THE J. PAUL GETTY MUSEUM LIBRARY
BULLETIN
DE
L'INSTITUT ARCHÉOLOGIOUE
I.IICG KlOIi^.
BULLETIN
DE
T »T
U
ISTITOT ARCHf
,!)UL
OU
LIÉGEOIS.
TOME XII.
LIÈGE
H. VA.1 LLAX T-CAHMANN E ET C",
Hue St-Adalbert, 8.
1874
4jtlil 4fi:iii4cAiiliM«Mi>ti
SXAXtJXS COMSXIXUXII^S.
— â>C»?^5—
Art. I. — Une Société est fondée à Liège pour rechercher,
rassembler et conserver les œuvres d'art et les monuments
archéologiques, particulièrement ceux de la province et des
anciennes dépendances du pays de Liège.
Elle prend le titre dlnstitut archéologique liégeois et corres-
pond avec les Sociétés savantes, belges ou étrangères, instituées
dans des vues analogues.
Art. II. — V Institut se compose :
1° De seize Membres effectifs au moins et de vingt au plus (i);
ils doivent être domiciliés dans la province ;
2» D'un Président et d'un Vice-Président honoraires, à savoir :
le Gouverneur de la province et le Bourgmestre de la ville de
Liège ;
3" De vingt Membres honoraires ;
4o De cinquante Membres correspondants ;
5" De Membres associés.
Aht. III. — Les places vacantes pour le titre de Membre
effectif, honoraire ou correspondant, seront mentionnées sur les
convocations atin que l'on puisse procéder aux présentations
de candidats. Ces présentations devront être faites par écrit, et
signées par trois membres effectifs. L'admission, décidée par
bulletins seci-ets et à la majorité absolue des suffrages, aur.'^!
lieu dans la séance qui suivra celle où auront été faites les
(«) Par décision de la Société (janvier 18b9), le nombre des membres efTectifs
est porté à vingt quatre.
VI —
présentsitions, et dont elle devra être distante d'au moins huit
jours.
La moitié au moins des membres effectifs existants devra
être présente pour pouvoir procéder à l'élection d'un membre
effectif, et le tiers après une seconde convocation.
Lorsqu'il y aura lieu d'augmenter le nombre des membres
effectifs, conformément au § 1 de l'article II, il faudra une
délibération expresse de Vlnstitiit avant de pouvoir procéder à
la présentation de candidats.
Art. IV. - Les réunions ordinaires ont lieu mensuellement,
sauf pendant les mois d'août, septembre et octobre. Le bureau
fixe le jour et l'heure des séances ( ' ).
Les membres effectifs qui, dans le courant de l'année, n'auront
pas payé leur cotisation, seront, après avertissement, considérés
comme démissionnaires.
Aucune résolution ne peut être prise si le tiers des Membres
effectifs existants n'est présent à la séance.
Les Membres honoraires, correspondantsou associés, peuvent
assister aux séances. Ils ont voix consultative.
Toute discussion étrangère au but de YInstitut est interdite.
Les décisions sont prises à la majorité des voix. En cas de
j)arité, la proposition est rejetée.
Sur la demande de trois Membres, on procède au scrutin
secret .
Art. V. — Le Buieau se compose du Président, du Vice-
Président, du Secrétaire, du Conservateur, du Bibliothécaire et
du Trésorier.
Les lonctiuns des Membres du Bureau sont annuelles. Les
membres sortants sont rééligibles. L'élection a lieu dans le
courant du mois de février.
Art. VI, Le Président veille à l'exécution du Règlement ;
il dirige les travaux et les discussions des réunions.
En cas d'absence du Président et du Vice-président, le
Membre le plus âgé en remplit les fonctions.
(') (i'cil ;ictui_'llt'[in>iit 11' iMvmii.T vemlredi iJu mois.
vil
Art. "VII. — Le Secrétaire tient les procès-verbaux des
séances, la correspondance, etc.
Tout procès-verbal ou décision de la Société est signé par le
Président et par le Secrétaire. Ce dernier signe seul les pièces
qui n'impliquent aucune décision de la Société.
En cas d'empêchement du Secrétaire, ses fonctions sont
remplies par un membre que désigne le Président.
Le Secrétaire a la garde du sceau et des archives de la
Société.
Il présente chaque année, au mois de janvier, un rapport dé-
taillé sur les travaux de ïlnstitut, sur les acquisitions tailes et
sur les objets et livres offerts.
Art. VIII. — Le Conservateur a la direction du Musée
provincial.
Il dresse, tous les ans, un inventaire qui est vérifié et
approuvé par le Président. Cet inventaire indique la provenance
de chaque objet el l'époque de son acquisition.
Pendant les trois mois de vacances, le conservateur peut,
avec rassentimenl du Bureau, faire les acquisitions qu'il croira
utiles.
Art. IX. — Le Bibliothécaire tient un catalogue des livres
offerts à V Institut ou acquis par lui.
Il rend compte chaque année des accroissements de la
bibliothèque.
Art. X. — Le Trésorier est chargé des recettes et des
dépenses.
Il n'effectue de paiement que sur ordonnance signée par le
Président et par le Secrétaire.
Il rend compte de sa gestion dans la séance du mois de janvier
de chaque année.
Akt. XI. — - Les recettes de la Société se composent de la
cotisation annuelle des Membres effectifs (i) et associés, et des
subvent ions à obtenir de l'Etat, de la Province et de la Commune.
(') Ajoutez : corrcspoiidaiils (voir la note à la page suivante}.
— VIII —
La cotisation annuelle des membres effectifs et des membres
associés est fixée provisoirement à la somme de dix francs,
payable chaque année dans le courant du mois de janvier.
Aht. XII. — Les objets réunis par la Société forment un
Musée qui est la propriété de la Province.
Les moindres dons sont reçus avec reconnaissance. Le nom
du donateur est inscrit sur l'objet offert et dans un registre
ouvert à cet eftet.
Les objets qui se trouvent en double au Musée ne pourront
être échangés qu'après une délibération expresse de Vlnstitut et
du consentement des donateurs. (Cet article ne s'applique pas
aux monnaies et aux livres.)
Tout objet, même en double, auquel se rattache un souvenir
personnel, ne pourra être échangé.
La proposition d'échange devra être portée à l'ordre du jour
un mois avant la délibération, afin que les Membres puissent
prendre connaissance des objets.
Tous les Membres sont invités à faire hommage de leurs pu-
blications à la Société.
Art. XIII. — \J Institut publie un recueil intitulé Bulletin de
Vlnstitut archéologique liégeois.
Une commission spéciale, composée de trois membres, élus
à l'époque du renouvellement du bureau, est chargée de tout
ce qui a rapport à la publication du Bulletin.
Le Bulletin est distribué à toutes les catégories de membres
de l'Institut (i), aux institutions publiques qui l'encouragent et
aux compagnies savantes avec lesquelles 17?j6///w^ entretient des
relations.
Lesauteui's des articles publiés ont droit à vingt-cinq tirés à
part, qui dcviont porter sur le titre cette mention : Extrait du
Bulletin de rinstitut archéologique liégeois. Ils sont du reste
autorisés à faire tirer à leurs frais un nombre indéterminé
d'exemplaires.
(') Dans la ,*.éaiict! du i juillel 187o, la Sociélti a décide i|iie le.s Membres corres-
pundanls (jui désirent continuer à recevoir le BuUciin siTaieiU at^treiiits à une
r.olisatioii lie ï> l'r. par an.
— I\ —
Les tirés à part ne peuvent être distribués qu'à dater du jour
de la mise en vente de la livraison du Bulletin d'où ils sont ex-
traits.
Art. XIV. -- Le présent règlement ne pourra être changé
que sur la proposition écrite de cinq membres effectifs ; toute
modification devni obtenir l'assentimeni des deux tiers au moins
des membres effectifs existants.
Après révision des dispositions organiques des 12 avril 1850, 18
janvier 1852 et 17 janvier 1857, les présents Statuts ont été adoptés
par rinstitut archéologique réuni en assemblée générale , à Liège,
te 20 décembre 1867.
Pour copie conforme :
Le Secrétaire, Le Président,
A. DEJARDIN. Ch. GRANDGAGNAGE.
TABLEAU
DES
Membres de Flnstltn! arctéoloiliine liégeois.
Préaident honoraire.
Le Gouverneur de la province de Liège,
DE LUESEMANS (Charles), O. ®, ancien membre de la Chambre
des représentants, ancien bourgmestre de Louvain, etc.
Vice-I»ré«ldent honoraire.
Le Bourgmestre de Liège,
PIERCOT (Ferdinand), C. ^, ancien ministre de l'intérieur, etc.
BUREAU DE LA SOClÉTfi POUR -1873.
Président d'honneur à vie
(23 octobre \SQ^) ,
A. d'OTREPPE de BOUVETTE.
Président, Ch. GRANDGAGNAGE.
Vice-Président, baron E. de SÉLYS-LONGCHAMPS.
Secrétaire, A. DEJARDIIS'.
Conservateur-Trésorier, J. ALEXANDRE.
Bibliothécaire, L. FABRY-ROSSIUS.
Secrétaire-adjoint, Fr. ANGENOï.
Signes employé» pour les fiëcoratioiis : §'., Ordre de Léopold ; »ï<. Croix de fer;
)§<, Croix commémorative ; 0. C, Décoration civique; G. C, Grand'Croix ou
Grand Cordon ; G. 0., Grand Officier ; C, ('.ODinoandeur; 0., Oflficitr.
— XII
lUembre» elTectif»
DEPUIS LA FONDATION' DE l'iNSTITUT.
Date (le l'admission.
4 avril 1850. 1 . d'OTREPPE de BOUVETTE (Albert).
0. :§(, conseiller honoraire à la Cour
de Liège et du Conseil des mines, se-
crétaire général honoraire de la Soci^f?'
(rEmulation de Liège, correspondant
de la Commission roi/ale des monu-
ments, etc.
» Davreux (Charles). Dec. le 11 av. 1863.
» Delsaux (Charle.s). Dém, nom. memb.
cor. le 5 janv.1859.
Dém. le
» 2. GRANDGAGNAGE (Joseph), G.O.^,
premier président honoraire delà Cour
d'appel, membre de YAcadémie royale
de Belgique, etc.
» PoLAiN (L.). Dém.lel8janv.l862.
)» 3. de SÉLYS-LONGCHAMPS (Edmond,
baron), sénateur, membre de VAcad.
ro;iale de Belgique, de la Société roy.
des sciences de Liège, etc.
» Capitaine (Ulysse). Deni.le21janv.1862.
Réélu le 2 mars 1866.
Dec. Ie51 mars 1871.
» BoRGNET (Adolphe). Dém. le 6 déc. 1858.
n. membre corresp.
» 4. BORMANS (J.-H.), 0. igt, professeur
ordinaire à TUniversilé de Liège ,
membre de YAcad. roij. de BcUjiqm'
et de la Commission ro;;. d^liixf., etc.
» Capitaine (l'ÉLiX). Dém.le7avrill869,
n. membre honor.
» Delahave (A.-J.) Id. le 11 mai 1855,
n. membre corresp.
» Dlvivier-df.-Streei, (Charles). Déc. le l*''fév.l865.
— XIII —
Date de l'admission.
4aYriM850. 5. FABRY-ROSSIUS (Lons). agrégé
à l'Université de Liège, correspondant
de la Société française pour la conser-
vation des monuments historiques, etc.
» 6. GRANDGAGNAGE (Charles;, *,
sénateur,ancien membre de la Chambre
des représentants, président de la Soc.
liéfieoise de littérature wallonne, mem-
bre de la Société de Berlin pour la
langue et les antiquités, etc.
» Henalx (Ferdinand). Dém.leonov. 1865.
» DE Ci.ossET (Léoni. Id, le 24 fév. 1852,
n. membre corresp.
20mai1852. Van den Steen de Jehay (Xavier, comte). Id. le 5 déc. 1858,
n. membre corresp.
Ilmail855. Hagemans(G.). Id. le avril 1857,
n. membre corresp.
15 av. 1857. 7. THIER (Charles de), conseiller à ia Dém.Ieônov. 18.59,
Coui' d'appel. n. membre corresp.
le 18 dito. Réélu le
5 décembre 187.^).
.5janv. 18.59. 8. LE ROY (Alphonse). )§, professeur Id. Ie21 janv.1862.
ordinaire à l'Université et à lEcole Réélu le 5 février
normale des Humanités, membre de 1868.
VAcad. royale de Belgique.
3févr. 1859. 9.HELBIG (Jules), artiste-peintre, cor- fd. le 17 mai 1862.
respondantdelaCowjmmJon royale des Réélu lelodécemb.
monuments, etc. 1867.
» HocK (Félix). Déc. le 5 mai 1867.
18nov.l859. Bormans (Stanislas). Dém. le 7 fév,1875,
n. membre honor.
Cmarsl8G2. Cralle (Aristide). Id. le24nov. 1865.
» 10. ALEXANDRE (Joseph), docteur en
médecine.
0 11. DOGNÉE (EUGÈNE-M.-O.). @,
avocat, président de la Sociale de
rUnion des Artistes, etc.
5 juin 1862. Theux (chev. X. de). Dém. le 7 mars 1867,
n. membre corresp.
- XIV —
Date de l'admission.
23av. 1865. Umé (Godefroid). Déc.le 22 mars 1875.
7janv.l864. Houbotte (J.-T.-G.). Dec. le 5 avril 1867.
25nov.l865. 12. SCHOONBROODT (4.-(i.), ®,
avocat, conservateur des Archives de
l'Etal, etc.
15juinl867. Devroye (T.-J.). Dec. Ie29juil. 1875.
15déc.l867. 15.MAYNZ(C.), ^, prolesseur ordinaire
à l'Université.
)) 14. HENROTTE (Nicolas), chanoine
honoraire de la Cathédrale, aumônier
de l'Hôpital civil.
12nov.1868. 15. DEJARDIN (Adolphe), capitaine du
génie pensionné, membre de plusieurs
Sociétés savantes.
14janv.l869.MEVERs (Mathieu- Bernard). Dém.le6janv.1871,
n. membre honor.
1" av. 1870. 16. ANGENOT (Félixj, chef de division
au Gouvernement provincial.
» 17. NOPPIUS (Lambert), architecte de
la province.
5 juin 1870. 18. DEJARDIN (Joseph), notaire, vice-
président de la Société liégeoise de
littérature wallonne.
I"juil.l870. 19. HELBIG (Henri), .secrétaire de la
Société de rEspérance, bibliophile.
» 20. POSWICK (Eugène), homme de
lettres.
5janv.1872. 21. DEWALQUE (Gustave), >}$, profes.
ordinaire à l'Université, membre de
YAcad. roy. de Belgique.
23avr.l872. 22. GOER de HERVE (baron de), pro
priétaire.
l juil. 1875. 25. VAN de CASTEELE (Désiré), conser-
vateur-adjoint des Archives de l'Etat.
» 24. LOOZ-CORSVVAREM {(•}' Georges
de), membre de [tJusieurs sociétés sa-
vantes.
— XV —
M«uil>rea honoraires
DEPUIS LK FONDATION DE l'INSTITUT.
Dal« de l'admissioD.
3iinail850. Fontaine (G.-F.-J. baron de la). Dec. le 1874.
» QuETELET(L.-A.-J.). Déc.lel7févr.l873.
« 1. ROULEZ (J.-E.-G.), 0. ^, proies,
d'archéologie à l'Université de Gand,
membre de V Académie royale de Bel-
ifiqut et de ÏInstitut de France, etc.
à Gand.
n ScHAYES(A.-G.-B.). Dec. leSjanv. 1859.
4marsl851. :2. LECLERGQ (M.-N.-J.). G. C. ^,
procureur général honoraire près de
la Cour de cassation , ancien ministre
de la justice, ancien membre du Con-
grès national et de la Chambre des
représentants, etc. à Bruxelles.
» Gerlache (baron E.-C. de). Dec. le 10 fév. 1871.
24fév. 1852. DE Ram (P.-F.-X.). Dec. le 14mail86S.
Iljuinl852. 5. de WITTE (baron J.), ^, membre de
ÏAcad. roy. de Belgique et de l'Institut
de France, de VAcad. roy. de Berlin,
président de Y Académie d'archéologie
de Belgique, etc. à Anvers.
16juil.l852. 4. PITRA (J.-B.), (ardinal, à l'abbaye de
Solesmes (département de la Sarthe).
10juinl855. Caumont (A. de). Dec. le 17avr. 1873.
» Raoul-Rochette
» 5. PARIS (Paulin ), ^, professeur au
Collège de France, membre de V Institut
de France, etc. à Paris.
» 6. LE CLERCQ (V.), C. *, doyen de la
Faculté des lettres de Paris, membre
de ïinstitut de France, etc. a Paris.
— XVI —
Dat« de l'admission.
i6juil.l855. 7. ROGIER (Charles). G.C. ®, ancien
ministre des affaires étrangères, ancien
membre du Gouvernement provisoire,
du Congrès national, etc., [membre de
la Chambre des représentants, à Bru-
xeUes.
» Stassart (baron G.-J.-A. de). Dec. le 40 oct. 1854.
25nov.l8o5. Beaufort (comte A.-L.-L. de). Dec. Ie29juil. 1858.
Mai 1857. 8. DE DECKER (P.), C. :g[, ancien
ministre de l'intérieur, membre de la
Chambre des représentants, del'Ac^f-
démie royale de Belgique . etc. à
Bruxelles.
5juil.i857. Mercy-Argenteau (F.-J.-C. comte de). Dec. Ie25janv. 4869.
» Warnkœnig (L.-A.). Id. le 49 août 4866.
5juil. 4860. Boucher DE Perthes (J.). Id. le juil. 1868.
lOoct.4860. 9. GACHARD (L.-P.), C. @, archiviste
général du royaume , membre de
ï Académie royale de Belgique, de la
Commission royale d'histoire, du Con-
seil hé,raldique, etc. à Bruxelles.
28 oct. 4861. 10. RAIKEM (J.), (,'. C. g|c, procureur
général honoraire près de la Cour
d'appel, ancien membre du Congrès
national, ancien ministre de la justice,
etc. à Liège.
6 mars 1862. U. Van den PEEREBOOM (Alphonse),
G. 0. ®, ancien ministre de l'inté-
rieur, membre de la Chambre des
représentants, président de la Société
archéologique d'Ypres et de Vancienne
West-Flandre, etc. à Ypres.
Sfévr. 1863. 12. CHALON iRenieh), 0.^, membre
de YAcadémie royale de Belgique, pré-
sident de ]» Société royale de numisma-
tique c\ de la Société des Bibliophiles
de Mons. etc. à Bruxelles.
— xvn —
Date de l'admission.
5 févr. 1863. Hoffman (F.-L.). Dec. le 21 juin 1874 .
7 mai 1863. Troyon (Frédéric).
12déc.l868. 13. LLMBOURG (Philippe de), pro-
priétaire, à Theux.
7 mai 1869. 14. CAPITAINE (Félix), 0. .^, ancien
président de la Cliambre et du Tribunal
de commerce, ancien membre du Con-
seil provincial, etc. à Liège.
3févr.l871. 15. MEYERS (Mathieu-Bernard), 0. ^,
général-major du génie, vice-président
de la Société royale de mmismaiique ,
membre de la Commission directrice
du Musée royal d'antiquités et d'ar-
mures, etc. à Anvers.
7 mars 1875. 16. BORMANS (Stanislas), secrétaire
honoraire, conservateur des Archives
de l'Etat, membre de la Commission
royale d'histoire, etc. à Namur.
xvia
Membres corre»pondants
DEPUIS LA FONDATION DE l'iNSTITLT.
Date de l'admission.
31mail8o0. 1. MULLER (Cl.^ ®, membre de la
Chambre des représentants, ancien
membre de la Députaiion permanente
du Conseil provincial, etc. à Liège,
» Perreau (A.). Dec. le 7 déc. 4868.
» 2. PRTIT DE ROSEN (J.), membre de la
Chambre des représentants, à Grune.
28juini8o0. Franquinet (G.-D.). Déc, le
26juil.l850. 3. RÉMONT (J.-E.; , '^ , professeur
d'architecture et de construction à
rAcadéraie des beaux-arts, membre de
la Commission royale des monumenis,
à Liège.
imarslSol. Comhaire de Sprimont (Ch.). Déc. le 6 marsl861.
» DE Reume (A.). Id. le 2 juillet 18C5.
» 4. VISSCHERS (A.), 0. î^, membre du
Conseil des mines et de la Commission
directrice des Annales des travaux
publics de Belgique, à Bruxelles.
» DE Thier (Aristidk). Déc. le
» Materne (J.-F.-C ). Déc. le 15 avr. 4860.
» 5, CRASSIER (L.-D.-J. baron de), 0.
@c , premier président de la Cour
de cassation , membre du Conseil
héraldique, etc. à Bruxelles.
20déc.l851. Delvaux (H.-J.-R.). Déc. le 22 av. 1858.
» Mottin(P.-B.). Id.le 50 juillet 1859.
24fév. 1852. Namur (A.). Id. le 31 mars 1869.
20juiii 1852. de Lebidart de Thumaide (chevalier). Dém. le 18 avr. 1864.
» Ci-ossET (Léon de). Déc. le 51 août 1866,
16juil.l852. 6. HAGhMANS (G.), membre de la N. membre effectif.
Chambre des représentants,membre de Réélu le 15 avril
plusieurs Soc. savantes, à Bruxelles. 1857.
— XIX —
Date de l'admission.
16juil.l853. BoRGNET (J.). Dec. le22oct. 1872.
» Baron (A.-A.). Id. 1 ? 24 mars 1862.
» Carton (C.-L.). Id. le 8 mars 1863.
» Chalon (R.). N. membre honor.
» Dewandre (H.). Dec. le 30 sep.1862.
» DEL Marmol ( ). Id. le
» d'Héricourt (comte Achmet). Id. le
» 7. DESNOYERS (J.), bibliothécaire du
Muséum d'histoire naturelle, secrétaire
de la Société de Vhistoire de France, etc.
à Paris.
» 8. NOUE (Arsène de), docteur en droit,
membre de plusieurs Soc. savantes,
etc. à Malmedy.
» Renesse-Breidbach (comte L.-J. DE). Dec. Ie28 mars 1863.
» RoBiANo (comte M. DE). Id. le 17 déc. 1869.
» DiNAux (Arthur). Id. le 13 mai 1864.
» Gachard (L.-P.). N. membre honor.
» 9. FIESS (J.), ^, bibliothécaire de
l'Université, ancien échevin, etc. à
Liège.
» Kersten (Pierre). Déc. leojanv. 1865.
» Le Roy (A.). N. membre effectif.
» Lavalleye (E.). Déc.lel8sept.l869.
» VAN HiLST (F.). Id. le 1872.
» 10. VAN DER STRATEN-PONTHOZ (comte
F,), vice-président de la Société ar-
chéologique de la Moselle, membre de
plusieurs Sociétés savantes, à Metz.
)) 11. WURTH-PAQUET (F.-X.), ancien
minisire de la justice, président de la
Cour supérieure de justice, membre
de plusieurs Sociétés savantes , à
Luxembourg.
» Saint-Genois (baron Jules de). Dec. le lOsept. 1867.
— XX —
Dat« de l'admission.
16juil.l855. 12. WÂKZÉE (A.), chef de division au
ministère des travaux publics, membre
de plusieurs Sociétés savantes, etc. à
Bruxelles.
25nov.l855. Likert (Marie-Anne). Dec. Iel3janv.l865.
28mars 1854. 15. NEYEN (Aug.), docteur en médecine,
inspecteur de l'instruction publique
au Grand-Duché de Luxembourg ,
membre de Ylnstitul de France et de
plusieurs Sociétés savantes, à Wilti
(Luxembourg).
31janv.l8oo.l4. COSTER (L. de), directeur de la
Revue de la numismatique de Belgique,
membre de plusieurs Sociétés savantes,
à Bruxelles.
31janv.i855.1o. KAUSLER (E.-H.\ archiviste géné-
ral du royaume de Wurtemberg, à
Stuttgard.
41 mai 1855, 16. DELAHAYE (A.-J.), 0. ^, ancien
ingénieur en chef des ponts et chaus-
sées, à Naniur.
7 dëc. 1855. 17. LOUMYER (N.), ^, chef de division
honoraire au ministère des aflfaires
étrangères, à Bruxelles.
16déc. 1856. Cralle (Aristide). N. membre effectif.
» Thier (Charles de). Id
17janv.lo57.MÉCE (Al. du). Dec. le
» 18. DIEGERICK (J.), ^, archiviste,
membre de plusieurs Soc. savantes, à
Bruges.
5 juil. 1857. Bailleux (Alphonse;. Péc. Ie24 janv.1866.
27janv.l858. 19. BUSSCHER (E. de), ®, membre de
V Académie royale de Belgique, de la
Commission roifalc des monuments, etc.
k Gand.
— XXI —
Date de l'admission.
27janv.l8o8. 20. DEVILLERS(LÉopoLD),conservateur
des Archives de l'Etat, membre de
plusieurs Sociétés savantes, à Mons.
3janv.l859. 21. BORGNET (Adolphe), 0. ^, pro-
fesseur ordin. à l'Université, membre
de la Comuiission royale rrhisloire ,
etc. à Liège.
» 22. Van den STEEJN de JEHAY (X. comte),
membre de plusieurs Soc. savantes, à
Bassiunes, par Havelange (Namur).
» Helbig (Jules). Nommé raemb. eflf.
» HocK (Félix). Id.
5nov. 1859. Bormans (Stanislas). Id.
Sjuil. 1860. Dejakdin (Adolphe). id.
15oct.l860. 25. NAUTET (G.), imprimeur-libraire,
à Vervien.
9 mai 1862. 2i. RENIER (Joseph), peintre d'histoire,
professeur à l'École industrielle , à
Verviers.
ôjuil. 1862. Challe ( ). Déra. le
2ocl. 1862. 25. œRBESIER(N.), ancien vérificateur
de l'enregistrement et des domaines,
à Liéçie.
12janv.l865.ScH00NBR00DT (J.-G.j. Nomme menib. eff.
25avr.l863. Limbourg (Philippe de). N. membre honor.
!6nov.l865. 26. BORMAN de SCHALKHOVEN (che-
valier Camille de), conseiller provin-
cial , membre correspondant de la
(lommmion royale des monuments, à
Schalkhoven.
1 avr. 1864. 27. GROTEFEND (C.-L.;. archiviste de
l'Etal, a Hanovre.
» 28. ZOPFL (H.), professeur de droit à
l'Université, conseiller du Grand-Dur
de Bade, à Heidelberg.
— XXI! —
Date de l'admission.
Helbig (Henri). Nommé memb. efif.
20 mai 1865. 29. KEMPENEERS (A.), docteur en
droit canon, à Montenaeken.
» 30. DELHÂSSE (F.), homme de lettres,
à Bruxelles.
7raarsl867. 31. THEUX (cheval. X. de), docteur en
droit , président de la Société des
Bibliophiles belges, à Bruxelles.
» O'Kelly. Dec. le
13marsl868.DE Ville-Thiry (E.). Dém. le
12nov.l868. Meyeus(M.-B.). Nommé memb. efif.
1 mars 1869. Looz (comte Georges de). Id.
3déc. 1869. Poswick (E.). Id.
)) 32. BODY (Albin), homme de lettres, à
Spa.
f) 33. LOBET (J.), homme de lettres, à
Auxeire.
4 fév. 1870. Dejardin (Joseph). Id.
1 juil. 1870. 54. BLONDEN (Guill.vume), ingénieur-
directeur des travaux de la ville, à Liéqc
3marsl871. 53. MATHIEU (J.), instituteur, à O/we.
7avr. 1871. 56. HAHN (Al.), greffier à la justice de
paix, à Liizarches (France).
7 juil. 1871. 37. SCHOOFS(L.-H.), curé, à Tilleur.
2févr.l872. 38. LEFÈVRE (J.), instituteur commu-
nal, à Landen.
8nov. 1872. 39. BOSARD (N.-.I.), curé, kJupillc.
4 juil. 1875. 40. PINSARD (H.-J.), ingénieur en chef
directeur des ponts et chaussées dans
la province de FJége.
— xxm —
Membres associé»
DEPUIS LA FONDATION DE L'iNSTITUT.
Date de l'admission.
8 mai 1857. Corbesier (N.). Nommé memb. cor.
)) Bor.MAN DE SCHALKHOVEN (chCV. C DE). Id.
» Thys (Ch ). Dém. Ie7 avr. 1865.
» 1. DELEXHY (M.-J.-B.), ancien con-
seiller provincial, à Grâce.
5févr.l86o. 2. LA ROUSSELIÈRE (baron Gaston
de), propriétaire, à Liège.
)> Whetthnall (baron Ed.). Dém. le
1) Bol'nam de Ryckholt baron Phil. de). Dém. le 1873.
» Malécot (Léon). Dec. le 1866.
23 av. 1863. 5. MARTI AL!(Epiphaise), avocat, à Lie'âfe.
5 juin 1865. Xhoffray (J.). Dém. le
» -i. BURY (Auguste), avocat, à Liège.
» Brixhe (L.). Dém. le! déc.1865.
24oct.l862. Caumartin (L.). îd. le
» Debrun (G.-L.-E.). Dec. le
» 5. DEJARDIN (Louis), docteur eh méd.,
à Liège.
» 6. DOREYE (L.-A.-J.), 0. ®, premier
président honoraire de la Cour d'appel,
à Liège.
» Dumont (B.-A.). Dec. le
)> 7. FAUSSE (L.), industriel, consul de
Russie, à Liège.
» Forgeur (baron Joseph). Dec. le 17 fév.1872.
)> Frankinet (T.). Dec. le
n Gloesener (Math.j. Dém. le
» Goer de Hervé (baron de). Nommé raemb. elf.
» Grisar (Phii.ippe). Dec. le
» 8. HEMRICOIJRÏ de GRUNNE (comte
Arthur de), conseiller prov., àBrux.
2-loct.l862. 9. LOOZ-CORSWAREM ^ comte Hipp.
de), sénateur, à Liège.
— XXIV —
Date de l'admission.
24oct. 1862. Macar (baron Ferd. de), Déc.le24 mars 1866.
» d'Otreppe (Frédéric). Dec. le
Hnov.1862.10. RH.HARD-LAMARCHE fH.) , ^,
propriétaire, à Liège.
» Rossius-Orban (C. de). Dec. le
» Senzeille (baron Ernest de). Id. le 1866.
» Smets(Th.). Id. le 4 sept. 1866.
» Dewandre (Ferd.). Déra. le 1866.
» 11. VVAUTERS-CLOES (Hyacinthe),
propriétaire, à Liège.
» Stassin (Albert). Déra. le 1864.
» d'Otreppe (Adolphe). Id. le 17 mars 1869.
Hnov.1862. 12. THIMISTER (Olivier), chanoine
honoraire de la cathédrale, à Liège.
» NoppiLS (L.). Nommé membre ef.
» Fick-Simon. Dém.le janv.1871.
29déc.l864. Angenot (Félix). Nommé membre ef.
» De Tombay (,Fr.- Joseph). Dém.le
7marsl867. Hennebert (A.). Dém.le
15marsl868. 15. LEQUARRÉ (N.), professeur à
TAthénée, à Liège.
7 mai 1869. Dallemagne. Déni, le
1869. 14. DUBOIS (N.), vicaire, à S'-Jean, à
Liège.
)) 15. GRÉGOIRE (M.i, secrétaire com-
munal, à Wnndre.
» 16. HOCK (Auguste), propriétaire, à
Liège.
* Lyon (Cl.). Nommé inemb, cor.
Ie2fév.l872. Dém.
le8nov.l872.
» 17. COUCLET-MOUTON iFr.), négo-
ciant, à Liège.
» 18. STELNBACH (J.), fabricant, à Ma/-
medy.
)) 19. THYS (Edouard), abbé, à Liège.
— XXV -
Date de l'admisâiun.
7janvJ870. 20. COLLETTE (P.-J.), propriétaire, à
Juslenville [Tlieux).
» 2i. MAGNÉE (Gusta\'e), receveur des
contributions, à Iheux.
» 22. MALHERBE (Edouard), ^, fabri-
cant d'armes, à LUge.
^ 2.3. PiROTTE (A.), cntrepreneur,à Liège.
1871. 24. VORST-GUDENAU (baron Ernest
de), à Zladlowilz (Moravie) .
» 25. DIGNEFFE (Léonce), rentier, à
Liège.
1872. 26. GERNAY;Glstav£), notaire, à Spa.
51déc.l875. 27. FRÉSART (Jules), banquier, à Lt(^r-
» 28. LELIÈVRE (Xavier), substitut du
procureur général à la Cour d'appel,
'a Liège.
V 29. GEUREL ( }, juge d'instruction,
;i Marche.
» 50. D0.V1MART1N iLéon), homme de
lettres, à Pans.
15jan.l874. 51. RENOZ (Ernest), notaire, kLiége.
14fév.l874. 32. HICGUET (Dieudonné) , docteur en
médecine, à Liège.
» 55. LOHEST-DE WAHA (Paschal),
rentier, à Liège.
21fév.i874. .54. JARSIMONT (A. -F.), major r-en-
sionné, à Liège.
i8raars 1874.35. DEPOUILLE (Léon) , teinturier, à
Theajc.
» 5G. BR1XHE-STEL\BACH (Ouvier),
directeur de Sociétés d'assurances,
à Liège.
21 mars 1874. 57. DE HASSE-DE VILLERS . i^Ai-
cusTE ) , conseiller communal, à Liège.
NÉCROLOGIE
Monsieur le chanoine Devroye et Monsieur Godefioid Umé,
architecte, tous deux membres effectifs, sont morts pendant
l'année 4873. Deux membres de VInstilut se sont chargés d'écrire
la notice nécrologique de nos deux regrettés confrères; elles
paraîtront dans le corps du volume.
HI'I.I.HriN DE I INSTITUT ARCHEnLOGIQUE LIEOEOlS.TOMJCll j-ME l
FOUILLES DE BERTREE
KD JAMAR ARCH DEL
LrtJrJ CremcUi J- U'i"
OBeUincouri-
'aie éombe JC.
]e deBémsLveL
O Fr
^
lKE
UégeA^-^^'îs^ï^^--'
Coupe
de la pierre angulaire
des Vina.s
du V/ey erb&mpi
et de Berii-ée
Plan figursiif delà villa Romaine àBERTREE
avec Indication des fouilles faites dans
LEGEND E .
A ; Tombe
CD: Villa Romaine
K: Fouilles faites par l'auteur de ce rapport
avec le concours de W Schuermans
S; Fouilles faites par M7 SchuerinanB
L-K: id. faites parM.M, Lefèvre
et Kempeneers.
S dcL-K: id parMM leC'.' G deLooz
et Kempeneers
OUA'fcjs-er.'.M L-K
O î^isrlanden.
ATambe deMiddeimnde K.
;:V Cimeù^
O QverwiTi.de
i:-'TombeWi CmehèreK. ": /\ Tombe d^ffémaya
audumO ^' ri ïf OCfa: Avernas '■.....■
OBrrlree OBoelke
OHannué OTr^^ée /\ TomèeK.
A.KEMPENEERS BEI.
l,\çqe.H^^''feV"' ^'
EXPLORATION
DES
iUBSTRDCTIOSS DE LA VILLA ROMAINE DE BERTRÉE,
M.„ MBMF'EIVËERe.
LA COMMUNE ET LE PRIEURÉ DE BERTRÉE. — LA TERRE
DE S'-VICTOR. — ! ES FOUILLES.
La très-ancienne commune de Bertrée, située entre Avernas-
le-Bauduin et Cras-Avernas, non loin de Hannut, fait partie
aujourd'hui du canton de Landen et de la province de Liège.
Avant la réunion de la Belgique à la France et la réorganisation
civile qui a été faite alors, elle dépendait de l'ancien duché du
Brabant et du bailliage ou de la mairie (« mayerie») de Hannul,
qui était la W" et dernière du Brabant wallon (Gallo-Brabantia
ou Roman-pays). Elle suivait, avec les autres communes de ce
bailliage, la coutume de Louvain, où l'appel se faisait en dernier
ressort.
D'aucuns ont prétendu — mais sans fondement — que le
village de Bertrée était jadis renfermé dans l'enceinte des
remparts de la ville de Hannut {^).
i ') « Non omittendum tameii, licet non proben;, — dit J.-l!. Grammaye, Ga//o
Drab. antiqiiiiaies : Hanui'UM, — quod nonnuUi adslruiint, urbem Hmunensem] olim
quadruple amplioretn fuisse, ila ul pagus et cœnobium Berti-acense mœnibus cou-
cluderetur. Nunc \f i606] cerle exiguis limitibus raurorum ejus et fossarum ductus
eircumscribitur. i
»)
L'une des trois portes de cette ville , celle vers Namur ,
s'appelait laporte du Tombeiix, du nom d'une colline voisine (*).
Le Tonibtux, à l'entrée d'Avernas-le-Bauduin. monticule sablon-
neux à pente vers l'Est, fouillé par nous en 1863, était "in cime-
tière frank. On a trouvé que généralement toutes les collines
qui portent le nom de Tombeux soci de pareils cimetières {')*.
Dans une sphère plus restreinte, le village de Bertrée dépen-
dait ci-devant. t:int pour le civil que pour le spirituel, du prieuré
de la célèbre abbaye de Cluny de Tordre de S"-Benoit, en
France (').
Ce fut par la générosité de Wauthier [Walterus) de Trognée
ou de « Trudeneris », de « Trudignies », comme disent les
chartes citées ci-après, que fut fondé, en l'an 1124, le prieuré
de bertrée (").
Cet homme noble, « liber homo », ce qui n'était pas commun
ti celle époque (^), oftrit d'abord, avec réserve d'usufruit, sur
l'autel de S. Laurent, c'est-à-dire, donna à l'abbaye de ce nom à
Liège, son alleu entier ou domaine seigneurial, situé ii Cras-
(* 'i Porta Tumbaiia ( vulgo /a porte du Tombev), dit GrammaïE, ibid., a colle
suburbano cognomine, Naraurcum versus, ubi forte Iropseum î'iiquod velus. »
('; V. Ann. Soc. arcliéal. de Namur, t. VII, pp. 201, 268 et 277, et le rapport
sur nos fouilles : Exploration de quelques lumulus de la Hesbaye, par M. SCHUER-
MANs, 3* art., p. 237 et .suiv.
(5j a Berlriaeum, [liertrees) tam in sacris quam politicis a Prioratu dependens,
qui ante annos trecentos hic fundatus est , appendix Abbatial Cluniacensis in
Francia Ordinis l). Benedicti. authoritate Pontificia nuper [f 1561] Episcopatui
Namurcensi incorporatus. » Cp.ammaye, ibid.
(*) T/-«(/e??c)/.v (probablement mauvaise leçon au lieu de Trudeneiis) el Trudi-
yniex ; chez Hemricourt Truwengneez, aujourd'hui Trorjnée. Ce nom, différemment
orthographié, dérive du nom primitif Trudovecas que lui donna, au VU» siècle, le
seigneur de la Villa : « Totamque viliam, dit Donat, biographe de S. Trudon au
Vjll'' siècle, ex nomine sancti patris ( Trudnnis) Trudonecas appellavit, quo etiam
vorabulo usque in prjesentcm diem ab omnibus nuncupalur. » Dans les temps pos-
térieurs, le village est souvent appelé « Villa S. Trudonis » ou « Trudonica », et en
flamand » Truidelingen ;> ou « Trudelingen », aujourd'hui « Truijelingen. «
('"■) Etant établi sur ses propres terres (ses alleu.\), dont l'administration et la
uridiction lui apparlenaient, et n'ayant des charges qu'envers le prince-évôque de
Liège , iVautl.ie.r de Trognée devait être seigneur de premier ordre parmi les
hommes libres du XII' siècle. V. GuérARD, Polyptyque de l'abbé Irminon,^ -102.
Avernas ( ' ), dans le voisinage de la célèbre Warde (custodia) de
Steps « in comitatu de Sieps (*) » et eonsistaiit en terres labou-
rables, en prairies, en bois, en redevances dues par les tenures
du même domaine données en bénéfice (^), ainsi qu'avec le cens
de capitation de la fomille ou du personnel « Servi et ancillœ »
de ce fond allodial ; de même avec tous les droits d'usage, avec
toute la dîme (*) et toute 1j justice de la seigneurie (^), en sti-
pulant que l'évéque de Liège seul, et jamais un aulrc, en serait
l'avoué (^).
Wauthier de Trognée érigea ensuite, en la même année 1124,
le prieuré de Bertrée en donnant, avec l'approbation de l'evêque
de Liège, l'église et son hospice C), c'est-à-dire ses biens, ses
( ' ) « In minori Avernas », dit la charte. Les deux Avernas ne se distinguèrent
donc, au XII*^ siècle, que par les ëpithètes de grand ou supérieur et de peiil. Ce fut
longtemps après qu'ils reçurent les noms seigneuriaux de Crassus et Baldumus.
C^) De là, plus d'un auteur a fait du monticule de Steps un comté qui n'y a
jamais existé.
(') « Homines de terra censuali benejiciaii. » L'd terra (ou le mansns) ccnsualis
ou censilis était une espèce de tenure particulière soumise à d'autres conditions que
la tenure parfaite ou régulière des colons ou des serfs. On peut la définir : une terre
donnée à une église ou à un seigneur par une personne qui la reçoit ensuite en
bénéfice ou qui s'en réserve l'usufruit ou la jouissance, sa vie durant, à la condition
de payer au donataire un cens nioiiique à titre, non de loyer ou de bail, mais d'hom-
mage et pour marque de dépendance. Guékard, op. cit., ^ '234;.
(*) Le prieuré de Bertrée avait aussi une dîme à Cras-Avernas, comme il résulte
d'une charte d'échange de biens fait avec l'abbaye du Val-Noire Dame, lez-Huy, en
1267. Voir l'Annexe IH et aussi l'Annexe II.
( ") « Avernasium utrumque Crassi et Balduini hœreditas Abbiitia S. Laurentii
apud Leodios,qua? utrobiquc et Prailorem et senatum juri dicundo désignât. » Gram-
MAYE, loc. cit.
,*) V. cette charte Annexe 1.
(') « Les religieux de Cluny prirent à Bertrée... possession d un hospice , dil
» BouiLLïï, {Hisi. de Liège, an. 1 !24) que Wallhère de Trudigues avait bâti et qui,
» par après, fut érii;'é en prieuré. » — Les hospices étaient des tenures beaucoup
moins considérables que les manses {mansi ). Les terres aft'ectées à l'entretien des
églises étaient souvent c&mposées d'hospices ou du moins cultivées par des hôtes.
L'hospes était une espèce de locataire ou de l'crniier occupant une habitation ou une
terre étrangère sous des conditions plus ou moins onéreuses. Ainsi V/iospen tirait
sa qualité, non de su naissance comme le colon, ni de sa dépendance comme l'Aomo
ou le vassal, mais du titre précaire ou passager, en vertu duquel il possédait (Gue-
RARD, op. cit., §§ i>l"2 et oiO).
4 _-
droits d'usages, ses dîmes et tout ce qui lui appartenait à Hannut,
Poucet, Trognée et \vernas, à S. Pierre de l'église de Cluny, à
qui l'église de Bertrée était aussi dédiée, et aux Frères de l'ab-
baye de Cluny, pour être administrée par un prieur pris parmi
les religieux de ce monastère, et à peu près sous les mêmes
conditions que celles qu'il avait apposées au don de son alleu
de Cras-Avernas fait à l'abbaye de S. Laurent à Liège (*).
Nous lisons dans la Chronique de S^-Trond que l'église de
Bertrée fut desservie exceptionnellement par un moine d^
l'abbaye de S'-Trond, par Gérard , frère d'Otton, comte de
Duras, lequel s'étant démis de sa charge d'abbé en 1155, obtint
de l'abbé de Cluny d'être préposé au gouvernement de ce prieuré ;
mais après l'avoir dirigé peu de temps, il le quitta pour retourner
en son couvent de S'-Trond et y mourir en 1174 (').
La seule église qui existait à Hannut jusqu'en 1570, était, au
dire de Grammaye, dépendante de celle du prieuré de Bertrée.
Ce fut Havetius, premier évêque de Namur, qui, en cette année,
la rendit indépendante en la dotant de tous les droits d'une
église paroissiale (').
L'abbaye des chanoines réguliers de S'-Victor à Paris ,
fondée, comme tout porte l\ le croire, par Louis-le-Gros, en
(«) V Annexe II.
(•) a Gerardus ab abbata Ciuniacensi cellam quondam ipsorum, tribus roilibus
» {irois fortes lieues a nobis disparalarn, Berlreys nomine, ab eo regendara suscepit.
» Cui cum aliquanlo tempore prsefuisset.... ad nos se convertit.... etobiit 1174. »
[Chrome. Trud., lib. II, ap. Migne, Patrol. lat., tora. 173, col. 239;.— On appelait
cella une petite maison, une ferme, une métairie, appartenant à un monastère. On
nommait un religieux pour y résider, veiller à la culture, recueillir les fruits et
percevoir les revenus.
(') Grammaye, loc. cit. o Ecclcsia in urbe {Uaniaensi) unica est eaque appendlx
» Bertrayensis, nisi quod Havetius, Antisles Namurci prinius (ut indecens, ita
» minus comniodum videns in urbe, Parochia carere), prospexit, el absolutam Bap-
» tisterio el Chrismate aliisque Harochiarum juribus donavit Ecclesiam. Cujus rei
» in oppidis iusolitae cogitatio me subinde invitât credere, urbem serius et forte a
» temporibus Joannae àach ^Veure de Wenceslas |f 1383- î .104]) extructara, idque
» occasione arcis ibi veferis et opportunse, >i
- 5 —
1113 (^),cloit avoir eu aussi des terres à Bertrée, car la parcelle
nMSSdu cadasti-e, sur laquelle se trouvait jadis la Villa romaine
dont nous allons parler, porte le nom de terre de S'-Vidor.
Cette terre qui appartient à M. Delange, échevin de Bertrée,
est située à l'Est de ce village, au lieu dit « Les Pirettes », au-
dessus du ruisseau appelé Henri -Fontaine, qui prend sa source
à Cias-Avenias et va se jeter dans la petite Ghète (^) à Orp-le-
Peiit. Elle nous était connue, depuis 1864, comme recelant les
subsiructions d'une villa romaine, par les nombreux fragments
de tuiles romaines que nous y avions vus à la superficie, et pour
y avoir trouvé, déjà alors, la partie pointue d'un très-beau style
en bronze (planche I, fig. 4) et des fragments peints de crépi de
murs ('). Cette maison de campagne n'était pas loin des tombes
de Montenaken et d'Avcrnas-le-Bauduin, ni du cimetière frank
de ce dernier endroit, dit Tombeux, que nous avons explorés en
1863, ni des nombreuses fouilles que j'ai dirigées ici, dans un
certain rayon autour de iVîontenaken, tant dans la pi'ovince de
Liège que dans celle de Limbourg, et qui ont été faites,
depuis 1862, au profit du Musée royal d'antiquités de la porte
de Hal h Bruxelles, avec les subsides du gouvernement. Déjà,
en 1860 et même avant , j'avais tâché d'attirer l'attention
de l'honorable président de VInstitut archéologique liégeois sur
les nombreux monuments d'antiquités qui se trouvaient dans
celte contrée limitrophe de deux provinces. Une occasion im-
prévue nous mit, en 1862, en devoir de les signaler aussi, dans
(* ) C'est dans la chapelle S'- Victor qup. Guillaume de Champeaux, archidiacre de
Paris, se retira avec quelques-uns de se:; disciples en l'année \ 108, et qu'il y jeta les
premiers fondements de cette dcole célèbre qui, depuis, produisit tant de grands
hommes, dont plusieurs sont encore regardés aujourd'hui comme les lumières de
rEglise. V. Tableau liist. et piitor. de Par/.';, par J.-B DE Saint-Victor, III, 868.
{*) Gliiace en wallon tant pour la commune que pour la rivière, aujourd'hui
.fauche.
( ') V. le 4" art. du rapport de M. Schuermans sur Y Exploration que nous avons
faite de quelques tumulas de la Hesbaye, p. 377.
un assez long Mémoire, à M. Schuermans, alors procureur du
roi à Hasselt (i),qui nous mit aussitôt en rapport avec M. Juste,
conservateur du Musée. Les fouilles commencèrent bientôt
après, et furent poursuivies, en hiver comme en été, pendant
deux années consécutives, jusqu'en 1864. On sait avec quel
succès par les rapports qui en ont été publiés (^).
Après une trêve assez longue, remplie d'incidents divers et
.sollicité plusieurs fois, soit de la part de M. Juste, soit de la
part de VInstilut liégeois, àe vouloir continuer, pour leurs musées
respectifs, les explorations qui restaient à faire dans ces mêmes
environs, je m'y résolus enfin et écrivis aussitôt, au nom de
V Institut, au propriétaire de la terre dite de S^-Victor pour être
autorisé à y effectuer des fouilles, ce que celui-ci accorda gra-
cieusement avec une seule réserve, celle de pouvoir utiliser les
pierres de silex qui pourraient s'y trouver. Le silex y a fait
défaut. I! n'y avait que blocage et moellons de pierre blanche,
produit de la contrée.
Les fouilles commencèrent le 21 octobre lS7â et furent rapi-
dement terminées en douze journées. J'avais été assez heureux
de retrouver deux anciens ouvriers qu'une longue expérience a
rendus très-experls dans ce genre de travaux (^).
Il nous fut révélé, dès le premier jour, que les fondations
étaient fort éparpillées par la fréquente extraction de pierres,
faite par les gens de l'endroit ; ce qui nous indiquait assez que,
le sol ayant été souvent remué, plus d'un objet aurait été décou-
vert et emporté, et que le succès ne répondrait guère à notre
attente. Le plan figuratif de cette villa (planche I, tig. 12) montre
ce que nous avons pu retrouver de ses fondations qui étaient peu
( 1 ) V. Bulletin de la Soc. scienlif. et Un. du Limb., VI, 282.
(') Dès celte même année, M. Schuermans, acconipiigué de deux de nos anciens
ouvriers, esl allé faire des fouilles dans les tombes de Koninxheiin, Korpmael, etc.,
et puis, avec le concours de M. Habets, dans la villa du RonJenbosch a Houlhem-
Saint-Gerlach.
(*) Vandormael et Van de Ghoer.
7 -
profondes (de moins d'un pied). De nombreuses traces d'incendie
prouvent que la villa de Bertrée, comme d'autres, a été violem-
ment détruite par le feu. Toutefois, colle du Betzveld à Landen,
qui en est peu éloignée, a cessé d'exist;'r par vétusté (*). Cette
maison de campagne, comme généralement toutes les villas
belgo-romaines, était assise sur la pente d'une colline qui des-
cend vers le ruisseau prénommé. On y jouit d'un magnifique
horizon du côté Sud ou de Hannut. Il est à supposer que tel
emplacement fût préféré pour éviter les inondations et faciliter
l'écoulement des eaux. Comme les autres, elle aussi était tournée
vers l'Orient. La règle de l'orientation (-) a été observée, autant
que possible, tant chez les païens que chez les chrétiens, non-
seulement pour les édifices sacrés, églises ou temples, mais
aussi pour les maisons privées et les sépultures (tumulus ou
cimetières).
Voici maintenant la petite liste des objets trouvés :
I. Métal. — aj. Un beau style en cuivre^ couvert d'une belle
patine (pl.I,tig. 1). Cet instrument, pointu à l'un de ses bouts et
plat à l'autre, servait à écrire sur des tablettes couvertes d'une
couche mince de cire ('). On employait la pointe pour tracer les
caractères, et le bout plat pour faire des corrections en rendant
de nouveau unie la surface de la cire, de manière à y effacer
les lettres qui y étaient marquées. C'est ainsi que l'expression
vertere stilum (Horat) signifie raturer ou corriger ce que l'on
(' ; V. le Rapport de M. LefÈVRE IBull. de l'imi. arcli. liégeois, XI, 120;.
(-) « Qui templa aut œdes r.onstruere voiunt ad Orientem spectantia, ita descri-
» bunt, ut ad solem in meose Nisan (mars-avril) orieritem obversa sit fabrica. ^
{MOSES Bar-Cepha, Commentar. de paradiso, part, l, cap. 13. — Il vivait vers le
milieu du X»- siècle.)
(') Cet usage existait aussi chez les juifs. On lit dans S. Luc l, 63, que Zacharie
étant muet demanda une tablette « ?os\uhrii puçiUlarem » pour y écrire le nom de
Jean avec un style dans la cire, comme l'expliqur Tertullien [de klolairia. G, 23) :
« Zacharias loquitur in stylo, auditur in cera. » S. Jérosie, Epii-r. 14:2, in fine, nous
apprend qu'il a dicté des lettres, même longues, dans la cire.
compose (* j. Tels éfaient les styles que nous avons trouvés dans
le tumulus de Wals-Beetz et dans la villa du Lazaret de Wals-
Wezeren ('). Telle est aussi la forme, ainsi que l'emploi que
Cœlius Symposius assigne au style dans ces trois vers :
« De summo planus, sed non ego planus in imo,
j) Versor utrinque manu, diverse munere fungor :
» Altéra pars revocat quicquid pars alîei a facit. »
Contrairement à cette forme commune, le style de la villa de
Bertrée est rond et non plat en haut; il est donc d'une l'orme
exceptionnelle (').
Cet instrument était ordinairement fait de bronze, de cuivre,
d'os. Dans le livre de Job (vers 1600 av. J.-C), il est parlé du
style en fer (*).
b). Trois fragments de styles, auxquels manque la partie supé-
rieure. Deux de ces fragments sont en cuivre (pi. I, tig. 2 et 3).
Peut-être sont-ce des épiiigics sans télé ou des aiguilles sans
chas. Un seul de ces fragments est en beau bronze (pi. I, fig. 4).
Il n'est pas rare de trouver un certain nombre de styles dans
les substructions des villas belgo-romaines. Ces styles prouvent
que les habitants de ces villas n'étaient pas illettrés, et leur
nombre semble indiquer que plus d'un s'en servait.
c). Belle épingle à cheveux, en cuivre, longue de 8 i/2 centi-
mètres (pL I, tig. 5). Les femmes avaient l'habitude de passer ces
(*) ANTH. RlCH, v'Jo Stilus.
(*) V. ScHUERMANS, Explorai, de quelques tumulus de la Hesbaye, pag. 134
et 368.
(') l'eul-êlre élait-ce une sonde, instrument de chirurgie. Il n'y a pas lieu,
croyons- nous, à penser ici à une épingle de lêle.
(*) XIX. 23-24 : a Quis mihi det, ut exarentur (sermones raci) in libro stylo
v ferreo, et plumbi lamina, vel celte sculpantur in silice? » De môme dans Jérémie,
«n lit iXVlI. 1 ) : « J'eccatum Juda scriptum est in stylo ferreo in ungue adamanlino. »
- 9
grosses et longues épingle? dans leurs cheveux, derrière la tête,
quand ils avaient été tressés et relevés, pour les maintenir (')o
d). Un petit couteau avec le manche en fer (pi. I, fig. 6).
e). Deux clefs en fer à panneton denté (pi. 1, fig. 7 et 8). Ces
clefs n'ont que deux dents, en quoi elles diffèrent de celles des
villas du Lazaret (Wals-Wezeren), du //é-m^/rt/^ (Wals-Beeiz) et
de Herkenbergh (Meersen), qui en ont trois. De la seconde de ces
deux clefs s'est détachée une dent en la nettoyant. Cette forme
de clef semble avoir servi à fermer et h ouvrir, si pas une ser-
rure ordinaire, du moins une serrure à simple verrou en pous-
sant celui-ci en avant ou en arrière, placé à l'intérieur de la
porte.
f). Clef en fer, à deux trous aux extrémités, l'un plus grand
et l'autre plus petit (pi. I, fig. 9). Celte clef ressemble à celles dont
on se sert encore aujourd'hui pour fermer ou ouvrir une barrière
au moyen d'une vis à tète allongée et carrée.
Enfin une certaine quantité de ferrailles dont la destination
n'est plus suffisamment indiquée. J'y ajoute un petit nombre
d'ossements dont la provenance ne m'est pas connue.
II. Verre. - Une grosse perle en verre d'un beau bleu foncé
avec des stries verticales peu profondes (pi. I, fig. 10), provenant
sans doute d'un collier, genre d'ornement que les anciens se
plaisaient à porter, et qui, ressemblant aux colliers modernes,
variait pour la form.e, le modèle et la matière suivant les temps,
les lieux et les caprices de la mode (^).
Je mentionne ensuite un grand nombre de fragments en verre,
mais si petits qu'ils ne laissent pas même soupçonner la forme
des vases dont ils proviennent. La couleur de ces fragments est
verte, vert-pâle, vert-sombre, jaune et blanche ou plutôt mate.
Ces derniers, de la couleur maie, que je n'avais pas encore ren-
( * ) RiCH, y^° Acus cornatoria ou crinalis.
(« RiCH, vbc Monite.
- 10 -
contrés dans les fouilles, ont des stries ou des hachures. —
D'autres morceaux de verre sont polis d'un rôté et dépolis de
l'autre. C'étîiient des plaques de verre adaptées aux murs, comme
l'indique du reste le ciment qui y est encore adhérent.
III. Teure cuite. ~ a). Une gr^inde quantité de tessons delà
poterie de grandes dimensions et à énormes goulots, ainsi que
delà poterie la plus fine et la plus artistique. C'est ce que, du
reste, lessubstructions des villas belgo-romaines offrent presque
partout. Mais ici, à Bertrée, de la poterie grossière seule il nous
est resté des fragments assez grands et assez nombreux ( parmi
lesquels des goulots et des fonds de grandes cruches). Quelques
tessons ont des parois d'une épaisseur de 2 1/2 c, ayant proba-
blement appartenu ù des Cadi, k des Dolia, etc. — Pour ce qui
concerne la poterie fine, de minimes fragments seulement nous
ont été laissés, les plus grands, les plus précieux ayant été pro-
bablement trouvés et emportés par le motif que nous avons
indiqué. Parmi ces débris de la poterie fine, il y en a qui pro-
viennent de la plus belle poterie samienne (Tasa Samia) et dont
quelques-uns sont parsemés à l'intérieur de grains de marbre
ou de quartz destinés à broyer les mets. Mais parmi ceux-ci, il
y en a aussi de la contrefaçon, dont le rouge est devenu blême,
le vernis qui n'adhérait pas h la pâte, ayant presque disparu.
D'autres proviennent de la plus fine poterie noire, bronzée,
jaunâtre, grisâtre, etc. On peut dire qu'il y a des débris de
toutes les couleurs, qui représentent à peu près les différents
vases qu'on a trouvés ailleurs dans les fouilles des villas
romaines. Je ne dois pas oublier de dire ([ue quelques-uns de
ces tessons sont granulés â l'extérieur pour empêcher de glisser
des mains. D'autres sont ornés d'imbrications en écailles de
poissons ou de dessins en guillochis. Enfin nous avons trouvé
deux fragments de vases 11 fort minces parois, dont l'un, jau-
nâtre, a des saillies rondes de i i''2 c. de diamètre, et l'autre,
blanchâtre, de 1/2 e. Ces bosses font fossettes à l'intérieur.
— il —
Tous ces tessons sont généralement trop petits pour en
donner les dessins sur la planche.
A côté de la poterie romaine, mention doit être faite de
quelques fragments de couleur très-noire, provenant de vases
franks ou germains, assez informes, faits à la main et non au
tour. Ces tessons, trouvés dans lessubstructions de la villa de
Bertrée, semblent mettre celle-ci en relation avec le cimetière
frank d'Avernas-le-Baudujn, dit le Tombeux, qui en est fort peu
éloigné, comme le même rapport paraît avoir existé entre la
villa du Lazaret (Wals-Wezeren) et le cimetière frank ou Bétha-
sien du Haemberg (ibid.),qui en est très-rapproché.On a trouvé
aussi ailleurs, de ces tessons de poterie germaine, noirâtre,
grossière : ainsi dans le tumulus de Middelwinde, dans le
Tombeke d'Ovrrwinde, dans les suhstructions du Kloosterhofh
Neerlanden (^), au Rondeubosch h Houthem-Saint-Gerlach (*) et /
ailleurs. Ce qui plus est, la tombe dite de rEmpereur, placée à
côté de la grande chaussée romaine, non loin du tumulus de
Braives, semble être purement germanique par son contenu
comme par sa forme. Fouillée, en juin 1873, par M. le C'^ Georges
de Looz, elle a révélé, m'a-t-il écrit, des poteries grossières ou
noirâtres, posées pèle-mèle en groupe sur un lit élevé de 30 c.
au-dessus du niveau du sol, et entourées d'une couche de
cendres.
A l'occasion de poteries, on peut se demander comment les
habitants de nos villas romaines faisaient la cuisson de leurs
mets? Ils ne se servaient pas, à cette fin, de marmites ou pots
en fers ; on n'en trouve pas de vestiges. Et parmi les nombreux
tessons de poteries en terre cuiie que les fouilles des villas
romaines m'ont fait voir, je n'ai, jusqu'ici, rencontré aucun qui,
pour avoir été mis sur le feu, fût noirci en dessous (^). Etait-ce
donc à l'eau chaude ou bouillante, au moyen de l'hypocauste?
{* ) Bulletin de l'InsiUut archéologique liégeois, XI, iHi.
{ *) SCHUERMANS, Exploration, p. 483.
(») Je viens d'en trouver un dans le tumulus de Blehen.
— 12 -
b). Deux tuileaux avec sigle. Parmi les nombreux morceaux
de tuiles, tant plates ou à rebords, tegulœ, que convexes ou
creuses, imbrices(^),qiie la villa de Bertrée a révélés, deux frag-
ments de tuile plate portent la marque du tuilier ^EF (pi. I, fig.
11). Ce même fabricant a travaillé aussi dans les environs de
Tongres et il a fait les tuiles des villas du Weyei-bampt (Petit-
Fresin), du Hemelryk (Wals-Beelz) et du Betzveld {Landen). Ici,
à Landen, il est vrai, nous n'avons pas trouvé de marque, mais
il a été facile de reconnaître ses tuiles à leur belle façon et leur
excellente cuisson, au point qu'aujourd'hui, après environ seize
cents ans, elles résonnent encore presque comme du cristal.
Cet artiste doit avoir vécu à l'époque florissante de l'art. Sa
marque prouve la contemporanéité de ces villas belgo-romaines;
car elle est partout la même avec l'E accolé au dernier jambage
du N et avec le dernier jambage du h plus court que le premier,
tantôt en haut et tantôt en bas, ce que je suis porté h attribuer
à un léger mouvement, causé peut-être par le fréquent usage,
dans le trait transversal liant les deux jambages ensemble (*).
Il est à supposer que ce tuilier se transportait d'un lieu à l'autre,
comme font encore aujourd'hui les briquetiers.
Les tuiles des villas du Lazaret ( Wals-Wezeren ) et du Kloos-
terhofh Neerlanden (^), et une partie de celles de Bertrée et de
celles du Hemelryk (Wals-Beetz) semblent provenir d'un seul et
même tuilier, vivant postérieurement à une époque de déca-
( * ) « Tegulœ vocatse, dit S. Isidore de Séville, quod tegant aedes ; et Imbricen,
» quod recipiant imbres » {F.tymol. XIX, cap. 10, n. l.H). Vilruve appelle les tuiles
plates « tegulse hamatœ », à cause de leur entaille dans les deux rebords en bas,
par où elles étaient retenues par des crochets attachés aux chevrons ; car les tuiles
romaines n'avaient pas de bouton comme les tuiles de nos jours, et pour ce motif
les toits de nos villas étaient dépourvus de lattes, n'ayant que des chevrons seulement.
(2) Jl est à remarquer que dans le sigle de l'un des tuileaux de Bertrée, le petit
jambage du H est de 3 millim. plus court qu'ailleurs. Cela provenail-il d'un nouveau
sigle, l'autre étant usé ?
(') V. le Rapport de M. Lefévae -. Bulletin de r Institut archéologique Uigtoùt,
XI, m.
- 13 -
dence. Ses tuiles, grossières, assez difformes et mal cuites,
portent au Hemelryk le sigle ADF ( • ).
Le fabricant des tuiles des villas du Steenbosch (Fouron-le-
Comte) et de Herkenbergh (Meersen) avait pour marque MHF (•).
d). Petit carreau en losange couvert d'un gros vernis et dont
on s'est servi, presque jusqu'à nos jours, pour faire des parquets
devant les foyers. La coupe de ce petit carreau (qui a 4 1/2 c. de
côté) est en même temps celle des pierres angulaires des
fondements de la villa de Bertrée, avec deux angles aigus et
deux obtus. Telles étaient aussi les pierres angulaires de la villa
du Weyerbampt, dont l'une était encore en place.
Voilà le peu d'objets trouvés dans les fouilles de Bertrée.
Nous n'avons donc pu trouver— ce que cependant on rencontre
ordinairement dans les subslructions des villas romaines de
notre pays — ni cave, ni puits, ni pierres meulières, ni hypo-
causte, ni briquettes rondes, ni pavement, sauf un seul fragment
de marbre du pays avec le mortier de chaux adhérent. Nous
n'avons pas trouvé de monnaie romaine, de fibules, de bijoux,
etc., et il n'y avait plus de crépi, sauf quelques morceaux peints
en rouge.
IV. Plan de la villa de Bertrée {^\. I,fig. 12). Ce plan indique les
différents appartements dont nous avons pu retrouver les fon-
dations, du moins en partie. Il serait difficile d'assigner à chacun
sa destination particulière.
Tout semble indiquer que les fondations seules des villas
belgo-romaines ont été maçonnées avec de petits moellons,
pierres de l'endroit, jusqu'à une certaine hauteur, et que le reste
des murs était en bois, en clayonnage et torchis. Ces fondations
ont ordinairement l'épaisseur de 60 à 70 c. (2 à 2 d/2 pieds).
(') SCHUERMANS, Exploration, pp. 333 et 343.
(*) V. J. Habets, Exploration, ap. Publications de la Société hisi. et archéol.
dans le duché de Limbourg, VlU, 410.
14
Ces édifices, construits sur le penchant des collines, devaient
avoir plusieurs appentis. Les chambres, celles du moins de ces
derniers, n'étaient pas rectangulaires; mais, comme nous avons
dit, en guise de losange avec deux angles aigus et deux obtus.
Par conséquent leurs toits devaient élre nécessairement obliques
et converger, au sommet, vers un côté ou vers l'autre { ' ). Ils
n'avaient pas besoin d'être longs dans le sens perpendiculaire,
les appartements étant peu larges.
Le toit de ces habitations belgo-romaines était muni de deux
rangées ou assises de chevrons, l'une superposée à l'autre, et les
chevrons supérieurs étant cloués sur ceux d'en bas ('). Il n'y
avait pas de lattes. Les chevrons de la rangée inférieure ou pre-
mière pouvaient être placés horizontalement. Leur distance qui
était d'environ 5 pouces (15 c), devait se mesurer selon la Ion-
gueur de la tuile plate , de sorte que celle-ci pût reposer sur
trois chevrons, par son milieu, tant soit peu enfoncé en courbe,
sur le chevron du milieu, et sur les deux autres par ses deux
extrémités. La distance de l'un à l'autre des cheyrons supérieurs,
qui était d'environ 1 pied (30 c), devait être exactement con-
forme à la largeur de la tuile pi ue. Ils devaient suivre la ligne
ascendante de ces tuiles i\ rebords, qui était oblique, et partant
être aussi placés obliquement ou en losange. De cette manière,
la tuile plate, reposant en quelque sorte, par l'un de ses côtés,
contre le chevron supérieur, était, par sa pesanteur, moins
entraînée vers la chute, et cela obviait en même temps à l'incon-
vénient d'une descente trop violente et éparpillée des eaux plu-
viales. Mais les tuiles phites, encaissées entre les chevrons
supérieurs, étaient surtout retenues par leurs échancrures ou
entailles aux deux rebords en bus, dans lesquelles entraient des
crochets, probablement en bois, attachés aux chevrons. Elles
(') Le toit d'un (iditice rectangle se rdirécissait un peu en haut, e( les lignes
ascendantes des tuiles convergeaient de part et d'autre vers le milieu.
C) Aussi les substruclions fournissent elles, en grande quantité, des clous longs
de 45 k 22 centimètres.
- 15
l'étaient encore par les rebords de la tuile plate inférieure, dont
la partie supérieure, aussi loin que les rebords étaient coupés,
entrait sous celle d'un rang plus élevé.
De même, les tuiles convexes qui devaient couvrir les chevrons
supérieurs {*) et les rebords des tuiles plates, en s'y enfermant,
elles aussi, ne pouvaient descendre, parce qu'étant plus rétrécies
en haut qu'en bas, et les rebords des tuiles plaies qu'elles cou-
vraient étant plus larges en bas qu'en haut (savoir en s'élargis-
sant insensiblement vers l'intérieur de haut en bas), elles étaient
solidement retenues par ces rebords, dans lesquels elles étaient
étroitement emboîtées. Elles étaient, en outre, comme collées
sur les chevrons et sur les bouts des tuiles convexes inférieures
qui entraient sous elles, par un excellent et copieux mortier,
auquel leur partie creuse, si informe, si raboteuse et pleine de
petits trous, devait fortement s'attacher. Au surplus, les tuiles
convexes de la première ligne horizontale en bas étiuent rete-
nues par des palmeltes ou antefixes, comme les tuiles plates de
la dernière ligne en haut paraissent avoir été clouées sur le
faîte; car on trouve partout dans les substructions, comme ici
à Bertrée, de ces tuiles encore munies d'un clou.
Si après cela on considère, d'un côté, la lourde pesanteur des
tuiles romaines, surtout de la tuile plate ,8 à 10 kil ), et d'autre
part, l'impossibilité de couler en bas, étant si solidement
enfermées et retenues de toute manière, on pourra, ce semble,
difficilement partager l'opinion de M. Schayes (-), estimant que
ce mode de couverture indique que les toits des habitations
romaines en Belgique devaient être fort surbaissés; nous pen-
sons, au contraire, qu'ils devaient être, au moins sous nos
climats froids, en pente assez raide ou rapide et être assez fort
(• ) La partie des chevrons supérieurs, qui dépassait les rebords des tuiles plates,
était, comme le prouvent les morceaux de mortier qui ont été retrouvés, arrondie,
pour mieux s'adapter à la partie creuse de la tuile convexe.
(*] Histoire de l'architecture eu Belgique, I, 147.
— 16 -
inclinés (*), et que, par conséquent, il n'y a pas là de raison
pour ne donner à ces villas qu'un rez-de-chaussée (*) ou un
étage tout au plus.
Encore un mot sur les tuiles romaines, car nous avons pu les
examiner de près dans les différentes fouilles, surtout dans
celles du Weyerbampt, où il y en avait à l'infini. Les tuiles, tant
plates que convexes, d'une même ligne horizontale, étaient
faites au même moule ; mais elles différaient des tuiles des
autres lignes, soit en dimension, — elles étaient moins lourdes
ou moins longues et larges dans les lignes supérieures qu'en
bas (^), — soit par les entailles dans les rebords en bas de la
tuile plate, car pour faire la ligne ascendante oblique, ces échan-
crures devaient être plus longues à droite ou h gauche, d'après
que cette ligne convergeait vers un côté ou l'autre (*), — soit,
pour le même motif, par les parties, plus ou moins longues,
coupées aux rebords au bout de la tuile plate, par où elle devait,
pour monter obliquement, entrer d'un côté plus et de l'autre
moins sous la tuile supérieure (^).
( *) Cf. CiAMPlNi, Vet. monim., t. I, pi. I, (Ig. 4 et pi. VlI ; — ei De sacr. œdif.
a Constant. M. conutr., pi. I. — de CAVUom, Abécédaire, ch. 2, p. 14, 2^ édit.
(') Avec un rez-de-chaussée seulement et en l'absence de toute cave sous les
appartements, il serait difficile d'expliquer ce texte de Sénèque parlant des hypo-
caustes : « Impressos parietibus tubos, per quos circumfunderetur calor, qui ima
■» simul et summa fovent sequaliter. »
(') Pour connaître les différentes dimensions de la tuile romaine, il faut des
tuiles entières, ce qui ne s'offre pas fréquemment. La largeur de la tuile plate
( pour ne pas trop m'étendre, je laisse de côté la tuile convexe, car l'une suit
l'autre) peut encore être connue par de grands fragments ayant encore les deux
rebords. Voici la largeur trouvée dans plusieurs tuiles plates, savoir : de 28 c, de
30, de 30 Vî, ?'l, 31 «/i, 32, 33, 34 c. — Longueur de 42 c, 47, 48 ; et pour la
tuile convexe, longueur de 35 c, 37 '/j, 39.
(*) Voici la longueur de ces entailles constatée à Bertrée et au Weyerbampt. Il
y en avait qui avaient, k gauche, 4 s/i c, 5, 5 iji, 5 Va, 5 s/i, 6, 6 </*, 6 '/j, 7, 7 i/*,
7 »,2, 8 Vs c. — A droite, 5 c, 5 '/s, 5 s/*, 6, 6 ^Js',6 s/*, 7, 8 c.
C) Longueur mesurée à cette coupe : à gauche, de 2 */s c. (un quart de rond en
creux dit cavet : au côté opposé, à droite, elle est de 5c.); de 5 c, 5 zji, 6 */«, 7,
8 c. A droite, de 5 c. , 5 i/i, 5 s/*, 6, 6 Va, 6 s/*, 7, 7 i/*, 8 »/a c.
-. 17 _
Plusieurs signes semblent avoir été employés comme points
de repère, pour reconnaître plus aisément les tuiles de la même
ligne horizontale. Outre le sigle du tuilier, elles ont été mar-
quées par une grande variété de moulures aux rebords ou, sur
le plat, par un ou plusieurs demi-cercles, par des zigszags, etc.
Quand on réfléchit à cette grande variété de détails que nous
venons d'indiquer, sans pouvoir en dire le dernier mot, détails
qui constituaient un mécanisme fort ingénieux, on doit se dire
qu'au temps du tuilier ^EH, c'était un véritable art que celui de
fabricant de tuiles. Leur mode de placement nous ayant paru
n'être pas fort bien connu aujourd'hui, nous avons cru pouvoir
nous étendre un peu à cet égard.
Les principaux souvenirs que les Romains ont laissés à la
campagne, dans nos contrées qu'ils ont occupées au-delà de
cinq siècles, ce sont les chaussées, les camps retranchés
{Castella), les cimetières, les tumulus et les villas.
Ces villas, ils les établirent, non à l'intérieur des villages
d'alors, mais isolément dans leur voisinage. Il y a, à peu près
partout absence de vestiges romains dans l'enceinte des villages.
Grande présomption existe, selon nous, en faveur de l'ancien-
neté des villages, près desquels se trouvent des substructions
d'une villa romaine. Leur nom seul peut avoir été changé au
moyen-âge.
Les habitants de ces villas romaines, soit vrais Romains, soit
vétérans licenciés ( p. e. Réthasiens , Tungres , Nerviens ,
etc.), semblent avoir été des fonctionnaires de l'empire et en
même temps les seigneurs de l'endroit, servis dans leurs maisons
par un personnel qui ne pouvait pas être fort nombreux. Quant
aux habitants des villages, anciens Relges ou Franks, peu ou
point romanisés etdemeurantdans des habitations particulières
constituant le village, ils étaient devenus des esclaves agricoles
(servi tributarii), devant cultiver les terres et payer à leurs
maîtres ou seigneurs, en partie probablement, pour le fiscpublic.
18
des tributs et des redevances de toute nature. C'était, paraît-il,
déjà la féodalité en ombre {*).
Ces villages, en général, n'ont pas cessé, d'après l'opinion
communément reçue, d'être peuplés ni au IV, ni au 111% ni au
IV" siècle, etc. Où, du reste, leurs habitants se seraient-ils
retirés? Dans la seule cité de Tongres , ou, quant à ces endroits-
ci, dans les deux petits camps retranchés près de la tombe
d'Avernas-le-Bauduin et près de celles de Braives, dont chacun
ne comprenait pas un hectaie en étendue?
Mais les villas romaines ont été détruites à peu près partout
par l'incendie. Cependant celle du Betzveld à Landen, comme
nous avons dit, a cessé d'exister par vétusté.
A quelle époque cette destruction violente a-t-elle eu lieu ?
L'opinion générale admet que les Franks ont encore pu prendre
ces établissements romains pour leurs premières résidences.
Voici ce qui semble favoriser cette opinion.
C'est a) un certain mélange de poteries romaines et frankes
dans les substructions des villas romaines : par exemple, ici à
Bertrée, au Kloo&terhof, 2i\x^J^miaihûS£h, etc. De même dans les
cimetières romains et dans les tumulus ; ainsi, pourne parler que
de ces contrées, dans ierom&i^^ed'Overwindeetdans le tumulus
de Middelwinde, qui pourrait bien n'être qu'une tombe romaine
du III" siècle, h. cause de certaines particularités de son caveau
j)rofond de 3 m., large de 4'''i20 et long de 4™30 (■), et ayant les
parois munies de grandes pierres plates. C'est b) le i-apport qui
paraît avoir existé entre le cimetière frank du Tombeux et la
villa de Bertrée, et entre le cimetière non romain du Uaemberg
et la villa du Lazaret. C'est encore 6') le mélange de tuiles de
différentes époques : ainsi aux belles tuiles du hibricant ^EH,
qui sont de l'époque florissante de la céramique, succèdent ou
s'adjoignent au llemelryk et à Bertrée des tuiles lourdes et
( * ) GuÉRARD, Polyptyque de l'abbé Inninon, § 1 4o.
( * ) Renseignement de M. le corale Georges de Looz.
19
informes d'une époque de décadence, lesquelles ont été employées
exclusivement au Lazaret et au Kloosterhof. Tout cela, disons-
nous, peut être invoqué en faveur de l'opinion généralement
admise. Et si l'on objecte que les monnaies que l'on trouve
dans les substructions, les tumulus et les cimetières, s'arrêtent
ordinairement à Marc-Aurèle [t 161-180], au milieu du règne de
qui on voudrait tixer l'époque de cette destruction des villas
romaines et de la dépopulation de nos campagnes par la retraite
des villageois dans des places fortifiées, on y répond que cela
provient de ce que les monnaies du Haut-Empire sont restées
très-longtemps en usage, au point que plusieurs ne s'offrent
plus qu'k l'état fruste; et l'on ajoute qu'on trouve aussi par-ci
par-là des monnaies postérieures : ainsi dans le cimetière de
Juslenville, des monnaies de Commode [t 180-192] et d'autres
beaucoup postérieures de Magnence, Décence, Constantin (^) ;
— dans les cimetières d'Ellezelles, de Flavion et d'Elouges, des
monnaies de Commode ("^); — dans les camps retranchés près
des tombes d'Avernas-le-Bauduin et de Braives, des monnaies
de Philippe ; — et dans les substructions du Lazaret un Tetricus,
et dans celles du Rondenbosch un Constantin (^). L'établissement
belgo-romain d'Elewyt (Brabant) a fourni à M. Van Dessel,non-
seulementdesmonnaiesromainesdu 3'' et A" siècle, mais encore
la preuve, par les poteries grossières, que le cimetière romain
y a été continué par des Germains ou des Franks {*).
(*) Bulletin de t Insti lut archéologique liégeois, IX, 398, 400.
P) SCHUERMANS, Exploration, p. 424, not. \.
(M Ibid., pp. 366, 242, 368, 374. 540.
(*) Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique, année 1873, pag. 783 et
suivantes. — Le cimetière l'rank de Bas-Oha, liécouverl en 1871 et dont il est fait
rapport dans la dernière livraison du Hulletin de l'Institut archéologique liégeois
(t. XI, p. 497), est évidemment postérieur à l'époque de l'incinération, c'est-à-dire,
au 11I<^ siècle; et cependant il fournil des monnaies, éparpillées parmi les squelettes,
mais généralement bien conservées, de Vespasien, de Trajan, de Hadrien et de
Commode. Si donc les monnaies du Haut-Empire, dont le long usage est constaté
ici, avaient été ajoutées avec l'intention d'indiquer l'âge de ce genre d'établissements,
ne devrait-on pas en conclure — contrairement ij la vérité historique — que ce
cimetière est antérieur au lU'^ siècle'/
20
Pour ce qui concerne l'invasion si peu connue en histoire des
Chauques, dont on fixe la date à l'année 176 ou 178, si je ne
me trompe, elle ne peut, ce nous semble, être opposée à l'opi-
nion commune précitée, parce que, d'après le texte de Spartien
qui seul en parle, Didius Julien, alors gouverneur de la Bel-
gique, loin de leur laisser, par inaction, le temps d'entrer dans
l'intérieur du pays et d'y exercer de longs et grands ravages, les
a, avec célérité et énergie, moyennant des forces réunies à la
hâte, arrêtés aux frontières, restitit (•). S'ils avaient réussi
à entrer dans le pays et à s'y promener en dévastateurs, comme
on le prétend, le texte de Spartien n'aurait-il pas dû dire devicit
ou ejecit?
L'époque donc, selon nous, de cette destruction des villas
romaines h la campagne, tant pour la Hesbaie et le Maseland
que pour les Ardennes et le Condroz avec les autres parties de
la Belgique, reste encore dans une profonde obscurité, tout en
croyant qu'à ce violent résultat les habitants des villages d'alors
n'auront pas peu contribué, lesquels, profitant de l'une ou de
l'autre invasion postérieure, se seront révoltés contre leurs
oppresseurs, les maîtres de ces villas, qui n'avaient cessé de les
pressurer.
( * ) Spartian. in Did. Julian., l : « Gauchis, Gerniania; populis qui Albim flumen
» accolebant, erunipentibus restitit, turaultuariis auxiliis provincialium. Ob quae
» consulatum meruit testimonio imperatoris. »
- 24 —
ANNEXES.
I.
Wauthier de Trognée, homme noble, donne au Monastère de S^-Laurent, à
Liège, son domaine allodial situé à Çras-Avernas, dans le voisinage de la
Warde de Steps : don confirmé par Vévêque de Liège, Albéron 1*% en
H24 (i).
In nomine Sanctse et Individuae Trinitatis. — Ego Alhero, gratiâ Dei
Leodiensis Episcopus, notum facio praesentibus et futuris Chrisli fidelibus.
Quia WaUerus de Trudeneris liber homo, Praedium quod habebat in
minori Avernas in comilatu de Steps, tradidit, pro sainte animae suae, ad
Altare B. Laurentii, ex integro tam in culturis et pratis, quara in nemore
et censu et familia, quae illotempore in ipso manebat Praedio, cum omnibus
usurariis et appendiliis suis, cum omni décima indominicatus proprii,
necnon et tola justitia ipsius Praedii.
Advocatiam vero ipsius Praedii liberam reliquit in manu Leodiensis
Episcopi,ut ai soli de omni injustitia reclamet Ecclesia S. Latirentii, et ut
nunquam eandem Advocatiam in beneficium det alicui. Nam in pretium
redemptionis animae suae, ipsum allodium Deo et S. Laurentio obtulit, et
ideo Leodiensem Episcopum Advocatum ibi esse voluit, qui specialis Pro-
visor et Pastor erat ipsius Walteri, tamquam liberi hominis, sicut et
ceterorum liberorum homlnum principatus proprii.
Homines vero, qui de terra censuali ejusdem Praedii sunt beneficiati,
fundos suos ab abbate tenebunt, sicut eo dietenebant, quo ipsum Praedium
S. Laurentio est traditum, nec praeler simplicem terrae censum aliquod
requisitionis jus, sive ullam districtionem ibi habebunl : quia omnia haec
ad Abbaiem pertinentia sunt, et ei de omni injustitia est proclamandum.
Diffinitum est etiam, ut nec WaUerus duni vivit, nec post eum Abbas
aliquis quidquam de terra et décima indominicali, vel de censu, sive de
omni reditu ejusdem Praedii beneficiare aut diminuere possit; eo quod
eleemosyna Deo et S. Laurentio oblata sit.
( * ) Apud Mirseum, 0pp. dipL, t. I, p. 276.
99
Ipse vero Walterus iisumfructuni ejusdem Praedii in vita sua sibi ex
integro retinuil : et ideo, ne vel ab ipso dum vivit, vel ab aliquo, posl-
quamobierit, ullâ surreplione infiingi possit; summam terrae ad indomi-
nicatum S. Laurentii pertinentis, summam quoque census, aliorumve
redituum, hic siibannotari placuit.
Primo quidem totam decimam ad indominicatum S. Laurentii pertinen-
tera, sivein fructibus terrae cullilis, sive in fructibus domestici nuiriminis :
deinde viginti bonaria terrae indominicalia, et de terra censuali solides
XLI. et III. denarios, in tribus lerminis, Epiphania scilicet, et Nativitate
Sancti Joannis, et Festivitate S. Remigii. Quattuor quoque modios avenœ,
in solennitateS. Martini, et XXII. capones in Natali Domini, et octo panes,
cum totidem cerevisiae picaiiis.
Familia quoque ipsius Praedii, id est, servi et ancillae singulis annis
censum solvent capiiis sui denarios X. unum ad Altare S. Laurentii, in
Festivitate S. Martini. Et cum aliquis eorum sine herede obierit, XII.
denarios dimittet Ecclesiae S. Laurentii.
Quae omnia nos rata et inconvulsa perpeluo manere decernimus, et pro
eonfirmationis lestimonio Chartam banc oonscribi jussimus, et nosiri
sigilli irapressione roboravimus,excommunicanleset aeternae maledietionis
anathemate condemnantes eos, qui quovis malignilatis ingenio quidlibet
horuni infringere tentaverit, et Ecclesiae S. Laurentii uliam inquietudinem
aut molestiam concitaveril.
Testes fuerunt Archidiaconi omnes.
Andréas Praepositus. Henricus Decanus. Henricus Junior. Alexander,
Adelmanus, Seppo, Emino, et alii muUi ex Clero S. Lamberli.
De Nobiiibus viris.
Godefredus Cornes Namurcensis. Arniilfns Cornes Lossensis. Gisberlus
Cornes de Duras. Lambertus Cornes de Monte* Acuto. Wigerus Advocatus.
Willelmus de Lossez. Godeschalcus de Merelevers, frater ejusdem Walteri,
et alii multi de familia Ecclesiai. Theodericus dePonle. Widericus dePrato.
AveUnuH. Lambertus de Hoyo, elArnuIphuH frater ejus. Albertusûe Villier,
et Theodericus {vAtei ejus, et alii multi. — Aclum Leodii anno Dominicae
Incarna! ionis millesimo centesimo vicesimo quarto, indictione prima,
régnante Henrico V. anno regni ejus declmo septimo.
'Forte Agimont.
— SS-
II.
Fondation du prieuré de Bertrée par Watithier de Trognée , approuvée par
Adalbéron I", évêque de Liège, en H24 (i ).
Jn nomine S. et individu» trinitatis. EgoAdw/èero Dei gratiâ Leodiensis
Episcopus, notum facio praesentihus el futuris fidelibus nosli is, quia Wal-
terius de Trudignei, liber homo, tradidit S. Petro el Fratribus Cluniacensis
Monasterii, Ecclesiamde Berireiscum omnibus usuariis, decimis et cœteris
appendiliis suis in Hanudel in Puceis et in Trudenei et in Evrenais^i). pro
salute animœ suie et animarum pairis et matris suae; ea scilicei conditione
ut Fratres quos Abbas Cluniacensis ibi Dco serviiuros transmirent, ipsam
Ecclesiam et quicquid ad eara periinet ita libère teneant, sicut tent- bat ipse
Walterius, et per singulos annos unum lantum aureum denarium Leo-
diensis monetae, in Pascha ipsi Francs persolvant ad altare S. Pétri
Cluniacensis Ecclesiae.
Hominesvero qui de terra ipsius Ecclesi» beneficiati sunt, et fidelitatem
inde fecerunt Waltero, ipsam tenam de manu Prioris Ecclesiae requirant
et fidelitatem et servitium iiide Priori ipsius Ecclesiae faciant.
Districlio quoque Villse ad Ecclesiam perlinebit, ita ut Gotescnlcus frater
ipsius Walterii, qui Advocatus est ejusdem alodii, medietatem ipsius dis-
triciionis de Ecclesia teneat, et per hoc ipsam Ecclesiam et quicquid ad
ipsam pertinet ab omnibus iiijuslitiis defendat.
Restaurationem similiter S. Petro et ipsis Fratribus dédit: ita ut medie-
tatem iiisius restaurationis Ecclesia, medieiatem ipse Advocatus teneat,
Medietatem etiam Chorvede, quœ ipsius Walterii erat eis concessit; alla
enim medielas periinet ad Ecclesiam et Abbatiam S. LrtM/c/t^n.Molendinum
quoque de Bavignds cum omnibus usuariis suis, et medietatem sylvae de
Trudineis ad inte^rum, sicut in suos usus et in dorainium lenebai, ipsis
Fratribus dédit.
Advocatiam dédit Godescalco fratri suo et posteris ejus, ea conditione
ut ipsam Advocatiam teneant de Ecclesia tluniaceLsi el de manu Prioris,
( ' ) Mir. 0pp. dipl., t. III, fo!. 325 ; — Fisen, Ilist. Ercl. Leod., Notât. 13 ad
Lib. iX, n» o6, ad an. il'it.
(*) Alias Avernas-le- Baudouin.
24
quem Abbas de Clnniaco ibi transmiserit, et ut nullus sit ibi Advocatus
neque Subadvocatus praeier ipsos, et libeitalem ipsius allodii inviolabiliier
ipsi custodiant et a malis homiiiibus défendant.
lia enim liberum erit ipsum alodium, et justitiam siiae libertatis retineliit
ipsa Lcclesia cuni omnibus appenditiis suis, ut priclei' quod eonstitutura
Advocato tcnere de ipsa Ecelesia, id est medielatem districtionis viliae ei
medietateni restaurationis, nullum jus, nuliamquo potestateni, aut donii-
nium, seu violentiam in ipsum alodium et in homiiies ad ipsam Ecclesiam
periineiiies exerceat.
De omni quoque injustiiia quie fiet in ipso alodio, de qua Prior ipsius
Ecclesiae placitare debcbit eum fratrihus et hominibus suis, nihil ad eum
periinebit, nisi forte ad faciend;im vel retinendam justitiam, quam per se
illi diffinere non poterunt, advocetur, et tune de ipsa justitia quam fecerit
duos denarios Fiatres habebunt, ipse tertium habebit denarium.
Ex mediclate autem sylvae, qtiam dédit idem WalteriuH ipsis Fratribus,
si quis iiijuslitiam feeeiit, pro justilia exigenda duos denarios similiter
Fiatres iiabebunt, Ad\ocalus semper ipsius sylvae itrtiumaecipiel denarium.
QuieunKjue autem ad Ali aie Eeclesiœ pertinent et censum ipsi persolvunf,
nihil ad Advocatum pei tinebunt, nullum jus nuUamque potestatem Advo-
catus super eos habebit, nec implacitabit, neque violentiam de ipsis Fcele-
siye faciet, née ad exiyendum de illis justitiam cum Priore sedebit, nisi ab
ipso advoceiur, et lune ul dictum est pro facla ab ipso justitia tertiam
habebit denarium.
Et hoe quoque statulum est, ut Prior ipsius Ecelesiae cum Fratribus suis
ad nullum alium perlineat, vel alicui Cellae appendat, nisi ad Abbatem et
ad Priorem Cluniaccnsis Monasterii. Quod si aliter Abbas Cluniaeensis
facere voluerit, scilieet ut sub providentia vel polestate alieujus Cellœ vel
Priorisalterius hane transponat Ecclesiam, EpiscopusLeodiensis et Advo-
caïus fleri piohibe;int, et in defensione atque arbitrio sit illorum hoc
Privilegium et hane Constitutionem retinere et tuei i iii perpetuum.
Bona veio quae ad ipsam Ecclesiam sunt collata vel aliquando a fidelibus
eiuiit eoiiferenda, ad usus Fratrum ibi Deo seivieiitium proficiant, nec
unquam ad aliorum usus conferantur, vel in potestatem extraneorum
redigantur.
Hane igitur eleemosynam ipse Wnlterius S. Petro dédit et confirmavit,
ut Fratres ibi Deo servientes, ipsum publiée et privatim cotidie habeant in
- 25 -
orationibus suis, et quotidianam absolutionem faciant ei, et tam anniver-
sarium suum, quani patris et matris suae anniversaria, in vigiliis et Missis
et in c«teris beneficiis suis, devoti recelant.
Quse Constilutio sive tradiiio ut rata et inconvulsa permaneat, banc ad
posterorum memorlam sive confirmationem praesenti Scripto mandaviinus,
et in generali Synodo cumconsensu sanctse Leodiensis Ecclesise F.piscopali
aucioritate flrma\inius et nostro sigillo corroboravimus.
Testes quoque idonei sunt adhibiii et in bac Caria conscripti,
yi«(//w/.sPraepositus et Archidiaconus, .A/c.r«tt(/('rArchidia('oniis, //('«ricMs
Archidia<'onus(i),.4/»ir/nttMsArchidiaconus, S/c/;/JoAr(hidlaconus,A/-»î///Ms
Canonicus S" Lambeiti, Willelmus, Hcnricus, Steppo Scholaslicus.
Ex Nobilibus atque illustribus Viris,
Godefridus Cornes Namurcensis, Gislebertus Cornes de Durachio, Lam-
bertus Cornes de Monte-Acuto.
Liberi homines Goiescalcus Advocalus ejusdem alodii, Adelo Namur-
censis, Gerardus de Landinois, Gerardus de Bereis, Gislebertus de Lens,
Henricus de Pucei.
De familia S" Lamberli, Humbertus et frater ej us Gorfoîo, Godozode
Evienais, Robertus etalii multi.
Actum Leodii anno Dominicae Incarnalionis M. C. XXiV (2). Indictione
II régnante Henrico quarto, anno Imperii ejus XXV. sub Adalberone
Leodiensi Episcopo.
III.
Echange entre i' prieur de Bertrée et V abbaye du Val-Notre-Dame de trois
bonniers gisant dans l'enclos de la Boschaille à Montenukcn (3). 40 avril
1266.
A tous ceux qui ces lettres veront. Nous frères Robert, prieur de Bertrées
et tout le couvent de ce mesme lieu de l'Ordre de Clugny mandons salut et
(* ) Hemi, archidiacre de la Hesbaye depuis l'année 1119.
{*; Jusqu'à 1334, l'année a commencé à Liège avec l'Annonciation. <^ 1334
0 Leodii, dit FouLLON, llist. Leod. comp., piimum cœpli anni a Christi natali
» numerari, cum anle a pascha, Francorum moribus, incipcrent. »
C) Registre premier du Val-Nolre-Dame de 1661. (Archives de l'Etat à Liège.)
26
connoistre vérité : faisons scavoir à vous tous que nous avons eschangé à
nos iionnes amyes l'abbesse et couvent du V;il Noslte Dame proche Huy de
rOrdie dt' Ciicau trois l)onniers cin(| verges de lerie de nostre dismage
d'Avrenais la Crause, laquelle gisl en parfond val dedans l'enclos de la
Boschaillc, pour trois bonniers et deux verges sur honnir de dismage de
la devant ditte abbesseet couvent : laquelle terre de trois bonniers eldeux
verges doit revenir à nostre dismage d'Avrenais la Crause, et de ce une
pièce gisl entre la tombe de Montegny et Crause Avrenais d'un boniiier et
demy, laciuelie tiennent les enfants qu'on dist Foui, et une autre pièce d'un
bonnier, laquelle gist en cette mesme campagne que Hanekins Louis
d'Avrenais hCrause tient; et la dernière pièce, laquelle gist lez \eMnrIier
de riiospital d'Avrenais, laquelle tient Jean le lils Gouden de Montegny (i) ;
et pour défaut de trois verges, qui nous manquent pour arriérez, nous
doit rendre la maison de la Boschaille demy dozin de bled, payable à la
mesure de Huy h nostre église à I5erlrées. Et afin que le présent marché
soit ferme et stable, avons appendu nostre seel az présentes lettres. Cest
eschange fut faitte au jour de la pasque fleurie (s) en l'an de l'Incarnation
Jesu Christ MCCLXVl.
( * ) Gouden ou Guden est la traduction flam. de Chnjsanti. Le nom ou l'orlho-
jiraphe moderne est Gotjens.
(*) Le dimanche des Rameaux.
1
NÉCROLOGE
L'ABBAYE DE MUNSTERBIESRX'
PUBLIÉ PAR
J. Weale, C. cle Bomaii et S. Bormans.
Le Martyrologe dit d'Usuard fut écrit en 875 ou 876, ainsi que
Mabillon l'a très-bien démontré. Il en existe de nombreux manus-
crits ; le plus ancien est celui qui a appartenu à l'abbaye de
Saint-Germain-des-Prés h Paris; il date du neuvième siècle,
mais coniient un nombre considérable d'interpolations. Le plus
pur comme texte est celui de la Chartreuse de Hérines, près
Enghien, écrit vers la lin du onzième siècle; à pari les ajoutes
concernant les saints de Reims, il renferme fort peu d'interpo-
lations (').
Le texte du manuscrit de Munsterbilsen, qui ne remonte pas
plus haut que la première moitié du douzième siècle O, est loin
d'être pur : en le collationnant, nous y avons remarqué de fré-
quentes omissions de passages et demots, noiammeniaux 2l,!:2o
et 27 juin, aux 3, \l 10, 18 et 23 juillet, aux 19,29 et 30 août, au
;') A ce sujet, on peul cousuller la seconde riection île la préface de Sollerius, a
l'édilion du martyrologe qu'il a publiée dans le sixième volume des Acin Sditrtonim
du mois de juin.
(*) 11 est certainement po-térieurà 11H0.
- 28
10 septembre, aux 11 ,1 5 et 28 octobre, aux 1,2,27 et 28 novembre,
et aux 3 et 16 décembre; on y trouve aussi des mets dénaturés,
par exemple : mater pour martiris, 8 février ; — intra lanopolitn
civilatem Tuscie pour in Traianopolim civitatem Thracie, 16
juillet ; - olim Cilicie pour Olimpi Licie, 18 septembre; -Pirasti
pour Piniti, 10 octobre.
La concordance fréquente du texte avec celui du manuscrit
de Hérines, prouve que ce volume a été transcrit d'un manuscrit,
de la famille de Reims. Ainsi, aux 13 janvier, 8 mai, 29 juin, 24
juillet, 2, 12 et 14 octobre, il y a concordance parfaite; aux 15
janvier, 18 et 27 avril, 1 et 29 mai, 1, 3 et 8 juin, 18 juillet, 19
et 25 aoijt, 20 et 25 septembre, 1, 4, 21 et 25 octobre, etl, 3 et
15 novembre, elle est presque complète. Dans d'autres endroits
cependant, le texte diffère considérablement; par exemple, au 8
février on lit : Virduni, natale Beati Pauli efàscopi et monachi,
ipsius ecclesie restauratoris et rectoris precipnr, — âu 11 mars:
et Candidusff Gorgonms; —au 25 mars : Apud... Dominica. In
loco Calvarie, passio Ipsius. In Cesarea Phylippi, vincula Pétri
apostoli. In Sirmio preconio. Ipso die, ex Egypte transitus
Jiliorum Israël ; — au 27 mars : Iherosolimis, Resurrectio Domi-
nica; — au 13 avril : In Calcedonia, Eufemic virginis ; — au 19
avril : Eodein die, apud ecclesiam Beali Pétri Rome, depositio
domni Leonis pape, qui nonus presedit sedi Romane ecclesie ; —
au 24 avril : Trium puerorum liberalio de camino ignis.... Remis
civitate natale sanclarum martirum Bove <?/Dode; — au 25
avril : Rome, Letania maior ad Sanclum Petrum, quam beatus
Gregorius j.apa inslituit pro maxima clade que tune Romam vas-
tabat, sicut pleniter legitur in gestis ipsius. Apud.... Evangelium
quod didiscatur nb are eiusdem apostoli ; — au 26 avril : Item
Rome, Sancli Marcellini truncatus est, d/ /;os/ (//es triginta
quinque sopuUus via Salaria in cubiculo a Marcello presbitero et
(liaconihus, cum yninis; — au 30 avril : Eodem die, natale Saiicti
Madei-niani, Remeiisis arcliiepiscopi, qui sexlus eandem rexit
occlesiam. Eodem die, tvanslatio Quirini martiris; au 2 mai :
- -29 —
Métis, inventio corporis Sancti démentis episcopi , discipuH Pétri
apostoli ; — au 10 mai : Apud opidum Barense, translacio Nycholai
episcopi ; — au 11 mai : Apud Linyones, Beali Gangulfi martiris,
longe lateqiie gloriosi miraculis; — au 9 juin : Apud monasterium
Sancti Germani, dedicatio oratorii in honore Sancti Pétri apostoli ;
- au 11 juin : Eodemdie, Sancti ludoci confessoris, quandoipso
célébrante missam primam sue celebrationis rnanus Domini appa-
ruit super eum; — au 12 juin : In Frisia, Odulfi confessoris ; —
au 21 juin : Eodem die, Albani martiris Eodem die, pussio
sanctorum martirum decem milium cum duce suo Agatio, qui
omnes sub Antonino principe passi sunt; — au 30 juin : Comme-
moratio... una, non tamen eadem die, sed evvlulo anni tempore,
ut vir disertus Arator scribit; — au 13 juillet : In Anthiocliia,
Sancte Margarete virginis et martiris; — au 15 juillet : Apud
Cartagiiiem, natale Sanclorum martirum Calulini, Eutropii
Item, Iherosolimis, divisio Aposlolorum per quatuor plagas terre
ad affirmandum lliesum esse Filium Dei, et baptizare in nomine
Elus in remissionem peccatorum. Item, Rome, divisio reliquiarum
Pétri et Pauli aposîolorum. Item, Iherosolimis, Victoria Cristia-
norum ; — • au 17 juillet : Item, Spisensis, Sancti Fridegandi
episcopi et confessoris ; — au 21 juillet : Eodem die, natale Sancti
Arbayasti episcopi et confessons;— au 23 juillet : Eodem die,
inventio sanclissimi corporis Beati ludoci confessoris ; — au 5
août : Transi' yuratio Domini in monte Thabor ; — au 1 septembre :
Eodem die, dcposilio Sancli Nivardi episcopi. Citera civitate,
Saticli Egidii abbatis, quem cerva per annos plurimos lacté suo
pavit in heremo;— au 3 septembre : Ipso die, Stabulaus, Sancti
Remacli. Tolosa, Sancti Mansueîi episcopi ; — au 22 octobre :
Eodem die, in civitate Colonia, natale Sancte Cordule virginis ; —
au 6 novembre : Eodem die, natale Sancti Leonardi confessoris ;
— au 23 novembre, la mention de Saint Colombnn, qui dans
les textes purs se trouve au 21, occupe la seconde place ; à la
lin, se trouve la mention de SaintGoberl qui, dans le manuscrit
de Hérines, occupe la seconde place; — au 2o novembre:
— 30 -
Eodem die, passio Sancte Katherine virginis et martiris; — au
26 novembre : In pago Remensi, depositio Sancti Basoli confes-
sons;— an 43 décemhre : Item, Sancte Odilie virginis preclare.
Item, ipso die, depositio Sancti ludoci coufessoris, qiiândo de
carnis ergastulo felici consnmmalione migiavit ad celum; — 17
décembre : In Anlhiochia, natale Siincli I^nalii episcopi et
martiris, qui tercius post Petrum apostolum Anthiochenam rexit
ecclesiam, ijuique persecutione Traiani dampnatiis ad bestias
Romam vinctus mittitur, decem militibus ad custodiam datas quos
ipse in epistola sua oh crudelitatem leopardos vocatur. Cumque
iam proiectus ad bestias, rugientes audiret ïeones, ardore patiendi
motus, ait : Frumentum Ci'isti sub dentibus bestiarum molar ut
panis mundus inveniar. In Affrica, natale Sanctorum Victoris,
Victoriani, Adiutoris, Jlonorati, Felicis, Innocenta, et aliorum
viginti quatuor.
LES PASSAGES SUIVANTS SONT DES AJOUTES AU TEXTE DU MANUSCRIT '.
4 mai. Festum Corone Domini, duplex. — ^2 juin. Eodem
die, passio decem milia militum martirumsub Adriano impera-
tore et aliis sex regibus. Festum duplex. — 2 juillet, Visitatio
Marie Virginis, duplex. — 9 juillet. Octava Visilalionis Marie
Virginis. — 26 juillet. Eodem die, (estivitas Béate Anne, malris
Dei Genitricis Marie. — 5 août. Item, Bononie, Beati Dominici
fratrum Predicatorum. ....... de quo debentfieii xii lectiones et
propter hoc h dies indulgentie. — 19 novembre. In
Marburcli, natale Sancte Elizabeth, vidue, fllie régis Hungarie.
Festum duplex. — 21 novembre. Eodem die, Presentatio Marie
Virginis in lemplo. — 4 décembre... die. Barbare, virginis
et martiris Festum duplex.
Mais ce qui rend le manuscrit de Munsterbilsen particulière-
ment iiiléiessant pour nous, ce sont les passages qui lui sont
propres et que nous reprodui^sons ici au long avec quelques
autres qui diffèrent considérablement de toutes les variantes
citées par SoUerius.
— ,^»
Janvier 14. Apud Spolelum, passio Sancti Pontiani martiris,
qui sub iudice Fabiano virgis cesus, et super carbones nudis
pedibus ambulare iussus, deiiide in carcere clausus, post hec
eculeo appensus, Inde leonibus obieclus, prelerea super lectum
ferreum extensus, et plumbo feivenle siiperfusus, et in hiis
omnibus apparens invictus, ad ul'.imum gladio percussus felici
martyrio est coronatus.
Février 11. Eodem die, apud Herbodes, Ihenine virginis.
Mars 19. In fuudo Wenlershoven, transiatio secunda post
Normannieam iiifestatiouem Sanclorum Landoaldi, Amantii,
Vinciane, et Sancte Landrade virginis quam domnus Eraclus
episcop'js et Arabertus transtulerunt Belisie, ubi quondam in
honore Béate Dei Genitricis Marie nutu divino in proprio fun-
davitecclesiam, ubi usque bodie omnibus digne petentibus eius
prestantur bénéficia. Anno ab Incarnatione Domini octingesimo
etoctogesimo facta est transiatio venerabilis virginis Landrade
in Bflisia a domno Eraclo episcopo et Araberto (*).
Avril 27. Proxima Dominica die post Ascensionenj Domini,
dedicatio altaris Sancte Marie et Sancti Nycholai et Sancte
Katherine.
Juin 7. Traiecto, transiatio Sancti Servatii episcopi, quom
Karolas magiuis imperator magna cum vtnerationetranstulit, et
obcuius merituni ipse imperator viclorextitit Sarracenorum(^).
Juin 26. Item, eodem die, dormitio Beati lohannis apostoli et
evangeliste.
Juillet 8. In saitu belue que nunc Belisia, id est quasi bene
elisa, nuncupata est, natale Sancte Landrade venerande virginis
/; Il y a évidemment ici une erreur de la part du scrii)e. La deuxième trans-
lation des reliques des saints de Wintershoven eut lieu en 980 (voy. Aciu SS.
Manu, lom. III, p. 35, 42, 43, et liilii, lom. 7/, p. (i-20 et 622 . Dans la vie de S.
LandoHJd et de ses compagnons, dcrile par Hariger sur srdre de l'ésêque Notger,
le prêtre de Winlershoveu est nommé Saraberlus (voy. Acta SS. iVartii, tom. III,
p. 37), ainsi que dans riiisloire de la translation des reliques à Gand, écrite par un
meine de l'abbaye de S. Bavon {ibUl., p. 43;. Voir l'annexe ci-après.
-) Kn l'anm^e 726. Voir Aica SS. Mail, tom. III, p. 217.
— 32 -
et prime matris huius cenobii,que, dum qiiadam noctis sileniio,
in eo loco Omnipolenii Domino ?un vota voveret , ab Ipso
immortali Sponso suo crucem miritici operis e celo recipere
meruit, et locum quo Sue Geiiilrici M;ii-ie oratorium fundaret,
ipso sancto signaculo dedicavit, in quo eciam oratorio impressio
eiusdem sanctissime crucis in lapide durissimo usque hodie
languide fidei tollil dubietatem {*).... Eodein die, Worreburgis,
Sanctorum Kyliani, Coiamanni et aliorum.
Juillet 16. Eodem die, Traiecto, sanctorum confessorum atque
ponlitîcum Gundolfi, Monulfi, (jUi unus posl alium Tungrensem
ecclesiam vaslatam ab Attilo rege poe-t mortem Beali Servatii
resiaurare laboraverunt, donec angelica ammonitione eis hoc
nequaquam fieri posse demonstralum est.
Août 22. Floriiiis, Sancti Mauri marliris.
Août 24. Transhitio corporis Beali Amoris confessons ab eo
loco ubi antea iacueral in Belisiensi ecclesia
Août 27. Translaiio Sancli Amoris, quem tran.slulit cornes
CloduU'uset venerabilis coniunx sua Hilda a Traiecto in Beli-
siam (^).
Octobre 8. In teniîorio Tungrensi, cenobio Belisiensi, natale
Amoris sanclissimi confessoris Domini. Hic cum essel ex nobi-
lissimo génère patriciorum, accensus igné Divini amoris Ihesu
(1) Comparez le pas.<age suivant de la vie de la Sainte par Tliierri, abbé de
Sainl-Trond : « Hac taii viîginum niililia, his gymnasiis in brevi locus adolevil, et
in oninis humanitalis crescens annosiliileni, non ul prius, a beiuis Belua, sed
Belisia, hoc est, bene Elysia vocaii cœpil. » Acia SS. lulii, lora 11, p. 6"2t). L'édi-
tion de Surius ajoute : « Sive enim neroorosani iuciinditatein, sive fluminuin aut
fontium irriguam spectf>s ubertattm, apiini qiiO(iue et mellis ceream suavitaleni,
addila incolarum Chri&tiana religione ; parum et-t , quod dubitas de elysia
bealiludine. »
(*; Ces deux passages sont d'une i:LS-grande importance. Voir Acia SS.
Oct., toni. IV, pp. 335 à 342. 11 en résulte (pie le corps (Je saint .Amour fut d'abord
enterré à Maestricht — probablement à l'endroit où plus tard lut élevée en son
honneur une chapelle, dont l'abbesse de Munslerbilsen l'ut la patronne — ensuite
transféré à iVIunslerbilsen et enterré dans l'église, et finalement élevé dans une
châsse.
33
Gi'isti, patriam suam reliquit Aquilaniam, Romam venieiis,
ibique a Sancto celi ianitore Pelro pie in somnis confortaïus,
viam quam tenderet et locum cui Tiaiectum est nomeii, ubi
postea virtutibus et claris iniraculis ut in gestis eius legitur
enituit, ab ipso celi clavigero scire promeiMit. Sanctitatis eius
meritum Omnipoteiis Domiuus celare noluit, in liuius carnis
materie infirmos curavit, cecos illuminavit, oppresses a demoiie
liberaviî, et lampadem quam iiostis humani generis extinxerat
celitus Clara luce restauralain accepit.
Octobre 20. Eodem die, depositio Sancti Sindulfi confessons,
qui seculus Abrahe pairiarclie exemplum, exivil de terra et de
cognatione sua, et oblitus populum suum et domum patris sui
ut Domino solo serviret et fecit degens in parrochia Remensi
sobrie, iuste piequevivendo,cuius vita quam fuerit Deo accepta
tesiantur ipsius miracula que per eius meiiia sunl facta.
Octobre 31. Fossis, eodem die, Sancti Foillani martiris. Cuius
eciam corpus dum diu fidelibus latuisset Béate Gertrudi virgini
per columnam ignis revelatum est.
Novembre ?>. Eodem die, dedicalio ecclesie Sancti Amoris in
Belisia et aliorum plurium sanctorum marliium.
Décembre 1. Ilenj.Weniersoven, tianslatio prima Sanctorum
Ladoaldi, Amandi, Laiidrade, Vinciane, Adeltrudis, Adriani,
Iuiiani,quostianstulitdigiiacumvenerationeSanciusFloribertus
tercio loco post Beatum Lambertum regens Leodiense episco-
pium.
Décembie 23. Eodem die, translatio Sancli Lamberti ab
ecclesia Sancte Jîai ie in criptam, et eiusdem cripie dedicalio in
honore Omnium Sanctorum ( ' ).
(*) La iranslalion des reliques de S. Lambert de l'église de S, Pierre, près
MaesU'icht, à celle de Noire Dame à Liège, eut lieu le "li décembre 7!22 Ce lui aussi
ie -24 décembre qu'on ea colébia annuellement la tète, jusqu'à l'époque oii elle fut
iixée au !28 avril. — Notre marlyrologe menlionne une autre Iranslalion ; sou:^
l'église de Noire-Dame fui construite une crypte destinée a recevoir les reliques de
S. Lambert qui y furent descendues le û'i décembre (on ignore de quelle année),
jour oii la crypte fut en même temps consacrée a Tous les Saints (M. Dakis).
- 34 —
Nous faisons suivre ici la reproduction des notices nécrolo-
giques des religieuses et des chanoines de Munsterbilseu, ainsi
que des bienfaiteurs de la maison; malheureusement, nous
avons dû laisser bien des espaces en blanc, car le manuscrit a
beaucoup souffert. D'abord, au seizième siècle, leschanoinesses
ont gratté et enlevé partout le mot monialis, comme si elles
avaient voulu faire oubher qu'elles avaient été religieuses
et qu'elles s'étaient sécularisées ; ensuite le couteau d'un relieur
barbare a rogné les marges et tronqué les notices qu'on y avait
ajoutées. Nous aurions pu omettre celles-ci, mais nous avons cru
mieux faire de re[)roduire exactement tout ce que nous avons pu
déchiffrer. Peut-être plus tard, quelqu'un pourra-t-il compléter le
texte au moyen d'autres documents, car, si nos renseignements
sont exacts, il doit exister entre des mains particulières, à
Malmedy ou dans les environs de cttle ville, une partie considé-
rable des archives de l'abbaye de Munsterbilseu.
December.
■24. Commemoracio Marie de Tille, olim ahbatis?e huius ecclesie (i),
que legavit iii s. Renenses. Obiit Aleydis van der Tangflryl, que legavlt
duodecim vasa siliginis inler caiionicos, di miceilas, lapellanos et de.ser-
vitoies, pro una persona, divideiida in paradiso.
30. Gedefiidi. Obiit domnus Cuniaidus de Sevenbeighe, qui legavit
nobis unam caaulam
Ianuarius.
1. Co. Aleydis de Motenaken, matris donini Balduini, sigilliferi LfO-
diensis (2).
( ' ) Marie de Tiiys i en flamand de Tille fut élue abbesse de Munsterbilsen en
■1497 {Analecles pour servir a l'In/stoire ecctésiaxiique de la Belgique, t. IX, p. 34P),
et mourut, selon son épilaphe, le "2'^ décembre 1498. Son nom ne figure pas dans la
liste des abbesses donnée par Wollers.
(*) Le porle-scel ou nioJlUfer de Liège était le {,'rand vicaire, qui devait néces-
— 3o —
2. Co. Magarete de Eyneberch.
3. Co. Bénigne, quondam dumicelle huius monasterii doinne
de Peierst-m, que legaviic<in\entui dimidiura modium siliginis.
5. Co. Ghisbeiii de Montenakin , pairis domni Baldiiini, sigilUferi
Leodiensis. Co. domni Godt fridi de Wilre, qui legavit nobis se|.tem vasa
siliginis inter prescnies.
6. Co. domiie de Milledonck, nnde habenius viii vasa siliginis inter
présentes. En marge : Co. domicelle Lucardis Mey\eldcrs, unde habemus
xxiiii virgalasprati sitas 1er ass et pei unie inde provenientes(i)dividuntur
inter présentes. Sunt magne vigilie an;e ferrum.
7. Co. domni ludoci Vasirat, unde habemus viii vasa siliginis inter
canonicos,domiceliasetcapellanos, deserviiores et matricularios présentes,
prouna persona, supra domum et curtim lohaniiis Moers in....
8. Co. Wilhelmi Moelenberch, unde habemus vi vasa siliginis inter
canonicos, domicell.is el capellanos présentes, supra hospilium lohannis
Andrée, iuxta domum Saiicti Stephani. Co. magistri Fleiieri Scoefs de
Blisia qui legavit sex vasa siliginis inter omnes equaliler dividenda.
9. Obiit Cunegondis pie memorie. Co. Lamberti layci. Co. domine
Margarete de Pyetersum et filiarum suarura.Sunt magne vigilie ante corum
domiiiorum.
10. Co. Arnoldi, militis de Weiham, et filie sue lohanne, pro quorum
anniveisario habemus unam deeimam apud Welne.
11. Co. Lamberti. Co. Margareiede Authoesselt, pro cuius commemo-
racione el parentum suorum ft amicorum habemus annuatim v vasa cum
dimidio frumenli mensure Tongrensis, de quibus fiunt magni panes.
12. Co. Luburgis et Elyzabeth.
sairernent faire partie liu cliapilre de S'-Lambert., à Liège. Or, ie grand vicaire
Handuin Ho Montenalien n'est pas cili.' dans les listes des chanoines de celte
cattiédralti. On y trouve bien un Bauduin de Monlenaken en I3(i4, vice-doyen en
1376, chanlpe en 1380; mais celui-ci est désigné comme étant fils du chevalier
Guillaume, châtelain de Monlenaken, seigneur de Herck, etc., et de Josine, fille de
Warnier d'EIzée, dit de Dave De Theux, l.e chapitre de S^ Lambert, à Liège, t. II,
p. 1 lo ;, tandis que notre grand vicaire était fil? de Ghisbert (^t d Aleide { voyez 5
jtttivie<-',. On ignore si Bauduin, fils de Gilbert de Monlenaken el vicaire-général de
l'évoque, était chanoine de la cathédrale; car ce ne fut qu'à partir du W' siècle que
le vicaire-général devait être choisi parmi les chanoines M. Daris .
(*) En marge. Nunc ii golt gulden
~ 36
16. Co. Marie de Kenswilre.Co. domicelle Margarete Pynnock( i),unde
habemus vi vasa siligiiiis et iiii virgalas prati infer canonicos et doraicellas,
etc. Co. lutte de Kessel, qaondam decanisse huius ecclesie (2), que
legavit xii vasa siligiiiis iiiter canonicos et domicelias.
17. Co. Mechiildis abbatisse de Petersora. Sunt magne vigilie ante
altare Sancti Andrée.
18. Co. Laureniii Pistoris, presbileri, qui legavit vi vasa siliginis inter
oranesequaliier dividenda.
19. Co. Egidii presbileri. Co. Elyzabeth de Drumen, que legavit iiii
vasa siliginis inter omnes. Co, venerabilis domni lohannis Waikerfs),
canonici huius ecclesie, qui legavit pro anniversario suo xi virgatas prati,
et fil corn...
20. Co. Cristiani de Horreo, unde habemus iiii vasa siliginis mensure
Traiectensis; lucrantur canonici et capellani.
21. Co. Aleydis Coci pie memorie in Cristo. Obiit Renerus Balduini,
villicus de Hex, unde habemus vi solidos bone monete et vi capones apud
Wange.
22 (4). Corn. Godefridi militis de Sconwinkelcqui legavit conventui Beli-
siensi t'ni'* honunria terre in Rosmeir, et de dunbus curtibus in Udenberge
xix denarios Leodienses, videlicet : de prima curti vi denarios, qne curtis
nulla alla iura solvit prêter illos vi denarios, et de altéra curti xiii denarios,
et eciam solvit \i denarios de aliis iuribus. Commemoracio Marie de
Bruysthem.
25. Corn. Oltonis imperatoris{s). Obiit Beatrix de Oplewe bone
memorie.
24. Co. Amelrade abbatisse. Obiit lohannes démentis, pro cuius anni-
versario habemus annuatim tria vasa siliginis.
( *) Marguerite Pynnock était chanoinesse ; elle assista à l'ouverture de la châsse
de Saint Amour en iinl. V. Acta Sanci. Oct., t. IV, p. 336, où le nom est
imprimé par erreur Fyiinock.
(*) Jutte de Kessell, chanoinesse en 1437 (Acta SS., loc. cit.), était doyenne du
chapitre en 1497 {Atialecte.i ecclésiasiiqne.i, loc. cit.).
[^) Jean Walker, chanoine, assista à l'ouverture de la châsse de Saint Amour
en 1487 {Acta SS., loc. cit. \
(*) L'ancien manuscrit commence ici; la partie qui précède paraît avoir été
recopiée au XIV» siècle.
; " . Pour l'empereur Otton, bienfaiteur du chapitre, v. Wolters.
- 37 —
25. Co.Algardis. Co. domni Arnnldi de Meroede, filii de Hoffalizia, qui
obiit anno Mquiiigentesimo seplimo, ipso die Beati Pauli apostoli (i.
26. Co. Ainolde de 0|iiewe bone memorie.
27. Co. M ibilk (i) . Co. Yrmgiinlis de VValdech, quondam abbatisse
hiiius monasteni (3), unde haliemus caput argentcuin Sam ti Anioris et
mulia alia bona. SunI magne vigilie ante allare v... marlirum.
28. Co. Ermentrudh. Co. hertoch Philips van Cleve, hère tôt Raven=
sfeyii ; henfft gelaeten eyn gelaesvyiister in den hoghen ooer (4).
29. Com. magistri Wilhelmi Nycoi de Oesteiwiicli, quondamcanonici
nostri, qui legavit nobis hereditarie pro anima sua ac parentum suorum
xii vasa siliginis inter présentes in paradiso.
50. Co. dnmne Aleydis de Brunson-n l)one memorie, olim abbatisse
huius monasterii (3), in cuius aimiversario distribuuntur viginii octo vasa
siliginis mensure de Rumunde, presentibus equaliler dividende, tam
canonicis quam domicrllabus; pre entibusdividctur.
31. Co. domni Waltcri de Wilre, qui legavit octo vasa siliginis inter
présentes , scilicet : domne abbaiisse pro duplici persona , canonicis,
domicellabus velatis ei duobiis miiiisiris, pro una persona, sed capellani
et deservi.ores habent per eorura alibi per
Febrlarius.
5. Com. Gude.
i. Com. domni de Sarni et domicclle Meglildis de Fayt, et patris sui,
domni Egidii, et ma! ris sue, domne Adde, pro quibus habemus apud
Welien xiiii vasa siliginis inter présentes.
( * ) Arnold de Mërode était fils de Richard, seigneur de Frentz, et de Marguerite
d'Argenleau, dame de HouH'alisc. il devint Iréfonoier de S« Lambert le 22 août 1487.
Chanoine d Aix, il devint archidiacre de Hesbaie le IC décembre 1503, et trépassa le
23 janvier tot'i7 i B"" DE VoRST GuuENAU ;. Cfr. 14 février, 19 mars, 18 septembre,
12 novembre.
(') Elle vivait en 1130.
( ' ,' L'abbesse Ermengarde de Waldeck paraît avoir succédé ( Aleydede Brunshorn,
qui occupait la dignité abbatiale en 1303 (Aualectes ecclésiastiques^ t. IX, p. 339 .
(*; Le duc Philippe de Clèves, seigneur de Ravenstein, est probablement le fils
d'Adolphe de Cièves, seigneur de Ravenstein, qui combattit les Liégeois en 1466.
Il mourut vers io2a (M. Daris).
(°) L'abbesse Aleyde de Brunshorn est citée dans une charte de l'an 1303 (WoL-
TERS, Notice sur l'abbaye de Munsterbilsen, p. 69).
- 38 —
5. Co. Waîteri.
6. Co. Everardi, sacerdotis. Co. Elyzabet de Hex, decane, pie memorie,
que legavil nobis multa bona.
7. Co. domni lohannis de Beke, quondam nostri canonici, qui legavit
nobis sex vasa siliginis Lo.ssenis inter présentes.
8. Co. domni lohannis Quirini, qui legavil nobis iii florenos HoUandie
semei daniis.
9. Co. Goesswinus Brecht et Elizabeth de Wyfflet, uxoris sue, qui
legaveruiu unam lasulam de flueto pie memorie in Cristo.
ll(i). Co. Beatriiis.. ....... pie memorie in Crislo.
i2. Co. Bute
15. Commemoratio Benneri mililis de Hex (2), undehabemus annualim
unum Niodium spelte apud Hex.
iA. Co. ludith. Co. domicelle Katherine de Kempenich, que legavit
nobis hereditarie unum modium siliginis mensureTraiecteiisis. Co. nobilis
et generose domicelle Elizabet de Meroda, alias de Huffalisia, que legavit
unum modium siliginis mensure Traiectensis (5).
15. Commemoracio Guede de Oirsvelt, decanisse, que legavit nobis pro
anniversario suo xx vasa siliginis mensure Traiectensis inier présentes,
et cantaniur magne vigilie.
16. Co. lohannis Coci unde liabet iiii vasa siliginis.
18. Co. Bycmudis et Ide.
20. Co. Mcclifildis. Co. ililgardis de Suardenbergh.....
21. Co. Meglildis, Beggine de hospitali, que legavit conventui sex vasa
siliginis iacentis....
22. Co. Elizabet de Welham,.,.... pro qua habemus sicut in alio libro
scripium est. En marge ............. mensure Traiectensis inter canonicos,
domiceilas velalas, cappellanos, deservilores et duos matricularios pro una
persona equaliler dividenda.
'*) Le feuillet 58 du ni,imiscr-it, depuis Je îl jusqu'au 17 février, a élé rocopiO
au XIV ■ siècle.
(•) Ce Renier, chevalier lie Hex, est probablement le môme que lienier dit Tallar
de Hex, qui vivait au XIV'>; siècle (DAltls, Notices sur les églises de la priiicipaulé de
Lié(je, t. II, p. 43).
(*; Elisabeth, .sœur d'Arnold de Mérode ( voir au 25 janvier), chanoinesse de
Munslerbilsen, décéda le 14 lévrier 1540 B"" un Vokst-Gudenau).
— 39 —
25. Co. CUtricie. Co. Gertrudis, laice, et Ciistine, iaice. Cora. Eiizabet
de Hud pie memorie in Domino Ihesu Cristo.
24. Commcmoratio Gisilberii, mililis, et uxoris eius, Aleidis. Obiit
M;iria de Foys, pro qua habuimus xi griffoiies semel in paradiso.
25. Co. Megiildis decane de Andenne, pro qua habemus sicul in alio
libi'o s«Tiptum est.
26. Co. domiie Aleydis de Wethame, pro cuius anniversario habemus
ut supra.
27. Co. domni lohannis de Diepenbeick , cappellani , unde habent
canonici, domicelle velate, cappellani, deservilores et matricularii sex
vasa siliginis heredilarie.
28. Co. domicelle Aleydis de Guytschoven, pro cuius anniversario
habemus inter omnes canonicos, domicellas, capellanos et deservilores
présentes exceplis non iii raodios spelte in paradiso.
Martius.
i. Co. Cristine deMillen. En marge : Co. parentum.,. Dune et prior...
feria quinla
2. Co. Godefridi van der Tangelriit et Katherine, sue uxoris, paîris et,
Qiatris Aleydis van der Tangelriit, unde habemus octo vasa siliginis inter
canonicos, domicellas velatas, cappellanos, deservilores et matricularios
pro una persona.
3. Co. Aleidis abbatisse.
4. Co. Gcyle. Co. Katherine de Kempene, que legavit dimidium bonua-
rium terre iacentis in Hex ad pisces in vigilia lohannis Baptiste presen...
cum mag ganorum. En marge : Obiit Henricusde Hacoer, et Maria,
eius uxor, pro quibus habemus vi vasa spelte iacentis in Hacoer ad pisces
in vigilia lohannis Baptiste presentibus tantum.
5. Co. domicelle Heylwigis de Warous, que legavit canonicis, domicel-
labus velatis et superpelliciatis, cappellanis et deservitoribus presentibus
duodfcim vasa siliginis; iiide habebunl matricularii duos deiiaiios. Obiit
anno Dumini millesimo (luadrlng^'nle^imo quiiiquagesimo... in paradiso...
En marge : Commemoratio Boiielta de Overvelde, unde habemus iiii vasa
siliginis ad pisces que dislribuunlur inter présentes in capite ieiunii. Obiit
Gherlacus de Bruchchennoy et Elyzabeth, tilia eius.
40
6. Co. Gertrudis et Berlhe. Co. Elizabet scolaris. Co. domni Theoderici
dicii Capellani, olim canonici huius ecclesie, qui multas possessiones
convenlui legavit ut in aiio libro coniineiur pie.
7. Co. Odegevc. Commenioratio Clemencie de Hachurt , pro cuius
commemoralione habemus unum modiiim spelte annuatim apud Hex. En
marge : Co. lutte de s, que legavit nobis grifones pto anniver-
sario suo.
8. Commemoracio Beatricis de Beverst, que legavit quatuor vasa sili-
ginis. En marge : Commemoracio parentum domni Nycolay de Âbelens,
quondam nustri canonici.
9. Co. Hildcgardis. Obiit Elizabet decana de Sureh
10. Co. Volfardis.
i\. Co. Claricie pie memorie. En marge : i quondam ctanonicus
Sancii lohannis in Leodio, pro quo habemus vasa siiiginis; distri-
buunlur p raium ad iacent iuxta.
i± Co. Henrici.
15. Co.Wolteri de Ghenka.
14. Co. Sibilie. Co. LodowysePynnock,domicelIe(i), decem vasa siii-
ginis dividenda inter canonicos,domicellas,capeilanos et deservitoribus...
ilur in paradiso.
15. Co. Hildcwaris. Obiit domiceila Maria de... l...emonte.
16. Co. Adelherli, presbiteri, et HUdcgurdis. En marge : Commemoratio
Richardi Meyiiveldor, militis, et Meclitildis, eius uxoris, unde habemus vi
vasa siiiginis que distribuuntur |)ro piscibus in vigilia Omnium Sanctorum.
17. Co.Gerardi. Corn, domicelle Marie dicte RugreffyndePsa..lmen(2),
domicelle in Thoren, que reliquil ecclesie nosire unum lavacrum sive vas
argenleum. Co. domni Ade de Merhem, qui legavit pro anniversario suo
septem virgalas terre arrabilis site rétro ..cto inter ..es.
18. Co. Helesendifi. Com. parentum Certrudis de Becoven, decane, unde
habemus xii vasa siiiginis inter présentes dividenda.
19. Co. Bezele. En marge : Domnus lîeynerus de Meroda, filiusde Huf-
falizia, miles, obiit anno xv nono, undecimo die mensis Aprilis (3).
(*) Louise Pynnock es^l citée comme chanoinesse en I i97 et I0II.
i*/ Probahlement Marie Hingrave des comU's de Salni (fille de Jean, mort en
1306, et de Marguejile Horion d'Ordenges , femme de iS'icolas Blllte^^wyck dit de
Passart, seigneur de Miieer et grand bailli de Bilsen ,B"» de Vorst-Gudenau).
(*] Renaud de Mérode, frère d'Arnold (voy. 25 janvier), est le fondateur de la
41
20. Com. Margretede Bigarde pie memorie.
21. Co. Ellenburgis , Berte , Wiburgis. Cora. Gertrudis de Becoven,
decane, pro cuius anniversario habemus xxviii grosses pagamenti inler
présentes dividendos eî raarcum unum gr versario
22. Co. G ich comitiset eorura qui wegoreta?'iuguiari f...t (i) lera=
pore Henrici imperatoris quarli.
23. Co. Barbare , quondam domicelle sive pedisseque domne Cone-
gundis (2) de Dune, abbatisse Sancti Amoris, que legavit convenlui iiii
vasa siliginis.
24. Co. parenlum domicelle de Versen, que legavit pto anniversario
eorundeni iiii g. de raoneta Florenensi recipiendos ad coquinam, et sex g.
eiusdem monele quos solvet decanus de Wilre de bonis suis, presentibus
in paradiso.
25. Com. Godefridi et Beatricis. Co. Agnetis de Elderen pie memorie
in Cristo. Co. Henrici Stas,braxatoris nostri,qui legavit xii vasa siliginis,
vel pro illis xxiiii florenos communes.
26. Commemoracio Lucie de Waldich , miletissa de Oelburk pie
memorie in Christo. Co. Gertrudis, matris int Bayhuys, que legavit nobis
vasa siliginis hereditarie.
27. Co. Geve. Co. Loretle de Scuenenberch, decane huius ecclesie,
unde habemus sex vasa siliginis inter doraicellas présentes superpliciatas
ad vi... in festo Béate Katherine virginis, in paradiso.
28. Co. Elyzabeth Co. Gerardi de Scoenbeyck, armigeri, unde
habemus inter canonicos, doraicellas, capellanos et deservitores v vasa
siliginis hereditarie.
29. Com. domni Arnoldi de Cruchen, de cuius anniversario habemus
xxxiii gr.
50. Co. Yde, que legavit conventui annuatim septem vasa siliginis in die
Beati Benedicti abbatis,
31. Co. Lambert».
branche des seigneurs de Frenlz, d'où sorteat les comtes de Middelbourg et
d'Oigiiies. il épousa Adrienne de Bois de Melio, dame de Moperlingeo, etc. (B"" ii£.
VORSI-GUUMIAD).
t'j Peul-èlre faudra-t-il lire iugulaii fuerunt.
( 0 ) Cfr. le 9 septembre.
42
Aprilis.
1. Co.Ude{i). Co. dbnmi Rasonis, quondam cappellani huius ecclesie,
qui legavit nobis annuatim xii vasa siliginis.
2. Co. Reinnudis. Co.Iohannede Stordeur de Hex,undehal)uilcuslodia
ecclesie sex coronas Framie semel datas.
5. Co. Ide. to. Aleidls de Jlo..est pie memoiie in Clirislo. En marge :
Anniversarium lohannis loerskens et Katherine, eius uxoris, uiide habel
luminare ecclesie Sancti Amoiis dimidiuni florenum ad et supra curtim et
mansionem Adam Pelri dicti Timmermans in Bokenbilsen iacentes iuxta
F..sam.
4. Co. Aleidis abbnfisse. Obiil Mectheldis Corn, Vargarete de
Cronendael bone memorie
6. Co. Ricmnre. CommemoracioHeylwigis deEyneberch, unde habemus
xiiii vasa siliginis inter présentes, que obiit v Aprilis anno xlviii, in
paradiso.
7. Com. Marie scolaris.
8. Co. Mechtildis Kelb'ners, necnon sui palris Wilhelmi Kelleners, cl
Mizabt^t, sue matris, que legavit octo vasa siliginis inter canonicos, domi-
celhis velaïas, capellanos, deservitores, malricularios, pro una persona,
equaliter dividcnda in pamdiso. En marge : Co. Elisabeth Kellena...
unde habenius octo viriiatas prati.
9. Obiyt lûhanna Caproiis, unde habenius dimidium flo in Ho
inter présentes.
40. Co. domni Gerardi Dormens, pastor ecclesie parochialis, et cano-
nicus huius ecclesiarum, qui legavit pro annivers.irio suo inler omnes
unum modlum siliginis mensure Traieclensis.
li. Co. Megbtildis, comitisse. Co. domni Nycholai de Abolens, canonici
huius ecclesie, unde habemus unum niodium siliginis. En marge : Com,
Herîrîci Pieiersum tiliorum unde habemus.
12. Co. Hugoiiift, Leodicnsis episcopi, qui legavit ecclesie et conventui
Belisiensi octoginta libras alborum.
iô. Co. Sivardi de Sureiibach bone memorie. En marge : Co. domni
lohannis Mouwen, capellani huius ecclesie, qui legavit pro anniverbario
suo inter omnes sex vasa siliginis...
(•) Elle vivait en H;J0.
43
14. Co. Henrici, archiepiscopi. Et Katherine...
15. Co. Hadwidis, decane, et Heyleividis, Henrici decani. Co. Beatricis...
16. Co. Adeleydis.
17. Co. EmtachU, sacerdotis (i). Com. domicelle Marie de Verses.
18. Co. ludith. Co.Sophye de Phauwis En marge : Comrnemoratio .
domicelle Gertrudis de Hervé (2), unde habemus vii vasa siliginismensure
Traiecteiisis inter canonicos, domicellas velatas, capellanos, deservilores
et inatricularios pro una persona présentes distribuenda.
19. Co. Andiee de Oversteyn, Schonetle eius uxoris (3), lohaiinis de
Sconenborch, Elizabeth eius uxoris (4), ac parentum etamicorum eorum,
unde habemus sex vasa silijiinis inter canonicos, domicellas superpelliciatas,
capellanos et deservitores présentes distribuenda.
20. Co. Ricre,nbbfitisse. 8oï[ih'\aohï\[...
21. Co. Agnetis de Simpyr s piememorie.
22. Com. Dyne pie memorie. pro qua habemus. Eti marge : Co.
Henrici de Surenbach, unde habemus quatuor vasa siliginis.
25. Co. Margarete de Bomalia pie memorie in Cristo.
24. Co. Hcyleu'ipis. Co. domicelle Berte de Loveric.
25. Co. IdeetThome. Com. maj^istri Henric'i de Houthorne, canonici
noslri, pro cuius aniiiversario habemus xii vasa siliginis inter présentes
tanlum et canonicos.
26. Co. Theoderici Mans, matricularii et cellarii huius ecclesie Sancti
Amoris, qui legavit pro anniversario suo et eius uxoris Marie, unde habe-
mus unum florenum < um dimidio ad et super omnia bona sua siia in
Munsterbiisen inter canonicos et domicellas et ceteros capellanos.
27. Com. Gerlaci, laici, qui legavit conventui et abbatisse decem libras.
(1) Il vivait en 1130.
(*) Gertrucle de Hervé était chanoinesse ; elle assista à l'ouverture de la châsse
de Saint Amour en i4S7 (V. Acta SS. Oct. t. IV, p. 336 .
(^) André d'Oberstein et son épouse Schonelte Jannette) de Bursrheidl ffille de
Richard et d'Elisabeth), vivaient en 1381-1412 Fahne, t. !, p. 307). Humbracht dit
que la femme d'André était une Hûrth de Schônerk, fille de Richard et d'Anne de
Burscheidt. Nous ignorons laquelle des deux opinions mérite confiance, mais nous
sommes tentés de suivre Hiimbracht, M. Fahne étant en contradiction avec lui-
même, car il parle aussi de Schonette d'Oberstein, née de Hiirth, dans son article
H'ùrih (B"" DE Vorst-Gl'DENAU).
(*) Probablement Joaii de Schônenburg et Elise d'Oberstein qui vivaient en 147-!
Cette Elise était la nièce d'André d'Oberstein (B"" de Vopst-Gudenap;.
29. Commemoracio Aleydis démentis, de qua habemus annuatim iii
vasa sillginis En marge : Co. domni Hermanni de Wydoy, quondam
cappellani dcclesie Sancli Amoris Blisiensis, unde habeiU canonici, capel-
lani deservitores, domicelle velate, necnon duo matricularii pro una
persona quatuor vasa siliginis supra domum ipsius domni Hermanni cum
suis attinenciis,
Maius.
i. Co. Cunonis. Co. Katherine de Elderen... pie memorie.£« marge :
duo bonuaria terre pro ariima sua et pro animabus mariti sui et amirorum
omnium siiorum.
2. Co. Willelmi, matricularii, qui legavit conventui unam domum cum
curti et dimidium bonuarium terre arabilis.
5. Co. Hndt'widis.
i. Co. Heylewivis. Corn. lohannis Dessen, matricularii Saneti Amoris
Klisiensis, qui legavit conventui vii vasa siliginis hereditarie.
5. Co. Luburgis {^).
6. Co. domni Theoderici de Havert, canonici Blisiensis et decani Saneti
Servatii.
7. Co. lohannis Boest, quondam canonici huius ecclesie.
8. Co. Heylewivis.
iO. Co.Ide. Co. Elisabet de Warras...... pro qua habemus xxviii vasa
siliginis et mar iii per
^l. Co. domni Willelmi de Curlersen, quondam canonici nostri, qui
legavit nobis.
12. Co. Luthgardis. Com. Margarete de Ondricken iunioris bone me-
rnorie. Co. Yde de Curingen alias Persoens, unde habemus iiii vasa
vino in die... fioationis. En marge : Co. Henrici Plucken et Katherine, sue
uxoris, qui legavit pro anniversario suo quinquc virgaîas prati iacentes
iuxta pascuam dictara die zwunen wey, et undecim virgatas terre iacentes
iuxta den bltckers inter omnes equaliier distribuendas.
13. Co. Gude. Co. domicelle Aleydis de Rode , que legavit inter
présentes vi vasa siliginis. En marge : Commemoratio Hermanni Beulleu
( * , Elle vivait en H63. Voyez Woiters, op. cit., p. 49.
4o —
et Agnetis Surlef, sue uxoris, qui dédit nobis unum nobile ad pavimentum.
ii Co. Aleydis.
16. Corn. Margarete de Gusghoeven (i), decane, in paradiso sex vasa
siliginis mensure Lossensis.
18. Commemoratio Ri<-,oldis sacerdotis.
19. Commemoratio Aleydis de Hex et in magno libre requirantur
bona sua scripia que ecclesie et convenlui ex parte ipsius remanserunt.
21. Co. Hugoniii, sacerdotis. Com. domni Heynrici Mutzelinxs, quondara
canonici huius ecclesie.
23. Co. Werenzonis, presbiteri, et Odilie.
25. Co. Henrici.
27. Co. domni Nycholai Baiart, canonici huius ecclesie pro que habe-
mus....
51. Co. Knnonis, «anonici, qui legavit conventui iiiie'" bonuaria.
lUNIUS.
I. Co. Marie de Hollenioirs, que legavit nobis xxiiii florenos Renenses.
5. Co. Heylewigis decane.
4. Co. Megtildis pie memorie in Cristo.
.5. Commemoratio Sophie boue memorie.
7. Commemoracio lohannis de Herc, pro cuius anniversario habemus
inter présentes x vasa siliginis.
9. Co. Deçienradi, Heizelonis, ludith et Ode ei
II. Co. Mechiildis pri que legavit unum vas siliginis ad raatu-
linas.
12. Co. Gerardi de Louveric, unde habemus quatuor vasa siliginis in
nocie Annunciationis Béate Marie in vino.
13. Co. Gerfrudia abbatisse {2). Obiit domnus lohannesCoci,unde habe-
mus vi vasa siliginis.
14. Co. lutte cellerarie, que nobis fecit et legavit multa bona.
15. Co. Ermegardis de Waldegghen.... bone memorie in Cristo (3).
16. Co. lohannis Scoefs de Blisia, unde habemus octo vasa siliginis
* 1 Celto doyenne vivait sous l'épiscopat de Jean de Heinsberg.
(■^) L'abbesse Gertnide intervient dans des actes de tlTô et itSt
(•■') Comparez le 27 janvier.
46
inter canonicos, capellanos, et domicellas velatas et matricularios pro una
persona equaliler dividenda.
17. Co. Sibilie et Engelberte {{). Co. Rolandi de Grevenbroeck(2), unde
habemus unum modium siliginis Tongrensis inter canonicos, domicellas
velaïas, capellanos, deservitores el matricularios pro una persona.
18. Co. Elisabet de Leute bone memorie in Crislo. Obiit lohannes de
Merode, miles (3).
19. Co. domni Ghiseberti Lambrechs, unde habemus quatuor vasa
siliginis inter canonicos, capellanos, deservitores, domicellas velatas et
malricularios pro una persona. En marge : Co. Agnelis de Riclet, que
legavil conventui octo griffones semel.
-20. Co. Aleydis de Louveric, unde habemus quatuor jvasa siliginis in
nocte Annunciationis Béate Marie in vino.
21. Co. Arnoldi. Co. Lamberli de Rede.
22. Co. Ave.
23. Co. Hermensendis comitisse. Co. dorani lohaniiis Keeckman (4),
canonici, unde habemus xii vasa siliginis inter canonicos, domicellas
velalas, capellanos, deservitores et matricularios pro una persona equaliter
dividenda unde ha custodia....
25. Co. Reinboldi militis.
27. Co. domni lohannis Vroens, canonici huius ecclesie,unde habemus
X vasa siliginis inter canonicos, domicellas, capellanos, deservitores
dividenda.
28. Co. Henricieomitis.
50. Co. Marie de Groninchen pro qua habemus
IULIUS.
2. Commemoracio domne Goetscule de Orreo (5) pie memorie in
Crislo, unde habemus unum florenum.
( *) Eng-^lberta vivait en 1430.
{2) Roland de Grevenbrouck vivait en 1447; il était filt. de Robert et de Jeanne
d'Arendael.
(') Le grand nombre de Jean de Mérode ne permet pas de classer celui-ci. La
qualification de milet, supprimée à pai tir du xvie siècle, prouve que ce personnage
était assez ancien ( B°" de Vorst-Oudenau ).
( i) Jean Keeckman (et non Heeckmans) assista à l'ouverture de la châsse de St-
Amour en 1457. V. Acta SS. Oct., t. IV, p. 336.
(*) Probablement la mère de Godesclialca de schueren, doyenne puis abbesse de
Munsterbilsen, décédée le 6 septembre 1390. V. C. de Borman , Le livre des Jieff.
du comté de Looz^ p. 212.
— 4? —
5. Co. Âleidis de Elen pie memorie in Cristo.
4 Co. AU^dis oomiiisse. Co. domni Amelil, canonici ac scolasti<'i
ecclesie Sa;)cii Lamberti , pro que habemus vii vasa siliginis mensure
Traiectensis.
5. Co. Sibiîie decane, pro qua habemus xvi solidos bone monete et
grossos ciim tribus...
6. Co. Alexandii episcopi.
7. Commemoratio domni Godefridi de Le... presbiteri.
8. Co. Gertrudis decane.
40. Co. Lamberti decani, qui legavit nobis annuatim ix vasa siliginis.
15. Co. Meglildis de Sconwinkele, que legavit nobis riii bonuaria terre et
xix dennrios Leodienses de duabus Ctirtibus, videlicct, de prima ri denarios,
et de altéra xiii denarios. Prima nulla alia iiira solvit; altéra solvit vi
denarios de aliis iuribus, scilicet abrenuntiando et de lirentia. En marge :
ObiitOtliliade Batenborch annoDomini miilesimo quiiigentesimo vicesimo
quinto, ipso die Sancte Margarete, de cuius aimiversarlo habemus viginti
quatuor vasa siliginis mensure Traiectensis inter omnes equaiiter divi-
denda. In missa canltur corn et ministratur in missa iiigris tunicis,
et est....
14. ObiitOda de Hamme bone memorie. En marge : Commemoratio...
dis....churt.
