucalyptus amygdalina. Chlonis à gayanæ. 


} 


rss ee RES 
PERS PL CET SE 


BULLETIN 


BE EAr 


Ron 


Gé Nationale d'Acelimatation 


DE FRANCE 


N° 12. — DÉCEMBRE 1920 


ê> 


SOMMAIRE 


nouveaux membres .,. . . . 
MOTS TOM OUISEXEV 1. 1. 0 


e des souscripteurs pour le développement de la Société 
le des matières. 


à numéro. 2 fr. 50 : — Pour les Membres de la Société, 4 fr. 


Président, M. Edmond Pzrkikk, Membre de l'Institut et de lNcadante 5. 
Muséum d'Histoire naturelle, Paris. ii Ë 
-MM. D. Bois, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue | Faïdherbe 
ice-Président Saint-Mandé (Seine) ; 
“ri Co Dr CHauveAu, Sénateur de la Côte-d'Or, 225, boulevard Saint- -Germain, 
Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. 


MM.J. CrBpiN, 55, rue de Verueuil, Paris (Séances) ; 
Secrélaires Ce. DekBakuir., 25, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur) 
J. Deracour, 28, rue de Madrid, Paris (Ætranger). 


Trésorier, M. le D' SkBILLOTTK, 6, rue de l'Oratoire, Paris. 
Archiviste-Bibliothécaire : M. P. DE CLERMONT. 


; d Membres du Conseil. 
\ 
MM. A. CHAPPELLIER, 197, avenue Daumesnil, Paris. 

je D" AcHALMK, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrie. 
Paris. mur 

le D' P. Marcxaz, Membre de l'institut, Professeur à l’Institut National Agronomique, 45, r 
de Verrières, à Antony (Seine). , SE Fu LE 

le D' LepriINCE, 62, rue de la Tour, Paris. à VE 

MAILLES, rue de l Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). | 

le Dr E. TroUzSSART, Professeur au Muséum d'Histoire nalurelle, 61, rue Cuvier, Paris. 

Lkcomre, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14,rue des Ecoles, Ear 

P. CARtÉ, 40, boulevard de Courcelles, Paris. 

L. ROULE; Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. 

G. Foucxer (l'abbé), 24, rue Cassette, Paris. 

P. KesTNER, Président de la Société ‘de Chimie industrielle, 38, rue Ribera, Paris. 

R. Læ KonT, 89, boulevard Malesherbes, Paris. 


Dates des Séances générales et du Conseil 


POUR L'ANNÉE 1990 


Janvier | Février | Mars 
Séances pu Conseil, le mercredi à 4 h.| 144 11 10 44 19 


Séances genérales, le lundi à 3h. . . e . 5 
Sous-SECTION d'Ornilhologie (Lique pour ; 
la Protection des oiseaux) les jeudis 
AS UN: RE TR Aer ee 12 18 45 20 


Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevro 
sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. s 


Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et 
tre qui désireraient l'entretenir, qu’il se tient à leur disposition, au siège de 
ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 


Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variati 
fréquentes du fait de la guerre, il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tira, 
à part. 


La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émis 
par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 


Ta reproduction, sans indication de source ni de nom d'auteur, 
des articles publiés dans le Bulletin est interdite 


PU 


LISTE DES NOUVEAUX MEMBRES 


ADMIS PAR LE CONSEIL 


I. — Dans LES SÉANCES Du 15 JUIN, 20 JUILLET, 11 AoUT, 
15 SEPTEMBRE ET 20 ocToBRE 1920 (1). 


Mae 

Cause (Philippe), #, avenue Hoche, à Paris (VILE), (M.T.), pré- 

sentée par Me Girod, MM. le comte de Ganay et Debreuil. 
MM. 

Bezcenor (le comte Frédéric de), 18, rue de Lorraine, à Monaco, 
(M. T.), présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

BourarD-OLOoNNE (de), domaine de la Robine par Loriol Mérdhes, 
(M.T.), présenté par MM. Perrier, Crepin et Debreuil. 

Corner (Charles), 188, route de Florissant, Genève (Suisse), (M.T.), 
présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

Coyon, médecin des hôpitaux, #, rue de l’Arcade, à Paris (VIII), 
(M. T.), présenté par M'° le Dr Phisalix, MM. le Dr Fasseuil et Dode. 

DEwouzi (Lucien), photograveur, 118, rue de Vaugirard, à Paris (VIe), 
(M.T.), présenté par MM. Perrier, Bois et Delacour. 

Descaawps de WarTines, D' de l'Ecole belge d’Aviculture à Westmalle 
(Belgique), (M. T.}, présenté par ! MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

Drovesne (André), industriel à Montfor!-sur-Risle (Eure), (M.T.), 
présenté par MM. Perrier, Delacour et Debreuil. 

FÉDÉRATION PES Amis DE L'OIsEAU, 12, rue Lavureux, à Verviers (Bel- 
gique), (M.T.), présenté par MM. Perrier, Loyer et Debreuil. 

François (Anatole), négociant, 16, rue Croix-des-Petits-Champs, 
à Paris ([e*), (M.T.), présenté par MM. Debreuil, Douste et Sebil- 
lotte. 

GuiBrer, chef du Service forestier de l’Annam à Hué ‘Annam), 
(M. V.), présenté par MM. Perrier, Chevalier et Debreuil. 

Lemarié (Charles), D' des Services agricoles du Tonkin à Hanoï (Ton- 
kin), (M. V.), présenté par MM. Perrier, Chevalier et le D° Gaudu- 
cheau. 

Lussac (le marquis de), à Comacre, par Saint-Maure (Indre-et-Loire), 
(M.T.), présenté par MM. Debreuil, P. Crepin et Joseph Crepin. 

Miévizce (Rodolphe), agronome à Xieng-Khouang, Tranninh (Laos), 
(M.T.), présenté par MM. Perrier, Chevalier et Debreuil. 

Murar (S. Aile prince Paul), 68, rue de la Faisanderie, à Paris (XVI), 
(M. T.), présenté par MM. Perrier, S. A. le prince Murat rt le comte 
de Garay. 

Perir de Laneze (Charles B.), à Saint-Héléna (Californie), Etats-Unis, 
(M.T.), présenté par MM. Perrier, Crepin et Debreuil. 


(4) M.T. signifie Membre titulaire. 
M. V. signifie Membre à vie. 


BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1920. — 12 


178 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


MM. 

Roussez (Louis-Emile), sous-chef de bureau au chemin de fer de 
l'Est, rue de Chaudefontaine, Sainte-Menehould (Marne), (M.T.;, 
présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 

SERVICES ZOOTECHNIQUES DU GOUVERNEMENT GÉNÉRAL DE L'AFRIQUE Occi- 
DENTALE FRANÇAISE A Dakar, (M.T.), présentés par MM. Perrier, 
Debreuil et Loyer. 

VeizLon, docteur en médecine, domaine de Lacroix-Launagetet, 
Aucamville (Haute-Garonne), (M.T.), présenté par MM. J. Crepin, 
P. Crepin et Debreuil. ÿ 

Wizson (Scott, Barchard), Junior Constitutional Club Picadilly à 
Londres (Angleterre), (M.T.), présenté par MM. Perrier, Debreuil 
et Loyer. 

