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Full text of "Bulletin de la Station Biologique d'Arcachon"

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BULLETIN 

DE    LA 

STATION    BIOLOGIQUE 

D'ARCACHON 


TRAVAUX  DES  LABOIIATOIRES 


UNIVERSITÉ    DE    BORDEAUX 
ET    SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE    D'ARCACHON 


BULLETIN 

DE    LA 

STATION  BIOLOGIQUE 

D'ARCACHON 


QUINZIÈME     ANNÉE 

(1913) 


BORDEAUX  ■ 

FERET    &    Fils,    Libraires-Editeurs  I 

9    —    Rue    de    Grassi    —    9  -j 

] 

i 
1913  ; 


NOTE 
SUR  PAUr.  BEllGON  ET  SES  TRAVAUX  DIATOMOLOGIQUES 


La  Dialomologie  a  fait  en  la  personne  de  Paul  Bergon  une 
perte  considérable.  J'allais  écrire  irréparable. 

Chercheur  passionné,  observateur  infatigable,  esprit  éclairé  et 
avisé,  savant  instruit  et  richement- documenté,  il  a  enrichi  les 
branches  les  plus  ardues  de  la  Diatomologie  de  connaissances 
d'autant  plus  précieuses  que  sa  scrupuleuse  conscience  lui  a 
toujours  interdit  de  publier  quoi  que  ce  soit,  non  seulement  qui 
ne  fût  ou  ne  lui  parût  exact  et  prouvé,  mais  encore  qui  ne  se 
rattachât  d'une  façon  continue  à  une  série  de  faits  connexes, 
également  certains. 

A  la  période  actuelle  où  la  science  tend  à  devenir  une  profes- 
sion, où  le  moindre  fait  nouveau  fait  l'objet  d'un  mémoire  écrit 
pour  «  prendre  date»,  BERGONest  resté  dans  la  tradition  ancienne. 
Ses  publications  sont  des  documents.  H  y  est  resté  aussi  dans 
ses  procédés  d'observation  et  c'est  là  le  secret  de  ses  décou- 
vertes. 

Sans  négliger  les  procédés  de  coloration  et  de  fixage  qu'il  a 
au  contraire  poussés  à  un  haut  degré  de  perfectionnement,  Bergon 
a  surtout  interrogé  la  nature  et  la  nature  lui  a  répondu.  Sa 
méthode  a  toujours  été  celle  de  l'ilUislre  Fabre.  Examiner  sans 
relâche,  patiemment,  jour  et  nuit,  les  êtres  vivants  en  poursui- 
vant un  but  actuel  bien  défini,  par  exemple  la  sporulation  d'une 
Dialoniée,  mais  en  conservant  toute  sa  liberté  d'esprit,  notant 
tout  ce  qui  parait  digne  d'intérêt  en  dehors  de  ce  but  actuel, 
dessiniint  tout  ce  qui  paraît  nouveau,  surtout  incom[)réhcnsible, 
mnis  sans  se  laisser  distraire  hors  de  la  mesure  indispensable 
du  but  actuel  poursuivi,  cela  amène,  sans  (pi'on  y  pense,  à 
constituer  des  dossiers  qui  s'enrichissent  peu  à   peu    et   qui   un 


0  BULLETKX    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE    d'aRCACIION    1913  [2] 

beau  jour  s'éclairent  et  conduisent  à  une  piste  nouvelle  que  l'on 
suit  à  son  tour. 

C'est  de  tout  cela  que  sont  remplis  les  albums  de  Bergon  et 
souvent  le  second  pas  dans  une  voie  nouvelle  ne  vient  relier 
les  premiers  et  troisièmes  que  bien  longtemps  après  et  les 
éclairer. 

Parallèlement  à  cette  étude  des  matériaux  vivants,  l'étude  des 
matériaux  fixés  et  colorés  progresse  en  se  révélant  [Kir  compa- 
raison juste  ou  fausse,  utile  ou  nulle.  C'est  ainsi  que  BeuggiN  est 
arrivé  à  constater  la  grande  fragilité  de  la  cellule  des  Diatomées 
pélagiques,  à  perfectionner  à  l'extrême  ses  méthodes  de  récolte 
et  à  trouver  les  meilleurs  moyens  de  fixage  des  récoltes  suivant 
les  espèces  qu'on  y  recherche.  Car  ce  qui  suffit  avec  l'une  est 
insuffisant  avec  l'aulrô  et  il  faut  arriver  à  distinguer  si  l'obser- 
vation d'une  Diatomée  fixée  révèle  des  détails  intéressants  d'une 
structure  réelle  ou  ne  présente  que  l'aspect  illusoire  d'éléments 
altérés  ou  déformés  parle  fixage  lui-même. 

Et  puis  comment  décider  si  une  spore  est  mobile,  si  on  ne  l'a 
pas  vu  vivre  et  se  mouvoir,  et  comment  reconnaître  si  telle  sphe- 
rule est  ou  non  une  spore  qui  a  été  mobile,  si  on  n'a  pas  suivi 
les  phénomènes  de  la  vie  et  de  la  mort  de  cette  spore  ? 

C'est  pour  rester  fidèle  à  cette  voie  d'honnêteté  scientifique 
absolue  que  Bergon  a  laissé  dans  l'ombre  et  perdu  ou  risqué  de 
perdre  bien  des  découvertes  importantes. 

Entre  sa  première  découverte  de  la  sporulation  du  Blddulphia 
mobiliensis  et  sa  première  note  à  ce  sujet,  deux  ans  se  sont 
écoulés.  Le  phénomène  bien  constalé  nous  en  avons,  lui  et  moi, 
reconnu  la  fréquence  et  pour  ainsi  dire  la  banalité.  On  peut 
donc  dire  que  sa  découverte  était  entre  les  mains  de  quiconque 
eût  observé  comme  lui;  mais  qui  se  soucie  d'examiner  pendant 
des  heures  et  des  jours  des  centaines  de  goultcs  d'une  récolle  à 
première  vue  banale  de  ce  Biddulphia  si  commun,  qui  donc 
sinon  Bergon  !  Aussi  a-t-il  pu  attendre  pour  sa  première  noie 
qu'il  ait  constitué  un  premier  ensemble  de  faits  permellant  un 
aperçu  certain  du  phénomène. 

Comme  tout  bon  observateur,  Bergon  possédait  une  extrême 
habileté  manuelle.  D'ailleurs,  la  fonction  crée  l'organe.  Manier 
des  corpuscules  microscopiques  sous  le  microscope  composé 
n'était  qu'un  jeu  pour  lui  et  comme  d'autres  il  eût  pu  faire  ces 


[3]  NOTE    SUR    PAUL    BERGON    ET    SES    TRAVAUX    DIATOMOLOGIQUES  7 

«  type  plates  »  qui  surprennent  si  vivement  ceux  qui  les  voient 
pour  la  première  fois.  Il  n'en  a  jamais  fait,  bien  qu'il  ait  trié 
tant  de  types  isolés.  Ce  qu'il  faisait  couramment  était  bien  plus 
difficile  que  de  manier  des  Diatomées  à  sec  au  bout  d'un  poil. 
C'est  dans  leur  milieu  môme,  dans  l'eau  de  mer  qu'il  les  dépla- 
çait soit  pour  les  isoler  dans  des  gouttelettes  du  môme  milieu 
pour  les  ensemencer,  soit  pour  les  transporter  dans  des  goutte- 
lettes d'eau  douce  où  elles  mouraient  en  séchant,  révélant  au 
moment  même  de  leur  dessiccation  tous  les  détails  des  produc- 
tions plastiques  externes,  poils,  crôtes,  etc.,  si  peu  connues  et  si 
difficiles  à  colorer. 

Outre  l'observateur,  il  y  avait  chez  Bergon  un  chercheur  aussi 
remarquable  qu'infatigable.  Gomme  les  meilleurs  botanistes,  il 
avait  ce  don,  cette  intuition  qui  sur  le  terrain  dirige  le  cher- 
cheur vers  l'endroit  où  se  trouve  ce  qu'il  cherche.  Que  d'hybri- 
des d'Orchidées  n'a-t-il  pas  découverts,  que  de  riches  récoltes 
do  Diatomées  n'a-t-il  pas  faites  en  des  lieux  réputés  infertiles  ! 
Au  début  de  sa  longue  période  de  cures  à  Arcachon,  il  avait 
écrit  à  un  des  plus  renommés  préparateurs  d'Allemagne  et  lui 
avait  demandé  s'il  désirait  qu'il  lui  cherchât  quelque  chose.  Le 
micrographe  allemand  lui  répondit  :«  Inutile  de  chercher  des 
Diatomées  à  Arcachon,  j'ai  fait  cette  station,  il  n'y  a  rien.  » 

Il  y  a  trouvé  de  tout  :  Planktons  merveilleux,  epiphytes  et 
vasicoles  de  toute  nature,  argiles  fossiles  merveilleuses,  jusqu'à 
cette  curieuse  transition,  encore  en  place,  des  espèces  d'eau  douce 
actuelle  aux  espèces  marines  quaternaires  qui,  pour  tout  savant 
impartial,  résout  le  problème  de  l'origine  marine  des  lacs  litto- 
raux de  Gascogne,  origine  qui  n'est  plus  contestée  que  par 
quelques  esprits  systématiques  qui  ne  peuvent  abandonner  leurs 
idées  anciennes  et  luttent  contre  l'évidence. 

Gar  il  existe  de  ces  esprits.  Certes,  une  idée,  une  directive 
est  nécessaire  à  la  conduite  d'une  série  de  recherches  biologiques, 
on  ne  peut  observer  avec  fruit  si  l'on  marche  au  hasard.  Autant 
que  tout  autre,  peut-être  plus,  Bergon  a  marché  sur  des 
théories,  sur  des  idées  préconçues.  Il  les  défendait  avec  ardeur 
et  acharnement,  mais  il  n'en  était  pas  l'esclave  et  il  cherchait 
toujours,  sinon  un  contradicteur,  du  moins  une  discussion, 
non  pour  discuter  mais  pour  s'éclairer  et  mettre  en  évidence 
les  points  faibles  de  ses  idées.  C'est  un  rôle  que  j'ai  joué  bien 


8  BULLETIN    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE   d'aRCACHON    1913  [4] 

souvent  auprès  de  lui,  mes  approbations  l'encourageaient,  mes 
objections  le  contrariaient  tout  d'abord,  puis  le  faisaient  réfléchir, 
puis  un  jour  ou  l'autre,  grâce  à  ses  patientes  observations,  un 
fait  surgissait  qui  venait  nous  fixer.  Ce  fait  s'il  lui  était  con- 
traire, mais  s'il  se  présentait  dans  des  conditions  d'observation 
certaines,  réglait  la  question,  il  le  subissait,  ne  le  discutait  pas, 
ne  cherchait  pas  à  le  plier  à  sa  théorie;  les  idées  contraires 
qu'il  s'était  faites  étaient  purement  et  simplement  abolies  ;  il 
fallait  orienter  les  recherches  dans  un  autre  sens,  et  voilà  tout. 

Chez  Bergon,  le  dessinateur  n'était  cependant  pas  à  hauteur 
de  l'observateur.  Le  dessin  des  structures  ininutieuses  des 
Diatomées  réclame,  outre  une  grande  habileté  manuelle,  qui  est 
un  don  spécial,  une  grande  dose  d'une  patience  toute  particulière, 
patience  passive  si  l'on  peut  dire;  celle  de  Bergon  était  surtout 
une  inlassable  et  active  persévérance.  Il  a  cependant  énormé- 
ment dessiné,  il  a  dessiné  tout  ce  qu'il  a  vu  et  qui  lui  a  paru 
intéressant,  mais  ses  dessins  sont  plutôt  de  lumineux  croquis 
mettant  en  évidence  des  détails  intéressants  que  des  dessins 
complets,  bons  à  être  reproduits  tels  quels.  Aussi  a-t-il  dû, 
lorsqu'il  a  publié  ses  ouvrages,  avoir  recours  à  des  dessinateurs 
professionnels  avec  lesquels  il  a  eu  d'interminables  démêlés,  car 
s'il  n'était  pas  minutieux,  il  était  méticuleux.  Les  épreuves 
corrigées  et  recorrigées  de  ses  planches  que  je  possède  sont  là 
pour  en  faire  foi. 

Admirable  et  habile  photographe,  comme  on  le  sait,  sa  pre- 
mière idée  a  été  de  faire  appel  à  l'objectif  pour  reproduire  la 
structure  si  délicate  des  Diatomées.  Malgré  tout  ce  que  j'ai  pu 
lui  dire  à  ce  sujet,  il  a  procédé  ainsi  pour  ses  dessins  à' Entogonia. 
Il  a  fait  ou  fait  faire  de  magnifiques  clichés  qui  ont  donné  de 
déplorables  images  scientifiques.  D'après  ce  que  j'ai  dit  plus 
haut  de  son  caractère,  cette  expérience  l'a  éclairé,  la  cause  a 
été  jugée,  il  n'y  est  plus  revenu.  S'il  m'a  demandé  plus  tard 
quelque  clichés,  ce  n'a  été  que  pour  constituer  des  documents 
qui  puissent  au  besoin  être  opposés  à  ses  contradicteurs  éven- 
tuels, clichés  dont  il  s'est  bien  gardé  de  publier  des  épreuves  et 
dont  il  n'a  d'ailleurs  pas  eu  a  se  servir,  sa  réputation  étant  établie 
à  ce  moment  (1). 

1,1)  Ce  n'est  que  dans  ses  dernières  années  qu'il  s'était  adressé  à  mon  fWre  et  à 


>OTE    SUR    PAUL    BERGON    ET    SES    TRAVAUX    DIATO.MOI.OGIQUES 


Comment  Bergon  a-t-il  été  amené  à  étudier  les  Diatomées? 
Je  ne  le  sais  pas  au  juste,  mais  je  suppose  que,  comme  la  plupart 
des  diatomistes  qui  se  sont  fait  un  nom  dans  cette  branche  de 
l'algologie  si  négligée  jusqu'à  ces  derniers  temps  par  les 
«  savants  »  professionnels,  il  y  a  été  amené  par  la  botanique. 

