THE J. PAUL GETTY MUSEUM LIBRARY
BULLETIN
L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE
LIEGEIOISi
BULLETIN
DE
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iRCHEOLOGlOOI
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LIEGEOIS.
roME xxrx. — V' livraison.
LIBaE
r.ÉON i'E THIER, BOUI.EVARU 1>E f.A SAUVBNIÈI4E, 10
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GEiTY (ifUitH il&mf,^
RAPPORT
SUR LES TRAVAUX DE L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE
LIÉGEOIS PENDANT L'ANNÉE 1899
Messieurs,
Aux termes de l'article VII de nos Statuts : « Le
» Secrétaire présente, chaque année, un rapport
» détaillé sur les travaux de l'Institut, sur les
» acquisitions faites et sur les objets et livres offerts. »
Nous allons, en conséquence, avoir l'honneur de
vous rappeler aussi brièvement que possible les
divers événements qui ont marqué, en 1899, la vie
de la Société, tant au point de vue de son activité
intellectuelle et des publications , qu'en ce qui con-
cerne le Musée et ses collections d'antiquités.
Les procès-verbaux de mon honorable prédé-
cesseur montrent combien les séances mensuelles
ont été fréquentées pendant l'année qui vient de
s'écouler et avec quel zèle vous avez bien voulu.
Messieurs, continuer à vous occuper de toutes les
questions pouvant contribuer à la prospérité de
- ÎI -
l'institut. Questions parfois délicates, comme celle
de l'Association pour l'étude de l'ethnographie de la
Belgique ancienne, que vous avez su résoudre à la
satisfaction du promoteur de l'œuvre, M. Eugène
van Overloop , tout en maintenant l'Institut archéo-
logique liégeois dans la sphère d'action lui assignée
par les Statuts.
Aux réunions de la Fédération des Sociétés d'his-
toire et d'archéologie de Belgique, votre délégué,
M. Joseph Halkin, a pris une part active aux discus-
sions pour tâcher d'obtenir une organisation scien-
tifique du bureau permanent et pour combattre
l'institution des Congrès annuels,... mais, ici, il faut
l'avouer, sans aucun succès! L'Institut reste cepen-
dant convaincu que, s'il est aisé et même agréable
de se réunir, chaque année, il n'en est pas moins
impossible, au bout d'un laps de temps aussi court,
de réunir les éléments nécessaires pour constituer,
d'une façon durable, de véritables Congrès utiles au
développement et au progrès de l'archéologie et de
l'histoire.
Cette manière de penser n'empêchera pas l'Ins-
titut de contribuer, dans la mesure du possible, au
succès du Congrès de la Fédération qui se tiendra à
Hasselt au mois d'août prochain, réunion qui nous
touche de près, puisque l'article premier de nos
Statuts revisés a étendu notre champ d'études et de
recherches aux anciennes dépendances du pays de
Liège qui, vous le savez, comprenait autrefois la
presque totalité du sol actuel de la province de
Limbourg.
— III —
Vous avez Mussi pu, l'an dernier, sauver de la des-
truction et de l'oubli, des souvenirs intéressant
notre ville: la pierre dite des Bourgmestres, mise au
jour par nos soins dans le jardin de la maison n° 13,
rue de-^ Bavards, montre, en dessous du perron en-
touré d'armoiries, les deux inscripiions suivantes.
Sur une face :
Messir Henri comte
DE Rivière et Heers, etc.
BOVRG™!"^ ET Sebastien
de ea Rvelle S^" dv
Conseil ordre bovrg. 1631
Sur la face opposée :
Messir Edmond baron
DE Schwartzenberch, etc.
ET Gérard Charles S'"
DV Conseil ordre de S. Al.
AMBEDEUX BOVRG. 1632
Une autre inscription, découverte au cimetière
de Robermont, est en belle écriture gothique ;
d'après M. le docteur Alexandre, la pierre qui la
contient a dû se trouver autrefois enchâssée dans le
mur d'enceinte du grand jardin de l'Abbaye de Ro-
bermont, mur dont l'inscription rappelle l'érection,
en 1535, par Erard de la Marck et à ses frais.