15. Obiit... dis parvula,crius anima perhennipotiafurgloria.Ewwarfjre:
Commemoratio d monis m...s de. penich unde habemus viginti
unum florenos.
16. Commemoracio Daidewini de Hex, unde habemus xii vasa spelte
inter présentes divideiida.
17. Co. Godefridi ducis (i) et Giselberti canonici.
19. Commemoratio lohannis tiiii Heinrici de Surenbach, unde habemus
quatuor vasa.
20. Commemoratio domni Leonii de Cruce de Bouchenbilsen, unde
habemus unum modium siliginis.
21. Commemoratio Conegundis.
22. Co. Clvmcntie. Commemoratio lohannis braxatoris, et
Margarete, eius uxoi is, et Andrée villlci.
n ) Peut-être le duc Godefroiil (jui figure dans une charte de 1096 apiid Wolters.
p. 45 (M. Daris-,
48 —
23. Co. Gilberli pistons, qui nobis legavit apud Hoelbeke. Commemo-
racio Marie decane de Reymersclael bone memorie in Cristo.
24. Obiit Henricus sacerdos, qui nobis legavit tria bonuaria terre et ii
solides census.
26. Co. domiii Reneri deOrreo, milifis( i ), pie memorie in Cristo,unde
hahemus unum floreniim. En marge : Comm moratio AVimnari de Bruch-
gliennoy, imde babemus iiii \asa siliginis que disiribuuntur cum iiii vasis
in capite ieiunii ad pisces. Obiit Mechtildis et Alardus.
27. Co. Gotronis marchionis (i).
28 Co. Agnetis de Schonech, legavit hereditarie xiii vasa siliginis
domicellabus, canonicis et capellanis presen'ibus unum modium siliginis
currentis mensure Triiieclensis domicel abus el canonicis in paradiso.
29. Co. Lodowici comilis de Lan {ô).qui legavit conventui Belisiensi qua-
draginta solidos Leodicnses super cambam que est in Bucholtbilsen.
51. Co. Godenuli de EUIris. armigeri (4), parentum et amicorum
eorum. Co. VValteri Bruynshornen.
AUGUSTUS.
1. Co. Magni et Athellardi, et Luthgnrdis comitisse que Werevelt et
partem silve Sancto contulit Amori. En marge : Commemoratio domicelle
filie mo...... que oliiit anno Domini millesimo qningentesimo
quadragesimo primo, que legavit pro anniversaiio quindecim virgatas
terre aiabilis et sex vasa siliginis inter omnes dividenda,sed non gaudebunt
iuniores. Legavit etiam ad fundationem misse Sancte Trinitatis...
( '1 Nous avons eu des membres de celle famille au 20 janvier et an 2 juillet.
Ils prenaient leur nom du fief de Schueren (en latin horreiim) près de Bilsen.
HEMJUCOUitT, .Viroir des iwblea^ p. i>49, cite un chevalier Johun délie Grange qui
fut probablement le père du Renier, commémoré ici.
(* ) Ce personnage nous semble ê!rc celui qu'Ide, comtesse de Boulogne, dans
une charte de 109G appelle son aïeul et dit être enterré à Munsterbilsen : matris
mee Vde,etavi mei tnarrhionis Goderonis, quorum sornata ibidem locantur l.itmaua.
V. Ernst, Hist. du Limbourg, t. VI , p. 113. Ce serait, en ce cas, Gothelon I^"" ou
Gozelon-le-Grand, duc des deux Lorraines et marquis d'Anvers, mort en 1044.
V. Ernst, Hist. du Limboury^ t. I , p. 411, ci un Mémoire du môme auteur dans les
Bulletins de la Coin, royale d'histoire, I. X, 2« sdrie, p. 294.
(3) Louis II, comte de Looz, mort empoisonné le 29 juillet 1218. (D.vris, Hist.
du comté de Looz, t. 1, p. 459).
l*) Pour les seigneurs de Genoels-Elderen, vair le Bulletin de la Société histo-
rique du Limbourrj, t. X, p. 133. (M. Daris).
49
2. Commemoraoio domni Walteri de Bronneshornen, canonici Sancti
Lamberti (i), pro quo habcmus...,.
3. Co Agneiis..... in Belysia, pie memorie in Crisfo.
4. Com, Elizabel.. ........ dicte de Flubnis, que legavit oonvenlui viginti
sex vasa siliginis.
7. Co. Aieydis de Werst... in Belysia, pie memorie in Cristo.
8. Co. domni Petii militisde Hubnis, et Ide eius uxoris, et Godefridi
mii.
9. Co. Emme (2). Co. domni lohannis de Duras, qui legavii inler canoni-
cos, domicellas, capellanos, deservitores et matricularios présentes deeem
grossos antiquos et 1res capones bereditarios equaliier dividenda. En
marge : Co. domni Henrici de Nedermoeleii, capellani huius ecclesie, qui
îegavit qninque cum dimidio vasa siliginis inter canonicos, domicellas
velatas, capellanos, deservitores, matricularios pro una persona equaliter
dividenda.
10. Co. Steinfiildis (2), Liithgardis et Gerbergis (2).
H. Co. Brunonis lévite, cuius opère Belisic constructum est hospitale.
Co. Marie Surlet (3), pie memorie in Cristo.
12. Co.
Co. Agnetis de Meynvelders,
uxoris quondam Gerardi de Sconbeeck (4) , que legavit inter canonicos,
domicellas, cappellanos, deservitores , matricularios, iiii vasa siliginis
hereditarie equaliter dividenda.
15. Commemoratio Miiine bone memorie in Cristo.
14. Co. domni lohannis de Waerloes, quondam investiii de Munster-
bilsen.
15. Co. Alberti comilh {s),qui legavit Sancto Amorieaque habet inWost-
, ' ) Waller de Brunshorn, ciié comme chanoine de S^-Lambert en <306, fui lue à
Liège le jour de la Mâle S'-Marlin, 4 août 1313 (dk Theux, Le chapitre de S^-Lam-
bert, t. Il, p. 13). Ctr. S novembre
; *) Elle vivait en H 30.
(*) Marie Surlet, chanoinesso assista à l'ouverture de la châsse de St-Amour en
1457. V. Acta SS. Ocl., t. IV, p. 336.
(*' Agnès de Meynvelt ou Meynvelders mourut le 12 août 1423. Gérard de
Schopibeeek, son mari, était échevin de Vliermael en 1428 et 1448.
(" j La char'e de donation d'Albert de Saphenberg se trouve dans Woltebs, p. 4T.
(M. Darîs^.
— 50
herke. Obiit Crystine de Palude pie memorie in Cristo. Co. Wilhelmi
de Petersem ( i ), qui legavit conveiitui xix marcas Leodiensos.
46. Commemoratio Godefridi et Heylwlgis eius uxoris, unde habemus
unum vas siligiiiis. Co. pie memorie in Cristo.
17. Co. Katherine et Elisabeth de Palude, monialium de Poicheto,
sororum. unde halîemiis
IS. Commemoratio Hadevvjdis domina de Kempenich.
19. Co. Godefridi Pis'oris |)ie memorie, qui legavit conventui Belisiensi
V solidos Leodienses annuaiim.
21. Co. Beairicis pie memorie in Cristo Ihesu, que
legavit nobis grossos ad matutinas.
22. Co. Hildegundis.
25. Co. domni lohannis Bruyns, canonici quondam huius ecclesie, qui
legavit xii vasa siliginis herediiarie pro suo anniveisario iiiter canonicos,
domicellas velatas, capelbmos et deservi'ores |)resentes.
24. Co. Adelberti comitis, gcrmani damne Mcchtildis abbatisse, qui obiit
in via IhcrosoHmilann, et in Ria:ingni mansnm unum dédit SnnctoAmori{<i).
El commemoratio Lutfigardis. Co. donini Henrici Cronnich, canonici huius
ecclesie Co. Elisabet de Ansienra pie memorie in Cristo, unde
habemus xii s.
27. Commemoratio Elyzabeth dicte loests, que legavit conventui iii s.
gr. semel dandos.
28. Co. venerabilis comitisse Hilde, uxoris comitis Clodulfi, que per
visionem angelicam Sanctum Amorem Belisic transtulit. Com. luliane de
Swerizenberch domicelle huius claustri.
29. Commemoracio Walburgis de Merode bone memorie in Cristo (s).
51. Co. Agneîis de Waude, pie memorie in Cristo.
( * ) Sur les seigneurs de Pielorsheirn, voir le Bulletin de la Société historique du
Limbourg, l. V, p. 273 (M. Daris).
(2) Voir d;ins Woltkrs, la charte de l'231, p. S4.
(') Walbnrge, fille de Henri I, baron de Morodi;, de I*etershem,et de Frantroise
de Bréderode, épousa René de; Henesse el décéda a Westerloo le 29 août 1535 ou
■1556. René de Kenesse se reniaria pn io60av< c Marie de Rubempré el trépassa sans
hoirs en lo9-i. — Coe autre Walburge, llile de Jean, b;iron de Mérode, de Pétershem
el de Marguerite, baronne de l'allant, de la maison de Culonburg { veuve du comte
François de Renneberg), sa seconde épouse la première était Mancie de Berghes,
maïquise de Berglies-sur-Zoom) n'est mentionnée que par Hûbner iB"" de Vobst-
GUDENAU).
Septembek.
i . Co. lutte comitissc, et Gertrudis.
5. Co. Katherine et Gertrudis de Stummel, unde habemus sex vasa
siliginis iiler canonicos, ca|)ellaiios, domi(;ellas velaïas, deservilores,
mairicularios pro una |iersona présentes equallter dividenda.
il. Co. Gertrudis scoiaris.
3- Corn ...tisse ( i ), que legavit huic ecclesie
xxviii vasa siliginis mensnre Traiectensis; item legavit quinquaginta
sruta antiqua in libros converienda.
7. Co Bertoldi canonici, qui contulit antipkomrium ecclesie Bcati
Amoris in Belisia. Corn. Egidi de Ameldorp, qui legavit ei'olesie vi virgalas
terre. Corn. Aleydis,Begiiine sen hostiarie claustri Belisiensis,quelegavit
pro suo iinniversario quatuor griflones semel dandos.
8. Co. magistri lohannis dicti Caput, canonici Lossensis, in cuius
anniversario distribuuniur proventus unius petie terre iacentis rétro ortum
Gerardi Obghewelt.
9. Co. domne Cunegundis de Dune (2), quondam ahbatisse huius mo-
nasterii, que legavit pro suo anniversario xxx vasa siliginis et plura alia
lega\ it et fecil ecclesie bona.
10. C(t. Da\id. qui legavit convf^ntui annuatim xxviii vasa sili.inis.
11. Co. domicelli lohannis Hoen de Palude, untle habt'mus....ro. Ge-
rardi Crocka et sue uxoris, unde habemus duodecim vasa speUe inter
omnes.
12. Commemoratio doinicelle Gertrudis de Rrunshorn, pro qua habet
convenius xv virgatas prali et sunl magne vigilie.
15. Corn, di.mni Theoderici de Wilre, huius ecclesie canonici.
li. Co. Paulyue de Lemen, decanisse quondam huius ecclesie (5), que
( * ) La personne comm<^mor(^e ici, et dont le nom est pff;icé, est probablement
l'abbesse Godescaica de Si-hueren, décéiltV le 6 septembre 1390.
(*) Viiici la seconde Cune^onde de Daim, abbesse de Munslerbilsen, que nous
reiicoiitroiis dans ce nti.Tolojce. I.a jçthiéalo-ie de celle famille en mentionne effec-
tivemetit deux, la tante morte en 1873, et la nièce, mais toutes deux qualili(5es
d'abbesses de Si-T|iomas H»" DE Vohst-Guuknau . La dernière est citée dans une
chiirle de l'an 1391 (Woltkrs, p. 7lj. Elle avait succédé en qualité d'abbesse à
Godescahîa de Scbiieren, et mourut le 8 septembre 1439.
( ' ) Elle assista à l'ouverture de la châsse de St-Amour en 1457. V. Acta SS.
Oct., t. IV, p. 336, où son nom se trouve malheureusement estropié en Jean Welina
de Lymes !! Elle est encore citée comme doyenne en 1460.
— 52 -
legavit xii vasa siliginis inter canonicos, domicellas velatas, capellanos,
deservitores présentes.
15. Commemoratio Arnoldi canonici de Awans pie memoiie, qui
legavit convenlui Belisiensi dimldiiim modiuni siliginis.
17. Co. domicelli Ade de Meroede, filii de Hoffaiizia, pie raemorie in
Ciisto. Obiit anno xv ciim vi in ipso profeslo Lamberti (i).
18. Co. domni Nicolai Hoen de Palude, militis (a), unde habemus....
Commemoraiio Aleidis, uxoris Heinrici de Surenbach, unde habemus
quatuor vasa siliginis.
19. Co. Clodulfi comitis, qui eciam digna cum veneratione SanctumAmorem,
simtil cum Hilda uxore sua, Jîelisie transiulit (^i). Obiit Hermannusl....,
qui legavit nobis duos modios siliginis annuatim. Commemoratio
Evverardi canonici nostri,
20. Co. Hadewivis.
21. Co. Meohtildis de Sureabach bone memorie.
22. Commemoracio Ermmegardis de Swertzebeich.... doraicelle so...e
de Leyden.
25. Co. Agnetis de Horst, pro qua habemus xxviii solidos bone monete
tam absentes quam présentes et matricularii unum grossum.
24. Co.Clementie decane bone memorie in Christo.
25. Co. Dode el Ermmegardis. Obiit Meglildis de Nuwennaer, abbatissa
bone memorie in Beli.sia{4), que nobis contulii detiniamunara el dimidiara
braxiiiam et aiia mulia bona Co. parentum domicelle Elisabeth de Doen
unde hab*mus octo vasa siliginis, et Ricardi de Vivario, unde habemus
unum vas siliginis hereditarie.
26. Co. Henrici di* ti Troninc de Welien et uxoris eius. Co. domicelle
lutte de Aeswyn, que legavit nobis casulam unam de bisso nigro.
(^! Adam de Mc'rode, frère d'Arnold ' voy. 25 janvier), fut nommé chanoine de
Maastricht le <5 avril 1300, et tréfoncier de S« Lambert, à Liège, le 8 mars 1501
(B"" DE VORST-GUDENAU ).
(2) Ce Nicolas Hoen van den Broeck Hoensbrouck^ chevalier, est peut-être le _
fils de Heiman Hoen qui fit le lelief de la se'gneurie d'Oostham en 1516. H était <;^
soigneur de Brouck el de Vischerweerdl, et père de Cécile van den Brouck, abhesse
de Munslerbilst-n de 1440 à 1458 ''
{') Culte abbosse Mathilde de Neuwnoer e3t peut-être celle qu'on trouve citée
dans de-s cliarles de 1207 el 1270. V. Wolteus, p. 58 et 61 ^M. Daris .
(i) V. Acta SS. Oct., t. IV, p 338 à 343.
- 53 -
27. Co. Elizabel de Orreo (i), unde habemus très grosses Florenences.
28. Commemoratio Laurentii quondam pistoris nostri, unde habemus
viii vasa siliginis dividenda inter présentes, unde habent matricularii duos
sterlignos pagamenti.
29. Co. Lamberti sacerdotis, et Rychece.
50. Co. BerUjundis decane (2 j et Frcderadis. Co. Fresendis.. bone
memorie in r.risto.£'tt marge ; Co. donine Marie de Palude (3), quondam
abliatisse huius monasterii, que legavitxxviii vasa sili^inis mensure Traiec-
tcnsis intorcanonicos, domicellas velalas,cappellanos,deservitores, duos
malricuiarios pro una persona, que obiit anno xv' quarto.
OCTOBER.
1. Co. Rasonis de Lise, qui legavil conventui xxix vasa siliginis, et
novem vasa ad novem altaria in ecclesia Sancti Amoris. Obiit Elyzabet
domna de Soonebergh.
2. Commemoratio Hélène, que legavit bonuarium terre ad potum in
collât in Quadrages... Co. Aleydis de Rode, militisse de Palude. (Co
domne Aleydis Hoen de Palude, miliiisse).
3. Co. Vagele decane.
4. Co. Gilberti canonici. Co. Arnoldi, investit! de Wilre, qui legavit.
5. Co.Fnstolfi.
6. Co. Ade et Wltcheri sacerdolh (4 ). Obiit Maria scolaris béate memo-
rie. Commemoratio domni Willelmi de m qui legavit con-
veniui ix marcas Leodienses.
7. Co. Alexaiidri de Oyen bone memorie, qui legavit nobis vii vasa sili-
ginis hereditarie pactus.
^ ') Cette «hanoinesse assista à l'ouverture de la châsse de St-Amour en 1457.
(5) EUj vivait en 4130.
( * 1 Marie van den Brouck, qui n'est pas citde dans le catalogue, d'ailleurs Irès-
■ incomplet, des abbesses de Munsttrbilsen publié par WolItTS, occupa la dignité
abbalialf entre .Marie de Thys et Marguerite de Mirode, de 1499 à 1504, année de
sa mort Yctyt'z la «hronique publiée pai- la Société ttititorque ei archéologique dans
le duché de Linibour , t. Il, p 117 . Elle était la nièce ou, selon d'yutres, la
petite-nièce de Cécile van di-n Brouck cilt'e ci-dessus. Wolteks, p. 63, cite aussi
une abbesse Marie (de Brouck ?) d:ins une charte du 11 novembre 1^182.
{*) Witcberu», al. Wikerus, vivait en 1130.
— o4 —
8. Co. Agnetis de Hex.... Us. Obiit domnus iohannes, miles de Orreo,
uiide habemus très super Co. lutte de Liicke bone
raemorie in Cristo.
9. Co.domni Gerardi de Dypenbeke, olim canonlci huius monastorii,
qui legavitconveiitui dccem marcas, dequihus empte fueruiil xi i/2virgate
terre etdimiilia magna et due parve iaccnles apud Bukenbilsen.
10. Co. Elizabel de Werst. Cum.domni Hugoiiis Vuystinc, canonici
Leodiensis( i). Co. (lecilie de VVydoy, inhabitalricis quondam domus
fratrum, que legavit pro anniversario suo vi vasa siliginis mensure Traiec-
tensis inter omues dividenda ad et super bona sua iacentes vulgariter
dicta 0|^te locht.
11. Co. Winrici (2). Co. Giselberti canonici, qui legavit Obiit
domicella IMaria de Warous, que legavit nobis tria vasa siliginis, que dis-
tribuuntur pro sale.
12. Co. Uertradis bone memorie, Co. Margarete de Onderike,
canonice pie memorie.
15. Co. Katherine. Co. Katherine de Brus.... pie memorie, que legavit
ecclesie Sancti Amoris antiphonarium qui d.... aspici....
14. Co. domni Wilhelmi de Be^erst qui legavit Co. Philippi de
Orreo pie memorie in Cristo, uiide habemus unum florenum.
15. Co. Heynrici de Bruel bone memorie. Co.domicellarura Helwigis
de Viseto el Elizalteth de Weerst, unde habemus quiiidecim vasa siliginis
mensure Traiei tensis inter canonicos et domicelias présentes et absentes
equaliier dividenda.
16 habemus virgatas terre iacentes prope Meyersowen
quos solvii Mtithiasde Meyersowen.
17. Obiii VVillelmus miles de Mabertingen (3), qui legavit conventui
Belisien^i bunarium et dimidium terre.
18. Co. Bcrlrimni pvesbileri et Conegundis. Commemoratio Walteri de
\ * ) Hugues Vuâiinok de Gruthui^e fonda en 1 400 le cloître de.s Guillemins de Liège
avec son l'reie (lislebeit. l'rovôt d'Odilienberg en 1361, puis clianoine d'Ulrecht. on
le trouve ensuite coninie Iréroiicier de S'-Laniberl en 1383, et comme vice-tloyen en
139^. Il tigure emort; en 1398 rsur la liste des chanoines résidents (De: Tuicux, Le
chaptlre de S^-Lumùtri, a Lieye, t. Il, p. i'ài).
( * ) Wioricus vivait en \ 130.
(*; C'est-à-dir» Moperlingen
— 55 —
Merhem, qui Icgavit sex vasa siliginis heredifarie pro anniversaiio siio
faciendo slngulis annis inter canonicos, domicellas velatas, cappellanos,
deservitores, matriculaiios pro una porsona super omnia hoiia sua in
Eyckt, qui obiit atino Domini M" (-CCC'' Ixxix" in die Luee.
20. Co.GudcIc. «'ommemoratio domni Gisberti Elryx, qui icgavit Iria
vasa siliginis. Comniemoratio domni Godefridi Elryx, qui legavit tria vasa
siliginis liereditarie.
2i. Commemoratio parentum domni lohannis de Dipenbeclc, sex vasa
siliginis hereditarie. Commemoratio Elizabet MeynveUIers, canonisse pie
raemorie in Cristo, unde habemusunum modium siliginis de que
dimidium xi vasa siliginis inler présentes in paradiso.
22. Commemoratio Hildegundis laice. Obiit Margareta de Caydev
que legavit conventui xxiii solidos grossos pagamenti semel dandos.
25. Commemoratio Gertrudis decanc de Orreo. En marge : Co. Ide
de nen, decane, unde habemus ununi modium uni et alla
multa bona.
24. Co. Gcrlrudis et Milsvi'udis. Co. domni lohannis de Dune, canonici
Sancti Paulini Treverensis, t'ratris domne Cunegundis de Dune (t) abba-
tisse, unde habemus tria vasa siliginis in vino in die Purificationis Béate
Marie Virginis. Co. domicelle Margarete de Petersera, que legavit pro an-
niversario suo xxix grossos antiquos et quinque vasa siliginis cum
inter canonicos et domicellas.
25. Co. Alberti, canonici Sancti Servatii to, qui legavit iiii'*' mar-
chas conventui, et Arnoldi layci, qui legavit iiii°' marcas.
26. Co. domicelle Elisabeth de Doen, unde habemus duodecim vasa
siliginis hereditarie inter présentes dividenda, et erunt vigilie magne.
27. Co. Margarete canonisse de Pytersem bone memorie, Co. domicelle
Helwigis de Viseto, unde habent canonici, domicelle, capellani et duo
matricularii pro una persona présentes et absentes septem et médium
vasa siliginis mensure Traiectensis.
28. Co. domicelle lutte de Loucoen, que legavit conventui vi vasa sili-
ginis hereditarie.
29. Co. Henrici comith. Co. Nicholay, villici de Welne. qui legavit con-
( * ) Cette abbesse Cunegonde de Dune, est c-i'tV danb une cbarte de -1391. V.
WoLTERs, p. 71 (M. Daris). Voy. 9 septembre.
veiiiui duo bonuaria terre. Obiit Margarela de re, monialis, uride
habemus xx vasa siliginis hereditarie inter présentes dividenda, et tiunt
m^gne vigilie.
30. Co.Mechtildis bone memorie. Co. Ricaldi de Scarpenbergh,
qui legavit convenfui dimidium boiuiarium prati.
51. Com.Godefridi dicti de Scherwiere etuxoriseius Helsvendis, qui
legavit convenlui bonuarium prali.
NOVEMBER.
\. Co.llermarmi comitis. Obiit domna Agnes domna Vammesteyne
Meynvelders unde habernus tria vasa siliginis.
2. Co. domni Gerardi Abroens, quondam canonici huius ecclesie (i),
unde habemus ununi modium siliginis mensure Tongrensis inter présen-
tes. En marçje : Co. domicelli Hermanni lloen de Palude (2), unde
habemus.
0. Obiit domna Agnes de Moinsleghe, decana, que legavit nobis viii
vasa siliginis hereditarie inter présentes equaliter dividendes in paradiso.
Obiit Katerina de Kermen |)ie memorie in Cristo. Co. domni Wilhelmi de
Porta ecclesie canonici, qui legavit nobis unum in paradiso.
4. Co. Beatricis de Rothem que legavit conventui
unum breviarium in duobus voluminibus et x vasa siliginis ad lampa
ante Sandum Amorem in dextera parte. En marge : Co. magistri lohannis
de Tongris, quondam nostri canonici. Com.domicelle Elyzabet
Eyncher legavit hereditarie vasa siliginis in octo
pro animabus et matris. Item legavit eciam
ti. Co.Roheiii lévite, qui contulif ecclesinm in Nero Snncto Amori. Co.
Alexandri de Brunshornen (-).
(j. Commemoracio Helswidis de Simper.
7. C.o.Lutgardis. Co.Arnoldi Harmans pie memorie.
( ^ ) Gérard Abroens assista à l'ouverture de la châsse de Saint- Amour en Util
(V. Acta SS Oct., t. IV, p. 336).
I * ) Herman Hoen, sire de Broeck.
(') Alexandre de Brunshorn est cité comme chanoine de S' Lambert, à Lie'ge,
en t275, et comme prcvùt de S'-Rombaut, à Matines, en 1285. Il décéda le 5
décembre 1300 ( De Theux, Le chapitre de S^-Lambert, t. I, p. 309). Cfr. 2 août.
9. Commenioralio domine Aleydis de Valkenburg, olini abbalisse huius
monasterii (i) pro cuius anniversario distribuuntur Iriginta quatuor solidi
Leodienses, distribuendi hoc modo, videlicet, quilibet canonicorum et
capellaiiorum habebit duodecim denaria et vi denaria. Obiit
Heniicus, sacerdos in Nere, qui legavit conventui in Beiisia Iriginta oves.
10. Co. Athelc. Co. Aleidis, uxoris Godenulicondam de Eldris, armi-
geri ( 2 ), parentum et amicorum ipsorum,
il. Co. Hadewidis. Adelberti ducis.
12. Co. parentum donine Margariete de Merode, abbatisse istius eccle-
sie, et vigilie eruni cum magnis commendacionibus(ô).
>*j Voici, selon le recueil de Vaû den Berch, l'épitaphe de cette abbesse :
Hue abbalissa
Moribus ornata laudis jacet hic tumulata,
rattzenbuigen (?) slirps nobilis atque Lossensis
Hanc producebant. Aleidis nomen habebat,
Ipsa chorum struxil, regimen laudabile duxil.
Fortiter ut sculuin contra ledentia lutum
Se erta (?, conventum rexit, removens nocumentum
Solvilur hec ydus quinte tam nobile sydus
Corporis ac membris mens provida mense novembris,
Mille ce annis quinisque novenis.
Esus, solamen anime, rogo, sit Deus. Amen.
Le prénom de l'abbesse, Aleide, et le jour de sa mort, le 9 novembre, prouvent
bien qu'il s'agit ici de celle que Je nécrologe appelle Aleijdis de Valkenburg. Il y a
donc lieu d'apporter à l'épitaphe une rectification consistant à lire Valkenburgen-
[sis\ au lieu de Cattzenbuigeii, qui parait bien une erreur de copiste. Quelle serait
donc cette abbesse issue des familles de Fauquemont et de Looz? Ce ne peut être
(]ue la fille de Thierry ou Thibaut l'f de Fauquemont, qui vivait en 1242 et 1268, et
d'Aleide do Looz (Ernst, t. V, p. 271). Elle est d'ailleurs mentionnée par Butkens qui
la fait mourir en 1293. Mais ici surgit une nouvelle difliculté : l'avant dernier vers
ne donne évidemment que -1245; mais il est à remarquer que ce vers a été écourté
par le copiste puisqu'il ne contient que cinq pieds au lieu de six; nous croyons donc
pouvoir le rétablir comme suit :
Mille ce aiiuis L quinisque noreiii.s
et lire ou scander pour les CC, duceniis, tandis que la lettre l doit être lue seule-
ment / et non quinquaginia. Le style épigraphique du moyen âge ofl're beaucoup
d'exemples de ces anomalies.
(* ) Très probablement Aleyde de lonchout qui était en t428 veuve de Godenoul
d'Elderen, seigneur de Genoels-Elderen et de Groenendael, sénéchal du comté de
Looz (Voy. Bull, de In Soc. du Liinbourg, t. X, p. 144).
('< Marguerite de Mérode, sœur d'Arnold (voy. 23 janvier^, fut élue abbesse de
- 58
iô. Commeraoratiû Aleydis de Sconwinkele pie recordalionis. Co.Meg-
tildis uxoris David, pro qua et maiito suo habet conventus xxvii vasa
siliginis.
11. Co.Mechtildis. Co.Mectildis uxoris pistoris Godefridi. pio qua
habemus quinque solides annuatim.
15. Co. Berengeri comitis, et Bcrthe uxoris dus. Obiit domnus lohannes
Cauwels, unde hal)emus florenum p conventus habet dimidiam et
luminare dimidiam. Corn, domicelle Sophie de Leyden.
16. Co. Heih'widis {[) et Mechtildis. Co.domni Henrici de Heex, cano-
nici Sancte Crucis in Leodio.
17. Co. domne Cecilie de Palude (a), quondam abbatisse ecclesie Sancti
Amoris , que legavit xxiiii vasa siliginis mensure Traiectensis inler
présentes.
18. Co. Ermgardis de Dynsburgh bone memorie in Cristo.
19. Co. Wivekin et Otwigis. Commemoracio domni IlenritM de Oelbrick,
pie memorie in Cristo, uiilitis.
20. Co. domicelle Bertlyn de Broec, unde habemus vi vasa spelte ad
pisces.
23. Co.domni VVilhelmi ludoc.i, quondam rectoris altaris Sancte Kathe-
rine in ecclesia Sancti Amoris, unde habent canonici, domicelle velate et
superpelliciate, capellani, deservitores et malricularii présentes decem
vasa siliginis.
24. Co. Andrée braxatoris, qui legavit nobis iiii vasa siliginis p.
25. Co. Gerardi militis de Sprolanl, et Hermann... Item, co.Gerardi de
Hemsvelt. Co. Elisabet Andrée, unde habemus vii i/2 grosses p. Comme-
moratio lohannis de rca, qui legavit nobis quatuor solidos bone monete.
26. Co.domni Wilhelmi de Weert et eius familiaris Gheertrudis Deel-
mans, unde habemus xii vasa siliginis in paradiso.
Munsterbilsen en ioûo et dt'céda le 8 juin ir>i9. Elle possédait des biens à Allhoes-
selt, près de Tongres, qu'elle légua à son neveu Richard de Mérode, fils de Warnier
et d'Anne de Colyn. Elle donna en 1o!28 un vitrail à l'église des Croisiers de Liège
( B"^" DE VORST-GUDENAU ).
(' ) Elle vivait en H30.
{ - ) Cécile van den Brouck ou de Hoensbrouck succéda comme abbesse de Muns-
terbilsen à Cunégonde de Dune, morte en 1439. Elle trépassa elle mt^nie le 15 no-
vembre 14o8, selon le recueil d'épitaphes de Van den Berch, après avoir fondé la
seconde messe quotidienne.
o!t -
27. Co. domni lohamiis de Opleuue ( i ), qui legavit quinque modios
siliginis mensure Lossensis annuatim. En marge : ii Belisiensi.
28. Co.Willelmi sacerdotis, qui legavit nobis pratum. En marge : Co.
Gerardi coci, qui legavit noliis duo vasa siliginis.
29. Com. Henrici, capellani allaiis Sancte Katerine, qui legavit conventui
Belisensi octo solidos annualim et duodecim denarios ad emendum
altaris. En marge : Obiit lo de Ben unde habemus
preseii in
30. Coin, donini lohannis de VVilre, capellani Sancti Nycholai, qui legavit
pro Obiit lohanna de Orreo, unde habemus
ires grossos Florenenses.
December.
1. Co.domicelli Bernardi de Palant et Margariete de Raesvelt, uxoris
sue, qui legavit ecclesie unum calicem argenteum deauratum, cappam de
flueto, très s de flueto et plura alla ornamenta{2).
T). Co. Beatricis de Hostaden, relicle Ricaldi de Scarpenberg, que legavit
conventui xvii Co. Lamberti dicti Roghen, qui legavit xxvi g.
pagamenti inter présentes in paradiso.
A. in die Béate Barbare virgini i distribuuntur quinque solidi Leodienses
inter caiionicos et doniicellas pro festo Béate Barbare sollempniter cele-
brando, et recipiuntur predicti quinque solidi supra domum et curtim
Egidii iuxta atrium quos Giselbertus canonicus ecclesie Belisiensis ad hoc
comparavit. Com.Mathie nobis perpétue domum et curiim pro
anniversario Mabilie uxoris sue et Walteri
domnusPeIrus nicus Blisiensis.
o. Co. Mechtildis boue memorie abbatisse , et Wolberti de Spauden(ô).
( * ) Est-ce le Jean d'Opleeuw qui mouint en -1296 ou bien celui qui mourut vers
1448 '/C'est peut-être aussi un prêtre de la famille des seigneurs d'Opleeuw.
(M. Daris).
; " ; Bernard de l'allant, fUs d'Adam et de Marie de Bursciieidt, fut marié deux
fois : i" avec Anne de Feisperg { fille de Jean et d'Amelberge Hiindtde Saiilheim";
2» avant 1468, avec Marguerite de Raesfoldl, fille de Biller( !) et de Bêla d'Asswyn.
11 trépassa entre le 9 juin et le 13 décembre 1480. îSa veuve, qui n'avait point eu
d'enfanis, se remaria, avant 1483, avec Nicolas d'Esch. Les généalogistes se sont
trompés en comptant deux Bernard de Pallant (8"° de Vorst-Gcdenau ).
( * ) Fulberlus de Spalden, ministeriaiis, figure comme témoin dans des actes de
1163 et 1181. Y. WoLTERS, op. cil., p. 49 et 51.
GO
6. (i)Co.domiii Alexandri de Bruynshorne, canonici Sancti Laraberti el
prepositinoslri,quilegavit modium siligiiiis dividendum inter preseiitibus.
Magne vigilie. Co. domne Margaiete de Pitershem, abbatisse olim huius
moiiasterii boue memorie (2).
8. Commeraoratio lohanne de Wethani.
y. Oomiiiemoratio Agnctis comitisse (0) que legavit nobis et ecclesie cru-
cem auream et omnia ornamenta qiiibus préparât se sacerdos ad missani,
etc. oves. Item, co. Ghiselberli. El fiunt magne vigilie.
iO. Co.Gerti'udis de Dune, unde habemus tria vasa siliginis inter pré-
sentes dividenda in die Saoramenti ad vinum in paradiso.
M. Co. magistri Ghevardi, qui legavit nobis quinque vnsa siliginis cum
dimidio.
12. Co. midi'ware decttue. Co. Elizabelh Andrée que legavit nobis lit-
grosses.
14. In crastino Lucie missa pro defunctis anie Sanclum Amorem.
17. Co.Bex-elc dccanc, Co.Michaelis de Rotheym, militis, el Agnetis
eius uxoris pro quibus conventus habet annuatim quinque solides et
capellani .\ii et recipiunlur scx solidi apud Bor de xl
18. Co.Megthiidis abbatisse que ordinavit Leliflca.
19. (4) Co. Me(;htildis et Ghertrudis. Item, Mabilie et Wilhelnii militis.
Co. domni Arnoldi, nostri canonici, qui legavit nobis vi vasa siliginis inter
présentes in païadiso. Obiit Meyna de Oelbrick pie memorie in Crislo unde
habemus xviii vasa siliginis, et custodia duos tlorenos, et magna missa
21. Co. magistri Gerardi, canonici huius ecclesie. Et co. domni Arnoldi,
unde habemus xxxiii grosses antiques.
{La fin à la prochaine livraison. )
('; Les feuillets depuis le 6,jusiiu';iu 11 décembre inclusives. int ont été reco-
piés au quatorzième siècle.
(*) L'abbesse Marguerite de Mérode de l'ietersheim.CI'. i'2 nov.
( ' ) C'est peut-être la comtesse Aguès,èponse de Louis, comte de Looz, qui mourut
vers tt7(>.
{*) Probablement ceile qui intervient à la cliarle de I lO'J (Ernsi, Hisi. du l.iui-
bourfi, t. Il, p. 119).
( '' ) Les feuillets depuis le 19 juscpi'au '■2^ décembre iiieiusivemeul ont été reco-
piés au quatorzième siècle.
Bull, de rinst.Arc Liégeois, TomeJdl.paqe 51
Plancha
p/TM5.h,c>AD Dcsi ^ A S, A'T mms^W!^ nmwmT'Wm.
Dsssiné parOlivist Konrotts
tssmeD,
Arc.Te'logiq'i')6 doUiriroixj
FONTS BAPTIS7VVAUX
de l'Eglise S^Bartélemi aLiége.
.mpH.'i iiilunt - Càrnxi
NOTICE
FONTS BAPTISMAUX DE L'ÉGLISE S'-BARTHÉLEMl
A. I^IÉOE,
Par M. If fliimoiiie LO^AY.
La notice que nous offrons au public n'est guère que la
reproduction du remarquable article publié par M. Didron dans
le cinquième volume des Annales archéologiques. Nous avons
retranché certains détails et avons ajouté nos propres ré-
^ flexions ainsi que le résultat de nos recherches ; mais nous
nous plaisons à dire que, pour le fond, le travail de M. Didron
ne laisse rien à désirer, et que nous sommes heureux de pouvoir
suivre un guide aussi éclairé et aussi sûr dans ces matières.
La cuve baptismale de S"-Bartliélemi, placée actuellement
dans la chapelle du transcept du côté de l'Evangile, est peut-
être, d'après l'opinioii des hommes compétents, le monument
archéologique le plus curieux de la Belgique. Elle provient
de l'ancienne église Notre- Dame-aux- fonts, qui était autrefois
comme une annexe de la cathédrale de S'-Lambert, et qui proba-
blement était ainsi appelée, parce que seule elle avait le privi-
lège de posséder des fonts baptismaux.
H 2
En effet, les trente-deux paroisses de Liège, sauf quelques
exceptions ('), étaient dépourvues de baptistères, et les bour-
geois de la cité ne pouvaient recevoir le baptême qu'à Notre-
Dame- auxfonts. Celte église était contiguë à la partie latérale
de S'-Lambert qui faisait face aux habitations situées entre les
rues Gérardrie et Souverain-Pont. Lorsque l'antique cathédrale
fut démolie en 1794, dans la grande tourmente révolutionnaire,
Notre-Dame-aux-fonts disparut avec elle, et l'on se demande
naturellement par quel heureux hasard la cuve baptismale a pu
échapper h l'avidité des démolisseurs, et comment elle se trouve
aujourd'hui à S'-Barthélemi.
Quant au premier point, l'histoire se tait; mais des traditions
fort probables, quoique assez vagues et incomplètes, affirment
que la cuve fut secrètement enlevée par des personnes coura-
geuses et enfouie dans une des maisons voisines. Elle y resta
cachée jusqu'à ce que l'ordre eût été rétabli, et elle fut mise
alors à la disposition de M''''" Zaeptf^3l, évèque de Liège, qui en
fil cadeau à la paroisse do S-Barthéiemi, en 1803 : voici à quelle
occasion.
Désirant sauver de la ruine l'antique collégiale do S'-Barthé-
lemi, il proposa h la Fabrique de S'-ïhomas, l'église parois-
siale la pins rapprochée et qui n'avait rien de remarquable,
de transférer le siège de la paroisse à S'-Barthélemi. La Fabrique
ayant accepié avec empressement, M*^'' Zaepffel, par reconnais-
sance, fit présent h la nouvelle paroisse de la cuve de Notre-
Dame-aux-fonts .
L'historien Jfan d'Onire-Meuse nous apprenti, dans sa grande
chrotdque, que l'artiste auteiu' de ces fonts baptismaux s'ap-
pelait Lambert Patras. le batteur de Dinant, qui le,s iît, l'an
Itlti, sur 1.1 demande de Helin, tils du duo deSouabe, chanoine
de S'-Lambert et abbé de Notre-Dame. C'est par des œuvres
(«) S' Servais, St-Séverin, S<-A(lalberl. S»-Nicolas (OuU'e-Meuse), St^-Foi et S«-
Jean-Baplisle.
BS
artistiques semblables à celle qui nous occupe, que Dinant, au
moyen-âge, a eu l'honneur de donner son nom à tout une
branche de Tart, la fonte et la batterie en cuivre, que l'on cise-
lait ensuite.
La cuve deS'-Barthélemi est en cuivre jaune fondu, mais avec
un grand nombre de détails en demi ronde bosse ; haute de 60
centimètres, elle en a 90 de diamètre dans le bas et 80 dans le
haut; elle est presque cylindrique. Nous suivrons dans la des-
cription de ces détails, l'ordre indiqué par la chronologie et
par le sens même des inscriptions.
Le premier groupe ou sujet représente S^-Jean, le premier
ministre du baptême, préparant au Sacrement futur les publi-
cains, les soldats, le peuple entier, les classes sociales et les
conditions politiques en leur prêchant la pénitence. Devant
un arbre qui porte des feuilles de deux espèces et qu'il est
difficile de bien caractériser, en face d'un groupe do quatre
personnages, le précurseur, haut de stature et le bras droit
tendu, annonce aux publicains la parole divine et leur ordonne
de taire dignement pénitence : facile ergo fi uctus dignos pœni-
tentie (*). Dans ce groupe se trouve un jeune soldat qui
interroge S^-Jean et qui représente sans doute ces hommes
d'armes qui venaient demander le baptême et des règles de
conduite au précurseur. Cette tigure est admirable de pose et
de véritable attention.
Le peuple ainsi préparé par la prédication, nous voyons dans
le second groupe S'-Jean, presque adossé à un chêne, baptiser
deux juifs enfoncés seulement à mi-jambes dans les eaux du
Jourdain : il leur dit : « moi je vous baptise dans l'eau ; mais
après moi il viendra un plus fort que moi » : ego vos baptizo
in aqua; veniet autem fortior me post me {-).
Derrière les deux baptisés, deux hommes qui attendent ou
*) s. Luc, 111, 8.
*! S. Marc, 1,8.
qui viennent de recevoir le baptême, ont une tournure et une
physionomie énergiques et bizarres qui rappellent assez l'art
étrusque ou éginétique. Entre ces hommes et les baptisés, sur
la rive du fleuve, s'élève une plante qui semble une grande
feuille de fougère.
Nous sommes à la troisième scène , la scène principale,
qu'annonçaient les paroles de S'^-Jean que nous venons de rap-
porter, et qu'on représente le plus habituellement sur les Conts
historiés; c'est le plus grand, le plus auguste de tous les bap-
têmes, le baptême de Jésus-Christ. Ce sujet, suivant l'iconogra-
phie chrétienne, doit toujours être représenté à l'Orient, à la
place d'honneur du baptistère.
Jésus est plongé à mi-corps dans les eaux du Jourdain, et,
tandis que S'-Jean lui touche la tête, il porte la main gauche à
son cœur et bénit de la main droite. S'-Jean, nu-pieds comme
un apôtre, nimbé comme un saint, aux cheveux longs et un peu
incultes, couvert d'un manteau de peau, dit au Sauveur : « c'est
moi qui dois être baptisé par vous; et vous venez à moi » : ego
a te debeo baptizari ; et tu venis ad me [^).
Sur la rive opposée, deux anges s'inclinent ; ils tendent vers
leur Créateur les vêtements qu'il va prendre au sortir du Jour-
dain. L'inscription gravée au-dessus de leur tête indique leur
office : angeli ministrantes .
Du haut des cieux, le Père éternel regarde son fils avec
amour, et dit : « celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis
toute mon affection » : hic est filins meus dilectus, in quo michi
comflacui (-).
LeS'-Esprit, sous la forme d'une colombe, descend du ciel ;
il lance des rayons sur la tête du Christ. C'est la manifestation
la plus complète de la Trinité. Le i*ère et la divine Colombe
ont un nimbe uni; mais celui du Fils est décoré d'une croix.
(M s. Math., m, -14.
(*! Ibid.. n.
En Italie et eu Allemagne, on semble réserver plus volontiers
la croix au Fils ; en France, on en fait l'attribut indistinct des
nimbes divins. Au-dessus de Dieu le Père, on lit : Pater ; à droite
et à gauche de la Colombe : Spiritus Sanctus. Deux arbres, un
olivier probablement du côté de S'-Jean, un chêne du côté des
anges, encadrent cette scène.
Après le baptême du Sauveur, arrive le baptême donné par
le premier des apôtres. Corneille, centurion de la cohorte ita-
lique à Césarée, est baptisé par S'-Pierre. L'apôtre prêche, et
sur tous ceux qui l'écoutent descend le S'-Esprit : v le S'-Espril
descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole » : Cecidit
Spiritus Sanctus super omnes qui audiebant verbum (').
Les fidèles reprochent à S'-Pierre d'avoir vécu avec des
incirconcis et de les avoir baptisés; mais l'apôtre leur répond
ce qu'il tient gravé sur une banderole : « qui étais-je, moi, pour
pouvoir m'opposer à Dieu » : ego quis eram, quipossem prohibera
Deuni (^).
L'Esprit qui descend sur Corneille est ici figuré, non par une
colombe, mais par une main droite qui sort des nuages, et
lance trois faisceaux de rayons, un de chaque doigt (le pouce,
l'index et le grand doigt), ouvert et bénissant ; chacun de ces
faisceaux se compose lui-même de trois rayons : ces trois fois
trois rayons seraient-ils là comme un symbole de la Trinité?
Corneille, dépouillé de ses vêtements, est plongé dans une cuve
remplie d'eau, où il est béni par S'-Pierre ; un des siens assiste
au baptême. L'apôtre a les pieds nus et le nimbe uni.
Le troisième baptême est donné par S'-Jean-Evangéliste.
Craton, philosophe d'Ephèse et prôneur fastueux de la pauvreté,
se laissa convertir aux paroles et aux miracles de S'-Jean (^).
L'apôtre le plonge dans une cuve pleine d'eau et lui pose la main
(M Acf. apost.. X, 44.
(2 Ibid , 17.
(") [yeçiendn aurca, de S. Johanno Kvangclieta.
m
droiîf^ sur la tête en lui disant la formule du baptême, écrite
sur uti livre qu'il tient de la main gauche : Ego te baptizo in
nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, amen.
Jean, ce beau vieillard, ainsi que les Bysantins aiment à le
représenter, a la ligure inspirée, et lève les yeux au ciel. Cet
inspiré, cette ardente imagination qui convertit le philosophe,
ou cette raison troide, résume en lui toute l'histoire des triomphes
du christianisme. Un jeune homme, très-probablement un dis-
ciple de Graton, assiste au baptême, qu'il va lui-même recevoir,
et Dieu du haut du ciel bénit le néophyte.
Une main sort des nuages, comme à la scène précédente; elle
lance trois faisceaux lumineux, composés chacun de trois
rayons. Trois étoiles brillent dans le ciel, d'où sort la main de
Dieu : dextera Dei. S'-Jean est nu-pieds et nimbé comme S'-
Pierre, mais son costume est un peu plus riche. Sa robe, brodée
à la cuisse, rappelle peut-être le luxe asiatique dont se préoccupe
l'auteur de l'Apocalypse. Ce n'est déjà plus dans un fleuve que
les apôtres S'-Pierre et S'-Jean baptisent, mais bien dans une
cuve dont la forme et les détails méritent d'être remarqués.
Au moyeii-àge, comme dans l'antiquité, la grandeur morale,
la puissance, la dignité se traduisent dans l'art figuré par la
grandeur physique. Cette cuve étant consacrée au baptême, les
ministres du Sacrement, S'-Jean-Baptiste, S'-Pierre, S'-Jean-
Evangélisle devaient être plus grands que les catéchumènes :
Jésus lui-même, quoique Dieu, est inférieur en taille à S'-Jean
qui le baptise.
Le costume de tous ces personnages mérite une attention
particulière, surtout celui du jeune soldat qui parle h S'-Jean-
Baptiste.
Chaque personnage a son noin au-dessus de sa tête : Pater,
Filius , Spiritus Sanctus , Anyeti, Joltannes Ikiptista, Petrus,
Cornélius, Dextera Dei, Craton philosophus,Johannes Evangelis/a,
Publicani. Par tous ces sujets, la cuve de S'-Barthélemi se rap-
pioclie beaucoup des baptistères grecs. Cependant, autrefois,
- 67 —
d'après le moine Denys, on s'attachait aux sujets de l'ancieii
Testament, et ici on n'aperçoit que ceux du nouveau. Regardez
le soubassement, et vous verrez que la cuve baptismale dont
nous nous occupons, n'a pas oublié que l'ancien Testament est
la figure du nouveau. Elle a inventé un motif qui résume en lui
tout l'esprit du christianisme, tout le rapport qui existe entre la
loi ancienne et la loi nouvelle, entre Moïse et Jésus-Christ,
entre la Synagogue et l'Église.
Salomon fit fondre une cuve si grande quon l'appelait la mer
d'airain. Entièrement ronde, elle avait cinq coudées de hauteur,
dix de diaaièlre, trente de circonCérence ; elle était posée sur
douze bœufs, dont trois regardaient le nord, trois l'occident,
trois le midi, trois l'orient. Elle était portée par ces douze
bêtes, dont elle cachait la croupe tout entière. Cette mer était
destinée aux ablutions (*). Ces douze bœufs, on les voit mugir
au soubassement de notre cuve baptismale; ils portent de leur
croupe, qui est entièrement cachée, la cuve chrétienne, comme
ils portaient la cuve juive du temple de Salomon. L'ancien Tes-
tament sert de piédestal au nouveau, la mer d'airain sert de
base aux fonts baptismaux.
Selon le témoignage d'Henri Van den Berg, ces bœufs, ainsi
que plusieurs autres groupes en bronze, auraient été enlevés
de Milan en 1112, lorsque cette ville fut prise par l'empereur
Henri V. Ils avaient été donnés par ce prince b. son ami et allie
Obert de Brandebourg, évêque de Liège, qui, à la lète de six
cents chevaliers liégeois, avait rendu de grands services h
l'empereur, lorsqu'il assiégeait la capitale de la Lomb^irdie. De
retour à Liège, Obert donna une partie des présents qu'il avait
reçus en Italie, à Helin, qui, précisément à cette époque, fesail
exécuter la cuve de Noire- Dame-aux-fonls (-).
(M Reg. !ib. 111, cap. VU, 23, sqq.
(') Van DEN Steen. lissai historique sur l'uncifuiu- cathédrale de Si-Lambert.
i846, pp. 76-7.
— 08 — -
Mais au couvercle, qui n'existe plus malheureusement ('),on
retrouvait ce parallélisme entre la loi juive et la loi chrétienne.
Les prophètes et les apôtres y étaient figurés comme ayant
annoncé la même vérité, les premiers pour l'avoir prévue à
travers les nuages, les autres pour l'avoir vue face à face. C'est
ce qui résulte de ce texte de la chronique latine de Gilles d'Orval,
que nous traduisons : « A cette époque, fleurit le noble Helin,
» abbé de Notre- Dame-aux-fonts, qui, dans .'a même église, fit
» des fonts en travail de fonte avec uu art à peine comparable.
» Les douze bo3ufs qui soutiennent les fonts offrent le type de
» la grâce. La matière se compose du mystère accompli dans
» le baptême. Ici le Seigneur est baptisé par Jean, ici Corneille-
» le-Gentil par Pierre ; Craton,le philosophe, reçoit le baptême;
» le peuple accourt à Jean. Ce qui, par-dessus, couvre les fonts,
» montre les apôtres et les prophètes (^). »
La distribution des scènes, la disposition des groupes, les
airs de tête, l'expression des physionomies, la franchise des
attitudes, le jet des draperies révèlent dans Lambert Patras un
grand artiste et un homme de génie. L'antiquité est belle ; mais,
en vérité, le moyen-âge qui a produit des chaudronniers comme
l'auteur dont l'œuvre fait le sujet de ces lignes, a bien aussi son
mérite.
Toutes les inscriptions sont ciselées. L'état fâcheux où le
nettoyage et le grattage a réduit les inscriptions, surtout celle
qui couvre la moulure supérieure de la cuve, en rend la lecture
assez difficile. M. de Guilhermy, qui a admiré les fonts baptis-
maux de S'-Barthélemi, a transcrit ainsi cette inscription :
Corda. Parât. Plebis. Domino. Doctrina. Johannis.
Hos. Lavât. Hinc. Monslrat. Quis. Mundi. Crimina. To!lat.
Vox. Patris. Hic. Addest. Lavât. Hune. Homo. Spiritus. Iraplet.
Hic. Fidei. Binos. Pelrus. Hos. Lavât. Hosque. Johannes.
(*) La tradition même se tait à ce sujet. Il est probable qu'il avait déjà été
arraché de la cuve, lorsque celle-ci fut enlevée à l'insu des démolisseurs.
( - ) Aecidius AUREyE Valms apud Chapeaville II, 50.
- 09 -
Le premier vers appartient àS'-Jeaii, exhortant les publicains
à la pénitence; le second encore à S'-Jean, baptisant deux juifs;
le troisième au baptême de Jésus-Christ; le quatrième à S'-
Pierre et à S'-Jean-Evangéliste, baptisant Corneille et Craton.
Voici la traduction des quatre vers :
a Jean, par sa doctrine, prépare au Seigneur le cœur du
» peuple : — il lave ceux-ci, et en même temps il montre qui
» enlèvera les crimes du monde. — La voix du Père est là.
» L'homme baptise Celui que l'Esprit remplit. — Ici Pierre et
» Jean lavent ces deux hommes de foi. »
Nous croyons devoir présenter ici deux observations qui ont
leur intérêt. Au troisième vers, le mot addest est très-lisible-
ment écrit avec la lettre d redoublée : le mètre l'exigeait ainsi.
Au quatrième vers, un mot, le seul, a été presqu'entièrement
arraché, probablement dans les divers transports auxquels la
cuve a été soumise. Le mot èinos, proposé par M.deGuilhermy,
est peut-être le vrai mot. Il ne s'éloigne pas du sens général,
et à la rigueur s'ajuste assez bien avec les quelques traits qui
restent encore. Cependant, après un examen attentif, nous pré-
férerions écrire fous est. Rien ne s'y oppose dans les restes du
mot efîacé ; et ces mots expriment une vérité très-élevée, que
l'on retrouve dans tous ces vers; c'est-à-dire que l'homme est
le ministre du Sacrement, mais que Dieu est l'auteur de la foi et
de la grâce. Les deux mains qui lancent les rayons d'en haut,
semblent autoriser cette explication : Ici est la source de la foi :
Pierre et Jean lavent ces hommes.
A la moulure inférieure, celle qui pose immédiatement sur
les bœufs, on lit :
Bissenis. Bobus. Pastorura. Forma. Nolalur.
Quos. Et. Apostolice. Commendat. Gratia. Vite.
Officii. Que. Gradus. Quo. Fluminis. Impelus. Hujus.
Lelificat. Sanctam. Purgatis. Civibus. Urbem.
Ces quatre vers correspondent aux quatre vers de la moulure
— 711
supérieure. Ils sont placés sous les mêmes scènes, mais sans
aucun trait aux sujets historiques. Ils concernent la cuve et les
bœufs qui la portent. « Par ces douze bœufs, est marquée
» la figure des pasteurs — que la grâce de la vie apostolique
» recommande — aussi bien que le degré de la fonction. De \h,
» l'impéluosité de ce fleuve — qui réjouit la ville sanctifiée par
» la purification des citoyens. »
Eh! bien, nous le demandons sans crainte, quand on étudie
de telles œuvres, peut-on refuser son admiration à ce moyen-
âge, si magnifiquement beau, où les plus humbles choses
revêtaient un caractère monumental ?
Nous terminons cette notice en exprimant un vœu qui sera
approuvé par tous les amis de l'art antique, celui de voir un
artiste distingué se charger de rétablir le couvercle de la cuve,
et en outre de restaurer la chapelle du transcept, de sorte
qu'elle soit digne du chef-d'œuvre qu'elle renferme.
Piaiiche 3
,0PPE7AI
t
L A T - V 0 X 3 o ui 0 s « L A v7A T » H 0 S CL « I C H A N N G S
OH A NNe5
BuDetin de Tmsîiîw ardiéologioue liégeois TœnJGl.PageVC.
DEVELOPPEMENT DES SUJETS DE LA CUVE.
iDe'^E^
Planche
MONOGRAPHIE
L'ÉGLISE S'-ALEXANDRE ET S'-HERMÈS
A THEUX,
Par Ph. De LIMBOURG.
INTRODUCTION.
Plusieurs de mes collègues de VInslitut arcliéologique liégeois
m'ont engagé à coordonner les notes relatives à l'église de Tlieux,
que j'ai recueillies dans les archives de la paroisse et de la
commune. Bien qu'incomplètes — les archives présentant de
nombreuses lacunes — ces notes suffisent, sinon pour donner
une histoire de l'antique monument religieux, du moins pour
réunir les documents nécessaires à cette histoire et faciliter la
tâche de ceux qui voudraient compléter mes recherches.
J'avais réuni ces documents pour ma propre instruction ; je
n'ai consenti îh les livrer h l'impression que sur les instances
réitérées de mes hoiiorables collègues et amis. Ils me i-'ardon-
neront certainement, enlisant cette élude, les imperfections de
la forme et l'insuffisance de mes connaissances en architecture.
La paroisse de Theux s'étendait sur toute la vaste commu-
— 72 —
nauté de ce nom, formée du bourg de ïheux et de vingt-deux
hameaux. Elle comprenait les vice-cures de Polleur et de ha
Reid, et plusieurs vicariats auxquels étaient attachés des ecclé-
siastiques qui donnaient l'instruction aux enfants.
Toutes les paroisses du Marquisat de Franchimont.dontTheux
était le chef-ban, dépendaient de l'archidiaconé du Condroz
et du concile de S. Remacle, au pont d'Amercœur. Les statuts
de cet archidiaconé, donnés en 1633, mettaient aux charges
des possesseurs de la grosse dîme l'entretien de la nef princi-
pale, y compris celui de la toiture ; ils laissaient à la charge de
la communauté les bas-côlés, la tour et les chapelles latérales;
enfin les réparations du chœur incombaient au curé, parce qu'il
jouissait de la sixième part de la grosse dune et de la moitié de
la menue dîme.
Les décimateurs contestèrent h diverses reprises qu'ils fussent
tenus i\ ces réparations, parce que les dîmes du marquisat de
Franchimont étaient laïques ou féodales et, depuis 1313, relevées
par des seigneurs du prince-évêque de Liège, dans sa cour
féodale ( ' ). Pourtant ils se soumirent et se laissèrent taxer, soit
par erreur, soit par générosité, comme si leur lief avait été
ecclésiastique.
Diverses charges religieuses pesaient sur les dîmes. Le 25
août 1692, la cour des tenants avisa que « la grosse dîme doit et
est obligée de payer annuellement à Véglise pour le vin, 5//(orins)
5 pal{i\rs) ; pour les osties, 10 pat.; pour la cire, 9 fl-; pour aube et
amiie,3fl. 10 pat.; pour chasubles, étoiles et manipules, A fl; pour
serviettes et blanchissage, 1 jl.ipour purificatoires et corporaux,
1 //.; pour graduel et missel, 1 //.; pour devant d'autel, SJl.; pour
(') Il a él(i prouvd, dans un procès terminé au commencement de -1775, que les
dîmes du marquisat étaient féodales, sans en excepter celles que les curés tenaient
de leur patron, et qu'elles n'étaient pas sujettes aux statuts archidiaconaux.Ces dîmes
furent divisées entre les familles de Fléron et de Fexlie par le relief de 1436. Elles
furent dans la suite morcelées de telle sorte que chaque liameau avait son décimateur
particulier, quelquefois même plusieurs.
pociîiets, lo pat.; pour chappe processionnelle, 1 fl.; pour chande-
liers et clochette, 1 fl.; pour la grosse cloche, S fl.; le tout sans
préjudice des toits, celiez, etc. qui touche aux dits déci7nateurs pas
icy mentionnés. »
La communauté, de son côté, soulevait parfois des difficultés
relatives aux charges que lui imposaient les statuts arcliidiaco-
naux. Je résumerai, pour en donner un exemple, un recès de
la cour des tenants où sont énumérées presque toutes les obli-
gations de la communauté envers le culte en dehors des répa-
rations de la tour et des nefs latérales de l'église.
Le 6 juillet -1698, les tenants assemblés firent demander au
magistrat s'il était d'intention de payer une partie de fhuile de
la lampe ardente, les deux vitres du chœur, le tabernacle et le
crucifix du maître-autel, un ornement solennel, la garde-robe
pour y remettre et conserver les ornements, les réparations des
deux chapelles collatérales du chœur, la chappe mortuaire, la
croix processionnelle avec son fanon, la boîte aux saintes huiles.
La somme réclamée de la communauté se montait h fl. 735. Les
tenants espéraient que la communauté s'exécuterait prompte-
ment en considération de certains travaux faits h sa décharge
parle curé (*).
Les prétentions de l'église furent insinuées le 14 juillet au
magistrat qui n'y répondit pas. Le 27, la cour des tenants le
cita devant l'official de l'archidiacre du Condroz pour l'obliger
au paiement de l'état lui signifié le 44. Un accord intervint le
18 janvier 1699. Par cet accord, les bourguemestres prirent h
charge de la communauté de rédimer, avec le canon courant,
une rente de 25 fl. B'""" créée par la fabrique pour subvenir aux
réparations ci-dessus énumérées et de fournir 15 fl. B''"" pour
les frais faits devant l'official.
Les conséquences de la transaction furent l'anéantissement
(* ) Réparation des quatre vitres des deux chapelles collatérales du chœur, place-
ment des deux grands pupitres du choeur et du banc de commun'on.
— 74 —
des prétentions de Téglise qui dut acquitter la dépense, objet du
litige, acheter un ornement noir complet et une chasuble verte
et entin faire réparer le ciboire.
Le curé, lui aussi, cherchait b. se dispenser des réparations
laissées à ses dépens ( '). Mais les administrateurs se refusèrent
à intervenir, sauf dans le cas de sérieuses améliorations.
Il fut maintes fois dérogé aux trois principes que je viens d'é-
noncer. On verra plus loin que différentes personnes, mues par
la dévotion ou par la générosité, ornèrent l'église et attachèrent
leur nom h la plupart des ouvrages qu'elles y firent exécuter.
Nous allons examiner successivement les différentes parties
de l'église dont nous avons entrepris l'étude.
( *) Voici le toxle de la lettre qu'il écrivait à ce sujet :
« Monseigneur,
«Les pasteur et tenants de l'église parochialle de Theux renionlrentàvotre illtislre
seigneurie qu'il y a des fulchres ou pilliers qui appuient la muraille du cœur de
l'église qui est ruineus, lequel il faut mettre em bas jusqu'au mitant pour le perti-
nonment réparer: ils supplient qu'il plaise à votre illustre seigneurie de déclarer qui
est celuy qui est obligé à laditte réparation et luy ordonner de la faire, afin d'aller
au devant d'une plus grande ruine. Quoy faisant, elle obligeras les remontrants, eic.
Faite à Theux, le 20*-' mars l'an KitiO, éloit signé de la main M^e Jean Anseau,
curé de Theux. «
S'ensuit l'apostille de l'archidiacre de Condros.
a Déclarant la réparation cy dessus mentionnée devoit estre à la charge du R' pas-
teur, comme ayant la milant parle de la menue disme, laquelle est de notable valeur
et en outre la sixième parte de la grosse disme, voir et bien entendu que les parois-
siens sont obligea chauroy des matériaux a telle réparation nécessaire leur donnant
sobrement a rafreschire : et ce par l'expresse disposition nos status, fol 30, de
oneribus pasloris quœ ad reparalionem. Faite à Liège le 28° mars 1660. Signé :
Herman de Stocliem, archidiacre de Condros. »
DESCRIPTION DE L'EGLISE.
L'église de Theux, dédiée aux S. S. Alexandre el Hermès,
est bâtie sur une éminence, située h l'extrémité occidentale du
bourg. Elle est entourée du cimetière qui s'étendait jusqu'au
ruisseau de Wayot. On ignore à quelle époque une partie du
champ de repos fut abandonnée à la culture et à la bâtisse;
tout ce qu'on sait, c'est qu'une emprise y fut faite (1768) pour
l'élargissement du chemin, devenu la chaussée de Liège, et
qu'en 1786 on le rétrécit de nouveau pour aligner son mur
de clôture par une ligne droite tirée de sa principale porte
d'entrée à la maison Malempré, aujourd'hui maison Marcotte.
Ce dernier rétrécissement fut décidé par le magistrat, h la
demande des Seigneurs des États du Pays de Liège, du con-
sentement unanime de la cour des tenants, ratifié par l'archi-
diacre du Condroz (').
L'entretien des murailles et des portes du cimetière était h la
charge de la communauté. Si la cour des tenants, reconnaissant
la nécessité d'une réparation quelconque h ces clôtui'cs, faisait
exécuter le travail el payait la main-d'œuvre et les fournitures,
elle exigeait du magistrat le remboursement de la somme dé-
pensée, considérée comme avance, h moins qu'elle n'eût obtenu
du prince l'octroi de vendre des terrains incultes ou aisances
dont le produit était affecté aux réparations de cette nature,
ainsi qu'à l'embellissement et h l'ornementation de l'église (-).
(' ) Recès du magisU'at du 27 octobre 1785 : Assemblée de la cour des tenants
du 30 octobre 1783.
C'est en faisant ce travail que furent trouvées les monnaies romaines dont il
est parlé à la p. 400, t. IX du Bull de l'iiist. aicli. liégeois. La communauté fit
construire en 1786 les murailles et les portes qui clôturent le ci.netit're du côté
de la chaussée de Liège.
l *) s. BORMANS. Chambre des Finances, p. 40 cl au Bull, cité, t Vil, p. 40. Elle
obtint des octrois de terrains, notamment le 23 septembre 1393, le l" juin 1G18,
le 5aoiJt 1027 [Arcli. coin, dt Tlteu.r),
— 76 —
Le curé seul autorisait, moyennant certaines redevances,
l'érection dans le cimetière de monuments funéraires, croix
ou pierres tumulaires (').
Il serait difficile d'assigner une époque précise à l'édification
de l'église. Il parait pourlant certain que la tour remonte au
VHP ou au IX'' siècle, le vaisseau de l'église au XP et le chœur
aux premières années du XVI' (-),
L'église de Tlieux est par conséquent l'un des plus anciens
{ *) 0 De la part de votre curé l'on faict commandement qui ne soit personne si
présomptueux de mettre croix de pierre dans le cymetière sy ce nest parmi tes
droicts ou par son cogneu.» {Arch.de l'église, reçiistre aux annonces, octobre 1598.)
(') Voici, quant à la construction du chœur, les renseignements que nous trouvons
dans les comptes de l'église :
« Item at ordonné Englebcrt de Presseux chaslelain de Franchyniont que le dit
Johan devoii débourser az omes qui ont fait les bricques x flor.
» Item a encore déboursé a Johan Miso pour fé le forme des bricques pour xiij
journées.
» Item a Johan le Lymosin de Vervier pour xij jornees vi flor.
» Item a Johan le Molnier xii aidans pour une berwette pour mener les bricques.
» Item encore débourse a Denis Chavas pour v journées a vi aid. le jour font, xxx
aid.
» Item débourse à Englebert pour ij journées a servir les omes des bricques.
» Item iiij journées que ledit Johan servit a coller le chaulxdequoy Ion piastre les
chapelle et lalstîire — (Portés au compte de 1519 de Johan de Fraipont, le jeune
mambour de 1514 à 1520).
» Item X aid. pour ij t innés dont les maçons se sont servie à lenglise.
» Item at livriet led. Johan xvj cent piet de latte pour servir az deux chapelles et
vestiaire a xvj aid. le cent.
» Item at livriet ledit Johan deux cent piet de plance en la main de Mali de
Francymont pour mcctre sur le chanceau.
» Item at reçu ledit Johan a messire Jacques iiij, piet de latte.
» Item at servie ledit Johan une journée a mectre ces planées avecque Mati.
» Item a Johan délie rualle de mont v aid. pour maxhier le chaulx.
» Item v journées a paliet et a mectre a point le chanceau de senestre.
» Ilem paye pour ij cent de claz v aid.
» Item encore pour une journée quil at este chargie les pierre des deux
voillire sur les chars de Sassure et Saserolte que renevoyent damsche.
» Item pour trois voitures que ledit Johan at este à Gronlle chargie des lenres
pieres et ce pour chacune voiture ij jours qui font vj journées.
« Item paye pour les voillire de la chapelle vers la boverie. xviij flor.
» Item ij journées que le dit Johan at servie a les aider mectre. »
(Môme compte que ci-dessus, année I'>21) .
— 77 —
monuments religieux de la Belgique. Son antiquité la signale à
la sérieuse attention de l'archéologue.
On prétendit, il y a trois siècles et demi, qu'elle menaçait
ruine (•). La même accusation se reproduisit h différentes
époques (-) et moins de dix ans nous séparent du jour où d'au-
cuns insinuèrent encore qu'elle n'offrait pas les garanties suffi-
santes de solidité pour être conservée.
La vérité est que, dans ces derniers temps, l'église exigeait
de nombreuses et urgentes réparations, notamment h sa toiture
reconnue mauvaise depuis trente-cinq ans et à son plafond
dont certaines parties se détachaient des poutres et tombaient
de vétusté.
Le Conseil de fabrique opinait en faveur d'une nouvelle
construction.
Le Conseil communal désirait conserver l'antique monument.
Il chargea M. Remont, architecte à Liège, de dresser un plan
d'ensemble des travaux à exécuter.
La Commission royale des monuments, consultée par l'auto-
rité supérieure, écrivit, le 23 mai J862, h M. le Gouverneur de
la province : « nous ne pouvons nous résoudre, en présence de
l'intérêt archéologifjue qu'il présente encore, h. consentir, en
ce qui nous concerne, à la démolition de cet édiflce. »
« Il s'agit en effet de cette forme dite : basilique à piliers et îi
plafond décoré dont peu de spécimens subsistent aujourd'hui
et qui constituent un jalon précieux pour l'histoire monumen-
tale en Belgique. »
(')« liera at esté leJit Johan une journée a Leborch quérir Piron le maistre
machon de Leborch pour visenler lenglise que Ion disoit quelle voioit lomber. »
(Même compte, année 4321).
Voir également « la Visitation de Téglise, l'an 4663 » rapportée plus loin.
(2) ...« Aussi les habilans de cette communauté se plaignent-ils amèrement
depuis longtems que l'église paroissiale de Theux, non-seulement est trop petite ou
égard à la population de la paroisse, mais qu'une partie des murailles, du toit et du
plafond est tellement caduque que la vie des paroissiens est journellement en
danger. » Rccès du magistrat du 2S janvier 1790.
— 78 —
Il était question alors de rendre au temple son style primitif.
Les administrateurs de Tlieux, en présence de l'avis favo-
rable de la Commission royale des monuments, étaient portés
à croire que l'éj^lise serait rangée au nombre des monuments
publics. Mais sur le refus des autorités compétentes (1866) et
n'ayant en perspective que de modiques subsides, ils renon-
cèrent à un travail considérable qui serait devenu pour la
commune et pour la fabrique de l'église un fardeau trop lourd
à supporter. Ils se contentèrent du strict nécessaire. A cet efïet,
l'Administration communale chargea M. Remont fils, de dresser
un projet de restauration moins onéreux que le plan adopté
précédemment.
Avant d'entreprendre la description de l'intérieur de l'église,
il convient de jeter un coup d'œil rapide sur son extérieur.
Au nord, est la façade principale dont la moitié environ est
masquée par des constructions annexes. D'abord c'est le parvis
ou portail qui donne accès à l'église : il est adjacent à la tour
contre laquelle a été bâti l'ancien vestiaire ou sacristie (').Puis
à l'orient vient le chœur. La sacristie est adossée à la chapelle
latérale de gauche et à la chapelle Wollï ou Leloup, seule cons-
truction accessoire de la façade méridionale de l'église. En con-
sentant à l'érection de cette chapelle (1655), le magistrat autorisa
la démolition d'une petite tour qui était, sinon adossée à l'église,
du moins à proximité de celle-ci.
L'église est construite en pierres de grès de moyen appareil (-).
(*) Le vestiaire a été bâti en même temps que le chœur.
« Item encore iiij journées que ledit Johan a servie a faire les aires de vestiaire. »
(Même compte, année Io21).
{ *) Selon Lamy, le grés dont est bâtie l'église de Thcux provient tic la carrière
de Timonheid, peut-être aussi de celle de Slaneux, mais plus pivibabicment de
Timonheid dont le grés plus rougeàtre a plus de res?emb!ance avec les pierres de
l'église. (Gommunicalion de .M. Cust. Magnée, membre de ïlustitut archéologique
liégeois). Les Romains employaient également le grès dans leurs bâtiments de
.luslenvillo. Voir lu fiiillciin déjà cité.
— 79 —
On remarque dans ses deux façades latérales les baies de fenêtres
d'environ 1"\30 de hauteur sur 0'",80 de largeur, dont le cintre
est formé de pierres de petit appareil. Elles doivent avoir été
au nombre de sept : quatre dans la façade méridionale et trois
dans la façade septentrionale. Le pignon est percé d'un oculus,
avec cintre en petit appareil.
Le portail, bâti en pierres de taille, est une construction assez
récente. Il est vraisemblable qu'il a pris la place d'un portail
plus ancien (').
La tour est carrée. Ses murs dont l'épaisseur est de 1™,60
à la base et l'",18 au sommet, sont construits en pierres de grès
de moyen appareil et percés de meurtrières (-).
La toiture ;\ flèche surbaissée et à encorbellement, a quatre
versants. Elle était des plus simples avant d'avoir été remaniée
en 1871. Les fenêtres qui subsistaient dans les faces de l'encor-
( •) « Et corne pour la coraoïlité de l'église et autant mieux vaquer au saint service
divin, le curé de Thcux par advis d'aucuns a fait faire deux chayéls mises à 1 église
aflin sasseoir les prestres en confessant, mesme un portai et fait repeintre les
patrons de ladite église, ils ont porté ensemble quattres vingts deux florins quinze
patars brabant. » [Arcli. de Thcux, Compte de la communauté, rendu le ^novembre
1613 aiixmayeur, cschei'ins^ bounjuemestres et douze hommes du ban de Tlieux).
On lit sur une dalle, encastrée au-dessus de la porlc, l'inscription suivante. Le
chronogramme qui y est renfermé donne la date de -1626.
vovs tovs qyi me convoitez,
passez vers moy et soyez remplis
de mes generations eccl 24
MarIe LeIeVne henrI
aV seIgneVr DIeV LIee
510vrant a restavree de
ce temple lentree.
(-) On ne doit pas attribuer à une fenêtre la baie boucliéc du côté de l'ouest
joignant à Téglise, mais bien à une porte donnant accès aux combles de l'église
à l'aide d'une passerelle lorouvcrte d'un toit, ne ressemblant pas mal à un colombier.
Aujourd'bui, on passe directement de la tour au grenier de l'église. Celte améliora-
lion date de 1867.
— 80 —
bellement ont été ornées de colonnes eld'abat-sons.Une lucarne
a été ménagée dans chaque pan des versants.
Une belle croix la surmontait autrefois. On l'enleva vers 1794
et pour supporter le coq indicateur des venls, on y mit la croix
surmontant la chapelle du couvent des Dominicaines, après lui
avoir enlevé son caractère de signe de la rédemption.
La croix enlevée en 1794 était ancienne ; un recès magistral
du 11 mai 1713 ordonnait aubourguemestre Pouheaii de réparer
le toit de la tour et de consolider la croix dont la chute était h
craindre (')•
La tour, telle qu'elle vient d'être restaurée, a une hauteur
totale de 35 mètres qui se répartissent comme suit : la maçon-
nerie en comprend 18, la toiture 13 et la croix 4 ( -).
Les murs de l'ancienne sacristie et du chœur sont en pierres
de taille, ceux de l'abside sont en moellons, ceux de la sacristie
et des chapelles latérales en marbre noir de la localité, ce qui
permet de supposer que l'ensemble du chœur ne fut pas cons-
(* ) a En rassemblée du niagistr£l de Theux le 11" maye -1713, estant représenté
comment le toict de la thourde notre église est fort défectueux, la pluye percunt dans
quantité d'endroit qui poury par les pluyes les bois tant du toict qu'autres et que
même la croix sur ladite thour menace de tomber, avons ordonnez comme par cetta
ordonnons au bourgmre Pouheau de faire réparer le nécessaire et faire réparer un
costé dudit toict, veu qui est le plus défectueux et même de faire reparer le néces-
saire a ladite croix de fer; ses exposez lui seront validez dans ses comptes, i- {Arch.
de Theiix).
En 1871, les ouvriers, découvrant la boule, ont détaché une plaque en plomb
avec cette inscription tracée à la pointe :
FAIT
LAN
i713
POVHEAV
JJGMRE
Cette plaque est déposée à l'Hôtel-de-Ville de Theux.
(-) Cette croix pose 210 kilogrammes.
— 81 —
truit d'un même jet. Des contreforts s'élevant jusqu'à la toiture,
mais abaissés depuis 1867, flanquent les angles des murs de
l'abside. Des sept fenêtres du chœur, il n'en subsiste que quatre.
Je dirai en parlant de l'intérieur de l'église à quelle époque
celles du pignon ont été murées.
La pierre taillée s'allie à la pierre brute dans la nouvelle
sacristie, construite en 1869, en majeure partie aux frais de
M™'' Cornet-MuUer. On y a ménagé une sortie du côté du cime-
tière. Sa couverture est une plate-forme en zinc.
Dans les réparations effectuées récemment à l'extérieur de
l'église et de la tour, on a pris soin de rétablir les chenaux dont
les toits étaient privés depuis longtemps.
D'après une tradition assez généralement répandue à Theux,
l'église aurait appartenu aux Templiers. Cette tradition qui ne
s'appuie du reste sur aucun fait, doit être écartée. Aucun docu-
ment, aucun auteur ne mentionnent la communauté de Theux
comme un lieu où un manoir du Temple aurait existé. D'ailleurs
l'église est antérieure à l'année 1118, date de la fondation de
cet ordre célèbre.
Intérieur.
Du portail, après avoir monté deux marches, on arrive dans
le temple par une porte à cintre surbaissé, relativement peu
élevée, encadrée de pierres de marbre noir taillées et moulurées,
provenant de la carrière de la localité (^). Cette unique porte
est située vers le milieu du côté nord.
(•) Il s'agil vraisemblabloment de l'encadrement de cette porte dans celle
dépense tirée du compte de l'église, année 1575. « Le Ville jour d'avril conté avecq
Jacque Raskiet et les charons qui ont charier les pierre et sablons avec la cbasse
pour relTaire les murranges de l'enterré de l'engleise montant le tout ensemble
XXX flor. liégeois et xxxvi so. »
— 82 —
PLAN DE L'KGLISE DE THEUX.
Fig. i.
Echelle de 0,002o pour i mètre
Construite dans la forme des basiliques primitives, l'église n'a
jamais eu de transepts. Son vaisseau présente un carré long
mesurant dans œuvre 28"', 64 de longueur sur 14"', 62 de largeur
et 10'",7o de hauteur. Il est divisé en trois nefs par deux rangs
de cinq piliers carrés ('), sans base, avec de simples saillies
coupées en biseau pour chapiteaux, réunis par des arcs en
plein cintre.
(* Ils sont irrégiiiicrs et niesiirenl en moyenne P'^IS sur l"'/2.j.
— 83 —
L'arcade du haut de l'église est formée d'une grande ogive
embrassant une largeur double des autres travées. Cette irré-
gularité provient de l'enlèvement d'un pilier carré dans chaque
rangée et de la réunion de deux arceaux en une seule ogive. Il
est probable qu'en même temps que cette ogive se substituait
aux arceaux, disparurent l'abside demi-circulaire et les murs
terminant le fond de l'église et qu'à la même époque, le chœur
fut construit. Malgré l'absence de documents relatifs à ce rema-
niement, on doit le placer, sinon à la fin du XV'' siècle, du
moins au commencement du XVP, l'achèvement des chapelles
latérales devant être reporté à l'année lo'JO (').
Lors de l'érection du chœur, on laissa subsister au-dessus
des ogives qui le séparent de l'église, l'épaisse muraille dont la
base venait d'être démolie. Son poids énorme, joint à la percée
pratiquée dans le mur méridional et à l'enlèvement d'un contre-
fort quand la chapelle Wolff fut édifiée (16S5), compromit
l'église au point que les administrateurs en furent alarmés. La
Cour de justice et le magistrat, conjointement avec la Cour des
tenants, appelèrent de Liège (I660) un maître-maçon, afin de
rechercher le moyen de remédier au mal et de conjurer l'effon-
drement du temple. Gilles Piron, c'est le nom du maître-maçon,
émit l'avis de substituer une clôture plus légère à ce qui restait
de l'ancien pignon (^). Les travaux proposés furent différés, car
( ') « liera déboursé à Johan le molnier pour II journées quil at servie az aires
délie voissure de piere de taille deseux le crucifix xvi aid. Item V journées que
ledit Johan at ouvrait a ces meisraes aires. Item payé vi aid. az scrinier qui ont
fayt des planées de tronlle pour meclre sur les aires délie voissure. » Compte de
Johan de Fraipont le jeune, mambour de 1514 à lo20, anno 1520.
(^) Visiluiion des murailles de l'église de Theux de l'an 16G5, ici enregistré
pour mémoire. Registre aux assemblées des tenants, commençantîjle 30 avril 1680,
fol. 98.
« L'an mille six cent soissante cincque le vingt^cincquième jour d'avril par devant
nous la (;our et justice de Theux, presens Noirfalise, Limbourgh, Poncelet et
Doneux, eschevins, constitué le R'' M'^ Jean Anseau nre pasteur, Ernest Proenen,
Lan^bert Thonon et Joan de Lirabourg nre greffier tenants de nre église paroichialle
avec Mre Albert Collette et Jean Fraipont noz bourguemres lesquels ont déclarés
qud comme notre dite église se trouveroit fort caduque et les murailles et voûtes
la même question fut agitée de nouveau par la Cour des tenants
et ils furent effectués seulement en 1700. L'ouvrage consista en
une cloison boisée et ardoisée, maintenue par des ancres en fer.
Les ardoises disparurent à une époque indéterminée ; il n'y
eut qu'un simple lattis jusqu'en 1867.
Les bas côtés ont la même élévation que la grande nef; leur
largeur varie de 3'",08 à 3'",27. Leur plafond est en ciment
badigeonné au lait de chaux.
La nef principale est large de six mètres h la base des piliers.
Un plancher construit sur de grosses poutres lui tenait lieu de
plafond, mais sur les observations de l'archidiacre du Condroz,
les tenants résolurent de lui donner un plafond suspendu aux
poutres. A cet effet, ils imposèrent, le 22 juillet 1626, une taxe
sur les grosses dîmes du ban, qu'ils frappèrent d'une seconde
taille en 1629.
Ce plafond de 6"',30 de largeur, était formé de cinq rangs de
vingt-deux panneaux chacun ('). Les trois rangées du milieu
d'icelle du costé du cœur en hazard de périr, ils auroient fait comparaître M""" Giele
Piron, rare masson de la cité de Liège a elTet de faire reconnoUre et visiter ce qui
sci'oit nécessaire à reparer d'où la ruine vient et ce qu'il est nécessaire d'employer
pour ladite réparation et affîn rassurer ladite église, duquel M"""^ Masson ils auraient
fait faire ladite Visitation nous requérant d'en tirer d'icelui relation sermentelle pour
s'en servir au besoing dont ledit mre masson après serment preste nous a déclaré
avoir veu qu'a raison du demolisscraent de certain pilier lequel on lui a déclaré qui
tenoitet aboutoit sur la muraille de ladite église du costez du jardin de nre confrère
Limbourgh en place duquel Ion at fait ériger une chapelle, ledit muraille at perdu
force et s'est détaché arrier de la voule passante deseur le grand crucifix, ladite
chapelle érigée en lieu dudit pilier ne servant d'aucune force par ce même que les
murailles d'icelle sont détachez et eslargis arrier de ceux de la dite église, ce qui
at cause mesme que partie des voûtes deseur ledit crucifix sont présentement tom-
bées, pour a quoy remédier il dist estre nécessaire a raison que pignon et muraille
traversant l'église deseur le dit crucifix et lequel supporte le toix est fendu et
derompu en plusieurs endroits de grand pesanteur et lequel ne peut plus longtemps
subsister ains pourat en peu de temps culbuter par ou l'église scroit fort ruinée, de
deraoslir iceluy et y construire un nouveau édifice plus léger, comme aussi de
faire raffermir les murailles de ladite église el les asseurer avec bars de fer. Par
extraite de l'originale signe Joan de Limbourgh par copie conforme a celle signée
comme dessus Jean Gaye, greffier de la Cour des tenants.»
(*) Les panneaux mesurent l'",17 sur i">,i2; les longerons et les traverses leur
servant d'encadrement ont 0'",12.
— 85 —
représentent des images de saints ou des sujets de la vie du
Sauveur, tandis que sur les rangées latérales sont peintes de
simples décorations qui, rompant la monotonie, relèvent les
peintures et produisent un excellent effet (')•
Les traverses de la charpente furent couvertes d'inscriptions
dans lesquelles se lisait répétée la date 1630 ('^) et les longerons
( * ) Voici l'ordonnance relative à la construction de ce plafond :« Nous les mayeurs
et tenants de la courte jurée de lengliese parochiale de Theux sont scavoir Jean
Bertelmy l'aisné, Jacques Boniver, Martin Pirceval, Anthoine Thomas Berlelmi, Jean
Bertelmy le jeune et Jean Proenen estants comparut en la maison pastoralle de la
dileengliese le 22e jour du mois de juillet de l'an dGâG a la convocation de véné-
rable Mre Jean Doneux, curé dudit lieu, nous at esté par ledit Mre Jean remontre
cornent a la dernier visite qu'avoit fait le S»' Archidiacre Elderen avec Monsieur le
doyen de S' Jean et autres deladitte engliese de Theux, ils avoient entre autres
réparation à faire en laditte engliese ordonné de faire fair et accommoder un sellez
raisonnable au dessoub des soumiers passants et traversants laditte engliese et pour
ce fair avoient ossi ordonné d'asseoir une taille sur les grosses dismcs de bancz
dudit Theux corne estantes a ce tenues et obligées de touttes anchienneté et de
la collecter selon l'anchienne coustume, pour avec les deniers dicelle taille fair
achapt et provision de planches et bois y nécessaires, suivant quoi nous requérant
de faire et asseoir une double taille de la précédente et dernière assiese le i8>^ de
septembre 1618 pour emploier les deniers a l'effect susdit ce qu'avons fait après
en avoir adverti lesdits deciniateurs et leur proposé l'ordonnance susdite. »
La cour contracta avec M^e Balthasar, menuisier à Liège, touchant la fasson du
mitant du celle ordonné ci dessus scavoir le canton d'au mittant.
Pour le payer, ainsi que le pain, vin et chandelle nécessaire à la messe paro-
chialle qui se dit et célèbre au grand autel, les tenants imposèrent de nouveau en
4629 une taxe sur les grosses dimes [Arch. de l'église).
(' ) Histoire de la peinture au pays de Liège, par Jules Helbig, p. 161.
Voici les inscriptions de l'ancien plafond, qui rappellent certainement les noms
des donateurs des peintures. Le trait — indique la séparation des panneaux :
REVEREND. — DAMP. VRBAN. — D'OINGNÉ. PRIEVR. — DV. MONASTERE. — DE. MALMENDIE.
REVEREND. MRE. ARNOVLD. — LONCIN. CVRÉ. DE. — CHRISTOFLE. DOYEN. — DE.
ST. REMACI.E. — ET. EXAMINATEVR.
MRES. MATHIAS. — LONCIN. CVRÉ. — DE. S. CHRISTOFLE. — ET. NICOLAS. HERVE. —
CVRRÉ. D'ENSIVAVLX.
lESV. CHRIST. — QVI. AT. SOVFFERT. — POVR. NOVS. AYÉS. — PITIÉ. DE. KOVS. —
ANXO. D.,,,. 1630.
MRE. ANTHOINE. — D'ANTHINNE. ~ ET. SIRE. lEAN. — lACQVE. VIS. CVRE/. — DE.
CESTE ÉGLIESE.
SR. JEAN. — LE. lEVNE. — LIEVTENANT. — VOVÉ. DE. — FRANCHIMONT.
SER. PIROT. PICQVEREA. — RECEPVEVR. DE. — S. A. S^E, ET. — ELI7.ARETH. DE. —
MOVUN. SON. ESPKVSE.
— 86 —
décorés d'un dessin ornemental. Les peintures des traverses,
des longerons et des angles des panneaux étaient en détrempe.
L'exécution de l'ouvrage laissa h désirer : le plafond fut mal
assujetti et douze ans après on fut obligé d'y travailler pour le
consolider C). En 1704, il fallut de nouveau y mettre la main,
il était percé et dérompu au-dessus des orgues.
On proposa au siècle dernier de lui substituer une voûte. Le
projet, alors ajourné, fut repris à diverses époques, notamment
vers 1820. A cet effet, les autorités locales ouvrirent une sous-
cription et décidèrent, dans le but de se créer des ressources,
de vendre les poutres soutenant les peintures. Elles espéraient
retirer une forte somme de la vente de ces poutres, mais un
charpentier chargé de les évaluer, ne les jugea, dans un esprit
de lucre, paraît-il, propres h aucun usage. Désespérant de pou-
voir se procurer les fonds nécessaires, les administrateurs
TRES. EXPERT. — MRE. NICOLAS. — A. LIMBOVRG. — DOCTEVR. — EN. MEDICINE.
MAYEVR. — LAVRENT. — LE. DOYEN. — ESCHEVINS. — PIROT.
PICQVEREA. — MAISTRE. NICOLAS. — CIEL. — lEAN. — SERVAIS.
TOVSSAINT. — DELFORGE. — lEAN. — GIEL. A. — LIMBOVRG.
lACQVE. — BONÏVER. — FASSIN. — D'ONEVX. — A» 1630.
lEAN. PROENEN. — BOVRGMRE. ET. — GREFFIER. DES. — TENANTS. ET. — FRNEST.
SON. FRER.
ANTIIOINE. — THOMAS. BOVRGMRE. — ET. ESCHEVIN. DES. — TENANTS. ET. — FRANC.
SON. FILS.
PIERRE. — LOVVEIGNÉ. — PRELOCVTEVR. ET. — PIERRE. CLEBAN. — BOVRGMRE. DE.
THEVX.
LAMBERT. FRAIPONT. — BOVRGMRE. — DE. TIIEVX. ET. — CATHARINE. COLLETTE. —
SON. ESPEVSE.
NOËL. PONCELET. — MEVSNIER. DE. — TIIEvX. MARIE. — CIELE. SON. — ESPEVSE.
UVBERT. lASON. — MRE. DE. FORGE. — TOVSSAINGT. — D'ELHEID. — SON. GENDRE.
LAMBERT. — BOVNIVIER. ET. — ISABEAV. SERVAIS. — LAVRENT. SON. — ESPEVSE.
GIEL. DE. SASEROTE. — D'ONEVX. ET. — TOVSSAINT. — BERTRAND. SON. — GENDRE.
COLLARD. — BERTRAND. — lACQE. BONIVER. — BOVRGMRE. — ME. DE. FORGES.
lEAN. SERVAIS. — MALIEAN. — lEAN. UENDRIC. — COLLIN. UVBERT. — COLLIN. LAPSON.
(*) Le qualtriômc de maye ano dit (1043) paiet à Pirotte Jacques Gielc pour
avoir fait deux ancres por les mettre az tableau du celle lorsque Hermès de Pont les
racomoda et ung bar mis à la trailhe de l'engliese et servant pour passer ensemble
et refait le pendenient de la trailhe devant le St Sacrament, xiii pat. {Arcli. de
l'église).
— 87 —
abandonnèrent ce projet au grand déplaisir des uns, à la grande
satisfaction des autres « qui applaudissaient h ce que ce plan-
cher, ouvrage de leurs ancêtres, ne serait pas sacrifié à l'igno-
rance et à la cupidité ('). »
Le conseil de fabrique tenta une nouvelle démarche auprès
de l'administration locale le 28 avril 1835, afin de l'engager à
entreprendre plusieurs réparations, urgentes selon lui, mises
par la loi aux charges de la commune. Au nombre de ces répa-
rations, figurait la construction d'une voûte. Le conseil com-
munal rejeta la demande des fabriciens le 48 juin suivant, sur
la proposition motivée du bourgmestre, M. J.-L. de Presseux.
L'intention de voûter la nef principale se manifesta encore
plusieurs fois après 1835 et en dernier lieu lorsqu'il fut reconnu
que les fidèles couraient un danger réel en assistant aux offices.
Après deux siècles et demi, on le conçoit facilement, les pan-
neaux et les peintures étaient en si mauvais état qu'ils faisaient
peine à voir. On était indécis, ne sachant à quelle alternative
se résoudre, construire une voûte ou restaurer l'ancien plafond.
La Commission royale des monuments trancha la question en
se ralliant à l'avis de ceux qui préféraient la conservation des
peintures. Il fut en conséquence restauré en 1871.
La charpente dut être renouvelée intégralement ; il en fut de
même d'un certain nombre de panneaux, dont la restauration
était rendue impossible à cause de la pourriture des planches.
Le conseil de fabrique confia la partie artistique h M. Jules
Helbig, qui, en véritable archéologue, a laissé subsister ce qui
était susceptible de retouche et a donné aux panneaux neufs le
cachet des peintures primitives (-).
(*) Rapport de M. J.-L. de Pi-esscux, bourgmestre, lu en séance du conseil com-
munal le 18 juin 1833 {Arch. de Tlieux).
(*) Ces panneaux sont disposés de la manière suivante d'après le plan donné par
M. J. Helbig : au centre du plafond et dans la rangée du milieu les trois personnes de
la Sainte Trinité : Dieu le Père, vers le cbœur; le Si-Espril et N. S. J. C. A leurs
côtés, dans les deux rangées latérales, vient le collège apostolique, lequel, par l'ad-
— 88 —
Les deux rangées de panneaux de décorations ont été peints
par M. Onno Tidens, deTheux, sous la direction de M. Helbig.
La tradition prétend que la grande nef a été voûtée, que sa
voûte s'effondra de vétusté et qu'elle ne fut pas décombrée.
Saumery, dans les Délices du pays de Liège, parle de cette
voûte supposée comme si elle existait au moment où il écrit (').
Cette opinion ne peut pas être admise : vers l'an 1520, les
tenants font mettre des planches sur le celé, c'est-à-dire cons-
truisent ou réparent le plancher sur les poutres (-).
En 1G26, ils décident de faire sous les poutres un plafond
qui fut achevé en 1630, comme on vient de le voir.
Enfin les voûtes n'apparaissent que tard dans le style roman :
« La couverture de toutes les basiliques, grandes ou petites,
jonction de St-Paul, de St-Mathias, qui a remplacé Judas, et de St-Barnabé que l'on
compte souvent parmi les apôtres — bien que le sort ait favorisé St-Mathias —
remplit quatorze panneaux. Dans la rangée du milieu commenrnnt du côté du chœur
et s'étendant jusqu'à Die'j le Père, sont disposés par ordre chronologique tous les
panneaux représentant des sujets relatifs à la vie de N. S. J. C; en avant de ces
panneau.\ l'image de S. Jean-Baptiste, le précurseur. Toujours dans le milieu,
mais après Timage de N. S., suivent tous les panneaux relatifs à la Ste-Vierge
Marie.
En avant, vers le chœur, à côté des apôtres, les deux protomartyrs S. Etienne
et s. Laurent, et, vers les orgues, toujours du môme côté, l'ange Gabriel et l'ar-
change s. Michel. Viennent ensuite au haut et au bas de l'église, les quatre prin-
cipaux pères de lEglise d'Occident : St-Jérôme, St-Augustin, St-Ambroise et St-
Grégoire.
Tout au haut, vers le chœur, dans la rangée du milieu, sont placés St -Alexandre
et St-Hermès, les patrons de l'église et à côté d'eux les patrons du diocèse, St-Lam-
bert et St-Hubert, auprès desquels se trouve aussi St-Servais.
Toutes les saintes femmes trouvent leur place dans le restant de la rangée du
côté de révangile, et les autres saints, fondateurs d'ordres, martyrs, confesseurs,
etc., sont placés du côté de Tépître et dans la rangée du milieu après les pan-
neaux relatifs à la Ste-Vierge.
( * ) a La voûte en est haute et hardie, soutenue par deux rangs de colonnes qui
séparent deux collatéraux bien proportionnés. » T. 111, p. 24S.
(- ) « Pour H" cent de clas grans pour claver les planées sur le chelet. viii aid.
» A Johan le moulnier pour des planées pour mettre a lentour déceler, 1 demi
noble de Saxe valant tiii flor.
» Ancore a ly m pour planées, un lion val vi flor. » (Compte de Jacob de Fraipont,
mamboar de l'église, l'an 1521, aux Arcfi. de l'érjUse.)
- 89 —
dit Schayes, dans son Histoire de raixhiteclure en Belgique,
1. 1, p. 84, consistait en une simple charpente, posée à nu ou
revêtue d'un plafond, divisée en caissons décorés de rosaces ou
d'autres ornements de sculpture. »
Pour ne rien omettre, je dois dire que lorsque M. le curé
Conrardy abaissa le sol de l'église d'une marche (1851), on
trouva sur un ancien pavement presqu'intact une grande quan-
tité de décombres, consistant en pierres, briques et ciment.
Encore aujourd'hui le pavé est superposé à un ancien pavé en
marbre noir dont les fragments ont été découverts en juillet
1873, à 0'",37 du niveau actuel de l'église. Au même mois de
juillet 1873, on a creusé, à l'effet de rechercher l'ancienne
crypte, une ouverture d'environ deux mètres de profondeur et
l'on n'a rencontré que du ciment mêlé h quelques fragments de
briques et de pierres. D'où peut venir cette énorme couche de
ciment, si ce n'est de la démolition de constructions intérieures
ou extérieures, ou bien encore de quelque construction envi-
ronnante ?
Dans le principe, le jour pénétrait dans le temple par de
petites fenêtres en plein cintre. Le curé Jérôme de La Haye, se
proposant de les modifier, sollicita l'intervention pécuniaire de
la communauté, tant pour la dépense de ce changement que
pour d'autres réparations projetées. Il obtint du magistrat un
subside de 300 fis. Brabant-Liége (').
Les petites fenêtres furent bouchées (-) et le curé fit percer
(• J Ordonnance du magistrat du 2!2 diicerabre 1700, aux Arch. de Theux. Les
autres réparations consistaient à plafonner le portail et à le blanchir, ainsi que It»
chœur.
{*) A moins qu'il ne s'agisse de ces fenêtres dans le recès suivant, du i«'
mai -1721 :
« Recès fait par les bourgmestres, commissaires, électeurs et notables. Que le
magistrat devrai faire les réparations nécessaires aux toits de l'église paroissiale,
scavoir aux endroits dont la réparation est à charge de la communauté, sans cepen-
dant rien faire de neuf, sauf environ douze pieds de large, depuis la haute paroi
d'occident jusqu'à la première jarabre d'air sur l'aile à costé du midy qu'il devrai
— 90 —
quatre fenêtres également en plein cintre, de 4"\40 sur l'",50,
trois dans la façade méridionale et la quatrième dans la façade
septentrionale. Il les encadra de pierres de taille.
Le panneau du centre de leur vitrage était armorié et sur le
panneau immédiatement en dessous on lisait le nom et les qua-
lités des personnes auxquelles appartenaient les armoiries, avec
le millésime 1707. Il ne restait guère que des vestiges des
armoiries et des inscriptions, quand les vitres ont été refaites
à neuf (1870). Elles sont à petit plomb, coupées en lozanges à
verre demi-blanc.
Un saint Christophe colossal était peint sur la paroi du bas
de l'église. On le mit au jour, il y a une vingtaine d'années, en
débarrassant les murs des couches de badigeon qui les recou-
vraient. Il est évident que si ce saint dont il ne reste plus de
trace, l'église ayant reçu un nouveau plâtrage (1870), ne disparut
pas sous le lait de chaux vers 1623, quand le jubé fut construit,
il fut du moins masqué en grande partie par les orgues (').
Il est probable qu'antérieurement à la construction du chœur,
il existait deux autels adossés à la muraille du haut de l'église
et qu'après la démolition de cette muraille, ils furent replacés
contre les piliers séparant le temple du chœur. L'un était dédié
à la bienheureuse Vierge Marie et l'autre, il est permis de le
faire réparer les petites murailles abatucs soub les severondos des toits, reboucher
plusieurs fenêtres inutiles qui sont sur l'aile à costd du midy et par où la pluie
entre, faire réparer les endroits défectueux des plaphons, des lambris au-dessus
des ditles ailes et faire planchoier le dessus des ailes ordonnant à notre grelTier la
présente registrer et soubsigner. » {Arch. de Theux.)
Il peut également et plus probablement s'agir ici de fenêtres dans le toit.
(*) a Item le 28 janvier 164i, le rendant at par ordonnance verballe des tenants
de l'engliese estant à la maison pastoralle le jour précédent paie à Hermès De
l'ont et .lean Michel tant pour journée par eux employé et bois par eux mis en fai-
sant les banh etxhame au devant de St-Christophe en l'engliese de Theux, xl \ f.
XVII pat. »
{Arch. de l'église. Compte rendu le 7 août 1047 par Ernesl Proenen, mambour
de 1629 à iCiO.)
— 91 —
conjecturer, aux S. S. Alexandre et Hermès, patrons de l'église
et du chef-ban de Theux (^).
Ces autels furent démolis à la fin du XVIP siècle par ordre
de l'archidiacre du Condroz, après la visite archidiaconale du
28 septembre 1698 (^).
L'archidiacre transférait d'un même contexte à l'autel de la
chapelle de Ste-Anne, une messe à célébrer chaque samedi à
l'autel de la vierge, messe fondée par Jean Proenen, le 20 avril
1643.
Jusqu'au milieu de notre siècle, les images des patrons repo-
saient sur des piédestaux attachés à ces piliers qui marquaient
la séparation de la nef d'avec le chœur. La statue de S. Alexandre
était du côté de l'évangile et celle de S. Hermès du côté de
l'épître.
Dans la basse nef méridionale, au bas de l'église, subsistent
(') Henri Jacques Henri, par testament de -1628, laisse à l'église un daller de
rente pour la réparation de l'autel des S. S. Alexandre et Hermès.
Le 5 juin 1692, la cour des tenants ordonne à son mambour d'acheter un grand
chandelier de cuivre pour mettre au devant de l'autel des patrons.
«Juin 4699.1tem j'ay refurnis audit s'' curé S fis lo pat. pour avoir fait quitter les
autels de nre dame et de nos patrons et pour les avoir fait paver.» {Arcb. de l'église.)
(*) a Ecclia de Theux. — Vigcsima octava septembris -1698 visitata fuit ecclia
parochialis de Theux quae est parochia intégra sub invocatione S. S. Alexandri,
Peiri et Ilermedis. A latere evangelii est fundata missa sabatina in altare B. M. vir-
ginis contra pilario eccli*; mandamus duo allaria contra pilaria cccliœ conslructa
destrui transferentes d : fundationem ad altare sanctœ Annœ.
» Mûri ecclise debent reparari, cœmentari, et intus dealbari, tecta eccliœ debent
pariter reparari, pavimentum ecclia; et cœmetcrium indigent etiam reparalione,
patroni ecclite sunl indécentes, non est casula viridis nec nigra, cancelli sumrai
altaris debent prolongari usqiio ad sacrisliani quia numcrus comunicantium est
uimis magnus.
» Quare mandamus parochianis quatenus quam primum de illis reparationibiis,
patronorumq. imaginibus, deceiitibus casulis et cancellis provideant, alioquin fun-
gdtur fiscus offîcio suo. Sic signatum per extractum ex visitationibus Archidiacona-
tus Condrosii. Ludo Arnoidi notarius ejusdem archidiaconalus in fidem. » [Arch. de
tétjlise.)
Le mot Peiri est ajouté et d'une autre écriture. Pourtant dans plusieurs procès-
verbaux de visites archidiaconales, notamment en 1712, on lit S. S. Alexandri,
Pétri et Hermedis, bien que dans le registre d'annonces du curé, lo86 à 1609, on
annonce la solennité de la fètc des patrons S. S, Alexandre et Hermès. Cette fêle
se célèbre le 28 août.
92
des substructions d'environ 0™,75 d'épaisseur, formant un paral-
lélogramme entre les murs de l'église et le pilier du bas. Elles
s'élevaient au-dessus du sol tel qu'il a été établi en 1851; j'ignore
quelle fut leur destination ; une conjecture admissible est
qu'elles servaient h délimiter un baptistère de l'église primitive.
Les extrémités du bas des nefs latérales, dans les proportions
des maçonneries dont il vient d'être fait mention, étaient clô-
turées par des grillages en fer. Dans l'enclos du côté nord, se
trouvaient les fonts baptismaux et dans l'enclos du midi l'esca-
lier conduisant au jubé. M. le curé Conrardy substitua les
quatre confessionnaux au grillage (1851); en même temps, il
transférait les fonts dans la chapelle Wolff. Deux confession-
naux furent, il y a quelques années, transportés au haut de
l'église, une cloison planchéée prit leur place; mais depuis le
mois d'août 1873, les parties clôturées ont été réunies au temple
et l'escalier conduisant au jubé a été logé entre deux parois
dressées entre le premier pilier du bas et le pilier engagé dans
le pignon de la basilique, supportant la retombée de la dernière
arcade.
L'intérieur de l'église ne brille pas par le luxe de son ameu-
blement; je ne crains point d'être contredit en disant qu'il
accuse un grand dénuement.
Il existait des bancs de formes diverses des deux côtés de la
nef centrale et contre les parois des bas côtés. Depuis 1851, le
haut de la nef principale est occupé par des chaises placées la
plupart par des particuliers qui paient de ce chef une redevance
annuelle h la fabrique et les bancs ne subsistent plus que dans
le bas de celle nef et dans ses collatéraux. Généralement ces
bancs portent les noms de leurs anciens propriétaires avec date
de 1687 et années postérieures.
La chaire de vérité, construite probablement à la fin duXVII''
siècle ('), est peu conforme au style de l'église, surtout depuis
( • ) « Pour la montée du sidge aux prédications, 3:2 fl. 12 p. » {Arch, de l'église,
compte de F. -G. de Micheroux, mamhour do 16So à ItîST,)
— 93 —
que son escalier a été modernisé (I80I). Son abat-voix d'un
diamètre trop restreint, cause une fatigue inutile au prédicateur
et empêche sa voix de se répandre dans tout le temple.
Les orgues, achetées i\ Liège en 1623 ('), avaient subi h di-
verses époques des modifications et des augmentations de jeux (-).
(♦) « Le magistrat at esté verballement remontré par vénérable Mre Jean D'ho-
neux, curé de nre égliese, que pour la réparation dicelle égliese et afin de lembellir
de quelques orgues, por tant mieux attirer le peuple à dévotion, S. A. S^e en sa
chambre des comptes auroit esté servie, accorder à noz B"''"* (passé déjà quelques
années) de rendre six boniers d'aisemences pour estre les deniers en provenant em-
ployé à la réparation et aornement dicelle, de ces boniers n'estoient vendus que
quelques verges a quelques particuliers, sy est que néanmoins par nre advis il
auroit sollicité la façon dicelles orgues, de sorte qu'elles seroient présentement
aprestées pour les amener de Liège icy, or d'autant qu'il convient avoir argent pour
fournir au paiement dicelles, il nous at requis d'y pourvoir au plus brieffs possible,
avons ordonné à Mathieu Houbin et Jean Collette, noz Bt''-'% d'emprunter 250 fis
Bbant sur le corps de la Cté pour les employer tant au paiement des dites orgues
qu'aux dépens qu'il conviendra employer pour les amener icy et autorisons les
B'™-^ pour par l'un d'eux comparoir à Liège accompaigne dudit Mre Jean a elToct
de contracter le pris d'icelles orgues et solliciter quelles soient amenées au plus
tost. Los dépens et la somme empruntée seront retirés du prix à provenir de la
vente des boniers d'aisemences, afin que la communaulté ne soit d'autant intéressée.»
{necès du 12 may 4623.)
« 7. A la lecture du pnt article at esté ordonné az deux bourguemres de faire
rendre comptes des aisemences vendues pour la réparation et aornement de l'église
ce xxe may 1631 sur la halle. » (Projet de la taille collectée par Francoy Wolfl',
Etre.) (Arch. de Theiix.)
Le 5 août 1627, Ferdinand de Bavière accorda à Sire Jean Doneux, pasteur de
l'église de Tiieux, lo bonniers d'aisances dont 4 pour réparations à la chapelle de
La Beid, 4 pour la chappelle de PoUeur et 7 pour Téglisc de Theux endettée de 400
fis Bbant, tant pour l'achat d'orgues qu'autres réparations. Thtux avait été autorisé,
le i^r juin 1618, à vendre six bonniers de terrains incultes pour acheter des orgues
et réparer les murailles du cimetière.
(*) « Le 23 dito (février 1710), payé à Monsieur nre curé cent et trente fl. Bbant
pour le tierze de la réparation et augmentation des orgues et cesle par aveu des srs
tenants ic> come par quittance f. 130-0. » (Compte du mambour François Bardé,
aux Arch. de l'église.)
Dans son assemblée du 24 avril 1717, la cour des tenants ordonne de payer qua-
rante écus au Sf Piquart qui avait racommodé les orgues, y ajouté trois touches
dans la basse et mis un nouveau clavier.
« Le 24 janvier 1717, ensuite d'ordonnance, j'ay payé au S' Poncelet Bonivcr qua-
rante écus qui les avait compté à Liège au b'' Piquar pour le racomodemcnt des
— 94 —
Trop faibles pour les proportions de l'église et détraquées en
1872, de telle sorte qu'elles ne pouvaient être réparées, elles
ont été démontées le 12 juin 1873 et de nouvelles orgues ont
été commandées à M. Clerinx, de St-Trond.
Le buffet, d'une jolie conception, était surmonté de la statue
de Ste-Anne; les côtés se terminaient par des tourelles carrées.
Sur sa caisse, dans deux petits panneaux, étaient peintes la face
du Christ et celle de la vierge Marie. Immédiatement en des-
sous, venaient deux panneaux de plus grande dimension repré-
sentant les apôtres S. Pierre et S. Paul. Sur l'extrémité infé-
rieure, on lisait : Anne Collette, 1632, accompagnant un blason
d'argent au lion de sable.
L'un des volets présentait l'image du Sauveur et le second
l'image de sa sainte Mère, peintes dans des nuages et entourées
d'étoiles.
S. Georges terrassant le di agon et Ste-Cécile jouant de l'or-
gue étaient représentés sur le revers des volets.
L'ensemble du buffet n'était pas dépourvu de grâce. On regret-
tait que la boiserie d'un travail assez délicat eût été recouverte
d'une couche de couleur jaune, sous laquelle la beauté du bois
disparaissait.
Le millésime 1632 rappelle sans doute l'année de la décoration
des orgues, due vraisemblablement à la générosité d'Anne
Collette.
Le jubé occupe le fond de la nef centrale. Aujourd'hui il
mesure 6'" sur 4™, 23. Sa balustrade, inventée par feu M. le
chanoine Devroye et exécutée d'après le plan de M. J. Rémont,
est formée de quatre-feuilles au nombre de neuf, trois au centre,
trois à chacune des extrémités, séparées par deux pilastres rec-
orgucs icy corne par ordce et quittai ce f. 1600 » (Coraplo du nianjl)uur François
Pouheau).
Les ann(ics 1715 et 1717, Lambert Caro, menuisier, avait travaillé au bulTel de
l'orgue et avoit fourni le 9 janvier 1717 « de pusse de bois pour mettre au jcuj;. »
(Arch. Je l'égli^'c.)
— 95 —
langulaires posés sur un soubassement et soutenant un enta-
blement mouluré.
Le nouvel orgue, inauguré le 24 mars 1874, a été construit
par M. A. Clerinx, facteur d'orgues à St-Trond. MM. Henrotle,
chanoine à Liège, Lambinet, curé à Soiron, et J. Conrardy,
professeur d'orgue et organiste, à Ste-Croix, à Liège, ont com-
plimenté M. Clerinx sur l'excellente réussite de son instrument.
M. J. Helbig est l'auteur du plan du buffet, qui mesure 6™, 40
en hauteur. On admire le bon goût de l'artiste liégeois et le fini
du travail de la menuiserie.
Sobre de sculptures et de décorations à effet, le buffet offre
dans l'ensemble de son ornementation une grande sévérité,
parfaitement appropriée au caractère du temple auquel il est
destiné. La ligne droite y domine de même que dans le vaisseau
de l'église. Sa face présente trois tourelles rectangulaires for-
mant saillie sur les parois qui les réunissent.
Sous l'encorbellement de la tourelle centrale, on remarque
un petit ange plein de grâce qui, en formant console, anime la
partie du buffet qui se trouve au-dessus du clavier.
Cliœur.
Si le vaisseau de l'église a conservé presqu'intact son cachet
primitif, s'il n'a subi que deux modifications — l'enlèvement
d'un pilier vers le chœur pour réunir deux arceaux en une
seule ogive, et le percement de grandes fenêtres au lieu de
petites — il n'en est pas de même de cette partie du monument
qui fut l'abside et qui aujourd'hui est le chœur.
Les absides arrondies cessèrent d'être en usage à l'époque où
le style ogival se substitua au style roman. On remplaça souvent
par de vastes chœurs les absides aux proportions modestes des
églises romanes. Theux se laissa cnlraîner par le goût régnant:
il construisit dans la période où l'ogive avait perdu la pureté de
sa forme, un chœur dont l'ornementation et l'ameublement
- 06 —
devaient subir encore une transformation radicale à la fin du
XVIP siècle et au commencement du siècle suivant. Vers le
milieu de notre siècle, de 1851 h 1854, on tenta de le remanier de
nouveau en lui donnant une décoration superflue et incomplète.
Les travaux, suspendus depuis 1855, devront être repris aussi-
tôt que les ressources de la fabrique permettront de faire face
aux dépenses.
Une poutre, appuyée sur les chapiteaux des colonnes accou-
plées, soutenait jusque dans les premières années du siècle
dernier un grand crucifix sous lequel se trouvait sans aucun
doute "un jubé ou écran, contre lequel était adossé un autel
orné de statues de saints ( ' ).
A chaque côté du chœur se trouve une chapelle latérale dont
l'ouverture est formée par une arcade ogivale, portée par les
piliers du centre et des colonnes cylindriques engagées.
Le chœur était autrefois clôturé par un grillage, remplacé en
1675 (-) par une balustrade en bois. — Cette balustrade fut
prolongée jusque dans les chapelles latérales en 1713 (^), con-
formément au vœu émis par l'archidiacre du Condroz, dans une
visite qu'il fit à l'église en 1698. Cette balustrade n'a rien de
remarquable. Elle est formée de gros fuseaux portés par un sou-
( *) or A Phelippe le machon pour remestre a pont l'aulteil de Crucifix et pour sur-
sevoir la treille ensemble, x aid.
» A les Grenier de Malmedie pour radouber et remeslre en cslre les traillcs de
Chanchcn cl de Marie Magdalene Paie, m flor.
» Pour une journée de l'avoir aidié. vii aid. »
(Compte de Jacob de Fraipont, mambour, i^'-ll.)
a Item paid à Thiri Defawe quatre florins Bban qui lui estoient dus pour avoir
passé environ deux ans livré et accomodé des fers pour remettre droit le bois qui
traverse l'entrée du cbœur et qui porte le grand crucifix. 4-0. »
(Compte de 1683, Arch. de l'église.)
( • ) « Le 16 janvier 1676 compté avec Lambert Delaicl les travails par luy faits à
réglise, tant en faisant les bans et treilles de communion, le pupitre, le pied de
l'autel et les passets sur le grand autel, etc. » {Arch. de l'église.)
(') « Le 2i2 septembre 1713, j'ai payé à Monsieur le curé 12i2 f. 14 '/s P- po»'' ""
état dexposés qu'il avoit fait à la construction des halustres des deux chapelles icy
comme par ledit état et quittance, f. t'i''2-[i Va- »
— 97 -
bassement mouluré; ils soutiennent un entablement qui sert de
table de communion.
Le chœur, dont le pavé est de deux marches plus élevé que
celui de l'église, mesure approximativement 9™, 50 en élévation.
Large de 7'",40 et long de 9™, 50, il se termine par une abside
penlagonale à côtés irréguliers. Sa voiite, effondrée à la fin du
mois d'octobre 1675 ('), fut remplacée six ans après par un
plafond en boiserie.
Deux grands tableaux ovales furent, en 1681, placés au-dessus
du sanctuaire. Ils représentent la nativité de N. S. et l'adoration
des Mages. Ils sont dus h la munificence des comtes d'Aspre-
mont-Lynden qui firent peindre dans la partie inférieure leurs
armoiries avec une inscription conçue en ces termes pour le
tableau dont le sujet est la Nativité :
FERDINAND, COMTE d'aSPREMONT-LYNDEN, BARON DE FROmCOVRT, ETC.
SEIG" DE SOVMAGNE, MELEN, UARZÉ, GENTIL-HOME DE LA CHAMBRE ET
CONSEILLER DE S. A. ELECT"'- DE COLOGNE, GOVVERNEVR DV MARQVISAT
DE FRANCHIMONT, ETC., 1681.
Et pour l'autre :
(*) Des pierres s'en étaient détachées auparavant :
« -1673, 13 avril. Pour avoir fait porter iiors de Téglise des pierres tombées des
voûtes 3 patars
Le 29 octobre 167j, les voûtes du cœur de léglise estantes tombées et les bour-
guemestres estants absents a cause de l'approche de la solennité,Messicurs les pas-
teur et tenants mont ordonné de faire nettoicr les ruynes des dites voûtes et les
mener hors l'église a protestation de repeter les exposes nécessaires de quy cela
peut toucher ensuiltc de ce que j'ay fait travailler le 30 dito a ncltoier la dite église
Noël Gobi et ses deux fils Jean George Lambert Hervé et Nicolas le Foumet ausquels
jay paie pour leurs journées chacun 15 palars voir que l'un des fils Jean George n'ai
ouvré que demi jour et les deux fils Noél Gobi comptés a demi porte. 4 f. 2 % pat.
B Item paie pour deux mandes pour porter les pieres et briques. . . 10 pat.
r Le 31 dito, Lambert- Hervé y at encore Ir; vaille luy payé. . . . lîi pat.
» Pour 13 pots de bicre délivré ausdits ouvriers et autres assistants a nettoier
l'église en dits deux jours 39 pal. »
{Arcfi. de l'église,]
— 98 -
CHARLES-ERNEST
COMTE d'asPREMONT-LYNDEN
BARON DE FROIDCOURT
GRAND MAITRE d'hOTEL
DE SON ALTESSE SÉRÉNISSIME
DE SON PAYS DE LIÈGE.
Les cadres et les coins entourant ces tableaux sont couverts
d'arabesques polychromes peintes par Nicolas Dagly de Spa {*).
La cour des tenants ajouta aux tableaux des comtes de Lynden
treize caissons rectangulaires, trois contre l'abside, dix du côté
du vaisseau de l'église, sur lesquels un peintre allemand, du nom
de Freesingher (-), exécuta les sujets suivants :
1° Les épousailles de la vierge.
2° L'annonciation.
3" La Visitation.
4° La présentation au temple.
5° La fuite en Egypte.
6° Jésus au milieu des docteurs.
7° Les noces de Cana.
8" La cène.
9° La première apparition du Sauveur après sa résurrection.
10" L'ascension.
11° La descente du St-Esprit sur les apôtres.
12° L'Assomption.
13° Le couronnement de la vierge au ciel.
( ' J « Le 14 dito (octobre 1682), paie à Nicolas Dagly de Spa pour la peinture des
bordures des deux grands tableaux mis au cœur de l'dglise et des huit coings
d'allentour quatorze palagons 56 f. »
(*) « Le qiiattrième de juillet 1681, ledit Erkin,pnr l'advis des s^* tenants, at con-
tracté avec Joannes Freesingher, peinte allemand, pour faire les 13 tableaux qui se
trouvent au deseur des deux de M'* de Lynden, parmy S8 palagons à compte et par
après luy at furni le reste comme par s;i quittance appert icy donc. 232.
« Le 24 dito (octobre 4681), paie pour un quarlron d'œulis livré au peintre pour
s'en servir a embellir les peintures. 0-12 pat. » (Compte du dit Krkin aux^rcA. de
l'église,)
— 99 —
Quoique les tenants eussent commandé ces peintures, le
payement ne se lit pas aux dépens de l'église ('). Treize dona-
teurs les prirent à leurs charges et ils firent mettre chacun
dans leur caisson, leurs armoiries avec une inscription rappe-
lant leur nom et leurs qualités. Les inscriptions, en suivant le
rang donné ci-dessus aux tableaux, sont ainsi conçues :
1" R^^^ D. ET M.
lOANNES ANSEAV HVIVS ECCLESI^ PASTOR.
2** R^^' D. ET M. PETRVS
DE HENRARD SS'^ THGI^ LIC : PASTOR DE SARTO
CONCILY s' REMACLl DECANVS.
3" R'"'^ D. ET M. iEGiDIVS
CHAVEHEID ECCLESI.B SPADAN^ PASTOR.
4" NOBLE S^ PIERRE ERNEST
DE CHARNEVX S'' DE MESSENCOVRE
ESCHEVIN DE LA SOVVERAINE IVSTICE
DE LA CITE ET PAYS DE LIEGE.
( ' ) 8 Le 28 octobre 1683 at reçu du bourguemre Proenen au nom de monsieur
leschevin Descharneux pour sa pinlure. f. 28.
» Le 15 décembre 1684 en tant moins du prix d'un pourque reçu de la vef du s""
Renier Wolff pour sa pinture. f. 28.
» Le 13 mars 1685 reçu du s^ eschevin Bounameau pour sa pinlure. f. 28.
» Le n mai 1685 hors de l'argent receu par Erkin du s"^ Defays densival pour les
représentants du s^ rare phe de Limbourgh en purgement des biens CoUard Laurent
il at retenu pour la pinture dudit s^ mre phe. f. 28.
» Le 12 d'aoust 1685 at ledit Erkin fait entrer dans les comptes qu'il at fait avec
le s'' Jean de Marteau pour sa pinture. f. 28.
» Ledit Erkin rapporte icy sept patagons h s'en retrouver avec M"" le bourgueraestre
Randaxhe pour la peinture qu'il at donné dans le cœur de l'église, f. 28.
» Item pour celle de l'eschevin Bertrand, f. 28.
» Item pour celle du s"" Dadseux. f. 28.
» Le 18 février 1686 reçu de la femme Ransier au nom du Ril pasteur de Spa 3
patacons sur les 14 qu'il doit pour lui et le s"" doyen pour leurs peintures. 12-0.
D Le 22 février 1686 reçu de l'eschevin Slorheau par d'escompte des frais qu'il
avoit calcullé pour moi contre ceux du Marché icy pour sa peinture, f. 28.
» Le 26 juillet 1686 reçu de la femme Léonard Ransier au nom du s'' Pasteur de
Spa onses patacons qu'il restoit pour sa peinture et celle du sieur Doyen. 44-0. »
(Compte de Jean Erkin Pouheau, raambour de Téglise de 1672 à 1682. Arch. de
l'église.
— 100 —
5*» ARNOLD DE RANDAXHE DOCTEVR ES DROITS
BOVRGEMRE DE LA CITE DE LIEGE.
6° RENIR WOLFF MAYEVR DE THEVX.
7» M. PHILIPPE DE LIMBOVRG
MAYEVR DES TENANTS ESCHEVIN DE THEVX 1681.
8* lOANN DADSEVX
ESCHEVIN DE THEVX AVDITEVR DE REGIMENT FRANCHIMONTOIS.
9° NICOLAS BOVNAMEAV ESCHEVIN DE THEVX.
10® GILLE BERTRAND ESCHEVIN DE THEVX.
11" ESTIENNE ARNOLD DE
STORHEAV ESCHEVIN DE THEVX.
12" LAMBERT BONIVER
TENANT DE LEGLISE
BOVRGVEMRE DE THEVX.
13" lEAN DE MARTEAV
BOVRGEMRE DE THEVX.
Le chœur est éclairé par deux fenêtres d'environ b'°surl'",50,
ornées depuis 1854 de meneaux en pierres. En 1871, elles reçu-
rent des vitraux en grisailles, donnés par la famille de Pinto.
Le vitrail de droite est un souvenir du mariage de la fille du
comte et de la comtesse Henri de Pinto avec M. Louis Simonis,
mariage célébré h Tiieux en 1869; celui de gauche est un don
du comte et de la comtesse Frédéric de l*into, fait en mémoire
de feu M. Armand Simonis, leur beau-père et père respectif,
décédé à Verviers l'an 1870.
Une troisième fenêtre plus large était percée dans le fond de
l'abside. Elle fut conservée tant que l'autel, autour duquel on
pouvait circuler ('), resta dans le style qui prévalut jusqu'à la
fin duXVIP siècle. Mais sa baie fut murée en 1694 (*), lorsqu'on
( ') a 1515. Déboursé à Tossainl le scripnier de Mont pour avoir fait une Iiuisse a
une arma derier l'autel, v aid. Déboursé à Henry le servyer dclle Reid pour faire
la sere et le clé. v aid. »
(*) a Le 27 dilo (novembre 1694) paie à Laurent le chanoine pour 19 jours qu'il a
travaillé, tant au grand autel qu'a rebâtir la muraille derier à la place des veriers
cy à 2?) pal. chacune a raison qu'il n'a eu de la bière. 23-1.^. »
— 101 —
mit un autel à haute boiserie à la place de l'ancien, trop com-
promis par la chute de la voûte du chœur et par les effets
désastreux du tremblement de terre de 1692 (').
Cet autel est élevé de deux marches au-dessus du sanctuaire.
Son retable est formé de quatre colonnes d'ordre corinthien en
bois marbré, avec base et chapiteaux dorés. Elles soutiennent
un entablement chargé de sculptures dorées et terminé par une
corniche arrondie qui atteint presque le plafond, dont elle mas-
que trois tableaux. Des armoiries peintes et posées entre deux
adorateurs dominaient l'autel. Ils ont été enlevés vers le milieu
de ce siècle. Un tableau de grande dimension, représentant le
Christ en croix, attribué à Englebert Fisen, décore le fond de
l'autel.
Le tabernacle également en bois peint blanc et or, se com-
pose de trois niches; la niche extérieure est ornée d'une sculp-
ture représentant l'agneau pascal C^). 11 est accompagné de
chaque côté d'un ange adorateur et surmonté d'un pélican se
déchirant la poitrine pour nourrir ses petits.
Les parois du sanctuaire étaient revêtues de boiseries divisées
par de fausses colonnes, en panneaux encadrant des paysages à
sites montagneux, peints sur toile, sur lesquels étaient repré-
(*) Je possède manuscrite ia note suivante relative à ce tremblement déterra.
« L'an •1692, le 18« du mois de septembre, entre les deux et trois heures après-
niidy, il at fait un tremblement de terre presque universel, si fort et si violent qu'il
at causd de grands domaiges et interrest dans les maisons et bâtiments, et at con-
tinué longtemps après de temps en temps. »
Par son rccès du 29 novembre 4693, la cour des tenants décide que le marabour
devra, conjointement avec le curé, contracter avec un maîlre-menuisieF pour ia
construction d'un nouvel autel. l)n an après, le 14 novembre 1694, elle ordonne au-
dit mambour de payer les journées des ouvriers et quelques matériaux qui doivent
être employés à cette construction. Enfin le 2 janvier 1693, elle fait solder, sauf
tous préjudices, le maître-menuisier fournisseur de l'autel. La cour paie 800 fis pour
le maitrc-autel ; elle a répété 200 fis des décimateurs et prétendit 100 fis de la com-
munauté pour le tabernacle.
(2) « Le dernier octobre 4680 payé pour le tabernacle du St-Sacrement comme par
Testât septante fl. dix pat. et demy. » Il avait été commandé à Liège. (Aich. de
l'église.)
~ 102 —
sentes des sujets tirés des livres saints. Ces peintures, d'une
exécution détestable, se prolongeaient, ainsi que les boiseries,
dans les chapelles latérales au-dessus des bancs des tenants et
delà cour scablnale (*) jusqu'à la naissance du chœur. Elles
étaient couronnées par un entablement orné de blasons peints
aux armes de bourgeois de la communauté ('). M. le curé Con-
rardy supprima cette décoration de mauvais goût (1851); il mit
en 1852 dans le sanctuaire élevé d'une marche depuis l'année
précédente par suite de l'abaissement du pavé de l'église et du
chœur, des ornements en plâtre exécutés par M. J. Donnay,
consistant en arcades ogivales et en hautes colonnettes dont les
chapiteaux servent de piédestaux aux statues en bois de la Ste-
Vierge, de S. Hermès, de S. Joseph et de S. Alexandre. Les
statues delà Vierge et de S. Joseph, œuvres du statuaire Vivroux,
proviennent de la chapelle de l'ancien couvent des Dominicaines
de Theux.
Au milieu du chœur est suspendue une lampe ardente en
enivre entourée d'une couronne de même métal sur laquelle on
allume aux solennités des bougies au nombre de six. Cette
lampe, sortant des ateliers de M. Philps,est un don de feu Désiré
Zoude, avocat à Liège.
(*) Le banc des échevins était à droite et celui des tenants à gauche, ce qui
indiquait la préséance des premiers sur les seconds.
(2) Les boiseries remontaient au pastorat de Jérôme de la Haye et avaient été
fournies par le liégeois Jean de Saive.« Le 19 novembre 1702, ensuite des recès de
Messieurs les tenants parquel ils accordent à M. le curé de tirer 414 f. S pat. que
debvoient à notre église les s'* Nivolara et consors pour appliquer à embellir le
cœur par embauchère et peinture, payé audit s"" curé ladite somme par rencontre de
la quittance par icelle donnée par le s^ greffier Hasinelle, etc. » (Compte du mam-
bour.)
Un nommé Pierre Renuy, héritier de Jean de Saive, avait, après la mort de
Jérôme de la Haye, attrait le mambour de l'église devant l'official de Liège pour
obtenir le paiement des ouvrages que le curé de la Haye a de son propre chef « fait
faire et poser par ledit de Saive dans le cœur de ladite église et allentour pour le
réparer et embellir et sur quels ouvrages il se trouve les armes de divers particu-
liers apposées. » Los tenants décident, dans leur assemblée du 13 janvier 1734, de
poursuivre le procès, parce qu'il n'est pas établi que l'église est tenue de payer la
somme réclamée. [Arcli. de l'église.)
— lo:^ —
Le chœur était séparé des chapelles latérales par de grands
pupitres ou lutrins datant de 1697 , couverts d'armoiries et
d'ornements appliqués (' ). Une partie de leur boiserie sert
aujourd'hui de lambris aux murs de la chapelle Wolff.
Les chapelles latérales sont moins élevées que le chœur. Elles
ont 7"',50 de hauteur, 5™ de longueur et 3™,ri5 de largeur.
Leurs voûtes, ébranlées par le tremblement de terre du 18 sep-
tembre 1692, durent être démolies deux mois après (-); elles
furent remplacées par des plafonds en boiseries, ornés de pein-
tures, en 1698. Chacun de ces plafonds se compose d'une char-
pente noire qui règne autour des parois et qui encadre un fond
blanc, divisé en quatre parties égales par des cartouches qui,
prolongés jusqu'au centre, formeraient une sorte de croix, mais
ils la relient à une moulure également noire, encadrant un
tableau circulaire. Ce tableau occupe le centre du plafond. Des
blasons, au nombre de huit, deux dans chaque coin, sont peints
dans le champ. Ils sont accompagnés d'inscriptions tracées en
caractères dorés sur des banderoles rouges passant derrière le
heaume et le cimier des écussons des extrémités supérieures et
inférieures, tandis que celles des autres armes, peintes également
sur un fond rouge, sont placées à proximité des cartouches
posés horizontalement, et portant ces mots :
( * ) U y en avait antérieurement à 1697 :
« Le 23 dudict moy (mars 1665) paid à Jacques le serwier pour deux clefe pour la
port des fons et pour avoir racomodé le lesnier avec des bennes de ferre, xxx pat.
» Le 8 maye 1693 payé à Ant. Renson pour avoir raccommodez le ban a lesnix
avec doux, dix huit patar. 0-18-0. »
(Comptes des mambours, aux Arch. de l'église.)
(2) Le 16 décembre 1692, les tenants firent visiter la voûte de la chapelle du
Rosaire par un maître nuir'on. Sur son attestation qu'elle menaçait ruine, ils en
ordonnèrent la démolition (assemblée de la cour des tenants et compte du mambour,
aux Arch. de l'église).
Les traces de« retombées des trois voûtes subsistent encore contre les murs,
principalement dans les angles. Leurs sinuosités sont cause que les boiseries des
plafonds ne joignent pas les parois.
— 104 —
PAH LA LIBERALITE
QVYONT ICI POSEZ
DE CES MESSIEVRS
LEVRS ARMES.
Les inscriptions de la chapelle du côté de l'évangile, jadis
chapelle du Rosaire ou des échevins, aujourd'hui de la Vierge,
sont les suivantes :
A droite :
i" HENRY NICOLAS OSTERMAN ESCHEVIN ET GREFFIER DES
COVRS FEODALE ET CE>SALE DE VILLERS LES TEMPLES
ET IA(DIS) BOVRGVEMAISTRE DV BAN DE THEVX.
Qo
^.0
FRANÇOIS
WOLFF EN
MEMOIRE DE
FEV HENRI
WOLFF SON PERE.
THOMAS PIRAR
lA COMMISSAIRE
DV MARCHÉ
ANTHOINE ET
HENRI SES FRERES
EN MEMOIRE DE
HENRI PIRAR ET
ANNE GOHY LEVR
PERE ET MERE.
4° PIER DE RIEVX ESCHEVIN DE LA COVR
ET IVSTICE DE THEVX ET lA BOVRGVEMRE
DV DIT THEVX.
— 105 —
A gauche :
4° lEAN DE LIMBOYRG MARCHAND,
2" FASSLN
DONEVX
PRELOGVTEVR.
?}° PIERRE BALTOSET
MARCHAND ET
lA REGLEVR
DV MARCHE
SOVBS FRANCHIMONT.
4° NICOLAS LEZAACK MAYEVR DE LA COVR
ET IVSTICE DE THEVX.
Son tableau représente le jugement dernier. Dans sa partie
inférieure, sont peintes les armes de la famille de Sluse entre
l'inscription conçue en ces termes :
GVILLAVME DE SLVSE, IVRISCONSVLT, EN
MEMOIRE DE FEV LE S" lEAN DE SLVSE
SON l'ERE ET DE DEMOISELLE
MARIE ANNE DE LEYTEN
SA MERE. A" 1698.
Le peintre a représenté au centre de la chapelle des tenants
la résurrection du Sauveur. Dans un médaillon placé au bas du
tableau, on voit les armes de la famille de Goër avec le millé-
sime de 1698 sons l'écu. Plus bas, en dessous du médaillon, on
lit une inscription ainsi conçue :
— 106 —
DENIS PIERRE DE GOER DE HERVE
CHEVALIER DV S^ EMPIRE, PREVOST
DE LA ROYALE d'aIX, S'^^ DE
FOREST MICHE ET
LONTZEN, ETC.
Les inscriptions qui décorent le chnmp de ce plafond , sont à
droite :
1° IACQVES. PONCELET. lEAN ET ADOLPHE
BONIVER EN MEMOIRE DE FEV LEVR PERE lEAN BONIVER
MAISTRE DES FORGES ET MARCHAND.
2» LOVYS
ADOLPHE DE
PRESSEVX.
3° PONCELET
ADOLPHE DE
PRESSEVX IA'DIS)
BOVRGVEMRE
DV BAN DE THEVX.
4" ADOLPHE DE PRESSEVX TENANT
DE CETTE EGLISE.
Et à gauche :
FRANÇOIS MICHOTTE [A MAMBOVR DES
PAVVRES DE THEVX.
- 107 —
2° FRANÇOIS HARDÉ
lA COMMISSAIRE
DV BAN DE THEVX
ET MAMBOVR DE
CETTE EGLISE.
3° NICOLAS DE LIMBOVRG
CHIRVRGIEN
ESCHEVIN DE
DROLENVAVX ET
lA DOVRGVEMRE
DV BAN DE
THEVX.
4° lEÂN GAYE TENANT DE CETTE EGLISE PLVSIEVRS FOIS
BOVRGVEMRE ET COMMISSAIRE DV BAN DE THEVX.
Les armoiries et les inscriptions disparurent au commence-
ment du siècle sous une couche de badigeon bleu (') dont des
adminisirateurs embellirent les charpentes et les champs des
trois plafonds. On le lava en iSïd, sauf dans la chapelle du côté
de l'épître qui le conserva jusqu'en 1870. Le dernier lavage fut
désastreux; il emporta presqu'enlièrement les armoiries et les
inscriptions qui pourront être restaurées convenablement.
Une seule fenêtre laisse pénétrer le jour dans chacune des
chapelles. Les deux fenêtres sont de dimensions inégales : leurs
mesures moyennes sont deS^jSOsur 1 "',55. Elles sont à meneaux,
(*) Je suppose que ce fut en 1819 : le Conseil municipal de Thcux donna un
avis favorable, le 9 mai 1819, à une demande du Conseil de fabrique tendant à
pouvoir employer, à la r(iparation du ciel de l'église qui menaçait ruine, la somme
de Toi) Ils 9G cents, retirée de la caisse du receveur général de la province dans
laquelle elle avait été versée par son receveur en 1817 {.irch. de T/icit.r).
— 108 —
l'une depuis 1854, l'autre depuis 1872, et ornées de vitraux en
grisailles placés cette dernière année au moyen du produit des
collectes faites pendant les offices par le clergé de la paroisse,
depuis l'arrivée de M. N. Habay, en qualité de curé, l''' janvier
1865.
L'autel de la chapelle de droite était de même structure que
le maître-autel. Une mauvaise peinture, représentant laNativité,
en occupait le fond. Elle (ut remplacée, il y a un peu plus de
cinquante ans, par une niche destinée à recevoir l'image de la
vierge.
M. Conrardy vendit le retable h l'église de Deigné, 1852. Il
construisit un autel ogival en pierres jaunes, terminé par un
pinacle orné de crochets. Sa face présente une niche dans
laquelle se trouve une statue de la vierge, en bois polychrome,
remonlant au XV'= siècle. Malheureusement cette statue a été
mutilée dans ces derniers temps, 1852, sous prétexte d'embel-
lissement et de décence (').
Les boiseries, en disparaissant, mirent au jour les quatre
peintures murales qu'on voit aux deux côtés du nouvel autel.
Elles avaient souffert des vicissitudes des temps. Une sorte de
peintre allemand, de passage dans la localité au moment de la
découverte, fut appelé à leur donner une restauration provisoire
à la détrempe, en attendant que les finances de la fabrique per-
missent d'y exécuter un travail consciencieux. Grotesques au-
jourd'hui, elles figureraient avantageusement dans la décoration
delachapelle, si,aprèsun lavage, elles subissaient une relouche
d'un pinceau exercé.
Le retable de la chapelle de gauche est de même forme que
( ' ) Avant la construclion de rautel ogival, on habillait rimago de la vierge. Au-
juurd'hu', on la revèt de riches vèlemenis aux jours de solennité et durant le mois
de mai, ce qui est de mauvais goût. Ces vôlemcnts sont dus à la confrérie du rosaire
et surtout à M"** la baionne de Stockem et Marie Hervé qui sont aussi intervenues
largement dans les dernières restaurations exécutées par le curé cl la fabrique.
— 109 -
celui du maître-autel ; seulement son fronton au lieu d'être
arrondi, se termine par une sorte de trapèze surmonté d'un
vase et de guirlandes de feuilles.
Le tableau du fond de l'autel est une méchante toile repré-
sentant la Gène.
La statue de l'ange gardien était posée entre les chandeliers.
M. Conrardyl'ôta pour y placer un tabernacle que son successeur
couronna d'une statue de St-Joseph. Depuis cette ornementation
contraire aux rubriques, la chapelle porte le nom de ce saint (*).
Les hautes boiseries des autels des chapelles latérales datent
des premières années du XVIIP siècle (-). Elles masquèrent les
fenêtres percées dans les pignons des collatéraux du chœur ;
leurs baies furent, selon toute probabilité, murées à cette
époque (").
Les bancs des échevins et des tenants qui se trouvaient
contre la paroi dans les chapelles latérales, furent remplacés
l'an 1853 par des stalles au nombre de trois dans chacune des
chapelles, mais elles durent être ôlées en 1869, lorsque fut
construite la sacristie dont l'entrée est dans la chapelle du côté
de fépître.
M. le chanoine N. Henrotteaeu l'obligeance de me signaler une
inscription dcRobert de Lynden, extraite d'un manuscrit appelé
par ieu M. Dumont Armoriai du marquisat de Frauchimont. Elle
existait sur un autel avec les seize quartiers coloriés de ce sei-
(•) Au XVllc siècle, elle était dédiée à Ste-Anne. Elle passa sous le vocable de
l'iinge gardien, puis devint la chapelle du S. Sacrement.
(') Voir aux Arcb. communales de Tlietix l'ordonnance du magistrat, du 9 mai
1730, au bourgmestre de Presseux « de présenter à le^èque d'Amizon, suflVagant
de Liège, quatre louis d'or parce qu'il at eu la bonté de consairer aujourd'hui l'autel
des tenants de l'église de Theux. »
(') Peut-être avant. « Le 3 avril 1007 payé au fils Noé Cloes-Micliolle pour deux
chienne de fer de 5 pieds pour attacher deux grands tableaux au-dessus dos frontis-
pices dos deux chapelles de l'église, f. !2-0. «
(G 'mpte du raambour, Arcli. de l'cfjlisv.
110
gneur('). Je rapporte cette inscription comme un souvenir
cligne d'être conservé du premier membre de cette illustre
maison qui gouverna le marquisat de Franchimont jusqu'à la
réunion du pays de Liège h la France.
« A l'honneur et gloire De lesVsMortpoVr noVs peCheVrs (-)
» en mémoire de Messire Robert de Lynden, chevalier, visconle
» de Dormal, seigneur de Froidcourt, etc. en son temps grand
» mareschal et conseiller secret de son altesse de Liège, gou-
» verneur du marquisat de Franchimont, conseiller d'Etat de
» sa majesté catholique, son gouverneur et capitaine de la ville
» et fort de Charlemont, etc. qui trépassé l'an 1610 le 17 jour
» de septembre repose en ceste église par la libéralité de son
» fils M"'" Charles Ernest de Lynden, son successeur au gouver-
» nement du marquisat susdit, etc. est posée cette
» Priez Dieu pour le vivant et défunt. »
Que peut être devenu cet autel commémoratif et où se trou-
vait-il? Je n'oserais l'affirmer, mais je présume qu'il existait
dans la chapelle des tenants, c'est-à-dire dans la chapelle laté-
rale de gauche, où étaient les tombes de Henri d'Eynatten et de
cet autre chevalier dont on ignore le nom et où fut inhumé l'an
1673 l'enfant du comte de Lynden, gouverneur de Franchimont.
Peut-être un jour, si l'on rétablit des autels plus conformes au
caractère de l'église, découvrira-t-on des vestiges suffisants
pour tixer l'opinion à cet égard.
François Woliï, maycur deSpa, ancien bourgmestre de Theux,
sollicita de Maximilien-Henri de Bavière l'autorisation d'ériircr
(') Ces 16 qnnrtifrs sont : Lynden, Bronkhorst, Banduyck, Delen, Winsen,
lîemniel, Pyck, Wyck, KMcren, Amslcl, Walhain, llalen, Stalle, Scvenbcrgh, Hin-
kart, Gislcilo.
( - ) Chronogramme qui doiine la date do \ii'i\.
— IIJ —
dans l'église de Tlieux une chapelle avec pierre d'autel, d'y
fonder une messe septimanale en l'honneur de Jésus et des SS.
Marie et Joseph, d'y établir sa sépulture, celle de sa femme et
de ses descendants, enfin d'y avoir un siège à son usage per-
sonnel et à celui de sa famille. Il avait préalablement, 17 janvier
IGol, transporté à l'église et aux pauvres de la paroisse diverses
rentes dont le produit devait être affecté à l'exonération de la
fondation projetée, réservant toutefois à lui et à ses descendants
le maniement des capitaux et de leurs intérêts.
Le prince accueillit favorablement sa requête le 28 janvier
1653.
La cour de justice , les bourgmestres et les commissaires
composant alors le magistrat de la communauté de Theux, se
rendirent au cimetière accompagnés du fondateur, qui leur dé-
signa l'endroii où il se proposait d'ériger sa chapelle ; ils en
autorisèrent la construclion, moyennant certaines conditions,
le 29 avril 1655 (').
Wolff pratiqua dans la façade méridionale de l'église une
ouverture large de 2'",45, formant une arcade en plein cintre
et qui donne accès h la chapelle, élevée aujourd'hui de six
(') « Ayi:nt messieurs de la justice, bourguemres et commissaires du ban de Tiieux,
vue la présente et esté conduits pur led.Wolfl' sur le cimetier et nous ayant enseigné
le lieu où il prétend faire asseoir et dresser la chappelle icy mentionnée ont accorde
l'érection d'icelle en la faisant autant et davantage si forte de muraille que ceux de
l'église sans raffuiblissement d'icelle et en assoianl les verrières si hautes arrier de
terro que celle de lad. église la voisine ou plus tosl davantage, à condition aussy
de faire les Irounierres dans lu muraille sur le plancher deseur icelle chapelle pour
servir de defl'ence aux occasions si pourat remettre plus bas l'huisserie de la Gor-
dine et de nolir le petit lorion retirant le mur d'ictlle Gordine depuis lad. chapelle
jusqu'à peu près du mure delad. cimetier et du corlil mre Nicolas veoir quil poura
démolir le boutant qui est dressé alenconire du grand mure delad. église. Luy ayant
accordé de couper au bois de Stanneux quarante pièces de vverres pour emploier à
la couverture a couper alenseigncment d'un des bourguemres. Présents a ce, mayeur,
Thonon, cschevins, Limbourg, Fassin, Radoux, Hubin et mre Philippe, bourguemres
Proencn et lîoniver, commissaires, Noël Hermès, Fassin d'Oncux, Gilles Fizeu et
Jean Fraipont. Actum ce pénultième d'avril UioS. Ainsy signé : Limbourg. »
112
marches au-dessus du niveau de l'église. Elle est clôturée par
un grillage en fer posé en 4713. Cette chapelle mesure 4'", 45 en
longueur, 5"\13 en largeur, y compris l'épaisseur du mur de
l'église, qui est de l",iO et 5'", 15 en él'vation.
