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Full text of "Bulletin de l'Institut archéologique liégeois"

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THE  J.  PAUL  GETTY  MUSEUM  LIBRARY 


BULLETIN 


DE 


L'INSTITUT  ARCHÉOLOGIOUE 


I.IICG  KlOIi^. 


BULLETIN 


DE 


T    »T 


U 


ISTITOT  ARCHf 


,!)UL 


OU 


LIÉGEOIS. 


TOME  XII. 


LIÈGE 

H.     VA.1  LLAX  T-CAHMANN  E     ET     C", 
Hue  St-Adalbert,  8. 


1874 


4jtlil  4fi:iii4cAiiliM«Mi>ti 


SXAXtJXS     COMSXIXUXII^S. 


— â>C»?^5— 


Art.  I.  —  Une  Société  est  fondée  à  Liège  pour  rechercher, 
rassembler  et  conserver  les  œuvres  d'art  et  les  monuments 
archéologiques,  particulièrement  ceux  de  la  province  et  des 
anciennes  dépendances  du  pays  de  Liège. 

Elle  prend  le  titre  dlnstitut  archéologique  liégeois  et  corres- 
pond avec  les  Sociétés  savantes,  belges  ou  étrangères,  instituées 
dans  des  vues  analogues. 

Art.  II.  —  V Institut  se  compose  : 

1°  De  seize  Membres  effectifs  au  moins  et  de  vingt  au  plus  (i); 
ils  doivent  être  domiciliés  dans  la  province  ; 

2»  D'un  Président  et  d'un  Vice-Président  honoraires,  à  savoir  : 
le  Gouverneur  de  la  province  et  le  Bourgmestre  de  la  ville  de 
Liège  ; 

3"  De  vingt  Membres  honoraires  ; 

4o  De  cinquante  Membres  correspondants  ; 

5"  De  Membres  associés. 

Aht.  III.  —  Les  places  vacantes  pour  le  titre  de  Membre 
effectif,  honoraire  ou  correspondant,  seront  mentionnées  sur  les 
convocations  atin  que  l'on  puisse  procéder  aux  présentations 
de  candidats.  Ces  présentations  devront  être  faites  par  écrit,  et 
signées  par  trois  membres  effectifs.  L'admission,  décidée  par 
bulletins  seci-ets  et  à  la  majorité  absolue  des  suffrages,  aur.'^! 
lieu  dans  la  séance  qui  suivra  celle  où  auront  été  faites  les 

(«)  Par  décision  de  la  Société  (janvier  18b9),  le  nombre  des  membres  efTectifs 
est  porté  à  vingt  quatre. 


VI    — 


présentsitions,  et  dont  elle  devra  être  distante  d'au  moins  huit 
jours. 

La  moitié  au  moins  des  membres  effectifs  existants  devra 
être  présente  pour  pouvoir  procéder  à  l'élection  d'un  membre 
effectif,  et  le  tiers  après  une  seconde  convocation. 

Lorsqu'il  y  aura  lieu  d'augmenter  le  nombre  des  membres 
effectifs,  conformément  au  §  1  de  l'article  II,  il  faudra  une 
délibération  expresse  de  Vlnstitiit  avant  de  pouvoir  procéder  à 
la  présentation  de  candidats. 

Art.  IV.  -  Les  réunions  ordinaires  ont  lieu  mensuellement, 
sauf  pendant  les  mois  d'août,  septembre  et  octobre.  Le  bureau 
fixe  le  jour  et  l'heure  des  séances  (  '  ). 

Les  membres  effectifs  qui,  dans  le  courant  de  l'année,  n'auront 
pas  payé  leur  cotisation,  seront,  après  avertissement,  considérés 
comme  démissionnaires. 

Aucune  résolution  ne  peut  être  prise  si  le  tiers  des  Membres 
effectifs  existants  n'est  présent  à  la  séance. 

Les  Membres  honoraires,  correspondantsou  associés,  peuvent 
assister  aux  séances.  Ils  ont  voix  consultative. 

Toute  discussion  étrangère  au  but  de  YInstitut  est  interdite. 

Les  décisions  sont  prises  à  la  majorité  des  voix.  En  cas  de 
j)arité,  la  proposition  est  rejetée. 

Sur  la  demande  de  trois  Membres,  on  procède  au  scrutin 
secret . 

Art.  V.  —  Le  Buieau  se  compose  du  Président,  du  Vice- 
Président,  du  Secrétaire,  du  Conservateur,  du  Bibliothécaire  et 
du  Trésorier. 

Les  lonctiuns  des  Membres  du  Bureau  sont  annuelles.  Les 
membres  sortants  sont  rééligibles.  L'élection  a  lieu  dans  le 
courant  du  mois  de  février. 

Art.  VI,  Le  Président  veille  à  l'exécution  du  Règlement  ; 
il  dirige  les  travaux  et  les  discussions  des  réunions. 

En  cas  d'absence  du  Président  et  du  Vice-président,  le 
Membre  le  plus  âgé  en  remplit  les  fonctions. 

(')  (i'cil  ;ictui_'llt'[in>iit  11'  iMvmii.T  vemlredi  iJu  mois. 


vil 


Art.  "VII.  —  Le  Secrétaire  tient  les  procès-verbaux  des 
séances,  la  correspondance,  etc. 

Tout  procès-verbal  ou  décision  de  la  Société  est  signé  par  le 
Président  et  par  le  Secrétaire.  Ce  dernier  signe  seul  les  pièces 
qui  n'impliquent  aucune  décision  de  la  Société. 

En  cas  d'empêchement  du  Secrétaire,  ses  fonctions  sont 
remplies  par  un  membre  que  désigne  le  Président. 

Le  Secrétaire  a  la  garde  du  sceau  et  des  archives  de  la 
Société. 

Il  présente  chaque  année,  au  mois  de  janvier,  un  rapport  dé- 
taillé sur  les  travaux  de  ïlnstitut,  sur  les  acquisitions  tailes  et 
sur  les  objets  et  livres  offerts. 

Art.  VIII.  —  Le  Conservateur  a  la  direction  du  Musée 
provincial. 

Il  dresse,  tous  les  ans,  un  inventaire  qui  est  vérifié  et 
approuvé  par  le  Président.  Cet  inventaire  indique  la  provenance 
de  chaque  objet  el  l'époque  de  son  acquisition. 

Pendant  les  trois  mois  de  vacances,  le  conservateur  peut, 
avec  rassentimenl  du  Bureau,  faire  les  acquisitions  qu'il  croira 
utiles. 

Art.  IX.  —  Le  Bibliothécaire  tient  un  catalogue  des  livres 
offerts  à  V Institut  ou  acquis  par  lui. 

Il  rend  compte  chaque  année  des  accroissements  de  la 
bibliothèque. 

Art.  X.  —  Le  Trésorier  est  chargé  des  recettes  et  des 
dépenses. 

Il  n'effectue  de  paiement  que  sur  ordonnance  signée  par  le 
Président  et  par  le  Secrétaire. 

Il  rend  compte  de  sa  gestion  dans  la  séance  du  mois  de  janvier 
de  chaque  année. 

Akt.  XI.  — -  Les  recettes  de  la  Société  se  composent  de  la 
cotisation  annuelle  des  Membres  effectifs  (i)  et  associés,  et  des 
subvent  ions  à  obtenir  de  l'Etat, de  la  Province  et  de  la  Commune. 

(')  Ajoutez  :  corrcspoiidaiils  (voir  la  note  à  la  page  suivante}. 


—    VIII   — 

La  cotisation  annuelle  des  membres  effectifs  et  des  membres 
associés  est  fixée  provisoirement  à  la  somme  de  dix  francs, 
payable  chaque  année  dans  le  courant  du  mois  de  janvier. 

Aht.  XII.  —  Les  objets  réunis  par  la  Société  forment  un 
Musée  qui  est  la  propriété  de  la  Province. 

Les  moindres  dons  sont  reçus  avec  reconnaissance.  Le  nom 
du  donateur  est  inscrit  sur  l'objet  offert  et  dans  un  registre 
ouvert  à  cet  eftet. 

Les  objets  qui  se  trouvent  en  double  au  Musée  ne  pourront 
être  échangés  qu'après  une  délibération  expresse  de  Vlnstitut  et 
du  consentement  des  donateurs.  (Cet  article  ne  s'applique  pas 
aux  monnaies  et  aux  livres.) 

Tout  objet,  même  en  double,  auquel  se  rattache  un  souvenir 
personnel,  ne  pourra  être  échangé. 

La  proposition  d'échange  devra  être  portée  à  l'ordre  du  jour 
un  mois  avant  la  délibération,  afin  que  les  Membres  puissent 
prendre  connaissance  des  objets. 

Tous  les  Membres  sont  invités  à  faire  hommage  de  leurs  pu- 
blications à  la  Société. 

Art.  XIII.  —  \J Institut  publie  un  recueil  intitulé  Bulletin  de 
Vlnstitut  archéologique  liégeois. 

Une  commission  spéciale,  composée  de  trois  membres,  élus 
à  l'époque  du  renouvellement  du  bureau,  est  chargée  de  tout 
ce  qui  a  rapport  à  la  publication  du  Bulletin. 

Le  Bulletin  est  distribué  à  toutes  les  catégories  de  membres 
de  l'Institut  (i),  aux  institutions  publiques  qui  l'encouragent  et 
aux  compagnies  savantes  avec  lesquelles  17?j6///w^  entretient  des 
relations. 

Lesauteui's  des  articles  publiés  ont  droit  à  vingt-cinq  tirés  à 
part,  qui  dcviont  porter  sur  le  titre  cette  mention  :  Extrait  du 
Bulletin  de  rinstitut  archéologique  liégeois.  Ils  sont  du  reste 
autorisés  à  faire  tirer  à  leurs  frais  un  nombre  indéterminé 
d'exemplaires. 

(')  Dans  la  ,*.éaiict!  du  i  juillel  187o,  la  Sociélti  a  décide  i|iie  le.s  Membres  corres- 
pundanls  (jui  désirent  continuer  à  recevoir  le  BuUciin  siTaieiU  at^treiiits  à  une 
r.olisatioii  lie  ï>  l'r.  par  an. 


—  I\  — 


Les  tirés  à  part  ne  peuvent  être  distribués  qu'à  dater  du  jour 
de  la  mise  en  vente  de  la  livraison  du  Bulletin  d'où  ils  sont  ex- 
traits. 

Art.  XIV.  --  Le  présent  règlement  ne  pourra  être  changé 
que  sur  la  proposition  écrite  de  cinq  membres  effectifs  ;  toute 
modification  devni  obtenir  l'assentimeni  des  deux  tiers  au  moins 
des  membres  effectifs  existants. 

Après  révision  des  dispositions  organiques  des  12  avril  1850,  18 
janvier  1852  et  17  janvier  1857,  les  présents  Statuts  ont  été  adoptés 
par  rinstitut  archéologique  réuni  en  assemblée  générale ,  à  Liège, 
te  20  décembre  1867. 

Pour  copie  conforme  : 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

A.  DEJARDIN.  Ch.  GRANDGAGNAGE. 


TABLEAU 


DES 


Membres  de  Flnstltn!  arctéoloiliine  liégeois. 


Préaident   honoraire. 

Le  Gouverneur  de  la  province  de  Liège, 

DE  LUESEMANS  (Charles),  O.  ®,  ancien  membre  de  la  Chambre 
des  représentants,  ancien  bourgmestre  de  Louvain,  etc. 

Vice-I»ré«ldent  honoraire. 

Le  Bourgmestre  de  Liège, 
PIERCOT  (Ferdinand),  C.  ^,  ancien  ministre  de  l'intérieur,  etc. 

BUREAU  DE  LA  SOClÉTfi  POUR  -1873. 
Président    d'honneur    à    vie 

(23  octobre  \SQ^) , 
A.  d'OTREPPE  de  BOUVETTE. 


Président,  Ch.  GRANDGAGNAGE. 
Vice-Président,  baron  E.  de  SÉLYS-LONGCHAMPS. 
Secrétaire,  A.  DEJARDIIS'. 
Conservateur-Trésorier,  J.  ALEXANDRE. 
Bibliothécaire,  L.  FABRY-ROSSIUS. 
Secrétaire-adjoint,  Fr.  ANGENOï. 

Signes  employé»  pour  les  fiëcoratioiis  :  §'.,  Ordre  de  Léopold  ;  »ï<.  Croix  de  fer; 
)§<,  Croix  commémorative  ;  0.  C,  Décoration  civique;  G.  C,  Grand'Croix  ou 
Grand  Cordon  ;  G.  0.,  Grand  Officier  ;  C,  ('.ODinoandeur;  0.,  Oflficitr. 


—    XII 

lUembre»  elTectif» 

DEPUIS    LA    FONDATION'    DE    l'iNSTITUT. 

Date  (le  l'admission. 

4  avril  1850.  1 .  d'OTREPPE de  BOUVETTE  (Albert). 
0.  :§(,  conseiller  honoraire  à  la  Cour 
de  Liège  et  du  Conseil  des  mines,  se- 
crétaire général  honoraire  de  la  Soci^f?' 
(rEmulation  de  Liège,  correspondant 
de  la  Commission  roi/ale  des  monu- 
ments, etc. 
»        Davreux  (Charles).  Dec.  le  11  av.  1863. 

»        Delsaux  (Charle.s).  Dém,  nom.  memb. 

cor.  le  5  janv.1859. 
Dém.  le 

»        2.  GRANDGAGNAGE (Joseph),  G.O.^, 

premier  président  honoraire  delà  Cour 

d'appel,  membre  de  YAcadémie  royale 

de  Belgique,  etc. 
»        PoLAiN  (L.).  Dém.lel8janv.l862. 

)»        3.  de  SÉLYS-LONGCHAMPS  (Edmond, 

baron),  sénateur,  membre  de  VAcad. 

ro;iale  de  Belgique,  de  la  Société  roy. 

des  sciences  de  Liège,  etc. 

»        Capitaine  (Ulysse).  Deni.le21janv.1862. 

Réélu  le 2  mars  1866. 
Dec.  Ie51  mars  1871. 

»        BoRGNET  (Adolphe).  Dém.  le  6  déc.  1858. 

n.  membre  corresp. 

»        4.  BORMANS  (J.-H.),  0.  igt,  professeur 

ordinaire   à  TUniversilé   de    Liège  , 

membre  de  YAcad.  roij.  de   BcUjiqm' 

et  de  la  Commission  ro;;.  d^liixf.,  etc. 

»        Capitaine  (l'ÉLiX).  Dém.le7avrill869, 

n.  membre  honor. 

»        Delahave (A.-J.)  Id.  le  11  mai  1855, 

n.  membre  corresp. 

»        Dlvivier-df.-Streei,  (Charles).  Déc.  le  l*''fév.l865. 


—    XIII    — 
Date  de  l'admission. 

4aYriM850.  5.  FABRY-ROSSIUS  (Lons).  agrégé 
à  l'Université  de  Liège,  correspondant 
de  la  Société  française  pour  la  conser- 
vation des  monuments  historiques,  etc. 
»  6.  GRANDGAGNAGE  (Charles;,  *, 
sénateur,ancien  membre  de  la  Chambre 
des  représentants,  président  de  la  Soc. 
liéfieoise  de  littérature  wallonne,  mem- 
bre de  la  Société  de  Berlin  pour  la 
langue  et  les  antiquités,  etc. 
»        Henalx  (Ferdinand).  Dém.leonov.  1865. 

»        DE  Ci.ossET  (Léoni.  Id,  le  24  fév.  1852, 

n.  membre  corresp. 

20mai1852.  Van  den  Steen de  Jehay  (Xavier, comte).  Id.  le  5  déc.  1858, 

n.  membre  corresp. 

Ilmail855.  Hagemans(G.).  Id.  le      avril  1857, 

n.  membre  corresp. 

15  av.  1857.  7.  THIER  (Charles  de),  conseiller  à  ia  Dém.Ieônov.  18.59, 

Coui'  d'appel.  n.  membre  corresp. 

le  18  dito.  Réélu  le 
5  décembre  187.^). 

.5janv.  18.59.  8.  LE  ROY  (Alphonse).  )§,  professeur  Id.  Ie21  janv.1862. 
ordinaire  à  l'Université  et  à  lEcole  Réélu  le  5  février 
normale  des  Humanités,  membre  de  1868. 
VAcad.  royale  de  Belgique. 
3févr.  1859.  9.HELBIG  (Jules),  artiste-peintre, cor-  fd.  le  17  mai  1862. 
respondantdelaCowjmmJon  royale  des  Réélu  lelodécemb. 
monuments,  etc.  1867. 

»        HocK  (Félix).  Déc.  le  5  mai  1867. 

18nov.l859.  Bormans  (Stanislas).  Dém.  le  7  fév,1875, 

n.  membre  honor. 
Cmarsl8G2.  Cralle  (Aristide).  Id.  le24nov.  1865. 

»        10.  ALEXANDRE  (Joseph),  docteur  en 

médecine. 
0         11.    DOGNÉE    (EUGÈNE-M.-O.).    @, 
avocat,    président  de  la  Sociale  de 
rUnion  des  Artistes,  etc. 
5  juin  1862.  Theux  (chev.  X.  de).  Dém. le 7 mars  1867, 

n.  membre  corresp. 


-     XIV  — 
Date  de  l'admission. 

23av.  1865.  Umé  (Godefroid).  Déc.le 22 mars  1875. 

7janv.l864.  Houbotte  (J.-T.-G.).  Dec.  le  5  avril  1867. 

25nov.l865. 12.    SCHOONBROODT    (4.-(i.),   ®, 

avocat,  conservateur  des  Archives  de 

l'Etal,  etc. 
15juinl867.  Devroye  (T.-J.).  Dec.  Ie29juil.  1875. 

15déc.l867. 15.MAYNZ(C.),  ^,  prolesseur  ordinaire 

à  l'Université. 
))        14.   HENROTTE  (Nicolas),  chanoine 

honoraire  de  la  Cathédrale,  aumônier 

de  l'Hôpital  civil. 
12nov.1868.  15.  DEJARDIN  (Adolphe),  capitaine  du 

génie  pensionné,  membre  de  plusieurs 

Sociétés  savantes. 

14janv.l869.MEVERs  (Mathieu- Bernard).  Dém.le6janv.1871, 

n. membre  honor. 

1"  av.  1870.  16.  ANGENOT  (Félixj,  chef  de  division 
au  Gouvernement  provincial. 
»        17.  NOPPIUS  (Lambert),  architecte  de 
la  province. 

5  juin  1870.  18.  DEJARDIN  (Joseph),  notaire,  vice- 
président  de  la  Société  liégeoise  de 
littérature  wallonne. 

I"juil.l870.  19.  HELBIG  (Henri),  .secrétaire  de  la 
Société  de  rEspérance,  bibliophile. 
»        20.  POSWICK  (Eugène),   homme  de 
lettres. 

5janv.1872.  21.  DEWALQUE  (Gustave),  >}$,  profes. 
ordinaire  à  l'Université,  membre  de 
YAcad.  roy.  de  Belgique. 

23avr.l872.  22.  GOER  de  HERVE  (baron  de),  pro 
priétaire. 

l  juil.  1875.  25.  VAN  de  CASTEELE  (Désiré),  conser- 
vateur-adjoint des  Archives  de  l'Etat. 
»        24.  LOOZ-CORSVVAREM  {(•}'  Georges 
de),  membre  de  [tJusieurs  sociétés  sa- 
vantes. 


—   XV   — 

M«uil>rea  honoraires 

DEPUIS    LK   FONDATION    DE    l'INSTITUT. 

Dal«  de  l'admissioD. 

3iinail850.  Fontaine  (G.-F.-J.  baron  de  la).  Dec.  le  1874. 

»        QuETELET(L.-A.-J.).  Déc.lel7févr.l873. 

«  1.  ROULEZ  (J.-E.-G.),  0.  ^,  proies, 
d'archéologie  à  l'Université  de  Gand, 
membre  de  V Académie  royale  de  Bel- 
ifiqut  et  de  ÏInstitut  de  France,  etc. 
à  Gand. 
n        ScHAYES(A.-G.-B.).  Dec.  leSjanv.  1859. 

4marsl851.  :2.  LECLERGQ   (M.-N.-J.).    G.    C.  ^, 

procureur  général  honoraire  près  de 

la  Cour  de  cassation ,  ancien  ministre 

de  la  justice,  ancien  membre  du  Con- 
grès national  et  de  la  Chambre  des 

représentants,  etc.  à  Bruxelles. 
»        Gerlache  (baron  E.-C.  de).  Dec.  le  10  fév.  1871. 

24fév.  1852.  DE  Ram  (P.-F.-X.).  Dec.  le  14mail86S. 

Iljuinl852.  5.  de  WITTE  (baron  J.),  ^, membre  de 

ÏAcad.  roy.  de  Belgique  et  de  l'Institut 

de  France,  de  VAcad.  roy.  de  Berlin, 

président  de  Y  Académie  d'archéologie 

de  Belgique,  etc.  à  Anvers. 
16juil.l852.  4.  PITRA  (J.-B.),  (ardinal,  à  l'abbaye  de 

Solesmes  (département  de  la  Sarthe). 
10juinl855.  Caumont  (A.  de).  Dec.  le  17avr.  1873. 

»        Raoul-Rochette 
»        5.  PARIS  (Paulin ),  ^,  professeur  au 

Collège  de  France,  membre  de  V Institut 

de  France,  etc.  à  Paris. 
»        6.  LE  CLERCQ  (V.),  C.  *,  doyen  de  la 

Faculté  des  lettres  de  Paris,  membre 

de  ïinstitut  de  France,  etc.  a  Paris. 


—     XVI      — 
Dat«  de  l'admission. 
i6juil.l855.  7.  ROGIER  (Charles).  G.C.  ®, ancien 

ministre  des  affaires  étrangères,  ancien 

membre  du  Gouvernement  provisoire, 

du  Congrès  national,  etc., [membre  de 

la  Chambre  des  représentants,  à  Bru- 

xeUes. 
»        Stassart  (baron  G.-J.-A.  de).  Dec.  le  40  oct.  1854. 

25nov.l8o5.  Beaufort  (comte  A.-L.-L.  de).  Dec.  Ie29juil.  1858. 

Mai  1857.  8.  DE  DECKER   (P.),  C.  :g[,  ancien 

ministre  de  l'intérieur,  membre  de  la 

Chambre  des  représentants,  del'Ac^f- 

démie    royale    de    Belgique  .    etc.    à 

Bruxelles. 
5juil.i857.  Mercy-Argenteau  (F.-J.-C.  comte  de).   Dec.  Ie25janv.  4869. 
»        Warnkœnig  (L.-A.).  Id.  le  49  août  4866. 

5juil.  4860.  Boucher  DE  Perthes  (J.).  Id.  le      juil.  1868. 

lOoct.4860.  9.  GACHARD  (L.-P.),  C.  @,  archiviste 

général    du    royaume  ,    membre  de 

ï Académie  royale  de  Belgique,  de  la 

Commission  royale  d'histoire,  du  Con- 
seil hé,raldique,  etc.  à  Bruxelles. 
28  oct. 4861.   10.  RAIKEM  (J.),  (,'.  C.  g|c,  procureur 

général  honoraire  près  de   la  Cour 

d'appel,  ancien  membre  du  Congrès 

national,  ancien  ministre  de  la  justice, 

etc.  à  Liège. 
6  mars  1862.  U.  Van  den  PEEREBOOM  (Alphonse), 

G.  0.  ®,  ancien  ministre  de  l'inté- 
rieur, membre  de   la  Chambre  des 

représentants,  président  de  la  Société 

archéologique  d'Ypres  et  de  Vancienne 

West-Flandre,  etc.  à  Ypres. 
Sfévr.  1863.   12.  CHALON  iRenieh),  0.^,  membre 

de  YAcadémie  royale  de  Belgique,  pré- 
sident de  ]»  Société  royale  de  numisma- 
tique c\  de  la  Société  des  Bibliophiles 

de  Mons.  etc.  à  Bruxelles. 


—  xvn  — 

Date  de  l'admission. 

5 févr.  1863.  Hoffman  (F.-L.).  Dec.  le  21  juin  1874 . 

7  mai  1863.  Troyon  (Frédéric). 

12déc.l868.  13.  LLMBOURG  (Philippe  de),  pro- 
priétaire, à  Theux. 

7  mai  1869.  14.  CAPITAINE  (Félix),  0.  .^,  ancien 
président  de  la  Cliambre  et  du  Tribunal 
de  commerce,  ancien  membre  du  Con- 
seil provincial,  etc.  à  Liège. 

3févr.l871.  15.  MEYERS  (Mathieu-Bernard),  0.  ^, 
général-major  du  génie,  vice-président 
de  la  Société  royale  de  mmismaiique  , 
membre  de  la  Commission  directrice 
du  Musée  royal  d'antiquités  et  d'ar- 
mures, etc.  à  Anvers. 

7  mars  1875.  16.  BORMANS  (Stanislas),  secrétaire 
honoraire,  conservateur  des  Archives 
de  l'Etat,  membre  de  la  Commission 
royale  d'histoire,  etc.  à  Namur. 


xvia 


Membres  corre»pondants 

DEPUIS     LA     FONDATION      DE     l'iNSTITLT. 

Date  de  l'admission. 

31mail8o0.  1.  MULLER  (Cl.^   ®,  membre  de  la 
Chambre  des  représentants,  ancien 
membre  de  la  Députaiion  permanente 
du  Conseil  provincial,  etc.  à  Liège, 
»        Perreau  (A.).  Dec.  le  7  déc.  4868. 

»        2.  PRTIT  DE  ROSEN  (J.),  membre  de  la 
Chambre  des  représentants,  à  Grune. 
28juini8o0.  Franquinet  (G.-D.).  Déc, le 

26juil.l850.  3.  RÉMONT  (J.-E.; ,  '^  ,  professeur 
d'architecture  et  de  construction  à 
rAcadéraie  des  beaux-arts,  membre  de 
la  Commission  royale  des  monumenis, 
à  Liège. 
imarslSol.  Comhaire  de  Sprimont  (Ch.).  Déc. le  6  marsl861. 

»        DE  Reume  (A.).  Id.  le  2  juillet  18C5. 

»        4.  VISSCHERS  (A.),  0.  î^,  membre  du 
Conseil  des  mines  et  de  la  Commission 
directrice   des  Annales  des    travaux 
publics  de  Belgique,  à  Bruxelles. 
»        DE  Thier  (Aristidk).  Déc.  le 

»        Materne  (J.-F.-C  ).  Déc.  le  15 avr.  4860. 

»        5,  CRASSIER  (L.-D.-J.  baron  de),  0. 
@c ,  premier  président  de   la  Cour 
de   cassation  ,    membre  du    Conseil 
héraldique,  etc.  à  Bruxelles. 
20déc.l851.  Delvaux  (H.-J.-R.).  Déc.  le  22  av.  1858. 

»        Mottin(P.-B.).  Id.le  50  juillet  1859. 

24fév.  1852.  Namur  (A.).  Id.  le  31  mars  1869. 

20juiii  1852.  de  Lebidart  de  Thumaide  (chevalier).      Dém.  le  18  avr. 1864. 
»        Ci-ossET  (Léon  de).  Déc.  le  51  août  1866, 

16juil.l852.  6.  HAGhMANS  (G.),  membre  de  la  N.  membre  effectif. 
Chambre  des  représentants,membre  de  Réélu  le  15  avril 
plusieurs  Soc.  savantes,  à  Bruxelles.   1857. 


—  XIX  — 

Date  de  l'admission. 

16juil.l853.  BoRGNET  (J.).  Dec.  le22oct.  1872. 

»        Baron  (A.-A.).  Id.  1  ?  24  mars  1862. 

»        Carton  (C.-L.).  Id.  le  8  mars  1863. 

»        Chalon  (R.).  N.    membre  honor. 

»        Dewandre  (H.).  Dec.  le  30  sep.1862. 

»        DEL  Marmol  (  ).  Id.  le 

»        d'Héricourt  (comte  Achmet).  Id.  le 

»        7.  DESNOYERS  (J.),  bibliothécaire  du 

Muséum  d'histoire  naturelle,  secrétaire 

de  la  Société  de  Vhistoire  de  France,  etc. 

à  Paris. 
»        8.  NOUE  (Arsène  de),  docteur  en  droit, 

membre  de  plusieurs  Soc.  savantes, 

etc.  à  Malmedy. 

»  Renesse-Breidbach  (comte  L.-J.  DE).  Dec. Ie28 mars  1863. 
»        RoBiANo  (comte  M.  DE).  Id.  le  17  déc.  1869. 

»        DiNAux  (Arthur).  Id.  le  13  mai  1864. 

»        Gachard  (L.-P.).  N.   membre  honor. 

»        9.   FIESS  (J.),  ^,   bibliothécaire  de 

l'Université,  ancien  échevin,  etc.   à 

Liège. 

»        Kersten  (Pierre).  Déc.  leojanv.  1865. 

»        Le  Roy  (A.).  N.  membre  effectif. 

»        Lavalleye  (E.).  Déc.lel8sept.l869. 

»        VAN  HiLST  (F.).  Id.  le  1872. 

»        10.  VAN  DER  STRATEN-PONTHOZ  (comte 

F,),  vice-président  de  la  Société  ar- 
chéologique de  la  Moselle,  membre  de 

plusieurs  Sociétés  savantes,  à  Metz. 
))        11.  WURTH-PAQUET  (F.-X.),  ancien 

minisire  de  la  justice,  président  de  la 

Cour  supérieure  de  justice,  membre 

de   plusieurs    Sociétés    savantes ,    à 

Luxembourg. 
»        Saint-Genois  (baron  Jules  de).  Dec.  le  lOsept.  1867. 


—   XX    — 

Dat«  de  l'admission. 

16juil.l855.  12.  WÂKZÉE  (A.),  chef  de  division  au 

ministère  des  travaux  publics,  membre 

de  plusieurs  Sociétés  savantes,  etc.  à 

Bruxelles. 

25nov.l855.  Likert  (Marie-Anne).  Dec.  Iel3janv.l865. 

28mars  1854. 15.  NEYEN  (Aug.),  docteur  en  médecine, 

inspecteur  de  l'instruction  publique 

au  Grand-Duché   de    Luxembourg  , 

membre  de  Ylnstitul  de  France  et  de 

plusieurs  Sociétés  savantes,  à  Wilti 

(Luxembourg). 
31janv.l8oo.l4.  COSTER   (L.  de),  directeur  de   la 

Revue  de  la  numismatique  de  Belgique, 

membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes, 

à  Bruxelles. 
31janv.i855.1o.  KAUSLER  (E.-H.\  archiviste  géné- 
ral du  royaume  de  Wurtemberg,  à 

Stuttgard. 
41  mai  1855,  16.  DELAHAYE  (A.-J.),  0.  ^,  ancien 

ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaus- 
sées, à  Naniur. 
7  dëc.  1855.  17.  LOUMYER  (N.),  ^,  chef  de  division 

honoraire  au  ministère  des  aflfaires 

étrangères,  à  Bruxelles. 
16déc.  1856.  Cralle (Aristide).  N.  membre  effectif. 

»        Thier  (Charles  de).  Id 

17janv.lo57.MÉCE  (Al.  du).  Dec.  le 

»        18.   DIEGERICK  (J.),   ^,   archiviste, 

membre  de  plusieurs  Soc.  savantes,  à 

Bruges. 
5  juil.  1857.  Bailleux  (Alphonse;.  Péc.  Ie24  janv.1866. 

27janv.l858.  19.  BUSSCHER  (E.  de),  ®,  membre  de 

V Académie  royale  de  Belgique,   de  la 

Commission  roifalc  des  monuments,  etc. 

k Gand. 


—   XXI    — 

Date  de  l'admission. 

27janv.l8o8. 20.  DEVILLERS(LÉopoLD),conservateur 
des  Archives  de  l'Etat,  membre  de 
plusieurs  Sociétés  savantes,  à  Mons. 

3janv.l859.  21.  BORGNET  (Adolphe),  0.  ^,  pro- 
fesseur ordin.  à  l'Université,  membre 
de  la  Comuiission  royale  rrhisloire  , 
etc.  à  Liège. 
»  22.  Van  den  STEEJN  de  JEHAY  (X.  comte), 
membre  de  plusieurs  Soc.  savantes,  à 
Bassiunes,  par  Havelange  (Namur). 
»        Helbig  (Jules).  Nommé  raemb.  eflf. 

»        HocK  (Félix).  Id. 

5nov.  1859.  Bormans  (Stanislas).  Id. 

Sjuil.  1860.  Dejakdin  (Adolphe).  id. 

15oct.l860.  25.  NAUTET  (G.),  imprimeur-libraire, 
à  Vervien. 

9  mai  1862.  2i.  RENIER  (Joseph),  peintre  d'histoire, 
professeur  à  l'École  industrielle  ,  à 
Verviers. 

ôjuil.  1862.  Challe  (  ).  Déra.  le 

2ocl.  1862.  25.  œRBESIER(N.),  ancien  vérificateur 
de  l'enregistrement  et  des  domaines, 
à  Liéçie. 

12janv.l865.ScH00NBR00DT  (J.-G.j.  Nomme  menib.  eff. 

25avr.l863.  Limbourg  (Philippe  de).  N.  membre  honor. 

!6nov.l865.  26.  BORMAN  de  SCHALKHOVEN  (che- 
valier Camille  de),  conseiller  provin- 
cial ,  membre  correspondant  de  la 
(lommmion  royale  des  monuments,  à 
Schalkhoven. 

1  avr.  1864.  27.  GROTEFEND  (C.-L.;.  archiviste  de 
l'Etal,  a  Hanovre. 
»        28.   ZOPFL  (H.),  professeur  de  droit  à 
l'Université,  conseiller  du  Grand-Dur 
de  Bade,  à  Heidelberg. 


—    XXI!    — 

Date  de  l'admission. 

Helbig  (Henri).  Nommé  memb.  efif. 

20 mai  1865.  29.   KEMPENEERS  (A.),  docteur  en 
droit  canon,  à  Montenaeken. 
»        30.  DELHÂSSE  (F.),  homme  de  lettres, 
à  Bruxelles. 

7raarsl867.  31.  THEUX  (cheval.  X.  de), docteur  en 
droit  ,   président  de  la   Société  des 
Bibliophiles  belges,  à  Bruxelles. 
»        O'Kelly.  Dec.  le 

13marsl868.DE  Ville-Thiry  (E.).  Dém.  le 

12nov.l868.  Meyeus(M.-B.).  Nommé  memb.  efif. 

1  mars  1869.  Looz  (comte  Georges  de).  Id. 

3déc.  1869.  Poswick  (E.).  Id. 

))        32.  BODY  (Albin),  homme  de  lettres,  à 

Spa. 
f)        33.  LOBET  (J.),  homme  de  lettres,  à 
Auxeire. 

4  fév.  1870.  Dejardin  (Joseph).  Id. 

1  juil.  1870.  54.  BLONDEN  (Guill.vume),  ingénieur- 
directeur  des  travaux  de  la  ville,  à  Liéqc 

3marsl871.  53.  MATHIEU  (J.),  instituteur,  à  O/we. 

7avr.  1871.  56.  HAHN  (Al.),  greffier  à  la  justice  de 
paix,  à  Liizarches  (France). 

7  juil.  1871.  37.  SCHOOFS(L.-H.),  curé,  à  Tilleur. 

2févr.l872.  38.  LEFÈVRE  (J.),  instituteur  commu- 
nal, à  Landen. 

8nov.  1872.  39.  BOSARD  (N.-.I.),  curé,  kJupillc. 

4  juil.  1875.  40.  PINSARD  (H.-J.),  ingénieur  en  chef 
directeur  des  ponts  et  chaussées  dans 
la  province  de  FJége. 


—  xxm  — 

Membres  associé» 

DEPUIS   LA   FONDATION    DE   L'iNSTITUT. 

Date  de  l'admission. 

8  mai  1857.  Corbesier  (N.).  Nommé  memb.  cor. 

))  Bor.MAN  DE  SCHALKHOVEN  (chCV.  C  DE).  Id. 

»        Thys  (Ch  ).  Dém.  Ie7  avr.  1865. 

»        1.  DELEXHY  (M.-J.-B.),  ancien  con- 
seiller provincial,  à  Grâce. 
5févr.l86o.  2.   LA  ROUSSELIÈRE  (baron  Gaston 
de),  propriétaire,  à  Liège. 
)>        Whetthnall  (baron  Ed.).  Dém.  le 

1)        Bol'nam  de  Ryckholt    baron  Phil.  de).  Dém.  le  1873. 

»        Malécot  (Léon).  Dec.  le  1866. 

23  av.  1863.  5.  MARTI AL!(Epiphaise),  avocat, à  Lie'âfe. 
5  juin  1865.  Xhoffray  (J.).  Dém.  le 

»        -i.  BURY  (Auguste),  avocat,  à  Liège. 
»        Brixhe  (L.).  Dém.  le!  déc.1865. 

24oct.l862.  Caumartin  (L.).  îd.  le 

»        Debrun  (G.-L.-E.).  Dec.  le 

»        5.  DEJARDIN  (Louis),  docteur  eh  méd., 

à  Liège. 
»        6.   DOREYE  (L.-A.-J.),  0.  ®,  premier 
président  honoraire  de  la  Cour  d'appel, 
à  Liège. 
»        Dumont  (B.-A.).  Dec.  le 

)>        7.  FAUSSE  (L.),  industriel,  consul  de 

Russie,  à  Liège. 
»        Forgeur  (baron  Joseph).  Dec.  le  17  fév.1872. 

)>        Frankinet  (T.).  Dec.  le 

n        Gloesener  (Math.j.  Dém.  le 

»        Goer  de  Hervé  (baron  de).  Nommé  raemb.  elf. 

»        Grisar  (Phii.ippe).  Dec.  le 

»        8.  HEMRICOIJRÏ  de  GRUNNE  (comte 
Arthur  de),  conseiller  prov.,  àBrux. 
2-loct.l862.  9.  LOOZ-CORSWAREM  ^  comte  Hipp. 
de),  sénateur,  à  Liège. 


—  XXIV   — 

Date  de  l'admission. 

24oct.  1862.  Macar  (baron  Ferd.  de),  Déc.le24  mars  1866. 

»        d'Otreppe  (Frédéric).  Dec.  le 

Hnov.1862.10.  RH.HARD-LAMARCHE  fH.)  ,  ^, 
propriétaire,  à  Liège. 
»        Rossius-Orban  (C.  de).  Dec.  le 

»        Senzeille  (baron  Ernest  de).  Id.  le  1866. 

»        Smets(Th.).  Id.  le  4  sept.  1866. 

»        Dewandre  (Ferd.).  Déra.  le  1866. 

»        11.    VVAUTERS-CLOES    (Hyacinthe), 

propriétaire,  à  Liège. 
»        Stassin  (Albert).  Déra.  le  1864. 

»        d'Otreppe  (Adolphe).  Id.  le  17  mars  1869. 

Hnov.1862.  12.  THIMISTER  (Olivier),  chanoine 
honoraire  de  la  cathédrale,  à  Liège. 
»        NoppiLS  (L.).  Nommé  membre  ef. 

»        Fick-Simon.  Dém.le  janv.1871. 

29déc.l864.  Angenot  (Félix).  Nommé  membre  ef. 

»        De  Tombay  (,Fr.- Joseph).  Dém.le 

7marsl867.  Hennebert  (A.).  Dém.le 

15marsl868.  15.   LEQUARRÉ   (N.),    professeur  à 

TAthénée,  à  Liège. 
7  mai  1869.  Dallemagne.  Déni,  le 

1869.   14.  DUBOIS  (N.),  vicaire,  à  S'-Jean,  à 
Liège. 
))     15.  GRÉGOIRE  (M.i,   secrétaire  com- 
munal, à  Wnndre. 
»     16.  HOCK  (Auguste),  propriétaire,   à 

Liège. 
*    Lyon  (Cl.).  Nommé  inemb,  cor. 

Ie2fév.l872.  Dém. 
le8nov.l872. 
»     17.  COUCLET-MOUTON  iFr.),  négo- 
ciant, à  Liège. 
»     18.  STELNBACH  (J.),  fabricant,  à  Ma/- 

medy. 
))     19.  THYS  (Edouard),  abbé,  à  Liège. 


—  XXV      - 
Date  de  l'admisâiun. 
7janvJ870.  20.  COLLETTE  (P.-J.),  propriétaire,  à 

Juslenville  [Tlieux). 

»  2i.  MAGNÉE  (Gusta\'e),  receveur  des 
contributions,  à  Iheux. 

»  22.  MALHERBE  (Edouard),  ^,  fabri- 
cant d'armes,  à  LUge. 

^        2.3.  PiROTTE  (A.),  cntrepreneur,à  Liège. 

1871.  24.  VORST-GUDENAU  (baron  Ernest 

de),  à  Zladlowilz  (Moravie) . 
»     25.    DIGNEFFE   (Léonce),    rentier,   à 
Liège. 

1872.  26.  GERNAY;Glstav£),  notaire,  à  Spa. 
51déc.l875.  27.  FRÉSART (Jules), banquier, à Lt(^r- 

»        28.  LELIÈVRE  (Xavier),  substitut  du 
procureur  général  à  la  Cour  d'appel, 
'a  Liège. 
V        29.  GEUREL  (        },  juge  d'instruction, 

;i  Marche. 
»        50.   D0.V1MART1N   iLéon),   homme  de 
lettres,  à  Pans. 
15jan.l874.  51.  RENOZ  (Ernest),  notaire,  kLiége. 
14fév.l874.  32.  HICGUET  (Dieudonné)  ,  docteur  en 
médecine,  à  Liège. 
»        55.  LOHEST-DE    WAHA    (Paschal), 
rentier,  à  Liège. 
21fév.i874.  .54.  JARSIMONT   (A. -F.),    major   r-en- 

sionné,  à  Liège. 
i8raars  1874.35.  DEPOUILLE  (Léon)  ,  teinturier,  à 
Theajc. 
»         5G.   BR1XHE-STEL\BACH   (Ouvier), 
directeur  de   Sociétés   d'assurances, 
à  Liège. 
21  mars  1874.  57.  DE  HASSE-DE  VILLERS  .   i^Ai- 
cusTE  ) ,  conseiller  communal,  à  Liège. 


NÉCROLOGIE 


Monsieur  le  chanoine  Devroye  et  Monsieur  Godefioid  Umé, 
architecte,  tous  deux  membres  effectifs,  sont  morts  pendant 
l'année  4873.  Deux  membres  de  VInstilut  se  sont  chargés  d'écrire 
la  notice  nécrologique  de  nos  deux  regrettés  confrères;  elles 
paraîtront  dans  le  corps  du  volume. 


HI'I.I.HriN  DE  I  INSTITUT  ARCHEnLOGIQUE  LIEOEOlS.TOMJCll  j-ME  l 


FOUILLES    DE    BERTREE 


KD  JAMAR  ARCH  DEL 


LrtJrJ  CremcUi  J-  U'i" 


OBeUincouri- 


'aie  éombe  JC. 


]e  deBémsLveL 


O  Fr 


^ 


lKE 


UégeA^-^^'îs^ï^^--' 


Coupe 
de  la  pierre  angulaire 

des  Vina.s 
du    V/ey erb&mpi 
et  de  Berii-ée 


Plan  figursiif  delà  villa  Romaine    àBERTREE 
avec    Indication    des  fouilles  faites  dans 


LEGEND  E   . 

A  ;  Tombe 

CD: Villa  Romaine 

K:    Fouilles  faites  par  l'auteur  de  ce  rapport 

avec  le  concours  de  W  Schuermans 
S;  Fouilles  faites  par  M7  SchuerinanB 
L-K:    id.      faites  parM.M,  Lefèvre 

et  Kempeneers. 
S  dcL-K:  id       parMM  leC'.' G  deLooz 

et  Kempeneers 


OUA'fcjs-er.'.M  L-K 
O  î^isrlanden. 
ATambe  deMiddeimnde  K. 
;:V  Cimeù^ 

O  QverwiTi.de 


i:-'TombeWi  CmehèreK.  ":      /\  Tombe  d^ffémaya 

audumO     ^'  ri  ïf  OCfa:  Avernas  '■.....■ 

OBrrlree  OBoelke 

OHannué  OTr^^ée  /\  TomèeK. 


A.KEMPENEERS   BEI. 


l,\çqe.H^^''feV"'  ^' 


EXPLORATION 

DES 

iUBSTRDCTIOSS  DE  LA  VILLA  ROMAINE  DE  BERTRÉE, 


M.„  MBMF'EIVËERe. 


LA  COMMUNE  ET  LE  PRIEURÉ  DE  BERTRÉE.  —  LA  TERRE 
DE  S'-VICTOR.  —  !  ES  FOUILLES. 

La  très-ancienne  commune  de  Bertrée,  située  entre  Avernas- 
le-Bauduin  et  Cras-Avernas,  non  loin  de  Hannut,  fait  partie 
aujourd'hui  du  canton  de  Landen  et  de  la  province  de  Liège. 
Avant  la  réunion  de  la  Belgique  à  la  France  et  la  réorganisation 
civile  qui  a  été  faite  alors,  elle  dépendait  de  l'ancien  duché  du 
Brabant  et  du  bailliage  ou  de  la  mairie  («  mayerie»)  de  Hannul, 
qui  était  la  W"  et  dernière  du  Brabant  wallon  (Gallo-Brabantia 
ou  Roman-pays).  Elle  suivait,  avec  les  autres  communes  de  ce 
bailliage,  la  coutume  de  Louvain,  où  l'appel  se  faisait  en  dernier 
ressort. 

D'aucuns  ont  prétendu  —  mais  sans  fondement  —  que  le 
village  de  Bertrée  était  jadis  renfermé  dans  l'enceinte  des 
remparts  de  la  ville  de  Hannut  {^). 

i ')  «  Non  omittendum  tameii,    licet  non  proben;,  —  dit  J.-l!.  Grammaye,  Ga//o 
Drab.  antiqiiiiaies  :  Hanui'UM, —  quod  nonnuUi  adslruiint,  urbem   Hmunensem]  olim 
quadruple  amplioretn  fuisse,  ila  ul  pagus  et  cœnobium  Berti-acense  mœnibus  cou- 
cluderetur.   Nunc  \f  i606]  cerle  exiguis  limitibus  raurorum  ejus  et  fossarum  ductus 
eircumscribitur.   i 


»)  


L'une  des  trois  portes  de  cette  ville  ,  celle  vers  Namur , 
s'appelait  laporte  du  Tombeiix,  du  nom  d'une  colline  voisine  (*). 
Le  Tonibtux,  à  l'entrée  d'Avernas-le-Bauduin.  monticule  sablon- 
neux à  pente  vers  l'Est,  fouillé  par  nous  en  1863,  était  "in  cime- 
tière frank.  On  a  trouvé  que  généralement  toutes  les  collines 
qui  portent  le  nom  de  Tombeux  soci  de  pareils  cimetières  {')*. 

Dans  une  sphère  plus  restreinte,  le  village  de  Bertrée  dépen- 
dait ci-devant.  t:int  pour  le  civil  que  pour  le  spirituel,  du  prieuré 
de  la  célèbre  abbaye  de  Cluny  de  Tordre  de  S"-Benoit,  en 
France  ('). 

Ce  fut  par  la  générosité  de  Wauthier  [Walterus)  de  Trognée 
ou  de  «  Trudeneris  »,  de  «  Trudignies  »,  comme  disent  les 
chartes  citées  ci-après,  que  fut  fondé,  en  l'an  1124,  le  prieuré 
de  bertrée  ("). 

Cet  homme  noble,  «  liber  homo  »,  ce  qui  n'était  pas  commun 
ti  celle  époque  (^),  oftrit  d'abord,  avec  réserve  d'usufruit,  sur 
l'autel  de  S.  Laurent,  c'est-à-dire,  donna  à  l'abbaye  de  ce  nom  à 
Liège,  son  alleu  entier  ou  domaine  seigneurial,  situé  ii  Cras- 

(*  'i  Porta  Tumbaiia  (  vulgo /a  porte  du  Tombev),  dit  GrammaïE,  ibid.,  a  colle 
suburbano  cognomine,  Naraurcum  versus,  ubi  forte  Iropseum  î'iiquod  velus.  » 

(';  V.  Ann.  Soc.  arcliéal.  de  Namur,  t.  VII,  pp.  201,  268  et  277,  et  le  rapport 
sur  nos  fouilles  :  Exploration  de  quelques  lumulus  de  la  Hesbaye,  par  M.  SCHUER- 
MANs,  3*  art.,  p.  237  et  .suiv. 

(5j  a  Berlriaeum,  [liertrees)  tam  in  sacris  quam  politicis  a  Prioratu  dependens, 
qui  ante  annos  trecentos  hic  fundatus  est  ,  appendix  Abbatial  Cluniacensis  in 
Francia  Ordinis  l).  Benedicti.  authoritate  Pontificia  nuper  [f  1561]  Episcopatui 
Namurcensi  incorporatus.  »  Cp.ammaye,  ibid. 

(*)  T/-«(/e??c)/.v  (probablement  mauvaise  leçon  au  lieu  de  Trudeneiis)  el  Trudi- 
yniex  ;  chez  Hemricourt  Truwengneez,  aujourd'hui  Trorjnée.  Ce  nom,  différemment 
orthographié,  dérive  du  nom  primitif  Trudovecas  que  lui  donna,  au  VU»  siècle,  le 
seigneur  de  la  Villa  :  «  Totamque  viliam,  dit  Donat,  biographe  de  S.  Trudon  au 
Vjll''  siècle,  ex  nomine  sancti  patris  (  Trudnnis)  Trudonecas  appellavit,  quo  etiam 
vorabulo  usque  in  prjesentcm  diem  ab  omnibus  nuncupalur.  »  Dans  les  temps  pos- 
térieurs, le  village  est  souvent  appelé  «  Villa  S.  Trudonis  »  ou  «  Trudonica  »,  et  en 
flamand  »  Truidelingen  ;>  ou  «  Trudelingen  »,  aujourd'hui  «  Truijelingen.  « 

('"■)  Etant  établi  sur  ses  propres  terres  (ses  alleu.\),  dont  l'administration  et  la 
uridiction  lui  apparlenaient,  et  n'ayant  des  charges  qu'envers  le  prince-évôque  de 
Liège ,  iVautl.ie.r  de  Trognée  devait  être  seigneur  de  premier  ordre  parmi  les 
hommes  libres  du  XII'  siècle.   V.  GuérARD,  Polyptyque  de  l'abbé  Irminon,^  -102. 


Avernas  (  '  ),  dans  le  voisinage  de  la  célèbre  Warde  (custodia)  de 
Steps  «  in  comitatu  de  Sieps  (*)  »  et  eonsistaiit  en  terres  labou- 
rables, en  prairies,  en  bois,  en  redevances  dues  par  les  tenures 
du  même  domaine  données  en  bénéfice  (^),  ainsi  qu'avec  le  cens 
de  capitation  de  la  fomille  ou  du  personnel  «  Servi  et  ancillœ  » 
de  ce  fond  allodial  ;  de  même  avec  tous  les  droits  d'usage,  avec 
toute  la  dîme  (*)  et  toute  1j  justice  de  la  seigneurie  (^),  en  sti- 
pulant que  l'évéque  de  Liège  seul,  et  jamais  un  aulrc,  en  serait 
l'avoué  (^). 

Wauthier  de  Trognée  érigea  ensuite,  en  la  même  année  1124, 
le  prieuré  de  Bertrée  en  donnant,  avec  l'approbation  de  l'evêque 
de  Liège,  l'église  et  son  hospice  C),  c'est-à-dire  ses  biens,  ses 

(  '  )  «  In  minori  Avernas  »,  dit  la  charte.  Les  deux  Avernas  ne  se  distinguèrent 
donc,  au  XII*^  siècle,  que  par  les  ëpithètes  de  grand  ou  supérieur  et  de  peiil.  Ce  fut 
longtemps  après  qu'ils  reçurent  les  noms  seigneuriaux  de  Crassus  et  Baldumus. 

C^)  De  là,  plus  d'un  auteur  a  fait  du  monticule  de  Steps  un  comté  qui  n'y  a 
jamais  existé. 

(')  «  Homines  de  terra  censuali  benejiciaii.  »  L'd  terra  (ou  le  mansns)  ccnsualis 
ou  censilis  était  une  espèce  de  tenure  particulière  soumise  à  d'autres  conditions  que 
la  tenure  parfaite  ou  régulière  des  colons  ou  des  serfs.  On  peut  la  définir  :  une  terre 
donnée  à  une  église  ou  à  un  seigneur  par  une  personne  qui  la  reçoit  ensuite  en 
bénéfice  ou  qui  s'en  réserve  l'usufruit  ou  la  jouissance,  sa  vie  durant,  à  la  condition 
de  payer  au  donataire  un  cens  nioiiique  à  titre,  non  de  loyer  ou  de  bail,  mais  d'hom- 
mage et  pour  marque  de  dépendance.  Guékard,  op.  cit.,  ^  '234;. 

(*)  Le  prieuré  de  Bertrée  avait  aussi  une  dîme  à  Cras-Avernas,  comme  il  résulte 
d'une  charte  d'échange  de  biens  fait  avec  l'abbaye  du  Val-Noire  Dame,  lez-Huy,  en 
1267.  Voir  l'Annexe  IH  et  aussi  l'Annexe  II. 

(  ")  «  Avernasium  utrumque  Crassi  et  Balduini  hœreditas  Abbiitia  S.  Laurentii 
apud  Leodios,qua?  utrobiquc  et  Prailorem  et  senatum  juri  dicundo  désignât.  »  Gram- 
MAYE,  loc.  cit. 

,*)  V.  cette  charte  Annexe  1. 

(')  «  Les  religieux  de  Cluny  prirent  à  Bertrée...  possession  d  un  hospice ,  dil 
»  BouiLLïï,  {Hisi.  de  Liège,  an.  1  !24)  que  Wallhère  de  Trudigues  avait  bâti  et  qui, 
»  par  après,  fut  érii;'é  en  prieuré.  »  —  Les  hospices  étaient  des  tenures  beaucoup 
moins  considérables  que  les  manses  {mansi ).  Les  terres  aft'ectées  à  l'entretien  des 
églises  étaient  souvent  c&mposées  d'hospices  ou  du  moins  cultivées  par  des  hôtes. 
L'hospes  était  une  espèce  de  locataire  ou  de  l'crniier  occupant  une  habitation  ou  une 
terre  étrangère  sous  des  conditions  plus  ou  moins  onéreuses.  Ainsi  V/iospen  tirait 
sa  qualité,  non  de  su  naissance  comme  le  colon,  ni  de  sa  dépendance  comme  l'Aomo 
ou  le  vassal,  mais  du  titre  précaire  ou  passager,  en  vertu  duquel  il  possédait  (Gue- 
RARD,  op.  cit.,  §§  i>l"2  et  oiO). 


4  _- 


droits  d'usages,  ses  dîmes  et  tout  ce  qui  lui  appartenait  à  Hannut, 
Poucet,  Trognée  et  \vernas,  à  S.  Pierre  de  l'église  de  Cluny,  à 
qui  l'église  de  Bertrée  était  aussi  dédiée,  et  aux  Frères  de  l'ab- 
baye de  Cluny,  pour  être  administrée  par  un  prieur  pris  parmi 
les  religieux  de  ce  monastère,  et  à  peu  près  sous  les  mêmes 
conditions  que  celles  qu'il  avait  apposées  au  don  de  son  alleu 
de  Cras-Avernas  fait  à  l'abbaye  de  S.  Laurent  à  Liège  (*). 

Nous  lisons  dans  la  Chronique  de  S^-Trond  que  l'église  de 
Bertrée  fut  desservie  exceptionnellement  par  un  moine  d^ 
l'abbaye  de  S'-Trond,  par  Gérard ,  frère  d'Otton,  comte  de 
Duras,  lequel  s'étant  démis  de  sa  charge  d'abbé  en  1155,  obtint 
de  l'abbé  de  Cluny  d'être  préposé  au  gouvernement  de  ce  prieuré  ; 
mais  après  l'avoir  dirigé  peu  de  temps,  il  le  quitta  pour  retourner 
en  son  couvent  de  S'-Trond  et  y  mourir  en  1174  ('). 

La  seule  église  qui  existait  à  Hannut  jusqu'en  1570,  était,  au 
dire  de  Grammaye,  dépendante  de  celle  du  prieuré  de  Bertrée. 
Ce  fut  Havetius,  premier  évêque  de  Namur,  qui,  en  cette  année, 
la  rendit  indépendante  en  la  dotant  de  tous  les  droits  d'une 
église  paroissiale  ('). 

L'abbaye  des  chanoines  réguliers  de  S'-Victor  à  Paris , 
fondée,  comme  tout  porte  l\  le  croire,  par  Louis-le-Gros,  en 

(«)  V  Annexe  II. 

(•)  a  Gerardus  ab  abbata  Ciuniacensi  cellam  quondam  ipsorum,  tribus  roilibus 
»  {irois  fortes  lieues  a  nobis  disparalarn,  Berlreys  nomine,  ab  eo  regendara  suscepit. 
»  Cui  cum  aliquanlo  tempore  prsefuisset....  ad  nos  se  convertit....  etobiit  1174.  » 
[Chrome.  Trud.,  lib.  II,  ap.  Migne,  Patrol.  lat.,  tora.  173,  col.  239;.—  On  appelait 
cella  une  petite  maison,  une  ferme,  une  métairie,  appartenant  à  un  monastère.  On 
nommait  un  religieux  pour  y  résider,  veiller  à  la  culture,  recueillir  les  fruits  et 
percevoir  les  revenus. 

(')  Grammaye,  loc.  cit.  o  Ecclcsia  in  urbe  {Uaniaensi)  unica  est  eaque  appendlx 
»  Bertrayensis,  nisi  quod  Havetius,  Antisles  Namurci  prinius  (ut  indecens,  ita 
»  minus  comniodum  videns  in  urbe,  Parochia  carere),  prospexit,  el  absolutam  Bap- 
»  tisterio  el  Chrismate  aliisque  Harochiarum  juribus  donavit  Ecclesiam.  Cujus  rei 
»  in  oppidis  iusolitae  cogitatio  me  subinde  invitât  credere,  urbem  serius  et  forte  a 
»  temporibus  Joannae  àach ^Veure  de  Wenceslas  |f  1383- î .104])  extructara,  idque 
»  occasione  arcis  ibi  veferis  et  opportunse,  >i 


-  5  — 

1113  (^),cloit  avoir  eu  aussi  des  terres  à  Bertrée,  car  la  parcelle 
nMSSdu  cadasti-e,  sur  laquelle  se  trouvait  jadis  la  Villa  romaine 
dont  nous  allons  parler,  porte  le  nom  de  terre  de  S'-Vidor. 

Cette  terre  qui  appartient  à  M.  Delange,  échevin  de  Bertrée, 
est  située  à  l'Est  de  ce  village,  au  lieu  dit  «  Les  Pirettes  »,  au- 
dessus  du  ruisseau  appelé  Henri -Fontaine,  qui  prend  sa  source 
à  Cias-Avenias  et  va  se  jeter  dans  la  petite  Ghète  (^)  à  Orp-le- 
Peiit.  Elle  nous  était  connue,  depuis  1864,  comme  recelant  les 
subsiructions  d'une  villa  romaine,  par  les  nombreux  fragments 
de  tuiles  romaines  que  nous  y  avions  vus  à  la  superficie,  et  pour 
y  avoir  trouvé,  déjà  alors,  la  partie  pointue  d'un  très-beau  style 
en  bronze  (planche  I,  fig.  4)  et  des  fragments  peints  de  crépi  de 
murs  (').  Cette  maison  de  campagne  n'était  pas  loin  des  tombes 
de  Montenaken  et  d'Avcrnas-le-Bauduin,  ni  du  cimetière  frank 
de  ce  dernier  endroit,  dit  Tombeux,  que  nous  avons  explorés  en 
1863,  ni  des  nombreuses  fouilles  que  j'ai  dirigées  ici,  dans  un 
certain  rayon  autour  de  iVîontenaken,  tant  dans  la  pi'ovince  de 
Liège  que  dans  celle  de  Limbourg,  et  qui  ont  été  faites, 
depuis  1862,  au  profit  du  Musée  royal  d'antiquités  de  la  porte 
de  Hal  h  Bruxelles,  avec  les  subsides  du  gouvernement.  Déjà, 
en  1860  et  même  avant ,  j'avais  tâché  d'attirer  l'attention 
de  l'honorable  président  de  VInstitut  archéologique  liégeois  sur 
les  nombreux  monuments  d'antiquités  qui  se  trouvaient  dans 
celte  contrée  limitrophe  de  deux  provinces.  Une  occasion  im- 
prévue nous  mit,  en  1862,  en  devoir  de  les  signaler  aussi,  dans 

(*  )  C'est  dans  la  chapelle  S'- Victor  qup.  Guillaume  de  Champeaux,  archidiacre  de 
Paris,  se  retira  avec  quelques-uns  de  se:;  disciples  en  l'année  \  108,  et  qu'il  y  jeta  les 
premiers  fondements  de  cette  dcole  célèbre  qui,  depuis,  produisit  tant  de  grands 
hommes,  dont  plusieurs  sont  encore  regardés  aujourd'hui  comme  les  lumières  de 
rEglise.  V.  Tableau  liist.  et  piitor.  de  Par/.';,  par  J.-B  DE  Saint-Victor,  III,  868. 

{*)  Gliiace  en  wallon  tant  pour  la  commune  que  pour  la  rivière,  aujourd'hui 
.fauche. 

(  ')  V.  le  4"  art.  du  rapport  de  M.  Schuermans  sur  Y  Exploration  que  nous  avons 
faite  de  quelques  tumulas  de  la  Hesbaye,  p.  377. 


un  assez  long  Mémoire,  à  M.  Schuermans,  alors  procureur  du 
roi  à  Hasselt  (i),qui  nous  mit  aussitôt  en  rapport  avec  M.  Juste, 
conservateur  du  Musée.  Les  fouilles  commencèrent  bientôt 
après,  et  furent  poursuivies,  en  hiver  comme  en  été,  pendant 
deux  années  consécutives,  jusqu'en  1864.  On  sait  avec  quel 
succès  par  les  rapports  qui  en  ont  été  publiés  (^). 

Après  une  trêve  assez  longue,  remplie  d'incidents  divers  et 
.sollicité  plusieurs  fois,  soit  de  la  part  de  M.  Juste,  soit  de  la 
part  de  VInstilut  liégeois,  àe  vouloir  continuer,  pour  leurs  musées 
respectifs,  les  explorations  qui  restaient  à  faire  dans  ces  mêmes 
environs,  je  m'y  résolus  enfin  et  écrivis  aussitôt,  au  nom  de 
V Institut,  au  propriétaire  de  la  terre  dite  de  S^-Victor  pour  être 
autorisé  à  y  effectuer  des  fouilles,  ce  que  celui-ci  accorda  gra- 
cieusement avec  une  seule  réserve,  celle  de  pouvoir  utiliser  les 
pierres  de  silex  qui  pourraient  s'y  trouver.  Le  silex  y  a  fait 
défaut.  I!  n'y  avait  que  blocage  et  moellons  de  pierre  blanche, 
produit  de  la  contrée. 

Les  fouilles  commencèrent  le  21  octobre  lS7â  et  furent  rapi- 
dement terminées  en  douze  journées.  J'avais  été  assez  heureux 
de  retrouver  deux  anciens  ouvriers  qu'une  longue  expérience  a 
rendus  très-experls  dans  ce  genre  de  travaux  (^). 

Il  nous  fut  révélé,  dès  le  premier  jour,  que  les  fondations 
étaient  fort  éparpillées  par  la  fréquente  extraction  de  pierres, 
faite  par  les  gens  de  l'endroit  ;  ce  qui  nous  indiquait  assez  que, 
le  sol  ayant  été  souvent  remué,  plus  d'un  objet  aurait  été  décou- 
vert et  emporté,  et  que  le  succès  ne  répondrait  guère  à  notre 
attente.  Le  plan  figuratif  de  cette  villa  (planche  I,  tig.  12)  montre 
ce  que  nous  avons  pu  retrouver  de  ses  fondations  qui  étaient  peu 

(  1  )  V.  Bulletin  de  la  Soc.  scienlif.  et  Un.  du  Limb.,  VI,  282. 

(')  Dès  celte  même  année,  M.  Schuermans,  acconipiigué  de  deux  de  nos  anciens 
ouvriers,  esl  allé  faire  des  fouilles  dans  les  tombes  de  Koninxheiin,  Korpmael,  etc., 
et  puis,  avec  le  concours  de  M.  Habets,  dans  la  villa  du  RonJenbosch  a  Houlhem- 
Saint-Gerlach. 

(*)  Vandormael  et  Van  de  Ghoer. 


7   - 


profondes  (de  moins  d'un  pied).  De  nombreuses  traces  d'incendie 
prouvent  que  la  villa  de  Bertrée,  comme  d'autres,  a  été  violem- 
ment détruite  par  le  feu.  Toutefois,  colle  du  Betzveld  à  Landen, 
qui  en  est  peu  éloignée,  a  cessé  d'exist;'r  par  vétusté  (*).  Cette 
maison  de  campagne,  comme  généralement  toutes  les  villas 
belgo-romaines,  était  assise  sur  la  pente  d'une  colline  qui  des- 
cend vers  le  ruisseau  prénommé.  On  y  jouit  d'un  magnifique 
horizon  du  côté  Sud  ou  de  Hannut.  Il  est  à  supposer  que  tel 
emplacement  fût  préféré  pour  éviter  les  inondations  et  faciliter 
l'écoulement  des  eaux.  Comme  les  autres,  elle  aussi  était  tournée 
vers  l'Orient.  La  règle  de  l'orientation  (-)  a  été  observée,  autant 
que  possible,  tant  chez  les  païens  que  chez  les  chrétiens,  non- 
seulement  pour  les  édifices  sacrés,  églises  ou  temples,  mais 
aussi  pour  les  maisons  privées  et  les  sépultures  (tumulus  ou 
cimetières). 

Voici  maintenant  la  petite  liste  des  objets  trouvés  : 

I.  Métal.  —  aj.  Un  beau  style  en  cuivre^  couvert  d'une  belle 
patine  (pl.I,tig.  1).  Cet  instrument,  pointu  à  l'un  de  ses  bouts  et 
plat  à  l'autre,  servait  à  écrire  sur  des  tablettes  couvertes  d'une 
couche  mince  de  cire  (').  On  employait  la  pointe  pour  tracer  les 
caractères,  et  le  bout  plat  pour  faire  des  corrections  en  rendant 
de  nouveau  unie  la  surface  de  la  cire,  de  manière  à  y  effacer 
les  lettres  qui  y  étaient  marquées.  C'est  ainsi  que  l'expression 
vertere  stilum  (Horat)  signifie  raturer  ou  corriger  ce  que  l'on 

('  ;  V.  le  Rapport  de  M.  LefÈVRE  IBull.  de  l'imi.  arcli.  liégeois,  XI,  120;. 

(-)  «  Qui  templa  aut  œdes  r.onstruere  voiunt  ad  Orientem  spectantia,  ita  descri- 
»  bunt,  ut  ad  solem  in  meose  Nisan  (mars-avril)  orieritem  obversa  sit  fabrica.  ^ 
{MOSES  Bar-Cepha,  Commentar.  de  paradiso,  part,  l,  cap.  13.  —  Il  vivait  vers  le 
milieu  du  X»-  siècle.) 

(')  Cet  usage  existait  aussi  chez  les  juifs.  On  lit  dans  S.  Luc  l,  63,  que  Zacharie 
étant  muet  demanda  une  tablette  «  ?os\uhrii  puçiUlarem  »  pour  y  écrire  le  nom  de 
Jean  avec  un  style  dans  la  cire,  comme  l'expliqur  Tertullien  [de  klolairia.  G,  23)  : 
«  Zacharias  loquitur  in  stylo,  auditur  in  cera.  »  S.  Jérosie,  Epii-r.  14:2,  in  fine,  nous 
apprend  qu'il  a  dicté  des  lettres,  même  longues,  dans  la  cire. 


compose  (*  j.  Tels  éfaient  les  styles  que  nous  avons  trouvés  dans 
le  tumulus  de  Wals-Beetz  et  dans  la  villa  du  Lazaret  de  Wals- 
Wezeren  (').  Telle  est  aussi  la  forme,  ainsi  que  l'emploi  que 
Cœlius  Symposius  assigne  au  style  dans  ces  trois  vers  : 

«  De  summo  planus,  sed  non  ego  planus  in  imo, 
j)  Versor  utrinque  manu,  diverse  munere  fungor  : 
»  Altéra  pars  revocat  quicquid  pars  alîei  a  facit.  » 

Contrairement  à  cette  forme  commune,  le  style  de  la  villa  de 
Bertrée  est  rond  et  non  plat  en  haut;  il  est  donc  d'une  l'orme 
exceptionnelle  ('). 

Cet  instrument  était  ordinairement  fait  de  bronze,  de  cuivre, 
d'os.  Dans  le  livre  de  Job  (vers  1600  av.  J.-C),  il  est  parlé  du 
style  en  fer  (*). 

b).  Trois  fragments  de  styles,  auxquels  manque  la  partie  supé- 
rieure. Deux  de  ces  fragments  sont  en  cuivre  (pi.  I,  tig.  2  et  3). 
Peut-être  sont-ce  des  épiiigics  sans  télé  ou  des  aiguilles  sans 
chas.  Un  seul  de  ces  fragments  est  en  beau  bronze  (pi.  I,  fig.  4). 
Il  n'est  pas  rare  de  trouver  un  certain  nombre  de  styles  dans 
les  substructions  des  villas  belgo-romaines.  Ces  styles  prouvent 
que  les  habitants  de  ces  villas  n'étaient  pas  illettrés,  et  leur 
nombre  semble  indiquer  que  plus  d'un  s'en  servait. 

c).  Belle  épingle  à  cheveux,  en  cuivre,  longue  de  8  i/2  centi- 
mètres (pL  I,  tig.  5).  Les  femmes  avaient  l'habitude  de  passer  ces 


(*)  ANTH.  RlCH,  v'Jo  Stilus. 

(*)  V.  ScHUERMANS,  Explorai,  de  quelques  tumulus  de  la  Hesbaye,  pag.  134 
et  368. 

(')  l'eul-êlre  élait-ce  une  sonde,  instrument  de  chirurgie.  Il  n'y  a  pas  lieu, 
croyons- nous,  à  penser  ici  à  une  épingle  de  lêle. 

(*)  XIX.  23-24  :  a  Quis  mihi  det,  ut  exarentur  (sermones  raci)  in  libro  stylo 
v  ferreo,  et  plumbi  lamina,  vel  celte  sculpantur  in  silice?  »  De  môme  dans  Jérémie, 
«n  lit  iXVlI.  1  )  :  «  J'eccatum  Juda  scriptum  est  in  stylo  ferreo  in  ungue  adamanlino.  » 


-  9 


grosses  et  longues  épingle?  dans  leurs  cheveux,  derrière  la  tête, 
quand  ils  avaient  été  tressés  et  relevés,  pour  les  maintenir  (')o 

d).  Un  petit  couteau  avec  le  manche  en  fer  (pi.  I,  fig.  6). 

e).  Deux  clefs  en  fer  à  panneton  denté  (pi.  1,  fig.  7  et  8).  Ces 
clefs  n'ont  que  deux  dents,  en  quoi  elles  diffèrent  de  celles  des 
villas  du  Lazaret  (Wals-Wezeren),  du  //é-m^/rt/^  (Wals-Beeiz)  et 
de  Herkenbergh  (Meersen),  qui  en  ont  trois.  De  la  seconde  de  ces 
deux  clefs  s'est  détachée  une  dent  en  la  nettoyant.  Cette  forme 
de  clef  semble  avoir  servi  à  fermer  et  h  ouvrir,  si  pas  une  ser- 
rure ordinaire,  du  moins  une  serrure  à  simple  verrou  en  pous- 
sant celui-ci  en  avant  ou  en  arrière,  placé  à  l'intérieur  de  la 
porte. 

f).  Clef  en  fer,  à  deux  trous  aux  extrémités,  l'un  plus  grand 
et  l'autre  plus  petit  (pi.  I,  fig.  9).  Celte  clef  ressemble  à  celles  dont 
on  se  sert  encore  aujourd'hui  pour  fermer  ou  ouvrir  une  barrière 
au  moyen  d'une  vis  à  tète  allongée  et  carrée. 

Enfin  une  certaine  quantité  de  ferrailles  dont  la  destination 
n'est  plus  suffisamment  indiquée.  J'y  ajoute  un  petit  nombre 
d'ossements  dont  la  provenance  ne  m'est  pas  connue. 

II.  Verre.  -  Une  grosse  perle  en  verre  d'un  beau  bleu  foncé 
avec  des  stries  verticales  peu  profondes  (pi.  I,  fig.  10),  provenant 
sans  doute  d'un  collier,  genre  d'ornement  que  les  anciens  se 
plaisaient  à  porter,  et  qui,  ressemblant  aux  colliers  modernes, 
variait  pour  la  form.e,  le  modèle  et  la  matière  suivant  les  temps, 
les  lieux  et  les  caprices  de  la  mode  (^). 

Je  mentionne  ensuite  un  grand  nombre  de  fragments  en  verre, 
mais  si  petits  qu'ils  ne  laissent  pas  même  soupçonner  la  forme 
des  vases  dont  ils  proviennent.  La  couleur  de  ces  fragments  est 
verte,  vert-pâle,  vert-sombre,  jaune  et  blanche  ou  plutôt  mate. 
Ces  derniers,  de  la  couleur  maie,  que  je  n'avais  pas  encore  ren- 

(  *  )  RiCH,  y^°  Acus  cornatoria  ou  crinalis. 
(«     RiCH,  vbc  Monite. 


-  10  - 

contrés  dans  les  fouilles,  ont  des  stries  ou  des  hachures.  — 
D'autres  morceaux  de  verre  sont  polis  d'un  rôté  et  dépolis  de 
l'autre.  C'étîiient  des  plaques  de  verre  adaptées  aux  murs,  comme 
l'indique  du  reste  le  ciment  qui  y  est  encore  adhérent. 

III.  Teure  cuite.  ~  a).  Une  gr^inde  quantité  de  tessons  delà 
poterie  de  grandes  dimensions  et  à  énormes  goulots,  ainsi  que 
delà  poterie  la  plus  fine  et  la  plus  artistique.  C'est  ce  que,  du 
reste,  lessubstructions  des  villas  belgo-romaines  offrent  presque 
partout.  Mais  ici,  à  Bertrée,  de  la  poterie  grossière  seule  il  nous 
est  resté  des  fragments  assez  grands  et  assez  nombreux  (  parmi 
lesquels  des  goulots  et  des  fonds  de  grandes  cruches).  Quelques 
tessons  ont  des  parois  d'une  épaisseur  de  2  1/2  c,  ayant  proba- 
blement appartenu  ù  des  Cadi,  k  des  Dolia,  etc.  —  Pour  ce  qui 
concerne  la  poterie  fine,  de  minimes  fragments  seulement  nous 
ont  été  laissés,  les  plus  grands,  les  plus  précieux  ayant  été  pro- 
bablement trouvés  et  emportés  par  le  motif  que  nous  avons 
indiqué.  Parmi  ces  débris  de  la  poterie  fine,  il  y  en  a  qui  pro- 
viennent de  la  plus  belle  poterie  samienne  (Tasa  Samia)  et  dont 
quelques-uns  sont  parsemés  à  l'intérieur  de  grains  de  marbre 
ou  de  quartz  destinés  à  broyer  les  mets.  Mais  parmi  ceux-ci,  il 
y  en  a  aussi  de  la  contrefaçon,  dont  le  rouge  est  devenu  blême, 
le  vernis  qui  n'adhérait  pas  h  la  pâte,  ayant  presque  disparu. 
D'autres  proviennent  de  la  plus  fine  poterie  noire,  bronzée, 
jaunâtre,  grisâtre,  etc.  On  peut  dire  qu'il  y  a  des  débris  de 
toutes  les  couleurs,  qui  représentent  à  peu  près  les  différents 
vases  qu'on  a  trouvés  ailleurs  dans  les  fouilles  des  villas 
romaines.  Je  ne  dois  pas  oublier  de  dire  ([ue  quelques-uns  de 
ces  tessons  sont  granulés  â  l'extérieur  pour  empêcher  de  glisser 
des  mains.  D'autres  sont  ornés  d'imbrications  en  écailles  de 
poissons  ou  de  dessins  en  guillochis.  Enfin  nous  avons  trouvé 
deux  fragments  de  vases  11  fort  minces  parois,  dont  l'un,  jau- 
nâtre, a  des  saillies  rondes  de  i  i''2  c.  de  diamètre,  et  l'autre, 
blanchâtre,  de  1/2  e.  Ces  bosses  font  fossettes  à  l'intérieur. 


—  il  — 

Tous  ces  tessons  sont  généralement  trop  petits  pour  en 
donner  les  dessins  sur  la  planche. 

A  côté  de  la  poterie  romaine,  mention  doit  être  faite  de 
quelques  fragments  de  couleur  très-noire,  provenant  de  vases 
franks  ou  germains,  assez  informes,  faits  à  la  main  et  non  au 
tour.  Ces  tessons,  trouvés  dans  lessubstructions  de  la  villa  de 
Bertrée,  semblent  mettre  celle-ci  en  relation  avec  le  cimetière 
frank  d'Avernas-le-Baudujn,  dit  le  Tombeux,  qui  en  est  fort  peu 
éloigné,  comme  le  même  rapport  paraît  avoir  existé  entre  la 
villa  du  Lazaret  (Wals-Wezeren)  et  le  cimetière  frank  ou  Bétha- 
sien  du  Haemberg  (ibid.),qui  en  est  très-rapproché.On  a  trouvé 
aussi  ailleurs,  de  ces  tessons  de  poterie  germaine,  noirâtre, 
grossière  :  ainsi  dans  le  tumulus  de  Middelwinde,  dans  le 
Tombeke  d'Ovrrwinde,  dans  les  suhstructions  du  Kloosterhofh 
Neerlanden  (^),  au  Rondeubosch  h  Houthem-Saint-Gerlach  (*)  et  / 
ailleurs.  Ce  qui  plus  est,  la  tombe  dite  de  rEmpereur,  placée  à 
côté  de  la  grande  chaussée  romaine,  non  loin  du  tumulus  de 
Braives,  semble  être  purement  germanique  par  son  contenu 
comme  par  sa  forme.  Fouillée,  en  juin  1873,  par  M.  le  C'^  Georges 
de  Looz,  elle  a  révélé,  m'a-t-il  écrit,  des  poteries  grossières  ou 
noirâtres,  posées  pèle-mèle  en  groupe  sur  un  lit  élevé  de  30  c. 
au-dessus  du  niveau  du  sol,  et  entourées  d'une  couche  de 
cendres. 

A  l'occasion  de  poteries,  on  peut  se  demander  comment  les 
habitants  de  nos  villas  romaines  faisaient  la  cuisson  de  leurs 
mets?  Ils  ne  se  servaient  pas,  à  cette  fin,  de  marmites  ou  pots 
en  fers  ;  on  n'en  trouve  pas  de  vestiges.  Et  parmi  les  nombreux 
tessons  de  poteries  en  terre  cuiie  que  les  fouilles  des  villas 
romaines  m'ont  fait  voir,  je  n'ai,  jusqu'ici,  rencontré  aucun  qui, 
pour  avoir  été  mis  sur  le  feu,  fût  noirci  en  dessous  (^).  Etait-ce 
donc  à  l'eau  chaude  ou  bouillante,  au  moyen  de  l'hypocauste? 

{*  )  Bulletin  de  l'InsiUut  archéologique  liégeois,  XI,  iHi. 

{ *)  SCHUERMANS,  Exploration,  p.  483. 

(»)  Je  viens  d'en  trouver  un  dans  le  tumulus  de  Blehen. 


—  12  - 

b).  Deux  tuileaux  avec  sigle.  Parmi  les  nombreux  morceaux 
de  tuiles,  tant  plates  ou  à  rebords,  tegulœ,  que  convexes  ou 
creuses,  imbrices(^),qiie  la  villa  de  Bertrée  a  révélés,  deux  frag- 
ments de  tuile  plate  portent  la  marque  du  tuilier  ^EF  (pi.  I,  fig. 
11).  Ce  même  fabricant  a  travaillé  aussi  dans  les  environs  de 
Tongres  et  il  a  fait  les  tuiles  des  villas  du  Weyei-bampt  (Petit- 
Fresin),  du  Hemelryk  (Wals-Beelz)  et  du  Betzveld  {Landen).  Ici, 
à  Landen,  il  est  vrai,  nous  n'avons  pas  trouvé  de  marque,  mais 
il  a  été  facile  de  reconnaître  ses  tuiles  à  leur  belle  façon  et  leur 
excellente  cuisson,  au  point  qu'aujourd'hui,  après  environ  seize 
cents  ans,  elles  résonnent  encore  presque  comme  du  cristal. 
Cet  artiste  doit  avoir  vécu  à  l'époque  florissante  de  l'art.  Sa 
marque  prouve  la  contemporanéité  de  ces  villas  belgo-romaines; 
car  elle  est  partout  la  même  avec  l'E  accolé  au  dernier  jambage 
du  N  et  avec  le  dernier  jambage  du  h  plus  court  que  le  premier, 
tantôt  en  haut  et  tantôt  en  bas,  ce  que  je  suis  porté  h  attribuer 
à  un  léger  mouvement,  causé  peut-être  par  le  fréquent  usage, 
dans  le  trait  transversal  liant  les  deux  jambages  ensemble  (*). 
Il  est  à  supposer  que  ce  tuilier  se  transportait  d'un  lieu  à  l'autre, 
comme  font  encore  aujourd'hui  les  briquetiers. 

Les  tuiles  des  villas  du  Lazaret  (  Wals-Wezeren  )  et  du  Kloos- 
terhofh  Neerlanden  (^),  et  une  partie  de  celles  de  Bertrée  et  de 
celles  du  Hemelryk  (Wals-Beetz)  semblent  provenir  d'un  seul  et 
même  tuilier,  vivant  postérieurement  à  une  époque  de  déca- 

(  *  )  «  Tegulœ  vocatse,  dit  S.  Isidore  de  Séville,  quod  tegant  aedes  ;  et  Imbricen, 
»  quod  recipiant  imbres  »  {F.tymol.  XIX,  cap.  10,  n.  l.H).  Vilruve  appelle  les  tuiles 
plates  «  tegulse  hamatœ  »,  à  cause  de  leur  entaille  dans  les  deux  rebords  en  bas, 
par  où  elles  étaient  retenues  par  des  crochets  attachés  aux  chevrons  ;  car  les  tuiles 
romaines  n'avaient  pas  de  bouton  comme  les  tuiles  de  nos  jours,  et  pour  ce  motif 
les  toits  de  nos  villas  étaient  dépourvus  de  lattes, n'ayant  que  des  chevrons  seulement. 

(2)  Jl  est  à  remarquer  que  dans  le  sigle  de  l'un  des  tuileaux  de  Bertrée,  le  petit 
jambage  du  H  est  de  3  millim.  plus  court  qu'ailleurs.  Cela  provenail-il  d'un  nouveau 
sigle,  l'autre  étant  usé  ? 

(')  V.  le  Rapport  de  M.  Lefévae  -.  Bulletin  de  r Institut  archéologique  Uigtoùt, 

XI,  m. 


-  13   - 

dence.  Ses  tuiles,  grossières,  assez  difformes  et  mal  cuites, 
portent  au  Hemelryk  le  sigle  ADF  (  •  ). 

Le  fabricant  des  tuiles  des  villas  du  Steenbosch  (Fouron-le- 
Comte)  et  de  Herkenbergh  (Meersen)  avait  pour  marque  MHF  (•). 

d).  Petit  carreau  en  losange  couvert  d'un  gros  vernis  et  dont 
on  s'est  servi,  presque  jusqu'à  nos  jours,  pour  faire  des  parquets 
devant  les  foyers.  La  coupe  de  ce  petit  carreau  (qui  a  4  1/2  c.  de 
côté)  est  en  même  temps  celle  des  pierres  angulaires  des 
fondements  de  la  villa  de  Bertrée,  avec  deux  angles  aigus  et 
deux  obtus.  Telles  étaient  aussi  les  pierres  angulaires  de  la  villa 
du  Weyerbampt,  dont  l'une  était  encore  en  place. 

Voilà  le  peu  d'objets  trouvés  dans  les  fouilles  de  Bertrée. 

Nous  n'avons  donc  pu  trouver— ce  que  cependant  on  rencontre 
ordinairement  dans  les  subslructions  des  villas  romaines  de 
notre  pays  —  ni  cave,  ni  puits,  ni  pierres  meulières,  ni  hypo- 
causte,  ni  briquettes  rondes,  ni  pavement,  sauf  un  seul  fragment 
de  marbre  du  pays  avec  le  mortier  de  chaux  adhérent.  Nous 
n'avons  pas  trouvé  de  monnaie  romaine,  de  fibules,  de  bijoux, 
etc.,  et  il  n'y  avait  plus  de  crépi,  sauf  quelques  morceaux  peints 
en  rouge. 

IV.  Plan  de  la  villa  de  Bertrée  {^\.  I,fig.  12).  Ce  plan  indique  les 
différents  appartements  dont  nous  avons  pu  retrouver  les  fon- 
dations, du  moins  en  partie.  Il  serait  difficile  d'assigner  à  chacun 
sa  destination  particulière. 

Tout  semble  indiquer  que  les  fondations  seules  des  villas 
belgo-romaines  ont  été  maçonnées  avec  de  petits  moellons, 
pierres  de  l'endroit,  jusqu'à  une  certaine  hauteur,  et  que  le  reste 
des  murs  était  en  bois,  en  clayonnage  et  torchis.  Ces  fondations 
ont  ordinairement  l'épaisseur  de  60  à  70  c.  (2  à  2  d/2  pieds). 

(')  SCHUERMANS,  Exploration,  pp.  333  et  343. 

(*)  V.  J.  Habets,  Exploration,  ap.  Publications  de  la  Société  hisi.  et  archéol. 
dans  le  duché  de  Limbourg,  VlU,  410. 


14 


Ces  édifices,  construits  sur  le  penchant  des  collines,  devaient 
avoir  plusieurs  appentis.  Les  chambres,  celles  du  moins  de  ces 
derniers,  n'étaient  pas  rectangulaires;  mais,  comme  nous  avons 
dit,  en  guise  de  losange  avec  deux  angles  aigus  et  deux  obtus. 
Par  conséquent  leurs  toits  devaient  élre  nécessairement  obliques 
et  converger,  au  sommet,  vers  un  côté  ou  vers  l'autre  { '  ).  Ils 
n'avaient  pas  besoin  d'être  longs  dans  le  sens  perpendiculaire, 
les  appartements  étant  peu  larges. 

Le  toit  de  ces  habitations  belgo-romaines  était  muni  de  deux 
rangées  ou  assises  de  chevrons,  l'une  superposée  à  l'autre,  et  les 
chevrons  supérieurs  étant  cloués  sur  ceux  d'en  bas  (').  Il  n'y 
avait  pas  de  lattes.  Les  chevrons  de  la  rangée  inférieure  ou  pre- 
mière pouvaient  être  placés  horizontalement.  Leur  distance  qui 
était  d'environ  5  pouces  (15  c),  devait  se  mesurer  selon  la  Ion- 
gueur  de  la  tuile  plate  ,  de  sorte  que  celle-ci  pût  reposer  sur 
trois  chevrons, par  son  milieu,  tant  soit  peu  enfoncé  en  courbe, 
sur  le  chevron  du  milieu,  et  sur  les  deux  autres  par  ses  deux 
extrémités.  La  distance  de  l'un  à  l'autre  des  cheyrons  supérieurs, 
qui  était  d'environ  1  pied  (30  c),  devait  être  exactement  con- 
forme à  la  largeur  de  la  tuile  pi  ue.  Ils  devaient  suivre  la  ligne 
ascendante  de  ces  tuiles  i\  rebords,  qui  était  oblique,  et  partant 
être  aussi  placés  obliquement  ou  en  losange.  De  cette  manière, 
la  tuile  plate,  reposant  en  quelque  sorte,  par  l'un  de  ses  côtés, 
contre  le  chevron  supérieur,  était,  par  sa  pesanteur,  moins 
entraînée  vers  la  chute,  et  cela  obviait  en  même  temps  à  l'incon- 
vénient d'une  descente  trop  violente  et  éparpillée  des  eaux  plu- 
viales. Mais  les  tuiles  phites,  encaissées  entre  les  chevrons 
supérieurs,  étaient  surtout  retenues  par  leurs  échancrures  ou 
entailles  aux  deux  rebords  en  bus,  dans  lesquelles  entraient  des 
crochets,  probablement  en  bois,  attachés  aux  chevrons.  Elles 

(')  Le  toit  d'un  (iditice  rectangle  se  rdirécissait  un  peu  en  haut,  e(  les  lignes 
ascendantes  des  tuiles  convergeaient  de  part  et  d'autre  vers  le  milieu. 

C)  Aussi  les  substruclions  fournissent  elles,  en  grande  quantité,  des  clous  longs 
de  45  k  22  centimètres. 


-  15 

l'étaient  encore  par  les  rebords  de  la  tuile  plate  inférieure,  dont 
la  partie  supérieure,  aussi  loin  que  les  rebords  étaient  coupés, 
entrait  sous  celle  d'un  rang  plus  élevé. 

De  même,  les  tuiles  convexes  qui  devaient  couvrir  les  chevrons 
supérieurs  {*)  et  les  rebords  des  tuiles  plates,  en  s'y  enfermant, 
elles  aussi,  ne  pouvaient  descendre,  parce  qu'étant  plus  rétrécies 
en  haut  qu'en  bas,  et  les  rebords  des  tuiles  plaies  qu'elles  cou- 
vraient étant  plus  larges  en  bas  qu'en  haut  (savoir  en  s'élargis- 
sant  insensiblement  vers  l'intérieur  de  haut  en  bas),  elles  étaient 
solidement  retenues  par  ces  rebords,  dans  lesquels  elles  étaient 
étroitement  emboîtées.  Elles  étaient,  en  outre,  comme  collées 
sur  les  chevrons  et  sur  les  bouts  des  tuiles  convexes  inférieures 
qui  entraient  sous  elles,  par  un  excellent  et  copieux  mortier, 
auquel  leur  partie  creuse,  si  informe,  si  raboteuse  et  pleine  de 
petits  trous,  devait  fortement  s'attacher.  Au  surplus,  les  tuiles 
convexes  de  la  première  ligne  horizontale  en  bas  étiuent  rete- 
nues par  des  palmeltes  ou  antefixes,  comme  les  tuiles  plates  de 
la  dernière  ligne  en  haut  paraissent  avoir  été  clouées  sur  le 
faîte;  car  on  trouve  partout  dans  les  substructions,  comme  ici 
à  Bertrée,  de  ces  tuiles  encore  munies  d'un  clou. 

Si  après  cela  on  considère,  d'un  côté, la  lourde  pesanteur  des 
tuiles  romaines,  surtout  de  la  tuile  plate  ,8  à  10  kil  ),  et  d'autre 
part,  l'impossibilité  de  couler  en  bas,  étant  si  solidement 
enfermées  et  retenues  de  toute  manière,  on  pourra,  ce  semble, 
difficilement  partager  l'opinion  de  M.  Schayes  (-),  estimant  que 
ce  mode  de  couverture  indique  que  les  toits  des  habitations 
romaines  en  Belgique  devaient  être  fort  surbaissés;  nous  pen- 
sons, au  contraire,  qu'ils  devaient  être,  au  moins  sous  nos 
climats  froids,  en  pente  assez  raide  ou  rapide  et  être  assez  fort 

(•  )  La  partie  des  chevrons  supérieurs,  qui  dépassait  les  rebords  des  tuiles  plates, 
était,  comme  le  prouvent  les  morceaux  de  mortier  qui  ont  été  retrouvés,  arrondie, 
pour  mieux  s'adapter  à  la  partie  creuse  de  la  tuile  convexe. 

(*]  Histoire  de  l'architecture  eu  Belgique,  I,  147. 


—  16  - 

inclinés  (*),  et  que,  par  conséquent,  il  n'y  a  pas  là  de  raison 
pour  ne  donner  à  ces  villas  qu'un  rez-de-chaussée  (*)  ou  un 
étage  tout  au  plus. 

Encore  un  mot  sur  les  tuiles  romaines,  car  nous  avons  pu  les 
examiner  de  près  dans  les  différentes  fouilles,  surtout  dans 
celles  du  Weyerbampt,  où  il  y  en  avait  à  l'infini.  Les  tuiles,  tant 
plates  que  convexes,  d'une  même  ligne  horizontale,  étaient 
faites  au  même  moule  ;  mais  elles  différaient  des  tuiles  des 
autres  lignes,  soit  en  dimension,  —  elles  étaient  moins  lourdes 
ou  moins  longues  et  larges  dans  les  lignes  supérieures  qu'en 
bas  (^),  —  soit  par  les  entailles  dans  les  rebords  en  bas  de  la 
tuile  plate,  car  pour  faire  la  ligne  ascendante  oblique,  ces  échan- 
crures  devaient  être  plus  longues  à  droite  ou  h  gauche,  d'après 
que  cette  ligne  convergeait  vers  un  côté  ou  l'autre  (*),  — soit, 
pour  le  même  motif,  par  les  parties,  plus  ou  moins  longues, 
coupées  aux  rebords  au  bout  de  la  tuile  plate,  par  où  elle  devait, 
pour  monter  obliquement,  entrer  d'un  côté  plus  et  de  l'autre 
moins  sous  la  tuile  supérieure  (^). 

(  *)  Cf.  CiAMPlNi,  Vet.  monim.,  t.  I,  pi.  I,  (Ig.  4  et  pi.  VlI  ;  —  ei  De  sacr.  œdif. 
a  Constant.  M.  conutr.,  pi.  I.  —  de  CAVUom,  Abécédaire,  ch.  2,  p.  14,  2^  édit. 

(')  Avec  un  rez-de-chaussée  seulement  et  en  l'absence  de  toute  cave  sous  les 
appartements,  il  serait  difficile  d'expliquer  ce  texte  de  Sénèque  parlant  des  hypo- 
caustes  :  «  Impressos  parietibus  tubos,  per  quos  circumfunderetur  calor,  qui  ima 
■»  simul  et  summa  fovent  sequaliter.  » 

(')  Pour  connaître  les  différentes  dimensions  de  la  tuile  romaine,  il  faut  des 
tuiles  entières,  ce  qui  ne  s'offre  pas  fréquemment.  La  largeur  de  la  tuile  plate 
(  pour  ne  pas  trop  m'étendre,  je  laisse  de  côté  la  tuile  convexe,  car  l'une  suit 
l'autre)  peut  encore  être  connue  par  de  grands  fragments  ayant  encore  les  deux 
rebords.  Voici  la  largeur  trouvée  dans  plusieurs  tuiles  plates,  savoir  :  de  28  c,  de 
30,  de  30  Vî,  ?'l,  31  «/i,  32,  33,  34  c.  —  Longueur  de  42  c,  47,  48  ;  et  pour  la 
tuile  convexe,  longueur  de  35  c,  37  '/j,  39. 

(*)  Voici  la  longueur  de  ces  entailles  constatée  à  Bertrée  et  au  Weyerbampt.  Il 
y  en  avait  qui  avaient,  k  gauche,  4  s/i  c,  5,  5  iji,  5  Va,  5  s/i,  6, 6  </*,  6  '/j,  7,  7  i/*, 

7  »,2,  8  Vs  c.  —  A  droite,  5  c,  5  '/s,  5  s/*,  6,  6  ^Js',6  s/*,  7,  8  c. 

C)  Longueur  mesurée  à  cette  coupe  :  à  gauche,  de  2  */s  c.  (un  quart  de  rond  en 
creux  dit  cavet  :  au  côté  opposé,  à  droite,  elle  est  de  5c.);  de  5  c,  5  zji,  6  */«,  7, 

8  c.  A  droite,  de  5  c. ,  5  i/i,  5  s/*,  6,  6  Va,  6  s/*,  7,  7  i/*,  8  »/a  c. 


-.  17  _ 

Plusieurs  signes  semblent  avoir  été  employés  comme  points 
de  repère,  pour  reconnaître  plus  aisément  les  tuiles  de  la  même 
ligne  horizontale.  Outre  le  sigle  du  tuilier,  elles  ont  été  mar- 
quées par  une  grande  variété  de  moulures  aux  rebords  ou,  sur 
le  plat,  par  un  ou  plusieurs  demi-cercles,  par  des  zigszags,  etc. 

Quand  on  réfléchit  à  cette  grande  variété  de  détails  que  nous 
venons  d'indiquer,  sans  pouvoir  en  dire  le  dernier  mot,  détails 
qui  constituaient  un  mécanisme  fort  ingénieux,  on  doit  se  dire 
qu'au  temps  du  tuilier  ^EH,  c'était  un  véritable  art  que  celui  de 
fabricant  de  tuiles.  Leur  mode  de  placement  nous  ayant  paru 
n'être  pas  fort  bien  connu  aujourd'hui,  nous  avons  cru  pouvoir 
nous  étendre  un  peu  à  cet  égard. 

Les  principaux  souvenirs  que  les  Romains  ont  laissés  à  la 
campagne,  dans  nos  contrées  qu'ils  ont  occupées  au-delà  de 
cinq  siècles,  ce  sont  les  chaussées,  les  camps  retranchés 
{Castella),  les  cimetières,  les  tumulus  et  les  villas. 

Ces  villas,  ils  les  établirent,  non  à  l'intérieur  des  villages 
d'alors,  mais  isolément  dans  leur  voisinage.  Il  y  a,  à  peu  près 
partout  absence  de  vestiges  romains  dans  l'enceinte  des  villages. 
Grande  présomption  existe,  selon  nous,  en  faveur  de  l'ancien- 
neté des  villages,  près  desquels  se  trouvent  des  substructions 
d'une  villa  romaine.  Leur  nom  seul  peut  avoir  été  changé  au 
moyen-âge. 

Les  habitants  de  ces  villas  romaines,  soit  vrais  Romains,  soit 
vétérans  licenciés  (  p.  e.  Réthasiens  ,  Tungres  ,  Nerviens , 
etc.),  semblent  avoir  été  des  fonctionnaires  de  l'empire  et  en 
même  temps  les  seigneurs  de  l'endroit,  servis  dans  leurs  maisons 
par  un  personnel  qui  ne  pouvait  pas  être  fort  nombreux.  Quant 
aux  habitants  des  villages,  anciens  Relges  ou  Franks,  peu  ou 
point  romanisés  etdemeurantdans  des  habitations  particulières 
constituant  le  village,  ils  étaient  devenus  des  esclaves  agricoles 
(servi  tributarii),  devant  cultiver  les  terres  et  payer  à  leurs 
maîtres  ou  seigneurs,  en  partie  probablement,  pour  le  fiscpublic. 


18 


des  tributs  et  des  redevances  de  toute  nature.  C'était,  paraît-il, 
déjà  la  féodalité  en  ombre  {*). 

Ces  villages,  en  général,  n'ont  pas  cessé,  d'après  l'opinion 
communément  reçue,  d'être  peuplés  ni  au  IV,  ni  au  111%  ni  au 
IV"  siècle,  etc.  Où,  du  reste,  leurs  habitants  se  seraient-ils 
retirés? Dans  la  seule  cité  de  Tongres ,  ou,  quant  à  ces  endroits- 
ci,  dans  les  deux  petits  camps  retranchés  près  de  la  tombe 
d'Avernas-le-Bauduin  et  près  de  celles  de  Braives,  dont  chacun 
ne  comprenait  pas  un  hectaie  en  étendue? 

Mais  les  villas  romaines  ont  été  détruites  à  peu  près  partout 
par  l'incendie.  Cependant  celle  du  Betzveld  à  Landen,  comme 
nous  avons  dit,  a  cessé  d'exister  par  vétusté. 

A  quelle  époque  cette  destruction  violente  a-t-elle  eu  lieu  ? 
L'opinion  générale  admet  que  les  Franks  ont  encore  pu  prendre 
ces  établissements  romains  pour  leurs  premières  résidences. 
Voici  ce  qui  semble  favoriser  cette  opinion. 

C'est  a)  un  certain  mélange  de  poteries  romaines  et  frankes 
dans  les  substructions  des  villas  romaines  :  par  exemple,  ici  à 
Bertrée,  au  Kloo&terhof,  2i\x^J^miaihûS£h,  etc.  De  même  dans  les 
cimetières  romains  et  dans  les  tumulus  ;  ainsi,  pourne  parler  que 
de  ces  contrées,  dans  ierom&i^^ed'Overwindeetdans  le  tumulus 
de  Middelwinde,  qui  pourrait  bien  n'être  qu'une  tombe  romaine 
du  III"  siècle,  h.  cause  de  certaines  particularités  de  son  caveau 
j)rofond  de  3  m.,  large  de  4'''i20  et  long  de  4™30  (■),  et  ayant  les 
parois  munies  de  grandes  pierres  plates.  C'est  b)  le  i-apport  qui 
paraît  avoir  existé  entre  le  cimetière  frank  du  Tombeux  et  la 
villa  de  Bertrée,  et  entre  le  cimetière  non  romain  du  Uaemberg 
et  la  villa  du  Lazaret.  C'est  encore  6')  le  mélange  de  tuiles  de 
différentes  époques  :  ainsi  aux  belles  tuiles  du  hibricant  ^EH, 
qui  sont  de  l'époque  florissante  de  la  céramique,  succèdent  ou 
s'adjoignent  au  llemelryk  et  à  Bertrée  des  tuiles  lourdes  et 


(  *  )  GuÉRARD,  Polyptyque  de  l'abbé  Inninon,  §  1 4o. 
(  *  )  Renseignement  de  M.  le  corale  Georges  de  Looz. 


19 


informes  d'une  époque  de  décadence,  lesquelles  ont  été  employées 
exclusivement  au  Lazaret  et  au  Kloosterhof.  Tout  cela,  disons- 
nous,  peut  être  invoqué  en  faveur  de  l'opinion  généralement 
admise.  Et  si  l'on  objecte  que  les  monnaies  que  l'on  trouve 
dans  les  substructions,  les  tumulus  et  les  cimetières,  s'arrêtent 
ordinairement  à  Marc-Aurèle  [t  161-180],  au  milieu  du  règne  de 
qui  on  voudrait  tixer  l'époque  de  cette  destruction  des  villas 
romaines  et  de  la  dépopulation  de  nos  campagnes  par  la  retraite 
des  villageois  dans  des  places  fortifiées,  on  y  répond  que  cela 
provient  de  ce  que  les  monnaies  du  Haut-Empire  sont  restées 
très-longtemps  en  usage,  au  point  que  plusieurs  ne  s'offrent 
plus  qu'k  l'état  fruste;  et  l'on  ajoute  qu'on  trouve  aussi  par-ci 
par-là  des  monnaies  postérieures  :  ainsi  dans  le  cimetière  de 
Juslenville,  des  monnaies  de  Commode  [t  180-192]  et  d'autres 
beaucoup  postérieures  de  Magnence,  Décence,  Constantin  (^)  ; 
—  dans  les  cimetières  d'Ellezelles,  de  Flavion  et  d'Elouges,  des 
monnaies  de  Commode  ("^);  —  dans  les  camps  retranchés  près 
des  tombes  d'Avernas-le-Bauduin  et  de  Braives,  des  monnaies 
de  Philippe  ;  —  et  dans  les  substructions  du  Lazaret  un  Tetricus, 
et  dans  celles  du  Rondenbosch  un  Constantin  (^).  L'établissement 
belgo-romain  d'Elewyt  (Brabant)  a  fourni  à  M.  Van  Dessel,non- 
seulementdesmonnaiesromainesdu  3''  et  A"  siècle,  mais  encore 
la  preuve,  par  les  poteries  grossières,  que  le  cimetière  romain 
y  a  été  continué  par  des  Germains  ou  des  Franks  {*). 

(*)  Bulletin  de  t Insti lut  archéologique  liégeois,  IX,  398,  400. 

P)  SCHUERMANS,  Exploration,  p.  424,  not.  \. 

(M  Ibid.,  pp.  366,  242,  368,  374.  540. 

(*)  Annales  de  l'Académie  d'archéologie  de  Belgique,  année  1873,  pag.  783  et 
suivantes.  —  Le  cimetière  l'rank  de  Bas-Oha,  liécouverl  en  1871  et  dont  il  est  fait 
rapport  dans  la  dernière  livraison  du  Hulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois 
(t.  XI,  p.  497),  est  évidemment  postérieur  à  l'époque  de  l'incinération,  c'est-à-dire, 
au  11I<^  siècle;  et  cependant  il  fournil  des  monnaies,  éparpillées  parmi  les  squelettes, 
mais  généralement  bien  conservées,  de  Vespasien,  de  Trajan,  de  Hadrien  et  de 
Commode.  Si  donc  les  monnaies  du  Haut-Empire,  dont  le  long  usage  est  constaté 
ici, avaient  été  ajoutées  avec  l'intention  d'indiquer  l'âge  de  ce  genre  d'établissements, 
ne  devrait-on  pas  en  conclure  —  contrairement  ij  la  vérité  historique  —  que  ce 
cimetière  est  antérieur  au  lU'^  siècle'/ 


20 


Pour  ce  qui  concerne  l'invasion  si  peu  connue  en  histoire  des 
Chauques,  dont  on  fixe  la  date  à  l'année  176  ou  178,  si  je  ne 
me  trompe,  elle  ne  peut,  ce  nous  semble,  être  opposée  à  l'opi- 
nion commune  précitée,  parce  que,  d'après  le  texte  de  Spartien 
qui  seul  en  parle,  Didius  Julien,  alors  gouverneur  de  la  Bel- 
gique, loin  de  leur  laisser,  par  inaction,  le  temps  d'entrer  dans 
l'intérieur  du  pays  et  d'y  exercer  de  longs  et  grands  ravages,  les 
a,  avec  célérité  et  énergie,  moyennant  des  forces  réunies  à  la 
hâte,  arrêtés  aux  frontières,  restitit  (•).  S'ils  avaient  réussi 
à  entrer  dans  le  pays  et  à  s'y  promener  en  dévastateurs,  comme 
on  le  prétend,  le  texte  de  Spartien  n'aurait-il  pas  dû  dire  devicit 
ou  ejecit? 

L'époque  donc,  selon  nous,  de  cette  destruction  des  villas 
romaines  h  la  campagne,  tant  pour  la  Hesbaie  et  le  Maseland 
que  pour  les  Ardennes  et  le  Condroz  avec  les  autres  parties  de 
la  Belgique,  reste  encore  dans  une  profonde  obscurité,  tout  en 
croyant  qu'à  ce  violent  résultat  les  habitants  des  villages  d'alors 
n'auront  pas  peu  contribué,  lesquels,  profitant  de  l'une  ou  de 
l'autre  invasion  postérieure,  se  seront  révoltés  contre  leurs 
oppresseurs,  les  maîtres  de  ces  villas,  qui  n'avaient  cessé  de  les 
pressurer. 

(  *  )  Spartian.  in  Did.  Julian.,  l  :  «  Gauchis,  Gerniania;  populis  qui  Albim  flumen 
»  accolebant,  erunipentibus  restitit,  turaultuariis  auxiliis  provincialium.  Ob  quae 
»  consulatum  meruit  testimonio  imperatoris.  » 


-  24  — 

ANNEXES. 

I. 

Wauthier  de  Trognée,  homme  noble,  donne  au  Monastère  de  S^-Laurent,  à 
Liège,  son  domaine  allodial  situé  à  Çras-Avernas,  dans  le  voisinage  de  la 
Warde  de  Steps  :  don  confirmé  par  Vévêque  de  Liège,  Albéron  1*%  en 
H24  (i). 

In  nomine  Sanctse  et  Individuae  Trinitatis.  —  Ego  Alhero,  gratiâ  Dei 
Leodiensis  Episcopus,  notum  facio  praesentibus  et  futuris  Chrisli  fidelibus. 

Quia  WaUerus  de  Trudeneris  liber  homo,  Praedium  quod  habebat  in 
minori  Avernas  in  comilatu  de  Steps,  tradidit,  pro  sainte  animae  suae,  ad 
Altare  B.  Laurentii,  ex  integro  tam  in  culturis  et  pratis,  quara  in  nemore 
et  censu  et  familia,  quae  illotempore  in  ipso  manebat  Praedio,  cum  omnibus 
usurariis  et  appendiliis  suis,  cum  omni  décima  indominicatus  proprii, 
necnon  et  tola  justitia  ipsius  Praedii. 

Advocatiam  vero  ipsius  Praedii  liberam  reliquit  in  manu  Leodiensis 
Episcopi,ut  ai  soli  de  omni  injustitia  reclamet  Ecclesia  S.  Latirentii,  et  ut 
nunquam  eandem  Advocatiam  in  beneficium  det  alicui.  Nam  in  pretium 
redemptionis  animae  suae,  ipsum  allodium  Deo  et  S.  Laurentio  obtulit,  et 
ideo  Leodiensem  Episcopum  Advocatum  ibi  esse  voluit,  qui  specialis  Pro- 
visor  et  Pastor  erat  ipsius  Walteri,  tamquam  liberi  hominis,  sicut  et 
ceterorum  liberorum  homlnum  principatus  proprii. 

Homines  vero,  qui  de  terra  censuali  ejusdem  Praedii  sunt  beneficiati, 
fundos  suos  ab  abbate  tenebunt,  sicut  eo  dietenebant,  quo  ipsum  Praedium 
S.  Laurentio  est  traditum,  nec  praeler  simplicem  terrae  censum  aliquod 
requisitionis  jus,  sive  ullam  districtionem  ibi  habebunl  :  quia  omnia  haec 
ad  Abbaiem  pertinentia  sunt,  et  ei  de  omni  injustitia  est  proclamandum. 

Diffinitum  est  etiam,  ut  nec  WaUerus  duni  vivit,  nec  post  eum  Abbas 
aliquis  quidquam  de  terra  et  décima  indominicali,  vel  de  censu,  sive  de 
omni  reditu  ejusdem  Praedii  beneficiare  aut  diminuere  possit;  eo  quod 
eleemosyna  Deo  et  S.  Laurentio  oblata  sit. 

(  *  )  Apud  Mirseum,  0pp.  dipL,  t.  I,  p.  276. 


99 


Ipse  vero  Walterus  iisumfructuni  ejusdem  Praedii  in  vita  sua  sibi  ex 
integro  retinuil  :  et  ideo,  ne  vel  ab  ipso  dum  vivit,  vel  ab  aliquo,  posl- 
quamobierit,  ullâ  surreplione  infiingi  possit;  summam  terrae  ad  indomi- 
nicatum  S.  Laurentii  pertinentis,  summam  quoque  census,  aliorumve 
redituum,  hic  siibannotari  placuit. 

Primo  quidem  totam  decimam  ad  indominicatum  S.  Laurentii  pertinen- 
tera,  sivein  fructibus  terrae  cullilis,  sive  in  fructibus  domestici  nuiriminis  : 
deinde  viginti  bonaria  terrae  indominicalia,  et  de  terra  censuali  solides 
XLI.  et  III.  denarios,  in  tribus  lerminis,  Epiphania  scilicet,  et  Nativitate 
Sancti  Joannis,  et  Festivitate  S.  Remigii.  Quattuor  quoque  modios  avenœ, 
in  solennitateS.  Martini,  et  XXII.  capones  in  Natali  Domini,  et  octo  panes, 
cum  totidem  cerevisiae  picaiiis. 

Familia  quoque  ipsius  Praedii,  id  est,  servi  et  ancillae  singulis  annis 
censum  solvent  capiiis  sui  denarios  X.  unum  ad  Altare  S.  Laurentii,  in 
Festivitate  S.  Martini.  Et  cum  aliquis  eorum  sine  herede  obierit,  XII. 
denarios  dimittet  Ecclesiae  S.  Laurentii. 

Quae  omnia  nos  rata  et  inconvulsa  perpeluo  manere  decernimus,  et  pro 
eonfirmationis  lestimonio  Chartam  banc  oonscribi  jussimus,  et  nosiri 
sigilli  irapressione  roboravimus,excommunicanleset  aeternae  maledietionis 
anathemate  condemnantes  eos,  qui  quovis  malignilatis  ingenio  quidlibet 
horuni  infringere  tentaverit,  et  Ecclesiae  S.  Laurentii  uliam  inquietudinem 
aut  molestiam  concitaveril. 

Testes  fuerunt  Archidiaconi  omnes. 

Andréas  Praepositus.  Henricus  Decanus.  Henricus  Junior.  Alexander, 
Adelmanus,  Seppo,  Emino,  et  alii  muUi  ex  Clero  S.  Lamberli. 

De  Nobiiibus  viris. 

Godefredus  Cornes  Namurcensis.  Arniilfns  Cornes  Lossensis.  Gisberlus 
Cornes  de  Duras.  Lambertus  Cornes  de  Monte*  Acuto.  Wigerus  Advocatus. 
Willelmus  de  Lossez.  Godeschalcus  de  Merelevers,  frater  ejusdem  Walteri, 
et  alii  multi  de  familia  Ecclesiai.  Theodericus  dePonle.  Widericus  dePrato. 
AveUnuH.  Lambertus  de  Hoyo,  elArnuIphuH  frater  ejus.  Albertusûe  Villier, 
et  Theodericus  {vAtei  ejus,  et  alii  multi.  —  Aclum  Leodii  anno  Dominicae 
Incarna! ionis  millesimo  centesimo  vicesimo  quarto,  indictione  prima, 
régnante  Henrico  V.  anno  regni  ejus  declmo  septimo. 

'Forte  Agimont. 


—  SS- 
II. 

Fondation  du  prieuré  de  Bertrée  par  Watithier  de  Trognée ,  approuvée  par 
Adalbéron  I",  évêque  de  Liège,  en  H24  (i  ). 

Jn  nomine  S.  et  individu»  trinitatis.  EgoAdw/èero  Dei  gratiâ  Leodiensis 
Episcopus,  notum  facio  praesentihus  el  futuris  fidelibus  nosli  is,  quia  Wal- 
terius  de  Trudignei,  liber  homo,  tradidit  S.  Petro  el  Fratribus  Cluniacensis 
Monasterii,  Ecclesiamde  Berireiscum  omnibus  usuariis,  decimis  et  cœteris 
appendiliis  suis  in  Hanudel  in  Puceis  et  in  Trudenei  et  in  Evrenais^i).  pro 
salute  animœ  suie  et  animarum  pairis  et  matris  suae;  ea  scilicei  conditione 
ut  Fratres  quos  Abbas  Cluniacensis  ibi  Dco  serviiuros  transmirent,  ipsam 
Ecclesiam  et  quicquid  ad  eara  periinet  ita  libère  teneant,  sicut  tent- bat  ipse 
Walterius,  et  per  singulos  annos  unum  lantum  aureum  denarium  Leo- 
diensis monetae,  in  Pascha  ipsi  Francs  persolvant  ad  altare  S.  Pétri 
Cluniacensis  Ecclesiae. 

Hominesvero  qui  de  terra  ipsius  Ecclesi»  beneficiati  sunt,  et  fidelitatem 
inde  fecerunt  Waltero,  ipsam  tenam  de  manu  Prioris  Ecclesiae  requirant 
et  fidelitatem  et  servitium  iiide  Priori  ipsius  Ecclesiae  faciant. 

Districlio  quoque  Villse  ad  Ecclesiam  perlinebit,  ita  ut  Gotescnlcus  frater 
ipsius  Walterii,  qui  Advocatus  est  ejusdem  alodii,  medietatem  ipsius  dis- 
triciionis  de  Ecclesia  teneat,  et  per  hoc  ipsam  Ecclesiam  et  quicquid  ad 
ipsam  pertinet  ab  omnibus  iiijuslitiis  defendat. 

Restaurationem  similiter  S.  Petro  et  ipsis  Fratribus  dédit:  ita  ut  medie- 
tatem iiisius  restaurationis  Ecclesia,  medieiatem  ipse  Advocatus  teneat, 
Medietatem  etiam  Chorvede,  quœ  ipsius  Walterii  erat  eis  concessit;  alla 
enim  medielas  periinet  ad  Ecclesiam  et  Abbatiam  S.  LrtM/c/t^n.Molendinum 
quoque  de  Bavignds  cum  omnibus  usuariis  suis,  et  medietatem  sylvae  de 
Trudineis  ad  inte^rum,  sicut  in  suos  usus  et  in  dorainium  lenebai,  ipsis 
Fratribus  dédit. 

Advocatiam  dédit  Godescalco  fratri  suo  et  posteris  ejus,  ea  conditione 
ut  ipsam  Advocatiam  teneant  de  Ecclesia  tluniaceLsi  el  de  manu  Prioris, 

(  '  )  Mir.  0pp.  dipl.,  t.  III,  fo!.  325  ;  —  Fisen,  Ilist.  Ercl.  Leod.,  Notât.  13  ad 
Lib.  iX,  n»  o6,  ad  an.  il'it. 
(*)  Alias  Avernas-le- Baudouin. 


24 


quem  Abbas  de  Clnniaco  ibi  transmiserit,  et  ut  nullus  sit  ibi  Advocatus 
neque  Subadvocatus  praeier  ipsos,  et  libeitalem  ipsius  allodii  inviolabiliier 
ipsi  custodiant  et  a  malis  homiiiibus  défendant. 

lia  enim  liberum  erit  ipsum  alodium,  et  justitiam  siiae  libertatis  retineliit 
ipsa  Lcclesia  cuni  omnibus  appenditiis  suis,  ut  priclei'  quod  eonstitutura 
Advocato  tcnere  de  ipsa  Ecelesia,  id  est  medielatem  districtionis  viliae  ei 
medietateni  restaurationis,  nullum  jus,  nuliamquo  potestateni,  aut  donii- 
nium,  seu  violentiam  in  ipsum  alodium  et  in  homiiies  ad  ipsam  Ecclesiam 
periineiiies  exerceat. 

De  omni  quoque  injustiiia  quie  fiet  in  ipso  alodio,  de  qua  Prior  ipsius 
Ecclesiae  placitare  debcbit  eum  fratrihus  et  hominibus  suis,  nihil  ad  eum 
periinebit,  nisi  forte  ad  faciend;im  vel  retinendam  justitiam,  quam  per  se 
illi  diffinere  non  poterunt,  advocetur,  et  tune  de  ipsa  justitia  quam  fecerit 
duos  denarios  Fiatres  habebunt,  ipse  tertium  habebit  denarium. 

Ex  mediclate  autem  sylvae,  qtiam  dédit  idem  WalteriuH  ipsis  Fratribus, 
si  quis  iiijuslitiam  feeeiit,  pro  justilia  exigenda  duos  denarios  similiter 
Fiatres  iiabebunt,  Ad\ocalus  semper  ipsius  sylvae itrtiumaecipiel  denarium. 

QuieunKjue  autem  ad  Ali  aie  Eeclesiœ  pertinent  et  censum  ipsi  persolvunf, 
nihil  ad  Advocatum  pei  tinebunt,  nullum  jus  nuUamque  potestatem  Advo- 
catus super  eos  habebit,  nec  implacitabit,  neque  violentiam  de  ipsis  Fcele- 
siye  faciet,  née  ad  exiyendum  de  illis  justitiam  cum  Priore  sedebit,  nisi  ab 
ipso  advoceiur,  et  lune  ul  dictum  est  pro  facla  ab  ipso  justitia  tertiam 
habebit  denarium. 

Et  hoe  quoque  statulum  est,  ut  Prior  ipsius Ecelesiae  cum  Fratribus  suis 
ad  nullum  alium  perlineat,  vel  alicui  Cellae  appendat,  nisi  ad  Abbatem  et 
ad  Priorem  Cluniaccnsis  Monasterii.  Quod  si  aliter  Abbas  Cluniaeensis 
facere  voluerit,  scilieet  ut  sub  providentia  vel  polestate  alieujus  Cellœ  vel 
Priorisalterius  hane  transponat  Ecclesiam,  EpiscopusLeodiensis  et  Advo- 
caïus  fleri  piohibe;int,  et  in  defensione  atque  arbitrio  sit  illorum  hoc 
Privilegium  et  hane  Constitutionem  retinere  et  tuei  i  iii  perpetuum. 

Bona  veio  quae  ad  ipsam  Ecclesiam  sunt  collata  vel  aliquando  a  fidelibus 
eiuiit  eoiiferenda,  ad  usus  Fratrum  ibi  Deo  seivieiitium  proficiant,  nec 
unquam  ad  aliorum  usus  conferantur,  vel  in  potestatem  extraneorum 
redigantur. 

Hane  igitur  eleemosynam  ipse  Wnlterius  S.  Petro  dédit  et  confirmavit, 
ut  Fratres  ibi  Deo  servientes,  ipsum  publiée  et  privatim  cotidie  habeant  in 


-    25  - 

orationibus  suis,  et  quotidianam  absolutionem  faciant  ei,  et  tam  anniver- 
sarium  suum,  quani  patris  et  matris  suae  anniversaria,  in  vigiliis  et  Missis 
et  in  c«teris  beneficiis suis,  devoti  recelant. 

Quse  Constilutio  sive  tradiiio  ut  rata  et  inconvulsa  permaneat,  banc  ad 
posterorum  memorlam  sive  confirmationem  praesenti  Scripto  mandaviinus, 
et  in  generali  Synodo  cumconsensu  sanctse  Leodiensis  Ecclesise  F.piscopali 
aucioritate  flrma\inius  et  nostro  sigillo  corroboravimus. 

Testes  quoque  idonei  sunt  adhibiii  et  in  bac  Caria  conscripti, 

yi«(//w/.sPraepositus  et  Archidiaconus,  .A/c.r«tt(/('rArchidia('oniis, //('«ricMs 
Archidia<'onus(i),.4/»ir/nttMsArchidiaconus,  S/c/;/JoAr(hidlaconus,A/-»î///Ms 
Canonicus  S"  Lambeiti,  Willelmus,  Hcnricus,  Steppo  Scholaslicus. 

Ex  Nobilibus  atque  illustribus  Viris, 

Godefridus  Cornes  Namurcensis,  Gislebertus  Cornes  de  Durachio,  Lam- 
bertus  Cornes  de  Monte-Acuto. 

Liberi  homines  Goiescalcus  Advocalus  ejusdem  alodii,  Adelo  Namur- 
censis,  Gerardus  de  Landinois,  Gerardus  de  Bereis,  Gislebertus  de  Lens, 
Henricus  de  Pucei. 

De  familia  S"  Lamberli,  Humbertus  et  frater  ej us  Gorfoîo,  Godozode 
Evienais,  Robertus  etalii  multi. 

Actum  Leodii  anno  Dominicae  Incarnalionis  M.  C.  XXiV  (2).  Indictione 
II  régnante  Henrico  quarto,  anno  Imperii  ejus  XXV.  sub  Adalberone 
Leodiensi  Episcopo. 

III. 

Echange  entre  i'  prieur  de  Bertrée  et  V abbaye  du  Val-Notre-Dame  de  trois 
bonniers  gisant  dans  l'enclos  de  la  Boschaille  à  Montenukcn  (3).  40  avril 
1266. 

A  tous  ceux  qui  ces  lettres  veront.  Nous  frères  Robert,  prieur  de  Bertrées 
et  tout  le  couvent  de  ce  mesme  lieu  de  l'Ordre  de  Clugny  mandons  salut  et 

(*  )  Hemi,  archidiacre  de  la  Hesbaye  depuis  l'année  1119. 

{*;  Jusqu'à  1334,  l'année  a  commencé  à  Liège  avec  l'Annonciation.  <^  1334 
0  Leodii,  dit  FouLLON,  llist.  Leod.  comp.,  piimum  cœpli  anni  a  Christi  natali 
»  numerari,  cum  anle  a  pascha,  Francorum  moribus,  incipcrent.  » 

C)  Registre  premier  du  Val-Nolre-Dame  de  1661.  (Archives  de  l'Etat  à  Liège.) 


26 


connoistre  vérité  :  faisons  scavoir  à  vous  tous  que  nous  avons  eschangé  à 
nos  iionnes  amyes  l'abbesse  et  couvent  du  V;il  Noslte  Dame  proche  Huy  de 
rOrdie  dt'  Ciicau  trois  l)onniers  cin(|  verges  de  lerie  de  nostre  dismage 
d'Avrenais  la  Crause,  laquelle  gisl  en  parfond  val  dedans  l'enclos  de  la 
Boschaillc,  pour  trois  bonniers  et  deux  verges  sur  honnir  de  dismage  de 
la  devant  ditte  abbesseet  couvent  :  laquelle  terre  de  trois  bonniers  eldeux 
verges  doit  revenir  à  nostre  dismage  d'Avrenais  la  Crause,  et  de  ce  une 
pièce  gisl  entre  la  tombe  de  Montegny  et  Crause  Avrenais  d'un  boniiier  et 
demy,  laciuelie  tiennent  les  enfants  qu'on  dist  Foui,  et  une  autre  pièce  d'un 
bonnier,  laquelle  gist  en  cette  mesme  campagne  que  Hanekins  Louis 
d'Avrenais  hCrause  tient; et  la  dernière  pièce,  laquelle  gist  lez  \eMnrIier 
de  riiospital  d'Avrenais,  laquelle  tient  Jean  le  lils  Gouden  de  Montegny  (i)  ; 
et  pour  défaut  de  trois  verges,  qui  nous  manquent  pour  arriérez,  nous 
doit  rendre  la  maison  de  la  Boschaille  demy  dozin  de  bled,  payable  à  la 
mesure  de  Huy  h  nostre  église  à  I5erlrées.  Et  afin  que  le  présent  marché 
soit  ferme  et  stable,  avons  appendu  nostre  seel  az  présentes  lettres.  Cest 
eschange  fut  faitte  au  jour  de  la  pasque  fleurie  (s)  en  l'an  de  l'Incarnation 
Jesu  Christ  MCCLXVl. 

(  *  )  Gouden  ou  Guden  est  la  traduction  flam.  de  Chnjsanti.  Le  nom  ou  l'orlho- 
jiraphe  moderne  est  Gotjens. 
(*)  Le  dimanche  des  Rameaux. 


1 


NÉCROLOGE 


L'ABBAYE  DE  MUNSTERBIESRX' 


PUBLIÉ  PAR 


J.  Weale,  C.  cle  Bomaii  et  S.  Bormans. 


Le  Martyrologe  dit  d'Usuard  fut  écrit  en  875  ou  876,  ainsi  que 
Mabillon  l'a  très-bien  démontré.  Il  en  existe  de  nombreux  manus- 
crits ;  le  plus  ancien  est  celui  qui  a  appartenu  à  l'abbaye  de 
Saint-Germain-des-Prés  h  Paris;  il  date  du  neuvième  siècle, 
mais  coniient  un  nombre  considérable  d'interpolations.  Le  plus 
pur  comme  texte  est  celui  de  la  Chartreuse  de  Hérines,  près 
Enghien,  écrit  vers  la  lin  du  onzième  siècle;  à  pari  les  ajoutes 
concernant  les  saints  de  Reims,  il  renferme  fort  peu  d'interpo- 
lations ('). 

Le  texte  du  manuscrit  de  Munsterbilsen,  qui  ne  remonte  pas 
plus  haut  que  la  première  moitié  du  douzième  siècle  O,  est  loin 
d'être  pur  :  en  le  collationnant,  nous  y  avons  remarqué  de  fré- 
quentes omissions  de  passages  et  demots,  noiammeniaux  2l,!:2o 
et  27  juin, aux  3,  \l  10, 18  et  23  juillet,  aux  19,29  et  30  août,  au 

;')  A  ce  sujet,  on  peul  cousuller  la  seconde  riection  île  la  préface  de  Sollerius,  a 
l'édilion  du  martyrologe  qu'il  a  publiée  dans  le  sixième  volume  des  Acin  Sditrtonim 
du  mois  de  juin. 

(*)  11  est  certainement  po-térieurà  11H0. 


-  28 


10  septembre,  aux  11 ,1 5  et  28  octobre,  aux  1,2,27  et  28  novembre, 
et  aux  3  et  16  décembre;  on  y  trouve  aussi  des  mets  dénaturés, 
par  exemple  :  mater  pour  martiris,  8  février  ;  —  intra  lanopolitn 
civilatem  Tuscie  pour  in  Traianopolim  civitatem  Thracie,  16 
juillet  ;  -  olim  Cilicie  pour  Olimpi  Licie,  18 septembre;  -Pirasti 
pour  Piniti,  10  octobre. 

La  concordance  fréquente  du  texte  avec  celui  du  manuscrit 
de  Hérines,  prouve  que  ce  volume  a  été  transcrit  d'un  manuscrit, 
de  la  famille  de  Reims.  Ainsi,  aux  13  janvier,  8  mai,  29  juin,  24 
juillet,  2,  12  et  14  octobre,  il  y  a  concordance  parfaite;  aux  15 
janvier,  18  et  27  avril,  1  et  29  mai,  1,  3  et  8  juin,  18  juillet,  19 
et  25  aoijt,  20  et  25  septembre,  1,  4,  21  et  25  octobre,  etl,  3  et 
15  novembre,  elle  est  presque  complète.  Dans  d'autres  endroits 
cependant,  le  texte  diffère  considérablement;  par  exemple, au  8 
février  on  lit  :  Virduni,  natale  Beati  Pauli  efàscopi  et  monachi, 
ipsius  ecclesie  restauratoris  et  rectoris  precipnr,  —  âu  11  mars: 
et Candidusff  Gorgonms;  —au  25  mars  :  Apud...  Dominica.  In 
loco  Calvarie,  passio  Ipsius.   In  Cesarea  Phylippi,  vincula  Pétri 

apostoli.  In  Sirmio preconio.  Ipso  die,  ex  Egypte  transitus 

Jiliorum  Israël  ;  —  au  27  mars  :  Iherosolimis,  Resurrectio  Domi- 
nica; —  au  13  avril  :  In  Calcedonia,  Eufemic  virginis  ;  —  au  19 
avril  :  Eodein  die,  apud  ecclesiam  Beali  Pétri  Rome,  depositio 
domni  Leonis  pape,  qui  nonus  presedit  sedi  Romane  ecclesie  ;  — 
au  24  avril  :  Trium  puerorum  liberalio  de  camino  ignis....  Remis 
civitate  natale  sanclarum  martirum  Bove  <?/Dode;  —  au  25 
avril  :  Rome,  Letania  maior  ad  Sanclum  Petrum,  quam  beatus 
Gregorius  j.apa  inslituit  pro  maxima  clade  que  tune  Romam  vas- 
tabat,  sicut  pleniter  legitur  in  gestis  ipsius.  Apud....  Evangelium 
quod  didiscatur  nb  are  eiusdem  apostoli  ;  —    au  26  avril  :  Item 

Rome,  Sancli  Marcellini truncatus  est,  d/ /;os/ (//es  triginta 

quinque  sopuUus  via  Salaria  in  cubiculo  a  Marcello  presbitero  et 
(liaconihus,  cum  yninis;  —  au  30  avril  :  Eodem  die,  natale  Saiicti 
Madei-niani,  Remeiisis  arcliiepiscopi,  qui  sexlus  eandem  rexit 
occlesiam.  Eodem  die,  tvanslatio  Quirini  martiris;       au  2  mai  : 


-  -29  — 

Métis,  inventio  corporis  Sancti  démentis  episcopi ,  discipuH  Pétri 
apostoli  ;  —  au  10  mai  :  Apud  opidum  Barense,  translacio  Nycholai 
episcopi  ;  —  au  11  mai  :  Apud  Linyones,  Beali  Gangulfi  martiris, 
longe  lateqiie  gloriosi  miraculis;  —  au  9  juin  :  Apud  monasterium 
Sancti  Germani,  dedicatio  oratorii  in  honore  Sancti  Pétri  apostoli  ; 

-  au  11  juin  :  Eodemdie,  Sancti  ludoci  confessoris,  quandoipso 
célébrante  missam  primam  sue  celebrationis  rnanus  Domini  appa- 
ruit  super  eum;  —  au  12  juin  :  In  Frisia,  Odulfi  confessoris  ;  — 

au  21  juin  :  Eodem  die,  Albani  martiris Eodem  die,  pussio 

sanctorum  martirum  decem  milium  cum  duce  suo  Agatio,  qui 
omnes  sub  Antonino  principe  passi  sunt;  —  au  30  juin  :  Comme- 
moratio...  una,  non  tamen  eadem  die,  sed  evvlulo  anni  tempore, 
ut  vir  disertus  Arator  scribit;  —  au  13  juillet  :  In  Anthiocliia, 
Sancte  Margarete  virginis  et  martiris;    —  au  15  juillet  :  Apud 

Cartagiiiem,  natale  Sanclorum  martirum  Calulini,  Eutropii 

Item,  Iherosolimis,  divisio  Aposlolorum  per  quatuor  plagas  terre 
ad  affirmandum  lliesum  esse  Filium  Dei,  et  baptizare  in  nomine 
Elus  in  remissionem  peccatorum.  Item,  Rome,  divisio  reliquiarum 
Pétri  et  Pauli  aposîolorum.  Item,  Iherosolimis,  Victoria  Cristia- 
norum  ;  — •  au  17  juillet  :  Item,  Spisensis,  Sancti  Fridegandi 
episcopi  et  confessoris  ;  —  au  21  juillet  :  Eodem  die,  natale  Sancti 
Arbayasti  episcopi  et  confessons;—  au  23 juillet  :  Eodem  die, 
inventio  sanclissimi  corporis  Beati  ludoci  confessoris  ;  —  au  5 
août  :  Transi' yuratio  Domini  in  monte  Thabor  ;  —  au  1  septembre  : 
Eodem  die,  dcposilio  Sancli  Nivardi  episcopi.  Citera  civitate, 
Saticli  Egidii  abbatis,  quem  cerva  per  annos  plurimos  lacté  suo 
pavit  in  heremo;—  au  3  septembre  :  Ipso  die,  Stabulaus,  Sancti 
Remacli.  Tolosa,  Sancti  Mansueîi  episcopi  ;  —  au  22  octobre  : 
Eodem  die,  in  civitate  Colonia,  natale  Sancte  Cordule  virginis  ; — 
au  6  novembre  :  Eodem  die,  natale  Sancti  Leonardi  confessoris  ; 

—  au  23  novembre,  la  mention  de  Saint  Colombnn,  qui  dans 
les  textes  purs  se  trouve  au  21,  occupe  la  seconde  place  ;  à  la 
lin,  se  trouve  la  mention  de  SaintGoberl  qui,  dans  le  manuscrit 
de  Hérines,  occupe  la  seconde  place;  —  au  2o  novembre: 


—  30  - 

Eodem  die,  passio  Sancte  Katherine  virginis  et  martiris;  —  au 
26  novembre  :  In  pago  Remensi,  depositio  Sancti  Basoli  confes- 
sons;—  an  43  décemhre  :  Item,  Sancte  Odilie  virginis  preclare. 
Item,  ipso  die,  depositio  Sancti  ludoci  coufessoris,  qiiândo  de 
carnis  ergastulo  felici  consnmmalione  migiavit  ad  celum;  —  17 
décembre  :  In  Anlhiochia,  natale  Siincli  I^nalii  episcopi  et 
martiris,  qui  tercius post  Petrum  apostolum  Anthiochenam  rexit 
ecclesiam,  ijuique  persecutione  Traiani  dampnatiis  ad  bestias 
Romam  vinctus  mittitur,  decem  militibus  ad  custodiam  datas  quos 
ipse  in  epistola  sua  oh  crudelitatem  leopardos  vocatur.  Cumque 
iam  proiectus  ad  bestias,  rugientes  audiret  ïeones,  ardore  patiendi 
motus,  ait  :  Frumentum  Ci'isti  sub  dentibus  bestiarum  molar  ut 
panis  mundus  inveniar.  In  Affrica,  natale  Sanctorum  Victoris, 
Victoriani,  Adiutoris,  Jlonorati,  Felicis,  Innocenta,  et  aliorum 
viginti  quatuor. 

LES  PASSAGES  SUIVANTS  SONT  DES  AJOUTES  AU  TEXTE  DU  MANUSCRIT  '. 

4  mai.  Festum  Corone  Domini,  duplex.  —  ^2  juin.  Eodem 
die,  passio  decem  milia  militum  martirumsub  Adriano  impera- 
tore  et  aliis  sex  regibus.  Festum  duplex.  —  2  juillet,  Visitatio 
Marie  Virginis,  duplex.  —  9  juillet.  Octava  Visilalionis  Marie 
Virginis.  — 26  juillet.  Eodem  die,  (estivitas  Béate  Anne,  malris 
Dei  Genitricis  Marie.  —  5  août.  Item,  Bononie,  Beati  Dominici 
fratrum  Predicatorum. .......  de  quo  debentfieii  xii  lectiones  et 

propter  hoc  h dies  indulgentie.  — 19  novembre.  In 

Marburcli,  natale  Sancte  Elizabeth,  vidue,  fllie  régis  Hungarie. 
Festum  duplex.  —  21  novembre.  Eodem  die,  Presentatio  Marie 

Virginis  in  lemplo.  —  4  décembre... die.  Barbare,  virginis 

et  martiris Festum  duplex. 

Mais  ce  qui  rend  le  manuscrit  de  Munsterbilsen  particulière- 
ment iiiléiessant  pour  nous,  ce  sont  les  passages  qui  lui  sont 
propres  et  que  nous  reprodui^sons  ici  au  long  avec  quelques 
autres  qui  diffèrent  considérablement  de  toutes  les  variantes 
citées  par  SoUerius. 


—  ,^» 


Janvier  14.  Apud  Spolelum,  passio  Sancti  Pontiani  martiris, 
qui  sub  iudice  Fabiano  virgis  cesus,  et  super  carbones  nudis 
pedibus  ambulare  iussus,  deiiide  in  carcere  clausus,  post  hec 
eculeo  appensus,  Inde  leonibus  obieclus,  prelerea  super  lectum 
ferreum  extensus,  et  plumbo  feivenle  siiperfusus,  et  in  hiis 
omnibus  apparens  invictus,  ad  ul'.imum  gladio  percussus  felici 
martyrio  est  coronatus. 

Février  11.  Eodem  die,  apud  Herbodes,  Ihenine  virginis. 

Mars  19.  In  fuudo  Wenlershoven,  transiatio  secunda  post 
Normannieam  iiifestatiouem  Sanclorum  Landoaldi,  Amantii, 
Vinciane,  et  Sancte  Landrade  virginis  quam  domnus  Eraclus 
episcop'js  et  Arabertus  transtulerunt  Belisie,  ubi  quondam  in 
honore  Béate  Dei  Genitricis  Marie  nutu  divino  in  proprio  fun- 
davitecclesiam,  ubi  usque  bodie  omnibus  digne  petentibus  eius 
prestantur  bénéficia.  Anno  ab  Incarnatione  Domini  octingesimo 
etoctogesimo  facta  est  transiatio  venerabilis  virginis  Landrade 
in  Bflisia  a  domno  Eraclo  episcopo  et  Araberto  (*). 

Avril  27.  Proxima  Dominica  die  post  Ascensionenj  Domini, 
dedicatio  altaris  Sancte  Marie  et  Sancti  Nycholai  et  Sancte 
Katherine. 

Juin  7.  Traiecto,  transiatio  Sancti  Servatii  episcopi,  quom 
Karolas  magiuis  imperator  magna  cum  vtnerationetranstulit, et 
obcuius  merituni  ipse  imperator  viclorextitit  Sarracenorum(^). 

Juin  26.  Item,  eodem  die,  dormitio  Beati  lohannis  apostoli  et 
evangeliste. 

Juillet  8.  In  saitu  belue  que  nunc  Belisia,  id  est  quasi  bene 
elisa,  nuncupata  est,  natale  Sancte  Landrade  venerande  virginis 

/;  Il  y  a  évidemment  ici  une  erreur  de  la  part  du  scrii)e.  La  deuxième  trans- 
lation des  reliques  des  saints  de  Wintershoven  eut  lieu  en  980  (voy.  Aciu  SS. 
Manu,  lom.  III,  p.  35,  42,  43,  et  liilii,  lom.  7/,  p.  (i-20  et  622  .  Dans  la  vie  de  S. 
LandoHJd  et  de  ses  compagnons,  dcrile  par  Hariger  sur  srdre  de  l'ésêque  Notger, 
le  prêtre  de  Winlershoveu  est  nommé  Saraberlus  (voy.  Acta  SS.  iVartii,  tom.  III, 
p.  37),  ainsi  que  dans  riiisloire  de  la  translation  des  reliques  à  Gand,  écrite  par  un 
meine  de  l'abbaye  de  S.  Bavon  {ibUl.,  p.  43;.  Voir  l'annexe  ci-après. 
-)  Kn  l'anm^e  726.  Voir  Aica  SS.  Mail,  tom.  III,  p.  217. 


—  32  - 

et  prime  matris  huius  cenobii,que,  dum  qiiadam  noctis  sileniio, 
in  eo  loco  Omnipolenii  Domino  ?un  vota  voveret ,  ab  Ipso 
immortali  Sponso  suo  crucem  miritici  operis  e  celo  recipere 
meruit,  et  locum  quo  Sue  Geiiilrici  M;ii-ie  oratorium  fundaret, 
ipso  sancto  signaculo  dedicavit,  in  quo  eciam  oratorio  impressio 
eiusdem  sanctissime  crucis  in  lapide  durissimo  usque  hodie 
languide  fidei  tollil  dubietatem  {*)....  Eodein  die,  Worreburgis, 
Sanctorum  Kyliani,  Coiamanni  et  aliorum. 

Juillet  16.  Eodem  die,  Traiecto,  sanctorum  confessorum  atque 
ponlitîcum  Gundolfi,  Monulfi,  (jUi  unus  posl  alium  Tungrensem 
ecclesiam  vaslatam  ab  Attilo  rege  poe-t  mortem  Beali  Servatii 
resiaurare  laboraverunt,  donec  angelica  ammonitione  eis  hoc 
nequaquam  fieri  posse  demonstralum  est. 

Août  22.  Floriiiis,  Sancti  Mauri  marliris. 

Août  24.  Transhitio  corporis  Beali  Amoris  confessons  ab  eo 
loco  ubi  antea  iacueral  in  Belisiensi  ecclesia 

Août  27.  Translaiio  Sancli  Amoris,  quem  tran.slulit  cornes 
CloduU'uset  venerabilis  coniunx  sua  Hilda  a  Traiecto  in  Beli- 
siam  (^). 

Octobre  8.  In  teniîorio  Tungrensi,  cenobio  Belisiensi, natale 
Amoris  sanclissimi  confessoris  Domini.  Hic  cum  essel  ex  nobi- 
lissimo  génère  patriciorum,  accensus  igné  Divini  amoris  Ihesu 

(1)  Comparez  le  pas.<age  suivant  de  la  vie  de  la  Sainte  par  Tliierri,  abbé  de 
Sainl-Trond  :  «  Hac  taii  viîginum  niililia,  his  gymnasiis  in  brevi  locus  adolevil,  et 
in  oninis  humanitalis  crescens  annosiliileni,  non  ul  prius,  a  beiuis  Belua,  sed 
Belisia,  hoc  est,  bene  Elysia  vocaii  cœpil.  »  Acia  SS.  lulii,  lora  11,  p.  6"2t).  L'édi- 
tion de  Surius  ajoute  :  «  Sive  enim  neroorosani  iuciinditatein,  sive  fluminuin  aut 
fontium  irriguam  spectf>s  ubertattm,  apiini  qiiO(iue  et  mellis  ceream  suavitaleni, 
addila  incolarum  Chri&tiana  religione  ;  parum  et-t  ,  quod  dubitas  de  elysia 
bealiludine.   » 

(*;  Ces  deux  passages  sont  d'une  i:LS-grande  importance.  Voir  Acia  SS. 
Oct.,  toni.  IV,  pp.  335  à  342.  11  en  résulte  (pie  le  corps  (Je  saint  .Amour  fut  d'abord 
enterré  à  Maestricht  —  probablement  à  l'endroit  où  plus  tard  lut  élevée  en  son 
honneur  une  chapelle,  dont  l'abbesse  de  Munslerbilsen  l'ut  la  patronne  —  ensuite 
transféré  à  iVIunslerbilsen  et  enterré  dans  l'église,  et  finalement  élevé  dans  une 
châsse. 


33 


Gi'isti,  patriam  suam  reliquit  Aquilaniam,  Romam  venieiis, 
ibique  a  Sancto  celi  ianitore  Pelro  pie  in  somnis  confortaïus, 
viam  quam  tenderet  et  locum  cui  Tiaiectum  est  nomeii,  ubi 
postea  virtutibus  et  claris  iniraculis  ut  in  gestis  eius  legitur 
enituit,  ab  ipso  celi  clavigero  scire  promeiMit.  Sanctitatis  eius 
meritum  Omnipoteiis  Domiuus  celare  noluit,  in  liuius  carnis 
materie  infirmos  curavit,  cecos  illuminavit, oppresses  a  demoiie 
liberaviî,  et  lampadem  quam  iiostis  humani  generis  extinxerat 
celitus  Clara  luce  restauralain  accepit. 

Octobre  20.  Eodem  die,  depositio  Sancti  Sindulfi  confessons, 
qui  seculus  Abrahe  pairiarclie  exemplum,  exivil  de  terra  et  de 
cognatione  sua,  et  oblitus  populum  suum  et  domum  patris  sui 
ut  Domino  solo  serviret  et  fecit  degens  in  parrochia  Remensi 
sobrie,  iuste  piequevivendo,cuius  vita  quam  fuerit  Deo  accepta 
tesiantur  ipsius  miracula  que  per  eius  meiiia  sunl  facta. 

Octobre  31.  Fossis,  eodem  die,  Sancti  Foillani  martiris.  Cuius 
eciam  corpus  dum  diu  fidelibus  latuisset  Béate  Gertrudi  virgini 
per  columnam  ignis  revelatum  est. 

Novembre  ?>.  Eodem  die,  dedicalio  ecclesie  Sancti  Amoris  in 
Belisia  et  aliorum  plurium  sanctorum  marliium. 

Décembre  1.  Ilenj.Weniersoven,  tianslatio  prima  Sanctorum 
Ladoaldi,  Amandi,  Laiidrade,  Vinciane,  Adeltrudis,  Adriani, 
Iuiiani,quostianstulitdigiiacumvenerationeSanciusFloribertus 
tercio  loco  post  Beatum  Lambertum  regens  Leodiense  episco- 
pium. 

Décembie  23.  Eodem  die,  translatio  Sancli  Lamberti  ab 
ecclesia  Sancte  Jîai  ie  in  criptam,  et  eiusdem  cripie  dedicalio  in 
honore  Omnium  Sanctorum  (  '  ). 

(*)  La  iranslalion  des  reliques  de  S.  Lambert  de  l'église  de  S,  Pierre,  près 
MaesU'icht,  à  celle  de  Noire  Dame  à  Liège,  eut  lieu  le  "li  décembre  7!22  Ce  lui  aussi 
ie -24  décembre  qu'on  ea  colébia  annuellement  la  tète,  jusqu'à  l'époque  oii  elle  fut 
iixée  au  !28  avril.  —  Notre  marlyrologe  menlionne  une  autre  Iranslalion  ;  sou:^ 
l'église  de  Noire-Dame  fui  construite  une  crypte  destinée  a  recevoir  les  reliques  de 
S.  Lambert  qui  y  furent  descendues  le  û'i  décembre  (on  ignore  de  quelle  année), 
jour  oii  la  crypte  fut  en  même  temps  consacrée  a  Tous  les  Saints  (M.  Dakis). 


-  34  — 

Nous  faisons  suivre  ici  la  reproduction  des  notices  nécrolo- 
giques des  religieuses  et  des  chanoines  de  Munsterbilseu,  ainsi 
que  des  bienfaiteurs  de  la  maison;  malheureusement,  nous 
avons  dû  laisser  bien  des  espaces  en  blanc,  car  le  manuscrit  a 
beaucoup  souffert.  D'abord,  au  seizième  siècle,  leschanoinesses 
ont  gratté  et  enlevé  partout  le  mot  monialis,  comme  si  elles 
avaient  voulu  faire  oubher  qu'elles  avaient  été  religieuses 
et  qu'elles  s'étaient  sécularisées  ;  ensuite  le  couteau  d'un  relieur 
barbare  a  rogné  les  marges  et  tronqué  les  notices  qu'on  y  avait 
ajoutées.  Nous  aurions  pu  omettre  celles-ci,  mais  nous  avons  cru 
mieux  faire  de  re[)roduire  exactement  tout  ce  que  nous  avons  pu 
déchiffrer.  Peut-être  plus  tard,  quelqu'un  pourra-t-il  compléter  le 
texte  au  moyen  d'autres  documents,  car,  si  nos  renseignements 
sont  exacts,  il  doit  exister  entre  des  mains  particulières,  à 
Malmedy  ou  dans  les  environs  de  cttle  ville,  une  partie  considé- 
rable des  archives  de  l'abbaye  de  Munsterbilseu. 

December. 

■24.  Commemoracio  Marie  de  Tille,  olim  ahbatis?e  huius  ecclesie  (i), 
que  legavit  iii  s.  Renenses.  Obiit  Aleydis  van  der  Tangflryl,  que  legavlt 
duodecim  vasa  siliginis  inler  caiionicos,  di  miceilas,  lapellanos  et  de.ser- 
vitoies,  pro  una  persona,  divideiida  in  paradiso. 

30.  Gedefiidi.  Obiit  domnus  Cuniaidus  de  Sevenbeighe,  qui  legavit 
nobis  unam  caaulam 

Ianuarius. 

1.  Co.  Aleydis  de  Motenaken,  matris  donini  Balduini,  sigilliferi  LfO- 
diensis  (2). 

(  '  )  Marie  de  Tiiys  i  en  flamand  de  Tille  fut  élue  abbesse  de  Munsterbilsen  en 
■1497  {Analecles  pour  servir  a  l'In/stoire  ecctésiaxiique  de  la  Belgique,  t.  IX,  p.  34P), 
et  mourut,  selon  son  épilaphe,  le  "2'^  décembre  1498.  Son  nom  ne  figure  pas  dans  la 
liste  des  abbesses  donnée  par  Wollers. 

(*)   Le  porle-scel  ou  nioJlUfer  de  Liège  était  le  {,'rand  vicaire,  qui  devait  néces- 


—  3o  — 

2.  Co.  Magarete  de  Eyneberch. 

3.  Co.  Bénigne,  quondam  dumicelle huius  monasterii doinne 

de  Peierst-m,  que  legaviic<in\entui  dimidiura  modium  siliginis. 

5.  Co.  Ghisbeiii  de  Montenakin ,  pairis  domni  Baldiiini,  sigilUferi 
Leodiensis.  Co.  domni  Godt  fridi  de  Wilre,  qui  legavit  nobis  se|.tem  vasa 
siliginis  inter  prescnies. 

6.  Co.  domiie  de  Milledonck,  nnde  habenius  viii  vasa  siliginis  inter 
présentes.  En  marge  :  Co.  domicelle  Lucardis  Mey\eldcrs,  unde  habemus 
xxiiii  virgalasprati  sitas  1er  ass  et  pei  unie  inde  provenientes(i)dividuntur 
inter  présentes.  Sunt  magne  vigilie  an;e  ferrum. 

7.  Co.  domni  ludoci  Vasirat,  unde  habemus  viii  vasa  siliginis  inter 
canonicos,domiceliasetcapellanos,  deserviiores  et  matricularios  présentes, 
prouna  persona,  supra  domum  et  curtim  lohaniiis  Moers  in.... 

8.  Co.  Wilhelmi  Moelenberch,  unde  habemus  vi  vasa  siliginis  inter 
canonicos,  domicell.is  el  capellanos  présentes,  supra  hospilium  lohannis 
Andrée,  iuxta  domum  Saiicti  Stephani.  Co.  magistri  Fleiieri  Scoefs  de 
Blisia  qui  legavit  sex  vasa  siliginis  inter  omnes  equaliler  dividenda. 

9.  Obiit  Cunegondis  pie  memorie.  Co.  Lamberti  layci.  Co.  domine 
Margarete  de  Pyetersum  et  filiarum  suarura.Sunt  magne  vigilie  ante  corum 
domiiiorum. 

10.  Co.  Arnoldi,  militis  de  Weiham,  et  filie  sue  lohanne,  pro  quorum 
anniveisario  habemus  unam  deeimam  apud  Welne. 

11.  Co.  Lamberti.  Co.  Margareiede  Authoesselt,  pro  cuius  commemo- 
racione  el  parentum  suorum  ft  amicorum  habemus  annuatim  v  vasa  cum 
dimidio  frumenli  mensure  Tongrensis,  de  quibus  fiunt  magni  panes. 

12.  Co.  Luburgis  et  Elyzabeth. 

sairernent  faire  partie  liu  cliapilre  de  S'-Lambert.,  à  Liège.  Or,  ie  grand  vicaire 
Handuin  Ho  Montenalien  n'est  pas  cili.'  dans  les  listes  des  chanoines  de  celte 
cattiédralti.  On  y  trouve  bien  un  Bauduin  de  Monlenaken  en  I3(i4,  vice-doyen  en 
1376,  chanlpe  en  1380;  mais  celui-ci  est  désigné  comme  étant  fils  du  chevalier 
Guillaume,  châtelain  de  Monlenaken,  seigneur  de  Herck,  etc.,  et  de  Josine,  fille  de 
Warnier  d'EIzée,  dit  de  Dave  De  Theux,  l.e  chapitre  de  S^  Lambert,  à  Liège,  t.  II, 
p.  1  lo  ;,  tandis  que  notre  grand  vicaire  était  fil?  de  Ghisbert  (^t  d  Aleide  {  voyez  5 
jtttivie<-',.  On  ignore  si  Bauduin,  fils  de  Gilbert  de  Monlenaken  el  vicaire-général  de 
l'évoque,  était  chanoine  de  la  cathédrale;  car  ce  ne  fut  qu'à  partir  du  W'  siècle  que 
le  vicaire-général  devait  être  choisi  parmi  les  chanoines  M.  Daris  . 
(*)  En  marge.  Nunc  ii  golt  gulden 


~  36 


16.  Co.  Marie  de  Kenswilre.Co.  domicelle  Margarete  Pynnock(  i),unde 
habemus  vi  vasa  siligiiiis  et  iiii  virgalas  prati  infer  canonicos  et  doraicellas, 
etc.  Co.  lutte  de  Kessel,  qaondam  decanisse  huius  ecclesie  (2),  que 
legavit  xii  vasa  siligiiiis  iiiter  canonicos  et  domicelias. 

17.  Co.  Mechiildis  abbatisse  de  Petersora.  Sunt  magne  vigilie  ante 
altare  Sancti  Andrée. 

18.  Co.  Laureniii  Pistoris,  presbileri,  qui  legavit  vi  vasa  siliginis  inter 
oranesequaliier  dividenda. 

19.  Co.  Egidii  presbileri.  Co.  Elyzabeth  de  Drumen,  que  legavit  iiii 
vasa  siliginis  inter  omnes.  Co,  venerabilis  domni  lohannis  Waikerfs), 
canonici  huius  ecclesie,  qui  legavit  pro  anniversario  suo  xi  virgatas  prati, 
et  fil  corn... 

20.  Co.  Cristiani  de  Horreo,  unde  habemus  iiii  vasa  siliginis  mensure 
Traiectensis;  lucrantur  canonici  et  capellani. 

21.  Co.  Aleydis  Coci  pie  memorie  in  Cristo.  Obiit  Renerus  Balduini, 
villicus  de  Hex,  unde  habemus  vi  solidos  bone  monete  et  vi  capones  apud 
Wange. 

22  (4).  Corn.  Godefridi  militis  de  Sconwinkelcqui  legavit  conventui  Beli- 
siensi  t'ni'*  honunria  terre  in  Rosmeir,  et  de  dunbus  curtibus  in  Udenberge 
xix  denarios  Leodienses,  videlicet  :  de  prima  curti  vi  denarios,  qne  curtis 
nulla  alla  iura  solvit  prêter  illos  vi  denarios, et  de  altéra  curti  xiii  denarios, 
et  eciam  solvit  \i  denarios  de  aliis  iuribus.  Commemoracio  Marie  de 
Bruysthem. 

25.  Corn.  Oltonis  imperatoris{s).  Obiit  Beatrix  de  Oplewe  bone 

memorie. 

24.  Co.  Amelrade  abbatisse.  Obiit  lohannes  démentis,  pro  cuius  anni- 
versario habemus  annuatim  tria  vasa  siliginis. 

(  *)  Marguerite  Pynnock  était  chanoinesse  ;  elle  assista  à  l'ouverture  de  la  châsse 
de  Saint  Amour  en  iinl.  V.  Acta  Sanci.  Oct.,  t.  IV,  p.  336,  où  le  nom  est 
imprimé  par  erreur  Fyiinock. 

(*)  Jutte  de  Kessell,  chanoinesse  en  1437  (Acta  SS.,  loc.  cit.),  était  doyenne  du 
chapitre  en  1497  {Atialecte.i  ecclésiasiiqne.i,  loc.  cit.). 

[^)  Jean  Walker,  chanoine,  assista  à  l'ouverture  de  la  châsse  de  Saint  Amour 
en  1487  {Acta  SS.,  loc.  cit. \ 

(*)  L'ancien  manuscrit  commence  ici;  la  partie  qui  précède  paraît  avoir  été 
recopiée  au  XIV»  siècle. 

;  " .  Pour  l'empereur  Otton,  bienfaiteur  du  chapitre,  v.  Wolters. 


-  37  — 

25.  Co.Algardis.  Co.  domni  Arnnldi  de  Meroede,  filii  de  Hoffalizia,  qui 
obiit  anno  Mquiiigentesimo  seplimo,  ipso  die  Beati  Pauli  apostoli  (i. 

26.  Co.  Ainolde de  0|iiewe  bone  memorie. 

27.  Co.  M ibilk  (i)  .  Co.  Yrmgiinlis  de  VValdech,  quondam  abbatisse 
hiiius  monasteni  (3),  unde  haliemus  caput  argentcuin  Sam  ti  Anioris  et 
mulia  alia  bona.  SunI  magne  vigilie  ante  allare  v...  marlirum. 

28.  Co.  Ermentrudh.  Co.  hertoch  Philips  van  Cleve,  hère  tôt  Raven= 
sfeyii  ;  henfft  gelaeten  eyn  gelaesvyiister  in  den  hoghen  ooer  (4). 

29.  Com.  magistri  Wilhelmi  Nycoi  de  Oesteiwiicli,  quondamcanonici 
nostri,  qui  legavit  nobis  hereditarie  pro  anima  sua  ac  parentum  suorum 
xii  vasa  siliginis  inter  présentes  in  paradiso. 

50.  Co.  dnmne  Aleydis  de  Brunson-n  l)one  memorie,  olim  abbatisse 
huius  monasterii  (3),  in  cuius  aimiversario  distribuuntur  viginii  octo  vasa 
siliginis  mensure  de  Rumunde,  presentibus  equaliler  dividende,  tam 
canonicis  quam  domicrllabus;  pre  entibusdividctur. 

31.  Co.  domni  Waltcri  de  Wilre,  qui  legavit  octo  vasa  siliginis  inter 
présentes  ,  scilicet  :  domne  abbaiisse  pro  duplici  persona  ,  canonicis, 
domicellabus  velatis  ei  duobiis  miiiisiris,  pro  una  persona,  sed  capellani 
et  deservi.ores  habent  per eorura  alibi  per 

Febrlarius. 

5.  Com.  Gude. 

i.  Com.  domni  de  Sarni  et  domicclle  Meglildis  de  Fayt,  et  patris  sui, 
domni  Egidii,  et  ma! ris  sue,  domne  Adde,  pro  quibus  habemus  apud 
Welien  xiiii  vasa  siliginis  inter  présentes. 

(  *  )  Arnold  de  Mërode  était  fils  de  Richard,  seigneur  de  Frentz,  et  de  Marguerite 
d'Argenleau,  dame  de  HouH'alisc.  il  devint  Iréfonoier  de  S«  Lambert  le  22  août  1487. 
Chanoine  d  Aix,  il  devint  archidiacre  de  Hesbaie  le  IC  décembre  1503,  et  trépassa  le 
23  janvier  tot'i7  i  B""  DE  VoRST  GuuENAU  ;.  Cfr.  14  février,  19  mars,  18  septembre, 
12  novembre. 

(')  Elle  vivait  en   1130. 

(  '  ,'  L'abbesse  Ermengarde  de  Waldeck  paraît  avoir  succédé  (  Aleydede  Brunshorn, 
qui  occupait  la  dignité  abbatiale  en   1303  (Aualectes  ecclésiastiques^  t.  IX,  p.  339  . 

(*;  Le  duc  Philippe  de  Clèves,  seigneur  de  Ravenstein,  est  probablement  le  fils 
d'Adolphe  de  Cièves,  seigneur  de  Ravenstein,  qui  combattit  les  Liégeois  en  1466. 
Il  mourut  vers  io2a  (M.  Daris). 

(°)  L'abbesse  Aleyde  de  Brunshorn  est  citée  dans  une  charte  de  l'an  1303  (WoL- 
TERS,  Notice  sur  l'abbaye  de  Munsterbilsen,  p.  69). 


-  38  — 

5.  Co.  Waîteri. 

6.  Co.  Everardi,  sacerdotis.  Co.  Elyzabet  de  Hex,  decane,  pie  memorie, 
que  legavil  nobis  multa  bona. 

7.  Co.  domni  lohannis  de  Beke,  quondam  nostri  canonici,  qui  legavit 
nobis  sex  vasa  siliginis  Lo.ssenis  inter  présentes. 

8.  Co.  domni  lohannis  Quirini,  qui  legavil  nobis  iii  florenos  HoUandie 
semei  daniis. 

9.  Co.  Goesswinus  Brecht  et  Elizabeth  de  Wyfflet,  uxoris  sue,  qui 
legaveruiu  unam  lasulam de  flueto  pie  memorie  in  Cristo. 

ll(i).  Co.  Beatriiis.. .......  pie  memorie  in  Crislo. 

i2.  Co.  Bute 

15.  Commemoratio  Benneri  mililis  de  Hex  (2),  undehabemus  annualim 
unum  Niodium  spelte  apud  Hex. 

iA.  Co.  ludith.  Co.  domicelle  Katherine  de  Kempenich,  que  legavit 
nobis  hereditarie  unum  modium  siliginis  mensureTraiecteiisis.  Co.  nobilis 
et  generose  domicelle  Elizabet  de  Meroda,  alias  de  Huffalisia,  que  legavit 
unum  modium  siliginis  mensure  Traiectensis  (5). 

15.  Commemoracio  Guede  de  Oirsvelt,  decanisse,  que  legavit  nobis  pro 
anniversario  suo  xx  vasa  siliginis  mensure  Traiectensis  inier  présentes, 
et  cantaniur  magne  vigilie. 

16.  Co.  lohannis  Coci  unde  liabet iiii  vasa  siliginis. 

18.  Co.  Bycmudis  et  Ide. 

20.  Co.  Mcclifildis.   Co.  ililgardis  de  Suardenbergh..... 

21.  Co.  Meglildis,  Beggine  de  hospitali,  que  legavit  conventui  sex  vasa 
siliginis  iacentis.... 

22.  Co.  Elizabet  de  Welham,.,....  pro  qua  habemus  sicut  in  alio  libro 

scripium  est.  En  marge  .............  mensure  Traiectensis  inter  canonicos, 

domiceilas  velalas,  cappellanos,  deservilores  et  duos  matricularios  pro  una 
persona  equaliler  dividenda. 

'*)  Le  feuillet  58  du  ni,imiscr-it,  depuis  Je  îl  jusqu'au  17  février,  a  élé  rocopiO 
au  XIV  ■  siècle. 

(•)  Ce  Renier,  chevalier  lie  Hex,  est  probablement  le  môme  que  lienier  dit  Tallar 
de  Hex,  qui  vivait  au  XIV'>;  siècle  (DAltls,  Notices  sur  les  églises  de  la  priiicipaulé  de 
Lié(je,  t.  II,  p.  43). 

(*;  Elisabeth,  .sœur  d'Arnold  de  Mérode  (  voir  au  25  janvier),  chanoinesse  de 
Munslerbilsen,  décéda  le  14  lévrier  1540  B""  un  Vokst-Gudenau). 


—  39  — 

25.  Co.  CUtricie.  Co. Gertrudis,  laice,  et  Ciistine,  iaice.  Cora.  Eiizabet 
de  Hud pie  memorie  in  Domino  Ihesu  Cristo. 

24.  Commcmoratio  Gisilberii,  mililis,  et  uxoris  eius,  Aleidis.  Obiit 
M;iria  de  Foys,  pro  qua  habuimus  xi  griffoiies  semel  in  paradiso. 

25.  Co.  Megiildis  decane  de  Andenne,  pro  qua  habemus  sicul  in  alio 
libi'o  s«Tiptum  est. 

26.  Co.  domiie  Aleydis  de  Wethame,  pro  cuius  anniversario  habemus 
ut  supra. 

27.  Co.  domni  lohannis  de  Diepenbeick  ,  cappellani ,  unde  habent 
canonici,  domicelle  velate,  cappellani,  deservilores  et  matricularii  sex 
vasa  siliginis  heredilarie. 

28.  Co.  domicelle  Aleydis  de  Guytschoven,  pro  cuius  anniversario 
habemus  inter  omnes  canonicos,  domicellas,  capellanos  et  deservilores 
présentes  exceplis  non iii  raodios  spelte  in  paradiso. 

Martius. 

i.  Co.  Cristine  deMillen.  En  marge  :  Co.  parentum.,.  Dune  et  prior... 
feria  quinla 

2.  Co.  Godefridi  van  der  Tangelriit  et  Katherine,  sue  uxoris,  paîris  et, 
Qiatris  Aleydis  van  der  Tangelriit,  unde  habemus  octo  vasa  siliginis  inter 
canonicos,  domicellas  velatas,  cappellanos,  deservilores  et  matricularios 
pro  una  persona. 

3.  Co.  Aleidis  abbatisse. 

4.  Co.  Gcyle.  Co.  Katherine  de  Kempene,  que  legavit  dimidium  bonua- 
rium  terre  iacentis  in  Hex  ad  pisces  in  vigilia  lohannis  Baptiste  presen... 

cum  mag ganorum.  En  marge  :  Obiit  Henricusde  Hacoer,  et  Maria, 

eius  uxor,  pro  quibus  habemus  vi  vasa  spelte  iacentis  in  Hacoer  ad  pisces 
in  vigilia  lohannis  Baptiste  presentibus  tantum. 

5.  Co.  domicelle  Heylwigis  de  Warous,  que  legavit  canonicis,  domicel- 
labus  velatis  et  superpelliciatis,  cappellanis  et  deservitoribus  presentibus 
duodfcim  vasa  siliginis;  iiide  habebunl  matricularii  duos  deiiaiios.  Obiit 
anno  Dumini  millesimo  (luadrlng^'nle^imo  quiiiquagesimo...  in  paradiso... 
En  marge  :  Commemoratio  Boiielta  de  Overvelde,  unde  habemus  iiii  vasa 
siliginis  ad  pisces  que  dislribuunlur  inter  présentes  in  capite  ieiunii.  Obiit 
Gherlacus  de  Bruchchennoy  et  Elyzabeth,  tilia  eius. 


40 


6.  Co.  Gertrudis  et  Berlhe.  Co.  Elizabet  scolaris.  Co.  domni  Theoderici 
dicii  Capellani,  olim  canonici  huius  ecclesie,  qui  multas  possessiones 
convenlui  legavit  ut  in  aiio  libro  coniineiur  pie. 

7.  Co.  Odegevc.  Commenioratio  Clemencie  de  Hachurt ,  pro  cuius 
commemoralione  habemus  unum  modiiim  spelte  annuatim  apud  Hex.  En 

marge  :  Co.  lutte  de s,  que  legavit  nobis grifones  pto  anniver- 

sario  suo. 

8.  Commemoracio  Beatricis  de  Beverst,  que  legavit  quatuor  vasa  sili- 
ginis.  En  marge  :  Commemoracio  parentum  domni  Nycolay  de  Âbelens, 
quondam  nustri  canonici. 

9.  Co.  Hildcgardis.  Obiit  Elizabet  decana  de  Sureh 

10.  Co.  Volfardis. 

i\.  Co.  Claricie pie  memorie.  En  marge  : i  quondam  ctanonicus 

Sancii  lohannis  in  Leodio,  pro  quo  habemus vasa  siiiginis;  distri- 

buunlur  p raium  ad iacent  iuxta. 

i±  Co.  Henrici. 

15.  Co.Wolteri  de  Ghenka. 

14.  Co.  Sibilie.  Co.  LodowysePynnock,domicelIe(i),  decem  vasa  siii- 
ginis dividenda  inter  canonicos,domicellas,capeilanos  et  deservitoribus... 
ilur  in  paradiso. 

15.  Co.  Hildcwaris.  Obiit  domiceila  Maria  de...  l...emonte. 

16.  Co.  Adelherli,  presbiteri,  et  HUdcgurdis.  En  marge  :  Commemoratio 
Richardi  Meyiiveldor,  militis,  et  Meclitildis,  eius  uxoris,  unde  habemus  vi 
vasa  siiiginis  que  distribuuntur  |)ro  piscibus  in  vigilia  Omnium  Sanctorum. 

17.  Co.Gerardi.  Corn,  domicelle  Marie  dicte  RugreffyndePsa..lmen(2), 
domicelle  in  Thoren,  que  reliquil  ecclesie  nosire  unum  lavacrum  sive  vas 
argenleum.  Co.  domni  Ade  de  Merhem,  qui  legavit  pro  anniversario  suo 
septem  virgalas  terre  arrabilis  site  rétro  ..cto  inter  ..es. 

18.  Co.  Helesendifi.  Com.  parentum  Certrudis  de  Becoven,  decane,  unde 
habemus  xii  vasa  siiiginis  inter  présentes  dividenda. 

19.  Co.  Bezele.  En  marge  :  Domnus  lîeynerus  de  Meroda,  filiusde  Huf- 
falizia,  miles,  obiit  anno  xv  nono,  undecimo  die  mensis  Aprilis  (3). 

(*)  Louise  Pynnock  es^l  citée  comme  chanoinesse  en  I  i97  et  I0II. 

i*/  Probahlement  Marie  Hingrave  des  comU's  de  Salni  (fille  de  Jean,  mort  en 
1306,  et  de  Marguejile  Horion  d'Ordenges  ,  femme  de  iS'icolas  Blllte^^wyck  dit  de 
Passart,  seigneur  de  Miieer  et  grand  bailli  de  Bilsen  ,B"»  de  Vorst-Gudenau). 

(*]  Renaud  de  Mérode,  frère  d'Arnold  (voy.  25  janvier),  est  le  fondateur  de  la 


41 


20.  Com.  Margretede  Bigarde pie  memorie. 

21.  Co.  Ellenburgis ,  Berte ,  Wiburgis.  Cora.  Gertrudis  de  Becoven, 
decane,  pro  cuius  anniversario  habemus  xxviii  grosses  pagamenti  inler 
présentes  dividendos  eî  raarcum  unum  gr versario 

22.  Co.  G ich  comitiset  eorura  qui  wegoreta?'iuguiari  f...t  (i)  lera= 

pore  Henrici  imperatoris  quarli. 

23.  Co.  Barbare ,  quondam  domicelle  sive  pedisseque  domne  Cone- 
gundis  (2)  de  Dune,  abbatisse  Sancti  Amoris,  que  legavit  convenlui  iiii 
vasa  siliginis. 

24.  Co.  parenlum  domicelle  de  Versen,  que  legavit  pto  anniversario 
eorundeni  iiii  g.  de  raoneta  Florenensi  recipiendos  ad  coquinam,  et  sex  g. 
eiusdem  monele  quos  solvet  decanus  de  Wilre  de  bonis  suis,  presentibus 
in  paradiso. 

25.  Com.  Godefridi  et  Beatricis.  Co.  Agnetis  de  Elderen  pie  memorie 
in  Cristo.  Co.  Henrici  Stas,braxatoris  nostri,qui  legavit  xii  vasa  siliginis, 
vel  pro  illis  xxiiii  florenos  communes. 

26.  Commemoracio  Lucie  de  Waldich ,  miletissa  de  Oelburk  pie 
memorie  in  Christo.  Co.  Gertrudis,  matris  int  Bayhuys,  que  legavit  nobis 
vasa  siliginis  hereditarie. 

27.  Co.  Geve.  Co.  Loretle  de  Scuenenberch,  decane  huius  ecclesie, 
unde  habemus  sex  vasa  siliginis  inter  doraicellas  présentes  superpliciatas 
ad  vi...  in  festo  Béate  Katherine  virginis,  in  paradiso. 

28.  Co.   Elyzabeth Co.  Gerardi  de  Scoenbeyck,  armigeri,  unde 

habemus  inter  canonicos,  doraicellas,  capellanos  et  deservitores  v  vasa 
siliginis  hereditarie. 

29.  Com.  domni  Arnoldi  de  Cruchen,  de  cuius  anniversario  habemus 
xxxiii  gr. 

50.  Co.  Yde,  que  legavit  conventui  annuatim  septem  vasa  siliginis  in  die 
Beati  Benedicti  abbatis, 
31.  Co.  Lambert». 

branche  des  seigneurs  de  Frenlz,  d'où  sorteat  les  comtes  de   Middelbourg  et 
d'Oigiiies.  il  épousa  Adrienne  de  Bois  de  Melio,  dame  de  Moperlingeo,  etc.  (B""  ii£. 

VORSI-GUUMIAD). 

t'j  Peul-èlre  faudra-t-il  lire  iugulaii  fuerunt. 
(  0  )  Cfr.  le  9  septembre. 


42 


Aprilis. 

1.  Co.Ude{i).  Co.  dbnmi  Rasonis,  quondam  cappellani  huius  ecclesie, 
qui  legavit  nobis  annuatim  xii  vasa  siliginis. 

2.  Co.  Reinnudis.  Co.Iohannede  Stordeur  de  Hex,undehal)uilcuslodia 
ecclesie  sex  coronas  Framie  semel  datas. 

5.  Co.  Ide.  to.  Aleidls  de  Jlo..est  pie  memoiie  in  Clirislo.  En  marge  : 
Anniversarium  lohannis  loerskens  et  Katherine,  eius  uxoris,  uiide  habel 
luminare  ecclesie  Sancti  Amoiis  dimidiuni  florenum  ad  et  supra  curtim  et 
mansionem  Adam  Pelri  dicti  Timmermans  in  Bokenbilsen  iacentes  iuxta 
F..sam. 

4.  Co.  Aleidis  abbnfisse.   Obiil  Mectheldis Corn,    Vargarete  de 

Cronendael  bone  memorie 

6.  Co.  Ricmnre.  CommemoracioHeylwigis  deEyneberch,  unde  habemus 
xiiii  vasa  siliginis  inter  présentes,  que  obiit  v  Aprilis  anno  xlviii,  in 
paradiso. 

7.  Com.  Marie  scolaris. 

8.  Co.  Mechtildis  Kelb'ners,  necnon  sui  palris  Wilhelmi  Kelleners,  cl 
Mizabt^t,  sue  matris,  que  legavit  octo  vasa  siliginis  inter  canonicos,  domi- 
celhis  velaïas,  capellanos,  deservitores,  malricularios,  pro  una  persona, 
equaliter  dividcnda  in  pamdiso.  En  marge  :  Co.  Elisabeth  Kellena... 
unde  habenius  octo  viriiatas  prati. 

9.  Obiyt  lûhanna  Caproiis,  unde  habenius  dimidium  flo in  Ho 

inter présentes. 

40.  Co.  domni  Gerardi  Dormens,  pastor  ecclesie  parochialis,  et  cano- 
nicus  huius  ecclesiarum,  qui  legavit  pro  annivers.irio  suo  inler  omnes 
unum  modlum  siliginis  mensure  Traieclensis. 

li.  Co.  Megbtildis,  comitisse.  Co. domni  Nycholai  de  Abolens,  canonici 
huius  ecclesie,  unde  habemus  unum  niodium  siliginis.  En  marge  :  Com, 
Herîrîci       Pieiersum  tiliorum  unde  habemus. 

12.  Co.  Hugoiiift,  Leodicnsis  episcopi,  qui  legavit  ecclesie  et  conventui 
Belisiensi  octoginta  libras  alborum. 

iô.  Co.  Sivardi  de  Sureiibach  bone  memorie.  En  marge  :  Co.  domni 
lohannis  Mouwen,  capellani  huius  ecclesie,  qui  legavit  pro  anniverbario 
suo  inter  omnes  sex  vasa  siliginis... 

(•)  Elle  vivait  en  H;J0. 


43 


14.  Co.  Henrici,  archiepiscopi.  Et  Katherine... 

15.  Co.  Hadwidis,  decane,  et  Heyleividis,  Henrici  decani.  Co.  Beatricis... 

16.  Co.  Adeleydis. 

17.  Co.  EmtachU,  sacerdotis  (i).  Com.  domicelle  Marie  de  Verses. 

18.  Co.  ludith.   Co.Sophye  de  Phauwis En  marge  :  Comrnemoratio  . 

domicelle  Gertrudis  de  Hervé  (2),  unde  habemus  vii  vasa  siliginismensure 
Traiecteiisis  inter  canonicos,  domicellas  velatas,  capellanos,  deservilores 
et  inatricularios  pro  una  persona  présentes  distribuenda. 

19.  Co.  Andiee  de  Oversteyn,  Schonetle  eius  uxoris  (3),  lohaiinis  de 
Sconenborch,  Elizabeth  eius  uxoris  (4),  ac  parentum  etamicorum  eorum, 
unde  habemus  sex  vasa  silijiinis  inter  canonicos,  domicellas  superpelliciatas, 
capellanos  et  deservitores  présentes  distribuenda. 

20.  Co.  Ricre,nbbfitisse.  8oï[ih'\aohï\[... 

21.  Co.  Agnetis  de  Simpyr s  piememorie. 

22.  Com.  Dyne pie  memorie.  pro  qua  habemus.  Eti  marge  :  Co. 

Henrici  de  Surenbach,  unde  habemus  quatuor  vasa  siliginis. 

25.  Co.  Margarete de  Bomalia  pie  memorie  in  Cristo. 

24.  Co.  Hcyleu'ipis.    Co.  domicelle  Berte  de  Loveric. 

25.  Co.  IdeetThome.  Com.  maj^istri  Henric'i  de  Houthorne,  canonici 
noslri,  pro  cuius  aniiiversario  habemus  xii  vasa  siliginis  inter  présentes 
tanlum  et  canonicos. 

26.  Co.  Theoderici  Mans,  matricularii  et  cellarii  huius  ecclesie  Sancti 
Amoris,  qui  legavit  pro  anniversario  suo  et  eius  uxoris  Marie,  unde  habe- 
mus unum  florenum  <  um  dimidio  ad  et  super  omnia  bona  sua  siia  in 
Munsterbiisen  inter  canonicos  et  domicellas  et  ceteros  capellanos. 

27.  Com.  Gerlaci,  laici,  qui  legavit  conventui  et  abbatisse  decem  libras. 

(1)  Il  vivait  en  1130. 

(*)  Gertrucle  de  Hervé  était  chanoinesse  ;  elle  assista  à  l'ouverture  de  la  châsse 
de  Saint  Amour  en  i4S7  (V.  Acta  SS.  Oct.  t.  IV,  p.  336  . 

(^)  André  d'Oberstein  et  son  épouse  Schonelte  Jannette)  de  Bursrheidl  ffille  de 
Richard  et  d'Elisabeth),  vivaient  en  1381-1412  Fahne,  t.  !,  p.  307).  Humbracht  dit 
que  la  femme  d'André  était  une  Hûrth  de  Schônerk,  fille  de  Richard  et  d'Anne  de 
Burscheidt.  Nous  ignorons  laquelle  des  deux  opinions  mérite  confiance,  mais  nous 
sommes  tentés  de  suivre  Hiimbracht,  M.  Fahne  étant  en  contradiction  avec  lui- 
même,  car  il  parle  aussi  de  Schonette  d'Oberstein,  née  de  Hiirth,  dans  son  article 
H'ùrih  (B""  DE  Vorst-Gl'DENAU). 

(*)  Probablement  Joaii  de  Schônenburg  et  Elise  d'Oberstein  qui  vivaient  en  147-! 
Cette  Elise  était  la  nièce  d'André  d'Oberstein  (B""  de  Vopst-Gudenap;. 


29.  Commemoracio  Aleydis  démentis,  de  qua  habemus  annuatim  iii 
vasa  sillginis  En  marge  :  Co.  domni  Hermanni  de  Wydoy,  quondam 
cappellani  dcclesie  Sancli  Amoris  Blisiensis,  unde  habeiU  canonici,  capel- 
lani  deservitores,  domicelle  velate,  necnon  duo  matricularii  pro  una 
persona  quatuor  vasa  siliginis  supra  domum  ipsius  domni  Hermanni  cum 
suis  attinenciis, 

Maius. 

i.  Co.  Cunonis.  Co.  Katherine  de  Elderen...  pie  memorie.£«  marge  : 
duo  bonuaria  terre  pro  ariima  sua  et  pro  animabus  mariti  sui  et  amirorum 
omnium  siiorum. 

2.  Co.  Willelmi,  matricularii,  qui  legavit  conventui  unam  domum  cum 
curti  et  dimidium  bonuarium  terre  arabilis. 

5.  Co.  Hndt'widis. 

i.  Co.  Heylewivis.  Corn.  lohannis  Dessen,  matricularii  Saneti  Amoris 
Klisiensis,  qui  legavit  conventui  vii  vasa  siliginis  hereditarie. 

5.  Co.  Luburgis  {^). 

6.  Co.  domni  Theoderici  de  Havert,  canonici  Blisiensis  et  decani  Saneti 
Servatii. 

7.  Co.  lohannis  Boest,  quondam  canonici  huius  ecclesie. 

8.  Co.  Heylewivis. 

iO.  Co.Ide.  Co.  Elisabet  de  Warras......  pro  qua  habemus  xxviii  vasa 

siliginis  et  mar        iii  per 

^l.  Co.  domni  Willelmi  de  Curlersen,  quondam  canonici  nostri,  qui 
legavit  nobis. 

12.  Co.  Luthgardis.     Com.  Margarete  de  Ondricken  iunioris  bone  me- 

rnorie.    Co.  Yde  de  Curingen  alias  Persoens,  unde  habemus  iiii  vasa 

vino  in  die...  fioationis.  En  marge  :  Co.  Henrici  Plucken  et  Katherine,  sue 
uxoris,  qui  legavit  pro  anniversario  suo  quinquc  virgaîas  prati  iacentes 
iuxta  pascuam  dictara  die  zwunen  wey,  et  undecim  virgatas  terre  iacentes 
iuxta  den  bltckers  inter  omnes  equaliier  distribuendas. 

13.  Co.  Gude.  Co.  domicelle  Aleydis  de  Rode ,  que  legavit  inter 
présentes  vi  vasa  siliginis.  En  marge  :  Commemoratio  Hermanni  Beulleu 

(  * ,  Elle  vivait  en  H63.  Voyez  Woiters,  op.  cit.,  p.  49. 


4o  — 

et  Agnetis  Surlef,  sue  uxoris,  qui  dédit  nobis  unum  nobile  ad  pavimentum. 

ii    Co.  Aleydis. 

16.  Corn.  Margarete  de  Gusghoeven  (i),  decane,  in  paradiso  sex  vasa 
siliginis  mensure  Lossensis. 

18.  Commemoratio  Ri<-,oldis  sacerdotis. 

19.  Commemoratio  Aleydis  de  Hex et  in  magno  libre  requirantur 

bona  sua  scripia  que  ecclesie  et  convenlui  ex  parte  ipsius  remanserunt. 

21.  Co.  Hugoniii,  sacerdotis.  Com.  domni  Heynrici  Mutzelinxs,  quondara 
canonici  huius  ecclesie. 

23.  Co.  Werenzonis,  presbiteri,  et  Odilie. 

25.  Co.  Henrici. 

27.  Co.  domni  Nycholai  Baiart,  canonici  huius  ecclesie  pro  que  habe- 
mus.... 

51.  Co.  Knnonis,  «anonici,  qui  legavit  conventui  iiiie'" bonuaria. 

lUNIUS. 

I.  Co.  Marie  de  Hollenioirs,  que  legavit  nobis  xxiiii  florenos  Renenses. 
5.  Co.  Heylewigis  decane. 

4.  Co.  Megtildis pie  memorie  in  Cristo. 

.5.  Commemoratio  Sophie boue  memorie. 

7.  Commemoracio  lohannis  de  Herc,  pro  cuius  anniversario  habemus 
inter  présentes  x  vasa  siliginis. 

9.  Co.  Deçienradi,  Heizelonis,  ludith  et  Ode  ei 

II.  Co.  Mechiildis  pri que  legavit  unum  vas  siliginis  ad  raatu- 

linas. 

12.  Co.  Gerardi  de  Louveric,  unde  habemus  quatuor  vasa  siliginis  in 
nocie  Annunciationis  Béate  Marie  in  vino. 

13.  Co.  Gerfrudia  abbatisse  {2).  Obiit  domnus  lohannesCoci,unde  habe- 
mus vi  vasa  siliginis. 

14.  Co.  lutte  cellerarie,  que  nobis  fecit  et  legavit  multa  bona. 

15.  Co.  Ermegardis  de  Waldegghen....  bone  memorie  in  Cristo  (3). 

16.  Co.  lohannis  Scoefs  de  Blisia,  unde  habemus  octo  vasa  siliginis 


*  1  Celto  doyenne  vivait  sous  l'épiscopat  de  Jean  de  Heinsberg. 
(■^)  L'abbesse  Gertnide  intervient  dans  des  actes  de  tlTô  et  itSt 
(•■')  Comparez  le  27  janvier. 


46 


inter  canonicos,  capellanos,  et  domicellas  velatas  et  matricularios  pro  una 
persona  equaliler  dividenda. 

17.  Co.  Sibilie  et  Engelberte  {{).  Co.  Rolandi  de  Grevenbroeck(2),  unde 
habemus  unum  modium  siliginis  Tongrensis  inter  canonicos,  domicellas 
velaïas,  capellanos,  deservitores  el  matricularios  pro  una  persona. 

18.  Co.  Elisabet  de  Leute  bone  memorie  in  Crislo.  Obiit  lohannes  de 
Merode,  miles  (3). 

19.  Co.  domni  Ghiseberti  Lambrechs,  unde  habemus  quatuor  vasa 
siliginis  inter  canonicos,  capellanos,  deservitores,  domicellas  velatas  et 
malricularios  pro  una  persona.  En  marge  :  Co.  Agnelis  de  Riclet,  que 
legavil  conventui  octo  griffones  semel. 

-20.  Co.  Aleydis  de  Louveric,  unde  habemus  quatuor  jvasa  siliginis  in 
nocte  Annunciationis  Béate  Marie  in  vino. 

21.  Co.  Arnoldi.  Co.  Lamberli  de  Rede. 

22.  Co.  Ave. 

23.  Co.  Hermensendis  comitisse.  Co.  dorani  lohaniiis  Keeckman  (4), 
canonici,  unde  habemus  xii  vasa  siliginis  inter  canonicos,  domicellas 
velalas,  capellanos,  deservitores  et  matricularios  pro  una  persona  equaliter 
dividenda  unde  ha custodia.... 

25.  Co.  Reinboldi  militis. 

27.  Co.  domni  lohannis  Vroens,  canonici  huius  ecclesie,unde  habemus 
X  vasa  siliginis  inter  canonicos,  domicellas,  capellanos,  deservitores 
dividenda. 

28.  Co.  Henricieomitis. 

50.  Co.  Marie de  Groninchen  pro  qua  habemus 

IULIUS. 

2.  Commemoracio  domne  Goetscule  de  Orreo  (5)  pie  memorie  in 
Crislo,  unde  habemus  unum  florenum. 

(  *)  Eng-^lberta  vivait  en  1430. 

{2)  Roland  de  Grevenbrouck  vivait  en  1447;  il  était  filt.  de  Robert  et  de  Jeanne 
d'Arendael. 

(')  Le  grand  nombre  de  Jean  de  Mérode  ne  permet  pas  de  classer  celui-ci.  La 
qualification  de  milet,  supprimée  à  pai  tir  du  xvie  siècle,  prouve  que  ce  personnage 
était  assez  ancien  (  B°"  de  Vorst-Oudenau  ). 

(  i)  Jean  Keeckman  (et  non  Heeckmans)  assista  à  l'ouverture  de  la  châsse  de  St- 
Amour  en  1457.  V.  Acta  SS.  Oct.,  t.  IV,  p.  336. 

(*)  Probablement  la  mère  de  Godesclialca  de  schueren,  doyenne  puis  abbesse  de 
Munsterbilsen,  décédée  le  6  septembre  1390.  V.  C.  de  Borman  ,  Le  livre  des  Jieff. 
du  comté  de  Looz^  p.  212. 


—  4?  — 

5.  Co.  Âleidis  de  Elen pie  memorie  in  Cristo. 

4  Co.  AU^dis  oomiiisse.  Co.  domni  Amelil,  canonici  ac  scolasti<'i 
ecclesie  Sa;)cii  Lamberti ,  pro  que  habemus  vii  vasa  siliginis  mensure 
Traiectensis. 

5.  Co.  Sibiîie  decane,  pro  qua  habemus  xvi  solidos  bone  monete  et 

grossos  ciim  tribus... 

6.  Co.  Alexandii  episcopi. 

7.  Commemoratio  domni  Godefridi  de  Le...  presbiteri. 

8.  Co.  Gertrudis  decane. 

40.  Co.  Lamberti  decani,  qui  legavit  nobis  annuatim  ix  vasa  siliginis. 

15.  Co.  Meglildis  de  Sconwinkele,  que  legavit  nobis  riii  bonuaria  terre  et 
xix  dennrios  Leodienses  de  duabus  Ctirtibus,  videlicct,  de  prima  ri  denarios, 
et  de  altéra  xiii  denarios.  Prima  nulla  alia  iiira  solvit;  altéra  solvit  vi 
denarios  de  aliis  iuribus,  scilicet  abrenuntiando  et  de  lirentia.  En  marge  : 
ObiitOtliliade  Batenborch  annoDomini  miilesimo  quiiigentesimo  vicesimo 
quinto,  ipso  die  Sancte  Margarete,  de  cuius  aimiversarlo  habemus  viginti 
quatuor  vasa  siliginis  mensure  Traiectensis  inter  omnes  equaiiter  divi- 

denda.  In  missa  canltur  corn et  ministratur  in  missa  iiigris  tunicis, 

et  est.... 

14.  ObiitOda  de  Hamme  bone  memorie.  En  marge  :  Commemoratio... 
dis....churt. 

15.  Obiit...  dis  parvula,crius  anima  perhennipotiafurgloria.Ewwarfjre: 

Commemoratio  d monis  m...s  de. penich  unde  habemus  viginti 

unum  florenos. 

16.  Commemoracio  Daidewini  de  Hex,  unde  habemus  xii  vasa  spelte 
inter  présentes  divideiida. 

17.  Co.  Godefridi  ducis  (i)  et  Giselberti  canonici. 

19.  Commemoratio  lohannis  tiiii  Heinrici  de  Surenbach,  unde  habemus 
quatuor  vasa. 

20.  Commemoratio  domni  Leonii  de  Cruce  de  Bouchenbilsen,  unde 
habemus  unum  modium  siliginis. 

21.  Commemoratio  Conegundis. 

22.  Co.  Clvmcntie.  Commemoratio  lohannis  braxatoris,  et 
Margarete,  eius  uxoi  is,  et  Andrée  villlci. 

n  )  Peut-être  le  duc  Godefroiil  (jui  figure  dans  une  charte  de  1096  apiid  Wolters. 
p.  45  (M.  Daris-, 


48  — 

23.  Co.  Gilberli  pistons,  qui  nobis  legavit  apud  Hoelbeke.  Commemo- 
racio  Marie  decane  de  Reymersclael  bone  memorie  in  Cristo. 

24.  Obiit  Henricus  sacerdos,  qui  nobis  legavit  tria  bonuaria  terre  et  ii 
solides  census. 

26.  Co.  domiii  Reneri  deOrreo,  milifis(  i  ),  pie  memorie  in  Cristo,unde 
hahemus  unum  floreniim.  En  marge  :  Comm  moratio  AVimnari  de  Bruch- 
gliennoy,  imde  babemus  iiii  \asa  siliginis  que  disiribuuntur  cum  iiii  vasis 
in  capite  ieiunii  ad  pisces.  Obiit  Mechtildis  et  Alardus. 

27.  Co.  Gotronis  marchionis  (i). 

28  Co.  Agnetis  de  Schonech,  legavit  hereditarie  xiii  vasa  siliginis 
domicellabus,  canonicis  et  capellanis  presen'ibus  unum  modium  siliginis 
currentis  mensure  Triiieclensis  domicel  abus  el  canonicis  in  paradiso. 

29.  Co.  Lodowici  comilis  de  Lan  {ô).qui  legavit  conventui  Belisiensi  qua- 
draginta  solidos  Leodicnses  super  cambam  que  est  in  Bucholtbilsen. 

51.  Co.  Godenuli  de  EUIris.  armigeri  (4),  parentum  et  amicorum 
eorum.  Co.  VValteri  Bruynshornen. 

AUGUSTUS. 

1.  Co.  Magni  et  Athellardi,  et  Luthgnrdis  comitisse  que  Werevelt  et 

partem  silve  Sancto  contulit  Amori.  En  marge  :  Commemoratio  domicelle 

filie  mo......  que  oliiit  anno  Domini  millesimo  qningentesimo 

quadragesimo  primo,  que  legavit  pro  anniversaiio  quindecim  virgatas 
terre  aiabilis  et  sex  vasa  siliginis  inter  omnes  dividenda,sed  non  gaudebunt 
iuniores.  Legavit  etiam  ad  fundationem  misse  Sancte  Trinitatis... 

(  '1  Nous  avons  eu  des  membres  de  celle  famille  au  20  janvier  et  an  2  juillet. 
Ils  prenaient  leur  nom  du  fief  de  Schueren  (en  latin  horreiim)  près  de  Bilsen. 
HEMJUCOUitT,  .Viroir  des  iwblea^  p.  i>49,  cite  un  chevalier  Johun  délie  Grange  qui 
fut  probablement  le  père  du  Renier,  commémoré  ici. 

(*  )  Ce  personnage  nous  semble  ê!rc  celui  qu'Ide,  comtesse  de  Boulogne,  dans 
une  charte  de  109G  appelle  son  aïeul  et  dit  être  enterré  à  Munsterbilsen  :  matris 
mee  Vde,etavi  mei  tnarrhionis  Goderonis,  quorum  sornata  ibidem  locantur  l.itmaua. 
V.  Ernst,  Hist.  du  Limbourg,  t.  VI  ,  p.  113.  Ce  serait,  en  ce  cas,  Gothelon  I^""  ou 
Gozelon-le-Grand,  duc  des  deux  Lorraines  et  marquis  d'Anvers,  mort  en  1044. 
V.  Ernst,  Hist.  du  Limboury^  t.  I ,  p.  411, ci  un  Mémoire  du  môme  auteur  dans  les 
Bulletins  de  la  Coin,  royale  d'histoire,  I.  X,  2«  sdrie,  p.  294. 