En  tous  cas,  il  a  débuté  jeune  dans  cette  étude.  Je  l'ai  connu 
à  Nimes  en  1886  ou  1887,  lors  d'un  voyage  qu'il  fit  dans  le 
Midi.  Il  était  déjà  au  courant  de  la  Diatomologie  et  nous  allâmes 
ensemble  faire  des  récoltes  pélagiques  sur  l'étang  de  Berre. 
C'est  à  cette  époque  qu'il  fit  la  connaissance  des  diatomologistes 
de  Montpellier,  de  Guinard  entre  autres.  J'ai  trouvé  dans  sa 
collection  des  récoltes  de  1885  à  Yillefranche,  de  1888  et  1889 
sur  la  côte  normande,  toutes  pélagiques;  il  a,  selon  toute  vrai- 
semblance, abordé  l'étude  des  Diatomées  vers  sa  vingtième 
année. 

Dès  le  moment  où  je  fis  sa  connaissance,  nous  nous  liâmes 
d'une  très  profonde  et  très  intime  amitié,  car  tous  nos  goûts 
scientifiques,  artistiques  et  littéraires  se  trouvaient  d'accord; 
son  caractère  simple  et  charmant,  son  amour  de  la  science,  son 
éducation  raffinée  le  rendaient  immédiatement  sympathique  et 
je  peux  dire  que  pendant  les  vingt-six  ans  qu'ont  duré  nos 
relations,  aucun  nuage,  si  léger  qu'il  fût,  n'est  venu  voiler 
l'intime  éclat  de  notre  amitié.  A  cette  époque,  il  était  plein  de 
santé,  c'était  un  aimable  et  gai  compagnon. 

Jusqu'à  son  arrivée  à  Arcachon,  en  1911,  Bergon  fut  simple- 
ment un  collectionneur;  il  organisa  et  accrut  sa  riche  collection 
et  étudia  plutôt  des  frustules  que  des  cellules,  mais  outre  tous 
les  types  rares  qu'il  acheta  ou  qu'il  tria  lui-même,  il  ne  cessa 
de  récolter,  de  sorte  que  peu  à  peu  il  devint  familier  avec 
l'aspect  des  cellules  vivantes;  d'un  autre  côté,  ses  récoltes  se 

moi  pour  ses  dessins.  Il  a  [lublié  les  dessins  des  phases  de  la  sporulation  des 
BiiliUilp/iia  mohiliensis  que  je  lui  avais  faits.  La  mort  ne  lui  a  pas  laissé  le  temps 
de  publier  les  beaux  dessins  de  Debya  et  iVActiiio/Jlyr/tus  que  mon  frère  a  faits  pour 
lui.  Je  les  publierai  avec  son  travail  sur  le  rajeunissement  des  Actinoptycitus  si  je 
retrouve  son  mémoire  que  je  connais,  mais  qui  a  disparu  de  ses  papiers.  11  doit 
être  chez  quelque  imprimeur. 


10  BUI.LETIIN    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE    d'arCACHON    1913  [0] 

portèrent  surtout  sur  le  Plankton,  récoltes  faciles  et  propres, 
donnant  sans  peine  de  belles  préparations;  mais,  là  encore,  s'il 
se  familiarisait  avec  les  procédés  et  les  formes,  il  collectionnait 
simplement. 

En  1890,  après  la  publication  de  mes  Diatomées  de  Ville- 
franche,  je  lui  fis  part  de  mon  intention  de  publier  quelques 
monographies  de  genres  intéressants  et  mal  connus  et  lui 
montrai  la  nécessité  de  travailler  un  peu  pour  le  public  et  de 
nous  faire  connaître  dans  une  branche  de  la  botanique  où  il  y 
avait  encore  tant  à  faire.  L'idée  le  séduisit,  il  choisit  un  genre 
difficile  et  mal  connu  et,  en  1891,  peu  de  temps  après  l'appari- 
tion de  ma  monographie  des  Pleurosigma,  il  publia  celle  des 
Enlogonia  dans  Le  Diatom'isle  de  Tempère. 

Cette  magnifique  monographie  lui  demanda  beaucoup  de 
travail.  Les  Entogonia,  comme  on  le  sait,  sont  très  rares  ;  il 
en  acheta  tout  ce  qu'il  put  trouver  chez  les  préparateurs  de 
profession  et  leur  en  fit  rechercher  pour  son  compte,  il  en  tria 
quelques-uns  lui-même  et  réunit  ainsi  une  centaine  de  prépa- 
rations. C'était  encore  insuffisant  ;  il  n'hésita  pas  à  s'adresser 
au  British  Museum  oh.  se  trouvent  les  collections  de  Gréville 
qui  a  institué  presque  toutes  les  espèces  de  ce  genre.  Il  reçut  du 
grand  établissement  anglais  le  meilleur  accueil.  Tout  ce  qu'il 
demanda  lui  fut  communiqué  sans  réserve;  il  put  ainsi  publier 
un  travail  complet  sur  ce  sujet  si  difficile. 

Son  ouvrage  fit  sensation;  les  détails  de  structure  qu'il  révé- 
lait chez  ces  formes  compliquées  parurent  si  surprenants  et  si 
extraordinaires  que  de  bons  esprits  doutèrent  de  leur  exacti- 
tude. Bergon,  sentant  ce  doute,  me  montra  ses  préparations.  Je 
les  possède,  hélas!  aujourd'hui;  il  n'a  rien  avancé  qui  ne  fût 
rigoureusement  exact  seulement  on  ne  saisit  bien  ces  détails 
ou  généralement  les  traces  que  l'altération  de  ces  formes  très 
anciennes  en  laisse  subsister  que  lorsqu'on  en  connaît  l'existence; 
pour  la  counaîlre,  il  fallait  la  découvrir  et  c'est  celte  découverte 
qu'une  observation  patiente,  la  rencontre  de  quelques  fragments 
moins  altérés,  a  permis  à  Bergon  d'entrevoir  d'abord  et  de 
réaliser  complètement  lorsqu'il  eut  réussi  à  trouver  quelques 
très  rares  frustules  entiers  et  intacts. 


[7]  NOTE    SUR    PAUL    BERGON    ET    SES    TRAVAUX    DIATOMOLOGIQUES  11 


Jusqu'en  1901,  pendant  t1ix  ans,  BkbgoiN  semble  s'être  contenté 
d'etiricliir  ses  collections  et  sa  bibliothèque;  du  moins,  je  ne 
trouve  pas  d'autres  traces  de  son  aciivilé  diatomologi(ine  :  Des 
préparations,  des  livres,  ni  [)ublicatioiis,  ni  manuscrits,  ni 
dessins. 

Mais,  pendant  ce  laps  do  temps,  la  Dialomologie  avait  fait 
un  progrès  considérable;  elle  élait  entrée  définitivement  dans 
le  courant  des  recherches  scientifi(pies  générales.  Elle  le  devait 
à  rOcéanogra[)hie. 

Les  recherches  océanogra[)hi(|ues  avaient  mis  en  lumière 
l'existence  et  l'importance  du  Plankton;  il  devenait  nécessaire 
de  reconnaître,  de  déterminer  les  Planlvtons  et,  comme  ils  sont 
en  majeure  partie  composés  de  Diatomées,  il  fallait  bien  que  la 
science  se  décidât  à  s'en  occuper.  jNIais  les  «  savanis  »  (]ui  le 
firent  n'étaient  pas  des  diamolologistes  au  sens  antérieur;  ils 
considérèrent  ces  organismes  non  plus  comme  de  curieuses 
coquilles,  mais  comme  des  algues  et  alors  toule  leur  biologie  fut 
à  l'ordre  du  jour  et  les  questions  de  l'endochrome  et  celles  des 
spores  devinrent  des  questions  importantes,  la  classification  de 
ses  algues  prit  ou  plutôt  sembla  prendre  une  tournure  nouvelle. 

Les  savants  qui  avaient  débuté  par  l'élude  des  Diatomées  du 
Plankton,  formes  spéciales  incomplètement  connues,  y  décou- 
vrent beaucoup  de  formes  nouvelles  et  sont  i)ris  à  leur  tour  i)ar 
le  charme  des  Diatomées  et  par  tout  l'inconnu  que  leur  biologie 
renferme  encore  ;  ils  étendent  leurs  recherches  aux  espèces  du 
fond,  les  étudient  en  biologistes  qu'ils  sont  et  alors  une  niîigni- 
fique  série  de  travaux  voit  le  jour.  li'endochrome  est  étudié  de 
tous  côtés.  La  théorie  de  Pfiizer,  généralisation  trop  hàlive  de 
recherches  incomplètes,  est  battue  en  brèche.  La  structure  de  la 
membrane  et  du  noyau,  la  division  cellulaire,  la  formation  des 
auxospores  sont  étudiées  à  nouveau  par  Grau,  Karslen,  Klehahii, 
Mereschkowsky,  iMiiller,  Lemmerman,  Schult  et  autres  encore. 
Les  si)ores  sur  lesquelles  il  n'y  avait  encore  que  de  vagues 
données  et  des  discussions  académiques  sans  valeur  sont  recon- 
nues; il  allait  appartenir  à  BerggiN  de  découvrir  le  processus 
complet  de  leur  formation  et  à  Mangin  de  trouver  la  véritable 


12  BULLETIN    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE    u'aRCACIION    1913  [8] 

nature  de  la  mcaibraiic  organique  de  la  cellule  sur  laquelle 
s'était  généralisée  dans  les  traités  cette  stupéfiante  conception 
d'une  cellulose  spéciale  qui  ne  présentait  aucune  des  réactions 
de  la  cellulose  ! 

En  1901,  BEaGOA',  atteint  de  la  grave  maladie  qui  devait  lui 
être  fatale,  fut  envoyé  à  Arcaclion  où  il  devait  faire  chaque 
année  de  longs  séjours  jusqu'à  sa  mort.  De  mon  côté,  je  vins 
me  fixer  définitivement  à  Bordeaux,  Je  fus  donc  le  témoin  de 
ses  travaux  et  je  l'y  aidai  en  tout  ce  que  je  pus  faire. 

Dès  le  début,  il  se  lança  à  fond  dans  la  voie  nouvelle  et  la 
liste  de  ses  travaux  indique  l'ordre  et  la  marche  de  ses  recher- 
ches. 

Tout  d'abord,  il  observe  sans  but  défini  tout  ce  qui  lui  tombe 
sous  les  yeux,  notant  et  dessinant  tout  ce  qu'il  rencontre  d'inté- 
ressant (son  premier  album  est  de  cette  année). 

H  résulte  do  ces  éludes  un  mémoire  important  paru  en  1903 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  scienlific/ae  cV Arcachon  et  inti- 
tulé :  «  Eludes  sur  la  flore  dicilomique  du  Bassin  cV Arcaclion  et 
des  parages  de  l Atlantique  voisins  de  cette  station  ». 

Dans  celte  intéressante  série  d'études,  Bergon  étudie  les 
structures  et  les  phénomènes  biologiques  les  plus  divers  : 
Structure  de  la  membrane,  productions  coléodermiques  externes, 
division  de  la  cellule,  forme,  mouvements  et  division  des 
chromatophorcs,  endocytes,  etc. 

C'est  sur  la  fin  de  ces  études,  lorsque  son  manuscrit  était  déjà 
à  l'impression,  (jue  BergoiN  se  trouva  tout  à  coup  en  présence  do 
la  sporulation  du  Biddulphia  mobiliensis.  Le  25  décembre  1902, 
il  constata  la  présence  dans  cerlaines  cellules  de  deux  spo- 
ranges contenant  2,  4,  8  ou  IG  spores  chacune  avec  son  noyau, 
vivantes  et  endocliromées.  Là,  plus  de  doute  possible,  les 
noyaux  étant  très  gros,  bien  visibles  au  naturel  et  facilement 
colorables.  Il  m'appela  immédiatement  pour  constater  le  fait 
et  c'est  sur  les  récoltes  fixées  de  cette  époque  que  je  fis  les 
dessins  qu'il  utilisa  dans  sa  publication  définitive.  Les  mômes 
récoltes  contenaient  en  abondance  des  cellules  de  BiddulpJiia 
en  formation  d'auxosporos. 

La  sporulation  des  Diatomées  était  donc  définitivement  recon- 
nue, les  discussions  antérieures  recevaient  leur  solution;  toute- 
fois, l'origine  et  la  fin  du  phénomène  étaient  encore  à  trouver. 


[9]  i\OTE    SUK    PAUL    BERGON    ET    ,SES    TRAVAUX    DIATO.MOLOGIQUES  13 

mais  maintenant  Bergon  avait  un  but  à  poursuivre,  bien  défini 
et  du  plus  haut  intérêt.  Ces  premières  recherches  parurent  dans 
le  Bullelin  de  la  Société  scientifique  d'Arcachon  en  1903,  dans 
une  note  intitulée  :  a  Note  sur  un  mode  de  sporulation  observé 
chez  le  Biddulphia  mobiliensis  Bail.  » 

Dès  son  retour  à  Arcachon,  fin  1903,  Bergon  reprit  avec  une 
persévérance  bien  compréhensible  ses  recherches  de  l'année 
précédente  sur  la  sporulation  du  Biddulphia  mobiliensis  et 
après  de  longues  recherches,  contrariées  par  le  mauvais  temps 
persistant  de  cet  hiver,  il  eut  enfin  la  joie  d'assister,  au  printemps 
de  1904,  à  la  mise  en  mouvement  dans  l'intérieur  des  sporanges 
des  spores  dont  chacune  s'était  munie  de  deux  flagellums,  de 
voir  ce  mouvement  s'accélérer,  provoquer  la  dehiscence  des  spo- 
ranges et  l'émission  des  spores.  Il  avait,  en  outre,  vu  les  débuts 
du  phénomène  de  la  formation  du  sporange  ainsi  que  la  phase 
de  32  spores  (j'avais  dessiné  cette  phase  en  1902,  mais  Bergon 
ne  l'avait  pas  vue  au  naturel). 