— îv -
En voici le texte :
EXPENSIS. REUERENDISSIMI • ET • ILLUSTRISSIMI
PRINCIPIS • ERARDI • DE • MARCKA • CARDINATJS
ARCHIEPI • VALEN • EPI • LEODIEN • DUCIS
BULLON • COMITIS • LOSSEN • HOC • OPUS
ERIGITUR • ANNO • 1535
Au mois de juin, l'Institut a eu la satisfaction de
recueillir le fruit des démarches qu'il avait faites
auprès du Gouvernement: les boiseries gothiques de
l'ancienne porte de l'abbaye Saint-Laurent ont, en
effet, été transportées au Musée par les soins de
l'autorité militaire.
Grâce à la généreuse intervention de la Ville de
Liège, notre Société a encore empêché l'aliénation
ou la perte de trois pierres tombales de la chapelle
duchâteaude Sclessin, dont la plus importante, celle
de «l'illustre et vaillant noble home seigneur Arnolt
de Berlo, comte de Hosemot...», passe pour une des
plus riches sculptures de l'espèce signalée dans la
région.
Ce monument repose (brisé en deux fragments)
dans le couloir d'entrée de la maison Curtius.
Puisse-t-il ne plus y rester seul longtemps!
Malheureusement, la question du transfert du
Mont-de-Piété et la création de nouveaux musées
dans ses locaux (hôtel Curtius) est restée absolu-
ment stationnaire; par contre, la maison Porquin
est toujours debout ! Serait-ce un heureux effet de
la visite faite au premier magistrat de la Cité par les
délégués ayant à leur tête notre si sympathique et si
— V —
influent collègue, M. le baron Edmond de Sélys-
Longchamps ? Ou bien ce vieux souvenir ne sub-
siste-t-il qu'en aitendnnt une mortprocbaine et pour
Tunique raison que les jiouvoirs compétents, non con-
vaincus de son caractère monumental, hésitent sur la
meilleure destination à donner à son emplacement?. . .
Bien des choses ont été dites à ce sujet et nous
n'avons pas perdu tout espoir ; pourquoi ne trouve-
rait-on pas encore poui' la maison Porquin une
destination utile? L'idée de la convertir en mess
d'officiers n'a-t-elle pas des défenseurs sérieux ?
Quant au Bulletin, rarement l'Institut a pu pré-
senter à ses membres et au public un volume
aussi particulièrement intéressant Liège que le tome
XXVIIL Un des érudits rapporteurs, à propos du
travail de M. Poncelet, ne nous a~t-il pas déclaré
que. dans ses grandes lignes et envisagé d'une façon
générale, ce mémoire était si bien conçu et si com-
plet qu'on se demiiide quel travail pourrait encore
être écrit, dans l'avenir, sur les bons métiers de la
cité de Liège ?
La « Fiole d'Evhodia » est d'une lecture pleine
d'attrait et d'érudition et son savant auteur
(S.), M. Henri Schuermans, a eu raison de nous
dévoiler son nom dans les tirés à part d'une aussi
intéressante monographie.
De son côté, M, Jos. Ern. Demarteau, en étudiant
les relations de Liège avec les principautés ecclé-
— YI —
siastiques de rAUemagne occidentale, a montré sous
un jour tout-à-fait nouveau des questions impor-
tantes pour l'histoire de notre pays.
Les mélanges de notre collègue, M. Michel Huis-
man. touchent à la vie économique de la princi-
pauté de Liège dans la seconde moitié du XVIL siè-
cle, et par là môme se recommandent à l'attention de
chacun. Les notes de M. Joseph Brassinne seront
utiles pour la confection de la carte archéologique
de la province. Le compte-rendu sur les recherches
de Noville prouve que l'Institut n'attendait qu'un
membre instruit et dévoué pour reprendre d'an-
ciennes traditions et marcher sur les traces de ceux
qui ont tant contribué à enrichir nos collections et
nos bulletins : Le comte Georges de Looz, Philippe
de Limbourg, etc. Enfin, dans un article nécrolo-
gique court et substantiel, notre conservateur, M. le
docteur Alexandre, rend un juste hommage à Phi-
lippe de Limbourg, décédé inopinément le 6 avril
1898.
Au sujet du Musée, il s'est passé, l'année dernière,
un fait mémorable ; bien qu'il soit toujours délicat
de relater des événements dans lesquels on a été
amené à jouer un rôle, ma conscience d'archéologue
m'oblige d'y insister.