YersiN (Alexandre), directeur de l’Institut Pasteur de Nhatrang 
(Annam), (M. V.), présenté par MM. Perrier, Chevalier et Debreuil: 


Il. — Dans LA SÉANCE pu 17 NovemMBrEe 1920. 


Mes 
Fournier (J. Félix), 11 bis, rue Pigalle, Paris {IX°), (M. T.), présentée 
par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 
LEnmanN (J.), 10, avenue Hoche, Paris (VIII), (M. V.), présentée par 
MM. Perrier, Debreuil et Loyer. 


MM. 


Becuin-BizLecoo, secrétaire d’'Ambassade honoraire, 90, rue de 
Paris, à Nemours (Seine-et-Marne), (M.T.), présenté par MM. Pelle- 
grio, Loyer et Lefehvre. 

Larocue (Léon-Eugène), 26, rue du Pont, à Vitry-le-François 
(Marne), (M.T.), présenté par MM. Perrier, J. Crepin et Debreuil. 

Marrin (André), négociant en cuirs bruts, 20, rue du Fer-à-Moulin, 
à Paris (V£), (M.T.), présenté par MM. Debreuil, J. Crepin et 
P. Crepin. \ 

Pasor (Jean), à Romagnac, par Chambon-le-Château (Lozère), (M.T.), 
présenté par MM. Crepin, Loyer et Debreuil. 

Prépazcu (André), pharmacien-major de 1"€ classe, 11, rue des Géri- 
deaux, à Sèvres (Seine-et-Oise), (M.T.), présenté par MM. Debreuil, 
Loyer et Bois. 


LES: PALMIERS DE. LOUIS: XIV 
. LES AUTRES 


ARBRES HISTORIQUES DU JARDIN DES PLANTES DE PARIS 


(MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE). 


Le Jardin des Plantes de Paris renferme les premiers exem- 
plaires introduits de bon nombre de plantes: Robinia Pseu- 
dacacia, Cedrus Liban, Sophora japonica, Paulownia impe- 
rialis, Xanthoceras sorbifolia, Cedrela sinensis, Persica Davi- 
diana, Prunus Pissardi, Populus Bolleana, etc. On peut y voir 
aussi l’un des trois Platanus orientalis plantés par Buffon, un 
Fraxinus excelsior que Thouiïn a greffé à 50 centimètres du sol 
sur cinq sujets soudés en un seul et deux Chamaærops humilis 
donnés à Louis XIV par Louis IF, margrave de Bade-Dourlach. 
Ces dernières plantes appartiennent à une espèce qui n’a rien 
de rare, puisqu'elle est abondamment répandue dans le bassin 
méditerranéen et a même existé dans le Midi de la France à 
une époque assez récente. Leur intérêt consiste dans leur 
taille : alors que d'ordinaire ces Palmiers restent nains et 
n’atteignent qu'exceptionnellement 2 ou 3 mètres, ceux du 
Muséum, à cause de leur grand âge et de l’étiolement, dépas- 
sent 10 mètres ; leur tronc est resté extrêmement grêle et 
serait incapable de supporter la tête, s’il n'était soutenu par 
un robuste corset de fer. Depuis plusieurs années, on avait dû 
renoncer à les sortir à cause des dangers de cette opération et 
on les laissait toute l’année dans la vieille Orangerie en ruines. 
Elle avait fini par devenir trop basse, et un beau jour de l'été 
dernier, l’un des Palmiers avait crevé le vitrage. Avant les 
froids, on dut aviser à les transporter dans un local plus élevé. 
Ce ne fut pas une opération facile car, pour les sortir, puis les 
passer dans l’allée du Labyrinthe, on dut les coucher sur un 
énorme chariot, puis, afin d'éviter les heurts qui auraient 
brisé la tige, traîner à bras d'hommes une masse de plus de 
1 tonnes. Après 6 jours d'efforts, cette œuvre délicate put être 
achevée sans encombre ; les 2 Palmiers sont maintenant plan- 
tés en pleine terre dans le Pavillon froid où les visiteurs pour- 
ront les contempler. 


EXTRAITS DES PROCES - VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 8 NOVEMBRE 1920 
Présidence de M. D. Boiïs, vice-président de la Société. 


M. le Président salue, au nom de la Société, M. le D: P. J.S. 
Cramer, chef du service de la Sélection du département de 
l'Agriculture des Indes néerlandaises, et M. le professeur Bu- 
gnion, de l'Université de Lausanne, qui assistent à la séance. 

M. Bois adresse ensuite les félicitations de la Société à ceux 
de nos collègues qui, à l'Académie française ou dans les 
récentes promotions de la Légion d'honneur, viennent de voir 
leurs travaux hautement appréciés et récompensés. La liste en 
a paru d'autre part dans le Bulletin de la Société. 


GÉNÉRALITÉS. 


Nous sommes informés que M. Falz-Fein, d’Ascania-Nova, en 
Tauride, vient de mourir à Kissingen (Bavière). Notre collègue 
M. de Southoff nous écrit, d'autre part, que le iournal russe 
paraissant à Paris, Les Dernières Nouvelles, publie que le Gou- 
vernement de Wrangél a pris possession du pare d’acclima- 
tation d’Ascania-Nova. La propriété avait été transformée par 
les bolcheviki en une ferme modèle immense, mais les ani- 
maux étaient presque tous morts. Le général Wrangel a par- 
tagé le domaine entre les paysans qui le cultivent et a remis à 
l’Université de Sinféropol l'administration et la propriété du 
parc.d'acclimatation y attenant. Malheureusement l’écrasement 
des armées Wrangel permet de supposer que cette intéres- 
sante partie des biens de Falz-Fein n’est plus maintenant qu'un 
nom de plus à ajouter à ceux desstations scientifiques détruites 
de la malheureuse Russie. 


M. James Ritchie, assistant d'Histoire naturelle au Royal 
Scottish Museum, fait don pour la Bibliothèque de l’ouvrage 
qu'il vient de faire paraitre : « The [nfluence of Man on Animal 
Life in Scotland. » 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 181 


Notre collègue M. Charles Janet nous adresse sa récente 
étude : « Considérations sur l’Étre vivant. » 


M. A. Baudon, administrateur des Colonies, envoie de Bos- 
sangoa une nole sur « la Destruction du gros Gibier en Afrique 
Equatoriale française » et une autre sur « l’'Exportation 
d'Afrique des Animaux et Plantes exotiques ». 


Nous avons reçu de M. J. Prades, garde général des Forêts, 
« Le Service forestier de l’Indochine ». Cette étude rappelle 
tous les efforts accomplis par le Service forestier indochinois 
et montre l'impuissance dans laquelle se trouve encore ce 
service pour administrer comme il conviendrait l'immense 
domaine boisé qu'il a sous sa protection. 

Notre collègue nous adresse également, de Hanoï, un 
important rapport sur la gestion du cantonnement Est au 
Tonkin. 