Dès  lors,  tout  d'abord,  le  phénomène  de  la  sporulation  était 
connu  complètement,  et  comme  on  avait  vu  les  spores  en  vie, 
on  pouvait  identifier  ces  petites  spherules  que  l'on  observait  si 
souvent  sans  pouvoir  les  classer  et  qui  n'étaient  autre  chose  que 
des  spores  de  Biddulphia  ayant  terminé  leur  période  d'activité 
et  perdu  leurs  flagellums,  on  pouvait  espérer  en  suivre  le  déve- 
loppement. Ces  observations  furent  publiées  en  1904  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  scientifique  d' Arcachon  sous  le  titre  de  : 
«  Nouvelles  recherches  sur  un  mode  de  sporulation  observé 
chez  le  Biddulphia  juobiliensis  Bail.  » 

Disons,  par  anticipation,  pour  terminer  ce  qui  a  trait  à  cette 
découverte  sensationnelle,  qu'elle  causa  un  certain  émoi  dans 
certains  milieux,  peu  satisfaits  de  voir  un  a  amateur  »  trouver 
ce  que  les  savants  cherchaient  avec  tant  de  persistance  depuis 
si  longtemps.  Aussi  quelques  tentatives  furent  faites  pour  créer 
une  équivoque  à  ce  sujet  et  rattacher  à  d'autres  travaux  tout  à 
fait  incomplets  l'honneur  de  la  découverte  de  la  sporulation  des 
Diatomées. 

Ces  tentatives  furent  très  sensibles  à  l'àme  si  droite  de  Bergon, 
mais,  d'un  autre  côté,  il  répugnait  à  sa  délicatesse  de  parler  de 
lui-même  pour  se  défendre.  Je  n'avais  pas  à  partager  ces  scru- 
pules et  je  publiai,  en  1905,  dans  le  même  recueil,  un  Mémoire 


14  BULLETIN    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE    d'aRCAGIION    1913  [10] 

inlitulé  :  u  Su?'  la  question  des  spores  des  Diatomées  »  où  celle 
question  était  mise  au  point  et  les  droits  de  Bergo.n  établis 
d'une  façon  irréfutable. 

En  J90Î3,  Bergon  publia  dans  le  Journal  de  Tempère,  Le  Micro- 
graphe préparateur,  une  (.i  Note  sur  certaines  particularités  remar- 
quables observées  chez  quelques  espèces  de  Diatomées  du  Bassin 
d Arcachonny,  qui  est  presque  exclusivement  réservée  au  Stepha- 
nopyxis  turgida  et  à  sa  membrane  organique  externe,  d'une 
structure  si  curieuse.  Malheureusement,  les  descriptions  de  ces 
structures,  si  détaillées  qu'elles  soient,  sont  absolument  incom- 
préhensibles sans  figures.  Bergon  avait  bien  annoncé  qu'il 
publierait  une  note  complète  à  ce  sujet  avec  figures  à  l'appui, 
mais  il  ne  l'a  pas  fait.  Ces  figures  existent  cependant  dans  ses 
albums,  je  les  publierai  et  on  verra  alors  combien  ses  descrip- 
tions sont  exactes  et  combien  sa  découverte  est  intéressante. 

En  1907,  il  réunit  toutes  les  observations  qu'il  avait  faites 
sur  le  Biddulphia  mobiliensis  dans  un  beau  Mémoire  intitulé  : 
«  Division,  rajeunissement  et  sporulation  du  Biddulphia  mobi- 
liensis y),  qui  parut  dans  le  Bulletin  de  la  Société  botanique  de 
France.  Si  l'on  ajoute  à  ce  Mémoire  celui  que  j'ai  fait  paraître 
sur  la  division  de  la  cellule  et  du  noyau.  Mémoire  dont  l'exis- 
tence remonte  en  quelque  sorte  à  Bergon,  puisque  mes  recher- 
ches ont  été  faites  sur  ses  récoltes,  on  voit  que  le  cycle 
biologique  du  Bidd.  mobiliensis  est  bien  près  d'être  complet. 
Sur  les  premières  phases  de  la  formation  des  auxospores,  Bergon 
n'émet  qu'une  supposition.  C'est  de  la  modestie  de  sa  part;  il 
a  vu  ces  phases,  je  les  lui  ai  dessinées,  mais  tout  cela  sur  des  pré- 
parations de  récoltes  fixées.  Il  voulait  les  voir  sur  le  vivant  avant 
de  les  faire  connaître,  c'est  dire  que  sa  supposition  est  une 
réalité.  Chez  le  Bidd.  mobiliensis,  une  cellule  mère  produit 
normalement  i/é?w^  auxospores  par  un  processus  tout  à  fait  sem- 
blable, sans  être  identique  à  celui  du  Bhabdonema  arcuatum. 
Il  y  a  des  conséquences  très  importantes  à  tirer  de  cette  décou- 
verte; je  les  développerai  dans  un  prochain  Mémoire  avec  des 
figures  détaillées  de  ces  phases. 

Ce  qui  manque  donc  actuellement  encore  pour  boucler  le 
cercle,  c'est  la  connaissance  du  développement  des  microspores 
et  le  retour  à  l'espèce  normale. 

Bergon  l'a  ardemment  cherché;  il  y  a  dans  ses  notes  et  des- 


[IIJ  KOTli    SUR    PAUL    liEllGOiN    KT    SI'S    TRAVAUX    DIATOMOl.OGIQUES  15 

sins  de  nombreuses  observations  qui  semblent  s'y  rattacher, 
mais  malheureusement  tout  cela  est  trop  incomplet  pour  pouvoir 
fournir  même  un  aperçu. 

Après  avoir  passé  à  Arcachon  presque  la  moitié  de  l'année 
1911,  de  plus  en  plus  souffrant,  de  plus  en  plus  préoccupé,  mais 
travaillant  toujours,  il  s'était  un  peu  remis  pendant  l'été  et 
l'automne.  Il  se  préparait  à  reprendre  ses  recherches,  il  avait 
fait  remettre  à  neuf  son  microscope  d'étude,  nettoyer  ses  objec- 
tifs et  s'apprêtait  à  revenir  à  Arcachon  lorsque  la  mort  est 
venue  le  saisir  subitement. 

Les  travaux  véritablement  scientifiques  de  Bergon  n'avaient 
pas  détruit  chez  lui  le  curieux  et  le  collectionneur,  son  esprit 
était  bien  trop  éclectique.  C'est,  en  effet,  pendant  qu'il  poursui- 
vait à  Arcachon  ses  belles  recherches  sur  la  sporulation  des 
Diatomées  qu'il  découvrait  à  Paris  la  mine  si  riche  des  débris  et 
raclures  de  coquilles  exotiques  chez  les  fabricants  d'objets  en 
nacre  de  la  capitale.  Que  d'espèces  rares  n'ont  pas  été  trouvées 
dans  ces  riches  matériaux,  dont  le  seul  défaut  consiste  en  ce 
que  leur  provenance  exacte  n'est  pas  toujours  connue  avec  cer- 
titude. Tout  cela  est  venu  enrichir  encore  une  collection  si  riche 
déjà  et  qui  à  sa  mort  comprenait  environ  15.000  préparations 
de  Diatomées. 

Tous  les  amis  de  Paul  Bergon  le  sentaient  dans  ces  derniers 
temps  condamné  à  une  fin  prématurée,  cependant  nul  ne  croyait 
que  le  dénouement  du  drame  douloureux  de  ses  dernières 
années  fût  si  prochain  et  si  brusque  ;  il  a  été  pour  eux  un  coup 
bien  pénible. 

La  consolation  qui  leur  reste  est  que  les  angoisses  de  la  mort 
lui  ont  été  épargnées  et  que  son  nom  lui  survivra.  Il  lui  survivra 
dans  la  musique,  dans  l'art  et  dans  la  science.  Ce  nom  a  été 
donné  par  ses  amis  à  tant  de  Diatomées  qu'il  est  bien  difficile 
qu'une  liste  de  Planktons  paraisse  sans  qu'on  l'y  retrouve.  Nous 
tous,  qui  l'avons  connu,  nous  reverrons  passer  dans  notre  sou- 
venir sa  franche  et  noble  figure,  son  gracieux  accueil,  sa  char- 
mante et  délicate  conversation.  Ceux  qui,  comme  moi,  l'ont 
connu  pendant  presque  toute  sa  vie  si  remplie,  penseront  bien 
souvent  à  sa  joyeuse  et  vibrante  jeunesse,  plus  souvent  encore 
aux  douleurs  et  aux  tristesses  imméritées  de  ses  dernières 
années.  H.  Peragallo. 


COMPTE  RENDU 
DE  DRAGAGES  EFFECTUÉS  SUR  LE  BASSIN  D'ARCACHON 

Par  M"^  C.  HUE 


Le  chenal  de   Gousse 

Le  chenal  de  Gousse,  de  direction  Nord-Sud,  constitue  un 
passage  assez  étroit  faisant  communiquer  au  Nord  :  le  chenal 
de  nie  à  l'Ouest  et  le  chenal  de  Mouchtalette  à  l'Est;  avec  au 
Sud  :  la  large  rade  d'Eyrac  à  l'Ouest  et  le  chenal  de  Teychan  à 
l'Est.  C'est  un  véritable  canal  s'étendant  de  la  pointe  du  Congre, 
au  Nord,  à  la  pointe  de  la  Humeyre,  au  Sud.  Ses  bords,  com- 
plètement submergés  à  marée  haute,  sont  constitués,  à  marée 
basse,  au  Nord-Ouest  :  par  les  parcs  à  huîtres  longeant  le  bord  Est 
de  l'He  aux  Oiseaux  ;  et  au  Sud-Ouest  :  parle  crassat  de  Mapou- 
chet  qui  s'étend  en  face  la  rade  d'Eyrac  près  de  la  ville  d'Arca- 
chon.  Son  bord  Est  est  entièrement  constitué  par  des  parcs  à 
huîtres  qui  sont  successivement,  du  Nord  au  Sud,  ceux  de 
Hagnous,  de  Macaque,  de  Grahud  et  de  la  Humeyre.  Aussitôt 
après  son  entrée  Nord,  rétrécie  par  la  pointe  du  Congre,  le  che- 
nal de  Gousse  s'élargit  dans  sa  première  moitié,  il  se  rétrécit 
ensuite,  mais  resterait  largement  ouvert  au  flux  par  la  rade 
d'Eyrac  si  son  embouchure  Sud  n'était  obstruée  par  le  petit 
crassat  de  Mapouchet,  de  forme  allongée,  et  constitué  par  une 
boue  épaisse  et  noirâtre. 

Les  recherches  dans  ce  chenal  ont  été  effectuées,  d'abord  du 
Nord  au  Sud,  avec  une  seule  drague,  le  bateau  marchant  à  une 
vitesse  de  3  kilomètres  à  l'heure.  Le  premier  coup,  donné  à 
l'entrée  Nord  du  chenal,  entre  la  pointe  du  Congre  et  la  pointe 
des  Moussettes,  accusa  5  mètres  de  fond,  il  rapporta  un  grand 
nombre  de  grosses  coquilles,  mêlées  de  Zostères  (Zostcra  nana, 

2 


IS  BULLETIN'    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE    d'arCACHOiX    1913  [2] 

Roth.)  ot  poiivnnt  faire  affirmer  la  presence  d'un  fond  coquillier. 
La  grande  majorité  de  ces  coquilles  était  composée  de  Avives 
d'HuUrcs  portugaises  (Gryphea  angulata.  Link.)  de  quatre  et 
cincj  ans,  et  de  quelques  Huîtres  d'Arcachon  f/>.sire«  edulis,  L.); 
de  valves  de  Pétoncles  {Pecten)  et  de  débris  de  Crabes.  Sur  ces 
valves  étaient  fixées  de  toutes  petites  Huîtres  d'Arcachon  de 
moins  d'un  an.  Sur  une  valve  d'Huître  portugaise  il  a  été  trouvé 
une  colonie  d'œufs  de  petits  Gobies  {Gobius  minutus,  Pali.) 
prêts  à  éclore,  puisqu'un  simple  effleurement  de  leur  enveloppe 
a  suffi  pour  les  rendre  libres  dans  le  milieu  extérieur.  Ces  œufs 
ont  pu  être  rapportés  vivants  et  fixés  au  laboratoire  de  la  Société 
par  les  soins  du  Préparateur.  Parmi  toutes  ces  coquilles,  on  a 
pu  récolter  bon  nombre  de  Pétoncles  (Pecten  varias,  L.)  d'un 
joli  rouge  brique  et  d'une  belle  dimension  (5  centimètres  de 
diamètre),  des  Ophiures  (Ophiotrix  fragilis,  Milll.)  et  des  Cra- 
bes très  petits  du  genre  Xantho  (Leacli).  Le  tout  était  maculé 
d'une  boue  sombre,  de  teinte  analogue  au  sol  constituant  les 
bords  du  chenal,  et  que  nous  allons  examiner  maintenant. 

Cette  boue  noirâtre  et  d'odeur  fétide,  examinée  macroscopi- 
quement,  comprend  deux  parties  : 

Une  première,  formée  de  matières  dures  et  irrégulières  pou- 
vant être  facilement  triées,  et  composée  uniquement  par  des 
tubes  d'Hermelles  (Ilermella.  Savignij)  cimentés  entre  eux  et 
sur  lesquels  sont  fixés  des  tubes  d'Hydroïdes;  et  une  seconde, 
semi-liquide,  formée  de  95  %  de  sable  pour  5  %  de  vase, 
et  qui,  par  conséquent,  se  classe  dans  la  catégorie  des  sables 
vaseux. 