(3)  Louis  II,  comte  de  Looz,  mort  empoisonné  le  29  juillet  1218.  (D.vris,  Hist. 
du  comté  de  Looz,  t.  1,  p.  459). 

l*)  Pour  les  seigneurs  de  Genoels-Elderen,  vair  le  Bulletin  de  la  Société  histo- 
rique du  Limbourrj,  t.  X,  p.  133.  (M.  Daris). 


49 


2.  Commemoraoio  domni  Walteri  de  Bronneshornen,  canonici  Sancti 
Lamberti  (i),  pro  quo  habcmus...,. 

3.  Co  Agneiis.....  in  Belysia,  pie  memorie  in  Crisfo. 

4.  Com,  Elizabel.. ........  dicte  de  Flubnis,  que  legavit  oonvenlui  viginti 

sex  vasa  siliginis. 

7.  Co.  Aieydis  de  Werst...  in  Belysia,  pie  memorie  in  Cristo. 

8.  Co.  domni  Petii  militisde  Hubnis,  et  Ide  eius  uxoris,  et  Godefridi 
mii. 

9.  Co.  Emme  (2).  Co.  domni  lohannis  de  Duras,  qui  legavii  inler  canoni- 
cos,  domicellas,  capellanos,  deservitores  et  matricularios  présentes  deeem 
grossos  antiquos  et  1res  capones  bereditarios  equaliier  dividenda.  En 
marge  :  Co.  domni  Henrici  de  Nedermoeleii,  capellani  huius  ecclesie,  qui 
îegavit  qninque  cum  dimidio  vasa  siliginis  inter  canonicos,  domicellas 
velatas,  capellanos,  deservitores,  matricularios  pro  una  persona  equaliter 
dividenda. 

10.  Co.  Steinfiildis  (2),  Liithgardis  et  Gerbergis  (2). 

H.  Co.  Brunonis  lévite,  cuius  opère  Belisic  constructum  est  hospitale. 
Co.  Marie  Surlet  (3),  pie  memorie  in  Cristo. 

12.  Co. 

Co.  Agnetis  de  Meynvelders, 
uxoris  quondam  Gerardi  de  Sconbeeck  (4) ,  que  legavit  inter  canonicos, 
domicellas,  cappellanos,  deservitores  ,  matricularios,  iiii  vasa  siliginis 
hereditarie  equaliter  dividenda. 

15.  Commemoratio  Miiine  bone  memorie  in  Cristo. 

14.  Co.  domni  lohannis  de  Waerloes,  quondam  investiii  de  Munster- 
bilsen. 

15.  Co.  Alberti  comilh {s),qui  legavit  Sancto  Amorieaque  habet  inWost- 

,  '  )  Waller  de  Brunshorn,  ciié  comme  chanoine  de  S^-Lambert  en  <306,  fui  lue  à 
Liège  le  jour  de  la  Mâle  S'-Marlin,  4  août  1313  (dk  Theux,  Le  chapitre  de  S^-Lam- 
bert,  t.  Il,  p.  13).  Ctr.  S  novembre 

;  *)  Elle  vivait  en  H  30. 

(*)  Marie  Surlet,  chanoinesso  assista  à  l'ouverture  de  la  châsse  de  St-Amour  en 
1457.  V.  Acta  SS.  Ocl.,  t.  IV,  p.  336. 

(*'  Agnès  de  Meynvelt  ou  Meynvelders  mourut  le  12  août  1423.  Gérard  de 
Schopibeeek,  son  mari,  était  échevin  de  Vliermael  en  1428  et  1448. 

("  j  La  char'e  de  donation  d'Albert  de  Saphenberg  se  trouve  dans  Woltebs,  p.  4T. 
(M.  Darîs^. 


—  50 

herke.  Obiit  Crystine  de  Palude  pie  memorie  in  Cristo.  Co.  Wilhelmi 
de  Petersem  (  i  ),  qui  legavit  conveiitui  xix  marcas  Leodiensos. 

46.  Commemoratio  Godefridi  et  Heylwlgis  eius  uxoris,  unde  habemus 
unum  vas  siligiiiis.  Co.  pie  memorie  in  Cristo. 

17.  Co.  Katherine  et  Elisabeth  de  Palude,  monialium  de  Poicheto, 
sororum.  unde  halîemiis 

IS.  Commemoratio  Hadevvjdis  domina  de  Kempenich. 

19.  Co.  Godefridi  Pis'oris  |)ie  memorie,  qui  legavit  conventui  Belisiensi 
V  solidos  Leodienses  annuaiim. 

21.  Co.  Beairicis  pie  memorie  in  Cristo  Ihesu,  que 
legavit  nobis               grossos  ad  matutinas. 

22.  Co.  Hildegundis. 

25.  Co.  domni  lohannis  Bruyns,  canonici  quondam  huius  ecclesie,  qui 
legavit  xii  vasa  siliginis  herediiarie  pro  suo  anniveisario  iiiter  canonicos, 
domicellas  velatas,  capelbmos  et  deservi'ores  |)resentes. 

24.  Co.  Adelberti  comitis,  gcrmani  damne  Mcchtildis  abbatisse,  qui  obiit 
in  via  IhcrosoHmilann,  et  in  Ria:ingni  mansnm  unum  dédit  SnnctoAmori{<i). 
El  commemoratio  Lutfigardis.  Co.  donini  Henrici  Cronnich,  canonici  huius 

ecclesie Co.  Elisabet  de  Ansienra  pie  memorie  in  Cristo,  unde 

habemus  xii  s. 

27.  Commemoratio  Elyzabeth  dicte  loests,  que  legavit  conventui  iii  s. 
gr.  semel  dandos. 

28.  Co.  venerabilis  comitisse  Hilde,  uxoris  comitis  Clodulfi,  que  per 
visionem  angelicam  Sanctum  Amorem  Belisic  transtulit.  Com.  luliane  de 
Swerizenberch   domicelle  huius  claustri. 

29.  Commemoracio  Walburgis  de  Merode  bone  memorie  in  Cristo  (s). 
51.  Co.  Agneîis  de  Waude,  pie  memorie  in  Cristo. 

(  *  )  Sur  les  seigneurs  de  Pielorsheirn,  voir  le  Bulletin  de  la  Société  historique  du 
Limbourg,  l.  V,  p.  273  (M.  Daris). 

(2)  Voir  d;ins  Woltkrs,  la  charte  de  l'231,  p.  S4. 

(')  Walbnrge,  fille  de  Henri  I,  baron  de  Morodi;,  de  I*etershem,et  de  Frantroise 
de  Bréderode,  épousa  René  de;  Henesse  el  décéda  a  Westerloo  le  29  août  1535  ou 
■1556.  René  de  Kenesse  se  reniaria  pn  io60av<  c  Marie  de  Rubempré  el  trépassa  sans 
hoirs  en  lo9-i.  —  Coe  autre  Walburge,  llile  de  Jean,  b;iron  de  Mérode,  de  Pétershem 
el  de  Marguerite,  baronne  de  l'allant,  de  la  maison  de  Culonburg  {  veuve  du  comte 
François  de  Renneberg),  sa  seconde  épouse  la  première  était  Mancie  de  Berghes, 
maïquise  de  Berglies-sur-Zoom)  n'est  mentionnée  que  par  Hûbner  iB""  de  Vobst- 

GUDENAU). 


Septembek. 

i .  Co.  lutte  comitissc,  et  Gertrudis. 

5.  Co.  Katherine  et  Gertrudis  de  Stummel,  unde  habemus  sex  vasa 
siliginis  iiler  canonicos,  ca|)ellaiios,  domi(;ellas  velaïas,  deservilores, 
mairicularios  pro  una  |iersona  présentes  equallter  dividenda. 

il.  Co.  Gertrudis  scoiaris. 

3-  Corn ...tisse  (  i  ),  que  legavit  huic  ecclesie 

xxviii  vasa  siliginis  mensnre  Traiectensis;  item  legavit  quinquaginta 
sruta  antiqua  in  libros  converienda. 

7.  Co  Bertoldi  canonici,  qui  contulit  antipkomrium  ecclesie  Bcati 
Amoris  in  Belisia.  Corn.  Egidi  de  Ameldorp,  qui  legavit  ei'olesie  vi  virgalas 
terre.  Corn.  Aleydis,Begiiine  sen  hostiarie  claustri  Belisiensis,quelegavit 
pro  suo  iinniversario  quatuor  griflones  semel  dandos. 

8.  Co.  magistri  lohannis  dicti  Caput,  canonici  Lossensis,  in  cuius 
anniversario  distribuuniur  proventus  unius  petie  terre  iacentis  rétro  ortum 
Gerardi  Obghewelt. 

9.  Co.  domne  Cunegundis  de  Dune  (2),  quondam  ahbatisse  huius  mo- 
nasterii,  que  legavit  pro  suo  anniversario  xxx  vasa  siliginis  et  plura  alia 
lega\  it  et  fecil  ecclesie  bona. 

10.  C(t.  Da\id.  qui  legavit  convf^ntui  annuatim  xxviii  vasa  sili.inis. 

11.  Co.  domicelli  lohannis  Hoen  de  Palude,  untle  habt'mus....ro. Ge- 
rardi Crocka  et  sue  uxoris,  unde  habemus  duodecim  vasa  speUe  inter 
omnes. 

12.  Commemoratio  doinicelle  Gertrudis  de  Rrunshorn,  pro  qua  habet 
convenius  xv  virgatas  prali  et  sunl  magne  vigilie. 

15.  Corn,  di.mni  Theoderici  de  Wilre,  huius  ecclesie  canonici. 

li.  Co.  Paulyue  de  Lemen,  decanisse  quondam  huius  ecclesie  (5),  que 

(  *  )  La  personne  comm<^mor(^e  ici,  et  dont  le  nom  est  pff;icé,  est  probablement 
l'abbesse  Godescaica  de  Si-hueren,  décéiltV  le  6  septembre  1390. 

(*)  Viiici  la  seconde  Cune^onde  de  Daim,  abbesse  de  Munslerbilsen,  que  nous 
reiicoiitroiis  dans  ce  nti.Tolojce.  I.a  jçthiéalo-ie  de  celle  famille  en  mentionne  effec- 
tivemetit  deux,  la  tante  morte  en  1873,  et  la  nièce,  mais  toutes  deux  qualili(5es 
d'abbesses  de  Si-T|iomas  H»"  DE  Vohst-Guuknau  .  La  dernière  est  citée  dans  une 
chiirle  de  l'an  1391  (Woltkrs,  p.  7lj.  Elle  avait  succédé  en  qualité  d'abbesse  à 
Godescahîa  de  Scbiieren,  et  mourut  le  8  septembre  1439. 

(  '  )  Elle  assista  à  l'ouverture  de  la  châsse  de  St-Amour  en  1457.  V.  Acta  SS. 
Oct.,  t.  IV,  p.  336,  où  son  nom  se  trouve  malheureusement  estropié  en  Jean  Welina 
de  Lymes  !!  Elle  est  encore  citée  comme  doyenne  en   1460. 


—  52  - 

legavit  xii  vasa  siliginis  inter  canonicos,  domicellas  velatas,  capellanos, 
deservitores  présentes. 

15.  Commemoratio  Arnoldi  canonici  de  Awans  pie  memoiie,  qui 

legavit  convenlui  Belisiensi  dimldiiim  modiuni  siliginis. 

17.  Co.  domicelli  Ade  de  Meroede,  filii  de  Hoffaiizia,  pie  raemorie  in 
Ciisto.  Obiit  anno  xv  ciim  vi  in  ipso  profeslo  Lamberti  (i). 

18.  Co.  domni  Nicolai  Hoen  de  Palude,  militis  (a),  unde  habemus.... 
Commemoraiio  Aleidis,  uxoris  Heinrici  de  Surenbach,  unde  habemus 
quatuor  vasa  siliginis. 

19.  Co.  Clodulfi  comitis,  qui  eciam  digna  cum  veneratione  SanctumAmorem, 
simtil  cum  Hilda  uxore  sua,  Jîelisie  transiulit  (^i).  Obiit  Hermannusl...., 
qui  legavit  nobis  duos  modios  siliginis  annuatim.  Commemoratio 
Evverardi  canonici  nostri, 

20.  Co.  Hadewivis. 

21.  Co.  Meohtildis  de  Sureabach  bone  memorie. 

22.  Commemoracio  Ermmegardis  de  Swertzebeich....  doraicelle  so...e 
de  Leyden. 

25.  Co.  Agnetis  de  Horst,  pro  qua  habemus  xxviii  solidos  bone  monete 
tam  absentes  quam  présentes  et  matricularii  unum  grossum. 

24.  Co.Clementie  decane  bone  memorie  in  Christo. 

25.  Co.  Dode  el  Ermmegardis.  Obiit  Meglildis  de  Nuwennaer,  abbatissa 
bone  memorie  in  Beli.sia{4),  que  nobis  contulii  detiniamunara  el  dimidiara 
braxiiiam  et  aiia  mulia  bona  Co.  parentum  domicelle  Elisabeth  de  Doen 
unde  hab*mus  octo  vasa  siliginis,  et  Ricardi  de  Vivario,  unde  habemus 
unum  vas  siliginis  hereditarie. 

26.  Co.  Henrici  di*  ti  Troninc  de  Welien  et  uxoris  eius.  Co.  domicelle 
lutte  de  Aeswyn,  que  legavit  nobis  casulam  unam  de  bisso  nigro. 

(^!  Adam  de  Mc'rode,  frère  d'Arnold  '  voy.  25  janvier),  fut  nommé  chanoine  de 
Maastricht  le  <5  avril  1300,  et  tréfoncier  de  S«  Lambert,  à  Liège,  le  8  mars  1501 

(B""  DE  VORST-GUDENAU  ). 

(2)  Ce  Nicolas  Hoen  van  den  Broeck  Hoensbrouck^  chevalier,  est  peut-être  le     _ 
fils  de  Heiman  Hoen  qui  fit  le  lelief  de  la  se'gneurie  d'Oostham  en  1516.  H  était     <;^ 
soigneur  de  Brouck  el  de  Vischerweerdl,  et  père  de  Cécile  van  den  Brouck,  abhesse 
de  Munslerbilst-n  de  1440  à  1458  '' 

{')  Culte  abbosse  Mathilde  de  Neuwnoer  e3t  peut-être  celle  qu'on  trouve  citée 
dans  de-s  cliarles  de  1207  el  1270.  V.  Wolteus,  p.  58  et  61  ^M.  Daris  . 

(i)  V.  Acta  SS.  Oct.,  t.  IV,  p    338  à  343. 


-  53  - 

27.  Co.  Elizabel  de  Orreo  (i),  unde  habemus  très  grosses  Florenences. 

28.  Commemoratio  Laurentii  quondam  pistoris  nostri,  unde  habemus 
viii  vasa  siliginis  dividenda  inter  présentes,  unde  habent  matricularii  duos 
sterlignos  pagamenti. 

29.  Co.  Lamberti  sacerdotis,  et  Rychece. 

50.  Co.  BerUjundis  decane  (2  j  et  Frcderadis.  Co.  Fresendis.. bone 

memorie  in  r.risto.£'tt  marge  ;  Co.  donine  Marie  de  Palude  (3),  quondam 
abliatisse  huius  monasterii,  que  legavitxxviii  vasa  sili^inis  mensure  Traiec- 
tcnsis  intorcanonicos,  domicellas  velalas,cappellanos,deservitores,  duos 
malricuiarios  pro  una  persona,  que  obiit  anno  xv'  quarto. 

OCTOBER. 

1.  Co.  Rasonis  de  Lise,  qui  legavil  conventui  xxix  vasa  siliginis,  et 
novem  vasa  ad  novem  altaria  in  ecclesia  Sancti  Amoris.  Obiit  Elyzabet 
domna  de  Soonebergh. 

2.  Commemoratio  Hélène,  que  legavit  bonuarium  terre  ad  potum  in 

collât in  Quadrages...   Co.  Aleydis  de  Rode,  militisse  de  Palude.  (Co 

domne  Aleydis  Hoen  de  Palude,  miliiisse). 

3.  Co.  Vagele  decane. 

4.  Co.  Gilberti  canonici.  Co.  Arnoldi,  investit!  de  Wilre,  qui  legavit. 

5.  Co.Fnstolfi. 

6.  Co.  Ade  et  Wltcheri  sacerdolh  (4  ).  Obiit  Maria  scolaris  béate  memo- 
rie. Commemoratio  domni  Willelmi  de  m  qui  legavit  con- 
veniui  ix  marcas  Leodienses. 

7.  Co.  Alexaiidri  de  Oyen  bone  memorie,  qui  legavit  nobis  vii  vasa  sili- 
ginis hereditarie  pactus. 

^  ')  Cette  «hanoinesse  assista  à  l'ouverture  de  la  châsse  de  St-Amour  en  1457. 

(5)  EUj  vivait  en  4130. 

(  *  1  Marie  van  den  Brouck,  qui  n'est  pas  citde  dans  le  catalogue,  d'ailleurs  Irès- 
■  incomplet,  des  abbesses  de  Munsttrbilsen  publié  par  WolItTS,  occupa  la  dignité 
abbalialf  entre  .Marie  de  Thys  et  Marguerite  de  Mirode,  de  1499  à  1504,  année  de 
sa  mort  Yctyt'z  la  «hronique  publiée  pai-  la  Société  ttititorque  ei  archéologique  dans 
le  duché  de  Linibour  ,  t.  Il,  p  117  .  Elle  était  la  nièce  ou,  selon  d'yutres,  la 
petite-nièce  de  Cécile  van  di-n  Brouck  cilt'e  ci-dessus.  Wolteks,  p.  63,  cite  aussi 
une  abbesse  Marie  (de  Brouck  ?)  d:ins  une  charte  du  11  novembre  1^182. 

{*)  Witcberu»,  al.  Wikerus,  vivait  en  1130. 


—  o4  — 

8.  Co.  Agnetis  de  Hex....  Us.  Obiit  domnus  iohannes,  miles  de  Orreo, 
uiide  habemus  très  super  Co.  lutte  de  Liicke  bone 
raemorie  in  Cristo. 

9.  Co.domni  Gerardi  de  Dypenbeke,  olim  canonlci  huius  monastorii, 
qui  legavitconveiitui  dccem  marcas,  dequihus  empte  fueruiil  xi  i/2virgate 
terre  etdimiilia  magna  et  due  parve  iaccnles  apud  Bukenbilsen. 

10.  Co.  Elizabel  de  Werst.  Cum.domni  Hugoiiis  Vuystinc,  canonici 
Leodiensis(  i).  Co.  (lecilie  de  VVydoy,  inhabitalricis  quondam  domus 
fratrum,  que  legavit  pro  anniversario  suo  vi  vasa  siliginis  mensure  Traiec- 
tensis  inter  omues  dividenda  ad  et  super  bona  sua  iacentes  vulgariter 
dicta  0|^te  locht. 

11.  Co.  Winrici  (2).  Co.  Giselberti  canonici,  qui  legavit  Obiit 
domicella  IMaria  de  Warous,  que  legavit  nobis  tria  vasa  siliginis,  que  dis- 
tribuuntur  pro  sale. 

12.  Co.  Uertradis  bone  memorie,  Co.  Margarete  de  Onderike, 
canonice  pie  memorie. 

15.  Co. Katherine.  Co.  Katherine  de  Brus....  pie  memorie,  que  legavit 
ecclesie  Sancti  Amoris  antiphonarium  qui  d....  aspici.... 

14.  Co.  domni   Wilhelmi  de  Be^erst  qui  legavit Co.  Philippi  de 

Orreo  pie  memorie  in  Cristo,  uiide  habemus  unum  florenum. 

15.  Co.  Heynrici  de  Bruel  bone  memorie.  Co.domicellarura  Helwigis 
de  Viseto  el  Elizalteth  de  Weerst,  unde  habemus  quiiidecim  vasa  siliginis 
mensure  Traiei  tensis  inter  canonicos  et  domicelias  présentes  et  absentes 
equaliier  dividenda. 

16 habemus virgatas  terre  iacentes  prope  Meyersowen 

quos  solvii  Mtithiasde  Meyersowen. 

17.  Obiii  VVillelmus  miles  de  Mabertingen  (3),  qui  legavit  conventui 
Belisien^i  bunarium  et  dimidium  terre. 

18.  Co.  Bcrlrimni  pvesbileri  et  Conegundis.  Commemoratio  Walteri  de 

\  *  )  Hugues  Vuâiinok  de  Gruthui^e  fonda  en  1 400  le  cloître  de.s  Guillemins  de  Liège 
avec  son  l'reie  (lislebeit.  l'rovôt  d'Odilienberg  en  1361,  puis  clianoine  d'Ulrecht.  on 
le  trouve  ensuite  coninie  Iréroiicier  de  S'-Laniberl  en  1383,  et  comme  vice-tloyen  en 
139^.  Il  tigure  emort;  en  1398  rsur  la  liste  des  chanoines  résidents  (De:  Tuicux,  Le 
chaptlre  de  S^-Lumùtri,  a  Lieye,  t.  Il,  p.  i'ài). 

(  *  )  Wioricus  vivait  en  \  130. 

(*;  C'est-à-dir»  Moperlingen 


—  55  — 

Merhem,  qui  Icgavit  sex  vasa  siliginis  heredifarie  pro  anniversaiio  siio 
faciendo  slngulis  annis  inter  canonicos,  domicellas  velatas,  cappellanos, 
deservitores,  matriculaiios  pro  una  porsona  super  omnia  hoiia  sua  in 
Eyckt,  qui  obiit  atino  Domini  M"  (-CCC''  Ixxix"  in  die  Luee. 

20.  Co.GudcIc.  «'ommemoratio  domni  Gisberti  Elryx,  qui  icgavit  Iria 
vasa  siliginis.  Comniemoratio  domni  Godefridi  Elryx,  qui  legavit  tria  vasa 
siliginis  liereditarie. 

2i.  Commemoratio  parentum  domni  lohannis  de  Dipenbeclc,  sex  vasa 
siliginis  hereditarie.   Commemoratio  Elizabet  MeynveUIers,  canonisse  pie 

raemorie  in  Cristo,  unde  habemusunum  modium  siliginis  de  que 

dimidium  xi  vasa  siliginis  inler  présentes  in  paradiso. 

22.  Commemoratio  Hildegundis  laice.  Obiit  Margareta  de  Caydev 

que  legavit  conventui  xxiii  solidos  grossos  pagamenti  semel  dandos. 

25.  Commemoratio  Gertrudis  decanc  de  Orreo.  En  marge  :  Co.  Ide 
de  nen,  decane,  unde  habemus  ununi  modium  uni  et  alla 

multa  bona. 

24.  Co.  Gcrlrudis  et  Milsvi'udis.  Co.  domni  lohannis  de  Dune,  canonici 
Sancti  Paulini  Treverensis,  t'ratris  domne  Cunegundis  de  Dune  (t)  abba- 
tisse,  unde  habemus  tria  vasa  siliginis  in  vino  in  die  Purificationis  Béate 
Marie  Virginis.  Co.  domicelle  Margarete  de  Petersera,  que  legavit  pro  an- 
niversario  suo  xxix  grossos  antiquos  et  quinque  vasa  siliginis  cum 
inter  canonicos  et  domicellas. 

25.  Co.  Alberti,  canonici  Sancti  Servatii to,  qui  legavit  iiii'*'  mar- 
chas conventui,  et  Arnoldi  layci,  qui  legavit  iiii°'  marcas. 

26.  Co.  domicelle  Elisabeth  de  Doen,  unde  habemus  duodecim  vasa 
siliginis  hereditarie  inter  présentes  dividenda,  et  erunt  vigilie  magne. 

27.  Co.  Margarete  canonisse  de  Pytersem  bone  memorie,  Co.  domicelle 
Helwigis  de  Viseto,  unde  habent  canonici,  domicelle,  capellani  et  duo 
matricularii  pro  una  persona  présentes  et  absentes  septem  et  médium 
vasa  siliginis  mensure  Traiectensis. 

28.  Co.  domicelle  lutte  de  Loucoen,  que  legavit  conventui  vi  vasa  sili- 
ginis hereditarie. 

29.  Co.  Henrici  comith.  Co.  Nicholay,  villici  de  Welne.  qui  legavit  con- 


(  *  )  Cette  abbesse  Cunegonde  de   Dune,  est  c-i'tV  danb  une  cbarte  de  -1391.  V. 
WoLTERs,  p.  71  (M.  Daris).  Voy.  9  septembre. 


veiiiui  duo  bonuaria  terre.  Obiit  Margarela  de  re,  monialis,  uride 

habemus  xx  vasa  siliginis  hereditarie  inter  présentes  dividenda,  et  tiunt 
m^gne  vigilie. 

30.  Co.Mechtildis  bone  memorie.  Co.  Ricaldi  de  Scarpenbergh, 

qui  legavit  convenfui  dimidium  boiuiarium  prati. 

51.  Com.Godefridi  dicti  de  Scherwiere  etuxoriseius  Helsvendis,  qui 
legavit  convenlui  bonuarium  prali. 

NOVEMBER. 


\.  Co.llermarmi  comitis.  Obiit  domna  Agnes  domna  Vammesteyne 
Meynvelders  unde  habernus  tria  vasa  siliginis. 

2.  Co.  domni  Gerardi  Abroens,  quondam  canonici  huius  ecclesie  (i), 
unde  habemus  ununi  modium  siliginis  mensure  Tongrensis  inter  présen- 
tes. En  marçje  :  Co.  domicelli  Hermanni  lloen de  Palude  (2),  unde 

habemus. 

0.  Obiit  domna  Agnes  de  Moinsleghe,  decana,  que  legavit  nobis  viii 
vasa  siliginis  hereditarie  inter  présentes  equaliter  dividendes  in  paradiso. 
Obiit  Katerina  de  Kermen  |)ie  memorie  in  Cristo.  Co.  domni  Wilhelmi  de 
Porta ecclesie  canonici,  qui  legavit  nobis  unum in  paradiso. 

4.  Co.  Beatricis  de  Rothem  que  legavit  conventui 

unum  breviarium  in  duobus  voluminibus  et  x  vasa  siliginis  ad  lampa 
ante  Sandum  Amorem  in  dextera  parte.  En  marge  :  Co.  magistri  lohannis 

de  Tongris,  quondam   nostri  canonici.   Com.domicelle  Elyzabet 

Eyncher legavit hereditarie vasa  siliginis in  octo 

pro  animabus et  matris.  Item  legavit eciam 

ti.  Co.Roheiii  lévite,  qui  contulif  ecclesinm  in  Nero  Snncto  Amori.  Co. 
Alexandri  de  Brunshornen  (-). 

(j.  Commemoracio  Helswidis  de  Simper. 

7.  C.o.Lutgardis.    Co.Arnoldi  Harmans  pie  memorie. 

(  ^  )  Gérard  Abroens  assista  à  l'ouverture  de  la  châsse  de  Saint- Amour  en  Util 
(V.  Acta  SS   Oct.,  t.  IV,  p.  336). 

I  *  )  Herman  Hoen,  sire  de  Broeck. 

(')  Alexandre  de  Brunshorn  est  cité  comme  chanoine  de  S' Lambert,  à  Lie'ge, 
en  t275,  et  comme  prcvùt  de  S'-Rombaut,  à  Matines,  en  1285.  Il  décéda  le  5 
décembre  1300  (  De  Theux,  Le  chapitre  de  S^-Lambert,  t.  I,  p.  309).  Cfr.  2  août. 


9.  Commenioralio  domine  Aleydis  de  Valkenburg,  olini  abbalisse  huius 
monasterii  (i)  pro  cuius  anniversario  distribuuntur  Iriginta  quatuor  solidi 
Leodienses,  distribuendi  hoc  modo,  videlicet,  quilibet  canonicorum  et 

capellaiiorum  habebit  duodecim  denaria  et vi  denaria.  Obiit 

Heniicus,  sacerdos  in  Nere,  qui  legavit  conventui  in  Beiisia  Iriginta  oves. 

10.  Co.  Athelc.  Co.  Aleidis,  uxoris  Godenulicondam  de  Eldris,  armi- 
geri  (  2  ),  parentum  et  amicorum  ipsorum, 

il.  Co.  Hadewidis.  Adelberti  ducis. 

12.  Co.  parentum  donine  Margariete  de  Merode,  abbatisse  istius  eccle- 
sie,  et  vigilie  eruni  cum  magnis  commendacionibus(ô). 

>*j  Voici,  selon  le  recueil  de  Vaû  den  Berch,  l'épitaphe  de  cette  abbesse  : 

Hue  abbalissa 

Moribus  ornata  laudis  jacet  hic  tumulata, 
rattzenbuigen  (?)  slirps  nobilis  atque  Lossensis 
Hanc  producebant.  Aleidis  nomen  habebat, 
Ipsa  chorum  struxil,  regimen  laudabile  duxil. 
Fortiter  ut  sculuin  contra  ledentia  lutum 
Se  erta  (?,  conventum  rexit,  removens  nocumentum 
Solvilur  hec  ydus  quinte  tam  nobile  sydus 
Corporis  ac  membris  mens  provida  mense  novembris, 
Mille  ce  annis  quinisque  novenis. 
Esus,  solamen  anime,  rogo,  sit  Deus.  Amen. 
Le  prénom  de  l'abbesse,  Aleide,  et  le  jour  de  sa  mort,  le  9  novembre,  prouvent 
bien  qu'il  s'agit  ici  de  celle  que  Je  nécrologe  appelle  Aleijdis  de  Valkenburg.   Il  y  a 
donc  lieu  d'apporter  à  l'épitaphe  une  rectification  consistant  à  lire  Valkenburgen- 
[sis\  au  lieu  de  Cattzenbuigeii,  qui  parait  bien  une  erreur  de  copiste.  Quelle  serait 
donc  cette  abbesse  issue   des  familles  de  Fauquemont  et  de  Looz?  Ce  ne  peut  être 
(]ue  la  fille  de  Thierry  ou  Thibaut  l'f  de  Fauquemont,  qui  vivait  en  1242  et  1268,  et 
d'Aleide  do  Looz  (Ernst,  t.  V,  p.  271).  Elle  est  d'ailleurs  mentionnée  par  Butkens  qui 
la  fait  mourir  en  1293.  Mais  ici  surgit  une  nouvelle  difliculté  :  l'avant  dernier  vers 
ne  donne  évidemment  que  -1245;  mais  il  est  à  remarquer  que  ce  vers  a  été  écourté 
par  le  copiste  puisqu'il  ne  contient  que  cinq  pieds  au  lieu  de  six;  nous  croyons  donc 
pouvoir  le  rétablir  comme  suit  : 

Mille  ce  aiiuis  L  quinisque  noreiii.s 
et  lire  ou  scander  pour  les  CC,  duceniis,  tandis  que  la  lettre  l  doit  être  lue  seule- 
ment /  et  non  quinquaginia.   Le  style  épigraphique  du  moyen  âge  ofl're  beaucoup 
d'exemples  de  ces  anomalies. 

(*  )  Très  probablement  Aleyde  de  lonchout  qui  était  en  t428  veuve  de  Godenoul 
d'Elderen,  seigneur  de  Genoels-Elderen  et  de  Groenendael,  sénéchal  du  comté  de 
Looz  (Voy.   Bull,  de  In  Soc.  du  Liinbourg,  t.  X,  p.  144). 

('<  Marguerite  de  Mérode,  sœur  d'Arnold  (voy.  23  janvier^,  fut  élue  abbesse  de 


-  58 


iô.  Commeraoratiû  Aleydis  de  Sconwinkele  pie  recordalionis.  Co.Meg- 
tildis  uxoris  David,  pro  qua  et  maiito  suo  habet  conventus  xxvii  vasa 
siliginis. 

11.  Co.Mechtildis.  Co.Mectildis  uxoris  pistoris  Godefridi.  pio  qua 
habemus  quinque  solides  annuatim. 

15.  Co.  Berengeri  comitis,  et  Bcrthe  uxoris  dus.  Obiit  domnus  lohannes 

Cauwels,  unde  hal)emus  florenum  p conventus  habet  dimidiam  et 

luminare  dimidiam.  Corn,  domicelle  Sophie  de  Leyden. 

16.  Co.  Heih'widis  {[)  et  Mechtildis.  Co.domni  Henrici  de  Heex,  cano- 
nici  Sancte  Crucis  in  Leodio. 

17.  Co.  domne  Cecilie  de  Palude  (a),  quondam  abbatisse  ecclesie  Sancti 
Amoris ,  que  legavit  xxiiii  vasa  siliginis  mensure  Traiectensis  inler 
présentes. 

18.  Co.  Ermgardis  de  Dynsburgh  bone  memorie  in  Cristo. 

19.  Co.  Wivekin  et  Otwigis.  Commemoracio  domni  IlenritM  de  Oelbrick, 
pie  memorie  in  Cristo,  uiilitis. 

20.  Co.  domicelle  Bertlyn  de  Broec,  unde  habemus  vi  vasa  spelte  ad 
pisces. 

23.  Co.domni  VVilhelmi  ludoc.i,  quondam  rectoris  altaris  Sancte  Kathe- 
rine in  ecclesia  Sancti  Amoris,  unde  habent  canonici,  domicelle  velate  et 
superpelliciate,  capellani,  deservitores  et  malricularii  présentes  decem 
vasa  siliginis. 

24.  Co.  Andrée  braxatoris,  qui  legavit  nobis  iiii  vasa  siliginis  p. 

25.  Co.  Gerardi  militis  de  Sprolanl,  et  Hermann...  Item,  co.Gerardi  de 
Hemsvelt.  Co.  Elisabet  Andrée,  unde  habemus  vii  i/2  grosses  p.  Comme- 
moratio  lohannis  de     rca,  qui  legavit  nobis  quatuor  solidos  bone  monete. 

26.  Co.domni  Wilhelmi  de  Weert  et  eius  familiaris  Gheertrudis  Deel- 
mans,  unde  habemus  xii  vasa  siliginis  in  paradiso. 

Munsterbilsen  en  ioûo  et  dt'céda  le  8  juin  ir>i9.  Elle  possédait  des  biens  à  Allhoes- 
selt,  près  de  Tongres,  qu'elle  légua  à  son  neveu  Richard  de  Mérode,  fils  de  Warnier 
et  d'Anne  de  Colyn.  Elle  donna  en  1o!28  un  vitrail  à  l'église  des  Croisiers  de  Liège 

(  B"^"  DE  VORST-GUDENAU  ). 

('  )  Elle  vivait  en  H30. 

{ -  )  Cécile  van  den  Brouck  ou  de  Hoensbrouck  succéda  comme  abbesse  de  Muns- 
terbilsen à  Cunégonde  de  Dune,  morte  en  1439.  Elle  trépassa  elle  mt^nie  le  15  no- 
vembre 14o8,  selon  le  recueil  d'épitaphes  de  Van  den  Berch,  après  avoir  fondé  la 
seconde  messe  quotidienne. 


o!t   - 


27.  Co.  domni  lohamiis  de  Opleuue  (  i  ),  qui  legavit  quinque  modios 
siliginis  mensure  Lossensis  annuatim.  En  marge  : ii  Belisiensi. 

28.  Co.Willelmi  sacerdotis,  qui  legavit  nobis  pratum.  En  marge  :  Co. 
Gerardi  coci,  qui  legavit  noliis  duo  vasa  siliginis. 

29.  Com.  Henrici, capellani  allaiis  Sancte  Katerine, qui  legavit  conventui 

Belisensi  octo  solidos  annualim  et  duodecim  denarios  ad  emendum 

altaris.  En  marge  :  Obiit  lo de  Ben  unde  habemus 

preseii        in 

30.  Coin,  donini  lohannis  de  VVilre,  capellani  Sancti  Nycholai,  qui  legavit 

pro  Obiit  lohanna  de  Orreo,  unde  habemus 

ires  grossos  Florenenses. 

December. 

1.  Co.domicelli  Bernardi  de  Palant  et  Margariete  de  Raesvelt,  uxoris 
sue,  qui  legavit  ecclesie  unum  calicem  argenteum  deauratum,  cappam  de 
flueto,  très s  de  flueto  et  plura  alla  ornamenta{2). 

T).  Co.  Beatricis  de  Hostaden,  relicle  Ricaldi  de  Scarpenberg,  que  legavit 
conventui  xvii  Co.  Lamberti  dicti  Roghen,  qui  legavit  xxvi  g. 

pagamenti  inter  présentes  in  paradiso. 

A.  in  die  Béate  Barbare  virgini  i  distribuuntur  quinque  solidi  Leodienses 
inter  caiionicos  et  doniicellas  pro  festo  Béate  Barbare  sollempniter  cele- 
brando,  et  recipiuntur  predicti  quinque  solidi  supra  domum  et  curtim 
Egidii  iuxta  atrium  quos  Giselbertus  canonicus  ecclesie  Belisiensis  ad  hoc 
comparavit.    Com.Mathie  nobis  perpétue  domum  et  curiim  pro 

anniversario  Mabilie  uxoris  sue  et  Walteri  

domnusPeIrus  nicus  Blisiensis. 

o.  Co.  Mechtildis  boue  memorie  abbatisse ,  et  Wolberti  de  Spauden(ô). 

(  *  )  Est-ce  le  Jean  d'Opleeuw  qui  mouint  en  -1296  ou  bien  celui  qui  mourut  vers 
1448 '/C'est   peut-être   aussi    un   prêtre  de    la   famille  des  seigneurs  d'Opleeuw. 

(M.  Daris). 

;  "  ;  Bernard  de  l'allant,  fUs  d'Adam  et  de  Marie  de  Bursciieidt,  fut  marié  deux 
fois  :  i"  avec  Anne  de  Feisperg  {  fille  de  Jean  et  d'Amelberge  Hiindtde  Saiilheim"; 
2»  avant  1468,  avec  Marguerite  de  Raesfoldl,  fille  de  Biller(  !)  et  de  Bêla  d'Asswyn. 
11  trépassa  entre  le  9  juin  et  le  13  décembre  1480.  îSa  veuve,  qui  n'avait  point  eu 
d'enfanis,  se  remaria,  avant  1483,  avec  Nicolas  d'Esch.  Les  généalogistes  se  sont 
trompés  en  comptant  deux  Bernard  de  Pallant  (8"°  de  Vorst-Gcdenau  ). 

(  *  )  Fulberlus  de  Spalden,  ministeriaiis,  figure  comme  témoin  dans  des  actes  de 
1163  et  1181.  Y.  WoLTERS,  op.  cil.,  p.  49  et  51. 


GO 


6.  (i)Co.domiii  Alexandri  de  Bruynshorne,  canonici  Sancti  Laraberti  el 
prepositinoslri,quilegavit  modium  siligiiiis  dividendum  inter  preseiitibus. 
Magne  vigilie.  Co.  domne  Margaiete  de  Pitershem,  abbatisse  olim  huius 
moiiasterii  boue  memorie  (2). 

8.  Commeraoratio  lohanne  de  Wethani. 

y.  Oomiiiemoratio  Agnctis  comitisse  (0)  que  legavit  nobis  et  ecclesie  cru- 
cem  auream  et  omnia  ornamenta  qiiibus  préparât  se  sacerdos  ad  missani, 
etc.  oves.  Item,  co.  Ghiselberli.  El  fiunt  magne  vigilie. 

iO.  Co.Gerti'udis  de  Dune,  unde  habemus  tria  vasa  siliginis  inter  pré- 
sentes dividenda  in  die  Saoramenti  ad  vinum  in  paradiso. 

M.  Co.  magistri  Ghevardi,  qui  legavit  nobis  quinque  vnsa  siliginis  cum 
dimidio. 

12.  Co.  midi'ware  decttue.  Co.  Elizabelh  Andrée  que  legavit  nobis  lit- 
grosses. 

14.  In  crastino  Lucie  missa  pro  defunctis  anie  Sanclum  Amorem. 

17.  Co.Bex-elc  dccanc,  Co.Michaelis  de  Rotheym,  militis,  el  Agnetis 
eius  uxoris  pro  quibus  conventus  habet  annuatim  quinque  solides  et 
capellani  .\ii  et  recipiunlur  scx  solidi  apud  Bor    de  xl 

18.  Co.Megthiidis  abbatisse  que  ordinavit  Leliflca. 

19.  (4)  Co.  Me(;htildis  et  Ghertrudis.  Item,  Mabilie  et  Wilhelnii  militis. 
Co.  domni  Arnoldi,  nostri  canonici,  qui  legavit  nobis  vi  vasa  siliginis  inter 
présentes  in  païadiso.  Obiit  Meyna  de  Oelbrick  pie  memorie  in Crislo  unde 
habemus  xviii  vasa  siliginis,  et  custodia  duos  tlorenos,  et  magna  missa 

21.  Co.  magistri  Gerardi,  canonici  huius  ecclesie.  Et  co.  domni  Arnoldi, 
unde  habemus  xxxiii  grosses  antiques. 

{La  fin  à  la  prochaine  livraison.  ) 

(';  Les  feuillets  depuis  le  6,jusiiu';iu  11  décembre  inclusives. int  ont  été  reco- 
piés au  quatorzième  siècle. 

(*)  L'abbesse  Marguerite  de  Mérode  de  l'ietersheim.CI'.  i'2  nov. 

(  '  )  C'est  peut-être  la  comtesse  Aguès,èponse  de  Louis,  comte  de  Looz,  qui  mourut 
vers  tt7(>. 

{*)  Probablement  ceile  qui  intervient  à  la  cliarle  de  I  lO'J  (Ernsi,  Hisi.  du  l.iui- 
bourfi,  t.  Il,  p.   119). 

(  '' )  Les  feuillets  depuis  le  19  juscpi'au  '■2^  décembre  iiieiusivemeul  ont  été  reco- 
piés au  quatorzième  siècle. 


Bull,  de rinst.Arc  Liégeois,  TomeJdl.paqe  51 


Plancha 


p/TM5.h,c>AD  Dcsi  ^ A  S, A'T mms^W!^ nmwmT'Wm. 


Dsssiné  parOlivist  Konrotts 


tssmeD, 


Arc.Te'logiq'i')6  doUiriroixj 


FONTS     BAPTIS7VVAUX 

de  l'Eglise  S^Bartélemi  aLiége. 


.mpH.'i  iiilunt -  Càrnxi 


NOTICE 


FONTS  BAPTISMAUX  DE  L'ÉGLISE  S'-BARTHÉLEMl 

A.    I^IÉOE, 

Par  M.  If  fliimoiiie  LO^AY. 


La  notice  que  nous  offrons  au  public  n'est  guère  que  la 
reproduction  du  remarquable  article  publié  par  M.  Didron  dans 
le  cinquième  volume  des  Annales  archéologiques.  Nous  avons 
retranché  certains  détails  et  avons  ajouté  nos  propres  ré- 
^  flexions  ainsi  que  le  résultat  de  nos  recherches  ;  mais  nous 
nous  plaisons  à  dire  que,  pour  le  fond,  le  travail  de  M.  Didron 
ne  laisse  rien  à  désirer,  et  que  nous  sommes  heureux  de  pouvoir 
suivre  un  guide  aussi  éclairé  et  aussi  sûr  dans  ces  matières. 

La  cuve  baptismale  de  S"-Bartliélemi,  placée  actuellement 
dans  la  chapelle  du  transcept  du  côté  de  l'Evangile,  est  peut- 
être,  d'après  l'opinioii  des  hommes  compétents,  le  monument 
archéologique  le  plus  curieux  de  la  Belgique.  Elle  provient 
de  l'ancienne  église  Notre- Dame-aux- fonts,  qui  était  autrefois 
comme  une  annexe  de  la  cathédrale  de  S'-Lambert,  et  qui  proba- 
blement était  ainsi  appelée,  parce  que  seule  elle  avait  le  privi- 
lège de  posséder  des  fonts  baptismaux. 


H  2 


En  effet,  les  trente-deux  paroisses  de  Liège,  sauf  quelques 
exceptions  ('),  étaient  dépourvues  de  baptistères,  et  les  bour- 
geois de  la  cité  ne  pouvaient  recevoir  le  baptême  qu'à  Notre- 
Dame- auxfonts.  Celte  église  était  contiguë  à  la  partie  latérale 
de  S'-Lambert  qui  faisait  face  aux  habitations  situées  entre  les 
rues  Gérardrie  et  Souverain-Pont.  Lorsque  l'antique  cathédrale 
fut  démolie  en  1794,  dans  la  grande  tourmente  révolutionnaire, 
Notre-Dame-aux-fonts  disparut  avec  elle,  et  l'on  se  demande 
naturellement  par  quel  heureux  hasard  la  cuve  baptismale  a  pu 
échapper  h  l'avidité  des  démolisseurs,  et  comment  elle  se  trouve 
aujourd'hui  à  S'-Barthélemi. 

Quant  au  premier  point,  l'histoire  se  tait;  mais  des  traditions 
fort  probables,  quoique  assez  vagues  et  incomplètes,  affirment 
que  la  cuve  fut  secrètement  enlevée  par  des  personnes  coura- 
geuses et  enfouie  dans  une  des  maisons  voisines.  Elle  y  resta 
cachée  jusqu'à  ce  que  l'ordre  eût  été  rétabli,  et  elle  fut  mise 
alors  à  la  disposition  de  M''''"  Zaeptf^3l,  évèque  de  Liège,  qui  en 
fil  cadeau  à  la  paroisse  do  S-Barthéiemi,  en  1803  :  voici  à  quelle 
occasion. 

Désirant  sauver  de  la  ruine  l'antique  collégiale  do  S'-Barthé- 
lemi,  il  proposa  h  la  Fabrique  de  S'-ïhomas,  l'église  parois- 
siale la  pins  rapprochée  et  qui  n'avait  rien  de  remarquable, 
de  transférer  le  siège  de  la  paroisse  à  S'-Barthélemi.  La  Fabrique 
ayant  accepié  avec  empressement,  M*^''  Zaepffel,  par  reconnais- 
sance, fit  présent  h  la  nouvelle  paroisse  de  la  cuve  de  Notre- 
Dame-aux-fonts . 

L'historien  Jfan  d'Onire-Meuse  nous  apprenti,  dans  sa  grande 
chrotdque,  que  l'artiste  auteiu'  de  ces  fonts  baptismaux  s'ap- 
pelait Lambert  Patras.  le  batteur  de  Dinant,  qui  le,s  iît,  l'an 
Itlti,  sur  1.1  demande  de  Helin,  tils  du  duo  deSouabe,  chanoine 
de  S'-Lambert  et  abbé  de  Notre-Dame.  C'est  par  des  œuvres 


(«)  S' Servais,  St-Séverin,  S<-A(lalberl.  S»-Nicolas  (OuU'e-Meuse),  St^-Foi  et S«- 
Jean-Baplisle. 


BS 


artistiques  semblables  à  celle  qui  nous  occupe,  que  Dinant,  au 
moyen-âge,  a  eu  l'honneur  de  donner  son  nom  à  tout  une 
branche  de  Tart,  la  fonte  et  la  batterie  en  cuivre,  que  l'on  cise- 
lait ensuite. 

La  cuve  deS'-Barthélemi  est  en  cuivre  jaune  fondu,  mais  avec 
un  grand  nombre  de  détails  en  demi  ronde  bosse  ;  haute  de  60 
centimètres,  elle  en  a  90  de  diamètre  dans  le  bas  et  80  dans  le 
haut;  elle  est  presque  cylindrique.  Nous  suivrons  dans  la  des- 
cription de  ces  détails,  l'ordre  indiqué  par  la  chronologie  et 
par  le  sens  même  des  inscriptions. 

Le  premier  groupe  ou  sujet  représente  S^-Jean,  le  premier 
ministre  du  baptême,  préparant  au  Sacrement  futur  les  publi- 
cains,  les  soldats,  le  peuple  entier,  les  classes  sociales  et  les 
conditions  politiques  en  leur  prêchant  la  pénitence.  Devant 
un  arbre  qui  porte  des  feuilles  de  deux  espèces  et  qu'il  est 
difficile  de  bien  caractériser,  en  face  d'un  groupe  do  quatre 
personnages,  le  précurseur,  haut  de  stature  et  le  bras  droit 
tendu,  annonce  aux  publicains  la  parole  divine  et  leur  ordonne 
de  taire  dignement  pénitence  :  facile  ergo  fi  uctus  dignos  pœni- 
tentie  (*).  Dans  ce  groupe  se  trouve  un  jeune  soldat  qui 
interroge  S^-Jean  et  qui  représente  sans  doute  ces  hommes 
d'armes  qui  venaient  demander  le  baptême  et  des  règles  de 
conduite  au  précurseur.  Cette  tigure  est  admirable  de  pose  et 
de  véritable  attention. 

Le  peuple  ainsi  préparé  par  la  prédication,  nous  voyons  dans 
le  second  groupe  S'-Jean,  presque  adossé  à  un  chêne,  baptiser 
deux  juifs  enfoncés  seulement  à  mi-jambes  dans  les  eaux  du 
Jourdain  :  il  leur  dit  :  «  moi  je  vous  baptise  dans  l'eau  ;  mais 
après  moi  il  viendra  un  plus  fort  que  moi  »  :  ego  vos  baptizo 
in  aqua;  veniet  autem  fortior  me  post  me  {-). 

Derrière  les  deux  baptisés,  deux  hommes  qui  attendent  ou 


*)  s.  Luc,  111,  8. 
*!  S.  Marc,  1,8. 


qui  viennent  de  recevoir  le  baptême,  ont  une  tournure  et  une 
physionomie  énergiques  et  bizarres  qui  rappellent  assez  l'art 
étrusque  ou  éginétique.  Entre  ces  hommes  et  les  baptisés,  sur 
la  rive  du  fleuve,  s'élève  une  plante  qui  semble  une  grande 
feuille  de  fougère. 

Nous  sommes  à  la  troisième  scène ,  la  scène  principale, 
qu'annonçaient  les  paroles  de  S'^-Jean  que  nous  venons  de  rap- 
porter, et  qu'on  représente  le  plus  habituellement  sur  les  Conts 
historiés;  c'est  le  plus  grand,  le  plus  auguste  de  tous  les  bap- 
têmes, le  baptême  de  Jésus-Christ.  Ce  sujet,  suivant  l'iconogra- 
phie chrétienne,  doit  toujours  être  représenté  à  l'Orient,  à  la 
place  d'honneur  du  baptistère. 

Jésus  est  plongé  à  mi-corps  dans  les  eaux  du  Jourdain,  et, 
tandis  que  S'-Jean  lui  touche  la  tête,  il  porte  la  main  gauche  à 
son  cœur  et  bénit  de  la  main  droite.  S'-Jean,  nu-pieds  comme 
un  apôtre,  nimbé  comme  un  saint,  aux  cheveux  longs  et  un  peu 
incultes,  couvert  d'un  manteau  de  peau,  dit  au  Sauveur  :  «  c'est 
moi  qui  dois  être  baptisé  par  vous;  et  vous  venez  à  moi  »  :  ego 
a  te  debeo  baptizari ;  et  tu  venis  ad  me  [^). 

Sur  la  rive  opposée,  deux  anges  s'inclinent  ;  ils  tendent  vers 
leur  Créateur  les  vêtements  qu'il  va  prendre  au  sortir  du  Jour- 
dain. L'inscription  gravée  au-dessus  de  leur  tête  indique  leur 
office  :  angeli  ministrantes . 

Du  haut  des  cieux,  le  Père  éternel  regarde  son  fils  avec 
amour,  et  dit  :  «  celui-ci  est  mon  Fils  bien-aimé,  en  qui  j'ai  mis 
toute  mon  affection  »  :  hic  est  filins  meus  dilectus,  in  quo  michi 
comflacui  (-). 

LeS'-Esprit,  sous  la  forme  d'une  colombe,  descend  du  ciel  ; 
il  lance  des  rayons  sur  la  tête  du  Christ.  C'est  la  manifestation 
la  plus  complète  de  la  Trinité.  Le  i*ère  et  la  divine  Colombe 
ont  un  nimbe  uni;  mais  celui  du  Fils  est  décoré  d'une  croix. 


(M  s.  Math.,  m,  -14. 
(*!   Ibid..  n. 


En  Italie  et  eu  Allemagne,  on  semble  réserver  plus  volontiers 
la  croix  au  Fils  ;  en  France,  on  en  fait  l'attribut  indistinct  des 
nimbes  divins.  Au-dessus  de  Dieu  le  Père,  on  lit  :  Pater  ;  à  droite 
et  à  gauche  de  la  Colombe  :  Spiritus  Sanctus.  Deux  arbres,  un 
olivier  probablement  du  côté  de  S'-Jean,  un  chêne  du  côté  des 
anges,  encadrent  cette  scène. 

Après  le  baptême  du  Sauveur,  arrive  le  baptême  donné  par 
le  premier  des  apôtres.  Corneille,  centurion  de  la  cohorte  ita- 
lique à  Césarée,  est  baptisé  par  S'-Pierre.  L'apôtre  prêche,  et 
sur  tous  ceux  qui  l'écoutent  descend  le  S'-Esprit  :  v  le  S'-Espril 
descendit  sur  tous  ceux  qui  écoutaient  la  parole  »  :  Cecidit 
Spiritus  Sanctus  super  omnes  qui  audiebant  verbum  ('). 

Les  fidèles  reprochent  à  S'-Pierre  d'avoir  vécu  avec  des 
incirconcis  et  de  les  avoir  baptisés;  mais  l'apôtre  leur  répond 
ce  qu'il  tient  gravé  sur  une  banderole  :  «  qui  étais-je,  moi,  pour 
pouvoir  m'opposer  à  Dieu  »  :  ego  quis  eram,  quipossem  prohibera 
Deuni  (^). 

L'Esprit  qui  descend  sur  Corneille  est  ici  figuré,  non  par  une 
colombe,  mais  par  une  main  droite  qui  sort  des  nuages,  et 
lance  trois  faisceaux  de  rayons,  un  de  chaque  doigt  (le  pouce, 
l'index  et  le  grand  doigt),  ouvert  et  bénissant  ;  chacun  de  ces 
faisceaux  se  compose  lui-même  de  trois  rayons  :  ces  trois  fois 
trois  rayons  seraient-ils  là  comme  un  symbole  de  la  Trinité? 
Corneille,  dépouillé  de  ses  vêtements,  est  plongé  dans  une  cuve 
remplie  d'eau,  où  il  est  béni  par  S'-Pierre  ;  un  des  siens  assiste 
au  baptême.  L'apôtre  a  les  pieds  nus  et  le  nimbe  uni. 

Le  troisième  baptême  est  donné  par  S'-Jean-Evangéliste. 
Craton,  philosophe  d'Ephèse  et  prôneur  fastueux  de  la  pauvreté, 
se  laissa  convertir  aux  paroles  et  aux  miracles  de  S'-Jean  (^). 
L'apôtre  le  plonge  dans  une  cuve  pleine  d'eau  et  lui  pose  la  main 

(M  Acf.  apost..  X,  44. 

(2     Ibid  ,  17. 

(")  [yeçiendn  aurca,  de  S.  Johanno  Kvangclieta. 


m 


droiîf^  sur  la  tête  en  lui  disant  la  formule  du  baptême,  écrite 
sur  uti  livre  qu'il  tient  de  la  main  gauche  :  Ego  te  baptizo  in 
nomine  Patris  et  Filii  et  Spiritus  Sancti,  amen. 

Jean,  ce  beau  vieillard,  ainsi  que  les  Bysantins  aiment  à  le 
représenter,  a  la  ligure  inspirée,  et  lève  les  yeux  au  ciel.  Cet 
inspiré,  cette  ardente  imagination  qui  convertit  le  philosophe, 
ou  cette  raison  troide,  résume  en  lui  toute  l'histoire  des  triomphes 
du  christianisme.  Un  jeune  homme,  très-probablement  un  dis- 
ciple de  Graton,  assiste  au  baptême,  qu'il  va  lui-même  recevoir, 
et  Dieu  du  haut  du  ciel  bénit  le  néophyte. 

Une  main  sort  des  nuages, comme  à  la  scène  précédente; elle 
lance  trois  faisceaux  lumineux,  composés  chacun  de  trois 
rayons.  Trois  étoiles  brillent  dans  le  ciel,  d'où  sort  la  main  de 
Dieu  :  dextera  Dei.  S'-Jean  est  nu-pieds  et  nimbé  comme  S'- 
Pierre,  mais  son  costume  est  un  peu  plus  riche.  Sa  robe,  brodée 
à  la  cuisse,  rappelle  peut-être  le  luxe  asiatique  dont  se  préoccupe 
l'auteur  de  l'Apocalypse.  Ce  n'est  déjà  plus  dans  un  fleuve  que 
les  apôtres  S'-Pierre  et  S'-Jean  baptisent,  mais  bien  dans  une 
cuve  dont  la  forme  et  les  détails  méritent  d'être  remarqués. 

Au  moyeii-àge,  comme  dans  l'antiquité,  la  grandeur  morale, 
la  puissance,  la  dignité  se  traduisent  dans  l'art  figuré  par  la 
grandeur  physique.  Cette  cuve  étant  consacrée  au  baptême,  les 
ministres  du  Sacrement,  S'-Jean-Baptiste,  S'-Pierre,  S'-Jean- 
Evangélisle  devaient  être  plus  grands  que  les  catéchumènes  : 
Jésus  lui-même,  quoique  Dieu,  est  inférieur  en  taille  à  S'-Jean 
qui  le  baptise. 

Le  costume  de  tous  ces  personnages  mérite  une  attention 
particulière,  surtout  celui  du  jeune  soldat  qui  parle  h  S'-Jean- 
Baptiste. 

Chaque  personnage  a  son  noin  au-dessus  de  sa  tête  :  Pater, 
Filius ,  Spiritus  Sanctus ,  Anyeti,  Joltannes  Ikiptista,  Petrus, 
Cornélius,  Dextera  Dei,  Craton  philosophus,Johannes  Evangelis/a, 
Publicani.  Par  tous  ces  sujets,  la  cuve  de  S'-Barthélemi  se  rap- 
pioclie  beaucoup  des  baptistères  grecs.  Cependant,  autrefois, 


-   67  — 

d'après  le  moine  Denys,  on  s'attachait  aux  sujets  de  l'ancieii 
Testament,  et  ici  on  n'aperçoit  que  ceux  du  nouveau.  Regardez 
le  soubassement,  et  vous  verrez  que  la  cuve  baptismale  dont 
nous  nous  occupons,  n'a  pas  oublié  que  l'ancien  Testament  est 
la  figure  du  nouveau.  Elle  a  inventé  un  motif  qui  résume  en  lui 
tout  l'esprit  du  christianisme,  tout  le  rapport  qui  existe  entre  la 
loi  ancienne  et  la  loi  nouvelle,  entre  Moïse  et  Jésus-Christ, 
entre  la  Synagogue  et  l'Église. 

Salomon  fit  fondre  une  cuve  si  grande  quon  l'appelait  la  mer 
d'airain.  Entièrement  ronde,  elle  avait  cinq  coudées  de  hauteur, 
dix  de  diaaièlre,  trente  de  circonCérence  ;  elle  était  posée  sur 
douze  bœufs,  dont  trois  regardaient  le  nord,  trois  l'occident, 
trois  le  midi,  trois  l'orient.  Elle  était  portée  par  ces  douze 
bêtes,  dont  elle  cachait  la  croupe  tout  entière.  Cette  mer  était 
destinée  aux  ablutions  (*).  Ces  douze  bœufs,  on  les  voit  mugir 
au  soubassement  de  notre  cuve  baptismale;  ils  portent  de  leur 
croupe,  qui  est  entièrement  cachée,  la  cuve  chrétienne,  comme 
ils  portaient  la  cuve  juive  du  temple  de  Salomon.  L'ancien  Tes- 
tament sert  de  piédestal  au  nouveau,  la  mer  d'airain  sert  de 
base  aux  fonts  baptismaux. 

Selon  le  témoignage  d'Henri  Van  den  Berg,  ces  bœufs,  ainsi 
que  plusieurs  autres  groupes  en  bronze,  auraient  été  enlevés 
de  Milan  en  1112,  lorsque  cette  ville  fut  prise  par  l'empereur 
Henri  V.  Ils  avaient  été  donnés  par  ce  prince  b.  son  ami  et  allie 
Obert  de  Brandebourg,  évêque  de  Liège,  qui,  à  la  lète  de  six 
cents  chevaliers  liégeois,  avait  rendu  de  grands  services  h 
l'empereur,  lorsqu'il  assiégeait  la  capitale  de  la  Lomb^irdie.  De 
retour  à  Liège,  Obert  donna  une  partie  des  présents  qu'il  avait 
reçus  en  Italie,  à  Helin,  qui,  précisément  à  cette  époque,  fesail 
exécuter  la  cuve  de  Noire- Dame-aux-fonls  (-). 


(M  Reg.  !ib.  111,  cap.  VU,  23,  sqq. 

(')  Van  DEN  Steen.  lissai  historique  sur  l'uncifuiu-  cathédrale   de    Si-Lambert. 
i846,  pp.  76-7. 


—   08  — - 

Mais  au  couvercle,  qui  n'existe  plus  malheureusement  ('),on 
retrouvait  ce  parallélisme  entre  la  loi  juive  et  la  loi  chrétienne. 
Les  prophètes  et  les  apôtres  y  étaient  figurés  comme  ayant 
annoncé  la  même  vérité,  les  premiers  pour  l'avoir  prévue  à 
travers  les  nuages,  les  autres  pour  l'avoir  vue  face  à  face.  C'est 
ce  qui  résulte  de  ce  texte  de  la  chronique  latine  de  Gilles  d'Orval, 
que  nous  traduisons  :  «  A  cette  époque,  fleurit  le  noble  Helin, 
»  abbé  de  Notre- Dame-aux-fonts,  qui,  dans  .'a  même  église,  fit 
»  des  fonts  en  travail  de  fonte  avec  uu  art  à  peine  comparable. 
»  Les  douze  bo3ufs  qui  soutiennent  les  fonts  offrent  le  type  de 
»  la  grâce.  La  matière  se  compose  du  mystère  accompli  dans 
»  le  baptême.  Ici  le  Seigneur  est  baptisé  par  Jean,  ici  Corneille- 
»  le-Gentil  par  Pierre  ;  Craton,le  philosophe,  reçoit  le  baptême; 
»  le  peuple  accourt  à  Jean.  Ce  qui,  par-dessus,  couvre  les  fonts, 
»  montre  les  apôtres  et  les  prophètes  (^).  » 

La  distribution  des  scènes,  la  disposition  des  groupes,  les 
airs  de  tête,  l'expression  des  physionomies,  la  franchise  des 
attitudes,  le  jet  des  draperies  révèlent  dans  Lambert  Patras  un 
grand  artiste  et  un  homme  de  génie.  L'antiquité  est  belle  ;  mais, 
en  vérité,  le  moyen-âge  qui  a  produit  des  chaudronniers  comme 
l'auteur  dont  l'œuvre  fait  le  sujet  de  ces  lignes,  a  bien  aussi  son 
mérite. 

Toutes  les  inscriptions  sont  ciselées.  L'état  fâcheux  où  le 
nettoyage  et  le  grattage  a  réduit  les  inscriptions,  surtout  celle 
qui  couvre  la  moulure  supérieure  de  la  cuve,  en  rend  la  lecture 
assez  difficile.  M.  de  Guilhermy,  qui  a  admiré  les  fonts  baptis- 
maux de  S'-Barthélemi,  a  transcrit  ainsi  cette  inscription  : 

Corda.  Parât.  Plebis.  Domino.  Doctrina.  Johannis. 
Hos.  Lavât.  Hinc.  Monslrat.  Quis.  Mundi.  Crimina.  To!lat. 
Vox.  Patris.  Hic.  Addest.  Lavât.  Hune.  Homo.  Spiritus.  Iraplet. 
Hic.  Fidei.  Binos.  Pelrus.  Hos.  Lavât.  Hosque.  Johannes. 

(*)  La  tradition  même  se  tait  à  ce  sujet.   Il  est  probable  qu'il  avait  déjà  été 
arraché  de  la  cuve,  lorsque  celle-ci  fut  enlevée  à  l'insu  des  démolisseurs. 
(  -  )  Aecidius  AUREyE  Valms  apud  Chapeaville  II,  50. 


-  09  - 

Le  premier  vers  appartient  àS'-Jeaii,  exhortant  les  publicains 
à  la  pénitence;  le  second  encore  à  S'-Jean,  baptisant  deux  juifs; 
le  troisième  au  baptême  de  Jésus-Christ;  le  quatrième  à  S'- 
Pierre  et  à  S'-Jean-Evangéliste,  baptisant  Corneille  et  Craton. 
Voici  la  traduction  des  quatre  vers  : 

a  Jean,  par  sa  doctrine,  prépare  au  Seigneur  le  cœur  du 
»  peuple  :  —  il  lave  ceux-ci,  et  en  même  temps  il  montre  qui 
»  enlèvera  les  crimes  du  monde.  —  La  voix  du  Père  est  là. 
»  L'homme  baptise  Celui  que  l'Esprit  remplit.  —  Ici  Pierre  et 
»  Jean  lavent  ces  deux  hommes  de  foi.  » 

Nous  croyons  devoir  présenter  ici  deux  observations  qui  ont 
leur  intérêt.  Au  troisième  vers,  le  mot  addest  est  très-lisible- 
ment écrit  avec  la  lettre  d  redoublée  :  le  mètre  l'exigeait  ainsi. 
Au  quatrième  vers,  un  mot,  le  seul,  a  été  presqu'entièrement 
arraché,  probablement  dans  les  divers  transports  auxquels  la 
cuve  a  été  soumise.  Le  mot  èinos,  proposé  par  M.deGuilhermy, 
est  peut-être  le  vrai  mot.  Il  ne  s'éloigne  pas  du  sens  général, 
et  à  la  rigueur  s'ajuste  assez  bien  avec  les  quelques  traits  qui 
restent  encore.  Cependant,  après  un  examen  attentif, nous  pré- 
férerions écrire  fous  est.  Rien  ne  s'y  oppose  dans  les  restes  du 
mot  efîacé  ;  et  ces  mots  expriment  une  vérité  très-élevée,  que 
l'on  retrouve  dans  tous  ces  vers;  c'est-à-dire  que  l'homme  est 
le  ministre  du  Sacrement,  mais  que  Dieu  est  l'auteur  de  la  foi  et 
de  la  grâce.  Les  deux  mains  qui  lancent  les  rayons  d'en  haut, 
semblent  autoriser  cette  explication  :  Ici  est  la  source  de  la  foi  : 
Pierre  et  Jean  lavent  ces  hommes. 

A  la  moulure  inférieure,  celle  qui  pose  immédiatement  sur 
les  bœufs,  on  lit  : 

Bissenis.  Bobus.  Pastorura.  Forma.  Nolalur. 
Quos.  Et.  Apostolice.  Commendat.  Gratia.  Vite. 
Officii.  Que.  Gradus.  Quo.  Fluminis.  Impelus.  Hujus. 
Lelificat.  Sanctam.  Purgatis.  Civibus.  Urbem. 

Ces  quatre  vers  correspondent  aux  quatre  vers  de  la  moulure 


—  711 

supérieure.  Ils  sont  placés  sous  les  mêmes  scènes,  mais  sans 
aucun  trait  aux  sujets  historiques.  Ils  concernent  la  cuve  et  les 
bœufs  qui  la  portent.  «  Par  ces  douze  bœufs,  est  marquée 
»  la  figure  des  pasteurs  —  que  la  grâce  de  la  vie  apostolique 
»  recommande  —  aussi  bien  que  le  degré  de  la  fonction.  De  \h, 
»  l'impéluosité  de  ce  fleuve  —  qui  réjouit  la  ville  sanctifiée  par 
»  la  purification  des  citoyens.  » 

Eh!  bien,  nous  le  demandons  sans  crainte,  quand  on  étudie 
de  telles  œuvres,  peut-on  refuser  son  admiration  à  ce  moyen- 
âge,  si  magnifiquement  beau,  où  les  plus  humbles  choses 
revêtaient  un  caractère  monumental  ? 

Nous  terminons  cette  notice  en  exprimant  un  vœu  qui  sera 
approuvé  par  tous  les  amis  de  l'art  antique,  celui  de  voir  un 
artiste  distingué  se  charger  de  rétablir  le  couvercle  de  la  cuve, 
et  en  outre  de  restaurer  la  chapelle  du  transcept,  de  sorte 
qu'elle  soit  digne  du  chef-d'œuvre  qu'elle  renferme. 


Piaiiche  3 


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L  A  T    -    V  0  X  3  o  ui  0  s  «   L  A  v7A  T    »  H  0  S  CL  «    I  C  H  A    N    N  G  S 


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BuDetin  de  Tmsîiîw  ardiéologioue  liégeois  TœnJGl.PageVC. 


DEVELOPPEMENT  DES  SUJETS  DE  LA  CUVE. 


iDe'^E^ 


Planche 


MONOGRAPHIE 


L'ÉGLISE  S'-ALEXANDRE  ET  S'-HERMÈS 

A    THEUX, 

Par  Ph.  De  LIMBOURG. 


INTRODUCTION. 


Plusieurs  de  mes  collègues  de  VInslitut  arcliéologique  liégeois 
m'ont  engagé  à  coordonner  les  notes  relatives  à  l'église  de  Tlieux, 
que  j'ai  recueillies  dans  les  archives  de  la  paroisse  et  de  la 
commune.  Bien  qu'incomplètes  —  les  archives  présentant  de 
nombreuses  lacunes  —  ces  notes  suffisent,  sinon  pour  donner 
une  histoire  de  l'antique  monument  religieux,  du  moins  pour 
réunir  les  documents  nécessaires  à  cette  histoire  et  faciliter  la 
tâche  de  ceux  qui  voudraient  compléter  mes  recherches. 

J'avais  réuni  ces  documents  pour  ma  propre  instruction  ;  je 
n'ai  consenti  îh  les  livrer  h  l'impression  que  sur  les  instances 
réitérées  de  mes  hoiiorables  collègues  et  amis.  Ils  me  i-'ardon- 
neront certainement,  enlisant  cette  élude,  les  imperfections  de 
la  forme  et  l'insuffisance  de  mes  connaissances  en  architecture. 

La  paroisse  de  Theux  s'étendait  sur  toute  la  vaste  commu- 


—  72  — 

nauté  de  ce  nom,  formée  du  bourg  de  ïheux  et  de  vingt-deux 
hameaux.  Elle  comprenait  les  vice-cures  de  Polleur  et  de  ha 
Reid,  et  plusieurs  vicariats  auxquels  étaient  attachés  des  ecclé- 
siastiques qui  donnaient  l'instruction  aux  enfants. 

Toutes  les  paroisses  du  Marquisat  de  Franchimont.dontTheux 
était  le  chef-ban,  dépendaient  de  l'archidiaconé  du  Condroz 
et  du  concile  de  S.  Remacle,  au  pont  d'Amercœur.  Les  statuts 
de  cet  archidiaconé,  donnés  en  1633,  mettaient  aux  charges 
des  possesseurs  de  la  grosse  dîme  l'entretien  de  la  nef  princi- 
pale, y  compris  celui  de  la  toiture  ;  ils  laissaient  à  la  charge  de 
la  communauté  les  bas-côlés,  la  tour  et  les  chapelles  latérales; 
enfin  les  réparations  du  chœur  incombaient  au  curé,  parce  qu'il 
jouissait  de  la  sixième  part  de  la  grosse  dune  et  de  la  moitié  de 
la  menue  dîme. 

Les  décimateurs  contestèrent  h  diverses  reprises  qu'ils  fussent 
tenus  i\  ces  réparations,  parce  que  les  dîmes  du  marquisat  de 
Franchimont  étaient  laïques  ou  féodales  et,  depuis  1313,  relevées 
par  des  seigneurs  du  prince-évêque  de  Liège,  dans  sa  cour 
féodale  (  '  ).  Pourtant  ils  se  soumirent  et  se  laissèrent  taxer,  soit 
par  erreur,  soit  par  générosité,  comme  si  leur  lief  avait  été 
ecclésiastique. 

Diverses  charges  religieuses  pesaient  sur  les  dîmes.  Le  25 
août  1692,  la  cour  des  tenants  avisa  que  «  la  grosse  dîme  doit  et 
est  obligée  de  payer  annuellement  à  Véglise  pour  le  vin,  5//(orins) 
5  pal{i\rs)  ;  pour  les  osties,  10  pat.;  pour  la  cire, 9  fl-; pour  aube  et 
amiie,3fl.  10  pat.;  pour  chasubles,  étoiles  et  manipules,  A  fl;  pour 
serviettes  et  blanchissage,  1  jl.ipour  purificatoires  et  corporaux, 
1  //.;  pour  graduel  et  missel,  1  //.;  pour  devant  d'autel,  SJl.;  pour 

(')  Il  a  él(i  prouvd,  dans  un  procès  terminé  au  commencement  de  -1775,  que  les 
dîmes  du  marquisat  étaient  féodales,  sans  en  excepter  celles  que  les  curés  tenaient 
de  leur  patron,  et  qu'elles  n'étaient  pas  sujettes  aux  statuts  archidiaconaux.Ces  dîmes 
furent  divisées  entre  les  familles  de  Fléron  et  de  Fexlie  par  le  relief  de  1436.  Elles 
furent  dans  la  suite  morcelées  de  telle  sorte  que  chaque  liameau  avait  son  décimateur 
particulier,  quelquefois  même  plusieurs. 


pociîiets,  lo  pat.;  pour  chappe  processionnelle,  1  fl.;  pour  chande- 
liers et  clochette,  1  fl.;  pour  la  grosse  cloche,  S  fl.;  le  tout  sans 
préjudice  des  toits,  celiez,  etc.  qui  touche  aux  dits  déci7nateurs  pas 
icy  mentionnés.  » 

La  communauté,  de  son  côté,  soulevait  parfois  des  difficultés 
relatives  aux  charges  que  lui  imposaient  les  statuts  arcliidiaco- 
naux.  Je  résumerai,  pour  en  donner  un  exemple,  un  recès  de 
la  cour  des  tenants  où  sont  énumérées  presque  toutes  les  obli- 
gations de  la  communauté  envers  le  culte  en  dehors  des  répa- 
rations de  la  tour  et  des  nefs  latérales  de  l'église. 

Le  6  juillet -1698,  les  tenants  assemblés  firent  demander  au 
magistrat  s'il  était  d'intention  de  payer  une  partie  de  fhuile  de 
la  lampe  ardente,  les  deux  vitres  du  chœur,  le  tabernacle  et  le 
crucifix  du  maître-autel,  un  ornement  solennel,  la  garde-robe 
pour  y  remettre  et  conserver  les  ornements,  les  réparations  des 
deux  chapelles  collatérales  du  chœur,  la  chappe  mortuaire,  la 
croix  processionnelle  avec  son  fanon,  la  boîte  aux  saintes  huiles. 
La  somme  réclamée  de  la  communauté  se  montait  h  fl.  735.  Les 
tenants  espéraient  que  la  communauté  s'exécuterait  prompte- 
ment  en  considération  de  certains  travaux  faits  h  sa  décharge 
parle  curé  (*). 

Les  prétentions  de  l'église  furent  insinuées  le  14  juillet  au 
magistrat  qui  n'y  répondit  pas.  Le  27,  la  cour  des  tenants  le 
cita  devant  l'official  de  l'archidiacre  du  Condroz  pour  l'obliger 
au  paiement  de  l'état  lui  signifié  le  44.  Un  accord  intervint  le 
18  janvier  1699.  Par  cet  accord,  les  bourguemestres  prirent  h 
charge  de  la  communauté  de  rédimer,  avec  le  canon  courant, 
une  rente  de  25  fl.  B'"""  créée  par  la  fabrique  pour  subvenir  aux 
réparations  ci-dessus  énumérées  et  de  fournir  15  fl.  B''""  pour 
les  frais  faits  devant  l'official. 

Les  conséquences  de  la  transaction  furent  l'anéantissement 


(*  )  Réparation  des  quatre  vitres  des  deux  chapelles  collatérales  du  chœur,  place- 
ment des  deux  grands  pupitres  du  choeur  et  du  banc  de  commun'on. 


—  74  — 

des  prétentions  de  Téglise  qui  dut  acquitter  la  dépense,  objet  du 
litige,  acheter  un  ornement  noir  complet  et  une  chasuble  verte 
et  entin  faire  réparer  le  ciboire. 

Le  curé,  lui  aussi,  cherchait  b.  se  dispenser  des  réparations 
laissées  à  ses  dépens  (  ').  Mais  les  administrateurs  se  refusèrent 
à  intervenir,  sauf  dans  le  cas  de  sérieuses  améliorations. 

Il  fut  maintes  fois  dérogé  aux  trois  principes  que  je  viens  d'é- 
noncer. On  verra  plus  loin  que  différentes  personnes,  mues  par 
la  dévotion  ou  par  la  générosité,  ornèrent  l'église  et  attachèrent 
leur  nom  h  la  plupart  des  ouvrages  qu'elles  y  firent  exécuter. 

Nous  allons  examiner  successivement  les  différentes  parties 
de  l'église  dont  nous  avons  entrepris  l'étude. 

(  *)  Voici  le  toxle  de  la  lettre  qu'il  écrivait  à  ce  sujet  : 

«  Monseigneur, 

«Les  pasteur  et  tenants  de  l'église  parochialle  de  Theux  renionlrentàvotre  illtislre 
seigneurie  qu'il  y  a  des  fulchres  ou  pilliers  qui  appuient  la  muraille  du  cœur  de 
l'église  qui  est  ruineus,  lequel  il  faut  mettre  em  bas  jusqu'au  mitant  pour  le  perti- 
nonment  réparer:  ils  supplient  qu'il  plaise  à  votre  illustre  seigneurie  de  déclarer  qui 
est  celuy  qui  est  obligé  à  laditte  réparation  et  luy  ordonner  de  la  faire,  afin  d'aller 
au  devant  d'une  plus  grande  ruine.  Quoy  faisant,  elle  obligeras  les  remontrants,  eic. 

Faite  à  Theux,  le  20*-'  mars  l'an  KitiO,  éloit  signé  de  la  main  M^e  Jean  Anseau, 
curé  de  Theux.  « 

S'ensuit  l'apostille  de  l'archidiacre  de  Condros. 

a  Déclarant  la  réparation  cy  dessus  mentionnée  devoit  estre  à  la  charge  du  R'  pas- 
teur, comme  ayant  la  milant  parle  de  la  menue  disme,  laquelle  est  de  notable  valeur 
et  en  outre  la  sixième  parte  de  la  grosse  disme,  voir  et  bien  entendu  que  les  parois- 
siens sont  obligea  chauroy  des  matériaux  a  telle  réparation  nécessaire  leur  donnant 
sobrement  a  rafreschire  :  et  ce  par  l'expresse  disposition  nos  status,  fol  30,  de 
oneribus  pasloris  quœ  ad  reparalionem.  Faite  à  Liège  le  28°  mars  1660.  Signé  : 
Herman  de  Stocliem,  archidiacre  de  Condros.  » 


DESCRIPTION   DE  L'EGLISE. 


L'église  de  Theux,  dédiée  aux  S.  S.  Alexandre  el  Hermès, 
est  bâtie  sur  une  éminence,  située  h  l'extrémité  occidentale  du 
bourg.  Elle  est  entourée  du  cimetière  qui  s'étendait  jusqu'au 
ruisseau  de  Wayot.  On  ignore  à  quelle  époque  une  partie  du 
champ  de  repos  fut  abandonnée  à  la  culture  et  à  la  bâtisse; 
tout  ce  qu'on  sait,  c'est  qu'une  emprise  y  fut  faite  (1768)  pour 
l'élargissement  du  chemin,  devenu  la  chaussée  de  Liège,  et 
qu'en  1786  on  le  rétrécit  de  nouveau  pour  aligner  son  mur 
de  clôture  par  une  ligne  droite  tirée  de  sa  principale  porte 
d'entrée  à  la  maison  Malempré,  aujourd'hui  maison  Marcotte. 
Ce  dernier  rétrécissement  fut  décidé  par  le  magistrat,  h  la 
demande  des  Seigneurs  des  États  du  Pays  de  Liège,  du  con- 
sentement unanime  de  la  cour  des  tenants,  ratifié  par  l'archi- 
diacre du  Condroz  ('). 

L'entretien  des  murailles  et  des  portes  du  cimetière  était  h  la 
charge  de  la  communauté.  Si  la  cour  des  tenants,  reconnaissant 
la  nécessité  d'une  réparation  quelconque  h  ces  clôtui'cs,  faisait 
exécuter  le  travail  el  payait  la  main-d'œuvre  et  les  fournitures, 
elle  exigeait  du  magistrat  le  remboursement  de  la  somme  dé- 
pensée, considérée  comme  avance,  h  moins  qu'elle  n'eût  obtenu 
du  prince  l'octroi  de  vendre  des  terrains  incultes  ou  aisances 
dont  le  produit  était  affecté  aux  réparations  de  cette  nature, 
ainsi  qu'à  l'embellissement  et  h  l'ornementation  de  l'église  (-). 

('  )  Recès  du  magisU'at  du  27  octobre  1785  :  Assemblée  de  la  cour  des  tenants 
du  30  octobre  1783. 

C'est  en  faisant  ce  travail  que  furent  trouvées  les  monnaies  romaines  dont  il 
est  parlé  à  la  p.  400,  t.  IX  du  Bull  de  l'iiist.  aicli.  liégeois.  La  communauté  fit 
construire  en  1786  les  murailles  et  les  portes  qui  clôturent  le  ci.netit're  du  côté 
de  la  chaussée  de  Liège. 

l  *)  s.  BORMANS.  Chambre  des  Finances,  p.  40  cl  au  Bull,  cité,  t  Vil,  p.  40.  Elle 
obtint  des  octrois  de  terrains,  notamment  le  23  septembre  1393,  le  l"  juin  1G18, 
le  5aoiJt  1027  [Arcli.  coin,  dt  Tlteu.r), 


—  76  — 

Le  curé  seul  autorisait,  moyennant  certaines  redevances, 
l'érection  dans  le  cimetière  de  monuments  funéraires,  croix 
ou  pierres  tumulaires  ('). 

Il  serait  difficile  d'assigner  une  époque  précise  à  l'édification 
de  l'église.  Il  parait  pourlant  certain  que  la  tour  remonte  au 
VHP  ou  au  IX''  siècle,  le  vaisseau  de  l'église  au  XP  et  le  chœur 
aux  premières  années  du  XVI'  (-), 

L'église  de  Tlieux  est  par  conséquent  l'un  des  plus  anciens 

{ *)  0  De  la  part  de  votre  curé  l'on  faict  commandement  qui  ne  soit  personne  si 
présomptueux  de  mettre  croix  de  pierre  dans  le  cymetière  sy  ce  nest  parmi  tes 
droicts  ou  par  son  cogneu.»  {Arch.de  l'église, reçiistre  aux  annonces,  octobre  1598.) 

(')  Voici, quant  à  la  construction  du  chœur,  les  renseignements  que  nous  trouvons 
dans  les  comptes  de  l'église  : 

«  Item  at  ordonné  Englebcrt  de  Presseux  chaslelain  de  Franchyniont  que  le  dit 
Johan  devoii  débourser  az  omes  qui  ont  fait  les  bricques x  flor. 

»  Item  a  encore  déboursé  a  Johan  Miso  pour  fé  le  forme  des  bricques  pour  xiij 
journées. 

»  Item  a  Johan  le  Lymosin  de  Vervier  pour  xij  jornees vi  flor. 

»  Item  a  Johan  le  Molnier  xii  aidans  pour  une  berwette  pour  mener  les  bricques. 

»  Item  encore  débourse  a  Denis  Chavas  pour  v  journées  a  vi  aid.  le  jour  font,  xxx 
aid. 

»  Item  débourse  à  Englebert  pour  ij  journées  a  servir  les  omes  des  bricques. 

»  Item  iiij  journées  que  ledit  Johan  servit  a  coller  le  chaulxdequoy  Ion  piastre  les 
chapelle  et  lalstîire  —  (Portés  au  compte  de  1519  de  Johan  de  Fraipont,  le  jeune 
mambour  de  1514  à  1520). 

»  Item  X  aid.  pour  ij  t innés  dont  les  maçons  se  sont  servie  à  lenglise. 

»  Item  at  livriet  led.  Johan  xvj  cent  piet  de  latte  pour  servir  az  deux  chapelles  et 
vestiaire  a  xvj  aid.  le  cent. 

»  Item  at  livriet  ledit  Johan  deux  cent  piet  de  plance  en  la  main  de  Mali  de 
Francymont  pour  mcctre  sur  le  chanceau. 

»  Item  at  reçu  ledit  Johan  a  messire  Jacques  iiij,  piet  de  latte. 

»  Item  at  servie  ledit  Johan  une  journée  a  mectre  ces  planées  avecque  Mati. 

»  Item  a  Johan  délie  rualle  de  mont  v  aid.  pour  maxhier  le  chaulx. 

»  Item  v  journées  a  paliet  et  a  mectre  a  point  le  chanceau  de  senestre. 

»  Ilem  paye  pour  ij  cent  de  claz  v  aid. 

»  Item  encore  pour  une  journée  quil  at  este  chargie  les  pierre  des  deux 
voillire    sur    les   chars    de    Sassure    et    Saserolte     que    renevoyent   damsche. 

»  Item  pour  trois  voitures  que  ledit  Johan  at  este  à  Gronlle  chargie  des  lenres 
pieres  et  ce  pour  chacune  voiture  ij  jours  qui  font  vj  journées. 

«  Item  paye  pour  les  voillire  de  la  chapelle  vers  la  boverie.  xviij  flor. 

»  Item  ij  journées  que  le  dit  Johan  at  servie  a  les  aider  mectre.  » 

(Môme  compte  que  ci-dessus,  année  I'>21) . 


—  77  — 

monuments  religieux  de  la  Belgique.  Son  antiquité  la  signale  à 
la  sérieuse  attention  de  l'archéologue. 

On  prétendit,  il  y  a  trois  siècles  et  demi,  qu'elle  menaçait 
ruine  (•).  La  même  accusation  se  reproduisit  h  différentes 
époques  (-)  et  moins  de  dix  ans  nous  séparent  du  jour  où  d'au- 
cuns insinuèrent  encore  qu'elle  n'offrait  pas  les  garanties  suffi- 
santes de  solidité  pour  être  conservée. 

La  vérité  est  que,  dans  ces  derniers  temps,  l'église  exigeait 
de  nombreuses  et  urgentes  réparations,  notamment  h  sa  toiture 
reconnue  mauvaise  depuis  trente-cinq  ans  et  à  son  plafond 
dont  certaines  parties  se  détachaient  des  poutres  et  tombaient 
de  vétusté. 

Le  Conseil  de  fabrique  opinait  en  faveur  d'une  nouvelle 
construction. 

Le  Conseil  communal  désirait  conserver  l'antique  monument. 
Il  chargea  M.  Remont,  architecte  à  Liège,  de  dresser  un  plan 
d'ensemble  des  travaux  à  exécuter. 

La  Commission  royale  des  monuments,  consultée  par  l'auto- 
rité supérieure,  écrivit,  le  23  mai  J862,  h  M.  le  Gouverneur  de 
la  province  :  «  nous  ne  pouvons  nous  résoudre,  en  présence  de 
l'intérêt  archéologifjue  qu'il  présente  encore,  h.  consentir,  en 
ce  qui  nous  concerne,  à  la  démolition  de  cet  édiflce.  » 

«  Il  s'agit  en  effet  de  cette  forme  dite  :  basilique  à  piliers  et  îi 
plafond  décoré  dont  peu  de  spécimens  subsistent  aujourd'hui 
et  qui  constituent  un  jalon  précieux  pour  l'histoire  monumen- 
tale en  Belgique.  » 

(')«  liera  at  esté  leJit  Johan  une  journée  a  Leborch  quérir  Piron  le  maistre 
machon  de  Leborch  pour  visenler  lenglise  que  Ion  disoit  quelle  voioit  lomber.  » 
(Même  compte,  année  4321). 

Voir  également  «  la  Visitation  de  Téglise,  l'an  4663  »  rapportée  plus  loin. 

(2)  ...«  Aussi  les  habilans  de  cette  communauté  se  plaignent-ils  amèrement 
depuis  longtems  que  l'église  paroissiale  de  Theux,  non-seulement  est  trop  petite  ou 
égard  à  la  population  de  la  paroisse,  mais  qu'une  partie  des  murailles,  du  toit  et  du 
plafond  est  tellement  caduque  que  la  vie  des  paroissiens  est  journellement  en 
danger.  »  Rccès  du  magistrat  du  2S  janvier  1790. 


—  78  — 

Il  était  question  alors  de  rendre  au  temple  son  style  primitif. 
Les  administrateurs  de  Tlieux,  en  présence  de  l'avis  favo- 
rable de  la  Commission  royale  des  monuments,  étaient  portés 
à  croire  que  l'éj^lise  serait  rangée  au  nombre  des  monuments 
publics.  Mais  sur  le  refus  des  autorités  compétentes  (1866)  et 
n'ayant  en  perspective  que  de  modiques  subsides,  ils  renon- 
cèrent à  un  travail  considérable  qui  serait  devenu  pour  la 
commune  et  pour  la  fabrique  de  l'église  un  fardeau  trop  lourd 
à  supporter.  Ils  se  contentèrent  du  strict  nécessaire.  A  cet  efïet, 
l'Administration  communale  chargea  M.  Remont  fils,  de  dresser 
un  projet  de  restauration  moins  onéreux  que  le  plan  adopté 
précédemment. 

Avant  d'entreprendre  la  description  de  l'intérieur  de  l'église, 
il  convient  de  jeter  un  coup  d'œil  rapide  sur  son  extérieur. 

Au  nord,  est  la  façade  principale  dont  la  moitié  environ  est 
masquée  par  des  constructions  annexes.  D'abord  c'est  le  parvis 
ou  portail  qui  donne  accès  à  l'église  :  il  est  adjacent  à  la  tour 
contre  laquelle  a  été  bâti  l'ancien  vestiaire  ou  sacristie  (').Puis 
à  l'orient  vient  le  chœur.  La  sacristie  est  adossée  à  la  chapelle 
latérale  de  gauche  et  à  la  chapelle  Wollï  ou  Leloup,  seule  cons- 
truction accessoire  de  la  façade  méridionale  de  l'église.  En  con- 
sentant à  l'érection  de  cette  chapelle  (1655),  le  magistrat  autorisa 
la  démolition  d'une  petite  tour  qui  était,  sinon  adossée  à  l'église, 
du  moins  à  proximité  de  celle-ci. 

L'église  est  construite  en  pierres  de  grès  de  moyen  appareil  (-). 

(*)  Le  vestiaire  a  été  bâti  en  même  temps  que  le  chœur. 

«  Item  encore  iiij  journées  que  ledit  Johan  a  servie  a  faire  les  aires  de  vestiaire.  » 
(Même  compte,  année  Io21). 

{ *)  Selon  Lamy,  le  grés  dont  est  bâtie  l'église  de  Thcux  provient  tic  la  carrière 
de  Timonheid,  peut-être  aussi  de  celle  de  Slaneux,  mais  plus  pivibabicment  de 
Timonheid  dont  le  grés  plus  rougeàtre  a  plus  de  res?emb!ance  avec  les  pierres  de 
l'église.  (Gommunicalion  de  .M.  Cust.  Magnée,  membre  de  ïlustitut  archéologique 
liégeois).  Les  Romains  employaient  également  le  grès  dans  leurs  bâtiments  de 
.luslenvillo.  Voir  lu  fiiillciin  déjà  cité. 


—  79  — 

On  remarque  dans  ses  deux  façades  latérales  les  baies  de  fenêtres 
d'environ  1"\30  de  hauteur  sur  0'",80  de  largeur,  dont  le  cintre 
est  formé  de  pierres  de  petit  appareil.  Elles  doivent  avoir  été 
au  nombre  de  sept  :  quatre  dans  la  façade  méridionale  et  trois 
dans  la  façade  septentrionale.  Le  pignon  est  percé  d'un  oculus, 
avec  cintre  en  petit  appareil. 

Le  portail,  bâti  en  pierres  de  taille,  est  une  construction  assez 
récente.  Il  est  vraisemblable  qu'il  a  pris  la  place  d'un  portail 
plus  ancien  ('). 

La  tour  est  carrée.  Ses  murs  dont  l'épaisseur  est  de  1™,60 
à  la  base  et  l'",18  au  sommet,  sont  construits  en  pierres  de  grès 
de  moyen  appareil  et  percés  de  meurtrières  (-). 

La  toiture  ;\  flèche  surbaissée  et  à  encorbellement,  a  quatre 
versants.  Elle  était  des  plus  simples  avant  d'avoir  été  remaniée 
en  1871.  Les  fenêtres  qui  subsistaient  dans  les  faces  de  l'encor- 


(  •)  «  Et  corne  pour  la  coraoïlité  de  l'église  et  autant  mieux  vaquer  au  saint  service 
divin,  le  curé  de  Thcux  par  advis  d'aucuns  a  fait  faire  deux  chayéls  mises  à  1  église 
aflin  sasseoir  les  prestres  en  confessant,  mesme  un  portai  et  fait  repeintre  les 
patrons  de  ladite  église,  ils  ont  porté  ensemble  quattres  vingts  deux  florins  quinze 
patars  brabant.  »  [Arcli.  de  Thcux,  Compte  de  la  communauté,  rendu  le  ^novembre 
1613  aiixmayeur,  cschei'ins^  bounjuemestres  et  douze  hommes  du  ban  de  Tlieux). 

On  lit  sur  une  dalle,  encastrée  au-dessus  de  la  porlc,  l'inscription  suivante.  Le 
chronogramme  qui  y  est  renfermé  donne  la  date  de  -1626. 

vovs  tovs  qyi  me  convoitez, 
passez  vers  moy  et  soyez  remplis 
de  mes  generations  eccl  24 
MarIe  LeIeVne  henrI 
aV  seIgneVr  DIeV  LIee 
510vrant  a  restavree  de 
ce  temple  lentree. 

(-)  On  ne  doit  pas  attribuer  à  une  fenêtre  la  baie  boucliéc  du  côté  de  l'ouest 
joignant  à  Téglise,  mais  bien  à  une  porte  donnant  accès  aux  combles  de  l'église 
à  l'aide  d'une  passerelle  lorouvcrte  d'un  toit,  ne  ressemblant  pas  mal  à  un  colombier. 
Aujourd'bui,  on  passe  directement  de  la  tour  au  grenier  de  l'église.  Celte  améliora- 
lion  date  de  1867. 


—  80  — 

bellement  ont  été  ornées  de  colonnes  eld'abat-sons.Une  lucarne 
a  été  ménagée  dans  chaque  pan  des  versants. 

Une  belle  croix  la  surmontait  autrefois.  On  l'enleva  vers  1794 
et  pour  supporter  le  coq  indicateur  des  venls,  on  y  mit  la  croix 
surmontant  la  chapelle  du  couvent  des  Dominicaines,  après  lui 
avoir  enlevé  son  caractère  de  signe  de  la  rédemption. 

La  croix  enlevée  en  1794  était  ancienne  ;  un  recès  magistral 
du  11  mai  1713  ordonnait  aubourguemestre  Pouheaii  de  réparer 
le  toit  de  la  tour  et  de  consolider  la  croix  dont  la  chute  était  h 

craindre  (')• 

La  tour,  telle  qu'elle  vient  d'être  restaurée,  a  une  hauteur 
totale  de  35  mètres  qui  se  répartissent  comme  suit  :  la  maçon- 
nerie en  comprend  18,  la  toiture  13  et  la  croix  4  ( -). 

Les  murs  de  l'ancienne  sacristie  et  du  chœur  sont  en  pierres 
de  taille,  ceux  de  l'abside  sont  en  moellons,  ceux  de  la  sacristie 
et  des  chapelles  latérales  en  marbre  noir  de  la  localité,  ce  qui 
permet  de  supposer  que  l'ensemble  du  chœur  ne  fut  pas  cons- 


(*  )  a  En  rassemblée  du  niagistr£l  de  Theux  le  11"  maye  -1713,  estant  représenté 
comment  le  toict  de  la  thourde  notre  église  est  fort  défectueux, la  pluye  percunt  dans 
quantité  d'endroit  qui  poury  par  les  pluyes  les  bois  tant  du  toict  qu'autres  et  que 
même  la  croix  sur  ladite  thour  menace  de  tomber,  avons  ordonnez  comme  par  cetta 
ordonnons  au  bourgmre  Pouheau  de  faire  réparer  le  nécessaire  et  faire  réparer  un 
costé  dudit  toict,  veu  qui  est  le  plus  défectueux  et  même  de  faire  reparer  le  néces- 
saire a  ladite  croix  de  fer;  ses  exposez  lui  seront  validez  dans  ses  comptes,  i-  {Arch. 
de  Theiix). 

En  1871,  les  ouvriers,  découvrant  la  boule,  ont  détaché  une  plaque  en  plomb 
avec  cette  inscription  tracée  à  la  pointe  : 

FAIT 
LAN 

i713 
POVHEAV 

JJGMRE 


Cette  plaque  est  déposée  à  l'Hôtel-de-Ville  de  Theux. 
(-)  Cette  croix  pose  210  kilogrammes. 


—  81  — 

truit  d'un  même  jet.  Des  contreforts  s'élevant  jusqu'à  la  toiture, 
mais  abaissés  depuis  1867,  flanquent  les  angles  des  murs  de 
l'abside.  Des  sept  fenêtres  du  chœur,  il  n'en  subsiste  que  quatre. 
Je  dirai  en  parlant  de  l'intérieur  de  l'église  à  quelle  époque 
celles  du  pignon  ont  été  murées. 

La  pierre  taillée  s'allie  à  la  pierre  brute  dans  la  nouvelle 
sacristie,  construite  en  1869,  en  majeure  partie  aux  frais  de 
M™''  Cornet-MuUer.  On  y  a  ménagé  une  sortie  du  côté  du  cime- 
tière. Sa  couverture  est  une  plate-forme  en  zinc. 

Dans  les  réparations  effectuées  récemment  à  l'extérieur  de 
l'église  et  de  la  tour,  on  a  pris  soin  de  rétablir  les  chenaux  dont 
les  toits  étaient  privés  depuis  longtemps. 

D'après  une  tradition  assez  généralement  répandue  à  Theux, 
l'église  aurait  appartenu  aux  Templiers.  Cette  tradition  qui  ne 
s'appuie  du  reste  sur  aucun  fait,  doit  être  écartée.  Aucun  docu- 
ment, aucun  auteur  ne  mentionnent  la  communauté  de  Theux 
comme  un  lieu  où  un  manoir  du  Temple  aurait  existé.  D'ailleurs 
l'église  est  antérieure  à  l'année  1118,  date  de  la  fondation  de 
cet  ordre  célèbre. 

Intérieur. 


Du  portail,  après  avoir  monté  deux  marches,  on  arrive  dans 
le  temple  par  une  porte  à  cintre  surbaissé,  relativement  peu 
élevée,  encadrée  de  pierres  de  marbre  noir  taillées  et  moulurées, 
provenant  de  la  carrière  de  la  localité  (^).  Cette  unique  porte 
est  située  vers  le  milieu  du  côté  nord. 


(•)  Il  s'agil  vraisemblabloment  de  l'encadrement  de  cette  porte  dans  celle 
dépense  tirée  du  compte  de  l'église,  année  1575.  «  Le  Ville  jour  d'avril  conté  avecq 
Jacque  Raskiet  et  les  charons  qui  ont  charier  les  pierre  et  sablons  avec  la  cbasse 
pour  relTaire  les  murranges  de  l'enterré  de  l'engleise  montant  le  tout  ensemble 
XXX  flor.  liégeois  et  xxxvi  so.  » 


—  82  — 


PLAN  DE   L'KGLISE  DE  THEUX. 


Fig.  i. 


Echelle  de  0,002o  pour  i  mètre 

Construite  dans  la  forme  des  basiliques  primitives,  l'église  n'a 
jamais  eu  de  transepts.  Son  vaisseau  présente  un  carré  long 
mesurant  dans  œuvre  28"', 64  de  longueur  sur  14"', 62  de  largeur 
et  10'",7o  de  hauteur.  Il  est  divisé  en  trois  nefs  par  deux  rangs 
de  cinq  piliers  carrés  ('),  sans  base,  avec  de  simples  saillies 
coupées  en  biseau  pour  chapiteaux,  réunis  par  des  arcs  en 
plein  cintre. 


(*     Ils  sont  irrégiiiicrs  et  niesiirenl  en  moyenne  P'^IS  sur  l"'/2.j. 


—  83  — 

L'arcade  du  haut  de  l'église  est  formée  d'une  grande  ogive 
embrassant  une  largeur  double  des  autres  travées.  Cette  irré- 
gularité provient  de  l'enlèvement  d'un  pilier  carré  dans  chaque 
rangée  et  de  la  réunion  de  deux  arceaux  en  une  seule  ogive.  Il 
est  probable  qu'en  même  temps  que  cette  ogive  se  substituait 
aux  arceaux,  disparurent  l'abside  demi-circulaire  et  les  murs 
terminant  le  fond  de  l'église  et  qu'à  la  même  époque,  le  chœur 
fut  construit.  Malgré  l'absence  de  documents  relatifs  à  ce  rema- 
niement, on  doit  le  placer,  sinon  à  la  fin  du  XV''  siècle,  du 
moins  au  commencement  du  XVP,  l'achèvement  des  chapelles 
latérales  devant  être  reporté  à  l'année  lo'JO  ('). 

Lors  de  l'érection  du  chœur,  on  laissa  subsister  au-dessus 
des  ogives  qui  le  séparent  de  l'église,  l'épaisse  muraille  dont  la 
base  venait  d'être  démolie.  Son  poids  énorme,  joint  à  la  percée 
pratiquée  dans  le  mur  méridional  et  à  l'enlèvement  d'un  contre- 
fort quand  la  chapelle  Wolff  fut  édifiée  (16S5),  compromit 
l'église  au  point  que  les  administrateurs  en  furent  alarmés.  La 
Cour  de  justice  et  le  magistrat,  conjointement  avec  la  Cour  des 
tenants,  appelèrent  de  Liège  (I660)  un  maître-maçon,  afin  de 
rechercher  le  moyen  de  remédier  au  mal  et  de  conjurer  l'effon- 
drement du  temple.  Gilles  Piron,  c'est  le  nom  du  maître-maçon, 
émit  l'avis  de  substituer  une  clôture  plus  légère  à  ce  qui  restait 
de  l'ancien  pignon  (^).  Les  travaux  proposés  furent  différés,  car 

(  ')  «  liera  déboursé  à  Johan  le  molnier  pour  II  journées  quil  at  servie  az  aires 
délie  voissure  de  piere  de  taille  deseux  le  crucifix  xvi  aid.  Item  V  journées  que 
ledit  Johan  at  ouvrait  a  ces  meisraes  aires.  Item  payé  vi  aid.  az  scrinier  qui  ont 
fayt  des  planées  de  tronlle  pour  meclre  sur  les  aires  délie  voissure.  »  Compte  de 
Johan  de  Fraipont  le  jeune,  mambour  de  1514  à  lo20,  anno  1520. 

(^)  Visiluiion  des  murailles  de  l'église  de  Theux  de  l'an  16G5,  ici  enregistré 
pour  mémoire.  Registre  aux  assemblées  des  tenants,  commençantîjle  30  avril  1680, 
fol.  98. 

«  L'an  mille  six  cent  soissante  cincque  le  vingt^cincquième  jour  d'avril  par  devant 
nous  la  (;our  et  justice  de  Theux,  presens  Noirfalise,  Limbourgh,  Poncelet  et 
Doneux,  eschevins,  constitué  le  R''  M'^  Jean  Anseau  nre  pasteur,  Ernest  Proenen, 
Lan^bert  Thonon  et  Joan  de  Lirabourg  nre  greffier  tenants  de  nre  église  paroichialle 
avec  Mre  Albert  Collette  et  Jean  Fraipont  noz  bourguemres  lesquels  ont  déclarés 
qud  comme  notre  dite  église  se  trouveroit  fort  caduque  et  les  murailles  et  voûtes 


la  même  question  fut  agitée  de  nouveau  par  la  Cour  des  tenants 
et  ils  furent  effectués  seulement  en  1700.  L'ouvrage  consista  en 
une  cloison  boisée  et  ardoisée,  maintenue  par  des  ancres  en  fer. 

Les  ardoises  disparurent  à  une  époque  indéterminée  ;  il  n'y 
eut  qu'un  simple  lattis  jusqu'en  1867. 

Les  bas  côtés  ont  la  même  élévation  que  la  grande  nef;  leur 
largeur  varie  de  3'",08  à  3'",27.  Leur  plafond  est  en  ciment 
badigeonné  au  lait  de  chaux. 

La  nef  principale  est  large  de  six  mètres  h  la  base  des  piliers. 
Un  plancher  construit  sur  de  grosses  poutres  lui  tenait  lieu  de 
plafond,  mais  sur  les  observations  de  l'archidiacre  du  Condroz, 
les  tenants  résolurent  de  lui  donner  un  plafond  suspendu  aux 
poutres.  A  cet  effet,  ils  imposèrent,  le  22  juillet  1626,  une  taxe 
sur  les  grosses  dîmes  du  ban,  qu'ils  frappèrent  d'une  seconde 
taille  en  1629. 

Ce  plafond  de  6"',30  de  largeur,  était  formé  de  cinq  rangs  de 
vingt-deux  panneaux  chacun  (').  Les  trois  rangées  du  milieu 

d'icelle  du  costé  du  cœur  en  hazard  de  périr,  ils  auroient  fait  comparaître  M"""  Giele 
Piron,  rare  masson  de  la  cité  de  Liège  a  elTet  de  faire  reconnoUre  et  visiter  ce  qui 
sci'oit  nécessaire  à  reparer  d'où  la  ruine  vient  et  ce  qu'il  est  nécessaire  d'employer 
pour  ladite  réparation  et  affîn  rassurer  ladite  église,  duquel  M"""^  Masson  ils  auraient 
fait  faire  ladite  Visitation  nous  requérant  d'en  tirer  d'icelui  relation  sermentelle  pour 
s'en  servir  au  besoing  dont  ledit  mre  masson  après  serment  preste  nous  a  déclaré 
avoir  veu  qu'a  raison  du  demolisscraent  de  certain  pilier  lequel  on  lui  a  déclaré  qui 
tenoitet  aboutoit  sur  la  muraille  de  ladite  église  du  costez  du  jardin  de  nre  confrère 
Limbourgh  en  place  duquel  Ion  at  fait  ériger  une  chapelle,  ledit  muraille  at  perdu 
force  et  s'est  détaché  arrier  de  la  voule  passante  deseur  le  grand  crucifix,  ladite 
chapelle  érigée  en  lieu  dudit  pilier  ne  servant  d'aucune  force  par  ce  même  que  les 
murailles  d'icelle  sont  détachez  et  eslargis  arrier  de  ceux  de  la  dite  église,  ce  qui 
at  cause  mesme  que  partie  des  voûtes  deseur  ledit  crucifix  sont  présentement  tom- 
bées, pour  a  quoy  remédier  il  dist  estre  nécessaire  a  raison  que  pignon  et  muraille 
traversant  l'église  deseur  le  dit  crucifix  et  lequel  supporte  le  toix  est  fendu  et 
derompu  en  plusieurs  endroits  de  grand  pesanteur  et  lequel  ne  peut  plus  longtemps 
subsister  ains  pourat  en  peu  de  temps  culbuter  par  ou  l'église  scroit  fort  ruinée,  de 
deraoslir  iceluy  et  y  construire  un  nouveau  édifice  plus  léger,  comme  aussi  de 
faire  raffermir  les  murailles  de  ladite  église  el  les  asseurer  avec  bars  de  fer.  Par 
extraite  de  l'originale  signe  Joan  de  Limbourgh  par  copie  conforme  a  celle  signée 
comme  dessus  Jean  Gaye,  greffier  de  la  Cour  des  tenants.» 

(*)  Les  panneaux  mesurent  l'",17  sur  i">,i2;  les  longerons  et  les  traverses  leur 
servant  d'encadrement  ont  0'",12. 


—  85  — 

représentent  des  images  de  saints  ou  des  sujets  de  la  vie  du 
Sauveur,  tandis  que  sur  les  rangées  latérales  sont  peintes  de 
simples  décorations  qui,  rompant  la  monotonie,  relèvent  les 
peintures  et  produisent  un  excellent  effet  (')• 

Les  traverses  de  la  charpente  furent  couvertes  d'inscriptions 
dans  lesquelles  se  lisait  répétée  la  date  1630  ('^)  et  les  longerons 

(  *  )  Voici  l'ordonnance  relative  à  la  construction  de  ce  plafond  :«  Nous  les  mayeurs 
et  tenants  de  la  courte  jurée  de  lengliese  parochiale  de  Theux  sont  scavoir  Jean 
Bertelmy  l'aisné,  Jacques  Boniver,  Martin  Pirceval,  Anthoine  Thomas  Berlelmi,  Jean 
Bertelmy  le  jeune  et  Jean  Proenen  estants  comparut  en  la  maison  pastoralle  de  la 
dileengliese  le  22e  jour  du  mois  de  juillet  de  l'an  dGâG  a  la  convocation  de  véné- 
rable Mre  Jean  Doneux,  curé  dudit  lieu,  nous  at  esté  par  ledit  Mre  Jean  remontre 
cornent  a  la  dernier  visite  qu'avoit  fait  le  S»'  Archidiacre  Elderen  avec  Monsieur  le 
doyen  de  S'  Jean  et  autres  deladitte  engliese  de  Theux,  ils  avoient  entre  autres 
réparation  à  faire  en  laditte  engliese  ordonné  de  faire  fair  et  accommoder  un  sellez 
raisonnable  au  dessoub  des  soumiers  passants  et  traversants  laditte  engliese  et  pour 
ce  fair  avoient  ossi  ordonné  d'asseoir  une  taille  sur  les  grosses  dismcs  de  bancz 
dudit  Theux  corne  estantes  a  ce  tenues  et  obligées  de  touttes  anchienneté  et  de 
la  collecter  selon  l'anchienne  coustume,  pour  avec  les  deniers  dicelle  taille  fair 
achapt  et  provision  de  planches  et  bois  y  nécessaires,  suivant  quoi  nous  requérant 
de  faire  et  asseoir  une  double  taille  de  la  précédente  et  dernière  assiese  le  i8>^  de 
septembre  1618  pour  emploier  les  deniers  a  l'effect  susdit  ce  qu'avons  fait  après 
en  avoir  adverti  lesdits  deciniateurs  et  leur  proposé  l'ordonnance  susdite.  » 

La  cour  contracta  avec  M^e  Balthasar,  menuisier  à  Liège,  touchant  la  fasson  du 
mitant  du  celle  ordonné  ci  dessus  scavoir  le  canton  d'au  mittant. 

Pour  le  payer,  ainsi  que  le  pain,  vin  et  chandelle  nécessaire  à  la  messe  paro- 
chialle  qui  se  dit  et  célèbre  au  grand  autel,  les  tenants  imposèrent  de  nouveau  en 
4629  une  taxe  sur  les  grosses  dimes  [Arch.  de  l'église). 

('  )  Histoire  de  la  peinture  au  pays  de  Liège,  par  Jules  Helbig,  p.  161. 

Voici  les  inscriptions  de  l'ancien  plafond,  qui  rappellent  certainement  les  noms 
des  donateurs  des  peintures.  Le  trait  —  indique  la  séparation  des  panneaux  : 

REVEREND.  —  DAMP.  VRBAN.  — D'OINGNÉ.  PRIEVR.  —  DV.  MONASTERE.  —  DE.  MALMENDIE. 
REVEREND.  MRE.    ARNOVLD.    —    LONCIN.    CVRÉ.    DE.     —    CHRISTOFLE.    DOYEN.    —    DE. 

ST.  REMACI.E.  —  ET.  EXAMINATEVR. 
MRES.  MATHIAS.  —  LONCIN.  CVRÉ.    —    DE.  S.  CHRISTOFLE.  —  ET.  NICOLAS.  HERVE.  — 

CVRRÉ.  D'ENSIVAVLX. 
lESV.    CHRIST.    —    QVI.  AT.    SOVFFERT.  —  POVR.  NOVS.  AYÉS.  —  PITIÉ.    DE.    KOVS.    — 

ANXO.   D.,,,.   1630. 
MRE.  ANTHOINE.  —  D'ANTHINNE.   ~   ET.    SIRE.  lEAN.   —  lACQVE.    VIS.    CVRE/.   —  DE. 

CESTE   ÉGLIESE. 
SR.  JEAN.  —  LE.  lEVNE.  —  LIEVTENANT.  —  VOVÉ.  DE.  —  FRANCHIMONT. 
SER.  PIROT.  PICQVEREA.  —  RECEPVEVR.  DE.    —    S.  A.  S^E,   ET.    —  ELI7.ARETH.  DE.  — 

MOVUN.  SON.  ESPKVSE. 


—  86  — 

décorés  d'un  dessin  ornemental.  Les  peintures  des  traverses, 
des  longerons  et  des  angles  des  panneaux  étaient  en  détrempe. 
L'exécution  de  l'ouvrage  laissa  h  désirer  :  le  plafond  fut  mal 
assujetti  et  douze  ans  après  on  fut  obligé  d'y  travailler  pour  le 
consolider  C).  En  1704,  il  fallut  de  nouveau  y  mettre  la  main, 
il  était  percé  et  dérompu  au-dessus  des  orgues. 

On  proposa  au  siècle  dernier  de  lui  substituer  une  voûte.  Le 
projet,  alors  ajourné,  fut  repris  à  diverses  époques,  notamment 
vers  1820.  A  cet  effet,  les  autorités  locales  ouvrirent  une  sous- 
cription et  décidèrent,  dans  le  but  de  se  créer  des  ressources, 
de  vendre  les  poutres  soutenant  les  peintures.  Elles  espéraient 
retirer  une  forte  somme  de  la  vente  de  ces  poutres,  mais  un 
charpentier  chargé  de  les  évaluer,  ne  les  jugea,  dans  un  esprit 
de  lucre,  paraît-il,  propres  h  aucun  usage.  Désespérant  de  pou- 
voir se  procurer  les  fonds  nécessaires,  les  administrateurs 

TRES.  EXPERT.  —  MRE.  NICOLAS.  —  A.  LIMBOVRG.  —  DOCTEVR.  —  EN.  MEDICINE. 

MAYEVR.  —  LAVRENT.  —  LE.  DOYEN.  —  ESCHEVINS.  —  PIROT. 

PICQVEREA.  —  MAISTRE.   NICOLAS.  —  CIEL.  —  lEAN.  —  SERVAIS. 

TOVSSAINT.  —  DELFORGE.  —  lEAN.  —  GIEL.  A.  —  LIMBOVRG. 

lACQVE.  —  BONÏVER.  —  FASSIN.  —  D'ONEVX.  —  A»  1630. 

lEAN.  PROENEN.  —  BOVRGMRE.  ET.   —   GREFFIER.   DES.    —   TENANTS.  ET.  —  FRNEST. 

SON.  FRER. 
ANTIIOINE.  —  THOMAS.   BOVRGMRE.   —  ET.  ESCHEVIN.  DES.  —  TENANTS.  ET.  —  FRANC. 

SON.  FILS. 
PIERRE.  —  LOVVEIGNÉ.  —  PRELOCVTEVR.  ET.    —  PIERRE.  CLEBAN.    —  BOVRGMRE.   DE. 

THEVX. 
LAMBERT.  FRAIPONT.  —  BOVRGMRE.  —   DE.  TIIEVX.  ET.   —  CATHARINE.  COLLETTE.   — 

SON.  ESPEVSE. 
NOËL.  PONCELET.  —  MEVSNIER.  DE.  —  TIIEvX.  MARIE.    —  CIELE.  SON.  —  ESPEVSE. 
UVBERT.  lASON.   —  MRE.  DE.  FORGE.  —  TOVSSAINGT.  —  D'ELHEID.  —  SON.    GENDRE. 
LAMBERT.  —  BOVNIVIER.    ET.  —  ISABEAV.  SERVAIS.  —  LAVRENT.  SON.  —  ESPEVSE. 
GIEL.  DE.  SASEROTE.  —  D'ONEVX.  ET.  —  TOVSSAINT.  —  BERTRAND.  SON.  —  GENDRE. 
COLLARD.  —  BERTRAND.   —  lACQE.  BONIVER.  —  BOVRGMRE.  —  ME.  DE.  FORGES. 
lEAN.  SERVAIS.  — MALIEAN.  —  lEAN.  UENDRIC.  —  COLLIN.  UVBERT.  — COLLIN.  LAPSON. 

(*)  Le  qualtriômc  de  maye  ano  dit  (1043)  paiet  à  Pirotte  Jacques  Gielc  pour 
avoir  fait  deux  ancres  por  les  mettre  az  tableau  du  celle  lorsque  Hermès  de  Pont  les 
racomoda  et  ung  bar  mis  à  la  trailhe  de  l'engliese  et  servant  pour  passer  ensemble 
et  refait  le  pendenient  de  la  trailhe  devant  le  St  Sacrament,  xiii  pat.  {Arcli.  de 
l'église). 


—  87  — 

abandonnèrent  ce  projet  au  grand  déplaisir  des  uns,  à  la  grande 
satisfaction  des  autres  «  qui  applaudissaient  h  ce  que  ce  plan- 
cher, ouvrage  de  leurs  ancêtres,  ne  serait  pas  sacrifié  à  l'igno- 
rance et  à  la  cupidité  (').  » 

Le  conseil  de  fabrique  tenta  une  nouvelle  démarche  auprès 
de  l'administration  locale  le  28  avril  1835,  afin  de  l'engager  à 
entreprendre  plusieurs  réparations,  urgentes  selon  lui,  mises 
par  la  loi  aux  charges  de  la  commune.  Au  nombre  de  ces  répa- 
rations, figurait  la  construction  d'une  voûte.  Le  conseil  com- 
munal rejeta  la  demande  des  fabriciens  le  48  juin  suivant,  sur 
la  proposition  motivée  du  bourgmestre,  M.  J.-L.  de  Presseux. 

L'intention  de  voûter  la  nef  principale  se  manifesta  encore 
plusieurs  fois  après  1835  et  en  dernier  lieu  lorsqu'il  fut  reconnu 
que  les  fidèles  couraient  un  danger  réel  en  assistant  aux  offices. 
Après  deux  siècles  et  demi,  on  le  conçoit  facilement,  les  pan- 
neaux et  les  peintures  étaient  en  si  mauvais  état  qu'ils  faisaient 
peine  à  voir.  On  était  indécis,  ne  sachant  à  quelle  alternative 
se  résoudre,  construire  une  voûte  ou  restaurer  l'ancien  plafond. 
La  Commission  royale  des  monuments  trancha  la  question  en 
se  ralliant  à  l'avis  de  ceux  qui  préféraient  la  conservation  des 
peintures.  Il  fut  en  conséquence  restauré  en  1871. 

La  charpente  dut  être  renouvelée  intégralement  ;  il  en  fut  de 
même  d'un  certain  nombre  de  panneaux,  dont  la  restauration 
était  rendue  impossible  à  cause  de  la  pourriture  des  planches. 

Le  conseil  de  fabrique  confia  la  partie  artistique  h  M.  Jules 
Helbig,  qui,  en  véritable  archéologue,  a  laissé  subsister  ce  qui 
était  susceptible  de  retouche  et  a  donné  aux  panneaux  neufs  le 
cachet  des  peintures  primitives  (-). 

(*)  Rapport  de  M.  J.-L.  de  Pi-esscux,  bourgmestre,  lu  en  séance  du  conseil  com- 
munal le  18  juin  1833  {Arch.  de  Tlieux). 

(*)  Ces  panneaux  sont  disposés  de  la  manière  suivante  d'après  le  plan  donné  par 
M.  J.  Helbig  :  au  centre  du  plafond  et  dans  la  rangée  du  milieu  les  trois  personnes  de 
la  Sainte  Trinité  :  Dieu  le  Père,  vers  le  cbœur;  le  Si-Espril  et  N.  S.  J.  C.  A  leurs 
côtés,  dans  les  deux  rangées  latérales,  vient  le  collège  apostolique,  lequel,  par  l'ad- 


—  88  — 

Les  deux  rangées  de  panneaux  de  décorations  ont  été  peints 
par  M.  Onno  Tidens,  deTheux,  sous  la  direction  de  M.  Helbig. 

La  tradition  prétend  que  la  grande  nef  a  été  voûtée,  que  sa 
voûte  s'effondra  de  vétusté  et  qu'elle  ne  fut  pas  décombrée. 

Saumery,  dans  les  Délices  du  pays  de  Liège,  parle  de  cette 
voûte  supposée  comme  si  elle  existait  au  moment  où  il  écrit  ('). 

Cette  opinion  ne  peut  pas  être  admise  :  vers  l'an  1520,  les 
tenants  font  mettre  des  planches  sur  le  celé,  c'est-à-dire  cons- 
truisent ou  réparent  le  plancher  sur  les  poutres  (-). 

En  1G26,  ils  décident  de  faire  sous  les  poutres  un  plafond 
qui  fut  achevé  en  1630,  comme  on  vient  de  le  voir. 

Enfin  les  voûtes  n'apparaissent  que  tard  dans  le  style  roman  : 
«  La  couverture  de  toutes  les  basiliques,  grandes  ou  petites, 

jonction  de  St-Paul,  de  St-Mathias,  qui  a  remplacé  Judas,  et  de  St-Barnabé  que  l'on 
compte  souvent  parmi  les  apôtres  —  bien  que  le  sort  ait  favorisé  St-Mathias  — 
remplit  quatorze  panneaux.  Dans  la  rangée  du  milieu  commenrnnt  du  côté  du  chœur 
et  s'étendant  jusqu'à  Die'j  le  Père,  sont  disposés  par  ordre  chronologique  tous  les 
panneaux  représentant  des  sujets  relatifs  à  la  vie  de  N.  S.  J.  C;  en  avant  de  ces 
panneau.\  l'image  de  S.  Jean-Baptiste,  le  précurseur.  Toujours  dans  le  milieu, 
mais  après  Timage  de  N.  S.,  suivent  tous  les  panneaux  relatifs  à  la  Ste-Vierge 
Marie. 

En  avant,  vers  le  chœur,  à  côté  des  apôtres,  les  deux  protomartyrs  S.  Etienne 
et  s.  Laurent,  et,  vers  les  orgues,  toujours  du  môme  côté,  l'ange  Gabriel  et  l'ar- 
change s.  Michel.  Viennent  ensuite  au  haut  et  au  bas  de  l'église,  les  quatre  prin- 
cipaux pères  de  lEglise  d'Occident  :  St-Jérôme,  St-Augustin,  St-Ambroise  et  St- 
Grégoire. 

Tout  au  haut,  vers  le  chœur,  dans  la  rangée  du  milieu,  sont  placés  St -Alexandre 
et  St-Hermès,  les  patrons  de  l'église  et  à  côté  d'eux  les  patrons  du  diocèse,  St-Lam- 
bert  et  St-Hubert,  auprès  desquels  se  trouve  aussi  St-Servais. 

Toutes  les  saintes  femmes  trouvent  leur  place  dans  le  restant  de  la  rangée  du 
côté  de  révangile,  et  les  autres  saints,  fondateurs  d'ordres,  martyrs,  confesseurs, 
etc.,  sont  placés  du  côté  de  Tépître  et  dans  la  rangée  du  milieu  après  les  pan- 
neaux relatifs  à  la  Ste-Vierge. 

(  *  )  a  La  voûte  en  est  haute  et  hardie,  soutenue  par  deux  rangs  de  colonnes  qui 
séparent  deux  collatéraux  bien  proportionnés.  »  T.  111,  p.  24S. 

(-  )  «   Pour  H"  cent  de  clas  grans  pour  claver  les  planées  sur  le  chelet.     viii  aid. 

»  A  Johan  le  moulnier  pour  des  planées  pour  mettre  a  lentour  déceler,  1  demi 
noble  de  Saxe  valant  tiii  flor. 

»  Ancore  a  ly  m  pour  planées,  un  lion  val  vi  flor.  »  (Compte  de  Jacob  de  Fraipont, 
mamboar  de  l'église,  l'an  1521,  aux  Arcfi.  de  l'érjUse.) 


-    89  — 

dit  Schayes,  dans  son  Histoire  de  raixhiteclure  en  Belgique, 
1. 1,  p.  84,  consistait  en  une  simple  charpente,  posée  à  nu  ou 
revêtue  d'un  plafond,  divisée  en  caissons  décorés  de  rosaces  ou 
d'autres  ornements  de  sculpture.  » 

Pour  ne  rien  omettre,  je  dois  dire  que  lorsque  M.  le  curé 
Conrardy  abaissa  le  sol  de  l'église  d'une  marche  (1851),  on 
trouva  sur  un  ancien  pavement  presqu'intact  une  grande  quan- 
tité de  décombres,  consistant  en  pierres,  briques  et  ciment. 
Encore  aujourd'hui  le  pavé  est  superposé  à  un  ancien  pavé  en 
marbre  noir  dont  les  fragments  ont  été  découverts  en  juillet 
1873,  à  0'",37  du  niveau  actuel  de  l'église.  Au  même  mois  de 
juillet  1873,  on  a  creusé,  à  l'effet  de  rechercher  l'ancienne 
crypte,  une  ouverture  d'environ  deux  mètres  de  profondeur  et 
l'on  n'a  rencontré  que  du  ciment  mêlé  h  quelques  fragments  de 
briques  et  de  pierres.  D'où  peut  venir  cette  énorme  couche  de 
ciment,  si  ce  n'est  de  la  démolition  de  constructions  intérieures 
ou  extérieures,  ou  bien  encore  de  quelque  construction  envi- 
ronnante ? 

Dans  le  principe,  le  jour  pénétrait  dans  le  temple  par  de 
petites  fenêtres  en  plein  cintre.  Le  curé  Jérôme  de  La  Haye,  se 
proposant  de  les  modifier,  sollicita  l'intervention  pécuniaire  de 
la  communauté,  tant  pour  la  dépense  de  ce  changement  que 
pour  d'autres  réparations  projetées.  Il  obtint  du  magistrat  un 
subside  de  300  fis.  Brabant-Liége  ('). 

Les  petites  fenêtres  furent  bouchées  (-)  et  le  curé  fit  percer 

(•  J  Ordonnance  du  magistrat  du  2!2  diicerabre  1700,  aux  Arch.  de  Theux.  Les 
autres  réparations  consistaient  à  plafonner  le  portail  et  à  le  blanchir,  ainsi  que  It» 
chœur. 

{*)  A  moins  qu'il  ne  s'agisse  de  ces  fenêtres  dans  le  recès  suivant,  du  i«' 
mai  -1721  : 

«  Recès  fait  par  les  bourgmestres,  commissaires,  électeurs  et  notables.  Que  le 
magistrat  devrai  faire  les  réparations  nécessaires  aux  toits  de  l'église  paroissiale, 
scavoir  aux  endroits  dont  la  réparation  est  à  charge  de  la  communauté,  sans  cepen- 
dant rien  faire  de  neuf,  sauf  environ  douze  pieds  de  large,  depuis  la  haute  paroi 
d'occident  jusqu'à  la  première  jarabre  d'air  sur  l'aile  à  costé  du  midy  qu'il  devrai 


—  90  — 

quatre  fenêtres  également  en  plein  cintre,  de  4"\40  sur  l'",50, 
trois  dans  la  façade  méridionale  et  la  quatrième  dans  la  façade 
septentrionale.  Il  les  encadra  de  pierres  de  taille. 

Le  panneau  du  centre  de  leur  vitrage  était  armorié  et  sur  le 
panneau  immédiatement  en  dessous  on  lisait  le  nom  et  les  qua- 
lités des  personnes  auxquelles  appartenaient  les  armoiries,  avec 
le  millésime  1707.  Il  ne  restait  guère  que  des  vestiges  des 
armoiries  et  des  inscriptions,  quand  les  vitres  ont  été  refaites 
à  neuf  (1870).  Elles  sont  à  petit  plomb,  coupées  en  lozanges  à 
verre  demi-blanc. 

Un  saint  Christophe  colossal  était  peint  sur  la  paroi  du  bas 
de  l'église.  On  le  mit  au  jour,  il  y  a  une  vingtaine  d'années,  en 
débarrassant  les  murs  des  couches  de  badigeon  qui  les  recou- 
vraient. Il  est  évident  que  si  ce  saint  dont  il  ne  reste  plus  de 
trace,  l'église  ayant  reçu  un  nouveau  plâtrage  (1870),  ne  disparut 
pas  sous  le  lait  de  chaux  vers  1623,  quand  le  jubé  fut  construit, 
il  fut  du  moins  masqué  en  grande  partie  par  les  orgues  ('). 

Il  est  probable  qu'antérieurement  à  la  construction  du  chœur, 
il  existait  deux  autels  adossés  à  la  muraille  du  haut  de  l'église 
et  qu'après  la  démolition  de  cette  muraille,  ils  furent  replacés 
contre  les  piliers  séparant  le  temple  du  chœur.  L'un  était  dédié 
à  la  bienheureuse  Vierge  Marie  et  l'autre,  il  est  permis  de  le 


faire  réparer  les  petites  murailles  abatucs  soub  les  severondos  des  toits,  reboucher 
plusieurs  fenêtres  inutiles  qui  sont  sur  l'aile  à  costd  du  midy  et  par  où  la  pluie 
entre,  faire  réparer  les  endroits  défectueux  des  plaphons,  des  lambris  au-dessus 
des  ditles  ailes  et  faire  planchoier  le  dessus  des  ailes  ordonnant  à  notre  grelTier  la 
présente  registrer  et  soubsigner.  »  {Arch.  de  Theux.) 

Il  peut  également  et  plus  probablement  s'agir  ici  de  fenêtres  dans  le  toit. 

(*)  a  Item  le  28  janvier  164i,  le  rendant  at  par  ordonnance  verballe  des  tenants 
de  l'engliese  estant  à  la  maison  pastoralle  le  jour  précédent  paie  à  Hermès  De 
l'ont  et  .lean  Michel  tant  pour  journée  par  eux  employé  et  bois  par  eux  mis  en  fai- 
sant les  banh  etxhame  au  devant  de  St-Christophe  en  l'engliese  de  Theux,  xl  \  f. 
XVII  pat.  » 

{Arch.  de  l'église.  Compte  rendu  le  7  août  1047  par  Ernesl  Proenen,  mambour 
de  1629  à  iCiO.) 


—  91  — 

conjecturer,  aux  S.  S.  Alexandre  et  Hermès,  patrons  de  l'église 
et  du  chef-ban  de  Theux  (^). 

Ces  autels  furent  démolis  à  la  fin  du  XVIP  siècle  par  ordre 
de  l'archidiacre  du  Condroz,  après  la  visite  archidiaconale  du 
28  septembre  1698  (^). 

L'archidiacre  transférait  d'un  même  contexte  à  l'autel  de  la 
chapelle  de  Ste-Anne,  une  messe  à  célébrer  chaque  samedi  à 
l'autel  de  la  vierge,  messe  fondée  par  Jean  Proenen,  le  20  avril 
1643. 

Jusqu'au  milieu  de  notre  siècle,  les  images  des  patrons  repo- 
saient sur  des  piédestaux  attachés  à  ces  piliers  qui  marquaient 
la  séparation  de  la  nef  d'avec  le  chœur.  La  statue  de  S.  Alexandre 
était  du  côté  de  l'évangile  et  celle  de  S.  Hermès  du  côté  de 
l'épître. 

Dans  la  basse  nef  méridionale,  au  bas  de  l'église,  subsistent 

(')  Henri  Jacques  Henri,  par  testament  de  -1628,  laisse  à  l'église  un  daller  de 
rente  pour  la  réparation  de  l'autel  des  S.  S.  Alexandre  et  Hermès. 

Le  5  juin  1692,  la  cour  des  tenants  ordonne  à  son  mambour  d'acheter  un  grand 
chandelier  de  cuivre  pour  mettre  au  devant  de  l'autel  des  patrons. 

«Juin  4699.1tem  j'ay  refurnis  audit  s''  curé  S  fis  lo  pat.  pour  avoir  fait  quitter  les 
autels  de  nre  dame  et  de  nos  patrons  et  pour  les  avoir  fait  paver.»  {Arcb.  de  l'église.) 

(*)  a  Ecclia  de  Theux.  —  Vigcsima  octava  septembris  -1698  visitata  fuit  ecclia 
parochialis  de  Theux  quae  est  parochia  intégra  sub  invocatione  S.  S.  Alexandri, 
Peiri  et  Ilermedis.  A  latere  evangelii  est  fundata  missa  sabatina  in  altare  B.  M.  vir- 
ginis  contra  pilario  eccli*;  mandamus  duo  allaria  contra  pilaria  cccliœ  conslructa 
destrui  transferentes  d  :  fundationem  ad  altare  sanctœ  Annœ. 

»  Mûri  ecclise  debent  reparari,  cœmentari,  et  intus  dealbari,  tecta  eccliœ  debent 
pariter  reparari,  pavimentum  ecclia;  et  cœmetcrium  indigent  etiam  reparalione, 
patroni  ecclite  sunl  indécentes,  non  est  casula  viridis  nec  nigra,  cancelli  sumrai 
altaris  debent  prolongari  usqiio  ad  sacrisliani  quia  numcrus  comunicantium  est 
uimis  magnus. 

»  Quare  mandamus  parochianis  quatenus  quam  primum  de  illis  reparationibiis, 
patronorumq.  imaginibus,  deceiitibus  casulis  et  cancellis  provideant,  alioquin  fun- 
gdtur  fiscus  offîcio  suo.  Sic  signatum  per  extractum  ex  visitationibus  Archidiacona- 
tus  Condrosii.  Ludo  Arnoidi  notarius  ejusdem  archidiaconalus  in  fidem.  »  [Arch.  de 
tétjlise.) 

Le  mot  Peiri  est  ajouté  et  d'une  autre  écriture.  Pourtant  dans  plusieurs  procès- 
verbaux  de  visites  archidiaconales,  notamment  en  1712,  on  lit  S.  S.  Alexandri, 
Pétri  et  Hermedis,  bien  que  dans  le  registre  d'annonces  du  curé,  lo86  à  1609,  on 
annonce  la  solennité  de  la  fètc  des  patrons  S.  S,  Alexandre  et  Hermès.  Cette  fêle 
se  célèbre  le  28  août. 


92  

des  substructions  d'environ  0™,75  d'épaisseur,  formant  un  paral- 
lélogramme entre  les  murs  de  l'église  et  le  pilier  du  bas.  Elles 
s'élevaient  au-dessus  du  sol  tel  qu'il  a  été  établi  en  1851;  j'ignore 
quelle  fut  leur  destination  ;  une  conjecture  admissible  est 
qu'elles  servaient  h  délimiter  un  baptistère  de  l'église  primitive. 

Les  extrémités  du  bas  des  nefs  latérales,  dans  les  proportions 
des  maçonneries  dont  il  vient  d'être  fait  mention,  étaient  clô- 
turées par  des  grillages  en  fer.  Dans  l'enclos  du  côté  nord,  se 
trouvaient  les  fonts  baptismaux  et  dans  l'enclos  du  midi  l'esca- 
lier conduisant  au  jubé.  M.  le  curé  Conrardy  substitua  les 
quatre  confessionnaux  au  grillage  (1851);  en  même  temps,  il 
transférait  les  fonts  dans  la  chapelle  Wolff.  Deux  confession- 
naux furent,  il  y  a  quelques  années,  transportés  au  haut  de 
l'église,  une  cloison  planchéée  prit  leur  place;  mais  depuis  le 
mois  d'août  1873,  les  parties  clôturées  ont  été  réunies  au  temple 
et  l'escalier  conduisant  au  jubé  a  été  logé  entre  deux  parois 
dressées  entre  le  premier  pilier  du  bas  et  le  pilier  engagé  dans 
le  pignon  de  la  basilique,  supportant  la  retombée  de  la  dernière 
arcade. 

L'intérieur  de  l'église  ne  brille  pas  par  le  luxe  de  son  ameu- 
blement; je  ne  crains  point  d'être  contredit  en  disant  qu'il 
accuse  un  grand  dénuement. 

Il  existait  des  bancs  de  formes  diverses  des  deux  côtés  de  la 
nef  centrale  et  contre  les  parois  des  bas  côtés.  Depuis  1851,  le 
haut  de  la  nef  principale  est  occupé  par  des  chaises  placées  la 
plupart  par  des  particuliers  qui  paient  de  ce  chef  une  redevance 
annuelle  h  la  fabrique  et  les  bancs  ne  subsistent  plus  que  dans 
le  bas  de  celle  nef  et  dans  ses  collatéraux.  Généralement  ces 
bancs  portent  les  noms  de  leurs  anciens  propriétaires  avec  date 
de  1687  et  années  postérieures. 

La  chaire  de  vérité,  construite  probablement  à  la  fin  duXVII'' 
siècle  ('),  est  peu  conforme  au  style  de  l'église,  surtout  depuis 

(  •  )  «  Pour  la  montée  du  sidge  aux  prédications,  3:2  fl.  12  p.  »  {Arch,  de  l'église, 
compte  de  F. -G.  de  Micheroux,  mamhour  do  16So  à  ItîST,) 


—  93  — 

que  son  escalier  a  été  modernisé  (I80I).  Son  abat-voix  d'un 
diamètre  trop  restreint,  cause  une  fatigue  inutile  au  prédicateur 
et  empêche  sa  voix  de  se  répandre  dans  tout  le  temple. 

Les  orgues,  achetées  i\  Liège  en  1623  ('),  avaient  subi  h  di- 
verses époques  des  modifications  et  des  augmentations  de  jeux  (-). 


(♦)  «  Le  magistrat  at  esté  verballement  remontré  par  vénérable  Mre  Jean  D'ho- 
neux,  curé  de  nre  égliese,  que  pour  la  réparation  dicelle  égliese  et  afin  de  lembellir 
de  quelques  orgues,  por  tant  mieux  attirer  le  peuple  à  dévotion,  S.  A.  S^e  en  sa 
chambre  des  comptes  auroit  esté  servie,  accorder  à  noz  B"''"*  (passé  déjà  quelques 
années)  de  rendre  six  boniers  d'aisemences  pour  estre  les  deniers  en  provenant  em- 
ployé à  la  réparation  et  aornement  dicelle,  de  ces  boniers  n'estoient  vendus  que 
quelques  verges  a  quelques  particuliers,  sy  est  que  néanmoins  par  nre  advis  il 
auroit  sollicité  la  façon  dicelles  orgues,  de  sorte  qu'elles  seroient  présentement 
aprestées  pour  les  amener  de  Liège  icy,  or  d'autant  qu'il  convient  avoir  argent  pour 
fournir  au  paiement  dicelles,  il  nous  at  requis  d'y  pourvoir  au  plus  brieffs  possible, 
avons  ordonné  à  Mathieu  Houbin  et  Jean  Collette,  noz  Bt''-'%  d'emprunter  250  fis 
Bbant  sur  le  corps  de  la  Cté  pour  les  employer  tant  au  paiement  des  dites  orgues 
qu'aux  dépens  qu'il  conviendra  employer  pour  les  amener  icy  et  autorisons  les 
B'™-^  pour  par  l'un  d'eux  comparoir  à  Liège  accompaigne  dudit  Mre  Jean  a  elToct 
de  contracter  le  pris  d'icelles  orgues  et  solliciter  quelles  soient  amenées  au  plus 
tost.  Los  dépens  et  la  somme  empruntée  seront  retirés  du  prix  à  provenir  de  la 
vente  des  boniers  d'aisemences, afin  que  la  communaulté  ne  soit  d'autant  intéressée.» 
{necès  du  12  may  4623.) 

«  7.  A  la  lecture  du  pnt  article  at  esté  ordonné  az  deux  bourguemres  de  faire 
rendre  comptes  des  aisemences  vendues  pour  la  réparation  et  aornement  de  l'église 
ce  xxe  may  1631  sur  la  halle.  »  (Projet  de  la  taille  collectée  par  Francoy  Wolfl', 
Etre.)  (Arch.  de  Theiix.) 

Le  5  août  1627,  Ferdinand  de  Bavière  accorda  à  Sire  Jean  Doneux,  pasteur  de 
l'église  de  Tiieux,  lo  bonniers  d'aisances  dont  4  pour  réparations  à  la  chapelle  de 
La  Beid,  4  pour  la  chappelle  de  PoUeur  et  7  pour  Téglisc  de  Theux  endettée  de  400 
fis  Bbant,  tant  pour  l'achat  d'orgues  qu'autres  réparations.  Thtux  avait  été  autorisé, 
le  i^r  juin  1618,  à  vendre  six  bonniers  de  terrains  incultes  pour  acheter  des  orgues 
et  réparer  les  murailles  du  cimetière. 

(*)  «  Le  23  dito  (février  1710),  payé  à  Monsieur  nre  curé  cent  et  trente  fl.  Bbant 
pour  le  tierze  de  la  réparation  et  augmentation  des  orgues  et  cesle  par  aveu  des  srs 
tenants  ic>  come  par  quittance  f.  130-0.  »  (Compte  du  mambour  François  Bardé, 
aux  Arch.  de  l'église.) 

Dans  son  assemblée  du  24  avril  1717,  la  cour  des  tenants  ordonne  de  payer  qua- 
rante écus  au  Sf  Piquart  qui  avait  racommodé  les  orgues,  y  ajouté  trois  touches 
dans  la  basse  et  mis  un  nouveau  clavier. 

«  Le  24  janvier  1717, ensuite  d'ordonnance,  j'ay  payé  au  S'  Poncelet  Bonivcr  qua- 
rante écus  qui  les  avait  compté  à  Liège  au  b''  Piquar  pour  le  racomodemcnt  des 


—  94  — 

Trop  faibles  pour  les  proportions  de  l'église  et  détraquées  en 
1872,  de  telle  sorte  qu'elles  ne  pouvaient  être  réparées,  elles 
ont  été  démontées  le  12  juin  1873  et  de  nouvelles  orgues  ont 
été  commandées  à  M.  Clerinx,  de  St-Trond. 

Le  buffet,  d'une  jolie  conception,  était  surmonté  de  la  statue 
de  Ste-Anne;  les  côtés  se  terminaient  par  des  tourelles  carrées. 
Sur  sa  caisse,  dans  deux  petits  panneaux,  étaient  peintes  la  face 
du  Christ  et  celle  de  la  vierge  Marie.  Immédiatement  en  des- 
sous, venaient  deux  panneaux  de  plus  grande  dimension  repré- 
sentant les  apôtres  S.  Pierre  et  S.  Paul.  Sur  l'extrémité  infé- 
rieure, on  lisait  :  Anne  Collette,  1632,  accompagnant  un  blason 
d'argent  au  lion  de  sable. 

L'un  des  volets  présentait  l'image  du  Sauveur  et  le  second 
l'image  de  sa  sainte  Mère,  peintes  dans  des  nuages  et  entourées 
d'étoiles. 

S.  Georges  terrassant  le  di  agon  et  Ste-Cécile  jouant  de  l'or- 
gue étaient  représentés  sur  le  revers  des  volets. 

L'ensemble  du  buffet  n'était  pas  dépourvu  de  grâce.  On  regret- 
tait que  la  boiserie  d'un  travail  assez  délicat  eût  été  recouverte 
d'une  couche  de  couleur  jaune,  sous  laquelle  la  beauté  du  bois 
disparaissait. 

Le  millésime  1632  rappelle  sans  doute  l'année  de  la  décoration 
des  orgues,  due  vraisemblablement  à  la  générosité  d'Anne 
Collette. 

Le  jubé  occupe  le  fond  de  la  nef  centrale.  Aujourd'hui  il 
mesure  6'"  sur  4™, 23.  Sa  balustrade,  inventée  par  feu  M.  le 
chanoine  Devroye  et  exécutée  d'après  le  plan  de  M.  J.  Rémont, 
est  formée  de  quatre-feuilles  au  nombre  de  neuf,  trois  au  centre, 
trois  à  chacune  des  extrémités,  séparées  par  deux  pilastres  rec- 

orgucs  icy  corne  par  ordce  et  quittai  ce  f.    1600  »  (Coraplo  du  nianjl)uur  François 
Pouheau). 

Les  ann(ics  1715  et  1717,  Lambert  Caro,  menuisier,  avait  travaillé  au  bulTel  de 
l'orgue  et  avoit  fourni  le  9  janvier  1717  «  de  pusse  de  bois  pour  mettre  au  jcuj;.  » 
(Arch.  Je  l'égli^'c.) 


—  95  — 

langulaires  posés  sur  un  soubassement  et  soutenant  un  enta- 
blement mouluré. 

Le  nouvel  orgue,  inauguré  le  24  mars  1874,  a  été  construit 
par  M.  A.  Clerinx,  facteur  d'orgues  à  St-Trond.  MM.  Henrotle, 
chanoine  à  Liège,  Lambinet,  curé  à  Soiron,  et  J.  Conrardy, 
professeur  d'orgue  et  organiste,  à  Ste-Croix,  à  Liège,  ont  com- 
plimenté M.  Clerinx  sur  l'excellente  réussite  de  son  instrument. 

M.  J.  Helbig  est  l'auteur  du  plan  du  buffet,  qui  mesure  6™, 40 
en  hauteur.  On  admire  le  bon  goût  de  l'artiste  liégeois  et  le  fini 
du  travail  de  la  menuiserie. 

Sobre  de  sculptures  et  de  décorations  à  effet,  le  buffet  offre 
dans  l'ensemble  de  son  ornementation  une  grande  sévérité, 
parfaitement  appropriée  au  caractère  du  temple  auquel  il  est 
destiné.  La  ligne  droite  y  domine  de  même  que  dans  le  vaisseau 
de  l'église.  Sa  face  présente  trois  tourelles  rectangulaires  for- 
mant saillie  sur  les  parois  qui  les  réunissent. 

Sous  l'encorbellement  de  la  tourelle  centrale,  on  remarque 
un  petit  ange  plein  de  grâce  qui,  en  formant  console,  anime  la 
partie  du  buffet  qui  se  trouve  au-dessus  du  clavier. 

Cliœur. 

Si  le  vaisseau  de  l'église  a  conservé  presqu'intact  son  cachet 
primitif,  s'il  n'a  subi  que  deux  modifications  —  l'enlèvement 
d'un  pilier  vers  le  chœur  pour  réunir  deux  arceaux  en  une 
seule  ogive,  et  le  percement  de  grandes  fenêtres  au  lieu  de 
petites  —  il  n'en  est  pas  de  même  de  cette  partie  du  monument 
qui  fut  l'abside  et  qui  aujourd'hui  est  le  chœur. 

Les  absides  arrondies  cessèrent  d'être  en  usage  à  l'époque  où 
le  style  ogival  se  substitua  au  style  roman.  On  remplaça  souvent 
par  de  vastes  chœurs  les  absides  aux  proportions  modestes  des 
églises  romanes.  Theux  se  laissa  cnlraîner  par  le  goût  régnant: 
il  construisit  dans  la  période  où  l'ogive  avait  perdu  la  pureté  de 
sa  forme,  un  chœur  dont  l'ornementation  et  l'ameublement 


-  06  — 

devaient  subir  encore  une  transformation  radicale  à  la  fin  du 
XVIP  siècle  et  au  commencement  du  siècle  suivant.  Vers  le 
milieu  de  notre  siècle,  de  1851  h  1854,  on  tenta  de  le  remanier  de 
nouveau  en  lui  donnant  une  décoration  superflue  et  incomplète. 
Les  travaux,  suspendus  depuis  1855,  devront  être  repris  aussi- 
tôt que  les  ressources  de  la  fabrique  permettront  de  faire  face 
aux  dépenses. 

Une  poutre,  appuyée  sur  les  chapiteaux  des  colonnes  accou- 
plées, soutenait  jusque  dans  les  premières  années  du  siècle 
dernier  un  grand  crucifix  sous  lequel  se  trouvait  sans  aucun 
doute  "un  jubé  ou  écran,  contre  lequel  était  adossé  un  autel 
orné  de  statues  de  saints  (  '  ). 

A  chaque  côté  du  chœur  se  trouve  une  chapelle  latérale  dont 
l'ouverture  est  formée  par  une  arcade  ogivale,  portée  par  les 
piliers  du  centre  et  des  colonnes  cylindriques  engagées. 

Le  chœur  était  autrefois  clôturé  par  un  grillage,  remplacé  en 
1675  (-)  par  une  balustrade  en  bois.  —  Cette  balustrade  fut 
prolongée  jusque  dans  les  chapelles  latérales  en  1713  (^),  con- 
formément au  vœu  émis  par  l'archidiacre  du  Condroz,  dans  une 
visite  qu'il  fit  à  l'église  en  1698.  Cette  balustrade  n'a  rien  de 
remarquable.  Elle  est  formée  de  gros  fuseaux  portés  par  un  sou- 

(  *)  or  A  Phelippe  le  machon  pour  remestre  a  pont  l'aulteil  de  Crucifix  et  pour  sur- 
sevoir  la  treille  ensemble,  x  aid. 

»  A  les  Grenier  de  Malmedie  pour  radouber  et  remeslre  en  cslre  les  traillcs  de 
Chanchcn  cl  de  Marie  Magdalene  Paie,  m  flor. 

»  Pour  une  journée  de  l'avoir  aidié.  vii  aid.  » 

(Compte  de  Jacob  de  Fraipont,  mambour,  i^'-ll.) 

a  Item  paid  à  Thiri  Defawe  quatre  florins  Bban  qui  lui  estoient  dus  pour  avoir 
passé  environ  deux  ans  livré  et  accomodé  des  fers  pour  remettre  droit  le  bois  qui 
traverse  l'entrée  du  cbœur  et  qui  porte  le  grand  crucifix.  4-0.  » 

(Compte  de  1683,  Arch.  de  l'église.) 

(  •  )  «  Le  16  janvier  1676  compté  avec  Lambert  Delaicl  les  travails  par  luy  faits  à 
réglise,  tant  en  faisant  les  bans  et  treilles  de  communion,  le  pupitre,  le  pied  de 
l'autel  et  les  passets  sur  le  grand  autel,  etc.  »  {Arch.  de  l'église.) 

(')  «  Le  2i2  septembre  1713,  j'ai  payé  à  Monsieur  le  curé  12i2  f.  14  '/s  P-  po»''  "" 
état  dexposés  qu'il  avoit  fait  à  la  construction  des  halustres  des  deux  chapelles  icy 
comme  par  ledit  état  et  quittance,  f.  t'i''2-[i  Va-  » 


—  97  - 

bassement  mouluré; ils  soutiennent  un  entablement  qui  sert  de 
table  de  communion. 

Le  chœur,  dont  le  pavé  est  de  deux  marches  plus  élevé  que 
celui  de  l'église,  mesure  approximativement  9™, 50  en  élévation. 
Large  de  7'",40  et  long  de  9™, 50,  il  se  termine  par  une  abside 
penlagonale  à  côtés  irréguliers.  Sa  voiite,  effondrée  à  la  fin  du 
mois  d'octobre  1675  ('),  fut  remplacée  six  ans  après  par  un 
plafond  en  boiserie. 

Deux  grands  tableaux  ovales  furent,  en  1681,  placés  au-dessus 
du  sanctuaire.  Ils  représentent  la  nativité  de  N.  S.  et  l'adoration 
des  Mages.  Ils  sont  dus  h  la  munificence  des  comtes  d'Aspre- 
mont-Lynden  qui  firent  peindre  dans  la  partie  inférieure  leurs 
armoiries  avec  une  inscription  conçue  en  ces  termes  pour  le 
tableau  dont  le  sujet  est  la  Nativité  : 

FERDINAND,  COMTE  d'aSPREMONT-LYNDEN,  BARON  DE  FROmCOVRT,  ETC. 
SEIG"  DE  SOVMAGNE,  MELEN,  UARZÉ,  GENTIL-HOME  DE  LA  CHAMBRE  ET 
CONSEILLER  DE  S.  A.  ELECT"'-  DE  COLOGNE,  GOVVERNEVR  DV  MARQVISAT 
DE  FRANCHIMONT,  ETC.,  1681. 

Et  pour  l'autre  : 

(*)  Des  pierres  s'en  étaient  détachées  auparavant  : 

«  -1673,  13  avril.  Pour  avoir  fait  porter  iiors  de  Téglise  des  pierres  tombées  des 
voûtes 3  patars 

Le  29  octobre  167j,  les  voûtes  du  cœur  de  léglise  estantes  tombées  et  les  bour- 
guemestres  estants  absents  a  cause  de  l'approche  de  la  solennité,Messicurs  les  pas- 
teur et  tenants  mont  ordonné  de  faire  nettoicr  les  ruynes  des  dites  voûtes  et  les 
mener  hors  l'église  a  protestation  de  repeter  les  exposes  nécessaires  de  quy  cela 
peut  toucher  ensuiltc  de  ce  que  j'ay  fait  travailler  le  30  dito  a  ncltoier  la  dite  église 
Noël  Gobi  et  ses  deux  fils  Jean  George  Lambert  Hervé  et  Nicolas  le  Foumet  ausquels 
jay  paie  pour  leurs  journées  chacun  15  palars  voir  que  l'un  des  fils  Jean  George  n'ai 
ouvré  que  demi  jour  et  les  deux  fils  Noél  Gobi  comptés  a  demi  porte.  4  f.  2  %  pat. 

B  Item  paie  pour  deux  mandes  pour  porter  les  pieres  et  briques.     .     .    10  pat. 

r  Le  31  dito,  Lambert-  Hervé  y  at  encore  Ir;  vaille  luy  payé.     .     .     .    lîi  pat. 

»  Pour  13  pots  de  bicre  délivré  ausdits  ouvriers  et  autres  assistants  a  nettoier 
l'église  en  dits  deux  jours 39  pal.  » 

{Arcfi.  de  l'église,] 


—  98  - 

CHARLES-ERNEST 
COMTE  d'asPREMONT-LYNDEN 
BARON  DE  FROIDCOURT 
GRAND  MAITRE  d'hOTEL 
DE  SON  ALTESSE  SÉRÉNISSIME 
DE  SON  PAYS  DE  LIÈGE. 

Les  cadres  et  les  coins  entourant  ces  tableaux  sont  couverts 
d'arabesques  polychromes  peintes  par  Nicolas  Dagly  de  Spa  {*). 

La  cour  des  tenants  ajouta  aux  tableaux  des  comtes  de  Lynden 
treize  caissons  rectangulaires,  trois  contre  l'abside,  dix  du  côté 
du  vaisseau  de  l'église,  sur  lesquels  un  peintre  allemand,  du  nom 
de  Freesingher  (-),  exécuta  les  sujets  suivants  : 

1°  Les  épousailles  de  la  vierge. 

2°  L'annonciation. 

3"  La  Visitation. 

4°  La  présentation  au  temple. 

5°  La  fuite  en  Egypte. 

6°  Jésus  au  milieu  des  docteurs. 

7°  Les  noces  de  Cana. 

8"  La  cène. 

9°  La  première  apparition  du  Sauveur  après  sa  résurrection. 
10"  L'ascension. 

11°  La  descente  du  St-Esprit  sur  les  apôtres. 
12°  L'Assomption. 
13°  Le  couronnement  de  la  vierge  au  ciel. 

(  '  J  «  Le  14  dito  (octobre  1682),  paie  à  Nicolas  Dagly  de  Spa  pour  la  peinture  des 
bordures  des  deux  grands  tableaux  mis  au  cœur  de  l'dglise  et  des  huit  coings 
d'allentour  quatorze  palagons 56  f.  » 

(*)  «  Le  qiiattrième  de  juillet  1681,  ledit  Erkin,pnr  l'advis  des  s^*  tenants,  at  con- 
tracté avec  Joannes  Freesingher,  peinte  allemand,  pour  faire  les  13  tableaux  qui  se 
trouvent  au  deseur  des  deux  de  M'*  de  Lynden,  parmy  S8  palagons  à  compte  et  par 
après  luy  at  furni  le  reste  comme  par  s;i  quittance  appert  icy  donc.  232. 

«  Le  24  dito  (octobre  4681),  paie  pour  un  quarlron  d'œulis  livré  au  peintre  pour 
s'en  servir  a  embellir  les  peintures.  0-12  pat.  »  (Compte  du  dit  Krkin  aux^rcA.  de 
l'église,) 


—  99  — 

Quoique  les  tenants  eussent  commandé  ces  peintures,  le 
payement  ne  se  lit  pas  aux  dépens  de  l'église  (').  Treize  dona- 
teurs les  prirent  à  leurs  charges  et  ils  firent  mettre  chacun 
dans  leur  caisson,  leurs  armoiries  avec  une  inscription  rappe- 
lant leur  nom  et  leurs  qualités.  Les  inscriptions,  en  suivant  le 
rang  donné  ci-dessus  aux  tableaux,  sont  ainsi  conçues  : 

1"  R^^^  D.  ET  M. 

lOANNES  ANSEAV  HVIVS  ECCLESI^  PASTOR. 
2**  R^^'  D.  ET  M.  PETRVS 

DE  HENRARD  SS'^  THGI^  LIC  :   PASTOR  DE  SARTO 
CONCILY  s'  REMACLl  DECANVS. 
3"  R'"'^  D.  ET  M.  iEGiDIVS 

CHAVEHEID  ECCLESI.B  SPADAN^  PASTOR. 
4"  NOBLE  S^  PIERRE  ERNEST 

DE  CHARNEVX  S''  DE  MESSENCOVRE 

ESCHEVIN  DE  LA  SOVVERAINE  IVSTICE 

DE  LA  CITE  ET  PAYS  DE  LIEGE. 

(  '  )  8  Le  28  octobre  1683  at  reçu  du  bourguemre  Proenen  au  nom  de  monsieur 
leschevin  Descharneux  pour  sa  pinlure.  f.  28. 

»  Le  15  décembre  1684  en  tant  moins  du  prix  d'un  pourque  reçu  de  la  vef  du  s"" 
Renier  Wolff  pour  sa  pinture.  f.  28. 

»  Le  13  mars  1685  reçu  du  s^  eschevin  Bounameau  pour  sa  pinlure.  f.  28. 

»  Le  n  mai  1685  hors  de  l'argent  receu  par  Erkin  du  s"^  Defays  densival  pour  les 
représentants  du  s^  rare  phe  de  Limbourgh  en  purgement  des  biens  CoUard  Laurent 
il  at  retenu  pour  la  pinture  dudit  s^  mre  phe.  f.  28. 

»  Le  12  d'aoust  1685  at  ledit  Erkin  fait  entrer  dans  les  comptes  qu'il  at  fait  avec 
le  s'' Jean  de  Marteau  pour  sa  pinture.  f.  28. 

»  Ledit  Erkin  rapporte  icy  sept  patagons  h  s'en  retrouver  avec  M""  le  bourgueraestre 
Randaxhe  pour  la  peinture  qu'il  at  donné  dans  le  cœur  de  l'église,  f.  28. 

»  Item  pour  celle  de  l'eschevin  Bertrand,  f.  28. 

»  Item  pour  celle  du  s""  Dadseux.  f.  28. 

»  Le  18  février  1686  reçu  de  la  femme  Ransier  au  nom  du  Ril  pasteur  de  Spa  3 
patacons  sur  les  14  qu'il  doit  pour  lui  et  le  s""  doyen  pour  leurs  peintures.  12-0. 

D  Le  22  février  1686  reçu  de  l'eschevin  Slorheau  par  d'escompte  des  frais  qu'il 
avoit  calcullé  pour  moi  contre  ceux  du  Marché  icy  pour  sa  peinture,  f.  28. 

»  Le  26  juillet  1686  reçu  de  la  femme  Léonard  Ransier  au  nom  du  s''  Pasteur  de 
Spa  onses  patacons  qu'il  restoit  pour  sa  peinture  et  celle  du  sieur  Doyen.  44-0.  » 

(Compte  de  Jean  Erkin  Pouheau,  raambour  de  Téglise  de  1672  à  1682.  Arch.  de 
l'église. 


—  100  — 

5*»  ARNOLD  DE  RANDAXHE  DOCTEVR  ES  DROITS 

BOVRGEMRE  DE  LA  CITE  DE  LIEGE. 
6°  RENIR  WOLFF  MAYEVR  DE  THEVX. 

7»  M.  PHILIPPE  DE  LIMBOVRG 

MAYEVR  DES  TENANTS  ESCHEVIN  DE  THEVX  1681. 
8*  lOANN  DADSEVX 

ESCHEVIN  DE  THEVX  AVDITEVR  DE  REGIMENT  FRANCHIMONTOIS. 
9°  NICOLAS  BOVNAMEAV  ESCHEVIN  DE  THEVX. 

10®  GILLE  BERTRAND  ESCHEVIN  DE  THEVX. 

11"  ESTIENNE  ARNOLD  DE 

STORHEAV  ESCHEVIN  DE  THEVX. 
12"  LAMBERT  BONIVER 

TENANT  DE  LEGLISE 
BOVRGVEMRE  DE  THEVX. 
13"  lEAN  DE  MARTEAV 

BOVRGEMRE  DE  THEVX. 

Le  chœur  est  éclairé  par  deux  fenêtres  d'environ  b'°surl'",50, 
ornées  depuis  1854  de  meneaux  en  pierres.  En  1871,  elles  reçu- 
rent des  vitraux  en  grisailles,  donnés  par  la  famille  de  Pinto. 
Le  vitrail  de  droite  est  un  souvenir  du  mariage  de  la  fille  du 
comte  et  de  la  comtesse  Henri  de  Pinto  avec  M.  Louis  Simonis, 
mariage  célébré  h  Tiieux  en  1869;  celui  de  gauche  est  un  don 
du  comte  et  de  la  comtesse  Frédéric  de  l*into,  fait  en  mémoire 
de  feu  M.  Armand  Simonis,  leur  beau-père  et  père  respectif, 
décédé  à  Verviers  l'an  1870. 

Une  troisième  fenêtre  plus  large  était  percée  dans  le  fond  de 
l'abside.  Elle  fut  conservée  tant  que  l'autel,  autour  duquel  on 
pouvait  circuler  ('),  resta  dans  le  style  qui  prévalut  jusqu'à  la 
fin  duXVIP  siècle.  Mais  sa  baie  fut  murée  en  1694  (*),  lorsqu'on 

(  ')  a  1515.  Déboursé  à  Tossainl  le  scripnier  de  Mont  pour  avoir  fait  une  Iiuisse  a 
une  arma  derier  l'autel,  v  aid.  Déboursé  à  Henry  le  servyer  dclle  Reid  pour  faire 
la  sere  et  le  clé.  v  aid.  » 

(*)  a  Le  27  dilo  (novembre  1694)  paie  à  Laurent  le  chanoine  pour  19  jours  qu'il  a 
travaillé,  tant  au  grand  autel  qu'a  rebâtir  la  muraille  derier  à  la  place  des  veriers 
cy  à  2?)  pal.  chacune  a  raison  qu'il  n'a  eu  de  la  bière.  23-1.^.  » 


—  101  — 

mit  un  autel  à  haute  boiserie  à  la  place  de  l'ancien,  trop  com- 
promis par  la  chute  de  la  voûte  du  chœur  et  par  les  effets 
désastreux  du  tremblement  de  terre  de  1692  ('). 

Cet  autel  est  élevé  de  deux  marches  au-dessus  du  sanctuaire. 
Son  retable  est  formé  de  quatre  colonnes  d'ordre  corinthien  en 
bois  marbré,  avec  base  et  chapiteaux  dorés.  Elles  soutiennent 
un  entablement  chargé  de  sculptures  dorées  et  terminé  par  une 
corniche  arrondie  qui  atteint  presque  le  plafond,  dont  elle  mas- 
que trois  tableaux.  Des  armoiries  peintes  et  posées  entre  deux 
adorateurs  dominaient  l'autel.  Ils  ont  été  enlevés  vers  le  milieu 
de  ce  siècle.  Un  tableau  de  grande  dimension,  représentant  le 
Christ  en  croix,  attribué  à  Englebert  Fisen,  décore  le  fond  de 
l'autel. 

Le  tabernacle  également  en  bois  peint  blanc  et  or,  se  com- 
pose de  trois  niches;  la  niche  extérieure  est  ornée  d'une  sculp- 
ture représentant  l'agneau  pascal  C^).  11  est  accompagné  de 
chaque  côté  d'un  ange  adorateur  et  surmonté  d'un  pélican  se 
déchirant  la  poitrine  pour  nourrir  ses  petits. 

Les  parois  du  sanctuaire  étaient  revêtues  de  boiseries  divisées 
par  de  fausses  colonnes,  en  panneaux  encadrant  des  paysages  à 
sites  montagneux,  peints  sur  toile,  sur  lesquels  étaient  repré- 

(*)  Je  possède  manuscrite  ia  note  suivante  relative  à  ce  tremblement  déterra. 
«  L'an  •1692,  le  18«  du  mois  de  septembre,  entre  les  deux  et  trois  heures  après- 
niidy,  il  at  fait  un  tremblement  de  terre  presque  universel,  si  fort  et  si  violent  qu'il 
at  causd  de  grands  domaiges  et  interrest  dans  les  maisons  et  bâtiments,  et  at  con- 
tinué longtemps  après  de  temps  en  temps.  » 

Par  son  rccès  du  29  novembre  4693,  la  cour  des  tenants  décide  que  le  marabour 
devra,  conjointement  avec  le  curé,  contracter  avec  un  maîlre-menuisieF  pour  ia 
construction  d'un  nouvel  autel.  l)n  an  après,  le  14  novembre  1694,  elle  ordonne  au- 
dit mambour  de  payer  les  journées  des  ouvriers  et  quelques  matériaux  qui  doivent 
être  employés  à  cette  construction.  Enfin  le  2  janvier  1693,  elle  fait  solder,  sauf 
tous  préjudices,  le  maître-menuisier  fournisseur  de  l'autel.  La  cour  paie  800  fis  pour 
le  maitrc-autel  ;  elle  a  répété  200  fis  des  décimateurs  et  prétendit  100  fis  de  la  com- 
munauté pour  le  tabernacle. 

(2)  «  Le  dernier  octobre  4680  payé  pour  le  tabernacle  du  St-Sacrement  comme  par 
Testât  septante  fl.  dix  pat.  et  demy.  »  Il  avait  été  commandé  à  Liège.  (Aich.  de 
l'église.) 


~  102  — 

sentes  des  sujets  tirés  des  livres  saints.  Ces  peintures,  d'une 
exécution  détestable,  se  prolongeaient,  ainsi  que  les  boiseries, 
dans  les  chapelles  latérales  au-dessus  des  bancs  des  tenants  et 
delà  cour  scablnale  (*)  jusqu'à  la  naissance  du  chœur.  Elles 
étaient  couronnées  par  un  entablement  orné  de  blasons  peints 
aux  armes  de  bourgeois  de  la  communauté  (').  M.  le  curé  Con- 
rardy  supprima  cette  décoration  de  mauvais  goût  (1851);  il  mit 
en  1852  dans  le  sanctuaire  élevé  d'une  marche  depuis  l'année 
précédente  par  suite  de  l'abaissement  du  pavé  de  l'église  et  du 
chœur,  des  ornements  en  plâtre  exécutés  par  M.  J.  Donnay, 
consistant  en  arcades  ogivales  et  en  hautes  colonnettes  dont  les 
chapiteaux  servent  de  piédestaux  aux  statues  en  bois  de  la  Ste- 
Vierge,  de  S.  Hermès,  de  S.  Joseph  et  de  S.  Alexandre.  Les 
statues  delà  Vierge  et  de  S.  Joseph,  œuvres  du  statuaire  Vivroux, 
proviennent  de  la  chapelle  de  l'ancien  couvent  des  Dominicaines 
de  Theux. 

Au  milieu  du  chœur  est  suspendue  une  lampe  ardente  en 
enivre  entourée  d'une  couronne  de  même  métal  sur  laquelle  on 
allume  aux  solennités  des  bougies  au  nombre  de  six.  Cette 
lampe,  sortant  des  ateliers  de  M.  Philps,est  un  don  de  feu  Désiré 
Zoude,  avocat  à  Liège. 

(*)  Le  banc  des  échevins  était  à  droite  et  celui  des  tenants  à  gauche,  ce  qui 
indiquait  la  préséance  des  premiers  sur  les  seconds. 

(2)  Les  boiseries  remontaient  au  pastorat  de  Jérôme  de  la  Haye  et  avaient  été 
fournies  par  le  liégeois  Jean  de  Saive.«  Le  19  novembre  1702,  ensuite  des  recès  de 
Messieurs  les  tenants  parquel  ils  accordent  à  M.  le  curé  de  tirer  414  f.  S  pat.  que 
debvoient  à  notre  église  les  s'*  Nivolara  et  consors  pour  appliquer  à  embellir  le 
cœur  par  embauchère  et  peinture,  payé  audit  s""  curé  ladite  somme  par  rencontre  de 
la  quittance  par  icelle  donnée  par  le  s^  greffier  Hasinelle,  etc.  »  (Compte  du  mam- 
bour.) 

Un  nommé  Pierre  Renuy,  héritier  de  Jean  de  Saive,  avait,  après  la  mort  de 
Jérôme  de  la  Haye,  attrait  le  mambour  de  l'église  devant  l'official  de  Liège  pour 
obtenir  le  paiement  des  ouvrages  que  le  curé  de  la  Haye  a  de  son  propre  chef  «  fait 
faire  et  poser  par  ledit  de  Saive  dans  le  cœur  de  ladite  église  et  allentour  pour  le 
réparer  et  embellir  et  sur  quels  ouvrages  il  se  trouve  les  armes  de  divers  particu- 
liers apposées.  »  Los  tenants  décident,  dans  leur  assemblée  du  13  janvier  1734,  de 
poursuivre  le  procès,  parce  qu'il  n'est  pas  établi  que  l'église  est  tenue  de  payer  la 
somme  réclamée.  [Arcli.  de  l'église.) 


—  lo:^  — 

Le  chœur  était  séparé  des  chapelles  latérales  par  de  grands 
pupitres  ou  lutrins  datant  de  1697 ,  couverts  d'armoiries  et 
d'ornements  appliqués  ('  ).  Une  partie  de  leur  boiserie  sert 
aujourd'hui  de  lambris  aux  murs  de  la  chapelle  Wolff. 

Les  chapelles  latérales  sont  moins  élevées  que  le  chœur.  Elles 
ont  7"',50  de  hauteur,  5™  de  longueur  et  3™,ri5  de  largeur. 
Leurs  voûtes,  ébranlées  par  le  tremblement  de  terre  du  18  sep- 
tembre 1692,  durent  être  démolies  deux  mois  après  (-);  elles 
furent  remplacées  par  des  plafonds  en  boiseries,  ornés  de  pein- 
tures, en  1698.  Chacun  de  ces  plafonds  se  compose  d'une  char- 
pente noire  qui  règne  autour  des  parois  et  qui  encadre  un  fond 
blanc,  divisé  en  quatre  parties  égales  par  des  cartouches  qui, 
prolongés  jusqu'au  centre,  formeraient  une  sorte  de  croix,  mais 
ils  la  relient  à  une  moulure  également  noire,  encadrant  un 
tableau  circulaire.  Ce  tableau  occupe  le  centre  du  plafond.  Des 
blasons,  au  nombre  de  huit,  deux  dans  chaque  coin,  sont  peints 
dans  le  champ.  Ils  sont  accompagnés  d'inscriptions  tracées  en 
caractères  dorés  sur  des  banderoles  rouges  passant  derrière  le 
heaume  et  le  cimier  des  écussons  des  extrémités  supérieures  et 
inférieures,  tandis  que  celles  des  autres  armes,  peintes  également 
sur  un  fond  rouge,  sont  placées  à  proximité  des  cartouches 
posés  horizontalement,  et  portant  ces  mots  : 


(  *  )  U  y  en  avait  antérieurement  à  1697  : 

«  Le  23  dudict  moy  (mars  1665)  paid  à  Jacques  le  serwier  pour  deux  clefe  pour  la 
port  des  fons  et  pour  avoir  racomodé  le  lesnier  avec  des  bennes  de  ferre,  xxx  pat. 

»  Le  8  maye  1693  payé  à  Ant.  Renson  pour  avoir  raccommodez  le  ban  a  lesnix 
avec  doux,  dix  huit  patar.  0-18-0.   » 

(Comptes  des  mambours,  aux  Arch.  de  l'église.) 

(2)  Le  16  décembre  1692,  les  tenants  firent  visiter  la  voûte  de  la  chapelle  du 
Rosaire  par  un  maître  nuir'on.  Sur  son  attestation  qu'elle  menaçait  ruine,  ils  en 
ordonnèrent  la  démolition  (assemblée  de  la  cour  des  tenants  et  compte  du  mambour, 
aux  Arch.  de  l'église). 

Les  traces  de«  retombées  des  trois  voûtes  subsistent  encore  contre  les  murs, 
principalement  dans  les  angles.  Leurs  sinuosités  sont  cause  que  les  boiseries  des 
plafonds  ne  joignent  pas  les  parois. 


—  104  — 


PAH  LA  LIBERALITE 
QVYONT   ICI   POSEZ 


DE  CES  MESSIEVRS 
LEVRS  ARMES. 


Les  inscriptions  de  la  chapelle  du  côté  de  l'évangile,  jadis 
chapelle  du  Rosaire  ou  des  échevins,  aujourd'hui  de  la  Vierge, 
sont  les  suivantes  : 

A  droite  : 

i"  HENRY  NICOLAS  OSTERMAN  ESCHEVIN   ET  GREFFIER  DES 

COVRS    FEODALE    ET    CE>SALE     DE    VILLERS    LES    TEMPLES 
ET  IA(DIS)  BOVRGVEMAISTRE  DV  BAN  DE  THEVX. 


Qo 


^.0 


FRANÇOIS 

WOLFF  EN 

MEMOIRE    DE 

FEV  HENRI 

WOLFF  SON  PERE. 

THOMAS  PIRAR 

lA  COMMISSAIRE 

DV  MARCHÉ 

ANTHOINE  ET 

HENRI  SES  FRERES 

EN  MEMOIRE  DE 

HENRI  PIRAR  ET 

ANNE  GOHY  LEVR 

PERE  ET  MERE. 


4°  PIER  DE  RIEVX  ESCHEVIN  DE  LA  COVR 

ET  IVSTICE  DE  THEVX  ET  lA  BOVRGVEMRE 
DV    DIT   THEVX. 


—  105  — 
A  gauche  : 

4°  lEAN  DE  LIMBOYRG  MARCHAND, 

2"  FASSLN 

DONEVX 
PRELOGVTEVR. 

?}°  PIERRE  BALTOSET 

MARCHAND   ET 

lA  REGLEVR 

DV  MARCHE 

SOVBS  FRANCHIMONT. 

4°  NICOLAS  LEZAACK  MAYEVR  DE  LA  COVR 

ET  IVSTICE  DE  THEVX. 

Son  tableau  représente  le  jugement  dernier.  Dans  sa  partie 
inférieure,  sont  peintes  les  armes  de  la  famille  de  Sluse  entre 
l'inscription  conçue  en  ces  termes  : 

GVILLAVME  DE  SLVSE,  IVRISCONSVLT,  EN 

MEMOIRE  DE  FEV  LE  S"  lEAN  DE  SLVSE 

SON  l'ERE  ET  DE   DEMOISELLE 

MARIE  ANNE  DE  LEYTEN 

SA  MERE.  A"  1698. 

Le  peintre  a  représenté  au  centre  de  la  chapelle  des  tenants 
la  résurrection  du  Sauveur.  Dans  un  médaillon  placé  au  bas  du 
tableau,  on  voit  les  armes  de  la  famille  de  Goër  avec  le  millé- 
sime de  1698  sons  l'écu.  Plus  bas,  en  dessous  du  médaillon,  on 
lit  une  inscription  ainsi  conçue  : 


—  106  — 

DENIS  PIERRE  DE  GOER  DE  HERVE 

CHEVALIER   DV  S^   EMPIRE,    PREVOST 

DE  LA  ROYALE  d'aIX,  S'^^  DE 

FOREST  MICHE  ET 

LONTZEN,  ETC. 

Les  inscriptions  qui  décorent  le  chnmp  de  ce  plafond  ,  sont  à 
droite  : 

1°  IACQVES.  PONCELET.  lEAN  ET  ADOLPHE 

BONIVER  EN  MEMOIRE  DE  FEV  LEVR  PERE  lEAN  BONIVER 
MAISTRE  DES  FORGES  ET  MARCHAND. 

2»  LOVYS 

ADOLPHE  DE 
PRESSEVX. 

3°  PONCELET 

ADOLPHE  DE 
PRESSEVX  IA'DIS) 

BOVRGVEMRE 
DV  BAN  DE  THEVX. 

4"  ADOLPHE  DE  PRESSEVX  TENANT 

DE  CETTE  EGLISE. 


Et  à  gauche  : 

FRANÇOIS  MICHOTTE  [A   MAMBOVR  DES 
PAVVRES    DE    THEVX. 


-   107  — 

2°  FRANÇOIS  HARDÉ 

lA  COMMISSAIRE 

DV  BAN  DE  THEVX 

ET  MAMBOVR  DE 

CETTE  EGLISE. 

3°  NICOLAS  DE  LIMBOVRG 

CHIRVRGIEN 

ESCHEVIN  DE 

DROLENVAVX  ET 

lA  DOVRGVEMRE 

DV  BAN  DE 

THEVX. 

4°  lEÂN  GAYE  TENANT  DE  CETTE  EGLISE  PLVSIEVRS  FOIS 

BOVRGVEMRE  ET  COMMISSAIRE  DV  BAN  DE  THEVX. 


Les  armoiries  et  les  inscriptions  disparurent  au  commence- 
ment du  siècle  sous  une  couche  de  badigeon  bleu  (')  dont  des 
adminisirateurs  embellirent  les  charpentes  et  les  champs  des 
trois  plafonds.  On  le  lava  en  iSïd,  sauf  dans  la  chapelle  du  côté 
de  l'épître  qui  le  conserva  jusqu'en  1870.  Le  dernier  lavage  fut 
désastreux;  il  emporta  presqu'enlièrement  les  armoiries  et  les 
inscriptions  qui  pourront  être  restaurées  convenablement. 

Une  seule  fenêtre  laisse  pénétrer  le  jour  dans  chacune  des 
chapelles.  Les  deux  fenêtres  sont  de  dimensions  inégales  :  leurs 
mesures  moyennes  sont  deS^jSOsur  1  "',55.  Elles  sont  à  meneaux, 

(*)  Je  suppose  que  ce  fut  en  1819  :  le  Conseil  municipal  de  Thcux  donna  un 
avis  favorable,  le  9  mai  1819,  à  une  demande  du  Conseil  de  fabrique  tendant  à 
pouvoir  employer,  à  la  r(iparation  du  ciel  de  l'église  qui  menaçait  ruine,  la  somme 
de  Toi)  Ils  9G  cents,  retirée  de  la  caisse  du  receveur  général  de  la  province  dans 
laquelle  elle  avait  été  versée  par  son  receveur  en  1817  {.irch.  de  T/icit.r). 


—  108  — 

l'une  depuis  1854,  l'autre  depuis  1872,  et  ornées  de  vitraux  en 
grisailles  placés  cette  dernière  année  au  moyen  du  produit  des 
collectes  faites  pendant  les  offices  par  le  clergé  de  la  paroisse, 
depuis  l'arrivée  de  M.  N.  Habay,  en  qualité  de  curé,  l''' janvier 
1865. 

L'autel  de  la  chapelle  de  droite  était  de  même  structure  que 
le  maître-autel.  Une  mauvaise  peinture, représentant  laNativité, 
en  occupait  le  fond.  Elle  (ut  remplacée,  il  y  a  un  peu  plus  de 
cinquante  ans,  par  une  niche  destinée  à  recevoir  l'image  de  la 
vierge. 

M.  Conrardy  vendit  le  retable  h  l'église  de  Deigné,  1852.  Il 
construisit  un  autel  ogival  en  pierres  jaunes,  terminé  par  un 
pinacle  orné  de  crochets.  Sa  face  présente  une  niche  dans 
laquelle  se  trouve  une  statue  de  la  vierge,  en  bois  polychrome, 
remonlant  au  XV'=  siècle.  Malheureusement  cette  statue  a  été 
mutilée  dans  ces  derniers  temps,  1852,  sous  prétexte  d'embel- 
lissement et  de  décence  ('). 

Les  boiseries,  en  disparaissant,  mirent  au  jour  les  quatre 
peintures  murales  qu'on  voit  aux  deux  côtés  du  nouvel  autel. 
Elles  avaient  souffert  des  vicissitudes  des  temps.  Une  sorte  de 
peintre  allemand,  de  passage  dans  la  localité  au  moment  de  la 
découverte,  fut  appelé  à  leur  donner  une  restauration  provisoire 
à  la  détrempe,  en  attendant  que  les  finances  de  la  fabrique  per- 
missent d'y  exécuter  un  travail  consciencieux.  Grotesques  au- 
jourd'hui, elles  figureraient  avantageusement  dans  la  décoration 
delachapelle,  si,aprèsun  lavage,  elles  subissaient  une  relouche 
d'un  pinceau  exercé. 

Le  retable  de  la  chapelle  de  gauche  est  de  même  forme  que 


(  '  )  Avant  la  construclion  de  rautel  ogival,  on  habillait  rimago  de  la  vierge.  Au- 
juurd'hu',  on  la  revèt  de  riches  vèlemenis  aux  jours  de  solennité  et  durant  le  mois 
de  mai,  ce  qui  est  de  mauvais  goût.  Ces  vôlemcnts  sont  dus  à  la  confrérie  du  rosaire 
et  surtout  à  M"**  la  baionne  de  Stockem  et  Marie  Hervé  qui  sont  aussi  intervenues 
largement  dans  les  dernières  restaurations  exécutées  par  le  curé  cl  la  fabrique. 


—  109  - 

celui  du  maître-autel  ;  seulement  son  fronton  au  lieu  d'être 
arrondi,  se  termine  par  une  sorte  de  trapèze  surmonté  d'un 
vase  et  de  guirlandes  de  feuilles. 

Le  tableau  du  fond  de  l'autel  est  une  méchante  toile  repré- 
sentant la  Gène. 

La  statue  de  l'ange  gardien  était  posée  entre  les  chandeliers. 
M.  Conrardyl'ôta  pour  y  placer  un  tabernacle  que  son  successeur 
couronna  d'une  statue  de  St-Joseph.  Depuis  cette  ornementation 
contraire  aux  rubriques,  la  chapelle  porte  le  nom  de  ce  saint  (*). 

Les  hautes  boiseries  des  autels  des  chapelles  latérales  datent 
des  premières  années  du  XVIIP  siècle  (-).  Elles  masquèrent  les 
fenêtres  percées  dans  les  pignons  des  collatéraux  du  chœur  ; 
leurs  baies  furent,  selon  toute  probabilité,  murées  à  cette 
époque  ("). 

Les  bancs  des  échevins  et  des  tenants  qui  se  trouvaient 
contre  la  paroi  dans  les  chapelles  latérales,  furent  remplacés 
l'an  1853  par  des  stalles  au  nombre  de  trois  dans  chacune  des 
chapelles,  mais  elles  durent  être  ôlées  en  1869,  lorsque  fut 
construite  la  sacristie  dont  l'entrée  est  dans  la  chapelle  du  côté 
de  fépître. 

M.  le  chanoine  N.  Henrotteaeu  l'obligeance  de  me  signaler  une 
inscription  dcRobert  de  Lynden, extraite  d'un  manuscrit  appelé 
par  ieu  M.  Dumont  Armoriai  du  marquisat  de  Frauchimont.  Elle 
existait  sur  un  autel  avec  les  seize  quartiers  coloriés  de  ce  sei- 


(•)  Au  XVllc  siècle,  elle  était  dédiée  à  Ste-Anne.  Elle  passa  sous  le  vocable  de 
l'iinge  gardien,  puis  devint  la  chapelle  du  S.  Sacrement. 

(')  Voir  aux  Arcb.  communales  de  Tlietix  l'ordonnance  du  magistrat,  du  9  mai 
1730,  au  bourgmestre  de  Presseux  «  de  présenter  à  le^èque  d'Amizon,  suflVagant 
de  Liège,  quatre  louis  d'or  parce  qu'il  at  eu  la  bonté  de  consairer  aujourd'hui  l'autel 
des  tenants  de  l'église  de  Theux.  » 

(')  Peut-être  avant.  «  Le  3  avril  1007  payé  au  fils  Noé  Cloes-Micliolle  pour  deux 
chienne  de  fer  de  5  pieds  pour  attacher  deux  grands  tableaux  au-dessus  dos  frontis- 
pices dos  deux  chapelles  de  l'église,  f.  !2-0.   « 

(G  'mpte  du  raambour,  Arcli.  de  l'cfjlisv. 


110 


gneur(').  Je  rapporte  cette  inscription  comme  un  souvenir 
cligne  d'être  conservé  du  premier  membre  de  cette  illustre 
maison  qui  gouverna  le  marquisat  de  Franchimont  jusqu'à  la 
réunion  du  pays  de  Liège  h  la  France. 

«  A  l'honneur  et  gloire  De  lesVsMortpoVr  noVs  peCheVrs  (-) 
»  en  mémoire  de  Messire  Robert  de  Lynden,  chevalier,  visconle 
»  de  Dormal,  seigneur  de  Froidcourt,  etc.  en  son  temps  grand 
»  mareschal  et  conseiller  secret  de  son  altesse  de  Liège,  gou- 
»  verneur  du  marquisat  de  Franchimont,  conseiller  d'Etat  de 
»  sa  majesté  catholique,  son  gouverneur  et  capitaine  de  la  ville 
»  et  fort  de  Charlemont,  etc.  qui  trépassé  l'an  1610  le  17  jour 
»  de  septembre  repose  en  ceste  église  par  la  libéralité  de  son 
»  fils  M"'"  Charles  Ernest  de  Lynden,  son  successeur  au  gouver- 
»  nement  du  marquisat  susdit,  etc.  est  posée  cette 

»  Priez  Dieu  pour  le  vivant  et  défunt.  » 

Que  peut  être  devenu  cet  autel  commémoratif  et  où  se  trou- 
vait-il? Je  n'oserais  l'affirmer,  mais  je  présume  qu'il  existait 
dans  la  chapelle  des  tenants,  c'est-à-dire  dans  la  chapelle  laté- 
rale de  gauche,  où  étaient  les  tombes  de  Henri  d'Eynatten  et  de 
cet  autre  chevalier  dont  on  ignore  le  nom  et  où  fut  inhumé  l'an 
1673  l'enfant  du  comte  de  Lynden,  gouverneur  de  Franchimont. 
Peut-être  un  jour,  si  l'on  rétablit  des  autels  plus  conformes  au 
caractère  de  l'église,  découvrira-t-on  des  vestiges  suffisants 
pour  tixer  l'opinion  à  cet  égard. 

François  Woliï,  maycur  deSpa,  ancien  bourgmestre  de  Theux, 
sollicita  de  Maximilien-Henri  de  Bavière  l'autorisation  d'ériircr 


(')  Ces  16  qnnrtifrs  sont  :  Lynden,  Bronkhorst,  Banduyck,  Delen,  Winsen, 
lîemniel,  Pyck,  Wyck,  KMcren,  Amslcl,  Walhain,  llalen,  Stalle,  Scvenbcrgh,  Hin- 
kart,  Gislcilo. 

(  -  )  Chronogramme  qui  doiine  la  date  do  \ii'i\. 


—  IIJ  — 

dans  l'église  de  Tlieux  une  chapelle  avec  pierre  d'autel,  d'y 
fonder  une  messe  septimanale  en  l'honneur  de  Jésus  et  des  SS. 
Marie  et  Joseph,  d'y  établir  sa  sépulture,  celle  de  sa  femme  et 
de  ses  descendants,  enfin  d'y  avoir  un  siège  à  son  usage  per- 
sonnel et  à  celui  de  sa  famille.  Il  avait  préalablement,  17  janvier 
IGol,  transporté  à  l'église  et  aux  pauvres  de  la  paroisse  diverses 
rentes  dont  le  produit  devait  être  affecté  à  l'exonération  de  la 
fondation  projetée,  réservant  toutefois  à  lui  et  à  ses  descendants 
le  maniement  des  capitaux  et  de  leurs  intérêts. 

Le  prince  accueillit  favorablement  sa  requête  le  28  janvier 
1653. 

La  cour  de  justice ,  les  bourgmestres  et  les  commissaires 
composant  alors  le  magistrat  de  la  communauté  de  Theux,  se 
rendirent  au  cimetière  accompagnés  du  fondateur,  qui  leur  dé- 
signa l'endroii  où  il  se  proposait  d'ériger  sa  chapelle  ;  ils  en 
autorisèrent  la  construclion,  moyennant  certaines  conditions, 
le  29  avril  1655  ('). 

Wolff  pratiqua  dans  la  façade  méridionale  de  l'église  une 
ouverture  large  de  2'",45,  formant  une  arcade  en  plein  cintre 
et  qui  donne  accès  h  la  chapelle,  élevée  aujourd'hui  de  six 


(')  «  Ayi:nt  messieurs  de  la  justice,  bourguemres  et  commissaires  du  ban  de  Tiieux, 
vue  la  présente  et  esté  conduits  pur  led.Wolfl'  sur  le  cimetier  et  nous  ayant  enseigné 
le  lieu  où  il  prétend  faire  asseoir  et  dresser  la  chappelle  icy  mentionnée  ont  accorde 
l'érection  d'icelle  en  la  faisant  autant  et  davantage  si  forte  de  muraille  que  ceux  de 
l'église  sans  raffuiblissement  d'icelle  et  en  assoianl  les  verrières  si  hautes  arrier  de 
terro  que  celle  de  lad.  église  la  voisine  ou  plus  tosl  davantage,  à  condition  aussy 
de  faire  les  Irounierres  dans  lu  muraille  sur  le  plancher  deseur  icelle  chapelle  pour 
servir  de  defl'ence  aux  occasions  si  pourat  remettre  plus  bas  l'huisserie  de  la  Gor- 
dine  et  de  nolir  le  petit  lorion  retirant  le  mur  d'ictlle  Gordine  depuis  lad.  chapelle 
jusqu'à  peu  près  du  mure  delad.  cimetier  et  du  corlil  mre  Nicolas  veoir  quil  poura 
démolir  le  boutant  qui  est  dressé  alenconire  du  grand  mure  delad.  église.  Luy  ayant 
accordé  de  couper  au  bois  de  Stanneux  quarante  pièces  de  vverres  pour  emploier  à 
la  couverture  a  couper  alenseigncment  d'un  des  bourguemres.  Présents  a  ce,  mayeur, 
Thonon,  cschevins,  Limbourg,  Fassin,  Radoux,  Hubin  et  mre  Philippe,  bourguemres 
Proencn  et  lîoniver,  commissaires,  Noël  Hermès,  Fassin  d'Oncux,  Gilles  Fizeu  et 
Jean  Fraipont.  Actum  ce  pénultième  d'avril  UioS.  Ainsy  signé  :  Limbourg.  » 


112 


marches  au-dessus  du  niveau  de  l'église.  Elle  est  clôturée  par 
un  grillage  en  fer  posé  en  4713.  Cette  chapelle  mesure  4'", 45  en 
longueur,  5"\13  en  largeur,  y  compris  l'épaisseur  du  mur  de 
l'église,  qui  est  de  l",iO  et  5'", 15  en  él'vation. 

Son  plafond  est  formé  par  une  boiserie  à  caissons  moulurés. 

Les  parois  méridionale  et  occidentale  ont  reçu,  1854,  pour 
lambris,  les  sièges  avec  leurs  dossiers  des  deux  grands  pupitres 
posés  dans  le  chœur  l'an  1697.  Les  dossiers  sont  ornés  de  sculp- 
tures et  d'armoiries  appliquées. 

La  chapelle  recevait  la  lumière  par  deux  fenêtres  :  l'une 
percée  derrière  l'autel,  fut  murée  en  1872,  tandis  que  la  seconde, 
située  vis-à-vis  de  l'entrée,  était  décorée  des  vitraux  modernes 
tirés  de  la  fenêtre  éclairant  la  chapelle  de  la  Ste-Yierge. 

L'autel  est  adossé  à  la  muraille  située  à  l'orient.  Une  boiserie 
à  colonnes  enlacées  de  ceps  de  vigne,  supportant  une  corniche, 
en  forme  le  retable,  dont  le  centre  est  occupé  par  un  tableau 
avec  cadre  arrondi  par  le  haut.  Il  représente  la  vierge  Marie 
tenant  son  divin  liis  sur  ses  genoux.  A  sa  droite,  S.  Joseph, 
appuyant  la  main  sur  le  dossier  du  siège  de  son  épouse , 
contemple  le  petit  Jésus  ;  un  ange  dépose  une  couronne  de 
fleurs  blanches  sur  la  tête  du  saint.  A  la  gauche  de  la  madone, 
S.  François,  portant  l'habit  de  son  ordre,  est  en  adoration 
devant  le  Messie.  Derrière  ce  saint,  on  voit  un  personnage,  les 
mains  jointes,  vêtu  d'un  costume  du  dix-septième  siècle,  qui 
paraît  représenter  le  fondateur. 

Dans  la  partie  supérieure  du  tableau,  le  peintre  a  placé  Dieu 
le  père  et  un  peu  plus  bas  le  S.  Esprit  sous  la  forme  d'une 
colombe.  Ces  deux  personnes  de  la  Trinité  apparaissent  au  mi- 
lieu d'une  gloire  et  sont  entourées  de  neuf  têtes  de  chérubins. 

Sur  une  moulure  de  la  corniche,  est  écrit  en  lettres  dorées  : 

WOLF  ME  UEO  SACRAT. 

Un  cartouche  du  soubassement  de  l'autel  porte  une  inscrip- 
tion conçue  en  ces  termes  : 


~-  113   - 

A  l'HONEVR  de  JESVS.   marie.  JOSEPH. 
FRANÇOIS  WOLF  MAYEVR  DE  SPA 
ANNO  A  FONDÉ  CETTE  CHAPELLE  POVR      16... 

VNE  MESSE  PAR  SEPMAINE  ET  POVR 
Y  ESTRE  ENSEVELY  AVEC  SES  DESCENDANS. 

M.  Coiirardy  transféra  dans  la  chapelle  Wolff  les  fonts  baptis- 
maux qui  autrefois  se  trouvaient  au  bas  de  l'aîle  droite  de 
l'église.  Ils  offrent  un  spécimen  curieux  du  style  roman,  qui  n'a 
échappé  ni  à  Bovy  ('),  ni  à  U.  Albert  d'Otreppe  deBouvetle  (-). 
Ils  sont  formés  de  trois  pierres  superposées,  dont  deux  sont 
carrées  et  servent  de  base  et  de  fût  h  une  coupe  cylindrique. 

Le  pied  est  taillé  d'un  ciseau  plus  fin  que  la  cuve,  qui  est  de 
beaucoup  plus  ancienne. 

Les  faces  de  la  base  sont  ornées  d'une  arcade  cintrée  et  tri- 
lobée. 

La  colonne  centrale,  cantonnée  de  quatre  colonneltes,  pré- 
sente à  chacune  de  ces  quatre  faces  un  enfant  nu,  taillé  en  relief; 
l'un  d'enlr'eux  est  aîlé. 