Son plafond est formé par une boiserie à caissons moulurés.
Les parois méridionale et occidentale ont reçu, 1854, pour
lambris, les sièges avec leurs dossiers des deux grands pupitres
posés dans le chœur l'an 1697. Les dossiers sont ornés de sculp-
tures et d'armoiries appliquées.
La chapelle recevait la lumière par deux fenêtres : l'une
percée derrière l'autel, fut murée en 1872, tandis que la seconde,
située vis-à-vis de l'entrée, était décorée des vitraux modernes
tirés de la fenêtre éclairant la chapelle de la Ste-Yierge.
L'autel est adossé à la muraille située à l'orient. Une boiserie
à colonnes enlacées de ceps de vigne, supportant une corniche,
en forme le retable, dont le centre est occupé par un tableau
avec cadre arrondi par le haut. Il représente la vierge Marie
tenant son divin liis sur ses genoux. A sa droite, S. Joseph,
appuyant la main sur le dossier du siège de son épouse ,
contemple le petit Jésus ; un ange dépose une couronne de
fleurs blanches sur la tête du saint. A la gauche de la madone,
S. François, portant l'habit de son ordre, est en adoration
devant le Messie. Derrière ce saint, on voit un personnage, les
mains jointes, vêtu d'un costume du dix-septième siècle, qui
paraît représenter le fondateur.
Dans la partie supérieure du tableau, le peintre a placé Dieu
le père et un peu plus bas le S. Esprit sous la forme d'une
colombe. Ces deux personnes de la Trinité apparaissent au mi-
lieu d'une gloire et sont entourées de neuf têtes de chérubins.
Sur une moulure de la corniche, est écrit en lettres dorées :
WOLF ME UEO SACRAT.
Un cartouche du soubassement de l'autel porte une inscrip-
tion conçue en ces termes :
~- 113 -
A l'HONEVR de JESVS. marie. JOSEPH.
FRANÇOIS WOLF MAYEVR DE SPA
ANNO A FONDÉ CETTE CHAPELLE POVR 16...
VNE MESSE PAR SEPMAINE ET POVR
Y ESTRE ENSEVELY AVEC SES DESCENDANS.
M. Coiirardy transféra dans la chapelle Wolff les fonts baptis-
maux qui autrefois se trouvaient au bas de l'aîle droite de
l'église. Ils offrent un spécimen curieux du style roman, qui n'a
échappé ni à Bovy ('), ni à U. Albert d'Otreppe deBouvetle (-).
Ils sont formés de trois pierres superposées, dont deux sont
carrées et servent de base et de fût h une coupe cylindrique.
Le pied est taillé d'un ciseau plus fin que la cuve, qui est de
beaucoup plus ancienne.
Les faces de la base sont ornées d'une arcade cintrée et tri-
lobée.
La colonne centrale, cantonnée de quatre colonneltes, pré-
sente à chacune de ces quatre faces un enfant nu, taillé en relief;
l'un d'enlr'eux est aîlé.
Des mascarons, au nombre de quatre, divisent la cuve en
autant de parties égales. Des figures bizarres, affectant les
formes de dragons, sont sculptées en relief sur trois de ce3
faces; la quatrième n'offre aucune ornementation.
Voici les dimensions de ces fonts baptismaux :
Base : H. 0"',325, L. O'",o8.
Fût : H. O'",23o, L. 0"\48 dont 0'»,165 entre les colonnes qui
le cantonnent.
Coupe: H.0"',41o, D. 0'",90.
Le couvercle en cuivre, dépourvu de décoration, est relative-
ment moderne.
( * ) Promenades historiques dans le pays de Liéijc, t. H, p. ''2.
(^) Recherches et fouilles dans le but déformer lai musée provincial, murs
•1851, p. 53.
_ 114 —
Sacristie.
Le besoin d'une sacristie convenable se fesait sentir depuis
longtemps. Le vestiaire ('), bâti au commencement du XVP
siècle, est situé au nord, les rayons du soleil y pénètrent rare-
ment par les deux petites fenêtres qui l'éclairent. Le linge et les
ornements sacerdotaux y étaient exposés aune prompte détério-
ration occasionnée par la moisissure.
Cet état de choses était surtout sensible depuis la suppression
du marguillier-prôtre, dont une des obligations était de loger
les ornements de l'église à la marguillerie, propriété de la com-
munauté.
En 1869, on parvint h édifier un local bien aéré, plus spacieux
et plus conforme à sa destination. L'ancien vestiaire devint un
garde-meuble.
Ces deux annexes de l'église n'offrent rien qui fixe l'attention.
J'en excepte toutefois une fontaine placée dans le vestiaire, sans
doute au moment de sa construction, et transportée aujourd'hui
dans le couloir de la sacristie servant de vestiaire aux acolytes.
Deux cartouches en marbre noir, posés sur un évier de même
pierre, soutiennent un réservoir en marbre rouge, enchâssé
dans une niche ménagée dans la muraille. La face de ce réser-
voir présente à chacune de ses extrémités une colonne taillée
en relief, et au centre sculpté également en relief, entre deux
blasons, un masque bumain laissant couler l'eau parla bouche,
h l'aide d'un robinet en cuivre. Un des blasons est aux armes
d'Englebert de Presseux, châtelain de Franchimont, qui portait
écartelé aux 1" et A° de Presseux, et aux 2"= et 3" de la Marck.
La pièce du second écusson est un aigle éployé.
J'ignore à quelle maison ces dernières armoiries appartien-
nent; elles sont étrangères aux deux femmes d'E. de Presseux.
( ' ) On lit le verset suivant, gravé dans la couverdiro do rcncadremcnt dû sa
porte : INCUif.VMCJSVS. r.OliUK. NON. 1NGHE11TKTVI!. SANCTVArilVM. MliVM. KZECII. 54.
— 115 —
Argenterie.
L'église de Tlieux possède, outre plusieurs boîtes aux saintes
huiles, trois calices :
Un calice en vermeil de style ogival (hauteur 0'", 214); sur le
bord du pied sont gravés ces mots :
DE LA LIBERALITE DES PAROISSIENS 1511 TOVTES l'ARGENTERIE DE
l'église ayant VOLLÉ EN 1510.
Les deux autres calices, également en argent, ont la coupe
dorée à l'intérieur. Sous le pied d'un de ces calices est gravé :
Doxo famili/E de radovx. avgebat et reparabat fabriga 1725.
Le poinçon du contrôle est aux armes de Bavière, 1711
(hauteur 0™,246).
Le troisième ne porte aucune inscription. Le contrôle, aux
armes de Berg, ne laisse voir que deux chiffres du millésime :
72, qui le fait remonter au règne de Georges Louis de Berg,
1724 à 1744 (hauteur 0'",260).
Un ciboire en argent. N'y apercevant aucune marque distinc-
tive, il m'est impossible de fixer son âge. Le 20 janvier 1699,
l'église acheta, ensuite d'une convention faite avec le magis-
trat, un nouveau ciboire (') et en 1755 (-) le magistrat ordonna
de le faire réparer et dorer.
(* ) aLe 20 janvier -1699, la cour ordonne au mambour de l'église défaire raccom-
moder le ciboire auquel il pourra joindre pour l'agrandir un petit calice et la coupe
d'argent qui servait ci-devant à donner le vin aux communiants laies pendant les
pâques. » [Arch. de l'église.)
(* ) « Dans l'assemblée tenue par nous les bgmres et magistrat de Theux sur
noslrc halle le neufième avril mil sept cents cinquante cinque, ordonnons à noslre
bourgmre Fréon de faire racoraoder et dorer le ciboir de notre église, et de faire
faire trois petites boites d'argent pour y mettre les ste huille de nostre église, les-
quels lui seront allouez tout ses exposez a compte ordonnons à nostre greffier la
présente regisirer et soubsigner. » lArcfi. de Theux.)
— 1 It) -
Ce dernier mot, me semble-t-il, s'applique ii la dorure de
l'intérieur de sa coupe. Le ciboire d'aujourd'hui, chargé de
décorations, peut donc être aussi bien de 1755 que de 1699
(hauteur 0'",435).
Un ostensoir en vermeil pouvant former ciboire, des pre-
mières années du XVP siècle ( '). Il est très-ornementé. Sur le
pied, se trouvent représentés les instruments de la passion au
repoussé. La coupe supporte quatre colonneltes , deux de
chaque côté de la place occupée autrefois parle croissant soute-
nant l'hostie et aujourd'hui par un soleil dont les rayons entou-
rent la lunette (-). Au centre de [la partie supérieure, on voit,
dominé par un crucifix, un édicule dans lequel est une vierge.
Aux côtés de l'édicule, mais un peu plus bas, se trouvent
les patrons de l'église SS. Alexandre et Hermès (hauteur
0"s670j.
Le mayeur Mazure légua par testament du 4 décembre 1788,
à la confrérie du S. Sacrement, érigée dans la paroisse de
Theux ('•), une rente de vingt florins, h condition d'en vendre le
capital et d'acheter avec le produit « un vénérable qu'on devra
exposer tous les jeudy à la messe du St-Sacrement et au salut,
voir qu'on ne devra pas le porler en procession parmi le bourg.»
Cette remontrance est en argent, elle est d'une hauteur de
0"\635, les rayons du soleil formant la partie principale sont
(1) Probablement de iSlS :
« Déboursé pour benyr le crexhandederi's le sacrement, vu aid. » [Arcli. de l'église^
Compte de 1515.)
(^) a Le 49 dito (juin 1699), j';iy restitué à nre R'I pasteur nouante huit fis Bbant
qu'il avoit payé pour le travail et ajoute d'argent à la remontrance de nre église,
ainsi que porte les quittances de Jean Kemalle, orphevre, et de nre dit pasteur,
fis. 98-0. » {Arch. de l'église. Compte du mambour.)
« i>;r juillet 1732. Ordonnance du magistrat au bourguemestre Gaye de fournir
septante cinq francs pour assister à réparer et embellir la montrance du St-Sacrc-
menl de l'église de Theux. » [Arch. de Theux.)
(') Elle avait été érigée par lettres du prince Georges-Louis de Berg du 14
novembre 1731; par un bref du 22 août 1732,1e pape Clément Xil avaitaccordé des
indulgences aux confrères et consœurs.
- 117 —
dorés ; elle se termine par une couronne fermée soutenue par
deux anges. Une inscription ainsi conçue, règne au bord du
pied :
DONO DOMINI lOANNIS lOSEPHl DE MASVRE OPPini TECTENSIS PR;ETORIS
SCABINl AC EXCONSULIS ANNO 1791.
La cour des tenants décida dans son assemblée du 14
décembre 1730 d'acheter des burettes en argent avec leur pla-
teau, que M. Conrardy a fait emboutir.
L'argenterie de l'église se complète par un encensoir fourni
en 1750, par Denis Lamotte, marchand orfèvre, les couronnes
de la vierge et du petit Jésus, enfin deux branches à cierge qui
se placent aux côtés du tabernacle.
Parvis.
Le plan du parvis ou portail forme un parallélogramme. Une
petite fenêtre, percée dans la muraille à droite, laisse pénétrer
une faible lumière ; à gauche, est la porte de la tour; en face de
la porte d'entrée, la porte de l'église, aux deux côtés de laquelle
se trouve un bénitier.
Trois pierres superposées, d'époques différentes, forment
une sorte de colonne dont le chapiteau sert de réservoir à l'eau
bénite. La coupe du bénitier, à droite du spectateur, est ornée
de six figures à mi-corps s'appuyant sur autant d'écussons sans
pièce héraldique, sur lesquels elles posent les mains. Ces
figures sont sculptées en relief et séparées par des décorations
architecturales. Sa hauteur est de 0"\26.
La face principale du fût, haut de 0"\655, présente, posé sur
un socle, un personnage à moustache et à barbe longue, les
cheveux longs réunis par derrière en grosses boucles, la tête
ceinte d'un bonnet entouré d'un bandeau orné d'un fleuron de
couronne ducale. Il est vêtu d'une tunique à manches larges et
— IIK —
à grande colerette rabattue. Il tient élevé le pouce et l'index de
la main droite, tandis que de la main gauche se déroule une
banderolle qui descend jusqu'au piédestal.
La base, haute de 0"',43, est de même style que le piédestal,
support du personnage.
Les trois pierres sont en calcaire gris.
Le second bénitier diffère du précédent par la base qui est
haute de 0"',45. Elle est en marbre noir. Sa coupe, qui mesure
0™,235 en hauteur, est dépourvue d'ornementation.
Le fût de 0'",645 est de même structure que le bénitier de
droite. Le personnage représenté sur ce fût, porte la barbe
longue, partagée au milieu du menton ; il a la tète couverte
d'un chaperon ou bonnet garni d'un bourrelet; un col droit
entoure le cou ; son vêtement se compose d'un long manteau à
manches larges. Il lient également le pouce et l'index de la
main droite élevés, et de la main gauche une banderolle.
On ignore à quel usage ils ont servi avant de recevoir la des-
tination actuelle. Je dirai, avec M. J. Helbig qui a fait une étude
spéciale de l'église de Theux, qu'ils proviennent du grillnge
clôturant l'abside et la séparant du temple.
Tour.
La tour ne paraît pas avoir été construite pour recevoir les
cloches. Elle servit sans doute primitivement de beffroi, et aujour-
d'hui encore elle a conservé ce caractère. Deux fenêtres cintrées
étaient percées du côté de l'église à laquelle elle est aujourd'hui
appuyée. Sa face méridionale fait partie intégrante de la muraille
septentrionale du temple. La retraite conforme à l'effilement de
la tour qui se remarquait de l'intérieur de l'église, a été rectifiée
en 1870 ii l'aide d'une maçonnerie supportée par des poutres an-
crées dans le mur. Ces deux circonstances établissent parfaitement
l'antériorité de la tour. Rapprochées de l'existence de substruc-
tions fort massives trouvées dans le cimetière, dont une partie
— il9 —
servait de fondation à une petite tour, démolie en 16uo, elles
font supposer que le vaisseau de l'église actuelle occupe l'em-
placement d'un vaste bâtiment, soit forteresse, soit habitation
seigneuriale tortillée. Je suis tenté d'y placer ce palais royal où
fut signée, le 8" des calendes de juin 827, la charte donnée à la
demande d'Ando, abbé de Slavelot, par laquelle les empereurs
Louis et Lothaire déclarent que le bois de Slaneux (') appar-
tient au monastère de Stavelot, mais que les habitants de Theux
y ont le droit de waidage, maisonnage et pexhagc.
Jusqu'en 1740, l'unique entrée de la tour se trouvait dans
l'église ; le magistrat la fit murer et ouvrir dans le portail (^) une
porte encadrée de marbre de Theux.
La partie maçonnée est divisée en rez-de-chaussée et en trois
étages que l'on gravit par des escaliers raides et usés, indice de
leur antiquité. Une échelle conduit aux combles ou partie ardoi-
sée, formant un dernier étage.
Une horloge séculaire se trouve au second étage. Je n'oserais
affirmer si l'inscription qu'elle porte sur la bascule ou levier de
la sonnerie : arTo wovse a liège 1627 dv temps nicglas hermes
BovRMTRE, rappelle l'année de sa confection ou celle d'une répa-
ration notoire, car l'église possédait une horloge bien anté-
rieurement à cette date (M.
(*) Astanetum. De Noue. De quclqucn anciens noms; de lieux. Bull, de Fins t,
arch. liég., t. V, p. 295 el t. VI, p. 339.
Selon le même auteur, Etudes historiques sur l'ancien pays de Slavelot etMalinidtj,
p. 116, les ruisseaux délimitant le Slaneux seraient le Roannai el le Targnon. Si
celte conjecture est admise, il ne s'agirait pas du Staneux de nos jours, mais d'un
bois situé sur Stavelot, sur Spa et s'étendant sur le Rohaimont, les champs de
Spixhe, etc. Le ruisseau de Targnon se jette dans le Waay à Spixhe. Le Slaneux
actuel dont une partie défrichée anciennement est devenue propriété particulière,
est compris entre le ruissea t de Cliawion, le Waay, la Hogne et la Bruyère de la
commmune de Sart.
(•^) Recès du magistral de Theux, du lf2 mai 1740, aux Arch.de Theux.
( * ) « Pour une grosse ciiordc pour mettre a pesans de lorloge. xxx aid. »
[Arch. de l'éjlise, compte de Jacob de Fraipont, mambour en 1521.)
— 140 —
On communique de la tour avec les combles de l'église à
l'aide d'une porte percée au troisième étage.
Une charpente partant du rez-de-chaussée en soutient une
autre, belle et solide, remarquable même par le choix des bois
qui la composent ('). Cette dernière, complètement isolée, ne
portant pointsur les maçonneries, se trouvedans l'élageardoisé.
C'est à cette charpente que sont suspendues les cloches au
nombre de quatre, deux fondues en 1818 et les deux autres
en 1864.
Ces dernières remplacent des cloches anciennes. La plus
petite, brisée en la sonnant le 2 novembre 1848, portait ces
mots en caractères gothiques :
Sanctc. Alexander. Vocor. Ano. Dni. mcccclxxi.
La grosse cloche, qui était excellente, se fêhi le dimanche de
Pâques 1863. Son inscription également en caractères gothiques
était ainsi conçue :
>ï< Maria t vocor f me t lecerunt t Goff^ f et f Nicolau' t de t
Leodio t ano t Dni f MCCCLXXXII f C)
>h Mens« t Junii t die t XII t
Lors d'une réparation h la cloche, l'ouvrier avait tracé h la
pointe sur le battant: 1716
J.-C.
(• ) « Trouvé Taiinde du beffroi delà tour. Elle est ûcrile sur une poutre perpen-
diculaire du plancher. . 1626 ou 28, les deux derniers chiffres bont difficiles à ùé-
chiffrer. » (Note de M, Conrardy, aux Arch. de l'église.)
( * ) D'après celte date, dit Bovy [ Promenades historiques dans le Pays de Liège,
t. H, p. 73), l'église ou plulOt la tour, n'aurait pas été comprise dans le saccage-
ment du bourg en 1468.
121
Ces cloches pesaient respectivement 164 et 685 kilog.Onleur
adonné dans la nouvelle coulée 147 et 9^29 1/2 kilog. et on leur a
restitué leurs inscriptions plus ou moins tronquées et ampli-
fiées (').
Avant 1818, la sonnerie se composait de trois cloches. La
tradition veut que la seconde cloche, appelée communénjent
moyenne, fut remarquable par la pureté et l'étendue du son.
On prétend qu'elle était basse et très-évasée.
La seule donnée précise ii ma connaissance se trouve consi-
gnée sur la couverture d'un registre des archives communales :
« le 26 décembre 1700, la seconde cloche a été fondue et pesée
ù 1426 livres. »
Elle eut le sort de beaucoup de ses semblables; elle fut brisée
et envoyée au fourneau par les révolutionnaires vers 1794. Les
deux autres quoique menacées, échappèrent : elles sonnaient
les heures et les demi-heures. Ensuite comment assembler le
peuple en cas d'alarme ou d'incendie ?
Le gouvernement français mit plusieurs cloches à la disposi-
tion de M. Le Jeas, évêque nommé de Liège, qui en donna une
à l'église de Theux, h la sollicitation de son conseil de fabrique.
Mauvaise, elle fut remplacée par les deux cloches fondues en
1818.
La grosse cloche qui était la cloche du ban appartenait tout
entière aux décimateurs qui en avaient l'entretien aussi bien que
(* ) Voici les inscriptions des quatre cloches :
1» Maria vocor Nicolaus de Leodio ano Dni MCCCLXXXII.
Mensis 1764 junii XII me fecit.
Senio fraCtaM anDreas Van aersCliot LoVanlI refeCIt.
2° Alexander vocor ano Dni MCCCCLXXI.
Cum Maria concinentcm me denuo fudit Lovanii.
A. Van aerschot major successor A. L. Van den glieyn.
anno Dni MDCCGLXIV.
30 Van den Gheyn me fudit Lovanii anno 1818.
4" Andréas van don Glievn me fudit Lovanii anno 1818.
— h22 —
le produit. Le mambour de l'église seul avait le droit de per-
mettre de la sonner (').
L'entretien de la seconde cloche ainsi que les travaux exigés
pour sa sonnerie incombaient ix la communauté (-).
Quant t^ la petite, elle appartenait h l'église qui en avait les
frais à ses charges.
lËpitapIies.
Un grand nombre de pierres sépulcrales doit avoir recouvert
le sol de l'église; mais l'établissement de nouveaux pavements,
notamment en 1693 etenl8ol,enont fait disparaître la majeure
partie ; celles qui n'ont pas été détruites, ont généralement
été déplacées. Plusieurs de celles qui subsistent sont frustes.
Je rangerai dans celte dernière catégorie quatre dalles posées
sous le jubé. Sur une d'elles, on distingue encore les traits
du défunt taillés dans le granit et quelques lettres de l'ins-
cription. Sur une autre, les armoiries sont encore visibles,
mais l'épitaphe est indéchiffrable. A côté de cette dernière, sur
une dalle brisée en deux fragments et cachée en partie par les
bancs, se lit l'épitaphe taillée en caractères gothiques saillants:
Lan xy Lvi le vi jour iVaoust trepaccat Maroie espeuse a feu
Johan Ondin d.t heur a qui Dieu pardonne.
Au-dessus de la porte de l'ancien vestiaire, se trouve une
plaque en marbre noir à coins coupés, encastrée dans la mu-
raille. Elle est surmontée d'une tête de mort; de chaque côté de
la partie inférieure, on voit une espèce de corbeille d'où sortent
des ornements. Ces accessoires de la pierre sont en bois bronzé.
( * ) Assemblée de la Cour des tenants du 7 novembre IToo. Divers comptes de
ladite Gourdes XVI"', XVIl'^ el XYU!*^ siècles, aux^?'c/(. de l'ùijlisc. On payait un écu
pour faire sonner la clocbe décimale pour les morts. Le produit était aflecté aux
charges extraordinaires des décimateurs.
( *} Rccés magistraux du 16 mars 1713. 2S août -1716, 2 juillet -1727, etc. aux
ArcJi. de Theu.r,
123
Les armes des de la Haye, aux émaux coloriés, prennent le haut
de la tablette. Suit l'épitaphe incrustée en lettres dorées :
D 0 M
ET
l'I/E MEMORLE REVEURNDl DOMINl
HIERONIMI DE LA HAYE QUONDAM
IN TECTIS PAROCCHI MERITISSDII QUI
VIVENS ECCLESIAM CURA STUDIO ZELO
REXIT REPARAVIT ET ORNAVIT
PIE ODDORMIVIT IN DOMINO
FEBRUARY 22''^ 1714
REQUIESGAT IN PAGE
AMICO AMICUS AMICE
PONEBAT SUCCESSOR
MDCCXXII
SLUSE.
Sous ces mois, un petit écusson également colorié aux armes
de Sîuse.
Au pied de la chapelle Wollî, il existe deux tombes, une de
chaque côté des marches qui conduisent h. la chapelle :
CY (,IT
VENERABLE VRAY
PASTEVR ET PEIIE
DES PAVVUES MAISTRE
lEAN DONEVX
DOYEN DE LA
CURESTIENTK
TRESPASSÉ L AN
1636 LE 6
d'aOVST. PRIEZ
rin:v povr
SON AMK.
Le curé Jean Doneux îivait institué les communs pauvres de
la paroisse de Theux ses légataires universels. C'est par cette
succession qu'ils devinrent propriétaires de la dîme de Rabofaz
lez Oneux,que Jean Doneux avait acquise le 30 mai 1618 de son
cousin, NoëlRivoulx Doneux, moyennant le prix de mille ilorins
liégeois.
Le haut de l'autre pierre funéraire est orné d'un calice avec
l'hostie, posé entre deux blasons dont l'un est aux armes de
Sluse ; le second, écusson de femme avec la crosse et le cha-
pelet, est aux armes de Leyten. Puis vient l'épitaphe :
SIT. NOMEN. D^'. IJENEDICÏUM.
OfJYT. 30. MARTY. 1720. R°'^\ l)"'^^\
lOAXNES. ANTONIUS. DE. SLUSE,
PRiESBrrER. HIC. SEPULTUS. PENES.
DEVOTAM. SOROREM. MARGARITAM.
LEYTEN.
MATERTERAM. SUAM. ET. MAGXl.
BEGUINAGY. BRUXELLENSIS.
RELIGIOSAM. QU.i:. OBYT. 2!5"\
8'''"^ 1669. UTRIQUE. FRATERNE.
MOESTUS. l'ONEBAT. R""^ D^^^.
CAROLUS. DIOMSIUS. DE. SLUSE.
PASTOR. IN. TECTIS.
REQUIESCANT. IN. PAGE.
A côté de celle lombe, mais encastrée dans le mur, on aper-
çoit une dalle en marbre rouge ornée des armes des Limbourg
etdesSlenibert, sous lesquelles est gravée l'inscription funéraire:
IGY DEVANT EST LA
SEPVLTVRE DES GOlU'S
uv siEVR pnn.UM'E de
LLMBOVRG ESCHEVIN DE
— 12o ~
THEVX, MAYEVR DES
TENANS DE GESTE EGLISE
ET DECEDEZ LE 27 9»"^
1684 ET DE DAM'^'^^ ANNE
DE STEMBERT SA FEMME
QVI MOVRVT LE 28 DE MARS
1684. PRIEZ POVR LEVRS
AMES.
Et sur une seconde dalle, aussi en marbre, ajoutée immédia-
tement en dessous de la première, on lit :
ET DE CELLE DV SIEVR NICOLAS DE
LIMBOVRG DOCTEVR EN MEDECINE
LEVR FILS AISNE DÉCÉDÉ LE 7"^ d'aOVST
1684.
Sur une dalle en pierre bleue, placée jusqu'en 1851 près du
balustre et aujourd'hui sous le confessionnal, dans l'aîle gauche,
sont les armes des Limbourg et de Collette, gravées en relief
avec ces mots en dessous :
ICY REPOSENT LES CORPS d'HONORARLE M„j. NICOLAS DE LIM150VRG A SON
VIVANT MAYEVR DES TENANTS d'iCY, ET d'aBB.VYE DE BEAVFAYS, ESCHEV1X
DE LA IVSTICE DE THEVX ET CDIRVBGIEN TRES EXPERT QVI A TRESPASSE LE
0"= lOYB DE l'an 1643 ET DAMOISELLE MARIE COLLETTE SON ESPEVSE
TRESPASSÉE l'aN 1658 LE D" d'S'^"^'. PRIEZ DIEV POVR LEVR AME.
Un fragment de la pierre tombale dlwnesie et dévoile Lynor
de Borsut, fille d'un commissaire de Liège et femme de Jehan
Michel, greffier de Theux, décédée en septembre 1597, fait partie
de la bordure soutenant l'exliausseaient du sanctuaire. On voit
encore gravés dans la pierre des ornements paraissant être dos
lambrequins d'armoiries. Il ne reste de l'épitaphe écrite autour
de la dalle que ces quelques mots :
— 126
.ESTE ELEONOIJE DE BORSVT ESPEVZE A lEAN MICHEL LE lEVNE.
Deux pierres de petites dimensions, juxtaposées dans le pave-
ment de la chapelle de S. Joseph, rappellent deux ecclésiastiques
de la paroisse.
La première, consacrée à Jean Anscau, curé de Theux, de
1636 à 1684, est en marbre noir. Un blason très-saillant, au-
jourd'hui brisé, occupe le haut de la tombe; puis vient cette
épilaphe erronée quant aux dates :
ICY ATTEND LA RESVRRECTlOiN
VNIVERSELLE VENERABLE lEAN
ANSEAV LICENTIÉ EN THEOLOGIE
QVI AYANT REGIS LES EGLISES
PAROGHIALES DE GERPINE V ANS
DE BARBANSON XIX ET DE THEVX
XXXII EN SA VIE IRREPREHENSIBLE
EST MORT LE V""^ DECEMBRE
MDGLXXIV AAGÉ DE XCII ANS.
PRIEZ DIEV POVR SON AME.
L'inscription sépulcrale de la seconde dalle est conçue en ces
termes :
SCEPVLTVRE.
DV. R". SIMON. MICHOTTE.
PRESTRE. ET. BENEFICIER.
DÉCÉDÉ. LE. 2'J. MARS. 1734.
REQVIESCAT. IN. PAGE.
AMEN.
On voyait avant 1851, dans le pavement de cette chapelle,
deux pierres qui lurent alors relevées et enchasséL-s, l'une dans
le mur do la chapelle de la Ste-Vierge, l'autre dans la paroi de
la chapelle de St. Joseph.
- [21 —
La première, quoiqu'ayant souffert du frottement des pieds,
est assez bien conservée. Elle est divisée en deux parties pres-
que égales. On remarque au centre de la partie supérieure un
écusson aux armes d'Eynatten et dans chacun de ses angles un
blason de plus petite dimension, également armorié ; le nom est
gravé sur un cartouche posé en dessous des quatre blasons. Ce
sont : Eynatten, Argenteau, Brandenburch, Longchamps. L'épi-
taphe occupe la partie inférieure de la dalle :
ICY REPOSE NOBLE ET GENEREVX
SEIGNEVR HENRY d'EYNATTEN EN
SON TEMPS S'^'^ DE BOLLANDT.
IVLEMONT, BEAVREPAmE, ETC.
GRAND M'*^ D'HOSTEL DV SER"''
PRINCE DE LIEGE ET GOVVERNEVR
DE FRANCHIMONT QVI TRESPASSAT
LE 6^ DE JANVIER l'aN 1579.
PRIEZ DIEV POVR SON AME.
La dalle emmuraillée dans la chapelle du côté de l'épîlre, a
été reproduite par la gravure et décrite par M. J. Helbig h la
page 4 du Recueil des monuments funéraires, dalles sépulcrales et
pierres volives les plus remarfjuables de la Belgique. J'emprunte
les lignes que M. Helbig lui consacre : «Tombeau d'un chevalier
et de sa dame. Cette pierre, sculptée en relief, est tirée de
l'église deTheux. L'épitaphcest aujourd'hui entièrement effacée,
de môme que les blasons dont les écussons subsistent encore
aux quatre angles de ce tombeau. Il n'a donc pas été possible
d'établir k quelles familles appartiennent ces deux figures, qui
ont également soulîért, cette pierre ayant, jusqu'en 185G (lisez
18ol), fait partie du pavé de l'église. Les costumes, l'ornemen-
tation élégante des colonnetles et de la frise dans le style de la
renaissance, permettent de présumer que ce monument a été
élevé vers le milieu du seizième siècle. « On ignorait déjh du
— 128 —
temps de Saumery (') le nom des seigneurs en riionneur de
qui ce monument avait été érigé. On prétend, dit Bovy (-),
qu'elle appartient à un sire de Lynden.
Un examen minutieux m'a permis de constater qu'une croix
est la pièce de l'écu dominant la colonnelte posée entre le che-
valier et sa dame; la tombe peut donc appartenir à un membre
de la famille de Lynden qui porte de gueules h la croix d'argent.
Mais l'histoire n'a conservé le nom d'aucun seigneur de cette
illustre maison, ayant habité le pays, avant Robert, chevalier
de Lynden ('), enterré dans l'église de Theux l'an 1610, date
qui ne concorde pas avec l'époque présumée par M. J. Helbig.
M. Conrardy, dans un esprit de conservation, retira du mur
extérieur une croix grecque qu'il encastra au-dessus de cette
dernière tombe. « A l'extérieur de l'église, dit Bovy, derrière
l'un des autels, est une autre pierre incrustée dans la muraille,
taillée en croisette et représentant la figure d'un chiist. Les
quatre coins sont occupés par de petits anges aîlés, assis sur
des lions. Elle semble avoir fyit partie d'un plus grand monu-
ment, mais elle porte le caractère d'une haute antiquité. f>
Cette description de Bovy n'est pas correcte : le centre est
occupé par un christ, la tête environnée d'un nimbe cruciforme.
Sous son bras droit, on aperçoit un personnage, vu de profil,
les mains jointes, pliant légèrement les genoux. L'extrémité
inférieure de la croix, arrondie par le bas, est ébrêchée. Ou
voit h chacune des trois autres extrémités, un médaillon dans
lequel se trouve sculpté un des attributs des évangclistes, l'aigle
à droite, le lion h gauche, l'ange en haut. Les pieds du christ
atteignent le bas de la croix ; il semble évident que si l'attribut
de S. Luc a dû trouver une place dans le monument, ce doit
être sur une autre pierre aujourd'hui perdus.
( •) « On ignore de qui peut être l'autre, dont l'inscription est en partie eflacée. »
Ouv. cité, t. II, p. 2-io.
(*) Ouv. cité, t. II, p. 72.
(■") Il fui gouverneur du nuirquisat de Franchimont depuis 1578 jusqu'à sa mort.
— 120 —
Enfin une pierre sépulcrale se trouve dans la chapelle Wolft",
avec l'épilaphe :
t
I H s
SEPULTURE
DE MADAME MARIE
ISABELLE CONSTANCE
DE MARTEAU
DECEDEE
LE 12 DU MOIS d'AOUST
1798
VEUVE DE MONSIEUR
lEAN BERNARD
WOLFF
DECEDE
LE 6 DU MOIS DE JUIN 1779
REQL'IESCANT IN PAGE.
A rextérieur de l'église, à côté du parvis, est emmuraillé dans
la base de la tour, le fragment de croix funéraire portant l'épi-
laphe gravée en relief :
ici
REPOS
HELMANo
risoN lA" 600.
Saumery cite cette inscription comme une preuve de l'anli-
quilé de l'église. Prévenant l'objection « que les expressions ne
se sentent pas d'iine antiquité si reculée et qu'on pourrait avoir
omis le mil, qui aurait tait mil six cens », il ajoute : « outre que
cette pierre est en ce lieu avant l'an mil six cens, elle porte des
marques d'une ancienneté incontestable ('). » Bovy appuyé la
(*) Ouv. cité, t. III, p. 244, en note.
— 130 —
même idée lorsqu'il écrit : « les caractères de cette inscription
ne s'accordent point avec sa date reculée; on pourrait croire
que l'on y a omis le cliilïre i qui donnerait 1600; mais il paraît
avéré qu'elle était connue îi cette place bien antérieurement au
16" siècle ('). » Delrooz qui n'a pas vu la pierre, mais qui en a
ouï parler, dit(-) : « cette prétendue inscription paraît bien
suspecte. »
Je ferai remarquer de prime abord que ces auteurs n'ont pas
lu correctement l'épitaphe d'Helman Pison. Je n'y vois pas l'an
600, ainsi qu'ils l'écrivent, mais bien les caractères ia* 600, i et a
trop rapprochés l'un de l'autre pour croire que i soit l. Il est
permis de supposer une maladresse de la part de l'ouvrier tail-
lant la pierre, qui aura cherché à la corriger par l'intercalation
d'A- dans le millésime. Il faudrait donc lire a" 1600. J'appuie ma
conjecture sur des preuves puisées aux Archives fabriciennes et
communales de Tlieux. En efïet, le 8 novembre 1599, on célébra
les obsèques de Hylman de Spixhe et le lendemain celles de
Barbe, sa femme (^). Or, un registre des Archives de la com-
mune, intitulé : s'ensuyent les noms des masuyrs etstirseans rési-
dents en ban de Theux, mentionne, en l'année 1574, entre plu-
sieurs Pison, un Helman Pison au nombre des habitants du
hameau de Spixhe. Ce nom ne se trouve plus dans le cahier de
taille collectée en 1604 par Poncelet Noël et Gilles le Doyen,
mayeur, bien qu'il ligure encore dans un cahier d'imposition
non daté, mais postérieur à 1595.
Il est évident, me semble-t-il, que celle croix funéraire fut
posée l'an 1600 sur la tombe de Pison, mort l'an 1599, et que
postérieurement le fragment dont il s'agit a été emmuraillé dans
la tour.
J'ai trouvé dans les papiers de mon aïeul, J. -P. de Limbourg,
,' ') Ouv. citii, t. Il, p. 1-2.
(*) Histoire du ma>(]Hisat Je Fiancliimoiii, ['q partie, p. iS.
(' ) licgiurc d'ainiouccs du curé de Theux, de ISSGà lOOf), auxÀrch.\de l'église.
— 131 —
une noie qui, peut-être, fait allusion à l'inscription d'Hclman
Pison. Je ne suis pas h même de la vérifier, ne possédant pas
l'ouvrage auquel elle renvoie, Celte note est ainsi conçue :
« On désireroit d'avoir l'épilaplie qui doit se voir à Theu sur
une pierre sépulcrale près de la porte de l'église; c'est celle
d'un seigneur qui avait été attaché i\ Zucnlibolde, roi de la
Basse-Lorraine, dont il est fait mention dans les Mémoires de
r Académie des inscriptions, etc. de Paris, t. XXÏV, p. 780. »
Je rappelle, pour terminer la nomenclature des inscriptions
lumulaires, celle de Jean Gaye, qu'on voit sur une pierre ma-
çonnée du côté de la rue, dans la muraille clôturant le cime-
tière :
ICY HONORE lAN GAYE DIT PICHAIX
I>E LA REM) SEHGEANT DE GVERRE FVT
NAVRE^ A LA MORT CASVELEMENT o'vNE
MOSKET SVR LE CIMETERE RETOVRNANT
DE LA PCESSION LE lOVR UV V'-'^ S"^ vSACRAMET
29"'= DE MAY ET TRESPASSA LE 5 DE
IVING EN SVIVANÏ 1614 DIEV l'ARSOLVE. W.
Curés.
La collation de la cure de Theux était un fief dépendant de
la seigneurie d'Aigrcmont qui, jusqu'en 1660, fit partie des
domaines de la maison de la Marck, prince d'Aremberg et de
Barbanson. Après avoir passé dans différentes familles, elle
parvint en 171^), par aciiat, aux de Clercx, qui en conservèrent
tous les droits seigneuriaux jusqu'à leur abolition par le Gou-
vernement de la république française.
La portion congrue compétente anciennement au curé était
de 9i muids; son patron lui abandonna, au lieu de ces muids,
la sixième part de la grosse dîme et la moitié de la menue dîme
de toute la communauté, les hameaux de Polleur et de Hestrou-
— 132 —
mont exceptés. Le curé percevait ces dîmes sans en faire relief;
le seigneur d'Aigremont continua à les relever avec ses autres
fiefs comme avant leur cession.
Le produit de la dîme du paslorat se montait, en 1752, à la
somme de 1868 f*. 16'' 2', celui du doyardà 116 P\ non compris
neuf journaux (') de terre situés en Cliawieumoiit et une prai-
rie sise enWayot dont la contenance n'est pas spécifiée. Pour
établir le revenu de la cure évalué h la fin du dernier siècle, à la
somme de mille écus, il faut y ajouter les fondations pieuses et
le casuel.
Au nombre des charges et obligations du curé, se trouvait
l'entretien du chœur de l'église et du presbytère; cependant
le magistrat intervenait quelquefois lorsqu'il s'agissait d'amélio-
rations sérieuses apportées aux dépendances de la maison pas-
torale ('^).
Si par hasard les ressources du curé étaient insuffisantes
pour couvrir des dépenses de fespèce, il contractait un em-
prunt dont il garantissait le capital et le service des intérêts en
hypothéquant les revenus du pastoral. Le cas se présenta en
1784. Michel Thill, voulant réparer le presbytère, créa au pro-
fit de la baronne de Rosen une rente annuelle de 180 f'\ au
capital de 6,000 V\ B.-L. Il cessa d'acquitter celte rente lors-
qu'il fut privé des biens curiaux. La baronne de Rosen le cita
en justice pour en obtenir le payement. Le curé fut condamné
à payer les intérêts, pour tout le temps qu'il avait joui des biens-
fonds curiaux, et quant h leur service postérieur ji la mise à
exécution dans la commune des lois et arrêtés relatifs aux
biens des curés, la demanderesse fut déclarée non fondée dans
49
(*) Journal ou cent verges peliles ou 21 ares 79 centiares.
100
(-2) a Le l*:''juin ^719, le magistrat fait accord avec le curci concernant les vépu-
rations d'une petite maison annexe du presbytère. Le curé voulait la couvrir en
chaume comme elle était. Le magistrat s'engage à payer la dillorence si le pasteur
fait un toit en ardoises. «• lArch. de Tlieux.)
— 133 —
sa demande et renvoyée à se conformer aux lois et arrêtés con-
cernant les créances ii charge de l'Etat.
Les barons de Rosen de Haren et de Moffaerts, représentants
la baronne de Rosen, demandèrent à l'administration de la
commune de Theux, de comprendre leur créance à charge de
sa cure, dans la liquidation de la dette constituée et exigible de
l'ancienne communauté de Theux. Leur réclamation fut rejetée
parle Conseil municipal dans ses séances du 16 mai 1817 et
14 décembre 1818, pour les motifs invoqués dans le jugement
intervenu entre eux et le curé, c'est-à-dire que leur créance ne
pouvait être considérée comme une dette communale (').
Le nom du plus ancien curé de Theux parvenu jusqu'à nous
est celui de Lambert, qui vivait à la fin du XIP siècle et qui
fournit à Lambert-le-Bègue l'occasion d'écrire son A^itigra-
phum.
J'ignore quels furent ses successeurs jusqu'en 1507. Les ves-
tis de la paroisse, Messire Walhieu Brufib, Sire Pierre de
Rare et Sire Bertrand Montpierre, né à Polleur('^), avaient
fondé des anniversaires qu'on célébrait de 1586 à 1609, mais
qu'on ne décharge plus aujourd'hui (^).
Selon une note que je possède, noie écrite vers 1785, il n'y
eut à Theux que sept ou huit curés résidants avant le curé
d'alors, Michel Thill ; auparavant un tréfoncier de Liège était
(*) Arch. de Theux.
(î) « Au même lemps on célébrait les anniversaires d'Ernu de Charneux, châtelain
de Franchimont, de Johan Tome^on, châtelain de Franchimont, et d'Idelette sa
femme; d'?': ylebert de Presseux, châtelain de Franchimont, et de Da''"'^ Marie de
Mye,et de Da'il'e Marguerite, ses deux femmes; de Henry d'Eynaten, gouverneur de
Franchimont ; enfin de Régal de Feche, messire son père et madame sa mère. ^
[Registre d'annonces cité.)
(') « nodbomont : les représenlans Mathy Vieltemps au présent Bertrand pier de
fosseit quy at laissy sire Bertrand Monpier jadit curé de Theux quatre sticrs corne
apart. par lart. LVIIe dudit obiler » (Cahier des rentes pour 1S96; aux Arch. de
l'église). On devait également à l'église un demi-setier d'avoine sur la maison de Ber-
trand Montpierre située à Marché sous Franchimont.
— 134 —
curé et il nommait un desserviteur habitant la localité pour
remplir ses fonctions. M, le chanoine N. Henrotte a eu l'obli-
geance de me signaler le nom du curé de Theux en 1538, Jean
de Rôle, chanoine de Liège, curé non résidant et remplacé par
un vicaire. Cette communication bienveillante corrobore l'écrit
de 178S, mais ne concorde pas avec les archives labriciennes
qui indiquent h cette date, en qualité de vesti ou de curé, Sire
Bertrand Montpierre, de Polleur.
En présence de cette contradiction, je me demande si le
vesti était réellement le curé ou bien si c'était simplement le
coadjuteur. M'abstenant de me prononcer h cet égard, je don-
nerai la nomenclature des vestis et des curés delà paroisse, en
fesant remarquer que leur succession chronologique et suivie
ne s'étabht que depuis 1586. Les noms et les dates sont puisés
dans les comptes et les registres de la fabrique conservés h. la
cure :
Sire Jacques d'Awans, vesti en 1507 et 1522,
Sire Bertrand Montpierre, vesti en 1533 et 1552.
Sire Johan Raison, curé, doyen du concile de St-Remacle, en
1586 à 1609.
Maître Johan Doneux, curé, doyen du concile St-Remacle,
1609, mort le 6 août 1636.
Maître Jean Anseau, 1636, mort le 5 décembre 1684.
Jérôme de la FLnye, 1684, mort le 22 février 1714.
Charles Denis de Sluse, 15 mai 1714, mort le 14 janvier
1742 (').
Charles Moreau, 20 janvier 1742, décédé à Nassoniwn (Nas-
sogne), le 17 janvier 1752.
(1) 0. D. de Sluse institua à Polleur, le 28 décembre 17121, une Cour de tenants,
composée du vice-curJ, de quatre tenants et d'un greffier qui prêtèrent serment h
Thoux, entre les mains du cure' et de la Cour des tenants, le 31 décembre 1721. Le
curé de Theux se réservait l'arbitrage dans les contestations qui pouvaient surgir
entre les tenants de Pollpur et, en qualité de mambour surimcmlant, l'approbation
des comptes de l'église et des pauvres de Polleur.
— 13o —
Jean Pierre Jeunecliamps, 26 février 1752, décédé à Âywaille,
le 2 août 1781.
Michel Thill, protonotaire apostolique, 1781, mort à Theux,
le 7 mai 1810.
Lambert Beaumont, 1810, démissionnaire en 1827, décédé à
Jalhay, le 2 décembre 1828.
Lambert Vandenbrouck, 1827, décédé à Theux, le 3 juin 1847.
Malhias-Joseph Conrardy, 1847, promu à Sle-Croix, à Liège,
en 1855.
Christophe Grenade, janvier 1855, promu à Ste-Véronique, à
Liège, en décembre 1864.
Nicolas Habay, curé, depuis le 31 décembre 1864.
Coui* des tenants.
Le patrimoine de l'église et des pauvres de la paroisse était
administré par le curé et deux mambours. A la sollicitation de
ces derniers, la souveraine cour de jusiice de Liège institua, le
23 février 1457, une cour de tenants composée de sept membres,
autorisés à choisir un mayeur qui, avec le curé, compléterait la
cour. Le curé, le mayeur et les sept tenants avaient voix déli-
bérative.
Les mambours poursuivaient en jusiice, soit en demandant,
soit en défendant, les actions intentées h ou par la cour dont
ils étaient délégués à celte fin.
Les transports passés en faveur de l'église et des pauvres
furent réalisés devant la nouvelle cour depuis son institution
jusqu'à la promulgation des statuts et ordonnances de Gérard
de Groosbeck, rfc'formant la jusiice, 1572, dont l'art. 32 du cha-
pitre l'^"' interdit de faire œuvres devant toute cour autre que la
cour de jusiice, à moins de les reconnaître devant celle der-
nière, seule apte à donner priorité aux actes.
On continua, il est vrai, pendant plusieurs années à trans-
porter devant les tenants, mais on renouvelait et ratifiait les
œuvres devant les échevins. Enfin les tenants finirent par deve-
nir de simples administrateurs.
— 136 —
Les tenants étaient nommés à vie. A la mort d'un membre
de la cour, mayeur ou tenant, l'église faisait célébrer pour le
repos de son âme un service dit messe des tenants et, à la sortie
de l'office, la cour, réunie à la maison pastorale, lieu ordinaire
de ses assemblées, donnait au défunt un successeur dont elle
recevait le serment sans désemparer, hormis son absence de
la localité.
Si un tenant était élevé au préloriat par le décès du titulaire,
il reposait im7nédiate7nent sa charge de tenant pour ne pas réunir
deux places sur une même tête, ce qui eût été contre Je bien-être,
parce qu'il y aurait eu une personne et une voix de moins ('), et il
était incontinent pourvu à la nouvelle vacature. La cour élisait
de même son greffier : celui-ci, s'il n'était pas tenant, le deve-
nait ordinairement dans la suite.
Ses assemblées ordinaires, au nombre de quatre par année,
étaient fixées h la dernière des fêtes de Pâques et de la Pente-
côte, au jour de S. Michel et au dernier jour de l'an. Les assem-
blées extraordinaires se tenaient selon les besoins de l'église
ou des pauvres.
La cour nommait dans son sein ou en dehors un mambourde
l'église et un mambour des pauvres. Il n'y avait point incompa-
tibilité entre ces deux dernières fonctions. Elus pour un an, ils
pouvaient, h l'expiration de l'année, être continués dans leur
mambournie par une nouvelle élection.
Les mambours étaient les receveurs de l'église et des pauvres;
ils percevaient les deniers et payaient les dépenses ordonnées
par la cour. Ils poursuivaient en justice, soit en demandant, soit
en défendant, les actions intentées pnr ou ii la cour, dont ils
étaient délégués h celte fin. Le mambour de l'église était, en
outre, chargé de la surveillance des travaux exécutés à l'église,
de la fourniture des matériaux exigés par ces travaux et de
l'achat des objets nécessaires au culte. Il recevait pour traite-
ment deux muids légués anciennement à un mambour. La cour,
( ^) Assemblée du 28 juin -1780, aux Arch. de t'étjlise.
— i:}T —
dans son assemblée du 31 mai 1783, en considération de l'aug-
mentation des revenus de la fabrique, remplaça les deux muids
par un tantième de 3 % sur les revenus fixes et casuels, mais le
maniement des capitaux devait être gratis ( ' ).
Le mambour des pauvres ne jouissait d'aucun traitement; il
faisait la besogne par honneur et pour Dieu.
Les mambours prêtaient serment devant la cour à leur entrée
en fonctions et, à leur sortie, ils lui rendaient compte de leur
gestion dans une assemblée convoquée à cet effet. L'archidiacre
du Condroz, G. L. Clercx, exigea que les mambours se rendissent
à Liège pour lui rendre leur compte. Les mambours s'y refusè-
rent : mais, par condescendance envers sa seigneurie, ils offri-
rent de lui en transmettre une copie, sans toutefois se reconnaître
soumis h cette exigence. Son procureur fiscal Lebrun leur intenta
d'autorité arcliidiaconale une action criminelle sous prétexte
qu'ils avaient méprisé l'autorité et la juridiction de sa seigneurie
en refusant de lui rendre leur compte (17S9). Les mambours
répliquèrent qu'ils ne méprisaient ni l'autorité ni la juridiction
de l'archidiacre, mais que la coutume était de rendre compte à
ceux qui nommaient et, élus de la cour des tenants, c'était à elle
qu'ils étaient soumis. De plus, la cour ayant été instituée par les
échevins de Liège, elle reconnaissait pour unique chef la sou-
veraine justice de Liège et niait la compétence prétendue de
l'archidiacre en toutes matières qui la concernaient. Condamnés
en instance, les mambours en appelèrent h la nonciature qui
débouta le fiscal Lebrun de ses prétentions, attendu que la cour
des tenants et ses mambours avec elle dépendent de MiM. les
échevins de Liège.
Ce procès avait été intenté h l'instigation du curé. Pourvu en
1752 de la cure de Theux, étant simple sous-diacre, J.-P. Jeune-
champs, homme sans expérience et très-remuant, se mit d'abord
en opposition avec les tenants. Il leur ferma sa maison, refusant
( 1 ) Les revenus fixes et casuels se monlaienl alors à 50 pistoles environ. Le
curé louchait directement le prix des rentes laissées pour exonération de services
religieux, de même que son casuel et tout ce qui lui compétait.
— 138 —
de les recevoir pour les assemblées, cherchant mille prétextes
pour se dispenser d'y assister et pour entraver la marche des
affaires (17o7).
La cour députa L.-J.-J. Demarleau, tenant et son mambour
de l'église, pour présenter une supplique à l'archidiacre, supé-
rieur du curé, afin qu'il obligeât celui-ci à recevoir les tenants
i\ la maison pastorale ou qu'il les autorisât de s'assembler chez
leur mayeur ou ailleurs (mai 1758). L'archidiacre chargea J. de
Hare, son officiai et doyen de S. Christophe, de faire compa-
raître un membre de la cour des tenants avec le curé pour
entendre leurs raisons et les mettre d'accord si possible. De
Hare arbitra, le 22 août 1758, que la cour continuerait à tenir
ses assemblées ordinaires dans la maison pastorale et qu'en
l'absence du curé celui-ci serait remplacé par son vicaire. En
cas de réunion extraordinaire, la cour devait prévenir le curé
deux jours à l'avance.
Le curé ne tint guère compte de la décision de l'offîcial; il
refusa de nouveau l'entrée de sa maison à la cour, qui se vit
forcée de s'assembler chez un de ses membres; elle sollicita
ensuite dumagistrat l'autorisation de tenir ses séances à l'Hôiel-
de-Ville, ce qui lui fut immédiatement accordé.
Les hostilités continuèrent entre la cour et le curé. Une diffi-
culté surgit au sujet de l'administration des revenus des com-
muns pauvres (!e la paroisse et de la distribution qui leur en
était faite. Les tenants la soumirent â l'appréciation de l'archi-
diacre. Aidé de quelques-uns de ses partisans, le curé proposa
â G. L. Clercx, de nommer des tenants-adjoints; l'archidiacre
agréa cette idée ; par ordonnance du 3 octobre 1758, il désigna
en cette qualité les vice-curés de Polleur et de La Reid, Gilles
Dethier, Alexandre Malherbe et Thomas-Hubert de Limbourg,
leur accordant la même autorité active et passive qu'aux mam-
bours et aux tenants.
Lorsqu'on donna lecture de l'ordonnance du 3 octobre à l'as-
semblée de la cour, le mayeur J,-N. de Presseux et les tenants
L.-J.-J. de Marteau, L. Boniver, J.-P. de Limbourg etF.-J.
— 139 -
Pouheau protestèrent et se retirèrent. Ils adressèrent sans tarder
une supplique à l'archidiacre, lui exposant que l'institution des
membres adjoints était une innovation inutile et. que la cour,
composée de gens capables, était en nombre suffisant pour le
petit nombre d'affaires de son ressort; ils le priaient donc de
révoquer son ordonnance du 3 octobre. L'archidiacre Clercx
répondit en ordonnant aux tenants de comparaître par délégué
et au curé en personne devant son officiai de Hare. Le curé ne
se rendit pas h l'invitation archidiaconale.
Sur ces entrefaites, les nouveaux adjoints, à l'exception de
Malherbe, avaient prêté serment entre les mains du curé et des
tenants Gilles Cornesse et Henry Dandrimont. Ils administraient
et remplissaient les fonctions de tenants, en apposant leur
signature sur diverses pièces, notamment sur des bons de
secours aux pauvres-. La majorité de la cour en impétra des
mandements de foule et de maintenue contre Dethier et T. -H.
de Limbourg, ainsi que contre ses deux collègues qui les avaient
reçus, malgré la résolution du corps dont ils étaient membres
(1759). Elle les cita devant la justice souveraine de la cité et pays
de Liège. La base principale de son action reposait sur ce que
la nomination des adjoints par l'archidiacre était tout au moins
déplacée, parce que la cour était laïque et non ecclésiastique.
Les adjoints niaient la compétence de tout tribunal séculier :
selon eux, la cour était religieuse. A l'appui de cette opinion,
ils faisaient valoir que, dans toutes les contestations, les tenants
s'en référaient à l'archidiaci'e.
Cependant Cornesse et Dandrimont continuèrent à assister
aux séances, à participer aux élections, en un mot à gérer avec
leurs collègues comme avant l'introduction des adjoints, qui
étaient exclus par la majorité.
T. -H. de Limbourg mourut pendant rinstance (1761). Ses
héritiers résumèrent son action et, apiès avoir succombé devant
les échevins de Liège, ils se joignirent à Dethier pour appeler
de la sentence au conseil ordinaire de Liège (1763). Cornesse et
— liO —
Dandrimont, également condamnés, en appelèrent aussi de la
sentence ficabinaie.
Dethier, Boniver et Pouheau descendirent dans la tombe
avant la fin du procès. Leurs parents se mirent en leurs lieu et
place. Le 19 janvier '1773, le conseil ordinaire ordonna aux
parties de comparaître enpleincorps pour les entendre et accorder
si faire se peut, sinon sera appointé. Une transaction, par laquelle
chacune des parties paya ses frais, intervint le 8 février 1775 ;
ce procès fut enfin terminé et la cour continua à fonctionner
comme avant l'ordonnance du 3 octobre jusqn'h son remplace-
ment par des marguiiliers-administrateurs des biens et revenus
des fabriques d'église, 27 pluviôse an XIL
La cour des tenants élisait un petit mambour qui lui servait
de huissier et de sacristain à l'église. Nommé pour un an, il
était toujours rééligible; il renouvelait son serment îi chaque
continuation.
Dans leur assemblée du 15 février 1784, les tenants décidèrent
de nommer l\ la place du petit mambour, appelé aussi petit mar-
guillier, un second marguillier ecclésiastique qui chanterait au
lutrin et un sacristain, chargé de soigner le mobilier de l'église,
de convoquer la cour, etc.
Le marguillier, devenu premier marguillier en 1784, était élu
annuellement par le peuple le jour des plaids généraux qui se
tenaient le lundi de Quasimodo. Le magistrat avait, à l'exclusion
dû tout autre, le soin de veiller à ce qu'il fût capable et qu'il
s'acquittât de ses devoirs et obligations. Ce mari^uillier devait
être prêtre, confesser, dire la messe, chanter aux otfices, soi-
gner les ornements sacerdotaux et les vases sacrés, sonner les
cloches, entretenir proprement l'église, tenir école et enseigner
les principes de la langue latine. Il existait plusieurs messes
fondées à dire par un marguillier et, en général, dans toute Ibn-
datioa de messe chantée, le curé jouissait de la moitié du re-
venu, l'église et le marguillier chacun d'un quart.
Une dernière nomination de la compétence de la cour était
celle du fossoyeur.
^ liJ
Le 18 mai 1711, la cour rédima les taxes du clergé au moyen
d'économie et d'aliénation de rentes. Elle paya pour leur extinc-
tion 470 I'' B""'pour deniers capitaux de la taxe du pastoral, à
raison de 94 muids et 220 V' B""' pour le luminaire rescrit à 44
muids (').
Il serait difficile de donner une liste complète des tenants
depuis l'inslitulion de la cour. Les documents manquent, les
anciens registres qui subsistaient encore aux Archives de l'église
h la fin du siècle dernier sont perdus. Voici les noms de ceux
que j'ai recueillis en dépouillant ces archives :
CITÉ
DATE
-^-
du
NOMS.
pour la i'"
pour
lois.
la dernière.
DÉCÈS.
lo32
1565 (?)
Jean de Martea (-).
1607
18 sep. 1618
Jean Bovy Malhiet.
1629
5janv.l64o
Nicolas Gilles à Limbourg.
11 jan.l64o
1684
Philippe de Limbourg.
5 déc. 1684
1739
Jean Phil. Dieud. de Limb.
17jan.l739
1754
Philippe François Wolff".
1754
1780
Jean Nicolas de Presseux.
28 juin 1780
1789
Jean Philippe de Marteau.
2ijan.l789
Lamb. Jean Jos. de Marteau.
( ') Arch. de l'église.
(') Je crois que c'est l'épitaphe de ce mayeur qu'on voit sur une pierre sépulcrale
qui sert aujourd'hui de base à un crucifix placé au centre du bourg deTlicux :
HONNESTE HOMME
JOUAN DE JIAUTEAU DE SPIEXHE
ESCHEVIN DE IHEUX
0 TREPASSA LA
136b. PRIES
DIU POUR se AME.
Celte pierre est superposée à une autre pierre qui doit être la base du premier
péron érigé à Thcux.
— 142 —
'l'eiiants.
CITÉ
DATE
- — — -^- ^ -^
NOMS ET PRÉNOMS.
pour la l'*'
pour la
DU DÉCÈS,
fois.
dtrnière fois
1457
Jehiii de Jevoulmonl.
1437
Henry délie Falize.
1457
Urhan de Hottechamps.
1457
Thirion fils Thiri le Groz.
1457
Pirosson tils Pirosson.
1457
Mathiet Lefebve.
1457
Tilkiii Loistre ( ' ).
1532
Hanus.
1532
Simon.
1532
Jaco.
1532
Henri le noir homme.
1532
Johan Corbeau.
1532
Pacquea le Parmentier.
1607
1612
d'Anthinne.
1607
1612
Mailin Henry.
1607
avril 1608
Adolphe de Piesseux.
1612
1629
Bielmé Jean Bietmc.
1612
Gaspar.
1612
Ponchclet.
1612
1629
Martin Pireceval.
1616
1618
Pierre Lezaack.
1616
1630
Anthoinc Thomas (').
1616
1629
Bietmé Jean Bieimé, le
jeune.
1618
1626
Jacques Bouiver.
(*; Le 1"' mars iSIi), furent piTsenls à la reddilion des comptes ile lolo: «Sire
.lacques, prestre, vcsiit de lad. Englise, Sire Jolian de Harse ossy presire, Eng,!ebert
de l'resseux, cliaslelain de Franchimonl, Collet maire de Theiix, M:ilerne Servais,
JaciiiCb' de Presseiix cl ego Johan M. Onclin, Johan Henri le miiirr, le Joyne Jacob
de Fraiponl Scrgant de la c-otirt de Theux. » Doit-on y voir la cour des tenants?
(2 ) Le 27 mai 1641, la cour des tenants ordonne à son mambour de payer les
messes de tenant du curé Jean Doneux et des tenants ISietraé Jean lîictm»', Anthoinc
Thomas et Jac(!ue.s Boniver.
— 148
CITÉ
DATE
^ — — -^ — ,
— — — .
NOMS ET PRÉNOMS.
pour la 4'«
poQr la
DU DÉCÈS.
fois.
dernière fois
1618
19 avril 1652
Jacques de Han.
1622
16 mai 1643
Jean Proenen.
1629
29 oct. 1656
Noël Hermès.
23 avril 1643
9 juin 1668
Ernest Proenen,
23 avril 1643
15 fév. 1663
Jean de Limbourg.
1644
22 déc. 1665
Lambert Thonon.
1645
23 mai 1663
Jean Hermeau (* ).
1654
av. 1687
Poncelet Adolphe.
1665
12 janv. 1670
Servais Fraipont.
1665
Fianck Antoine.
5 janv. 1665
Léonard Hermès.
19 juin 1668
juillet 1690
Pierre Proenen.
1665
déc. 1695
Jean de Limbourg.
1672
Jean Erkin Pouheau.
1676
janv. 1709
Lambert Boniver.
1676
sept. 1712
Henri Hermeau.
Tenants depuis 16SO
Jean de Limbourg, décédé 1695.
Quirin de Presseux, 15 décembre 1695, décédé 1706.
Toussaint Delleheid, 1" décembre 1706, décédé 1722.
Robert de Limbourg, 21 avril 1722, décédé 1742.
Lambert Jean Joseph de Marteau, 6 juin 1742, mayeur 1789.
Philippe Jean Joseph de Marteau, 21 janvier 1789.
Poncelet Adolphe, décédé avant 1687.
Adolphe Poncelet de Presseux, décédé 1720.
Alexandre de Presseux, 8 avril 1720, décédé 1741.
( * ) Jean Hermeau peut être le même que Jean Bietmë. Les Barthélémy prirent le
nom de Hermeau vers 1640.
— lii -
Gilles deCornesse, 31 décembre 1741, décédé 1788.
Ferdinand Boniver, prêtre, 29 février 1788.
Pierre Proenen, décédé 1690,
Jean Gaye Fichais, 1''' août 1690, décédé 1705.
Jean Philippe de Marteau, le jeune, 15 septembre 1705,
décédé 1733.
Jean Philippe de Marteau, prêtre, 14 avril 1733, mayeur 1780.
Toussaint de Hansez, 28 juin 1780.
Jean Erkin Pouheau.
François Charles de Micheroux, décédé 1700.
François Hardé, 17 décembre 1709, décédé 1726.
Guillaume Hardé, 21 mai 1726, décédé 1728.
Lambert Boniver, 12 avril 1728, décédé 1773.
Por.celet Noé de Boniver, 20 janvier 1773.
Lambert Boniver, dccédé 1709.
Poncelel Boniver, 25 janvier 1709, décédé 1748.
Jean Philippe de Limbourg, 12 mars 1748.
Henri Hermeau, décédé 1712.
Jean Nicolas Hermeau, 21 septembre 1712, décédé 1723.
Jean Gaye, 19 janvier 1723, décédé 1747.
François Jacques Pouheau, 12 décembre 1747, décédé 1769.
Noé Joseph Pouheau, 8 mnrs 1769.
Nicolas de Limbourg, décédé 1681.
Renier WollT, décédé 1683.
Nicolas de Limbourg, novembre 1683, décédé 1684.
Jean de Marteau, le jeune, 8 août 1684, décédé 1709.
Simon Pouheau, 14 mai 1709, décédé 1716.
François Pouheau, 26 mai 1716, décédé 1730.
Pasclial Beaumont, 1730, décédé 1752.
Honrv Dandrimont, 1752.
— 14o —
Greffiers.
Martin Henry.
Jean Proenen, avant 1623, mort 16 mai 1643.
Ernest Proenen, mort 9 juin 1668.
Pier Proenen, mon en 1690.
Jean Pierre de Limbourg, l*"' août 1690, mort 1691.
Jean Gaye Pichais, 13 mars 1691, mort 170o.
Toussaint Delleheid, lo septembre 1705, mort 1722.
Jean Gaye, 21 avril 1722, mort 1747.
François Jacques Paulieau, 12 décembre 1747, mort 1769.
Jean Lambert Fraipont, 8 mars 1769.
Mamlïoiirs de l'église.
Avant 1507. Johan Lambinoi).
1507 à 1512. Hanus Malherbe el Tliiri Touilet.
1514 à 1520. Johan de Fraipont le jeune et FrancheuxHoubinet.
1^21. Jacob de Fraipont.
1532. Gillet Malherbe.
1533. Jean Andrier, de Theux.
1535. Henri Pirchon.
1544. Johan le Xhardé, de Theux.
1547. Wathellet Jacob, de^Theux.
1552. Martin de Goyé, lors marly.
1563. Bietmé Baulduin.
1570-1574. Antoine Cléban.
1575. Henri Gohy.
1576. Thiryd'Anthine.
1577. Philippe Marlea.
1581. CoUin Fassin, de Spixhe.
1582. Jacob de Marché.
1589. Noël Doneux.
1590. Frankinet Houbinet.
1592-1593. George, fils m"*' George Malherbe.
— 146 —
1595. Gilles Collette.
1596. Jonas Frankinet.
1697. Mathy Houbin.
1598. Pasqueau Williem.
1599. Fassin Collin, de Spixlie.
1600. Evrard Lowy.
1601. Jehan leXhardé.
1602. Henri Gohy, de Spixhe.
1603. Collin Riga.
1604-1605. Pier Lezack.
1606-1607. Jean Jacques de Renoiifos (Fyou)
1608. Giele Servais.
1609. Lambert Servais.
1610-1611. Bietmé Jean Bietmé.
1612. Toussaint Materne Fillion, de Marchl.
1613. Anlhoine Hermès, de Marchy.
1617. Quelin Poncelet, brasseur de Thoux.
1619. Lambert Noël Bonyvicr.
1620-1621. Jean Collette Pacquea.
1622-1625. Jean Proenen.
1627-1629. François Wolff.
1630-1640. Ernest Proenen.
1641-1644. George Malherbe.
— — Simon Poncelet.
1647-1648. Lambert Lezack.
1649-1650. Servais Fraipont.
1653-1654. Simon de Limbouig.
1655-1657. Lambert Fraipont.
1658-1660. Poncelet Adolphe.
1661-1662. Gilles Poncelet.
1663-1664. Bertrand Mayet.
1665-1671. Léonard Hermès.
1672-1682. Jean Erkin Pouheau.
1683-1687. François Charles de Micheroux.
— 147 —
1688-1691. Jean Pierre à Limbourg.
1691-1693. Noël Poncelet de Presseux.
1694-1714. François Hardé.
1714-1723. François Poulieau.
1723-1731. Charles Boniver, prêtre.
1731-juillet-décembre. Poncelet Boniver.
1732. Paschal Beaumont.
1733-1748. Jean Philippe de Marteau, prêtre.
1748-4 février 1767. Lambert Jean-Joseph de Marteau.
1767-20 janvier 1783. Guillaume Joseph Malempré, prêtre.
1783, 8 mars. Ferdinand Boniver, prêtre.
Institution de la Cour des tenants,
A tous ceux quy ces présentes veront et oront les esclievins de Liège,
salut en Dieu permanable et cognoissance de vérité. Scactient tous que par
devant nous comme pardevant chiefT liante courte et justice comparurent
personellement pour fiiire ce que cy après sensuil honorables et saiges
iMalhi Lefebve de Theux et Thirion filz mre Thiri, mambours de l'englise
paroichialle de Tlieux, lesquels nous signiffient et exposent que le vestis,
les recteurs des autels, le luminaire, et membre d'iLoUe englise et les
pauvres de la paroiche délie ville de Theux avoient plusieurs massures,
cens, renies, et autres revenus et droictures mouvantes d'eux, et délie dite
englise, et dont ceux quy tenoient telles massures faisoient œuvres, en-
trées et yssues par devant ceux de leurs massuires que ont trouvoit plus
appareilliés, desquelles œuvres les autres massmviers n'esloient point
informez dont grands inconvénients en venoient souventes fois, et pou-
voient encor venir le temps futur sur dune mesme herilaige poroit-on faire
divers œuvres et contract partant qu'il advenoit ou poroit advenir que les
massuyei's quy avoient esté aux premières œuvres n'cstoient point aux
autres, et ensy en estoicnt les massuyers astargiet et ils les dits vestis
recteurs des autels luminaire et mambours d'icelle englise, et les pauvres de
ladiite paroiche esloingné de leurs droits, et leurs massures concelles a leurs
grieffs dommaiges,sy que pour surconner a tels inconvénients et pourveoir en
ce de remède convenable, ils lesdits mambours nous deprient et requisent
amiablement que nous comme chieffs délie loix de Liège leur volsismes
— 148 -
concéder, et oclroier une courte jurée de sept tenants, ou massuyres héri-
t.'ibles jureis pardevant lesquels, et nyent autres, et pardevant un mayeur
quelz dits \esiis, et mambours y puissent comettre toutes fois qu'il leur
plairat d'eux et leurs successeurs on poisist faire œuvres, entrées et
yssues des massures qui des prenomez vestis recteurs des autels, lumi-
naires, et membre d'icelle englise, et pauvres deladite |)aroiche de Theux
estoient mouvantes sy que lesdits tenanis polsissenl dorsenavant leurs
cens, rentes, relieffz, et droictures sy que courte jurée sauver, et warder,
et nous a icelle deprccation, et requeste raisonable favorablement incli-
nants, et descendants leurs avons concediet et oclroiet, et par les présentes
concédons et ordonons ladite courte jurée de sept tenants heriiables jureis
cy après denommeis a scavoir sont Jehin de Jevoulmont, Henry délie
Falieze, Urban de Hoitechamps, Thirion, fils Thiri le Groz, Pirosson, fils
Pirosson Eller (?) Mathiet Lefebve, et Tilkin Loistre de Theux, lesquels
par nous premièrement mis en feaulteit, et serment deyus vseront en tout
cas dt'Ue loix de Lit'ge, et pardevant lesquels et nyent autres tout leur
vivant on ferat œuvres, entrées, yssues, et autres exercices de loix que a
court jurée des massuyers appartient a fn'we des massures, quy deux sont
ou seront mouvantes, et quant ly ung ou plusieurs des dits tenants jureis
seront trespassez ils lesdits vestis, et mambours y puissent remettre, et
constituer autre ou autres en lieu de celuy ou de ceux ensy très passez
perpétuellement sens fraude, ne malengien entesmoingne desquelles clioc-
ses nous les Eschevins de Liège Avons a ces présentes lettres faiil
apprendre les seelz Libert testor et Johan damesart nous maistrcs |)Our
le temps et eschevins de Liège, desquels vsons ensemble en tels, et sem-
blables cas sur l'an de grâce mille quatlre centz et cincquante sept, de mois
de febvrier le vingle troisième jour ainsy signe : Martin Henry Tenant et
greffier de ladite courte et par ordonnance, et commandement d'icelle.
C'est le seriment que doit faire ung nouveau tenant jureit quant on le
meisten fealté, comme tenant jureit délie cours jurée de l'englise parociale
de Theux renovelleit par hanus Malherbe derq mamijor de la dite Englise
L'an mil cinques cens et huit date romane.
Vous serez bon et leale a Dieu a la Vierge Marie a l'englise vestit lumi-
naire et fabrique de l'englise paroriale de Theux sy que tenant jureit de la
court jurée dicelle englise, a mair et tenaiis jureis aidereis jugier loy avec
les autres vos confrères tenans en tous cas apnans et pendans devant
149
ladite court tout et quantes fois que requis et semons on serat parmy vos
droits preiulant aideres salver et warder les bins hertables partenant a
ladite Englise vestit luminaire et fabrique et si vous saves chi après au-
cuns bins qui soient entreperdus ou concelles vous en feres raport et
renseignement a vestit et niambors d'icelle dite englise. Ce vous aide Dieu
tous les Saints et par votre part de paradis a votre meilleur sens.
OEUVRES FAITES DEVANT LA COUR DES TENANTS.
Extrnicte iVung regre aptennnte a renglise de Theux.
Relevaon et œuvre faite le diexeme ior de feb. an XV^^ xxxij maire et
tenans lohan de martea hanus Simon jaco henri le noir homme Johan
Corbeau pacquea le parmentier.
Relevât la mey Thomas de Jevoulmont come mary de son espeuze fille
Johan Linotte premier ung iournal de terre gisant delez la voie qui vat de
Jevoulmcnt en largnon joindant dung coste az heretaige qui furent Johan
Brackei. Item Corlil nomeit Chaineau Cortil joindant à Johan le grosse
teste et gnalement tous autres heretaiges qui furent le vieux Linot et ledit
Jean son fils sy en fut advesty parmy i)aiant az vesty et luminaire eguale-
ment qualtres stiers d'avoine herèlx por fair chun an en lade engleize les
aniversaires des jadit Linot et Jean son fil et fut mis en vvarde.
OEUVRES FAITES DEVANT LA COUR DES TENANTS ET RECONNUES DEVANT LA
COUR DE JUSTICE.
Reportation et œuvres faite devant nous la court jurée des tenans de
l'englise de Theux l'an saize cens et sept le troisième jour de décembre
maire Jean Bovi Mathiet, tenans Danthinnc et iMartin Henry.
Comi)arut devant nous personnellement en présence vennerable sire
Jean Raison Doyen de Concile Sl-Rcmacle et curé dudit Theux, honno-
rable Adolphe de Presseux notre confrère, liquel de sa pure, libre et
franche volonté et sans aucune contrainte fut tellement conseilliiel et
avisé qu'il at de son propie mouvement transporté a prouffil des pauvres
de la paroiclie de ban de Theux siex dallers de rente pieche a siex florins
et demi liégeois, et trois dallers semblables aussi rente au prouffit de la messe
des trépassés qui se dit et doit on dire ordinairement toutes les sap""'' de
— 150 —
l'an sçavoir deux et demi a vesti et l'autre demi à marliei- escheant le tout
a jour sainct Andrier aposlre afTectés iceux sur sa maison tenure et appar-
tenance scitués audit Theux à l'opposite de la Halle ioindant devant a
chemin, desseur a noel poncelet, dessous à George Malherbe et derrière
a la rivir; et généralement sur tous ses autres heretaiges cens rentes et
biens heritables presens et futurs que pour après son décès iceux payer
par ses représentants dan en an sans aucun contredit que pour au cas de
faute y revenir par un seul adjour de quinzaine, voire que lesdits repre-
sentans pourront iceux dallers rcdimer parmy rendant pour chacun cent
florins liégeois, que pour ce fait remployer iceux deniers a prouffit les dits
pauvres que messe preniemorés, et ce aftln prier le Bon Dieu tout pour le
salut de son ame, celles de tous ses parens et amis que de tous autres
fidèles trépassés, le tout quoy fut par ledit sire Jean en la forme que dit
est accepté.
Le vingt unième jour de mois de juillet anno saise cens et dix devant
nous la cour et justice de Theux maire en ce cas Adolphe Poncelet, Esche-
vins Martea et Picquerea avons a la requête de vennerable maistre Jean
Donneux curé dudit Theux le prédit transport renouvelle et ratifié suivant
ses entiers effets saufs tous droits et a sa requeste mis en garde étoit signé
Adolphe Poncelet.
Record de la cour des tenants (i).
Messieurs les Tenons de VEglise paroissiale de Theux.
Le sous signé constitué générallement de son Excellence Monsig"" le
feld maréchal comte d Aspremont Lynden gouverneur et officier souverain
du marquisat de Franchimont, vient remontrer que dans deux procès que
sa dite Excellence soutient par devant la cour et justice de Theux contre
Mons"' Toussaint Jeuncehamps lieutenant gouverneur il est demandé de la
part du Seig'' Gouverneur que les lettres requisitorieîles et compulso-
rielles lui soient accordées pour faire venir en cour des pièces et écritures
faisantes à son droit, ce que le prélocuteur dudit M'' Jeunechamps a accor-
dé et comme entre ses pièces et écritures sadite Excellence souhaite
( * ] C'est le seul que je connaisse.
— loi —
d'avoir de votre cour desdits lenans une déclaration soit par forme de
record soit autrement des noms des personnes à qui vos pauvres sont en
coutume de donner la semaine sainte de chaque année des pains blancs
nomées comunement miches des pauvres et aussi des raisons pour les-
quelles on les leurs donne ce pourquoi sadite Excellence vous requiert de
lui donner et accorder tant vos dites déclarations que les extraits de
registres de votre mambour et ce au moyen de vos droits qu'il offre de
payer quoi faisant et signé M. J. Moxhet au nom de S. E. Monseig'le
Comte d'Aspremont Lynden.
Vu la présente par nous la cour des tenants de l'Eglise paroissiale de
Theux assemblée le 5"^ de septembre 1757 dans la maison du mambour de
nos pauvres attendu le refus de notre cuié de se trouver à la maison pas-
toralle ensuite de la convocation spéciale faite par notre petit marguillier
disons, déclarons et recordons en faveur de justice et de vérité que de
tout temps immémorial les mambours de nos pauvres sont et ont été en
coutume et usage de donner aux frais desdits pauvres dans la semaine
sainte de chaque année des pains blancs nommés commiiné'.nent miches
des pauvres aux personnes suivantes scavoir deux au curé, deux a son
vicaire, deux au marguillier, deux à notre mayeur, deux à notre greffier,
deux à chacun des tenants, deux au mambour de l'église et deux au mam-
bour des pauvres en considération et par reconnaissance de ce que nos
pauvres en sont servis dans leurs aifaires pour Dieu et par honneur, d'en
donner deux au Gouverneur et deux à la Gouvernante tant par honneur et
par respect que pour raisons des égards et des attentions qu'ils pour-
roient avoir pourlesdits pauvres, d'en donner deux à chacun des membres
de la cour et justice de Theux ( : excepté le greffier depuis quelques an-
nées : ) pour raisons qu'ils servent lesdits pauvres pour Dieu et par hon-
neur, d'en donner deux à chacun des deux Bourgmres regens pour raisons
des services qu'ils pourroient rendre aux dits pauvres et entin d'en don-
ner deux au petit marguillier comme notre huissier, deux à celui qui va à
la fabrique pour l'église et pour les pauvres ménages recommandés et
deux à (^elui qui porte les miches pour raisons qu'ils les servent aussi pour
rien, ordonnons à notre greffier de registrcr la présente avec la susdite
supplique.
François J. POUHEAli, f.'/r//?V?' par onh''.
— 15^2 —
ANNEXES.
E^xtraits des archive» de l'église de Xlieux.
1519. Item at ordonne Englebert de Presseux chastel. de Franchymont que
le dit Johan (de Fraipont) devait deboursed az ornes qui ont fait
les bricques x fl.
Item at encore débourse a Johan Miso pô fe le forme des bricques
pour xin journées.
Item a Johan le Lymosin de Vervier pour xii journées vi flor.
Item à Johan le molnier xn aid. pour une berwette pour mener les
bricques.
Item encore débourse à Denis Chavas pour v journées a vi aid. le
jour font XXX aid.
Item débourse à Englebert pour ii journées a servir les omes des
bricques.
Item nii journées que ledit Johan servit a coller le chaulx dequoy
ion piastre les chapelle et lalstare.
1521. Item pour m journées a til le Croteou pour tirer eawe pour fe le
chimens et pour coller le chaul qui font xv aid.
Item encore ini journées que ledit Johan at servi a fe les aires de
vestiaire.
Item X aid pour ii tin nés dont les maçons se sont servis a l'englise.
Item at livreit led. Johan xvi cent piet de latte pour servir az deux
chapelles et vestiaire a xvi aid. le cent.
Item at livrait ledit Johan deux cent pied de plance en la main de
Mati de Francymont pour mectre sur le chanceau.
Item at reçue ledit Johan a messire Jacques lur pied de lattes.
Item at servie ledit Johan une journée a mectre ces planées aveoq
Mali.
Item V journées a paliet et a mectre a point le chanceau de
senestre.
Item paye pour ii cent de claz v aid.
Item encore pour une journée quil at esté chargie les pierre des
deux voillire sur les chars de sassure et saserotle que renevoyent
Damxlie.
1i
Ilem pour trois voiture que ledit Johan al esté a Gi oiille chargée
(les lenres pieres et a pour chacune voilure u jours qui font
VI journées.
Item at change ledit Johan le viel sesse aile benoiste dame sur une
nesve sesse soit donne sotte ii flor xiiii aid.
Item payé pour les voillire de la chapelle vers la boverie xviii flor.
Item n journées que le dit Johan at servie a les aider meclre.
1532. Renies : dont il en val ung slier aile lampe estante en chancheau.
1555. Item à Hubert le machon tant pour paver en cbanceaux que pour
assier les gre? de sacrament xxnn flor.
Item audit Hubert pour deux mannes de thau xxiiii aid.
Item pour les chereaiges tant des pieres de chau que de saubeu-
lon XX voitures et pour chacune ung aid. montent ensemble 1
flor.
1559. .\chat c!e la table de l'autel à Liège.
A Thomas le veully pour la fachon des voilliers toulx a l'enthour de
l'englise vin fl. xvi aid.
A Grigoir le marissal pour des verges et clous de fer pour mettre
aux d. voiriers xiiiaid.
1595. Item au 11'' dudit mois (juillet ) délivré au doyen et curé en qualité
d'avoir tenu ce mesz jor les sennes el avec ce lors pour la quole
de lescot ordonne au mambour de l'église paye pour ce a Jacques
Noé icy quatt. f. B. L.
4627. 20 juillet. Item a Gielel Sicquet pour assister a sonner les orgues
pour une paire de solier lui promis par an I rixdaler.
1629. 10 octobre. Donné à W^ Louys sur les douses f. et demy annuelle
luy deyus pour sonner les orgues 8 fl. b.
1642. Le quatlrieme de maye ano dil paiel à Pirolte Jacques Giele por
avoir fait deux ancres por les mettre az tableau du celle lorsque
Hernies de Pont les racomoda cl ung bar mis a la trailhe de
l'engliese servant pour passer ensemble refait le pendement de
la trailhe devant le Sl-Sacramenl xvni pal.
1661. Le 51 décembre payé a Michel Ilalloy pour avoir remplacé les
treilles devant le grand autel 15 pal.
1662. Le 15 mai a N., tailleur de pierres de la Reyd, pour avoir rem-
plombé quelques treilles devant le grand autel 10 pat.
1675. Le 27 avril paie à Lambert Delaict pour avoir travaillé a regrandir
l'autel nre Dame.
— loi —
1680. Le dernier octobre payé pour le tabernacle du Sl-Sacrement corne
par Testât f. 70, 10 1/2 pat.
On fit raccommoder le vieux à Liège, où le neuf avait été fait. Payé
pour ce 3 fis.
1680. Novembre donné au xhaillelcur pour avoir esté boucher la fenestre
deseur le cœur et racomodé la roulette de la lanterne 15 pat.
1681. 16 mars payé pour 1001 pieds de planches acheptées et mises en
l'église pour servir à la réparation du plancher du cœur 70 fis.
Aiant quitté les 61 p. pour les nœuds et fentes.
On a acheté pour faire le plancher 550 p. de limont 55 Ils.
On a fait porter le tout sur les celles.
Un cent de bars de cuve li fis. — 37 p. bars de cuve ei 88 p. de
quartier pour le plancher et peinture 12 fis.
1681. Pr 80 1/2 journées de menuisier (Tossaint Léonard) 100 f. 12 1/2
p. et 126 p. bars de cuve à 15 fis le "/o et 100 p. de planche a 8
f. 125 fis non compris la bierre fournie aux ouvriers.
Le 16 septembre à Tossaint le scrinier pour 7 journées (avec son
fils) pour les moulures des grandes peintures 8 f* 15 p.
15 novembre à Tossaint le scrinier pour 15 journées de lui et de
son fils employées en mettant les tableaux et faisant partie du
plancher par deseur iceux sans comprendre leur bière f. 18-15.
1682. 51 mars à Pasquea Nanlule façon des ferailles pour porter les pein-
tures f. 14.
A Jean Boniver pr 185 b. fer pour les peintures f, 48-6.
Le 1 i octobre paie à Pirotle de Riou pour 500 de plandehes pour
appliquer à parchever le plancher sur les dites peintures à 6 f . 5
p. le cent 31-5.
Le xix« dudit mois (octobre) paie à Tossaint le scrinier pour avoir
avec son fils travaillé chacun cincq jours tant en mettant les
grands tableaux que pour achever le plancher f. 12-10.
Item pour 28 pieds de planche qu'il a livré outre celles venantes
de Pirolte de Rieu 1-15.
Item à son fils Léonard pour dringhelt en considération qu'il sat
exposé dangereusement en mettant les grands tableaux 1 fl.
Pour la bière beu pendant lesdits 5 jours paie f. 3-0.
A Xhardé qui at assisté pendant plusieurs jours et en tirant les
planches en haut 1-0
— ioo —
1683. Item (9 mars) at paie à Pacquea Nantulle pour ultérieurs travaux
faits en accomodant les ferailles pour mettre les grands tableaux
f. 8.
1686. Le 7 janvier ledit Erkin at payé au préloculeur Delheid pour des
bois qu'il avoit délivré pour l'église lorsqu'on travailloit pour les
peintures l'an 1681. 5-10.
1692. Le 14 (août) payé à Antoine Renson menuisier pour avoir raccom-
modé une piramite à l'autel de la vierge et raccommodé la grand
passet quy est sur l'autel incompris doux vingt cinq patars avec
bier 1-5-0.
Le 16 dito (décembre) il m'at esté ordonné par Mons"' le R** pasteur
et Mess"^^ les tenants de faire a battre la vont desseur la chapelle
de rosair.
Item donc paie a Arnould le Xhardé m''*' masson pour cincq jours
qu'il at travailé a ladite voux f. 6-10-0.
Item payé a Pierre le Rois pour cincq jour qu'il at travailé a quat-
torse patars par jours 5-10-0.
Item pour deux mânes et deux cord quinze patars 0-15-0.
Item à Bertrand Boniver dit le Cocqi pour trois jour à traize patars
par jour 1-19-0.
Item a la vef Olliviet de Rieu pour quinse limon a 10 pat. chacun
7-10-0.
Item à Antoine Renson pour un limon 0-10-0.
Item à Jean Thomson pour un soumier 13-10-0.
Item a lui-même pour un limon 0-12-0.
Item à Gielle Petitjean pour avoir menez le soumier avec son cheval
jusqu'à l'église 0-5-0.
Item a Thomas le Potte pour clous 0-15-0.
Item a Antoine Renson menuisier pour six journées à vingt patars
par jour tant a netoier que a raccommoder le siège de Mess'Mes
tenants et l'autel de la chapelle G-0-0.
Item payé pour une journée à sa femme 0-7-0.
Item a fils Jean Nicollet pour trois jours et demi 4-4-0.
Item a fils Henri Nicollet pour un jour 1-4-0.
Item à Pirotte de Rieu pour cha 4-10-0.
Item à Adolphus Poncelet pour bier qu'il a delivi é a ladilte vont
— lo(J —
1693. 7 mars payé à Thomas Jehin pour avoir ramené trois cens pied de
planche de Bronrome avec une pinte de hier 2-H-i/â.
Le 10 payé à Noe de Baneux pour les dit planches a six fis et dix
palais le cent de pied 19-10-0.
le 26 (avril payé a Antoine Renson pour quatre jour qu'il a tra-
vaillé dcsseur la chapelle du Rosaire a vingt cinq patars par
jour 5-0-0.
1 i" (juin) payé à fils Watelet Lefin pour svoir travaillé dix jours a
couper le pierre pour le pavement de milieux de l'esgliese a
vingt cinq patars par jour 12-10-0.
Le li juin payé à Laurent Remacle le chanoine |)0ur onse jour qu'il
a travaillez au pavement de lesgliesc incompris quelques reblan-
chissiige et neloier le paroit de Icsglicse a vingt cinq patars par
jour 15-15-0.
1605. Ilem a son père masson pour huit jour qu'il al travaillez dans l'es-
gliese a 22 patars 8-16-0.
Item à Laurent la Croix qui les a serveu six jours à 15 patars par
jour -i- 10-0.
Item (ô juillet) a Adolphe Poncelet pour hier qu'il at délivré tant a
pavement de lesgliese que à faire le grenier deseur la chapelle
du Rosaire 17-15-0.
L'église emprunte 575 fis pour payer le maiti e-autel, par acte du
notaire Storheau en faveur de Louis Poncelet. L'acte est du 50
septembre 169i.
169i. Le 11 dito (octobie) payé pour deux charges de chaux pour servir
à racomoder le grand autel 1'. 5-10,
Le 9 dito (novembre) payé pour deux charges de chaux venantes
du pays du Roy pour le grand autel t. 2-16.
Item encore pour deux charges f. 2-10.
Le 17 dito payé a Mathieu le Potte pour 2 lAi jours qu'il a travaillé
a porter les pieres du grand autel f. 1-17-2.
Item pour sivière pour porter les pieres 1-2-2.
Le 26 novembre iiayé a Tossaint Grégoire DepressiHix pour 11 1/2
jours qu'il at aussi travaillé au grand autel a 15 pat. chacq
jour 7-9.
Le 27 dito payé à Laurent le chanoine pour 19 jours qu'il a travaillé
- 157 -
tant au grand autel qu'a rebâtir la muraille dj.rier en la place
des verieres icy a 25 pat. chacune a raison qu'il n'a eu de la
bière 23-15.
Item au fil Alexandre Malherbe quy at assisté a porter les pieres
et simens 10 1/2 jours à 15 pat. G-14..
Le 28 dito payé à Pier Jason pour 2 1/2 jours qu'il avoit travaillé a
porter les pieres du grand autel hors de l'église 1-5.
1695. Le premier juin restitué à M'' le curé 53 f. 5 1/2 pat. qu'il avoit ex-
posés pour le grand autel tant en voitures qu'autrement come
paroist par son estât et quitance 53-5-2.
Ledit jour (25 juin^ payé au fil Jean le Liégeois pour avoir travaillé
5 q" de jour a assister a mettre la table du grand autel 0-9.
Le 22 dito (septembre) payé à Watelel Lefin pour ta table du grand
autel comprise cincq journées qu'il a employé a le dresser coe
par sa quittance icy 40-0.
1696. Le 22 d'avril Jean Renkin menuisier m'at donné quittance des trois
cents et septante cincq fis qu'il avoit ci devant receus a pluss"*
fois sur le travail du grand autel lesquels 575 fis Louys Poncelel
a prêté come je raporte a mes receptats portant icy en expositat
f. 575.
Item lui payé encor a bon compte come par quittance GO.
Le 10 juin payé encor a compte a Jean Renkin sur le travail du
grand autel 50.
Item (27 novembre) payé et descomplé à la W^ du S'' Renier W'olÏÏ
pour un soumier qu'elle a laissé avoir et qui at été applicqué
sous le plancher de la chapelle de Mes''* les esch"" icy 6-0-0.
Le 5 déceml)re restitué a M'' le curé deux cents quarante fis Bbant
quil avoit payé au menuisier pour resi de 705 f. convenus avec
lui pour les bois et travaiîs du grand autel partant icy f. 2i0-0.
Le 22 décembre payé a M' nre R'' curé trois cent et dix sept fis
Bbant tant pour le marchepied du grand autel, planche de la
chapelle de Mess'* les eschevins que de la garde robbc de la
sacristie quil a fait construire et reparer ayant quitté a leglise ce
qu'ils ont coûté davantage icy donc f. 517.
1697. Le 5 avril payé au fils Noé Cloes Michotte pour deux chenues de
fer de 5 pieds chacune pour attacher deux grands tableaux au
dessus des frontispices dos deux chapelles de l'église f. 2-10.
— 458 —
Item à Jean le serurier pour les y avoir attaché avec des ferailles
havames et crochet qu'il y a appliqués f. 2.
Et pour clou 0-2.
Item audit serurier pour avoir raconiodé le fer du vieu tabernacle
servant au monument 0-6.
1699. Juin. Item j'ay refurnis aud' s"' curé 5 11. 15 pat. pour avoir fait
quitter les autels de n"^ Dame et de nos patrons et pour les avoir
fait paver 5-15.
Le même jour payé audit IV' curé 58 f. 17 pat. qu'il avoit payé pour
avoir fait racomoder la chappe processionnelle scavoir franche
dor doublure façon et come porto Testai (à charge de la grosse
disme)f. 58-17.
Au mois d'août 1700, on répare la haute muraille à la naive de
l'église. A cet effet, on emploie de la chaux, du sable, deux sou-
miers de 12 pieds, 4-i pieds de xhorons, 162 1. de fer pour faire
sept ancres, des clous et des crochets, des ardoises et pendant
le travail, les ouvriers boivent 69 pots de bière pour 10 f. 7 pat.
Le 12 may 1701 payé à Antoine Renson menuisier pour avoir raco-
modé le plancher au dessus des ordres quy estoit percé et
dei'ompu f. 2-15.
A Marie IMicholte pour doux y employé f. 1.
Item à Lambert Chinval maréchal pour 6 fers applicqués pour tenir
les tableaux au dessus des ordres et pour avoir racomodc un
bar de fer rompus f. 5.
Au mois de lévrier 1707, une partie du toit sur la nef, au dessus
des orgues, fut emportée par le vent.
1710. Le 25 dito (février) payé àMonsieur nrecurécenl et trente fl. Bbant
pour le ticrze de la re])aralion et augmentation des orgues et
eeste par aveu des s''' tenants icy come par quittance f. 150-0.
1715. Le 22 septembre payé à Monsieur le cui'é 122 f. 14 i/-2 p. pour un
état d'exposés qu'il avoit fait à la construction des baUisties des
deux chapelle icy comme par ledit état et quittance f. 122-11 j/2.
1717. Le 2i janvier ensuite d'ordonnance j'ay payé au sToncclet Boniver
quarante écus qui les avoit compté à Liège au s' Piquar pour le
racomodement des orgues icy come par ord'*^ et quittance
■ f. 160-0.
— 159 —
J 717. Août. Se raporte icy un état dexposés pour le pavement de l'église
portant corne par ledit état et quittance f. 237-1-2.
1680. Le dernier octobre payé pour le tabernacle du S'-Sacrement comme
par Testât septante fis dix pat. et demy 70-10 1/2.
Pour l'avoir envoyé chercher y compris ce que Piron avoit mené le
vieu lui donné 1-0.
Le ?) avril 1681, Piron at rapporté de Liège le vieu tabernacle du
ven''i'= que l'on avoit fait raccomoder et reneltoyer à Liège pour
quoy paie 5-0.
Audit Piron pour ses pains 0-6.
Extraits des archives de la communauté de Xheux.
1673. 9 juin. Procès entre la communauté et le curé deTheux qui veut
avoir une neuve maison.
1716. 25 août. Le magistrat décide de faire venir de Liège des ouvriers
pour réparer les boiseries de la moyenne cloche, ceux de Theux
n'ayant pas la même expérience.
1719. 13 avril. Lesbourguemaîtreset le commissaire de Limbourg sont
chargés par le magistrat de convenir avec Michel Beauraont qui
désire bâtir sur le mur de la petite maison à droite de l'entrée
du presbytère.
La communauté consent à lui vendre la mitoyenneté et le magistrat
décide que le prix servira à exhausser le mur.
id. 1" juin. Le magistrat fait accord avec le curé pour les réparations
de la maison ci- dessus. Le curé veut faire un toit de chaume et
le magistrat s'engage à payer une certaine somme pour qu'il
fasse un toit en ardoises. — La différence du coût entre les
deux toits — .
1720. 21 novembre. Ordonnance au Dourguemaître Wolff au même sujet.
1721. 1"^'' mai. llecès du magistrat touchant les réparations nécessaires
aux toits de l'église paroissiale, aux petites murailles, aux en-
droits défectueux des plafonds, des.lambris et de faire planchéier
le dessus des ailes,
id. 15 mai. Ordonnance au bourgmestre Boniver de faire les répara-
tions conformément au reccs du 1" mai.
— 160 —
1724. 16 mai. Ordonnance au B"'' de Limbourg de payer à iNoé de Pres-
seux 5 fb. pour avoir fait une paire de fliohe, avec clefs pour la
sacristie et une boîte pour les saintes huiles et de faire réparer
les crevasses aux lambris des deux chapelles au côté du chœur.
id. 22 juin. Ordonnance au même défaire diverses réparations à la
sacristie, à l'église et à la muraille du cimetière.
id. 12 octobre. Ordonnance au même de faire mettre deux vitres à
chasit à la sacristie de l'église de Theux.
Dans l'assemblée des bourgmestres, commissaires, électeurs et no-
tables du ban de Theux, tenue le 26 novembre 1724, il a été pro-
posé d'examiner les réparations du pavement de l'église que le R'*
curé et les lenanis ont fait faire dans les ailes de ladite église, et
dont ils demandent le paiement; il est décidé que le magistrat
devra en faire faire l'évaluation par des connaisseurs et payer
ce qui est fait à charge do la communauté.
1725. 17 mai. Ordonnance au B"'' de Marteau de payer le dit pavement
au mambour de la dite église.
id. 12 juin. Ordonnance au même de faire réparer les gouttières du
toit de l'église dans les endroits qui sont à charge de la commu-
nauté et d'acheter des planches pour paver la sacristie.
1727. 2 juillet. Ordonnance de paiement de journées faites à la moyenne
cloche de l'église paroissiale.
1745. 20 juillet. Ordonnance au B''" de Presseux d'acheter du damas de
Lyon pour faire des ornements noirs de l'église de Theux pour
servir aux obsèques des habitants.
1750. 26 mai. Ordonnance au B''^ Limbourg de faire réparer un pan de
muraille tombé du cimetière,
id. 6 novembre. Recès qu'on donnera une chasuble de l'ancien orne-
ment noir à Becco et une à Oneux; l'autre est mise à la disposi-
tion du B^'*'.
1755. 15 juillet. Ordonnance au B'"' Fréon de faire réparer les murailles
du cimetière.
1756. 2 septembre. Ordonnance au même de faire renfermer le cimetière
avec des bouts de murailles de deux côtés et deux portes de fer
à chaque côté.
1761. 5 novembre. Ordonnance au B'^"'" Deblon d'acheter une chape
noire.
— 161 -
1762. 16 septembre. Ordonnance au W" de Marteau de faire reblanchir
l'église parochiale.
1769. 26 septembre. 11 est recessé qu'on réparera la muraille du cime-
tière.
1779. 25 mai. Convocation des trois corps pour savoir si l'on doit démo-
lir la porte d'en bas et faire servir les matériaux tant à la répa-
ration des murailles du cimetière qu'à d'autres usages.
id. .30 mai. L'assemblée des trois corps approuve la proposition ci-
dessus.
id. !<''■ juin. Dans son assemblée le magistrat adresse une supplique
aux Eiats du pays de Liège relative, entre autres objets, à la
construciion d'une muiaille neuve au cimetière.
1780. 2") mai. Paiement de réparations an toit de la tour de l'église,
id. 17juin. Paiement de réparations au toit de l'église.
id. 13 septembre. Paiement d'une serrure à la porte du clocher de
l'église.
1781 26 avril. Il est décidé qu'on rendra le blanch.ssage de l'église pa-
roissiale, à condition que le curé fasse blanchir le chœur.
1707. 15 septembre. Le magistrat ordonne au B""" Hermeau de réparer
les toits de l'église et de rejeter la haute muraille.
1715. 16 mars. Ordonnance au B'"' Pouheau de déplacer la moienne
cloche afin d'éviter les réparations du bois qui se représentaient
trop fréquemment.
1785. 18 septembre. Dans l'assemblée des trois corps, tenue le dit jour,
le magistrat a été autorisé à acheter un jardin pour y bâtir la nou-
velle marguillerie, à apporter certains changements au cimetière
et à ouvrir une seconde porte, celle devant la marguillerie le
besoin s'en fesait sentir pour la sortie de l'église — moyennant
l'agréation du seigneur archidiacre et de la Cour des tenants,
pour autant qu'il peut en être besoin.
1785. 29 septembre. Le magistrat déclare vouloir rendre aux rabais les
pierres de taille pour deux entrées à poser à la muraille du
cimetière.
id. 4 octobre. Recès touchant les marches de l'escalier du cimetière,
id. 27 octobre. A la demande des seigneurs des états, le magistrat
décide l'alignement de la muraille du cimetière.
— 162 —
1786. 14. février. Le magistrat convient avec Hubert Jasoii pour deux
portes en treillis de fer avec frise ou partie dormante le tout sur-
monté d'une croix, lesquelles portes seront fournies le 10 mai
suivant.
id. 18 avril. Ordonnance au B"^'' de Marteau de payer à Louis Bullin la
chaux qu'il a fournie pour le cimetière, convenant avec ledit
Bollin de la livraison des pierres ou marches de l'escalier.
id. 20 juin. Ensuite d'un recès unanime des trois corps de la commu-
nauté du -i*^ dudit mois et la permission de S. A. en son conseil
privé, paraposlille du 8 même mois, du recès ensuivi du ma-
gistrat en date du 15, des publications et affiches, vente par la
communauté aux enchères publiques de l'ancienne margiiilleric
avec droit de bâtir sur la muraille du cimetière. Elle est acquise
par Jean Paschal Beauraont,
1786. 6 juillet. Becès pour le rendage des entablements en pierres de
taille pour la couverture de la muraille du cimetière vers la rue.
Cette adjudication se fait le 11 juillet.
id. 24 août. Le magistrat compte avec Hubert Jason pour la porte de
l'entrée du cimetière vers l'église,
id. 2 novembre. Ordonnance au B^™ de Marteau de payer le portail
(porte) en fer du cimetière vis à vis de la neuve marguillerie.
1787. 9 janvier. Examen d'états pour la fourniture de bois, etc., aux pro-
priétés delà communauté, entre autres l'Eglise.
1629 et 1650 (comptes du Bourgmestre). At payé à Lowis Lefooz pr son
gaige de jouer les orgues eschues por 2 ans xxv fl.
— N. B. L'organiste a toujours été payé, sous l'ancien régime,
moitié par la fabrique, moitié parla communauté. Cela résulte de
tous les comptes que j'ai vus. H en était de même du souffleur —
ponr avoir aide jouer les orgues.
ilôo. 5 mai. Ordonnance au B'"^ de Presseux de faire réparer les toits
des deux petits cœurs de l'église de Theux.
1759. 14 avril. Ordonnance à l'ancien B"'" Wolff de se rendre à Liège où
il devra approcher M. l'écolâtre Clerx ou le s"' Lcpiem pour con-
venir do quelques couvreurs d'ardoises et convenir avec iceux
— 163 —
du prix des journées qu'ils peuvent gagner par jour pour cou-
vrir le toit de notre église et de la manière qu'il conviendra
d'employer les ardoises.
1740. 12 mai. Il a été recessé et ordonné à nre B""" de Limbourg de faire
replâtrer les voûtes délabrées des ailes de l'église paroissiale, de
la faire reblanchir et de faire oler la porte du cloché de l'église
pour être remise dans le parvis,
id. 14 juin. Ordonnance au même de payer la réparation des vitres de
l'église, de clôturer le cimetière et de reboucher la porte de la
courtegard qui est proche de la Boverie, de faire la porte sur le
chemin et de rendre ledit bâtiment habitable si possible,
1755. 9 avril. Ordonnance au B"'** Fréon de faire raccommoder le ciboire
et de faire faire trois petites boîtes d'argent pour y mettre les
S'"'" huiles de n'''^ église.
1781. 2 novembre. Il est donné lecture d'une supplique de M. Thill,
pourvu de la cure de Theux, apostillée de l'archidiacre de
Condroz, par laquelle il demande que la communauté répare le
presbytère dans les parties devenues caduques faute d'entretien
de la faute de feu le curé Jeunechamps. Le magistrat adresse une
supplique audit archidiacre dans laquelle il décline la charge que
le curé Thill veut lui imposer. C'est au curé a entretenir la mai-
son pastorale. Le curé Anseau prétendit de pareilles réparations
l'an 1675. Le curé La Haye bâtit à ses frais une grange et le curé
Moreau répara une chambre, fit des croisées neuves et une porte
avec portail sur le jardin. Le curé Jeunechamps a ajouté pour son
intérêt particulier un bâtiment rural à celui fait par le curé La
Haye.
Le R'^ Jeunechamps, chanoine de S. Barlhélemi, héritier de son
frère le curé, a commencé les réparations négligées par son
frère qui a loué le presbytère à des laïques. Le curé Jeunechamps
n ajouté une chambre et une cuisine bien que le presbytère con-
tint une grande cuisine et trois chambres au rez-de-chaussée.
Le curé de Theux est un des plus riches bénéficiers du pays.
1782. Juillet. Le magistrat met en adjudication le blanchissage de l'église,
de la sacristie, du parvis et des deux petits chœurs. Le curé
expose ensuite celui du grand chœur.
INAUGURATION
DU
MUSÉE DE L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE
LIEGEOIS.
Depuis un an, nos collections avaient été placées dans les
locaux actuels; mais l'inauguration avaitdûêtre retardée, parce
que les travaux de l'aîle du palais où elles se trouvent n'étaient
pas achevés et ne permettaient pas l'accès par le grand escalier.
Au moment où ces travaux approchaient de leur terme, nous
n'avons pas voulu perdre une minute, et, vu l'urgence, notre
honorable président d'honneur à vie, en Vabsence du président
effectif, convoquait en pleines vacances l'Institut pour inviter
Monsieur le Ministre de l'intérieur à assister à la cérémonie de
l'inauguration.
Le 12 octobre fut le jour fixé : le matin même, les arrange-
ments définitifs s'achevaient seulement.
M. Delcour, Ministre de l'intérieur, accompagné de M. Van
SousT DE BoRKENFELD, directeur-inspcctcur des beaux-arts, et
de M. Beco, chef de son cabinet, est reçu h son arrivée en ville
par M. Ch. Grandgagnage, sénateur, président de l'Institut, et
par M. Alb. d'Otreppe de Bouvette, président d'honneur à vie.
Après avoir rejoint au Gouvernement provincial les autres
autorités invitées (M. de Luesemans, gouverneur de la province,
M. PiEHcoT, bourgmestre, M. le général Simoxs, commandant
la division territoriale, M. Hamal, vice-président du Conseil pro-
vincial), M. le Ministre est introduit dans la deuxième cour du
palais où l'attend M. le baron de Sélys-Longchamps, sénateur,
vice-président, accompagné des autres membres de l'Institut,
puis dans la salle de réunion, à l'étage supérieur du palais cédé
au Musée, où la séance est ouverte autour de la table du Con-
seil privé des princes-évéques, devant une des deux cheminées
antiques données par M. Fabry-Rossils.
L'Institut est représenté par MM. Ch. Grandgagxage, sénateur,
président ;
Alb. d'Otreppe de Bolvette, président d'honneur à vie;
Baron de Sélys-Longchamps, sénateur, vice-président ;
A, Dejardix, secrétaire;
Alexandre, conservateur-trésorier ;
Fabry-Rossius, bibliothécaire ;
Angexot, secrétaire-adjoint ;
Ch. de Thier, E. Dognée, Schoonbroodt, Henrotte, Noppius,
J. Dejardin, PoswicK, Vax de Casteele, Comte G. de Looz, membres
effectifs ;
MM. Pu. DE Limbourg et St. Bormans, membres honoraires ;
MM. le Comte Fr. Van der Straeten-Ponthoz, Nautet, Cor-
BESiER, Lefèvre, Baron Ad. d'Otreppe de Bolvette, membres
correspondants ;
MM. le Comte DE Grunxe, Richard-Lamarche, Wauters-Cloes,
Thimister, Dubois, Hock, Couclet-Mouton, Thys, E. Malherbe,
J. Frèsart, Hicguet, membres associés.
MM. Renier, R. Chalox , Meyers, Wurth-Paquet, Baron de
WiTTE, J. Grandgagnage ct Hahn, ont manifesté par écrit le
regret de ne pouvoir a.^sister à la séance.
L'autorité communale, l'autorité provinciale, les corps judi-
ciaires, l'armée, l'Université, l'Académie des beaux-arts, la
Société d'émulation, V Union des artistes, sont représentés par
— 167 -
M. Magis, échevin des beaux-arls et de rinstruction publique,
M. Masset, conseiller provincial, iMM. les Chefs de division de
l'administration provinciale, M. Ernst, procureur-général près
la Cour d'appel, M. Detrooz, avocat-général, M. Falloise,
président du tribunal, M. le colonel Daubresse, commandant le
A' régiment d'artillerie, M. Fome, administrateur de l'Université,
M. Neef-de Rossius, président de la Société d'émulation, et un
grand nombre de conseillers communaux, professeurs à l'Uni-
versité et à l'Académie des beaux-arts, membres de sociétés
scientifiques et artistiques et autres amis des arts et des
sciences conviés à la cérémonie.
M
suivant :
Grandgagnage, président, se lève et prononce le discours
« Messieurs,
» Je dois d'abord vous remercier, au nom de l'Institut, de
l'honneur que vous nous faites en vous réunissant ici à notre
appel, chose dont nous devons vous savoir d'autant plus de gré
que plusieurs d'entre vous interrompent en notre faveur des
vacances bien méritées. Soyez persuadés, Messieurs, que nous
vous en sommes profondément reconnaissants. Mais nous
n'avons pas voulu inaugurer le Musée sans offrir aux différentes
autorités avec lesquelles nous sommes en relations nos témoi-
gnages de gratitude pour la bienveillance qu'elles nous ont si
souvent manifestée.
» Il est naturel, à cette occasion, de vous retracer sommaire-
ment les nombreuses vicissitudes'parlesquelles le Musée a passé
avant d'être enfin installé dans ce local. Ce soin appartient de
droit à notre vénérable président d'honneur, qui vous en a déjà
souvent entretenus dans ses Tablettes.
168 —
» Pour ma part, laissant le passé de côté, je veux seulement
dire un mot de l'avenir et insister sur l'urgence d'établir notre
état-civil.
» Maintenant qu'après quatre déménagements nous sommes
enfin parvenus à caser dans un local définitif (du moins je
l'espère) nos collections déjà respectables, il importe. Messieurs,
d'en assurer la durée, d'en prévenir la dispersion possible. Nous
avons fait de nombreuses démarches pour être rattachés légale-
ment à l'un des grands pouvoirs constitués : à la Province,
d'abord — je dis d'abord, parce que le Musée est, par le fait,
provincial, ~ subsidiairement à la Ville ou à l'Etat.
» Ces démarches n'ont pas abouii, mais j'espère que de nou-
velles négociations auront un résultat plus heureux. Si par des
raisons quelconques, le personnel de l'Institut venait à se dis-
soudre, à qui appartiendraient nos collections? Seraient-elles
de nouveau dispersées, à peine réunies? Vous comprenez,
Messieurs, que cette question doit être résolue et que la perpé-
tuité du Musée doit être assurée.
«Lorsque vous l'aurez parcouru avec nous, vous reconnaîtrez
qu'il a déjà une importance réelle et qu'il renferme, pour l'his-
toire de la province, à tous les âges, de nombreux documents
qu'il serait déplorable de voir perdre.
« Je vous convie à faire avec nous ce petit voyage archéolo-
gique, après avoir entendu notre président d'honneur, à qui je
cède maintenant la parole. »
M. d'Otp.eppe de Bouvette, président d'honneur à vie de l'In-
slitut, le véritable fondateur du Musée liégeois, le généreux
— 161) —
donateur d'une grande partie des objets exposés, et malgré ses
88 ans, le membre le plus actif encore de l'Institut, prend
la parole :
« Messieurs,
» Mes Collègues de Y Institut archéologique liégeois, dont je
suis en ce moment l'organe, sont heureux et fiers de vous voir
parmi eux ; heureux et fiers de vous voir répondre avec tant de
courtoisie et de bienveillance h leur appel, afin d'inaugurer
ensemble un Musée, qui, dans l'avenir, sera peut-être une des
richesses et des gloires de la province.
» Mais avant de vous montrer nos collections, nous vous
devons un exposé rapide, sommaire, de notre passé ; passé
marqué parlant d'obstacles, de difficultés; éprouvé par tant de
déceptions, de revers et de misères, pour aboutir, enfin, à un
succès presqu'inespéré que vous venez, Messieurs, en ce
moment affirmer et couronner.
«Annoncé avec un peu d'éclat, l'/zis/i/u/, composé de 16 mem-
bres, dont plusieurs avaient, par leurs travaux, conquis une
position élevée dans les sciences, les arts ou les lettres, Vlnsli-
tut archéologique, dès ses débuts, faisait présager de brillants
succès : des dons étaient offerts ; des fouilles pratiquées de-
vaient fournir de nombreux produits au Musée et l'enrichir de
mille précieuses découvertes ; mais, malheureusement, à ces
premières offrandes, à ces premiers travaux, une chose essen-
tielle manquait : un local pour asseoir les objets découverts ou
donnés; — dès lors, plus d'élan, plus de générosité, plus do
— 170 -
vie ; — de là, découragement, inaction , absence complète
d'avenir et de succès.
« Cependant repoussé du vieux Palais des princes-évéques,
local obscur, humide, assigné par l'autorité, Vlnstitut pour
sauver ses premiers apports contre la décomposition et la
rouille, s'était réfugié à la bibliothèque de l'Université, d'oti il
fut expulsé par l'envahissement des livres. La Société d'Emula-
tion lui offrit un abri momentané, mais la reconstruction de la
salle l'en chassa. Toujours errant, l'avoir archéologique fut
recueilli par M. Hagemans; mais cet asile ne fut aussi que pré-
caire; notre collègue quitta la ville, emportant son cabitiet
d'amateur si précieux et que personne, pas même les artistes,
n'allait voir; enfin tout allait tomber et se disperser, lorsque le
Ministre de l'intérieur, l'honorable M. de Decker, touché de
tant d'infortunes et de souffrances, nous gratifia d'une somme
de 500 francs, pour pratiquer un escalier au rez-de-chaussée
du local primitif, et nous élever, pour avoir de l'air et du soleil,
au premier étage du vieux Palais des princes-évéques, monu-
ment vénérable et grandiose, qui vaut mieux peut-être à lui
seul que toute notre archéologie.
» Notre rentrée au Palais, dans des chambres élargies, par une
porte pratiquée Ji l'extérieur du jardin, en rendait l'accès facile
et le public s'y porta en foule. L'accueil de l'autorité n'était pas
moins sympathique. La Députation permanente de la province,
dans son Exposé de i855, annonça ce retour avec bienveillance,
et M. le Gouverneur, alors baron de Macar, dans son discours
d'ouverture de la môme session de I800, s'exprimait dans les
termes les plus bienveillnnts :
— 171 ^
« Je ne puis, Messieurs, disait-il, vous voir réunis dans celte
» partie restaurée de l'ancien palais, sans vous rappeler aussi
» qu'une institution de plus est venue s'abriter sous ces vieux
» murs et y a été inaugurée récemment. Grâce à l'infatigable
» activité et au dévouement de son président, M. d'Otreppe de
» Bouvette, membre honoraire du Conseil des mines, Vlnstitut
» archéologique liégeois est enfin aujourd'hui en possession d'un
» local convenablement approprié pour y asseoir les objets d'an-
» tiquilé qu'il a recueillis. Le gouvernement du Roi, protecteur
» des arts, a encouragé l'établissement de ce Musée provincial,
» qui est destiné, s'il reçoit un développement aussi heureux
» que celui d'une province voisine (Namur\ h rendre des ser-
w vices réels, non-seulement à la science historique et aux
«beaux-arts, mais aussi à l'industrie, qui leur emprunte la
» perfection des formes. »
» Tout allait donc à souhait, lorsqu'on nous avertit qu'il fallait
déménager et transporter nos richesses archéologiques, meur-
tries et éparpillées, on ne savait où; il failut obéir, le découra-
gement dans les esprits, le désespoir dans l'âme.
» Après de longues anmJes d'inaction et de souffrance, mis
enfin en possession des nouvelles galeries restaurées du côté
de la rue Ste-Ursule, nous avons aussitôt, toujours sous l'im-
pulsion intelligente de noire infatigable conservateur, M. le
docteur Alexandre , reconstitué notre Musée , nous avons
)iolamment relevé trois monuments d'intérêt historique, savoir :
le tombeau en maibre blanc, de Velbruck; la belle cheminée
gothique d'Erard de la Marck, et enlin, le groupe de statues
gothiques, précieu'^es reliques du moyen-âge, obtenues après
— 17^2 —
bien des démarches, de la fabrique de Ste-Croix. De plus, des
objets précieux furent exposés dans les belles verrières, dons
magnifiques de MM. les fabricants d'armes qui s'en étaient
servis à l'exposition universelle de Londres. Ainsi reconstitué,
notre Musée était, de 'nouveau, visité gratuitement, chaque
dimanche, par la foule de curieux et de jeunes gens avides
d'instruction. Notre triomphe était donc complet, mais hélas,
de courte durée, puisque après peu d'années le signal de des-
truction nous est donné; oui, il fallut opérer notre retraite et
céder notre local pour entrer dans le plan d'un nouvel édifice,
d'où est sorti le lieu qui nous rassemble et qui termine, après
tant de péripéties, nos tribulations et nous procure, à titre de
consolation et de dédommagement, l'insigne honneur de vous
recevoir. Messieurs, dans cette enceinte et de pouvoir vous
associer, de nouveau, à notre œuvre et bientôt, nous osons
l'espérer, h nos succès !
» Les vastes locaux que vous allez parcourir. Messieurs, se
divisent, comme vous le voyez, en deux longues galeries sépa-
rées par un vestibule de bon goût, qui, plus tard, sera orne-
menté, couvert de tableaux curieux et de vieilles armures;
au-delà est une vaste salle de réunion ; à côté, la bibliothèque
et enfin, comme appendice, deux longues galeries sous le toit,
l'une pour le dépôt des objets non encore classés, l'autre des-
tinée à essayer un musée de fantaisie moderne, ethnogra-
phique, et qui sera l'œuvre exclusive du vieux président et le
complément de ses dons qui ont enrichi le Musée historique
offert à la province.
«Maintenant, Messieurs, parcourons les diverses collections.
\
- 173 —
la première formant le Musée d'antiquités ; la seconde, le Musée
moyen-âge, de la renaissance et objets d'art.
»I1 nous suffira d'une indication sommaire des différents spé-
cimens qui vont s'offrir à vos yeux, rangés et classés par caté-
gorie et par époque.
» D'abord, dans cet ordre chronologique des temps et le
progrès des arts, sont ôes specimeîis de l'époque la plus reculée :
elle remonte au berceau des créations, à l'origine des mondes,
aux temps préhistoriques, empruntés à la flore et à la faune
fossiles de la province ; ils sortent, généralement, par de belles
empreintes, de nos houillères ou des grottes de nos rivières,
rOurthe et l'Emblève, et des rochers de notre belle Meuse ;
puis, à côté, se montrent les premiers spécimens de l'industrie
humaine; ce sont des silex à peine dégrossis, c'est l'âge de la
pierre, il nous conduit à la fonte des métaux, à l'âge du bronze
et puis au travail du fer, et après, à l'industrie des grandes
époques historiques des Chaldéens, des Indous, des Pharaons
de la vieille Egypte et, enfin, des Grecs et des Romains. Or,
voici dans cet ordre chronologique essayé, quelques figurines
niniviennes ou de l'Indoustaii, des vases étrusques et des
momies égyptiennes. La grande époque de la Grèce des Praxi-
tèle et des Phidias est mal représentée, ainsi que l'ère des
Césars, mais en revanche, nous avons plusieurs galeries de
vases et de poteries romaines obtenus, en général, de nos
TSuilles et de nos excursions à l'étranger. Voilà comme indica-
tion pour notre Musée des antiquités : passons maintenant aux
objets moyen-âge et de la renaissance.
» Ici, nous possédons de plus grandes richesses : plusieurs
- 174 —
anciens bahuts, de vieux meubles et de nombreux groupes
gothiques de saints, ainsi que des poteries moyen-âge et quel-
ques-unes de la renaissance, et enfin, une grande quantité de
petits objets curieux, soit par le lieu de provenance, ou par un
travail d'orf, soit enfin par des empreintes historiques.
» Maintenant, Messieurs, après cette première promenade à
travers nos collections, après ce regard rapide d'investigation,
vous pouvez vous asseoir dans notre salle de conversation ou
vous reposer à côté, au local de notre bibliothèque, où de bons
ouvrages et quelques curieuses gravures vous donneront une
appréciation du progrès de l'industrie et des arts, ainsi que des
inventions et des richesses de l'esprit humain.
» Mais non... vous cherchez, vous demandez le Musée (Tarmes
et iVarmiires... Il n'est [las encore sorti de nos efibrts impuis-
sants, mais il reste dans nos vœux : allons nous consoler de son
absence en descendant au beau jardin de notre Musée lapidaire.
Là, déjà, sont réunis étranges de curieux débris des âges, des
fûts de colonnes, des tronçons de nos vieux monuments, de
notre antique Pont-des-Arches, le tout au milieu de fleurs et
encadré dans cette admirable colonnade d'Erard de la Mai-ck.
Aussi, à la vue de cette grandiose et magnifique architecture,
deux sommités scientifiques, le général Greuly et l'antiquaire
Bertrand, envoyés par l'ancien empereur Napoléon pour recher-
cher les traces du conquérant des Gaules, me disaient : « Pré-
» sident, nous félicitons VInstitut de ses etïorts pour créer un
» Musée d'antiquités, mais vous n'égalerez jamais en richesses
» et en splendeurs votre vieux palais des princes-évêques. »
)) Messieurs, efforçons-nous, par nos dons et nos travaux, de
^ ITo -
donner un démenti à ces affligeantes paroles.... Encouragement
aux travailleurs ! Honneur aux savants, et vive le Roi, prolec-
teur des sciences, des lettres et des arts.
» Vive le Roi! dont le nom est salué partout avec affection, avec
respect ; nom qui n'aspire pas sans doute à l'éclat de celui de
Charlemagne, mais qui, sans trop de flatterie, peut le rappeler
parle même amour pour rinstiuction, les sciences, les écoles
et la sagesse dos ordonnances. Il semble donc réveiller le sou-
venir de ce grand monarque ng' sur notre 5o/('), presque à
côté de nous, à Jupille, dont la naissance en cet endroit vient
récemment de recevoir de nouvelles preuves d'authenticité par
la découverte de manuscrits. Des fouilles récentes, dans cette
localité, nous ont procuré des fragments de mosaïques, qui ont
peut-être servi à asseoir le berceau de ce grnnd homme. Allons
donc d'abord visiter ces précieux débris des âges, aux cris de :
Vive le Roi ! »
Des applaudissements chaleureux accueillent cette péro-
raison, et iM. le Ministre de l'iiiléricur prononce le discours
suivant :
vc Messieurs,
» En venant assister à l'inauguration du Musée dont la fon-
dation est due au zèle persévérant des membres de Ylustitiit
( ' « Ipse siquidum Kuiolus rex Fruncorum fréquenter inanebat sicut anteces-
sores sui \n loppîlia prope Harsul supra Mo.iaui, ubi et tiatusfuerat. »
Vita Saneti Karoli Magni, sicc. \\l'"\ page 137, publiée par P.-E. Kaenlzeler,
d'après tin manuscrit de l'Eglise de N.-D. d',\ix-la Chapelle, et d'après un manus-
(•ril sur papier achelii à Cologne. lîuremonde i81i.
— 17(5 —
archéologique liégeois, je ne réponds pas seulement par un acte
de politesse à la gracieuse et obligeante invitation qui m'a été
adressée en son nom, je remplis aussi un devoir.
» L'archéologie, telle qu'elle se dégage aujourd'hui des inves-
tigations laborieuses des savants, est devenue un des grands
fanaux de l'histoire. Chaque jour elle soulève davantage les
voiles qui couvrent les points obscurs de l'histoire des peuples,
en arrachant à la terre qu'elle fouille et qu'elle scrute, les
antiques produits de leur industrie.
» Elle reconstitue la physionomie intime des sociétés ; elle
nous les montre sous leur véritable jour et avec leur caractère
particulier à chacune des phases de leur développement his-
torique.
» Les musées, où viennent se ranger avec méthode et selon
les règles d'une classification rationnelle, les objets qu'elle
exhume, découvre ou recueille, sont, pour l'historien, autant
de sources d'informations positives qui suppléent au silence
des documents écrits ou qui permettent d'en contrôler la
sincérité.
» Le patriotisme s'accroît et s'affermit à cette étude appro-
fondie et constante du passé. La patrie mieux connue nous
devient, en effet, plus chère, car l'homme n'aime parfaitement
que ce qu'il connaît bien.
» Une science si digne d'occuper les esprits mérite certai-
nement tous les encouragements, et les hommes qui y
consacrent leur intelligence et leurs loisirs ont droit à tous les
égards.
» Ma présence ici, Messieurs, atteste le sérieux intérêt que
— 177 —
le Gouvernement attache à vos travaux et le désir qu'il a de
continuer à les seconder.
» Son concours n'a d'ailleurs fait défaut à aucun des efforts,
à aucune des entreprises qui ont été tentées depuis un grand
nombre d'années pour remettre en lumière les traits perdus ou
défigurés de notre passé national. Nous pouvons même dire
qu'il a, le premier, montré l'exemple du respect que l'on doit
aux anciens monuments qui sont les glorieux héritages de nos
pères.
» Presque au lendemain du jour de notre reconstitution
politique, il créait, à l'initiative personnelle du Roi Léopold I",
la Commission royale des monuments, et les Chambres dépo-
saient dans la loi communale le principe des garanties qui
doivent servir non-seulement à préserver nos édifices de la
pioche des démolisseurs, mais encore à en assurer la conser-
vation dans leur intégrité originale.
» Par un ensemble de mesures tutélaires, une égale sollici-
tude s'étendit à toutes les œuvres d'art, qui sont en quelque
sorte le patrimoine de la nation.
» Les édifices qui tombaient de vétusté devinrent l'objet des
soins les plus consciencieux et reparurent dans leur beauté
native.
» Les chefs-d'œuvre de la peinture, nos magnifiques ver-
rières, les objets du mobilier sacré et profane qui témoignent
si hautement de la supériorité de nos anciens métiers reçurent
des soins attentifs de restauration et de conservation.
» Dans une période de 22 ans, c'est-à-dire de 1838 à 1860,
plus de 125 monuments de premier ordre, tant civils que
- 178 -
religieux, et plus de 400 vieux édifices dignes d'un certain
inlérêt ont été restaurés, consolidés ou rendus à leur style
primitif.
» L'action bienfaisante de l'État ne s'est pas ralentie depuis
et ses sacrifices se sont accrus.
» L'État n'a pas été seul, du reste, à s'imposer des sacrifices.
Les provinces, les communes, les fabriques d'église ont uni
leurs efforts à ceux du Gouvernement et ont contribué avec lui
aux dépenses que nécessitait la restauration de nos antiques
monuments.
» Celte activité multiple, ce concours unanime des autorités
publiques pour la préservation des œuvres auxquelles l'histoire
nationale est intéressée, devait avoir pour conséquence de
provoquer, sur tous les points du pays, le goût et le dévelop-
pement des études archéologiques proprement dites.
n En vue de concentrer toutes ces forces éparses dans un
but déterminé d'utilité publique, le Gouvernement groupa, dans
chaque province, une partie des adeptes de la science archéo-
logique et il les associa à la Commission royale des monuments,
sous le titre de Comités provinciaux de membres correspondants.
Par celle adjonction d'éléments zélés et vivaces, on se pro-
posait de rendre plus prompte et plus complète l'instruction des
affaires sur lesquelles la Commission centrale avait à proposer
des décisions. Mais là n'était pas le seul but du Gouvernement;
il en avait encore un autre.
» Les Comités provinciaux ne doivent pas être seulement,
selon l'expression d'un de mes honorables prédécesseurs, des
sentinelles attentives placées pour veiller à la conservation
_ 179 -^
de ces richesses publiques qu'on appelle les monuments et les
œuvres d'art ancien ; il importe encore, comme le disait un
autre de mes prédécesseurs, il importe, pour le maintien des
traditions artistiques et du développement général du goût, qui
ne doit pas être séparé des intérêts locaux, que chaque ville
trouve, autant que possible, dans son centre les artistes dont
le savoir, le talent et l'expérience sont nécessaires pour la
création, la conservation ou l'embellissement des monuments
publics.
» C'est ainsi qu'autrefois les écoles se sont multipliées en
Belgique et que des villes comme Bruges, Anvers, Louvain,
Tournai, Bruxelles rivalisaient entre elles de gloire artistique.
» Les Comités provinciaux peuvent, en grande partie, amener
un tel résultat en travaillant de tous leurs eiforts à cette
renaissance de l'art.
«Mais la sollicitude du Gouvernement ne s'est pas bornée à
la conservation des monuments nationaux.
» Multiplier les centres d'activité intellectuelle, c'est l;i sur-
tout ce qui peut assurer le progrès en toutes choses. Aussi
partout où les hommes de bonne volonté ont voulu se réunir
afin de donner de ia cohésion h leurs efforts, le Gouvernement
leur est-il venu en aide. Par son intervention et sous son
{lalronap-e, la plupart des Sociétés archéologiques ont pu se
constituer en corps savants ayant des recueils spéciaux dans
lesquels ils consignent leurs utiles travaux.
» C'est encore par ses ordres ou sous ses aupices qu'ont été
pratiquées, dans ces dernières années, la plus grande partie
de toutes les fouilles si fécondes souvent en heureux résultats
— 180 —
et qui ont aidé puissamment à la formation des musées de
province.
» Si, à diverses reprises, la Législature a voté des crédits
importants en faveur du Musée ethnologique de Bruxelles, où la
famille belge doit être reconstituée dans ses mœurs, dans ses
usages, dans son mobilier civil, religieux et guerrier à travers
les âges, elle ne se montre pas moins généreuse lorsqu'il s'agit
d'encourager la formation et le développement de musées locaux
et de donner l'élan aux fouilles qui doivent les enrichir.
» N'est-ce pas aux explorations du cimetière belgo-romain
de Flavion, des cimetières francs de Samson et de Spontin que
le Musée archéologique de Namur doit la sérieuse importance
que lui a déjà reconnue le monde savant en France, en Angle-
terre, en Allemagne.
» Dans toutes les provinces, d'ailleurs, des associations ani-
mées du zèle de la science et de l'amour du pays s'efforcent de
réunir tout ce qui peut intéresser l'histoire locale.
» A Anvers, le vieil édifice du Sieen, cette geôle du temps de
Charles-Quint, est devenu le centre paisible où un comité spé-
cial rassemble les bois sculptés, les instruments fabriqués par
les vieux luthiers, tous les souvenirs des corporations.
» A Saint-Nicolas, le Cercle archéologique du pays de Waes a
créé un cabinet d'antiquités locales ; ii Charleroi, la Société
archéologique et paléontologique a fondé un musée qui commence
à s'enrichir du produit de fouilles récentes ; i\ Mons, le Cercle
archéologique montois témoigne du bon vouloir pour l'accrois-
sement du musée qu'il a fondé ; à Arlon, Vlnslitut archéologique
— 181 -
du Luxembourg organise et classe avec soin ses collections
éminemment riches d'antiquités gallo-romaines.
» Aujourd'hui, Messieurs, c'est le Cercle archéologique liégeois
qui inaugure ses collections.
» Déjà intéressantes par un premier fonds dû aux efforts des
membres de l'Institut depuis sa fondation, elles se sont enri-
chies récemment des collections particulières si curieuses et si
patiemment rassemblées par l'honorable et vénérable président
à vie, M. Albert d'Otreppe de Bouvette. Les produits des fouilles
effectuées à Momalle, à Avennes, à Jupille, à Juslenville, à
Fallais, à Braives les ont accrues encore d'un contingent
remarquable. Tel qu'il est maintenant, le Musée archéologique
liégeois prend immédiatement rang après celui de Namur, qu'il
égalera bientôt, il faut l'espérer, tant par la valeur hi^torique
des objets que par les intelligentes dispositions du classement,
» Si le Musée de Namur est installé dans un vaste bâtiment
qui se prête admirablement h son appropriation, le musée de
l'Institut archéologique liégeois a trouvé asile dans un monument
qui est lui-même un grand souvenir.
« Dans ce majestueux Palais des princes-évêques, h la res-
tauration duquel l'Etat a consacré plus de deux millions, l'aide
et les encouragements du Gouvernemeiit ne manqueront pas
à l'Institut liégeois. La province, non plus, ne ménagera pas
l'espace que réclamera plus tard l'accroissement des collections.
w Les dons faits au Musée par l'adminisiraiion communale de
Liège sont, pour l'Institut, un sûr garant des synqjatliies
efficaces des magi^trals communaux Une ère d'activiié féconde
et de prospérité réelle s'ouvre pour l'Institut archéologique lié-
— 182 —
geois. Chacun de ses membres y concourra, j'en ai la per-
suasion, dans la plénitude de son zèlo et de son savoir.
» Pour atteindre ce but, vous n'avez, du reste. Messieurs,
qu'à persévérer dans les travaux que vous avez repris avec une
si heureuse vigueur. Continuez à fouiller celte vieille terre
éburonne qui recèle encore tant de secrets.
» Le sol, a écrit éloquerament l'abbé Cochet, est le plus
» complet et le plus vrai des livres. Il n'y a qu'à souffler sur
» cette poussière pour qu'elle se ranime au contact de la vie.
» Interrogez-le donc, Messieurs, ce sol de la patrie, il vous
livre les enseignements du passé pour l'édification de l'avenir. »
De nouvelles salves d'applaudissements répondent à ce dernier
appel et à celte excellente revue rétrospective.
M. d'Otreppe remercie M. le Ministre de sa bienveillance.
Il est procédé ensuite à la visite du Musée. Tout le monde
admire le goût et la science avec laquelle MM. Alexandre et
Dogiiée, aidés d'autres de leurs collègues, ont procédé à l'arran-
gement des objets. Une des salles, en vertu d'une décision
prise déjà en 1863, porte le nom de galerie (COlreppe. C'est la
salle moyeu-âge où surtout abondent les dons de l'honorable
président d'honneur à vie. M. le Ministre, accompagné des
présidents et du conservateur, parcourt cette salle et la salle
consacrée à la haute antiquité et visite avec beaucoup d'atten-
tion les objets rares qu'elles contiennert.
Il descend ensuite dans la seconde cour du palais, où, avec
le concours des artilleurs mis à la disposition de l'Institut par
M, le colonel Daubresse, ont été groupées les pierres pondé-
reuseset dont la détérioration n'était pas à craindre.
A 3 heures et demie, un banquet est offert à M. le Ministre et
183
aux autorités invitées, par un certain nombre de membres de
l'Institut. — Ce bnnquet, qui est servi dans une des salles du
Gouvernement provincial, mise h la disposilion de l'Institut par
M. le Gouverneur, est présidé par M. Cli. Grandgagnage, séna-
teur et président.
Celui-ci a à sa droite M. Delcour, ministre de l'intérieur, puis
M. le baron de Sélys-Longchamps, sénateur, vice-président,
M. A. Dejardin, secrétaire, M. 5/. Barmans, secrétaire hono-
raire, M. /. Fré.mrt, M. E. Poswick, M. le comte de Grunne, et
à sa gauche, M, le général Sijnons, M. Piercot, bourgmestre de
Liège, M. Ch. de Thier, président du tribunal, M. J. d'Andri-
mont, membre de la Chumbre des i eprésentants, M. le chanoine
flenrotte, M. Eug. Dognée, M. Nautet. En face du président,
est assis M. d'Otreppe de Bouvette, ayant à sa droite M. de
Luesemans, gouverneur, M. Van Soust de Borkenfeld, M. Aiige-
not, M. Beco, RI. Van de Casteele, M. J. Dejardin, M. Hicguet,
M. Ed. Malherbe, et à sa gauche M. Hamal, vice-président du
conseil provincial, M. Bichard-Lamarche, M. le comte F. Van
der Straeten-Ponthoz, M. Schoonbroodt, M. Noppius, M. Ph. de
Limbourg, M, le baron Ad. d'Otreppe de Buuvette, M. le comte
G. de Looz.
Au dessert , M. d'Otreppe porte le toast au Roi en ces
termes :
« C'est autorisé par M. le Ministre que je prends le premier
la parole, et toujours au nom de l'Inslitut, dont je ne suis que
le délégué.
» Messieurs, la Belgique est heureuse et fière, à juste litre,
de ses institutions, de ses libertés;
» Heureuse et flère aussi du progrès des sciences et des arts,
et peut-être un jour, s'il m'est permis de le dire, de l'archéolo-
gie, notre domaine;
— 184 —
» Mais surtout elle est iière de son Souverain d'aujourd'hui,
d'un Roi qui marche avec succès, avec gloire, sur les traces de
son illustre père, fondateur de la dynastie.
» Montrons donc à ce Roi aimé nos sentiments de vive
sympathie , d'attachement , de respect, en portant sa santé
avec effusion, avec les élans du cœur. Allons, Messieurs, à la
santé du Roi, de la Reine !
» Vive le Roi ! »
M. Grandgagnage se lève ensuite et boit à la santé de M. le
Ministre de l'intérieur. Il s'exprime ainsi :
« Messieurs,
» Après le toast au Roi, porté en si bons termes par notre
vénérable président d'honneur, vient naturellement celui à
M. le Ministre de l'intérieur, et je suis heureux que ma qualité
de président effectif me donne le droit de remercier encore une
fois M. le Ministre de la bienveillance qu'il a toujours témoi-
gnée à l'Institut, et dont il vient de donner une nouvelle preuve
en quittant ses nombreuses occupations pour assister à l'inau-
guration de notre Musée. Maintenant qu'il a visité nos collec-
tions, il sera, je l'espère, mieux disposé encore à encourager
nos efforts. C'est donc avec empressement. Messieurs, que je
vous propose de boire h la santé de M. le Ministre de l'inté-
rieur. »
M. le Ministre répond ii ce toast en portant la santé des
présidents de l'Institut. M. le Ministre nous donne l'assu-
rance formelle que si un jour l'Institut archéologique venait à
— 185 —
disparaître, ses collections deviendraient la propriété de la
ville de Liège.
Notre honorable bourgmestre, M. Piercot, démontre ensuite
parfaitement l'uiilité de créer à Liège un musée d'armes et
une collection de modèles de maclilnes, dont nos industriels
pourraient tirer le plus grand profit.
M. le comte Fr. Van der Straeten-Pontlioz prononce enfin,
au nom des membres de l'Institut, quelques paroles éloquentes
qui clôturent la série de ces toasts.
A 6 1/2 heures, M. le Ministre de l'intérieur prend congé des
convives et retourne à Bruxelles.
ANTIQUITÉS ROMAINES.
PLUME MÉTALLIQUE ET ENCRIER
mu^ée: diî: l.ie:gi^.
Un moyen auquel recourent certaines personnes pour se
donner une apparence de connaissances archéologiques, con-
siste à révoquer en doute rauliienticilé des objets d'une recon-
naissance un peu laborieuse, qui sont soumis à l'examen; ainsi
l'on n'est jamais compromis : si une fraude ou une myslitication
s'est exercée et se découvre, on n'en a pas été la victime; si, au
contraire, la trouvaille d'objets analogues ou de documents
certains sur les circonstances de la découverte, vient dissiper
tous les nuages, on a encore l'air d'avoir agi avec prudence et
circonspection.
Cela n'est pas de la critique i ') : il ne suffit pas qu'une attri-
bution soit paradoxale pour qu'on puisse se borner à la contester,
il faut en outre rechercher et rassembler les preuves, jusqu'au
moment où soit la sincérité soit la fausseté de l'antique qui est
en discussion, pourra se démontrer au grand jour.
Tel était le rôle qui devait être et qui a été rempli à l'égard de
certaine plume et de certain encrier, tous deux en bronze, qui
sont entrés au 3Iusée archéologique de Liège, il y a environ dix
ans, et qu'on y avait présentés comme des antiquités de l'époque
romaine, trouvées h Tongres.
( • ) L'auleur du présent article dit ailleurs à ce sujet : « Contester, dénier, jeter
du doute sur une argumentation, n'est que la moitié du rôle de la critique scienti-
fique ; s'il y a erreur commise, il ne suffit pas d'en faire remarquer le côté faux, il
faut la redresser en rétablissant les faits sous leur véritable jour, >
187
Voici le dessin de celle plume et de cet encrier
Fig, 2.
0,00S
Dessus de l'encrier.
Fig. 3.
0,0o2
La patine de la plume
n'a pas mauvais aspect ;
elle recouvre assez bien
jusqu'à la section du bec,
de manière à faire re-
pousser la supposition
qu'un tuyau antique de
cuivre aurait été, dans
les temps tout modernes,
accommodé de façon à
laisser croire à l'exis-
tence de plumes métalli-
ques chez les Romains...
Mais les faussaires ou
les mystificateurs sont
si ingénieux ; tel d'entre
eux, dont on se gardera
bien de divulguer le
secret, est parvenu à
donner aux monnaies
une si belle aerugo, au
verre même une si ma-
gnifique irisation
La patine n'est donc qu'un indice qui doit être
appuyé d'autres preuves, et c'est à la recherche de
ces preuves qu'on se livre ici.
Indépendamment de l'emploi du style pour écrire
sur des tablettes de cire, l'usage de l'encre et des
encriers chez les Romains n'est ni contesté ni con-
testable ; l'encrier que le Musée de Liège exhibe à
côté de la plume métallique, rencontre un proche
0,04
Elévation de lencrier.
Plurae.
— 188 -
parent au Musée de Namur, où est déposé un encrier romain
trouvé à Ciney par M. Hauzeur (').
S'il fallait, à ce sujet, un complément de preuves, on pourrait
encore citer l'encrier donné par le P. Marchi à M. de Meester
de Ravestein et qui fait partie de la magnifique collection aban-
donnée si généreusement par ce dernier h l'État belge. M. de
Meester cite deux encriers analogues : l'un déposé au Musée de
Naples, l'autre trouvé à Fiano, près de Salerne (^).
Qui (lit encrier, suppose un liquide pour écrire : c'est Vatra-
mentuni dont parle Cicéron ('•), et dont Vilruve décrit la compo-
sition (*).
Mais encrier et encre peuvent parfaitement coexister, sans
qu'il faille nécessairement faire apparaître en même temps la
plume, et surtout la plume métallique : on sait très-bien que
l'instrument, sinon unique, au moins principal, à l'aide duquel
les Romains puisaient l'encre dans le récipient oii elle était
déposée, était, au moins primitivement, un roseau, arundo ou
calamus, de callam, nom qu'on donne encore aux roseaux en
Asie (^) et se retrouvent, en effet, à chaque pas chez les auteurs
latins ; il suffit d'ouvrir les dictionnaires de Forcellini ou de
Freund,poury lire de nombreux passages de Cicéron, d'Horace,
de Qnintilien, etc., etc., où ils sont employés C).
On taillait, du reste, les roseaux comme nous taillons nos
(•) Aim. Soc. archéol. de Namur, VII, p. 26o, pi. l, fîg. 4.
(*) Musée de Ravestein. Catalogue descriptif, l, p. 424, n» ;)72.
Voy. aussi de Montfaucon, L'antiquité expliquée, III, "2« partie, p. 355; Figuier,
Les merveilles de l'industrie, 42" série, p. 171.
(' ; Epist. ad Q. fratr., II, 15 : At.ramento teuiperato
Voy. aussi Plaut , Most., I, m, 102; Petron., Satyr.; Plin., XXVII, 7 (28), etc.
(*) VII, 10 (De colonbus qui arte Jiunt, ; l'encre à écrire les livres, alranien-
turn libiariuin, se fait, dilil, à l'aide de noir de fumée et de gomme
('j G. -P. Philomneste Peignqj , Amusouents pfiiloloijiques ou variétés en tout
genre, 3* édition, Dijon, 1842, p. 509.
(^) Un joli trait est celui où Caton reproche à Anliochus de faire, comme nous
dirions aujourd'hui, la guerre sur le papier : « Antiochus epistolis bellum gerit,
calamo et atramcnto militât. » iCaton, dans HUFIN, dejigur., p. 199.)
- 189 —
plumes; le procédé est indiqué parle bon sens et se trouve
révélé d'une manière palpable, tant par ce vers de Perse (*),
où le disciple se plaint de son roseau mal taillé qui géminé mal
à propos les traits, — que par celte épigramme de l'Anthologie (-),
où le poète, à côté d'un petit récipient en plomb pour l'encre,
place des roseaux bien taillés et «fendus en haut par le milieu»;
— et par Ausone (") qui parle du calamus fissipes, au pied
fendu; une peinlure de Pompéï(*) nous montre, du reste, un
roseau taillé comme nos plumes, placé près d'un encrier.
Le mot penna n'apparaît qu'assez tard dans la littérature
latine.
Juvénal avait bien écrit ces vers (^) :
Tanquam diversis partibus orbis
Anxia praecipiti venisset epistola penna.
Mais on paraît d"accord (^) pour considérer cette expression
de phnne rapide comme une allusion au voi de l'oiseau, et non à
l'outil employé pour écrire la lettre inquiète dont parle le poète.
On admet assez généralement le mot penna comme ayant été
employé pour la première fois par Isidore de Séville, dans un
passage caractéristique ('), où il dit que pour écrire l'on se sert
(*) Sai. m, V. 10 et suiv.
(*) Edit. Comm., p. 939.
(^) Epist. VII, V. 54.
(*} RiCH, Dict. d'antiq., v" « arundo ».
(") Sn. IV, V. 148.
C) Voira ce sujet : B. de Montfaucon, l'Antiquité p.xpUquée, III, p. 354; (dom
Tassin et dom Tourtaix', Nouveau traité de diplomatique, I, pp. 536 et suiv.;
Klotz, Acta litteraria, V. p. 199. L. FiGi'iER. 1. cit., semble être d'un avis con-
traire.
(') Orig., VI, 14, 3 : Instrumenta scribcndi calamus et penna : sed calamus
arboris est. penna avis, cujus acuipen in duo dividilur, in toto corpore unitate
servata, credo propler mysterium, ut in duobus apicibus velus et novum testamen-
tum s;gn;(/5c)aretur , quibus exprimilur vorbi sacramcntum sanguine passionis
efTusum.