A  l'appareil  de  Lacaze-Duthiers  le  sable  se  révèle  composé 
de  deux  portions: 

oO  Vo  tie  grains  de  1/2  centimètre  de  diamètre  et  50  %  de  grains 
de  1  a  de  diamètre.  Les  grains  les  plus  gros  comprennent  90  "/o 
de  grains  siliceux  d'un  blanc  pur  qui,  vus  au  microscope,  sont 
irréguliers  et  anguleux,  et  de  10  «/o  de  grains  noirs  qui  se  mon- 
trent toujours  polis  et  arrondis.  La  partie  vaseuse  est  composée 
de  particules  noirâtres  extrêmement  fines,  mélangées  à  des  débris 
de  coquilles  et  de  tubes  d'Hydroïdes  plus  ou  moins  remaniés. 
On  y  trouve  aussi  des  Annélides  vivantes  et  beaucoup  de  petites 
Algues,  en  particulier  plusieurs  espèces  de  Diatomées. 

Le  deuxième  coup  de  drague  fut  donné,  non  plus  à  l'entrée 


[3]  C.    IIUU    :    DHAGAGES    HKFlîCTUKS    SUU    f.li    BASSIN    d'aRCACIIO.X  19 

du  chenal,  mais  un  peu  plus  au  Sud;  il  accusa  (3  mèlres  d'eau 
et  rapporta  un  très  grand  nombre  de  valves  d'Huîtres  portu- 
gaises {Grijphi;a  angulala,  Lmk.)  cimentées  les  unes  aux  autres 
par  des  multitudes  de  tubes  d'IIermelles  (IJermella,  Savigny)  et 
garnies  d'Epongés  dont  nous  avons  pu  déterminer  deux  sortes. 
Dans  cet  ensemble,  recouvert  d'un  dépôt  de  môme  nature  que 
celui  du  premier  dragage,  s'agitaient  des  Cliones,  des  Ascidies 
{Ascidiidi),  des  Bryozoaires  et  de  jolies  Ophiures  (Ophiothrix 
fragilis,  MulL).  L'ensemble  contenait  aussi  de  gros  œufs  de 
Seiche  {Sepia  officinalis,  Linné)  encore  vivants,  fixés  sur  des 
Zostères  charriées  par  le  courant. 

La  deuxième  série  des  recherches  fut  faite  au  milieu  du  chenal, 
c'est-à-dire  à  égale  distance  de  son  entrée  Nord  et  de  son  entrée 
Sud;  le  bateau  traversa  ol)li(]uement  le  passage,  de  sorte  que 
l'on  put  draguer  une  première  fois  près  de  la  côte  Ouest  :  on  ne 
ramassa  que  des  valves  d'Huîtres  portugaises  et  d'Huîtres 
d'Arcaclion,  des  Pétoncles  {Pccten  varius,  L.)  et  une  Anémone 
(Anemonia  sulcata,  PennaiU)  i'ixée;  puis  une  seconde  fois  exac- 
tement au  milieu  du  chenal,  à  égale  distance  de  la  côte  Ouest  et 
de  la  côte  Est:  ce  fut  le  point  le  plus  riche  et  le  plus  intéressant 
aussi  allons-nous  l'étudier  maintenant  en  détail.  Les  dragues, 
disposées  de  chaque  côté  du  bateau,  rapportèrent  une  très 
grande  masse  de  débris  au  milieu  desquels  grouillaient  un  nombre 
considérable  d'animaux  de  toutes  sortes. 

Nous  étudierons  d'abord  les  coquilles.  C'étaient  de  grosses 
valves  d'Huîtres  portugaises  (Gryphea  angulala,  Lmk.)  presque 
toutes  entières,  mais  toutes  percées  par  des  Membranipores 
(Membranlpora,  de  Blainville)  et  portant,  soit  des  Ser[)ules 
{Serpula,  da  Quatre f ages),  soit  des  tubes  (\ Itermelles.  Sur  une 
de  ces  coquilles,  en  particulier,  vivait  une  belle  Anomie  {Ano- 
mia  seritiopsis),  sur  d'autres  des  Ascidies  (Mouascidies,  Molgu- 
lidi),  et  des  Polynoïdiens  (Polgnoe,  Savigng). 

Puis,  en  moins  grand  nombre,  des  valves  d'Huîtres  d'Arca- 
clion (Ostrea  edulis,  L.)  de  deux  à  trois  ans  à  peu  près,  portant 
ce  qu'on  nomme  dans  le  pays  des  bouquets,  c'est-à-dire  des 
paquets  de  plantes  marines;  une  ou  deux  valves  de  Couteaux 
(Solen  siliquosa,  L.)  sur  lesquels  étaient  fixées  des  Actinies 
(Actiniidi);  deux  ou  trois  coquilles  de  Corniailleaux,  comme 
les  nomment  les  parqueurs  d'huîtres,  et  qui  ne  sont  autres  que 


20  BULLETI>'    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE    d'aRCACHON    1913  [4] 

des  Murex  (Murex  erinaceus,  L.)  ;  des  valves  de  Lucines  (Lucina, 
Lamarck)  et  des  coquilles  de  Yolvules  (Volvula,  Adams). 

Il  fut  récolté  un  grand  nombre  d'animaux  vivants,  en  parti- 
culier des  Crustacés,  largement  représentés  par  des  Sténoryn- 
(jues  (Stenorhyiichus  phalangium,  Penn.),  des  Crabes  du  genre 
Pilomnc  (Pilumnus  hirlellus,  Penn.),  et  du  genre  Xanthe 
(Xanlho,  Leach),  par  des  Pises  (Pisa  tetraoïJon,  LeacJi)  et  des 
Porcellanes  (Porcellana  longicoriiis,  Pennant). 

Les  Echinodermes  fournirent  parmi  les  Astérides  une  quin- 
zaine de  magnifiques  échantillons  d'Etoiles  de  mer  (Aslerias 
rubens,  L.)  atteignant  toutes  de  20  à  25  centimètres  de  diamè- 
tre; parmi  les  Ophiures,  de  superbes  Ophiotrix  (Ophiolri.x  fra- 
gilis,  Mull.)  et  des  OpJiiura  lacertosa;  parmi  les  Oursins,  cinq 
ou  six  Echinis  miliari.'i  (Lamarck). 

Il  ne  fut  trouvé  aucune  Huître  vivante,  mais,  par  contre,  une 
énorme  quantité  de  Pétoncles  (Pecten  varias,  L.)  et  quelques 
Palourdes  (Tapes  decussatus.  Lin.);  enfin,  dans  les  débris,  il 
fut  reconnu  des  Volvules  (Volvula,  Adams),  des  petites  Nasses 
(Nassa,  Lamarck)  et  un  œuf  de  Raie  lisse  (Raia  undulata. 
Rond.  Lacép.). 

Le  fond,  en  cet  endroit  du  chenal,  comporte  toujours  de  gros 
éléments  constitués  par  des  tubes  d'Hermelles  (Ilermella,  Savi- 
gmj)  agglutinés  et  formant  ainsi  d'assez  gros  fragments  isolés 
et  encore  anguleux  ;  et  une  partie  semi-liquide  comprenant 
cette  fois-ci  98  "/o  de  sable  et  deux  parties  seulement  de  vase. 

Le  sable  est  presque  entièrement  composé  de  grains  siliceux, 
très  irréguliers,  d'un  blanc  pur,  avec  quelques  grains  d'un  jaune 
opaque,  très  anguleux  et  disséminés  dans  l'ensemble.  Les  grains 
blancs  et  les  grains  jaunes  forment  95  %  de  la  masse  totale  du 
sable,  le  reste  est  formé  par  des  grains  noirs  et  ovoïdes  parfai- 
tement lisses.  La  partie  vaseuse  n'est  presque  plus  fétide,  elle 
est  toujours  constituée  par  de  fines  particules  noirâtres  mélan- 
gées, en  particulier,  de  débris  de  coquilles  de  Cérithes  (Cerithium, 
Adajison)  et  de  valves  de  iMoules  (Mglilus  edulis,  L.)  réduites 
en  tout  petits  fragments,  avec  des  débris  de  Balanes  (Balanus, 
Lamarck). 

Enfin  les  dernières  recherches  effectuées,  dans  ce  chenal,  furent 
faites  du  Sud  au  Nord  ;  les  dragues  furent  traînées  d'abord 
parallèlement  au  crassat  de  INIapouchet,  près  des  parcs  à  huîtres, 


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22  BULLETIN    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE    d'aRCACHOIV    1913  [6] 

puis  tout  contre  la  pointe  de  la  Iliimeyre.  Près  da  crassat,  c'est- 
à-dire  à  rOuest,  nous  recueillîmes  simplement  des  cocpiilles 
d'Huîtres  d'Arcachon  et  des  Etoiles  de  mer  (Asterias  rubois,  L.) 
reposant  sur  un  sable  ne  présentant  plus  que  des  traces  de  vase 
et  composé  de  gros  grains  de  silice,  d'un  blanc  pur,  avec  quel- 
ques grains  opaques,  irréguliers  et  anguleux  et,  de-ci  dc-là, 
quelques  rares  grains  noirâtres  allongés. 

Près  de  la  pointe  de  la  Humeyre,  c'est-à-dire  à  l'Est,  les  dra- 
gues rapportèrent,  de  4'"o0  de  profondeur,  une  grande  quantité 
d'Algues;  des  Pétoncles  (Pecten  varius,  L.),  des  valves  de  Cou- 
teaux (^^o/e/i  mar</mr//^^.ç,  Putney  o\\  So len  vagina,  Linn.  Pass.), 
des  coquilles  de  Nasses  (Nassa,  Lamarck)  occupées  par  des 
Bernards  Thermite  (Pagurus  Bernhardus ,  L.)  et  portant,  pour 
quelques-unes  seulement,  des  x\nomies  (Anomia,  Linné).  La 
nature  du  fond  est  sensiblement  la  môme  :  tous  les  grains  de 
sable  sont  très  gros  et,  soit  d'un  blanc  pur,  soit  d'un  blanc 
jaunâtre;  ils  sont  mélangés  de  quelques  rares  grains  noirs,  très 
allongés,  mais  anguleux  eux  aussi,  cette  fois,  comme  les  grains 
de  silice. 

En  résumé,  les  recherches  opérées  dans  le  chenal  de  Gousse 
nous  montrent,  au  point  de  vue  de  la  profondeur,  qu'il  existe 
une  dépression  au  niveau  du  tiers  Nord  du  chenal  et  que  le 
fond  se  relève  plus  brusquement  au  Nord  qu'il  ne  le  fait  au 
Sud.  C'est  dans  cette  dépression  que  s'accumulent  un  nombre 
considérable  de  volves  d'Huitres  provenant  :  soit  des  parcs 
constituant  les  bords  du  chenal  (Oslrea  edulis,  L.),  soit  de  bancs 
naturels  mainlonant  disparus  (Gryphca  angulata,   Lmk.). 

Au  [)oint  de  vue  de  la  faune,  la  présence,  sur  des  valves 
d'HuUros  mortes  actuellement,  de  pelites  Huîtres  d'Arcachon, 
au  Nord-Ouest  du  chenal,  nous  indique  la  présence  d'une  hui- 
trière  naturelle  située  non  loin  de  la  [)oinle  du  Congre.  De  plus, 
il  existe,  sur  la  pente  douce  que  forme  le  fond  du  chenal  se  rele- 
vant ])eu  à  peu  vers  le  Sud,  un  grand  banc  naturel  de  Péton- 
cles (Pecten  varius,  L.)  très  riche  et  très  étendu.  Là  vit  aussi 
un  grand  nombre  de  magnifiques  Etoiles  de  mer  (Asterias 
rubens,  L.)  qui  atteignent,  dans  cette  région,  des  dimensions 
remarquables. 

Au  point  de  vue  de  la  nature  du  fond,  les  recherches  nous 
ont  montré  l'existence  d'un  sable  vaseux  au  Nord  du  chenal;  ce 


[7]  C.    HUE    :    DRAGAGES    EFFRCTUÉS    SUR    LE    BASSIN    d'aRCACHON  23 

sable  devient  de  plus  en  plus  pur  et  se  montre  formé  d'éléments 
de  plus  en  plus  gros,  à  mesure  que  l'on  s'avance  vers  l'entrée 
Sud  du  passage. 

Le  chenal  de  l'Ile 

Le  chenal  de  l'Ile  est  à  peu  près  perpendiculaire  au  chenal  de 
Gousse;  il  est  orienté  Nord-Ouest  Sud-Est  et  fait  communiquer  : 
d'une  part,  et  au  Nord-Ouest,  le  chenal  de  Piquey  au  Sud,  et 
le  grand  chenal  d'Ares  au  Nord  ;  avec,  d'autre  part,  et  au  Sud- 
Est,  le  chenal  de  Gousse  au  Sud,  avec  le  chenal  de  Mouchtalette 
au  Nord. 

Il  va  de  la  pointe  de  Graoueyre  à  la  pointe  du  Gongre  et  est 
limité  :  au  Nord,  par  les  terres  de  Graoueyre  et  la  côte  Sud  du 
banc  de  Lahillon;  et,  au  Sud,  par  les  parcs  à  huîtres  entourant 
la  côte  Nord  de  l'Ile  aux  Oiseaux,  c'est-à-dire  :  de  l'Ouest  à 
l'Est,  les  parcs  des  Jalles,  des  Paysans,  des  Grastorbcs  et  du 
Gongre. 

Le  flot  arriverait  largement  dans  ce  passage  par  le  chenal  de 
Piquey  si  celui-ci  n'était  obstrué  par  un  certain  nombre  de  bancs 
de  sable  et,  d'autre  part,  par  le  chenal  de  Gousse,  dont  l'entrée 
Sud  est  presque  fermée  par  le  crassat  de  Mapouchet. 