Je veux parler des antiquités romaines de Vervoz
dont s'occupaitdéjà le rapport annuel de 1866, annon-
çant que « M. le baron Camille de Tornaco avait fait
— VII —
» dans sa propriété de Vervoz (commune de Clavier,
» arrondissement de Iluy) une trouvaille extré-
» ment imi)ortante; la Société de Namur, à laquelle
» les objets furent proposés, déclara que leur place
y> naturelle était au Musée de Liège et qu'elle ne
» voulait pas les lui enlever. Cette découverte —
> écrivait M. Stanislas Bormans — qui diffère abso-
y> lument de toutes celles qui, jusqu'aujourd'hui,
» ont été faites en Belgique, demande un rapport
» détaillé, pour lequel il faudrait un examen atten-
» tif des lieux. Nous sommes en instance, ajoutait
» le rapporteur, pour obtenir l'autorisation néces-
> saire à cet efïet, en même temps que le dépôt des
» objets découverts à notre Musée. >
Par suite d'événements multiples étrangers à
l'archéologie, les instances entamées ne purent
aboutir et ces antiquités, qui consistaient surtout en
restes d'architecture provenant d'un monument
gallo-romain, furent, tout au moins en partie, trans-
portées près d'un étang dépendant du château de
Vervoz oti elles demeurèrent jusqu'en janvier 1899,
exposées à toute? les intempéries et aussi à la mal-
veillance !
D'après le souvenir des gens de la localité, quatre
pierres, parmi les plus délicates, auraient même été
enlevées à une époque récente ; heureusement qu'il
nous reste, entre autres choses, le superbe fût de
colonne orné d'un personnage, pièce unique en son
genre en Belgique et d'une haute valeur archéolo-
gique.
Eh bien. Messieurs, grâce à une donation intel
— VIII —
ligente, ces précieux débris, attendus depuis trente-
trois ans, sont devenus la propriété de la Ville de
Liège qui vous en a confié le dépôt.
En consentant cette magnifique libéralité, Madame
la comtesse de Borchgrave d'Altena, douairière du
baron Camille de Tornaco, et Monsieur le baron
François de Tornaco, ont voulu non seulement
accomplir un devoir scientifique, mais aussi respec-
ter le pieux souvenir de leur défunt fils et frère :
la donation étant faite en mémoire du baron
Auguste de Tornaco.
En témoignant notre gratitude à la Ville, qui a
même supporté seule les frais du transport des anti-
quités à Liège, remercions publiquement aussi M.
Firmin Hénaux ; sans être membre de l'Institut et
d'une façon aussi modeste que désintéressée, ce
zélé collaborateur, à cette occasion encore, nous a
rendu les plus sérieux services, aidé de M. Lurkin,
régisseur à Vervoz.
D'autres dons moins considérables sont ren-
seignés au chapitre spécial qui les énumère : vous
en apprécierez tantôt le mérite et la valeur. Malgré
le désir d'insister ici sur quelques-uns, je crois
devoir abréger et aborder un autre ordre d'idées.
Dans son dernier rapport, votre honorable secré-
taire, en saluant l'année 1900 qui est pour l'Institut
archéologique hégeois la cinquantième de son
existence, vous avait annoncé « l'historique de ce
demi-siècle de travaux archéologiques », en émet-
tant le vœu de voir l'installation du Musée à la
maison Curtius concorder avec cet anniversaire.
— IX —
Je pense aussi, avec M. Joseph Hnlkin, que si
l'anniversaire de la Société doit èlre célébré d'une
façon officielle , il convient de réserver cette
solennité pour l'hôtel Curtius ; cependant, comme
la transformation de ce monument en musée n'est
qu'un projet, peut-être ferions-nous bien, Messieurs
et chers Collègues, de jeter ensemble quelques
regards vers le passé, sans vouloir aller sur les
brisées de celui qui aura un jour l'honneur de vous
faire l'historique des travaux de l'Institut, annoncé
par mon prédécesseur.
Nous désirons simplement ici, attirer votre bien-
veillante attention sur certaines considérations
relatives aux statuts, puisqu'une proposition de révi-
sion a été déposée, en 1899, et rappeler certains
faits concernant les locaux du Musée, puisqu'on a
la perspective d'un transfert de nos collections, ce
qui nous amènera à dire un mot de la propriété de
ces dernières.