Des  mascarons,  au  nombre  de  quatre,  divisent  la  cuve  en 
autant  de  parties  égales.  Des  figures  bizarres,  affectant  les 
formes  de  dragons,  sont  sculptées  en  relief  sur  trois  de  ce3 
faces;  la  quatrième  n'offre  aucune  ornementation. 

Voici  les  dimensions  de  ces  fonts  baptismaux  : 

Base  :  H.  0"',325,  L.  O'",o8. 

Fût  :  H.  O'",23o,  L.  0"\48  dont  0'»,165  entre  les  colonnes  qui 
le  cantonnent. 

Coupe:  H.0"',41o,  D.  0'",90. 

Le  couvercle  en  cuivre,  dépourvu  de  décoration,  est  relative- 
ment moderne. 


(  *  )  Promenades  historiques  dans  le  pays  de  Liéijc,  t.  H,  p.  ''2. 
(^)   Recherches   et  fouilles   dans  le  but  déformer  lai  musée  provincial,   murs 
•1851,  p.  53. 


_  114  — 

Sacristie. 

Le  besoin  d'une  sacristie  convenable  se  fesait  sentir  depuis 
longtemps.  Le  vestiaire  ('),  bâti  au  commencement  du  XVP 
siècle,  est  situé  au  nord,  les  rayons  du  soleil  y  pénètrent  rare- 
ment par  les  deux  petites  fenêtres  qui  l'éclairent.  Le  linge  et  les 
ornements  sacerdotaux  y  étaient  exposés  aune  prompte  détério- 
ration occasionnée  par  la  moisissure. 

Cet  état  de  choses  était  surtout  sensible  depuis  la  suppression 
du  marguillier-prôtre,  dont  une  des  obligations  était  de  loger 
les  ornements  de  l'église  à  la  marguillerie,  propriété  de  la  com- 
munauté. 

En  1869,  on  parvint  h  édifier  un  local  bien  aéré,  plus  spacieux 
et  plus  conforme  à  sa  destination.  L'ancien  vestiaire  devint  un 
garde-meuble. 

Ces  deux  annexes  de  l'église  n'offrent  rien  qui  fixe  l'attention. 
J'en  excepte  toutefois  une  fontaine  placée  dans  le  vestiaire,  sans 
doute  au  moment  de  sa  construction,  et  transportée  aujourd'hui 
dans  le  couloir  de  la  sacristie  servant  de  vestiaire  aux  acolytes. 

Deux  cartouches  en  marbre  noir,  posés  sur  un  évier  de  même 
pierre,  soutiennent  un  réservoir  en  marbre  rouge,  enchâssé 
dans  une  niche  ménagée  dans  la  muraille.  La  face  de  ce  réser- 
voir présente  à  chacune  de  ses  extrémités  une  colonne  taillée 
en  relief,  et  au  centre  sculpté  également  en  relief,  entre  deux 
blasons,  un  masque  bumain  laissant  couler  l'eau  parla  bouche, 
h  l'aide  d'un  robinet  en  cuivre.  Un  des  blasons  est  aux  armes 
d'Englebert  de  Presseux,  châtelain  de  Franchimont,  qui  portait 
écartelé  aux  1"  et  A°  de  Presseux,  et  aux  2"=  et  3"  de  la  Marck. 
La  pièce  du  second  écusson  est  un  aigle  éployé. 

J'ignore  à  quelle  maison  ces  dernières  armoiries  appartien- 
nent; elles  sont  étrangères  aux  deux  femmes  d'E.  de  Presseux. 

(  '  )  On  lit  le  verset  suivant,  gravé  dans   la  couverdiro  do  rcncadremcnt  dû  sa 

porte  :  INCUif.VMCJSVS.  r.OliUK.  NON.  1NGHE11TKTVI!.  SANCTVArilVM.  MliVM.  KZECII.  54. 


—  115  — 
Argenterie. 

L'église  de  Tlieux  possède,  outre  plusieurs  boîtes  aux  saintes 
huiles,  trois  calices  : 

Un  calice  en  vermeil  de  style  ogival  (hauteur  0'", 214);  sur  le 
bord  du  pied  sont  gravés  ces  mots  : 

DE    LA  LIBERALITE    DES     PAROISSIENS     1511  TOVTES  l'ARGENTERIE  DE 

l'église  ayant  VOLLÉ  EN  1510. 

Les  deux  autres  calices,  également  en  argent,  ont  la  coupe 
dorée  à  l'intérieur.  Sous  le  pied  d'un  de  ces  calices  est  gravé  : 

Doxo  famili/E  de  radovx.  avgebat  et  reparabat  fabriga  1725. 

Le  poinçon  du  contrôle  est  aux  armes  de  Bavière,  1711 
(hauteur  0™,246). 

Le  troisième  ne  porte  aucune  inscription.  Le  contrôle,  aux 
armes  de  Berg,  ne  laisse  voir  que  deux  chiffres  du  millésime  : 
72,  qui  le  fait  remonter  au  règne  de  Georges  Louis  de  Berg, 
1724  à  1744  (hauteur  0'",260). 

Un  ciboire  en  argent.  N'y  apercevant  aucune  marque  distinc- 
tive,  il  m'est  impossible  de  fixer  son  âge.  Le  20  janvier  1699, 
l'église  acheta,  ensuite  d'une  convention  faite  avec  le  magis- 
trat, un  nouveau  ciboire  (')  et  en  1755  (-)  le  magistrat  ordonna 
de  le  faire  réparer  et  dorer. 


(*  )  aLe  20  janvier  -1699,  la  cour  ordonne  au  mambour  de  l'église  défaire  raccom- 
moder le  ciboire  auquel  il  pourra  joindre  pour  l'agrandir  un  petit  calice  et  la  coupe 
d'argent  qui  servait  ci-devant  à  donner  le  vin  aux  communiants  laies  pendant  les 
pâques.  »  [Arch.  de  l'église.) 

(*  )  «  Dans  l'assemblée  tenue  par  nous  les  bgmres  et  magistrat  de  Theux  sur 
noslrc  halle  le  neufième  avril  mil  sept  cents  cinquante  cinque,  ordonnons  à  noslre 
bourgmre  Fréon  de  faire  racoraoder  et  dorer  le  ciboir  de  notre  église,  et  de  faire 
faire  trois  petites  boites  d'argent  pour  y  mettre  les  ste  huille  de  nostre  église,  les- 
quels lui  seront  allouez  tout  ses  exposez  a  compte  ordonnons  à  nostre  greffier  la 
présente  regisirer  et  soubsigner.  »  lArcfi.  de  Theux.) 


—  1  It)  - 

Ce  dernier  mot,  me  semble-t-il,  s'applique  ii  la  dorure  de 
l'intérieur  de  sa  coupe.  Le  ciboire  d'aujourd'hui,  chargé  de 
décorations,  peut  donc  être  aussi  bien  de  1755  que  de  1699 
(hauteur  0'",435). 

Un  ostensoir  en  vermeil  pouvant  former  ciboire,  des  pre- 
mières années  du  XVP  siècle  (  ').  Il  est  très-ornementé.  Sur  le 
pied,  se  trouvent  représentés  les  instruments  de  la  passion  au 
repoussé.  La  coupe  supporte  quatre  colonneltes ,  deux  de 
chaque  côté  de  la  place  occupée  autrefois  parle  croissant  soute- 
nant l'hostie  et  aujourd'hui  par  un  soleil  dont  les  rayons  entou- 
rent la  lunette  (-).  Au  centre  de  [la  partie  supérieure,  on  voit, 
dominé  par  un  crucifix,  un  édicule  dans  lequel  est  une  vierge. 

Aux  côtés  de  l'édicule,  mais  un  peu  plus  bas,  se  trouvent 
les  patrons  de  l'église  SS.  Alexandre  et  Hermès  (hauteur 
0"s670j. 

Le  mayeur  Mazure  légua  par  testament  du  4  décembre  1788, 
à  la  confrérie  du  S.  Sacrement,  érigée  dans  la  paroisse  de 
Theux  ('•),  une  rente  de  vingt  florins,  h  condition  d'en  vendre  le 
capital  et  d'acheter  avec  le  produit  «  un  vénérable  qu'on  devra 
exposer  tous  les  jeudy  à  la  messe  du  St-Sacrement  et  au  salut, 
voir  qu'on  ne  devra  pas  le  porler  en  procession  parmi  le  bourg.» 
Cette  remontrance  est  en  argent,  elle  est  d'une  hauteur  de 
0"\635,  les  rayons  du  soleil  formant  la  partie  principale  sont 

(1)  Probablement  de  iSlS  : 

«  Déboursé  pour  benyr  le  crexhandederi's  le  sacrement,  vu  aid.  »  [Arcli.  de  l'église^ 
Compte  de  1515.) 

(^)  a  Le  49  dito  (juin  1699),  j';iy  restitué  à  nre  R'I  pasteur  nouante  huit  fis  Bbant 
qu'il  avoit  payé  pour  le  travail  et  ajoute  d'argent  à  la  remontrance  de  nre  église, 
ainsi  que  porte  les  quittances  de  Jean  Kemalle,  orphevre,  et  de  nre  dit  pasteur, 
fis.  98-0.  »  {Arch.  de  l'église.  Compte  du  mambour.) 

«  i>;r  juillet  1732.  Ordonnance  du  magistrat  au  bourguemestre  Gaye  de  fournir 
septante  cinq  francs  pour  assister  à  réparer  et  embellir  la  montrance  du  St-Sacrc- 
menl  de  l'église  de  Theux.  »  [Arch.  de  Theux.) 

(')  Elle  avait  été  érigée  par  lettres  du  prince  Georges-Louis  de  Berg  du  14 
novembre  1731;  par  un  bref  du  22  août  1732,1e  pape  Clément  Xil  avaitaccordé  des 
indulgences  aux  confrères  et  consœurs. 


-  117  — 

dorés  ;  elle  se  termine  par  une  couronne  fermée  soutenue  par 
deux  anges.  Une  inscription  ainsi  conçue,  règne  au  bord  du 
pied  : 

DONO  DOMINI  lOANNIS  lOSEPHl  DE  MASVRE  OPPini  TECTENSIS  PR;ETORIS 
SCABINl  AC  EXCONSULIS  ANNO  1791. 

La  cour  des  tenants  décida  dans  son  assemblée  du  14 
décembre  1730  d'acheter  des  burettes  en  argent  avec  leur  pla- 
teau, que  M.  Conrardy  a  fait  emboutir. 

L'argenterie  de  l'église  se  complète  par  un  encensoir  fourni 
en  1750,  par  Denis  Lamotte,  marchand  orfèvre,  les  couronnes 
de  la  vierge  et  du  petit  Jésus,  enfin  deux  branches  à  cierge  qui 
se  placent  aux  côtés  du  tabernacle. 

Parvis. 

Le  plan  du  parvis  ou  portail  forme  un  parallélogramme.  Une 
petite  fenêtre,  percée  dans  la  muraille  à  droite,  laisse  pénétrer 
une  faible  lumière  ;  à  gauche,  est  la  porte  de  la  tour;  en  face  de 
la  porte  d'entrée,  la  porte  de  l'église,  aux  deux  côtés  de  laquelle 
se  trouve  un  bénitier. 

Trois  pierres  superposées,  d'époques  différentes,  forment 
une  sorte  de  colonne  dont  le  chapiteau  sert  de  réservoir  à  l'eau 
bénite.  La  coupe  du  bénitier,  à  droite  du  spectateur,  est  ornée 
de  six  figures  à  mi-corps  s'appuyant  sur  autant  d'écussons  sans 
pièce  héraldique,  sur  lesquels  elles  posent  les  mains.  Ces 
figures  sont  sculptées  en  relief  et  séparées  par  des  décorations 
architecturales.  Sa  hauteur  est  de  0"\26. 

La  face  principale  du  fût,  haut  de  0"\655,  présente,  posé  sur 
un  socle,  un  personnage  à  moustache  et  à  barbe  longue,  les 
cheveux  longs  réunis  par  derrière  en  grosses  boucles,  la  tête 
ceinte  d'un  bonnet  entouré  d'un  bandeau  orné  d'un  fleuron  de 
couronne  ducale.  Il  est  vêtu  d'une  tunique  à  manches  larges  et 


—   IIK  — 

à  grande  colerette  rabattue.  Il  tient  élevé  le  pouce  et  l'index  de 
la  main  droite,  tandis  que  de  la  main  gauche  se  déroule  une 
banderolle  qui  descend  jusqu'au  piédestal. 

La  base,  haute  de  0"',43,  est  de  même  style  que  le  piédestal, 
support  du  personnage. 

Les  trois  pierres  sont  en  calcaire  gris. 

Le  second  bénitier  diffère  du  précédent  par  la  base  qui  est 
haute  de  0"',45.  Elle  est  en  marbre  noir.  Sa  coupe,  qui  mesure 
0™,235  en  hauteur,  est  dépourvue  d'ornementation. 

Le  fût  de  0'",645  est  de  même  structure  que  le  bénitier  de 
droite.  Le  personnage  représenté  sur  ce  fût,  porte  la  barbe 
longue,  partagée  au  milieu  du  menton  ;  il  a  la  tète  couverte 
d'un  chaperon  ou  bonnet  garni  d'un  bourrelet;  un  col  droit 
entoure  le  cou  ;  son  vêtement  se  compose  d'un  long  manteau  à 
manches  larges.  Il  lient  également  le  pouce  et  l'index  de  la 
main  droite  élevés,  et  de  la  main  gauche  une  banderolle. 

On  ignore  à  quel  usage  ils  ont  servi  avant  de  recevoir  la  des- 
tination actuelle.  Je  dirai,  avec  M.  J.  Helbig  qui  a  fait  une  étude 
spéciale  de  l'église  de  Theux,  qu'ils  proviennent  du  grillnge 
clôturant  l'abside  et  la  séparant  du  temple. 

Tour. 

La  tour  ne  paraît  pas  avoir  été  construite  pour  recevoir  les 
cloches.  Elle  servit  sans  doute  primitivement  de  beffroi,  et  aujour- 
d'hui encore  elle  a  conservé  ce  caractère.  Deux  fenêtres  cintrées 
étaient  percées  du  côté  de  l'église  à  laquelle  elle  est  aujourd'hui 
appuyée.  Sa  face  méridionale  fait  partie  intégrante  de  la  muraille 
septentrionale  du  temple.  La  retraite  conforme  à  l'effilement  de 
la  tour  qui  se  remarquait  de  l'intérieur  de  l'église,  a  été  rectifiée 
en  1870  ii  l'aide  d'une  maçonnerie  supportée  par  des  poutres  an- 
crées dans  le  mur. Ces  deux  circonstances  établissent  parfaitement 
l'antériorité  de  la  tour.  Rapprochées  de  l'existence  de  substruc- 
tions  fort  massives  trouvées  dans  le  cimetière,  dont  une  partie 


—  il9  — 

servait  de  fondation  à  une  petite  tour,  démolie  en  16uo,  elles 
font  supposer  que  le  vaisseau  de  l'église  actuelle  occupe  l'em- 
placement d'un  vaste  bâtiment,  soit  forteresse,  soit  habitation 
seigneuriale  tortillée.  Je  suis  tenté  d'y  placer  ce  palais  royal  où 
fut  signée,  le  8"  des  calendes  de  juin  827,  la  charte  donnée  à  la 
demande  d'Ando,  abbé  de  Slavelot,  par  laquelle  les  empereurs 
Louis  et  Lothaire  déclarent  que  le  bois  de  Slaneux  (')  appar- 
tient au  monastère  de  Stavelot,  mais  que  les  habitants  de  Theux 
y  ont  le  droit  de  waidage,  maisonnage  et  pexhagc. 

Jusqu'en  1740,  l'unique  entrée  de  la  tour  se  trouvait  dans 
l'église  ;  le  magistrat  la  fit  murer  et  ouvrir  dans  le  portail  (^)  une 
porte  encadrée  de  marbre  de  Theux. 

La  partie  maçonnée  est  divisée  en  rez-de-chaussée  et  en  trois 
étages  que  l'on  gravit  par  des  escaliers  raides  et  usés,  indice  de 
leur  antiquité.  Une  échelle  conduit  aux  combles  ou  partie  ardoi- 
sée, formant  un  dernier  étage. 

Une  horloge  séculaire  se  trouve  au  second  étage.  Je  n'oserais 
affirmer  si  l'inscription  qu'elle  porte  sur  la  bascule  ou  levier  de 
la  sonnerie  :  arTo  wovse  a  liège  1627  dv  temps  nicglas  hermes 
BovRMTRE,  rappelle  l'année  de  sa  confection  ou  celle  d'une  répa- 
ration notoire,  car  l'église  possédait  une  horloge  bien  anté- 
rieurement à  cette  date  (M. 


(*)  Astanetum.  De  Noue.  De  quclqucn  anciens  noms;  de  lieux.  Bull,  de  Fins t, 
arch.  liég.,  t.  V,  p.  295  el  t.  VI,  p.  339. 

Selon  le  même  auteur,  Etudes  historiques  sur  l'ancien  pays  de  Slavelot  etMalinidtj, 
p.  116,  les  ruisseaux  délimitant  le  Slaneux  seraient  le  Roannai  el  le  Targnon.  Si 
celte  conjecture  est  admise,  il  ne  s'agirait  pas  du  Staneux  de  nos  jours,  mais  d'un 
bois  situé  sur  Stavelot,  sur  Spa  et  s'étendant  sur  le  Rohaimont,  les  champs  de 
Spixhe,  etc.  Le  ruisseau  de  Targnon  se  jette  dans  le  Waay  à  Spixhe.  Le  Slaneux 
actuel  dont  une  partie  défrichée  anciennement  est  devenue  propriété  particulière, 
est  compris  entre  le  ruissea  t  de  Cliawion,  le  Waay,  la  Hogne  et  la  Bruyère  de  la 
commmune  de  Sart. 

(•^)  Recès  du  magistral  de  Theux,  du  lf2  mai  1740,  aux  Arch.de  Theux. 

(  *  )  «  Pour  une  grosse  ciiordc  pour  mettre  a  pesans  de  lorloge.  xxx  aid.  » 
[Arch.  de  l'éjlise,  compte  de  Jacob  de  Fraipont,  mambour  en  1521.) 


—    140   — 

On  communique  de  la  tour  avec  les  combles  de  l'église  à 
l'aide  d'une  porte  percée  au  troisième  étage. 

Une  charpente  partant  du  rez-de-chaussée  en  soutient  une 
autre,  belle  et  solide,  remarquable  même  par  le  choix  des  bois 
qui  la  composent  (').  Cette  dernière,  complètement  isolée,  ne 
portant pointsur  les  maçonneries,  se  trouvedans  l'élageardoisé. 
C'est  à  cette  charpente  que  sont  suspendues  les  cloches  au 
nombre  de  quatre,  deux  fondues  en  1818  et  les  deux  autres 
en  1864. 

Ces  dernières  remplacent  des  cloches  anciennes.  La  plus 
petite,  brisée  en  la  sonnant  le  2  novembre  1848,  portait  ces 
mots  en  caractères  gothiques  : 

Sanctc.  Alexander.  Vocor.  Ano.  Dni.  mcccclxxi. 

La  grosse  cloche,  qui  était  excellente,  se  fêhi  le  dimanche  de 
Pâques  1863.  Son  inscription  également  en  caractères  gothiques 
était  ainsi  conçue  : 

>ï<  Maria  t  vocor  f  me  t  lecerunt  t  Goff^  f  et  f  Nicolau' t  de  t 

Leodio  t  ano  t  Dni  f  MCCCLXXXII  f  C) 

>h  Mens«  t  Junii  t  die  t  XII  t 

Lors  d'une  réparation  h  la  cloche,  l'ouvrier  avait  tracé  h  la 
pointe  sur  le  battant:  1716 
J.-C. 


(•  )  «  Trouvé  Taiinde  du  beffroi  delà  tour.  Elle  est  ûcrile  sur  une  poutre  perpen- 
diculaire du  plancher.  .  1626  ou  28,  les  deux  derniers  chiffres  bont  difficiles  à  ùé- 
chiffrer.  »  (Note  de  M,  Conrardy,  aux  Arch.  de  l'église.) 

(  *  )  D'après  celte  date,  dit  Bovy  [  Promenades  historiques  dans  le  Pays  de  Liège, 
t.  H,  p.  73),  l'église  ou  plulOt  la  tour,  n'aurait  pas  été  comprise  dans  le  saccage- 
ment  du  bourg  en  1468. 


121 


Ces  cloches  pesaient  respectivement  164  et  685  kilog.Onleur 
adonné  dans  la  nouvelle  coulée  147  et  9^29 1/2  kilog.  et  on  leur  a 
restitué  leurs  inscriptions  plus  ou  moins  tronquées  et  ampli- 
fiées ('). 

Avant  1818,  la  sonnerie  se  composait  de  trois  cloches.  La 
tradition  veut  que  la  seconde  cloche,  appelée  communénjent 
moyenne,  fut  remarquable  par  la  pureté  et  l'étendue  du  son. 
On  prétend  qu'elle  était  basse  et  très-évasée. 

La  seule  donnée  précise  ii  ma  connaissance  se  trouve  consi- 
gnée sur  la  couverture  d'un  registre  des  archives  communales  : 
«  le  26  décembre  1700,  la  seconde  cloche  a  été  fondue  et  pesée 
ù  1426  livres.  » 

Elle  eut  le  sort  de  beaucoup  de  ses  semblables;  elle  fut  brisée 
et  envoyée  au  fourneau  par  les  révolutionnaires  vers  1794.  Les 
deux  autres  quoique  menacées,  échappèrent  :  elles  sonnaient 
les  heures  et  les  demi-heures.  Ensuite  comment  assembler  le 
peuple  en  cas  d'alarme  ou  d'incendie  ? 

Le  gouvernement  français  mit  plusieurs  cloches  à  la  disposi- 
tion de  M.  Le  Jeas,  évêque  nommé  de  Liège,  qui  en  donna  une 
à  l'église  de  Theux,  h  la  sollicitation  de  son  conseil  de  fabrique. 

Mauvaise,  elle  fut  remplacée  par  les  deux  cloches  fondues  en 
1818. 

La  grosse  cloche  qui  était  la  cloche  du  ban  appartenait  tout 
entière  aux  décimateurs  qui  en  avaient  l'entretien  aussi  bien  que 


(*  )  Voici  les  inscriptions  des  quatre  cloches  : 

1»  Maria  vocor  Nicolaus  de  Leodio  ano  Dni  MCCCLXXXII. 

Mensis  1764  junii  XII  me  fecit. 

Senio  fraCtaM  anDreas  Van  aersCliot  LoVanlI  refeCIt. 

2°  Alexander  vocor  ano  Dni  MCCCCLXXI. 

Cum  Maria  concinentcm  me  denuo  fudit  Lovanii. 

A.  Van  aerschot  major  successor  A.  L.  Van  den  glieyn. 

anno  Dni  MDCCGLXIV. 

30  Van  den  Gheyn  me  fudit  Lovanii  anno  1818. 

4"  Andréas  van  don  Glievn  me  fudit  Lovanii  anno  1818. 


—  h22  — 

le  produit.  Le  mambour  de  l'église  seul  avait  le  droit  de  per- 
mettre de  la  sonner  ('). 

L'entretien  de  la  seconde  cloche  ainsi  que  les  travaux  exigés 
pour  sa  sonnerie  incombaient  ix  la  communauté  (-). 

Quant  t^  la  petite,  elle  appartenait  h  l'église  qui  en  avait  les 
frais  à  ses  charges. 

lËpitapIies. 

Un  grand  nombre  de  pierres  sépulcrales  doit  avoir  recouvert 
le  sol  de  l'église;  mais  l'établissement  de  nouveaux  pavements, 
notamment  en  1693  etenl8ol,enont  fait  disparaître  la  majeure 
partie  ;  celles  qui  n'ont  pas  été  détruites,  ont  généralement 
été  déplacées.  Plusieurs  de  celles  qui  subsistent  sont  frustes. 
Je  rangerai  dans  celte  dernière  catégorie  quatre  dalles  posées 
sous  le  jubé.  Sur  une  d'elles,  on  distingue  encore  les  traits 
du  défunt  taillés  dans  le  granit  et  quelques  lettres  de  l'ins- 
cription. Sur  une  autre,  les  armoiries  sont  encore  visibles, 
mais  l'épitaphe  est  indéchiffrable.  A  côté  de  cette  dernière,  sur 
une  dalle  brisée  en  deux  fragments  et  cachée  en  partie  par  les 
bancs,  se  lit  l'épitaphe  taillée  en  caractères  gothiques  saillants: 

Lan  xy  Lvi  le  vi  jour  iVaoust  trepaccat  Maroie  espeuse  a  feu 
Johan  Ondin  d.t  heur  a  qui  Dieu  pardonne. 

Au-dessus  de  la  porte  de  l'ancien  vestiaire,  se  trouve  une 
plaque  en  marbre  noir  à  coins  coupés,  encastrée  dans  la  mu- 
raille. Elle  est  surmontée  d'une  tête  de  mort;  de  chaque  côté  de 
la  partie  inférieure,  on  voit  une  espèce  de  corbeille  d'où  sortent 
des  ornements.  Ces  accessoires  de  la  pierre  sont  en  bois  bronzé. 


(  *  )  Assemblée  de  la  Cour  des  tenants  du  7  novembre  IToo.  Divers  comptes  de 
ladite  Gourdes  XVI"',  XVIl'^  el  XYU!*^  siècles,  aux^?'c/(.  de  l'ùijlisc.  On  payait  un  écu 
pour  faire  sonner  la  clocbe  décimale  pour  les  morts.  Le  produit  était  aflecté  aux 
charges  extraordinaires  des  décimateurs. 

(  *}  Rccés  magistraux  du  16  mars  1713.  2S  août  -1716,  2  juillet  -1727,  etc.  aux 
ArcJi.  de  Theu.r, 


123 


Les  armes  des  de  la  Haye,  aux  émaux  coloriés,  prennent  le  haut 
de  la  tablette.  Suit  l'épitaphe  incrustée  en  lettres  dorées  : 

D        0        M 

ET 

l'I/E  MEMORLE  REVEURNDl  DOMINl 

HIERONIMI  DE  LA  HAYE   QUONDAM 

IN  TECTIS  PAROCCHI  MERITISSDII  QUI 

VIVENS  ECCLESIAM  CURA  STUDIO  ZELO 

REXIT   REPARAVIT  ET  ORNAVIT 

PIE  ODDORMIVIT  IN  DOMINO 

FEBRUARY  22''^  1714 

REQUIESGAT  IN  PAGE 

AMICO  AMICUS  AMICE 

PONEBAT  SUCCESSOR 

MDCCXXII 

SLUSE. 

Sous  ces  mois,  un  petit  écusson  également  colorié  aux  armes 
de  Sîuse. 

Au  pied  de  la  chapelle  Wollî,  il  existe  deux  tombes,  une  de 
chaque  côté  des  marches  qui  conduisent  h.  la  chapelle  : 

CY  (,IT 

VENERABLE  VRAY 

PASTEVR  ET  PEIIE 

DES  PAVVUES  MAISTRE 

lEAN  DONEVX 

DOYEN  DE  LA 

CURESTIENTK 

TRESPASSÉ  L AN 

1636  LE  6 

d'aOVST.  PRIEZ 

rin:v  povr 

SON  AMK. 


Le  curé  Jean  Doneux  îivait  institué  les  communs  pauvres  de 
la  paroisse  de  Theux  ses  légataires  universels.  C'est  par  cette 
succession  qu'ils  devinrent  propriétaires  de  la  dîme  de  Rabofaz 
lez  Oneux,que  Jean  Doneux  avait  acquise  le  30  mai  1618  de  son 
cousin,  NoëlRivoulx  Doneux,  moyennant  le  prix  de  mille  ilorins 
liégeois. 

Le  haut  de  l'autre  pierre  funéraire  est  orné  d'un  calice  avec 
l'hostie,  posé  entre  deux  blasons  dont  l'un  est  aux  armes  de 
Sluse  ;  le  second,  écusson  de  femme  avec  la  crosse  et  le  cha- 
pelet, est  aux  armes  de  Leyten.  Puis  vient  l'épitaphe  : 

SIT.  NOMEN.  D^'.  IJENEDICÏUM. 
OfJYT.   30.  MARTY.  1720.  R°'^\  l)"'^^\ 

lOAXNES.  ANTONIUS.  DE.  SLUSE, 

PRiESBrrER.  HIC.  SEPULTUS.    PENES. 

DEVOTAM.  SOROREM.  MARGARITAM. 

LEYTEN. 

MATERTERAM.  SUAM.   ET.   MAGXl. 

BEGUINAGY.  BRUXELLENSIS. 

RELIGIOSAM.  QU.i:.  OBYT.  2!5"\ 

8'''"^    1669.    UTRIQUE.    FRATERNE. 

MOESTUS.   l'ONEBAT.   R""^    D^^^. 

CAROLUS.   DIOMSIUS.  DE.  SLUSE. 

PASTOR.  IN.  TECTIS. 

REQUIESCANT.  IN.   PAGE. 

A  côté  de  celle  lombe,  mais  encastrée  dans  le  mur,  on  aper- 
çoit une  dalle  en  marbre  rouge  ornée  des  armes  des  Limbourg 
etdesSlenibert,  sous  lesquelles  est  gravée  l'inscription  funéraire: 

IGY  DEVANT  EST  LA 
SEPVLTVRE  DES  GOlU'S 

uv  siEVR  pnn.UM'E  de 

LLMBOVRG  ESCHEVIN  DE 


—    12o  ~ 

THEVX, MAYEVR  DES 

TENANS  DE  GESTE  EGLISE 

ET  DECEDEZ  LE  27  9»"^ 

1684  ET   DE  DAM'^'^^  ANNE 

DE  STEMBERT  SA  FEMME 

QVI  MOVRVT  LE  28  DE  MARS 

1684.    PRIEZ  POVR  LEVRS 

AMES. 

Et  sur  une  seconde  dalle,  aussi  en  marbre,  ajoutée  immédia- 
tement en  dessous  de  la  première,  on  lit  : 

ET  DE  CELLE  DV  SIEVR  NICOLAS  DE 

LIMBOVRG  DOCTEVR  EN  MEDECINE 

LEVR  FILS  AISNE  DÉCÉDÉ  LE  7"^  d'aOVST 

1684. 

Sur  une  dalle  en  pierre  bleue,  placée  jusqu'en  1851  près  du 
balustre  et  aujourd'hui  sous  le  confessionnal,  dans  l'aîle  gauche, 
sont  les  armes  des  Limbourg  et  de  Collette,  gravées  en  relief 
avec  ces  mots  en  dessous  : 

ICY  REPOSENT  LES  CORPS  d'HONORARLE  M„j.  NICOLAS  DE  LIM150VRG  A  SON 
VIVANT  MAYEVR  DES  TENANTS  d'iCY,  ET  d'aBB.VYE  DE  BEAVFAYS,  ESCHEV1X 
DE  LA  IVSTICE  DE  THEVX  ET  CDIRVBGIEN  TRES  EXPERT  QVI  A  TRESPASSE  LE 
0"=  lOYB  DE  l'an  1643  ET  DAMOISELLE  MARIE  COLLETTE  SON  ESPEVSE 
TRESPASSÉE  l'aN  1658  LE  D"  d'S'^"^'.  PRIEZ  DIEV  POVR  LEVR  AME. 

Un  fragment  de  la  pierre  tombale  dlwnesie  et  dévoile  Lynor 
de  Borsut,  fille  d'un  commissaire  de  Liège  et  femme  de  Jehan 
Michel,  greffier  de  Theux,  décédée  en  septembre  1597,  fait  partie 
de  la  bordure  soutenant  l'exliausseaient  du  sanctuaire.  On  voit 
encore  gravés  dans  la  pierre  des  ornements  paraissant  être  dos 
lambrequins  d'armoiries.  Il  ne  reste  de  l'épitaphe  écrite  autour 
de  la  dalle  que  ces  quelques  mots  : 


—  126 


.ESTE  ELEONOIJE  DE  BORSVT  ESPEVZE  A  lEAN  MICHEL  LE  lEVNE. 


Deux  pierres  de  petites  dimensions,  juxtaposées  dans  le  pave- 
ment de  la  chapelle  de  S.  Joseph,  rappellent  deux  ecclésiastiques 
de  la  paroisse. 

La  première,  consacrée  à  Jean  Anscau,  curé  de  Theux,  de 
1636  à  1684,  est  en  marbre  noir.  Un  blason  très-saillant,  au- 
jourd'hui brisé,  occupe  le  haut  de  la  tombe;  puis  vient  cette 
épilaphe  erronée  quant  aux  dates  : 

ICY  ATTEND  LA  RESVRRECTlOiN 

VNIVERSELLE   VENERABLE   lEAN 

ANSEAV   LICENTIÉ    EN   THEOLOGIE 

QVI  AYANT  REGIS  LES  EGLISES 

PAROGHIALES  DE  GERPINE  V  ANS 

DE  BARBANSON  XIX  ET  DE  THEVX 

XXXII  EN  SA  VIE  IRREPREHENSIBLE 

EST  MORT  LE  V""^  DECEMBRE 

MDGLXXIV  AAGÉ  DE  XCII  ANS. 

PRIEZ  DIEV  POVR  SON  AME. 

L'inscription  sépulcrale  de  la  seconde  dalle  est  conçue  en  ces 
termes  : 

SCEPVLTVRE. 

DV.    R".  SIMON.  MICHOTTE. 

PRESTRE.  ET.  BENEFICIER. 

DÉCÉDÉ.  LE.  2'J.  MARS.  1734. 

REQVIESCAT.  IN.  PAGE. 

AMEN. 

On  voyait  avant  1851,  dans  le  pavement  de  cette  chapelle, 
deux  pierres  qui  lurent  alors  relevées  et  enchasséL-s,  l'une  dans 
le  mur  do  la  chapelle  de  la  Ste-Vierge,  l'autre  dans  la  paroi  de 
la  chapelle  de  St.  Joseph. 


-    [21  — 

La  première,  quoiqu'ayant  souffert  du  frottement  des  pieds, 
est  assez  bien  conservée.  Elle  est  divisée  en  deux  parties  pres- 
que égales.  On  remarque  au  centre  de  la  partie  supérieure  un 
écusson  aux  armes  d'Eynatten  et  dans  chacun  de  ses  angles  un 
blason  de  plus  petite  dimension,  également  armorié  ;  le  nom  est 
gravé  sur  un  cartouche  posé  en  dessous  des  quatre  blasons.  Ce 
sont  :  Eynatten,  Argenteau,  Brandenburch,  Longchamps.  L'épi- 
taphe  occupe  la  partie  inférieure  de  la  dalle  : 

ICY  REPOSE  NOBLE  ET  GENEREVX 

SEIGNEVR  HENRY  d'EYNATTEN  EN 

SON  TEMPS  S'^'^  DE  BOLLANDT. 

IVLEMONT,  BEAVREPAmE,  ETC. 

GRAND  M'*^  D'HOSTEL  DV  SER"'' 

PRINCE  DE  LIEGE  ET  GOVVERNEVR 

DE  FRANCHIMONT  QVI  TRESPASSAT 

LE  6^  DE  JANVIER  l'aN  1579. 

PRIEZ  DIEV  POVR  SON  AME. 

La  dalle  emmuraillée  dans  la  chapelle  du  côté  de  l'épîlre,  a 
été  reproduite  par  la  gravure  et  décrite  par  M.  J.  Helbig  h  la 
page  4  du  Recueil  des  monuments  funéraires,  dalles  sépulcrales  et 
pierres  volives  les  plus  remarfjuables  de  la  Belgique.  J'emprunte 
les  lignes  que  M.  Helbig  lui  consacre  :  «Tombeau  d'un  chevalier 
et  de  sa  dame.  Cette  pierre,  sculptée  en  relief,  est  tirée  de 
l'église  deTheux.  L'épitaphcest  aujourd'hui  entièrement  effacée, 
de  môme  que  les  blasons  dont  les  écussons  subsistent  encore 
aux  quatre  angles  de  ce  tombeau.  Il  n'a  donc  pas  été  possible 
d'établir  k  quelles  familles  appartiennent  ces  deux  figures,  qui 
ont  également  soulîért,  cette  pierre  ayant,  jusqu'en  185G  (lisez 
18ol),  fait  partie  du  pavé  de  l'église.  Les  costumes,  l'ornemen- 
tation élégante  des  colonnetles  et  de  la  frise  dans  le  style  de  la 
renaissance,  permettent  de  présumer  que  ce  monument  a  été 
élevé  vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  «  On  ignorait  déjh  du 


—  128  — 

temps  de  Saumery  (')  le  nom  des  seigneurs  en  riionneur  de 
qui  ce  monument  avait  été  érigé.  On  prétend,  dit  Bovy  (-), 
qu'elle  appartient  à  un  sire  de  Lynden. 

Un  examen  minutieux  m'a  permis  de  constater  qu'une  croix 
est  la  pièce  de  l'écu  dominant  la  colonnelte  posée  entre  le  che- 
valier et  sa  dame;  la  tombe  peut  donc  appartenir  à  un  membre 
de  la  famille  de  Lynden  qui  porte  de  gueules  h  la  croix  d'argent. 
Mais  l'histoire  n'a  conservé  le  nom  d'aucun  seigneur  de  cette 
illustre  maison,  ayant  habité  le  pays,  avant  Robert,  chevalier 
de  Lynden  ('),  enterré  dans  l'église  de  Theux  l'an  1610,  date 
qui  ne  concorde  pas  avec  l'époque  présumée  par  M.  J.  Helbig. 

M.  Conrardy,  dans  un  esprit  de  conservation,  retira  du  mur 
extérieur  une  croix  grecque  qu'il  encastra  au-dessus  de  cette 
dernière  tombe.  «  A  l'extérieur  de  l'église,  dit  Bovy,  derrière 
l'un  des  autels,  est  une  autre  pierre  incrustée  dans  la  muraille, 
taillée  en  croisette  et  représentant  la  figure  d'un  chiist.  Les 
quatre  coins  sont  occupés  par  de  petits  anges  aîlés,  assis  sur 
des  lions.  Elle  semble  avoir  fyit  partie  d'un  plus  grand  monu- 
ment, mais  elle  porte  le  caractère  d'une  haute  antiquité.  f> 

Cette  description  de  Bovy  n'est  pas  correcte  :  le  centre  est 
occupé  par  un  christ,  la  tête  environnée  d'un  nimbe  cruciforme. 
Sous  son  bras  droit,  on  aperçoit  un  personnage,  vu  de  profil, 
les  mains  jointes,  pliant  légèrement  les  genoux.  L'extrémité 
inférieure  de  la  croix,  arrondie  par  le  bas,  est  ébrêchée.  Ou 
voit  h  chacune  des  trois  autres  extrémités,  un  médaillon  dans 
lequel  se  trouve  sculpté  un  des  attributs  des  évangclistes,  l'aigle 
à  droite,  le  lion  h  gauche,  l'ange  en  haut.  Les  pieds  du  christ 
atteignent  le  bas  de  la  croix  ;  il  semble  évident  que  si  l'attribut 
de  S.  Luc  a  dû  trouver  une  place  dans  le  monument,  ce  doit 
être  sur  une  autre  pierre  aujourd'hui  perdus. 

(  •)  «  On  ignore  de  qui  peut  être  l'autre,  dont  l'inscription  est  en  partie  eflacée.  » 
Ouv.  cité,  t.  II,  p.  2-io. 
(*)  Ouv.  cité,  t.  II,  p.  72. 
(■")  Il  fui  gouverneur  du  nuirquisat  de  Franchimont  depuis  1578  jusqu'à  sa  mort. 


—  120  — 

Enfin  une  pierre  sépulcrale  se  trouve  dans  la  chapelle  Wolft", 
avec  l'épilaphe  : 

t 
I    H    s 

SEPULTURE 

DE  MADAME  MARIE 

ISABELLE  CONSTANCE 

DE  MARTEAU 

DECEDEE 

LE  12  DU  MOIS  d'AOUST 

1798 

VEUVE  DE  MONSIEUR 

lEAN  BERNARD 

WOLFF 

DECEDE 

LE  6   DU  MOIS  DE  JUIN  1779 

REQL'IESCANT  IN  PAGE. 

A  rextérieur  de  l'église,  à  côté  du  parvis,  est  emmuraillé  dans 
la  base  de  la  tour,  le  fragment  de  croix  funéraire  portant  l'épi- 
laphe gravée  en  relief  : 

ici 

REPOS 
HELMANo 

risoN  lA"  600. 

Saumery  cite  cette  inscription  comme  une  preuve  de  l'anli- 
quilé  de  l'église.  Prévenant  l'objection  «  que  les  expressions  ne 
se  sentent  pas  d'iine  antiquité  si  reculée  et  qu'on  pourrait  avoir 
omis  le  mil,  qui  aurait  tait  mil  six  cens  »,  il  ajoute  :  «  outre  que 
cette  pierre  est  en  ce  lieu  avant  l'an  mil  six  cens,  elle  porte  des 
marques  d'une  ancienneté  incontestable  (').  »  Bovy  appuyé  la 

(*)  Ouv.  cité,  t.  III,  p.  244,  en  note. 


—  130  — 

même  idée  lorsqu'il  écrit  :  «  les  caractères  de  cette  inscription 
ne  s'accordent  point  avec  sa  date  reculée;  on  pourrait  croire 
que  l'on  y  a  omis  le  cliilïre  i  qui  donnerait  1600;  mais  il  paraît 
avéré  qu'elle  était  connue  îi  cette  place  bien  antérieurement  au 
16"  siècle  (').  »  Delrooz  qui  n'a  pas  vu  la  pierre,  mais  qui  en  a 
ouï  parler,  dit(-)  :  «  cette  prétendue  inscription  paraît  bien 
suspecte.  » 

Je  ferai  remarquer  de  prime  abord  que  ces  auteurs  n'ont  pas 
lu  correctement  l'épitaphe  d'Helman  Pison.  Je  n'y  vois  pas  l'an 
600,  ainsi  qu'ils  l'écrivent,  mais  bien  les  caractères  ia*  600,  i  et  a 
trop  rapprochés  l'un  de  l'autre  pour  croire  que  i  soit  l.  Il  est 
permis  de  supposer  une  maladresse  de  la  part  de  l'ouvrier  tail- 
lant la  pierre,  qui  aura  cherché  à  la  corriger  par  l'intercalation 
d'A-  dans  le  millésime.  Il  faudrait  donc  lire  a"  1600.  J'appuie  ma 
conjecture  sur  des  preuves  puisées  aux  Archives  fabriciennes  et 
communales  de  Tlieux.  En  efïet,  le  8  novembre  1599,  on  célébra 
les  obsèques  de  Hylman  de  Spixhe  et  le  lendemain  celles  de 
Barbe,  sa  femme  (^).  Or,  un  registre  des  Archives  de  la  com- 
mune, intitulé  :  s'ensuyent  les  noms  des  masuyrs  etstirseans  rési- 
dents en  ban  de  Theux,  mentionne,  en  l'année  1574,  entre  plu- 
sieurs Pison,  un  Helman  Pison  au  nombre  des  habitants  du 
hameau  de  Spixhe.  Ce  nom  ne  se  trouve  plus  dans  le  cahier  de 
taille  collectée  en  1604  par  Poncelet  Noël  et  Gilles  le  Doyen, 
mayeur,  bien  qu'il  ligure  encore  dans  un  cahier  d'imposition 
non  daté,  mais  postérieur  à  1595. 

Il  est  évident,  me  semble-t-il,  que  celle  croix  funéraire  fut 
posée  l'an  1600  sur  la  tombe  de  Pison,  mort  l'an  1599,  et  que 
postérieurement  le  fragment  dont  il  s'agit  a  été  emmuraillé  dans 
la  tour. 

J'ai  trouvé  dans  les  papiers  de  mon  aïeul,  J. -P.  de  Limbourg, 

,'  ')  Ouv.  citii,  t.  Il,  p.  1-2. 

(*)  Histoire  du  ma>(]Hisat  Je  Fiancliimoiii,  ['q  partie,  p.   iS. 

('  )  licgiurc  d'ainiouccs  du  curé  de  Theux,  de  ISSGà  lOOf),  auxÀrch.\de  l'église. 


—  131  — 

une  noie  qui,  peut-être,  fait  allusion  à  l'inscription  d'Hclman 
Pison.  Je  ne  suis  pas  h  même  de  la  vérifier,  ne  possédant  pas 
l'ouvrage  auquel  elle  renvoie,  Celte  note  est  ainsi  conçue  : 

«  On  désireroit  d'avoir  l'épilaplie  qui  doit  se  voir  à  Theu  sur 
une  pierre  sépulcrale  près  de  la  porte  de  l'église;  c'est  celle 
d'un  seigneur  qui  avait  été  attaché  i\  Zucnlibolde,  roi  de  la 
Basse-Lorraine,  dont  il  est  fait  mention  dans  les  Mémoires  de 
r Académie  des  inscriptions,  etc.  de  Paris,  t.  XXÏV,  p.  780.  » 

Je  rappelle,  pour  terminer  la  nomenclature  des  inscriptions 
lumulaires,  celle  de  Jean  Gaye,  qu'on  voit  sur  une  pierre  ma- 
çonnée du  côté  de  la  rue,  dans  la  muraille  clôturant  le  cime- 
tière : 

ICY  HONORE  lAN  GAYE  DIT  PICHAIX 
I>E  LA  REM)  SEHGEANT  DE  GVERRE  FVT 
NAVRE^  A  LA  MORT  CASVELEMENT  o'vNE 
MOSKET  SVR  LE  CIMETERE  RETOVRNANT 

DE  LA  PCESSION  LE  lOVR  UV  V'-'^  S"^  vSACRAMET 
29"'=  DE  MAY  ET  TRESPASSA  LE  5  DE 

IVING  EN  SVIVANÏ   1614  DIEV  l'ARSOLVE.  W. 

Curés. 

La  collation  de  la  cure  de  Theux  était  un  fief  dépendant  de 
la  seigneurie  d'Aigrcmont  qui,  jusqu'en  1660,  fit  partie  des 
domaines  de  la  maison  de  la  Marck,  prince  d'Aremberg  et  de 
Barbanson.  Après  avoir  passé  dans  différentes  familles,  elle 
parvint  en  171^),  par  aciiat,  aux  de  Clercx,  qui  en  conservèrent 
tous  les  droits  seigneuriaux  jusqu'à  leur  abolition  par  le  Gou- 
vernement de  la  république  française. 

La  portion  congrue  compétente  anciennement  au  curé  était 
de  9i  muids;  son  patron  lui  abandonna,  au  lieu  de  ces  muids, 
la  sixième  part  de  la  grosse  dîme  et  la  moitié  de  la  menue  dîme 
de  toute  la  communauté,  les  hameaux  de  Polleur  et  de  Hestrou- 


—  132  — 

mont  exceptés.  Le  curé  percevait  ces  dîmes  sans  en  faire  relief; 
le  seigneur  d'Aigremont  continua  à  les  relever  avec  ses  autres 
fiefs  comme  avant  leur  cession. 

Le  produit  de  la  dîme  du  paslorat  se  montait,  en  1752,  à  la 
somme  de  1868  f*.  16''  2',  celui  du  doyardà  116  P\  non  compris 
neuf  journaux  (')  de  terre  situés  en  Cliawieumoiit  et  une  prai- 
rie sise  enWayot  dont  la  contenance  n'est  pas  spécifiée.  Pour 
établir  le  revenu  de  la  cure  évalué  h  la  fin  du  dernier  siècle,  à  la 
somme  de  mille  écus,  il  faut  y  ajouter  les  fondations  pieuses  et 
le  casuel. 

Au  nombre  des  charges  et  obligations  du  curé,  se  trouvait 
l'entretien  du  chœur  de  l'église  et  du  presbytère;  cependant 
le  magistrat  intervenait  quelquefois  lorsqu'il  s'agissait  d'amélio- 
rations sérieuses  apportées  aux  dépendances  de  la  maison  pas- 
torale ('^). 

Si  par  hasard  les  ressources  du  curé  étaient  insuffisantes 
pour  couvrir  des  dépenses  de  fespèce,  il  contractait  un  em- 
prunt dont  il  garantissait  le  capital  et  le  service  des  intérêts  en 
hypothéquant  les  revenus  du  pastoral.  Le  cas  se  présenta  en 
1784.  Michel  Thill,  voulant  réparer  le  presbytère,  créa  au  pro- 
fit de  la  baronne  de  Rosen  une  rente  annuelle  de  180  f'\  au 
capital  de  6,000  V\  B.-L.  Il  cessa  d'acquitter  celte  rente  lors- 
qu'il fut  privé  des  biens  curiaux.  La  baronne  de  Rosen  le  cita 
en  justice  pour  en  obtenir  le  payement.  Le  curé  fut  condamné 
à  payer  les  intérêts,  pour  tout  le  temps  qu'il  avait  joui  des  biens- 
fonds  curiaux,  et  quant  h  leur  service  postérieur  ji  la  mise  à 
exécution  dans  la  commune  des  lois  et  arrêtés  relatifs  aux 
biens  des  curés,  la  demanderesse  fut  déclarée  non  fondée  dans 

49 

(*)  Journal  ou  cent  verges  peliles  ou  21  ares  79 centiares. 

100 
(-2)  a  Le  l*:''juin  ^719,  le  magistrat  fait  accord  avec  le  curci  concernant  les  vépu- 
rations  d'une  petite  maison   annexe   du  presbytère.  Le   curé  voulait  la  couvrir  en 
chaume  comme  elle  était.  Le  magistrat  s'engage  à  payer  la  dillorence  si  le  pasteur 
fait  un  toit  en  ardoises.  «•  lArch.  de  Tlieux.) 


—  133  — 

sa  demande  et  renvoyée  à  se  conformer  aux  lois  et  arrêtés  con- 
cernant les  créances  ii  charge  de  l'Etat. 

Les  barons  de  Rosen  de  Haren  et  de  Moffaerts,  représentants 
la  baronne  de  Rosen,  demandèrent  à  l'administration  de  la 
commune  de  Theux,  de  comprendre  leur  créance  à  charge  de 
sa  cure,  dans  la  liquidation  de  la  dette  constituée  et  exigible  de 
l'ancienne  communauté  de  Theux.  Leur  réclamation  fut  rejetée 
parle  Conseil  municipal  dans  ses  séances  du  16  mai  1817  et 
14  décembre  1818,  pour  les  motifs  invoqués  dans  le  jugement 
intervenu  entre  eux  et  le  curé,  c'est-à-dire  que  leur  créance  ne 
pouvait  être  considérée  comme  une  dette  communale  ('). 

Le  nom  du  plus  ancien  curé  de  Theux  parvenu  jusqu'à  nous 
est  celui  de  Lambert,  qui  vivait  à  la  fin  du  XIP  siècle  et  qui 
fournit  à  Lambert-le-Bègue  l'occasion  d'écrire  son  A^itigra- 
phum. 

J'ignore  quels  furent  ses  successeurs  jusqu'en  1507.  Les  ves- 
tis  de  la  paroisse,  Messire  Walhieu  Brufib,  Sire  Pierre  de 
Rare  et  Sire  Bertrand  Montpierre,  né  à  Polleur('^),  avaient 
fondé  des  anniversaires  qu'on  célébrait  de  1586  à  1609,  mais 
qu'on  ne  décharge  plus  aujourd'hui  (^). 

Selon  une  note  que  je  possède,  noie  écrite  vers  1785,  il  n'y 
eut  à  Theux  que  sept  ou  huit  curés  résidants  avant  le  curé 
d'alors,  Michel  Thill  ;  auparavant  un  tréfoncier  de  Liège  était 

(*)  Arch.  de  Theux. 

(î)  «  Au  même  lemps  on  célébrait  les  anniversaires  d'Ernu  de  Charneux,  châtelain 
de  Franchimont,  de  Johan  Tome^on,  châtelain  de  Franchimont,  et  d'Idelette  sa 
femme;  d'?':  ylebert  de  Presseux,  châtelain  de  Franchimont,  et  de  Da''"'^  Marie  de 
Mye,et  de  Da'il'e  Marguerite,  ses  deux  femmes;  de  Henry  d'Eynaten,  gouverneur  de 
Franchimont  ;  enfin  de  Régal  de  Feche,  messire  son  père  et  madame  sa  mère.  ^ 
[Registre  d'annonces  cité.) 

(')  «  nodbomont  :  les  représenlans  Mathy  Vieltemps  au  présent  Bertrand  pier  de 
fosseit  quy  at  laissy  sire  Bertrand  Monpier  jadit  curé  de  Theux  quatre  sticrs  corne 
apart.  par  lart.  LVIIe  dudit  obiler  »  (Cahier  des  rentes  pour  1S96;  aux  Arch.  de 
l'église).  On  devait  également  à  l'église  un  demi-setier  d'avoine  sur  la  maison  de  Ber- 
trand Montpierre  située  à  Marché  sous  Franchimont. 


—  134  — 

curé  et  il  nommait  un  desserviteur  habitant  la  localité  pour 
remplir  ses  fonctions.  M,  le  chanoine  N.  Henrotte  a  eu  l'obli- 
geance de  me  signaler  le  nom  du  curé  de  Theux  en  1538,  Jean 
de  Rôle,  chanoine  de  Liège,  curé  non  résidant  et  remplacé  par 
un  vicaire.  Cette  communication  bienveillante  corrobore  l'écrit 
de  178S,  mais  ne  concorde  pas  avec  les  archives  labriciennes 
qui  indiquent  h  cette  date,  en  qualité  de  vesti  ou  de  curé,  Sire 
Bertrand  Montpierre,  de  Polleur. 

En  présence  de  cette  contradiction,  je  me  demande  si  le 
vesti  était  réellement  le  curé  ou  bien  si  c'était  simplement  le 
coadjuteur.  M'abstenant  de  me  prononcer  h  cet  égard,  je  don- 
nerai la  nomenclature  des  vestis  et  des  curés  delà  paroisse,  en 
fesant  remarquer  que  leur  succession  chronologique  et  suivie 
ne  s'étabht  que  depuis  1586.  Les  noms  et  les  dates  sont  puisés 
dans  les  comptes  et  les  registres  de  la  fabrique  conservés  h.  la 
cure  : 

Sire  Jacques  d'Awans,  vesti  en  1507  et  1522, 

Sire  Bertrand  Montpierre,  vesti  en  1533  et  1552. 

Sire  Johan  Raison,  curé,  doyen  du  concile  de  St-Remacle,  en 
1586  à  1609. 

Maître  Johan  Doneux,  curé,  doyen  du  concile  St-Remacle, 
1609,  mort  le  6  août  1636. 

Maître  Jean  Anseau,  1636,  mort  le  5  décembre  1684. 

Jérôme  de  la  FLnye,  1684,  mort  le  22  février  1714. 

Charles  Denis  de  Sluse,  15  mai  1714,  mort  le  14  janvier 
1742  ('). 

Charles  Moreau,  20  janvier  1742,  décédé  à  Nassoniwn  (Nas- 
sogne),  le  17  janvier  1752. 


(1)  0.  D.  de  Sluse  institua  à  Polleur,  le  28  décembre  17121,  une  Cour  de  tenants, 
composée  du  vice-curJ,  de  quatre  tenants  et  d'un  greffier  qui  prêtèrent  serment  h 
Thoux,  entre  les  mains  du  cure'  et  de  la  Cour  des  tenants,  le  31  décembre  1721.  Le 
curé  de  Theux  se  réservait  l'arbitrage  dans  les  contestations  qui  pouvaient  surgir 
entre  les  tenants  de  Pollpur  et,  en  qualité  de  mambour  surimcmlant,  l'approbation 
des  comptes  de  l'église  et  des  pauvres  de  Polleur. 


—  13o  — 

Jean  Pierre  Jeunecliamps,  26  février  1752,  décédé  à  Âywaille, 
le  2  août  1781. 

Michel  Thill,  protonotaire  apostolique,  1781,  mort  à  Theux, 
le  7  mai  1810. 

Lambert  Beaumont,  1810,  démissionnaire  en  1827,  décédé  à 
Jalhay,  le  2  décembre  1828. 

Lambert  Vandenbrouck,  1827,  décédé  à  Theux,  le  3  juin  1847. 

Malhias-Joseph  Conrardy,  1847,  promu  à  Sle-Croix,  à  Liège, 
en  1855. 

Christophe  Grenade,  janvier  1855,  promu  à  Ste-Véronique,  à 
Liège,  en  décembre  1864. 

Nicolas  Habay,  curé,  depuis  le  31  décembre  1864. 

Coui*   des   tenants. 

Le  patrimoine  de  l'église  et  des  pauvres  de  la  paroisse  était 
administré  par  le  curé  et  deux  mambours.  A  la  sollicitation  de 
ces  derniers,  la  souveraine  cour  de  jusiice  de  Liège  institua,  le 
23  février  1457,  une  cour  de  tenants  composée  de  sept  membres, 
autorisés  à  choisir  un  mayeur  qui,  avec  le  curé,  compléterait  la 
cour.  Le  curé,  le  mayeur  et  les  sept  tenants  avaient  voix  déli- 
bérative. 

Les  mambours  poursuivaient  en  jusiice,  soit  en  demandant, 
soit  en  défendant,  les  actions  intentées  h  ou  par  la  cour  dont 
ils  étaient  délégués  à  celte  fin. 

Les  transports  passés  en  faveur  de  l'église  et  des  pauvres 
furent  réalisés  devant  la  nouvelle  cour  depuis  son  institution 
jusqu'à  la  promulgation  des  statuts  et  ordonnances  de  Gérard 
de  Groosbeck,  rfc'formant  la  jusiice,  1572,  dont  l'art.  32  du  cha- 
pitre l'^"'  interdit  de  faire  œuvres  devant  toute  cour  autre  que  la 
cour  de  jusiice,  à  moins  de  les  reconnaître  devant  celle  der- 
nière, seule  apte  à  donner  priorité  aux  actes. 

On  continua,  il  est  vrai,  pendant  plusieurs  années  à  trans- 
porter devant  les  tenants,  mais  on  renouvelait  et  ratifiait  les 
œuvres  devant  les  échevins.  Enfin  les  tenants  finirent  par  deve- 
nir de  simples  administrateurs. 


—  136  — 

Les  tenants  étaient  nommés  à  vie.  A  la  mort  d'un  membre 
de  la  cour,  mayeur  ou  tenant,  l'église  faisait  célébrer  pour  le 
repos  de  son  âme  un  service  dit  messe  des  tenants  et,  à  la  sortie 
de  l'office,  la  cour,  réunie  à  la  maison  pastorale,  lieu  ordinaire 
de  ses  assemblées,  donnait  au  défunt  un  successeur  dont  elle 
recevait  le  serment  sans  désemparer,  hormis  son  absence  de 
la  localité. 

Si  un  tenant  était  élevé  au  préloriat  par  le  décès  du  titulaire, 
il  reposait  im7nédiate7nent  sa  charge  de  tenant  pour  ne  pas  réunir 
deux  places  sur  une  même  tête,  ce  qui  eût  été  contre  Je  bien-être, 
parce  qu'il  y  aurait  eu  une  personne  et  une  voix  de  moins  ('),  et  il 
était  incontinent  pourvu  à  la  nouvelle  vacature.  La  cour  élisait 
de  même  son  greffier  :  celui-ci,  s'il  n'était  pas  tenant,  le  deve- 
nait ordinairement  dans  la  suite. 

Ses  assemblées  ordinaires,  au  nombre  de  quatre  par  année, 
étaient  fixées  h  la  dernière  des  fêtes  de  Pâques  et  de  la  Pente- 
côte, au  jour  de  S.  Michel  et  au  dernier  jour  de  l'an.  Les  assem- 
blées extraordinaires  se  tenaient  selon  les  besoins  de  l'église 
ou  des  pauvres. 

La  cour  nommait  dans  son  sein  ou  en  dehors  un  mambourde 
l'église  et  un  mambour  des  pauvres.  Il  n'y  avait  point  incompa- 
tibilité entre  ces  deux  dernières  fonctions.  Elus  pour  un  an,  ils 
pouvaient,  h  l'expiration  de  l'année,  être  continués  dans  leur 
mambournie  par  une  nouvelle  élection. 

Les  mambours  étaient  les  receveurs  de  l'église  et  des  pauvres; 
ils  percevaient  les  deniers  et  payaient  les  dépenses  ordonnées 
par  la  cour.  Ils  poursuivaient  en  justice,  soit  en  demandant,  soit 
en  défendant,  les  actions  intentées  pnr  ou  ii  la  cour,  dont  ils 
étaient  délégués  h  celte  fin.  Le  mambour  de  l'église  était,  en 
outre,  chargé  de  la  surveillance  des  travaux  exécutés  à  l'église, 
de  la  fourniture  des  matériaux  exigés  par  ces  travaux  et  de 
l'achat  des  objets  nécessaires  au  culte.  Il  recevait  pour  traite- 
ment deux  muids  légués  anciennement  à  un  mambour.  La  cour, 

(  ^)  Assemblée  du  28  juin  -1780,  aux  Arch.  de  t'étjlise. 


—  i:}T  — 

dans  son  assemblée  du  31  mai  1783,  en  considération  de  l'aug- 
mentation des  revenus  de  la  fabrique,  remplaça  les  deux  muids 
par  un  tantième  de  3  %  sur  les  revenus  fixes  et  casuels,  mais  le 
maniement  des  capitaux  devait  être  gratis  (  '  ). 

Le  mambour  des  pauvres  ne  jouissait  d'aucun  traitement;  il 
faisait  la  besogne  par  honneur  et  pour  Dieu. 

Les  mambours  prêtaient  serment  devant  la  cour  à  leur  entrée 
en  fonctions  et,  à  leur  sortie,  ils  lui  rendaient  compte  de  leur 
gestion  dans  une  assemblée  convoquée  à  cet  effet.  L'archidiacre 
du  Condroz,  G.  L.  Clercx,  exigea  que  les  mambours  se  rendissent 
à  Liège  pour  lui  rendre  leur  compte.  Les  mambours  s'y  refusè- 
rent :  mais,  par  condescendance  envers  sa  seigneurie,  ils  offri- 
rent de  lui  en  transmettre  une  copie,  sans  toutefois  se  reconnaître 
soumis  h  cette  exigence.  Son  procureur  fiscal  Lebrun  leur  intenta 
d'autorité  arcliidiaconale  une  action  criminelle  sous  prétexte 
qu'ils  avaient  méprisé  l'autorité  et  la  juridiction  de  sa  seigneurie 
en  refusant  de  lui  rendre  leur  compte  (17S9).  Les  mambours 
répliquèrent  qu'ils  ne  méprisaient  ni  l'autorité  ni  la  juridiction 
de  l'archidiacre,  mais  que  la  coutume  était  de  rendre  compte  à 
ceux  qui  nommaient  et,  élus  de  la  cour  des  tenants, c'était  à  elle 
qu'ils  étaient  soumis.  De  plus,  la  cour  ayant  été  instituée  par  les 
échevins  de  Liège,  elle  reconnaissait  pour  unique  chef  la  sou- 
veraine justice  de  Liège  et  niait  la  compétence  prétendue  de 
l'archidiacre  en  toutes  matières  qui  la  concernaient.  Condamnés 
en  instance,  les  mambours  en  appelèrent  h  la  nonciature  qui 
débouta  le  fiscal  Lebrun  de  ses  prétentions,  attendu  que  la  cour 
des  tenants  et  ses  mambours  avec  elle  dépendent  de  MiM.  les 
échevins  de  Liège. 

Ce  procès  avait  été  intenté  h  l'instigation  du  curé.  Pourvu  en 
1752  de  la  cure  de  Theux,  étant  simple  sous-diacre,  J.-P.  Jeune- 
champs,  homme  sans  expérience  et  très-remuant,  se  mit  d'abord 
en  opposition  avec  les  tenants.  Il  leur  ferma  sa  maison,  refusant 

(  1  )  Les  revenus  fixes  et  casuels  se  monlaienl  alors  à  50  pistoles  environ.  Le 
curé  louchait  directement  le  prix  des  rentes  laissées  pour  exonération  de  services 
religieux,  de  même  que  son  casuel  et  tout  ce  qui  lui  compétait. 


—  138  — 

de  les  recevoir  pour  les  assemblées,  cherchant  mille  prétextes 
pour  se  dispenser  d'y  assister  et  pour  entraver  la  marche  des 
affaires  (17o7). 

La  cour  députa  L.-J.-J.  Demarleau,  tenant  et  son  mambour 
de  l'église,  pour  présenter  une  supplique  à  l'archidiacre,  supé- 
rieur du  curé,  afin  qu'il  obligeât  celui-ci  à  recevoir  les  tenants 
i\  la  maison  pastorale  ou  qu'il  les  autorisât  de  s'assembler  chez 
leur  mayeur  ou  ailleurs  (mai  1758).  L'archidiacre  chargea  J.  de 
Hare,  son  officiai  et  doyen  de  S.  Christophe,  de  faire  compa- 
raître un  membre  de  la  cour  des  tenants  avec  le  curé  pour 
entendre  leurs  raisons  et  les  mettre  d'accord  si  possible.  De 
Hare  arbitra,  le  22  août  1758,  que  la  cour  continuerait  à  tenir 
ses  assemblées  ordinaires  dans  la  maison  pastorale  et  qu'en 
l'absence  du  curé  celui-ci  serait  remplacé  par  son  vicaire.  En 
cas  de  réunion  extraordinaire,  la  cour  devait  prévenir  le  curé 
deux  jours  à  l'avance. 

Le  curé  ne  tint  guère  compte  de  la  décision  de  l'offîcial;  il 
refusa  de  nouveau  l'entrée  de  sa  maison  à  la  cour,  qui  se  vit 
forcée  de  s'assembler  chez  un  de  ses  membres;  elle  sollicita 
ensuite  dumagistrat  l'autorisation  de  tenir  ses  séances  à  l'Hôiel- 
de-Ville,  ce  qui  lui  fut  immédiatement  accordé. 

Les  hostilités  continuèrent  entre  la  cour  et  le  curé.  Une  diffi- 
culté surgit  au  sujet  de  l'administration  des  revenus  des  com- 
muns pauvres  (!e  la  paroisse  et  de  la  distribution  qui  leur  en 
était  faite.  Les  tenants  la  soumirent  â  l'appréciation  de  l'archi- 
diacre. Aidé  de  quelques-uns  de  ses  partisans,  le  curé  proposa 
â  G.  L.  Clercx,  de  nommer  des  tenants-adjoints;  l'archidiacre 
agréa  cette  idée  ;  par  ordonnance  du  3  octobre  1758,  il  désigna 
en  cette  qualité  les  vice-curés  de  Polleur  et  de  La  Reid,  Gilles 
Dethier,  Alexandre  Malherbe  et  Thomas-Hubert  de  Limbourg, 
leur  accordant  la  même  autorité  active  et  passive  qu'aux  mam- 
bours  et  aux  tenants. 

Lorsqu'on  donna  lecture  de  l'ordonnance  du  3  octobre  à  l'as- 
semblée de  la  cour,  le  mayeur  J,-N.  de  Presseux  et  les  tenants 
L.-J.-J.  de  Marteau,   L.  Boniver,  J.-P.  de  Limbourg  etF.-J. 


—  139  - 

Pouheau  protestèrent  et  se  retirèrent.  Ils  adressèrent  sans  tarder 
une  supplique  à  l'archidiacre,  lui  exposant  que  l'institution  des 
membres  adjoints  était  une  innovation  inutile  et.  que  la  cour, 
composée  de  gens  capables,  était  en  nombre  suffisant  pour  le 
petit  nombre  d'affaires  de  son  ressort;  ils  le  priaient  donc  de 
révoquer  son  ordonnance  du  3  octobre.  L'archidiacre  Clercx 
répondit  en  ordonnant  aux  tenants  de  comparaître  par  délégué 
et  au  curé  en  personne  devant  son  officiai  de  Hare.  Le  curé  ne 
se  rendit  pas  h  l'invitation  archidiaconale. 

Sur  ces  entrefaites,  les  nouveaux  adjoints,  à  l'exception  de 
Malherbe,  avaient  prêté  serment  entre  les  mains  du  curé  et  des 
tenants  Gilles  Cornesse  et  Henry  Dandrimont.  Ils  administraient 
et  remplissaient  les  fonctions  de  tenants,  en  apposant  leur 
signature  sur  diverses  pièces,  notamment  sur  des  bons  de 
secours  aux  pauvres-.  La  majorité  de  la  cour  en  impétra  des 
mandements  de  foule  et  de  maintenue  contre  Dethier  et  T. -H. 
de  Limbourg,  ainsi  que  contre  ses  deux  collègues  qui  les  avaient 
reçus,  malgré  la  résolution  du  corps  dont  ils  étaient  membres 
(1759).  Elle  les  cita  devant  la  justice  souveraine  de  la  cité  et  pays 
de  Liège.  La  base  principale  de  son  action  reposait  sur  ce  que 
la  nomination  des  adjoints  par  l'archidiacre  était  tout  au  moins 
déplacée,  parce  que  la  cour  était  laïque  et  non  ecclésiastique. 
Les  adjoints  niaient  la  compétence  de  tout  tribunal  séculier  : 
selon  eux,  la  cour  était  religieuse.  A  l'appui  de  cette  opinion, 
ils  faisaient  valoir  que,  dans  toutes  les  contestations,  les  tenants 
s'en  référaient  à  l'archidiaci'e. 

Cependant  Cornesse  et  Dandrimont  continuèrent  à  assister 
aux  séances,  à  participer  aux  élections,  en  un  mot  à  gérer  avec 
leurs  collègues  comme  avant  l'introduction  des  adjoints,  qui 
étaient  exclus  par  la  majorité. 

T. -H.  de  Limbourg  mourut  pendant  rinstance  (1761).  Ses 
héritiers  résumèrent  son  action  et, apiès  avoir  succombé  devant 
les  échevins  de  Liège,  ils  se  joignirent  à  Dethier  pour  appeler 
de  la  sentence  au  conseil  ordinaire  de  Liège  (1763).  Cornesse  et 


—   liO  — 

Dandrimont,  également  condamnés,  en  appelèrent  aussi  de  la 
sentence  ficabinaie. 

Dethier,  Boniver  et  Pouheau  descendirent  dans  la  tombe 
avant  la  fin  du  procès.  Leurs  parents  se  mirent  en  leurs  lieu  et 
place.  Le  19  janvier  '1773,  le  conseil  ordinaire  ordonna  aux 
parties  de  comparaître  enpleincorps  pour  les  entendre  et  accorder 
si  faire  se  peut,  sinon  sera  appointé.  Une  transaction,  par  laquelle 
chacune  des  parties  paya  ses  frais,  intervint  le  8  février  1775  ; 
ce  procès  fut  enfin  terminé  et  la  cour  continua  à  fonctionner 
comme  avant  l'ordonnance  du  3  octobre  jusqn'h  son  remplace- 
ment par  des  marguiiliers-administrateurs  des  biens  et  revenus 
des  fabriques  d'église,  27  pluviôse  an  XIL 

La  cour  des  tenants  élisait  un  petit  mambour  qui  lui  servait 
de  huissier  et  de  sacristain  à  l'église.  Nommé  pour  un  an,  il 
était  toujours  rééligible;  il  renouvelait  son  serment  îi  chaque 
continuation. 

Dans  leur  assemblée  du  15  février  1784, les  tenants  décidèrent 
de  nommer  l\  la  place  du  petit  mambour,  appelé  aussi  petit  mar- 
guillier,  un  second  marguillier  ecclésiastique  qui  chanterait  au 
lutrin  et  un  sacristain,  chargé  de  soigner  le  mobilier  de  l'église, 
de  convoquer  la  cour,  etc. 

Le  marguillier,  devenu  premier  marguillier  en  1784,  était  élu 
annuellement  par  le  peuple  le  jour  des  plaids  généraux  qui  se 
tenaient  le  lundi  de  Quasimodo.  Le  magistrat  avait,  à  l'exclusion 
dû  tout  autre,  le  soin  de  veiller  à  ce  qu'il  fût  capable  et  qu'il 
s'acquittât  de  ses  devoirs  et  obligations.  Ce  mari^uillier  devait 
être  prêtre,  confesser,  dire  la  messe,  chanter  aux  otfices,  soi- 
gner les  ornements  sacerdotaux  et  les  vases  sacrés,  sonner  les 
cloches,  entretenir  proprement  l'église,  tenir  école  et  enseigner 
les  principes  de  la  langue  latine.  Il  existait  plusieurs  messes 
fondées  à  dire  par  un  marguillier  et,  en  général,  dans  toute  Ibn- 
datioa  de  messe  chantée,  le  curé  jouissait  de  la  moitié  du  re- 
venu, l'église  et  le  marguillier  chacun  d'un  quart. 

Une  dernière  nomination  de  la  compétence  de  la  cour  était 
celle  du  fossoyeur. 


^  liJ 


Le  18  mai  1711,  la  cour  rédima  les  taxes  du  clergé  au  moyen 
d'économie  et  d'aliénation  de  rentes.  Elle  paya  pour  leur  extinc- 
tion 470  I''  B""'pour  deniers  capitaux  de  la  taxe  du  pastoral,  à 
raison  de  94  muids  et  220  V'  B""'  pour  le  luminaire  rescrit  à  44 
muids  ('). 

Il  serait  difficile  de  donner  une  liste  complète  des  tenants 
depuis  l'inslitulion  de  la  cour.  Les  documents  manquent,  les 
anciens  registres  qui  subsistaient  encore  aux  Archives  de  l'église 
h  la  fin  du  siècle  dernier  sont  perdus.  Voici  les  noms  de  ceux 
que  j'ai  recueillis  en  dépouillant  ces  archives  : 


CITÉ 

DATE 

-^- 

du 

NOMS. 

pour  la  i'" 

pour 

lois. 

la  dernière. 

DÉCÈS. 

lo32 

1565  (?) 

Jean  de  Martea  (-). 

1607 

18  sep. 1618 

Jean  Bovy  Malhiet. 

1629 

5janv.l64o 

Nicolas  Gilles  à  Limbourg. 

11 jan.l64o 

1684 

Philippe  de  Limbourg. 

5  déc.  1684 

1739 

Jean  Phil.  Dieud.  de  Limb. 

17jan.l739 

1754 

Philippe  François  Wolff". 

1754 

1780 

Jean  Nicolas  de  Presseux. 

28  juin  1780 

1789 

Jean  Philippe  de  Marteau. 

2ijan.l789 

Lamb.  Jean  Jos.  de  Marteau. 

(  ')  Arch.  de  l'église. 

(')  Je  crois  que  c'est  l'épitaphe  de  ce  mayeur  qu'on  voit  sur  une  pierre  sépulcrale 
qui  sert  aujourd'hui  de  base  à  un  crucifix  placé  au  centre  du  bourg  deTlicux  : 

HONNESTE  HOMME 

JOUAN  DE  JIAUTEAU  DE  SPIEXHE 

ESCHEVIN  DE  IHEUX 

0  TREPASSA  LA 

136b.  PRIES 

DIU  POUR  se  AME. 

Celte  pierre  est  superposée  à  une  autre  pierre  qui  doit  être  la  base  du  premier 
péron  érigé  à  Thcux. 


—  142  — 

'l'eiiants. 


CITÉ 

DATE 

-  — — -^-  ^  -^ 

NOMS  ET  PRÉNOMS. 

pour  la  l'*' 

pour  la 

DU   DÉCÈS, 

fois. 

dtrnière  fois 

1457 

Jehiii  de  Jevoulmonl. 

1437 

Henry  délie  Falize. 

1457 

Urhan  de  Hottechamps. 

1457 

Thirion  fils  Thiri  le  Groz. 

1457 

Pirosson  tils  Pirosson. 

1457 

Mathiet  Lefebve. 

1457 

Tilkiii  Loistre  (  '  ). 

1532 

Hanus. 

1532 

Simon. 

1532 

Jaco. 

1532 

Henri  le  noir  homme. 

1532 

Johan  Corbeau. 

1532 

Pacquea  le  Parmentier. 

1607 

1612 

d'Anthinne. 

1607 

1612 

Mailin  Henry. 

1607 

avril  1608 

Adolphe  de  Piesseux. 

1612 

1629 

Bielmé  Jean  Bietmc. 

1612 

Gaspar. 

1612 

Ponchclet. 

1612 

1629 

Martin  Pireceval. 

1616 

1618 

Pierre  Lezaack. 

1616 

1630 

Anthoinc  Thomas  ('). 

1616 

1629 

Bietmé   Jean  Bieimé,  le 
jeune. 

1618 

1626 

Jacques  Bouiver. 

(*;  Le  1"' mars  iSIi),  furent  piTsenls  à  la  reddilion  des  comptes  ile  lolo:  «Sire 
.lacques,  prestre,  vcsiit  de  lad.  Englise,  Sire  Jolian  de  Harse  ossy  presire,  Eng,!ebert 
de  l'resseux,  cliaslelain  de  Franchimonl,  Collet  maire  de  Theiix,  M:ilerne  Servais, 
JaciiiCb'  de  Presseiix  cl  ego  Johan  M.  Onclin,  Johan  Henri  le  miiirr,  le  Joyne  Jacob 
de  Fraiponl  Scrgant  de  la  c-otirt  de  Theux.   »  Doit-on  y  voir  la  cour  des  tenants? 

(2  )  Le  27  mai  1641,  la  cour  des  tenants  ordonne  à  son  mambour  de  payer  les 
messes  de  tenant  du  curé  Jean  Doneux  et  des  tenants  ISietraé  Jean  lîictm»',  Anthoinc 
Thomas  et  Jac(!ue.s  Boniver. 


—  148 


CITÉ 

DATE 

^ — — -^  — , 

— — — . 

NOMS  ET  PRÉNOMS. 

pour  la  4'« 

poQr  la 

DU    DÉCÈS. 

fois. 

dernière  fois 

1618 

19  avril  1652 

Jacques  de  Han. 

1622 

16  mai  1643 

Jean  Proenen. 

1629 

29  oct.  1656 

Noël  Hermès. 

23  avril  1643 

9  juin  1668 

Ernest  Proenen, 

23  avril  1643 

15  fév.  1663 

Jean  de  Limbourg. 

1644 

22  déc.  1665 

Lambert  Thonon. 

1645 

23  mai  1663 

Jean  Hermeau  (*  ). 

1654 

av.  1687 

Poncelet  Adolphe. 

1665 

12  janv.  1670 

Servais  Fraipont. 

1665 

Fianck  Antoine. 

5  janv.  1665 

Léonard  Hermès. 

19  juin   1668 

juillet  1690 

Pierre  Proenen. 

1665 

déc.  1695 

Jean  de  Limbourg. 

1672 

Jean  Erkin  Pouheau. 

1676 

janv.  1709 

Lambert  Boniver. 

1676 

sept.  1712 

Henri  Hermeau. 

Tenants  depuis  16SO 

Jean  de  Limbourg,  décédé  1695. 

Quirin  de  Presseux,  15  décembre  1695,  décédé  1706. 

Toussaint  Delleheid,  1"  décembre  1706,  décédé  1722. 

Robert  de  Limbourg,  21  avril  1722,  décédé  1742. 

Lambert  Jean  Joseph  de  Marteau,  6  juin  1742,  mayeur  1789. 

Philippe  Jean  Joseph  de  Marteau,  21  janvier  1789. 

Poncelet  Adolphe,  décédé  avant  1687. 
Adolphe  Poncelet  de  Presseux,  décédé  1720. 
Alexandre  de  Presseux,  8  avril  1720,  décédé  1741. 


(  *  )  Jean  Hermeau  peut  être  le  même  que  Jean  Bietmë.  Les  Barthélémy  prirent  le 
nom  de  Hermeau  vers  1640. 


—  lii  - 

Gilles  deCornesse,  31  décembre  1741,  décédé  1788. 
Ferdinand  Boniver,  prêtre,  29  février  1788. 

Pierre  Proenen,  décédé  1690, 
Jean  Gaye  Fichais,  1'''  août  1690,  décédé  1705. 
Jean  Philippe  de  Marteau,  le  jeune,    15  septembre  1705, 
décédé  1733. 
Jean  Philippe  de  Marteau,  prêtre,  14  avril  1733,  mayeur  1780. 
Toussaint  de  Hansez,  28  juin  1780. 

Jean  Erkin  Pouheau. 

François  Charles  de  Micheroux,  décédé  1700. 
François  Hardé,  17  décembre  1709,  décédé  1726. 
Guillaume  Hardé,  21  mai  1726,  décédé  1728. 
Lambert  Boniver,  12  avril  1728,  décédé  1773. 
Por.celet  Noé  de  Boniver,  20  janvier  1773. 

Lambert  Boniver,  dccédé  1709. 

Poncelel  Boniver,  25  janvier  1709,  décédé  1748. 

Jean  Philippe  de  Limbourg,  12  mars  1748. 

Henri  Hermeau,  décédé  1712. 

Jean  Nicolas  Hermeau,  21  septembre  1712,  décédé  1723. 

Jean  Gaye,  19  janvier  1723,  décédé  1747. 

François  Jacques  Pouheau,  12  décembre  1747,  décédé  1769. 

Noé  Joseph  Pouheau,  8  mnrs  1769. 

Nicolas  de  Limbourg,  décédé  1681. 
Renier  WollT,  décédé  1683. 

Nicolas  de  Limbourg,  novembre  1683,  décédé  1684. 
Jean  de  Marteau,  le  jeune,  8  août  1684,  décédé  1709. 
Simon  Pouheau,  14  mai  1709,  décédé  1716. 
François  Pouheau,  26  mai  1716,  décédé  1730. 
Pasclial  Beaumont,  1730,  décédé  1752. 
Honrv  Dandrimont,  1752. 


—  14o  — 
Greffiers. 

Martin  Henry. 

Jean  Proenen,  avant  1623,  mort  16  mai  1643. 

Ernest  Proenen,  mort  9  juin  1668. 

Pier  Proenen,  mon  en  1690. 

Jean  Pierre  de  Limbourg,  l*"'  août  1690,  mort  1691. 

Jean  Gaye  Pichais,  13  mars  1691,  mort  170o. 

Toussaint  Delleheid,  lo  septembre  1705,  mort  1722. 

Jean  Gaye,  21  avril  1722,  mort  1747. 

François  Jacques  Paulieau,  12  décembre  1747,  mort  1769. 

Jean  Lambert  Fraipont,  8  mars  1769. 

Mamlïoiirs  de  l'église. 

Avant  1507.  Johan  Lambinoi). 

1507  à  1512.  Hanus  Malherbe  el  Tliiri  Touilet. 

1514  à  1520.  Johan  de  Fraipont  le  jeune  et  FrancheuxHoubinet. 

1^21.  Jacob  de  Fraipont. 

1532.  Gillet  Malherbe. 

1533.  Jean  Andrier,  de  Theux. 
1535.  Henri  Pirchon. 

1544.  Johan  le  Xhardé,  de  Theux. 
1547.  Wathellet  Jacob,  de^Theux. 
1552.  Martin  de  Goyé,  lors  marly. 
1563.  Bietmé  Baulduin. 
1570-1574.  Antoine  Cléban. 

1575.  Henri  Gohy. 

1576.  Thiryd'Anthine. 

1577.  Philippe Marlea. 

1581.  CoUin  Fassin,  de  Spixhe. 

1582.  Jacob  de  Marché. 

1589.  Noël  Doneux. 

1590.  Frankinet  Houbinet. 

1592-1593.  George,  fils  m"*'  George  Malherbe. 


—  146  — 

1595.  Gilles  Collette. 

1596.  Jonas  Frankinet. 
1697.  Mathy  Houbin. 

1598.  Pasqueau  Williem. 

1599.  Fassin  Collin,  de  Spixlie. 

1600.  Evrard  Lowy. 

1601.  Jehan  leXhardé. 

1602.  Henri  Gohy,  de  Spixhe. 

1603.  Collin  Riga. 
1604-1605.  Pier  Lezack. 

1606-1607.  Jean  Jacques  de  Renoiifos  (Fyou) 

1608.  Giele  Servais. 

1609.  Lambert  Servais. 
1610-1611.  Bietmé  Jean  Bietmé. 

1612.  Toussaint  Materne  Fillion,  de  Marchl. 

1613.  Anlhoine  Hermès,  de  Marchy. 
1617.  Quelin  Poncelet,  brasseur  de  Thoux. 
1619.  Lambert  Noël  Bonyvicr. 
1620-1621.  Jean  Collette  Pacquea. 
1622-1625.  Jean  Proenen. 

1627-1629.  François  Wolff. 
1630-1640.  Ernest  Proenen. 
1641-1644.  George  Malherbe. 
—     —    Simon  Poncelet. 
1647-1648.  Lambert  Lezack. 
1649-1650.  Servais  Fraipont. 
1653-1654.  Simon  de  Limbouig. 
1655-1657.  Lambert  Fraipont. 
1658-1660.  Poncelet  Adolphe. 
1661-1662.  Gilles  Poncelet. 
1663-1664.  Bertrand  Mayet. 
1665-1671.  Léonard  Hermès. 
1672-1682.  Jean  Erkin  Pouheau. 
1683-1687.  François  Charles  de  Micheroux. 


—  147  — 

1688-1691.  Jean  Pierre  à  Limbourg. 

1691-1693.  Noël  Poncelet  de  Presseux. 

1694-1714.  François  Hardé. 

1714-1723.  François  Poulieau. 

1723-1731.  Charles  Boniver,  prêtre. 

1731-juillet-décembre.  Poncelet  Boniver. 

1732.  Paschal  Beaumont. 

1733-1748.  Jean  Philippe  de  Marteau,  prêtre. 

1748-4  février  1767.  Lambert  Jean-Joseph  de  Marteau. 

1767-20  janvier  1783.  Guillaume  Joseph  Malempré,  prêtre. 

1783,  8  mars.  Ferdinand  Boniver,  prêtre. 

Institution    de    la    Cour    des    tenants, 

A  tous  ceux  quy  ces  présentes  veront  et  oront  les  esclievins  de  Liège, 
salut  en  Dieu  permanable  et  cognoissance  de  vérité.  Scactient  tous  que  par 
devant  nous  comme  pardevant  chiefT  liante  courte  et  justice  comparurent 
personellement  pour  fiiire  ce  que  cy  après  sensuil  honorables  et  saiges 
iMalhi  Lefebve  de  Theux  et  Thirion  filz  mre  Thiri,  mambours  de  l'englise 
paroichialle  de  Tlieux,  lesquels  nous  signiffient  et  exposent  que  le  vestis, 
les  recteurs  des  autels,  le  luminaire,  et  membre  d'iLoUe  englise  et  les 
pauvres  de  la  paroiche  délie  ville  de  Theux  avoient  plusieurs  massures, 
cens,  renies,  et  autres  revenus  et  droictures  mouvantes  d'eux,  et  délie  dite 
englise,  et  dont  ceux  quy  tenoient  telles  massures  faisoient  œuvres,  en- 
trées et  yssues  par  devant  ceux  de  leurs  massuires  que  ont  trouvoit  plus 
appareilliés,  desquelles  œuvres  les  autres  massmviers  n'esloient  point 
informez  dont  grands  inconvénients  en  venoient  souventes  fois,  et  pou- 
voient  encor  venir  le  temps  futur  sur  dune  mesme  herilaige  poroit-on  faire 
divers  œuvres  et  contract  partant  qu'il  advenoit  ou  poroit  advenir  que  les 
massuyei's  quy  avoient  esté  aux  premières  œuvres  n'cstoient  point  aux 
autres,  et  ensy  en  estoicnt  les  massuyers  astargiet  et  ils  les  dits  vestis 
recteurs  des  autels  luminaire  et  mambours  d'icelle  englise,  et  les  pauvres  de 
ladiite  paroiche  esloingné  de  leurs  droits,  et  leurs  massures  concelles  a  leurs 
grieffs  dommaiges,sy  que  pour  surconner  a  tels  inconvénients  et  pourveoir  en 
ce  de  remède  convenable,  ils  lesdits  mambours  nous  deprient  et  requisent 
amiablement  que  nous  comme  chieffs  délie  loix  de  Liège  leur  volsismes 


—  148  - 

concéder,  et  oclroier  une  courte  jurée  de  sept  tenants,  ou  massuyres  héri- 
t.'ibles  jureis  pardevant  lesquels,  et  nyent  autres,  et  pardevant  un  mayeur 
quelz  dits  \esiis,  et  mambours  y  puissent  comettre  toutes  fois  qu'il  leur 
plairat  d'eux  et  leurs  successeurs  on  poisist  faire  œuvres,  entrées  et 
yssues  des  massures  qui  des  prenomez  vestis  recteurs  des  autels,  lumi- 
naires, et  membre  d'icelle  englise,  et  pauvres  deladite  |)aroiche  de  Theux 
estoient  mouvantes  sy  que  lesdits  tenanis  polsissenl  dorsenavant  leurs 
cens,  rentes,  relieffz,  et  droictures  sy  que  courte  jurée  sauver,  et  warder, 
et  nous  a  icelle  deprccation,  et  requeste  raisonable  favorablement  incli- 
nants, et  descendants  leurs  avons  concediet  et  oclroiet,  et  par  les  présentes 
concédons  et  ordonons  ladite  courte  jurée  de  sept  tenants  heriiables  jureis 
cy  après  denommeis  a  scavoir  sont  Jehin  de  Jevoulmont,  Henry  délie 
Falieze,  Urban  de  Hoitechamps,  Thirion,  fils  Thiri  le  Groz,  Pirosson,  fils 
Pirosson  Eller  (?)  Mathiet  Lefebve,  et  Tilkin  Loistre  de  Theux,  lesquels 
par  nous  premièrement  mis  en  feaulteit,  et  serment  deyus  vseront  en  tout 
cas  dt'Ue  loix  de  Lit'ge,  et  pardevant  lesquels  et  nyent  autres  tout  leur 
vivant  on  ferat  œuvres,  entrées,  yssues,  et  autres  exercices  de  loix  que  a 
court  jurée  des  massuyers  appartient  a  fn'we  des  massures,  quy  deux  sont 
ou  seront  mouvantes,  et  quant  ly  ung  ou  plusieurs  des  dits  tenants  jureis 
seront  trespassez  ils  lesdits  vestis,  et  mambours  y  puissent  remettre,  et 
constituer  autre  ou  autres  en  lieu  de  celuy  ou  de  ceux  ensy  très  passez 
perpétuellement  sens  fraude,  ne  malengien  entesmoingne  desquelles  clioc- 
ses  nous  les  Eschevins  de  Liège  Avons  a  ces  présentes  lettres  faiil 
apprendre  les  seelz  Libert  testor  et  Johan  damesart  nous  maistrcs  |)Our 
le  temps  et  eschevins  de  Liège,  desquels  vsons  ensemble  en  tels,  et  sem- 
blables cas  sur  l'an  de  grâce  mille  quatlre  centz  et  cincquante  sept,  de  mois 
de  febvrier  le  vingle  troisième  jour  ainsy  signe  :  Martin  Henry  Tenant  et 
greffier  de  ladite  courte  et  par  ordonnance,  et  commandement  d'icelle. 

C'est  le  seriment  que  doit  faire  ung  nouveau  tenant  jureit  quant  on  le 
meisten  fealté,  comme  tenant  jureit  délie  cours  jurée  de  l'englise  parociale 
de  Theux  renovelleit  par  hanus  Malherbe  derq  mamijor  de  la  dite  Englise 
L'an  mil  cinques  cens  et  huit  date  romane. 

Vous  serez  bon  et  leale  a  Dieu  a  la  Vierge  Marie  a  l'englise  vestit  lumi- 
naire et  fabrique  de  l'englise  paroriale  de  Theux  sy  que  tenant  jureit  de  la 
court  jurée  dicelle  englise,  a  mair  et  tenaiis  jureis  aidereis  jugier  loy  avec 
les  autres  vos  confrères  tenans  en  tous  cas  apnans  et  pendans  devant 


149 


ladite  court  tout  et  quantes  fois  que  requis  et  semons  on  serat  parmy  vos 
droits  preiulant  aideres  salver  et  warder  les  bins  hertables  partenant  a 
ladite  Englise  vestit  luminaire  et  fabrique  et  si  vous  saves  chi  après  au- 
cuns bins  qui  soient  entreperdus  ou  concelles  vous  en  feres  raport  et 
renseignement  a  vestit  et  niambors  d'icelle  dite  englise.  Ce  vous  aide  Dieu 
tous  les  Saints  et  par  votre  part  de  paradis  a  votre  meilleur  sens. 

OEUVRES   FAITES   DEVANT   LA   COUR   DES   TENANTS. 

Extrnicte  iVung  regre  aptennnte  a    renglise  de   Theux. 

Relevaon  et  œuvre  faite  le  diexeme  ior  de  feb.  an  XV^^  xxxij  maire  et 
tenans  lohan  de  martea  hanus  Simon  jaco  henri  le  noir  homme  Johan 
Corbeau  pacquea  le  parmentier. 

Relevât  la  mey  Thomas  de  Jevoulmont  come  mary  de  son  espeuze  fille 
Johan  Linotte  premier  ung  iournal  de  terre  gisant  delez  la  voie  qui  vat  de 
Jevoulmcnt  en  largnon  joindant  dung  coste  az  heretaige  qui  furent  Johan 
Brackei.  Item  Corlil  nomeit  Chaineau  Cortil  joindant  à  Johan  le  grosse 
teste  et  gnalement  tous  autres  heretaiges  qui  furent  le  vieux  Linot  et  ledit 
Jean  son  fils  sy  en  fut  advesty  parmy  i)aiant  az  vesty  et  luminaire  eguale- 
ment  qualtres  stiers  d'avoine  herèlx  por  fair  chun  an  en  lade  engleize  les 
aniversaires  des  jadit  Linot  et  Jean  son  fil  et  fut  mis  en  vvarde. 

OEUVRES    FAITES   DEVANT    LA   COUR  DES   TENANTS  ET  RECONNUES   DEVANT   LA 
COUR   DE   JUSTICE. 

Reportation  et  œuvres  faite  devant  nous  la  court  jurée  des  tenans  de 
l'englise  de  Theux  l'an  saize  cens  et  sept  le  troisième  jour  de  décembre 
maire  Jean  Bovi  Mathiet,  tenans  Danthinnc  et  iMartin  Henry. 

Comi)arut  devant  nous  personnellement  en  présence  vennerable  sire 
Jean  Raison  Doyen  de  Concile  Sl-Rcmacle  et  curé  dudit  Theux,  honno- 
rable  Adolphe  de  Presseux  notre  confrère,  liquel  de  sa  pure,  libre  et 
franche  volonté  et  sans  aucune  contrainte  fut  tellement  conseilliiel  et 
avisé  qu'il  at  de  son  propie  mouvement  transporté  a  prouffil  des  pauvres 
de  la  paroiclie  de  ban  de  Theux  siex  dallers  de  rente  pieche  a  siex  florins 
et  demi  liégeois,  et  trois  dallers  semblables  aussi  rente  au  prouffit  de  la  messe 
des  trépassés  qui  se  dit  et  doit  on  dire  ordinairement  toutes  les  sap""''  de 


—  150  — 

l'an  sçavoir  deux  et  demi  a  vesti  et  l'autre  demi  à  marliei-  escheant  le  tout 
a  jour  sainct  Andrier  aposlre  afTectés  iceux  sur  sa  maison  tenure  et  appar- 
tenance scitués  audit  Theux  à  l'opposite  de  la  Halle  ioindant  devant  a 
chemin,  desseur  a  noel  poncelet,  dessous  à  George  Malherbe  et  derrière 
a  la  rivir;  et  généralement  sur  tous  ses  autres  heretaiges  cens  rentes  et 
biens  heritables  presens  et  futurs  que  pour  après  son  décès  iceux  payer 
par  ses  représentants  dan  en  an  sans  aucun  contredit  que  pour  au  cas  de 
faute  y  revenir  par  un  seul  adjour  de  quinzaine,  voire  que  lesdits  repre- 
sentans  pourront  iceux  dallers  rcdimer  parmy  rendant  pour  chacun  cent 
florins  liégeois,  que  pour  ce  fait  remployer  iceux  deniers  a  prouffit  les  dits 
pauvres  que  messe  preniemorés,  et  ce  aftln  prier  le  Bon  Dieu  tout  pour  le 
salut  de  son  ame,  celles  de  tous  ses  parens  et  amis  que  de  tous  autres 
fidèles  trépassés,  le  tout  quoy  fut  par  ledit  sire  Jean  en  la  forme  que  dit 
est  accepté. 

Le  vingt  unième  jour  de  mois  de  juillet  anno  saise  cens  et  dix  devant 
nous  la  cour  et  justice  de  Theux  maire  en  ce  cas  Adolphe  Poncelet,  Esche- 
vins  Martea  et  Picquerea  avons  a  la  requête  de  vennerable  maistre  Jean 
Donneux  curé  dudit  Theux  le  prédit  transport  renouvelle  et  ratifié  suivant 
ses  entiers  effets  saufs  tous  droits  et  a  sa  requeste  mis  en  garde  étoit  signé 
Adolphe  Poncelet. 

Record  de  la  cour  des  tenants  (i). 
Messieurs  les  Tenons  de  VEglise  paroissiale  de  Theux. 

Le  sous  signé  constitué  générallement  de  son  Excellence  Monsig""  le 
feld  maréchal  comte  d  Aspremont  Lynden  gouverneur  et  officier  souverain 
du  marquisat  de  Franchimont,  vient  remontrer  que  dans  deux  procès  que 
sa  dite  Excellence  soutient  par  devant  la  cour  et  justice  de  Theux  contre 
Mons"'  Toussaint  Jeuncehamps  lieutenant  gouverneur  il  est  demandé  de  la 
part  du  Seig''  Gouverneur  que  les  lettres  requisitorieîles  et  compulso- 
rielles  lui  soient  accordées  pour  faire  venir  en  cour  des  pièces  et  écritures 
faisantes  à  son  droit,  ce  que  le  prélocuteur  dudit  M'' Jeunechamps  a  accor- 
dé et  comme  entre  ses  pièces  et  écritures  sadite  Excellence  souhaite 

(  *  ]  C'est  le  seul  que  je  connaisse. 


—    loi    — 

d'avoir  de  votre  cour  desdits  lenans  une  déclaration  soit  par  forme  de 
record  soit  autrement  des  noms  des  personnes  à  qui  vos  pauvres  sont  en 
coutume  de  donner  la  semaine  sainte  de  chaque  année  des  pains  blancs 
nomées  comunement  miches  des  pauvres  et  aussi  des  raisons  pour  les- 
quelles on  les  leurs  donne  ce  pourquoi  sadite  Excellence  vous  requiert  de 
lui  donner  et  accorder  tant  vos  dites  déclarations  que  les  extraits  de 
registres  de  votre  mambour  et  ce  au  moyen  de  vos  droits  qu'il  offre  de 
payer  quoi  faisant  et  signé  M.  J.  Moxhet  au  nom  de  S.  E.  Monseig'le 
Comte  d'Aspremont  Lynden. 

Vu  la  présente  par  nous  la  cour  des  tenants  de  l'Eglise  paroissiale  de 
Theux  assemblée  le  5"^  de  septembre  1757  dans  la  maison  du  mambour  de 
nos  pauvres  attendu  le  refus  de  notre  cuié  de  se  trouver  à  la  maison  pas- 
toralle  ensuite  de  la  convocation  spéciale  faite  par  notre  petit  marguillier 
disons,  déclarons  et  recordons  en  faveur  de  justice  et  de  vérité  que  de 
tout  temps  immémorial  les  mambours  de  nos  pauvres  sont  et  ont  été  en 
coutume  et  usage  de  donner  aux  frais  desdits  pauvres  dans  la  semaine 
sainte  de  chaque  année  des  pains  blancs  nommés  commiiné'.nent  miches 
des  pauvres  aux  personnes  suivantes  scavoir  deux  au  curé,  deux  a  son 
vicaire,  deux  au  marguillier,  deux  à  notre  mayeur,  deux  à  notre  greffier, 
deux  à  chacun  des  tenants,  deux  au  mambour  de  l'église  et  deux  au  mam- 
bour des  pauvres  en  considération  et  par  reconnaissance  de  ce  que  nos 
pauvres  en  sont  servis  dans  leurs  aifaires  pour  Dieu  et  par  honneur,  d'en 
donner  deux  au  Gouverneur  et  deux  à  la  Gouvernante  tant  par  honneur  et 
par  respect  que  pour  raisons  des  égards  et  des  attentions  qu'ils  pour- 
roient  avoir  pourlesdits  pauvres,  d'en  donner  deux  à  chacun  des  membres 
de  la  cour  et  justice  de  Theux  (  :  excepté  le  greffier  depuis  quelques  an- 
nées :  )  pour  raisons  qu'ils  servent  lesdits  pauvres  pour  Dieu  et  par  hon- 
neur, d'en  donner  deux  à  chacun  des  deux  Bourgmres  regens  pour  raisons 
des  services  qu'ils  pourroient  rendre  aux  dits  pauvres  et  entin  d'en  don- 
ner deux  au  petit  marguillier  comme  notre  huissier,  deux  à  celui  qui  va  à 
la  fabrique  pour  l'église  et  pour  les  pauvres  ménages  recommandés  et 
deux  à  (^elui  qui  porte  les  miches  pour  raisons  qu'ils  les  servent  aussi  pour 
rien,  ordonnons  à  notre  greffier  de  registrcr  la  présente  avec  la  susdite 
supplique. 

François  J.  POUHEAli,  f.'/r//?V?'  par  onh''. 


—  15^2  — 

ANNEXES. 

E^xtraits  des  archive»  de  l'église  de  Xlieux. 

1519.  Item  at  ordonne  Englebert de  Presseux  chastel.  de  Franchymont que 

le  dit  Johan  (de  Fraipont)  devait  deboursed  az  ornes  qui  ont  fait 

les  bricques  x  fl. 
Item  at  encore  débourse  a  Johan  Miso  pô  fe  le  forme  des  bricques 

pour  xin  journées. 
Item  a  Johan  le  Lymosin  de  Vervier  pour  xii  journées  vi  flor. 
Item  à  Johan  le  molnier  xn  aid.  pour  une  berwette  pour  mener  les 

bricques. 
Item  encore  débourse  à  Denis  Chavas  pour  v  journées  a  vi  aid.  le 

jour  font  XXX  aid. 
Item  débourse  à  Englebert  pour  ii  journées  a  servir  les  omes  des 

bricques. 
Item  nii  journées  que  ledit  Johan  servit  a  coller  le  chaulx  dequoy 

ion  piastre  les  chapelle  et  lalstare. 
1521.   Item  pour  m  journées  a  til  le  Croteou  pour  tirer  eawe  pour  fe  le 

chimens  et  pour  coller  le  chaul  qui  font  xv  aid. 
Item  encore  ini  journées  que  ledit  Johan  at  servi  a  fe  les  aires  de 

vestiaire. 
Item  X  aid  pour  ii  tin  nés  dont  les  maçons  se  sont  servis  a  l'englise. 
Item  at  livreit  led.  Johan  xvi  cent  piet  de  latte  pour  servir  az  deux 

chapelles  et  vestiaire  a  xvi  aid.  le  cent. 
Item  at  livrait  ledit  Johan  deux  cent  pied  de  plance  en  la  main  de 

Mati  de  Francymont  pour  mectre  sur  le  chanceau. 
Item  at  reçue  ledit  Johan  a  messire  Jacques  lur  pied  de  lattes. 
Item  at  servie  ledit  Johan  une  journée  a  mectre  ces  planées  aveoq 

Mali. 
Item  V  journées  a   paliet  et  a  mectre  a  point  le  chanceau  de 

senestre. 
Item  paye  pour  ii  cent  de  claz  v  aid. 
Item  encore  pour  une  journée  quil  at  esté  chargie  les  pierre  des 

deux  voillire  sur  les  chars  de  sassure  et  saserotle  que  renevoyent 

Damxlie. 


1i 


Ilem  pour  trois  voiture  que  ledit  Johan  al  esté  a  Gi  oiille  chargée 
(les  lenres  pieres  et  a  pour  chacune  voilure  u  jours  qui  font 
VI  journées. 
Item  at  change  ledit  Johan  le  viel  sesse  aile  benoiste  dame  sur  une 

nesve  sesse  soit  donne  sotte  ii  flor  xiiii  aid. 
Item  payé  pour  les  voillire  de  la  chapelle  vers  la  boverie  xviii  flor. 
Item  n  journées  que  le  dit  Johan  at  servie  a  les  aider  meclre. 
1532.  Renies  :  dont  il  en  val  ung  slier  aile  lampe  estante  en  chancheau. 
1555.    Item  à  Hubert  le  machon  tant  pour  paver  en  cbanceaux  que  pour 
assier  les  gre?  de  sacrament  xxnn  flor. 
Item  audit  Hubert  pour  deux  mannes  de  thau  xxiiii  aid. 
Item  pour  les  chereaiges  tant  des  pieres  de  chau  que  de  saubeu- 
lon  XX  voitures  et  pour  chacune  ung  aid.  montent  ensemble  1 
flor. 
1559.  .\chat  c!e  la  table  de  l'autel  à  Liège. 

A  Thomas  le  veully  pour  la  fachon  des  voilliers  toulx  a  l'enthour  de 

l'englise  vin  fl.  xvi  aid. 
A  Grigoir  le  marissal  pour  des  verges  et  clous  de  fer  pour  mettre 
aux  d.  voiriers  xiiiaid. 
1595.    Item  au  11''  dudit  mois  (juillet  )  délivré  au  doyen  et  curé  en  qualité 
d'avoir  tenu  ce  mesz  jor  les  sennes  el  avec  ce  lors  pour  la  quole 
de  lescot  ordonne  au  mambour  de  l'église  paye  pour  ce  a  Jacques 
Noé  icy  quatt.  f.  B.  L. 
4627.   20  juillet.  Item  a  Gielel  Sicquet  pour  assister  a  sonner  les  orgues 

pour  une  paire  de  solier  lui  promis  par  an  I  rixdaler. 
1629.   10  octobre.  Donné  à  W^  Louys  sur  les  douses  f.  et  demy  annuelle 

luy  deyus  pour  sonner  les  orgues  8  fl.  b. 
1642.  Le  quatlrieme  de  maye  ano  dil  paiel  à  Pirolte  Jacques  Giele  por 
avoir  fait  deux  ancres  por  les  mettre  az  tableau  du  celle  lorsque 
Hernies  de  Pont  les  racomoda  cl  ung  bar  mis  a  la  trailhe  de 
l'engliese  servant  pour  passer  ensemble  refait  le  pendement  de 
la  trailhe  devant  le  Sl-Sacramenl  xvni  pal. 

1661.  Le  51  décembre  payé  a  Michel  Ilalloy  pour  avoir  remplacé  les 

treilles  devant  le  grand  autel  15  pal. 

1662.  Le  15  mai  a  N.,  tailleur  de  pierres  de  la  Reyd,  pour  avoir  rem- 

plombé  quelques  treilles  devant  le  grand  autel  10  pat. 
1675.    Le  27  avril  paie  à  Lambert  Delaict  pour  avoir  travaillé  a  regrandir 
l'autel  nre  Dame. 


—   loi  — 

1680.   Le  dernier  octobre  payé  pour  le  tabernacle  du  Sl-Sacrement  corne 
par  Testât  f.  70, 10  1/2  pat. 
On  fit  raccommoder  le  vieux  à  Liège,  où  le  neuf  avait  été  fait.  Payé 
pour  ce  3  fis. 

1680.  Novembre  donné  au  xhaillelcur  pour  avoir  esté  boucher  la  fenestre 

deseur  le  cœur  et  racomodé  la  roulette  de  la  lanterne  15  pat. 

1681.  16  mars  payé  pour  1001  pieds  de  planches  acheptées  et  mises  en 

l'église  pour  servir  à  la  réparation  du  plancher  du  cœur  70  fis. 
Aiant  quitté  les  61  p.  pour  les  nœuds  et  fentes. 
On  a  acheté  pour  faire  le  plancher  550  p.  de  limont  55  Ils. 
On  a  fait  porter  le  tout  sur  les  celles. 
Un  cent  de  bars  de  cuve  li  fis.  —  37  p.  bars  de  cuve  ei  88  p.  de 

quartier  pour  le  plancher  et  peinture  12  fis. 

1681.  Pr  80  1/2  journées  de  menuisier  (Tossaint  Léonard)  100  f.  12  1/2 

p.  et  126  p.  bars  de  cuve  à  15  fis  le  "/o  et  100  p.  de  planche  a  8 
f.  125  fis  non  compris  la  bierre  fournie  aux  ouvriers. 

Le  16  septembre  à  Tossaint  le  scrinier  pour  7  journées  (avec  son 
fils)  pour  les  moulures  des  grandes  peintures  8  f*  15  p. 

15  novembre  à  Tossaint  le  scrinier  pour  15  journées  de  lui  et  de 
son  fils  employées  en  mettant  les  tableaux  et  faisant  partie  du 
plancher  par  deseur  iceux  sans  comprendre  leur  bière  f.  18-15. 

1682.  51  mars  à  Pasquea  Nanlule  façon  des  ferailles  pour  porter  les  pein- 

tures f.  14. 
A  Jean  Boniver  pr  185  b.  fer  pour  les  peintures  f,  48-6. 
Le  1  i  octobre  paie  à  Pirotle  de  Riou  pour  500  de  plandehes  pour 

appliquer  à  parchever  le  plancher  sur  les  dites  peintures  à  6  f .  5 

p.  le  cent  31-5. 
Le  xix«  dudit  mois  (octobre)  paie  à  Tossaint  le  scrinier  pour  avoir 

avec  son  fils  travaillé  chacun  cincq  jours  tant  en  mettant  les 

grands  tableaux  que  pour  achever  le  plancher  f.  12-10. 
Item  pour  28  pieds  de  planche  qu'il  a  livré  outre  celles  venantes 

de  Pirolte  de  Rieu  1-15. 
Item  à  son  fils  Léonard  pour  dringhelt  en  considération  qu'il  sat 

exposé  dangereusement  en  mettant  les  grands  tableaux  1  fl. 
Pour  la  bière  beu  pendant  lesdits  5  jours  paie  f.  3-0. 
A  Xhardé  qui  at  assisté  pendant  plusieurs  jours  et  en  tirant  les 

planches  en  haut  1-0 


—  ioo  — 

1683.  Item  (9  mars)  at  paie  à  Pacquea  Nantulle  pour  ultérieurs  travaux 

faits  en  accomodant  les  ferailles  pour  mettre  les  grands  tableaux 

f.  8. 
1686.   Le  7  janvier  ledit  Erkin  at  payé  au  préloculeur  Delheid  pour  des 

bois  qu'il  avoit  délivré  pour  l'église  lorsqu'on  travailloit  pour  les 

peintures  l'an  1681.  5-10. 
1692.   Le  14  (août)  payé  à  Antoine  Renson  menuisier  pour  avoir  raccom- 
modé une  piramite  à  l'autel  de  la  vierge  et  raccommodé  la  grand 

passet  quy  est  sur  l'autel  incompris  doux  vingt  cinq  patars  avec 

bier  1-5-0. 
Le  16  dito  (décembre)  il  m'at  esté  ordonné  par  Mons"'  le  R**  pasteur 

et  Mess"^^  les  tenants  de  faire  a  battre  la  vont  desseur  la  chapelle 

de  rosair. 
Item  donc  paie  a  Arnould  le  Xhardé  m''*'  masson  pour  cincq  jours 

qu'il  at  travailé  a  ladite  voux  f.  6-10-0. 
Item  payé  a  Pierre  le  Rois  pour  cincq  jour  qu'il  at  travailé  a  quat- 

torse  patars  par  jours  5-10-0. 
Item  pour  deux  mânes  et  deux  cord  quinze  patars  0-15-0. 
Item  à  Bertrand  Boniver  dit  le  Cocqi  pour  trois  jour  à  traize  patars 

par  jour  1-19-0. 
Item  a  la  vef  Olliviet  de  Rieu  pour  quinse  limon  a  10  pat.  chacun 

7-10-0. 
Item  à  Antoine  Renson  pour  un  limon  0-10-0. 
Item  à  Jean  Thomson  pour  un  soumier  13-10-0. 
Item  a  lui-même  pour  un  limon  0-12-0. 
Item  à  Gielle  Petitjean  pour  avoir  menez  le  soumier  avec  son  cheval 

jusqu'à  l'église  0-5-0. 
Item  a  Thomas  le  Potte  pour  clous  0-15-0. 
Item  a  Antoine  Renson  menuisier  pour  six  journées  à  vingt  patars 
par  jour  tant  a  netoier  que  a  raccommoder  le  siège  de  Mess'Mes 
tenants  et  l'autel  de  la  chapelle  G-0-0. 
Item  payé  pour  une  journée  à  sa  femme  0-7-0. 
Item  a  fils  Jean  Nicollet  pour  trois  jours  et  demi  4-4-0. 
Item  a  fils  Henri  Nicollet  pour  un  jour  1-4-0. 
Item  à  Pirotte  de  Rieu  pour  cha  4-10-0. 
Item  à  Adolphus  Poncelet  pour  bier  qu'il  a  delivi  é  a  ladilte  vont 


—   lo(J  — 

1693.   7  mars  payé  à  Thomas  Jehin  pour  avoir  ramené  trois  cens  pied  de 

planche  de  Bronrome  avec  une  pinte  de  hier  2-H-i/â. 
Le  10  payé  à  Noe  de  Baneux  pour  les  dit  planches  a  six  fis  et  dix 

palais  le  cent  de  pied  19-10-0. 
le  26  (avril    payé  a  Antoine  Renson  pour  quatre  jour  qu'il  a  tra- 
vaillé dcsseur  la  chapelle  du  Rosaire  a  vingt  cinq  patars  par 

jour  5-0-0. 
1  i"  (juin)  payé  à  fils  Watelet  Lefin  pour  svoir  travaillé  dix  jours  a 

couper  le  pierre  pour  le  pavement  de  milieux  de  l'esgliese  a 

vingt  cinq  patars  par  jour  12-10-0. 
Le  li  juin  payé  à  Laurent  Remacle  le  chanoine  |)0ur  onse  jour  qu'il 

a  travaillez  au  pavement  de  lesgliesc  incompris  quelques  reblan- 

chissiige  et  neloier  le  paroit  de  Icsglicse  a  vingt  cinq  patars  par 

jour  15-15-0. 
1605.    Ilem  a  son  père  masson  pour  huit  jour  qu'il  al  travaillez  dans  l'es- 
gliese a  22  patars  8-16-0. 
Item  à  Laurent  la  Croix  qui  les  a  serveu  six  jours  à  15  patars  par 

jour -i- 10-0. 
Item  (ô  juillet)  a  Adolphe  Poncelet  pour  hier  qu'il  at  délivré  tant  a 

pavement  de  lesgliese  que  à  faire  le  grenier  deseur  la  chapelle 

du  Rosaire  17-15-0. 
L'église  emprunte  575  fis  pour  payer  le  maiti  e-autel,  par  acte  du 

notaire  Storheau  en  faveur  de  Louis  Poncelet.  L'acte  est  du  50 

septembre  169i. 
169i.   Le  11  dito  (octobie)  payé  pour  deux  charges  de  chaux  pour  servir 

à  racomoder  le  grand  autel  1'.  5-10, 
Le  9  dito  (novembre)  payé  pour  deux  charges  de  chaux  venantes 

du  pays  du  Roy  pour  le  grand  autel  t.  2-16. 
Item  encore  pour  deux  charges  f.  2-10. 
Le  17  dito  payé  a  Mathieu  le  Potte  pour  2  lAi  jours  qu'il  a  travaillé 

a  porter  les  pieres  du  grand  autel  f.  1-17-2. 
Item  pour  sivière  pour  porter  les  pieres  1-2-2. 
Le  26  novembre  iiayé  a  Tossaint  Grégoire  DepressiHix  pour  11  1/2 

jours   qu'il  at  aussi  travaillé  au  grand  autel  a  15  pat.   chacq 

jour  7-9. 
Le  27  dito  payé  à  Laurent  le  chanoine  pour  19  jours  qu'il  a  travaillé 


-    157   - 

tant  au  grand  autel  qu'a  rebâtir  la  muraille  dj.rier  en  la  place 

des  verieres  icy  a  25  pat.  chacune  a  raison  qu'il  n'a  eu  de  la 

bière  23-15. 
Item  au  fil  Alexandre  Malherbe  quy  at  assisté  a  porter  les  pieres 

et  simens  10  1/2  jours  à  15  pat.  G-14.. 
Le  28  dito  payé  à  Pier  Jason  pour  2  1/2  jours  qu'il  avoit  travaillé  a 

porter  les  pieres  du  grand  autel  hors  de  l'église  1-5. 

1695.  Le  premier  juin  restitué  à  M''  le  curé  53  f.  5  1/2  pat.  qu'il  avoit  ex- 

posés pour  le  grand  autel  tant  en  voitures  qu'autrement  come 

paroist  par  son  estât  et  quitance  53-5-2. 
Ledit  jour  (25  juin^  payé  au  fil  Jean  le  Liégeois  pour  avoir  travaillé 

5  q"  de  jour  a  assister  a  mettre  la  table  du  grand  autel  0-9. 
Le  22  dito  (septembre)  payé  à  Watelel  Lefin  pour  ta  table  du  grand 

autel  comprise  cincq  journées  qu'il  a  employé  a  le  dresser  coe 

par  sa  quittance  icy  40-0. 

1696.  Le  22  d'avril  Jean  Renkin  menuisier  m'at  donné  quittance  des  trois 

cents  et  septante  cincq  fis  qu'il  avoit  ci  devant  receus  a  pluss"* 
fois  sur  le  travail  du  grand  autel  lesquels  575  fis  Louys  Poncelel 
a  prêté  come  je  raporte  a  mes  receptats  portant  icy  en  expositat 
f.  575. 

Item  lui  payé  encor  a  bon  compte  come  par  quittance  GO. 

Le  10  juin  payé  encor  a  compte  a  Jean  Renkin  sur  le  travail  du 
grand  autel  50. 

Item  (27  novembre)  payé  et  descomplé  à  la  W^  du  S''  Renier  W'olÏÏ 
pour  un  soumier  qu'elle  a  laissé  avoir  et  qui  at  été  applicqué 
sous  le  plancher  de  la  chapelle  de  Mes''*  les  esch""  icy  6-0-0. 

Le  5  déceml)re  restitué  a  M''  le  curé  deux  cents  quarante  fis  Bbant 
quil  avoit  payé  au  menuisier  pour  resi  de  705  f.  convenus  avec 
lui  pour  les  bois  et  travaiîs  du  grand  autel  partant  icy  f.  2i0-0. 

Le  22  décembre  payé  a  M'  nre  R''  curé  trois  cent  et  dix  sept  fis 
Bbant  tant  pour  le  marchepied  du  grand  autel,  planche  de  la 
chapelle  de  Mess'*  les  eschevins  que  de  la  garde  robbc  de  la 
sacristie  quil  a  fait  construire  et  reparer  ayant  quitté  a  leglise  ce 
qu'ils  ont  coûté  davantage  icy  donc  f.  517. 

1697.  Le  5  avril  payé  au  fils  Noé  Cloes  Michotte  pour  deux  chenues  de 

fer  de  5  pieds  chacune  pour  attacher  deux  grands  tableaux  au 
dessus  des  frontispices  dos  deux  chapelles  de  l'église  f.  2-10. 


—  458  — 

Item  à  Jean  le  serurier  pour  les  y  avoir  attaché  avec  des  ferailles 

havames  et  crochet  qu'il  y  a  appliqués  f.  2. 
Et  pour  clou  0-2. 
Item  audit  serurier  pour  avoir  raconiodé  le  fer  du  vieu  tabernacle 

servant  au  monument  0-6. 
1699.   Juin.  Item  j'ay  refurnis  aud'  s"'  curé  5  11.  15  pat.  pour  avoir  fait 

quitter  les  autels  de  n"^  Dame  et  de  nos  patrons  et  pour  les  avoir 

fait  paver  5-15. 
Le  même  jour  payé  audit  IV'  curé  58  f.  17  pat.  qu'il  avoit  payé  pour 

avoir  fait  racomoder  la  chappe  processionnelle  scavoir  franche 

dor  doublure  façon  et  come  porto  Testai  (à  charge  de  la  grosse 

disme)f.  58-17. 
Au  mois  d'août  1700,  on  répare  la  haute  muraille  à  la  naive  de 

l'église.  A  cet  effet,  on  emploie  de  la  chaux,  du  sable,  deux  sou- 

miers  de  12  pieds,  4-i  pieds  de  xhorons,  162  1.  de  fer  pour  faire 

sept  ancres,  des  clous  et  des  crochets,  des  ardoises  et  pendant 

le  travail,  les  ouvriers  boivent  69  pots  de  bière  pour  10  f.  7  pat. 
Le  12  may  1701  payé  à  Antoine  Renson  menuisier  pour  avoir  raco- 

modé  le  plancher  au  dessus  des  ordres  quy  estoit  percé  et 

dei'ompu  f.  2-15. 
A  Marie  IMicholte  pour  doux  y  employé  f.  1. 
Item  à  Lambert  Chinval  maréchal  pour  6  fers  applicqués  pour  tenir 

les  tableaux  au  dessus  des  ordres  et  pour  avoir  racomodc  un 

bar  de  fer  rompus  f.  5. 
Au  mois  de  lévrier  1707,  une  partie  du  toit  sur  la  nef,  au  dessus 

des  orgues,  fut  emportée  par  le  vent. 
1710.    Le  25  dito  (février)  payé  àMonsieur  nrecurécenl  et  trente  fl.  Bbant 

pour  le  ticrze  de  la  re])aralion  et  augmentation  des  orgues  et 

eeste  par  aveu  des  s'''  tenants  icy  come  par  quittance  f.  150-0. 
1715.    Le  22  septembre  payé  à  Monsieur  le  cui'é  122  f.  14  i/-2  p.  pour  un 

état  d'exposés  qu'il  avoit  fait  à  la  construction  des  baUisties  des 

deux  chapelle  icy  comme  par  ledit  état  et  quittance  f.  122-11  j/2. 
1717.    Le  2i  janvier  ensuite  d'ordonnance  j'ay  payé  au  sToncclet  Boniver 

quarante écus  qui  les  avoit  compté  à  Liège  au  s'  Piquar  pour  le 

racomodement  des  orgues  icy  come   par  ord'*^  et  quittance 
■      f.  160-0. 


—  159  — 

J  717.   Août.  Se  raporte  icy  un  état  dexposés  pour  le  pavement  de  l'église 
portant  corne  par  ledit  état  et  quittance  f.  237-1-2. 

1680.   Le  dernier  octobre  payé  pour  le  tabernacle  du  S'-Sacrement  comme 

par  Testât  septante  fis  dix  pat.  et  demy  70-10  1/2. 
Pour  l'avoir  envoyé  chercher  y  compris  ce  que  Piron  avoit  mené  le 

vieu  lui  donné  1-0. 
Le  ?)  avril  1681,  Piron  at  rapporté  de  Liège  le  vieu  tabernacle  du 

ven''i'=  que  l'on  avoit  fait  raccomoder  et  reneltoyer  à  Liège  pour 

quoy  paie  5-0. 
Audit  Piron  pour  ses  pains  0-6. 

Extraits  des  archives   de  la  communauté  de  Xheux. 

1673.  9  juin.  Procès  entre  la  communauté  et  le  curé  deTheux  qui  veut 

avoir  une  neuve  maison. 
1716.   25  août.  Le  magistrat  décide  de  faire  venir  de  Liège  des  ouvriers 

pour  réparer  les  boiseries  de  la  moyenne  cloche,  ceux  de  Theux 

n'ayant  pas  la  même  expérience. 

1719.  13  avril.  Lesbourguemaîtreset  le  commissaire  de  Limbourg  sont 

chargés  par  le  magistrat  de  convenir  avec  Michel  Beauraont  qui 
désire  bâtir  sur  le  mur  de  la  petite  maison  à  droite  de  l'entrée 
du  presbytère. 
La  communauté  consent  à  lui  vendre  la  mitoyenneté  et  le  magistrat 
décide  que  le  prix  servira  à  exhausser  le  mur. 
id.  1"  juin.  Le  magistrat  fait  accord  avec  le  curé  pour  les  réparations 
de  la  maison  ci- dessus.  Le  curé  veut  faire  un  toit  de  chaume  et 
le  magistrat  s'engage  à  payer  une  certaine  somme  pour  qu'il 
fasse  un  toit  en  ardoises.  —  La  différence  du  coût  entre  les 
deux  toits  — . 

1720.  21  novembre.  Ordonnance  au  Dourguemaître  Wolff  au  même  sujet. 

1721.  1"^'' mai.  llecès  du  magistrat  touchant  les  réparations  nécessaires 

aux  toits  de  l'église  paroissiale,  aux  petites  murailles,  aux  en- 
droits défectueux  des  plafonds,  des.lambris  et  de  faire  planchéier 
le  dessus  des  ailes, 
id.    15  mai.  Ordonnance  au  bourgmestre  Boniver  de  faire  les  répara- 
tions conformément  au  reccs  du  1"  mai. 


—  160  — 

1724.  16  mai.  Ordonnance  au  B"''  de  Limbourg  de  payer  à  iNoé  de  Pres- 

seux  5  fb.  pour  avoir  fait  une  paire  de  fliohe,  avec  clefs  pour  la 
sacristie  et  une  boîte  pour  les  saintes  huiles  et  de  faire  réparer 
les  crevasses  aux  lambris  des  deux  chapelles  au  côté  du  chœur. 

id.    22  juin.  Ordonnance  au  même  défaire  diverses  réparations  à  la 
sacristie,  à  l'église  et  à  la  muraille  du  cimetière. 

id.  12  octobre.  Ordonnance  au  même  de  faire  mettre  deux  vitres  à 
chasit  à  la  sacristie  de  l'église  de  Theux. 
Dans  l'assemblée  des  bourgmestres,  commissaires,  électeurs  et  no- 
tables du  ban  de  Theux,  tenue  le  26  novembre  1724,  il  a  été  pro- 
posé d'examiner  les  réparations  du  pavement  de  l'église  que  le  R'* 
curé  et  les  lenanis  ont  fait  faire  dans  les  ailes  de  ladite  église,  et 
dont  ils  demandent  le  paiement;  il  est  décidé  que  le  magistrat 
devra  en  faire  faire  l'évaluation  par  des  connaisseurs  et  payer 
ce  qui  est  fait  à  charge  do  la  communauté. 

1725.  17  mai.  Ordonnance  au  B"''  de  Marteau  de  payer  le  dit  pavement 

au  mambour  de  la  dite  église. 
id.    12  juin.  Ordonnance  au  même  de  faire  réparer  les  gouttières  du 
toit  de  l'église  dans  les  endroits  qui  sont  à  charge  de  la  commu- 
nauté et  d'acheter  des  planches  pour  paver  la  sacristie. 

1727.  2  juillet.  Ordonnance  de  paiement  de  journées  faites  à  la  moyenne 
cloche  de  l'église  paroissiale. 

1745.  20  juillet.  Ordonnance  au  B''"  de  Presseux  d'acheter  du  damas  de 
Lyon  pour  faire  des  ornements  noirs  de  l'église  de  Theux  pour 
servir  aux  obsèques  des  habitants. 

1750.   26  mai.  Ordonnance  au  B''^  Limbourg  de  faire  réparer  un  pan  de 
muraille  tombé  du  cimetière, 
id.    6  novembre.  Recès  qu'on  donnera  une  chasuble  de  l'ancien  orne- 
ment noir  à  Becco  et  une  à  Oneux;  l'autre  est  mise  à  la  disposi- 
tion du  B^'*'. 

1755.  15  juillet.  Ordonnance  au  B'"'  Fréon  de  faire  réparer  les  murailles 

du  cimetière. 

1756.  2  septembre.  Ordonnance  au  même  de  faire  renfermer  le  cimetière 

avec  des  bouts  de  murailles  de  deux  côtés  et  deux  portes  de  fer 
à  chaque  côté. 
1761.   5  novembre.  Ordonnance  au  B'^"'"  Deblon  d'acheter    une    chape 
noire. 


—  161  - 

1762.  16  septembre.  Ordonnance  au  W"  de  Marteau  de  faire  reblanchir 
l'église  parochiale. 

1769.  26  septembre.  11  est  recessé  qu'on  réparera  la  muraille  du  cime- 
tière. 

1779.  25  mai.  Convocation  des  trois  corps  pour  savoir  si  l'on  doit  démo- 

lir la  porte  d'en  bas  et  faire  servir  les  matériaux  tant  à  la  répa- 
ration des  murailles  du  cimetière  qu'à  d'autres  usages. 

id.  .30  mai.  L'assemblée  des  trois  corps  approuve  la  proposition  ci- 
dessus. 

id.  !<''■  juin.  Dans  son  assemblée  le  magistrat  adresse  une  supplique 
aux  Eiats  du  pays  de  Liège  relative,  entre  autres  objets,  à  la 
construciion  d'une  muiaille  neuve  au  cimetière. 

1780.  2")  mai.  Paiement  de  réparations  an  toit  de  la  tour  de  l'église, 
id.    17juin.  Paiement  de  réparations  au  toit  de  l'église. 

id.  13  septembre.  Paiement  d'une  serrure  à  la  porte  du  clocher  de 
l'église. 

1781  26  avril.  Il  est  décidé  qu'on  rendra  le  blanch.ssage  de  l'église  pa- 
roissiale,  à  condition    que  le  curé   fasse  blanchir  le  chœur. 

1707.  15  septembre.  Le  magistrat  ordonne  au  B"""  Hermeau  de  réparer 
les  toits  de  l'église  et  de  rejeter  la  haute  muraille. 

1715.  16  mars.  Ordonnance  au  B'"'  Pouheau  de  déplacer  la  moienne 
cloche  afin  d'éviter  les  réparations  du  bois  qui  se  représentaient 
trop  fréquemment. 

1785.  18  septembre.  Dans  l'assemblée  des  trois  corps,  tenue  le  dit  jour, 
le  magistrat  a  été  autorisé  à  acheter  un  jardin  pour  y  bâtir  la  nou- 
velle marguillerie,  à  apporter  certains  changements  au  cimetière 
et  à  ouvrir  une  seconde  porte,  celle  devant  la  marguillerie  le 
besoin  s'en  fesait  sentir  pour  la  sortie  de  l'église  —  moyennant 
l'agréation  du  seigneur  archidiacre  et  de  la  Cour  des  tenants, 
pour  autant  qu'il  peut  en  être  besoin. 

1785.   29  septembre.  Le  magistrat  déclare  vouloir  rendre  aux  rabais  les 
pierres  de  taille  pour  deux  entrées  à  poser  à  la  muraille  du 
cimetière. 
id.    4  octobre.  Recès  touchant  les  marches  de  l'escalier  du  cimetière, 
id.    27  octobre.  A  la  demande  des  seigneurs  des  états,  le  magistrat 
décide  l'alignement  de  la  muraille  du  cimetière. 


—   162  — 

1786.  14.  février.  Le  magistrat  convient  avec  Hubert  Jasoii  pour  deux 
portes  en  treillis  de  fer  avec  frise  ou  partie  dormante  le  tout  sur- 
monté d'une  croix,  lesquelles  portes  seront  fournies  le  10  mai 
suivant. 

id.  18  avril.  Ordonnance  au  B"^''  de  Marteau  de  payer  à  Louis  Bullin  la 
chaux  qu'il  a  fournie  pour  le  cimetière,  convenant  avec  ledit 
Bollin  de  la  livraison  des  pierres  ou  marches  de  l'escalier. 

id.  20  juin.  Ensuite  d'un  recès  unanime  des  trois  corps  de  la  commu- 
nauté du  -i*^  dudit  mois  et  la  permission  de  S.  A.  en  son  conseil 
privé,  paraposlille  du  8  même  mois,  du  recès  ensuivi  du  ma- 
gistrat en  date  du  15,  des  publications  et  affiches,  vente  par  la 
communauté  aux  enchères  publiques  de  l'ancienne  margiiilleric 
avec  droit  de  bâtir  sur  la  muraille  du  cimetière.  Elle  est  acquise 
par  Jean  Paschal  Beauraont, 

1786.  6  juillet.  Becès  pour  le  rendage  des  entablements  en  pierres  de 

taille  pour  la  couverture  de  la  muraille  du  cimetière  vers  la  rue. 

Cette  adjudication  se  fait  le  11  juillet. 
id.    24  août.  Le  magistrat  compte  avec  Hubert  Jason  pour  la  porte  de 

l'entrée  du  cimetière  vers  l'église, 
id.    2  novembre.  Ordonnance  au  B^™  de  Marteau  de  payer  le  portail 

(porte)  en  fer  du  cimetière  vis  à  vis  de  la  neuve  marguillerie. 

1787.  9  janvier.  Examen  d'états  pour  la  fourniture  de  bois,  etc.,  aux  pro- 

priétés delà  communauté,  entre  autres  l'Eglise. 

1629  et  1650  (comptes  du  Bourgmestre).  At  payé  à  Lowis  Lefooz  pr  son 
gaige  de  jouer  les  orgues  eschues  por  2  ans  xxv  fl. 
—  N.  B.  L'organiste  a  toujours  été  payé,  sous  l'ancien  régime, 
moitié  par  la  fabrique,  moitié  parla  communauté.  Cela  résulte  de 
tous  les  comptes  que  j'ai  vus.  H  en  était  de  même  du  souffleur  — 
ponr  avoir  aide  jouer  les  orgues. 

ilôo.  5  mai.  Ordonnance  au  B'"^  de  Presseux  de  faire  réparer  les  toits 
des  deux  petits  cœurs  de  l'église  de  Theux. 

1759.  14  avril.  Ordonnance  à  l'ancien  B"'"  Wolff  de  se  rendre  à  Liège  où 
il  devra  approcher  M.  l'écolâtre  Clerx  ou  le  s"'  Lcpiem  pour  con- 
venir do  quelques  couvreurs  d'ardoises  et  convenir  avec  iceux 


—  163  — 

du  prix  des  journées  qu'ils  peuvent  gagner  par  jour  pour  cou- 
vrir le  toit  de  notre  église  et  de  la  manière  qu'il  conviendra 
d'employer  les  ardoises. 

1740.  12  mai.  Il  a  été  recessé  et  ordonné  à  nre  B"""  de  Limbourg  de  faire 
replâtrer  les  voûtes  délabrées  des  ailes  de  l'église  paroissiale,  de 
la  faire  reblanchir  et  de  faire  oler  la  porte  du  cloché  de  l'église 
pour  être  remise  dans  le  parvis, 
id.  14  juin.  Ordonnance  au  même  de  payer  la  réparation  des  vitres  de 
l'église,  de  clôturer  le  cimetière  et  de  reboucher  la  porte  de  la 
courtegard  qui  est  proche  de  la  Boverie,  de  faire  la  porte  sur  le 
chemin  et  de  rendre  ledit  bâtiment  habitable  si  possible, 

1755.  9  avril.  Ordonnance  au  B"'**  Fréon  de  faire  raccommoder  le  ciboire 
et  de  faire  faire  trois  petites  boîtes  d'argent  pour  y  mettre  les 
S'"'"  huiles  de  n'''^  église. 

1781.  2  novembre.  Il  est  donné  lecture  d'une  supplique  de  M.  Thill, 

pourvu  de  la  cure  de  Theux,  apostillée  de  l'archidiacre  de 
Condroz,  par  laquelle  il  demande  que  la  communauté  répare  le 
presbytère  dans  les  parties  devenues  caduques  faute  d'entretien 
de  la  faute  de  feu  le  curé  Jeunechamps.  Le  magistrat  adresse  une 
supplique  audit  archidiacre  dans  laquelle  il  décline  la  charge  que 
le  curé  Thill  veut  lui  imposer.  C'est  au  curé  a  entretenir  la  mai- 
son pastorale.  Le  curé  Anseau  prétendit  de  pareilles  réparations 
l'an  1675.  Le  curé  La  Haye  bâtit  à  ses  frais  une  grange  et  le  curé 
Moreau  répara  une  chambre,  fit  des  croisées  neuves  et  une  porte 
avec  portail  sur  le  jardin.  Le  curé  Jeunechamps  a  ajouté  pour  son 
intérêt  particulier  un  bâtiment  rural  à  celui  fait  par  le  curé  La 
Haye. 

Le  R'^  Jeunechamps,  chanoine  de  S.  Barlhélemi,  héritier  de  son 
frère  le  curé,  a  commencé  les  réparations  négligées  par  son 
frère  qui  a  loué  le  presbytère  à  des  laïques.  Le  curé  Jeunechamps 
n  ajouté  une  chambre  et  une  cuisine  bien  que  le  presbytère  con- 
tint une  grande  cuisine  et  trois  chambres  au  rez-de-chaussée. 

Le  curé  de  Theux  est  un  des  plus  riches  bénéficiers  du  pays. 

1782.  Juillet.  Le  magistrat  met  en  adjudication  le  blanchissage  de  l'église, 

de  la  sacristie,  du  parvis  et  des  deux  petits  chœurs.  Le  curé 
expose  ensuite  celui  du  grand  chœur. 


INAUGURATION 


DU 


MUSÉE  DE  L'INSTITUT  ARCHÉOLOGIQUE 


LIEGEOIS. 


Depuis  un  an,  nos  collections  avaient  été  placées  dans  les 
locaux  actuels;  mais  l'inauguration  avaitdûêtre  retardée,  parce 
que  les  travaux  de  l'aîle  du  palais  où  elles  se  trouvent  n'étaient 
pas  achevés  et  ne  permettaient  pas  l'accès  par  le  grand  escalier. 

Au  moment  où  ces  travaux  approchaient  de  leur  terme,  nous 
n'avons  pas  voulu  perdre  une  minute,  et,  vu  l'urgence,  notre 
honorable  président  d'honneur  à  vie,  en  Vabsence  du  président 
effectif,  convoquait  en  pleines  vacances  l'Institut  pour  inviter 
Monsieur  le  Ministre  de  l'intérieur  à  assister  à  la  cérémonie  de 
l'inauguration. 

Le  12  octobre  fut  le  jour  fixé  :  le  matin  même,  les  arrange- 
ments définitifs  s'achevaient  seulement. 

M.  Delcour,  Ministre  de  l'intérieur,  accompagné  de  M.  Van 
SousT  DE  BoRKENFELD,  directeur-inspcctcur  des  beaux-arts,  et 
de  M.  Beco,  chef  de  son  cabinet,  est  reçu  h  son  arrivée  en  ville 
par  M.  Ch.  Grandgagnage,  sénateur,  président  de  l'Institut,  et 
par  M.  Alb.  d'Otreppe  de  Bouvette,  président  d'honneur  à  vie. 
Après  avoir  rejoint  au  Gouvernement  provincial  les  autres 
autorités  invitées  (M.  de  Luesemans,  gouverneur  de  la  province, 


M.  PiEHcoT,  bourgmestre,  M.  le  général  Simoxs,  commandant 
la  division  territoriale,  M.  Hamal,  vice-président  du  Conseil  pro- 
vincial), M.  le  Ministre  est  introduit  dans  la  deuxième  cour  du 
palais  où  l'attend  M.  le  baron  de  Sélys-Longchamps,  sénateur, 
vice-président,  accompagné  des  autres  membres  de  l'Institut, 
puis  dans  la  salle  de  réunion,  à  l'étage  supérieur  du  palais  cédé 
au  Musée,  où  la  séance  est  ouverte  autour  de  la  table  du  Con- 
seil privé  des  princes-évéques,  devant  une  des  deux  cheminées 
antiques  données  par  M.  Fabry-Rossils. 

L'Institut  est  représenté  par  MM.  Ch.  Grandgagxage,  sénateur, 
président  ; 

Alb.  d'Otreppe  de  Bolvette,  président  d'honneur  à  vie; 

Baron  de  Sélys-Longchamps,  sénateur,  vice-président  ; 

A,  Dejardix,  secrétaire; 

Alexandre,  conservateur-trésorier  ; 

Fabry-Rossius,  bibliothécaire  ; 

Angexot,  secrétaire-adjoint  ; 

Ch.  de  Thier,  E.  Dognée,  Schoonbroodt,  Henrotte,  Noppius, 
J.  Dejardin,  PoswicK,  Vax  de  Casteele,  Comte  G.  de  Looz,  membres 
effectifs  ; 

MM.  Pu.  DE  Limbourg  et  St.  Bormans,  membres  honoraires  ; 

MM.  le  Comte  Fr.  Van  der  Straeten-Ponthoz,  Nautet,  Cor- 
BESiER,  Lefèvre,  Baron  Ad.  d'Otreppe  de  Bolvette,  membres 
correspondants  ; 

MM.  le  Comte  DE  Grunxe,  Richard-Lamarche,  Wauters-Cloes, 
Thimister,  Dubois,  Hock,  Couclet-Mouton,  Thys,  E.  Malherbe, 
J.  Frèsart,  Hicguet,  membres  associés. 

MM.  Renier,  R.  Chalox  ,  Meyers,  Wurth-Paquet,  Baron  de 
WiTTE,  J.  Grandgagnage  ct  Hahn,  ont  manifesté  par  écrit  le 
regret  de  ne  pouvoir  a.^sister  à  la  séance. 

L'autorité  communale,  l'autorité  provinciale,  les  corps  judi- 
ciaires, l'armée,  l'Université,  l'Académie  des  beaux-arts,  la 
Société  d'émulation,  V Union  des  artistes,  sont  représentés  par 


—  167  - 

M.  Magis,  échevin  des  beaux-arls  et  de  rinstruction  publique, 
M.  Masset,  conseiller  provincial,  iMM.  les  Chefs  de  division  de 
l'administration  provinciale,  M.  Ernst,  procureur-général  près 
la  Cour  d'appel,  M.  Detrooz,  avocat-général,  M.  Falloise, 
président  du  tribunal,  M.  le  colonel  Daubresse,  commandant  le 
A'  régiment  d'artillerie,  M.  Fome,  administrateur  de  l'Université, 
M.  Neef-de  Rossius,  président  de  la  Société  d'émulation,  et  un 
grand  nombre  de  conseillers  communaux,  professeurs  à  l'Uni- 
versité et  à  l'Académie  des  beaux-arts,  membres  de  sociétés 
scientifiques  et  artistiques  et  autres  amis  des  arts  et  des 
sciences  conviés  à  la  cérémonie. 


M 

suivant  : 


Grandgagnage,  président,  se  lève  et  prononce  le  discours 


«  Messieurs, 


»  Je  dois  d'abord  vous  remercier,  au  nom  de  l'Institut,  de 
l'honneur  que  vous  nous  faites  en  vous  réunissant  ici  à  notre 
appel,  chose  dont  nous  devons  vous  savoir  d'autant  plus  de  gré 
que  plusieurs  d'entre  vous  interrompent  en  notre  faveur  des 
vacances  bien  méritées.  Soyez  persuadés,  Messieurs,  que  nous 
vous  en  sommes  profondément  reconnaissants.  Mais  nous 
n'avons  pas  voulu  inaugurer  le  Musée  sans  offrir  aux  différentes 
autorités  avec  lesquelles  nous  sommes  en  relations  nos  témoi- 
gnages de  gratitude  pour  la  bienveillance  qu'elles  nous  ont  si 
souvent  manifestée. 

»  Il  est  naturel,  à  cette  occasion,  de  vous  retracer  sommaire- 
ment les  nombreuses  vicissitudes'parlesquelles  le  Musée  a  passé 
avant  d'être  enfin  installé  dans  ce  local.  Ce  soin  appartient  de 
droit  à  notre  vénérable  président  d'honneur,  qui  vous  en  a  déjà 
souvent  entretenus  dans  ses  Tablettes. 


168  — 

»  Pour  ma  part,  laissant  le  passé  de  côté,  je  veux  seulement 
dire  un  mot  de  l'avenir  et  insister  sur  l'urgence  d'établir  notre 
état-civil. 

»  Maintenant  qu'après  quatre  déménagements  nous  sommes 
enfin  parvenus  à  caser  dans  un  local  définitif  (du  moins  je 
l'espère)  nos  collections  déjà  respectables,  il  importe.  Messieurs, 
d'en  assurer  la  durée,  d'en  prévenir  la  dispersion  possible.  Nous 
avons  fait  de  nombreuses  démarches  pour  être  rattachés  légale- 
ment à  l'un  des  grands  pouvoirs  constitués  :  à  la  Province, 
d'abord  —  je  dis  d'abord,  parce  que  le  Musée  est,  par  le  fait, 
provincial,  ~  subsidiairement  à  la  Ville  ou  à  l'Etat. 

»  Ces  démarches  n'ont  pas  abouii,  mais  j'espère  que  de  nou- 
velles négociations  auront  un  résultat  plus  heureux.  Si  par  des 
raisons  quelconques,  le  personnel  de  l'Institut  venait  à  se  dis- 
soudre, à  qui  appartiendraient  nos  collections?  Seraient-elles 
de  nouveau  dispersées,  à  peine  réunies?  Vous  comprenez, 
Messieurs,  que  cette  question  doit  être  résolue  et  que  la  perpé- 
tuité du  Musée  doit  être  assurée. 

«Lorsque  vous  l'aurez  parcouru  avec  nous,  vous  reconnaîtrez 
qu'il  a  déjà  une  importance  réelle  et  qu'il  renferme,  pour  l'his- 
toire de  la  province,  à  tous  les  âges,  de  nombreux  documents 
qu'il  serait  déplorable  de  voir  perdre. 

«  Je  vous  convie  à  faire  avec  nous  ce  petit  voyage  archéolo- 
gique, après  avoir  entendu  notre  président  d'honneur,  à  qui  je 
cède  maintenant  la  parole.  » 

M.  d'Otp.eppe  de  Bouvette,  président  d'honneur  à  vie  de  l'In- 
slitut,   le  véritable  fondateur  du   Musée  liégeois,  le  généreux 


—  161)  — 

donateur  d'une  grande  partie  des  objets  exposés,  et  malgré  ses 
88  ans,  le  membre  le  plus  actif  encore  de  l'Institut,  prend 
la  parole  : 

«  Messieurs, 

»  Mes  Collègues  de  Y  Institut  archéologique  liégeois,  dont  je 
suis  en  ce  moment  l'organe,  sont  heureux  et  fiers  de  vous  voir 
parmi  eux  ;  heureux  et  fiers  de  vous  voir  répondre  avec  tant  de 
courtoisie  et  de  bienveillance  h  leur  appel,  afin  d'inaugurer 
ensemble  un  Musée,  qui,  dans  l'avenir,  sera  peut-être  une  des 
richesses  et  des  gloires  de  la  province. 

»  Mais  avant  de  vous  montrer  nos  collections,  nous  vous 
devons  un  exposé  rapide,  sommaire,  de  notre  passé  ;  passé 
marqué  parlant  d'obstacles,  de  difficultés;  éprouvé  par  tant  de 
déceptions,  de  revers  et  de  misères,  pour  aboutir,  enfin,  à  un 
succès  presqu'inespéré  que  vous  venez,  Messieurs,  en  ce 
moment  affirmer  et  couronner. 

«Annoncé  avec  un  peu  d'éclat, l'/zis/i/u/, composé  de  16  mem- 
bres, dont  plusieurs  avaient,  par  leurs  travaux,  conquis  une 
position  élevée  dans  les  sciences,  les  arts  ou  les  lettres,  Vlnsli- 
tut  archéologique,  dès  ses  débuts,  faisait  présager  de  brillants 
succès  :  des  dons  étaient  offerts  ;  des  fouilles  pratiquées  de- 
vaient fournir  de  nombreux  produits  au  Musée  et  l'enrichir  de 
mille  précieuses  découvertes  ;  mais,  malheureusement,  à  ces 
premières  offrandes,  à  ces  premiers  travaux,  une  chose  essen- 
tielle manquait  :  un  local  pour  asseoir  les  objets  découverts  ou 
donnés;  — dès  lors,  plus  d'élan,  plus  de  générosité,   plus  do 


—   170  - 

vie  ;  —  de  là,   découragement,  inaction ,  absence  complète 
d'avenir  et  de  succès. 

«  Cependant  repoussé  du  vieux  Palais  des  princes-évéques, 
local  obscur,  humide,  assigné  par  l'autorité,  Vlnstitut  pour 
sauver  ses  premiers  apports  contre  la  décomposition  et  la 
rouille,  s'était  réfugié  à  la  bibliothèque  de  l'Université,  d'oti  il 
fut  expulsé  par  l'envahissement  des  livres.  La  Société  d'Emula- 
tion lui  offrit  un  abri  momentané,  mais  la  reconstruction  de  la 
salle  l'en  chassa.  Toujours  errant,  l'avoir  archéologique  fut 
recueilli  par  M.  Hagemans;  mais  cet  asile  ne  fut  aussi  que  pré- 
caire; notre  collègue  quitta  la  ville,  emportant  son  cabitiet 
d'amateur  si  précieux  et  que  personne,  pas  même  les  artistes, 
n'allait  voir;  enfin  tout  allait  tomber  et  se  disperser,  lorsque  le 
Ministre  de  l'intérieur,  l'honorable  M.  de  Decker,  touché  de 
tant  d'infortunes  et  de  souffrances,  nous  gratifia  d'une  somme 
de  500  francs,  pour  pratiquer  un  escalier  au  rez-de-chaussée 
du  local  primitif,  et  nous  élever,  pour  avoir  de  l'air  et  du  soleil, 
au  premier  étage  du  vieux  Palais  des  princes-évéques,  monu- 
ment vénérable  et  grandiose,  qui  vaut  mieux  peut-être  à  lui 
seul  que  toute  notre  archéologie. 

»  Notre  rentrée  au  Palais,  dans  des  chambres  élargies,  par  une 
porte  pratiquée  Ji  l'extérieur  du  jardin,  en  rendait  l'accès  facile 
et  le  public  s'y  porta  en  foule.  L'accueil  de  l'autorité  n'était  pas 
moins  sympathique.  La  Députation  permanente  de  la  province, 
dans  son  Exposé  de  i855,  annonça  ce  retour  avec  bienveillance, 
et  M.  le  Gouverneur,  alors  baron  de  Macar,  dans  son  discours 
d'ouverture  de  la  môme  session  de  I800,  s'exprimait  dans  les 
termes  les  plus  bienveillnnts  : 


—  171  ^ 

«  Je  ne  puis,  Messieurs, disait-il,  vous  voir  réunis  dans  celte 
»  partie  restaurée  de  l'ancien  palais,  sans  vous  rappeler  aussi 
»  qu'une  institution  de  plus  est  venue  s'abriter  sous  ces  vieux 
»  murs  et  y  a  été  inaugurée  récemment.  Grâce  à  l'infatigable 
»  activité  et  au  dévouement  de  son  président,  M.  d'Otreppe  de 
»  Bouvette,  membre  honoraire  du  Conseil  des  mines,  Vlnstitut 
»  archéologique  liégeois  est  enfin  aujourd'hui  en  possession  d'un 
»  local  convenablement  approprié  pour  y  asseoir  les  objets  d'an- 
»  tiquilé  qu'il  a  recueillis.  Le  gouvernement  du  Roi,  protecteur 
»  des  arts,  a  encouragé  l'établissement  de  ce  Musée  provincial, 
»  qui  est  destiné,  s'il  reçoit  un  développement  aussi  heureux 
»  que  celui  d'une  province  voisine  (Namur\  h  rendre  des  ser- 
w  vices  réels,  non-seulement  à  la  science  historique  et  aux 
«beaux-arts,  mais  aussi  à  l'industrie,  qui  leur  emprunte  la 
»  perfection  des  formes.  » 

»  Tout  allait  donc  à  souhait,  lorsqu'on  nous  avertit  qu'il  fallait 
déménager  et  transporter  nos  richesses  archéologiques,  meur- 
tries et  éparpillées,  on  ne  savait  où;  il  failut  obéir,  le  découra- 
gement dans  les  esprits,  le  désespoir  dans  l'âme. 

»  Après  de  longues  anmJes  d'inaction  et  de  souffrance,  mis 
enfin  en  possession  des  nouvelles  galeries  restaurées  du  côté 
de  la  rue  Ste-Ursule,  nous  avons  aussitôt,  toujours  sous  l'im- 
pulsion intelligente  de  noire  infatigable  conservateur,  M.  le 
docteur  Alexandre  ,  reconstitué  notre  Musée  ,  nous  avons 
)iolamment  relevé  trois  monuments  d'intérêt  historique,  savoir  : 
le  tombeau  en  maibre  blanc,  de  Velbruck;  la  belle  cheminée 
gothique  d'Erard  de  la  Marck,  et  enlin,  le  groupe  de  statues 
gothiques,  précieu'^es  reliques  du  moyen-âge,  obtenues  après 


—  17^2  — 

bien  des  démarches,  de  la  fabrique  de  Ste-Croix.  De  plus,  des 
objets  précieux  furent  exposés  dans  les  belles  verrières,  dons 
magnifiques  de  MM.  les  fabricants  d'armes  qui  s'en  étaient 
servis  à  l'exposition  universelle  de  Londres.  Ainsi  reconstitué, 
notre  Musée  était,  de  'nouveau,  visité  gratuitement,  chaque 
dimanche,  par  la  foule  de  curieux  et  de  jeunes  gens  avides 
d'instruction.  Notre  triomphe  était  donc  complet,  mais  hélas, 
de  courte  durée,  puisque  après  peu  d'années  le  signal  de  des- 
truction nous  est  donné;  oui,  il  fallut  opérer  notre  retraite  et 
céder  notre  local  pour  entrer  dans  le  plan  d'un  nouvel  édifice, 
d'où  est  sorti  le  lieu  qui  nous  rassemble  et  qui  termine,  après 
tant  de  péripéties,  nos  tribulations  et  nous  procure,  à  titre  de 
consolation  et  de  dédommagement,  l'insigne  honneur  de  vous 
recevoir.  Messieurs,  dans  cette  enceinte  et  de  pouvoir  vous 
associer,  de  nouveau,  à  notre  œuvre  et  bientôt,  nous  osons 
l'espérer,  h  nos  succès  ! 

»  Les  vastes  locaux  que  vous  allez  parcourir.  Messieurs,  se 
divisent,  comme  vous  le  voyez,  en  deux  longues  galeries  sépa- 
rées par  un  vestibule  de  bon  goût,  qui,  plus  tard,  sera  orne- 
menté, couvert  de  tableaux  curieux  et  de  vieilles  armures; 
au-delà  est  une  vaste  salle  de  réunion  ;  à  côté,  la  bibliothèque 
et  enfin,  comme  appendice,  deux  longues  galeries  sous  le  toit, 
l'une  pour  le  dépôt  des  objets  non  encore  classés,  l'autre  des- 
tinée à  essayer  un  musée  de  fantaisie  moderne,  ethnogra- 
phique, et  qui  sera  l'œuvre  exclusive  du  vieux  président  et  le 
complément  de  ses  dons  qui  ont  enrichi  le  Musée  historique 
offert  à  la  province. 

«Maintenant,  Messieurs,  parcourons  les  diverses  collections. 


\ 


-    173  — 

la  première  formant  le  Musée  d'antiquités  ;  la  seconde,  le  Musée 
moyen-âge,  de  la  renaissance  et  objets  d'art. 

»I1  nous  suffira  d'une  indication  sommaire  des  différents  spé- 
cimens qui  vont  s'offrir  à  vos  yeux,  rangés  et  classés  par  caté- 
gorie et  par  époque. 

»  D'abord,  dans  cet  ordre  chronologique  des  temps  et  le 
progrès  des  arts,  sont  ôes  specimeîis  de  l'époque  la  plus  reculée  : 
elle  remonte  au  berceau  des  créations,  à  l'origine  des  mondes, 
aux  temps  préhistoriques,  empruntés  à  la  flore  et  à  la  faune 
fossiles  de  la  province  ;  ils  sortent,  généralement,  par  de  belles 
empreintes,  de  nos  houillères  ou  des  grottes  de  nos  rivières, 
rOurthe  et  l'Emblève,  et  des  rochers  de  notre  belle  Meuse  ; 
puis,  à  côté,  se  montrent  les  premiers  spécimens  de  l'industrie 
humaine;  ce  sont  des  silex  à  peine  dégrossis,  c'est  l'âge  de  la 
pierre,  il  nous  conduit  à  la  fonte  des  métaux,  à  l'âge  du  bronze 
et  puis  au  travail  du  fer,  et  après,  à  l'industrie  des  grandes 
époques  historiques  des  Chaldéens,  des  Indous,  des  Pharaons 
de  la  vieille  Egypte  et,  enfin,  des  Grecs  et  des  Romains.  Or, 
voici  dans  cet  ordre  chronologique  essayé,  quelques  figurines 
niniviennes  ou  de  l'Indoustaii,  des  vases  étrusques  et  des 
momies  égyptiennes.  La  grande  époque  de  la  Grèce  des  Praxi- 
tèle et  des  Phidias  est  mal  représentée,  ainsi  que  l'ère  des 
Césars,  mais  en  revanche,  nous  avons  plusieurs  galeries  de 
vases  et  de  poteries  romaines  obtenus,  en  général,  de  nos 
TSuilles  et  de  nos  excursions  à  l'étranger.  Voilà  comme  indica- 
tion pour  notre  Musée  des  antiquités  :  passons  maintenant  aux 
objets  moyen-âge  et  de  la  renaissance. 

»  Ici,  nous  possédons  de  plus  grandes  richesses  :  plusieurs 


-    174  — 

anciens  bahuts,  de  vieux  meubles  et  de  nombreux  groupes 
gothiques  de  saints,  ainsi  que  des  poteries  moyen-âge  et  quel- 
ques-unes de  la  renaissance,  et  enfin,  une  grande  quantité  de 
petits  objets  curieux,  soit  par  le  lieu  de  provenance,  ou  par  un 
travail  d'orf,  soit  enfin  par  des  empreintes  historiques. 

»  Maintenant,  Messieurs,  après  cette  première  promenade  à 
travers  nos  collections,  après  ce  regard  rapide  d'investigation, 
vous  pouvez  vous  asseoir  dans  notre  salle  de  conversation  ou 
vous  reposer  à  côté,  au  local  de  notre  bibliothèque,  où  de  bons 
ouvrages  et  quelques  curieuses  gravures  vous  donneront  une 
appréciation  du  progrès  de  l'industrie  et  des  arts,  ainsi  que  des 
inventions  et  des  richesses  de  l'esprit  humain. 

»  Mais  non...  vous  cherchez,  vous  demandez  le  Musée  (Tarmes 
et  iVarmiires...  Il  n'est  [las  encore  sorti  de  nos  efibrts  impuis- 
sants, mais  il  reste  dans  nos  vœux  :  allons  nous  consoler  de  son 
absence  en  descendant  au  beau  jardin  de  notre  Musée  lapidaire. 
Là,  déjà,  sont  réunis  étranges  de  curieux  débris  des  âges,  des 
fûts  de  colonnes,  des  tronçons  de  nos  vieux  monuments,  de 
notre  antique  Pont-des-Arches,  le  tout  au  milieu  de  fleurs  et 
encadré  dans  cette  admirable  colonnade  d'Erard  de  la  Mai-ck. 
Aussi,  à  la  vue  de  cette  grandiose  et  magnifique  architecture, 
deux  sommités  scientifiques,  le  général  Greuly  et  l'antiquaire 
Bertrand,  envoyés  par  l'ancien  empereur  Napoléon  pour  recher- 
cher les  traces  du  conquérant  des  Gaules,  me  disaient  :  «  Pré- 
»  sident,  nous  félicitons  VInstitut  de  ses  etïorts  pour  créer  un 
»  Musée  d'antiquités,  mais  vous  n'égalerez  jamais  en  richesses 
»  et  en  splendeurs  votre  vieux  palais  des  princes-évêques.  » 

))  Messieurs,  efforçons-nous,  par  nos  dons  et  nos  travaux,  de 


^    ITo  - 

donner  un  démenti  à  ces  affligeantes  paroles....  Encouragement 
aux  travailleurs  !  Honneur  aux  savants,  et  vive  le  Roi,  prolec- 
teur des  sciences,  des  lettres  et  des  arts. 

»  Vive  le  Roi!  dont  le  nom  est  salué  partout  avec  affection,  avec 
respect  ;  nom  qui  n'aspire  pas  sans  doute  à  l'éclat  de  celui  de 
Charlemagne,  mais  qui,  sans  trop  de  flatterie,  peut  le  rappeler 
parle  même  amour  pour  rinstiuction,  les  sciences,  les  écoles 
et  la  sagesse  dos  ordonnances.  Il  semble  donc  réveiller  le  sou- 
venir de  ce  grand  monarque  ng'  sur  notre  5o/('),  presque  à 
côté  de  nous,  à  Jupille,  dont  la  naissance  en  cet  endroit  vient 
récemment  de  recevoir  de  nouvelles  preuves  d'authenticité  par 
la  découverte  de  manuscrits.  Des  fouilles  récentes,  dans  cette 
localité,  nous  ont  procuré  des  fragments  de  mosaïques,  qui  ont 
peut-être  servi  à  asseoir  le  berceau  de  ce  grnnd  homme.  Allons 
donc  d'abord  visiter  ces  précieux  débris  des  âges,  aux  cris  de  : 
Vive  le  Roi  !  » 

Des  applaudissements  chaleureux  accueillent  cette  péro- 
raison, et  iM.  le  Ministre  de  l'iiiléricur  prononce  le  discours 
suivant  : 

vc  Messieurs, 

»  En  venant  assister  à  l'inauguration  du  Musée  dont  la  fon- 
dation est  due  au  zèle  persévérant  des  membres  de  Ylustitiit 


(  '  «  Ipse  siquidum  Kuiolus  rex  Fruncorum  fréquenter  inanebat  sicut  anteces- 
sores  sui  \n  loppîlia  prope  Harsul  supra  Mo.iaui,  ubi  et  tiatusfuerat.   » 

Vita  Saneti  Karoli  Magni,  sicc.  \\l'"\  page  137,  publiée  par  P.-E.  Kaenlzeler, 
d'après  tin  manuscrit  de  l'Eglise  de  N.-D.  d',\ix-la  Chapelle,  et  d'après  un  manus- 
(•ril  sur  papier  achelii  à  Cologne.  lîuremonde  i81i. 


—  17(5  — 

archéologique  liégeois,  je  ne  réponds  pas  seulement  par  un  acte 
de  politesse  à  la  gracieuse  et  obligeante  invitation  qui  m'a  été 
adressée  en  son  nom,  je  remplis  aussi  un  devoir. 

»  L'archéologie,  telle  qu'elle  se  dégage  aujourd'hui  des  inves- 
tigations laborieuses  des  savants,  est  devenue  un  des  grands 
fanaux  de  l'histoire.  Chaque  jour  elle  soulève  davantage  les 
voiles  qui  couvrent  les  points  obscurs  de  l'histoire  des  peuples, 
en  arrachant  à  la  terre  qu'elle  fouille  et  qu'elle  scrute,  les 
antiques  produits  de  leur  industrie. 

»  Elle  reconstitue  la  physionomie  intime  des  sociétés  ;  elle 
nous  les  montre  sous  leur  véritable  jour  et  avec  leur  caractère 
particulier  à  chacune  des  phases  de  leur  développement  his- 
torique. 

»  Les  musées,  où  viennent  se  ranger  avec  méthode  et  selon 
les  règles  d'une  classification  rationnelle,  les  objets  qu'elle 
exhume,  découvre  ou  recueille,  sont,  pour  l'historien,  autant 
de  sources  d'informations  positives  qui  suppléent  au  silence 
des  documents  écrits  ou  qui  permettent  d'en  contrôler  la 
sincérité. 

»  Le  patriotisme  s'accroît  et  s'affermit  à  cette  étude  appro- 
fondie et  constante  du  passé.  La  patrie  mieux  connue  nous 
devient,  en  effet,  plus  chère,  car  l'homme  n'aime  parfaitement 
que  ce  qu'il  connaît  bien. 

»  Une  science  si  digne  d'occuper  les  esprits  mérite  certai- 
nement tous  les  encouragements,  et  les  hommes  qui  y 
consacrent  leur  intelligence  et  leurs  loisirs  ont  droit  à  tous  les 
égards. 

»  Ma  présence  ici,  Messieurs,  atteste  le  sérieux  intérêt  que 


—  177  — 

le  Gouvernement  attache  à  vos  travaux  et  le  désir  qu'il  a  de 
continuer  à  les  seconder. 

»  Son  concours  n'a  d'ailleurs  fait  défaut  à  aucun  des  efforts, 
à  aucune  des  entreprises  qui  ont  été  tentées  depuis  un  grand 
nombre  d'années  pour  remettre  en  lumière  les  traits  perdus  ou 
défigurés  de  notre  passé  national.  Nous  pouvons  même  dire 
qu'il  a,  le  premier,  montré  l'exemple  du  respect  que  l'on  doit 
aux  anciens  monuments  qui  sont  les  glorieux  héritages  de  nos 
pères. 

»  Presque  au  lendemain  du  jour  de  notre  reconstitution 
politique,  il  créait,  à  l'initiative  personnelle  du  Roi  Léopold  I", 
la  Commission  royale  des  monuments,  et  les  Chambres  dépo- 
saient dans  la  loi  communale  le  principe  des  garanties  qui 
doivent  servir  non-seulement  à  préserver  nos  édifices  de  la 
pioche  des  démolisseurs,  mais  encore  à  en  assurer  la  conser- 
vation dans  leur  intégrité  originale. 

»  Par  un  ensemble  de  mesures  tutélaires,  une  égale  sollici- 
tude s'étendit  à  toutes  les  œuvres  d'art,  qui  sont  en  quelque 
sorte  le  patrimoine  de  la  nation. 

»  Les  édifices  qui  tombaient  de  vétusté  devinrent  l'objet  des 
soins  les  plus  consciencieux  et  reparurent  dans  leur  beauté 
native. 

»  Les  chefs-d'œuvre  de  la  peinture,  nos  magnifiques  ver- 
rières, les  objets  du  mobilier  sacré  et  profane  qui  témoignent 
si  hautement  de  la  supériorité  de  nos  anciens  métiers  reçurent 
des  soins  attentifs  de  restauration  et  de  conservation. 

»  Dans  une  période  de  22  ans,  c'est-à-dire  de  1838  à  1860, 
plus  de   125  monuments  de  premier  ordre,  tant  civils  que 


-  178  - 

religieux,  et  plus  de  400  vieux  édifices  dignes  d'un  certain 
inlérêt  ont  été  restaurés,  consolidés  ou  rendus  à  leur  style 
primitif. 

»  L'action  bienfaisante  de  l'État  ne  s'est  pas  ralentie  depuis 
et  ses  sacrifices  se  sont  accrus. 

»  L'État  n'a  pas  été  seul,  du  reste,  à  s'imposer  des  sacrifices. 
Les  provinces,  les  communes,  les  fabriques  d'église  ont  uni 
leurs  efforts  à  ceux  du  Gouvernement  et  ont  contribué  avec  lui 
aux  dépenses  que  nécessitait  la  restauration  de  nos  antiques 
monuments. 

»  Celte  activité  multiple,  ce  concours  unanime  des  autorités 
publiques  pour  la  préservation  des  œuvres  auxquelles  l'histoire 
nationale  est  intéressée,  devait  avoir  pour  conséquence  de 
provoquer,  sur  tous  les  points  du  pays,  le  goût  et  le  dévelop- 
pement des  études  archéologiques  proprement  dites. 

n  En  vue  de  concentrer  toutes  ces  forces  éparses  dans  un 
but  déterminé  d'utilité  publique,  le  Gouvernement  groupa,  dans 
chaque  province,  une  partie  des  adeptes  de  la  science  archéo- 
logique et  il  les  associa  à  la  Commission  royale  des  monuments, 
sous  le  titre  de  Comités  provinciaux  de  membres  correspondants. 
Par  celle  adjonction  d'éléments  zélés  et  vivaces,  on  se  pro- 
posait de  rendre  plus  prompte  et  plus  complète  l'instruction  des 
affaires  sur  lesquelles  la  Commission  centrale  avait  à  proposer 
des  décisions.  Mais  là  n'était  pas  le  seul  but  du  Gouvernement; 
il  en  avait  encore  un  autre. 

»  Les  Comités  provinciaux  ne  doivent  pas  être  seulement, 
selon  l'expression  d'un  de  mes  honorables  prédécesseurs,  des 
sentinelles  attentives  placées  pour  veiller  à  la  conservation 


_  179  -^ 

de  ces  richesses  publiques  qu'on  appelle  les  monuments  et  les 
œuvres  d'art  ancien  ;  il  importe  encore,  comme  le  disait  un 
autre  de  mes  prédécesseurs,  il  importe,  pour  le  maintien  des 
traditions  artistiques  et  du  développement  général  du  goût,  qui 
ne  doit  pas  être  séparé  des  intérêts  locaux,  que  chaque  ville 
trouve,  autant  que  possible,  dans  son  centre  les  artistes  dont 
le  savoir,  le  talent  et  l'expérience  sont  nécessaires  pour  la 
création,  la  conservation  ou  l'embellissement  des  monuments 
publics. 

»  C'est  ainsi  qu'autrefois  les  écoles  se  sont  multipliées  en 
Belgique  et  que  des  villes  comme  Bruges,  Anvers,  Louvain, 
Tournai,  Bruxelles  rivalisaient  entre  elles  de  gloire  artistique. 

»  Les  Comités  provinciaux  peuvent,  en  grande  partie,  amener 
un  tel  résultat  en  travaillant  de  tous  leurs  eiforts  à  cette 
renaissance  de  l'art. 

«Mais  la  sollicitude  du  Gouvernement  ne  s'est  pas  bornée  à 
la  conservation  des  monuments  nationaux. 

»  Multiplier  les  centres  d'activité  intellectuelle,  c'est  l;i  sur- 
tout ce  qui  peut  assurer  le  progrès  en  toutes  choses.  Aussi 
partout  où  les  hommes  de  bonne  volonté  ont  voulu  se  réunir 
afin  de  donner  de  ia  cohésion  h  leurs  efforts,  le  Gouvernement 
leur  est-il  venu  en  aide.  Par  son  intervention  et  sous  son 
{lalronap-e,  la  plupart  des  Sociétés  archéologiques  ont  pu  se 
constituer  en  corps  savants  ayant  des  recueils  spéciaux  dans 
lesquels  ils  consignent  leurs  utiles  travaux. 

»  C'est  encore  par  ses  ordres  ou  sous  ses  aupices  qu'ont  été 
pratiquées,  dans  ces  dernières  années,  la  plus  grande  partie 
de  toutes  les  fouilles  si  fécondes  souvent  en  heureux  résultats 


—  180  — 

et  qui  ont  aidé  puissamment  à  la  formation  des  musées  de 
province. 

»  Si,  à  diverses  reprises,  la  Législature  a  voté  des  crédits 
importants  en  faveur  du  Musée  ethnologique  de  Bruxelles,  où  la 
famille  belge  doit  être  reconstituée  dans  ses  mœurs,  dans  ses 
usages,  dans  son  mobilier  civil,  religieux  et  guerrier  à  travers 
les  âges,  elle  ne  se  montre  pas  moins  généreuse  lorsqu'il  s'agit 
d'encourager  la  formation  et  le  développement  de  musées  locaux 
et  de  donner  l'élan  aux  fouilles  qui  doivent  les  enrichir. 

»  N'est-ce  pas  aux  explorations  du  cimetière  belgo-romain 
de  Flavion,  des  cimetières  francs  de  Samson  et  de  Spontin  que 
le  Musée  archéologique  de  Namur  doit  la  sérieuse  importance 
que  lui  a  déjà  reconnue  le  monde  savant  en  France,  en  Angle- 
terre, en  Allemagne. 

»  Dans  toutes  les  provinces,  d'ailleurs,  des  associations  ani- 
mées du  zèle  de  la  science  et  de  l'amour  du  pays  s'efforcent  de 
réunir  tout  ce  qui  peut  intéresser  l'histoire  locale. 

»  A  Anvers,  le  vieil  édifice  du  Sieen,  cette  geôle  du  temps  de 
Charles-Quint,  est  devenu  le  centre  paisible  où  un  comité  spé- 
cial rassemble  les  bois  sculptés,  les  instruments  fabriqués  par 
les  vieux  luthiers,  tous  les  souvenirs  des  corporations. 

»  A  Saint-Nicolas,  le  Cercle  archéologique  du  pays  de  Waes  a 
créé  un  cabinet  d'antiquités  locales  ;  ii  Charleroi,  la  Société 
archéologique  et  paléontologique  a  fondé  un  musée  qui  commence 
à  s'enrichir  du  produit  de  fouilles  récentes  ;  i\  Mons,  le  Cercle 
archéologique  montois  témoigne  du  bon  vouloir  pour  l'accrois- 
sement du  musée  qu'il  a  fondé  ;  à  Arlon,  Vlnslitut  archéologique 


—  181    - 

du  Luxembourg  organise  et  classe  avec  soin  ses  collections 
éminemment  riches  d'antiquités  gallo-romaines. 

»  Aujourd'hui,  Messieurs,  c'est  le  Cercle  archéologique  liégeois 
qui  inaugure  ses  collections. 

»  Déjà  intéressantes  par  un  premier  fonds  dû  aux  efforts  des 
membres  de  l'Institut  depuis  sa  fondation,  elles  se  sont  enri- 
chies récemment  des  collections  particulières  si  curieuses  et  si 
patiemment  rassemblées  par  l'honorable  et  vénérable  président 
à  vie,  M.  Albert  d'Otreppe  de  Bouvette.  Les  produits  des  fouilles 
effectuées  à  Momalle,  à  Avennes,  à  Jupille,  à  Juslenville,  à 
Fallais,  à  Braives  les  ont  accrues  encore  d'un  contingent 
remarquable.  Tel  qu'il  est  maintenant,  le  Musée  archéologique 
liégeois  prend  immédiatement  rang  après  celui  de  Namur,  qu'il 
égalera  bientôt,  il  faut  l'espérer,  tant  par  la  valeur  hi^torique 
des  objets  que  par  les  intelligentes  dispositions  du  classement, 

»  Si  le  Musée  de  Namur  est  installé  dans  un  vaste  bâtiment 
qui  se  prête  admirablement  h  son  appropriation,  le  musée  de 
l'Institut  archéologique  liégeois  a  trouvé  asile  dans  un  monument 
qui  est  lui-même  un  grand  souvenir. 

«  Dans  ce  majestueux  Palais  des  princes-évêques,  h  la  res- 
tauration duquel  l'Etat  a  consacré  plus  de  deux  millions,  l'aide 
et  les  encouragements  du  Gouvernemeiit  ne  manqueront  pas 
à  l'Institut  liégeois.  La  province,  non  plus,  ne  ménagera  pas 
l'espace  que  réclamera  plus  tard  l'accroissement  des  collections. 

w  Les  dons  faits  au  Musée  par  l'adminisiraiion  communale  de 
Liège  sont,  pour  l'Institut,  un  sûr  garant  des  synqjatliies 
efficaces  des  magi^trals  communaux  Une  ère  d'activiié  féconde 
et  de  prospérité  réelle  s'ouvre  pour  l'Institut  archéologique  lié- 


—  182  — 

geois.  Chacun  de  ses  membres  y  concourra,  j'en  ai  la  per- 
suasion, dans  la  plénitude  de  son  zèlo  et  de  son  savoir. 

»  Pour  atteindre  ce  but,  vous  n'avez,  du  reste.  Messieurs, 
qu'à  persévérer  dans  les  travaux  que  vous  avez  repris  avec  une 
si  heureuse  vigueur.  Continuez  à  fouiller  celte  vieille  terre 
éburonne  qui  recèle  encore  tant  de  secrets. 

»  Le  sol,  a  écrit  éloquerament  l'abbé  Cochet,  est  le  plus 
»  complet  et  le  plus  vrai  des  livres.  Il  n'y  a  qu'à  souffler  sur 
»  cette  poussière  pour  qu'elle  se  ranime  au  contact  de  la  vie. 

»  Interrogez-le  donc,  Messieurs,  ce  sol  de  la  patrie,  il  vous 
livre  les  enseignements  du  passé  pour  l'édification  de  l'avenir.  » 

De  nouvelles  salves  d'applaudissements  répondent  à  ce  dernier 
appel  et  à  celte  excellente  revue  rétrospective. 

M.  d'Otreppe  remercie  M.  le  Ministre  de  sa  bienveillance. 

Il  est  procédé  ensuite  à  la  visite  du  Musée.  Tout  le  monde 
admire  le  goût  et  la  science  avec  laquelle  MM.  Alexandre  et 
Dogiiée,  aidés  d'autres  de  leurs  collègues,  ont  procédé  à  l'arran- 
gement des  objets.  Une  des  salles,  en  vertu  d'une  décision 
prise  déjà  en  1863,  porte  le  nom  de  galerie  (COlreppe.  C'est  la 
salle  moyeu-âge  où  surtout  abondent  les  dons  de  l'honorable 
président  d'honneur  à  vie.  M.  le  Ministre,  accompagné  des 
présidents  et  du  conservateur,  parcourt  cette  salle  et  la  salle 
consacrée  à  la  haute  antiquité  et  visite  avec  beaucoup  d'atten- 
tion les  objets  rares  qu'elles  contiennert. 

Il  descend  ensuite  dans  la  seconde  cour  du  palais,  où,  avec 
le  concours  des  artilleurs  mis  à  la  disposition  de  l'Institut  par 
M,  le  colonel  Daubresse,  ont  été  groupées  les  pierres  pondé- 
reuseset  dont  la  détérioration  n'était  pas  à  craindre. 

A  3  heures  et  demie,  un  banquet  est  offert  à  M.  le  Ministre  et 


183 


aux  autorités  invitées,  par  un  certain  nombre  de  membres  de 
l'Institut.  —  Ce  bnnquet,  qui  est  servi  dans  une  des  salles  du 
Gouvernement  provincial,  mise  h  la  disposilion  de  l'Institut  par 
M.  le  Gouverneur,  est  présidé  par  M.  Cli.  Grandgagnage,  séna- 
teur et  président. 

Celui-ci  a  à  sa  droite  M.  Delcour,  ministre  de  l'intérieur,  puis 
M.  le  baron  de  Sélys-Longchamps,  sénateur,  vice-président, 
M.  A.  Dejardin,  secrétaire,  M.  5/.  Barmans,  secrétaire  hono- 
raire, M.  /.  Fré.mrt,  M.  E.  Poswick,  M.  le  comte  de  Grunne,  et 
à  sa  gauche,  M,  le  général  Sijnons,  M.  Piercot,  bourgmestre  de 
Liège,  M.  Ch.  de  Thier,  président  du  tribunal,  M.  J.  d'Andri- 
mont,  membre  de  la  Chumbre  des  i  eprésentants,  M.  le  chanoine 
flenrotte,  M.  Eug.  Dognée,  M.  Nautet.  En  face  du  président, 
est  assis  M.  d'Otreppe  de  Bouvette,  ayant  à  sa  droite  M.  de 
Luesemans,  gouverneur,  M.  Van  Soust  de  Borkenfeld,  M.  Aiige- 
not,  M.  Beco,  RI.  Van  de  Casteele,  M.  J.  Dejardin,  M.  Hicguet, 
M.  Ed.  Malherbe,  et  à  sa  gauche  M.  Hamal,  vice-président  du 
conseil  provincial,  M.  Bichard-Lamarche,  M.  le  comte  F.  Van 
der  Straeten-Ponthoz,  M.  Schoonbroodt,  M.  Noppius,  M.  Ph.  de 
Limbourg,  M,  le  baron  Ad.  d'Otreppe  de  Buuvette,  M.  le  comte 
G.  de  Looz. 

Au  dessert ,  M.  d'Otreppe  porte  le  toast  au  Roi  en  ces 
termes  : 

«  C'est  autorisé  par  M.  le  Ministre  que  je  prends  le  premier 
la  parole,  et  toujours  au  nom  de  l'Inslitut,  dont  je  ne  suis  que 
le  délégué. 

»  Messieurs,  la  Belgique  est  heureuse  et  fière,  à  juste  litre, 
de  ses  institutions,  de  ses  libertés; 

»  Heureuse  et  flère  aussi  du  progrès  des  sciences  et  des  arts, 
et  peut-être  un  jour,  s'il  m'est  permis  de  le  dire,  de  l'archéolo- 
gie, notre  domaine; 


—  184  — 

»  Mais  surtout  elle  est  iière  de  son  Souverain  d'aujourd'hui, 
d'un  Roi  qui  marche  avec  succès,  avec  gloire,  sur  les  traces  de 
son  illustre  père,  fondateur  de  la  dynastie. 

»  Montrons  donc  à  ce  Roi  aimé  nos  sentiments  de  vive 
sympathie ,  d'attachement ,  de  respect,  en  portant  sa  santé 
avec  effusion,  avec  les  élans  du  cœur.  Allons,  Messieurs,  à  la 
santé  du  Roi,  de  la  Reine  ! 

»  Vive  le  Roi  !  » 

M.  Grandgagnage  se  lève  ensuite  et  boit  à  la  santé  de  M.  le 
Ministre  de  l'intérieur.  Il  s'exprime  ainsi  : 

«  Messieurs, 

»  Après  le  toast  au  Roi,  porté  en  si  bons  termes  par  notre 
vénérable  président  d'honneur,  vient  naturellement  celui  à 
M.  le  Ministre  de  l'intérieur,  et  je  suis  heureux  que  ma  qualité 
de  président  effectif  me  donne  le  droit  de  remercier  encore  une 
fois  M.  le  Ministre  de  la  bienveillance  qu'il  a  toujours  témoi- 
gnée à  l'Institut,  et  dont  il  vient  de  donner  une  nouvelle  preuve 
en  quittant  ses  nombreuses  occupations  pour  assister  à  l'inau- 
guration de  notre  Musée.  Maintenant  qu'il  a  visité  nos  collec- 
tions, il  sera,  je  l'espère,  mieux  disposé  encore  à  encourager 
nos  efforts.  C'est  donc  avec  empressement.  Messieurs,  que  je 
vous  propose  de  boire  h  la  santé  de  M.  le  Ministre  de  l'inté- 
rieur. » 

M.  le  Ministre  répond  ii  ce  toast  en  portant  la  santé  des 
présidents  de  l'Institut.  M.  le  Ministre  nous  donne  l'assu- 
rance formelle  que  si  un  jour  l'Institut  archéologique  venait  à 


—  185  — 

disparaître,  ses  collections  deviendraient  la  propriété  de  la 
ville  de  Liège. 

Notre  honorable  bourgmestre,  M.  Piercot,  démontre  ensuite 
parfaitement  l'uiilité  de  créer  à  Liège  un  musée  d'armes  et 
une  collection  de  modèles  de  maclilnes,  dont  nos  industriels 
pourraient  tirer  le  plus  grand  profit. 

M.  le  comte  Fr.  Van  der  Straeten-Pontlioz  prononce  enfin, 
au  nom  des  membres  de  l'Institut,  quelques  paroles  éloquentes 
qui  clôturent  la  série  de  ces  toasts. 

A  6  1/2  heures,  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  prend  congé  des 
convives  et  retourne  à  Bruxelles. 


ANTIQUITÉS  ROMAINES. 


PLUME  MÉTALLIQUE  ET  ENCRIER 


mu^ée:   diî:  l.ie:gi^. 


Un  moyen  auquel  recourent  certaines  personnes  pour  se 
donner  une  apparence  de  connaissances  archéologiques,  con- 
siste à  révoquer  en  doute  rauliienticilé  des  objets  d'une  recon- 
naissance un  peu  laborieuse,  qui  sont  soumis  à  l'examen;  ainsi 
l'on  n'est  jamais  compromis  :  si  une  fraude  ou  une  myslitication 
s'est  exercée  et  se  découvre,  on  n'en  a  pas  été  la  victime;  si, au 
contraire,  la  trouvaille  d'objets  analogues  ou  de  documents 
certains  sur  les  circonstances  de  la  découverte,  vient  dissiper 
tous  les  nuages,  on  a  encore  l'air  d'avoir  agi  avec  prudence  et 
circonspection. 

Cela  n'est  pas  de  la  critique  i ')  :  il  ne  suffit  pas  qu'une  attri- 
bution soit  paradoxale  pour  qu'on  puisse  se  borner  à  la  contester, 
il  faut  en  outre  rechercher  et  rassembler  les  preuves,  jusqu'au 
moment  où  soit  la  sincérité  soit  la  fausseté  de  l'antique  qui  est 
en  discussion,  pourra  se  démontrer  au  grand  jour. 

Tel  était  le  rôle  qui  devait  être  et  qui  a  été  rempli  à  l'égard  de 
certaine  plume  et  de  certain  encrier,  tous  deux  en  bronze,  qui 
sont  entrés  au  3Iusée  archéologique  de  Liège,  il  y  a  environ  dix 
ans,  et  qu'on  y  avait  présentés  comme  des  antiquités  de  l'époque 
romaine,  trouvées  h  Tongres. 

(  •  )  L'auleur  du  présent  article  dit  ailleurs  à  ce  sujet  :  «  Contester,  dénier,  jeter 
du  doute  sur  une  argumentation,  n'est  que  la  moitié  du  rôle  de  la  critique  scienti- 
fique ;  s'il  y  a  erreur  commise,  il  ne  suffit  pas  d'en  faire  remarquer  le  côté  faux,  il 
faut  la  redresser  en  rétablissant  les  faits  sous  leur  véritable  jour,  > 


187 


Voici  le  dessin  de  celle  plume  et  de  cet  encrier 


Fig,  2. 
0,00S 


Dessus  de  l'encrier. 


Fig.  3. 


0,0o2 


La  patine  de  la  plume 
n'a  pas  mauvais  aspect  ; 
elle  recouvre  assez  bien 
jusqu'à  la  section  du  bec, 
de  manière  à  faire  re- 
pousser la  supposition 
qu'un  tuyau  antique  de 
cuivre  aurait  été,  dans 
les  temps  tout  modernes, 
accommodé  de  façon  à 
laisser  croire  à  l'exis- 
tence de  plumes  métalli- 
ques chez  les  Romains... 
Mais  les  faussaires  ou 
les  mystificateurs  sont 
si  ingénieux  ;  tel  d'entre 
eux,  dont  on  se  gardera 
bien  de  divulguer  le 
secret,  est  parvenu  à 
donner  aux  monnaies 
une  si  belle  aerugo,  au 
verre  même  une  si  ma- 
gnifique irisation 

La  patine  n'est  donc  qu'un  indice  qui  doit  être 
appuyé  d'autres  preuves,  et  c'est  à  la  recherche  de 
ces  preuves  qu'on  se  livre  ici. 

Indépendamment  de  l'emploi  du  style  pour  écrire 
sur  des  tablettes  de  cire,  l'usage  de  l'encre  et  des 
encriers  chez  les  Romains  n'est  ni  contesté  ni  con- 
testable ;  l'encrier  que  le  Musée  de  Liège  exhibe  à 
côté  de  la  plume  métallique,  rencontre  un  proche 


0,04 
Elévation  de  lencrier. 


Plurae. 


—  188  - 

parent  au  Musée  de  Namur,  où  est  déposé  un  encrier  romain 
trouvé  à  Ciney  par  M.  Hauzeur  ('). 

S'il  fallait,  à  ce  sujet,  un  complément  de  preuves,  on  pourrait 
encore  citer  l'encrier  donné  par  le  P.  Marchi  à  M.  de  Meester 
de  Ravestein  et  qui  fait  partie  de  la  magnifique  collection  aban- 
donnée si  généreusement  par  ce  dernier  h  l'État  belge.  M.  de 
Meester  cite  deux  encriers  analogues  :  l'un  déposé  au  Musée  de 
Naples,  l'autre  trouvé  à  Fiano,  près  de  Salerne  (^). 

Qui  (lit  encrier,  suppose  un  liquide  pour  écrire  :  c'est  Vatra- 
mentuni  dont  parle  Cicéron  ('•),  et  dont  Vilruve  décrit  la  compo- 
sition (*). 

Mais  encrier  et  encre  peuvent  parfaitement  coexister,  sans 
qu'il  faille  nécessairement  faire  apparaître  en  même  temps  la 
plume,  et  surtout  la  plume  métallique  :  on  sait  très-bien  que 
l'instrument,  sinon  unique,  au  moins  principal,  à  l'aide  duquel 
les  Romains  puisaient  l'encre  dans  le  récipient  oii  elle  était 
déposée,  était,  au  moins  primitivement,  un  roseau,  arundo  ou 
calamus,  de  callam,  nom  qu'on  donne  encore  aux  roseaux  en 
Asie  (^)  et  se  retrouvent,  en  effet,  à  chaque  pas  chez  les  auteurs 
latins  ;  il  suffit  d'ouvrir  les  dictionnaires  de  Forcellini  ou  de 
Freund,poury  lire  de  nombreux  passages  de  Cicéron,  d'Horace, 
de  Qnintilien,  etc.,  etc.,  où  ils  sont  employés  C). 

On  taillait,  du  reste,  les  roseaux  comme  nous  taillons  nos 


(•)  Aim.  Soc.  archéol.  de  Namur,  VII,  p.  26o,  pi.  l,  fîg.  4. 

(*)  Musée  de  Ravestein.  Catalogue  descriptif,  l,  p.  424,  n»  ;)72. 

Voy.  aussi  de  Montfaucon,  L'antiquité  expliquée,  III,  "2«  partie,  p.  355;  Figuier, 
Les  merveilles  de  l'industrie,  42"  série,  p.  171. 

('  ;  Epist.  ad  Q.  fratr.,  II,  15  :  At.ramento  teuiperato 

Voy.  aussi  Plaut  ,  Most.,  I,  m,  102;  Petron.,  Satyr.;  Plin.,  XXVII,  7  (28),  etc. 

(*)  VII,  10  (De  colonbus  qui  arte  Jiunt,  ;  l'encre  à  écrire  les  livres,  alranien- 
turn  libiariuin,  se  fait,  dilil,  à  l'aide  de  noir  de  fumée  et  de  gomme 

('j  G. -P.  Philomneste  Peignqj  ,  Amusouents  pfiiloloijiques  ou  variétés  en  tout 
genre,  3*  édition,  Dijon,  1842,  p.  509. 

(^)  Un  joli  trait  est  celui  où  Caton  reproche  à  Anliochus  de  faire,  comme  nous 
dirions  aujourd'hui,  la  guerre  sur  le  papier  :  «  Antiochus  epistolis  bellum  gerit, 
calamo  et  atramcnto  militât.  »  iCaton,  dans  HUFIN,  dejigur.,  p.  199.) 


-  189  — 

plumes;  le  procédé  est  indiqué  parle  bon  sens  et  se  trouve 
révélé  d'une  manière  palpable,  tant  par  ce  vers  de  Perse  (*), 
où  le  disciple  se  plaint  de  son  roseau  mal  taillé  qui  géminé  mal 
à  propos  les  traits,  —  que  par  celte  épigramme  de  l'Anthologie  (-), 
où  le  poète,  à  côté  d'un  petit  récipient  en  plomb  pour  l'encre, 
place  des  roseaux  bien  taillés  et  «fendus  en  haut  par  le  milieu»; 
—  et  par  Ausone  (")  qui  parle  du  calamus  fissipes,  au  pied 
fendu;  une  peinlure  de  Pompéï(*)  nous  montre,  du  reste,  un 
roseau  taillé  comme  nos  plumes,  placé  près  d'un  encrier. 

Le  mot  penna  n'apparaît  qu'assez  tard  dans  la  littérature 
latine. 

Juvénal  avait  bien  écrit  ces  vers  (^)  : 

Tanquam  diversis  partibus  orbis 
Anxia  praecipiti  venisset  epistola  penna. 

Mais  on  paraît  d"accord  (^)  pour  considérer  cette  expression 
de  phnne  rapide  comme  une  allusion  au  voi  de  l'oiseau,  et  non  à 
l'outil  employé  pour  écrire  la  lettre  inquiète  dont  parle  le  poète. 

On  admet  assez  généralement  le  mot  penna  comme  ayant  été 
employé  pour  la  première  fois  par  Isidore  de  Séville,  dans  un 
passage  caractéristique  ('),  où  il  dit  que  pour  écrire  l'on  se  sert 

(*)  Sai.  m,  V.  10  et  suiv. 

(*)  Edit.  Comm.,  p.  939. 

(^)  Epist.  VII,  V.  54. 

(*}  RiCH,  Dict.  d'antiq.,  v"  «  arundo  ». 

(")  Sn.  IV,  V.  148. 

C)  Voira  ce  sujet  :  B.  de  Montfaucon,  l'Antiquité  p.xpUquée,  III,  p.  354;  (dom 
Tassin  et  dom  Tourtaix',  Nouveau  traité  de  diplomatique,  I,  pp.  536  et  suiv.; 
Klotz,  Acta  litteraria,  V.  p.  199.  L.  FiGi'iER.  1.  cit.,  semble  être  d'un  avis  con- 
traire. 

(')  Orig.,  VI,  14,  3  :  Instrumenta  scribcndi  calamus  et  penna  :  sed  calamus 
arboris  est.  penna  avis,  cujus  acuipen  in  duo  dividilur,  in  toto  corpore  unitate 
servata,  credo  propler  mysterium,  ut  in  duobus  apicibus  velus  et  novum  testamen- 
tum  s;gn;(/5c)aretur ,  quibus  exprimilur  vorbi  sacramcntum  sanguine  passionis 
efTusum. 

L.  Figuier,  /.  cit.,  cite  un  passage  de  Ci-ément  d'Alexandrie,  parlant  du  scribe 
sacré  qui  dans  certaines  processions  «  portait  des  plumes  sur  la  tête  et  tenait  à  la 


190 


de  la  plume  de  l'oiseau,  et  où  il  ajoute  que  le  bec  de  cette  plume 
est  feadu  en  deux  parties,  au  sujet  desquelles  cet  auteur  fait  une 
comparaison,  pieuse  sans  doute,  mais  peut-être  trop  recherchée. 

Cependant,  un  ou  deux  siècles  auparavant,  une  chronique 
anonyme  qu'Adrien  de  Valois  a  publiée  à  la  suite  de  son  édition 
d'Ammien  Marcellin  ('),  rapporte  une  anecdote  du  temps  de 
Théodoric(dont  l'auteur  était,  paraît-il,  contemporain),  et  se  sert 
déju  du  mot  petma  pour  indiquer  l'instrument  à  l'aide  duquel  le 
prince  qui  ne  savait  pas  écrire,  traçait  péniblement,  dans  un 
mécanisme  fait  exprès, les  quatre  premières  lettres  de  son  nom. 

Ce  serait  donc  dès  le  V«  siècle  que  la  [Aume  peîina  voit  son 
nom  inscrit  dans  la  littérature. 

Mais  les  monuments  ne  nous  la  montreront-ils  pas  plus  tôt? 

A  en  croire  les  auteurs  du  Nouveau  traite  de  diplomatique  et 
Mabillon  (*),  ce  serait  au  X*  siècle  seulement  ou  tout  au  plus  au 
IX%  sous  Louis-le-Débonnaire,  que,  dans  les  manuscrits,  l'on 
verrait  représentés  de  saints  personnages,  comme  les  évange- 
lisles,  la  plume  à  barbes  en  main  (■'). 