L. Figuier, /. cit., cite un passage de Ci-ément d'Alexandrie, parlant du scribe
sacré qui dans certaines processions « portait des plumes sur la tête et tenait à la
190
de la plume de l'oiseau, et où il ajoute que le bec de cette plume
est feadu en deux parties, au sujet desquelles cet auteur fait une
comparaison, pieuse sans doute, mais peut-être trop recherchée.
Cependant, un ou deux siècles auparavant, une chronique
anonyme qu'Adrien de Valois a publiée à la suite de son édition
d'Ammien Marcellin ('), rapporte une anecdote du temps de
Théodoric(dont l'auteur était, paraît-il, contemporain), et se sert
déju du mot petma pour indiquer l'instrument à l'aide duquel le
prince qui ne savait pas écrire, traçait péniblement, dans un
mécanisme fait exprès, les quatre premières lettres de son nom.
Ce serait donc dès le V« siècle que la [Aume peîina voit son
nom inscrit dans la littérature.
Mais les monuments ne nous la montreront-ils pas plus tôt?
A en croire les auteurs du Nouveau traite de diplomatique et
Mabillon (*), ce serait au X* siècle seulement ou tout au plus au
IX% sous Louis-le-Débonnaire, que, dans les manuscrits, l'on
verrait représentés de saints personnages, comme les évange-
lisles, la plume à barbes en main (■').
Mais depuis, les observations ont été faites avec plus de soin
et de critique, et l'on a remarqué la plume empruntée à l'oiseau
dans la main de divinités représentées sur les monuments
antiques.
main les instruments de l'écriture... » M s'atjit là de plumes d'ornement, servant do
coiffure, et non de plumes à écrire, et c'est bien à tort que Figuier, sur la foi de ce
passage mal interprète, soutient que Tusage des plumes à écrire vient de l'Égyple.
En tout cas, Eknesti, i4/c/ifeo/o^)a liiieraria, p. 40, n» 18, est trop absolu en
disant : « pennarum usus in scrihcndo veteribus ignotus fuit. »
(•) Voir l'édition in-4o deGiiONOVius, p. "ili : «■ Igitur rex Theodericus inliteralus
erat et sic brulo sensu, ut in décent annos regni sui quatuor litteras subscriptum
edicti sui discere nullatenus potuissel. De qua re laminam auream jussit interrasi-
lem fieri, quatuor litteras régis habenteni (Th)eod., ul, si scribere voluisset, posila
lamina super chartam, per cam pentia duceret et subscriplio ejus tantura videretur.»
(Adr. DE Vai.ois fait remarquer que Pkocoi'E rapporte un trait analogue de la part
de I empereur Justin.
(*) Su/ pi. au traité De re diplomatica, cap. Il, n" 8.
(*) On peut lire d'intéressa;its détails, mais qui nous éloigneraient de notre sujet,
sur l'usage du roseau et de la plume au moyen âge et dans les temps modernes,
chez L. Figuier, 1. cit., pp. 171 à 173.
— 191 —
Si l'on peutdisputer à l'Égérie du palais Farnèse (*),la plume
à écrire qu'elle tient en sa main droite élevée, et si l'on peut
supposer que c'est là une adjonction des temps modernes, il
n'en est pas de même, ainsi que le fait observer judicieusement
Rich ('), de la plume à barbes qui est dans les mains de la Vic-
toire, et à l'aide de laquelle cette déesse inscrit les triomphes
de Trajan et d'Antonin, sur les colonnes dédiées à ces deux
princes. « Comme l'objet en question, dit-il, se rencontre sur
chacune de ces deux colonnes à environ la moitié de leur hau-
teur, c'est-à-dire à plus de 60 mètres au-dessus du sol, ce serait
folie de s'imaginer qu'on ail jamais élevé un échafaud de cette
hauteur pour faire cette insignifiante addition. »
11 est donc acquis qu'au moins au commencement du I^ siècle,
à l'époque de l'érection de la colonne Trajane,la plume à écrire,
penna, était déjà en usage, et si l'on peut admettre le reproche
d'anachronisme adressé à Racine par MiUin (\\ pour avoir f;iit
écrire une lettre à Agamemnon, il n'y a pas lieu de l'étendre à
la lettre de Bérénice à Titus (*), sous le règne duquel la plume
à écrire, connue sous les Antonins, avait déjà sans doute com-
mencé à être en usage.
Mais est-ce celte plume, est-ce le roseau primitif qui a pu
inspirer aux anciens l'idée de façonner des plumes métalliques?
C'est là une question difficile à résoudre, et s'il fallait rai-
sonner par analogie des temps modernes où l'on n'emploie plus
guère le roseau pDur écrire, il y aurait lieu de supposer que les
précurseurs de Wise (^) qui ont pu exister dans l'antiquité, ont
progressé directement de la plume d'oiseau à la plume de métal.
(1 ) Gronov., Thés, miliq. <jr., II, n" 28.
(*) Dict. d'a7iiiq.,yo Penna.
(*) Maij.encyd., 1811, 2«, p. 34o : « Racine a commis un anachronisme en
faisant écrire une lettre à Agamemnon : il ne faut pas ajouter à cette faute, en met-
tant sur la table un cornet rempli d'encre et une plume d'oie. »
(*) Act. V, se. V.
(") C'est à lui qu'on attribue l'invention de la plume métallique : voy. Fournier,
/.e vieux-neuf. Histoire ancienne des inrendons et découvertes modernes, Paris,
1857, II, p. 22.
- 192 —
S'il en était autrement, nous serions, en vérité, en face de
cette bizarrerie que la plume métallique, de l'invention de laquelle
nous nous tnrguons aujourd'hui comme d'une amélioration toute
récente, pourrait faire remonter ses incunables à une époque
plus reculée que celle de la plume animale; la plume minérale
aurait succédé, directement et sans transition, k la plume végé-
tale!
En effet, non-seulement on nous apprend que le faussaire de
la main duquel Robert d'Artois se servit au XIV^ siècle pour
fabriquer les faux titres dont ce prince avait besoin, fit usage
d'une penne iVairain (^), mais on nous révèle en outre que les
patriarches de Constantinople employaient bien auparavant
pour leur signature un roseau d'argent ('^); non-seulement on
conclut de là que les plumes métalliques étaient connues dans
les temps antérieurs et même dans l'antiquité (^); mais voilà
que des fouilles récentes montrent au grand jour l'évidence de
cette conclusion, en confirmant les indications que permettait
déjà la plume métallique du Musée de Liège
Le Pr. Bursian, dans un travail remarquable sur les fouilles
d'Avenches [YAventicum romain), en Suisse, avait laissé en
suspens ce qui concernait un objet identique (*) à celui de
Liège.
Le savant Pr. Keller n'hésita pas à décerner à l'objet fattribu-
tion qu'il mérite, et voici en quels termes il le fît, termes qu'il
(*) FOURNIliR, /. cit.
(■^) Ludov. Lalanne, Curiosucs biblioijrujihuiues (BibiiuLlié(iue ilo poche [lar une
société de gens de lettres et d'érudits-, Paris, 1845, p. 21.
, '') Id., ibid.
On peut ajouter à cela l'exemple de la plume d'argent qu'on décernait à Amster-
dam, au siècle passé, comme encouragement aux élèves du Gymnasium {Exposition
universelle de IJSGT à Paris. Catalogue général publié pur la Commission impériale.
Histoire du travail et monuments historiques). Paris, Dentu, 18(57, p. 2o8,no "ItM :
1 Plume en argent de noi.) »
(* ) Mittheiluntjen der anliquarischcn Gesellschafi in Zurich, 1869 (XVI), fascic.
IV. p. 47, pi. xvili, fig. ;i.
— 193 —
importe de reproduire et auxquels on reconnaîtra, à peu de
choses près, la plume métallique de Tongres :
« Rômische Schreibfeder aus Bronce, die ihrer Form nach
mit der jetzt gebraiichlichen Schreibfeder vôllig ùbereinstimmt,
und zum schreiben auf Papyrus oderPergament benutzt worden
sein muss. Sie besteht ans einer diinnen Lamelle von Bronce,
welche in ein nach oben sich verjùtigendesRohrzusammenge-
bogeii ist. Unten eindigt dasselbe in eine gespaltene Spitze nach
AyI der jetzigen Feder. »
( Suivent d'autres détails moins importants concernant notam-
ment un tube cylindrique trouvé en même temps et ayant servi
d'étui h la plume, à peu près comme certains de nos porte-
plumes, dont les deux parties s'ouvrent ou se referment en
s'engageant l'une dans l'autre.)
Il y a, entre les deux plumes de Tongres et d'Avenches, iden-
tité de construction : toutes deux se constituent d'une feuille
de cuivre recourbée et soudée sur elle-même; toutes deux sont
taillées comme le calamus qu'on a retrouvé peint sur les mu-
railles de Pompéï, genre d'instrument avec lequel il a la plus
grande ressemblance et d'où il peut en somme procéder tout
aussi directement que de la penna elle-même.
Comme la plume de bronze d'x\venches est tout à fait h l'abri
du doute, il en résulte la démonstration de l'authenticité de la
plume de bronze du Musée de Liège : comment admettre, en
effet, qu'un faussaire ou un mystificateur se fût exercé sur une
matière aussi douteuse et aussi peu tentante pour la crédulité
des archéologues, quelque grande qu'on suppose celle-ci, et que
précisément il se fût rencontré tout juste et par avance avec un
objet identique découvert plusieurs années plus tard.
Des recherches complémentaires ont, du reste, fait encore
découvrir les exemplaires suivants de plumes métalliques em-
ployées chez les Romains, exemplaires dont le second surtout
semble devoir être en dehors de toute contestation. Ils sont
— 194 —
extraits du Catalogue de l'exposition universelle qui eut lieu à
Paris en 1867 (') :
« N° 843. Quatorze petits instruments de bronze : plume, gra-
phiuin... M. Duqueiielle, Reims. »
« N" 844. Plume de bronze trouvée à Nîmes sous un gradin
de Tamphithéâtre romain. — Musée de Nîmes. »
Enfin, M. le docteur Alexandre a eu l'obligeance d'apporter à
l'appui de ce qui précède l'autorité d'un nouvel exemple, celui
d'une « plume en bronze trouvée à Bavay », selon de Bast (-).
Le beau sujet d'études ! dira-t-on peut-être, l'important ser-
vice en vérité que d'avoir démontré l'antiquité de la plume
métallique! Qu'a-t-on à gagner à ces nugae difficiles, à ces
« doctes inutilités », comme les appelait VHermite en Belgique,
en 1827, qui reprochait aux archéologues de prendre les acces-
soires de l'histoire pour l'histoire elle-même
Il avouait néanmoins que cette classe de savants amassent
des matériaux qui seront fort utiles aux écrivains assez habiles
pour les mettre en œuvre.
Et, en effet, qu'une contestation scientifique s'élève sur l'au-
thenticité de tel diplôme, de tel palimpseste, de tel de ces rou-
leaux qu'on retrouve jusque sous la cendre du Vésuve à Pompéi,
ne sera-ce rien que d'avoir apporté à la solution de la question
un élément de plus que n'en fournit notamment le traité tout
( ' ) Catal. cité plus haut, p. 64.
(*) Recueil d'antiquités, "2^ SuppL, p. 41; ce nouvel exemple est un argument
du plus grand poids à l'appui de l'authenticité des plumes raétailiques romaines :
quand de Bast écrivait, c'esi-à-dire vers 1810, les plumes de fer modernes n'étaient
pas encore inventées et n'ont pu dès lors être l'occasion d'une falsification.
A la vérité, il est à remarquer que les expressions de plumes de fer comme de
chemins de fer, ont été employées bien antérieurement à l'invention de celte appli-
cation toute moderne du fer; ainsi de même que les vieux ciironiqueurs ont appelé
chemins ferrés d'anciennes voies dont la dénomination est expliquée aujourd'hui par
la présence dans le tréfonds de scories de forges primitives (Boutrot, Histoire de
la ville de Troyes, J, p. 26) ; de même De Launay, qui publiait, k Bruxelles en l'an
\, sa Minéralogie des anciens, parle de la « plume de fer » de Job, en traduisant
ainsi le stylus ferreus de la Bible.
— m —
récent de M. de Wailly, sur les Éléments de la paléographie, où
l'on en est encore aux distinctions des bénédictins Tassin et
Tourtain sur les tniits qui, au IX" ou au X** siècle, doivent être
attribués h la canne à écrire ou à la plume, ici dans les actes sy-
nodaux, les bulles des papes, là dans les documents royaux, etc.
Liège, l" mai 1874.
S.
FOUILLES DANS LA TOMBE D'AVENNES
PAR
M. le Comte G. de LOOZ.
La tombe romaine d'Avennes (i) fait partie du lerritoire de la
commune de Braives, canton d'Avennes, arrondissement admi-
nistratif de Waremme, province de Liège. C'est pourquoi elle
a souvent été désignée sous le nom do tombe de Braives; nous
lui conserverons celui de tombe d'Avennes, qu'on lui donne
généralement dans le pays, parce qu'elle est plus rapprochée
de ce dernier village.
Cetumulus, un des mieux conservés que nous connaissions,
est aujourd'hui propriété communale; il est soigneusement
entreteim et la commune de Braives l'a entouré d'une vir.gtaine
de bornes pour prévenir tout envahissement de la part des pro-
priétaires voisins; elle l'a môme fait boiser et ciôlurer par une
haie depuis une douzaine d'années. Nous sommes heureux de
pouvoir mentionner ici l'intérêt porté par l'administration com-
munale h l'un de nos plus anciens monuments archéologiques;
ces exemples de sollicitude intelligente deviennent de plus en
plus rares, et il serait heureux de les voir suivre par les com-
munes qui possèdent sur leur territoire des tumuius, car ceux-
ci tendent de plus en plus à disparaître de notre sol.
(') Celte tombe est renseignée au cadastre de la commune de Braives sous le
n" o, section A ; elle confine aux parcelles n»^ "2, i et lo, même section. (PI. IV.)
Bull ilcViiislAixh Lici/coisJcmeYJI, pa(7eL9(i
ruv
i'«litc f^alciic IrtLcïaU PiOs.-<r nmi
?t ).?iuL(.c.-' aulc-ii c uxc.-"
^vaiio le «raoCcMi .
Échelle ded!002 à 17)00
■ de L ooz , de]
uptDircÀ]
A C«.V\»CCV II
^ -XiiJi. Je N Vsh'Lsn:- Csrjnsnnu L:e.
xpLORATiûA-DEL.iro.ALBE D'AvE^NES. - Plan des tramux.
— 197 —
Située environ à mi-chemin entre le village d'Avennes et la
grande chaussée romaine de Tongres à Bavay, notre tombe ne
se trouve qu'à une trentaine de mètres à l'est du chemin de tra-
verse qui conduit du village d'Avennes à la chaussée romaine
et aboutit près de l'avenue du château de Braives. Elle n'est
dore pas Irès-éloignée des substructions romaines qui bordent
la chaussée des deux côtés sur le territoire de Braives, subs-
tructions qui embrassent une superficie de plus de dix hec-
tares et s'étendent presque jusqu'à la route de Huy à Tirlemont,
sur le territoire de Lens-Saint-Remy; trop considérables pour
avoir appartenu à une simple villa, ces substructions semblent
se rapporter à un relai de poste (mansio ou mutalio), peut-être
même à un vicus ou un caslellum. On ne sait malheureusement
rien sur l'origine du village actuel de Braives; son ancien nom
latin, Broivia, pourrait toutefois avoir désigné, sous la domina-
tion romaine, une localité d'une certaine importance. A diffé-
rentes reprises, on y a mis au jour des vestiges el des objets
romains et franks.
La Commission française de la carte des Gaules (i), place
Perniciacum à Avenues, sur la rive gauche de la Méhaigne; les
distances indiquées par l'itinéraire d'Anlonin et par la carte de
Peulinger semblent, en effet, favorables à l'hypothèse des savants
français. Voici ces distances, accompagnées de la réduction
des dernières en kilomètres ; quant aux premières, on ne les
considère ici que comme points de comparaison :
Itinéraire d'Antonin. Carte de Peutinger. Kilomètres.
Adualuca Tungrorum (Tongres) à
Perniciacum XIV MP. (Millia pas- XVI L.lLeugse
Perniciacuna à Geminiacum (Gem- suum). ou lieues romaines,. 35 */t
bloux; . XXII MP. XIV L. 31
Geminiacum à Vodgoriacum .Wau-
drez X MP. XVI L. 35 «/t
Vodgoriacum à Bagacum (Bavay). XH MP. XII L. 26 %
Total. . LVIII MP. LVIU L. <-i8 »/•
(*) Les travaux préparatoires de la Commission ont paru dans la Bévue
arehiologique de Paris.
— 198 --
Si cos deux itinéraires concordent, quant au total des unités,
de Ton^res à Bavay, il n'en est pas de même , ainsi qu'on peut
s'en assurer [)ai' le tableau ci-dessus, pour les dislances entre
les diverses étapes ou man^iones, La divergence principale (un
écart de 8 unités) se porte sur Geminiacum (Gi'ml)loux) où il
semble y avoir eu un déplacement; la situation approximative
de Perniciacum (Avenues) ne doit pas en souffiir, car il est à
remarquer que la distance entie Tongres et Avenues est effec-
tivement d'environ 3o kilomètres.
Déjà en l8oi, l'attention de V Institut archéologique liégeois îiii
attirée sur les substructions de la cluiussée; dans sa séance du
4 mars, M. Stanislas Bormans, alors secrétaire de la Société,
déposa sur le bureau le plan d'une partie d'entre elles qui venait
d'être mise à découvert, par suite probablement de travaux
agricoles; il exprim;iit en même temps le désir d'y voir pratiquer
des fouilles. L'Institut décida qu'un subside serait à cet effet
demandé au gouvernement et chargea de la surveillance des
travaux MM. Bormans, d'Otieppe, de Sélys et Ulysse Capitaine.
Cette demande ne reçut probablement pas un accueil favorable,
car ce ne fut qu'en 1872 que la Société fil f;iire quelques
rechei'ciies en cet endioit; ces fouilles, surveillées par l'auteur
du présent article, furent assez fructueuses; elles seront ulté-
rieurement l'objet d'un rapport spécial.
Il n'est pas sans intérêt de remarquer ici que la chaussée ro-
maine de Tongres h Bavay a subi, sur le territoire de Braives,
de grandes modilications dans son tracé. Elle était autrefois
bi'aucoup plus rapprociiée de la tombe et suivait une profonde
dépiession du sol, que l'on remarque encore aujourd'hui. Vei'S
1845, le gouvernement beige, dans le but de l'améliorer, la
reporta à une ceniaine de mètres plus au Nord. Les travaux de
déblai que ces changements néiîes-^ilèrent firent découvrir sur
l'emplacement actuel de la chaussée, un vase rempli de mon-
naies romaines en or, qui malheureusement ont été fondues
chez un orfèvre de Liège, des fibules, des styles, ainsi qu'une
— 199 —
tête de cheval en bronze, grandeur réelle ; on ignore ce que ces
derniers objets sont devenus.
La tombe d'Avennes ne se trouvait donc pas nutrefois plus
éloignée de la chaussée que les tuniulus voisins d'O.nal, de
rEmpereur(à Moxhe) et du Soleil (Embresin). De son sommeton
découvre parfaitement la tombe de l'Empereur, ainsi que la tombe
de Vissoul et celle de Latinne, aujourd'hui presqu'enlièrement
nivelée (appelée aussi dans le pays tombe de Marneffe), ces
deux dernières situées, au sud, dans une autre direction, aune
lieue environ de notre chaussée, et formant avec le tnmulus
d'Avennes une sorte dévaste triangle scalène: vers le nord-est
la tombe de Blehen se détache de l'horizon.
De la tombe de l'Empereur, on découvre les deux belles
tombes du Soleil et de celles-ci on aperçoit les dt^ux petits tu-
mulus de Merdorp, situés à l'extrême limite de notre province
et toujours le long de la chaussée romaine. Ces quatie groupes
de lumulus (en y eompre.iani la tombe qui nous occupe) sont
distants d'une demi-lieue environ l'un de l'autre; cet espa-
cement régulier tendrait à faire croire qu'elles n'ont pas seule-
ment servi de sépultures — ce qui n'est du reste pas encore
démontré pour toutes les tombes, — mais qu'elles ont encore
fait partie d'un système général, qu'on les a utilisées comme
postes de défense ou d'observation. D'un autre côté, celte opi-
nion, qui est celle d'un grand nombre d'archéologues, se trou-
verait ici infirmée par le fait qu'il existe, si nous pouvons nous
exprimer ainsi, une solution de contiimité dans le système, c'est-
à-dire que de la tombe d'Avennes on ne peut apercevoir le beau
groupe d'Omal, distant de près d'une lieue, et que du haut des
tumulusde Merdorp, un exhaussement du sol cache la vue de la
grosse tombe d'Hoitomont, la première tombe brabançonne,
éloignée du reste de plus de six kilomètres. Nous reviendrons
d'ailleurs plus loin sur le mode de construction des tombes et
les différentes destinations que les Romains pourraient leur
avoir données.
-~ âOO —
Le périmètre delatombed'Avennesà sa base est aujourd'hui de
112 mètres, ce qui lui donne un diamètre de plus de 33 mètres;
elle n'a, croyons-nous, jamais eu une plus large assiette;
une circonstance relatée plus loin vient encore à l'appui de cette
opinion. Quant à sa hauteur, elle a pu être diminuée; elle pos-
sède encore au midi une élévation de 11 mètres, et vers le nord-
est, direction où elle présente une très-foiie déclinaison, une
belle pente de 18 mètres. Par suite de cette circonstance, la
plate forme n'occupe pas paifiiitement le milieu de la tombe;
elle a environ 30 mètres de pourtour; la commune a fait plan-
ter au centre un frêne pleureur.
A différentes reprises, la tombe d'Avennes a attiré l'attention
des touristes et des archéologues; de nombreux écrivains en
font mention. Voici ce qu'en dit Van der Rit {Journal de VArchi-
tectuvey année 1851, p. 87) : « La tombe de Braives est assise
» sur le versant d'une colline qui s'élève à l'Orient. J'ai remar-
» que que cette situation est généralement applicable aux autres
» tombes, sauf quelques rares exceptions. En face de cette der-
» nièie butte tumulaire, et sur la grande voie, on venait de
» découvrir, lors de mon passage, un nombre considérable de
» matériaux romains, ainsi qu'un [)Uits qui remonte évidemment
» à la même époque. Ce puits est placé à côté et au nord de la
» route et les m.itériaux sont ré|)andus dans les champs à
» droiie et à gauche de cette même route, et sont en plus grande
» quantité vers le deuxième côlé. Les talus de la rouie permet-
» tent de distinguer l'épaisseur de cette couche de matériaux
» qui varie de un à deux mèires de hauteur. Je rencontrai sur
» les lieux M. Maxliin (sic) (il s'agit probablement de M. Bar-
» ihold Mottin, membre défunt de l'Institut), de Hannut, qui, à
» différentes rcpiises, était déjJi venu y faire des inve.ligalions
» parmi les restes des constructions antiques dont le sol est
» jonché. Dans une exploration que nous fîmes ensemble, nous
» lûmes singulièrement surpris de la quantité de ferrailles
» qui se trouvaient mêlées à ces débris. Nous en concluons
~ 201 —
» qfue l'établissement qui se trouvait à cet endroit, du temps
» des Romains, pouvait bien avoir été, sinon une fabrique
» d'armes, au moins un lieu où l'on réparait celles des
» troupes qui voyageaient sur la grande voie, ainsi que le
» matériel de guerre qu'une armée traîne ordinairement à sa
» suite. »
Monsieur Albert d'Otreppe de Bouvetle, dans la 36'"^ livrai-
son de ses Tablettes liégeoises, p. 108, signale à Braives, « une
» tombe près de la campagne des Sarrasins. » C'est ainsi qu'on
appelle dans le pays les vestiges de constructions dont il a déjà
été question. Le même auteur, même ouvrage, même page,
mentionne que, vers 18o4, on a découvert de nombreux frag-
ments de poterie et des monnaies près de la tombe d'Avenues.
La « tombe d'A\ennes, à Avenues ^) (sic), est citée par la Bel-
gique monumentale, tome II, pp. 88 et 188. Les Annales de la
Société archéologique de Na7m(r, tome III, p. 397 ; le Bulletin
de r Institut archéologique liégeois, tome III, p. 306 , et Schayes
(2* édition par Plot), tome III, pp. 423 et 433, parlent d'un tumu-
lus situé à Avenues.
Del Vaux, tome II, p. 27, constate que « la tombe dite d'Aven-
nes est dans la campagne de Braives; » ailleurs, même vol.,
p. 50, il revient sur ce tumulus : « On rem.irque en cette com-
mune (Braives) une tombe qui porte le nom de tombe d'Avenues.»
Ferraris la cite sur sa carte sous le nom de tombe « d'Avene.»
« A peu de distance de la tombe de l'Empereur, à Moxbe, se
->> voit la tombe d'Avenues, » dit Bovy, t. II, p. 283.
Nous lisons encore dans le Dictionnaire archéologique de la
Gaule, — époque celtique, — ouvrage publié par ordre de
l'empereur Napoléon III :
« Braives, provittce de Liège, Belgique. On a signalé à la
» Commission dans cette commune un tumulus qui porte le
» nom de tombe d'Avennes ; il est situé entre la Méhaigne et la
» Chaussée de Bavay à Tongres.Ce tumulus n'a pas été fouillé.»
Ou voit que la Commission française attribue à notre tumulus
202
une origine celtique, tandis que les fouilles ont surabondam-
ment prouvé, comme on le verra plus loin, qu'il ne remonte
qu'à l'époque romaine. Nous croyons inutile de relever l'erreur
commise par la Commission lopographique des Gaules, qui
désigne Avenues sous le nom d'Avennes-les-Hannecl {sic).
(Voir encore le Bulletin de V Institut archéologique liégeois,
tome I, p. 121 ; Van der Ril : Les Chaussées romaines, pp. 33,
37, etc.)
Les citations qui précèdent montrent que les auteurs se sont
indifféremment servis des expressions tombe de Braives et
tombe d'Avenues; ce double emploi a élé signalé dans le
Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, t. X,
pp. 288 et 291.
En présence des fouilles heureuses déjà effectuées l'année
précédente, ['Institut archéologique liégeois prit, dans sa séance
du 8 novembre 1872,1a résolution de tenter des recherches dans
la tombe d'Avenues ; un crédit de 200 francs fut volé h. cet effet
et on voulut bien nous confier la surveillance des fouilles.
Après d'assez longs pourparlers avec l'administration commu-
nale de Braives, nous obtînmes, avec l'autorisation demandée,
une renonciation préalable à tout ce qui pourrait être découvert,
à l'exception des objets en matières précieuses; on y mit
toutefois la condition de verser d'abord la somme de 50 francs
entre les mains du receveur communal.
Les travaux d'exploration commencèrent le vendredi 12 mai
1873, au moyen d'une galerie de deux mètres de hauteur sur
deux mètres de largeur, ouverte dans le flanc sud du lumulus.
Deux ouvriers seulement fuient employés.
Dès les premiers coups de pioche, nous découvrîmes presque
à fleur de terre et près du pied du tumulus le goulot et quelques
fragments d'une petite cruche en terre blanche, ainsi qu'un
autre fragment de poterie paraissant se rapporter au corps
d'une lampe en terre. Cette trouvaille, très-insignifiante en elle-
même, nous fournit la preuve que le contour inférieur du
~ 203 —
lumulus n'avait guère été entamé, les débris en question y
ayant probablement été apportés des constructions voisines et,
cela depuis longtemps, à en juger par leur état de vétusté et de
fragilité.
Les terres composant le tumulus présentant une extrême
résistance, — ainsi que nous l'avons du reste remarqué dans
la plupart des autres lombes romaines — le creusement de la
galerie devait se faire à la pioche et ne pouvait, par suite,
s'effectuer que très-lentement. Au bout de trois jours de travail
et tout en suivant le niveau du sol cultivé, en entamant toute-
fois d'une trentaine de centimètres l'argile vierge, nous ramas-
sâmes dans la galerie, à environ huit mètres de distance, un
petit bronze romain complètement fruste, ainsi que des débris
d'un chaînon du même métal. Ces deux objets ne se trouvaient
évidemment là que par hasard et avaient dû y être perdus par
les constructeurs de la tombe ou bien encore s'étaient trouvés
dans les terres qui avaient servi à l'édifier.
La coupe de notre galerie nous a permis de nous rendre par-
faitement compte de la manière dont il a été procédé à celte
opération. Chaque couche de terre présente presque partout
dans les tombes romaines la même épaisseur : rarement l'une
d'elles se trouve répétée ; les terres ont dû être déposées bien
également sur toute la surfiice. Les ditïérentes couches, la
plupart du temps, n'adhèrent pas enire elles mais se détachent
au contraire parfai:e;neiil l'une de l'autre à la voiîic des gale-
ries ; c'est ainsi que nous avons encore pu constater à leur sur-
face l'empreinte bien visible d'un pied ou pluiôt d'un soulier
romain, ce qui donnerait à supposer que les terres étaient
soigneusement tassées avant qu'on ve songeât à déposer une
nouvelle couche.
A quatorze mèires de distance et à environ 60 centimètres
du point central marqué au plan, les ouvriers rencontrèrent des
traces de fouilles antérieures, que nous ne pouvons attribuer
qu'aux armées françaises de passage en Belgique : ce fu^
- 204 -
(f abord un puits circulaire de â^OO de diamètre, qui s'enfonçait
profondément dans le sous-sol. La terre qui avait servi à le rem-
blayer était redevenue aussi dure et aussi compacte que l'argile
environnante, sans cependant adhérer à celle-ci, ce qui nous
permettait de juger parfaitement des proportions du puils. De
celui-ci, et à un mètre plus bas que notre g;>lerie, partait à
angle droit une petite galerie latérale vers le Sud. Ne trouvant
rien tout d'abord, nos devanciers avaient lâionné à droiie et
à gauche et avaient finalemenl désespéré du succès. Celte petite
galerie était remplie d'une terre très-friable qui, une fois
déblayée, ne nous a fourni que de grossiers moellons romains
laissés là probablement par dépit par les premiers explorateurs.
Nous disons que nous attribuons ces recherches aux armées
françaises, parce que la tradition locale est muette sur toute
fouille qui aurait pu se faire récemment; et que, d'un autre côté,
on sait de source certaine qu'un grand nombre de nos tombes
ont été visitées par les Français — et toujours au moyen du
même système de puits verticaux, — lors de leurs divers
campements en Belgique.
Parvenus au centre du tumulus et n'apercevant pas la plus
petite trace de sépulture, nous étions sur le point de désespérer
à notre tour, lorsque l'idée nous vint, avant de clôturer nos
recherches, d'essayer quelques sondages dans les parois de
notre galerie. Au troisième coup de sonde dans la paroi de
gauche, la tarière ramena une terre grasse noirâtre et assez
meuble que nous n'avions point encore rencontrée. En élargis-
sant l'ouverture avec la bêche, cette terre se trouva bientôt
mêlée de débris de bronze et de ferrailles, ainsi que de charbon
de bois; nous touchions au caveau. Sa paroi orientale s'offrit
à nous peu après. Creusée à O^TO en dessous du niveau de la
campagne voisine, la fosse sépulcrale mesurait â^lO de longueur
sur 2 m. de largeur. Parfaitement orientée du nord-est au sud-
ouest dans le sens de sa longueur, elle avait dû être primitive-
ment recouverte d'un couvercle circulaire en bois, maintenu par
Bull, de rinst. arch. liégeois. T.
XTT, pap:e 203.
PI. V.
2"'00 .
....
42
47
38
41 36 ^
35 37
49
. NORD.
40 39
45
46 44
\
27 ^
17 "'^
50
\
11
49
\
©
18 ^
26 20
24 ''
\
(M
25 ^9 48 2
12
\
32 21 3
29 30 22
13
SUD.
4 28 49
;
23 8
31
5 ''
« 33 9 ^«
6 15
...
16
i
1. Os
semenis divers.
21. Grand vase funéraire en verre.
2. lUiiru en hi'OMze.
22. Fiole l;i(ryuialoire id.
3. ('■liinil vose en terre noire.
23. Bouteille .i cannelures en verre
4. Grande Ijouieille ronde en verre
jaune.
verdàlre.
24-261 Trois petites patèrcs en pole-
S. Bouteille ronde h large panse.
r e sigillée.
6. Grand vase en terre noire à arête
27-28. Bouteilles en verre vert à go-
aignc à la panse.
(Iroiis.
7. Vas"^ doré au mica et orné à la
29-30. Peii's vases semblables aux
pan^e de boulons et de masca-
nns 14 et 15.
rons en relief.
31. Bouteille cannelée en verre ver-
H. Grande olla en pâte grossière.
dàlre.
9. Cruche en tei're Idanche.
32 3'f. Trois patères en poterie
10. (bruche, plus petite que la pré-
rouge grossière.
cédente.
35-38. quatre patelles bilobées en
11. Vase en terre rouge à bords re-
terre sigilli'C.
pliés.
39-42. Quatre patelles bilobées en
12. Bouteille ronde, moins grande
terre sigillée, plus petites que
que le n*» 4.
les précédentes.
13. Grande patére en terre sigillée.
43. Couteau en fer.
14-lo. Petits vases, forme trépied,
4i. Sella i>lic(iiilis en fer.
dorés au mica.
45. Pincettes en fer.
16. Ciseau en fer. avec anneau.
46. P. Ile à feu.
i 17. Vase avec boulons, doni au mica,
47. Lampe en fer.
j plus petit que le n" 7.
48. Bronze de Vespasien.
18. Vase à parlums en terre noire
49. Ornements en bronze du cou-
fine.
vercle.
19 Vase en verre blanc laiteux.
50. Ferrailles diverses.
20. I»elit entonnoir en verre.
TOMBE D'AVENNES. - Disposition des oljjets Jaiis le cavean.
— 205-
des ferrailles dans ses différentes parties et orné de clous en
bronze à large tète : la plupart de ceux-ci ont été rétrouvés.
Les grosses planches, probablement en chêne, formant les cô-
tés de celte espèce de cercueil, avaient laissé des traces parfai-
tement visibles dans l'argile qui avait dû les recouvrir; le bois,
une fois consommé et réduit en poussière, avait laissé un vide,
encore traversé par les clous autrefois enfoncés dans les
planches. Quant à la partie supérieure du couvercle, elle avait,
après effondrement, livré passage aux terres, qui avaient fait
irruption dans le caveau et le remplissaient entièrement lors de
sa découverte (1). Ctt éboulement s'était, ainsi qu'on peut le
constater dans presque tous les tumulus fouillés, surtout pro-
duit avec force vers le centre du caveau, ce qui explique que
les objets déposés le long des parois se sont trouvés générale-
ment préseivés et ont pu être en grande partie retirés intacts
de la sépulture.
Nous allons maintenant passer à un examen détaillé des
objets contenus dans la fosse. Quant à la manière dont ils s'y
trouvaient disposés, consulter la planche V.
Poterie».
I. Un grand vase en terre jaune, forme d'olla, à larges bords
repliés à plat, haut de O^SO, et d'une circonférence d'un mètre
37 centimètres; il a 2i centimètres d'ouverture et une épaisseur
de 15 millimètres. (Voir pi. VI, fig. 11.) Ce vase, brisé en un
grand nombre de morceaux, a pu être entièrement reconstruit.
II ressemble étonnamment à un objet analogue découvert en
1863, par M. l'abbé Kempeneers dans le cimetière du Haem-
berg, à W^ezeren, près de Landen ; il n'en diffère qu'en ce que
le vase du Haemberg possède au bord un léger renflement ( 2).
Cette similitude entre les deux vases tend à prouver que le
( * ) Voir la coupe du caveau sur la planche IV.
(*) Voir Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie. IV. p. 424, pi,
IV, fig. 34, et pi. VI, p. 168.
— 206 ~-
cimetière du Haemberg est bien romain, ce qui avait pu être
révoqué en doute à cause d'une certaine apparence franke de
quelques vases qui y ont été découverts. Les rebords plats de
notre grand vase ont déjà été pris (opinion du reste abandonnée
aujourd'hui) pour la lunelte d'un lieu d'aisance ou d'une garde-
robe : on voit d'ailleurs par le Catalogue du Musée de Nîmes,
p. 79, que des amphores servaient quelquefois d'urinoirs.
II. Un grand vase en poterie noire, de 0'"24 de hauteur,
à pied exigu et à panse fortement bombée. (Voir pi. VI, fig. 1.)
III. Un second vase en poterie noire, ne différant du précé-
dent qu'en ce qu'il est plus bas de forme et muni à la panse
d'une arête assez aigùe. (Voir pi. VI, fig. 9.) Ces deux formes
de vases ne paraissent pas communes, car nous ne les avons
pas encore vues figurées ; le Musée de Namur en possède
cependant un ou deux spécimens.
IV. Une grande cruche en terre cuite jaunâtre, de O^SO de
hauteur, (Voir pi. VI, fig. 12.)
V. Une autre cruche semblable à la précédente, mais un
peu moins haute et d'une terre plus blanche.
Ces deux objets ont beaucoup d'analogie avec une cruche
découverte dans la tombe Hémava, près de Montenaken (i).
Les objets trouvés dans cette dernière tombe sont aujourd'hui
déposés au château de Hasselbrouck , commune de Goyer
(Limbourg).
VI. Une coupe hémisphérique en terre cuite rougeâtre, avec
rebord rabattu extérieuiement et strié de lignes jaunes. Haut
de 0'"12, ce vase (pi. VI, fig 8) ressemble à une coupe du
même genre provenant de la tombe Hémava et considérée
comme original(3 par Messieurs de Caumont et Joly. D'un
usage peu connu, cet objet paraît, selon M. Schuermans,
( ') Voir BuUelin des Commissiom royales d'art et d'archéologie, IV, p. 372, pi. I,
fig. 8.
~- 207 —
se rencontrer plus fréquemment comme poterie samienne (0*
Les stries de couleur jaune dont noîre exemplaire est orné,
rappellent assez bien un objet trouvé dans la villa du Ronden-
bo^ch et décrit en ces termes par M. Schuermans : « terre
«jaune fort lendre et tirant sur le rouge, ornée et couverte à
» Texlérieur, de rangées de petits traits en couleur rose (en cou-
» leur brune sur un autre vase), long à peu près de 0"'0:2. » Le
même auteur fait suivre cette description de considérations qui
tendent à reporter ce genre de poterie au IP siècle de notre
ère (2).
Du Cleuziou, dans son ouvrage sur « la Poterie gauloise, »
p. 198, n" 117, parle d'un vase semblable au nôtre, mais en
terre blanche, trouvé à Clermoni-Ferrand, en France ; il le
range, peut-être à tort, parmi les supports probables de vases
apodes ou sans pieds. J. de Basi (premier supplé nent au liecueil
cTantiquités romaines et gauloises, p. 212, pi. III, fîg. 9) en
cite un autre, trouvé en creusant les fondations du château
d'Égremont, à trois lieues de Lille, en juillet 1730.
VII. Un vaso de «i^n de hauteur, doré au mica, orné, tout
autour de l'ouverture, d'un rang de boutons en relief, au nombre
(*) Voir Bulletin des ('commissions royales d'art et d'archéologie, IV, p. 373,
pi. I, fig. 9 ; Messager des sciences historiques, 1851, p -15 ; Abécédaire, ère
gallo-romaine, pp. 418 «1419 ; Brongniai"), Description méthodique du Musée céra-
mique de la manufacture royale de Sèvres, pi. IX, fig. 7 ; liutletin de l'Institut
archéologique liégeois, V, p. 237 ; de Monlfaucon, III, pi. LXXXII ; Emele, Be-
schreibung rômischer und deulscher Alterthïimer der Provinz llheinhessen, pi. IV,
fig. I, el pi. XI, fig. 1 ; Annales de la Société archéologique de i\amur, IV, p. 92 ;
Bulletin de l'Académie royale de Belgique, XWe annde, 2"'e série, XI, p. 304,
Dorow, Opferstàtte und Grabhïtgel der Germanen und Borner am Rhein,piTl II, pi.
XV, fig. i ; de Caylus, I, pi. CIII, fig. 4. Voir aussi les numéros 493 et suivants
(acquis par M. Joly) à la vente de Renesse (4 mars I8fi41 ; Bulletin des Commis-
sions royales d'art et d' archéologie, S , p. 178, pi. Il, fig 38; Académie des sciences,
des lettres et arts de Cor</ea« r (séance du 16 juin 1831, pi. IX, fig 6, représen-
tant un objet qu'on décrit comme « vase bizarre en terre noire ; » on ajoute
« qu'il y en a de pareille forme en terre rouge, t
( *) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, VI, p. 162, pi. V,
fig. 37.
X
— 208 —
de dix-huit, et sur la panse, de deux groupes de boutons sem-
blables, disposés 3, "2, 1, 1, 1, 1, et séparés par deux grands
mascaron.s également en relief (pi. VI, fig. 14).
Ce genre de poterie, qu'on trouve dans presque toutes les
substructions romaines, ne paraît cependant avoir été signalé
jusqu'ici que par des fragments Nous croyons intéressant de
relaier ici ce qu'en dit M. le conseiller Schuermans (i) à propos
de débris de même nature recueillis par lui dans la villa du
Herckenberg : « Poteries à boutons, revêtues d'une sorte de
» dorure ayant résisté au temps; sur un fragment, cette dorure
» est mêlée à une nuance brune qui lui donne le reflet mélalli-
» que du bronze. Sauf un fragment exigu (déterré au Tombal,
» près d'Avernas-le-Baudouin), tous les tessons ayant cette
» espèce de dorure, décombres jusqu'ici dans la Hesbaye et
» dans les environs de Maestriclit, Outre-Meuse, sont pourvus
» de petites bosses rondes comme des têtes de clous, symétri-
» quement placées de haut en bas, et qui à l'intérieur forment
» autant de fossettes (2). » Monsieur Habets... croit que celte
» dorure n'a rien de commun avec le mica précédemment
» signalé sur certains vases par Grignon (p. CCXXII), Barailoa
» (pp.33, 135,192) et de Caumont (CoMrs,etc.,II, p. 209et suiv.;
» Ère gallo romaine, p, 415) (3). Pour élucider cette question,
» M. Van der Capellen, de Hasselt, a bien voulu se charger de
» traiter îi l'eau régale la prétendue dorure de ces tessons, et
» le résultat négatif de ses expériences l'a porté à conclure
» positivement à l'absence de métal, or ou cuivre, dans la pré-
( *) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéolofjiey VI, p. 267, pi. XII,
fig 7 et 8. Voir aussi même ouvrage, V, p. 444, notes 3 et 4.
(•; Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monu-
ments historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, III, pp. 196, 201 et 291,
pi. I, fig. iO.
( *j Voir encoe Bulletin de la Société pour la conservation des monuments his-
toriques d'Alsace, 1866, p. 104 ; Mémoires de la Société d'Émulation d'Abbeville,
1844, p. 183; Publications de la Société d'archéologie dans le Duché de Limbourg,
III. p. 196, pi. 1, 1)0 10.
— â09 —
» tendue dorure, qui serait véritablement, d'après lui, due à ce
» qu'on appelle le mica doré ou sable d'or. Ainsi viendrait à
» disparaître l'atlribulion de la fabrication, dans nos contrées
» exclusivement, de ces vases « dorés, » identiques à ceux de
» la Gaule méridionale. Mais M. Habets peut maintenir, à
» raiscm de la découverte de ces vases ornés de petites bosses
M ou de petits boutons ronds, à Flavion et à la Motte-le-Comte
» (deux cimetières abandonnés depuis les premiers Antonins),
» sa conclusion relative à l'usage de ces vases sous le Haut-
» Empire , conclusion que corroborent les monnaies du
» Herckenberg. »
Il résulte de ce qui précède, que nous devons considérer la
poterie en question comme bien positivement dorée au mica,
mica qui disparaît malheureusement au moindre frottement,
surtout lorsqu'il est mouillé.
Notre vase est orné sous son pied d'un sigle presque indé-
chiffrable; peut-être faut- il lire CIVVI, marque déjà rencontrée
à Braives, sur un vase présentant un sujet de chasse à la barbo-
tine,vase vu autrefois chez M. le baron de Sélys, au château de
Longchamps.
VIII. Un second vase, même poterie dorée, plus petit que le
précédent, orné au bord de treize perles et à la panse d'une série
de boutons semblables, disposés en losanges et alternant avec
de gros mascarons, le tout en relief; ce dessin est répété trois
foi^ (pi. VI, fig. 13).
IX. Quatre vases en forme de coupe supportés par trois
pieds, de la même poterie fine, brunâtre et dorée que les pré-
cédents , h;iuleur 0™07o (pi. VI, fig. 2). M. Schuermans nous
écrit n'avoir j;imais rien vu de semblable dans les fouilles qu'il
a dirigées; il est d'avis que s'il fallait absolument trouver pour
les vases apodes (qui ont du reste complètement fait défaut
dans la tombe d'Avenues) un support probable, ce ne serait ni
dans les objets repris aux numéros VI et XV qu'il faudrait le
— 210 —
chercher, mais plutôt dans ces godets, avec un trépied tout à
fait propre à assurer l'équilibre ( i).
Brongniart et Riocreux (2) intitulent un objet analogue « vase
culinaire, hémisphérique, à trois pieds. » Ces quatre vases
auraienl-ils servi à Avenues ii brûler des parfums '/Nous devons
faire remarquer ici qu'ils n'étaient point placés symétriquement
dans le caveau, ainsi que leur nombre pourrait le faire sup-
poser.
X. Un petit vase en poterie noire extrêmement fine, à
panse anguleuse; haut de 0"^09 ; il ne mesure guère à certaines
places, qu'un millimèire d'épaisseur (pi. VI, fig. iO); il est muni
en dessous du pied et un peu de côté de la marque IVAIAI (3).
La marque MAINV, déjà signalée à Montrœul-sur-Haine, en
Belgique (Sigles figuiins [i), n" 3194), s'est rencontrée sur une
a poterie noire, » dans le musée de Meester de Ravestein (s ),
à Hever, près de Malines.
Nous attirons l'attention sur l'existence de sigles sur deux
poteries (voir numéro VII) d'une nature autre que la poterie
samienne; c'est un fait rarement constaté.
Le Musée de Liège possède plusieurs de ces petits vases,
mais malheureusement tous incomplets. Leur forme est la
même que l'objet figuré au n° 34 de la planche V des fouilles de
( • ) Voir ce que l'on dit de l'apolheca dans le Bulletin des Comm. roij. d'art et
d'archéologie, II, p. iSl. Lévy {Histoire de la peiuiure sur verre, p. XXXIII)
donne à cet objet le nom d'angoUieca, d'après Wiiickelmann, etc.
( * ) Description méthodique du Musée céramique de la manufacture royale de
porcelaine de Sèvres, pi. Vlll, flg. i7.
(') Nous devons à l'indpuisiible obligeance de M. Schiicrmans la d(ilermination
de Cl' sigle, ainsi que des suivants. La marque miam a élé trouvée à Paris {Sigles
yî<;. noHo71); <;fr. d'a'itres sigles (S/jy/eA/iy. 3181 et suiv.) où les lettres M. et A
sont en monogramme : miaki, etc.
(*) lliciie série de sigles, publiée par M. Schuermans, dans les Annales de
r Académie d'archéologie de Belgique, IK série, tome 111.
(*) Musée dii Ravestein, catalogue descriptif, U, p. 136, a° il61.
«
BidLdcl InsUlul atchUig. TomiXIL Pucje 311
Echelle de ' ,Ç.O poar 1'^ .f
a
EXPLORATION DELA TO M B E D ' AV E M N E S POTERICi
- Ml -
Walsbelz, mal représenté toutefois {i); elle vient encore d'être
rencontrée tout récemment, mais revêtue d'un engobe plus brun,
pyr M. l'abbé Kempeneers, dans son exploration du tumulus
deBlrlien, près Hannut ('2). On en a également trouvé àRenaix et
à Fliivion (3). Ces vases d'une qualité déterre très-fine, et d'une
épaisseur excessivement mince, et à la forme desquels on a
souvent attribué une origine grecque (4), sont très-estimés des
antiquaires et sont placés par eux, comme beauté et impor-
tance, au même rang que les poteries en terre rouge sigil-
lée (o). La confeciion de vases de ce genre, d'après Pline (6),
aurait été, dans un cas particulier, le résultat d'un défi entre
maîtres et ouvriers; ils auiaient le plus souvent servi à
renfermer des baumes odoriférants ou des onguents, de même
que ceux en poterie moins fine, à paie brune (7), comme le vase
de Blehen. Selon Brongniart (8), leur couverte « est due à un
» silicate de fer ou de chaux rendu soluble par un silicate de
» soude : ce lustre noir, silicate alcalin et terreux, comme l'est
» du reste aussi le vernis de la poterie de terre dite sigillée,
» semble identique à la glaçure noire des vases grecs. »
XI. Trois paièrcs en terre cuite grossière revêtue d'un vernis
( •) Bulletin des Comm. roy. d'art et d'archéologie, IIl, p. 328.
(•) Voir encore Herraans, Noordbrabam's oudheden, Bois-le-Duc, I860, page
124, pi. iX, fig. 19.
( * j Annales de la Société archéol. de Namiir, VII, p. 30, pi, I, fig. 6 et H ; Mes-
sager des sciences historiques, 1843, pi. VIII, fig 13.
(*) Alfred Béqiiel. Annales de la Société archéologique de Samur, VII, p. 413.
(") Hat-omans, p. 419; Brongniart, I, p. 43-2; Alfred Bdquet, Annales de la
Société archéologique de Namur, i. c. ; Messager des sciences historiques, 1843,
p. 517, pi. VIII, lig 4.
C) X\XV, 40. iNoiis nous sommes permis d'emprunter la plupart des détails qui
prL'cedenl a la de-criplion du vaNe de V\a:sbetz, par M. Schuermans. ( Bulletin des
Comm. roy. d'an et d'archéologie, III, p. 32b.)
C) Messager des sciences historiques, ISio, pp. 107, 109, 420, 430, pi IV, fig.
i;pi. v,fig. i.
(•) I, pp. 16 et 421.
212
rouge (pi. VI, tig. 8). Nous ne dirons rien de cette sorte d'ob-
jets, qu'on rencontre fréquemment dans les fouilles pratiquées
en des villas et des lumulus. Les tombes de Fresin et de
Walsbetz en ont fourni chacune deux paires de tout à fait sem-
blables (i); nous devons faire remarquer ici que la tombe
d'Avenues renfermait des débris d'une quatrième paiera, de la
même terre, mais qui n'a pu être reconstituée. Une de ces
patères contenait des ossements de lièvre.
XII. Une grande patère en poterie sigillée (pi. VI, fig. 4),
marquée h l'intérieur (ainsi que les objets suivants) du sigle
0F>CREST1G. Le G final, étant peu visible, pourrait bien être
un 0 (2); Grestici est toutefois plus probable (officina Grestici).
Notre patère est commune dans les fouilles, mais rarement
complète.
XIII. Trois patères en terre samienne, de moitié moins larges
que la précédente (pi. VI, fig. 3), marquées : l'une VIRTVTIS,
les deux autres ININI ? La première marque se rencontre fré-
quemment (3) Quant à la seconde, les sigles connus qui pa-
raissent s'en rapprocher le plus sont : IN IVVS. IN IVORI,
trouvé à Tarragone; INIIWXV^, Augst; INIVOI, Cuissy, etc.
XIV. Quatre patelles bilobées en terre sigillée, pi. VI, fig. 6 ;
( ') Voir passim les Bulletins des Commissions royales d'art et d'archiolorjie.
(•j Cfr. sur ce sigle : CRESTio, trouvé à Schindeleggi Suisse), Veihlen (Pays-
Bas), Paris, Bavay, Limoges, Allier, Ton^res S. yiV/- n°M736. 1737); m ckestio,
Niniègueel LoUibury (Angleterre), (5. F. n» 1738^; OF crestio, Riègel, Limoges,
(id. 1739); OF CRESTIC, Londres; (id. 1735). Vi Reiue archéologique, \\\{, m,
cite un vase et une la.npe marqués of crestio.
( ' ) Cfr. anal.; viRTHV et virthvs, Londres (S. F. 5815-5816 ;virthvs es, dépar-
tement de l'Allier (id. 5817 ; virthvs F, Tours (id. 5818); virthvsF, Heddernheim
(id. 5819.; virthvs FECiT, Londres id. 58:20); virtvs F, environs de Wiesbaden,
Musée Eiiiele, (id. o821 ); OF virtvtis, Londres, Allier (id. 58-23 ; viriwm, Virlon?
{ id 5824); virth, Angle'erre Birch, 4 4 ; virt , Angleteire iWright 474';
virthvs FECT, Auvergne (de Caumont, Abécédaire); virthvs fe ;Worms, Zeitschrift
etc., Il, ai'l ; virtvs FECIT, Pannes près Nancy {Précis des travaux de la Société
royale des sciences, lettres et arts de Nancy, 18;24-1828, p. 203 ; VIRTV...., CoU
chester (It. Smith, CoUectanea aniiqua. 11, 40) ; viktvti f, Angleterre (Wright,474.}
— âi3 —
elles portent les marques; ATTILO(i), A/EQVRI(2), AQVITA(3),
OFIAN (?) (4). Il est souvetU question de celte forme dans le
Bulletin des Coin. roy. d'art et d'archéologie (3).
XV. Quatre autres patelles bilobées, même poterie, de tailles
différentes, mais plus petites que les précédentes (pi. VI, llg.
7). Elles sont ornées de quatre sigles figulins, dont deux aux
( * On possède : atilivs, Echzell [S. Figulins, n*» ^li] ; atillvs, Musée de
Darmsladt, Mayence, Ronie (id. o77] ; atillvs f, Environs de Mayence 'id. o78! ;
(ATT) iLLvs, Jusienville, prés de Theux [Bulletin de l'inst. arch. liéy., \, IS: ;
ATiLvs F, lampe trouvée à Trêves f Jahresbericht der Gcsellschaft fur niitzliche
Forscliungen zu Trier, -1836, p. 72) ; atillvs, Angleterre (Wright, 408); atti-
Livs, lampe à Xanlen (S. F/>7h/., n" 610) ; attilivs F, Uhinzabern, Hanau, Envi-
rons de Mayence, Trêves îlampe), Veelilen, Hollande (S. F. 611); attilli. m,
Londres, Richborough (id. 612); attillvs f, Musëe de Darmstadt (id. 613) ; at-
TiLLii. M, Angleterre (Wright, 468 ; attilli, Bordeaux ISéanee de l'académie de
Bordeaux, 1831, pi. IX, fig. 22); Montans (Bulletin monumental, 1859, p. 701).
attialvs (sans doute attillvs), Essert (canton de Vaud, Suisse) (Milllieilungen
der antiquarischen Gesellschafl fiir vaterlandische Alterthiiraer in Ziirich).
(2 ) La marque de secvrvs n'est jamais signalée avec un q, tandis qu'on a trouvé :
AEOvifi. F. Londres {Sifjle.s Jigulins, n» 99) ; ^QvK. F, Londres (id. lOO). C'est
peut-être le même potier (v. Roach Smith, Roman London, p. -102 ; aeqvrvs,
Bavay [S. F. 101 1 ; NEQVRbX, Londres (id. 3846). Cette marque est si mal tracée
sur notre vase qu'il faut peut-être lire aqvita comme pour le sigle suivant, lui-
même douteux.
( ') Cfr. AQViT, Wiesbaden, Windisch, Londres [S. F. 437) ; OF aqvit, Windisch,
Ensdorf, Londres l'id. 438) ; of aqvit (... Windisch (id. 439,) ; OF aqvita, Lon-
dres, Tongres (id. 4i0) ; aqvitan, Windisch, Riegel, Florence (id. 441); OF
AQUAN, Windisch, musées de Zurich et de Bonn, Riegel, Dormagen (id. 442, ; of
AQviTANi, Vechten, Londres, Autriche (id. 443,) ; of aqvitani, Musée de Darmstadt,
Yechten Cid. 444) ; of aqvitani, Orléans, Le Châtelet (id. 445), Rome id. 446',
avec les lettres iTAN, en monogramme; aqvitanvs, Windisch, Mayence, Londres
(id. 447; ; aqvita, Florence (id. 448), avec les lettres vnA en monogramme; aqvit,
Colchesler (Roach Smith, Col. Ant. Il, 40) ; OF aqvit, Yechten (Janssen. p. 203,
n» 2177) ; OF AQVITA, Cologne {Jahrbuch, XLI, 138,' ; aqvitani, Musée de Nantes
[Catalogue Parenieau, ; OF AQViTNi, Xanten (Sleiner, II, 225;.
(*) On connaît: ian. ofic, Nîmes, iGorraer-Durand, 37); iani, Bibliothèque
de Strasbourg [S. fig. n" 2546,'.
(*) Voir en outre : Académie royale des sciences, des lettres et des arts de
Bordeaux, séance publique du -16 juin 1831, pi. V, fig. 2, p. 169.
— ±\i -
noms de CARUS F (i) et VIRF? i^i) ; les deux dernières marques
sont illisibles.
Cette forme se rencontre fréquemment, ainsi que la précé-
dente; notre collègue, le docteur Alexandre, conservateur du
Musée de Liège, a proposé de l'appeler bilobée: nous lui conser-
verons celle qualification, qui remplace avantageusement toute
espèce de description. M. Schuermans, qui n'a point toute-
fois trouvé de ces vases dans les tumulus explorés par lui, en
parle comme {?,) « de jattes hémisphériques h deux lobes for-
» mant bourrelet ou profil rentrant. » 11 ajoute « qu'on les
qualifie quelquefois de salières. » Un auteur français (4) consi-
dère, mais très-vraisemblablement à tort, ces vases comme des
supports probables de vases apodes.
Nous devons faire remarquer ici que la tombe, aujourd'hui
nivelée, de Hémava a fourni, comme celle d'Avennes, le même
service en terre sigillée, composé de douze pièces, en quatre
formats (5), identiques aux objets repris aux numéros XII, XIII,
XIV, XV ; elles présentent toutefois cette différence que les
premières ne portent point de marques de potier comme les
nôtres, mais sont en revanche ornées sur les bords de feuilles
de lotus tracées en relief. Le même fait (il s'agit également
(') Cfr. anal. : CARvs, Mayence, Nimègue (Sigles fiç/ul., a° 1115); CARVS F,
Bàle, Augst, Enns ( id., 1116); CAiiVS F (s renversé), Tongres (id., -1117); carvs
FEC, Enns (id., 1118); carvs. f, Angleterre (Wright, 469 ); carvs. of, Musée
de Nantes {Catalogue Parenieau]; OF. CARI, Poitou, Londres ( S. F 1085); cari
(R retr. , Sagonte ( Hubner, 4970, 123 ); CARI. OF, Musée de Nantes f C<J'«/oî/«e
Parenieau i. On a trouvé également la marque of cario, comme s'il avait existé un
potier du nom de Cario, gonilif Carionis : Officina ( sous-entemJu sua) Cario.
(') On connaît en lait de maïques analogues : vir, Poitiers i î'/y/fv /fy., n»
5772); of. vir...., Carlisie {Caialoijue du .\Jusce arclicoloijiqne de Carliste, 1859,
7; ; OF. VIR.. , lombes de Seron ( S. F. n» 5774 i.
{■•j Bulletin des coin. roy. d'art et d'archéoloqie, V, p. 440, pi., V, fig. 10 et
10 bis.
{ */ Du Cleuzion, De la poterie gauloise, p. 197, n» 116.
( ^ ) Voir Bulletin des corn. roy. d'art et d'archéologie, V, pi. 1, iîg. 4, 5, 6, 7 et
4 bis, 5 bis, 6 bis et 7 bis.
tiuJI JcImslilulArcliMif TomeXIl Pauc !?/.<
i.OHATION DE LA TOMBE D' A V E N « E 8 . - iej-^ , Bronzes .Verr
- ^15 -
d'une douzaine de pièces), a été constaté par M. del Marmol,
lors de l'exploration d'un des tumulus de Seron. Cette analogie
nous a paru importante, parce qu'au moyen de ces divers
rapprochements on peut peut-être lirriver à déterminer d'une
manière approximative l'époque où notre tumulus a été édifié.
Outre les objets en terre cuite ci-dessus signalés, la sépulture
d'Avenues renfermait encore un grand nombre de fragments de
poterie, dont la plupart paraissaient avoir subi les atteintes du
feu du bûcher et avoir été brisées volontairement, avant d'être
jetées dans le caveau.
Ces fragments étaient trop incomplets pour qu'on pût en
reconstituer des vases entiers.
Objets en verre.
La sépulture d'Avenues s'est montrée particulièrement riche
en objets en verre.
XVI. Une grande bouteille, forme circulaire, avec anse, en
verre verdâtre (pi. VU, fig. 1', haute de 0"',27.
XVII. Une seconde bouteille, même verre et même forme que
la précédeute, mais ne mesurant que 0"',19o de hauteur (pi. VII,
fig. 2). Bien que ce modèle n'eût point encore été rencontré
auparavant dans les tumulus où les subslructious delà Belgique,
il est loin d'être inconnu (i).
La seconde des deux bouteilles que nous venons de men-
tionner a seule été trouvée intacte dans le caveau ; c'est le
premier objet qui s'est offert aux regards dos explorateurs (voir
pl.V, n" 12). Elle était remplie aux deux tiers d'un liquide
incolore, qui n'a pas été analysé jusqu^ci ; celui-ci est dû
peut-être aux inliltiations incessantes des eaux pluviales dans
la tombe. Toutefois les objets en terre cuite, dont quelques-uns
ont été également retirés entiers du caveau, ne présentaient
(*) Voir notamment Hagemans, Un Cabinet d'amateur, pi. XV, fig. 7, p. 472,
n" 8.
— ^216 —
point celle particularilé ; rabsence de liquide peut s'expliquer
par la nature plus poreuse et plus celluleuse de la terre cuite.
XVIII. Une bouteille eu verre verdâtre, avec anse, très-large
et très-basse de forme (pi. VIT, fig. 3), car elle ne mesure que
0"',18 de hauteur. Ce modèle paraît moins commun que le pré-
cédent, car les auteurs n'en font guère mention. Il rappelle un
objet analogue ti^ouvé dans la tombe Hémava (4), mais en
diffère toutefois en ce que ce dernier est hexagone au lieu
d'avoir une panse de forme circulaire. L'auteur delà description
de ce vase hexagone attire l'altention sur l'exagération, non
encore signalée jusqu'alors, de sa largeur relativement à sa
hauteur.
XIX. Une urne en verre vert, à col rétréci de 0'",20 de hauteur
et de 0'",73 de circonférence à la panse, qui est ornée vertica-
lement de grosses côtes ou godrons en relief (pi. VII, tig. 4).
Celle urne renfermait les cendres, ou, pour mieux dire, les
ossemenls à demi calcinés et brises du défunt. Comme les
débris de cette urne se sont trouvés fortement mêlés à ceux de
la grande olla reprise au numéro I, par l'ouverture de laquelle
elle pjisse exactement, il se pourrait que celle-ci eût contenu la
première, en lui servant ainsi d'enveloppe extérieure. Ce fait
d'un double contenant, parliculièrement pour les bassins en
bronze, précaution destinée probablement h mieux préserver les
cendres du cadavre, a été observé dans d'autres tumulus,
notamment à Fresin el à Walsbetz (2).
Des vases, de la forme du nôtre, mais sans godrons, ont été
recueillis dans les tumulus de Walsbetz et de Thisnes, ce
dernier aujourd'hui disparu (a).
*
I * ) Uiillctiu (les Coiiit'ii'i'^ious royales d'an cl d'arclirologie, IV, p. 3G9, pi. I,
fig- 2.
(') Hulletin des Coinmi.ssiojis royales d'art el d'arcliéoloijie, MI, p. 294, pi. II,
fig. 1 ; II, p. 127, pi. III, fig. 1.
(*) Bulktin des Coininissioiis royales d'art el d'archéologie, III, p. 310, pi. V, fig.
20 ; IV, p. 380, n» XII. pi. II, fig. -10.
Quanta ceux qui sont munis de côtes en relief, on peut citer,
entre autres, plusieurs exemples découpes hémisphériques (i).
Une urne en verre identique à la nôtre est signalée dans le
trésor de Braiideiibourg (Beger) (2).
XX. Un petit entonnoir, de 0"',08 de hauteur, en verre ver-
dâtre (pi. Vil, fig. 8). Ce genre d'objet n'avait pas, pensons-nous,
été découvert jusqu'ici en Belgique. Il a beaucoup de ressem-
blance avec un entonnoir ou infundibulum en verre trouvé à
Pompéi et figuré par Aiilhony Rich {Dictionnaire des antiquités
romaines et grecques, p. 334. )
XXI. Une petite urne dite lacrymatoire, de 0'",10 de hauteur,
en verre verdàtre, trouvée intacte (pi. VII, fig. 9). Cette fiole
était déposée en travers de l'ouverture du vase décrit au numéro
XIX, et reposait probablement sur les cendres du défunt.
Nous avons affaire ici à un de ces petits vases si communs
que pendant longtemps on a désignés sous les noms d'urnes ou
fioles lacrymatoires, opinion aujourd'hui généralement aban-
donnée ; on s'accorde maintenant à les considérer comme des
vases « destinés à contenir les baumes ou onguents liquides
» dont on arrosait les ossements brûlés et la colonne que l'on
» plaçait quelquefois sur le tombeau » (3). La place occupée
par notre fiole dans l'urne funéraire est un argument de plus à
l'appui de cette manière de voir.
La tombe de Fresin contenait plusieurs de ces fioles et de
différentes dimensions (4). On en a également rencontré dans la
(*) Bulletin des Commissions roi/ales d'art et d'archéologie, V, p. 't3-i, pi. IV,
fig. 50 et SI (coiisuller la note 1, qui renferme de nombreuses citations) ; VI, p.
147, note 4. Roach Smith attribue ces objets à l'époque de Vespasicn.
; ', UernarJ deMonlfaucon, l'Antiquité expliquée, III, p. 145, pi. LXXIX.
(')De Meester de Itavestein, Ca/(j/o(/Me descriptif du Musée de Ravestein, Il
p. 71 ; voir aussi Plutarqiie et Lucien [Dialogue des morts).
(*) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, U, p. 144, pi. III,
fig. 4, 5, 6, 8, 9, 10. M. Scliuermans y exprime encore l'opinion que ces petites
tiolcs sont ili's [iicrymatoirps, opinion qu'il a forme 11 î ment combultuo depuis.
- iîl8 —
ombe, actuellement nivelée, du Tombal, à Avernas (i), ainsi
que dans letumnliis de Thisnes, délruiten 1823 (2). Les sépul-
tures romaines en ont d'ailleurs fourni de tout temps de nom-
breux exemplaires ; le Musée de Liège en possède une, d'une
dimension triple de la nôtre, trouvée à Juslenville, près de
Theux, et munie sous la base d'un sigle de verrier.
XXTL Une jolie coupe hémisphérique en verre blanc laiteux,
non transparent ( pi. VII, fig. 5 ) ; les cassures sont d'une belle
couleur jaune topaze ; elle est malheui'eusement incomplète. Lo
Musée de Liège en possède déjh une semblable, également
incomplète, provenant du cimetière franc de Seraing, près
Liège ; on sait que les Francs, qui ont succédé aux Romains
dans la conquête de notre sol, se sont encore pendant long-
temps servi des objets délaissés par ces derniers : c'est ainsi
que l'on rencontre souvent des monnaies romaines dans les
cimetières de l'époque franque.
XXIII. Trois bouteilles en verre verdàtre, de 0'",29 de hau-
teur, à long col et à [)anse conique ornée verticalement de
godrons en relief; l'anse qui part du col se rattache h la panse
par d'épais filaments, qui descendent ensuite en gradins le long
de cette dernière (pi. VII, fig, 6). Nos trois flacons ne sont pas
identiques de taille et de proportions : chez l'un c'est l'exagéra-
tion de la longueur de la panse, chez les autres celle du col qui
se fait remarquer. Celte forme a été trouvée dans le tumulus de
Walsbelz (3), mais dépourvue de côtes en relief. Le Musée de
la Porte de Hal, à Bruxelles, en possède une semblable prove-
nant de la collection Hagemans (4); nous en avons vu deux
( * ) Bulletin des Commissions royales d'an et d'archéologie, IV, p. 38S, n"s 90,
91, 92 et 93, pi. 111, fig. 2.
(') Bulletin des Couimissions royales d'art et d'archéologie, IV, p. 379, pi. II,
fig. 8.
(') Bulletin des Cominiss. roy. d'art et d' archéologie, 111, pi. V, fig. 22,
p. 317.
(M Cabinet d'amolcur, n" 1.38, p. 472, pi. XV, fig. S.
— 219 —
autres au Musée de Namur, l'une trouvée dans le cimetière de
Flavion (i); la seconde, d'une couleur bruiiàire, présente cette
particularité que les côtes en relief serpentent obliquoment au-
tour de la panse. On en a également découvert en Angleterre,
dans les sépultures des Bartlow-Hills (2), sépullu^es qu'on con-
sidère généralement comme étant du même âge que les tumu-
lus déjh explorés de la Hesbaye; c'est aussi le n" 249 de la
vente de Renesse, à Anvers, en 1836, acheté, avec d'autres
objets, par M. Smet, de Gand, pour la somme de Ir. o4 et décrit
comme « cruche en verre, trouvée avec d'autres antiquités,
» telles que des lampes et des lioles, dans une tombe, près du
» village de Hollogne-sur-Geer », non loin de Waremme.
Un auteur français (3) parle d'un flacon du même genre muni
d'une anse ronde.
XXIV. Un flacon, même forme que les précédents, mais plus
petit et en verre jaune (pi. VII, tig. 7).
Notons encore, pour compléter notre nomenclature, la pré-
sence dans le caveau d'Avenues, de plusieurs grosses larmes
en verce blanc ou verdàlre ayant subi l'action d'un feu violent.
Objets eu bi*onze.
Les objets en bronze se sont révélés comparativement beau-
coup moins nombreux que dans les tombes de Walsbetz et de
Fresin (4).
XXV. Une buire en bronze, haute de 0"',20, h panse très-
large (pi. VII, fig. 10) ; elle paraît identique à l'une de celles qui
ont été trouvées à Walsbetz (s), si ce n'est que, dans la nôtre,
(' ) Ainiale.ide laSuciété archéolofjique lie i\amur,\U, pp. 7 et 1 i,pl VII, fig. 6.
( ' ) Archœologia, XXV, pi. II.
(») De Caylus, Recueil d'antiquités, Vil, pi. LXXXIV, fig. 4.
( * ; Bulletin des corn. roij. d'an et d'arcliéoluijie, III, pp. 291 et suiv., pi. IV ;
11, pp. 127 et suivantes, pi. 111.
^ " . Bultriiii des coin. roij. d'art et d'archrohrjic, III, p. 30 1 , pi. IV, fig. (i.
— 220 —
la partie de l'anse qui se rattache à la panse est plus ornée (pi.
VII, fig. 11). Cette buire devait se fermer pnr un couvercle dont
on reconnaît parfaitement la charnière ; faisons observer toute-
fois qu'il n'a point été retrouvé dans le caveau.
Ces buires ne sont connues que depuis peu de temps, car de
Caylus (i), qui prétendait retrouver en elles la forme des cafe-
tières du Levant et des buires de l'Inde, ose à peine les donner
comme antiques ; c'est ce que fait remarquer du reste un
recueil archéologique (2), à propos d'une buire identique
dé(;ouverte dans les Bartlow-Hills, qui datent, ainsi que nous
l'avons déjà dit, de la même époque que nos tumulus. Signalons
encore une autre buire trouvée h Eu (3) et que l'abbé Cochet
qualilie, avec un peu trop d'enlhousiasme peut-être, de « beau
vase romain, fort élégant » (4). Noire buire paraît en outre pré-
senter une certaine analogie avec l'une de celles qui ont été
déterrées dans le tumulus de Fresin (s).
XXVI. Un moyen bronze de l'empereur Vespasien (69-70
après J.-G.) (pi. VII, fig. 12). Avers : Huste h droite, entouré
des motsrcAEs vespasian aug cos. ni. Revers un peu fruste, repré-
sentant une divinité entre les lettres S. G. Cette pièce se trou-
vait placée près du vase funéraire et de la buire en bronze.
Nous ferons remarquer que le nombre de deux monnaies,
que certains auteurs ont supposé invariable dans chaque sépul-
ture, n'a rien d'absolu : c'est ainsi que la tombe de Fresin a
fourni deux monnaies, celle de Walsbetz quatre, celle de Hémava
deux, Thisnes trois, Niel une (comme Avenues); enfin celles de
l'Empereur (Moxhe), Celles, Blehen, Héron, etc., n'en ont fourni
(1) Recueil, VI, pi. LXXV, fig. S, p. 273; I, pi. LXXI, fîg. 2, et VII, pi. XXI ;
Bulletin des Coinmissinn.i royales d'art et d'archéologie, III, p. 302.
{ *) Archneoloçiia XXV'I, p. 311, pi. XXXIII, fig. 3.
(') Cochet, La Seine inférieure, 1864, p. 522.
{ *) Consulter aussi : XXIXi^f Congrès archéologique de Frauce, p. 243.
(* ) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, II, p 12!), pi. III,
fig. 28.
O--)!
aucune, malgré l'existence incontestable d'un caveau et d'un
mobilier funéraire.
XXVII. Deux crochets en bronze, d'une forme toute particu-
lière (pi. VII, fig. 13). Il n'est pas facile d'expliquer ù quoi ils ont
pu servir ; peut-être ont-ils fait partie soit de la charpente du
couvercle, soit de la sella plicatilis en fer dont il sera question
ci-après.
XXVIII. Six ou sept clous en bronze à large tète, munie
d'un rebord et ne présentant qu'une très -mince épaisseur
(pi. VII, fig. l^t a el b). Comme ces clous ont été trouvés au fond
des vides laissés par la charpente latérale du couvercle, il est
à présumer qu'ils ont été fixés à titre d'ornement sur les
planches de ce dernier (voir pi. IV, coupe du caveau, lettre B).
Des clous de cette nature ont été fréquemment rencontrés dans
les fouilles entreprises dans les villas et les tumulus ; on en a
trouvé de toutes les formes, ce qui fait supposer qu'ils ont dû
servir à des usages bien différents {i). Le même caveau
d'Avennes en a fourni deux ou trois à tête ronde et de la gros-
seur d'un très-petit pois (pi. VII, tig. 45).
Outre les objets de bronze que nous venons de mentionner,
le caveau renfermait une vingtaine de débris du même métal,
débris dont il n'est guère possible de reconnaître l'usage ;
également nombreux dans les autres sépultures, ils ont paru le
plus souvent avoir appartenu à des coIVrets (2).
Objets en fer.
XXIX. Un couteau d'environ 0"',20 de longueur (pi. VII,
(') Bullelin des Commissio7is royales d'art et d'archéoloyie, HI, pp. 307 et .308,
pi. IV, fig. 14 a,ii h, 14 r, 14 d et 14 e; il, p. 137, pi. V, fig. a,b,c, d, e,f,g;
IV, p. 397, pi. IV, fig. 3 (ce dernier clou trouve dans la sépulture du Tombosch, à
Niel près Saint-Trond ; c'est celui qui se rapproche le plus des nôtres).
(*) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéoloijie^ III, p. 307 ; II, p,
1.37, pi. V, fig, 7, 36,47 ; etc.
fig. 16). Cet objet, fréquent dans les substructions (i), paraît
s'être rencontré beaucoup plus rarement dans les tumulus.
Notre exemplaire conserve sur la lame des traces parfaitement
visibles de filaments de bois, ce qui tendrait à faire croire qu'il
aurait été enfoncé dans la charpente.
XXX. Un ciseau de menuisier de 0",32 de longueur, avec la
virole destinée à le maintenir dans le manche (pi. VII, fig. 17).
Les deux instruments qui précèdent ont été trouvés réunis
dans le coin ouest du caveau (voir pi. V, n"^ 16 et 43). Ce sont
plutôt des outils de ménage que des armes offensives, en qui ne
permet point de donner à la sépulture d'Â.vennes un caractère
militaire ; la présence d'une arme de guerre dans les tumulus
Le s'est jusqu'à présent révélée d'une manière positive que pour
la tombe de Hémava, qui a fourni un superbe fer de lance (i2) ;
car le « casque en airain » de la tombe de Thisnes (3) est plus
qu'hypothétique et pourrait fort bien n'avoir été que la panse
d'un vase ; d'un autre côté, nous n'oserions affirmer d'une
façon catégorique avoir trouvé une pointe de javelot dans
la tombe de Middelwiude près Landen, fouillée pour la seconde
fois, en 1873, par les soins de Vliistitut archéologique liégeois
(4). En revanche, les villas ont fourni à M. Schuermans deux
autres fers de lances (o). Les haches abondent également dans
(*) Fouilles de M. Schuermans dans la <t Lazary » de Wezeren, prés Landen,
[bulletin des Commissions royales d'art et d'archéoloijie, V, pi. VHI, fig. 15, 16,
■17, -18, 19, 20, 21 ) ; id. dans la villa du Herkenbergh, à Meerssen ; Bulletin des
Commissions royales d'art et d'archéoloijie, VI, p. "loi, pi. XI, fig. 4) ; elc.
("■') Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, IV, pl. I, fig. 22 et
22 bis.
(*) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéolor/ie, IV, pp. 205 et 206.
( *) Voir Bulletin de l'Institut arcliéolnyi<iue liégeois. Les premières fouilles en-
treprises dans ce tumulus ont été ellecluées en IStJi par MM. Schuermans et
Kempeneers. (Voir Bulletin des Commissions royales d'an et d'archéologie, IV, p.
387.)
(/) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, V i Substructions du
'\Veyorbami)ti, pl. II, fig. 19 ; et (Substructions du Hemelryk j pl. IV, fig. 23.
223
les substructions; mais elles semblent y avoir été d'un usage
principalement agricole.
XXXI. Une pelle à feu, de 60 centimètres de longueur (pi.
VII, tig. 18). Le manche est recourbé à son extrémité, de ma-
nière à pouvoir suspendre l'instrument au mur.
XXXII. Une paire de pincettes, mesurant un mètre de lon-
gueur et dont les deux branches sont maintenues par un boulon
en bronze (pi. VII, fig. 19).
Un objet analogue avec même tenon a été rencontré dans la
tombe, aujourd'hui détruite, de Héron (province de Liège), et
légué au Musée de Liège par M. Barthnid iMottin, avec toute
sa collection archéologique ; il est malheureusement beaucoup
moins complet que celui d'Avenues.
Nos pincettes, ainsi que la pelle mentionnée au numéro
précédent, semblent avoir servi à la cérémonie de la crémation
( i) ; celle-ci une fois terminée, les deux objets auront été dépo-
sés dans le caveau, h côté du mobilier funéraire.
XXXIII. Un grand chandelier terminé par une lampe i pi.
VII, hg. 20). Trouvé dans l'extrême coin est du caveau, ce
chandelier a dû y être placé debout (peut-être même tout
allumé), car sa tige, enfoncie verticalement dans l'argile du
sous-sol, n'a pu en être retirée qu'après beaucoup d'efforts et
au moyen de la bêche ; nous attribuons cette particularité à la
pression continue exercée par le poids des terres.
Presque toutes les sépultures romaines (tumulus et cime-
tières) contiennent une et quelquefois même plusieurs lampes
funéraires, mais elles sont généralement en terre cuite (^2).
(') L'ustrinum ou bùcliPr n'a point été rencontré à Avennes ; il peut se trouver
placé dans la partie nord ou ouest du tumulus, c'est-à-dire dans celle qui n'a point
été traversée par noire galerie.
{ * J Voir, dans le Bulletin des Comniissious royales d'art et d'archéologie, ce que
(lit M. Schuermans des lombes de Thisnes, Héron, Hémava, Avernas-le-Baudouin,
Fresin, Walsbetz, Omal, etc.
w« t
Elles ont toutefois totalement fait défaut dans les tombes
de Celles, de l'Empereur et de Blehen.
XXXIV. Un siège pliant, appelé par les KouMÙns sella plica-
tilis (pi. VII, fig. 21, a, b, c, cl, e, f). Il pouvait mesurer envi-
ron O'",5o de hauteur. Les parties mobiles sont maintenues par
des boulons en bronze; ses pieds, qui représentent des pieds
humains, sont également en bronze, ce qui donne à celte sella
une très-grande analogie avec celle qui a été trouvée à Héron,
laquelle possède des pieds semblables où on voit même tracée
la sandale romaine (i). Ces pieds manquent à une autre sella
provenant de Glons et déposée aujourd'hui au Musée de Liège.
(Notre exemplaiie n'ayant pu être i-eliré du caveau qu'en mor-
ceaux et se trouvant par suite fort incomplet, il a été difficile
de le représenter d'une manière s;!tisfaisante).. Une sella ana-
logue a été également découverte dans les Barllow- Hills, en
Angleterre (2).
Nous ne mentionnerons ici que pour mémoire une grande
quantité de ferrailles de toute espèce, toutes fortement oxidées,
éparses dans le caveau ; des clous de grande taille, prove-
nant vraisemblablement du couvercle de la fosse et comme on
en a rencontré dans presque tousles tumulus.
Ossements. — De nombreux ossements, intacts et non calci-
nés, rappelant ceux que l'on retrouve invariablement dans
toutes les villas romaines.
Conclusion.
La tombe d'Avennes, située à peu de distance des subs-
tructions de la chaussée, au nord, ainsi que d'une villa décou-
verte il y a trois ans, à Briviolelle, commune de Braives, en
(• j Colleclion Mollin, hu Musi'e de Lidge.
CJ Archaeoloçjia, XXIV, XXV et XXVI. Consulter aussi Grivaud de la Vincelle,
Arts et métiers des anciens. Cet auteur décrit et reprosenlc une collection complèto
d'oulils il l'usage des lîomains.
iiiJo
creusiiiil les fondations delà sucrerie actuelle (i), doit avoir
servi de sépulture à un riche Romain établi dans noire pays
ou tout au moins à un Belge parfaitement iniiié aux usages de
l'Empire. Le cippe funéraire, qui très-probablement la surmon-
tait à l'origine, a dispai'u depuis longtemps. Des recherches faites
à tout hasard à la partie supérieure du tumulus, recherches qui
ont porté à plus de deux mètres de profondeur, ne nous ont pas
donné le plus petit fragment d'inscription. Cette immense masse
de terres accumulées a-t-elle eu une autre destination et rentrait-
elle dans un système de défense régulier ? La question semble,
dans l'état actuel des connaissances archéologiques, difficile à
résoudre ; peut-être des fouilles ultérieures dans les subs-
Iruclions qui bordent la grande chaussée donneront-elles la
clef de l'énigme.
On sait que la loi romaine défendait les inhumations à l'inté-
rieur des villes et des habitations : il existe en effet, entre les
substructions précitées et noire tombe un espace de plusieurs
centaines de mètres qui ne présente aucune trace de murs ;
toutefois notre tombe n'est pas non plus un monument isolé
d'un cimetière de celte époque, car les parcelles qui l'entourent
n'ont révélé jusqu'aujourd'hui aucune autre sépulture ; il fau-
drait plutôt chercher le cimetière dans la direction de Lens-
Saiut-Remy, vers la chaussée de Huy à Tirlemont, dans un
champ appartenant h M. Boulie, fermier à Lens, champ qui a
fourni, il n'y a pas très-longtemps, un mobilier funéraire
complet et, entre autres, de magnifiques amphores qu'on n'a
pas pensé à conserver.
On ne peut plus distinguer aujourd'hui l'endroit (2) d'où ont
( • ) On y a dc^-corabré une statuette en bronze, qui semble malheureusement avoir
été égarée. 11 existe une autre villa, non encore explorée, à Ville-en Hesbaye.
( • ) Celte observation peut s'appliquer en général à toutes les tombes romaines, à
l'exception loulefois des deux grosses lombes du Soleil, à Kmbresin, dont la cons-
truction a nécessité le creusement d'un vaste fossé, actuellement planté de taillis et
encore parfaitement visible, entre elles et la chaussée de Tongres à Bavay (Voir
notre rapport sur Ids fouilles exécutées dans ces deux tumulus). Faudrait-il consi-
dérer celles-ci comme des lombes de défense ?
i>-2(3
été enlevées les terres qui ont servi à édifier la tombe ; car, si
nous ne nous trompons, h Avenues, comme pour tous les autres
tumulus rom;iins, ces terres out été prises à la même place et
ont dû ù l'origine laisser dans le sol un enfoncement très-
considérable, enfoncement qu'une période de seize ou dix-sept
siècles et le passage incessant de la charrue ont fait depuis dis-
paraître ; on a pu en effet, observer que les couches du sous-sol
conservent leur ordre de succession ^i l'intérieur des tumulus,
seulement cet ordre s'y trouve renversé, c'est-à-dire que les
couches supérieures de notre sous-sol forment les couches
inférieures des tombes, et réciproquement.
Il nous reste à aborder la partie la plus importante et la plus
difficile de notre travail : la détermination de l'âge du tumulus
d'Avenues. Certains indices et surtout différents points d'ana-
logie avec les tombes déjà explorées permettent d'une manière
presque certaine d'en faire remonter la construction à la fin du
premier siècle ou, plus probablement encore, au commen-
cement du second siècle de l'ère chrétienne.
La Boriombe de Walsbetz, outre des monnaies de Néron et
de Faustine l'ancienne, a fourni une buire en bronze identique,
ainsi que nous l'avons déjà dit, à celle qui a été décrite au
n° XXV, sans parler du petit vase noir à onguents, absolument
semblable au nôtre (n^X); on y a recueilli aussi, comme
à Avenues, l'élégant flacon à anse mentionné au n° XXIII,
et enfin la double paire de patères grossières (n** XI).
La tombe de Fre^^in, qui renfermait aussi cette double paire
de patères et des monnaies de Domitien et d'Hadiien, a fourni
de plus de nombreuses fioles lacrymatoires qui se rapportent
entièrement à notre n" XXI.
La tombe Hémava a donné, avec des monnaies de Galba
et de Trajan, notre coupe hémisphérique n" VI (i). Quant aux
{ ' ) Ajoutons encore que les dimensions du caveau d'Avcnnes, surtout en ce qui
concerne la longueur el la largeur, sont à peu de chose près les mêmes que celles
des fosses de Walsbetz, de Fresin et de Hémava.
— ->>7
Stries jaunes qui ornent le rebord de cette coupe, elles se sont
révélées dans la villa du Hondenbosch (Limbourg) et dans le
cimetière deBergh (id. ), établissements païens qu'on considère
comme datant du second siècle. La même antiquité est alti'ibuée
au cimetière de la Motte-le-Comte, où on a mis au jour un vase
semblable à notre n" X. Quant à nos douze pièces en poterie
sigillée (n° XII et suiv.), le lumulus de Hémava et une des
tombes de Seron ont fourni chacune un service parfaitement
analogue quant aux formats et au nombre des pièces.
Des poteries rappelant les vases mentionnés aux n"' VII
et VIII se sont rencontrées dans tous les tumulus et subs-
truclions qu'on regarde comme datant du deuxième siècle
au plus tard.
Finissons enfin par le rapprochement le plus important,
celui qui nous est offert par les Bartlow-Hills (i), où les mon-
naies d'Hadrien sont nombreuses, et qui ont fourni des objets
identiques h ceux repris aux n"' XXV, XXIII et particu-
lièiement h la sella pUcatilis si cai'actéristique (n° XXXIV)
d'Avenues. Or, il n'est pas contesté aujourd'hui que les sépul-
tures des Bartlow-Hills datent du second siècle. Quant aux
autres tumulus et villas que nous venons de citer, en les com-
parant à notre tombe d'Avenues, l'examen des monnaies four-
nies par ces établissements et surtout les raisonnements puis-
sants apportés à l'appui de son opinion, par M. Schuermans,
qui en a si habilement retracé l'histoire, tout porte à croire
qu'ils remontent également au second siècle de notre ère. Nous
ne croyons donc pas trop nous avancer en assignant comme
antiquité un minimum de dix-sept siècles au tum.ulus d'Avennes
et en faisant remonter sa construction très-probablement au
commencement du second siècle de l'ère chrétienne.
Avant de signer ces lignes, nous avons un devoir de grali-
( * ) Consulter à ce sujet, pour plus amples renseignements, le Bulletin des Corn-
misiiom royales d'art et d'archéolocjie, II, p. 127.
K
- 228 -
tude, devoir bien doux et bien agréable du resle, à remplir
envers M. Ch. de Woot, de BriviouUe, bourgmesire de la
commune de Bi-aives, qui, avec son affabilité habituelle, a
facilité et liàté de tout son pouvoir la solution de nos pourpnrlers
avec l'admiiiistraiion communale ; envers MM. Eugène Motiin
et Gliilain, curé d'Avenues, qui nous ont puissamment aidé
dans nos recherches, le premier en mettant à notre disposition
les bois indispensables aux explorations de ce genre, le second
en faisant transporter et en conservant soigneusement au pres-
bytère les objets au fur et h mosure de leur découverte ; envers
MM. Leurquin, bourgmestre, et Boulet, cultivateur, h Avenues,
qui nous ont généreusement accordé l'autorisation de déposer
sur leurs biens les terres extraites de la galerie ; envers M.
l'abbé Kempeneers, qui est venu plusieurs fois, malgré une dis-
tance de trois lieues, visiter les travaux, et dont la savante
expérience nous a été d'un grand secours, principalement pour
la direction h donner à la galerie ; enfin, et surtout, envers
M. le Conseiller Schuermans, qui a bien voulu nous donner de
précieuses indications, en mettant à notre disposition sa riche
bibliothèque archéologique.
Que ces Messieurs reçoivent ici l'expression de notre vive et
sincère reconnaissance.
MONNAIE GAULOISE
TROUVEE
A AVENNES.
Non loin de la tombe dite d'A.vennes, sur le territoire de la
commune de Braives, M. le comte Georges de Looz, qui y
dirigeait des fouilles pour 17«s///m^ archéohgique lié(jeois, trouva
eu 1872, une monnaie gauloise, h droite de la grande chaussée
romaine de Bavay à Tongres, en une paitie de terrain récélaiit
sur une très-grande étendiie des substruclions antiques et des
restes de l'époque romaine. Dans la parcelle appartenant au
nommé Lesuisse, d'Avennes, se trouvait une cave : la monnaie
a été trouvée k\ à 3"^00 ou 4'"00 de la chaussée, et à une
l)rorondeur d'environ 0"'20 ; au-dessus, par conséquent, de la
grande masse des débris romains décombres.
Comme l'a fait remarquer M. le comte Georges de Looz, dans
son intéressant article sur la tombe d'Avennes, c'est à Avenues
que la commission française , dite de la Carte des Gaules,
place la station de Pernacum ou Perniciacum ; or, ce nom, ù
désinence en acum, pourrait bien indiquer une origine gauloise.
- 230 -
h l'appui de laquell(3 on pourra, sans aucun cloute, invoquer
notre monnaie.
Cette pièce, acquise par l'intermédiaire du même comte de
Looz, est entrée dans les collections du Musée de V Institut
archéologique de Liège.
La pièce, figurée ci-dessus h sa grandeur réelle, est en elec-
trum ou alliage d'or el d'argent. Sa densité est i0,792 et son
poids, 5,45 grammes.
CHARTES INEDITES
DE
L'ANCIENNE ÉGLISE COLLÉGIALE DE SAINT-PAUL,
aujourd'hui cathédrale Dr: liège
10b6-12o0.
Depuis la publication de I'essai historique sur l'église de saint-
PAUL ci-devant collégiale, AUJOURD'HUI CATHÉDRALE DE LIÈGE ('),
de nouvelles recherches nous ont fait découvrir un grand
nombre de chartes originales de celte église, h partir de la (in
du Xr"*" siècle jusqu'au XVII'"* inclusivement. Ces documents,
au nombre de plusieurs centaines, soi)t restés inédits jusqu'à
ce jour : la giaiide collection d'Aubert Le Mire n'en reproduit
qu'un seul (*). Leur réunion complète permettrait peut-être de
reconstituer, au moins en partie, le cartulaire de cette collé-
giale, souvent cité par Daniel de Blochcm et aujourd'hui
perdu (^); mais ce recueil, qui dépasserait de beaucoup les
{') Lié^c, Spée Zùlis el GrandmonlDonders , 1867, in-8, S'i t;rj)vures. —
Rc|)rofluil en partie chins le Uullclin de l'iiisiiim arclnolf)iji(iue tiéfjeois^[. YI et Vil.
l*) Oj/ciii (lijilotnalica, t. IV, p. S^'i.
(') Util auleur uicnlionno plusieurs cliarlcs nue nous n'avuns pas rtUrouviies,
— 23-2 —
limites du Bulletin, est réservé pour une publication spéciale qui
paraîtra ultérieurement.
En attendant, nous offrons ici aux lecteurs quelques chartes
choisies parmi les plus intéressantes el les plus anciennes jus-
qu'au milieu du XIII""^ siècle. La première, qui remonte h l'an
1086, a été, il est vrai, déjà imprimée, mais d'après une copie
inexacte : nous croyons devoir reproduire ici le texte original
que nous avons été assez heureux de retrouver.
1086. — Godescalc, doyen de Saint- Paul, fonde une messe journalière et
une lampe à Vautcl de St-Jenn-Baptiste. Il fait aussi divers legs aux
pauvres avec Vautorisation de Henri de Verdun, évèque de Liège.
Notiim sit omnibus hominibiis tani fiituris quam presenlibus, quod ego
Godescalcus sancti Pauli serviis ob nieam meoriimqiie antecessoruin cuiic-
torumque fuleliuni memoriam, statu! adaltaresanctilohannls Baptiste sin-
gulls diebus missam, singulis noctibus lucernam, ita quod presbiter, predicli
minister servitii habebit in premium singulis annis libram unam, et huic
libre persolvende inserviet predium illud in vineto,quod ego ipse atfectavi
ecclesie de nieo proprio; preterea statui singulis annis quindecim paupe-
ribus quadraginta quinque solidos denariorum et quadraginta quinque
niodios annone,unicuiquescilicet très solidos et lresmodios,cujus annone
dimidia pars erit siligo, dimidia vero ordeum; et dabilur utrumque ipsis
paupeiibus duobus terminis, scilicet in kalendis novembris et in kalendis
niaii. Hanc autem summam annone, scilicet xlv niodios persolvet predium
illud, quod ego adquisivi ecclesie in Willoulpont; summam vero denario-
rum, scilicet XLV solidos dabit vadimonium de Kosud quoil légitime afTec-
tatum est ecclesie sub testimonio idoneorum testium, pro quo ego prestiti
viginii duas marcas puri argenli. Ilorum omnium lideimaniis et provisores
elegi quatuor idoneos fralres : Oddonem, Ratbertum, Franc^onem, Gerva-
sium : quorum aii(iuis si nature cesserituti nccesse est, communi reliquo-
rum consilio subrogetur in loco del'uncti fratcr boni testimonii ad tutelam
ipsius elemosine. Preterea firmiter decrevi, ut si redcmpto vadimonio
supradicto reddita t'nerit |)ecunia ibi locata, illi idem fralr(\s elemosine mee
tulores summo suulio allaborent.ut eandem pecuniam quamcilius possinl,
sivc cmendo predium, sive accipicndo vadimonium, tulo collocent, ut
~ 233 —
elemosina redinlegretur. Rogo ergo te,clementissime presul, rogo immen-
sam bonitatem tiiani, ut tua maiestas, tua auclorilas sit lutela et niunimen
huic parve elemosine in omnibus perioulis, contra omnes violeniias, contra
omnes iniurias, nec aliquomodo sinat pielas tua vel vi vel fraude aliquid
hinc imminui.
Et ego,Henricus, gralia Dei Leodiensisepiscopus sub anathemate inter-
dico omnibus tam futuris quam preseutibus, ne aliquis vel facto, vel consilio,
vel alique nocendi modo huic elemosine adversari présumât. Huius rei
testes sunt archidiaconi : Thietwinus, llerimannus, Heinricus; decani duo
Wolbodo et Drogo; fratres de S. Paulo isti : Rotbertus, Wazelinus, Bovo
maior, Bovo minor, Franco, Wazelinus iunior, Arnulfus, Fredericus,
Wedericus, Alestanus etalii complures. Facta sunt autem hec m'"° lxxxIi"
vi° anno ab incarnatione Domini, indilione viiii, régnante Ileinrico impe-
ratore, Leodiensi episcopo domno Ileinrico.
Original sur vélin Le sceau en placard fixé à 2 queues de parchemin
est perdu.
•1 1 1 1 . — Otbert, cvcqm de Liéijc, déclare que ViujUse de Lixhe a été donnée
avec toutes ses dépendances à l'église de Saint-Paul à Liège par son pré-
décesseur Eracle, et n'appartient nullement à l'abbaye de Bilsen.
In nomine saiicle et individue Trinilatis. Ego Otbertus Dei gratia Leo-
diensis episcopus, notum volo iieri omnibus iidelibus tam posteris quam
prcscnlibus, (jualiter turltalioncni quandam cxcitalani pei'verso spiritu pi'o
ecck'sia de iiacus, annucntc spiritu Dei composuerim. Sicut aucloritale
scriptorum et testimonio probabilium virorum cognovimus , Domnus
Everaclus beale niemorie predecessor nosler , ecclcsiam que est in
Lisia cum omnil.'us appendiciis et terminis tradidit ecclesie beati Pauli,
que est i:i iiisula Loudii, ad usas fratrum inibi Deo servientium. Ecclesia
vero prclaie ville habel iiifra leniloiium et terminum suum in vico (jui
dicilur [lacus ecclcsiam, appcndenlcni sibi et conservientem indifferenter
secum ecclesie beati Pauli, in omnibus debitis. Inter que dum sa-
cordos a rusticis aliquaiulo retpiirci'ct luminaria , persolvenda matri
ecclesie, et indigne hoc accepissenl, suggesserunt Namucensi comiii
mendacium (juod coiilinxciunt, banc ex prima tradiiione non fuisse bcaii
Pauli, sed pcrtinere ad moniales Bilisie, et in vadimonio pro quadam
234
pecunia dalam. Quorum cretlens coiisiliis cornes Namucensis conatus est
lutari eorum mendacium. Sed fidèles ecclesie convocavimus et ipsum
comitem convenimus, et exquisila verilate, mendaces convicimus, usque
adeo, ut cornes se fuisse seductum conliteielui', et peccati istius peiiUere.
Sed precaventes ne error Iste noslro tempore exiinctus, in fuluro redivi-
vus suscitelui", célébrantes uiissam in ecclesia beati Lantberti in die
purificaiionîs Sancte Marie su!) anatheaiate intcrdiximus, ne (luis presu-
meret amodo mendacium predictum asseiere, et per id ecclesiam Beati
Pauli iiKiuietare. Actum est hoc anno dominice incariiationis M. C. XI, in-
dictione un, régnante im-ieraluie ileinrico quarto. Huius rei adhibili sunt
lestes; clerici : Fredericus archidiaconus et preposiius ecclesie sancli
Lantberti, Ileinricus decanus eiusdem ecclesie et archidiaconus et prepo-
situs ecclesie Sancti Pauli, Andréas preposiius ecclesie sancli Pétri et
archidiaconus, Alexander cusios ecclesie sancli Lantberti et archidiaconus,
Heinricus archidiaconus, Steppo archidiaconus, Almannus archidiaconus,
Seifridus, Hillinus abbas Sancte Marie. Laici ; nobiles beneticati : Arnul-
fus cornes Lonensis et frater eius Theodericus, Willelmus Namucensis, et
frater eius Adelo, Gislebertus de Grule, Arnulfus de Eleslo.Ministeriales :
Lambertus dapiter, Warnerus pincerna, Theodericus de ponte, Winricus
de Calmont.
Original sur vélin. Le sceau en placard a disparu.
1H5. — Charte de confraternité entre les chanoines de S. Paul et Tabbaye
de S. Jacques. Droit de pèche accordé aux moines de celle abbaye.
In nomine sancle et individue Trinilatis.Notum sit omnibus lam futuris
quam prcsentibus, quod ecclesia S. Jacobi apostoli a tempore Siephani
Magni loci ipsius abbatis quinti, piscaiionem aque ab ecclesia S. Pauli
subannuo censu xl solidoruni iure hereditario possidet : dalo exinde
secundum consueluiUnem aliarum possessionum investilo. Hec igitur
disposilioel coniventia de iure requisitionis inter eos est, quod defuncto
eiusdem jtossessionis inveslito , qui in inveslitura succederet , nichil
amplius quam liamam vini canonicis, et Xlldenarios decano ecclesie pro
requisitione dai'et. Ut ergo raUim sii in poslerum quod coiicordia fraterne
societalis est insiitutum, placuit presenlcm paginam nlrinsque ecclesie
sigillo communiri, et ad i)eriienne teslimonium dispositionem communis
fraternitatis (jue inicr eos viget, hic pleniler annotari. Cuius socie frater-
— 235 —
nitalis seii fratcrne socielatis modus talis est. Defuncto canonico ecclesie
S. Pauli, fratres ecclesie S. Jacobi signa omnia pulsabunf, officiumque
tlebitum exequiariini,nisi])recii)ue sollemnitatistliesaccideiit, intègre cele-
brabunt ; singuli sacerdotes missam unam pro eius requie, diaconi vero
et subdiaconi quinquaginta psalmos in tricenario cantabunt. Tricenarium
autem specialiter sicut iinus frairum in conventu habebit, et per anni
circulnm memoria eius in communi missarum et vigiiiarum oratione erit.
Ipsi quoque caiionici, defuncto fratre ecclesie sancti Jacobi, eodem modo
exequias celebrabunt, vigiliasque in eadem ecclesia cuni processione
venientes, singulariter cantabunt ; et per xxx dies, nisi festivitas novem
lectionum occurrerit, propriam in minore niissa collectam pro eo canta-
bunt. Nomen abbatis sancti Jacobi in régula ecclesie sancti Pauli asscribe-
tur ; decano quoque eiusdem ecclesie in ecclesia sancti Jacobi similiterfiet.
In sollemnitate et indedicatione ecclesie sancti Pauli, abbas ecclesie sancti
Jacobi, si mandetur, cum quatuor monachis, etduobusservientibus, missam
celebraturus ibit, refectionique fratrum, si fiât, inlererit. Si autem non
mandetur, ecclesie sancti Jacobi in utraque sollemnitate duo solidi trans-
mittentur. Simili modo in festivitate et in dedicatione sancti Jacobi, decanus
ecclesie sancii Pauli cum quatuor canonicis, campanario quoque et claus-
trario, missarum sollemnitatimandatus intererit;fratrumque refectionis in
karitatc fraternitatis parliceps erit. Si autem certa necessitale impediente
mandatus non fuorit, in monumentum fralerne karitatis duos solidos ecclesia
sancti Jacobi, sicut gratissime accipit, eidem ecclesie dabit. Preterea si
decanus sancti Pauli, quemlibet ecclesie sue clericiim vel sui iuris laicum,
abbati vel alicui nionacborum ecclesie sancti Jacobi, obloqui vel derogare
presumjjsisse, per se vel per alium rescierit reum, quicunquesit ille, sicut
dignum fuerit, et ipse potuerit, corripiet, et cum omnimodam satisfac-
tionem exliibere compcllet.Unde ecclesia sancti Jacobi talionem.ut dignum
est, rependet. Porro si abbas ecclesie sancti Jacobi auxilio et consilio
dccani et f;:strum ecclesie sancti Pauli, aut in sua ipsius ecclesia, aut in
prescntia domini episcopi.sive in capitulo sancti Lamberti indignerit, ipsi
in omnibus paratl erunt assistere,el in ipsius ac si in sua omnimodo causa
laborare ; (piod etiam abbas, et reliqui fratres decano et canonicis stude-
bunt impendere. Ceterum si quis ex eis habitum monachicum in ecclesia
bcati Jacobi assumere voluerit, abbas et conventus eum sine qualibet
diiïicultate, bénigne in fratrem et monachum récipient.
Chil'ographe sur pavcliemin. Les deux sceaax sont perdus.
— 236 —
H23 à H28. — Henri, prévôt, Walthère, doyen, et le chapitre de Saint-
Paul font savoir que Gerbert et sa femme Heldesende, ayant été admis
dans leur confraternité, fondent une messe hebdomadaire dans cette église
et choisissent leur sépulture dans les châtres. A cet effet, ils leur donnent
un droit de pêche dans un lieu quils ne désignent pas.
In noniine domini nostri IhesuXhristi.Hoc memoriale aiinuente et con-
firmante venerabili episcopo Alberone conscriptum est. Notum igitur sit
omnibus tam futuris quam presenlibus, quod Gerbertus cum uxore sua
Heldesende, ad consequendam animarum suarum salutem de beali Pauli
apost(tli intercessione, oonlidcnter accensi, fraternitatem nostram et oratio-
num sufTragia expeliverunf, et conseculi sunt. Propter quod de proprietate
sua piscaluramtemporenecessitatisinvademonio positam,ad ususfratrum
quindecira Hbris redemerunt : ea videlicet ratione interposita, ut singulis
ebdomadibus in die martis nisi auctoritate sollempni prohibente.missa ad
altare sancti Pauli pro fidelibus defunctis celebretur. Preterea eliam post
obitum eorum, in claustro nostro ut contraires recepti, honorifice sepe-
liantur, et perpétua slabilitate in utriusque anniversario de eodeni reditu
xxx'« denarii solvantur. Huius rei testes sunt : Heinricus noster preposi-
tus, Walcherus decanus, Martinus, Liettridus, Azo, Wedericus, Goscelo,
Godescalcus, Gislebcrlus, Walterus, Johannes, Lantbertus, Fredericus et
totus fere conventus.
Original sur parchemin. Le sceau en placard est perdu.
HôO. — Dédicace de l'église de Weerdt fixée au jour de la fêle de Saint-
Laurenl. Privilèges accordés à celte église par Godefroid I, duc de
Brabant.
In nomine patris et filii et spirilus sancii. Jus et constitulio el census
ecclesiarum si non {Le reste de la ligne est détruit, le parchemin est
rongé). . . . inposteris dubietates el vacillationes sepissime exoriunlur.
Quapropter {Lacune du parchemin) scrlpto
mandare curavimus, et sigillo nobilis ducis Godefridi sollicite et
\imus. Fuit enim in predcccssorum temporo ecclesia de
Werde in l'esto béate Marie dedicaiio ad tempus anniialim
festive celebrata. Post heccrgo vivente Godefrido . . . . persone eiusdem
ecclesie ipsum altare ecclesie dedicatum, visum est a suo loco intègre
— 237 —
posse reraoveri, et ad aptiorem lociim dictantibus cementariis intègre
posse reponi. Que dum quadam die sollicite elaborarenlur, eadem die
laboi" eorum adnichillatusest : qiiia iiilei- manuseoi'um ipsum altarepeiiitus
ex toto confracluni est. Tiiiic conturbati maxime dux Godefi'idus et sacerdos
ecclesie super hoc ab episcopo et prelalis Leodiensis ecclesie saiium
consilium liumiliter expetivere. llis ita iiUellectis, iustituerunt eaiidem
ecclesiara a principio deberededicari, et diem eiusdem dedicationis annua-
tim sollempniter celebrari. Ecce adiuvaiite duce Godefrido eadem ccclesia
in festo sancti Laurentii a domino Symone. . . . episcopo est rededicata,
et dies dedicationis sollempniter singulis annls hactenus observata. Ipse
autem nobilis dux, ex hoc tempore et amplius manentes
arium ecclesie liberaliter manu misit, et censum eorum et omnia iura
eorum eidem ecclesie similiter ooniiilit, exceptis tribus scilicet : de pugna
sanguinolenta, de furibus, de falsn melreta ; nec etiam post obitum ibidem
manentium uliam divisionom pecunie debere fieri. Jlansum qiioque
iacentem iuxta fontem Galle ad censum duorum solidorum et omnia iura
eiusdem mansus, et omnem decimam de suo propiio scilicet de lerra
sartata et non sartata, de et non cultis, eidem ecclesie attribuil :
et hanc elemosinam sub lîdelibus adnominatis tistibus fideliter
sanccivere. Actum est autem m", c". xxx" anno ab incarnatione domini
sub tempore domini Alberonis iunioris Leodiensis episcopi cuius excom-
municatione etiam est auctorabililer stabilitum. Hii sunt testes : decani
Giselberlus, Herleboldus. De familia duois, Franco pincerna, Ileresco
camerarius, Gerardus de Neten et fraler suus,
Boneman. Sinodales : Kodolfus, Balduinus, Meinzo, Renerus claustrarius,
et tideles viri.
Original en parchemin fort détérioré. Une double queuo de parchemin
sans sceaux.
1153. — Heurt de Lcyen, évêque de LkUjc, confirme différents dons faits à
la chapelle de Saint-Martin-en-Ilc par Adelard, doyen de Saint-Paul,
avec le consentement de Rainier, prévôt de cette collégiale.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Amen. Fideli voto fidèle con-
gruitauxilium, et studium bone voluntatis, sepe quemmcretur habereeffec-
tum. Huius rei gralia, ego llenricus humilis minister Leodiensis ecclesie,
— 238 -
Adelardo ecclesie sancli Pauli decano piam adiiibui voluntalem, in opus
karilatis,ob memoriale piiimspe sa!utis,ethuius elemosinepatrocinio.sibi
suisque profuîurum. Sic autem est. Capella sancti Martinique in lerritorio
ost beati Panli in Insnia, singiilis annis xx^' solidos in usus fialrun)
ecclesie sancti Pauli priiis solvebat, et iure obedientiali ad donuni prepositi
eiusdem ecclesie perlinebat. Cnius oblata oporlunitate, qua Deo votum
reddere, fiater Adeiardiis a Rainero preposito j^ratiam hanc consecutus est,
ut eam in usus fratrum nostro assensu daret, sola presenti investitura,
nec postmodum neganda,a manu ipsius prepositi, suorumque successorum
libcram in posteruni et solutam. Factunique est ita, talique ralione Rai-
nerus prepositus ecclesiam investivit, et présente ecclesia, adaitare sancti
Pauli elemosinam libéra traditione alîectavit. Sed in re fidelius habet
sludium sollicitudinis, quem beneflcio delectat amor pie devotionis ; con-
siderata vero reditus facullate, idem Adelardus omnium fratrum assensu
capcllam retinuit, ea scilicet ratione, ut cum veteri reditu ipsius capelle,
xx" scilicet solidorum, alios xxx'" solidos, et dimidiam libram cere, et
duos denarios superadderet, quos singulis annis in usus fratrum tempore
sic statuto solveret. In festo sancti Martini quod in albis vestibus sollemp-
niter celebrabitur, x solidos in refeclorioet vu candelas in ferro anle altare
sancti Pauli. In nativitate sancle Marie x solidos in refectorio. In trans-
latione sancti Martini v solidos in refectorio. In anniversario suo v
solidos in refectorio, et duas candelas, et duos denarios ad campanas.
Cuius elemosine summa est xxx''' solidi et duo denarii, et dimidia libra
cere. De cetero quidem, lam in successione personarum quam reditus
babundantia sine predicti detrimento iuris, post obilum ipsius Adelardi,
libéra fratrum dispensatio providebit. Sicque factum est pro sainte nostra
ipsiusque Adelardi, et suorum, domnique prepositi, qui hoc ei nobiscum
contulit beneficium. Ad quod roborandum, nostrique assensus indicium,
sigilli nostri hanc cartam munimus auctoritate. Quod quicumque viola-
verit, sit anathema, maranalha, id est pereat in secundo adventu Domini.
Iluius rei lestes sunt ; archidiaconi sancti Lantberli, Elbertus archidiaco-
nus, Amalricus arcbidiaconus, Balduinus arcbidiaconus, Bruno archidia-
conus, Ilubertus docanus; caiionici : Joliannes, Guido, Guazo, Henricus,
.lohannes, Henricus, Amalricus, Jobannes dccanus sancti Pelri,Lantberlus
decanus deSanctaCruce,Gosceliniis decanus sancti JohannisEwangelisIe,
Otto decanus sancli Dyonisii, Petrus decanus sancli Bai tliolomci. Abbales :
Seyherus abbas Treverensis sancti Maximini, Sfephanus ;ibbas sancli
— 239 —
lacobi, Guazelinus abbas sancti Lanrenlii, Lucas abbas de Cornelio
Monte. Laici : Eustachiusadvocatus, Gerardus de Baconweiz, Baldiiinus
de Tongris : Giiedericus de Prato et Lantbertus et Teodeiicus filii eius.
Acta surit bec anno ab incarnatione Domiiii M°. C° L°. 111°, indictione prima,
Frederico Romanoriini rege primo anno regni sui régnante.
Original sur vélin. Le sceau, qui pendait à une queue de parctiemin, est perdu.
H65. — RL'uk'r, prévôt, Henri, doijcn, et le chapitre de Saint-Paul décla-
rent que Véglise de Pousset est soumise à celle de Laminne, et fixent les
redevances qu'elle doit payer à cette dernière.
In nomine sancte et individue Trinitatis.R(enerus) ecclesie Sancti Pauli
prepositus, H(enricus) decanus, totusqueejusdem loci conventus tam pre-
sentibusin Christo fidelibiis quam futuris in posterum. Circa cultum Dei
solliciludinem ex affeclu gerenlibus visum est congruum et decens pias
devotiones quorumlibet fidelium, intacto iure alterius, quantum licet aug-
raentare et ad efTectum equo tramite producere. Gratia itaque sancli
spiritus preeunte parochiam de Puci ex propriis facultalibus sacerdotalem
prebendam componentes, unde presbiter inter ipsos stationarius et sibi
deputatus necessaria stipendia colligeret, mentis sue archanum nobis
ostendcrunl : rogantes ut presbiterum ab obedientiario de Lamines inves-
liendum et per successionem ecclesie de Puci concederemus, ita tanien
quod ipsaecclesia infra termines et de terminisparochie de Lamines exis-
tens, tanqiiam filia mairi sue ecclesie de Lamines filiales consuetudines, in
baptismale, in crucibus, in synode et in luminaribus exiberet. Eapropter
sub hoc detern?in;ilione eos exaudivimusut integritas consuetudinisomni-
moda servaretur, et dignitas ecclesie de Lamines in aliqua parte non lede-
retur. Preterea sacerdos de Puci hoc debiti iure lenebitur erga obedien-
tiarium de Lamines, ut singuiis recurrentibus annis in Nalali Domini pro
oblatis II denarios, n capones, lotidemque panes quales ex oblationibus
altaris sue obvenerint portioni persolvatei ; insuper et eodem tempore ei
X denarios, in Pascha v, in Pentecôte v sit redditurus. Quod ne a fragili
memoriadiuturni lemporis deleVet interpositio, sigilli nostri impressione
presentis rei teslimonium ad posteroriim notiîiain utile duximus traducen-
dum. Hoc igjtur lactum est anno incarnati verbi M". C°. LX". III". Gui rei
- 240 —
conflrmande interfuerunt presbiteri . Hugo caulor, Godefridus, Henricus.
Diaconi : Gislebertus, Johannes, Henricus, Fredericus.
Chirographe sur vélin. Fragment considérable d'un sceau en cire
verte dont l'inscription est perdue, pendu à deux cordons de soie
tressée, ronge, blanche et verte.
H69. — Reynier, prévôt, die chapitre de Saint-Paul exemptent les frères
qui vivent à Chastres, près de Lixhe, de la dime sur les animaux nourris
dans réte}idue d'un bonnier autour de cette chapelle. Ils ne payeront que
6 deniers par an à la Nativité de S. Jean.
Ne per annorum successionem delealur aut oblivioni corrumpatur quod
ego Reynerus, ecclesie sancti Pauli prepositus, consenliente fralrum
capitulo, concessi ecclesie de Chastre, que sita est in terminis domina-
lionis de Lexhe, presenli pagina memorie mandavi. Laboranlibus ipsis
inopia congregalionibus subveniendum est. Inde est, quod fratribus pre-
dicti loci in perpetuum concedimus et stabili jure firmamus, ul de animali-
bus, que circa oratorium de Chastres alentur infra bonuariuni unum,
nullam decimam solvant nisi V( denarios singulis annis in nativilale beati
Joannis Baptiste. Quia vero predicta celia de Chastre ad ecclesiam beati
Joannis Baptiste, que sita est Hoy spectat, dignum duximus ad confirman-
dam chaiitatem, predicte maioris ecclesie societatem siiscipere atque nos-
trani conlerre : ut illa nostram, et nos invicem illius memoriam habeamus
in orationibus nostris etconvenii'nterdefunciorumexequiascelebrabimus.
Hec autem gesta sunt anno ab Incarnatione Domini niillesimo centesimo
sexagesimo nono, indiclione secunda, régnante Frederico imperalore,
Kodulpho ad pontificalum clecto. Annuente et altestante Henrico, ecclesie
sancli Pauli decano, Frederico magistro scolarum, Hugone cantore,
Otlone, ceterisque fratribus.
Ms. de l'Université de Liège, n" M 8, p. 72.
1178. — Rodolphe de Zaerinfjhen, évèque de Liéqe, fait savoir que Otton,
chanoine de Saint- Paul, a cédé le preshijtérat de F église de Lixhe au cha-
pitre de la dite collégiale, à charge de célébrer son anniversaire.
Innomine sancle et individaeTrinitatis, amen. Quia rcs ecclesie que voia
suntfidelium, precia peccatorum,patrociniapauperum tueri et conimunire
241
pium est, et quoniam non solum ipsi benefacere, sed etiani aliorum bene-
facta laudare, et in luoem propalave debemus, eapropter ego Rodulphus,
Dei gratia sancte Leodiensis ecclesie humilis minister, notum esse volo
omnibus Christi fideiibiis.tam futurisquam presentibus,quod Otto ecclesie
sanctiPauli canonicus, et de presbiteralu ecclesie deLizia investitus, visi-
tatione sancti spiritus excitatus, presbiteratum hune in manus Rodulphi
archydiaconi, et ecclesie beati Pauli prepositi, ad usus fratrum suorum
resignaverit; et quod idem Rodulphus prepositus ad cuius donum de iure
prepositure ecclesia illa pertinebat, et in cuius archydiaconatu erat, pres-
biteratum hune uiilem et redituosum in usus fratrum cotidianorum, et aug-
mentum prebendarum, ob salutem et annuam commemorationem anime sue
nostro assensu ecclesie beati Pauli dederit, et a dono prepositi in perpe-
luum liberum absolvent, ad uberioremque cautelam Heinricum decanum
nomine ecclesie inveslicrit ; sollemniterque et canonice in facie totius
concilii de Viseith legitimos et consuetudinarios bannos super hoc pres-
bileratu ei nomine fratrum ecclesie sancti Pauli fecerit. Ne autem levis
scrupulus occasionis hanc verilatem et legitimam traditionem in poslerum
lurbaret, communi tam predicti archydiaconi quam personarum nostrarum
consilio slatuimus : ut salva archidiaconi canonica reverentia, salvisque
obsoniis, et his que canonice debentur episcopo, archydiacono, decano et
consilio, de cetero emolumentorum, redituum pi edicti presbiteratus libéra
fratrum deliberaiio et dispensatio provideat, et quicumque decanus in
ecclesia sancti Pauli successerit, curam huius presbyteratus a manu
archydiaconi omni remola occasione et conlradictione suscipiat ; sicque
libero et communi assensu capituli sepius nominatum presbiteratum
cuilibel fratrum in obedienliam, vti si ratio dictaverii in providentiam ad
usus fratrum et augmenlum rcfectorii dct. Ad corroborandum itaque hoc
slatulum ul stabile et inconvulsum in perpetuum permaneret, presentem
paginam episcopali aucloritate cl imaginis nostre improssione ut nostri
assensus sil indicium munivimus, et adversus omnem calumniam sigillo
predicti archydiaconi et prepositi communiri lecimus, attestationemque pro-
babilium personarum, archydiaconorum et fratrum concilii de Yiseilh istud
cunlirmnvimus. De archydiaconis et personis civiiatis tesles hi sunt :
Heinricus maioris ecclesie prepositus et archydiaconus, Balduinus archy-
diaconus, lîruno archydiaconus, Rodulphus archydiaconus et custos,Theo-
dericuo archydiaconus, Alberlus archydiaconus, Otto archydiaconus, Hein-
ricus abbas ecclesie sancte Marie et ec(;lesie sancti Pauli decanus ,
242
Franco ecclesie saiicti Pétri decanus, Arnulphus ecclesie sancti Martini
decaiius, Glslebertiis ecclesie sancte Crucis decanus, Benedictiis ecclesie
sancti Joliannis decanus, Otto ecclesie sancti Dionisii decanus ; Frede-
ricus ecclesie sancti Bartholomei decanus. De fratribus concilii testes hi
sunl : Thomas ipsius concilii decanus, Wereiiberlus Aquensis magister ;
Wedericus de Ruttines, Magister Gislebertus de Meilent ; Magister Asce-
linus de Schines, Theodericus de Bonlei , Johannes de Messau, Rober-
tus de Mortiers, Renerus de Genefîîa, Wedericus de Cimale, Magister
Berengerus de Oire, Roberlus de Hers, Nicolaus de Sancto Remigio.
Facta sunt hec autem anno dominice incarnalionis M". C°. septuagesimo
VIII°, Indictione undecima, imperante Frederico semper Augusto. Anno
vero nostri episcopatus decimo.
Original sur vélin. Les deux sceaux pendant à des queues de parclie-
min sont perdus.
Entre 1178 et 1185, le 12 mars. — Le pcipe Alexandre III prend soas sa
protection l'église de Saint-Paul et toutes ses possessions, spécialement
celles qui lui ont été confirmées par le pape Eugène III et le presbytérat
de V église de Lize [Lixhe).
Alexander episcopus servus servorum Dei, dileclis tiliis lîod (uifo)
preposito, Hen (rico) decano et canonicis ecclesie sancti Pauli, salutem
etapostolicambenedictionem. Cum nobis providentia superne dispositio-
nis immineat, de universis Dei ecclesiis sollicitudinem gerere, si quando
postulatur a nobis quod ad earum profectum pertineat et tulelam, peten-
tium desideriis nos convenit clementer annuere, et tam benignum eflec-
tum quam facilem indulgere. Eapropter dilecti in Domino filii, vestris
iustis postulafionibus gratum impertientes assensuni, ecdesiam vestram
cum omnibus bonis et possessionibus suis quas impresenliarum rationa-
biiiler possidet, aut in fiiturum iiistis modis prestanic Domino poterit
adipisci, sub beati Pétri et nostra prolectione suscipimus, et presentis
scripti patrocinio communimus ; specialiter autem omnes possessiones
illas quas sancte recordationis predecessor noster Eugenius papa suo
vobis priviiegio conlirmavit, et preshitcratum ecclesie de Lizia quam
Otto eiusdem ecclesie caiionicus per manus Rodniti prepositi et archi-
diaconi, et RoduKi Lcodiensis episcopi, fratribus ad augmentum prebenda-
- 243 —
lum (ledit cum perlinenliis suis, sicut eandem ecclesiam et possessiones
rationabiiiter tenere noscimiiii, vobis et nionasterio vestro auctoritate
apostolica confirmamiis. Statuentes ut nulli omnino hominumliceat hane
paginam nostre protectiouis et confinnationis infringere vel eiausu icme-
rario contraire. Si quis aulem attemptarc piesumpserit, indignationem
omnipotentis Dei et bealorum Pétri et Pauli apostolorum eius se noverit
incursurum. Aclum Laterani IIII" Idus Martii.
Original sur vélin.
H8 1 à H85. — I novembre. — Le pape Lucius III confirme à l'église de S.
Paul le presbytérat des églises de Lumlnes, de Waremme, de Lixhe et de
Houtain, ainsi que l'offrande faite pour le réfectoire par Henri, chanoine
de cette collégiale.
Lucius episcopus servus servoruni Dei, dilectis filiis preposito, decano
et canonicis ecclesie sancti Pauli, saluteni et apostulicam benedictionem.
Jusiis petentium desideriis dignuni est nos facilcni prcbere consensum, et
vota que a ralionis tiamile non discordant, effeclu prosequente complere.
Eapropter dilecti in domino filii, vestris iustis postulationibus grato
concurrentes assensu, presbiteria de Laminnes, de Wareme, de Lisia et
de Hauton, et elemosinam quam Henricus concanonicus vesler refectorio
vestro ralionabiliter assignavit, sicut ea iuste et pacifiée possidetis, vobis et
ecclesie vestre auctoriiate apostolica confirniamus et preseniis scripti
patrocinio communimus. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc paginam
noslre confirmationis infringere, vel ei ausu temerario contraire. Si quis
autem hoc attenlare presumpserit, indignationem omnipotentis Dei et
beatorum Pétri et Pauli apostolorum eius se noverit incursurum. Datum
Vérone Kalendas novembris.
Original sur vélin. Sceau perdu.
H 82. — Rodolphe de Zaeringhen, évéque de Liège, fait savoir que Henri,
doyen de Saint-Paul, cède le patronage de Véglisc de Lamines à cette col-
légiale pour !i fonder son anniversaire et il confirme cette donation.
In nomine sancte et individue Trinitatis, amen, Quia res ecclesie que
votasuntfldelium,pretiapeccalorum,patrociniapauperum tueri et commu-
244
Dire pium est, et quoniam non solum ipsi benefacere sed etiam aliorum
l)ona facta laiulare et in lucem propalare debemiis,eaproplei' egoRoduIphiis,
Dei gratia Leodiensiuni episcopus, noluni esse volo omnibus Cristi fideli-
bus, tam fuluris quam presenlibus, quod Heini iciis ecclesia sancli Pauli
decanus, de Laminis obedienliarius et de presbiteratii ecclesie eiusdem
ville investitus, visilatione sanc ti spiritus excitatus, presbiteratum banc ob
salutem et annuam anime sue commemorationeni, ecclesie sancti Pauli
super altare ipsius ad usus fratrum et augmenlum prebendarum, tam
nostro quam Rodulphi archydiaconi eiusdem ecclesie prepositi, favorabili
et benevolo consensu in perpetuum possidendumdederit, et curam anima-
rum et custodiam reliquiarum in manus Bertlioldi archydiaconi in capilulo
sancti Pauli coiam fratibus eiusdem ecclesie sollemniter ac dévote resi-
gnaverit. Bertholdus vero archydiaconus peiitione fralrum, Johannem
Album eiusdem ecclesie canonicum de hoc presbiieratu nomine ecclesie
inveslivil,et in facie loiius concilii de Ilosenmont legitimos et consueludi-
narios bannos ei super hoc presbiieratu, nomine fratrum ecclesie sancli
Pauli, sollemniter fieri fecil. Sed ne levis scrupulus occasionis banc veri-
tatem etlegitimam traditionem in posterum turbarel, commun! personarum
noslrarum consilio siatuimus : ut salva archydiaconi canonica reverentia,
salvisque obsoniis, et bis que canonice debentur episcopo, aichydiacono,
post obitum prenominali decani fructus predicti presbileratus libéra fra-
trum deliberatio etdispensatio ad commodum suum provideat:et cum fra-
terJohanneshuius ecclesie investitus decesserit, aliquis fratrum commun!
consensu capituli, nomine ecclesie curam sepe nominal! presbileratus ab
archydiacono requisitam sine omni contradictione suscipiat. Ad contir-
mandum igitur hoc slatutum, ut stabile et inconvulsum in perpetuum per-
maneret, presentem paginam ad uberiorem cautelam auctoritate episco-
pal! et sigilli nostr! impressione ut nostri assensus sit indicium munivi-
mus, et adversus omnem calumniam sigillo tam Rodulphi prepositi quam
Bertholdi archydiaconi communiri fecimus, atlestationesque archydiaco-
norum et probabilium personarum adhibuimus. Quarum nomina bec sunl:
Alberlus maioris ecclesie prepositus et archydiaconus, Balduinus archy-
diaconus, Rodulphus archydiaconus et ecclesie sancti Pauli prepositus,
Theodericus archydiaconus, Otto archydiaconus, Alberlus archydiaconus,
Bertholdus archydiaconus, Heinricus abbas ecclesie sancte Marie et eccle-
sie sancti Pauli decanus, Hugo abbas ecclesie sancti Jacobi, Everelmus
abbas ecclesie sancti Laurent!!, Lucas abbas ecclesie sanclorum apostolo-
!
— 245 —
rum, Bruno abbas ecclcsie sancti Egidii, Johannes ccclesie sancli Pétri
(lecanus, Arnulphiis ecclesie sancli Martini dccanus, Gislcbertus ecciesie
sancte Criicis dccanus, Benedictus ecclesie sancti Jolianiiis decanus, Otto
ecclesie sancli Dyonisii decanus, Fredericus ecclesie sancti Barlholomei
decanus. De fratribus concilii de Hosennionl lestes bii sunt : Heinricus
decanus, Petrus investilus ccclesie de Momalia, Fredericus ecciesie de
Doncere investilus, Léo ecclesie de Holong invesiilus, Wenricus ecclesie
de Ilosenmonl investilus, Johannes ecclesie deVcllenes investilus, Heinri-
cus ecclesie de Bodengeies investilus et alii plures. Fada sunl aulem bec
anno dominice incarnationis M°, C°. LXXX". II. indiclione quinla décima,
papanle Lucio, imperante Fredcrico Romanorum imperatore seniper 7U1-
gusto, anno autem episcopatus nostri XV'"".
Original sur vélin. Trois cordons de fils blancs dont les sceaux sont perdus.
■1184 ou 1185. 1"' novembre. — Le pnpc Luciufi Ul confirme au cliapilre
de Saint-Paul le pveshijtéral des églises de Laminne, de Waremme, de
Lize [Lixhe) cl de Ilaulon (Ilotton).
Lucius episcopus servus servorum Dei, dilcctis filiis preposito, decano
et canonîcis ecclesie Sancti Pauli, salutem et aposlolicam benedictionem.
Justis pelenlium. desideriis dignum esl nos facileni prcbcre consensum, et
vota que a ralionis tramile non discordant efï'ectu prosequente compicre.
Eapropter dilecti in Domino filii, veslris justis postulalionibus gralo con-
currentes assensu, prcsbiteria de Lamines, de ^Yarreme, de Lisia et de
Ilaulon et elcmosynara quam Ilenricus concanonicus vester refeclorio
vestro ralionabiliter assignavit, sicut ea iusle et pacifiée possidctis, vobis
et ecclesie vostre auctoritate apostolica oonfirmamus el presenlis scripli
patrocinio communimus. Nulli ergo omnino bominum liceat banc pnginam
nostre confirmalionis infringere vel ei ausu temerario contraire. Si quis
autem boc allenlare presumpserit, ir.dignaliunem omnipolenlis Dei et
beatorum Pelri et Pauli apostolorum eius se novcrit incuisurum. Dalum
Vérone kalendis novembris.
Original sur vélin. Sceau perdu.
— 246 —
H85. — Pierre, prévôt, Ebaîus, doyen, et le chapitre deSnint-Paul cèdent
à Vabbaye de Flônc, près de Huy, leurs droits sur Vé(jlise et les dîmes de
Hermallc-soîis-Huy, à certaines conditions ( ').
In nomine sancte et individue trinitatis. Ego Pelrus ecclesie sancti
Pauli preposiliis, Ebahis decanus, totusque eiiisdem ecclesie conventus,
noturn fieri voluraus omnibus Christi fidelibus tam fuluris quani presenli-
bus veritateni diligentibus, quia in hoc cuni Theoderico abbale Flonensis
ecclesie, cum Tliiebaldo priore, el cum omnibus aliis fratribus Flonensis
ecclesie commun! consilio utriusque ecclesie convenerimus, quod pro-
prietariam possessionem nostrani in ccclesia et in villa de Harmala, cum
omni integritate et plenitudine decimaium que nostri iuris sunt, et ab
antiquo fuerunt,et cum omnibus appendiciis cultis et incultis,in pactuni,
usum fructum, et in obedientiam hereditariam pro viginli duobus solidis
et sex denariis annualim solvendis, in perpetuum predicto Theoderico
abbati Floncnsi, ejusque successoribus abbatibus Flonensis ecclesie,
légitime dederimus, et de medietatepresbiterii temporallum inveslituram,
non tanlum personaliter, sed sic ecclesie Flonensi perpelualiter, ut sin-
gulis abbatibus, in ecclesia Flonensi succedenlibus, hec investitura cum
obedientia renovetur concesserimus, bis interpositis conditionibus. De-
cedente abbate Flonensis ecclesie hic qui succedet abbas, capitulo ecclesie
Sancti Pauli se representabit, et prepositus ecclesie Sancti Pauli libère
et absque omni exactione in capitulo ecclesie Sancti Pauli in presentia
fratrumdonum ecclesie el obedientie de Harmala dabit ei : et ad confirma-
tioncm sui doni, ipse abbas Flonensis dabit fratribus ecclesie Sancti Pauli
hamam solummodo vini ; et sic liberam potestalera habebit sacerdotem
constitut'/v, et omne commodum suum, salvo iure et possessione ecclesie
Sancti Pauli, in predicta obedientia facere, et ad utilitatem suam disponere.
Sic tamen, ut de paclo viginti duorum solidorum et sex denariorum
medietatem in festivitate omnium Sanctorum, undecim scilicet solidos et
1res denarios, et reliquam medietatem dominica/Hî'oa/^'// me, omni remota
occasione solvat, et sic obedientiam suam libère et quiète possideat.
Sod nos et successores nostri canonici erga abbatem et successores
eius si tempestas vel causa légitima interciderit, quod absil, ea lege
(*) Nous avons cru devoir reproduire cette cimrte en indiquant pnr des lettres
italiques les différences existant entre l'original et le texte publié par Le Mire.
- 247 —
utemur, qua utimur in simili discrimine erga alios obedientiarios nostros.
Ut igitur quod rationabiliter factum est, ratum et stabile in perpetuum
;>ermaneat, presentem paginam tam nostre ecciesie sygillo quam Flonensis
ecclesie communivimus : et adversus omnem calumniam attestaliones
archydiaconorum, abbatuni et probabilium personarum adhibuimus. De
archydiaconis testes sunt : Albertus archydiaconus, Bcrtholdm archydia-
conus et custos, Everardus archydiaconus. De abbatibus testes et fidejus-
sores sunl: Everelmus abbas ecclesie Sancti Laurentii, Bruno abbas eccle-
sie Sancti Egidii, Gerardus abbas ecclesie Cornelii mentis. De fratribus
ecclesie Sancti Pauli testes sunt : Arnulfus, Heinricus, Azo, Fredericus,
Jonas magister et custos, Rodulphus, Johannes, Petrus camerarius,
Otto cellerarius. De fratribus Flonensis ecclesie : Thiebaldus prior ,
Aiulfus, Thomas, Fulberlus, Lambertus, Heinricus, Uenerus. De fratribus
concilii testes sunt : Franco de Mandaule, Wescelinus de Bossor, Johannes
de Verseaz. Facta sunt autem bec anno doniinice incarnationis M°. C\
octogesimo quinto, indiclione tertia, papante Lucio, Frederico Romano-
rum imperatore semper augusto, et Rodulfo Leodiensium episcopo.
Chirographe original sur velin; les deux sceaux pendant à des queues
de fil blanc sont enlevés. — Opéra diplomalica, IV, 522.
1189. — Pierre, prévôt, Ebahis, doyen, et le cluqnlre de Saint-Paul font
savoir que Ode, surnommée Pagana, veuve de Roger, ayant laissé certains
biens à Ode, sa parente, cette dernière et Radulphe, chanoine de Saint-
Paul, donnent ces biens à cette collégiale. Le chapitre, de son côté, en
cède Vusufruit à Vune et à Vautre sous certaines conditions spécifiées dans
la charte.
In nomine sancte et individue Trinitatis amen. Ego Petrus dei gratia
ecclesie sancti Pauli propositus, Ebalus decanus, totusque eiusdem ecclesie
conventus, notum fieri volumus omnibus tam futuris quam presenlibus
vciitatom diligentibus, quod Uda vidua cognomine Pagana, uxor Rogeri
defuncii, Udam cognatam suam, gradu consanguinitatis sibi proximam,
cuiusdam hereditatis sue quam longo tempore vite sue tenuerat, heredem
sibi iure propinquilatis instituit, cl cum adhuc viveret, de hac hereditate
eam invesliri légitime fecit. Cum hanc itaque hereditatem Radulphus
ecclesie nostre canoniciis, et predicta Uda Icgilime, quiele et sine ca-
— 248 —
lumnia hereditario iure teiierent, Deum heredem liuius sue possessiuncule,
et beatum aposlolum palronum simm pro salute animarum suanim facere
proposuerunt, ef pie devotionis sue affectum, ordine deblto ad effectum
perduxerunt. Predictani enim hereditalem, diniidiuni scilicet niansum ferc
noveni bonuaria, in terrilorio Vineti continenlem, ecclesieque sancti
Lamberti censiim solventem, et sex bonuaria terre eustodi ecclesie sancti
Pctri censum solventia, per manum Theoderici advocati, adhibitis sol-
lemnitatibus que in huiusmodi traditionibus lieri soient, ad altare Sancti
Pauli optulerunt , et prediclum dimidium mansum divisim in manus
villlci ecclesie sancti Lamberti de Vineto, presentibus scabinis et paribus
cnrtis, et sex bonuaria in manus custodis ecclesie sancti Pétri, ad quem
ccnsus et investitura horum sex bonuariorum spectat, ad usus fratrum
ecclesie sancti Pauli resignaverunt, et sic banc hereditatem resignalam,
iure consuetudinariû sollemniter exfeslucaverunt. Nos vero unum de fide-
libus nostris Roberlum videlicet Chavvel, nomlne ecclesie sancti Pauli, de
bac hereditate investiendum produximus, ordineque debito, et iudicio
parum terre ea conditione et tenore quo predicti heredes eoruraque pre-
decessores banc terram possederanl, eum légitime de bac hereditate
investir! fecimus. Sed fratres ecclesie nostre benellcio predicti Radulphi
et Ude non ingrati, quatuordecim marcas de communi argento suo quod
babebanteis prestiterunt, et insuper eis et predicte Ude Pagane que buic
tradilioiii favorabilem assensum prebuerat , usumlVuclum huius terre
toto tempore vite sue communi concessu concesserunt, ca conditione et
firma stabilitionc, ut ipsi ccrlis et statutis temporibus nostro investito
Roberto Cha\vel,debitum censum huius hereditatis obedientiario vel villico
ecclesie sancti Lamberti et custodi ecclesie sancti Pétri annuatim nominc
ecclesie nostre solvendum solverent, et preterea in argumentum huius
traditionis quindecim solidos ad augmentum refectorii, quinque scilicet
solidos in Pascha, quinque solidos in Pentecoslen et quinque solidos in
natale l)omini,omni postposita occasione singulis annis darent, quamdlu
usumfructum huius terre tenere Yellent. Pi'eterea Ude iuniori communi
consensu capituli nostri indulsimus, ut si eam post obitum fralris nostri
Radulphi vivere conLigerit, ipsa toto tempore vite suc mansionem dau-
stralis domus Radulphi optineat ; et si légitima nécessitas, et manifesta
inopia cani, (luod absil, coegerit predictam domum canonico vendere, sed
tamen non sine licenlia capituli eiliceat. Sin autem post deccssum istorum
irium, Radulphi scilicet et vlriusque Ude, libéra fratrum deliberatio et
— 249 —
dispensatio, tam de claustral! domo isla quam de terra prediota, ad
commoduni fratrum colidianorura sibi et ecclesie sue inposterum provi-
deat; et quod consultius et ulilius ecclesie visum fuerit, de his faciat. Et
quia verba hominnm transeunt , et ex revolutione teinporis mortalis
infirmitas rerum gestarum oblivionem patitur, idcirco rem gestam presenti
pagina conscripsimus, et adversiis oninem calumniam sigilli nostri
impressione, testiumque subscriptione communivimus. Testes hii sunt :
Johannes de Colonia obedientiarius ecclesie sancti Lamberti de Vineto ,
Lambertus de Ihsse ecclesie sancti Pétri thesaurarius, Garnerus eiusdem
ecclesie magisler et cantor; Theodericus de Bouler eiusdem ecclesie cano-
nicus, Galterus investitus de ecclesia sancti Servatii. De fratribus ecclesie
sancti Pauli : Arnulphus sacerdos, Heinricus sacerdos, Azo diaconus,
Fredericus diaconus, Jonas magisler et custos eiusdem ecclesie, Johannes
Albus. De laicis : Theodericus advccalus, Conradus Bonin, Hillinus filius
Norardi et fllii eiusdem Hiliini ; Theodericus, Gerardus, Nicholaus, Bene-
dictus villicus de Yineto, Alardus scabinus, Garnerus scabinus, Liebertus
scabinus. De ministris ecclesie sancti Pauli : Gezo villicus, Warnerus
cocus, Robertus Chawel et alii i)lures. Facta sunt autem hec anno verbi
incarnati M°. G". LXXX°. VIIIF, indiclione VI% Frederico Romanorura
imperatore semper augusto, et Rodulpho Leodiensium episcopo.
Chirographc sur vélin. Sceau enlevé.
1193. — Brnuou de Seijne, archevêque de Cologne, [ireud sous sa proteclion
les membres du chapitre de Saint-Paul et les biens âe cette église, entre
autres lepresbijtéral et F église de Taurines et de Wcert , de Saint-Georges,
de Vellencs ( Velaiiie), etc.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Bruno sanctc Goloniensis
ecclesie archiepiscopus tam fuluris quam prcsentibus in pcrpetuuni. Girca
cultum Dci studium et diligentiam nostram adjutere posili, niinistros
eius studioseetdiligenter honoris gradu, pacis tranquillitate, et repensione
merccdis extolllnuis, ut eoruin devotio conservetur, habeatque unde
inciletur ad melius. Eapropter ecclesie bcati Pauli apostoli in Leodio
devotionem atlendentes, bona eius et personas sub nostra protcctionc susci-
pientes, presbiteratum et ecclesiam de Tornines et de Werde, presbiteratum
et ecclesiam de S. Georgio et Vellenes, cum ceteris appendiciis suis,
- 250 —
vineam in vinetoLeodii,bona deHanzon et Villari, bona de Flostul.bona de
Lavoir, et ecclesiam eius cum presbiteratu, omnesque redditus ad cotidianos
usus refectorii assignâtes fratribus predicte ecclesie S. Pauli pondus
diei et estus ibi portantibus in usus cotidianos refectorii aucloritate
principis apostolorum et nostra confirmamus, et ne bec necessaria dis-
pensalio importunitate aliqua mutetur vel turbelur, sub anatheraate inhi-
bemus.Turbatores igitur eius nisi rcsipuerint et dignam penitentiam egerint,
comprehendal maledictio illa que Dathan et Abyron vives absorbuit.
Servatores autem benediclio illa unguenli que a capite in barbam Aaron
descendit. Huius quidem confirmationis testes sunt de prioribus : Rodul-
phus magister scolarum, Udelricus cancellarius noster, magister Pyramus
de S. Gereone, magister Lamberlus de Gradibus, magister Lambertus
de sanctis aposlolis, magister Theodericus de sancto Andréa, dominus
Godefridus, magister Rabodo et alii quamplures. Actum est anno incarna-
tionisdominiceM". C^.LXXXX". 111°. indictione X", présidente sedi apos-
tolice Celestino papa iir pontificatus sui anno ii".
Original sur parchemin, sceau perdu.
H95. — Albert de Rhétcl, grand-prévôt de Liège, fait savoir que Ekdus,
doyen de Saint-Paul, ayant donné, avec le consentement de Pierre, prévôt,
le presbytérat de Véglise de Lavoir pour fonder son anniversaire dans
cette collégiale, Albert de Cuyck, successeur de Pierre dans la prévôté, a
confirmé cette donation en y ajoutant certaines conditions énumérées dans
la charte.