M. Chappellier remet à M. le Président, pour les collections 
de la Société, une côte de l'Éléphant du Jardin des Plantes 
mangé par les Parisiens pendant le siège de, Paris en 1870. 


M. le professeur Trouessart remet un article en réponse aux 
études de M. Rivière sur l’Invariabilité du climat de l'Afrique 
du Nord. Cet article paraitra dans la première partie de la 
Revue. 


Les animaux et les plantes ont profité du bel automne de 
cette année. À Melun, dit M. Debreuil, les Diptères et les 
Papillons volaient en nombre extraordinaire. Sur les Lierres 
en fleur, le 16 octobre, Eristales et Vanesses, Grande et Petite 
Tortue (Polychloros et Urticæ), Paon du Jour (/0), Vulcain 
(Atalanta), etc., tourbillonnant sous le gai soleil, formaient 
de véritables bouquets vivants. 

Notre collègue à pu cueillir, le 26 oclobre, de nombreuses 
Campanules qui avaient refleuri et même deux petits thyrses 
sur un Lilas de Perse. : 

A la fin d'octobre, on voyait encore beaucoup de Papillons: 
des Soucis (£dusa) et des Lycènes entre autres butinaient, le 
30 octobre, sur des Violettes. 

D'autre part, le 15 août, des Crocus d'automne élaient en 
fleur. 


182 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 
ORNITHOLOGIE. 


M. Rollinat écrit, le 5 juillet, d’Argenton-sur-Creuse : « Les 
Moineau x domestiques et les Moineaux friquets sont redevenus 
très communs, j'en vois partout. Cela ne ressemble pasà un 
repeuplement, c’est plutôt, je crois, un relour. Mais oiétaient- 
ils? Les bêtes, même celles qui vivent près de nous, sont bien 
difficiles à observer! » 

Notre collègue note, le 2 août : « Toujours beaucoup de 
Moineaux, mais moins depuis 45 jours; ils sont aux alentours 
de la ville, occupés à manger du blé. Les Martinets sont tous 
partis le 20 juillet; c’est la première fois que je les vois partir 
aussitôt ; il doit y avoir là une question de nourriture. » 

Pour M. Debreuil le « Mystère des Moineaux » continue. 
Notre collègue a revu, à Melun, quelques-uns de ces Oiseaux au 
début de juillet, puis pendant la moisson des groupes d’une 
cinquantaine d'individus, avec beaucoup de jeunes de l’année. 
Ces groupes étaient composés d'environ 20 p. 100 de Moineaux 
friquets. Après la récolte du Blé, quelques Moineaux franes se 
montrèrent autour des habitations, puis tous disparurent. 


Notre collègue M, Plocq, de fa Roche-sur-Yon, qui s’est 
spécialisé dans l'élevage des Oiseaux insectivores indigènes, 
nous écrit, le 12 octobre, que son élevage est décimé parle 
Ver Rouge. Les Oiséaux nouvellement arrivés meurent en 
huit jours; les Oiseaux élevés dans la volière sont plus résis- 
tants. Aucun remède préventif ou curatif n’a réussi. 


M. Dode fait une communication illustrée de photographies 
sur un élevage industriel de Canards dans le Bourbonnais. 
Cette entreprise, arrêtée par la guerre et dans l'impossibilité 
de renaitre, étant donné:le coût présent dela vie et la crise des 
transports, donnait en juillet 1914 les plus beaux résultats 
après six mois seulement de fonclionnement. 


À propos de cette communication M. le D' Gauducheau fait 
quelques remarques générales sur l’alimentation des Animaux. 
« Sur ce dernier point, dit-il, les acquisitions récentes de 
l’expérimentation ont donné des résultats fort intéressants. En 
malière d'élevage, comme dans beaucoup d’autres domaines, 


ce sont les erreurs et les insuccès qui sont souvent les plus 
instructives lecons. 


si 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 183 


L'évolution des idées, en ce qui concerne le sang alimen- 
taire, en est une bonne démonstration. Au début, on croyait 
pouvoir élever Canards, Poules, Chiens et Porcs en les nourris- 
sant uniquement de sang d’abattoir, aliment à bon marché. 

L'expérience, poursuivie dans cetle voie avec persévérance, 
aboutit au contraire à cette conclusion que le sang ne saurait 
constituer le fond de la ration animale chez aucune espèce, 
mais que c'est un aliment de premier ordre lorsqu'il est donné 
en très petite quantité aux jeunes animaux en voie de dévelop- 


pement. 


A-propos de l'élevage industriel du Canard M. Chevalier rap- 
pelle qu’en Chine et en Indochine on fait en grand cet élevage. 

Pour des bandes de 2 à 3.000 Canards on organise des mares 
dans lesquelles on cultive des Plantes spéciales, des Mol- 
lusques, enfin toute une flore et une faune favorables à l’ali- 
mentation de ces Canards. Ces Palmipèdes vagabondent, en 
outre, aux environs des villages qu'ils débarrassent de beau- 
coup d'ordures. En outre, on remarque dans les mares qu'ils 
fréquentent l’absence complète des Moustiques, véhicules du 
paludisme. 


M. Gauducheau en donne l’explication. Les eaux dans les- 
quelles vivent ces Canards, dit-il, sont forcément plus ou moins 
sales, or les larves des Moustiques qui nous donnent la fièvre 
paludéenne ne vivent que dans des eaux claires. 


M. Voitellier a visité à Landmire (Hollande) des élevages 
considérables de Canards. On lui a parlé d’élevages contenant 
jusqu'à 200.000 Canards ; il a vu personnellement des élevages 
comportant de 4 à 5.000 Canes conservées deux ans pour la 
ponte. Ces animaux étaient parqués par groupes de 50 à 100. 
Leur nourriture était exclusivement composée d’un mélange de 
Moules fraîches, de Crevettes sèches et de grain (dans une pro- 
portion de 1/10). La production des œufs est de plus de 100 par 
an et par tête. 


M. Dode rappelle qu’en Chine les Carards sont nourris avec 
du Poisson; l'éleveur vit sur une jonque et laisse ses Canards 
dépeupler la rivière de petits Poissons. Ce n’est évidemment 
pas un exemple à suivre en France. 


M. Caucurte raconte qu'il a nourri 42 Canards avec de la 
viande de Cheval cuite, en leur donnant en outre de la verdure 


184 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


à discrétion ; à 62 jours les sujets pesaient 1 kil. 750 Saurness 
et la viande en était exquise. 


ENTOMOLOGIE. 


M. le professeur E. Bugnion entretient l'assemblée de la 
Luciole (Z. lusitanica Charp.). Il présente de remarquables 
dessins relatifs à l’anatomie de cet Insecte et donne quelques 
détails sur sa distribution géographique et sur ses mœurs. 
C'est plus spécialement dans la contrée de Nice qu'on la ren- 
contre jusqu'à une altitude de 1.100 mètres. Les sujets que l’on 
voit voler le soir autour des arbres dans les belles soirées de 
mai et de juin sont exclusivement des mâles. La femelle, 
quoique ailée, ne vole, paraît-il, presque jamais. La larve (cap- 
turée à Grasse) a, comme celle du Lampyre noctiluque, deux 
faibles lumignons au bout du corps. Ses derniers segments, de 
couleur ferrugineuse, la font dislinguer très aisément. Pourvue 
de mandibules canaliculées destinées à l'instillation d’un suc 
toxique, elle vit, comme celle du Ver-luisant, aux dépens de 
petits Hélix. 