Mais  depuis,  les  observations  ont  été  faites  avec  plus  de  soin 
et  de  critique,  et  l'on  a  remarqué  la  plume  empruntée  à  l'oiseau 
dans  la  main  de  divinités  représentées  sur  les  monuments 
antiques. 

main  les  instruments  de  l'écriture...  »  M  s'atjit  là  de  plumes  d'ornement,  servant  do 
coiffure,  et  non  de  plumes  à  écrire,  et  c'est  bien  à  tort  que  Figuier,  sur  la  foi  de  ce 
passage  mal  interprète,  soutient  que  Tusage  des  plumes  à  écrire  vient  de  l'Égyple. 

En  tout  cas,  Eknesti,  i4/c/ifeo/o^)a  liiieraria,  p.  40,  n»  18,  est  trop  absolu  en 
disant  :  «  pennarum  usus  in  scrihcndo  veteribus  ignotus  fuit.  » 

(•)  Voir  l'édition  in-4o  deGiiONOVius,  p.  "ili  :  «■  Igitur  rex  Theodericus  inliteralus 
erat  et  sic  brulo  sensu,  ut  in  décent  annos  regni  sui  quatuor  litteras  subscriptum 
edicti  sui  discere  nullatenus  potuissel.  De  qua  re  laminam  auream  jussit  interrasi- 
lem  fieri,  quatuor  litteras  régis  habenteni  (Th)eod.,  ul,  si  scribere  voluisset,  posila 
lamina  super  chartam,  per  cam  pentia  duceret  et  subscriplio  ejus  tantura  videretur.» 

(Adr.  DE  Vai.ois  fait  remarquer  que  Pkocoi'E  rapporte  un  trait  analogue  de  la  part 
de  I  empereur  Justin. 

(*)  Su/ pi.  au  traité  De  re  diplomatica,  cap.  Il,  n"  8. 

(*)  On  peut  lire  d'intéressa;its  détails,  mais  qui  nous  éloigneraient  de  notre  sujet, 
sur  l'usage  du  roseau  et  de  la  plume  au  moyen  âge  et  dans  les  temps  modernes, 
chez  L.  Figuier,  1.  cit.,  pp.  171  à  173. 


—  191  — 

Si  l'on  peutdisputer  à  l'Égérie  du  palais  Farnèse  (*),la  plume 
à  écrire  qu'elle  tient  en  sa  main  droite  élevée,  et  si  l'on  peut 
supposer  que  c'est  là  une  adjonction  des  temps  modernes,  il 
n'en  est  pas  de  même,  ainsi  que  le  fait  observer  judicieusement 
Rich  ('),  de  la  plume  à  barbes  qui  est  dans  les  mains  de  la  Vic- 
toire, et  à  l'aide  de  laquelle  cette  déesse  inscrit  les  triomphes 
de  Trajan  et  d'Antonin,  sur  les  colonnes  dédiées  à  ces  deux 
princes.  «  Comme  l'objet  en  question,  dit-il,  se  rencontre  sur 
chacune  de  ces  deux  colonnes  à  environ  la  moitié  de  leur  hau- 
teur, c'est-à-dire  à  plus  de  60  mètres  au-dessus  du  sol,  ce  serait 
folie  de  s'imaginer  qu'on  ail  jamais  élevé  un  échafaud  de  cette 
hauteur  pour  faire  cette  insignifiante  addition.  » 

11  est  donc  acquis  qu'au  moins  au  commencement  du  I^  siècle, 
à  l'époque  de  l'érection  de  la  colonne  Trajane,la  plume  à  écrire, 
penna,  était  déjà  en  usage,  et  si  l'on  peut  admettre  le  reproche 
d'anachronisme  adressé  à  Racine  par  MiUin  (\\  pour  avoir  f;iit 
écrire  une  lettre  à  Agamemnon,  il  n'y  a  pas  lieu  de  l'étendre  à 
la  lettre  de  Bérénice  à  Titus  (*),  sous  le  règne  duquel  la  plume 
à  écrire,  connue  sous  les  Antonins,  avait  déjà  sans  doute  com- 
mencé à  être  en  usage. 

Mais  est-ce  celte  plume,  est-ce  le  roseau  primitif  qui  a  pu 
inspirer  aux  anciens  l'idée  de  façonner  des  plumes  métalliques? 

C'est  là  une  question  difficile  à  résoudre,  et  s'il  fallait  rai- 
sonner par  analogie  des  temps  modernes  où  l'on  n'emploie  plus 
guère  le  roseau  pDur  écrire,  il  y  aurait  lieu  de  supposer  que  les 
précurseurs  de  Wise  (^)  qui  ont  pu  exister  dans  l'antiquité,  ont 
progressé  directement  de  la  plume  d'oiseau  à  la  plume  de  métal. 

(1  )  Gronov.,  Thés,  miliq.  <jr.,  II,  n"  28. 

(*)  Dict.  d'a7iiiq.,yo  Penna. 

(*)  Maij.encyd.,  1811,  2«,  p.  34o  :  «  Racine  a  commis  un  anachronisme  en 
faisant  écrire  une  lettre  à  Agamemnon  :  il  ne  faut  pas  ajouter  à  cette  faute,  en  met- 
tant sur  la  table  un  cornet  rempli  d'encre  et  une  plume  d'oie.  » 

(*)  Act.  V,  se.  V. 

(")  C'est  à  lui  qu'on  attribue  l'invention  de  la  plume  métallique  :  voy.  Fournier, 
/.e  vieux-neuf.  Histoire  ancienne  des  inrendons  et  découvertes  modernes,  Paris, 
1857,  II,  p.  22. 


-  192  — 

S'il  en  était  autrement,  nous  serions,  en  vérité,  en  face  de 
cette  bizarrerie  que  la  plume  métallique,  de  l'invention  de  laquelle 
nous  nous  tnrguons  aujourd'hui  comme  d'une  amélioration  toute 
récente,  pourrait  faire  remonter  ses  incunables  à  une  époque 
plus  reculée  que  celle  de  la  plume  animale;  la  plume  minérale 
aurait  succédé,  directement  et  sans  transition,  k  la  plume  végé- 
tale!  

En  effet,  non-seulement  on  nous  apprend  que  le  faussaire  de 
la  main  duquel  Robert  d'Artois  se  servit  au  XIV^  siècle  pour 
fabriquer  les  faux  titres  dont  ce  prince  avait  besoin,  fit  usage 
d'une  penne  iVairain  (^),  mais  on  nous  révèle  en  outre  que  les 
patriarches  de  Constantinople  employaient  bien  auparavant 
pour  leur  signature  un  roseau  d'argent  ('^);  non-seulement  on 
conclut  de  là  que  les  plumes  métalliques  étaient  connues  dans 
les  temps  antérieurs  et  même  dans  l'antiquité  (^);  mais  voilà 
que  des  fouilles  récentes  montrent  au  grand  jour  l'évidence  de 
cette  conclusion,  en  confirmant  les  indications  que  permettait 
déjà  la  plume  métallique  du  Musée  de  Liège 

Le  Pr.  Bursian,  dans  un  travail  remarquable  sur  les  fouilles 
d'Avenches  [YAventicum  romain),  en  Suisse,  avait  laissé  en 
suspens  ce  qui  concernait  un  objet  identique  (*)  à  celui  de 
Liège. 

Le  savant  Pr.  Keller  n'hésita  pas  à  décerner  à  l'objet  fattribu- 
tion  qu'il  mérite,  et  voici  en  quels  termes  il  le  fît,  termes  qu'il 


(*)   FOURNIliR,  /.  cit. 

(■^)  Ludov.  Lalanne,  Curiosucs  biblioijrujihuiues  (BibiiuLlié(iue  ilo  poche  [lar  une 
société  de  gens  de  lettres  et  d'érudits-,  Paris,  1845,  p.  21. 

,  '')  Id.,  ibid. 

On  peut  ajouter  à  cela  l'exemple  de  la  plume  d'argent  qu'on  décernait  à  Amster- 
dam, au  siècle  passé,  comme  encouragement  aux  élèves  du  Gymnasium  {Exposition 
universelle  de  IJSGT  à  Paris.  Catalogue  général  publié  pur  la  Commission  impériale. 
Histoire  du  travail  et  monuments  historiques).  Paris,  Dentu,  18(57,  p.  2o8,no  "ItM  : 
1   Plume  en  argent  de  noi.)   » 

(*  )  Mittheiluntjen  der  anliquarischcn  Gesellschafi  in  Zurich,  1869  (XVI),  fascic. 
IV.  p.  47,  pi.  xvili,  fig.  ;i. 


—  193  — 

importe  de  reproduire  et  auxquels  on  reconnaîtra,  à  peu  de 
choses  près,  la  plume  métallique  de  Tongres  : 

«  Rômische  Schreibfeder  aus  Bronce,  die  ihrer  Form  nach 
mit  der  jetzt  gebraiichlichen  Schreibfeder  vôllig  ùbereinstimmt, 
und  zum  schreiben  auf  Papyrus  oderPergament  benutzt  worden 
sein  muss.  Sie  besteht  ans  einer  diinnen  Lamelle  von  Bronce, 
welche  in  ein  nach  oben  sich  verjùtigendesRohrzusammenge- 
bogeii  ist.  Unten  eindigt  dasselbe  in  eine  gespaltene  Spitze  nach 
AyI  der  jetzigen  Feder.  » 

(  Suivent  d'autres  détails  moins  importants  concernant  notam- 
ment un  tube  cylindrique  trouvé  en  même  temps  et  ayant  servi 
d'étui  h  la  plume,  à  peu  près  comme  certains  de  nos  porte- 
plumes,  dont  les  deux  parties  s'ouvrent  ou  se  referment  en 
s'engageant  l'une  dans  l'autre.) 

Il  y  a,  entre  les  deux  plumes  de  Tongres  et  d'Avenches,  iden- 
tité de  construction  :  toutes  deux  se  constituent  d'une  feuille 
de  cuivre  recourbée  et  soudée  sur  elle-même;  toutes  deux  sont 
taillées  comme  le  calamus  qu'on  a  retrouvé  peint  sur  les  mu- 
railles de  Pompéï,  genre  d'instrument  avec  lequel  il  a  la  plus 
grande  ressemblance  et  d'où  il  peut  en  somme  procéder  tout 
aussi  directement  que  de  la  penna  elle-même. 

Comme  la  plume  de  bronze  d'x\venches  est  tout  à  fait  h  l'abri 
du  doute,  il  en  résulte  la  démonstration  de  l'authenticité  de  la 
plume  de  bronze  du  Musée  de  Liège  :  comment  admettre,  en 
effet,  qu'un  faussaire  ou  un  mystificateur  se  fût  exercé  sur  une 
matière  aussi  douteuse  et  aussi  peu  tentante  pour  la  crédulité 
des  archéologues,  quelque  grande  qu'on  suppose  celle-ci,  et  que 
précisément  il  se  fût  rencontré  tout  juste  et  par  avance  avec  un 
objet  identique  découvert  plusieurs  années  plus  tard. 

Des  recherches  complémentaires  ont,  du  reste,  fait  encore 
découvrir  les  exemplaires  suivants  de  plumes  métalliques  em- 
ployées chez  les  Romains,  exemplaires  dont  le  second  surtout 
semble  devoir  être  en  dehors  de  toute  contestation.  Ils  sont 


—  194  — 

extraits  du  Catalogue  de  l'exposition  universelle  qui  eut  lieu  à 
Paris  en  1867  (')  : 

«  N°  843.  Quatorze  petits  instruments  de  bronze  :  plume,  gra- 
phiuin...  M.  Duqueiielle,  Reims.  » 

«  N"  844.  Plume  de  bronze  trouvée  à  Nîmes  sous  un  gradin 
de  Tamphithéâtre  romain.  —  Musée  de  Nîmes.  » 

Enfin,  M.  le  docteur  Alexandre  a  eu  l'obligeance  d'apporter  à 
l'appui  de  ce  qui  précède  l'autorité  d'un  nouvel  exemple,  celui 
d'une  «  plume  en  bronze  trouvée  à  Bavay  »,  selon  de  Bast  (-). 

Le  beau  sujet  d'études  !  dira-t-on  peut-être,  l'important  ser- 
vice en  vérité  que  d'avoir  démontré  l'antiquité  de  la  plume 
métallique!  Qu'a-t-on  à  gagner  à  ces  nugae  difficiles,  à  ces 
«  doctes  inutilités  »,  comme  les  appelait  VHermite  en  Belgique, 
en  1827,  qui  reprochait  aux  archéologues  de  prendre  les  acces- 
soires de  l'histoire  pour  l'histoire  elle-même 

Il  avouait  néanmoins  que  cette  classe  de  savants  amassent 
des  matériaux  qui  seront  fort  utiles  aux  écrivains  assez  habiles 
pour  les  mettre  en  œuvre. 

Et,  en  effet,  qu'une  contestation  scientifique  s'élève  sur  l'au- 
thenticité de  tel  diplôme,  de  tel  palimpseste,  de  tel  de  ces  rou- 
leaux qu'on  retrouve  jusque  sous  la  cendre  du  Vésuve  à  Pompéi, 
ne  sera-ce  rien  que  d'avoir  apporté  à  la  solution  de  la  question 
un  élément  de  plus  que  n'en  fournit  notamment  le  traité  tout 


(  '  )   Catal.  cité  plus  haut,  p.  64. 

(*)  Recueil  d'antiquités,  "2^  SuppL,  p.  41;  ce  nouvel  exemple  est  un  argument 
du  plus  grand  poids  à  l'appui  de  l'authenticité  des  plumes  raétailiques  romaines  : 
quand  de  Bast  écrivait,  c'esi-à-dire  vers  1810,  les  plumes  de  fer  modernes  n'étaient 
pas  encore  inventées  et  n'ont  pu  dès  lors  être  l'occasion  d'une  falsification. 

A  la  vérité,  il  est  à  remarquer  que  les  expressions  de  plumes  de  fer  comme  de 
chemins  de  fer,  ont  été  employées  bien  antérieurement  à  l'invention  de  celte  appli- 
cation toute  moderne  du  fer;  ainsi  de  même  que  les  vieux  ciironiqueurs  ont  appelé 
chemins  ferrés  d'anciennes  voies  dont  la  dénomination  est  expliquée  aujourd'hui  par 
la  présence  dans  le  tréfonds  de  scories  de  forges  primitives  (Boutrot,  Histoire  de 
la  ville  de  Troyes,  J,  p.  26)  ;  de  même  De  Launay,  qui  publiait,  k  Bruxelles  en  l'an 
\,  sa  Minéralogie  des  anciens,  parle  de  la  «  plume  de  fer  »  de  Job,  en  traduisant 
ainsi  le  stylus  ferreus  de  la  Bible. 


—  m  — 

récent  de  M.  de  Wailly,  sur  les  Éléments  de  la  paléographie,  où 
l'on  en  est  encore  aux  distinctions  des  bénédictins  Tassin  et 
Tourtain  sur  les  tniits  qui,  au  IX"  ou  au  X**  siècle,  doivent  être 
attribués  h  la  canne  à  écrire  ou  à  la  plume,  ici  dans  les  actes  sy- 
nodaux, les  bulles  des  papes,  là  dans  les  documents  royaux,  etc. 

Liège,  l"  mai  1874. 

S. 


FOUILLES  DANS  LA  TOMBE  D'AVENNES 


PAR 


M.  le  Comte  G.  de  LOOZ. 


La  tombe  romaine  d'Avennes  (i)  fait  partie  du  lerritoire  de  la 
commune  de  Braives,  canton  d'Avennes,  arrondissement  admi- 
nistratif de  Waremme,  province  de  Liège.  C'est  pourquoi  elle 
a  souvent  été  désignée  sous  le  nom  do  tombe  de  Braives;  nous 
lui  conserverons  celui  de  tombe  d'Avennes,  qu'on  lui  donne 
généralement  dans  le  pays,  parce  qu'elle  est  plus  rapprochée 
de  ce  dernier  village. 

Cetumulus,  un  des  mieux  conservés  que  nous  connaissions, 
est  aujourd'hui  propriété  communale;  il  est  soigneusement 
entreteim  et  la  commune  de  Braives  l'a  entouré  d'une  vir.gtaine 
de  bornes  pour  prévenir  tout  envahissement  de  la  part  des  pro- 
priétaires voisins;  elle  l'a  môme  fait  boiser  et  ciôlurer  par  une 
haie  depuis  une  douzaine  d'années.  Nous  sommes  heureux  de 
pouvoir  mentionner  ici  l'intérêt  porté  par  l'administration  com- 
munale h  l'un  de  nos  plus  anciens  monuments  archéologiques; 
ces  exemples  de  sollicitude  intelligente  deviennent  de  plus  en 
plus  rares,  et  il  serait  heureux  de  les  voir  suivre  par  les  com- 
munes qui  possèdent  sur  leur  territoire  des  tumuius,  car  ceux- 
ci  tendent  de  plus  en  plus  à  disparaître  de  notre  sol. 

(')  Celte  tombe  est  renseignée  au  cadastre  de  la  commune  de  Braives  sous  le 
n"  o,  section  A  ;  elle  confine  aux  parcelles  n»^  "2,  i  et  lo,  même  section.  (PI.  IV.) 


Bull  ilcViiislAixh  Lici/coisJcmeYJI,  pa(7eL9(i 


ruv 


i'«litc   f^alciic  IrtLcïaU    PiOs.-<r  nmi 
?t   ).?iuL(.c.-'   aulc-ii  c  uxc.-" 

^vaiio  le   «raoCcMi  . 

Échelle  ded!002  à  17)00 

■  de  L ooz  ,  de] 


uptDircÀ] 

A       C«.V\»CCV  II 

^ -XiiJi.  Je  N  Vsh'Lsn:-  Csrjnsnnu  L:e. 


xpLORATiûA-DEL.iro.ALBE  D'AvE^NES. -  Plan  des  tramux. 


—  197  — 

Située  environ  à  mi-chemin  entre  le  village  d'Avennes  et  la 
grande  chaussée  romaine  de  Tongres  à  Bavay,  notre  tombe  ne 
se  trouve  qu'à  une  trentaine  de  mètres  à  l'est  du  chemin  de  tra- 
verse qui  conduit  du  village  d'Avennes  à  la  chaussée  romaine 
et  aboutit  près  de  l'avenue  du  château  de  Braives.  Elle  n'est 
dore  pas  Irès-éloignée  des  substructions  romaines  qui  bordent 
la  chaussée  des  deux  côtés  sur  le  territoire  de  Braives,  subs- 
tructions qui  embrassent  une  superficie  de  plus  de  dix  hec- 
tares et  s'étendent  presque  jusqu'à  la  route  de  Huy  à  Tirlemont, 
sur  le  territoire  de  Lens-Saint-Remy;  trop  considérables  pour 
avoir  appartenu  à  une  simple  villa,  ces  substructions  semblent 
se  rapporter  à  un  relai  de  poste  (mansio  ou  mutalio),  peut-être 
même  à  un  vicus  ou  un  caslellum.  On  ne  sait  malheureusement 
rien  sur  l'origine  du  village  actuel  de  Braives;  son  ancien  nom 
latin,  Broivia,  pourrait  toutefois  avoir  désigné,  sous  la  domina- 
tion romaine,  une  localité  d'une  certaine  importance.  A  diffé- 
rentes reprises,  on  y  a  mis  au  jour  des  vestiges  el  des  objets 
romains  et  franks. 

La  Commission  française  de  la  carte  des  Gaules  (i),  place 
Perniciacum  à  Avenues,  sur  la  rive  gauche  de  la  Méhaigne;  les 
distances  indiquées  par  l'itinéraire  d'Anlonin  et  par  la  carte  de 
Peulinger  semblent,  en  effet,  favorables  à  l'hypothèse  des  savants 
français.  Voici  ces  distances,  accompagnées  de  la  réduction 
des  dernières  en  kilomètres  ;  quant  aux  premières,  on  ne  les 
considère  ici  que  comme  points  de  comparaison  : 

Itinéraire  d'Antonin.      Carte  de  Peutinger.     Kilomètres. 
Adualuca  Tungrorum  (Tongres)  à 

Perniciacum XIV  MP.  (Millia  pas-    XVI      L.lLeugse 

Perniciacuna  à  Geminiacum  (Gem-  suum).     ou  lieues  romaines,.  35  */t 

bloux; .  XXII  MP.  XIV       L.  31 

Geminiacum  à  Vodgoriacum  .Wau- 

drez X  MP.  XVI       L.  35  «/t 

Vodgoriacum  à  Bagacum  (Bavay).     XH  MP.  XII      L.  26  % 

Total.     .     LVIII    MP.  LVIU     L.  <-i8  »/• 

(*)  Les  travaux  préparatoires  de  la  Commission  ont  paru  dans  la  Bévue 
arehiologique  de  Paris. 


—  198  -- 

Si  cos  deux  itinéraires  concordent,  quant  au  total  des  unités, 
de  Ton^res  à  Bavay,  il  n'en  est  pas  de  même  ,  ainsi  qu'on  peut 
s'en  assurer  [)ai'  le  tableau  ci-dessus,  pour  les  dislances  entre 
les  diverses  étapes  ou  man^iones,  La  divergence  principale  (un 
écart  de  8  unités)  se  porte  sur  Geminiacum  (Gi'ml)loux)  où  il 
semble  y  avoir  eu  un  déplacement;  la  situation  approximative 
de  Perniciacum  (Avenues)  ne  doit  pas  en  souffiir,  car  il  est  à 
remarquer  que  la  distance  entie  Tongres  et  Avenues  est  effec- 
tivement d'environ  3o  kilomètres. 

Déjà  en  l8oi,  l'attention  de  V Institut  archéologique  liégeois  îiii 
attirée  sur  les  substructions  de  la  cluiussée;  dans  sa  séance  du 
4  mars,  M.  Stanislas  Bormans,  alors  secrétaire  de  la  Société, 
déposa  sur  le  bureau  le  plan  d'une  partie  d'entre  elles  qui  venait 
d'être  mise  à  découvert,  par  suite  probablement  de  travaux 
agricoles;  il  exprim;iit  en  même  temps  le  désir  d'y  voir  pratiquer 
des  fouilles.  L'Institut  décida  qu'un  subside  serait  à  cet  effet 
demandé  au  gouvernement  et  chargea  de  la  surveillance  des 
travaux  MM.  Bormans,  d'Otieppe,  de  Sélys  et  Ulysse  Capitaine. 
Cette  demande  ne  reçut  probablement  pas  un  accueil  favorable, 
car  ce  ne  fut  qu'en  1872  que  la  Société  fil  f;iire  quelques 
rechei'ciies  en  cet  endioit;  ces  fouilles,  surveillées  par  l'auteur 
du  présent  article,  furent  assez  fructueuses;  elles  seront  ulté- 
rieurement l'objet  d'un  rapport  spécial. 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  remarquer  ici  que  la  chaussée  ro- 
maine de  Tongres  h  Bavay  a  subi,  sur  le  territoire  de  Braives, 
de  grandes  modilications  dans  son  tracé.  Elle  était  autrefois 
bi'aucoup  plus  rapprociiée  de  la  tombe  et  suivait  une  profonde 
dépiession  du  sol,  que  l'on  remarque  encore  aujourd'hui.  Vei'S 
1845,  le  gouvernement  beige,  dans  le  but  de  l'améliorer,  la 
reporta  à  une  ceniaine  de  mètres  plus  au  Nord.  Les  travaux  de 
déblai  que  ces  changements  néiîes-^ilèrent  firent  découvrir  sur 
l'emplacement  actuel  de  la  chaussée,  un  vase  rempli  de  mon- 
naies romaines  en  or,  qui  malheureusement  ont  été  fondues 
chez  un  orfèvre  de  Liège,  des  fibules,  des  styles,  ainsi  qu'une 


—  199  — 

tête  de  cheval  en  bronze,  grandeur  réelle  ;  on  ignore  ce  que  ces 
derniers  objets  sont  devenus. 

La  tombe  d'Avennes  ne  se  trouvait  donc  pas  nutrefois  plus 
éloignée  de  la  chaussée  que  les  tuniulus  voisins  d'O.nal,  de 
rEmpereur(à  Moxhe)  et  du  Soleil  (Embresin).  De  son  sommeton 
découvre  parfaitement  la  tombe  de  l'Empereur,  ainsi  que  la  tombe 
de  Vissoul  et  celle  de  Latinne,  aujourd'hui  presqu'enlièrement 
nivelée  (appelée  aussi  dans  le  pays  tombe  de  Marneffe),  ces 
deux  dernières  situées,  au  sud,  dans  une  autre  direction,  aune 
lieue  environ  de  notre  chaussée,  et  formant  avec  le  tnmulus 
d'Avennes  une  sorte  dévaste  triangle  scalène:  vers  le  nord-est 
la  tombe  de  Blehen  se  détache  de  l'horizon. 

De  la  tombe  de  l'Empereur,  on  découvre  les  deux  belles 
tombes  du  Soleil  et  de  celles-ci  on  aperçoit  les  dt^ux  petits  tu- 
mulus  de  Merdorp,  situés  à  l'extrême  limite  de  notre  province 
et  toujours  le  long  de  la  chaussée  romaine.  Ces  quatie  groupes 
de  lumulus  (en  y  eompre.iani  la  tombe  qui  nous  occupe)  sont 
distants  d'une  demi-lieue  environ  l'un  de  l'autre;  cet  espa- 
cement régulier  tendrait  à  faire  croire  qu'elles  n'ont  pas  seule- 
ment servi  de  sépultures  —  ce  qui  n'est  du  reste  pas  encore 
démontré  pour  toutes  les  tombes,  —  mais  qu'elles  ont  encore 
fait  partie  d'un  système  général,  qu'on  les  a  utilisées  comme 
postes  de  défense  ou  d'observation.  D'un  autre  côté,  celte  opi- 
nion, qui  est  celle  d'un  grand  nombre  d'archéologues,  se  trou- 
verait ici  infirmée  par  le  fait  qu'il  existe,  si  nous  pouvons  nous 
exprimer  ainsi,  une  solution  de  contiimité  dans  le  système, c'est- 
à-dire  que  de  la  tombe  d'Avennes  on  ne  peut  apercevoir  le  beau 
groupe  d'Omal,  distant  de  près  d'une  lieue,  et  que  du  haut  des 
tumulusde  Merdorp,  un  exhaussement  du  sol  cache  la  vue  de  la 
grosse  tombe  d'Hoitomont,  la  première  tombe  brabançonne, 
éloignée  du  reste  de  plus  de  six  kilomètres.  Nous  reviendrons 
d'ailleurs  plus  loin  sur  le  mode  de  construction  des  tombes  et 
les  différentes  destinations  que  les  Romains  pourraient  leur 
avoir  données. 


-~  âOO  — 

Le  périmètre  delatombed'Avennesà  sa  base  est  aujourd'hui  de 
112  mètres,  ce  qui  lui  donne  un  diamètre  de  plus  de  33  mètres; 
elle  n'a,  croyons-nous,  jamais  eu  une  plus  large  assiette; 
une  circonstance  relatée  plus  loin  vient  encore  à  l'appui  de  cette 
opinion.  Quant  à  sa  hauteur,  elle  a  pu  être  diminuée;  elle  pos- 
sède encore  au  midi  une  élévation  de  11  mètres,  et  vers  le  nord- 
est,  direction  où  elle  présente  une  très-foiie  déclinaison,  une 
belle  pente  de  18  mètres.  Par  suite  de  cette  circonstance,  la 
plate  forme  n'occupe  pas  paifiiitement  le  milieu  de  la  tombe; 
elle  a  environ  30  mètres  de  pourtour;  la  commune  a  fait  plan- 
ter au  centre  un  frêne  pleureur. 

A  différentes  reprises,  la  tombe  d'Avennes  a  attiré  l'attention 
des  touristes  et  des  archéologues;  de  nombreux  écrivains  en 
font  mention.  Voici  ce  qu'en  dit  Van  der  Rit  {Journal  de  VArchi- 
tectuvey  année  1851,  p.  87)  :  «  La  tombe  de  Braives  est  assise 
»  sur  le  versant  d'une  colline  qui  s'élève  à  l'Orient.  J'ai  remar- 
»  que  que  cette  situation  est  généralement  applicable  aux  autres 
»  tombes,  sauf  quelques  rares  exceptions.  En  face  de  cette  der- 
»  nièie  butte  tumulaire,  et  sur  la  grande  voie,  on  venait  de 
»  découvrir,  lors  de  mon  passage,  un  nombre  considérable  de 
»  matériaux  romains,  ainsi  qu'un  [)Uits  qui  remonte  évidemment 
»  à  la  même  époque.  Ce  puits  est  placé  à  côté  et  au  nord  de  la 
»  route  et  les  m.itériaux  sont  ré|)andus  dans  les  champs  à 
»  droiie  et  à  gauche  de  cette  même  route,  et  sont  en  plus  grande 
»  quantité  vers  le  deuxième  côlé.  Les  talus  de  la  rouie  permet- 
»  tent  de  distinguer  l'épaisseur  de  cette  couche  de  matériaux 
»  qui  varie  de  un  à  deux  mèires  de  hauteur.  Je  rencontrai  sur 
»  les  lieux  M.  Maxliin  (sic)  (il  s'agit  probablement  de  M.  Bar- 
»  ihold  Mottin,  membre  défunt  de  l'Institut),  de  Hannut,  qui,  à 
»  différentes  rcpiises,  était  déjJi  venu  y  faire  des  inve.ligalions 
»  parmi  les  restes  des  constructions  antiques  dont  le  sol  est 
»  jonché.  Dans  une  exploration  que  nous  fîmes  ensemble,  nous 
»  lûmes  singulièrement  surpris  de  la  quantité  de  ferrailles 
»  qui  se  trouvaient  mêlées  à  ces  débris.  Nous  en  concluons 


~  201  — 

»  qfue  l'établissement  qui  se  trouvait  à  cet  endroit,  du  temps 
»  des  Romains,  pouvait  bien  avoir  été,  sinon  une  fabrique 
»  d'armes,  au  moins  un  lieu  où  l'on  réparait  celles  des 
»  troupes  qui  voyageaient  sur  la  grande  voie,  ainsi  que  le 
»  matériel  de  guerre  qu'une  armée  traîne  ordinairement  à  sa 
»  suite.  » 

Monsieur  Albert  d'Otreppe  de  Bouvetle,  dans  la  36'"^  livrai- 
son de  ses  Tablettes  liégeoises,  p.  108,  signale  à  Braives,  «  une 
»  tombe  près  de  la  campagne  des  Sarrasins.  »  C'est  ainsi  qu'on 
appelle  dans  le  pays  les  vestiges  de  constructions  dont  il  a  déjà 
été  question.  Le  même  auteur,  même  ouvrage,  même  page, 
mentionne  que,  vers  18o4,  on  a  découvert  de  nombreux  frag- 
ments de  poterie  et  des  monnaies  près  de  la  tombe  d'Avenues. 

La  «  tombe  d'A\ennes,  à  Avenues  ^)  (sic),  est  citée  par  la  Bel- 
gique monumentale,  tome  II,  pp.  88  et  188.  Les  Annales  de  la 
Société  archéologique  de  Na7m(r,  tome  III,  p.  397  ;  le  Bulletin 
de  r Institut  archéologique  liégeois,  tome  III,  p.  306  ,  et  Schayes 
(2*  édition  par  Plot),  tome  III,  pp.  423  et  433,  parlent  d'un  tumu- 
lus  situé  à  Avenues. 

Del  Vaux,  tome  II,  p.  27,  constate  que  «  la  tombe  dite  d'Aven- 
nes  est  dans  la  campagne  de  Braives;  »  ailleurs,  même  vol., 
p.  50,  il  revient  sur  ce  tumulus  :  «  On  rem.irque  en  cette  com- 
mune (Braives)  une  tombe  qui  porte  le  nom  de  tombe  d'Avenues.» 

Ferraris  la  cite  sur  sa  carte  sous  le  nom  de  tombe  «  d'Avene.» 

«  A  peu  de  distance  de  la  tombe  de  l'Empereur,  à  Moxbe,  se 
->>  voit  la  tombe  d'Avenues,  »  dit  Bovy,  t.  II,  p.  283. 

Nous  lisons  encore  dans  le  Dictionnaire  archéologique  de  la 
Gaule,  —  époque  celtique,  —  ouvrage  publié  par  ordre  de 
l'empereur  Napoléon  III  : 

«  Braives,  provittce  de  Liège,  Belgique.  On  a  signalé  à  la 
»  Commission  dans  cette  commune  un  tumulus  qui  porte  le 
»  nom  de  tombe  d'Avennes  ;  il  est  situé  entre  la  Méhaigne  et  la 
»  Chaussée  de  Bavay  à  Tongres.Ce  tumulus  n'a  pas  été  fouillé.» 

Ou  voit  que  la  Commission  française  attribue  à  notre  tumulus 


202 


une  origine  celtique,  tandis  que  les  fouilles  ont  surabondam- 
ment prouvé,  comme  on  le  verra  plus  loin,  qu'il  ne  remonte 
qu'à  l'époque  romaine.  Nous  croyons  inutile  de  relever  l'erreur 
commise  par  la  Commission  lopographique  des  Gaules,  qui 
désigne  Avenues  sous  le  nom  d'Avennes-les-Hannecl  {sic). 

(Voir  encore  le  Bulletin  de  V Institut  archéologique  liégeois, 
tome  I,  p.  121  ;  Van  der  Ril  :  Les  Chaussées  romaines,  pp.  33, 
37,  etc.) 

Les  citations  qui  précèdent  montrent  que  les  auteurs  se  sont 
indifféremment  servis  des  expressions  tombe  de  Braives  et 
tombe  d'Avenues;  ce  double  emploi  a  élé  signalé  dans  le 
Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  t.  X, 
pp.  288  et  291. 

En  présence  des  fouilles  heureuses  déjà  effectuées  l'année 
précédente,  ['Institut  archéologique  liégeois  prit,  dans  sa  séance 
du  8  novembre  1872,1a  résolution  de  tenter  des  recherches  dans 
la  tombe  d'Avenues  ;  un  crédit  de  200  francs  fut  volé  h.  cet  effet 
et  on  voulut  bien  nous  confier  la  surveillance  des  fouilles. 
Après  d'assez  longs  pourparlers  avec  l'administration  commu- 
nale de  Braives,  nous  obtînmes,  avec  l'autorisation  demandée, 
une  renonciation  préalable  à  tout  ce  qui  pourrait  être  découvert, 
à  l'exception  des  objets  en  matières  précieuses;  on  y  mit 
toutefois  la  condition  de  verser  d'abord  la  somme  de  50  francs 
entre  les  mains  du  receveur  communal. 

Les  travaux  d'exploration  commencèrent  le  vendredi  12  mai 
1873,  au  moyen  d'une  galerie  de  deux  mètres  de  hauteur  sur 
deux  mètres  de  largeur,  ouverte  dans  le  flanc  sud  du  lumulus. 
Deux  ouvriers  seulement  fuient  employés. 

Dès  les  premiers  coups  de  pioche,  nous  découvrîmes  presque 
à  fleur  de  terre  et  près  du  pied  du  tumulus  le  goulot  et  quelques 
fragments  d'une  petite  cruche  en  terre  blanche,  ainsi  qu'un 
autre  fragment  de  poterie  paraissant  se  rapporter  au  corps 
d'une  lampe  en  terre.  Cette  trouvaille,  très-insignifiante  en  elle- 
même,  nous  fournit  la  preuve  que  le  contour  inférieur  du 


~  203  — 

lumulus  n'avait  guère  été  entamé,  les  débris  en  question  y 
ayant  probablement  été  apportés  des  constructions  voisines  et, 
cela  depuis  longtemps,  à  en  juger  par  leur  état  de  vétusté  et  de 
fragilité. 

Les  terres  composant  le  tumulus  présentant  une  extrême 
résistance,  —  ainsi  que  nous  l'avons  du  reste  remarqué  dans 
la  plupart  des  autres  lombes  romaines  —  le  creusement  de  la 
galerie  devait  se  faire  à  la  pioche  et  ne  pouvait,  par  suite, 
s'effectuer  que  très-lentement.  Au  bout  de  trois  jours  de  travail 
et  tout  en  suivant  le  niveau  du  sol  cultivé,  en  entamant  toute- 
fois d'une  trentaine  de  centimètres  l'argile  vierge,  nous  ramas- 
sâmes dans  la  galerie,  à  environ  huit  mètres  de  distance,  un 
petit  bronze  romain  complètement  fruste,  ainsi  que  des  débris 
d'un  chaînon  du  même  métal.  Ces  deux  objets  ne  se  trouvaient 
évidemment  là  que  par  hasard  et  avaient  dû  y  être  perdus  par 
les  constructeurs  de  la  tombe  ou  bien  encore  s'étaient  trouvés 
dans  les  terres  qui  avaient  servi  à  l'édifier. 

La  coupe  de  notre  galerie  nous  a  permis  de  nous  rendre  par- 
faitement compte  de  la  manière  dont  il  a  été  procédé  à  celte 
opération.  Chaque  couche  de  terre  présente  presque  partout 
dans  les  tombes  romaines  la  même  épaisseur  :  rarement  l'une 
d'elles  se  trouve  répétée  ;  les  terres  ont  dû  être  déposées  bien 
également  sur  toute  la  surfiice.  Les  ditïérentes  couches,  la 
plupart  du  temps,  n'adhèrent  pas  enire  elles  mais  se  détachent 
au  contraire  parfai:e;neiil  l'une  de  l'autre  à  la  voiîic  des  gale- 
ries ;  c'est  ainsi  que  nous  avons  encore  pu  constater  à  leur  sur- 
face l'empreinte  bien  visible  d'un  pied  ou  pluiôt  d'un  soulier 
romain,  ce  qui  donnerait  à  supposer  que  les  terres  étaient 
soigneusement  tassées  avant  qu'on  ve  songeât  à  déposer  une 
nouvelle  couche. 

A  quatorze  mèires  de  distance  et  à  environ  60  centimètres 
du  point  central  marqué  au  plan,  les  ouvriers  rencontrèrent  des 
traces  de  fouilles  antérieures,  que  nous  ne  pouvons  attribuer 
qu'aux  armées  françaises  de  passage  en   Belgique  :   ce  fu^ 


-  204  - 

(f  abord  un  puits  circulaire  de  â^OO  de  diamètre,  qui  s'enfonçait 
profondément  dans  le  sous-sol.  La  terre  qui  avait  servi  à  le  rem- 
blayer était  redevenue  aussi  dure  et  aussi  compacte  que  l'argile 
environnante,  sans  cependant  adhérer  à  celle-ci,  ce  qui  nous 
permettait  de  juger  parfaitement  des  proportions  du  puils.  De 
celui-ci,  et  à  un  mètre  plus  bas  que  notre  g;>lerie,  partait  à 
angle  droit  une  petite  galerie  latérale  vers  le  Sud.  Ne  trouvant 
rien  tout  d'abord,  nos  devanciers  avaient  lâionné  à  droiie  et 
à  gauche  et  avaient  finalemenl  désespéré  du  succès.  Celte  petite 
galerie  était  remplie  d'une  terre  très-friable  qui,  une  fois 
déblayée,  ne  nous  a  fourni  que  de  grossiers  moellons  romains 
laissés  là  probablement  par  dépit  par  les  premiers  explorateurs. 
Nous  disons  que  nous  attribuons  ces  recherches  aux  armées 
françaises,  parce  que  la  tradition  locale  est  muette  sur  toute 
fouille  qui  aurait  pu  se  faire  récemment;  et  que,  d'un  autre  côté, 
on  sait  de  source  certaine  qu'un  grand  nombre  de  nos  tombes 
ont  été  visitées  par  les  Français  —  et  toujours  au  moyen  du 
même  système  de  puits  verticaux,  —  lors  de  leurs  divers 
campements  en  Belgique. 

Parvenus  au  centre  du  tumulus  et  n'apercevant  pas  la  plus 
petite  trace  de  sépulture,  nous  étions  sur  le  point  de  désespérer 
à  notre  tour,  lorsque  l'idée  nous  vint,  avant  de  clôturer  nos 
recherches,  d'essayer  quelques  sondages  dans  les  parois  de 
notre  galerie.  Au  troisième  coup  de  sonde  dans  la  paroi  de 
gauche,  la  tarière  ramena  une  terre  grasse  noirâtre  et  assez 
meuble  que  nous  n'avions  point  encore  rencontrée.  En  élargis- 
sant l'ouverture  avec  la  bêche,  cette  terre  se  trouva  bientôt 
mêlée  de  débris  de  bronze  et  de  ferrailles,  ainsi  que  de  charbon 
de  bois;  nous  touchions  au  caveau.  Sa  paroi  orientale  s'offrit 
à  nous  peu  après.  Creusée  à  O^TO  en  dessous  du  niveau  de  la 
campagne  voisine,  la  fosse  sépulcrale  mesurait  â^lO  de  longueur 
sur  2  m.  de  largeur.  Parfaitement  orientée  du  nord-est  au  sud- 
ouest  dans  le  sens  de  sa  longueur,  elle  avait  dû  être  primitive- 
ment recouverte  d'un  couvercle  circulaire  en  bois,  maintenu  par 


Bull,  de  rinst.  arch.  liégeois.  T. 

XTT,  pap:e  203. 

PI.  V. 

2"'00     . 

.... 

42 

47 

38 

41                 36             ^ 
35            37 

49 

.     NORD. 

40             39 

45 
46       44 

\ 

27             ^ 
17                  "'^ 

50 

\ 

11 

49 

\ 

© 

18             ^ 
26                    20 

24         '' 

\ 

(M 

25     ^9  48  2 

12 

\ 

32                              21       3 

29               30          22 

13 

SUD. 

4         28            49 

; 

23                                8 
31 

5              '' 

«              33          9           ^« 

6              15 

... 

16 

i 

1.  Os 

semenis  divers. 

21.  Grand  vase  funéraire  en  verre. 

2.  lUiiru  en  hi'OMze. 

22.  Fiole  l;i(ryuialoire             id. 

3.  ('■liinil  vose  en  terre  noire. 

23.  Bouteille  .i  cannelures  en  verre 

4.  Grande  Ijouieille  ronde  en  verre 

jaune. 

verdàlre. 

24-261  Trois  petites  patèrcs  en  pole- 

S.  Bouteille  ronde  h  large  panse. 

r  e  sigillée. 

6.  Grand  vase  en  terre  noire  à  arête 

27-28.  Bouteilles  en  verre  vert  à  go- 

aignc  à  la  panse. 

(Iroiis. 

7.  Vas"^  doré  au  mica  et  orné  à  la 

29-30.  Peii's  vases   semblables  aux 

pan^e  de  boulons  et  de  masca- 

nns  14  et  15. 

rons  en  relief. 

31.  Bouteille  cannelée  en  verre  ver- 

H. Grande  olla  en   pâte    grossière. 

dàlre. 

9.  Cruche  en  tei're  Idanche. 

32  3'f.    Trois    patères     en     poterie 

10.  (bruche,  plus   petite   que  la  pré- 

rouge grossière. 

cédente. 

35-38.  quatre    patelles  bilobées  en 

11.  Vase  en  terre  rouge  à  bords  re- 

terre sigilli'C. 

pliés. 

39-42.  Quatre    patelles  bilobées  en 

12.  Bouteille  ronde,   moins  grande 

terre  sigillée,  plus  petites  que 

que  le  n*»  4. 

les  précédentes. 

13.  Grande  patére  en   terre  sigillée. 

43.  Couteau  en  fer. 

14-lo.  Petits  vases,  forme   trépied, 

4i.  Sella  i>lic(iiilis  en  fer. 

dorés  au  mica. 

45.  Pincettes  en  fer. 

16.  Ciseau  en  fer.  avec  anneau. 

46.  P.  Ile  à  feu. 

i      17.  Vase  avec  boulons,  doni  au  mica, 

47.   Lampe  en  fer. 

j                plus  petit  que  le  n"  7. 

48.  Bronze  de  Vespasien. 

18.  Vase  à  parlums  en   terre   noire 

49.  Ornements   en   bronze    du  cou- 

fine. 

vercle. 

19   Vase  en  verre  blanc  laiteux. 

50.  Ferrailles  diverses. 

20.  I»elit  entonnoir  en  verre. 

TOMBE  D'AVENNES.  -  Disposition  des  oljjets  Jaiis  le  cavean. 


—  205- 

des  ferrailles  dans  ses  différentes  parties  et  orné  de  clous  en 
bronze  à  large  tète  :  la  plupart  de  ceux-ci  ont  été  rétrouvés. 
Les  grosses  planches,  probablement  en  chêne,  formant  les  cô- 
tés de  celte  espèce  de  cercueil,  avaient  laissé  des  traces  parfai- 
tement visibles  dans  l'argile  qui  avait  dû  les  recouvrir;  le  bois, 
une  fois  consommé  et  réduit  en  poussière,  avait  laissé  un  vide, 
encore  traversé  par  les  clous  autrefois  enfoncés  dans  les 
planches.  Quant  à  la  partie  supérieure  du  couvercle,  elle  avait, 
après  effondrement,  livré  passage  aux  terres,  qui  avaient  fait 
irruption  dans  le  caveau  et  le  remplissaient  entièrement  lors  de 
sa  découverte  (1).  Ctt  éboulement  s'était,  ainsi  qu'on  peut  le 
constater  dans  presque  tous  les  tumulus  fouillés,  surtout  pro- 
duit avec  force  vers  le  centre  du  caveau,  ce  qui  explique  que 
les  objets  déposés  le  long  des  parois  se  sont  trouvés  générale- 
ment préseivés  et  ont  pu  être  en  grande  partie  retirés  intacts 
de  la  sépulture. 

Nous  allons  maintenant  passer  à  un  examen  détaillé  des 
objets  contenus  dans  la  fosse.  Quant  à  la  manière  dont  ils  s'y 
trouvaient  disposés,  consulter  la  planche  V. 

Poterie». 

I.  Un  grand  vase  en  terre  jaune,  forme  d'olla,  à  larges  bords 
repliés  à  plat,  haut  de  O^SO,  et  d'une  circonférence  d'un  mètre 
37  centimètres;  il  a  2i  centimètres  d'ouverture  et  une  épaisseur 
de  15  millimètres.  (Voir  pi.  VI,  fig.  11.)  Ce  vase,  brisé  en  un 
grand  nombre  de  morceaux,  a  pu  être  entièrement  reconstruit. 
II  ressemble  étonnamment  à  un  objet  analogue  découvert  en 
1863,  par  M.  l'abbé  Kempeneers  dans  le  cimetière  du  Haem- 
berg,  à  W^ezeren,  près  de  Landen  ;  il  n'en  diffère  qu'en  ce  que 
le  vase  du  Haemberg  possède  au  bord  un  léger  renflement  (  2). 
Cette  similitude  entre  les  deux  vases  tend  à  prouver  que  le 

(  *  )  Voir  la  coupe  du  caveau  sur  la  planche  IV. 

(*)  Voir  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie.  IV.  p.  424,  pi, 
IV,  fig.  34,  et  pi.  VI,  p.  168. 


—  206  ~- 

cimetière  du  Haemberg  est  bien  romain,  ce  qui  avait  pu  être 
révoqué  en  doute  à  cause  d'une  certaine  apparence  franke  de 
quelques  vases  qui  y  ont  été  découverts.  Les  rebords  plats  de 
notre  grand  vase  ont  déjà  été  pris  (opinion  du  reste  abandonnée 
aujourd'hui)  pour  la  lunelte  d'un  lieu  d'aisance  ou  d'une  garde- 
robe  :  on  voit  d'ailleurs  par  le  Catalogue  du  Musée  de  Nîmes, 
p.  79,  que  des  amphores  servaient  quelquefois  d'urinoirs. 

II.  Un  grand  vase  en  poterie  noire,  de  0'"24  de  hauteur, 
à  pied  exigu  et  à  panse  fortement  bombée.  (Voir  pi.  VI,  fig.  1.) 

III.  Un  second  vase  en  poterie  noire,  ne  différant  du  précé- 
dent qu'en  ce  qu'il  est  plus  bas  de  forme  et  muni  à  la  panse 
d'une  arête  assez  aigùe.  (Voir  pi.  VI,  fig.  9.)  Ces  deux  formes 
de  vases  ne  paraissent  pas  communes,  car  nous  ne  les  avons 
pas  encore  vues  figurées  ;  le  Musée  de  Namur  en  possède 
cependant  un  ou  deux  spécimens. 

IV.  Une  grande  cruche  en  terre  cuite  jaunâtre,  de  O^SO  de 
hauteur,  (Voir  pi.  VI,  fig.  12.) 

V.  Une  autre  cruche  semblable  à  la  précédente,  mais  un 
peu  moins  haute  et  d'une  terre  plus  blanche. 

Ces  deux  objets  ont  beaucoup  d'analogie  avec  une  cruche 
découverte  dans  la  tombe  Hémava,  près  de  Montenaken  (i). 
Les  objets  trouvés  dans  cette  dernière  tombe  sont  aujourd'hui 
déposés  au  château  de  Hasselbrouck ,  commune  de  Goyer 
(Limbourg). 

VI.  Une  coupe  hémisphérique  en  terre  cuite  rougeâtre,  avec 
rebord  rabattu  extérieuiement  et  strié  de  lignes  jaunes.  Haut 
de  0'"12,  ce  vase  (pi.  VI,  fig  8)  ressemble  à  une  coupe  du 
même  genre  provenant  de  la  tombe  Hémava  et  considérée 
comme  original(3  par  Messieurs  de  Caumont  et  Joly.  D'un 
usage  peu  connu,  cet  objet  paraît,   selon   M.    Schuermans, 


(  ')  Voir  BuUelin  des  Commissiom  royales  d'art  et  d'archéologie,  IV,  p.  372,  pi.  I, 

fig.  8. 


~-  207  — 

se  rencontrer  plus  fréquemment  comme  poterie  samienne  (0* 
Les  stries  de  couleur  jaune  dont  noîre  exemplaire  est  orné, 
rappellent  assez  bien  un  objet  trouvé  dans  la  villa  du  Ronden- 
bo^ch  et  décrit  en  ces  termes  par  M.  Schuermans  :  «  terre 
«jaune  fort  lendre  et  tirant  sur  le  rouge,  ornée  et  couverte  à 
»  Texlérieur,  de  rangées  de  petits  traits  en  couleur  rose  (en  cou- 
»  leur  brune  sur  un  autre  vase),  long  à  peu  près  de  0"'0:2.  »  Le 
même  auteur  fait  suivre  cette  description  de  considérations  qui 
tendent  à  reporter  ce  genre  de  poterie  au  IP  siècle  de  notre 
ère  (2). 

Du  Cleuziou,  dans  son  ouvrage  sur  «  la  Poterie  gauloise,  » 
p.  198,  n"  117,  parle  d'un  vase  semblable  au  nôtre,  mais  en 
terre  blanche,  trouvé  à  Clermoni-Ferrand,  en  France  ;  il  le 
range,  peut-être  à  tort,  parmi  les  supports  probables  de  vases 
apodes  ou  sans  pieds.  J.  de  Basi  (premier  supplé  nent  au  liecueil 
cTantiquités  romaines  et  gauloises,  p.  212,  pi.  III,  fîg.  9)  en 
cite  un  autre,  trouvé  en  creusant  les  fondations  du  château 
d'Égremont,  à  trois  lieues  de  Lille,  en  juillet  1730. 

VII.  Un  vaso  de  «i^n  de  hauteur,  doré  au  mica,  orné,  tout 
autour  de  l'ouverture,  d'un  rang  de  boutons  en  relief,  au  nombre 


(*)  Voir  Bulletin  des  ('commissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  IV,  p.  373, 
pi.  I,  fig.  9  ;  Messager  des  sciences  historiques,  1851,  p  -15  ;  Abécédaire,  ère 
gallo-romaine,  pp.  418  «1419  ;  Brongniai"),  Description  méthodique  du  Musée  céra- 
mique de  la  manufacture  royale  de  Sèvres,  pi.  IX,  fig.  7  ;  liutletin  de  l'Institut 
archéologique  liégeois,  V,  p.  237  ;  de  Monlfaucon,  III,  pi.  LXXXII  ;  Emele,  Be- 
schreibung  rômischer  und  deulscher  Alterthïimer  der  Provinz  llheinhessen,  pi.  IV, 
fig.  I,  el  pi.  XI,  fig.  1  ;  Annales  de  la  Société  archéologique  de  i\amur,  IV,  p.  92  ; 
Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  XWe  annde,  2"'e  série,  XI,  p.  304, 
Dorow,  Opferstàtte  und  Grabhïtgel  der  Germanen  und  Borner  am  Rhein,piTl  II,  pi. 
XV,  fig.  i  ;  de  Caylus,  I,  pi.  CIII,  fig.  4.  Voir  aussi  les  numéros  493  et  suivants 
(acquis  par  M.  Joly)  à  la  vente  de  Renesse  (4  mars  I8fi41  ;  Bulletin  des  Commis- 
sions royales  d'art  et  d' archéologie, S ,  p.  178,  pi.  Il,  fig  38;  Académie  des  sciences, 
des  lettres  et  arts  de  Cor</ea« r  (séance  du  16  juin  1831,  pi.  IX,  fig  6,  représen- 
tant un  objet  qu'on  décrit  comme  «  vase  bizarre  en  terre  noire  ;  »  on  ajoute 
«  qu'il  y  en  a  de  pareille  forme  en  terre  rouge,  t 

(  *)  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  VI,  p.  162,  pi.  V, 
fig.  37. 


X 


—  208  — 

de  dix-huit,  et  sur  la  panse,  de  deux  groupes  de  boutons  sem- 
blables, disposés  3,  "2,  1, 1,  1,  1,  et  séparés  par  deux  grands 
mascaron.s  également  en  relief  (pi.  VI,  fig.  14). 

Ce  genre  de  poterie,  qu'on  trouve  dans  presque  toutes  les 
substructions  romaines,  ne  paraît  cependant  avoir  été  signalé 
jusqu'ici  que  par  des  fragments  Nous  croyons  intéressant  de 
relaier  ici  ce  qu'en  dit  M.  le  conseiller  Schuermans  (i)  à  propos 
de  débris  de  même  nature  recueillis  par  lui  dans  la  villa  du 
Herckenberg  :  «  Poteries  à  boutons,  revêtues  d'une  sorte  de 
»  dorure  ayant  résisté  au  temps;  sur  un  fragment,  cette  dorure 
»  est  mêlée  à  une  nuance  brune  qui  lui  donne  le  reflet  mélalli- 
»  que  du  bronze.  Sauf  un  fragment  exigu  (déterré  au  Tombal, 
»  près  d'Avernas-le-Baudouin),  tous  les  tessons  ayant  cette 
»  espèce  de  dorure,  décombres  jusqu'ici  dans  la  Hesbaye  et 
»  dans  les  environs  de  Maestriclit,  Outre-Meuse,  sont  pourvus 
»  de  petites  bosses  rondes  comme  des  têtes  de  clous,  symétri- 
»  quement  placées  de  haut  en  bas,  et  qui  à  l'intérieur  forment 
»  autant  de  fossettes  (2).  »  Monsieur  Habets...  croit  que  celte 
»  dorure  n'a  rien  de  commun  avec  le  mica  précédemment 
»  signalé  sur  certains  vases  par  Grignon  (p.  CCXXII),  Barailoa 
»  (pp.33, 135,192)  et  de  Caumont  (CoMrs,etc.,II,  p.  209et  suiv.; 
»  Ère  gallo  romaine,  p,  415)  (3).  Pour  élucider  cette  question, 
»  M.  Van  der  Capellen,  de  Hasselt,  a  bien  voulu  se  charger  de 
»  traiter  îi  l'eau  régale  la  prétendue  dorure  de  ces  tessons,  et 
»  le  résultat  négatif  de  ses  expériences  l'a  porté  à  conclure 
»  positivement  à  l'absence  de  métal,  or  ou  cuivre,  dans  la  pré- 


(  *)  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéolofjiey  VI,  p.  267,  pi. XII, 
fig   7  et  8.  Voir  aussi  même  ouvrage,  V,  p.  444,  notes  3  et  4. 

(•;  Publications  de  la  Société  pour  la  recherche  et  la  conservation  des  monu- 
ments historiques  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  III,  pp.  196,  201  et  291, 
pi.  I,  fig.  iO. 

(  *j  Voir  encoe  Bulletin  de  la  Société  pour  la  conservation  des  monuments  his- 
toriques d'Alsace,  1866,  p.  104  ;  Mémoires  de  la  Société  d'Émulation  d'Abbeville, 
1844,  p.  183;  Publications  de  la  Société  d'archéologie  dans  le  Duché  de  Limbourg, 
III.  p.  196,  pi.  1,  1)0  10. 


—  â09  — 

»  tendue  dorure,  qui  serait  véritablement,  d'après  lui,  due  à  ce 
»  qu'on  appelle  le  mica  doré  ou  sable  d'or.  Ainsi  viendrait  à 
»  disparaître  l'atlribulion  de  la  fabrication,  dans  nos  contrées 
»  exclusivement,  de  ces  vases  «  dorés,  »  identiques  à  ceux  de 
»  la  Gaule  méridionale.  Mais  M.  Habets  peut  maintenir,  à 
»  raiscm  de  la  découverte  de  ces  vases  ornés  de  petites  bosses 
M  ou  de  petits  boutons  ronds,  à  Flavion  et  à  la  Motte-le-Comte 
»  (deux  cimetières  abandonnés  depuis  les  premiers  Antonins), 
»  sa  conclusion  relative  à  l'usage  de  ces  vases  sous  le  Haut- 
»  Empire  ,  conclusion  que  corroborent  les  monnaies  du 
»  Herckenberg.  » 

Il  résulte  de  ce  qui  précède,  que  nous  devons  considérer  la 
poterie  en  question  comme  bien  positivement  dorée  au  mica, 
mica  qui  disparaît  malheureusement  au  moindre  frottement, 
surtout  lorsqu'il  est  mouillé. 

Notre  vase  est  orné  sous  son  pied  d'un  sigle  presque  indé- 
chiffrable; peut-être  faut- il  lire  CIVVI,  marque  déjà  rencontrée 
à  Braives,  sur  un  vase  présentant  un  sujet  de  chasse  à  la  barbo- 
tine,vase  vu  autrefois  chez  M.  le  baron  de  Sélys,  au  château  de 
Longchamps. 

VIII.  Un  second  vase,  même  poterie  dorée,  plus  petit  que  le 
précédent,  orné  au  bord  de  treize  perles  et  à  la  panse  d'une  série 
de  boutons  semblables,  disposés  en  losanges  et  alternant  avec 
de  gros  mascarons,  le  tout  en  relief;  ce  dessin  est  répété  trois 
foi^  (pi.  VI,  fig.  13). 

IX.  Quatre  vases  en  forme  de  coupe  supportés  par  trois 
pieds,  de  la  même  poterie  fine,  brunâtre  et  dorée  que  les  pré- 
cédents ,  h;iuleur  0™07o  (pi.  VI,  fig.  2).  M.  Schuermans  nous 
écrit  n'avoir  j;imais  rien  vu  de  semblable  dans  les  fouilles  qu'il 
a  dirigées;  il  est  d'avis  que  s'il  fallait  absolument  trouver  pour 
les  vases  apodes  (qui  ont  du  reste  complètement  fait  défaut 
dans  la  tombe  d'Avenues)  un  support  probable,  ce  ne  serait  ni 
dans  les  objets  repris  aux  numéros  VI  et  XV  qu'il  faudrait  le 


—  210  — 

chercher,  mais  plutôt  dans  ces  godets,  avec  un  trépied  tout  à 
fait  propre  à  assurer  l'équilibre  (  i). 

Brongniart  et  Riocreux  (2)  intitulent  un  objet  analogue  «  vase 
culinaire,  hémisphérique,  à  trois  pieds.  »  Ces  quatre  vases 
auraienl-ils  servi  à  Avenues  ii  brûler  des  parfums '/Nous  devons 
faire  remarquer  ici  qu'ils  n'étaient  point  placés  symétriquement 
dans  le  caveau,  ainsi  que  leur  nombre  pourrait  le  faire  sup- 
poser. 

X.  Un  petit  vase  en  poterie  noire  extrêmement  fine,  à 
panse  anguleuse;  haut  de  0"^09  ;  il  ne  mesure  guère  à  certaines 
places,  qu'un  millimèire  d'épaisseur  (pi.  VI,  fig.  iO);  il  est  muni 
en  dessous  du  pied  et  un  peu  de  côté  de  la  marque  IVAIAI  (3). 
La  marque  MAINV,  déjà  signalée  à  Montrœul-sur-Haine,  en 
Belgique  (Sigles  figuiins  [i),  n"  3194),  s'est  rencontrée  sur  une 
a  poterie  noire,  »  dans  le  musée  de  Meester  de  Ravestein  (s  ), 
à  Hever,  près  de  Malines. 

Nous  attirons  l'attention  sur  l'existence  de  sigles  sur  deux 
poteries  (voir  numéro  VII)  d'une  nature  autre  que  la  poterie 
samienne;  c'est  un  fait  rarement  constaté. 

Le  Musée  de  Liège  possède  plusieurs  de  ces  petits  vases, 
mais  malheureusement  tous  incomplets.  Leur  forme  est  la 
même  que  l'objet  figuré  au  n°  34  de  la  planche  V  des  fouilles  de 


(  •  )  Voir  ce  que  l'on  dit  de  l'apolheca  dans  le  Bulletin  des  Comm.  roij.  d'art  et 
d'archéologie,  II,  p.  iSl.  Lévy  {Histoire  de  la  peiuiure  sur  verre,  p.  XXXIII) 
donne  à   cet  objet  le  nom  d'angoUieca,  d'après  Wiiickelmann,  etc. 

(  *  )  Description  méthodique  du  Musée  céramique  de  la  manufacture  royale  de 
porcelaine  de  Sèvres,  pi.  Vlll,  flg.   i7. 

(')  Nous  devons  à  l'indpuisiible  obligeance  de  M.  Schiicrmans  la  d(ilermination 
de  Cl'  sigle,  ainsi  que  des  suivants.  La  marque  miam  a  élé  trouvée  à  Paris  {Sigles 
yî<;.  noHo71);  <;fr.  d'a'itres  sigles  (S/jy/eA/iy.  3181  et  suiv.)  où  les  lettres  M.  et  A 
sont  en  monogramme  :  miaki,  etc. 

(*)  lliciie  série  de  sigles,  publiée  par  M.  Schuermans,  dans  les  Annales  de 
r Académie  d'archéologie  de  Belgique,  IK  série,  tome  111. 

(*)  Musée  dii  Ravestein,  catalogue  descriptif,  U,  p.  136,  a°  il61. 

« 


BidLdcl  InsUlul  atchUig.  TomiXIL Pucje 311 


Echelle  de  ' ,Ç.O poar  1'^    .f 


a 


EXPLORATION      DELA      TO  M  B  E    D   '  AV  E  M  N  E  S  POTERICi 


-  Ml  - 

Walsbelz,  mal  représenté  toutefois  {i);  elle  vient  encore  d'être 
rencontrée  tout  récemment,  mais  revêtue  d'un  engobe  plus  brun, 
pyr  M.  l'abbé  Kempeneers,  dans  son  exploration  du  tumulus 
deBlrlien,  près  Hannut  ('2).  On  en  a  également  trouvé  àRenaix  et 
à  Fliivion  (3).  Ces  vases  d'une  qualité  déterre  très-fine,  et  d'une 
épaisseur  excessivement  mince,  et  à  la  forme  desquels  on  a 
souvent  attribué  une  origine  grecque  (4),  sont  très-estimés  des 
antiquaires  et  sont  placés  par  eux,  comme  beauté  et  impor- 
tance, au  même  rang  que  les  poteries  en  terre  rouge  sigil- 
lée (o).  La  confeciion  de  vases  de  ce  genre,  d'après  Pline  (6), 
aurait  été,  dans  un  cas  particulier,  le  résultat  d'un  défi  entre 
maîtres  et  ouvriers;  ils  auiaient  le  plus  souvent  servi  à 
renfermer  des  baumes  odoriférants  ou  des  onguents,  de  même 
que  ceux  en  poterie  moins  fine,  à  paie  brune  (7),  comme  le  vase 
de  Blehen.  Selon  Brongniart  (8),  leur  couverte  «  est  due  à  un 
»  silicate  de  fer  ou  de  chaux  rendu  soluble  par  un  silicate  de 
»  soude  :  ce  lustre  noir,  silicate  alcalin  et  terreux,  comme  l'est 
»  du  reste  aussi  le  vernis  de  la  poterie  de  terre  dite  sigillée, 
»  semble  identique  à  la  glaçure  noire  des  vases  grecs.  » 
XI.  Trois  paièrcs  en  terre  cuite  grossière  revêtue  d'un  vernis 


(  •)  Bulletin  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéologie,  IIl,  p.  328. 
(•)  Voir  encore  Herraans,   Noordbrabam's  oudheden,  Bois-le-Duc,  I860,  page 
124,  pi.  iX,  fig.  19. 

(  *  j  Annales  de  la  Société  archéol.  de  Namiir,  VII,  p.  30,  pi,  I,  fig.  6  et  H  ;  Mes- 
sager des  sciences  historiques,  1843,  pi.  VIII,  fig    13. 

(*)  Alfred  Béqiiel.   Annales  de  la  Société  archéologique  de  Samur,  VII,  p.  413. 

(")  Hat-omans,  p.  419;  Brongniart,  I,  p.  43-2;  Alfred  Bdquet,  Annales  de  la 
Société  archéologique  de  Namur,  i.  c.  ;  Messager  des  sciences  historiques,  1843, 
p.  517,  pi.  VIII,  lig   4. 

C)  X\XV,  40.  iNoiis  nous  sommes  permis  d'emprunter  la  plupart  des  détails  qui 
prL'cedenl  a  la  de-criplion  du  vaNe  de  V\a:sbetz,  par  M.  Schuermans.  (  Bulletin  des 
Comm.  roy.  d'an  et  d'archéologie,  III,  p.  32b.) 

C)  Messager  des  sciences  historiques,  ISio,  pp.  107,  109,  420,  430,  pi    IV,  fig. 

i;pi.  v,fig.  i. 

(•)  I,  pp.  16  et  421. 


212 


rouge  (pi.  VI,  tig.  8).  Nous  ne  dirons  rien  de  cette  sorte  d'ob- 
jets, qu'on  rencontre  fréquemment  dans  les  fouilles  pratiquées 
en  des  villas  et  des  lumulus.  Les  tombes  de  Fresin  et  de 
Walsbetz  en  ont  fourni  chacune  deux  paires  de  tout  à  fait  sem- 
blables (i);  nous  devons  faire  remarquer  ici  que  la  tombe 
d'Avenues  renfermait  des  débris  d'une  quatrième  paiera,  de  la 
même  terre,  mais  qui  n'a  pu  être  reconstituée.  Une  de  ces 
patères  contenait  des  ossements  de  lièvre. 

XII.  Une  grande  patère  en  poterie  sigillée  (pi.  VI,  fig.  4), 
marquée  h  l'intérieur  (ainsi  que  les  objets  suivants)  du  sigle 
0F>CREST1G.  Le  G  final,  étant  peu  visible,  pourrait  bien  être 
un  0  (2);  Grestici  est  toutefois  plus  probable  (officina  Grestici). 
Notre  patère  est  commune  dans  les  fouilles,  mais  rarement 
complète. 

XIII.  Trois  patères  en  terre  samienne,  de  moitié  moins  larges 
que  la  précédente  (pi.  VI,  fig.  3),  marquées  :  l'une  VIRTVTIS, 
les  deux  autres  ININI  ?  La  première  marque  se  rencontre  fré- 
quemment (3)  Quant  à  la  seconde,  les  sigles  connus  qui  pa- 
raissent s'en  rapprocher  le  plus  sont  :  IN  IVVS.  IN  IVORI, 
trouvé  à  Tarragone;  INIIWXV^,  Augst;  INIVOI,  Cuissy,  etc. 

XIV.  Quatre  patelles  bilobées  en  terre  sigillée,  pi.  VI,  fig.  6  ; 


(  ')  Voir  passim  les  Bulletins  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archiolorjie. 

(•j  Cfr.  sur  ce  sigle  :  CRESTio,  trouvé  à  Schindeleggi  Suisse),  Veihlen  (Pays- 
Bas),  Paris,  Bavay,  Limoges,  Allier,  Ton^res  S.  yiV/- n°M736.  1737);  m  ckestio, 
Niniègueel  LoUibury  (Angleterre),  (5.  F.  n»  1738^;  OF  crestio,  Riègel,  Limoges, 
(id.  1739);  OF  CRESTIC,  Londres;  (id.  1735).  Vi  Reiue  archéologique,  \\\{,  m, 
cite  un  vase  et  une  la.npe  marqués  of  crestio. 

(  '  )  Cfr.  anal.;  viRTHV  et  virthvs,  Londres  (S.  F.  5815-5816  ;virthvs  es,  dépar- 
tement de  l'Allier  (id.  5817  ;  virthvs  F,  Tours  (id.  5818);  virthvsF,  Heddernheim 
(id.  5819.;  virthvs  FECiT,  Londres  id.  58:20);  virtvs  F,  environs  de  Wiesbaden, 
Musée  Eiiiele,  (id.  o821  );  OF  virtvtis,  Londres,  Allier  (id.  58-23  ;  viriwm,  Virlon? 
{ id  5824);  virth,  Angle'erre  Birch,  4  4  ;  virt  ,  Angleteire  iWright  474'; 
virthvs  FECT,  Auvergne  (de  Caumont,  Abécédaire);  virthvs  fe  ;Worms,  Zeitschrift 
etc.,  Il,  ai'l  ;  virtvs  FECIT,  Pannes  près  Nancy  {Précis  des  travaux  de  la  Société 
royale  des  sciences,  lettres  et  arts  de  Nancy,  18;24-1828,  p.  203  ;  VIRTV....,  CoU 
chester  (It.  Smith,  CoUectanea  aniiqua.  11,  40)  ;  viktvti  f,  Angleterre (Wright,474.} 


—  âi3  — 

elles  portent  les  marques;  ATTILO(i),  A/EQVRI(2),  AQVITA(3), 

OFIAN  (?)  (4).  Il  est  souvetU  question  de  celte  forme  dans  le 
Bulletin  des  Coin.  roy.  d'art  et  d'archéologie  (3). 

XV.  Quatre  autres  patelles  bilobées,  même  poterie,  de  tailles 
différentes,  mais  plus  petites  que  les  précédentes  (pi.  VI,  llg. 
7).  Elles  sont  ornées  de  quatre  sigles  figulins,  dont  deux  aux 


(  *  On  possède  :  atilivs,  Echzell  [S.  Figulins,  n*»  ^li]  ;  atillvs,  Musée  de 
Darmsladt,  Mayence,  Ronie  (id.  o77]  ;  atillvs  f,  Environs  de  Mayence  'id.  o78!  ; 
(ATT)  iLLvs,  Jusienville,  prés  de  Theux  [Bulletin  de  l'inst.  arch.  liéy.,  \,  IS:  ; 
ATiLvs  F,  lampe  trouvée  à  Trêves  f  Jahresbericht  der  Gcsellschaft  fur  niitzliche 
Forscliungen  zu  Trier, -1836,  p.  72)  ;  atillvs,  Angleterre  (Wright,  408);  atti- 
Livs,  lampe  à  Xanlen  (S.  F/>7h/.,  n"  610)  ;  attilivs  F,  Uhinzabern,  Hanau,  Envi- 
rons de  Mayence,  Trêves  îlampe),  Veelilen,  Hollande  (S.  F.  611);  attilli.  m, 
Londres,  Richborough  (id.  612);  attillvs  f,  Musëe  de  Darmstadt  (id.  613)  ;  at- 
TiLLii.  M,  Angleterre  (Wright,  468  ;  attilli,  Bordeaux  ISéanee  de  l'académie  de 
Bordeaux,  1831,  pi.  IX,  fig.  22);  Montans  (Bulletin  monumental,  1859,  p.  701). 
attialvs  (sans  doute  attillvs),  Essert  (canton  de  Vaud,  Suisse)  (Milllieilungen 
der  antiquarischen  Gesellschafl  fiir  vaterlandische  Alterthiiraer  in  Ziirich). 

(2  )  La  marque  de  secvrvs  n'est  jamais  signalée  avec  un  q,  tandis  qu'on  a  trouvé  : 
AEOvifi.  F.  Londres  {Sifjle.s  Jigulins,  n»  99)  ;  ^QvK.  F,  Londres  (id.  lOO).  C'est 
peut-être  le  même  potier  (v.  Roach  Smith,  Roman  London,  p.  -102  ;  aeqvrvs, 
Bavay  [S.  F.  101 1  ;  NEQVRbX,  Londres  (id.  3846).  Cette  marque  est  si  mal  tracée 
sur  notre  vase  qu'il  faut  peut-être  lire  aqvita  comme  pour  le  sigle  suivant,  lui- 
même  douteux. 

(  ')  Cfr.  AQViT,  Wiesbaden,  Windisch,  Londres  [S.  F.  437)  ;  OF  aqvit,  Windisch, 
Ensdorf,  Londres  l'id.  438)  ;  of  aqvit  (...  Windisch  (id.  439,)  ;  OF  aqvita,  Lon- 
dres, Tongres  (id.  4i0)  ;  aqvitan,  Windisch,  Riegel,  Florence  (id.  441);  OF 
AQUAN,  Windisch,  musées  de  Zurich  et  de  Bonn,  Riegel,  Dormagen  (id.  442,  ;  of 
AQviTANi,  Vechten,  Londres,  Autriche  (id.  443,)  ;  of  aqvitani,  Musée  de  Darmstadt, 
Yechten  Cid.  444)  ;  of  aqvitani,  Orléans,  Le  Châtelet  (id.  445),  Rome  id.  446', 
avec  les  lettres  iTAN,  en  monogramme;  aqvitanvs,  Windisch,  Mayence,  Londres 
(id.  447;  ;  aqvita,  Florence  (id.  448),  avec  les  lettres  vnA  en  monogramme;  aqvit, 
Colchesler  (Roach  Smith,  Col.  Ant.  Il,  40)  ;  OF  aqvit,  Yechten  (Janssen.  p.  203, 
n»  2177)  ;  OF  AQVITA,  Cologne  {Jahrbuch,  XLI,  138,'  ;  aqvitani,  Musée  de  Nantes 
[Catalogue  Parenieau,  ;  OF  AQViTNi,  Xanten  (Sleiner,  II,  225;. 

(*)  On  connaît:  ian.  ofic,  Nîmes,  iGorraer-Durand,  37);  iani,  Bibliothèque 
de  Strasbourg  [S.  fig.  n"  2546,'. 

(*)  Voir  en  outre  :  Académie  royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  arts  de 
Bordeaux,  séance  publique  du  -16  juin  1831,  pi.  V,  fig.  2,  p.  169. 


—  ±\i   - 

noms  de  CARUS  F  (i)  et  VIRF?  i^i)  ;  les  deux  dernières  marques 
sont  illisibles. 

Cette  forme  se  rencontre  fréquemment,  ainsi  que  la  précé- 
dente; notre  collègue,  le  docteur  Alexandre,  conservateur  du 
Musée  de  Liège,  a  proposé  de  l'appeler  bilobée:  nous  lui  conser- 
verons celle  qualification,  qui  remplace  avantageusement  toute 
espèce  de  description.  M.  Schuermans,  qui  n'a  point  toute- 
fois trouvé  de  ces  vases  dans  les  tumulus  explorés  par  lui,  en 
parle  comme  {?,)  «  de  jattes  hémisphériques  h  deux  lobes  for- 
»  mant  bourrelet  ou  profil  rentrant.  »  11  ajoute  «  qu'on  les 
qualifie  quelquefois  de  salières.  »  Un  auteur  français  (4)  consi- 
dère, mais  très-vraisemblablement  à  tort,  ces  vases  comme  des 
supports  probables  de  vases  apodes. 

Nous  devons  faire  remarquer  ici  que  la  tombe,  aujourd'hui 
nivelée,  de  Hémava  a  fourni,  comme  celle  d'Avennes,  le  même 
service  en  terre  sigillée,  composé  de  douze  pièces,  en  quatre 
formats  (5),  identiques  aux  objets  repris  aux  numéros  XII,  XIII, 
XIV,  XV  ;  elles  présentent  toutefois  cette  différence  que  les 
premières  ne  portent  point  de  marques  de  potier  comme  les 
nôtres,  mais  sont  en  revanche  ornées  sur  les  bords  de  feuilles 
de  lotus  tracées  en   relief.  Le  même  fait  (il  s'agit  également 


(')  Cfr.  anal.  :  CARvs,  Mayence,  Nimègue  (Sigles fiç/ul.,  a°  1115);  CARVS  F, 
Bàle,  Augst,  Enns  (  id.,  1116);  CAiiVS  F  (s  renversé),  Tongres  (id.,  -1117);  carvs 
FEC,  Enns  (id.,  1118);  carvs.  f,  Angleterre  (Wright,  469  );  carvs.  of,  Musée 
de  Nantes  {Catalogue  Parenieau];  OF.  CARI,  Poitou,  Londres  (  S.  F  1085);  cari 
(R  retr.  ,  Sagonte  (  Hubner,  4970,  123  );  CARI.  OF,  Musée  de  Nantes  f  C<J'«/oî/«e 
Parenieau  i.  On  a  trouvé  également  la  marque  of  cario,  comme  s'il  avait  existé  un 
potier  du  nom  de  Cario,  gonilif  Carionis  :  Officina  (  sous-entemJu  sua)  Cario. 

(')  On  connaît  en  lait  de  maïques  analogues  :  vir,  Poitiers  i  î'/y/fv /fy.,  n» 
5772);  of.  vir....,  Carlisie  {Caialoijue  du  .\Jusce  arclicoloijiqne  de  Carliste,  1859, 
7;  ;  OF.  VIR..  ,  lombes  de  Seron  (  S.  F.  n»  5774  i. 

{■•j  Bulletin  des  coin.  roy.  d'art  et  d'archéoloqie,  V,  p.  440,  pi.,  V,  fig.  10  et 
10  bis. 

{ */  Du  Cleuzion,  De  la  poterie  gauloise,  p.  197,  n»  116. 

(  ^  )  Voir  Bulletin  des  corn.  roy.  d'art  et  d'archéologie,  V,  pi.  1,  iîg.  4,  5,  6,  7  et 
4  bis,  5  bis,  6  bis  et  7  bis. 


tiuJI  JcImslilulArcliMif  TomeXIl Pauc  !?/.< 


i.OHATION      DE      LA     TOMBE       D'     A  V  E  N  «  E  8  .  -  iej-^  ,    Bronzes  .Verr 


-  ^15  - 

d'une  douzaine  de  pièces),  a  été  constaté  par  M.  del  Marmol, 
lors  de  l'exploration  d'un  des  tumulus  de  Seron.  Cette  analogie 
nous  a  paru  importante,  parce  qu'au  moyen  de  ces  divers 
rapprochements  on  peut  peut-être  lirriver  à  déterminer  d'une 
manière  approximative  l'époque  où  notre  tumulus  a  été  édifié. 

Outre  les  objets  en  terre  cuite  ci-dessus  signalés,  la  sépulture 
d'Avenues  renfermait  encore  un  grand  nombre  de  fragments  de 
poterie,  dont  la  plupart  paraissaient  avoir  subi  les  atteintes  du 
feu  du  bûcher  et  avoir  été  brisées  volontairement,  avant  d'être 
jetées  dans  le  caveau. 

Ces  fragments  étaient  trop  incomplets  pour  qu'on  pût  en 
reconstituer  des  vases  entiers. 

Objets  en  verre. 

La  sépulture  d'Avenues  s'est  montrée  particulièrement  riche 
en  objets  en  verre. 

XVI.  Une  grande  bouteille,  forme  circulaire,  avec  anse,  en 
verre  verdâtre  (pi.  VU,  fig.  1',  haute  de  0"',27. 

XVII.  Une  seconde  bouteille,  même  verre  et  même  forme  que 
la  précédeute,  mais  ne  mesurant  que  0"',19o  de  hauteur  (pi. VII, 
fig.  2).  Bien  que  ce  modèle  n'eût  point  encore  été  rencontré 
auparavant  dans  les  tumulus  où  les  subslructious  delà  Belgique, 
il  est  loin  d'être  inconnu  (i). 

La  seconde  des  deux  bouteilles  que  nous  venons  de  men- 
tionner a  seule  été  trouvée  intacte  dans  le  caveau  ;  c'est  le 
premier  objet  qui  s'est  offert  aux  regards  dos  explorateurs  (voir 
pl.V,  n"  12).  Elle  était  remplie  aux  deux  tiers  d'un  liquide 
incolore,  qui  n'a  pas  été  analysé  jusqu^ci  ;  celui-ci  est  dû 
peut-être  aux  inliltiations  incessantes  des  eaux  pluviales  dans 
la  tombe.  Toutefois  les  objets  en  terre  cuite,  dont  quelques-uns 
ont  été  également  retirés  entiers  du  caveau,  ne  présentaient 

(*)  Voir  notamment  Hagemans,  Un  Cabinet  d'amateur,  pi.  XV,  fig.  7,  p.  472, 
n"  8. 


—  ^216  — 

point  celle  particularilé  ;  rabsence  de  liquide  peut  s'expliquer 
par  la  nature  plus  poreuse  et  plus  celluleuse  de  la  terre  cuite. 

XVIII.  Une  bouteille  eu  verre  verdâtre,  avec  anse,  très-large 
et  très-basse  de  forme  (pi.  VIT,  fig.  3),  car  elle  ne  mesure  que 
0"',18  de  hauteur.  Ce  modèle  paraît  moins  commun  que  le  pré- 
cédent, car  les  auteurs  n'en  font  guère  mention.  Il  rappelle  un 
objet  analogue  ti^ouvé  dans  la  tombe  Hémava  (4),  mais  en 
diffère  toutefois  en  ce  que  ce  dernier  est  hexagone  au  lieu 
d'avoir  une  panse  de  forme  circulaire.  L'auteur  delà  description 
de  ce  vase  hexagone  attire  l'altention  sur  l'exagération,  non 
encore  signalée  jusqu'alors,  de  sa  largeur  relativement  à  sa 
hauteur. 

XIX.  Une  urne  en  verre  vert,  à  col  rétréci  de  0'",20  de  hauteur 
et  de  0'",73  de  circonférence  à  la  panse,  qui  est  ornée  vertica- 
lement de  grosses  côtes  ou  godrons  en  relief  (pi.  VII,  tig.  4). 
Celle  urne  renfermait  les  cendres,  ou,  pour  mieux  dire,  les 
ossemenls  à  demi  calcinés  et  brises  du  défunt.  Comme  les 
débris  de  cette  urne  se  sont  trouvés  fortement  mêlés  à  ceux  de 
la  grande  olla  reprise  au  numéro  I,  par  l'ouverture  de  laquelle 
elle  pjisse  exactement,  il  se  pourrait  que  celle-ci  eût  contenu  la 
première,  en  lui  servant  ainsi  d'enveloppe  extérieure.  Ce  fait 
d'un  double  contenant,  parliculièrement  pour  les  bassins  en 
bronze,  précaution  destinée  probablement  h  mieux  préserver  les 
cendres  du  cadavre,  a  été  observé  dans  d'autres  tumulus, 
notamment  à  Fresin  el  à  Walsbetz  (2). 

Des  vases,  de  la  forme  du  nôtre,  mais  sans  godrons,  ont  été 
recueillis  dans  les  tumulus  de  Walsbetz  et   de  Thisnes,  ce 

dernier  aujourd'hui  disparu  (a). 

* 

I  *  )  Uiillctiu  (les  Coiiit'ii'i'^ious  royales  d'an  cl  d'arclirologie,  IV,  p.  3G9,  pi.  I, 
fig-  2. 

(')  Hulletin  des  Coinmi.ssiojis  royales  d'art  el  d'arcliéoloijie,  MI,  p.  294,  pi.  II, 
fig.  1  ;  II,  p.  127,  pi.  III,  fig.  1. 

(*)  Bulktin  des  Coininissioiis  royales  d'art  el  d'archéologie,  III,  p.  310,  pi.  V,  fig. 
20  ;  IV,  p.  380,  n»  XII.  pi.  II,  fig. -10. 


Quanta  ceux  qui  sont  munis  de  côtes  en  relief,  on  peut  citer, 
entre  autres,  plusieurs  exemples  découpes  hémisphériques  (i). 
Une  urne  en  verre  identique  à  la  nôtre  est  signalée  dans  le 
trésor  de  Braiideiibourg  (Beger)  (2). 

XX.  Un  petit  entonnoir,  de  0"',08  de  hauteur,  en  verre  ver- 
dâtre  (pi. Vil,  fig.  8).  Ce  genre  d'objet  n'avait  pas,  pensons-nous, 
été  découvert  jusqu'ici  en  Belgique.  Il  a  beaucoup  de  ressem- 
blance avec  un  entonnoir  ou  infundibulum  en  verre  trouvé  à 
Pompéi  et  figuré  par  Aiilhony  Rich  {Dictionnaire  des  antiquités 
romaines  et  grecques,  p.  334.  ) 

XXI.  Une  petite  urne  dite  lacrymatoire,  de  0'",10  de  hauteur, 
en  verre  verdàtre,  trouvée  intacte  (pi.  VII,  fig.  9).  Cette  fiole 
était  déposée  en  travers  de  l'ouverture  du  vase  décrit  au  numéro 
XIX,  et  reposait  probablement  sur  les  cendres  du  défunt. 

Nous  avons  affaire  ici  à  un  de  ces  petits  vases  si  communs 
que  pendant  longtemps  on  a  désignés  sous  les  noms  d'urnes  ou 
fioles  lacrymatoires,  opinion  aujourd'hui  généralement  aban- 
donnée ;  on  s'accorde  maintenant  à  les  considérer  comme  des 
vases  «  destinés  à  contenir  les  baumes  ou  onguents  liquides 
»  dont  on  arrosait  les  ossements  brûlés  et  la  colonne  que  l'on 
»  plaçait  quelquefois  sur  le  tombeau  »  (3).  La  place  occupée 
par  notre  fiole  dans  l'urne  funéraire  est  un  argument  de  plus  à 
l'appui  de  cette  manière  de  voir. 

La  tombe  de  Fresin  contenait  plusieurs  de  ces  fioles  et  de 
différentes  dimensions  (4).  On  en  a  également  rencontré  dans  la 


(*)  Bulletin  des  Commissions  roi/ales  d'art  et  d'archéologie,  V,  p.  't3-i,  pi.  IV, 
fig.  50  et  SI  (coiisuller  la  note  1,  qui  renferme  de  nombreuses  citations)  ;  VI,  p. 
147,  note  4.  Roach  Smith  attribue  ces  objets  à  l'époque  de  Vespasicn. 

;  ',  UernarJ  deMonlfaucon,  l'Antiquité  expliquée,  III,  p.  145,  pi.  LXXIX. 

(')De  Meester  de  Itavestein,  Ca/(j/o(/Me  descriptif  du  Musée  de  Ravestein,  Il 
p.  71  ;  voir  aussi  Plutarqiie  et  Lucien  [Dialogue  des  morts). 

(*)  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  U,  p.  144,  pi.  III, 
fig.  4,  5,  6,  8,  9,  10.  M.  Scliuermans  y  exprime  encore  l'opinion  que  ces  petites 
tiolcs  sont  ili's  [iicrymatoirps,  opinion  qu'il  a  forme  11  î ment  combultuo  depuis. 


-  iîl8  — 

ombe,  actuellement  nivelée,  du  Tombal,  à  Avernas  (i),  ainsi 
que  dans  letumnliis  de  Thisnes,  délruiten  1823  (2).  Les  sépul- 
tures romaines  en  ont  d'ailleurs  fourni  de  tout  temps  de  nom- 
breux exemplaires  ;  le  Musée  de  Liège  en  possède  une,  d'une 
dimension  triple  de  la  nôtre,  trouvée  à  Juslenville,  près  de 
Theux,  et  munie  sous  la  base  d'un  sigle  de  verrier. 

XXTL  Une  jolie  coupe  hémisphérique  en  verre  blanc  laiteux, 
non  transparent  (  pi.  VII,  fig.  5  )  ;  les  cassures  sont  d'une  belle 
couleur  jaune  topaze  ;  elle  est  malheui'eusement  incomplète.  Lo 
Musée  de  Liège  en  possède  déjh  une  semblable,  également 
incomplète,  provenant  du  cimetière  franc  de  Seraing,  près 
Liège  ;  on  sait  que  les  Francs,  qui  ont  succédé  aux  Romains 
dans  la  conquête  de  notre  sol,  se  sont  encore  pendant  long- 
temps servi  des  objets  délaissés  par  ces  derniers  :  c'est  ainsi 
que  l'on  rencontre  souvent  des  monnaies  romaines  dans  les 
cimetières  de  l'époque  franque. 

XXIII.  Trois  bouteilles  en  verre  verdàtre,  de  0'",29  de  hau- 
teur, à  long  col  et  à  [)anse  conique  ornée  verticalement  de 
godrons  en  relief;  l'anse  qui  part  du  col  se  rattache  h  la  panse 
par  d'épais  filaments,  qui  descendent  ensuite  en  gradins  le  long 
de  cette  dernière  (pi.  VII,  fig,  6).  Nos  trois  flacons  ne  sont  pas 
identiques  de  taille  et  de  proportions  :  chez  l'un  c'est  l'exagéra- 
tion de  la  longueur  de  la  panse,  chez  les  autres  celle  du  col  qui 
se  fait  remarquer.  Celte  forme  a  été  trouvée  dans  le  tumulus  de 
Walsbelz  (3),  mais  dépourvue  de  côtes  en  relief.  Le  Musée  de 
la  Porte  de  Hal,  à  Bruxelles,  en  possède  une  semblable  prove- 
nant de  la  collection  Hagemans  (4);  nous  en  avons  vu  deux 

(  *  )  Bulletin  des  Commissions  royales  d'an  et  d'archéologie,  IV,  p.  38S,  n"s  90, 
91,  92  et  93,  pi.  111,  fig.  2. 

(')  Bulletin  des  Couimissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  IV,  p.  379,  pi.  II, 
fig.  8. 

(')  Bulletin  des  Cominiss.  roy.  d'art  et  d' archéologie,  111,  pi.  V,  fig.  22, 
p.  317. 

(M  Cabinet  d'amolcur,  n"  1.38,  p.  472,  pi.  XV,  fig.  S. 


—  219  — 

autres  au  Musée  de  Namur,  l'une  trouvée  dans  le  cimetière  de 
Flavion  (i);  la  seconde,  d'une  couleur  bruiiàire,  présente  cette 
particularité  que  les  côtes  en  relief  serpentent  obliquoment  au- 
tour de  la  panse.  On  en  a  également  découvert  en  Angleterre, 
dans  les  sépultures  des  Bartlow-Hills  (2),  sépullu^es  qu'on  con- 
sidère généralement  comme  étant  du  même  âge  que  les  tumu- 
lus  déjh  explorés  de  la  Hesbaye;  c'est  aussi  le  n"  249  de  la 
vente  de  Renesse,  à  Anvers,  en  1836,  acheté,  avec  d'autres 
objets,  par  M.  Smet,  de  Gand,  pour  la  somme  de  Ir.  o4  et  décrit 
comme  «  cruche  en  verre,  trouvée  avec  d'autres  antiquités, 
»  telles  que  des  lampes  et  des  lioles,  dans  une  tombe,  près  du 
»  village  de  Hollogne-sur-Geer  »,  non  loin  de  Waremme. 

Un  auteur  français  (3)  parle  d'un  flacon  du  même  genre  muni 
d'une  anse  ronde. 

XXIV.  Un  flacon,  même  forme  que  les  précédents,  mais  plus 
petit  et  en  verre  jaune  (pi.  VII,  tig.  7). 

Notons  encore,  pour  compléter  notre  nomenclature,  la  pré- 
sence dans  le  caveau  d'Avenues,  de  plusieurs  grosses  larmes 
en  verce  blanc  ou  verdàlre  ayant  subi  l'action  d'un  feu  violent. 

Objets   eu  bi*onze. 

Les  objets  en  bronze  se  sont  révélés  comparativement  beau- 
coup moins  nombreux  que  dans  les  tombes  de  Walsbetz  et  de 
Fresin  (4). 

XXV.  Une  buire  en  bronze,  haute  de  0"',20,  h  panse  très- 
large  (pi. VII,  fig.  10)  ;  elle  paraît  identique  à  l'une  de  celles  qui 
ont  été  trouvées  à  Walsbetz  (s),  si  ce  n'est  que,  dans  la  nôtre, 

('  )  Ainiale.ide  laSuciété  archéolofjique  lie  i\amur,\U,  pp.  7  et  1  i,pl  VII,  fig.  6. 
(  '  )  Archœologia,  XXV,  pi.  II. 

(»)  De  Caylus,  Recueil  d'antiquités,  Vil,  pi.  LXXXIV,  fig.  4. 
(  *  ;   Bulletin  des  corn.  roij.  d'an  et  d'arcliéoluijie,  III,  pp.  291  et  suiv.,  pi.  IV  ; 
11,  pp.  127  et  suivantes,  pi.  111. 

^  "  .    Bultriiii  des  coin.  roij.  d'art  et  d'archrohrjic,  III,  p.   30 1 ,  pi.  IV,  fig.  (i. 


—  220  — 

la  partie  de  l'anse  qui  se  rattache  à  la  panse  est  plus  ornée  (pi. 
VII,  fig.  11).  Cette  buire  devait  se  fermer  pnr  un  couvercle  dont 
on  reconnaît  parfaitement  la  charnière  ;  faisons  observer  toute- 
fois qu'il  n'a  point  été  retrouvé  dans  le  caveau. 

Ces  buires  ne  sont  connues  que  depuis  peu  de  temps,  car  de 
Caylus  (i),  qui  prétendait  retrouver  en  elles  la  forme  des  cafe- 
tières du  Levant  et  des  buires  de  l'Inde,  ose  à  peine  les  donner 
comme  antiques  ;  c'est  ce  que  fait  remarquer  du  reste  un 
recueil  archéologique  (2),  à  propos  d'une  buire  identique 
dé(;ouverte  dans  les  Bartlow-Hills,  qui  datent,  ainsi  que  nous 
l'avons  déjà  dit,  de  la  même  époque  que  nos  tumulus.  Signalons 
encore  une  autre  buire  trouvée  h  Eu  (3)  et  que  l'abbé  Cochet 
qualilie,  avec  un  peu  trop  d'enlhousiasme  peut-être,  de  «  beau 
vase  romain,  fort  élégant  »  (4).  Noire  buire  paraît  en  outre  pré- 
senter une  certaine  analogie  avec  l'une  de  celles  qui  ont  été 
déterrées  dans  le  tumulus  de  Fresin  (s). 

XXVI.  Un  moyen  bronze  de  l'empereur  Vespasien  (69-70 
après  J.-G.)  (pi.  VII,  fig.  12).  Avers  :  Huste  h  droite,  entouré 
des  motsrcAEs  vespasian  aug  cos.  ni.  Revers  un  peu  fruste,  repré- 
sentant une  divinité  entre  les  lettres  S.  G.  Cette  pièce  se  trou- 
vait placée  près  du  vase  funéraire  et  de  la  buire  en  bronze. 

Nous  ferons  remarquer  que  le  nombre  de  deux  monnaies, 
que  certains  auteurs  ont  supposé  invariable  dans  chaque  sépul- 
ture, n'a  rien  d'absolu  :  c'est  ainsi  que  la  tombe  de  Fresin  a 
fourni  deux  monnaies,  celle  de  Walsbetz  quatre,  celle  de  Hémava 
deux,  Thisnes  trois,  Niel  une  (comme  Avenues);  enfin  celles  de 
l'Empereur  (Moxhe),  Celles,  Blehen,  Héron,  etc.,  n'en  ont  fourni 

(1)  Recueil,  VI,  pi.  LXXV,  fig.  S,  p.  273;  I,  pi.  LXXI,  fîg.  2,  et  VII,  pi.  XXI  ; 
Bulletin  des  Coinmissinn.i  royales  d'art  et  d'archéologie,  III,  p.  302. 

{ *)  Archneoloçiia  XXV'I,  p.  311,  pi.  XXXIII,  fig.  3. 

(')  Cochet,  La  Seine  inférieure,  1864,  p.  522. 

{ *)  Consulter  aussi  :  XXIXi^f  Congrès  archéologique  de  Frauce,  p.  243. 

(*  )  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  II,  p  12!),  pi.  III, 
fig.  28. 


O--)! 


aucune,   malgré  l'existence  incontestable  d'un  caveau  et  d'un 
mobilier  funéraire. 

XXVII.  Deux  crochets  en  bronze,  d'une  forme  toute  particu- 
lière (pi. VII,  fig.  13).  Il  n'est  pas  facile  d'expliquer  ù  quoi  ils  ont 
pu  servir  ;  peut-être  ont-ils  fait  partie  soit  de  la  charpente  du 
couvercle,  soit  de  la  sella  plicatilis  en  fer  dont  il  sera  question 
ci-après. 

XXVIII.  Six  ou  sept  clous  en  bronze  à  large  tète,  munie 
d'un  rebord  et  ne  présentant  qu'une  très -mince  épaisseur 
(pi. VII,  fig.  l^t  a  el  b).  Comme  ces  clous  ont  été  trouvés  au  fond 
des  vides  laissés  par  la  charpente  latérale  du  couvercle,  il  est 
à  présumer  qu'ils  ont  été  fixés  à  titre  d'ornement  sur  les 
planches  de  ce  dernier  (voir  pi.  IV,  coupe  du  caveau,  lettre  B). 
Des  clous  de  cette  nature  ont  été  fréquemment  rencontrés  dans 
les  fouilles  entreprises  dans  les  villas  et  les  tumulus  ;  on  en  a 
trouvé  de  toutes  les  formes,  ce  qui  fait  supposer  qu'ils  ont  dû 
servir  à  des  usages  bien  différents  {i).  Le  même  caveau 
d'Avennes  en  a  fourni  deux  ou  trois  à  tête  ronde  et  de  la  gros- 
seur d'un  très-petit  pois  (pi.  VII,  tig.  45). 

Outre  les  objets  de  bronze  que  nous  venons  de  mentionner, 
le  caveau  renfermait  une  vingtaine  de  débris  du  même  métal, 
débris  dont  il  n'est  guère  possible  de  reconnaître  l'usage  ; 
également  nombreux  dans  les  autres  sépultures,  ils  ont  paru  le 
plus  souvent  avoir  appartenu  à  des  coIVrets  (2). 

Objets  en  fer. 

XXIX.  Un  couteau   d'environ  0"',20  de  longueur  (pi.  VII, 

(')  Bullelin  des  Commissio7is  royales  d'art  et  d'archéoloyie,  HI,  pp.  307  et  .308, 
pi.  IV,  fig.  14  a,ii  h,  14  r,  14  d  et  14  e;  il,  p.  137,  pi.  V,  fig.  a,b,c,  d,  e,f,g; 
IV,  p.  397,  pi.  IV,  fig.  3  (ce  dernier  clou  trouve  dans  la  sépulture  du  Tombosch,  à 
Niel  près  Saint-Trond  ;  c'est  celui  qui  se  rapproche  le  plus  des  nôtres). 

(*)  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéoloijie^  III,  p.  307  ;  II,  p, 
1.37,  pi.  V,  fig,  7,  36,47  ;  etc. 


fig.  16).  Cet  objet,  fréquent  dans  les  substructions  (i),  paraît 
s'être  rencontré  beaucoup  plus  rarement  dans  les  tumulus. 
Notre  exemplaire  conserve  sur  la  lame  des  traces  parfaitement 
visibles  de  filaments  de  bois,  ce  qui  tendrait  à  faire  croire  qu'il 
aurait  été  enfoncé  dans  la  charpente. 

XXX.  Un  ciseau  de  menuisier  de  0",32  de  longueur,  avec  la 
virole  destinée  à  le  maintenir  dans  le  manche  (pi.  VII,  fig.  17). 

Les  deux  instruments  qui  précèdent  ont  été  trouvés  réunis 
dans  le  coin  ouest  du  caveau  (voir  pi.  V,  n"^  16  et  43).  Ce  sont 
plutôt  des  outils  de  ménage  que  des  armes  offensives,  en  qui  ne 
permet  point  de  donner  à  la  sépulture  d'Â.vennes  un  caractère 
militaire  ;  la  présence  d'une  arme  de  guerre  dans  les  tumulus 
Le  s'est  jusqu'à  présent  révélée  d'une  manière  positive  que  pour 
la  tombe  de  Hémava,  qui  a  fourni  un  superbe  fer  de  lance  (i2)  ; 
car  le  «  casque  en  airain  »  de  la  tombe  de  Thisnes  (3)  est  plus 
qu'hypothétique  et  pourrait  fort  bien  n'avoir  été  que  la  panse 
d'un  vase  ;  d'un  autre  côté,  nous  n'oserions  affirmer  d'une 
façon  catégorique  avoir  trouvé  une  pointe  de  javelot  dans 
la  tombe  de  Middelwiude  près  Landen,  fouillée  pour  la  seconde 
fois,  en  1873,  par  les  soins  de  Vliistitut  archéologique  liégeois 
(4).  En  revanche,  les  villas  ont  fourni  à  M.  Schuermans  deux 
autres  fers  de  lances  (o).  Les  haches  abondent  également  dans 


(*)  Fouilles  de  M.  Schuermans  dans  la  <t  Lazary  »  de  Wezeren,  prés  Landen, 
[bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéoloijie,  V,  pi.  VHI,  fig.  15,  16, 
■17,  -18,  19,  20,  21  )  ;  id.  dans  la  villa  du  Herkenbergh,  à  Meerssen  ;  Bulletin  des 
Commissions  royales  d'art  et  d'archéoloijie,  VI,  p.  "loi,  pi.  XI,  fig.  4)  ;  elc. 

("■')  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  IV,  pl.  I,  fig.  22  et 
22  bis. 

(*)  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéolor/ie,  IV,  pp.  205  et  206. 

(  *)  Voir  Bulletin  de  l'Institut  arcliéolnyi<iue  liégeois.  Les  premières  fouilles  en- 
treprises dans  ce  tumulus  ont  été  ellecluées  en  IStJi  par  MM.  Schuermans  et 
Kempeneers.  (Voir  Bulletin  des  Commissions  royales  d'an  et  d'archéologie,  IV,  p. 
387.) 

(/)  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  V  i  Substructions  du 
'\Veyorbami)ti,  pl.  II,  fig.  19  ;  et  (Substructions  du  Hemelryk j  pl.  IV,  fig.  23. 


223 


les  substructions;  mais  elles  semblent  y  avoir  été  d'un  usage 
principalement  agricole. 

XXXI.  Une  pelle  à  feu,  de  60  centimètres  de  longueur  (pi. 
VII,  tig.  18).  Le  manche  est  recourbé  à  son  extrémité,  de  ma- 
nière à  pouvoir  suspendre  l'instrument  au  mur. 

XXXII.  Une  paire  de  pincettes,  mesurant  un  mètre  de  lon- 
gueur et  dont  les  deux  branches  sont  maintenues  par  un  boulon 
en  bronze  (pi.  VII,  fig.  19). 

Un  objet  analogue  avec  même  tenon  a  été  rencontré  dans  la 
tombe,  aujourd'hui  détruite,  de  Héron  (province  de  Liège),  et 
légué  au  Musée  de  Liège  par  M.  Barthnid  iMottin,  avec  toute 
sa  collection  archéologique  ;  il  est  malheureusement  beaucoup 
moins  complet  que  celui  d'Avenues. 

Nos  pincettes,  ainsi  que  la  pelle  mentionnée  au  numéro 
précédent,  semblent  avoir  servi  à  la  cérémonie  de  la  crémation 
(  i)  ;  celle-ci  une  fois  terminée,  les  deux  objets  auront  été  dépo- 
sés dans  le  caveau,  h  côté  du  mobilier  funéraire. 

XXXIII.  Un  grand  chandelier  terminé  par  une  lampe  i  pi. 
VII,  hg.  20).  Trouvé  dans  l'extrême  coin  est  du  caveau,  ce 
chandelier  a  dû  y  être  placé  debout  (peut-être  même  tout 
allumé),  car  sa  tige,  enfoncie  verticalement  dans  l'argile  du 
sous-sol,  n'a  pu  en  être  retirée  qu'après  beaucoup  d'efforts  et 
au  moyen  de  la  bêche  ;  nous  attribuons  cette  particularité  à  la 
pression  continue  exercée  par  le  poids  des  terres. 

Presque  toutes  les  sépultures  romaines  (tumulus  et  cime- 
tières) contiennent  une  et  quelquefois  même  plusieurs  lampes 
funéraires,  mais  elles  sont  généralement  en  terre  cuite  (^2). 


(')  L'ustrinum  ou  bùcliPr  n'a  point  été  rencontré  à  Avennes  ;  il  peut  se  trouver 
placé  dans  la  partie  nord  ou  ouest  du  tumulus,  c'est-à-dire  dans  celle  qui  n'a  point 
été  traversée  par  noire  galerie. 

{ *  J  Voir,  dans  le  Bulletin  des  Comniissious  royales  d'art  et  d'archéologie,  ce  que 
(lit  M.  Schuermans  des  lombes  de  Thisnes,  Héron,  Hémava,  Avernas-le-Baudouin, 
Fresin,  Walsbetz,  Omal,  etc. 


w«  t 


Elles  ont  toutefois  totalement  fait  défaut  dans  les  tombes 
de  Celles,  de  l'Empereur  et  de  Blehen. 

XXXIV.  Un  siège  pliant,  appelé  par  les  KouMÙns  sella plica- 
tilis  (pi.  VII,  fig.  21,  a,  b,  c,  cl,  e,  f).  Il  pouvait  mesurer  envi- 
ron O'",5o  de  hauteur.  Les  parties  mobiles  sont  maintenues  par 
des  boulons  en  bronze;  ses  pieds,  qui  représentent  des  pieds 
humains,  sont  également  en  bronze,  ce  qui  donne  à  celte  sella 
une  très-grande  analogie  avec  celle  qui  a  été  trouvée  à  Héron, 
laquelle  possède  des  pieds  semblables  où  on  voit  même  tracée 
la  sandale  romaine  (i).  Ces  pieds  manquent  à  une  autre  sella 
provenant  de  Glons  et  déposée  aujourd'hui  au  Musée  de  Liège. 
(Notre  exemplaiie  n'ayant  pu  être  i-eliré  du  caveau  qu'en  mor- 
ceaux et  se  trouvant  par  suite  fort  incomplet,  il  a  été  difficile 
de  le  représenter  d'une  manière  s;!tisfaisante)..  Une  sella  ana- 
logue a  été  également  découverte  dans  les  Barllow- Hills,  en 
Angleterre  (2). 

Nous  ne  mentionnerons  ici  que  pour  mémoire  une  grande 
quantité  de  ferrailles  de  toute  espèce,  toutes  fortement  oxidées, 
éparses  dans  le  caveau  ;  des  clous  de  grande  taille,  prove- 
nant vraisemblablement  du  couvercle  de  la  fosse  et  comme  on 
en  a  rencontré  dans  presque  tousles  tumulus. 

Ossements.  —  De  nombreux  ossements,  intacts  et  non  calci- 
nés, rappelant  ceux  que  l'on  retrouve  invariablement  dans 
toutes  les  villas  romaines. 

Conclusion. 

La  tombe  d'Avennes,  située  à  peu  de  distance  des  subs- 
tructions  de  la  chaussée,  au  nord,  ainsi  que  d'une  villa  décou- 
verte il  y  a  trois  ans,  à  Briviolelle,  commune  de  Braives,  en 

(•  j  Colleclion  Mollin,  hu  Musi'e  de  Lidge. 

CJ  Archaeoloçjia,  XXIV,  XXV  et  XXVI.  Consulter  aussi  Grivaud  de  la  Vincelle, 
Arts  et  métiers  des  anciens.  Cet  auteur  décrit  et  reprosenlc  une  collection  complèto 
d'oulils  il  l'usage  des  lîomains. 


iiiJo 


creusiiiil  les  fondations  delà  sucrerie  actuelle  (i),  doit  avoir 
servi  de  sépulture  à  un  riche  Romain  établi  dans  noire  pays 
ou  tout  au  moins  à  un  Belge  parfaitement  iniiié  aux  usages  de 
l'Empire.  Le  cippe  funéraire,  qui  très-probablement  la  surmon- 
tait à  l'origine,  a  dispai'u  depuis  longtemps.  Des  recherches  faites 
à  tout  hasard  à  la  partie  supérieure  du  tumulus,  recherches  qui 
ont  porté  à  plus  de  deux  mètres  de  profondeur,  ne  nous  ont  pas 
donné  le  plus  petit  fragment  d'inscription.  Cette  immense  masse 
de  terres  accumulées  a-t-elle  eu  une  autre  destination  et  rentrait- 
elle  dans  un  système  de  défense  régulier  ?  La  question  semble, 
dans  l'état  actuel  des  connaissances  archéologiques,  difficile  à 
résoudre  ;  peut-être  des  fouilles  ultérieures  dans  les  subs- 
Iruclions  qui  bordent  la  grande  chaussée  donneront-elles  la 
clef  de  l'énigme. 

On  sait  que  la  loi  romaine  défendait  les  inhumations  à  l'inté- 
rieur des  villes  et  des  habitations  :  il  existe  en  effet,  entre  les 
substructions  précitées  et  noire  tombe  un  espace  de  plusieurs 
centaines  de  mètres  qui  ne  présente  aucune  trace  de  murs  ; 
toutefois  notre  tombe  n'est  pas  non  plus  un  monument  isolé 
d'un  cimetière  de  celte  époque,  car  les  parcelles  qui  l'entourent 
n'ont  révélé  jusqu'aujourd'hui  aucune  autre  sépulture  ;  il  fau- 
drait plutôt  chercher  le  cimetière  dans  la  direction  de  Lens- 
Saiut-Remy,  vers  la  chaussée  de  Huy  à  Tirlemont,  dans  un 
champ  appartenant  h  M.  Boulie,  fermier  à  Lens,  champ  qui  a 
fourni,  il  n'y  a  pas  très-longtemps,  un  mobilier  funéraire 
complet  et,  entre  autres,  de  magnifiques  amphores  qu'on  n'a 
pas  pensé  à  conserver. 

On  ne  peut  plus  distinguer  aujourd'hui  l'endroit  (2)  d'où  ont 

(  •  )  On  y  a  dc^-corabré  une  statuette  en  bronze,  qui  semble  malheureusement  avoir 
été  égarée.  11  existe  une  autre  villa,  non  encore  explorée,  à  Ville-en  Hesbaye. 

(  •  )  Celte  observation  peut  s'appliquer  en  général  à  toutes  les  tombes  romaines,  à 
l'exception  loulefois  des  deux  grosses  lombes  du  Soleil,  à  Kmbresin,  dont  la  cons- 
truction a  nécessité  le  creusement  d'un  vaste  fossé,  actuellement  planté  de  taillis  et 
encore  parfaitement  visible,  entre  elles  et  la  chaussée  de  Tongres  à  Bavay  (Voir 
notre  rapport  sur  Ids  fouilles  exécutées  dans  ces  deux  tumulus).  Faudrait-il  consi- 
dérer celles-ci  comme  des  lombes  de  défense  ? 


i>-2(3 


été  enlevées  les  terres  qui  ont  servi  à  édifier  la  tombe  ;  car,  si 
nous  ne  nous  trompons,  h  Avenues,  comme  pour  tous  les  autres 
tumulus  rom;iins,  ces  terres  out  été  prises  à  la  même  place  et 
ont  dû  ù  l'origine  laisser  dans  le  sol  un  enfoncement  très- 
considérable,  enfoncement  qu'une  période  de  seize  ou  dix-sept 
siècles  et  le  passage  incessant  de  la  charrue  ont  fait  depuis  dis- 
paraître ;  on  a  pu  en  effet,  observer  que  les  couches  du  sous-sol 
conservent  leur  ordre  de  succession  ^i  l'intérieur  des  tumulus, 
seulement  cet  ordre  s'y  trouve  renversé,  c'est-à-dire  que  les 
couches  supérieures  de  notre  sous-sol  forment  les  couches 
inférieures  des  tombes,  et  réciproquement. 

Il  nous  reste  à  aborder  la  partie  la  plus  importante  et  la  plus 
difficile  de  notre  travail  :  la  détermination  de  l'âge  du  tumulus 
d'Avenues.  Certains  indices  et  surtout  différents  points  d'ana- 
logie avec  les  tombes  déjà  explorées  permettent  d'une  manière 
presque  certaine  d'en  faire  remonter  la  construction  à  la  fin  du 
premier  siècle  ou,  plus  probablement  encore,  au  commen- 
cement du  second  siècle  de  l'ère  chrétienne. 

La  Boriombe  de  Walsbetz,  outre  des  monnaies  de  Néron  et 
de  Faustine  l'ancienne,  a  fourni  une  buire  en  bronze  identique, 
ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  à  celle  qui  a  été  décrite  au 
n°  XXV,  sans  parler  du  petit  vase  noir  à  onguents,  absolument 
semblable  au  nôtre  (n^X);  on  y  a  recueilli  aussi,  comme 
à  Avenues,  l'élégant  flacon  à  anse  mentionné  au  n°  XXIII, 
et  enfin  la  double  paire  de  patères  grossières  (n**  XI). 

La  tombe  de  Fre^^in,  qui  renfermait  aussi  cette  double  paire 
de  patères  et  des  monnaies  de  Domitien  et  d'Hadiien,  a  fourni 
de  plus  de  nombreuses  fioles  lacrymatoires  qui  se  rapportent 
entièrement  à  notre  n"  XXI. 

La  tombe  Hémava  a  donné,  avec  des  monnaies  de  Galba 
et  de  Trajan,  notre  coupe  hémisphérique  n"  VI  (i).  Quant  aux 

{ '  )  Ajoutons  encore  que  les  dimensions  du  caveau  d'Avcnnes,  surtout  en  ce  qui 
concerne  la  longueur  el  la  largeur,  sont  à  peu  de  chose  près  les  mêmes  que  celles 
des  fosses  de  Walsbetz,  de  Fresin  et  de  Hémava. 


—   ->>7 


Stries  jaunes  qui  ornent  le  rebord  de  cette  coupe,  elles  se  sont 
révélées  dans  la  villa  du  Hondenbosch  (Limbourg)  et  dans  le 
cimetière  deBergh  (id.  ),  établissements  païens  qu'on  considère 
comme  datant  du  second  siècle.  La  même  antiquité  est  alti'ibuée 
au  cimetière  de  la  Motte-le-Comte,  où  on  a  mis  au  jour  un  vase 
semblable  à  notre  n"  X.  Quant  à  nos  douze  pièces  en  poterie 
sigillée  (n°  XII  et  suiv.),  le  lumulus  de  Hémava  et  une  des 
tombes  de  Seron  ont  fourni  chacune  un  service  parfaitement 
analogue  quant  aux  formats  et  au  nombre  des  pièces. 

Des  poteries  rappelant  les  vases  mentionnés  aux  n"'  VII 
et  VIII  se  sont  rencontrées  dans  tous  les  tumulus  et  subs- 
truclions  qu'on  regarde  comme  datant  du  deuxième  siècle 
au  plus  tard. 

Finissons  enfin  par  le  rapprochement  le  plus  important, 
celui  qui  nous  est  offert  par  les  Bartlow-Hills  (i),  où  les  mon- 
naies d'Hadrien  sont  nombreuses,  et  qui  ont  fourni  des  objets 
identiques  h  ceux  repris  aux  n"'  XXV,  XXIII  et  particu- 
lièiement  h  la  sella  pUcatilis  si  cai'actéristique  (n°  XXXIV) 
d'Avenues.  Or,  il  n'est  pas  contesté  aujourd'hui  que  les  sépul- 
tures des  Bartlow-Hills  datent  du  second  siècle.  Quant  aux 
autres  tumulus  et  villas  que  nous  venons  de  citer,  en  les  com- 
parant à  notre  tombe  d'Avenues,  l'examen  des  monnaies  four- 
nies par  ces  établissements  et  surtout  les  raisonnements  puis- 
sants apportés  à  l'appui  de  son  opinion,  par  M.  Schuermans, 
qui  en  a  si  habilement  retracé  l'histoire,  tout  porte  à  croire 
qu'ils  remontent  également  au  second  siècle  de  notre  ère.  Nous 
ne  croyons  donc  pas  trop  nous  avancer  en  assignant  comme 
antiquité  un  minimum  de  dix-sept  siècles  au  tum.ulus  d'Avennes 
et  en  faisant  remonter  sa  construction  très-probablement  au 
commencement  du  second  siècle  de  l'ère  chrétienne. 

Avant  de  signer  ces  lignes,  nous  avons  un  devoir  de  grali- 

(  *  )  Consulter  à  ce  sujet,  pour  plus  amples  renseignements,  le  Bulletin  des  Corn- 
misiiom  royales  d'art  et  d'archéolocjie,  II,  p.  127. 


K 


-  228   - 

tude,  devoir  bien  doux  et  bien  agréable  du  resle,  à  remplir 
envers  M.  Ch.  de  Woot,  de  BriviouUe,  bourgmesire  de  la 
commune  de  Bi-aives,  qui,  avec  son  affabilité  habituelle,  a 
facilité  et  liàté  de  tout  son  pouvoir  la  solution  de  nos  pourpnrlers 
avec  l'admiiiistraiion  communale  ;  envers  MM.  Eugène  Motiin 
et  Gliilain,  curé  d'Avenues,  qui  nous  ont  puissamment  aidé 
dans  nos  recherches,  le  premier  en  mettant  à  notre  disposition 
les  bois  indispensables  aux  explorations  de  ce  genre,  le  second 
en  faisant  transporter  et  en  conservant  soigneusement  au  pres- 
bytère les  objets  au  fur  et  h  mosure  de  leur  découverte  ;  envers 
MM.  Leurquin,  bourgmestre,  et  Boulet,  cultivateur,  h  Avenues, 
qui  nous  ont  généreusement  accordé  l'autorisation  de  déposer 
sur  leurs  biens  les  terres  extraites  de  la  galerie  ;  envers  M. 
l'abbé  Kempeneers,  qui  est  venu  plusieurs  fois,  malgré  une  dis- 
tance de  trois  lieues,  visiter  les  travaux,  et  dont  la  savante 
expérience  nous  a  été  d'un  grand  secours,  principalement  pour 
la  direction  h  donner  à  la  galerie  ;  enfin,  et  surtout,  envers 
M.  le  Conseiller  Schuermans,  qui  a  bien  voulu  nous  donner  de 
précieuses  indications,  en  mettant  à  notre  disposition  sa  riche 
bibliothèque  archéologique. 

Que  ces  Messieurs  reçoivent  ici  l'expression  de  notre  vive  et 
sincère  reconnaissance. 


MONNAIE    GAULOISE 


TROUVEE 


A    AVENNES. 


Non  loin  de  la  tombe  dite  d'A.vennes,  sur  le  territoire  de  la 
commune  de  Braives,  M.  le  comte  Georges  de  Looz,  qui  y 
dirigeait  des  fouilles  pour  17«s///m^  archéohgique  lié(jeois,  trouva 
eu  1872,  une  monnaie  gauloise,  h  droite  de  la  grande  chaussée 
romaine  de  Bavay  à  Tongres,  en  une  paitie  de  terrain  récélaiit 
sur  une  très-grande  étendiie  des  substruclions  antiques  et  des 
restes  de  l'époque  romaine.  Dans  la  parcelle  appartenant  au 
nommé  Lesuisse,  d'Avennes,  se  trouvait  une  cave  :  la  monnaie 
a  été  trouvée  k\  à  3"^00  ou  4'"00  de  la  chaussée,  et  à  une 
l)rorondeur  d'environ  0"'20  ;  au-dessus,  par  conséquent,  de  la 
grande  masse  des  débris  romains  décombres. 

Comme  l'a  fait  remarquer  M.  le  comte  Georges  de  Looz,  dans 
son  intéressant  article  sur  la  tombe  d'Avennes,  c'est  à  Avenues 
que  la  commission  française  ,  dite  de  la  Carte  des  Gaules, 
place  la  station  de  Pernacum  ou  Perniciacum  ;  or,  ce  nom,  ù 
désinence  en  acum,  pourrait  bien  indiquer  une  origine  gauloise. 


-  230  - 

h  l'appui  de  laquell(3  on  pourra,  sans  aucun  cloute,  invoquer 
notre  monnaie. 

Cette  pièce,  acquise  par  l'intermédiaire  du  même  comte  de 
Looz,  est  entrée  dans  les  collections  du  Musée  de  V Institut 
archéologique  de  Liège. 

La  pièce,  figurée  ci-dessus  h  sa  grandeur  réelle,  est  en  elec- 
trum  ou  alliage  d'or  el  d'argent.  Sa  densité  est  i0,792  et  son 
poids,  5,45  grammes. 


CHARTES  INEDITES 

DE 

L'ANCIENNE  ÉGLISE  COLLÉGIALE  DE  SAINT-PAUL, 

aujourd'hui  cathédrale  Dr:  liège 

10b6-12o0. 


Depuis  la  publication  de  I'essai  historique  sur  l'église  de  saint- 

PAUL    ci-devant    collégiale,    AUJOURD'HUI   CATHÉDRALE    DE    LIÈGE  ('), 

de  nouvelles  recherches  nous  ont  fait  découvrir  un  grand 
nombre  de  chartes  originales  de  celte  église,  h  partir  de  la  (in 
du  Xr"*"  siècle  jusqu'au  XVII'"*  inclusivement.  Ces  documents, 
au  nombre  de  plusieurs  centaines,  soi)t  restés  inédits  jusqu'à 
ce  jour  :  la  giaiide  collection  d'Aubert  Le  Mire  n'en  reproduit 
qu'un  seul  (*).  Leur  réunion  complète  permettrait  peut-être  de 
reconstituer,  au  moins  en  partie,  le  cartulaire  de  cette  collé- 
giale, souvent  cité  par  Daniel  de  Blochcm  et  aujourd'hui 
perdu  (^);  mais  ce  recueil,   qui   dépasserait  de  beaucoup  les 

{')   Lié^c,  Spée  Zùlis   el    GrandmonlDonders ,    1867,   in-8,   S'i   t;rj)vures.    — 
Rc|)rofluil  en  partie  chins  le  Uullclin  de  l'iiisiiim  arclnolf)iji(iue  tiéfjeois^[.  YI  et  Vil. 
l*)   Oj/ciii  (lijilotnalica,  t.  IV,  p.  S^'i. 
(')  Util  auleur  uicnlionno  plusieurs  cliarlcs  nue  nous  n'avuns  pas  rtUrouviies, 


—  23-2  — 

limites  du  Bulletin,  est  réservé  pour  une  publication  spéciale  qui 
paraîtra  ultérieurement. 

En  attendant,  nous  offrons  ici  aux  lecteurs  quelques  chartes 
choisies  parmi  les  plus  intéressantes  el  les  plus  anciennes  jus- 
qu'au milieu  du  XIII""^  siècle.  La  première,  qui  remonte  h  l'an 
1086,  a  été,  il  est  vrai,  déjà  imprimée,  mais  d'après  une  copie 
inexacte  :  nous  croyons  devoir  reproduire  ici  le  texte  original 
que  nous  avons  été  assez  heureux  de  retrouver. 

1086.  —  Godescalc,  doyen  de  Saint- Paul,  fonde  une  messe  journalière  et 
une  lampe  à  Vautcl  de  St-Jenn-Baptiste.  Il  fait  aussi  divers  legs  aux 
pauvres  avec  Vautorisation  de  Henri  de  Verdun,  évèque  de  Liège. 

Notiim  sit  omnibus  hominibiis  tani  fiituris  quam  presenlibus,  quod  ego 
Godescalcus  sancti  Pauli  serviis  ob  nieam  meoriimqiie  antecessoruin  cuiic- 
torumque  fuleliuni  memoriam,  statu!  adaltaresanctilohannls  Baptiste sin- 
gulls  diebus  missam,  singulis  noctibus  lucernam,  ita  quod  presbiter,  predicli 
minister  servitii  habebit  in  premium  singulis  annis  libram  unam,  et  huic 
libre  persolvende  inserviet  predium  illud  in  vineto,quod  ego  ipse  atfectavi 
ecclesie  de  nieo  proprio;  preterea  statui  singulis  annis  quindecim  paupe- 
ribus  quadraginta  quinque  solidos  denariorum  et  quadraginta  quinque 
niodios  annone,unicuiquescilicet  très  solidos  et  lresmodios,cujus  annone 
dimidia  pars  erit  siligo,  dimidia  vero  ordeum;  et  dabilur  utrumque  ipsis 
paupeiibus  duobus  terminis,  scilicet  in  kalendis  novembris  et  in  kalendis 
niaii.  Hanc  autem  summam  annone,  scilicet  xlv  niodios  persolvet  predium 
illud,  quod  ego  adquisivi  ecclesie  in  Willoulpont;  summam  vero  denario- 
rum, scilicet  XLV  solidos  dabit  vadimonium  de  Kosud  quoil  légitime  afTec- 
tatum  est  ecclesie  sub  testimonio  idoneorum  testium,  pro  quo  ego  prestiti 
viginii  duas  marcas  puri  argenli.  Ilorum  omnium  lideimaniis  et  provisores 
elegi  quatuor  idoneos  fralres  :  Oddonem,  Ratbertum,  Franc^onem,  Gerva- 
sium  :  quorum  aii(iuis  si  nature  cesserituti  nccesse  est,  communi  reliquo- 
rum  consilio  subrogetur  in  loco  del'uncti  fratcr  boni  testimonii  ad  tutelam 
ipsius  elemosine.  Preterea  firmiter  decrevi,  ut  si  redcmpto  vadimonio 
supradicto  reddita  t'nerit  |)ecunia  ibi  locata,  illi  idem  fralr(\s  elemosine  mee 
tulores  summo  suulio  allaborent.ut  eandem  pecuniam  quamcilius  possinl, 
sivc  cmendo  predium,  sive  accipicndo  vadimonium,  tulo  collocent,  ut 


~  233  — 

elemosina  redinlegretur.  Rogo  ergo  te,clementissime  presul,  rogo  immen- 
sam  bonitatem  tiiani,  ut  tua  maiestas,  tua  auclorilas  sit  lutela  et  niunimen 
huic  parve  elemosine  in  omnibus  perioulis,  contra  omnes  violeniias,  contra 
omnes  iniurias,  nec  aliquomodo  sinat  pielas  tua  vel  vi  vel  fraude  aliquid 
hinc  imminui. 

Et  ego,Henricus,  gralia  Dei  Leodiensisepiscopus  sub  anathemate  inter- 
dico  omnibus  tam  futuris  quam  preseutibus,  ne  aliquis  vel  facto, vel  consilio, 
vel  alique  nocendi  modo  huic  elemosine  adversari  présumât.  Huius  rei 
testes  sunt  archidiaconi  :  Thietwinus,  llerimannus,  Heinricus;  decani  duo 
Wolbodo  et  Drogo;  fratres  de  S.  Paulo  isti  :  Rotbertus,  Wazelinus,  Bovo 
maior,  Bovo  minor,  Franco,  Wazelinus  iunior,  Arnulfus,  Fredericus, 
Wedericus,  Alestanus  etalii  complures.  Facta  sunt  autem  hec  m'"°  lxxxIi" 
vi°  anno  ab  incarnatione  Domini,  indilione  viiii,  régnante  Ileinrico  impe- 
ratore,  Leodiensi  episcopo  domno  Ileinrico. 

Original  sur  vélin  Le  sceau  en  placard  fixé  à  2  queues  de  parchemin 
est  perdu. 

•1 1 1 1 .  —  Otbert,  cvcqm  de  Liéijc,  déclare  que  ViujUse  de  Lixhe  a  été  donnée 
avec  toutes  ses  dépendances  à  l'église  de  Saint-Paul  à  Liège  par  son  pré- 
décesseur Eracle,  et  n'appartient  nullement  à  l'abbaye  de  Bilsen. 

In  nomine  saiicle  et  individue  Trinilatis.  Ego  Otbertus  Dei  gratia  Leo- 
diensis  episcopus,  notum  volo  iieri  omnibus  iidelibus  tam  posteris  quam 
prcscnlibus,  (jualiter  turltalioncni  quandam  cxcitalani  pei'verso  spiritu  pi'o 
ecck'sia  de  iiacus,  annucntc  spiritu  Dei  composuerim.  Sicut  aucloritale 
scriptorum  et  testimonio  probabilium  virorum  cognovimus ,  Domnus 
Everaclus  beale  niemorie  predecessor  nosler ,  ecclcsiam  que  est  in 
Lisia  cum  omnil.'us  appendiciis  et  terminis  tradidit  ecclesie  beati  Pauli, 
que  est  i:i  iiisula  Loudii,  ad  usas  fratrum  inibi  Deo  servientium.  Ecclesia 
vero  prclaie  ville  habel  iiifra  leniloiium  et  terminum  suum  in  vico  (jui 
dicilur  [lacus  ecclcsiam,  appcndenlcni  sibi  et  conservientem  indifferenter 
secum  ecclesie  beati  Pauli,  in  omnibus  debitis.  Inter  que  dum  sa- 
cordos  a  rusticis  aliquaiulo  retpiirci'ct  luminaria  ,  persolvenda  matri 
ecclesie,  et  indigne  hoc  accepissenl,  suggesserunt  Namucensi  comiii 
mendacium  (juod  coiilinxciunt,  banc  ex  prima  tradiiione  non  fuisse  bcaii 
Pauli,  sed  pcrtinere  ad  moniales  Bilisie,  et  in  vadimonio  pro  quadam 


234 


pecunia  dalam.  Quorum  cretlens  coiisiliis  cornes  Namucensis  conatus  est 

lutari  eorum  mendacium.  Sed  fidèles  ecclesie  convocavimus  et  ipsum 

comitem  convenimus,  et  exquisila  verilate,  mendaces  convicimus,  usque 

adeo,  ut  cornes  se  fuisse  seductum  conliteielui',  et  peccati  istius  peiiUere. 

Sed  precaventes  ne  error  Iste  noslro  tempore  exiinctus,  in  fuluro  redivi- 

vus  suscitelui",  célébrantes   uiissam  in  ecclesia  beati  Lantberti  in  die 

purificaiionîs  Sancte  Marie  su!)  anatheaiate  intcrdiximus,  ne  (luis  presu- 

meret  amodo  mendacium  predictum  asseiere,  et  per  id  ecclesiam  Beati 

Pauli  iiKiuietare.  Actum  est  hoc  anno  dominice  incariiationis  M.  C.  XI,  in- 

dictione  un,  régnante  im-ieraluie  ileinrico  quarto.  Huius  rei  adhibili  sunt 

lestes;  clerici  :  Fredericus  archidiaconus  et  preposiius  ecclesie  sancli 

Lantberti,  Ileinricus  decanus  eiusdem  ecclesie  et  archidiaconus  et  prepo- 

situs  ecclesie  Sancti  Pauli,  Andréas  preposiius  ecclesie   sancli  Pétri  et 

archidiaconus,  Alexander  cusios  ecclesie  sancli  Lantberti  et  archidiaconus, 

Heinricus  archidiaconus,  Steppo  archidiaconus,  Almannus  archidiaconus, 

Seifridus,  Hillinus  abbas  Sancte  Marie.  Laici  ;  nobiles  beneticati  :  Arnul- 

fus  cornes  Lonensis  et  frater  eius  Theodericus,  Willelmus  Namucensis,  et 

frater  eius  Adelo,  Gislebertus  de  Grule,  Arnulfus  de  Eleslo.Ministeriales  : 

Lambertus  dapiter,  Warnerus  pincerna,  Theodericus  de  ponte,  Winricus 

de  Calmont. 

Original  sur  vélin.  Le  sceau  en  placard  a  disparu. 

1H5.  —  Charte  de  confraternité  entre  les  chanoines  de  S.  Paul  et  Tabbaye 
de  S.  Jacques.  Droit  de  pèche  accordé  aux  moines  de  celle  abbaye. 

In  nomine  sancle  et  individue  Trinilatis.Notum  sit  omnibus  lam  futuris 
quam  prcsentibus,  quod  ecclesia  S.  Jacobi  apostoli  a  tempore  Siephani 
Magni  loci  ipsius  abbatis  quinti,  piscaiionem  aque  ab  ecclesia  S.  Pauli 
subannuo  censu  xl  solidoruni  iure  hereditario  possidet  :  dalo  exinde 
secundum  consueluiUnem  aliarum  possessionum  investilo.  Hec  igitur 
disposilioel  coniventia  de  iure  requisitionis  inter  eos  est,  quod  defuncto 
eiusdem  jtossessionis  inveslito  ,  qui  in  inveslitura  succederet ,  nichil 
amplius  quam  liamam  vini  canonicis,  et  Xlldenarios  decano  ecclesie  pro 
requisitione  dai'et.  Ut  ergo  raUim  sii  in  poslerum  quod  coiicordia  fraterne 
societalis  est  insiitutum,  placuit  presenlcm  paginam  nlrinsque  ecclesie 
sigillo  communiri,  et  ad  i)eriienne  teslimonium  dispositionem  communis 
fraternitatis  (jue  inicr  eos  viget,  hic  pleniler  annotari.  Cuius  socie  frater- 


—  235  — 

nitalis  seii  fratcrne  socielatis  modus  talis  est.  Defuncto  canonico  ecclesie 
S.  Pauli,  fratres  ecclesie  S.  Jacobi  signa  omnia  pulsabunf,  officiumque 
tlebitum  exequiariini,nisi])recii)ue  sollemnitatistliesaccideiit, intègre cele- 
brabunt  ;  singuli  sacerdotes  missam  unam  pro  eius  requie,  diaconi  vero 
et  subdiaconi  quinquaginta  psalmos  in  tricenario  cantabunt.  Tricenarium 
autem  specialiter  sicut  iinus  frairum  in  conventu  habebit,  et  per  anni 
circulnm  memoria  eius  in  communi  missarum  et  vigiiiarum  oratione  erit. 
Ipsi  quoque  caiionici,  defuncto  fratre  ecclesie  sancti  Jacobi,  eodem  modo 
exequias  celebrabunt,  vigiliasque  in  eadem  ecclesia  cuni  processione 
venientes,  singulariter  cantabunt  ;  et  per  xxx  dies,  nisi  festivitas  novem 
lectionum  occurrerit,  propriam  in  minore  niissa  collectam  pro  eo  canta- 
bunt. Nomen  abbatis  sancti  Jacobi  in  régula  ecclesie  sancti  Pauli  asscribe- 
tur  ;  decano  quoque  eiusdem  ecclesie  in  ecclesia  sancti  Jacobi  similiterfiet. 
In  sollemnitate  et  indedicatione  ecclesie  sancti  Pauli,  abbas  ecclesie  sancti 
Jacobi,  si  mandetur,  cum  quatuor  monachis,  etduobusservientibus,  missam 
celebraturus  ibit,  refectionique  fratrum,  si  fiât,  inlererit.  Si  autem  non 
mandetur,  ecclesie  sancti  Jacobi  in  utraque  sollemnitate  duo  solidi  trans- 
mittentur. Simili  modo  in  festivitate  et  in  dedicatione  sancti  Jacobi,  decanus 
ecclesie  sancii  Pauli  cum  quatuor  canonicis,  campanario  quoque  et  claus- 
trario,  missarum  sollemnitatimandatus  intererit;fratrumque  refectionis  in 
karitatc  fraternitatis  parliceps  erit.  Si  autem  certa  necessitale  impediente 
mandatus  non  fuorit,  in  monumentum  fralerne  karitatis  duos  solidos  ecclesia 
sancti  Jacobi,  sicut  gratissime  accipit,  eidem  ecclesie  dabit.  Preterea  si 
decanus  sancti  Pauli,  quemlibet  ecclesie  sue  clericiim  vel  sui  iuris  laicum, 
abbati  vel  alicui  nionacborum  ecclesie  sancti  Jacobi,  obloqui  vel  derogare 
presumjjsisse,  per  se  vel  per  alium  rescierit  reum,  quicunquesit  ille,  sicut 
dignum  fuerit,  et  ipse  potuerit,  corripiet,  et  cum  omnimodam  satisfac- 
tionem  exliibere  compcllet.Unde  ecclesia  sancti  Jacobi  talionem.ut  dignum 
est,  rependet.  Porro  si  abbas  ecclesie  sancti  Jacobi  auxilio  et  consilio 
dccani  et  f;:strum  ecclesie  sancti  Pauli,  aut  in  sua  ipsius  ecclesia,  aut  in 
prescntia  domini  episcopi.sive  in  capitulo  sancti  Lamberti  indignerit,  ipsi 
in  omnibus  paratl  erunt  assistere,el  in  ipsius  ac  si  in  sua  omnimodo  causa 
laborare  ;  (piod  etiam  abbas,  et  reliqui  fratres  decano  et  canonicis  stude- 
bunt  impendere.  Ceterum  si  quis  ex  eis  habitum  monachicum  in  ecclesia 
bcati  Jacobi  assumere  voluerit,  abbas  et  conventus  eum  sine  qualibet 
diiïicultate,  bénigne  in  fratrem  et  monachum  récipient. 

Chil'ographe  sur  pavcliemin.  Les  deux  sceaax  sont  perdus. 


—  236  — 

H23  à  H28.  —  Henri,  prévôt,  Walthère,  doyen,  et  le  chapitre  de  Saint- 
Paul  font  savoir  que  Gerbert  et  sa  femme  Heldesende,  ayant  été  admis 
dans  leur  confraternité,  fondent  une  messe  hebdomadaire  dans  cette  église 
et  choisissent  leur  sépulture  dans  les  châtres.  A  cet  effet,  ils  leur  donnent 
un  droit  de  pêche  dans  un  lieu  quils  ne  désignent  pas. 

In  noniine  domini  nostri  IhesuXhristi.Hoc  memoriale  aiinuente  et  con- 
firmante venerabili  episcopo  Alberone  conscriptum  est.  Notum  igitur  sit 
omnibus  tam  futuris  quam  presenlibus,  quod  Gerbertus  cum  uxore  sua 
Heldesende,  ad  consequendam  animarum  suarum  salutem  de  beali  Pauli 
apost(tli  intercessione,  oonlidcnter  accensi,  fraternitatem  nostram  et  oratio- 
num  sufTragia  expeliverunf,  et  conseculi  sunt.  Propter  quod  de  proprietate 
sua  piscaluramtemporenecessitatisinvademonio  positam,ad  ususfratrum 
quindecira  Hbris  redemerunt  :  ea  videlicet  ratione  interposita,  ut  singulis 
ebdomadibus  in  die  martis  nisi  auctoritate  sollempni  prohibente.missa  ad 
altare  sancti  Pauli  pro  fidelibus  defunctis  celebretur.  Preterea  eliam  post 
obitum  eorum,  in  claustro  nostro  ut  contraires  recepti,  honorifice  sepe- 
liantur,  et  perpétua  slabilitate  in  utriusque  anniversario  de  eodeni  reditu 
xxx'«  denarii  solvantur.  Huius  rei  testes  sunt  :  Heinricus  noster  preposi- 
tus,  Walcherus  decanus,  Martinus,  Liettridus,  Azo,  Wedericus,  Goscelo, 
Godescalcus,  Gislebcrlus,  Walterus,  Johannes,  Lantbertus,  Fredericus  et 

totus  fere  conventus. 

Original  sur  parchemin.  Le  sceau  en  placard  est  perdu. 

HôO.  — Dédicace  de  l'église  de  Weerdt  fixée  au  jour  de  la  fêle  de  Saint- 
Laurenl.  Privilèges  accordés  à  celte  église  par  Godefroid  I,  duc  de 
Brabant. 

In  nomine  patris  et  filii  et  spirilus  sancii.  Jus  et  constitulio  el  census 

ecclesiarum  si  non {Le  reste  de  la  ligne  est  détruit,  le  parchemin  est 

rongé).  .  .  .  inposteris  dubietates  el  vacillationes  sepissime  exoriunlur. 

Quapropter {Lacune  du  parchemin) scrlpto 

mandare  curavimus,  et  sigillo  nobilis  ducis  Godefridi  sollicite  et 

\imus.  Fuit  enim  in  predcccssorum  temporo  ecclesia  de 

Werde  in  l'esto  béate  Marie dedicaiio  ad  tempus  anniialim 

festive  celebrata.  Post  heccrgo  vivente  Godefrido  .  .  .  .  persone  eiusdem 
ecclesie  ipsum  altare  ecclesie  dedicatum,  visum  est  a  suo  loco  intègre 


—  237  — 

posse  reraoveri,  et  ad  aptiorem  lociim  dictantibus  cementariis  intègre 
posse  reponi.  Que  dum  quadam  die  sollicite  elaborarenlur,  eadem  die 
laboi"  eorum  adnichillatusest  :  qiiia  iiilei-  manuseoi'um  ipsum  altarepeiiitus 
ex  toto  confracluni  est.  Tiiiic  conturbati  maxime  dux  Godefi'idus  et  sacerdos 
ecclesie  super  hoc  ab  episcopo  et  prelalis  Leodiensis  ecclesie  saiium 
consilium  liumiliter  expetivere.  llis  ita  iiUellectis,  iustituerunt  eaiidem 
ecclesiara  a  principio  deberededicari,  et  diem  eiusdem  dedicationis  annua- 
tim  sollempniter  celebrari.  Ecce  adiuvaiite  duce  Godefrido  eadem  ccclesia 
in  festo  sancti  Laurentii  a  domino  Symone.  .  .  .  episcopo  est  rededicata, 
et  dies  dedicationis  sollempniter  singulis  annls  hactenus  observata.  Ipse 

autem  nobilis  dux,  ex  hoc  tempore  et  amplius  manentes 

arium  ecclesie  liberaliter  manu  misit,  et  censum  eorum  et  omnia  iura 
eorum  eidem  ecclesie  similiter  ooniiilit,  exceptis  tribus  scilicet  :  de  pugna 
sanguinolenta,  de  furibus,  de  falsn  melreta  ;  nec  etiam  post  obitum  ibidem 
manentium  uliam  divisionom  pecunie  debere  fieri.  Jlansum  qiioque 
iacentem  iuxta  fontem  Galle  ad  censum  duorum  solidorum  et  omnia  iura 
eiusdem  mansus,  et  omnem  decimam  de  suo  propiio  scilicet  de  lerra 

sartata  et  non  sartata,  de et  non  cultis,  eidem  ecclesie  attribuil  : 

et  hanc  elemosinam  sub  lîdelibus  adnominatis  tistibus fideliter 

sanccivere.  Actum  est  autem  m",  c".  xxx"  anno  ab  incarnatione  domini 
sub  tempore  domini  Alberonis  iunioris  Leodiensis  episcopi  cuius  excom- 
municatione  etiam  est  auctorabililer  stabilitum.  Hii  sunt  testes  :  decani 
Giselberlus,  Herleboldus.  De  familia  duois,  Franco  pincerna,  Ileresco 

camerarius,  Gerardus  de  Neten  et fraler  suus, 

Boneman.  Sinodales  :  Kodolfus,  Balduinus,  Meinzo,  Renerus  claustrarius, 
et  tideles  viri. 

Original  en  parchemin  fort  détérioré.  Une  double  queuo  de  parchemin 
sans  sceaux. 

1153.  —  Heurt  de  Lcyen,  évêque  de  LkUjc,  confirme  différents  dons  faits  à 
la  chapelle  de  Saint-Martin-en-Ilc  par  Adelard,  doyen  de  Saint-Paul, 
avec  le  consentement  de  Rainier,  prévôt  de  cette  collégiale. 

In  nomine  sancte  et  individue  Trinitatis.  Amen.  Fideli  voto  fidèle  con- 
gruitauxilium,  et  studium  bone  voluntatis,  sepe  quemmcretur  habereeffec- 
tum.  Huius  rei  gralia,  ego  llenricus  humilis  minister  Leodiensis  ecclesie, 


—  238  - 

Adelardo  ecclesie  sancli  Pauli  decano  piam  adiiibui  voluntalem,  in  opus 
karilatis,ob  memoriale  piiimspe  sa!utis,ethuius  elemosinepatrocinio.sibi 
suisque  profuîurum.  Sic  autem  est.  Capella  sancti  Martinique  in  lerritorio 
ost  beati  Panli  in  Insnia,  singiilis  annis  xx^'  solidos  in  usus  fialrun) 
ecclesie  sancti  Pauli  priiis  solvebat,  et  iure  obedientiali  ad  donuni  prepositi 
eiusdem  ecclesie  perlinebat.  Cnius  oblata  oporlunitate,  qua  Deo  votum 
reddere, fiater Adeiardiis  a  Rainero  preposito  j^ratiam  hanc  consecutus  est, 
ut  eam  in  usus  fratrum  nostro  assensu  daret,  sola  presenti  investitura, 
nec  postmodum  neganda,a  manu  ipsius  prepositi,  suorumque  successorum 
libcram  in  posteruni  et  solutam.  Factunique  est  ita,  talique  ralione  Rai- 
nerus  prepositus  ecclesiam  investivit,  et  présente  ecclesia,  adaitare  sancti 
Pauli  elemosinam  libéra  traditione  alîectavit.  Sed  in  re  fidelius  habet 
sludium  sollicitudinis,  quem  beneflcio  delectat  amor  pie  devotionis  ;  con- 
siderata  vero  reditus  facullate,  idem  Adelardus  omnium  fratrum  assensu 
capcllam  retinuit,  ea  scilicet  ratione,  ut  cum  veteri  reditu  ipsius  capelle, 
xx"  scilicet  solidorum,  alios  xxx'"  solidos,  et  dimidiam  libram  cere,  et 
duos  denarios  superadderet,  quos  singulis  annis  in  usus  fratrum  tempore 
sic  statuto  solveret.  In  festo  sancti  Martini  quod  in  albis  vestibus  sollemp- 
niter  celebrabitur,  x  solidos  in  refeclorioet  vu  candelas  in  ferro  anle  altare 
sancti  Pauli.  In  nativitate  sancle  Marie  x  solidos  in  refectorio.  In  trans- 
latione  sancti  Martini  v  solidos  in  refectorio.  In  anniversario  suo  v 
solidos  in  refectorio,  et  duas  candelas,  et  duos  denarios  ad  campanas. 
Cuius  elemosine  summa  est  xxx'''  solidi  et  duo  denarii,  et  dimidia  libra 
cere.  De  cetero  quidem,  lam  in  successione  personarum  quam  reditus 
babundantia  sine  predicti  detrimento  iuris,  post  obilum  ipsius  Adelardi, 
libéra  fratrum  dispensatio  providebit.  Sicque  factum  est  pro  sainte  nostra 
ipsiusque  Adelardi,  et  suorum,  domnique  prepositi,  qui  hoc  ei  nobiscum 
contulit  beneficium.  Ad  quod  roborandum,  nostrique  assensus  indicium, 
sigilli  nostri  hanc  cartam  munimus  auctoritate.  Quod  quicumque  viola- 
verit,  sit  anathema,  maranalha,  id  est  pereat  in  secundo  adventu  Domini. 
Iluius  rei  lestes  sunt  ;  archidiaconi  sancti  Lantberli,  Elbertus  archidiaco- 
nus,  Amalricus  arcbidiaconus,  Balduinus  arcbidiaconus,  Bruno  archidia- 
conus,  Ilubertus  docanus;  caiionici  :  Joliannes,  Guido,  Guazo,  Henricus, 
.lohannes,  Henricus,  Amalricus,  Jobannes  dccanus  sancti  Pelri,Lantberlus 
decanus  deSanctaCruce,Gosceliniis  decanus  sancti  JohannisEwangelisIe, 
Otto  decanus  sancli  Dyonisii,  Petrus  decanus  sancli  Bai  tliolomci.  Abbales  : 
Seyherus  abbas  Treverensis  sancti  Maximini,  Sfephanus  ;ibbas  sancli 


—  239  — 

lacobi,  Guazelinus  abbas  sancti  Lanrenlii,  Lucas  abbas  de  Cornelio 
Monte.  Laici  :  Eustachiusadvocatus,  Gerardus  de  Baconweiz,  Baldiiinus 
de  Tongris  :  Giiedericus  de  Prato  et  Lantbertus  et  Teodeiicus  filii  eius. 
Acta  surit  bec  anno  ab  incarnatione  Domiiii  M°.  C°  L°.  111°,  indictione  prima, 
Frederico  Romanoriini  rege  primo  anno  regni  sui  régnante. 

Original  sur  vélin.  Le  sceau,  qui  pendait  à  une  queue  de  parctiemin,  est  perdu. 


H65.  —  RL'uk'r,  prévôt,  Henri,  doijcn,  et  le  chapitre  de  Saint-Paul  décla- 
rent que  Véglise  de  Pousset  est  soumise  à  celle  de  Laminne,  et  fixent  les 
redevances  qu'elle  doit  payer  à  cette  dernière. 


In  nomine  sancte  et  individue  Trinitatis.R(enerus)  ecclesie  Sancti  Pauli 
prepositus,  H(enricus)  decanus,  totusqueejusdem  loci  conventus  tam  pre- 
sentibusin  Christo  fidelibiis  quam  futuris  in  posterum.  Circa  cultum  Dei 
solliciludinem  ex  affeclu  gerenlibus  visum  est  congruum  et  decens  pias 
devotiones  quorumlibet  fidelium,  intacto  iure  alterius,  quantum  licet  aug- 
raentare  et  ad  efTectum  equo  tramite  producere.  Gratia  itaque  sancli 
spiritus  preeunte  parochiam  de  Puci  ex  propriis  facultalibus  sacerdotalem 
prebendam  componentes,  unde  presbiter  inter  ipsos  stationarius  et  sibi 
deputatus  necessaria  stipendia  colligeret,  mentis  sue  archanum  nobis 
ostendcrunl  :  rogantes  ut  presbiterum  ab  obedientiario  de  Lamines  inves- 
liendum  et  per  successionem  ecclesie  de  Puci  concederemus,  ita  tanien 
quod  ipsaecclesia  infra  termines  et  de  terminisparochie  de  Lamines  exis- 
tens,  tanqiiam  filia  mairi  sue  ecclesie  de  Lamines  filiales  consuetudines,  in 
baptismale,  in  crucibus,  in  synode  et  in  luminaribus  exiberet.  Eapropter 
sub  hoc  detern?in;ilione  eos  exaudivimusut  integritas  consuetudinisomni- 
moda  servaretur,  et  dignitas  ecclesie  de  Lamines  in  aliqua  parte  non  lede- 
retur.  Preterea  sacerdos  de  Puci  hoc  debiti  iure  lenebitur  erga  obedien- 
tiarium  de  Lamines,  ut  singuiis  recurrentibus  annis  in  Nalali  Domini  pro 
oblatis  II  denarios,  n  capones,  lotidemque  panes  quales  ex  oblationibus 
altaris  sue  obvenerint  portioni  persolvatei  ;  insuper  et  eodem  tempore  ei 
X  denarios,  in  Pascha  v,  in  Pentecôte  v  sit  redditurus.  Quod  ne  a  fragili 
memoriadiuturni  lemporis  deleVet  interpositio,  sigilli  nostri  impressione 
presentis  rei  teslimonium  ad  posteroriim  notiîiain  utile  duximus  traducen- 
dum.  Hoc  igjtur  lactum  est  anno  incarnati  verbi  M".  C°.  LX".  III".  Gui  rei 


-  240  — 

conflrmande  interfuerunt  presbiteri  .  Hugo  caulor,  Godefridus,  Henricus. 
Diaconi  :  Gislebertus,  Johannes,  Henricus,  Fredericus. 

Chirographe  sur  vélin.  Fragment  considérable  d'un  sceau  en  cire 
verte  dont  l'inscription  est  perdue,  pendu  à  deux  cordons  de  soie 
tressée,  ronge,  blanche  et  verte. 

H69.  —  Reynier,  prévôt,  die  chapitre  de  Saint-Paul  exemptent  les  frères 
qui  vivent  à  Chastres,  près  de  Lixhe,  de  la  dime  sur  les  animaux  nourris 
dans  réte}idue  d'un  bonnier  autour  de  cette  chapelle.  Ils  ne  payeront  que 
6  deniers  par  an  à  la  Nativité  de  S.  Jean. 

Ne  per  annorum  successionem  delealur  aut  oblivioni  corrumpatur  quod 
ego  Reynerus,  ecclesie  sancti  Pauli  prepositus,  consenliente  fralrum 
capitulo,  concessi  ecclesie  de  Chastre,  que  sita  est  in  terminis  domina- 
lionis  de  Lexhe,  presenli  pagina  memorie  mandavi.  Laboranlibus  ipsis 
inopia  congregalionibus  subveniendum  est.  Inde  est,  quod  fratribus  pre- 
dicti  loci  in  perpetuum  concedimus  et  stabili  jure  firmamus,  ul  de  animali- 
bus,  que  circa  oratorium  de  Chastres  alentur  infra  bonuariuni  unum, 
nullam  decimam  solvant  nisi  V(  denarios  singulis  annis  in  nativilale  beati 
Joannis  Baptiste.  Quia  vero  predicta  celia  de  Chastre  ad  ecclesiam  beati 
Joannis  Baptiste,  que  sita  est  Hoy  spectat,  dignum  duximus  ad  confirman- 
dam  chaiitatem,  predicte  maioris  ecclesie  societatem  siiscipere  atque  nos- 
trani  conlerre  :  ut  illa  nostram,  et  nos  invicem  illius  memoriam  habeamus 
in  orationibus  nostris  etconvenii'nterdefunciorumexequiascelebrabimus. 
Hec  autem  gesta  sunt  anno  ab  Incarnatione  Domini  niillesimo  centesimo 
sexagesimo  nono,  indiclione  secunda,  régnante  Frederico  imperalore, 
Kodulpho  ad  pontificalum  clecto.  Annuente  et  altestante  Henrico,  ecclesie 
sancli  Pauli  decano,  Frederico  magistro  scolarum,  Hugone  cantore, 
Otlone,  ceterisque  fratribus. 

Ms.  de  l'Université  de  Liège,  n"  M 8,  p.  72. 

1178.  —  Rodolphe  de  Zaerinfjhen,  évèque  de  Liéqe,  fait  savoir  que  Otton, 
chanoine  de  Saint- Paul,  a  cédé  le  preshijtérat  de  F  église  de  Lixhe  au  cha- 
pitre de  la  dite  collégiale,  à  charge  de  célébrer  son  anniversaire. 

Innomine  sancle  et  individaeTrinitatis,  amen.  Quia  rcs  ecclesie  que  voia 
suntfidelium,  precia  peccatorum,patrociniapauperum  tueri  et  conimunire 


241 


pium  est,  et  quoniam  non  solum  ipsi  benefacere,  sed  etiani  aliorum  bene- 
facta  laudare,  et  in  luoem  propalave  debemus,  eapropter  ego  Rodulphus, 
Dei  gratia  sancte  Leodiensis  ecclesie  humilis  minister,  notum  esse  volo 
omnibus  Christi  fideiibiis.tam  futurisquam  presentibus,quod  Otto  ecclesie 
sanctiPauli  canonicus,  et  de  presbiteralu  ecclesie  deLizia  investitus,  visi- 
tatione  sancti  spiritus  excitatus,  presbiteratum  hune  in  manus  Rodulphi 
archydiaconi,  et  ecclesie  beati  Pauli  prepositi,  ad  usus  fratrum  suorum 
resignaverit;  et  quod  idem  Rodulphus  prepositus  ad  cuius  donum  de  iure 
prepositure  ecclesia  illa  pertinebat,  et  in  cuius  archydiaconatu  erat,  pres- 
biteratum hune  uiilem  et  redituosum  in  usus  fratrum  cotidianorum,  et  aug- 
mentum  prebendarum,  ob  salutem  et  annuam  commemorationem  anime  sue 
nostro  assensu  ecclesie  beati  Pauli  dederit,  et  a  dono  prepositi  in  perpe- 
luum  liberum  absolvent,  ad  uberioremque  cautelam  Heinricum  decanum 
nomine  ecclesie  inveslicrit  ;  sollemniterque  et  canonice  in  facie  totius 
concilii  de  Viseith  legitimos  et  consuetudinarios  bannos  super  hoc  pres- 
bileratu  ei  nomine  fratrum  ecclesie  sancti  Pauli  fecerit.  Ne  autem  levis 
scrupulus  occasionis  hanc  verilatem  et  legitimam  traditionem  in  poslerum 
lurbaret,  communi  tam  predicti  archydiaconi  quam  personarum  nostrarum 
consilio  slatuimus  :  ut  salva  archidiaconi  canonica  reverentia,  salvisque 
obsoniis,  et  his  que  canonice  debentur  episcopo,  archydiacono,  decano  et 
consilio,  de  cetero  emolumentorum,  redituum  pi  edicti  presbiteratus  libéra 
fratrum  deliberaiio  et  dispensatio  provideat,  et  quicumque  decanus  in 
ecclesia  sancti  Pauli  successerit,  curam  huius  presbyteratus  a  manu 
archydiaconi  omni  remola  occasione  et  conlradictione  suscipiat  ;  sicque 
libero  et  communi  assensu  capituli  sepius  nominatum  presbiteratum 
cuilibel  fratrum  in  obedienliam,  vti  si  ratio  dictaverii  in  providentiam  ad 
usus  fratrum  et  augmenlum  rcfectorii  dct.  Ad  corroborandum  itaque  hoc 
slatulum  ul  stabile  et  inconvulsum  in  perpetuum  permaneret,  presentem 
paginam  episcopali  aucloritate  cl  imaginis  nostre  improssione  ut  nostri 
assensus  sil  indicium  munivimus,  et  adversus  omnem  calumniam  sigillo 
predicti  archydiaconi  et  prepositi  communiri  lecimus,  attestationemque  pro- 
babilium  personarum,  archydiaconorum  et  fratrum  concilii  de  Yiseilh  istud 
cunlirmnvimus.  De  archydiaconis  et  personis  civiiatis  tesles  hi  sunt  : 
Heinricus  maioris  ecclesie  prepositus  et  archydiaconus,  Balduinus  archy- 
diaconus,  lîruno  archydiaconus,  Rodulphus  archydiaconus  et  custos,Theo- 
dericuo  archydiaconus,  Alberlus  archydiaconus,  Otto  archydiaconus,  Hein- 
ricus abbas  ecclesie  sancte  Marie  et  ec(;lesie  sancti  Pauli  decanus  , 


242 


Franco  ecclesie  saiicti  Pétri  decanus,  Arnulphus  ecclesie  sancti  Martini 
decaiius,  Glslebertiis  ecclesie  sancte  Crucis  decanus,  Benedictiis  ecclesie 
sancti  Joliannis  decanus,  Otto  ecclesie  sancti  Dionisii  decanus  ;  Frede- 
ricus  ecclesie  sancti  Bartholomei  decanus.  De  fratribus  concilii  testes  hi 
sunl  :  Thomas  ipsius  concilii  decanus,  Wereiiberlus  Aquensis  magister  ; 
Wedericus  de  Ruttines,  Magister  Gislebertus  de  Meilent  ;  Magister  Asce- 
linus  de  Schines,  Theodericus  de  Bonlei ,  Johannes  de  Messau,  Rober- 
tus  de  Mortiers,  Renerus  de  Genefîîa,  Wedericus  de  Cimale,  Magister 
Berengerus  de  Oire,  Roberlus  de  Hers,  Nicolaus  de  Sancto  Remigio. 
Facta  sunt  hec  autem  anno  dominice  incarnalionis  M".  C°.  septuagesimo 
VIII°,  Indictione  undecima,  imperante  Frederico  semper  Augusto.  Anno 
vero  nostri  episcopatus  decimo. 

Original  sur  vélin.  Les  deux  sceaux  pendant  à  des  queues  de  parclie- 
min  sont  perdus. 

Entre  1178  et  1185,  le  12  mars.  —  Le  pcipe  Alexandre  III  prend  soas  sa 
protection  l'église  de  Saint-Paul  et  toutes  ses  possessions,  spécialement 
celles  qui  lui  ont  été  confirmées  par  le  pape  Eugène  III  et  le  presbytérat 
de  V église  de  Lize  [Lixhe). 

Alexander  episcopus  servus  servorum  Dei,  dileclis  tiliis  lîod  (uifo) 
preposito,  Hen  (rico)  decano  et  canonicis  ecclesie  sancti  Pauli,  salutem 
etapostolicambenedictionem.  Cum  nobis  providentia  superne  dispositio- 
nis  immineat,  de  universis  Dei  ecclesiis  sollicitudinem  gerere,  si  quando 
postulatur  a  nobis  quod  ad  earum  profectum  pertineat  et  tulelam,  peten- 
tium  desideriis  nos  convenit  clementer  annuere,  et  tam  benignum  eflec- 
tum  quam  facilem  indulgere.  Eapropter  dilecti  in  Domino  filii,  vestris 
iustis  postulafionibus  gratum  impertientes  assensuni,  ecdesiam  vestram 
cum  omnibus  bonis  et  possessionibus  suis  quas  impresenliarum  rationa- 
biiiler  possidet,  aut  in  fiiturum  iiistis  modis  prestanic  Domino  poterit 
adipisci,  sub  beati  Pétri  et  nostra  prolectione  suscipimus,  et  presentis 
scripti  patrocinio  communimus  ;  specialiter  autem  omnes  possessiones 
illas  quas  sancte  recordationis  predecessor  noster  Eugenius  papa  suo 
vobis  priviiegio  conlirmavit,  et  preshitcratum  ecclesie  de  Lizia  quam 
Otto  eiusdem  ecclesie  caiionicus  per  manus  Rodniti  prepositi  et  archi- 
diaconi,  et  RoduKi  Lcodiensis  episcopi,  fratribus  ad  augmentum  prebenda- 


-  243  — 

lum  (ledit  cum  perlinenliis  suis,  sicut  eandem  ecclesiam  et  possessiones 
rationabiiiter  tenere  noscimiiii,  vobis  et  nionasterio  vestro  auctoritate 
apostolica  confirmamiis.  Statuentes  ut  nulli  omnino  hominumliceat  hane 
paginam  nostre  protectiouis  et  confinnationis  infringere  vel  eiausu  icme- 
rario  contraire.  Si  quis  aulem  attemptarc  piesumpserit,  indignationem 
omnipotentis  Dei  et  bealorum  Pétri  et  Pauli  apostolorum  eius  se  noverit 
incursurum.  Aclum  Laterani  IIII"  Idus  Martii. 

Original  sur  vélin. 

H8 1  à  H85.  —  I  novembre.  —  Le  pape  Lucius  III  confirme  à  l'église  de  S. 
Paul  le  presbytérat  des  églises  de  Lumlnes,  de  Waremme,  de  Lixhe  et  de 
Houtain,  ainsi  que  l'offrande  faite  pour  le  réfectoire  par  Henri,  chanoine 
de  cette  collégiale. 

Lucius  episcopus  servus  servoruni  Dei,  dilectis  filiis  preposito,  decano 
et  canonicis  ecclesie  sancti  Pauli,  saluteni  et  apostulicam  benedictionem. 
Jusiis  petentium  desideriis  dignuni  est  nos  facilcni  prcbere  consensum,  et 
vota  que  a  ralionis  tiamile  non  discordant,  effeclu  prosequente  complere. 
Eapropter  dilecti  in  domino  filii,  vestris  iustis  postulationibus  grato 
concurrentes  assensu,  presbiteria  de  Laminnes,  de  Wareme,  de  Lisia  et 
de  Hauton,  et  elemosinam  quam  Henricus  concanonicus  vesler  refectorio 
vestro  ralionabiliter  assignavit,  sicut  ea  iuste  et  pacifiée  possidetis,  vobis  et 
ecclesie  vestre  auctoriiate  apostolica  confirniamus  et  preseniis  scripti 
patrocinio  communimus.  Nulli  ergo  omnino  hominum  liceat  hanc  paginam 
noslre  confirmationis  infringere,  vel  ei  ausu  temerario  contraire.  Si  quis 
autem  hoc  attenlare  presumpserit,  indignationem  omnipotentis  Dei  et 
beatorum  Pétri  et  Pauli  apostolorum  eius  se  noverit  incursurum.  Datum 
Vérone  Kalendas  novembris. 

Original  sur  vélin.  Sceau  perdu. 

H 82.  —  Rodolphe  de  Zaeringhen,  évéque  de  Liège,  fait  savoir  que  Henri, 
doyen  de  Saint-Paul,  cède  le  patronage  de  Véglisc  de  Lamines  à  cette  col- 
légiale pour  !i  fonder  son  anniversaire  et  il  confirme  cette  donation. 

In  nomine  sancte  et  individue  Trinitatis,  amen,  Quia  res  ecclesie  que 
votasuntfldelium,pretiapeccalorum,patrociniapauperum  tueri  et  commu- 


244 


Dire  pium  est,  et  quoniam  non  solum  ipsi  benefacere  sed  etiam  aliorum 
l)ona  facta  laiulare  et  in  lucem  propalare  debemiis,eaproplei'  egoRoduIphiis, 
Dei  gratia  Leodiensiuni  episcopus,  noluni  esse  volo  omnibus  Cristi  fideli- 
bus,  tam  fuluris  quam  presenlibus,  quod  Heini  iciis  ecclesia  sancli  Pauli 
decanus,  de  Laminis  obedienliarius  et  de  presbiteratii  ecclesie  eiusdem 
ville  investitus,  visilatione  sanc ti  spiritus  excitatus,  presbiteratum  banc  ob 
salutem  et  annuam  anime  sue  commemorationeni,  ecclesie  sancti  Pauli 
super  altare  ipsius  ad  usus  fratrum  et  augmenlum  prebendarum,  tam 
nostro  quam  Rodulphi  archydiaconi  eiusdem  ecclesie  prepositi,  favorabili 
et  benevolo  consensu  in  perpetuum  possidendumdederit,  et  curam  anima- 
rum  et  custodiam  reliquiarum  in  manus  Bertlioldi  archydiaconi  in  capilulo 
sancti  Pauli  coiam  fratibus  eiusdem  ecclesie  sollemniter  ac  dévote  resi- 
gnaverit.  Bertholdus  vero  archydiaconus  peiitione  fralrum,  Johannem 
Album  eiusdem  ecclesie  canonicum  de  hoc  presbiieratu  nomine  ecclesie 
inveslivil,et  in  facie  loiius  concilii  de  Ilosenmont  legitimos  et  consueludi- 
narios  bannos  ei  super  hoc  presbiieratu,  nomine  fratrum  ecclesie  sancli 
Pauli,  sollemniter  fieri  fecil.  Sed  ne  levis  scrupulus  occasionis  banc  veri- 
tatem  etlegitimam  traditionem  in  posterum  turbarel,  commun!  personarum 
noslrarum  consilio  siatuimus  :  ut  salva  archydiaconi  canonica  reverentia, 
salvisque  obsoniis,  et  bis  que  canonice  debentur  episcopo,  aichydiacono, 
post  obitum  prenominali  decani  fructus  predicti  presbileratus  libéra  fra- 
trum deliberatio  etdispensatio  ad  commodum  suum  provideat:et  cum  fra- 
terJohanneshuius  ecclesie  investitus  decesserit,  aliquis  fratrum  commun! 
consensu  capituli,  nomine  ecclesie  curam  sepe  nominal!  presbileratus  ab 
archydiacono  requisitam  sine  omni  contradictione  suscipiat.  Ad  contir- 
mandum  igitur  hoc  slatutum,  ut  stabile  et  inconvulsum  in  perpetuum  per- 
maneret,  presentem  paginam  ad  uberiorem  cautelam  auctoritate  episco- 
pal!  et  sigilli  nostr!  impressione  ut  nostri  assensus  sit  indicium  munivi- 
mus,  et  adversus  omnem  calumniam  sigillo  tam  Rodulphi  prepositi  quam 
Bertholdi  archydiaconi  communiri  fecimus,  atlestationesque  archydiaco- 
norum  et  probabilium  personarum  adhibuimus.  Quarum  nomina  bec  sunl: 
Alberlus  maioris  ecclesie  prepositus  et  archydiaconus,  Balduinus  archy- 
diaconus, Rodulphus  archydiaconus  et  ecclesie  sancti  Pauli  prepositus, 
Theodericus  archydiaconus,  Otto  archydiaconus,  Alberlus  archydiaconus, 
Bertholdus  archydiaconus,  Heinricus  abbas  ecclesie  sancte  Marie  et  eccle- 
sie sancti  Pauli  decanus,  Hugo  abbas  ecclesie  sancti  Jacobi,  Everelmus 
abbas  ecclesie  sancti  Laurent!!,  Lucas  abbas  ecclesie  sanclorum  apostolo- 


! 


—  245  — 

rum,  Bruno  abbas  ecclcsie  sancti  Egidii,  Johannes  ccclesie  sancli  Pétri 
(lecanus,  Arnulphiis  ecclesie  sancli  Martini  dccanus,  Gislcbertus  ecciesie 
sancte  Criicis  dccanus,  Benedictus  ecclesie  sancti  Jolianiiis  decanus,  Otto 
ecclesie  sancli  Dyonisii  decanus,  Fredericus  ecclesie  sancti  Barlholomei 
decanus.  De  fratribus  concilii  de  Hosennionl  lestes  bii  sunt  :  Heinricus 
decanus,  Petrus  investilus  ccclesie  de  Momalia,  Fredericus  ecciesie  de 
Doncere  investilus,  Léo  ecclesie  de  Holong  invesiilus,  Wenricus  ecclesie 
de  Ilosenmonl  investilus,  Johannes  ecclesie  deVcllenes  investilus,  Heinri- 
cus ecclesie  de  Bodengeies  investilus  et  alii  plures.  Fada  sunl  aulem  bec 
anno  dominice  incarnationis  M°,  C°.  LXXX".  II.  indiclione  quinla  décima, 
papanle  Lucio,  imperante  Fredcrico  Romanorum  imperatore  seniper  7U1- 
gusto,  anno  autem  episcopatus  nostri  XV'"". 

Original  sur  vélin.  Trois  cordons  de  fils  blancs  dont  les  sceaux  sont  perdus. 

■1184  ou  1185.  1"'  novembre.  —  Le  pnpc  Luciufi  Ul  confirme  au  cliapilre 
de  Saint-Paul  le  pveshijtéral  des  églises  de  Laminne,  de  Waremme,  de 
Lize  [Lixhe)  cl  de  Ilaulon  (Ilotton). 


Lucius  episcopus  servus  servorum  Dei,  dilcctis  filiis  preposito,  decano 
et  canonîcis  ecclesie  Sancti  Pauli,  salutem  et  aposlolicam  benedictionem. 
Justis  pelenlium.  desideriis  dignum  esl  nos  facileni  prcbcre  consensum,  et 
vota  que  a  ralionis  tramile  non  discordant  efï'ectu  prosequente  compicre. 
Eapropter  dilecti  in  Domino  filii,  veslris  justis  postulalionibus  gralo  con- 
currentes assensu,  prcsbiteria  de  Lamines,  de  ^Yarreme,  de  Lisia  et  de 
Ilaulon  et  elcmosynara  quam  Ilenricus  concanonicus  vester  refeclorio 
vestro  ralionabiliter  assignavit,  sicut  ea  iusle  et  pacifiée  possidctis,  vobis 
et  ecclesie  vostre  auctoritate  apostolica  oonfirmamus  el  presenlis  scripli 
patrocinio  communimus.  Nulli  ergo  omnino  bominum  liceat  banc  pnginam 
nostre  confirmalionis  infringere  vel  ei  ausu  temerario  contraire.  Si  quis 
autem  boc  allenlare  presumpserit,  ir.dignaliunem  omnipolenlis  Dei  et 
beatorum  Pelri  et  Pauli  apostolorum  eius  se  novcrit  incuisurum.  Dalum 
Vérone  kalendis  novembris. 

Original  sur  vélin.  Sceau  perdu. 


—  246  — 

H85.  —  Pierre,  prévôt,  Ebaîus,  doyen,  et  le  chapitre  deSnint-Paul  cèdent 
à  Vabbaye  de  Flônc,  près  de  Huy,  leurs  droits  sur  Vé(jlise  et  les  dîmes  de 
Hermallc-soîis-Huy,  à  certaines  conditions  (  '). 

In  nomine  sancte  et  individue  trinitatis.  Ego  Pelrus  ecclesie  sancti 
Pauli  preposiliis,  Ebahis  decanus,  totusque  eiiisdem  ecclesie  conventus, 
noturn  fieri  voluraus  omnibus  Christi  fidelibus  tam  fuluris  quani  presenli- 
bus  veritateni  diligentibus,  quia  in  hoc  cuni  Theoderico  abbale  Flonensis 
ecclesie,  cum  Tliiebaldo  priore,  el  cum  omnibus  aliis  fratribus  Flonensis 
ecclesie  commun!  consilio  utriusque  ecclesie  convenerimus,  quod  pro- 
prietariam  possessionem  nostrani  in  ccclesia  et  in  villa  de  Harmala,  cum 
omni  integritate  et  plenitudine  decimaium  que  nostri  iuris  sunt,  et  ab 
antiquo  fuerunt,et  cum  omnibus  appendiciis  cultis  et  incultis,in  pactuni, 
usum  fructum,  et  in  obedientiam  hereditariam  pro  viginli  duobus  solidis 
et  sex  denariis  annualim  solvendis,  in  perpetuum  predicto  Theoderico 
abbati  Floncnsi,  ejusque  successoribus  abbatibus  Flonensis  ecclesie, 
légitime  dederimus,  et  de  medietatepresbiterii  temporallum  inveslituram, 
non  tanlum  personaliter,  sed  sic  ecclesie  Flonensi  perpelualiter,  ut  sin- 
gulis  abbatibus,  in  ecclesia  Flonensi  succedenlibus,  hec  investitura  cum 
obedientia  renovetur  concesserimus,  bis  interpositis  conditionibus.  De- 
cedente  abbate  Flonensis  ecclesie  hic  qui  succedet  abbas,  capitulo  ecclesie 
Sancti  Pauli  se  representabit,  et  prepositus  ecclesie  Sancti  Pauli  libère 
et  absque  omni  exactione  in  capitulo  ecclesie  Sancti  Pauli  in  presentia 
fratrumdonum  ecclesie  el  obedientie  de  Harmala  dabit  ei  :  et  ad  confirma- 
tioncm  sui  doni,  ipse  abbas  Flonensis  dabit  fratribus  ecclesie  Sancti  Pauli 
hamam  solummodo  vini  ;  et  sic  liberam  potestalera  habebit  sacerdotem 
constitut'/v,  et  omne  commodum  suum,  salvo  iure  et  possessione  ecclesie 
Sancti  Pauli,  in  predicta  obedientia  facere,  et  ad  utilitatem  suam  disponere. 
Sic  tamen,  ut  de  paclo  viginti  duorum  solidorum  et  sex  denariorum 
medietatem  in  festivitate  omnium  Sanctorum,  undecim  scilicet  solidos  et 
1res  denarios,  et  reliquam  medietatem  dominica/Hî'oa/^'//  me,  omni  remota 
occasione  solvat,  et  sic  obedientiam  suam  libère  et  quiète  possideat. 
Sod  nos  et  successores  nostri  canonici  erga  abbatem  et  successores 
eius  si  tempestas   vel  causa  légitima  interciderit,  quod  absil,  ea  lege 


(*)  Nous  avons  cru  devoir  reproduire  cette  cimrte  en  indiquant  pnr  des  lettres 
italiques  les  différences  existant  entre  l'original  et  le  texte  publié  par  Le  Mire. 


-    247  — 

utemur,  qua  utimur  in  simili  discrimine  erga  alios  obedientiarios  nostros. 
Ut  igitur  quod  rationabiliter  factum  est,  ratum  et  stabile  in  perpetuum 
;>ermaneat,  presentem  paginam  tam  nostre  ecciesie  sygillo  quam  Flonensis 
ecclesie  communivimus  :  et  adversus  omnem  calumniam  attestaliones 
archydiaconorum,  abbatuni  et  probabilium  personarum  adhibuimus.  De 
archydiaconis  testes  sunt  :  Albertus  archydiaconus,  Bcrtholdm  archydia- 
conus  et  custos,  Everardus  archydiaconus.  De  abbatibus  testes  et  fidejus- 
sores  sunl:  Everelmus  abbas  ecclesie  Sancti  Laurentii,  Bruno  abbas  eccle- 
sie Sancti  Egidii,  Gerardus  abbas  ecclesie  Cornelii  mentis.  De  fratribus 
ecclesie  Sancti  Pauli  testes  sunt  :  Arnulfus,  Heinricus,  Azo,  Fredericus, 
Jonas  magister  et  custos,  Rodulphus,  Johannes,  Petrus  camerarius, 
Otto  cellerarius.  De  fratribus  Flonensis  ecclesie  :  Thiebaldus  prior  , 
Aiulfus,  Thomas,  Fulberlus,  Lambertus,  Heinricus,  Uenerus.  De  fratribus 
concilii  testes  sunt  :  Franco  de  Mandaule,  Wescelinus  de  Bossor,  Johannes 
de  Verseaz.  Facta  sunt  autem  bec  anno  doniinice  incarnationis  M°.  C\ 
octogesimo  quinto,  indiclione  tertia,  papante  Lucio,  Frederico  Romano- 
rum  imperatore  semper  augusto,  et  Rodulfo  Leodiensium  episcopo. 

Chirographe  original  sur  velin;  les  deux  sceaux  pendant  à  des  queues 
de  fil  blanc  sont  enlevés.  —  Opéra  diplomalica,  IV,  522. 

1189.  —  Pierre,  prévôt,  Ebahis,  doyen,  et  le  cluqnlre  de  Saint-Paul  font 
savoir  que  Ode,  surnommée  Pagana,  veuve  de  Roger,  ayant  laissé  certains 
biens  à  Ode,  sa  parente,  cette  dernière  et  Radulphe,  chanoine  de  Saint- 
Paul,  donnent  ces  biens  à  cette  collégiale.  Le  chapitre,  de  son  côté,  en 
cède  Vusufruit  à  Vune  et  à  Vautre  sous  certaines  conditions  spécifiées  dans 
la  charte. 

In  nomine  sancte  et  individue  Trinitatis  amen.  Ego  Petrus  dei  gratia 
ecclesie  sancti  Pauli  propositus,  Ebalus  decanus,  totusque  eiusdem  ecclesie 
conventus,  notum  fieri  volumus  omnibus  tam  futuris  quam  presenlibus 
vciitatom diligentibus,  quod  Uda  vidua  cognomine  Pagana,  uxor  Rogeri 
defuncii,  Udam  cognatam  suam,  gradu  consanguinitatis  sibi  proximam, 
cuiusdam  hereditatis  sue  quam  longo  tempore  vite  sue  tenuerat,  heredem 
sibi  iure  propinquilatis  instituit,  cl  cum  adhuc  viveret,  de  hac  hereditate 
eam  invesliri  légitime  fecit.  Cum  hanc  itaque  hereditatem  Radulphus 
ecclesie  nostre  canoniciis,  et  predicta  Uda  Icgilime,  quiele  et  sine  ca- 


—  248  — 

lumnia  hereditario  iure  teiierent,  Deum  heredem  liuius  sue  possessiuncule, 
et  beatum  aposlolum  palronum  simm  pro  salute  animarum  suanim  facere 
proposuerunt,  ef  pie  devotionis  sue  affectum,  ordine  deblto  ad  effectum 
perduxerunt.  Predictani  enim  hereditalem,  diniidiuni  scilicet  niansum  ferc 
noveni  bonuaria,  in  terrilorio  Vineti  continenlem,  ecclesieque  sancti 
Lamberti  censiim  solventem,  et  sex  bonuaria  terre  eustodi  ecclesie  sancti 
Pctri  censum  solventia,  per  manum  Theoderici  advocati,  adhibitis  sol- 
lemnitatibus  que  in  huiusmodi  traditionibus  lieri  soient,  ad  altare  Sancti 
Pauli  optulerunt ,  et  prediclum  dimidium  mansum  divisim  in  manus 
villlci  ecclesie  sancti  Lamberti  de  Vineto,  presentibus  scabinis  et  paribus 
cnrtis,  et  sex  bonuaria  in  manus  custodis  ecclesie  sancti  Pétri,  ad  quem 
ccnsus  et  investitura  horum  sex  bonuariorum  spectat,  ad  usus  fratrum 
ecclesie  sancti  Pauli  resignaverunt,  et  sic  banc  hereditatem  resignalam, 
iure  consuetudinariû  sollemniter  exfeslucaverunt.  Nos  vero  unum  de  fide- 
libus  nostris  Roberlum  videlicet  Chavvel,  nomlne  ecclesie  sancti  Pauli,  de 
bac  hereditate  investiendum  produximus,  ordineque  debito,  et  iudicio 
parum  terre  ea  conditione  et  tenore  quo  predicti  heredes  eoruraque  pre- 
decessores  banc  terram  possederanl,  eum  légitime  de  bac  hereditate 
investir!  fecimus.  Sed  fratres  ecclesie  nostre  benellcio  predicti  Radulphi 
et  Ude  non  ingrati,  quatuordecim  marcas  de  communi  argento  suo  quod 
babebanteis  prestiterunt,  et  insuper  eis  et  predicte  Ude  Pagane  que  buic 
tradilioiii  favorabilem  assensum  prebuerat ,  usumlVuclum  huius  terre 
toto  tempore  vite  sue  communi  concessu  concesserunt,  ca  conditione  et 
firma  stabilitionc,  ut  ipsi  ccrlis  et  statutis  temporibus  nostro  investito 
Roberto  Cha\vel,debitum  censum  huius  hereditatis  obedientiario  vel  villico 
ecclesie  sancti  Lamberti  et  custodi  ecclesie  sancti  Pétri  annuatim  nominc 
ecclesie  nostre  solvendum  solverent,  et  preterea  in  argumentum  huius 
traditionis  quindecim  solidos  ad  augmentum  refectorii,  quinque  scilicet 
solidos  in  Pascha,  quinque  solidos  in  Pentecoslen  et  quinque  solidos  in 
natale  l)omini,omni  postposita  occasione  singulis  annis  darent,  quamdlu 
usumfructum  huius  terre  tenere  Yellent.  Pi'eterea  Ude  iuniori  communi 
consensu  capituli  nostri  indulsimus,  ut  si  eam  post  obitum  fralris  nostri 
Radulphi  vivere  conLigerit,  ipsa  toto  tempore  vite  suc  mansionem  dau- 
stralis  domus  Radulphi  optineat  ;  et  si  légitima  nécessitas,  et  manifesta 
inopia  cani,  (luod  absil,  coegerit  predictam  domum  canonico  vendere,  sed 
tamen  non  sine  licenlia  capituli  eiliceat.  Sin  autem  post  deccssum  istorum 
irium,   Radulphi  scilicet  et  vlriusque  Ude,  libéra  fratrum  deliberatio  et 


—  249  — 

dispensatio,  tam  de  claustral!  domo  isla  quam  de  terra  prediota,  ad 
commoduni  fratrum  colidianorura  sibi  et  ecclesie  sue  inposterum  provi- 
deat;  et  quod  consultius  et  ulilius  ecclesie  visum  fuerit,  de  his  faciat.  Et 
quia  verba  hominnm  transeunt ,  et  ex  revolutione  teinporis  mortalis 
infirmitas  rerum  gestarum  oblivionem  patitur,  idcirco  rem  gestam  presenti 
pagina  conscripsimus,  et  adversiis  oninem  calumniam  sigilli  nostri 
impressione,  testiumque  subscriptione  communivimus.  Testes  hii  sunt  : 
Johannes  de  Colonia  obedientiarius  ecclesie  sancti  Lamberti  de  Vineto  , 
Lambertus  de  Ihsse  ecclesie  sancti  Pétri  thesaurarius,  Garnerus  eiusdem 
ecclesie  magisler  et  cantor;  Theodericus de  Bouler  eiusdem  ecclesie  cano- 
nicus,  Galterus  investitus  de  ecclesia  sancti  Servatii.  De  fratribus  ecclesie 
sancti  Pauli  :  Arnulphus  sacerdos,  Heinricus  sacerdos,  Azo  diaconus, 
Fredericus  diaconus,  Jonas  magisler  et  custos  eiusdem  ecclesie,  Johannes 
Albus.  De  laicis  :  Theodericus  advccalus,  Conradus  Bonin,  Hillinus  filius 
Norardi  et  fllii  eiusdem  Hiliini  ;  Theodericus,  Gerardus,  Nicholaus,  Bene- 
dictus  villicus  de  Yineto,  Alardus  scabinus,  Garnerus  scabinus,  Liebertus 
scabinus.  De  ministris  ecclesie  sancti  Pauli  :  Gezo  villicus,  Warnerus 
cocus,  Robertus  Chawel  et  alii  i)lures.  Facta  sunt  autem  hec  anno  verbi 
incarnati  M°.  G".  LXXX°.  VIIIF,  indiclione  VI%  Frederico  Romanorura 
imperatore  semper  augusto,  et  Rodulpho  Leodiensium  episcopo. 

Chirographc  sur  vélin.  Sceau  enlevé. 

1193.  — Brnuou  de  Seijne,  archevêque  de  Cologne,  [ireud  sous  sa  proteclion 
les  membres  du  chapitre  de  Saint-Paul  et  les  biens  âe  cette  église,  entre 
autres  lepresbijtéral  et  F  église  de  Taurines  et  de  Wcert , de  Saint-Georges, 
de  Vellencs  (  Velaiiie),  etc. 

In  nomine  sancte  et  individue  Trinitatis.  Bruno  sanctc  Goloniensis 
ecclesie  archiepiscopus  tam  fuluris  quam  prcsentibus  in  pcrpetuuni.  Girca 
cultum  Dci  studium  et  diligentiam  nostram  adjutere  posili,  niinistros 
eius  studioseetdiligenter  honoris  gradu,  pacis  tranquillitate,  et  repensione 
merccdis  extolllnuis,  ut  eoruin  devotio  conservetur,  habeatque  unde 
inciletur  ad  melius.  Eapropter  ecclesie  bcati  Pauli  apostoli  in  Leodio 
devotionem  atlendentes,  bona  eius  et  personas  sub  nostra  protcctionc  susci- 
pientes,  presbiteratum  et  ecclesiam  de  Tornines  et  de  Werde,  presbiteratum 
et  ecclesiam  de  S.  Georgio  et  Vellenes,  cum  ceteris  appendiciis  suis, 


-  250  — 

vineam  in  vinetoLeodii,bona  deHanzon  et  Villari,  bona  de  Flostul.bona  de 
Lavoir,  et  ecclesiam  eius cum  presbiteratu,  omnesque  redditus  ad  cotidianos 
usus  refectorii  assignâtes  fratribus  predicte  ecclesie  S.  Pauli  pondus 
diei  et  estus  ibi  portantibus  in  usus  cotidianos  refectorii  aucloritate 
principis  apostolorum  et  nostra  confirmamus,  et  ne  bec  necessaria  dis- 
pensalio  importunitate  aliqua  mutetur  vel  turbelur,  sub  anatheraate  inhi- 
bemus.Turbatores  igitur  eius  nisi  rcsipuerint  et  dignam  penitentiam  egerint, 
comprehendal  maledictio  illa  que  Dathan  et  Abyron  vives  absorbuit. 
Servatores  autem  benediclio  illa  unguenli  que  a  capite  in  barbam  Aaron 
descendit.  Huius  quidem  confirmationis  testes  sunt  de  prioribus  :  Rodul- 
phus  magister  scolarum,  Udelricus  cancellarius  noster,  magister  Pyramus 
de  S.  Gereone,  magister  Lamberlus  de  Gradibus,  magister  Lambertus 
de  sanctis  aposlolis,  magister  Theodericus  de  sancto  Andréa,  dominus 
Godefridus,  magister  Rabodo  et  alii  quamplures.  Actum  est  anno  incarna- 
tionisdominiceM".  C^.LXXXX".  111°.  indictione  X",  présidente  sedi  apos- 
tolice  Celestino  papa  iir  pontificatus  sui  anno  ii". 

Original  sur  parchemin,  sceau  perdu. 

H95.  —  Albert  de  Rhétcl,  grand-prévôt  de  Liège,  fait  savoir  que  Ekdus, 
doyen  de  Saint-Paul,  ayant  donné,  avec  le  consentement  de  Pierre,  prévôt, 
le  presbytérat  de  Véglise  de  Lavoir  pour  fonder  son  anniversaire  dans 
cette  collégiale,  Albert  de  Cuyck,  successeur  de  Pierre  dans  la  prévôté,  a 
confirmé  cette  donation  en  y  ajoutant  certaines  conditions  énumérées  dans 
la  charte. 

In  nomine  sancte  et  individueTrinitatis,  amen.  Quia  res  ecclesie  que  vota 
sunt  fidelium,  pretia  peccalorum,  patrocinia  pauperum  tueri  et  conimu- 
nire  pium  est,  et  quoniam  non  solum  ipsi  benefacere,  sed  etiani  aliorum 
bona  facta  laudare,  et  in  iucem  propalare  debemus,  eapropter  ego  Albertus 
Dei  gralia  maior  in  Leodio  preposilus  et  archidiacoiius,  notum  esse  volo 
omnibus  Chrisli  fidelibus,  tam  fuluris  quam  presentibus,  quod  Ebalus 
ecclesie  sancti  Pauli  decanus,  de  Lavoez  obedientiarius,  et  de  presbileratu 
ecclesie  eiusdem  ville  inveslitus,  visilatione  sancti  Spiritus  excilatus,  pres- 
biteratum  hune  ob  salutem  et  aiinuam  anime  sue  commcmorationem, 
ecclesie  sancti  Pauli  super  altare  ipsius,  ad  usus  fralrum  et  augmentum 
prebendarum,  tam  noslpp  quam  Pétri  eiusdem  ecclesie  prepositi,  favo- 


—  251  - 

rabili  et  benevolo  consensu,  in  perpetuum  possidendum  reporlaverit  ;  et 
curam  postiiiodum  animaïuni  et  custodiam  reliquiariim  in  manus  nos- 
tras,  in  domo  nostra,  ooram  fratribus  eiusdem  ecclesie  et  quibusdam  de 
maiori  ecclesia,  et  quibnsdam  fratribus  concilii  soUempniter  ac  dévote 
resignaverit  :  predicio  Petro  de  medio  facto,  frater  noster  Albertus 
archidiaconus  in  preposilura  eiusdem  ecclesie  canonice  succedens,  facluni 
istud  pio  favore  prosequens  et  approbans,  confirmationi  subscripsit; 
adiungens  ut  obedientiarius  de  Lavoez  et  de  villa  que  dicilur  sanctus 
Paulus  procurare  tenelur  in  perpetuum  bona  piedicte  ecclesie  in  Molen- 
baiz,  et  quindecim  solides  Leodiensis  monete  annuatim  fratribus  inde 
persolvere;  procurare  etiam  tenetur  in  perpetuum  bona  de  Opingneis  et 
inde  annuatim  quadraginta  denarios  Leodienses  fratribus  reddere  et 
curam  huius  presbiteratus  de  Lavoez,  scilicet  tenere  et  sumptibus  suis  in 
omnibus  necessitalibus  ei  providere.  De  constilutione  autem  predicti 
Ebali  decani,  ex  ipso  presbiteralu  obedientiarius  xx  solidos  Leodiensis 
monete  annuatim  fratribus  exsolvet  :  XII  in  annivcrsaria  commemora- 
tione  predicti  decani,  ad  refectionem  fratrum  et  usum  campanarum  et 
duarum  candelarum;  V  solidos  in  festo  sanctorum  Cosme  et  Damiani  ; 
très  vero  in  luminare  VIT"  candelarum  duodecies  ad  inlroitum  minoris 
chori  sub  turri,  annuatim  ardentium.  Nos  autem  pelitione  fratrum , 
Johannem  de  Sabulelo  eiusdem  ecclesie  canonicum  subdîaconum,  obedien- 
tiarium  factum  predictorum  bonorum  de  hoc  presbiteralu  nomine  fratrum 
ecclesie  sancte  Pauli  investivimus,  et  in  facie  totius  concilii  Andenensis, 
legitimos  et  consuetudinaris  bannos  ei  super  hoc  presbiteralu  nomine 
fratrum  ecclesie  sancti  Pauli  sollempniter  fieri  fecimus.  Post  cuius  tran- 
silum  si  quid  emolumenti  ultra  xx  solidos  in  ipso  presbiteralu  fuerit, 
ordinationi  et  arbitrio  predictorum  fratrum  cum  obedientia  predicta 
totura  cedit.  Sed  ne  levis  scrupulus  occasionis  hanc  ventalem  et  legiti- 
mam  Iraditionem  in  posterum  turbaret,  communi  Leodiensium  persona- 
rum  consilio  slaluimus,  ut  salva  archidiaconi  canonica  reverentia,  salvis- 
que  obsonis  et  his  que  canonice  debenlur  episcopo  et  archidiacono, 
fructus  predicti  presbiteratus,  libéra  fratrum  deliberalio  et  dispensatio 
ad  commodum  suum  provideat,  et  cum  frater  Johannes  huius  ecclesie 
investitus  decesseril,  aliquis  fratrum  communi  consensu  capituli  in  obe- 
dientiam  constilutus,  nomine  ecclesie  curam  sepe  nominati  presbiteratus 
ab  archidiacono  requisitam  sine  omni  contradictione  suscipiat.  Ad  confir- 
mandum  igitur  hoc  statutum,  ut  stabile  et  inconcussum  in  perpetuum  per- 


{9.  — 


maneat,  presenleni  paginam  ad  uberiorem  cauttlam,  auctoritate  archidia- 
conali  et  sigilli  nostri  impressionc,  ut  ncstri  assensus  sit  indiciuni  muni- 
vimus.  Apposuit  etiam  admaius  munimentum  facti  sigillumsiiumpredictus 
Alberlus  aichidiaconiis  eiusdem  ecclesie  prepositus  ,  atteslationesque 
probabiliuni  personarum  niaioris  ecclesie  et  fratrum  consilii  nostri  et 
capitiili  saïKii  Pauli,  et  personarum  aliarum  ecclesiarum  presenli  pagine 
adhibuimus.  De  maiori  ecclesia  testes  sunt  :  Symon  decanus,  Albertus 
archidiaconus  sanc(i  Pauli  prepositus,  Hugo  archidiaconus,  Waltberus 
diaconus,  Ilenricus  cantor,  Helyas,  Herbertus  cellerarius  sancti  Pauli 
canonicus  ;  Rogerus,  Warnerus,  Thomas,  Manerius  et  Reinerus  frater 
eius.  De  persoiiis  aliarum  ecclesiarum  :  Gozuinus  abbas  sancti  Jacobi, 
Balduinus  abbas  sancti  Laurentii,  Brunerus  sancti  Egidii  abbas,  Gozuinus 
abbas  apostolorum  Cornelii  Montis  ;  Warnerus  decanus  sancti  Pétri, 
Ilerimannus  decanus  sancte  Crucis,  Amelius  decanus  sancti  Dyonisii.  De 
clericis  et  domesticis  nostris  :  magister  Robertus,  magister  Johannes, 
magister  Waltherus,  magister  Egidius,  magister  Symon,  De  fratribus 
concilii  :  magister  Gerardus  de  Selatn,  Ilenricus  investilus  de  Hohaie, 
Fastrardus  investilus  de  Borler,  Egidius  de  sancti  Stephani  Monte, 
Robertus  de  tribus  campanis,  Clarebaldus  de  Avenues  et  alii  perplures. 
De  fratribus  ecclesie  sancti  Pauli  :  Ebalus  decanus,  Arnulphus  et  Ainul- 
phus  presbileri.  Frater  dicius  Jonas  magister  scolarum,  Rodulphus, 
Johannes,  Johannes,  magister  Rodulphus,  Otto  cellerarius,  diaconi.Henri- 
cus  cantor,  Johannes  et  ceteri  fratres.  Aclum  est  istiid  anno  incarnationis 
dominice  BI".  C''.  LXXXX"  III",  indiclioneXI" ,  papauté  Celestino,  impe- 
rante  Ilenrico  Romanorum  imperatore  semper  augusto. 