C'est le 4 avril 1850 qu'une Société fut fondée en
notre ville sous le titre d'Institut archéologique
liégeois pour rechercher, rassembler et conserver
les œuvres d'art et les monuments archéologiques
que renferme la province. La nouvelle société limi-
tait donc son champ d'action aux bornes de la pro-
vince actuelle, ce qui lui procurait déjà un cercle
d'activité suffisamment étendu et empêchait les
rivalités ou compétitions.
— X —
L'Institut se composait : de 16 membres ofifectifs
domiciliés à Liège, de 45 membres honoraires choi-
sis parmi les savants étrangers et nationaux domici-
liés hors de la province et d'un nombre illimité de
membres correspondants.
Comme aujourd'hui, les membres honoraires et
correspondants assistaient aux séances sans voix
délibérative. Malgré ral)sence de subsides réguliers
à celte époque relativement heureuse, les membres
effectifs seuls étaient astreints à payer une cotisation
et encore ne la devaient-ils qu'en cas de nécessité.
Un règlement pour la publication du Bulletin
complétait les statuts ; nous y trouvons, comme me-
sure intéressante à mentionner, l'interdiction d'insé-
rer aucun article qui n'aurait pas été préalablement
lu en séance.
En 1857, une première revision des statuts vint
étendre la sphère d'action de l'Institut aux anciennes
dépendances du pays de Liège, réduire le nombre
des membres honoraires à trente, en faisant dispa-
raître toute condition spéciale d'éligibilité, limiter le
nombre des membres correspondants à cinquante et
créer la catégorie des membres associés. Le prési-
dent est alors nommé pour cinq ans, la cotisation
pour les membres effectifs et associés est provisoi-
rement fixée à dix francs et la lecture de tout article
en séance continue à être une condition essentielle
de son adoption ou insertion.
Cette clause d'une exécution peu fatigante au
temps oli le Bulletin contenait des wallonnades,
disparut avec la création du Comité de publication
— XI -
lors du dernier remaniement des statuts, le 13 avril
1877. Depuis cette époque, les fonctions de tout le
Bureau furent à nouveau rendues annuelles et le
maximum des membres effectifs a été porté à
trente, chiffre re2rardé alors comme très considérable
.pour un Institut, genre d'associationqui, par essence,
d'après le dire de vos procè>-verbaux, suppose un
nombre limité d'adhérents.
Il n'est pas sans intérêt de rappeler que nos col-
lègues de 1877 repoussèrent pres(]u'à l'unanimité, la
proposition d'adopter, pour Liège, des statuts ana-
logues à ceux de la Société archéologique de Namur,
lesquels n'admettent qu'une seule catégorie de
membres acquittant une annate de 20 francs.
D'une façon générale, disons au sujet des
statuts, que leur texte et les discussions y relatives
concordent pour affirmer le caractère Jusqu'ici essen-
tiellement conservateur de notre Société.
Quant aux locaux, c'est dans le vieux Palais des
Princes-Evêques que les fondateurs de l'Institut
cherchèrent assez naturellement à réunir les anti-
quités, œuvres d'art et curiosités qui affluèrent bien-
tôt au sein de la Société nais-ante ; ses collections ne
tardèrent pas à former le noyau d'un vérita ble musée ;
malheureusement, elles eurent à subir des vicissi-
tudes de genres divers.
Nos premiers apports furent rassemblés dans une
salle du rez-de-chaussée, englobée aujourd'hui dans
— XII -
les bâtiments affectés aux archives de l'Etat, local
assigné par l'autoi-ité, mais si obscur et si hnmide,
d'après les affirmations d'Albert d'Otreppe de Bou-
vette, que, pour préserver les objets de la décompo-
sition et de la rouille, on dut à regret quitter le
Palais et se réfugier à la bibliothèque de l'Université.
■ Contraint de fuir devant l'invasion des livres,
rinstitut reçut un abri momentané à la Société
d'Emulation pour en être bientôt expulsé par la
reconstruction de la nouvelle salle.
Tout notre avoir archéologique fut, à ce moment,
recueilli par M. Gustave Hagemans, qui le conserva
plusieurs années dans sa demeure de la rue de l'Uni-
versité.
Ce n'est qu'en 1854, après quatre changements
successifs opérés laborieusement au grand détriment
des collections, qu'un «Musée provincial » fut établi
au premier étage donnant sur la seconde cour du
Palais. Il fut alors décidé d'ouvrir le Musée au public
liégeois, dont on craignait le trop grand empresse-
ment et la foule !