À ce propos, M. Debreuil demande s’il y a des Lucioles en 
Alsace. M. Bugnion déclare que non et qu’on a dû prendre pour 
des Lucioles des Phaucis splendidula, espèce allemande fort 
répandue aussi en Hollande et en Belgique. Il y à 200 à 
300 espèces de ces Insectes en Afrique et en Asie. 


M. Kestner avait des Primevères dévastées par des larves; il 
en a porté quelques exemplaires à M. l'abbé Foucher qui les a 
élevées jusqu'à leur forme adulte. Il a pu alors se rendre 
compte que le dévastateur de Primevères est un Curculionide, 
le Ceutorrhynchus sulcicollis. Jusque-là, notre collègue n’avait 
pas remarqué que cette espèce fût particulièrement fréquente 
dans la région parisienne. Mais une fois aiguillé sur cette piste 
il a rapidement changé d’avis. Tant au jardin du Luxembourg 
qu'aux Tuileries M. l'abbé Foucher n’a pas recueilli moins de 
174 Curculionides de cette espèce. Combien il serait utile que 
les instituteurs apprissent à leurs élèves à distinguer les 
Insectes nuisibles et les Insectes uliles! : 


BOTANIQUE. 


M. le D' Robertson-Proschowsky adresse de Nice une note sur 
l'Albizzia lophanta Bentham (A cacia lophanta). 


| 
a: 
* 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 485 


Notre collègue, contrairement à l'opinion que le D'G. V. Perez 
avait émise dans le Bulletin de 1920, p. 132, affirme que la ger- 
mination des graines de ce bel arbre se fait extrémement faci- 
lement et il conseille d'en semer beaucoup sur les terrains en 
friche de la Côte d'Azur. 

M. R. Proschowsky envoie également une note sur le cas 
d'un Arecastrum Rvmanzoffianum Beccari; une feuille de ce 
magnifique Palmier, bien que cassée et pendant parallèlement 
au tronc depuis janvier 1917, s’est maintenue en parfait état 
jusqu'en août de cette année et ne s’est desséchée que norma- 
lement à son tour. 


M®° Lebelle présente des feuilles sèches de Stevia Rebaudiana; 
cette plante que l’on emploie au Paraguay pour sucrer je 
« maté » à un pouvoir sucrant considérable (159 fois celui de 
la saccharose). 

M°° Lebelle dépose à ce sujet un article extrait des Annales 
scientifiques paraquayennes de janvier 1918 et communiqué 
par S. E. le D’ Eusebio-Ayala, ministre des Affaires étrangères 
au Paraguay. 

COLONISATION. : 


M. le Président dépose sur le bureau des « Notes du Brésil » 
sur une exploitation agricole de l'État de Saint-Paul : la Fazenda 
de Guataparo et le parc Sao Clemente à Nova Friburgo (État de : 
Rio). 


M. Cramer a la parole : sa causerie porte sur l'amélioration 
et l'acclimatation du Caféier à Java. On ne connaissait d’abord 
que le Caféier d'Arabie, importé vers le début du xvumi° siècle. 
Mais ce Caféier fut attaqué vers 1876 par un Champignon para- 
site, l’Æemileia vastatrix et les plantations furent littéralement 
ravagées. À cette même époque, heureusement, fut introduite 
une nouvelle espèce, le Coffea liberia. Mais, vers 1900, le Caféier 
de Libéria souffrait beaucoup, lui aussi, de l'Hemileia. M. Cra- 
mer nous raconte la lutte entreprise et les recherches faites. 

En fin de compte une nouvelle espèce, le Coffea robusta, qui 
est très peu attaquée par l'Hemileia, a été acclimatée à Java. 

Un jardin spécial] a été créé à Buitenzorg où l'on pratique la 
culture expérimentale du Caféier et l'acclimatation de nouvelles 
espèces comme le Coffea excelsa, découvert par notre collègue 
M. À. Chevalier dans la région du Chari. 


1306 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


M. Poisson fait une communication sur l’Avieulture à Diego 
Suarez. À l'issue de cette conférence, notre collègue nous fait 
ses adieux; il part pour Madagascar où il vient d'être nommé 
inspecteur des épizooties. Mais, si loin qu'il se trouve, il conti- 
nuera à rester en relations suivies avec nous et nous fera part 
de toutes les remarques intéressantes qu'il aura été amené à 
faire. 


M. Pierre Crepin fait une conférence sur « Mahé de la Bour- 
donnais, colonisateur et acclimateur ». Notre collègue s'élève 
contre le mensonge souvent répété que le Français n’est pas 
colonisateur. Il montre, par l'exemple de la Bourdonnais fon- 
dant nos colonies de l’Ile de France (Maurice) et de l'Ile Bourbon 
(la Réunion) quelle tâche admirable ont accomplie les Francais 
sous l'Ancien régime dans le domaine colonial. La conférence 
de M. Pierre Crepin paraîtra dans la 1'° partie de la Revue. 


Le secrétaire des séances adjoint, 


PIERRE CREPIN. 


CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 


. Les Rennes de Laponie en Alaska. — La naissance d'un Ghimpanzé. — 
Les Singes de Gibraltar. — fe Pyrèthre de Dalmatie. — Les noix de 
Turquie. 


L'introduction des Rennes de Laponie dans l’Alaska a réussi 
au delà de toute expression, et ces Cervidés sont aujourd'hui, 
pour cetle région deshéritée, une ressource alimentaire pré- 
cieuse. Il y a une douzaine d'années, on ne comptait guère 
plus de 1.200 Rennes dans la péninsule ; ils y sont aujourd’hui 
200.000, et il est question d'expédier 6.000 de leurs carcasses 
sur les marchés américains pourvus d’un service frigorifique. 
Comme on n’abat que les mâles en excès, les journaux améri- 
cains estiment qu'avant 3 ou 4 ans le troupeau aura atteint le 
million ; le climat convient à ces animaux qui s'élèvent facile- 


ment et sont une source de profit pour les colons et les Indiens 
indigènes. 


EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 487 


Il est né un Chimpanzé au Jardin zoologique de New-York, 
mais il a peu vécu et le Bulletin de la Société zoologique publie 
des photographies de ce petit anthropomorphe qui sont bien 
désagréablement impressionnantes. On dirait un vieillard 
décrépit et émacié ; il a vécu du 14 au 22 juillet, et il semble 
que la mère a manqué de lait pour donner à têter à son nour- 
risson.Ileût été impossible d'intervenir pour suppléer aux soins 
de la nourrice tant cette bête, habituellement très douce, se 
montrait féroce lorsqu'on faisait mine de toucher à son petit, 
dont on ne put lui enlever le cadavre que par un subterfuge 
pendantun moment d’inattention; les cris qu’elle poussa alors, 
et auxquels répondait le mâle dans la cage voisine, étaient 
absolument terrifiants. 