Original  sur  vtilin.  Les  deux  sceaux  qui  pendaienl  à  de  largos  bandes 
de  parchemin,  sont  perdus. 

1197). — Thomas,  archidiacre  (le  Liérje,  fait  savoir  que  Ehahs,  doyen  de 
St-Paul,  investi  de  VécjUse  de  Si-Ceorqes,  et  Jonas,  écolâtre,  invesli  de 
Vohédienee  de  eclte  i'(jlise,  donnent  à  la  collégiale  le  preshyléral  de  Saint- 
Georges  et  celui  de  Vellennes  (Velaine). 

In  nomine  sancte  et  individue  Trinitatis.  Thomas,  Dei  gratia  Leo- 
diensis  archidiaconus  tam  futuris  quam  presentibus  in  perpeluum.  Ad 
hoc  eratia  Dei  constituti  ut  de  iurc  officii  nostri  bona  ecclesiarum  luea- 


—  â33    - 

mur,  et  quod  pie  factiim  et  coUatum  est  eis  raliim  ducannis  et  in  lucem 
propalemus,  nolum  facimus  quod  Ebalus  sancli  Pauli  decanus,  de  Sanclo 
Georgio  inveslitus,  et  Jon;is  magistcr  scolarum  obedientiarii  de  Sanclo 
Georgio,  visitatione  sancti  Spirilus  excitati,  presbileratum  de  sanclo 
Georgio  et  de  Vellennes  cum  suis  appenditiis,  ob  salulem  animarum 
suarum  ecclesie  Sancli  Pauli  super  altare  ipsius  ad  usus  frairum  et 
augmentum  prebendarum  favorabili  assensu  prepositi  eiusdem  ecclesie 
Alberti  in  perpetuum  possidendum  reporlaverint.  Quod  et  nos  pio  favore 
prosequentes  cuni  iam  prediclus  Ebahis  seculo  renunciasset,  presentalo 
nobis  noniine  totius  ecclesie  Sancti  Pauli  Arnulpho  presbitero  eiusdem 
ecclesie  canonico,  curam  predicte  ecclesie  et  investituram  conlulimus 
noniine  fratruni  ecclesie  Sancti  Pauli,  ipsumque  presbiîeratum  conces- 
simus  ut  inde  ecclesia  stipendia  sua  augeret,  et  fundos  et  décimas  suas 
liberius  custodiret.  Sed  ne  levis  scrupukis  occasionis  banc  veritatem  et 
legitimam  traditioDcm  in  poslerum  turbaret,  communi  Leodicnsium  per- 
sonarum  consilio  statuiniiis  :  ut  salva  archidiaconi  canonica  reverenlia, 
sahisque  obsoniis  et  hiis  que  canonice  dcbentur  episcopo,  archidiacono, 
fruclus  tam  piedicti  presbiteratus  quam  ipsius  ecclesie  libéra  fratrum 
deliberatio  et  dispensatio  ad  coniniodum  suum  provideat  :  et  cum  frater 
Arnulphus  eiusdem  ecclesie  investilusdecesserit,aliqais  frairum  communi 
consilio  capitnli  presentatus  noniine  ecclesie  curam  predictam  ab  ari-hi- 
diacono  requisilam  cum  ipso  presltiieratu  snscipiaî;  hoc  quippe  modo 
predictuin  fratrem  Ar(nuiphuni)  investivinms  et  in  facie  totius  concilii  de 
Hosenmont  legitimos  et  consuetudinarios  bannos  ei  super  hiis  noniine 
fratrum  ecclesie  Sancti  Pauli  sollempniler  iieri  fecimus.  Ad  confirmationem 
aulem  huius  rei  paginam  auctoritate  archidiaconali  et  sigilli  nosîri  impres- 
sione,  ut  noslri  assensus  sit  indicinm  munivinins,  subscriptis  testibus.  De 
maiori  ecclesia  :  Symonc  decano;  Henrico  de  l)ungl(eberl)  archidiacono  et 
cantore,  Lamberlo,  Radulpho.  Engolranio.  De  concilio:  \Yenrico  decano. 
Everardo  decano  sancli  Rlarlini  invesiito  de  Graz,  Pbylippo  investilo  de 
Linioiit,  Thfoilerico  investilo  de  lîockiies,  Jobanne  invesiito  de  Lamines, 
Petro  invesiito  de  Serang.  Actum  est  anno  incarnai ionis  duniinice  î^l".  C". 
LXXXX».  111",  indidione  XII'. 

Original  sur  vélin.  Le  sceau,  qui  pendait  h  une  bande  de  parchemin, 
est  enlevé. 


—  254  — 

1 196.  —  Thierry,  archidiacre  de  Liège,  confirme  la  donation  du  presbylérat 
de  l"  église  de  Saint -Georges,  faite  au  chapitre  de  Saint- Paul  par  Jonas, 
doyen  de  cette  collégiale. 

In  nomine  sancte  et  individue  Trinitalis.  Theoderious  Leodiensis 
archidiaconus  tam  futuris  quam  prescnlibus  in  perpeliuim.  Ad  hoc  gratia 
Dei  constituti  ut  de  iure  offioii  nostri  bono  ecclesiarum  tueamur  etqiiod  pie 
factum  el  oollatum  est  els  ratum  ducanius  et  in  lucem  propalemus,  notum 
facimusquod  magister  scolarum  ecclesieSancliPauli  Jonas,obedientianus 
de  sancto  (leorgio,  visitalione  sancti  Spiritns  exeitatus  presbiteratum 
(le  sancto  Georgio  ob  salutem  anime  sue  ecclesie  Sancti  Pauli  super  altare 
ipsius  ad  usus  fralrum  et  augnientum  prebendarum,  favovabili  assensu 
preposili  eiusdeni  ecclesie  Radulphi,  in  perpetuum  possidendum  reporta- 
vii.  Quod  et  nos  pio  favore  prosequentes,  presentato  nobis  nomine  totius 
ecclesie  Sancti  Pauli  Arnulpho  presbitero,  eiusdem  ecclesie  canonico, 
curam  predicle  ecclesie  et  invesîituram  contulimus  nomine  fratrum  eccle- 
sie Sancti  Pauli,  ipsuni  quoque  presbiteratum  concessimusut  indeecclesia 
stipendia  sua  augerel,  et  fnndos  et  décimas  suas  liberius  custodirei.  Sed 
ne  levis  scrupulus  occasionis  hanc  verilatem  et  legitimam  tradilionem  in 
posterum  tnrbaret,  commun!  Leodiensium  personarum  consjlio  statuimus, 
ut  salva  archidiaconî  canonica  reverentia,  salvisque  obsoniis,  et  hiis  que 
canonice  debentur  episcopo,  aichidiacono,  fructus  tam  predicti  presbi- 
ter;itus  quam  ipsius  ecclesie,  libéra  fratrum  deliberatio  el  dispensatio  ad 
commodum  suum  |)rovideat  :  el  cum  fraler  Arnulphus  eiusdem  ecclesie 
investitus  dccesserit,aliquis  fratrum  communi  consilio  capitulipresentatus 
nomine  ecclesie,  curam  predictam  ab  archidiacono  requisitam  cum  ipso 
presbiteralususcipiat.  Hoc  quippe  modo  prediclum  fratrem  A(rnulphum) 
inveslivinuis,  et  in  facie  totius  concilii  de  Ilozcnmont  legilimos  et  consue- 
tudinarios  bannos  ei  super  hiis  nomine  fratrum  ecclesie  Sancti  Pauli  sol- 
sempniler  lieri  fecimus.  Ad  confirmalionem  autem  huius  rei  paginam 
liane  auctorilate  archidiaconali  et  sigilli  nostri  impressione  ut  nostri 
assensus  sit  indicium  munivimus,subscriptis  testibus.De  maiori  ecclesia: 
Cunrado  decano,IIenri('0  cantore,  Helya,Sygero,  Engolramo.  De  concilio  : 
Gerardo  investito  ecclesie  deHozenmont,  Everardodecano  sancti  Martini, 
investiio  de  Graz,  Pbilippo  investito  de  Lymon,  Johanne  decano  Sancti 
Pauli,  investito  de  Lamines,  Petro  investito  de  Serang.  Actum  est  anno 
incarnafionis  dominice  M"  C  XG"  Vl°. 

Original  sur  v«^lin.  F.e  sceau  est  perdu. 


—  2âo  — • 

H98.  —  Thierry,  archidiacre  de  Liège  et  prévôt  de  Maestrecht,  confirme 
le  don  du  prcsbytérat  des  églises  de  Tornines  (Taurines)  et  de  Werde, 
fait  à  la  collégiale  de  Saint-Paul,  au  temps  dWlberl,  archidiacre,  par 
Maurice  et  Henri,  investis  de  Vobédience  de  Tornines. 

In  nomine  sancle  et  iiidividue  Trinilatis.  Theodericus  Leodiensis 
archidiaconus  et  Traiectensis  prepositus,  tam  fuluris  quam  presen- 
libus  in  perpetuum.  Ut  que  pie  facta  sunt  et  coUata  ecclesiis,  rata 
semper  sint  et  inconvulsa  permaneant,  nuUaque  obllvionls  oaligine  obs- 
curenlur  vel  contradictionis  impulsu  in  posterum  turbentur,  ex  im- 
positi  nobis  ofBcii  honere,  in  hoc  eis  tenemur  iugiter  et  volumus  fideliter 
prospicere  et  cavere.  Eapropler  adversus  omne  occasionis  periculum 
présent!  scripto  ad  médium  reducimus,  ratum  habciites  et  confirmantes 
quod  veridica  relatione  et  fideli  attestatione  didicimus,  quod  videlicet 
Mauricius  obedienliarius  de  Tornines,  et  Henricus  investitus  et  obedien- 
tiarius  de  Tornines  Spiritu  sancfo  dictante,  tempore  domini  Alberti  pie 
memorie  tune  archidiaconi,  postea  episcopi,presbiteratum  de  Tornines  cum 
appendicio  suo  Werde,  ob  salutem  animarum  sjiarum  ecclesieSanctiPauli, 
super  altare  ipsius,ad  usus  fratrum  et  augmentura  prebendarum,  favorabili 
assensu  et  petitione  prepositi  eiusdem  ecclesie  Pétri,  in  perpetuum  repor- 
taverunt,  et  huius  presbiteratus  curamet  investituram  cum  bannis  consuc- 
ludinariis,  salva  archidiaconi  canonica  reverentia,  salvisque  obsoniis,  et 
hiis  que  canonice  debentur  episcopo  et  archidiacono,  nomine  fratrum 
ecclesie  SanctiPauli  Henricus  canonicus  et  canlor,  eiusdem  ecclesie  acce- 
pit,  et  usquead  diem  morlis  sue  nomine  ecclesie  in  pace  possedil,  Quo 
defuncto,  mortuo  quoque  Ilenrico  de  Tornines,  ecdesia  Sancti  Pauli  magis- 
trum  Richerum  confratrem  et  concanonicum  suum,  eo  ordino  el  Une  quo 
prius  Henricum  cantorem  elegerat,  elegit,  et  nobis  investiendum  nomine 
ecclesie  produxit  :  quem  nos  bénigne  sicut  dignum  fuit  et  decuil,  salvis 
similiter  omnibus  que  canonice  debentur  tam  episcopo  quam  archidiacono, 
astante  nobis  el  favorabiliter  consenliente  et  petente  preposito  ecclesie 
Uadulpho, nomine  ecclesie  Sancti  Pauli  quamdiu  canonicus  eiusdem  ecclesie 
fuerit  idem  Richerus,investivimus,legitimosque  et  consuetudinarios  bannos 
ipsi  super  memorala  ecdesia  de  Tornines  et  Werde  in  concilio  Geldoniensi 
fieri  soUempniter  fecimus.  Ad  confirmationem  huius rei  prcsenlem  paginam 
auctoritate  archidiaconali  et  sigilli  noslri  munimine  cum  slgitlo  eiusdem 
Uadulphi  prepositi  corrohoravimus.  f>nbscriplislestibus  eis  qui  cum  illnm 


—  2o6  — 

invi  sliiemus  facto  affuerunt  :  preposito  Boiinensi  domino  Brunone,  pre- 
posito  sancli  Pauli  Radulpho,  et  decano  eiusdem  ecdesie  magistro  Joua. 
Testes  eliani  sunt:Engoliamus  canonicus  sancti  Lamberli,n)agister  Gisle- 
bertus  (k  Hugardis,  Theodericus  de  Bruke,  canonici  saiicli  Servatii  ; 
iiiagistor  liciiierus  de  Hoxtie  cl  iiepns  eius  Reinerus.  Deooiicilio  :  lohanncs 
decaïuis  coiicilii,  Alljeiius  Helciicinciisis  abbas,  Theodericus  abbas  Flo- 
uensis,  niagislor  Evcraidus  de  Hugardis,  Heniicus  de  Sancto  Trudone 
el  alii  pluies.  Aclum  est  hoc  aiiiio  domiiiicc  incarnationis  m",  c».  xcviir*. 
indiclione  prima. 

Original  sur  vélin.   Les  sceaux,  qui  peiulaientà  deux  queues  de  par- 
chemin, sont  perdus. 

1198.  —  Albert  de  Cuyck,  évèquc  de  Liège,  confirme  le  don  du  presbytérat 
des  églises  de  Saint-Georges  el  de  Yellenes  (Verlaine),  fait  au  chapitre  de 
Saint-Paul  par  Jonas,  doyen  de  cette  collégiale,  avec  rautorisation  du 
prévôt  Radulphe. 

In  nomine  sancle  et  individue  Trinitatis.  Quia  res  ecclesie  que  vota  suiil 
lidelium,  precia  peccaloruui,  palrocinia  pauperum,  tueri  et  communire 
pium  est,  et  quia  non  solum  ipsi  benefacere,  sed  eliam  alioruni  bona  facta 
laudare  el  in  luceni  propalare  debemus,  eapropter  ego  Alberlus  Dei  gratia 
Leodieiisium  episcopus,  nolum  esse  voie  omnibus  Chrisli  tidclibus  tam 
fuluris  quam  presentibus,  quod  magisler  Jonas  obedieuliarius  de  Sancto 
Gcorgio,  visilalione  sancti  Spirilus  excilalus,  presbiteratum  de  Sancto 
Georgio  et  de  \eilencs,  cum  aj)pendiliis  suis,  ob  salulem  anime  sue 
ecclesie  Sancti  Pauli  super  allare  ipsius  ad  augmeiitum  prebendarum  el 
usus  fratrum  cotidic  Deum  ibidem  servieiitium,tam  noslro  quam  Theode- 
rici  archidiacuniet  iladulphi  eiusdem  ecclesie  i)re[)Osili,  iavorabili  et  bene- 
volo  coiiseiisu  in  peipetuum  possidendum  dederil,  el  curam  animarum  el 
cuslodiani  reliquiaruin  in  maiius  Theuderiri  arcbidiaconi  coram  IValribus 
eiusdem  ecclesie  sollempniler  ac  dévoie  reportaverit.  Ardiidiacunus  vcro 
pelitione  Iratrum,  .\rnulpbum  eiusdem  ecclesie  caiionicum  et  presbileruni 
de  hoc  j)rcsbilerain  nomine  t'ralruni  ecclesie  inveslivit,  el  in  fiicie  lolius 
concilii  de  liosenmoni  legilimos  et  consueUidinarios  baniios  ei  super  hoc 
presbileralu  nomine  fralrum  ecclesie  Sancti  Pauli  sollempniler  (icri  fcoit. 
Sed  ne  levis  scrupulusoccasionis  haiic  veritalem  et  k'giliinam  tradilioncm 


—  257  — 

in  posleiuraturbaret, coinmuiii|iersonarum  nostrarum  coiisillo  statuimust 
ut  salva  archidiaconi  canonica  roveientia,  salvisque  obsoniis  et  hiis  que 
canonlce  dehentur  episcopo,  archidiacono,  frurlus  predicti  presbiteratus 
libéra  fr;!tiiim  deliberatio  et  dispositio  ad  cùinmodum  suum  provideat;  et 
cum  frater  Ainulphus  eiusdem  ecclesie  iiivesiittis  decesserit,  aliquis  tVa- 
triim  commuîii  assensii  ca|)liuli  Domine  ecciesie,  curam  banc  et  presbile- 
ralumab  archidiacono  requisiiam  sine  omni  coniradictione  suscipiat.  Ad 
confirmandum  igiturboc  sUitiiUimjit  stabile  etiiu-oncussum  in  pecpetuum 
permaneret,  presentem  paginani  ad  uberiorem  caulelam  aiictoritate  epis- 
copali  et  sigilli  noslii  impressiune,iit  nostri  assensus  sit  indicium  niunivi- 
mus,e!  adversHsomnem  c;t!i!iiipi)iam  altestationes  Walteti  maioris  eoelesie 
decani  et  archidiacoiii,  el  Kadulpbi,  itemque  Kadulphi  archidiaconorum, 
et  probabilium  personarum  adhibuinuis  :  quarum  hec  sunt  noniina.  De 
inaiori  ecclesia  Helyas,  Heniicus  cantor,  Lambertiis,  Henricus  Fossensis 
prepositus,  Thomas  Sancte  Crucis  preposilus,  Uenricus  preposiliis  Sancti 
Dyonisii.  Defratiibusconcilii:Gerardus  ecciesie  dellozenmont  investitus, 
Everardus  decanus  sancti  Martini  investitus  de  Graz,  Phylippus  investitus 
de  Lymont,  Lanzo  investitus  de  Lamines,  Petrus  investitus  de  Serang. 
Aclum  est  hoc  anno  ab  iiicarnatione  Domini  M".  C".  XCVIIl",  indiclione 
I",  pontificalus  iioslii  anno  tertio. 

Original  sur  véhn,  sceau  perdu, 

H99.  —  Radulphe,  prévôt,  Jonas,  doyen,  ci  le  chapilre  de  St-Paiil,  font 
connnitre  que  Maurice  de  Tourinnes  a  donné  à  fuulel  di  la  Ste-Vienje  à 
Tourinnes,dLibonnierti  d'alleu  el  huit  bonniers  de  terre  ccnsale  qu'il  vient 
d'acquérir,  etc. 

\\ï  iiomine  sancle  el  individue  Trinitalis.  Hadulpbus  ecciesie  Sancii 
l'auli  prepositus,  Jonas  decanus  totusque  eiusdem  ecciesie  convenlus 
tam  tiituris  quani  [)i'eseiitibus  verilateni  dili:;eHlibiis.  Pic  devotionis  studio 
acccnsus,  dileclus  et  dileclor  ecciesie  noslre  Mauricius  de  Turnincs,  saluti 
sue  diligenleret  tideliter  prospiciens,  inter  alla  bona  opéra  que  fecit,  ad 
allare  ([uod  in  honore  beale  Virgiiiis  in  ecclesia  de  Turninis  ereclum  est 
X  boiiuaria  allodii  et  Ylill  boiuiaria  censualis  terre  acquisivit  :  undc 
ceiisus  debetur  curicde  Bavcncurt,scilicclduo  solidi  et  dimidium  modiuni 
in  feslo  Sancti  Ucmigii,  slatuitque  ut  inde  ibi  cotidiana  missafieret  :  près- 


258 


bilerque  ad  hoc  institiitus  Ijeneficium  inde  pro  cotidiano  misse  officio 
perciperet,  salvo  peromnia  iiire  et  beneticio  parrochlalis  presbiteri.Huius 
auteni  altaris  inveslituram  de  manu  ipsiiis  Mauricii,  Johannes  consanguineus 
suus  primus  accepit,  et  qiiamdiii  vixerit  possidebit  ;  post  cuius  mortem 
eiiisdem  altaris  dimidium  et  lus  conferendi  ipsum  ad  ecclesiam  nostram 
Iransibitiel  ipsa  pro  arbitriu  suo  inde  ordinabit,  salvo  tamen  servilio  eius- 
dem  altaris.  Hoc  vero  predictus  Mauricius  super  altare  Sancli  Pauli  repor-  ' 
tans,  sententiam  excommunicationis  in  ecclesia  nostra  sollempniter  dari 
feoit  in  eos,  si  qui  forte  legitimam  hanc  donationem  impedire  vel  turbare 
temptaverint,  vel  benelicium  hoc  predicto  altari  collatum,  ab  eodem 
alienare  ulla  unquam  occasione  presumpserint.  Actum  est  hoc  anno 
incarnalionis  Domini  M".  CIC".  indictionc  secunda. 

Chirographp  sur  parchemin.  Sceau  enlcvt!. 

H99.  —  Barthélémy,  archidiacre  de  Liège,  fait  connaître  un  arrangement 
intervenu  entre  le  chapitre  de  Saint-Paul  et  Maurice  de  Turnines 
(Tourincs),  relativement  à  Véglise  de  cette  localité. 

EgoB(artolomeus)  Dei  gratia  Lcodiensis  arcbidiaconus  nolum  facio  tam 
futuris  quam  presentibus,  quod  fratresSancti  Pauli  in  Leodio  et  Mauricius 
de  Turninis  in  hac  forma  pacis  composuerunt  supra  causa  que  inter  eos 
hactenus  ventilata  est  de  ecclesia  de  Turninis.  Quod  Mauricius  eandem 
ecclesiam  de  Turninis  in  prescntia  Geldoniensis  concilii  protinus  exfcslu- 
cavit,  et  omni  iuri  quod  in  eadem  ecclesia  habebat,  vel  habere  se  dicebai 
penitus  renuntiavit,tali  condilione  quod  iidem  fratresSancti  Pauli  singulis 
annis  eidem  M(anricioj  quatuor  marchas  Leodienses  quamdiu  vixerit  tcno- 
biuitur  oxsolvcre.  Post  mortem  auttMii  eius  eandem  ecclesiam  sine  omni 
respectu  vel  calumpnia  libère  possidebunt,omni  in  perpeluuni  sepulla  ques- 
tione.  Huius  rei  fideiiissores  sunt  et  testes:  ex  parte  ccclesie  abbas  de  Aine, 
et  de  fratribus  Sancti  Pauli  :  Otto  cellerarius  et  llenricus  camcrarius. Testes: 
Johannes  dccanus  Geldoniensis  et  Johannes  deTanton  etuniversum  Geldo- 
niense  conciliuni.  Gompositionem  islam  sicut  ex  ore  decani  Geldoniensis 
accepi,  ila  sigillo  nieo  et  presenli  scripto  communivi.  Preterea  sigilla  sua 
ecclesia  Sancti  l'auli  et  decanus  (ieldoniensis  presenti  pagine  ad  maiorem 
evidcnliam  a|)posucrunt.  Actum  anno  incarnalionis  domini  M".G''.XCVIIH". 

Oi-iginal  sur  vélin.  Les  deux  sceaux  sont  perdus. 


—  259  — 

1201.  —  Barthélémy,  archidiacre  de  Liège,  confirme  et  ratifie  le  don  du 
presbytérat  de  V église  de  Saint-Georges  et  de  celle  de  Verlaines,  fait  à  la 
collégiale  de  Saint -Paul. 

In  noniine  sancte  et  individue  Trinitatis.  Bartholomeus  Dei  gratia  Leo- 
diensis  archidiaconus  tam  futuris  quam  presenfibus  in  perpeluum.  Cum 
de  iiire  officii  nostri  bona  ecclesiarum  tueri  teneamur  et  defendere,ut  quod 
pie  faciuni  et  collatum  est  eis  ratum  tenere,  notum  esse  volumus  omnibus 
presens  scriptum  intuentibus,  quod  nos  predecessorum  noslrorum  vestigiis 
inhérentes,  presbiteralum  deSanctoGeorgio,cum  appenditio  suo  Vellenes, 
ecclesie  Sancli  Pauli  légitime  traditum,  de  assensu  et  concessione  episco- 
porum  ot  ab  antecessoribus  nostris  archidiaconis  conlirmatum,  eidem 
ecclesie  liberaliter  concedimus,  ratum  habenms,  approbamus,  et  conlir- 
mamus,  eo  tenore  sicut  in  eorum  scriptis  contineiur,  quod  ad  usus  fratrum 
in  ecdesia  Sancti  Pauli  in  Leodio  Deo  servientium,  et  augmentuni  pre- 
bendarum  fructus  sive  stipendia  predicti  presbiteratus  cédant  et  ut  fundi 
et  eorum  décime  facilius  et  liberius  possint  cuslodiri.  Et  ne  levis  scru- 
pulus  occasionis  hanc  veritatem  et  legitimam  donalionem  in  posterum 
lurbare  valeat,  communi  consilio  Leodiensium  personarum,  statuimus  ut 
salva  archidiaconi  canonica  reverentia,  salvisque  obsoniis  et  hiis  que 
canonice  debentur  episcopo,  archidiacono,  de  fruoiibus  sepedicti  presbi- 
teratus, fratres  ecclesie  Sancti  Pauli  ad  voluntalem  et  commodum  suum, 
absque  omni  difficultale  et  contradictione  ordinent  et  disponant  :  predictis 
adicientes,  quod  cum  frater  Arnulphus  qui  nunc  ecclesie  Sancti  Georgii 
nomine  Sancii  Pauli  inveslitus,  sive  vivens,  sive  moriens  cessent,  aliquis 
alius  fratrum  communi  consilio  capituli  presentatus,  nomine  totius  ecclesie 
curam  ab  archidiacono  requisitam,  sine  occasione  vel  calumpnia  recipiat, 
et  decanus  concilii  bannos  consuetudinarios  absque  impedimento  ei  faciat. 
Ad  huius  rei  confirmationem  paginam  presenlem  auclorilate  archidiaco- 
nali,  et  si^illi  nostri  impressione  ut  nostri  assensus  sit  indicium  muni- 
vimus  subscriptis  testibus.  De  maiori  ecdesia  :  Wallero  decano  et 
archidiacono,  Uadulpho  archidiacono,  Henrico  cantore,  Lamberto  prepo- 
sito  Sancti  Pétri,  Thoma  preposito  Sancle  Cruels,  Henrico  preposilo 
Fossensi,  Helya,  Symone  de  Wahar,  Wilelmo  de  Hers.  De  concilio  de 
Hosenmont  :  Evrado  decano  Sancti  Martini  investito  de  Graz,  Hostone 
investito  de  lloneftia.  Philippo  investito  de  Limon,  Lanzone  investito  de 


-  260  — 

Lamines,  Pelro  investito  de  Serang.  Actum  anno  incarnationis  dominice 
M".  CC".  1°,  indictione  [III". 

Original  sur  parchemin;  deux  queues  de  parchemin,  sceau  perdu. 

1205.  —  Jean,  archidiacre  de  Liège,  confirme  à  son  tour  lu  iiossession  du 
presbytérat  de  Végliac  de  Saint-Georges  et  de  Verlaines  à  la  collégiale  de 
Saint-Puîil. 

In  nomine  sancle  el  individueTrinitatis.  JohannesDei  gratia  Leodiensis 
archidiaoonus  lain  fiiluris  quam  prosentibus  in  perpetuum.  Cum  de  inre 
officii  nostri  bona  ecolesiarum  lueri  teneamiir  et  defendere,  et  quod  pie 
factum  et  coUatum  est  eis,  ratum  tenere,  notum  esse  volumiis  omnibus 
presens  scriptnm  intueniibus,  quod  nos  predeeessorum  nostrorum  vesti- 
giis  inhérentes,  presbiteratum  de  Sanclo  Georgio  cum  appenditio  suc 
Vellennes  ecclesie  Sancli  Pauli  légitime  traditum,  de  assensu  et  conces- 
sione  episcoporum,etab  antecessoribusnostris  archidiaconisconfirmatum, 
eidem  ecclesie  liberaliter  concedimus,  ratum  habemus,  approbamus  et 
confirmamus,  eo  tenore,  sicut  in  eorum  scriplis  coniinetur,  quod  ad  usus 
fratrum  in  ecelesia  Sancli  Pauli  in  Leodio  Deo  servientium  et  augmentum 
prebendarum,  fructus  sive  stipendia  predicti  presbiteratus  cédant,  et  ut 
fundi  el  eorum  décime  facilius  et  liberius  possint  custodiri.  Et  ne  levis 
scrupulus  occasionis  banc  veritatem  et  legitimam  donationem  in  posterum 
turbare  valeat,  communi  (  onsilio  Leodiensium  personarum  statuimus:  ut 
salva  archidiaconi  canonica  reverentia,  salvisque  obsoniis,  el  hiis  que 
canonice  debentur  episcopo,  archidiacono,  do  fnictibus  sepcdicti  presbite- 
ratus, fralres  ecclesie  Sancti  Pauli  ad  voluntatem  cl  commodum  suum 
absque  omni  difïicullate  et  contradictione  ordineni  et  disponant,  prediclis 
adicientes  quod  cum  fralcr  Ârnulphus  qui  nunc  ecclesie  Sancti  Georgii, 
nomine  ecclesie  Sancti  Pauli  invcstitus,sine  vivons, sine  nioriens  cesserit, 
aliquis  alius  fratrum  communi  consilio  capituli  presenlatus  nomine  totius 
ecclesie,  curam  ab  archidiacono  requisitam  sine  occasione  vel  calumpnia 
recipiat,et  decanus  concilii  bannos  consuetudinarios  absque  impedimento 
ei  facial.  Ad  huius  rei  confirmationem,  paginam  presenlem  aucloritate 
archidiaconali  el  sigilli  nostri  impressione,ut  noslri  assensus  sit  indicium 
munivimus  subscriptis  leslibus.  De  maiori  ecelesia  :  Waltcro  decano  et 
archidiacono,  Radulpho  archidiacono,  Henrico  cantore,  f>amberto  prepo- 


—  261  - 

sito  Sancti  Pétri,  Tlioina  preposito  Sancte  Criicis,  Henrioo  proposito 
Fossensi,  Helya,  Symonc  de  Wahar.  Wilelmo  de  Hers.  De  concilio  de 
Hosenmont  :  B'.vrado  dccaiio  Sancti  Martini  investilo  de  Graz,  îlostone 
investito  de  Honfffia,  Philippe  investilo  de  Limon,  I-anzone  investilo  de 
Lamines,  Petro  investito  de  Serang.  Aclunî  anno  incaritationis  dominice 
M".  r.C«.  Il[»,  indictione  ¥!=". 

Original  sur  \iiUn.  Le  sceau  qui  pendait  à  une  double  queue  de  par- 
chemin, esi  perdu. 

1203.  20  novembre.  —  Le  pape  Imoccal  III,  siir  la  plainte  portée  par  le 
doyen  et  les  chanoines  de  Saint -Paul,  charge  les  doyens  de  Saint -Lambert 
et  de  Suint-Denis  à  Liège,  et  le  doyen  de  Maestrecht,  de  faire  restituer  à 
la  collégiale  de  Saint-Paul  quinze  bénéfices  fondés  par  Godescalc,  prévôt 
de  cette  église,  bénéfices  actuellement  aliénés  ou  possédés  par  des  personnes 
étrangères. 

Innocentius  episcopus  servus  servorum  Dei.  Diiectis  filiis  maioris 
ecclesie  et  Sancti  Dionisii  Leodiensis  et  Traiectensis  in  Leodiensi  diocesi 
constiluto  decanis,  saiiUem  et  aposlolicam  benedictionem.  Fiilecti  filii  : 
decanus  et  canonici  Sancii  Paiili  Leodiensis  suam  ad  nos  transmisere 
quereiam,  quod  ciim  G(odescalcus)  quondam  ipsius  ecclesie  prepositus 
quindecim  bénéficia  m  eadem  ecclesia  acquisierit  paujieribus  cItMicis  ero- 
ganda  qui  eidem  ecclesie  assidue  dcserviront,  el  quaitnor  ex  canonicis 
ipsius  ecclesie  de  communi  consensu  capituli  ordinatores  eorumdem  fne- 
rint  constiluti.  Nnnc  bénéficia  illa  quornmdam  malitia  procurante,  a  dicta 
ecclesia  illicite  alienata  noscuntur,  et  personis  extraneis  que  ecclesie  in 
nuUo  deserviunt  contra  iusfiiiam  siint  coilata.Quiaigitur  ex  iniuente  nobis 
administialionis  otficio  ecclesiarum  gravaminibus  paterna  tenemur  sollici- 
tudine  providere,  discrelioni  vestre  per  apostolica  scripla  mandamus, 
quatenus  inquiratis  super  predictis  omnibus  diligenler  veritatem,  et  si 
dicta  bénéficia  illicite  ab  eadem  ecclesia  alienata  noverilis  vel  subtracta, 
auctoritate  nostra  curetis  légitima  revocare,  nuUis  litteris  veritati  vel  ius- 
titie  preiudicanlibus  a  sede  apostolica  impetratis.  Quod  si  non  omnes  hiis 
exequendis  potncrltis  interesse,  duo  vestrum  ea  nichilomiiius  exequantur. 
Aclum  Laterani  xii  kalendas  decembris  pontificatus  noslri  annno  quinto. 

Original  sur  vélin.  Sceau  perdu. 


—  262  — 

1207.  —  Hugues  de  Vierrepont,  évèque  de  ÏÂé.{fe,  voulant  mellre  fin  aux 
querelles  qui  s'élevaient  fréquemment  entre  les  prévôts  de  Saint-Paul  et 
les  ehanoines,  relativement  à  V administration  des  prébendes,  des  obédiences, 
etc..  règle  les  droits  du  prévôt  de  concert  avec  Jean,  prévôt  de  cette  collé- 
giale, et  le  chapitre  de  Saint-Paul. 

In  nomine  sancte  et  iiulividiie  Trinitatis.  Hugo  Dei  gratia  Leodiensis 
episcopus,  univei'sisCliristi  fulelilnis  imperpctuum.  Ex  debilo  oflicii  iiostri 
ecclesiis  nobis  commissis  fideliter  preesse  et  utiliter  prodesse  tenemiir, 
earumqiie  profeclui  et  paci  propensiori  sollicitudine  intenderc.  Inde  est 
quod  nos  considérantes  frcquenlem  discordiani  et  (}uerimoniani  que  iiiter 
prepositos  ecclesie  Sancti  Pauli  et  fiatres  ipsius  ecclesie  interdum  exoriri 
solebant  super  amminislratione  prebendarum  et  locationibus  obedientia- 
rum,  etvolenies  inter  cos  omnem  occasionem  discordie  in  futurum  penilus 
«mpulare,  auctorilate  nostra  et  de  consensu  Johannis  prepositi  eiusdem 
ecclesie  Sancti  Pauli,  et  de  consilio  maioris  ecclesie  et  assensu  capituli 
prefate  ecclesie  Sancti  Pauli,  slatuimus  ut  qnicumque  fuerit  prepositus 
Sancti  Pauli,  ab  ipsa  ecclesia  per  singulos  annos  decem  marcas  percipiat, 
et  bas  decem  marcas  teneat  pro  feodo  quod  ante  tenere  solebal  de  manu 
episcopi  quod  longe  minus  fuit.  Ex  liis  decem  marcis  solventur  quinque 
in  festo  Sancti  Remigii,  et  alie  quinque  in  puriti(;atione  béate  Virginis; 
ila  quod  decanus  Sancti  Pauli  de  bonis  pi'oniptioribus  memorate  ecclesie 
predictam  solutionem  slatutis  lerminis  absque  diflîcultate  et  dilatione  pro- 
curabit.  Quod  si  decanus  et  fratres  fueriut  négligentes  et  predictum 
feodum  non  i'uerit  slatutis  tei  niinis  |)ersolutum,  prepositus  qui  pro  tem- 
pore  fiurit  babeal  potcstatem  in  cadem  ecclesia  inhibendi  divina  usque- 
i|uo  sibi  super  boc  congrue  satisiia!.  Ipse  vero  piepositus  de  amminislra- 
tione |)rebeiidarum  vel  de  obedieniiis  sepefale  ecclesie  nullatenus  se 
iulromittel.  Fratres  vero  Suncii  Pauli  liberam  babebunt  ordinalionem  et 
dispositioneni  omnium  ol>edienliarium  et  ecclesiaium  et  omnium  reddi- 
liuui)  ecclesie  sue  ad  communes  usus  fralrum  rcducendorum  sine  aliqua 
conlradiclioue  prepositi  vel  alterius,  uuUodono  ipsius  prepositi  accedenie. 
Prepositus  vero  iura  ecclesie  et  possessiones  more  predccessorum  suoruni 
lueri  et  dcfensarc  debebil.  Prelerca  considérantes  qiu;»d  ex  oflicio  celera- 
lure  quam  prepositus  uni  fralrum  de  iure  suo  dare  consuevit,  et  quod  ex 
ofliciis  miuisti'oriun,  pisiorum  videlic(.'t,  brasalorum,  cocorum  el  aliorum 


—  263  — 

que  officia  celerarius  simililer  dare  solebat,  ecclesia  propler  eoriim  iiegli- 
gentiam  et  incuriam  intolerabile  sustiimit  dampnum,  celeraturam  ipsam 
cum  omnibus  ofliciis  niinistrorum  et  eonim  feodis  ad  ipsam  spectantibus, 
similiter  et  camcrariam  fratribus  ipsiiis  ecclesie  de  communi  assensu 
nosti'O  et  eiusdem  prepositi  in  elemosinam  perpetuam  coniradimus  ;  ita 
quod  capilukim  tam  de  celeratura  et  cameraria,  qnam  officiis  omnibus  et 
feodis  ad  celeraturam  pertinentilnis  iiljeram  habeat  per  omnia  disponendi 
facultatem  ad  communem  utilitatem  fralrum  et  ecclesie.  Addicimus  etiam 
ut  quicumquc  in  preposilum  Sancti  Paiili  fuerit  assumptus,  hanc  nostram 
ordinationem  pie  et  laudabiliter  in  Domino  factam  fidelitcr  iurare  se  ob- 
servaturum.  Et  ul  hec  nostraordinalio  ab  omnibus  inviolabililer  imperpe- 
luum  observetur,  presentem  paginam  factum  nostrumcontinenteinsygillo- 
rum  nostrorum  munimine  in  lestimoniunicorroboravimus,  sub  anathematis 
dislriclione  inhibenles,  ne  quis  contra  nostrum  statutum  quicquam 
attcmptare  présumât.  Post  diem  autem  obitus  nostri  eadem  ecclesia  me- 
inoriam  nosliam  sollcmpniter  faciet  in  missa,  candelis  et  compulsationo 
campanarum,  et  eodem  die  babebunt  fratres  et  pauperes  clerici  qui  cho- 
rum  iicquentant  consolationem  XX  solidos  quos  similiter  procurabit 
dccanus  de  bonis  ecclesie.  Acta  sunt  hec  anno  dominice  incarnationis 
M".  CC'.Vil.  PonlificaUis  vero  domini  Innocentii  pape  tercii  anno  decimo. 
Original  sur  vélin.  11  ne  reste  aucune  trace  de  sceaux. 

ii^lô.  En  septembre.  —  Jean,  prcrut,  [iicherus,  doyen  et  le  chaiiitre  de 
Saint-Pdul  écluutijent  onze  bonniers  et  demi  de  terre  situés  à  Fiemule 
(Vechmael)  contre  onze  bonniers  et  demi  à  Wotenges  {Otrange)  apparte- 
nant à  Ilermaz,  chevalier  de  Vechmael. 

.lo(annes)  Dei  gratia  [irepositus,  K(ichetus)  dccanus  cl  capitnlum  Sancti 
Pauli  Leodiensis.  Notum  sit  universis  Xristi  fidclibus  présentes  litterjis 
inspecturis,  quod  nos  undecim  bonuaria  etdimidium  terre  que  habebamus 
apnd  Fiemalecommutavimus  Hermanno  milite  de  Fiemale  pro  aliis  xi  bo- 
luiariis  terre  et  dimidio  jaceniibus  apud  Wotcnges  de  quibus  idem  miles  x 
bonuaria  iam  nobis  assignavit,  et  super  altarc  ecclesie  noslre  in  gleba  et 
ramo  reportavit,  et  sicut  moris  est  de  allodiis,  ca  inter  ecclesias  Sancti 
Lamberti  et  Sancte  Marie  Leodiensis  nobis  afFetavit.  Bonuarc  autem  et 
dimidium  nobis  débet  assignare  inlVa  annum  presentem,  (piod  si   non 


-  264  — 

fercrit  debemus  nobis  relineie  bonuare  iiniim  et  dimidium  terre  illius 
quam  ei  commutavimus,  illud  videlicel  qiiod  Calli  videbitur  propius  adia- 
cere,  qiioadusque  aliiid  boiiuarium  et  dimidiiim  nobis  assigiiaverit.  Ut 
autem  su|jer  hiis  nos  efficeret  cerlioros,  nobis  guarandiam  de  predicla 
tcna  reproniisit,  et  seipsum  et  liercdem  suum  de  evictione  usque  ad  xxx 
annos  nobis  obligavit;  ita  quod  si  terra  predicta  tola  vcl  in  parte  eviceretur 
a  nobis  casn  aliquo,  lantinn  de  noslra  nobis  restitiieret  quantum  de  sua  a 
nobis  evinci  oontingeret.Nc  autem  deprediclis  aiiqua  in  poslerum  ori.ilur 
dubietas,  preseiis  scriptum  sigillo  ecclesie  nostre  duximus  roborandum. 
Aclum  soUempniter  aniio  Yerbi  Ineariiaii  M".  CC'\  XXIIl",  mensc  septem- 
bri.  Litem  autem  si  que  super  hoc  contra  nos  orietur,  idem  H(ermannus) 
suis  expensis  et  periculo  prosequetur. 

Original  sur  parciiemin.  Le  sceau,  qui  élail  attaché  à  un  lambeau  de 
parchemin,  est  tombe. 

12:25.  i'-i  novembre.  —  Décision  prononcée  par  le  chapitre  de  Sainl-Paul  au 
sujel  tVune  contestation  existant  entre  R(icherus),  doyen  de  Saint-Paul^ 
et  Jean,  abbé  de  Floreffe,  relativement  à  la  prébende  dite  de  Florefjé. 

In  nomineDomini,amen.  Proposuit  eoram  nobis  R(ichero)  dceano  Sancti 
Pauli  I.eodiensis,  Johannes  abbas  FloreUfiensis,  noster  concanonicus,  quod 
cum  antiqui  proveiUns  prébende  Sancti  Pauli  consistcntes  in  l'ane,  cer- 
visia,  ovis,  caseis,  allecibus,  denariis  de  Luieson(?),censu  etelemosinisin 
XL  niodiis  spelte  essent  permniati,  prelienda  foraneorum  ab  omni  honere 
videlicet  a  vicaria  et  a  sumptibus  qui  soient  recipi  a  prebeiidis  ad  negotia 
ecclesie  facicuda,  erat  liberata,  mule  pelivit  vicarium  suuni  ammoveri 
et  sibi  restitui  quicquid  vicario  suo  datum  erat  a  die  permutationis  pre- 
dicle.  Econtra  O(tto)  cellerarius  Sancti  Pauli  a  concanonicis  suisdalusad 
respondeiidum  respondit  non  ita  esse,  sed  |)ermutationem  illam  l'actam 
esse  cum  omni  honore  anii(|uo.  Quare  nos,  concanonicos  nostros  sicut 
moi'is  erat  subnuiiiuimus  in  viilulc  obedienlie  ut  super  hoc  dii-crcnl  veri- 
latem.  (^hii  lia  siibmonili  elconiurati  dixerunt  permulalionem  ipsani  cum 
omni  honere  aniiquo  esse  factam.  Nos  igitur  habito  cum  probis  viris 
consilio,  audiiis  hinc  inde  rationibus,  cum  nobis  constel  de  veritate  tam 
por  dicta  canonicorum  quam  per  alia,  pronunciamus  iliam  permutationem 
cum  omni  honere  antiuuo  factam  esse  ;  et  ni(;hilominus  (oraneos  Icncri 


W6 


ad  vicaiias  et  ad  sumplus  in  negociis  ecclesie  faciendis.absolvenfes  eccle- 
siam  iiosiram  al)  impelilione  abbalis  super  piediclis.  Ne  autem  super  hoc 
aliqua  dubietas  ûiialur  in  posterum,  presenlem  cariulani  sigillo  nostro  et 
ecclesie  et  sigillis  personarum  ecclesie,  vidclicet 'canloris,  custodis, 
cellerarii  fecimus  confirmari. Testes  :  Nich(olaus)  decanus  Sancti  Johannis, 
Ar(nulphus)  cantor,Theodericus  et  Egidiusfralres,  Fastrardiis,Egidius  de 
Namuco,  Clarcbaldiis  Saulus,  Johannes  Remensis,  Johannes  de  Bières, 
Symonetalii.  Aclum  soliempniter  in  capitulo  Sancti  Paiili  anno  ^ralie 
M".  CC".  XXIll",  nieiise  novembri,  nocte  Cecilie  virginis. 

Original  sur  vélin.    Les  cinq  sceaux  qui  pendaienl  k  Jes  queues  de 
parchemin,  sont  perdus 

12:24.  o  décembre.  —  Richer,  doyen,  et  le  chapitre  de  Saint-Paul  cèdent, 
sous  certaines  conditions,  à  Amel,  chevalier,  fils  de  Weric,  chevalier  de 
Dommartin,  la  terre  de  liez  qu'ils  possèdent  à  Wonek. 

U(icherus)  Dei  gratia  decanus  et  totum  capitulum  Sancli  Pauli  Leodien- 
sis,  nniversis  lam  preseniibusquani  fuluris  in  perpetuum.  Nolum  facimus 
quod  nos  totam  lerrani  quam  habebanius  apud  Wonk  in  Hez  ubi  quondam 
fuit  silva,  tam  illam  que  non  lioterit  quam  illam  que  coli  poterit,  conces- 
simus  Anielio  milili,  lilio  scilicet  Wirici  mililis  de  Dommartin,  et  suis 
heiedibus  [lerpetuo  iiirepossidendam,  liac  loge  :  quod  pro  singulis  mansis 
terre  preiiicte  tantiim  nobis  solvci  annuatim  in  censu,  in  spelta,  in  braisai 
bleis.  in  gallinis,  in  ovis  et  in  i/mnibus  generaliter,  quantum  solvit  mansus 
curie  de  Wonk  et  eisdem  teimiiiis;  et  mansus  eius  lot  bonuaria  continebit 
quot  bonuaria  continet  mansus  curie  predicte,  habens  similiter  nu  bonuaria 
terre  pro  fanalione.  De  predicta  terra  decimam  nobis  solvet  in  campis, 
et  ips.i  terra  niovebita  nobis,  (|uam  pi'edicti  mililis  heredes  a  nobis  requi- 
rontes  lantum  (labuMtd<>  requisiiione  quantum  de  censu,  insuper  et  dimi- 
diam  hamam  vini,  et  singulis  paril)us  singulos  denarios  sicul  fccit  pater 
eorum  in  suo  ingrcssu.  Quod  si  miles  prcdictus  in  ipsa  terra  edificia 
lecerit,  vel  mansionarios  attraxcrit,  tam  ipso  quam  sui  mansionarii  decimam 
suivent  nobis  de  omnibus  suis  nutrituris.  Super  hiis  autem  omnibus 
fideliier  observandis,  idem  miles  corporale  prestilil  iuramenlnni.  Nos 
autem  ci  cl  suis  heredibus  de  cadem  terra  in  quantum  ius  dictavcrit,  pro- 
misimus  et  tcnemur  teri'egarandiam,  de  violentia  autem  non  tencmur.  In 


—  -266  - 

huius  facti  memoriani,  preseiitem  kiirtulam  sigillo  ecclesie  nostrc  fecimiis 
roborari.  A(;luni  anno  gratie  M".  CC".  vicesimo  quarto,  niensc  decembri  in 
vigilia  Nicholai,  sub  teslimonio  Walteri  el  Gerardi  clericorum,  Johannis 
et  Heni'icilaicorum,  minislerialiiiin  ecclesie  nosUe  et  scabinoiiini  curie  de 
Wonk  elalioi'um. 

Original  sur  p;irchoinin.  Sceau  perdu. 

1229.  2  avril.  —  Olton,  cardiiinl  diacre  du  titre  de  SniiU-Nicoltis  in- 
carcère TuLLiANO  <•/  légat  du  Pape,  permet  aux  chanoines  de  Saint-Paul 
de  faire  desservir  par  des  vicaires  les  églises  sur  lesquelles  ils  ont  le  droit 
de  personnat, 

OUû  miseratione  divina  Sancli  Nicolai  in  carcere  Tulliano  diacoiuis 
cardinalis,  aposlolice  sedis  legatns,  dileclis  in  Xrislo  preposito  el  capitulo 
Sancli  Paiili  Leodiensis,  saluteni  in  Domino.  Cuni  quasdam  parochiales 
ecclesias  habeaiis  in  qiiibus  non  potestis  personaliter  deservire,  nos  ani- 
marnm  vestraruni  et  parrochianornm  illarum  ecclesiarum  saluti  providere 
volentes,  auctoriiale  vobis  presentinin  iadnlgemusiit  in  piedictis  ecclesiis 
in  quibus  ius  |»crsonatus  dinoscimini  oblinerc,  liceat  vobis  de  diocesani 
veslri consensii  per  vicarios  peipetiios  et  idoneos  deservire.  ita  quod  ipsi 
curamsnscipiant  animarum,  et  inxta  ordinationcni  aliquornni  prndenlium 
de  ipsarum  ecclesiarum  proventibus  congruam  rccipianl  porlioncra,  dio- 
ccsano  cpiscopo  et  archidiacono  loci  de  suis  iuribus  rcsponsuri  ;  vosque 
residuum  in  usus  vestros  libère  convertalis.  Ouod  si  quid  humaiiitus  de 
aliqno  vicariorum  ipsovuni  coatigerit,  vokimus  ut  deccdcnte  uno  alius 
sub  cademprovisionesubstituatur  ibidem.  Dalum  Castclli  un  nouas  aprilis. 

Original  sur  vélin.  S^cau  cnicvi^. 

1230.  Il  janvier.  —  Charte  de  Jean  dWps,  évéque  de  Liég'\  relative  à  la 
prévoté  de  Saint-Paul,  dont  il  spécifie  les  droits  et  les  devoirs  avec 
l'approbation  du  chapitre  de  la  cathédrale  de  Saint-Lambert. 

In  uominc  .«iancte  et  individue  Tiiniiatis.  Johannes  Dei  gralia  I.eodiensis 
episcopus,  univ(!rsis  Xrisii  li(k'lil)us  saluteni  in  Domino.  Ex  debito  oflicii 
noslri  ecclesiis  nobis  commissis  lidoliler  preesse  et  utiliier  prodesse 


—  "261   - 

teiiemur,  eaiumque  profeclui  et  paci  propensiori  sollicitudine  inlendere. 
Inde  est  quod  nos  considérantes  frequentem  discordiam  et  querimoniam 
que  inter  preposiios  ecclesie  Sancti  Pauli  et  fratres  ipsiiis  ecclesie  inter- 
dum  exoiiri  solebant,  super  amministralione  prebendarum  et  locaiionibus 
obedientiarum,  volentes  inler  eos  omnem  occasionem  discordie  in  futurum 
penitus  amputare,  auctoritate  nostra  et  de  consensu  Hermanni  prepositi 
eiusdem  ecclesie  Saiicli  Pauli,  et  de  consilio  et  assensu  niaioris  ecclesie 
nostre  Leodiensis,  et  assensu  capituli  piefate  ecclesie Sancti Pauli,  statui- 
mus  et  ordinanius  utquicumque  fueril  preposilus  Sancti  Pauli  per  singulos 
annos  percipiel  decensu  eiusdem  ecclesie  apud  Wonke,  quiiideciin  marcas 
Leodienses  :  decera  percipiet  in  epyphania  domini  et  quinque  in  festo 
beati  Johannis  IJaptiste.  Ita  quod  quantum  ad  prediclum  censum  quin- 
decim  niarcaruni  et  emendas  que  inde  sequuntur,  facient  ei  fidelitatem 
villicus  et  scabini  et  mansionarii.  Insuper  utetur  iure  et  potestale  advo- 
catie  ipsius,  in  levando  censu  predicto  et  emendis  que  exinde  sequentur. 
Homines  etiam  infeodati  facient  homagium  preposito  et  decano,  nomine 
ecclesie  Sancti  Pauli.  Has  autem  quindecim  marcas  accipiet  prepositus 
pro  feodo,  quod  ante  tenere  solebal  de  manu  episcopi,  quod  longe  minus 
fuit.  Ipse  veto  prt'positus  de  amministratione  prebendarum ,  vel  de  obe- 
dientiis  sepefate  ecclesie  nullatenus  se  intromitlet.  Fratres  vero  Sancti 
Pauli  liberam  hal)ebunt  ordinationem  et  dispositionem  omnium  obedien- 
i.iarium  et  ecclesiaium,  et  omnium  reddituum  ecclesie  sue  ad  communes 
usus  frat  rum  reducendarum  sine  aliqua  contradictione  prepositi  vel  alierius, 
nullo  dono  ipsius  prepositi  accedente.  Preposilus  vero  iura  ecclesie  et 
possessiunes  more  predecessorum  suoruni  lueri  et  defensare  debebit: 
preterea  considérantes  quod  ex  officie  celerature,  quam  prepositus  uni 
fratrum  ecclesie  Sancti  Pauli,  de  iure  suo  dare  consuevit,  etquod  ex  officiis 
minislrorum  que  officia  celcrarius  similiter  dare  solebat,  ecclesia  propter 
eorum  negligentiam  et  incuriam  intolerabile  sustinuil  dampnum;  celera- 
riam  ipsaii)  cum  omnibus  officiis  ministrorum  et  eorum  feodis  ad  ipsam 
speciantibus,  fratribus  ipsius  ecclesie  de  (-ommuni  assensu  nostro  et  eius- 
dem prepositi,  in  elemosinam  perpetuam  conlradimus.Ita  quod  capitulum 
lam  de  celeratura  quam  de  officiis  omnibus  et  feodis  ad  celeraturam  perti- 
neniibus,  libeiam  habeal  |)er  omnia  disponendi  facultatem  ad  communem 
utiiitatem  fratrum  et  ecclesie.  Addidimus  etiam  ut  quicumque  in  preposi- 
lum  Sancti  Pauli  fuerit  assumptus,  banc  nostram  ordinationem  pie  et 
laudabiliter  in  Deo  tactara,  iuret  se  fideliter  servalurum.  Et  ut  bec  nostra 


--  268  — 

ordinalio  ah  omnibus  inperpeluum  inviolahiliter  observetur,  presentem 
paginani  sigiUi  nostri  appensione  duximus  roborandam,  sub  anathemalis 
districtione  lirmiter  inl]ibentes,nequis  conlra  hanc  iioslram  ordinationem 
quicquani  altemplare  présumât.  Ego  siquidom  Hermannus  prepositus 
Sancli  Pauli,  huic  ordinationi  eonsenciens,  sigillnm  meum  feci  apponi. 
Nos  etiam  decanus  et  capilulum  Saiicti  Pauli,  ordinationem  ipsam  gralam 
habentcs,  sigillum  nostrum  presentibus  litteris  apposuimus  et  supplica- 
vimus  raaiori  ecclesie  Leodiensi  ut  iiuic  ordinationi  suum  preberel 
assensum.  Nos  quoque  prepositus,  decanus,  archidiaconi ,  totumque 
maius  capilulum  Leodiense  huic  ordinationi  propter  bonum  pacis  et  utili- 
latem  ecclesie  Sancti  Pauli  consentientes,  presenti  carte  sigillum  nostrum 
appendimus.  Acta  sunt  hec  anno  Domini  millesimo  ducentesimo  trice- 
simo,  mense  januario  in  octava  epyphanie. 

Original  sur  vélin.  Les  quatre  sceaux  sont  perdus. 

1250.  Le  jour  de  Pâques,  7  avril.  —  Jean  <rAps,évcquc  de  Liège,  confirme 
raulorisution  accordée,  le  2  avril  1229,  au  chapitre  de  Saint-Paul  par  le 
cardinal  Otton,  légat  du  Pape,  de  pouvoir  faire  desservir  par  des  vicaires 
perpéluels  les  églises  dont  ils  possèdent  le  droit  de  patronage  ou  de 
per  sonnât. 

Johannes  Dei  gratia  Leodiensis  episcopus.  Dileclis  in  Xristo  flliis 
decano  et  capilulo  Sancti  Pauli  Leodiensis,  salutem  et  paternam  in  Domino 
dilectionem.  Ciim  venerabilis  pater  Otto,  Dei  giatia  Sanc-li  Nicholai  in 
carcereTuUiano  diaconuscardinalis.  apostolice  sedis  legatus,  vobis  indul- 
serit  ut  in  ecciesiis  vestiis  parrochialii)Us,  liccat  vobis  per  vicarios  perpe- 
tuos  et  idoneos  doservire,  ifa  quod  ipsi  curam  suscipiant  animarum  et  de 
ipsarum  ecclesiarum  proventibus  congruam  recipiant  portionem,  iuxta 
ordinationem  discretorum  virorum,  nobis  et  archidiaconis  locorum  de 
nostris  et  ipsorum  iurilius  responsuri,  et  ul  residuum  in  usus  vestros 
libère  committatis;  nos  gratiam  quam  vobis  fecit,  sicut  in  ipsius  litteris 
vidimuscontineri  gralam  babentes,  nostrum  accomodamus  assensum  et 
auctorilatem  prcstanms  ut  in  ecciesiis  pari'ocbialibus  in  quibus  lus 
patronalus  sive  personatus  habelis,  lic-eat  vobis  per  idoneos  et  perpetuos 
vicarios  deservire,  qui  animarum  cura  suscepta  congruam  de  proven- 
tibus ipsarum  ecclesiarum  recipiant  portionem,  iuxla  ordinationem  dis- 


-  269  - 

cretoi'um  virorum  abbatis  Floreffiensis  el  magislri  B(al(]uini)  de  Barbenchon , 
quos  ad  hoc  aucloritate  presentium  duximus  deputandos.  Mortiio  aiitem 
uno  vicarioruni  illorum  vcl  quoquomodo  cedenle,  alius  in  loeuni  illius  sub 
eodem  modo  etcoiulitioneper  vos  substitualur,  ibidem  coiilentus  portione 
predecessorissui,permemoi'atOH  abbalem  et  magislrum  Baldiiinum  taxala. 
Quod  ul  in  pei'peluum  observetur  presentem  paginam  sigilli  nostri  muni- 
mine  duximus  roborandani.  Datum  anno  Domini  M".  CC.  tricesimo  in 
die  Pasche. 

Original  sur  parchoniin.  Deux  cordons  de  soie  rouge  et  verle  ;  sceau  enlevd. 

1251.  En  février. —  JcandAps,  cvèque  de  Liège,  approuve  et  ratifie  la 
renonciation  de  Pierre,  chevalier  de  Iliibine  et  de  ses  hommes,  aux  droits 
qu^ ils  prétendaient  avoir  sur  la  foret  de  Hamaie  (Hamois)  appartenant  an 
chapitre  de  Saint-Paul. 

Johannes  Dei  gralia  Leodiensis  episcopus,  omnibus  presentem  paginam 
inspecturis  salutem  in  Domino.  Noveritis  quod  cum  nos  abbati  Lefllensi 
et  decano  Cennacensis  eoneilii  dedissemus  in  mandatis  ut  ipsi  diligenter 
per  testes  iuratos  inquirerent  veritatem  quid  iuris  et  quem  usum  hai)erent 
Pelrus  miles  de  Hubines  et  homines  sui  in  silva  Sancti  Pauli  de  Ilamaie, 
ab  eisdem  secundum  mandatum  nostrum  per  testes  iuratos  fuit  diiigenler 
Veritas  inquisita.  Predictus  vero  miles  de  iure  suo  diffidens  ante  apertio- 
nem  veritatis  pro  se  et  hominibus  suis  totum  lus  quod  ipso  et  homines  sui 
de  Hubines  in  eadem  silva  se  habere  dicebant,  in  presenlia  proborum 
virorum  sicut  nobis  per  lilteras  patentes  predictorum  abbatis  et  decani 
consistit  evidenter  quittum  clamavit  et  effestucavit.  Nos  aulem  predictam 
quittationem  et  efTeslucationem  ratam  iiabentes  et  approbanles,  in  huius 
rei  lirmltatem  présentes  lilteras  sigilli  nostri  karactere  fecimus  insigniri. 
Datum  anno  Domini  M°.  CC".  tricesimo  primo,  mense  februario. 

Original  sur  parchemin.  Sceau  perdu. 

1251.  En  août.  —  Le  chapitre  de  Notre-Dame  àMaestricht  cède  au  chapitre 
de  Saint-Paul  la  dime  qu'il  possède  à  Wonck  pour  une  rente  annuelle  de 
cinq  muids  de  blé,  mesure  de  Maestricht. 

Ar(nulphus)  Dei  gratia  preposilus,  R(obertus)  decanus,  totumque  capi- 
tulum  Sancte  Marie  in  Traiecto,  omnibus  presentis  pagine  irispecloribus 


—  270  — 

oognoscere  verilatem.  Dignum  est  et  onini  rationi  consentaneum  ut  ad 
perpetuam  rei  memoriam  ipsa  res  gesta  soUempniler  litlerarum  teslimonio 
l'oboretur.  Eapropter  noverint  univers! ,  tam  futuri  quam  présentes,  presens 
scripluin  intuescentes,  quod  nos  omnem  deciniam  nostram  culluraruni 
Sancli  Pauli  Leodiensis  apud  Wonck  similiter  et  mlnutam  dicte  ecclesie 
Sancli  Pauli  concessimus  in  perpetuum  pro  annua  pensione  V  modiorum 
annone  ad  mensuram  Traiectensem,  cujus  medietas  erit  frumentum  soiu- 
bile  et  altéra  medietas  ordeum  taie  qualecrescit  in  loco;  quam  annonam 
lenetur  nobis  solvere  dicta  ecclesia  Sancti  Pauli  omni  occasione  remota  de 
anno  in  annum  infra  diem  beati  Andrée.  Ita  quidem  quod  nec  nos  nec 
dicta  ecclesia  ab  hac  conventione  in  perpetuum  poterimus  resilire.  Quod 
si  propter  retardationem  dicte  solutionis  expensas  aliquas  faceremus, 
ullum  dampnum  haberemus  post  ammonilionem  nostram  ipsi  ecclesie 
semel  factam,  dicta  ecclesia  Sancti  Pauli  nobis  teneretur  ad  restitutionem 
expensarum  et  dampnorum  propter  hoc  habitorum.  In  cuius  facti  testimo- 
nium  sepe  dicte  ecclesie  Sancli  Pauli  Leodiensis  hoc  scriptum  contulimus 
sigilli  nostri  munimine  roboratum.  Actum  mense  augusti  anno  Domini 
M".  CC'\  tricesimo  primo,  indiclione  quarta. 

Original  sur  parchemin.  Le  sceau  fixé  à  deux  cordons  de  soie  verts  et 
blancs  est  perdu. 

liôâ.  10  janvier.  —  Arnold,  chevalier  de  Beaufort,  fait  savoir  qu'un 
accord  a  été  conclu,  à  son  intervention,  entre  Véglise  de  Saint-Paul  et  les 
habitants  de  Gieves  (Givres,  dépendance  de  Ren-Ahin),  relativement  à  la 
forêt  de  ce  nom. 

Universis  tam  presentibus  quam  futuris  présentes  litteras  inspecturis, 
Ar(naldus)  miles dominus  deBealfort  in  Domino  salutem.Universitati  vestre 
notum  esse  voiumus  quod  cum  inter  ecclesiam  Sancti  Pauli  Leodiensis  ex 
una  parle  et  mansionarios  suos  de  Gieves  ex  altéra  super  silva  de 
Gieves  controversia  verleretur,  tandem  nol)is  mediantibus  et  procuranti- 
bus  talis  compositio  intervenit  inter  partes,  quod  dicta  ecclesia  habebil 
X  bonuaria  versus  Bealfort  cilra  viam  que  est  in  silva,  de  quibus  iam 
positi  sunt  termini,  et  totam  silvani  ultra  viara  predictani  versus 
Andanam,  ita  quod  eam  poterit  vendere,  incidere,  alienare,  et  in  ea  custo- 


—  271  — 

diam  quamcuraque  voluerit  ponere,  et  inde  penitus  sine  coniradicto  suam 
facere  voluntatem.  Mansionarii  autem  predicli  habebunt  silvam  aliain  que 
est  citra  viam  predictam,  exceptis  x  bonuariis  antedictis.  Ita  taraen 
quod  fundum  silve  nec  vendere,  nec  alienare  poterunt,  sed  usuagium 
suum  habebunt  in  illa  et  de  veilere  eius  suam  facient  voluntatem,  pro 
omni  usu  et  iure  illo  quod  in  tota  silva  se  dicebant  habere.  Huic  autem 
paci  consenserunt  mansionarii  predicli  :  hoc  scimus,  hoc  vidimus,  et  hoc 
presentibus  litteris  nostris  attestamus.  Quibus  etiam  predicta  ecclesia 
Sancti  Pauli  sigillum  suum  appendit  in  sui  consensus  argumentum.  Datum 
Leodii  sabbatho  post  epiphaniam,  anno  Domini  M°.  CC.  XXXII". 

Original  sur  parchemin.  Fragment  de  sceau  en  cire  verte  pendant  à 
une  queue  de  parchemin. 

1232.  25  août.  —  Jean  (TAps,  évêque  de  Liège,  le  doyen  et  le  chapitre  de 
Saint-Paul  décident  qu'après  la  mort  d'Othon  de  Geneffè,  doyen  de  Saint- 
Paul,  (hacun  de  ses  successeurs  sera  tenu  de  payer  au  chantre  trente 
inuids  d'èpeautre  sur  le  revenu  du  dècanat.  La  chantrerie  sera  conférée 
désormais  à  un  chanoine  résidant  à  Véglise  de  Saint-Paul. 

Johannes  Dei  gratia  Lcodiensis  episcopus  universis  présentes  lilteras 
inspecturis,  salutem  in  Domino.  Cum  cantoria  ecclesie  Sancti  Pauli  Leo- 
diensis  exiles  et  modicos  haberet  redditus,  videlicettantummodo  x  solidos 
Leodienses,  ita  quod  non  esset  qui  eam  habere  vellet  et  officium  eius 
exequi,  nos  de  consensu  et  volontate  decani  et  toiius  capituli  predicte 
ecclesie  ordinavimus  quod  post  mortem  Othonis  decani  ipsius  ecclesie, 
quicumque  ei  successerit  dabit  cantori  singulis  annis  xxx  modios  spelle 
de  proveiitibus  decanatus,  ita  quidcm  quod  predicta  cantoria  nuUi  alio 
conferri  polerit  quam  caiionico  residenti,  qui  etiam  antequam  illam 
recipiat,  prestabit  sacramentum  de  residentia  in  predicta  ecclesia  Sancti 
Pauli  facienda  et  ita  observabitur  in  perpetuum.  Quod  utstabile  sit  et  fir- 
mum,  presentibus  litteris  cum  sigillo  ipsius  ecclesie  sigillum  nostrum 
duximus  appendendum,  inhibentes  districte  sub  pena  excommunicationis 
ne  quis  huic  facto  noslro  contraire  vel  ipsum  immutare  présumât.  Actum 
Leodii  anno  Domini  M».  CC".  XXXI".  vigilia  Sancti  Bartholomei. 

Original  sur  parchemin.  Sceaux  perdus. 


^7':i  

1235.  ^lii  août.  —  Otlon  de  Gcneffe,  doyen,  el  le  chapitre  de  Sainl-Paul 
cèdent  à  Milon  de  Wonk  et  à  ses  successeurs  un  demi-bonnier  de  terre 
situé  à  Wonk,  au  prix  d'une  rente  annuelle  de  neuf  setiers  d'épeautre  el 
de  six  deniers  liégeois. 

O(tto)  Dei  gratia  decanus  et  capituliim  ecclesie  Sancti  Pauli  Leodien- 
sis,  universis  tam  presenlibiis  quara  fiituris  in  Domino  saiulem.  Cum 
labili  et  infirme  memorie  hominum  stili  offlcio  succurrendura  sit,  presen- 
tibus  litteris  nostris  notum  esse  volumus  quod,  dimidium  bonuarium 
terre  nostre  de  Wonk  quod  immédiate  coberet  atrio  et  curti  illi  qua  Milo 
reddit  nobis  annuatim  xx  tapones,  eidem  Miioni  de  Wonk  concessiraus 
sibi  et  suis  successoribus  hereditario  iure  possidendum,  pro  annuo  censu 
novem  sextariorum  spelte,  solvendo  nobis  in  festo  beati  Martini,  et  vi 
denariorum  Leodiensium,  qniin  festo  beati  Domiliani  nobis  persolvuntur. 
In  cuius  rei  testimonium  présentes  litteris  nostras  eidem  Miioni  ut  secu- 
rior  redderetur  duximus  concodendas.  Actum  sollempniter  in  capitulo 
nostro  dominica  proxima  post  festum  Sancti  Bartholomei,  anno  Domini 
M».  CCo.  XXX».  quinto. 

1238  en  mars.  —  Otton,  doyen  de  Saint-Paul,  et  le  chapitre  donnent  en 
location  à  Vahhaye  du  Val-Saint-Lumbert  un  quart  de  la  pêcherie  de 
Ilamelh  [Ramet)  pour  une  rente  de  huit  sous  et  huit  deniers  lié(jeois. 

Otto  Dei  gratia  decanus  et  cellerarius,  totumque  capilulum  ecclesie 
Sancti  Pauli  in  Leodio,  omnibus  ad  quos  liltere  isto  pervenerint  cognos- 
cere  veritatem.  Noverit  universitas  vestra  quod  nos  ecclesie  Vallis  Sancti 
Lamberti  Cysterciensis  ordinis  accensivimus  perpetuo  iure  possidendam 
quartam  partem  venne  et  totius  aque  sive  piscarie  quam  habebamus  in 
Mosa  iuxta  villam  de  Ramelh  pro  octo  solidis  et  octo  denaiiis  Leodiensi- 
lius  nobis  annuatim  infra  octavas  Natalis  Domini  persolvendis.  Occasionc 
autem  huius  accensionis  nichil  iuris  habebit  in  pletagio  quod  habemus 
ibidem,  nec  in  aliquibus  aliis  rébus  nisi  in  predictis  venna,  aqua  et  pisca- 
ria.  In  cuius  rei  testimonium  et  munimen  presentibus  litteris  sub  cyro- 
grapho  scriptis  sigillum  nostrum  cum  sigillo  Domini  abbatis  Vallis  Sancti 
Lamberti  apponi  focimas.  Actum  et  dalum  anno  Domini  millésime  ducen- 
tesimo  tricesimo  octa\o,  mense  martio. 

Chirograplie  original  sur  parchemin.  Les  trois  sceaux  sont  perdus. 


—  273  — 

1239.  "1^  avril.  —  Jean  de  Rumigny,  doyen  de  Liège,  et  le  chapitre  de 
Saint-Lambert  font  connaître  un  accord  conclu  entre  V église  de  Saint- Paul 
et  Henri,  chevalier,  seigneur  de  Hame  (Hamois),  relatif  à  la  dime  des 
moutons  d'une  bergerie  construite  par  ce  dernier  à  Emeville. 

Johannes  Dei  gralia  deeanus,  totunique  maioris  ecclesie  in  Leodio  capi- 
tulum,  universis  présentes  litteras  inspccturis  oognoscere  veritatem. 
Noverint  universi  quod  ecclesia  Sancti  Paiili  Leodiensis  concessit  Henrico 
militi,  domino  de  Hame  ul  in  oviii  suo  quod  de  novo  consiruxit  apud 
Emeville, de cuius décima  queslio  eratinler  ipsos,liceat  ei  habere  ducentos 
oves  proprias,  ut  infra  eundem  numerum  et  ex  illis  solvet  medietatem 
décime  eidem  ecclesie  tam  vellarum  quam  agnorum.  Et  si  non  fuerint 
proprie  sed  extranee  quantumcumque  ibidem  habuerit  sive  infra  predic- 
tum  numerum  sive  supra ,  de  illis  solvet  integraliter  decimam.  Si 
vero  ad  medietatem  habuerit  infra  eundem  numerum  supra  quem  plures 
habere  non  potuerit  nisi  cum  solutione  intègre  décime  de  sua  medietate 
solvet  medietatem  décime,  et  ille  cuius  fueriint  oves  de  alla  sua  medietate 
intègre  persolvet  decimam.  Si  auiem  dicta  ecclesia  eundem  Henricum 
suspectum  habuerit  quod  oves  antedicte  sue  proprie  non  fuerint,  faciet 
iurare  aliquem  honestum  in  animam  suam  quod  sue  proprie  sunl  oves. 
Ista  aulem  concessio  durabit  ad  vitam  predicti  militis,  post  mortem 
aulem  eius  non  durabit,  sed  hères  eius  decimam  intègre  in  predicto  et 
de  predicto  ovili  persolvet  ecclesie  memorate,  et  de  hiis  fideliter  obser- 
vandis  dictus  llenricus  tidem  prestitit  corporalem.  Actum  in  capitulo 
beati  Paulidie  translationis  Sancti  Lamberti  anno  Domini  M».  CC.  XXX°. 
nono. 

Chirographe  original  sur  parchemin.  Sceau  enlevi^ 

12i  1 .  30  janvier.  —  Otton  de  Genejfe,  doyen,  et  le  chapitre  de  Sainl-Paul 
donnent  un  bonnier  de  terre,  située  à  Hebechcies  à  la  pierce  (Hepsée), 
à  Jeun  Painhonet  à  sa  femme,  au  prix  d'une  rente  annuelle  de  trois  niuids 
d'épeautrc payables  à  la  Saint-Martin  et  trois  deniers  payables  à  la  fête  de 
Noël,  plus  une  demi-aime  de  vin  pour  droit  du  chapitre. 

O(tto)  Dei  gratia  deeanus  et  capituluin  ecclesie  Sancti  l'auli  Leodiensis, 
notum  esse  volumus  universis  tam  presentibus  quam  fuluris,   quod  nos 


—  274  - 

bonuariumuimmterrenoslreiacensapudHebecheiesa  /«//ùvofrontiilimus 
lohanni  Painhon  el  uxori  eius  pro  tribus  modiis  spelte  annui  trecensus 
solvendis  nobis  Leodii  in  granario  noslro  in  festo  Sancti  Martini  et  pro 
iiii"'  denariis  oensus  annui  solvendis  nobis  in  Nalivitate  Domini,  sibi  et 
successoribus  suis  perpétue  iure  possidendum.  Ita  quidem  quod  terre  ipsa 
mensurata,  si  minus  invenitur  solvelur  minus;  si  autem  amplius  invenitur 
solvetur  amplius  pro  quantitale  invente  :  ulque  autem  defuncfo,  quando 
terram  ipsam  requiri  contigerit,  solvetur  lantum  de  requisitione  quantum 
est  de  censu  et  nobis  pro  iure  capituli  dimidia  hama  vini,  salvo  domino 
decano  et  paribus  capituli  nostri  iure  suo.  Actum  sollempnitur  in  capitulo 
nostro  anno  domini  M".  CC°.  XLT.  feria  Illl^  post  dominicam  Circum- 
dederunl  me. 

Chirographe  original  sur  parciieinin.  Sceau  perdu. 

1241.  28  juin.  —  Henri,  prévôt,  Jean  de  Humigny,  doyen  el  archidiacre,  el 
le  chapilre  de  Saint-Lamberl  fonl  savoir  que  Gilles,  chevalier  de  Mox 
[Moxhe),  Gonlherus,  son  fils.  Renier  Husars  et  son  fils,  gendres  de  Gilles, 
ont  renoncé  aux  dîmes  de  Mox  et  de  Moxcron  (Moxheron),  qu'ils  recon- 
naissent avoir  perçues  au  préjudice  du  chapitre  de  Saint-Paiil.  Le  chapitre 
cathédral  confirme  la  possession  de  ces  dîmes  à  la  dite  collégiale,  laquelle 
donne  en  compensation  soixante-dix  marcs  liégeois  à  Gilles,  à  Gonthzrus 
et  aux  autres  prénommés. 

HenricusDei  gratia  prepositus,  Johannes  decanus  et  archidiaconus,  to- 
tumque  capitulum  maioris  ecclesie  Leodiensis,  universis  scriplum  presens 
inspecturis  in  perpetuum.  Presentibus  litteris  nostris  nolum  facimus  uni- 
versis, tam  presentibus  quamfuturis,  quod  Egidius  miles  de  Mox  et  Gon- 
therus  filius  eius,  et  Renerus  Husars  et  filius  eius,  mariti  scilicet  tiliarum 
prefatiEgidii,  in  presentia  nostrapersonaliter  constituti,  recognoveruntse 
in  iniuriam  ecclesie  Sancti  Pauli  Leodiensis  hactenus  récépissé  decimam 
décime  de  Mox  et  de  Moxeron,  et  stranicn  et  paleam  in  grangia,  et  aurigas 
duos  et  flagellalorem  unum  instituisse,  et  agnura  unum  sive  duos,  et  pullos 
aliquos  in  minuta  décima  annuatim  récépissé,  et  nichil  penitus  iuris  habere 
in  borreo  et  fundo  eius  el  curtula  adiacente.  Unde  tamquam  penitentia 
ducti,predicta  omnia  et  quicquid  in  eis  vel  eorum  appendiciis  sive  de  iure 


—  275  — 

sive  de  iiiiuria  se  dixeranl  habuisse  effestucaverunt  -,  sed  et  si  quid  iuris 
in  omnibus  prediclis  habebant,  illud  in  manus  noslras  reportaverunt  ad 
opus  ecclesie  predicte,  et  nos  illud  eidom  ecclesie  reddidimus.Propredicta 
aulem  recognitione  iniarie  et  cessione  iuris  predicti  si  quod  habebiint, 
dédit  eisdem  et  plene  persolvit  dicta  ecclesia  sexaginla  et  decem  marcas 
Leodiensis  monete.Prcmiserunt  aulem  dictus  miles  elalii  antedicti  humi- 
liter  et  dévote  quod  ipsam  ecclesiam  super  hiis  nullatenus  nec  per  se  nec 
per  alios  de  cetero  molestarent.  Actum  et  datum  in  vigilia  apostolorum 
Pelri  et  Pauli,  anno  Domini  M».  CC».  XLo.  primo. 

Original  sur  parchemin.  Sceau  perdu. 

124-1.  50  juin.  — Robert  deThorote,  évêque  de  Liège,  reproduit  et  confirme 
la  charte  qui  précède  imniédiatenient . 

Robertus  Dei  gratia  Leodiensis  episcopus  univeisis  presens  scriptum 
inspectons  in  perpetuum.  Presentibus  lilteiis  nostris  notum  facimus  uni- 
versis,  tam  presentibus  quam  fiUuris,  quod  Egidius  miles  de  Mox  et  Gon- 
therus  filius  eius,  et  Renerus  Hussars  et  filius  eius,mariti  scilicet  filiarum 
prefati  Egidii,  in  presentia  nostra  personaliler  constituli,  recognoverunt  se 
in  iniuriam  ecclesie  Sancli  Pauli  Leodiensis  hactenus  récépissé  decimam 
décime  de  Mox  et  de  Mosceron,  et  stramen  et  paleam  in  grangia,  et 
aurigas  duos  et  flagellatorem  unum  instituisse,  et  agnum  unum  sive  duos 
et  pullos  aliquos  in  minuta  décima  annuatim  récépissé,  et  nichil  penitus 
iuris  habere  in  horreo  et  fundo  eius  et  curtula  adiacente.  Unde  tamquam 
penitentia  ducti,  predicta  omnia  et  quicquid  in  eis  vel  eorum  appendiciis 
sive  de  iure  sive  de  iniuria  se  dixerant  habuisse  effestucaverunt  :  sed  et  si 
quid  iuris  in  omnibus  predictis  habebant,  illud  in  manus  nostras  reporta- 
verunt ad  opus  ecclesie  predicte,  et  nos  illud  eidem  ecclesie  reddidimus. 
Pro  predicta  autem  recognitione  iniurie  et  cessione  iuris  predicti  si 
quod  habebant,  dédit  eisdem  et  plene  persolvit  dicta  ecclesia  sexaginta  et 
decem  marcas  Leodiensis  monete.  Promiserunt  autem  dictus  miles  et  alii 
anicdicti  humiliter  et  dévote  quod  ipsam  ecclesiam  super  hiis  nullatenus 
nec  per  se  nec  per  alios  de  cetero  molestarent.  Actum  et  datum  anno 
domini  M".  CC".  XL",  primo,  in  crastino  apostolorum  beatorum  Pétri  et 
Pauli. 

Original  sur  parchemin.  Le  sceau  est  perdu. 


—  276 


1*212.  M  mars.  —  Conlestulion  entre  l'abbaye  de  Saint-Jacques,  d'une  part, 
Humberl  de  Scve  (Suive),  chevalier,  et  la  veuve  d'Arnold,  d'autre  part, 
relative  à  des  biens  situés  à  Selvia  (Suive),  à  Termoing  (  Termogne ) ,  à 
Fermiu  (Faimc),  à  Gène  fut  (Geneffe),  à  Bovignistia  (Bovenistier),  à 
Holnigne  (Hollogne)  et  Yervia  (  Vierve).  Sentence  arbitrale  d'Ollon  de 
GeueJJ'e,  doyen  de  Saint-Paul,  fuvorabk  à  l'abbaye. 

In  nomine  Doraini,  amen.  Cum  conlroversia  vertatur  coram  nobis 
O(ttone)  decano  Sancli  Pauli  Leodiensis,  provisore  et  conservatore  bono- 
l'um  Sancli  Jacobi  Leodiensis  a  domino  U(oberto)  Leodiensi  episcopo 
conslituto,  inter  abbatem  et  conventiim  Sancli  Jacobi  ex  una  parte,  ei 
llumbertum  mililem  de  Sève,  et  reliclam  Arnuldi  eius  mansionariam  ex 
altéra,  super  quodam  iure  relevationis  sive  requisilionis  terrarum  quod 
pret'atus  abbas  et  ecclesia  a  longissimo  tempore  se  dicunt  ius  habere  in 
curia  sua  de  Selvia.  Hoc  uti  quod  quicumque  est  mansionarius  dicte  curie 
in  Selvia,  in  Termoing,  in  Fermia,  in  Genefia,  in  Bovigneslia,  in  Sève,  in 
Holoingne  et  in  Yervia,  de  quocunique  censu  sive  de  censu  porci,  sive  de 
censu  prébende  quando  decedil,  melior  beslia  quam  habet  feminini  sexus 
adducit  ad  curiam  de  Selvia,  et  a  scabinis  curie  eslimalur  et  ab  berede  de- 
functi,  qui  terram  suam  vult  relevare,  si  ei  placet  redimitur,  et  de  iusta 
cstimalione  ei  duodecim  denarii  remitluntur.  Si  vero  eam  redimere  noluerit, 
beslia  est  abbatis  et  ecdesie,  de  quorum  bursa  duodecim  denarii  ei  dantur, 
et  ita  quantumcunque  debeat  census  de  hereditale  suainveslitur,  sive  alio 
aliquohonere  relevationis,  et  dictus  miles  pro  se  et  dicta  mansionaria  sua 
buic  iuri  cont radical.  Nos  auditis  teslibus  el  diligenler  et  plane  exami- 
nalis,  de  concilio  proborum  virorum  senteniiam  pronunciamus  dictos 
abbatem  et  convenlum  ius  habere  prediclum  in  curia  sua  prenominata,  eos 
a  molestia  predictorum  H(umberti)  militis  et  eius  mansionarie  supra  pre- 
diclo  iure  absolvenlcs,  eleisdem  Il(umberto)  milili  et  eius  mansionarie 
predicte  perpetuum  silentium  auctoritale  domini  Leodiensis  imponentes. 
Actum  anno  Domini  M''.  CC°.  XL",  secundo,  feria  5''"  post  Dominicam 
Iiirocavit  me. 

MS,  N»  -188,  p.  ?,9  de  la  bibliotlièqiie  Je  l'Universilëde  Lii^go. 


-  277  — 

1242.  28  juin.  —  Les  chapitres  des  églises  collégiales  de  Saint-Martin,  de 
Saint-Paul  et  de  Sainl-Jcan-Evangeliste  à  Liège  établissent  entre  eux  une 
confraternité  dont  les  articles  sont  amplement  détaillés. 

Sancti  Martini,  Sancti  Pauli,  Sancti  Johannis  decani  et  capitula  civi- 
latis  I^eodiensis,  universis  ad  qiios  présentes  Miteras  pei  venerint,  salittem 
in  Domino.  Ad  universitatis  vestre  noticiam  volumus  pervenire  qiiod  cuni 
inter  nos  Sancti  Pauli  et  Sancti  Johannis  ecdesias,  confraternitas  fuissct 
ab  antiquo  observata,  plaçait  nobis  decano  et  capitulo  Sancti  Martini  ut 
inter  ecclesiani  iiostram  et  predictas  ecdesias  eadem  confraternitas  obser- 
varetur,  que  inter  eas  hucusque  fuit  observata,  nos  vero  Sancti  Pauli  et 
Sancti  Johannis  ecclcsie,  beneplacito  ecclesie  beati  Martini  nostruni  beni- 
volum  accomodavimus  assensum  gaudentes.  Articuli  vero  confraternitatis 
taies  sunt.  Si  contingal  mori  aliquem  canonicum  in  ecdesia  beati  Martini, 
Sancti  Pauli  et  Sancti  Johannis  ecclesie  in  mane  convenieiit  ibidem,  et  ibi 
dicent  vigilias  suas.  Venient  autem  ita  mane  quod  vigilias  dicere  possint 
anie  adventum  aliarum  ecclesiaruni.  Si  vero  aliquiscanonicus  moriatur  in 
ecclesia  beati  Paulivel  Sancti  Johannis,  idem  faciet  ecdesia  beati  Martini, 
[lem  in  primis  vesperis  et  missa  dedicationis  et  festi  ecclesie  beali  Martini 
venient  Sancti  Johannis  et  Sancli  Pauli  ecclesie  cum  processionibus  et 
crucibus.  Ecclesia  vero  Sancti  Martini  in  vigilia  dedicationis  sue  solvet 
ecclesie  Sancti  Pauli  amam  boni  vini;idem  faciet  ecclesie  Sancti  Johannis. 
Idem  per  omnia  fiet  in  vigilia  beati  Martini  hyemalis.  In  vigilia  vero  dedi- 
calionum  et  sollempnitatum  Sancti  Pauli  et  Sancti  Johannis  ecdesiarum, 
veniet  ecclesia  Sancti  Martini  cum  processione  et  cruce  ad  primas  vespe- 
ras  et  ad  mi-ssam  maiorem,  et  in  vigilia  conversionis  Sancti  Pauli  dabit 
ecclesia  Sancti  Pauli  ecclesie  Sancti  Martini  amam  boni  vini  ;  idem  faciet  in 
vigilia  dedicationis  Sancti  Pauli.  Item  veniet  ecclesia  beati  Martini  ad 
dedicationem  et  sollempnitatera  beali  Johannis;  et  ecclesia  Sancti  Johannis 
in  vigilia  festi  beali  Johannis  dabit  ecxlesie  Sancti  Martini  amam  boni  vini; 
idem  faciet  in  vigilia  dedicationis  beati  Johannis.  Item  sic  convenit  inter 
nos,  quod  si  aliquis  canonicus  ecdesiarum  nostrarum  controversiam 
habeat  inaliquo  capitulorum  nostrorum  etsegravari  credal,  débet  rogare 
decanum  et  capitulum  a  quo  se  crédit  gravari,  quod  alia  duo  capitula  con- 
fraternitatis convocenlur  ad  suum  capitulum,  ut  sic  de  communi  consilio 
vd  sentenlia  negocium  ibidem  sopialur,  nec  antequam  hoc  fiât  ad  alium 


-  278  — 

iudicem  poterit  habere  recursum,  nisi  forsitam  decanus  suus  et  capitulum 
alla  duo  capitula  iiollent  convocare.  Item  in  causis  quas  aliquibus  niove- 
bimus  vel  aliquis  nobis,  boiia  tide  nobis  consilio  el  auxilio  invicem  assis- 
temus  in  expensis  capituli  cuius  causa  erit.  Item  per  totam  octavam 
sollempnitalum  palronorum  noslrorum  pulsabunlur  campane  benedicle 
ad  completorium.ltem  si  aliquis  canouicus  ecclesiarumnoslrarura  excédai, 
et  vocentui-  alie  due  ecclesie,  inteierunl  correplioni  canonicialiarumeccle- 
siarum.  Intererunt  etiam  si  présentes  fueiint,  licet  veneiint  non  vocati. 
Item  si  aliquam  ecclesiarum  nostrarum  cessare  contingat  pro  iniuriis  iam 
sibi  illatis  vel  de  cetero  inferendis,  alie  due  ecclesie  inccntinenli  secum 
cessabunt.  Et  ut  supradicta  omnia  rata  el  inconcussa  permaneant,  présen- 
tera paginara  sigilloruni  noslrorum  munimine  fecimus  roborari.  Datum 
in  vigilia  beatorum  apostolorum  Pétri  et  Pauli  anno  Domini  M".  CC". 
quadragesimo  secundo. 

Original  sur  vélin.  Il  ne  reste  qu'un  sceau  ovale  en  cire  verte  dont  la 
légende  est  perdue.  Les  deux  autres  sceaux  sont  enlevés, 

1243.  7  octobre.  —  Jean,  doyen,  et  le  concile  de  CAney  déclarent  que  Henri, 
seigneur  de  Ham,  et  ses  prédécesseurs  n'ont  possédé  aucun  droit  sur  la 
chapelle  d'Emeville,  et  que  la  paroisse  de  Flostoy  n'a  d'autre  patron  que 
le  chapitre  de  Saint-Paul. 


Johannes  decanus  et  totum  concilium  Ceunacence  universis  présentes 
iilteras  visuris  salutem  in  Domino.  Notum  vobis  esse  volumus  quod  nos 
submoniti  per  sententiam  si  unquam  vidimus  nobilem  virum  dominum 
Henricum  de  Ham  vel  aliquem  de  antecessoribus  suis  personaium  aliquem 
in  concilio  ad  capellaniam  de  Emmevilhe,  deliberato  concilio  concordiler 
respondemus  quod  non,  nec  aliquem  recognoscimus  patronum  in  paro- 
cbia  de  Flostois  nisi  ecclesiam  Sancti  Pauli  Leodiensis,  Aclum  die  quo 
celebralum  fuit  concilium  apud  Ceunacum  feria  sexta  post  feslum  beali 
Remigii  anno  Domini  M".  CC.  XL»,  tercio. 

Original  surveiin.  Le  sceau  esl  perdu. 


—  279  — 

1243.  1  mars.  —  Robert  de  Thorote,  éiêque  de  Liège,  apaise  un  différend 
entre  le  chapitre  de  Saint-Paid  et  les  habitants  de  Hamaie  (Hamois)  et  de 
Buras  (Buresse,  dépendance  de  Hamois),  au  sujet  de  la  forêt  de  Hamaie 
appartenajit  à  cette  collégiale. 

Rohertus  Dei  gratia  Leodiensis  episcopus  universis  présentes  litteras 
iiispecluris  salutem  in  Domino.  Notum  facimus  presenlibus  et  futurisquod 
cum  decanus  et  capituium  Sancti  Paiili  Leodiensis  mansionarios  de 
Hamaie  et  de  Buras  auctoritate  noslra  traxissent  in  causam,  proponenles 
contra  eos  quod  ipsi  mansionarii  super  silva  de  Hamaie  pertinente  ad 
ipsos  decanum  et  capituium  iure  proprietatis  iniuriabantur  eisdem,  dictis 
mansionariis  e  contrario  respondentibus  quod  ipsi  in  eadem  silva  usum- 
fructum  habebant.  Tandem  ufraque  pars  in  nos  fide  data  compromisit  hoc 
modo,videlicet  quod  nos  utreque  parti  parlem  eiusdem  silvead  arbitriura 
etvoluntatem  nostram  assignaremus  divisam,  ordinantes  et  disponentes 
super  eadem  silva  inler  ipsas  partes  prout  nobis  videretur  expedire.  Pars 
aulem  utraque  huiusmodi  ordinationem  nostram  cum  fldei  interpositione 
ut  dictum  est  se  promisit  inviolabiliter  servaluram.  Nos  autem  de  iure 
utriusque  partis  in  silva  predicta  facla  inquisilione  diligenti,  de  bonoruni 
virorum  consiiio  ita  ordinamus  :  quod  de  minuto  nemore  dicte  silve 
decanus  et  capituium  habeant  dimidiam  partem  et  mansionarii  de  Hamaie 
et  de  Buras  aliam  dimidiam.  De  maiori  vero  nemore  dicte  silve  quod 
dicitur  H  banbos  iidem  decanus  et  capituium  habebunt  duas  partes,  man- 
sionarii vero  predicti  ad  opus  edificiorum  suorum  habebunt  tertiam  ;  ita 
quod  in  silva  ad  ipsos  decanum  et  capituium  per  banc  ordinationem  per- 
tinente sive  minuta,  sive  magna,  dicti  mansionarii  nuUum  ius  omnino 
habebunt.  Dicti  vero  decanus  et  capituium  in  ea  silva  que  ad  ipsos 
mansionarios  per  eandem  ordinationem  pertinebit,  nihil  poterunt  recla- 
mare  prêter  censum  quem  ipsi  mansionarii  singuiiscilicelunumdenarium 
annuum  in  Natali  Domini  eisdem  decano  et  capitule  solvere  tenebuntur. 
Nos  vero  retinemus  nobis  potestatem  assignjandi  unicuique  paftium 
predictarum  partem  silve  predicle  prout  superius  est  dislinctum,  ordi- 
nandi  de  expensis  factis  elfaciendisprodivisione  et  assignatione  predictis 
prout  nobis  videbilur  expedire.  In  cuius  rei  testimonium  et  securilatem 
perpetuam  presens  cyrographum  sigilli  nostri  appensione  duximus  robo- 
randum.  Actum  anno  dominice  incarnationis  sollempniter  apud  Leodiuni, 


—  280  — 

millesimo  ducentesimo  quadragesimo  tertio,  feria  lertia  post  dominicam 

Invocavit  me. 

Chirographe  original  sur  parchemin.  Le  sceau  est  enlevé, 

1243.  En  juin.  —  Balduiniis,  abbé  de  Saint-Gilles,  kz-Liége,  cède  au  cha- 
pitre de  Saint-Paul  la  dime  de  Cipeillwi  (Ciplet)  pour  une  rente  annuelle 
de  quatorze  muids  d'épeautre  payable  à  la  Saint-André. 

Balduinus  perniissione  divina  ecclesie  Beati  Egidii  in  Publico Monte  iuxta 
Leodium  dictus  abbas,  Lambertus  prior  lotusque  eiusdem  loci  conventus, 
universis  ad  quos  presens  scriptum  pervenire  contigerit  elernam  in 
Domino  saluteni.  Universilali  vestre  notum  esse  volumus  quod  nos  cum 
ecclesia  Beati  Pauli  in  Leodio  ita  convcnimus  :  quod  deciniam  nostram 
quam  habebanius  apud  Cipeilhei  que  dicebatur  deciina  Sancti  Egidii,  in 
perpetunm  obtinebit  tolaliterpro  annuo  trecensu  quatuordecim  modiorum 
spelte  pagabilis,  solvende  nobis  singulis  annis  in  granario  nosiro  apud 
Sancluni  Egidium  ad  mensuram  Leodiensem  infra  festum  Beati  Andrée 
apostoli,  nisi  legitimum,  quod  absit,  intcrvenerit  inpedimenlum.  Quod 
ulfirmuni  et  slabile  pemianeat,  presenlibus  litteris  sigillo  nosiro  prius 
appenso,  sigillum  dicte  ecclesie  Sancti  Pauli  api)endi  fecimus  in  predicte 
conventionis  argumentum.  Actuni  etdatum  sollempniter  anno  Domini  M". 
ce.  quadragesimo  tertio,  mense  junio.  Similem  litteram  habet  uiraque 
ecclesia. 

Chirographe  original  sur  parchemin.  Les  deux  sceaux  sont  perdus. 

1245.  29  octobre.  —  Gérard  de  Bohang,  chanoine  de  Saint-Lambert  et 

officiai  de  Liège,  Weri,  chanoine  de  Saint-Pierre,  vice-prévôt  de  Liège, 
Hugo  de  Celles,  écolàlre  de  Saint-Paul,  et  Simon,  chantre  de  la  même 
collégiale,  attestent  avoir  vu  une  lettre  émanée  d'Ollon  de  Geneffe,  doyen, 
et  du  chapitre  de  cette  église,  relative  à  une  convention  conclue  entre 
Véglise  de  Saint-Paul  et  Bauduin,  abbé  d'Aine,  au  sujet  de  la  maison 
claustrale  de  cette  abbaye.  Ils  reproduisent  le  texte  de  cette  pièce. 

Magister  G(eraidus)  de  Bohang  canonicus  et  oflicialis  Leodiensis, 
magisler  W(erricus)  canonicus  Sancti  Peiri,  vice  preposilus  Leodiensis, 
magister  H(ugo)  de  Cella  scolasticus,  Simon  cantor  ecclesie  Sancti 


281 


Pauli  in  Leodio,  universis  présentes  litteras  visuris  salutem  in  Domino. 
Litteras  capiluli  ecclesie  Sancti  Pauli  in  Leodio  vidimus  in  hec  vei'ba  : 
Otto  Pei  gratia  decanus,  totiimque  capitulum  ecclesie  Sancti  Pauli  in 
Leodio ,  universis  présentes  litteras  inspectuiis  salutem  in  Domino. 
Rogavit  nos  dilectus  nosler  vir  religiosus,  Balduinus  abbas  Alnensis  pro 
se  et  conventu  suo,  ut  in  domo  qiiani  possidet  in  claustro  nostro,  in  qua 
unus  ex  canonicis  nostris  mansionem  suam  débet  liabere,  que  ex  magna 
parte  exusta  erat,  concedere  vellemus  Johanni  clerico  dicto  bouc  orme 
amico  suo  et  noto  mansionem  suam  in  ipsa  domo  ad  vitam  ipsios  Johannis 
loco  unius  canonici,  ut  in  ipsa  maneret  eodeni  modo  quo  canonicus  esset 
mansurus,  promittens  nobis  quod  si  hanc  petitionem  suam  exaudire  velle- 
mus, ipse  domum  illam  reficeret  competenter.  Nos  autem  ad  petitionem 
suam  et  pro  pace  convenlus  sui  hoc  ei  et  predicto  Johanni  concessimus 
scilicet  :ut  idem  Johannes  ad  vitam  suam  in  ipsa  domo  habeat  mansionem 
suam  eodem  modo  et  eodeni  iure,  quo  unus  ex  canonicis  nostris  esset 
habiturus.  Tali  tenore  pacto  adhibito  quod  idem  abbas  domum  predictam 
reliceret  ab  instanti  festo  omnium  Sanctorum  usque  ad  annum.  Quod  si 
infra  terminum  predictum  non  reliceret,  predicta  concessio  non  lenerel. 
[n  cuius  rei  teslimonium  présentes  litteras  emisimus  sigillo  nostro  sigilla- 
tas.  Datum  anno  Domini  milleslmo  duceniesimo  quadragesimo  quarto 
mense  octobri.  Inspecta  igitur  domo  predicta  vidimus  eam  competenter 
refectam  infra  terminum  supra  scriptum:  cui  rei  ad  petitionem  et  securita- 
tem  predicti  Johanni  teslimonium  i)crhibenius  huic  carte  sigilla  nostra 
appendentes.  Datum  feria  secunda  anne  festum  omnium  Sanctorum  anno 
Domini  millesimo  CC".  quadragesimo  quinto. 

Exirail  du  MS.  de  Daniel  de  Blochem. 

1245.  30  àécemhve.  —  Le  pape  Innocent  (IV)  ordonne  de  ne  pas  payer  aux 
chanoines  absents  les  revenus  de  leurs  prébendes  et  les  distributions  quoti- 
diennes sans  une  permission  expresse  du  Saint-Siège. 

Dinocentius  episcopus  servus  servorum  Dei  dilectis  filiis  decano  et 
capitulo  ecclesie  Sancti  Pauli  Leodiensis  salutem  et  aposlolicam  benedic- 
tionem.  Ul  gratia  quam  quibusdam  concanonicis  vestris  de  percipiendis 
in  absenlia  prebendaruni  suarum  provenlibus  fecisse  dicinuir,  non  sit  vobis 
graviter  onerosa,  aucloritate  vobis  prcsentium  indulgemus  ut  cotidiaiias 


—  2B2  — 

distributioiies  vel  alia  que  loco  earura  canonici  eiusdem  ecclesie  résidentes 
inter  se  solum  coramuniter  dividunt  non  leneamini  canonicis  absentibus 
exhibere,  sine  mandato  sedis  apostolice  speciali  plenam  faciente  de  bac 
indiilgeniia  menlionem.  Nulli  ergo  omnino  hominum  liceat  hanc  paginam 
nostre  concessionis  infringere  vel  ei  ausu  temerario  contraire.  Si  quis 
autem  hoc  allemptare  presumpserit  indignationem  omnipotentis  Dei  et 
beatorum  Pelri  et  Pauli  apostolorum  se  noverit  incursiirum.  Datum  Lug- 
duna  III  lialendas  ianuariis,  pontificalus  nostri  anno  tertio. 

Original  sur  velin.  Cordons  de  (il  rouge  et  jaune  soutenant  un  sceau 
qui  est  perdu. 

1249.  22  mai.  —  Sentence  arbitrale  prononcée  pur  Hugues,  écolàtre  de 
Saint-Paul,  et  Lambert  de  Solario  (Sohères),  au  sujet  d'une  contestation 
existant  entre  la  collégiale  de  Saint-Paul  et  Pierre,  chevalier  de  Hubines, 
relativement  à  certains  droits  que  ce  dernier  prétendait  avoir  sur  l-a  forêt 
de  Hamniaies  (Hamois),  et  sur  les  dîmes  de  la  forêt  de  Barsiez  (Barsy, 
dépendance  de  Flostoy) . 

Nos  magister  Hugo  scolasticus  Sancti  Pauli  Leodiensis  et  Lambertus  de 
Solario  domini  Leodiensis  marescalcus,  arbiiri  elecli  ab  ecclesia  Sancti 
Pauli  in  Leodio  ex  una  parte,  ei  nobili  viro  domino  Petro  de  Hubines  de 
querelis  que  vertebantur  inter  ipsos  sub  fidei  datione  et  pena  decem  mar- 
charum  Leodiensium  durante  adhuc  termino  compromissi  nosiri  usque  ad 
octavas  Penthecostes,  auditis  bine  inde  propositis,  teslibus  multis  bine 
inde  produclis,  receptis  in  forma  ecclesie  et  examinais  diligenter,  par- 
tibus  petentibus  ut  pronuntiaremus,  babifo  bonorum  virorum  consilio  et 
iuris  ordine  prout  exegitnegoliornmqualitasobservalo;in  nomine  Domini 
pronuntiamus  et  difïinitive  dicimus  :  ecclesiam  predictam  libère  posse 
vendere  silvam  suam  de  Hammaie,  et  donare,  et  fundum  ipsiussilveconver- 
tere  ad  agriculturam  non  obstante  eo  quod  diclus  nobiiis  in  dicta  silva 
clamabat  tenuriam  et  usum  pascendi  porcos  suos  in  ea  sine  pannagio  ;  et 
ideo  ipsi  et  heredibus  suis  ex  eo  quod  ibi  clamavit  coram  nobis  contra 
predictam  ecclesiam  perpetuum  silentium  imponimus  :  adiudicantes  dicte 
ecclesie  liberam  dispositionem  silve  predicle.  Item  ex  dictis  testium 
cognovimus  décimas  novalium  silve  de  Barsiez  pertinerc  ad  ecclesiam  de 
Barsiez,  et  etiam  de  iure  communi  cum  sit  in  finibus  ipsius,  et  ideo  deci- 


-  f^3  - 

mas  ipsas  pertinere  ad  ecclesiam  Sancti  Pauli,  et  ecclesia  de  Flosloir 
cuius  filia  est  ecclesia  de  Barsiez  sit  ecclesie  Sancii  Pauli,  et  dictum  nobi- 
lem  non  habere  ius  in  ipsis  decimis,  licel  aliqua  pars  iilius  silve  sit  de 
allodio  vel  feodo  suo.  li.Je  est  quod  décimas  anledictas  contra  predictum 
nobilem  sive  de  novalibus  iam  piideni  factis  sive  eiiam  faciendis  adiudi- 
camus  ecclesie  predicte.  Predicto  nobili  et  eius  heredibus  super  ipsis 
perpetuum  siientium  imponentes,  salvo  iure  aliarum  ecclesiarum  circum- 
adiacentium  si  de  ipsis  decimis  contra  ecclesiam  Sancii  Pauli  aliquo  tem- 
pore  duxerint  litigandum.  Predictum  tamen  nobilem  amplius  inquietari 
nolumus  super  fructibus  quibusdam  quos  recepit  in  novalibus  antedictis 
cum  eos  suo  iure  propter  terram  que  de  allodio  vel  feodo  suo  erat  se  cre- 
diderit  récépissé,  sed  super  ipsis  siientium  imponimus  ecclesie  anledicte. 
Actum  etdatum  in  vigilia  Penlhecostes  anno  Domini  M".  CC".  quadrage- 
simo  nono. 

Original  sur  parchemin.   Deux  fragments  de  sceaux  attachés  à  des 
bandes  de  même. 

1249.  23  juin.  —  Robert  (TOttigiiies,  doyen,  et  le  chapitre  de  Saint-Paul 
déclarent  que  Clerembaud  de  Vyle,  chanoine  de  cette  collégiale,  a  fondé  et 
doté  d'une  rente  de  quarante  muids  d'épeautre  V autel  de  la  Sainte-Vierge, 
de  Saint-André,  apôtre,  de  Saint-Martin,  confesseur,  et  de  tous  les 
Saints,  dont  il  se  réserve  la  collation  sa  vie  durant.  Après  la  mort  du 
fondateur,  le  chapitre  aura  droit  de  conférer  ce  bénéfice. 

R(obertus)  decanus  et  capitulum  ecclesie  Sancti  Pauli  in  Leodio,  universis 
présentes  litleras  visuris  salutem  in  Xristo.  Nolum  esse  volumus  quod 
dominusClarembaldus  concanonicus  nosterpro  redemlione  anime  sue,  pa- 
rentum  et  antecessorum  suorum,ordinavit  et  construxit  altare  unum  in  eccle- 
sia nostra  Sancti  Pauli  in  honore  Béate  Marie  virginis  et  Beatorum  Andrée 
apostoli  et  Martini  confessoris  et  omnium  sanctorum  :  cui  allari  depulavit 
et  assignavit  quadraginta  modios  spelte  qui  cèdent  in  usus  sacerdotis  in 
eodem  allari  divina  celebrantis;  quam  speltam  diclus  Clarembaldus  émit 
anobis,cuiusannonepreciumnobis  plene  ab  eo  persolutum  est,  etversum 
in  ulilitatem  ecclesie  nostre.  Dictamvero  speltam  tenemur  solvere  singulis 
annis  in  perpetuum  sacerdoli  in  dicto  allari  servienti  de  meliori  spelta 
quam  habebimus  in  granario  nostro  Sancti  Pauli,  medietatem  in  festo  Beati 


284 


Andrée  et  aliani  in  purificatioiie  Béate  Marie  virginis.  Depulamus  eliam 
eidem  altari  unam  de  |)rel)endulis  nostris  in  augmentum  prei)ende  dicti 
saeerdotis  et  eam  quam  cito  facilitas  se  offeret,  assignabimus  et  confere- 
nius  eidem  vel  faeiemus  conferri  al)  illis  quibus  super  hoc  dederimus 
potestatem.  Sacerdotem  vero  in  dicto  altari  instituet  diclus  Clarembaldiis 
quanidiu  vixerit,  et  opportebit  ipsuni  sacerdotem  residentem  esse  in 
ecclesia  nostia  et  interesse cboro  et  in  horis  canonicis,sicutet  aliicanonici 
ecclesie  noslre  qui  dictis  horis  tenentur  interesse.  Qui  erit  etiam  in  obe- 
dientiadecani  et  capituliel  poteritchoerceri  sicut  et  unus  de  dictis  clericis 
nostris;  que  omiiia  in  suo  ingiessu  repromittet  se  observalurum.  Si  autem 
contingeret  ipsum  sacerdotem  absentem  esse  per  annum  et  non  residere 
in  nosira  ecclesia  et  in  servitio  dicti  altaris,  sine  aliqua  sententia  cadet  a 
iure  ipsius  altaris  et  stalim  libère  polerit  alio  conferri. Post  decessum  vero 
dicti  Clarembaldi  et  sacerdotis  quem  in  diclo  altari  inslituerit,  decanus 
et  cantor  ecclesie  nostre  in  perpetuum  sacerdotem  idoneum  in  eodem  altari 
instituent  loco  dicti  Clarembaldi  cum  beneflcio  predicto.  In  cuius  rei  et 
tacti  testimonium  et  securitatem  perpetuam,  nos  decanus  et  capitulum  et 
ego  Clarembaldus  predictus  présentes  litteras  sigillis  nostris  fecimus 
roborari.et  ad  maiorem  rei  flrmitatem  sigillum  ecclesie  Oeati  Lamberli  in 
Leodiopreseniibus  litteris  apponi  postulavimus.Nos  vero  decanus  et  capi- 
tulum ecclesie  Leodiensis  antedicte  ad  petitionem  dicti  decani  et  capltuli 
SanctiPauliad  firmitatem  etai)probaiionem  facii  predicti  sigillum nostrum 
presentibus  litteris  apposuimus.  Datum  et  actum  sollemniter  in  capitulo 
nostro,  anno  Domini  millesimo  CC.  XL»,  nono  in  vigilia  Beati  Johannis 
Baptiste. 

Chirographe  original  sur  parchemin.  Les  sceaux  de  la  cathédrale  de 
Saint-Lambert,  de  la  collégiale  Saint-Paul  et  de  Clerembaud  de 
Vyle,  qui  pendaient  à  des  cordons  de  fil,  sont  perdus. 


DEUX  INSCRIPTIONS  BELGES  INÉDITES 


Ni  l'Académie  royale  de  Belgique,  au  sujet  de  l'inscription  de 
Verveccm,  trouvée  à  Theux  au  hnmeau  de  Juslenville  (*),  ni  les 
savants  rapporteurs  de  Vlnstitut  archéologique  liéfieois,  h  propos 
des  inscriptions  de  Primus,  fils  de  Marcus,  etc.,  trouvées  plus 
récemment  dans  la  même  localité  (^),  ni  aucun  auteur  s'occu- 
pant  de  notre  histoire  ou  de  nos  antiquités,  n'a  signalé  jusqu'ici 
deux  inscriptions  trouvées  à  Tlieux,il  yaplus  delroissiècles,en 
1557.  L'existence  en  a  été  révélée,  par  hasard,  au  D'Alexandre, 
conservateur  du  Musée  archéologique  liégeois,  dans  un  ouvrage 
qu'il  possède,  le  Spicilegimn  antiquitatis  de  Begerus("'),OLi  aucun 
écrivain  belge  ne  s'était  avisé  d'aller  les  chercher;  c'est  là  que 
M.  le  chanoine  Henrotte,  membre  de  Vlnstitut  liégeois,  les  ayant 
rencontrées,  en  feuilletant  les  pages  89  et  90  de  l'ouvrage,  les 
signala  à  son  collègue,  qui,  à  son  tour,  voulut  bien  les  taire 
connaître  à  l'auteur  du  présent  article. 

(  '  )  XVI,  10,  p.  3S3  ;  on  y  raisonne  même  ,  p.  3b6  de  l'absence  d'autres  inscrip- 
tions ayant  une  date  pour  recourir  à  un  supplénnent  de  preuves  à  tirer  de  mt^dailles; 
on  y  argumente  aussi  du  caractère  exceptionnel  de  la  découverte  de  l'inscription 
de  Vervecciis. 

(«)  BuUet.  de  cet  Institut,  IX,  pp.  157  et  446;  X,  pp.  32  et  99. 

L&  Catalogue  descriptif  du  Musée  archéolorjique  liégeois,  iil  formellement  que 
l'inscription  de  Verveccus  est  la  seule  inscription  romaine  trouvée  (df^  édit.,  p.  9), 
ou  connue  {2"  édit.,  p.  7)  jusqu'à  ce  jour  dans  la  province  de  Liège  :  or,  outre 
les  cinq  inscriptions  de  Theux  (y  compris  les  deux  qui  font  l'objet  du  présent 
article),  on  a  constalé  jusqu'aujourd'hui  la  trouvaille  faite  dans  la  province  de  Liège 
d'une  inscription  dédiée  à  Mercure  et  trouvée  à  Chèvremont,  d'une  autre  à  la  déesse 
Mosa,  trouvée  à  Flémalle  {Bull,  des  Coinm.  roij.  d'art  et  d'arcliéol.,  VIII,  pp.  44  et 
70)  :  cela  élève  à  sept  au  moins  le  nombre  des  inscriptions  lapidaires  de  la  province 
de  Liège. 

(•)  Ouvrage  publié  en  169"2,  c'est-à-dire  il  y  aura  bientôt  deux  cenls  ans. 


—  286  — 


Voici  l'extrait  textuel  de  cet  ouvrage,  avec  fac-similé  des 
deux  inscriptions  : 

XIV. 


^ 


i 


«  Aram  liane  Tectis,  vulgo  Teii,  in  Marchionatu  Francimoii- 
tano,  diœcesi  Leodiensi,  inveniam,et  anno  1557, inense  auguste 
exscriptam,  Pighius  aullior  est,  qui  et  dexlro  lateri  sertum, 
semi-coronae  forma,  ex  arietis  capite  dépendons;  laleri  autem 
sinislro,  quaîdam  mililum  simulacra,  vetustaie  adeo  ailrita,  ut 
vix  agnoscercnlur,  insculpla  fuisse,  memorat.  De  ioco  ita  scri- 
bil  :  7dM,  inquil,  Teclum  sonat  lingua  Leodiensi;  est  autem  TectiK 
nunc  payus,  quem  sepulcra  veterum  Romanorum  illic  inventa, 
œdificia  quoque  et  mimismata,  necnon  aliquot  saxa,  latinis  anti- 
quislitteris  in4cripta,prœler  ipsumnomen,  anliquam  appellationem 
outgo  signijicans,  civitatem  Romanis  non  ignolam  testantur.  Quia 
et  Jul.  Cœsar  Tectosagorum  populorum  Belgicœ,  a  Tectis  civitate 


287  -- 


meminit  (*).  Hgec  Pighius.  —  Inscriplionem  ita  legimus  :  /» 
flonorem  Deorum  Deo  InvidQ  Mitlirœ  Axsius  Verus  Q.  Veti  et 
Probinus  Fd/'/ /i//ws(scilicet,posuerunl)  Vota  Soluto  Libenler  Me- 
rito.  Qiiinti  Vetii  Ingenui  meminit  inscriplio  Gruteriana,  p.ri67, 
n°  9,  vocaturque  veteranus  colioriis  111  prgetoria3  ex  proviucia 
Germailia  inferiore,  quaî  utique  ad  nostrum  aliquid  lucis  asper- 
gerevidebuntur,  convenientibus  nonnomiiie  tanlum,sed  et  loco 
militi9e,cum  loco  iiiventsearse:  imo  et  militia  ipsa,cum  militibus 
in  arse  latere  expressis  (^).  » 

XV. 


D.  I. 
JREIO.ET.  ERIATTO 


{ '  )  On  ne  s'arrêtera  pas  ici  à  réfuter  celle  élymologie  :  les  Tectosages,  établis 
entre  le  Hlione  et  la  Garonne,  avaient  bien  pénétré  en  Germanie  (d'anville,  Notice 
de  la  Gaule,  pp.  717  et  718  ,  comme  en  Ulyne,  en  î'annonie  et  en  Galatie  jbid.); 
mais  le  nom  de  Tecta,  a  l'abialil'  Tectis,  n'apparait  que  dans  les  diplômes  du  moyen- 
àge  ;  il  ne  ligure  dans  aucune  nomenclature  ou  inscription  de  l'époque  romaine, 
et  signifie  une  reunion  de  demeures  [lecia,  toits).  Sans  doute  celles  des  exploitants 
belgo-roraairs  des  carrières  du  beau  marbre  noir  de  Theux. 

{•  )  Voici  cette  inscription  donnée  deux  fois  par  GuuTi;R,  comme  trouvée  à  Rome, 
et  déposée  de  son  temps  à  Tivoli  : 


P.  558,  Xi°  9  : 


P.  567,  n»  9 


1>.    M. 

t(VINTO  .    INGENVO.  VETERANO 

EX  .  COU  .  III.  PR.    EX.   PUOVlNCIA 

GEIIMANIAE     .    INFERIORE  .    FELICI 

MARCVS    .    EVOCKATVS    .    PRAES    .    ET 

CIVES  .    BENEMER.    FECIT. 


g   .    VETIO   .   I.NGENVO 
VETERANO.    COH    .    UI 
PR    .    EX    .    PROVINCIA 
GERHANIA    .    INFERIORE 
FELICIVS   .    MARTiVS 
ERES    .   ET    .    CIVES 
BE.NEMERENTI    FECIT. 

Gruier  pense  et  tout  démontie  que  les  deux  inscriptions  n'en  font  qu'une,  malgré 
quelques  variantes,  dont  une  des  plus  importantes  porte  sur  le  nom  même  de 
Quintui  Veiius,  ce  qui  afTuiblil  la  portée  du  rapprochement  fuit  par  Bkger. 


—  288  — 

«  Eodem,  quo  superior,  etiam  ha3c  ara  inventa  est  loco, 
eodemque  anno  et  mense  exscripta.  Ita  legimus  :  Deo  Invicto 
Mithrae  Aram  posuerunt  Fueio  et  Fhiatto  Volo  Soluto  Libenter 
Mérite.  Nomiiia  Freio  et  Friatto  hactenus  quod  sciam,  non 
apparuerunt.  Forsilan  a  dea  Fma  sive  Fria  deduxeris,  quœ 
veteribus  Germanis  Venus  fuit  ,  et  a  qua  hodienum  dies 
Veneris,  non  Germanis  tantum,  sedetBelgis,  etAnglis  aliisque 
denominatur.  » 

Avant  d'entamer  l'examen  des  inscriptions  en  elles-mêmes, 
disons  quelques  mots  de  la  personnalité  de  Pighius  et  de  Beger. 

Etienne-Vina-.id  Pighius,  neveu  d'Albert  Pighius,  mathéma- 
ticien célèbre,  naquit  à  Kempen  en  1520. 

Après  un  séjour  h  Rome,  où  il  s'occupa  de  recueillir  les 
inscriptions  qui  y  abondent,  il  retourna  dans  nos  contrées,  où 
il  obtint  l'emploi  de  bibliothécaire  du  cardinal  de  Granvelle, 
évêque  d'Arras  ;  il  publia  notamment  une  dissertation  sur  un 
vase  d'argent  trouvé  à  Arras  et  laisant  partie  de  la  collection 
de  cet  illustre  homme  d'état  :  cette  dissertation  iniliulée  Themis 
deœ,  seu  de  lege  divina  (Anvers,  1568),  a  été  insérée  dans  le 
IX"  volume  du  grand  recueil  de  Gronovius. 

Il  passa  ensuite  au  service  du  duc  de  Clèves,  dont  il  accom- 
pagna le  tils  en  Italie,  puis  revint  à  Xanten  où  il  mourut  cha- 
noine de  S.  Victor  en  1604, 

Pigliius  ne  fut  pas  toujours  circonspect  dans  le  choix  de  ses 
inscriptions,  trop  souvent  recueillies  par  lui  à  des  sources 
impures,  comme  les  fameux  manuscrits  de  Pirrho  Ligorio  ('). 

Beger,  de  son  côté,  né  en  1653,  et  nommé  à  i'4  ans  biblio- 
thécaire de  l'électeur  palatin,  obtint  en  1685  le  môme  emploi 
auprès  de  l'électeur  de  Brandebourg;  il  mourut  en  1705, 

Burmann,  von  Lingen,  Fabrelti  et  Hagenbuch  ( -)  lui  adressent 
le  reproche  de  s'être  occupé  d'inscriptions  sans  avoir  à  cet  effet 

[*]  Voy.  à  ce  sujet  le  l''''  volume  du  recueil  ('pigi'apliiijue  (I'Orelli  (conlinué  pur 

llENZEN),  p.  60. 

(')   Ibid.,  p.  32. 


—  289  — 

les  connaissances  indispensables  ;  ils  le  louent  néanmoins 
d'avoir  sauvé  de  l'oubli  28  inscriptions  qu'il  avait  trouvées  dans 
un  manuscrit  de  Pighius,  conservé  à  la  bibliothèque  de  l'élec- 
teur de  Brandebourg,  et  qui ,  sans  cola,  n'auraient  peut-être 
jamais  été  connues. 

Publiant  son  Spicilegiiim,  Beger  divisa  son  ouvrage  en  plu- 
sieurs parties,  et  voici  ce  qu'il  inscrivit  en  tète  de  la  troisième  : 

«  Tertium  viridarii  nostri  segmentum  varias  nobis  inscrip- 
tiones  objicit,  vel  cum  tiguris  illustres,  vel  absque  liguris  me- 
morandas.  Stephanus  Winandus  Pighius,  nobilioris  antiquitatis 
sedulus  inquisilor,  non  hujus  tantum,  sed  et  sequentis  capitis 
suppeditat  divitias.  Autographum  ejus  inter  manuscripta  biblio- 
tiiecse  electoralis  Brandenburgicse  asservatur,  variante  pulcher- 
rimse  mercis  copia  refertissimum.  Ad  Gruterum,  Reynesimn, 
aliosque  authores,  hoc  in  génère  non  obscuros,  id  examinantes, 
pluriraa  jam  vulgata,  pauca  hactenus  inedita,  quœdam  etiam  a 
vulgatis  diversa  deprehendimus.Quae  jam  vulgata  sutficientique 
commentario  illustrata  prostant,  hoc  volumine  tangere  religio 
nobis  est.  Quse  a  vulgaiis  differunt,  conlidimus  fore  delecla- 
lioni;  quae  nondum  édita,  emolumento.  Utraque  proponimus, 
non  ad  rationem  ordinis,  sed  ut  quseque  sese  obtulerunt.  » 

La  suite  des  temps  s'est  chargée  de  démontrer  l'authenticité 
des  découvertes  signalées  par  Pighius.  En  effet,  deux  circons- 
tances se  sont  produites  depuis,  dont  certes  ce  savant  ne  pou- 
vait pas  se  douter  :  l"  La  trouvaille  de  plusieurs  inscriptions, 
monnaies  et  sépultures  faite  en  notre  siècle  seulement,  h  Theux, 
là  même  où  Pighius  signale  ses  inscriptions  et  déclare  qu'on 
avait  déjà  rencontré  des  substructions,  des  tombeaux  et  des 
médaiUes;  2°  l'exhumation  faite  en  Allemagne,  en  1804,  d'une 
inscription  d'un  soldat  belge  des  armées  romaines,  dont  il  sera 
parlé  plus  loin,  et  dont  le  nom  présente  la  plus  grande  ressem- 
blance avec  les  noms  des  dédicants  dans  les  inscriptions  de 
Pighius,  (jue  Beger  indique  déjà  comme  étant  aussi  des  ins- 
criptions militaires,  d'après  les  attributs  sculptés  aux  côtés. 


—  290  — 

Il  est  à  supposer  du  reste  que  le  fait  de  la  trouvaille  de  1557 
aura  éié  signalé  à  Grauvelle,  premier  ministre  jusqu'en  1560  : 
on  le  connaissait  comme  amateur  rit  collectionneur  d'anti- 
quités et  c'était  Ih  évidemment  un  moyen  de  capter  sa  bienveil- 
lance; celui-ci  aura  informé  son  bibliothécaire  Pighius  de  la 
découverte,  et  lui  aura  donné  l'ordre  de  la  vérifier  de  plus 
près;  il  n'y  a  donc  aucune  raison  d'étendre  aux  inscriptions 
de  Pighius  ex  autographo  la  suspicion  qui  s'est  attachée  aux 
inscriptions  du  même  ex  apograplio. 

Les  deux  inscriptions  recueillies  par  Pighius  bien  qu'inédites 
en  Belgique,  ont  été  reproduites  à  l'étranger  ;  c'est  ainsi  que 
Muratori  (')  les  donne  en  indiquant  le  lieu  de  provenance  de  la 
deuxième  seulement ;«  in  marchionatu  Fiancimontano,dioeces. 
Leod.  » 

En  outre,  un  Danois  du  nom  de  Cleffel,  qui  a  recueilli  les 
notes  manuscrites  d'Olaiis  Magnus  (^),  fait  mention  de  l'une 
des  deux  inscriptions  comme  germano-romaine  (^),  mais  sans 
indiquer  ni  d'où  elle  a  été  copiée,  ni  où  elle  a  été  trouvée. 

Muratori  lit  les  deux  inscriptions  de  la  même  manière  que 
Beger,  sauf  la  variante  suivante  pour  la  première  :  lu  honorem 

domus  divinae  deo  invicto  Mithrae,  Axius  Verus,  Qn'mti  Veti 

Cette  version  est  de  nature  à  élie  adoptée,  et  peut-être  y  a-t-il 
lieu  seulement  de  la  compléter  en  lisant  en  toutes  lettres,  à 


(')  ISovux  thésaurus  veierum  inscriptionum,  IV,  Appendix,  page  1980,  n"»  4 
et  S.  «  E  schedis  l*it,'hianis  Begerus,  misit  Bricli'^rius  Colurabus.  » 

(2)  Edda  Saemuudar,  III  iCopenliague,  18"i8',  p.  35!2.  Il  est  à  remarquer 
qu'OLAiisMAOUSjtnort  en  1368,  a  dû  avoir  connaissance  des  inscriptions  de  Theux, 
si  c'est  chez  lui  (jue  ('.h.ffei,  les  a  copiiies,  par  Pighius  lui-même,  son  contempo- 
rain ;  car  le  livre  de  B  gkr  date  seulement  du  siècle  suivant  ;  Magnus  pas-;a  les 
dernières  années  de  sa  vie  dans  le  monastère  de  S'«  Brigitte,  à  Rome  ;  il  a  donc 
pu  rencontrer  en  cette  ville,  Pighius  ([ui,  o  itre  les  deux  voyages  à  Borne  qu'on 
connaît  de  lui  vers  1540  et  1557,  a  pu  irès  bien  y  accompagner  son  protecteur 
Gkanville  qui  assista  à  Borne  au  concl.ve  de  1565.  Au  surplus,  à  dtifaut  da 
Touvragi;  de  Cleffel,  il  est  diflîcile  de  vérifier  ce  point. 

(*)  Ibid.,  111,  p.  37i. 


~  291  — 

raison  delà  fracture  de  la  pierre  :  Quintus  Vetius  et  Probinus 
Verius,  c'est-à-dire  en  donnant  double  emploi  pour  ce  dernier 
nom  aux  lettres  vs  des  sigles  v.  s.  i .  m  ,  comme  on  en  voit  plu- 
sieurs exemples  ;  il  est  h  remarquer  cependant  que  si  la  ver- 
sion Quintus  Veti  (filius)  peut  paraître  contraire  aux  règles  de 
l'cpigraphie,  il  n'en  est  pas  tout  à  fait  de  même  de  Probinus 
Veri  ou  Verii  (filius)  qui  est  acceptable.  Quant  au  nom  é'Axius 
qui  se  trouve  en  celte  inscription,  il  doit  être  rapproché  de  l'une 
des  inscriptions  mutilées  de  Juslenville  ('),  où  se  trouve  les 
nomsAcc...  acc...  que  l'on  a  proposé  avec  quelque  raison  de 
lire  Accius  Accii  (filius),  ce  qui  tendrait  h  faire  croire  que  les 
deux  inscriptions  de  Pighius  proviennent  aussi  du  même 
hameau  de  Juslenville  plutôt  que  d'un  autre  endroit  de  la 
commune  de  Theux. 

Quant  à  la  seconde  inscription, Muratori  n'a  rien  à  y  objecter, 
et  il  accepte  la  version  de  Beger  a.  p.  r  =  aram  posuerunt  ;  il 
se  borne  à  faire  remarquer  que  Freio  et  Frialto  (au  nominatif) 
sont  deux  noms  d'origine  germanique. 

Cleffel,  au  moins  par  ce  que  nous  en  laissent  savoir  les 
auteurs  du  m*' volume  de  l'édition  âeVEddaSaemundar  achevée 
en  1828,  n'hésiste  pas  plus  que  Beger  à  attribuer  aux  noms 
de  Freio  et  Frialto  une  Oiigine  nordique,  et  ces  auteurs  eux- 
mêmes  en  s'appropnanl  celte  opinion,  l'appuient  de  toute  leur 
autorité  :  on  peut  donc  tenir  comme  certain  que,  de  même 
qu'on  a  trouvé  dans  les  contrées  rhénanes,  à  Calcar  et  à 
Biiten(*)des  inscriptions  en  l'honneur  de  la  Dea  Illudana, 
évidemment  la  déesse  nordique  Hluddyn,  de  même  le  souvenir 
des  divinités  du  nord  Freyr  et  Freya  a  continué  parmi  les  habi- 
tants de  Theux  à  l'époque  romaine,  la  collation  et  le  port  des 
noms  de  Freio  et  de  Friatto. 

La  seconde  des  inscriptions  de  Pighius  acquiert  une  véritable 

(  •)  Bull,  de  rtmt.  archéol.  liég.,  IX,  p.  448. 

(')  Bulletin   des  Cnmin.  rny.    d'art  et  d'aichéol.,  X,  p.  52;  Edda  Saemundat . 
III.  p.  435. 


—  292  — 

importance  ethnologique,  quand  elle  cesse  d'être  isolée  et  qu'on 
la  rapproche  d'une  autre  inscription  belge  découverte  en  1804, 
h  Zahlbach,  près  de  Mayence  ('),  et  ainsi  conçue  : 

freIovervs 

veransati  .  f 

(ci)ves.  tvng.f.q.ex 

coh  .  1  .  astvr  .  an 

XL  .  s(tip)  .  xxn  .  H.  s.  E 

T  .  F  .  I   .  H   .   F  .  C 

(Diis  manibus.  Freioverns  Veransati  FlVius  cives  Tiinger , 
eques  ex  cohoYle  I  Astiirum,  o/niorum  XL,  s//;jendiorum  XXII: 
h\c  situs  ^st.restamenti/brmulajussus  //eres/aciendumcuravit). 

On  pourrait  taire  certain  rapprochement  entre  le  Freioverus 
de  cette  inscription  et  les  Freio  et  Verus  des  deux  inscriptions 
de  Pighius,  rapprochement  ('^)  qui  tendrait  à  assigner  comme 
berceau  du  citoyen  Tungre  Freioverus  Theux,  localité  située 
dans  la  cité  des  Tungres;  mais  il  est  inutile  d'aller  si  loin  :  il 
suffit  de  prendre  note  de  ces  inscriptions  trouvées  en  nos 
régions,  qui  révèlent  si  bien  une  origine  nordique,  confirmée 
jusqu'à  un  certain  point  par  certains  noms  de  lieux  :  la  forêt 
de  Freyv,  près  de  Nassogne,  la  grotte  de  Freyr,  près  de 
Dinant,  etc.,  etc. 

Mais  h  quelle  circonstance  attribuer  ces  traces  de  la  mytho- 


(  ')  Bull,  dex  Conuii.  roy.  d'art  ei  d'ardiéol.  ,  YIII,  p.  132  :  Becker,  Die  romix- 
cheu  Inschrifien  \md  Steinsculpturcz  des  3Iiiseutns  der  Stadi  Maiuz.  (Mayence, 
1873,  p.  69. 

{*)  Si  pourtant  ce  rapprochement  pouvait  ôtre  admis,  de  quel  secours  ne  serait 
pas  rinscription  trouvée  à  Zalilbacli  pour  fixer  la  date  de  celles  de  Piciiius  ?  1! 
sufTirait  en  eiVet  de  connaître  l'époque  approxiir.ative  où  la  Coli.  1  Astitrum  a  dté 
cantonnée  aux  environs  de  Mayence.  Mais  en  fait  d'hypothèses  scientifiques  il  faut 
procéder  avec  prudence,  et  se  borner  à  indiquer,  sans  trop  y  insister,  les  simples 
possibilités. 


—  293  — 

logie  du  Nord  dans  le  pays  des  Eburons,  c'est-à-dire  la  West- 
phalie  et  le  pays  de  Liège  (')  ? 

Nous  savons  par  César  (B.  G.,  II,  29)  que  les  Aduatuques 
étaient  les  descendants  des  6000  hommes  d'arrière-garde  laissés 
dans  nos  contrées  par  les  Cimbres  et  les  Teutons,  c'est-à-dire 
par  des  habilanis  du  Danemark  actuel  (Jutland  ==  Chersonnèse 
Cimbrique)  et  du  nord  de  la  Germanie,  qui  avaient  traversé 
cette  région  (ibUl.,  Il,  4)  avant  d'entreprendre  leur  marche  vers 
les  champs  de  bataille  d'Aix  et  de  Verceil  où  Marins  les 
détruisit  ('^). 

Or,  la  chose  n'est  pas  contestable,  c'est  en  plein  territoire 
des  Eburons  que  ces  6000  Cimbres  et  Teutons,  ou  leurs  des- 
cendants s'établirent  :  ils  finirent  par  soumettre  les  Eburons  au 
payement  d'un  tribut,  et  une  de  leurs  forteresses  portant  leur 
nom  d'Aduatici  {Adwachter  =  praesicliarii),  était  située  en  plein 
territoire  Eburon  :  «  Aduatuca,  id  castelli  nomen  est,  dit  César, 
mediis  Eburonum  finibus,  » 

Malgré  la  prétendue  extermination  des  Aduatuques  par  César 
(B.  G.,  II,  33),  on  voit  encore  ce  peuple  reparaître  plus  tard 
{ibid.,  V,  38;  VI,  2  et  3)  ;  il  est  donc  probable  que  des  descen- 
dants des  Cimbres,  etc.,  ont  survécu  l\  la  conquête  et  se  sont 
fondus  parmi  les  Tungres,  remplaçants  des  Eburons;  s'ils  ont 
été  fort  réduits,  comme  il  est  fort  probable  puisque  le  nom 
d'Adualuques  disparaît  avec  César,  —  à  moins  de  les  retrouver, 
avec  certains  auteurs, dans  les  Attacotti  dont  parle  S  Jérôme,— 
leur  petit  nombre  n'a  pu  que  renforcer  le  culte  des  souvenirs 
chez  les  survivants  :  c'est  là,  et  non  jtas  ailleurs,  qu'on  doit, 
semble-t-il,  chercher  l'explication  des  traces  des  divinités  du 


(',  On  a  beaucoup  écrit  sur  ceUe  question;  mais  jus(iu'ici  on  otait  resté  dans 
des  généralités,  où  le  scnndinave  et  le  germain  s'entremêlent  dans  une  promiscuité 
désespérante,  il  est  donc  inutile  de  citer  ici  des  autorités  aujourd'hui  surannées. 

(')  Voy.  ce  qui  a  été  dit  à  ce  sujet.  fJulIct  de  t'fintitut  archcol.  liégeois,  VIII, 
p.  3i5. 


-  294  — 

Nord  Hloddyn,  Freyr  et  Freya  dans  les  inscriptions  romaines 
de  la  contrée  naguère  occupée  par  les  Eburons. 

N'y  a-l-il  pas  eu  même  de  la  part  de  Freio,  un  hommage  h 
Freyr,  dieu  du  Soleil  —  Edda  Saemundar ,  III,  405,  chez 
ses  ancêtres,  quand  il  adopte  le  culte  de  Milhras,  qui  n'est 
autre  non  plus  que  le  Soleil,  Mithras  Sol  invictiis  ? 

C'est  en  effet  Mithras,  comme  l'ont  très-bien  pensé  Beger  et 
IVIuratori,  que  désignent  les  sigles  D.  I.  M.  =  Deo  invicto 
Mithrae  :  on  a  renoncé  aujourd'hui  aux  autres  explications  de 
ces  sigles  dans  les  inscriptions  proposées  par  Sertorius  Ursa- 
tus  (^)  :  deae  Isidi  magnae,  diis  inferis  Manibus,  maiis,  tnale- 
didis  :  partout  où  les  trois  lettres  D.  I.  M  se  rencontrent  dans 
cet  ordre  en  une  dédicace  (^),  on  est  d'accord  aujourd'hui  pour 
lire  Deo  invicto  Mithrae,  comme  le  portent  tout  au  long  un  grand 
nombre  d'inscriptions.  D,  I.  M  est  du  reste  accompagné  parfois 
de  développements  qui  ne  laissent  aucun  doute,  comme  D.  I.  M 
ET  Sou  socio  {'],  etc. 


(•)  Thésaurus  de  Graevius,  Xf,  p.  674. 

(2)  Orelli,  nos  49o,  1061,  1913,  2349. 

(^)  Id.,  n"  1913.  Il  est  à  remarquer  que  parmi  les  surnoms  du  Mithras,  on  ne 
trouve  rien  qui  puisse  remplacer  avec  avantage  l'interprétation  de  A.  P.  P  == 
arum  posuerunt,  b  en  que  peu  satisfaisante  :  on  a  bien  ou  le  nom  Appius  peut-être 
Appji  s'appliquant  aux  deux  dédicants,  ou  les  épilhcles  Aeiemux,  Pollem,  Persi- 
dicus,  Peculari.i^  quoique  jamais  on  ne  trouve  ces  diverses  épithètes  accolées  ; 
on  pourrait  encore  lire  Dro  invicto  Mithrae  Aeterim^  Pater  Pairalus  Triio  (Cfr. 
Grutf.R,  3i,9  ,  on  a  pâtre  palrato  Frein  et  Friatlo,  voio  soluto,  etc.  Il  ne  peut 
en  aucun  cas  s'agir  de  a  palribus  patratis  Freio  et  Friatio,  car  inilf^pendamment 
de  ce  que  l'inscription  aurait  du  dans  ce  cas  porter  A.  PP  pp,  Mithras  avait 
bien  des  augures  [DoNitis,  I,  p.  24,  n"  84),  des  milites  (Tertull.  I>e  coron,  milit., 
c.  io!,  un  pater  sacromtn  Fréru,  5léin.  ncad.  de»  iufuript.,  XVI,  p.  277),  plu- 
sieurs patrex  et  maires  sacrorum  (s'il  faut  en  croire  Denne  Baron,  Dict.  de  la 
conversation.  V»  MiTHRAS),  un  pater  patratns  (Fabretti,  V,  3o9,  n*  8),  etc.,  mais 
de  même  que  les  féciaux  n'avaient  qu'un  pater  patratus,  leur  chef,  de  même  la 
qualité  de  pater  patratu»  n'a  pu  être  portée  que  par  un  seul  personnage,  et  quelle 
vraisemblance  qu'il  ait  résidé  à  Thpux  ''.  mais  il  y  a  bien  des  objt'ctions  à  présenter 
contre  ces  interpri  talions,  et  a  défaut  de  meilleure,  on  s'en  tient  ici  à  celle  de 
Beger  et  Muratori. 


—  29S  - 

On  a  tant  écrit  sur  le  dieu  Milhras  que  c'est  le  cas  ici  de  dire 
avec  Hansenius  :  de  Mithra  multa  multi,  et  de  s'en  tenir  là. 
Qu'il  suffise  de  rappeler  que  ce  dieu,  d'origine  persane,  était 
représenté  sous  la  forme  d'un  beau  jeune  homme,  revêtu  du 
costume  phrygien,  et  plongeant  un  couteau  dans  la  gorge 
d'un  taureau  sur  lequel  on  le  représente  agenouillé  et 
penché. 

Le  culte  de  Mithras  se  célébrait  dans  des  antres  où  se  trou- 
vaient réunis  plusieurs  autels  consacrés  au  dieu,  ce  qui  explique 
la  découverte  simultanée,  faite  au  même  endroit  des  deux  ins- 
criptions de  Pighius  faite  au  mois  d'août  1557. 

C'est  ainsi  encore,  qu'on  a  trouvé  en  1822,  h  Housestaeds,  en 
Angleterre,  un  sanctuaire  contenant,  outre  l'image  du  dieu,  six 
autels  en  l'honneur  du  Deus  sol  mviclus  Mithras,  aujourd'hui 
conservés  dans  le  musée  de  Newcastle  {*). 

Or  cette  découverte  de  Housesteads  a  son  importance  au 
point  de  vue  des  antiquités  belges  :  Housesteads  n'est  autre  que 
l'ancien  Borcovicum  (8*  station  de  l'armée  romaine  campée  en 
Grande-Bretagne,  le  long  du  retranchement  dit  d'Antonin).  ]Â 
campait  une  cohorte  des  Tungres,  qui  y  ont  laissé  un  très- 
grand  nombre  d'inscriptions  (^). 

Un  point  qui  n'a  pas  besoin  de  démonstration  est  la  persis- 
tance de  rappoits  entre  les  campements  des  Tungres  à  l'étran- 
ger et  la  Cité  des  Tungres  :  il  va  de  soi  que  tous  les  vétérans 
ne  restaient  pas  mourir  en  Angleterre  et  que  plusieurs  d'entre 
eux  retournèrent  au  pays  natal. 

Ces  rapports,  on  les  a  déjà  constatés  en  rapprochant  le  nom 
de  Vreioverus  de  ceux  de  Freio  et  Vevus;  en  voici  un  non  moins 
frappant. 


(•j  HuBNER,  Corpus  imcripi.  latin.,  (de  l'Acad.  de  Berlin),  n"«  645  et  650. 
(•)  ID.,  ibid.,  n«'  633,  636,  638,  639,  640,  642,  631,  653,  690  et  691. 


-  296  — 
Une  des  inscriptions  d'Housesteads  est  ainsi  conçue  {*)  : 

I)     M 

HVRMIO 

LEVBASNI 

MIL    COH    I 

TVNCROR 

BE    PlUEF 

CAPVRVS 

HER    .    FC 

(  Diis  Manibus  Hiirmio  Leubami  tilio,  miWiï  co//oi'tis  I  Tun- 
grorum  /^eneticiaiio  praefecii,  Capurus  hères  /aciundum  curavit). 

Or  une  aulre  inscription  découverle  à  Goyer,  à  4  lieues  de 
Tongres,  porte  C^)  : 

HERCV 

LI 

LEVBAS 

NA    FLO 

RENTIN 

FI  LIA 

V.    S.    L.    M 

{Herculi  Leiibasna  Florentin}  filia  votuni  solvit  /ibens  nierïlo.) 
Il  est  impossible  de  méconnaître  l'afïinité  de  ces  deux  noms 
de  Leuhasnius  et  Leubasna  ;  ils  sont  si  extraordinaires  en 
épigraphie  que  Hûbner  n'a  pu  croire  à  l'un  d'eux,  et  le  décom- 
pose dans  l'inscription  anglaise  en  Lticii  ftlio,  Ubasni,  en  faisant 
de  ce  dernier  nom  un  cognomen  au  datif. 

On  peut  même  se  demander  si  ce  nom  n'est  pas  le  même  que 
celui  d'un  commandant  d'un  escadron  de  WMa  I  Tungrorum 
Frontoniana,  nom  qu'on  retrouve  en  Pannonie  sous  la  forme 
Lobasinus  dans  l'inscription  suivante  {']  : 

(*)  ID  ,  ibid.,  n"«91. 

;*)   Bull,  des  Comin.  roij.  d'art  et  d'archéol.^  VIFI,   pp.  50  et  67. 

(")   MOMMSEN,  ^'or/<«.s  //i.vtri/;^.  /«//».,   III,   nOoiOO. 

Il  y  a  peut-ôtre  lieu  de  comparer  avec  ces  inscriptions  de  Lobasinus,  Lciibasnius 


—  297  — 

"■JERSO    ,    PRECIO 
XIS    .    F    .    SCORDISC 
EQVES    .    Ma    .   /RO 
TVR    LOBASINI    A 
R    CVS   AN.    XX... 
XV/ 

(Diis  Manibus.  Terso  (?)  Precionis  /iliiis  Scordiscus  eques  alae 
Tuiigrorum  Frontoniauae,  turnvà  Lobasini ,  «rmorum  cuslos, 
annovum  XXXiiii,  slipendiorum  XVI...) 

Le  berceau  de  la  famille  des  Leubasnius  (et  Lobasuuis  ?)  était 
donc  la  Tongrie  ;  c'est  de  lii  qu'ils  partaient  pour  prendre  du 
service  parmi  les  auxiliaires  de  Bretagne  (et  de  Paunoiiie?)  ; 
c'est  là  qu'ils  revenaient  après  avoir  accompli  leur  temps  de 
service,  si  comme  le  liis  de  Leubasnius,  décédé  à  Borcovicum, 
la  mort  ne  les  avait  pas  atteints  sur  la  terre  étrangère. 

Ainsi  s'explique  parlaiteuient  le  fait  de  l'importatiou  du  culte 
de  Mitbras  dans  la  civitas  Tungroium  :  il  suffit  qu'un  vétéran 
Tungre  ait  continué  ce  qu'il  avait  vu  à  Housesteads,  pour  qu'on 
l'ait  imité  à  son  retour. 

Les  Tungres  du  temps  passé  avaient  du  reste  une  aptitude 
singulière  h.  adorer  tous  les  dieux,  toutes  les  déesses ,  on  en 
trouve  la  preuve  en  deux  inscriptions  typiques  : 

1)1  li     .    ME 

AD  .  u 

om(ni)i{ 
frv(me)(nt) 

IVS    M(iL'    .    (CO)II    H 
TVNC 

et  Lrubaaniu,  celle  du  musée  Guillon  à  Rureraonde  où  il  est  fait  mention  d'une 
ubienne  du  nom  de  Louba,  fille  de  Gastiiiasius.  Celle  inscriplion  provient  aussi  do 
lancienne  Belgii(ue,  ayant  éié  trouvée  à  Neuss  en  Westphalie,  (Franssen),  Caïa- 
logue  des  antiquités  rmnnines  ijermaincs-celtiques,  etc.  (du  musée  GurLi.oNl,  p.  iO, 
no  821. 


—  Birrens,  Ecosse  (  *) 

{Dibus  deabvisque  onviibus  Frumentius  miles  cohovl'is  II 
Tungrovvm.) 

mis    DEABVSQVE   SE 

CVNDVM    INTEHPRE 

TATIONEM.    ORACV 

Ll    CLARl    APOLLINIS 

COH.    I    .    TVNGR0R(V«; 

-™  Housesteads  ('). 

(  Diis  ileabusque  secundum  interpretationem  araciUi  Clan 
Apollinis,  coliors  I   Tungrorum.) 

Par  celle  cohorte  d(,'S  Tuiigrcs,  qui,  d'Angleterre  où  elle  est 
campée,  envoie  consulter  en  Asie-Mineure  l'oracle  d'Apollon 
de  Glaros,  on  démontre  en  outre  que  les  Tungres  de  l'époque 
impériale  avaient  des  relations  au  loin,  jusqu'en  Orient,  ce  qui 
suffirait  déjà  pour  expliquer  l'importance  en  Belgique  du  culte 
de  Mitliras;  celle-ci  a  pu  se  faire  directement  et  sans  détour, 
par  exemple  par  l'intermédiaire  de  ce  soldat  dont  on  a  trouvé 
récemment  (  ''  )  en  Hesbaye  le  pécule  composé  de  monnaies 
frappées  en  Egypte,  pays  où,  d'après  certains  auteurs,  le  culte 
de  Mitliras  avait  pénétré  avant  même  d'arriver  jusqu'à  Rome. 

Qu'est-il  besoin  après  cela,  de  montrer  encore  la  croix 
potencée  ou  gammée  [teiragiamma,  swasiika,  fijlfol)  de  certaine 
des  inscriptions  de  ïlieux  (*),  se  retrouvant  sur  trois  inscrip- 
tions d'Angleterre,  les  seules  que  l'on  puisse  signaler,  pense- 
l-on,  parmi  les  inscriptions  païennes  de  l'époque  romaine, 
comme  étant  revêtues  de  ce  signe  (*)?  Les  rapports  des 
Tungres  servant  en  qualité  d'auxiliaires,  avec  les  Tungres 

(  *  )  HuBNEK,  toc.  cit.,  n»  1074. 

(t)  Id.,  ihid.,  no  633. 

{')  lieiue  belge  de  numismatique,  V'-  série,  VI,  p.  186. 

(*)  Bulletin  de  l'institut  arcliéul.  liégeois,  IX,  p.  448. 

/)  Corpus  inscript,  latin..  Vil,  n»»  823,  -1031,    1035. 


—  299  - 

continuant  à  résider  en  Belgique,  sont  plus  que  démontrés,  et 
il  y  aurait  plutôt  lieu  de  s'étonner  de  n'avoir  pas  vu  plus  tôt 
Mithras  figurer,  si  l'on  peut  pailer  ainsi,  dans  le  Panthéon  des 
Tungres,  puisqu'il  fut  adoré  par  eux  dans  les  localités  où  ils 
campèrent  à  l'étranger. 

Quant  à  l'époque  à  laquelle  se  rapportent  les  deux  inscrip- 
tions de  Pighius,  elle  peut  être  déterminée  d'une  manière 
approximative. 

Plutarque  (  *  )  nous  apprend  que  les  pirates  défaits  par  Pompée 
en  l'an  de  Rome  687  (av.  J.-C.  68)  introduisirent  dans  l'empire 
romain  le  culte  au  dieu  persan  Mithras.  Les  Romains  connais- 
saient du  reste  parfaitement  les  mœurs  d'une  grande  partie  de 
l'Orient  :  Strabon  et  Diodore  de  Sicile  dont  les  accointances 
avec  le  monde  romain  sont  connues,  décrivent,  l'un,  les  mœurs 
de  la  Perso  où  il  est  parlé  du  culte  de  Mithras  {Géogr.  liv.  XV), 
l'autre,  celles  de  l'Inde,  où  licite  le  sujiplice  volontaire  des 
\eu\es-sutties  ,  usage  non  encore  déraciné  aujourd'hui,  malgré 
les  efforts  des  Anglais.  Or  ces  écrivains  vivaient  à  l'époque  de 
Césai"  et  d'Auguste,  et  séjournèrent  longtemps  à  Rome  même. 

On  soutient  cependant,  et  tel  est  l'avis  de  Fréret  (')  et  de 
Pauly  (^),  que  le  culte  romain  de  Mithras  dont  on  trouve  une 
seule  inscription  datant  du  commencement  du  IP  siècle,  ne  fui 
pas  en  pleine  vigueur  avant  la  fin  du  même  siècle  sous 
Commode  :  cette  dernière  époque  eslpleinement  indiquée  par  la 
formule  :  m  honorem  domus  divlnae,  c'est-à-dire  «  en  l'honneur 
de  la  maison  impériale  ou  famille  régnante  (*).  »  En  effet,  on 
ne  connaît  qu'un  seul  exemple  {*)  de  celte  formule  ,  antérieur 
au  même  Commode,  sous  lequel  il  en  apparut  un  très-grand 
nombre. 

(  •  )   Vie  (le  Pompée,  c.  23. 

(*;   ilém.  acad.  des  inscript. ^  loc.  cil.,  p.  'ili. 

(')  Real-Eiicyctopàdie,  V"  Mithras. 

{*)  Une  inscription  porte,  en  elVet,  une  dédicace  à  Jupiter /y;o  aaluie  imptra- 
loris  Gordiaiii,  Subiiiae  Furiae  Tranquitlae  conju{iis  ejus,  tolacque  domus  divinuc 
eorum  iOrelli,  n"  972  . 

[')  Uenzen  (conlin.  d'ORELUj,  lil,  p.  67. 


-   300  - 

La  formule  in  h.  n.  n  qui  dans  les  inscriptions  accompagne 
et  précède  souvent  (')  l'invocation  des  différents  dieux  du 
paganisme,  se  trouve  aussi  dans  les  mêmes  conditions  quant  au 
dieu  Milhras  (-). 

Le  docte  académicien  qui  regrettait,  h  Juslenville  ,  l'absence 
d'inscriptions  pour  permettre  d'attribuer  h  l'inscription  de 
Verveccus  une  autre  date  que  celle  des  monnaies  trouvées  au 
même  endroit,  a  donc  h  s'imputer  h  lui-même  de  n'avoir  pas, 
(en  rassemblant  les  matériaux  de  la  carte  archéologique  du 
royaume  qu'il  devait  publier)  ouvert  le  livre  de  Beger  qui  eût  pu 
l'éclairer. 

En  tout  cas  ,  les  conclusions  qu'on  a  tirées  ('')  des  monnaies 
trouvées  dans  ie  cimetière  de  Juslenville,  doivent  être  res- 
treintes à  la  partie  du  cimetière  où  ces  monnaies  avaient  été 
trouvées  ;  et  il  y  a  lieu,  non-seulement  de  rapprocher  un  peu 
do  nous  l'antiquité  de  l'établissement  romain  de  Theux,  comme 
on  l'a  proposé  C*),  mais  même  de  déclarer  franchement  que  le 
minimum  d'antiquité  de  cet  établissement  doit  être  déterminé 
par  les  monnaies  du  Bas-Empire  qui  ont  été  déterrées  en  la 
même  commune,  et  qui  tendent  i\  constater  que  l'établissement 
trank  de /'fc/a  (ablatif  :  Teclis),  a  succédé  sans  hiatus  à  une 
station  romaine. 

Les  indices  que  fournit  la  forme  des  lettres  des  inscriptions 
de  Pighius  nous  échappent  b.  raison  de  la  perte  des  originaux  et 
du  double  intermédiaire,  c'est-à-dire  du  double  risque  d'altéra- 
tion par  lequel  ont  passé  les  copies  :  tout  ce  qu'on  peut  dire 
est  que  la  première  de  ces  inscriptions,  et  par  conséquent  aussi 
la  seconde,  consacrée  dans  les  mêmes  circonstances,  et  retrou- 
vée au  même  endroit,  est  antérieure  à  la  destruction  du  culte 
deMithras  dans  l'empire  romain. 

(1)  Jupiter  et  Junon  (GiîUTEr,  4,  n»!);  Mercure  fOnELM,  n"  5886;;  Apollon 
(ID.,  no  G804) .  Diane  (ID.,  no  i:t86»,elc. 

(*)  In  honorem  d.  d.  som  invicto  mythu,  etc.  d.  i.  m.  in  iionor  noiivs  divinae 
(deux  inscriplions  de  Ciagcnfurt,  id.,  nos  :2348  et  2349). 

(')   Uull.  de  ilnsi.  archéol.  Uérj.,  VIII,  p.  220, 

(♦)  Ibid.,  IX,  pp.  153  et  400  ;  X,  p.  S9. 


301 


Il  n'a  pas  été  donné  à  l'auteur  du  présent  article  de  retrouver 
la  loi  du  code  Théodosien  de  l'an  378  qui  aurait  ordonné  celte 
destruction  ;  la  loi  unique  du  livre  II,  titre  II,  IS'e  quis  in  causa 
sua  (Valente  II  et  Valentiniano  VI  coss),  citée  par  Fréret  ('), 
n'a  absolument  rien  de  commun  avec  cet  objet.  Mais  on  sait 
par  une  lettre  de  S.  Jérôme  adressée  à  Laeta  (^),  que  le  préfet 
Graccus  dont  Philippe  a  Turre  fixe  la  magistrature  en  ladite 
année  378,  viola,  sans  doute  par  ordre  impérial,  l'antre  de  ÎVli- 
ihras  et  en  renversa  les  idoles  (dont  Pater  et  Persus)  (^). 

Les  inscriptions  de  Pighius  datent  donc  au  plus  tôt  de  la  fin 
du  I^  siècle,  et  au  plus  tard  de  la  seconde  moitié  du  IV°,  et  ces 
dates  correspondent  sans  doute  à  la  prospérité  la  plus  grande 
de  la  station  romaine  de  Theux,  et  des  exploitations  de  marbre 
noir,  extrait  de  celte  localité,  dont  on  trouve  les  débris  en  tant 
d'endroits. 

Theux,  avec  ses  cinq  inscriptions  romaines,  doit  désormais 
être  classé  immédiatement  après  Arlon,  seule  localité  belge  qui 
en  ait  fourni  un  plus  grand  nombre;  il  l'emporte  h  cet  égard 
sur  Tongres  et  Tournay.  Si  cette  circonstance  seule  était  de 
nature  à  faire  apprécier  l'importance  d'une  localité,  il  y  aurait 
certes  une  présomption  en  faveur  de  l'établissement  belgo- 
romain  de  Theux. 


II. 


L'impression  de  la  première  partie  était  achevée  quand  l'auteur 
a  appris  que  l'ouvrage  de  Cleffel,  cité  p.  290,  doit  être,  non 
pas  le  MS.  annoté  d'OLAÙs  Magxus,  mais  l'ouvrage  in-S",  publié 

(*)  Mém.  Acad.  inscr.,  loc.  cil.,  p.  278. 

(»)  Epist.  CVH  (MiGNE,  Hieron,  I,  n"  078). 

(')  Les  autres  idoles  accessoires  du  culte  de  Miliiras,menlionnt;es  parS.  JiTôme, 
sont  Corax,  IS'ymphn.'i,  Miles,  Léo,  Helios,  Droino  ;  mais  aucun  de  ces  noms  ne 
commence  par  la  lettre  a,  qui  eîit  pu  trancher  l'explication  des  sigles  a.  p.  p. 


—  302  — 

à  Francfort  et  h  Leipzig,  en  1733,  sous  le  liLre  de  Cleffelii  J. 
Cpli.  Anliquitates  Germanorum  polissimum  septenirionalium  se- 
lectae.  Au  surplus,  d'autres  auteurs,  même  du  présent  siècle, 
témoin  Grimm,  Deutsche  Mythologie  (Gôitingen,  183o,  p.  137  à  la 
noie),  ont  également  cité  les  inscriptions  de  Theux;  cela  rend 
encore  plus  impardonnable  le  silence  des  savants  belges,  aca- 
démiciens et  autres ,  sur  ces  monuments  importants ,  qui 
depuis  environ  deux  cents  ans  ont  clé  publiés  et  republiés  à 
l'étranger. 

On  connaît  les  autels  de  Milhras  déterrés  aux  environs  de 
Saint-Wendel,  de  Meisenheim  et  de  Dormagen  ;  en  outre,  le 
Musée  de  \Yiesbaden  a  recueilli  un  superbe  Miihraeum  dé- 
couvert à  Heddernheim  ;  deux  autres  se  montrent  au  Musée 
de  Carlsruhe;  des  débris  d'un  quatrième,  déterrés  naguère  aux 
environs  de  Cologne ,  se  voient  au  Musée  de  rUniversilé  à 
Bonn  (i),  etc.  :  le  culte  de  Mithras  avait  donc  pénétré  le  long 
du  Rhin,  et  il  n'est  pas  du  tout  nécessaire,  comme  on  l'a  du 
reste  dit  plus  haut,  de  restreindre  à  la  seule  hypothèse  d'une 
importation  venue  d'Angleterre,  l'explication  de  la  présence  à 
Tlieux  de  deux  pierres  miihriaques.  Si  l'on  a  appuyé  un  peu 
sur  cette  hypothèse,  c'est  à  raison  du  caractère  militaire  des 
inscriptions  de  Theux,  caractère  déjà  reconnu  par  Pighius,  et 
qui  a  fait  songer  en  tout  premier  lieu  aux  endroits  où  des 
Tungres  servaient  dans  les  armées  romaines;  le  Freioverus  de 
Mayence,  également  soldat,  indique  de  son  côté  les  contrées 
rhénanes.  L'une  des  hypothèses  n'exclut  pas  l'autre. 

On  ne  peut  guère  avoir  la  prétention  de  produire  ici  incidem- 
ment la  «  littérature  »  complète  de  tout  ce  qui  a  été  écrit  sur  le 
culte  de  Mithras  et  sur  les  traces  que  ce  culte  a  laissées  dans 
le  monde  romain  et  notamment  au  nord  des  Alpes  ;  mais  il  est 
toujours  utile  de  recueillir  quelques  indications  sur  les  publi- 
cations les  plus  récentes  : 

(*  )  Dans  ce  Musée  est  une  des  inscriptions  citées  plus  liant  de  la  déesse  Hludana 
(p.  291),  comme  celle  du  Tungre  Freiorent<;  p.  29!2)  est  au  musée  de  Mayence. 


—  303  — 

De  Hamaier-Purgstall,  Milhriaca  ou  les  Mithriaques  (Mémoire 
académique  sur  le  culte  solaire  de  Mithra,  publié  par  Spexcer- 
Sauth,  Caen  et  Paris,  183'],  gr.  in-S"  avec  24  pi.  iii-i'). 

Lajard,  Mémoire  sur  io  Culte  de  Mithras.  couronné  en  1825 
par  l'Académie  des  inscriplions. 

Id.,  Nouvelles  observations  sur  le  grand  relief  milhriaque  de  la 
collection  Borghèse,  actuellement  au  Musée  de  Paris,  Paris,  1828. 

Id.,  Mémoire  sur  les  deux  bas-reliefs  mithriaques  qui  ont  été 
découverts  en  Transylvanie,  Paris,  1840. 

Der  MithraS'Tempel  in  den  rômisclien  Ruinen  bel  Heddernheim 
(dans  les  Ann.  des  Vf  reins  von  Nassauische  Alterthumshinde  und 
Geschichtsforschung,  1830,  p.  161,  etc. 

MÙLLER,  Mithras,  Wiesbaden,  1831  et  1833. 

Creuzer,  Dus  Mithraeum  von  Neuenheim  bei  Heidelberg,  Hei- 
delberg,  1838. 

Stark,  Zivei  Mithraeen  der grossherzoglichen  AUerthûmersamm- 
lung  in  Carlsruhe  (dans  le  Philoll.  paedagg.  que  consalutant,  publié 
en  collaboration  de  Koechly  et  Cadenbach,  Heidelberg,  186S), 
etc.,  etc. 

La  découverte  simultanée  de  deux  inscriptions  du  dieu  Mi- 
thras, faite  en  lSo7,  et  l'analogie  de  ces  inscriptions  avec  les 
inscriptions  accessoires  du  même  genre  qu'on  trouve  toujours 
groupées  autour  du  monument  principal  d'un  Mithraeum  , 
tendent  h  faire  supposer  qu'il  reste  encore  quelque  chose  à 
découvrir  h  Theux  :  serait-ce  trop  présumer  de  l'avenir  que  de 
confier  aux  archéologues  si  zélés  de  la  localité,  et  notamment 
à  M.  Phil.  de  LiMBouRG,  le  soin  de  rechercher  l'autel  même,  ou 
ses  débris,  et  de  reconstituer  le  sanctuaire  qui  existait  là  il  y  a 
environ  1700  ans? 

Déjà  Theux,  en  fait  d'inscriptions  romaines,  occupe  le  second 
rang  en  Belgique  :  pour  la  quantité,  Arlon  seul  l'emporte; 
pour  la  qualité,  c'est  Tongres,  mais  à  raison  seulement  du  ca- 
ractère exceptiomiel  de  sa  pierie  leugaire.  Ce  classement  ne 
sera-t-il  pas  un  jour  dérangé  en  faveur  de  Theux?...  Ce  n'est 


—  304  — 

pas  la  première  fois,  témoin  le  camp  de  Victoria,  à  Niederbiber 
près  de  Neuwied,  que  des  découvertes  d'antiquailles  dans 
le  sol  ont  lait  revivre  et  ont  même  nommé  de  son  nom  ancien, 
un  centre  important,  passé  sous  silence,  comme  Theux,  par 
les  historiens,  les  géographes  et  les  itinéraires  anciens. 

Il  n'est  pas  inutile  de  rappeler  ici  les  motifs  qui  ont  pu  donner 
à  Theux  une  si  grande  importance  dès  la  plus  haute  antiquité. 

Voici  des  passages  d'auteurs  étrangers  à  la  Belgique  et  qu'il 
est  intéressant  de  reproduire  : 

DoRow,  Die  Denkmaeler  gennanischer  und  romischer  Zeit 
in  (1er  Rheini^ch  WestfaUscJten  Provinzen,  Stuttgard,  1823,  par- 
lant d'une  inscription  sur  marbre  noir  trouvée  près  de  Bonn, 
dit  positivement  que  ce  marbre  provient  de  Theux,  dont  les 
carrières  fournissaient  Rome  où  l'on  en  trouve  des  spécimens 
dans  les  monuments  antiques  :  «  Es  ist  zu  vermuthen  dass  die 
Marmor  aus  dem  Steinbrùche  zu  Theux  bei  Spaa,  herstamme. 
Der  daselbst  gevvonnene  schwarze  Marmor  war  schon  zur  Zeit 
der  Rômer  berùhmt;  er  wurde  bis  nach  Rom  verfiihrt  woselbst 
man  jetzt  mehrere  alte  Denkmille  bewundert,  an  denen  er  zur 
Dekorirung  verwendet  worden  ist.  » 

NoEGGERATH,  Ic  savaut  président  de  la  Société  des  Antiquaires 
du  Rhin,  disait  le  4  mars  1857  dans  une  réunion  d'une  autre 
société  de  Bonn  (la  Société  du  Bas-Rhin  pour  l'histoire  natu- 
relle et  les  sciences  médicales),  en  parlant  d'une  collection  de 
marbres  antiques  trouvés  ii  Trêves  et  en  tout  semblables  ù 
ceux  de  Rome  :  «  Le  noir  marmor  Tlieusebi  {i)  est  peut-être  le 
marbre  de  Theux  près  de  Spa.  On  le  trouva  formant  des  autels 
grandioses  découverts  il  y  a  plus  de  cent  ans  dans  la  cathé- 
drale de  Cologne.  »  (Corriger  sur  ces  points  les  énonciations 
du  Rulletin  archéol.  et  hist.  de  la  Moselle,  1858,  p.  69,  en  les 
comparant  l\  celles  du  procès-verbal  même  de  la  séance  dans 


•  )  Le  Bulletin  de  l'Institut  archéol.  lié(/.,  VIII,  450,  s'est  déyd  occupé  de  ceUe 
qualification  qui  n'npparlicnt  pas  à  l'antiquité. 


-  305  — 

les  Sitzungsberichte  der  niederrheinische  Gesellschaft  zu  Bonn^  h 
la  suite  de  Verhajidlungendematurhistorische  Vereins  der  preuss. 
Rheiiil.  iind  Westphalens,  1857,  XIV,  p.  xlvii;  voir  aussi  Leon- 
HARD  et  Bronn,  Neues  Jahrùuch  (ûr  Minéralogie,  1859,  p.  741. 

M.  DE  Noue,  de  Malmédy  ('),  rappelle  également  Tantiquité 
de  l'emploi  du  marbre  noir  de  Spa  dans  les  monuments  romains 
de  Trêves. 

Brard,  dans  son  Traité  des  pierres  précieuses,  II,  p.  331,  et 
dans  sa  Minéralogie  appliquée  aux  arts,  II ,  p.  282,  n'est  pas 
moins  explicite  :  «  L'Encyclopédie,  dit-il ,  dit  que  des  anciens 
liraient  le  marbre  noir  de  la  Grèce;  mais  une  chose  plus  posi- 
tive, c'est  que  M.  Faujas  (de  Satnt-Fond)  a  retrouvé  des  carrières 
de  véritable  noir  antique  qui  ont  été  exploitées  par  les  anciens 
et  dont  les  restes  existent  encore  à  deux  lieues  de  Spa,  du  côté 
de  Franchimont  ('-),  non  loin  d'Aix-la-Chapelle.  Ce  marbre  est 
extrêmement  rare;  on  ne  le  trouve  plus  dans  le  commerce 
qu'en  morceaux  travaillés.  J'en  ai  vu  de  grandes  tables  dans 
les  magasins  de  MM.  Thomir  et  Duterme.  » 

Ces  renseignements  qui  doivent  ne  pas  être  les  seuls,  n'ont 
pas  échappé  aux  auteurs  belges,  car  De  Thier,  Coup  d'œil  sur 
les  volcans  éteints  de  la  Kyll,  p.  54,  qui  soumit  des  échantillons 
aux  autorités  françaises,  et  Del  Vaux,  Dictionnaire  géographique 
de  la  proviîice  de  Liège,  I,  391,  disent  que  le  marbre  de  Theux 
rappelle  tout  h  fait  le  marbre  noir  antique  ou  de  Lucullus.  «  Le 
nom  de  marbre  de  Tlieusèbe  que  les  marbriers,  selon  Valmont 


(')    UtiU.    Insl.  arcliéol.  lic(j.,l.  cil. 

(-)  Les  nombreux  ouvrages  de  Faujas  de  Saikt-Fond  ,  n'ont  pas  été  tous 
compulsés  pour  y  retrouver  une  citation  qui  n'y  existe  peut-être  pas  ;  Brard,  son 
disciple,  a  pu  du  reste  tenir  oralement  ce  détail  de  lui  ;  en  tout  cas  Fai'JAS  parait 
avoir  visité  Thcux,  car  dans  son  Essai  sur  le  ijoudron,  etc.,  p.  33,  il  parle  des 
forges  de  M.  de  Limcourg,  «  situées  auprès  de  Theux,  dans  le  marquisat  de 
»  Franchimont  sur  la  route  de  Liège  à  Spa.  »  En  outre  Brard.  /.  cit.,  I,  p.  7,  cite 
la  Belgique  comme  un  des  pays  parcourus  par  Faujas  dans  Tintérêt  de  ses  «  éludes 
sur  les  arts  industriels.  » 


-  306  — 

DE  BoMARE  (  1  ),  donnent  au  marbre  noir,  ne  viendraii-il  pao,  se 
demandent-ils,  de  ce  marbre  de  Thcux  autrefois  si  fameux  qu'il 
était  reclicrché  jusqu'à  Rome?  » 

M.  DE  Meestep.  ue  Ravestein  possède  à  ce  sujet  une  compc- 
lence  toute  spéciale,  ayant  formé  en  Italie  même  une  des  plus 
belles  collections  qui  existent  de  marbres  antiques,  c'est-à- 
dire  de  marbres  exploités  par  les  anciens,  mais  dont  le  plus 
souvent  les  gisements  sont  épuisés  ou  inconnus  {Musée  de 
Ravestein,  Catalogue  descrijJif,  II,  p.  180).  Or  voici  ce  qu'il 
dit  {Ibid.,  p.  273) à  propos  du  marbre  de  Theux  :a  Si  la  Laconie 
et  l'île  de  Chios  ont  fourni  aux  Romains  du  noir  antique,  nous 
savons,  d'un  autre  côté,  qu'on  a  retrouvé  à  Theux,  dans  les 
environs  de  Spa,  des  carrières  d'une  très-belle  roche  noire, 
qui,  abandonnées  depuis  des  siècles,  semblent  avoir  aussi  été 
exploitées  par  les  anciens,  peut-être  par  un  des  lieutenants 
de  Mamurra,  préfet  des  ouvriers  de  Jules-Césnr  dans  les  Gaules 
(Plin.,  h.  N.  XXXVl,  7).  On  a  trouvé  à  Juslenville  (Theux),  des 
traces  importantes  de  l'occupation  romaine,  des  inscriptions, 
etc.  {i). 

Et  il  n'est  pas  étonnant  que  les  Romains  soient  venus  cher- 
cher jusqu'en  Belgique  le  marbre  noir,  tant  ils  y  attachaient  de 

(')  L'ëdilion  ilii  Dictionnaire  d'histoire  naturelle,  édition  d'Yverdon  (1768) 
annotée  par  Hali.er  et  autres,  \I,  p.  516,  cite  parmi  les  marbres  iinicolores,  le 
marbre  noir  ou  Tusibe  d'Assouan  (Voir  aussi  XI,  p.  S2o)- 

L'Onomaiolofjia  historiac  ?)nn(r(7//,$,  publiée  à  Francfort  et  à  Leipzig,  en  1775, 
V,  p.  110,  dit.  aussi  que  le  marbre  noir  des  anciens,  nommé  Teiisebe  au  Tuscbe 
par  les  marbriers,  provient  d'Assuan  (l'ancienne  Syéno,  Haute  Egypte.) 

(*)  M.  DE  Meester  ajoute  :  «  De  nos  jours,  c'est  la  Belgique  qui  fournit  à  Koroe 
le  plus  beau  maibre  noir.  11  provient  de  nos  carrières  des  environs  de  Dinant,  de 
Tournai  et  de  Namur.  On  l'eaiploie  pour  les  objets  d'art  et  on  le  vend  pour  du  noir 
antique  qui,  en  Italie,  ne  se  rencontre  que  bien  rarement  dans  les  fouilles.  » 

H  faut  donc  croire  que  MM.  le  colonel  von  Cohausen  cl  le  conseiller  von  Pos- 
ClilNGEii  {Industrie  der  Siein,  —  Tlion-und  Glaswaarcn,  {XmlWchen  Bcrichte  iiber 
die  Wit-ner  WeUausstollung  im  Jalirc  1873,  Band  II,  Hcft  3)  n'ont  pas  eu  sous  les 
yeux  des  échantillons  complets  de  l'industrie  marbrière  belge,  lorsqu'ils  consi- 
dèrent le  noir  de  nos  marbres  comme  dû  au  poli,  et  comme  disparaissant  avec 
lui  par  longueur  de  temps  et  exposition  à  l'air. 


—  307  — 

prix.  Pline,  XXXVI,  8  (dont  M.  de  Meesteh  de  Ravestein  rap- 
pelle le  passage  à  propos  d'un  fragment  de  nero  antico  morato 
trouvé  dans  la  villa  de  Lucullus,  près  de  Frascati),  disait  : 
«  L.  Lucullus,  consul,  donna,  comme  il  paraît,  son  nom  au 
marbre  luculléen.  Il  était  charmé  de  ce  marbre,  et  le  premier 
il  l'introduisit  dans  Rome.  C'est  un  marbre  noir  dépourvu  de 
taches  et  de  couleurs,  et  c'est  presque  le  seul  marbre  qui  ait 
été  dénommé  d'après  un  amateur.  » 

Tout  cela  donne  une  haute  idée  de  ce  qu'a  pu  et  même  dû 
être  la  localité  de  Theux  ù  l'époque  romaine;  aussi  manifeste- 
t-on  l'espoir  que  l'appel  adressé  à  des  investigations  ultérieures 
sera  entendu,  et  que  les  magnifiques  trouvailles  déjà  faites  h. 
Juslenville  ne  seront  que  le  prélude  de  découvertes  plus  impor- 
tantes encore. 


APPENDICE. 


Pour  terminer  par  un  mot  d'  «  archéologie  moderne  » 
(paradoxisme  qu'on  a  employé  un  jour),  il  n'e^i  peut-être 
pas  inutile  d'ajouter  ici  que  les  carrières  de  Theux  ont  été 
remises  en  exploitation  au  commencement  de  ce  siècle,  comme 
en  témoignent  déjii  les  «  réclames  »  de  Dethier  qui  en  était 
propriétaire,  et  môme  une  affiche  du  temps  (dont  un  exemplaire 
est  conservé  à  la  Bibliothèque  de  l'Université  à  Liège,  volume 
de  varia  sur  Franchimont,  XXIII,  36b's,  159),  où  on  lit  :  «  Nou- 
»  velle  exploitation  du  célèbre  marbre  de  Theux,  unique  dans 
»  son  espèce  en  Europe.  A  vendre  des  blocs  équariis  de  diffé- 
»  rentes  grandeurs,  provenant  de  cette  exploitation,  ainsi  que 
»  de  jolis  ouvrages  de  marbre  noir, fabriqués  h  Paris,  en  dépôt 
»  h  la  Nouvelle  MAiîr.rn-:nE  de  Theux,  près  Spa,  département  de 
»  l'Ourlhc  (ci-devant  pays  de  Liège). 


—  308  -- 

»  On  vient  de  recommencer  en  grand  l'exploitation  du  célèbre 
«  MARBRE  NOIR  dc  Tlicux,  dans  un  terrain  vierge....  Ce  marbre 
S)  noir,  dont  plusieurs  auteurs  anciens  et  modernes  font  l'éloge 
»  le  plus  distingué  »  (ici  sont  cités  Guicchardin,  Daviler,  I'^m- 
cycIopé(lie,\es  Mém.  de  VAcad.  de  Bruxelles  (1777),  I,  p.  381,  les 
Anmsements  des  eaux  de  Spa  ,  le  Coup  d'œil  sur  les  volcans 
éteints  et  le  Tableau  statistique  du  département  de  VOurthe,  1800, 
art.  Mll^ÉRALOGlE),  «  était  connu  depuis  des  siècles  comme  unique 
»  en  son  espèce  en  Europe  par  son  beau  noir,  sa  linesse  et  le 
»  poli  brillant  et  parfait  dont  il  est  susceptible,  etc  ,  etc....  » 

Le  passage  du  Tableau  statistique  dont  il  vient  d'être  ques- 
tion, prouve  les  encouragements  de  l'autorité  :  «  Entre  un 
»  grand  nombre  de  variétés  de  marbre,  dit  le  prétet,  on  y 
»  remarque  le  noir  de  Theux,  le  plus  beau  peut-être  qui  soit 
»  au  monde.  » 

Et  celle  appréciation  peut  invoquer  à  son  appui  l'autorité  du 
célèbre  d'Omalius  qui ,  indépendamment  des  éloges  qu'il  a  dé- 
cernés au  marbre  de  Theux,  dans  ses  Mémoires  pour  servir  à 
la  description  géologique  des  Pays-Bas,  p.  74,  dit  plus  nettement 
encore  dans  son  Essai  sur  la  géologie  de  la  France,  imprimé  en 
1809,  pp.  52  et  54  :  «  La  plus  célèbre  est  la  carrière  de  Theux 
qui  fournit  un  marbre  noir  de  toute  beauté,  et  peut-être  le  plus 
beau  qu'on  connaisse.  Les  travaux  longtemps  suspendus  ont  été 
repris  avec  activité  depuis  une  couple  d'années.  Les  artistes 
préfèrent  le  marbre  de  Tiieux  ,  parce  qu'il  est  plus  facile  à 
sculpter  que  celui  de  Dinant,  qui  est,  comme  ils  disent,  sec,  et 
se  casse  en  éclats  conchoïdes.  » 

Bien  qu'Ulysse  Caphaine,  dans  ses  Documents  et  matériaux 
pour  servir  à  Hiistoire  de  la  société  libre  d'Emulation  de  Liège, 
en  parlant  de  l'exposition  qui  eut  lieu  en  février  1810,  ne  cite 
pas  les  marbres  de  Theux  parmi  les  produits  médaillés  (ou 
même  simplement  exposés  j,  Davreux,  dont  les  souvenirs  étaient 
h  cet  égard  précis  et  récents,  afQrme  que  le  marbre  noir  de 
Theux  «  que  l'un  peut  considérer  comme  le  plus  beau  des 


—  309  — 

marbres  noirs  connus,  qui  rappelle  tout  à  fait  le  marbre  noir 
antique  ou  de  Lucullus,  et  qui  prend  un  poli  extrêmement 
brillant,  a  figuré  en  1809  ou  1810  à  la  première  exposition 
publique  qui  suivit  la  réorganisation  de  la  Société  d'émulation 
de  Liège,  où  l'on  en  avait  placé  une  plaque  polie  qui  faisait 
l'effet  d'un  miroir  »  {Essai  sur  la  constitution  géognosliquc  de  la 
province  de  Liège,  Jlémoires  des  prix  de  l'Acad.  de  Bruxelles, 
vol.  IX).  Davreux  ajoute  que  ce  marbre  est  employé  principa- 
lement à  Paris  (sans  doute  chez  les  marbriers  indiqués  par 
Brard),  pour  faire  des  socles,  des  vases,  des  pendules,  et  que  la 
carrière  située  dans  la  propriété  de  l'avocat  De  Thier  fournit  de 
très-gros  blocs  :  «  on  en  voit  encore  un  sur  l'exploitation,  dit- 
il  (en  1830),  qui  a  5"'352  de  longueur,  sur  0"'584  d'épaisseur, 
et  1"^167  de  hauteur.  » 


Liège,  1"  juillet  1875. 


MISCELLANEES. 


Sous  ce  titre  paraîtra  dans  le  Bulletin  de  rinstitut  arclicolo- 
gique  liégeois  une  série  de  pièces  curieuses  et  que  l'on  croit 
inédites. 

L'auteur,  ou  pour  mieux  dire  celui  qui  se  propose  de  les  faire 
connaître,  s"est  trouvé  en  position,  depuis  de  longues  années, 
de  rencontrer  souvent  des  documents  historiques  qu'il  s'est  plu 
à  recueillir  comme  ils  se  sont  présentés  à  lui,  l'un  ici,  l'autre 
là,  guidé  par  ce  sentiment  qui  rend  l'homme  avide  de  tout  détail 
piquant  ou  circonstancié  concernant  ce  qu'il  aime  ou  ce  dont 
il  a  fait  l'occupation  de  presque  toute  sa  vie. 

Aujourd'hui  il  s'est  dit  que  .ses  peines  pourront  ne  pas  être 
entièrement  perdues  pour  ceux  qui  s'occupent  de  l'ancien  pnys 
de  Liège.  Les  actes  authentiques,  en  effet,  ne  sont-ils  pas  la 
seule  base  logique  de  toute  histoire  digne  de  ce  nom.  C'est  de 
cette  pensée  seule  que  résulte  la  publication  de  cette  œuvre 
modeste  et  sans  prétention. 

Un  mot  encore. 

Pour  faciliter  l'intelligence  des  pièces  dont  il  s'agit,  il  lui  a 
semblé  convenable  de  les  faire  précéder  d'une  courte  exposition 
des  faits  auxquels  ils  se  rapportent.  Il  est  bien  vrai  que  ces  fiits 
sont  connus  de  la  plupait  do  ceux  entre  les  mains  do  qui  se 
trouve  le  Bulletin;  mais  cela  a  paru  nécessaire  dans  un  but  de 
clarté  et  pour  la  facilité  de  tous.  Chacun,  dans  les  sciences  et 
dans  les  arts,  aussi  bien  que  dans  la  vie  réelle,  ayant  sa  spécia- 
lité, il  suffira  do  jeter  un  coup  d'œil  sur  ces  notices  explicatives 
pour  s'épargner  une  lecture  parfois  assez  longue  et  savoir  si  la 
pièce  qui  suit  a  quelque  rappoit  avec  des  études  favorites. 

Saisissons  ici  l'occasion  de  convier  tous  les  membres  de 
Yliistihit  et  même  les  personnes  étrangères  à  cette  compagnie 


-  311  - 

à  fournir  au  Bulletin  des  documents  restés  jusqu'ici  ignorés,  en 
les  faisant  aussi  précéder  d'un  court  narré  des  événements 
auxquels  ils  se  rapportent.  Si  l'on  répond  à  noire  appel,  tous 
les  hommes  qui  s'occupent  d'archéologie  et  d'histoire  trouveront 
dans  le  Bulletin  la  copie  de  documents  qu'ils  pourront  utiliser 
dans  leurs  travaux. 

I 

Le  jugement  qui  suit  se  trouvant  tout-;'i-fait  en  dehors  de  ce  qui  est 
consacré  par  les  lois  de  notre  époque,  nous  avons  pensé  que  celte 
pièce  intéressera  le  lecteur.  Il  est  bien  vrai  que  la  disposition  qu'on  ne 
peut  arrêter  pour  dette  l'homme  à  cheval  allant  son  chemin  est  contenue 
dans  la  modération  de  la  Paix  de  Waroux  ou  la  Loi  Nouvelle  du  12 
décembre  1555;  mais  on  aimera  d'avoir  la  preuve  que  cette  disposition  a 
été  appliquée. 

Nous  avons  aussi,  au  sujet  du  jugement  qui  va  suivre,  consulté  feu 
l'honorable  M.  Raikem.  Ce  digne  magistrat,  qui  connaissait  ù  fond  nos 
anciennes  coutumes  liégeoises,  nous  a  communiqué,  par  rapport  à  ce 
jugement,  qu'on  ne  pouvait,  dans  les  temps  anciens,  arrêter  un  geniil- 
horame  pour  dette,  non  plus  que  ses  chevaux  et  ses  meubles,  mais  que, 
d'ar-rès  Rausin,  Lcodiiim,  page  508,  la  disposition  de  la  paix  de  Waroux, 
qu'un  homme  à  cheval  ne  peut  être  arrêté  ni  appelé  en  justice,  s'appliquait 
à  un  plébéien  comme  à  un  gentilhomme. 

1449,  3  avril.  — Jugeinent  rcndut  par  nous  les  esquevins  de  Liège 
aile  semonsse  Henri  délie  Chachie  souvrain  maijeur  de  Liège 
lan  Xllll'  et  XLIX  le  I II l' jour  dapvril. 

Comme  aie  requeste  de  Johanncs  de  Cliierf  qui  soy  disoit 
mambour  de  noble  homme  Jehan  de  la  Bouvrie  seigneur  de 
Vyanne  en  Flandres,  vaillant  homme  Phillippc  de  Vilain  escuyer, 
seigneur  de  ftlourbeycke,  souvrain  baillieu  de  laconlel  Dalois, 
euyst  esleit  aresteil  et  attenus  en  la  cilet  de  Liège  et  pour  a 
icelle  areste  alligier,  icelui  Phillippc  hst  radjourner  par  devant 
nous,  a  certain  jour,  ledit  Johannes  de  Chierf  mambour  et  ou 


—  312  — 

nom  dudit  Jehan  dele  Bouvrie  auqueil  Jehan  Faber  ou  nom  et 
pour  ledit  Phillippe  comparu  par  devant  nous  requérant  de 
scavoir  pour  quel  cause  ledit  Phillippe  estoit  areslet;  et  lamies- 
mes  Willemme  de  Champs,  sique  mambour  assi  et  portant  le 
parolle  dudit  Jehan  dele  Bouvrie,  respondit  et  dest  quil  esloit 
aile  requeste  dudit  mambour  aresteit  pour  la  somme  de  ix""  et  ix 
piètres  quil  esloit  envers  ledit  Jehan  tenus  et  redevaubles  par 
pluisseurs  raisons  quil  ly  plaisist  la  miesmes  aouvrir  et  propo- 
seir  ichi  obmises  pour  cause  de  briefftet.  Surquoy  ledit  Jehan 
Faber,ou  nom  comme  desseure,  respondit  que  laditte  areste  ne 
devoit  sortir  effect  ne  yestre  de  valleur;  ains  estoit  a  reprover 
selon  loy,  attendu  que,  quant  il  fut  aresteit,  il  estoit  sur  son  cheval 
en  allant  son  chom.ien;  ensi  quil  sen  rapoi toit  az  sergans  qui 
laditte  areste  avoient  fait,  maintenant  que,  selon  le  loy  du  pays 
de  Liège,  on  ne  puet  ne  doit  ung  homme  a  chevaul  allant  son 
chemienaresteir  ne  détenir  et  pourtant  (')  debvoir  yestre  quitte 
et  délivre  de  ce,  soy  raporiant  a  nous.  Et  pour  nous  du  cas 
mieux  infourmer  et  scavoir  comment  et  par  quele  manière  la- 
ditte areste  avoit  esteit  faite,  et  assi  en  quel  estât  ledit  Phillippe 
estoit  aile  heur  que  icelle  areste  fut  faite  et  il  Phillippe  fut  ares- 
teit et  atlenus,  fesimez  convocker  et  appeller  par  devant  nous 
les  sergans  qui  laditte  areste  a\  oient  fait,  iesquelx  sur  la  matere 
examinammesililigemmenl  sur  leurs  serimens  et  feateis.  Sachent 
tuis  que,  par  nous  bin  et  diligemment  entendues  les  raisnesdes 
parties  et  le  raport  et  tesmongnagedenosdis  sergans,  h3yubt(") 
sur  ce  entre  nous  meur  consseil  et  avis  par  grande  délibération, 
avons  dit  par  loy  et  par  jugement,  aile  semonsse  dudit  mayeur, 
laditte  areste  yestre  nulle  et  non  debvoir  sortir  effect  selon  loy: 
attendu  que  selon  loy  on  ne  doit  homme  a  chevaul  allant  son 
chemien  aresleir  et  pourtant  ledit  Phillijipe  debvoir  estre  quitte 
et  délivre. 

Extrait  d'an  rop;.  :iux  œiiv.  des  Echevins  de  l.icge,  grefte  Stephany 
du  ii  janv.  1149  au  4  octobre  1449,  n"  Iti,  fol.  61,  V". 

(.*;  Parlant,  par  conséquent.  —  (-)  Ayant  eu. 


—  313  — 
II 

Le  jugement  dont  le  texte  est  ci-après  transcrit,  confirme  un  record  de 
l'an  1450,  inséré  dans  Louvrex,  tome  II,  pages  29  à  56. 

Sous  le  nM9  de  ce  record,  il  est  dit  que  les  échevins  de  Liège  se  rappor- 
tant à  une  clause  des  estatuts,  déclarent  que  celui  qui  commet  un  cas  vilain 
dans  la  cité  de  Liège  doit  être  albain  à  toujours  et  que  qui  meU'eroit  envers 
tels  albains  ne  mcfferoit  rins  et  ne  seroit  de  rins  attains. 

Quoique  le  record  publié  par  Louvrex  soit  basé  sur  le  statut  de  la  cité 
du  G  avril  1328, on  ne  rencontre  cependant  pas  dans  ce  statut  une  disposi- 
tion déclarant  que  le  méfait  envers  de  tels  albains  ne  soit  pas  punissable. 

Nous  ferons  remarquer  que  dans  le  jugement  ci-après,  les  échevins  de 
Liège  fondent  leur  décision,  non-seulemenl  sur  les  Statuts,  mais  encore 
sur  la  Modération  de  ces  statuts  et  sur  la  paix  des  Seize  ou  de  Tongres. 

1431,  12  juillet.  —  Jugement  rendut  par  7ious  les  esquevins,  lan 
XlIIt  et  XXX!  le  XII'  jour  de  jullet. 

Comme  Mathier  Mostard  soy  fuist  par  devant  nous  deplaint 
de  Colet,  filx  iialureilx  Golarl  de  Laveur,  quil  le  devoit  avoir 
quaxliiet  et  navreitdarmesdesloyaulx,et  ausi,  qu'il  devoit  avoir 
dit  laidures  et  vilonies,  et  leuwist  fait  adjourneir  par  loy,  pour 
repondre  sur  ycelles  plenies,  auquel  jour  dudit  adjour  ledit 
Colet  comparuist  et  repondesist  sur  ycelles  plentes,  alligant 
entre  autres,  que  supposeit  et  nient  concedet  que  ycelles  plentes 
en  forme  que  elles  estoient  escriptes  contenissentveritel,  si  ne 
devoit  ou  povoit  pource  le  loy  corrir  sur  luy  par  estât  us  ne 
autrement;  anchois  en  devoit  yeslre  jugies  quittes  et  en  paix 
tant  en  virtut  délie  modération  faite  sur  les  eslatus  comme  delà 
paix  dez  Sauze  condist  de  Tor.gre,  ausquelx  estatus,  paix  et 
modération  il  soy  reportoit  en  lieu  de  provanche,  veliut  que  au 
jour  que  li  fais  dubtyestre  fais,  il  Colet  esloit  borgois  citains  et 
lidis  Mathier  estoit  albains  et  priveis  de  sa  bourgesie,  de  quoy 
il  soy  raportoit  au  regitre  des  maistres  délie  citet,  dont  et  de 
laquelle  albanistet  il  exhibuat,en  lieu  deproeve,  une  copie  signée 


314 


du  signe  manuele  le  clerc  secrelare  délie  cilel  et  maistres, 
requérant  a  nous  de  sur  ce  avoir  nostrc  jugement.  Sachent  tuit, 
que  par  nous  visenteis  yceux  eslatus,  paix  de  Tongre  et  mode- 
ration  sur  ce  le  copie  delledilte  albanistet  par  lequel  appert  que 
ledit  Malhier  est  albains  et  priveis  de  sa  borgesie,  lieut  sur  ce 
entre  nous  advis  et  délibération,  avons  dit  par  loy  et  par  juge- 
ment, que  ledit  Colet  en  virtut  des  poins  et  articles  contenus  es 
dis  estatus  et  modération,  doit  desdittes  plentes  demorer  envers 
ledit  Mathier  quittes  et  en  paix,  vehut  que  au  jour  dudit  excesse 
purpelret,  il  Malhier  esloit  troveis  albains. 

Extrait  d'un  reg.  aux  œuv.  des  Echevins  de  Liège,  greffe  Stephany  dii 
■H  janv.  1431  au  -10  octobre  1432,  reg.  no  7,  fol.  79. 

III 

Le  métier  des  drapiers  de  Liège  ayant  voulu  empêcher  l'exposition  et  la 
vente  des  draps  de  Herke  par  le  motif  que  les  niarcliandlses  fabriquées 
dans  cette  dernière  ville  n  étaient  pas,  selon  les  expressions  du  document, 
loyales  et  telles  qu'on  les  faisait  à  Liège,  cette  affaire  fut  portée  devant  les 
echevins  de  Liège,  lesquels  déclarèrent  que  les  drapiers  de  Herke  pouvaient 
continuer  à  exposer  en  vente  à  Liège  leurs  draps  comme  ils  l'avaient  fait 
d'ancienneté  et  jusqu'à  ce  qu'il  fut  prouvé  que  c'était  abusivement  qu'ils 
avaient  joui  de  ce  droit. 

1423.  En  mars.  —  Jugemens  rendus la7i  XIIII"  et XXIII  le  (^) 

en  mois  démarche.  Maires  H  arche,  esquevins  Gothem, 

Polarde,  Bierses,  Vrolo,  Hausse,  Uollongne,  Datin,  Gidardin, 
Fleron  et  Roiche. 

Plais  et  questisons  esmourrent  pardevant  nous  entre  les 
maistres  jureis  et  conselhe  délie  bonne  vilhe  de  Herke,  partye 
faisans  en  cesti  cas  en  nom  de  leur  vilhe  generalment  por  les 
drappiers  délie  uitte  vilhe  dunne  pari,  et  les  ewardens  (•)  de 

(*)  Le  jour  du  mois  n'est  pas  indiqué  dans  le  texte. 

(*J  Par  ewarden,  ewardain,  eswardain  ot  eswardeur,  on  entendait  un  visiteur, 
un  inspecteur  d'un  métier  quelconque. 