In nomine sancte et individueTrinitatis, amen. Quia res ecclesie que vota
sunt fidelium, pretia peccalorum, patrocinia pauperum tueri et conimu-
nire pium est, et quoniam non solum ipsi benefacere, sed etiani aliorum
bona facta laudare, et in iucem propalare debemus, eapropter ego Albertus
Dei gralia maior in Leodio preposilus et archidiacoiius, notum esse volo
omnibus Chrisli fidelibus, tam fuluris quam presentibus, quod Ebalus
ecclesie sancti Pauli decanus, de Lavoez obedientiarius, et de presbileratu
ecclesie eiusdem ville inveslitus, visilatione sancti Spiritus excilatus, pres-
biteratum hune ob salutem et aiinuam anime sue commcmorationem,
ecclesie sancti Pauli super altare ipsius, ad usus fralrum et augmentum
prebendarum, tam noslpp quam Pétri eiusdem ecclesie prepositi, favo-
— 251 -
rabili et benevolo consensu, in perpetuum possidendum reporlaverit ; et
curam postiiiodum animaïuni et custodiam reliquiariim in manus nos-
tras, in domo nostra, ooram fratribus eiusdem ecclesie et quibusdam de
maiori ecclesia, et quibnsdam fratribus concilii soUempniter ac dévote
resignaverit : predicio Petro de medio facto, frater noster Albertus
archidiaconus in preposilura eiusdem ecclesie canonice succedens, facluni
istud pio favore prosequens et approbans, confirmationi subscripsit;
adiungens ut obedientiarius de Lavoez et de villa que dicilur sanctus
Paulus procurare tenelur in perpetuum bona piedicte ecclesie in Molen-
baiz, et quindecim solides Leodiensis monete annuatim fratribus inde
persolvere; procurare etiam tenetur in perpetuum bona de Opingneis et
inde annuatim quadraginta denarios Leodienses fratribus reddere et
curam huius presbiteratus de Lavoez, scilicet tenere et sumptibus suis in
omnibus necessitalibus ei providere. De constilutione autem predicti
Ebali decani, ex ipso presbiteralu obedientiarius xx solidos Leodiensis
monete annuatim fratribus exsolvet : XII in annivcrsaria commemora-
tione predicti decani, ad refectionem fratrum et usum campanarum et
duarum candelarum; V solidos in festo sanctorum Cosme et Damiani ;
très vero in luminare VIT" candelarum duodecies ad inlroitum minoris
chori sub turri, annuatim ardentium. Nos autem pelitione fratrum ,
Johannem de Sabulelo eiusdem ecclesie canonicum subdîaconum, obedien-
tiarium factum predictorum bonorum de hoc presbiteralu nomine fratrum
ecclesie sancte Pauli investivimus, et in facie totius concilii Andenensis,
legitimos et consuetudinaris bannos ei super hoc presbiteralu nomine
fratrum ecclesie sancti Pauli sollempniter fieri fecimus. Post cuius tran-
silum si quid emolumenti ultra xx solidos in ipso presbiteralu fuerit,
ordinationi et arbitrio predictorum fratrum cum obedientia predicta
totura cedit. Sed ne levis scrupulus occasionis hanc ventalem et legiti-
mam Iraditionem in posterum turbaret, communi Leodiensium persona-
rum consilio slaluimus, ut salva archidiaconi canonica reverentia, salvis-
que obsonis et his que canonice debenlur episcopo et archidiacono,
fructus predicti presbiteratus, libéra fratrum deliberalio et dispensatio
ad commodum suum provideat, et cum frater Johannes huius ecclesie
investitus decesseril, aliquis fratrum communi consensu capituli in obe-
dientiam constilutus, nomine ecclesie curam sepe nominati presbiteratus
ab archidiacono requisitam sine omni contradictione suscipiat. Ad confir-
mandum igitur hoc statutum, ut stabile et inconcussum in perpetuum per-
{9. —
maneat, presenleni paginam ad uberiorem cauttlam, auctoritate archidia-
conali et sigilli nostri impressionc, ut ncstri assensus sit indiciuni muni-
vimus. Apposuit etiam admaius munimentum facti sigillumsiiumpredictus
Alberlus aichidiaconiis eiusdem ecclesie prepositus , atteslationesque
probabiliuni personarum niaioris ecclesie et fratrum consilii nostri et
capitiili saïKii Pauli, et personarum aliarum ecclesiarum presenli pagine
adhibuimus. De maiori ecclesia testes sunt : Symon decanus, Albertus
archidiaconus sanc(i Pauli prepositus, Hugo archidiaconus, Waltberus
diaconus, Ilenricus cantor, Helyas, Herbertus cellerarius sancti Pauli
canonicus ; Rogerus, Warnerus, Thomas, Manerius et Reinerus frater
eius. De persoiiis aliarum ecclesiarum : Gozuinus abbas sancti Jacobi,
Balduinus abbas sancti Laurentii, Brunerus sancti Egidii abbas, Gozuinus
abbas apostolorum Cornelii Montis ; Warnerus decanus sancti Pétri,
Ilerimannus decanus sancte Crucis, Amelius decanus sancti Dyonisii. De
clericis et domesticis nostris : magister Robertus, magister Johannes,
magister Waltherus, magister Egidius, magister Symon, De fratribus
concilii : magister Gerardus de Selatn, Ilenricus investilus de Hohaie,
Fastrardus investilus de Borler, Egidius de sancti Stephani Monte,
Robertus de tribus campanis, Clarebaldus de Avenues et alii perplures.
De fratribus ecclesie sancti Pauli : Ebalus decanus, Arnulphus et Ainul-
phus presbileri. Frater dicius Jonas magister scolarum, Rodulphus,
Johannes, Johannes, magister Rodulphus, Otto cellerarius, diaconi.Henri-
cus cantor, Johannes et ceteri fratres. Aclum est istiid anno incarnationis
dominice BI". C''. LXXXX" III", indiclioneXI" , papauté Celestino, impe-
rante Ilenrico Romanorum imperatore semper augusto.
Original sur vtilin. Les deux sceaux qui pendaienl à de largos bandes
de parchemin, sont perdus.
1197). — Thomas, archidiacre (le Liérje, fait savoir que Ehahs, doyen de
St-Paul, investi de VécjUse de Si-Ceorqes, et Jonas, écolâtre, invesli de
Vohédienee de eclte i'(jlise, donnent à la collégiale le preshyléral de Saint-
Georges et celui de Vellennes (Velaine).
In nomine sancte et individue Trinitatis. Thomas, Dei gratia Leo-
diensis archidiaconus tam futuris quam presentibus in perpeluum. Ad
hoc eratia Dei constituti ut de iurc officii nostri bona ecclesiarum luea-
— â33 -
mur, et quod pie factiim et coUatum est eis raliim ducannis et in lucem
propalemus, nolum facimus quod Ebalus sancli Pauli decanus, de Sanclo
Georgio inveslitus, et Jon;is magistcr scolarum obedientiarii de Sanclo
Georgio, visitatione sancti Spirilus excitati, presbileratum de sanclo
Georgio et de Vellennes cum suis appenditiis, ob salulem animarum
suarum ecclesie Sancli Pauli super altare ipsius ad usus frairum et
augmentum prebendarum favorabili assensu prepositi eiusdem ecclesie
Alberti in perpetuum possidendum reporlaverint. Quod et nos pio favore
prosequentes cuni iam prediclus Ebahis seculo renunciasset, presentalo
nobis noniine totius ecclesie Sancti Pauli Arnulpho presbitero eiusdem
ecclesie canonico, curam predicte ecclesie et investituram conlulimus
noniine fratruni ecclesie Sancti Pauli, ipsumque presbiîeratum conces-
simus ut inde ecclesia stipendia sua augeret, et fundos et décimas suas
liberius custodiret. Sed ne levis scrupukis occasionis banc veritatem et
legitimam traditioDcm in poslerum turbaret, communi Leodicnsium per-
sonarum consilio statuiniiis : ut salva archidiaconi canonica reverenlia,
sahisque obsoniis et hiis que canonice dcbentur episcopo, archidiacono,
fruclus tam piedicti presbiteratus quam ipsius ecclesie libéra fratrum
deliberatio et dispensatio ad coniniodum suum provideat : et cum frater
Arnulphus eiusdem ecclesie investilusdecesserit,aliqais frairum communi
consilio capitnli presentatus noniine ecclesie curam predictam ab ari-hi-
diacono requisilam cum ipso presltiieratu snscipiaî; hoc quippe modo
predictuin fratrem Ar(nuiphuni) investivinms et in facie totius concilii de
Hosenmont legitimos et consuetudinarios bannos ei super hiis noniine
fratrum ecclesie Sancti Pauli sollempniler iieri fecimus. Ad confirmationem
aulem huius rei paginam auctoritate archidiaconali et sigilli nosîri impres-
sione, ut noslri assensus sit indicinm munivinins, subscriptis testibus. De
maiori ecclesia : Symonc decano; Henrico de l)ungl(eberl) archidiacono et
cantore, Lamberlo, Radulpho. Engolranio. De concilio: \Yenrico decano.
Everardo decano sancli Rlarlini invesiito de Graz, Pbylippo investilo de
Linioiit, Thfoilerico investilo de lîockiies, Jobanne invesiito de Lamines,
Petro invesiito de Serang. Actum est anno incarnai ionis duniinice î^l". C".
LXXXX». 111", indidione XII'.
Original sur vélin. Le sceau, qui pendait h une bande de parchemin,
est enlevé.
— 254 —
1 196. — Thierry, archidiacre de Liège, confirme la donation du presbylérat
de l" église de Saint -Georges, faite au chapitre de Saint- Paul par Jonas,
doyen de cette collégiale.
In nomine sancte et individue Trinitalis. Theoderious Leodiensis
archidiaconus tam futuris quam prescnlibus in perpeliuim. Ad hoc gratia
Dei constituti ut de iure offioii nostri bono ecclesiarum tueamur etqiiod pie
factum el oollatum est els ratum ducanius et in lucem propalemus, notum
facimusquod magister scolarum ecclesieSancliPauli Jonas,obedientianus
de sancto (leorgio, visitalione sancti Spiritns exeitatus presbiteratum
(le sancto Georgio ob salutem anime sue ecclesie Sancti Pauli super altare
ipsius ad usus fralrum et augnientum prebendarum, favovabili assensu
preposili eiusdeni ecclesie Radulphi, in perpetuum possidendum reporta-
vii. Quod et nos pio favore prosequentes, presentato nobis nomine totius
ecclesie Sancti Pauli Arnulpho presbitero, eiusdem ecclesie canonico,
curam predicle ecclesie et invesîituram contulimus nomine fratrum eccle-
sie Sancti Pauli, ipsuni quoque presbiteratum concessimusut indeecclesia
stipendia sua augerel, et fnndos et décimas suas liberius custodirei. Sed
ne levis scrupulus occasionis hanc verilatem et legitimam tradilionem in
posterum tnrbaret, commun! Leodiensium personarum consjlio statuimus,
ut salva archidiaconî canonica reverentia, salvisque obsoniis, et hiis que
canonice debentur episcopo, aichidiacono, fructus tam predicti presbi-
ter;itus quam ipsius ecclesie, libéra fratrum deliberatio el dispensatio ad
commodum suum |)rovideat : el cum fraler Arnulphus eiusdem ecclesie
investitus dccesserit,aliquis fratrum communi consilio capitulipresentatus
nomine ecclesie, curam predictam ab archidiacono requisitam cum ipso
presbiteralususcipiat. Hoc quippe modo prediclum fratrem A(rnulphum)
inveslivinuis, et in facie totius concilii de Ilozcnmont legilimos et consue-
tudinarios bannos ei super hiis nomine fratrum ecclesie Sancti Pauli sol-
sempniler lieri fecimus. Ad confirmalionem autem huius rei paginam
liane auctorilate archidiaconali et sigilli nostri impressione ut nostri
assensus sit indicium munivimus,subscriptis testibus.De maiori ecclesia:
Cunrado decano,IIenri('0 cantore, Helya,Sygero, Engolramo. De concilio :
Gerardo investito ecclesie deHozenmont, Everardodecano sancti Martini,
investiio de Graz, Pbilippo investito de Lymon, Johanne decano Sancti
Pauli, investito de Lamines, Petro investito de Serang. Actum est anno
incarnafionis dominice M" C XG" Vl°.
Original sur v«^lin. F.e sceau est perdu.
— 2âo — •
H98. — Thierry, archidiacre de Liège et prévôt de Maestrecht, confirme
le don du prcsbytérat des églises de Tornines (Taurines) et de Werde,
fait à la collégiale de Saint-Paul, au temps dWlberl, archidiacre, par
Maurice et Henri, investis de Vobédience de Tornines.
In nomine sancle et iiidividue Trinilatis. Theodericus Leodiensis
archidiaconus et Traiectensis prepositus, tam fuluris quam presen-
libus in perpetuum. Ut que pie facta sunt et coUata ecclesiis, rata
semper sint et inconvulsa permaneant, nuUaque obllvionls oaligine obs-
curenlur vel contradictionis impulsu in posterum turbentur, ex im-
positi nobis ofBcii honere, in hoc eis tenemur iugiter et volumus fideliter
prospicere et cavere. Eapropler adversus omne occasionis periculum
présent! scripto ad médium reducimus, ratum habciites et confirmantes
quod veridica relatione et fideli attestatione didicimus, quod videlicet
Mauricius obedienliarius de Tornines, et Henricus investitus et obedien-
tiarius de Tornines Spiritu sancfo dictante, tempore domini Alberti pie
memorie tune archidiaconi, postea episcopi,presbiteratum de Tornines cum
appendicio suo Werde, ob salutem animarum sjiarum ecclesieSanctiPauli,
super altare ipsius,ad usus fratrum et augmentura prebendarum, favorabili
assensu et petitione prepositi eiusdem ecclesie Pétri, in perpetuum repor-
taverunt, et huius presbiteratus curamet investituram cum bannis consuc-
ludinariis, salva archidiaconi canonica reverentia, salvisque obsoniis, et
hiis que canonice debentur episcopo et archidiacono, nomine fratrum
ecclesie SanctiPauli Henricus canonicus et canlor, eiusdem ecclesie acce-
pit, et usquead diem morlis sue nomine ecclesie in pace possedil, Quo
defuncto, mortuo quoque Ilenrico de Tornines, ecdesia Sancti Pauli magis-
trum Richerum confratrem et concanonicum suum, eo ordino el Une quo
prius Henricum cantorem elegerat, elegit, et nobis investiendum nomine
ecclesie produxit : quem nos bénigne sicut dignum fuit et decuil, salvis
similiter omnibus que canonice debentur tam episcopo quam archidiacono,
astante nobis el favorabiliter consenliente et petente preposito ecclesie
Uadulpho, nomine ecclesie Sancti Pauli quamdiu canonicus eiusdem ecclesie
fuerit idem Richerus,investivimus,legitimosque et consuetudinarios bannos
ipsi super memorala ecdesia de Tornines et Werde in concilio Geldoniensi
fieri soUempniter fecimus. Ad confirmationem huius rei prcsenlem paginam
auctoritate archidiaconali et sigilli noslri munimine cum slgitlo eiusdem
Uadulphi prepositi corrohoravimus. f>nbscriplislestibus eis qui cum illnm
— 2o6 —
invi sliiemus facto affuerunt : preposito Boiinensi domino Brunone, pre-
posito sancli Pauli Radulpho, et decano eiusdem ecdesie magistro Joua.
Testes eliani sunt:Engoliamus canonicus sancti Lamberli,n)agister Gisle-
bertus (k Hugardis, Theodericus de Bruke, canonici saiicli Servatii ;
iiiagistor liciiierus de Hoxtie cl iiepns eius Reinerus. Deooiicilio : lohanncs
decaïuis coiicilii, Alljeiius Helciicinciisis abbas, Theodericus abbas Flo-
uensis, niagislor Evcraidus de Hugardis, Heniicus de Sancto Trudone
el alii pluies. Aclum est hoc aiiiio domiiiicc incarnationis m", c». xcviir*.
indiclione prima.
Original sur vélin. Les sceaux, qui peiulaientà deux queues de par-
chemin, sont perdus.
1198. — Albert de Cuyck, évèquc de Liège, confirme le don du presbytérat
des églises de Saint-Georges el de Yellenes (Verlaine), fait au chapitre de
Saint-Paul par Jonas, doyen de cette collégiale, avec rautorisation du
prévôt Radulphe.
In nomine sancle et individue Trinitatis. Quia res ecclesie que vota suiil
lidelium, precia peccaloruui, palrocinia pauperum, tueri et communire
pium est, et quia non solum ipsi benefacere, sed eliam alioruni bona facta
laudare el in luceni propalare debemus, eapropter ego Alberlus Dei gratia
Leodieiisium episcopus, nolum esse voie omnibus Chrisli tidclibus tam
fuluris quam presentibus, quod magisler Jonas obedieuliarius de Sancto
Gcorgio, visilalione sancti Spirilus excilalus, presbiteratum de Sancto
Georgio et de \eilencs, cum aj)pendiliis suis, ob salulem anime sue
ecclesie Sancti Pauli super allare ipsius ad augmeiitum prebendarum el
usus fratrum cotidic Deum ibidem servieiitium,tam noslro quam Theode-
rici archidiacuniet iladulphi eiusdem ecclesie i)re[)Osili, iavorabili et bene-
volo coiiseiisu in peipetuum possidendum dederil, el curam animarum el
cuslodiani reliquiaruin in maiius Theuderiri arcbidiaconi coram IValribus
eiusdem ecclesie sollempniler ac dévoie reportaverit. Ardiidiacunus vcro
pelitione Iratrum, .\rnulpbum eiusdem ecclesie caiionicum et presbileruni
de hoc j)rcsbilerain nomine t'ralruni ecclesie inveslivit, el in fiicie lolius
concilii de liosenmoni legilimos et consueUidinarios baniios ei super hoc
presbileralu nomine fralrum ecclesie Sancti Pauli sollempniler (icri fcoit.
Sed ne levis scrupulusoccasionis haiic veritalem et k'giliinam tradilioncm
— 257 —
in posleiuraturbaret, coinmuiii|iersonarum nostrarum coiisillo statuimust
ut salva archidiaconi canonica roveientia, salvisque obsoniis et hiis que
canonlce dehentur episcopo, archidiacono, frurlus predicti presbiteratus
libéra fr;!tiiim deliberatio et dispositio ad cùinmodum suum provideat; et
cum frater Ainulphus eiusdem ecclesie iiivesiittis decesserit, aliquis tVa-
triim commuîii assensii ca|)liuli Domine ecciesie, curam banc et presbile-
ralumab archidiacono requisiiam sine omni coniradictione suscipiat. Ad
confirmandum igiturboc sUitiiUimjit stabile etiiu-oncussum in pecpetuum
permaneret, presentem paginani ad uberiorem caulelam aiictoritate epis-
copali et sigilli noslii impressiune,iit nostri assensus sit indicium niunivi-
mus,e! adversHsomnem c;t!i!iiipi)iam altestationes Walteti maioris eoelesie
decani et archidiacoiii, el Kadulpbi, itemque Kadulphi archidiaconorum,
et probabilium personarum adhibuinuis : quarum hec sunt noniina. De
inaiori ecclesia Helyas, Heniicus cantor, Lambertiis, Henricus Fossensis
prepositus, Thomas Sancte Crucis preposilus, Uenricus preposiliis Sancti
Dyonisii. Defratiibusconcilii:Gerardus ecciesie dellozenmont investitus,
Everardus decanus sancti Martini investitus de Graz, Phylippus investitus
de Lymont, Lanzo investitus de Lamines, Petrus investitus de Serang.
Aclum est hoc anno ab iiicarnatione Domini M". C". XCVIIl", indiclione
I", pontificalus iioslii anno tertio.
Original sur véhn, sceau perdu,
H99. — Radulphe, prévôt, Jonas, doyen, ci le chapilre de St-Paiil, font
connnitre que Maurice de Tourinnes a donné à fuulel di la Ste-Vienje à
Tourinnes,dLibonnierti d'alleu el huit bonniers de terre ccnsale qu'il vient
d'acquérir, etc.
\\ï iiomine sancle el individue Trinitalis. Hadulpbus ecciesie Sancii
l'auli prepositus, Jonas decanus totusque eiusdem ecciesie convenlus
tam tiituris quani [)i'eseiitibus verilateni dili:;eHlibiis. Pic devotionis studio
acccnsus, dileclus et dileclor ecciesie noslre Mauricius de Turnincs, saluti
sue diligenleret tideliter prospiciens, inter alla bona opéra que fecit, ad
allare ([uod in honore beale Virgiiiis in ecclesia de Turninis ereclum est
X boiiuaria allodii et Ylill boiuiaria censualis terre acquisivit : undc
ceiisus debetur curicde Bavcncurt,scilicclduo solidi et dimidium modiuni
in feslo Sancti Ucmigii, slatuitque ut inde ibi cotidiana missafieret : près-
258
bilerque ad hoc institiitus Ijeneficium inde pro cotidiano misse officio
perciperet, salvo peromnia iiire et beneticio parrochlalis presbiteri.Huius
auteni altaris inveslituram de manu ipsiiis Mauricii, Johannes consanguineus
suus primus accepit, et qiiamdiii vixerit possidebit ; post cuius mortem
eiiisdem altaris dimidium et lus conferendi ipsum ad ecclesiam nostram
Iransibitiel ipsa pro arbitriu suo inde ordinabit, salvo tamen servilio eius-
dem altaris. Hoc vero predictus Mauricius super altare Sancli Pauli repor- '
tans, sententiam excommunicationis in ecclesia nostra sollempniter dari
feoit in eos, si qui forte legitimam hanc donationem impedire vel turbare
temptaverint, vel benelicium hoc predicto altari collatum, ab eodem
alienare ulla unquam occasione presumpserint. Actum est hoc anno
incarnalionis Domini M". CIC". indictionc secunda.
Chirographp sur parchemin. Sceau enlcvt!.
H99. — Barthélémy, archidiacre de Liège, fait connaître un arrangement
intervenu entre le chapitre de Saint-Paul et Maurice de Turnines
(Tourincs), relativement à Véglise de cette localité.
EgoB(artolomeus) Dei gratia Lcodiensis arcbidiaconus nolum facio tam
futuris quam presentibus, quod fratresSancti Pauli in Leodio et Mauricius
de Turninis in hac forma pacis composuerunt supra causa que inter eos
hactenus ventilata est de ecclesia de Turninis. Quod Mauricius eandem
ecclesiam de Turninis in prescntia Geldoniensis concilii protinus exfcslu-
cavit, et omni iuri quod in eadem ecclesia habebat, vel habere se dicebai
penitus renuntiavit,tali condilione quod iidem fratresSancti Pauli singulis
annis eidem M(anricioj quatuor marchas Leodienses quamdiu vixerit tcno-
biuitur oxsolvcre. Post mortem auttMii eius eandem ecclesiam sine omni
respectu vel calumpnia libère possidebunt,omni in perpeluuni sepulla ques-
tione. Huius rei fideiiissores sunt et testes: ex parte ccclesie abbas de Aine,
et de fratribus Sancti Pauli : Otto cellerarius et llenricus camcrarius. Testes:
Johannes dccanus Geldoniensis et Johannes deTanton etuniversum Geldo-
niense conciliuni. Gompositionem islam sicut ex ore decani Geldoniensis
accepi, ila sigillo nieo et presenli scripto communivi. Preterea sigilla sua
ecclesia Sancti l'auli et decanus (ieldoniensis presenti pagine ad maiorem
evidcnliam a|)posucrunt. Actum anno incarnalionis domini M".G''.XCVIIH".
Oi-iginal sur vélin. Les deux sceaux sont perdus.
— 259 —
1201. — Barthélémy, archidiacre de Liège, confirme et ratifie le don du
presbytérat de V église de Saint-Georges et de celle de Verlaines, fait à la
collégiale de Saint -Paul.
In noniine sancte et individue Trinitatis. Bartholomeus Dei gratia Leo-
diensis archidiaconus tam futuris quam presenfibus in perpeluum. Cum
de iiire officii nostri bona ecclesiarum tueri teneamur et defendere,ut quod
pie faciuni et collatum est eis ratum tenere, notum esse volumus omnibus
presens scriptum intuentibus, quod nos predecessorum noslrorum vestigiis
inhérentes, presbiteralum deSanctoGeorgio,cum appenditio suo Vellenes,
ecclesie Sancli Pauli légitime traditum, de assensu et concessione episco-
porum ot ab antecessoribus nostris archidiaconis conlirmatum, eidem
ecclesie liberaliter concedimus, ratum habenms, approbamus, et conlir-
mamus, eo tenore sicut in eorum scriptis contineiur, quod ad usus fratrum
in ecdesia Sancti Pauli in Leodio Deo servientium, et augmentuni pre-
bendarum fructus sive stipendia predicti presbiteratus cédant et ut fundi
et eorum décime facilius et liberius possint cuslodiri. Et ne levis scru-
pulus occasionis hanc veritatem et legitimam donalionem in posterum
lurbare valeat, communi consilio Leodiensium personarum, statuimus ut
salva archidiaconi canonica reverentia, salvisque obsoniis et hiis que
canonice debentur episcopo, archidiacono, de fruoiibus sepedicti presbi-
teratus, fratres ecclesie Sancti Pauli ad voluntalem et commodum suum,
absque omni difficultale et contradictione ordinent et disponant : predictis
adicientes, quod cum frater Arnulphus qui nunc ecclesie Sancti Georgii
nomine Sancii Pauli inveslitus, sive vivens, sive moriens cessent, aliquis
alius fratrum communi consilio capituli presentatus, nomine totius ecclesie
curam ab archidiacono requisitam, sine occasione vel calumpnia recipiat,
et decanus concilii bannos consuetudinarios absque impedimento ei faciat.
Ad huius rei confirmationem paginam presenlem auclorilate archidiaco-
nali, et si^illi nostri impressione ut nostri assensus sit indicium muni-
vimus subscriptis testibus. De maiori ecdesia : Wallero decano et
archidiacono, Uadulpho archidiacono, Henrico cantore, Lamberto prepo-
sito Sancti Pétri, Thoma preposito Sancle Cruels, Henrico preposilo
Fossensi, Helya, Symone de Wahar, Wilelmo de Hers. De concilio de
Hosenmont : Evrado decano Sancti Martini investito de Graz, Hostone
investito de lloneftia. Philippo investito de Limon, Lanzone investito de
- 260 —
Lamines, Pelro investito de Serang. Actum anno incarnationis dominice
M". CC". 1°, indictione [III".
Original sur parchemin; deux queues de parchemin, sceau perdu.
1205. — Jean, archidiacre de Liège, confirme à son tour lu iiossession du
presbytérat de Végliac de Saint-Georges et de Verlaines à la collégiale de
Saint-Puîil.
In nomine sancle el individueTrinitatis. JohannesDei gratia Leodiensis
archidiaoonus lain fiiluris quam prosentibus in perpetuum. Cum de inre
officii nostri bona ecolesiarum lueri teneamiir et defendere, et quod pie
factum et coUatum est eis, ratum tenere, notum esse volumiis omnibus
presens scriptnm intueniibus, quod nos predeeessorum nostrorum vesti-
giis inhérentes, presbiteratum de Sanclo Georgio cum appenditio suc
Vellennes ecclesie Sancli Pauli légitime traditum, de assensu et conces-
sione episcoporum,etab antecessoribusnostris archidiaconisconfirmatum,
eidem ecclesie liberaliter concedimus, ratum habemus, approbamus et
confirmamus, eo tenore, sicut in eorum scriplis coniinetur, quod ad usus
fratrum in ecelesia Sancli Pauli in Leodio Deo servientium et augmentum
prebendarum, fructus sive stipendia predicti presbiteratus cédant, et ut
fundi el eorum décime facilius et liberius possint custodiri. Et ne levis
scrupulus occasionis banc veritatem et legitimam donationem in posterum
turbare valeat, communi ( onsilio Leodiensium personarum statuimus: ut
salva archidiaconi canonica reverentia, salvisque obsoniis, el hiis que
canonice debentur episcopo, archidiacono, do fnictibus sepcdicti presbite-
ratus, fralres ecclesie Sancti Pauli ad voluntatem cl commodum suum
absque omni difïicullate et contradictione ordineni et disponant, prediclis
adicientes quod cum fralcr Ârnulphus qui nunc ecclesie Sancti Georgii,
nomine ecclesie Sancti Pauli invcstitus,sine vivons, sine nioriens cesserit,
aliquis alius fratrum communi consilio capituli presenlatus nomine totius
ecclesie, curam ab archidiacono requisitam sine occasione vel calumpnia
recipiat,et decanus concilii bannos consuetudinarios absque impedimento
ei facial. Ad huius rei confirmationem, paginam presenlem aucloritate
archidiaconali el sigilli nostri impressione,ut noslri assensus sit indicium
munivimus subscriptis leslibus. De maiori ecelesia : Waltcro decano et
archidiacono, Radulpho archidiacono, Henrico cantore, f>amberto prepo-
— 261 -
sito Sancti Pétri, Tlioina preposito Sancte Criicis, Henrioo proposito
Fossensi, Helya, Symonc de Wahar. Wilelmo de Hers. De concilio de
Hosenmont : B'.vrado dccaiio Sancti Martini investilo de Graz, îlostone
investito de Honfffia, Philippe investilo de Limon, I-anzone investilo de
Lamines, Petro investito de Serang. Aclunî anno incaritationis dominice
M". r.C«. Il[», indictione ¥!=".
Original sur \iiUn. Le sceau qui pendait à une double queue de par-
chemin, esi perdu.
1203. 20 novembre. — Le pape Imoccal III, siir la plainte portée par le
doyen et les chanoines de Saint -Paul, charge les doyens de Saint -Lambert
et de Suint-Denis à Liège, et le doyen de Maestrecht, de faire restituer à
la collégiale de Saint-Paul quinze bénéfices fondés par Godescalc, prévôt
de cette église, bénéfices actuellement aliénés ou possédés par des personnes
étrangères.
Innocentius episcopus servus servorum Dei. Diiectis filiis maioris
ecclesie et Sancti Dionisii Leodiensis et Traiectensis in Leodiensi diocesi
constiluto decanis, saiiUem et aposlolicam benedictionem. Fiilecti filii :
decanus et canonici Sancii Paiili Leodiensis suam ad nos transmisere
quereiam, quod ciim G(odescalcus) quondam ipsius ecclesie prepositus
quindecim bénéficia m eadem ecclesia acquisierit paujieribus cItMicis ero-
ganda qui eidem ecclesie assidue dcserviront, el quaitnor ex canonicis
ipsius ecclesie de communi consensu capituli ordinatores eorumdem fne-
rint constiluti. Nnnc bénéficia illa quornmdam malitia procurante, a dicta
ecclesia illicite alienata noscuntur, et personis extraneis que ecclesie in
nuUo deserviunt contra iusfiiiam siint coilata.Quiaigitur ex iniuente nobis
administialionis otficio ecclesiarum gravaminibus paterna tenemur sollici-
tudine providere, discrelioni vestre per apostolica scripla mandamus,
quatenus inquiratis super predictis omnibus diligenler veritatem, et si
dicta bénéficia illicite ab eadem ecclesia alienata noverilis vel subtracta,
auctoritate nostra curetis légitima revocare, nuUis litteris veritati vel ius-
titie preiudicanlibus a sede apostolica impetratis. Quod si non omnes hiis
exequendis potncrltis interesse, duo vestrum ea nichilomiiius exequantur.
Aclum Laterani xii kalendas decembris pontificatus noslri annno quinto.
Original sur vélin. Sceau perdu.
— 262 —
1207. — Hugues de Vierrepont, évèque de ÏÂé.{fe, voulant mellre fin aux
querelles qui s'élevaient fréquemment entre les prévôts de Saint-Paul et
les ehanoines, relativement à V administration des prébendes, des obédiences,
etc.. règle les droits du prévôt de concert avec Jean, prévôt de cette collé-
giale, et le chapitre de Saint-Paul.
In nomine sancte et iiulividiie Trinitatis. Hugo Dei gratia Leodiensis
episcopus, univei'sisCliristi fulelilnis imperpctuum. Ex debilo oflicii iiostri
ecclesiis nobis commissis fideliter preesse et utiliter prodesse tenemiir,
earumqiie profeclui et paci propensiori sollicitudine intenderc. Inde est
quod nos considérantes frcquenlem discordiani et (}uerimoniani que iiiter
prepositos ecclesie Sancti Pauli et fiatres ipsius ecclesie interdum exoriri
solebant super amminislratione prebendarum et locationibus obedientia-
rum, etvolenies inter cos omnem occasionem discordie in futurum penilus
«mpulare, auctorilate nostra et de consensu Johannis prepositi eiusdem
ecclesie Sancti Pauli, et de consilio maioris ecclesie et assensu capituli
prefate ecclesie Sancti Pauli, slatuimus ut qnicumque fuerit prepositus
Sancti Pauli, ab ipsa ecclesia per singulos annos decem marcas percipiat,
et bas decem marcas teneat pro feodo quod ante tenere solebal de manu
episcopi quod longe minus fuit. Ex liis decem marcis solventur quinque
in festo Sancti Remigii, et alie quinque in puriti(;atione béate Virginis;
ila quod decanus Sancti Pauli de bonis pi'oniptioribus memorate ecclesie
predictam solutionem slatutis lerminis absque diflîcultate et dilatione pro-
curabit. Quod si decanus et fratres fueriut négligentes et predictum
feodum non i'uerit slatutis tei niinis |)ersolutum, prepositus qui pro tem-
pore fiurit babeal potcstatem in cadem ecclesia inhibendi divina usque-
i|uo sibi super boc congrue satisiia!. Ipse vero piepositus de amminislra-
tione |)rebeiidarum vel de obedieniiis sepefale ecclesie nullatenus se
iulromittel. Fratres vero Suncii Pauli liberam babebunt ordinalionem et
dispositioneni omnium ol>edienliarium et ecclesiaium et omnium reddi-
liuui) ecclesie sue ad communes usus fralrum rcducendorum sine aliqua
conlradiclioue prepositi vel alterius, uuUodono ipsius prepositi accedenie.
Prepositus vero iura ecclesie et possessiones more predccessorum suoruni
lueri et dcfensarc debebil. Prelerca considérantes qiu;»d ex oflicio celera-
lure quam prepositus uni fralrum de iure suo dare consuevit, et quod ex
ofliciis miuisti'oriun, pisiorum videlic(.'t, brasalorum, cocorum el aliorum
— 263 —
que officia celerarius simililer dare solebat, ecclesia propler eoriim iiegli-
gentiam et incuriam intolerabile sustiimit dampnum, celeraturam ipsam
cum omnibus ofliciis niinistrorum et eonim feodis ad ipsam spectantibus,
similiter et camcrariam fratribus ipsiiis ecclesie de communi assensu
nosti'O et eiusdem prepositi in elemosinam perpetuam coniradimus ; ita
quod capilukim tam de celeratura et cameraria, qnam officiis omnibus et
feodis ad celeraturam pertinentilnis iiljeram habeat per omnia disponendi
facultatem ad communem utilitatem fralrum et ecclesie. Addicimus etiam
ut quicumquc in preposilum Sancti Paiili fuerit assumptus, hanc nostram
ordinationem pie et laudabiliter in Domino factam fidelitcr iurare se ob-
servaturum. Et ul hec nostraordinalio ab omnibus inviolabililer imperpe-
luum observetur, presentem paginam factum nostrumcontinenteinsygillo-
rum nostrorum munimine in lestimoniunicorroboravimus, sub anathematis
dislriclione inhibenles, ne quis contra nostrum statutum quicquam
attcmptare présumât. Post diem autem obitus nostri eadem ecclesia me-
inoriam nosliam sollcmpniter faciet in missa, candelis et compulsationo
campanarum, et eodem die babebunt fratres et pauperes clerici qui cho-
rum iicquentant consolationem XX solidos quos similiter procurabit
dccanus de bonis ecclesie. Acta sunt hec anno dominice incarnationis
M". CC'.Vil. PonlificaUis vero domini Innocentii pape tercii anno decimo.
Original sur vélin. 11 ne reste aucune trace de sceaux.
ii^lô. En septembre. — Jean, prcrut, [iicherus, doyen et le chaiiitre de
Saint-Pdul écluutijent onze bonniers et demi de terre situés à Fiemule
(Vechmael) contre onze bonniers et demi à Wotenges {Otrange) apparte-
nant à Ilermaz, chevalier de Vechmael.
.lo(annes) Dei gratia [irepositus, K(ichetus) dccanus cl capitnlum Sancti
Pauli Leodiensis. Notum sit universis Xristi fidclibus présentes litterjis
inspecturis, quod nos undecim bonuaria etdimidium terre que habebamus
apnd Fiemalecommutavimus Hermanno milite de Fiemale pro aliis xi bo-
luiariis terre et dimidio jaceniibus apud Wotcnges de quibus idem miles x
bonuaria iam nobis assignavit, et super altarc ecclesie noslre in gleba et
ramo reportavit, et sicut moris est de allodiis, ca inter ecclesias Sancti
Lamberti et Sancte Marie Leodiensis nobis afFetavit. Bonuarc autem et
dimidium nobis débet assignare inlVa annum presentem, (piod si non
- 264 —
fercrit debemus nobis relineie bonuare iiniim et dimidium terre illius
quam ei commutavimus, illud videlicel qiiod Calli videbitur propius adia-
cere, qiioadusque aliiid boiiuarium et dimidiiim nobis assigiiaverit. Ut
autem su|jer hiis nos efficeret cerlioros, nobis guarandiam de predicla
tcna reproniisit, et seipsum et liercdem suum de evictione usque ad xxx
annos nobis obligavit; ita quod si terra predicta tola vcl in parte eviceretur
a nobis casn aliquo, lantinn de noslra nobis restitiieret quantum de sua a
nobis evinci oontingeret.Nc autem deprediclis aiiqua in poslerum ori.ilur
dubietas, preseiis scriptum sigillo ecclesie nostre duximus roborandum.
Aclum soUempniter aniio Yerbi Ineariiaii M". CC'\ XXIIl", mensc septem-
bri. Litem autem si que super hoc contra nos orietur, idem H(ermannus)
suis expensis et periculo prosequetur.
Original sur parciiemin. Le sceau, qui élail attaché à un lambeau de
parchemin, est tombe.
12:25. i'-i novembre. — Décision prononcée par le chapitre de Sainl-Paul au
sujel tVune contestation existant entre R(icherus), doyen de Saint-Paul^
et Jean, abbé de Floreffe, relativement à la prébende dite de Florefjé.
In nomineDomini,amen. Proposuit eoram nobis R(ichero) dceano Sancti
Pauli I.eodiensis, Johannes abbas FloreUfiensis, noster concanonicus, quod
cum antiqui proveiUns prébende Sancti Pauli consistcntes in l'ane, cer-
visia, ovis, caseis, allecibus, denariis de Luieson(?),censu etelemosinisin
XL niodiis spelte essent permniati, prelienda foraneorum ab omni honere
videlicet a vicaria et a sumptibus qui soient recipi a prebeiidis ad negotia
ecclesie facicuda, erat liberata, mule pelivit vicarium suuni ammoveri
et sibi restitui quicquid vicario suo datum erat a die permutationis pre-
dicle. Econtra O(tto) cellerarius Sancti Pauli a concanonicis suisdalusad
respondeiidum respondit non ita esse, sed |)ermutationem illam l'actam
esse cum omni honore anii(|uo. Quare nos, concanonicos nostros sicut
moi'is erat subnuiiiuimus in viilulc obedienlie ut super hoc dii-crcnl veri-
latem. (^hii lia siibmonili elconiurati dixerunt permulalionem ipsani cum
omni honere aniiquo esse factam. Nos igitur habito cum probis viris
consilio, audiiis hinc inde rationibus, cum nobis constel de veritate tam
por dicta canonicorum quam per alia, pronunciamus iliam permutationem
cum omni honere antiuuo factam esse ; et ni(;hilominus (oraneos Icncri
W6
ad vicaiias et ad sumplus in negociis ecclesie faciendis.absolvenfes eccle-
siam iiosiram al) impelilione abbalis super piediclis. Ne autem super hoc
aliqua dubietas ûiialur in posterum, presenlem cariulani sigillo nostro et
ecclesie et sigillis personarum ecclesie, vidclicet 'canloris, custodis,
cellerarii fecimus confirmari. Testes : Nich(olaus) decanus Sancti Johannis,
Ar(nulphus) cantor,Theodericus et Egidiusfralres, Fastrardiis,Egidius de
Namuco, Clarcbaldiis Saulus, Johannes Remensis, Johannes de Bières,
Symonetalii. Aclum soliempniter in capitulo Sancti Paiili anno ^ralie
M". CC". XXIll", nieiise novembri, nocte Cecilie virginis.
Original sur vélin. Les cinq sceaux qui pendaienl k Jes queues de
parchemin, sont perdus
12:24. o décembre. — Richer, doyen, et le chapitre de Saint-Paul cèdent,
sous certaines conditions, à Amel, chevalier, fils de Weric, chevalier de
Dommartin, la terre de liez qu'ils possèdent à Wonek.
U(icherus) Dei gratia decanus et totum capitulum Sancli Pauli Leodien-
sis, nniversis lam preseniibusquani fuluris in perpetuum. Nolum facimus
quod nos totam lerrani quam habebanius apud Wonk in Hez ubi quondam
fuit silva, tam illam que non lioterit quam illam que coli poterit, conces-
simus Anielio milili, lilio scilicet Wirici mililis de Dommartin, et suis
heiedibus [lerpetuo iiirepossidendam, liac loge : quod pro singulis mansis
terre preiiicte tantiim nobis solvci annuatim in censu, in spelta, in braisai
bleis. in gallinis, in ovis et in i/mnibus generaliter, quantum solvit mansus
curie de Wonk et eisdem teimiiiis; et mansus eius lot bonuaria continebit
quot bonuaria continet mansus curie predicte, habens similiter nu bonuaria
terre pro fanalione. De predicta terra decimam nobis solvet in campis,
et ips.i terra niovebita nobis, (|uam pi'edicti mililis heredes a nobis requi-
rontes lantum (labuMtd<> requisiiione quantum de censu, insuper et dimi-
diam hamam vini, et singulis paril)us singulos denarios sicul fccit pater
eorum in suo ingrcssu. Quod si miles prcdictus in ipsa terra edificia
lecerit, vel mansionarios attraxcrit, tam ipso quam sui mansionarii decimam
suivent nobis de omnibus suis nutrituris. Super hiis autem omnibus
fideliier observandis, idem miles corporale prestilil iuramenlnni. Nos
autem ci cl suis heredibus de cadem terra in quantum ius dictavcrit, pro-
misimus et tcnemur teri'egarandiam, de violentia autem non tencmur. In
— -266 -
huius facti memoriani, preseiitem kiirtulam sigillo ecclesie nostrc fecimiis
roborari. A(;luni anno gratie M". CC". vicesimo quarto, niensc decembri in
vigilia Nicholai, sub teslimonio Walteri el Gerardi clericorum, Johannis
et Heni'icilaicorum, minislerialiiiin ecclesie nosUe et scabinoiiini curie de
Wonk elalioi'um.
Original sur p;irchoinin. Sceau perdu.
1229. 2 avril. — Olton, cardiiinl diacre du titre de SniiU-Nicoltis in-
carcère TuLLiANO <•/ légat du Pape, permet aux chanoines de Saint-Paul
de faire desservir par des vicaires les églises sur lesquelles ils ont le droit
de personnat,
OUû miseratione divina Sancli Nicolai in carcere Tulliano diacoiuis
cardinalis, aposlolice sedis legatns, dileclis in Xrislo preposito el capitulo
Sancli Paiili Leodiensis, saluteni in Domino. Cuni quasdam parochiales
ecclesias habeaiis in qiiibus non potestis personaliter deservire, nos ani-
marnm vestraruni et parrochianornm illarum ecclesiarum saluti providere
volentes, auctoriiale vobis presentinin iadnlgemusiit in piedictis ecclesiis
in quibus ius |»crsonatus dinoscimini oblinerc, liceat vobis de diocesani
veslri consensii per vicarios peipetiios et idoneos deservire. ita quod ipsi
curamsnscipiant animarum, et inxta ordinationcni aliquornni prndenlium
de ipsarum ecclesiarum proventibus congruam rccipianl porlioncra, dio-
ccsano cpiscopo et archidiacono loci de suis iuribus rcsponsuri ; vosque
residuum in usus vestros libère convertalis. Ouod si quid humaiiitus de
aliqno vicariorum ipsovuni coatigerit, vokimus ut deccdcnte uno alius
sub cademprovisionesubstituatur ibidem. Dalum Castclli un nouas aprilis.
Original sur vélin. S^cau cnicvi^.
1230. Il janvier. — Charte de Jean dWps, évéque de Liég'\ relative à la
prévoté de Saint-Paul, dont il spécifie les droits et les devoirs avec
l'approbation du chapitre de la cathédrale de Saint-Lambert.
In uominc .«iancte et individue Tiiniiatis. Johannes Dei gralia I.eodiensis
episcopus, univ(!rsis Xrisii li(k'lil)us saluteni in Domino. Ex debito oflicii
noslri ecclesiis nobis commissis lidoliler preesse et utiliier prodesse
— "261 -
teiiemur, eaiumque profeclui et paci propensiori sollicitudine inlendere.
Inde est quod nos considérantes frequentem discordiam et querimoniam
que inter preposiios ecclesie Sancti Pauli et fratres ipsiiis ecclesie inter-
dum exoiiri solebant, super amministralione prebendarum et locaiionibus
obedientiarum, volentes inler eos omnem occasionem discordie in futurum
penitus amputare, auctoritate nostra et de consensu Hermanni prepositi
eiusdem ecclesie Saiicli Pauli, et de consilio et assensu niaioris ecclesie
nostre Leodiensis, et assensu capituli piefate ecclesie Sancti Pauli, statui-
mus et ordinanius utquicumque fueril preposilus Sancti Pauli per singulos
annos percipiel decensu eiusdem ecclesie apud Wonke, quiiideciin marcas
Leodienses : decera percipiet in epyphania domini et quinque in festo
beati Johannis IJaptiste. Ita quod quantum ad prediclum censum quin-
decim niarcaruni et emendas que inde sequuntur, facient ei fidelitatem
villicus et scabini et mansionarii. Insuper utetur iure et potestale advo-
catie ipsius, in levando censu predicto et emendis que exinde sequentur.
Homines etiam infeodati facient homagium preposito et decano, nomine
ecclesie Sancti Pauli. Has autem quindecim marcas accipiet prepositus
pro feodo, quod ante tenere solebal de manu episcopi, quod longe minus
fuit. Ipse veto prt'positus de amministratione prebendarum , vel de obe-
dientiis sepefate ecclesie nullatenus se intromitlet. Fratres vero Sancti
Pauli liberam hal)ebunt ordinationem et dispositionem omnium obedien-
i.iarium et ecclesiaium, et omnium reddituum ecclesie sue ad communes
usus frat rum reducendarum sine aliqua contradictione prepositi vel alierius,
nullo dono ipsius prepositi accedente. Preposilus vero iura ecclesie et
possessiunes more predecessorum suoruni lueri et defensare debebit:
preterea considérantes quod ex officie celerature, quam prepositus uni
fratrum ecclesie Sancti Pauli, de iure suo dare consuevit, etquod ex officiis
minislrorum que officia celcrarius similiter dare solebat, ecclesia propter
eorum negligentiam et incuriam intolerabile sustinuil dampnum; celera-
riam ipsaii) cum omnibus officiis ministrorum et eorum feodis ad ipsam
speciantibus, fratribus ipsius ecclesie de (-ommuni assensu nostro et eius-
dem prepositi, in elemosinam perpetuam conlradimus.Ita quod capitulum
lam de celeratura quam de officiis omnibus et feodis ad celeraturam perti-
neniibus, libeiam habeal |)er omnia disponendi facultatem ad communem
utiiitatem fratrum et ecclesie. Addidimus etiam ut quicumque in preposi-
lum Sancti Pauli fuerit assumptus, banc nostram ordinationem pie et
laudabiliter in Deo tactara, iuret se fideliter servalurum. Et ut bec nostra
-- 268 —
ordinalio ah omnibus inperpeluum inviolahiliter observetur, presentem
paginani sigiUi nostri appensione duximus roborandam, sub anathemalis
districtione lirmiter inl]ibentes,nequis conlra hanc iioslram ordinationem
quicquani altemplare présumât. Ego siquidom Hermannus prepositus
Sancli Pauli, huic ordinationi eonsenciens, sigillnm meum feci apponi.
Nos etiam decanus et capilulum Saiicti Pauli, ordinationem ipsam gralam
habentcs, sigillum nostrum presentibus litteris apposuimus et supplica-
vimus raaiori ecclesie Leodiensi ut iiuic ordinationi suum preberel
assensum. Nos quoque prepositus, decanus, archidiaconi , totumque
maius capilulum Leodiense huic ordinationi propter bonum pacis et utili-
latem ecclesie Sancti Pauli consentientes, presenti carte sigillum nostrum
appendimus. Acta sunt hec anno Domini millesimo ducentesimo trice-
simo, mense januario in octava epyphanie.
Original sur vélin. Les quatre sceaux sont perdus.
1250. Le jour de Pâques, 7 avril. — Jean <rAps,évcquc de Liège, confirme
raulorisution accordée, le 2 avril 1229, au chapitre de Saint-Paul par le
cardinal Otton, légat du Pape, de pouvoir faire desservir par des vicaires
perpéluels les églises dont ils possèdent le droit de patronage ou de
per sonnât.
Johannes Dei gratia Leodiensis episcopus. Dileclis in Xristo flliis
decano et capilulo Sancti Pauli Leodiensis, salutem et paternam in Domino
dilectionem. Ciim venerabilis pater Otto, Dei giatia Sanc-li Nicholai in
carcereTuUiano diaconuscardinalis. apostolice sedis legatus, vobis indul-
serit ut in ecciesiis vestiis parrochialii)Us, liccat vobis per vicarios perpe-
tuos et idoneos doservire, ifa quod ipsi curam suscipiant animarum et de
ipsarum ecclesiarum proventibus congruam recipiant portionem, iuxta
ordinationem discretorum virorum, nobis et archidiaconis locorum de
nostris et ipsorum iurilius responsuri, et ul residuum in usus vestros
libère committatis; nos gratiam quam vobis fecit, sicut in ipsius litteris
vidimuscontineri gralam babentes, nostrum accomodamus assensum et
auctorilatem prcstanms ut in ecciesiis pari'ocbialibus in quibus lus
patronalus sive personatus habelis, lic-eat vobis per idoneos et perpetuos
vicarios deservire, qui animarum cura suscepta congruam de proven-
tibus ipsarum ecclesiarum recipiant portionem, iuxla ordinationem dis-
- 269 -
cretoi'um virorum abbatis Floreffiensis el magislri B(al(]uini) de Barbenchon ,
quos ad hoc aucloritate presentium duximus deputandos. Mortiio aiitem
uno vicarioruni illorum vcl quoquomodo cedenle, alius in loeuni illius sub
eodem modo etcoiulitioneper vos substitualur, ibidem coiilentus portione
predecessorissui,permemoi'atOH abbalem et magislrum Baldiiinum taxala.
Quod ul in pei'peluum observetur presentem paginam sigilli nostri muni-
mine duximus roborandani. Datum anno Domini M". CC. tricesimo in
die Pasche.
Original sur parchoniin. Deux cordons de soie rouge et verle ; sceau enlevd.
1251. En février. — JcandAps, cvèque de Liège, approuve et ratifie la
renonciation de Pierre, chevalier de Iliibine et de ses hommes, aux droits
qu^ ils prétendaient avoir sur la foret de Hamaie (Hamois) appartenant an
chapitre de Saint-Paul.
Johannes Dei gralia Leodiensis episcopus, omnibus presentem paginam
inspecturis salutem in Domino. Noveritis quod cum nos abbati Lefllensi
et decano Cennacensis eoneilii dedissemus in mandatis ut ipsi diligenter
per testes iuratos inquirerent veritatem quid iuris et quem usum hai)erent
Pelrus miles de Hubines et homines sui in silva Sancti Pauli de Ilamaie,
ab eisdem secundum mandatum nostrum per testes iuratos fuit diiigenler
Veritas inquisita. Predictus vero miles de iure suo diffidens ante apertio-
nem veritatis pro se et hominibus suis totum lus quod ipso et homines sui
de Hubines in eadem silva se habere dicebant, in presenlia proborum
virorum sicut nobis per lilteras patentes predictorum abbatis et decani
consistit evidenter quittum clamavit et effestucavit. Nos aulem predictam
quittationem et efTeslucationem ratam iiabentes et approbanles, in huius
rei lirmltatem présentes lilteras sigilli nostri karactere fecimus insigniri.
Datum anno Domini M°. CC". tricesimo primo, mense februario.
Original sur parchemin. Sceau perdu.
1251. En août. — Le chapitre de Notre-Dame àMaestricht cède au chapitre
de Saint-Paul la dime qu'il possède à Wonck pour une rente annuelle de
cinq muids de blé, mesure de Maestricht.
Ar(nulphus) Dei gratia preposilus, R(obertus) decanus, totumque capi-
tulum Sancte Marie in Traiecto, omnibus presentis pagine irispecloribus
— 270 —
oognoscere verilatem. Dignum est et onini rationi consentaneum ut ad
perpetuam rei memoriam ipsa res gesta soUempniler litlerarum teslimonio
l'oboretur. Eapropter noverint univers! , tam futuri quam présentes, presens
scripluin intuescentes, quod nos omnem deciniam nostram culluraruni
Sancli Pauli Leodiensis apud Wonck similiter et mlnutam dicte ecclesie
Sancli Pauli concessimus in perpetuum pro annua pensione V modiorum
annone ad mensuram Traiectensem, cujus medietas erit frumentum soiu-
bile et altéra medietas ordeum taie qualecrescit in loco; quam annonam
lenetur nobis solvere dicta ecclesia Sancti Pauli omni occasione remota de
anno in annum infra diem beati Andrée. Ita quidem quod nec nos nec
dicta ecclesia ab hac conventione in perpetuum poterimus resilire. Quod
si propter retardationem dicte solutionis expensas aliquas faceremus,
ullum dampnum haberemus post ammonilionem nostram ipsi ecclesie
semel factam, dicta ecclesia Sancti Pauli nobis teneretur ad restitutionem
expensarum et dampnorum propter hoc habitorum. In cuius facti testimo-
nium sepe dicte ecclesie Sancli Pauli Leodiensis hoc scriptum contulimus
sigilli nostri munimine roboratum. Actum mense augusti anno Domini
M". CC'\ tricesimo primo, indiclione quarta.
Original sur parchemin. Le sceau fixé à deux cordons de soie verts et
blancs est perdu.
liôâ. 10 janvier. — Arnold, chevalier de Beaufort, fait savoir qu'un
accord a été conclu, à son intervention, entre Véglise de Saint-Paul et les
habitants de Gieves (Givres, dépendance de Ren-Ahin), relativement à la
forêt de ce nom.
Universis tam presentibus quam futuris présentes litteras inspecturis,
Ar(naldus) miles dominus deBealfort in Domino salutem.Universitati vestre
notum esse voiumus quod cum inter ecclesiam Sancti Pauli Leodiensis ex
una parle et mansionarios suos de Gieves ex altéra super silva de
Gieves controversia verleretur, tandem nol)is mediantibus et procuranti-
bus talis compositio intervenit inter partes, quod dicta ecclesia habebil
X bonuaria versus Bealfort cilra viam que est in silva, de quibus iam
positi sunt termini, et totam silvani ultra viara predictani versus
Andanam, ita quod eam poterit vendere, incidere, alienare, et in ea custo-
— 271 —
diam quamcuraque voluerit ponere, et inde penitus sine coniradicto suam
facere voluntatem. Mansionarii autem predicli habebunt silvam aliain que
est citra viam predictam, exceptis x bonuariis antedictis. Ita taraen
quod fundum silve nec vendere, nec alienare poterunt, sed usuagium
suum habebunt in illa et de veilere eius suam facient voluntatem, pro
omni usu et iure illo quod in tota silva se dicebant habere. Huic autem
paci consenserunt mansionarii predicli : hoc scimus, hoc vidimus, et hoc
presentibus litteris nostris attestamus. Quibus etiam predicta ecclesia
Sancti Pauli sigillum suum appendit in sui consensus argumentum. Datum
Leodii sabbatho post epiphaniam, anno Domini M°. CC. XXXII".
Original sur parchemin. Fragment de sceau en cire verte pendant à
une queue de parchemin.
1232. 25 août. — Jean (TAps, évêque de Liège, le doyen et le chapitre de
Saint-Paul décident qu'après la mort d'Othon de Geneffè, doyen de Saint-
Paul, (hacun de ses successeurs sera tenu de payer au chantre trente
inuids d'èpeautre sur le revenu du dècanat. La chantrerie sera conférée
désormais à un chanoine résidant à Véglise de Saint-Paul.
Johannes Dei gratia Lcodiensis episcopus universis présentes lilteras
inspecturis, salutem in Domino. Cum cantoria ecclesie Sancti Pauli Leo-
diensis exiles et modicos haberet redditus, videlicettantummodo x solidos
Leodienses, ita quod non esset qui eam habere vellet et officium eius
exequi, nos de consensu et volontate decani et toiius capituli predicte
ecclesie ordinavimus quod post mortem Othonis decani ipsius ecclesie,
quicumque ei successerit dabit cantori singulis annis xxx modios spelle
de proveiitibus decanatus, ita quidcm quod predicta cantoria nuUi alio
conferri polerit quam caiionico residenti, qui etiam antequam illam
recipiat, prestabit sacramentum de residentia in predicta ecclesia Sancti
Pauli facienda et ita observabitur in perpetuum. Quod utstabile sit et fir-
mum, presentibus litteris cum sigillo ipsius ecclesie sigillum nostrum
duximus appendendum, inhibentes districte sub pena excommunicationis
ne quis huic facto noslro contraire vel ipsum immutare présumât. Actum
Leodii anno Domini M». CC". XXXI". vigilia Sancti Bartholomei.
Original sur parchemin. Sceaux perdus.
^7':i
1235. ^lii août. — Otlon de Gcneffe, doyen, el le chapitre de Sainl-Paul
cèdent à Milon de Wonk et à ses successeurs un demi-bonnier de terre
situé à Wonk, au prix d'une rente annuelle de neuf setiers d'épeautre el
de six deniers liégeois.
O(tto) Dei gratia decanus et capituliim ecclesie Sancti Pauli Leodien-
sis, universis tam presenlibiis quara fiituris in Domino saiulem. Cum
labili et infirme memorie hominum stili offlcio succurrendura sit, presen-
tibus litteris nostris notum esse volumus quod, dimidium bonuarium
terre nostre de Wonk quod immédiate coberet atrio et curti illi qua Milo
reddit nobis annuatim xx tapones, eidem Miioni de Wonk concessiraus
sibi et suis successoribus hereditario iure possidendum, pro annuo censu
novem sextariorum spelte, solvendo nobis in festo beati Martini, et vi
denariorum Leodiensium, qniin festo beati Domiliani nobis persolvuntur.
In cuius rei testimonium présentes litteris nostras eidem Miioni ut secu-
rior redderetur duximus concodendas. Actum sollempniter in capitulo
nostro dominica proxima post festum Sancti Bartholomei, anno Domini
M». CCo. XXX». quinto.
1238 en mars. — Otton, doyen de Saint-Paul, et le chapitre donnent en
location à Vahhaye du Val-Saint-Lumbert un quart de la pêcherie de
Ilamelh [Ramet) pour une rente de huit sous et huit deniers lié(jeois.
Otto Dei gratia decanus et cellerarius, totumque capilulum ecclesie
Sancti Pauli in Leodio, omnibus ad quos liltere isto pervenerint cognos-
cere veritatem. Noverit universitas vestra quod nos ecclesie Vallis Sancti
Lamberti Cysterciensis ordinis accensivimus perpetuo iure possidendam
quartam partem venne et totius aque sive piscarie quam habebamus in
Mosa iuxta villam de Ramelh pro octo solidis et octo denaiiis Leodiensi-
lius nobis annuatim infra octavas Natalis Domini persolvendis. Occasionc
autem huius accensionis nichil iuris habebit in pletagio quod habemus
ibidem, nec in aliquibus aliis rébus nisi in predictis venna, aqua et pisca-
ria. In cuius rei testimonium et munimen presentibus litteris sub cyro-
grapho scriptis sigillum nostrum cum sigillo Domini abbatis Vallis Sancti
Lamberti apponi focimas. Actum et dalum anno Domini millésime ducen-
tesimo tricesimo octa\o, mense martio.
Chirograplie original sur parchemin. Les trois sceaux sont perdus.
— 273 —
1239. "1^ avril. — Jean de Rumigny, doyen de Liège, et le chapitre de
Saint-Lambert font connaître un accord conclu entre V église de Saint- Paul
et Henri, chevalier, seigneur de Hame (Hamois), relatif à la dime des
moutons d'une bergerie construite par ce dernier à Emeville.
Johannes Dei gralia deeanus, totunique maioris ecclesie in Leodio capi-
tulum, universis présentes litteras inspccturis oognoscere veritatem.
Noverint universi quod ecclesia Sancti Paiili Leodiensis concessit Henrico
militi, domino de Hame ul in oviii suo quod de novo consiruxit apud
Emeville, de cuius décima queslio eratinler ipsos,liceat ei habere ducentos
oves proprias, ut infra eundem numerum et ex illis solvet medietatem
décime eidem ecclesie tam vellarum quam agnorum. Et si non fuerint
proprie sed extranee quantumcumque ibidem habuerit sive infra predic-
tum numerum sive supra , de illis solvet integraliter decimam. Si
vero ad medietatem habuerit infra eundem numerum supra quem plures
habere non potuerit nisi cum solutione intègre décime de sua medietate
solvet medietatem décime, et ille cuius fueriint oves de alla sua medietate
intègre persolvet decimam. Si auiem dicta ecclesia eundem Henricum
suspectum habuerit quod oves antedicte sue proprie non fuerint, faciet
iurare aliquem honestum in animam suam quod sue proprie sunl oves.
Ista aulem concessio durabit ad vitam predicti militis, post mortem
aulem eius non durabit, sed hères eius decimam intègre in predicto et
de predicto ovili persolvet ecclesie memorate, et de hiis fideliter obser-
vandis dictus llenricus tidem prestitit corporalem. Actum in capitulo
beati Paulidie translationis Sancti Lamberti anno Domini M». CC. XXX°.
nono.
Chirographe original sur parchemin. Sceau enlevi^
12i 1 . 30 janvier. — Otton de Genejfe, doyen, et le chapitre de Sainl-Paul
donnent un bonnier de terre, située à Hebechcies à la pierce (Hepsée),
à Jeun Painhonet à sa femme, au prix d'une rente annuelle de trois niuids
d'épeautrc payables à la Saint-Martin et trois deniers payables à la fête de
Noël, plus une demi-aime de vin pour droit du chapitre.
O(tto) Dei gratia deeanus et capituluin ecclesie Sancti l'auli Leodiensis,
notum esse volumus universis tam presentibus quam fuluris, quod nos
— 274 -
bonuariumuimmterrenoslreiacensapudHebecheiesa /«//ùvofrontiilimus
lohanni Painhon el uxori eius pro tribus modiis spelte annui trecensus
solvendis nobis Leodii in granario noslro in festo Sancti Martini et pro
iiii"' denariis oensus annui solvendis nobis in Nalivitate Domini, sibi et
successoribus suis perpétue iure possidendum. Ita quidem quod terre ipsa
mensurata, si minus invenitur solvelur minus; si autem amplius invenitur
solvetur amplius pro quantitale invente : ulque autem defuncfo, quando
terram ipsam requiri contigerit, solvetur lantum de requisitione quantum
est de censu et nobis pro iure capituli dimidia hama vini, salvo domino
decano et paribus capituli nostri iure suo. Actum sollempnitur in capitulo
nostro anno domini M". CC°. XLT. feria Illl^ post dominicam Circum-
dederunl me.
Chirographe original sur parciieinin. Sceau perdu.
1241. 28 juin. — Henri, prévôt, Jean de Humigny, doyen el archidiacre, el
le chapilre de Saint-Lamberl fonl savoir que Gilles, chevalier de Mox
[Moxhe), Gonlherus, son fils. Renier Husars et son fils, gendres de Gilles,
ont renoncé aux dîmes de Mox et de Moxcron (Moxheron), qu'ils recon-
naissent avoir perçues au préjudice du chapitre de Saint-Paiil. Le chapitre
cathédral confirme la possession de ces dîmes à la dite collégiale, laquelle
donne en compensation soixante-dix marcs liégeois à Gilles, à Gonthzrus
et aux autres prénommés.
HenricusDei gratia prepositus, Johannes decanus et archidiaconus, to-
tumque capitulum maioris ecclesie Leodiensis, universis scriplum presens
inspecturis in perpetuum. Presentibus litteris nostris nolum facimus uni-
versis, tam presentibus quamfuturis, quod Egidius miles de Mox et Gon-
therus filius eius, et Renerus Husars et filius eius, mariti scilicet tiliarum
prefatiEgidii, in presentia nostrapersonaliter constituti, recognoveruntse
in iniuriam ecclesie Sancti Pauli Leodiensis hactenus récépissé decimam
décime de Mox et de Moxeron, et stranicn et paleam in grangia, et aurigas
duos et flagellalorem unum instituisse, et agnura unum sive duos, et pullos
aliquos in minuta décima annuatim récépissé, et nichil penitus iuris habere
in borreo et fundo eius el curtula adiacente. Unde tamquam penitentia
ducti,predicta omnia et quicquid in eis vel eorum appendiciis sive de iure
— 275 —
sive de iiiiuria se dixeranl habuisse effestucaverunt -, sed et si quid iuris
in omnibus prediclis habebant, illud in manus noslras reportaverunt ad
opus ecclesie predicte, et nos illud eidom ecclesie reddidimus.Propredicta
aulem recognitione iniarie et cessione iuris predicti si quod habebiint,
dédit eisdem et plene persolvit dicta ecclesia sexaginla et decem marcas
Leodiensis monete.Prcmiserunt aulem dictus miles elalii antedicti humi-
liter et dévote quod ipsam ecclesiam super hiis nullatenus nec per se nec
per alios de cetero molestarent. Actum et datum in vigilia apostolorum
Pelri et Pauli, anno Domini M». CC». XLo. primo.
Original sur parchemin. Sceau perdu.
124-1. 50 juin. — Robert deThorote, évêque de Liège, reproduit et confirme
la charte qui précède imniédiatenient .
Robertus Dei gratia Leodiensis episcopus univeisis presens scriptum
inspectons in perpetuum. Presentibus lilteiis nostris notum facimus uni-
versis, tam presentibus quam fiUuris, quod Egidius miles de Mox et Gon-
therus filius eius, et Renerus Hussars et filius eius,mariti scilicet filiarum
prefati Egidii, in presentia nostra personaliler constituli, recognoverunt se
in iniuriam ecclesie Sancli Pauli Leodiensis hactenus récépissé decimam
décime de Mox et de Mosceron, et stramen et paleam in grangia, et
aurigas duos et flagellatorem unum instituisse, et agnum unum sive duos
et pullos aliquos in minuta décima annuatim récépissé, et nichil penitus
iuris habere in horreo et fundo eius et curtula adiacente. Unde tamquam
penitentia ducti, predicta omnia et quicquid in eis vel eorum appendiciis
sive de iure sive de iniuria se dixerant habuisse effestucaverunt : sed et si
quid iuris in omnibus predictis habebant, illud in manus nostras reporta-
verunt ad opus ecclesie predicte, et nos illud eidem ecclesie reddidimus.
Pro predicta autem recognitione iniurie et cessione iuris predicti si
quod habebant, dédit eisdem et plene persolvit dicta ecclesia sexaginta et
decem marcas Leodiensis monete. Promiserunt autem dictus miles et alii
anicdicti humiliter et dévote quod ipsam ecclesiam super hiis nullatenus
nec per se nec per alios de cetero molestarent. Actum et datum anno
domini M". CC". XL", primo, in crastino apostolorum beatorum Pétri et
Pauli.
Original sur parchemin. Le sceau est perdu.
— 276
1*212. M mars. — Conlestulion entre l'abbaye de Saint-Jacques, d'une part,
Humberl de Scve (Suive), chevalier, et la veuve d'Arnold, d'autre part,
relative à des biens situés à Selvia (Suive), à Termoing ( Termogne ) , à
Fermiu (Faimc), à Gène fut (Geneffe), à Bovignistia (Bovenistier), à
Holnigne (Hollogne) et Yervia ( Vierve). Sentence arbitrale d'Ollon de
GeueJJ'e, doyen de Saint-Paul, fuvorabk à l'abbaye.
In nomine Doraini, amen. Cum conlroversia vertatur coram nobis
O(ttone) decano Sancli Pauli Leodiensis, provisore et conservatore bono-
l'um Sancli Jacobi Leodiensis a domino U(oberto) Leodiensi episcopo
conslituto, inter abbatem et conventiim Sancli Jacobi ex una parte, ei
llumbertum mililem de Sève, et reliclam Arnuldi eius mansionariam ex
altéra, super quodam iure relevationis sive requisilionis terrarum quod
pret'atus abbas et ecclesia a longissimo tempore se dicunt ius habere in
curia sua de Selvia. Hoc uti quod quicumque est mansionarius dicte curie
in Selvia, in Termoing, in Fermia, in Genefia, in Bovigneslia, in Sève, in
Holoingne et in Yervia, de quocunique censu sive de censu porci, sive de
censu prébende quando decedil, melior beslia quam habet feminini sexus
adducit ad curiam de Selvia, et a scabinis curie eslimalur et ab berede de-
functi, qui terram suam vult relevare, si ei placet redimitur, et de iusta
cstimalione ei duodecim denarii remitluntur. Si vero eam redimere noluerit,
beslia est abbatis et ecdesie, de quorum bursa duodecim denarii ei dantur,
et ita quantumcunque debeat census de hereditale suainveslitur, sive alio
aliquohonere relevationis, et dictus miles pro se et dicta mansionaria sua
buic iuri cont radical. Nos auditis teslibus el diligenler et plane exami-
nalis, de concilio proborum virorum senteniiam pronunciamus dictos
abbatem et convenlum ius habere prediclum in curia sua prenominata, eos
a molestia predictorum H(umberti) militis et eius mansionarie supra pre-
diclo iure absolvenlcs, eleisdem Il(umberto) milili et eius mansionarie
predicte perpetuum silentium auctoritale domini Leodiensis imponentes.
Actum anno Domini M''. CC°. XL", secundo, feria 5''" post Dominicam
Iiirocavit me.
MS, N» -188, p. ?,9 de la bibliotlièqiie Je l'Universilëde Lii^go.
- 277 —
1242. 28 juin. — Les chapitres des églises collégiales de Saint-Martin, de
Saint-Paul et de Sainl-Jcan-Evangeliste à Liège établissent entre eux une
confraternité dont les articles sont amplement détaillés.
Sancti Martini, Sancti Pauli, Sancti Johannis decani et capitula civi-
latis I^eodiensis, universis ad qiios présentes Miteras pei venerint, salittem
in Domino. Ad universitatis vestre noticiam volumus pervenire qiiod cuni
inter nos Sancti Pauli et Sancti Johannis ecdesias, confraternitas fuissct
ab antiquo observata, plaçait nobis decano et capitulo Sancti Martini ut
inter ecclesiani iiostram et predictas ecdesias eadem confraternitas obser-
varetur, que inter eas hucusque fuit observata, nos vero Sancti Pauli et
Sancti Johannis ecclcsie, beneplacito ecclesie beati Martini nostruni beni-
volum accomodavimus assensum gaudentes. Articuli vero confraternitatis
taies sunt. Si contingal mori aliquem canonicum in ecdesia beati Martini,
Sancti Pauli et Sancti Johannis ecclesie in mane convenieiit ibidem, et ibi
dicent vigilias suas. Venient autem ita mane quod vigilias dicere possint
anie adventum aliarum ecclesiaruni. Si vero aliquiscanonicus moriatur in
ecclesia beati Paulivel Sancti Johannis, idem faciet ecdesia beati Martini,
[lem in primis vesperis et missa dedicationis et festi ecclesie beali Martini
venient Sancti Johannis et Sancli Pauli ecclesie cum processionibus et
crucibus. Ecclesia vero Sancti Martini in vigilia dedicationis sue solvet
ecclesie Sancti Pauli amam boni vini;idem faciet ecclesie Sancti Johannis.
Idem per omnia fiet in vigilia beati Martini hyemalis. In vigilia vero dedi-
calionum et sollempnitatum Sancti Pauli et Sancti Johannis ecdesiarum,
veniet ecclesia Sancti Martini cum processione et cruce ad primas vespe-
ras et ad mi-ssam maiorem, et in vigilia conversionis Sancti Pauli dabit
ecclesia Sancti Pauli ecclesie Sancti Martini amam boni vini ; idem faciet in
vigilia dedicationis Sancti Pauli. Item veniet ecclesia beati Martini ad
dedicationem et sollempnitatera beali Johannis; et ecclesia Sancti Johannis
in vigilia festi beali Johannis dabit ecxlesie Sancti Martini amam boni vini;
idem faciet in vigilia dedicationis beati Johannis. Item sic convenit inter
nos, quod si aliquis canonicus ecdesiarum nostrarum controversiam
habeat inaliquo capitulorum nostrorum etsegravari credal, débet rogare
decanum et capitulum a quo se crédit gravari, quod alia duo capitula con-
fraternitatis convocenlur ad suum capitulum, ut sic de communi consilio
vd sentenlia negocium ibidem sopialur, nec antequam hoc fiât ad alium
- 278 —
iudicem poterit habere recursum, nisi forsitam decanus suus et capitulum
alla duo capitula iiollent convocare. Item in causis quas aliquibus niove-
bimus vel aliquis nobis, boiia tide nobis consilio el auxilio invicem assis-
temus in expensis capituli cuius causa erit. Item per totam octavam
sollempnitalum palronorum noslrorum pulsabunlur campane benedicle
ad completorium.ltem si aliquis canouicus ecclesiarumnoslrarura excédai,
et vocentui- alie due ecclesie, inteierunl correplioni canonicialiarumeccle-
siarum. Intererunt etiam si présentes fueiint, licet veneiint non vocati.
Item si aliquam ecclesiarum nostrarum cessare contingat pro iniuriis iam
sibi illatis vel de cetero inferendis, alie due ecclesie inccntinenli secum
cessabunt. Et ut supradicta omnia rata el inconcussa permaneant, présen-
tera paginara sigilloruni noslrorum munimine fecimus roborari. Datum
in vigilia beatorum apostolorum Pétri et Pauli anno Domini M". CC".
quadragesimo secundo.
Original sur vélin. Il ne reste qu'un sceau ovale en cire verte dont la
légende est perdue. Les deux autres sceaux sont enlevés,
1243. 7 octobre. — Jean, doyen, et le concile de CAney déclarent que Henri,
seigneur de Ham, et ses prédécesseurs n'ont possédé aucun droit sur la
chapelle d'Emeville, et que la paroisse de Flostoy n'a d'autre patron que
le chapitre de Saint-Paul.
Johannes decanus et totum concilium Ceunacence universis présentes
iilteras visuris salutem in Domino. Notum vobis esse volumus quod nos
submoniti per sententiam si unquam vidimus nobilem virum dominum
Henricum de Ham vel aliquem de antecessoribus suis personaium aliquem
in concilio ad capellaniam de Emmevilhe, deliberato concilio concordiler
respondemus quod non, nec aliquem recognoscimus patronum in paro-
cbia de Flostois nisi ecclesiam Sancti Pauli Leodiensis, Aclum die quo
celebralum fuit concilium apud Ceunacum feria sexta post feslum beali
Remigii anno Domini M". CC. XL», tercio.
Original surveiin. Le sceau esl perdu.
— 279 —
1243. 1 mars. — Robert de Thorote, éiêque de Liège, apaise un différend
entre le chapitre de Saint-Paid et les habitants de Hamaie (Hamois) et de
Buras (Buresse, dépendance de Hamois), au sujet de la forêt de Hamaie
appartenajit à cette collégiale.
Rohertus Dei gratia Leodiensis episcopus universis présentes litteras
iiispecluris salutem in Domino. Notum facimus presenlibus et futurisquod
cum decanus et capituium Sancti Paiili Leodiensis mansionarios de
Hamaie et de Buras auctoritate noslra traxissent in causam, proponenles
contra eos quod ipsi mansionarii super silva de Hamaie pertinente ad
ipsos decanum et capituium iure proprietatis iniuriabantur eisdem, dictis
mansionariis e contrario respondentibus quod ipsi in eadem silva usum-
fructum habebant. Tandem ufraque pars in nos fide data compromisit hoc
modo,videlicet quod nos utreque parti parlem eiusdem silvead arbitriura
etvoluntatem nostram assignaremus divisam, ordinantes et disponentes
super eadem silva inler ipsas partes prout nobis videretur expedire. Pars
aulem utraque huiusmodi ordinationem nostram cum fldei interpositione
ut dictum est se promisit inviolabiliter servaluram. Nos autem de iure
utriusque partis in silva predicta facla inquisilione diligenti, de bonoruni
virorum consiiio ita ordinamus : quod de minuto nemore dicte silve
decanus et capituium habeant dimidiam partem et mansionarii de Hamaie
et de Buras aliam dimidiam. De maiori vero nemore dicte silve quod
dicitur H banbos iidem decanus et capituium habebunt duas partes, man-
sionarii vero predicti ad opus edificiorum suorum habebunt tertiam ; ita
quod in silva ad ipsos decanum et capituium per banc ordinationem per-
tinente sive minuta, sive magna, dicti mansionarii nuUum ius omnino
habebunt. Dicti vero decanus et capituium in ea silva que ad ipsos
mansionarios per eandem ordinationem pertinebit, nihil poterunt recla-
mare prêter censum quem ipsi mansionarii singuiiscilicelunumdenarium
annuum in Natali Domini eisdem decano et capitule solvere tenebuntur.
Nos vero retinemus nobis potestatem assignjandi unicuique paftium
predictarum partem silve predicle prout superius est dislinctum, ordi-
nandi de expensis factis elfaciendisprodivisione et assignatione predictis
prout nobis videbilur expedire. In cuius rei testimonium et securilatem
perpetuam presens cyrographum sigilli nostri appensione duximus robo-
randum. Actum anno dominice incarnationis sollempniter apud Leodiuni,
— 280 —
millesimo ducentesimo quadragesimo tertio, feria lertia post dominicam
Invocavit me.
Chirographe original sur parchemin. Le sceau est enlevé,
1243. En juin. — Balduiniis, abbé de Saint-Gilles, kz-Liége, cède au cha-
pitre de Saint-Paul la dime de Cipeillwi (Ciplet) pour une rente annuelle
de quatorze muids d'épeautre payable à la Saint-André.
Balduinus perniissione divina ecclesie Beati Egidii in Publico Monte iuxta
Leodium dictus abbas, Lambertus prior lotusque eiusdem loci conventus,
universis ad quos presens scriptum pervenire contigerit elernam in
Domino saluteni. Universilali vestre notum esse volumus quod nos cum
ecclesia Beati Pauli in Leodio ita convcnimus : quod deciniam nostram
quam habebanius apud Cipeilhei que dicebatur deciina Sancti Egidii, in
perpetunm obtinebit tolaliterpro annuo trecensu quatuordecim modiorum
spelte pagabilis, solvende nobis singulis annis in granario nosiro apud
Sancluni Egidium ad mensuram Leodiensem infra festum Beati Andrée
apostoli, nisi legitimum, quod absit, intcrvenerit inpedimenlum. Quod
ulfirmuni et slabile pemianeat, presenlibus litteris sigillo nosiro prius
appenso, sigillum dicte ecclesie Sancti Pauli api)endi fecimus in predicte
conventionis argumentum. Actuni etdatum sollempniter anno Domini M".
ce. quadragesimo tertio, mense junio. Similem litteram habet uiraque
ecclesia.
Chirographe original sur parchemin. Les deux sceaux sont perdus.
1245. 29 octobre. — Gérard de Bohang, chanoine de Saint-Lambert et
officiai de Liège, Weri, chanoine de Saint-Pierre, vice-prévôt de Liège,
Hugo de Celles, écolàlre de Saint-Paul, et Simon, chantre de la même
collégiale, attestent avoir vu une lettre émanée d'Ollon de Geneffe, doyen,
et du chapitre de cette église, relative à une convention conclue entre
Véglise de Saint-Paul et Bauduin, abbé d'Aine, au sujet de la maison
claustrale de cette abbaye. Ils reproduisent le texte de cette pièce.
Magister G(eraidus) de Bohang canonicus et oflicialis Leodiensis,
magisler W(erricus) canonicus Sancti Peiri, vice preposilus Leodiensis,
magister H(ugo) de Cella scolasticus, Simon cantor ecclesie Sancti
281
Pauli in Leodio, universis présentes litteras visuris salutem in Domino.
Litteras capiluli ecclesie Sancti Pauli in Leodio vidimus in hec vei'ba :
Otto Pei gratia decanus, totiimque capitulum ecclesie Sancti Pauli in
Leodio , universis présentes litteras inspectuiis salutem in Domino.
Rogavit nos dilectus nosler vir religiosus, Balduinus abbas Alnensis pro
se et conventu suo, ut in domo qiiani possidet in claustro nostro, in qua
unus ex canonicis nostris mansionem suam débet liabere, que ex magna
parte exusta erat, concedere vellemus Johanni clerico dicto bouc orme
amico suo et noto mansionem suam in ipsa domo ad vitam ipsios Johannis
loco unius canonici, ut in ipsa maneret eodeni modo quo canonicus esset
mansurus, promittens nobis quod si hanc petitionem suam exaudire velle-
mus, ipse domum illam reficeret competenter. Nos autem ad petitionem
suam et pro pace convenlus sui hoc ei et predicto Johanni concessimus
scilicet :ut idem Johannes ad vitam suam in ipsa domo habeat mansionem
suam eodem modo et eodeni iure, quo unus ex canonicis nostris esset
habiturus. Tali tenore pacto adhibito quod idem abbas domum predictam
reliceret ab instanti festo omnium Sanctorum usque ad annum. Quod si
infra terminum predictum non reliceret, predicta concessio non lenerel.
[n cuius rei teslimonium présentes litteras emisimus sigillo nostro sigilla-
tas. Datum anno Domini milleslmo duceniesimo quadragesimo quarto
mense octobri. Inspecta igitur domo predicta vidimus eam competenter
refectam infra terminum supra scriptum: cui rei ad petitionem et securita-
tem predicti Johanni teslimonium i)crhibenius huic carte sigilla nostra
appendentes. Datum feria secunda anne festum omnium Sanctorum anno
Domini millesimo CC". quadragesimo quinto.
Exirail du MS. de Daniel de Blochem.
1245. 30 àécemhve. — Le pape Innocent (IV) ordonne de ne pas payer aux
chanoines absents les revenus de leurs prébendes et les distributions quoti-
diennes sans une permission expresse du Saint-Siège.
Dinocentius episcopus servus servorum Dei dilectis filiis decano et
capitulo ecclesie Sancti Pauli Leodiensis salutem et aposlolicam benedic-
tionem. Ul gratia quam quibusdam concanonicis vestris de percipiendis
in absenlia prebendaruni suarum provenlibus fecisse dicinuir, non sit vobis
graviter onerosa, aucloritate vobis prcsentium indulgemus ut cotidiaiias
— 2B2 —
distributioiies vel alia que loco earura canonici eiusdem ecclesie résidentes
inter se solum coramuniter dividunt non leneamini canonicis absentibus
exhibere, sine mandato sedis apostolice speciali plenam faciente de bac
indiilgeniia menlionem. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc paginam
nostre concessionis infringere vel ei ausu temerario contraire. Si quis
autem hoc allemptare presumpserit indignationem omnipotentis Dei et
beatorum Pelri et Pauli apostolorum se noverit incursiirum. Datum Lug-
duna III lialendas ianuariis, pontificalus nostri anno tertio.
Original sur velin. Cordons de (il rouge et jaune soutenant un sceau
qui est perdu.
1249. 22 mai. — Sentence arbitrale prononcée pur Hugues, écolàtre de
Saint-Paul, et Lambert de Solario (Sohères), au sujet d'une contestation
existant entre la collégiale de Saint-Paul et Pierre, chevalier de Hubines,
relativement à certains droits que ce dernier prétendait avoir sur l-a forêt
de Hamniaies (Hamois), et sur les dîmes de la forêt de Barsiez (Barsy,
dépendance de Flostoy) .
Nos magister Hugo scolasticus Sancti Pauli Leodiensis et Lambertus de
Solario domini Leodiensis marescalcus, arbiiri elecli ab ecclesia Sancti
Pauli in Leodio ex una parte, ei nobili viro domino Petro de Hubines de
querelis que vertebantur inter ipsos sub fidei datione et pena decem mar-
charum Leodiensium durante adhuc termino compromissi nosiri usque ad
octavas Penthecostes, auditis bine inde propositis, teslibus multis bine
inde produclis, receptis in forma ecclesie et examinais diligenter, par-
tibus petentibus ut pronuntiaremus, babifo bonorum virorum consilio et
iuris ordine prout exegitnegoliornmqualitasobservalo;in nomine Domini
pronuntiamus et difïinitive dicimus : ecclesiam predictam libère posse
vendere silvam suam de Hammaie, et donare, et fundum ipsiussilveconver-
tere ad agriculturam non obstante eo quod diclus nobiiis in dicta silva
clamabat tenuriam et usum pascendi porcos suos in ea sine pannagio ; et
ideo ipsi et heredibus suis ex eo quod ibi clamavit coram nobis contra
predictam ecclesiam perpetuum silentium imponimus : adiudicantes dicte
ecclesie liberam dispositionem silve predicle. Item ex dictis testium
cognovimus décimas novalium silve de Barsiez pertinerc ad ecclesiam de
Barsiez, et etiam de iure communi cum sit in finibus ipsius, et ideo deci-
- f^3 -
mas ipsas pertinere ad ecclesiam Sancti Pauli, et ecclesia de Flosloir
cuius filia est ecclesia de Barsiez sit ecclesie Sancii Pauli, et dictum nobi-
lem non habere ius in ipsis decimis, licel aliqua pars iilius silve sit de
allodio vel feodo suo. li.Je est quod décimas anledictas contra predictum
nobilem sive de novalibus iam piideni factis sive eiiam faciendis adiudi-
camus ecclesie predicte. Predicto nobili et eius heredibus super ipsis
perpetuum siientium imponentes, salvo iure aliarum ecclesiarum circum-
adiacentium si de ipsis decimis contra ecclesiam Sancii Pauli aliquo tem-
pore duxerint litigandum. Predictum tamen nobilem amplius inquietari
nolumus super fructibus quibusdam quos recepit in novalibus antedictis
cum eos suo iure propter terram que de allodio vel feodo suo erat se cre-
diderit récépissé, sed super ipsis siientium imponimus ecclesie anledicte.
Actum etdatum in vigilia Penlhecostes anno Domini M". CC". quadrage-
simo nono.
Original sur parchemin. Deux fragments de sceaux attachés à des
bandes de même.
1249. 23 juin. — Robert (TOttigiiies, doyen, et le chapitre de Saint-Paul
déclarent que Clerembaud de Vyle, chanoine de cette collégiale, a fondé et
doté d'une rente de quarante muids d'épeautre V autel de la Sainte-Vierge,
de Saint-André, apôtre, de Saint-Martin, confesseur, et de tous les
Saints, dont il se réserve la collation sa vie durant. Après la mort du
fondateur, le chapitre aura droit de conférer ce bénéfice.
R(obertus) decanus et capitulum ecclesie Sancti Pauli in Leodio, universis
présentes litleras visuris salutem in Xristo. Nolum esse volumus quod
dominusClarembaldus concanonicus nosterpro redemlione anime sue, pa-
rentum et antecessorum suorum,ordinavit et construxit altare unum in eccle-
sia nostra Sancti Pauli in honore Béate Marie virginis et Beatorum Andrée
apostoli et Martini confessoris et omnium sanctorum : cui allari depulavit
et assignavit quadraginta modios spelte qui cèdent in usus sacerdotis in
eodem allari divina celebrantis; quam speltam diclus Clarembaldus émit
anobis,cuiusannonepreciumnobis plene ab eo persolutum est, etversum
in ulilitatem ecclesie nostre. Dictamvero speltam tenemur solvere singulis
annis in perpetuum sacerdoli in dicto allari servienti de meliori spelta
quam habebimus in granario nostro Sancti Pauli, medietatem in festo Beati
284
Andrée et aliani in purificatioiie Béate Marie virginis. Depulamus eliam
eidem altari unam de |)rel)endulis nostris in augmentum prei)ende dicti
saeerdotis et eam quam cito facilitas se offeret, assignabimus et confere-
nius eidem vel faeiemus conferri al) illis quibus super hoc dederimus
potestatem. Sacerdotem vero in dicto altari instituet diclus Clarembaldiis
quanidiu vixerit, et opportebit ipsuni sacerdotem residentem esse in
ecclesia nostia et interesse cboro et in horis canonicis,sicutet aliicanonici
ecclesie noslre qui dictis horis tenentur interesse. Qui erit etiam in obe-
dientiadecani et capituliel poteritchoerceri sicut et unus de dictis clericis
nostris; que omiiia in suo ingiessu repromittet se observalurum. Si autem
contingeret ipsum sacerdotem absentem esse per annum et non residere
in nosira ecclesia et in servitio dicti altaris, sine aliqua sententia cadet a
iure ipsius altaris et stalim libère polerit alio conferri. Post decessum vero
dicti Clarembaldi et sacerdotis quem in diclo altari inslituerit, decanus
et cantor ecclesie nostre in perpetuum sacerdotem idoneum in eodem altari
instituent loco dicti Clarembaldi cum beneflcio predicto. In cuius rei et
tacti testimonium et securitatem perpetuam, nos decanus et capitulum et
ego Clarembaldus predictus présentes litteras sigillis nostris fecimus
roborari.et ad maiorem rei flrmitatem sigillum ecclesie Oeati Lamberli in
Leodiopreseniibus litteris apponi postulavimus.Nos vero decanus et capi-
tulum ecclesie Leodiensis antedicte ad petitionem dicti decani et capltuli
SanctiPauliad firmitatem etai)probaiionem facii predicti sigillum nostrum
presentibus litteris apposuimus. Datum et actum sollemniter in capitulo
nostro, anno Domini millesimo CC. XL», nono in vigilia Beati Johannis
Baptiste.
Chirographe original sur parchemin. Les sceaux de la cathédrale de
Saint-Lambert, de la collégiale Saint-Paul et de Clerembaud de
Vyle, qui pendaient à des cordons de fil, sont perdus.
DEUX INSCRIPTIONS BELGES INÉDITES
Ni l'Académie royale de Belgique, au sujet de l'inscription de
Verveccm, trouvée à Theux au hnmeau de Juslenville (*), ni les
savants rapporteurs de Vlnstitut archéologique liéfieois, h propos
des inscriptions de Primus, fils de Marcus, etc., trouvées plus
récemment dans la même localité (^), ni aucun auteur s'occu-
pant de notre histoire ou de nos antiquités, n'a signalé jusqu'ici
deux inscriptions trouvées à Tlieux,il yaplus delroissiècles,en
1557. L'existence en a été révélée, par hasard, au D'Alexandre,
conservateur du Musée archéologique liégeois, dans un ouvrage
qu'il possède, le Spicilegimn antiquitatis de Begerus("'),OLi aucun
écrivain belge ne s'était avisé d'aller les chercher; c'est là que
M. le chanoine Henrotte, membre de Vlnstitut liégeois, les ayant
rencontrées, en feuilletant les pages 89 et 90 de l'ouvrage, les
signala à son collègue, qui, à son tour, voulut bien les taire
connaître à l'auteur du présent article.
( ' ) XVI, 10, p. 3S3 ; on y raisonne même , p. 3b6 de l'absence d'autres inscrip-
tions ayant une date pour recourir à un supplénnent de preuves à tirer de mt^dailles;
on y argumente aussi du caractère exceptionnel de la découverte de l'inscription
de Vervecciis.
(«) BuUet. de cet Institut, IX, pp. 157 et 446; X, pp. 32 et 99.
L& Catalogue descriptif du Musée archéolorjique liégeois, iil formellement que
l'inscription de Verveccus est la seule inscription romaine trouvée (df^ édit., p. 9),
ou connue {2" édit., p. 7) jusqu'à ce jour dans la province de Liège : or, outre
les cinq inscriptions de Theux (y compris les deux qui font l'objet du présent
article), on a constalé jusqu'aujourd'hui la trouvaille faite dans la province de Liège
d'une inscription dédiée à Mercure et trouvée à Chèvremont, d'une autre à la déesse
Mosa, trouvée à Flémalle {Bull, des Coinm. roij. d'art et d'arcliéol., VIII, pp. 44 et
70) : cela élève à sept au moins le nombre des inscriptions lapidaires de la province
de Liège.
(•) Ouvrage publié en 169"2, c'est-à-dire il y aura bientôt deux cenls ans.
— 286 —
Voici l'extrait textuel de cet ouvrage, avec fac-similé des
deux inscriptions :
XIV.
^
i
« Aram liane Tectis, vulgo Teii, in Marchionatu Francimoii-
tano, diœcesi Leodiensi, inveniam,et anno 1557, inense auguste
exscriptam, Pighius aullior est, qui et dexlro lateri sertum,
semi-coronae forma, ex arietis capite dépendons; laleri autem
sinislro, quaîdam mililum simulacra, vetustaie adeo ailrita, ut
vix agnoscercnlur, insculpla fuisse, memorat. De ioco ita scri-
bil : 7dM, inquil, Teclum sonat lingua Leodiensi; est autem TectiK
nunc payus, quem sepulcra veterum Romanorum illic inventa,
œdificia quoque et mimismata, necnon aliquot saxa, latinis anti-
quislitteris in4cripta,prœler ipsumnomen, anliquam appellationem
outgo signijicans, civitatem Romanis non ignolam testantur. Quia
et Jul. Cœsar Tectosagorum populorum Belgicœ, a Tectis civitate
287 --
meminit (*). Hgec Pighius. — Inscriplionem ita legimus : /»
flonorem Deorum Deo InvidQ Mitlirœ Axsius Verus Q. Veti et
Probinus Fd/'/ /i//ws(scilicet,posuerunl) Vota Soluto Libenler Me-
rito. Qiiinti Vetii Ingenui meminit inscriplio Gruteriana, p.ri67,
n° 9, vocaturque veteranus colioriis 111 prgetoria3 ex proviucia
Germailia inferiore, quaî utique ad nostrum aliquid lucis asper-
gerevidebuntur, convenientibus nonnomiiie tanlum,sed et loco
militi9e,cum loco iiiventsearse: imo et militia ipsa,cum militibus
in arse latere expressis (^). »
XV.
D. I.
JREIO.ET. ERIATTO
{ ' ) On ne s'arrêtera pas ici à réfuter celle élymologie : les Tectosages, établis
entre le Hlione et la Garonne, avaient bien pénétré en Germanie (d'anville, Notice
de la Gaule, pp. 717 et 718 , comme en Ulyne, en î'annonie et en Galatie jbid.);
mais le nom de Tecta, a l'abialil' Tectis, n'apparait que dans les diplômes du moyen-
àge ; il ne ligure dans aucune nomenclature ou inscription de l'époque romaine,
et signifie une reunion de demeures [lecia, toits). Sans doute celles des exploitants
belgo-roraairs des carrières du beau marbre noir de Theux.
{• ) Voici cette inscription donnée deux fois par GuuTi;R, comme trouvée à Rome,
et déposée de son temps à Tivoli :
P. 558, Xi° 9 :
P. 567, n» 9
1>. M.
t(VINTO . INGENVO. VETERANO
EX . COU . III. PR. EX. PUOVlNCIA
GEIIMANIAE . INFERIORE . FELICI
MARCVS . EVOCKATVS . PRAES . ET
CIVES . BENEMER. FECIT.
g . VETIO . I.NGENVO
VETERANO. COH . UI
PR . EX . PROVINCIA
GERHANIA . INFERIORE
FELICIVS . MARTiVS
ERES . ET . CIVES
BE.NEMERENTI FECIT.
Gruier pense et tout démontie que les deux inscriptions n'en font qu'une, malgré
quelques variantes, dont une des plus importantes porte sur le nom même de
Quintui Veiius, ce qui afTuiblil la portée du rapprochement fuit par Bkger.
— 288 —
« Eodem, quo superior, etiam ha3c ara inventa est loco,
eodemque anno et mense exscripta. Ita legimus : Deo Invicto
Mithrae Aram posuerunt Fueio et Fhiatto Volo Soluto Libenter
Mérite. Nomiiia Freio et Friatto hactenus quod sciam, non
apparuerunt. Forsilan a dea Fma sive Fria deduxeris, quœ
veteribus Germanis Venus fuit , et a qua hodienum dies
Veneris, non Germanis tantum, sedetBelgis, etAnglis aliisque
denominatur. »
Avant d'entamer l'examen des inscriptions en elles-mêmes,
disons quelques mots de la personnalité de Pighius et de Beger.
Etienne-Vina-.id Pighius, neveu d'Albert Pighius, mathéma-
ticien célèbre, naquit à Kempen en 1520.
Après un séjour h Rome, où il s'occupa de recueillir les
inscriptions qui y abondent, il retourna dans nos contrées, où
il obtint l'emploi de bibliothécaire du cardinal de Granvelle,
évêque d'Arras ; il publia notamment une dissertation sur un
vase d'argent trouvé à Arras et laisant partie de la collection
de cet illustre homme d'état : cette dissertation iniliulée Themis
deœ, seu de lege divina (Anvers, 1568), a été insérée dans le
IX" volume du grand recueil de Gronovius.
Il passa ensuite au service du duc de Clèves, dont il accom-
pagna le tils en Italie, puis revint à Xanten où il mourut cha-
noine de S. Victor en 1604,
Pigliius ne fut pas toujours circonspect dans le choix de ses
inscriptions, trop souvent recueillies par lui à des sources
impures, comme les fameux manuscrits de Pirrho Ligorio (').
Beger, de son côté, né en 1653, et nommé à i'4 ans biblio-
thécaire de l'électeur palatin, obtint en 1685 le môme emploi
auprès de l'électeur de Brandebourg; il mourut en 1705,
Burmann, von Lingen, Fabrelti et Hagenbuch ( -) lui adressent
le reproche de s'être occupé d'inscriptions sans avoir à cet effet
[*] Voy. à ce sujet le l'''' volume du recueil ('pigi'apliiijue (I'Orelli (conlinué pur
llENZEN), p. 60.
(') Ibid., p. 32.
— 289 —
les connaissances indispensables ; ils le louent néanmoins
d'avoir sauvé de l'oubli 28 inscriptions qu'il avait trouvées dans
un manuscrit de Pighius, conservé à la bibliothèque de l'élec-
teur de Brandebourg, et qui , sans cola, n'auraient peut-être
jamais été connues.
Publiant son Spicilegiiim, Beger divisa son ouvrage en plu-
sieurs parties, et voici ce qu'il inscrivit en tète de la troisième :
« Tertium viridarii nostri segmentum varias nobis inscrip-
tiones objicit, vel cum tiguris illustres, vel absque liguris me-
morandas. Stephanus Winandus Pighius, nobilioris antiquitatis
sedulus inquisilor, non hujus tantum, sed et sequentis capitis
suppeditat divitias. Autographum ejus inter manuscripta biblio-
tiiecse electoralis Brandenburgicse asservatur, variante pulcher-
rimse mercis copia refertissimum. Ad Gruterum, Reynesimn,
aliosque authores, hoc in génère non obscuros, id examinantes,
pluriraa jam vulgata, pauca hactenus inedita, quœdam etiam a
vulgatis diversa deprehendimus.Quae jam vulgata sutficientique
commentario illustrata prostant, hoc volumine tangere religio
nobis est. Quse a vulgaiis differunt, conlidimus fore delecla-
lioni; quae nondum édita, emolumento. Utraque proponimus,
non ad rationem ordinis, sed ut quseque sese obtulerunt. »
La suite des temps s'est chargée de démontrer l'authenticité
des découvertes signalées par Pighius. En effet, deux circons-
tances se sont produites depuis, dont certes ce savant ne pou-
vait pas se douter : l" La trouvaille de plusieurs inscriptions,
monnaies et sépultures faite en notre siècle seulement, h Theux,
là même où Pighius signale ses inscriptions et déclare qu'on
avait déjà rencontré des substructions, des tombeaux et des
médaiUes; 2° l'exhumation faite en Allemagne, en 1804, d'une
inscription d'un soldat belge des armées romaines, dont il sera
parlé plus loin, et dont le nom présente la plus grande ressem-
blance avec les noms des dédicants dans les inscriptions de
Pighius, (jue Beger indique déjà comme étant aussi des ins-
criptions militaires, d'après les attributs sculptés aux côtés.
— 290 —
Il est à supposer du reste que le fait de la trouvaille de 1557
aura éié signalé à Grauvelle, premier ministre jusqu'en 1560 :
on le connaissait comme amateur rit collectionneur d'anti-
quités et c'était Ih évidemment un moyen de capter sa bienveil-
lance; celui-ci aura informé son bibliothécaire Pighius de la
découverte, et lui aura donné l'ordre de la vérifier de plus
près; il n'y a donc aucune raison d'étendre aux inscriptions
de Pighius ex autographo la suspicion qui s'est attachée aux
inscriptions du même ex apograplio.
Les deux inscriptions recueillies par Pighius bien qu'inédites
en Belgique, ont été reproduites à l'étranger ; c'est ainsi que
Muratori (') les donne en indiquant le lieu de provenance de la
deuxième seulement ;« in marchionatu Fiancimontano,dioeces.
Leod. »
En outre, un Danois du nom de Cleffel, qui a recueilli les
notes manuscrites d'Olaiis Magnus (^), fait mention de l'une
des deux inscriptions comme germano-romaine (^), mais sans
indiquer ni d'où elle a été copiée, ni où elle a été trouvée.
Muratori lit les deux inscriptions de la même manière que
Beger, sauf la variante suivante pour la première : lu honorem
domus divinae deo invicto Mithrae, Axius Verus, Qn'mti Veti
Cette version est de nature à élie adoptée, et peut-être y a-t-il
lieu seulement de la compléter en lisant en toutes lettres, à
(') ISovux thésaurus veierum inscriptionum, IV, Appendix, page 1980, n"» 4
et S. « E schedis l*it,'hianis Begerus, misit Bricli'^rius Colurabus. »
(2) Edda Saemuudar, III iCopenliague, 18"i8', p. 35!2. Il est à remarquer
qu'OLAiisMAOUSjtnort en 1368, a dû avoir connaissance des inscriptions de Theux,
si c'est chez lui (jue ('.h.ffei, les a copiiies, par Pighius lui-même, son contempo-
rain ; car le livre de B gkr date seulement du siècle suivant ; Magnus pas-;a les
dernières années de sa vie dans le monastère de S'« Brigitte, à Rome ; il a donc
pu rencontrer en cette ville, Pighius ([ui, o itre les deux voyages à Borne qu'on
connaît de lui vers 1540 et 1557, a pu irès bien y accompagner son protecteur
Gkanville qui assista à Borne au concl.ve de 1565. Au surplus, à dtifaut da
Touvragi; de Cleffel, il est diflîcile de vérifier ce point.
(*) Ibid., 111, p. 37i.
~ 291 —
raison delà fracture de la pierre : Quintus Vetius et Probinus
Verius, c'est-à-dire en donnant double emploi pour ce dernier
nom aux lettres vs des sigles v. s. i . m , comme on en voit plu-
sieurs exemples ; il est h remarquer cependant que si la ver-
sion Quintus Veti (filius) peut paraître contraire aux règles de
l'cpigraphie, il n'en est pas tout à fait de même de Probinus
Veri ou Verii (filius) qui est acceptable. Quant au nom é'Axius
qui se trouve en celte inscription, il doit être rapproché de l'une
des inscriptions mutilées de Juslenville ('), où se trouve les
nomsAcc... acc... que l'on a proposé avec quelque raison de
lire Accius Accii (filius), ce qui tendrait h faire croire que les
deux inscriptions de Pighius proviennent aussi du même
hameau de Juslenville plutôt que d'un autre endroit de la
commune de Theux.
Quant à la seconde inscription, Muratori n'a rien à y objecter,
et il accepte la version de Beger a. p. r = aram posuerunt ; il
se borne à faire remarquer que Freio et Frialto (au nominatif)
sont deux noms d'origine germanique.
Cleffel, au moins par ce que nous en laissent savoir les
auteurs du m*' volume de l'édition âeVEddaSaemundar achevée
en 1828, n'hésiste pas plus que Beger à attribuer aux noms
de Freio et Frialto une Oiigine nordique, et ces auteurs eux-
mêmes en s'appropnanl celte opinion, l'appuient de toute leur
autorité : on peut donc tenir comme certain que, de même
qu'on a trouvé dans les contrées rhénanes, à Calcar et à
Biiten(*)des inscriptions en l'honneur de la Dea Illudana,
évidemment la déesse nordique Hluddyn, de même le souvenir
des divinités du nord Freyr et Freya a continué parmi les habi-
tants de Theux à l'époque romaine, la collation et le port des
noms de Freio et de Friatto.
La seconde des inscriptions de Pighius acquiert une véritable
( •) Bull, de rtmt. archéol. liég., IX, p. 448.
(') Bulletin des Cnmin. rny. d'art et d'aichéol., X, p. 52; Edda Saemundat .
III. p. 435.
— 292 —
importance ethnologique, quand elle cesse d'être isolée et qu'on
la rapproche d'une autre inscription belge découverte en 1804,
h Zahlbach, près de Mayence ('), et ainsi conçue :
freIovervs
veransati . f
(ci)ves. tvng.f.q.ex
coh . 1 . astvr . an
XL . s(tip) . xxn . H. s. E
T . F . I . H . F . C
(Diis manibus. Freioverns Veransati FlVius cives Tiinger ,
eques ex cohoYle I Astiirum, o/niorum XL, s//;jendiorum XXII:
h\c situs ^st.restamenti/brmulajussus //eres/aciendumcuravit).
On pourrait taire certain rapprochement entre le Freioverus
de cette inscription et les Freio et Verus des deux inscriptions
de Pighius, rapprochement ('^) qui tendrait à assigner comme
berceau du citoyen Tungre Freioverus Theux, localité située
dans la cité des Tungres; mais il est inutile d'aller si loin : il
suffit de prendre note de ces inscriptions trouvées en nos
régions, qui révèlent si bien une origine nordique, confirmée
jusqu'à un certain point par certains noms de lieux : la forêt
de Freyv, près de Nassogne, la grotte de Freyr, près de
Dinant, etc., etc.
Mais h quelle circonstance attribuer ces traces de la mytho-
( ') Bull, dex Conuii. roy. d'art ei d'ardiéol. , YIII, p. 132 : Becker, Die romix-
cheu Inschrifien \md Steinsculpturcz des 3Iiiseutns der Stadi Maiuz. (Mayence,
1873, p. 69.
{*) Si pourtant ce rapprochement pouvait ôtre admis, de quel secours ne serait
pas rinscription trouvée à Zalilbacli pour fixer la date de celles de Piciiius ? 1!
sufTirait en eiVet de connaître l'époque approxiir.ative où la Coli. 1 Astitrum a dté
cantonnée aux environs de Mayence. Mais en fait d'hypothèses scientifiques il faut
procéder avec prudence, et se borner à indiquer, sans trop y insister, les simples
possibilités.
— 293 —
logie du Nord dans le pays des Eburons, c'est-à-dire la West-
phalie et le pays de Liège (') ?
Nous savons par César (B. G., II, 29) que les Aduatuques
étaient les descendants des 6000 hommes d'arrière-garde laissés
dans nos contrées par les Cimbres et les Teutons, c'est-à-dire
par des habilanis du Danemark actuel (Jutland == Chersonnèse
Cimbrique) et du nord de la Germanie, qui avaient traversé
cette région (ibUl., Il, 4) avant d'entreprendre leur marche vers
les champs de bataille d'Aix et de Verceil où Marins les
détruisit ('^).
Or, la chose n'est pas contestable, c'est en plein territoire
des Eburons que ces 6000 Cimbres et Teutons, ou leurs des-
cendants s'établirent : ils finirent par soumettre les Eburons au
payement d'un tribut, et une de leurs forteresses portant leur
nom d'Aduatici {Adwachter = praesicliarii), était située en plein
territoire Eburon : « Aduatuca, id castelli nomen est, dit César,
mediis Eburonum finibus, »
Malgré la prétendue extermination des Aduatuques par César
(B. G., II, 33), on voit encore ce peuple reparaître plus tard
{ibid., V, 38; VI, 2 et 3) ; il est donc probable que des descen-
dants des Cimbres, etc., ont survécu l\ la conquête et se sont
fondus parmi les Tungres, remplaçants des Eburons; s'ils ont
été fort réduits, comme il est fort probable puisque le nom
d'Adualuques disparaît avec César, — à moins de les retrouver,
avec certains auteurs, dans les Attacotti dont parle S Jérôme,—
leur petit nombre n'a pu que renforcer le culte des souvenirs
chez les survivants : c'est là, et non jtas ailleurs, qu'on doit,
semble-t-il, chercher l'explication des traces des divinités du
(', On a beaucoup écrit sur ceUe question; mais jus(iu'ici on otait resté dans
des généralités, où le scnndinave et le germain s'entremêlent dans une promiscuité
désespérante, il est donc inutile de citer ici des autorités aujourd'hui surannées.
(') Voy. ce qui a été dit à ce sujet. fJulIct de t'fintitut archcol. liégeois, VIII,
p. 3i5.
- 294 —
Nord Hloddyn, Freyr et Freya dans les inscriptions romaines
de la contrée naguère occupée par les Eburons.
N'y a-l-il pas eu même de la part de Freio, un hommage h
Freyr, dieu du Soleil — Edda Saemundar , III, 405, chez
ses ancêtres, quand il adopte le culte de Milhras, qui n'est
autre non plus que le Soleil, Mithras Sol invictiis ?
C'est en effet Mithras, comme l'ont très-bien pensé Beger et
IVIuratori, que désignent les sigles D. I. M. = Deo invicto
Mithrae : on a renoncé aujourd'hui aux autres explications de
ces sigles dans les inscriptions proposées par Sertorius Ursa-
tus (^) : deae Isidi magnae, diis inferis Manibus, maiis, tnale-
didis : partout où les trois lettres D. I. M se rencontrent dans
cet ordre en une dédicace (^), on est d'accord aujourd'hui pour
lire Deo invicto Mithrae, comme le portent tout au long un grand
nombre d'inscriptions. D, I. M est du reste accompagné parfois
de développements qui ne laissent aucun doute, comme D. I. M
ET Sou socio {'], etc.
(•) Thésaurus de Graevius, Xf, p. 674.
(2) Orelli, nos 49o, 1061, 1913, 2349.
(^) Id., n" 1913. Il est à remarquer que parmi les surnoms du Mithras, on ne
trouve rien qui puisse remplacer avec avantage l'interprétation de A. P. P ==
arum posuerunt, b en que peu satisfaisante : on a bien ou le nom Appius peut-être
Appji s'appliquant aux deux dédicants, ou les épilhcles Aeiemux, Pollem, Persi-
dicus, Peculari.i^ quoique jamais on ne trouve ces diverses épithètes accolées ;
on pourrait encore lire Dro invicto Mithrae Aeterim^ Pater Pairalus Triio (Cfr.
Grutf.R, 3i,9 , on a pâtre palrato Frein et Friatlo, voio soluto, etc. Il ne peut
en aucun cas s'agir de a palribus patratis Freio et Friatio, car inilf^pendamment
de ce que l'inscription aurait du dans ce cas porter A. PP pp, Mithras avait
bien des augures [DoNitis, I, p. 24, n" 84), des milites (Tertull. I>e coron, milit.,
c. io!, un pater sacromtn Fréru, 5léin. ncad. de» iufuript., XVI, p. 277), plu-
sieurs patrex et maires sacrorum (s'il faut en croire Denne Baron, Dict. de la
conversation. V» MiTHRAS), un pater patratns (Fabretti, V, 3o9, n* 8), etc., mais
de même que les féciaux n'avaient qu'un pater patratus, leur chef, de même la
qualité de pater patratu» n'a pu être portée que par un seul personnage, et quelle
vraisemblance qu'il ait résidé à Thpux ''. mais il y a bien des objt'ctions à présenter
contre ces interpri talions, et a défaut de meilleure, on s'en tient ici à celle de
Beger et Muratori.
— 29S -
On a tant écrit sur le dieu Milhras que c'est le cas ici de dire
avec Hansenius : de Mithra multa multi, et de s'en tenir là.
Qu'il suffise de rappeler que ce dieu, d'origine persane, était
représenté sous la forme d'un beau jeune homme, revêtu du
costume phrygien, et plongeant un couteau dans la gorge
d'un taureau sur lequel on le représente agenouillé et
penché.
Le culte de Mithras se célébrait dans des antres où se trou-
vaient réunis plusieurs autels consacrés au dieu, ce qui explique
la découverte simultanée, faite au même endroit des deux ins-
criptions de Pighius faite au mois d'août 1557.
C'est ainsi encore, qu'on a trouvé en 1822, h Housestaeds, en
Angleterre, un sanctuaire contenant, outre l'image du dieu, six
autels en l'honneur du Deus sol mviclus Mithras, aujourd'hui
conservés dans le musée de Newcastle {*).
Or cette découverte de Housesteads a son importance au
point de vue des antiquités belges : Housesteads n'est autre que
l'ancien Borcovicum (8* station de l'armée romaine campée en
Grande-Bretagne, le long du retranchement dit d'Antonin). ]Â
campait une cohorte des Tungres, qui y ont laissé un très-
grand nombre d'inscriptions (^).
Un point qui n'a pas besoin de démonstration est la persis-
tance de rappoits entre les campements des Tungres à l'étran-
ger et la Cité des Tungres : il va de soi que tous les vétérans
ne restaient pas mourir en Angleterre et que plusieurs d'entre
eux retournèrent au pays natal.
Ces rapports, on les a déjà constatés en rapprochant le nom
de Vreioverus de ceux de Freio et Vevus; en voici un non moins
frappant.
(•j HuBNER, Corpus imcripi. latin., (de l'Acad. de Berlin), n"« 645 et 650.
(•) ID., ibid., n«' 633, 636, 638, 639, 640, 642, 631, 653, 690 et 691.
- 296 —
Une des inscriptions d'Housesteads est ainsi conçue {*) :
I) M
HVRMIO
LEVBASNI
MIL COH I
TVNCROR
BE PlUEF
CAPVRVS
HER . FC
( Diis Manibus Hiirmio Leubami tilio, miWiï co//oi'tis I Tun-
grorum /^eneticiaiio praefecii, Capurus hères /aciundum curavit).
Or une aulre inscription découverle à Goyer, à 4 lieues de
Tongres, porte C^) :
HERCV
LI
LEVBAS
NA FLO
RENTIN
FI LIA
V. S. L. M
{Herculi Leiibasna Florentin} filia votuni solvit /ibens nierïlo.)
Il est impossible de méconnaître l'afïinité de ces deux noms
de Leuhasnius et Leubasna ; ils sont si extraordinaires en
épigraphie que Hûbner n'a pu croire à l'un d'eux, et le décom-
pose dans l'inscription anglaise en Lticii ftlio, Ubasni, en faisant
de ce dernier nom un cognomen au datif.
On peut même se demander si ce nom n'est pas le même que
celui d'un commandant d'un escadron de WMa I Tungrorum
Frontoniana, nom qu'on retrouve en Pannonie sous la forme
Lobasinus dans l'inscription suivante {'] :
(*) ID , ibid., n"«91.
;*) Bull, des Comin. roij. d'art et d'archéol.^ VIFI, pp. 50 et 67.
(") MOMMSEN, ^'or/<«.s //i.vtri/;^. /«//»., III, nOoiOO.
Il y a peut-ôtre lieu de comparer avec ces inscriptions de Lobasinus, Lciibasnius
— 297 —
"■JERSO , PRECIO
XIS . F . SCORDISC
EQVES . Ma . /RO
TVR LOBASINI A
R CVS AN. XX...
XV/
(Diis Manibus. Terso (?) Precionis /iliiis Scordiscus eques alae
Tuiigrorum Frontoniauae, turnvà Lobasini , «rmorum cuslos,
annovum XXXiiii, slipendiorum XVI...)
Le berceau de la famille des Leubasnius (et Lobasuuis ?) était
donc la Tongrie ; c'est de lii qu'ils partaient pour prendre du
service parmi les auxiliaires de Bretagne (et de Paunoiiie?) ;
c'est là qu'ils revenaient après avoir accompli leur temps de
service, si comme le liis de Leubasnius, décédé à Borcovicum,
la mort ne les avait pas atteints sur la terre étrangère.
Ainsi s'explique parlaiteuient le fait de l'importatiou du culte
de Mitbras dans la civitas Tungroium : il suffit qu'un vétéran
Tungre ait continué ce qu'il avait vu à Housesteads, pour qu'on
l'ait imité à son retour.
Les Tungres du temps passé avaient du reste une aptitude
singulière h. adorer tous les dieux, toutes les déesses , on en
trouve la preuve en deux inscriptions typiques :
1)1 li . ME
AD . u
om(ni)i{
frv(me)(nt)
IVS M(iL' . (CO)II H
TVNC
et Lrubaaniu, celle du musée Guillon à Rureraonde où il est fait mention d'une
ubienne du nom de Louba, fille de Gastiiiasius. Celle inscriplion provient aussi do
lancienne Belgii(ue, ayant éié trouvée à Neuss en Westphalie, (Franssen), Caïa-
logue des antiquités rmnnines ijermaincs-celtiques, etc. (du musée GurLi.oNl, p. iO,
no 821.
— Birrens, Ecosse ( *)
{Dibus deabvisque onviibus Frumentius miles cohovl'is II
Tungrovvm.)
mis DEABVSQVE SE
CVNDVM INTEHPRE
TATIONEM. ORACV
Ll CLARl APOLLINIS
COH. I . TVNGR0R(V«;
-™ Housesteads (').
( Diis ileabusque secundum interpretationem araciUi Clan
Apollinis, coliors I Tungrorum.)
Par celle cohorte d(,'S Tuiigrcs, qui, d'Angleterre où elle est
campée, envoie consulter en Asie-Mineure l'oracle d'Apollon
de Glaros, on démontre en outre que les Tungres de l'époque
impériale avaient des relations au loin, jusqu'en Orient, ce qui
suffirait déjà pour expliquer l'importance en Belgique du culte
de Mitliras; celle-ci a pu se faire directement et sans détour,
par exemple par l'intermédiaire de ce soldat dont on a trouvé
récemment ( '' ) en Hesbaye le pécule composé de monnaies
frappées en Egypte, pays où, d'après certains auteurs, le culte
de Mitliras avait pénétré avant même d'arriver jusqu'à Rome.
Qu'est-il besoin après cela, de montrer encore la croix
potencée ou gammée [teiragiamma, swasiika, fijlfol) de certaine
des inscriptions de ïlieux (*), se retrouvant sur trois inscrip-
tions d'Angleterre, les seules que l'on puisse signaler, pense-
l-on, parmi les inscriptions païennes de l'époque romaine,
comme étant revêtues de ce signe (*)? Les rapports des
Tungres servant en qualité d'auxiliaires, avec les Tungres
( * ) HuBNEK, toc. cit., n» 1074.
(t) Id., ihid., no 633.
{') lieiue belge de numismatique, V'- série, VI, p. 186.
(*) Bulletin de l'institut arcliéul. liégeois, IX, p. 448.
/) Corpus inscript, latin.. Vil, n»» 823, -1031, 1035.
— 299 -
continuant à résider en Belgique, sont plus que démontrés, et
il y aurait plutôt lieu de s'étonner de n'avoir pas vu plus tôt
Mithras figurer, si l'on peut pailer ainsi, dans le Panthéon des
Tungres, puisqu'il fut adoré par eux dans les localités où ils
campèrent à l'étranger.
Quant à l'époque à laquelle se rapportent les deux inscrip-
tions de Pighius, elle peut être déterminée d'une manière
approximative.
Plutarque ( * ) nous apprend que les pirates défaits par Pompée
en l'an de Rome 687 (av. J.-C. 68) introduisirent dans l'empire
romain le culte au dieu persan Mithras. Les Romains connais-
saient du reste parfaitement les mœurs d'une grande partie de
l'Orient : Strabon et Diodore de Sicile dont les accointances
avec le monde romain sont connues, décrivent, l'un, les mœurs
de la Perso où il est parlé du culte de Mithras {Géogr. liv. XV),
l'autre, celles de l'Inde, où licite le sujiplice volontaire des
\eu\es-sutties , usage non encore déraciné aujourd'hui, malgré
les efforts des Anglais. Or ces écrivains vivaient à l'époque de
Césai" et d'Auguste, et séjournèrent longtemps à Rome même.
On soutient cependant, et tel est l'avis de Fréret (') et de
Pauly (^), que le culte romain de Mithras dont on trouve une
seule inscription datant du commencement du IP siècle, ne fui
pas en pleine vigueur avant la fin du même siècle sous
Commode : cette dernière époque eslpleinement indiquée par la
formule : m honorem domus divlnae, c'est-à-dire « en l'honneur
de la maison impériale ou famille régnante (*). » En effet, on
ne connaît qu'un seul exemple {*) de celte formule , antérieur
au même Commode, sous lequel il en apparut un très-grand
nombre.
( • ) Vie (le Pompée, c. 23.
(*; ilém. acad. des inscript. ^ loc. cil., p. 'ili.
(') Real-Eiicyctopàdie, V" Mithras.
{*) Une inscription porte, en elVet, une dédicace à Jupiter /y;o aaluie imptra-
loris Gordiaiii, Subiiiae Furiae Tranquitlae conju{iis ejus, tolacque domus divinuc
eorum iOrelli, n" 972 .
[') Uenzen (conlin. d'ORELUj, lil, p. 67.
- 300 -
La formule in h. n. n qui dans les inscriptions accompagne
et précède souvent (') l'invocation des différents dieux du
paganisme, se trouve aussi dans les mêmes conditions quant au
dieu Milhras (-).
Le docte académicien qui regrettait, h Juslenville , l'absence
d'inscriptions pour permettre d'attribuer h l'inscription de
Verveccus une autre date que celle des monnaies trouvées au
même endroit, a donc h s'imputer h lui-même de n'avoir pas,
(en rassemblant les matériaux de la carte archéologique du
royaume qu'il devait publier) ouvert le livre de Beger qui eût pu
l'éclairer.
En tout cas , les conclusions qu'on a tirées ('') des monnaies
trouvées dans ie cimetière de Juslenville, doivent être res-
treintes à la partie du cimetière où ces monnaies avaient été
trouvées ; et il y a lieu, non-seulement de rapprocher un peu
do nous l'antiquité de l'établissement romain de Theux, comme
on l'a proposé C*), mais même de déclarer franchement que le
minimum d'antiquité de cet établissement doit être déterminé
par les monnaies du Bas-Empire qui ont été déterrées en la
même commune, et qui tendent i\ constater que l'établissement
trank de /'fc/a (ablatif : Teclis), a succédé sans hiatus à une
station romaine.
Les indices que fournit la forme des lettres des inscriptions
de Pighius nous échappent b. raison de la perte des originaux et
du double intermédiaire, c'est-à-dire du double risque d'altéra-
tion par lequel ont passé les copies : tout ce qu'on peut dire
est que la première de ces inscriptions, et par conséquent aussi
la seconde, consacrée dans les mêmes circonstances, et retrou-
vée au même endroit, est antérieure à la destruction du culte
deMithras dans l'empire romain.
(1) Jupiter et Junon (GiîUTEr, 4, n»!); Mercure fOnELM, n" 5886;; Apollon
(ID., no G804) . Diane (ID., no i:t86»,elc.
(*) In honorem d. d. som invicto mythu, etc. d. i. m. in iionor noiivs divinae
(deux inscriplions de Ciagcnfurt, id., nos :2348 et 2349).
(') Uull. de ilnsi. archéol. Uérj., VIII, p. 220,
(♦) Ibid., IX, pp. 153 et 400 ; X, p. S9.
301
Il n'a pas été donné à l'auteur du présent article de retrouver
la loi du code Théodosien de l'an 378 qui aurait ordonné celte
destruction ; la loi unique du livre II, titre II, IS'e quis in causa
sua (Valente II et Valentiniano VI coss), citée par Fréret ('),
n'a absolument rien de commun avec cet objet. Mais on sait
par une lettre de S. Jérôme adressée à Laeta (^), que le préfet
Graccus dont Philippe a Turre fixe la magistrature en ladite
année 378, viola, sans doute par ordre impérial, l'antre de ÎVli-
ihras et en renversa les idoles (dont Pater et Persus) (^).
Les inscriptions de Pighius datent donc au plus tôt de la fin
du I^ siècle, et au plus tard de la seconde moitié du IV°, et ces
dates correspondent sans doute à la prospérité la plus grande
de la station romaine de Theux, et des exploitations de marbre
noir, extrait de celte localité, dont on trouve les débris en tant
d'endroits.
Theux, avec ses cinq inscriptions romaines, doit désormais
être classé immédiatement après Arlon, seule localité belge qui
en ait fourni un plus grand nombre; il l'emporte h cet égard
sur Tongres et Tournay. Si cette circonstance seule était de
nature à faire apprécier l'importance d'une localité, il y aurait
certes une présomption en faveur de l'établissement belgo-
romain de Theux.
II.
L'impression de la première partie était achevée quand l'auteur
a appris que l'ouvrage de Cleffel, cité p. 290, doit être, non
pas le MS. annoté d'OLAÙs Magxus, mais l'ouvrage in-S", publié
(*) Mém. Acad. inscr., loc. cil., p. 278.
(») Epist. CVH (MiGNE, Hieron, I, n" 078).
(') Les autres idoles accessoires du culte de Miliiras,menlionnt;es parS. JiTôme,
sont Corax, IS'ymphn.'i, Miles, Léo, Helios, Droino ; mais aucun de ces noms ne
commence par la lettre a, qui eîit pu trancher l'explication des sigles a. p. p.
— 302 —
à Francfort et h Leipzig, en 1733, sous le liLre de Cleffelii J.
Cpli. Anliquitates Germanorum polissimum septenirionalium se-
lectae. Au surplus, d'autres auteurs, même du présent siècle,
témoin Grimm, Deutsche Mythologie (Gôitingen, 183o, p. 137 à la
noie), ont également cité les inscriptions de Theux; cela rend
encore plus impardonnable le silence des savants belges, aca-
démiciens et autres , sur ces monuments importants , qui
depuis environ deux cents ans ont clé publiés et republiés à
l'étranger.
On connaît les autels de Milhras déterrés aux environs de
Saint-Wendel, de Meisenheim et de Dormagen ; en outre, le
Musée de \Yiesbaden a recueilli un superbe Miihraeum dé-
couvert à Heddernheim ; deux autres se montrent au Musée
de Carlsruhe; des débris d'un quatrième, déterrés naguère aux
environs de Cologne , se voient au Musée de rUniversilé à
Bonn (i), etc. : le culte de Mithras avait donc pénétré le long
du Rhin, et il n'est pas du tout nécessaire, comme on l'a du
reste dit plus haut, de restreindre à la seule hypothèse d'une
importation venue d'Angleterre, l'explication de la présence à
Tlieux de deux pierres miihriaques. Si l'on a appuyé un peu
sur cette hypothèse, c'est à raison du caractère militaire des
inscriptions de Theux, caractère déjà reconnu par Pighius, et
qui a fait songer en tout premier lieu aux endroits où des
Tungres servaient dans les armées romaines; le Freioverus de
Mayence, également soldat, indique de son côté les contrées
rhénanes. L'une des hypothèses n'exclut pas l'autre.
On ne peut guère avoir la prétention de produire ici incidem-
ment la « littérature » complète de tout ce qui a été écrit sur le
culte de Mithras et sur les traces que ce culte a laissées dans
le monde romain et notamment au nord des Alpes ; mais il est
toujours utile de recueillir quelques indications sur les publi-
cations les plus récentes :
(* ) Dans ce Musée est une des inscriptions citées plus liant de la déesse Hludana
(p. 291), comme celle du Tungre Freiorent<; p. 29!2) est au musée de Mayence.
— 303 —
De Hamaier-Purgstall, Milhriaca ou les Mithriaques (Mémoire
académique sur le culte solaire de Mithra, publié par Spexcer-
Sauth, Caen et Paris, 183'], gr. in-S" avec 24 pi. iii-i').
Lajard, Mémoire sur io Culte de Mithras. couronné en 1825
par l'Académie des inscriplions.
Id., Nouvelles observations sur le grand relief milhriaque de la
collection Borghèse, actuellement au Musée de Paris, Paris, 1828.
Id., Mémoire sur les deux bas-reliefs mithriaques qui ont été
découverts en Transylvanie, Paris, 1840.
Der MithraS'Tempel in den rômisclien Ruinen bel Heddernheim
(dans les Ann. des Vf reins von Nassauische Alterthumshinde und
Geschichtsforschung, 1830, p. 161, etc.
MÙLLER, Mithras, Wiesbaden, 1831 et 1833.
Creuzer, Dus Mithraeum von Neuenheim bei Heidelberg, Hei-
delberg, 1838.
Stark, Zivei Mithraeen der grossherzoglichen AUerthûmersamm-
lung in Carlsruhe (dans le Philoll. paedagg. que consalutant, publié
en collaboration de Koechly et Cadenbach, Heidelberg, 186S),
etc., etc.
La découverte simultanée de deux inscriptions du dieu Mi-
thras, faite en lSo7, et l'analogie de ces inscriptions avec les
inscriptions accessoires du même genre qu'on trouve toujours
groupées autour du monument principal d'un Mithraeum ,
tendent h faire supposer qu'il reste encore quelque chose à
découvrir h Theux : serait-ce trop présumer de l'avenir que de
confier aux archéologues si zélés de la localité, et notamment
à M. Phil. de LiMBouRG, le soin de rechercher l'autel même, ou
ses débris, et de reconstituer le sanctuaire qui existait là il y a
environ 1700 ans?
Déjà Theux, en fait d'inscriptions romaines, occupe le second
rang en Belgique : pour la quantité, Arlon seul l'emporte;
pour la qualité, c'est Tongres, mais à raison seulement du ca-
ractère exceptiomiel de sa pierie leugaire. Ce classement ne
sera-t-il pas un jour dérangé en faveur de Theux?... Ce n'est
— 304 —
pas la première fois, témoin le camp de Victoria, à Niederbiber
près de Neuwied, que des découvertes d'antiquailles dans
le sol ont lait revivre et ont même nommé de son nom ancien,
un centre important, passé sous silence, comme Theux, par
les historiens, les géographes et les itinéraires anciens.
Il n'est pas inutile de rappeler ici les motifs qui ont pu donner
à Theux une si grande importance dès la plus haute antiquité.
Voici des passages d'auteurs étrangers à la Belgique et qu'il
est intéressant de reproduire :
DoRow, Die Denkmaeler gennanischer und romischer Zeit
in (1er Rheini^ch WestfaUscJten Provinzen, Stuttgard, 1823, par-
lant d'une inscription sur marbre noir trouvée près de Bonn,
dit positivement que ce marbre provient de Theux, dont les
carrières fournissaient Rome où l'on en trouve des spécimens
dans les monuments antiques : « Es ist zu vermuthen dass die
Marmor aus dem Steinbrùche zu Theux bei Spaa, herstamme.
Der daselbst gevvonnene schwarze Marmor war schon zur Zeit
der Rômer berùhmt; er wurde bis nach Rom verfiihrt woselbst
man jetzt mehrere alte Denkmille bewundert, an denen er zur
Dekorirung verwendet worden ist. »
NoEGGERATH, Ic savaut président de la Société des Antiquaires
du Rhin, disait le 4 mars 1857 dans une réunion d'une autre
société de Bonn (la Société du Bas-Rhin pour l'histoire natu-
relle et les sciences médicales), en parlant d'une collection de
marbres antiques trouvés ii Trêves et en tout semblables ù
ceux de Rome : « Le noir marmor Tlieusebi {i) est peut-être le
marbre de Theux près de Spa. On le trouva formant des autels
grandioses découverts il y a plus de cent ans dans la cathé-
drale de Cologne. » (Corriger sur ces points les énonciations
du Rulletin archéol. et hist. de la Moselle, 1858, p. 69, en les
comparant l\ celles du procès-verbal même de la séance dans
• ) Le Bulletin de l'Institut archéol. lié(/., VIII, 450, s'est déyd occupé de ceUe
qualification qui n'npparlicnt pas à l'antiquité.
- 305 —
les Sitzungsberichte der niederrheinische Gesellschaft zu Bonn^ h
la suite de Verhajidlungendematurhistorische Vereins der preuss.
Rheiiil. iind Westphalens, 1857, XIV, p. xlvii; voir aussi Leon-
HARD et Bronn, Neues Jahrùuch (ûr Minéralogie, 1859, p. 741.
M. DE Noue, de Malmédy ('), rappelle également Tantiquité
de l'emploi du marbre noir de Spa dans les monuments romains
de Trêves.
Brard, dans son Traité des pierres précieuses, II, p. 331, et
dans sa Minéralogie appliquée aux arts, II , p. 282, n'est pas
moins explicite : « L'Encyclopédie, dit-il , dit que des anciens
liraient le marbre noir de la Grèce; mais une chose plus posi-
tive, c'est que M. Faujas (de Satnt-Fond) a retrouvé des carrières
de véritable noir antique qui ont été exploitées par les anciens
et dont les restes existent encore à deux lieues de Spa, du côté
de Franchimont ('-), non loin d'Aix-la-Chapelle. Ce marbre est
extrêmement rare; on ne le trouve plus dans le commerce
qu'en morceaux travaillés. J'en ai vu de grandes tables dans
les magasins de MM. Thomir et Duterme. »
Ces renseignements qui doivent ne pas être les seuls, n'ont
pas échappé aux auteurs belges, car De Thier, Coup d'œil sur
les volcans éteints de la Kyll, p. 54, qui soumit des échantillons
aux autorités françaises, et Del Vaux, Dictionnaire géographique
de la proviîice de Liège, I, 391, disent que le marbre de Theux
rappelle tout h fait le marbre noir antique ou de Lucullus. « Le
nom de marbre de Tlieusèbe que les marbriers, selon Valmont
(') UtiU. Insl. arcliéol. lic(j.,l. cil.
(-) Les nombreux ouvrages de Faujas de Saikt-Fond , n'ont pas été tous
compulsés pour y retrouver une citation qui n'y existe peut-être pas ; Brard, son
disciple, a pu du reste tenir oralement ce détail de lui ; en tout cas Fai'JAS parait
avoir visité Thcux, car dans son Essai sur le ijoudron, etc., p. 33, il parle des
forges de M. de Limcourg, « situées auprès de Theux, dans le marquisat de
» Franchimont sur la route de Liège à Spa. » En outre Brard. /. cit., I, p. 7, cite
la Belgique comme un des pays parcourus par Faujas dans Tintérêt de ses « éludes
sur les arts industriels. »
- 306 —
DE BoMARE ( 1 ), donnent au marbre noir, ne viendraii-il pao, se
demandent-ils, de ce marbre de Thcux autrefois si fameux qu'il
était reclicrché jusqu'à Rome? »
M. DE Meestep. ue Ravestein possède à ce sujet une compc-
lence toute spéciale, ayant formé en Italie même une des plus
belles collections qui existent de marbres antiques, c'est-à-
dire de marbres exploités par les anciens, mais dont le plus
souvent les gisements sont épuisés ou inconnus {Musée de
Ravestein, Catalogue descrijJif, II, p. 180). Or voici ce qu'il
dit {Ibid., p. 273) à propos du marbre de Theux :a Si la Laconie
et l'île de Chios ont fourni aux Romains du noir antique, nous
savons, d'un autre côté, qu'on a retrouvé à Theux, dans les
environs de Spa, des carrières d'une très-belle roche noire,
qui, abandonnées depuis des siècles, semblent avoir aussi été
exploitées par les anciens, peut-être par un des lieutenants
de Mamurra, préfet des ouvriers de Jules-Césnr dans les Gaules
(Plin., h. N. XXXVl, 7). On a trouvé à Juslenville (Theux), des
traces importantes de l'occupation romaine, des inscriptions,
etc. {i).
Et il n'est pas étonnant que les Romains soient venus cher-
cher jusqu'en Belgique le marbre noir, tant ils y attachaient de
(') L'ëdilion ilii Dictionnaire d'histoire naturelle, édition d'Yverdon (1768)
annotée par Hali.er et autres, \I, p. 516, cite parmi les marbres iinicolores, le
marbre noir ou Tusibe d'Assouan (Voir aussi XI, p. S2o)-
L'Onomaiolofjia historiac ?)nn(r(7//,$, publiée à Francfort et à Leipzig, en 1775,
V, p. 110, dit. aussi que le marbre noir des anciens, nommé Teiisebe au Tuscbe
par les marbriers, provient d'Assuan (l'ancienne Syéno, Haute Egypte.)
(*) M. DE Meester ajoute : « De nos jours, c'est la Belgique qui fournit à Koroe
le plus beau maibre noir. 11 provient de nos carrières des environs de Dinant, de
Tournai et de Namur. On l'eaiploie pour les objets d'art et on le vend pour du noir
antique qui, en Italie, ne se rencontre que bien rarement dans les fouilles. »
H faut donc croire que MM. le colonel von Cohausen cl le conseiller von Pos-
ClilNGEii {Industrie der Siein, — Tlion-und Glaswaarcn, {XmlWchen Bcrichte iiber
die Wit-ner WeUausstollung im Jalirc 1873, Band II, Hcft 3) n'ont pas eu sous les
yeux des échantillons complets de l'industrie marbrière belge, lorsqu'ils consi-
dèrent le noir de nos marbres comme dû au poli, et comme disparaissant avec
lui par longueur de temps et exposition à l'air.
— 307 —
prix. Pline, XXXVI, 8 (dont M. de Meesteh de Ravestein rap-
pelle le passage à propos d'un fragment de nero antico morato
trouvé dans la villa de Lucullus, près de Frascati), disait :
« L. Lucullus, consul, donna, comme il paraît, son nom au
marbre luculléen. Il était charmé de ce marbre, et le premier
il l'introduisit dans Rome. C'est un marbre noir dépourvu de
taches et de couleurs, et c'est presque le seul marbre qui ait
été dénommé d'après un amateur. »
Tout cela donne une haute idée de ce qu'a pu et même dû
être la localité de Theux ù l'époque romaine; aussi manifeste-
t-on l'espoir que l'appel adressé à des investigations ultérieures
sera entendu, et que les magnifiques trouvailles déjà faites h.
Juslenville ne seront que le prélude de découvertes plus impor-
tantes encore.
APPENDICE.
Pour terminer par un mot d' « archéologie moderne »
(paradoxisme qu'on a employé un jour), il n'e^i peut-être
pas inutile d'ajouter ici que les carrières de Theux ont été
remises en exploitation au commencement de ce siècle, comme
en témoignent déjii les « réclames » de Dethier qui en était
propriétaire, et môme une affiche du temps (dont un exemplaire
est conservé à la Bibliothèque de l'Université à Liège, volume
de varia sur Franchimont, XXIII, 36b's, 159), où on lit : « Nou-
» velle exploitation du célèbre marbre de Theux, unique dans
» son espèce en Europe. A vendre des blocs équariis de diffé-
» rentes grandeurs, provenant de cette exploitation, ainsi que
» de jolis ouvrages de marbre noir, fabriqués h Paris, en dépôt
» h la Nouvelle MAiîr.rn-:nE de Theux, près Spa, département de
» l'Ourlhc (ci-devant pays de Liège).
— 308 --
» On vient de recommencer en grand l'exploitation du célèbre
« MARBRE NOIR dc Tlicux, dans un terrain vierge.... Ce marbre
S) noir, dont plusieurs auteurs anciens et modernes font l'éloge
» le plus distingué » (ici sont cités Guicchardin, Daviler, I'^m-
cycIopé(lie,\es Mém. de VAcad. de Bruxelles (1777), I, p. 381, les
Anmsements des eaux de Spa , le Coup d'œil sur les volcans
éteints et le Tableau statistique du département de VOurthe, 1800,
art. Mll^ÉRALOGlE), « était connu depuis des siècles comme unique
» en son espèce en Europe par son beau noir, sa linesse et le
» poli brillant et parfait dont il est susceptible, etc , etc.... »
Le passage du Tableau statistique dont il vient d'être ques-
tion, prouve les encouragements de l'autorité : « Entre un
» grand nombre de variétés de marbre, dit le prétet, on y
» remarque le noir de Theux, le plus beau peut-être qui soit
» au monde. »
Et celle appréciation peut invoquer à son appui l'autorité du
célèbre d'Omalius qui , indépendamment des éloges qu'il a dé-
cernés au marbre de Theux, dans ses Mémoires pour servir à
la description géologique des Pays-Bas, p. 74, dit plus nettement
encore dans son Essai sur la géologie de la France, imprimé en
1809, pp. 52 et 54 : « La plus célèbre est la carrière de Theux
qui fournit un marbre noir de toute beauté, et peut-être le plus
beau qu'on connaisse. Les travaux longtemps suspendus ont été
repris avec activité depuis une couple d'années. Les artistes
préfèrent le marbre de Tiieux , parce qu'il est plus facile à
sculpter que celui de Dinant, qui est, comme ils disent, sec, et
se casse en éclats conchoïdes. »
Bien qu'Ulysse Caphaine, dans ses Documents et matériaux
pour servir à Hiistoire de la société libre d'Emulation de Liège,
en parlant de l'exposition qui eut lieu en février 1810, ne cite
pas les marbres de Theux parmi les produits médaillés (ou
même simplement exposés j, Davreux, dont les souvenirs étaient
h cet égard précis et récents, afQrme que le marbre noir de
Theux « que l'un peut considérer comme le plus beau des
— 309 —
marbres noirs connus, qui rappelle tout à fait le marbre noir
antique ou de Lucullus, et qui prend un poli extrêmement
brillant, a figuré en 1809 ou 1810 à la première exposition
publique qui suivit la réorganisation de la Société d'émulation
de Liège, où l'on en avait placé une plaque polie qui faisait
l'effet d'un miroir » {Essai sur la constitution géognosliquc de la
province de Liège, Jlémoires des prix de l'Acad. de Bruxelles,
vol. IX). Davreux ajoute que ce marbre est employé principa-
lement à Paris (sans doute chez les marbriers indiqués par
Brard), pour faire des socles, des vases, des pendules, et que la
carrière située dans la propriété de l'avocat De Thier fournit de
très-gros blocs : « on en voit encore un sur l'exploitation, dit-
il (en 1830), qui a 5"'352 de longueur, sur 0"'584 d'épaisseur,
et 1"^167 de hauteur. »
Liège, 1" juillet 1875.
MISCELLANEES.
Sous ce titre paraîtra dans le Bulletin de rinstitut arclicolo-
gique liégeois une série de pièces curieuses et que l'on croit
inédites.
L'auteur, ou pour mieux dire celui qui se propose de les faire
connaître, s"est trouvé en position, depuis de longues années,
de rencontrer souvent des documents historiques qu'il s'est plu
à recueillir comme ils se sont présentés à lui, l'un ici, l'autre
là, guidé par ce sentiment qui rend l'homme avide de tout détail
piquant ou circonstancié concernant ce qu'il aime ou ce dont
il a fait l'occupation de presque toute sa vie.
Aujourd'hui il s'est dit que .ses peines pourront ne pas être
entièrement perdues pour ceux qui s'occupent de l'ancien pnys
de Liège. Les actes authentiques, en effet, ne sont-ils pas la
seule base logique de toute histoire digne de ce nom. C'est de
cette pensée seule que résulte la publication de cette œuvre
modeste et sans prétention.
Un mot encore.
Pour faciliter l'intelligence des pièces dont il s'agit, il lui a
semblé convenable de les faire précéder d'une courte exposition
des faits auxquels ils se rapportent. Il est bien vrai que ces fiits
sont connus de la plupait do ceux entre les mains do qui se
trouve le Bulletin; mais cela a paru nécessaire dans un but de
clarté et pour la facilité de tous. Chacun, dans les sciences et
dans les arts, aussi bien que dans la vie réelle, ayant sa spécia-
lité, il suffira do jeter un coup d'œil sur ces notices explicatives
pour s'épargner une lecture parfois assez longue et savoir si la
pièce qui suit a quelque rappoit avec des études favorites.
Saisissons ici l'occasion de convier tous les membres de
Yliistihit et même les personnes étrangères à cette compagnie
- 311 -
à fournir au Bulletin des documents restés jusqu'ici ignorés, en
les faisant aussi précéder d'un court narré des événements
auxquels ils se rapportent. Si l'on répond à noire appel, tous
les hommes qui s'occupent d'archéologie et d'histoire trouveront
dans le Bulletin la copie de documents qu'ils pourront utiliser
dans leurs travaux.
I
Le jugement qui suit se trouvant tout-;'i-fait en dehors de ce qui est
consacré par les lois de notre époque, nous avons pensé que celte
pièce intéressera le lecteur. Il est bien vrai que la disposition qu'on ne
peut arrêter pour dette l'homme à cheval allant son chemin est contenue
dans la modération de la Paix de Waroux ou la Loi Nouvelle du 12
décembre 1555; mais on aimera d'avoir la preuve que cette disposition a
été appliquée.
Nous avons aussi, au sujet du jugement qui va suivre, consulté feu
l'honorable M. Raikem. Ce digne magistrat, qui connaissait ù fond nos
anciennes coutumes liégeoises, nous a communiqué, par rapport à ce
jugement, qu'on ne pouvait, dans les temps anciens, arrêter un geniil-
horame pour dette, non plus que ses chevaux et ses meubles, mais que,
d'ar-rès Rausin, Lcodiiim, page 508, la disposition de la paix de Waroux,
qu'un homme à cheval ne peut être arrêté ni appelé en justice, s'appliquait
à un plébéien comme à un gentilhomme.
1449, 3 avril. — Jugeinent rcndut par nous les esquevins de Liège
aile semonsse Henri délie Chachie souvrain maijeur de Liège
lan Xllll' et XLIX le I II l' jour dapvril.
Comme aie requeste de Johanncs de Cliierf qui soy disoit
mambour de noble homme Jehan de la Bouvrie seigneur de
Vyanne en Flandres, vaillant homme Phillippc de Vilain escuyer,
seigneur de ftlourbeycke, souvrain baillieu de laconlel Dalois,
euyst esleit aresteil et attenus en la cilet de Liège et pour a
icelle areste alligier, icelui Phillippc hst radjourner par devant
nous, a certain jour, ledit Johannes de Chierf mambour et ou
— 312 —
nom dudit Jehan dele Bouvrie auqueil Jehan Faber ou nom et
pour ledit Phillippe comparu par devant nous requérant de
scavoir pour quel cause ledit Phillippe estoit areslet; et lamies-
mes Willemme de Champs, sique mambour assi et portant le
parolle dudit Jehan dele Bouvrie, respondit et dest quil esloit
aile requeste dudit mambour aresteit pour la somme de ix"" et ix
piètres quil esloit envers ledit Jehan tenus et redevaubles par
pluisseurs raisons quil ly plaisist la miesmes aouvrir et propo-
seir ichi obmises pour cause de briefftet. Surquoy ledit Jehan
Faber,ou nom comme desseure, respondit que laditte areste ne
devoit sortir effect ne yestre de valleur; ains estoit a reprover
selon loy, attendu que, quant il fut aresteit, il estoit sur son cheval
en allant son chom.ien; ensi quil sen rapoi toit az sergans qui
laditte areste avoient fait, maintenant que, selon le loy du pays
de Liège, on ne puet ne doit ung homme a chevaul allant son
chemienaresteir ne détenir et pourtant (') debvoir yestre quitte
et délivre de ce, soy raporiant a nous. Et pour nous du cas
mieux infourmer et scavoir comment et par quele manière la-
ditte areste avoit esteit faite, et assi en quel estât ledit Phillippe
estoit aile heur que icelle areste fut faite et il Phillippe fut ares-
teit et atlenus, fesimez convocker et appeller par devant nous
les sergans qui laditte areste a\ oient fait, iesquelx sur la matere
examinammesililigemmenl sur leurs serimens et feateis. Sachent
tuis que, par nous bin et diligemment entendues les raisnesdes
parties et le raport et tesmongnagedenosdis sergans, h3yubt(")
sur ce entre nous meur consseil et avis par grande délibération,
avons dit par loy et par jugement, aile semonsse dudit mayeur,
laditte areste yestre nulle et non debvoir sortir effect selon loy:
attendu que selon loy on ne doit homme a chevaul allant son
chemien aresleir et pourtant ledit Phillijipe debvoir estre quitte
et délivre.
Extrait d'an rop;. :iux œiiv. des Echevins de l.icge, grefte Stephany
du ii janv. 1149 au 4 octobre 1449, n" Iti, fol. 61, V".
(.*; Parlant, par conséquent. — (-) Ayant eu.