Les cas de reproduction de ces grands Singes en caplivité 
sont excessivement rares. Il y a quelques années, une Gorille 
avait mis au monde un jeune au Jardin d’Acclimatation peu 
de temps après son arrivée, mais la mère était en mauvais état 
et mourut presque en même temps que son jeune. 


X 
# x 


Le dernier Bulletin de la Société zoologique de New-York 
contient un intéressant article sur le Jardin zoologique de 
Lima au Pérou. 

Le Jardin zoologique de New-York a recu du Cap un impor- 
tant convoi d'Animaux d'Afrique. 


*X 
Mo 


On sait qu’il existe une petite colonie de Singes sur {le 
rocher de Gibraltar. Ces quadrumanes se sont un peu trop 
multipliés au gré des voisins de la forteresse dont ils déva- 
lisent les jardins et où ils terrorisent les femmes et les enfants 
qui les rencontrent inopinément. Le gouverneur de Gibraltar 
a dû, sinon prescrire leur extermination, du moins en dimi- 
nuer le nombre, et il enverra quelques couples de ces indési- 
rables dans les Jardins zoologiques. 


188 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


* 
* * 


Chacun sait que c’est avec la fleur du Pyrèthre (Chrysanthe- 
mum cinerariæfolium) que l’on fabrique la poudre à punaises, 
poudre riche en alcaloïde qui tue les Insectes. La poudre la 
plus renommée est celle qui est faite avec les fleurs du Pyrè- 
thre de Dalmatie. C’est aux environs de Sebenico que cette 
plante croit avec abondance au milieu des terrains rocailleux. 
La récolte de cette année fut d'environ 120 wagons pour toute 
la Dalmatie, mais la pénurie de transports est telle que seuls 
710 wagons ont pu être vendus et expédiés, le reste, soit 
50 wagons, reste sur place. Il y en a encore 20 autres à Trieste 
qu'il serait peut-être plus aisé de faire venir en France. Le prix 
des fleurs du Pyrèthre est de 50 à 60 couronnes le kilo. Au 
prix où est la couronne, la poudre insecticide ne coûterail pas 
cher, à Paris, même lorsqu'elle sera grevée des frais de trans- 
port. 


* 
# * 


Les Noyers sont en nombre assez considérable en France, 
bien que, depuis une dizaine d'années, on en ait abattu de 
grandes quantités. Leurs fruits sont consommés sur place ou 
vendus sur le marché français. Néanmoins la récolte de nos 
Noix, surtout celles de l'Isère, de qualité supérieure, ne suffit 
pas à assurer la consommation et l’on est obligé de s'adresser 
à l'étranger pour le reste. 

Le pays qui en produit le plus paraît être la Turquie qui, 
avant 1914, en expédiait à l'étranger 33.400.000 kilogrammes, 
sur lesquels la France en recevait 2.500.000 kilogrammes. Ces 
Noix, de qualité inférieure à celles de France, avaient un 
mérite, c'est qu'elles coûtaient 50 p. 100 de moins que les 
nôtres. Allons-nous revoir les Noix turques sur le marché fran- 
çais ? 


LISTE DES SOUSCRIP TEURS 


POUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA SOCIÉTÉ 


Liste supplémentaire pour la Souscription de 1949. 


Francs. 

MM. 
BAR ES DRIBENE ER US CU LRU RE 1.000 
RER AG) MER ne et ele Lin Me 100 
1.100 

Souscription pour 1920. 
Francs. 

Mes 
PIOTSRENOUFERNMEMENE PR EU EL. 50 
His PRSGNNR MEME PE SE RES TERRE NPRONE MR 50 
Pondla Princesse) AE RTE TER 90 

MM. 
PARA Us (ee) AS SCO NT SRE. 50 
DATA (ES) EE RATE ES SR 250 
BONE Mate rh oeUn  DÉNNS AIN 100 
DONNAIT EN O0 
Bono) AE Re Rennes PES EE) 
BCE (Che) SA Re LAS MEN LE LCR Roue à 50 
DENON ES RIRE AMEN eee te 50 
DANHELIN (Dr) AE RES SR. RAI ES 100 
CAGE AU Mn AS CU ne AT 100 
OHAUVEAU DAC) APE EN ERRE NET A Re 200 
DOURAOISHIRÉMMBCEE) I MAMAMIONE TT RENAN 50 
DABREU LL (Ge) AN RAU HOUT A et EST 500 
Déc Sert EE NEne 50 
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Dcverac Res En he AE Te ue def 50 
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BOCHER (A'DDÉMES) ERP RSR ARE IE UPE Me 100 
DENSOUL (JS) PRES Er 2e 50 
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PACHESNAIS I (EP DE) NE LRO RE TOO 
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OEM.) LS RUE NES Die ER ME) 
Murat (SPACE PrINCE) MORE DEN 100 
Brcuore (D: PACS) MR MN", 400 
SEBILODTE (D NI) PER de 50 
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VTEMORIN (JE DE) PMR EEE LE 100 
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2.950 


a 


190 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 


ORDRES DU JOUR DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 
POUR LE MOIS DE DÉCEMBRE 1990. 


SÉANCE GÉNÉRALE 


Lundi 6, à 3 heures. — M. A. CnevaLier : Le Camphrier, le Can- 
nellier royal, le Théier. Leur culture en Indochine ; leur acclimata- 
tion en France. 


— M. M. Loyer : La destruction de l'Éléphant d'Afrique. 


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE. 


Lundi 20, à 3 heures. — Élections. Situation financière. Budget. 
— M. LE PROFESSEUR GRUYEL : Le Laboratoire des Pêches et Pro- 


ductions coloniales d’origine animale du Muséum d'Histoire natu- 
relle. 


Séances de sections. 


Jeudi 9, à 3 heures. — Sous-secrion d’Ornithologie : Ligue pour 
la Protection des Oiseaux. 
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE. 
Projection de photographies d'Oiseaux prises dans la nature par 
M. A. Burdet. 


Jeudi 23, à 5 heures. — VII Section. Aquariums et Terrariums : 
M. L.-A. Done : Les plantes d’Aquarium. 


SUBVENTIONS 


Par décision, en date du 93 avril 1920, le Ministère de l'Agri- 


culture a accordé à la Société une subvention de 2 


.000 francs. 


Le Ministère de l’Instruction publique a également accordé 
à la Société une subvention de 100 francs. 


ÉTAT DES DONS 


FAITS À LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE 


PENDANT L'ANNÉE 149920. 


NOMS DES DONATEURS 


MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE . . 

MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PU- 
BLIQUE : 
Mmes 


Aug (D) 26 SEE Pre RE 
DAPAGOURMUR)RMME EL LUE 
PANONMME em ele 


BOIS (D). 
DesREuLc (0) EE. 
-DELAMARRE DE MONCHAUX (CO mte). | 
DÉPARTEMENT D'AGRICULTURE DE 
NVARSHINGHONE SSL: Li: et 
Gace, superintendant du Jar- 
din botanique de Darjeeling 
(des) ue 28 LR T EE 
JARDIN BOTANIQUE DE SYDNEY 
JARDIN D'ESSAI D'ALGER . ! . . 
DEBELLE (MEE)N 0. 
MAIDEN HSE 
MARNIER-LAPOSTOLLE . . . . . . 
-Morer (H:). 
NAPOLÉON (S. Ale prince Louis). 
PrébaLLU ll lieu vaste 
ROBERTSON-PROSCHOWSKY . . . 
SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DE LA GRANDE 
PCA MAIN cé nee 
TouriLLON DE CLenco (Mme). , 


OBJETS DONNÉS 


1° Dens en espèces. 


SUbVeRtTONN AE EP EPNE 000 fr 
SUDNEMÉIO NE TIE EME T O  TrS 100 fr. 
DNS ABUS LA AU PR MR SRE MERE EE Sn 350 fr 
D'ONNAEAAE LNEES ANR EP ATEN NES 500 fr 
D'ON Te ENR e A Nen 5 fr 
Den detail ae AE Ans 45 fr 
DORE AL NA ARE ee Ge Art a 24.000 fr 
Don: demie ER TRaR EE RE 100 fr 


20 Animaux et Végétaux : Plantes 
et graines. 
Graines. 
OButfs frais d'Emeu. 
Echantillons botaniques et graines. 


Graines. 


Graines diverses. 

Graines 

Graines. 

Echantillons botaniques. 

Graines diverses. 

Echantillons botaniques. 

Graines diverses: 

Maras de Patagonie. 

Graines. 

Graines et échantillons botaniques. 


Poissons. 
Echantillons botaniques. 


192 


RS ENTER | 


NOMS DES DONATEURS 


© LR 


MM. 

BAILLIÈRE . . 

BErzes (L.). 

BIRD NOTES AND NEWS. 

BLanc (H.). 

Bommier (Dr) . . . 

BuGnion (E.). . 

CAPUS . . ; 

CARIÉ (P.) . . 

CHAPPELLIER (A). : 

COMMISSION DE PISCICULTURE DE 
BRUXELLES . 

COMPAGNIE DU P. 0. 

DELACOUR (J.). . | HET. 

DELAMARRE DE MONCHAUX . . . . 

GIBAULT.- 0e 

Hornapay (W. “Te CE 

INSTITUT COLONIAL DE MARSEILLE . 

LATHROP-PACK . . 

CécATTER MES) SE EEE 

DEROMAIRIOPS) EN 

LEwIS-BONHOTE (J.). . . . 

Loyer (M.). 

Luc (M.). . 

MAIDEN Le 

MAISON RUSTIQUE . 

Méanix (P.) . 

Nour. 

PRADES 

REVUE SCIEN TIFIQUE Du LIMOUSIN . 

Rép) ie oc oretal eo ous 

RoLLinarT (R.) 

Roy (Canada) : à 

SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ET DE VULGARISA 
TION DE LA ZOOLOGIE AGRICOLE 
DE BORDEAUX. 

SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE LONDRES. 


UNIVERSITÉ DE NEw-YORK. 


WILDEMAN (E. DE) . 


LEBELLE (Mme) . 
Foucaer (Abbé G. ji 
GauDpucHEAU (Dr). 
KESTNER (P.). . 
PIÉDALLU (A.) . 
MoreL (H.) 


BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 


OBJETS DONNÉS 


3° Livres et brochures, 
clichés, photogravures et planches 
en couleur. 
Livres. 
Brochures. 
Collection complète. 
Brochures. 
Livre. 
Livre et brochures. 
Livres et brochures. 
Livres et planches en couleurs. 
Brochures. 


Livres. 

Brochures. 

Planches en couleurs. 
Brochures. 

Livres. 

Livres et brochures. 
Brochures. 

Livres. 

Planche en couleurs. 
Brochures. 

Livres. 

Livre. 

Livres. 

Livres et publications périodiques. 
Livres. 

Livres. 

Livre. 

Brochures. 

Colle:tion complète. 
Livres. 

Clichés de photogravures. 
Brochures et livres. 


Collection complète du Bulletin. 

Collection des Proceedings of the Scientific 
meetings. 

Collection complète des Annual Report of the 
regents act of the University. 

Brochures. 


4° Qbiets divers. 
Beurre de Chèvre. 
Drapeau. , 
Pâtés de viande. 
Echantillons de sucre complet. 
Boisson de ménage. 
Crocodile monté. 


Le Conseil renouvelle ses remerciements aux Donateurs ; 
il adresse ses sentiments de gratitude à tous les collabo- 
rateurs du Bulletin et de la Revue qui contribuent si puissam- 
ment à la diffusion de l'œuvre de la Société. 


TABLE DES MATIÈRES 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 


DONT LES ARTICLES SONT PUBLIÉS DANS CE VOLUME 


Baupon (A.). L’exportation des ani- 
maux et des plantes exotiques de 
nos colonies africaines, 146. 

BeauDun (A.). Intelligence de l’Ours 
brun, 34. 

Bors (D.). Le parc du Roucas blanc 
à Marseille, 163. 

Carié (P.) Observations sur le 
« Curry » et le « Chutney », 95. 

CHAvANE (E.). L'Ansérine amarante 
dans la Haute-Saône, 36. 

Done (L.-A.). À propos des Châtai- 
gniers de la Chine, 171. 

GuERNE (J. pe). Plaques de « gofio » 
(farine de Maïs torréfiée), 93. 

JumELLE (H.). La conservation des 
œufs d'Autruche, 11. 


LABse. Observations sur le virilisme 
chez les femelles d’Oiseaux, 172. 

Loyer (M.). L'Exposition d'Avicul- 
ture de 1920, 53. 

PELLEGRIN (J.). La nouvelle Section 
d'Aquariums et de Terrariums, 
113. 

PEREZ (G.-V.). Germination rebelle 
des graines de quelques Légumi- 
neuses, 131. 

Prcnor (P. A.-). La destruction de la 
faune algérienne, 129. 

ROBERTSON-PROSCHOWSKY (A.). A pro- 
pos du Musa paradisiaca, 123. 

Rosertson-ProscHowsxYy (A.). Notes 
de la Côte d'Azur, 108. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX 


MENTIONNÉS DANS CE VOLUME 


Abeilles, 174. 

Altise, 26. 

Autruche, 11, 60. 

Babouin, 41, 128. 
Baleinoptères, 62, 68. 
Batraciens, 114. 

Bernache des Sandwich, 19. 
Bison d'Amérique, 174. 
Calliste, 71. 

Calosome, 61. 

Canard, 23, 60. 

Carpe, 9. 

Céphalopode, 65. 

Chèvres, 8, 11, 86. 

Chèvre d'Angora, 59, 65, 69. 


BULL. SUC. NAT. ACCL, FR. 


Chouette chevêche, 46. 

Cincle, 115. 

Cobaye, 109. 

Courbine, 87. 

Criocère, 21. 

Criquet, 42, 72, 121, 150. 

Cygne, 12. 

Daim, 154. 

Dauphin, 173. 