Le local «très convenable» qui paraissait donner
satisfaction à tous, fut inauguré officiellement le
10 mai 1857. Le Gouverneur de la Province, qui
présidait la cérémonie, prononça un discours dont
nous croyons utile de rapporter un passage aussi
bien en situation aujourd'hui qu'il y a 43 ans, parce
qu'il se rattache à l'idée d'une transformation de
l'Institut et à la créaiion d'une section d'art décoratif
ou industriel, question plusieurs fois déjà soulevée
parmi nous.
— XIII —
« .... Si — disait l'honorable baron de Macar — (te
» Musée doit raviver la science préhistorique, il
» pourra rendre aussi des services réels aux arts qui
> se nourrissent et s'inspirent de la tradition, à l'in-
» dustrie elle-même qui, à mesure que la civilisation
» s'avance, doit recevoir une impulsion de plus en
» plus vive de la science et des arts.
» Ici, les élèves de notre Académie, nos artisans
» aussi et notamment les sculpteurs, graveurs et
> ciseleurs, les ébénistes, les armuriers, viendront
» chercher des modèles qui faciliteront, aux uns
> leurs études artistiques, aux autres la confection
» des ouvrages de luxe que réclame le commerce.
» Ainsi le Musée contribuera à atteindre ce double
» but : le progrès des arts et des œuvres industriels
> en même temps que la conservation de nos vieux
> souvenirs et le développement de la science histo-
> rique.... »
Affecté à l'usage de l'Institut par dépêche mini-
stérielle de 1863, le local tant désiré était regardé
comme « définitif > dans le Rapport de 1865 ; mais
ce « définitif» administratif fut de courte durée ;
la reconstruction partielle et l'agrandissement du
Palais entraînèrent encore une fois le déplacement
forcé des collections archéologiques ; l'offre de la
Ville de se contenter de l'anti-chambre de son
Musée de tableaux fut jugée inacceptable et alors....
oh ! alors, ce fut la misère complète ! Les richesses
de l'Institut restèrent réléguées sous les com-
bles du Palais, dans une mansarde oii elles gisaient
pêle-mêle et si mal protégées contre la pluie qu'en
— XIV
1869, le Rapport annuel nous apprend que ^ M. le
> Conservateur, pour éviter de plus grands dégâts,
•» a été obligé d'employer toutes nos urnes romai-
» nés de grande dimension pour recueillir l'eau
« découlant des toits ! »
Ajoutons que, de son côté, un procès-verbal nous
révèle que M. le docteur Alexandre avait eu la sage
précaution d'emporter chez lui les bijoux.
Cette situation déplorable dura jusqu'en 1873,
époque oîi les salles actuelles commençaient à être
appropriées ; l'emménagement des objets se ter-
mina, en 1874, < avec l'aide des artilleurs que M. le
» colonel Daubresse voulut bien mettre à la dispo-
» sition du bureau >, et, en 1875, notre Musée fut
officiellement inauguré. La cérémonie se fît avec
d'autant plus de solennité que l'inauguration cor-
respondait au 25^ anniversaire de la fondation de
l'Institut.
Dans les discours prononcés, une chose surtout
est à retenir : c'est « l'assurance formelle donnée
» par le Ministre de l'Intérieur, M. Delcour, que si
» un jour l'Institut archéologique venait à dispa-
» raître, ses collections deviendraient la propriété
» de la Ville de Liège. >
Cette promesse ne peut laisser indifférente une
Société qui n'a pas la personnification civile ; elle
trouve son explication, non dans le texte des statuts,
qu'elle contredit, mais dans certaines circonstances
rappelées dans les anciens rapports et procès-
verbaux.
L'article XI des statuts primitifs portait, en effet :
— XV —
« Les objets d'art, d'antiquité, etc., rassemblés par
» la Société forment un Musée qui sera la propriété
» de la province ».
L'article XII, revisé en 1857, stipulait, en outre,
que (( ce Musée est établi à Liège, dans le local spé-
» cial désigné par l' administration provinciale ».
Enfin, lors de l'inauguration, le 10 mai 1857, le pré-
sident insistait sur ce fait que le Musée liégeois était
propriété de la province. Malheureusement, tous les
efforts pour mettre le Musée sous le patronage d'un
pouvoir public échouèrent.