— 313 —
II
Le jugement dont le texte est ci-après transcrit, confirme un record de
l'an 1450, inséré dans Louvrex, tome II, pages 29 à 56.
Sous le nM9 de ce record, il est dit que les échevins de Liège se rappor-
tant à une clause des estatuts, déclarent que celui qui commet un cas vilain
dans la cité de Liège doit être albain à toujours et que qui meU'eroit envers
tels albains ne mcfferoit rins et ne seroit de rins attains.
Quoique le record publié par Louvrex soit basé sur le statut de la cité
du G avril 1328, on ne rencontre cependant pas dans ce statut une disposi-
tion déclarant que le méfait envers de tels albains ne soit pas punissable.
Nous ferons remarquer que dans le jugement ci-après, les échevins de
Liège fondent leur décision, non-seulemenl sur les Statuts, mais encore
sur la Modération de ces statuts et sur la paix des Seize ou de Tongres.
1431, 12 juillet. — Jugement rendut par 7ious les esquevins, lan
XlIIt et XXX! le XII' jour de jullet.
Comme Mathier Mostard soy fuist par devant nous deplaint
de Colet, filx iialureilx Golarl de Laveur, quil le devoit avoir
quaxliiet et navreitdarmesdesloyaulx,et ausi, qu'il devoit avoir
dit laidures et vilonies, et leuwist fait adjourneir par loy, pour
repondre sur ycelles plenies, auquel jour dudit adjour ledit
Colet comparuist et repondesist sur ycelles plentes, alligant
entre autres, que supposeit et nient concedet que ycelles plentes
en forme que elles estoient escriptes contenissentveritel, si ne
devoit ou povoit pource le loy corrir sur luy par estât us ne
autrement; anchois en devoit yeslre jugies quittes et en paix
tant en virtut délie modération faite sur les eslatus comme delà
paix dez Sauze condist de Tor.gre, ausquelx estatus, paix et
modération il soy reportoit en lieu de provanche, veliut que au
jour que li fais dubtyestre fais, il Colet esloit borgois citains et
lidis Mathier estoit albains et priveis de sa bourgesie, de quoy
il soy raportoit au regitre des maistres délie citet, dont et de
laquelle albanistet il exhibuat,en lieu deproeve, une copie signée
314
du signe manuele le clerc secrelare délie cilel et maistres,
requérant a nous de sur ce avoir nostrc jugement. Sachent tuit,
que par nous visenteis yceux eslatus, paix de Tongre et mode-
ration sur ce le copie delledilte albanistet par lequel appert que
ledit Malhier est albains et priveis de sa borgesie, lieut sur ce
entre nous advis et délibération, avons dit par loy et par juge-
ment, que ledit Colet en virtut des poins et articles contenus es
dis estatus et modération, doit desdittes plentes demorer envers
ledit Mathier quittes et en paix, vehut que au jour dudit excesse
purpelret, il Malhier esloit troveis albains.
Extrait d'un reg. aux œuv. des Echevins de Liège, greffe Stephany dii
■H janv. 1431 au -10 octobre 1432, reg. no 7, fol. 79.
III
Le métier des drapiers de Liège ayant voulu empêcher l'exposition et la
vente des draps de Herke par le motif que les niarcliandlses fabriquées
dans cette dernière ville n étaient pas, selon les expressions du document,
loyales et telles qu'on les faisait à Liège, cette affaire fut portée devant les
echevins de Liège, lesquels déclarèrent que les drapiers de Herke pouvaient
continuer à exposer en vente à Liège leurs draps comme ils l'avaient fait
d'ancienneté et jusqu'à ce qu'il fut prouvé que c'était abusivement qu'ils
avaient joui de ce droit.
1423. En mars. — Jugemens rendus la7i XIIII" et XXIII le (^)
en mois démarche. Maires H arche, esquevins Gothem,
Polarde, Bierses, Vrolo, Hausse, Uollongne, Datin, Gidardin,
Fleron et Roiche.
Plais et questisons esmourrent pardevant nous entre les
maistres jureis et conselhe délie bonne vilhe de Herke, partye
faisans en cesti cas en nom de leur vilhe generalment por les
drappiers délie uitte vilhe dunne pari, et les ewardens (•) de
(*) Le jour du mois n'est pas indiqué dans le texte.
(*J Par ewarden, ewardain, eswardain ot eswardeur, on entendait un visiteur,
un inspecteur d'un métier quelconque.
- 315 —
boiiimestierdes drapiers dclle citeit deLiege, partye faisans por
ledit mestier daltre part, a cause des draps fais en le ditte vilhe
de Herke, lesquels lidis ewardains avoieiU defendut et fait
défendre de part ledit mestier de aporteir, vendre et achateir en
le ditte citeit : porquoy li dis maislres et conseille délie ditte
bonne vilhe ou leurs ad ce deputeis fisent adjourneir pardevant
nous les dis ewardains, et eauz venus en justice, leur fisent
demandeir porquoy ils avoient fait faire la ditte défense et les
voloient défendre a aporteir et vendre leurs draps fais en le ditte
vilhe de Herke com bonne, loyaule drapperie. Sor chu oppo-
sarent et disentli dis ewardains, de part et en nom dédit mesteir,
que ycheux draps fais à Herke nastoient nient tels quils dévoient,
loyals et marchans et denrée ou draperie de loy teile que on
faisoit et fait à Liège et eus autres bonnes vilhes du pays de
Liège et des marchisans ('), et nastoient mie saieleis du seal
auclenlike teil que, depuis les werres, avoient obtenut dung
sccnescal délie conteit de Looz qui de ce navoit puissance, et
point nen avoient oyut danchineteit, ne devant les werres. Con-
ciudans por chu quiis de Herke ne dévoient mie aporteir ou
aminer en le citeit, vendre ne rejetteir teile draperie. Et mies-
niement, soloncle tenure de certaines lettres auctentikes sayel-
leez, que lidis mestier des drapiers avoit contenantes certains
privileiges, franchises, status et ordinancesa eaz concedeezdu
temps passeit, de révérends peires de bonnes memores jadis les
evesques et la citeit de Liège, délie manière comment on devoit
faire les draps et useir délie draperie ; solonc les quelles ordi-
nances ilhs dissent que la drapperie de Herke nastoit point teile
que por vendre et rejetteir en le citeit. Ad chu fisent lidis
maistros et commis de Herke respondre : que les draps et dra-
perie fais en le dilte vilhe de Herke, astoient boins et denrée
loyale et marchande, viscntée et justifye par quatre ewardains
jureis,appelleis doyens ad ce deputeis cascun an; assavoir deux
{ • ■ Voisins.
— 316 —
de part les drappiers, une des retondeurs, et une des folons,
liqueils avoent puissance, sil trovoentalcun drap en queil ilheu-
wist adiré et qui ne fust denrée loyale bonne et marchande, de ce,
a raport dycheux quatre ewardens appelleis doyens, seroit parloy
parles esquevins de lierke, aile somonce('), de leur niayeur,jugiet
a certaine amende celi qui laroit fait faire, dont le moitié seroit
a segneur et lautre moitié a dit mesiier, et, se ce astoit fause
draperie, elle seroit arse(-) sens remède, et celli qui fait laroit,
priveis a tous jours de mestier sens remède queilconque, fisent
avant remostreir quant les draps fais en le ditte villie astoent
visenteispar lesdisewardans ettroveisbons,loyalset marchans,
ilhs astoent par eax justifyes et sayelleis dune seal que illis
avoent oyutde si long temps quil nest mémoire de contraire, et
par especial, de temps dune conte de Loz jadit emprinteit a
moitié des armes de Loz et lautre moitié a chief saint Martin
leur patron et de celi avoent useit pasiblement tout le dit temps
durant, tant devant les werrez du pays com après jusqua pré-
sent, disoent avant quil de ce soy raportoent az esquevins
délie ditte vilhe avenkes les maistres et conseille dicelle, et
avant az doyens, ewardains et governeurs serimenteis délie
draperie délie bonne vilhe de Marlinez, leur chief, a cause dele
drapperie, des le temps que la ditte vilhe de Marlinez estoit au
pays dele evesquet de Liège, et aussi ans ewardains des bonnes
villes de Loz et de Hasselt, que tous jours ceaux de Herk
avoient uset et minet leurs draps scelles en leures villes quant
il leur avoit plaisit et autre part sour les marchies et frankes
festes vendus et rejetteis comme bonne drapperie loyaule et
marchande, parellement comme li autres drappiers des autres
bonnes villes, et soy vantent encor de prouver par pluisseurs
bonnes gens et suf[issanstesmoins,tant des halliers et drappiers
entailliers comme autres bourgoiscitaiiis, que tous jours devant
les werres et après ils avoient amineit paisiblement, vendus et
(*) Réquisition. — {*) Brùk'e.
— 317 —
rejelies yceux leurs draps scellez en le citet les jours de mar-
chiet et ens fores ei les avoienl li bonnes gens et marchans de
Liège achetés a eaus tant devens (') Liège comme defours (') et
pluisseurs foys envoyet quérir en leur ville de Herke et ensi
uzet jusques a tant que assesnovelement lesdis ewardains y ont
mis cellui empeschement si que nous pour estre plus plaine-
ment infourmes du droit des parties et de tout ce que elles
nous remonstrarent dung costeit et dautre les admisimes
ambdeux a monslrances et les prefigimes p) termes et dilation
pour prouver et monstreir tout ce quil leur plairoit devens
lequel terme les dis ewardains ne exhibuont nient les lettres et
ordinances de leur mestier dont vantes sestoient et aussi ne
Usent quelconques monstrances ou alligances fours ce quil leur
plaisit dire de bouche et lidis maistres et commis de Herke
devens ycelluy terme exhibuont pluisseurs lettres scellées tant
des ewardains et jj;ouverneur dele drapperie de Marlines et de
Hasque, dele bonne ville de Loz comme dele ville de Herke et
de certain recort seellés de seaul des esquevins dele ditte ville
de Herke faisant mention clerementde ce dont vantes sestoient
comme desseur est contenut. Toutes les quelles choses lettres
scellées, recors et autres provances et avencquez celez tesmoin-
gnages des témoins délie ditte citet tant de halliers comme autres
deutement par nous rewardees et considérées eyut sur ce advis
et conseille par et entre nous disimes et jugames par loy aie
somonce dudit niaieur en teauiel quil nous constisoit clerement
que lidis drappiers de Herke avoient toujours useit de leurs
drapperies par la manière chi deseure par eaux alligié et pour
ce disimez avant i *) que quant leurs draps estoient justifyés
et scelles comme desseure est contenut il les povoient
aminer vendre etrejetier en le citet et cils qui a eaus les aroient
achates et ce poroieni et poronl faire tant et si longement que
lidis ewardains ou mestier des drappiers de Liège nous mons-
;•) Dans. — [-) Hors. — ("j lMx;'imes. — {*) Pronoriçâmes.
— 318 -
Iront les lettrez scellées dont vantes sestoient ou telles pro-
vances que loy puist prisier faisant mention du contraire et fut
mis en warde.
Extrait d'un registre aux œuvres des Echevins de Liège (grelTe
Stephany), commençant le '>l mars 1422 et finissant au 19 juin
U24, reg. n» 3, foi. -170, vo.
IV
L'évêqiie Gérard de Groesbeck se trouvait, en 1568, dans un extrême
embarras.
Leducd'Albe, qui venait de défaire en Frise Louis de Nassan, demandait
à placer une garnison dans Liège, sous prétexte de défendre Tévêque, ce
dont celui-ci le remercia.
D'un autre côlé,le prince d'Orange, frère de Louis de Nassau, sollicitait,
lui, la permission de traverser seulement Liège avec son armée, pour, de
là, se rendre en Belgique qu'il voulait, disait-il, arracher à la tyrannie du
gouverneur espagnol.
A cette dernière proposition, l'évêque répondit qu'il ne pouvait autoriser
le passage de troupes par la ville qu'avec l'assentiment des Trois Etats qu'il
allait convoquer à ce sujet.
Mais cette assemblée n'avait pas encore pris de délibération lorsqu'ar-
rivèrent de nouvelles lettres du prince exigeant une réponse dans les
quinze heures et le payement d'une somme de cent mille ducats, parce
que, disait-il, l'évêque avait pris parti contre lui.
Gérard de Groesbeck déclara que ne lui ayant fait ni provocation ni
injure, il ne lui payerait pas même un denier. Sur ces entrefaites et avant
que (u'ite lettre fut parvenue à son adresse, le duc d'Albe interceptant les
communications, le prince d'Orange arrivé, le vingt-huit octobre, à Ste-
Walburge, qu'il livra au pillage et aux flammes, écrivit de là plusieurs
lettres dans lesquelles, renonçant successivement à ses menaçantes pré-
tentions, il se boi'nait pour finir à demander, à la date du 5 novembre,
qu'on voulût bien recevoir des envoyés chargés de propositions très-avan-
tageuses pour la cil(!.
Cette demande ayant, comme les précédentes, été repoussée, il fit
remettre par un trompette de nouvelles lettres respirant la colère et la
- 319 —
vengeance ; mais il n'obtint d'autre réponse que le renvoi immédiat de son
messager et la menace de faire |)cndre tout autre qui se présenterait.
Sans plus tarder, le prince fit attaquer la ville sur plusieurs points à la
fois et comme il craignait que le duc d'Albe, qui n'était pas très-éloigné,
ne vint le surprendre, il pressa les assauts à la plupart des portes ; mais
ayant été refoulé partout et entendant les cris poussés à l'arrivée des
habitants de Franchimont et du Condroz qui venaient au secours des
Liégeois, il se décida à lever le siège.
En partant, les soldats du prince allèrent mettre le feu aux abbayes de
St-Laurent,de St-Giilesetdu Val-Benoît, ainsi qu'à plusieurs maisons qui
se trouvaient sur leur passage. C'est l'évaluation juridique des dommages
causés à ces divers immeubles qui est contenue dans la pièce qu'on va lire.
3 août 1570. — Estime des dommages faits au pays par Varmée
du prince d'Orange en Van 1568.
A tous ceux ausqtiels ces présentes noz lettres parviendront
les eschevins de Liège s;.slut. Savoir faisons que,le3-jour d'aoust
1570, comparut pardevant nous Jean Nyens sique Procureur
Général de nostre Reverendissime et Illustrissime Seigneur et
Prince Monseigneur de Liège, requérant de vouloir prendre
information tant par inspection oculaire des lieux, comme par
attestations et dépositions de vives voix, touchant les dommages,
pilleries, bruslemens, ruynes et, degasts faits et commis par les
gens du camp du Prince d'Orange l'an 1568 en automne dans la
cité de Liège, ville de Sl-Tro;id, fauxbourgli et lieux plus cir-
convoisins d'icelle, en obsessant ei, assiégeant par ledit Prince
et ses alliez ladittc cité et ville, atfiii le tout deuement mis en
escript, en obtenir act authenticque ei patente pour sen servir
la ou besoiiig et nécessité en auroil. Et comme oblemperans a
tel requesle, eussions commis et députez aucuns noz confrers
eschevins pour exploiter ce que dessus, ils achevant leurs
charges et commissions sont comparus. Premièrement en la
maison et abbaye de St-Laurenl, prez Liège, en Publemont, ou
- 320 -
irouvareiu comme chose manifeste et apparente l'église, enclois-
tres, crippes, refectoir, maison et quartier du S'' abbé, compie-
ries, dormitoires et esiableries totallement vastées, bruslées et
gastées ; et après avoir fait assembler le S' abbé avec ses reli-
gieux, iceux attestarent par seriment quoutres les reliquairs et
choses sacrées qu'ils ont perdu et leur sont esté pillez par la
venue dudit Prince et ses associez (lesquels ne reçoivent extima-
lion), ils ne voudroient endurer les bruslemens,degastet pillerie
de leurs maisons qui leur sont estez fait par ledit camp pour la
somme de IIIP. M flx brabant et qu'ils donneroient tel somme
plustost de leur propre, s'ils l'avoient, pour la restauration et
restitution des degast, asport et bruslements susdit ; car en la
construction et édification des édifices et choses bruslées ont
esté mis plus de cent ans, ce qui leurs at esté en moins de 7 à
8 heures tout bruslez et ruinez, disans avoir trouvé par la reca-
pitulaiion et dispunction de leurs registres, que ce qui leur at
esté bruslé et ruine avoit plus cousté que lesdis III^. milles
florins. Et la mesme ont estez produis sur l'extimation desdis
dommages, sique experts et cognoisseurs; Premier: m'« Jean de
Tilfl' etm''«Thiery Fizinne, licentié es droicls, Gilet Rigauld,
charpentier, Pacquea Kinar, aussy charpentier, Loren et Simon
Renard, massons, Francoy Buissar, escailteur et couvreur, et
Henry Belle (?), escrinier, lesquels après avoir veu et estant au
plain informez et versez pour cognoistre les degasts susdis,
comme ayant este cy-devant par longues années hante et veu
laditte église, couvent et maison, ont par leur meilleur dit et
raporte par seriment que les degasts, dommages, bruslements
et asport susdit ne soy pouroient restaurer en tel et si bonne
estre quauparavant pour la somme de VI cents milles flx brabant
et quil faudroit davantage pour le remettre en tel estât quelle
estoit avant l'arrivée dudit Prince et ses gens. En après, ont
trouve sur le faubourg et vinables dudit St-Laurent, bien 29
maisons avoir esté bruslées et dévastées et le résidu avoir esté
tout pillé et desrobé et qu'entre lesdites maisons estoient plu-
— 321 —
sieurs belles et notables, si comme selle Gielle de Sthier, Jean
Gordinne, Henri de Sart, m'" Guilleaume de la Sarte, Radoux,
Handaxhe, Louys do laTorrelte, Lambert Baré, Gielle Tboimel
alias Borghet, Maroye La Haye, Maroye Denys, Lambert Werleau
et plusieurs autres; tous lesquels bruslemens.pllleries et sacoa-
gemens pourroient monter (comme par attestation des susdis
habitateurs et voisins d'icelle apparoit)à la somme de XX milles
flx brabant pour le moins. Item ont trouvé bonne partie de la
maison et monastère de Sl-Giel en Publemont,de l'ordre de St-
Augustin, avoir esté bruslée, gastée et ruinée :signamment leurs
dormitoirs, chambres des religieux, chapitre, librairie, maison
et habitation du prieur, stordeur ou pressoir de vin et partie de
leurs encloistres; le tout quoy iceux S'' abbé et couvin (couvent)
comprins leurs meubles, bestiaux et provision de leur maison
pillée,ontparserimentextimé(outrelesreliquairs qui ne reçoivent
exstimation) à la somme deV milles flx brabant et davantages
et lesquels dommages ne soy pouroient reparer pour ladite
somme. Item trouvèrent allentour de ladite maison les circon-
voisins avoir esté pillez et desrobez de leurs meubles, lourages
et autres incommoditez,ce que pour leur grande excessivelé ne
sest peu extimer. Item ont trouvé la maison et couvent des
Dames de la Vaux Benoisle tant l'église, encloistres, couvent,
chapitre et généralement presque tous les édifices gastez, des-
truis, ruynez; et ayant convocqué le Pater et la Prieuse pour
l'absence de l'abbesse et quelque grande partie dudit couvent,
leurs ont par seriment attestez qu'elles ne voudroient avoir
enduré lesdis degasts, bruslemens, saccagemens, dommages et
intereslz fait par ledit camp pour la somme de deux cent milles
flx et que, pour tel somme, lesdis degastz ne soy pourroient
réparer. En outre, ont aussy estez examiné Louys Borret, soyeur,
Thiery fils Simon le masson, escrinier, et Giel Thonnet, masson,
comme cognoisseurs et experts, lesquels après avoir communi-
quez par ensemble selon leur art et expérience, nous ont par
seriment attestez lesdis degasts et bruslemens ne soy pouvoir
- 322 -
au moins exlimer qu'à cenl mille tuigelot dur et qu'il convien-
droit exposer davantage pour restaurer iesdis dommages. Item
ont trouvé la maison de noble S'' Godefroid d'Erp, chanoine de
Liège, située sur la rivière d'Avroit avoir esté par les ennemis
bruslée, pillée et gastée: le toutquoycomprins les meubles pillez
et ostez, le concierge et autres domestiques de laditte maison
ont par seriment exlimé a mille flx brabant, ayant par ledit con-
cierge oyudirede son maitre que cequ'il avait desja exposé enla
réédification de ladite maison, montoit a plus de septz centflorins
brabant, jaçois ceque les escriniers et pareurs dansla maison nes-
toient encor refaits tellement; quele tout reviendroit à la somme
de mille florins brabant et plus. Item ont trouvé la maison
etchesten de damoiseaRaes Dans, seigneur h Fonteine,appellée
le jardin, scitué audit Avroit ruinée et bruslée : lesquels degasts
comme ledit damoisea extime et est apparant à la veue, excédant la
valeur detroismillesflorins brabant. Item au mesme lieu d'Avroit
est aussy trouvé ruinée et bruslée la maison et édifice que l'on
dit de Chaffor ; laquele semblablement ne soy pourroit refaire
pour la somme de six cents florins brabant. Semblablement aux
fauxbourgh appeliez la fontaine St-Lambert, sont esté trouvés
44 a 45 maisons bruslées et aussy aile tliour d'illec les maisons
des Augustins,Guilielmins,thour et maison appellée Chinstree,
chasteau dit la Bastree et autres plusieurs mai.sons de Gentil-
hommes, Dames et S"' bourgeois pillées et desrobees; tous les-
quels degasts etpilleries, les circonvoisins estiment plus qu'à
six mille florins. Sont aussy trouvez estez pillez les faubourgh
de Ste-Marguarilte, villages d'Ans etMollin, 2 églises et maison
dudit Ans bruslée, les villages d'Awans, Lonchin et tous autres
villages dalentour pillez; lesquels pour les dommages si grands
et inestimables, n'en at peu este faite appretiation. Item les
fauxbourgh de Hochaport et Ste-Walburge sont estez pillez et
plusieurs maisons d'illecque bruslées, dont pour la multitude si
grande n'at este faite appretiation. Item le 4" dudit mois daoust,
ont esté examiné R'' S^'' Livinus Torrentinus, archidiacre de
323
Braibant, Servais Nollens el maître Jacque Cfiocquier, licenliez
es droits, noz confrers, ayant de part sa grâce R"'« (Revereiidis-
sime) estez commis pour s'informer des degastz et excès com-
mis en la ville deSl-Trondou là enthour, lesquels par serimeut
ont attesté que les degastz, bruslements, saccagements, con-
cussions, asportz des artilleries, poudres et autres munitions
de guerre perpétrez audit lieu de St-Trond, monastères, censés
et maisons circonvoisines, pouroit monter à somme inestimable
de cent ou deux cents milles florins d'or. Item Jean Pité, seigneur
d'Emale, aussy nostre confrère, at attesté par seriment que,
comme peu après que le camp dudit Prince soy retira de la ville
de St-Trond, estant ledit déposant constitué capitaine d'une
enseigne ou compagnies de piétons, pour en nom de sa grâce
R™°, garder et tenir la dite ville, trouvât icelle toute pillée, et tant
l'artillerie, pouldres, boulets et autres munitions de guerre que
tous les vivres d'icelles prins et emmenez par lesdis gens de
guerre ; tellement que ledit déposant et sa compagnie ne pou-
voient quasi recouvrer vivres; mesme les villages et pays
dallenthour estoient tout gasiez, pillez et saccagé : disant ne
pouvoir appretier tels dommages pour estre trop grands et
inestimables. Item les Bourgliemaistres et rentiers de ladite cité
trouvent icelle avoir esté intéressée pour la défence et garde
d'icelle contre l'obsession et camp dudit Prince et ses alliez, tant
en payement de deux enseignes de pied qu'en poudre, boullets,
artilleries et autres choses nécessaires à la défence, la somme de
dix mille septante sept florins de brabant et plus, sans en ce com-
prendre les despens, dommages et inlerest sustenuz et endurez
particulièrement par les bourgeois de ladite cité ayants esté
brusléet pillez; lesquels pourroient monter a cent mille flx bra-
bant et davaniage. Ce que certifions el attestons soub les seels
maistre Jacque de Chocquier, licenlié ens loix, et Guilleaume
Godefroid pour le temps noz maislres coneschevins de Liège
desquels usons ensemble en tels et semblables cas sur l'an,
mois et jour susdis.
— 324 -
V
Charles-le-Hai'di, dit aussi le Téméraire, qui élait entré, le dimanche
50 octobre 1408, dans la ville de Liège, la livra d'abord au pillage et la fit
ensuite incendier presque tout entière; car il n'y eut que les églises et
les maisons religieuses qui furent épargnées.
Après s'être repu du spectacle de l'incendie de la ville de Liège, le duc
Charles partit, le 3 novembre, pour Maeslrichi où il fit trancher la tête à
Amel de Velroux. Le 12 du même mois, il se dirigea vers le pays de Fran-
chimont qu'il dévasta et incendia pendant six jours, puis, en passant par
Huy, se rendit à Bruxelles où il reçut les lettres par lesquelles l'évêque et
le chapitre de Liège lui cédaient le quartier de l'Ile (i). Ce fut Imber-
court, ministre aussi impitoyable que le duc de Bourgogne, son maître,
qui les lui porta. Après son retour à Liège, Imbercourt procéda à l'instal-
lation dans ce quartier d'un tribunal dont les juges furent établis par le
Duc. La pièce que l'on va lire concerne les rapports que les actions judi-
ciaires devaient naturellement amener entre les habitants du quartier de
l'Ile et ceux du reste de la ville de Liège.
1472, 46 mai. — CeduUe apportée ^ar Monseigneur le bailli et
maislre Jehan de Platea le XVl" jour de may, qui fui le nufit le
chincquesme {Pentecôte), lan LXXII et registree de mot a mot
comme cy après sensiet.
Pour éviter differens et noiirir amistie entre les subges et
ofiîciers de Monseigneur de Liège, il est avise et acorde que
les subges dudit ysle et appendices ne seront arestez ne adjour-
nez dedens le territore de mondit seigneur de Liège, pour quelque
cas que ce soit, par ses officiers se non pour materes dheritages
ou de crisme par eulx commis audit territore. Et pareillement,
( *) Mgr. de Ram a publié ces lettres dans ses Anulecta Leodiensia, pages S76 à
583; elles portent la date du 4" juillet 1 469. Il se trouve au dépôt des Arctiives de
j'Etat une copie autlientique des mômes lettres : l'analyse en a été donnée dans
\' Inventaire analytique et chronologique des chartes de la cathédrale de St-Lambert
à Liège,
— 325 —
seira fait au contraire des subges de mondit seigneur de Liogo
par les officiers dudit ysle. Item pour cas de tesmongnagez ou
de héritages quant besongue sera, les subges dudit, ysle poroiU
alleir aux officiers de mondit seigneur de Liège, requérir quilz
fâchent adjourneir pour venir audit ysle les subges de niondil
seigneur de Liège. Et pareillemenî, sera fait au contraire des
subges dudit ysle, a la requesie des subges di; mondit seigneur
de Liège.
Extrait d'un registre au< œuvres des Echevins de Liège (greffe
Stephany), commençant le 43 juillet 1471 et finissant le 16 juillet
1472, n»32, fol. 11, vo.
VI
Le pays de Fianchiinont qui, en 1468, fut, pendant six jours, suivant
Fisen, et pendant huit jours, d'après M. Ferd. Henaux, livré à la dévastation
des troupes que le duc Charles-le-Téméraire y avait conduites, fut en
outre soumis par Louis de Bourbon à une contribution de guerre. C'est la
répartition de cette contribution entre les différents bans de ce pays qui
est contenue dans les cinq pièces qui vont être transcrites, lesquelles
portent toutes la date du 26 juin 14.69.
Outre le fait historique que ces pièces consacrent, il est intéressant, au
moins pour les habitants de Theux, du Sart, de Jalhay, de Spa et de
Verviers, de connaître les noms de leurs prédécesseurs dans ces villes et
villages à une époque déjà assez reculée
1469. 26 juin. Obligances faite tan XI III' et LXIX le XXVI' jour
de jung,presens: Monseigneur le baiUieu pannetier Ilollfongne),
Heyneman et Proiclhomme,gens du Conseil de nostre très redobte
seigneur Mons< igneur de Liège, ordineis en sa citet.
REN/fRu LE Mariscaul Commo cheulx de ban de Theux cas-
Thiri BiucA tellerye deFranchimont, sont obligies,
Anthoyne Haghe sour y estre bannis et sourie tyer denier
- 326
Jehan Haghe
Jehan Clament
Jehan le Gro
WiLHEMOT FILS BeRTE-
LYNF.
HOUBINET FIL LE ChAR-
LIER
Hanchonoulle
Thomolhet
Franckinet fil le Cu-
TREAL
Jaminnet Pirchon
collin colpin
WiLLEMME StASSAIR
Petit Henri
Jehan fil Andrier
Jehanchon Wilheamme
PlROT DE SeTROU
Wilheamme fil Fran-
KOTEAL
Hanchonoulle
Jkhan le Vefve
Henroy fil Colmidon
Mathier le Fevre
Grigoiri: fil Willem
Hislet
NiLLUY (?) DE Si'IX(hE)
Henri de Marteal
Willem le Certon
Jehan Malierbe
Orban fil Damme Ealy
Becco
Bertran fil le Leis-
SIER
dabandon, cascun por ly et por le toute,
envers la grasce de nostredit ires redobte
seigneur Monseigneur de Liège, de payer
la somme de quatuorse cens ei treugte
florins de Rins, ens compris cent florins
quilz dénieront en debte de re^te en lan
passe, icelle somme priese hors délie
somme de XXXVP florins de Rins que
ceulx de Franchimont sont ensemble
redevables envers la grasce de nosiredit
très redobte seigneur, en vert ut de traitiet
faite nagaires a lieu de Treit, a payer az
jours et termes subescrips, assavoir :que
les desusdis dudit ban de Theux avuec-
ques ceulx des aultres bans subescripts,
payent et payeront dedans ung moix
prochain en diminuant laditte somme, a
Grégoire de Sart en nom de nostre dit
très ledobte seigneur, le part, portion,
mieses cl assyeze de septe cens florin de
Rins pour rachaileir les lettrez obliga-
toires que at Jehan de Brantscheir, sei-
gneur de Revesleynen, de nostredit 1res
redobte seigneur, teillement quil ny ayet
quelcque dommaige et que lesdittez lettres
soyent cas(sees), annicelleez et delivreez
en le main de nostredit très redobte
seigneur. Item ossidedens le Saint Jehan
Baptiste qui serai lan LX et onze, leur
part et mieze de chincque cens florins
de Rins. Item dedens le Noiel lantoist
après ensuyant, ossi leur part de ¥•= des-
dits florin et aussi de St-Jehan a Noiel et
de Noiel a Sl-Jehan, toutdis leur part et
327 —
Jehin de Jevomont
RtNAIR DE BrIAMO.NT
Jehan Scassaih
Jehan le Xxharde
GOFFIN FIL LE ChERO
iniese do chincque cens tloiins jusques
a plaine solutioii desdits XXXVI" floiins;
parsi sillis defalloient de payer et satis-
faire leur miese ei assyeze de laditte
somme principaule dedens les jours
pi'escrips, ilz sont tenus et soy obligent deulx tous en générale
et cascun por !y, venir en cesle citet de Liège en ung hosteil ou
plusseurs et illuc tenir et sourjourneir, sens départir tin et jus-
quesa tantquilx aroient entirement accomplit ce dont deffallans
seroieiJt, avuecquez le lyerdenir dabandon et encor sour le tyer
denir dabandon a aplicier a noslre dit très redoble seigneur:
voir enlendut que, si avant quilx poiroient mostreir el faire
apparoir sutfissament quilx ayent payet les cent florins susdis
délie an passe, ilx en deveront demoreir en paix.
Obligancez fait la meisme.
Jehan Lubair
GoLLiN Tristan
Jadoulle
Collet fil Trlxa
Linart Ofles
Collet fil Heyneman
Jehan fil Wilkin
SiMONET Lubair
Hasmel
LOREN fil LoREN
Mahehan
Le Kamut
PiRAR DELLE FaUARGE
Germealx leBresseur
Fastreit
Henri Simonet
Mathier leFevre
Comme ceaulx de ban de Sart, caste-
lerye de Franchimont, sont obligies sour
y estre bannis et sour le tyer denier
dabandon envers la grasce de nostre
très ledobte Seigneur Monseigneur de
Liège, de payer la somme de sept cens
florins de Rins pris hors délie somme de
trengte syez cens florins de Rins, que
ceulx de Franchimont sont ensemblez
redevables envers nostre dit très redobte
seigneur, en vertut de traityet fait et
conclut nagaires a lieu deTreit, a payer
az jours et termes subescrips, assavoir :
que les dessusdis dudit ban de Sart
avuecquez ceaulx dus aulirez bnns dudit
Fraiichiniont, payeront dedens ung moix
prochain en demynuant laditte somme, a
— 328 —
Gerar fil PiRAiR Grégoire de Sart en nom de nosti'e dit
Henri Pironet très redobte seigneur, leur part et porsion,
Collet Durkin iiiiezes el assyeze de VII cent florins de
RiFLAiR Rin, pourracliateir lesiellrez obligatoires
CoLLART Cochet que at Jehan de Brantsclieit, seigneur de
Jacquemien Masson Bevesteyne, de nostre dit très redobte
CouNiN (?) FIL Jehan seigneur, ttùllement quilhenyayelqueiic-
CoNGNET. que domaige et que iesdittez lettres
soyent casses, annicelleez et delivreez en le main de nostredit
très redobte seigneur. Ilem ossi dedens le saint Jehan Baptiste,
qui serai lan LXXI, leur part et miesez de V cent florins de
Rins. Item dedens le Noiel tantoist après ensiwant, ossi leur
part de V cent desdis florins et ensi de St-Jehan a Noiel et de
Noiel a St-Jehan, toutdis leur part et miesez de ¥<= florins de
Rins, jusques a plaine solution desdis XXXV^ florins; parsi
silhez del'alloient de payer et satisCaire leurs miesez et assyses
de laditle somme principauté dedens lez jours prescrips,ils sont
tenus et soy obligent deulx tous en générales et cascun por ly,
venir encesle cite de Liège en ung hosteil ou plusseurs et illuc
tenir et sourjouriieir, sens départir lin et jusques a tani quilx
aroient entirement accomplit ce dont defallans seroieni, avec-
ques le tyer denier dabandon et encor sour le tyer dabandon a
applicier a nosiredit très redobte seigneur.
Obligancez faites la miesme.
Jehan fil Jehan Grui- Comme ceulxde ban de Jalheal, castel-
LAiii lerye de Franchimont, sont obligies sour
Geot Gehan y estre bannis et sour le tyer denir da-
Matyr Yern bandon, cascun por ly el pour le tout,
Henri Lenglet envers la grasce de nostre très redobte
Colart Mix seigneur Monseigneur de Liège, de payer
Colart fil Gielet la somme de chincque cens et soixante
Brocket florins de Rins pris hors délie somme de
— 329
TiRI GOFFINET
PiROT WlDKIN (?)
Jehan fil Henri
Jehan Martin
Jehan Rifflair
MicHOT fil Jehan
Bertollet
Henri le Hert
Renkin
CoLLiN deBrongne
PiROT FIL Jehan
Pirar
Bertolet Pirair
Jehan Thiri
Gilhemair le Fevre
Thomat Collinnet
Jehan Collinnet
PiROT Xhohie
PiROT WlLKlN
Gielet Pirair
Jehan Henkair.
trengte syex cens florins de Rins, que
ceulx de Franchimont sont ensembles
redevables envers nostre dit très redobte
Seigneur, en verlut de traitiet fait et con-
clut nagaires a lieu de Treit, a payer az
jours et termes subescrips, assavoir : que
les dessusdis dudit ban de Jalheal avuec-
ques ceulx dez aultres bans dudit Fran-
chimont, payeront dedens ung moix pro-
chain en deminuant laditte somme, a Gré-
goire de Sart en nom de nostredit très
redobte seigneur, leur part et porsion,
miesez et assyeze de sept cent florins de
Rins pour rachatteir les lettres obliga-
toires que atJehan de Brantscheit, seigneur
de Revesteyne, de nostredit 1res redobte
seigneur, teillemenl quil ny ayet queilcque
domaige et que lesdiiies lettrez soient
casses, annicellees et delivreez en le main
de nostredit 1res redobte seigneur. Item
ossi dedens le St-Jelian Baptiste qui serat
lan LXXI, leur part et miesez de V cent florins de Rins. Item
dedens le Noiel tantoist après ensuyant,ossi leur part de V cent
florins et ensi de Saint Jehan a Noiel et de Noiel a St-Jehan,
tousdis leur part et miesez de V cent florins, jusques a plaine
solution desdis XXXV^ florins. Parsi; silhes defalloient de payer
et satisfaire leurs miesez et assyeze de laditte somme princi-
pauté, dedens les jours prescrips, ils sont tenus et soy obligent
eulx tous en générales et cascun por ly, venir en cesle cite de
Liège en ung hosteil ou plusscurs et iiluc tenir et sourjourneir
sens départir, fiii et jusques a tant qnilz aroient entirement
accomi)lit ce dont deff'allaiis seroieiit, avuecques 1p îyer denier
dabandon et sour le tyer denier dabandon a nplicier a nostredit
très redobte seigneur.
— 330 —
Ohligances faite la meisme.
Granloien Comme ceulx de Spaus, castellerye de
CoLLiN BoYON Fraiichimont. sont obligies sour y estre
CoLLiN Dr. Spau bannis et sour le lier denir dabandon
Collet de Creppe envers la grasce de nostre très redobte
WiLLoc Seigneur Monseigneur de Liège, de payer
BuRAiR DE Spau la somme de deux cens et quatre vins
Willem Contraine florins de Rins que ceulx de Franchimont
LoMBAiR sont ensemblez redevablez envers nos-
Le JOVENE Lenauî iredit 1res redobte seigneur, en vertut de
Brack trailiet fait oX conclut nagaires a lieu de
Pilair. Treit,apayer az jours et termes subescrips,
assavoir: que les dessusdis duditban de Spaus avuecquesceauix
des autrez bans dudit Francbimont, payeroni dedens ung moix
prochain en deminuant laditte somme, aGregoire de Sart en nom
de nostredil très redobte seigneur, leur paît et porsion, miosez
et assyeze deVII cent florins de Rins pour rachalteir les lettrez
obligatoires que at Jehan de Brantscheit, seigneur deRevesteyne,
de nostre dit très redobte seigneui', teillement quil ny ayet
queilcque domaige et que lesdittez lettres soient casses, anni-
celleez etdelivreez en le main de nostredil très redobte seigneur.
Item ossi dedens le St-Jehan Baptiste qui serat lan LXXl, leur
part et miesez de V cent florins de Rins. Item dedens le Noiel
tantoisl après ensuyani ossi leur part de V cent desdis florins
et ensi de St-Jehan a Noiel et de Noiel a St-Jehan toutdis leur
part et miesez de Vcent florins, jusques a plaine solution desdis
XXXVP florins; parsi, silhes defallaient de payer et satisfaire
leurs mieses et assyez de laditle somme principaule dedens les
jours prescrips, ilx sont tenus et soy obligent deulx tous en
generaiez et cascun por ly, venir en cesïe citet de Liège, en ung
hostoil ou plusseurs,et illuc tenir et sourjourneir sens départir,
lin et jusqnes a tant quilx aroient entirement accomplit ce dont
~ 331 —
defaillans seroient, avecques le tyer denir dabandon et encor
sour le tyer denir dabandon a applicier a nostredit 1res redoble
seigneur.
Obligances faite la meisme.
Jehan de Stenbiert Comme ceulx de bnn de Vervier, castel-
Dansereaul lerye de Franchimont, sont obligies sour
Jehan le Q\ir yestre bannis et sour le tyer denier
Jehan le Corbesïer dabandon envers la grasce de nostre très
Le Fosseroux redobte Seigneur Monseigneur de Liege^
Jehan Pessin de payer la somme de syez cens et XXX
Geraut Mabilon florins de Rins pris leurs délie somme de
Lambert le Clerc XXXVI<= florins de Rins que ceulx de
HouBi.x DE Stenbiert Franchimont sont ensemblez redevables
PiROT r>Ef;MEAux cnvers nostredit très redobte Seigneur, en
PiRAiR PntossoN viertut detraityet fôit et conclut nagaires
Collet Herman a lieu de Treit, de payer az jours et termes
GrigoiredeFacevaulx subescrips, assavoir : que les susdis dudit
CoLLiN CoLAiR ban de Vervier, avuecques ceulx dez aul-
Jehan de Hodlmont trez bans dudit Franchimont, payeront
GiELET SE Frère dedens u!ig moix prochain en deminuant
CoLLART Parot ladittc somme, a Grégoire de Sart en nom
Jehan de Pibeux de nostredit très redoble Seigneur, leur
CoLLiN LE BoLLENGiEB part Cl porsion, miesez et assyez de VII''
Serval Robinet florins do Rins pour rachatieir lez lettrez
Paulus obligatoires que n\ Jehan de Branscheil,
Jehan Simgnet de seigneur de Rcvesteyne, de nostredit très
Heusib. redobte Seigneur ; teilment quil ny aiet
quelcquez domaige et que Icsditlcz Irltrcz soient casses, anni-
celleez et delivreezen le main de nostredit 1res redobte Seigneur.
Item ossi dedens le St-Jelian Baptiste qui se;at Inn LXXI, leur
part et miesez de V'^ florins de Rins. Iicm dedens le Noiel
tantoist après ensuyant ossi leur part de V'' desdis florins et
— 332 -
ensi de St-Jehan a Noiel et de Noiel a St-Jelian, toutdis leur
part et miesez de V*^ florins jusques a playne solution desdis
XXXVI" florins ; parsi, silhez defalloient de payer et satisfaire
leur îïiiesez et assyeze de laditte somme priiicipaule dedens lez
jours prescrips, ilx sont tenus et soy obligent deux tous en
générales et cascun por ly, venir en ceste cite de Liège en ung
hosteil ou plusseurs et illuc tenir et sourjourner sens départir,
fien et jusques a tant quilx aroient entirement accomplit ce
dont defallans seroient, avuecques le tyer denier dabandon et
encor sour le tyer denier dabandon a aplichier a nostredit très
redobte seigneur.
Extraits d'un registre aux œuvres des Echevins de Liège (greffe
Stephany), commençant le 25 mai 1469 et finissant le H janvier
4471, no 31, fol. 10, H, 12 et 43.
VII
Le document dont nous allons donner le texte prouve qu'à Liège aussi
l'office de roi des Ribauds existait. Il est seulement difficile de préciser en
quoi cet office consistait. Nous présumons cependant que celui qui en était
pourvu était chargé de la police sur les maisons de jeu et de prostitution,
et avait droit aux amendes encourues parles personnes ayant contrevenu
aux lois existant en ces matières. Dans le Luxembourg, li Tournai et en
France, il y avait des rois des Ribauds ; mais nous Ignorons si tous exer-
çaient les mêmes fonctions, car on a entendu aussi sous la qualification
de roi des Ribauds, le chef d'une milice.
1461, 12 aoiàt.— Transport et accords Jais Tan XIIII" et LXl, le
Xll^jour (laoust, maire : Tryna, eskevins : Fallois et Velroiix.
Pardevant nous comparurent Michiel Geldoff* comme portant
et ayant loffice délie Royalteit des Ribaix en le citeit de Liège a
toutes ses appartenances, suyant sa commission sur ce faite et
scellée, dune p :rt, et Jehan de Leuze varlet de nous la justice,
daultrepain. La mesmes fut ledit Mychiel si consilliet etadviseit
quil de sa pure et lige volenteit, sur les traitties convens et
- 333 —
accords subescrips, transportai, par devant nous, en le personne
dudit Jehan de Leuze ic(3llui office de laditte royalteit avecques
tout le droit, clain, calenge et action quil y avoit et avoir pooit,
et ce, parmi la somme de nn" angles dor de Monseigneur de
Heynsbergh, dont des xx diceux angles il, ledit Michiel soi tint
la mesmes pour contens et satisfais. Et les altrez sissante
vienent a payer par ledit Jehan de Leuze, moittie dedens le jour
délie Chandelleur prochain venant et lautre moittie dedens le
jour délie Paske tantost après enssuyant et par si que convent
porte entre eaulx, si quilz cognurent que, en cas la ledit Jehan
de Leuze seroit defallant de payer ledit premier payement ou le
second, que celli transport seroit nul et de nulle valeur et poroit
en celli cas ledit Michiel faire sa pure et lige volenteit dicelli
office, comme de premiers faisoit avant le jour délie daute des-
seur escripie et li seroit tenus ledit Jehan de Leuze de payer le
censé et raute dicelli office, suyant laccense et obligance sur ce
ung jour passeit faite par devant nous; voir que ce que ledit
Jehan aroit payet sur laditte somme des lx angles, li deveroit
venir bon en discompte de laditte censé et raute dudit office. Et
se plus avoit payet que ledit censé et raute ne montast, ledit
Michiel seroit tenus de adii Jehan rendre celli sorplus avant que
dudit office rosteir le posist et tout sens fraude ne malengien
et fut mis en warde.
Extrait d'un registre aux œuvres des Echevins de Liège (greffe
Stepliany), commençant le 12 mai 1461 ei finissant le 27 ft'vrier
1462, n» 27, fol. 91, v».
VIIT
Les deux pièces que l'on trouvera ci-dessous, rappelant des événements
généralement connus, n'exigeni pas une note explicative. Nous les publions
parce qu'elles donnent d'une manière exacte et authentique la date des
trois événements qu'elles concernent. Le légat dont il est fait mention
dans la première des pièces était Pierre Ferrici qui obtint le cardinalat
~ 334 —
sous Paul II. C'est à la suite d'une députation envoyée par les Liégeois à
Rome que le St-Siége chargea le susdit légat d'entendre les parties et
d'arranger les contestations qui existaient entre elles. Ce légat qui avait
le caractère de nonce apostolique, parvint au but de sa mission et prononça
la levée de l'interdit.
1463. 30 mai. — LanXIIIl'^ el LXIII le pénultième jour de
may, fui la loy overte au comandement Monseigneur de Liège
qui avoil deposeit el rapellet son mayeur de Liège et co-
lïiandet a Messeigneurs a cesser de loy lanLXII le XIII'' jour de
septembre, pour cause du cesse et interdit jettet en sa cite et
conte de Loz, aile occasion des differens lors extans entre mondit
Seigneur, dunne part, et ceulx de sa cite ci conte deLoz,dautre,
liqueil fut par décret dune legaul envoyet départ nostre très
saint père le pape, relaxet en vertu délie segurretel el caution
oultre données par ladilte cite et conte de Loz de steir en droit
et dattendre drois.
Extrait d'un registre aux œuvres des Echevins de Liège ^ greffe Sle-
phany) commençant le 4 mars 1462 et finissant le i29 juin 1463,
no 28, fol. 269.
i
1467. 11 novembre. — Lan XIIIP et LXVII le jour Saint
Martin, furent les cleifs délie citeit, en paix faisant, livreez a
Monseigneur le Duc de Borgongne.
Extrait d'un registre aux œuvres des Echevins de Litige (gretTe
Stephany), commençant le 2 janvier 146o et finissant le lojuin
1468, n" 30, fol. 243, v».
IX
Le règlement qu'on va lire commence par exclure de l'échevinage de
Liège les personnes qui auraient brigué cette charge par des moyens
illicites et celles qui ne voudraient pas prêter lé serment dt- ne pas avoir
employé de semblables moyens pour y ;irrivor. Suivent d'autres articles
sur les devoirs et les droits des echevins, et sur le lieu où ils devaient
— 33o -
s'assembler. Il y est exprimé aussi qu'aux obligations auxquelles, depuis
longtemps, les échevins sont tenus lors de leur réception, il en est ajouté
une nouvelle : celle de payer un marc d'argent ûnMevant servir à l'acqui-
sition, pour le siège scabinal, d'une pièce de vaisselle en argent, si
toutefois l'on n'employait pas ce marc à l'achat d'une coupe aussi d'argent
sur laquelle le nouvel échevin pouvait faire graver ses armoiries (i). Le
document se termine par permettre aux échevins de disposer par testament
de l'objet en argent qui avait élé acquis lors de leur réception, mais à la
condition que, s'ils usaient de cette faculté, leurs héritiers devaient payer le
droit d'approbation du testament, à moins que le corps échevinal ne leur
en fît grâce.
1450. 2 mai. — Nous Jehan Chabot de JuppiUe, chevaUer,
Wilemme de Viheir seigneur délie Chappelle, Libert Textor, Jehan
Toussaint Dorey, Jehan de Coir seigneur de Rameyoule, Abraham
de Fexhe dit deFalkon,GiledeFanchon, Lambert Bibon,Gerart
de Seraing seigneur a Fraipont pannetier héréditaire à Monsei-
gneur de Liège, Jehan Damesart et Jacquemen deLonchinstous
esquevins de Liège, faisons scavoir a tous que pour avoir et obser-
veir entre nous bon,honneste et convenauble régiment aile hon-
neur deDieu,denous et noz successeurs et le salut de nous etde
noz amez, et pour nous et noz successeurs maintenir en estât
deyubt, pour le bin common de ung chacun et pour refourmeir
le maison de deslroit et spécialement pour maintenir entre nous
amour et fraterniiet comme ung seul et singuleir membre,
avecques et oultre certains poins contenus enslettrez des ordi-
nances jadis par noz predicesseurs de bonne memore faittes,
avons fait et ordinet entre nous par meur conseil et délibération
les ordinances chi après escriptes tochant lestât de nous, noz
successeurs et le maison du destroit : lesqueles avvecques les
( * ) Il existe au Musée archéologique liégeois une grande coupe d'argent donnée
par Jean de Junccis, qui l'ut échevin pendant plus de cinquante ans sous cinq
princes. Elle porte non-seulement les armoiries dudit Junccis, mais aussi celles des
princes : Erard de La Marck, Corneil de Bergh, Georges d'Autriche, Robert de
Bergh et Gérard de Gioesbeeck.
- 336 —
poins contenus ens lettrez dez ordinances de nosdis predices-
seurs el par nous jureez, voilons observeir et maintenir a dureir
a tous jours inviolaublementpar le manière qui senssyet; icelles
par nous faites et ordineez lan mille IIIP et chinequante le
second jour de may.
Premiers avons ordinet et accordeit, ordinons et accordons
pour eskiweir touttez haynnez el maie amour et maintenir entre
nous amour et fraterniteil que, pour avoir loffice dyestre maistre
esquevin le jour saint Symon et saint Jude apostlez ensi que le
lettre de nosdis predicesseurs contint, nous ne prierons ne
procurrons, ferons pryer ou procureir par nous ne par autruy
de part nous, en secreit ne en appert, en manière nulle : ains
eslirons chacun an audit jour lune de nous pour accepteir et
faire ledit office a nostre sens et bon avis et que celi de nous
qui ensi serat esleu, ferat la niiesme a sa novelle création seri-
ment que, pour icelle office a avoir,il nat pryet ne procureit,lait
pryer ne procureir par lui ne par auLruy,en secret ne ne appert:
et sil ne vuet icelui seriment faire, quil ne soit point a icelle
office admis ne recheus, ains soil tanioist la miesme ung autre
resleu qui ferat icelui seriment.
Item, quant aucun arat besongne de nous pour mener fours
franchiese el banlieu, quil soit delermineii par ceaux qui sont
sour le destroit en gênerai celi jour, combin et queil nombre il
en besongnera a faire icelui labur solon le cas et que les parties
soient tous premiers tenuez de payer les fraix et despens de
ceaux qui feront icelui labur; lesquelz deveronl eslre esleus par
le plus grand partie de ceaux qui seront sur le destroit, affin que
chascun, lune après lautre, en face le labeur a son tour sens
nuUuy espargnier, sur telle condition qui ceaux qui seront ensi
esleus parferont a tous profis qui venront sur le destroit le
terme de leur absence pour celi cas sens malengien.
Iiem, avons encors ordineit et accordeit quant aucun arat
pareillement besongne de nous dedens franchiese et banlieu, quil
Gii soil useitparle manière susditiervoir que tout le salaire qui
- 337 -
compelerat soit vengiie en comon, aile détermination de ceaux
quia celi jour seront troveis sur le destroit en ce compris
commandz sur Ihonneur et autrez labures.
Item, avons avant accordeit ensuyant le contenu délie ancliine
lettre par nous jurée, faisante mention que nous nous devons
ameii'a vie el a mort jasoice que coustummeestoit que, après le
deces dune de nous devieit on prendoii droittires a sa femme,
enffans ou remanuaiis le soiume de xun florins de Rins et
encors aucunne foix avvecques ce les droitures des approuves
de testament dudii, seigneur devieit: avons ordineit que, de toutes
ces droitures, lesditlez femez, enffans ou remannans en demeu-
rent quittes et en paix. Mais nostre intention est telle que
quant aucun noveaul esquevin venrat a réception avvecques
touttes droitures anchynnez acouslumeez, il soit encors tenuez
de payer ung marck de fm argent, pour de ce faire vassel d'argent
et quilliers, ou autrement convenir en Ihonneur délie maison
de destroit: cest a entendre a nostre bonne ordinance et plaisir
voir sensi estoit que ons en fesist ung hanap, celi qui aroit
livreit largent poroit faire armoyer ses armes sur celi, deffours
ou dedens, a son bon plaisir.
Item, avons avant ordineit et accordeit, ordinons etaccordons
que ceaux de nous qui seront à Liège les jours ferialx,soy deve-
ront assembleir sur le destroit et nyent autre part et quil ne
soit fait par nous quelcque labur en lengliese Saint Lambert ne
en aultres : ains soient tous laburs fais sour le destroit qui est
lieu ad ce deputeit, se dont ce nestoil pour cause nécessaire et
aile sceyute de ceaux de nous qui seroieni a celi jour sur le
destroit ou en la cité do Liège sens maie ocquison.
Item, avons avant ordineit et accordeit lochant le marc dar-
geiit que cascun de nous paye a sa réception, qui convertis est
en vassel dargent dont cbi devant est faite mention, que dors en
avant, ung cascun de nous porat ledit marc dargent en teile
vassel que convertis aroil esteit, ordineir, laissier, testateir et
ahnoisneir a son bon plaisir, a avoir après son deces : et se ordi-
338
neit, lestateit ou almoisneit ne lavoit, quil parvengne, ceide et
eskie a safemme, enffans, hoires et remanans,tantost après son
deces; en ce adjosteit que, sil plaisoit ad celi dentre nous qui
yroit de vie a trespassement, laissier sondit lianap aile maison
et compagnie de destroit, en celi cas safemme, enffans et hoires
ne seroient point tenus de payer les droitures délie approbation
de son testament; mais se laissier ne li plaisoit et saditie femme,
enffans et hoires ravoir voisissent ledit hanap, payer deveroient
lesdittez droiturez délie approbation dudit testament se dont
messeigneurs ne leur quitoient de grâce.
Extrait d'un registre aux œuvres ees Echevins de Liège (greffe
Stephanyj, commençant le 17 janvier 1450 et finissant le 7
septembre de la môme année, n" 17, fol. 1.
Pendant les troubles qui désolèrent Liège sous Louis de Bourbon,
Raes de Heers, seigneur de Linlre, conçut le projet de la nomination d'un
niambouren remplacement de l'évêque, projet qui fut admis à funanimiié
dans une assemblée tenue à cet effet.
Raes de Heers qui avait été secrètement à Cologne offrir à Marc de Bade,
fils du marquis de Bade, cette dignité, que celui-ci accepta sous la réserve
qu'elle lui serait conférée par les trois états du pays, lit la proposition de
procéder de cette manière à réleclioii de son candidat qui fut nommé par
acclamation.
L'entrée et la réception du mambour donnèrent lieu à de grandes
réjouissances publiques et il fut inauguré quelques jours après. C'est à la
suite de son ii)auguration,dont la cérémonie se fit au palais, que le mam-
bour prêta dans la cathédrale de Liège le serment dont la teneur suit • i) :
(') La lecture du serment fut faite par Baré de Surlet, qui avait abandonné le
parti de l'évêque.
— 339 —
1465. 22 avril. — Serment fait sur le grand aulteit a Saint Lam-
bert par Monseigneur Marc, marehis de Baden, lan XIIII" et
LXV, le XXII" jour davril, Somonneur de loy pour le temps :
Messeigneiirs Jehan délie Boverie, chevalier, sique voeit de Liège,
esquevins ; Hollongne, Textor, Dammes, Falloise, Bastonyîie,
Persant, Velleroux et Froymont, lequeil serment fut par ly fait
tout ensi quil fut laendroit apportât par escript en latin comme
chi après senssiet de mot a mot.
Juramentum prestandum per dominumMarcuin, marcliionem
de Baden, etc. Primo jurabit quod pro electione, regimine et
administralione patriariimepiscopatus Leodiensis, ducatus de
Bulhon et comilatus Lossensis liabendis, non dédit nec dare
promisil, per se nec per alium, in occulto nec in publico, per-
sone cuicumque spiritual! seu temporal! aurum vel aliud donum
quodcumque. Iiem, quod bonus, verax, legalis et fidelis erit
omnibus sibi obedientibus necnon auxilium prestanlibus nec
ipsosquovismododeseret, sed pro posse suo juvabit et assistet.
Item, quod observabit et manutenebiteorum francliisias, privi-
légia, libertates et antiquas consuetudines necnon pacem de
Fexhe, confirmalionem Philipp! secundi, Romanorum régis, et
omnes alias paces et ordinationes quas scabini Leodienses
salvant, servant et cuslodiunt. Item, quod non impignorabit, non
alienabit nec vendet palrias supradictas, nec super officiis
aurum, argentum seu aliud quodcumque commodum mutuo
recipiet nec ea servituti subiciet (sic) aut obligabit, nisi opus
fuerit et hoc de consensu et voluniaie membrorum et statuum
dictarum patriarum qui erunt sibi assistenciam et auxilium pre-
bentes. Item, quod jurare faciet omnes castellanos, prepositos,
ballivos, villicos et scabinos in eorum institutione primaria,
quod nondederunl nec dare piomiserunl, per se nec per alium,
quodcumque pio suis officiis liabendis, quodque sua officia
gèrent et exercebunt bene et legaliter secundum leges pairie et
paces factas, et quod eos etinm susieniabit et juvabit pro posse
— 340 -
suo in omnibus eorum agendis negotiis et necessitatibiis. Item,
qiiod pro confirmatione seu provisions dignitaîus episcopalis a
sanclissimo domino nostro papa oblineiida,omriem diligentiam
sibi possibilem adhibcbil, (jua habita incontineiiti infra annum
post confiimatioiiem obtentam ad sacros ordines promovebilur
seque in episcopum consecrari faciet ac etiam ex tune prestabit
unacum presenti juramento, jui'amontiim preslari soiitum in
ecclesia Leodiensi. Item, quod futuris temporibus, non tollet
nec tolli seu serari faciet legem et jusiitiam patrie, ymmo illam
ministrari ei infallenter unicuique prestari mandabit et faciet
secundum pacem de Fexhe et alias paces factas. Et in eventum
quo eam, (juod absit, tollerel, quod tune advocalus Leodiensis
poterit et dtbebit monere scabinos, faciendoeosjudicare legem,
quodque ad dicti advocati monitionem scabitii Leodienses
leneantur judicare et administrare unicuique , majoribus
videlicet, mediocribus et infimis legem et jusliiiam sine conlra-
dictione quacumquo. Item, quod ponet et instituel'suosofficiarios
et consiiiarios juxla paces factas et secundum quod per legem
patrie cavelur et observatur. Item, quod jura et leges patrie
necnon judicia feodalium et vasallorum episcopatus Leodiensis
in civitate Leodiensi tenebit et servari faciet; quod etiam status
et membradictarum patriarum venire non mandabit alibi quam
in dicta civitate que est sedes episcopalis, maier et caput, prout
scabini servant et custodiunt etc. Lequel seriment fait par ledit
MonseigneurMarc, comme chi deseursoy continlde mol a mot,
fait a la requeste de Messeigneurs Willemme de Berloz, cheva-
lier, seigneur de Bruys, de Berloz, de Houten,etc., et Malhier
Hav^eal, ambedeux maistrez pour le temps délie cite de Liège,
et en nom dicelle cite par ledit voeit, tant en îaditte église
comme après ce, sourie royal chemien. Mis en le warde de nous
lesdis esquevins de Liège qui ad ce faire fummez presens aile
requeste desdis maistrez lan et jour desseur escrips,
lixlrail d'un registre aux œuvres des Echevins de Liège greffe
Slephanyj, commençant le 2 janvier 4465 et finissant le 15 juin
1468, no 30, fol. -105.
XI
La possession de lavouerie de Liège ayant été enlevée à la famille délie
fîoverie (de la Boverie) pendant les giiei res qui eurent lieu sons les règnes
de Louis de Bourijoii et de Jean de Hornes, l'un des membres df
cette famille, nommé Jean, assisté d'amis et de parents, requit la cour des
échévins de Liège de le remettre en possession et de recevoir son serment
en qualité d'avoué de Liège.
Par le documeni qui suit immédiatement, il est fait droit à cette
demande.
1488, 26 mai^s. — Pardevant nous Rigal de This, Aiidrier de
Wyhongne, Jehan liantliiiiez et Tliomas Peronne esquevinsde
Liège, sont compai'us nobles et honnourez seigneurs messii'e
Everart de la Marche, danioiseal Jehan son cusin, fil de feu
messire Guilleame de la Marche, J;ino le baslart, capitaine de
Longne, etauuez avvecquez et en la faveur de messire Jehan
délie Boverie chevalier, et ossy avuecquez ly Willemme Surlel
maisLre jadis de laditie cite ; Yslausse de Streelles escuyer,
Urban de Villeir jadis maistre dicelle cite, Willemme de
Dalem, Ernull Lambert et autrez proismes et amis dudit
sirre délie Boverie ; et laendroit ledit messire Jehan délie
Boverie avuecquez les seigneurs et autres avaiildis , nous
requisent que, ensuyant les letlrez quel avoit délie haute
voerie de Liège de noz predicesseurs esquevins de Liège,
et de grant seel de laditie cite seelleez , que lamiesmez
exhibual pardevant nous, et de plusseurs autrez letlrez quil
disoit avoir heyut le limps passeit dellediite vowerie de Liège,
le volsissimez raccepteir en la possession dicelle voerie, comme
avoient fait nosdis predicesseurs paravant, dont il avoit este
aile occasion des adversités et guerres de cesti pays et autre-
ment dispossessioneil; et jasoice que parchidevant, il en euyst
fait seriment acasafferant,comme sesdittez lettrezcontenoient,
— :;43 -
encor le parolîroit il a renovelleir; a laquele requeste après cer-
taine diiaiioii par nous prise, veu que estummes en pelil nombre
jtour labsence de nos aiitrez confrères, nientinoins affîn de
eviteir suspiiion de prolongement, racceptaaimez ledit messire
Jehîui delle Boverie en saditte possession de laditte voerie lele,
(|iie avoir le devoil et que a luy aparlenoii selon le contenu de
SOS diltt'Z lellrez, en renoveliaiit sondil seriment; voir si avant
que a nous en est et appartint, sauf tous drois et sur leillez pro-
testations par nous faisant, comme fait avoientparavant nosdis
predicesseui's esquevins de Liège, ensi que lesdittez lettrez dudit
voeit expressément continent ausqueles nous en raportons,
Che fut fait sour le sale Saint Micliiel a Liège presens les
notaires et tesmoins subescrips, ausquelx ledit voeit de son
r.cceptation, et nous lesdis esquevins de nosdittez protestations
et de ce que fait en estoit, demandammez instrument se le cas le
roqueroil. Presens si que notaires sour ce requis Johannes de
Kesymonl laisneil, nostre clerc secrétaire, et Piron le Berwier
ossi nostre clerc, en présence de Beiihol le vieswarier, Collart de
Golioiigiie, Renier dellc Chen^z, noz chambrelains secrétaires,
Je!);in le vigreu et aulrez. î.an delle Naliviîeit nostre Seigneur
Jlicsu Crisl mil IIIL LXXXVÎll, le XXVP' jour de marce.
Extrait d'un registre aux œuvres des échevins de Liège (grefle
Stepiiany), commençant le 23 juin 1487 et finissant le 13 décembre
149'2, fol. 239, registre n" 50.
XII
(iuillaumo d'Aremberû,, surnommé le sanglier des Ardennes, ayant fait
à Tongres, en 1484, la paix avec les Liégeois, fut saisi, malgré celte paix,
par les frères de l'évêqtic Jean de Hornes, et exécuté à Maestricht.
Kvrard, frère de Guillaume, el Robert, son neveu, aidés de Ghys de
Kanne, tirent, à ce sujet, une guerre terrible à l'évêque.
- 343
Ghys, à la tète d'une troupe formée de vapaboïids, se lança sur le comté
de Bornes et pilla la ville de Weert.
Les habitants de cette ville, pour la préserver de l'incendie et d'une
destruction complète dont Ghys les menaça, durent même s'engager à lui
payer une somme de douze mille florins à la croix et à lui livrer viii^'t
otages en garantie du payement de celte somme.
D'après la pièce qui va suivre, des bourgeois de Liège, pour tirer ces
ùtai^es des mains de Gliys, prêtèrent à la ville de Weert 6,045 florins.
On va voir à quel moyen les bourgmestres de Liège, au nom des
susdits bourgeois, durent recourir pour obtenir le remboursement de
celte somme.
1487, 17 aoiJt.— Jugement rendu par nous les csquevuis de Lieije
aile somonsse du mayeur lan XI III' II II'" et sept le XAVII"
jour daoust.
Comme les maisti'es de !a cite de Liège partie faisant en nom
des borgoix dicelle cite, qui preste et debourset avoient le
somme de deniei^s dont chi après serat faite mention, euyssent
fait aresteir en cestedilte cite Marsilis le mannoyer, surseant et
demorant au lieu de Weirt, pour avoir satisfaction et solution
délie somme de VI™ XLV florins ou environ, que lesdis borgoix
avoient pi^este, comme lesdis maîtres disoient, pour le delige-
ment et préservation de la généralité de ceulx dédit Weirt et de
leurs biens et bostagiers et pour eulx gardeir de la gi^ande
désolation, arsin et destruction que messire Ghis de Kan a son
vivant estoit intenlioneit de a eaux faire, et dont lesdis de
Weirt et de la généralité dicelle avoient constitueit en la puis-
sance et subjection dudit messire Gbis XX hommes ostagiers,
lesquelx estoient comme bostagiers en cesie cite, pour le somme
de XII"' florins a la X pour le branscbat a payer a deux termes,
assavoir : la moitié a Pasque et lautre moitié a Cbincquemme a
dont prochain, suyant lapointemeiit par lesdis de Weirt fais
envers le jadis messire Gliis, qui par ces adlieieus Allcmans el
gens de gwcrs les avoit mis en grant dangier et désolation, se
porveu ny euyssent par ledit apoiniemenl envers ly fait, et dont
pour la grande cremeur, dobtance et rudece quil f;iisoit ausdis
hostagiers, luy, résolut et intenlioneit de eulx faire tireir hors
de ladiite cité et les faire mettre en fortes places, comme a
Longne, a Monfort ou aillors, a son apeti et a la vollente de
sesdis Allemans et diverses gens darmes ses adherens, lesdis
borgoix esmeus de piteit et ayans compassion desdis hostagiers,
a leur très instante pryer et requeste, en nom et pour laditte
generaliteit desdis de Weirt, prestarent pour leur diligement
envers le jadis messire Ghis, lesdis VI'" et XLV florins; par le
moyen de laquele preste, iceulx hostagiers, en nom de laditte
généralité, furent delivreis hors des mains dédit messire Ghis,
eulx demorans hostagiers es mains de laditte cite, en eulx
eslargissant de prison, sur bonne confidence et obligation par
eulx faite en corps et en biens de jamaix non partir hors de
laditte cite, se premirement lesdis borgois nestoientde leurditte
preste entièrement rembourseis, comme iceulx hostagiers pro-
misent et jurarent solempnement sur sains. Item encor ayant
tousjours lesdis borgois de laditte cite pite et compassion du
dangier et désolation de laditte généralité et desdis hostagiers
dédit Weirt, concedarent et consentirent que quattre diceulx
hostagiers soy transporteroient adit Weirt pour pnrsuyr ladiite
somme, et procureir leur diligement, demorant tousjours leurs
serimens et obligation en force et vertu; lesquelx quattre bos-
tagiers ayans oblieit leursdis serimens et obligation, jamaix ne
revinrent par decha et que plus est, les autres hostagiers, leurs
confrères ycby demoreis, allans et frequentans par la cite, sur
bonne confidence de leursdis serimens et obligations, comme
dit est, les ayans ossi totalement obliet, se partirent le jour de
la solempnite du Saint Sacrament, secrètement, et sen allarent
honteusement sens faire quelcque acquitte de retorneir par
decha ne de satisfaire ad ce que dit est ; et par les raisons
prcsci-iptes et veyul que ledit Marsilis est ung des manans et
surseansdudil Weirt présentement a jour de ceste arreste, et
que a jour del apoiiilement fait envers le jadis messire Ghis,il y
avoit sa maison et ses biens qui, parmy ce, furent preserveiset
gardeis darsin et de perdition, comme tottes ces choeses avuec-
quez plusseurs autres raisons par lesdis maistres proposecz et
remostreez,ilz,en nom comme dessus, voUoient proveir et mos-
treir et maintenoient y estre bin fondeis de ladilte areste et
■que icelle devoit avoir son course; et ledit Marsilis respondoit
et alligoit allencoiitre, disant que lesdis maistres estoient mal-
fondeis de ly faire aresteir; car jamaix ne soy lâchât ne obligat
envers lesdis maîtres, ne borgoix,senon lesdis hostagiers,sens
le sclieu de laditte généralité et sens le consent dicelle, car la
promesse que ladilte généralité avoit fait, ce avoit este envers
ledit messire Ghis; et se lesdis hostagiers avoient plus promis
quilz neuyssent de carge, on les en pooit parsuyr et ilz se
poroient respondre et alligier; et les dévoient lesdis de la
cite si bin gardeir que pour en yestre satisfais, sens lui ledit
Marsilis pour ce faire aresler, et poyoient ossi lesdis maistrez
parsuyr ceulx qui avoient le garde desdis hostagiers pour de
eaulx rendre compte, noyant ausdis maistres leur intention et
volloit faire apparoir que, par vertu de certaines lettrez envoyés
par ledit feu messire Ghis ausdis de Weirt de payer leur argent
a liu de Slockehem, ilz y fisenl porteir le propre jour que le
jadis messire Ghis fut ochis, et y furent payes certains deniers
et dont il a exhibueit recet de Jehan Craen, receveur de messire
Robert délie 3Iarche, en nom dédit messire Ghis, délie somme
de VI'" IIII-^ LXXV florins. XX aidans pour le florin, avvecques
plusseurs iiuîres raisons par ly pruposeez; sur lesquelx differens
plusseurs provances, mostrances, debas, alligances et conlre-
mostrances en ont par lesditlez parties, lunne contre lautre,par
devant nous, estet faites ; toutles lesquelx par nous biu et dili-
gemment visenteiz et enlenduez, nous sur tôt ce meurement
conseillies, avons dit par loy et par jugement, aile somonsse
346
dudit mayeur, que veu quil nous constat que ladilte preste
desdis ¥!■" et XLV florins al par lesdis borgoix de laditte cite
este faite au profit de la généralité desdis de Weirt, en bin
faisant, et en eulx parmy ce préservant et gardant eaulx, leurs
ho?!agiers et leurs biens de plus grand dangier, perde et deso-
iiiîion, et pour le diiigement deaux et de leursdishostagiers en
bonne manière et en eaux assistant généralement aile instante
pryer et requeste des hoslagier^, laditte areste doit demoreir
vaillable,veu que leditMarsilis.a jour de cestedilte areste, estoit
ung des surceans et habitans dicelle généralité dudit Weirt,
participant a la préservation de ly et de ses biens en gênerai
avec les autrezsens séparation, considère ossy que, a jour dudit
branschat, il y avoit sesdis biens suyant les provances et veri-
ticalions qui nous en sont .*ipparuez,condampnanl ledit M;îrsilis
az fraix de loy.
Extrait du registre aux œuvres des ochevins de Liège i grelJc
Siepliany),commençaiil le 'Jojnin 1487 et finissant le 18 décembre
1492, n" oO, fol. ifî, V».
Xlli
Les oi-doiinaiices qui vuiil être placées sous les yeux du lecteur prouvenl
(|u'à une époque déjà assez reculée, on s'est occupé des moyens propres
à empêcher la détérioration du pavé des rues de Liège.
Les motifs î) l'appui de ces ordonnances surprendront de nos jours, que
les chariots les plus lourdement chargés parcourent les rues sans nuire
aux églises, ponts et maisons. On doit toutefois reconnaître qu'elles étaient
favorables à la conservation du pavé et à la propreté des rues autres que
celles par lesquelles les chars et charrettes devaient se rendre à la .Meuse.
1457, M avril. — Avis, ordinanches, traitiez et nccors fais de
part le grasce noslre très redobte S^' Mon&ingneur de Liège, les
seingneurs, doyens et capitles de la grande engliese et des
secondares engliescf^ de Liège, maistre jureis et conseil délie
ditte citet, en le maîiiere qui sensyet et parles fermetiurs dicelle
citet aportes par escript et a leur requeste par le greit, consent
et otroye et commandement de noslre dit très redobte S^^ Mon-
singneur de Liège, mis en le warde de nous les eschevins de
Liège, lan XI Ht et LVJI, le XI" jour davril ; maire : Chabot ;
eschevins : Textor, Coir, Pannethier, Dammesart, Lorichins,
Falloize, Morealmeit, Penant, Berard et Waldoreal, ensi et
par le manière que contenus estuient en une ceduUe de pap'ire
de laqueile le tenure sensyet de mot a mot :
A tous clieaus qui ces présente ordinaiiche voiront et oi'uiil.
Remonstrance faite par lesseingneurs fermeteurs al exortalion
de pluisseurs borniez gens citains, en capitle de Saint Lambier,
par devant les s'nngnours délie grande et doyen et capitle des
secundaires engliesez de Liège et maistres jureis et conseilhe
et pluisseurs autres bonnes gens délie honorable citeit de
Liège, a une jour convockeis et assembleis, cesl assavoir de
pluisseurs grans chaires cargies de cherbons ('), passans,
corans et troitans par le citeit, lesquels avoyentfait et faisoient
très grans damaiges en chauchies (^) et quil nastoit pont pos-
sible que laissiese des cervoises (') et keutes (*) et autres
beveraiges (') powist et saroit detenire les dittes chauchies
que teilx chaires brisoyent de jour en jour, et encor très grans
perilhes poroyeiU advenire az engliesez, pons et maisons en la
( • ) Chars charges de charljons.
(*) Dommages aux chaussées.
(') Boisson difTi'rente de la bière ei dont on faisait plus do cas. Voir Ihicange.
^*j Espèce do bière Voir le glossaire de Diicango.
(') Boissons.
- ;U8 -
ditte citeit ; car teilx chaires et ausy autres, en corrant par le
citeit, font irenbleir et hochiere C) les dittes engliesez, pons et
maisons, de toutes lesquelles choses poiroit sortir très grande
inconvenienche et damaige, si sieroii bin nécessaire de mettre
remeide et parlant est adviseit et ordineit : que lous mnrclians
ou aultres personnes qui voiront cargier chierbons en naviers
ou pontons pour minneirhors délie citeit, qui siéront gelteiset
oevreis a Saint Loren, a Saint Nycolay en Glen, a Saint Giele,
aHomvcii et la entours, les chaires et chereUes qui tels cher-
bons monront et chériront (-), seiront tenus de descargier et
de faire stappe (^) sourie rivière dAveroit, sens enlreir en
ladilte citeit. Et semblanment, tous chierbons qui siéront par
delà Mouse, demoironl par delà Mnuse, enlendut lous jours
les chierbons que ons venderat por minneir hors délie ciieit ;
et les chierbons qui seiront overeis et getteis a Tauwe (■) et
laenlours, les chaires el clieretles qui tels chelrbons cherii'ont,
seiront tenus de alleir descargier a Point aile Creyre et les
cherbons que ons overat et getterat et que ons venderat ou que
ons acliaterat a Ans, a Molin, a Hachaporl, a Xhovemont et a
Sainte Wulbeur, jusque a Tawe, pour minneir hors délie citeit
par naviers el pontons, comme dit est, les chaires a bennes
doisiers (^) et cherettes qui tels chierbons cheirironl, siéront
tenus de descai'gier a Vivier (") et nient aultre paît. Et ne
poront ceaux des chaires a bennes qui venront descargier a
Vivier, cargier que vni mesures de chierbons et les cherettes
que V mesures de chierbon. Et aront puissanche et aucloriteit
les prenommeis fermeteurs par eaux, leurs clers, varies ou
aultres personnes de part eaux commis el deputeis, lesdis
chaires et cherettes ensi cargies de chierbons, entrans en
ladilte citeit pour vendre on miiieir hors délie citeit, comme
(♦j Osciller. — (') Mèneront et charrieronl. — [''] Arrêt. — (* ; Aux Tawes.
(■') Chars portant des paniers d'osier.
(•) Le vivier était situé en Cheravoie, au bout de Souverain-Pout.
349
dit est, qui deveront estre descargieis a Vivier, faire rejetteir
et mesurer, tout fois qui leur plairat, pour savoir sil excédent
leur carge en cest présente ordinanche statuee, et tout ce az
frais, costes et despens de celuy a cuy les chaires et clierettes
seiront appartenantes, sens le contredit de nulle personne. Et
se aucune personne ou pluiseurs voloient conlresteir, ou
mettre deffense a tout che qui est contenut en ceste présente
ordinancliez, il seiront tous tenus singuleirement, une cescun
por ly, de payer lamende clii desous déclarée, et seiront tenus
clieaux qui chaires ou clierettes, monront et chériront en ladilte
citeit, quant il deskenderont tyer et vallée, de sereir leurdis
chaires ou clierettes, cargies de queilconque denrée que che
soit, a bacheaux et nient autrement. Et ossi tous chaires ou
clierettes veuse ( ' j ou cargies ne deveront corrir ne trotteir
par ladilte citeit. Et aflin que cest présente ordinanche soit
entretenue, observée et wardee,nos les singneurs délie grande,
et nous les cannonnes des secundaires englleses de Liège, et
ossi nos les maistres, jureis et conseilhe et tout le uiiiversiteit
délie bonne citeit de Liège, voilons et ordinons, que toutes
personnes de queil estât quil soyent, qui fâche ou fâchent
contre cest présente ordinanches, orlant de foix que che adven-
roit, il seirat et ou il seiront tenus de payer une florin de Rin
damende, a applichier a equaile parchon (-) a Monsaingneur
de Liège, aile citeit, aile fermeteit et auz fermeteurs ou aultres
personnes por et en nom deaux pour che aflaire suffissammeiit
commis et deputeis,qui teis forfaisans pannerontetdewageront
aile cause des amendes commises et forfaites, sens chu que
ons les puist pardonneir ne quitteir. Et partant que nous les
partyes desseur dittes voilons que che qui est dit, soii ferme
choise et estauble, soit mise en le warde des eschevins de
Liège, salveit tous jours le bonne modération et correction des
membres desseur escrips.
Extrait d'un registre aux œuvres des éclievins de Liège l'grefli' Sle-
pliany), comntenoanl lelO novembre 14S6 el finissant le 18 juillet
•liS7,n" 2t>, loi. 190.
(♦) Vide. — ') A égale portion.
— 350 -
XIV
4486, 23 septembre. —
Nous les esqueviiis de Liège, faisons savoir a tous que, par
devant nous, sont comparus Thilman Wald(oreal) et Gile de
Huy escuyer, maîtres por le temps délie cite de Liège, partie
faisans en nomdicelle cite,etavvecquez eauz,lesfermeteurs de
ladilte cite, lesquelz nous remostrarent comment jornelement
on cherioitplusseurs grans pesans chars et cherettez, fortement
cargiesdehuilles et de cherbons,deskendans au rivage deMouse
et autrepart aval les chalchiez délie ditle cite, autrement que faire
ne sedevoit,etquant descargies estoient, sen ralloient corant et
trottant telement quilz confrossoient(') etcombrisoient C^) lesdit-
tez chalchiez si grandement, que lesdis fermeteurs ne les pooient
détenir en bon esta, et que plus est,ilz stonnoient (^) et ùiisoient
telement tronleir (') les pons et les maisons et édifices aval
le cite, que cepoyoit redondeir et redondoit a grand damaige,
préjudice et incouvenience, se soffîert estoit. Et partant quilz
avoient entendu que aucunnes deffensses et ordinances en
avoient este faites le temps passeit, et que aucunne chose en
deviens sauveir et wardeir, si nous suppliarent et requisent
instamment et par plusseurs foix,que les en volsissiens aouvrir
et déclarer tout ce quil nous en constisoit par nos registres ou
autrement. A laquele supplication et requesle condeskendans,
avons fait grand diligence de requérir plusseurs papiers, regis-
tres, livres de paix faitez el autres teilz que nos les avons poyu
recoverer; car aile occasion des guerres qui ont regneit en ceste
cite et pays, avons perdut grand nombre de registrez, papiers
aux paix faites et autres explois; sest il que en aucun livre ou
papier que retroveit avons, trovons y estre esciipies certaines
ordinances qui en ont parchidevant estet faites par les membres
(*) Détérioraient. — (-) Kndoinniageaieiil. — (') Vaciller. — (*) Treniljlcr.
351
et estas adonl ad ce députes, deleiz lesqueles ordinatices,dont le
tenure serat clii desouz escripte de mot a mot, nous demorons,
selon ce que présentement nous en constat, par condition tele
que, se meilleur nous apparoit ou revenoit a cognissance le
temps future, par autres lettrez, registres, explois ou escriptures
auclenticques, nous en retenons de adont dire,aouvrir et decla-
reir, selon ce quilnous enconsleiroit et que loy et raison poroit
porteir. Che fut par nous dit et horsporteit le XXIIP jour de
septembre, mil IIIV IIII'^ et VI. Le contenu desqueles ordinances
en ceste partie dont deseur est faite mention, ensi que iroveis
les avons par escript, comme dit est,sensiet de mot a mot: Item
ordonneit et aviseit est que de ce jour en avant, nulx ne fâche
eslaple dedens la cite de Liège pour vendre lioulles, cherbons
de feure ou fowailles;ains soient les estables (') de telxdenrees
tenues es lieux anchiennement accoslumes, assavoir : a Avreu
du passage en amont vers JesWillemens; aCronmouse de Sainte
Foii en av.il vers Herstai, et qui autrement en ferat ou aultre
esiaple ordonnerai, soit a lamende de dyex florins deRin,toulte
toix qualité foix quil le ferat, et avec ce, que tous ceulx qui
cherieront telles denreez en laditte cite, pour les mini'.eir a
telles estaples, soient pour chascun clichet a ung Horiii de Rin
damende, et pour chascun chaer a deux llorins, a applicbier
laditte amende, le tirche part a nostre très led(oble) Seigneur,
lautre tirche part aile fermeté de la cite et laulre tirche part a
celuy, le moiiie, qui teil forfait raporterat, et la moitié a varlet
du mayeur de la cite qui laditte amende comanderat au raport
de celuy qui teil forfait troverat. Et a payer dedens tvf r jour
après le comant fait, sy hault que sur y estre bannis et albains
de laditte cite, tant et si longement que satisfait arat lamende
a luy comandee. Item partant que des cherbons qui seront
ouvres a Ans, a Mollins, a Hochaporte, a Xhovemont et a Ste-
Walbeur jusques aux ïauwes, il nest point possible de faire
(' ) Tour estaples.
3o2
slapic aux lieux desscur nommeis cousteiiges détenant, iiostre
intention est que telles denreez se puissent ameneira slaple en
la cite, assavoir: au Vivier ou cnnutrolieu propice et expédient,
non préjudiciable aile cite ne a autruy, et pour les revendre,
mais on ne polrat lelx clierbons meneir ne clierier par chaer a
quattre ruwes; ains soy deveront amoneir par clierettes conte-
nante cliincquez messcureset non plus, sur le paine et amende,
pour loulte foix que l'ait serat au contraire, de ung llorin de
}»in, a applichicr a ladille fermeteit et aux fraix soslenus en
porsuyant laditte amende. Et polront les fermeteurs, aux fraix
de cheriant, faire mesureir leurditte cherelte, pour savoir se
elles tinnent plus que ce que dit est, îouttefoix que boin leur
sembierat. Item ordoneit et deviseit est, que quiconcques en
laditte cite ferat corir ou trottoir chars ou clieretie, a queilcque
heure que ce soit de jour ne de nuyt, incouront unne amende de
syex livres coniun payement de Liège, a applichier comme dit
est dessus. Et le polrat on panneir de son cheval pour laditte
amende et serat et polrat ieslre chascunne personne quant ad
ce, varlet de maire ou de la cite. Et quiconcque pour tel
comand a faire, injurirat ou vilonnerat (') par tireir ou sacliier
le commandant ou pannant, encourrai en le paine dunne voie de
Rochemadou, a payer dedens xxx jours après ce que comandeit
luy sierat. Item ordonneit est et adviseil que, de ce jour en
avant, nul ne puist chericr, emmeneir ou porteii sur les pons,
sur les rivaigesalle Sauveniere, ne antre part, ne es eywes, tre-
buis (-), cendes, arsyns {') ne aultres ordurres, si hault que sur
paynede syex livres telle monnoie que dit est damende, toutle-
foix quil avenrat, a applichier comme dit est dessus, anchoix (*)
soient emmeneis, conduis et porteis en Leuse, en Graveroule et
hors de la porte aux Âwez,assi a coron sur ileaul en hochet, et
ceulx du vinauwe dysle,et hors des portes en lieu ad ce propice,
sains empêchement daullruy, sains les pooir chericr, meneir,
(') Ouliagera. — (- ) Décombres. — (") Hestcs d'inccnùic. — (*J Mais.
— 3o3 —
ou pourleir csdiUes eywes plus avant que les clauwiers, qui
ordonneis et pUuUes seront ou sont par le présent, ne sexlen-
deront. El semblameiit ne les deveront deschergier ou jetteir,
en approchant la cite ne les maisons, plus près que oultre les
clauwiers, qui semblanient ordonneis et planteis seront, ne
sextendcront. Et siéront les chieff dosteis tenus de payer
laditte amende pour et en nom de leurs enffans ou familles, et
lesporoit on pour icelie panneir(') ou prendre waige(-).Esl sem-
blament ordonne, que le place vuide exslante en la Sauvenier,
de costeit vers Sle-Croix, ou on at accostumeiî trotteir les
clievalx, doit demoreir vuyde sans estre encombrée de halle de
boucherie, ne autrement. Item, lan IlIP^et VII, le dcrain jour
de marce,oyues et entenduez les doléances et remostrances tant
des seigneurs de St-Denis, des seigneurs de Ste-Croix et de
plusseurs borgoix de la cite, qui soy complendoient(') de ce que
point on nentrelenoit les ordinances dont nos lettrez font men-
tion, eu présence des fermeteurs de laditte cite, qui ossi sen
dolloient('),et les responsses de Ernot de Saint Loren, Gilkinet
ïon soroge(^j, Jehan Toilette et autres, fut ensengniet que nous
demoroiisdeleis nosdittez lettrez et deleis ce que, selon le con-
tenu dicelles, en at esleitpar nous avantrainementHdit et decla-
reit,tant i)ar noslre déclaration et aouvreture(")que faitenaviens
le XX'' jour doctembre, lan LXXXVI derain passe, suivant cer-
lainezprovancez et tesmongnages que lesdis Ernot Gilkinet et
leurs complices avoient adont par devant nous produit,surquoy
aviujmes adont foursporteti*^) et dit que nous troviens estre pro-
veilque certain apointement C') avoit este fait, de temps Willem
Crackin, en tele manière que les chars a quattre ruwez ('°) ne
poyoienl plus avant cargier (") que noefl'mesurros cheriant par
les chalchiez ('-) Item, lan LXXXVII,leIIII'^ jour davril,oyuez les
,') Saisir. — (*) Gage. — ('j IMaignaicnl. — ^') IMaignaient. — (") Doau-
ficro. — ;"i Auparavant. — \') Jugemeot, sentence. — (') Jugô. — (") Ordon-
nance. — '") Rue.— («') Cbargei-. — (i2) Chaussées.
— 354 -
remostrancez dune costet et dautre, fut ensengiiiet que nous
demorons deleiz tout ce que par nous en at estet dit, comme chi
devant appert, et disons avant, que lez cherons (') deveront eu
cheriantO leurs chars sur valleez dez chalchiez,etossi se mes-
tier est, leurs cherettez serreez a blockeaz, en deskendant, affiii
que plus douchement puissent deskendre, sens combrisier les
chalchiezet sens porteirstonnement,ni trollemenl az maisons et
édifices délie cite. Item, tochant les amendez que lesdis ferme-
teurs avoient fait comand(;ir, dont la miesmes fut raisniet, fut
ensengniet que, se lesdis huilleurs, marchans et leurs cherons
navoient plus avant cargiet que lesdittes ix mesurres, sur
cascun chare, depuix nosdis avantrains jugemens et ensengne-
mens, nous ne les sariens par le présent cargier desdittez
amendez, se dont lesdis fermeteurs ne volloient proveir quilz
euyssent plus avant cargiet et excedeit, par eaux ou leurs
cherons, que nosdis jugemens et lesdittez ordinances ne conti-
nent; veu que lesdis Ernol et ses complices leur noyareut.
Item, tantost après ce et la miesme, fut entre eaux apointiet,que
dors en avant useroient desdittez ix mesures es ordinances
prescriptes suyant nosdis jugemens, suspenssant tous lesdis
comans parchidevant fais, jusquez atant que autrement et plus
avant nous en consteirat. Item, cely mesme IIIP jour davril
lan LXXXVII, tochant le diflerent denire lesdis fermeteurs et
Pirot Gosson, a cause dez ciieriages quil faisoit faire en sa
paire sur le rivière dAvroit, dont nous avimmez este faire
Visitation sur le lieu, fut ensengniet, veu que nous trovons que
on ne puet présentement cherier par le Jonckeur, la on soUoit
cherier, ledit Pirot porat cherier ou faire cherier parle chalchie
de Saint-Ghristofre, jusquez au Stapple au pont dAvroit ad ce
ordonnet; et sil vuetplus avant cherier jusques a sa paire, il doit
parleir az fermeteurs, et telement faire et détenir le chalchie
Charreliei'S. — (^) Chari'iàiit.
— 355 —
dudit stapplejusques a saditte paire, que point ny ait de dangier
aile fermetet ne az voisins marcliissans sens fraude.
Extrait d'un registre aux œuvres des Echevins de Liège (greffe
Stephany), commençant le 19 mars 1485 et finissant le 13 novembre
1486, no 48, fol. 426, v».
XV
En parcourant les lois et ordonnances anciennes du pays de Liège, l'on
reconnaît qu'elles ont visé tout ce que Fintérêt public demande d'être
réglementé. Il s'en trouve parfois môme que l'on regreite de voir tombées
en désuétude. C'est ainsi que, par rapport à la boucherie qui fait l'objet
du jugement qui va suivre, il existe une ordonnance (i) par laquelle on
décrétait deux halles à la viande : dans l'une devaient se vendre la chair
du bœuf, de la vache, de la génisse, du veau, du mouton et de l'agneau ,
et dans l'autre, celle du taureau, du bélier, de la chèvre et du bouc. Dans
ce temps, l'on n'était pas exposé à être trompé sur la nature de la viande
que l'on mangeait; aujourd'hui, en est-il de même et l'ordonnance susdite
ne pourrait-elle être renouvelée utilement.
1486, b septembre. — Jugement rendu par nous les esquevins de
Liège aile semonsse du mageui lan XIIll" llll^'' et VI, le V"
jour de septembre.
Comme Anthone Jamar, si que mambnur el en nom de noslre
1res redobte Se"" Monsg!''' de Liège, et Andrier Bourlette,
si que mambour et en nom délie cite de Liège, euyssent fait
convockeir pardevanl nous les governeurs et personnes du bon
meslier des mangons de laditle cite, pour roisteir les banks,
hayenenions de cbare et empeischemens quilz mettoienl sur le
royal chemien, en marchiet a Liège, a dehors délie maiighenie
dicelle cite et soy retraayssent en vendant leur chare et en
{•) Elle sera publiée dans la prochaine livraison, si elle ne peut trouver place
dans celle-ci.
— 356 —
faisant leurs slauz et bancks en laditte manghenie, qui estoit le
lieu et place la ce faire se devoit, enssi quon solloit faire le
temps passeit, sens encombreir ne empechier ledit marchiet et
royal chemien ; et sour ce fuissent comparus pardevant nous
Jehan le Ruyte, Ernult le Rosseal, governeurs dudit mestier,
Jacquemen de Houz, Henri de Sart, Lynar de Lenborgh, Wil-
lemme de Herstal, Jehan de Houze, le Joienne, avuecquez
plusseurs etgrant nombre dautres borgoix dudit, bon meslier,
remostrant et déclarant plusseurs raisons par lesqueles cascun
te'eaux maintenoit devoir demorer en leile joyssauce et posses-
sion de leurs bans et stauz, la troveis estoient présentement,
proposant par plusseurs dcsdis mangons que, se les aucuns
deaux estoient oisleis de leur possession, que on lo devoit faire
az autres equalement. Sur lequel différent ensengnammes : que
tous ceulx qui avoient lettrez ou explois servans a la matere,
les apportassent a certain jour, et nous les voriens visenteir, et
ossi voriens requérir et visenteir les paix laites et ordinances
qui apparoir en poroient estre faites le temps passeit. Tant que
finablement, au jour délie daulte deseur esci'ipte, par nous, bin
et diligemment entendues les raisons et remostrances tant
desdis mambors de nostre dit très redobte seigneur et délie
cite, en présence de ThilmanWaldorealei Gilede Huy escuyer,
maistres pour le temps dicelle cite, comme ossi les remostrances,
propoz et raisons desdis mangons et ossi de bon mestier des
nayveurs,por cause de leur maison; nous sur tout ce meurement
conseillies, avons dit et jugiet,alle semonsso dudit mayeur, que
nous demorons deleis les ordinances, qui sour ce ont este
faites par les membres et estas délie ditte cite et pays, dont
larticle de ce faisant mention, ensi que retroveit lavons par
escript, sensiet de mot a mot et est teile : Item, nousordinons
que toutles lyers 0 de char cscourchies (-) etabalues en le man-
ghenie (') de marchiet de nostredittecile, deveront estre venduez
/ 1) Espèces. — (2) Dont la peau est enlevée. — (' ) Halle à la viande.
dedens icelle maagheiiie et non ailleurs. Celles qui seront
abatues et escoirchiez en Ysie, deveront estre venduez en Ysie
nieisme et non ailleurs. Celles aussy qui seront abalues Oultre
Mouse, ne deveront estre vendues fours que (') OuUre Mouse.
Eipareillement toultes charesabaltueset escoirchiez en aulires
lieux que en ceaux desusdis, deveront estre venduez chacune
en lieu ou abattue sera, sens le porleir vendre ailleurs sour
aultre banck, ne les raporteir a vendaige fours que ensy que
devant est dit. El sil estoit iroveit ne sceu que aucun mangon en
usasse autrement que dit est, il seroit attens pour chacunne
foid que ce ly advenroit, en le paine desseur ditte. Item, par-
lant que point nestoil aoveirl en dit arlicle, que quant les man-
gons demorans en laditle cite, hors dudit marchiel, voront
aporteir leur chare a vendage en dit marchiet, la liayeneir,
colaillier ("-) et vendre les deveront, aoeverons et déclarons que
apporteir, cotaillier et vendre les poront sur leurs stauz ('^) et
bancks extans en laditte manghenie, comme lieu ad ce deputeit,
sens les cotaillier, vendre ne hayeneir autre part en dit mar-
chiet, pour ledit marchiet et royal chemien encombreir ne
empechier.reserveit ceulx qui aroient leurs maisons et heritaige
en dit marchiet ou autre part,lesquelz poront leur chare vendre
et hayeneir en leur dittez maisons et heritaiges, sens fraude. Et
en ce ossi reserveit les chars jardeusez, chare detroye, chare
de ihorealz et chare de chivre qui vendre se doient la ordineit
at este paravant. Tout ce entendu selon ce quil nous constat et
que trovons présentement de la matere; car se autres paix faites,
ordinances ou explois plus suftissans nousestoientmostreis,ou
apparuyssent le temps future que présentement ne nous soient
apparans, nous en relenons de avant aouvrir et declareir selon
ce que par loy et par raison nous en consteiroit, en sauvant et
wardant le bon droit dun chascun.
Extrait d'un regislie aux œuvres des Kclievins de Liège 'grefle
Sleplianv', commençant le 19 mars 1 iSo et fniissanl le i;! novomliie
1480, no 48, (ol. 30 i, v".
('j Ailleurs que. — ;•) Di'oouper. — /"} hllaux.
— OOO —
XVI
N'ayanl iroiivé ni dans los Cltarles et iirhilèges des XXXII bons méliers
f/c la cité de Liétje, ni dans Louvrcx, ni dans le Recueil des anciennes lois
et ordonnances de la Belgique les pièces ci-après concernant les corpora-
lions des aris et métiers à Liège, nous avons pensé que nous ferions
bien de les publier ici. Inutile, nous semble-t-il, de faire précéder ces
documents de l'iiistorique de l'institution des susdites corporations, de
rappeler les vicissitudes qu'elles éprouvèrent, de dire qu'elles furent
d'abord au nombre de douze, lequel fut, après la Mal-St-Martin, porté à
vingt cin(i, puis à trente-deux, chitfre qui ne fut jamais dépassé et qui
existait déjà lors de la paix de Vottem Tout liégeois qui n'a pas lu
l'histoire de sa ville natale, connaît cependant, par tradition, qu'il y a eu à
Liège des corporations de métiers; plusieurs personnes même sont encore
en vie qui ont vu le métier de porteurs aux sacs en exercice longtemps
après la suppression des corporations quelconques.
Lan XV" et XXI, le iroixeme jour de décembre, compa-
riireiU par devant nous mayeur et eschevins de Liège Wil-
lemme de Falle, Johan Anthoeniie de Pont, gouverneurs ;
Paulus del Fleur de Lis, juré, et Simon Damerier, ren-
tier, avec autres de bon mestier des Dresseurs de la cité,
IVanchiese et banlieu de Liège, lesquelx nous remonstra-
rent coment, en l'an mil V*^^ et XVIII, le XVIP' jour daoust,
pour avoir ordre, règle et bon police en leur dit bon mes-
tier concernant lt3ur bressin et autrez leurz affairez, tant
pour les riclies, moyens et poeuvres, ilz avoient fait cer-
taines ordonnances lesquelles avoient par !a généralité des
autres XXXI bons mesliers este approuvées et laudées et
ensuyant ce , requis az burgmaislres de la cite modernes
les voloir confermer, ratiffyer, lauder et approuver pour
sortir a tousjours leur effect , laquele requeste obtem-
pérant, iceulx dits burgmaistres avoient, sur protestation
de non toucbier à la bauUainiie et juridiction de noslre
1res redoble seigneur et prince , aux addition , mutation
et correction sur ce faites, icelles greit, laudeit, ratilfyet
/)rin
el approuve el fait impresser le seel az causes de ladite
cile, le XXVI'= jour du moix de novembre passe ; et ce
jour meisme parellemeiU en fait greation et conf'ermation
par notre dit très redobLe seigneur ensy que par ses lot-
irez de transllche de son signe signées et de son seel
seelees de daulte de penulteme jour dudit moix de No-
vembre plus a plain appareil , la lenurre desquelles dites
lotirez serai ci desoubz escripte. Or csloit il que lesdits gou-
verneurs, rentier et lesdits de bon mestier, suyant la re-
moslrance par eulx ci deseur faite, nous ont instamment
ce jourdhuy requis voloir les susdites leltrez dapprobation
et confermalion faire registrer en nostre registre aucten-
licque el meclre en warde de loy. A laquelle leur requeste
inclinans, a tele condition et sur protestation que se en
temps future il avoit en icelles aucun point ou article pré-
judiciable a la Iiaultainiie et jurisdiction de nosiredit très
redoble seigneur ou contre les payx l\ntes que sauvons
et wardons, pooir modérer, aovrir ou corregier selon équité
et raison et comme trouverons lors a cas appartenir selon
loy, avons fait le contenu des dites deux letlrez registrer
en nostre dit regitre auctentickc et contenoient de mot a
autres ce qui s'ensiet : Nous les maistres, jureis et conseil
de la cite de Liège. A tous ceulx qui ces présentes letlrez
veront et oront, salut en Dieu parmanable et cognissaiicc
de vérité. Savoir faisons que comme la généralité des XXXI
bons mestiers de ceste cite, franchiese et banlieu eusse,
en lan mil cliincque cens et diexowyt, le diexsepleme jour
daousl, approuve et laude les usaiges et ordonnances du
bon mestier des brasseurs , en tel fourme et manier que
la lettre sur ce faite par devant noz prédécesseurs exhi-
buee conlenoit et faisoit mention et partant que, pour aug-
mentation du bien publicque, il ait pieu a la grâce de nostre
1res redoble seigneur et prince , icelle correger et muer
en aucunes parties et aussy y adder el adjostcr, il est (pio,
— 3130 -
par les ofiicicrs dudit mesticr, ou nom diceluy, summes este
expressément requis faire approbation, ou nom de ladite
cite, de leurs dictes ordonnances, additions et mutations,
lesquelles ilz ont pour ce en noz mains exhibuees ; a quoy
optemperans, après avoir consulte icellcs et trouve que
eus dictes ordonnances na puncts ne articles qui ne soit
funde en raison et la mutation et addition de pari nostredit
très redoble seigneur faite sur icelles très salubre, avons
les dictes ordonnances, en tcle fourme quelles seront sub-
escriptes, approuve, lande et raliffyet, ratilïions, laudons et
approvons par ces présentes, vuillans que icelles sortissent
leur plain et entier efiect, sur incorir es paines en icellcs
contenues, sur protestation de non louchier pour ce a la
liaultainite et jurisdiction de nostredit très redobte seigneur
et prince. Et aftîn que ce soit choese fei'me et estauble,
avons ad ces présentes fait impresser le seel de la dicte
cite aux causes en signe de vérité ; sur lan de grâce mil
V" XXI, de mois de novembre le XXVP jour. La tenurie
des dictes ordonnances, mutations, et additions sensiet ver-
balement. Nous les gouverneurs, jurez et généralité du bon
mestier des brasseurs de la cite, franchiesc et banlieu de
Liège. A tous ceulx qui ces présentes leltrez verront, et oront
salut en Dieu parmanable et cognoissance de vérité. Savoir
faisons que , comme en louctes cites et villes ensquelles
justice, raison et bon police ont domination, sont néces-
sairement requis avoir ordre et règle et que suyant ce
considère que de nostre nombre les ung sont competens ,
riches et les autres moyens et dautrez poevres , il soit
licicte et convenable ordonner portion de brassin a clias-
cun dudit mestter, atïin que par la puissance des riches ,
les moyens et poevres ne soyent trop oppresses, et que
chascun sache comment se conduire et uzer, avons pour
les bien, prolTit et utilité tant de la généralité des X"XXI
autres bons mestiers que de nous, dung commun accord,
;j(jl
sens quelcque contredisant ne opposant, conclud, délibère,
dit et accorde, concludons, délibérons, dissons et accor-
dons les ordonnances , pnncts et articles snbescrips a la
correction , mutation et addition de noslre très redobte
seigneur et piinco, Monseigneur de Liège, et très honnores
seigneurs messeigneurs les niaistres, jurez et conseil de la
cite. •
Premièrement que quiconcque vouldra acquérir la grande
rauKe dudit bon mestier, est requis que tel acqueiant doit
estrc surseant et naiiff du pays, et devera payer, pour son
acquesle, la somme de cbincquante deux vies escus, assa-
voir XXXIIII aidans pour lescu et XXIIII solz corans en
bourse pour laidant ; et se aucuns cslraingniers faisoienl
tniit par acqueste de borgoisie, longtain demcurt en ceste
cite, ou pays, ou autrement, que ilz polsissent estre receu
audit mestier, telz deveront payer la somme de qualtre-
vingls telx escus que dis sont, sens fraude.
Secundemeiit partant que plusseurs mestiers tienent ordon-
nances de privation aux tilles de telx mestiers, avons ordonne
que les tilles des maistres de uostre dit mestier, seront aussy
franches que les ti!z des maistres et ne paieront autre reliff que
les filz de maistres.
Item avons encor passe et accorde que quiconcque, de cestuy
jour en avant, vouldra acquérir la peticte raulte dudit bon
mestier, condist le chaudron, devera paier incoiuinent troix
viclz escus telz que dis sont, a applicquer les deux paris audit
mestier et la troixeme aux gouverneurs; et, se ainsi estoit que
ung ou plusseurs desdis acqueraiis volsisse ou volsissent
acquérir la grande raulte dudii mestier, faire le poroni parmy
payant teles sommes de deniers et par les maniers que dit est;
voir que ilz deveront defalker, rabactre et discompter hors
desdiles sommes les tioix vicz escus que ilz aroient payet pour
lacqueste dudit chaudron,
Hnn avons encore passe et accorde que i^ulz brasseurs de
- ^565 --
nostredil bon meslier ne pora, no devei';i lelx iicqueraiis ledit
chaudron ens mettre se ce nest par le greitet adveu desdils
gouverneurs, sur la paiiie et amende de troix florins da Rin
doir,a applicliier la tircepartanostredict 1res redouble seigneur
et prince, laulre audit mestier et la troixemeausdis gouverneurs.
Ilem et partantque les riches brasseurs avoient accoustumme
brasser tant de brassin en unne sapmaine par la puissance du
crédit que ilz donnoient, que les poeuvres demoroient vacans,
en grnns misères et calamités, affîn que telx puissent brasser
pour vivre et entretenir leurs poeuvres cnflans, avons ordonne
que personne desdis brasseurs ne devera, ne pora bresser, no
iaiie brasser eu sa bressinne ou uzinne, ne en autres, parluy,
ne par auliuy, que unne Ibix la sapmaine, sur hi paine et
amende de noefl* florins de Riii doir, louttefloix que ce adven-
roit, que tel brasseur seroit tenu payer, assavoir : la tirce part
a nostredit très redoubte seigneur et prince, lautre a la cite et
la troixeme lirce part deux florins doir audit mestier, et lautr-î
aux gouverneurs diceluy; voir ou c.ts que par nécessite de
guerre, faminne ou autrement ne îeui' fuisse auli'cmerit ordonne
par les maistres, jureis et conseil de ladite cite.
Item encor pour certaines causes et raisons nous ad ce
mouvantes, avons ordonne que nul brasseur, quel quil soit de
nostredil mestier, ne pora bresser ou faire brasser a unne foix,
[lar luy, ne pnr antruy, en quclc(iue lieu que ce soil, tpie vingle
qualtre ayuics ou trengle deux tonncaz [)lains; maii;s y pora
mettre lanl de grains ou orge que il luy. plaira. El se aucun
deulx faisoit, ou soulîroit brasser au dessus de ladite taxe, tel
hcra actainl en lamende de sit-x florins doir, iceulx a applicliier
la tirce part a nostre 1res redoubte seigneur et prince, lautre
tirce part a la cite et la Iroixeine par autre tirce part, assavoir :
Ininn' audit uiestier, laulre aux gouverneurs el la troixeme aux
rewars et aceusaleuis ad ce ordonne par ledit bon mestier. El,
se aucun brasseur rellusoii, ou aucuns de part luy, ausdis
rewars et ofliciers veoir leur brassin e:i leurs maisons, (ui
— oO.i —
serroit son huyse, seront actainsdc la miesme paineirremisible
et partant que il est loisible pour éviter les insolences, destruc-
lion de lilx de bourgois et autres inconveniens qui surviennent
journelment a cause de plusseurs revendeurs de brassin qui
tiennent mauvaix hostes, avons ordonne que doresenavant nul
brasseur ne pora avoir au deseur de deux revendeurs en la
cite et fianchiese, porveu que telx revendeurs soient gens
honnestes, de bons falme, noms et conversation, telx approuve
par la rescription de cite et sennalx de la paroiche sub laquelle
iiz seront habitans. Et se aucun brasseur presumoit contrevenir
ad ce et délivrer a plus de doux revendeurs, tel sera attain en
la somme de \ioeff florins doir sens remission, a applichier
comme prescript esi.
Item et que chascun (el revendeur sera tenu acquérir la peticte
raulle dudit mestier, voir ceulx qui ne seront de la grande,
parmy tel pris que dessus, aftin que Ion aiet gens de bien et
continuans leur dit affaire.
Item avons passe et ordonne que toutte el quanteffois que
estraingniers amenront hubilhons (houblon) en la cite, pour
icelluy vendre, que chascun de nostredit mestier overant de la
main, pora de lel bubilhon avoir sa part selon son equalite, en
payant deyeubtemeni le marchant.
Item et affin que le meslier soit mieux obey el que chascun
sace comment soy conduire, avons ordonne que louttefoix que
nostredit mestier sera mis ensemble, pour quelcque cause que
ce soit, et que les personnes pariiculers seront adjournes sur
la grande amende, ceulx qui seront defallans comparoir, seront
actiains en lamende de diex paiars monnoie corante en Liège,
pour de.squelx avoir payement, le varlet du mestier comman-
dera lelz defallans icelle amende paier audit meslier et officiers
de soleil luysant, el en leur deffaulte, Ion lesporal le lendemain
faire crieir albains et faire escripre sens contredit ou cas que
telz defallans ne euissent escusse suffisante el legitirnme. Et
semblammenl, quant le meslier serai mis ensemble, et que les
— 364 —
personnes ne seront point adjournes sur la granle amende, ilz
seront tenus comparoir sur paiiie de qualtre palars tels que
dis sont, ou cas que ilz ne ayent excusse comme prescript est,
iceulx a applicliier ausdis mestiers et officiers comme dessus.
Item que quant uiig revendeur arat acreu (pris h crédit)
bressin a ung bresseur, et il le laissasse pour prendre a ung
autre, quant adoncques que nul autre bresseur ne luy présu-
masse livrer brassin, tant que il aroit contente le bresseur, son
créditeur, sur paine de troix florins doir, iceulx a applichier
par tirce part a Monseigneur, sa cite et lesdis mestier et offi-
ciers.
Item avons encore passe et ordonne que nulz brasseurs de
nostredit bon mestier par luy, ses serviteurs et familles ne
puel, ne pora boutter les feuz ens jours ensuyaiis par touiie
lannee, assavoir : les jours nostre Damme, les apostles, les
tiestes solempnes saint Lambert, saint Linar (Léonard), sainte
Catherine, sainte Barbe, Saint Nicolas, saint. Ernull (Arnold),
les jamas devant la dernier des troix fiestes, les dimenches par
toutte lannee, devant siex heures del vespree (soir) et parelle-
ment quant Ion vuet brasser le semmedi, il covient boutter les
feuz le vendredi, devant siex heures de vespre, sur paine et
amende de troix florins doir a applichier comme dit est, assa-
voir: a Monseigneur, la cile et aux mestier et ofliciers et avvec
ce, une livre de cirre pour meclre en la chapelle saint Arnult.
Et pour le dernier, que quiconcque qui sera dudit mestier
quil vouldrat relever, ne devra, pour son reliff az ofliciers en
tout que ung florin doir, lequel il sera tenu paier, se les offi-
ciers ne luy vuelent faire grâce. Et affîn que ce soit et demeurt
ferme et estauble, pour autant que en nous est, avons, pour
monstrer notre évident concord.fait ad ces présentes appendre
le grand seel de nostredit mestier. Sur l'an de grâce mil V'' XXI
du moix de novembre le XXVI* jour.
Kxirail (l'un rc^àslre aux œuvres des Ketunins de Litige {^Tetle
Slt'phany), n" iKi, fol. !228, v».
— 365 —
Erard de la Marck, par la miserration divine cardinal,
archevesque de Valence, evesque de Liège, duc de Builhon,
conte de Looz.
A tous ceulx ausquelx cestes noz présentes parvenronl ,
Salut. Savoir faisons que, comme de part les officiers de mes-
lier des br;isseurs de noslre cite , franchiese et banlieu ,
summes este requis visiter les ordonn(ances) et usaiges dudit
mestier, apparans par unne lettre scellée des seelx de nostre
cite et dudit mestier,avvec une translîche dapprobation confer-
mee par la généralité des XXXI autres mestiers de nostre cite,
en ce reserveit nostre jurisdiction et haultainite,et icelles lauder
et approuver ; et partant que ne volerions concéder choese
prejudiciaubleabinpublicque de nostre cite, avons donne cbarge
a noz chicrs et bin amez les escheviens de nostre cite, icelles
visiter, et savoir se il y avoit article non permissible h loy;
entendue l'oppinion de nous dis escheviens, avons, après avoir
correge, mueit, modère et adjosie a ladite lettre et la reduytle
en telle fourme et maunier que les lettres parmi lesquelles ces
nos présentes sont infichies et annexées, icelles ordonnances
greit, approuveit et confermeit et par ces présentes gréions,
approuvons et conformons, vuellans que le contenu de icelles
dites lettrez sortisse son plain et entier effect, sens quelcque
réservation et que les defallans soient corregies et pugnies selon
le îenurre dicelles al exemple d'autres. Donne en nostre dite
cite, sur km de grâce mil V« et XXI, de moix de novembre le
penulteme jour, sy fut le tout mis en warde de loy.
Item lan XV' et XXII, le XXVF' jour daoust, sur les differens
aians este endit bon mestier des brasseurs daucuns puncls et
articles touchies en leurs lettrez d'ordonn(ances), tant par de-
vant la grâce de noslre dit très redoubte Seigneur et prince,
Monseigneur de Liège, comme des maistres et consel de sa
cite, pour bien de paix par ladvis de nostredit très redoubte
seigneur, des dis maîtres et de nous que estieins leurs dictes
ordonn(ances) suivans at par nous este dit. modère et aovert
— 366 —
Que premièrement, louchant le puncl de brasser a XXXI l
tonnealz, il est que chacun brasseur pora brasser chascuiie
brassée unne fois la sapmaine àXXXVI lonnealx plains, iceulx
revenans a XL tonnealz.
Item ou lesdites ordonn(ances) contenoienl non pouvoir avoir
chascun que II revendeurs est pareillement conclud par bonnes
considérations ad ce mouvantes, que chascun brasseur deverat
avoir doresnavant III revendeurs et a sorplus, pour le dernier
punct et différent quilz avoient, ou il esttouchiet en leurs dites
lettres que ceulx qui ne seroient point dédit bon mestier et qui
voroientestre revendeurs, devcroient acquérir la petite ralte par-
mi V florins II aidans est conclud et par nous aovert que chascun
acquérant ladite petite ralte, se devera passer en paiant pour
icelle ung florin dor qui venrat a protit dédit bon mestier ; de-
moranl a sorplus par nous entièrement delez le conienu de
leurs dites lettres, puncts et articles en icelles contenus et
mis en warde de loy, aux maniers réservation, protestation et
conditions y déclarées ainsi que le tout ci deseur plus au long
contint.
Kxlrail d'un registre aux œuvres de.> Eclievins de Liège ; grcfic
Stcpliany), commençant en juillet l.'iSi cl finissant en janvier
1522, n» 98, fol. 231, v«.
RAPPORT
SUR LES ARCHIVES DE QUELQUES COMMUNES
DE LA PROVINCE DE LIEGE
Adressé à Monsieur le Minislre de l'Inlérieur, le 18 déoembre 1875,
PAtl
DÉSIRÉ VAN DE CASTEELE,
Consiivateur-adjoint des archives tle l'Etat, à Liège.
Monsieur le Ministre,
Par dépêche du 6 octobre dernier, indicateur C, n* '192o/2I4,
Monsieur l'Archiviste général du Royaume m'a informé qu'.*!
litre d'essai, vous m'aviez chargé de visiter une dizaine de
communes de la province de Liège, avec la double mission :
1" d'y examiner les archives, de procéder au triage des papiers
des anciens greffes scabinaux et féodaux, d'en dresser une liste
sommaire et d'en réclamer la remise au dépôt général de la
province, et 2" de constater en même teiups la situation des
archives comiTiunales.
J'ai l'honneur, Monsieur le Ministre, de vous faire parvenir
mon rapport sur cette mission.
D'après vos instructions, la préférence devait être donnée
aux communes dont les greffes mnnquent tout entiers aux
— 368 —
archives provinciales de l'Etat, et elles devaient être choisies,
autant que possible, dans le même canton. A cette fin, Monsieur
le Conservateur des archives de l'Etat, à Liège, m'a désigné les
communes d'Acosse, de Burdinne, d'Embrcsin, de Lens-Sl-
Servais, de Merdorp et de Moxhc, dans le canton d'Avenncs, et
d'Altrin et Vervoz, aujourd'hui communes de Clavier, Nandrin
et Modavc, dans le canton de Nandrin.
Toutefois j'ai cru. Monsieur le Ministre, que tout en suivant
la marche qui m'était tracée, il ne fallait pas m'en tenir à la
lettre de ces instructions, mais bien ii leur esprit. C'est pourquoi
je n'ai pas hésité h me rendre dans des communes voisines,
lorsque j'avais acquis la certitude qu'il y existait d'anciennes
archives, ni à faire des recherches dans celles où j'étais de
passage.
Abordant, Monsieur le Ministre, l'objet premier de ma mis-
sion, voici, en suivant l'ordre alphabétique des communes, un
inventaire succinct des documents retrouvés, avec indication de
leur provenance :
Avin (Attrive el), canton d'Avennes (jadis haute cour du balllagc d').
a) 50 registres aux œuvres et mw plaids de 1587 à 1755, déposés ù la
maison communale d'Avin.
Ces registres, tous reliés et dans un état de conservation
satisfaisant, présentent mallieureuscment des anachronismes
incroyables, des fragments du 16'^ siècle y sont joints h d'autres
du IS'^ siècle. Il n'est pas un seul registre dont le classement
des pièces ne doive être recommencé.
b) Une charle donnée par M. le C" Georges de Looz-Corswarem. —
Transport d'une rente de 20 llor. remboursable à 320 flor. de 20 paKars
pièce, au profit de Jean d'Avin, évèque de Namur. — Acte passé devant la
haute cour AWttrive el dWvin, le 20 novembre 1G18.
Le dépôt de Liège ne possédait jusqu'ici que 2 registres de
cette cour, embrassant les années 1703-1788.
— m9 ~
Ben-Ahin, canton de Huy, ancienne haute cour, et une autre dite de
Beau for t.
Par lettre du 29 novembre 1875, M. Desoer, bourgmestre de
cette commune, m'informe que son Conseil communal consent
à déposer aux archives de l'Etat, à Liège, ses anciennes
archives. Elles consistent en plusieurs registres et liasses,
comme j'en ai fait le triage lors de ma visite. — Ces archives
ne nous étant pas encore parvenues, je ne puis en donner une
idée exacte (*).
M. le bourgmestre me promet de s'enquérir auprès d'un
particulier, possesseur présumé de pièces provenant des cours
de Ben-Ahin. Acquéreur d'archives de l'ancienne abbaye de
Sollière, M. Desoer m'en a fait entrevoir la remise prochaine.
Nous n'avions rien de ces cours, mais il paraît que le dépôt
de Namur renferme de ces documents.
Les papiers de la cour de Beaufort sont, je pense, chez M. le
prince de Looz-Corswarem. Son fils, M. le prince Camille, m'a
engagé h aller voir moi-même leurs archives et nous pouvons
espérer, le cas échéant, de les obtenir.
Berlo, canton de Warcnime, ancienne baronnic, avait une cour de
justice à Bcrlo et une autre à Willcn.
a) il) registres de protocoles MW œuvres de la cour de ÏV/Z/cw, savoir
les années 1475-1502, 15-27-28, 1551, 1550-52, 1558-61, 1500-65, 156i-
4565, 1570-73, 1575-78,1580-90,1587-90,1590-91, 1607-12, 1617-20 et
1622-53.
b) 2 registres aux investitures de la dite cour.
c) 10 registres de protocoles aux œuvres de la cour de Berlo, soit :
1570-73, 157i-81, 1595-1601, 1600-6, 1602-8, 1614-15, 1617-20, 1622-
27, 1027-50 et 1631-37.
(/) Cours de Berlo et }yillen réunies : 3 reai-stres de protocoles mx
œuvres, 1658-40, 16.59-68 et 1668-86.
<•) 1 registre hors plaids, rôles de 1565-86 (a).
(' ) Elles viennent de nous être remises.
(•i Les registres (|ui prtfoèdenl sont prcsqu'oxclusivoineul n'digi'S en flamand.
Ceux-ci el les suivanls le sont en fiançais.
— 370 —
/') \ registre aiuv (ilaids ordinaires, rôles de 169 1-1705.
fjf) { fragment d'un registre 'àu\ plaids généraux, 1695.
h) i registre ou recueil iVœuvres scab. de 1500 à 1699.
î) 1 » » de 1357 à 1686.
j) l registre aux roffres, io'O-Sl.
k) Dcnyi liasses de pièces diverses des 16%17" et 18* siècles, provenant
des mêmes cours.
/) Une charte du 16 juin 1595. Constidilion de rente au profit de Jean
Papeleers, sur une lerre à Berlo.
Celte précieuse collection se trouvait entre les mains de
31. le baron de Tornaco, bourgmestre de Lens-Sl-Servais, qui
s'est empressé de la remettre, lors de ma visite, pour le dépôt
des archives de l'Etat, à Liège. Elle contenait encore :
1° Un registre de comptes censaux de 1010 à 1612.
2' 17 chartes classées ici par ordre chronologique. (Je fais précéder la
date du nom de la localité que la chose intéresse.)
«) Loui;flm,i septembre 1421. -Constitution de rente au profit de Barbe
Y. d. Brugghen Y" Baets.
b) Vorst (Forêt), 19 mai 1 I3i. — Sentence rendue par les échevins de
TAbbesse remettant Yranke de Briedere, prêtre, on possession d'un pré à
Cu reghem-sous- Anderlecht.
c) Seigneurie de Lare, à Schelle, 4 mai 1 i55. ~ Acte de relief fait par
HoeloS (Roland) van Berchem.
d) — 50 juillet 1550. — Octroi donné par Charles V à Roland van
Berchem pour renouveler ses registres censaux et féodaux.
() — 4 août 1020. — Conslilulion de rente au profit des enfants d'Isab.
Iloens, Y« de Franc. Toelincx, sur des biens à Willebeke (i).
f) —9 juin 1644.— Constitution de rente au profit de Corn. Hilicwer-
wen, marchand d'Anvers, sur des biens à Willebeke.
g) Matines, 20 juillet 1470.— Pouvoir de tester accordé i\ JcandcMusen
et à Marg. Schofs; lettres délivrées au nom de Charles-le-Téméraire.
( ' ) Voir ci-après à lu iolli'c/.. La pièce it^liquro concorne également la seigneurie
lie Lare.
/;) — 1 i juillet 1 i72. — Contrat do mariage possé par devant le iiot^iire
Robosch, entre Jean do Ryeke et Jacq. v. Heffene.
i) Sei(jneurie de l'k (cour foncière de la), "20 mai ! 10 i.— Renie an profit
de Jean van lieyst, rentier du Béguinage de Malines.
,/) Bruxelles, 2G mai iiOi. — Ratification du contrat de mariage de
messire Collard de Mailly et demoiselle Ad. Tserraerts, par mcssire
Guill. Stradio etilel. Tserraerts.
k) Cour féodale de Brahunt, 51 mars l.'iOi (v. s.). —Lettres d'appel
accordées à Dom. de lïerde, contre sentence de la cour de Lare, touchant
le fief (\q Hornkx Bosch.
I) }Ieyssc, Grimbergen tlEppeghem, 19 août 1547. — Octroi donné par
Charles V, à Ph. de Weert et Magd. de Rycke pour |)rocuratron de vente
de biens féodaux.
m) Campenhout, 5 décembre loGG. — Lettres d'adhérilences passées
devant la loi de Cam[)enhout, mairie de Yilvorde, de la moitié de cinq
bonniers de prés et marais, au profil d'Anne Persoens,V*AertsVerbuecken.
II) Conseil de Brahant, 10 septembre 16*28. — Droit de pèche dans l'Es-
caut, pour Pierre Suys, seigneur de Lare, depuis Willcbeech jusqu'à Ter
Miiijeii. — Lettres de maintenues.
o)A(lenhove,[8 mars 1560 (v. s.). — Arrenlement du moulin d'AlIenhove
au profit de Jacq. Micken.
p) Sei;ineuries de Mnlère et Orbais, 2-2 janvier 1660. — Relief d'une
rente par Ph. v. d. Stegen.
q) — — 19 septembre 1689. — Charte analogue.
Ces chartes pouiroiit é!re envoyées aux dépôts l'espectifs,
dès que la remise en sera ordonnée par M. l'Archiviste général
du Royaume.
M. le baron de Tornaeo s'est engagé h (aire des reclierclies
au château de Berlo. Je ne doute point qu'elles ne doivent être
fructueuses, car d'après une lettre que j'ai sous les yeux, datée
de Luoz, 7 juillet 18-20, et f^ignée V. MnUrcjcan, ce dernier
renvoie a Madarne de Berlo un panier contenant les registres
aux rôles de la j:is[icc de Berlo, plus un coffre où sont les
registres aux œuvres de Berlo, [>'é-en!ant diverses lacinics,
^'> —
iiiiisi que les registres de Grand et de Petit Axhe, et de Willen,
quelques anciens registres censaux et deux registres des
pauvres de l'église de Berlo.
Burdinne, canton d'Avennes, haute cour et cour foncière (dépendait
du chapitre d'Andennes jugeant à).
a) 6 registres aux transporls 1586-97, 1040-42, 1645-47, 1648-49,
l(;o2-:i5, 1656-59.
h) \1 registres aux œwws, 1660-6^2, 1666-67, 1670, 1672, 1675-76,
1685-88, 1688-90, 1692-98, 1698-170Ô.
c) ^1 registres aux i)]aids et rotes, 1548-51, 1588, 1597-99,1603,
(fragments), 1608,1009,1611-15, 1614-15,1016-17, 1619-20,1619-21,
1022-24, 1024-26, 1650-32, id., 1035-50, 1035-56, 1637-40, 16ii-47,
16i4-48, id., 1654-55, 1659-00, 1003-00, 1084-85, 1088-90, 1097.
lï) 1 registre aux rôles de la haute cour de Burdinne, 1704-5.
e) 1 registre i\\!i\ fur nissemenls {ïvdLS,xûm{s), 1619-26.
/■) 0 registres censaux de la cour seigneuriale appartenant au chapitre
d'Andennes, 1694-1718, 1695, 1690, 1097,1099, 1700, 170:', 1718-39.
g) 8 liasses de pièces diverses provenant des dites cours, 17'' siècle.
k) 10 liasses id. du 18* siècle.
A part quelques registres conservés dans l'armoire aux
archives de la maison communale, ces archives se trouvaient
dans un grand coiï're relégué au grenier de l'instituteur. Nous
aurons l'occasion d'en reparler ci-après.
Le dépôt de Liège ne possédait rien de Burdinne.
Crehen, canton d'Avennes, ancienne haute cour.
fi) S registres 'MX omvres, années 1640-50, 1682-93, 1698-1700, 1710-
12, 1713-10,1718-19, 1752-52, 1753-82.
b) o registres nn\ rôles et plaids, 1717, 1720-29,1729-51, 1772-82,
1782-80.
c) 15 fragments de registres aux œuvres ou plaids û\i il* siècle, entiè-
rement gâtés par suite de l'humidité.
d) 0 liasses de pièces diverses des 17* et 18" siècles.
Tous ces papiers reposaient dans un coffre h la maison
communale et ont pour la plupart beaucoup soutTerl de l'hu-
midité.
Deux registres seulement, de 178-2-1795, se trouvaient aux
archives de l'Etat, h Liège.
Darion, caiilon de Waremmo, dépendant de Hollogiicsur-Geer.
ancienne cour foncière.
a) l regislre mx œuvres, venîermaininn acte de transport de 1589 et
des actes de 17 il ;t 70.
Il porte ainsi à 3 le nombre des registres que nous avons de
cette cour. C'est aussi le plus ancien, les deux autres n'em-
brassant que les années 1749-1795.
I! m'a été remis par M. l'instituteur de Ligney, de môme que :
l>) Une liasse (ïaclcs passés devant les cours de Ligney, de Yillers et
Lens-St-Remy, de Braive, Darion et nol!ognc-sur-C.eer; 17" et 18^
siècles.
M. J. Cartuyvels, bourgmestre de Ligney, croit que les
archives de la haute cour de Darion sont restées aux mains de
la fnmille Jacob. Je n'ai pu jusqu'ici en recevoir des renseigne-
ments positifs.
Embresin et Embresineau, canton d'Avenncs, ancienne cour
subalterne dépendant d'Andcnnes.
<() 2 registres aux œuvres, 1753-60, i7G8-77.
h)'i » aux /y/(//W,s, 1755-67, 1768-82.
Ce sont les seules pièces anciennes qui se trouvaient à la
maison communale. Le dépôt de Liège ne possédait aucun
document de cette commune,
Hanuêche, canton d'Avenues, ancienne cour haute et cour foncière.
(t)ôrcgistres aux œuvres, de la haute cour, 1586-96, 1665-6i, 171 1-U.
b) 4 regislres aux œuvres de la cour foncière, 1719-56, 1755-60,
1760-65,1784-89.
O ( 1
J'ai retrouvé ces registres parmi ceux de Burdinne. Ils com-
plètent, avec la liasse mentionnée ci-dessous, les archives de
Hannêche déposées par M. le comte Georges de Looz-Corswa-
n;m, le 20 février 1873, et remises par M. Robert-Renson, de
Hannêche.
c) Une liasse de pièces diverses provenant également de ce dernier.
Hannut, canton d'Âvennes (ancienne cour des Aloyers, à),
fl) Trois registres aux rô/es de 1689-92, 1729-35, 1754-41.
b) 4 liasses de pièces diverses.
Le tout provenant de la maison communale et portant ainsi
à 'àO le nombre des registres de cette cour conservés aux
archives de Liège.
c) Une charte du 6 septembre 1585. — Lettres de rémission délivrées
au nom de Philippe IF, en faveur de Jacques Danes, pour avoir tué Gérard
Commers de Hannut.
Remise lors de mon passage à Moxhe, par M. Pierre
Monon, entrepreneur à Embresineau (commune d'Embresin).
d) 89 refjislres aux protocoles de plusieurs notaires défunts , ainsi
répartis :
5 registres de L. Forceilles, notaire à Hannut, 1754-70.
2
»
P.-J. Biron
»
à Crehen, 1785 an VII.
11
»
H. Ciianlraine
»
à Wasseiges, 1784-94.
9
»
J.-.I. Denis,
»
à Hannut, 1771-97.
1
1)
H.-J. Morcau,
»
à Moxhe, 1790-97.
1
»
13. -J. Doclien
))
àThisnes, 1795-96.
25
»
F. -F. Gotol,
))
:» Hannut, 1770-95.
2
»
Fleussu,
)'.
à Lens-St-Servais, 1771-98.
57
»
L.-G. Michaux,
))
à Racour, 1760-90, avec répertoire
Les protocoles ci-dessus m'ont été remis par M. Goossens,
notaire ù Hannut, de même que les trois registres suivants :
— .)tO —
(Un dépôt analogue m'a été promis par M. le notaire Ghion) 0.
e) Un rcgislrc nu\ œuvres de la Cour féoda'.e de Quadreppc, jugeant à
Avernas (aujourd'hui Brabaul). Lesacles eu sont du 18* siècle, mais ils
ont été reliés sans ordre chronologique. On y trouve aussi quelques
minutes du notaire Jacquet.
f) Un registre aux œuvres de la haute cour et cour censale de Linsmeau
(près de Landen), appartenant au 18* siècle. Des actes du notaire G.
Michaux y sont joints. — Même observation que pour le registre ci-dessus.
g) Un registre aux œuvres des cours de Maret (dépendant anciennement
de Racour. aujourd'hui d'Orp-le-Grand) et de Quadreppc du 18° siècle et
différents actes du notaire Chantraine . — Même observation que ci-dessus.
Lecs-St-Servais, canton d'Avennes. ancienne cour haute et censale.
I registre aux rôles de la haute cour de 1733 à 88, trouvé dans l'armoire
aux archives communales.
C'est le seul document que nous ayons de ces cours.
Ligney, canton de Waremme, ancienne haute cour de justice, bailliage
de Hannul, duché de Brabant.
a) Un paquet en deux liasses ù'œuvres, ûe procédures, etc., des 17^ et
18^ siècles.
Ces papiers constituent tout ce que la faiiiille Cartuyvels, qui
a été longtemps dépositaire de la majeure partie des archives
de la commune de Ligney, a pu récoller jusqu'à ce jour.
II existe aussi dans la même commune les assiettes de la
commune de l'année 1735 jusqu'à l'occupation française. Ces
documents ayant clé plusieui^s fois consultés avec fruit par
l'administration communale de Ligney pour éclaircir et aplanir
des contestations d'intérêt local, M. le bourgmestre J. Cartuy-
vels a cru devoir les conserver à la maison communale.
Le dépôt de Lif'ge renferme 28 registres de celle cour.
^)3 cJnrtes données parle sieur Joseph Tombeur, cultivateur à Ligney,
à savoir :
(ij Nous avons reçu depuis, ses anciens prolocoles,
;;7«i
1" Charte du 18 février 1527 (v. s.), émanaiU de la Sdijucuric de Seync
(Hesbaye).
2" Id. du 8 juin 1538, — de la cour (ÏAmbrcsinciiu.
Ty' Id. du 28 avril 1G57, — du Conseil de Namur.
Merdorp, canton d'Avennes, ancienne haute cour, cour foncière et
cour censale (dépendant de St-Jean-TEvangéliste à Liège, jugeant à).
n) 26 chartes, dont 2 bulles des 16" et 17'" siècles.
b) i'î liasses Cte pièces diverses, id. id.
Ces archives, les seules que nous ayons de ces cours, m'ont
été remises par M. Ernest de Giientinnes, propriétaire actuel
du château de Merdorp, où se trouvait l'ancien coffre commu-
nal. On soupçonne une certaine personne dont le nom m'a été
décliné et qui habite Noville-sur-Méhaigne (province de Namur),
de posséder des archives provenant des cours susdites.
c) 2 regislres,Yan le répertoire des actes passés par le notaire F rancaux,
dont les protocoles sont aux archives de Namur; l'autre un rcflis/a'
journal du même notaire pour les années 1780 à 90, étaient à la maison
communale. Je les tiens à la disposition de M. le Conservateur des archives
de l'Etat, à Namur, dès que M. l'Archiviste général du Royaume en aura
donné l'autorisation.
Moxlie (et Moxheron), canton d'Avennes, anciennement deux cours.
1 liasse de pièces diverses, concernant Moxhe, Moxheron et Thisnes, m'a
été remise par le M. Jules Bosseloir, conseiller communal de Moxhe.
A ce faible dépôt se réduisent les archives des cours de Moxhe
et de Moxheron. Rien n'en existe à la maison communale. M. le
comte G. de Looz-Gorswarem, dont le zèle ne connaît pas de
bornes pour tout ce qui touche h l'archéologie, ne les perdra
pas de vue. Peut-être lui devrons-nous un jour la découverte
de ces documents.
Modave (Grand et Petit), canton de Nandrin, ancienne cour
féodale au Grand-Modave, dont relevait l'avouerie d'Amay et la cour de
justice du Pelit-Modave, Il y avait aussi une cour foncière.
J'ai retrouvé au château de Modave une quantité considé-
rable des archives des cours susdites, telles que chartes,
registres, liasses, etc., etc., le tout en parfait état de conserva-
tion. M. le sénateur F. Braconier-Lamarche, propriétaire
actuel de ce splendide domaine, a compris toute la justice et
l'opportunité qu'il y avait à déposer (îcs archives h Liège. Avec
un empressement éclairé et des plus louables, il en a promis la
remise. La mauvaise saison étant trop avancée, je n'ai pu en
commencer, comme nous en étions convenus d'abord, le triage
immédiat. Par sa lettre du 4 décembre dernier, M. F. Braconnier
m'annonce que ce triage aura lieu au printemps prochain. II se
fera en présence de son notaire, h l'effet de conserver pour la
famille les titres de propriété et tous actes d'intérêt privé.
A Liège, nous n'avons aucune pièce émanant de ces cours.
Wasseiges, canton d'Avennes, ancienne haute cour à Wasscigcs, cour
foncière dite de Crupel et une troisième foncière et féodale de Sl-Laurcnf.
a) 'iô registres aux ptaids de 1586-92, 1589-99, 1655, 1671, 1685,
1681-86, 1691-92, 1695-1700, 1702-5, 170-4-5, 1705-7, 1707-8, 1708-13,
1715-14, 1715-19, 1721-26, 1720-27, 1728-51, 1751-59, 1755-55, 1755-
62, 1790, an IH.
b) 1 registre censal de la cour de Crnpef, année 1098.
c) .4 liasses d'œuvres et plaids, de 1641-60, 1669-75, 1685-95,1700-19.
d) 15 liasses de pièces diverses des W et 18" siècles.
e) i liasses id. , concernant Wasseiges, Tliisncs, etc.
Cesquatre dernières liasses ont été données par M""'V''WarnanL-
Desmet ( ' ). Tout ce qui précède provient de la maison commu-
nale, de même que :
f) 1 liasse ùe minutes d'actes [YAssés \yàv différents notaires de Namitr,
1667-77.
( ' ) Elle croit savoir que M'"» Ripet, demeurant à Waret-Ia-Chaussde ^province de
Nainur\ possède des archives.
- 378 -
Soil en sommo 2i registres el 21 liasses à njouter au fonds
de Wasseiges, et il est à noter que celte trouvaille non-seule-
ment comble des lacunes, mais fait remonter de 1606 à lo86 le
commencement de ces archives.
Quant aux anciennes archives do Nandrin, mes recherches
y ont été infructueuses. D'après les déclarations du secrétaire
communal , l'ancien bourgmestre, M. Arn. Halleux, ne les
aurait pas remises à son successeur lorsqu'il fut relevé de ses
fonctions. Il me reste cependant quelque espoir d'en recouvrer
une partie et je poursuis mes investigations dans ce but.
M. Laurent, notaire à Nandrin, fera prochainement le dépôt
de ses anciens protocoles.
A Clavier, canton deNandrin, où il y avait autrefois les cours
basse d'Attrin et de Vervoz, j'ai rencontré le même insuccès.
Il est à j)résumer que leurs papiers sont encore déposés aux
châteaux de ces localités.
Je lis sur un débris de feuillet volant, trouvé parmi les
archives de Burdinne, ce qui suit :
« Je requiers mon mayeur lUnson de letircr à nurdinuo, tous les
» papiers concernant le village û'Acos et qui (sont à) la cour dadit Bur-
» dinne, fait à Nainur le mil sei»t cent septante-lrois sous le ca...
» (signé) DE Pasquet d'Acos ».
Et en-dessous :
« 2 oust 1773. Retiré les dits papiers aiant esté présent à la
recherche pendant six heures ce que j'atteste.
Anduien Joseph Renson,
mayeur de la haute cour d'Acos. />
Il est donc permis de supposer que ces archives sont restées
chez les héritiers do Pasquet d'Acos. Son fils, le baron de
— 379 —
Pasquet d'Acoz, est décëdô ie 14 juin 1870 au château de Botliey,
l)!opriélé actuelle de Madame de Paul de Barcliifonlaine.
Le tableau ci-aiinexé répond, M. le Ministre, au second objet
de ma mission
Faisant maintenant la récapitulation des archives mentionnées
ci-dessus, nous arrivons, M. le Ministre, à un total de 310
registres, 68 liasses et 49 chartes, qui sont venus augmenter
le dépôt de l'Etat, à Liège, non compris la riche collection de
Modnve, les archives de Ben-Ahin et les anciens protocoles
des notaires Ghion, h Ilannut et Laurent, à Nandrin. Toutes
ces archives se trouvaient généralement dans le plus déplorable
désordre et presque toutes étaient enfouies dans des greniers
où la poussière et l'humidité exerçaient de tristes ravages. Il
m'a fallu plusieurs jours pour en opérer un premier classement.
Il est donc permis de conclure, M. le Ministre, que l'essai a
été fructueux et que ce serait chose sage et prudente d'envoyer
dans chaque province, un délégué des dépôts respectifs, pour
visiter toutes les communes et rentrer en possession des docu-
ments relatifs h nos anciens greffes scabinaux et féodaux, non
encore déposés aux diverses archives provinciales.
En effet, M. le Ministre, aucun résultat n'a clé produit
jusqu'ici par la circulaire de M. le Gouverneur de la province
de Liège, en date du 4 août 1868, adressée aux administrations
communales, à la suite d'une dépêche ministérielle du 30 juillet
1868, beaux-arts, 3,6^16/11,694, circulaire qui rappelait l'art. 40
de la loi du 27 mars 1791; Lierneux seule répond olUciellement
qu'elle fera le dépôt réclamé, mais oublie de s'exécuter.
Que voyons-nous à Wasseiges ? En parcourant les registres
aux correspondances des adrainislratioiis communales de Was-
seiges et d'Embresin, années i81o-16-17, je lis Ix la suite
- 380 —
d'un arrêté ilu commissaire du Roi, daté du 21 septembre 1815,
qu'un échange de dépêches s'était établi entre le maire de
Wasseiges, le premier avocat général de la cour supérieure
de la justice de Liège, et rarchivisle provincial Chevalier,
pour la remise des anciens papiers renfermés dans des coffres.
Or, noire dépôt possédait de Wasseiges 40 registres, prove-
nant sans doute de cette remise, et après une correspondance
aussi officielle que celle dont je viens de parler, on pouvait
croire que plus un document n'existait à la maison communale,
et cependant, après 58 ans, j'y ai mis la main sur 24 autres
registres et 21 liasses.
Une autre réflexion que je me permets de vous soumettre,
M. le Ministre, a rapport aux dépôts privés.
Ce n'est pas seulement à la maison communale que l'on doit
rechercher les anciennes archives, mais le plus souvent au
château et chez les descendants des derniers majeurs et
greffiers.
L'inventaire ci-dessus le prouve déjà sufïisamment, et les
passages suivants de la correspondance de Wasseiges et
d'Embresin ne font que confirmer cette affirmation. Le 24 juin
iSlGjle maire d'Embresin et Embresineau écrit au sous-intendant
de Huy pour réclamer ses archives à la mortuaire du sieur
Chaiilraine, greffier de cette commune et ancien notaire de
Wasseiges. L'envoi n'aura pas eu lieu, car nous n'avons de
ce fonds que 4 registres, retrouvés par moi ù la maison com-
munale et d'autre part la famille *** m'a dit qu'elle avait vu se
détruire chez elle beaucoup d'anciens papiers. Dans une lettre
du 21 octobre 1817, adressée par le maire de Wasseiges h
M. Chevalier, celui-ci est informé que des collVes rem()iis
d'archives étaient restés à Wasseiges chez le sieur Le Ruth,
maire pendant le gouvernement français.
Un fait tout récent, qu'il est utile de signalerici, c'est une vente
d'archives de la main à la main qui a eu lieu ces jours derniers
m
à notre insu à Liège. La vendeuse était fille de***, ancien
greffier des échevins de celle ville.
Il appert de ce qui précède, M. le Ministre, que malgré la loi
du 27 mars 1791 et les diff'érents arrêtés contre les détenteurs
d'archives, des o pluviôse, 9 et 17 ventôse, 27 prairial an V et
du 21 prairial an VI, émanés de l'adminisiralion centrale, ainsi
que ceux du préfet des 22 frimaire, 5 messidor an X et du 4
août 1812, malgré les circulaires qui ont suivi ces arrêtés, le
gouvernement n'a pu obtenir la remise totale des archives des
anciens grefies scabinaux et féodaux.
Le résultat de ma mission démontre, au contraire, M. le
3Iinistre, et d'une manière péremptoire, qu'une visiie locale est
le seul moyen pratique d'aboutir.
Au commencement de ce siècle, beaucoup de gens dans les
communes avaient quelque notion des anciennes archives, mais
il est bien rare aujourd'hui d'y rencontrer encore une personne
compétente. Nous avons même eu le regret de constater que
beaucoup de documents ont été détruits par des mains igno-
rantes. C'est ainsi qu'un cultivateur de Ligney m'a naïvement
raconté qu'il avait eu chez lui tout un coffre de chartes prove-
nant en grande partie de l'ancienne abbaye du Val-Notre-Dame,
près de Huy, et qu'il les a fait servir de jouets à ses enfanls.
j'ai eu en mains des débris tombés sous les ciseaux et je tiens
par devers moi une couverture de cahier faite avec des frag-
ments de chartes. De cette belle collection, riv^n n'était resté, à
part trois chartes mentionnées sous la rubrique Ligney.
Un acte plus déplorable et que je ne saurais passer sous silence,
a pour auteur l'instituteur de Burdinne, que j'ai surpris allu-
mant son feu avec les anciennes archives de celte localité.
D'après sa propre décliration , il en reçut le dépôt de M.
Fraipont bourgmestre décédé. Nous sommes loin de l'époque
où dans les moindres villages, on exigeait des maîtres d'écoles
— 3825 —
qu'ils appréciassent les vieilles écritures et qu'ils les déchif-
frassent au besoin (i).
Quelques feuilles roussies, dont j'ai pu m'emparer, sont les
seuls restes du registre aux œuvres et plaids de l'année 1729.
Il était donc temps d'arriver pour que tout le contenu du coffre
ne subît pas le même sort.
Ces exemples, M. le Ministre, démontrent la nécessité qu'il y
a de prendre des mesures atin de sauver les restes épars de
nos anciennes archives qui sont d'un si grand intérêt, non
seulement pour noire histoire nationale, mais aussi au point
de vue local ou privé.
Cet intérêt, M. le Ministre, vous est connu mieux qu'à per-
sonne, vous qui jadis avez joué un rôle si judicieux dans un
procès resté célèbre. Vous ne l'ignorez pas, M. le Ministre,
c'est la découverte du testament d'Aniold de Maldeghcm, cha-
noine de Tournai, l'ait en 1275, qui rendit un hôpital aux
pauvres de Maldeghem, d'Adeghem et de St-Laurent, exposés
jusqu'alors depuis quatre siècles h mourir le long de la route de
Maldeghem h Bruges.