Les  recherches  furent  effectuées  de  l'Est  à  l'Ouest,  toujours 
avec  deux  dragues  disposées  de  chaque  côté  du  bateau  mar- 
chant de  3  à  4  kilomètres  à  l'heure.  Le  premier  coup,  donné 
dans  le  tiers  Est  du  chenal,  c'est-à-dire  dans  la  partie  commu- 
niquant directement  avec  le  chenal  de  Gousse,  accusa  (j"'oO 
d'eau;  ce  fut  le  plus  fructueux  :  au  milieu  d'un  très  grand  nom- 
bre d'Algues  et  surtout  de  débris  de  Zostères  (Zostera  nana, 
Roth.)  se  trouvaient  des  Pétoncles  (Pecten  varius,  L.),  des 
Bulles  (Bulla,  Linné),  des  Oursins  (Echinus  miliaris),  des 
Etoiles  de  mer  ( Aster ias  rubens,  L.)  de  10  à  15  centimètres  de 
diamètre,  et  quelques  rares  valves  de  Gouteaux  {Solen  siliquosa, 
Linné)  reposant  sur  un  fond  noir,  dégageant  une  forte  odeur 
d'hydrogène  sulfuré. 

Ge  dépôt  noir  est  constitué  par  un  très  grand  nombre  d'Asci- 
dies (Ciona  intestinalis)  de  toutes  dimensions  (1  centimètre, 
1  cent.  5,  2  centimètres  de  diamètre),  soit  vivantes,  alors  elles 


[9]  C.    HUE    :    DRAGAGES    EFFECTUÉS    SUR    LE    BASSIN    d'aRCACIION  25 

sont  fixées  sur  des  tubes  d'Hermelles  (Hermella,  Savigny)  ou 
des  débris  de  coquilles  ;  soit  mortes,  alors  elles  sont  plus  ou 
moins  putréfiées  au  milieu  de  la  boue. 

Cette  boue  comprend  80  %  de  sable  et  20  %  d'une  vase  for- 
mée presque  exclusivement  par  des  débris  organiques.  Le  sable 
est  constitué  par  des  grains  très  fins  et  arrondis  comprenant 
50  "/o  de  grains  de  Silice  ou  d'un  blanc  pur  ou  d'un  jaune 
vitreux,  et  50  °/o  de  grains  noirs  de  Magnetite  (FE'O*). 

Le  deuxième  coup  de  drague,  donné  plus  à  l'Ouest,  vers  le 
chenal  de  Piquey,  par  5  mètres  de  fond,  rapporta  quelques 
rares  valves  d'Huîtres  et  un  Hippocampe,  vulgairement  Cheval 
de  mer  (Hippocampus  gutlulatas,  Ciivier).  Le  fond  du  chenal, 
formé  uniquement  de  sable  et  de  petits  débris  de  coquilles  rema- 
niées, est  recouvert  par  une  grande  quantité  de  tubes  d'Her- 
melles (Hermella,  Savigny)  cimentés  entre  eux,  en  petits 
nodules  arrondis,  et  usés  par  le  flot  et  le  frottement  les  uns 
contre  les  autres.  Le  sable  est  formé  presque  uniquement  par 
des  grains  de  quartz  anguleux,  de  grosseur  moyenne;  il  ne 
contient  presque  plus  de  grains  noirs  (Spinelle  de  fer). 

Eu  somme,  les  recherches  qui  ont  été  effectuées  dans  le  chenal 
de  l'Ile  nous  montrent,  au  point  de  vue  de  la  profondeur,  que 
le  fond  du  chenal  va  en  s'abaissaut  graduellement  de  l'entrée 
Ouest  vers  la  partie  Est. 

Elles  nous  indiquent  que  c'est  vers  l'Est,  à  l'endroit  le  plus 
profond,  et  au  lieu  où  le  courant  se  fait  le  moins  sentir,  que 
vient  se  déposer  la  vase,  alors  que  l'entrée  Ouest  du  chenal 
possède  un  fond  sableux,  recouvert  de  coquilles  remaniées  et 
brassées  par  les  flots. 

Enfin  elles  nous  montrent,  vivant  dans  la  vase,  à  son  extré- 
mité Est,  une  colonie  d'Ascidies  (Ciona  intestinalis)  actuelle- 
ment en  pleine  vie. 

Le  chenal  de  Teychan 

Le  chenal  de  Teychan  est  le  large  bras  de  mer  qui,  depuis  les 
Passes,  entoure  la  côte  landaise,  longe  la  ville  d'Arcachon  et  la 
rade  d'Eyrac,  pour  se  continuer  à  l'Est,  au  milieu  des  crassats. 
C'est  dans  cette  dernière  portion  seulement  (pie  nous  l'étudié- 


26  DULLETL\    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE    d'aRCACHON    lOlîS  [10] 

rons,  c'est  d'ailleurs  cette  partie  seule  qui  forme  le  chenal  de 
Teychan  proprement  dit. 

Il  s'étend  de  la  pointe  de  la  Humeyre  et  de  la  pointe  du  Tes, 
à  l'Ouest,  à  la  pointe  d'Essillat  et  au  banc  de  Gompriant.  De 
direction  Sud-Ouest  Nord-Est  il  est  très  largement  ouvert  au 
flux  et  est  bordé,  au  Nord,  et  de  l'Ouest  à  l'Est:  par  les  parcs 
de  la  Humeyre,  du  Navire  brûlé  et  de  Gaillac,  par  ceux  du 
Bourru  et  d'Essillat;  au  Sud,  et  toujours  de  l'Ouest  à  l'Est  :  par 
les  parcs  à  huîtres  du  Tes,  ceux  du  Teich  et  de  la  Hillaire.  Il 
reçoit,  toujours  dans  sa  partie  Est,  au  delà  du  chenal  de  Gousse  : 
le  chenal  de  Courant  et  celui  d'Essillat  au  Nord,  le  petit  chenal 
de  la  Hillaire  au  Sud.  Il  se  termine  en  cul-de-sac,  à  son  extré- 
mité Est,  par  les  chenaux  de  Lanton,  do  Gertes  et  de  Gom- 
prian.  Le  dragage  a  été  fait  au  milieu  du  chenal,  de  l'Ouest  à 
l'Est,  entre  le  banc  du  Navire  brûlé  et  la  pointe  du  Bournul,  par 
7  mètres  1/2  de  profondeur  à  l'Ouest,  puis  6  mètres  à  l'Est.  Il  ne 
fut  ramené  que  quelques  valves  d'Huîtres,  surtout  d'Huîtres 
portugaises  (Grijphea  angulata,  Lmk.),  avec  quelques  rares 
Huîtres  d'Arcachon  (Ostrea  edulis,  Linné);  et,  de-ci  de-là,  des 
valves  de  Pétoncles  (Per ten  varias,  Linné),  aux  contours  usés 
par  le  mouvement  des  eaux,  et  reposant  sur  un  sable  constitué 
uniquement  par  de  gros  grains  anguleux  de  quartz  jaune  ou 
blanchâtre. 

En  somme,  le  chenal  de  Teychan,  dont  le  fond  s'élève  à 
mesure  que  l'on  s'avance  vers  l'Est,  est  trop  largement  ouvert 
au  flux  et  au  reflux  pour  permettre  à  la  vase  de  s'accumuler  et 
aux  animaux  d'y  coloniser.  Il  possède  un  fond  sableux  à  gros 
éléments  et  recouvert  par  les  coquilles  des  animaux  vivant 
dans  les  chenaux  qui  l'avoisinent.  Toutefois,  la  présence  au 
niveau  des  parcs  du  Navire  brûlé  de  valves  d'Huîtres  portugaises 
(Gri/phea  angulata,  La)narck)  et  de  quelques  Huîtres  d'Arca- 
chon (Ostreas  edulis,  Linné)  vivantes,  nous  indique  la  présence 
d'un  tout  petit  banc  naturel  probablement  en  train  de  dispa- 
raître. 


BULLETIN    DE    LA    STATIO.X    BIOLOGIQUE    u'aRCA:;HOI\    1913  [12] 


Le  chenal  de  Gujan 

Le  chenal  de  Gujan  a  une  direction  parallèle  à  la  côle,  il  est 
francliement  Ouest-Est  et  va  de  la  rade  d'Eyrac,  à  l'Ouest,  au 
chenal  du  ïeich,  à  l'Est.  Il  est  limité,  au  Nord,  en  allant  de 
l'Ouest  à  l'Est  :  par  les  parcs  à  huîtres  du  Tes,  les  crassats  de 
Matelette  et  deMatelle;  au  Sud,  toujours  en  allant  de  l'Ouest  à 
l'Est  :  par  les  crassats  d'Arams,  ceux  de  Lucarnan,  de  Maoureou, 
d'Angoulins  et  de  Gaillard.  Il  se  continue  à  l'Est  par  le  chenal 
du  Teich  qui,  en  se  ramifiant,  se  termine  dans  les  crassats  où 
vient  se  perdre  la  Lcyre. 

Les  recherches  furent  faites  de  l'Ouest  à  l'Est,  d'abord  depuis 
le  débarcadère  des  Pêcheries  à  vapeur  jusqu'à  la  pointe  de 
l'Aiguillon,  au  milieu  du  chenal,  et  bien  en  vue  de  la  côte.  La 
drague,  de  8"'a0  de  profondeur,  retira  du  courant,  parmi  les 
Zostères  (Zoslera  nana,  Rolh.)  et  les  Algues  (Fucus  veslculosus, 
Liwié)  :  quelques  valves  d'IIuitres  portugaises  (Gri/phea  angu- 
lala,  Linné)  et  de  Pétoncles  (Pecten  varius,  Linné)  ;  des 
coquilles  de  Lucines  (Lucina,  Lamarck),  des  Ascidies  (Monasci- 
clies,  Molyulidi),  des  Oursins  (Echinus  niiliaris,  Lamarck),  de 
jolies  Ophiures  (Ophiolrix  fragilis,  MiXlL),  et  un  sable  vaseux, 
formant  le  fond  à  cette  entrée  du  chenal,  et  constitué  par  80  °/o 
de  sable  et  13  «/o  de  vase. 

Le  sable,  formé  de  parties  extrèuiement  irrégulières  quant  à 
la  grosseur,  et  quant  à  la  forme,  est  constitué,  presque  unique- 
ment, par  des  grains  de  Quarlz  d'un  jaune  sale  et  par  quelques 
rares  grains  noirs  irréguliers.  La  vase  est  composée  de  parti- 
cules argileuses  extrêmement  fines  qui  donnent  à  l'ensemble 
un  aspect  gluant  et  noirâtre.  Le  bateau  continua  ensuite  ses 
recherches  du  niveau  de  la  pointe  de  l'Aiguillon  à  la  pointe  du 
Traincat  de  Gentil;  la  drague  fui  traînée,  parallèlement  au  bord 
du  crasssat  d'Arams,  par  o  mètres  de  profondeur,  à  une  certaine 
distance  de  la  côte,  très  plate  et  vaseuse. 

Elle  rapporta:  un  nombre  considérable  de  valves  d'Huîtres 
portugaises  (Gryphea  angulata,  Lamarck)  et  d'Huîtres  d'Arca- 
chon  (Ostrea  eclulis,  Linné)  sur  lesquelles  étaient  fixées  quel- 
ques toutes  petites  Huîtres  couvertes  de  Serpules  (Scrpula,  de 


[13].         c.  HUE  :  diugagks  effectués  sur  le  bassin  d'akcacho.n  29 

Quatrcfagt's)  ;  des  Crustacés  très  pelils  du  geure  Xanlhe  (Xan- 
tho,  Leach)  et  de  magnifiques  Crabes  (Carcinus  maenas,  Luuié) ; 
des  Bernards  l'hermile  (Pagurus  liernhardus,  Litiné)  et,  au 
milieu  de  Zostères  (Zostera  nana,  Roth)  un  Cheval  maria 
(Hippocampus  brevirostris,  Cuvierj,  et  des  o'ufs  de  Seiche 
(Sepia  officinalis,  Linné)  en  longue  grappe.  Il  fut  récolté  aussi 
âes  Oursins  (Echinus  niiliaris,  Lamarck),  des  Ophiures  (Ophiura 
lacertosa,  et  Ophiolrix  fragilis,  Miïll.);  des  Murex.  A^ulgaire- 
ment  Cormailleaux  (Murex  erinaceus,  Linné);  des  Ascidies 
(Monascidies,  Molgulidi)  et  des  Eponges. 

Plus  près  de  la  côte,  que  l'on  aperçoit  plate  et  boueuse,  main- 
tenant que  la  mer  s'est  retirée,  par  4"50  de  profondeur,  la  drague 
racle  le  fond  vaseux.  On  a  grand'peine  à  la  retirer  des  flots,  car 
elle  ramène  une  boue  noire,  très  épaisse,  qui  recouvre  toute  la 
récolte.  Peu  à  peu  les  animaux  s'agitent  et  émergent  de  ce 
mastic  gluant.  Ce  sont  de  magnifiques  Crabes  (Carcinus  maenas, 
Linné),  de  gros  Fortunes  (Portunus  puber,  Linné),  des  Xanthes 
(Xantlio,  Leach),  des  Pises  (Pisa  tetraodon,  Leach).  De  longs 
bras  d'Ophiures  s'agitent,  ce  sont  des  Ophiura  lacertosa  et  des 
Ophiolrix  fragilis  (Miïll.),  mais  nous  ne  récoltons  aucune 
Etoile  de  mer.  Voici  encore  de  magnifiques  Oursins  (Echinus 
iniliaris,  LMniarck).  Enfin,  la  boue  s'écoulant  peu  à  peu,  nous 
pouvons  voir  une  grande  quantité  d'Huitres  portugaises  (Grg- 
phea  angulata,  Lamarck)  et  d'Huitres  d'Arcachon  (Oslrea  edulis, 
Linné)  de  trois  et  quatre  ans.  Puis  des  valves  de  ces  mêmes 
espèces,  supportant  une  grande  quantité  d'autres  Huîtres  beau- 
coup plus  jeunes,  se  trouvent  mélangées  avec  des  valves  de 
Cardions  (Cardium  edule,  Linné);  de  Couteaux  (Solen  margi- 
natus,  Putney;  ou  Solen  vagina,  LJnné,  Pass.);  de  Pétoncles 
(Pecten  varias,  Linné). 