Le Rapport de M. Stanislas Bormans sur les tra-
vaux de 1865 nous apprend que la province refusa
catégoriquement l'offre du Musée par l'Institut à
cause des grosses dépenses qu'elle prévoyait pour
son entretien... Malgré ce fait, la revision du 13
avril 1877 maintint, à l'article XII de nos statuts
actuels, le principe que « le Musée est la propriété
> de la province >.
C'est au moins étrange, après la décision suivante
prise en séance du 13 octobre 1865: « L'Institut,
» prenant acte du refus constant de la province d'ac-
» cepter la donation des collections appartenant à
» l'Institut et de celles appartenant à M. d'Otreppe,
» déclare, à l'unanimité, effacer de ses statuts et
» annuler les deux premiers paragraphes de l'arti-
« cle Xll et de les remplacer par la rédaction :
« Les collections de Vlnstittd archéologique lié-
» geois sont déposées dans le local accordé par
» l'Etat dans le ci-devant palais des princes-évê-
» ques ».
— XYI —
Le simple dépôt consenti par le Gouvernement
dans un monument de l'Etat est encore aujourd'hui,
nous semble-t-il, l'expression de la vérité.
L'Institut n'a, sans doute, aucune crainte d'être
jamais privé, malgré lui, du local actuel dont le
Ministre de l'Intérieur lui a assuré la « possession
définitive et perpétuelle », suivant déclaration d'un
procès-verbal du 4 décembre 1862.
Cependant, l'intérêt scientifique ordonne de cher-
cher ailleurs et la Maison Curtius paraît être le
rêve de tous ! L'accomplissement de ce beau projet
coûtera certainement bien des efforts et bien des
peines; cependant, je le répète, la solution,
malgré tout , s'impose et doit être défendue par
quiconque tient à cœur la prospérité de notre
Musée.
A cette question de local se rattachera, selon nous,
celle de la propriété de nos collections elles-mêmes,
et si nos antiquités deviennent la propriété de la
Ville, ce doit êire, ne l'oubliez pas, à charge de res-
pecter l'indépendance et la liberté d'action de
l'Institut.
Il y aura là des points fort délicats qu'il n'entre
pas dans nos intentions d'aborder ici ; je crois seu-
lement que nous pouvons, dès maintenant, penser
aux meilleurs moyens de concilier les droits et obli-
gations de la Ville, d'une part, et de notre Société,
d'autre part.
Ce n'est pas trop tôt, puisque partout on parle
d'une Exposition universelle à Liège et que, dans
cette éventualité, il serait excessivement regrettable
XVII —
de ne pouvoir montrer aux étrangers un Musée
archéologique digne d'une ville de 170,000 âmes.
Mais revenons à la réalité et abordons les chapi-
tre-^ spéciaux qui, chaque année, vous donnent le
détail de notre vie intime ou scientifique
r^ n>a" u^v isr ci: e: :s
L'année 1898 clôturait par un déficit de fr. 316-17;
l'année 1900 s'ouvre avec un déficit de fr. 524-97.
Cette situation ne doit étonner personne ; elle est la
conséquence logique et fatale de la publication, en
un an, d'un volume au moms aussi considérable que
la moyenne de ceux que, jadis, l'Institut mettait deux
années à faire paraître.
Si la dette actuelle n'est pas plus considérable,
c'est que les achats ont été presque nuls et que les
fouilles ont été dirigées avec une stricte économie.
Jamais nos intérêts financiers n'ont été mieux
gérés que par notre collègue, M. Brahy-Prost ; mais,
à notre avis, si habile que soit l'honorable trésorier
de l'Institut, il devra bien lui demander de mettre à
l'étude, dans un avenir prochain , le moyen d'aug-
menter nos ressources, qui ne paraissent plus en
rapport avec les dépenses normales d'une Société
prospère.
Nous remercions sincèrement ici le Gouvernement,
la Province et la Ville de Liège, des subsides qu'ils
ont bien voulu continuer à l'Institut, lequel espère
les avoir employés à leur satisfaction.
- XVIII —
Voici les détails des comptes :
HKCETTES.
Subside .le l'État fr. 1,000 »
Sul)si(le de la Province « 500 »
Subside de la Ville . . » 500 »
Subside extraordinaire de la Ville, au sujet du
transport de la donation de Tornaco - 145 »
Cotisations des membres » 1,315 »
Vente du Bi(ZZe<?'« et intérêts chez le banquier . . » 43 10
Total : fr. 3,503 10
DEPENSES.