-    315  — 

boiiimestierdes  drapiers  dclle  citeit  deLiege, partye  faisans  por 
ledit  mestier  daltre  part,  a  cause  des  draps  fais  en  le  ditte  vilhe 
de  Herke,  lesquels  lidis  ewardains  avoieiU  defendut  et  fait 
défendre  de  part  ledit  mestier  de  aporteir,  vendre  et  achateir  en 
le  ditte  citeit  :  porquoy  li  dis  maislres  et  conseille  délie  ditte 
bonne  vilhe  ou  leurs  ad  ce  deputeis  fisent  adjourneir  pardevant 
nous  les  dis  ewardains,  et  eauz  venus  en  justice,  leur  fisent 
demandeir  porquoy  ils  avoient  fait  faire  la  ditte  défense  et  les 
voloient  défendre  a  aporteir  et  vendre  leurs  draps  fais  en  le  ditte 
vilhe  de  Herke  com  bonne,  loyaule  drapperie.  Sor  chu  oppo- 
sarent  et  disentli  dis  ewardains, de  part  et  en  nom  dédit  mesteir, 
que  ycheux  draps  fais  à  Herke  nastoient  nient  tels  quils  dévoient, 
loyals  et  marchans  et  denrée  ou  draperie  de  loy  teile  que  on 
faisoit  et  fait  à  Liège  et  eus  autres  bonnes  vilhes  du  pays  de 
Liège  et  des  marchisans  ('),  et  nastoient  mie  saieleis  du  seal 
auclenlike  teil  que,  depuis  les  werres,  avoient  obtenut  dung 
sccnescal  délie  conteit  de  Looz  qui  de  ce  navoit  puissance,  et 
point  nen  avoient  oyut  danchineteit,  ne  devant  les  werres.  Con- 
ciudans  por  chu  quiis  de  Herke  ne  dévoient  mie  aporteir  ou 
aminer  en  le  citeit,  vendre  ne  rejetteir  teile  draperie.  Et  mies- 
niement,  soloncle  tenure  de  certaines  lettres  auctentikes  sayel- 
leez,  que  lidis  mestier  des  drapiers  avoit  contenantes  certains 
privileiges,  franchises,  status  et  ordinancesa  eaz  concedeezdu 
temps  passeit,  de  révérends  peires  de  bonnes  memores  jadis  les 
evesques  et  la  citeit  de  Liège,  délie  manière  comment  on  devoit 
faire  les  draps  et  useir  délie  draperie  ;  solonc  les  quelles  ordi- 
nances  ilhs  dissent  que  la  drapperie  de  Herke  nastoit  point  teile 
que  por  vendre  et  rejetteir  en  le  citeit.  Ad  chu  fisent  lidis 
maistros  et  commis  de  Herke  respondre  :  que  les  draps  et  dra- 
perie fais  en  le  dilte  vilhe  de  Herke,  astoient  boins  et  denrée 
loyale  et  marchande,  viscntée  et  justifye  par  quatre  ewardains 
jureis,appelleis  doyens  ad  ce  deputeis  cascun  an;  assavoir  deux 

{ •  ■  Voisins. 


—  316  — 

de  part  les  drappiers,  une  des  retondeurs,  et  une  des  folons, 
liqueils  avoent  puissance,  sil  trovoentalcun  drap  en  queil  ilheu- 
wist  adiré  et  qui  ne  fust  denrée  loyale  bonne  et  marchande,  de  ce, 
a  raport  dycheux  quatre  ewardens  appelleis  doyens,  seroit  parloy 
parles  esquevins  de  lierke,  aile  somonce('),  de  leur  niayeur,jugiet 
a  certaine  amende  celi  qui  laroit  fait  faire,  dont  le  moitié  seroit 
a  segneur  et  lautre  moitié  a  dit  mesiier,  et,  se  ce  astoit  fause 
draperie,  elle  seroit  arse(-)  sens  remède,  et  celli  qui  fait  laroit, 
priveis  a  tous  jours  de  mestier  sens  remède  queilconque,  fisent 
avant  remostreir  quant  les  draps  fais  en  le  ditte  villie  astoent 
visenteispar  lesdisewardans  ettroveisbons,loyalset  marchans, 
ilhs  astoent  par  eax  justifyes  et  sayelleis  dune  seal  que  illis 
avoent  oyutde  si  long  temps  quil  nest  mémoire  de  contraire,  et 
par  especial,  de  temps  dune  conte  de  Loz  jadit  emprinteit  a 
moitié  des  armes  de  Loz  et  lautre  moitié  a  chief  saint  Martin 
leur  patron  et  de  celi  avoent  useit  pasiblement  tout  le  dit  temps 
durant,  tant  devant  les  werrez  du  pays  com  après  jusqua  pré- 
sent, disoent  avant  quil  de  ce  soy  raportoent  az  esquevins 
délie  ditte  vilhe  avenkes  les  maistres  et  conseille  dicelle,  et 
avant  az  doyens,  ewardains  et  governeurs  serimenteis  délie 
draperie  délie  bonne  vilhe  de  Marlinez,  leur  chief,  a  cause  dele 
drapperie,  des  le  temps  que  la  ditte  vilhe  de  Marlinez  estoit  au 
pays  dele  evesquet  de  Liège,  et  aussi  ans  ewardains  des  bonnes 
villes  de  Loz  et  de  Hasselt,  que  tous  jours  ceaux  de  Herk 
avoient  uset  et  minet  leurs  draps  scelles  en  leures  villes  quant 
il  leur  avoit  plaisit  et  autre  part  sour  les  marchies  et  frankes 
festes  vendus  et  rejetteis  comme  bonne  drapperie  loyaule  et 
marchande,  parellement  comme  li  autres  drappiers  des  autres 
bonnes  villes,  et  soy  vantent  encor  de  prouver  par  pluisseurs 
bonnes  gens  et  suf[issanstesmoins,tant  des  halliers  et  drappiers 
entailliers  comme  autres  bourgoiscitaiiis,  que  tous  jours  devant 
les  werres  et  après  ils  avoient  amineit  paisiblement,  vendus  et 

(*)  Réquisition.  —  {*)  Brùk'e. 


—  317  — 

rejelies  yceux  leurs  draps  scellez  en  le  citet  les  jours  de  mar- 
chiet  et  ens  fores  ei  les  avoienl  li  bonnes  gens  et  marchans  de 
Liège  achetés  a  eaus  tant  devens  (')  Liège  comme  defours  (')  et 
pluisseurs  foys  envoyet  quérir  en  leur  ville  de  Herke  et  ensi 
uzet  jusques  a  tant  que  assesnovelement  lesdis  ewardains  y  ont 
mis  cellui  empeschement  si  que  nous  pour  estre  plus  plaine- 
ment  infourmes  du  droit  des  parties  et  de  tout  ce  que  elles 
nous  remonstrarent  dung  costeit  et  dautre  les  admisimes 
ambdeux  a  monslrances  et  les  prefigimes  p)  termes  et  dilation 
pour  prouver  et  monstreir  tout  ce  quil  leur  plairoit  devens 
lequel  terme  les  dis  ewardains  ne  exhibuont  nient  les  lettres  et 
ordinances  de  leur  mestier  dont  vantes  sestoient  et  aussi  ne 
Usent  quelconques  monstrances  ou  alligances  fours  ce  quil  leur 
plaisit  dire  de  bouche  et  lidis  maistres  et  commis  de  Herke 
devens  ycelluy  terme  exhibuont  pluisseurs  lettres  scellées  tant 
des  ewardains  et  jj;ouverneur  dele  drapperie  de  Marlines  et  de 
Hasque,  dele  bonne  ville  de  Loz  comme  dele  ville  de  Herke  et 
de  certain  recort  seellés  de  seaul  des  esquevins  dele  ditte  ville 
de  Herke  faisant  mention  clerementde  ce  dont  vantes  sestoient 
comme  desseur  est  contenut.  Toutes  les  quelles  choses  lettres 
scellées,  recors  et  autres  provances  et  avencquez  celez  tesmoin- 
gnages  des  témoins  délie  ditte  citet  tant  de  halliers  comme  autres 
deutement  par  nous  rewardees  et  considérées  eyut  sur  ce  advis 
et  conseille  par  et  entre  nous  disimes  et  jugames  par  loy  aie 
somonce  dudit  niaieur  en  teauiel  quil  nous  constisoit  clerement 
que  lidis  drappiers  de  Herke  avoient  toujours  useit  de  leurs 
drapperies  par  la  manière  chi  deseure  par  eaux  alligié  et  pour 
ce  disimez  avant  i  *)  que  quant  leurs  draps  estoient  justifyés 
et  scelles  comme  desseure  est  contenut  il  les  povoient 
aminer  vendre  etrejetier  en  le  citet  et  cils  qui  a  eaus  les  aroient 
achates  et  ce  poroieni  et  poronl  faire  tant  et  si  longement  que 
lidis  ewardains  ou  mestier  des  drappiers  de  Liège  nous  mons- 

;•)  Dans.  —  [-)  Hors.  — ("j   lMx;'imes.  —  {*)  Pronoriçâmes. 


—  318  - 

Iront  les  lettrez  scellées  dont  vantes  sestoient  ou  telles  pro- 
vances  que  loy  puist  prisier  faisant  mention  du  contraire  et  fut 
mis  en  warde. 

Extrait  d'un  registre  aux  œuvres  des  Echevins  de  Liège  (grelTe 
Stephany),  commençant  le  '>l  mars  1422  et  finissant  au  19  juin 
U24,  reg.  n»  3,  foi.  -170,  vo. 


IV 


L'évêqiie  Gérard  de  Groesbeck  se  trouvait,  en  1568,  dans  un  extrême 
embarras. 

Leducd'Albe,  qui  venait  de  défaire  en  Frise  Louis  de  Nassan,  demandait 
à  placer  une  garnison  dans  Liège,  sous  prétexte  de  défendre  Tévêque,  ce 
dont  celui-ci  le  remercia. 

D'un  autre  côlé,le  prince  d'Orange,  frère  de  Louis  de  Nassau,  sollicitait, 
lui,  la  permission  de  traverser  seulement  Liège  avec  son  armée,  pour,  de 
là,  se  rendre  en  Belgique  qu'il  voulait,  disait-il,  arracher  à  la  tyrannie  du 
gouverneur  espagnol. 

A  cette  dernière  proposition,  l'évêque  répondit  qu'il  ne  pouvait  autoriser 
le  passage  de  troupes  par  la  ville  qu'avec  l'assentiment  des  Trois  Etats  qu'il 
allait  convoquer  à  ce  sujet. 

Mais  cette  assemblée  n'avait  pas  encore  pris  de  délibération  lorsqu'ar- 
rivèrent  de  nouvelles  lettres  du  prince  exigeant  une  réponse  dans  les 
quinze  heures  et  le  payement  d'une  somme  de  cent  mille  ducats,  parce 
que,  disait-il,  l'évêque  avait  pris  parti  contre  lui. 

Gérard  de  Groesbeck  déclara  que  ne  lui  ayant  fait  ni  provocation  ni 
injure,  il  ne  lui  payerait  pas  même  un  denier.  Sur  ces  entrefaites  et  avant 
que  (u'ite  lettre  fut  parvenue  à  son  adresse,  le  duc  d'Albe  interceptant  les 
communications,  le  prince  d'Orange  arrivé,  le  vingt-huit  octobre,  à  Ste- 
Walburge,  qu'il  livra  au  pillage  et  aux  flammes,  écrivit  de  là  plusieurs 
lettres  dans  lesquelles,  renonçant  successivement  à  ses  menaçantes  pré- 
tentions, il  se  boi'nait  pour  finir  à  demander,  à  la  date  du  5  novembre, 
qu'on  voulût  bien  recevoir  des  envoyés  chargés  de  propositions  très-avan- 
tageuses pour  la  cil(!. 

Cette  demande  ayant,  comme  les  précédentes,  été  repoussée,  il  fit 
remettre  par  un  trompette  de  nouvelles  lettres  respirant  la  colère  et  la 


-  319  — 

vengeance  ;  mais  il  n'obtint  d'autre  réponse  que  le  renvoi  immédiat  de  son 
messager  et  la  menace  de  faire  |)cndre  tout  autre  qui  se  présenterait. 

Sans  plus  tarder,  le  prince  fit  attaquer  la  ville  sur  plusieurs  points  à  la 
fois  et  comme  il  craignait  que  le  duc  d'Albe,  qui  n'était  pas  très-éloigné, 
ne  vint  le  surprendre,  il  pressa  les  assauts  à  la  plupart  des  portes  ;  mais 
ayant  été  refoulé  partout  et  entendant  les  cris  poussés  à  l'arrivée  des 
habitants  de  Franchimont  et  du  Condroz  qui  venaient  au  secours  des 
Liégeois,  il  se  décida  à  lever  le  siège. 

En  partant,  les  soldats  du  prince  allèrent  mettre  le  feu  aux  abbayes  de 
St-Laurent,de  St-Giilesetdu  Val-Benoît,  ainsi  qu'à  plusieurs  maisons  qui 
se  trouvaient  sur  leur  passage.  C'est  l'évaluation  juridique  des  dommages 
causés  à  ces  divers  immeubles  qui  est  contenue  dans  la  pièce  qu'on  va  lire. 

3  août  1570.  —  Estime  des  dommages  faits  au  pays  par  Varmée 
du  prince  d'Orange  en  Van  1568. 

A  tous  ceux  ausqtiels  ces  présentes  noz  lettres  parviendront 
les  eschevins  de  Liège  s;.slut.  Savoir  faisons  que,le3-jour  d'aoust 
1570,  comparut  pardevant  nous  Jean  Nyens  sique  Procureur 
Général  de  nostre  Reverendissime  et  Illustrissime  Seigneur  et 
Prince  Monseigneur  de  Liège,  requérant  de  vouloir  prendre 
information  tant  par  inspection  oculaire  des  lieux,  comme  par 
attestations  et  dépositions  de  vives  voix,  touchant  les  dommages, 
pilleries,  bruslemens,  ruynes  et,  degasts  faits  et  commis  par  les 
gens  du  camp  du  Prince  d'Orange  l'an  1568  en  automne  dans  la 
cité  de  Liège,  ville  de  Sl-Tro;id,  fauxbourgli  et  lieux  plus  cir- 
convoisins  d'icelle,  en  obsessant  ei,  assiégeant  par  ledit  Prince 
et  ses  alliez  ladittc  cité  et  ville,  atfiii  le  tout  deuement  mis  en 
escript,  en  obtenir  act  authenticque  ei  patente  pour  sen  servir 
la  ou  besoiiig  et  nécessité  en  auroil.  Et  comme  oblemperans  a 
tel  requesle,  eussions  commis  et  députez  aucuns  noz  confrers 
eschevins  pour  exploiter  ce  que  dessus,  ils  achevant  leurs 
charges  et  commissions  sont  comparus.  Premièrement  en  la 
maison  et  abbaye  de  St-Laurenl,  prez  Liège,  en  Publemont,  ou 


-   320  - 

irouvareiu  comme  chose  manifeste  et  apparente  l'église,  enclois- 
tres,  crippes,  refectoir,  maison  et  quartier  du  S'' abbé,  compie- 
ries,  dormitoires  et  esiableries  totallement  vastées,  bruslées  et 
gastées  ;  et  après  avoir  fait  assembler  le  S'  abbé  avec  ses  reli- 
gieux, iceux  attestarent  par  seriment  quoutres  les  reliquairs  et 
choses  sacrées  qu'ils  ont  perdu  et  leur  sont  esté  pillez  par  la 
venue  dudit  Prince  et  ses  associez  (lesquels  ne  reçoivent  extima- 
lion),  ils  ne  voudroient  endurer  les  bruslemens,degastet  pillerie 
de  leurs  maisons  qui  leur  sont  estez  fait  par  ledit  camp  pour  la 
somme  de  IIIP.  M  flx  brabant  et  qu'ils  donneroient  tel  somme 
plustost  de  leur  propre,  s'ils  l'avoient,  pour  la  restauration  et 
restitution  des  degast,  asport  et  bruslements  susdit  ;  car  en  la 
construction  et  édification  des  édifices  et  choses  bruslées  ont 
esté  mis  plus  de  cent  ans,  ce  qui  leurs  at  esté  en  moins  de  7  à 
8  heures  tout  bruslez  et  ruinez, disans  avoir  trouvé  par  la  reca- 
pitulaiion  et  dispunction  de  leurs  registres,  que  ce  qui  leur  at 
esté  bruslé  et  ruine  avoit  plus  cousté  que  lesdis  III^.  milles 
florins.  Et  la  mesme  ont  estez  produis  sur  l'extimation  desdis 
dommages, sique  experts  et  cognoisseurs;  Premier:  m'«  Jean  de 
Tilfl' etm''«Thiery  Fizinne,  licentié  es  droicls,  Gilet  Rigauld, 
charpentier,  Pacquea  Kinar,  aussy  charpentier,  Loren  et  Simon 
Renard,  massons,  Francoy  Buissar,  escailteur  et  couvreur,  et 
Henry  Belle  (?),  escrinier,  lesquels  après  avoir  veu  et  estant  au 
plain  informez  et  versez  pour  cognoistre  les  degasts  susdis, 
comme  ayant  este  cy-devant  par  longues  années  hante  et  veu 
laditte  église,  couvent  et  maison,  ont  par  leur  meilleur  dit  et 
raporte  par  seriment  que  les  degasts,  dommages,  bruslements 
et  asport  susdit  ne  soy  pouroient  restaurer  en  tel  et  si  bonne 
estre  quauparavant  pour  la  somme  de  VI cents  milles  flx  brabant 
et  quil  faudroit  davantage  pour  le  remettre  en  tel  estât  quelle 
estoit  avant  l'arrivée  dudit  Prince  et  ses  gens.  En  après,  ont 
trouve  sur  le  faubourg  et  vinables  dudit  St-Laurent,  bien  29 
maisons  avoir  esté  bruslées  et  dévastées  et  le  résidu  avoir  esté 
tout  pillé  et  desrobé  et  qu'entre  lesdites  maisons  estoient  plu- 


—  321  — 

sieurs  belles  et  notables,  si  comme  selle  Gielle  de  Sthier,  Jean 
Gordinne,  Henri  de  Sart,  m'"  Guilleaume  de  la  Sarte,  Radoux, 
Handaxhe,  Louys  do  laTorrelte,  Lambert  Baré,  Gielle  Tboimel 
alias  Borghet,  Maroye  La  Haye,  Maroye  Denys,  Lambert  Werleau 
et  plusieurs  autres;  tous  lesquels  bruslemens.pllleries  et  sacoa- 
gemens  pourroient  monter  (comme  par  attestation  des  susdis 
habitateurs  et  voisins  d'icelle  apparoit)à  la  somme  de  XX  milles 
flx  brabant  pour  le  moins.  Item  ont  trouvé  bonne  partie  de  la 
maison  et  monastère  de  Sl-Giel  en  Publemont,de  l'ordre  de  St- 
Augustin,  avoir  esté  bruslée,  gastée  et  ruinée  :signamment  leurs 
dormitoirs,  chambres  des  religieux,  chapitre,  librairie,  maison 
et  habitation  du  prieur,  stordeur  ou  pressoir  de  vin  et  partie  de 
leurs  encloistres;  le  tout  quoy  iceux  S''  abbé  et  couvin  (couvent) 
comprins  leurs  meubles,  bestiaux  et  provision  de  leur  maison 
pillée,ontparserimentextimé(outrelesreliquairs  qui  ne  reçoivent 
exstimation)  à  la  somme  deV  milles  flx  brabant  et  davantages 
et  lesquels  dommages  ne  soy  pouroient  reparer  pour  ladite 
somme.  Item  trouvèrent  allentour  de  ladite  maison  les  circon- 
voisins  avoir  esté  pillez  et  desrobez  de  leurs  meubles,  lourages 
et  autres  incommoditez,ce  que  pour  leur  grande  excessivelé  ne 
sest  peu  extimer.  Item  ont  trouvé  la  maison  et  couvent  des 
Dames  de  la  Vaux  Benoisle  tant  l'église,  encloistres,  couvent, 
chapitre  et  généralement  presque  tous  les  édifices  gastez,  des- 
truis,  ruynez;  et  ayant  convocqué  le  Pater  et  la  Prieuse  pour 
l'absence  de  l'abbesse  et  quelque  grande  partie  dudit  couvent, 
leurs  ont  par  seriment  attestez  qu'elles  ne  voudroient  avoir 
enduré  lesdis  degasts,  bruslemens,  saccagemens,  dommages  et 
intereslz  fait  par  ledit  camp  pour  la  somme  de  deux  cent  milles 
flx  et  que,  pour  tel  somme,  lesdis  degastz  ne  soy  pourroient 
réparer.  En  outre,  ont  aussy  estez  examiné  Louys  Borret,  soyeur, 
Thiery  fils  Simon  le  masson,  escrinier,  et  Giel  Thonnet,  masson, 
comme  cognoisseurs  et  experts,  lesquels  après  avoir  communi- 
quez par  ensemble  selon  leur  art  et  expérience,  nous  ont  par 
seriment  attestez  lesdis  degasts  et  bruslemens  ne  soy  pouvoir 


-  322  - 

au  moins  exlimer  qu'à  cenl  mille  tuigelot  dur  et  qu'il  convien- 
droit  exposer  davantage  pour  restaurer  iesdis  dommages.  Item 
ont  trouvé  la  maison  de  noble  S''  Godefroid  d'Erp,  chanoine  de 
Liège,  située  sur  la  rivière  d'Avroit  avoir  esté  par  les  ennemis 
bruslée,  pillée  et  gastée:  le  toutquoycomprins  les  meubles  pillez 
et  ostez,  le  concierge  et  autres  domestiques  de  laditte  maison 
ont  par  seriment  exlimé  a  mille  flx  brabant,  ayant  par  ledit  con- 
cierge oyudirede  son  maitre  que  cequ'il  avait desja exposé  enla 
réédification  de  ladite  maison,  montoit  a  plus  de  septz  centflorins 
brabant,  jaçois  ceque  les  escriniers  et  pareurs  dansla  maison  nes- 
toient  encor  refaits  tellement;  quele  tout  reviendroit  à  la  somme 
de  mille  florins  brabant  et  plus.  Item  ont  trouvé  la  maison 
etchesten  de  damoiseaRaes  Dans,  seigneur  h  Fonteine,appellée 
le  jardin,  scitué  audit  Avroit  ruinée  et  bruslée  :  lesquels  degasts 
comme  ledit  damoisea  extime  et  est  apparant  à  la  veue,  excédant  la 
valeur  detroismillesflorins  brabant.  Item  au  mesme  lieu  d'Avroit 
est  aussy  trouvé  ruinée  et  bruslée  la  maison  et  édifice  que  l'on 
dit  de  Chaffor  ;  laquele  semblablement  ne  soy  pourroit  refaire 
pour  la  somme  de  six  cents  florins  brabant.  Semblablement  aux 
fauxbourgh  appeliez  la  fontaine  St-Lambert,  sont  esté  trouvés 
44  a  45  maisons  bruslées  et  aussy  aile  tliour  d'illec  les  maisons 
des  Augustins,Guilielmins,thour  et  maison  appellée  Chinstree, 
chasteau  dit  la  Bastree  et  autres  plusieurs  mai.sons  de  Gentil- 
hommes,  Dames  et  S"'  bourgeois  pillées  et  desrobees;  tous  les- 
quels degasts  etpilleries,  les  circonvoisins  estiment  plus  qu'à 
six  mille  florins.  Sont  aussy  trouvez  estez  pillez  les  faubourgh 
de  Ste-Marguarilte,  villages  d'Ans  etMollin,  2  églises  et  maison 
dudit  Ans  bruslée,  les  villages  d'Awans,  Lonchin  et  tous  autres 
villages  dalentour  pillez;  lesquels  pour  les  dommages  si  grands 
et  inestimables,  n'en  at  peu  este  faite  appretiation.  Item  les 
fauxbourgh  de  Hochaport  et  Ste-Walburge  sont  estez  pillez  et 
plusieurs  maisons  d'illecque  bruslées,  dont  pour  la  multitude  si 
grande  n'at  este  faite  appretiation.  Item  le 4" dudit  mois  daoust, 
ont  esté  examiné  R''  S^''  Livinus  Torrentinus,  archidiacre  de 


323 


Braibant,  Servais  Nollens  el  maître  Jacque  Cfiocquier,  licenliez 
es  droits,  noz  confrers, ayant  de  part  sa  grâce  R"'«  (Revereiidis- 
sime)  estez  commis  pour  s'informer  des  degastz  et  excès  com- 
mis en  la  ville  deSl-Trondou  là  enthour,  lesquels  par  serimeut 
ont  attesté  que  les  degastz,  bruslements,  saccagements,  con- 
cussions, asportz  des  artilleries,  poudres  et  autres  munitions 
de  guerre  perpétrez  audit  lieu  de  St-Trond,  monastères,  censés 
et  maisons  circonvoisines,  pouroit  monter  à  somme  inestimable 
de  cent  ou  deux  cents  milles  florins  d'or.  Item  Jean  Pité,  seigneur 
d'Emale,  aussy  nostre  confrère,  at  attesté  par  seriment  que, 
comme  peu  après  que  le  camp  dudit  Prince  soy  retira  de  la  ville 
de  St-Trond,  estant  ledit  déposant  constitué  capitaine  d'une 
enseigne  ou  compagnies  de  piétons,  pour  en  nom  de  sa  grâce 
R™°,  garder  et  tenir  la  dite  ville,  trouvât  icelle  toute  pillée,  et  tant 
l'artillerie,  pouldres,  boulets  et  autres  munitions  de  guerre  que 
tous  les  vivres  d'icelles  prins  et  emmenez  par  lesdis  gens  de 
guerre  ;  tellement  que  ledit  déposant  et  sa  compagnie  ne  pou- 
voient  quasi  recouvrer  vivres;  mesme  les  villages  et  pays 
dallenthour  estoient  tout  gasiez,  pillez  et  saccagé  :  disant  ne 
pouvoir  appretier  tels  dommages  pour  estre  trop  grands  et 
inestimables.  Item  les  Bourgliemaistres  et  rentiers  de  ladite  cité 
trouvent  icelle  avoir  esté  intéressée  pour  la  défence  et  garde 
d'icelle  contre  l'obsession  et  camp  dudit  Prince  et  ses  alliez,  tant 
en  payement  de  deux  enseignes  de  pied  qu'en  poudre,  boullets, 
artilleries  et  autres  choses  nécessaires  à  la  défence,  la  somme  de 
dix  mille  septante  sept  florins  de  brabant  et  plus,  sans  en  ce  com- 
prendre les  despens,  dommages  et  inlerest  sustenuz  et  endurez 
particulièrement  par  les  bourgeois  de  ladite  cité  ayants  esté 
brusléet  pillez;  lesquels  pourroient  monter  a  cent  mille  flx  bra- 
bant et  davaniage.  Ce  que  certifions  el  attestons  soub  les  seels 
maistre  Jacque  de  Chocquier,  licenlié  ens  loix,  et  Guilleaume 
Godefroid  pour  le  temps  noz  maislres  coneschevins  de  Liège 
desquels  usons  ensemble  en  tels  et  semblables  cas  sur  l'an, 
mois  et  jour  susdis. 


—  324   - 
V 

Charles-le-Hai'di,  dit  aussi  le  Téméraire,  qui  élait  entré,  le  dimanche 
50  octobre  1408,  dans  la  ville  de  Liège,  la  livra  d'abord  au  pillage  et  la  fit 
ensuite  incendier  presque  tout  entière;  car  il  n'y  eut  que  les  églises  et 
les  maisons  religieuses  qui  furent  épargnées. 

Après  s'être  repu  du  spectacle  de  l'incendie  de  la  ville  de  Liège,  le  duc 
Charles  partit,  le  3  novembre,  pour  Maeslrichi  où  il  fit  trancher  la  tête  à 
Amel  de  Velroux.  Le  12  du  même  mois,  il  se  dirigea  vers  le  pays  de  Fran- 
chimont  qu'il  dévasta  et  incendia  pendant  six  jours,  puis,  en  passant  par 
Huy,  se  rendit  à  Bruxelles  où  il  reçut  les  lettres  par  lesquelles  l'évêque  et 
le  chapitre  de  Liège  lui  cédaient  le  quartier  de  l'Ile  (i).  Ce  fut  Imber- 
court,  ministre  aussi  impitoyable  que  le  duc  de  Bourgogne,  son  maître, 
qui  les  lui  porta.  Après  son  retour  à  Liège,  Imbercourt  procéda  à  l'instal- 
lation dans  ce  quartier  d'un  tribunal  dont  les  juges  furent  établis  par  le 
Duc.  La  pièce  que  l'on  va  lire  concerne  les  rapports  que  les  actions  judi- 
ciaires devaient  naturellement  amener  entre  les  habitants  du  quartier  de 
l'Ile  et  ceux  du  reste  de  la  ville  de  Liège. 

1472,  46  mai.  —  CeduUe  apportée  ^ar  Monseigneur  le  bailli  et 
maislre  Jehan  de  Platea  le  XVl"  jour  de  may,  qui  fui  le  nufit  le 
chincquesme  {Pentecôte),  lan  LXXII  et  registree  de  mot  a  mot 
comme  cy  après  sensiet. 

Pour  éviter  differens  et  noiirir  amistie  entre  les  subges  et 
ofiîciers  de  Monseigneur  de  Liège,  il  est  avise  et  acorde  que 
les  subges  dudit  ysle  et  appendices  ne  seront  arestez  ne  adjour- 
nez  dedens  le  territore  de  mondit  seigneur  de  Liège,  pour  quelque 
cas  que  ce  soit,  par  ses  officiers  se  non  pour  materes  dheritages 
ou  de  crisme  par  eulx  commis  audit  territore.  Et  pareillement, 

(  *)  Mgr.  de  Ram  a  publié  ces  lettres  dans  ses  Anulecta  Leodiensia,  pages  S76  à 
583;  elles  portent  la  date  du  4"  juillet  1 469.  Il  se  trouve  au  dépôt  des  Arctiives  de 
j'Etat  une  copie  autlientique  des  mômes  lettres  :  l'analyse  en  a  été  donnée  dans 
\' Inventaire  analytique  et  chronologique  des  chartes  de  la  cathédrale  de  St-Lambert 
à  Liège, 


—  325  — 

seira  fait  au  contraire  des  subges  de  mondit  seigneur  de  Liogo 
par  les  officiers  dudit  ysle.  Item  pour  cas  de  tesmongnagez  ou 
de  héritages  quant  besongue  sera,  les  subges  dudit,  ysle  poroiU 
alleir  aux  officiers  de  mondit  seigneur  de  Liège,  requérir  quilz 
fâchent  adjourneir  pour  venir  audit  ysle  les  subges  de  niondil 
seigneur  de  Liège.  Et  pareillemenî,  sera  fait  au  contraire  des 
subges  dudit  ysle,  a  la  requesie  des  subges  di;  mondit  seigneur 
de  Liège. 

Extrait  d'un  registre  au<  œuvres  des  Echevins  de  Liège  (greffe 
Stephany),  commençant  le  43  juillet  1471  et  finissant  le  16  juillet 
1472,  n»32,  fol.  11,  vo. 


VI 


Le  pays  de  Fianchiinont  qui,  en  1468,  fut,  pendant  six  jours,  suivant 
Fisen,  et  pendant  huit  jours, d'après  M.  Ferd.  Henaux,  livré  à  la  dévastation 
des  troupes  que  le  duc  Charles-le-Téméraire  y  avait  conduites,  fut  en 
outre  soumis  par  Louis  de  Bourbon  à  une  contribution  de  guerre.  C'est  la 
répartition  de  cette  contribution  entre  les  différents  bans  de  ce  pays  qui 
est  contenue  dans  les  cinq  pièces  qui  vont  être  transcrites,  lesquelles 
portent  toutes  la  date  du  26  juin  14.69. 

Outre  le  fait  historique  que  ces  pièces  consacrent,  il  est  intéressant,  au 
moins  pour  les  habitants  de  Theux,  du  Sart,  de  Jalhay,  de  Spa  et  de 
Verviers,  de  connaître  les  noms  de  leurs  prédécesseurs  dans  ces  villes  et 
villages  à  une  époque  déjà  assez  reculée 

1469. 26 juin.  Obligances  faite  tan  XI III'  et  LXIX  le  XXVI' jour 
de  jung,presens:  Monseigneur  le  baiUieu  pannetier Ilollfongne), 
Heyneman  et  Proiclhomme,gens  du  Conseil  de  nostre  très  redobte 
seigneur  Mons<  igneur  de  Liège,  ordineis  en  sa  citet. 

REN/fRu  LE  Mariscaul        Commo  cheulx  de  ban  de  Theux  cas- 
Thiri  BiucA  tellerye  deFranchimont,  sont  obligies, 

Anthoyne  Haghe  sour  y  estre  bannis  et  sourie  tyer  denier 


-  326 


Jehan  Haghe 
Jehan  Clament 
Jehan  le  Gro 

WiLHEMOT  FILS  BeRTE- 

LYNF. 
HOUBINET  FIL  LE  ChAR- 

LIER 

Hanchonoulle 
Thomolhet 
Franckinet  fil  le  Cu- 

TREAL 

Jaminnet  Pirchon 
collin  colpin 

WiLLEMME  StASSAIR 

Petit  Henri 
Jehan  fil  Andrier 
Jehanchon  Wilheamme 

PlROT  DE  SeTROU 

Wilheamme  fil  Fran- 

KOTEAL 

Hanchonoulle 
Jkhan  le  Vefve 
Henroy  fil  Colmidon 
Mathier  le  Fevre 
Grigoiri:  fil  Willem 
Hislet 

NiLLUY  (?)  DE  Si'IX(hE) 

Henri  de  Marteal 

Willem  le  Certon 

Jehan  Malierbe 

Orban  fil  Damme  Ealy 

Becco 

Bertran  fil  le  Leis- 

SIER 


dabandon,  cascun  por  ly  et  por  le  toute, 
envers  la grasce  de  nostredit  ires  redobte 
seigneur  Monseigneur  de  Liège,  de  payer 
la  somme  de  quatuorse  cens  ei  treugte 
florins  de  Rins,  ens  compris  cent  florins 
quilz  dénieront  en  debte  de  re^te  en  lan 
passe,  icelle  somme  priese  hors  délie 
somme  de  XXXVP  florins  de  Rins  que 
ceulx  de  Franchimont  sont  ensemble 
redevables  envers  la  grasce  de  nosiredit 
très  redobte  seigneur,  en  vert  ut  de  traitiet 
faite  nagaires  a  lieu  de  Treit,  a  payer  az 
jours  et  termes  subescrips,  assavoir  :que 
les  desusdis  dudit  ban  de  Theux  avuec- 
ques  ceulx  des  aultres  bans  subescripts, 
payent  et  payeront  dedans  ung  moix 
prochain  en  diminuant  laditte  somme,  a 
Grégoire  de  Sart  en  nom  de  nostre  dit 
très  ledobte  seigneur,  le  part,  portion, 
mieses  cl  assyeze  de  septe  cens  florin  de 
Rins  pour  rachaileir  les  lettrez  obliga- 
toires que  at  Jehan  de  Brantscheir,  sei- 
gneur de  Revesleynen,  de  nostredit  1res 
redobte  seigneur,  teillement  quil  ny  ayet 
quelcque  dommaige  et  que  lesdittez  lettres 
soyent  cas(sees),  annicelleez  et  delivreez 
en  le  main  de  nostredit  très  redobte 
seigneur.  Item  ossidedens  le  Saint  Jehan 
Baptiste  qui  serai  lan  LX  et  onze,  leur 
part  et  mieze  de  chincque  cens  florins 
de  Rins.  Item  dedens  le  Noiel  lantoist 
après  ensuyant,  ossi  leur  part  de  ¥•=  des- 
dits florin  et  aussi  de  St-Jehan  a  Noiel  et 
de  Noiel  a  Sl-Jehan,  toutdis  leur  part  et 


327  — 


Jehin  de  Jevomont 

RtNAIR  DE  BrIAMO.NT 

Jehan  Scassaih 
Jehan  le  Xxharde 

GOFFIN  FIL  LE  ChERO 


iniese  do  chincque  cens  tloiins  jusques 
a  plaine  solutioii  desdits  XXXVI"  floiins; 
parsi  sillis  defalloient  de  payer  et  satis- 
faire leur  miese  ei  assyeze  de  laditte 
somme  principaule  dedens  les  jours 
pi'escrips,  ilz  sont  tenus  et  soy  obligent  deulx  tous  en  générale 
et  cascun  por  !y, venir  en  cesle  citet  de  Liège  en  ung  hosteil  ou 
plusseurs  et  illuc  tenir  et  sourjourneir,  sens  départir  tin  et  jus- 
quesa  tantquilx  aroient  entirement  accomplit  ce  dont  deffallans 
seroieiJt,  avuecquez  le  lyerdenir  dabandon  et  encor  sour  le  tyer 
denir  dabandon  a  aplicier  a  noslre  dit  très  redoble  seigneur: 
voir  enlendut  que,  si  avant  quilx  poiroient  mostreir  el  faire 
apparoir  sutfissament  quilx  ayent  payet  les  cent  florins  susdis 
délie  an  passe,  ilx  en  deveront  demoreir  en  paix. 


Obligancez  fait  la  meisme. 


Jehan  Lubair 
GoLLiN  Tristan 
Jadoulle 
Collet  fil  Trlxa 
Linart  Ofles 
Collet  fil  Heyneman 
Jehan  fil  Wilkin 
SiMONET  Lubair 
Hasmel 

LOREN  fil  LoREN 

Mahehan 
Le  Kamut 

PiRAR    DELLE   FaUARGE 

Germealx  leBresseur 
Fastreit 
Henri  Simonet 
Mathier  leFevre 


Comme  ceaulx  de  ban  de  Sart,  caste- 
lerye  de  Franchimont,  sont  obligies  sour 
y  estre  bannis  et  sour  le  tyer  denier 
dabandon  envers  la  grasce  de  nostre 
très  ledobte  Seigneur  Monseigneur  de 
Liège,  de  payer  la  somme  de  sept  cens 
florins  de  Rins  pris  hors  délie  somme  de 
trengte  syez  cens  florins  de  Rins,  que 
ceulx  de  Franchimont  sont  ensemblez 
redevables  envers  nostre  dit  très  redobte 
seigneur,  en  vertut  de  traityet  fait  et 
conclut  nagaires  a  lieu  deTreit,  a  payer 
az  jours  et  termes  subescrips,  assavoir  : 
que  les  dessusdis  dudit  ban  de  Sart 
avuecquez  ceaulx  dus  aulirez  bnns  dudit 
Fraiichiniont,  payeront  dedens  ung  moix 
prochain  en  demynuant  laditte  somme,  a 


—  328  — 

Gerar  fil  PiRAiR  Grégoire  de  Sart  en  nom  de  nosti'e  dit 

Henri  Pironet  très  redobte  seigneur,  leur  part  et  porsion, 

Collet  Durkin  iiiiezes  el  assyeze  de  VII  cent  florins  de 

RiFLAiR  Rin,  pourracliateir  lesiellrez  obligatoires 

CoLLART  Cochet  que  at  Jehan  de  Brantsclieit,  seigneur  de 

Jacquemien  Masson        Bevesteyne,   de  nostre  dit  très  redobte 
CouNiN   (?)  FIL   Jehan  seigneur,  ttùllement  quilhenyayelqueiic- 
CoNGNET.  que    domaige   et  que   iesdittez    lettres 

soyent  casses,  annicelleez  et  delivreez  en  le  main  de  nostredit 
très  redobte  seigneur.  Ilem  ossi  dedens  le  saint  Jehan  Baptiste, 
qui  serai  lan  LXXI,  leur  part  et  miesez  de  V  cent  florins  de 
Rins.  Item  dedens  le  Noiel  tantoist  après  ensiwant,  ossi  leur 
part  de  V  cent  desdis  florins  et  ensi  de  St-Jehan  a  Noiel  et  de 
Noiel  a  St-Jehan,  toutdis  leur  part  et  miesez  de  ¥<=  florins  de 
Rins,  jusques  a  plaine  solution  desdis  XXXV^  florins;  parsi 
silhez  del'alloient  de  payer  et  satisCaire  leurs  miesez  et  assyses 
de  laditle  somme  principauté  dedens  lez  jours  prescrips,ils  sont 
tenus  et  soy  obligent  deulx  tous  en  générales  et  cascun  por  ly, 
venir  encesle  cite  de  Liège  en  ung  hosteil  ou  plusseurs  et  illuc 
tenir  et  sourjouriieir,  sens  départir  lin  et  jusques  a  tani  quilx 
aroient  entirement  accomplit  ce  dont  defallans  seroieni,  avec- 
ques  le  tyer  denier  dabandon  et  encor  sour  le  tyer  dabandon  a 
applicier  a  nosiredit  très  redobte  seigneur. 

Obligancez  faites  la  miesme. 

Jehan  fil  Jehan  Grui-     Comme  ceulxde  ban  de  Jalheal,  castel- 

LAiii  lerye  de  Franchimont,  sont  obligies  sour 

Geot  Gehan  y  estre  bannis  et  sour  le  tyer  denir  da- 

Matyr  Yern  bandon,  cascun  por   ly  el   pour   le  tout, 

Henri  Lenglet  envers   la  grasce  de  nostre  très  redobte 

Colart  Mix  seigneur  Monseigneur  de  Liège,  de  payer 

Colart  fil  Gielet  la  somme  de  chincque  cens  et  soixante 

Brocket  florins  de  Rins  pris  hors  délie  somme  de 


—  329 


TiRI  GOFFINET 
PiROT  WlDKIN  (?) 

Jehan  fil  Henri 
Jehan  Martin 
Jehan  Rifflair 
MicHOT  fil  Jehan 
Bertollet 
Henri  le  Hert 
Renkin 

CoLLiN  deBrongne 
PiROT  FIL  Jehan 
Pirar 

Bertolet  Pirair 
Jehan  Thiri 
Gilhemair  le  Fevre 
Thomat  Collinnet 
Jehan  Collinnet 
PiROT  Xhohie 

PiROT  WlLKlN 

Gielet  Pirair 
Jehan  Henkair. 


trengte  syex  cens  florins  de  Rins,  que 
ceulx  de  Franchimont  sont  ensembles 
redevables  envers  nostre  dit  très  redobte 
Seigneur,  en  verlut  de  traitiet  fait  et  con- 
clut nagaires  a  lieu  de  Treit,  a  payer  az 
jours  et  termes  subescrips,  assavoir  :  que 
les  dessusdis  dudit  ban  de  Jalheal  avuec- 
ques  ceulx  dez  aultres  bans  dudit  Fran- 
chimont, payeront  dedens  ung  moix  pro- 
chain en  deminuant  laditte  somme,  a  Gré- 
goire de  Sart  en  nom  de  nostredit  très 
redobte  seigneur,  leur  part  et  porsion, 
miesez  et  assyeze  de  sept  cent  florins  de 
Rins  pour  rachatteir  les  lettres  obliga- 
toires que  atJehan  de  Brantscheit,  seigneur 
de  Revesteyne,  de  nostredit  1res  redobte 
seigneur,  teillemenl  quil  ny  ayet  queilcque 
domaige  et  que  lesdiiies  lettrez  soient 
casses,  annicellees  et  delivreez  en  le  main 
de  nostredit  1res  redobte  seigneur.  Item 
ossi  dedens  le  St-Jelian  Baptiste  qui  serat 
lan  LXXI,  leur  part  et  miesez  de  V  cent  florins  de  Rins.  Item 
dedens  le  Noiel  tantoist  après  ensuyant,ossi  leur  part  de  V  cent 
florins  et  ensi  de  Saint  Jehan  a  Noiel  et  de  Noiel  a  St-Jehan, 
tousdis  leur  part  et  miesez  de  V  cent  florins,  jusques  a  plaine 
solution  desdis  XXXV^  florins.  Parsi;  silhes  defalloient  de  payer 
et  satisfaire  leurs  miesez  et  assyeze  de  laditte  somme  princi- 
pauté, dedens  les  jours  prescrips,  ils  sont  tenus  et  soy  obligent 
eulx  tous  en  générales  et  cascun  por  ly,  venir  en  cesle  cite  de 
Liège  en  ung  hosteil  ou  plusscurs  et  iiluc  tenir  et  sourjourneir 
sens  départir,  fiii  et  jusques  a  tant  qnilz  aroient  entirement 
accomi)lit  ce  dont  deff'allaiis  seroieiit,  avuecques  1p  îyer  denier 
dabandon  et  sour  le  tyer  denier  dabandon  a  nplicier  a  nostredit 
très  redobte  seigneur. 


—  330  — 

Ohligances  faite  la  meisme. 

Granloien  Comme  ceulx  de  Spaus,  castellerye  de 

CoLLiN  BoYON  Fraiichimont.   sont  obligies  sour  y  estre 

CoLLiN  Dr.  Spau  bannis   et  sour  le    lier   denir  dabandon 

Collet  de  Creppe       envers  la  grasce  de  nostre  très  redobte 
WiLLoc  Seigneur  Monseigneur  de  Liège,  de  payer 

BuRAiR  DE  Spau  la   somme  de  deux  cens  et  quatre  vins 

Willem  Contraine      florins  de  Rins  que  ceulx  de  Franchimont 
LoMBAiR  sont  ensemblez  redevablez  envers    nos- 

Le  JOVENE  Lenauî        iredit  1res  redobte  seigneur,  en  vertut  de 
Brack  trailiet   fait  oX  conclut  nagaires  a  lieu  de 

Pilair.  Treit,apayer  az  jours  et  termes  subescrips, 

assavoir:  que  les  dessusdis  duditban  de  Spaus  avuecquesceauix 
des  autrez  bans  dudit  Francbimont,  payeroni  dedens  ung  moix 
prochain  en  deminuant  laditte  somme,  aGregoire  de  Sart  en  nom 
de  nostredil  très  redobte  seigneur,  leur  paît  et  porsion,  miosez 
et  assyeze  deVII  cent  florins  de  Rins  pour  rachalteir  les  lettrez 
obligatoires  que at  Jehan  de Brantscheit,  seigneur  deRevesteyne, 
de  nostre  dit  très  redobte  seigneui',  teillement  quil  ny  ayet 
queilcque  domaige  et  que  lesdittez  lettres  soient  casses,  anni- 
celleez  etdelivreez  en  le  main  de  nostredil  très  redobte  seigneur. 
Item  ossi  dedens  le  St-Jehan  Baptiste  qui  serat  lan  LXXl,  leur 
part  et  miesez  de  V  cent  florins  de  Rins.  Item  dedens  le  Noiel 
tantoisl  après  ensuyani  ossi  leur  part  de  V  cent  desdis  florins 
et  ensi  de  St-Jehan  a  Noiel  et  de  Noiel  a  St-Jehan  toutdis  leur 
part  et  miesez  de  Vcent  florins,  jusques  a  plaine  solution  desdis 
XXXVP  florins;  parsi,  silhes  defallaient  de  payer  et  satisfaire 
leurs  mieses  et  assyez  de  laditle  somme  principaule  dedens  les 
jours  prescrips,  ilx  sont  tenus  et  soy  obligent  deulx  tous  en 
generaiez  et  cascun  por  ly, venir  en  cesïe  citet  de  Liège,  en  ung 
hostoil  ou  plusseurs,et  illuc  tenir  et  sourjourneir  sens  départir, 
lin  et  jusqnes  a  tant  quilx  aroient  entirement  accomplit  ce  dont 


~  331  — 

defaillans  seroient,  avecques  le  tyer  denir  dabandon  et  encor 
sour  le  tyer  denir  dabandon  a  applicier  a  nostredit  1res  redoble 
seigneur. 

Obligances  faite  la  meisme. 

Jehan  de  Stenbiert  Comme  ceulx  de  bnn  de  Vervier,  castel- 
Dansereaul  lerye  de  Franchimont,  sont  obligies  sour 

Jehan  le  Q\ir  yestre    bannis    et    sour   le   tyer   denier 

Jehan  le  Corbesïer  dabandon  envers  la  grasce  de  nostre  très 
Le  Fosseroux  redobte  Seigneur  Monseigneur  de  Liege^ 

Jehan  Pessin  de  payer  la  somme  de  syez  cens  et  XXX 

Geraut  Mabilon  florins  de  Rins  pris   leurs  délie  somme  de 

Lambert  le  Clerc  XXXVI<=  florins  de  Rins  que  ceulx  de 
HouBi.x  DE  Stenbiert  Franchimont  sont  ensemblez  redevables 
PiROT  r>Ef;MEAux  cnvers  nostredit  très  redobte  Seigneur,  en 

PiRAiR  PntossoN  viertut  detraityet  fôit  et  conclut  nagaires 

Collet  Herman  a  lieu  de  Treit,  de  payer  az  jours  et  termes 

GrigoiredeFacevaulx  subescrips,  assavoir  :  que  les  susdis  dudit 
CoLLiN  CoLAiR  ban  de  Vervier,  avuecques  ceulx  dez  aul- 

Jehan  de  Hodlmont  trez  bans  dudit  Franchimont,  payeront 
GiELET  SE  Frère  dedens  u!ig  moix  prochain  en  deminuant 
CoLLART  Parot  ladittc  somme,  a  Grégoire  de  Sart  en  nom 

Jehan  de  Pibeux  de  nostredit  très   redoble  Seigneur,  leur 

CoLLiN  LE  BoLLENGiEB  part  Cl  porsion,  miesez  et  assyez  de  VII'' 
Serval  Robinet  florins   do  Rins  pour  rachatieir  lez  lettrez 

Paulus  obligatoires  que   n\  Jehan  de  Branscheil, 

Jehan   Simgnet  de      seigneur  de  Rcvesteyne,  de  nostredit  très 
Heusib.  redobte  Seigneur  ;  teilment   quil   ny  aiet 

quelcquez  domaige  et  que  Icsditlcz  Irltrcz  soient  casses,  anni- 
celleez  et  delivreezen  le  main  de  nostredit  1res  redobte  Seigneur. 
Item  ossi  dedens  le  St-Jelian  Baptiste  qui  se;at  Inn  LXXI,  leur 
part  et  miesez  de  V'^  florins  de  Rins.  Iicm  dedens  le  Noiel 
tantoist  après  ensuyant  ossi  leur  part  de  V''  desdis  florins  et 


—  332  - 

ensi  de  St-Jehan  a  Noiel  et  de  Noiel  a  St-Jelian,  toutdis  leur 
part  et  miesez  de  V*^  florins  jusques  a  playne  solution  desdis 
XXXVI"  florins  ;  parsi,  silhez  defalloient  de  payer  et  satisfaire 
leur  îïiiesez  et  assyeze  de  laditte  somme  priiicipaule  dedens  lez 
jours  prescrips,  ilx  sont  tenus  et  soy  obligent  deux  tous  en 
générales  et  cascun  por  ly,  venir  en  ceste  cite  de  Liège  en  ung 
hosteil  ou  plusseurs  et  illuc  tenir  et  sourjourner  sens  départir, 
fien  et  jusques  a  tant  quilx  aroient  entirement  accomplit  ce 
dont  defallans  seroient,  avuecques  le  tyer  denier  dabandon  et 
encor  sour  le  tyer  denier  dabandon  a  aplichier  a  nostredit  très 
redobte  seigneur. 

Extraits  d'un  registre  aux  œuvres  des  Echevins  de  Liège  (greffe 
Stephany),  commençant  le  25  mai  1469  et  finissant  le  H  janvier 
4471,  no  31,  fol.  10,  H,  12  et  43. 

VII 

Le  document  dont  nous  allons  donner  le  texte  prouve  qu'à  Liège  aussi 
l'office  de  roi  des  Ribauds  existait.  Il  est  seulement  difficile  de  préciser  en 
quoi  cet  office  consistait.  Nous  présumons  cependant  que  celui  qui  en  était 
pourvu  était  chargé  de  la  police  sur  les  maisons  de  jeu  et  de  prostitution, 
et  avait  droit  aux  amendes  encourues  parles  personnes  ayant  contrevenu 
aux  lois  existant  en  ces  matières.  Dans  le  Luxembourg,  li  Tournai  et  en 
France,  il  y  avait  des  rois  des  Ribauds  ;  mais  nous  Ignorons  si  tous  exer- 
çaient les  mêmes  fonctions,  car  on  a  entendu  aussi  sous  la  qualification 
de  roi  des  Ribauds,  le  chef  d'une  milice. 

1461,  12  aoiàt.—  Transport  et  accords  Jais  Tan  XIIII"  et  LXl,  le 
Xll^jour  (laoust,  maire  :  Tryna,  eskevins  :  Fallois  et  Velroiix. 

Pardevant  nous  comparurent  Michiel  Geldoff*  comme  portant 
et  ayant  loffice  délie  Royalteit  des  Ribaix  en  le  citeit  de  Liège  a 
toutes  ses  appartenances,  suyant  sa  commission  sur  ce  faite  et 
scellée,  dune  p  :rt,  et  Jehan  de  Leuze  varlet  de  nous  la  justice, 
daultrepain.  La  mesmes  fut  ledit  Mychiel  si  consilliet  etadviseit 
quil  de  sa  pure  et  lige  volenteit,  sur  les  traitties  convens  et 


-  333  — 

accords  subescrips,  transportai,  par  devant  nous,  en  le  personne 
dudit  Jehan  de  Leuze  ic(3llui  office  de  laditte  royalteit  avecques 
tout  le  droit,  clain,  calenge  et  action  quil  y  avoit  et  avoir  pooit, 
et  ce,  parmi  la  somme  de  nn"  angles  dor  de  Monseigneur  de 
Heynsbergh,  dont  des  xx  diceux  angles  il,  ledit  Michiel  soi  tint 
la  mesmes  pour  contens  et  satisfais.  Et  les  altrez  sissante 
vienent  a  payer  par  ledit  Jehan  de  Leuze,  moittie  dedens  le  jour 
délie  Chandelleur  prochain  venant  et  lautre  moittie  dedens  le 
jour  délie  Paske  tantost  après  enssuyant  et  par  si  que  convent 
porte  entre  eaulx,  si  quilz  cognurent  que,  en  cas  la  ledit  Jehan 
de  Leuze  seroit  defallant  de  payer  ledit  premier  payement  ou  le 
second, que  celli  transport  seroit  nul  et  de  nulle  valeur  et  poroit 
en  celli  cas  ledit  Michiel  faire  sa  pure  et  lige  volenteit  dicelli 
office,  comme  de  premiers  faisoit  avant  le  jour  délie  daute  des- 
seur  escripie  et  li  seroit  tenus  ledit  Jehan  de  Leuze  de  payer  le 
censé  et  raute  dicelli  office,  suyant  laccense  et  obligance  sur  ce 
ung  jour  passeit  faite  par  devant  nous;  voir  que  ce  que  ledit 
Jehan  aroit  payet  sur  laditte  somme  des  lx  angles,  li  deveroit 
venir  bon  en  discompte  de  laditte  censé  et  raute  dudit  office.  Et 
se  plus  avoit  payet  que  ledit  censé  et  raute  ne  montast,  ledit 
Michiel  seroit  tenus  de  adii  Jehan  rendre  celli  sorplus  avant  que 
dudit  office  rosteir  le  posist  et  tout  sens  fraude  ne  malengien 
et  fut  mis  en  warde. 

Extrait  d'un  registre  aux  œuvres  des  Echevins  de  Liège  (greffe 
Stepliany),  commençant  le  12  mai  1461  ei  finissant  le  27  ft'vrier 
1462,  n»  27,  fol.  91,  v». 


VIIT 


Les  deux  pièces  que  l'on  trouvera  ci-dessous,  rappelant  des  événements 
généralement  connus,  n'exigeni  pas  une  note  explicative.  Nous  les  publions 
parce  qu'elles  donnent  d'une  manière  exacte  et  authentique  la  date  des 
trois  événements  qu'elles  concernent.  Le  légat  dont  il  est  fait  mention 
dans  la  première  des  pièces  était  Pierre  Ferrici  qui  obtint  le  cardinalat 


~  334  — 

sous  Paul  II.  C'est  à  la  suite  d'une  députation  envoyée  par  les  Liégeois  à 
Rome  que  le  St-Siége  chargea  le  susdit  légat  d'entendre  les  parties  et 
d'arranger  les  contestations  qui  existaient  entre  elles.  Ce  légat  qui  avait 
le  caractère  de  nonce  apostolique,  parvint  au  but  de  sa  mission  et  prononça 
la  levée  de  l'interdit. 

1463.  30  mai.  —  LanXIIIl'^  el  LXIII  le  pénultième  jour  de 
may,  fui  la  loy  overte  au  comandement  Monseigneur  de  Liège 
qui  avoil  deposeit  el  rapellet  son  mayeur  de  Liège  et  co- 
lïiandet  a  Messeigneurs  a  cesser  de  loy  lanLXII  le XIII''  jour  de 
septembre,  pour  cause  du  cesse  et  interdit  jettet  en  sa  cite  et 
conte  de  Loz, aile  occasion  des  differens  lors  extans  entre  mondit 
Seigneur, dunne  part, et  ceulx  de  sa  cite  ci  conte  deLoz,dautre, 
liqueil  fut  par  décret  dune  legaul  envoyet  départ  nostre  très 
saint  père  le  pape,  relaxet  en  vertu  délie  segurretel  el  caution 
oultre  données  par  ladilte  cite  et  conte  de  Loz  de  steir  en  droit 
et  dattendre  drois. 

Extrait  d'un  registre  aux  œuvres  des  Echevins  de  Liège  ^  greffe  Sle- 
phany)  commençant  le  4  mars  1462  et  finissant  le  i29  juin  1463, 
no  28,  fol.  269. 

i 

1467.  11  novembre.  —  Lan  XIIIP  et  LXVII  le  jour  Saint 
Martin,  furent  les  cleifs  délie  citeit,  en  paix  faisant,  livreez  a 
Monseigneur  le  Duc  de  Borgongne. 

Extrait  d'un  registre  aux  œuvres  des  Echevins  de  Litige  (gretTe 
Stephany),  commençant  le  2  janvier  146o  et  finissant  le  lojuin 
1468,  n"  30,  fol.  243,  v». 


IX 


Le  règlement  qu'on  va  lire  commence  par  exclure  de  l'échevinage  de 
Liège  les  personnes  qui  auraient  brigué  cette  charge  par  des  moyens 
illicites  et  celles  qui  ne  voudraient  pas  prêter  lé  serment  dt-  ne  pas  avoir 
employé  de  semblables  moyens  pour  y  ;irrivor.  Suivent  d'autres  articles 
sur  les  devoirs  et  les  droits  des  echevins,  et  sur  le  lieu  où  ils  devaient 


—  33o  - 

s'assembler.  Il  y  est  exprimé  aussi  qu'aux  obligations  auxquelles,  depuis 
longtemps,  les  échevins  sont  tenus  lors  de  leur  réception,  il  en  est  ajouté 
une  nouvelle  :  celle  de  payer  un  marc  d'argent  ûnMevant  servir  à  l'acqui- 
sition, pour  le  siège  scabinal,  d'une  pièce  de  vaisselle  en  argent,  si 
toutefois  l'on  n'employait  pas  ce  marc  à  l'achat  d'une  coupe  aussi  d'argent 
sur  laquelle  le  nouvel  échevin  pouvait  faire  graver  ses  armoiries  (i).  Le 
document  se  termine  par  permettre  aux  échevins  de  disposer  par  testament 
de  l'objet  en  argent  qui  avait  élé  acquis  lors  de  leur  réception,  mais  à  la 
condition  que,  s'ils  usaient  de  cette  faculté,  leurs  héritiers  devaient  payer  le 
droit  d'approbation  du  testament,  à  moins  que  le  corps  échevinal  ne  leur 
en  fît  grâce. 

1450.  2  mai.  —  Nous  Jehan  Chabot  de  JuppiUe,  chevaUer, 
Wilemme  de  Viheir  seigneur  délie  Chappelle,  Libert  Textor,  Jehan 
Toussaint  Dorey,  Jehan  de  Coir  seigneur  de  Rameyoule,  Abraham 
de  Fexhe  dit  deFalkon,GiledeFanchon,  Lambert  Bibon,Gerart 
de  Seraing  seigneur  a  Fraipont  pannetier  héréditaire  à  Monsei- 
gneur de  Liège,  Jehan  Damesart  et  Jacquemen  deLonchinstous 
esquevins  de  Liège,  faisons  scavoir  a  tous  que  pour  avoir  et  obser- 
veir  entre  nous  bon,honneste  et  convenauble  régiment  aile  hon- 
neur deDieu,denous  et  noz  successeurs  et  le  salut  de  nous  etde 
noz  amez,  et  pour  nous  et  noz  successeurs  maintenir  en  estât 
deyubt,  pour  le  bin  common  de  ung  chacun  et  pour  refourmeir 
le  maison  de  deslroit  et  spécialement  pour  maintenir  entre  nous 
amour  et  fraterniiet  comme  ung  seul  et  singuleir  membre, 
avecques  et  oultre  certains  poins  contenus  enslettrez  des  ordi- 
nances  jadis  par  noz  predicesseurs  de  bonne  memore  faittes, 
avons  fait  et  ordinet  entre  nous  par  meur  conseil  et  délibération 
les  ordinances  chi  après  escriptes  tochant  lestât  de  nous,  noz 
successeurs  et  le  maison  du  destroit  :  lesqueles  avvecques  les 

(  *  )  Il  existe  au  Musée  archéologique  liégeois  une  grande  coupe  d'argent  donnée 
par  Jean  de  Junccis,  qui  l'ut  échevin  pendant  plus  de  cinquante  ans  sous  cinq 
princes.  Elle  porte  non-seulement  les  armoiries  dudit  Junccis,  mais  aussi  celles  des 
princes  :  Erard  de  La  Marck,  Corneil  de  Bergh,  Georges  d'Autriche,  Robert  de 
Bergh  et  Gérard  de  Gioesbeeck. 


-  336  — 

poins  contenus  ens  lettrez  dez  ordinances  de  nosdis  predices- 
seurs  el  par  nous  jureez, voilons  observeir  et  maintenir  a  dureir 
a  tous  jours  inviolaublementpar  le  manière  qui  senssyet;  icelles 
par  nous  faites  et  ordineez  lan  mille  IIIP  et  chinequante  le 
second  jour  de  may. 

Premiers  avons  ordinet  et  accordeit,  ordinons  et  accordons 
pour  eskiweir  touttez  haynnez  el  maie  amour  et  maintenir  entre 
nous  amour  et  fraterniteil  que, pour  avoir  loffice  dyestre  maistre 
esquevin  le  jour  saint  Symon  et  saint  Jude  apostlez  ensi  que  le 
lettre  de  nosdis  predicesseurs  contint,  nous  ne  prierons  ne 
procurrons,  ferons  pryer  ou  procureir  par  nous  ne  par  autruy 
de  part  nous,  en  secreit  ne  en  appert,  en  manière  nulle  :  ains 
eslirons  chacun  an  audit  jour  lune  de  nous  pour  accepteir  et 
faire  ledit  office  a  nostre  sens  et  bon  avis  et  que  celi  de  nous 
qui  ensi  serat  esleu,  ferat  la  niiesme  a  sa  novelle  création  seri- 
ment  que, pour  icelle  office  a  avoir,il  nat  pryet  ne  procureit,lait 
pryer  ne  procureir  par  lui  ne  par  auLruy,en  secret  ne  ne  appert: 
et  sil  ne  vuet  icelui  seriment  faire,  quil  ne  soit  point  a  icelle 
office  admis  ne  recheus,  ains  soil  tanioist  la  miesme  ung  autre 
resleu  qui  ferat  icelui  seriment. 

Item,  quant  aucun  arat  besongne  de  nous  pour  mener  fours 
franchiese  el  banlieu,  quil  soit  delermineii  par  ceaux  qui  sont 
sour  le  destroit  en  gênerai  celi  jour,  combin  et  queil  nombre  il 
en  besongnera  a  faire  icelui  labur  solon  le  cas  et  que  les  parties 
soient  tous  premiers  tenuez  de  payer  les  fraix  et  despens  de 
ceaux  qui  feront  icelui  labur;  lesquelz  deveronl  eslre  esleus  par 
le  plus  grand  partie  de  ceaux  qui  seront  sur  le  destroit, affin  que 
chascun,  lune  après  lautre,  en  face  le  labeur  a  son  tour  sens 
nuUuy  espargnier,  sur  telle  condition  qui  ceaux  qui  seront  ensi 
esleus  parferont  a  tous  profis  qui  venront  sur  le  destroit  le 
terme  de  leur  absence  pour  celi  cas  sens  malengien. 

Iiem,  avons  encors  ordineit  et  accordeit  quant  aucun  arat 
pareillement  besongne  de  nous  dedens  franchiese  et  banlieu,  quil 
Gii  soil  useitparle  manière  susditiervoir  que  tout  le  salaire  qui 


-  337  - 

compelerat  soit  vengiie  en  comon,  aile  détermination  de  ceaux 
quia  celi  jour  seront  troveis  sur  le  destroit  en  ce  compris 
commandz  sur  Ihonneur  et  autrez  labures. 

Item,  avons  avant  accordeit  ensuyant  le  contenu  délie  ancliine 
lettre  par  nous  jurée,  faisante  mention  que  nous  nous  devons 
ameii'a  vie  el  a  mort  jasoice  que  coustummeestoit  que,  après  le 
deces  dune  de  nous  devieit  on  prendoii  droittires  a  sa  femme, 
enffans  ou  remanuaiis  le  soiume  de  xun  florins  de  Rins  et 
encors  aucunne  foix  avvecques  ce  les  droitures  des  approuves 
de  testament  dudii,  seigneur  devieit:  avons  ordineit  que,  de  toutes 
ces  droitures,  lesditlez  femez,  enffans  ou  remannans  en  demeu- 
rent quittes  et  en  paix.  Mais  nostre  intention  est  telle  que 
quant  aucun  noveaul  esquevin  venrat  a  réception  avvecques 
touttes  droitures  anchynnez  acouslumeez,  il  soit  encors  tenuez 
de  payer  ung  marck  de  fm  argent,  pour  de  ce  faire  vassel  d'argent 
et  quilliers,  ou  autrement  convenir  en  Ihonneur  délie  maison 
de  destroit:  cest  a  entendre  a  nostre  bonne  ordinance  et  plaisir 
voir  sensi  estoit  que  ons  en  fesist  ung  hanap,  celi  qui  aroit 
livreit  largent  poroit  faire  armoyer  ses  armes  sur  celi,  deffours 
ou  dedens,  a  son  bon  plaisir. 

Item,  avons  avant  ordineit  et  accordeit,  ordinons  etaccordons 
que  ceaux  de  nous  qui  seront  à  Liège  les  jours  ferialx,soy  deve- 
ront  assembleir  sur  le  destroit  et  nyent  autre  part  et  quil  ne 
soit  fait  par  nous  quelcque  labur  en  lengliese  Saint  Lambert  ne 
en  aultres  :  ains  soient  tous  laburs  fais  sour  le  destroit  qui  est 
lieu  ad  ce  deputeit,  se  dont  ce  nestoil  pour  cause  nécessaire  et 
aile  sceyute  de  ceaux  de  nous  qui  seroieni  a  celi  jour  sur  le 
destroit  ou  en  la  cité  do  Liège  sens  maie  ocquison. 

Item,  avons  avant  ordineit  et  accordeit  lochant  le  marc  dar- 
geiit  que  cascun  de  nous  paye  a  sa  réception,  qui  convertis  est 
en  vassel  dargent  dont  cbi  devant  est  faite  mention, que  dors  en 
avant,  ung  cascun  de  nous  porat  ledit  marc  dargent  en  teile 
vassel  que  convertis  aroil  esteit,  ordineir,  laissier,  testateir  et 
ahnoisneir  a  son  bon  plaisir,  a  avoir  après  son  deces  :  et  se  ordi- 


338 


neit,  lestateit  ou  almoisneit  ne  lavoit,  quil  parvengne,  ceide  et 
eskie  a  safemme,  enffans,  hoires  et  remanans,tantost  après  son 
deces;  en  ce  adjosteit  que,  sil  plaisoit  ad  celi  dentre  nous  qui 
yroit  de  vie  a  trespassement,  laissier  sondit  lianap  aile  maison 
et  compagnie  de  destroit,  en  celi  cas  safemme,  enffans  et  hoires 
ne  seroient  point  tenus  de  payer  les  droitures  délie  approbation 
de  son  testament;  mais  se  laissier  ne  li  plaisoit  et  saditie  femme, 
enffans  et  hoires  ravoir  voisissent  ledit  hanap,  payer  deveroient 
lesdittez  droiturez  délie  approbation  dudit  testament  se  dont 
messeigneurs  ne  leur  quitoient  de  grâce. 

Extrait  d'un  registre  aux  œuvres  ees  Echevins  de  Liège  (greffe 
Stephanyj,  commençant  le  17  janvier  1450  et  finissant  le  7 
septembre  de  la  môme  année,  n"  17,  fol.  1. 


Pendant  les  troubles  qui  désolèrent  Liège  sous  Louis  de  Bourbon, 
Raes  de  Heers,  seigneur  de  Linlre,  conçut  le  projet  de  la  nomination  d'un 
niambouren  remplacement  de  l'évêque,  projet  qui  fut  admis  à  funanimiié 
dans  une  assemblée  tenue  à  cet  effet. 

Raes  de  Heers  qui  avait  été  secrètement  à  Cologne  offrir  à  Marc  de  Bade, 
fils  du  marquis  de  Bade,  cette  dignité,  que  celui-ci  accepta  sous  la  réserve 
qu'elle  lui  serait  conférée  par  les  trois  états  du  pays,  lit  la  proposition  de 
procéder  de  cette  manière  à  réleclioii  de  son  candidat  qui  fut  nommé  par 
acclamation. 

L'entrée  et  la  réception  du  mambour  donnèrent  lieu  à  de  grandes 
réjouissances  publiques  et  il  fut  inauguré  quelques  jours  après.  C'est  à  la 
suite  de  son  ii)auguration,dont  la  cérémonie  se  fit  au  palais,  que  le  mam- 
bour prêta  dans  la  cathédrale  de  Liège  le  serment  dont  la  teneur  suit  •  i)  : 


(')  La  lecture  du  serment  fut  faite  par  Baré  de  Surlet,  qui  avait  abandonné  le 
parti  de  l'évêque. 


—  339  — 

1465.  22  avril. —  Serment  fait  sur  le  grand  aulteit  a  Saint  Lam- 
bert par  Monseigneur  Marc,  marehis  de  Baden,  lan  XIIII"  et 
LXV,  le  XXII"  jour  davril,  Somonneur  de  loy  pour  le  temps  : 
Messeigneiirs  Jehan  délie  Boverie,  chevalier,  sique  voeit  de  Liège, 
esquevins  ;  Hollongne,  Textor,  Dammes,  Falloise,  Bastonyîie, 
Persant,  Velleroux  et  Froymont,  lequeil  serment  fut  par  ly  fait 
tout  ensi  quil  fut  laendroit  apportât  par  escript  en  latin  comme 
chi  après  senssiet  de  mot  a  mot. 

Juramentum  prestandum  per  dominumMarcuin,  marcliionem 
de  Baden,  etc.  Primo  jurabit  quod  pro  electione,  regimine  et 
administralione  patriariimepiscopatus  Leodiensis,  ducatus  de 
Bulhon  et  comilatus  Lossensis  liabendis,  non  dédit  nec  dare 
promisil,  per  se  nec  per  alium,  in  occulto  nec  in  publico,  per- 
sone  cuicumque  spiritual!  seu  temporal!  aurum  vel  aliud  donum 
quodcumque.  Iiem,  quod  bonus,  verax,  legalis  et  fidelis  erit 
omnibus  sibi  obedientibus  necnon  auxilium  prestanlibus  nec 
ipsosquovismododeseret,  sed  pro  posse  suo  juvabit  et  assistet. 
Item,  quod  observabit  et  manutenebiteorum  francliisias,  privi- 
légia, libertates  et  antiquas  consuetudines  necnon  pacem  de 
Fexhe,  confirmalionem  Philipp!  secundi,  Romanorum  régis,  et 
omnes  alias  paces  et  ordinationes  quas  scabini  Leodienses 
salvant,  servant  et  cuslodiunt.  Item, quod  non  impignorabit,  non 
alienabit  nec  vendet  palrias  supradictas,  nec  super  officiis 
aurum,  argentum  seu  aliud  quodcumque  commodum  mutuo 
recipiet  nec  ea  servituti  subiciet  (sic)  aut  obligabit,  nisi  opus 
fuerit  et  hoc  de  consensu  et  voluniaie  membrorum  et  statuum 
dictarum  patriarum  qui  erunt  sibi  assistenciam  et  auxilium  pre- 
bentes.  Item,  quod  jurare  faciet  omnes  castellanos,  prepositos, 
ballivos,  villicos  et  scabinos  in  eorum  institutione  primaria, 
quod  nondederunl  nec  dare  piomiserunl,  per  se  nec  per  alium, 
quodcumque  pio  suis  officiis  liabendis,  quodque  sua  officia 
gèrent  et  exercebunt  bene  et  legaliter  secundum  leges  pairie  et 
paces  factas,  et  quod  eos  etinm  susieniabit  et  juvabit  pro  posse 


—  340  - 

suo  in  omnibus  eorum  agendis  negotiis  et  necessitatibiis.  Item, 
qiiod  pro  confirmatione  seu  provisions  dignitaîus  episcopalis  a 
sanclissimo  domino  nostro  papa  oblineiida,omriem  diligentiam 
sibi  possibilem  adhibcbil,  (jua  habita  incontineiiti  infra  annum 
post  confiimatioiiem  obtentam  ad  sacros  ordines  promovebilur 
seque  in  episcopum  consecrari  faciet  ac  etiam  ex  tune  prestabit 
unacum  presenti  juramento,  jui'amontiim  preslari  soiitum  in 
ecclesia  Leodiensi.  Item,  quod  futuris  temporibus,  non  tollet 
nec  tolli  seu  serari  faciet  legem  et  jusiitiam  patrie,  ymmo  illam 
ministrari  ei  infallenter  unicuique  prestari  mandabit  et  faciet 
secundum  pacem  de  Fexhe  et  alias  paces  factas.  Et  in  eventum 
quo  eam,  (juod  absit,  tollerel,  quod  tune  advocalus  Leodiensis 
poterit  et  dtbebit  monere  scabinos,  faciendoeosjudicare legem, 
quodque  ad  dicti  advocati  monitionem  scabitii  Leodienses 
leneantur  judicare  et  administrare  unicuique ,  majoribus 
videlicet,  mediocribus  et  infimis  legem  et  jusliiiam  sine  conlra- 
dictione  quacumquo.  Item, quod ponet  et  instituel'suosofficiarios 
et  consiiiarios  juxla  paces  factas  et  secundum  quod  per  legem 
patrie  cavelur  et  observatur.  Item,  quod  jura  et  leges  patrie 
necnon  judicia  feodalium  et  vasallorum  episcopatus  Leodiensis 
in  civitate  Leodiensi  tenebit  et  servari  faciet;  quod  etiam  status 
et  membradictarum  patriarum  venire  non  mandabit  alibi  quam 
in  dicta  civitate  que  est  sedes  episcopalis,  maier  et  caput,  prout 
scabini  servant  et  custodiunt  etc.  Lequel  seriment  fait  par  ledit 
MonseigneurMarc, comme  chi  deseursoy  continlde  mol  a  mot, 
fait  a  la  requeste  de  Messeigneurs  Willemme  de  Berloz,  cheva- 
lier, seigneur  de  Bruys,  de  Berloz,  de  Houten,etc.,  et  Malhier 
Hav^eal,  ambedeux  maistrez  pour  le  temps  délie  cite  de  Liège, 
et  en  nom  dicelle  cite  par  ledit  voeit,  tant  en  îaditte  église 
comme  après  ce,  sourie  royal  chemien.  Mis  en  le  warde  de  nous 
lesdis  esquevins  de  Liège  qui  ad  ce  faire  fummez  presens  aile 
requeste  desdis  maistrez  lan  et  jour  desseur  escrips, 

lixlrail  d'un  registre  aux  œuvres  des  Echevins  de  Liège  greffe 
Slephanyj,  commençant  le  2  janvier  4465  et  finissant  le  15  juin 
1468,  no  30,  fol.  -105. 


XI 


La  possession  de  lavouerie  de  Liège  ayant  été  enlevée  à  la  famille  délie 
fîoverie  (de  la  Boverie)  pendant  les  giiei  res  qui  eurent  lieu  sons  les  règnes 
de  Louis  de  Bourijoii  et  de  Jean  de  Hornes,  l'un  des  membres  df 
cette  famille,  nommé  Jean,  assisté  d'amis  et  de  parents,  requit  la  cour  des 
échévins  de  Liège  de  le  remettre  en  possession  et  de  recevoir  son  serment 
en  qualité  d'avoué  de  Liège. 

Par  le  documeni  qui  suit  immédiatement,  il  est  fait  droit  à  cette 
demande. 

1488,  26  mai^s.  —  Pardevant  nous  Rigal  de  This,  Aiidrier  de 
Wyhongne,  Jehan  liantliiiiez  et  Tliomas  Peronne  esquevinsde 
Liège,  sont  compai'us  nobles  et  honnourez  seigneurs  messii'e 
Everart  de  la  Marche,  danioiseal  Jehan  son  cusin,  fil  de  feu 
messire  Guilleame  de  la  Marche,  J;ino  le  baslart,  capitaine  de 
Longne,  etauuez  avvecquez  et  en  la  faveur  de  messire  Jehan 
délie  Boverie  chevalier,  et  ossy  avuecquez  ly  Willemme  Surlel 
maisLre  jadis  de  laditie  cite  ;  Yslausse  de  Streelles  escuyer, 
Urban  de  Villeir  jadis  maistre  dicelle  cite,  Willemme  de 
Dalem,  Ernull  Lambert  et  autrez  proismes  et  amis  dudit 
sirre  délie  Boverie  ;  et  laendroit  ledit  messire  Jehan  délie 
Boverie  avuecquez  les  seigneurs  et  autres  avaiildis ,  nous 
requisent  que,  ensuyant  les  letlrez  quel  avoit  délie  haute 
voerie  de  Liège  de  noz  predicesseurs  esquevins  de  Liège, 
et  de  grant  seel  de  laditie  cite  seelleez  ,  que  lamiesmez 
exhibual  pardevant  nous,  et  de  plusseurs  autrez  letlrez  quil 
disoit  avoir  heyut  le  limps  passeit  dellediite  vowerie  de  Liège, 
le  volsissimez  raccepteir  en  la  possession  dicelle  voerie, comme 
avoient  fait  nosdis  predicesseurs  paravant,  dont  il  avoit  este 
aile  occasion  des  adversités  et  guerres  de  cesti  pays  et  autre- 
ment dispossessioneil;  et  jasoice  que  parchidevant,  il  en  euyst 
fait  seriment  acasafferant,comme  sesdittez  lettrezcontenoient, 


—  :;43  - 

encor  le  parolîroit  il  a  renovelleir;  a  laquele  requeste après  cer- 
taine diiaiioii  par  nous  prise, veu  que  estummes  en  pelil  nombre 
jtour  labsence  de  nos  aiitrez  confrères,  nientinoins  affîn  de 
eviteir  suspiiion  de  prolongement, racceptaaimez  ledit  messire 
Jehîui  delle  Boverie  en  saditte  possession  de  laditte  voerie  lele, 
(|iie  avoir  le  devoil  et  que  a  luy  aparlenoii  selon  le  contenu  de 
SOS  diltt'Z  lellrez,  en  renoveliaiit  sondil  seriment;  voir  si  avant 
que  a  nous  en  est  et  appartint,  sauf  tous  drois  et  sur  leillez  pro- 
testations par  nous  faisant,  comme  fait  avoientparavant  nosdis 
predicesseui's  esquevins  de  Liège,  ensi  que lesdittez  lettrez  dudit 
voeit  expressément  continent  ausqueles  nous  en  raportons, 
Che  fut  fait  sour  le  sale  Saint  Micliiel  a  Liège  presens  les 
notaires  et  tesmoins  subescrips,  ausquelx  ledit  voeit  de  son 
r.cceptation,  et  nous  lesdis  esquevins  de  nosdittez  protestations 
et  de  ce  que  fait  en  estoit,  demandammez  instrument  se  le  cas  le 
roqueroil.  Presens  si  que  notaires  sour  ce  requis  Johannes  de 
Kesymonl  laisneil,  nostre  clerc  secrétaire,  et  Piron  le  Berwier 
ossi  nostre  clerc,  en  présence  de  Beiihol  le  vieswarier,  Collart  de 
Golioiigiie,  Renier  dellc  Chen^z,  noz  chambrelains  secrétaires, 
Je!);in  le  vigreu  et  aulrez.  î.an  delle  Naliviîeit  nostre  Seigneur 
Jlicsu  Crisl  mil  IIIL  LXXXVÎll,  le  XXVP' jour  de  marce. 

Extrait  d'un  registre  aux  œuvres  des  échevins  de  Liège  (grefle 
Stepiiany),  commençant  le  23  juin  1487  et  finissant  le  13  décembre 
149'2,  fol.  239,  registre  n"  50. 


XII 


(iuillaumo  d'Aremberû,,  surnommé  le  sanglier  des  Ardennes,  ayant  fait 
à  Tongres,  en  1484,  la  paix  avec  les  Liégeois,  fut  saisi,  malgré  celte  paix, 
par  les  frères  de  l'évêqtic  Jean  de  Hornes,  et  exécuté  à  Maestricht. 

Kvrard,  frère  de  Guillaume,  el  Robert,  son  neveu,  aidés  de  Ghys  de 
Kanne,  tirent,  à  ce  sujet,  une  guerre  terrible  à  l'évêque. 


-  343 


Ghys,  à  la  tète  d'une  troupe  formée  de  vapaboïids,  se  lança  sur  le  comté 
de  Bornes  et  pilla  la  ville  de  Weert. 

Les  habitants  de  cette  ville,  pour  la  préserver  de  l'incendie  et  d'une 
destruction  complète  dont  Ghys  les  menaça,  durent  même  s'engager  à  lui 
payer  une  somme  de  douze  mille  florins  à  la  croix  et  à  lui  livrer  viii^'t 
otages  en  garantie  du  payement  de  celte  somme. 

D'après  la  pièce  qui  va  suivre,  des  bourgeois  de  Liège,  pour  tirer  ces 
ùtai^es  des  mains  de  Gliys,  prêtèrent  à  la  ville  de  Weert  6,045  florins. 

On  va  voir  à  quel  moyen  les  bourgmestres  de  Liège,  au  nom  des 
susdits  bourgeois,  durent  recourir  pour  obtenir  le  remboursement  de 
celte  somme. 


1487,  17  aoiJt.—  Jugement  rendu  par  nous  les  csquevuis  de  Lieije 
aile  somonsse  du  mayeur  lan  XI III'  II II'"  et  sept  le  XAVII" 
jour  daoust. 

Comme  les  maisti'es  de  !a  cite  de  Liège  partie  faisant  en  nom 
des  borgoix  dicelle  cite,  qui  preste  et  debourset  avoient  le 
somme  de  deniei^s  dont  chi  après  serat  faite  mention,  euyssent 
fait  aresteir  en  cestedilte  cite  Marsilis  le  mannoyer,  surseant  et 
demorant  au  lieu  de  Weirt,  pour  avoir  satisfaction  et  solution 
délie  somme  de  VI™  XLV  florins  ou  environ,  que  lesdis  borgoix 
avoient  pi^este,  comme  lesdis  maîtres  disoient,  pour  le  delige- 
ment  et  préservation  de  la  généralité  de  ceulx  dédit  Weirt  et  de 
leurs  biens  et  bostagiers  et  pour  eulx  gardeir  de  la  gi^ande 
désolation,  arsin  et  destruction  que  messire  Ghis  de  Kan  a  son 
vivant  estoit  intenlioneit  de  a  eaux  faire,  et  dont  lesdis  de 
Weirt  et  de  la  généralité  dicelle  avoient  constitueit  en  la  puis- 
sance et  subjection  dudit  messire  Gbis  XX  hommes  ostagiers, 
lesquelx  estoient  comme  bostagiers  en  cesie  cite, pour  le  somme 
de  XII"'  florins  a  la  X  pour  le  branscbat  a  payer  a  deux  termes, 
assavoir  :  la  moitié  a  Pasque  et  lautre  moitié  a  Cbincquemme  a 
dont  prochain,  suyant  lapointemeiit  par  lesdis  de  Weirt  fais 


envers  le  jadis  messire  Gliis,  qui  par  ces  adlieieus  Allcmans  el 
gens  de  gwcrs  les  avoit  mis  en  grant  dangier  et  désolation,  se 
porveu  ny  euyssent  par  ledit  apoiniemenl  envers  ly  fait, et  dont 
pour  la  grande  cremeur,  dobtance  et  rudece  quil  f;iisoit  ausdis 
hostagiers,  luy,  résolut  et  intenlioneit  de  eulx  faire  tireir  hors 
de  ladiite  cité  et  les  faire  mettre  en  fortes  places,  comme  a 
Longne,  a  Monfort  ou  aillors,  a  son  apeti  et  a  la  vollente  de 
sesdis  Allemans  et  diverses  gens  darmes  ses  adherens,  lesdis 
borgoix  esmeus  de  piteit  et  ayans  compassion  desdis hostagiers, 
a  leur  très  instante  pryer  et  requeste,  en  nom  et  pour  laditte 
generaliteit  desdis  de  Weirt,  prestarent  pour  leur  diligement 
envers  le  jadis  messire  Ghis,  lesdis  VI'"  et  XLV  florins;  par  le 
moyen  de  laquele  preste,  iceulx  hostagiers,  en  nom  de  laditte 
généralité,  furent  delivreis  hors  des  mains  dédit  messire  Ghis, 
eulx  demorans  hostagiers  es  mains  de  laditte  cite,  en  eulx 
eslargissant  de  prison,  sur  bonne  confidence  et  obligation  par 
eulx  faite  en  corps  et  en  biens  de  jamaix  non  partir  hors  de 
laditte  cite,  se  premirement  lesdis  borgois  nestoientde  leurditte 
preste  entièrement  rembourseis,  comme  iceulx  hostagiers  pro- 
misent et  jurarent  solempnement  sur  sains.  Item  encor  ayant 
tousjours  lesdis  borgois  de  laditte  cite  pite  et  compassion  du 
dangier  et  désolation  de  laditte  généralité  et  desdis  hostagiers 
dédit  Weirt,  concedarent  et  consentirent  que  quattre  diceulx 
hostagiers  soy  transporteroient  adit  Weirt  pour  pnrsuyr  ladiite 
somme,  et  procureir  leur  diligement,  demorant  tousjours  leurs 
serimens  et  obligation  en  force  et  vertu;  lesquelx  quattre  bos- 
tagiers  ayans  oblieit  leursdis  serimens  et  obligation,  jamaix  ne 
revinrent  par  decha  et  que  plus  est,  les  autres  hostagiers,  leurs 
confrères  ycby  demoreis,  allans  et  frequentans  par  la  cite,  sur 
bonne  confidence  de  leursdis  serimens  et  obligations,  comme 
dit  est,  les  ayans  ossi  totalement  obliet,  se  partirent  le  jour  de 
la  solempnite  du  Saint  Sacrament,  secrètement,  et  sen  allarent 
honteusement  sens  faire  quelcque  acquitte  de  retorneir  par 
decha  ne  de  satisfaire  ad  ce  que  dit  est  ;  et   par  les  raisons 


prcsci-iptes  et  veyul  que  ledit  Marsilis  est  ung  des  manans  et 
surseansdudil  Weirt  présentement  a  jour  de  ceste  arreste,  et 
que  a  jour  del  apoiiilement  fait  envers  le  jadis  messire  Ghis,il  y 
avoit  sa  maison  et  ses  biens  qui,  parmy  ce,  furent  preserveiset 
gardeis  darsin  et  de  perdition, comme  tottes  ces  choeses  avuec- 
quez  plusseurs  autres  raisons  par  lesdis  maistres  proposecz  et 
remostreez,ilz,en  nom  comme  dessus, voUoient  proveir  et  mos- 
treir  et  maintenoient   y  estre  bin  fondeis  de  ladilte  areste  et 
■que  icelle  devoit  avoir  son  course;  et  ledit  Marsilis  respondoit 
et  alligoit  allencoiitre,  disant  que  lesdis  maistres  estoient  mal- 
fondeis  de  ly  faire  aresteir;  car  jamaix  ne  soy  lâchât  ne  obligat 
envers  lesdis  maîtres,  ne  borgoix,senon  lesdis  hostagiers,sens 
le  sclieu  de  laditte  généralité  et  sens  le  consent  dicelle,  car  la 
promesse  que  ladilte  généralité  avoit  fait,  ce  avoit  este  envers 
ledit  messire  Ghis;  et  se  lesdis  hostagiers  avoient  plus  promis 
quilz   neuyssent  de  carge,  on   les  en  pooit  parsuyr  et  ilz  se 
poroient  respondre  et  alligier;  et  les  dévoient  lesdis  de  la 
cite  si  bin  gardeir  que  pour  en  yestre  satisfais,  sens  lui  ledit 
Marsilis  pour  ce  faire  aresler,  et  poyoient  ossi  lesdis  maistrez 
parsuyr  ceulx  qui  avoient  le  garde  desdis  hostagiers  pour  de 
eaulx  rendre  compte,  noyant  ausdis  maistres  leur  intention  et 
volloit  faire  apparoir  que, par  vertu  de  certaines  lettrez  envoyés 
par  ledit  feu  messire  Ghis  ausdis  de  Weirt  de  payer  leur  argent 
a  liu  de  Slockehem,  ilz  y  fisenl  porteir  le  propre  jour  que  le 
jadis  messire  Ghis  fut  ochis,  et  y  furent  payes  certains  deniers 
et  dont  il  a  exhibueit  recet  de  Jehan  Craen, receveur  de  messire 
Robert  délie  3Iarche,  en  nom  dédit  messire  Ghis,  délie  somme 
de  VI'"  IIII-^  LXXV  florins.  XX  aidans  pour  le  florin,  avvecques 
plusseurs  iiuîres  raisons  par  ly  pruposeez;  sur  lesquelx  differens 
plusseurs  provances,  mostrances,  debas,  alligances  et  conlre- 
mostrances  en  ont  par  lesditlez  parties,  lunne  contre  lautre,par 
devant  nous,  estet  faites  ;  toutles  lesquelx  par  nous  biu  et  dili- 
gemment visenteiz  et  enlenduez,  nous  sur  tôt  ce  meurement 
conseillies,  avons  dit  par  loy  et  par  jugement,  aile  somonsse 


346 


dudit  mayeur,  que  veu  quil  nous  constat  que  ladilte  preste 
desdis  ¥!■"  et  XLV  florins  al  par  lesdis  borgoix  de  laditte  cite 
este  faite  au  profit  de  la  généralité  desdis  de  Weirt,  en  bin 
faisant,  et  en  eulx  parmy  ce  préservant  et  gardant  eaulx,  leurs 
ho?!agiers  et  leurs  biens  de  plus  grand  dangier,  perde  et  deso- 
iiiîion,  et  pour  le  diiigement  deaux  et  de  leursdishostagiers  en 
bonne  manière  et  en  eaux  assistant  généralement  aile  instante 
pryer  et  requeste  des  hoslagier^,  laditte  areste  doit  demoreir 
vaillable,veu  que  leditMarsilis.a  jour  de  cestedilte  areste,  estoit 
ung  des  surceans  et  habitans  dicelle  généralité  dudit  Weirt, 
participant  a  la  préservation  de  ly  et  de  ses  biens  en  gênerai 
avec  les  autrezsens  séparation, considère  ossy  que,  a  jour  dudit 
branschat,  il  y  avoit  sesdis  biens  suyant  les  provances  et  veri- 
ticalions  qui  nous  en  sont  .*ipparuez,condampnanl  ledit  M;îrsilis 
az  fraix  de  loy. 

Extrait  du  registre  aux  œuvres  des  ochevins  de  Liège  i  grelJc 
Siepliany),commençaiil  le  'Jojnin  1487  et  finissant  le  18  décembre 
1492,  n"  oO,  fol.  ifî,  V». 


Xlli 


Les  oi-doiinaiices  qui  vuiil  être  placées  sous  les  yeux  du  lecteur  prouvenl 
(|u'à  une  époque  déjà  assez  reculée,  on  s'est  occupé  des  moyens  propres 
à  empêcher  la  détérioration  du  pavé  des  rues  de  Liège. 

Les  motifs  î)  l'appui  de  ces  ordonnances  surprendront  de  nos  jours,  que 
les  chariots  les  plus  lourdement  chargés  parcourent  les  rues  sans  nuire 
aux  églises,  ponts  et  maisons.  On  doit  toutefois  reconnaître  qu'elles  étaient 
favorables  à  la  conservation  du  pavé  et  à  la  propreté  des  rues  autres  que 
celles  par  lesquelles  les  chars  et  charrettes  devaient  se  rendre  à  la  .Meuse. 


1457,  M  avril.  —  Avis,  ordinanches,  traitiez  et  nccors  fais  de 
part  le  grasce  noslre  très  redobte  S^'  Mon&ingneur  de  Liège,  les 
seingneurs,  doyens  et  capitles  de  la  grande  engliese  et  des 
secondares  engliescf^  de  Liège,  maistre  jureis  et  conseil  délie 
ditte  citet,  en  le  maîiiere  qui  sensyet  et  parles  fermetiurs  dicelle 
citet  aportes  par  escript  et  a  leur  requeste  par  le  greit,  consent 
et  otroye  et  commandement  de  noslre  dit  très  redobte  S^^  Mon- 
singneur  de  Liège,  mis  en  le  warde  de  nous  les  eschevins  de 
Liège,  lan  XI Ht  et  LVJI,  le  XI"  jour  davril  ;  maire  :  Chabot  ; 
eschevins  :  Textor,  Coir,  Pannethier,  Dammesart,  Lorichins, 
Falloize,  Morealmeit,  Penant,  Berard  et  Waldoreal,  ensi  et 
par  le  manière  que  contenus  estuient  en  une  ceduUe  de  pap'ire 
de  laqueile  le  tenure  sensyet  de  mot  a  mot  : 

A  tous  clieaus  qui  ces  présente  ordinaiiche  voiront  et  oi'uiil. 
Remonstrance  faite  par  lesseingneurs  fermeteurs  al  exortalion 
de  pluisseurs  borniez  gens  citains,  en  capitle  de  Saint  Lambier, 
par  devant  les  s'nngnours  délie  grande  et  doyen  et  capitle  des 
secundaires  engliesez  de  Liège  et  maistres  jureis  et  conseilhe 
et  pluisseurs  autres  bonnes  gens  délie  honorable  citeit  de 
Liège,  a  une  jour  convockeis  et  assembleis,  cesl  assavoir  de 
pluisseurs  grans  chaires  cargies  de  cherbons  ('),  passans, 
corans  et  troitans  par  le  citeit,  lesquels  avoyentfait  et  faisoient 
très  grans  damaiges  en  chauchies  (^)  et  quil  nastoit  pont  pos- 
sible que  laissiese  des  cervoises  (')  et  keutes  (*)  et  autres 
beveraiges  (')  powist  et  saroit  detenire  les  dittes  chauchies 
que  teilx  chaires  brisoyent  de  jour  en  jour,  et  encor  très  grans 
perilhes  poroyeiU  advenire  az  engliesez,  pons  et  maisons  en  la 


(  •  )  Chars  charges  de  charljons. 

(*)  Dommages  aux  chaussées. 

(')  Boisson  difTi'rente  de  la  bière  ei  dont  on  faisait  plus  do  cas.  Voir  Ihicange. 

^*j  Espèce  do  bière    Voir  le  glossaire  de  Diicango. 

(')  Boissons. 


-  ;U8  - 

ditte  citeit  ;  car  teilx  chaires  et  ausy  autres,  en  corrant  par  le 
citeit,  font  irenbleir  et  hochiere  C)  les  dittes  engliesez,  pons  et 
maisons,  de  toutes  lesquelles  choses  poiroit  sortir  très  grande 
inconvenienche  et  damaige,  si  sieroii  bin  nécessaire  de  mettre 
remeide  et  parlant  est  adviseit  et  ordineit  :  que  lous  mnrclians 
ou  aultres  personnes  qui  voiront  cargier  chierbons  en  naviers 
ou  pontons  pour  minneirhors  délie  citeit,  qui  siéront  gelteiset 
oevreis  a  Saint  Loren,  a  Saint  Nycolay  en  Glen,  a  Saint  Giele, 
aHomvcii  et  la  entours,  les  chaires  et  chereUes  qui  tels  cher- 
bons  monront  et  chériront  (-),  seiront  tenus  de  descargier  et 
de  faire  stappe  (^)  sourie  rivière  dAveroit,  sens  enlreir  en 
ladilte  citeit.  Et  semblanment,  tous  chierbons  qui  siéront  par 
delà  Mouse,  demoironl  par  delà  Mnuse,  enlendut  lous  jours 
les  chierbons  que  ons  venderat  por  minneir  hors  délie  ciieit  ; 
et  les  chierbons  qui  seiront  overeis  et  getteis  a  Tauwe  (■)  et 
laenlours,  les  chaires  el  clieretles  qui  tels  chelrbons  cherii'ont, 
seiront  tenus  de  alleir  descargier  a  Point  aile  Creyre  et  les 
cherbons  que  ons  overat  et  getterat  et  que  ons  venderat  ou  que 
ons  acliaterat  a  Ans,  a  Molin,  a  Hachaporl,  a  Xhovemont  et  a 
Sainte  Wulbeur,  jusque  a  Tawe,  pour  minneir  hors  délie  citeit 
par  naviers  el  pontons,  comme  dit  est,  les  chaires  a  bennes 
doisiers  (^)  et  cherettes  qui  tels  chierbons  cheirironl,  siéront 
tenus  de  descai'gier  a  Vivier  (")  et  nient  aultre  paît.  Et  ne 
poront  ceaux  des  chaires  a  bennes  qui  venront  descargier  a 
Vivier,  cargier  que  vni  mesures  de  chierbons  et  les  cherettes 
que  V  mesures  de  chierbon.  Et  aront  puissanche  et  aucloriteit 
les  prenommeis  fermeteurs  par  eaux,  leurs  clers,  varies  ou 
aultres  personnes  de  part  eaux  commis  el  deputeis,  lesdis 
chaires  et  cherettes  ensi  cargies  de  chierbons,  entrans  en 
ladilte  citeit  pour  vendre  on  miiieir  hors  délie  citeit,  comme 

(♦j  Osciller. — (')  Mèneront  et  charrieronl. —  ['']  Arrêt. —  (*  ;  Aux  Tawes. 

(■')  Chars  portant  des  paniers  d'osier. 

(•)  Le  vivier  était  situé  en  Cheravoie,  au  bout  de  Souverain-Pout. 


349 


dit  est,  qui  deveront  estre  descargieis  a  Vivier,  faire  rejetteir 
et  mesurer,  tout  fois  qui  leur  plairat,  pour  savoir  sil  excédent 
leur  carge  en  cest  présente  ordinanche  statuee,  et  tout  ce  az 
frais,  costes  et  despens  de  celuy  a  cuy  les  chaires  et  clierettes 
seiront  appartenantes,  sens  le  contredit  de  nulle  personne.  Et 
se  aucune  personne  ou  pluiseurs  voloient  conlresteir,  ou 
mettre  deffense  a  tout  che  qui  est  contenut  en  ceste  présente 
ordinancliez,  il  seiront  tous  tenus  singuleirement,  une  cescun 
por  ly,  de  payer  lamende  clii  desous  déclarée,  et  seiront  tenus 
clieaux  qui  chaires  ou  clierettes,  monront  et  chériront  en  ladilte 
citeit,  quant  il  deskenderont  tyer  et  vallée,  de  sereir  leurdis 
chaires  ou  clierettes,  cargies  de  queilconque  denrée  que  che 
soit,  a  bacheaux  et  nient  autrement.  Et  ossi  tous  chaires  ou 
clierettes  veuse  (  '  j  ou  cargies  ne  deveront  corrir  ne  trotteir 
par  ladilte  citeit.  Et  aflin  que  cest  présente  ordinanche  soit 
entretenue, observée  et  wardee,nos  les  singneurs  délie  grande, 
et  nous  les  cannonnes  des  secundaires  englleses  de  Liège,  et 
ossi  nos  les  maistres,  jureis  et  conseilhe  et  tout  le  uiiiversiteit 
délie  bonne  citeit  de  Liège,  voilons  et  ordinons,  que  toutes 
personnes  de  queil  estât  quil  soyent,  qui  fâche  ou  fâchent 
contre  cest  présente  ordinanches,  orlant  de  foix  que  che  adven- 
roit,  il  seirat  et  ou  il  seiront  tenus  de  payer  une  florin  de  Rin 
damende,  a  applichier  a  equaile  parchon  (-)  a  Monsaingneur 
de  Liège,  aile  citeit,  aile  fermeteit  et  auz  fermeteurs  ou  aultres 
personnes  por  et  en  nom  deaux  pour  che  aflaire  suffissammeiit 
commis  et  deputeis,qui  teis  forfaisans  pannerontetdewageront 
aile  cause  des  amendes  commises  et  forfaites,  sens  chu  que 
ons  les  puist  pardonneir  ne  quitteir.  Et  partant  que  nous  les 
partyes  desseur  dittes  voilons  que  che  qui  est  dit,  soii  ferme 
choise  et  estauble,  soit  mise  en  le  warde  des  eschevins  de 
Liège,  salveit  tous  jours  le  bonne  modération  et  correction  des 
membres  desseur  escrips. 

Extrait  d'un  registre  aux  œuvres  des  éclievins  de  Liège  l'grefli'  Sle- 
pliany),  comntenoanl  lelO  novembre  14S6  el  finissant  le  18  juillet 
•liS7,n"  2t>,  loi.  190. 

(♦)  Vide.  —   ')  A  égale  portion. 


—  350  - 
XIV 

4486,  23  septembre.  — 

Nous  les  esqueviiis  de  Liège,  faisons  savoir  a  tous  que,  par 
devant  nous,  sont  comparus  Thilman  Wald(oreal)  et  Gile  de 
Huy  escuyer,  maîtres  por  le  temps  délie  cite  de  Liège,  partie 
faisans  en  nomdicelle  cite,etavvecquez  eauz,lesfermeteurs  de 
ladilte  cite,  lesquelz  nous  remostrarent  comment  jornelement 
on  cherioitplusseurs  grans  pesans  chars  et  cherettez,  fortement 
cargiesdehuilles  et  de  cherbons,deskendans  au  rivage  deMouse 
et autrepart  aval  les  chalchiez  délie  ditle  cite,  autrement  que  faire 
ne  sedevoit,etquant  descargies  estoient,  sen  ralloient  corant  et 
trottant  telement  quilz  confrossoient(')  etcombrisoient  C^)  lesdit- 
tez  chalchiez  si  grandement,  que  lesdis  fermeteurs  ne  les  pooient 
détenir  en  bon  esta,  et  que  plus  est,ilz  stonnoient  (^)  et  ùiisoient 
telement  tronleir  (')  les  pons  et  les  maisons  et  édifices  aval 
le  cite,  que  cepoyoit  redondeir  et  redondoit  a  grand  damaige, 
préjudice  et  incouvenience,  se  soffîert  estoit.  Et  partant  quilz 
avoient  entendu  que  aucunnes  deffensses  et  ordinances  en 
avoient  este  faites  le  temps  passeit,  et  que  aucunne  chose  en 
deviens  sauveir  et  wardeir,  si  nous  suppliarent  et  requisent 
instamment  et  par  plusseurs  foix,que  les  en  volsissiens  aouvrir 
et  déclarer  tout  ce  quil  nous  en  constisoit  par  nos  registres  ou 
autrement.  A  laquele  supplication  et  requesle  condeskendans, 
avons  fait  grand  diligence  de  requérir  plusseurs  papiers,  regis- 
tres, livres  de  paix  faitez  el  autres  teilz  que  nos  les  avons  poyu 
recoverer;  car  aile  occasion  des  guerres  qui  ont  regneit  en  ceste 
cite  et  pays,  avons  perdut  grand  nombre  de  registrez,  papiers 
aux  paix  faites  et  autres  explois;  sest  il  que  en  aucun  livre  ou 
papier  que  retroveit  avons,  trovons  y  estre  esciipies  certaines 
ordinances  qui  en  ont  parchidevant  estet  faites  par  les  membres 

(*)  Détérioraient.  —  (-)  Kndoinniageaieiil.  —  (')  Vaciller.  — (*)  Treniljlcr. 


351 


et  estas  adonl  ad  ce  députes, deleiz  lesqueles  ordinatices,dont  le 
tenure  serat  clii  desouz  escripte  de  mot  a  mot,  nous  demorons, 
selon  ce  que  présentement  nous  en  constat,  par  condition  tele 
que,  se  meilleur  nous  apparoit  ou  revenoit  a  cognissance  le 
temps  future,  par  autres  lettrez,  registres,  explois  ou  escriptures 
auclenticques,  nous  en  retenons  de  adont  dire,aouvrir  et  decla- 
reir,  selon  ce  quilnous  enconsleiroit  et  que  loy  et  raison  poroit 
porteir.  Che  fut  par  nous  dit  et  horsporteit  le  XXIIP  jour  de 
septembre,  mil  IIIV  IIII'^  et  VI.  Le  contenu  desqueles ordinances 
en  ceste  partie  dont  deseur  est  faite  mention,  ensi  que  iroveis 
les  avons  par  escript,  comme  dit  est,sensiet  de  mot  a  mot:  Item 
ordonneit  et  aviseit  est  que  de  ce  jour  en  avant,  nulx  ne  fâche 
eslaple  dedens  la  cite  de  Liège  pour  vendre  lioulles,  cherbons 
de  feure  ou  fowailles;ains  soient  les  estables  (')  de  telxdenrees 
tenues  es  lieux  anchiennement  accoslumes,  assavoir  :  a  Avreu 
du  passage  en  amont  vers  JesWillemens;  aCronmouse  de  Sainte 
Foii  en  av.il  vers  Herstai,  et  qui  autrement  en  ferat  ou  aultre 
esiaple  ordonnerai,  soit  a  lamende  de  dyex  florins  deRin,toulte 
toix  qualité  foix  quil  le  ferat,  et  avec  ce,  que  tous  ceulx  qui 
cherieront  telles  denreez  en  laditte  cite,  pour  les  mini'.eir  a 
telles  estaples,  soient  pour  chascun  clichet  a  ung  Horiii  de  Rin 
damende,  et  pour  chascun  chaer  a  deux  llorins,  a  applicbier 
laditte  amende,  le  tirche  part  a  nostre  très  led(oble)  Seigneur, 
lautre  tirche  part  aile  fermeté  de  la  cite  et  laulre  tirche  part  a 
celuy,  le  moiiie,  qui  teil  forfait  raporterat,  et  la  moitié  a  varlet 
du  mayeur  de  la  cite  qui  laditte  amende  comanderat  au  raport 
de  celuy  qui  teil  forfait  troverat.  Et  a  payer  dedens  tvf  r  jour 
après  le  comant  fait,  sy  hault  que  sur  y  estre  bannis  et  albains 
de  laditte  cite,  tant  et  si  longement  que  satisfait  arat  lamende 
a  luy  comandee.  Item  partant  que  des  cherbons  qui  seront 
ouvres  a  Ans,  a  Mollins,  a  Hochaporte,  a  Xhovemont  et  a  Ste- 
Walbeur  jusques  aux  ïauwes,  il  nest  point  possible  de   faire 

('  )  Tour  estaples. 


3o2 


slapic  aux  lieux  desscur  nommeis  cousteiiges  détenant,  iiostre 
intention  est  que  telles  denreez  se  puissent  ameneira  slaple  en 
la  cite, assavoir: au  Vivier  ou  cnnutrolieu  propice  et  expédient, 
non  préjudiciable  aile  cite  ne  a  autruy,  et  pour  les  revendre, 
mais  on  ne  polrat  lelx  clierbons  meneir  ne  clierier  par  chaer  a 
quattre  ruwes;  ains  soy  deveront  amoneir  par  clierettes  conte- 
nante cliincquez  messcureset  non  plus,  sur  le  paine  et  amende, 
pour  loulte  foix  que  l'ait  serat  au  contraire,  de  ung  llorin  de 
}»in,  a  applichicr  a  ladille  fermeteit  et  aux  fraix  soslenus  en 
porsuyant  laditte  amende.  Et  polront  les  fermeteurs,  aux  fraix 
de  cheriant,  faire  mesureir  leurditte  cherelte,  pour  savoir  se 
elles  tinnent  plus  que  ce  que  dit  est,  îouttefoix  que  boin  leur 
sembierat.  Item  ordoneit  et  deviseit  est,  que  quiconcques  en 
laditte  cite  ferat  corir  ou  trottoir  chars  ou  clieretie,  a  queilcque 
heure  que  ce  soit  de  jour  ne  de  nuyt,  incouront  unne  amende  de 
syex  livres  coniun  payement  de  Liège,  a  applichier  comme  dit 
est  dessus.  Et  le  polrat  on  panneir  de  son  cheval  pour  laditte 
amende  et  serat  et  polrat  ieslre  chascunne  personne  quant  ad 
ce,  varlet  de  maire  ou  de  la  cite.  Et  quiconcque  pour  tel 
comand  a  faire,  injurirat  ou  vilonnerat  (')  par  tireir  ou  sacliier 
le  commandant  ou  pannant, encourrai  en  le  paine  dunne  voie  de 
Rochemadou,  a  payer  dedens  xxx  jours  après  ce  que  comandeit 
luy  sierat.  Item  ordonneit  est  et  adviseil  que,  de  ce  jour  en 
avant,  nul  ne  puist  chericr,  emmeneir  ou  porteii  sur  les  pons, 
sur  les  rivaigesalle  Sauveniere,  ne  antre  part,  ne  es  eywes,  tre- 
buis  (-),  cendes,  arsyns  {')  ne  aultres  ordurres,  si  hault  que  sur 
paynede  syex  livres  telle  monnoie  que  dit  est  damende,  toutle- 
foix  quil  avenrat,  a  applichier  comme  dit  est  dessus,  anchoix  (*) 
soient  emmeneis, conduis  et  porteis  en  Leuse,  en  Graveroule  et 
hors  de  la  porte  aux  Âwez,assi  a  coron  sur  ileaul  en  hochet,  et 
ceulx  du  vinauwe  dysle,et  hors  des  portes  en  lieu  ad  ce  propice, 
sains  empêchement  daullruy,  sains  les  pooir  chericr,  meneir, 

(')  Ouliagera.  —  (-  )  Décombres.  —  (")  Hestcs  d'inccnùic.  —  (*J  Mais. 


—  3o3  — 

ou  pourleir  csdiUes  eywes  plus  avant  que  les  clauwiers,  qui 
ordonneis  et  pUuUes  seront  ou  sont  par  le  présent,  ne  sexlen- 
deront.  El  semblameiit  ne  les  deveront  deschergier  ou  jetteir, 
en  approchant  la  cite  ne  les  maisons,  plus  près  que  oultre  les 
clauwiers,  qui  semblanient  ordonneis  et  planteis  seront,  ne 
sextendcront.  Et  siéront  les  chieff  dosteis  tenus  de  payer 
laditte  amende  pour  et  en  nom  de  leurs  enffans  ou  familles,  et 
lesporoit  on  pour  icelie  panneir(')  ou  prendre  waige(-).Esl  sem- 
blament  ordonne,  que  le  place  vuide  exslante  en  la  Sauvenier, 
de  costeit  vers  Sle-Croix,  ou  on  at  accostumeiî  trotteir  les 
clievalx,  doit  demoreir  vuyde  sans  estre  encombrée  de  halle  de 
boucherie,  ne  autrement.  Item,  lan  IlIP^et  VII,  le  dcrain  jour 
de  marce,oyues  et  entenduez  les  doléances  et  remostrances  tant 
des  seigneurs  de  St-Denis,  des  seigneurs  de  Ste-Croix  et  de 
plusseurs  borgoix  de  la  cite, qui  soy  complendoient(')  de  ce  que 
point  on  nentrelenoit  les  ordinances  dont  nos  lettrez  font  men- 
tion, eu  présence  des  fermeteurs  de  laditte  cite,  qui  ossi  sen 
dolloient('),et  les  responsses  de  Ernot  de  Saint  Loren,  Gilkinet 
ïon  soroge(^j,  Jehan  Toilette  et  autres,  fut  ensengniet  que  nous 
demoroiisdeleis  nosdittez  lettrez  et  deleis  ce  que,  selon  le  con- 
tenu dicelles, en  at  esleitpar  nous  avantrainementHdit  et  decla- 
reit,tant  i)ar  noslre  déclaration  et  aouvreture(")que  faitenaviens 
le  XX''  jour  doctembre,  lan  LXXXVI  derain  passe,  suivant  cer- 
lainezprovancez  et  tesmongnages  que  lesdis  Ernot  Gilkinet  et 
leurs  complices  avoient  adont  par  devant  nous  produit,surquoy 
aviujmes  adont  foursporteti*^)  et  dit  que  nous  troviens  estre  pro- 
veilque  certain  apointement  C')  avoit  este  fait,  de  temps  Willem 
Crackin,  en  tele  manière  que  les  chars  a  quattre  ruwez  ('°)  ne 
poyoienl  plus  avant  cargier  (")  que  noefl'mesurros  cheriant  par 
les  chalchiez  ('-)  Item, lan  LXXXVII,leIIII'^  jour  davril,oyuez  les 


,')  Saisir.  —  (*)  Gage.  —  ('j  IMaignaicnl.  —  ^')  IMaignaient.  —  (")  Doau- 
ficro.  —  ;"i  Auparavant.  —  \')  Jugemeot,  sentence.  —  (')  Jugô.  —  (")  Ordon- 
nance. —    '")  Rue.—  («')  Cbargei-.  —  (i2)  Chaussées. 


—  354  - 

remostrancez  dune  costet  et  dautre,  fut  ensengiiiet  que  nous 
demorons  deleiz  tout  ce  que  par  nous  en  at  estet  dit,  comme  chi 
devant  appert,  et  disons  avant,  que  lez  cherons  (')  deveront  eu 
cheriantO  leurs  chars  sur  valleez  dez  chalchiez,etossi  se  mes- 
tier  est, leurs  cherettez  serreez  a  blockeaz,  en  deskendant,  affiii 
que  plus  douchement  puissent  deskendre,  sens  combrisier  les 
chalchiezet  sens  porteirstonnement,ni  trollemenl  az  maisons  et 
édifices  délie  cite.  Item,  tochant  les  amendez  que  lesdis  ferme- 
teurs  avoient  fait  comand(;ir,  dont  la  miesmes  fut  raisniet,  fut 
ensengniet  que,  se  lesdis  huilleurs,  marchans  et  leurs  cherons 
navoient  plus  avant  cargiet  que  lesdittes  ix  mesurres,  sur 
cascun  chare,  depuix  nosdis  avantrains  jugemens  et  ensengne- 
mens,  nous  ne  les  sariens  par  le  présent  cargier  desdittez 
amendez,  se  dont  lesdis  fermeteurs  ne  volloient  proveir  quilz 
euyssent  plus  avant  cargiet  et  excedeit,  par  eaux  ou  leurs 
cherons,  que  nosdis  jugemens  et  lesdittez  ordinances  ne  conti- 
nent; veu  que  lesdis  Ernol  et  ses  complices  leur  noyareut. 
Item,  tantost  après  ce  et  la  miesme,  fut  entre  eaux  apointiet,que 
dors  en  avant  useroient  desdittez  ix  mesures  es  ordinances 
prescriptes  suyant  nosdis  jugemens,  suspenssant  tous  lesdis 
comans  parchidevant  fais,  jusquez  atant  que  autrement  et  plus 
avant  nous  en  consteirat.  Item,  cely  mesme  IIIP  jour  davril 
lan  LXXXVII,  tochant  le  diflerent  denire  lesdis  fermeteurs  et 
Pirot  Gosson,  a  cause  dez  ciieriages  quil  faisoit  faire  en  sa 
paire  sur  le  rivière  dAvroit,  dont  nous  avimmez  este  faire 
Visitation  sur  le  lieu,  fut  ensengniet,  veu  que  nous  trovons  que 
on  ne  puet  présentement  cherier  par  le  Jonckeur,  la  on  soUoit 
cherier,  ledit  Pirot  porat  cherier  ou  faire  cherier  parle  chalchie 
de  Saint-Ghristofre,  jusquez  au  Stapple  au  pont  dAvroit  ad  ce 
ordonnet;  et  sil  vuetplus  avant  cherier  jusques  a  sa  paire,  il  doit 
parleir  az   fermeteurs,  et  telement  faire  et  détenir  le  chalchie 


Charreliei'S.  —  (^)  Chari'iàiit. 


—  355  — 

dudit  stapplejusques  a  saditte  paire,  que  point  ny  ait  de  dangier 
aile  fermetet  ne  az  voisins  marcliissans  sens  fraude. 

Extrait  d'un  registre  aux  œuvres  des  Echevins  de  Liège  (greffe 
Stephany),  commençant  le  19  mars  1485  et  finissant  le  13  novembre 
1486,  no  48,  fol.  426,  v». 


XV 


En  parcourant  les  lois  et  ordonnances  anciennes  du  pays  de  Liège,  l'on 
reconnaît  qu'elles  ont  visé  tout  ce  que  Fintérêt  public  demande  d'être 
réglementé.  Il  s'en  trouve  parfois  môme  que  l'on  regreite  de  voir  tombées 
en  désuétude.  C'est  ainsi  que,  par  rapport  à  la  boucherie  qui  fait  l'objet 
du  jugement  qui  va  suivre,  il  existe  une  ordonnance  (i)  par  laquelle  on 
décrétait  deux  halles  à  la  viande  :  dans  l'une  devaient  se  vendre  la  chair 
du  bœuf,  de  la  vache,  de  la  génisse,  du  veau,  du  mouton  et  de  l'agneau , 
et  dans  l'autre,  celle  du  taureau,  du  bélier,  de  la  chèvre  et  du  bouc.  Dans 
ce  temps,  l'on  n'était  pas  exposé  à  être  trompé  sur  la  nature  de  la  viande 
que  l'on  mangeait;  aujourd'hui,  en  est-il  de  même  et  l'ordonnance  susdite 
ne  pourrait-elle  être  renouvelée  utilement. 

1486,  b  septembre.  —  Jugement  rendu  par  nous  les  esquevins  de 
Liège  aile  semonsse  du  mageui  lan  XIIll"  llll^''  et  VI,  le  V" 
jour  de  septembre. 

Comme  Anthone  Jamar,  si  que  mambnur  el  en  nom  de  noslre 
1res  redobte  Se""  Monsg!'''  de  Liège,  et  Andrier  Bourlette, 
si  que  mambour  et  en  nom  délie  cite  de  Liège,  euyssent  fait 
convockeir  pardevanl  nous  les  governeurs  et  personnes  du  bon 
meslier  des  mangons  de  laditle  cite,  pour  roisteir  les  banks, 
hayenenions  de  cbare  et  empeischemens  quilz  mettoienl  sur  le 
royal  chemien,  en  marchiet  a  Liège,  a  dehors  délie  maiighenie 
dicelle  cite  et  soy  retraayssent  en  vendant  leur  chare  et  en 

{•)  Elle  sera  publiée  dans  la  prochaine  livraison,  si  elle  ne  peut  trouver  place 
dans  celle-ci. 


—  356  — 

faisant  leurs  slauz  et  bancks  en  laditte  manghenie,  qui  estoit  le 
lieu  et  place  la  ce  faire  se  devoit,  enssi  quon  solloit  faire  le 
temps  passeit,  sens  encombreir  ne  empechier  ledit  marchiet  et 
royal  chemien  ;  et  sour  ce  fuissent  comparus  pardevant  nous 
Jehan  le  Ruyte,  Ernult  le  Rosseal,  governeurs  dudit  mestier, 
Jacquemen  de  Houz,  Henri  de  Sart,  Lynar  de  Lenborgh,  Wil- 
lemme  de  Herstal,  Jehan  de  Houze,  le  Joienne,  avuecquez 
plusseurs  etgrant  nombre  dautres  borgoix  dudit,  bon  meslier, 
remostrant  et  déclarant  plusseurs  raisons  par  lesqueles  cascun 
te'eaux  maintenoit  devoir  demorer  en  leile  joyssauce  et  posses- 
sion de  leurs  bans  et  stauz,  la  troveis  estoient  présentement, 
proposant  par  plusseurs  dcsdis  mangons  que,  se  les  aucuns 
deaux  estoient  oisleis  de  leur  possession,  que  on  lo  devoit  faire 
az  autres  equalement.  Sur  lequel  différent  ensengnammes  :  que 
tous  ceulx  qui  avoient  lettrez  ou  explois  servans  a  la  matere, 
les  apportassent  a  certain  jour,  et  nous  les  voriens  visenteir,  et 
ossi  voriens  requérir  et  visenteir  les  paix  laites  et  ordinances 
qui  apparoir  en  poroient  estre  faites  le  temps  passeit.  Tant  que 
finablement,  au  jour  délie  daulte  deseur  esci'ipte,  par  nous,  bin 
et  diligemment  entendues  les  raisons  et  remostrances  tant 
desdis  mambors  de  nostre  dit  très  redobte  seigneur  et  délie 
cite,  en  présence  de  ThilmanWaldorealei  Gilede  Huy  escuyer, 
maistres  pour  le  temps  dicelle  cite,  comme  ossi  les  remostrances, 
propoz  et  raisons  desdis  mangons  et  ossi  de  bon  mestier  des 
nayveurs,por  cause  de  leur  maison;  nous  sur  tout  ce  meurement 
conseillies,  avons  dit  et  jugiet,alle  semonsso  dudit  mayeur,  que 
nous  demorons  deleis  les  ordinances,  qui  sour  ce  ont  este 
faites  par  les  membres  et  estas  délie  ditte  cite  et  pays,  dont 
larticle  de  ce  faisant  mention,  ensi  que  retroveit  lavons  par 
escript,  sensiet  de  mot  a  mot  et  est  teile  :  Item,  nousordinons 
que  toutles  lyers  0  de  char  cscourchies  (-)  etabalues  en  le  man- 
ghenie (')  de  marchiet  de  nostredittecile,  deveront  estre  venduez 

/ 1)  Espèces.  —  (2)  Dont  la  peau  est  enlevée.  —  ('  )  Halle  à  la  viande. 


dedens  icelle  maagheiiie  et  non  ailleurs.  Celles  qui  seront 
abatues  et  escoirchiez  en  Ysie,  deveront  estre  venduez  en  Ysie 
nieisme  et  non  ailleurs.  Celles  aussy  qui  seront  abalues  Oultre 
Mouse,  ne  deveront  estre  vendues  fours  que  (')  OuUre  Mouse. 
Eipareillement  toultes  charesabaltueset  escoirchiez  en  aulires 
lieux  que  en  ceaux  desusdis,  deveront  estre  venduez  chacune 
en  lieu  ou  abattue  sera,  sens  le  porleir  vendre  ailleurs  sour 
aultre  banck,  ne  les  raporteir  a  vendaige  fours  que  ensy  que 
devant  est  dit.  El  sil  estoit  iroveit  ne  sceu  que  aucun  mangon  en 
usasse  autrement  que  dit  est,  il  seroit  attens  pour  chacunne 
foid  que  ce  ly  advenroit,  en  le  paine  desseur  ditte.  Item,  par- 
lant que  point  nestoil  aoveirl  en  dit  arlicle,  que  quant  les  man- 
gons  demorans  en  laditle  cite,  hors  dudit  marchiel,  voront 
aporteir  leur  chare  a  vendage  en  dit  marchiet,  la  liayeneir, 
colaillier  ("-)  et  vendre  les  deveront,  aoeverons  et  déclarons  que 
apporteir,  cotaillier  et  vendre  les  poront  sur  leurs  stauz  ('^)  et 
bancks  extans  en  laditte  manghenie, comme  lieu  ad  ce  deputeit, 
sens  les  cotaillier,  vendre  ne  hayeneir  autre  part  en  dit  mar- 
chiet, pour  ledit  marchiet  et  royal  chemien  encombreir  ne 
empechier.reserveit  ceulx  qui  aroient leurs  maisons  et  heritaige 
en  dit  marchiet  ou  autre  part,lesquelz  poront  leur  chare  vendre 
et  hayeneir  en  leur  dittez  maisons  et  heritaiges,  sens  fraude.  Et 
en  ce  ossi  reserveit  les  chars  jardeusez,  chare  detroye,  chare 
de  ihorealz  et  chare  de  chivre  qui  vendre  se  doient  la  ordineit 
at  este  paravant.  Tout  ce  entendu  selon  ce  quil  nous  constat  et 
que  trovons  présentement  de  la  matere;  car  se  autres  paix  faites, 
ordinances  ou  explois  plus  suftissans  nousestoientmostreis,ou 
apparuyssent  le  temps  future  que  présentement  ne  nous  soient 
apparans,  nous  en  relenons  de  avant  aouvrir  et  declareir  selon 
ce  que  par  loy  et  par  raison  nous  en  consteiroit,  en  sauvant  et 
wardant  le  bon  droit  dun  chascun. 

Extrait  d'un  regislie  aux  œuvres  des  Kclievins  de  Liège  'grefle 
Sleplianv', commençant  le  19  mars  1  iSo  et  fniissanl  le  i;!  novomliie 
1480,  no  48,  (ol.  30 i,  v". 

('j  Ailleurs  que.  —  ;•)   Di'oouper.  —  /"}  hllaux. 


—     OOO     — 

XVI 

N'ayanl  iroiivé  ni  dans  los  Cltarles  et  iirhilèges  des  XXXII  bons  méliers 
f/c  la  cité  de  Liétje,  ni  dans  Louvrcx,  ni  dans  le  Recueil  des  anciennes  lois 
et  ordonnances  de  la  Belgique  les  pièces  ci-après  concernant  les  corpora- 
lions  des  aris  et  métiers  à  Liège,  nous  avons  pensé  que  nous  ferions 
bien  de  les  publier  ici.  Inutile,  nous  semble-t-il,  de  faire  précéder  ces 
documents  de  l'iiistorique  de  l'institution  des  susdites  corporations,  de 
rappeler  les  vicissitudes  qu'elles  éprouvèrent,  de  dire  qu'elles  furent 
d'abord  au  nombre  de  douze,  lequel  fut,  après  la  Mal-St-Martin,  porté  à 
vingt  cin(i,  puis  à  trente-deux,  chitfre  qui  ne  fut  jamais  dépassé  et  qui 
existait  déjà  lors  de  la  paix  de  Vottem  Tout  liégeois  qui  n'a  pas  lu 
l'histoire  de  sa  ville  natale,  connaît  cependant,  par  tradition,  qu'il  y  a  eu  à 
Liège  des  corporations  de  métiers;  plusieurs  personnes  même  sont  encore 
en  vie  qui  ont  vu  le  métier  de  porteurs  aux  sacs  en  exercice  longtemps 
après  la  suppression  des  corporations  quelconques. 

Lan  XV"  et  XXI,  le  iroixeme  jour  de  décembre,  compa- 
riireiU  par  devant  nous  mayeur  et  eschevins  de  Liège  Wil- 
lemme  de  Falle,  Johan  Anthoeniie  de  Pont,  gouverneurs  ; 
Paulus  del  Fleur  de  Lis,  juré,  et  Simon  Damerier,  ren- 
tier, avec  autres  de  bon  mestier  des  Dresseurs  de  la  cité, 
IVanchiese  et  banlieu  de  Liège,  lesquelx  nous  remonstra- 
rent  coment,  en  l'an  mil  V*^^  et  XVIII,  le  XVIP'  jour  daoust, 
pour  avoir  ordre,  règle  et  bon  police  en  leur  dit  bon  mes- 
tier concernant  lt3ur  bressin  et  autrez  leurz  affairez,  tant 
pour  les  riclies,  moyens  et  poeuvres,  ilz  avoient  fait  cer- 
taines ordonnances  lesquelles  avoient  par  !a  généralité  des 
autres  XXXI  bons  mesliers  este  approuvées  et  laudées  et 
ensuyant  ce ,  requis  az  burgmaislres  de  la  cite  modernes 
les  voloir  confermer,  ratiffyer,  lauder  et  approuver  pour 
sortir  a  tousjours  leur  effect ,  laquele  requeste  obtem- 
pérant, iceulx  dits  burgmaistres  avoient,  sur  protestation 
de  non  toucbier  à  la  bauUainiie  et  juridiction  de  noslre 
1res  redoble  seigneur  et  prince ,  aux  addition ,  mutation 
et  correction  sur  ce  faites,  icelles  greit,    laudeit,   ratilfyet 


/)rin 


el  approuve  el  fait  impresser  le  seel  az  causes  de  ladite 
cile,  le  XXVI'=  jour  du  moix  de  novembre  passe  ;  et  ce 
jour  meisme  parellemeiU  en  fait  greation  et  conf'ermation 
par  notre  dit  très  redobLe  seigneur  ensy  que  par  ses  lot- 
irez de  transllche  de  son  signe  signées  et  de  son  seel 
seelees  de  daulte  de  penulteme  jour  dudit  moix  de  No- 
vembre plus  a  plain  appareil ,  la  lenurre  desquelles  dites 
lotirez  serai  ci  desoubz  escripte.  Or  csloit  il  que  lesdits  gou- 
verneurs, rentier  et  lesdits  de  bon  mestier,  suyant  la  re- 
moslrance  par  eulx  ci  deseur  faite,  nous  ont  instamment 
ce  jourdhuy  requis  voloir  les  susdites  leltrez  dapprobation 
et  confermalion  faire  registrer  en  nostre  registre  aucten- 
licque  el  meclre  en  warde  de  loy.  A  laquelle  leur  requeste 
inclinans,  a  tele  condition  et  sur  protestation  que  se  en 
temps  future  il  avoit  en  icelles  aucun  point  ou  article  pré- 
judiciable a  la  Iiaultainiie  et  jurisdiction  de  nosiredit  très 
redoble  seigneur  ou  contre  les  payx  l\ntes  que  sauvons 
et  wardons,  pooir  modérer,  aovrir  ou  corregier  selon  équité 
et  raison  et  comme  trouverons  lors  a  cas  appartenir  selon 
loy,  avons  fait  le  contenu  des  dites  deux  letlrez  registrer 
en  nostre  dit  regitre  auctentickc  et  contenoient  de  mot  a 
autres  ce  qui  s'ensiet  :  Nous  les  maistres,  jureis  et  conseil 
de  la  cite  de  Liège.  A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  letlrez 
veront  et  oront,  salut  en  Dieu  parmanable  et  cognissaiicc 
de  vérité.  Savoir  faisons  que  comme  la  généralité  des  XXXI 
bons  mestiers  de  ceste  cite,  franchiese  et  banlieu  eusse, 
en  lan  mil  cliincque  cens  et  diexowyt,  le  diexsepleme  jour 
daousl,  approuve  et  laude  les  usaiges  et  ordonnances  du 
bon  mestier  des  brasseurs ,  en  tel  fourme  et  manier  que 
la  lettre  sur  ce  faite  par  devant  noz  prédécesseurs  exhi- 
buee  conlenoit  et  faisoit  mention  et  partant  que,  pour  aug- 
mentation du  bien  publicque,  il  ait  pieu  a  la  grâce  de  nostre 
1res  redoble  seigneur  et  prince ,  icelle  correger  et  muer 
en  aucunes  parties  et  aussy  y  adder  el  adjostcr,   il  est  (pio, 


—  3130  - 

par  les  ofiicicrs  dudit  mesticr,  ou  nom  diceluy,  summes  este 
expressément  requis  faire  approbation,  ou  nom  de  ladite 
cite,  de  leurs  dictes  ordonnances,  additions  et  mutations, 
lesquelles  ilz  ont  pour  ce  en  noz  mains  exhibuees  ;  a  quoy 
optemperans,  après  avoir  consulte  icellcs  et  trouve  que 
eus  dictes  ordonnances  na  puncts  ne  articles  qui  ne  soit 
funde  en  raison  et  la  mutation  et  addition  de  pari  nostredit 
très  redoble  seigneur  faite  sur  icelles  très  salubre,  avons 
les  dictes  ordonnances,  en  tcle  fourme  quelles  seront  sub- 
escriptes,  approuve,  lande  et  raliffyet,  ratilïions,  laudons  et 
approvons  par  ces  présentes,  vuillans  que  icelles  sortissent 
leur  plain  et  entier  efiect,  sur  incorir  es  paines  en  icellcs 
contenues,  sur  protestation  de  non  louchier  pour  ce  a  la 
liaultainite  et  jurisdiction  de  nostredit  très  redobte  seigneur 
et  prince.  Et  aftîn  que  ce  soit  choese  fei'me  et  estauble, 
avons  ad  ces  présentes  fait  impresser  le  seel  de  la  dicte 
cite  aux  causes  en  signe  de  vérité  ;  sur  lan  de  grâce  mil 
V"  XXI,  de  mois  de  novembre  le  XXVP  jour.  La  tenurie 
des  dictes  ordonnances,  mutations,  et  additions  sensiet  ver- 
balement. Nous  les  gouverneurs,  jurez  et  généralité  du  bon 
mestier  des  brasseurs  de  la  cite,  franchiesc  et  banlieu  de 
Liège.  A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  leltrez  verront,  et  oront 
salut  en  Dieu  parmanable  et  cognoissance  de  vérité.  Savoir 
faisons  que  ,  comme  en  louctes  cites  et  villes  ensquelles 
justice,  raison  et  bon  police  ont  domination,  sont  néces- 
sairement requis  avoir  ordre  et  règle  et  que  suyant  ce 
considère  que  de  nostre  nombre  les  ung  sont  competens  , 
riches  et  les  autres  moyens  et  dautrez  poevres ,  il  soit 
licicte  et  convenable  ordonner  portion  de  brassin  a  clias- 
cun  dudit  mestter,  atïin  que  par  la  puissance  des  riches  , 
les  moyens  et  poevres  ne  soyent  trop  oppresses,  et  que 
chascun  sache  comment  se  conduire  et  uzer,  avons  pour 
les  bien,  prolTit  et  utilité  tant  de  la  généralité  des  X"XXI 
autres  bons  mestiers   que  de   nous,   dung  commun   accord, 


;j(jl 


sens  quelcque  contredisant  ne  opposant,  conclud,  délibère, 
dit  et  accorde,  concludons,  délibérons,  dissons  et  accor- 
dons les  ordonnances  ,  pnncts  et  articles  snbescrips  a  la 
correction ,  mutation  et  addition  de  noslre  très  redobte 
seigneur  et  piinco,  Monseigneur  de  Liège,  et  très  honnores 
seigneurs  messeigneurs  les  niaistres,  jurez  et  conseil  de  la 
cite.  • 

Premièrement  que  quiconcque  vouldra  acquérir  la  grande 
rauKe  dudit  bon  mestier,  est  requis  que  tel  acqueiant  doit 
estrc  surseant  et  naiiff  du  pays,  et  devera  payer,  pour  son 
acquesle,  la  somme  de  cbincquante  deux  vies  escus,  assa- 
voir XXXIIII  aidans  pour  lescu  et  XXIIII  solz  corans  en 
bourse  pour  laidant  ;  et  se  aucuns  cslraingniers  faisoienl 
tniit  par  acqueste  de  borgoisie,  longtain  demcurt  en  ceste 
cite,  ou  pays,  ou  autrement,  que  ilz  polsissent  estre  receu 
audit  mestier,  telz  deveront  payer  la  somme  de  qualtre- 
vingls  telx  escus  que  dis  sont,  sens  fraude. 

Secundemeiit  partant  que  plusseurs  mestiers  tienent  ordon- 
nances de  privation  aux  tilles  de  telx  mestiers,  avons  ordonne 
que  les  tilles  des  maistres  de  uostre  dit  mestier,  seront  aussy 
franches  que  les  ti!z  des  maistres  et  ne  paieront  autre  reliff  que 
les  filz  de  maistres. 

Item  avons  encor  passe  et  accorde  que  quiconcque,  de  cestuy 
jour  en  avant,  vouldra  acquérir  la  peticte  raulte  dudit  bon 
mestier,  condist  le  chaudron,  devera  paier  incoiuinent  troix 
viclz  escus  telz  que  dis  sont,  a  applicquer  les  deux  paris  audit 
mestier  et  la  troixeme  aux  gouverneurs;  et,  se  ainsi  estoit  que 
ung  ou  plusseurs  desdis  acqueraiis  volsisse  ou  volsissent 
acquérir  la  grande  raulte  dudii  mestier,  faire  le  poroni  parmy 
payant  teles  sommes  de  deniers  et  par  les  maniers  que  dit  est; 
voir  que  ilz  deveront  defalker,  rabactre  et  discompter  hors 
desdiles  sommes  les  tioix  vicz  escus  que  ilz  aroient  payet  pour 
lacqueste  dudit  chaudron, 

Hnn  avons  encore  passe  et  accorde  que  i^ulz  brasseurs  de 


-  ^565    -- 

nostredil  bon  meslier  ne  pora,  no  devei';i  lelx  iicqueraiis  ledit 
chaudron  ens  mettre  se  ce  nest  par  le  greitet  adveu  desdils 
gouverneurs,  sur  la  paiiie  et  amende  de  troix  florins  da  Rin 
doir,a  applicliier  la  tircepartanostredict  1res  redouble  seigneur 
et  prince,  laulre  audit  mestier  et  la  troixemeausdis  gouverneurs. 

Ilem  et  partantque  les  riches  brasseurs  avoient  accoustumme 
brasser  tant  de  brassin  en  unne  sapmaine  par  la  puissance  du 
crédit  que  ilz  donnoient,  que  les  poeuvres  demoroient  vacans, 
en  grnns  misères  et  calamités,  affîn  que  telx  puissent  brasser 
pour  vivre  et  entretenir  leurs  poeuvres  cnflans,  avons  ordonne 
que  personne  desdis  brasseurs  ne  devera,  ne  pora  bresser,  no 
iaiie  brasser  eu  sa  bressinne  ou  uzinne,  ne  en  autres,  parluy, 
ne  par  auliuy,  que  unne  Ibix  la  sapmaine,  sur  hi  paine  et 
amende  de  noefl*  florins  de  Riii  doir,  louttefloix  que  ce  adven- 
roit,  que  tel  brasseur  seroit  tenu  payer,  assavoir  :  la  tirce  part 
a  nostredit  très  redoubte  seigneur  et  prince,  lautre  a  la  cite  et 
la  troixeme  lirce  part  deux  florins  doir  audit  mestier,  et  lautr-î 
aux  gouverneurs  diceluy;  voir  ou  c.ts  que  par  nécessite  de 
guerre, faminne  ou  autrement  ne  îeui'  fuisse  auli'cmerit  ordonne 
par  les  maistres,  jureis  et  conseil  de  ladite  cite. 

Item  encor  pour  certaines  causes  et  raisons  nous  ad  ce 
mouvantes,  avons  ordonne  que  nul  brasseur,  quel  quil  soit  de 
nostredil  mestier,  ne  pora  bresser  ou  faire  brasser  a  unne  foix, 
[lar  luy,  ne  pnr  antruy,  en  quclc(iue  lieu  que  ce  soil,  tpie  vingle 
qualtre  ayuics  ou  trengle  deux  tonncaz  [)lains;  maii;s  y  pora 
mettre  lanl  de  grains  ou  orge  que  il  luy.  plaira.  El  se  aucun 
deulx  faisoit,  ou  soulîroit  brasser  au  dessus  de  ladite  taxe,  tel 
hcra  actainl  en  lamende  de  sit-x  florins  doir,  iceulx  a  applicliier 
la  tirce  part  a  nostre  1res  redoubte  seigneur  et  prince,  lautre 
tirce  part  a  la  cite  et  la  Iroixeine  par  autre  tirce  part,  assavoir  : 
Ininn'  audit  uiestier,  laulre  aux  gouverneurs  el  la  troixeme  aux 
rewars  et  aceusaleuis  ad  ce  ordonne  par  ledit  bon  mestier.  El, 
se  aucun  brasseur  rellusoii,  ou  aucuns  de  part  luy,  ausdis 
rewars  et  ofliciers  veoir   leur    brassin  e:i    leurs   maisons,   (ui 


—    oO.i    — 

serroit  son  huyse,  seront  actainsdc  la  miesme  paineirremisible 
et  partant  que  il  est  loisible  pour  éviter  les  insolences,  destruc- 
lion  de  lilx  de  bourgois  et  autres  inconveniens  qui  surviennent 
journelment  a  cause  de  plusseurs  revendeurs  de  brassin  qui 
tiennent  mauvaix  hostes,  avons  ordonne  que  doresenavant  nul 
brasseur  ne  pora  avoir  au  deseur  de  deux  revendeurs  en  la 
cite  et  fianchiese,  porveu  que  telx  revendeurs  soient  gens 
honnestes,  de  bons  falme,  noms  et  conversation,  telx  approuve 
par  la  rescription  de  cite  et  sennalx  de  la  paroiche  sub  laquelle 
iiz  seront  habitans.  Et  se  aucun  brasseur  presumoit  contrevenir 
ad  ce  et  délivrer  a  plus  de  doux  revendeurs,  tel  sera  attain  en 
la  somme  de  \ioeff  florins  doir  sens  remission,  a  applichier 
comme  prescript  esi. 

Item  et  que  chascun  (el  revendeur  sera  tenu  acquérir  la  peticte 
raulle  dudit  mestier,  voir  ceulx  qui  ne  seront  de  la  grande, 
parmy  tel  pris  que  dessus,  aftin  que  Ion  aiet  gens  de  bien  et 
continuans  leur  dit  affaire. 

Item  avons  passe  et  ordonne  que  toutte  el  quanteffois  que 
estraingniers  amenront  hubilhons  (houblon)  en  la  cite,  pour 
icelluy  vendre,  que  chascun  de  nostredit  mestier  overant  de  la 
main,  pora  de  lel  bubilhon  avoir  sa  part  selon  son  equalite,  en 
payant  deyeubtemeni  le  marchant. 

Item  et  affin  que  le  meslier  soit  mieux  obey  el  que  chascun 
sace  comment  soy  conduire,  avons  ordonne  que  louttefoix  que 
nostredit  mestier  sera  mis  ensemble,  pour  quelcque  cause  que 
ce  soit,  et  que  les  personnes  pariiculers  seront  adjournes  sur 
la  grande  amende,  ceulx  qui  seront  defallans  comparoir,  seront 
actiains  en  lamende  de  diex  paiars  monnoie  corante  en  Liège, 
pour  de.squelx  avoir  payement,  le  varlet  du  mestier  comman- 
dera lelz  defallans  icelle  amende  paier  audit  meslier  et  officiers 
de  soleil  luysant,  el  en  leur  deffaulte,  Ion  lesporal  le  lendemain 
faire  crieir  albains  et  faire  escripre  sens  contredit  ou  cas  que 
telz  defallans  ne  euissent  escusse  suffisante  el  legitirnme.  Et 
semblammenl,  quant  le  meslier  serai  mis  ensemble,  et  que  les 


—  364  — 

personnes  ne  seront  point adjournes  sur  la granle  amende,  ilz 
seront  tenus  comparoir  sur  paiiie  de  qualtre  palars  tels  que 
dis  sont,  ou  cas  que  ilz  ne  ayent  excusse  comme  prescript  est, 
iceulx  a  applicliier  ausdis  mestiers  et  officiers  comme  dessus. 

Item  que  quant  uiig  revendeur  arat  acreu  (pris  h  crédit) 
bressin  a  ung  bresseur,  et  il  le  laissasse  pour  prendre  a  ung 
autre,  quant  adoncques  que  nul  autre  bresseur  ne  luy  présu- 
masse livrer  brassin,  tant  que  il  aroit  contente  le  bresseur,  son 
créditeur,  sur  paine  de  troix  florins  doir,  iceulx  a  applichier 
par  tirce  part  a  Monseigneur,  sa  cite  et  lesdis  mestier  et  offi- 
ciers. 

Item  avons  encore  passe  et  ordonne  que  nulz  brasseurs  de 
nostredit  bon  mestier  par  luy,  ses  serviteurs  et  familles  ne 
puel,  ne  pora  boutter  les  feuz  ens  jours  ensuyaiis  par  touiie 
lannee,  assavoir  :  les  jours  nostre  Damme,  les  apostles,  les 
tiestes  solempnes  saint  Lambert,  saint  Linar  (Léonard),  sainte 
Catherine,  sainte  Barbe,  Saint  Nicolas,  saint.  Ernull  (Arnold), 
les  jamas  devant  la  dernier  des  troix  fiestes,  les  dimenches  par 
toutte  lannee,  devant  siex  heures  del  vespree  (soir)  et  parelle- 
ment  quant  Ion  vuet  brasser  le  semmedi,  il  covient  boutter  les 
feuz  le  vendredi,  devant  siex  heures  de  vespre,  sur  paine  et 
amende  de  troix  florins  doir  a  applichier  comme  dit  est,  assa- 
voir: a  Monseigneur, la  cile  et  aux  mestier  et  ofliciers  et  avvec 
ce,  une  livre  de  cirre  pour  meclre  en   la  chapelle  saint  Arnult. 

Et  pour  le  dernier,  que  quiconcque  qui  sera  dudit  mestier 
quil  vouldrat  relever,  ne  devra,  pour  son  reliff  az  ofliciers  en 
tout  que  ung  florin  doir,  lequel  il  sera  tenu  paier,  se  les  offi- 
ciers ne  luy  vuelent  faire  grâce.  Et  affîn  que  ce  soit  et  demeurt 
ferme  et  estauble,  pour  autant  que  en  nous  est, avons,  pour 
monstrer  notre  évident  concord.fait  ad  ces  présentes  appendre 
le  grand  seel  de  nostredit  mestier.  Sur  l'an  de  grâce  mil  V''  XXI 
du  moix  de  novembre  le  XXVI*  jour. 

Kxirail   (l'un   rc^àslre   aux   œuvres  des  Ketunins  de  Litige   {^Tetle 
Slt'phany),  n"  iKi,  fol.  !228,  v». 


—  365  — 

Erard  de  la  Marck,  par  la  miserration  divine  cardinal, 
archevesque  de  Valence,  evesque  de  Liège,  duc  de  Builhon, 
conte  de  Looz. 

A  tous  ceulx  ausquelx  cestes  noz  présentes  parvenronl , 
Salut.  Savoir  faisons  que,  comme  de  part  les  officiers  de  mes- 
lier  des  br;isseurs  de  noslre  cite  ,  franchiese  et  banlieu  , 
summes  este  requis  visiter  les  ordonn(ances)  et  usaiges  dudit 
mestier,  apparans  par  unne  lettre  scellée  des  seelx  de  nostre 
cite  et  dudit  mestier,avvec  une  translîche  dapprobation  confer- 
mee  par  la  généralité  des  XXXI  autres  mestiers  de  nostre  cite, 
en  ce  reserveit  nostre  jurisdiction  et  haultainite,et  icelles  lauder 
et  approuver  ;  et  partant  que  ne  volerions  concéder  choese 
prejudiciaubleabinpublicque  de  nostre  cite, avons  donne  cbarge 
a  noz  chicrs  et  bin  amez  les  escheviens  de  nostre  cite,  icelles 
visiter,  et  savoir  se  il  y  avoit  article  non  permissible  h  loy; 
entendue  l'oppinion  de  nous  dis  escheviens,  avons,  après  avoir 
correge,  mueit,  modère  et  adjosie  a  ladite  lettre  et  la  reduytle 
en  telle  fourme  et  maunier  que  les  lettres  parmi  lesquelles  ces 
nos  présentes  sont  infichies  et  annexées,  icelles  ordonnances 
greit,  approuveit  et  confermeit  et  par  ces  présentes  gréions, 
approuvons  et  conformons,  vuellans  que  le  contenu  de  icelles 
dites  lettrez  sortisse  son  plain  et  entier  effect,  sens  quelcque 
réservation  et  que  les  defallans  soient corregies  et  pugnies  selon 
le  îenurre  dicelles  al  exemple  d'autres.  Donne  en  nostre  dite 
cite,  sur  km  de  grâce  mil  V«  et  XXI,  de  moix  de  novembre  le 
penulteme  jour,  sy  fut  le  tout  mis  en  warde  de  loy. 

Item  lan  XV'  et  XXII,  le  XXVF'  jour  daoust,  sur  les  differens 
aians  este  endit  bon  mestier  des  brasseurs  daucuns  puncls  et 
articles  touchies  en  leurs  lettrez  d'ordonn(ances),  tant  par  de- 
vant la  grâce  de  noslre  dit  très  redoubte  Seigneur  et  prince, 
Monseigneur  de  Liège,  comme  des  maistres  et  consel  de  sa 
cite,  pour  bien  de  paix  par  ladvis  de  nostredit  très  redoubte 
seigneur,  des  dis  maîtres  et  de  nous  que  estieins  leurs  dictes 
ordonn(ances)  suivans  at  par  nous  este  dit.  modère  et  aovert 


—  366  — 

Que  premièrement,  louchant  le  puncl  de  brasser  a  XXXI l 
tonnealz,  il  est  que  chacun  brasseur  pora  brasser  chascuiie 
brassée  unne  fois  la  sapmaine  àXXXVI  lonnealx  plains,  iceulx 
revenans  a  XL  tonnealz. 

Item  ou  lesdites  ordonn(ances)  contenoienl  non  pouvoir  avoir 
chascun  que  II  revendeurs  est  pareillement  conclud  par  bonnes 
considérations  ad  ce  mouvantes,  que  chascun  brasseur  deverat 
avoir  doresnavant  III  revendeurs  et  a  sorplus,  pour  le  dernier 
punct  et  différent  quilz  avoient,  ou  il  esttouchiet  en  leurs  dites 
lettres  que  ceulx  qui  ne  seroient  point  dédit  bon  mestier  et  qui 
voroientestre  revendeurs, devcroient  acquérir  la  petite  ralte  par- 
mi V  florins  II  aidans  est  conclud  et  par  nous  aovert  que  chascun 
acquérant  ladite  petite  ralte,  se  devera  passer  en  paiant  pour 
icelle  ung  florin  dor  qui  venrat  a  protit  dédit  bon  mestier  ;  de- 
moranl  a  sorplus  par  nous  entièrement  delez  le  conienu  de 
leurs  dites  lettres,  puncts  et  articles  en  icelles  contenus  et 
mis  en  warde  de  loy,  aux  maniers  réservation,  protestation  et 
conditions  y  déclarées  ainsi  que  le  tout  ci  deseur  plus  au  long 
contint. 

Kxlrail  d'un  registre  aux  œuvres  de.>  Eclievins  de  Liège  ;  grcfic 
Stcpliany),  commençant  en  juillet  l.'iSi  cl  finissant  en  janvier 
1522,  n»  98,  fol.  231,  v«. 


RAPPORT 

SUR  LES  ARCHIVES  DE  QUELQUES  COMMUNES 

DE  LA  PROVINCE  DE  LIEGE 

Adressé  à  Monsieur  le  Minislre  de  l'Inlérieur,  le  18  déoembre  1875, 

PAtl 

DÉSIRÉ    VAN    DE    CASTEELE, 
Consiivateur-adjoint  des  archives  tle  l'Etat,  à  Liège. 


Monsieur  le  Ministre, 

Par  dépêche  du  6  octobre  dernier,  indicateur  C,  n*  '192o/2I4, 
Monsieur  l'Archiviste  général  du  Royaume  m'a  informé  qu'.*! 
litre  d'essai,  vous  m'aviez  chargé  de  visiter  une  dizaine  de 
communes  de  la  province  de  Liège,  avec  la  double  mission  : 
1"  d'y  examiner  les  archives,  de  procéder  au  triage  des  papiers 
des  anciens  greffes  scabinaux  et  féodaux,  d'en  dresser  une  liste 
sommaire  et  d'en  réclamer  la  remise  au  dépôt  général  de  la 
province,  et  2"  de  constater  en  même  teiups  la  situation  des 
archives  comiTiunales. 

J'ai  l'honneur,  Monsieur  le  Ministre,  de  vous  faire  parvenir 
mon  rapport  sur  cette  mission. 

D'après  vos  instructions,  la  préférence  devait  être  donnée 
aux  communes  dont  les  greffes  mnnquent  tout  entiers    aux 


—  368  — 

archives  provinciales  de  l'Etat,  et  elles  devaient  être  choisies, 
autant  que  possible,  dans  le  même  canton.  A  cette  fin,  Monsieur 
le  Conservateur  des  archives  de  l'Etat,  à  Liège,  m'a  désigné  les 
communes  d'Acosse,  de  Burdinne,  d'Embrcsin,  de  Lens-Sl- 
Servais,  de  Merdorp  et  de  Moxhc,  dans  le  canton  d'Avenncs,  et 
d'Altrin  et  Vervoz,  aujourd'hui  communes  de  Clavier,  Nandrin 
et  Modavc,  dans  le  canton  de  Nandrin. 

Toutefois  j'ai  cru.  Monsieur  le  Ministre,  que  tout  en  suivant 
la  marche  qui  m'était  tracée,  il  ne  fallait  pas  m'en  tenir  à  la 
lettre  de  ces  instructions,  mais  bien  ii  leur  esprit.  C'est  pourquoi 
je  n'ai  pas  hésité  h  me  rendre  dans  des  communes  voisines, 
lorsque  j'avais  acquis  la  certitude  qu'il  y  existait  d'anciennes 
archives,  ni  à  faire  des  recherches  dans  celles  où  j'étais  de 
passage. 

Abordant,  Monsieur  le  Ministre,  l'objet  premier  de  ma  mis- 
sion, voici,  en  suivant  l'ordre  alphabétique  des  communes,  un 
inventaire  succinct  des  documents  retrouvés,  avec  indication  de 
leur  provenance  : 

Avin  (Attrive  el),  canton  d'Avennes  (jadis  haute  cour  du  balllagc  d'). 

a)  50  registres  aux  œuvres  et  mw  plaids  de  1587  à  1755,  déposés  ù  la 
maison  communale  d'Avin. 

Ces  registres,  tous  reliés  et  dans  un  état  de  conservation 
satisfaisant,  présentent  mallieureuscment  des  anachronismes 
incroyables,  des  fragments  du  16'^  siècle  y  sont  joints  h  d'autres 
du  IS'^  siècle.  Il  n'est  pas  un  seul  registre  dont  le  classement 
des  pièces  ne  doive  être  recommencé. 

b)  Une  charle  donnée  par  M.  le  C"  Georges  de  Looz-Corswarem.  — 
Transport  d'une  rente  de  20  llor.  remboursable  à  320  flor.  de  20  paKars 
pièce,  au  profit  de  Jean  d'Avin,  évèque  de  Namur.  —  Acte  passé  devant  la 
haute  cour  AWttrive  el  dWvin,  le  20  novembre  1G18. 

Le  dépôt  de  Liège  ne  possédait  jusqu'ici  que  2  registres  de 
cette  cour,  embrassant  les  années  1703-1788. 


—  m9  ~ 

Ben-Ahin,  canton  de  Huy,  ancienne  haute  cour,  et  une  autre  dite  de 
Beau  for  t. 

Par  lettre  du  29  novembre  1875,  M.  Desoer,  bourgmestre  de 
cette  commune,  m'informe  que  son  Conseil  communal  consent 
à  déposer  aux  archives  de  l'Etat,  à  Liège,  ses  anciennes 
archives.  Elles  consistent  en  plusieurs  registres  et  liasses, 
comme  j'en  ai  fait  le  triage  lors  de  ma  visite.  —  Ces  archives 
ne  nous  étant  pas  encore  parvenues,  je  ne  puis  en  donner  une 
idée  exacte  (*). 

M.  le  bourgmestre  me  promet  de  s'enquérir  auprès  d'un 
particulier,  possesseur  présumé  de  pièces  provenant  des  cours 
de  Ben-Ahin.  Acquéreur  d'archives  de  l'ancienne  abbaye  de 
Sollière,  M.  Desoer  m'en  a  fait  entrevoir  la  remise  prochaine. 

Nous  n'avions  rien  de  ces  cours,  mais  il  paraît  que  le  dépôt 
de  Namur  renferme  de  ces  documents. 

Les  papiers  de  la  cour  de  Beaufort  sont,  je  pense,  chez  M.  le 
prince  de  Looz-Corswarem.  Son  fils,  M.  le  prince  Camille,  m'a 
engagé  h  aller  voir  moi-même  leurs  archives  et  nous  pouvons 
espérer,  le  cas  échéant,  de  les  obtenir. 

Berlo,  canton  de  Warcnime,  ancienne  baronnic,  avait  une  cour  de 
justice  à  Bcrlo  et  une  autre  à  Willcn. 

a)  il)  registres  de  protocoles  MW  œuvres  de  la  cour  de  ÏV/Z/cw,  savoir 
les  années  1475-1502,  15-27-28,  1551,  1550-52,  1558-61,  1500-65,  156i- 
4565,  1570-73,  1575-78,1580-90,1587-90,1590-91,  1607-12,  1617-20  et 
1622-53. 

b)  2  registres  aux  investitures  de  la  dite  cour. 

c)  10  registres  de  protocoles  aux  œuvres  de  la  cour  de  Berlo,  soit  : 
1570-73,  157i-81,  1595-1601,  1600-6,  1602-8,  1614-15,  1617-20,  1622- 
27,  1027-50  et  1631-37. 

(/)  Cours  de  Berlo  et  }yillen  réunies  :  3  reai-stres  de  protocoles  mx 
œuvres,  1658-40,  16.59-68  et  1668-86. 
<•)  1  registre  hors  plaids,  rôles  de  1565-86  (a). 

('  )  Elles  viennent  de  nous  être  remises. 

(•i  Les  registres  (|ui  prtfoèdenl  sont  prcsqu'oxclusivoineul  n'digi'S  en  flamand. 
Ceux-ci  el  les  suivanls  le  sont  en  fiançais. 


—  370  — 

/')  \  registre  aiuv  (ilaids  ordinaires,  rôles  de  169 1-1705. 

fjf)  {  fragment  d'un  registre  'àu\  plaids  généraux,  1695. 

h)  i  registre  ou  recueil  iVœuvres  scab.  de  1500  à  1699. 

î)  1       »  »  de  1357  à  1686. 

j)  l  registre  aux  roffres,  io'O-Sl. 

k)  Dcnyi  liasses  de  pièces  diverses  des  16%17"  et  18*  siècles,  provenant 
des  mêmes  cours. 

/)  Une  charte  du  16  juin  1595.  Constidilion  de  rente  au  profit  de  Jean 
Papeleers,  sur  une  lerre  à  Berlo. 

Celte  précieuse  collection  se  trouvait  entre  les  mains  de 
31.  le  baron  de  Tornaco,  bourgmestre  de  Lens-Sl-Servais,  qui 
s'est  empressé  de  la  remettre,  lors  de  ma  visite,  pour  le  dépôt 
des  archives  de  l'Etat,  à  Liège.  Elle  contenait  encore  : 

1°  Un  registre  de  comptes  censaux  de  1010  à  1612. 

2'  17  chartes  classées  ici  par  ordre  chronologique.  (Je  fais  précéder  la 
date  du  nom  de  la  localité  que  la  chose  intéresse.) 

«)  Loui;flm,i  septembre  1421.  -Constitution  de  rente  au  profit  de  Barbe 
Y.  d.  Brugghen  Y"  Baets. 

b)  Vorst  (Forêt),  19  mai  1  I3i.  —  Sentence  rendue  par  les  échevins  de 
TAbbesse  remettant  Yranke  de  Briedere,  prêtre,  on  possession  d'un  pré  à 
Cu  reghem-sous- Anderlecht. 

c)  Seigneurie  de  Lare,  à  Schelle,  4  mai  1  i55.  ~  Acte  de  relief  fait  par 
HoeloS  (Roland)  van  Berchem. 

d)  —  50  juillet  1550.  —  Octroi  donné  par  Charles  V  à  Roland  van 
Berchem  pour  renouveler  ses  registres  censaux  et  féodaux. 

()  —  4  août  1020. —  Conslilulion  de  rente  au  profit  des  enfants  d'Isab. 
Iloens,  Y«  de  Franc.  Toelincx,  sur  des  biens  à  Willebeke  (i). 

f)  —9  juin  1644.—  Constitution  de  rente  au  profit  de  Corn.  Hilicwer- 
wen,  marchand  d'Anvers,  sur  des  biens  à  Willebeke. 

g)  Matines,  20  juillet  1470.— Pouvoir  de  tester  accordé  i\  JcandcMusen 
et  à  Marg.  Schofs;  lettres  délivrées  au  nom  de  Charles-le-Téméraire. 


(  '  )  Voir  ci-après  à  lu  iolli'c/..  La  pièce  it^liquro  concorne  également  la  seigneurie 
lie  Lare. 


/;)  —  1  i  juillet  1  i72. —  Contrat  do  mariage  possé  par  devant  le  iiot^iire 
Robosch,  entre  Jean  do  Ryeke  et  Jacq.  v.  Heffene. 

i)  Sei(jneurie  de  l'k  (cour  foncière  de  la),  "20  mai  !  10  i.—  Renie  an  profit 
de  Jean  van  lieyst,  rentier  du  Béguinage  de  Malines. 

,/)  Bruxelles,  2G  mai  iiOi.  —  Ratification  du  contrat  de  mariage  de 
messire  Collard  de  Mailly  et  demoiselle  Ad.  Tserraerts,  par  mcssire 
Guill.  Stradio  etilel.  Tserraerts. 

k)  Cour  féodale  de  Brahunt,  51  mars  l.'iOi  (v.  s.).  —Lettres  d'appel 
accordées  à  Dom.  de  lïerde,  contre  sentence  de  la  cour  de  Lare,  touchant 
le  fief  (\q  Hornkx  Bosch. 

I)  }Ieyssc,  Grimbergen  tlEppeghem,  19  août  1547.  —  Octroi  donné  par 
Charles  V,  à  Ph.  de  Weert  et  Magd.  de  Rycke  pour  |)rocuratron  de  vente 
de  biens  féodaux. 

m)  Campenhout,  5  décembre  loGG.  —  Lettres  d'adhérilences  passées 
devant  la  loi  de  Cam[)enhout,  mairie  de  Yilvorde,  de  la  moitié  de  cinq 
bonniers  de  prés  et  marais,  au  profil  d'Anne  Persoens,V*AertsVerbuecken. 

II)  Conseil  de  Brahant,  10  septembre  16*28. —  Droit  de  pèche  dans  l'Es- 
caut, pour  Pierre  Suys,  seigneur  de  Lare,  depuis  Willcbeech  jusqu'à  Ter 
Miiijeii.  —  Lettres  de  maintenues. 

o)A(lenhove,[8  mars  1560  (v.  s.).  — Arrenlement  du  moulin  d'AlIenhove 
au  profit  de  Jacq.  Micken. 

p)  Sei;ineuries  de  Mnlère  et  Orbais,  2-2  janvier  1660.  —  Relief  d'une 
rente  par  Ph.  v.  d.  Stegen. 

q)  —        —     19  septembre  1689.  —  Charte  analogue. 

Ces  chartes  pouiroiit  é!re  envoyées  aux  dépôts  l'espectifs, 
dès  que  la  remise  en  sera  ordonnée  par  M.  l'Archiviste  général 
du  Royaume. 

M.  le  baron  de  Tornaeo  s'est  engagé  h  (aire  des  reclierclies 
au  château  de  Berlo.  Je  ne  doute  point  qu'elles  ne  doivent  être 
fructueuses,  car  d'après  une  lettre  que  j'ai  sous  les  yeux,  datée 
de  Luoz,  7  juillet  18-20,  et  f^ignée  V.  MnUrcjcan,  ce  dernier 
renvoie  a  Madarne  de  Berlo  un  panier  contenant  les  registres 
aux  rôles  de  la  j:is[icc  de  Berlo,  plus  un  coffre  où  sont  les 
registres  aux  œuvres  de  Berlo,  [>'é-en!ant  diverses  lacinics, 


^'>  — 


iiiiisi  que  les  registres  de  Grand  et  de  Petit  Axhe,  et  de  Willen, 
quelques  anciens  registres  censaux  et  deux  registres  des 
pauvres  de  l'église  de  Berlo. 

Burdinne,  canton  d'Avennes,  haute  cour  et  cour  foncière  (dépendait 
du  chapitre  d'Andennes  jugeant  à). 

a)  6  registres  aux  transporls  1586-97,  1040-42,  1645-47,  1648-49, 
l(;o2-:i5,  1656-59. 

h)  \1  registres  aux  œwws,  1660-6^2,  1666-67,  1670,  1672,  1675-76, 
1685-88,  1688-90,  1692-98,  1698-170Ô. 

c)  ^1  registres  aux  i)]aids  et  rotes,  1548-51,  1588,  1597-99,1603, 
(fragments),  1608,1009,1611-15,  1614-15,1016-17,  1619-20,1619-21, 
1022-24,  1024-26,  1650-32,  id.,  1035-50,  1035-56,  1637-40,  16ii-47, 
16i4-48,  id.,  1654-55,  1659-00,  1003-00,  1084-85,  1088-90,  1097. 

lï)  1  registre  aux  rôles  de  la  haute  cour  de  Burdinne,  1704-5. 

e)  1  registre  i\\!i\  fur nissemenls  {ïvdLS,xûm{s),  1619-26. 

/■)  0  registres  censaux  de  la  cour  seigneuriale  appartenant  au  chapitre 
d'Andennes,  1694-1718,  1695,  1690,  1097,1099, 1700,  170:',  1718-39. 

g)  8  liasses  de  pièces  diverses  provenant  des  dites  cours,  17''  siècle. 

k)  10  liasses        id.        du  18*  siècle. 

A  part  quelques  registres  conservés  dans  l'armoire  aux 
archives  de  la  maison  communale,  ces  archives  se  trouvaient 
dans  un  grand  coiï're  relégué  au  grenier  de  l'instituteur.  Nous 
aurons  l'occasion  d'en  reparler  ci-après. 

Le  dépôt  de  Liège  ne  possédait  rien  de  Burdinne. 

Crehen,  canton  d'Avennes,  ancienne  haute  cour. 
fi)  S  registres 'MX  omvres,  années  1640-50,  1682-93,  1698-1700,  1710- 
12,  1713-10,1718-19,  1752-52,  1753-82. 

b)  o  registres  nn\  rôles  et  plaids,  1717,  1720-29,1729-51,  1772-82, 
1782-80. 

c)  15  fragments  de  registres  aux  œuvres  ou  plaids  û\i  il*  siècle,  entiè- 
rement gâtés  par  suite  de  l'humidité. 

d)  0  liasses  de  pièces  diverses  des  17*  et  18"  siècles. 

Tous  ces  papiers  reposaient  dans  un  coffre  h  la  maison 


communale  et  ont  pour  la  plupart  beaucoup  soutTerl  de  l'hu- 
midité. 

Deux  registres  seulement,  de  178-2-1795,  se  trouvaient  aux 
archives  de  l'Etat,  h  Liège. 

Darion,  caiilon  de  Waremmo,  dépendant  de  Hollogiicsur-Geer. 
ancienne  cour  foncière. 

a)  l  regislre  mx  œuvres,  venîermaininn  acte  de  transport  de  1589  et 
des  actes  de  17 il  ;t  70. 

Il  porte  ainsi  à  3  le  nombre  des  registres  que  nous  avons  de 
cette  cour.  C'est  aussi  le  plus  ancien,  les  deux  autres  n'em- 
brassant que  les  années  1749-1795. 

I!  m'a  été  remis  par  M.  l'instituteur  de  Ligney,  de  môme  que  : 

l>)  Une  liasse  (ïaclcs  passés  devant  les  cours  de  Ligney,  de  Yillers  et 
Lens-St-Remy,  de  Braive,  Darion  et  nol!ognc-sur-C.eer;  17"  et  18^ 
siècles. 

M.  J.  Cartuyvels,  bourgmestre  de  Ligney,  croit  que  les 
archives  de  la  haute  cour  de  Darion  sont  restées  aux  mains  de 
la  fnmille  Jacob.  Je  n'ai  pu  jusqu'ici  en  recevoir  des  renseigne- 
ments positifs. 

Embresin  et   Embresineau,  canton  d'Avenncs,  ancienne  cour 
subalterne  dépendant  d'Andcnnes. 
<()  2  registres  aux  œuvres,  1753-60,  i7G8-77. 

h)'i      »       aux /y/(//W,s,  1755-67,  1768-82. 

Ce  sont  les  seules  pièces  anciennes  qui  se  trouvaient  à  la 
maison  communale.  Le  dépôt  de  Liège  ne  possédait  aucun 
document  de  cette  commune, 

Hanuêche,  canton  d'Avenues,  ancienne  cour  haute  et  cour  foncière. 
(t)ôrcgistres  aux  œuvres,  de  la  haute  cour,  1586-96, 1665-6i,  171 1-U. 

b)  4  regislres  aux  œuvres  de  la  cour  foncière,  1719-56,  1755-60, 
1760-65,1784-89. 


O  (  1 


J'ai  retrouvé  ces  registres  parmi  ceux  de  Burdinne.  Ils  com- 
plètent, avec  la  liasse  mentionnée  ci-dessous,  les  archives  de 
Hannêche  déposées  par  M.  le  comte  Georges  de  Looz-Corswa- 
n;m,  le  20  février  1873,  et  remises  par  M.  Robert-Renson,  de 
Hannêche. 

c)  Une  liasse  de  pièces  diverses  provenant  également  de  ce  dernier. 

Hannut,  canton  d'Âvennes  (ancienne  cour  des  Aloyers,  à), 
fl)  Trois  registres  aux  rô/es  de  1689-92,  1729-35,  1754-41. 

b)  4  liasses  de  pièces  diverses. 

Le  tout  provenant  de  la  maison  communale  et  portant  ainsi 
à  'àO  le  nombre  des  registres  de  cette  cour  conservés  aux 
archives  de  Liège. 

c)  Une  charte  du  6  septembre  1585.  —  Lettres  de  rémission  délivrées 
au  nom  de  Philippe  IF,  en  faveur  de  Jacques  Danes,  pour  avoir  tué  Gérard 
Commers  de  Hannut. 

Remise  lors  de  mon  passage  à  Moxhe,  par  M.  Pierre 
Monon,  entrepreneur  à  Embresineau  (commune  d'Embresin). 

d)  89  refjislres  aux  protocoles  de  plusieurs  notaires  défunts ,  ainsi 
répartis  : 

5  registres  de  L.  Forceilles,  notaire  à  Hannut,  1754-70. 


2 

» 

P.-J.  Biron 

» 

à  Crehen,  1785  an  VII. 

11 

» 

H.  Ciianlraine 

» 

à  Wasseiges,  1784-94. 

9 

» 

J.-.I.  Denis, 

» 

à  Hannut,  1771-97. 

1 

1) 

H.-J.  Morcau, 

» 

à  Moxhe,  1790-97. 

1 

» 

13. -J.  Doclien 

)) 

àThisnes,  1795-96. 

25 

» 

F. -F.  Gotol, 

)) 

:»  Hannut,  1770-95. 

2 

» 

Fleussu, 

)'. 

à  Lens-St-Servais,  1771-98. 

57 

» 

L.-G.  Michaux, 

)) 

à  Racour,  1760-90,  avec  répertoire 

Les  protocoles  ci-dessus  m'ont  été  remis  par  M.  Goossens, 
notaire  ù  Hannut,  de  même  que  les  trois  registres  suivants  : 


—    .)tO    — 

(Un  dépôt  analogue  m'a  été  promis  par  M.  le  notaire  Ghion)  0. 

e)  Un  rcgislrc  nu\  œuvres  de  la  Cour  féoda'.e  de  Quadreppc,  jugeant  à 
Avernas  (aujourd'hui  Brabaul).  Lesacles  eu  sont  du  18*  siècle,  mais  ils 
ont  été  reliés  sans  ordre  chronologique.  On  y  trouve  aussi  quelques 
minutes  du  notaire  Jacquet. 

f)  Un  registre  aux  œuvres  de  la  haute  cour  et  cour  censale  de  Linsmeau 
(près  de  Landen),  appartenant  au  18*  siècle.  Des  actes  du  notaire  G. 
Michaux  y  sont  joints. — Même  observation  que  pour  le  registre  ci-dessus. 

g)  Un  registre  aux  œuvres  des  cours  de  Maret  (dépendant  anciennement 
de  Racour.  aujourd'hui  d'Orp-le-Grand)  et  de  Quadreppc  du  18°  siècle  et 
différents  actes  du  notaire  Chantraine . —  Même  observation  que  ci-dessus. 

Lecs-St-Servais,  canton  d'Avennes.  ancienne  cour  haute  et  censale. 

I  registre  aux  rôles  de  la  haute  cour  de  1733  à  88,  trouvé  dans  l'armoire 
aux  archives  communales. 

C'est  le  seul  document  que  nous  ayons  de  ces  cours. 

Ligney,  canton  de  Waremme,  ancienne  haute  cour  de  justice,  bailliage 
de  Hannul,  duché  de  Brabant. 

a)  Un  paquet  en  deux  liasses  ù'œuvres,  ûe  procédures,  etc.,  des  17^  et 
18^  siècles. 

Ces  papiers  constituent  tout  ce  que  la  faiiiille  Cartuyvels,  qui 
a  été  longtemps  dépositaire  de  la  majeure  partie  des  archives 
de  la  commune  de  Ligney,  a  pu  récoller  jusqu'à  ce  jour. 

II  existe  aussi  dans  la  même  commune  les  assiettes  de  la 
commune  de  l'année  1735  jusqu'à  l'occupation  française.  Ces 
documents  ayant  clé  plusieui^s  fois  consultés  avec  fruit  par 
l'administration  communale  de  Ligney  pour  éclaircir  et  aplanir 
des  contestations  d'intérêt  local,  M.  le  bourgmestre  J.  Cartuy- 
vels a  cru  devoir  les  conserver  à  la  maison  communale. 

Le  dépôt  de  Lif'ge  renferme  28  registres  de  celle  cour. 

^)3  cJnrtes  données  parle  sieur  Joseph  Tombeur,  cultivateur  à  Ligney, 
à  savoir  : 

(ij  Nous  avons  reçu  depuis,  ses  anciens  prolocoles, 


;;7«i 


1"  Charte  du  18  février  1527  (v.  s.),  émanaiU  de  la  Sdijucuric  de  Seync 
(Hesbaye). 
2"  Id.  du  8  juin  1538,  —  de  la  cour  (ÏAmbrcsinciiu. 
Ty'  Id.  du  28  avril  1G57, —  du  Conseil  de  Namur. 

Merdorp,  canton  d'Avennes,  ancienne  haute  cour,  cour  foncière  et 
cour  censale  (dépendant  de  St-Jean-TEvangéliste  à  Liège,  jugeant  à). 
n)  26  chartes,  dont  2  bulles  des  16"  et  17'"  siècles. 

b)  i'î  liasses Cte pièces  diverses,     id.        id. 

Ces  archives,  les  seules  que  nous  ayons  de  ces  cours,  m'ont 
été  remises  par  M.  Ernest  de  Giientinnes,  propriétaire  actuel 
du  château  de  Merdorp,  où  se  trouvait  l'ancien  coffre  commu- 
nal. On  soupçonne  une  certaine  personne  dont  le  nom  m'a  été 
décliné  et  qui  habite  Noville-sur-Méhaigne  (province  de  Namur), 
de  posséder  des  archives  provenant  des  cours  susdites. 

c)  2  regislres,Yan  le  répertoire  des  actes  passés  par  le  notaire  F rancaux, 
dont  les  protocoles  sont  aux  archives  de  Namur;  l'autre  un  rcflis/a' 
journal  du  même  notaire  pour  les  années  1780  à  90,  étaient  à  la  maison 
communale.  Je  les  tiens  à  la  disposition  de  M.  le  Conservateur  des  archives 
de  l'Etat,  à  Namur,  dès  que  M.  l'Archiviste  général  du  Royaume  en  aura 
donné  l'autorisation. 

Moxlie  (et  Moxheron), canton  d'Avennes, anciennement  deux  cours. 
1  liasse  de  pièces  diverses,  concernant  Moxhe,  Moxheron  et  Thisnes,  m'a 
été  remise  par  le  M.  Jules  Bosseloir,  conseiller  communal  de  Moxhe. 

A  ce  faible  dépôt  se  réduisent  les  archives  des  cours  de  Moxhe 
et  de  Moxheron.  Rien  n'en  existe  à  la  maison  communale.  M.  le 
comte  G.  de  Looz-Gorswarem,  dont  le  zèle  ne  connaît  pas  de 
bornes  pour  tout  ce  qui  touche  h  l'archéologie,  ne  les  perdra 
pas  de  vue.  Peut-être  lui  devrons-nous  un  jour  la  découverte 
de  ces  documents. 

Modave  (Grand  et  Petit),  canton  de  Nandrin,  ancienne  cour 
féodale  au  Grand-Modave,  dont  relevait  l'avouerie  d'Amay  et  la  cour  de 
justice  du  Pelit-Modave,  Il  y  avait  aussi  une  cour  foncière. 


J'ai  retrouvé  au  château  de  Modave  une  quantité  considé- 
rable des  archives  des  cours  susdites,  telles  que  chartes, 
registres,  liasses,  etc.,  etc.,  le  tout  en  parfait  état  de  conserva- 
tion. M.  le  sénateur  F.  Braconier-Lamarche,  propriétaire 
actuel  de  ce  splendide  domaine,  a  compris  toute  la  justice  et 
l'opportunité  qu'il  y  avait  à  déposer  (îcs  archives  h  Liège.  Avec 
un  empressement  éclairé  et  des  plus  louables,  il  en  a  promis  la 
remise.  La  mauvaise  saison  étant  trop  avancée,  je  n'ai  pu  en 
commencer,  comme  nous  en  étions  convenus  d'abord,  le  triage 
immédiat.  Par  sa  lettre  du  4  décembre  dernier,  M.  F.  Braconnier 
m'annonce  que  ce  triage  aura  lieu  au  printemps  prochain.  II  se 
fera  en  présence  de  son  notaire,  h  l'effet  de  conserver  pour  la 
famille  les  titres  de  propriété  et  tous  actes  d'intérêt  privé. 

A  Liège,  nous  n'avons  aucune  pièce  émanant  de  ces  cours. 

Wasseiges,  canton  d'Avennes,  ancienne  haute  cour  à  Wasscigcs,  cour 
foncière  dite  de  Crupel  et  une  troisième  foncière  et  féodale  de  Sl-Laurcnf. 

a)  'iô  registres  aux  ptaids  de  1586-92,  1589-99,  1655,  1671,  1685, 
1681-86,  1691-92,  1695-1700,  1702-5,  170-4-5,  1705-7,  1707-8,  1708-13, 
1715-14,  1715-19,  1721-26,  1720-27,  1728-51,  1751-59,  1755-55,  1755- 
62,  1790,  an  IH. 

b)  1  registre  censal  de  la  cour  de  Crnpef,  année  1098. 

c)  .4  liasses  d'œuvres  et  plaids,  de  1641-60,  1669-75,  1685-95,1700-19. 

d)  15  liasses  de  pièces  diverses  des  W  et  18"  siècles. 

e)  i  liasses        id.        ,  concernant  Wasseiges,  Tliisncs,  etc. 

Cesquatre  dernières  liasses  ont  été  données  par  M""'V''WarnanL- 
Desmet  (  '  ).  Tout  ce  qui  précède  provient  de  la  maison  commu- 
nale, de  même  que  : 

f)  1  liasse  ùe  minutes  d'actes  [YAssés  \yàv  différents  notaires  de  Namitr, 
1667-77. 


(  '  )  Elle  croit  savoir  que  M'"»  Ripet,  demeurant  à  Waret-Ia-Chaussde  ^province  de 
Nainur\  possède  des  archives. 


-    378    - 

Soil  en  sommo  2i  registres  el  21  liasses  à  njouter  au  fonds 
de  Wasseiges,  et  il  est  à  noter  que  celte  trouvaille  non-seule- 
ment comble  des  lacunes,  mais  fait  remonter  de  1606  à  lo86  le 
commencement  de  ces  archives. 

Quant  aux  anciennes  archives  do  Nandrin,  mes  recherches 
y  ont  été  infructueuses.  D'après  les  déclarations  du  secrétaire 
communal  ,  l'ancien  bourgmestre,  M.  Arn.  Halleux,  ne  les 
aurait  pas  remises  à  son  successeur  lorsqu'il  fut  relevé  de  ses 
fonctions.  Il  me  reste  cependant  quelque  espoir  d'en  recouvrer 
une  partie  et  je  poursuis  mes  investigations  dans  ce  but. 

M.  Laurent,  notaire  à  Nandrin,  fera  prochainement  le  dépôt 
de  ses  anciens  protocoles. 

A  Clavier, canton  deNandrin,  où  il  y  avait  autrefois  les  cours 
basse  d'Attrin  et  de  Vervoz,  j'ai  rencontré  le  même  insuccès. 
Il  est  à  j)résumer  que  leurs  papiers  sont  encore  déposés  aux 
châteaux  de  ces  localités. 

Je  lis  sur  un  débris  de  feuillet  volant,  trouvé  parmi  les 
archives  de  Burdinne,  ce  qui  suit  : 

«  Je  requiers  mon  mayeur  lUnson  de  letircr  à  nurdinuo,  tous  les 
»  papiers  concernant  le  village  û'Acos  et  qui  (sont  à)  la  cour  dadit  Bur- 

»  dinne,  fait  à  Nainur  le mil  sei»t  cent  septante-lrois  sous  le  ca... 

»  (signé)  DE  Pasquet  d'Acos  ». 

Et  en-dessous  : 

«  2  oust  1773.  Retiré  les   dits   papiers aiant  esté  présent  à   la 

recherche pendant  six  heures  ce  que  j'atteste. 

Anduien  Joseph  Renson, 
mayeur  de  la  haute  cour  d'Acos.  /> 

Il  est  donc  permis  de  supposer  que  ces  archives  sont  restées 
chez  les  héritiers  do  Pasquet  d'Acos.   Son  fils,  le  baron  de 


—  379  — 

Pasquet  d'Acoz,  est  décëdô  ie  14  juin  1870  au  château  de  Botliey, 
l)!opriélé  actuelle  de  Madame  de  Paul  de  Barcliifonlaine. 

Le  tableau  ci-aiinexé  répond,  M.  le  Ministre,  au  second  objet 
de  ma  mission 


Faisant  maintenant  la  récapitulation  des  archives  mentionnées 
ci-dessus,  nous  arrivons,  M.  le  Ministre,  à  un  total  de  310 
registres,  68  liasses  et  49  chartes,  qui  sont  venus  augmenter 
le  dépôt  de  l'Etat,  à  Liège,  non  compris  la  riche  collection  de 
Modnve,  les  archives  de  Ben-Ahin  et  les  anciens  protocoles 
des  notaires  Ghion,  h  Ilannut  et  Laurent,  à  Nandrin.  Toutes 
ces  archives  se  trouvaient  généralement  dans  le  plus  déplorable 
désordre  et  presque  toutes  étaient  enfouies  dans  des  greniers 
où  la  poussière  et  l'humidité  exerçaient  de  tristes  ravages.  Il 
m'a  fallu  plusieurs  jours  pour  en  opérer  un  premier  classement. 

Il  est  donc  permis  de  conclure,  M.  le  Ministre,  que  l'essai  a 
été  fructueux  et  que  ce  serait  chose  sage  et  prudente  d'envoyer 
dans  chaque  province,  un  délégué  des  dépôts  respectifs,  pour 
visiter  toutes  les  communes  et  rentrer  en  possession  des  docu- 
ments relatifs  h  nos  anciens  greffes  scabinaux  et  féodaux,  non 
encore  déposés  aux  diverses  archives  provinciales. 

En  effet,  M.  le  Ministre,  aucun  résultat  n'a  clé  produit 
jusqu'ici  par  la  circulaire  de  M.  le  Gouverneur  de  la  province 
de  Liège,  en  date  du  4  août  1868,  adressée  aux  administrations 
communales,  à  la  suite  d'une  dépêche  ministérielle  du  30  juillet 
1868,  beaux-arts,  3,6^16/11,694,  circulaire  qui  rappelait  l'art.  40 
de  la  loi  du  27  mars  1791;  Lierneux  seule  répond  olUciellement 
qu'elle  fera  le  dépôt  réclamé,  mais  oublie  de  s'exécuter. 

Que  voyons-nous  à  Wasseiges  ?  En  parcourant  les  registres 
aux  correspondances  des  adrainislratioiis  communales  de  Was- 
seiges et  d'Embresin,  années  i81o-16-17,  je  lis   Ix  la  suite 


-  380  — 

d'un  arrêté  ilu  commissaire  du  Roi,  daté  du  21  septembre  1815, 
qu'un  échange  de  dépêches  s'était  établi  entre  le  maire  de 
Wasseiges,  le  premier  avocat  général  de  la  cour  supérieure 
de  la  justice  de  Liège,  et  rarchivisle  provincial  Chevalier, 
pour  la  remise  des  anciens  papiers  renfermés  dans  des  coffres. 
Or,  noire  dépôt  possédait  de  Wasseiges  40  registres,  prove- 
nant sans  doute  de  cette  remise,  et  après  une  correspondance 
aussi  officielle  que  celle  dont  je  viens  de  parler,  on  pouvait 
croire  que  plus  un  document  n'existait  à  la  maison  communale, 
et  cependant,  après  58  ans,  j'y  ai  mis  la  main  sur  24  autres 
registres  et  21  liasses. 

Une  autre  réflexion  que  je  me  permets  de  vous  soumettre, 
M.  le  Ministre,  a  rapport  aux  dépôts  privés. 

Ce  n'est  pas  seulement  à  la  maison  communale  que  l'on  doit 
rechercher  les  anciennes  archives,  mais  le  plus  souvent  au 
château  et  chez  les  descendants  des  derniers  majeurs  et 
greffiers. 

L'inventaire  ci-dessus  le  prouve  déjà  sufïisamment,  et  les 
passages  suivants  de  la  correspondance  de  Wasseiges  et 
d'Embresin  ne  font  que  confirmer  cette  affirmation.  Le  24  juin 
iSlGjle maire d'Embresin  et  Embresineau écrit  au  sous-intendant 
de  Huy  pour  réclamer  ses  archives  à  la  mortuaire  du  sieur 
Chaiilraine,  greffier  de  cette  commune  et  ancien  notaire  de 
Wasseiges.  L'envoi  n'aura  pas  eu  lieu,  car  nous  n'avons  de 
ce  fonds  que  4  registres,  retrouvés  par  moi  ù  la  maison  com- 
munale et  d'autre  part  la  famille  ***  m'a  dit  qu'elle  avait  vu  se 
détruire  chez  elle  beaucoup  d'anciens  papiers.  Dans  une  lettre 
du  21  octobre  1817,  adressée  par  le  maire  de  Wasseiges  h 
M.  Chevalier,  celui-ci  est  informé  que  des  collVes  rem()iis 
d'archives  étaient  restés  à  Wasseiges  chez  le  sieur  Le  Ruth, 
maire  pendant  le  gouvernement  français. 

Un  fait  tout  récent, qu'il  est  utile  de  signalerici, c'est  une  vente 
d'archives  de  la  main  à  la  main  qui  a  eu  lieu  ces  jours  derniers 


m 


à  notre  insu  à    Liège.  La  vendeuse  était  fille  de***,  ancien 
greffier  des  échevins  de  celle  ville. 

Il  appert  de  ce  qui  précède,  M.  le  Ministre,  que  malgré  la  loi 
du  27  mars  1791  et  les  diff'érents  arrêtés  contre  les  détenteurs 
d'archives,  des  o  pluviôse,  9  et  17  ventôse,  27  prairial  an  V  et 
du  21  prairial  an  VI,  émanés  de  l'adminisiralion  centrale,  ainsi 
que  ceux  du  préfet  des  22  frimaire,  5  messidor  an  X  et  du  4 
août  1812,  malgré  les  circulaires  qui  ont  suivi  ces  arrêtés,  le 
gouvernement  n'a  pu  obtenir  la  remise  totale  des  archives  des 
anciens  grefies  scabinaux  et  féodaux. 

Le  résultat  de  ma  mission  démontre,  au  contraire,  M.  le 
3Iinistre,  et  d'une  manière  péremptoire,  qu'une  visiie  locale  est 
le  seul  moyen  pratique  d'aboutir. 

Au  commencement  de  ce  siècle,  beaucoup  de  gens  dans  les 
communes  avaient  quelque  notion  des  anciennes  archives,  mais 
il  est  bien  rare  aujourd'hui  d'y  rencontrer  encore  une  personne 
compétente.  Nous  avons  même  eu  le  regret  de  constater  que 
beaucoup  de  documents  ont  été  détruits  par  des  mains  igno- 
rantes. C'est  ainsi  qu'un  cultivateur  de  Ligney  m'a  naïvement 
raconté  qu'il  avait  eu  chez  lui  tout  un  coffre  de  chartes  prove- 
nant en  grande  partie  de  l'ancienne  abbaye  du  Val-Notre-Dame, 
près  de  Huy,  et  qu'il  les  a  fait  servir  de  jouets  à  ses  enfanls. 
j'ai  eu  en  mains  des  débris  tombés  sous  les  ciseaux  et  je  tiens 
par  devers  moi  une  couverture  de  cahier  faite  avec  des  frag- 
ments de  chartes.  De  cette  belle  collection,  riv^n  n'était  resté,  à 
part  trois  chartes  mentionnées  sous  la  rubrique  Ligney. 

Un  acte  plus  déplorable  et  que  je  ne  saurais  passer  sous  silence, 
a  pour  auteur  l'instituteur  de  Burdinne,  que  j'ai  surpris  allu- 
mant son  feu  avec  les  anciennes  archives  de  celte  localité. 
D'après  sa  propre  décliration ,  il  en  reçut  le  dépôt  de  M. 
Fraipont  bourgmestre  décédé.  Nous  sommes  loin  de  l'époque 
où  dans  les  moindres  villages,  on  exigeait  des  maîtres  d'écoles 


—  3825  — 

qu'ils  appréciassent  les  vieilles  écritures  et  qu'ils  les  déchif- 
frassent au  besoin  (i). 

Quelques  feuilles  roussies,  dont  j'ai  pu  m'emparer,  sont  les 
seuls  restes  du  registre  aux  œuvres  et  plaids  de  l'année  1729. 
Il  était  donc  temps  d'arriver  pour  que  tout  le  contenu  du  coffre 
ne  subît  pas  le  même  sort. 

Ces  exemples,  M.  le  Ministre,  démontrent  la  nécessité  qu'il  y 
a  de  prendre  des  mesures  atin  de  sauver  les  restes  épars  de 
nos  anciennes  archives  qui  sont  d'un  si  grand  intérêt,  non 
seulement  pour  noire  histoire  nationale,  mais  aussi  au  point 
de  vue  local  ou  privé. 

Cet  intérêt,  M.  le  Ministre,  vous  est  connu  mieux  qu'à  per- 
sonne, vous  qui  jadis  avez  joué  un  rôle  si  judicieux  dans  un 
procès  resté  célèbre.  Vous  ne  l'ignorez  pas,  M.  le  Ministre, 
c'est  la  découverte  du  testament  d'Aniold  de  Maldeghcm,  cha- 
noine de  Tournai,  l'ait  en  1275,  qui  rendit  un  hôpital  aux 
pauvres  de  Maldeghem,  d'Adeghem  et  de  St-Laurent,  exposés 
jusqu'alors  depuis  quatre  siècles  h  mourir  le  long  de  la  route  de 
Maldeghem  h  Bruges. 

Certes,  toutes  les  pièces  n'ont  pas  une  telle  importance, 
mais  tout  est  relatif,  et  comme  l'a  dit  M'"*  de  Staël,  «lescircons- 
w  tances  de  détail  donnent  seules  de  la  couleur  et  de  la  vie  à 
))  l'histoire,  ))  et  j'ajouterai,  le  plus  petit  détail  mène  parfois  aux 
grandes  découvertes. 

En  terminant,  M.  le  Ministre,  je  dois  rendre  hommage  à 
l'accueil  bienveillant  que  j'ai  reçu  des  administrations  commu- 
nales oii  je  me  suis  rendu.  Toutes,  elles  ont  compris,  de  même 
que  les  particuliers,  l'avantage  qu'il  y  avait  à  faire  la  remise  de 
leurs  anciennes  archives  au  dépôt  de  l'Etat. 

Je  dois  aussi  de  vifs  remercîments  à  M.  le  sénateur  comte  de 


(1;  Vicomte  Serruriku,  l/in^lniclion  i-rimahe  dam  la  région  des  Pijrcnées  orien- 
cali'S,  spécialetnenl  en  liéarn,  1788- 1 '89,  p.  34. 


—  388  -- 

Looz-Coi'swareni  et  h  M.  le  comte  Georges,  son  tils,  pour 
l'appui  éclairé  qu'ils  m'ont  prêté  lors  de  mes  recherches  dans 
le  canton  d'Avenues. 

Daignez  agréer,  Monsieur  le  Ministre,  l'assurance  de  ma  plus 
haute  considération  ('). 

•  Désiré  vax  de  Casteele. 

(  ')  Dans  la  séance  de  la  Cliambre  des  représentants,  du  i26  janvier  187G,  M.  le 
Ministre  de  l'Intérieur  a  fait  la  déclaration  suivante  : 

Messieurs,  dans  la  discussion  du  budget  de  l'exercice  1873,  j'ai  déclaré  à  la 
Chambre  que  des  mesures  seraient  prises  afin  d'assurer  l'inspection  et  la  conserva- 
lion  des  archives  communales. 

Le  gouvernement  a  commencé  l'exécution  de  ces  mesures  :  il  a  fait  visiter,  à 
titre  d'essai,  les  archives  de  plusieurs  communes  du  Limbourg  et  de  la  province  de 
Liège. 

Les  agents  chargés  de  l'inspection  devaient,  entre  autres,  constater  l'état  ue 
conservation  des  archives  dos  communes  et  réclamer,  pour  le  dépôt  provincial,  les 
documents  des  anciennes  justices  échevinales. 

Je  suis  heureux  de  déclarer  que  ces  inspections,  faites  par  le  conservateur  des 
archives  de  l'Etal  à  llasselt,  M.  van  Neuss,  et  par  M.  van  de  Casle'jle,  conservateur- 
adjoint  du  dépôt  de  Liège,  ont  produit  d'excellents  résultats. 

Non-seulement  une  foule  de  documents  précieux  ont  été  remis  spontanément  a 
l'Etat  par  des  administrations  communales  et  par  des  particuliers,  mais  nous  avons 
acquis  la  conviction,  en  nous  fondant  sur  des  faits  précis,  que  nous  pourrons  sans 
difficulté  réaliser  conipléteni«-nt  le  vœu  émis  par  l'honorabiu  M.  Kervyn  de  Yol- 
kaersbeke. 

Il  avait  été  question,  il  est  vrai,  d'organiser  une  inspectijn  spéciale  pour  le 
service  des  archives  communales.  Mais  ce  projet  présentait  de  sérieuses  difficultés 
et  il  ne  sera  pas  nécessaire  de  le  mettre  à  exécution.  L'essai  qui  vient  d'être  tenté 
et  qui  a  pleinement  réussi,  permet  d'affirmer  que,  pour  atteindre  le  but  proposé,  il 
suffira  de  confier  aux  agents  des  archives  dans  les  provinces  le  soin  de  visiter  les 
archives  des  communes. 

En  cas  d'insuffisance  ou  personnel,  il  y  sera  suppléé  par  des  agents  du  dépôt 
général  de  Bruxelles. 