PDindon sauvage, 59. 

Écureuil, 153. 

Élan de l'Alaska, 142. 
— du Cap, 56. 

Eléphant d'Afrique, 13, 45. 

Emeu, 126, 149. 


1920. — 13 


19% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


Faisans, #1, 172. 

— mikado, 77. 
Faune de l'Écosse, 158. 
Gazelle, 130. 

Gélinotte, 110. 

Grand Tétras, 111, 155. 
Grue de Numidie, 22, 149. 
Lapin d'Australie, 175. 
Langouste royale, 122. 
Liparis chrysorrhϾa, 26. 
Lophophore, 122. 
Lupoïde, 449. 

Macropode, 138. 

Martin triste, 117, 121. 
Moineau, 21, 151. 
Mouflon, 129, 143. 
Mouton d'Australie, 176. 
Mulot africain, 8. 
Nandou, 125, 149. 
Oiseaux de basse-cour, 53, 114. 
Okapi, 70. 

Orycies nasicornis, 41. 


Ours, 34, 143. 

Panthère, 129. 
Papillons, 150. 

Perdrix Gambra, 129. 
Phylotrypesis caricæ, 62. 
Phoque éléphant, 173. 
Pic à nuque d’or, 70. 
Pigeon voyageur, 54. 
Pingouin, 41. 
Poisson-chat, 71. 
Poissons d’aquarium, 115. 
Pyrausta nubilialis, 61. 
Renne, 138. 

Rhinodon tacheté, 173. 
Saturnia Cynthia, 26. 


Souris, 21. 


Tænia serialis, 101. 
Tortues géantes, 151. 
Truite arc-en-ciel, 10. 
Ver à seie, 61. 
Xystrocera globosa, 61. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX 


MENTIONNÉS, DANS CE VOLUME 


Acacia lophanta, 132. 
Anona cherimolia, 44. 
Ansérine amarante, 35, 120. 
Arbre d'argent, 72. 


Arbres et arbrisseaux du parc du 


Roucas blanc, 163. 
Bois de construction, 37, 106. 
Canne à sucre, 15. 
Casuarina equisetifolia, 61. 
Cèdre du Liban, 195. 
Châtaignier, 135, 170. 
Chloris gayana, 62. 
Claviceps purpurea, 51. 
Cocos datil, 153. 
Cotonnier, 75. 
Courge de Siam, 28. 
Courge musquée, 28. 
Cylisus palmensis, 131. 
Dattier, 107, 193. 


Haricots exotiques, 27, 120. 
Hyphæne coriacea, 153. 
Musa japonica, 73. 

Musa paradisiaca, 44, T4, 123. 
Opuntia, 43, 44. 

Pêcher, 156. 

Plholiota precox, 131. 
Pleurotus ostreatus, 131. 
Pomme de terre, 103. 


Pomme de terre des Canaries, 28, 


13, 18. 
Primula officinalis, 10. 
Sechium edulè, 71. 
Sequoia sempervirens, 125. 
Tagasaste, 131. 


Telrapanax papyrifera, 108, 120. 


Ustelago myalis, 57. 
Vanilliers africains, 7. 


TABLE DES GRAVURES 


Germe fécondé d'œuf de Cane, 23. Procédé pour distribuer la nourri- 
— non fécondé d'œuf de Cane, ture aux jeunes Autruches, Emeus 
23; et Nandous, 426. 


BIBLIOGRAPHIE 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES 


PUBLIÉS DANS CE VOLUME 


Animaux (L'exportation des) et des plantes exotiques de nos colo- 


Aquariums (La nouvelle section d’') et de Terrariums . . . . . . . 
Autruche (La conservation des œufs d):. 
AvicultureniExpostion dde TI20% UE ES METRE 
Bois (Les) de construction ‘aux États-Unis . . . . . . . . . . .. 
Chätaigniers (A propos des) de la Chine. . . . . . . . . . . . .. 
TEA ZT NO Les ide La) RENE se Ar RU Le LUE CANIN AN Pa AN US 
Chronique générale et faïts divers . . . 12, 45, 109, 124, 143, 154 
Curry (Observations sur le) et le Chutney. . . . . . . . . . . : . 
Déjeuner amical annuel. Procès-verbal. Allocution prononcée par 

M. Sarrawt, ministre des Colonies. Discours de M. Ed. Perrier, 

nrésident de 16 ÉMIS era ae SEM NS One) 0m 
Faune {La destruction dela) algérienne . . . . è à . . . . à à : | 
Germinaiion rebelle des graines de quelques Légumineuses . . . . 
Gofio (Plaques de), farine de Maïs torréfiée . . : . . . . . . . . . 
Loder (Ér 11) Marennes ONE AE AE MR SN AA CON Er 
Membres de la Société (Liste supplémentaire des). . . . 4, 33, 49 
MS punedesio aa (A pr OApos du). 1) 2. Nr A Re NOR RAT Ur 
Wursbrun Hutieliaente dep} het RELENENT NET CU NES PNR ANNE 
Parce) uROuCasS blanc atMarsellle PE ENS 
Pere (De. de) 8 4 Ne Annee A NE 
Foisson (tie). STORSNONRRe EREREE  e EEE ee 
Prix fondé en 1918 par un membre de la Société qui désire garder 

l'ENODPEME 2:10" GOT RR NON EN SE Et RES ER RE 
Honsol (Li: 412 een no Nr ee SENS ER A NI EE 
SHGÉLÉROreemsSation dela) pour A 20 PEN EE EE CE 
Société d’Acclimatation (Actes de la) . . . . . . . . 6, 17,82, 145 
Virilisme (Observations sur le) chez les femelles d'Oiseaux . . . . 


BIBLIOGRAPHIE 


BONAPARTE (Prince Roland). — Notes ptéridologiques . . . . . . . 
Guénaux (G.). — Animaux nuisibles et animaux utiles à l’Agricul- 
ture : Mammifères, Reptiles, Batraciens, par M. Loyer . . . . . 
Guéxaux (G.). — Oiseaux utiles et nuisibles à l'Agriculture, par 
Je Deco. 2 ETES RCE A A A Se AE EPS ER LS 
Mac Cozrum. — The newer Knowledge of nutrition, par A. Mouquet. 
Nanor (J.) et R. Vurcnier. — Fruits et légumes de primeur. Culture 
S'LUSAVEMNERE LES OULS) A DIS EME EN ne Re me An 
Rircuze (James). — Influence de l'Homme sur la faune de l'Ecosse . 
Tyerairr-DRAKE. — Annuaire de j'Association des amateurs de 
mnénadsenme de srande PBretasne PR AU EN ERNEST 


"195 


196 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 


EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX 


DES SÉANCES GÉNÉRALES ET DES SECTIONS 


À. — Séances générales. 


1919. Séance du 26 mai. . . 1 | 4920. Séance du 19 janvier 


— Séance du 3 novembre. 19 — Séance du 2 février. . 
— Séance du 17 novembre 28 — Séance du 16 février. . 
—. Assemblée générale du — Séance du 1* mars . . 
15Adécembhre heure 39 — Séance du 15 mars . . 