La  boue,  non  fétide,  se  révèle  composée  de  70  "/„  de  sable 
et  de  30  %  de  vase.  Le  sable,  à  la  loupe,  se  montre  composé 
presque  uniquement  de  grains  de  Quartz  blanc  ou  jaunâtre 
avec  quelques  rares  grains  d'un  noir  mat.  Les  grains  quartzeux 
présentent,  pour  la  moitié  de  l'ensemble,  un  diamètre  de  1  mil- 
limètre à  peu  près,  ils  reposent  au  milieu  d'une  plage  formée 
d'éléments  de  même  nature,  mais  beaucoup  plus  petits. 

Tous  les  grains  de  Quartz,  examinés  au  microscope,  sont  angu- 
leux et  irréguliers;  ils  sont  tous  plus  ou  moins  transparents. 


30  nULLKTIN    DIÎ    LA    STATION    BIOLOGIQUE    u'AItCACIlOIN    1913  ,[14] 

Les  grains  noirs,  au  contraire,  sont  opaques,  qucl(|ucs-uus, 
pourtant,  ont  des  reflets  d'un  grenat  sombre,  ils  sont  polis  et 
arrondis  :  ce  sont  des  grains  de  iMngnétite  (comme  on  en  trouve 
si  fréquemment  dans  le  sable  des  Landes)  dont  les  arêtes  ont 
disparu  par  frottement.  La  boue,  d'un  noir  d'encre  et  très 
gluante,  est  argileuse. 

Le  bateau  continue  à  marcher  en  longeant  de  très  près  la  rive 
très  déclive  et  couverte  do  Zostères  (Zostcra  nana.  Roth.).  Nous 
longeons  les  pnrcs  de  Lucarnan  dans  une  eau  boueuse  très  sale  près 
du  crnssat,  ni;iis  vcr(!àtre  au  milieu  du  chenal.  Tout  près  des 
collecteurs  d'iluitres,  et  par  2'"50  de  profondeur,  la  drague  rap- 
porta, juste  devant  la  Hume,  beaucoup  d'Huîtres  portugaises  (Gnj- 
p/iea  angulala,  Lamarck)  et  d'Huîtres  d'Arcachon  (Ostrea  edulis, 
Linné)  de  très  belle  dimension  (0™12  X  O""!»  pour  les  Huîtres 
portugaises),  mais  complètement  revêtues  par  des  tubes  d'Hermel- 
les  (Jferniella,  Saviynij},  des  tubes  d'Hydroïdes  et  des  Serpules 
(Serpula,  de  Qualrcfages).  Quelques-unes  sont,  en  outre,  perfo- 
rées par  des  Membranipores  (Menibranipora,  de  lilainville). 

Sur  ces  ensembles  sont  fixées  de  magnifiques  Ascidies  {Asci- 
diidi)  rouges,  des  Eponges  de  plusieurs  espèces  et  quelques 
petites  Lucines  (Lucina,  Lainarck).  De  larges  A^alves  de  Péton- 
cles (Perten  niaxi/nus,  Linné  et  Peclen  varias,  Linné)  se 
présentent  aussi  sous  le  môme  aspect,  les  rares  valves  de  Cou- 
teaux (Solen  siliquosa;  LJnné)  disparaissent  aussi  sous  les  tubes 
dllermelles  (Hermella,  Savifjny)  et  sous  les  Bryozoaires.  La 
boue,  d'un  aspect  noir  bleu,  est  composée  de  50  %  de  sable  et 
de  î)0  "/o  de  vase.. 

Le  sable  est  formé  de  deux  tiers  de  grains  de  Quartz,  tous 
anguleux,  soient  jaunâtres,  soient  blanchâtres,  et  présentant 
des  grains  de  petite  grosseur,  des  grains  moyens  et  des  gros 
grains  en  quantités  à  peu  près  égales.  L'autre  tiers  est  formé  par 
des  grains  de  Magnetite,  tous  ovoïdes  et  polis  par  le  frottement. 

Quant  à  la  vase,  qui  ne  dégage  aucune  odeur,  elle  est  consti- 
tuée par  de  très  fines  particules  argileuses. 

En  résumé,  les  recherches  dans  le  canal  de  Gujan  nous 
montrent  que  le  sol  va  en  s'élevant  graduellement  depuis  la 
rade  d'Eyrac  jusqu'au  fond  du  bassin.  A  mesure  <pie  ce  fond 
s'élève  et  que  l'on  s'avance  vers  l'Est  au  milieu  des  crassats,  le 
sable,  d'abord  à  peu  près  pur,  devient  de  plus  en  plus  vaseux. 


[15J  c.  HUE  :  dragages  effectués  sur  le  bassiiv  d'arcachoin  31 

Au  point  de  vue  de  la  l'amie,  elles  nous  révèlent  dans  le  chenal 
et  principalement  sur  la  côte  Sud,  au  Nord  du  crassat  d'Arams, 
la  présence  d'un  grand  banc  d'Huîtres  naturel  en  plein  dévelop- 
pement. 

GONGLUSIOINS 

Lorsqu'on  compare,  d'une  part,  le  plan  du  Bassin  d'Arcachon 
indiquant  l'emplacement  des  Huitrières  naturelles  en  1879  par 
M.  Dmochowski  et,  d'autre  part,  la  carte  du  Bassin  indiquant 
les  gisements  de  coquilles  comestibles  en  juillet  1907,  tracée  par 
M.  Guérin-Ganivet,  on  est  frappé,  d'abord,  par  la  différence  de 
profil  des  chenaux  dont  les  contours  changent  sans  cesse.  Tel 
crassat,  celui  de  Mapouchet,  par  exemple,  qui  était  jadis  atte- 
nant aux  terres  de  Hosses  et  d'Estey-Neuf,  et  obstruait  à  peu 
près  complètement  l'entrée  Sud  du  chenal  de  Gousse,  est  main- 
tenant isolé  à  l'Ouest  par  un  chenal  spécial  :  celui  de  Mapou- 
chet. Si  l'on  vient  à  comparer  les  profondeurs  diverses  des 
passages  aux  époques  successives,  on  voit  qu'en  tel  lieu,  où  il 
existait  auparavant  une  dépression,  peut  exister  maintenant  un 
relief  :  c'est  ainsi  que  l'entrée  Est  du  chenal  de  l'Ile  s'est  nota- 
blement abaissée  depuis  une  soixantaine  d'années  environ.  A 
cause  de  ces  différentes  variations,  la  nature  des  sols  sous- 
marins  se  modifie;  mais  bien  plus  intéressante  encore  est  l'his- 
toire de  la  migration  des  animaux  sur  ces  fonds.  En  effet,  c'est 
la  formation  de  la  dépression  Est,  dans  le  chenal  de  Gousse,  qui 
a  entraîné  l'existence,  dans  la  vase  qui  s'y  accumule,  du  banc 
d'Ascidies  que  nous  avons  signalé.  Gonsidérons,  d'autre  part, 
la  carte  de  M.  Guérin-Ganivet  et  la  carte  que  nous  venons  de 
tracer  :  on  s'aperçoit  que  le  grand  banc  de  Pétoncles,  qui  vivait 
en  1907  à  l'entrée  du  chenal  de  Gujan,  n'existe  plus  aujourd'hui 
et  qu'il  est  remplacé  par  un  banc  d'Huitres  provenant  certaine- 
ment de  l'extension  du  petit  banc  d'Arams. 

Le  banc  d'Huitres  de  la  Pointe  du  Gongre,  très  étendu  et  très 
florissant  en  juillet  1907,  semble  avoir  considérablement  dimi- 
nué d'intensité  de  vie  :  d'ailleurs  le  nombre  considérable  de 
v.dves  d'Huitres  déposées  au  fond  du  tiers  Nord  du  clieuêd  de 
Gousse  est  certainement  le  témoignage  de  nombreuses  vies 
disparues. 


32  BULLKÏIN    DK    LA    STATION    BIOLOGIQUK    u'aRCACIIO.N    lOlIi  [16j 

Le  banc  d'Huitres  du  Navire  brûlé,  dans  le  chenal  de  ïeychan, 
semble  avoir  subi  le  même  sort  et  avoir  été  beaucoup  plus 
importantqu'il  ne  l'est  à  l'heure  actuelle. 

Le  Bassin  d'Arcachon  ne  suit  donc  pas,  au  point  de  vue  de 
ses  formes  et  de  ses  habitats,  la  loi  générale  de  la  Permanence 
qui  régit  les  fonds  océaniques. 

«  Les  fonds  sous-marins,  au  point  de  vue  de  l'un  quelconque 
de  leurs  divers  caractères  :  nature  des  minéraux  constituants, 
couleur  des  argiles,  restes  d'êtres  vivants,  se  réunissent  par 
groupes  topographiquement  bien  délimités  »,  lisons-nous  dans 
les  Annales  de  rinsliliit  ()cè(UiO(jraphique  de  Monaco.  Il  est 
soumis,  au  contraire,  à  la  complexité  des  lois  qui  règlent  la 
formation  des  «  Golfes  et  des  Baies  peu  profondes  qui  sont  le 
siège  de  phénomènes   particulièrement  violents  »  (J.  Tuouliît). 

Il  serait  donc  nécessaire  de  faire  [)ériodi(juement  des  recher- 
ches qui  permettraient  de  retoucher  les  profils  de  rivage,  les 
aires  de  vie  et  les  reliefs  sous-marins  du  Bassin  au  fur  et  à 
mesure  de  leurs  variations. 

Arcacho)i,  le  15  aoiÏL  l'JlS. 


DoCCMEiMATIOiX 

I806.   —  Carie    du   Bassin  d'Arcachon,   nu    AIuséc-Aquariuui   de    la 

'Sociélé  scientifique  d'Arcachon. 
1860.    —  IMan  du  Bassin  d'Arcachon  avec  l'indiccilion  des  Dépôts  pcr- 

niunents  d  Ihiîtrcs,  au  Musée-Aquarium. 
1860.   —  Blan  générai  du  Byssin  d'Arcachon,    dressé  vers   1860   au 

Musée-Aquarium. 
1876.    —  I^lan  en  relief  du  Bassin  d'Arcachon,  d'après  des  sondages 

faits  en  187o  par  le  service  des  Ponts-et-Chaussées. 
1879.   —  Plan  du   Bassin  d'Arcachon  indiquant  les  Huitrières  natu- 
relles, par  F.  Dmochowski. 
1886.    —  Arcachon  et  le  Port  de  la  Testc-de-Buch,  dans  l'Atlas  des 

Ports  de  France. 
1894.   —  Carte  du  Bassin  iudiquant  les   emplacements  des   Parcs   à 

Huîtres,  dressée  par  M.  Scliaerff. 
1898.   —  La  Magnetite  des  Dunes  de  Gascogne,  par  M.  Ch.  Duffart. 
1907.   —  Carte    des  Gisements    de  Coquilles   comestibles   du   I^assin 

d'Arcachon,  dressée  par  J.  Guérin-Ganivetdansie /y?///r//// 

de  /'/lis/ if  Ht  Océoiio(/ra/i/ii(///e  de  Muiiaco  (1909). 
1803-1913.  —  Faune  conchyliologique  maiine  locale  au  Musée  de  la 

Société  scientifique  d'Arcachon. 


SUR    LA    DETERMINATION    DE    L'INTENSITE 
DE  LA  PESANTEUR  A  ARCACHON 

Par  M.  Ernest  ESCLANGON 

Professeur   adjoint    à  la   Facullé   des  Sciences   de   Bordeaux 


L'inlcnsité  de  la  pesanteur  dans  la  région  d'Arcnchon  a  été 
déterminée  pour  la  première  fois  en  1895,  par  M.  Collet,  pro- 
fesseur à  la  Faculté  des  Sciences  de  Grenoble,  dont  les  observa- 
tions furent  réalisées  au  phare  du  Gap-Ferret.  La  détermination 
de  M.  Collet  faisait  partie  d'un  programme  particulier  ayant 
pour  objet  l'étude  de  la  distribution  de  la  gravité  sur  le  paral- 
lèle de  45".  A  ce  titre  Bordeaux  et  Arcachon  en  constituaient  les 
stations  extrêmes. 

Nous  avons  été  conduit  nous-môme  à  reprendre  la  détermi- 
nation de  la  pesanteur  dans  la  même  région,  particulièrement 
à  Arcachon,  qui  constituait  pour  nous  le  terme  d'un  programme 
très  différent  de  celui  de  M.  Collet,  et  ayant  pour  objet  l'étude 
systématique  des  anomalies  dans  le  Sud-Ouest  de  la  France, 
anomalies  que  des  mesures  anciennes  de  Biot  et  Mathieu  (1808) 
et  celles  plus  récentes  de  M.  Collet  (1894-1895),  réalisées  à 
Bordeaux,  pouvaient  faire  soupçonner. 

D'accord  avec  le  Service  géographique  de  l'Armée,  auquel 
devaient  être  empruntés  les  instruments  nécessaires,  l'Observa- 
toire de  Bordeaux  accepta  la  mission  de  procéder  à  de  nouvel- 
les mesures  de  haute  précision,  conduites  systématiquement 
dans  un  grand  nombre  de  stations  convenablement  réparties 
dans  le  Sud-Ouest  de  la  France,  et  de  mettre  ainsi  nettement  en 
évidence  les  anomalies  soupçonnées,  si  elles  existent  réellement. 

Chargé  personnellement  de  diriger  cet  important  travail  dont 
le  début  date  de  1909,  je  m'attachai  en  premier  lieu  à  la  déter- 
mination de  la  pesanteur  en  des  stations  relativement  voisines 


34  BULLETIN    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE    d'aRCACIION    1913  [2] 

de  Bordeaux,  ayant  sensiblement  ce  point  comme  centre.  Dans 
ce  premier  programme  figurait  Arcachon,  qui  présentait  un 
double  intérêt,  d'abord  à  cause  du  voisinage  immédiat  de 
l'Océan  (1),  ensuite  en  raison  des  mesures  antérieures  de  M.  Col- 
let exécutées  au  Gap-Ferret  (à  8  kilomètres  d' Arcachon),  mesu- 
res qu'on  pourrait  ainsi  comparer  aisément  aux  nouvelles 
déterminations. 