Certes, toutes les pièces n'ont pas une telle importance,
mais tout est relatif, et comme l'a dit M'"* de Staël, «lescircons-
w tances de détail donnent seules de la couleur et de la vie à
)) l'histoire, )) et j'ajouterai, le plus petit détail mène parfois aux
grandes découvertes.
En terminant, M. le Ministre, je dois rendre hommage à
l'accueil bienveillant que j'ai reçu des administrations commu-
nales oii je me suis rendu. Toutes, elles ont compris, de même
que les particuliers, l'avantage qu'il y avait à faire la remise de
leurs anciennes archives au dépôt de l'Etat.
Je dois aussi de vifs remercîments à M. le sénateur comte de
(1; Vicomte Serruriku, l/in^lniclion i-rimahe dam la région des Pijrcnées orien-
cali'S, spécialetnenl en liéarn, 1788- 1 '89, p. 34.
— 388 --
Looz-Coi'swareni et h M. le comte Georges, son tils, pour
l'appui éclairé qu'ils m'ont prêté lors de mes recherches dans
le canton d'Avenues.
Daignez agréer, Monsieur le Ministre, l'assurance de ma plus
haute considération (').
• Désiré vax de Casteele.
( ') Dans la séance de la Cliambre des représentants, du i26 janvier 187G, M. le
Ministre de l'Intérieur a fait la déclaration suivante :
Messieurs, dans la discussion du budget de l'exercice 1873, j'ai déclaré à la
Chambre que des mesures seraient prises afin d'assurer l'inspection et la conserva-
lion des archives communales.
Le gouvernement a commencé l'exécution de ces mesures : il a fait visiter, à
titre d'essai, les archives de plusieurs communes du Limbourg et de la province de
Liège.
Les agents chargés de l'inspection devaient, entre autres, constater l'état ue
conservation des archives dos communes et réclamer, pour le dépôt provincial, les
documents des anciennes justices échevinales.
Je suis heureux de déclarer que ces inspections, faites par le conservateur des
archives de l'Etal à llasselt, M. van Neuss, et par M. van de Casle'jle, conservateur-
adjoint du dépôt de Liège, ont produit d'excellents résultats.
Non-seulement une foule de documents précieux ont été remis spontanément a
l'Etat par des administrations communales et par des particuliers, mais nous avons
acquis la conviction, en nous fondant sur des faits précis, que nous pourrons sans
difficulté réaliser conipléteni«-nt le vœu émis par l'honorabiu M. Kervyn de Yol-
kaersbeke.
Il avait été question, il est vrai, d'organiser une inspectijn spéciale pour le
service des archives communales. Mais ce projet présentait de sérieuses difficultés
et il ne sera pas nécessaire de le mettre à exécution. L'essai qui vient d'être tenté
et qui a pleinement réussi, permet d'affirmer que, pour atteindre le but proposé, il
suffira de confier aux agents des archives dans les provinces le soin de visiter les
archives des communes.
En cas d'insuffisance ou personnel, il y sera suppléé par des agents du dépôt
général de Bruxelles.
L'honorable membre peut donc être complètement rassure. Au moyen d'un sup-
plément du crédit peu élevé, que je compte, t'i la chose est nécessaire, rattacher au
budget de l'exercice prociiain, nous pourrons organiser un contrôle suffisant, efficace
au point de vue de la conservation des archives communales.
Moriitein^ jeudi il janvier 1876.)
MOXE
SUR LES RECHERCHES FAITES EN 1873
PAR
L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE LIÉGEOIS
DANS LA
TOMBE DE MIDDELWINDEN.
Dans sa séance du 7 novembre 1873, V Institut archéologique
liégeois résolut de reprendre dans la tombe de Middelwinden
les fouilles faites en 1864 par MM. Schuermans et Kempeneers,
et restées inachevées. L'auteur du présent article fut chargé
par la Société de diriger ces nouvelles recherches.
Avant de passer au récit de celles-ci, il ne sera pas sans
intérêt de reproduire en quelques mots les passages les plus
saillants du rapport publié par M. le conseiller Schuermans
dans le Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie
sur la tombe de Middelwinden et les travaux exécutés par lui.
(Voir .'innée 1865, p. 215 et suivantes.)
« Cette tombe a, en périphérie, 76 mètres à sa bîise actuelle
» et 30 mètres au sommet. Sa hauteur verticale, du côté de l'O.,
» est de 12 mètres et de 8 mètres du côté de l'E. » Ce dernier
détail doit être rectitié, en ce sens que, sans parler de la hau-
teur verticale ( ' ), les pentes de la tombe ne mesurent plus
') Celle-ci s'en U'ouverait encore diminuée.
('oujK- (les Tra\'aiL- Lr'^cJKle.
I et >i'//i /)/■(_■ /f'>/',j\
■ >V7//rv/,r.
m ///■ Cd/i/c/iii /// ,nici(/i i/i'/i/'/.y.
r.v .vi//jc/yj(>.v>'r,y <■{ <rya//J: ,yc/'OL
'/S.
Â. ■ ///c/i'/is ron/on/;s' r/t- ào
I f'ouif ce /!//■(// r/c
(Il /<)//! lU'
<^4 \^ '^'' /'•■ri/)/t('/'i'c (/('
r- viii.
s/-^ /(/ /)/(t/l' /('/■///('
À
Plan
df s Ti'ii\aux '"
llf l'uinllcs l'xcnil
ni liiOi cl .M
Xiivcmbi'i' liir.") dîiii.v '-r,
la Tonilic Ruinai Ile il
Midildwiiulfii
.V:,-l,,;' .,„ /,„„/ ./„ ,/„■„„„
/:;/,,//,■. J „,,//„„., nmr'^/ n, :■/,;..
(7„;„ui ,/r ■■l.-rr„.ui,/,;, ,r Durr/,,,:,,/.;,
{ im.'liciv Irall.
- 385 -
guère aujourd'hui que 8 mètres vers l'Est et 6 mètres vers l'O.
« De celte tombe peut-être découvrait-oii naguère celle de
» Tirlemont ; elle n'a de vue sur aucune autre.
» Placée le long de la Tomb-straet,la tombe de Middelwinde
» appartient pour partie en juridiction et en propriété à Neer-
» winden et h Overwinden (Liège); (u° 275 du cadastre de la
» première et n° 841 de la seconde ; elle appartient pour 20
» centiares h celle-ci et pour 39 centiares h celle-Hi). Avec une
» foire, dite de Middelwinde, qui se lient à la tombe le jour de
» la Mi-carême, elle est le seul reste d'un village détruit dans
» les guerres désastreuses des deux derniers siècles.
» La tombe de Middelwinde joua un très-grand rôle dans
» l'une des deux batailles de Neerwinden, celle qui se livra en
» 1793 ; dans le pourtour de la lombe, aux bords inférieurs, on
» a Irouvé, ces dernières années, des ossements appartenant
» sans doute à des victimes de ceite bataille mémorable.» (Voir,
à ce sujet, le passage relatif au cimetière gallo-romain d'Over-
vvinden dans l'intéressant rapport (p. S) publié par M. Lefèvre,
membre correspondant de Vlnstitut archéologique liégeois, sur
les fouilles archéologiques faites dans le canton de Landen,
pendant les mois d'aoïjt, septembre et octobre 1871, par Vlns-
tiliit archéologioue liégeois, rapport inséré dans le Biilleiin de
cette Société, arnée 1873.)
« Van Ghcstei [Ilistoria sacra episcopatus ^fecJllinie^lsis, t. I,
» p. 270), suppose que Windognst, l'un des quatre rédacteurs
» de la loi saliq le, avait son domicile h MiddelwiNDE, et que la
» tombe récèle ses rcsies; celte version repose uniquement
» sur le rapprochement des noms et pourrait toui au plus
» s'appuyer aujourd'hui sur certains débris de bronze h dessins
r> franks (?) qu'on a apporté h l'auteur comme trouvés dans les
«environs de la lombe; mais celle-ci, par le seul fiit de la
» découverte de cendres humaines au fond de la fosse, dément
» la possibilité de l'hypothèse de Van Ghestel, car tous les
» passages de la loi salique, h laquelle on ne peut avoir dérogé
— 386 —
» pour un de ses auteurs, supposent l'inhumation et excluent
» la crémation.
» La tradition, dans la contrée, affirme que celte tombe est
» la sépulture d'un grand chef (van eenen grooten oversten) et
» même, ajoutent quelques-uns, d'un chef tué dans un combat,
» tradition sur laquelle les souvenirs des deux batailles de 1693
M et 1793 pourraient bien avoir déteint.
» Au printemps de 1864, des fouilles furent entamées dans
» ce tertre du côté de la Tomb-straet; et, vers le milieu du
» monticule, on retira d'abord, au niveau de la campugne, des
» blocs très-considérables de pierres couchées à plat qui sem-
» blaient y avoir été placées en guise de couvercle. Sous cette
» couche de pieries,on découvrit l'angle d'une fosse sépulcrale
» dessinée par des terres jectisses et analogues à celles de
» Fresin et de Walsbetz.
» Un coin du caveau funéraire, le coin ouest (*), qui avait à
» Fresin et à Walsbetz été le moins forlile en résultats, i'tit seul
» exploré, parce que des craintes d'éboulement se manifestèrent
» h propos de certains écrasements des parois de cette tombe,
)) ébrasilée [leut-être par les batteries de canon qui y furent
)) établies en 1793. Mais les trouvailles faites dans ce coin por-
>) tent à croire que la fosse coîilienl un riche dépôt funéraire :
» les (ouilles ultérieures devront être entamées du côté de
« Neerwinden et dirigées vers le milieu de la tombe, ce qui
)) permettra d'explorer les trois quarts restants du caveau. »
Suit rénumération des objets recueillis par MM. Schuermans
et Kempenecrs au fond du caveau funéraire. Nous remarquons
parmi eux des débris de deux petits vases en bronze, trois
anneaux de bronze de différentes grandeurs, six grands clous
en fer mesurant de 28 à 30 centimètres de longueur, un bouton
à tenon en bronze, deux plaques circulaires du môme métal,
(*, M. S(;liii(;riaan.s aura plus iJi-o))al)lt'inent voulu parler du coin sud. Voir le
plan.
- 387 -
l'une ornée d'une figure munie de cornes recourbées et l'autre
de cercles concentriques ; des débris de plaques de fer et de
bronze provenant peut-être de coffrets et enfin, outre « une
» grande quantité d'autres clous et de ferrailles, des débris de
» poterie depuis la poterie la plus grossière jusqu'à la poterie
» samienne, » parmi lesquels « un joli vase en terre fine, cou-
>i leur do brique, recouverte d'un vernis bronzé, t;)nt à l'inté-
» rieur qu'à l'extérieur, et orné à la panse de ces dépressions
M longitudinales ou fossettes que l'on a considérées comme
» caractéristiques des vases à onguents. »
On voit, par l'exposé qui précède, que l'on était en droit, en
commençant de jiouvelles louilles, de compter sur une riche
moisson archéologique. Il n'eu fut malheureusement pas ainsi :
les prévisions de M. le conseiller Schuermans ne devaient pas
se réaliser.
Les nouvelles fouilles furent toutefois entreprises dans des
conditions plus favorables que les recherches exécutées en 1864.
Une station ouverte à Neerwinden depuis quelques mois seule-
ment, facilitait singulièrement nos visites quotidiennes h la
tombe; d'un autre côté, menant à profit les enseignements
fournis par la précédente expérience, on ne donna plus cette
fois à ]:i galerie d'exploration qu'un mètre de largeur.
Nous conformant aux indications données par M. Schuermans
dans son rapport, la nouvelle; galerie fut entamée le jeudi 20
novembre 187o du côté du village de Neerwinden et dirigée
vers It point central du lumulus.de manière à faire angle droit
avec les travaux antérieurs. A environ un mètre de profondeur,
les ouvriers retirèrent des terres exlraites, deux morceaux de
plomb fortement aplatis; nous reconnûmes bientôt en eux deux
balles tirées i)robablenienl pendant l'une des batailles de Neer-
winde 1 et qui étaient allées se loger dans la tombe. La galerie
avait déjà atteint 8 mètres de longueur, lorsque nous pianes
nous convaincre que les différentes couches de terre composant
la tombe commençaient à descendre; bientôt après, le sol
~- 388 -~
vierge se dérobait sous nos pieds et la bêche louillait une terre
remuée : c'était la paroi Nord-Ouest du caveau qui s'offrait
obliquement h nous. Nous nous mîmes aussitôt en devoir de
déblayer la fosse sépulcrale. Elle était de ce côté renforcée par
une paroi inférieure de grosses pierres superposées, mais qui,
en différentes places, paraissaient avoir été enlevées. Au bout
d'une journée de iravail, nous touchions au fond du caveau ;
avant d'aller plus avant, il importait de découvrir d'abord ses
angles N. et E. pour juger de ses dimensions. Cela fait, on put
se rendre compte de ses vastes proportions : il mesurait 4
mètres 20 centimètres de largeur sur 3 mètres de profondeur
en dessous du niveau du sol. La coupe de la paroi présentait
sous ce dernier une argile compacte d'environ 1 m. 80 cen'im.
d'épaisseur, puis venait une couche de grosses pierres siliceuses
régulièrement stratifiée et enfin un mètre de sable verdâtre,
qui formait également le fond de la fosse funéraire. On pouvait
observer la même succession de couches dans le chemin creux
qui longe la tombe et qui conduit de Neerwindeuà Overwinden.
La pierre dont il est ici question est exploitée dans tous les
environs et, entre autres, h Heylissem.
La partie du caveau (voir le plan, lettrée) qjc nous venions
de mettre à découvert, ne renfermait aucun vestige de débris :
nous a:tribuâmes ce fait aux pierres formant paroi qui avaient
dû en occuper un certain espace. En présence des proportions
tout-h-f;iit exceptionnelles de la fosse funéraire — nous devions
nous attendre à une longueur en rapport avec la largeur ,
seule encore reconnue — il était impossible d'essayer de
déblayer en une seule fois la partie restante du caveau, ce qui
nous aurait donné une voûte de 46 ù 18 mètres carrés : c'est
pourquoi on se décida ù entreprendre le iravail par sections,
en commençant par la droite (plan, lettre d). Au moyen d'une
petite galerie d'un mètre de hauteur sur un mètre de largeur,
on atteignit au bout de quatre mètres l'angle ouest du caveau
(ce qui donnait à celui-ci 4 m. 30 centim. de long, soit une
— 389 —
superficie d'environ 17 mètres carrés), puis bientôt après on
toucha aux anciens travaux de déblai exécutés en 1864 : il était
inutile de pousser plus avant; la chose, à cause des dangers
qu'offrait l'opération dans des terrains complètement meubles,
aurait du reste été de toute impossibilité.
Cette partie du caveau nous fournit divers débris : fragments
de bords en verre blanc (il n'est pas aisé de décider, h cause
de leur exiguïté, si ces débris appartiennent à un couvercle ou
à un plateau : il y en a du reste de trois ou quatre espèces
différentes), fragments d'un vase à dépressions longitudinales
et à dessins circulaires striés ; il ne diffère de celui dont parle
M. Schuermans qu'en ce que celui-ci, au lieu d'être recouvert
d'un vernis bronzé, est revêtu d'une couverte noirâtre; frag-
ments de ('eux ou trois autres vases du même genre; vases de
verj-e para ssant avoir fortement subi laction du feu et brisés
en une qui ntité de morceaux; un fragment de plaque en bronze
qui semble se rapporter à un coffret, et un autre en fer (M. le
docteur Kempeneers signale en effet comme ayant été trouvés
par lui « des débris d'un coffret en cuivre »); enfin un morceau
d'un vase plus grossier, qui parait être une amphore, des
débris d'une autre poterie de couleur jaune foncée et un
anneau eu fer. Après avoir fortement étan^onné et rebouché
notre petite galerie, nous en ouvrîmes une seconde de mêmes
proportions, en longeant la paroi Sud-Est du caveau, puis, après
lui avoir fait subir la même opération, nous visitâmes le centre
du caveau jusqu'au point de contact avec les premiers travaux
d'exploration. Ces deux sections produisirent, outre des frag-
ments se rapportant aux objets sus-indiqués, un objet en fer
d'environ 12 centimètres de long, terminé d'un côté en pointe
et présentant â l'autre extrémité un creux indubitablement
évidé de main d'homme et paraissant destiné à recevoir un
manche en bois , dont il conserve encore quelques fibres
ligneuses. Ne serait-ce point un bout de javelot? C'est, avec le
fer de lance trouvé dans la tombe de Hez-Mava, près Monte-
- 390 -
naken, aujourd'hui nivelée, la seule arme recueillie jusqu'à pré-
sent dans les lombes romaines de la Belgique. Nous ne parlerons
point d'une espèce de cognée, munie d'une douille, découverte
dans la tombe d'Avennes, fouillée par l'auteur, ustensile qui
peut avoir été, soit un objet d'agriciillure, soit un inslrumcitt
ayant joué un rcMe dans la cérémonie de la crémation.
Eu présence de l'insuccès de nos nouvelles recherches,
aucun doute ne pouvait subsister : déjà antérieurement aux
fouilles laites en 1864, la fosse funéraire avait été visitée et
remuée de fond en comble; les pillards des armées fraticriises
avaient passé par là. Cette déprédation remonte probablement
à 1693, date de la première bataille de Neerwinden. Cette sup-
position concorde du reste avec la tradition : les anciens des
villages voisins se souviennent parfaitement avoir entendu dire
maintes fois par leurs arriùre-parents que la tombe de Middel-
winde, de même que la plupart des tombes romaines situées
sur notre sol, n'avait pas échappé à la convoitise et à la rapacité
françaises. D'autres indices d'ailleurs le démontrent clairement :
1" la grande quantité deteries meubles qui recouvre et remplit
la fosse funéraire (sans que l'on puisse cependant découvrir ni
traces, ni parois d'un puits) ; il est à présumer, qu'à cause de
ses dimensions, le caveau aura été vidé à ciel ouvert et au
moyen d'un large entonnoir embrassant toute sa surface; s'il
ne reste plus de traces des parois de cet entonnoir, il faut
l'attribuer au travail de tassement (*) lent, mais continu, qui
s'opère depuis près de deux siècles daiis les terres qui ont
rebouché la cavité, en entraînant insensiblement avec elles les
autres parties adjacentes de la tombe; â" le mélange et la dis-
persion dans toute retendue du caveau des diverses couches de
terre qui le remplissaient à l'origine, ainsi que le désordre des
pierres qui en formaient primitivement les parois internes et
(') Ce tassemenl csl rendu oru'oi'p, plus tWidcnl par U pivifonoo lii'pression qui
se reniMi-duc au haut ùo la lomhf).
~ 391 —
que l'on a rejetées pêle-mêle dans la fosse. En ce qui concerne
la couche de terre noire et do cendres brûlées, mêlée de menus
débris et de lerrailles provenaiit du bûcher ou du couvercle en
bois de la fosse, couche qui se rencontre toujours tout au fond
de cette dernière, il était impossible de la trouver en place à
Middelwinde : elle avait été complètement enlevée et dispersée.
C'est ainsi que des cendres humaines calcinées, de la cendre de
bois et des ossements d'un grand quadrupède ont été rencontrés
à plus d'un mètre au-dessus du fond de la fosse. Ces derniers
ossements, qui ont du reste été recueillis, ont pu aussi fort
bien avoir été jetés dans celle-ci par les Français; ?)" la rareté
et la dispersion (quoique appartenant quelquefois au même
objet) des débris trouvés dans le caveau, leur cassure toute
fraîche et nullement encrassée. Ces fragments ont-ils échappé
aux vandales du maréchal de Luxembourg oujbien ces derniers,
ne recherchant que des objets entiers ou de valeur et ne les
trouvant point à leur convenance, les ont-ils abav donnés
dédaigneusement? c'est ce qui n'est pas facile de décider; la
seconde hypothèse paraît toutefois plus probable. Un fait reste
acquis : c'est que le dépôt funéraire confié à la tombe a lu être,
à en juger par ce qui nous a été donné d'en retrouver, de la
plus grande richesse et d'une extrême importance.
Qu'il nous soit permis, avant de finir, de présenter quelques
considérations générales sur la tombe de Middelwinde. Citons
d'abord les conclusions du travail de M. le conseiller Schuer-
mans :
« La présence de ces dilTérents objets ( voir plus haut), celle
« d'ossements calcinés, la profondeur et l'orientation de la
» fosse permettent d'attribuer au tumulus de Middelwinde, la
» même origine et le même âge qu'à ceux de Fresin et de
» Walsbetz. La seule raison de douter est la trouvaille de la
•>■> poterie grossière h peine cuite, poterie s'émiettant dans les
» doigts et n'ayant pas du tout les caractères de la poterie
» romaine, mais pouvaiii être tout simplement un vase fait sur
— 392 ~
» les lieux même, et accidenlellemeut mêlé à des vases plus
» recherchés. Les fouilles complémentaires h faire dans cette
» tombe éclairciront sans doute la question.»
En ce qui concerne la poterie grossière dont parle M.
Schuermans, il ne nous paraît pas bien démontré que la fragi-
lité de sa nature et l'imperfection de sa fabrication doivent la
faire considérer comme n'étant pas romaine. La tombe dite de
l'Empereur (commune de Moxhe), explorée par l'auteur du pré-
sent article, a fourni deux vases du même geurc; aucun doute
ne peut cepeudan: s'élever sur leur caractère romain, la même
tombe ayant également fourni, outra plusieurs cruches par-
faitement romaines, une fibule en bronze qui a évidemment la
môme origine. La tombe de Middelwinde a, du reste, fourni
d'autres débris romains parfaitement authentiques et qui
viennent enlièrenent confirmer notre manière de voir. Elle
est donc bien, selon nous, une tombe romaine, et la fable de
Windogast n'a rien de commun iwcc elle. Elle présente cepi-n-
dant avecles lumulus explorés jusqu'ici des différences notables
et qu'il n'est pas sans intérêt de faire remarquer :
1° Les vastes cimensions de sa fosse funéraire; 4 m. 30 de
long sur 4 m. 20 de large, soit environ 17 mètres de superficie.
On peut attribuer en parUe ces proportions extraordinaires aux
pierres formant paroi et à l'espace relativement important
qu'elles occupaient dans le caveau. Les Romains, après avoir
creusé une fosse de 2 m. de profondeur, ont trouvé ces pierres
en place et ont alors songé à les utiliser en les dressant contre
les parois; celles-ci étant dans leur partie inférieure creusées
dans le sable et par suite dans un sol peu résistant, ils ont pu
vouloir par ce moyen protéger le dépôt funéraire contre la
pression extérieure des terres. Il n'est pas impossible non plus
qu'une ou plusieurs couches de ces grosses pierres n'aient été
déposées par eux en guise de couvercle au-dessus du caveau et
peut-être encore au-dessus d'un couvercle en bois de chêne,
comme il s'en est rencontré dans d'autres tumulus. La fosse
~ 393 -
funéraire ayant été trouvée dans un état de complète dévastation,
une vérification raisonnée n'est plus possible à cet égard.
On peut encore admettre, pour expliquer les vastes dimen-
sions du ca:eau, que l'on a du étendre suffisamment ses parois
pour se procurer le nombre de pierres nécessaires h ces diffé-
rents usages.
2" La profondeur exceptionnelle de la fosse est un fait non moins
étonnant.On n'en connaissait, croyons-nous, pas encored'exemple
jusqu'aujourd'iiui. Dans tous les autres tumulus cette profc^n-
deur variait de 75 cent, à 1 mètre 60; d'un autre côté la tombe
dite de l'Empereur renfermait un caveau situé à 1 m. 20 m-
dessus du niveau du sol. Si une anomalie de ce genre a pu se
rencontrer dans cette tombe, le contraire a pu fort bien se
produire pour la tombe de Middelwinde, et aucune de ces on-
sidérations ne peut infirmer l'opinion de noire savant arcbjo-
logue, M. le conseiller Schuermans, Ji savoir que la tombe de
Middelwinde n'a pu être élevée que par les Romains, opin on
que, nous le répétons, nous partageons entièrement.
Un détail que nous avons omis de mentionner et qui viant
encore corroborer l'opinion développée ci-dessus : à trente
mètres de la tombe de Middelwinde et séparé d'elle par le che-
min, se trouve un cimetière gallo-romain, dont l'existence a été
constatée depuis longtemps (consulter le rapport précité de M.
Lefèvre). Or, il est à remarquer qu'un grand nombre de tombes
romaines sont accompagnées, ii courte distance, de cimetières,
leurs contemporains, dont elles ne constituent pour ainsi dire
que les monuments principaux.
C^" Georges de Looz.
COUT
PROCÈS DE SORCELLERIE,
.V -^VASSEIGllKS, 1^91.
Sans vouloir faire l'histoire de !a sorcellerie, nous croyons
cependant op;)oriun d'en dire un mot pour servir d'introduction
h la pièce inédite que nous publions plus loin.
Une première question qui se présente tout d'abord est
celle-ci : La sorcellerie a-t-elle jamais existé? Pour y répondre,
nous avouons franchement notre incompétence. St-ïhomas
définit la superstition « le vice opposé par excès à la religion ;
» non pas qu'il aille plus loin que la vraie religion dans le. culte
» divin, mais parce qu'il rend le culte divin ou bien à ce à quoi
» il n'est pas dû, ou bien d'une manière qui n'est pas due. «
Selon le même docteur, attribuer tout en cette matière à l'esti-
mation de l'homme « est contraire h l'autorité des Saints, qui
» disent que les démons ont un certain pouvoir sur les corps
)) et les imaginations des hommes, quand Dieu le leur
X. permet ('). »
L'Eglise a dans tous les temps sévèrement défendu toutes
communications avec les démons, qu'elles aient lieu, soit par
(M Voir aussi les Uollyndistcs: Aria Hmcioruiii,S[-'ïhéo\)h\[p:.\ février; St-Egiile.
14 mai; Si-Cyprien, "26 septembre.
— 395 -
suite d'un pacte formel, soit par suite d'un pacte tacite. Voilà au
point de vue théologique, mais c'est à la critique historique
qu'il appariienl de juger des faits.
La croyance à la magie et aux possessions diaboliques
remonte à la plus haute anliquilé. L'Iiomme sorti du surnaturel
et forcé d'abaisser son orgueil devant les limites de sa raison,
fut toujours avide de mystères et nous voyons aujourd'hui
encore, en ce XIX'' siècle, qu'on se plaît à qualifier de siècle
des lumières, les plus sceptiques se pâmer devant le spiritisme.
Au XVP siècle, ces croyances prirent une extension étonnante
par toute l'Europe et dans tous les esprits. Comment eùl-il été
autrement, quand on voit le premier criminaliste de son époque,
dont les écrits exercèrent, tant en Allemagne qu'en Belgique,
pendant plus de deux siècles, une autorité prépondérante et
incontestée, partager les préjugés de ses con!,emporains sur les
sortilèges. Josse Damhouder croit à la puissance de la magie
aussi fermement qu'à l'infaillibilité de la médecine. Dans sou
célèbre Traité de pratique criminelle ('), l'auteur examine avec
détail tous les forfaits des sorciers, tous les maux que leur art
diabolique peut produire, en prenant toutefois la précaution de
ne point révéler les moyens de pratiquer cet art, afin de ne pas
devenir une cause de perdition pour les personnes qui les
ignorent et qui pourraient être tentées d'en faire usage. Plus
join, il parle de l'homicide et des lésions corporelles causées
par sortilège. La peine est toujours le feu, le sorcier n'eût-il
fait que dessécher le lait d'une nourrice. Ailleurs, il discute
très-sérieusement la question de savoir quel est l'état de filiation
de l'enfant né du commerce des démons avec une femme (-).
Les prolesianls furent les plus fougueux et les plus intolérants,
( * ) Voir le clispitre relatif au crime de lèse-majeslé divine. Praxis rerum crimi.
tmlium (-If" édition, 15ol et I2'' édition, 1570).
(*) Discours de M. J.J. llatis, sur Jusse Datnliotider, de Bruges, prononcé à la
séance de l'Académie de Belgique, le 10 mai 1871.
— 396 —
témoins, Henri VIII, Calvin, les Iconoclastes, le règne d'Elisa-
beth, le synode de Dordrecht, Jacques l", les écrits des
prédicants allemands, etc.
Jusqu'ù la seconde moitié du XV" siècle, presque toutes les
lois civiles et ecclésiastiques ne condamnaient les pratiques de
magie que comme trompeurs et charlatans, c'est-à-dire de
l'excommunication et d'un emprisonnement de trois jours. En
Belgique ils n'encourraient aucune punition. En Hainaut, les
trésors que l'on pouvait avoir découverts de cette manière,
étaient confisqués (*).
Depuis la publication de la bulle d'Innocent VIII, en 1484,
l'accusation de sortilège et d'artifices diaboliques fut considérée
devant la justice h l'égal de l'accusation d'assassinat, de vol et
d'autres causes criminelles (^). Henri Institutor fut nommé par
cette bulle inquisiteur pour rAIleinagne-Supérieure et Jean
Sprenger, pour la Basse-Allemagne; on leur donna pour adjoint
Jean Grcmper, prêtre de Constance, et pour protecteur Albert
de Bavière, évoque de Strasbourg. Leur mission rencontra
beaucoup d'opposition, tant parmi le clergé que parmi l'autorité
temporelle. Pour vaincre tous les obstacles, Sprenger écrivit
son Maliens malefir.orum, où il attaque surtout la femme. « La
femme, dit-il, est tout le contraire de Vhomme et Von ne peut
attendre d'elle rien de bon ni de juste, puisqu'elle est formée d'une
côiz courbée. » Il fallait, comme le disait un jour une femme
au.' si judicieuse qu'intelligente, avoir perdu jusqu'au souvenir
de sa mère, pour tracer ces lignes d'une absurdité révoltante.
La sorcellerie, étant considérée comme une hérésie, rentra
dans la compétence des juges ecclésiastiques dont les sentences
(* , ScaAYES. Essai historique Hiir les u.iaries,clc. des Belges anciens et modernes.
Louvain, 1804, in-S». Cité par L. v. <1. V/ai,le clans: Un chajiiirc sur l'hisioirede la
sorcellerie en Belgique, etc.. Messager des sciences liisloriqucs de Belgiiiuc, annde
1844, p. 431.
;') J. ScHELTEMA. GcscUiedcnis der !Ice';fienprucc.ssen,h\.'iO. llaarlem,1828,in-8'>.
- 397 -
devaient être exécutées par le bras séculier ('). Ainsi s'exprime
aussi le placard de Flandre du 20 juillet 1592, où il est dit que
les coupables devaient être recherchés et punis « en cour spiri-
tuelle selon les canons et bulles apostoliques, et en cour sécu-
lière selon les lois civiles et ordonnances. » Ce placard fut suivi
d'une instruction du 8 novembre 1595 (-), où le gouvernement
demandait entre autres : s'il ne convenait pas d'ôter la connais-
sance du crime de sorcellerie aux justices champêtres pour la
déférer aux tribunaux supérieurs, afin qu'il ne fût « facilement
fait tort aux simples et ignorantes et personnes infatuées
d'ignorance, comme souvent sont vieilles femmes décrépites
que l'on dict le plus être entachées de ce crime. »
Les archiducs Albert et Isabelle maintinrent par lettres
patentes du 10 avril 1606, l'ordonnance de Philippe II du 20
juillet 1592. Toutefois, pour prévenir les abus et les irrégula-
rités qui se commettaient dans les procédures, ils ordonnèrent
aux cours supérieures de justice de déléguer quelqu'un d'entre
leurs membres pour surveiller les tribunaux de leuis ressorts
respectifs, et aux officiers de ceux-ci de ne jamais procéder h
quelque devoir de justice sans consulter projwc/ic^, ces cours
ou leur délégué. En outre les conseils provinciaux devaient
tenir bonne correspondance avec les évéques diocésains et
autres juges ecclésiasiiques, et leur prêter main forte (M-
Ces instructions furent parfois modifiées; c'est ainsi que le
magistrat de Dunkerque obtint, en IQlv , des archiducs
l'autorisation de continuer à juger le crime de sorcellerie sans
l'avis d'avocats ou de gradués ('■).
Dans son savant mémoire du droit criminel dans l'ancienne
principauté de Liège (^), M. Edm. PouUetne nous dit rien sur la
[*■ ) J.-Iî. Cannakut. Ilydrayen tôt de keniiis van het oui'.e strajrecln in VlaaJi-
deren, bl. 24ii. Cent, 1835, in-S°. — Schf.ltejia, ouvrage cité p. 38 et suiv.
/) Gaciiaisd. Analecies bcUjiques, p. 2i21 cl suiv.
(') Placard de Flandre du 9 juin 1606.
(*! Faulconkier, Descripi. liLst. de Dunkerque, \" vol. p. 107.
r') Méûioire couronné par l'Académie de Belgique, Hayez, 1874,
398
sorcellerie. Sohel, dans ses Instituts de droit { '), dit que « tout
«magicien, sorcier, devin ou semblable, qui sera convaincu
n d'avoir, parses enchantemens, sortilèges ou mauvais artifices,
» empoisonné, ou nui aux personnes ou à leurs biens, seracon-
» damné au feu, et ceux qui, sans nuire à personne, se seront
» néanmoins appliqués à la magie ou devination, seront punis
» exlraordinairement selon les circonstances. >^ Il existe un man-
dement d'Ernest de Bavière, daté du 30 décembre 1608 (*),
réglant en cette matière le mode de procédure et fixant les
dépenses qu'elle entraînait, et les recès de la ville de Liège
renferment entre autres une requête du bailli d'Avroy « touchant
les sorciers appréhendez ( ^). » Un procès de sorcellerie (*) qui
eut lieu en 1652 dans f ancienne principauté de Liège, à Buzin
et Failon (^), nous montre que la procédure en pareille matière
y était analogue au mode suivi dans les Pays-Bas. Elle s'inspirait
même des instructions données par les archiducs en 1606 et
mentionnéesplus haut. On retrouve dans les rencharges {^) les
jurisconsultes pro jiidice dont parlent ces instructions.
Entrons maintenant dans quelques détails relatifs à ces pro-
cédures.
Lorsqu'on arrêtait un prétendu sorcier (ou sorcière), on le
levait de dessus la terre pour détruire la puissance du diable ;
on lui coupait les ongles et on lui rasait tous les poils du
corps, parce que c'était là qu'étaient contenus les charmes. On
examinait s'il n'avait pas sur le corps de stigma diabolicmn ;
(M Liv. o, lit. 0.
(-) Conseil privé. — Dépêches, K. iiO, f» 49, et K. 85, l" 87, aux Archives de
TElat, à Liège. — Imprimé dans la lieiuc belge, i^^ année, i'è" livr., p. 11)5.
(^) Archives (le la ville de Liège, à la Bibliolhèque de l'Université, 1619-23,
p. 377.
(*) Voir Société archéol. de Namur, Xl^ vol. des Annales, 1870-71, p. 393.
( " 1 Buzin fait aujourd'hui partie do Verlée, cL Failon de Barvaux-Condroz.
(") La rencharge ou recharge est définie par Méan : Mandalum quojudex supe-
riorformam senteucise exprimit,.jubetque, inferiori ju.xta hanc formara pronunliari.
(MÉAN, hlioiisiuus, Coiauiiics du pays de Liège, l. l»"'' , p. 2l29. )
399
observait-on quelque lâche semblable, on y enfonçait une
aiguille et si le patient ne laissait échapper aucun signe de
douleur, plus de doute sur son pacte avec le démon.
On refusait à l'accusé, pendant l'instruction de son procès,
la moindre consolaiion; il était même défendu de prier pour
lui, comme ennemi de Dieu et indigne de cette faveur. L'inter-
rogatoire suivait de pi'ès l'arrestation et jamais le prévenu
n'était laissé seul, de peur que le diable n'eût le temps de se
concerter avec lui ou ne l'emportât.
Il ne lui était pas libre de se choisir un défenseur et si celui-
ci défendait son client avec trop de chaleur, il devenait suspect.
L'accusé ne pouvait regarder ni même voir le juge, et devait
être introduit à reculons. Le magistrat avant de procéder,
faisait le signe de la croix atin d'annuler la puissance du diable,
et avait près de lui un vase d'eau bénite et du buis.
Si l'accusé n'avait rien avoué dans l'interrogatoire, ou si son
crime ne parai5;sait pas assez avéré, on l'appliquait h la torture
après l'avoir exorcisé. Souvent on l'attachait fuv le chevalet
jusqu'à vingt reprises, ce que Martin Del Rio qualifie de grâce
et aoute : on doit éviter dans la torture de casser les os aux
patients, mais on ne peut faire moins que de leur déboîter les
membres et les jointures (*).
A Liège, on appliquait la torture modérée à la gène, qui con-
sistait à placer l'accusé vis-iVvis d'un feu sans lui donner ni à
boire ni à manger (^).
Peu importe que l'accusé, appliqué à la torture, eût été en
délire en faisant sa déclaration : la révocation ne lui était pas
permise. On le torturait en outre pour lui faire nommer ses
complices. Un simple signe de tête affîrmatif, aux noms des
personnes suspectes qu'on lui citait, suffisait pour augmenter
le nombre des accusés.
(*) DUqnisiiiones mariicie, iili. V, soct. 9, § Torlur. modus. - Revue be'.ije, uu
Procès-verbal de sorcellerie, livr. mars 1836, par Weustenraed.
(5; Un procès-verbal de sorcellerie à Hiiziii et Faitov. — Anuales de la Soc. urch.
de ^'arnur, XI- vol., p. 393 et suiv.
— 400 —
S'il avait la chance d'être acquitté, il devait se soumettre à
de longues pénitences et l'on continuait de le regarder comme
sorcier. N'éiant pas jugé assez innocent, il était retenu en prison
et traité en excommunié (').
D'après le Maliens, un jugenepouvaitcomplètementabsoudre
un accusé; car ne pos.séd.int point le don de l'omniscience, il
ne lui était pas possii)le de savoirque le prévenu était innocent:
il pouvait déclarer seulementqu'il n'était pas trouvé punissable.
La peine capitale était le feu précédé de strangulation. Les
condamnés inspiraient une haine telle que les aides du bourreau
n'osaient pas même les toucher, mais les traînaient au lieu du
supplice avec des crocs. Quelquefois on obligeait les enfants à
assister à l'exécution de leurs parents, afin de les détourner,
par cetexemple.duciimede magie que l'on croyait héréditaire.
Scheitema cite un procès où les juges opinèrent pour faire
mourir les enfants du condamné, comme étant d'œuvres diabo-
liques (M.
Disons en l'honneur des Pays-Bas que les procès de sorcel-
lerie y commencèrent plus tard et qu'on y attaqua plus tôt leurs
abus ['^).
Parmi les ouvrages qui traitentspécialcmentde lu sorcellerie,
citons, outre les sources déjà indiquées en notes, Erasme, qui
démontra d'abord le ridicule des procès de sorcellerie et de
tout ce qui les regarde, dans ses Epi ires, ses Colloques et son
Eloge de la Folie, le Maliens maleficorum de Sprenger, qui fut vive-
ment attaqué dans un livret De inciibis acsuccul>is{ '•), et les his-
(juisiliones Magicœ de Martin Del Rio (^),qui ne sont qu'un amas
de faits bizarres, môUs de raisonnements et farcis dcciiaiious
savantes. En voici une entre mille : « Deux troupes de magiciens
(*) ScHA\ES, ouvrnge cilt^, p. 183.
(*) Van de Wam.k, ouvrage cité.
1*) ScHELTKMA, Gesilned. (ie<- Ilelixeiiprocesscn, p. 114-166.
(*J Gand, loli', avec Itgui'cs sur bois.
(^J Louvain, lo9o,in-4o. Traduit en français par.4ndré Duchesne, "Varis, in-40 et
in-80, 2 vol., 16H.
401
» s'étaient réunies en Allemagne pour célébrer le mariage d'un
» grand prince. Les chefs de ces troupes étaient rivaux et vou-
» laient ciiîicun jouir sans partage de l'honneur d'amuser la
« cour. C'était le cas de combattre avec toutes les ressources
» de la sorcellerie. Que fit l'un des deux magiciens? il avala
M son confrère comme une pilule, le garda quelque temps dans
» son eslomnc, et le rendit par où l'on sait. Cette espièglerie
» lui assura la victoire. Son rival honteux et confus décampa
» avec sa troijpe,etalla plus loin prendreun bain etse parfumer.»
Jean Wier ( Wcyer-Wierus) (*), médecin du Duc de Clèves,
attaqua Martin Del Rio dans le De veneficis et sagis el ie De
prœsligiis dœmonum et incanlationibns ac veneficiis. Ce dernier,
de même que le célèbre philosophe français J. Bodin, combat-
tirent Wier en assurant « qu'il n'a écrit ses ouvrages que parce
qu'il était sorcier lui-même et qu'il attendait le supplice de la
mort comme coupable de sorcellerie. » Un argument ad homi-
nem de cette valeur se p-jsse de commentaires.
Reginald Scoit, auteur anghiis et ami de Wier, ayant attaqué
Del Rio dans son livre « La découverte de la magie y, Jacques I,
roi d'Angleterre, combattit Wier et Scott dans sa Dœmuno-
logia, et fit brûler le livre de Scott par la main du bourreau.
Les prédicateurs protestants du XVIl- siècle firent l'éloge de ce
monarque, h qui ils donnèrent le litre glorieux de nouveau
Salomoii !
Vers '1591, Corneille Loos, de Gouda, un des plus zélés
catholiques de son temps, écrivit son livre : De verâ ac falsâ
magid, qui lui valut trois emprisonnements à l'abbaye de St-3Ia-
ximin, à Trêves, et deux h Bruxelles. En 1595,1a mort le sauva
d'une nouvelle incarcération.
L'abbé de Feller ("-) mentionne encore le Cautio criminalis
seu de processibus contra sagas ('') du père Frédéric Spé; une
lettre du marquis Fr.-Scip. Maffui adressée au P. Ansaldi et qui
(•) Nd à Gavrc, lolS, décédé on 1587.
(*) Dictionnaire historique.
;') Rinkcl, 1631, 1 vol. in-8.
— 402 —
fut refutée par Muratûi'i et TartorottiJeDemagfmde A.Haen (M;
enfui un Trailé de Richard Mead concernant les maladies dont il
est parlé dans la Bible ( -), et où il parle des démoniaques. On
a démontré ses erreurs dans A dissertation on the demoniacs{'').
Ajoutons-y les Discours des sorciers, avec six advis en faict de
sorcellerie et une instruction pour un juge en semblable matière,
par Henry Boguet Dol;inois, grand juge en la (erre S. Ouaii de
Joux, au comié de Bourgogne (*;; les Dissertations su'- les appa-
ritions des anges, des dénions et des esprits, et sur les revenants
et vampires de Hongrie, de Bohème, de Moravie et de Silésie, par
le R. P. Doui Augustin Calmet (^); la Prodiyiorum ac ostento-
riim chionicon,ôe Coiir. Lycosthenes (^); V Histoire des spectres,
visions et apparitions des esprits, anges, démons et dînes, par
Pierre Le Loyer ( ") ; De rcvelalionilms, visionibus et appantioni-
bus, d'Eusebius Amort (^); Bygeloovigheden en tooverien der ivys-
geers ofde duive s aenbidders der verligte ceuw C); le Traité sur
les d: moniaques, dont il est parlé dans le Nouveau Testament,
qui contient des recherches sur ce sujet, avec la réponse de
M. Twelles à ces recherches ('") ; Y Histoire des imaginations
extravagantes de M. Oufle, causées par la lecture des livres qui
traitent de la magie, des démoniaques, des sorciers, etc. (*') ; La
phy ique occulte ou traité de la baguette devinatoire avec les
principes qui expliquent les phénomènes les plus obscurs de la
nature, par L. Devallemont (''-); la magie blanche dévoilée, par
Decremps ('^) ; le Testament de Jérôme Scliarp, poiir servir de
complément à l'ouvrage précédent ('*); Thaumaturgus physicus,
(•) Venise, 1775, vol. in-S".
{* ) Ce traite fait partie des Cou.seils et pricepte.i de médecine de cet auteur. En
latin. Londres, -17ol, in -8".
('; Londres, chez Revington, 1770.
{*) Lyon, Pierre r.igaud.lUlO, in 8». Cité dans le Catal. de la Dibt. de M. Dan-
coisiie. l'aris, Barliulin Dellurenne, 187 5, p. 14.1
("y Paris, De Bure, aîné, I74lî, in-li'. — (') Basileœ, 1o87. — (') Pari."?, 1603.
— Cj Augtislte Vindelicorum, 1744. — [^ , Rousselare, 1819. — ('», (Bibliothèque
delà ville de Courtrai.) — (•«) Amsterdam, 2 vol., 1710. — (*'J Paris, 1709. —
(«') Paris, 1772. — (»*) Paris, 1793.
- 403 -
sive magia natiirœ et artis, par Gasp. Scott ( ' ) ; les Jocosiorum
naturce et artis, sive magiœ naturalis centuriœ très, du même
auteur; V Histoire admirable de la possession et conversion d'une
pénitente séduite par iin magicien, pnr Michaels ("^); Des sorciers
aux XV" et XVI" siècles, par A. de La Fons, baron de Meli-
Cûcq (M; la Dissertation sur les maléfices tt les sorciers, selon les
principes de la Tliéologie et de la l'Iigsique, oii l'on examine en
particulier l^élat de la fille de Tourcoing, par de ValmoiU (*).
Pour compléter la liste de ces publications, nous mentionne-
rons encore quelques ouvrages récents, savoir : De la sorcllerie
et de la justice criminelle à Yalenciennes (A'F/e et XVIi" siècles),
par Th. Louise (^); du P. Perrone : Prœleclioues tlieologicœ de
virtute religionis deque vitiis oppositis C^), ouvrage universelle-
ment loué ; Gôrres, Cliristliche Myslik ( La mystique divine,
naturelle et diabolique). Il a réuni grand nombre de faiis, mais
ses explications ne sont pas toujours solides. — Mirville, Des
esprits C); DesMousseaux, Les hauts phénomènes de la magie {^);
Du spiritisme, par le P. Nampon S. J.; Les morts et les vivants,
par le P. Matignon, et Le magnétisme, le spiritisme et la possession,
par le P. Pailloux S. J.
En terminant, signalons les travaux suivants, où nous avons
puisé d'utiles renseignements pour la rédaction de notre article:
Un chapitre sur Vhistoire de la sorcellerie en Belgique, sous les
règnes de Philippe II et dWlbert et d'Isabelle, par L. van de
Waîle [^)\ Le procès d'une sorcière au village de Casterlé, 1565-
1571 ( '") ; Une émeute ù propo.< de soi-disant sorcières, à Quiénie,
près de Cambrai ("), et liaxiusje dénonciateur de sorciers, 1597-
i*) Herbipoli, 4 vol., 16S9. — ('; Paris, Kîi.S, in S».
f) Abbeville, s. d. (Bibl. de M. Dancoisne, p. 291, no 1891).
(') Tourcoing, 17 îiïî, iii-lii. /Ibidem, p. !2;!5, n" 184o.)
C") Vaioncionnes. 1861, in 8". ( Bihl. de M. Dancoisne, p. 291, n^ 1891.)
(•) Ratisbonnc,inislet, 1866. — (') Paris, 18.-;4. — (') Paris, Pion, 1862.
(") Mcsxmier des sciences historiques de lielgiqne, année 1844, p. 431.
.•o) Ibidem, stDïiéc 1869, p. 342. — (♦*) Ibidem, année 1870, p. Ii7.
— 404 -
lo98('), par M. Galesloot. Le lecteur pourra consulter également
les Archives historiques et littéraires du Nord de la France et du
Midi delà Belgique ("-); Olim, Procès des sorcières en Belgique
sous Philippe II , tirés d'actes judiciaires et des documents
inédits {^y, Ozeray, Les sorcières de Sugmj, 16o7 (*),etc.
Cela dit, nous faisons suivre ci-après le coût d'un procès de
sorcellerie qui se déroula ii Wasseiges (^) en 1591. Nous
regrettons de n'avoir pu mettre la main sur les pièces de pro-
cédure. La simple reproduction de ce document donnera toute-
fois une idée de la jurisprudence de cette époque (^).
Désiré van de Casteele.
Nous Jeiian Rondeau, mayour et eschevins de la hauUe court et justice
de Wasseiges, Guillaunie .Malliieu Courrant, Pierre de Tornaco, Andrieu
Courrant, Jetian Baibez, Jelian de Jardin el Jehan Gilles, tous efchevins.
Par Jehan Condeau, majeur de Branson soubz honurable S'' Jehan
de Mouseau, escuyr, souverain bailiy de Wasseige et gouverneur de
Lieuves, etc.
Le XXVI* jour du mois de novembre xv" nonante el ungfut appréhender
Catherine Pot d'Or, laquelle estoyt famée désire sorcier, et accusée par
une sorsire qui fut exécutée au lieu de Jauce, et este en prison jusques a
XIX* de décembre oudit an nonanîe et ung qui sont xxui jours du pris de
dix soiz pitr jour considère la chierte du temps, faict xi ^ x s.
Au sergeaiU quy le gardoit lespace de xxiii jours au pris de x solz par
jour, laict icy xi It x s.
A deux eschevins de Branchon pour avoir porî^' les enquestes et con-
(*) Messager des sciences historiques de Uelgique, année 1871, p. 80.
(*) T. 1, p. lo4. — (') Ganfl, I8i7, in-8». — » Aiwales de l'iust. arch.
d'Arloti, l. 5, p. 21 1 cl suiv.
( * j Wasseiges, aujourd'hui province de Lidge, dépendait alors de Namur.
{') En faisant le triage d'arcliives provenant de r^ncienne haute-cour de Beau-
fort, nous venons de mettre la main sur plusieurs pièces d'un aulru procis do
sorcellerie. Elles feront Tobjel d'un article spécial.
— 405 —
fessions de laditte prisonnier au mayeur et eschevins de Namur,i)our avoir
a cliacun xxx s. par jour faici icy m ib.
Au eschevins de Namur al este paye pour la re[n]charge xlvih s.
Au mayeur de Branson pour a\oyr comparu du lieu |de Jajuce, pour
avoir laccusition de laditte sorcière dis[traile] [devant] Licuve.
Par laquelle rcndiarge al laditte Chaterine ;') este jugée a la torture.
Paye au mailre des œuvres pour la torîure vu [ft>].
Item après ladiite torture, les cognoissance dicelle prisonnière at este
juge, par rencharge des eschevins de Namur, désire arse et i)!u!e tant que
mort sensnjve. Pour ce paye du mayeur et eschevins es ÎNamur xlviii s.
Item pour ung procureur ayant servj ledit mayeur deux jour l s.
Sujvant laquelle sentence laditte prisonnière al estee exécutée le xix®
de décembre nouante et ung. Pour le feu |>aye au mailre des œuvres pour
laditte exécution vu tb.
Pour le disner des eschevins le jour de lexecution m ft> x s.
Aux deuxsergcant pour avoir conduit ladiite prisoniere a la justice et
pour appresler le bois a chacun vnr s. xvi s.
Au confesseur ayant conduict a la justice at este paye x s.
Au charj)entier pour !aire un cstache y compris les bois xxv s.
Pour des fagot i)Our les bi îisler x s
Pour deux chêne de fer pour latachee a lestache. a chacune viii ?.. qui
font ensemble xvi s.
Pour ung pot de vin le jour de lexecution vu s.
Somme lvi ^ xi s. (/).
( ' ) Liiez : Catherine.
(*) Fonds de \Vasseiges,reg. nux plaids, lo86-92.aux archives do l'Etat, à Liège.
LETTRE
SUR
L'ASSASSINAT DE SÉBASTIEN LA RUELLE
ADRESSÉE
A Monsieur DÉSIRÉ VAN DE CASTEELE,
eonservateur-adjoint des archives de l'Eiai, a Liège,
PAR
Alfred I^EÈIUX, S. J.
Mon cher avii ,
Voici un document inédit que j'ai Irouvé en compulsaiif un
volume manuscrit de notes sur l'ancien Collège des Jésuites
anglais en votre ville. Je le crois de nature h intéresser ceux
qci s'occupent de l'histoire de Liège : il y est question du
meurtre de La Ruelle, qui déj^ souvent a attiré l'attention de
vos historiographes. M. Ulysse Capitaine a particulièrement
bien mérité de la science en publiant les Documents contempo-
rains relatifs à ce fait.
L'auteur de la lettre est le P. Edouard Courtney (Courtenay
ou Courtnay), né en 1598 dans le comté de Sussex, en Angle-
terre. Après avoir achevé h Rome son cours de philosophie, il
entra dans la Compagnie de Jésus le 28 août 1621. Esprit vrai-
ment distingué, il brilla dans l'enseignement des humanités
comme dans celui des études supérieures. Il possédait un rare
talent pour le gouvernement : aussi, pendant plus de lo années,
40"
soit comme recteur des Collèges anglais de S'-Omer, de Rome,
de Liège, soit comme provincial, il gagna l'eslime et l'affection
de ses frères et des étrangers. Agé de 79 ans, il termina 5 S*-
Omer, le 3 octobre 1677, une carrière glorieusement parcourue.
[Oliver'' s Cotleclions.)
C'est de Liège, h la date du 24 avril 1637, huit jours après le
meurtre, qu'il écrit celte lettre au P. Thomas Courtney, qui
habitait Rome et qui y devint, en 1640, recteur du Collège
anglais.
Pour que vous puissiez apprécier plus facilement l'exactitude
du récit du P. Courtney, j'ai rapproché plusieurs de ses asser-
tions des détails fournis par le Tragicque Banquet et la déposi-
tion de Jaspar Matihys, domestique de La Ruelle, ou par le
Dominicain appelé pour assister le Rourgmestreà ses derniers
moments. La comparaison avec ces principaux documents
contemporains m'adonne l'espoir que cette lettre pourrait être
utile à ceux qui aborderaient l'étude de celte lugubre histoire.
Je n'avais dans Je volume manuscrit, dont je vous ai parlé,
qu'une traduction anglaise; mais comme l'original est conservé
au Collège de Stonyhurst parmi les nombreux manuscrils de sa
bibliothèque, j'ai fait demander une copie que j'ai sous les yeux,
et que le R. P. Recteur de cet établissement a bien voulu
réviser et certifier conforme à l'original avant de me l'envoyer.
Votre tout dévoué
Alfred Neut. S. J.
R. in V° Pater,
Mon Révérend Père en J. C.
Nunqiiam trislior coiitiglt trage-
dia Leodii quam hisce paschalibus
feriis (i). Voces canenliimi Alléluia
vprsœ suiit in ferale carinen, et
pioi'um gaiulia in lanientationes
commutata. Tragœilia eœpta est agi
ad 16'" aprilis (2), primusqne in
scenam pi-odiit celebris ille et cha-
rus populo Leodiensi Ruellius. Is
enim eo die circa primam a nieridie
horam (0) in aedihus Coniilis War-
fusei crudeliter necalus est.
Fuorat iliuc vocatus aJ convivium
unacum aliis, et mcdiam epularum
liPliliam lato illo repeniino funtsta-
vit. Compcrtum eslquodiniliocredi
vix potuil Auihorem osedis ac Ducem
audacissimi facli extilisse Comitem
ipsuni, jam pridem profugum ex
Aula Bruxellensi^etcum aliis Belgii
Prottoribus [Proieribus] lœsae Ma-
Jamais plus Irisle drame ne se
passa à Liège qu'en ces jours de
Pâques. Le joyoux Alléluia s'y
changea esi chant funèbre et le deuil
succéda à la joie des fidèles. Le
drame commença le 1G avril et le
principal acteur fut le célèbre La
Ruelle si cher au peuple Liégeois :
il fut cruellement massacré ce jour-
là vers une heure de rai)rès-midi
dans la demeure du Comte de War-
fusée.
La Ruelle était du nombre des
convives invités au festin qu'il allait
ensanglanter par sa mort prccipiiée.
Ce qu'on osait d'abord croire à peine,
est maintenant constaté : l'auteur
de ce meurîre, le chef d'un coup
aussi hardi, est bien le Comte lui-
même. Chassé depuis longtemps de
la cour de Bruxelles, et avec d'autres
{'} La fête de Pàiiucs tombait, celte a.in<ie-là, le 1 '2 avril. — « Nous voicy au
iour du tragicciup, liisner, qui fut un leudy après I^asques le 16 avril, » ditvnistoire
tratjicqne du banque i Waifuzcen.
(2) M. de Gerlache, dans son Histoire de Liège (Brux. 1843, p. 2o7), fixe,
évideramenl par erreur, la date du meurtre au 17 avril.
;') D'après rW/«fOiVe ira(jicquc,'\\i&v2M être plus tard quand le meurtre eut
lieu; il y est dit que « il esloit environ d'une heure et demie après midy » quand
les soldiils « s'approchèrent de la porte de la salle basse , où la compagnie esloit
sans aucune appréhension encor d'un accident si proche. »
409
jestatis reum. Jam ad ultiniain pêne
egestatem redaclus et perduellionis
labe omnibus iinisiis spei'ai)at ex
hoc facinore se rediturum in gratiam
Caesaris, et veniam a Rege impetra-
turura (i ).
Habuil administres rei gerendae
milites plus minus 2o pailini ex
Rcgio praesidio Novangii, partim
aliunde selectos (2). Convivii tem-
pore per posiicuni ex parte flu-
minis suntdemiim intromissi (3); ad
eos simulatâexeundi causa evocatus
Cornes, quosdam opportunis dispo-
suit locis, ne quis eriimpercl ad
concitandum tuniuUnm opomque
fUiellio inclamandam ; alios paratos
esse jubet, ut dato signe cœnaculum
ingressi imperata facerent.
Reversus ad convivas, cum hue
usquesimulassci !*litiam, jam tris-
liorc non nihil ac severiore vuiiu
Uicitus bterel)at hc meditabundus
(4) : mox caubam rogatus propinat
grands de Belgique coupable de
lèse-majesté; réduit à la dernière
extrémité, et devenu odieux à tous
les citoyens par la tâche qui le
souillait, il espérait par ce nouveau
crime rentrer en grâce avec l'Empe-
reur et obtenir le pardon du Roi.
Pour satellites, il avait environ 25
soldais tiiés de la garnison royale
de Navaignect autres lieux. On les
introduisit pendant le dîner par la
porte du jardin ouvran! su rie fleuve;
le Comte, appelé sous un prétexte
quelconque, distribua les uns aux
diverses issues pour empêcher qu'un
convive forçant le passage, n'allât
susciter du tumulte en appelant au
secours de La Ruelle ; aux autres, il
ordonna de se tonir prêts à onirer
au signal convenu dans la salle du
repas, pour y exécuter ses ordres.
Puis il revint au|)rès de ses liôles:
jusque-là il avait fait montre de
gaité, mais tout-à-coup son visage
s'assombiit, il parut silencieux et
pensif : interrogé sur la raison de
('] « Pour gnigiic'.' par la son pardon auprès du Maistrc qu'il avoil trahy, et
retourner en Bruxelles bon espaginol. d IJJist. uagicque.)
(*) « Ayant inenné quant et soy bonne troupe de soldats (se trouve qui asseure
le nombre de (lo) hommes choisis et b'en armez, la pluspart d'Argentau, Navaigne,
et Dalem garnisons du Roy d'Espaigne. » [Ibid.)
('1 «Car estant toute celle trou|)c descendue pendant la solitude de l'heure du
disner par un chemin assez couvert, le costau du dehors de S. Martin, se vint rendre
au rivage des l'cga, où ayant trouve un basieau appresK^, passa le bras de Meuse
qui coule le long des raraparts, et le vint rendre à la porte, ou poslice du jardin,
de la maison du banquet » (Ibid.)
(*) « On fut très gai pendant le premier service; mais vers la fin le comte parut
rêveur; l'un des convives s'en aperçut et l'en plaisanta. » (De Gerlachc. llist. de
Liège, p. 257-238.)
410 —
ad sanitalem Abbatis de Mouson ,
eâque accei)tâtesserà milites iiigre-
diiintur aulam instructo ordine
cunctis ad rei novitalem attonilis.
Praeihat Ductor ense districto vir
insignis forma, vestibus splcndidis
indutus ; sequebantur alii circiter X
armali : altéra gestantes manu stric-
tum pugionem, altéra sclopetum (i),
fit Comiti a Ductore profunda reve-
rentia, caeteri convivœ salutanlur.
Tum Cornes exsurgit,et paucispra'-
missis qiiibus Imperatorem ac Rc-
gem Hispaniarum suos agnoscebal
Dominos , stupentibus omnibus,
nomine Caesarese Majestatis ac Prin-
cipis Leodiensis Ruellium déclarât
rebellem, multis astrictura crimini-
bus in Principem suum ac reum mor-
tis; proinde confeslim illi morien-
dum esse, brève tamen snperesse
spatium ut se ad ullimum vitœactum
paret : si vellet ex homologesi ex-
piare animum.non defuturum sacer-
dotem.
Tradilur deinde militibus, et ab-
ce changement, il propose la santé
de l'abbé de Mouson, Cotait le
signal : les soldats pénètrent dans la
salle, en bon ordre, et jettent tous
les convives dans l'élonnement. Leur
commandant, homme d'un extérieur
remarquable, et richement vêtu,
précède le glaive levé = environ dix
hommes armés le suivent, le poi-
gnard d'une main, le pistolet de
l'autre ; le commandant fait une
profonde révérence au Comte et
salue les autres convives. Le Comte
se lève : après avoir en quelques
paroles déclaré qu'il reconnaît pour
ses souverains l'Empereur et le Roi
d'Espagne, au nom de Sa Majesté
Impériale et du Prince de Liège, H
déclare le bourgmestre rebelle, cou-
pable de plusieurs crimes contre
son Prince et digne de mort : il
devait donc mourir sur-le-champ ;
quelques moments allaient lui être
accordés pour se préparer au der-
nier passage, et s'il désirait se con-
fesser, on lui appellerait un prêtre.
Livré aux mains des soKiats, il est
(*) Tous ces détails sont signalés dans Y Histoire iraçiicqne -. on serait tenté de
croire que le I\ Courtney a lu ce récit, si l'on ne savait qu'il a écrit sa lettre avant
la publicnlion de Vllistnirc trngicque. La permission d'im|)rimci' porte la date du 42
mai lGo7 : et il paraît assez peu probable qu'il ait lu l'ouvrage en manuscrit.
Le cbet', dont il est question ici, était un nommé Grandmont; {'Histoire iragicqtie
en trace le portrait suivant : « un haut homme, de cbevolurc noire, veslu d'une
hongberline de velour noir, et ayant un manteau gris, Hourguignon, mais du quar-
tier qui produit assez coustumierement des assasins, moine défroqué, et qui avoit
quitté le Cloistre, et le service de l'Autel pour le service du Hoy d'Espagne. »
4H —
ducitur in secretius cubiculuni ne-
quidquam ex|)robrans Comiti ingra-
lumaiiimumsuaque in eum bénéficia
commemorans.C3eteriiibere[siieri?]
jussi suisque in loois considère nisi
vellenl candem vi!œ alcam subii'e :
acceisiiur intoiim aiio prsetcxtu ex
Piitribus Dominicanis Supprior ,
haiid mulio anle initiatus Sacris
Ordinibus, nondiim ad confessiones
accipieudas approbaUis (i).
Ciim venisspt ad aedcs,edoctus a
Comité causan) advcnius sui, exhor-
ruil rei incxpectaïae atrocilatem ac
sibi limens omis delrectavil, suam
caiisalus inipei'itiam in eo nuinere
et diciiians sil)i non iicere sine fa-
CLiIiale Ordinarii cuiquam conlitenti
praebere aurcs (2), Rcddes, iiiquit
Conies, ralioiiem Omnipotenti îieo
pro anima eJHs, nisi quamprimum
absolvas ; moriendum illi est, non
conduit dans un appartement plus
retiré ; il reproche en vain au Comte
son ingratitude et lui raiipelle les
services qu'il lui a rendus. Les
autres reçoivent l'ordre de se taire
et de rester à leurs places s'ils ne
veulent partager le sort de La Ruelle.
Dans l'entretenips, on fait venir
sous l'uii ou l'autre prétexte le Père
Sous-Prieur des Dominicains, élevé
depuis peu au sacerdoce et jusque-
là sans |)Ouvoirs pour entendre les
confessions.
Le Comte lui apprend pourquoi
il l'a mandé : le Prre , saisi
d'horreur tt craignant i)our lui-
même, décline cette mission, pré-
textant son inexpérience et di.^ant
qu'il ne lui était pas permis d'en-
tendre les confessions sans l'appro-
baiion de l'Ordiniire. « Eh bien !
dit le Comte, si vous ne l'absolvez
pas au plus lot, vous aurez à ré-
pondre de son âme devant Dieu. Il
(') « Un servilcur de W. le Comte est venu aux frères Prescheurs, et parlant à
un novice deman'lo le l'ère Suppricur, lequel estant venu, luy dit mon lîeverend
Père M'', vous appelle, et le l'ère croyant (ju'il vouluste faire quelque aumosne, à
cause qu'il esloil redevable audit couvent pour plusieurs Messes dites p. r les Pères
pour l'eu son fils, se porte avec le Frère au logis du Comte » (Déposilion
des dominicains Ant. Eveiard et GuiJ. Loncin.)
(') Le P. Dominicain explique lui-même sa conduite ; Quand il arriva ctiez le
Comte, celui-ci lui dit de confesser La l'.uelle, « alors le Peie a commencé à répli-
quer ce que cela vouloit dire, el qu'il n'avolt l'aulliorité de l'Ordinaire, ny la puis-
sance de faire telle chose : mais bien par cas fotluil s'il se présenlasl un homme
blessé à la mort, couché dessus les carreaux, et agoi-isant par le dit coup, que
facilement, el sans aucune difliculté et aulre puissance ( supposant qu'il ne se reo-
contreroil au dit lieu autres preslres advoué de l'Ordinaire) qu'il l'absoudioil, mais
qu'en cela qu'il n'en feroit rien. » {Ibid.)
412
amplius uno qiiadrante superest ut doit mourir : il ne lui reste qu'un
sead mrirtom dispoiiat; postaliquam quart d'heure pour se préparer à la
moram compiilsus tandem Pater mort. » Le Pore hésite, mais enfin
adit eiihiculum, ubi Riicllius cum on ie pousse de force dans la chambre
famuîo jacobat vinctus, eum in\cnit où La Ruelle lié se trouvait avec son
deplorantem vices suas, viduitatcm domestique : ie malheureux bourg-
uxoris, otbiiatem iil)eroium,expro- meslre déplorait son son, celui de
bianîem se iicf;irie prodiinm, inîer- sa femme, de ses enfants; il s'indi-
dnm eiiam opem a l'-eata Virgine, gnait de !a lûche trahison dont il
aliisquecœlilibiisimploraMlcm.Fer- était victime; par moments il iiivo-
tur ad exlremum iiupniisse ut sua quait la Bienheureuse Vierge et les
rite ac bieviicr exponeret prccata, autres Saints. Enfin le Père, dit-on,
atque ita confessum absolvisse. l'exhoi ta a confesser sommairement
ses péchés, puis lui donna l'absolu-
tion,
Vix autem e cubiculo extuleral pe- Â peine fut-il sorti de la chambre
dem ut a Comité longiorem jicteret afiu de demander au Comte un
moiam pro confes'.ionc generali (i), plus long délai pour une confes-
cum rursus miliies irruuni, et cap- sion générale, que les soldats enva-
tivum suumpluribusconfudiuntvul- hissent de nouveau l'appartement,
neiibus : duo inflixeruijt in capite, et portent à leur prisonnier plu-
in pcctore secundum cor septem sieurs blessures : deux à la tête et
alla. sept autres dans la poitrine, près du
cœur.
Ita inteiiitSebastianusLa Ruelle, Ainsi mourut Sébastien La Ruelle:
bis Consulalu perfunclus magno deux fois il avait rempli à la
popnli pl;iusu , vir fortis, manu grande satisfaction de tout le
promptus, acris consilio , animo peuple, la charge de Bourgmestre ;
intrenidus , in lebus aggiediendis c'était un homme courageux, actif,
expeditus , in condcicudis cons- ingénieux dans ses projets , d'un
tans, aptus ad ardua ([uœque rao- cœur intrépide, prompt à entre-
limina, icrum ingentium capax. prendre, constant à poursuivre,
propre aux cntre|)rises les plus dif-
ficiles, capable de grandes choses.
Peracta cœde Comes securus sui Après le meurtre, le Comte, tran-
(•) « A cel.e fin de pouvoir dilayer le temps » dit encore le P. Dominicahi.
— 413 —
scu mente potius obcœcatiis tani
parum se prœstiiit providcre de sua
incolumiiate qiuim fueraL in hosjii-
tem inliumanus. Imprudens homo
alios permisil excedere e domo,aiiis
lilteras etiam perfercndas dcdit ad
Consulesel varia Canoiiiconim Ca-
pitula (i) quiljiis signiflcavil Ruel-
!ium in domo suaJubeiileCcesare et
Principe Lcodicnsi , sujîremo sup-
plicio affectiim. Poterat miser cogi-
tare facile excitari procellam in
Eiiripo (2) Leodiensi, neccm verô
tam iiidignam Iioniinis populaiis
flabeikim fore sediiionis qiise multo-
rum cruore sedai i non posset. Ubi
igitur nioriis ejiis ccrlus maiiavit
riimor, incredibile est quantum
fuerit uibs iiniver.sa coiiimota ; mit
continue furibiuidus pcpulus arrep-
lis arniis, factoque agmine domum
Comilis advolavit.
Is conatus est factura excusare,
cœdisiiue iiividiani a se averteie;
sed frustra : nullis precilnis, nulli
excusalioni acquiescuni; quare onini
quille sur son propre sort ou plutôt
aveuglé, se montra aussi imprévoyant
poui' lui-même qu'il avait été barbare
pour son bote. Il permit à quelques-
uns des convives de quitter sa mai-
son, à d'autres il donna des lettres
à porter aux consuls et aux (litfcrents
chapitres de chanoines, pour annon-
cer que, sur l'ordre de l'Empereur
et du Prince de Liège, La Ruelle
venait d'être mis à mort dans sa
maison. Il devait bien prévoir, le
misérable, qu'un orare pouvait faci-
lement être soulevé dans l'Euripe
Liégeois, et que l'ignoble massacre
d'un homme aussi populaire allait
êire le sigiial d'une sédition que
bien du sang n'éleindiait pas. On
ne peut se ligurer l'émoi qui régna
dans toute la ville, quand la nouvelle
certaine de ce meurtre se lut répan-
due : le peuple furieux couiut aux
armes, et une foule compacte se
porta vers la demeure du Comte.
Celui-ci s'eli'oice d'excuser son
aciion et de détourner de lui-même
l'odieux de l'assassinat ; mais en
vain : on ne veut écouler ni prières,
{* ; Ces lettres dlaient « une pour W. le Grand Doyen cl Ciiapilre do S, Lambert,
si je ne me trompe, une autre pour le Doyen de S;iiait l'ierrc, une autre pour celuy
de S. 5!;uiin, une autre pour celiiy de S. Barllioiomy. » (Déposition des deux
Douiinicains.; — Le lexle de ces Itllres est imprimé à la suite de VHistoiie tra-
girqiie. Il est à reniarquor que dans aucune de ces lettres, VVarfusde ne dit avoir
agi par ordre du i'riî.ce-Evôque, mais seulement « par ordre de Sa M;ije.'-lé impé-
riale, » pourtant d'après les ditl't^icnts récits des témoins du banquet, le Comte
aurait. joint de vive voi.\ le nom du Prince à celui de l'Empereur : c'est peut-être ce
qui a trompé le V. Courlney.
('^ ) L'Euripe, canal entre l'île d'Eubée et la Grèce, rem.irquable par l'irrégularité
de ses marées, oIVrc plus d'un point de comparaison avec une émeute populaire.
414
ex parte vel perfractis vel ultro
apeitis foribus involani in domiim,
Comiiem èvesiii;io jugulant absi'issa
propemodum cervice, mactant lan-
quam \ictimam quam offerrent Ma-
nibus Rucllii paulo ante eodem in
loco perempli. Tum vestibus spolia-
tum ac nudum proisiis, fune ad
pedenialiigaîû ir;ihuiit ('■ domo,inter
sordes lutumqueperplateas raptant
ad forum, ubi cadaveri ulrinque
amputant brachium, ventrem disse-
canl efflueniibusintestinis atque ita
mulilatuta truncumque corpus sus-
pendunt pedibus ex infami patibulo
quod unum ante annum omine pes-
simo ex castris .loannis de Wert (i)
urbi illatum est. Spectaculum erat
invisum populo, omnibus mœstum
qui virum memineranl natum esse
nobili loco, olim vixisse in aula
Principum Bcigii cum tanto splen-
dore et secundie blandimenta for-
tunœ adeo liberaliter expertum. Sed
minus videbatur dignus commisera-
lione quod prius Regem, deinde
amicum tanto bonorum mullorum
discrimine imprudentissime j)rodi-
dissct. Faxil Deus ut dum alteri
molirctur necem, providerit saluli
animye suae : voluit eidcm Pairi
Domiiiicano confUeri qutm accer-
sendum curaveral pro Huellio. Sed
ni excuses. Quelques portes leur
sont ouvertes, d'autres sont brisées,
et de tous côtés on envahit la maison:
à l'instant, on égorge le Comte, on
lui trjinche presque la tète et on
l'immole ainsi comme une victime
aux mânes de La Ruelle, massacré
peu d'instants auparavant à la même
place. Le cadavre, dépouillé de ses
habits et presque nu, est traîné par
une corde liée au pied, à travers les
rues dans les immondices et la boue
jusqu'au marché; là on lui coupe les
deux bras, on l'éventre et on en
retiie les entrailles : enfin le corps
ainsi mutilé est suspendu au gibet
de sinistre mémoire, apporté l'année
précédente du camp de Jean de
\V(.rt. Spectacle odieux pour le
peuple, triste pour tous ceux qui se
souvenaient de la noble extraction
du Comte, de la vie honorable et
douce qu'il avait menée à la Cour
des Princes de Belgique. Mais il
paraissait moins digne de pitié pour
avoir imprudemment exposé de si
grands biens en trahissant le Roi et
un ami. Fasse Dieu que cet homme
qui méditait un assassinai , ait
pourvu au salut de son âme! Il a
voulu se confesser au même Père
Dominicain qu'il avait fait appeler
pour La Ruelle ;mais celui-ci refusa
(') Le famoux Jean de Werlli qui, ii la téta de ses Croates, faisait l'effroi de
Lidge.
— 415 —
is audire contiteiitem recusavit (i) :
an apud alium deposuerit onus con-
scientia; eo die post palratum faci-
nus haud constat. Id animadverte-
runt varii hominem haud infrequen-
tem in teraplis nunquam magis fré-
quentasse sacras aedes, nec diutius
orationi inhaesisse quara paucis ante
mortem diebus (2). Mansil infelix
suspensus è palibuio per duos ferme
dies fœdus visu : adeo erat fœdatus
luto, adeo vulneribus deformis ut
turpem potius belliiam diceresquam
hominem. Post biduum cadaver de-
posituni in minuta conciderunt
frusta, qUcC dolio pice illito inclusa
subjectoigne concremarunt, sparsis
in Mosam cineribus : brachia ejus
feruntur affixa poitis civitalis ; re-
servatur caput ut ad muros è pertica
sublime suspendalur.
Hune habuil exitum Robertus de
Renis Comes Wartusœus (ô),morta-
iium miserrimus, eo raiserabilior
de l'entendre: on ignore si, le crime
commis, il purifia chez un autre
prêtre sa conscience souillée. L'on
a remarqué qu'il n'avait jamais été
plus assidu à l'Eglise et aux exer-
cices de la dévotion que les jours qui
précédèrent son trépas. 11 resta en-
viron deux jours suspendu à la
potence, affreux à voir, couvert de
boue, défiguré par les blessures,
offrant plutôt l'aspect d'un animal
immonde que d'un homme. Après
ces deux jours, le cadavre fut haché
en morceaux, qu'on enferma dans
un tonneau enduit de poix et que
l'on consuma dans les flammes ; les
cendres furent jetées dans la Meuse;
les bras, dit-on, ont été attachés
aux portes de la ville ; et l'on a
gardé la tête pour la placer sur les
murs au haut d'un pieu.
Telle fut la tin de Robert de Re-
nesse comte de Warfusée,le plus mi-
sérable des mortels, d'autant plus à
( * ) Le Père Dominicain qui venait de confesser La Ruelle, voulait sortir; mais,
raconle-t-il lui-même, « le dit Comte commence à s'escrier après le dit Père, et le
tenant par sa chappe, disoit qu'il n'eust à sortir, et qu'il se vouloit confesser, à
quoy le dit Pero a respondu qu'il n'avoit la puissance, tellement que le dit Comte
dit qu'il se consoUeroit, mais le Père n'escoulanl à tout cela se porte de part et
d'autre » cherchant à quitter la maison du traître.
(*) « Aussi parut il la sepmaine saincte promenant par les Eglises, tenant son
grand chappelel, faisant bien du marmoteux avec un maintien de Carmelin, un pas
compassé et si délicat, qu'il sembloit fouler sur des roses; assidu à ouir la prédi-
cation, mais ne faisant profit d'autre partie d'icelle, que de l'histoire de la trahison
de ludas, qu'il voulut naïvement représenter en l'assasinat qu'il desseignoil au iour
de la Passion, pour le mettre à chef en la sepmaine de la Résurrection. » (Hist. trag.)
{') Le pronom du Comte est René et non Robert; son nom de famille est de
Renesse
416 —
qiiod olim fuerit felix. Duni ad pris-
tinam anlieiarel felicilalem, eaque
de causa ara icum proderet,seipsiim,
familiam suam , suos fere omnes
infausto et infami exitu perdidil.
Post Coraitis necem direptae sunt
œdes ubi habitabat inlra claustra S.
Joaniiis iocatœ a Caiionico Linter-
raans : reliquiae splendidissimi ac
regii propemodum convivii absum-
ptœ, pretioso supellex ex argento,
aliisque rébus ablata, denique vin-
dictse ardor quein pectore concepe-
rant emisit in flammas , nani ne
nionumentum superesset infaustœ
csedis domum ipsam in qua scelus
patraïuni est incendio confeslim
absumpserunt. Yidi undanteni fu-
nium ac minaces flammas quse mœs-
tos omnium animos majoribus adhuc
minisferiebant. Initio tumultusuna
cum Comité interfecti sunt pêne
omnes ejus famuli aliique nonnuUi
vel ejus satellites audariae vel con-
vivii apparitores. Feminis peperce-
runt; è mililibus vix unus evasil :
more militari vitam pacli traditis ar-
mis, fuernntlamen a populo furente
legis armorum nescio perempti ( i).
Accepi ab oculato teste, qui certo
plaindre qu'il avait été autrefois
heureux. En cherchant à récupérer
son bonheur passé par la trahison
d'un ami, il se perdit lui-même avec
sa famille et tous les siens.
Après le massacre du Comte, on
pilla la maison qu'il habitait dans
les cloîtres de S. Jean et qui lui
était louée par le chanoine Linter-
mans : les restes de ce festin splen-
dide et presque royal turent con-
sommés, l'argenterie et tout le ser-
vice de table fut enlevé ; enfin sous
l'empire de la vengeance qui dévorait
tous les cœurs, on livra aux flammes
cette demeure, théâtre du crime,
afin qu'il ne restât aucun monument
de ce meurtre affreux. J'ai vu les
torrents de fumée et la flamme qui
s'élevaient du bûcher et semblaient
menacer la cité désolée de désastres
plus affreux encore. Au commence-
ment des désordres on tua avec le
Comte presque tous ses serviteurs
et quelques autres personnes ou
complices de son crime ou prépara-
teurs du banquet, l.es femmes
furent épargnées; à peine un seul
des soldats put -il s'échapper : on
leur avait promis la vie sauve s'ils
( * ) « Tous les soldats essuyèrent la mesme vengeance, qui diversement, et en
divers endroits sentirent tous la fureur du peuple : et n'en eschapperent que deux,
ù ce qu'on peutscavoir de tiO. ou 70. qu'on tient qu'ils estoient. Quelques serviteurs
aussi de ce malheureux Maistre passèrent comme les autres : car le peuple juste-
ment irrité de cet attentat en moustroit un tel ressentiment, qu'il estoil bien dan-
gereux de tomber entre ses mains. >■ IHist. trag.,
— 417 —
affirmavit se eodem vespere nume-
rasse liinc inde sparsa mortuorum
cadavera 52. Refert quaedam ex iis
jacuisse semiusta , alia truncatis
raembris, omnia nuda vulneribus ac
cruore fœda.
Âderant in convivio coniplures
viri Primarii, inter quos eminebat
Dns Abbas de Mouson Gallus, D.de
Sesaii, ilem Gallus, aliquot Cano-
nici, D"^ Marchant, virmagni nomi-
nis inter Leodienses advocatos (i):
ex liis raulli se proripuerunt ex
domo antequam tumultus invalesce-
ret. D"" deMousôn seullro exhibait
populo et captivum constituit, ab-
ductus est in donium Civicani, sed
non ita niulto post liberatus; eam
laudera omnes tribuunt illi, quod
tiliie adolescentulae Comilis Warfu-
saei ereptae sint periculo atque a
furore populi subductse, ut tuliores
essenl in eundem cum ipso suni
carcerem conjectœ, easque, ut audio,
postea delinuit domi donec ad quod-
dam securum cœnobiuin transfer-
rentur. Nunc suni Trajeoti , quo
livraient leurs armes ; ils furent
pourtant massacrés par la foule en
furie qui ne connaît pas de lois
militaires. Un témoin oculaire m'a
affirmé que le même soir il a compié
52 cadavres étendus en divers lieux:
les uns étaient à moitié brûlés, les
autres mutilés, tous nus et couverts
de blessures et de sang.
Plusieurs personnages de dis-
tinction assistaient au banquet; l'on
cite l'abbé de Mouson , français,
M. de Sesan, de même nationalité,
quelques chanoines, M. Marchant,
avocat de renom à Liège. Un bon
nombre des convives s'échappèrent
de la maison avant que le tumulte
ne s'accriît. M. de Mouson alla au
devant de la foule et se constitua
prisonnier, il fut conduit à la Maison
de ville, mais bientôt après délivré.
C'est à lui que la ville entière attribue
l'honneur d'avoir soustrait les lilles
de Warfusée à la fureur du peuple ;
pour plus de siireté on leur avait
donné la même prison qu'à leur pro-
tecteur. D'après ce que j'apprends,
l'abbé de Mouzon leur a offert en-
suite l'hospitalité de sa demeure,
jusqu'à ce qu'elles pussent trouver
! *) Voici, d'après les différentes relations contemporaines, les noms des convives
de ce banquet : le Comte et ses quatre filles; les Chanoines Lintermans, Nyes ou
Nise, Ernest de Kerckhera (qu'une relation allemande désigne, je crois, sous le nom
de Fenckum); le chapelain Gottir, chantre de S. Jean; René-Louis de Ficquel
monlz, abbé de Rlouzon ; l'avocat Jean Marchant; le baron de Saizan. sa femme
M""* d'Otrenge (ou d'Otrainge> et leur fils.
— 418 —
tribus Eqiiitum lurmis submissis
Dux BuUionius eas humanissime
invitavit ut ab omni pericuio essent
remoiiores (i).
Hœ piinuï! vesperœ iuctiiosae ce-
lebritatis, quam liic Leodii conse-
quenlium saeculorum memoria seni-
per A|iriii raense agitabit.
Postero die tenuit tempestas, nec
silentio noctis, nec somni quiele
sopita. Iterum mane frequens con-
veiiit turba, et nescio quo rapta
consilio, nescio quo ductu agitata
peliit minabunda Palrum nostrorura
Leodiensium Collegium ; ciim ja-
nuam Coliegii reperissent obclusam
inipetu feruntur in sacram aedem.
Obvium iraprimis habent Patrem
Ministrum ad pilam marmoream
aquie lustralis, exeunteni jussu Pa-
tris Rectoris ut curaret Coliegii
januam aperiri ei moderaretur po-
pulum irrunipentem, aggrediunlur
Patrem, cumque deessenL longiores
capilli, arreptiini auribus ac naso
extrahuni e lemplo, tradunt in por-
licum qua; aream Scholarum respi-
oit : ibi variis eum ictibus feriunt,
collimant bombardis , ac sœpius
ejaculantur tanquam in scopum ,
un refuge dans quelque couvent.
Elles sont actuellement à Maestrichî,
d'où le duc de Bouillon avait envoyé
trois compagnies de cavalerie pour
les inviter à venir dans cette ville et
les éloigner ainsi de tout danger.
Voilà comment se passèrent les
premières vêpres de ce lugubre
événement que dorénavant le mois
d'avril viendra toujours rappeler
aux Liégeois.
Le lendemain, la tempête continua
sans que le silence ou le repos de la
nuit eût pu la calmer. Dès le matin,
une foule compacte, et, je ne sais
sous quelles menées ou sous quel
chef, se dirigea menaçante vers
le Collège de nos Pères de Liège ;
trouvant la porte du Collège fermée,
elle se précipita dans l'église. Près
du bénitier elle rencontre le Père
Ministre, qui, sur l'ordre du Père
Recteur, sortait pour faire ouvrir la
porte du Collège et calmer le peuple:
les mutins s'emparant du Père ,
rarraclienl de l'église par les oreilles
et le nez, parce que ses cheveux ras
ne prêtaient pas prise à la main, et
le traînent sous le porche qui donne
dans la cour des élèves : là ils lui
portent plusieurs coups; ils le visent
plusieurs fois de leurs arquebuses
qu'ils déchargent sur lui comme sur
(*) Une iellrede Maesiricht (t8avr. 1637) dit « Notre cavalerie est partie pour
Ik-bas afin d'amener le bon abbé (de Mouzon) » ; il est probable que les filles du
Comte ont accompagné l'abbé.
419
cum non caderet inimunem excla-
mant esse a vulnere raagicis carmi-
nibus : tum sponte cecidit, ut alios
evitaret ictus, cadenti non parcunt.
Unus enim audacior cseteris jam
dirigebat sclopum in ejus pectus
certo ictu, et cor transflxisset nisi
Pater aniraadverso periculo celeriter
verlisset se, ac globum venientcm
accepisset in crure ; alius eum co-
natus est transverberare hastâ, sed
Pater ictum avertit brachio dextro,
quod levi inde plaga perstrictum
est. Septem in universum accepit
vulnera, quorum nullum, uti spera-
mus, est lethale. Incolumitalem ejus
tribuunt omnes speciali graliœ B.
Virginis, cui in medio periculo se
voto obstrinxit.
Intérim alii haud minori conten-
lione tumultuantur in templo, quo
aliquot ex Patribus confugerant.
[nter cœteros Pater delBeckconcio-
nator in S^' Lamberti plebem rogat
quid vellent, parcerent innocentum
vitae, se nihil unquam in Consules,
nihil in civitatem molitos esse; si
(juid pelèrent se ad prœstandum
paratos; exclamant eos prodilores
esse et ex civitate extrudendos : nec
mora, exœde sacra, et ex Collegio
ejiciuntnr complures, nonnnlli e\
eis logati et cum crepidis. Paier del
Beck una cum aliis expellitur ex
urbe amicissima, cui per tôt annos
salutaria salutis dogmata concio-
nando impertierat.
un but; ne le voyant pas clianceler,
ils s'écrient que des enchantements
magiques l'ont rendu invulnérable :
le Père se laisse tomber pour éviter
de nouveaux coups ; on ne l'en
épargne pas plus. Un des plus au-
dacieux dirige son arquebuse vers
sa poitrine et allait le tuer à bout
portant, si le Père remarquant le
danger ne se fût promptement tour-
né: il reçut la balle dans la jambe.
Un second essaie de le percer de sa
lance ; l'infortuné pare le coup du
bras droit qui fut légèrement blessé.
Il reçut en tout sept blessures, dont
aucune, espérons-nous, n'est mor-
telle. On attribue son salut à une
protection spéciale delà Ste-Vierge,
à qui dans le danger il a fait un vœu.
Cependant la sédition sévissait
avec non moins de violence dans
l'église où s'étaient réfugiés quel-
ques uns de nos Pères. Le Père del
Beck , prédicateur à St-Lambert,
demande à la foule ce qu'elle veut ;
il la prie d'épargner des personnes
innocentes qui jamais n'ont rien fait
contre les Consuls ou contre la Cité:
ils étaient disposés, disait-il, à ac-
corder ce qu'on exigerait d'eux. On
lui répondit qu'ils étaient des traîtres
et qu'ils devaient être chassés de la
ville; sans plus tarder, on expulse
de l'église et du collège plusieurs
Pères sans manteau et en pantoufles.
Le Père del Beck avec les autres
est banni d'une ville qui lui était
— 420
Cura nullo immitius aclum est
qiiam cum Pâtre Rectore (i) quem
Cûllegium ingrcssi repererunt in
ambiilacro ante sacellum sacrario
proximum. Qnod nonnulli concepr-
raiil odium adversus illum a longo
lempore jani magna ferocilate evo-
mnnt. Dejiciunt in terram,Yei'berant,
multis plagis pioscindunt, pvieter
rt'liqua uniim accepit mortiferum
Milnus in ventre, !ato pugione in-
tlictum, ex quo sequento die summo
nostrorum luctu interiil. Id nobis
eonsolalioni est quod dicant ceito
constare fuisse hœreticiin! qui Palri
lelhalem ictum impcgerit. Panini
abfiiit quin duriore adhuc eonsilio
ipse saucius ac semivivn? simulqiu-
Pater Minister raperentur ad forum,
el tanquam infâmes juxta Comitem
Warfusœum suspenderenlur. Ad
Patres ab hoc opprobrio eximendos
nuillum coiîlulit probus sutor, cujus
filius famulalur in Cnllegio nostro.
Isaegre tandem elfecit, ut aduce-
rentur in vicinam domum, nbi eo
bien chère, où il avait pendant tant
d'années prêché les salutaires ensei-
gnements de la religion.
Nul ne fut traité plus inhumaine-
ment que le Père Recteur, qu'ils
trouvèrent à l'intérieur du Collège,
dans le corridor de la chapelle atte-
nante à la sacristie. Tout ce que
quelques-uns avaient depuis long-
temi)s de haine contre lui, ils le
vomissent avec la dernière férocité.
Ils le renversent, le battent, le dé-
chirent de coups ; un large poignard
lui ouvre les entrailles, et il suc-
combe à sa blessure, le lendemain,
au milieu des pleurs de la commu-
nauté. Ce nous est une consolation
d'avoir appris d'une source ceitaine,
à ce qu'il semble, que le coup mortel
lui a été porté par un hérétique. Peu
s'en fallût que, par un dessein plus
horrible encore, le Père blessé, à
demi-mort, ne fût , avec le Père
Ministre, traîné au marché et tous
deux pendus comme de vils crimi-
nels à côté du Comte de Warfusée.
Un honnête cordonnier dont le tils
sert comme domestique au Collège,
contribua beaucoup à épargner aux
(') Dewez, dans son W/s/. du pays de Liège, dit que le Itectcur s'appelait
d'Antine. Le P. Mois d'Antliine était Liégeois de naissance ; il entra dans la Com-
pagnie à Tournai en 1608. Nous le trouvons comme recteur à Dinant de t627 à
1 630.
F^e P. Antoine Delebecquo, dont il est parlé plus loin, est né à Tournai en to8l2,
entré au noviciat de cette ville le 26 oct. 1602. Son nom se retrouve parmi les
l'cres du Collège de Tournai, en 160!^, mais il ne parait plus en 1664: ce qui
permet de lixcr la date de sa mort à l'année t66H.
— 421 -
die curali sunt. Très alii magnis
clamoribus abducti sunt in publicum
carcerem ; verura postea jussu Con-
sulum dimissi; in Collegio haeserunt
multi ex plèbe nemine resistente,
per totam domuni vagati, culinani,
triclinium et plura cubicula Rectoris
prseserlim ac Ministri spoliaruiit :
susque deque verterunt omnia, plura
damna intulissent, nisi quidam inier
eos aulhoritate pollens obstetisset.
Jaciuramomneni asserunt excede-
1 e 4000 floreuoi'um. Permiserunt in
Collegio permanpre Patrem Bos-
mannum et duos Coadjuîores qui
anno praeîerito ad inserviendum
peste infeclis vitam exposuerunt.
Caeteri)sfereomnes quotquot sunt
inventi tum coegernnt migraie. Ali-
qui jam reversi sunt, speramus brevi
rébus pacatioribus caeleros reditu-
ros ; major enim civitatis pars, ma-
gislratus prœsertim , Ecclee-iaslici
ac cives opulentiores, tum (idem
orthodùxam obnixe coluiit, lum So-
cietatem nostram etalios Religiosos
ordines venerantur.
Agebantur ha'(^ omnia inferius(i'),
I ' ) La position élovée du Collège angla
P. Couriney désigne le Collège wallon.
Pères cet infâme traitement : il obtint
à grande peine de les conduire dans
une maison voisine, où l'on prit soin
d'eux ce jour-là.Trois autres furent
au milieu des huées, conduits à la
prison publique ; mais ensuite les
Consuls les firent relâcher. Bon
nombre de séditieux restèrent au
Collège sans qiie personne ne les
troublât : ils parcoururent toute la
maison, la cuisine, le réfectoire et
plusieurs chambres, surtout celles
du Recteur et du Ministre; ils bou-
leversèrent tout et auraient causé
des dommages considérables , si
l'un des plus influents ne s'y fût op-
posé.
Les pertes s'évaluent à plus de
-iOOO florins. On permit au Père
Bosman et à deux coadjuteurs, qui
avaient l'année précédente exposé
leur vie au service des pftstiférés,de
rester au Collège.
Mais presque tous les autres
qu'ils purent découvrir furent chas-
sés. Quelques-uns sont déjà rentrés;
et nous espérons que, l'étal des es-
prits se calmant, les autres revien-
dront bientôt; car la plus grande
partie de la cité, les magistrats sur-
tout, les Ecclésiastiques et les habi-
tants les plus influents sont très-
attachés à la vraie foi et ont de la
vénératio:; pour notre Société et les
autres ordres religieux.
Tout ceci se passait dans le bas
is explique le mol inferius par lequel le
— 4"2-2
iiobis insciis (loiiec trepidus acciir-
rerit imiiciiis populum debacchaii-
lem <lireplo ac relicto Collegio ad
DOS festinare; niintium fere prœivit
lumullus utvix spalium suppeteret
nos in templum recipiendi, unde-
qiia(iue Collegium nosirum obsideni
armati, omnes aditiis occupant ,
magnis instant clamoribiis ut pan-
dalur janua, se alioquin vim illatu-
ros.
Yicini nostri honestissimi cives
et in nos benevoii antequam illi
tumulluosi nosirum ascenderent
colIem,eos conati erant detrahereet
demulcere.
Prœsertim egregiani nobis praes-
titit operani D'"* Dans, qui cum
videret averti non posse, comilatus
est ut si quâ posset ope succur-
reret. Eo comité facti sunt mitiores,
ac promiserunt neminem ex nostris
quidquam damni passurum, se tan-
tum nobis arma erepturos.
Pater Rector descendit ad jaimam,
et vociférantes intromitli jubet opti-
mo consilio.Nam si obsislere voluis-
semus et nos ad defensionem accin-
gere, periissemusad unum omnes;
poscuntarma nostra, ni statim tra-
danlur minas adjiciunt. Ducunturad
(îubiculum Patris Procuratoris, ubi
12 jacebant minores bombarda',nec
de la ville à notre insu, (|uand un
courrier tout tremblant vient nous
annoncer que la populace ameutée,
après avoir achevé de saccager le
Collège, se précipitait vers notre
domicile. Les mutins devancèrent
presque le courrier ; nous eûmes ;i
peine le temps de nous retiier dans
l'é'glise ; la foule armée assiégeait de
tous côtés notre Collège, elle gardait
toutes les issues, et demandait à
grands cris que la porte leur fût ou-
verte, si l'on ne voulait pas les voir
recourir à la force.
Nos voisins , citoyens honora-
bles, très-bienveillants envers nous,
s'étaient efforcés de détourner et
d'adoucir la foule avant qu'elle ne
montât en désordre la colline où se
trouve notre Collège.
Nous devons une reconnaissance
spéciale à M. Dans : voyant qu'il ne
pouvait arrêter le peuple, il l'ac-
compagna à dessein de nous prêter
tout secours possible ; sa parole
calma les émeutiers : ils promirent
de ne nuire à aucun des nôtres, mais
de nous enlever seulement nos armes .
Le Père Recteur descendit ;i la
porte et heureusement il ordonne
d'ouvrir en entendant leurs cris :
si nous avions voulu résister et faire
mine de nous défendre, tous .jus-
qu'au dernier nous aurions été mas-
sacrés. Ils réclament nos armes, et
nous menacent si nous ne les livrons
pas sur-le-champ. On les conduit à
423 —
plura arma habebamus domi. Quo-
niani vero ostium cubiculi inveniunt
clausum, nec aderat clavis, fremere
iiicipiunf , Pater Rector jubet fores
effringere ; quod momento faciunt ,
et cubiculumingressieripiuntarma,
cœtera relinquuni intacta. Miracu-
liim est eos antea tanta incilatos ira,
et fralrum nostrorum sanguine in-
calescentes , non aliud inlulisse
damnum, non ulterius perscrutatos
donium, ne unum quidem Isesisse,
aut leviter percussisse : miré eos
conciliavit comitas, et constantia
nostrorum. Ad bibendum invitati
ipsimet niirati sunt potare se et
farailiarius agere inter eos quos eo
die destinnrant durius accipere.
Certo a<;cepimus cum essent in
altero Collegio eos atroces in nos
jactasse minas, exteros nos esse et
perduelles, eamque machinari pro-
ditionem in urbeni quam niolili fue-
ramus in Patriam. Ea adhuc vox
auditur interdum per urbem, nec
procellani omnino evasimus. Utinani
essemus in porta ! Deus uti spero
protegetservossuos eo providenti.T
clypeo quo hactenus protexit.
la chambre du Père Procureur où se
trouvaient 12 petites arquebuses :
nous n'avions pas d'autres armes. La
porte de la chambre était fermée, et
l'on ne trouvait pas la clef : la foule
se met à murmurer ; le Père Recteur
ordonne de forcer la porte : ce fut
l'affaire d'un moment ; on entre, on
enlève les armes laissant intact tout
le reste. C'est un prodige vraiment
que ces hommes peu auparavant si
furieux contre nous, excités, comme
ils l'étaient, par le sang de nos
frères qu'ils venaient de répandre,
n'aient pas causé d'autre dommage,
n'aient pas même poursuivi leurs
recherches et se soient retirés sans
avoir blessé ou frappé même légè-
rement l'un d'entre nous; la douceur
et la fermeté des nôtres les a singu-
lièrement captivés. Invités à boire,
ils étaient eux-mêmes étonnés de se
voir si familiers avec des hommes
qu'ils étaient résolus, il y a quelques
moments, de traiter avec la dernière
dureté.
L'on nous a certifié que dans
l'autre Collège ils avaient proféré
contre nous d'horribles menaces ,
disant que nous étions des étrangers
et des criminels d'Etat, el que nous
ourdissions contre la ville le même
complot que nous avions formé
contre notre patrie. Maintenant en-
core on entend répéter dans la ville
cette accusation. INous n'avons pas
encore échappé à tout orage : puis-
_ 424 —
Non vacalaccuralius pliira recen-
sere quae eodem die ac seqiientibus
coniigerunt; plures mactarunt ac
suspenderunt in foro variarum con-
spirationum suspectes. Priorem Pa-
trem Discalceatorum conjecerunt in
carcerem (i), domos nonnuUas et
sions-nous surgir au port ! Dieu, je
l'espère, couvrira ses serviteurs du
bouclier de sa Providence, comme
il n'a cessé de le faire.
Je n'ai pas le temps de vous
raconter plus en détail ce qui s'est
passé ce jour-là et les suivants.
Plusieurs personnes, soupçonnées
de différentes conspirations, ont été
égorgées et pendues sur la place du
Marché; le Prieur des Carmes dé-
(*) Le bruit courait que les Carmes avaient connu le projet d'assassiner La
Ruelle : à l'appui, on alléguait certaines pièces trouvées « dans le pourpoint du
comte Warfusée. » Il y en a trois principales : i" le serment (31 mars -1634) du P.
Henri de la Ste-Trinité, alors prieur des Carmes; 2» la promesse du marquis
d'Aytona, ambassadeur et gouverneur des armées du Roi (9 janvier 1634) ; 3" le
serment du P. Alexandre de Jésus, prieur des Carmes (1 avril 1635). Voici, briève-
ment, quelques observations qui me portent à croire à la complète innocence des
religieux :
D'abord ces documents sont-ils authentiques ? On les a trouvés dans le pourpoint
du comte de Warfusée ; ce n'est pas une garantie : de ce même pourpoint sont
sorties les fausses pièces par lesquelles il prétendait prouver la culpabilité de La
Ruelle. Le comte n'en était donc pas à son coup d'essai.
Ensuite, par leur contenu ou leur date, ils semblent plutôt se rapporter à autre
chose. La première est le secret juré par le P. Henri de la Trinité : j'y remarque
qu'il ne s'oblige au secret que pour un temps. Est-il probable dès lors qu'il s'agisse
d'un attentat à la vie de La Ruelle, ou d'un projet dont le Carme avait à rougir ?
L'intérêt de celui qui prend une part quelconque à un crime demanderait plutôt
qu'il s'engage à un secret absolu. Du reste, en de pareilles matières, comment
expliquer un serment si compromettant livré par écrit?
Dans la seconde pièce, le marquis d'Aytona promet d'obtenir le pardon du comte,
si celui-ci lient les promesses faites en son nom par le P. Prieur des Carmes. Je
suis porté à croire que le secret juré par le P. Henri de la Trinité poriait sur ces
promesses. A première vue les dates semblent s'opposer à mon interprétation ;
mais à la date du 31 mars le P. Carme ne fait, dit-il, que réitérer son serment.
Le troisième document est celui dont on parle davantage : le P. Alexandre fait
serment de ne révéler à personne, si ce n'est au P. Hilairc, Vicaire Provincial de
son ordre, au marquis d'Aytona et au président Rose (avec le consentement du
Comte) rien de ce que le Comte veut lui déclarer ce malin (1 avril 163S) « et
pour lequel sujet, ajoute t- il, je doy partir ce jourd'hny vers Bruxelles. »
« Quel rapport, demande M. de Gerlache, cette déclaration faite deux années
425
ipsius Consulis Massilionii spolia-
runt ; effigiem Praetoris Roscii
elapsi ex vinculis appenderunt juxta
Comitem Warfusseum, CeperuntAd-
vocatum Jiarchant, qiieni antea nie-
mini iiUerfuisse ferali convivio ;
tanquam sceleris consciuni haud
longa habita quaestione coiidemnant;
raptaiit ad forum brevi dato confi-
lendi spalio, pluribus transfodiunt
iclibus bonibardorum, lune e pati-
bulo suspendunt. Nullus erat Leodii
perilior leguni , nullus moribus
magis festivis et urbanis; infelix
quod infaustam coluissel amicitlara
cum Comité Warfusseo, cap.teroquin
chaussés a été jeté en prison ; quel-
ques maisons, celle du consul Mas-
silion lui-même, ont été pillées; on
a pendu en effigie à côté du Comte
de Warfusée le Préteur Roscius qui
s'était échappé de prison. L'avocat
Marchant qui avait assisté, comme
je l'ai dit, au lugubre banquet, a été
condamné sans grande formalité
comme étant au fait du crime: traîné
au marché, a|)rès quelques moments
accordés pour se confesser, il a été
frappé de plusieurs coups d'arque-
buse, puis suspendu à la potence. Il
n'y avait pas à Liège d'homme plus
instruit dans les lois, de manières
avant l'éxecution du complot, avait-elle avec l'assassinat de La Ruelle? C'est ce
qu'on n'a jamais su. » Je demanderai à mon tour, comme le rapprochement des
dates m'y pousse tout naturellement, s'il n'y a aucun rapport entre cette déclaration
et le passage suivant de la lettre envoyée par le Prince-Evêque (il mai 1637) à
■< son grand mayeur et Régiment de sa cité de Liège. » Il les pousse à une enquête
sérieuse sur le meurtre de La Ruelle et ses circonstances. Pour leur direction, il
fait part d'une révélation de Warfusée : le Comte a dévoilé à l'Evoque l'existence
d'un complot tramé, le 1 mars t63o, contre l'Evêché et la Principauté de Liège : il
s'en avouait le complice avec La Ruelle et offrait d'en livrer l'original, si l'Evêque
lui promettait son pardon et son intercession auprès du Roi et de l'Empereur.
Commelc Prince lardait de lui répondre « .jusques à ce qu'il (Warfusée) nous eust fait
tenir ledit originel, est arrivé du depuis qu'il nous a fait scavoir.... queledit originel
estoit entre ses mains, et l'avoir et monstre et fait reconnoistre à personnes dignes
de foy, lesquelles nous en donneraient toute asseurance. »
En présence des deux dates, celle du complot, 1 mars 16oo, et celle du serment
fait par le P Alexandre, 1 avril t635, je trouve plus naturel de penser que le Carme
était une des personnes dignes de foi à qui le Comte avait fait connaître le complot
vrai ou fictif.
.le trouve une nouvelle présomption favorable au P. Alexandre dans le fait qu'il
fut jeté en prison et qu'il en est sorti, fait inexplicable en admettant le moindre
fondement aux soupçons qui lui avaient valu son emprisonnement : car en ces jours
d'etVervescence, il ne fallait aux Liégeois, dit Foulon, ni juges, ni bourreaux, ni
polenGC : un soupçon était une preuve. On n'a donc rion pu prouver contre le P.
Alexandre, puisqu'on lui a ouvert les portes de la prison.
— 426
habitus semper summo apud omnes
honore.
Deus Optimus Maximus pro sua
bonitate a nobis et ab urbe iota
malum averlal. Ignoscas si aliqui
incurrant errores, revidere non po-
tui pr?e inopia temporis.
plus agréables, plus polies ; malheu-
reux dans la funeste amitié qu'il
entretenait avec le Comte de War-
fusée, il n'en est pas moins univer-
sellement estimé.
Que Dieu veuille dans sa bonté
détourner tout mal de nous et de
toute la ville. Pardonnez-moi si
quelques fautes se sont glissées
dans ma lettre : le manque de temps
m'empêche de la revoir.
Vale, 24 april. 1657.
R.V.
Adieu. 24 avril 1637.
deV. R.
Servus in X*"
EdV ARDUS COURTNEY.
Le serviteur in X*"
Edouard Courtney.
A Messieurs les ineiires de l'Institut arcliéoloope liépois.
Lorsque j'eus l'honneur d'assister, en 1874, en qualité de
délégué du Gouvernement Belge, au congrès des sciences
d'anthropologie et d'archéologie préhistoriques qui se tenait
cette année à Stockhohîi, je fis, entre autres, la connaissance
du D"" Wiberg, professeur au lycée de Gèfle. Cet aimable savant
n'eut pas plutôt connu mes relations avec Liège, qu'il me parla
avec enthousiasme de ce Liégeois illustre qui, au commence-
ment du XVIP siècle, alla s'établir en Suède, implanta dans ce
pays une colonie d'ouvriers wallons, et porta en peu d'années
l'industrie du fer à un haut degré de splendeur; de ce Liégeois
qui, pendant la guerre de Trente ans, équipa à lui seul une
flotte et donna aux Suédois l'empire de la mer Baltique;
de ce Liégeois enfin, qui fut tout à la fois financier, commer-
çant, industriel, homme d'état, homme de guerre, philanthrope,
dont les arrière petits-fils furent admis dans la noblesse Sué-
doise avec le titre de barons (' ), et dont un descendant occupe
aujourd'hui la plus haute dignité à laquelle il soit donné à un
Suédois de parvenir : celle de ministre d'Etat de la justice. Je
veux parler de Louis De Geer.
La personnaUté de cet homme éminent n'est pas toul-à-fait
(') Louis de Geer lui-même fut reçu dans la noblesse Suédoise, mais sans titre.
Après la conquête de la Finlande par les Russes (1808-1809), la noblesse finnoise
fut séparée de celle de la Suède. Ce n'est que depuis cette époque que l'on trouve
des comtes De Geer, un en Suéde et plusieurs en Finlande.
428
ignorée en Belgique ; mais ce que l'on connaît moins, c'est la
colonisation wallonne dont il tut le promoteur. M. Wiberg
me donna sur ce point des détails qui me parurent assez curieux
pour l'engager à en faire l'objet d'une notice. H me le promit,
et dès ce moment j'étais décidé à faire profiter de cette bonne
fortune Vlnstitut archéologique liégeois.
Après plus d'un an d'attente , je pensais que l'honorable
professeur avaitperdu son projet de vue, lorsque, dernièrement,
je reçus de lui un mémoire complet, accompagné d'une liste de
328 noms d'origine wallonne, et de deux cartes représentant
les mines et usines de fer exploitées en Suède par des ouvriers
liégeois.
Malgré son peu d'étendue, ce travail a coûté à son auteur de
patientes études et des recherches laborieuses dans les archives
de son pays. Il n'a rien épargné (') pour le rendre aussi exact
que possible, et nous devons savoir gré, ce me semble, à
l'honorable savant, d'avoir consacré ses vacances et ses veilles
h l'élucidation d'un problème qui se rattache aussi intimement
à l'histoire de la Belgique.
Sans parler des écrivains Suédois (-) qui se sont occupés en
passant de Louis De Geer, ce personnage a fait l'objet de plu-
sieurs notices spéciales , notamment :
'!• BuREN, Areminne ôfver L. de Geer, Linkôping, 1790, in -8,
portrait.
2° LuDovicus DE Geer, Commeiitarii de génie de Geeriana,
Holmiœ, 1816, in-8.
3'^ Frans MicHAËL Franzen, Aminnelse-Tal ôfver L. de Geer.
Discours prononcé le 20 décembre 1829 à l'Académie suédoise,
par le secrétaire Franzén, h l'occasion de la distribution solen-
(') Afin (le ne négliger aucune source de renseignements, M. Wiberg a fait plu-
sieurs voyages a Finspong et à Stockholm, soit pour consulter les archives, soit
pour recueillir îles traditions orales.
(*) ISotaniment Hamillngar, Rôrmide skuuUmariens histona, Stockholm, 'l8'-28,
l. XllI, p. 259.
— 429 —
nelle d'une médaille trappée à la mémoire de Louis De Geer (' ).
¥ J. L. W. DE Geer van Jdtfaas, Lodewyk de Geer van Fins-
pong en Leufsta (1387-1652). Eene bydrage lot de handelsge-
schiedenis van Amsterdam in de zevent.eeuw(^).Eersteuitgave.
S'Hage en Amsterdam, 1834, in-8. (Imprimé par les frères Van
Cleef?)
5" Tweede uitgave , met een Naschrift en portret verrykt,
S'Hage, 1841, in-8. Seconde édition du n" 4.
6" Notice historique sur la famille De Geer, par deux de ses
membres, à l'usage des auti-es. Suède et Hollande, 1843 (').
J'ignore si ce litre n'est pas une traduction, n'ayant pas vu
l'ouvrage.
7» Louis de Geer. JNotice dans la Revue de Belgique, 1'^ année,
tome III, Bruxelles, Lelong, 1846, pages 271-284 (*).
8" Louis de Geer, Notice historique (lo87 16o2). Nouvelle
édition revue et corrigée. Bruxelles, Lelong, 1847, 32 pages
in-8.
9" Louis de Geer, de Liège. Dans la Belgique communale, avril
1847, n** 1, pages 394 à 402, avec le portrait lilliograpliié de De
Geer par Stcrck. (De Beck pinx.) Ce n'est qu'une nouvelle édi-
tion des n°^ 7 et 8.
10" Lodewyk de Geer van Finspong en Leufsta (1587-1652).
( ') Cette médaille reproduit d'un côté les traits de De Geer, et porte au revers
une colonne rostrale où s'appuient un canon, une cpée et un caducée, avec la
légende : His amat hospes civisque vocari. {Notice historique, p. 7.)
(^ ; Les descendants de Louis De Geer portent le titre de baron en Hollande et y
forment encor' une des premières familles du pays. {Ibidem, p. :26.)
(') Cet ouvrage, de même que le n» dO, fut légué en mars 1858 par le baron L.
De Geer de Jutpliaas à la bibliothèque royale de La Haye.
(*) Celte notice est attribuée au comle Ferd. de Hamal (dont la famille est la
souche de celle de De Geer), qui avait occupé un poste diplomatique en Suède. Voici
toutefois la note manuscrite que je lis dans l'exemplaire Capitaine, au suji't de
l'auteur de cette biograi)hic : « Son nom est Vande Velde ; il est originaire de la
Hollande. C'est un homme d'une conversation agréable et instructive, il a passé
une partie de sa jeunesse dans les voyages ; il a beaucoup vu et beaucoup remarqué.
Il parle presque toutes les langues. •■
— 430 —
Eene bydrage l()t de haiidelsgeschiedeiiis vaii Amsterdam in de
zeventiende eeuw. Derde uitgave. Gedrukt by Keminckeii zoon,
te Utrecht, 1832. Grand ia-4, avec le portrait gravé de L. de
Geer. (D. Beck, pinx ; J. Falck sculp. Stocklimise, 1649), 104
pages. C'est une troisième édition des ir^ 4 et 5, avec dédicace :
ce Aau zijiie excellentie den graaf Karel de Geer van Leufsta,
een der zweedsche ryksheeren..., signée : J. L. \V. de Geer vaii
Jutfaas, 19junij 1852.
11° La Biographie universelle (de Michaud); Van der Aa,
Biographische Noordenboek ; la Biographie nationale de Belgique ;
De Jonge, Geschiedenis van het Ned. Zeeiue:-, D. I, bl. 555; D.
II, st. II, bl. 50; Gollot d'Escury, Hollands roem, D. II, Aant.
bl. 293; D. VII, bl. 200 ; Ersch et Gruber, Allgemeine Eîicyklo-
pœdie der Wissenschaften und Knnsten, etc., consacrent de
courtes notices à Louis de Geer.
12" M. Wiberg a entendu parler d'une Apologie manuscrite
de De Geer, en hollandais, conservée à Finspong; mais il ne l'a
pas vue.
Il est un fait à noter : c'est que ces différents travaux, n'ayant
pour but que l'apologie d'un grand homme et l'exaltation de ses
services et de ses vertus, se répètent à l'envi, de telle sorte
que, depuis le discours académique de Franzén, on n'a pour
ainsi dire rien écrit de neuf au sujet de De Geer. Pour cela, en
effet, il eût fallu compulser les archives de la Suède.
C'est ce qu'a fait M. Wiberg, et c'est ce qui lui a permis de
rectifier certains points faussement accrédités, et de jeter une
lumière nouvelle sur les relations officielles de De Geer avec le
gouvernement Suédois. Le principal but que s'était proposé le
savant professeur était d'ailleurs, je l'ai déjà dit, plutôt his-
torique que biographique et apologétique; il ne s'agissait pas
tant pour lui de mettre en relief et de laire connaître à Liège un
de ses plus illustres enfants, que de rechercher les traces de
ces ouvriers wallons qui, à son appel, allèrent s'expatrier au
- 43i ~
fond de In Suède et y introduisirent, pour les appliquer à l'indus-
trie du fer, les procéiiés en usage dans leur pays, la méthode
wallonne , « wallon-smide » conune on la nomme encore
aujourd'hui en Scandinavie ( ').
C'est là en effet, pour nous, le principal litre de gloire de
Louis De Geer, et l'on peut dire avec un auteur : « Ce dont la
Suède profita le plus et ce qui valut à De Geer une reconnais-
sance qui durt encore, ce fut l'introduction de la forge wallonne
ou la (açon de manier le (er d'après le mode pratiqué à Liège...
11 engagea au service de ses fabriques un certain nombre de
familles belges, montant h plusieurs ceniaines de personnes,
émigrées comme lui pour des motifs de religion (^). Avec leur
aide, il parvint à forger des barres qui, de nos jours encore,
s'exportent exclusivement en Angleterre à des prix fort élevés.
On les emploie principalement à la confection de l'aciei, et ce
sont elles qui assurent en partie aux Anglais, par l'excellence
des outils qu'elles produisent, la suprématie dans la fabrica-
tion. »
Ce passage est emprunté ù la notice désignée ci-dessus sous
le n" 4, notice fort bien écrite, et qui, au point de vue de la per-
sonnaliîé de De Geer, coulient des renseignements très précis.
Comme ces données complètent, en plusieurs points, le travail
de M. VViberg, comme, d'autre part, cette brochure est devenue
assez rare de même que les autres écriis reUitifs à notre célèbre
compatriote, j'ai cru bien faire en reproduisant en note quelques
(•) Il est probable qu'avant De Geer on suivait en Suède la m^tbocic allemande :
ICi gueuses, a la .-orliL' du touriiCiiu,éluicnl imniédiatcniinl Iransfoimces en baiies.
Dans les l'oi^es Wiillonnes, elles subissaieiU aniiaiavant une nouvelle nianipulaliùn
a[i\)vU':e fouwaitr (i'iij)ii!cijc ; la ronlo, porlért a un deyré de elialeur, pres^que voisin
de la lusion, est loruiée en loupes que Ton soumet alors seuleiiienl à l'action du
niarleau pour èlri! forgée en barres, l'ar telle opération inl'.imédiaire, le 1er
acquiert plus de pureté et de résistance.
(•) Ce point me paraît douteux ; il aura sulïï de faire à ces ouvriers des offres
brillantes pour les engager à partir.
— 432 -
passages qui me paraissaient de nature à intéresser le lec-
teur {*).
J'avais en mains l'épreuve des lignes qui précèdent, lorsque
M. Ouverleaux, sous-chef de section h la Bibliothèque royale
de Bruxelles, me communiqua plusieurs lettres écrites en 1869
par M. Herman Odelberg, de Stockholm, et contenant sur les
Wallons en Scandinavie quelques détails curieux que je m'em-
presse de noter ici.
Un écrivain distingué, Fernow , prétend que, déjà à la fin
du XVP siècle, une colonie liégeoise alla s'établir en Suède. De
son côté, Buren émet l'avis que les deux premières immigra-
tions de forgerons et de mineurs eurent lieu en 1600 et 1607,
sous la conduite d'un français nommé Chénon; ses compagnons
auraient été des Français, des Wallons, des Flamands ou des
Allemands. Une troisième hypothèse, appuyée sur des argu-
ments plus soUdes, et présentée par l'historien suédois Berg,
consiste h voir dans Louis De Geer le seul véritable introduc-
teur des Wallons dans son pays. A défaut de documents
précis (-), on ne peut arriver que par induction ù la solution
de cette question. Il est certain que la méthode de travailler le
(*) Ces citations seront suivies de cette indication : Noi. hist., avec la page.
(') M. Odelberg a consulté en vain à ce sujet : 1" les archives du royaume, qui
ne contiennent à peu près que des actes politiques ; 2» celles de la Cour des
comptes; elles prouvent qu'au XYII^ siècle la statistique en Suèile était parvenue
à un degré étonnant de perfection ; malheureusement, à la fin de ce même siècle,
un incendie détruisit un grand nombre de registres aux vérifications des comptes
des provinces, surtout pour les années 1642 et IG43 ; ce qui en reste, a été abîmé
par l'eau, et est fort difficile à déchifirer; il n'y a guère que les listes des habitants
des paroisses, des années 1654 et IGoo, qui puissent être utilisées; S» celles du
Collège des mines, fondé en 16;^7 ; elles ne fournissent, pour le XYll*-' siècle, aucun
renseignement sur les méthodes de fabrication ni sur le personnel des mines,
tellement on craignait alors la divulgation du nouveau secret; la réserve que
montre De Geer à cet égard dans ses lettres, frise la défiance; 4" les registres des
paroisses des districts miniers; un grand nombre furent détruits lorsque les Russes
dévastèrent et brûlèrent le nord de la Suède, en 1719; o» les ouvrages suivants =
RiNMAN, Jerne/s liistona (Histoire du fer), Stockholm, ■nH'î; Benjveiks lexicon
(Dictionnaire du raineurj, Stockholm, 1789, etc.
- 43:] ^
fer inaugurée en Suède par De Geer, différait essentiellement
de celle que l'on connaissait et appliquait uniquement dans ces
contrées avant l'arrivée de notre compatriole (*). Si donc on
ne constate pas, dans l'industrie sidérurgique au pays de Liège,
des progrès notables et même une transformation complète au
commencement du XVIP siècle, on peut en conclure, avec une
grande apparence de raison, que les colons des années 1600
et 1607 ne venaient pas de chez nous. Or, il est certain que le
mode de fabrication employé à Liège n'a reçu aucune amélio-
ration essentielle à l'époque indiquée, et que les procédés
introduits par De Geer en Suède étaient déjà connus et appli-
qués dans notre pays vers l'an 1500 (^). On peut donc assurer
que les premiers wallons. Liégeois, Namurois (^)et Hutois.qui
émigrèrent en Scandinavie, y furent appelés vers l'an 1G18 par
notre illustre concitoyen.
Ce point établi, voyons nos travailleurs wallons ù l'œuvre.
Chaque forge est desservie par dix ouvriers, divisés en deux
groupes de cinq hommes, travaillant tour à tour, et composés
(*) Avant rarrivée de De Geer en Suède, les mines n'y étaient pas nombreuses.
Les mines de Dannemora étaient cependant connues au commencement du XY^
siècle, et exploitées par les habitants d'alentour ; Osterby, avec ses forges, l'ut
bâti en iJiGS ; Forssmark en 1570 ; Leufsta avant 1600 ; Wessiand en IGliJ ; Ginio
en 1616 ; Ullforts en lf);^0 ; Akerby et Hillbole en 1638 par H. Lemmens ; Stroms-
berg ( n 164S par Will. Wervier, etc.
(') Voy. M. J. Franquov, Histoire des progrès de la fubrication du fer dans le
pays de Liétje ; André Warzél, Exposé historique de l'industrie du fer dans la
province de Liège. Ces deux travaux ont été couronnés par li Société d'Emulation
de Liège en 1860, et publiés dans ses Mémoires, t. 1, pages 313 et 440. On lit
dans le premier de ces ouvrages ce passage de Flachat, Traité de la métallurgie
du fer : « Vers 1650, Louis De Geer fit venir des environs de Liège et de Namur
un grand nombre d'ouvriers qui apportèrent en Suède de grands perfectionnements
dans la forme et la conduite des fourneaux. Leur hauteur fut portée à 8 ou 9
mètres, et le travail du creuset régularisé par la modification de plusieurs de ses
parties. » (Ibid., p. 343.)
(", « Au XV1« siècle, le comté de Namur était le centre de la sidérurgie de
l'Europe. » (/i)/rf., page 398.) Un namurois, Gabriel de Plume(;ouq,a chanté au
XVlc siècle les forges wallonnes en vers latins qui ont été publiés dans les Mémoires
couionnés par l'Académie royale des sciences de Bruxelles, 18:22, page 146.
- 434 -
de deux fondeurs, de deux étireurs et d'un manœuvre. On ne
compte que deux fourneaux dans une même forge : celui du
fondeur et celui de l'élireur. La première opération consiste
à jeter dans le fourneau du fondeur une gueuse ou « tackjern, »
lingot de fonte long de 12 à 14 pieds. Ce lingot réduit en une
masse fondue de 50 à 60 livres, est manipulé par le garçon
fondeur et façonné h l'aide de ringards ; cela s'appelle gôra-
sdgen (prononcez: saugeiiue); si la masse ainsi préparée
est réussie, elle est dite baslare ; s'il faut la soumettre une
seconde fois à l'action du feu, on la nomme rafassà. Le bloc
convenablement préparé est livré au fondeur qui, au moyen
d'un kamsen ou marteau, la bat sur une plaijue ou enclume
nommée klamlidlleii el en fait une loupe. Celle-ci est enruiie
jetée dans le fourneau de l'étireur qui, avec son manœuvre ou
goujar, la forge eu barre. Après que le maîire fondeur a fait six
loupes, et que le maîire étireur a transformé celles-ci en six
barres, on recueille les débris de fer qui, pendant la fonte, sont
tombés au fond du creuset, et on en forme une septième loL'pe,
puis une septième barre. Cela fait, on a fini une tournée, et le
premier groupe de cinq hommes va se reposer sur le labbi,
tandis que la seconde escouade se rend à son tour au travail.
Chaque tournée durait environ 3 à 4 heures (' ).
Tous les termes techniques que l'on vient de lire, et auxquels
il faut ajouter : lackslan (prononcez : laqueslmine), partie an-
térieure du fourneau ; iiàren, partie postérieure du fourneau ;
masvil, poussière soulevée par le vent du soufflel, sont, d'après
M. Odelberg, d'origine étrangère. Nous n'avons aucune peine
à reconnaître pour wallons ou français les mots gueuse, loupe,
(') Si notre description contient quclqii'crrour scientifique, qu'on veuille bien
nous la pardonner, en songeant au but que nous poursuivons. Nous avons cepen-
dant làchi d'être exact et consulté a cet ellV't Kar.>TKX, Muniiel de lu uiviallnrijie
du fer, liud. île Culuian, Meiz, 18i4, twuie M, p. ;287; MEVtli, liiseu'initeitwcsen
in ScliweJeii, p. 296 ; Hartmann, Lclnùucli der Ehciiliïmeiikutnle, Berlin, 1834,
tome II, p. 170.
— 435 —
goujat, tournée, puisqu'ils sont encore aujourd'hui employés chez
nous ; dans raffassà et labbi, on peut voir à la rigueur : refais-
ça ou repasser, et l'nhri ; mais quant aux autres expressions,
les hommes du métier auquel je me suis adressé n'ont pu
trouver aucun rapprociiemeiit satisfaisant ( ' ).
Un livre de comptos de l'usine de Leufsia pour les années
•1680-1683, que M. le baron L. De Geer a communiqué à M.
OdelJjerg, a permis ii celui-ci de remarquer que les ouvriers,
dont le salaire était peu élevé, mais invariable, étaient payés
en nature. Le propriétaire de la forge tenait un magasin où les
forgerons avaient le droit d'aller se fournir de blé, de viande,
de hareng, de drap, etc., h un prix minime, mais également
invariable et proportionné au salaire. Avec ce système, le sort
de l'ouvrier assidu était assuré : le maître de l'usine subissait
seul les conséquences des variations dans le prix du fer et des
denrées. Suivant une méthode introduite par De Geer pour ses
colonies, le compte des forgerons était réglé deux fois par an,
le 24 juin et le 24 décembre, d'après le nombre de milliers de
fer qu'ils avaient fabriqué ; un millier équivalait ii mille livres
de Liège ou à 1?)00 livres suédoises. Pour chaque millier de
fer qui sortait de la foige, le maître fondeur et le maître étireur
recevaient chacun 1 1/-2 écu; le premier garçon étireur 1 1/4, les
autres garçons 1, et le manœuvre 1/2 écu (-). Les premiers
(îolons avaient exigé une certaine quantité de vin par an ; mais
par suite de la difficulté du transport, celte denrée fut rem-
placée par un viupeuningar ou denier du vin ; les deux maîtres
fondeur et étireur reçurent de ce chef 160 écus par an, les
autres ouvriers de 30 à 80 écus, suivant leur âge et leur
habileté.
(M Notamment M. Berchem, ingénieur principal des mines à Namur.
(-) La monnaie suédoise a beaucoup varié. En 1681 l'ccu valait un demi ancien
riksdaler ; or celui-ci v-ilail, au Wll^ et au XV11I>^ siècle, à peu de chose près un
écu de 6 livres de France ; il était un peu plus grand qu'une pièce de o frs. et
était en argent pur.
- 436 -
Le même livre de comptes contient une liste des employés
de l'usine où l'on trouve une soixantaine de noms d'origine
étrangère h la Suède et probablement wallonne. Parmi les cinq
maîtres fondeurs, les quatre maîtres étireurs, les dix-sept gar-
çons ëtireurs ou fondeurs, les deux apprentis fondeurs et les
trois manœuvres, on remarque Jacob Tilleman, Johau Leinoyne,
Philip Boivy, Colas Ponslet , Lorens Bonniver , Henrich
Mineur, Joliaii Ballieu, Colas Martinelle; on y voit aussi:
Hubert Gilles, architecte (ou ingénieur?) de l'usine; deux Johan
Hubinet, l'un charron, l'autre maréchal-ferrant ; Marten Masson
et Dirick Opholven, charretiers ; Jacob Oudart, Jean Matzon
Raffli (ce dernier mot serait bien un sobriquet) et Jacob Mony
ou Meunier, charbonniers, un sellier, un faiseur de soufflets,
un meunier, deux inspecteurs de la fonderie, un barbier qui
professait probablement aussi quelque peu la médecine, car ses
appointements montaient h. 600 écus par an; un jardinier et
un cocher pour le château , un aubergiste nommé Israël
Dalhman ( sans doute un iuif), qui ne paraît pas avoir fait de
brillantes affaires. Il n'en était pas de même de Frans Bossarl,
le bibliothécaire de la colonie, dont les quelques livres fran-
çais semblent avoir en de nombreux lecteurs ; il avait un
revenu fixe de 500 écus. Le personnage qui se trouve en tête
de la liste, Evert Wynhaegen, touchait 1600 écus par an;
c'était probablement le régisseur de la forge. Un prévôt, chargé
de maintenir l'ordre parmi les ouvriers, ne recevait que 250
écus. Bartil Sadlin, Arendt de Jonghe et Peter de Masly figurent
aussi parmi le personnel de l'établissement, mais sans gages :
leur avoir consiste en sommes assez importantes que leur
devaient les ouvriers wallons et même les suédois des paroisses
voisines; c'étaient peut-être des prêteurs ou banquiers.
En terminant cette espèce de post-scriptum, qu'il me soit
permis de remercier M. Ouverleaux de l'obligeance avec
laquelle il a mis à ma disposition les notes de son correspon-
dant de Stockholm, et d'adresser à M. Odelberg l'expression de
- 437
ma reconnaissance pour m'avoir autorisé à mettre à profit le
résultat de ses recherches; elles intéressent aussi bien la
Belgique que la Suède, et les études historiques des deux pays
y trouveront également leur compte (').
S. BORMANS,
Sec. gén. hon. de Vlnst. arch. liég.
Namur, le 15 janvier 1876.
(') J'ai oublié de dire plus haut que l'émigration des forgerons namurois pour
la Suède avait pris une telle extension que, sur l'invitation de Philippe IV, le
conseil provincial défendit, le 4 mai 1624 , de se laisser embaucher pour ce pays
« par aucuns se disant commis, facteurs ou agens de marchands de Suède, lesquels
» taschoient d'atircr à eulx et enmener vers ledit pays plusseurs forgerons, leur
» sdvançant quelques deniers pour les obliger à les suivre afin d'establir audit
» pays le mestier de la feronerie, à nostre grand domaige et intérest, et de nostre
•> pays voir au grand péril des âmes desdits forgerons. » Le 11 novembre 1627,
le roi, K informé que , ce nonobstant, ledit mal ne cesse, voir s'accroist de plus
» en plus, non seulement audit pays de Namur, mais encore en aultres de nostre
» obéissance, » réitéra celte défense sous les peines les plus sévères. {Archives
de l'Etat à Namur, placards du Cons. prov. 1602-1629, fol. 239.)
LOUIS DE GEER
ET
LA COLONIE f ALLOME EN SUEDE , AU ÏW SIECLE.
Ce ne furent pas seulement de brillantes victoires et des
conquêtes passagères qui fixèrent, r.u dix-srptième siècle, les
regards de l'Europe sur la Suède; la richesse de ce pays en
gîtes métallifères, en forêts immenses, en cours d'eau dont la
force motrice pouvait être f^icilement utilisée; d'antre part,
l'excellente qualité de son fer, peut-être le meilleur du monde :
tout cela contribuait aussi h attirer sur cette partie de la Scan-
dinavie l'attention des industriels. Mais il manquait h In Suède,
pour riGettre à profit ces trésors, de grands capitaux , de
bonnes méthodes d'exploitation et des ouvriers habiles. Pour
les obtenir, il fallut s'adresser au dehors; alors eut linu un
mouvement considérable d'émigration des provinces néerlan-
daises vers le Nord. Parmi les étrangers qui vinrent à celle
occasion s'établir dans notre patrie, le liégeois Louis de Geer (* )
occupe le premier rang.
Son père, également nommé Louis de Geer, était seigneur de
Gaillardmonl('^) ; une ancienne tradition le rattachait:! l'illustre
famille brabançonne des barons de Hamal et de Drialmont ('■).
Ayant embrassé la réforme de Calvin (*), il fut obligé de quitter
le pays de Liège, où la religion catholique était seule tolérée,
vendit en secret ses propriétés et alla setablir avec sa
- 439 -
femme, ses deux fils et ses six filles à Amsterdam ; on rapporte
que les dix fugitifs quittèrent le sol liégeois cachés dans un
bateau chargé de tourbe ('). De Geer, renonçant 5 sa qualité de
gentilhomme, érigea une banque 5 Amsterdam et se créa en
peu de temps une immense fortune. Il mourut en l'an 1602.
Son fils Louis, qui fait l'objet de cette notice, était né à Liège
le 17 novembre 1587. Après avoir passé quelques années à
Rouen pour apprendre le commerce, il revint h Amsterdam se
mettre à la tête de l'entreprise que son père avait fondée, et
épousa, en 1612, Adrienne Gérard, appartenant comme lui à
une famille liégeoise émigrée C).
Le 28 janvier 1613, le roi de Suède, Gustave-Adolphe, fut
obligé de conclure avec le roi doDanemaick une paix onéreuse:
il rachetait au prix d'un million de rixdales d'argent, somme
éi!orme pour l'époque ('), la forleressc d'Elfsborg, seul port
que possédât la Suède, au coinmencemenl du XVII'- siècle, sur
la mer du Nord. Pour s'acquitler, il fallut avoir recours h
l'emprunt, et en 1616 Gustave-Adolphe s'adressa pour la
première fois aux Hollandais.
C'est alors que, pour la première fois aussi, le nom de Louis
De Geer fut connu en Suède. Les grandes opérations financières
auxquelles se livrait le riche marchand avaient attiré sur lui
l'attention du roi. Par la inènie occasion. De Geer fut mis en
relation avec ses compatriotes, les frères De Besche, qui s'élaient
établis en Suède depuis le commencement du XV!!» siècle (^),
et apprit à connaître les richesses minérales et forestières de
ce pays. Aussitôt il songe h en tirer parti et charge un des
frères De Besche, « Welam Giljusson, » comme on l'appelait en
Suède, de solliciler en son non^ de la Couronne, la reprise ii
bail du fief de Finsi)ong, en Ostrogoihie. Gustave-Adolphe lui
octroya sa demande. Par lettres patentes datées de Stockholm
le 20 juillet 1618 ("),le roi déclare qu'il lui a semblé bon d'affer-
mer à son féal Welam Giljusson , pour un terme de six années
440
et moyennant une rente annuelle de 5675 "/,56 rixdales, la terre
de Finspoiuja, avec l'usine et le flef y annexés.
De Geer confia l'exploitation de cette usine à maître Welam,
qui fut pendant de longues années son « facteur » ou adminis-
trateur en Suède.
Une fois mis en rapport avec le financier d'Amsterdam,
Gustave-Adolphe et son chancelier, Axel Oxenstjerna, le char-
gent coup sur coup des affaires les plus importantes. De Geer
devient successivement le munitionnaire de la Cour, l'agent du
Gouvernement pour le commerce du cuivre, le commissaire
général pour les fournitures de la marine et des armées, le
banquier de l'Etal pour les besoins de la guerre.
Tels furent les débuts de De Geer en Suède comme industriel.
Nous le verrons plus tard, sous la minorité de la reine Chris-
tine, se mouvoir dans une sphère plus élevée : gentilhomme
suédois, il devient diplomate et homme de guerre, et rend h sa
nouvelle patrie les services les plus signalés dans le conflit qui
surgit entre la Suède et le Danemarck pendant les années
1643-1645. Ce que nous avons h constater pour le moment,
c'est le génie entreprenant de cet étranger qui sut se mettre h
la tête du mouvement industriel d'une grande nation, et fut le
véritable créateur des relations commerciales de la Suède avec
les autres peuples. Sons ce rapport, aucun nom ne peut être
mis en parallèle avec celui de l'ancien patricien de Liège parmi
les Suédois du XVIP siècle.
Devenu le véritable entrepreneur de l'exploitation de Fins-
pong,De Geer conçut le plan d'une vaste entreprise industrielle
ayant le fer pour o!)jet. Il avait, pour réussir, ce qui précisé-
ment manquait alors à la Suède , à savoir de grands capitaux.
Il n'hésita pas à les employer, et fit construire à Finspong des
hauis-fourneaux, un marteau à acier, une fonderie de canons,
des forges pour les barres ('°). Il introduisit aussi chez les
habitants de l'Ostrogolhie la méthode liégeoise de fabriquer 1< -.
clous et les fers de cheval CM- D'abord, les paysans considérèr-iU
441
le Iravail régulier et assidu comme une sorte d'esclavage; mais
ayant pu constater que cette sujétion leur offrait des ressources
précieuses, notamment pendant les années de disette, ils
finirent par s'y soumettre.
La difficulté pour De Besche et pour De Geer consistait dans
l'application, au travail du fer, des méthodes nouvelles, alors
qu'ils n'avaient pas sous la main des ouvriers qui les connus-
sent. C'était un usage en Suède, lorsque la nécessité de relever
l'industrie du fer se faisait sentir, d'appeler des ouvriers du
dehors. C'est ce qu'avait fait Charles IX, le père de Gustave-
Adolphe, lorsqu'il établit dans la province de Wermland et en
Dalécarlie deux petites colonies françaises, hollandaises ou
allemandes. Dans le cas présent, il fallait avoir recours à des
ouvriers rompus à l'industrie minière du pays de Liège et des
Ardennes.Il est probable que l'émigration wallonne commença
à se diriger, dès l'année 1618, vers Finspong et ses environs,
et qu'elle ne ce.-^sa de si^ porter à cet endroit jusqu'au moment
où des lettres patentes du Roi, datées de 1627 ('^), réglant la
colonisation, vinrent constater un fait accompli. Par ces lettres,
Gusiave-Adolphe atteste que « Louis de Gt^er, son fidèle sujet,
et Guillaume Giljusson (*'M, sur sa gracieuse demande, ont, à
leurs frais, appelé en Suède des ouvriers étrangers, experts en
toute espèce de travaux, pour y gagner leur vie par l'industrie
du fer, et qu'ils ont l'intention d'en introduire d'autres encore
dès que la mer sera libre de glaces. Il ordonne que ces artisans
restent au service de leurs maîtres sous peine d'exil, et défend
à qui que ce soit, sous peine d'une amende de ceiitrixdales, de
faire aucune tentative pour les engager dans une autre entre-
prise ('*).»Tel est le fait dans lequel on doit chercher la cause de
l'existence des noms français ou wallons qui abondent encore
aujourd'hui à Finspong et dans le voisinage; et, quoique souvent
défigurés en passant par la bouche des anciens habitants du
sol, en subissant les vicissitudes d'une orthographe vicieuse et
même quelquefois d'une sotte traduction, leur origine ne saurait
être mé'îonnue. Nous aurons encore l'occasion de revenir
sur ce point.
CependaiU, maître Welnm ne perdait pas son temps h Fins-
po!)g; on l'y voit au contraire déployer une grande activité et,
dès l'année 1619, il peut expédier îi Amsterdam un navire
chargé de for en barres, de tôles, de fil de laiton, de planches,
de bois de chauffage et de froment. Ce navire était parii du port
de Norrkoeping, situé sur un golfe profond de la Baltique, et
par cela même très propre à devenir le point d'embarquement
des produits de Finspong. A partir de ce moment, la pelile
ville de Norrkoeping commença à prospérer; sa population
monta en peu de temps à 5000 âmes, chiffre très-considérable
pour une ville suédoise au XVIP siècle. En 1620, le roi
lui accorda, par l'intervention de De Geer , de nouveaux
privilèges ('").
Gustave-Adolphe désirait vivement attirer Louis de Geer en
Suède; il l'invita à différentes reprises h venir s'y établir et
lâcha de l'y engager en lui accordant des faveurs. Mais les
désirs du monarque ne sufhsaicnt pas pour décider le riche
banquier à adopter une nouvelle patrie ; il fallait que ses inté-
rêts particuliers le lui permissent et même l'y obligeassent.
C'est ce qui ne tarda pas h arriver (**').
C'est en 1628 que De Gser vit la Suède pour la première fois.
Dans une lettre écrite en hollandais, le 10 juin de celte année,
à Axel Oxenstjerna, il remercie l'illustre chancelier pour les
offres magnifiques qu'il lui fait par sa dépêche du 23 mai (qui
malheureusement ne nous est pas connue) et promet de lui
faire une visite avec sa femme lorsqu'elle sera relevée de
ses couches C).l\ écrivait cette lettrede Stockholm; mais ce ne
sera pas dans cette ville qu'il établira sa résidence ; il s'instal-
lera à Norrkoeping, qui lui devait le commencement de sa
grandeur industrielle (").
Dix jours après, il informe le chancelier, par une nouvallo
lettre datée de «NorthCopingh,» qu'il s'occupe de la factorerie
— 443 —
érigée en cette ville, du fendage du fer, de la fabrication du
laiton, des aiguilles, des poulies, des gants, des cordes, etc., et
qu'il emploie ii tous ces travaux deux à trois cents ouvriers, la
plupart wallons ('^). Il fonda encore en cet endroit plusieurs
autres établissements, et bientôt les métiers et les manufactures
y prirent un accroissement tel qu'il frappa d'étonnement un
français distingué qui visita alors cette contrée ( '^). Toutefois
l'activité de De Geer n'est pas entièrement absorbée par Norr-
koeping ; Finspong réclame, au moins au même degré, les
soins de son industrie.
Entre les trois provinces d'Oslrogoihie, de Sudermannie et
de Néiicie, se trouve une contrée moniagneuse, couverte de
vastes forêts de pins et de sapins, et traversée en tous sens par
des cours d'eau qui se changent souvent en torrents; il est
limité h. l'Est par le grand lacGIan, et au Sud par un autre grand
hic nommé Roxen : c'est le district minier connu sous le nom
de Finsponga-laen (lellef de Finspong). L'usine est située sur
le torrent appelé Finspong.i-stroem, qui, navigable jusqu'à
l'exploitation, se trouve non loin de \h en commui:ic;ition avec
le lac Gl.m, par le(iuel on arrive à peu prèsà Norrkoeping.Dans
les environs s'ouvre une romantique vallée, où croît une végé-
tation luxuriante; la richesse do la verdure, rininiensiié des
bois, l'aspect varié des monlagnes, le ruisseau laniôL paisible
et tantôt rapide, olfrent sans cesse aux regards charmés des
spectacles grandioses ou riants; et les W;illons qui vinrent
s'établir dans ces localités au XVII" siècle, reti'ouvèrent sans
doute avec bonlieur, dans ces paysages si semblables à ceux
des Ardennes, un souvenir lointain de leur pati'ie.
L'organisation de l'usine de Finspong attira en cet endroit de
nouvelles colonies liégeoises, dans lesquelles on comptait sur-
tout des fondeurs etdes forgerons; aussi Finspong ne larda-l-il
pas ù devenir le centre de la grande indus'.rie du 11 r que Louis
De Geer avait rêvée pour la gloire de la Suède. Les ouviiers du
pays, laissant de côté leurs méthodes primitives pour adopter
444
les nouvelles, s'habituèrent peu à peu à couler des gueuses, et
recueillirent ainsi le triple avantage de produire du fer d'une
qualité supérieure, en quantité plus grande et en moins de
temps qu'auparavant (-°).
Pendant les trois premières années de sa résidence en Suède,
De Geer déploya une activité incroyable. Non content d'être
industriel, il se fait munitionnaire; il prend à sa charge les
factoreries qui doivent fournir au roi les armes de guerre, en
même temps qu'il entreprend, à ses risques et périls, tout le
commerce de fer du royaume, commerce considéré jusqu'alors
comme un droit réservé à la couronne.
Pour atteindre d'une façon complète le but auquel il visait,
De Geer aurait dû pouvoir disposer librement des usines et des
mines de Dannemora, des exploitations d'Oesterby, de Leufsta,
etc., qui fournissaient le meilleur minerai de la Suède, et que
Giljusson avait affermées, en son nom propre et au nom de De
Geer, dès l'année 1626 ('-'). Mais le moment n'était pas propice.
De Geer retourna en Hollande en 1631. La prudence lui con-
seillait sans doute d'ajourner quelque temps encore son établis-
sement définitif et le placement de tous ses capitaux en Suède;
peut-être avait-il remarqué de la part du roi quelque refroidis-
sement à son égard. Il est certain, en effet, qu'en 1632 Gustave-
Adolphe manifesta de l'irritation contre les deux Néerlandais
qui, selon lui, avaient profilé trop largement dvs embarras où
se trouvait alors son gouvernement. N'ayant pas rencontré dans
le grand fournisseur de l'armée un désintéressement aussi
absolu qu'il l'eiàt désiré, ii déclara ne plus vouloir de ses four-
nitures, refusa de s'endetter davantage vis-à-vis de lui, et
prélendit rentrer en pleine possession des llels de la Couronne
pour en percevoir directement les profits (--).
Gustave-Adolphe se trouvait à la tête de son armée victorieuse
dans le Sud de rAllemague lorsqu'il exigea le compte des
fermages de Louis De Geer; il lui ordonnait de s'expliquer en
même temps sur les produits d'une cargaison de cuivre qui lui
— 445 —
avait été expédiée k l'effet de payer aux Etats-Généraux les inté-
rêts d'une somme que ceux-ci avaient avancée au roi, intérêts qui
n'avaient plus été servis depuis trois ans etque les Etats-Géné-
raux réclamaient. De Geer se rendit au camp royal, à Kitzingen
près de Wûrtzbourg, et chercha à se disculper ; il est probable
qu'il n'y réussit pas entièrement ; ses excuses, en effet, se trou-
vaient en désaccord avec les rapports qu'envoyait le comte
palatin Jean-Casimir, beau-frère du roi, resté en Suède pendant
la guerre pour surveiller les finances du Royaume. Mais, trois
mois après, Gustave-Adolphe tombait sur le champ de bataille
de Lutzen (6 novembre 1632), et les accusations dirigées contre
De Geer n'eurent pas de suite.