Déficit de 1898 . . ; fr. 310 n
Achats d'antiquités » 45 »
Fouilles et recherches archéologiques . ..... )> 17-2 10
Bibliothèque. — Livres. — Reliures. — Echange
de publications » 125 80
Bulletin et son envoi » 2,0-2^2 60
Assurances contre incendie » 96 »
Bureau. — Circulaires. — Encaissements. — Com-
missions de banque » 136 10
Concierges. — Pompiers (l20-|-50~|-25) ...... » 195 »
Entretien des locaux. — Chauffage. — Eclairage.
— p]aux alimentaires » 83 75
Entretien des collections. — Réparations. — Res-
taurations. — Transports » 90 55
Transport de la donation de Tornaco » U5 »
Total : fr. i,028 07
RÉCAPITULATION.
Dépenses fr. i,028 07
Recettes » 3,503 10
Déficit : fr. 524 97
l*i*(>Jet <Ic budget |>4»ui* 1900.
RECETTES.
Subside de l'État .'.... fr. I.UOO »
Subside de la Province « 500 »
Subside de la Ville » 500 »
Cotisations des membres » 1,200 >,
Vente du Z?«<Z/<?^/>i et intérêts chez le banquier. . » 50 »
Total : fr. 3,2S0 »
— XIX —
DEPENSES.
Déficit (]e 1S9'J . . fr. 524 97
Achats d'antiquités » 350 »
Fouilles >) loO »
Bibliothèque » 100 »
Bulletin » 1,500 »
Assurances .... » 96 »
Bureau j) 150 »
Concierges et gardiens » 195 »
Entretien des locaux » 84 03
Entretien des collections » 100 »
Total : fr. 3,250 »
Pendant l'année 1899, l'Institut a fait pratiquer
des fouilles en deux localités : à Noville lez-Fexhe,
(Hesbaye), et dans le Bois de Gives, commune de
Ben-Ahin.
L'exploration du cimetière gallo-romain de Noville
s'est effectuée par les soins de M. Lucien Renard,
qui, dans une notice substantielle, a donné le compte-
rendu des travaux de recherches, décrit les objets
dont il a pu avoir connaissance et reproduit les pote-
ries et armes, ornements ou bijoux les plus intéres-
sants entrés dans nos collections. Pour éviter des
répétitions à ce sujet, nous renvoyons au tome
XXVIII du Bitlletin, en vous témoignant toute
notre satisfaction de voir l'Institut suivre l'exemple
de la Société archéologique de Namur, et consacrer
aux fouilles une partie de ses efforts et de ses
ressources.
Au Bois de Gives, trois tumulus ont été explorés ;
au point de vue matériel, les résultats sont à peu
— XX —
près nuls, aucun objet ne pourra être exposé dans
nos vitrines, mais, au point de vue scientifique, la
configuration de deux tombes avec cercles de pierres
brutes intérieures, présente des particularités dont
l'Institut a compris l'intérêt en décidant, le mois
dernier, Tinsertion au Bulletin de 1900 du compte-
rendu des recherches de notre jeune et savant col-
lègue, M. Renard.
Des sondages ont aussi été opérés, en 1899, par
M. Davin-Rigot aux abords de la station préhisto-
rique de Framaset, commune de Vieux-WalefFes,etc.
nVETUJSE^E:,
C'est surtout par des dons ou dépôts que nos
collections se sont accrues l'an dernier. L'Institut
adresse ses remercîments à tous ceux qui ont ainsi
contribué à la prospérité du Musée.
1° Anliqiiités gallo-romaines provenant de Vervoz (commune
(le Clavier, arrondissement de Huy), déposées par la Ville de
i.iége et tlonnées par Madame la comtesse de Borcligrave d'Al-
tona, douairière du baron Camille de Tornaco et par le baron
François de Tornaco, en mémoire du baron Auguste de Tornaco.
Ces restes d'architecture qui ont, nous l'avons vu, une impor-
tance archéologique considérable, feront l'objet d'un mémoire
spécial qu'a bien voulu nous promettre M. Franz Cumont.