L'honorable  membre  peut  donc  être  complètement  rassure.  Au  moyen  d'un  sup- 
plément du  crédit  peu  élevé, que  je  compte,  t'i  la  chose  est  nécessaire,  rattacher  au 
budget  de  l'exercice  prociiain,  nous  pourrons  organiser  un  contrôle  suffisant,  efficace 
au  point  de  vue  de  la  conservation  des  archives  communales. 

Moriitein^  jeudi  il  janvier  1876.) 


MOXE 

SUR  LES    RECHERCHES   FAITES  EN  1873 

PAR 

L'INSTITUT    ARCHÉOLOGIQUE    LIÉGEOIS 

DANS   LA 

TOMBE    DE    MIDDELWINDEN. 


Dans  sa  séance  du  7  novembre  1873,  V Institut  archéologique 
liégeois  résolut  de  reprendre  dans  la  tombe  de  Middelwinden 
les  fouilles  faites  en  1864  par  MM.  Schuermans  et  Kempeneers, 
et  restées  inachevées.  L'auteur  du  présent  article  fut  chargé 
par  la  Société  de  diriger  ces  nouvelles  recherches. 

Avant  de  passer  au  récit  de  celles-ci,  il  ne  sera  pas  sans 
intérêt  de  reproduire  en  quelques  mots  les  passages  les  plus 
saillants  du  rapport  publié  par  M.  le  conseiller  Schuermans 
dans  le  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie 
sur  la  tombe  de  Middelwinden  et  les  travaux  exécutés  par  lui. 
(Voir  .'innée  1865,  p.  215  et  suivantes.) 

«  Cette  tombe  a,  en  périphérie,  76  mètres  à  sa  bîise  actuelle 
»  et  30  mètres  au  sommet.  Sa  hauteur  verticale,  du  côté  de  l'O., 
»  est  de  12  mètres  et  de  8  mètres  du  côté  de  l'E.  »  Ce  dernier 
détail  doit  être  rectitié,  en  ce  sens  que,  sans  parler  de  la  hau- 
teur verticale  (  '  ),   les  pentes  de  la  tombe  ne  mesurent  plus 

')  Celle-ci  s'en  U'ouverait  encore  diminuée. 


('oujK-  (les  Tra\'aiL-  Lr'^cJKle. 


I  et >i'//i /)/■(_■   /f'>/',j\ 

■  >V7//rv/,r. 

m   ///■  Cd/i/c/iii ///   ,nici(/i   i/i'/i/'/.y. 
r.v  .vi//jc/yj(>.v>'r,y  <■{  <rya//J:  ,yc/'OL 

'/S. 

Â.     ■  ///c/i'/is  ron/on/;s'  r/t-  ào 
I     f'ouif  ce /!//■(//  r/c 

(Il      /<)//!  lU' 

<^4      \^    '^''    /'•■ri/)/t('/'i'c  (/(' 


r-  viii. 


s/-^       /(/  /)/(t/l'   /('/■///(' 


À 


Plan 
df s  Ti'ii\aux    '" 
llf  l'uinllcs  l'xcnil 
ni  liiOi  cl  .M 
Xiivcmbi'i'  liir.")  dîiii.v       '-r, 
la  Tonilic  Ruinai  Ile  il 
Midildwiiulfii 


.V:,-l,,;' .,„  /,„„/   ./„  ,/„■„„„ 


/:;/,,//,■.  J  „,,//„„., nmr'^/  n, :■/,;.. 


(7„;„ui    ,/r   ■■l.-rr„.ui,/,;,    ,r     Durr/,,,:,,/.;, 


{  im.'liciv   Irall. 


-  385  - 

guère  aujourd'hui  que  8  mètres  vers  l'Est  et  6  mètres  vers  l'O. 
«  De  celte  tombe  peut-être  découvrait-oii  naguère  celle  de 
»  Tirlemont  ;  elle  n'a  de  vue  sur  aucune  autre. 

»  Placée  le  long  de  la  Tomb-straet,la  tombe  de  Middelwinde 
»  appartient  pour  partie  en  juridiction  et  en  propriété  à  Neer- 
»  winden  et  h  Overwinden  (Liège);  (u°  275  du  cadastre  de  la 
»  première  et  n°  841  de  la  seconde  ;  elle  appartient  pour  20 
»  centiares  h  celle-ci  et  pour  39  centiares  h  celle-Hi).  Avec  une 
»  foire,  dite  de  Middelwinde,  qui  se  lient  à  la  tombe  le  jour  de 
»  la  Mi-carême,  elle  est  le  seul  reste  d'un  village  détruit  dans 
»  les  guerres  désastreuses  des  deux  derniers  siècles. 

»  La  tombe  de  Middelwinde  joua  un  très-grand  rôle  dans 
»  l'une  des  deux  batailles  de  Neerwinden,  celle  qui  se  livra  en 
»  1793  ;  dans  le  pourtour  de  la  lombe,  aux  bords  inférieurs,  on 
»  a  Irouvé,  ces  dernières  années,  des  ossements  appartenant 
»  sans  doute  à  des  victimes  de  ceite  bataille  mémorable.»  (Voir, 
à  ce  sujet,  le  passage  relatif  au  cimetière  gallo-romain  d'Over- 
vvinden  dans  l'intéressant  rapport  (p.  S)  publié  par  M.  Lefèvre, 
membre  correspondant  de  Vlnstitut  archéologique  liégeois,  sur 
les  fouilles  archéologiques  faites  dans  le  canton  de  Landen, 
pendant  les  mois  d'aoïjt,  septembre  et  octobre  1871,  par  Vlns- 
tiliit  archéologioue  liégeois,  rapport  inséré  dans  le  Biilleiin  de 
cette  Société,  arnée  1873.) 

«  Van  Ghcstei  [Ilistoria  sacra  episcopatus  ^fecJllinie^lsis,  t.  I, 
»  p.  270),  suppose  que  Windognst,  l'un  des  quatre  rédacteurs 
»  de  la  loi  saliq  le,  avait  son  domicile  h  MiddelwiNDE,  et  que  la 
»  tombe  récèle  ses  rcsies;  celte  version  repose  uniquement 
»  sur  le  rapprochement  des  noms  et  pourrait  toui  au  plus 
»  s'appuyer  aujourd'hui  sur  certains  débris  de  bronze  h  dessins 
r>  franks  (?)  qu'on  a  apporté  h  l'auteur  comme  trouvés  dans  les 
«environs  de  la  lombe;  mais  celle-ci,  par  le  seul  fiit  de  la 
»  découverte  de  cendres  humaines  au  fond  de  la  fosse,  dément 
»  la  possibilité  de  l'hypothèse  de  Van  Ghestel,  car  tous  les 
»  passages  de  la  loi  salique,  h  laquelle  on  ne  peut  avoir  dérogé 


—  386  — 

»  pour  un  de  ses  auteurs,  supposent  l'inhumation  et  excluent 
»  la  crémation. 

»  La  tradition,  dans  la  contrée,  affirme  que  celte  tombe  est 
»  la  sépulture  d'un  grand  chef  (van  eenen  grooten  oversten)  et 
»  même,  ajoutent  quelques-uns,  d'un  chef  tué  dans  un  combat, 
»  tradition  sur  laquelle  les  souvenirs  des  deux  batailles  de  1693 
M  et  1793  pourraient  bien  avoir  déteint. 

»  Au  printemps  de  1864,  des  fouilles  furent  entamées  dans 
»  ce  tertre  du  côté  de  la  Tomb-straet;  et,  vers  le  milieu  du 
»  monticule,  on  retira  d'abord,  au  niveau  de  la  campugne,  des 
»  blocs  très-considérables  de  pierres  couchées  à  plat  qui  sem- 
»  blaient  y  avoir  été  placées  en  guise  de  couvercle.  Sous  cette 
»  couche  de  pieries,on  découvrit  l'angle  d'une  fosse  sépulcrale 
»  dessinée  par  des  terres  jectisses  et  analogues  à  celles  de 
»  Fresin  et  de  Walsbetz. 

»  Un  coin  du  caveau  funéraire,  le  coin  ouest  (*),  qui  avait  à 
»  Fresin  et  à  Walsbetz  été  le  moins  forlile  en  résultats,  i'tit  seul 
»  exploré,  parce  que  des  craintes  d'éboulement  se  manifestèrent 
»  h  propos  de  certains  écrasements  des  parois  de  cette  tombe, 
))  ébrasilée  [leut-être  par  les  batteries  de  canon  qui  y  furent 
))  établies  en  1793.  Mais  les  trouvailles  faites  dans  ce  coin  por- 
>)  tent  à  croire  que  la  fosse  coîilienl  un  riche  dépôt  funéraire  : 
»  les  (ouilles  ultérieures  devront  être  entamées  du  côté  de 
«  Neerwinden  et  dirigées  vers  le  milieu  de  la  tombe,  ce  qui 
))  permettra  d'explorer  les  trois  quarts  restants  du  caveau.  » 

Suit  rénumération  des  objets  recueillis  par  MM.  Schuermans 
et  Kempenecrs  au  fond  du  caveau  funéraire.  Nous  remarquons 
parmi  eux  des  débris  de  deux  petits  vases  en  bronze,  trois 
anneaux  de  bronze  de  différentes  grandeurs,  six  grands  clous 
en  fer  mesurant  de  28  à  30  centimètres  de  longueur,  un  bouton 
à  tenon  en  bronze,  deux  plaques  circulaires  du  môme  métal, 


(*,   M.  S(;liii(;riaan.s  aura  plus  iJi-o))al)lt'inent  voulu  parler  du  coin   sud.  Voir  le 
plan. 


-  387  - 

l'une  ornée  d'une  figure  munie  de  cornes  recourbées  et  l'autre 
de  cercles  concentriques  ;  des  débris  de  plaques  de  fer  et  de 
bronze  provenant  peut-être  de  coffrets  et  enfin,  outre  «  une 
»  grande  quantité  d'autres  clous  et  de  ferrailles,  des  débris  de 
»  poterie  depuis  la  poterie  la  plus  grossière  jusqu'à  la  poterie 
»  samienne,  »  parmi  lesquels  «  un  joli  vase  en  terre  fine,  cou- 
>i  leur  do  brique,  recouverte  d'un  vernis  bronzé,  t;)nt  à  l'inté- 
»  rieur  qu'à  l'extérieur,  et  orné  à  la  panse  de  ces  dépressions 
M  longitudinales  ou  fossettes  que  l'on  a  considérées  comme 
»  caractéristiques  des  vases  à  onguents.  » 

On  voit,  par  l'exposé  qui  précède,  que  l'on  était  en  droit,  en 
commençant  de  jiouvelles  louilles,  de  compter  sur  une  riche 
moisson  archéologique.  Il  n'eu  fut  malheureusement  pas  ainsi  : 
les  prévisions  de  M.  le  conseiller  Schuermans  ne  devaient  pas 
se  réaliser. 

Les  nouvelles  fouilles  furent  toutefois  entreprises  dans  des 
conditions  plus  favorables  que  les  recherches  exécutées  en  1864. 
Une  station  ouverte  à  Neerwinden  depuis  quelques  mois  seule- 
ment, facilitait  singulièrement  nos  visites  quotidiennes  h  la 
tombe;  d'un  autre  côté,  menant  à  profit  les  enseignements 
fournis  par  la  précédente  expérience,  on  ne  donna  plus  cette 
fois  à  ]:i  galerie  d'exploration  qu'un  mètre  de  largeur. 

Nous  conformant  aux  indications  données  par  M.  Schuermans 
dans  son  rapport,  la  nouvelle;  galerie  fut  entamée  le  jeudi  20 
novembre  187o  du  côté  du  village  de  Neerwinden  et  dirigée 
vers  It  point  central  du  lumulus.de  manière  à  faire  angle  droit 
avec  les  travaux  antérieurs.  A  environ  un  mètre  de  profondeur, 
les  ouvriers  retirèrent  des  terres  exlraites,  deux  morceaux  de 
plomb  fortement  aplatis; nous  reconnûmes  bientôt  en  eux  deux 
balles  tirées  i)robablenienl  pendant  l'une  des  batailles  de  Neer- 
winde  1  et  qui  étaient  allées  se  loger  dans  la  tombe.  La  galerie 
avait  déjà  atteint  8  mètres  de  longueur,  lorsque  nous  pianes 
nous  convaincre  que  les  différentes  couches  de  terre  composant 
la  tombe  commençaient  à  descendre;   bientôt  après,  le  sol 


~-  388  -~ 

vierge  se  dérobait  sous  nos  pieds  et  la  bêche  louillait  une  terre 
remuée  :  c'était  la  paroi  Nord-Ouest  du  caveau  qui  s'offrait 
obliquement  h  nous.  Nous  nous  mîmes  aussitôt  en  devoir  de 
déblayer  la  fosse  sépulcrale.  Elle  était  de  ce  côté  renforcée  par 
une  paroi  inférieure  de  grosses  pierres  superposées,  mais  qui, 
en  différentes  places,  paraissaient  avoir  été  enlevées.  Au  bout 
d'une  journée  de  iravail,  nous  touchions  au  fond  du  caveau  ; 
avant  d'aller  plus  avant,  il  importait  de  découvrir  d'abord  ses 
angles  N.  et  E.  pour  juger  de  ses  dimensions.  Cela  fait,  on  put 
se  rendre  compte  de  ses  vastes  proportions  :  il  mesurait  4 
mètres  20  centimètres  de  largeur  sur  3  mètres  de  profondeur 
en  dessous  du  niveau  du  sol.  La  coupe  de  la  paroi  présentait 
sous  ce  dernier  une  argile  compacte  d'environ  1  m.  80  cen'im. 
d'épaisseur,  puis  venait  une  couche  de  grosses  pierres  siliceuses 
régulièrement  stratifiée  et  enfin  un  mètre  de  sable  verdâtre, 
qui  formait  également  le  fond  de  la  fosse  funéraire.  On  pouvait 
observer  la  même  succession  de  couches  dans  le  chemin  creux 
qui  longe  la  tombe  et  qui  conduit  de  Neerwindeuà  Overwinden. 
La  pierre  dont  il  est  ici  question  est  exploitée  dans  tous  les 
environs  et,  entre  autres,  h  Heylissem. 

La  partie  du  caveau  (voir  le  plan,  lettrée)  qjc  nous  venions 
de  mettre  à  découvert,  ne  renfermait  aucun  vestige  de  débris  : 
nous  a:tribuâmes  ce  fait  aux  pierres  formant  paroi  qui  avaient 
dû  en  occuper  un  certain  espace.  En  présence  des  proportions 
tout-h-f;iit  exceptionnelles  de  la  fosse  funéraire  —  nous  devions 
nous  attendre  à  une  longueur  en  rapport  avec  la  largeur , 
seule  encore  reconnue  —  il  était  impossible  d'essayer  de 
déblayer  en  une  seule  fois  la  partie  restante  du  caveau,  ce  qui 
nous  aurait  donné  une  voûte  de  46  ù  18  mètres  carrés  :  c'est 
pourquoi  on  se  décida  ù  entreprendre  le  iravail  par  sections, 
en  commençant  par  la  droite  (plan,  lettre  d).  Au  moyen  d'une 
petite  galerie  d'un  mètre  de  hauteur  sur  un  mètre  de  largeur, 
on  atteignit  au  bout  de  quatre  mètres  l'angle  ouest  du  caveau 
(ce  qui  donnait  à  celui-ci  4  m.  30  centim.  de  long,  soit  une 


—  389  — 

superficie  d'environ  17  mètres  carrés),  puis  bientôt  après  on 
toucha  aux  anciens  travaux  de  déblai  exécutés  en  1864  :  il  était 
inutile  de  pousser  plus  avant;  la  chose,  à  cause  des  dangers 
qu'offrait  l'opération  dans  des  terrains  complètement  meubles, 
aurait  du  reste  été  de  toute  impossibilité. 

Cette  partie  du  caveau  nous  fournit  divers  débris  :  fragments 
de  bords  en  verre  blanc  (il  n'est  pas  aisé  de  décider,  h  cause 
de  leur  exiguïté,  si  ces  débris  appartiennent  à  un  couvercle  ou 
à  un  plateau  :  il  y  en  a  du  reste  de  trois  ou  quatre  espèces 
différentes),  fragments  d'un  vase  à  dépressions  longitudinales 
et  à  dessins  circulaires  striés  ;  il  ne  diffère  de  celui  dont  parle 
M.  Schuermans  qu'en  ce  que  celui-ci,  au  lieu  d'être  recouvert 
d'un  vernis  bronzé,  est  revêtu  d'une  couverte  noirâtre;  frag- 
ments de  ('eux  ou  trois  autres  vases  du  même  genre;  vases  de 
verj-e  para  ssant  avoir  fortement  subi  laction  du  feu  et  brisés 
en  une  qui  ntité  de  morceaux;  un  fragment  de  plaque  en  bronze 
qui  semble  se  rapporter  à  un  coffret,  et  un  autre  en  fer  (M.  le 
docteur  Kempeneers  signale  en  effet  comme  ayant  été  trouvés 
par  lui  «  des  débris  d'un  coffret  en  cuivre  »);  enfin  un  morceau 
d'un  vase  plus  grossier,  qui  parait  être  une  amphore,  des 
débris  d'une  autre  poterie  de  couleur  jaune  foncée  et  un 
anneau  eu  fer.  Après  avoir  fortement  étan^onné  et  rebouché 
notre  petite  galerie,  nous  en  ouvrîmes  une  seconde  de  mêmes 
proportions, en  longeant  la  paroi  Sud-Est  du  caveau,  puis, après 
lui  avoir  fait  subir  la  même  opération,  nous  visitâmes  le  centre 
du  caveau  jusqu'au  point  de  contact  avec  les  premiers  travaux 
d'exploration.  Ces  deux  sections  produisirent,  outre  des  frag- 
ments se  rapportant  aux  objets  sus-indiqués,  un  objet  en  fer 
d'environ  12  centimètres  de  long,  terminé  d'un  côté  en  pointe 
et  présentant  â  l'autre  extrémité  un  creux  indubitablement 
évidé  de  main  d'homme  et  paraissant  destiné  à  recevoir  un 
manche  en  bois ,  dont  il  conserve  encore  quelques  fibres 
ligneuses.  Ne  serait-ce  point  un  bout  de  javelot?  C'est,  avec  le 
fer  de  lance  trouvé  dans  la  tombe  de  Hez-Mava,  près  Monte- 


-  390  - 

naken,  aujourd'hui  nivelée,  la  seule  arme  recueillie  jusqu'à  pré- 
sent dans  les  lombes  romaines  de  la  Belgique.  Nous  ne  parlerons 
point  d'une  espèce  de  cognée,  munie  d'une  douille,  découverte 
dans  la  tombe  d'Avennes,  fouillée  par  l'auteur,  ustensile  qui 
peut  avoir  été,  soit  un  objet  d'agriciillure,  soit  un  inslrumcitt 
ayant  joué  un  rcMe  dans  la  cérémonie  de  la  crémation. 

Eu  présence  de  l'insuccès  de  nos  nouvelles  recherches, 
aucun  doute  ne  pouvait  subsister  :  déjà  antérieurement  aux 
fouilles  laites  en  1864,  la  fosse  funéraire  avait  été  visitée  et 
remuée  de  fond  en  comble;  les  pillards  des  armées  fraticriises 
avaient  passé  par  là.  Cette  déprédation  remonte  probablement 
à  1693,  date  de  la  première  bataille  de  Neerwinden.  Cette  sup- 
position concorde  du  reste  avec  la  tradition  :  les  anciens  des 
villages  voisins  se  souviennent  parfaitement  avoir  entendu  dire 
maintes  fois  par  leurs  arriùre-parents  que  la  tombe  de  Middel- 
winde,  de  même  que  la  plupart  des  tombes  romaines  situées 
sur  notre  sol,  n'avait  pas  échappé  à  la  convoitise  et  à  la  rapacité 
françaises.  D'autres  indices  d'ailleurs  le  démontrent  clairement  : 
1"  la  grande  quantité  deteries  meubles  qui  recouvre  et  remplit 
la  fosse  funéraire  (sans  que  l'on  puisse  cependant  découvrir  ni 
traces,  ni  parois  d'un  puits)  ;  il  est  à  présumer,  qu'à  cause  de 
ses  dimensions,  le  caveau  aura  été  vidé  à  ciel  ouvert  et  au 
moyen  d'un  large  entonnoir  embrassant  toute  sa  surface;  s'il 
ne  reste  plus  de  traces  des  parois  de  cet  entonnoir,  il  faut 
l'attribuer  au  travail  de  tassement  (*)  lent,  mais  continu,  qui 
s'opère  depuis  près  de  deux  siècles  daiis  les  terres  qui  ont 
rebouché  la  cavité,  en  entraînant  insensiblement  avec  elles  les 
autres  parties  adjacentes  de  la  tombe;  â"  le  mélange  et  la  dis- 
persion dans  toute  retendue  du  caveau  des  diverses  couches  de 
terre  qui  le  remplissaient  à  l'origine,  ainsi  que  le  désordre  des 
pierres  qui  en  formaient  primitivement  les  parois  internes  et 


(')  Ce  tassemenl  csl  rendu  oru'oi'p,  plus  tWidcnl   par  U  pivifonoo   lii'pression  qui 
se  reniMi-duc  au  haut  ùo  la  lomhf). 


~  391  — 

que  l'on  a  rejetées  pêle-mêle  dans  la  fosse.  En  ce  qui  concerne 
la  couche  de  terre  noire  et  do  cendres  brûlées,  mêlée  de  menus 
débris  et  de  lerrailles  provenaiit  du  bûcher  ou  du  couvercle  en 
bois  de  la  fosse,  couche  qui  se  rencontre  toujours  tout  au  fond 
de  cette  dernière,  il  était  impossible  de  la  trouver  en  place  à 
Middelwinde  :  elle  avait  été  complètement  enlevée  et  dispersée. 
C'est  ainsi  que  des  cendres  humaines  calcinées,  de  la  cendre  de 
bois  et  des  ossements  d'un  grand  quadrupède  ont  été  rencontrés 
à  plus  d'un  mètre  au-dessus  du  fond  de  la  fosse.  Ces  derniers 
ossements,  qui  ont  du  reste  été  recueillis,  ont  pu  aussi  fort 
bien  avoir  été  jetés  dans  celle-ci  par  les  Français;  ?)"  la  rareté 
et  la  dispersion  (quoique  appartenant  quelquefois  au  même 
objet)  des  débris  trouvés  dans  le  caveau,  leur  cassure  toute 
fraîche  et  nullement  encrassée.  Ces  fragments  ont-ils  échappé 
aux  vandales  du  maréchal  de  Luxembourg  oujbien  ces  derniers, 
ne  recherchant  que  des  objets  entiers  ou  de  valeur  et  ne  les 
trouvant  point  à  leur  convenance,  les  ont-ils  abav donnés 
dédaigneusement?  c'est  ce  qui  n'est  pas  facile  de  décider;  la 
seconde  hypothèse  paraît  toutefois  plus  probable.  Un  fait  reste 
acquis  :  c'est  que  le  dépôt  funéraire  confié  à  la  tombe  a  lu  être, 
à  en  juger  par  ce  qui  nous  a  été  donné  d'en  retrouver,  de  la 
plus  grande  richesse  et  d'une  extrême  importance. 

Qu'il  nous  soit  permis,  avant  de  finir,  de  présenter  quelques 
considérations  générales  sur  la  tombe  de  Middelwinde.  Citons 
d'abord  les  conclusions  du  travail  de  M.  le  conseiller  Schuer- 
mans  : 

«  La  présence  de  ces  dilTérents  objets  (  voir  plus  haut),  celle 
«  d'ossements  calcinés,  la  profondeur  et  l'orientation  de  la 
»  fosse  permettent  d'attribuer  au  tumulus  de  Middelwinde,  la 
»  même  origine  et  le  même  âge  qu'à  ceux  de  Fresin  et  de 
»  Walsbetz.  La  seule  raison  de  douter  est  la  trouvaille  de  la 
•>■>  poterie  grossière  h  peine  cuite,  poterie  s'émiettant  dans  les 
»  doigts  et  n'ayant  pas  du  tout  les  caractères  de  la  poterie 
»  romaine,  mais  pouvaiii  être  tout  simplement  un  vase  fait  sur 


—  392  ~ 

»  les  lieux  même,  et  accidenlellemeut  mêlé  à  des  vases  plus 
»  recherchés.  Les  fouilles  complémentaires  h  faire  dans  cette 
»  tombe  éclairciront  sans  doute  la  question.» 

En  ce  qui  concerne  la  poterie  grossière  dont  parle  M. 
Schuermans,  il  ne  nous  paraît  pas  bien  démontré  que  la  fragi- 
lité de  sa  nature  et  l'imperfection  de  sa  fabrication  doivent  la 
faire  considérer  comme  n'étant  pas  romaine.  La  tombe  dite  de 
l'Empereur  (commune  de  Moxhe), explorée  par  l'auteur  du  pré- 
sent article,  a  fourni  deux  vases  du  même  geurc;  aucun  doute 
ne  peut  cepeudan:  s'élever  sur  leur  caractère  romain,  la  même 
tombe  ayant  également  fourni,  outra  plusieurs  cruches  par- 
faitement romaines,  une  fibule  en  bronze  qui  a  évidemment  la 
môme  origine.  La  tombe  de  Middelwinde  a,  du  reste,  fourni 
d'autres  débris  romains  parfaitement  authentiques  et  qui 
viennent  enlièrenent  confirmer  notre  manière  de  voir.  Elle 
est  donc  bien,  selon  nous,  une  tombe  romaine,  et  la  fable  de 
Windogast  n'a  rien  de  commun  iwcc  elle.  Elle  présente  cepi-n- 
dant  avecles  lumulus  explorés  jusqu'ici  des  différences  notables 
et  qu'il  n'est  pas  sans  intérêt  de  faire  remarquer  : 

1°  Les  vastes  cimensions  de  sa  fosse  funéraire;  4  m.  30  de 
long  sur  4  m.  20  de  large,  soit  environ  17  mètres  de  superficie. 
On  peut  attribuer  en  parUe  ces  proportions  extraordinaires  aux 
pierres  formant  paroi  et  à  l'espace  relativement  important 
qu'elles  occupaient  dans  le  caveau.  Les  Romains,  après  avoir 
creusé  une  fosse  de  2  m.  de  profondeur,  ont  trouvé  ces  pierres 
en  place  et  ont  alors  songé  à  les  utiliser  en  les  dressant  contre 
les  parois;  celles-ci  étant  dans  leur  partie  inférieure  creusées 
dans  le  sable  et  par  suite  dans  un  sol  peu  résistant,  ils  ont  pu 
vouloir  par  ce  moyen  protéger  le  dépôt  funéraire  contre  la 
pression  extérieure  des  terres.  Il  n'est  pas  impossible  non  plus 
qu'une  ou  plusieurs  couches  de  ces  grosses  pierres  n'aient  été 
déposées  par  eux  en  guise  de  couvercle  au-dessus  du  caveau  et 
peut-être  encore  au-dessus  d'un  couvercle  en  bois  de  chêne, 
comme  il  s'en  est  rencontré  dans   d'autres  tumulus.  La  fosse 


~  393  - 

funéraire  ayant  été  trouvée  dans  un  état  de  complète  dévastation, 
une  vérification  raisonnée  n'est  plus  possible  à  cet  égard. 

On  peut  encore  admettre,  pour  expliquer  les  vastes  dimen- 
sions du  ca:eau,  que  l'on  a  du  étendre  suffisamment  ses  parois 
pour  se  procurer  le  nombre  de  pierres  nécessaires  h  ces  diffé- 
rents usages. 

2"  La  profondeur  exceptionnelle  de  la  fosse  est  un  fait  non  moins 
étonnant.On  n'en  connaissait, croyons-nous, pas  encored'exemple 
jusqu'aujourd'iiui.  Dans  tous  les  autres  tumulus  cette  profc^n- 
deur  variait  de  75  cent,  à  1  mètre  60;  d'un  autre  côté  la  tombe 
dite  de  l'Empereur  renfermait  un  caveau  situé  à  1  m.  20  m- 
dessus  du  niveau  du  sol.  Si  une  anomalie  de  ce  genre  a  pu  se 
rencontrer  dans  cette  tombe,  le  contraire  a  pu  fort  bien  se 
produire  pour  la  tombe  de  Middelwinde,  et  aucune  de  ces  on- 
sidérations  ne  peut  infirmer  l'opinion  de  noire  savant  arcbjo- 
logue,  M.  le  conseiller  Schuermans,  Ji  savoir  que  la  tombe  de 
Middelwinde  n'a  pu  être  élevée  que  par  les  Romains,  opin  on 
que,  nous  le  répétons,  nous  partageons  entièrement. 

Un  détail  que  nous  avons  omis  de  mentionner  et  qui  viant 
encore  corroborer  l'opinion  développée  ci-dessus  :  à  trente 
mètres  de  la  tombe  de  Middelwinde  et  séparé  d'elle  par  le  che- 
min, se  trouve  un  cimetière  gallo-romain,  dont  l'existence  a  été 
constatée  depuis  longtemps  (consulter  le  rapport  précité  de  M. 
Lefèvre).  Or,  il  est  à  remarquer  qu'un  grand  nombre  de  tombes 
romaines  sont  accompagnées,  ii  courte  distance,  de  cimetières, 
leurs  contemporains,  dont  elles  ne  constituent  pour  ainsi  dire 
que  les  monuments  principaux. 

C^"  Georges  de  Looz. 


COUT 


PROCÈS    DE    SORCELLERIE, 


.V     -^VASSEIGllKS,     1^91. 


Sans  vouloir  faire  l'histoire  de  !a  sorcellerie,  nous  croyons 
cependant  op;)oriun  d'en  dire  un  mot  pour  servir  d'introduction 
h  la  pièce  inédite  que  nous  publions  plus  loin. 

Une  première  question  qui  se  présente  tout  d'abord  est 
celle-ci  :  La  sorcellerie  a-t-elle  jamais  existé?  Pour  y  répondre, 
nous  avouons  franchement  notre  incompétence.  St-ïhomas 
définit  la  superstition  «  le  vice  opposé  par  excès  à  la  religion  ; 
»  non  pas  qu'il  aille  plus  loin  que  la  vraie  religion  dans  le. culte 
»  divin,  mais  parce  qu'il  rend  le  culte  divin  ou  bien  à  ce  à  quoi 
»  il  n'est  pas  dû,  ou  bien  d'une  manière  qui  n'est  pas  due.  « 
Selon  le  même  docteur,  attribuer  tout  en  cette  matière  à  l'esti- 
mation de  l'homme  «  est  contraire  h  l'autorité  des  Saints,  qui 
»  disent  que  les  démons  ont  un  certain  pouvoir  sur  les  corps 
))  et  les  imaginations  des  hommes,  quand  Dieu  le  leur 
X.  permet  (').  » 

L'Eglise  a  dans  tous  les  temps  sévèrement  défendu  toutes 
communications  avec  les  démons,  qu'elles  aient  lieu,  soit  par 

(M  Voir  aussi  les  Uollyndistcs:  Aria  Hmcioruiii,S[-'ïhéo\)h\[p:.\  février;  St-Egiile. 
14  mai;  Si-Cyprien,  "26  septembre. 


—  395    - 

suite  d'un  pacte  formel,  soit  par  suite  d'un  pacte  tacite.  Voilà  au 
point  de  vue  théologique,  mais  c'est  à  la  critique  historique 
qu'il  appariienl  de  juger  des  faits. 

La  croyance  à  la  magie  et  aux  possessions  diaboliques 
remonte  à  la  plus  haute  anliquilé.  L'Iiomme  sorti  du  surnaturel 
et  forcé  d'abaisser  son  orgueil  devant  les  limites  de  sa  raison, 
fut  toujours  avide  de  mystères  et  nous  voyons  aujourd'hui 
encore,  en  ce  XIX''  siècle,  qu'on  se  plaît  à  qualifier  de  siècle 
des  lumières,  les  plus  sceptiques  se  pâmer  devant  le  spiritisme. 

Au  XVP  siècle,  ces  croyances  prirent  une  extension  étonnante 
par  toute  l'Europe  et  dans  tous  les  esprits.  Comment  eùl-il  été 
autrement,  quand  on  voit  le  premier  criminaliste  de  son  époque, 
dont  les  écrits  exercèrent,  tant  en  Allemagne  qu'en  Belgique, 
pendant  plus  de  deux  siècles,  une  autorité  prépondérante  et 
incontestée,  partager  les  préjugés  de  ses  con!,emporains  sur  les 
sortilèges.  Josse  Damhouder  croit  à  la  puissance  de  la  magie 
aussi  fermement  qu'à  l'infaillibilité  de  la  médecine.  Dans  sou 
célèbre  Traité  de  pratique  criminelle  ('),  l'auteur  examine  avec 
détail  tous  les  forfaits  des  sorciers,  tous  les  maux  que  leur  art 
diabolique  peut  produire,  en  prenant  toutefois  la  précaution  de 
ne  point  révéler  les  moyens  de  pratiquer  cet  art,  afin  de  ne  pas 
devenir  une  cause  de  perdition  pour  les  personnes  qui  les 
ignorent  et  qui  pourraient  être  tentées  d'en  faire  usage.  Plus 
join,  il  parle  de  l'homicide  et  des  lésions  corporelles  causées 
par  sortilège.  La  peine  est  toujours  le  feu,  le  sorcier  n'eût-il 
fait  que  dessécher  le  lait  d'une  nourrice.  Ailleurs,  il  discute 
très-sérieusement  la  question  de  savoir  quel  est  l'état  de  filiation 
de  l'enfant  né  du  commerce  des  démons  avec  une  femme  (-). 

Les  prolesianls  furent  les  plus  fougueux  et  les  plus  intolérants, 

(  *  )  Voir  le  clispitre  relatif  au  crime  de  lèse-majeslé  divine.  Praxis  rerum  crimi. 
tmlium  (-If"  édition,  15ol  et  I2''  édition,  1570). 

(*)  Discours  de  M.  J.J.  llatis,  sur  Jusse  Datnliotider,  de  Bruges,  prononcé  à  la 
séance  de  l'Académie  de  Belgique,  le  10  mai  1871. 


—  396  — 

témoins,  Henri  VIII,  Calvin,  les  Iconoclastes,  le  règne  d'Elisa- 
beth, le  synode  de  Dordrecht,  Jacques  l",  les  écrits  des 
prédicants  allemands,  etc. 

Jusqu'ù  la  seconde  moitié  du  XV"  siècle,  presque  toutes  les 
lois  civiles  et  ecclésiastiques  ne  condamnaient  les  pratiques  de 
magie  que  comme  trompeurs  et  charlatans,  c'est-à-dire  de 
l'excommunication  et  d'un  emprisonnement  de  trois  jours.  En 
Belgique  ils  n'encourraient  aucune  punition.  En  Hainaut,  les 
trésors  que  l'on  pouvait  avoir  découverts  de  cette  manière, 
étaient  confisqués  (*). 

Depuis  la  publication  de  la  bulle  d'Innocent  VIII,  en  1484, 
l'accusation  de  sortilège  et  d'artifices  diaboliques  fut  considérée 
devant  la  justice  h  l'égal  de  l'accusation  d'assassinat,  de  vol  et 
d'autres  causes  criminelles  (^).  Henri  Institutor  fut  nommé  par 
cette  bulle  inquisiteur  pour  rAIleinagne-Supérieure  et  Jean 
Sprenger,  pour  la  Basse-Allemagne;  on  leur  donna  pour  adjoint 
Jean  Grcmper,  prêtre  de  Constance,  et  pour  protecteur  Albert 
de  Bavière,  évoque  de  Strasbourg.  Leur  mission  rencontra 
beaucoup  d'opposition,  tant  parmi  le  clergé  que  parmi  l'autorité 
temporelle.  Pour  vaincre  tous  les  obstacles,  Sprenger  écrivit 
son  Maliens  malefir.orum,  où  il  attaque  surtout  la  femme.  «  La 
femme,  dit-il,  est  tout  le  contraire  de  Vhomme  et  Von  ne  peut 
attendre  d'elle  rien  de  bon  ni  de  juste,  puisqu'elle  est  formée  d'une 
côiz  courbée.  »  Il  fallait,  comme  le  disait  un  jour  une  femme 
au.' si  judicieuse  qu'intelligente,  avoir  perdu  jusqu'au  souvenir 
de  sa  mère,  pour  tracer  ces  lignes  d'une  absurdité  révoltante. 

La  sorcellerie,  étant  considérée  comme  une  hérésie,  rentra 
dans  la  compétence  des  juges  ecclésiastiques  dont  les  sentences 


(*  ,  ScaAYES.  Essai  historique  Hiir  les  u.iaries,clc.  des  Belges  anciens  et  modernes. 
Louvain,  1804,  in-S».  Cité  par  L.  v.  <1.  V/ai,le  clans:  Un  chajiiirc  sur  l'hisioirede  la 
sorcellerie  en  Belgique,  etc..  Messager  des  sciences  liisloriqucs  de  Belgiiiuc,  annde 
1844,  p.  431. 

;')  J.  ScHELTEMA.  GcscUiedcnis  der  !Ice';fienprucc.ssen,h\.'iO.  llaarlem,1828,in-8'>. 


-  397  - 

devaient  être  exécutées  par  le  bras  séculier  (').  Ainsi  s'exprime 
aussi  le  placard  de  Flandre  du  20  juillet  1592,  où  il  est  dit  que 
les  coupables  devaient  être  recherchés  et  punis  «  en  cour  spiri- 
tuelle selon  les  canons  et  bulles  apostoliques,  et  en  cour  sécu- 
lière selon  les  lois  civiles  et  ordonnances.  »  Ce  placard  fut  suivi 
d'une  instruction  du  8  novembre  1595  (-),  où  le  gouvernement 
demandait  entre  autres  :  s'il  ne  convenait  pas  d'ôter  la  connais- 
sance du  crime  de  sorcellerie  aux  justices  champêtres  pour  la 
déférer  aux  tribunaux  supérieurs,  afin  qu'il  ne  fût  «  facilement 
fait  tort  aux  simples  et  ignorantes  et  personnes  infatuées 
d'ignorance,  comme  souvent  sont  vieilles  femmes  décrépites 
que  l'on  dict  le  plus  être  entachées  de  ce  crime.  » 

Les  archiducs  Albert  et  Isabelle  maintinrent  par  lettres 
patentes  du  10  avril  1606,  l'ordonnance  de  Philippe  II  du  20 
juillet  1592.  Toutefois,  pour  prévenir  les  abus  et  les  irrégula- 
rités qui  se  commettaient  dans  les  procédures,  ils  ordonnèrent 
aux  cours  supérieures  de  justice  de  déléguer  quelqu'un  d'entre 
leurs  membres  pour  surveiller  les  tribunaux  de  leuis  ressorts 
respectifs,  et  aux  officiers  de  ceux-ci  de  ne  jamais  procéder  h 
quelque  devoir  de  justice  sans  consulter  projwc/ic^,  ces  cours 
ou  leur  délégué.  En  outre  les  conseils  provinciaux  devaient 
tenir  bonne  correspondance  avec  les  évéques  diocésains  et 
autres  juges  ecclésiasiiques,  et  leur  prêter  main  forte  (M- 

Ces  instructions  furent  parfois  modifiées;  c'est  ainsi  que  le 
magistrat  de  Dunkerque  obtint,  en  IQlv ,  des  archiducs 
l'autorisation  de  continuer  à  juger  le  crime  de  sorcellerie  sans 
l'avis  d'avocats  ou  de  gradués  ('■). 

Dans  son  savant  mémoire  du  droit  criminel  dans  l'ancienne 
principauté  de  Liège  (^),  M.  Edm.  PouUetne  nous  dit  rien  sur  la 

[*■  )  J.-Iî.  Cannakut.  Ilydrayen  tôt  de   keniiis  van  het  oui'.e   strajrecln  in  VlaaJi- 
deren,  bl.  24ii.  Cent,  1835,  in-S°.  —  Schf.ltejia,  ouvrage  cité  p.  38  et  suiv. 
/)  Gaciiaisd.  Analecies  bcUjiques,  p.  2i21  cl  suiv. 
(')  Placard  de  Flandre  du  9  juin  1606. 

(*!  Faulconkier,  Descripi.  liLst.  de  Dunkerque,  \"  vol.  p.  107. 
r')  Méûioire  couronné  par  l'Académie  de  Belgique,  Hayez,  1874, 


398 


sorcellerie.  Sohel,  dans  ses  Instituts  de  droit  { '),  dit  que  «  tout 
«magicien,  sorcier,  devin  ou  semblable,  qui  sera  convaincu 
n  d'avoir,  parses  enchantemens,  sortilèges  ou  mauvais  artifices, 
»  empoisonné,  ou  nui  aux  personnes  ou  à  leurs  biens,  seracon- 
»  damné  au  feu,  et  ceux  qui,  sans  nuire  à  personne,  se  seront 
»  néanmoins  appliqués  à  la  magie  ou  devination,  seront  punis 
»  exlraordinairement  selon  les  circonstances. >^  Il  existe  un  man- 
dement d'Ernest  de  Bavière,  daté  du  30  décembre  1608  (*), 
réglant  en  cette  matière  le  mode  de  procédure  et  fixant  les 
dépenses  qu'elle  entraînait,  et  les  recès  de  la  ville  de  Liège 
renferment  entre  autres  une  requête  du  bailli  d'Avroy  «  touchant 
les  sorciers  appréhendez  (  ^).  »  Un  procès  de  sorcellerie  (*)  qui 
eut  lieu  en  1652  dans  f  ancienne  principauté  de  Liège,  à  Buzin 
et  Failon  (^),  nous  montre  que  la  procédure  en  pareille  matière 
y  était  analogue  au  mode  suivi  dans  les  Pays-Bas.  Elle  s'inspirait 
même  des  instructions  données  par  les  archiducs  en  1606  et 
mentionnéesplus  haut.  On  retrouve  dans  les  rencharges  {^)  les 
jurisconsultes  pro  jiidice  dont  parlent  ces  instructions. 

Entrons  maintenant  dans  quelques  détails  relatifs  à  ces  pro- 
cédures. 

Lorsqu'on  arrêtait  un  prétendu  sorcier  (ou  sorcière),  on  le 
levait  de  dessus  la  terre  pour  détruire  la  puissance  du  diable  ; 
on  lui  coupait  les  ongles  et  on  lui  rasait  tous  les  poils  du 
corps,  parce  que  c'était  là  qu'étaient  contenus  les  charmes.  On 
examinait  s'il  n'avait  pas  sur  le  corps  de  stigma  diabolicmn  ; 


(M  Liv.  o,  lit.  0. 

(-)  Conseil  privé.  —  Dépêches,  K.  iiO,  f»  49,  et  K.  85,  l"  87,  aux  Archives  de 
TElat,  à  Liège.  —  Imprimé  dans  la  lieiuc  belge,  i^^  année,  i'è"  livr.,  p.  11)5. 

(^)  Archives  (le  la  ville  de  Liège,  à  la  Bibliolhèque  de  l'Université,  1619-23, 
p.  377. 

(*)  Voir  Société  archéol.  de  Namur,  Xl^  vol.  des  Annales,  1870-71,  p.  393. 

(  "  1  Buzin  fait  aujourd'hui  partie  do  Verlée,  cL  Failon  de  Barvaux-Condroz. 

(")  La  rencharge  ou  recharge  est  définie  par  Méan  :  Mandalum  quojudex  supe- 
riorformam  senteucise  exprimit,.jubetque,  inferiori  ju.xta  hanc  formara  pronunliari. 
(MÉAN,  hlioiisiuus,  Coiauiiics  du  pays  de  Liège,  l.  l»"''  ,  p.  2l29.  ) 


399 


observait-on  quelque  lâche  semblable,  on  y  enfonçait  une 
aiguille  et  si  le  patient  ne  laissait  échapper  aucun  signe  de 
douleur,  plus  de  doute  sur  son  pacte  avec  le  démon. 

On  refusait  à  l'accusé,  pendant  l'instruction  de  son  procès, 
la  moindre  consolaiion;  il  était  même  défendu  de  prier  pour 
lui,  comme  ennemi  de  Dieu  et  indigne  de  cette  faveur.  L'inter- 
rogatoire suivait  de  pi'ès  l'arrestation  et  jamais  le  prévenu 
n'était  laissé  seul,  de  peur  que  le  diable  n'eût  le  temps  de  se 
concerter  avec  lui  ou  ne  l'emportât. 

Il  ne  lui  était  pas  libre  de  se  choisir  un  défenseur  et  si  celui- 
ci  défendait  son  client  avec  trop  de  chaleur,  il  devenait  suspect. 
L'accusé  ne  pouvait  regarder  ni  même  voir  le  juge,  et  devait 
être  introduit  à  reculons.  Le  magistrat  avant  de  procéder, 
faisait  le  signe  de  la  croix  atin  d'annuler  la  puissance  du  diable, 
et  avait  près  de  lui  un  vase  d'eau  bénite  et  du  buis. 

Si  l'accusé  n'avait  rien  avoué  dans  l'interrogatoire,  ou  si  son 
crime  ne  parai5;sait  pas  assez  avéré,  on  l'appliquait  h  la  torture 
après  l'avoir  exorcisé.  Souvent  on  l'attachait  fuv  le  chevalet 
jusqu'à  vingt  reprises,  ce  que  Martin  Del  Rio  qualifie  de  grâce 
et  aoute  :  on  doit  éviter  dans  la  torture  de  casser  les  os  aux 
patients,  mais  on  ne  peut  faire  moins  que  de  leur  déboîter  les 
membres  et  les  jointures  (*). 

A  Liège,  on  appliquait  la  torture  modérée  à  la  gène,  qui  con- 
sistait à  placer  l'accusé  vis-iVvis  d'un  feu  sans  lui  donner  ni  à 
boire  ni  à  manger  (^). 

Peu  importe  que  l'accusé,  appliqué  à  la  torture,  eût  été  en 
délire  en  faisant  sa  déclaration  :  la  révocation  ne  lui  était  pas 
permise.  On  le  torturait  en  outre  pour  lui  faire  nommer  ses 
complices.  Un  simple  signe  de  tête  affîrmatif,  aux  noms  des 
personnes  suspectes  qu'on  lui  citait,  suffisait  pour  augmenter 
le  nombre  des  accusés. 

(*)  DUqnisiiiones  mariicie,  iili.  V,  soct.  9,  §  Torlur.  modus.  -  Revue be'.ije,  uu 
Procès-verbal  de  sorcellerie,  livr.  mars  1836,  par  Weustenraed. 

(5;  Un  procès-verbal  de  sorcellerie  à  Hiiziii  et  Faitov.  —  Anuales  de  la  Soc.  urch. 
de  ^'arnur,  XI-  vol.,  p.  393  et  suiv. 


—  400  — 

S'il  avait  la  chance  d'être  acquitté,  il  devait  se  soumettre  à 
de  longues  pénitences  et  l'on  continuait  de  le  regarder  comme 
sorcier.  N'éiant  pas  jugé  assez  innocent,  il  était  retenu  en  prison 
et  traité  en  excommunié  ('). 

D'après  le  Maliens,  un  jugenepouvaitcomplètementabsoudre 
un  accusé;  car  ne  pos.séd.int  point  le  don  de  l'omniscience,  il 
ne  lui  était  pas  possii)le  de  savoirque le  prévenu  était  innocent: 
il  pouvait  déclarer  seulementqu'il  n'était  pas  trouvé  punissable. 

La  peine  capitale  était  le  feu  précédé  de  strangulation.  Les 
condamnés  inspiraient  une  haine  telle  que  les  aides  du  bourreau 
n'osaient  pas  même  les  toucher,  mais  les  traînaient  au  lieu  du 
supplice  avec  des  crocs.  Quelquefois  on  obligeait  les  enfants  à 
assister  à  l'exécution  de  leurs  parents,  afin  de  les  détourner, 
par  cetexemple.duciimede  magie  que  l'on  croyait  héréditaire. 
Scheitema  cite  un  procès  où  les  juges  opinèrent  pour  faire 
mourir  les  enfants  du  condamné,  comme  étant  d'œuvres  diabo- 
liques (M. 

Disons  en  l'honneur  des  Pays-Bas  que  les  procès  de  sorcel- 
lerie y  commencèrent  plus  tard  et  qu'on  y  attaqua  plus  tôt  leurs 
abus  ['^). 

Parmi  les  ouvrages  qui  traitentspécialcmentde  lu  sorcellerie, 
citons,  outre  les  sources  déjà  indiquées  en  notes,  Erasme,  qui 
démontra  d'abord  le  ridicule  des  procès  de  sorcellerie  et  de 
tout  ce  qui  les  regarde,  dans  ses  Epi  ires,  ses  Colloques  et  son 
Eloge  de  la  Folie,  le  Maliens  maleficorum  de  Sprenger,  qui  fut  vive- 
ment attaqué  dans  un  livret  De  inciibis  acsuccul>is{  '•),  et  les  his- 
(juisiliones  Magicœ  de  Martin  Del  Rio  (^),qui  ne  sont  qu'un  amas 
de  faits  bizarres,  môUs  de  raisonnements  et  farcis  dcciiaiious 
savantes. En  voici  une  entre  mille  :  «  Deux  troupes  de  magiciens 


(*)  ScHA\ES,  ouvrnge  cilt^,  p.  183. 
(*)  Van  de  Wam.k,  ouvrage  cité. 

1*)  ScHELTKMA,  Gesilned.  (ie<-  Ilelixeiiprocesscn,  p.  114-166. 
(*J  Gand,  loli',  avec  Itgui'cs  sur  bois. 

(^J  Louvain,  lo9o,in-4o. Traduit  en  français  par.4ndré  Duchesne,  "Varis,  in-40  et 
in-80,  2  vol.,  16H. 


401 


»  s'étaient  réunies  en  Allemagne  pour  célébrer  le  mariage  d'un 
»  grand  prince.  Les  chefs  de  ces  troupes  étaient  rivaux  et  vou- 
»  laient  ciiîicun  jouir  sans  partage  de  l'honneur  d'amuser  la 
«  cour.  C'était  le  cas  de  combattre  avec  toutes  les  ressources 
»  de  la  sorcellerie.  Que  fit  l'un  des  deux  magiciens?  il  avala 
M  son  confrère  comme  une  pilule,  le  garda  quelque  temps  dans 
»  son  eslomnc,  et  le  rendit  par  où  l'on  sait.  Cette  espièglerie 
»  lui  assura  la  victoire.  Son  rival  honteux  et  confus  décampa 
»  avec  sa  troijpe,etalla  plus  loin  prendreun  bain  etse  parfumer.» 

Jean  Wier  (  Wcyer-Wierus)  (*),  médecin  du  Duc  de  Clèves, 
attaqua  Martin  Del  Rio  dans  le  De  veneficis  et  sagis  el  ie  De 
prœsligiis  dœmonum  et  incanlationibns  ac  veneficiis.  Ce  dernier, 
de  même  que  le  célèbre  philosophe  français  J.  Bodin,  combat- 
tirent Wier  en  assurant  «  qu'il  n'a  écrit  ses  ouvrages  que  parce 
qu'il  était  sorcier  lui-même  et  qu'il  attendait  le  supplice  de  la 
mort  comme  coupable  de  sorcellerie.  »  Un  argument  ad  homi- 
nem  de  cette  valeur  se  p-jsse  de  commentaires. 

Reginald  Scoit,  auteur  anghiis  et  ami  de  Wier,  ayant  attaqué 
Del  Rio  dans  son  livre  «  La  découverte  de  la  magie  y,  Jacques  I, 
roi  d'Angleterre,  combattit  Wier  et  Scott  dans  sa  Dœmuno- 
logia,  et  fit  brûler  le  livre  de  Scott  par  la  main  du  bourreau. 
Les  prédicateurs  protestants  du  XVIl-  siècle  firent  l'éloge  de  ce 
monarque,  h  qui  ils  donnèrent  le  litre  glorieux  de  nouveau 
Salomoii  ! 

Vers  '1591,  Corneille  Loos,  de  Gouda,  un  des  plus  zélés 
catholiques  de  son  temps,  écrivit  son  livre  :  De  verâ  ac  falsâ 
magid,  qui  lui  valut  trois  emprisonnements  à  l'abbaye  de  St-3Ia- 
ximin,  à  Trêves,  et  deux  h  Bruxelles.  En  1595,1a  mort  le  sauva 
d'une  nouvelle  incarcération. 

L'abbé  de  Feller  ("-)  mentionne  encore  le  Cautio  criminalis 
seu  de  processibus  contra  sagas  ('')  du  père  Frédéric  Spé;  une 
lettre  du  marquis  Fr.-Scip.  Maffui  adressée  au  P.  Ansaldi  et  qui 

(•)  Nd  à  Gavrc,  lolS,  décédé  on  1587. 
(*)  Dictionnaire  historique. 
;')  Rinkcl,  1631,  1  vol.  in-8. 


—  402  — 

fut  refutée  par  Muratûi'i  et  TartorottiJeDemagfmde  A.Haen  (M; 
enfui  un  Trailé  de  Richard  Mead  concernant  les  maladies  dont  il 
est  parlé  dans  la  Bible  ( -),  et  où  il  parle  des  démoniaques.  On 
a  démontré  ses  erreurs  dans  A  dissertation  on  the  demoniacs{''). 
Ajoutons-y  les  Discours  des  sorciers,  avec  six  advis  en  faict  de 
sorcellerie  et  une  instruction  pour  un  juge  en  semblable  matière, 
par  Henry  Boguet  Dol;inois,  grand  juge  en  la  (erre  S.  Ouaii  de 
Joux,  au  comié  de  Bourgogne  (*;;  les  Dissertations  su'-  les  appa- 
ritions des  anges,  des  dénions  et  des  esprits,  et  sur  les  revenants 
et  vampires  de  Hongrie,  de  Bohème,  de  Moravie  et  de  Silésie,  par 
le  R.  P.  Doui  Augustin  Calmet  (^);  la  Prodiyiorum  ac  ostento- 
riim  chionicon,ôe  Coiir.  Lycosthenes  (^);  V Histoire  des  spectres, 
visions  et  apparitions  des  esprits,  anges,  démons  et  dînes,  par 
Pierre  Le  Loyer  ( ")  ;  De  rcvelalionilms,  visionibus  et  appantioni- 
bus,  d'Eusebius  Amort  (^);  Bygeloovigheden  en  tooverien  der  ivys- 
geers  ofde  duive  s  aenbidders  der  verligte  ceuw  C);  le  Traité  sur 
les  d:  moniaques,  dont  il  est  parlé  dans  le  Nouveau  Testament, 
qui  contient  des  recherches  sur  ce  sujet,  avec  la  réponse  de 
M.  Twelles  à  ces  recherches  ('")  ;  Y  Histoire  des  imaginations 
extravagantes  de  M.  Oufle,  causées  par  la  lecture  des  livres  qui 
traitent  de  la  magie,  des  démoniaques,  des  sorciers,  etc.  (*')  ;  La 
phy  ique  occulte  ou  traité  de  la  baguette  devinatoire  avec  les 
principes  qui  expliquent  les  phénomènes  les  plus  obscurs  de  la 
nature,  par  L.  Devallemont  (''-);  la  magie  blanche  dévoilée,  par 
Decremps  ('^)  ;  le  Testament  de  Jérôme  Scliarp,  poiir  servir  de 
complément  à  l'ouvrage  précédent  ('*);    Thaumaturgus  physicus, 

(•)  Venise,  1775,  vol.  in-S". 

{*  )  Ce  traite  fait  partie  des  Cou.seils  et  pricepte.i  de  médecine  de  cet  auteur.  En 
latin.  Londres,  -17ol,  in -8". 

(';   Londres,  chez  Revington,  1770. 

{*)  Lyon,  Pierre  r.igaud.lUlO,  in  8».  Cité  dans  le  Catal.  de  la  Dibt.  de  M.  Dan- 
coisiie.  l'aris,  Barliulin  Dellurenne,   187  5,  p.  14.1 

("y  Paris,  De  Bure,  aîné,  I74lî,  in-li'.  —  (')  Basileœ,  1o87.  — (')  Pari."?,  1603. 
—  Cj  Augtislte  Vindelicorum,  1744.  —  [^ ,  Rousselare,  1819.  —  ('»,  (Bibliothèque 
delà  ville  de  Courtrai.)  —  (•«)  Amsterdam,  2  vol.,  1710.  —  (*'J  Paris,  1709.  — 
(«')  Paris,  1772.  —  (»*)  Paris,  1793. 


-   403  - 

sive  magia  natiirœ  et  artis,  par  Gasp.  Scott  (  '  )  ;  les  Jocosiorum 
naturce  et  artis,  sive  magiœ  naturalis  centuriœ  très,  du  même 
auteur;  V Histoire  admirable  de  la  possession  et  conversion  d'une 
pénitente  séduite  par  iin  magicien,  pnr  Michaels  ("^);  Des  sorciers 
aux  XV"  et  XVI"  siècles,  par  A.  de  La  Fons,  baron  de  Meli- 
Cûcq  (M;  la  Dissertation  sur  les  maléfices  tt  les  sorciers,  selon  les 
principes  de  la  Tliéologie  et  de  la  l'Iigsique,  oii  l'on  examine  en 
particulier  l^élat  de  la  fille  de  Tourcoing,  par  de  ValmoiU  (*). 

Pour  compléter  la  liste  de  ces  publications,  nous  mentionne- 
rons encore  quelques  ouvrages  récents,  savoir  :  De  la  sorcllerie 
et  de  la  justice  criminelle  à  Yalenciennes  (A'F/e  et  XVIi"  siècles), 
par  Th.  Louise  (^);  du  P.  Perrone  :  Prœleclioues  tlieologicœ  de 
virtute  religionis  deque  vitiis  oppositis  C^),  ouvrage  universelle- 
ment loué  ;  Gôrres,  Cliristliche  Myslik  (  La  mystique  divine, 
naturelle  et  diabolique).  Il  a  réuni  grand  nombre  de  faiis,  mais 
ses  explications  ne  sont  pas  toujours  solides.  —  Mirville,  Des 
esprits  C);  DesMousseaux,  Les  hauts  phénomènes  de  la  magie  {^); 
Du  spiritisme,  par  le  P.  Nampon  S.  J.;  Les  morts  et  les  vivants, 
par  le  P.  Matignon,  et  Le  magnétisme, le  spiritisme  et  la  possession, 
par  le  P.  Pailloux  S.  J. 

En  terminant,  signalons  les  travaux  suivants,  où  nous  avons 
puisé  d'utiles  renseignements  pour  la  rédaction  de  notre  article: 
Un  chapitre  sur  Vhistoire  de  la  sorcellerie  en  Belgique,  sous  les 
règnes  de  Philippe  II  et  dWlbert  et  d'Isabelle,  par  L.  van  de 
Waîle  [^)\  Le  procès  d'une  sorcière  au  village  de  Casterlé,  1565- 
1571  (  '")  ;  Une  émeute  ù  propo.<  de  soi-disant  sorcières,  à  Quiénie, 
près  de  Cambrai  ("),  et  liaxiusje  dénonciateur  de  sorciers,  1597- 


i*)  Herbipoli,  4  vol.,  16S9.  —  (';  Paris,  Kîi.S,  in  S». 

f)  Abbeville,  s.  d.  (Bibl.  de  M.  Dancoisne,  p.  291,  no  1891). 

(')  Tourcoing,  17 îiïî,  iii-lii.  /Ibidem,  p.  !2;!5,  n"  184o.) 

C")  Vaioncionnes.  1861,  in  8".  (  Bihl.  de  M.  Dancoisne,  p.  291,  n^  1891.) 

(•)  Ratisbonnc,inislet,  1866.  —  (')  Paris,  18.-;4.  —  (')  Paris,  Pion,  1862. 

(")  Mcsxmier  des  sciences  historiques  de  lielgiqne,  année  1844,  p.  431. 

.•o)  Ibidem,  stDïiéc  1869,  p.  342.  —  (♦*)  Ibidem,  année  1870,    p.    Ii7. 


—  404    - 

lo98('),  par  M.  Galesloot.  Le  lecteur  pourra  consulter  également 
les  Archives  historiques  et  littéraires  du  Nord  de  la  France  et  du 
Midi  delà  Belgique  ("-);  Olim,  Procès  des  sorcières  en  Belgique 
sous  Philippe  II ,  tirés  d'actes  judiciaires  et  des  documents 
inédits  {^y,  Ozeray,  Les  sorcières  de  Sugmj,  16o7  (*),etc. 

Cela  dit,  nous  faisons  suivre  ci-après  le  coût  d'un  procès  de 
sorcellerie  qui  se  déroula  ii  Wasseiges  (^)  en  1591.  Nous 
regrettons  de  n'avoir  pu  mettre  la  main  sur  les  pièces  de  pro- 
cédure. La  simple  reproduction  de  ce  document  donnera  toute- 
fois une  idée  de  la  jurisprudence  de  cette  époque  (^). 

Désiré  van  de  Casteele. 


Nous  Jeiian  Rondeau,  mayour  et  eschevins  de  la  hauUe  court  et  justice 
de  Wasseiges,  Guillaunie  .Malliieu  Courrant,  Pierre  de  Tornaco,  Andrieu 
Courrant,  Jetian  Baibez,  Jelian  de  Jardin  el  Jehan  Gilles,  tous  efchevins. 

Par  Jehan  Condeau,  majeur  de  Branson  soubz  honurable  S'' Jehan 
de  Mouseau,  escuyr,  souverain  bailiy  de  Wasseige  et  gouverneur  de 
Lieuves,  etc. 

Le  XXVI* jour  du  mois  de  novembre  xv"  nonante  el  ungfut  appréhender 
Catherine  Pot  d'Or,  laquelle  estoyt  famée  désire  sorcier,  et  accusée  par 
une  sorsire  qui  fut  exécutée  au  lieu  de  Jauce,  et  este  en  prison  jusques  a 
XIX*  de  décembre  oudit  an  nonanîe  et  ung  qui  sont  xxui  jours  du  pris  de 
dix  soiz  pitr  jour  considère  la  chierte  du  temps,  faict  xi  ^  x  s. 

Au  sergeaiU  quy  le  gardoit  lespace  de  xxiii  jours  au  pris  de  x  solz  par 
jour,  laict  icy  xi  It  x  s. 

A  deux  eschevins  de  Branchon  pour  avoir  porî^'  les  enquestes  et  con- 

(*)  Messager  des  sciences  historiques  de  Uelgique,    année    1871,   p.    80. 

(*)  T.  1,  p.  lo4.  —  (')  Ganfl,  I8i7,  in-8».  —  »  Aiwales  de  l'iust.  arch. 
d'Arloti,  l.  5,  p.  21 1   cl  suiv. 

(  *  j  Wasseiges,  aujourd'hui  province  de  Lidge,  dépendait  alors  de  Namur. 

{')  En  faisant  le  triage  d'arcliives  provenant  de  r^ncienne  haute-cour  de  Beau- 
fort,  nous  venons  de  mettre  la  main  sur  plusieurs  pièces  d'un  aulru  procis  do 
sorcellerie.  Elles  feront  Tobjel  d'un  article  spécial. 


—  405  — 

fessions  de  laditte  prisonnier  au  mayeur  et  eschevins  de  Namur,i)our  avoir 
a  cliacun  xxx  s.  par  jour  faici  icy  m  ib. 

Au  eschevins  de  Namur  al  este  paye  pour  la  re[n]charge  xlvih  s. 

Au  mayeur  de  Branson  pour  a\oyr  comparu  du  lieu  |de  Jajuce,  pour 
avoir  laccusition  de  laditte  sorcière  dis[traile]  [devant]  Licuve. 

Par  laquelle  rcndiarge  al  laditte  Chaterine  ;')  este  jugée  a  la  torture. 
Paye  au  mailre  des  œuvres  pour  la  torîure  vu  [ft>]. 

Item  après  ladiite  torture,  les  cognoissance  dicelle  prisonnière  at  este 
juge,  par  rencharge  des  eschevins  de  Namur,  désire  arse  et  i)!u!e  tant  que 
mort  sensnjve.  Pour  ce  paye  du  mayeur  et  eschevins  es  ÎNamur     xlviii  s. 

Item  pour  ung  procureur  ayant  servj  ledit  mayeur  deux  jour  l  s. 

Sujvant  laquelle  sentence  laditte  prisonnière  al  estee  exécutée  le  xix® 
de  décembre  nouante  et  ung.  Pour  le  feu  |>aye  au  mailre  des  œuvres  pour 
laditte  exécution  vu  tb. 

Pour  le  disner  des  eschevins  le  jour  de  lexecution  m  ft>  x  s. 

Aux  deuxsergcant  pour  avoir  conduit  ladiite  prisoniere  a  la  justice  et 
pour  appresler  le  bois  a  chacun  vnr  s.  xvi  s. 

Au  confesseur  ayant  conduict  a  la  justice  at  este  paye  x  s. 

Au  charj)entier  pour  !aire  un  cstache  y  compris  les  bois  xxv  s. 

Pour  des  fagot  i)Our  les  bi  îisler  x  s 

Pour  deux  chêne  de  fer  pour  latachee  a  lestache.  a  chacune  viii  ?..  qui 
font  ensemble  xvi  s. 

Pour  ung  pot  de  vin  le  jour  de  lexecution  vu  s. 

Somme  lvi  ^  xi  s.  (/). 

(  '  )  Liiez  :  Catherine. 

(*)  Fonds  de  \Vasseiges,reg.  nux  plaids, lo86-92.aux  archives  do  l'Etat, à  Liège. 


LETTRE 

SUR 

L'ASSASSINAT  DE  SÉBASTIEN  LA  RUELLE 

ADRESSÉE 

A  Monsieur  DÉSIRÉ  VAN  DE  CASTEELE, 

eonservateur-adjoint  des  archives   de   l'Eiai,    a   Liège, 

PAR 

Alfred  I^EÈIUX,  S.  J. 


Mon  cher  avii  , 

Voici  un  document  inédit  que  j'ai  Irouvé  en  compulsaiif  un 
volume  manuscrit  de  notes  sur  l'ancien  Collège  des  Jésuites 
anglais  en  votre  ville.  Je  le  crois  de  nature  h  intéresser  ceux 
qci  s'occupent  de  l'histoire  de  Liège  :  il  y  est  question  du 
meurtre  de  La  Ruelle,  qui  déj^  souvent  a  attiré  l'attention  de 
vos  historiographes.  M.  Ulysse  Capitaine  a  particulièrement 
bien  mérité  de  la  science  en  publiant  les  Documents  contempo- 
rains relatifs  à  ce  fait. 

L'auteur  de  la  lettre  est  le  P.  Edouard  Courtney  (Courtenay 
ou  Courtnay),  né  en  1598  dans  le  comté  de  Sussex,  en  Angle- 
terre. Après  avoir  achevé  h  Rome  son  cours  de  philosophie,  il 
entra  dans  la  Compagnie  de  Jésus  le  28  août  1621.  Esprit  vrai- 
ment distingué,  il  brilla  dans  l'enseignement  des  humanités 
comme  dans  celui  des  études  supérieures.  Il  possédait  un  rare 
talent  pour  le  gouvernement  :  aussi,  pendant  plus  de  lo  années, 


40" 


soit  comme  recteur  des  Collèges  anglais  de  S'-Omer,  de  Rome, 
de  Liège,  soit  comme  provincial,  il  gagna  l'eslime  et  l'affection 
de  ses  frères  et  des  étrangers.  Agé  de  79  ans,  il  termina  5  S*- 
Omer,  le  3  octobre  1677,  une  carrière  glorieusement  parcourue. 
[Oliver'' s  Cotleclions.) 

C'est  de  Liège,  h  la  date  du  24  avril  1637,  huit  jours  après  le 
meurtre,  qu'il  écrit  celte  lettre  au  P.  Thomas  Courtney,  qui 
habitait  Rome  et  qui  y  devint,  en  1640,  recteur  du  Collège 
anglais. 

Pour  que  vous  puissiez  apprécier  plus  facilement  l'exactitude 
du  récit  du  P.  Courtney,  j'ai  rapproché  plusieurs  de  ses  asser- 
tions des  détails  fournis  par  le  Tragicque  Banquet  et  la  déposi- 
tion de  Jaspar  Matihys,  domestique  de  La  Ruelle,  ou  par  le 
Dominicain  appelé  pour  assister  le  Rourgmestreà  ses  derniers 
moments.  La  comparaison  avec  ces  principaux  documents 
contemporains  m'adonne  l'espoir  que  cette  lettre  pourrait  être 
utile  à  ceux  qui  aborderaient  l'étude  de  celte  lugubre  histoire. 

Je  n'avais  dans  Je  volume  manuscrit,  dont  je  vous  ai  parlé, 
qu'une  traduction  anglaise;  mais  comme  l'original  est  conservé 
au  Collège  de  Stonyhurst  parmi  les  nombreux  manuscrils  de  sa 
bibliothèque,  j'ai  fait  demander  une  copie  que  j'ai  sous  les  yeux, 
et  que  le  R.  P.  Recteur  de  cet  établissement  a  bien  voulu 
réviser  et  certifier  conforme  à  l'original  avant  de  me  l'envoyer. 

Votre  tout  dévoué 

Alfred  Neut.  S.  J. 


R.  in  V°  Pater, 


Mon  Révérend  Père  en  J.  C. 


Nunqiiam  trislior  coiitiglt  trage- 
dia  Leodii  quam  hisce  paschalibus 
feriis  (i).  Voces  canenliimi  Alléluia 
vprsœ  suiit  in  ferale  carinen,  et 
pioi'um  gaiulia  in  lanientationes 
commutata.  Tragœilia  eœpta  est  agi 
ad  16'"  aprilis  (2),  primusqne  in 
scenam  pi-odiit  celebris  ille  et  cha- 
rus  populo  Leodiensi  Ruellius.  Is 
enim  eo  die  circa  primam  a  nieridie 
horam  (0)  in  aedihus  Coniilis  War- 
fusei  crudeliter  necalus  est. 

Fuorat  iliuc  vocatus  aJ  convivium 
unacum  aliis,  et  mcdiam  epularum 
liPliliam  lato  illo  repeniino  funtsta- 
vit.  Compcrtum  eslquodiniliocredi 
vix  potuil  Auihorem  osedis  ac  Ducem 
audacissimi  facli  extilisse  Comitem 
ipsuni,  jam  pridem  profugum  ex 
Aula  Bruxellensi^etcum  aliis  Belgii 
Prottoribus  [Proieribus]  lœsae  Ma- 


Jamais  plus  Irisle  drame  ne  se 
passa  à  Liège  qu'en  ces  jours  de 
Pâques.  Le  joyoux  Alléluia  s'y 
changea  esi  chant  funèbre  et  le  deuil 
succéda  à  la  joie  des  fidèles.  Le 
drame  commença  le  1G  avril  et  le 
principal  acteur  fut  le  célèbre  La 
Ruelle  si  cher  au  peuple  Liégeois  : 
il  fut  cruellement  massacré  ce  jour- 
là  vers  une  heure  de  rai)rès-midi 
dans  la  demeure  du  Comte  de  War- 
fusée. 

La  Ruelle  était  du  nombre  des 
convives  invités  au  festin  qu'il  allait 
ensanglanter  par  sa  mort  prccipiiée. 
Ce  qu'on  osait  d'abord  croire  à  peine, 
est  maintenant  constaté  :  l'auteur 
de  ce  meurîre,  le  chef  d'un  coup 
aussi  hardi,  est  bien  le  Comte  lui- 
même.  Chassé  depuis  longtemps  de 
la  cour  de  Bruxelles,  et  avec  d'autres 


{'}  La  fête  de  Pàiiucs  tombait,  celte  a.in<ie-là,  le  1 '2  avril.  —  «  Nous  voicy  au 
iour  du  tragicciup,  liisner,  qui  fut  un  leudy  après  I^asques  le  16  avril,  »  ditvnistoire 
tratjicqne  du  banque i  Waifuzcen. 

(2)  M.  de  Gerlache,  dans  son  Histoire  de  Liège  (Brux.  1843,  p.  2o7),  fixe, 
évideramenl  par  erreur,  la  date  du  meurtre  au  17  avril. 

;')  D'après  rW/«fOiVe  ira(jicquc,'\\i&v2M  être  plus  tard  quand  le  meurtre  eut 
lieu;  il  y  est  dit  que  «  il  esloit  environ  d'une  heure  et  demie  après  midy  »  quand 
les  soldiils  «  s'approchèrent  de  la  porte  de  la  salle  basse ,  où  la  compagnie  esloit 
sans  aucune  appréhension  encor  d'un  accident  si  proche.  » 


409 


jestatis  reum.  Jam  ad  ultiniain  pêne 
egestatem  redaclus  et  perduellionis 
labe  omnibus  iinisiis  spei'ai)at  ex 
hoc  facinore  se  rediturum  in  gratiam 
Caesaris,  et  veniam  a  Rege  impetra- 
turura  (i  ). 

Habuil  administres  rei  gerendae 
milites  plus  minus  2o  pailini  ex 
Rcgio  praesidio  Novangii,  partim 
aliunde  selectos  (2).  Convivii  tem- 
pore  per  posiicuni  ex  parte  flu- 
minis  suntdemiim  intromissi  (3); ad 
eos  simulatâexeundi  causa  evocatus 
Cornes,  quosdam  opportunis  dispo- 
suit  locis,  ne  quis  eriimpercl  ad 
concitandum  tuniuUnm  opomque 
fUiellio  inclamandam  ;  alios  paratos 
esse  jubet,  ut  dato  signe  cœnaculum 
ingressi  imperata  facerent. 

Reversus  ad  convivas,  cum  hue 
usquesimulassci  !*litiam,  jam  tris- 
liorc  non  nihil  ac  severiore  vuiiu 
Uicitus  bterel)at  hc  meditabundus 
(4)  :  mox  caubam  rogatus  propinat 


grands  de  Belgique  coupable  de 
lèse-majesté;  réduit  à  la  dernière 
extrémité,  et  devenu  odieux  à  tous 
les  citoyens  par  la  tâche  qui  le 
souillait,  il  espérait  par  ce  nouveau 
crime  rentrer  en  grâce  avec  l'Empe- 
reur et  obtenir  le  pardon  du  Roi. 

Pour  satellites,  il  avait  environ  25 
soldais  tiiés  de  la  garnison  royale 
de  Navaignect  autres  lieux.  On  les 
introduisit  pendant  le  dîner  par  la 
porte  du  jardin  ouvran!  su  rie  fleuve; 
le  Comte,  appelé  sous  un  prétexte 
quelconque,  distribua  les  uns  aux 
diverses  issues  pour  empêcher  qu'un 
convive  forçant  le  passage,  n'allât 
susciter  du  tumulte  en  appelant  au 
secours  de  La  Ruelle  ;  aux  autres,  il 
ordonna  de  se  tonir  prêts  à  onirer 
au  signal  convenu  dans  la  salle  du 
repas,  pour  y  exécuter  ses  ordres. 

Puis  il  revint  au|)rès de  ses  liôles: 
jusque-là  il  avait  fait  montre  de 
gaité,  mais  tout-à-coup  son  visage 
s'assombiit,  il  parut  silencieux  et 
pensif  :  interrogé  sur  la  raison  de 


(']  «  Pour  gnigiic'.' par  la  son  pardon  auprès  du  Maistrc  qu'il  avoil  trahy,  et 
retourner  en  Bruxelles  bon  espaginol.  d  IJJist.  uagicque.) 

(*)  «  Ayant  inenné  quant  et  soy  bonne  troupe  de  soldats  (se  trouve  qui  asseure 
le  nombre  de  (lo)  hommes  choisis  et  b'en  armez,  la  pluspart  d'Argentau,  Navaigne, 
et  Dalem  garnisons  du  Roy  d'Espaigne.  »  [Ibid.) 

('1  «Car  estant  toute  celle  trou|)c  descendue  pendant  la  solitude  de  l'heure  du 
disner  par  un  chemin  assez  couvert,  le  costau  du  dehors  de  S.  Martin,  se  vint  rendre 
au  rivage  des  l'cga,  où  ayant  trouve  un  basieau  appresK^,  passa  le  bras  de  Meuse 
qui  coule  le  long  des  raraparts,  et  le  vint  rendre  à  la  porte,  ou  poslice  du  jardin, 
de  la  maison  du  banquet »  (Ibid.) 

(*)  «  On  fut  très  gai  pendant  le  premier  service;  mais  vers  la  fin  le  comte  parut 
rêveur;  l'un  des  convives  s'en  aperçut  et  l'en  plaisanta.  »  (De  Gerlachc.  llist.  de 
Liège,  p.  257-238.) 


410  — 


ad  sanitalem  Abbatis  de  Mouson , 
eâque  accei)tâtesserà  milites  iiigre- 
diiintur  aulam  instructo  ordine 
cunctis  ad  rei  novitalem  attonilis. 
Praeihat  Ductor  ense  districto  vir 
insignis  forma,  vestibus  splcndidis 
indutus  ;  sequebantur  alii  circiter  X 
armali  :  altéra  gestantes  manu  stric- 
tum  pugionem,  altéra  sclopetum  (i), 
fit  Comiti  a  Ductore  profunda  reve- 
rentia,  caeteri  convivœ  salutanlur. 
Tum  Cornes  exsurgit,et  paucispra'- 
missis  qiiibus  Imperatorem  ac  Rc- 
gem  Hispaniarum  suos  agnoscebal 
Dominos  ,  stupentibus  omnibus, 
nomine  Caesarese  Majestatis  ac  Prin- 
cipis  Leodiensis  Ruellium  déclarât 
rebellem,  multis  astrictura  crimini- 
bus  in  Principem  suum  ac  reum  mor- 
tis;  proinde  confeslim  illi  morien- 
dum  esse,  brève  tamen  snperesse 
spatium  ut  se  ad  ullimum  vitœactum 
paret  :  si  vellet  ex  homologesi  ex- 
piare  animum.non  defuturum  sacer- 
dotem. 

Tradilur  deinde  militibus,  et  ab- 


ce  changement,  il  propose  la  santé 
de  l'abbé  de  Mouson,  Cotait  le 
signal  :  les  soldats  pénètrent  dans  la 
salle,  en  bon  ordre,  et  jettent  tous 
les  convives  dans  l'élonnement.  Leur 
commandant,  homme  d'un  extérieur 
remarquable,  et  richement  vêtu, 
précède  le  glaive  levé  =  environ  dix 
hommes  armés  le  suivent,  le  poi- 
gnard d'une  main,  le  pistolet  de 
l'autre  ;  le  commandant  fait  une 
profonde  révérence  au  Comte  et 
salue  les  autres  convives.  Le  Comte 
se  lève  :  après  avoir  en  quelques 
paroles  déclaré  qu'il  reconnaît  pour 
ses  souverains  l'Empereur  et  le  Roi 
d'Espagne,  au  nom  de  Sa  Majesté 
Impériale  et  du  Prince  de  Liège,  H 
déclare  le  bourgmestre  rebelle, cou- 
pable de  plusieurs  crimes  contre 
son  Prince  et  digne  de  mort  :  il 
devait  donc  mourir  sur-le-champ  ; 
quelques  moments  allaient  lui  être 
accordés  pour  se  préparer  au  der- 
nier passage,  et  s'il  désirait  se  con- 
fesser, on  lui  appellerait  un  prêtre. 
Livré  aux  mains  des  soKiats,  il  est 


(*)  Tous  ces  détails  sont  signalés  dans  Y  Histoire  iraçiicqne  -.  on  serait  tenté  de 
croire  que  le  I\  Courtney  a  lu  ce  récit,  si  l'on  ne  savait  qu'il  a  écrit  sa  lettre  avant 
la  publicnlion  de  Vllistnirc  trngicque.  La  permission  d'im|)rimci' porte  la  date  du  42 
mai  lGo7  :  et  il  paraît  assez  peu  probable  qu'il  ait  lu  l'ouvrage  en  manuscrit. 

Le  cbet',  dont  il  est  question  ici,  était  un  nommé  Grandmont;  {'Histoire  iragicqtie 
en  trace  le  portrait  suivant  :  «  un  haut  homme,  de  cbevolurc  noire,  veslu  d'une 
hongberline  de  velour  noir,  et  ayant  un  manteau  gris,  Hourguignon,  mais  du  quar- 
tier qui  produit  assez  coustumierement  des  assasins,  moine  défroqué,  et  qui  avoit 
quitté  le  Cloistre,  et  le  service  de  l'Autel  pour  le  service  du  Hoy  d'Espagne.  » 


4H  — 


ducitur  in  secretius  cubiculuni  ne- 
quidquam  ex|)robrans  Comiti  ingra- 
lumaiiimumsuaque  in  eum  bénéficia 
commemorans.C3eteriiibere[siieri?] 
jussi  suisque  in  loois  considère  nisi 
vellenl  candem  vi!œ  alcam  subii'e  : 
acceisiiur  intoiim  aiio  prsetcxtu  ex 
Piitribus  Dominicanis  Supprior  , 
haiid  mulio  anle  initiatus  Sacris 
Ordinibus,  nondiim  ad  confessiones 
accipieudas  approbaUis  (i). 


Ciim  venisspt  ad  aedcs,edoctus  a 
Comité  causan)  advcnius  sui,  exhor- 
ruil  rei  incxpectaïae  atrocilatem  ac 
sibi  limens  omis  delrectavil,  suam 
caiisalus  inipei'itiam  in  eo  nuinere 
et  diciiians  sil)i  non  iicere  sine  fa- 
CLiIiale  Ordinarii  cuiquam  conlitenti 
praebere  aurcs  (2),  Rcddes,  iiiquit 
Conies,  ralioiiem  Omnipotenti  îieo 
pro  anima  eJHs,  nisi  quamprimum 
absolvas  ;  moriendum  illi  est,  non 


conduit  dans  un  appartement  plus 
retiré  ;  il  reproche  en  vain  au  Comte 
son  ingratitude  et  lui  raiipelle  les 
services  qu'il  lui  a  rendus.  Les 
autres  reçoivent  l'ordre  de  se  taire 
et  de  rester  à  leurs  places  s'ils  ne 
veulent  partager  le  sort  de  La  Ruelle. 
Dans  l'entretenips,  on  fait  venir 
sous  l'uii  ou  l'autre  prétexte  le  Père 
Sous-Prieur  des  Dominicains,  élevé 
depuis  peu  au  sacerdoce  et  jusque- 
là  sans  |)Ouvoirs  pour  entendre  les 
confessions. 

Le  Comte  lui  apprend  pourquoi 
il  l'a  mandé  :  le  Prre  ,  saisi 
d'horreur  tt  craignant  i)our  lui- 
même,  décline  cette  mission,  pré- 
textant son  inexpérience  et  di.^ant 
qu'il  ne  lui  était  pas  permis  d'en- 
tendre les  confessions  sans  l'appro- 
baiion  de  l'Ordiniire.  «  Eh  bien  ! 
dit  le  Comte,  si  vous  ne  l'absolvez 
pas  au  plus  lot,  vous  aurez  à  ré- 
pondre de  son  âme  devant  Dieu.  Il 


(')  «  Un  servilcur  de  W.  le  Comte  est  venu  aux  frères  Prescheurs,  et  parlant  à 
un  novice  deman'lo  le  l'ère  Suppricur,  lequel  estant  venu,  luy  dit  mon  lîeverend 
Père  M'',  vous  appelle,  et  le  l'ère  croyant  (ju'il  vouluste  faire  quelque  aumosne,  à 
cause  qu'il  esloil  redevable  audit  couvent  pour  plusieurs  Messes  dites  p.  r  les  Pères 

pour    l'eu   son   fils,  se   porte    avec   le  Frère  au  logis  du  Comte »  (Déposilion 

des  dominicains  Ant.  Eveiard  et  GuiJ.  Loncin.) 

(')  Le  P.  Dominicain  explique  lui-même  sa  conduite  ;  Quand  il  arriva  ctiez  le 
Comte,  celui-ci  lui  dit  de  confesser  La  l'.uelle,  «  alors  le  Peie  a  commencé  à  répli- 
quer ce  que  cela  vouloit  dire,  el  qu'il  n'avolt  l'aulliorité  de  l'Ordinaire,  ny  la  puis- 
sance de  faire  telle  chose  :  mais  bien  par  cas  fotluil  s'il  se  présenlasl  un  homme 
blessé  à  la  mort,  couché  dessus  les  carreaux,  et  agoi-isant  par  le  dit  coup,  que 
facilement,  el  sans  aucune  difliculté  et  aulre  puissance  (  supposant  qu'il  ne  se  reo- 
contreroil  au  dit  lieu  autres  preslres  advoué  de  l'Ordinaire)  qu'il  l'absoudioil,  mais 
qu'en  cela  qu'il  n'en  feroit  rien.  »  {Ibid.) 


412 


amplius  uno  qiiadrante  superest  ut  doit  mourir  :  il  ne  lui  reste  qu'un 

sead  mrirtom  dispoiiat;  postaliquam  quart  d'heure  pour  se  préparer  à  la 

moram  compiilsus    tandem    Pater  mort.  »  Le  Pore  hésite,  mais  enfin 

adit  eiihiculum,   ubi  Riicllius  cum  on  ie  pousse  de  force  dans  la  chambre 

famuîo  jacobat  vinctus,  eum  in\cnit  où  La  Ruelle  lié  se  trouvait  avec  son 

deplorantem  vices  suas,  viduitatcm  domestique  :  ie  malheureux  bourg- 

uxoris,  otbiiatem  iil)eroium,expro-  meslre  déplorait  son  son,  celui  de 

bianîem  se  iicf;irie  prodiinm,  inîer-  sa  femme,  de  ses  enfants;  il  s'indi- 

dnm  eiiam  opem  a  l'-eata  Virgine,  gnait  de  !a  lûche  trahison  dont  il 

aliisquecœlilibiisimploraMlcm.Fer-  était  victime;  par  moments  il  iiivo- 

tur  ad  exlremum  iiupniisse  ut  sua  quait  la  Bienheureuse  Vierge  et  les 

rite  ac  bieviicr  exponeret  prccata,  autres  Saints.  Enfin  le  Père,  dit-on, 

atque  ita  confessum  absolvisse.  l'exhoi  ta  a  confesser  sommairement 

ses  péchés,  puis  lui  donna  l'absolu- 
tion, 

Vix  autem  e  cubiculo  extuleral  pe-  Â  peine  fut-il  sorti  de  la  chambre 

dem  ut  a  Comité  longiorem  jicteret  afiu    de   demander   au    Comte  un 

moiam  pro  confes'.ionc  generali  (i),  plus   long  délai  pour  une  confes- 

cum  rursus  miliies  irruuni,  et  cap-  sion  générale,  que  les  soldats  enva- 

tivum  suumpluribusconfudiuntvul-  hissent  de   nouveau  l'appartement, 

neiibus  :  duo  inflixeruijt  in  capite,  et  portent  à  leur  prisonnier  plu- 

in   pcctore  secundum  cor  septem  sieurs  blessures  :  deux  à  la  tête  et 

alla.  sept  autres  dans  la  poitrine,  près  du 

cœur. 

Ita  inteiiitSebastianusLa  Ruelle,  Ainsi  mourut  Sébastien  La  Ruelle: 

bis    Consulalu    perfunclus  magno  deux    fois    il    avait    rempli    à  la 

popnli    pl;iusu  ,    vir   fortis,   manu  grande    satisfaction    de    tout    le 

promptus,    acris    consilio  ,  animo  peuple,  la  charge  de  Bourgmestre  ; 

intrenidus  ,  in  lebus  aggiediendis  c'était  un  homme  courageux,  actif, 

expeditus ,    in   condcicudis  cons-  ingénieux  dans  ses  projets  ,   d'un 

tans,  aptus  ad  ardua  ([uœque  rao-  cœur   intrépide,   prompt  à  entre- 

limina,  icrum  ingentium  capax.  prendre,    constant   à    poursuivre, 

propre  aux  cntre|)rises  les  plus  dif- 
ficiles, capable  de  grandes  choses. 

Peracta  cœde  Comes  securus  sui  Après  le  meurtre,  le  Comte,  tran- 

(•)  «  A  cel.e  fin  de  pouvoir  dilayer  le  temps  »  dit  encore  le  P.  Dominicahi. 


—  413  — 


scu  mente  potius  obcœcatiis  tani 
parum  se  prœstiiit  providcre  de  sua 
incolumiiate  qiuim  fueraL  in  hosjii- 
tem  inliumanus.  Imprudens  homo 
alios  permisil  excedere  e  domo,aiiis 
lilteras  etiam  perfercndas  dcdit  ad 
Consulesel  varia  Canoiiiconim  Ca- 
pitula (i)  quiljiis  signiflcavil  Ruel- 
!ium  in  domo  suaJubeiileCcesare  et 
Principe  Lcodicnsi ,  sujîremo  sup- 
plicio  affectiim.  Poterat  miser  cogi- 
tare  facile  excitari  procellam  in 
Eiiripo  (2)  Leodiensi,  neccm  verô 
tam  iiidignam  Iioniinis  populaiis 
flabeikim  fore  sediiionis  qiise  multo- 
rum  cruore  sedai  i  non  posset.  Ubi 
igitur  nioriis  ejiis  ccrlus  maiiavit 
riimor,  incredibile  est  quantum 
fuerit  uibs  iiniver.sa  coiiimota  ;  mit 
continue  furibiuidus  pcpulus  arrep- 
lis  arniis,  factoque  agmine  domum 
Comilis  advolavit. 


Is  conatus  est  factura  excusare, 
cœdisiiue  iiividiani  a  se  averteie; 
sed  frustra  :  nullis  precilnis,  nulli 
excusalioni  acquiescuni;  quare  onini 


quille  sur  son  propre  sort  ou  plutôt 
aveuglé, se  montra  aussi  imprévoyant 
poui' lui-même  qu'il  avait  été  barbare 
pour  son  bote.  Il  permit  à  quelques- 
uns  des  convives  de  quitter  sa  mai- 
son, à  d'autres  il  donna  des  lettres 
à  porter  aux  consuls  et  aux  (litfcrents 
chapitres  de  chanoines,  pour  annon- 
cer que,  sur  l'ordre  de  l'Empereur 
et  du  Prince  de  Liège,  La  Ruelle 
venait  d'être  mis  à  mort  dans  sa 
maison.  Il  devait  bien  prévoir,  le 
misérable,  qu'un  orare  pouvait  faci- 
lement être  soulevé  dans  l'Euripe 
Liégeois,  et  que  l'ignoble  massacre 
d'un  homme  aussi  populaire  allait 
êire  le  sigiial  d'une  sédition  que 
bien  du  sang  n'éleindiait  pas.  On 
ne  peut  se  ligurer  l'émoi  qui  régna 
dans  toute  la  ville,  quand  la  nouvelle 
certaine  de  ce  meurtre  se  lut  répan- 
due :  le  peuple  furieux  couiut  aux 
armes,  et  une  foule  compacte  se 
porta  vers  la  demeure  du  Comte. 

Celui-ci  s'eli'oice  d'excuser  son 
aciion  et  de  détourner  de  lui-même 
l'odieux  de  l'assassinat  ;  mais  en 
vain  :  on  ne  veut  écouler  ni  prières, 


{*  ;  Ces  lettres  dlaient  «  une  pour  W.  le  Grand  Doyen  cl  Ciiapilre  do  S,  Lambert, 
si  je  ne  me  trompe,  une  autre  pour  le  Doyen  de  S;iiait  l'ierrc,  une  autre  pour  celuy 
de  S.  5!;uiin,  une  autre  pour  celiiy  de  S.  Barllioiomy.  »  (Déposition  des  deux 
Douiinicains.;  —  Le  lexle  de  ces  Itllres  est  imprimé  à  la  suite  de  VHistoiie  tra- 
girqiie.  Il  est  à  reniarquor  que  dans  aucune  de  ces  lettres,  VVarfusde  ne  dit  avoir 
agi  par  ordre  du  i'riî.ce-Evôque,  mais  seulement  «  par  ordre  de  Sa  M;ije.'-lé  impé- 
riale, »  pourtant  d'après  les  ditl't^icnts  récits  des  témoins  du  banquet,  le  Comte 
aurait. joint  de  vive  voi.\  le  nom  du  Prince  à  celui  de  l'Empereur  :  c'est  peut-être  ce 
qui  a  trompé  le  V.  Courlney. 

('^  )  L'Euripe,  canal  entre  l'île  d'Eubée  et  la  Grèce,  rem.irquable  par  l'irrégularité 
de  ses  marées,  oIVrc  plus  d'un  point  de  comparaison  avec  une  émeute  populaire. 


414 


ex  parte  vel  perfractis  vel  ultro 
apeitis  foribus  involani  in  domiim, 
Comiiem  èvesiii;io  jugulant  absi'issa 
propemodum  cervice,  mactant  lan- 
quam  \ictimam  quam  offerrent  Ma- 
nibus  Rucllii  paulo  ante  eodem  in 
loco  perempli.  Tum  vestibus  spolia- 
tum  ac  nudum  proisiis,  fune  ad 
pedenialiigaîû  ir;ihuiit  ('■  domo,inter 
sordes  lutumqueperplateas  raptant 
ad  forum,  ubi  cadaveri  ulrinque 
amputant  brachium,  ventrem  disse- 
canl  efflueniibusintestinis  atque  ita 
mulilatuta  truncumque  corpus  sus- 
pendunt  pedibus  ex  infami  patibulo 
quod  unum  ante  annum  omine  pes- 
simo  ex  castris  .loannis  de  Wert  (i) 
urbi  illatum  est.  Spectaculum  erat 
invisum  populo,  omnibus  mœstum 
qui  virum  memineranl  natum  esse 
nobili  loco,  olim  vixisse  in  aula 
Principum  Bcigii  cum  tanto  splen- 
dore  et  secundie  blandimenta  for- 
tunœ  adeo  liberaliter  expertum.  Sed 
minus  videbatur  dignus  commisera- 
lione  quod  prius  Regem,  deinde 
amicum  tanto  bonorum  mullorum 
discrimine  imprudentissime  j)rodi- 
dissct.  Faxil  Deus  ut  dum  alteri 
molirctur  necem,  providerit  saluli 
animye  suae  :  voluit  eidcm  Pairi 
Domiiiicano  confUeri  qutm  accer- 
sendum  curaveral  pro  Huellio.  Sed 


ni  excuses.  Quelques  portes  leur 
sont  ouvertes,  d'autres  sont  brisées, 
et  de  tous  côtés  on  envahit  la  maison: 
à  l'instant,  on  égorge  le  Comte,  on 
lui  trjinche  presque  la  tète  et  on 
l'immole  ainsi  comme  une  victime 
aux  mânes  de  La  Ruelle,  massacré 
peu  d'instants  auparavant  à  la  même 
place.  Le  cadavre,  dépouillé  de  ses 
habits  et  presque  nu,  est  traîné  par 
une  corde  liée  au  pied,  à  travers  les 
rues  dans  les  immondices  et  la  boue 
jusqu'au  marché;  là  on  lui  coupe  les 
deux  bras,  on  l'éventre  et  on  en 
retiie  les  entrailles  :  enfin  le  corps 
ainsi  mutilé  est  suspendu  au  gibet 
de  sinistre  mémoire,  apporté  l'année 
précédente  du  camp  de  Jean  de 
\V(.rt.  Spectacle  odieux  pour  le 
peuple,  triste  pour  tous  ceux  qui  se 
souvenaient  de  la  noble  extraction 
du  Comte,  de  la  vie  honorable  et 
douce  qu'il  avait  menée  à  la  Cour 
des  Princes  de  Belgique.  Mais  il 
paraissait  moins  digne  de  pitié  pour 
avoir  imprudemment  exposé  de  si 
grands  biens  en  trahissant  le  Roi  et 
un  ami.  Fasse  Dieu  que  cet  homme 
qui  méditait  un  assassinai  ,  ait 
pourvu  au  salut  de  son  âme!  Il  a 
voulu  se  confesser  au  même  Père 
Dominicain  qu'il  avait  fait  appeler 
pour  La  Ruelle  ;mais  celui-ci  refusa 


(')  Le  famoux  Jean   de   Werlli  qui,  ii    la  téta   de  ses  Croates,  faisait  l'effroi  de 
Lidge. 


—  415  — 


is  audire  contiteiitem  recusavit  (i)  : 
an  apud  alium  deposuerit  onus  con- 
scientia;  eo  die  post  palratum  faci- 
nus  haud  constat.  Id  animadverte- 
runt  varii  hominem  haud  infrequen- 
tem  in  teraplis  nunquam  magis  fré- 
quentasse sacras  aedes,  nec  diutius 
orationi  inhaesisse  quara  paucis  ante 
mortem  diebus  (2).  Mansil  infelix 
suspensus  è  palibuio  per  duos  ferme 
dies  fœdus  visu  :  adeo  erat  fœdatus 
luto,  adeo  vulneribus  deformis  ut 
turpem  potius  belliiam  diceresquam 
hominem.  Post  biduum  cadaver  de- 
posituni  in  minuta  conciderunt 
frusta,  qUcC  dolio  pice  illito  inclusa 
subjectoigne  concremarunt,  sparsis 
in  Mosam  cineribus  :  brachia  ejus 
feruntur  affixa  poitis  civitalis  ;  re- 
servatur  caput  ut  ad  muros  è  pertica 
sublime  suspendalur. 

Hune  habuil  exitum  Robertus  de 
Renis  Comes  Wartusœus  (ô),morta- 
iium  miserrimus,  eo   raiserabilior 


de  l'entendre:  on  ignore  si,  le  crime 
commis,  il  purifia  chez  un  autre 
prêtre  sa  conscience  souillée.  L'on 
a  remarqué  qu'il  n'avait  jamais  été 
plus  assidu  à  l'Eglise  et  aux  exer- 
cices de  la  dévotion  que  les  jours  qui 
précédèrent  son  trépas.  11  resta  en- 
viron deux  jours  suspendu  à  la 
potence,  affreux  à  voir,  couvert  de 
boue,  défiguré  par  les  blessures, 
offrant  plutôt  l'aspect  d'un  animal 
immonde  que  d'un  homme.  Après 
ces  deux  jours,  le  cadavre  fut  haché 
en  morceaux,  qu'on  enferma  dans 
un  tonneau  enduit  de  poix  et  que 
l'on  consuma  dans  les  flammes  ;  les 
cendres  furent  jetées  dans  la  Meuse; 
les  bras,  dit-on,  ont  été  attachés 
aux  portes  de  la  ville  ;  et  l'on  a 
gardé  la  tête  pour  la  placer  sur  les 
murs  au  haut  d'un  pieu. 

Telle  fut  la  tin  de  Robert  de  Re- 
nesse  comte  de  Warfusée,le  plus  mi- 
sérable des  mortels,  d'autant  plus  à 


(  *  )  Le  Père  Dominicain  qui  venait  de  confesser  La  Ruelle,  voulait  sortir;  mais, 
raconle-t-il  lui-même,  «  le  dit  Comte  commence  à  s'escrier  après  le  dit  Père,  et  le 
tenant  par  sa  chappe,  disoit  qu'il  n'eust  à  sortir,  et  qu'il  se  vouloit  confesser,  à 
quoy  le  dit  Pero  a  respondu  qu'il  n'avoit  la  puissance,  tellement  que  le  dit  Comte 
dit  qu'il  se  consoUeroit,  mais  le  Père  n'escoulanl  à  tout  cela  se  porte  de  part  et 
d'autre  »  cherchant  à  quitter  la  maison  du  traître. 

(*)  «  Aussi  parut  il  la  sepmaine  saincte  promenant  par  les  Eglises,  tenant  son 
grand  chappelel,  faisant  bien  du  marmoteux  avec  un  maintien  de  Carmelin,  un  pas 
compassé  et  si  délicat,  qu'il  sembloit  fouler  sur  des  roses;  assidu  à  ouir  la  prédi- 
cation, mais  ne  faisant  profit  d'autre  partie  d'icelle,  que  de  l'histoire  de  la  trahison 
de  ludas,  qu'il  voulut  naïvement  représenter  en  l'assasinat  qu'il  desseignoil  au  iour 
de  la  Passion,  pour  le  mettre  à  chef  en  la  sepmaine  de  la  Résurrection.  »  (Hist.  trag.) 

{')  Le  pronom  du  Comte  est  René  et  non  Robert;  son  nom  de  famille  est  de 
Renesse 


416  — 


qiiod  olim  fuerit  felix.  Duni  ad  pris- 
tinam  anlieiarel  felicilalem,  eaque 
de  causa  ara icum  proderet,seipsiim, 
familiam  suam ,  suos  fere  omnes 
infausto  et  infami  exitu  perdidil. 

Post  Coraitis  necem  direptae  sunt 
œdes  ubi  habitabat  inlra  claustra  S. 
Joaniiis  iocatœ  a  Caiionico  Linter- 
raans  :  reliquiae  splendidissimi  ac 
regii  propemodum  convivii  absum- 
ptœ,  pretioso  supellex  ex  argento, 
aliisque  rébus  ablata,  denique  vin- 
dictse  ardor  quein  pectore  concepe- 
rant  emisit  in  flammas ,  nani  ne 
nionumentum  superesset  infaustœ 
csedis  domum  ipsam  in  qua  scelus 
patraïuni  est  incendio  confeslim 
absumpserunt.  Yidi  undanteni  fu- 
nium  ac  minaces  flammas  quse  mœs- 
tos  omnium  animos  majoribus  adhuc 
minisferiebant.  Initio  tumultusuna 
cum  Comité  interfecti  sunt  pêne 
omnes  ejus  famuli  aliique  nonnuUi 
vel  ejus  satellites  audariae  vel  con- 
vivii apparitores.  Feminis  peperce- 
runt;  è  mililibus  vix  unus  evasil  : 
more  militari  vitam  pacli  traditis  ar- 
mis,  fuernntlamen  a  populo  furente 
legis  armorum  nescio  perempti  (  i). 
Accepi  ab   oculato  teste,  qui  certo 


plaindre  qu'il  avait  été  autrefois 
heureux.  En  cherchant  à  récupérer 
son  bonheur  passé  par  la  trahison 
d'un  ami,  il  se  perdit  lui-même  avec 
sa  famille  et  tous  les  siens. 

Après  le  massacre  du  Comte,  on 
pilla  la  maison  qu'il  habitait  dans 
les  cloîtres  de  S.  Jean  et  qui  lui 
était  louée  par  le  chanoine  Linter- 
mans  :  les  restes  de  ce  festin  splen- 
dide  et  presque  royal  turent  con- 
sommés, l'argenterie  et  tout  le  ser- 
vice de  table  fut  enlevé  ;  enfin  sous 
l'empire  de  la  vengeance  qui  dévorait 
tous  les  cœurs,  on  livra  aux  flammes 
cette  demeure,  théâtre  du  crime, 
afin  qu'il  ne  restât  aucun  monument 
de  ce  meurtre  affreux.  J'ai  vu  les 
torrents  de  fumée  et  la  flamme  qui 
s'élevaient  du  bûcher  et  semblaient 
menacer  la  cité  désolée  de  désastres 
plus  affreux  encore.  Au  commence- 
ment des  désordres  on  tua  avec  le 
Comte  presque  tous  ses  serviteurs 
et  quelques  autres  personnes  ou 
complices  de  son  crime  ou  prépara- 
teurs du  banquet,  l.es  femmes 
furent  épargnées;  à  peine  un  seul 
des  soldats  put -il  s'échapper  :  on 
leur  avait  promis  la  vie  sauve  s'ils 


(  *  )  «  Tous  les  soldats  essuyèrent  la  mesme  vengeance,  qui  diversement,  et  en 
divers  endroits  sentirent  tous  la  fureur  du  peuple  :  et  n'en  eschapperent  que  deux, 
ù  ce  qu'on  peutscavoir  de  tiO.  ou  70.  qu'on  tient  qu'ils  estoient.  Quelques  serviteurs 
aussi  de  ce  malheureux  Maistre  passèrent  comme  les  autres  :  car  le  peuple  juste- 
ment irrité  de  cet  attentat  en  moustroit  un  tel  ressentiment,  qu'il  estoil  bien  dan- 
gereux de  tomber  entre  ses  mains.  >■  IHist.  trag., 


—  417  — 


affirmavit  se  eodem  vespere  nume- 
rasse  liinc  inde  sparsa  mortuorum 
cadavera  52.  Refert  quaedam  ex  iis 
jacuisse  semiusta  ,  alia  truncatis 
raembris,  omnia  nuda  vulneribus  ac 
cruore  fœda. 


Âderant  in  convivio  coniplures 
viri  Primarii,  inter  quos  eminebat 
Dns  Abbas  de  Mouson  Gallus,  D.de 
Sesaii,  ilem  Gallus,  aliquot  Cano- 
nici,  D"^  Marchant,  virmagni  nomi- 
nis  inter  Leodienses  advocatos  (i): 
ex  liis  raulli  se  proripuerunt  ex 
domo  antequam  tumultus  invalesce- 
ret.  D""  deMousôn  seullro  exhibait 
populo  et  captivum  constituit,  ab- 
ductus  est  in  donium  Civicani,  sed 
non  ita  niulto  post  liberatus;  eam 
laudera  omnes  tribuunt  illi,  quod 
tiliie  adolescentulae  Comilis  Warfu- 
saei  ereptae  sint  periculo  atque  a 
furore  populi  subductse,  ut  tuliores 
essenl  in  eundem  cum  ipso  suni 
carcerem  conjectœ,  easque,  ut  audio, 
postea  delinuit  domi  donec  ad  quod- 
dam  securum  cœnobiuin  transfer- 
rentur.   Nunc  suni  Trajeoti  ,   quo 


livraient  leurs  armes  ;  ils  furent 
pourtant  massacrés  par  la  foule  en 
furie  qui  ne  connaît  pas  de  lois 
militaires.  Un  témoin  oculaire  m'a 
affirmé  que  le  même  soir  il  a  compié 
52  cadavres  étendus  en  divers  lieux: 
les  uns  étaient  à  moitié  brûlés,  les 
autres  mutilés,  tous  nus  et  couverts 
de  blessures  et  de  sang. 

Plusieurs  personnages  de  dis- 
tinction assistaient  au  banquet;  l'on 
cite  l'abbé  de  Mouson ,  français, 
M.  de  Sesan,  de  même  nationalité, 
quelques  chanoines,  M.  Marchant, 
avocat  de  renom  à  Liège.  Un  bon 
nombre  des  convives  s'échappèrent 
de  la  maison  avant  que  le  tumulte 
ne  s'accriît.  M.  de  Mouson  alla  au 
devant  de  la  foule  et  se  constitua 
prisonnier,  il  fut  conduit  à  la  Maison 
de  ville,  mais  bientôt  après  délivré. 
C'est  à  lui  que  la  ville  entière  attribue 
l'honneur  d'avoir  soustrait  les  lilles 
de  Warfusée  à  la  fureur  du  peuple  ; 
pour  plus  de  siireté  on  leur  avait 
donné  la  même  prison  qu'à  leur  pro- 
tecteur. D'après  ce  que  j'apprends, 
l'abbé  de  Mouzon  leur  a  offert  en- 
suite l'hospitalité  de  sa  demeure, 
jusqu'à  ce  qu'elles  pussent  trouver 


!  *)  Voici,  d'après  les  différentes  relations  contemporaines,  les  noms  des  convives 
de  ce  banquet  :  le  Comte  et  ses  quatre  filles;  les  Chanoines  Lintermans,  Nyes  ou 
Nise,  Ernest  de  Kerckhera  (qu'une  relation  allemande  désigne,  je  crois,  sous  le  nom 
de  Fenckum);  le  chapelain  Gottir,  chantre  de  S.  Jean;  René-Louis  de  Ficquel 
monlz,  abbé  de  Rlouzon  ;  l'avocat  Jean  Marchant;  le  baron  de  Saizan.  sa  femme 
M""*  d'Otrenge  (ou  d'Otrainge>  et  leur  fils. 


—  418  — 


tribus  Eqiiitum  lurmis  submissis 
Dux  BuUionius  eas  humanissime 
invitavit  ut  ab  omni  pericuio  essent 
remoiiores  (i). 


Hœ  piinuï!  vesperœ  iuctiiosae  ce- 
lebritatis,  quam  liic  Leodii  conse- 
quenlium  saeculorum  memoria  seni- 
per  A|iriii  raense  agitabit. 

Postero  die  tenuit  tempestas,  nec 
silentio  noctis,  nec  somni  quiele 
sopita.  Iterum  mane  frequens  con- 
veiiit  turba,  et  nescio  quo  rapta 
consilio,  nescio  quo  ductu  agitata 
peliit  minabunda  Palrum  nostrorura 
Leodiensium  Collegium  ;  ciim  ja- 
nuam  Coliegii  reperissent  obclusam 
inipetu  feruntur  in  sacram  aedem. 
Obvium  iraprimis  habent  Patrem 
Ministrum  ad  pilam  marmoream 
aquie  lustralis,  exeunteni  jussu  Pa- 
tris  Rectoris  ut  curaret  Coliegii 
januam  aperiri  ei  moderaretur  po- 
pulum  irrunipentem,  aggrediunlur 
Patrem, cumque  deessenL  longiores 
capilli,  arreptiini  auribus  ac  naso 
extrahuni  e  lemplo,  tradunt  in  por- 
licum  qua;  aream  Scholarum  respi- 
oit  :  ibi  variis  eum  ictibus  feriunt, 
collimant  bombardis  ,  ac  sœpius 
ejaculantur   tanquam   in   scopum  , 


un  refuge  dans  quelque  couvent. 
Elles  sont  actuellement  à  Maestrichî, 
d'où  le  duc  de  Bouillon  avait  envoyé 
trois  compagnies  de  cavalerie  pour 
les  inviter  à  venir  dans  cette  ville  et 
les  éloigner  ainsi  de  tout  danger. 

Voilà  comment  se  passèrent  les 
premières  vêpres  de  ce  lugubre 
événement  que  dorénavant  le  mois 
d'avril  viendra  toujours  rappeler 
aux  Liégeois. 

Le  lendemain,  la  tempête  continua 
sans  que  le  silence  ou  le  repos  de  la 
nuit  eût  pu  la  calmer.  Dès  le  matin, 
une  foule  compacte,  et,  je  ne  sais 
sous  quelles  menées  ou  sous  quel 
chef,  se  dirigea  menaçante  vers 
le  Collège  de  nos  Pères  de  Liège  ; 
trouvant  la  porte  du  Collège  fermée, 
elle  se  précipita  dans  l'église.  Près 
du  bénitier  elle  rencontre  le  Père 
Ministre,  qui,  sur  l'ordre  du  Père 
Recteur,  sortait  pour  faire  ouvrir  la 
porte  du  Collège  et  calmer  le  peuple: 
les  mutins  s'emparant  du  Père , 
rarraclienl  de  l'église  par  les  oreilles 
et  le  nez,  parce  que  ses  cheveux  ras 
ne  prêtaient  pas  prise  à  la  main,  et 
le  traînent  sous  le  porche  qui  donne 
dans  la  cour  des  élèves  :  là  ils  lui 
portent  plusieurs  coups;  ils  le  visent 
plusieurs  fois  de  leurs  arquebuses 
qu'ils  déchargent  sur  lui  comme  sur 


(*)  Une  iellrede  Maesiricht  (t8avr.  1637)  dit  «  Notre  cavalerie  est  partie  pour 
Ik-bas  afin  d'amener  le  bon  abbé  (de  Mouzon)  »  ;  il  est  probable  que  les  filles  du 
Comte  ont  accompagné  l'abbé. 


419 


cum  non  caderet  inimunem  excla- 
mant esse  a  vulnere  raagicis  carmi- 
nibus  :  tum  sponte  cecidit,  ut  alios 
evitaret  ictus,  cadenti  non  parcunt. 
Unus  enim  audacior  cseteris  jam 
dirigebat  sclopum  in  ejus  pectus 
certo  ictu,  et  cor  transflxisset  nisi 
Pater  aniraadverso  periculo  celeriter 
verlisset  se,  ac  globum  venientcm 
accepisset  in  crure  ;  alius  eum  co- 
natus  est  transverberare  hastâ,  sed 
Pater  ictum  avertit  brachio  dextro, 
quod  levi  inde  plaga  perstrictum 
est.  Septem  in  universum  accepit 
vulnera,  quorum  nullum,  uti  spera- 
mus,  est  lethale.  Incolumitalem  ejus 
tribuunt  omnes  speciali  graliœ  B. 
Virginis,  cui  in  medio  periculo  se 
voto  obstrinxit. 

Intérim  alii  haud  minori  conten- 
lione  tumultuantur  in  templo,  quo 
aliquot  ex  Patribus  confugerant. 
[nter  cœteros  Pater  delBeckconcio- 
nator  in  S^'  Lamberti  plebem  rogat 
quid  vellent,  parcerent  innocentum 
vitae,  se  nihil  unquam  in  Consules, 
nihil  in  civitatem  molitos  esse;  si 
(juid  pelèrent  se  ad  prœstandum 
paratos;  exclamant  eos  prodilores 
esse  et  ex  civitate  extrudendos  :  nec 
mora,  exœde  sacra,  et  ex  Collegio 
ejiciuntnr  complures,  nonnnlli  e\ 
eis  logati  et  cum  crepidis.  Paier  del 
Beck  una  cum  aliis  expellitur  ex 
urbe  amicissima,  cui  per  tôt  annos 
salutaria  salutis  dogmata  concio- 
nando  impertierat. 


un  but;  ne  le  voyant  pas  clianceler, 
ils  s'écrient  que  des  enchantements 
magiques  l'ont  rendu  invulnérable  : 
le  Père  se  laisse  tomber  pour  éviter 
de  nouveaux  coups  ;  on  ne  l'en 
épargne  pas  plus.  Un  des  plus  au- 
dacieux dirige  son  arquebuse  vers 
sa  poitrine  et  allait  le  tuer  à  bout 
portant,  si  le  Père  remarquant  le 
danger  ne  se  fût  promptement  tour- 
né: il  reçut  la  balle  dans  la  jambe. 
Un  second  essaie  de  le  percer  de  sa 
lance  ;  l'infortuné  pare  le  coup  du 
bras  droit  qui  fut  légèrement  blessé. 
Il  reçut  en  tout  sept  blessures,  dont 
aucune,  espérons-nous,  n'est  mor- 
telle. On  attribue  son  salut  à  une 
protection  spéciale  delà  Ste-Vierge, 
à  qui  dans  le  danger  il  a  fait  un  vœu. 
Cependant  la  sédition  sévissait 
avec  non  moins  de  violence  dans 
l'église  où  s'étaient  réfugiés  quel- 
ques uns  de  nos  Pères.  Le  Père  del 
Beck ,  prédicateur  à  St-Lambert, 
demande  à  la  foule  ce  qu'elle  veut  ; 
il  la  prie  d'épargner  des  personnes 
innocentes  qui  jamais  n'ont  rien  fait 
contre  les  Consuls  ou  contre  la  Cité: 
ils  étaient  disposés,  disait-il,  à  ac- 
corder ce  qu'on  exigerait  d'eux.  On 
lui  répondit  qu'ils  étaient  des  traîtres 
et  qu'ils  devaient  être  chassés  de  la 
ville;  sans  plus  tarder,  on  expulse 
de  l'église  et  du  collège  plusieurs 
Pères  sans  manteau  et  en  pantoufles. 
Le  Père  del  Beck  avec  les  autres 
est  banni  d'une  ville  qui  lui  était 


—  420 


Cura  nullo  immitius  aclum  est 
qiiam  cum  Pâtre  Rectore  (i)  quem 
Cûllegium  ingrcssi  repererunt  in 
ambiilacro  ante  sacellum  sacrario 
proximum.  Qnod  nonnulli  concepr- 
raiil  odium  adversus  illum  a  longo 
lempore  jani  magna  ferocilate  evo- 
mnnt.  Dejiciunt  in  terram,Yei'berant, 
multis  plagis  pioscindunt,  pvieter 
rt'liqua  uniim  accepit  mortiferum 
Milnus  in  ventre,  !ato  pugione  in- 
tlictum,  ex  quo  sequento  die  summo 
nostrorum  luctu  interiil.  Id  nobis 
eonsolalioni  est  quod  dicant  ceito 
constare  fuisse  hœreticiin!  qui  Palri 
lelhalem  ictum  impcgerit.  Panini 
abfiiit  quin  duriore  adhuc  eonsilio 
ipse  saucius  ac  semivivn?  simulqiu- 
Pater  Minister  raperentur  ad  forum, 
el  tanquam  infâmes  juxta  Comitem 
Warfusœum  suspenderenlur.  Ad 
Patres  ab  hoc  opprobrio  eximendos 
nuillum  coiîlulit  probus  sutor,  cujus 
filius  famulalur  in  Cnllegio  nostro. 
Isaegre  tandem  elfecit,  ut  aduce- 
rentur  in  vicinam  domum,  nbi  eo 


bien  chère,  où  il  avait  pendant  tant 
d'années  prêché  les  salutaires  ensei- 
gnements de  la  religion. 

Nul  ne  fut  traité  plus  inhumaine- 
ment que  le  Père  Recteur,  qu'ils 
trouvèrent  à  l'intérieur  du  Collège, 
dans  le  corridor  de  la  chapelle  atte- 
nante à  la  sacristie.  Tout  ce  que 
quelques-uns  avaient  depuis  long- 
temi)s  de  haine  contre  lui,  ils  le 
vomissent  avec  la  dernière  férocité. 
Ils  le  renversent,  le  battent,  le  dé- 
chirent de  coups  ;  un  large  poignard 
lui  ouvre  les  entrailles,  et  il  suc- 
combe à  sa  blessure,  le  lendemain, 
au  milieu  des  pleurs  de  la  commu- 
nauté. Ce  nous  est  une  consolation 
d'avoir  appris  d'une  source ceitaine, 
à  ce  qu'il  semble,  que  le  coup  mortel 
lui  a  été  porté  par  un  hérétique.  Peu 
s'en  fallût  que,  par  un  dessein  plus 
horrible  encore,  le  Père  blessé,  à 
demi-mort,  ne  fût ,  avec  le  Père 
Ministre,  traîné  au  marché  et  tous 
deux  pendus  comme  de  vils  crimi- 
nels à  côté  du  Comte  de  Warfusée. 
Un  honnête  cordonnier  dont  le  tils 
sert  comme  domestique  au  Collège, 
contribua  beaucoup  à  épargner  aux 


(')  Dewez,  dans  son  W/s/.  du  pays  de  Liège,  dit  que  le  Itectcur  s'appelait 
d'Antine.  Le  P.  Mois  d'Antliine  était  Liégeois  de  naissance  ;  il  entra  dans  la  Com- 
pagnie à  Tournai  en  1608.  Nous  le  trouvons  comme  recteur  à  Dinant  de  t627  à 
1 630. 

F^e  P.  Antoine  Delebecquo,  dont  il  est  parlé  plus  loin,  est  né  à  Tournai  en  to8l2, 
entré  au  noviciat  de  cette  ville  le  26  oct.  1602.  Son  nom  se  retrouve  parmi  les 
l'cres  du  Collège  de  Tournai,  en  160!^,  mais  il  ne  parait  plus  en  1664:  ce  qui 
permet  de  lixcr  la  date  de  sa  mort  à  l'année  t66H. 


—  421  - 


die  curali  sunt.  Très  alii  magnis 
clamoribus  abducti  sunt  in  publicum 
carcerem  ;  verura  postea  jussu  Con- 
sulum  dimissi;  in  Collegio  haeserunt 
multi  ex  plèbe  nemine  resistente, 
per  totam  domuni  vagati,  culinani, 
triclinium  et  plura  cubicula  Rectoris 
prseserlim  ac  Ministri  spoliaruiit  : 
susque  deque  verterunt  omnia, plura 
damna  intulissent,  nisi  quidam  inier 
eos  aulhoritate  pollens  obstetisset. 


Jaciuramomneni  asserunt  excede- 
1  e  4000  floreuoi'um.  Permiserunt  in 
Collegio  permanpre  Patrem  Bos- 
mannum  et  duos  Coadjuîores  qui 
anno  praeîerito  ad  inserviendum 
peste  infeclis  vitam  exposuerunt. 

Caeteri)sfereomnes  quotquot  sunt 
inventi  tum  coegernnt  migraie.  Ali- 
qui  jam  reversi  sunt,  speramus  brevi 
rébus  pacatioribus  caeleros  reditu- 
ros  ;  major  enim  civitatis  pars,  ma- 
gislratus  prœsertim ,  Ecclee-iaslici 
ac  cives  opulentiores,  tum  (idem 
orthodùxam  obnixe  coluiit,  lum  So- 
cietatem  nostram  etalios  Religiosos 
ordines  venerantur. 


Agebantur  ha'(^  omnia  inferius(i'), 

I  '  )  La  position  élovée  du  Collège  angla 
P.  Couriney  désigne  le  Collège  wallon. 


Pères  cet  infâme  traitement  :  il  obtint 
à  grande  peine  de  les  conduire  dans 
une  maison  voisine,  où  l'on  prit  soin 
d'eux  ce  jour-là.Trois  autres  furent 
au  milieu  des  huées,  conduits  à  la 
prison  publique  ;  mais  ensuite  les 
Consuls  les  firent  relâcher.  Bon 
nombre  de  séditieux  restèrent  au 
Collège  sans  qiie  personne  ne  les 
troublât  :  ils  parcoururent  toute  la 
maison,  la  cuisine,  le  réfectoire  et 
plusieurs  chambres,  surtout  celles 
du  Recteur  et  du  Ministre;  ils  bou- 
leversèrent tout  et  auraient  causé 
des  dommages  considérables ,  si 
l'un  des  plus  influents  ne  s'y  fût  op- 
posé. 

Les  pertes  s'évaluent  à  plus  de 
-iOOO  florins.  On  permit  au  Père 
Bosman  et  à  deux  coadjuteurs,  qui 
avaient  l'année  précédente  exposé 
leur  vie  au  service  des  pftstiférés,de 
rester  au  Collège. 

Mais  presque  tous  les  autres 
qu'ils  purent  découvrir  furent  chas- 
sés. Quelques-uns  sont  déjà  rentrés; 
et  nous  espérons  que,  l'étal  des  es- 
prits se  calmant,  les  autres  revien- 
dront bientôt;  car  la  plus  grande 
partie  de  la  cité,  les  magistrats  sur- 
tout, les  Ecclésiastiques  et  les  habi- 
tants les  plus  influents  sont  très- 
attachés  à  la  vraie  foi  et  ont  de  la 
vénératio:;  pour  notre  Société  et  les 
autres  ordres  religieux. 

Tout  ceci  se  passait  dans  le  bas 
is  explique  le  mol  inferius  par  lequel  le 


—  4"2-2 


iiobis  insciis  (loiiec  trepidus  acciir- 
rerit  imiiciiis  populum  debacchaii- 
lem  <lireplo  ac  relicto  Collegio  ad 
DOS  festinare;  niintium  fere  prœivit 
lumullus  utvix  spalium  suppeteret 
nos  in  templum  recipiendi,  unde- 
qiia(iue  Collegium  nosirum  obsideni 
armati,  omnes  aditiis  occupant , 
magnis  instant  clamoribiis  ut  pan- 
dalur  janua,  se  alioquin  vim  illatu- 
ros. 


Yicini  nostri  honestissimi  cives 
et  in  nos  benevoii  antequam  illi 
tumulluosi  nosirum  ascenderent 
colIem,eos  conati  erant  detrahereet 
demulcere. 

Prœsertim  egregiani  nobis  praes- 
titit  operani  D'"*  Dans,  qui  cum 
videret  averti  non  posse,  comilatus 
est  ut  si  quâ  posset  ope  succur- 
reret.  Eo  comité  facti  sunt  mitiores, 
ac  promiserunt  neminem  ex  nostris 
quidquam  damni  passurum,  se  tan- 
tum  nobis  arma  erepturos. 

Pater  Rector  descendit  ad  jaimam, 
et  vociférantes  intromitli  jubet  opti- 
mo  consilio.Nam  si  obsislere  voluis- 
semus  et  nos  ad  defensionem  accin- 
gere,  periissemusad  unum  omnes; 
poscuntarma  nostra,  ni  statim  tra- 
danlur  minas  adjiciunt.  Ducunturad 
(îubiculum  Patris  Procuratoris,  ubi 
12  jacebant  minores  bombarda',nec 


de  la  ville  à  notre  insu,  (|uand  un 
courrier  tout  tremblant  vient  nous 
annoncer  que  la  populace  ameutée, 
après  avoir  achevé  de  saccager  le 
Collège,  se  précipitait  vers  notre 
domicile.  Les  mutins  devancèrent 
presque  le  courrier  ;  nous  eûmes  ;i 
peine  le  temps  de  nous  retiier  dans 
l'é'glise  ;  la  foule  armée  assiégeait  de 
tous  côtés  notre  Collège,  elle  gardait 
toutes  les  issues,  et  demandait  à 
grands  cris  que  la  porte  leur  fût  ou- 
verte, si  l'on  ne  voulait  pas  les  voir 
recourir  à  la  force. 

Nos  voisins  ,  citoyens  honora- 
bles, très-bienveillants  envers  nous, 
s'étaient  efforcés  de  détourner  et 
d'adoucir  la  foule  avant  qu'elle  ne 
montât  en  désordre  la  colline  où  se 
trouve  notre  Collège. 

Nous  devons  une  reconnaissance 
spéciale  à  M.  Dans  :  voyant  qu'il  ne 
pouvait  arrêter  le  peuple,  il  l'ac- 
compagna à  dessein  de  nous  prêter 
tout  secours  possible  ;  sa  parole 
calma  les  émeutiers  :  ils  promirent 
de  ne  nuire  à  aucun  des  nôtres, mais 
de  nous  enlever  seulement  nos  armes . 
Le  Père  Recteur  descendit  ;i  la 
porte  et  heureusement  il  ordonne 
d'ouvrir  en  entendant  leurs  cris  : 
si  nous  avions  voulu  résister  et  faire 
mine  de  nous  défendre,  tous  .jus- 
qu'au dernier  nous  aurions  été  mas- 
sacrés. Ils  réclament  nos  armes,  et 
nous  menacent  si  nous  ne  les  livrons 
pas  sur-le-champ.  On  les  conduit  à 


423  — 


plura  arma  habebamus  domi.  Quo- 
niani  vero  ostium  cubiculi  inveniunt 
clausum,  nec  aderat  clavis,  fremere 
iiicipiunf ,  Pater  Rector  jubet  fores 
effringere  ;  quod  momento  faciunt , 
et  cubiculumingressieripiuntarma, 
cœtera  relinquuni  intacta.  Miracu- 
liim  est  eos  antea  tanta  incilatos  ira, 
et  fralrum  nostrorum  sanguine  in- 
calescentes  ,  non  aliud  inlulisse 
damnum,  non  ulterius  perscrutatos 
donium,  ne  unum  quidem  Isesisse, 
aut  leviter  percussisse  :  miré  eos 
conciliavit  comitas,  et  constantia 
nostrorum.  Ad  bibendum  invitati 
ipsimet  niirati  sunt  potare  se  et 
farailiarius  agere  inter  eos  quos  eo 
die  destinnrant  durius  accipere. 


Certo  a<;cepimus  cum  essent  in 
altero  Collegio  eos  atroces  in  nos 
jactasse  minas,  exteros  nos  esse  et 
perduelles,  eamque  machinari  pro- 
ditionem  in  urbeni  quam  niolili  fue- 
ramus  in  Patriam.  Ea  adhuc  vox 
auditur  interdum  per  urbem,  nec 
procellani  omnino  evasimus.  Utinani 
essemus  in  porta  !  Deus  uti  spero 
protegetservossuos  eo  providenti.T 
clypeo  quo  hactenus  protexit. 


la  chambre  du  Père  Procureur  où  se 
trouvaient  12  petites  arquebuses  : 
nous  n'avions  pas  d'autres  armes.  La 
porte  de  la  chambre  était  fermée,  et 
l'on  ne  trouvait  pas  la  clef  :  la  foule 
se  met  à  murmurer  ;  le  Père  Recteur 
ordonne  de  forcer  la  porte  :  ce  fut 
l'affaire  d'un  moment  ;  on  entre,  on 
enlève  les  armes  laissant  intact  tout 
le  reste.  C'est  un  prodige  vraiment 
que  ces  hommes  peu  auparavant  si 
furieux  contre  nous,  excités,  comme 
ils  l'étaient,  par  le  sang  de  nos 
frères  qu'ils  venaient  de  répandre, 
n'aient  pas  causé  d'autre  dommage, 
n'aient  pas  même  poursuivi  leurs 
recherches  et  se  soient  retirés  sans 
avoir  blessé  ou  frappé  même  légè- 
rement l'un  d'entre  nous;  la  douceur 
et  la  fermeté  des  nôtres  les  a  singu- 
lièrement captivés.  Invités  à  boire, 
ils  étaient  eux-mêmes  étonnés  de  se 
voir  si  familiers  avec  des  hommes 
qu'ils  étaient  résolus,  il  y  a  quelques 
moments,  de  traiter  avec  la  dernière 
dureté. 

L'on  nous  a  certifié  que  dans 
l'autre  Collège  ils  avaient  proféré 
contre  nous  d'horribles  menaces , 
disant  que  nous  étions  des  étrangers 
et  des  criminels  d'Etat,  el  que  nous 
ourdissions  contre  la  ville  le  même 
complot  que  nous  avions  formé 
contre  notre  patrie.  Maintenant  en- 
core on  entend  répéter  dans  la  ville 
cette  accusation.  INous  n'avons  pas 
encore  échappé  à  tout  orage  :  puis- 


_  424  — 


Non  vacalaccuralius  pliira  recen- 
sere  quae  eodem  die  ac  seqiientibus 
coniigerunt;  plures  mactarunt  ac 
suspenderunt  in  foro  variarum  con- 
spirationum  suspectes.  Priorem  Pa- 
trem  Discalceatorum  conjecerunt  in 
carcerem  (i),  domos  nonnuUas   et 


sions-nous  surgir  au  port  !  Dieu,  je 
l'espère,  couvrira  ses  serviteurs  du 
bouclier  de  sa  Providence,  comme 
il  n'a  cessé  de  le  faire. 

Je  n'ai  pas  le  temps  de  vous 
raconter  plus  en  détail  ce  qui  s'est 
passé  ce  jour-là  et  les  suivants. 
Plusieurs  personnes,  soupçonnées 
de  différentes  conspirations,  ont  été 
égorgées  et  pendues  sur  la  place  du 
Marché;  le  Prieur  des  Carmes  dé- 


(*)  Le  bruit  courait  que  les  Carmes  avaient  connu  le  projet  d'assassiner  La 
Ruelle  :  à  l'appui,  on  alléguait  certaines  pièces  trouvées  «  dans  le  pourpoint  du 
comte  Warfusée.  »  Il  y  en  a  trois  principales  :  i"  le  serment  (31  mars  -1634)  du  P. 
Henri  de  la  Ste-Trinité,  alors  prieur  des  Carmes;  2»  la  promesse  du  marquis 
d'Aytona,  ambassadeur  et  gouverneur  des  armées  du  Roi  (9  janvier  1634)  ;  3"  le 
serment  du  P.  Alexandre  de  Jésus,  prieur  des  Carmes  (1  avril  1635).  Voici,  briève- 
ment, quelques  observations  qui  me  portent  à  croire  à  la  complète  innocence  des 
religieux  : 

D'abord  ces  documents  sont-ils  authentiques  ?  On  les  a  trouvés  dans  le  pourpoint 
du  comte  de  Warfusée  ;  ce  n'est  pas  une  garantie  :  de  ce  même  pourpoint  sont 
sorties  les  fausses  pièces  par  lesquelles  il  prétendait  prouver  la  culpabilité  de  La 
Ruelle.  Le  comte  n'en  était  donc  pas  à  son  coup  d'essai. 

Ensuite,  par  leur  contenu  ou  leur  date,  ils  semblent  plutôt  se  rapporter  à  autre 
chose.  La  première  est  le  secret  juré  par  le  P.  Henri  de  la  Trinité  :  j'y  remarque 
qu'il  ne  s'oblige  au  secret  que  pour  un  temps.  Est-il  probable  dès  lors  qu'il  s'agisse 
d'un  attentat  à  la  vie  de  La  Ruelle,  ou  d'un  projet  dont  le  Carme  avait  à  rougir  ? 
L'intérêt  de  celui  qui  prend  une  part  quelconque  à  un  crime  demanderait  plutôt 
qu'il  s'engage  à  un  secret  absolu.  Du  reste,  en  de  pareilles  matières,  comment 
expliquer  un  serment  si  compromettant  livré  par  écrit? 

Dans  la  seconde  pièce,  le  marquis  d'Aytona  promet  d'obtenir  le  pardon  du  comte, 
si  celui-ci  lient  les  promesses  faites  en  son  nom  par  le  P.  Prieur  des  Carmes.  Je 
suis  porté  à  croire  que  le  secret  juré  par  le  P.  Henri  de  la  Trinité  poriait  sur  ces 
promesses.  A  première  vue  les  dates  semblent  s'opposer  à  mon  interprétation  ; 
mais  à  la  date  du  31  mars  le  P.  Carme  ne  fait,  dit-il,  que  réitérer  son  serment. 

Le  troisième  document  est  celui  dont  on  parle  davantage  :  le  P.  Alexandre  fait 
serment  de  ne  révéler  à  personne,  si  ce  n'est  au  P.  Hilairc,  Vicaire  Provincial  de 
son  ordre,  au  marquis  d'Aytona  et  au  président  Rose  (avec  le  consentement  du 
Comte)  rien  de  ce  que  le  Comte  veut  lui  déclarer  ce  malin  (1  avril  163S)  «  et 
pour  lequel  sujet,  ajoute  t- il,  je  doy  partir  ce  jourd'hny  vers  Bruxelles.  » 

«  Quel  rapport,  demande  M.   de  Gerlache,  cette  déclaration  faite  deux  années 


425 


ipsius  Consulis  Massilionii  spolia- 
runt  ;  effigiem  Praetoris  Roscii 
elapsi  ex  vinculis  appenderunt juxta 
Comitem  Warfusseum,  CeperuntAd- 
vocatum  Jiarchant,  qiieni  antea  nie- 
mini  iiUerfuisse  ferali  convivio  ; 
tanquam  sceleris  consciuni  haud 
longa  habita  quaestione  coiidemnant; 
raptaiit  ad  forum  brevi  dato  confi- 
lendi  spalio,  pluribus  transfodiunt 
iclibus  bonibardorum,  lune  e  pati- 
bulo  suspendunt.  Nullus  erat  Leodii 
perilior  leguni  ,  nullus  moribus 
magis  festivis  et  urbanis;  infelix 
quod  infaustam  coluissel  amicitlara 
cum  Comité  Warfusseo,  cap.teroquin 


chaussés  a  été  jeté  en  prison  ;  quel- 
ques maisons,  celle  du  consul  Mas- 
silion  lui-même,  ont  été  pillées;  on 
a  pendu  en  effigie  à  côté  du  Comte 
de  Warfusée  le  Préteur  Roscius  qui 
s'était  échappé  de  prison.  L'avocat 
Marchant  qui  avait  assisté,  comme 
je  l'ai  dit,  au  lugubre  banquet,  a  été 
condamné  sans  grande  formalité 
comme  étant  au  fait  du  crime:  traîné 
au  marché,  a|)rès  quelques  moments 
accordés  pour  se  confesser,  il  a  été 
frappé  de  plusieurs  coups  d'arque- 
buse, puis  suspendu  à  la  potence.  Il 
n'y  avait  pas  à  Liège  d'homme  plus 
instruit  dans  les  lois,  de  manières 


avant  l'éxecution  du  complot,  avait-elle  avec  l'assassinat  de  La  Ruelle?  C'est  ce 
qu'on  n'a  jamais  su.  »  Je  demanderai  à  mon  tour,  comme  le  rapprochement  des 
dates  m'y  pousse  tout  naturellement,  s'il  n'y  a  aucun  rapport  entre  cette  déclaration 
et  le  passage  suivant  de  la  lettre  envoyée  par  le  Prince-Evêque  (il  mai  1637)  à 
■<  son  grand  mayeur  et  Régiment  de  sa  cité  de  Liège.  »  Il  les  pousse  à  une  enquête 
sérieuse  sur  le  meurtre  de  La  Ruelle  et  ses  circonstances.  Pour  leur  direction,  il 
fait  part  d'une  révélation  de  Warfusée  :  le  Comte  a  dévoilé  à  l'Evoque  l'existence 
d'un  complot  tramé,  le  1  mars  t63o,  contre  l'Evêché  et  la  Principauté  de  Liège  :  il 
s'en  avouait  le  complice  avec  La  Ruelle  et  offrait  d'en  livrer  l'original,  si  l'Evêque 
lui  promettait  son  pardon  et  son  intercession  auprès  du  Roi  et  de  l'Empereur. 
Commelc  Prince  lardait  de  lui  répondre  «  .jusques  à  ce  qu'il  (Warfusée)  nous  eust  fait 
tenir  ledit  originel,  est  arrivé  du  depuis  qu'il  nous  a  fait  scavoir....  queledit  originel 
estoit  entre  ses  mains,  et  l'avoir  et  monstre  et  fait  reconnoistre  à  personnes  dignes 
de  foy,  lesquelles  nous  en  donneraient  toute  asseurance.   » 

En  présence  des  deux  dates,  celle  du  complot,  1  mars  16oo,  et  celle  du  serment 
fait  par  le  P  Alexandre,  1  avril  t635,  je  trouve  plus  naturel  de  penser  que  le  Carme 
était  une  des  personnes  dignes  de  foi  à  qui  le  Comte  avait  fait  connaître  le  complot 
vrai  ou  fictif. 

.le  trouve  une  nouvelle  présomption  favorable  au  P.  Alexandre  dans  le  fait  qu'il 
fut  jeté  en  prison  et  qu'il  en  est  sorti,  fait  inexplicable  en  admettant  le  moindre 
fondement  aux  soupçons  qui  lui  avaient  valu  son  emprisonnement  :  car  en  ces  jours 
d'etVervescence,  il  ne  fallait  aux  Liégeois,  dit  Foulon,  ni  juges,  ni  bourreaux,  ni 
polenGC  :  un  soupçon  était  une  preuve.  On  n'a  donc  rion  pu  prouver  contre  le  P. 
Alexandre,  puisqu'on  lui  a  ouvert  les  portes  de  la  prison. 


—  426 


habitus  semper  summo  apud  omnes 
honore. 


Deus  Optimus  Maximus  pro  sua 
bonitate  a  nobis  et  ab  urbe  iota 
malum  averlal.  Ignoscas  si  aliqui 
incurrant  errores,  revidere  non  po- 
tui  pr?e  inopia  temporis. 


plus  agréables,  plus  polies  ;  malheu- 
reux dans  la  funeste  amitié  qu'il 
entretenait  avec  le  Comte  de  War- 
fusée,  il  n'en  est  pas  moins  univer- 
sellement estimé. 

Que  Dieu  veuille  dans  sa  bonté 
détourner  tout  mal  de  nous  et  de 
toute  la  ville.  Pardonnez-moi  si 
quelques  fautes  se  sont  glissées 
dans  ma  lettre  :  le  manque  de  temps 
m'empêche  de  la  revoir. 


Vale,  24  april.  1657. 
R.V. 


Adieu.  24  avril  1637. 
deV.  R. 


Servus  in  X*" 

EdV ARDUS  COURTNEY. 


Le  serviteur  in  X*" 
Edouard    Courtney. 


A  Messieurs  les  ineiires  de  l'Institut  arcliéoloope  liépois. 


Lorsque  j'eus  l'honneur  d'assister,  en  1874,  en  qualité  de 
délégué  du  Gouvernement  Belge,  au  congrès  des  sciences 
d'anthropologie  et  d'archéologie  préhistoriques  qui  se  tenait 
cette  année  à  Stockhohîi,  je  fis,  entre  autres,  la  connaissance 
du  D""  Wiberg,  professeur  au  lycée  de  Gèfle.  Cet  aimable  savant 
n'eut  pas  plutôt  connu  mes  relations  avec  Liège,  qu'il  me  parla 
avec  enthousiasme  de  ce  Liégeois  illustre  qui,  au  commence- 
ment du  XVIP  siècle,  alla  s'établir  en  Suède,  implanta  dans  ce 
pays  une  colonie  d'ouvriers  wallons,  et  porta  en  peu  d'années 
l'industrie  du  fer  à  un  haut  degré  de  splendeur;  de  ce  Liégeois 
qui,  pendant  la  guerre  de  Trente  ans,  équipa  à  lui  seul  une 
flotte  et  donna  aux  Suédois  l'empire  de  la  mer  Baltique; 
de  ce  Liégeois  enfin,  qui  fut  tout  à  la  fois  financier,  commer- 
çant, industriel,  homme  d'état,  homme  de  guerre, philanthrope, 
dont  les  arrière  petits-fils  furent  admis  dans  la  noblesse  Sué- 
doise avec  le  titre  de  barons  ('  ),  et  dont  un  descendant  occupe 
aujourd'hui  la  plus  haute  dignité  à  laquelle  il  soit  donné  à  un 
Suédois  de  parvenir  :  celle  de  ministre  d'Etat  de  la  justice.  Je 
veux  parler  de  Louis  De  Geer. 

La  personnaUté  de  cet  homme  éminent  n'est  pas  toul-à-fait 


(')  Louis  de  Geer  lui-même  fut  reçu  dans  la  noblesse  Suédoise,  mais  sans  titre. 
Après  la  conquête  de  la  Finlande  par  les  Russes  (1808-1809),  la  noblesse  finnoise 
fut  séparée  de  celle  de  la  Suède.  Ce  n'est  que  depuis  cette  époque  que  l'on  trouve 
des  comtes  De  Geer,  un  en  Suéde  et  plusieurs  en  Finlande. 


428 


ignorée  en  Belgique  ;  mais  ce  que  l'on  connaît  moins,  c'est  la 
colonisation  wallonne  dont  il  tut  le  promoteur.  M.  Wiberg 
me  donna  sur  ce  point  des  détails  qui  me  parurent  assez  curieux 
pour  l'engager  à  en  faire  l'objet  d'une  notice.  H  me  le  promit, 
et  dès  ce  moment  j'étais  décidé  à  faire  profiter  de  cette  bonne 
fortune  Vlnstitut  archéologique  liégeois. 

Après  plus  d'un  an  d'attente  ,  je  pensais  que  l'honorable 
professeur  avaitperdu  son  projet  de  vue,  lorsque, dernièrement, 
je  reçus  de  lui  un  mémoire  complet,  accompagné  d'une  liste  de 
328  noms  d'origine  wallonne,  et  de  deux  cartes  représentant 
les  mines  et  usines  de  fer  exploitées  en  Suède  par  des  ouvriers 
liégeois. 

Malgré  son  peu  d'étendue,  ce  travail  a  coûté  à  son  auteur  de 
patientes  études  et  des  recherches  laborieuses  dans  les  archives 
de  son  pays.  Il  n'a  rien  épargné  (')  pour  le  rendre  aussi  exact 
que  possible,  et  nous  devons  savoir  gré,  ce  me  semble,  à 
l'honorable  savant,  d'avoir  consacré  ses  vacances  et  ses  veilles 
h  l'élucidation  d'un  problème  qui  se  rattache  aussi  intimement 
à  l'histoire  de  la  Belgique. 

Sans  parler  des  écrivains  Suédois  (-)  qui  se  sont  occupés  en 
passant  de  Louis  De  Geer,  ce  personnage  a  fait  l'objet  de  plu- 
sieurs notices  spéciales ,  notamment  : 

'!•  BuREN,  Areminne  ôfver  L.  de  Geer,  Linkôping,  1790,  in -8, 
portrait. 

2°  LuDovicus  DE  Geer,  Commeiitarii  de  génie  de  Geeriana, 
Holmiœ,  1816,  in-8. 

3'^  Frans  MicHAËL  Franzen,  Aminnelse-Tal  ôfver  L.  de  Geer. 
Discours  prononcé  le  20  décembre  1829  à  l'Académie  suédoise, 
par  le  secrétaire  Franzén,  h  l'occasion  de  la  distribution  solen- 

(')  Afin  (le  ne  négliger  aucune  source  de  renseignements,  M.  Wiberg  a  fait  plu- 
sieurs voyages  a  Finspong  et  à  Stockholm,  soit  pour  consulter  les  archives,  soit 
pour  recueillir  îles  traditions  orales. 

(*)  ISotaniment  Hamillngar,  Rôrmide  skuuUmariens  histona,  Stockholm,  'l8'-28, 
l.  XllI,  p.  259. 


—  429  — 

nelle  d'une  médaille  trappée  à  la  mémoire  de  Louis  De  Geer  ('  ). 

¥  J.  L.  W.  DE  Geer  van  Jdtfaas,  Lodewyk  de  Geer  van  Fins- 
pong  en  Leufsta  (1387-1652).  Eene  bydrage  lot  de  handelsge- 
schiedenis  van  Amsterdam  in  de  zevent.eeuw(^).Eersteuitgave. 
S'Hage  en  Amsterdam,  1834,  in-8.  (Imprimé  par  les  frères  Van 
Cleef?) 

5"  Tweede  uitgave ,  met  een  Naschrift  en  portret  verrykt, 
S'Hage,  1841,  in-8.  Seconde  édition  du  n"  4. 

6"  Notice  historique  sur  la  famille  De  Geer,  par  deux  de  ses 
membres,  à  l'usage  des  auti-es.  Suède  et  Hollande,  1843  ('). 
J'ignore  si  ce  litre  n'est  pas  une  traduction,  n'ayant  pas  vu 
l'ouvrage. 

7»  Louis  de  Geer.  JNotice  dans  la  Revue  de  Belgique,  1'^  année, 
tome  III,  Bruxelles,  Lelong,  1846,  pages  271-284  (*). 

8"  Louis  de  Geer,  Notice  historique  (lo87  16o2).  Nouvelle 
édition  revue  et  corrigée.  Bruxelles,  Lelong,  1847,  32  pages 
in-8. 

9"  Louis  de  Geer,  de  Liège.  Dans  la  Belgique  communale,  avril 
1847,  n**  1,  pages  394  à  402,  avec  le  portrait  lilliograpliié  de  De 
Geer  par  Stcrck.  (De  Beck  pinx.)  Ce  n'est  qu'une  nouvelle  édi- 
tion des  n°^  7  et  8. 

10"  Lodewyk  de  Geer  van  Finspong   en  Leufsta  (1587-1652). 


(  ')  Cette  médaille  reproduit  d'un  côté  les  traits  de  De  Geer,  et  porte  au  revers 
une  colonne  rostrale  où  s'appuient  un  canon,  une  cpée  et  un  caducée,  avec  la 
légende  :  His  amat  hospes  civisque  vocari.  {Notice  historique,  p.  7.) 

(^  ;  Les  descendants  de  Louis  De  Geer  portent  le  titre  de  baron  en  Hollande  et  y 
forment  encor'  une  des  premières  familles  du  pays.  {Ibidem,  p.  :26.) 

(')  Cet  ouvrage,  de  même  que  le  n»  dO,  fut  légué  en  mars  1858  par  le  baron  L. 
De  Geer  de  Jutpliaas  à  la  bibliothèque  royale  de  La  Haye. 

(*)  Celte  notice  est  attribuée  au  comle  Ferd.  de  Hamal  (dont  la  famille  est  la 
souche  de  celle  de  De  Geer),  qui  avait  occupé  un  poste  diplomatique  en  Suède.  Voici 
toutefois  la  note  manuscrite  que  je  lis  dans  l'exemplaire  Capitaine,  au  suji't  de 
l'auteur  de  cette  biograi)hic  :  «  Son  nom  est  Vande  Velde  ;  il  est  originaire  de  la 
Hollande.  C'est  un  homme  d'une  conversation  agréable  et  instructive,  il  a  passé 
une  partie  de  sa  jeunesse  dans  les  voyages  ;  il  a  beaucoup  vu  et  beaucoup  remarqué. 
Il  parle  presque  toutes  les  langues.  •■ 


—  430  — 

Eene  bydrage  l()t  de  haiidelsgeschiedeiiis  vaii  Amsterdam  in  de 
zeventiende  eeuw.  Derde  uitgave.  Gedrukt  by  Keminckeii  zoon, 
te  Utrecht,  1832.  Grand  ia-4,  avec  le  portrait  gravé  de  L.  de 
Geer.  (D.  Beck,  pinx  ;  J.  Falck  sculp.  Stocklimise,  1649),  104 
pages.  C'est  une  troisième  édition  des  ir^  4  et  5,  avec  dédicace  : 
ce  Aau  zijiie  excellentie  den  graaf  Karel  de  Geer  van  Leufsta, 
een  der  zweedsche  ryksheeren...,  signée  :  J.  L.  \V.  de  Geer  vaii 
Jutfaas,  19junij  1852. 

11°  La  Biographie  universelle  (de  Michaud);  Van  der  Aa, 
Biographische  Noordenboek  ;  la  Biographie  nationale  de  Belgique  ; 
De  Jonge,  Geschiedenis  van  het  Ned.  Zeeiue:-,  D.  I,  bl.  555;  D. 
II,  st.  II,  bl.  50;  Gollot  d'Escury,  Hollands  roem,  D.  II,  Aant. 
bl.  293;  D.  VII,  bl.  200  ;  Ersch  et  Gruber,  Allgemeine  Eîicyklo- 
pœdie  der  Wissenschaften  und  Knnsten,  etc.,  consacrent  de 
courtes  notices  à  Louis  de  Geer. 

12"  M.  Wiberg  a  entendu  parler  d'une  Apologie  manuscrite 
de  De  Geer,  en  hollandais,  conservée  à  Finspong;  mais  il  ne  l'a 
pas  vue. 

Il  est  un  fait  à  noter  :  c'est  que  ces  différents  travaux,  n'ayant 
pour  but  que  l'apologie  d'un  grand  homme  et  l'exaltation  de  ses 
services  et  de  ses  vertus,  se  répètent  à  l'envi,  de  telle  sorte 
que,  depuis  le  discours  académique  de  Franzén,  on  n'a  pour 
ainsi  dire  rien  écrit  de  neuf  au  sujet  de  De  Geer.  Pour  cela,  en 
effet,  il  eût  fallu  compulser  les  archives  de  la  Suède. 

C'est  ce  qu'a  fait  M.  Wiberg,  et  c'est  ce  qui  lui  a  permis  de 
rectifier  certains  points  faussement  accrédités,  et  de  jeter  une 
lumière  nouvelle  sur  les  relations  officielles  de  De  Geer  avec  le 
gouvernement  Suédois.  Le  principal  but  que  s'était  proposé  le 
savant  professeur  était  d'ailleurs,  je  l'ai  déjà  dit,  plutôt  his- 
torique que  biographique  et  apologétique;  il  ne  s'agissait  pas 
tant  pour  lui  de  mettre  en  relief  et  de  laire  connaître  à  Liège  un 
de  ses  plus  illustres  enfants,  que  de  rechercher  les  traces  de 
ces  ouvriers  wallons  qui,  à  son  appel,  allèrent  s'expatrier  au 


-  43i  ~ 

fond  de  In  Suède  et  y  introduisirent,  pour  les  appliquer  à  l'indus- 
trie du  fer,  les  procéiiés  en  usage  dans  leur  pays,  la  méthode 
wallonne ,  «  wallon-smide  »  conune  on  la  nomme  encore 
aujourd'hui  en  Scandinavie  (  '). 

C'est  là  en  effet,  pour  nous,  le  principal  litre  de  gloire  de 
Louis  De  Geer,  et  l'on  peut  dire  avec  un  auteur  :  «  Ce  dont  la 
Suède  profita  le  plus  et  ce  qui  valut  à  De  Geer  une  reconnais- 
sance qui  durt  encore,  ce  fut  l'introduction  de  la  forge  wallonne 
ou  la  (açon  de  manier  le  (er  d'après  le  mode  pratiqué  à  Liège... 
11  engagea  au  service  de  ses  fabriques  un  certain  nombre  de 
familles  belges,  montant  h  plusieurs  ceniaines  de  personnes, 
émigrées  comme  lui  pour  des  motifs  de  religion  (^).  Avec  leur 
aide,  il  parvint  à  forger  des  barres  qui,  de  nos  jours  encore, 
s'exportent  exclusivement  en  Angleterre  à  des  prix  fort  élevés. 
On  les  emploie  principalement  à  la  confection  de  l'aciei,  et  ce 
sont  elles  qui  assurent  en  partie  aux  Anglais,  par  l'excellence 
des  outils  qu'elles  produisent,  la  suprématie  dans  la  fabrica- 
tion. » 

Ce  passage  est  emprunté  ù  la  notice  désignée  ci-dessus  sous 
le  n"  4,  notice  fort  bien  écrite,  et  qui,  au  point  de  vue  de  la  per- 
sonnaliîé  de  De  Geer,  coulient  des  renseignements  très  précis. 
Comme  ces  données  complètent,  en  plusieurs  points,  le  travail 
de  M.  VViberg,  comme,  d'autre  part,  cette  brochure  est  devenue 
assez  rare  de  même  que  les  autres  écriis  reUitifs  à  notre  célèbre 
compatriote,  j'ai  cru  bien  faire  en  reproduisant  en  note  quelques 


(•)  Il  est  probable  qu'avant  De  Geer  on  suivait  en  Suède  la  m^tbocic  allemande  : 
ICi  gueuses,  a  la  .-orliL'  du  touriiCiiu,éluicnl  imniédiatcniinl  Iransfoimces  en  baiies. 
Dans  les  l'oi^es  Wiillonnes,  elles  subissaieiU  aniiaiavant  une  nouvelle  nianipulaliùn 
a[i\)vU':e  fouwaitr  (i'iij)ii!cijc  ;  la  ronlo,  porlért  a  un  deyré  de  elialeur,  pres^que  voisin 
de  la  lusion,  est  loruiée  en  loupes  que  Ton  soumet  alors  seuleiiienl  à  l'action  du 
niarleau  pour  èlri!  forgée  en  barres,  l'ar  telle  opération  inl'.imédiaire,  le  1er 
acquiert  plus  de  pureté  et  de  résistance. 

(•)  Ce  point  me  paraît  douteux  ;  il  aura  sulïï  de  faire  à  ces  ouvriers  des  offres 
brillantes  pour  les  engager  à  partir. 


—  432  - 

passages  qui  me  paraissaient  de  nature  à  intéresser  le  lec- 
teur {*). 

J'avais  en  mains  l'épreuve  des  lignes  qui  précèdent,  lorsque 
M.  Ouverleaux,  sous-chef  de  section  h  la  Bibliothèque  royale 
de  Bruxelles,  me  communiqua  plusieurs  lettres  écrites  en  1869 
par  M.  Herman  Odelberg,  de  Stockholm,  et  contenant  sur  les 
Wallons  en  Scandinavie  quelques  détails  curieux  que  je  m'em- 
presse de  noter  ici. 

Un  écrivain  distingué,  Fernow  ,  prétend  que,  déjà  à  la  fin 
du  XVP  siècle,  une  colonie  liégeoise  alla  s'établir  en  Suède.  De 
son  côté,  Buren  émet  l'avis  que  les  deux  premières  immigra- 
tions de  forgerons  et  de  mineurs  eurent  lieu  en  1600  et  1607, 
sous  la  conduite  d'un  français  nommé  Chénon;  ses  compagnons 
auraient  été  des  Français,  des  Wallons,  des  Flamands  ou  des 
Allemands.  Une  troisième  hypothèse,  appuyée  sur  des  argu- 
ments plus  soUdes,  et  présentée  par  l'historien  suédois  Berg, 
consiste  h  voir  dans  Louis  De  Geer  le  seul  véritable  introduc- 
teur des  Wallons  dans  son  pays.  A  défaut  de  documents 
précis  (-),  on  ne  peut  arriver  que  par  induction  ù  la  solution 
de  cette  question.  Il  est  certain  que  la  méthode  de  travailler  le 

(*)  Ces  citations  seront  suivies  de  cette  indication  :  Noi.  hist.,  avec  la  page. 

(')  M.  Odelberg  a  consulté  en  vain  à  ce  sujet  :  1"  les  archives  du  royaume,  qui 
ne  contiennent  à  peu  près  que  des  actes  politiques  ;  2»  celles  de  la  Cour  des 
comptes;  elles  prouvent  qu'au  XYII^  siècle  la  statistique  en  Suèile  était  parvenue 
à  un  degré  étonnant  de  perfection  ;  malheureusement,  à  la  fin  de  ce  même  siècle, 
un  incendie  détruisit  un  grand  nombre  de  registres  aux  vérifications  des  comptes 
des  provinces,  surtout  pour  les  années  1642  et  IG43  ;  ce  qui  en  reste,  a  été  abîmé 
par  l'eau,  et  est  fort  difficile  à  déchifirer;  il  n'y  a  guère  que  les  listes  des  habitants 
des  paroisses,  des  années  1654  et  IGoo,  qui  puissent  être  utilisées;  S»  celles  du 
Collège  des  mines,  fondé  en  16;^7  ;  elles  ne  fournissent,  pour  le  XYll*-'  siècle,  aucun 
renseignement  sur  les  méthodes  de  fabrication  ni  sur  le  personnel  des  mines, 
tellement  on  craignait  alors  la  divulgation  du  nouveau  secret;  la  réserve  que 
montre  De  Geer  à  cet  égard  dans  ses  lettres,  frise  la  défiance;  4"  les  registres  des 
paroisses  des  districts  miniers;  un  grand  nombre  furent  détruits  lorsque  les  Russes 
dévastèrent  et  brûlèrent  le  nord  de  la  Suède,  en  1719;  o»  les  ouvrages  suivants  = 
RiNMAN,  Jerne/s  liistona  (Histoire  du  fer),  Stockholm,  ■nH'î;  Benjveiks  lexicon 
(Dictionnaire  du  raineurj,  Stockholm,  1789,  etc. 


-  43:]  ^ 

fer  inaugurée  en  Suède  par  De  Geer,  différait  essentiellement 
de  celle  que  l'on  connaissait  et  appliquait  uniquement  dans  ces 
contrées  avant  l'arrivée  de  notre  compatriole  (*).  Si  donc  on 
ne  constate  pas,  dans  l'industrie  sidérurgique  au  pays  de  Liège, 
des  progrès  notables  et  même  une  transformation  complète  au 
commencement  du  XVIP  siècle,  on  peut  en  conclure,  avec  une 
grande  apparence  de  raison,  que  les  colons  des  années  1600 
et  1607  ne  venaient  pas  de  chez  nous.  Or,  il  est  certain  que  le 
mode  de  fabrication  employé  à  Liège  n'a  reçu  aucune  amélio- 
ration essentielle  à  l'époque  indiquée,  et  que  les  procédés 
introduits  par  De  Geer  en  Suède  étaient  déjà  connus  et  appli- 
qués dans  notre  pays  vers  l'an  1500  (^).  On  peut  donc  assurer 
que  les  premiers  wallons.  Liégeois,  Namurois  (^)et  Hutois.qui 
émigrèrent  en  Scandinavie,  y  furent  appelés  vers  l'an  1G18  par 
notre  illustre  concitoyen. 

Ce  point  établi,  voyons  nos  travailleurs  wallons  ù  l'œuvre. 
Chaque  forge  est  desservie  par  dix  ouvriers,  divisés  en  deux 
groupes  de  cinq  hommes,  travaillant  tour  à  tour,  et  composés 

(*)  Avant  rarrivée  de  De  Geer  en  Suède,  les  mines  n'y  étaient  pas  nombreuses. 
Les  mines  de  Dannemora  étaient  cependant  connues  au  commencement  du  XY^ 
siècle,  et  exploitées  par  les  habitants  d'alentour  ;  Osterby,  avec  ses  forges,  l'ut 
bâti  en  iJiGS  ;  Forssmark  en  1570  ;  Leufsta  avant  1600  ;  Wessiand  en  IGliJ  ;  Ginio 
en  1616  ;  Ullforts  en  lf);^0  ;  Akerby  et  Hillbole  en  1638  par  H.  Lemmens  ;  Stroms- 
berg  (  n  164S  par  Will.  Wervier,  etc. 

(')  Voy.  M.  J.  Franquov,  Histoire  des  progrès  de  la  fubrication  du  fer  dans  le 
pays  de  Liétje  ;  André  Warzél,  Exposé  historique  de  l'industrie  du  fer  dans  la 
province  de  Liège.  Ces  deux  travaux  ont  été  couronnés  par  li  Société  d'Emulation 
de  Liège  en  1860,  et  publiés  dans  ses  Mémoires,  t.  1,  pages  313  et  440.  On  lit 
dans  le  premier  de  ces  ouvrages  ce  passage  de  Flachat,  Traité  de  la  métallurgie 
du  fer  :  «  Vers  1650,  Louis  De  Geer  fit  venir  des  environs  de  Liège  et  de  Namur 
un  grand  nombre  d'ouvriers  qui  apportèrent  en  Suède  de  grands  perfectionnements 
dans  la  forme  et  la  conduite  des  fourneaux.  Leur  hauteur  fut  portée  à  8  ou  9 
mètres,  et  le  travail  du  creuset  régularisé  par  la  modification  de  plusieurs  de  ses 
parties.  »  (Ibid.,  p.  343.) 

(",  «  Au  XV1«  siècle,  le  comté  de  Namur  était  le  centre  de  la  sidérurgie  de 
l'Europe.  »  (/i)/rf.,  page  398.)  Un  namurois,  Gabriel  de  Plume(;ouq,a  chanté  au 
XVlc  siècle  les  forges  wallonnes  en  vers  latins  qui  ont  été  publiés  dans  les  Mémoires 
couionnés  par  l'Académie  royale  des  sciences  de  Bruxelles,  18:22,  page  146. 


-  434    - 

de  deux  fondeurs,  de  deux  étireurs  et  d'un  manœuvre.  On  ne 
compte  que  deux  fourneaux  dans  une  même  forge  :  celui  du 
fondeur  et  celui  de  l'élireur.  La  première  opération  consiste 
à  jeter  dans  le  fourneau  du  fondeur  une  gueuse  ou  «  tackjern,  » 
lingot  de  fonte  long  de  12  à  14  pieds.  Ce  lingot  réduit  en  une 
masse  fondue  de  50  à  60  livres,  est  manipulé  par  le  garçon 
fondeur  et  façonné  h  l'aide  de  ringards  ;  cela  s'appelle  gôra- 
sdgen  (prononcez:  saugeiiue);  si  la  masse  ainsi  préparée 
est  réussie,  elle  est  dite  baslare  ;  s'il  faut  la  soumettre  une 
seconde  fois  à  l'action  du  feu,  on  la  nomme  rafassà.  Le  bloc 
convenablement  préparé  est  livré  au  fondeur  qui,  au  moyen 
d'un  kamsen  ou  marteau,  la  bat  sur  une  plaijue  ou  enclume 
nommée  klamlidlleii  el  en  fait  une  loupe.  Celle-ci  est  enruiie 
jetée  dans  le  fourneau  de  l'étireur  qui,  avec  son  manœuvre  ou 
goujar,  la  forge  eu  barre.  Après  que  le  maîire  fondeur  a  fait  six 
loupes,  et  que  le  maîire  étireur  a  transformé  celles-ci  en  six 
barres,  on  recueille  les  débris  de  fer  qui,  pendant  la  fonte,  sont 
tombés  au  fond  du  creuset,  et  on  en  forme  une  septième  loL'pe, 
puis  une  septième  barre.  Cela  fait,  on  a  fini  une  tournée,  et  le 
premier  groupe  de  cinq  hommes  va  se  reposer  sur  le  labbi, 
tandis  que  la  seconde  escouade  se  rend  à  son  tour  au  travail. 
Chaque  tournée  durait  environ  3  à  4  heures  ('  ). 

Tous  les  termes  techniques  que  l'on  vient  de  lire,  et  auxquels 
il  faut  ajouter  :  lackslan  (prononcez  :  laqueslmine),  partie  an- 
térieure du  fourneau  ;  iiàren,  partie  postérieure  du  fourneau  ; 
masvil,  poussière  soulevée  par  le  vent  du  soufflel,  sont,  d'après 
M.  Odelberg,  d'origine  étrangère.  Nous  n'avons  aucune  peine 
à  reconnaître  pour  wallons  ou  français  les  mots  gueuse,  loupe, 


(')  Si  notre  description  contient  quclqii'crrour  scientifique,  qu'on  veuille  bien 
nous  la  pardonner,  en  songeant  au  but  que  nous  poursuivons.  Nous  avons  cepen- 
dant làchi  d'être  exact  et  consulté  a  cet  ellV't  Kar.>TKX,  Muniiel  de  lu  uiviallnrijie 
du  fer,  liud.  île  Culuian,  Meiz,  18i4,  twuie  M,  p.  ;287;  MEVtli,  liiseu'initeitwcsen 
in  ScliweJeii,  p.  296  ;  Hartmann,  Lclnùucli  der  Ehciiliïmeiikutnle,  Berlin,  1834, 
tome  II,  p.   170. 


—  435  — 

goujat,  tournée,  puisqu'ils  sont  encore  aujourd'hui  employés  chez 
nous  ;  dans  raffassà  et  labbi,  on  peut  voir  à  la  rigueur  :  refais- 
ça  ou  repasser,  et  l'nhri  ;  mais  quant  aux  autres  expressions, 
les  hommes  du  métier  auquel  je  me  suis  adressé  n'ont  pu 
trouver  aucun  rapprociiemeiit  satisfaisant  (  '  ). 

Un  livre  de  comptos  de  l'usine  de  Leufsia  pour  les  années 
•1680-1683,  que  M.  le  baron  L.  De  Geer  a  communiqué  à  M. 
OdelJjerg,  a  permis  ii  celui-ci  de  remarquer  que  les  ouvriers, 
dont  le  salaire  était  peu  élevé,  mais  invariable,  étaient  payés 
en  nature.  Le  propriétaire  de  la  forge  tenait  un  magasin  où  les 
forgerons  avaient  le  droit  d'aller  se  fournir  de  blé,  de  viande, 
de  hareng,  de  drap,  etc.,  h  un  prix  minime,  mais  également 
invariable  et  proportionné  au  salaire.  Avec  ce  système,  le  sort 
de  l'ouvrier  assidu  était  assuré  :  le  maître  de  l'usine  subissait 
seul  les  conséquences  des  variations  dans  le  prix  du  fer  et  des 
denrées.  Suivant  une  méthode  introduite  par  De  Geer  pour  ses 
colonies,  le  compte  des  forgerons  était  réglé  deux  fois  par  an, 
le  24  juin  et  le  24  décembre,  d'après  le  nombre  de  milliers  de 
fer  qu'ils  avaient  fabriqué  ;  un  millier  équivalait  ii  mille  livres 
de  Liège  ou  à  1?)00  livres  suédoises.  Pour  chaque  millier  de 
fer  qui  sortait  de  la  foige,  le  maître  fondeur  et  le  maître  étireur 
recevaient  chacun  1  1/-2  écu;  le  premier  garçon  étireur  1  1/4, les 
autres  garçons  1,  et  le  manœuvre  1/2  écu  (-).  Les  premiers 
(îolons  avaient  exigé  une  certaine  quantité  de  vin  par  an  ;  mais 
par  suite  de  la  difficulté  du  transport,  celte  denrée  fut  rem- 
placée par  un  viupeuningar  ou  denier  du  vin  ;  les  deux  maîtres 
fondeur  et  étireur  reçurent  de  ce  chef  160  écus  par  an,  les 
autres  ouvriers  de  30  à  80  écus,  suivant  leur  âge  et  leur 
habileté. 


(M  Notamment  M.  Berchem,  ingénieur  principal  des  mines  à  Namur. 

(-)  La  monnaie  suédoise  a  beaucoup  varié.  En  1681  l'ccu  valait  un  demi  ancien 
riksdaler  ;  or  celui-ci  v-ilail,  au  Wll^  et  au  XV11I>^  siècle,  à  peu  de  chose  près  un 
écu  de  6  livres  de  France  ;  il  était  un  peu  plus  grand  qu'une  pièce  de  o  frs.  et 
était  en  argent  pur. 


-  436  - 

Le  même  livre  de  comptes  contient  une  liste  des  employés 
de  l'usine  où  l'on  trouve  une  soixantaine  de  noms  d'origine 
étrangère  h  la  Suède  et  probablement  wallonne.  Parmi  les  cinq 
maîtres  fondeurs,  les  quatre  maîtres  étireurs,  les  dix-sept  gar- 
çons ëtireurs  ou  fondeurs,  les  deux  apprentis  fondeurs  et  les 
trois  manœuvres, on  remarque  Jacob  Tilleman,  Johau  Leinoyne, 
Philip  Boivy,  Colas  Ponslet ,  Lorens  Bonniver ,  Henrich 
Mineur,  Joliaii  Ballieu,  Colas  Martinelle;  on  y  voit  aussi: 
Hubert  Gilles,  architecte  (ou  ingénieur?)  de  l'usine;  deux  Johan 
Hubinet,  l'un  charron,  l'autre  maréchal-ferrant  ;  Marten  Masson 
et  Dirick  Opholven,  charretiers  ;  Jacob  Oudart,  Jean  Matzon 
Raffli  (ce  dernier  mot  serait  bien  un  sobriquet)  et  Jacob  Mony 
ou  Meunier,  charbonniers,  un  sellier,  un  faiseur  de  soufflets, 
un  meunier,  deux  inspecteurs  de  la  fonderie,  un  barbier  qui 
professait  probablement  aussi  quelque  peu  la  médecine,  car  ses 
appointements  montaient  h.  600  écus  par  an;  un  jardinier  et 
un  cocher  pour  le  château ,  un  aubergiste  nommé  Israël 
Dalhman  (  sans  doute  un  iuif),  qui  ne  paraît  pas  avoir  fait  de 
brillantes  affaires.  Il  n'en  était  pas  de  même  de  Frans  Bossarl, 
le  bibliothécaire  de  la  colonie,  dont  les  quelques  livres  fran- 
çais semblent  avoir  en  de  nombreux  lecteurs  ;  il  avait  un 
revenu  fixe  de  500  écus.  Le  personnage  qui  se  trouve  en  tête 
de  la  liste,  Evert  Wynhaegen,  touchait  1600  écus  par  an; 
c'était  probablement  le  régisseur  de  la  forge.  Un  prévôt,  chargé 
de  maintenir  l'ordre  parmi  les  ouvriers,  ne  recevait  que  250 
écus.  Bartil  Sadlin,  Arendt  de  Jonghe  et  Peter  de  Masly  figurent 
aussi  parmi  le  personnel  de  l'établissement,  mais  sans  gages  : 
leur  avoir  consiste  en  sommes  assez  importantes  que  leur 
devaient  les  ouvriers  wallons  et  même  les  suédois  des  paroisses 
voisines;  c'étaient  peut-être  des  prêteurs  ou  banquiers. 

En  terminant  cette  espèce  de  post-scriptum,  qu'il  me  soit 
permis  de  remercier  M.  Ouverleaux  de  l'obligeance  avec 
laquelle  il  a  mis  à  ma  disposition  les  notes  de  son  correspon- 
dant de  Stockholm,  et  d'adresser  à  M.  Odelberg  l'expression  de 


-    437 

ma  reconnaissance  pour  m'avoir  autorisé  à  mettre  à  profit  le 
résultat  de  ses  recherches;  elles  intéressent  aussi  bien  la 
Belgique  que  la  Suède,  et  les  études  historiques  des  deux  pays 
y  trouveront  également  leur  compte  ('). 

S.    BORMANS, 

Sec.  gén.  hon.  de  Vlnst.  arch.  liég. 
Namur,  le  15  janvier  1876. 


(')  J'ai  oublié  de  dire  plus  haut  que  l'émigration  des  forgerons  namurois  pour 
la  Suède  avait  pris  une  telle  extension  que,  sur  l'invitation  de  Philippe  IV,  le 
conseil  provincial  défendit,  le  4  mai  1624  ,  de  se  laisser  embaucher  pour  ce  pays 
«  par  aucuns  se  disant  commis,  facteurs  ou  agens  de  marchands  de  Suède,  lesquels 
»  taschoient  d'atircr  à  eulx  et  enmener  vers  ledit  pays  plusseurs  forgerons,  leur 
»  sdvançant  quelques  deniers  pour  les  obliger  à  les  suivre  afin  d'establir  audit 
»  pays  le  mestier  de  la  feronerie,  à  nostre  grand  domaige  et  intérest,  et  de  nostre 
•>  pays  voir  au  grand  péril  des  âmes  desdits  forgerons.  »  Le  11  novembre  1627, 
le  roi,  K  informé  que ,  ce  nonobstant,  ledit  mal  ne  cesse,  voir  s'accroist  de  plus 
»  en  plus,  non  seulement  audit  pays  de  Namur,  mais  encore  en  aultres  de  nostre 
»  obéissance,  »  réitéra  celte  défense  sous  les  peines  les  plus  sévères.  {Archives 
de  l'Etat  à  Namur,  placards  du  Cons.  prov.  1602-1629,  fol.  239.) 


LOUIS  DE   GEER 


ET 


LA  COLONIE  f  ALLOME  EN  SUEDE ,  AU  ÏW  SIECLE. 


Ce  ne  furent  pas  seulement  de  brillantes  victoires  et  des 
conquêtes  passagères  qui  fixèrent,  r.u  dix-srptième  siècle,  les 
regards  de  l'Europe  sur  la  Suède;  la  richesse  de  ce  pays  en 
gîtes  métallifères,  en  forêts  immenses,  en  cours  d'eau  dont  la 
force  motrice  pouvait  être  f^icilement  utilisée;  d'antre  part, 
l'excellente  qualité  de  son  fer,  peut-être  le  meilleur  du  monde  : 
tout  cela  contribuait  aussi  h  attirer  sur  cette  partie  de  la  Scan- 
dinavie l'attention  des  industriels.  Mais  il  manquait  h  In  Suède, 
pour  riGettre  à  profit  ces  trésors,  de  grands  capitaux  ,  de 
bonnes  méthodes  d'exploitation  et  des  ouvriers  habiles.  Pour 
les  obtenir,  il  fallut  s'adresser  au  dehors;  alors  eut  linu  un 
mouvement  considérable  d'émigration  des  provinces  néerlan- 
daises vers  le  Nord.  Parmi  les  étrangers  qui  vinrent  à  celle 
occasion  s'établir  dans  notre  patrie,  le  liégeois  Louis  de  Geer  (*  ) 
occupe  le  premier  rang. 

Son  père,  également  nommé  Louis  de  Geer,  était  seigneur  de 
Gaillardmonl('^)  ;  une  ancienne  tradition  le  rattachait:!  l'illustre 
famille  brabançonne  des  barons  de  Hamal  et  de  Drialmont  ('■). 
Ayant  embrassé  la  réforme  de  Calvin  (*),  il  fut  obligé  de  quitter 
le  pays  de  Liège,  où  la  religion  catholique  était  seule  tolérée, 
vendit  en    secret    ses    propriétés  et  alla  setablir  avec  sa 


-  439  - 

femme,  ses  deux  fils  et  ses  six  filles  à  Amsterdam  ;  on  rapporte 
que  les  dix  fugitifs  quittèrent  le  sol  liégeois  cachés  dans  un 
bateau  chargé  de  tourbe  (').  De  Geer,  renonçant  5  sa  qualité  de 
gentilhomme,  érigea  une  banque  5  Amsterdam  et  se  créa  en 
peu  de  temps  une  immense  fortune.  Il  mourut  en  l'an  1602. 

Son  fils  Louis,  qui  fait  l'objet  de  cette  notice, était  né  à  Liège 
le  17  novembre  1587.  Après  avoir  passé  quelques  années  à 
Rouen  pour  apprendre  le  commerce,  il  revint  h  Amsterdam  se 
mettre  à  la  tête  de  l'entreprise  que  son  père  avait  fondée,  et 
épousa,  en  1612,  Adrienne  Gérard,  appartenant  comme  lui  à 
une  famille  liégeoise  émigrée  C). 

Le  28  janvier  1613,  le  roi  de  Suède,  Gustave-Adolphe,  fut 
obligé  de  conclure  avec  le  roi  doDanemaick  une  paix  onéreuse: 
il  rachetait  au  prix  d'un  million  de  rixdales  d'argent,  somme 
éi!orme  pour  l'époque  ('),  la  forleressc  d'Elfsborg,  seul  port 
que  possédât  la  Suède,  au  coinmencemenl  du  XVII'-  siècle,  sur 
la  mer  du  Nord.  Pour  s'acquitler,  il  fallut  avoir  recours  h 
l'emprunt,  et  en  1616  Gustave-Adolphe  s'adressa  pour  la 
première  fois  aux  Hollandais. 

C'est  alors  que,  pour  la  première  fois  aussi,  le  nom  de  Louis 
De  Geer  fut  connu  en  Suède.  Les  grandes  opérations  financières 
auxquelles  se  livrait  le  riche  marchand  avaient  attiré  sur  lui 
l'attention  du  roi.  Par  la  inènie  occasion.  De  Geer  fut  mis  en 
relation  avec  ses  compatriotes,  les  frères  De  Besche,  qui  s'élaient 
établis  en  Suède  depuis  le  commencement  du  XV!!»  siècle  (^), 
et  apprit  à  connaître  les  richesses  minérales  et  forestières  de 
ce  pays.  Aussitôt  il  songe  h  en  tirer  parti  et  charge  un  des 
frères  De  Besche,  «  Welam  Giljusson,  »  comme  on  l'appelait  en 
Suède,  de  solliciler  en  son  non^  de  la  Couronne,  la  reprise  ii 
bail  du  fief  de  Finsi)ong,  en  Ostrogoihie.  Gustave-Adolphe  lui 
octroya  sa  demande.  Par  lettres  patentes  datées  de  Stockholm 
le  20  juillet  1618  ("),le  roi  déclare  qu'il  lui  a  semblé  bon  d'affer- 
mer à  son  féal  Welam  Giljusson ,  pour  un  terme  de  six  années 


440 


et  moyennant  une  rente  annuelle  de  5675  "/,56  rixdales,  la  terre 
de  Finspoiuja,  avec  l'usine  et  le  flef  y  annexés. 

De  Geer  confia  l'exploitation  de  cette  usine  à  maître  Welam, 
qui  fut  pendant  de  longues  années  son  «  facteur  »  ou  adminis- 
trateur en  Suède. 

Une  fois  mis  en  rapport  avec  le  financier  d'Amsterdam, 
Gustave-Adolphe  et  son  chancelier,  Axel  Oxenstjerna,  le  char- 
gent coup  sur  coup  des  affaires  les  plus  importantes.  De  Geer 
devient  successivement  le  munitionnaire  de  la  Cour,  l'agent  du 
Gouvernement  pour  le  commerce  du  cuivre,  le  commissaire 
général  pour  les  fournitures  de  la  marine  et  des  armées,  le 
banquier  de  l'Etal  pour  les  besoins  de  la  guerre. 

Tels  furent  les  débuts  de  De  Geer  en  Suède  comme  industriel. 
Nous  le  verrons  plus  tard,  sous  la  minorité  de  la  reine  Chris- 
tine, se  mouvoir  dans  une  sphère  plus  élevée  :  gentilhomme 
suédois,  il  devient  diplomate  et  homme  de  guerre,  et  rend  h  sa 
nouvelle  patrie  les  services  les  plus  signalés  dans  le  conflit  qui 
surgit  entre  la  Suède  et  le  Danemarck  pendant  les  années 
1643-1645.  Ce  que  nous  avons  h  constater  pour  le  moment, 
c'est  le  génie  entreprenant  de  cet  étranger  qui  sut  se  mettre  h 
la  tête  du  mouvement  industriel  d'une  grande  nation,  et  fut  le 
véritable  créateur  des  relations  commerciales  de  la  Suède  avec 
les  autres  peuples.  Sons  ce  rapport,  aucun  nom  ne  peut  être 
mis  en  parallèle  avec  celui  de  l'ancien  patricien  de  Liège  parmi 
les  Suédois  du  XVIP  siècle. 

Devenu  le  véritable  entrepreneur  de  l'exploitation  de  Fins- 
pong,De  Geer  conçut  le  plan  d'une  vaste  entreprise  industrielle 
ayant  le  fer  pour  o!)jet.  Il  avait,  pour  réussir,  ce  qui  précisé- 
ment manquait  alors  à  la  Suède  ,  à  savoir  de  grands  capitaux. 
Il  n'hésita  pas  à  les  employer,  et  fit  construire  à  Finspong  des 
hauis-fourneaux,  un  marteau  à  acier,  une  fonderie  de  canons, 
des  forges  pour  les  barres  ('°).  Il  introduisit  aussi  chez  les 
habitants  de  l'Ostrogolhie  la  méthode  liégeoise  de  fabriquer  1<  -. 
clous  et  les  fers  de  cheval  CM-  D'abord,  les  paysans  considérèr-iU 


441 


le  Iravail  régulier  et  assidu  comme  une  sorte  d'esclavage;  mais 
ayant  pu  constater  que  cette  sujétion  leur  offrait  des  ressources 
précieuses,  notamment  pendant  les  années  de  disette,  ils 
finirent  par  s'y  soumettre. 

La  difficulté  pour  De  Besche  et  pour  De  Geer  consistait  dans 
l'application,  au  travail  du  fer,  des  méthodes  nouvelles,  alors 
qu'ils  n'avaient  pas  sous  la  main  des  ouvriers  qui  les  connus- 
sent. C'était  un  usage  en  Suède,  lorsque  la  nécessité  de  relever 
l'industrie  du  fer  se  faisait  sentir,  d'appeler  des  ouvriers  du 
dehors.  C'est  ce  qu'avait  fait  Charles  IX,  le  père  de  Gustave- 
Adolphe,  lorsqu'il  établit  dans  la  province  de  Wermland  et  en 
Dalécarlie  deux  petites  colonies  françaises,  hollandaises  ou 
allemandes.  Dans  le  cas  présent,  il  fallait  avoir  recours  à  des 
ouvriers  rompus  à  l'industrie  minière  du  pays  de  Liège  et  des 
Ardennes.Il  est  probable  que  l'émigration  wallonne  commença 
à  se  diriger,  dès  l'année  1618,  vers  Finspong  et  ses  environs, 
et  qu'elle  ne  ce.-^sa  de  si^  porter  à  cet  endroit  jusqu'au  moment 
où  des  lettres  patentes  du  Roi,  datées  de  1627  ('^),  réglant  la 
colonisation,  vinrent  constater  un  fait  accompli.  Par  ces  lettres, 
Gusiave-Adolphe  atteste  que  «  Louis  de  Gt^er,  son  fidèle  sujet, 
et  Guillaume  Giljusson  (*'M,  sur  sa  gracieuse  demande,  ont,  à 
leurs  frais,  appelé  en  Suède  des  ouvriers  étrangers,  experts  en 
toute  espèce  de  travaux,  pour  y  gagner  leur  vie  par  l'industrie 
du  fer,  et  qu'ils  ont  l'intention  d'en  introduire  d'autres  encore 
dès  que  la  mer  sera  libre  de  glaces.  Il  ordonne  que  ces  artisans 
restent  au  service  de  leurs  maîtres  sous  peine  d'exil,  et  défend 
à  qui  que  ce  soit,  sous  peine  d'une  amende  de  ceiitrixdales,  de 
faire  aucune  tentative  pour  les  engager  dans  une  autre  entre- 
prise ('*).»Tel  est  le  fait  dans  lequel  on  doit  chercher  la  cause  de 
l'existence  des  noms  français  ou  wallons  qui  abondent  encore 
aujourd'hui  à  Finspong  et  dans  le  voisinage;  et,  quoique  souvent 
défigurés  en  passant  par  la  bouche  des  anciens  habitants  du 
sol,  en  subissant  les  vicissitudes  d'une  orthographe  vicieuse  et 
même  quelquefois  d'une  sotte  traduction,  leur  origine  ne  saurait 


être  mé'îonnue.  Nous  aurons  encore  l'occasion  de  revenir 
sur  ce  point. 

CependaiU,  maître  Welnm  ne  perdait  pas  son  temps  h  Fins- 
po!)g;  on  l'y  voit  au  contraire  déployer  une  grande  activité  et, 
dès  l'année  1619,  il  peut  expédier  îi  Amsterdam  un  navire 
chargé  de  for  en  barres,  de  tôles,  de  fil  de  laiton,  de  planches, 
de  bois  de  chauffage  et  de  froment.  Ce  navire  était  parii  du  port 
de  Norrkoeping,  situé  sur  un  golfe  profond  de  la  Baltique,  et 
par  cela  même  très  propre  à  devenir  le  point  d'embarquement 
des  produits  de  Finspong.  A  partir  de  ce  moment,  la  pelile 
ville  de  Norrkoeping  commença  à  prospérer;  sa  population 
monta  en  peu  de  temps  à  5000  âmes,  chiffre  très-considérable 
pour  une  ville  suédoise  au  XVIP  siècle.  En  1620,  le  roi 
lui  accorda,  par  l'intervention  de  De  Geer ,  de  nouveaux 
privilèges  ('"). 

Gustave-Adolphe  désirait  vivement  attirer  Louis  de  Geer  en 
Suède;  il  l'invita  à  différentes  reprises  h  venir  s'y  établir  et 
lâcha  de  l'y  engager  en  lui  accordant  des  faveurs.  Mais  les 
désirs  du  monarque  ne  sufhsaicnt  pas  pour  décider  le  riche 
banquier  à  adopter  une  nouvelle  patrie  ;  il  fallait  que  ses  inté- 
rêts particuliers  le  lui  permissent  et  même  l'y  obligeassent. 
C'est  ce  qui  ne  tarda  pas  h  arriver  (**'). 

C'est  en  1628  que  De  Gser  vit  la  Suède  pour  la  première  fois. 
Dans  une  lettre  écrite  en  hollandais,  le  10  juin  de  celte  année, 
à  Axel  Oxenstjerna,  il  remercie  l'illustre  chancelier  pour  les 
offres  magnifiques  qu'il  lui  fait  par  sa  dépêche  du  23  mai  (qui 
malheureusement  ne  nous  est  pas  connue)  et  promet  de  lui 
faire  une  visite  avec  sa  femme  lorsqu'elle  sera  relevée  de 
ses  couches  C).l\  écrivait  cette  lettrede  Stockholm;  mais  ce  ne 
sera  pas  dans  cette  ville  qu'il  établira  sa  résidence  ;  il  s'instal- 
lera à  Norrkoeping,  qui  lui  devait  le  commencement  de  sa 
grandeur  industrielle  ("). 

Dix  jours  après,  il  informe  le  chancelier,  par  une  nouvallo 
lettre  datée  de  «NorthCopingh,»  qu'il  s'occupe  de  la  factorerie 


—  443  — 

érigée  en  cette  ville,  du  fendage  du  fer,  de  la  fabrication  du 
laiton,  des  aiguilles,  des  poulies,  des  gants,  des  cordes,  etc.,  et 
qu'il  emploie  ii  tous  ces  travaux  deux  à  trois  cents  ouvriers,  la 
plupart  wallons  ('^).  Il  fonda  encore  en  cet  endroit  plusieurs 
autres  établissements,  et  bientôt  les  métiers  et  les  manufactures 
y  prirent  un  accroissement  tel  qu'il  frappa  d'étonnement  un 
français  distingué  qui  visita  alors  cette  contrée  (  '^).  Toutefois 
l'activité  de  De  Geer  n'est  pas  entièrement  absorbée  par  Norr- 
koeping  ;  Finspong  réclame,  au  moins  au  même  degré,  les 
soins  de  son  industrie. 

Entre  les  trois  provinces  d'Oslrogoihie,  de  Sudermannie  et 
de  Néiicie,  se  trouve  une  contrée  moniagneuse,  couverte  de 
vastes  forêts  de  pins  et  de  sapins,  et  traversée  en  tous  sens  par 
des  cours  d'eau  qui  se  changent  souvent  en  torrents;  il  est 
limité  h.  l'Est  par  le  grand  lacGIan,  et  au  Sud  par  un  autre  grand 
hic  nommé  Roxen  :  c'est  le  district  minier  connu  sous  le  nom 
de  Finsponga-laen  (lellef  de  Finspong).  L'usine  est  située  sur 
le  torrent  appelé  Finspong.i-stroem,  qui,  navigable  jusqu'à 
l'exploitation,  se  trouve  non  loin  de  \h  en  commui:ic;ition  avec 
le  lac  Gl.m,  par  le(iuel  on  arrive  à  peu  prèsà  Norrkoeping.Dans 
les  environs  s'ouvre  une  romantique  vallée,  où  croît  une  végé- 
tation luxuriante;  la  richesse  do  la  verdure,  rininiensiié  des 
bois,  l'aspect  varié  des  monlagnes,  le  ruisseau  laniôL  paisible 
et  tantôt  rapide,  olfrent  sans  cesse  aux  regards  charmés  des 
spectacles  grandioses  ou  riants;  et  les  W;illons  qui  vinrent 
s'établir  dans  ces  localités  au  XVII"  siècle,  reti'ouvèrent  sans 
doute  avec  bonlieur,  dans  ces  paysages  si  semblables  à  ceux 
des  Ardennes,  un  souvenir  lointain  de  leur  pati'ie. 

L'organisation  de  l'usine  de  Finspong  attira  en  cet  endroit  de 
nouvelles  colonies  liégeoises,  dans  lesquelles  on  comptait  sur- 
tout des  fondeurs  etdes  forgerons;  aussi  Finspong  ne  larda-l-il 
pas  ù  devenir  le  centre  de  la  grande  indus'.rie  du  11  r  que  Louis 
De  Geer  avait  rêvée  pour  la  gloire  de  la  Suède.  Les  ouviiers  du 
pays,  laissant  de  côté  leurs  méthodes  primitives  pour  adopter 


444 


les  nouvelles,  s'habituèrent  peu  à  peu  à  couler  des  gueuses,  et 
recueillirent  ainsi  le  triple  avantage  de  produire  du  fer  d'une 
qualité  supérieure,  en  quantité  plus  grande  et  en  moins  de 
temps  qu'auparavant  (-°). 

Pendant  les  trois  premières  années  de  sa  résidence  en  Suède, 
De  Geer  déploya  une  activité  incroyable.  Non  content  d'être 
industriel,  il  se  fait  munitionnaire;  il  prend  à  sa  charge  les 
factoreries  qui  doivent  fournir  au  roi  les  armes  de  guerre,  en 
même  temps  qu'il  entreprend,  à  ses  risques  et  périls,  tout  le 
commerce  de  fer  du  royaume,  commerce  considéré  jusqu'alors 
comme  un  droit  réservé  à  la  couronne. 

Pour  atteindre  d'une  façon  complète  le  but  auquel  il  visait, 
De  Geer  aurait  dû  pouvoir  disposer  librement  des  usines  et  des 
mines  de  Dannemora,  des  exploitations  d'Oesterby,  de  Leufsta, 
etc.,  qui  fournissaient  le  meilleur  minerai  de  la  Suède,  et  que 
Giljusson  avait  affermées,  en  son  nom  propre  et  au  nom  de  De 
Geer,  dès  l'année  1626  ('-').  Mais  le  moment  n'était  pas  propice. 
De  Geer  retourna  en  Hollande  en  1631.  La  prudence  lui  con- 
seillait sans  doute  d'ajourner  quelque  temps  encore  son  établis- 
sement définitif  et  le  placement  de  tous  ses  capitaux  en  Suède; 
peut-être  avait-il  remarqué  de  la  part  du  roi  quelque  refroidis- 
sement à  son  égard.  Il  est  certain,  en  effet,  qu'en  1632  Gustave- 
Adolphe  manifesta  de  l'irritation  contre  les  deux  Néerlandais 
qui,  selon  lui,  avaient  profilé  trop  largement  dvs  embarras  où 
se  trouvait  alors  son  gouvernement.  N'ayant  pas  rencontré  dans 
le  grand  fournisseur  de  l'armée  un  désintéressement  aussi 
absolu  qu'il  l'eiàt  désiré,  ii  déclara  ne  plus  vouloir  de  ses  four- 
nitures, refusa  de  s'endetter  davantage  vis-à-vis  de  lui,  et 
prélendit  rentrer  en  pleine  possession  des  llels  de  la  Couronne 
pour  en  percevoir  directement  les  profits  (--). 

Gustave-Adolphe  se  trouvait  à  la  tête  de  son  armée  victorieuse 
dans  le  Sud  de  rAllemague  lorsqu'il  exigea  le  compte  des 
fermages  de  Louis  De  Geer;  il  lui  ordonnait  de  s'expliquer  en 
même  temps  sur  les  produits  d'une  cargaison  de  cuivre  qui  lui 


—  445  — 

avait  été  expédiée  k  l'effet  de  payer  aux  Etats-Généraux  les  inté- 
rêts d'une  somme  que  ceux-ci  avaient  avancée  au  roi,  intérêts  qui 
n'avaient  plus  été  servis  depuis  trois  ans  etque  les  Etats-Géné- 
raux réclamaient.  De  Geer  se  rendit  au  camp  royal,  à  Kitzingen 
près  de  Wûrtzbourg,  et  chercha  à  se  disculper  ;  il  est  probable 
qu'il  n'y  réussit  pas  entièrement  ;  ses  excuses,  en  effet,  se  trou- 
vaient en  désaccord  avec  les  rapports  qu'envoyait  le  comte 
palatin  Jean-Casimir,  beau-frère  du  roi,  resté  en  Suède  pendant 
la  guerre  pour  surveiller  les  finances  du  Royaume.  Mais,  trois 
mois  après,  Gustave-Adolphe  tombait  sur  le  champ  de  bataille 
de  Lutzen  (6  novembre  1632),  et  les  accusations  dirigées  contre 
De  Geer  n'eurent  pas  de  suite. 

Il  est  encore  une  autre  inculpation  que  nous  ne  pouvons 
passer  sous  silence.  Le  gouvernement  suédois  avait  envoyé  en 
Hollande  un  nommé  Erik  Larsson  avec  un  chargement  de 
cuivre  dont  la  vente  fut,  comme  à  l'ordinaire,  confiée  à  De 
Geer  (").  Mais  un  marchand  hollandais  du  nom  de  Tripp, 
parent  de  De  Geer  et  créancier  de  la  couronne  de  Suède,  fit 
saisir  la  cargaison  pour  obtenir  le  payement  de  ce  qui  lui  était 
dû.  Grande  fut  l'indignation  des  Suédois,  qui  soupçonnèrent  De 
Geer  et  Eiik  Larsson  d'avoir  prêté  les  mains  à  cette  saisie.  Ce 
qui  donne  quelque  fondement  à  ce  soupçon,  c'est  que  deux  ans 
jiprès,  le  bruit  parvint  à  la  Chambre  des  comptes  que  De  Geer 
avait  avoué  un  bénéfice  particulier  sur  cette  opération  ("). 

Au  commencement  de  l'année  163^,  une  correspondance 
très-vive  est  échangée  entre  le  grand  chancelier  et  De  Geer. 
Celui-ci  avise  Oxenstjerna  qu'il  vient  de  faire  une  nouvelle 
livraison  d'armes  et  de  munitions  de  guerre;  il  en  demande  le 
payement,  en  faisant  remarquer  que  le  cuivre,  avec  lequel  le 
gouvernement  avait  l'habitude  de  payer  ses  fournitures,  avait 
subi  une  baisse  considérable,  ce  que,  du  reste,  il  ne  manque  pas 
de  répéter  à  chaque  occasion.  Il  repousse  dans  cette  même 
lettre  l'accusation  dont  il  avait  déjà  plusieurs  fois  été  victime, 
qu'il  aurait,  dans  son  intérêt  privé,  retardé  les  payements  dont 


446 


on  l'avait  chargé;  il  nie  avoir  accaparé,  comme  on  l'en  soup- 
çonnait sans  doute,  les  subsides  accordés  îi  la  Suède  par  les 
Elais-Géiiéraux,  et  affirme  qu'il  est  le  fidèle  et  affecàonné  servi- 
teur du  roi  C*^). 