En  outre  d'Arcachon  et  Bordeaux,  le  programme  de  1909, 
comprenait  de  nombreuses  stations,  telles  que  Coulras,  Cavi- 
ynac  (Gironde),  au  nord-est  de  Bordeaux,  Créon  à  l'est,  hamjon 
au  sud,  etc. 

Une  réduction  approchée  (2)  et  sommaire  des  observations 
de  1909  nous  montra  que  les  anomalies  soupçonnées  n'exis- 
taient pas,  ou  du  tnoins  étaient  relativement  peu  importantes. 
Seules  quelques  stations,  Cavignac  et  Cqutras,  accusaient  un 
défaut  notable  de  la  gravité;  au  contraire,  Arcachon  présentait 
un  excès  sensible. 

En  1910,  je  résolus  d'élargir  considérablement  le  champ  de  mes 
investigations.  Les  légères  anomalies  constatées  pouvaient  être 
l'indice  d'anomalies  plus  importantes  se  poursuivant  à  plusgrande 
distance  de  Bordeaux,  et  de  nouvelles  stations  beaucoup  plus 
éloignées  furent  mises  à  l'étude.  C'est  ainsi  que  furent  envisa- 
gées les  stations  de  Chalais  et  Jonzac  au  nord-est,  et,  sur  les 
bords  de  l'Océan,  Soulac  et  Bayonne.  Quant  à  Arcachon,  il 
devait  figurer  à  nouveau  dans  le  programme  de  1910.  Cette 
station  devenait,  en  effet,  très  importante  à  nos  yeux.  Les 
observations  de  1909"  nous  avaient  montré  une  discordance 
avec  les  mesures  de  M.  Collet,  obtenues  au  Cap-Ferret.  Aussi 
pour  écarter  tout  doute  nous-  résolûmes  de  ne  pas  nous  en 
tenir  aux  résultats  de  1909  et  de  contrôler  ces  derniers  par 
de  nouvelles  déterminations.  En  outre,  la  gravité  s'y  montrant 
en  excès,  il  devenait  important  de  fixer  d'une  manière  défini- 
tive l'anomalie  ainsi  constatée.  Enfin  cette  station,  associée  avec 


(1)  On  sait  que  la  pesanteur  augmente  lorsqu'on  s'approche  des  bords  des  mers 
ou  des  océans. 

(2)  Nous  disons  une  réduction  approchée,  car  la  réduction  définitive  devant 
s'appuyer  sur  l'ensemble  de  nos  observations  et  notamment  sur  celles  de  1910  et 
1911,  la  conclusion  des  résultats  n'est  possible  qu'une  fois  les  expériences  relatives 
à  l'ensemble  de  toutes  les  stations  entièrement  terminées. 


[3]  E.     ESCLANGOîV     :     UKïKR^lllVATinK    l)K    l'iNTENSITÉ    DE    LA     PESAIN'TErR  35 

celles  de  Soulac  et  de  Bayonne,  et  occupant  parmi  elles  une 
position  en  quehjue  sorte  centrale,  devait  nous  éclairer  définiti- 
vement sur  le  rôle  de  la  proximité  de  l'Océan,  dans  l'accroisse- 
ment de  la  pesanteur  généralement  observé  au  voisinage  des 
côtes.  Nos  observations  de  1911  devaient  être  uniquement  des 
observations  de  comparaison  entre  Bordeaux  et  Paris,  observ^a- 
tions  très  importantes,  car  sur  elles  reposaient  la  précision  et 
l'exactitude  de  tous  les  résultats  obtenus  dans  l'ensemble  des 
stations  examinées. 

On  vient  de  le  voir,  la  station  d'Arcachon  présentait,  eu  égard" 
aux  déterminations  de  la  pesanteur,  une  importance  spéciale  à 
différents  points  de  vue.  Aussi  nous  sommes-nous  attaché  à 
obtenir  en  ce  point  la  valeur  de  la  gravité  avec  toute  la  préci- 
sion (pie  peuvent  comporter  les  observations  modernes,  nous 
entourant,  dans  les  multiples  facteurs  expérimentaux  qui  inter- 
Aiennent  dans  ces  mesures,  des  précautions  les  plus  méticuleu- 
ses, des  soins  les  plus  minutieux.  Le  choix  du  local  d'obser- 
vations jouant  un  rôle  très  important,  notre  attention  a  tout 
d'abord  porté  sur  ce  point.  Une  température  aussi  constante  que 
possible  est  nécessaire:  le  local  doit  être,  en  outre,  éloigné  de 
tout  centre  d'ébranlement  du  sol,  tels  que  routes,  lignes  de 
chemins  de  fer,  etc. 

A  tous  ces  points  de  vue,  les  caves  du  Casino  mauresque,  dans 
la  Ville  d'hiver,  nous  parurent  réaliser  au  plus  haut  degré  ces 
multiples  conditions.  Très  vastes,  très  sèches  quoique  souterrai- 
nes (i),  la  température  y  est  presque  rigoureusement  constante, 
à  (juelques  dixièmes  de  degré  près.  L'épaisseur  des  murs  est, 
en  outre,  très  favorable  à  l'installation  des  pendules  de  compa- 
raison, notamment  de  l'horloge  des  coïncidences.  Le  seul  incon- 
vénient, d'ailleurs  peu  grave,  est  une  obscurité  complète,  gênante 
surtout  pour  le  montage  des  appareils. 

Après  examen,  nous  demandâmes  à  la  u)unicip;dilé  d'Arca- 
chon l'autorisition,  qui  nous  fut  gracieusement  accordée,  de  pro- 
céder dans  ce  local,  si  [)ropre  à  nos  expériences,  aux  observa- 
tions ipie  nous  avions  en  vue.  M.  Busquet,  membre  très  distin- 


(I)  Le  Casino  mauresque  est,  en  efl'el,  bàli  sur  une  dune  de  sable,  ce  qui  explicuie, 
par  i'extrème  perméabilité  du  sol,  la  parfaite  sécheresse  de  ses  caves. 


36  BULLETIN    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE    d'aUCACUON     1913  [4] 

gué  de  la  Société  biologique  d'Arcachoii  et  entrepreneur  de 
travaux,  (jiii  avait  bien  voulu  nous  éclnirer  de  sa  conipélcnce 
et  de  sa  parfaite  connaissance  des  ressources  de  la  ville,  nous 
apporta  un  concours  précieux  dîins  le  inonl.ige  et  l'inslallation 
des  appareils  auxcjuels  il  l'ut  procédé  eu  septendjre  1001). 

La  tléterniination  du  temps,  qui  joue  ici  un  rôle  t'ondanienlcd, 
(l'heure  doit,  en  effet,  être  ol)tenue  à  quehjues  centièmes  de 
seconde  près),  fut  réalisée  par  l'échange  de  signaux  téiéi)honi- 
ques  avec  l'Observatoire  de  Bordeaux  (1)  et  nous  fut  grandement 
facilité  grâce  à  Tobligeance  de  M.  le  Directeur  des  Postes  de  la 
Gironde,  qui  nous  fil  accorder  la  priorité  pour  nos  communica- 
tions téléphoniques.  Une  longue  atlenle  eut,  en  effet,  dans  nos 
réceptions  horaires,  compromis  gravement  la  précision  de  nos 
observations. 

Nous  n'entrerons  pns  davantage  dans  la  technique  fort  com- 
pliquée et  fort  délicate  des  expériences  qui  conduisent  à  la  déter- 
mination précise  de  l'inlensilé  de  la  pesanteur. 

Parmi  toutes  les  mesures  de  la  i)hysi(jue  ou  de  l'astronomie,  ce 
sont  peut-êlre  celles  qui  demandent  l'atlention  la  plus  soute- 
nue ;  la  moindre  faute,  le  moindre  oubli  entraînent,  en  effet,  des 
erreurs  irréi)arables  et  peuvent  com[)romeltre  non  seulement 
l'exactitude  des  mesures  en  cours  d'exécution,  mais  toutes  celles 
réalisées  jusque  là  et  faisant  partie  d'un  môme  programme 
d'expériences. 

L'instrument  employé  par  nous  était  un  pendule  de  Deffor- 
ges  de  50  centimètres.  Les  qualités  de  cet  instrument  sont  bien 
connues  et  nous  jugeons  inutile  de  les  énumérer  ici. 

Ainsi  qu'il  a  été  expliqué  plus  haut  et  pour  les  raisons  déjà 
indiquées,  de  nouvelles  observations  furent  faites  en  1910,  en 
août  et  septembre,  dans  le  môme  local  que  la  Municipalité  vou- 
lut bien  mettre  à  nouveau  à  notre  dis[)osition.  En  raison  de 
l'importance  de  cette  station,  deux  nouvelles  déterminations 
indépendantes  y  furent  réalisées. 

Tandis  que  la  plupart  des  stations  cpie  nous  avons  examinées 
dans  le  Sud-Ouest  donnent  pour  la  pesanteur  des  valeurs  légè- 

(I  )  Nous  n'avions  pas  encore  à  celle  époiiue  la  ressource  de  la  l'éception  de  l'heure 
par  lélégrapiiie  sans  fil,  si  commune  aujourd'hui. 


[Oj        E.    ESCLANGOIV    I    DETERMINATIO.N    DE    L  INTENSITE    PE    LA    PESANTEUR  O/ 

rement  en  défaut.  Arcachon  fournit  nu  confraire  une  valeur 
notablement  en  excès.  Le  nombre  obtenu  y"'80643  (au  niveau 
de  la  nier(l)  9'"80648),  résultant  de  trois  déterminations  suc- 
cessives, nous  parait  présenter  les  plus  sérieuses  garanties 
d'exactitude. 

Voici,  en  effet,  la  comparaison  des  résultats  obtenus  corres- 
pondant aux  trois  déterminations  indépendantes 

A  la  station  (altitude  24"'}     Au  niveau  de  la  mer 

Septembre  11)00.  .     g  =  9"'80641  g  =  0-80646 

Juillet  1010 (/  =  0-80645  g  =  0"'80650 

Août     1010 </  =  0-80643  .//  =  0-80648 

Quant  à  la  valeur  normale  au  niveau  de  la  mer,  calculée  à 
partir  de  celle  observée  à  Paris  et  regardée  comme  normale,  elle 
serait  seulement  égale  à 

g  =■  O'"80635 

11  y  aurait  donc  un  excès  de  (+  0-00013).  Voici  d'ailleurs  un 
tableau  comparatif  des  valeurs  conclues  de  nos  expériences  et 
concernant  le  Sud-Ouest  de  la  France. 

Long,  ouest  g  g  réduit  à        g  normal  Diftérence 

Noms  des  stations  Latitude  de  Pans      Altitude     observé     0'"  d'altitude      calculé  obs— cale. 

Floirac 44",J0'  7"  2-51' 37"  72"  >J'"8062'.)  i)'"80()4(j  9-80651  —0,00005 

Cavignac 45.6.42  2.43.12  42  9,80652  9,80660  9,80676  -0,00016 

Coutras 45.2.20  2.28.6  13  9,80648  9,8(l6.-)0  9,80670  —0,00020 

Langon 44.32.42  2.35.30  25  9,80618  9,80623  9,80625  -0,00002 

Créon 44.46.12  2.41.12  102  9,80616  9,80636  9,80645  —0,00009 

Arcachon 44.39.36  3.30.36  24  9,80643  9,80648  9,80635  -f  0,00013 

Jonzac 45.26.44  2.46.16  35  9,80704  9,80712  9,80706  -1-0,00000 

Chalais 45.16.28  2.17.46  45  9,80680  9,80689  9,80691  -0,00002 

Soulac 45.31.0  3.27.36  8  9,80712  9,80713  9,80713  0,00000 

Rayonne 43.29.40  3.48.14  3  9,80532  9,80.532  9,80530  -^0,00002 

Paris 48..5(l.ll  0.0.0  61  9,81002  9,81012  9,81012  0,000.0 

On  voit  sur  ce  tableau  que  les  stations  de  Soulac  et  de 
Bayonne,  situées  comme  Arcachon  aux  bords  de  la  mer  ou  dans 
son  voisinage  immédiat,  fournissent  des  valeurs  normales  de  la 
pesanteur,  seul  Arcachon  donne  un  excès  notable.    Les  autres 


(1  L'intensLlé  de  la  pesanteur  décroit  avec  l'altitude.  La  valeur  observée  doit  être 
corrigée  de  l'altitude  (ici  24")  pour  obtenir  la  valeur  correspondante  au  niveau  de 
la  mer. 


38  BLLLETIiN    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE    D'aRCACHON    1913  [G] 

stations,  situées  à  rintérieurdes  terres,  conduisent  au  contraire 
à  des  valeurs  eu  défaut,  ce  qui  confirnie  le  fait  de  l'accroisse- 
ment de  la  gravité  au  voisinnge  des  côtes.  Arcachou,  toutefois, 
occupe  par  rapport  à  Soulac  et  Bayonne  une  situation  un  peu 
exceptionnelle,  puisque  l'excès  observé  y  devient  relativement 
beaucoup  plus  important. 

Au  Cap-Ferret,  à  8  kilomètres  à  l'ouest  d' Arcachou,  M.  Collet 
avait  trouvé  en  1895  un  fort  excès  (à  G'"  d'altitude  9'"800!)2  et 
au  niveau  de  la  mer  9'"80693),  ce  qui,  eu  remarquant  que  la  lati- 
tude est  la  même,  constitue  par  rapport  à  nos  observations  à 
Arcachou  un  excès  de  0"'00045  et  un  excès  absolu,  par  rapport 
à  la  valeur  observée  à  Paris  regardée  comme  normale,  de 
0"'00058.  Une  telle  divergence  de  0"'0004o  dépasse  de  beaucoup 
les  erreurs  habituelles  d'observation;  des  expériences  parfaites, 
on  effet,  comportant  seulement  des  erreurs  de  l'ordre  de 
0"'00001 .  C'est  cette  divergence  considérable  qui  nous  avait 
conduite  reprendre  nos  expériences  de  1909  et  à  procéder  à  de 
nouvelles  déterminations  en  1910,  pour  détruire  l'incertitude 
qui  aurait  pu  subsister  relativement  à  la  valeur  de  la  gravité  à 
A  reach  on. 