— Séance du 15 décembre. 40 — Séance du 19 avril À 
— Séance du 22 décembre. 55 — Séance du 10 mai. . . 
1920. Séance du 5 janvier . 58 — Séance du 31 mai. .. 

B. — Séances des sections. 


1re Section (Marhmalogie). Séance du 14 avril 1919 


3e  — (Aquiculture). Séance du 12 mai 1919 . 

DER (Botanique) Séance du maison REMISE 

1e — (Aquariums et Terrariums). Séance du 271 mai 1920. . . 
ERRATUM 


… 


P. 163, au lieu de Lachesnaie, lire : Lachesnais. 
P. 175, au lieu de forme, lire : faune. 
P. 176, au lieu de de, lire : en. 


Le gérant : À. MARETHEUX. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Casselte. 


ete Meteo enr 


137 


EN DISTRIBUTION 


Graïnes offerles par M. GAGE, Graines offertes par M. BOIS | Heuchera sanguines. 
superintendant du Jardin royal Onopordon illyricum L. var. car- Jmpaliens Sultant. : 

5 botanique de Darjeeling (Inde). dunculus. Logo BalrEnMEUNERrE 
! Sequoia gigantea. 
| HE Tamarixs africane. 
le rularis Graines offertes par M. MOREL 
__  Betula Bhojpaltra. Agathæa cœlestis. : 

Bœhmeria platyphyllu. .| Angelica archangelica. Graines offertes par le Gouver- 
: Déllron jet piges Aralia sinensis. nement général de l'Algérie 
Ë toire Huokeranc. Biota aurea. et par le Jardia botanique de 
# ? Ù Castanopsis hystrix. Sydney. 
Ê Fraxinus floribunda. DS OU dde : : 
” JIndi dosua var. toment ne CHERE NON 
î ee igofera c 9 2e Clematis erecta «lba. Ë 
5 Michelia excelsa. Cratæzqus Carri-rei. 
" Pinus Puddum. Cytisus sempervirens PEU : * 
“ Rhododendron arboreum. : Dimorphotheca aurantiaca. Me NE PASS 
“ Rosa macrophylla. Rucalyptus amygdalina. NE 2e 
D Ph al Euralyprus globulus. Noyaux de Asyydalus Davidiana 
FA us semialata. : ; ä \ 
À à à Galtonia candicans. (Pêchersauvage des montagnes 
È Salix calyculata. Halesia corymbasum. de l’Annam). 

| 


Pépins de Pommiers et de Poi- 


—  oreophila. 
riers sauvages de l’Annam. 


j; Héliotrope var. Lemoine. 
” Trachycarpus Martianus- 


— — Mme Bruand. 


S'adresser au Secrélariat. 


Offres et demandes réservées aux membres de la Société. 


OFFRES 


Sujets 1919 : 1-2 Canards Barbarie, 90 fr.; 1-2 Oies grises, 80 fr. 
M. de Boudard-Clonne, à Loriol (Vaucluse). 


Prix modérés : 50 beaux Camélias, à prendre sur place, près Orléans. 
M. A. Chappellier, 80, boulevard Saint-Germain, Paris. 


Lapins angoras blancs, prix suivant âge. 
M. C. Loyer, 23, rue Saini-Sulpice, Paris. 


Araucaria excelsa, âgé de %5 ans, 7,50 de circonférenc . 
M: E. Chalvon, 8, rue Germain-Pilon, Paris. 


À vendre : Lama femelle blanche âgée de 4 ans, née en Suisse. 
Adresser offres à l'Intendant de la Villa de Prangins, près Nyon (Canton de Vaud), Suisse. 


Élevage contenant plusieurs milliers Volailles et Lapins, visible tous les jours : 

Poules : Wyandotles blanches, Wyandottes argentées, Leghorn blanches, Minosques, Bresses noires, 
Faverolles, Canes Rouen foncées, Coureurs-Indiens, Pékin, Duclair, Oies Toulouse, Dindes noires. 

Reproducteurs de race pure, premier choix, élevés en grande liberté. 

Œufs à couver, poussins, adultes. Lapins : Chinchilla, Dibouski, Bleus Beweren, Argentés Champagne, 
Augoras blancs, noirs, havane, Fauves Bourgogne, Géants noirs, Géants blancs, Vendée. Sujets jeunes 
. et adultes. 

M° Passy, Domaine du Désert de Retz à Chambourey [téléphone : 151 (S.-et-O.). Gare Saint-Germain. 


DEMANDES 


Orycles nasicornis (Rhinocéros), larves, nymphes et adultes. 
M. Jean Rostand, Cambo (Basses-Pyrénées). 


Maison de campagne, à louer, trois chambres non meublées à 4 ou 5 heures de Paris. Région boisée 
rivière ou étang proches, facilités de circulation pour l'étuda et la photographie des animaux. 


Écrire au Secrétariat. 


“Dé but de la Société Natomale d'Acclimatation e France 
40 à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des esp 
iles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplicati 
uvellement to dures ou domestiquées; 3° à l'introduction et à 1 
végétaux utiles ou d'ornement. 
a Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, be 
ateurs, membres Bienfaiteurs. 
Le membre Titulaire est celui qui paie un droit. d'entrée de 10 francs et une 
Ris annuelle de 25 francs. 


et de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. + 


; Lè membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs'et qui Ê ‘affran 


msi 


La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. . 


_ Elle tient des séances générales bimensuelles. 


Fi La Société encourage d une manière toute spéciale les études de ‘Zoologie et de 


_ Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d’ ani- 
maux à ses membres. 


Elle publie, outre ce Bulietin, la Revue d'Histoire Data dl Poe à 


composée de deux parties et illustrée de gravures. Ces publications traitent des 
_ questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et partiulié- 
rement des faits d'acclimatation. 
On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l'histoire naturelle 
installation, éducation des animaux, cullure des plantes, usages, introduction, etc., etc. 
Le Bulletin est adressé gratuitement, la Revue est servie par abonnement, au 
® membres de la Société, au prix réduit de 45 fr. pou chaque partie ou de 20 f 
pour les deux. 


DEN PARTIE : MAMMALOGIE 


SOMMAIRE, N° 42, DÉCEMBRE. 


P. VAYSSiÈRE. — La lutie contre les Sauterelles en Crau. 
A. MouQuET. — Phénomènes d'atrophie chez des fleurs d'Ophrys conservées dans l'eau. 


À. CHEYALIER. — Les acclimatations d'arbres utiles en France, et spécialoment dans le Midi 
et dans la Normandie Ne 


P. 3. S. CRAMER. — La culture du Caféier à Java. 
P. KesrNer. — Le sucre complet de Betterave. 
| J. Crerin. — Chronique caprine. 
able des matières, 


' 


DEUXIÈME PARTIE : L'OISEAU 


D —_—_—_—_—_——————_—_— 


SOMMAIRE, N° 12, DÉCEMBRE. 


J. DEcLacour. — Les Oiseaux de Géry. 
\ Chronique ornithologique 
Table des matières. 


Supplément consacré à l'Aviculture de Basse-Cour. 


Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 


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