Il est encore une autre inculpation que nous ne pouvons
passer sous silence. Le gouvernement suédois avait envoyé en
Hollande un nommé Erik Larsson avec un chargement de
cuivre dont la vente fut, comme à l'ordinaire, confiée à De
Geer ("). Mais un marchand hollandais du nom de Tripp,
parent de De Geer et créancier de la couronne de Suède, fit
saisir la cargaison pour obtenir le payement de ce qui lui était
dû. Grande fut l'indignation des Suédois, qui soupçonnèrent De
Geer et Eiik Larsson d'avoir prêté les mains à cette saisie. Ce
qui donne quelque fondement à ce soupçon, c'est que deux ans
jiprès, le bruit parvint à la Chambre des comptes que De Geer
avait avoué un bénéfice particulier sur cette opération (").
Au commencement de l'année 163^, une correspondance
très-vive est échangée entre le grand chancelier et De Geer.
Celui-ci avise Oxenstjerna qu'il vient de faire une nouvelle
livraison d'armes et de munitions de guerre; il en demande le
payement, en faisant remarquer que le cuivre, avec lequel le
gouvernement avait l'habitude de payer ses fournitures, avait
subi une baisse considérable, ce que, du reste, il ne manque pas
de répéter à chaque occasion. Il repousse dans cette même
lettre l'accusation dont il avait déjà plusieurs fois été victime,
qu'il aurait, dans son intérêt privé, retardé les payements dont
446
on l'avait chargé; il nie avoir accaparé, comme on l'en soup-
çonnait sans doute, les subsides accordés îi la Suède par les
Elais-Géiiéraux, et affirme qu'il est le fidèle et affecàonné servi-
teur du roi C*^).
Nous ne voulons ni soutenir ni réfuter ces accusaiions, au
sujet desquelles il serait du reste, selon nous, très-difficile,
sinon impossible, d'ésablir la vérité. Au lieu de nous ranger
soit du côté de ses panégyristes, soit de celui de ses détracteurs,
nous ferons simplement remarquer que Louis De Geer était un
marchand et qu'il irailail ^es affaires avec la rigueur que doit y
apporter un véiiiable marchand : c'est là un des côtés de son
caracièie. Ce qui ne rempêclie pas de donner en mainte occa-
sion les preuves les plus convaincanles d'un ardent et sincère
patriotisme (-^). Et lorsque les Suédois virent cet étranger, leur
concitoyen de la veille, ri.-qucr dans leur intérêt son immense
fortune et metlie sa vie en péril, la voix de l'envie n'osa plus se
faire entendre.
Louis De Geer resta en Hollande au moins depuis le mois
d'octobre iG3:2 jusqu'en 4635. Les affiiires qui l'y retenaient ne
lui faisaient pus peidrede vue les établissements qu';l laissait
derrière lui. Celait toujours lui, du reste, qui pourvoyait
d'armes et de munitions l'armée suédoise en Allemagne (-'). Dans
une lettre écrite d'Amsterdam en 1635, il l'ail savoir au chance-
lier Oxenstjerna qu'il a, à Norrkoeping, un entrepôt contenant
les équipements nécessaires pour armer i!2,000 hommes {-**).
On peut juger par ce fait de l'impulsion qu'il avait imprimée
aux manufacture^ de cette ville.
De Geer dut enfin retourner en Suède, où l'appelaient des
règlements de compte avec la Couronne; celle-ci, dans les em-
barras financiers que lui causait la guerre, n'était pas piécisé-
ment un |)aycur ponctuel. Le '1!2 mai 1636 fut conclu, à Stock-
holm, iMitre le riche munitionnairc et le gouvernement de la
minorité de Christine, un contrat « sur diverses choses; » la
dette du royaume envers De Geer, reconnue par Gustave-Adolphe
— 447 —
le 6 juin 1630, y est portée à 129,155 rixdales. Cette somme
lui fut immédiatement versée. Mais, dans une lettre écrite ce
jour même par De Geer au chancelier, qui était encore en
Allemagne, après avoir dit que les comptes avaient été exa-
minés et approuvés par Messieurs de la Chambre et du Sénat,
et qu'il était payé, il réclame encore de l'Etat 90,000 rixd. pour
diverses fournitures à livrer ("). Suivant nous, il avait mauvaise
grâce de se plaindre ; il fait, il est vrai, de nouvelles avances
pour 48,124 rixdales, et s'engage à fournir des armes et des
munitions : mais n'était-il pas amplement dédommagé de ces
frais par l'exemption de douane qu'on lui avait accordée sur ses
marchandises exportées par Nykoeping, Norrkoeping, Arboga,
Oeregrund et Gothembourg? D'ailleurs un intérêt de huit pour
cent lui était garanti, et on prolongeait en sa laveur, pour un
nouveau terme de trois ans, tous ses fermages {^°).
Une loi, observée en Suède depuis les temps les plus recules,
voulait que le roi « vécût d'Upsala-oed, c'est-à-dire se con-
tentât, pour sa liste civile, des domaines de la Couronne, et
qu'il pût donner des fiefs h ses hommes. » Le tribut payé par
les paysans taillables ne rapportait que de minces revenus ; de
même que les deux tiers des dîmes attribués au Roi par la
Réforme au seizième siècle, il était absorbé parles besoins ordi-
naires de l'Etat. Mais la guerre de Trente-ans amena une révolu-
lion complète dans les finances du royaume. Pour se procurer
l'argent qu'absorbait la guerre, il fallait emprunter et quelque-
fois engager les propriétés domaniales; on dût même finir par
vendre quelques-unes de ces terres, ce qui était contraire,
sinon à la lettre, du moins à l'esprit de la constitution. Inau-
gurés, mais avec réserve, par Gustave- Adolphe, ces procédés
illégaux furent consacrés pendant la Régence, qui décréta à la
Diète de 1638, la continuation de ces ventes("*). Cet expédient,
pris d'urgence par le Gouvernement sans l'intervention des
Etats, avait besoin de la sanction du roi h sa majorité, et l'on
comptait sur les temps de paix pour réparer les dommages
— 4'i.8 -
qu'il devait entraîner. Toutefois le droit d'acheter ces terres
n'était déféré qu'aux nobles; les roturiers devaient se contenter
des domaines engagés.
En 1639 le gouvernement examina à Oerebro les contrats de
1636, et les prolongea encore pour un terme de trois ans ; en
même temps les comptes furent réglés de part et d'autre.
Cependant De Geer voyant les grands seigneurs acheter des
terres domaniales . fut pris de l'envie de devenir, lui aussi ,
grand propriétaire suédois, et aspira à posséder réellement ces
établissements magnifiques créés ou agrandis par ses soins,
et qu'il administrait depuis tant d'années comme simple con-
cessionnaire. Mais Louis, ou plutôt son père, avait renoncé
à ses litres de noblesse, qui, du reste, ne l'aurait pas fait
accueillir parmi l'aristocratie suédoise. Il demanda en consé-
quence Il être annobli, ce qui lui fut accordé le 4 août 1641,
« non sans cause, » comme le proclame la devise de sa famille.
Les services rendus par De Geer à la Suède , tel est le
motif allégué dans le diplôme qui lui fut octroyé à cette
occasion : il avait, y était-il dit, introduit dans le pays l'art de
londre les grandes pièces de fer, de forger en barre le fer fin,
de fabriquer des armes de toute espèce ; établi h ses frais, en
divers endroits, de coûteuses usines de laiton et des manu-
factures; appelé dans ce pays un grand nombre d'artisans
habiles, et enseigné aux indigènes des méthodes nouvelles.
Certes il ne serait pas difficile d'allonger de beaucoup cette liste
de litres réels à la reconnaissance royale (^^).
Devenu gentilhomme suédois, De Geer aurait voulu reprendre
pour armoiries les trois fleurs de lys qui avaient, dit-on , été
octroyées à ses ancêtres par un roi de France; mais la noblesse
suédoise s'y opposa, refusant d'admettre une distinction d'ori-
gine étrangère, et il dut attendre que la reine, devenue majeure,
lui accordât sa demande.
Rien ne s'opposait plus à ce que De Geer devînt propriétaire
loiicier ; le 11 septembre 1641,1e gouvernement , invoquant
4iî>
l'exemple dooné par le (eu loi , lui vendit ]iOLir la somme de
50,557 rixdales, 38 ocres et 6 -/s de pl'eniiigs, plusieurs usines
et métairies dans le Finsponga-lsen, dans les paroisses de
Dannemora, de Film , de Leufsta et de Hollnaes, dans le terri-
toire d'Oland, dans la province d'Upland et dans la paroisse de
Sundbo en Néricie, propriétés qui, réunies, rapportaient
annuellement à l'État 3,412 ihalers d'argent. L'acte de vente
portait que la reine ratifierait ce contrat dès qu'elle aurait
atteint sa majorité ; cette clause semblait diminuer la validité
du droit de l'acheteur {'^'').
De Geer n'en continua pas moins ii atlérmer, en 1642,
toutes les terres non achetées qu'il tenait précédemment de
l'État , ou bien il les conserva pour servir d'hypothèques y
une somme de 20,000 rixdales avancés pour l'entretien de
l'armée et à quelques autres arriérés. Ce contrat devait durer
depuis la St-Jean (24 juin) 1642 jusqu'à la majorité de la reine,
et on accordait au fermier le droit de se rembourser lui-même
sur le montant des fermages.
Mais il ne tarda pas à devenir également propriétaire de ces
domaines. Le 20 décembre 1643 il achète les métairies de la
Couronne situées dans les paroisses de Hoekhufvud (territoire de
Froesaker, préfecture de Stockholm), deSkefthammar, d'Ekeby,
d'Adelunda, de Morkarla,de Film, de Tegeismora etdeLeufsta,
(du territoire d'Oland, préfecture de Stockiiolm), de même que
les usines d'Oesterby, de Leufsta , de Gimo et de Stensbo,
avec leurs haut-fourneaux et leurs forges, excepté les mines
de Dannemora, « qui, disent les lettres royaux, sont réservées
à jamais à nous et à la Couronne par les présentes. » De Geer
paya pour ces propriétés , qui rapportaient à l'État une l'ente
annuelle de 3,506 thalors , la somme de 56,951 rixdales,
47 oeres et 13 '/^ (ou 30 '/j) pfennigs; les conditions étaient
les mêmes que celles stipulées pour l'achat de ses terres dans
rOstrogothie. Le même jour il augmentait celles-ci en achetant
le district des mines de Godegard, la métairie de Grislorp et
— i5(i —
d'autres biens, pour une somme de 10,704 rixdales. Ces deux
achats s'effectuèrent îiu moyen de décomptes faits sur les
créances de Louis De Geer (•'*). Entln, celte année encore, il
obtint en bail de la Couronne l'usine de Forsmarck et les terri-
toires de Froesaker et de Naerdinghundra , dans la province
d'Upland, qui devinrent des annexes des Dannemoraverken.
Mais il est temps de laisser l'industriel et le propriétaire,
pour nous occuper de l'homme de guerre et du diplomate.
Nous sommes en pleine guerre de Trente-ans. Les armées
suédoises, sous le commandement du grand Tortensson, se
trouvent au centre de la Moravie, les yeux fixés sur Vienne;
elles espéraient s'emparer bientôt de cette capitale, lorsque
les Danois, par leurs armements, excitèrent en Suède les
plus vives inquiétudes.
C'était à la fin de l'année 1643. On mit en délibération dans
le Sénat la question de savoir s'il était opportun de révéler aux
Etats-Généraux de Hollande les plans belliqueux des Danois.
L'opinion du chancelier était que Ton ne devait pas attendre de
celte communication un résultat bien satisfaisant tant que les
intérêts de la Hollande seraient saufs. Suivant De Geer, on ne
pouvait espérer un secours efficace de la part de cette puis-
sance ; mais il pensait qu'en s'adressant aux particuliers on les
trouverait beaucoup plus disposés à accorder aux Suédois
qu'aux Danois la liberté de noliser des navires (").
Le Sénat, qui s'attendait à voir dans deux mois le roi de
Danemarck attaquer la Suède, envoya De Geer dans les Pays-
Bas, avec mission d'affréter quelques navires pour l'exécu-
tion d'un « projet urgent «, et d'enrôler dans ce pays un ou
deux régiments, qu'il devait tenir prêts à l'embouchure du
Weser. Pour en arriver ù ces fins, il devait s'entendre avec les
commissaires Suédois assemblés au Congrès de Westphalie ;
ceux-ci étaient, de leur côté, invités à lui prêter aide et secours.
Pour le cas où il ne réussirait pas dans la levée des soldats,
ordre était donné de lui confier une troupe finnoise de l'ar-
— 451 —
mée Suédoise en Allemagne. Toutes ces négociations devaient
être conduites avec le plus grand secret. (''^) De Geer, ou, comme
on le qualifiait alors, a le commissaire royal, m était en outre
chargé d'une mission toute diplomatique : il devait présenter
aux Etats-Généraux des lettres du Sénat de Suède, réclamant
le secours qu'ils étaient tenus de lui envoyer « vi fœderis. « (")
Muni de ces pouvoirs, De Geer vole à Amsterdam, où il arrive
dans le mois de décembre 1643. Mais les Etats-Généraux ne
peuvent se résoudre i\ prendre une décision ; ils délibéraient
encore au mois de mars de l'année suivante. Alors le commis-
saire s'adressa aux particuliers, et réussit en peu de temps à
équiper douze vaisseaux de ligne, bon nombre de frégates et
d'autres navires, faisant un total de 32 bâtiments. Dans les pre-
miers jours du mois de mai, cette flottille fit voile vers le Nord :
« Je suis un marchand converti en homme de guerre «, écri-
vait De Geer à un de ses amis en Suède {^^).
Mais il ne suffisait pas d'être parvenu à réunir ces navires : il
fallait les payer. Or le nerf de la guerre faisait en ce moment
complètement défaut au Gouvernement Suédois. Cette circons-
tance occasionna au commissaire de vives inquiétudes. Dès le
mois de mai, il écrivait au chancelier lettre sur lettre, faisant
remarquer que ses avances pour l'équipement de la flotte
montent à 200,000 rixdales, qu'il faut solder les mariniers, que
c'est par ordre de Son Excellence qu'il a entrepris cette affaire,
et qu'il compte sur son influence pour hâter la solution auprès
du Gouvernement. Au mois d'août, il adresse d'Amsterdam ses
plaintes à Oxensljerna, et au mois de septembre, de Gothem-
bourg : « il ne peut attendre davantage ; sa créance monte à
200,000 rixdales, et il n'en a retenu que 50,000 sur les subsides
de la France » ("").
Sur ces entrefaites, Tortensson, après l'invasion du Holstein
en 1643, après l'occupation du Schleswig et du Julland, tra-
verse les Beltes sur la flotte de De Geer pour s'emparer des îles
Danoises. C'était ih le « projet urgent » du Gouvernement Suc-
— 452 —
dois. Mais cette flotte fut battue sur la côte occidentale du
Schleswig par le roi Christiern IV et forcée de se réfugier en
Hollande. Là les équipages se mutinèrent et causèrent à DeGeer,
dépourvu d'argent, les plus cruels embarras. Il réussit néan-
moins à armer une seconde flottille de 22 voiles, qui se dirigea
le l" juillet vers le Nord, sous les ordres du brave Thiessen;
mais retardée par des vents contraires, elle n'arriva pas h
Gothembourg avant le mois d'août. Thiessen débloqua ce port,
réusssit à traverser le Sund malgré l'opposition des Danois, lit
une courte apparition dans le Kielerfjord, et arriva à Calmar.
Laissant là sa flotte, l'amiral se rendit à Stockholm. Son arrivée
inattendue rendit la confiance au Gouvernement abattu pnr la
défaite de la première tlotte, par le départ de Torlensson pour
l'Allemagne, et par l'arrivée d'une armée autrichienne dans le
Holstein,
Ordre fut donné à Wrangel de faire tenir la mer à la grande
flotte ; Thiessen i*°) se joignit à elle et prit une part glorieuse
à la victoire remportée le 13 octobre 1644 par les Suédois, sous
Lolland, près de l'île d'Oeland, victoire qui décida l'année sui-
vante la conclusion de la paix de Broemsebro si avantageuse
pour la Suède. De Geer ayant été consulté pendant les négo-
ciations qui la précédèrent, conseilla vivement la paix; il fallait,
disait-il, la conclure avant de tenter aucune nouvelle entreprise,
afin d'éviter l'intervention d'autres puissances, ce qui rendrait
l'accord plus difficile ('" ).
Louis De Geer venait de rendre à sa nouvelle patrie un
service immense. On ne peut nier, en eff"et, que sa courageuse
et prudente persévérance, que l'emploi généreux de ses
richesses et de son crédit, n'aient contribué pour une très-
grande part aux heureux résultats de celte guerre (*-).
Le commissaire royal était évidemment en droit de réchimer
le remboursement des avances énormes qu'il avait faites pour
affréter les navires et payer la solde de leurs équipages. Des
n'criminalions amères se sont élevées contre le gouvernement
i53
Suédois parce qu'il n'avait pas acquitté cette dette, et l'on répète
sans cesse qu'il n'a payé que 50,000 rixdales sur les deux mil-
lions qui lui étaient réclamés. Il est à regretter qu'il n'existe pas
une comptabilité en règle de ces opérations ; toutefois, les
recherches faites dans les archives permettent de démontrer
la fausseté de cette assertion et l'inexactitude de plusieurs
autres (^^).
La Reine n'ayant pu donner son approbation à un compte de
deux millions de rixdales réclamé par son gouvernement. De
Geer donna à entendre qu'il se contenterait d'un million; mais
cette somme même fut refusée. Dans un extrait de la comptabi-
lité du commissaire, insérée quarante ans après parmi les
actes du Collège de réduction, on parle d'un compte pournoli-
sation et entretien de la flotte hollandaise pendant l'année
1644, montant à 489,101 rixdales et 13 oeres, avec la mention
que « celte somme ne portera pas d'intérêt parce'qu'elle a été
payée comptant. » Voilà évidemment un compte accepté et
payé par le gouvernement ("**). Rappelons-nous, d'autre part,
qu'au mois de septembre précédent. De Geer avait déclaré que
ses dépenses pour la flotte montaient à 200,000 rixdales. Après
la victoire du 13 octobre sous Lolland, les navires retournèrent
en Hollande sans avoir essuyé des pertes considérables, et nous
pensons que 289,101 rixdales durent suffire pour le service
d'nn mois environ. On ne peut admettre que la somme deman-
dée en septembre se soit, à la fin de l'année, élevée à un chiffre
sept fois plus grand (*").
Dans une lettre écrite par D3 Geer, de Hollande, le 10 jan-
vier 1643, au chancelier, il dit qu'il a entendu parler d'un
niécontenlement au sujet des frais de la flotte, et du soupçon
qui planerait sur lui d'avoir cherché son jjropre profit dans
cotte affaire. Il proleste avec énergie contre celte calomnie, et
prend Dieu à témoin de son désintéressement. «Son Excellence,
(lit-il, sait mieux que personne combien elle a eu de peine à le
persuader de se lancer dans cette entreprise. Si les dépenses
454
sont grandes, il ne faut pas oublier que l'expédition a duré
huit à neuf mois. Il ne fait pas entrer en ligne de compte les
dangers personnels auxquels il a été exposé ni les embarras
inouïs dans lesquels l'a plongé la mutinerie des équipages.
Ce n'est pas seulement sa fortune qu'il a risqué, mais encore
son honneur. Son crédit était engagé au point qu'il n'a pu
le sauver qu'au prix des plus grands sacrifices. Il supplie
Oxenstjerna de ne pas l'abandonner dans cette circonstance.
Pour sortir de ce labyrinthe et en finir avec ces difficultés, il a
formé un projet de transaction plus préjudiciable qu'avanta-
geux pour les siens, qu'il soumettra au bon plaisir de Sa
Majesté (^^). »
Quel était ce projet d'arrangement? Il n'est pas douteux pour
nous que ce ne fût celui qui aboutit au règlement de compte
fixant la dette delà Couronne à 489,101 rixdales, 13 oeres;
ce compte doit avoir été présenté au gouvernement entre le 10
et le 21 janvier de l'année 1645, car, à cette dernière date, on
assigna à Louis De Geer,sur les revenus de la douane, 300,000
rixdales à toucher dans le courant des trois années sui-
vantes (*"). Se trouvant sur le point d'entreprendre son expé-
dition contre le Danemarck, les sénateurs suédois, frustes des
subsides hollandais qu'ils espéraient, avaient, sous leur propre
responsabilité, promis au commissaire royal, pour l'équipement
de la flotte, une subvention de 50,000 rixdales, qui lui furent
payés, après la guerre, en terres domaniales conquises sur les
Danois dans la province de Halland. Une autre somme pareille
avait été comptée h De Geer, au moyen des subsides français, le
22 décembre 1644, par Jean Oxenstjerna et Salvius, commis-
saires de la Suède au congrès de Westphalie, après différentes
réclamations de sa part. Enfin tout le restant de sa créance,
montant h 89,101 rixdales, 13 a^res, lui « fut payé ou porté en
compte d'une autre manière, » suivant l'expression d'un bio-
graphie de De Geer, membre de sa famille. Voici le moyen que
l'on employa.
— 4SS —
Lorsque la reine eut atteint sa majorité, elle confirma en 1646
les achats de 1643, de même que le mode de payement, par
défalcation, pour deux sommes capitales de S6,951 rixdales, 47
oeres et 30 V., pfennigs, et de 10,704 rixd., 18 oeres et 22 VaPf-
Cinq semaines plus lard elle vendit à De Geer, pour 62,459
rixdales et 14 -/:, pfennigs (*^) des terres en Upland ; à la fin de
l'année, pour 7,782 rixdales, 39 oeres et 8 ^/g pfennigs, des pro-
priétés dans la même province et en Ostrogothie, et l'année
suivante, pour 25,325 rixdales, 29 oeres, 10 7, pfennigs, des
domaines en Ostrogothie. Le système de défalcation étant
stipulé pour ces deux derniers achats, on doit supposer qu'il
en fut de même pour le premier, et on peut compter que, par
ce moyen. De Geer acheta des domaines pour une somme totale
de 100,762 rixdales, peut-être même de 163,221 rixdales. Ces
transactions étaient naturellement tout à son avantage, et en-
tièrement au détriment du vendeur, c'est-à-dire de l'Etat. En
ce sens, il n'est peut-être pas (out-à-fait inexact de dire que
le Gouvernement lie remboursa pas k De Geer l'argent qu'il
avait avancé pour le service de la Suède pendant la guerre avec
le Danemarck; mais le commissaire n'en fut pas moins indem-
nisé. C'est également à tort qu'on accuse la Reine d'avoir
toujours négligé un si loyal sujet, et nous devons dire que c'est
avec une incroyable légèreté que les écrivains ont en général
tracé cette page de l'histoire ; ils perdent de vue qu'en présen-
tant De Geer comme une victime, ils attaquent témérairement
l'honneur et la bonne foi de !a nation suédoise.
Ce qui prouve qu'en fin de compte Louis De Geer n'eut pas
trop à se plaindre des procédés du gouvernement, c'est qu'il
mit h la disposition de celui-ci ses vaisseaux et leurs équipages
pour l'année suivante; mais on trouva ses conditions trop
onéreuses et on le remercia ('°). Quelques semaines après
la liquidation dont nous venons de parler, ayant à remercier la
Reine et le Sénat pour une faveur accordée à son filsl^"),
il réitère l'offre de quelques navires pour inquiéter les habi-
tants de Gluckstadt et de Krempe.
(oH
Louis De Geer continua k livrer des fournitures à l'Etat et h
se faire payer en terres domaniales. Nous nvons enregistré six
simulacres d'achats ; il reste k en mentionner deux, mais de
moindre importance, faits en l'année 1650 : l'un consiste
en métairies situées dans la paroisse de Fellensbro (province
de Néricie), acquises pour la somme de 7,841 rixd. ; l'autre ne
comprend que quelques terres dans les paroisses Boerstil
et Hoekhufvud (province d'Upland), achetées au prix de 661
rixd.; ce furent les derniers (^'). Les huit opérations réunies ne
cotjtèrent pas plus de 220,280 rixd. d'argent, ce qui équivaut
à 889,120 couronnes de notre monnaie actuelle, on à environ
un million 250,000 francs. Acheter k co prix deux domaines
comparables par leur étendue à de petits royaumes, certes ce
n'était pas trop cher, même pour ce temps-là, et nous pouvons
dire, avec Palmblad, que Louis De Geer n'eut pas lieu de
regretter son expatriation ni le déplacement de ses capitaux, en
les retirant du commerce hollandais pour les verser dans l'in-
dustrie du (er suédois. En effet, l'acquisition de Finspong et de
Dannemora-verken fut pour lui extrêmement avantageuse, tout
en admettant qu'il eut augmenté par son travail la valeur de ces
établissements {■'').
Il faut ajouter toutefois que Tunique préoccupation de
De Geer, en achetant ces domaines, n'était pas de devenir un
grand seigneur : il avait surtout en vue de donner h l'industrie
du fer un essor jusque Ik inconnu en Suède et d'augmenter
ainsi la prospérité du royaume.
Il est certain que, pour atteindre ce but, il dut encore faire
des avances de capitaux énormes, et continuer k appeler dans
le pays des ouvriers habiles pour peupler les mines et les
ateliers C^''). En ce dernier point, il répondait aux désirs et
même aux volontés du gouvernement qui s'intéressait au plus
haut degré aux colonisations étrangères. C'est k l'époque des
grands achats de terres domaniales par De Geer, c'est-k-diro
entre les années 1643 et 1660, que l'on constate l'immigrat'on
la plus considérable d'artisans étrangers en Suède. Ils venaient
<c des contrées wallonnes de Liège et de Namur, » accom-
j)agné3, dit-on, d'un médecin, d'un pasteur et d'un maître
d'école. De Geer les répartit dans ses nombreux établisse-
ments.
Le nombre de ces « Wallons » (c'est ainsi qu'on désigne
encore aujourd'hui leurs descendants en Suède) émigrés, a dû
être très-considérable ; c'est ce que l'on peut inférer de
l'examen des anciens registres des usines, contenant des listes
d'ouvriers et d'employés, où l'on rencontre plus de trois cents
différents noms de famille étrangers, dont quarante au moins
pour la seule exploitation de Finspong {^'' ). Le chiff're est plus
grand encore pour les possessions de De Geer en Upland, à
Oesterby, à Leufsta, àGimo, c'est-à-dire dans les Dannemora-
verken ; dans ces endroits on peut relever plus de cent noms
de famille.
Nous l'avons déjà dit , le caractère étranger et français de
ces noms, qui au XVII" siècle se firent tout-à-coup entendre
an fond de la Suède, ne saurait être méconnu, même aujour-
d'hui, malgré un certain mélange de hollandais et d'allemand,
malgré les traductions du français en suédois, en allemand ,
môme en latin, malgré l'altération produite par la pronon-
ciation des gens du pays, maigre les tortures d'une orthographe
vicieuse. Il suffit de jeter les yeux sur la liste alphabétique qui
accompagne cette notice pour en être convaincu.
Ce que nous pouvons affirmer, c'est qu'un grand nombre de
descendants de ces anciens wallons soni encore actuellement
employés dans les min.es et usines ayant appartenu ou appar-
tenant toujours à la famille De Geer. D'autre part, on peut
croire que la loi sévère édictée par Gustave-Adolphe contre
ceux qui quittaient leurs maîtres ne fut pas strictement obser-
vée dans la suite : on trouve de nos jours les noms des colons
primitifs parmi les ouvriers des mines et usines de Ranaes, de
Wattholma et de Soederfors, en Upland, de celles de Gysinge
458
et de Forssbacka en Gestrikland, etc., lesquelles n'ont jamais
appartenu aux De Geer.
Par la suite des temps un grand nombre de colons belges,
quittèrent l'industrie pour embrasser d'autres carrières ; et c'est
ainsi que nous trouvons des noms wallons dans la petite bour-
geoisie comme dans le haut commerce, à l'armée comme dans
l'église, parmi les artistes comme parmi les savants, dans les
Chambres de la représentation nationale comme dans les fonc-
tions administratives.
Quant il la population wallonne encore actuellement employée
aux mines et usines de Dannemora, voici en quels termes
s'exprime à leur sujet un de ses pasteurs C*^) : Ces ouvriers ont
en général le teint brun i^"), les yeux foncés, le nez aquilin,
les cheveux noirs ; leur langage se caractérise par la franchise
et la hardiesse des expressions. Susceittibles, même pour des
choses de peu d'importance, ils montrent un esprit droit et
sagace. Quoique très-dociles, on leur reproche une certaine
rudesse et une opiniâtreté qu'il est difficile de vaincre. Néan-
moins, ils surpassent encore, par l'intelligence comme par la
douceur de leurs mœurs, les paysans suédois, dont ils se dis-
tinguent du reste par leurs noms. Dans leur bouche, la pronon-
ciation du langage suédois devient lâche et traînante. Ils n'ont
retenu de l'idiome wallon que quelques mois, généralement des
termes techniques se rapportant à leur industrie (^'). Dans
leurs demeures régnent au plus haut degré l'ordre et la pro-
preté, et eux-mêmes, lorsqu'ils ont revêtus leurs habits du
dimanche, se font remarquer par une véritable élégance.
Les wallons émigrés professaient la religion réformée; mais
leurs enfants embrassèrent, ou plutôt suivirent la confession
luthérienne qui était celle de la Suède. Dans le principe, et
même assez longtemps après leur établissement en Suède, les
wallons ne voulurent se marier qu'entre eux ; mais peu à peu
ils se sont relâchés de cette coutume, et les deux races se sont
enfin fondues.
— 4S9 —
Après avoir donné à l'exploitation du fer en particulier et k
l'industrie en général une impulsion dont la Suède récolte
encore aujourd'hui les fruits, Louis De Geer s'appliqua, dans
les dernières années de sa vie, à étendre les rapports commer-
ciaux de sa nouvelle patrie.
On s'était imaginé, à cette époque, que l'on pouvait faire de
la Suède non-seulement une grande puissance continentale,
mais encore une puissance coloniale importante, et on avait
fondé en Amérique, en l'année 163o, une Nouvelle-Suède. La
colonie demanda à la mère-patrie, pour la facilité de son com-
merce, une compagnie des Lides-occidentales ou une compa-
gnie Virginienne, dans lesquelles s'intéressèrent la Couronne
et les seigneurs suédois, notamment Louis De Geer (^^). Mais
l'existence de cet établissement fut de courte durée.
Il est encore une autre entreprise à laquelle De Geer attacha
son nom. Doué de vastes aptitudes, l'importance du commerce
avec l'Afrique n'avait pas échappé à son esprit pénétrant, et ce
fut à lui que la Suède dut ses relations avec ce continent. De
riches cargaisons lui étaient déjà arrivées de la Guinée, lorsque
De Geer proposa, en 1648, à la reine, de fonder une compagnie
en Afrique. Christine y consentit et signa, l'année suivante, un
contrat qui devait durer vingt-quatre ans. En 1650 elle acheta
un territoire à un roi nègre, près du cap Corso, y fit bâtir un
fort, établit des comptoirs dans le voisinage et acquit des pos-
sessions sur la Côte-d'Or. La Suède échangeait du fer contre de
l'or et de l'ivoire, et réahsait d'immenses bénéfices (^^). Dirigé
par une main aussi habile que ferme, ce commerce promettait
d'atteindre le plus haut degré de prospérité, lorsque cette même
main vint à lui manquer.
L'intérêt u était pas le seul mobile qui faisait agir cet homme
véritablement grand. Tout ce qui pouvait contribuer à la gloire
et au bonheur de la patrie, au progrès moral et intellectuel de
ses concitoyens, trouvait en lui un généreux et ardent champion.
Le gouvernement ayant élaboré une loi sur l'instruction
460
publique, De Geer s'intéressa vivement à ce projet. Nous
possédons de lui deux lettres écrites en 1642 à Oxenstjerna,
dans lesquelles il conseille d'appeler en Suède le célèbre Come-
nius, pédagogue moravien, qui réforma les écoles dans plu-
sieurs états de l'Europe, ollrant de supporter tous les frais de
son installation. Comenius vint, et d'après ses conseils, on
publia une loi qui aujourd'hui encore est considérée comme un
chef-d'œuvre pour le temps où elle parut, (^"l.
Calviniste comme tous les wallons émigrés en Suède, De
Geer procura à ses compatriotes les moyens de remplir leurs
devoirs religieux, en dépit de l'intolérance luthérienne (*") ; en
même temps, il mettait h la disposition de ses ouvriers luthé-
riens une chambre de sa propre maison, leur donnait un pas-
teur, et élevait un temple à leur usage (^^).
Mais les jours de Louis De Geer sont comptés. Depuis long-
temps il endure les terribles douleurs de la pierre. C'est en
vain qu'il espère trouver la guérison à Amsterdam. Toutefois
ses souffrances ne peuvent ébranler son âme forte et résignée,
et il meurt tranquillement et chrétiennement le 19 juillet
1652 («^).
On raconte les choses les plus touchantes de sa piété sincère,
de son dévouement à ses compatriotes ( *■'*), de sa bienfaisance
envers les pauvres et les malades, quels qu'ils fussent ("), de
sa reconnaissance envers Dieu qu'il regardait toujours comme
le véritable auteur de sa fortune {^^).
Sa femme, Adrienne Gérard, était morte on 1634 en donnant
le jour à son seizième enfant {^'). Trois filles moururent
jeunes ; six lils et sept filles survécurent à leur mère. Les fils
sont : 1" Laurent, seigneur d'Oesterby; 2" Louis, seigneur de
Finspong, Riiigstaholm, Forsala, Ekesund, en Ostrogothie,
Rhynhusen et Nieuwael, on Hollande (^^); 3" Emmanuel,
seigneur de Leufsta; 4" Etienne, seigneur de Gimo; 5° Jean,
seigneur de Godegard et Skyllberg; 6° Benjamin, dont la nais-
sance coûta la vie à sa mère, et qui mourut ù Lirecht à l'âge de
— 4t;i —
17 ans. Les filles f'ureiu pour la plupart mariées en Hollande,
à l'exception d'Ida que De Geer donna en mariage à Charles
De Besche, tils de son ancien associé. Cette union ne fut pas
heureuse: Charles De Besche ne causa que des chagrins à son
beau-père, lui occasionna de nombreuses pertes d'argent, et
l'accusa enfin de fraude dans la tenue de ses livres ; il voulait,
dit-on, se venger de la prétendue avarice de De Geer. Il est
certain que celui-ci refusa les demandes d'argent de son gendre,
lorsqu'elles devinrent trop fréquentes. De Besche parvint à
persuader Oxenstjerna et le drotzet ou juge suprême du
royaume, de poursuivre l'accusation. Mais au jour fixé par les
tribunaux, l'accusateur fit défaut; il s'était réfugié en Hollande
avec sa famille pour éviter les conséquences de son infâme
conduite ; c'était la preuve la plus convaincante de l'innocence
de son beau-père C*^).
Ce qui prouve, au surplus, la droiture et la noblesse du
caractère de De Geer, c'est qu'il jouissait de l'amitié des plus
hauts dignitaires du royaume: Axel-Oxenstjerna, le comte Pierre
Brahe, De la Gardie, tous trois membres du gouvernement sous
la minorité de Christine. Quant à celle-ci, elle recevait, dit-on,
avec une certaine froideur ce marchand étranger qui, pensait-
elle, avait à son profit causé de grands préjudices à la Couronne,
par ses fermages, ses achats et ses fournitures.
Il est certain que De Geer réalisa des bénéfices énormes ;
mais ne les avait-il pas bien et loyalement mérités ? Nous
avons démontré, en effet, que les litres que Louis De Geer
s'était acquis h la reconnaissance des Suédois ne consistent
pas seulement dans l'essor qu'il fit prendre au commerce, à
l'industrie en général et à celle du fer en particulier,mais encore
dans sou entier dévouement et dans les services qu'il rendit à
sa nouvelle patrie à l'occasion de la guerre avecleDanemarck.
N'est-ce pas en grande partie à lui qu'on dut la victoire qui
assura k la Suède l'empire de la mer Baltique et la conquête de
provinces importantes ? Parcourons notre histoire sous les
— 462 —
règnes de Gustave-Adolphe el de ClirisLine, pendant les années
1616 à 1648, et nous verrons que, pour la guerre de Pologne
comme pour celles d'Allemagne et du Danemarck, De Geer
a constamment fourni les sommes et tabriqué les armes
nécessaires à ces grandes expéditions. Voilà des services qu'un
pays ne peut payer en argent ni en acres de terres l^").
Les De Geer, quoique nobles, habitèrent pendant plus d'un
siècle la Suède sans obtenir de titre. Lors de son couronne-
ment, en 1772, Gustave III créa baron le célèbre entomologiste
Charles De Geer de Leulsta. Le petit-flls de celui-ci, également
nommé Charles, {") obtint le litre de comte à l'occasion du
couronnement de Charles XIV.
Il y a environ vingt ans, la famille De Geer a vendu Finspong
avec toutes ses appartenances, de même que Oesterby et Gimo;
mais elle possède encore en majorât Leufsta, avec une partie
de Dannemora-verken. En 1779 Froetuna en Upland fut érigé
en majorât pour une branche cadette des De Geer de Leufsta ;
il appartient actuellement au baron Charles-Emmanuel De Geer,
propriétaire de Leufsta.
LISTE DES NOMS WALLONS (i;
A.
Adde (2), W. Etc. Anjou, F. D.
Allard, F. Asclian, F.
Amia, Amya, D. Audait, 0.
(*) Les noms dont la liste suit ont éié relevés : I" Dans les registres de la
paroisse d'Oster-Lùfsta, parcourant les années -1662 à 1875; ces noms appar-
tiennent aux familles fixées aux usines de fer de Lôfsla, Aktrby et Hillebola ;
'■2" Dans un livre de compte de la même église, pour les années 1633 à 1709 ;
3» Dans un registre aux comptes de l'usine d'Ostcrby pour l'année 1694 ; 4" Dans
un rôle des usines de Dannemora, du XVil- siècle ; b° Dans les registres aux
comptes d'Osterby,du Wll^ siècle ; 6" Dans au registre aux comptes de Finspong,
de l'an 1820 ; 7» Dan» des registres des raines de la province de Wcrniland,
districts de Carlskoga et Fernebo, des années 16u0 à 4607 ; 8" Dans des registres
de l'église de Lena, en Upland, pour l'usine de Wattholma.
Voici l'explication des abréviations employées dans ce tableau :
D. = Dannemora-Verken (les usines de Dannemora, c'esi-à-dire Oesterby,
Leufsta, Girno, etc.).
Etc. Signifie que le nom se retrouve en plusieurs endroits.
F. = Finspong, en Oslrogothie.
H. = Colonisation wallonne de Hidemora, en Dalécarlie, au XYli* siècle.
L. = Leufstti.
0. =: Oesterby.
W. = Usine de Wattholma, prov. d'Upland,
WL. = Colonisation wallonne de Werraeland, au XYII» siècle.
Les noms soulignés appartiennent à des familles encore existantes.
(-) Faisons, au sujet de la prononciation, les remarques suivantes :
d se prononce au ;
à z> ai ;
e » é, môme à la lin des mots ;
Le h est toujours aspiré ;
Le j remplace le y français ;
o se prononce eu ;
», M » ou ;
Le V et le iv suédois ont la môme valeur ;
Le y, ij remplace le u français.
Nous employons le â au lieu de l'a surmonté d'un petit u, parce que ce signe
typographique manque dans nos ateliers d'imprimerie.
— 464
B.
Ballia, L.
Barckhysen, 0.
Bnudou, Baude, D.
Bnussard, Bossard, Bossardi, L.
Bossart. 0.
Bay, L.
Bayard, Bayar. D., etc.
Bedoirc ?
Bergsche, Beische, L.
Bernard, D., etc.
Berndcs, 0.
Bertoii, L.
Biesert.
Uilock, WL.
Birto, 0.
Blanc, D. L.
Blanche ?
Blaneq, D. O.
Blacy, 0.
Blavior, F.
Blommcrt, Blommaert, hoU. D.
Bodou, Bodoy, 0. Boude, 0. (cfr
Baudou.)
lioh'ie, Bevi, Boevi, D eic
Boiiel, 0.
Bonncvkr ( — vieur, — veur^, D.
Boom, 0.
Bord, D. (= Suéd. \ûrd, garde.)
Borgognon, 0. Bourginon, L.
Borne ?
Bothcus, F.
Bollerdick, 1..
Bouigné, 0.
Bourgi, L.
Boî(i'w,D., etc. Bovin, Boven,Bovain,
Bovein, Boveng, Bovang, Bou-
vain, Bouyn, Bovingh, Bovinge,
Bovinghe.
Boy, 0., etc.
Van Bremen, 0.
Bremer, 0., etc.
Brey, Broy, 0.
Briseual, 0.
Bronell, F, = Brunelle, fr.
Briiyn, D.
Buir, Buhre, L.
Bursie, D.
Cambou, Cambon? 0.
Cardon, F., etc.
Gare, 0.
Carli, Carlij, Carie, Charlie, D
Caulvin, ?
César, F.
Cbalet ?
Charles. D.
Chasseur, ( irad. suéd. Jagare) D.
Etc.
Chenon, WL., etc.
Cléments, 0.
Collin, CùUijri, L., etc.
Mr. Constantin, !..
Cortehue, Cortchue, D.
Couleur ?
465
i>.
Van Dararae, O.
Dandanell, WL. Daiidenelle, D.
D'Ausou, 0.
Debbelt, 0.
De Besclie, F. el D., etc.
De Boist, L , du Bois, 0. Dubois, 0.
De Brun, De Broyn, De Bruyn. F. etc.
De Clair, L.
De Fer, Du Fer, D.
De Flon ?
De Frumerie ?
De Geer, F. et D., etc.
De Grade, Degrad, F., etc.
De Grais, L.
De Han, Dehand, L.
De Jounge, De Jouiighe, De Jongiie,
D.
De Main, De Men, 1..
De Malsie, D.
De Mare ?
De rSis, De Nys, De Nue, Denijs,
Deniss, D.
De Pascey, 0.
De Poix, De Poi, L.
De Préez, WL.
Mr. De Rees. E. 0.
De Bon '!
De Sor, Deson ? L.
De Thunlli, H.
De Witte, 0.
Delfendaël, 0.
Dïdon ?
Dille.
Ditric, 0.
Doms, H.
Douhan, Dulian (Cf. De Han), L.
Dover tie ?
Dres, WL.
hiougyc, Drugge, W.
Dubeaux, Dubos, Dubosl, WL.,etc.
Dubois, 0., etc.
Duiock, WL.
Du Poix, 0.
Durent, WL.
Du Rietz, F.
Du Sausoy, 0.
Dugge ?
E.
Eeckiiofif, 0., etc.
Elers, 0., etc.
Van Emersen, 0.
Etienne, D.
F.
Finneman, 0.
Fabvier { trad. suéd. Heelvalh.
Faggût, L.
Fischer, Fischier, etc. (Trad. aUem.
de Pechetp-. )
Kijis, 0.
François, L; Francoi, L- Fransivi,
L ; Fransve, D.
— 466 ~
G.
Oadde, F.
Gille, D. ; Gillé, 0. ; Gyle, Gillet, L. ;
Gadenier.
Gillctt, 0;Gillit, 0.
Gagot, VVL. Gagge, etc.
Gillisson{= fils de Gilles), F.
Gallan, L.
Gilliam, D.; Gilljam, Guilleaume,
Garillier, 0.
D., etc.
Carnet, L.
Gisler, Gejsler, F.
Garney, WL. ; Garnie, D.
Goës, etc.
Gaude, W.; Gode, Godhe, D.; Godu,
Yan Gottenwijk, D.
L.; Gude, D.; Guddi, WL.
Gouvernij, L.
Gauffiii, Goflin, F. et D. ; Golin,
D.
Govert, D.
Gebben, 0.
Graapc, 0., etc.
Geerden, 0.
Glanai, F.
Gelolte {— ni), L.; Gelott, D.
Grave, \VL., etc.
Geney, L.
Graver, F.
Gennys, L.
Gravcley, etc.
Gérard, D.
Gray, 0.
Gerdes, D.
Grevilli.
Gerny, L.
Grey.
Gersy, Girsy, 0.
Grill, F.; Grillo, F. et D.
Gihl.
Grivetz.
H.
Hade, L. (Cf. Adde.)
Haeck, Haah, 0., etc.
Hagert, F.
Halmer, 0.
Heddinger, L.
Heerden.
Helleday, etc.
Henné, 0., etc.
Hercules, F.
Hero, D., etc.
Hoclihiiysen, 0.
Holslz, L.
Van Hoorn, 0.
Hubben, Hybenn, L.; Hybbene, D.;
Hyblene, 1).
Hybbenett, D., etc.
Hubert, Hybberl, F.;Huyberl( —
ts), 0.
Huybertssen (= lils de Huybert),0.
Hillphers, H., etc.
Yan der Hiilst, D.
Hynon, 0.
Hfnjer ( prononcez heuyèr), D.
Inde Betou, etc.
467 -.
I.
Isenio, D.
«I.
Jagare, (Watth.j D., etc. (Trad. Jedeur, H,
suéd. de Chasseur.) Jopin, 0.
K.
De Kejser, 0.
Keventer, F.
Kinn, W.
Kinnemundt, 0.
Kirhoff. L.
Kramer, 0., etc.
La Montagne, WL.
Lambert (— ts), 0.
Langemach, 0.
Lauren ( — ns), 0.; Laurin, etc.
Laurent, D.
Dr. Le Blanc, 0.
LeBrenn, D.
Le Brun, L.
Le Clercq, 0.
Le Man, Lcman, D., etc.
Lemoine, Lemon ( - oon, — oen )
D.; Lemens, WL. ; Lemmens, 0.
Lemen, L.
Leschou, 0.
Leyel, D., etc.
Lilo ? Etc.
Lochette, WL.
Lovis, L.; Louie, 0.
Le Clou, Clu. Cou (trad. suéd. S/;jfe), Lyckou, Leucksi, Lycka(= bonheur)
r.. D., etc.
M.
Mackey, D.
Maeckelier, 0.
]M"«de Malsie, Malsi, L.
Mr. Malues, L.
Marchan, L.; (— nt), 0.
Mnrtelleur, Martileur, D.
Marfemer, 0.
Martens, etc.
Martin, 0. D., etc.
Martinclk, 0. L., etc.
Matton, D., etc.
Mescher, 0.
1-68 -
Mr. Michell, 0.
Mineur, D., etc.
Moffen, 0.
Molinic, etc.
Moller, D., etc.
Monter, Moni, Monny, L.; Miinne.
Mont, 0.
Mr. Mornie, Monje, D.
Morihonnie, L.
Mourer, 0.
Mouskin, Myschen, L.
Myrn, D.
Munie. L.
IV.
Msser, F. {=• Dp Nis?"»
Noné, 0.
Noorden, 0.
o.
Oudar, 0. ; Udar, Uddar, Udhar, Ouderiaux, 0.
D.
Pafinrd, Pagar, D., etc.
Paël, 0.
Pamp, (fr. pampe ?)
De Pascey, 0
Pasioor, 0.
Parmenlier, D.
Mr. Paulz, L.
Pécheur, Peschier, D. (Cfr. Fischer. )
Peemer, 0.
Pescheux, D.
Pétrie, 0.
Pierrou, D., etc.
Pjett, \VL.
Vilo ? Etc.
Pique ?
Pira, Pyra, D., etc.
Piscaîor, etc. (Trad. latine de Pe-
chenr, cf. Pécheur et Fischer.)
Planck ? (Traduction suéd. de
planche), etc.
Plengier ?
Ponsle, Ponslett, L.
Poraih, D., etc.
Porlus, 0.
Possieth, Poissie, Posso, D., etc.
Pouget, D.
Poulayn, 0.
Pousar, D.
Povselte, Pousete, Pouse, Poussi,
Pouset, D., etc.
Poussin, L.
Pripp, etc.
Quarfort, Quarfoot, F., etc.
469 -
Q.
Quintin, 0.
R.
Rachlin, L.
Radoii ( — oux). 0.
Raëljens, 0.
Raquette, Rânàs.
necknou, V.
Riiit, 0,
Ritou, etc.
Robberte, D., etc.
Rochet, 0.
Rochette, propriétaire de l'usine de
Forssmark en i649.
Roques, 0.
Roquette, 0.
Rose, 0.
Rousel, Rousol. 0.
Van Saueland, 0.
Savoland, WL.
Sclieiin (= Geline fr. ?). F., etc.
Sclwtlc, F. et D., etc.
Schowert, 0.
Schultze, H.
Schytte, Schyte, L.
Sieau, L.
Slirâk (trad. suéd. de FrnyetirT'
i>.
SIeep, 0.
Spick, D. (Trad, suéd. de Clou.)
S pile ?
Sporrong (— iigh), Spuoriong,
Spouron, o ; Spourrot, Sporro,
Sporron, D. (Ti-ad. suéd. d'Epr-
ron.)
Staacke, 0.
Stadigbro, (trad.
sur ?)D.
Standart, 0.
Steftens, H., etc.
Stille, D., etc.
M"-^ Stone, L. ;
Stoye, D.
Suche, D.
Suyderwerck, D.
Swade, L.
Van Swinderen, 0.
suéd. de pont-
Storje. Stoire
470
T.
Teben, 0.
Thesmar, L.
Tielman, Thielman, Tilman, Till-
man, 0.
Titze, usine de Rànàj, etc. ; Tize,
Tisse, W. ; Tliissij, Thysi, 0. ;
Tyssi, Thissy, L,
Tolelte ? etc.
Toll, F. ( fr. tôle ? ) suéd. « Tôlf »
= douze.
Torpadic ? etc.
Touffar, WL.
Tounon ? etc.
Tripp ?
delà Tuange, WL.
Uhr, D.,(=ours?)
U.
"V.
Valentinsson (= fils de Valentin), Vervier, propriétaire de l'usine de
F. et D.
Vallmon, D., etc.
Vargeiir, L.
Vcrdier '.' etc.
Wessiand, en 1649.
Vijiihagen, L.
Vijnant, 0.
Virsil, L.
\^.
Weisse, D,
Weyler, 0.
Willmot, 0.
Wijhl, 0.
VVodde, 0.
Woltzoogin, 0.
(*) J'iijoutc ici quelques noms que M. Odolberg a relevés fians les vérificalidiis
des comptes de paroisses el d'usines, do -1642 à 1655 :
Aman. Anceau, Bergi, Berlâ, IJey, Bilos, Bodreu, Bullicrs, Byrath, Carlier,
Chovct, Coehoy, Collinet, Constant, De Keyser, Do. Matois, De Masly, Oo Mitz,
Frangati, Frumery, Giirsse, Gibble, GolTan, Gonin, Hautcr, Henielyn, Honiliniîh,
Henings, Hubinet^ Janseu, Kaya, Kollar, Lambinon, Malliot, Maonel, Marok,
Alarlelo, Masson, Maux, Wicliot, Pachy, Personne, Provost, Bernai, iievu. Stem,
iibou, Tobak, Wouters.
NOTES.
(') Dans sa correspondance, Louis de Geer signait DGeer. Le mot hollandais
geer signifie bélier ; et en effet les armoiries de la famille de Geer sont surmontées
d'une tête de bélier comme cimier.
(') Gailiardmont, dépendance de la commune de Chênée, près de Liège.
(') Les familles de Geer, de Hamal et de Brialmont ont les mêmes armoiries :
de gueules à cinq fusées d'argent rangées en fasce ; pour les de Geer, la fusée du
milieu est chargée de trois fleurs de lis d'argent, posées en pal, octroyées par un
monarque français au général de Geer pour un beau fait d'armes, avec cette devise .-
Non sans cause. {Not. hist. p. 8.) On croit qu'un de Hamal, propriétaire du château
de Geer (à deux lieues de Waremme, province de Liège, dans la commune de Geer,
traversée par une rivière qui porte également le nom de Geer ou Jaar), adopta le
nom de sa demeure. D'après le héraut d'armes Le Fort, ce fut un Lamliert de
Brialmont, issu de la famille de Hamal, qui à la fin du XlVi- siècle, fut surnommé
de Geer. (Voyez le tableau généalogique qui accompagne cette notice.)
(*) Les archives de Liège ne nous apprennent rien relativement à ce départ, et
nous avons vainement cherché le nom de de Geer parmi ceux des Liégeois accusés
d'hérésie.
(") Il quitta la ville de Liège pour celle de Dordrecht. Après avoir vendu tous
ses biens, il en fit parvenir le produit en Hollande. Il prétexta ensuite un voyage,
avec sa femme et ses enfants à Maestricht, oîi un batelier leur ménagea en secret
un espace dans la cargaison de son bâtiment. ( A'or hist. p. 8.) C'est en effet à
Dordrecht que De Geer s'établit, et non à Amsterdam, comme on l'a dit par suite
d'une erreur typographique de l'édition publiée à Stockholm des Commentarii de
gente De Geeriana, aiict. Ludovico De Geer de Finspong, aulœ régis prœfeclo
( ■)- en 1758 ) : Les Mémoires sur la fa<niUe De Geer, sont une traduction de ce livre
par le baron Louis De Geer de Jutphaas, avec des additions précieuses.
(*) Le jeune Louis, doué de qualités peu communes, reçut à Dordrecht, dans la
maison paternelle, une éducation distinguée. Plus tard de nombreux voyages et un
séjour de plusieurs années qu'il fit à la Rochelle, ne laissèrent pas de contribuer
beaucoup au développement de son instruction et de son intelligence... En 161o,
après la mort de son père, il s'établit à Amsterdam, où il garda pendant quarante
années environ, jusqu'il l'époque de sa mort, sa principale habitation. Il y fit cons-
truire, en \G'i-2, la Maison aux têtes f liet Hugs mci de hoofden), ainsi nommée à
cause des bustes qui en ornent la façade et qu'on y voit encore aujourd'hui. Ses
armes taillées dans le marbre d'une cheminée dans un des salons, le luxe qu'il
- 472 —
déploya dans la construction de cette belle demeure, occupée jusqu'à la première
moitié du siècle dernier par sa postérité, démontre assez avec quelles ressources il
entreprit ses premières opérations. [ISot. hist. page 9.)
( ') Equivalant à un million et demi de francs. Le rixdale, monnaie suédoise,
vaut S 5/9 francs.
(') Guillaume de Besche, gentilhomme liégeois, émigré comme de Geer pour
cause de religion, s'était établi en Suède sous Charles IX, avec son père et 4 frères,
dont l'un fut nommé, en 1608, architecte du roi, et chargé de la construction des
deux grandes tours de la cathédrale d'Upsal. llSot. hist. p. 40.)
(°) Ce document est conservé aux archives de la Chambre à Stockholm. On y
voit que le fief de Finspong contenait sept paroisses : Ilellesta, Wânga, Godgàrd,
Rysinge, Régna, Skedevi et Tiellmo (Voy. la carte de Finsponga-laen), et que le
roi transmettait au fermier tous les droits et impôts que ses sujets habitant le
même fief lui payaient chaque année. « Finspong, propriété de la Couronne, était
exploité pour compt.i de celle-ci. Il entrait dans les vues de Gustave-Adol|the d'y
intéresser l'industrie particulière, pour en accroître le produit, et de l'aftermer. Le
bail fut contracté le ii octobre 1619 (?j. « Cet acte, dit Franzen, ouvre une ère
» nouvelle à la métallurgie en Suède. » ["Sol. hisl. p. iO.
('") « A l'époque oii De Geer prit à ferme la forge de Finspong, il n'y trouva
qu'un misérable fourneau, exploité péniblement d'après l'ancien système suédois.
Sous la surveillance de De Besche, douze forges furent construites. On ne se
borna pas à la confection des barres, mais bientôt on coula des canons... La fon-
derie de canons que l'on y admire maintenant est l'une des plus renommées de
l'Europe. » {Nvt. hist., p.lO et 11.)
(•') Il fonda à Godegârd, en Ostrogothie, une clouterie et une fabrique de fers à
cheval, d'après les procédés suivis dans son pays natal. ( Not. hist., p. -16. i
( *') Archives de la Chambre, à Stockholm.
; •') Celait le fils de Gilles.
(") M. Odelberg a trouvé dans les archives du Collège des mines une lettre de
1683, écrite en français par un Wallon immigré, Etienne Henin, qui s'était sauvé en
Norwège et engageait un de ses compatriotes, Jean Hubert, à suivre son exemple
pour aller enseigner aux Norwégicns l'art de manufacturer le fer.
( •^) « La fonderie et les forges de Finspong et les fabriques de Norkôping
avaient d'abord été gérées par De Besche, comme administrateur en Suède pour De
Geer, qui continuait à diriger sa maison de commerce à Amsterdam. L'importance
que ne tardèrent pas à acquérir ces nouveaux établissements, d'où sortit bientôt
tout le matériel de guerre, et, entre autres, ces pièces de canons désignées pen
dant longtemps en France sous le nom de pièces suédoises, éveilla l'attention du
roi Gustave-Adolphe. Il rendit plusieurs ordonnances en faveur de ces entreprises
nouvelles, et entra en correspondance directe avec Louis de Geer... Norkôping doit
à Louis de Geer son élévation au rang du troisième ville du royaume. En 16 il, il
sollicita pour elle auprès do la Régence un agrandissement de terrain, l'enceinte
primitive nesuflisant plus à la population. » {Noi. hisl.,\). 15.)
(•') « Tant d'établissements utiles firent naître en Suède le désir d'en voir le
créateur et le propriétaire .se fixer dans le royaume. Déjà, en 1628, Gustave
473
Adolphe avait manifesté la volonté de le naturaliser, sous la seule condition qu'il
ne jouirait pas de l'exemplion de péages acquise aux Suédois dans le Sund, avant
qu'il n'eût transporté son domicile réel dans le pays. Deux ans après, le roi lui
décerna, dans les termes les plus flalteurs, des lettres de naturalisation. » ' Not.
hist. p. 13.) Déjà en -1619 ou -1620, De Geer avait promis à Gustave-Adolphe d'aller
s'établir en Suède pour s'appliquer à l'industrie du fer, à la seule condition qu'it
pourrait acheter ou louer les terres qui lui seraient nécessaires jusqu'à l'achèvement
de ses établissements. Le roi lui avait répondu qu'il acceptait ses offres et le pren-
drait sous sa protection. {Mém. de L. De Geer, p. 90.)
(*') Cette lettre se trouve dans la correspondance d'Oxenstjerna, aux archives du
royaume, à Stockholm.
(") t De Geer alors résida plus fréquemment et plus longtemps en Suède ; il y
préférait le séjour de Norkôping oîi il s'était fait bàlir une habitation magnifique, au
séjour de Stockholm, bien que là encore il eût une maison à lui....
» La diète de Norkôp'"ng, en 1604, avait prohibé l'exportation du minerai de
fer. Avant cette défense, le fer suédois était forgé en Allemagne principalement ;
aussi ce fut de là que De Geer fit venir ses premiers ouvriers. 11 en établit un
grand nombre à Norkôping et les employa à la confection de cuirasses, fusils et
autres instruments de guerre » {Noi. hist. p. 42.^
{*') Lettre du 20 juin 1628, dans la correspondance d'Oxenstjerna, aux archives
de Stockholm.
« Les fabriques fournissaient une telle quantité d'armes, que le Gouverne-
ment, dès 1638, en autorisa l'exportation. Vers la même époque. De Geer y monta
une fabrique d'acier et de fil d'archal. Par ses soins, les armées suédoises furent
même vêtues de produits manufacturés à Norkôping. » (Not. hist., p. 16.) ... « Il
introduisit à Norkôping. Nykôping et Danwick un nouveau système à forger le
cuivre, que les auteurs contemporains ont admiré. » [Ibid. p. 13.
f^") « L'auteur suédois Svedenstierna lui rend ce témoignage que, par l'habileté
des ouvriers wallons qu'il employait, un seul de ses fourneaux produisait 7 à 11
skeppunds ( le scheppund ou schippovd suédois est de quatre quintaux) de fer dans
l'espace de 2i heures, pendant vingt à trente semaines d'un travail continu ; tandis
qu'auparavant un four ne durait guère que huit semaines et ne donnait que de 6 à
7 skeppunds dans les 24 h. » [Not. hist., p. 14-15.)
(•*) « Par un traité avec la Couronne, en 1626, De Geer prit l'admini-stration
supérieure de la SociiUé du cuivre, établie par le roi quatre ans auparavant.
» Encouragé par la réussite de ses premières entreprises. De Geer, en 1627,
prit à ferme de la Couronne trois nouvelles forges, Lôfsla, Gimo et Oesterby, dans
la province d'Upland. « {?iot. hist. p. 13-14 )
l'") CROJ^HOUi, Sveriges historia iinder Gusiaf-.idolf regerivg. (Histoire de la
Suède pendant le règne de Gustave-Adolphe , 8 vol. Stockholm, 1857-1871, t. IV,
p. 3S1.)
i") « Le payemenl de tous ces travaux (pour les fournitures de guerre) fut fait
en cuivre pour la plus grande partie, ce qui en déplaça le marché de Lubeck, où il
se trouvait alors, à Amsterdam. Le cuivre était à celte époque presque la seule
grande ressource du gouvernement. » (Not. hist., p. 13.)
— 474 —
Toutefois, nous avons vu une lettre écrite d'Amsterdam par Louis de Geer au
chancelier, le 7 août 1635, dans laquelle il dit qu'Erick Larsson se trouve depuis
trois jours à Amsterdam occupé de négocier avec les Trippe ; mais comme cela se
fait à son insu, il ne peut en dire davantage à Son ExcelU nce. Cela prouve que,
du moins à cette époque. De Geer n'avait pas de relations intimes avec ces mes-
sieurs. ( Correspondance d'Oxenstierna. )
(2i) Odhner, Sveriges inre historia under drottning Christinas fôrmyndare. {His-
toire interne de la Suède pendant la minorité de la reine Christine), Stockholm,
d865, page 271, note.
(2») Correspondance d'Oxenstjerna, aux archives de Stockholm. Le riksdrotzet
Gabriel Oxenstjerna, frère du chancelier, fait, la remarque, en 4636, qu'il y a des
écarts dans les comptes de De Geer ; mais il donne le conseil de ne pas l'irriter
parce qu'il pourrait quitter le pays « alors que l'on peut avoir grand besoin de lui
pour des avances de tonds. » (Palmblad, Hisiorisk blick ôfver den svenska nàrimjs
flitens utvecklinrj. (Aperçu historique sur le développement de Cindusirie suédoise.)
Article inséré dans ia revue Skandia, IV.
(2") Telle est aussi l'opinion de Palmblad qui s'exprime ainsi : Louis de Geer fut
certainement un homme honnête, pieux, bienfaisant envers les pauvres, généreux
dans la vie privée ; ce qui n'exclut pas que, étant réellement marchand, dans le
sens large appliqué aux Médicis, il n'eût le désir de se faire bien payer dans les
grandes transactions. On peut être probe tout en se montrant rigoureux el strict
en affaires, (p. 226. )
(") « Il expédia de la HoUand» le reste de la fourniture nécessaire à
larmée du roi, et fil enrôler, avec l'autorisation d'Albert et d'Isabelle, auprès des-
quels Gustave-Adolphe lui avait donné des lettres d'introduction, sept cents
soldats dans les Pays-Bas espagnols. . » {Noi. hist., p. 43.)
(-'') Notons toutefois que son principal entrepôt était à Amsterdam. « Les éta-
blissements et les travaux de De Geer donnèrent une vie nouvelle à l'industrie et
au commerce en Suède. La Hollande, par un plus grand produit du fer suéilois, en
profita de son côté. Le Trippenhuijs à Amsterdam, aujourd'hui le musée des tableaux,
qui fui bâti par Louis et Henri Tripp, neveux de Louis de Geer, n'était autre que
l'entrepôt de fer, d'^ cuivre et de canons. Deux grandes cheminées en forme de
mortiers, qui le surmontent, en rappellent encore la destination primitive. Cet
entrepôt fut montré avec orgueil à Marie de Médicis, lors de son passage à Amster-
dam, en 4639. » [Not. hisi., p. 4S.)
« Déjà, dès le commencement du XYllIi^ siècle, cet homme éminent était en
Hollande l'objet d'éloges publics... Jean Van Marck, dans le discours qu'il prononça
en 4705, h Leyde, en l'honneur de Jacques Trigland {Syltorie disseriaiionum Jacobi
Trif/landi, Delphis, 4728, p. 221), a consacré un long passage à Louis Je Geer. »
(Not. hist., p. 30, note, où l'on a transcrit ce passage.)
('") Archives de la chambre à Stockholm. « Les concessions qu'il avait obtenues
furent successivement renouvelées. H établit des laminoirs dans plusieurs pro-
vinces, un entre autres à Skylberg, en Nerike ; il loua à cet effet de la Couronne,
en 4636, une chute d'eau en Siidernianie, pour une somme de 4300 rixdales »
(Not. hist., p. 46.)
— 475 -
{") On cite quelques achats antérieurs ; dans tous les cas, leur nombre fui très
restreint.
(") « Tant de zèle, une persévérance si grande, des succès si constants, méri-
tèrent à De Geer une influence et une considération immenses. Le gouvernement le
consultait sur tout ce qui regardait le commerce et l'industrie.... La Régence, afin
de l'attiicher davantage au pays, l'admit dans la noblesse de Suéde. De Geer voulait
acquérir définitivement les domaines qui, par son industrie, avaient si considérable-
ment augmenté de valeur. Or, la propriété des biens de la Couronne ne peut passer
qu'à des nobles. Le Gouvernement lui octrtiya donc, pour lui et ses descendants,
des lettres de noblesse datées du 4 août '1641 — Dans sa correspondance, conservée
religieusement par sa postérité au château de Finspong,les lettres-patentes délivrées
en 1641, par la Régence du Royaume, énumérantses titres à la reconnaissance de
l'Etat, établissent que par ses grandes avances pécuniaires et ses fournitures pour
le matériel de guerre, il avait été d'un grand secours à l'empire contre l'ennemi ;
qu'il avait introduit les meilleurs procédés pour couler les canons, fabriquer les
armes et forger les barres ; qu'on lui devait l'établissement précieux de plusieurs
forges de cuivre et de nombreuses fabriques, et qu'enfin il fallait lui attribuer
l'extension considérable qu'avait prise l'industrie en Sutde. " [Not. Itist.,
p. i7-l8.)
( ") L'acte d'achat est conservé aux archives de la Chambre à Stockholm. « Il
acheta aussitôt Finspong et Gôdegard dans la province d'Ostrugothie, et deux ans
plus tard, Osterby, Gimo et Lôfsta d;ins la province d'Uplanti, pour la somme de
4 23,7I2"2 rixdak'S. Cette double acquisition fut ratifiée en 1646 p.ir la reine Christine,
devenue majeure. L'achat de ces terres, princières par leur étendue, fit de Louis de
Geer l'un des plus grands propriétaires de la Suède. » (Noi. hi.sc, p. 19.)
("; Contrat du 30 septembre 164!2, conservé aux archives de la Chambre.
{^') Procès-verbaux du Sénat, séance du 12 décembre 1643, aux archives
du royaume.
('") Ibidem, séance du 20 décembre : lettres aux commissaires envoyés au
Congr.îS de paix. — Au lieu de projet urgent, la lettre du Sénat a l'expression
preçiuuiH dessein.
(") /^/denj ; lettre écrite ce même .jour au résident Spirinck. Un traité d'al-
liance avait été conclu en 1614 entre la Suède et les Pays-Ras pour la défense réci-
proque des deux états.
('*) E. G. Geyer, Sveuska Fochets hisioria, Oerebro, 1.S32-36 ( //wfoiVe du
peuple Suédois], tome 111, page 389. Ce livre a été traduit par llunbblad, Rruxelles,
184S (trad., !. Ill, p. 72]. « En 1642 s'ouvrit pour lui une carrière nouvelle.
Après avoir pris rang dans la corporation des nobles, il reçut du Gouvernement
une mission qui le mit à même de faire briller dans l'histoire politique un nom si
glorieux déjà dans les annales du commerce et de l'industrie. 11 s'agissait de ras-
.«emblcr une flotte dans les ports de la Hollande. De Geer remplit à ses frais le
mandat 4ui lui était confié ; l'escadre qu'il équipa, combinée avec l'armée navale
de Suède, remporta sur les Danois, en 1644, une victoire qui les força de souscrire,
l'année suivante, à la paix de Rrûmsebro et de Chrislianopel. » (Noi. Iiisi., p. 19.)
... ■< L'histoire n'ollre peut-être pas un second exemple d'un simple citoyen
— 476 —
équipant à ses frais une flotte entière pour combattre l'ennemi. » ( Ibidem,
p. 20.)
{^°) Correspondance d'Oxenstjerna.
;") Annobli en Suède sous le nom d'Anckarsljerna ; il était capitaine delà
marine suédoise en 1644, et mourut en iGSS des suites d'une blessure reçue au
combat d'Oeresund. (Au lieu de Tortensson, lisez Torstensson.)
(**j Palmblad, page 225. « Le traité d'alliance conclu en •1640 entre la Hol-
lande et la Suède, autorisait l'achat réciproque de navires et de munitions de
guerre. Après quelques pourparlers, De Geer avait obtenu du stadhouder Frédéric-
Henri et des Etats la permission d'exécuter son dessein. Il fil acheter et louer à
Flessingue, à Amsterdam et dans d'autres villes maritimes, jusqu'à trente-deux
navires, dont douze vaisseaux de ligne. Au mois d'avril, la flotte se trouva complè-
tement armée, équipée et montée de plus de trois mille marins, en rade du Vlie,
dans la Hollande septentrionale. De Geer nomma de son autorité privée, Maerten
Thyssen amiral, Henri Guerrilsen vice-amiral, et Blom contre-amiral. L'escadre
mit bientôt à la voile et quelques revers dont le bruit parvint à Amsterdam, fail-
lirent faire piller la maison de De Geer par le peuple ameuté.
La flotte cependant doubla, non sans peine, le château de Kronenbourg. Après
avoir essuyé le feu de l'escadre danoise, profitant de l'avantage du vent, elle attei-
gnit le port de Kalmar, à la grande joie de la Suède que son arrivée remplit
d'espoir. Thyssen fut appelé à Stockholm et présenté à la reine, qui le nomma à
son tour amiral dans la marine suédoise, l'admit dans la noblesse et le gratifia d'une
chaîne en or, en lui assurant, outre ses appointements, une pension de SOO rixdales
par an.
Vers la fin du mois de septembre, l'amiral suédois Wrangel mit en mer avec
quinze navires et trois briilots. Peu de jours après, il opéra sa jonction avec Thys-
sen à Kalmar, d'où la flotte combinée partit à la recherche de l'escadre danoise
commandée par l'amiral Pros Mundts. On la joignit entre les îles de Laland et de
Femern, et le dimanche 13 (23) octobre, après le service divin, Wrangel, à la tête
de la colonne suédoise et suivi des vaisseaux hollandais, donna le signal du combat.
Les Danois acceptèrent la bataille. Wrangel combattit Pros Mundts ; le vice-amiral
danois Uhlfeld reçut l'amiral hollandais ; leurs deux vaisseaux s'abordèrent, mais
pour se détacher bientôt après. Un navire hollandais fut coulé. Uhlfeld perdit
quatre de ses vaisseaux et quatre autres de sa division échouèrent à la côte où ils
furent pris : le vice-amiral lui-même fut blessé mortellement.
Trois navires danois s'étaient réfugiés sous les forts ; l'un d'eux néanmoins fut
brûlé. Wrangel, dont le vaisseau avait beaucoup soutièrt, dut se retirer du combat.
11 fut remplacé par Thys-Cornelisz, capitaine hollandais, et Duquesne, capitaine
français, qui a recueilli plus lard tant de gloire au service de son pays ; tous
deux servaient depuis quelque temps en Suède. Us s'emparèrent du vaisseau
amiral danois où Pros Mundts reçut la mort.
Les vice-amiraux danois Graboii et Jasmund furent faits prisonniers avec plus de
mille hommes. Le vaisseau du premier lut brûlé ; celui du second tomba au pou-
voir des Suédois. La victoire était complète. Deux navires danois échappèrent
seuls au désastre. Poursuivis par Duquesne, ils atteignirent Copenhague où leur
arrivée répandit une telle épouvante que Ion craignit un moment pour la sûreté de
la ville.
— 477 —
L'amiral Thyssen ramena la flotte de De Geer, par le Bell, en Hollande, et
reprit Gothembourg sur les Danois, avec trois navires marchands appartenant à De
Geer. 11 y laissa quatre vaisseaux de guerre pour la défense de la ville.
Les suites des faits d'armes de l'année 1644 sont assez connues. Le Danemarck,
devenu plus humble, accorda à la Suède la continuation de la franchise du péage
sur le Sund, et à la Hollande une diminution considérable pendant quarante années.
Remarquons que la paix entre la Hollande et le Danemarck ne fui pas troublée,
pendant qu'un citoyen dos Provinces-Unies , Louis De Geer , forçait le
royaume à faire des concessions an commerce de la République. » {Noi. hht.
pages 20-23.1
(**) « De Geer recueillit partout des témoignages de reconnaissance pour avoir
si puissamment contribué a la paix de 1645. « Gaudeo, dit Grolius (Epist. 1736
» virum suprà nostras laudes positum, magnum D. cancellarium, adfulurum
» coUoquio cum Danis. Nihil aberit prudentise ubi ipse aderit. l'iacet et hoc mihi
" quod Ludovicus Gerius, commerciorum et navigationis porquam intelligens,
^) proeslo erit ad consilia iiostris suggeranda. » La reine avait appelé en Suède
David Beck, l'un des bons élèves de Van Dyck, afin de faire peindre son portrait
. et celui des principaux chefs de ses armées ; il fut aussi chargé de faire le portrait
de Louis de Geer. Falk en a donné la gravure : une mâle noblesse s'y mêle à la
douceur; le regard est clair, pénétrant et plein d'intelligence. » (Noi. hist.
p. 23>24. )
("j 11 existe dans les archives de la Chambre des comptes des documents qui
prouvent le contraire ; mais on ne les a jamais consultés.
(" ) Actes relatifs aux achats, n" 7 des Geeriana, aux archives de la
Chambre.
(") « La flotte rassemblée en Hollande avait coulé à Louis de Geer, d'après
Franzen, deux millions de rixdales, plusieurs de ses navires marchands avaient été
confisqués en Danemarck.il fit valoir auprès de la reine ses droits à une indemnité,
Christine liii répondit, le 16 septembre 1644, par lettre autographe conservée à
Finspong : « J'ai entendu par vos lettres écrites et à moy et à mon conseil, les
" difficultés auxquelles vous vous trouvés, élant engagés pour mes services
» employant tous vos moyens en cela, me priant de ne vous laisser sans remède.
u Je vous assure, monsieur, que vos intérêts m aftljgent si fort comme il est pos-
» sible, et ainsi je ferai mon possible de conserver pour moy une homme comme
» vous. Je vous prie de croire que vous m'avez obligée de ne soufl'rir que votre
» honneur coure hasard ; mais j'employeray lout mon pouvoir à recompenser vos
» services, montrant ainsi que je demeureray, ce que je suis, votre très-clémente
1- reine Chriiiine. » ( Not. Iiist. p. 24-'2o.)
(**i « Eene generaele uitkompste en de verlossinge deses labyrinthes. .
{Correspondance d'Oxemijerna, aux archives du royaume.
("., Geyer, le meilleur des historiens de la 6uede, se garde bien (tome 111, p.
390) d'accuser le gouvernement d'ingratitude à l'égard de De Geer, comme l'avaient
fait Burén.Franzén et FrysuU. Palmblad, de même que ses devanciers n'a traité la
question que superficiellement, il n'ose pas contredire ouvertement ces accusations;
mais il se souvient que, déjà au temps de Gustave-.4dolphe, on avait trouvé les
m
services de De Geer trop onéreux et que le drotzet Gabriel Oxersljerna avait
découvert des inexactitudes dans ses comptes. {Skandia, IV, 1834, page 220,
note.)
(*') Contrats de vente dans les actes de réduction, aux archives de la Chambre.
Le premier de ces achats a donné naissance à cette fable que Christine aurait
haussé cette somme en confirmant les ventes faites pendant sa minorité. Le contrat
du 23 juillet IGSe concerne des terres appartenant à la couronne dans les paroisses
de Hoekhufond, Alunda, Hollnœs, Boerstil et Vaioe en Upland, et qu'il ne faut pas
confondre avec celles qui furent vendues en -1641 et 1643.
(*') Le 16 décembre 1644. Le baron de Jutphaas dit aussi que les dépenses
faites par De Geer pour équiper la flotte montèrent à 489,101 rixd. 13 oeres, qui,
suivant lui, furent fixés « assez arbitrairement. » Cet auteur convient également
qu'il f»ut déduire de celte somme 50,000 rixd. fournis par les régents et seigneurs
du royaume, plus 50,000 autres payés par Salvius et Torslensson, plus encore
89,101 rixd. 13 oeres portés en compte à De Geer « d'autre manière. » Cela est
exact. Mais il ajoute ensuite qu'il restait à solder 2 à 300,000 rixdales, pour les-
quels la Reine lui donna, le 21 juin 1645, une reconnaissance, lui en assignant le
payement sur le produit des droits extraordinaires de douane pendant trois ans ;
que ces droits ayant été supprimés dès l'an 1646, ce payement fut affecté sur les
péages, et paraît ne pas avoir été fait, en tout ni même en partie. A l'appui de ce
fait, l'auteur cite Geycr; mais cet historien dit au contraire qu'après l'à-comple de
la première année, on afi'ecla le reste sur les produits de la grande douane maritime,
et qu'il ignore la suite. Il est évident que le baron de Jutphaas, en employant les
expressions 2 à 300,000 rixd. et 27 parait, n'émettait qu'une hypothèse, avec
laquelle on ne peut réfuter la déclaration oflîcielle découverte dans les actes de la
réduction; celle-ci porte, en efl'et, que la somme fixée de 489,101 rixd. 13 oeres
fut payée comptant à De Geer par la Couronne.
C") Probablement Louis, seigneur de Finspong, nommé par patentes du 18
mars 1645, colonel dans l'armée suédoise, et depuis, assesseur du collège des
mines. INé en 1622, il mourut en 1695. ( Procès-verbaux du Sénat, du 21 mars
4645, aux archives du royaume.) « Un fils de Louis de Geer enrôla un régiment
d'infanterie, en Hollande, La reine l'en nomma colonel, par brevet du 3 mars
1645. Devenu seigneur de Tinspong, il mit sur pied, à ses frais encore, en 1674,
un régiment de cuirassiers qu'il ofl'rit, tout équipé et tout armé, au roi Charles XI.»
{Not. Iiist., p. 24.)
( ^' ) Archives de la Chambre.
(") Palmblad, opcit., p. 226. Cette coutume intéressée de la part de la
noblesse au XVll'' siècle, de se faire vendie à bas prix les terres domaniales, lui
coiîta cher, lorsque le roi Charles XI entreprit la grande révision des comptes
connue sous le nom de Réduction, réforme impérieusement exigée par la malheu-
reuse situation du royaume, ruiné à la fois par la guerre et par une longue minorité.
Celte réforme, qui fui fatale à tant de familles nobles, atteignit aussi, mais moins
gravement, les descendants de Louis de Geer. On leur lit payer un impôt annuel
pour avoir le droit de se servir des cours d'eaux qui alimentaient leurs usines ; on
les obligea à acheter les renies foncières non comprises dans les ventes des biens-
- iT9 —
fonds ; ils durent payer la différence entre les prix des terres stipulés dans les
contrats de vente et la valeur actuelle, etc. Par suite de cette révision, les De Geer
avaient déjà payé en 1679 au collège de réduction 27,271 rixd. 27 oeres ; quelques
années plus tard ils versèrent encore du même chef 20,844 rixJ., 16 oeres,
il 1/2 pf. [Archives de la Chambre.)
On trouvera peut-être ces mesures financières injustes; mais quoiqu'elles fussent
quelques fois rigoureuses, elles étaient légales, car la constitution défendait au
roi de diminuer son domaine ; dans ce cas, son successeur était en droit de res-
saisir ce qui avait été donné ou vendu. En conséquence les terres domaniales
étaient inaliénables, et les ventes faites par le gouvernement de la minorité de
Christine, dans des circonstances extraordinaires ( sous la réserve toutefois de la
confirmation du roi à sa majorité,) étaient illégales. Aussi (Charles XI refusat-il de
les sanctionner; il ne se départit de cette règle que d:ins quelques cas qui présen-
taient à l'Etal des avantages sérieux.
{") On peut en donner des preuves. En 1639, lorsque le gouvernement prolon-
gea les contrats de fermages de De Geer, il lui enjoignit d'installer à Oesterby ou
ailleurs, des hommes du métier, disposés à y fixer leur demeure, afin qu'on pût
leur octroyer des privilèges, et y former une petite colonie d'ouvriers. Archives
de la Chambre.)
Mgr Eric Benzelius, archevêque d'Upsal au XVlll<^^ siècle, raconte que la coloni-
sation wallonne de Danemora-Vercken se fit de la manière suivante : Vers l'année
•1635, le président du collège des mines, d'accord avec Louis de Geer et un nommé
Lesley, rédigea en Liégeois un enrôlement de mille hommes qui devaient tenir
garnison à Elbing et dans les environs. La moitié de ce corps était composée de
forgerons qui, après une descente à Gothembourg, furent détachés de la troupe et
menés en Upland où on leur fit reprendre leur métier aux usines. Cette anecdote
fut racontée à l'archevêque, le 12 mai 4717, par un gouverneur de la province
d'Upsal qui y ajoutait foi. Au commencement du dernier siècle, la population de
Danemora-Verken ne s'élevait pas k plus de oOO ouvriers ; on ne comptait pas les
autres membres de leurs familles. {Buren, Areminne ofrn- siamfadrcn Hevr Louis
De Geer, safons Svcnska tniritigarnes màklige befordrare nti forra seculo, etc.
Linkôping, 1790. Eloge de la souche du seigneur Louis de Geer, le puissant pro-
moteur de l'industrie suédoise, p. 319.)
('*) La Suède méridionale abonde en familles dont les noms accusent irréfra-
gablement une origine wallonne, et l'on peut conjecturer que leurs ancêtres appar-
tenaient aux colonies liégeoises introduites à Finspong au XVI1'= siècle; M. Wiberg
estime à 5,000 le nombre des personnes habitant actuellement la Suède descendant
des anciens colons liégeois.
(") RoLUN, Heskrifning ôfver Osterbij bruk, Upsale, 1841 (Description de
l'usine d'Œsierby) L'psala, 184 1. Cet homme vénérable, musicien et poète, fil un
grand bien moral à son troupeau, en lui enseignant à chanter, en quatre parties,
les chants liturgiques.
(") Les yeux bleu-clairet les cheveux blonds chez les wallons sont l'exception;
il faut les attribuer aux mariages contractés avec des suédois.
(") M. KoUin a donné une liste de mots wallons, que nous reproduisons ici, en
480
taisant remarquer qui; la prononcialion est celle du paysan suédois {Voy. la Liste
des noms 'votions, en ce qui concerne la prononciation.)
Bastar, fonte qui n'a coulé que peu de travail.
Doilien, l'esprit du feu.
Duiava, mettez le feu aux fourneaux.
Furbé, enclume inclinée.
Giijar, apprenti forgeron, aide, manœuvre.
Gra-pére, gra-mére, appellation que les jeunes donnent aux vieux, sans qu'il y
ail entre eux parenté.
Huseti, chaussure en linge que mettent les forgerons au travail.
Labbij, endroit où se couchent les forgerons, près des marteaux, pendant les
heures de repos.
Lavette, serviette.
Maketie, bout de la barre de ter qu'on saisit avec le? tenailles pendant qu'on
forge l'autre bout.
Murklett, pièce de bois quadrangulaire adaptée au marteau.
Plakett, bêche avec laquelle on rejette les rognures dans le fourneau.
Syvé, petite serviette, mise au fond du chapeau, avec laquelle le forgeron essuie
la sueur de son front.
Tnrney, heures de travail et de repos.
(■*j BuRÉN, op cit., p. 308. « Le fameux chancelier Axel Oxenstjerna, dont la
famille s'allia avec celle de De Geer, prit part à quelques-unes de ses entreprises,
notamment à l'Association pour la construction de navires, établie à Westerwyk,
et à celle qui venait de se fonder pour explorer la côte occidentale de l'Afrique. C'est
de là qu'une pointe de celle côte, entre le 30e et le 3'i« degré latitude seplen-
trionnale, reçut le nom de Cap De Geer. » {Not. hisi., p. 18.i
C) En 16S"2 arrivèrent quatre cargaisons de la Guinée.
{'"') « Il rendit service à plusieurs savants, s'employa en faveur de Descartes,
et décida Amos Comenius, le Pestalozzi de l'époque, à s'établir en Suède, d'où sa
conduite plus tard contraignit malheureusement le pouvoir de l'éloigner. »( iVbf.
liist., p. 30.)
("' ) Vers la fin du XVII'' siècle, le collège du commerce so plaignit que l'indus-
trie n'avait pas pris l'essor que l'on avait espéré, et il en accusa l'intolérance du
clergé luthérien qui chassait du royaume les wallons que De Geer avait fait venir,
parce qu'ils refusaient de changer de religion ( Palmblad, p. !269 ). Sans nier
l'intolérance du clergé suédois au XVll'! siècle, nous croyons que les descendants
des ouvriers wallojis existant encore aujourd'hui en Suède suffisent à prouver
l'exagération de ce fait. 11 est certain toutefois qu'on refusa aux fils la liberté du culte
que l'on avait tolérée chez leurs pères lors de l'immigration. En tfl'et, une loi de
l'an iOSti interdit aux calvinistes et tous non-luthériens les pratiques de leur culte
ailleurs que dans leurs maisons, à portes fermées, sans l'assistance de prêtres ni
de coreligionnaires. Mais cette loi ne fut portée, dit-on, qu'à raisonde la conversion
de Christine au catholicisme.
{"*) « 11 assura un traitement convenable à un pasteur el à un maître d'école
dans la colonie wallonne qu'il avnit fondée ii Lôfsla. 11 s( fit accompagner d'un
- 481 -
pasteur calviniste à Norkôping, oii les doctrines nouvelles furent professées dans
sa propre demeure, contre le gré de l'évêque luthérien de Linkôping, qui en fit sa
plainte. Lui-môme cependant se montra plus tolérant et plus éclairé lorsqu'il per-
mit aux luthériens, après l'incendie de leur église, de se servir de sa chapelle
pour l'exercice de leur culte. Il eut la même condescendance pour les luthériens
allemands qu'il avait attirés en Suède, leur procura ensuite une église et paya de
ses propres deniers le traitement de leur pasteur.
Ses coreligionnaires, ailleurs encore qu'en Suéde et en Hollande, ne furent pas
ceux qui profitèrent le moins de ses libéralités : les habitants du Palatinat, par
exemple, si cruellement dévasté en 4 021 et 1622. 11 chargea le professeur Henri
Alting, à Heidelberg, de distribuer les secours destinés à ce pays qu'il visita Uii-
môme, en 1632, pendant un voyage en Allemagne. »
Il fit traduire en langue slave et imprimer à ses frais la Bible et en fil distribuer
des milliers d'exemplaires en Hongrie, dans la Transylvanie, l'Esclavonie et la
Valachie. 11 établit à Maestricht une imprimerie à l'usage de Samuel Desmaret, pour
l'aider à soutenir sa polémique contre le clergé de Liège. (Not. Itist., p. 27 à 30,
passim.)
("') « En 1648, Dp Geer se rendit en Suède afin de faire agréer à la reine le
projet de céder ses biens à ses enfants et de passer en Hollande, loin des afl'aires,
le reste de sa vie. La reine, à ce propos, confirma ses enfants dans tous les privi-
lèges octroyés à leur père. Elle lui accorda à lui-même, l'année suivante, quelques
terres voisines de ses propriétés de Norkôping, en reconnaissance de l'établisse-
ment d'une corderie qu'il venait de créer dans cette ville. Il lui avait été impos-
sible de rompre complètement les liens qui l'attachaient à la Suède; il y retourna
en 1651, et ce fut pendant les préparatifs d'un nouveau voyage, l'année suivante,
qu'une maladie le surprit et l'enleva en peu de jours. Il mourut le 19 juillet 1652,
à Amsterdam, où il a laissé un nom honoré jusqu'à ce jour. » {Not. hist.
page 26.)
;"*) « De Geer s'intéressa toujours d'une façon toute spéciale au sort des
émigrés wallons, ses compatriotes. L'Hospice des orphelins wallons à Amsterdam
recueillit plus d'une fois les fruits de son inépuisable charité. La mort même ne
mit point un terme à sa bienfaisance qui s'étendit au-delà de la tombe. Il ordonna,
en eli'et, par son testament, à son fils Laurent, comme condition expresse du legs
qu'il lui fit de sa maison située à Amsterdam, de payer pendant quarante ans une
somme annuelle de mille florins à la communauté wallonne qui existe toujours
dans la même ville. » [Not. hht., p. 29.;
("') Dès sa jeunesse, il s'était prescrit pour règle de conduite de consacrer à des
œuvres de charité une part déterminée de sa fortune, qui s'éleva dans la suite,
par son infatigable activité et la réussite de ses entreprises, à des sommes
immenses. Son journal relate l'engagement solennel, fait à l'âge de vingt ans,
d'employer le dixième de ses bénéfices en actes de bienfaisatce. Il ne faisait point
assurer ses navires, mais, à leur arrivée, il payait une sorte de prime au.\
pauvres. Plusieurs centaines de mille florins furent employés par lui, de ce chef
seulement, en aumônes et en secours de tous genres. » (ISot. hist., p. 27-28.)
(""j « Le nom de Louis de Geer, dit Franzén, brille dans l'iiisloire entouré
— 48i> -
d'une auréole religieusement rôvériie, non-seulement parce qu'il se soumit dans
toutes ses entreprises à la direction de la Providence, vers laquelle il avait sans
cesse le regard tourné, s'en rapportant à elle en toute occurrence, comme le prouve
son journal qu'oa a conservé ; mais encore parce qu'il fut entre les mains de Dieu
un instrument on laveur de la sainte cause pour laquelle le grand roi Gustave-
Adolphe mourut en vainqueur à Lutzen. » {Not. hist., p. 27.)
("'; Son quatorzième, suivant la lYof. hist., p. 27.
(") Il fit bâtir a Finspong un magnifique château en briques tirées de la
Hollande.
(*") Dans la correspondance d'Oxenstjerna se trouve un Koort Aniwoord, por-
tant la date 164o et exposant les faits du procès entre Louis de Geer et les De
Besche. « Une chose qui le toucha bien plus, ce fut l'ingratitude de Guillaume de
Besche, son représentant en Suède. Il lui avait donné en mariage sa fille Ida ;
mais comme il ne voulut pas céder à toutes les prétentions de De Besche, celui-ci
répandit le bruit que son beau-père avait falsifié ses livres et trompait le Gouver-
nement ; il poussa la méchanceté jusqu'à le dénoncer formellement aux autorités.
A peine l'enquête avait-elle été commencée, que l'ingrat dénonciateur prit la fuite.
Elle fut cependant continuée et démontra, par ses résultats, la parfaite fidélité
des comptes inculpés par De Besche. » ( Not. hist., p. 2o.)
{'") <i La reconnaissance de la Suède pour De Geer dure encore : en 1847 les
journaux ont signalé l'arrivée dans le port d'Anvers, au mois d'avril, du brick
norvvégien Louis De Geer, capitaine Sund, affrété pour le transport des émigrants
allemands. » (Not. hist., p. 16.)
C*) Depuis, maréchal des Diètes de -1823 à 1828, pair du royaume en 1823,
né en 1781, mort en 1861. C'est jusqu'à présent le seul comte De Geer qui ail
vécu en Suède. jVoy. la Biographie universelle, de Michaud.)
("J Voy. Aminnelsc-tal ofver lieer Cari de Geer, Eloge funèbre du baron De
Geer, grand'croix de l'ordre de Va.sa, lu à l'Académie royale des sciences, par M.
Bergman. Stockholm, 1779, in-b" de 40 pages.
Beaik bonniers de terre et trois journaux gisant en Grand-Erres et delei
seigi Lauiberi de Oeer de Chènée.
roaisj Lîinilinit «U; (le^r iie «iliêm e, épousa Jeanne de Btlieflanime, fillo de
MalLicu et de Callicriue de Fexlie.
(celii a GuilljUiue Cels, et Marie, iiiaiiée en secondes noces à Elias Trips
(Le
J(
4 août Id4l. el devint seigneur de Leufsta, Oslerby, Fin^pong, etc.
hristine «Icstii f 1b9i) Eléonure. l£eiij:iiiiiu
nar. a de Gudgard el Skyilberg à Ulreolit
oiumon. t I60I.
Jeïiii 7 17 iU L.t>iiin f 1735 1 iilie niar. en
de Godgard. de Skyilberg. Hollande.
d'|l"" A.lesiî.mli*e Jean «iiiiill"»: L.ouis 5 filles,
ervik capilainc f 17o4 cbarles
09. t 1771.
•'siill'"" Jeun diui-let!» -2 lils 1 ftis lu. 4 filles
nnois \ en bas-àge.
e^ume capit. russo finnois.
T IJJoO.
»iiis Ainéiléc
{en Suisse.
3 fils 1 fille.
Famille noble
finnoise.
I journaux gisant en Graad-Erres et delez
Luinbcrl do Cecr uo Cliâni^c, :
r iJo Briuliuoiil (uinsi qiu lu ruppui'te Joari 1
i Louis de (iL'L-r, âeii;iiL'ui' de Uriaimonl, se (jualifia soigneur de Noirmonl i
) Tuiuine M.irgUdi'ile de IIiki-Iuz, lient
s l^ullivriiie de Fexlie.
i: Udkniinimc, nil^ d<i
1 Iti It) Juillet Itiol 11 opju^ii en lOl'J Adri
k'iiit sttrgni-iir de Leulsla, Oslerly, t'in.-pong, elc.
>g'' ii'Udierhy, Ida EliKabulh Miirie Ejniiln,srdorinspong,
u roi di> SiiËde, mar. i'h, ninr. un mnr. en llliynlmyscn, l'pouâU
Ëpoiisii M:irg. Grnmen, De Besche lloU. Ilolt. Jciinrie l'iiniiiinlier-,
nilc du Gi<ruril, d'^piil.) aux. famille de Lille, f Iti^S.
Etals Riiiii'rjuxdi-s l'rovinccs
Unies, t 106.;.
biÉia A.lr.aiio EliL-inie. ^g'■ du Ctirisluiu a<*iiii f IbHii Elûuiiuie. UeiU'inilu
mjir. A iiiiii'. n Giiim,.'|)ou,sHtstlier mm: a de Cudgard et Skyllberg à Uipeubl
Wultoii. Tt'ipp. uei-ii.ir.l, rijiiiillc Crouimon. f 1651
t 1691) en Dalmal.
chanoine à Uircchl.
«JhnrleB ^iitnliii:
Ramn D. G. ilc d'Oe>lell.y f 1
Leufâla t 1719. Siina oiifunls
Bxron D G. il<- T.'i'vili cn\n\:
cil FiiiUûde-1- no9. t n
l.nula Jean Jacquca 'J ni les. Clinrles l':innilliel B. Aiilctli
t 1758 Bur. U. G. du Piuspung Btir. D. G. de Dar. D. G. dû Fi-oluna non
tl809 LeurslafiSOS conseiller du H""^- t
. Charles.Jeun K
ula Gérurd 4
CU«,îi!lu;';!f"':"''*', " Cl.n..|e« lT.r?.nuel B L«ui« Slilks "Bar 1.omI; AméUi-c
H« 1.1 ■ ^'^"^'' ''" '"^""^ "' ^e Leiifïla dep. Ititil en Suisse
/^
RAPPORT
Sur une découverte de monnaies faite au village de
Grand-Axhe, au mois de mars 1876.
La Hesbaie est l'une des régions les plus anciennement
mentionnées, les plus historiques de notre province. Aussi
n'esl-il pas rare d'y découvrir des débris de plus d'une époque;
partout où l'on y fouille le sol, il répond aux investigations de
l'archéologue. Souvent les trouvailles que l'on y fait viennent
confirmer les enseignements de l'histoire, d'autres fois elles
semblent les contredire, ou du moins elles semblent de nature
à faire surgir de nouvelles questions. Mais même lorsqu'elles
ne font pour ainsi dire que poser des points d'interrogation,
ces découvertes sont encore utiles ; elles doivent encourager
les recherches en donnant des indications précieuses sur les
points où il convient de les diriger.
Toutefois si, en archéologie comme dans toutes les sciences,
le précepte de l'Evangile «cherchez et vous trouverez» subsiste
et se vérifie chaque jour, il est vrai, d'un autre côté, que
parfois les trouvailles les plus remarquables sont dues simple-
ment à des chances heureuses, à des travaux faits dans le sol
pour les besoins de l'agriculture ou des constructions à élever,
et qui n'ont rien de commun avec les explorations dirigées par
la science de fanliquilé.
Sans prétendre donner à la trouvaille dont ces lignes ont
pour but d'expliquer et de motiver l'acquisition par notre Musée
archéologique une importance exagérée, elle rentre cependant
— 484 -
dans cette dernière catégorie. Voici d'ailleurs dans quelles
circonstances cette petite découverte a été faite.
Il y a quelques années, lors de la reconstruction de l'église
paroissiale du village de Grand-Axlie, située à deux kilomètres
sud-ouest de Waremme, les terres enlevées pour la confection
des briques nécessaires à la bâtisse, amenèrent la découverte
de beaucoup de tombes qui se trouvaient à une profondeur
d'un mètre cinquante centimètres, et qui contenaient un assez
grand nombre de poteries et de fragments d'armes. Le témoin
oculaire auquel nous devons ces renseignements, nous a assuré
avoir pu constater l'existence de haches d'armes et de cinq ou
six boucliers, dont la forme était parfaitement reconnaissable
et qui paraissaient encore assez intacts au moment où l'on
enlevait les terres; malheureusement ces armes offensives et
défensives, entièrement oxydées, se décomposaient, s'effeuil-
laient et tombaient pour ainsi dire en poussière, lorsqu'on
cherchait à les saisir et à les soulever de terre. Les précautions
les plus minutieuses ne permirent que de recueillir des frag-
ments assez informes.
Comme c'est généralement le cas dans les découvertes de
cette nature, on fut beaucoup plus heureux pour les poteries
que pour les objets de métal, le temps et l'humidité du sol
a>ant moins d'action sur celles-ci. Nous devons à l'extrême
obligeance de M.Gilis, curé de Grand-Axhe,le don de quatre de
ces vases en terre cuite, qu'il a recueillis lui-même et dont
deux sont encore entiers. Il a bien voulu y ajouter aussi les
fragments, malheureusement informes, de haches ou d'autres
armes en fer. Le dor.ateur nous a fait connaître qu'un grand
nombre de ces vases en poterie avaient été brisés par l'incurie
des ouvriers, malgré les recommandations qui leur avaient été
faites et les récompenses promises pour les objets qu'ils par-
viendraient à recueillir intacts.
Ces poteries et ces armes appartiennent h la période Gallo-
Romaine, dont on retrouve encore, sous le sol de notre pays.
— 485 -
des fragments si nombreux ; seules reliques d'une période
historique, sur laquelle les renseignements écrits et la tradi-
tion même jettent si peu de lumière.
En offrant ces poteries au Musée archéologique, M. le curé
de Grand-Axhe voulut bien nous faire connaître une décou-
verte très-récente et dont le produit forme plus dir3ctement
l'objet du rapport que nous avons l'honneur d'adresser h notre
Institut.
Dans un fossé, tout auprès du terrain dont le sol avait été
abaissé d'un mètre cinquante centimètres pour la confection
des briques, on trouva, le 1'''' Mars 1876, un pot en terre appar-
tenant h une époque historique beaucoup plus rapprochée de
nous que les vases dont il est question. Ce pot, dans son état
actuel, — il a la partie supérieure du col brisée — mesure 8
centimètres de hauteur. D'une fabrication grossière, c'est seule-
ment par son contenu qu'il offre un intérêt réel au point de vue
de l'histoire de l'ancien pays de Liège.
Dans ce pot se trouvaient en effet 88 petites pièces de mon-
naie en argent; les unes assez frustes, les autres mieux conser-
vées, mais appartenant toutes à une même époque; après un
examen attentif elles purent être classées de la manière suivante:
Les monnaies se rapportent toutes à deux princes contem-
porains : Hugues de Pierrepont, prince-évêque de Liège (1200-
1229), et Henri, duc de Brabant, (1190-1235).
Elles se subdivisent de la manière suivante :
N" 1. 16 deniers de Hugues de Pierrepont.
Avers. Buste mitre vu de face; l'évêque tient la crosse de la
main droite et le livre des Évangiles de la main gauche.
Au-dessus de la tête on lit : HVGO.
Revers. Une église tlanquée de deux tours ; au-dessus du toit
de l'église on voit un oiseau. Sans doute une aigle.
Décrit dans Perreau, catalogue des monnaies de la princi-
pauté et évêché de Liège, sous le n" 12 des monnaies de
Hugues de Pierrepont. Cet auteur croit reconnaître une colombe
— 186 -
dans l'oiseau qui se trouve au-dessus de l'église représentée
dans cette monnaie. Nous ne saunons nous ranger h cet avis(i).
N° 2. 13 deniers du même évêque.
Avers. Même effigie que dans la monnaie que nous venons
de décrire, même inscription.
Revers. Perron, composé d'un style posé sur trois degrés, et
surmonté d'une large croix. Il est accosté de deux étoiles à
cinq pointes (2), on y lit en caractères placés très-irrégulière-
ment >î<LEODI.
Décritpar Perreau souslesn°'9et iO.DeRenesse, pi. III. N"l.
N" 3. Un denier du même ëvêque.
Avers. Buste vu de face ; il tient la crosse de l;i main droite,
on dislingue la lettre G....
Revers. Château avec haute tour crénelée et porto défen-
due par une herse, accosté d'un oiseau et orné d'une bannière.
A droite on voit la lettre H...
Décrit par Perreau sous le n" 17. Cette pièce paraît être la
même que celle du u" o de la première planche de de Renessc,
reproduite d'après un exemplaire très-fruste. Cet auteur attri-
bue la pièce l\ Notger !
I • ) L'église représeiUée dans noire pièce de monnaie, n'a pu être, dans la
pensée du graveur, que la Cathédrale de St-Lambert. Il est assez difllcile de voir
ce qu'une colombe viendrait y faire. l\ convient de rappeler an contraire que, du
moins dans les derniers siècles de son existence, la Cathédrale de Liège était
surmontée d'une tourelle sur laquelle on voyait une double aigle en bronze doré,
(V. le Comte Van den Stcen de Jehay, Essai historique sur l'ancienne Cathédrale
de St-Lainherf, p. -1,39) symbole de la protection et de la suzeraineté du St-Empire,
sur l'église de Liège. Il est possible que cet emblème n'ait été placé que longtemps
après Hugues de Pierrepont, mais c'est la même idée symbolique qui était rappelée
et sur le monument et sur la médaille dont nous nous occupons.
(-) Le R. P. Cahier, dans son livre sur les Caractéristiques des Saints dans l'an
populaire, assure que l'étoile des artistes chrétiens n'a presque jamais un nombre
de rais impairs. Il affirme même que le Pentulpha des anciens, de même que
l'étoile à sept pointes, appartiennent aux rêveries astrologiques ou aux signes de
ralliement des sociétés secrètes. La théorie du savant iconographe, semble difficile
à admettre et nous avons la conviction que les étoiles du denier de Hugues de
Pierrepont n'ont rien de commun avec les signes d'une association occulte. — Dans
la pièce de monnaie décrite sous le n» 4, nous retrouvons l'étoile à cinq pointes
et un croissant. L'intention est donc simplement de rappeler le ciel, te firmament.
- 487 -
N" 4. 44 deniers du même évêque.
Avers. Buste mitre, vu de profil, tenant la crosse devant lui
et un livre de la main gauche; derrière le buste une tourelle.
Revers. Eglise flanquée de deux tours, au-dessous de laquelle
apparaissent un croissant et une étoile à cinq pointes. Pas de
légende ni d'inscription.
Décrit par Perreau, sous le n" 30. V. le m» 1 de la planche II
de de Renesse, qui attribue celte pièce h Wolbodon.
N° 5. 2 deniers, probablement du même évêque que les
pièces décrites sous le n° 4, mais ils sont tellement frustes
qu'il n'est pas possible de les classer.
N° 6. 12 deniers de Henri I, duc de Brabant.
Avers. Buste armé d'une cotte de mailles, tenant l'épée de la
main droite ; on y lit : HENRICVS DVX.
Revers. Une église.
Les pièces que nous venons de décrire sont en général d'un
travail assez grossier et ne répondent, au point de vue du déve-
loppement de l'art du graveur, ni aux sceaux de notre pays, ni à
d'autres monuments de la même époque qui subsistent encore.
La trouvaille faite à Grand-Axhe ne nous apporte pas de
type encore inconnu dans la science de la numismatique de
l'ancien pays de Liège. Toutefois, prise dans son ensemble,
elle est loin d'être sans intérêt.
Comme on vient de le voir par la description succinte que
nous avons faite, toutes ces pièces de monnaie se rapportent
précisément aux deux princes belligérants dont les armées se
rencontrèrent près de Montenaeken, dans la plaine de Steppes.
On se rappellera que la bataille livrée le 13 octobre 1213,
entre Henri I, duc de Brabant, et Hugues de Pierrepont, évêque
de Liège, connue sous le nom de la Warde de Steppes, fut
précédée de déprédations et de ravages de toute nature, que
les troupes brabançonnes commirent dans le pays soumis au
prince de Liège. Waremme, Tourinne, Waleffes, localités
situées dans la circonscription oij ces deniers ont été
— 488 —
découverts, furent mises à feu et à sang. Il est donc au moins
vraisemblable que ce petit dépôt, qui ne devait revenir au
jour qu'après tout une série de siècles, fut confié à la terre à
cette époque et que son possesseur a été victime de la guerre
qui alors désolait la coutn-e.
Les pièces de monnaie trouvées appartiennent assurément à
l'une des époques les plus intéressantes et les plus agitées de
nos annales, et leur trouvaille semble les rattacher d'une ma-
nière assez directe à l'un des faits d'armes les plus glorieux
pour l'ancien pays de Liège.
Jules HELBIG.
A PROPOS
Du cinquantième anniversaire de la mort de
Villenfagne.
Le 23 Janvier de celte année, un demi-siècle s'est écoulé,
depuis que Hilarion Noël, baron de Villenfygne d'Ingihoul, est
descendu dans la tombe.
Il ne convenait pas, ce semble, que l'Inslitut archéologique
liégeois, laissât passer cet anniversaire sans rappeler le souve-
nir de cet homme, recommandable h tant d'égards.
De Vilienfagne, —il est vrai, - ne peut être compté parmi
les archéologues, — dénomination d'ailleurs toute moderne.
Mais il est iiiconleslable qu'il a rendu à l'archéologie liégeoise
des services très-éminents.
Il ne s'agit pas ici de composer un éloge académique de
Vilienfagne. -- On a par trop usé et même abusé de ces pané-
gyriques ; mais simplement de rappeler, — en tant que besoin,
— sa mémoire et ses mérites, à ses concitoyens en particulier,
— à tous les amateurs des lettres en général.
On l'a fort bien dit depuis longtemps : « la vie d'un auteur est
toute dans ses ouvrages. » Ces mots s'appliquent surtout à de
Vilienfagne. Il serait inutile par conséquent, de refaire sa
biographie, qui a d'ailleurs été écrite plusieurs fois, et se
trouve h la portée de toutes les personnesqui s'y intéressentd).
(i ) Ch. 'le ChëntHlollé a d'abord publié une notice sur de Vilienfagne,
insérée dans le Journal de la province de Liérje, n"s "2^^ 27 et 28, du 29 janvier et
des 1, 2 et ?t février 1826. Celle notice, dont il y a de rares tirés à pari (Liège, J.
Desoer, 1826, in-8o de 20 pp.) a été maintes fois reproduite, cnlr'aulres dans la
Diorjraphie univemelle de Michand, et dans la Biographie liégeoise de Bec-de-
Licvre. — Knsuilc M. Ferd. Henaux a publié, dans le Messager des Sciences ei des
Arts de Gand, année 1838, un essai sur la vie et les ouvrages du baron de Vilien-
fagne, dont il y a également des tirés à part.
~ 490 —
Bornons-nous donc h résumer, en quelques mots, cette
carrière si laborieuse et si bien remplie, tout eu rectitiant ou
complétant quelque peu.
Hilarion Noël de Villenfagne, issu d'une famille honorable et
ancienne, naquit, non pas à Liège en juin 1753, comme l'assu-
rent ses différents biographes , mais bien à Hordenne, commune
d'Anseremme près Dinant, le 14 juin 1753 (i).
Il reçut une éducation soignée, et plus littéraire que celle
que l'on avait coutume de donner alors à la plupart des
gentilshommes liégeois.
Le jeune de Villenfagne, dont les goûts studieux se mani-
festèrent de très-bonne heure, sut tirer le meilleur parti possi-
ble de cette éducation. Dès 1781 il se fit agréger *> la société
d'Emulation, nouvellement fondée à Liège, et prit dès lors une
part active aux travaux de cette société.
Le jeune gentilhomme liégeois fut pourvu, de bonne heure,
de deux canonicats, à Tongres et h St-Denis à Liège. Il conserva
ces bénéfices pendant plusieurs années, sans avoir jamais eu,
comme il le dit lui-même, l'intention de s'engager dans les
ordres sacrés (2).
Il serait bien permis de passe)- sous silence les différents
emplois publics, les diverses distinctions littéraires, dont de
Villenfagne a été revêtu, tels que ceux de député de l'ordre
équestre, conseiller privé de S. altesse, membre de l'Institut,
puis de l'académie royale des Pays-Bas etc., etc. Ces honneurs,
ces dignités, personne ne l'ignore, ne sont pas toujours la
récompense ou la preuve d'un mérite réel, et n'y ajoutent rien
lorsque celui-ci existe.
Notons cependant qu'il fut, dès la fondation de notre univer-
sité, l'un de ses curateurs, et qu'il s'acquitia de ses fonctions
(') Ce reaseigiiement est sur. Je l'ai vu tracé de la main même de Villenfagne.
Voir d'ailleurs le lieciicil f/éraldiquc des llounjnie-sti-es de lÀérje, continué ijor X. de
Theux, Liège i863, in-foi. p. 312.
(■) Voir ses Mélanges de 1810, p. 6(i.
— 491 —
avec cette conscience qu'il mettait h remplir toutes celles dont
il voulait bien se charger.
Rappelons surtout que de Villenfagne a été (en 1791-1792),
l'un des derniers bourgmestres de la noble cité de Liège, alors
que cette ville était encore la capitale d'un pays indépendant (i).
De Villenfagne s'éteignit à Liège, le 23 janvier 1826, après
une maladie de peu de jours, regretté de toutes les personnes
qui avaient eu le bonheur de le connaître.
La carrière littéraire de Villenfagne commença de fort bonne
heure. Dès l'âge de seize ans, il avait été attiré vers les recher-
ches d'érudition, et principalement vers celles qui se rattachent
à l'histoire politique et littéraire de sa patrie. Il rendit à ces
deux branches de l'histoire, des services éminents. Ce fut aussi
lui, tout le premier, qui publia des recherches sur les arts à
Liège et les artistes liégeois.
Pour l'histoire politique, on trouve dans ses travaux, des
discussions très-profondes sur plusieurs points obscurs, que
l'auteur a éclaircis avec autant d'érudition que de sagacité. Il
a jeté aussi une vive lumière sur les anciennes lois, les
anciennes institutions, si originales, du pays de Liège.
Quant à l'histoire littéraire liégeoise, celle-ci, avant de
Villenfagne, était un terrain presqu'entièrement reste en friche.
Que de noms, qui étaient tombés dans un oubli immérité, il a
rappelés à la mémoire et à l'attention de ses concitoyens!
La providence, dans la répartition de ses dons, n'avait point
accordé à de Villenfagne des facultés extraordinaires. Il n'avait
pas ù coup sûr, reçu le don de l'imagination, aussi indispen-
sable h l'historien qu'au poète.
Lui-même a senti tout ce qui lui manquait sous ce rapport.
Non seulement il a renoncé de bonne heure à continuer ses
essais, assez malheureux, en vers, avouant qu'il n'était point
(* ) Deux frères du baron Hiiarion de Villenfagne comptent également parmi les
bourgmestres de Liège, nommés avant la réunion à la Franco; Léopold-Albert-
Ignace en 1788 el .leaii-Dieudonné-Philibert en 179?..
~ 492 —
né poëte ; mais de plus il a reconnu que, pour manier le burin
de riiistoire, il fallait une main aussi laborieuse, mais plus
ferme que la sienne. Nul mieux que lui n'a su que, pour accom-
plir une tâche aussi difficile, le crayon d'un simple érudit ne
peut suffire.
Aussi n'a-t-il jamais essayé d'écrire l'histoire, mais il s'est
toujours contenté de se livrer à des recherches historiques.
Eh bien ! notre estime pour la mémoire de Villenfagne, n'en
doit être que plus profonde. Les talents qui nous sont accordés
en naissant, s'ils peuvent provoquer parfois l'admiration, ne
méritentjamais la moindre reconnaissance.
Le vrai mérite d'un homme consiste dans son caractère et
dans sa persévérance. Sous ce double rapport, de Villenfagne
s'est rendu digne et de toute notre admiration et de notre gra-
titude entière.
Avec combien de circonstances adverses n'a-t-il pas eu à
lutter pendant toute la durée de sa carrière ! L'exil de sa terre
natale, la confiscation d'une grande partie de sa fortune,
l'incendie par les bombes françaises de sa bibliothèque chérie,
rassemblée avec tant de soins, rasiervissemeni de sa patrie,
l'indifférence du public pour ses travaux (i), rien ne l'a arrêté,
rien ne l'a découragé.
L'âge qui paralyse tant d'intelligences, semblait accroître son
zèle et redoubler ses forces ; il n'a cessé de travailler qu'en
cessant de vivre.
On peut l'affirmer sans craindre un démenti : depuis le docte
Chapeauville, aucun homme n'a rendu d'aussi grands services
aux annales du pay.s de Liège que Villenfagne.
Si l'auteur de tant de laborieuses recherches a joui pendant
sa vie, de l'estime générale de ses concitoyens ; ce ne lut qu'a-
( •/ Les Essain critiques sur différents points de l'histoire de Liège, que Villen-
fagne fil imprimer en 1808, en "2 vol. in-12, avaient été annoncés pyr souscription,
pendant trois ans, finirent par trouver jusqu'à trois souscripteurs. Son ouvrage le
plus important, les Recherches, n'iHait pas épuisé, il y a peu d'années encore.
Et cependant l'auteur faisait tirer ses ouvrages à petit nombre I
- 493 —
près sa mort que ses travaux furent appréciés, avidement
recherchés et disputés par un public nombreux.
Il a rencontré quelques détracteurs, il est vrai; mais vaut-il
la peine de faire allusion à quelques pygmées littéraires, qui,
étant parvenus à se hucher sur les robustes et laborieuses
épaules de Villenfagne, se sont crus grands, s'imaginant voir
un peu plus loin que lui, et ont affecté de le mépriser ?
Mieux vaut rapporter ici le sentiment de feu M. de Gerlache,
— un véritable historien celui-là, et par conséquent un juge
compétent, — qui a exprimé sur de Villenfagne un jugement
aussi sobre qu'équitable.
« De nos jours, dit-il, plusieurs écrivains se sont encore
essayés sur le même sujet ( l'histoire de Liège ) ; mais aucun ne
l'a fait avec plus de constance ni d'érudition que M. de Villen-
fagne. Doué d'un courage infatigable, il a consacré tout le
cours d'une longue carrière à faire des dissertations sur les
différents points de nos annales qui lui ont paru susceptibles
de controverse. On doit regretter qu'il n'ait point fondu ses
doctes recherches avec les faits, dans une suite de narrations,
et qu'il n'ait, en quelque sorte, travaillé que pour les auteurs
et les savants. Toutefois, s'il est possible d'écrire l'histoire de
Liège d'une manière aussi exacte qu'intéressante, la justice
nous commande de le dire, c'est en grande partie à M. de
Villenfagne que nous le devons : sous ce rapport, il a rendu de
véritables services h son pays. » (i)
De Villenfagne nous a laissé, outre de nombreuses produc-
tions imprimées, aux frais desquelles il a consacré une partie
de la fortune qui lui était restée, d'autres travaux assez consi-
dérables demeurés inédits. — Ces travaux non encore publiés,
sont tombés tous, ou du moins la plus grande partie, en d'ex-
cellentes mains (2).
i * ) Souvenirs liistoriques du pays et de la priticipauié de Liéye, imprimés à la
fin du Procès-verbal de la séance publique tenue te 'iQ janvier 1 825 par la Société
libre d'Einulaiion de Liège. M. de Gerlache a reproduit co passage dans son inlro-
duclion à l'Histoire de Liège, Bruxelles 184?), in-S".
(') Celles de M. le chevalier X. de Theux.
- 494 -
Ils ne sont ainsi, ni perdus, ni même égarés, et il y a tout
lieu d'espérer, qu'après un triage fait avec soin, ils seront
imprimés et publiés avant qu'il ne s'écoule beaucoup de temps.
Ce serait là, semble-t-il, le meilleur hommage à rendre à la
mémoire d'un homme qui en est aussi digne.
H. HELBIG.
l'Nlr.ul ilii l'iau Ca.hislial .le la loininuiu- do
\llllT^ 1i'-|'ci1||1hT, X:I„.„ A
niS|HisiliiMi iifs01i|,-lsJ:iiislci;LVr;iu
/,/ ^ ()//„.v,„ /,■,;■.■ '„,„,;■
/Il /■„/,;,.„ ,.,,■
Ivxpldralioii ,!,■ la Toinlic .litc (!<■ rKiini,.
ri'iii', lires Aldxlu'
EXPLORATION
UE LA
TOMBE DITE DE L'EMPEREUR
PRÈS DU VILLAGE DE MOXHE.
L'heureux résultai des fouilles effectuées au mois de mai
1873 dans le tumulus d'Avenues décida Vlnstitut archéologique
liégeois h entreprendre, au mois de juin suivant, l'exploration
de la tombe romaine dite de l'Empereur.
Ce tumulus, distant d'une cinquantaine de mètres au nord de
la grande chaussée de Tongres à Bavay, est situé près du
hameau dit de l'Euipereur, hameau dépendant de la commune
de Moxhe (')• Toutefois noire tumulus ne fait point partie du
territoire de cette dernière commune. Il est détaché, ainsi que
deux ou trois maisons, du gros du hameau et forme actuellement
l'extrémité sud-ouest du territoire de Villers-le-Peuplier, village
dont il est éloigné d'environ deux kilomètres (^).
( * ) C'est en ce hameau que la route de Landen à Namur coupe perpendiculaire-
ment la chaussée romaine de Tongres à Bavay. Son uora de l'Empereur que nous
avons retrouvé duns des registres datant de l'an 1690, paraît lui avoir été donné en
souvenir de Charles-Quint. Peut-être aussi ne doit-on lui attribuer d'autre origine
que renseigne d'une auberge qui existait autrefois dans la localité.
(*) Voir, dans notre rapport sur VExploraiiou de la tombe d'Aiennes, ce qui est
dit sur la situation de la tombe de l'Empereur, relativement aux tumulus d'Avennes
et du Soleil, ainsi que sur leurs distances respectives. [Bulletin de l'Institut archéo-
logique liégeois, tome XII, 2« livraison, page 199.)
— m\ —
La lombede l'Empereur est une des plus petites qui couvrent
le sol de la Hesbaye ; elle ne mesure guère que 06 mètres de
circonférence à la base et 18 au sommet. Sa pente au nord
est de 7'", 90, à l'ouest de 6'", 43, à l'est de 7"', 80 et au midi de
7'", 59. On peut constater une légère déclinaison de son assiette
dans la direction N.-E. Elle est plantée dans sa partie nord et
ouest de trois beaux peupliers du Canada, tandis que sa pente
méridionale est couverte de buissons de ronces, qu'il a fallu
enlever en partie pour pouvoir ouvrir la galerie d'exploration.
Un étroit sentier serpente le long de ses flancs et conduit au
sommet, gazonné et nivelé en plate forme, comme chez la
plupart de nos tombes hesbignonnes.
Peu d'écrivains font mention de la tombe de l'Empereur;
elle semble avoir été beaucoup moins signalée que sa voisine,
Ja tombe d'Avenues. Les cartes des biens de l'abbaye de Saint-
Trond l'ont toutefois fait connaître à M. Piot, qui donne sur
elle (i) les renseignements suivants : carte des biens situés h
Moch et Mocheron (Moxhe, etc., province de Liège), un tumu-
lus « près de la Haute-Chaussée (Chaussée de Tongres à
Bavay ), entre le chemin de Mocb àVillers et le Haut-Tiége. «(a)
N'oublions pas de dire que depuis longtemps ce tumulus avait
attiré l'attention de notre infatigable président d'honneur, lors
de ses nombreuses excursions dans notre pittoresque
province.
(') Exploration de quelques tumulus de la Hesbaye, par M. H. Schuermaus,
p. 382 du tiré à part, note V, lettre A.
(*) La carte toporjraphique des Pa;is-Bas, par W. D. S., ingénieur et architecte
(Francfort-sur-le-Mein, 1784), signale une « censé et tombe de l'Empereur. »
Nous ignorons où était située la ferme dont elle fait mention et si elle existe encore
aujourd'hui. C'est à tort, croyons-nous, que la carte en question figure deux
tombes à l'Empereur, car nous n'y avons trouvé aucune trace de l'existence d'un
second tumulus.
La « Nouvelle carte choroqraphique des Pays-Bas auiricliiens, » par J. B. de
Bouge ( Bruxelles, 4789 ), indique une tombe et un cabaret.
La « Nouvelle carte des Pays-Bas, » réduite d'après celle de Ferraris (Bruxelles,
J. Coché), mentionne également un cabaret dit « de TEmpereur. »
— 497 —
La tombe de l'Empereur appartient actuellement à la famille
de Woot de Trixhe, ainsi que la terre sur laquelle elle est
assise et qui est renseignée au plan cadastral de la commune
de Villers-le-Peuplier (canton d'Avennes , arrondissement
administratif de Waremme) sous le n" 490 de la section B.
M. le baron Florent de Woot de Trixhe, propriétaire du
charmant château de Moxhe, s'empressa, à notre demande,
et avec la plus grande affabilité, de nous accorder l'autorisation
d'explorer ce tertre, en abandonnant généreusement au Musée
de Liège le produit éventuel des fouilles.
Les travaux d'exploration, dont l'Institut voulut bien nous
conlier la direction, furent commencés le mardi 10 juin, h onze
heures du matin, au moyen d'une galerie horizontale de 2 m.
d'élévation ouverte au Sud-Ouest , et avec l'aide de deux
ouvriers, le nommé Pierre-Joseph Lamproye, journalier à
Moxhe, (déjà employé lors des recherches faites dans la tombe
d'Avennes), et son tils, Nicolas Lamproye.
Dès l'après-midi du lendemain 11, la pioche mettait au jour
des fragments d'une patère grossière (n" 10 de la fig. "2, pi. III
bis), fragments engagés dans l'argile presque à hauteur de
notre voûte, et accompagnés d'une côte d'un animal d'assez
forte taille. Peu après les ouvriers nous firent appeler en
annonçant qu'ils venaient de découvrir le caveau. C'était en
effet une sépulture, ou plutôt une réunion d'objets mobiliers
qui venait de s'offrir inopinément à la vue dans la paroi de
droite de notre galerie et à environ 1"'00 au-dessus du niveau
de la campagne voisine.
Avant de passer à un examen détaillé des proportions et de
la situation de ce caveau, nous allons donner une description
sommaire des objets qu'il renfermait.
A. Deux ollas en terre noire commune (voir pi. IV, fig. 7). Nous
ne nous arrêterons pas à ces deux objets, que l'on
rencontre fréquemment dans tous les Musées de l'Europe,
- 40 s —
B. Deux très-petites cruches eu lerre jaune (voir pi. IV, tig. 2j.
Leur exigûité pourrait faire croire que nous avons affaire
à un jouet d'enfant. Les cruches de cette dimension
abondent cependant dans les collections, et le Musée de
Liège, entre autres, en possède déjà plusieurs.
C. Une cruche de la même terre et du même modèle que les
précédentes, mais de plus grandes dimensions (voir pi. IV,
tig. i). La tombe d'Avennes nous avait déjà précédemment
fourni deux cruches de ce modèle, mais d'une taille encore
plus forte (voir le rapport sur cette dernière exploration,
pi. VI, fig. 12). Ces sortes d'objets sont généralement
considérés comme ayant servi à contenir de l'eau ou du vin.
D. Un vase en terre grise très-commune, peu cuite et excessi-
vement friable; la panse est ornée de lignes circulaires en
creux (voir pi. IV, fig. 4).
E. Un autre vase, ne différant guère du précédent qu'en ce
qu'il est un peu moins élevé, mais plus large à la panse ;
celle-ci est garnie de lignes circulaires semblables (voir
pi. IV, fig. 3). La poterie dont il est ici question paraît se
rapprocher de celle dont M. Schuermans a trouvé un
spécimen dans la tombe de Middelwinden (Neerwinden) et
qu'il décrit en ces termes : «poterie grossière à peine cuite,
» poterie s'émiettant dans les doigts, et n'ayant pas du
» tout les caractères de la poterie romaine, mais pouvant
» être tout simplement un vase fait sur les lieux mêmes, et
» accidentellement mêlé à des vases plus recherchés (i).»
F. Deux cruches identiques en terre jaunâtre et munies chacune
d'une double anse. Ces deux objets, brisés en une infinité
de morceaux, dont une bonne partie se trouvait même en
dehors du caveau, n'ont pu, malgré des recherches
poussées à plus de deux mètres de celui-ci, être retrouvés
/ Bullciiti (Ifs iom. roy. d'arl ri ({archéolofjic, IV, p. 392, pi. tll, tig. ii.
— 499 —
en entier; on a pu toutefois en rétablir la forme et les
dimensions (pi. IV, tîg. 6).
G. Deux autres cruches à panse fort large et à goulot évasé
formé de plusieurs lobes successifs qui s'étagent en gra-
dins, auxquels l'anse vient se rattacher (pi. IV,fig. 5). Cette
forme, d'une très-grande élégance et que nous n'avons
rencontrée jusqu'ici dans aucune collection du pays,
pourrait bien être nouvelle.
Remarquons ici cette particularité que presque tous les
vases recueillis avaient été déposés par couple dans le
caveau.
H. Une patère grossière, très-basse de forme et recouverte
d'un vernis d'un rouge jaunâtre (pi. IV, flg. 8). Nous en
avons déjà parlé précédemment en la signalant comme le
premier objet trouvé par les ouvriers, et ainsi que nous
l'avons déjà dit, un peu en dehors du caveau. Elle est
cependant d'une fabrication indubitablement romaine, et
semble avoir une grande analogie avec celle trouvée dans
la tombe Hémava et décrite par M. Schuermans comme
« patère de terre cuite revêtue d'un vernis rouge, mais
» qui est moins adhérent que celui de la poterie
« samienne (i). » C'est du reste un objet que l'on rencontre
très-fréqueinment dans les substruclions romaines, ainsi
que dans les tumulus (2). Notre patère diffère de celles qui
ont été recueillies dans la tombe d'Avennes, en ce que ces
dernières sont de moindre dimension et recouvertes d'un
vernis d'un rouge plus foncé (8).
(* ) Bulletin des com. roij. d'art et d'archéologie , IV, p. 374, noVIl, pi. (, fig. 10.
(') Voir entre autres, Bnlleiin des com. roy. d'art et d'archéologie, IV, p. 388,
pi. II, flg. 26; IV, p. 424, pi. iV, fig. 33 ; VI, p. 2T8, pi. XII, fig. 26, 27, 28;
VI, p. 166, pi. V, fig. 23 à 28, etc.
(') Voir notre rapport sur les fouilles exécutées dans le tumulus d'Avennes
{Bulletin de l'Institut archéoloqique liégeois, tome XII, 2'"" livraison, page 2M,
planche VI, fig. 3).
— 500 —
1. Nous arrivons à l'objet le plus intéressant qui ait été
recueilli : c'est une empreinte laissée sur un morceau de
terre, soit par une étoffe, soit par un fragment de bois
sculpté. Le dessin représente une succession de petits
cercles finement travaillés, disposés entre deux lignes
parallèles et rappelant assez fidèlement les festons d'une
dentelle ; les deux extrémités sont abaissées en angles
obtus, de manière k représenter trois côtés d'un octogone.
Cette dernière disposition, c'est-à-dire l'absence complète
de courbe dans les angles, ne permet pas de voir dans
notre dessin la trace laissée par un bijou, dont on aurait
d'ailleurs retrouvé des vestiges. Dans les angles dont nous
venons de parler on remarque deux croissants dont les
pointes sont relevées et sous chacun d'eux un ornement
qui imite parfaitement des pandeloques de boucles
d'oreilles. Un ornement semblable, mais plus petit, se
retrouve au centre et en dehors de la bordure festonnée
déjà décrite (pi. V, fig. 2). Le dessin entier est marqué par
une poussière grisâtre qui fait saillie sur le fragment de
terre et y adhère assez fortement ; toutefois le tout a été,
■ dans un but de préservation plus complète, passé nu
silicate de soude, puis placé sous verre.
Ce bloc de terre a été recueilli dans le coin ouest du
caveau, contre la paroi nord ; il était placé horizontale-
ment, l'empreinte en dessous et se trouvait séparé du fond
de la sépulture par un vide d'un doigt d'épaisseur, rempli
d'une poussière brunâtre, ce qui nous donne lieu de croire
que l'empreinte en question est plutôt due à une sculpture
sur bois. Est-ce un fragment du couvercle protecteur ?
Nous laissons aux adeptes autorisés de la science le soin
de déterminer la nature et l'origine de ce curieux débris
archéologique, le premier de ce genre que les tumulus
romains de la Belgique aient révélé jusqu'à ce jour.
J. Enfin, mentionnons encore une fibule en bronze, privée de
Bulleliiiderinst.arclléol.liéacois.Tome XII .
riaiiche.IVljfs.
Yii 3
FiS.4
Rc'dacdcn lu /s ii la grandeur ridh
lith.J.Ci'cmclli à LitMte.
E.-Jamar arch.
Jkllrlm (k' riiustarcIu'ol.Lieqeois Tome XII.
ri miche Y'.jis.
Jl Jaiuai' .-utIi.
— 501 ~
son ardillon. Elle est fortement oxydée, ce qui ne permet
pas facilement d'en juger le travail et la forme (pi. V,
fig. 1) (i). Cette fibule ne fesait point partie du mobilier
funéraire : elle a été trouvée dans les terres au nord-est et
à près de deux mètres des autres objets (et au niveau du
sol de la galerie) lors des recherches poursuivies pour
déterminer la paroi nord-est du caveau. Revenons à ce
dernier.
Nous avons déjà dit qu'au lieu d'être creusée dans le sous-sol
comme les autres caveaux explorés par nous, la sépulture de
l'Empereur se trouvait établie, à un mètre d'élévation, dans les
terres rapportées du tumulus, c'est-à-dire que les objets que
nous venons de décrire n'avaient été confiés à la terre que
lorsqu'une partie de la tombe était déjà édifiée ; simplement
déposés sur le sol des premières couches, ils avaient été
ensuite recouverts par les dépôts de terres subséquents. Les
parois de notre sépulture, en admettant qu'il y en ait jamais eu,
étaient extrêmement peu visibles; nous pouvons toutefois
assigner à celle-ci une largeur approximative de l'",25. La
partie nord-est semblait totalement dépourvue de mobilier (nous
disons : semblait, car ses limites n'ont pu être retrouvées bien
exactement (voir pi. III bis) ; relativemeîit à sa largeur, plus
facile à déterminer, la longueur de la sépulture pouvait être de
i"\50 à 1"',60. Nous ne l'avons point trouvée remplie, comme
ailleurs, de cette terre meuble et grasse, que M. Schuermans a
également toujours constatée dans ses recherches et qu'il
appelle terre jectisse (2), dénomination qui la décrit parfaite-
ment ; elle était remplacée, tout au contraire, par une argile
ne différant guère, comme qualité et comme dureté, de celle
qui a servi à édifier notre tumulus. Disons encore que ça et là,
entre les divers objets, on pouvait constater des vides plus ou
( •) F.a fig. 1 de la pi. V représente cette fibule de face (a) et de profil (b).
(*) Hiillcii» des coin. roy. rfart et d'archéoloqie, lY. p. 389, etc.
— o02 —
moins verticaux et de près de deux doigts de largeur, vides
laissés évidemment par des planches qui auraient peut-être
servi à séparer les différents vases et à les maintenir debout.
On a déjà pu remarquer dans notre énumération, l'absence
complète de tout débris de bronze, de toute monnaie (accompa-
gnement presque indispensable des sépultures romaines) et
même de tout objet en verre. Quelques rares ossements calcinés,
pour la plupart peu déterminables, épars dans le caveau et
non déposés dans un vase ; cinq ou six clous ou morceaux de
fer fortement oxydés (l'un d'eux encore adhérent à un ossement),
telles sont les seules analogies offertes par notre caveau avec
les sépultures déjà explorées par nous. C'est pourquoi nous
hésitons un peu à lui donner ce dernier nom. Un autre dépôt
funéraire, indépendamment des objets que nous avons décrits,
existe-t-il dans la tombe de l'Empereur? Ce fait n'a par
lui-même rien d'impossible , car l'existence d'un double
mobilier funéraire a déjà été constatée, si nous avons bonne
mémoire, dans une des tombes de Seron (province de Namur)
explorées par M. Del Marmol, membre de la Société archéologique
de Namur. Nous n'avons pas cru devoir porter nos investiga-
tions dans la partie nord du tumulus ; toutefois, une excavation
pratiquée sur notre gauche et de nombreux sondages tentés
pour découvrir, le cas échéant, un second caveau, ne nous ont
donné aucun résultat.
Déjà avant nous le tumulus avait été visité, probablement
(quoique les traditions de l'endroit ne nous aient rien appris à
cet égard) par les fouilleurs des armées françaises. Nous avons
retrouvé en élargissant nos travaux, au fond et à gauche de
notre galerie, un puits vertical qui leur avait servi à pénétrer
à l'intérieur et vers le centre du tumulus ; ce puits, à parois
bien nettes, et d'environ r",50 de diamètre, était rempli de
terre meuble, convertie pour ainsi dire en poussière et semblait
à cause de sa forme rectangulaire et non circulaire, comme à
Avenues et de la perfection de son exécution, avoir été creusé
- SOS -
par les troupes du génie militaire {i). Descendant à p!us d'un
mètre en dessous du niveau du sol, il donnait accès à une
petite galerie latérale de l'",00 de diamètre sur un peu plus de
l^jOO de haut creusée de plein pied avec lui dans l'argile du
sous-sol et passant à quelques centimètres en dessous de la
sépulture. C'est l'élévation tout à fait exceptionnelle de cette
dernière qui l'avait dérobée aux recherches des malencontreux
archéologues, nos devanciers, qui ne se doutaient guère en
être aussi rapprochés (2).
Entre le puits et le caveau nous avons pu signaler la trace
d'un pieu en bois de forme rectangulaire et d'environ 0'",40 de
diamètre, partant du sous-sol pour aboutir au sommet de la
tombe. En agitant le bras ou une perche dans le vide laissé
par cette pièce de bois, vide imitant assez bien une petite
cheminée (3), on en faisait descendre une pluie de petites
boulettes en terre durcie de toutes les dimensions, et rappelant
les mails dont les enfants se servent pour jouer sur nos
trottoirs : nous ne pouvons attribuer la présence de ces petits
corps sphériques qu'il l'infdtration des eaux et au roulement
que celles-ci ont fait subir h la terre. C'est aussi à l'eau,
croyons-nous, qu'est due la nature meuble des terres qui
remplissaient le puits des explorateurs, tandis que celui
rencontré à Avennes ne présentait point cette particularité :
nous avons lieu de croire que le comblement du premier s'est
effectué pendant de fortes pluies.
M. Del Marmol, lors de ses fouilles dans les tumulus de
Champion, avait déjà rencontré la irace du pieu que nous
venons de signaler; il l'appelle pieu-milieu, mais ne semble
pas y avoir attaché une grande importance. Les Romains
(•) Planche lU bis, figure 4, lettre b. Voir dans le Bulletin des corn. roy. d'art
cl d'archéoloqie, la narration des fouilles exécutées par M. Schuermans dans les
tombes de Fresin, Avernas, de , narration oii il est question de puils analogues.
(2) Voir planche III bis, figure 1, lettre c.
i '•) Voir pliinclie III bis, figure i, lettre d.
— 504 —
paraissent en effet avoir souvent marqué le centre de leurs
tumulus par une forte pièce de bois enfoncée verticalement
dans l'argile vierge et placée soit au centre du caveau même,
comme dans la tombe de Saive (Celles), dont il sera question
dans un autre article, soit tout contre la sépulture comme dans
le tumulus qui nous occupe et comme dans celui de Blehen,
où M. l'abbé Kempeneers a pu constater la présence d'un
fragment de bois analogue. Cette précaution a pu être prise par
nos conquérants, ou bien pour éparpiller les terres rapportées
d'une manière uniforme sur toute la surface de ces monuments,
en conservant partout la même épaisseur aux couches succes-
sives; ou bien pour placer le cippe funéraire (qui très-proba-
blement ornait à l'origine toutes les tombes romaines k
sépultures (i) bien exactement au-dessus du caveau renfermant
les cendres du défunt.
M. l'abbé Kempeneers, familiarisé de longue date avec
l'archéologie romaine et germaine, attribue à notre tombe une
origine germanique, et cela en raison de la situation excep-
tionnelle du caveau et de la nature de certains vases qu'il
renfermait ; l'absence de monnaie plaide encore en sa faveur.
Nous nous permettrons toutefois de ne pas partager sa manière
devoir. La proximité de la grande chaussée romaine de Tongres
à Bavay, la distance qui sépare la tombe de l'Empereur de ses
deux voisines, distance qui semble calculée à dessein, mais
surtout son mode de construction absolument identique h celui
des autres tumulus, toutes ces considérations réunies nous
portent à considérer notre tombe comme incontestablement
romaine , et tel est , croyons-nous , également l'avis de
M. Schuermans. Si nous passons à l'examen des objets, nous
ne prétendons point que la trouvaille d'une tibule en bronze,
(') Consulter sur ce sujet un savant article île M. le conseiller Schuermans
intitulé : « les Tumulus de la Delç/ique, » article spécialement destiné à dissiper
les doutes (Jlevés par quelques savants sur l'origine de ces monuments et la véritable
acceplioa du mot tumulus.
— 505 —
quoique d'un dessin rappelant l'art romain, soit une preuve
concluante à l'appui de notre opinion, car il est amplement
démontré aujourd'hui que ce genre d'ornement était très-
répandu parmi les Franks (i). D'un autre côté nous ne pensons
pas qu'on doive s'arrêter au doute que pourrait faire naître la
poterie «grossière, à peine cuite et s'émiettant dans les doigts,»
que M. Kempeneers considère comme absolument germanique;
rappelons, en effet, que presque toutes les villas romaines
déblayées jusqu'aujourd'hui ont fourni de très-nombreux
fragments de cette sorte de poterie. Dans une lettre datée du
29 décembre 1873, postérieure par conséquent à sa trouvaille
de Middelwinde, M. Schuermans émet l'avis que « toute la
» poterie romaine, pas plus que la nôtre, n'était de la poterie
» fine. » Il en résulte que l'on ne doit plus rapporter la poterie
qui fait le sujet de cette coniroverse exclusivement aux popu-
lations germaniques.
La question de savoir à quelle époque le tumulus de Moxhe
aurait été élevé est plus difficile, pour ne pas dire impossible à
résoudre; aucune pièce de monnaie, en effet, ne vient ici à
notre secours ; peut-être serons-nous un jour plus à même de
le faire, lorsque de nouvelles fouilles auront été effectuées sur
les divers points de notre territoire et lorsque nous aurons à
notre disposition des éléments de comparaison plus nombreux.
On sait que généralement on rencontre des substructions de
villas à proximité des tumulus élevés par les Romains et qu'on
a, par suite, conclu avec raison à une relation probable entre
les uns et les autres. Sous ce rapport, la tombe de l'Empereur
fait exception h la règle ; nous ne connaissons point dans le
voisinage du hameau de ce nom, ni sur tout le territoire de la
commune de Moxhe, de terre recelant des vestiges bien authen-
tiques de constructions romaines ; notons cependant qu'en se
; • ) M. l'abbé Cochet (sans parler d'autres ouvrages traitant de cette époque) en
figure en quantité dans son savant travail sur le tombeau de Childcric, ainsi que
dans sa ■< Normandie souterraine. >
oO(i
livrant à des travaux de nivellement le nommé Joseph Nihoul,
cultivateur, demeurant à Moxhe, non loin des rives de la
Méhaigne, a extrait de son jardin (i) des milliers de fragments
de tuiles (tegute et imbrices) et de carreaux de pavement, mais
n'a pu rencontrer un seul morceau de poterie. La circonstance
qu'on n'a recueilli aucune tuile entière nous donne lieu de
croire qu'il n'existait peut-être Ih qu'un four de tuilier et que
les abondants débris mis au jour constituent simplement les
déchets de sa fabrication.
Des débris semblables, mais beaucoup moins nombreux ont
encore été rencontrés sur le territoire de la même commune,
n" 557a, section A du cadastre, près du chemin dit : derrière
la ville. Quelques recherches entreprises par nous ont amené
la découverte d'une espèce d'aire de grange, dont les murs
étaient construits en grossières pierres de silex; nous n'y avons
ramassé que deux ou trois fragments de poterie (dont une en
terre sigillée) et un grain de collier en terre cuite, le tout
déposé dans un sol qui conservait des traces manifestes
d'incendie ; il n'y avait évidemment eu là qu'une très-insigni-
fiante construction (2).
A une demi-lieue environ de notre tombe, par conséquent à
une distance un peu trop grande pour se rattacher à elle, on a
signalé depuis longtemps des vestiges de constructions
romaines dans une terre appartenant à M. J.-B. De Diest d'Avin,
et sise sous Giplet, à droite et près du chemin de grande
communication conduisant d'Avin h Ciplet ; cet endroit porte
le nom signilicatif de : « aux Pierreuses. »
Les fouilles, qui n'ont pas encore pu y avoir lieu, feront à
l'occasion, l'objet d'une notice séparée.
1; Pai'celle 42o n de la secUon B du plan cadastral de la commune de Moxhe.
(*) Nous croyons utilo de mentionner ici que la partie de la campagne de Moxhe
touchant au territoire d'Embresin porte le nom caractéristique de « campagne de
Tombai, » sans que la tradition conserve le souvenir d'une tombe ou d'un cimoHere
qui aurait pu y exister.
— oOT —
Nos meilleurs remercîinents, av;inl de terminer, à notre
nouveau collègue, }L l'arcliitecte Edmond Jamar, qui, avec son
talent habituel, a bien voulu dessiner ces deux planches d'objets
de la présente notice. C'est également à son infatigable
obligeance que nous devons les planches VI et VII de notre
rapport sur les fouilles exécutées dans la tombe d'Avenues.
C" Georges de Looz.
TABLE DES MATIERES
DU Xlle VOLUME.
Pages.
Statuts constitutifs • vi
Tableau des membres , . . . . 4
A. Kempeneers. Exploration des substructions de la villa romaine de
Bertrée xi
i. Weale, g. de Borman et S. Bormans. Nécrologe de l'abbaye de
Munsterbilsen 27
G. LoNAY. Notice sur les fonts baptismaux de l'Eglise de St-Barthélemi à
Liège 61
Ph. de Limbourg. Monographie de l'église St-Alexandre et St-Hermès, à
Theux 71
Inauguration du Musée de l'Institut archéologique Liégeois. . . , . . 465
S. Antiquités Romaines. Plume métallique et encrier du Musée de Liège. . 186
Comte Georges de Looz. Fouilles dans la tombe d'Avenues 496
0. Thimister. Chartes inédites de l'ancienne église collégiale de St-Paul,
aujourd'hui cathédrale de Liège, 1086-12S0 231
S. Deux inscriptions belges, inédites en Belgique ^1^2^«<
J. G. Schoonbroodt. Miscellanées 310
DÉswÉ VAN de Casteele. Rapport sur les archives de quelques communes de
la province de Liège. ..-...., 367
Comte Georges de Looz. Note sur les recherches faites en 1873 dans la
tombe de Middelwinden 384
DÉSIRÉ VAN de Casteele. Coût d'un procès de sorcellerie à Wasseiges, 1591. 394
Alfred Neut. Lettre sur l'assassinat de Sébastien Lamelle 406
S. Bormans. Lettre à MM. les Membres de l'Institut 427
- oIO —
b' WiBEKG. Louis do Geer et la colonie wallonne en Suéde au XVII'' siucle. 43«
J. Helbig. Rapport sur une découverte de monnaie faite au village de
Grand-Axhe, au mois de mars 4876 48S
H. Helbig. A propos du cinquantième anniversaire de la mort de Villenfagne. 489
Comte Georges de Looz. Exploration de la tombe dite de l'Empereur, près
du village de Moxhe 495
PLANCHES.
Planche I. Fouilles de Bertrée 1
» I ''\ Plan figuratif de la villa romaine à Hertréc, avec indication
des fouilles faites dans les environs 4
» II. Fonts baptismaux de St-Barlhélemi à Liège 61
III. Id. Développement des sujets de la cuve 70
» Ill^'i-. Tombe de l'Empereur. — Plan 495
» IV. Exploration de la Tombe d'Avennes. — Plan des travau.t. . 196
» lyh's. Tombe de l'Empereur. — Poteries 500
» V Tombe d'Avennes. — Disposition des objets dans le caveau. !2fl5
» V'i-*. Tombe de l'Empereur. — Empreinte laissée sur un morceau
déterre et fibule en bronze. 500
» VI Id. Poteries. Figures 1 à 14. . . i210
B VU. Id. Fers, bronzes, verres. Fig. i à 2J 212
» VIII. Tombe de Middeiwinden 384
GRAVURES DAMS LE TEXTE.
Figure 1. Plan de l'église de Theux 71
» 2. Plume métallique du Musée de Liège 1S7
V 3. Encrier. Elévation 187
» 4. Dessus de l'encrier. 1X7
» 5 et 6. luscriptioas Roniaines de Theux. 286 et 287.
GETTY CENTER LINRARY ^
3 3125 00672 1134