La  divergence  reste  donc  très  grande,  mais  il  faut  dire  ([u'elle 
porte  sur  deux  stations  (Arcachou  et  le  Cap-Ferret)  qui,  bien 
que  voisines,  ne  sont  pas  itlenli(]ues  et  présentent  même  des 
caractères  géographiques  différents. 

Taudis  qu'Arcachon  est  déjà  assez  profondément  retiré  sur 
les  bords  du  Bassin,  le  Cap-Ferret  occujjc  une  situation  presque 
insulaire,  sur  une  langue  de  sable  étroite  et  plate  (largeur 
1.500'",  altitude  moyenne  6'")  prise  entre  l'Océan  et  les  eaux  du 
Bassin. 

Malgré  cela,  l<i  divergence  entre  l'observation  unique  de 
M.  Collet  au  Cap-Ferret  et  nos  trois  observations  concordantes 
obtenues  à  Arcachou  nous  parait  trop  considérable  pour  devoir 
être  acce{)tée  définitivement  comme  correspondant  à  la  réalité. 
Nous  inclinerions  à  penser,  malgré  la  possibilité  d'une  anomalie 
particulière  importante  et  très  locale  au  Cap-Ferret,  qu'une 
erreur  inaperçue,  comme  il  est  très  difficile  de  n'en  pas  faire 
dans  des  expériences  si  délicates,  a  pu  se  glisser,  soit  dans  les 


[7J        E.    ESCLAiNGO.N    :     DÉTERMIiNATIOiN    DE    l/liNTEiNSITE    DE    LA    PESANTEUR  39 

calculs  de  réduction  soit  dans  le  détail  expérimental  de  l'obser- 
vation de  M.  Collet.  La  seule  manière  de  trancher  définitivement 
la  question,  en  ce  qui  concerne  le  Gap  Ferret,  consisterait  à 
procéder  en  ce  point  à  de  nouvelles  observations. 

Des  raisons  de  commodité  d'installation  et  de  facilité  dans  la 
précision  (J)  des  réceptions  horaires  nous  avaient  fait  préférer 
Arcachon.  L'argument  qui  tient  uniquement  à  la  précision  dans 
la  détermination  du  temps  aurait  actuellement  moins  d'impor- 
tance en  raison  des  commodités  toutes  particulières  que  présen- 
tent aujourd'hui  les  réceptions  par  télégraphie  sans  fil,  per- 
mettant d'obtenir  aisément  l'heure  dans  les  lieux  les  plus 
éloignés  de  tout  centre  de  population. 


(i)  11  ne  faut  guère  songer  au  transport  de  clironomèlres  aussi  parfaits  soient- 
ils;  l'heure  qu'ils  fournissent  est  loin  d'être  assez  précise  pour  épuiser  la  précision 
que  comportent  les  instruments  destinés  à  la  mesure  de  la  i^esantenr. 


QUELQUES  MOTS  SLR  LA  HAIE  GL\  lEll 

(RA/A  CUVIERl;  LACÉP.)  : 

DLSSEGTION    DE    LA    RÉGION    PEGÏORALE 

Par  M"   G.  MENIER 


La  Raie  Guvier,  comme  on  le  sait,  est  celle  variété  de  Haie 
Bouclée  (Raid  Çlavata;  Rond.)  qui  porte  eu  arrière  de  la  tète 
une  nageoire  dorsale  enroulée  en  l'orme  de  cornet  (de  Lacépède, 
t.  V,  p.  290,  figure). 

Nous  avons  pu  nous  procurer,  cette  année,  un  de  ces  curieux 
animaux  qui  se  font  do  plus  en  plus  rares  (Moreau,  Histoire 
nalurelk  des  Poissons,  1881,  t.  L  p.  291)  et  voici  rapidement 
ce  que  nous  a  donné  la  dissection  de  la  région  pectorale  sur 
laquelle  nous  nous  proposons,  d'ailleurs,  de  revenir  dans  un 
travail  ultérieur. 

Sous  la  peau  et  le  fascia  super/icialis  s'étend  un  large  mus- 
cle, occupant  toute  la  région,  et  formé  par  une  multitude  de 
petits  faisceaux,  tous  de  môme  largeur,  placés  les  uns  au-dessus 
des  aulres  à  leur  extrémité  interne,  et  les  uns  à  côté  des  autres 
à  leur  extrémité  externe. 

L'ensemble  affecte  assez  bien  la  forme  d'un  éventail  ouvert, 
placé  dans  le  sens  longitudinal,  dont  le  pivot  serait  représenté 
par  le  mesopterygium  et  les  rayons  de  soutien  par  le  proptenj- 
gium  en  avant  et  par  le  metapterygiuni  en  arrière.  La  partie 
interne  du  muscle  est  enserrée  par  une  gaine  fibreuse,  disposée 
telle  la  main  tenant  l'éventail  ouvert,  mais  là  s'arrête  notre 
comparaison  car  le  muscle,  épais  dans  sa  partie  la  plus  étroite, 
et  très  mince  dans  sa  partie  la  plus  large,  présente  son  maxi- 
mum d'épaisseur  dans  sa  région  centrale. 

Les  insertions  des  fibres  musculaires  se  font  :  en  avant,  à  l'ex- 


42  BULLETIN    DE    LA    STATION    BIOLOGIQUE    d'aRCACHON    1913  [2] 

tréiiiilé  proxiinale  du  propterijgiiun :  en  arrière:  à  rexlrémilé 
dislale  du  nictaplerijgiwn. 

Du  côté  inlerne,  les  fibres  se  fixent,  pour  la  région  céphali- 
que  :  sur  la  face  interne  très  haute  du  proptenjgiuin,  sur  la  face 
supérieure  du  même  cartilage,  et  sur  le  bord  externe  de  l'ex- 
irémité  proximale  de  la  gaine  fibreuse  recouvrant  le  milieu  du 
corps;  pour  la  région  médiane  :  sur  la  face  interne  découpée  en 
W  du  mesopterijgium  et  sur  la  face  inférieure  de  la  gaine  fibreuse 
susnommée;  pour  la  région  caudale  :  sur  la  face  externe  et  sur 
le  bord  externe  et  supérieur  du  nietaplcrt/giuDi. 

Du  côté  externe,  toutes  les  fibres,  devenant  de  plus  en  plus 
minces,  se  terminent  sur  l'aponévrose  recouvrant  les  extré- 
mités externes  des  rayons  de  la  nageoire. 

Ce  dispositif  implique  aux  fibres  proptérygiales  une  obliquité, 
d'arrière  en  avant  et  de  dedans  en  dehors,  d'autant  plus  mar- 
quée que  l'on  considère  une  région  de  plus  en  plus  voisine  de 
la  tète  de  l'animal.  A  mesure  que  l'on  se  rapproche,  au  con- 
traire, de  la  queue,  les  fibres  métaplérygiales  sont  de  plus  en 
plus  obliques  d'arrière  en  avant  et  de  dehors  en  dedans.  Quant 
aux  fibres  mésoptérygiales,  elles  sont  toutes  transversales  ou 
affectent  plus  ou  moins  la  direction  des  fibres  proptérygiales  ou 
celle  des  fibres  metaptérigiales  suivant  le  niveau  que  l'on  con- 
sidère. 

La  face  supérieure  du  muscle  est  convexe  dans  le  sens  trans- 
versal, ainsi  que  dans  le  sens  longitudinal,  puisque  celui-ci  pré- 
sente son  maximum  d'épaisseur  en  son  milieu;  elle  est  sillonnée 
de  petits  traits,  disposés  en  éventail  comme  les  paquets  de 
fibres  qu'ils  délimitent;  elle  entre  en  rapports  avec  le  fascia 
superficialis  et  la  peau  et  avec  la  face  inférieure  de  la  gaine 
fibreuse  de  la  région  médiane  du  corps. 

La  face  inférieure  plane  est  directement  appliquée  sur  les 
rayons  de  la  nageoire.  Son  bord  externe  a  la  forme  d'un  angle 
à  sommet  arrondi  et  correspond  à  peu  près  aux  extrémités 
externes  des  rayons  de  la  nageoire.  Son  bord  interne  a  la  forme 
d'une  accolade  dont  les  branches  seraient  concaves  intérieure- 
ment, il  répond  en  txvani  au  propto-ggiuni,  en  arrière  au  ineta- 
pterygiuni,  dans  sa  région  moyenne  au  mesopterygiiuti. 

Ce  muscle  pectoral  est  innervé  par  un  nerf  spécial  émergeant 
entre  la  deuxième  et  la  troisième  vertèbre  cervicale. 


TABLE  GEiNEUALE  DES  MATIERES 
la"  Annék  (11M3) 


Pages 

H.  Peragallo  :  Note  sur  Paul  Bergon  et  ses  travaux  diatomolo- 

giquos 5 

€.    IIuE    (M"")   :   Compte    rendu    de    dragages  effectués  sur  le 

Bassin  d'Arcaclion 17 

iMuest  EscLAi>'GOiv  :   Sur  la  détermination  de  l'intensité  de   la 

pesanteur  à  Arcachon 33 

<j.  Mëa'ier  (M")  :    Quelques  mots   sur  la  Raie   Cuvier  (Raia 

Citrieri;  Lacép.)  :  Dissection  de  la  région  pectorale 41 


UNIVERSITÉ    DE    BORDEAUX 
ET    SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE    D'ARCACHON 


BULLETIN 

DE    LA  \ 

'j 

STATION  BIOLOGIQUE   i 

D'ARCACHON 


QUINZIEME    ANNEE 
(1913) 


BORDEAUX 

FERET    &    Fils,    Libraires-Editeurs 

9    —    Rue    de    Grassi    —    9 
1914. 


UNIVERSITE     DE     BORDEAUX 
ET     SOCIÉTÉ     SCIENTIFIQUE     D'ARCACHON 


BLJLLKTIN 


STATION  BIOLOGIQUE  D'ARCACHON 

(TRAVAUX  DES  LABORATOIRES) 


FONDK    PAR 


Le  D-^  F.  JOLYET 

•  DIIiECTICUH      DE     I.A     STATION      BIOLOGIQVK 

PROFKSSKIR    A   I.A  FACULTÉ   DE   MÉDECINE 

DK    BOIIDEAIX 


LE  D-^  F.  LALESQUE 


MEDECINE 


Les  Mémoires  doivent  être  adressés  à  M.  le  D^'  J.  SELLIER, 
Secrétaire  de  -  la  Publication,  Directeur  adjoint  de  la  Station 
biologique  (29,  rue  Tioudet,  à  Bordeaux).  Ils  sont  soumis  à 
l'agrément  d'un  Comité  de  publication. 


Les  auteurs  reçoivent  gracieusement  50  exemplaires  de  leur 
Mémoire.  Ils  peuvent  en  faire  tirer  un  nombre  plus  considérable  à 
leurs  frais  au  tarif  ci-dessous;  dans  ce  cas,  ils  devront  lindicjuer 
sur  le  manuscrit,  en  retournant  les  épreuves  corrigées  : 


Un  quart  de  feuille  (4  pages  : 
Une  demi-feuille  (8  pages)  .  . 
Une  feuille  entière  (10  pages 


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100 

150 

200 

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exemp . 

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7 

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18 

20 

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12 

18 

25 

30 

32 

42 

SOCIETl-:  SCIEMIFIQLÎE  D'ARCACHON 
STATION      BIOLOGIQUK 


Pi'ésidents    d'honneur 

M.  le  RECTEUR  de  l'Université  de  Bordeaux  ; 

M.  le  DOYEN  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Bordeaux  ; 

M.  le  DOYEN  de  la  Faculté  de  Médecine  et  de  Pharmacie  de  Bordeaux  ; 

M.  le  PRÉFET  de  la  Giromle  ; 

M.  le  MAIRE  d'Arcaclion. 

Président  honoraire   perpétuel 

M.  le  D'  Gustave  HAMEAU  (Arcachon)  7. 

Président    honoraire 

M.  le  D"^  F.  LALESQUE,  membre  correspondant  de  l'Académie  de  médecine 
(Arcachon). 

Directeur  honoraire  de  la  Station  biologique 

M.  E.  DURÈGNE,  ingénieur  :Bordeau\\ 

Administrateur  honoraire 

M.  SABY  (Arcachon). 

Conseil   d'administration 

Président  :  D'  A.  HAMEAU  (Arcachonj. 

(    G.  SÉMIAC,  pharmacien  (Arcachon)  ; 
Vice-Présiik'uts  :  \   M.  G.  SAUVAGEAU,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences 

(       de  Bordeaux,  délégxu' de  l'Université . 
Secrétaire  (jénérul  :  D'  FESTAL  (Arcachon). 
Trésorier  :  M.  Louis  VALLEAU,  banquier  (Arcachon). 

Bibliothécaire  et  Conservateur  du  Musée:  M.  PERAGALLO,  commandant  d'ar- 
tillerie (Bordeaux). 

D'  DUPOUY,  professeur  à    la  Faculté   de   Médecine    de 
Bordeaux  ; 

,,...,  ,   G.  BUSQUET,  entrep'  de  travaux  publics  (Arcachon)  ; 

Administrateurs  :  \   ,,    ^,^,,t.n^t^^  .        ..<        .     ,7^     ,     ,      ,. 

M.  ORMIEREb,  ancien  eleve  de  lEcole  des  Beaux-Arts, 

architecte  (Arcachon)  ; 

D^  CAZABAN  (Arcachon). 

Directeur  de  la  Station  biologique  :  D'  JOLYET,   professeur  à  la  Faculté  de 

Médecine  de  Bordeaux  (Arcachon). 

Directeur  adjoint  de  la  Station  biologique:  D''  SELLIER,  chargé  de  cours  à 

la  Faculté  de  Médecine  de  Bordeaux. 


/y^""^"^  Imprimerie  Moderne 
/  OQO 

D   A.  OESTOUT  Aine  &   C' 
I  8,  Kuc  Paul-Ccit,  8 

\V^^       BCRDKACX 


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