Nous  ne  voulons  ni  soutenir  ni  réfuter  ces  accusaiions,  au 
sujet  desquelles  il  serait  du  reste,  selon  nous,  très-difficile, 
sinon  impossible,  d'ésablir  la  vérité.  Au  lieu  de  nous  ranger 
soit  du  côté  de  ses  panégyristes,  soit  de  celui  de  ses  détracteurs, 
nous  ferons  simplement  remarquer  que  Louis  De  Geer  était  un 
marchand  et  qu'il  irailail  ^es  affaires  avec  la  rigueur  que  doit  y 
apporter  un  véiiiable  marchand  :  c'est  là  un  des  côtés  de  son 
caracièie.  Ce  qui  ne  rempêclie  pas  de  donner  en  mainte  occa- 
sion les  preuves  les  plus  convaincanles  d'un  ardent  et  sincère 
patriotisme  (-^).  Et  lorsque  les  Suédois  virent  cet  étranger,  leur 
concitoyen  de  la  veille,  ri.-qucr  dans  leur  intérêt  son  immense 
fortune  et  metlie  sa  vie  en  péril, la  voix  de  l'envie  n'osa  plus  se 
faire  entendre. 

Louis  De  Geer  resta  en  Hollande  au  moins  depuis  le  mois 
d'octobre  iG3:2  jusqu'en  4635.  Les  affiiires  qui  l'y  retenaient  ne 
lui  faisaient  pus  peidrede  vue  les  établissements  qu';l  laissait 
derrière  lui.  Celait  toujours  lui,  du  reste,  qui  pourvoyait 
d'armes  et  de  munitions  l'armée  suédoise  en  Allemagne  (-').  Dans 
une  lettre  écrite  d'Amsterdam  en  1635,  il  l'ail  savoir  au  chance- 
lier Oxenstjerna  qu'il  a,  à  Norrkoeping,  un  entrepôt  contenant 
les  équipements  nécessaires  pour  armer  i!2,000  hommes  {-**). 
On  peut  juger  par  ce  fait  de  l'impulsion  qu'il  avait  imprimée 
aux  manufacture^  de  cette  ville. 

De  Geer  dut  enfin  retourner  en  Suède,  où  l'appelaient  des 
règlements  de  compte  avec  la  Couronne;  celle-ci,  dans  les  em- 
barras financiers  que  lui  causait  la  guerre,  n'était  pas  piécisé- 
ment  un  |)aycur  ponctuel.  Le  '1!2  mai  1636  fut  conclu,  à  Stock- 
holm, iMitre  le  riche  munitionnairc  et  le  gouvernement  de  la 
minorité  de  Christine,  un  contrat  «  sur  diverses  choses;  »  la 
dette  du  royaume  envers  De  Geer,  reconnue  par  Gustave-Adolphe 


—  447  — 

le  6  juin  1630,  y  est  portée  à  129,155  rixdales.  Cette  somme 
lui  fut  immédiatement  versée.  Mais,  dans  une  lettre  écrite  ce 
jour  même  par  De  Geer  au  chancelier,  qui  était  encore  en 
Allemagne,  après  avoir  dit  que  les  comptes  avaient  été  exa- 
minés et  approuvés  par  Messieurs  de  la  Chambre  et  du  Sénat, 
et  qu'il  était  payé,  il  réclame  encore  de  l'Etat  90,000  rixd.  pour 
diverses  fournitures  à  livrer  (").  Suivant  nous,  il  avait  mauvaise 
grâce  de  se  plaindre  ;  il  fait,  il  est  vrai,  de  nouvelles  avances 
pour  48,124  rixdales,  et  s'engage  à  fournir  des  armes  et  des 
munitions  :  mais  n'était-il  pas  amplement  dédommagé  de  ces 
frais  par  l'exemption  de  douane  qu'on  lui  avait  accordée  sur  ses 
marchandises  exportées  par  Nykoeping,  Norrkoeping,  Arboga, 
Oeregrund  et  Gothembourg?  D'ailleurs  un  intérêt  de  huit  pour 
cent  lui  était  garanti,  et  on  prolongeait  en  sa  laveur,  pour  un 
nouveau  terme  de  trois  ans,  tous  ses  fermages  {^°). 

Une  loi,  observée  en  Suède  depuis  les  temps  les  plus  recules, 
voulait  que  le  roi  «  vécût  d'Upsala-oed,  c'est-à-dire  se  con- 
tentât, pour  sa  liste  civile,  des  domaines  de  la  Couronne,  et 
qu'il  pût  donner  des  fiefs  h  ses  hommes.  »  Le  tribut  payé  par 
les  paysans  taillables  ne  rapportait  que  de  minces  revenus  ;  de 
même  que  les  deux  tiers  des  dîmes  attribués  au  Roi  par  la 
Réforme  au  seizième  siècle,  il  était  absorbé  parles  besoins  ordi- 
naires de  l'Etat.  Mais  la  guerre  de  Trente-ans  amena  une  révolu- 
lion  complète  dans  les  finances  du  royaume.  Pour  se  procurer 
l'argent  qu'absorbait  la  guerre,  il  fallait  emprunter  et  quelque- 
fois engager  les  propriétés  domaniales;  on  dût  même  finir  par 
vendre  quelques-unes  de  ces  terres,  ce  qui  était  contraire, 
sinon  à  la  lettre,  du  moins  à  l'esprit  de  la  constitution.  Inau- 
gurés, mais  avec  réserve,  par  Gustave- Adolphe,  ces  procédés 
illégaux  furent  consacrés  pendant  la  Régence,  qui  décréta  à  la 
Diète  de  1638,  la  continuation  de  ces  ventes("*).  Cet  expédient, 
pris  d'urgence  par  le  Gouvernement  sans  l'intervention  des 
Etats,  avait  besoin  de  la  sanction  du  roi  h  sa  majorité,  et  l'on 
comptait  sur  les  temps  de  paix  pour  réparer  les  dommages 


—  4'i.8  - 

qu'il  devait  entraîner.  Toutefois  le  droit  d'acheter  ces  terres 
n'était  déféré  qu'aux  nobles;  les  roturiers  devaient  se  contenter 
des  domaines  engagés. 

En  1639  le  gouvernement  examina  à  Oerebro  les  contrats  de 
1636,  et  les  prolongea  encore  pour  un  terme  de  trois  ans  ;  en 
même  temps  les  comptes  furent  réglés  de  part  et  d'autre. 

Cependant  De  Geer  voyant  les  grands  seigneurs  acheter  des 
terres  domaniales .  fut  pris  de  l'envie  de  devenir,  lui  aussi , 
grand  propriétaire  suédois,  et  aspira  à  posséder  réellement  ces 
établissements  magnifiques  créés  ou  agrandis  par  ses  soins, 
et  qu'il  administrait  depuis  tant  d'années  comme  simple  con- 
cessionnaire. Mais  Louis,  ou  plutôt  son  père,  avait  renoncé 
à  ses  litres  de  noblesse,  qui,  du  reste,  ne  l'aurait  pas  fait 
accueillir  parmi  l'aristocratie  suédoise.  Il  demanda  en  consé- 
quence Il  être  annobli,  ce  qui  lui  fut  accordé  le  4  août  1641, 
«  non  sans  cause,  »  comme  le  proclame  la  devise  de  sa  famille. 

Les  services  rendus  par  De  Geer  à  la  Suède  ,  tel  est  le 
motif  allégué  dans  le  diplôme  qui  lui  fut  octroyé  à  cette 
occasion  :  il  avait,  y  était-il  dit,  introduit  dans  le  pays  l'art  de 
londre  les  grandes  pièces  de  fer,  de  forger  en  barre  le  fer  fin, 
de  fabriquer  des  armes  de  toute  espèce  ;  établi  h  ses  frais,  en 
divers  endroits,  de  coûteuses  usines  de  laiton  et  des  manu- 
factures; appelé  dans  ce  pays  un  grand  nombre  d'artisans 
habiles,  et  enseigné  aux  indigènes  des  méthodes  nouvelles. 
Certes  il  ne  serait  pas  difficile  d'allonger  de  beaucoup  cette  liste 
de  litres  réels  à  la  reconnaissance  royale  (^^). 

Devenu  gentilhomme  suédois,  De  Geer  aurait  voulu  reprendre 
pour  armoiries  les  trois  fleurs  de  lys  qui  avaient,  dit-on  ,  été 
octroyées  à  ses  ancêtres  par  un  roi  de  France;  mais  la  noblesse 
suédoise  s'y  opposa,  refusant  d'admettre  une  distinction  d'ori- 
gine étrangère,  et  il  dut  attendre  que  la  reine,  devenue  majeure, 
lui  accordât  sa  demande. 

Rien  ne  s'opposait  plus  à  ce  que  De  Geer  devînt  propriétaire 
loiicier  ;  le  11   septembre  1641,1e  gouvernement ,  invoquant 


4iî> 


l'exemple  dooné  par  le  (eu  loi  ,  lui  vendit  ]iOLir  la  somme  de 
50,557  rixdales,  38  ocres  et  6  -/s  de  pl'eniiigs,  plusieurs  usines 
et  métairies  dans  le  Finsponga-lsen,  dans  les  paroisses  de 
Dannemora,  de  Film  ,  de  Leufsta  et  de  Hollnaes,  dans  le  terri- 
toire d'Oland,  dans  la  province  d'Upland  et  dans  la  paroisse  de 
Sundbo  en  Néricie,  propriétés  qui,  réunies,  rapportaient 
annuellement  à  l'État  3,412  ihalers  d'argent.  L'acte  de  vente 
portait  que  la  reine  ratifierait  ce  contrat  dès  qu'elle  aurait 
atteint  sa  majorité  ;  cette  clause  semblait  diminuer  la  validité 
du  droit  de  l'acheteur  {'^''). 

De  Geer  n'en  continua  pas  moins  ii  atlérmer,  en  1642, 
toutes  les  terres  non  achetées  qu'il  tenait  précédemment  de 
l'État ,  ou  bien  il  les  conserva  pour  servir  d'hypothèques  y 
une  somme  de  20,000  rixdales  avancés  pour  l'entretien  de 
l'armée  et  à  quelques  autres  arriérés.  Ce  contrat  devait  durer 
depuis  la  St-Jean  (24  juin)  1642  jusqu'à  la  majorité  de  la  reine, 
et  on  accordait  au  fermier  le  droit  de  se  rembourser  lui-même 
sur  le  montant  des  fermages. 

Mais  il  ne  tarda  pas  à  devenir  également  propriétaire  de  ces 
domaines.  Le  20  décembre  1643  il  achète  les  métairies  de  la 
Couronne  situées  dans  les  paroisses  de  Hoekhufvud  (territoire  de 
Froesaker,  préfecture  de  Stockholm),  deSkefthammar,  d'Ekeby, 
d'Adelunda,  de  Morkarla,de  Film,  de  Tegeismora  etdeLeufsta, 
(du  territoire  d'Oland,  préfecture  de  Stockiiolm),  de  même  que 
les  usines  d'Oesterby,  de  Leufsta ,  de  Gimo  et  de  Stensbo, 
avec  leurs  haut-fourneaux  et  leurs  forges,  excepté  les  mines 
de  Dannemora,  «  qui,  disent  les  lettres  royaux,  sont  réservées 
à  jamais  à  nous  et  à  la  Couronne  par  les  présentes.  »  De  Geer 
paya  pour  ces  propriétés ,  qui  rapportaient  à  l'État  une  l'ente 
annuelle  de  3,506  thalors ,  la  somme  de  56,951  rixdales, 
47  oeres  et  13  '/^  (ou  30  '/j)  pfennigs;  les  conditions  étaient 
les  mêmes  que  celles  stipulées  pour  l'achat  de  ses  terres  dans 
rOstrogothie.  Le  même  jour  il  augmentait  celles-ci  en  achetant 
le  district  des  mines  de  Godegard,  la  métairie  de  Grislorp  et 


—  i5(i  — 

d'autres  biens,  pour  une  somme  de  10,704  rixdales.  Ces  deux 
achats  s'effectuèrent  îiu  moyen  de  décomptes  faits  sur  les 
créances  de  Louis  De  Geer  (•'*).  Entln,  celte  année  encore,  il 
obtint  en  bail  de  la  Couronne  l'usine  de  Forsmarck  et  les  terri- 
toires de  Froesaker  et  de  Naerdinghundra ,  dans  la  province 
d'Upland,  qui  devinrent  des  annexes  des  Dannemoraverken. 

Mais  il  est  temps  de  laisser  l'industriel  et  le  propriétaire, 
pour  nous  occuper  de  l'homme  de  guerre  et  du  diplomate. 

Nous  sommes  en  pleine  guerre  de  Trente-ans.  Les  armées 
suédoises,  sous  le  commandement  du  grand  Tortensson,  se 
trouvent  au  centre  de  la  Moravie,  les  yeux  fixés  sur  Vienne; 
elles  espéraient  s'emparer  bientôt  de  cette  capitale,  lorsque 
les  Danois,  par  leurs  armements,  excitèrent  en  Suède  les 
plus  vives  inquiétudes. 

C'était  à  la  fin  de  l'année  1643.  On  mit  en  délibération  dans 
le  Sénat  la  question  de  savoir  s'il  était  opportun  de  révéler  aux 
Etats-Généraux  de  Hollande  les  plans  belliqueux  des  Danois. 
L'opinion  du  chancelier  était  que  Ton  ne  devait  pas  attendre  de 
celte  communication  un  résultat  bien  satisfaisant  tant  que  les 
intérêts  de  la  Hollande  seraient  saufs.  Suivant  De  Geer,  on  ne 
pouvait  espérer  un  secours  efficace  de  la  part  de  cette  puis- 
sance ;  mais  il  pensait  qu'en  s'adressant  aux  particuliers  on  les 
trouverait  beaucoup  plus  disposés  à  accorder  aux  Suédois 
qu'aux  Danois  la  liberté  de  noliser  des  navires  ("). 

Le  Sénat,  qui  s'attendait  à  voir  dans  deux  mois  le  roi  de 
Danemarck  attaquer  la  Suède,  envoya  De  Geer  dans  les  Pays- 
Bas,  avec  mission  d'affréter  quelques  navires  pour  l'exécu- 
tion d'un  «  projet  urgent  «,  et  d'enrôler  dans  ce  pays  un  ou 
deux  régiments,  qu'il  devait  tenir  prêts  à  l'embouchure  du 
Weser.  Pour  en  arriver  ù  ces  fins,  il  devait  s'entendre  avec  les 
commissaires  Suédois  assemblés  au  Congrès  de  Westphalie  ; 
ceux-ci  étaient,  de  leur  côté,  invités  à  lui  prêter  aide  et  secours. 
Pour  le  cas  où  il  ne  réussirait  pas  dans  la  levée  des  soldats, 
ordre  était  donné  de  lui  confier  une  troupe  finnoise  de  l'ar- 


—  451  — 

mée  Suédoise  en  Allemagne.  Toutes  ces  négociations  devaient 
être  conduites  avec  le  plus  grand  secret. (''^)  De  Geer,  ou,  comme 
on  le  qualifiait  alors,  a  le  commissaire  royal,  m  était  en  outre 
chargé  d'une  mission  toute  diplomatique  :  il  devait  présenter 
aux  Etats-Généraux  des  lettres  du  Sénat  de  Suède,  réclamant 
le  secours  qu'ils  étaient  tenus  de  lui  envoyer  «  vi  fœderis.  «  (") 

Muni  de  ces  pouvoirs,  De  Geer  vole  à  Amsterdam,  où  il  arrive 
dans  le  mois  de  décembre  1643.  Mais  les  Etats-Généraux  ne 
peuvent  se  résoudre  i\  prendre  une  décision  ;  ils  délibéraient 
encore  au  mois  de  mars  de  l'année  suivante.  Alors  le  commis- 
saire s'adressa  aux  particuliers,  et  réussit  en  peu  de  temps  à 
équiper  douze  vaisseaux  de  ligne,  bon  nombre  de  frégates  et 
d'autres  navires,  faisant  un  total  de  32  bâtiments.  Dans  les  pre- 
miers jours  du  mois  de  mai,  cette  flottille  fit  voile  vers  le  Nord  : 
«  Je  suis  un  marchand  converti  en  homme  de  guerre  «,  écri- 
vait De  Geer  à  un  de  ses  amis  en  Suède  {^^). 

Mais  il  ne  suffisait  pas  d'être  parvenu  à  réunir  ces  navires  :  il 
fallait  les  payer.  Or  le  nerf  de  la  guerre  faisait  en  ce  moment 
complètement  défaut  au  Gouvernement  Suédois.  Cette  circons- 
tance occasionna  au  commissaire  de  vives  inquiétudes.  Dès  le 
mois  de  mai,  il  écrivait  au  chancelier  lettre  sur  lettre,  faisant 
remarquer  que  ses  avances  pour  l'équipement  de  la  flotte 
montent  à  200,000  rixdales,  qu'il  faut  solder  les  mariniers,  que 
c'est  par  ordre  de  Son  Excellence  qu'il  a  entrepris  cette  affaire, 
et  qu'il  compte  sur  son  influence  pour  hâter  la  solution  auprès 
du  Gouvernement.  Au  mois  d'août,  il  adresse  d'Amsterdam  ses 
plaintes  à  Oxensljerna,  et  au  mois  de  septembre,  de  Gothem- 
bourg  :  «  il  ne  peut  attendre  davantage  ;  sa  créance  monte  à 
200,000  rixdales,  et  il  n'en  a  retenu  que  50,000  sur  les  subsides 
de  la  France  »  (""). 

Sur  ces  entrefaites,  Tortensson,  après  l'invasion  du  Holstein 
en  1643,  après  l'occupation  du  Schleswig  et  du  Julland,  tra- 
verse les  Beltes  sur  la  flotte  de  De  Geer  pour  s'emparer  des  îles 
Danoises.  C'était  ih  le  «  projet  urgent  »  du  Gouvernement  Suc- 


—  452  — 

dois.  Mais  cette  flotte  fut  battue  sur  la  côte  occidentale  du 
Schleswig  par  le  roi  Christiern  IV  et  forcée  de  se  réfugier  en 
Hollande.  Là  les  équipages  se  mutinèrent  et  causèrent  à  DeGeer, 
dépourvu  d'argent,  les  plus  cruels  embarras.  Il  réussit  néan- 
moins à  armer  une  seconde  flottille  de  22  voiles,  qui  se  dirigea 
le  l"  juillet  vers  le  Nord,  sous  les  ordres  du  brave  Thiessen; 
mais  retardée  par  des  vents  contraires,  elle  n'arriva  pas  h 
Gothembourg  avant  le  mois  d'août.  Thiessen  débloqua  ce  port, 
réusssit  à  traverser  le  Sund  malgré  l'opposition  des  Danois,  lit 
une  courte  apparition  dans  le  Kielerfjord,  et  arriva  à  Calmar. 
Laissant  là  sa  flotte,  l'amiral  se  rendit  à  Stockholm.  Son  arrivée 
inattendue  rendit  la  confiance  au  Gouvernement  abattu  pnr  la 
défaite  de  la  première  tlotte,  par  le  départ  de  Torlensson  pour 
l'Allemagne,  et  par  l'arrivée  d'une  armée  autrichienne  dans  le 
Holstein, 

Ordre  fut  donné  à  Wrangel  de  faire  tenir  la  mer  à  la  grande 
flotte  ;  Thiessen  i*°)  se  joignit  à  elle  et  prit  une  part  glorieuse 
à  la  victoire  remportée  le  13  octobre  1644  par  les  Suédois,  sous 
Lolland,  près  de  l'île  d'Oeland,  victoire  qui  décida  l'année  sui- 
vante la  conclusion  de  la  paix  de  Broemsebro  si  avantageuse 
pour  la  Suède.  De  Geer  ayant  été  consulté  pendant  les  négo- 
ciations qui  la  précédèrent,  conseilla  vivement  la  paix;  il  fallait, 
disait-il,  la  conclure  avant  de  tenter  aucune  nouvelle  entreprise, 
afin  d'éviter  l'intervention  d'autres  puissances,  ce  qui  rendrait 
l'accord  plus  difficile  ('"  ). 

Louis  De  Geer  venait  de  rendre  à  sa  nouvelle  patrie  un 
service  immense.  On  ne  peut  nier,  en  eff"et,  que  sa  courageuse 
et  prudente  persévérance,  que  l'emploi  généreux  de  ses 
richesses  et  de  son  crédit,  n'aient  contribué  pour  une  très- 
grande  part  aux  heureux  résultats  de  celte  guerre  (*-). 

Le  commissaire  royal  était  évidemment  en  droit  de  réchimer 
le  remboursement  des  avances  énormes  qu'il  avait  faites  pour 
affréter  les  navires  et  payer  la  solde  de  leurs  équipages.  Des 
n'criminalions  amères  se  sont  élevées  contre  le  gouvernement 


i53 


Suédois  parce  qu'il  n'avait  pas  acquitté  cette  dette,  et  l'on  répète 
sans  cesse  qu'il  n'a  payé  que  50,000  rixdales  sur  les  deux  mil- 
lions qui  lui  étaient  réclamés.  Il  est  à  regretter  qu'il  n'existe  pas 
une  comptabilité  en  règle  de  ces  opérations  ;  toutefois,  les 
recherches  faites  dans  les  archives  permettent  de  démontrer 
la  fausseté  de  cette  assertion  et  l'inexactitude  de  plusieurs 
autres  (^^). 

La  Reine  n'ayant  pu  donner  son  approbation  à  un  compte  de 
deux  millions  de  rixdales  réclamé  par  son  gouvernement.  De 
Geer  donna  à  entendre  qu'il  se  contenterait  d'un  million;  mais 
cette  somme  même  fut  refusée.  Dans  un  extrait  de  la  comptabi- 
lité du  commissaire,  insérée  quarante  ans  après  parmi  les 
actes  du  Collège  de  réduction,  on  parle  d'un  compte  pournoli- 
sation  et  entretien  de  la  flotte  hollandaise  pendant  l'année 
1644,  montant  à  489,101  rixdales  et  13  oeres,  avec  la  mention 
que  «  celte  somme  ne  portera  pas  d'intérêt  parce'qu'elle  a  été 
payée  comptant.  »  Voilà  évidemment  un  compte  accepté  et 
payé  par  le  gouvernement  ("**).  Rappelons-nous,  d'autre  part, 
qu'au  mois  de  septembre  précédent.  De  Geer  avait  déclaré  que 
ses  dépenses  pour  la  flotte  montaient  à  200,000  rixdales.  Après 
la  victoire  du  13  octobre  sous  Lolland,  les  navires  retournèrent 
en  Hollande  sans  avoir  essuyé  des  pertes  considérables, et  nous 
pensons  que  289,101  rixdales  durent  suffire  pour  le  service 
d'nn  mois  environ.  On  ne  peut  admettre  que  la  somme  deman- 
dée en  septembre  se  soit,  à  la  fin  de  l'année,  élevée  à  un  chiffre 
sept  fois  plus  grand  (*"). 

Dans  une  lettre  écrite  par  D3  Geer,  de  Hollande,  le  10  jan- 
vier 1643,  au  chancelier,  il  dit  qu'il  a  entendu  parler  d'un 
niécontenlement  au  sujet  des  frais  de  la  flotte,  et  du  soupçon 
qui  planerait  sur  lui  d'avoir  cherché  son  jjropre  profit  dans 
cotte  affaire.  Il  proleste  avec  énergie  contre  celte  calomnie,  et 
prend  Dieu  à  témoin  de  son  désintéressement.  «Son Excellence, 
(lit-il,  sait  mieux  que  personne  combien  elle  a  eu  de  peine  à  le 
persuader  de  se  lancer  dans  cette  entreprise.  Si  les  dépenses 


454 


sont  grandes,  il  ne  faut  pas  oublier  que  l'expédition  a  duré 
huit  à  neuf  mois.  Il  ne  fait  pas  entrer  en  ligne  de  compte  les 
dangers  personnels  auxquels  il  a  été  exposé  ni  les  embarras 
inouïs  dans  lesquels  l'a  plongé  la  mutinerie  des  équipages. 
Ce  n'est  pas  seulement  sa  fortune  qu'il  a  risqué,  mais  encore 
son  honneur.  Son  crédit  était  engagé  au  point  qu'il  n'a  pu 
le  sauver  qu'au  prix  des  plus  grands  sacrifices.  Il  supplie 
Oxenstjerna  de  ne  pas  l'abandonner  dans  cette  circonstance. 
Pour  sortir  de  ce  labyrinthe  et  en  finir  avec  ces  difficultés,  il  a 
formé  un  projet  de  transaction  plus  préjudiciable  qu'avanta- 
geux pour  les  siens,  qu'il  soumettra  au  bon  plaisir  de  Sa 
Majesté  (^^).  » 

Quel  était  ce  projet  d'arrangement?  Il  n'est  pas  douteux  pour 
nous  que  ce  ne  fût  celui  qui  aboutit  au  règlement  de  compte 
fixant  la  dette  delà  Couronne  à  489,101  rixdales,  13  oeres; 
ce  compte  doit  avoir  été  présenté  au  gouvernement  entre  le  10 
et  le  21  janvier  de  l'année  1645,  car,  à  cette  dernière  date,  on 
assigna  à  Louis  De  Geer,sur  les  revenus  de  la  douane,  300,000 
rixdales  à  toucher  dans  le  courant  des  trois  années  sui- 
vantes (*").  Se  trouvant  sur  le  point  d'entreprendre  son  expé- 
dition contre  le  Danemarck,  les  sénateurs  suédois,  frustes  des 
subsides  hollandais  qu'ils  espéraient,  avaient,  sous  leur  propre 
responsabilité,  promis  au  commissaire  royal,  pour  l'équipement 
de  la  flotte,  une  subvention  de  50,000  rixdales,  qui  lui  furent 
payés,  après  la  guerre,  en  terres  domaniales  conquises  sur  les 
Danois  dans  la  province  de  Halland.  Une  autre  somme  pareille 
avait  été  comptée  h  De  Geer,  au  moyen  des  subsides  français,  le 
22  décembre  1644,  par  Jean  Oxenstjerna  et  Salvius,  commis- 
saires de  la  Suède  au  congrès  de  Westphalie,  après  différentes 
réclamations  de  sa  part.  Enfin  tout  le  restant  de  sa  créance, 
montant  h  89,101  rixdales,  13  a^res,  lui  «  fut  payé  ou  porté  en 
compte  d'une  autre  manière,  »  suivant  l'expression  d'un  bio- 
graphie de  De  Geer,  membre  de  sa  famille.  Voici  le  moyen  que 
l'on  employa. 


—  4SS  — 

Lorsque  la  reine  eut  atteint  sa  majorité,  elle  confirma  en  1646 
les  achats  de  1643,  de  même  que  le  mode  de  payement,  par 
défalcation,  pour  deux  sommes  capitales  de  S6,951  rixdales,  47 
oeres  et  30  V., pfennigs,  et  de  10,704  rixd.,  18  oeres  et  22  VaPf- 
Cinq  semaines  plus  lard  elle  vendit  à  De  Geer,  pour  62,459 
rixdales  et  14  -/:,  pfennigs  (*^)  des  terres  en  Upland  ;  à  la  fin  de 
l'année,  pour  7,782  rixdales,  39  oeres  et  8  ^/g  pfennigs,  des  pro- 
priétés dans  la  même  province  et  en  Ostrogothie,  et  l'année 
suivante,  pour  25,325  rixdales,  29  oeres,  10  7,  pfennigs,  des 
domaines  en  Ostrogothie.  Le  système  de  défalcation  étant 
stipulé  pour  ces  deux  derniers  achats,  on  doit  supposer  qu'il 
en  fut  de  même  pour  le  premier,  et  on  peut  compter  que,  par 
ce  moyen.  De  Geer  acheta  des  domaines  pour  une  somme  totale 
de  100,762  rixdales,  peut-être  même  de  163,221  rixdales.  Ces 
transactions  étaient  naturellement  tout  à  son  avantage,  et  en- 
tièrement au  détriment  du  vendeur,  c'est-à-dire  de  l'Etat.  En 
ce  sens,  il  n'est  peut-être  pas  (out-à-fait  inexact  de  dire  que 
le  Gouvernement  lie  remboursa  pas  k  De  Geer  l'argent  qu'il 
avait  avancé  pour  le  service  de  la  Suède  pendant  la  guerre  avec 
le  Danemarck;  mais  le  commissaire  n'en  fut  pas  moins  indem- 
nisé. C'est  également  à  tort  qu'on  accuse  la  Reine  d'avoir 
toujours  négligé  un  si  loyal  sujet,  et  nous  devons  dire  que  c'est 
avec  une  incroyable  légèreté  que  les  écrivains  ont  en  général 
tracé  cette  page  de  l'histoire  ;  ils  perdent  de  vue  qu'en  présen- 
tant De  Geer  comme  une  victime,  ils  attaquent  témérairement 
l'honneur  et  la  bonne  foi  de  !a  nation  suédoise. 

Ce  qui  prouve  qu'en  fin  de  compte  Louis  De  Geer  n'eut  pas 
trop  à  se  plaindre  des  procédés  du  gouvernement,  c'est  qu'il 
mit  h  la  disposition  de  celui-ci  ses  vaisseaux  et  leurs  équipages 
pour  l'année  suivante;  mais  on  trouva  ses  conditions  trop 
onéreuses  et  on  le  remercia  ('°).  Quelques  semaines  après 
la  liquidation  dont  nous  venons  de  parler,  ayant  à  remercier  la 
Reine  et  le  Sénat  pour  une  faveur  accordée  à  son  filsl^"), 
il  réitère  l'offre  de  quelques  navires  pour  inquiéter  les  habi- 
tants de  Gluckstadt  et  de  Krempe. 


(oH 


Louis  De  Geer  continua  k  livrer  des  fournitures  à  l'Etat  et  h 
se  faire  payer  en  terres  domaniales.  Nous  nvons  enregistré  six 
simulacres  d'achats  ;  il  reste  k  en  mentionner  deux,  mais  de 
moindre  importance,  faits  en  l'année  1650  :  l'un  consiste 
en  métairies  situées  dans  la  paroisse  de  Fellensbro  (province 
de  Néricie),  acquises  pour  la  somme  de  7,841  rixd.  ;  l'autre  ne 
comprend  que  quelques  terres  dans  les  paroisses  Boerstil 
et  Hoekhufvud  (province  d'Upland),  achetées  au  prix  de  661 
rixd.;  ce  furent  les  derniers  (^').  Les  huit  opérations  réunies  ne 
cotjtèrent  pas  plus  de  220,280  rixd.  d'argent,  ce  qui  équivaut 
à  889,120  couronnes  de  notre  monnaie  actuelle,  on  à  environ 
un  million  250,000  francs.  Acheter  k  co  prix  deux  domaines 
comparables  par  leur  étendue  à  de  petits  royaumes,  certes  ce 
n'était  pas  trop  cher,  même  pour  ce  temps-là,  et  nous  pouvons 
dire,  avec  Palmblad,  que  Louis  De  Geer  n'eut  pas  lieu  de 
regretter  son  expatriation  ni  le  déplacement  de  ses  capitaux,  en 
les  retirant  du  commerce  hollandais  pour  les  verser  dans  l'in- 
dustrie du  (er  suédois.  En  effet,  l'acquisition  de  Finspong  et  de 
Dannemora-verken  fut  pour  lui  extrêmement  avantageuse,  tout 
en  admettant  qu'il  eut  augmenté  par  son  travail  la  valeur  de  ces 
établissements  {■''). 

Il  faut  ajouter  toutefois  que  Tunique  préoccupation  de 
De  Geer,  en  achetant  ces  domaines,  n'était  pas  de  devenir  un 
grand  seigneur  :  il  avait  surtout  en  vue  de  donner  h  l'industrie 
du  fer  un  essor  jusque  Ik  inconnu  en  Suède  et  d'augmenter 
ainsi  la  prospérité  du  royaume. 

Il  est  certain  que,  pour  atteindre  ce  but,  il  dut  encore  faire 
des  avances  de  capitaux  énormes,  et  continuer  k  appeler  dans 
le  pays  des  ouvriers  habiles  pour  peupler  les  mines  et  les 
ateliers  C^'').  En  ce  dernier  point,  il  répondait  aux  désirs  et 
même  aux  volontés  du  gouvernement  qui  s'intéressait  au  plus 
haut  degré  aux  colonisations  étrangères.  C'est  k  l'époque  des 
grands  achats  de  terres  domaniales  par  De  Geer,  c'est-k-diro 
entre  les  années  1643  et  1660,  que  l'on  constate  l'immigrat'on 


la  plus  considérable  d'artisans  étrangers  en  Suède.  Ils  venaient 
<c  des  contrées  wallonnes  de  Liège  et  de  Namur,  »  accom- 
j)agné3,  dit-on,  d'un  médecin,  d'un  pasteur  et  d'un  maître 
d'école.  De  Geer  les  répartit  dans  ses  nombreux  établisse- 
ments. 

Le  nombre  de  ces  «  Wallons  »  (c'est  ainsi  qu'on  désigne 
encore  aujourd'hui  leurs  descendants  en  Suède)  émigrés,  a  dû 
être  très-considérable  ;  c'est  ce  que  l'on  peut  inférer  de 
l'examen  des  anciens  registres  des  usines,  contenant  des  listes 
d'ouvriers  et  d'employés,  où  l'on  rencontre  plus  de  trois  cents 
différents  noms  de  famille  étrangers,  dont  quarante  au  moins 
pour  la  seule  exploitation  de  Finspong  {^''  ).  Le  chiff're  est  plus 
grand  encore  pour  les  possessions  de  De  Geer  en  Upland,  à 
Oesterby,  à  Leufsta,  àGimo,  c'est-à-dire  dans  les  Dannemora- 
verken  ;  dans  ces  endroits  on  peut  relever  plus  de  cent  noms 
de  famille. 

Nous  l'avons  déjà  dit ,  le  caractère  étranger  et  français  de 
ces  noms,  qui  au  XVII"  siècle  se  firent  tout-à-coup  entendre 
an  fond  de  la  Suède,  ne  saurait  être  méconnu,  même  aujour- 
d'hui, malgré  un  certain  mélange  de  hollandais  et  d'allemand, 
malgré  les  traductions  du  français  en  suédois,  en  allemand , 
môme  en  latin,  malgré  l'altération  produite  par  la  pronon- 
ciation des  gens  du  pays,  maigre  les  tortures  d'une  orthographe 
vicieuse.  Il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  la  liste  alphabétique  qui 
accompagne  cette  notice  pour  en  être  convaincu. 

Ce  que  nous  pouvons  affirmer,  c'est  qu'un  grand  nombre  de 
descendants  de  ces  anciens  wallons  soni  encore  actuellement 
employés  dans  les  min.es  et  usines  ayant  appartenu  ou  appar- 
tenant toujours  à  la  famille  De  Geer.  D'autre  part,  on  peut 
croire  que  la  loi  sévère  édictée  par  Gustave-Adolphe  contre 
ceux  qui  quittaient  leurs  maîtres  ne  fut  pas  strictement  obser- 
vée dans  la  suite  :  on  trouve  de  nos  jours  les  noms  des  colons 
primitifs  parmi  les  ouvriers  des  mines  et  usines  de  Ranaes,  de 
Wattholma  et  de  Soederfors,  en  Upland,  de  celles  de  Gysinge 


458 


et  de  Forssbacka  en  Gestrikland,  etc.,  lesquelles  n'ont  jamais 
appartenu  aux  De  Geer. 

Par  la  suite  des  temps  un  grand  nombre  de  colons  belges, 
quittèrent  l'industrie  pour  embrasser  d'autres  carrières  ;  et  c'est 
ainsi  que  nous  trouvons  des  noms  wallons  dans  la  petite  bour- 
geoisie comme  dans  le  haut  commerce,  à  l'armée  comme  dans 
l'église,  parmi  les  artistes  comme  parmi  les  savants,  dans  les 
Chambres  de  la  représentation  nationale  comme  dans  les  fonc- 
tions administratives. 

Quant  il  la  population  wallonne  encore  actuellement  employée 
aux  mines  et  usines  de  Dannemora,  voici  en  quels  termes 
s'exprime  à  leur  sujet  un  de  ses  pasteurs  C*^)  :  Ces  ouvriers  ont 
en  général  le  teint  brun  i^"),  les  yeux  foncés,  le  nez  aquilin, 
les  cheveux  noirs  ;  leur  langage  se  caractérise  par  la  franchise 
et  la  hardiesse  des  expressions.  Susceittibles,  même  pour  des 
choses  de  peu  d'importance,  ils  montrent  un  esprit  droit  et 
sagace.  Quoique  très-dociles,  on  leur  reproche  une  certaine 
rudesse  et  une  opiniâtreté  qu'il  est  difficile  de  vaincre.  Néan- 
moins, ils  surpassent  encore,  par  l'intelligence  comme  par  la 
douceur  de  leurs  mœurs,  les  paysans  suédois,  dont  ils  se  dis- 
tinguent du  reste  par  leurs  noms.  Dans  leur  bouche,  la  pronon- 
ciation du  langage  suédois  devient  lâche  et  traînante.  Ils  n'ont 
retenu  de  l'idiome  wallon  que  quelques  mois,  généralement  des 
termes  techniques  se  rapportant  à  leur  industrie  (^').  Dans 
leurs  demeures  régnent  au  plus  haut  degré  l'ordre  et  la  pro- 
preté, et  eux-mêmes,  lorsqu'ils  ont  revêtus  leurs  habits  du 
dimanche,  se  font  remarquer  par  une  véritable  élégance. 

Les  wallons  émigrés  professaient  la  religion  réformée;  mais 
leurs  enfants  embrassèrent,  ou  plutôt  suivirent  la  confession 
luthérienne  qui  était  celle  de  la  Suède.  Dans  le  principe,  et 
même  assez  longtemps  après  leur  établissement  en  Suède,  les 
wallons  ne  voulurent  se  marier  qu'entre  eux  ;  mais  peu  à  peu 
ils  se  sont  relâchés  de  cette  coutume,  et  les  deux  races  se  sont 
enfin  fondues. 


—  4S9  — 

Après  avoir  donné  à  l'exploitation  du  fer  en  particulier  et  k 
l'industrie  en  général  une  impulsion  dont  la  Suède  récolte 
encore  aujourd'hui  les  fruits,  Louis  De  Geer  s'appliqua,  dans 
les  dernières  années  de  sa  vie,  à  étendre  les  rapports  commer- 
ciaux de  sa  nouvelle  patrie. 

On  s'était  imaginé,  à  cette  époque,  que  l'on  pouvait  faire  de 
la  Suède  non-seulement  une  grande  puissance  continentale, 
mais  encore  une  puissance  coloniale  importante,  et  on  avait 
fondé  en  Amérique,  en  l'année  163o,  une  Nouvelle-Suède.  La 
colonie  demanda  à  la  mère-patrie,  pour  la  facilité  de  son  com- 
merce, une  compagnie  des  Lides-occidentales  ou  une  compa- 
gnie Virginienne,  dans  lesquelles  s'intéressèrent  la  Couronne 
et  les  seigneurs  suédois,  notamment  Louis  De  Geer  (^^).  Mais 
l'existence  de  cet  établissement  fut  de  courte  durée. 

Il  est  encore  une  autre  entreprise  à  laquelle  De  Geer  attacha 
son  nom.  Doué  de  vastes  aptitudes,  l'importance  du  commerce 
avec  l'Afrique  n'avait  pas  échappé  à  son  esprit  pénétrant,  et  ce 
fut  à  lui  que  la  Suède  dut  ses  relations  avec  ce  continent.  De 
riches  cargaisons  lui  étaient  déjà  arrivées  de  la  Guinée,  lorsque 
De  Geer  proposa,  en  1648,  à  la  reine,  de  fonder  une  compagnie 
en  Afrique.  Christine  y  consentit  et  signa,  l'année  suivante,  un 
contrat  qui  devait  durer  vingt-quatre  ans.  En  1650  elle  acheta 
un  territoire  à  un  roi  nègre,  près  du  cap  Corso,  y  fit  bâtir  un 
fort,  établit  des  comptoirs  dans  le  voisinage  et  acquit  des  pos- 
sessions sur  la  Côte-d'Or.  La  Suède  échangeait  du  fer  contre  de 
l'or  et  de  l'ivoire,  et  réahsait  d'immenses  bénéfices  (^^).  Dirigé 
par  une  main  aussi  habile  que  ferme,  ce  commerce  promettait 
d'atteindre  le  plus  haut  degré  de  prospérité,  lorsque  cette  même 
main  vint  à  lui  manquer. 

L'intérêt  u  était  pas  le  seul  mobile  qui  faisait  agir  cet  homme 
véritablement  grand.  Tout  ce  qui  pouvait  contribuer  à  la  gloire 
et  au  bonheur  de  la  patrie,  au  progrès  moral  et  intellectuel  de 
ses  concitoyens,  trouvait  en  lui  un  généreux  et  ardent  champion. 
Le    gouvernement    ayant    élaboré  une  loi    sur    l'instruction 


460 


publique,  De  Geer  s'intéressa  vivement  à  ce  projet.  Nous 
possédons  de  lui  deux  lettres  écrites  en  1642  à  Oxenstjerna, 
dans  lesquelles  il  conseille  d'appeler  en  Suède  le  célèbre  Come- 
nius,  pédagogue  moravien,  qui  réforma  les  écoles  dans  plu- 
sieurs états  de  l'Europe,  ollrant  de  supporter  tous  les  frais  de 
son  installation.  Comenius  vint,  et  d'après  ses  conseils,  on 
publia  une  loi  qui  aujourd'hui  encore  est  considérée  comme  un 
chef-d'œuvre  pour  le  temps  où  elle  parut,  (^"l. 

Calviniste  comme  tous  les  wallons  émigrés  en  Suède,  De 
Geer  procura  à  ses  compatriotes  les  moyens  de  remplir  leurs 
devoirs  religieux,  en  dépit  de  l'intolérance  luthérienne  (*")  ;  en 
même  temps,  il  mettait  h  la  disposition  de  ses  ouvriers  luthé- 
riens une  chambre  de  sa  propre  maison,  leur  donnait  un  pas- 
teur, et  élevait  un  temple  à  leur  usage  (^^). 

Mais  les  jours  de  Louis  De  Geer  sont  comptés.  Depuis  long- 
temps il  endure  les  terribles  douleurs  de  la  pierre.  C'est  en 
vain  qu'il  espère  trouver  la  guérison  à  Amsterdam.  Toutefois 
ses  souffrances  ne  peuvent  ébranler  son  âme  forte  et  résignée, 
et  il  meurt  tranquillement  et  chrétiennement  le  19  juillet 
1652  («^). 

On  raconte  les  choses  les  plus  touchantes  de  sa  piété  sincère, 
de  son  dévouement  à  ses  compatriotes  (  *■'*),  de  sa  bienfaisance 
envers  les  pauvres  et  les  malades,  quels  qu'ils  fussent  ("),  de 
sa  reconnaissance  envers  Dieu  qu'il  regardait  toujours  comme 
le  véritable  auteur  de  sa  fortune  {^^). 

Sa  femme,  Adrienne  Gérard,  était  morte  on  1634  en  donnant 
le  jour  à  son  seizième  enfant  {^').  Trois  filles  moururent 
jeunes  ;  six  lils  et  sept  filles  survécurent  à  leur  mère.  Les  fils 
sont  :  1"  Laurent,  seigneur  d'Oesterby;  2"  Louis,  seigneur  de 
Finspong,  Riiigstaholm,  Forsala,  Ekesund,  en  Ostrogothie, 
Rhynhusen  et  Nieuwael,  on  Hollande  (^^);  3"  Emmanuel, 
seigneur  de  Leufsta;  4"  Etienne,  seigneur  de  Gimo;  5°  Jean, 
seigneur  de  Godegard  et  Skyllberg;  6°  Benjamin,  dont  la  nais- 
sance coûta  la  vie  à  sa  mère,  et  qui  mourut  ù  Lirecht  à  l'âge  de 


—  4t;i  — 

17  ans.  Les  filles  f'ureiu  pour  la  plupart  mariées  en  Hollande, 
à  l'exception  d'Ida  que  De  Geer  donna  en  mariage  à  Charles 
De  Besche,  tils  de  son  ancien  associé.  Cette  union  ne  fut  pas 
heureuse:  Charles  De  Besche  ne  causa  que  des  chagrins  à  son 
beau-père,  lui  occasionna  de  nombreuses  pertes  d'argent,  et 
l'accusa  enfin  de  fraude  dans  la  tenue  de  ses  livres  ;  il  voulait, 
dit-on,  se  venger  de  la  prétendue  avarice  de  De  Geer.  Il  est 
certain  que  celui-ci  refusa  les  demandes  d'argent  de  son  gendre, 
lorsqu'elles  devinrent  trop  fréquentes.  De  Besche  parvint  à 
persuader  Oxenstjerna  et  le  drotzet  ou  juge  suprême  du 
royaume,  de  poursuivre  l'accusation.  Mais  au  jour  fixé  par  les 
tribunaux,  l'accusateur  fit  défaut;  il  s'était  réfugié  en  Hollande 
avec  sa  famille  pour  éviter  les  conséquences  de  son  infâme 
conduite  ;  c'était  la  preuve  la  plus  convaincante  de  l'innocence 
de  son  beau-père  C*^). 

Ce  qui  prouve,  au  surplus,  la  droiture  et  la  noblesse  du 
caractère  de  De  Geer,  c'est  qu'il  jouissait  de  l'amitié  des  plus 
hauts  dignitaires  du  royaume:  Axel-Oxenstjerna, le  comte  Pierre 
Brahe,  De  la  Gardie,  tous  trois  membres  du  gouvernement  sous 
la  minorité  de  Christine.  Quant  à  celle-ci,  elle  recevait,  dit-on, 
avec  une  certaine  froideur  ce  marchand  étranger  qui,  pensait- 
elle,  avait  à  son  profit  causé  de  grands  préjudices  à  la  Couronne, 
par  ses  fermages,  ses  achats  et  ses  fournitures. 

Il  est  certain  que  De  Geer  réalisa  des  bénéfices  énormes  ; 
mais  ne  les  avait-il  pas  bien  et  loyalement  mérités  ?  Nous 
avons  démontré,  en  effet,  que  les  litres  que  Louis  De  Geer 
s'était  acquis  h  la  reconnaissance  des  Suédois  ne  consistent 
pas  seulement  dans  l'essor  qu'il  fit  prendre  au  commerce,  à 
l'industrie  en  général  et  à  celle  du  fer  en  particulier,mais  encore 
dans  sou  entier  dévouement  et  dans  les  services  qu'il  rendit  à 
sa  nouvelle  patrie  à  l'occasion  de  la  guerre  avecleDanemarck. 
N'est-ce  pas  en  grande  partie  à  lui  qu'on  dut  la  victoire  qui 
assura  k  la  Suède  l'empire  de  la  mer  Baltique  et  la  conquête  de 
provinces  importantes  ?  Parcourons  notre    histoire  sous  les 


—  462  — 

règnes  de  Gustave-Adolphe  el  de  ClirisLine,  pendant  les  années 
1616  à  1648,  et  nous  verrons  que,  pour  la  guerre  de  Pologne 
comme  pour  celles  d'Allemagne  et  du  Danemarck,  De  Geer 
a  constamment  fourni  les  sommes  et  tabriqué  les  armes 
nécessaires  à  ces  grandes  expéditions.  Voilà  des  services  qu'un 
pays  ne  peut  payer  en  argent  ni  en  acres  de  terres  l^"). 

Les  De  Geer,  quoique  nobles,  habitèrent  pendant  plus  d'un 
siècle  la  Suède  sans  obtenir  de  titre.  Lors  de  son  couronne- 
ment, en  1772,  Gustave  III  créa  baron  le  célèbre  entomologiste 
Charles  De  Geer  de  Leulsta.  Le  petit-flls  de  celui-ci,  également 
nommé  Charles,  {")  obtint  le  litre  de  comte  à  l'occasion  du 
couronnement  de  Charles  XIV. 

Il  y  a  environ  vingt  ans,  la  famille  De  Geer  a  vendu  Finspong 
avec  toutes  ses  appartenances,  de  même  que  Oesterby  et  Gimo; 
mais  elle  possède  encore  en  majorât  Leufsta,  avec  une  partie 
de  Dannemora-verken.  En  1779  Froetuna  en  Upland  fut  érigé 
en  majorât  pour  une  branche  cadette  des  De  Geer  de  Leufsta  ; 
il  appartient  actuellement  au  baron  Charles-Emmanuel  De  Geer, 
propriétaire  de  Leufsta. 


LISTE  DES  NOMS  WALLONS  (i; 


A. 

Adde  (2),  W.  Etc.  Anjou,  F.  D. 

Allard,  F.  Asclian,  F. 

Amia,  Amya,  D.  Audait,  0. 

(*)  Les  noms  dont  la  liste  suit  ont  éié  relevés  :  I"  Dans  les  registres  de  la 
paroisse  d'Oster-Lùfsta,  parcourant  les  années  -1662  à  1875;  ces  noms  appar- 
tiennent aux  familles  fixées  aux  usines  de  fer  de  Lôfsla,  Aktrby  et  Hillebola  ; 
'■2"  Dans  un  livre  de  compte  de  la  même  église,  pour  les  années  1633  à  1709  ; 
3»  Dans  un  registre  aux  comptes  de  l'usine  d'Ostcrby  pour  l'année  1694  ;  4"  Dans 
un  rôle  des  usines  de  Dannemora,  du  XVil-  siècle  ;  b°  Dans  les  registres  aux 
comptes  d'Osterby,du  Wll^  siècle  ;  6"  Dans  au  registre  aux  comptes  de  Finspong, 
de  l'an  1820  ;  7»  Dan»  des  registres  des  raines  de  la  province  de  Wcrniland, 
districts  de  Carlskoga  et  Fernebo,  des  années  16u0  à  4607  ;  8"  Dans  des  registres 
de  l'église  de  Lena,  en  Upland,  pour  l'usine  de  Wattholma. 

Voici  l'explication  des  abréviations  employées  dans  ce  tableau  : 

D.  =  Dannemora-Verken  (les  usines  de  Dannemora,  c'esi-à-dire  Oesterby, 
Leufsta,  Girno,  etc.). 

Etc.        Signifie  que  le  nom  se  retrouve  en  plusieurs  endroits. 

F.     =  Finspong,  en  Oslrogothie. 

H.     =  Colonisation  wallonne  de  Hidemora,  en  Dalécarlie,  au  XYli*  siècle. 

L.     =  Leufstti. 

0.     =:  Oesterby. 

W.    =  Usine  de  Wattholma,  prov.  d'Upland, 

WL.  =  Colonisation  wallonne  de  Werraeland,  au  XYII»  siècle. 

Les  noms  soulignés  appartiennent  à  des  familles  encore  existantes. 

(-)  Faisons,  au  sujet  de  la  prononciation,  les  remarques  suivantes  : 
d  se  prononce  au  ; 
à  z>  ai  ; 

e  »  é,  môme  à  la  lin  des  mots  ; 

Le  h  est  toujours  aspiré  ; 
Le  j  remplace  le  y  français  ; 
o    se  prononce  eu  ; 
»,  M  »        ou  ; 

Le  V  et  le  iv  suédois  ont  la  môme  valeur  ; 
Le  y,  ij  remplace  le  u  français. 

Nous  employons  le  â  au  lieu  de  l'a  surmonté  d'un  petit   u,    parce  que   ce  signe 
typographique  manque  dans  nos  ateliers  d'imprimerie. 


—  464 


B. 


Ballia,  L. 

Barckhysen,  0. 

Bnudou,  Baude,  D. 

Bnussard,    Bossard,    Bossardi,  L. 

Bossart.  0. 
Bay,  L. 

Bayard,  Bayar.  D.,  etc. 
Bedoirc  ? 

Bergsche,  Beische,  L. 
Bernard,  D.,  etc. 
Berndcs,  0. 
Bertoii,  L. 
Biesert. 
Uilock,  WL. 
Birto,  0. 
Blanc,  D.  L. 
Blanche  ? 
Blaneq,  D.  O. 
Blacy,  0. 
Blavior,  F. 

Blommcrt,  Blommaert,  hoU.  D. 
Bodou,   Bodoy,  0.  Boude,   0.    (cfr 

Baudou.) 
lioh'ie,  Bevi,  Boevi,  D   eic 


Boiiel,  0. 

Bonncvkr  ( —  vieur,  —  veur^,  D. 

Boom,  0. 

Bord,  D.  (=  Suéd.  \ûrd,  garde.) 

Borgognon,  0.  Bourginon,  L. 

Borne  ? 

Bothcus,  F. 

Bollerdick,  1.. 

Bouigné,  0. 

Bourgi,  L. 

Boî(i'w,D., etc. Bovin, Boven,Bovain, 
Bovein,  Boveng,  Bovang,  Bou- 
vain,  Bouyn,  Bovingh,  Bovinge, 
Bovinghe. 

Boy,  0.,  etc. 

Van  Bremen,  0. 

Bremer,  0.,  etc. 

Brey,  Broy,  0. 

Briseual,  0. 

Bronell,  F,  =  Brunelle,  fr. 

Briiyn,  D. 

Buir,  Buhre,  L. 

Bursie,  D. 


Cambou,  Cambon?  0. 

Cardon,  F.,  etc. 

Gare,  0. 

Carli,  Carlij,  Carie,  Charlie,  D 

Caulvin,  ? 

César,  F. 

Cbalet  ? 

Charles.  D. 


Chasseur,   (  irad.  suéd.  Jagare)  D. 

Etc. 
Chenon,  WL.,  etc. 
Cléments,  0. 
Collin,  CùUijri,  L.,  etc. 
Mr.  Constantin,  !.. 
Cortehue,  Cortchue,  D. 
Couleur  ? 


465 


i>. 


Van  Dararae,  O. 

Dandanell,  WL.  Daiidenelle,  D. 

D'Ausou,  0. 

Debbelt,  0. 

De  Besclie,  F.  el  D.,  etc. 

De  Boist,  L  ,  du  Bois,  0.  Dubois,  0. 

De  Brun,  De  Broyn,  De  Bruyn.  F.  etc. 

De  Clair,  L. 

De  Fer,  Du  Fer,  D. 

De  Flon  ? 

De  Frumerie  ? 

De  Geer,  F.  et  D.,  etc. 

De  Grade,  Degrad,  F.,  etc. 

De  Grais,  L. 

De  Han,  Dehand,  L. 

De  Jounge,  De  Jouiighe,  De  Jongiie, 

D. 
De  Main,  De  Men,  1.. 
De  Malsie,  D. 
De  Mare  ? 
De  rSis,  De  Nys,  De  Nue,  Denijs, 

Deniss,  D. 
De  Pascey,  0. 
De  Poix,  De  Poi,  L. 


De  Préez,  WL. 

Mr.  De  Rees.  E.  0. 

De  Bon  '! 

De  Sor,  Deson  ?  L. 

De  Thunlli,  H. 

De  Witte,  0. 

Delfendaël,  0. 

Dïdon  ? 

Dille. 

Ditric,  0. 

Doms,  H. 

Douhan,  Dulian  (Cf.  De  Han),  L. 

Dover tie  ? 

Dres,  WL. 

hiougyc,  Drugge,  W. 

Dubeaux,  Dubos,  Dubosl,  WL.,etc. 

Dubois,  0.,  etc. 

Duiock,  WL. 

Du  Poix,  0. 

Durent,  WL. 

Du  Rietz,  F. 

Du  Sausoy,  0. 

Dugge  ? 


E. 


Eeckiiofif,  0.,  etc. 
Elers,  0.,  etc. 


Van  Emersen,  0. 
Etienne,  D. 


F. 


Finneman,  0. 

Fabvier  { trad.  suéd.  Heelvalh. 
Faggût,  L. 

Fischer,  Fischier,  etc.  (Trad.  aUem. 
de  Pechetp-.  ) 


Kijis,  0. 

François,  L;  Francoi,  L-  Fransivi, 
L  ;  Fransve,  D. 


—  466  ~ 


G. 


Oadde,  F. 

Gille,  D. ;  Gillé,  0.  ;  Gyle,  Gillet,  L.  ; 

Gadenier. 

Gillctt,  0;Gillit,  0. 

Gagot,  VVL.  Gagge,  etc. 

Gillisson{=  fils  de  Gilles),  F. 

Gallan,  L. 

Gilliam,  D.;   Gilljam,   Guilleaume, 

Garillier,  0. 

D.,  etc. 

Carnet,  L. 

Gisler,  Gejsler,  F. 

Garney,  WL.  ;  Garnie,  D. 

Goës,  etc. 

Gaude,  W.;  Gode,  Godhe,  D.;  Godu, 

Yan  Gottenwijk,  D. 

L.;  Gude,  D.;  Guddi,  WL. 

Gouvernij,  L. 

Gauffiii,  Goflin,  F.  et  D.  ;  Golin, 

D. 

Govert,  D. 

Gebben,  0. 

Graapc,  0.,  etc. 

Geerden,  0. 

Glanai,  F. 

Gelolte {— ni),  L.;  Gelott,  D. 

Grave,  \VL.,  etc. 

Geney,  L. 

Graver,  F. 

Gennys,  L. 

Gravcley,  etc. 

Gérard,  D. 

Gray,  0. 

Gerdes,  D. 

Grevilli. 

Gerny,  L. 

Grey. 

Gersy,  Girsy,  0. 

Grill,  F.;  Grillo,  F.  et  D. 

Gihl. 

Grivetz. 

H. 


Hade,  L.  (Cf.  Adde.) 
Haeck,  Haah,  0.,  etc. 
Hagert,  F. 
Halmer,  0. 
Heddinger,  L. 
Heerden. 
Helleday,  etc. 
Henné,  0.,  etc. 
Hercules,  F. 
Hero,  D.,  etc. 
Hoclihiiysen,  0. 
Holslz,  L. 


Van  Hoorn,  0. 

Hubben,  Hybenn,  L.;  Hybbene,  D.; 

Hyblene,  1). 
Hybbenett,  D.,  etc. 
Hubert,  Hybberl,  F.;Huyberl(  — 

ts),  0. 
Huybertssen  (=  lils  de  Huybert),0. 
Hillphers,  H.,  etc. 
Yan  der  Hiilst,  D. 
Hynon,  0. 
Hfnjer  (  prononcez  heuyèr),  D. 


Inde  Betou,  etc. 


467  -. 
I. 

Isenio,  D. 
«I. 


Jagare,  (Watth.j  D.,  etc.    (Trad.    Jedeur,  H, 
suéd.  de  Chasseur.)  Jopin,  0. 


K. 


De  Kejser,  0. 
Keventer,  F. 
Kinn,  W. 


Kinnemundt,  0. 
Kirhoff.  L. 
Kramer,  0.,  etc. 


La  Montagne,  WL. 

Lambert  (—  ts),  0. 

Langemach,  0. 

Lauren  ( —  ns),  0.;  Laurin,  etc. 

Laurent,  D. 

Dr.  Le  Blanc,  0. 

LeBrenn,  D. 

Le  Brun,  L. 

Le  Clercq,  0. 


Le  Man,  Lcman,  D.,  etc. 
Lemoine,  Lemon  (  -  oon,  —  oen  ) 

D.;  Lemens,  WL.  ;  Lemmens,  0. 

Lemen,  L. 
Leschou,  0. 
Leyel,  D.,  etc. 
Lilo  ?  Etc. 
Lochette,  WL. 
Lovis,  L.;  Louie,  0. 


Le  Clou,  Clu. Cou  (trad.  suéd.  S/;jfe),     Lyckou,  Leucksi,  Lycka(=  bonheur) 
r..  D.,  etc. 


M. 


Mackey,  D. 
Maeckelier,  0. 
]M"«de  Malsie,  Malsi,  L. 
Mr.  Malues,  L. 
Marchan,  L.;  (—  nt),  0. 
Mnrtelleur,  Martileur,  D. 


Marfemer,  0. 
Martens,  etc. 
Martin,  0.  D.,  etc. 
Martinclk,  0.  L.,  etc. 
Matton,  D.,  etc. 
Mescher,  0. 


1-68  - 


Mr.  Michell,  0. 

Mineur,  D.,  etc. 

Moffen,  0. 

Molinic,  etc. 

Moller,  D.,  etc. 

Monter,  Moni,  Monny,  L.;  Miinne. 

Mont,  0. 


Mr.  Mornie,  Monje,  D. 
Morihonnie,  L. 
Mourer,  0. 
Mouskin,  Myschen,  L. 
Myrn,  D. 
Munie.  L. 


IV. 


Msser,  F.  {=•  Dp  Nis?"» 
Noné,  0. 


Noorden,  0. 


o. 


Oudar,  0.  ;  Udar,  Uddar,   Udhar,     Ouderiaux,  0. 
D. 


Pafinrd,  Pagar,  D.,  etc. 

Paël,  0. 

Pamp,  (fr.  pampe  ?) 

De  Pascey,  0 

Pasioor,  0. 

Parmenlier,  D. 

Mr.  Paulz,  L. 

Pécheur,  Peschier,  D.  (Cfr.  Fischer.  ) 

Peemer,  0. 

Pescheux,  D. 

Pétrie,  0. 

Pierrou,  D.,  etc. 

Pjett,  \VL. 

Vilo  ?  Etc. 

Pique  ? 

Pira,  Pyra,  D.,  etc. 


Piscaîor,  etc.  (Trad.  latine  de  Pe- 
chenr,  cf.  Pécheur  et  Fischer.) 

Planck  ?  (Traduction  suéd.  de 
planche),  etc. 

Plengier  ? 

Ponsle,  Ponslett,  L. 

Poraih,  D.,  etc. 

Porlus,  0. 

Possieth,  Poissie,  Posso,  D.,  etc. 

Pouget,  D. 

Poulayn,  0. 

Pousar,  D. 

Povselte,  Pousete,  Pouse,  Poussi, 
Pouset,  D.,  etc. 

Poussin,  L. 

Pripp,  etc. 


Quarfort,  Quarfoot,  F.,  etc. 


469  - 
Q. 

Quintin,  0. 


R. 


Rachlin,  L. 

Radoii  ( —  oux).  0. 
Raëljens,  0. 
Raquette,  Rânàs. 
necknou,  V. 
Riiit,  0, 
Ritou,  etc. 
Robberte,  D.,  etc. 


Rochet,  0. 

Rochette,  propriétaire  de  l'usine  de 

Forssmark  en  i649. 
Roques,  0. 
Roquette,  0. 
Rose,  0. 
Rousel,  Rousol.  0. 


Van  Saueland,  0. 

Savoland,  WL. 

Sclieiin  (=  Geline  fr.  ?).  F.,  etc. 

Sclwtlc,  F.  et  D.,  etc. 

Schowert,  0. 

Schultze,  H. 

Schytte,  Schyte,  L. 

Sieau,  L. 

Slirâk   (trad.    suéd.    de    FrnyetirT' 

i>. 
SIeep,  0. 

Spick,    D.  (Trad,  suéd.   de  Clou.) 
S  pile  ? 
Sporrong    (—    iigh),    Spuoriong, 

Spouron,  o  ;  Spourrot,  Sporro, 

Sporron,  D.  (Ti-ad.  suéd.  d'Epr- 

ron.) 


Staacke,  0. 
Stadigbro,  (trad. 

sur  ?)D. 
Standart,  0. 
Steftens,  H.,  etc. 
Stille,  D.,  etc. 
M"-^  Stone,   L.  ; 

Stoye,  D. 
Suche,  D. 
Suyderwerck,  D. 
Swade,  L. 
Van  Swinderen,  0. 


suéd.    de    pont- 


Storje.   Stoire 


470 


T. 


Teben,  0. 

Thesmar,  L. 

Tielman,  Thielman,  Tilman,   Till- 

man,  0. 
Titze,  usine  de  Rànàj,  etc.  ;  Tize, 

Tisse,  W.  ;  Tliissij,  Thysi,  0.  ; 

Tyssi,  Thissy,  L, 
Tolelte  ?  etc. 


Toll,  F.  (  fr.  tôle  ?  )  suéd.  «  Tôlf  » 

=  douze. 
Torpadic  ?  etc. 
Touffar,  WL. 
Tounon  ?  etc. 
Tripp  ? 
delà  Tuange,  WL. 


Uhr,  D.,(=ours?) 


U. 


"V. 


Valentinsson  (=  fils  de  Valentin),     Vervier,  propriétaire  de  l'usine  de 


F.  et  D. 

Vallmon,  D.,  etc. 
Vargeiir,  L. 
Vcrdier  '.'  etc. 


Wessiand,  en  1649. 
Vijiihagen,  L. 
Vijnant,  0. 
Virsil,  L. 


\^. 


Weisse,  D, 
Weyler,  0. 
Willmot,  0. 


Wijhl,  0. 
VVodde,  0. 
Woltzoogin,  0. 


(*)  J'iijoutc  ici  quelques  noms  que  M.  Odolberg  a  relevés  fians  les  vérificalidiis 
des  comptes  de  paroisses  el  d'usines,  do  -1642  à   1655  : 

Aman.  Anceau,  Bergi,  Berlâ,  IJey,  Bilos,  Bodreu,  Bullicrs,  Byrath,  Carlier, 
Chovct,  Coehoy,  Collinet,  Constant,  De  Keyser,  Do.  Matois,  De  Masly,  Oo  Mitz, 
Frangati,  Frumery,  Giirsse,  Gibble,  GolTan,  Gonin,  Hautcr,  Henielyn,  Honiliniîh, 
Henings,  Hubinet^  Janseu,  Kaya,  Kollar,  Lambinon,  Malliot,  Maonel,  Marok, 
Alarlelo,  Masson,  Maux,  Wicliot,  Pachy,  Personne,  Provost,  Bernai,  iievu.  Stem, 
iibou,  Tobak,  Wouters. 


NOTES. 


(')  Dans  sa  correspondance,  Louis  de  Geer  signait  DGeer.  Le  mot  hollandais 
geer  signifie  bélier  ;  et  en  effet  les  armoiries  de  la  famille  de  Geer  sont  surmontées 
d'une  tête  de  bélier  comme  cimier. 

(')  Gailiardmont,  dépendance  de  la  commune  de  Chênée,  près  de  Liège. 

(')  Les  familles  de  Geer,  de  Hamal  et  de  Brialmont  ont  les  mêmes  armoiries  : 
de  gueules  à  cinq  fusées  d'argent  rangées  en  fasce  ;  pour  les  de  Geer,  la  fusée  du 
milieu  est  chargée  de  trois  fleurs  de  lis  d'argent,  posées  en  pal,  octroyées  par  un 
monarque  français  au  général  de  Geer  pour  un  beau  fait  d'armes,  avec  cette  devise  .- 
Non  sans  cause.  {Not.  hist.  p.  8.)  On  croit  qu'un  de  Hamal,  propriétaire  du  château 
de  Geer  (à  deux  lieues  de  Waremme,  province  de  Liège,  dans  la  commune  de  Geer, 
traversée  par  une  rivière  qui  porte  également  le  nom  de  Geer  ou  Jaar),  adopta  le 
nom  de  sa  demeure.  D'après  le  héraut  d'armes  Le  Fort,  ce  fut  un  Lamliert  de 
Brialmont,  issu  de  la  famille  de  Hamal,  qui  à  la  fin  du  XlVi-  siècle,  fut  surnommé 
de  Geer.  (Voyez  le  tableau  généalogique  qui  accompagne  cette  notice.) 

(*)  Les  archives  de  Liège  ne  nous  apprennent  rien  relativement  à  ce  départ,  et 
nous  avons  vainement  cherché  le  nom  de  de  Geer  parmi  ceux  des  Liégeois  accusés 
d'hérésie. 

(")  Il  quitta  la  ville  de  Liège  pour  celle  de  Dordrecht.  Après  avoir  vendu  tous 
ses  biens,  il  en  fit  parvenir  le  produit  en  Hollande.  Il  prétexta  ensuite  un  voyage, 
avec  sa  femme  et  ses  enfants  à  Maestricht,  oîi  un  batelier  leur  ménagea  en  secret 
un  espace  dans  la  cargaison  de  son  bâtiment.  (  A'or  hist.  p.  8.)  C'est  en  effet  à 
Dordrecht  que  De  Geer  s'établit,  et  non  à  Amsterdam,  comme  on  l'a  dit  par  suite 
d'une  erreur  typographique  de  l'édition  publiée  à  Stockholm  des  Commentarii  de 
gente  De  Geeriana,  aiict.  Ludovico  De  Geer  de  Finspong,  aulœ  régis  prœfeclo 
(  ■)-  en  1758  )  :  Les  Mémoires  sur  la  fa<niUe  De  Geer,  sont  une  traduction  de  ce  livre 
par  le  baron  Louis  De  Geer  de  Jutphaas,  avec  des  additions  précieuses. 

(*)  Le  jeune  Louis,  doué  de  qualités  peu  communes,  reçut  à  Dordrecht,  dans  la 
maison  paternelle,  une  éducation  distinguée.  Plus  tard  de  nombreux  voyages  et  un 
séjour  de  plusieurs  années  qu'il  fit  à  la  Rochelle,  ne  laissèrent  pas  de  contribuer 
beaucoup  au  développement  de  son  instruction  et  de  son  intelligence...  En  161o, 
après  la  mort  de  son  père,  il  s'établit  à  Amsterdam,  où  il  garda  pendant  quarante 
années  environ,  jusqu'il  l'époque  de  sa  mort,  sa  principale  habitation.  Il  y  fit  cons- 
truire, en  \G'i-2,  la  Maison  aux  têtes  f  liet  Hugs  mci  de  hoofden),  ainsi  nommée  à 
cause  des  bustes  qui  en  ornent  la  façade  et  qu'on  y  voit  encore  aujourd'hui.  Ses 
armes  taillées  dans  le  marbre  d'une  cheminée  dans  un  des  salons,  le  luxe  qu'il 


-    472  — 

déploya  dans  la  construction  de  cette  belle  demeure,  occupée  jusqu'à  la  première 
moitié  du  siècle  dernier  par  sa  postérité,  démontre  assez  avec  quelles  ressources  il 
entreprit  ses  premières  opérations.  [ISot.  hist.  page  9.) 

(  ')  Equivalant  à  un  million  et  demi  de  francs.  Le  rixdale,  monnaie  suédoise, 
vaut  S  5/9  francs. 

(')  Guillaume  de  Besche,  gentilhomme  liégeois,  émigré  comme  de  Geer  pour 
cause  de  religion,  s'était  établi  en  Suède  sous  Charles  IX,  avec  son  père  et  4  frères, 
dont  l'un  fut  nommé,  en  1608,  architecte  du  roi,  et  chargé  de  la  construction  des 
deux  grandes  tours  de  la  cathédrale  d'Upsal.  llSot.  hist.  p.  40.) 

(°)  Ce  document  est  conservé  aux  archives  de  la  Chambre  à  Stockholm.  On  y 
voit  que  le  fief  de  Finspong  contenait  sept  paroisses  :  Ilellesta,  Wânga,  Godgàrd, 
Rysinge,  Régna,  Skedevi  et  Tiellmo  (Voy.  la  carte  de  Finsponga-laen),  et  que  le 
roi  transmettait  au  fermier  tous  les  droits  et  impôts  que  ses  sujets  habitant  le 
même  fief  lui  payaient  chaque  année.  «  Finspong,  propriété  de  la  Couronne,  était 
exploité  pour  compt.i  de  celle-ci.  Il  entrait  dans  les  vues  de  Gustave-Adol|the  d'y 
intéresser  l'industrie  particulière,  pour  en  accroître  le  produit,  et  de  l'aftermer.  Le 
bail  fut  contracté  le  ii  octobre  1619  (?j.  «  Cet  acte,  dit  Franzen,  ouvre  une  ère 
»  nouvelle  à  la  métallurgie  en  Suède.  »  ["Sol.  hisl.  p.  iO. 

('")  «  A  l'époque  oii  De  Geer  prit  à  ferme  la  forge  de  Finspong,  il  n'y  trouva 
qu'un  misérable  fourneau,  exploité  péniblement  d'après  l'ancien  système  suédois. 
Sous  la  surveillance  de  De  Besche,  douze  forges  furent  construites.  On  ne  se 
borna  pas  à  la  confection  des  barres,  mais  bientôt  on  coula  des  canons...  La  fon- 
derie de  canons  que  l'on  y  admire  maintenant  est  l'une  des  plus  renommées  de 
l'Europe.  »  {Nvt.  hist.,  p.lO  et  11.) 

(•')  Il  fonda  à  Godegârd,  en  Ostrogothie,  une  clouterie  et  une  fabrique  de  fers  à 
cheval,  d'après  les  procédés  suivis  dans  son  pays  natal.  (  Not.  hist.,  p.  -16.  i 

(  *')  Archives  de  la  Chambre,  à  Stockholm. 

;  •')  Celait  le  fils  de  Gilles. 

(")  M.  Odelberg  a  trouvé  dans  les  archives  du  Collège  des  mines  une  lettre  de 
1683,  écrite  en  français  par  un  Wallon  immigré,  Etienne  Henin,  qui  s'était  sauvé  en 
Norwège  et  engageait  un  de  ses  compatriotes,  Jean  Hubert,  à  suivre  son  exemple 
pour  aller  enseigner  aux  Norwégicns  l'art  de  manufacturer  le  fer. 

(  •^)  «  La  fonderie  et  les  forges  de  Finspong  et  les  fabriques  de  Norkôping 
avaient  d'abord  été  gérées  par  De  Besche,  comme  administrateur  en  Suède  pour  De 
Geer,  qui  continuait  à  diriger  sa  maison  de  commerce  à  Amsterdam.  L'importance 
que  ne  tardèrent  pas  à  acquérir  ces  nouveaux  établissements,  d'où  sortit  bientôt 
tout  le  matériel  de  guerre,  et,  entre  autres,  ces  pièces  de  canons  désignées  pen 
dant  longtemps  en  France  sous  le  nom  de  pièces  suédoises,  éveilla  l'attention  du 
roi  Gustave-Adolphe.  Il  rendit  plusieurs  ordonnances  en  faveur  de  ces  entreprises 
nouvelles,  et  entra  en  correspondance  directe  avec  Louis  de  Geer...  Norkôping  doit 
à  Louis  de  Geer  son  élévation  au  rang  du  troisième  ville  du  royaume.  En  16 il,  il 
sollicita  pour  elle  auprès  do  la  Régence  un  agrandissement  de  terrain,  l'enceinte 
primitive  nesuflisant  plus  à  la  population.  »  {Noi.  hisl.,\).  15.) 

(•')  «  Tant  d'établissements  utiles  firent  naître  en  Suède  le  désir  d'en  voir  le 
créateur  et  le  propriétaire  .se  fixer  dans   le   royaume.   Déjà,   en   1628,   Gustave 


473 


Adolphe  avait  manifesté  la  volonté  de  le  naturaliser,  sous  la  seule  condition  qu'il 
ne  jouirait  pas  de  l'exemplion  de  péages  acquise  aux  Suédois  dans  le  Sund,  avant 
qu'il  n'eût  transporté  son  domicile  réel  dans  le  pays.  Deux  ans  après,  le  roi  lui 
décerna,  dans  les  termes  les  plus  flalteurs,  des  lettres  de  naturalisation.  »  '  Not. 
hist.  p.  13.)  Déjà  en  -1619  ou  -1620,  De  Geer  avait  promis  à  Gustave-Adolphe  d'aller 
s'établir  en  Suède  pour  s'appliquer  à  l'industrie  du  fer,  à  la  seule  condition  qu'it 
pourrait  acheter  ou  louer  les  terres  qui  lui  seraient  nécessaires  jusqu'à  l'achèvement 
de  ses  établissements.  Le  roi  lui  avait  répondu  qu'il  acceptait  ses  offres  et  le  pren- 
drait sous  sa  protection.  {Mém.  de  L.  De  Geer,  p.  90.) 

(*')  Cette  lettre  se  trouve  dans  la  correspondance  d'Oxenstjerna,  aux  archives  du 
royaume,  à  Stockholm. 

(")  t  De  Geer  alors  résida  plus  fréquemment  et  plus  longtemps  en  Suède  ;  il  y 
préférait  le  séjour  de  Norkôping  oîi  il  s'était  fait  bàlir  une  habitation  magnifique,  au 
séjour  de  Stockholm,  bien  que  là  encore  il  eût  une  maison  à  lui.... 

»  La  diète  de  Norkôp'"ng,  en  1604,  avait  prohibé  l'exportation  du  minerai  de 
fer.  Avant  cette  défense,  le  fer  suédois  était  forgé  en  Allemagne  principalement  ; 
aussi  ce  fut  de  là  que  De  Geer  fit  venir  ses  premiers  ouvriers.  11  en  établit  un 
grand  nombre  à  Norkôping  et  les  employa  à  la  confection  de  cuirasses,  fusils  et 
autres  instruments  de  guerre    »  {Noi.  hist.  p.  42.^ 

{*')  Lettre  du  20  juin  1628,  dans  la  correspondance  d'Oxenstjerna,  aux  archives 
de  Stockholm. 

«  Les  fabriques  fournissaient  une  telle  quantité  d'armes,  que  le  Gouverne- 
ment, dès  1638,  en  autorisa  l'exportation.  Vers  la  même  époque.  De  Geer  y  monta 
une  fabrique  d'acier  et  de  fil  d'archal.  Par  ses  soins,  les  armées  suédoises  furent 
même  vêtues  de  produits  manufacturés  à  Norkôping.  »  (Not.  hist.,  p.  16.)  ...  «  Il 
introduisit  à  Norkôping.  Nykôping  et  Danwick  un  nouveau  système  à  forger  le 
cuivre,  que  les  auteurs  contemporains  ont  admiré.  »  [Ibid.  p.  13. 

f^")  «  L'auteur  suédois  Svedenstierna  lui  rend  ce  témoignage  que,  par  l'habileté 
des  ouvriers  wallons  qu'il  employait,  un  seul  de  ses  fourneaux  produisait  7  à  11 
skeppunds  (  le  scheppund  ou  schippovd  suédois  est  de  quatre  quintaux)  de  fer  dans 
l'espace  de  2i  heures,  pendant  vingt  à  trente  semaines  d'un  travail  continu  ;  tandis 
qu'auparavant  un  four  ne  durait  guère  que  huit  semaines  et  ne  donnait  que  de  6  à 
7  skeppunds  dans  les  24  h.  »  [Not.  hist.,  p.  14-15.) 

(•*)  «  Par  un  traité  avec  la  Couronne,  en  1626,  De  Geer  prit  l'admini-stration 
supérieure  de  la  SociiUé  du  cuivre,  établie  par  le  roi  quatre  ans  auparavant. 

»  Encouragé  par  la  réussite  de  ses  premières  entreprises.  De  Geer,  en  1627, 
prit  à  ferme  de  la  Couronne  trois  nouvelles  forges,  Lôfsla,  Gimo  et  Oesterby,  dans 
la  province  d'Upland.  «  {?iot.  hist.  p.  13-14  ) 

l'")  CROJ^HOUi,  Sveriges  historia  iinder  Gusiaf-.idolf  regerivg.  (Histoire  de  la 
Suède  pendant  le  règne  de  Gustave-Adolphe  ,  8  vol.  Stockholm,  1857-1871,  t.  IV, 
p.  3S1.) 

i")  «  Le  payemenl  de  tous  ces  travaux  (pour  les  fournitures  de  guerre)  fut  fait 
en  cuivre  pour  la  plus  grande  partie,  ce  qui  en  déplaça  le  marché  de  Lubeck,  où  il 
se  trouvait  alors,  à  Amsterdam.  Le  cuivre  était  à  celte  époque  presque  la  seule 
grande  ressource  du  gouvernement.  »  (Not.  hist.,  p.  13.) 


—  474  — 

Toutefois,  nous  avons  vu  une  lettre  écrite  d'Amsterdam  par  Louis  de  Geer  au 
chancelier,  le  7  août  1635,  dans  laquelle  il  dit  qu'Erick  Larsson  se  trouve  depuis 
trois  jours  à  Amsterdam  occupé  de  négocier  avec  les  Trippe  ;  mais  comme  cela  se 
fait  à  son  insu,  il  ne  peut  en  dire  davantage  à  Son  ExcelU nce.  Cela  prouve  que, 
du  moins  à  cette  époque.  De  Geer  n'avait  pas  de  relations  intimes  avec  ces  mes- 
sieurs. (  Correspondance  d'Oxenstierna.  ) 

(2i)  Odhner,  Sveriges  inre  historia  under  drottning  Christinas  fôrmyndare.  {His- 
toire interne  de  la  Suède  pendant  la  minorité  de  la  reine  Christine),  Stockholm, 
d865,  page  271,  note. 

(2»)  Correspondance  d'Oxenstjerna,  aux  archives  de  Stockholm.  Le  riksdrotzet 
Gabriel  Oxenstjerna,  frère  du  chancelier,  fait,  la  remarque,  en  4636,  qu'il  y  a  des 
écarts  dans  les  comptes  de  De  Geer  ;  mais  il  donne  le  conseil  de  ne  pas  l'irriter 
parce  qu'il  pourrait  quitter  le  pays  «  alors  que  l'on  peut  avoir  grand  besoin  de  lui 
pour  des  avances  de  tonds.  »  (Palmblad,  Hisiorisk  blick  ôfver  den  svenska  nàrimjs 
flitens  utvecklinrj.  (Aperçu  historique  sur  le  développement  de  Cindusirie  suédoise.) 
Article  inséré  dans  ia  revue  Skandia,  IV. 

(2")  Telle  est  aussi  l'opinion  de  Palmblad  qui  s'exprime  ainsi  :  Louis  de  Geer  fut 
certainement  un  homme  honnête,  pieux,  bienfaisant  envers  les  pauvres,  généreux 
dans  la  vie  privée  ;  ce  qui  n'exclut  pas  que,  étant  réellement  marchand,  dans  le 
sens  large  appliqué  aux  Médicis,  il  n'eût  le  désir  de  se  faire  bien  payer  dans  les 
grandes  transactions.  On  peut  être  probe  tout  en  se  montrant  rigoureux  el  strict 
en  affaires,  (p.  226.  ) 

(")  «  Il  expédia  de  la  HoUand»  le  reste  de  la  fourniture  nécessaire  à 
larmée  du  roi,  et  fil  enrôler,  avec  l'autorisation  d'Albert  et  d'Isabelle,  auprès  des- 
quels Gustave-Adolphe  lui  avait  donné  des  lettres  d'introduction,  sept  cents 
soldats  dans  les  Pays-Bas  espagnols.  .  »  {Noi.  hist.,  p.  43.) 

(-'')  Notons  toutefois  que  son  principal  entrepôt  était  à  Amsterdam.  «  Les  éta- 
blissements et  les  travaux  de  De  Geer  donnèrent  une  vie  nouvelle  à  l'industrie  et 
au  commerce  en  Suède.  La  Hollande,  par  un  plus  grand  produit  du  fer  suéilois,  en 
profita  de  son  côté.  Le  Trippenhuijs  à  Amsterdam,  aujourd'hui  le  musée  des  tableaux, 
qui  fui  bâti  par  Louis  et  Henri  Tripp,  neveux  de  Louis  de  Geer,  n'était  autre  que 
l'entrepôt  de  fer,  d'^  cuivre  et  de  canons.  Deux  grandes  cheminées  en  forme  de 
mortiers,  qui  le  surmontent,  en  rappellent  encore  la  destination  primitive.  Cet 
entrepôt  fut  montré  avec  orgueil  à  Marie  de  Médicis,  lors  de  son  passage  à  Amster- 
dam, en  4639.  »  [Not.  hisi.,  p.  4S.) 

«  Déjà,  dès  le  commencement  du  XYllIi^  siècle,  cet  homme  éminent  était  en 
Hollande  l'objet  d'éloges  publics...  Jean  Van  Marck,  dans  le  discours  qu'il  prononça 
en  4705,  h  Leyde,  en  l'honneur  de  Jacques  Trigland  {Syltorie  disseriaiionum  Jacobi 
Trif/landi,  Delphis,  4728,  p.  221),  a  consacré  un  long  passage  à  Louis  Je  Geer.  » 
(Not.  hist.,  p.  30,  note,  où  l'on  a  transcrit  ce  passage.) 

('")  Archives  de  la  chambre  à  Stockholm.  «  Les  concessions  qu'il  avait  obtenues 
furent  successivement  renouvelées.  H  établit  des  laminoirs  dans  plusieurs  pro- 
vinces, un  entre  autres  à  Skylberg,  en  Nerike  ;  il  loua  à  cet  effet  de  la  Couronne, 

en  4636,  une  chute  d'eau  en  Siidernianie,  pour  une  somme  de  4300  rixdales » 

(Not.  hist.,  p.  46.) 


—  475  - 

{")  On  cite  quelques  achats  antérieurs  ;  dans  tous  les  cas,  leur  nombre  fui  très 
restreint. 

(")  «  Tant  de  zèle,  une  persévérance  si  grande,  des  succès  si  constants,  méri- 
tèrent à  De  Geer  une  influence  et  une  considération  immenses.  Le  gouvernement  le 
consultait  sur  tout  ce  qui  regardait  le  commerce  et  l'industrie....  La  Régence,  afin 
de  l'attiicher  davantage  au  pays,  l'admit  dans  la  noblesse  de  Suéde.  De  Geer  voulait 
acquérir  définitivement  les  domaines  qui,  par  son  industrie,  avaient  si  considérable- 
ment augmenté  de  valeur.  Or,  la  propriété  des  biens  de  la  Couronne  ne  peut  passer 
qu'à  des  nobles.  Le  Gouvernement  lui  octrtiya  donc,  pour  lui  et  ses  descendants, 
des  lettres  de  noblesse  datées  du  4  août  '1641  —  Dans  sa  correspondance,  conservée 
religieusement  par  sa  postérité  au  château  de  Finspong,les  lettres-patentes  délivrées 
en  1641,  par  la  Régence  du  Royaume,  énumérantses  titres  à  la  reconnaissance  de 
l'Etat,  établissent  que  par  ses  grandes  avances  pécuniaires  et  ses  fournitures  pour 
le  matériel  de  guerre,  il  avait  été  d'un  grand  secours  à  l'empire  contre  l'ennemi  ; 
qu'il  avait  introduit  les  meilleurs  procédés  pour  couler  les  canons,  fabriquer  les 
armes  et  forger  les  barres  ;  qu'on  lui  devait  l'établissement  précieux  de  plusieurs 
forges  de  cuivre  et  de  nombreuses  fabriques,  et  qu'enfin  il  fallait  lui  attribuer 
l'extension  considérable  qu'avait  prise  l'industrie  en  Sutde.  "  [Not.  Itist., 
p.  i7-l8.) 

(  ")  L'acte  d'achat  est  conservé  aux  archives  de  la  Chambre  à  Stockholm.  «  Il 
acheta  aussitôt  Finspong  et  Gôdegard  dans  la  province  d'Ostrugothie,  et  deux  ans 
plus  tard,  Osterby,  Gimo  et  Lôfsta  d;ins  la  province  d'Uplanti,  pour  la  somme  de 
4  23,7I2"2  rixdak'S.  Cette  double  acquisition  fut  ratifiée  en  1646  p.ir  la  reine  Christine, 
devenue  majeure.  L'achat  de  ces  terres,  princières  par  leur  étendue,  fit  de  Louis  de 
Geer  l'un  des  plus  grands  propriétaires  de  la  Suède.  »  (Noi.  hi.sc,  p.  19.) 

(";  Contrat  du  30  septembre  164!2,  conservé  aux  archives  de  la  Chambre. 

{^')  Procès-verbaux  du  Sénat,  séance  du  12  décembre  1643,  aux  archives 
du  royaume. 

('")  Ibidem,  séance  du  20  décembre  :  lettres  aux  commissaires  envoyés  au 
Congr.îS  de  paix.  —  Au  lieu  de  projet  urgent,  la  lettre  du  Sénat  a  l'expression 
preçiuuiH  dessein. 

(")  /^/denj  ;  lettre  écrite  ce  même  .jour  au  résident  Spirinck.  Un  traité  d'al- 
liance avait  été  conclu  en  1614  entre  la  Suède  et  les  Pays-Ras  pour  la  défense  réci- 
proque des  deux  états. 

('*)  E.  G.  Geyer,  Sveuska  Fochets  hisioria,  Oerebro,  1.S32-36  ( //wfoiVe  du 
peuple  Suédois],  tome  111,  page  389.  Ce  livre  a  été  traduit  par  llunbblad,  Rruxelles, 
184S  (trad.,  !.  Ill,  p.  72].  «  En  1642  s'ouvrit  pour  lui  une  carrière  nouvelle. 
Après  avoir  pris  rang  dans  la  corporation  des  nobles,  il  reçut  du  Gouvernement 
une  mission  qui  le  mit  à  même  de  faire  briller  dans  l'histoire  politique  un  nom  si 
glorieux  déjà  dans  les  annales  du  commerce  et  de  l'industrie.  11  s'agissait  de  ras- 
.«emblcr  une  flotte  dans  les  ports  de  la  Hollande.  De  Geer  remplit  à  ses  frais  le 
mandat  4ui  lui  était  confié  ;  l'escadre  qu'il  équipa,  combinée  avec  l'armée  navale 
de  Suède,  remporta  sur  les  Danois,  en  1644,  une  victoire  qui  les  força  de  souscrire, 
l'année  suivante,  à  la  paix  de  Rrûmsebro  et  de  Chrislianopel.  »  (Noi.  Iiisi.,  p.  19.) 
...    ■<   L'histoire   n'ollre  peut-être   pas   un   second   exemple   d'un    simple  citoyen 


—  476  — 

équipant  à  ses  frais  une  flotte  entière  pour  combattre  l'ennemi.  »  (  Ibidem, 
p.   20.) 

{^°)  Correspondance  d'Oxenstjerna. 

;")  Annobli  en  Suède  sous  le  nom  d'Anckarsljerna  ;  il  était  capitaine  delà 
marine  suédoise  en  1644,  et  mourut  en  iGSS  des  suites  d'une  blessure  reçue  au 
combat  d'Oeresund.  (Au  lieu  de  Tortensson,  lisez  Torstensson.) 

(**j  Palmblad,  page  225.  «  Le  traité  d'alliance  conclu  en  •1640  entre  la  Hol- 
lande et  la  Suède,  autorisait  l'achat  réciproque  de  navires  et  de  munitions  de 
guerre.  Après  quelques  pourparlers,  De  Geer  avait  obtenu  du  stadhouder  Frédéric- 
Henri  et  des  Etats  la  permission  d'exécuter  son  dessein.  Il  fil  acheter  et  louer  à 
Flessingue,  à  Amsterdam  et  dans  d'autres  villes  maritimes,  jusqu'à  trente-deux 
navires,  dont  douze  vaisseaux  de  ligne.  Au  mois  d'avril,  la  flotte  se  trouva  complè- 
tement armée,  équipée  et  montée  de  plus  de  trois  mille  marins,  en  rade  du  Vlie, 
dans  la  Hollande  septentrionale.  De  Geer  nomma  de  son  autorité  privée,  Maerten 
Thyssen  amiral,  Henri  Guerrilsen  vice-amiral,  et  Blom  contre-amiral.  L'escadre 
mit  bientôt  à  la  voile  et  quelques  revers  dont  le  bruit  parvint  à  Amsterdam,  fail- 
lirent faire  piller  la  maison  de  De  Geer  par  le  peuple  ameuté. 

La  flotte  cependant  doubla,  non  sans  peine,  le  château  de  Kronenbourg.  Après 
avoir  essuyé  le  feu  de  l'escadre  danoise,  profitant  de  l'avantage  du  vent,  elle  attei- 
gnit le  port  de  Kalmar,  à  la  grande  joie  de  la  Suède  que  son  arrivée  remplit 
d'espoir.  Thyssen  fut  appelé  à  Stockholm  et  présenté  à  la  reine,  qui  le  nomma  à 
son  tour  amiral  dans  la  marine  suédoise,  l'admit  dans  la  noblesse  et  le  gratifia  d'une 
chaîne  en  or,  en  lui  assurant,  outre  ses  appointements,  une  pension  de  SOO  rixdales 
par  an. 

Vers  la  fin  du  mois  de  septembre,  l'amiral  suédois  Wrangel  mit  en  mer  avec 
quinze  navires  et  trois  briilots.  Peu  de  jours  après,  il  opéra  sa  jonction  avec  Thys- 
sen à  Kalmar,  d'où  la  flotte  combinée  partit  à  la  recherche  de  l'escadre  danoise 
commandée  par  l'amiral  Pros  Mundts.  On  la  joignit  entre  les  îles  de  Laland  et  de 
Femern,  et  le  dimanche  13  (23)  octobre,  après  le  service  divin,  Wrangel,  à  la  tête 
de  la  colonne  suédoise  et  suivi  des  vaisseaux  hollandais,  donna  le  signal  du  combat. 
Les  Danois  acceptèrent  la  bataille.  Wrangel  combattit  Pros  Mundts  ;  le  vice-amiral 
danois  Uhlfeld  reçut  l'amiral  hollandais  ;  leurs  deux  vaisseaux  s'abordèrent,  mais 
pour  se  détacher  bientôt  après.  Un  navire  hollandais  fut  coulé.  Uhlfeld  perdit 
quatre  de  ses  vaisseaux  et  quatre  autres  de  sa  division  échouèrent  à  la  côte  où  ils 
furent  pris  :  le  vice-amiral  lui-même  fut  blessé  mortellement. 

Trois  navires  danois  s'étaient  réfugiés  sous  les  forts  ;  l'un  d'eux  néanmoins  fut 
brûlé.  Wrangel,  dont  le  vaisseau  avait  beaucoup  soutièrt,  dut  se  retirer  du  combat. 
11  fut  remplacé  par  Thys-Cornelisz,  capitaine  hollandais,  et  Duquesne,  capitaine 
français,  qui  a  recueilli  plus  lard  tant  de  gloire  au  service  de  son  pays  ;  tous 
deux  servaient  depuis  quelque  temps  en  Suède.  Us  s'emparèrent  du  vaisseau 
amiral  danois  où  Pros  Mundts  reçut  la  mort. 

Les  vice-amiraux  danois  Graboii  et  Jasmund  furent  faits  prisonniers  avec  plus  de 
mille  hommes.  Le  vaisseau  du  premier  lut  brûlé  ;  celui  du  second  tomba  au  pou- 
voir des  Suédois.  La  victoire  était  complète.  Deux  navires  danois  échappèrent 
seuls  au  désastre.  Poursuivis  par  Duquesne,  ils  atteignirent  Copenhague  où  leur 
arrivée  répandit  une  telle  épouvante  que  Ion  craignit  un  moment  pour  la  sûreté  de 
la  ville. 


—  477  — 

L'amiral  Thyssen  ramena  la  flotte  de  De  Geer,  par  le  Bell,  en  Hollande,  et 
reprit  Gothembourg  sur  les  Danois,  avec  trois  navires  marchands  appartenant  à  De 
Geer.  11  y  laissa  quatre  vaisseaux  de  guerre  pour  la  défense  de  la  ville. 

Les  suites  des  faits  d'armes  de  l'année  1644  sont  assez  connues.  Le  Danemarck, 
devenu  plus  humble,  accorda  à  la  Suède  la  continuation  de  la  franchise  du  péage 
sur  le  Sund,  et  à  la  Hollande  une  diminution  considérable  pendant  quarante  années. 
Remarquons  que  la  paix  entre  la  Hollande  et  le  Danemarck  ne  fui  pas  troublée, 
pendant  qu'un  citoyen  dos  Provinces-Unies ,  Louis  De  Geer  ,  forçait  le 
royaume  à  faire  des  concessions  an  commerce  de  la  République.  »  {Noi.  hht. 
pages  20-23.1 

(**)  «  De  Geer  recueillit  partout  des  témoignages  de  reconnaissance  pour  avoir 
si  puissamment  contribué  a  la  paix  de  1645.  «  Gaudeo,  dit  Grolius  (Epist.  1736 
»  virum  suprà  nostras  laudes  positum,  magnum  D.  cancellarium,  adfulurum 
»  coUoquio  cum  Danis.  Nihil  aberit  prudentise  ubi  ipse  aderit.  l'iacet  et  hoc  mihi 
"  quod  Ludovicus  Gerius,  commerciorum  et  navigationis  porquam  intelligens, 
^)  proeslo  erit  ad  consilia  iiostris  suggeranda.  »  La  reine  avait  appelé  en  Suède 
David  Beck,  l'un  des  bons  élèves  de  Van  Dyck,  afin  de  faire  peindre  son  portrait 
.  et  celui  des  principaux  chefs  de  ses  armées  ;  il  fut  aussi  chargé  de  faire  le  portrait 
de  Louis  de  Geer.  Falk  en  a  donné  la  gravure  :  une  mâle  noblesse  s'y  mêle  à  la 
douceur;  le  regard  est  clair,  pénétrant  et  plein  d'intelligence.  »  (Noi.  hist. 
p.    23>24.  ) 

("j  11  existe  dans  les  archives  de  la  Chambre  des  comptes  des  documents  qui 
prouvent  le  contraire  ;  mais  on  ne  les  a  jamais  consultés. 

("  )  Actes  relatifs  aux  achats,  n"  7  des  Geeriana,  aux  archives  de  la 
Chambre. 

(")  «  La  flotte  rassemblée  en  Hollande  avait  coulé  à  Louis  de  Geer,  d'après 
Franzen,  deux  millions  de  rixdales,  plusieurs  de  ses  navires  marchands  avaient  été 
confisqués  en  Danemarck.il  fit  valoir  auprès  de  la  reine  ses  droits  à  une  indemnité, 
Christine  liii  répondit,  le  16  septembre  1644,  par  lettre  autographe  conservée  à 
Finspong  :  «  J'ai  entendu  par  vos  lettres  écrites  et  à  moy  et  à  mon  conseil,  les 
"  difficultés  auxquelles  vous  vous  trouvés,  élant  engagés  pour  mes  services 
»  employant  tous  vos  moyens  en  cela,  me  priant  de  ne  vous  laisser  sans  remède. 
u  Je  vous  assure,  monsieur,  que  vos  intérêts  m  aftljgent  si  fort  comme  il  est  pos- 
»  sible,  et  ainsi  je  ferai  mon  possible  de  conserver  pour  moy  une  homme  comme 
»  vous.  Je  vous  prie  de  croire  que  vous  m'avez  obligée  de  ne  soufl'rir  que  votre 
»  honneur  coure  hasard  ;  mais  j'employeray  lout  mon  pouvoir  à  recompenser  vos 
»  services,  montrant  ainsi  que  je  demeureray,  ce  que  je  suis,  votre  très-clémente 
1-  reine  Chriiiine.  »  (  Not.  Iiist.  p.  24-'2o.) 

(**i  «  Eene  generaele  uitkompste  en  de  verlossinge  deses  labyrinthes.  . 
{Correspondance  d'Oxemijerna,  aux  archives  du  royaume. 

(".,  Geyer,  le  meilleur  des  historiens  de  la  6uede,  se  garde  bien  (tome  111,  p. 
390)  d'accuser  le  gouvernement  d'ingratitude  à  l'égard  de  De  Geer,  comme  l'avaient 
fait  Burén.Franzén  et  FrysuU.  Palmblad,  de  même  que  ses  devanciers  n'a  traité  la 
question  que  superficiellement,  il  n'ose  pas  contredire  ouvertement  ces  accusations; 
mais  il  se  souvient  que,  déjà  au  temps   de   Gustave-.4dolphe,  on  avait  trouvé  les 


m 


services  de  De  Geer  trop  onéreux  et  que  le  drotzet  Gabriel  Oxersljerna  avait 
découvert  des  inexactitudes  dans  ses  comptes.  {Skandia,  IV,  1834,  page  220, 
note.) 

(*')  Contrats  de  vente  dans  les  actes  de  réduction,  aux  archives  de  la  Chambre. 
Le  premier  de  ces  achats  a  donné  naissance  à  cette  fable  que  Christine  aurait 
haussé  cette  somme  en  confirmant  les  ventes  faites  pendant  sa  minorité.  Le  contrat 
du  23  juillet  IGSe  concerne  des  terres  appartenant  à  la  couronne  dans  les  paroisses 
de  Hoekhufond,  Alunda,  Hollnœs,  Boerstil  et  Vaioe  en  Upland,  et  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  celles  qui  furent  vendues  en  -1641  et  1643. 

(*')  Le  16  décembre  1644.  Le  baron  de  Jutphaas  dit  aussi  que  les  dépenses 
faites  par  De  Geer  pour  équiper  la  flotte  montèrent  à  489,101  rixd.  13  oeres,  qui, 
suivant  lui,  furent  fixés  «  assez  arbitrairement.  »  Cet  auteur  convient  également 
qu'il  f»ut  déduire  de  celte  somme  50,000  rixd.  fournis  par  les  régents  et  seigneurs 
du  royaume,  plus  50,000  autres  payés  par  Salvius  et  Torslensson,  plus  encore 
89,101  rixd.  13  oeres  portés  en  compte  à  De  Geer  «  d'autre  manière.  »  Cela  est 
exact.  Mais  il  ajoute  ensuite  qu'il  restait  à  solder  2  à  300,000  rixdales,  pour  les- 
quels la  Reine  lui  donna,  le  21  juin  1645,  une  reconnaissance,  lui  en  assignant  le 
payement  sur  le  produit  des  droits  extraordinaires  de  douane  pendant  trois  ans  ; 
que  ces  droits  ayant  été  supprimés  dès  l'an  1646,  ce  payement  fut  affecté  sur  les 
péages,  et  paraît  ne  pas  avoir  été  fait,  en  tout  ni  même  en  partie.  A  l'appui  de  ce 
fait,  l'auteur  cite  Geycr;  mais  cet  historien  dit  au  contraire  qu'après  l'à-comple  de 
la  première  année,  on  afi'ecla  le  reste  sur  les  produits  de  la  grande  douane  maritime, 
et  qu'il  ignore  la  suite.  Il  est  évident  que  le  baron  de  Jutphaas,  en  employant  les 
expressions  2  à  300,000  rixd.  et  27  parait,  n'émettait  qu'une  hypothèse,  avec 
laquelle  on  ne  peut  réfuter  la  déclaration  oflîcielle  découverte  dans  les  actes  de  la 
réduction;  celle-ci  porte,  en  efl'et,  que  la  somme  fixée  de  489,101  rixd.  13  oeres 
fut  payée  comptant  à  De  Geer  par  la  Couronne. 

C")  Probablement  Louis,  seigneur  de  Finspong,  nommé  par  patentes  du  18 
mars  1645,  colonel  dans  l'armée  suédoise,  et  depuis,  assesseur  du  collège  des 
mines.  INé  en  1622,  il  mourut  en  1695.  (  Procès-verbaux  du  Sénat,  du  21  mars 
4645,  aux  archives  du  royaume.)  «  Un  fils  de  Louis  de  Geer  enrôla  un  régiment 
d'infanterie,  en  Hollande,  La  reine  l'en  nomma  colonel,  par  brevet  du  3  mars 
1645.  Devenu  seigneur  de  Tinspong,  il  mit  sur  pied,  à  ses  frais  encore,  en  1674, 
un  régiment  de  cuirassiers  qu'il  ofl'rit,  tout  équipé  et  tout  armé,  au  roi  Charles  XI.» 
{Not.  Iiist.,  p.  24.) 

(  ^'  )  Archives  de  la  Chambre. 

(")  Palmblad,  opcit.,  p.  226.  Cette  coutume  intéressée  de  la  part  de  la 
noblesse  au  XVll''  siècle,  de  se  faire  vendie  à  bas  prix  les  terres  domaniales,  lui 
coiîta  cher,  lorsque  le  roi  Charles  XI  entreprit  la  grande  révision  des  comptes 
connue  sous  le  nom  de  Réduction,  réforme  impérieusement  exigée  par  la  malheu- 
reuse situation  du  royaume,  ruiné  à  la  fois  par  la  guerre  et  par  une  longue  minorité. 
Celte  réforme,  qui  fui  fatale  à  tant  de  familles  nobles,  atteignit  aussi,  mais  moins 
gravement,  les  descendants  de  Louis  de  Geer.  On  leur  lit  payer  un  impôt  annuel 
pour  avoir  le  droit  de  se  servir  des  cours  d'eaux  qui  alimentaient  leurs  usines  ;  on 
les  obligea  à  acheter  les  renies  foncières  non  comprises  dans  les  ventes  des  biens- 


-  iT9  — 

fonds  ;  ils  durent  payer  la  différence  entre  les  prix  des  terres  stipulés  dans  les 
contrats  de  vente  et  la  valeur  actuelle,  etc.  Par  suite  de  cette  révision,  les  De  Geer 
avaient  déjà  payé  en  1679  au  collège  de  réduction  27,271  rixd.  27  oeres  ;  quelques 
années  plus  tard  ils  versèrent  encore  du  même  chef  20,844  rixJ.,  16  oeres, 
il  1/2  pf.  [Archives  de  la  Chambre.) 

On  trouvera  peut-être  ces  mesures  financières  injustes;  mais  quoiqu'elles  fussent 
quelques  fois  rigoureuses,  elles  étaient  légales,  car  la  constitution  défendait  au 
roi  de  diminuer  son  domaine  ;  dans  ce  cas,  son  successeur  était  en  droit  de  res- 
saisir ce  qui  avait  été  donné  ou  vendu.  En  conséquence  les  terres  domaniales 
étaient  inaliénables,  et  les  ventes  faites  par  le  gouvernement  de  la  minorité  de 
Christine,  dans  des  circonstances  extraordinaires  (  sous  la  réserve  toutefois  de  la 
confirmation  du  roi  à  sa  majorité,)  étaient  illégales.  Aussi  (Charles  XI  refusat-il  de 
les  sanctionner;  il  ne  se  départit  de  cette  règle  que  d:ins  quelques  cas  qui  présen- 
taient à  l'Etal  des  avantages  sérieux. 

{")  On  peut  en  donner  des  preuves.  En  1639,  lorsque  le  gouvernement  prolon- 
gea les  contrats  de  fermages  de  De  Geer,  il  lui  enjoignit  d'installer  à  Oesterby  ou 
ailleurs,  des  hommes  du  métier,  disposés  à  y  fixer  leur  demeure,  afin  qu'on  pût 
leur  octroyer  des  privilèges,  et  y  former  une  petite  colonie  d'ouvriers.  Archives 
de  la  Chambre.) 

Mgr  Eric  Benzelius,  archevêque  d'Upsal  au  XVlll<^^  siècle,  raconte  que  la  coloni- 
sation wallonne  de  Danemora-Vercken  se  fit  de  la  manière  suivante  :  Vers  l'année 
•1635,  le  président  du  collège  des  mines,  d'accord  avec  Louis  de  Geer  et  un  nommé 
Lesley,  rédigea  en  Liégeois  un  enrôlement  de  mille  hommes  qui  devaient  tenir 
garnison  à  Elbing  et  dans  les  environs.  La  moitié  de  ce  corps  était  composée  de 
forgerons  qui,  après  une  descente  à  Gothembourg,  furent  détachés  de  la  troupe  et 
menés  en  Upland  où  on  leur  fit  reprendre  leur  métier  aux  usines.  Cette  anecdote 
fut  racontée  à  l'archevêque,  le  12  mai  4717,  par  un  gouverneur  de  la  province 
d'Upsal  qui  y  ajoutait  foi.  Au  commencement  du  dernier  siècle,  la  population  de 
Danemora-Verken  ne  s'élevait  pas  k  plus  de  oOO  ouvriers  ;  on  ne  comptait  pas  les 
autres  membres  de  leurs  familles.  {Buren,  Areminne  ofrn-  siamfadrcn  Hevr  Louis 
De  Geer,  safons  Svcnska  tniritigarnes  màklige  befordrare  nti  forra  seculo,  etc. 
Linkôping,  1790.  Eloge  de  la  souche  du  seigneur  Louis  de  Geer,  le  puissant  pro- 
moteur de  l'industrie  suédoise,  p.  319.) 

('*)  La  Suède  méridionale  abonde  en  familles  dont  les  noms  accusent  irréfra- 
gablement  une  origine  wallonne,  et  l'on  peut  conjecturer  que  leurs  ancêtres  appar- 
tenaient aux  colonies  liégeoises  introduites  à  Finspong  au  XVI1'=  siècle;  M.  Wiberg 
estime  à  5,000  le  nombre  des  personnes  habitant  actuellement  la  Suède  descendant 
des  anciens  colons  liégeois. 

(")  RoLUN,  Heskrifning  ôfver  Osterbij  bruk,  Upsale,  1841  (Description  de 
l'usine  d'Œsierby)  L'psala,  184 1.  Cet  homme  vénérable,  musicien  et  poète,  fil  un 
grand  bien  moral  à  son  troupeau,  en  lui  enseignant  à  chanter,  en  quatre  parties, 
les  chants  liturgiques. 

(")  Les  yeux  bleu-clairet  les  cheveux  blonds  chez  les  wallons  sont  l'exception; 
il  faut  les  attribuer  aux  mariages  contractés  avec  des  suédois. 

(")  M.  KoUin  a  donné  une  liste  de  mots  wallons,  que  nous  reproduisons  ici,  en 


480 


taisant  remarquer  qui;  la  prononcialion  est  celle  du  paysan  suédois  {Voy.  la  Liste 
des  noms  'votions,  en  ce  qui  concerne  la  prononciation.) 

Bastar,  fonte  qui  n'a  coulé  que  peu  de  travail. 

Doilien,  l'esprit  du  feu. 

Duiava,  mettez  le  feu  aux  fourneaux. 

Furbé,  enclume  inclinée. 

Giijar,  apprenti  forgeron,  aide,  manœuvre. 

Gra-pére,  gra-mére,  appellation  que  les  jeunes  donnent  aux  vieux,  sans  qu'il  y 
ail  entre  eux  parenté. 

Huseti,  chaussure  en  linge  que  mettent  les  forgerons  au  travail. 

Labbij,  endroit  où  se  couchent  les  forgerons,  près  des  marteaux,  pendant  les 
heures  de  repos. 

Lavette,  serviette. 

Maketie,  bout  de  la  barre  de  ter  qu'on  saisit  avec  le?  tenailles  pendant  qu'on 
forge  l'autre  bout. 

Murklett,  pièce  de  bois  quadrangulaire  adaptée  au  marteau. 

Plakett,  bêche  avec  laquelle  on  rejette  les  rognures  dans  le  fourneau. 

Syvé,  petite  serviette,  mise  au  fond  du  chapeau,  avec  laquelle  le  forgeron  essuie 
la  sueur  de  son  front. 

Tnrney,  heures  de  travail  et  de  repos. 

(■*j  BuRÉN,  op  cit.,  p.  308.  «  Le  fameux  chancelier  Axel  Oxenstjerna,  dont  la 
famille  s'allia  avec  celle  de  De  Geer,  prit  part  à  quelques-unes  de  ses  entreprises, 
notamment  à  l'Association  pour  la  construction  de  navires,  établie  à  Westerwyk, 
et  à  celle  qui  venait  de  se  fonder  pour  explorer  la  côte  occidentale  de  l'Afrique. C'est 
de  là  qu'une  pointe  de  celle  côte,  entre  le  30e  et  le  3'i«  degré  latitude  seplen- 
trionnale,  reçut  le  nom  de  Cap  De  Geer.  »  {Not.  hisi.,  p.  18.i 

C)  En  16S"2  arrivèrent  quatre  cargaisons  de  la  Guinée. 

{'"')  «  Il  rendit  service  à  plusieurs  savants,  s'employa  en  faveur  de  Descartes, 
et  décida  Amos  Comenius,  le  Pestalozzi  de  l'époque,  à  s'établir  en  Suède,  d'où  sa 
conduite  plus  tard  contraignit  malheureusement  le  pouvoir  de  l'éloigner.  »(  iVbf. 
liist.,  p.  30.) 

("'  )  Vers  la  fin  du  XVII''  siècle,  le  collège  du  commerce  so  plaignit  que  l'indus- 
trie n'avait  pas  pris  l'essor  que  l'on  avait  espéré,  et  il  en  accusa  l'intolérance  du 
clergé  luthérien  qui  chassait  du  royaume  les  wallons  que  De  Geer  avait  fait  venir, 
parce  qu'ils  refusaient  de  changer  de  religion  (  Palmblad,  p.  !269  ).  Sans  nier 
l'intolérance  du  clergé  suédois  au  XVll'!  siècle,  nous  croyons  que  les  descendants 
des  ouvriers  wallojis  existant  encore  aujourd'hui  en  Suède  suffisent  à  prouver 
l'exagération  de  ce  fait. 11  est  certain  toutefois  qu'on  refusa  aux  fils  la  liberté  du  culte 
que  l'on  avait  tolérée  chez  leurs  pères  lors  de  l'immigration.  En  tfl'et,  une  loi  de 
l'an  iOSti  interdit  aux  calvinistes  et  tous  non-luthériens  les  pratiques  de  leur  culte 
ailleurs  que  dans  leurs  maisons,  à  portes  fermées,  sans  l'assistance  de  prêtres  ni 
de  coreligionnaires.  Mais  cette  loi  ne  fut  portée,  dit-on,  qu'à  raisonde  la  conversion 
de  Christine  au  catholicisme. 

{"*)  «  11  assura  un  traitement  convenable  à  un  pasteur  el  à  un  maître  d'école 
dans  la  colonie  wallonne  qu'il  avnit  fondée   ii   Lôfsla.  11  s(    fit  accompagner  d'un 


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pasteur  calviniste  à  Norkôping,  oii  les  doctrines  nouvelles  furent  professées  dans 
sa  propre  demeure,  contre  le  gré  de  l'évêque  luthérien  de  Linkôping,  qui  en  fit  sa 
plainte.  Lui-môme  cependant  se  montra  plus  tolérant  et  plus  éclairé  lorsqu'il  per- 
mit aux  luthériens,  après  l'incendie  de  leur  église,  de  se  servir  de  sa  chapelle 
pour  l'exercice  de  leur  culte.  Il  eut  la  même  condescendance  pour  les  luthériens 
allemands  qu'il  avait  attirés  en  Suède,  leur  procura  ensuite  une  église  et  paya  de 
ses  propres  deniers  le  traitement  de  leur  pasteur. 

Ses  coreligionnaires,  ailleurs  encore  qu'en  Suéde  et  en  Hollande,  ne  furent  pas 
ceux  qui  profitèrent  le  moins  de  ses  libéralités  :  les  habitants  du  Palatinat,  par 
exemple,  si  cruellement  dévasté  en  4  021  et  1622.  11  chargea  le  professeur  Henri 
Alting,  à  Heidelberg,  de  distribuer  les  secours  destinés  à  ce  pays  qu'il  visita  Uii- 
môme,  en  1632,  pendant  un  voyage  en  Allemagne.  » 

Il  fit  traduire  en  langue  slave  et  imprimer  à  ses  frais  la  Bible  et  en  fil  distribuer 
des  milliers  d'exemplaires  en  Hongrie,  dans  la  Transylvanie,  l'Esclavonie  et  la 
Valachie.  11  établit  à  Maestricht  une  imprimerie  à  l'usage  de  Samuel  Desmaret,  pour 
l'aider  à  soutenir  sa  polémique  contre  le  clergé  de  Liège.  (Not.  Itist.,  p.  27  à  30, 
passim.) 

("')  «  En  1648,  Dp  Geer  se  rendit  en  Suède  afin  de  faire  agréer  à  la  reine  le 
projet  de  céder  ses  biens  à  ses  enfants  et  de  passer  en  Hollande,  loin  des  afl'aires, 
le  reste  de  sa  vie.  La  reine,  à  ce  propos,  confirma  ses  enfants  dans  tous  les  privi- 
lèges octroyés  à  leur  père.  Elle  lui  accorda  à  lui-même,  l'année  suivante,  quelques 
terres  voisines  de  ses  propriétés  de  Norkôping,  en  reconnaissance  de  l'établisse- 
ment d'une  corderie  qu'il  venait  de  créer  dans  cette  ville.  Il  lui  avait  été  impos- 
sible de  rompre  complètement  les  liens  qui  l'attachaient  à  la  Suède;  il  y  retourna 
en  1651,  et  ce  fut  pendant  les  préparatifs  d'un  nouveau  voyage,  l'année  suivante, 
qu'une  maladie  le  surprit  et  l'enleva  en  peu  de  jours.  Il  mourut  le  19  juillet  1652, 
à  Amsterdam,  où  il  a  laissé  un  nom  honoré  jusqu'à  ce  jour.  »  {Not.  hist. 
page  26.) 

;"*)  «  De  Geer  s'intéressa  toujours  d'une  façon  toute  spéciale  au  sort  des 
émigrés  wallons,  ses  compatriotes.  L'Hospice  des  orphelins  wallons  à  Amsterdam 
recueillit  plus  d'une  fois  les  fruits  de  son  inépuisable  charité.  La  mort  même  ne 
mit  point  un  terme  à  sa  bienfaisance  qui  s'étendit  au-delà  de  la  tombe.  Il  ordonna, 
en  eli'et,  par  son  testament,  à  son  fils  Laurent,  comme  condition  expresse  du  legs 
qu'il  lui  fit  de  sa  maison  située  à  Amsterdam,  de  payer  pendant  quarante  ans  une 
somme  annuelle  de  mille  florins  à  la  communauté  wallonne  qui  existe  toujours 
dans  la  même  ville.  »  [Not.  hht.,  p.  29.; 

("')  Dès  sa  jeunesse,  il  s'était  prescrit  pour  règle  de  conduite  de  consacrer  à  des 
œuvres  de  charité  une  part  déterminée  de  sa  fortune,  qui  s'éleva  dans  la  suite, 
par  son  infatigable  activité  et  la  réussite  de  ses  entreprises,  à  des  sommes 
immenses.  Son  journal  relate  l'engagement  solennel,  fait  à  l'âge  de  vingt  ans, 
d'employer  le  dixième  de  ses  bénéfices  en  actes  de  bienfaisatce.  Il  ne  faisait  point 
assurer  ses  navires,  mais,  à  leur  arrivée,  il  payait  une  sorte  de  prime  au.\ 
pauvres.  Plusieurs  centaines  de  mille  florins  furent  employés  par  lui,  de  ce  chef 
seulement,  en  aumônes  et  en  secours  de  tous  genres.  »  (ISot.  hist.,  p.  27-28.) 

(""j  «  Le  nom  de  Louis  de  Geer,   dit   Franzén,  brille   dans   l'iiisloire  entouré 


—  48i>  - 

d'une  auréole  religieusement  rôvériie,  non-seulement  parce  qu'il  se  soumit  dans 
toutes  ses  entreprises  à  la  direction  de  la  Providence,  vers  laquelle  il  avait  sans 
cesse  le  regard  tourné,  s'en  rapportant  à  elle  en  toute  occurrence,  comme  le  prouve 
son  journal  qu'oa  a  conservé  ;  mais  encore  parce  qu'il  fut  entre  les  mains  de  Dieu 
un  instrument  on  laveur  de  la  sainte  cause  pour  laquelle  le  grand  roi  Gustave- 
Adolphe  mourut  en  vainqueur  à  Lutzen.  »  {Not.  hist.,  p.  27.) 

("';  Son  quatorzième,  suivant  la  lYof.  hist.,  p.  27. 

(")  Il  fit  bâtir  a  Finspong  un  magnifique  château  en  briques  tirées  de  la 
Hollande. 

(*")  Dans  la  correspondance  d'Oxenstjerna  se  trouve  un  Koort  Aniwoord,  por- 
tant la  date  164o  et  exposant  les  faits  du  procès  entre  Louis  de  Geer  et  les  De 
Besche.  «  Une  chose  qui  le  toucha  bien  plus,  ce  fut  l'ingratitude  de  Guillaume  de 
Besche,  son  représentant  en  Suède.  Il  lui  avait  donné  en  mariage  sa  fille  Ida  ; 
mais  comme  il  ne  voulut  pas  céder  à  toutes  les  prétentions  de  De  Besche,  celui-ci 
répandit  le  bruit  que  son  beau-père  avait  falsifié  ses  livres  et  trompait  le  Gouver- 
nement ;  il  poussa  la  méchanceté  jusqu'à  le  dénoncer  formellement  aux  autorités. 
A  peine  l'enquête  avait-elle  été  commencée,  que  l'ingrat  dénonciateur  prit  la  fuite. 
Elle  fut  cependant  continuée  et  démontra,  par  ses  résultats,  la  parfaite  fidélité 
des  comptes  inculpés  par  De  Besche.  »  (  Not.  hist.,  p.  2o.) 

{'")  <i  La  reconnaissance  de  la  Suède  pour  De  Geer  dure  encore  :  en  1847  les 
journaux  ont  signalé  l'arrivée  dans  le  port  d'Anvers,  au  mois  d'avril,  du  brick 
norvvégien  Louis  De  Geer,  capitaine  Sund,  affrété  pour  le  transport  des  émigrants 
allemands.  »  (Not.  hist.,  p.  16.) 

C*)  Depuis,  maréchal  des  Diètes  de  -1823  à  1828,  pair  du  royaume  en  1823, 
né  en  1781,  mort  en  1861.  C'est  jusqu'à  présent  le  seul  comte  De  Geer  qui  ail 
vécu  en  Suède.  jVoy.  la  Biographie  universelle,  de  Michaud.) 

("J  Voy.  Aminnelsc-tal  ofver  lieer  Cari  de  Geer,  Eloge  funèbre  du  baron  De 
Geer,  grand'croix  de  l'ordre  de  Va.sa,  lu  à  l'Académie  royale  des  sciences,  par  M. 
Bergman.  Stockholm,  1779,  in-b"  de  40  pages. 


Beaik  bonniers  de  terre  et  trois  journaux  gisant  en  Grand-Erres  et  delei 


seigi         Lauiberi  de  Oeer  de  Chènée. 


roaisj        Lîinilinit  «U;  (le^r  iie  «iliêm  e,  épousa  Jeanne  de  Btlieflanime,  fillo  de 
MalLicu  et  de  Callicriue  de  Fexlie. 


(celii  a  GuilljUiue  Cels,   et  Marie,  iiiaiiée  en  secondes  noces  à  Elias  Trips 


(Le 


J( 


4  août  Id4l.  el  devint  seigneur  de  Leufsta,  Oslerby,  Fin^pong,  etc. 


hristine  «Icstii  f  1b9i)  Eléonure.       l£eiij:iiiiiu 

nar.    a  de  Gudgard  el  Skyilberg  à  Ulreolit 

oiumon.  t  I60I. 


Jeïiii  7  17  iU  L.t>iiin  f  1735       1  iilie  niar.  en 

de  Godgard.  de  Skyilberg.  Hollande. 


d'|l""        A.lesiî.mli*e     Jean    «iiiiill"»:  L.ouis      5 filles, 

ervik  capilainc  f  17o4  cbarles 

09.  t  1771. 


•'siill'""      Jeun    diui-let!»       -2  lils  1  ftis  lu.  4  filles 

nnois  \  en  bas-àge. 


e^ume  capit.  russo  finnois. 

T  IJJoO. 


»iiis  Ainéiléc 

{en  Suisse. 


3  fils     1  fille. 


Famille   noble 
finnoise. 


I  journaux  gisant  en  Graad-Erres  et  delez 


Luinbcrl  do  Cecr  uo  Cliâni^c,  : 


r  iJo  Briuliuoiil  (uinsi  qiu  lu  ruppui'te  Joari  1 


i  Louis  de  (iL'L-r,  âeii;iiL'ui'  de  Uriaimonl,  se  (jualifia  soigneur  de  Noirmonl  i 


)  Tuiuine  M.irgUdi'ile  de  IIiki-Iuz,  lient 


s  l^ullivriiie  de  Fexlie. 


i:  Udkniinimc,  nil^  d<i 


1  Iti   It)  Juillet   Itiol   11  opju^ii  en   lOl'J  Adri 


k'iiit  sttrgni-iir  de  Leulsla,  Oslerly,  t'in.-pong,  elc. 


>g'' ii'Udierhy,  Ida            EliKabulh        Miirie        Ejniiln,srdorinspong, 

u  roi  di>  SiiËde,  mar.  i'h,        ninr.  un       mnr.  en        llliynlmyscn,  l'pouâU 

Ëpoiisii  M:irg.  Grnmen,  De    Besche          lloU.             Ilolt.             Jciinrie  l'iiniiiinlier-, 

nilc  du  Gi<ruril,  d'^piil.)  aux.  famille  de  Lille,  f  Iti^S. 
Etals  Riiiii'rjuxdi-s  l'rovinccs 
Unies,  t  106.;. 


biÉia  A.lr.aiio  EliL-inie.  ^g'■  du  Ctirisluiu  a<*iiii  f  IbHii  Elûuiiuie.       UeiU'inilu 

mjir.   A         iiiiii'.   n       Giiim,.'|)ou,sHtstlier         mm:    a  de  Cudgard  et  Skyllberg  à  Uipeubl 

Wultoii.         Tt'ipp.         uei-ii.ir.l,  rijiiiillc        Crouimon.  f  1651 


t  1691)  en  Dalmal. 


chanoine  à  Uircchl. 


«JhnrleB  ^iitnliii: 

Ramn    D.  G.   ilc       d'Oe>lell.y   f  1 
Leufâla  t  1719.  Siina  oiifunls 


Bxron  D    G.  il<-  T.'i'vili  cn\n\: 

cil  FiiiUûde-1-  no9.  t  n 


l.nula        Jean  Jacquca      'J  ni  les.       Clinrles  l':innilliel  B.  Aiilctli 

t  1758      Bur.  U.  G.  du  Piuspung  Btir.  D.  G.  de    Dar.  D.  G.  dû  Fi-oluna         non 

tl809  LeurslafiSOS       conseiller  du  H""^-  t 


.  Charles.Jeun     K 


ula  Gérurd      4 


CU«,îi!lu;';!f"':"''*',       "     Cl.n..|e«    lT.r?.nuel     B    L«ui«     Slilks      "Bar   1.omI;  AméUi-c 

H«  1.1  ■        ^'^"^''  ''"  '"^""^  "'  ^e  Leiifïla  dep.  Ititil  en  Suisse 


/^ 


RAPPORT 


Sur  une  découverte  de  monnaies  faite  au  village  de 
Grand-Axhe,  au  mois  de  mars  1876. 


La  Hesbaie  est  l'une  des  régions  les  plus  anciennement 
mentionnées,  les  plus  historiques  de  notre  province.  Aussi 
n'esl-il  pas  rare  d'y  découvrir  des  débris  de  plus  d'une  époque; 
partout  où  l'on  y  fouille  le  sol,  il  répond  aux  investigations  de 
l'archéologue.  Souvent  les  trouvailles  que  l'on  y  fait  viennent 
confirmer  les  enseignements  de  l'histoire,  d'autres  fois  elles 
semblent  les  contredire,  ou  du  moins  elles  semblent  de  nature 
à  faire  surgir  de  nouvelles  questions.  Mais  même  lorsqu'elles 
ne  font  pour  ainsi  dire  que  poser  des  points  d'interrogation, 
ces  découvertes  sont  encore  utiles  ;  elles  doivent  encourager 
les  recherches  en  donnant  des  indications  précieuses  sur  les 
points  où  il  convient  de  les  diriger. 

Toutefois  si,  en  archéologie  comme  dans  toutes  les  sciences, 
le  précepte  de  l'Evangile  «cherchez  et  vous  trouverez»  subsiste 
et  se  vérifie  chaque  jour,  il  est  vrai,  d'un  autre  côté,  que 
parfois  les  trouvailles  les  plus  remarquables  sont  dues  simple- 
ment à  des  chances  heureuses,  à  des  travaux  faits  dans  le  sol 
pour  les  besoins  de  l'agriculture  ou  des  constructions  à  élever, 
et  qui  n'ont  rien  de  commun  avec  les  explorations  dirigées  par 
la  science  de  fanliquilé. 

Sans  prétendre  donner  à  la  trouvaille  dont  ces  lignes  ont 
pour  but  d'expliquer  et  de  motiver  l'acquisition  par  notre  Musée 
archéologique  une  importance  exagérée,  elle  rentre  cependant 


—  484   - 

dans  cette  dernière  catégorie.    Voici  d'ailleurs  dans   quelles 
circonstances  cette  petite  découverte  a  été  faite. 

Il  y  a  quelques  années,  lors  de  la  reconstruction  de  l'église 
paroissiale  du  village  de  Grand-Axlie,  située  à  deux  kilomètres 
sud-ouest  de  Waremme,  les  terres  enlevées  pour  la  confection 
des  briques  nécessaires  à  la  bâtisse,  amenèrent  la  découverte 
de  beaucoup  de  tombes  qui  se  trouvaient  à  une  profondeur 
d'un  mètre  cinquante  centimètres,  et  qui  contenaient  un  assez 
grand  nombre  de  poteries  et  de  fragments  d'armes.  Le  témoin 
oculaire  auquel  nous  devons  ces  renseignements,  nous  a  assuré 
avoir  pu  constater  l'existence  de  haches  d'armes  et  de  cinq  ou 
six  boucliers,  dont  la  forme  était  parfaitement  reconnaissable 
et  qui  paraissaient  encore  assez  intacts  au  moment  où  l'on 
enlevait  les  terres;  malheureusement  ces  armes  offensives  et 
défensives,  entièrement  oxydées,  se  décomposaient,  s'effeuil- 
laient et  tombaient  pour  ainsi  dire  en  poussière,  lorsqu'on 
cherchait  à  les  saisir  et  à  les  soulever  de  terre.  Les  précautions 
les  plus  minutieuses  ne  permirent  que  de  recueillir  des  frag- 
ments assez  informes. 

Comme  c'est  généralement  le  cas  dans  les  découvertes  de 
cette  nature,  on  fut  beaucoup  plus  heureux  pour  les  poteries 
que  pour  les  objets  de  métal,  le  temps  et  l'humidité  du  sol 
a>ant  moins  d'action  sur  celles-ci.  Nous  devons  à  l'extrême 
obligeance  de  M.Gilis,  curé  de  Grand-Axhe,le  don  de  quatre  de 
ces  vases  en  terre  cuite,  qu'il  a  recueillis  lui-même  et  dont 
deux  sont  encore  entiers.  Il  a  bien  voulu  y  ajouter  aussi  les 
fragments,  malheureusement  informes,  de  haches  ou  d'autres 
armes  en  fer.  Le  dor.ateur  nous  a  fait  connaître  qu'un  grand 
nombre  de  ces  vases  en  poterie  avaient  été  brisés  par  l'incurie 
des  ouvriers,  malgré  les  recommandations  qui  leur  avaient  été 
faites  et  les  récompenses  promises  pour  les  objets  qu'ils  par- 
viendraient à  recueillir  intacts. 

Ces  poteries  et  ces  armes  appartiennent  h  la  période  Gallo- 
Romaine,  dont  on  retrouve  encore,  sous  le  sol  de  notre  pays. 


—  485  - 

des  fragments  si  nombreux  ;  seules  reliques  d'une  période 
historique,  sur  laquelle  les  renseignements  écrits  et  la  tradi- 
tion même  jettent  si  peu  de  lumière. 

En  offrant  ces  poteries  au  Musée  archéologique,  M.  le  curé 
de  Grand-Axhe  voulut  bien  nous  faire  connaître  une  décou- 
verte très-récente  et  dont  le  produit  forme  plus  dir3ctement 
l'objet  du  rapport  que  nous  avons  l'honneur  d'adresser  h  notre 
Institut. 

Dans  un  fossé,  tout  auprès  du  terrain  dont  le  sol  avait  été 
abaissé  d'un  mètre  cinquante  centimètres  pour  la  confection 
des  briques,  on  trouva,  le  1''''  Mars  1876,  un  pot  en  terre  appar- 
tenant h  une  époque  historique  beaucoup  plus  rapprochée  de 
nous  que  les  vases  dont  il  est  question.  Ce  pot,  dans  son  état 
actuel,  — il  a  la  partie  supérieure  du  col  brisée  —  mesure  8 
centimètres  de  hauteur.  D'une  fabrication  grossière,  c'est  seule- 
ment par  son  contenu  qu'il  offre  un  intérêt  réel  au  point  de  vue 
de  l'histoire  de  l'ancien  pays  de  Liège. 

Dans  ce  pot  se  trouvaient  en  effet  88  petites  pièces  de  mon- 
naie en  argent;  les  unes  assez  frustes,  les  autres  mieux  conser- 
vées, mais  appartenant  toutes  à  une  même  époque;  après  un 
examen  attentif  elles  purent  être  classées  de  la  manière  suivante: 

Les  monnaies  se  rapportent  toutes  à  deux  princes  contem- 
porains :  Hugues  de  Pierrepont,  prince-évêque  de  Liège  (1200- 
1229),  et  Henri,  duc  de  Brabant,  (1190-1235). 

Elles  se  subdivisent  de  la  manière  suivante  : 

N"  1.  16  deniers  de  Hugues  de  Pierrepont. 

Avers.  Buste  mitre  vu  de  face;  l'évêque  tient  la  crosse  de  la 
main  droite  et  le  livre  des  Évangiles  de  la  main  gauche. 
Au-dessus  de  la  tête  on  lit  :  HVGO. 

Revers.  Une  église  tlanquée  de  deux  tours  ;  au-dessus  du  toit 
de  l'église  on  voit  un  oiseau.  Sans  doute  une  aigle. 

Décrit  dans  Perreau,  catalogue  des  monnaies  de  la  princi- 
pauté et  évêché  de  Liège,  sous  le  n"  12  des  monnaies  de 
Hugues  de  Pierrepont.  Cet  auteur  croit  reconnaître  une  colombe 


—  186  - 

dans  l'oiseau  qui  se  trouve  au-dessus  de  l'église  représentée 
dans  cette  monnaie.  Nous  ne  saunons  nous  ranger  h  cet  avis(i). 

N°  2.  13  deniers  du  même  évêque. 

Avers.  Même  effigie  que  dans  la  monnaie  que  nous  venons 
de  décrire,  même  inscription. 

Revers.  Perron,  composé  d'un  style  posé  sur  trois  degrés,  et 
surmonté  d'une  large  croix.  Il  est  accosté  de  deux  étoiles  à 
cinq  pointes  (2),  on  y  lit  en  caractères  placés  très-irrégulière- 
ment >î<LEODI. 

Décritpar  Perreau  souslesn°'9et  iO.DeRenesse,  pi.  III.  N"l. 

N"  3.  Un  denier  du  même  ëvêque. 

Avers.  Buste  vu  de  face  ;  il  tient  la  crosse  de  l;i  main  droite, 
on  dislingue  la  lettre  G.... 

Revers.  Château  avec  haute  tour  crénelée  et  porto  défen- 
due par  une  herse,  accosté  d'un  oiseau  et  orné  d'une  bannière. 
A  droite  on  voit  la  lettre  H... 

Décrit  par  Perreau  sous  le  n"  17.  Cette  pièce  paraît  être  la 
même  que  celle  du  u"  o  de  la  première  planche  de  de  Renessc, 
reproduite  d'après  un  exemplaire  très-fruste.  Cet  auteur  attri- 
bue la  pièce  l\  Notger  ! 

I  •  )  L'église  représeiUée  dans  noire  pièce  de  monnaie,  n'a  pu  être,  dans  la 
pensée  du  graveur,  que  la  Cathédrale  de  St-Lambert.  Il  est  assez  difllcile  de  voir 
ce  qu'une  colombe  viendrait  y  faire.  l\  convient  de  rappeler  an  contraire  que,  du 
moins  dans  les  derniers  siècles  de  son  existence,  la  Cathédrale  de  Liège  était 
surmontée  d'une  tourelle  sur  laquelle  on  voyait  une  double  aigle  en  bronze  doré, 
(V.  le  Comte  Van  den  Stcen  de  Jehay,  Essai  historique  sur  l'ancienne  Cathédrale 
de  St-Lainherf,  p.  -1,39)  symbole  de  la  protection  et  de  la  suzeraineté  du  St-Empire, 
sur  l'église  de  Liège.  Il  est  possible  que  cet  emblème  n'ait  été  placé  que  longtemps 
après  Hugues  de  Pierrepont,  mais  c'est  la  même  idée  symbolique  qui  était  rappelée 
et  sur  le  monument  et  sur  la  médaille  dont  nous  nous  occupons. 

(-)  Le  R.  P.  Cahier,  dans  son  livre  sur  les  Caractéristiques  des  Saints  dans  l'an 
populaire,  assure  que  l'étoile  des  artistes  chrétiens  n'a  presque  jamais  un  nombre 
de  rais  impairs.  Il  affirme  même  que  le  Pentulpha  des  anciens,  de  même  que 
l'étoile  à  sept  pointes,  appartiennent  aux  rêveries  astrologiques  ou  aux  signes  de 
ralliement  des  sociétés  secrètes.  La  théorie  du  savant  iconographe,  semble  difficile 
à  admettre  et  nous  avons  la  conviction  que  les  étoiles  du  denier  de  Hugues  de 
Pierrepont  n'ont  rien  de  commun  avec  les  signes  d'une  association  occulte.  — Dans 
la  pièce  de  monnaie  décrite  sous  le  n»  4,  nous  retrouvons  l'étoile  à  cinq  pointes 
et  un  croissant.  L'intention  est  donc  simplement  de  rappeler  le  ciel,  te  firmament. 


-  487  - 

N"  4.  44  deniers  du  même  évêque. 

Avers.  Buste  mitre,  vu  de  profil,  tenant  la  crosse  devant  lui 
et  un  livre  de  la  main  gauche;  derrière  le  buste  une  tourelle. 

Revers.  Eglise  flanquée  de  deux  tours,  au-dessous  de  laquelle 
apparaissent  un  croissant  et  une  étoile  à  cinq  pointes.  Pas  de 
légende  ni  d'inscription. 

Décrit  par  Perreau,  sous  le  n"  30.  V.  le  m»  1  de  la  planche  II 
de  de  Renesse,  qui  attribue  celte  pièce  h  Wolbodon. 

N°  5.  2  deniers,  probablement  du  même  évêque  que  les 
pièces  décrites  sous  le  n°  4,  mais  ils  sont  tellement  frustes 
qu'il  n'est  pas  possible  de  les  classer. 

N°  6.  12  deniers  de  Henri  I,  duc  de  Brabant. 

Avers.  Buste  armé  d'une  cotte  de  mailles,  tenant  l'épée  de  la 
main  droite  ;  on  y  lit  :  HENRICVS  DVX. 

Revers.  Une  église. 

Les  pièces  que  nous  venons  de  décrire  sont  en  général  d'un 
travail  assez  grossier  et  ne  répondent,  au  point  de  vue  du  déve- 
loppement de  l'art  du  graveur,  ni  aux  sceaux  de  notre  pays,  ni  à 
d'autres  monuments  de  la  même  époque  qui  subsistent  encore. 

La  trouvaille  faite  à  Grand-Axhe  ne  nous  apporte  pas  de 
type  encore  inconnu  dans  la  science  de  la  numismatique  de 
l'ancien  pays  de  Liège.  Toutefois,  prise  dans  son  ensemble, 
elle  est  loin  d'être  sans  intérêt. 

Comme  on  vient  de  le  voir  par  la  description  succinte  que 
nous  avons  faite,  toutes  ces  pièces  de  monnaie  se  rapportent 
précisément  aux  deux  princes  belligérants  dont  les  armées  se 
rencontrèrent  près  de  Montenaeken,  dans  la  plaine  de  Steppes. 

On  se  rappellera  que  la  bataille  livrée  le  13  octobre  1213, 
entre  Henri  I,  duc  de  Brabant,  et  Hugues  de  Pierrepont,  évêque 
de  Liège,  connue  sous  le  nom  de  la  Warde  de  Steppes,  fut 
précédée  de  déprédations  et  de  ravages  de  toute  nature,  que 
les  troupes  brabançonnes  commirent  dans  le  pays  soumis  au 
prince  de  Liège.  Waremme,  Tourinne,  Waleffes,  localités 
situées    dans    la    circonscription    oij   ces    deniers  ont    été 


—  488  — 

découverts,  furent  mises  à  feu  et  à  sang.  Il  est  donc  au  moins 
vraisemblable  que  ce  petit  dépôt,  qui  ne  devait  revenir  au 
jour  qu'après  tout  une  série  de  siècles,  fut  confié  à  la  terre  à 
cette  époque  et  que  son  possesseur  a  été  victime  de  la  guerre 
qui  alors  désolait  la  coutn-e. 

Les  pièces  de  monnaie  trouvées  appartiennent  assurément  à 
l'une  des  époques  les  plus  intéressantes  et  les  plus  agitées  de 
nos  annales,  et  leur  trouvaille  semble  les  rattacher  d'une  ma- 
nière assez  directe  à  l'un  des  faits  d'armes  les  plus  glorieux 
pour  l'ancien  pays  de  Liège. 

Jules  HELBIG. 


A   PROPOS 

Du  cinquantième  anniversaire  de  la  mort  de 
Villenfagne. 


Le  23  Janvier  de  celte  année,  un  demi-siècle  s'est  écoulé, 
depuis  que  Hilarion  Noël,  baron  de  Villenfygne  d'Ingihoul,  est 
descendu  dans  la  tombe. 

Il  ne  convenait  pas,  ce  semble,  que  l'Inslitut  archéologique 
liégeois,  laissât  passer  cet  anniversaire  sans  rappeler  le  souve- 
nir de  cet  homme,  recommandable  h  tant  d'égards. 

De  Vilienfagne,  —il  est  vrai,  -  ne  peut  être  compté  parmi 
les  archéologues,  —  dénomination  d'ailleurs  toute  moderne. 
Mais  il  est  iiiconleslable  qu'il  a  rendu  à  l'archéologie  liégeoise 
des  services  très-éminents. 

Il  ne  s'agit  pas  ici  de  composer  un  éloge  académique  de 
Vilienfagne.  --  On  a  par  trop  usé  et  même  abusé  de  ces  pané- 
gyriques ;  mais  simplement  de  rappeler,  —  en  tant  que  besoin, 

—  sa  mémoire  et  ses  mérites,  à  ses  concitoyens  en  particulier, 

—  à  tous  les  amateurs  des  lettres  en  général. 

On  l'a  fort  bien  dit  depuis  longtemps  :  «  la  vie  d'un  auteur  est 
toute  dans  ses  ouvrages.  »  Ces  mots  s'appliquent  surtout  à  de 
Vilienfagne.  Il  serait  inutile  par  conséquent,  de  refaire  sa 
biographie,  qui  a  d'ailleurs  été  écrite  plusieurs  fois,  et  se 
trouve  h  la  portée  de  toutes  les  personnesqui  s'y  intéressentd). 

(i  )  Ch.  'le  ChëntHlollé  a  d'abord  publié  une  notice  sur  de  Vilienfagne, 
insérée  dans  le  Journal  de  la  province  de  Liérje,  n"s  "2^^  27  et  28,  du  29  janvier  et 
des  1,  2  et  ?t  février  1826.  Celle  notice,  dont  il  y  a  de  rares  tirés  à  pari  (Liège,  J. 
Desoer,  1826,  in-8o  de  20  pp.)  a  été  maintes  fois  reproduite,  cnlr'aulres  dans  la 
Diorjraphie  univemelle  de  Michand,  et  dans  la  Biographie  liégeoise  de  Bec-de- 
Licvre.  —  Knsuilc  M.  Ferd.  Henaux  a  publié,  dans  le  Messager  des  Sciences  ei  des 
Arts  de  Gand,  année  1838,  un  essai  sur  la  vie  et  les  ouvrages  du  baron  de  Vilien- 
fagne, dont  il  y  a  également  des  tirés  à  part. 


~  490  — 

Bornons-nous  donc  h  résumer,  en  quelques  mots,  cette 
carrière  si  laborieuse  et  si  bien  remplie,  tout  eu  rectitiant  ou 
complétant  quelque  peu. 

Hilarion  Noël  de  Villenfagne,  issu  d'une  famille  honorable  et 
ancienne,  naquit,  non  pas  à  Liège  en  juin  1753,  comme  l'assu- 
rent ses  différents  biographes  ,  mais  bien  à  Hordenne,  commune 
d'Anseremme  près  Dinant,  le  14  juin  1753  (i). 

Il  reçut  une  éducation  soignée,  et  plus  littéraire  que  celle 
que  l'on  avait  coutume  de  donner  alors  à  la  plupart  des 
gentilshommes  liégeois. 

Le  jeune  de  Villenfagne,  dont  les  goûts  studieux  se  mani- 
festèrent de  très-bonne  heure,  sut  tirer  le  meilleur  parti  possi- 
ble de  cette  éducation.  Dès  1781  il  se  fit  agréger  *>  la  société 
d'Emulation,  nouvellement  fondée  à  Liège,  et  prit  dès  lors  une 
part  active  aux  travaux  de  cette  société. 

Le  jeune  gentilhomme  liégeois  fut  pourvu,  de  bonne  heure, 
de  deux  canonicats,  à  Tongres  et  h  St-Denis  à  Liège.  Il  conserva 
ces  bénéfices  pendant  plusieurs  années,  sans  avoir  jamais  eu, 
comme  il  le  dit  lui-même,  l'intention  de  s'engager  dans  les 
ordres  sacrés  (2). 

Il  serait  bien  permis  de  passe)-  sous  silence  les  différents 
emplois  publics,  les  diverses  distinctions  littéraires,  dont  de 
Villenfagne  a  été  revêtu,  tels  que  ceux  de  député  de  l'ordre 
équestre,  conseiller  privé  de  S.  altesse,  membre  de  l'Institut, 
puis  de  l'académie  royale  des  Pays-Bas  etc.,  etc.  Ces  honneurs, 
ces  dignités,  personne  ne  l'ignore,  ne  sont  pas  toujours  la 
récompense  ou  la  preuve  d'un  mérite  réel,  et  n'y  ajoutent  rien 
lorsque  celui-ci  existe. 

Notons  cependant  qu'il  fut,  dès  la  fondation  de  notre  univer- 
sité, l'un  de  ses  curateurs,  et  qu'il  s'acquitia  de  ses  fonctions 

(')  Ce  reaseigiiement  est  sur.  Je  l'ai  vu  tracé  de  la  main  même  de  Villenfagne. 
Voir  d'ailleurs  le  lieciicil  f/éraldiquc  des  llounjnie-sti-es  de  lÀérje, continué  ijor  X.  de 
Theux,  Liège  i863,  in-foi.  p.  312. 

(■)  Voir  ses  Mélanges  de  1810,  p.  6(i. 


—  491  — 

avec  cette  conscience  qu'il  mettait  h  remplir  toutes  celles  dont 
il  voulait  bien  se  charger. 

Rappelons  surtout  que  de  Villenfagne  a  été  (en  1791-1792), 
l'un  des  derniers  bourgmestres  de  la  noble  cité  de  Liège,  alors 
que  cette  ville  était  encore  la  capitale  d'un  pays  indépendant  (i). 

De  Villenfagne  s'éteignit  à  Liège,  le  23  janvier  1826,  après 
une  maladie  de  peu  de  jours,  regretté  de  toutes  les  personnes 
qui  avaient  eu  le  bonheur  de  le  connaître. 

La  carrière  littéraire  de  Villenfagne  commença  de  fort  bonne 
heure.  Dès  l'âge  de  seize  ans,  il  avait  été  attiré  vers  les  recher- 
ches d'érudition,  et  principalement  vers  celles  qui  se  rattachent 
à  l'histoire  politique  et  littéraire  de  sa  patrie.  Il  rendit  à  ces 
deux  branches  de  l'histoire,  des  services  éminents.  Ce  fut  aussi 
lui,  tout  le  premier,  qui  publia  des  recherches  sur  les  arts  à 
Liège  et  les  artistes  liégeois. 

Pour  l'histoire  politique,  on  trouve  dans  ses  travaux,  des 
discussions  très-profondes  sur  plusieurs  points  obscurs,  que 
l'auteur  a  éclaircis  avec  autant  d'érudition  que  de  sagacité.  Il 
a  jeté  aussi  une  vive  lumière  sur  les  anciennes  lois,  les 
anciennes  institutions,  si  originales,  du  pays  de  Liège. 

Quant  à  l'histoire  littéraire  liégeoise,  celle-ci,  avant  de 
Villenfagne,  était  un  terrain  presqu'entièrement  reste  en  friche. 
Que  de  noms,  qui  étaient  tombés  dans  un  oubli  immérité,  il  a 
rappelés  à  la  mémoire  et  à  l'attention  de  ses  concitoyens! 

La  providence,  dans  la  répartition  de  ses  dons,  n'avait  point 
accordé  à  de  Villenfagne  des  facultés  extraordinaires.  Il  n'avait 
pas  ù  coup  sûr,  reçu  le  don  de  l'imagination,  aussi  indispen- 
sable h  l'historien  qu'au  poète. 

Lui-même  a  senti  tout  ce  qui  lui  manquait  sous  ce  rapport. 
Non  seulement  il  a  renoncé  de  bonne  heure  à  continuer  ses 
essais,  assez  malheureux,  en  vers,  avouant  qu'il  n'était  point 

(*  )  Deux  frères  du  baron  Hiiarion  de  Villenfagne  comptent  également  parmi  les 
bourgmestres  de  Liège,  nommés  avant  la  réunion  à  la  Franco;  Léopold-Albert- 
Ignace  en  1788  el  .leaii-Dieudonné-Philibert  en   179?.. 


~  492  — 

né  poëte  ;  mais  de  plus  il  a  reconnu  que,  pour  manier  le  burin 
de  riiistoire,  il  fallait  une  main  aussi  laborieuse,  mais  plus 
ferme  que  la  sienne.  Nul  mieux  que  lui  n'a  su  que,  pour  accom- 
plir une  tâche  aussi  difficile,  le  crayon  d'un  simple  érudit  ne 
peut  suffire. 

Aussi  n'a-t-il  jamais  essayé  d'écrire  l'histoire,  mais  il  s'est 
toujours  contenté  de  se  livrer  à  des  recherches  historiques. 

Eh  bien  !  notre  estime  pour  la  mémoire  de  Villenfagne,  n'en 
doit  être  que  plus  profonde.  Les  talents  qui  nous  sont  accordés 
en  naissant,  s'ils  peuvent  provoquer  parfois  l'admiration,  ne 
méritentjamais  la  moindre  reconnaissance. 

Le  vrai  mérite  d'un  homme  consiste  dans  son  caractère  et 
dans  sa  persévérance.  Sous  ce  double  rapport,  de  Villenfagne 
s'est  rendu  digne  et  de  toute  notre  admiration  et  de  notre  gra- 
titude entière. 

Avec  combien  de  circonstances  adverses  n'a-t-il  pas  eu  à 
lutter  pendant  toute  la  durée  de  sa  carrière  !  L'exil  de  sa  terre 
natale,  la  confiscation  d'une  grande  partie  de  sa  fortune, 
l'incendie  par  les  bombes  françaises  de  sa  bibliothèque  chérie, 
rassemblée  avec  tant  de  soins,  rasiervissemeni  de  sa  patrie, 
l'indifférence  du  public  pour  ses  travaux  (i),  rien  ne  l'a  arrêté, 
rien  ne  l'a  découragé. 

L'âge  qui  paralyse  tant  d'intelligences,  semblait  accroître  son 
zèle  et  redoubler  ses  forces  ;  il  n'a  cessé  de  travailler  qu'en 
cessant  de  vivre. 

On  peut  l'affirmer  sans  craindre  un  démenti  :  depuis  le  docte 
Chapeauville,  aucun  homme  n'a  rendu  d'aussi  grands  services 
aux  annales  du  pay.s  de  Liège  que  Villenfagne. 

Si  l'auteur  de  tant  de  laborieuses  recherches  a  joui  pendant 
sa  vie,  de  l'estime  générale  de  ses  concitoyens  ;  ce  ne  lut  qu'a- 

(  •/  Les  Essain  critiques  sur  différents  points  de  l'histoire  de  Liège,  que  Villen- 
fagne fil  imprimer  en  1808,  en  "2  vol.  in-12,  avaient  été  annoncés  pyr  souscription, 
pendant  trois  ans,  finirent  par  trouver  jusqu'à  trois  souscripteurs.  Son  ouvrage  le 
plus  important,  les  Recherches,  n'iHait  pas  épuisé,  il  y  a  peu  d'années  encore. 
Et  cependant  l'auteur  faisait  tirer  ses  ouvrages  à  petit  nombre  I 


-  493  — 

près  sa  mort  que  ses  travaux  furent  appréciés,  avidement 
recherchés  et  disputés  par  un  public  nombreux. 

Il  a  rencontré  quelques  détracteurs,  il  est  vrai;  mais  vaut-il 
la  peine  de  faire  allusion  à  quelques  pygmées  littéraires,  qui, 
étant  parvenus  à  se  hucher  sur  les  robustes  et  laborieuses 
épaules  de  Villenfagne,  se  sont  crus  grands,  s'imaginant  voir 
un  peu  plus  loin  que  lui,  et  ont  affecté  de  le  mépriser  ? 

Mieux  vaut  rapporter  ici  le  sentiment  de  feu  M.  de  Gerlache, 
—  un  véritable  historien  celui-là,  et  par  conséquent  un  juge 
compétent,  —  qui  a  exprimé  sur  de  Villenfagne  un  jugement 
aussi  sobre  qu'équitable. 

«  De  nos  jours,  dit-il,  plusieurs  écrivains  se  sont  encore 
essayés  sur  le  même  sujet  (  l'histoire  de  Liège  )  ;  mais  aucun  ne 
l'a  fait  avec  plus  de  constance  ni  d'érudition  que  M.  de  Villen- 
fagne. Doué  d'un  courage  infatigable,  il  a  consacré  tout  le 
cours  d'une  longue  carrière  à  faire  des  dissertations  sur  les 
différents  points  de  nos  annales  qui  lui  ont  paru  susceptibles 
de  controverse.  On  doit  regretter  qu'il  n'ait  point  fondu  ses 
doctes  recherches  avec  les  faits,  dans  une  suite  de  narrations, 
et  qu'il  n'ait,  en  quelque  sorte,  travaillé  que  pour  les  auteurs 
et  les  savants.  Toutefois,  s'il  est  possible  d'écrire  l'histoire  de 
Liège  d'une  manière  aussi  exacte  qu'intéressante,  la  justice 
nous  commande  de  le  dire,  c'est  en  grande  partie  à  M.  de 
Villenfagne  que  nous  le  devons  :  sous  ce  rapport,  il  a  rendu  de 
véritables  services  h  son  pays.  »  (i) 

De  Villenfagne  nous  a  laissé,  outre  de  nombreuses  produc- 
tions imprimées,  aux  frais  desquelles  il  a  consacré  une  partie 
de  la  fortune  qui  lui  était  restée,  d'autres  travaux  assez  consi- 
dérables demeurés  inédits.  —  Ces  travaux  non  encore  publiés, 
sont  tombés  tous,  ou  du  moins  la  plus  grande  partie,  en  d'ex- 
cellentes mains  (2). 

i  *  )  Souvenirs  liistoriques  du  pays  et  de  la  priticipauié  de  Liéye,  imprimés  à  la 
fin  du  Procès-verbal  de  la  séance  publique  tenue  te  'iQ  janvier  1 825 par  la  Société 
libre  d'Einulaiion  de  Liège.  M.  de  Gerlache  a  reproduit  co  passage  dans  son  inlro- 
duclion  à  l'Histoire  de  Liège,  Bruxelles  184?),  in-S". 

(')  Celles  de  M.  le  chevalier  X.  de  Theux. 


-  494  - 

Ils  ne  sont  ainsi,  ni  perdus,  ni  même  égarés,  et  il  y  a  tout 
lieu  d'espérer,  qu'après  un  triage  fait  avec  soin,  ils  seront 
imprimés  et  publiés  avant  qu'il  ne  s'écoule  beaucoup  de  temps. 

Ce  serait  là,  semble-t-il,  le  meilleur  hommage  à  rendre  à  la 
mémoire  d'un  homme  qui  en  est  aussi  digne. 

H.  HELBIG. 


l'Nlr.ul  ilii  l'iau  Ca.hislial  .le   la  loininuiu-  do 

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EXPLORATION 

UE    LA 

TOMBE  DITE  DE  L'EMPEREUR 

PRÈS     DU     VILLAGE     DE     MOXHE. 


L'heureux  résultai  des  fouilles  effectuées  au  mois  de  mai 
1873  dans  le  tumulus  d'Avenues  décida  Vlnstitut  archéologique 
liégeois  h  entreprendre,  au  mois  de  juin  suivant,  l'exploration 
de  la  tombe  romaine  dite  de  l'Empereur. 

Ce  tumulus,  distant  d'une  cinquantaine  de  mètres  au  nord  de 
la  grande  chaussée  de  Tongres  à  Bavay,  est  situé  près  du 
hameau  dit  de  l'Euipereur,  hameau  dépendant  de  la  commune 
de  Moxhe  (')•  Toutefois  noire  tumulus  ne  fait  point  partie  du 
territoire  de  cette  dernière  commune.  Il  est  détaché,  ainsi  que 
deux  ou  trois  maisons,  du  gros  du  hameau  et  forme  actuellement 
l'extrémité  sud-ouest  du  territoire  de  Villers-le-Peuplier,  village 
dont  il  est  éloigné  d'environ  deux  kilomètres  (^). 


(  *  )  C'est  en  ce  hameau  que  la  route  de  Landen  à  Namur  coupe  perpendiculaire- 
ment la  chaussée  romaine  de  Tongres  à  Bavay.  Son  uora  de  l'Empereur  que  nous 
avons  retrouvé  duns  des  registres  datant  de  l'an  1690,  paraît  lui  avoir  été  donné  en 
souvenir  de  Charles-Quint.  Peut-être  aussi  ne  doit-on  lui  attribuer  d'autre  origine 
que  renseigne  d'une  auberge  qui  existait  autrefois  dans  la  localité. 

(*)  Voir,  dans  notre  rapport  sur  VExploraiiou  de  la  tombe  d'Aiennes,  ce  qui  est 
dit  sur  la  situation  de  la  tombe  de  l'Empereur,  relativement  aux  tumulus  d'Avennes 
et  du  Soleil,  ainsi  que  sur  leurs  distances  respectives.  [Bulletin  de  l'Institut  archéo- 
logique liégeois,  tome  XII,  2«  livraison,  page  199.) 


—  m\  — 

La  lombede  l'Empereur  est  une  des  plus  petites  qui  couvrent 
le  sol  de  la  Hesbaye  ;  elle  ne  mesure  guère  que  06  mètres  de 
circonférence  à  la  base  et  18  au  sommet.  Sa  pente  au  nord 
est  de  7'", 90,  à  l'ouest  de  6'", 43,  à  l'est  de  7"', 80  et  au  midi  de 
7'", 59.  On  peut  constater  une  légère  déclinaison  de  son  assiette 
dans  la  direction  N.-E.  Elle  est  plantée  dans  sa  partie  nord  et 
ouest  de  trois  beaux  peupliers  du  Canada,  tandis  que  sa  pente 
méridionale  est  couverte  de  buissons  de  ronces,  qu'il  a  fallu 
enlever  en  partie  pour  pouvoir  ouvrir  la  galerie  d'exploration. 
Un  étroit  sentier  serpente  le  long  de  ses  flancs  et  conduit  au 
sommet,  gazonné  et  nivelé  en  plate  forme,  comme  chez  la 
plupart  de  nos  tombes  hesbignonnes. 

Peu  d'écrivains  font  mention  de  la  tombe  de  l'Empereur; 
elle  semble  avoir  été  beaucoup  moins  signalée  que  sa  voisine, 
Ja  tombe  d'Avenues.  Les  cartes  des  biens  de  l'abbaye  de  Saint- 
Trond  l'ont  toutefois  fait  connaître  à  M.  Piot,  qui  donne  sur 
elle  (i)  les  renseignements  suivants  :  carte  des  biens  situés  h 
Moch  et  Mocheron  (Moxhe,  etc.,  province  de  Liège),  un  tumu- 
lus  «  près  de  la  Haute-Chaussée  (Chaussée  de  Tongres  à 
Bavay  ),  entre  le  chemin  de  Mocb  àVillers  et  le  Haut-Tiége.  «(a) 
N'oublions  pas  de  dire  que  depuis  longtemps  ce  tumulus  avait 
attiré  l'attention  de  notre  infatigable  président  d'honneur,  lors 
de  ses  nombreuses  excursions  dans  notre  pittoresque 
province. 

(')  Exploration  de  quelques  tumulus  de  la  Hesbaye,  par  M.  H.  Schuermaus, 
p.  382  du  tiré  à  part,  note  V,  lettre  A. 

(*)  La  carte  toporjraphique  des  Pa;is-Bas,  par  W.  D.  S.,  ingénieur  et  architecte 
(Francfort-sur-le-Mein,  1784),  signale  une  «  censé  et  tombe  de  l'Empereur.  » 
Nous  ignorons  où  était  située  la  ferme  dont  elle  fait  mention  et  si  elle  existe  encore 
aujourd'hui.  C'est  à  tort,  croyons-nous,  que  la  carte  en  question  figure  deux 
tombes  à  l'Empereur,  car  nous  n'y  avons  trouvé  aucune  trace  de  l'existence  d'un 
second  tumulus. 

La  «  Nouvelle  carte  choroqraphique  des  Pays-Bas  auiricliiens,  »  par  J.  B.  de 
Bouge  (  Bruxelles,  4789  ),  indique  une  tombe  et  un  cabaret. 

La  «  Nouvelle  carte  des  Pays-Bas,  »  réduite  d'après  celle  de  Ferraris  (Bruxelles, 
J.  Coché),  mentionne  également  un  cabaret  dit  «  de  TEmpereur.  » 


—  497  — 

La  tombe  de  l'Empereur  appartient  actuellement  à  la  famille 
de  Woot  de  Trixhe,  ainsi  que  la  terre  sur  laquelle  elle  est 
assise  et  qui  est  renseignée  au  plan  cadastral  de  la  commune 
de  Villers-le-Peuplier  (canton  d'Avennes  ,  arrondissement 
administratif  de  Waremme)  sous  le  n"  490  de  la  section  B. 

M.  le  baron  Florent  de  Woot  de  Trixhe,  propriétaire  du 
charmant  château  de  Moxhe,  s'empressa,  à  notre  demande, 
et  avec  la  plus  grande  affabilité,  de  nous  accorder  l'autorisation 
d'explorer  ce  tertre,  en  abandonnant  généreusement  au  Musée 
de  Liège  le  produit  éventuel  des  fouilles. 

Les  travaux  d'exploration,  dont  l'Institut  voulut  bien  nous 
conlier  la  direction,  furent  commencés  le  mardi  10  juin,  h  onze 
heures  du  matin,  au  moyen  d'une  galerie  horizontale  de  2  m. 
d'élévation  ouverte  au  Sud-Ouest ,  et  avec  l'aide  de  deux 
ouvriers,  le  nommé  Pierre-Joseph  Lamproye,  journalier  à 
Moxhe,  (déjà  employé  lors  des  recherches  faites  dans  la  tombe 
d'Avennes),  et  son  tils,  Nicolas  Lamproye. 

Dès  l'après-midi  du  lendemain  11,  la  pioche  mettait  au  jour 
des  fragments  d'une  patère  grossière  (n"  10  de  la  fig.  "2,  pi.  III 
bis),  fragments  engagés  dans  l'argile  presque  à  hauteur  de 
notre  voûte,  et  accompagnés  d'une  côte  d'un  animal  d'assez 
forte  taille.  Peu  après  les  ouvriers  nous  firent  appeler  en 
annonçant  qu'ils  venaient  de  découvrir  le  caveau.  C'était  en 
effet  une  sépulture,  ou  plutôt  une  réunion  d'objets  mobiliers 
qui  venait  de  s'offrir  inopinément  à  la  vue  dans  la  paroi  de 
droite  de  notre  galerie  et  à  environ  1"'00  au-dessus  du  niveau 
de  la  campagne  voisine. 

Avant  de  passer  à  un  examen  détaillé  des  proportions  et  de 
la  situation  de  ce  caveau,  nous  allons  donner  une  description 
sommaire  des  objets  qu'il  renfermait. 

A.  Deux  ollas  en  terre  noire  commune  (voir  pi.  IV,  fig.  7).  Nous 
ne  nous  arrêterons  pas  à  ces  deux  objets,  que  l'on 
rencontre  fréquemment  dans  tous  les  Musées  de  l'Europe, 


-  40 s  — 

B.  Deux  très-petites  cruches  eu  lerre  jaune  (voir  pi.  IV,  tig.  2j. 

Leur  exigûité  pourrait  faire  croire  que  nous  avons  affaire 
à  un  jouet  d'enfant.  Les  cruches  de  cette  dimension 
abondent  cependant  dans  les  collections,  et  le  Musée  de 
Liège,  entre  autres,  en  possède  déjà  plusieurs. 

C.  Une  cruche  de  la  même  terre  et  du  même  modèle  que  les 

précédentes,  mais  de  plus  grandes  dimensions  (voir  pi.  IV, 
tig.  i).  La  tombe  d'Avennes  nous  avait  déjà  précédemment 
fourni  deux  cruches  de  ce  modèle,  mais  d'une  taille  encore 
plus  forte  (voir  le  rapport  sur  cette  dernière  exploration, 
pi.  VI,  fig.  12).  Ces  sortes  d'objets  sont  généralement 
considérés  comme  ayant  servi  à  contenir  de  l'eau  ou  du  vin. 

D.  Un  vase  en  terre  grise  très-commune,  peu  cuite  et  excessi- 

vement friable;  la  panse  est  ornée  de  lignes  circulaires  en 
creux  (voir  pi.  IV,  fig.  4). 

E.  Un  autre  vase,  ne  différant  guère  du  précédent  qu'en  ce 

qu'il  est  un  peu  moins  élevé,  mais  plus  large  à  la  panse  ; 
celle-ci  est  garnie  de  lignes  circulaires  semblables  (voir 
pi.  IV,  fig.  3).  La  poterie  dont  il  est  ici  question  paraît  se 
rapprocher  de  celle  dont  M.  Schuermans  a  trouvé  un 
spécimen  dans  la  tombe  de  Middelwinden  (Neerwinden)  et 
qu'il  décrit  en  ces  termes  :  «poterie  grossière  à  peine  cuite, 
»  poterie  s'émiettant  dans  les  doigts,  et  n'ayant  pas  du 
»  tout  les  caractères  de  la  poterie  romaine,  mais  pouvant 
»  être  tout  simplement  un  vase  fait  sur  les  lieux  mêmes,  et 
»  accidentellement  mêlé  à  des  vases  plus  recherchés  (i).» 

F.  Deux  cruches  identiques  en  terre  jaunâtre  et  munies  chacune 

d'une  double  anse.  Ces  deux  objets,  brisés  en  une  infinité 
de  morceaux,  dont  une  bonne  partie  se  trouvait  même  en 
dehors  du  caveau,  n'ont  pu,  malgré  des  recherches 
poussées  à  plus  de  deux  mètres  de  celui-ci,  être  retrouvés 

/     Bullciiti  (Ifs  iom.  roy.  d'arl  ri  ({archéolofjic,  IV,  p.  392,  pi.  tll,  tig.  ii. 


—  499  — 

en  entier;  on  a  pu  toutefois  en  rétablir  la  forme  et  les 
dimensions  (pi.  IV,  tîg.  6). 

G.  Deux  autres  cruches  à  panse  fort  large  et  à  goulot  évasé 
formé  de  plusieurs  lobes  successifs  qui  s'étagent  en  gra- 
dins, auxquels  l'anse  vient  se  rattacher  (pi.  IV,fig.  5).  Cette 
forme,  d'une  très-grande  élégance  et  que  nous  n'avons 
rencontrée  jusqu'ici  dans  aucune  collection  du  pays, 
pourrait  bien  être  nouvelle. 

Remarquons  ici  cette  particularité  que  presque  tous  les 
vases  recueillis  avaient  été  déposés  par  couple  dans  le 
caveau. 

H.  Une  patère  grossière,  très-basse  de  forme  et  recouverte 
d'un  vernis  d'un  rouge  jaunâtre  (pi.  IV,  flg.  8).  Nous  en 
avons  déjà  parlé  précédemment  en  la  signalant  comme  le 
premier  objet  trouvé  par  les  ouvriers,  et  ainsi  que  nous 
l'avons  déjà  dit,  un  peu  en  dehors  du  caveau.  Elle  est 
cependant  d'une  fabrication  indubitablement  romaine,  et 
semble  avoir  une  grande  analogie  avec  celle  trouvée  dans 
la  tombe  Hémava  et  décrite  par  M.  Schuermans  comme 
«  patère  de  terre  cuite  revêtue  d'un  vernis  rouge,  mais 
»  qui  est  moins  adhérent  que  celui  de  la  poterie 
«  samienne  (i).  »  C'est  du  reste  un  objet  que  l'on  rencontre 
très-fréqueinment  dans  les  substruclions  romaines,  ainsi 
que  dans  les  tumulus  (2).  Notre  patère  diffère  de  celles  qui 
ont  été  recueillies  dans  la  tombe  d'Avennes,  en  ce  que  ces 
dernières  sont  de  moindre  dimension  et  recouvertes  d'un 
vernis  d'un  rouge  plus  foncé  (8). 


(*  )  Bulletin  des  com.  roij.  d'art  et  d'archéologie ,  IV,  p.  374,  noVIl,  pi.  (,  fig.  10. 

(')  Voir  entre  autres,  Bnlleiin  des  com.  roy.  d'art  et  d'archéologie,  IV,  p.  388, 
pi.  II,  flg.  26;  IV,  p.  424,  pi.  iV,  fig.  33  ;  VI,  p.  2T8,  pi.  XII,  fig.  26,  27,  28; 
VI,  p.  166,  pi.  V,  fig.  23  à  28,  etc. 

(')  Voir  notre  rapport  sur  les  fouilles  exécutées  dans  le  tumulus  d'Avennes 
{Bulletin  de  l'Institut  archéoloqique  liégeois,  tome  XII,  2'""  livraison,  page  2M, 
planche  VI,  fig.  3). 


—  500  — 

1.  Nous  arrivons  à  l'objet  le  plus  intéressant  qui  ait  été 
recueilli  :  c'est  une  empreinte  laissée  sur  un  morceau  de 
terre,  soit  par  une  étoffe,  soit  par  un  fragment  de  bois 
sculpté.  Le  dessin  représente  une  succession  de  petits 
cercles  finement  travaillés,  disposés  entre  deux  lignes 
parallèles  et  rappelant  assez  fidèlement  les  festons  d'une 
dentelle  ;  les  deux  extrémités  sont  abaissées  en  angles 
obtus,  de  manière  k  représenter  trois  côtés  d'un  octogone. 
Cette  dernière  disposition,  c'est-à-dire  l'absence  complète 
de  courbe  dans  les  angles,  ne  permet  pas  de  voir  dans 
notre  dessin  la  trace  laissée  par  un  bijou,  dont  on  aurait 
d'ailleurs  retrouvé  des  vestiges.  Dans  les  angles  dont  nous 
venons  de  parler  on  remarque  deux  croissants  dont  les 
pointes  sont  relevées  et  sous  chacun  d'eux  un  ornement 
qui  imite  parfaitement  des  pandeloques  de  boucles 
d'oreilles.  Un  ornement  semblable,  mais  plus  petit,  se 
retrouve  au  centre  et  en  dehors  de  la  bordure  festonnée 
déjà  décrite  (pi.  V,  fig.  2).  Le  dessin  entier  est  marqué  par 
une  poussière  grisâtre  qui  fait  saillie  sur  le  fragment  de 
terre  et  y  adhère  assez  fortement  ;  toutefois  le  tout  a  été, 
■  dans  un  but  de  préservation  plus  complète,  passé  nu 
silicate  de  soude,  puis  placé  sous  verre. 

Ce  bloc  de  terre  a  été  recueilli  dans  le  coin  ouest  du 
caveau,  contre  la  paroi  nord  ;  il  était  placé  horizontale- 
ment, l'empreinte  en  dessous  et  se  trouvait  séparé  du  fond 
de  la  sépulture  par  un  vide  d'un  doigt  d'épaisseur,  rempli 
d'une  poussière  brunâtre,  ce  qui  nous  donne  lieu  de  croire 
que  l'empreinte  en  question  est  plutôt  due  à  une  sculpture 
sur  bois.  Est-ce  un  fragment  du  couvercle  protecteur  ? 
Nous  laissons  aux  adeptes  autorisés  de  la  science  le  soin 
de  déterminer  la  nature  et  l'origine  de  ce  curieux  débris 
archéologique,  le  premier  de  ce  genre  que  les  tumulus 
romains  de  la  Belgique  aient  révélé  jusqu'à  ce  jour. 

J.  Enfin,  mentionnons  encore  une  fibule  en  bronze,  privée  de 


Bulleliiiderinst.arclléol.liéacois.Tome  XII . 


riaiiche.IVljfs. 


Yii   3 


FiS.4 


Rc'dacdcn  lu /s  ii  la  grandeur  ridh 


lith.J.Ci'cmclli  à  LitMte. 


E.-Jamar  arch. 


Jkllrlm  (k'  riiustarcIu'ol.Lieqeois  Tome  XII. 


ri  miche  Y'.jis. 


Jl  Jaiuai'  .-utIi. 


—  501  ~ 

son  ardillon.  Elle  est  fortement  oxydée,  ce  qui  ne  permet 
pas  facilement  d'en  juger  le  travail  et  la  forme  (pi.  V, 
fig.  1)  (i).  Cette  fibule  ne  fesait  point  partie  du  mobilier 
funéraire  :  elle  a  été  trouvée  dans  les  terres  au  nord-est  et 
à  près  de  deux  mètres  des  autres  objets  (et  au  niveau  du 
sol  de  la  galerie)  lors  des  recherches  poursuivies  pour 
déterminer  la  paroi  nord-est  du  caveau.  Revenons  à  ce 
dernier. 
Nous  avons  déjà  dit  qu'au  lieu  d'être  creusée  dans  le  sous-sol 
comme  les  autres  caveaux  explorés  par  nous,  la  sépulture  de 
l'Empereur  se  trouvait  établie,  à  un  mètre  d'élévation,  dans  les 
terres  rapportées  du  tumulus,  c'est-à-dire  que  les  objets  que 
nous  venons  de  décrire  n'avaient  été  confiés  à  la  terre  que 
lorsqu'une  partie  de  la  tombe  était  déjà  édifiée  ;  simplement 
déposés  sur  le  sol  des  premières  couches,   ils  avaient  été 
ensuite  recouverts  par  les  dépôts  de  terres  subséquents.  Les 
parois  de  notre  sépulture,  en  admettant  qu'il  y  en  ait  jamais  eu, 
étaient  extrêmement  peu   visibles;   nous    pouvons   toutefois 
assigner  à  celle-ci  une  largeur  approximative  de  l'",25.   La 
partie  nord-est  semblait  totalement  dépourvue  de  mobilier  (nous 
disons  :  semblait,  car  ses  limites  n'ont  pu  être  retrouvées  bien 
exactement  (voir  pi.  III  bis)  ;  relativemeîit  à  sa  largeur,  plus 
facile  à  déterminer,  la  longueur  de  la  sépulture  pouvait  être  de 
i"\50  à  1"',60.  Nous  ne  l'avons  point  trouvée  remplie,  comme 
ailleurs,  de  cette  terre  meuble  et  grasse,  que  M.  Schuermans  a 
également  toujours  constatée  dans  ses  recherches  et  qu'il 
appelle  terre  jectisse  (2),  dénomination  qui  la  décrit  parfaite- 
ment ;  elle  était  remplacée,  tout  au  contraire,  par  une  argile 
ne  différant  guère,  comme  qualité  et  comme  dureté,  de  celle 
qui  a  servi  à  édifier  notre  tumulus.  Disons  encore  que  ça  et  là, 
entre  les  divers  objets,  on  pouvait  constater  des  vides  plus  ou 

(  •)  F.a  fig.  1  de  la  pi.  V  représente  cette  fibule  de  face  (a)  et  de  profil  (b). 
(*)   Hiillcii»  des  coin.  roy.  rfart  et  d'archéoloqie,  lY.  p.  389,  etc. 


—  o02  — 

moins  verticaux  et  de  près  de  deux  doigts  de  largeur,  vides 
laissés  évidemment  par  des  planches  qui  auraient  peut-être 
servi  à  séparer  les  différents  vases  et  à  les  maintenir  debout. 

On  a  déjà  pu  remarquer  dans  notre  énumération,  l'absence 
complète  de  tout  débris  de  bronze,  de  toute  monnaie  (accompa- 
gnement presque  indispensable  des  sépultures  romaines)  et 
même  de  tout  objet  en  verre. Quelques  rares  ossements  calcinés, 
pour  la  plupart  peu  déterminables,  épars  dans  le  caveau  et 
non  déposés  dans  un  vase  ;  cinq  ou  six  clous  ou  morceaux  de 
fer  fortement  oxydés  (l'un  d'eux  encore  adhérent  à  un  ossement), 
telles  sont  les  seules  analogies  offertes  par  notre  caveau  avec 
les  sépultures  déjà  explorées  par  nous.  C'est  pourquoi  nous 
hésitons  un  peu  à  lui  donner  ce  dernier  nom.  Un  autre  dépôt 
funéraire,  indépendamment  des  objets  que  nous  avons  décrits, 
existe-t-il  dans  la  tombe  de  l'Empereur?  Ce  fait  n'a  par 
lui-même  rien  d'impossible ,  car  l'existence  d'un  double 
mobilier  funéraire  a  déjà  été  constatée,  si  nous  avons  bonne 
mémoire,  dans  une  des  tombes  de  Seron  (province  de  Namur) 
explorées  par  M.  Del  Marmol,  membre  de  la  Société  archéologique 
de  Namur.  Nous  n'avons  pas  cru  devoir  porter  nos  investiga- 
tions dans  la  partie  nord  du  tumulus  ;  toutefois,  une  excavation 
pratiquée  sur  notre  gauche  et  de  nombreux  sondages  tentés 
pour  découvrir,  le  cas  échéant,  un  second  caveau,  ne  nous  ont 
donné  aucun  résultat. 

Déjà  avant  nous  le  tumulus  avait  été  visité,  probablement 
(quoique  les  traditions  de  l'endroit  ne  nous  aient  rien  appris  à 
cet  égard)  par  les  fouilleurs  des  armées  françaises.  Nous  avons 
retrouvé  en  élargissant  nos  travaux,  au  fond  et  à  gauche  de 
notre  galerie,  un  puits  vertical  qui  leur  avait  servi  à  pénétrer 
à  l'intérieur  et  vers  le  centre  du  tumulus  ;  ce  puits,  à  parois 
bien  nettes,  et  d'environ  r",50  de  diamètre,  était  rempli  de 
terre  meuble,  convertie  pour  ainsi  dire  en  poussière  et  semblait 
à  cause  de  sa  forme  rectangulaire  et  non  circulaire,  comme  à 
Avenues  et  de  la  perfection  de  son  exécution,  avoir  été  creusé 


-  SOS    - 

par  les  troupes  du  génie  militaire  {i).  Descendant  à  p!us  d'un 
mètre  en  dessous  du  niveau  du  sol,  il  donnait  accès  à  une 
petite  galerie  latérale  de  l'",00  de  diamètre  sur  un  peu  plus  de 
l^jOO  de  haut  creusée  de  plein  pied  avec  lui  dans  l'argile  du 
sous-sol  et  passant  à  quelques  centimètres  en  dessous  de  la 
sépulture.  C'est  l'élévation  tout  à  fait  exceptionnelle  de  cette 
dernière  qui  l'avait  dérobée  aux  recherches  des  malencontreux 
archéologues,  nos  devanciers,  qui  ne  se  doutaient  guère  en 
être  aussi  rapprochés  (2). 

Entre  le  puits  et  le  caveau  nous  avons  pu  signaler  la  trace 
d'un  pieu  en  bois  de  forme  rectangulaire  et  d'environ  0'",40  de 
diamètre,  partant  du  sous-sol  pour  aboutir  au  sommet  de  la 
tombe.  En  agitant  le  bras  ou  une  perche  dans  le  vide  laissé 
par  cette  pièce  de  bois,  vide  imitant  assez  bien  une  petite 
cheminée  (3),  on  en  faisait  descendre  une  pluie  de  petites 
boulettes  en  terre  durcie  de  toutes  les  dimensions,  et  rappelant 
les  mails  dont  les  enfants  se  servent  pour  jouer  sur  nos 
trottoirs  :  nous  ne  pouvons  attribuer  la  présence  de  ces  petits 
corps  sphériques  qu'il  l'infdtration  des  eaux  et  au  roulement 
que  celles-ci  ont  fait  subir  h  la  terre.  C'est  aussi  à  l'eau, 
croyons-nous,  qu'est  due  la  nature  meuble  des  terres  qui 
remplissaient  le  puits  des  explorateurs,  tandis  que  celui 
rencontré  à  Avennes  ne  présentait  point  cette  particularité  : 
nous  avons  lieu  de  croire  que  le  comblement  du  premier  s'est 
effectué  pendant  de  fortes  pluies. 

M.  Del  Marmol,  lors  de  ses  fouilles  dans  les  tumulus  de 
Champion,  avait  déjà  rencontré  la  irace  du  pieu  que  nous 
venons  de  signaler;  il  l'appelle  pieu-milieu,  mais  ne  semble 
pas   y  avoir  attaché   une  grande   importance.   Les  Romains 

(•)  Planche  lU  bis,  figure  4,  lettre  b.  Voir  dans  le  Bulletin  des  corn.  roy.  d'art 
cl  d'archéoloqie,  la  narration  des  fouilles  exécutées  par  M.  Schuermans  dans  les 
tombes  de  Fresin,  Avernas,  de  ,  narration  oii  il  est  question  de  puils  analogues. 

(2)  Voir  planche  III  bis,  figure  1,  lettre  c. 

i  '•)  Voir  pliinclie  III  bis,  figure  i,  lettre  d. 


—  504  — 

paraissent  en  effet  avoir  souvent  marqué  le  centre  de  leurs 
tumulus  par  une  forte  pièce  de  bois  enfoncée  verticalement 
dans  l'argile  vierge  et  placée  soit  au  centre  du  caveau  même, 
comme  dans  la  tombe  de  Saive  (Celles),  dont  il  sera  question 
dans  un  autre  article,  soit  tout  contre  la  sépulture  comme  dans 
le  tumulus  qui  nous  occupe  et  comme  dans  celui  de  Blehen, 
où  M.  l'abbé  Kempeneers  a  pu  constater  la  présence  d'un 
fragment  de  bois  analogue.  Cette  précaution  a  pu  être  prise  par 
nos  conquérants,  ou  bien  pour  éparpiller  les  terres  rapportées 
d'une  manière  uniforme  sur  toute  la  surface  de  ces  monuments, 
en  conservant  partout  la  même  épaisseur  aux  couches  succes- 
sives; ou  bien  pour  placer  le  cippe  funéraire  (qui  très-proba- 
blement ornait  à  l'origine  toutes  les  tombes  romaines  k 
sépultures  (i)  bien  exactement  au-dessus  du  caveau  renfermant 
les  cendres  du  défunt. 

M.  l'abbé  Kempeneers,  familiarisé  de  longue  date  avec 
l'archéologie  romaine  et  germaine,  attribue  à  notre  tombe  une 
origine  germanique,  et  cela  en  raison  de  la  situation  excep- 
tionnelle du  caveau  et  de  la  nature  de  certains  vases  qu'il 
renfermait  ;  l'absence  de  monnaie  plaide  encore  en  sa  faveur. 
Nous  nous  permettrons  toutefois  de  ne  pas  partager  sa  manière 
devoir.  La  proximité  de  la  grande  chaussée  romaine  de  Tongres 
à  Bavay,  la  distance  qui  sépare  la  tombe  de  l'Empereur  de  ses 
deux  voisines,  distance  qui  semble  calculée  à  dessein,  mais 
surtout  son  mode  de  construction  absolument  identique  h  celui 
des  autres  tumulus,  toutes  ces  considérations  réunies  nous 
portent  à  considérer  notre  tombe  comme  incontestablement 
romaine ,  et  tel  est ,  croyons-nous ,  également  l'avis  de 
M.  Schuermans.  Si  nous  passons  à  l'examen  des  objets,  nous 
ne  prétendons  point  que  la  trouvaille  d'une  tibule  en  bronze, 

(')  Consulter  sur  ce  sujet  un  savant  article  île  M.  le  conseiller  Schuermans 
intitulé  :  «  les  Tumulus  de  la  Delç/ique,  »  article  spécialement  destiné  à  dissiper 
les  doutes  (Jlevés  par  quelques  savants  sur  l'origine  de  ces  monuments  et  la  véritable 
acceplioa  du  mot  tumulus. 


—  505  — 

quoique  d'un  dessin  rappelant  l'art  romain,  soit  une  preuve 
concluante  à  l'appui  de  notre  opinion,  car  il  est  amplement 
démontré  aujourd'hui  que  ce  genre  d'ornement  était  très- 
répandu  parmi  les  Franks  (i).  D'un  autre  côté  nous  ne  pensons 
pas  qu'on  doive  s'arrêter  au  doute  que  pourrait  faire  naître  la 
poterie  «grossière,  à  peine  cuite  et  s'émiettant  dans  les  doigts,» 
que  M.  Kempeneers  considère  comme  absolument  germanique; 
rappelons,  en  effet,  que  presque  toutes  les  villas  romaines 
déblayées  jusqu'aujourd'hui  ont  fourni  de  très-nombreux 
fragments  de  cette  sorte  de  poterie.  Dans  une  lettre  datée  du 
29  décembre  1873,  postérieure  par  conséquent  à  sa  trouvaille 
de  Middelwinde,  M.  Schuermans  émet  l'avis  que  «  toute  la 
»  poterie  romaine,  pas  plus  que  la  nôtre,  n'était  de  la  poterie 
»  fine.  »  Il  en  résulte  que  l'on  ne  doit  plus  rapporter  la  poterie 
qui  fait  le  sujet  de  cette  coniroverse  exclusivement  aux  popu- 
lations germaniques. 

La  question  de  savoir  à  quelle  époque  le  tumulus  de  Moxhe 
aurait  été  élevé  est  plus  difficile,  pour  ne  pas  dire  impossible  à 
résoudre;  aucune  pièce  de  monnaie,  en  effet,  ne  vient  ici  à 
notre  secours  ;  peut-être  serons-nous  un  jour  plus  à  même  de 
le  faire,  lorsque  de  nouvelles  fouilles  auront  été  effectuées  sur 
les  divers  points  de  notre  territoire  et  lorsque  nous  aurons  à 
notre  disposition  des  éléments  de  comparaison  plus  nombreux. 

On  sait  que  généralement  on  rencontre  des  substructions  de 
villas  à  proximité  des  tumulus  élevés  par  les  Romains  et  qu'on 
a,  par  suite,  conclu  avec  raison  à  une  relation  probable  entre 
les  uns  et  les  autres.  Sous  ce  rapport,  la  tombe  de  l'Empereur 
fait  exception  h  la  règle  ;  nous  ne  connaissons  point  dans  le 
voisinage  du  hameau  de  ce  nom,  ni  sur  tout  le  territoire  de  la 
commune  de  Moxhe,  de  terre  recelant  des  vestiges  bien  authen- 
tiques de  constructions  romaines  ;  notons  cependant  qu'en  se 

;  •  )  M.  l'abbé  Cochet  (sans  parler  d'autres  ouvrages  traitant  de  cette  époque)  en 
figure  en  quantité  dans  son  savant  travail  sur  le  tombeau  de  Childcric,  ainsi  que 
dans  sa  ■<  Normandie  souterraine.  > 


oO(i 


livrant  à  des  travaux  de  nivellement  le  nommé  Joseph  Nihoul, 
cultivateur,  demeurant  à  Moxhe,  non  loin  des  rives  de  la 
Méhaigne,  a  extrait  de  son  jardin  (i)  des  milliers  de  fragments 
de  tuiles  (tegute  et  imbrices)  et  de  carreaux  de  pavement,  mais 
n'a  pu  rencontrer  un  seul  morceau  de  poterie.  La  circonstance 
qu'on  n'a  recueilli  aucune  tuile  entière  nous  donne  lieu  de 
croire  qu'il  n'existait  peut-être  Ih  qu'un  four  de  tuilier  et  que 
les  abondants  débris  mis  au  jour  constituent  simplement  les 
déchets  de  sa  fabrication. 

Des  débris  semblables,  mais  beaucoup  moins  nombreux  ont 
encore  été  rencontrés  sur  le  territoire  de  la  même  commune, 
n"  557a,  section  A  du  cadastre,  près  du  chemin  dit  :  derrière 
la  ville.  Quelques  recherches  entreprises  par  nous  ont  amené 
la  découverte  d'une  espèce  d'aire  de  grange,  dont  les  murs 
étaient  construits  en  grossières  pierres  de  silex;  nous  n'y  avons 
ramassé  que  deux  ou  trois  fragments  de  poterie  (dont  une  en 
terre  sigillée)  et  un  grain  de  collier  en  terre  cuite,  le  tout 
déposé  dans  un  sol  qui  conservait  des  traces  manifestes 
d'incendie  ;  il  n'y  avait  évidemment  eu  là  qu'une  très-insigni- 
fiante construction  (2). 

A  une  demi-lieue  environ  de  notre  tombe,  par  conséquent  à 
une  distance  un  peu  trop  grande  pour  se  rattacher  à  elle,  on  a 
signalé  depuis  longtemps  des  vestiges  de  constructions 
romaines  dans  une  terre  appartenant  à  M.  J.-B.  De  Diest  d'Avin, 
et  sise  sous  Giplet,  à  droite  et  près  du  chemin  de  grande 
communication  conduisant  d'Avin  h  Ciplet  ;  cet  endroit  porte 
le  nom  signilicatif  de  :  «  aux  Pierreuses.  » 

Les  fouilles,  qui  n'ont  pas  encore  pu  y  avoir  lieu,  feront  à 
l'occasion,  l'objet  d'une  notice  séparée. 

1;  Pai'celle  42o  n  de  la  secUon  B  du  plan  cadastral  de  la  commune  de  Moxhe. 

(*)  Nous  croyons  utilo  de  mentionner  ici  que  la  partie  de  la  campagne  de  Moxhe 

touchant  au  territoire  d'Embresin  porte  le  nom  caractéristique  de  «  campagne   de 

Tombai,  »  sans  que  la  tradition  conserve  le  souvenir  d'une  tombe  ou  d'un  cimoHere 

qui  aurait  pu  y  exister. 


—  oOT  — 

Nos  meilleurs  remercîinents,  av;inl  de  terminer,  à  notre 
nouveau  collègue,  }L  l'arcliitecte  Edmond  Jamar,  qui,  avec  son 
talent  habituel,  a  bien  voulu  dessiner  ces  deux  planches  d'objets 
de  la  présente  notice.  C'est  également  à  son  infatigable 
obligeance  que  nous  devons  les  planches  VI  et  VII  de  notre 
rapport  sur  les  fouilles  exécutées  dans  la  tombe  d'Avenues. 

C"  Georges  de  Looz. 


TABLE    DES    MATIERES 


DU   Xlle   VOLUME. 


Pages. 

Statuts  constitutifs • vi 

Tableau  des  membres ,     .     .     .     .  4 

A.  Kempeneers.     Exploration    des  substructions    de  la    villa  romaine  de 

Bertrée xi 

i.    Weale,   g.  de  Borman  et    S.     Bormans.    Nécrologe    de   l'abbaye    de 

Munsterbilsen 27 

G.  LoNAY.  Notice  sur  les  fonts  baptismaux  de  l'Eglise  de  St-Barthélemi  à 

Liège 61 

Ph.  de  Limbourg.  Monographie    de  l'église  St-Alexandre  et  St-Hermès,  à 

Theux 71 

Inauguration  du  Musée  de  l'Institut  archéologique  Liégeois.     .     .     ,     .     .  465 

S.  Antiquités  Romaines.  Plume  métallique  et  encrier  du  Musée  de  Liège.     .  186 

Comte  Georges  de  Looz.  Fouilles  dans  la  tombe  d'Avenues 496 

0.  Thimister.  Chartes   inédites  de   l'ancienne  église  collégiale   de   St-Paul, 

aujourd'hui  cathédrale  de  Liège,  1086-12S0 231 

S.  Deux  inscriptions  belges,  inédites  en  Belgique ^1^2^«< 

J.  G.  Schoonbroodt.  Miscellanées 310 

DÉswÉ  VAN  de  Casteele.  Rapport  sur  les  archives  de  quelques  communes  de 

la  province  de  Liège.  ..-...., 367 

Comte  Georges  de  Looz.    Note  sur  les  recherches  faites  en  1873  dans  la 

tombe  de  Middelwinden 384 

DÉSIRÉ  VAN  de  Casteele.  Coût  d'un  procès  de  sorcellerie  à  Wasseiges,  1591.  394 

Alfred  Neut.  Lettre  sur  l'assassinat  de  Sébastien  Lamelle 406 

S.  Bormans.  Lettre  à  MM.  les  Membres  de  l'Institut 427 


-    oIO   — 

b'  WiBEKG.  Louis  do  Geer  et  la  colonie  wallonne  en  Suéde  au  XVII''  siucle.  43« 
J.   Helbig.  Rapport  sur    une   découverte   de   monnaie   faite   au   village    de 

Grand-Axhe,  au  mois  de  mars  4876 48S 

H.  Helbig.  A  propos  du  cinquantième  anniversaire  de  la  mort  de  Villenfagne.  489 
Comte  Georges  de  Looz.    Exploration  de  la  tombe  dite  de  l'Empereur,  près 

du  village  de  Moxhe 495 

PLANCHES. 

Planche    I.     Fouilles  de   Bertrée 1 

»         I ''\  Plan  figuratif  de   la  villa  romaine  à  Hertréc,  avec  indication 

des  fouilles  faites  dans  les  environs 4 

»        II.     Fonts  baptismaux  de  St-Barlhélemi  à  Liège 61 

III.     Id.     Développement  des  sujets  de  la  cuve 70 

»         Ill^'i-.  Tombe  de  l'Empereur.  —  Plan 495 

»         IV.       Exploration  de  la  Tombe  d'Avennes.  —  Plan  des  travau.t.     .  196 

»        lyh's.  Tombe  de  l'Empereur.  —  Poteries 500 

»        V         Tombe  d'Avennes.  —  Disposition  des  objets  dans  le  caveau.  !2fl5 
»         V'i-*.  Tombe  de  l'Empereur.  —  Empreinte   laissée  sur  un  morceau 

déterre  et  fibule  en  bronze. 500 

»         VI        Id.      Poteries.  Figures   1  à  14.     .     . i210 

B         VU.      Id.      Fers,  bronzes,  verres.  Fig.  i  à  2J 212 

»         VIII.  Tombe  de  Middeiwinden 384 

GRAVURES    DAMS  LE   TEXTE. 

Figure  1.   Plan  de  l'église  de  Theux 71 

»      2.  Plume  métallique    du   Musée  de  Liège 1S7 

V      3.  Encrier.    Elévation 187 

»      4.  Dessus  de   l'encrier. 1X7 

»      5  et  6.  luscriptioas  Roniaines  de  Theux. 286  et  287. 


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