2° Quatre objets en bronze trouvés à Vervoz : moitié supé-
rieure d'une aiguille à cheveux, tête allongée et ovoïde ; la tige
e«t courbée à sa partie inférieure ; fragment d'une plaque circu-
laire dont le milieu est formé d'un ornement en verre bleu
— XXI —
godronné; partie inférieure d'une petite jambe de vache (?) peut-
être pied votif ou amulette ; frafimenl d'un objet indéterminé,
circulaire à une extrémité et concave dans la partie courbe.
Don de M. Lurkin, régisseur au château de Vervoz.
S" Deux scramasaxcs et un fragment de poterie franque trou -
vés à Saint-Lambert, commune de Paihle (arrondissement de
Huy). — Don de M. le comte Louis de Liedekerke de Paihle.
4° Objets d'origine gallo-franque provenant do sépultures
découvertes dans le village deModave (arrondissement de Huy):
patine ronde, terre rouge ordinaire avec ornements à la roulette;
patine ronde, pâte grossière, sans ornements; patère en terre
rouge pâle, dure, polie, à bords veiticaux; petite patère à rebord
saillant et vertical, deux bandes noires sur la surface extérieure,
pâte rouge pâle et polie; petit vase en terre noire grossière, à
panse aplatie, et anguleuse, goulot évasé à l'orifice, sans anses.
Trois francisques, un clou en fer et quatre fragments de poteries.
— Déposés par M. Ivan Braconier.
5° Deux monnaies romaines, dont un moyen bronze de Magnen-
tius et un moyen bronze de Dioclétien, trouvées sur les hauteurs
de Vivegnis, territoire de la Ville de Liège.— Don de M. Jean
Servais.
6° Objets gallo-romains trouvés lors des fouilles pratiquées à
l'emplacement d'une villa, lieu dit : Thier Laurent, commune de
Bois-et-Borsu (arrondissement de Huy): A. Bronze : petite coupe
ou patelle ronde, patine terne et rugueuse. Hauteur 34 "V™ ; dia-
mètre 75 "V""- Bracelet lisse, sans ornements, patine terne,
rugueuse. Diamètre 0""07 ; Anneau mince, même patine, diamètre
0'"025. Fragment de fibule arquée, sans ardillon, longueur 0°'045.
— B. Plomb : Fond d un petit vase en plomb, carbonate en partie.
— C. Fer: Agrafe, avec ardillon et plaque très oxydée; longueur
0°>0115. Trois lamelles très oxydées, longues respectivement de
0'"10, QU'ISS et ù^li. Fragment d'un cristal de pyrite (trouvé dans
une sépulture). — D. Terre cuite : Grande patine ronde en terre
rouge polie, dure à la glaQure, lisse; bords verticaux, munie d'un
rebord renversé; hauteur 0"'092; diamètre 0"i0165. Fragment
d'une petite patelle ronde, même terre. Fragment d'un vase de
même pâte, un rang d'oves. — E. Os : Fragment d'une tige
(aiguille de tête) long de 0'"05. — F. Verre : Deux fragments de
plaque de revêtement, avec irisation et nombreux débris de
rases. — Déposés par M. Firrain Hénaux.
— XXII —
7° Fragment do boucle romaine (?) en bronze, trouvé à Rausa,
commune d'Ombret-Rausa, — Don de M. le curé Loterman.
8° Bouteille en verre blanc, panse globuleuse, goulot en enton-
noir. Hauteur O^HS; circonférence maxima: 0™31. Vase en terre,
rouge pâle, couverte noir terne, panse pyriforme. Hauteur:
0"'16o; circonférence maxima : 0"^325. Vase en terre rouge pâle,
couverte de sanguine, même type que le précédent. Hauteur:
0"'13; circonférence maxima : 0'"27. Ces trois objets proviennent
«l'une sépulture gallo-romaine découverte au lieu dit «Sur l'Aite », ,
commune de Limont (Hesbaye).— Don de M. le curé Debrassinne.
9^ Clef en fer, du moyen-Age, trouvé à Latinne. — Don de
M. Davin-Rigot.
10° Fenêtre du XVI« siècle avec volet et ferrures ouvragées,
provenant de l'ancien hôpital de Bavière. Dépôt de la ville de
Liège.
11° Pierre avec inscription datée de 1535 etci-dessus mention-
née, trouvée dans le cimetière de Robermont. — Dépôt de la
Ville de Liège.
l"2o Trois pierres tombales susmentionnées, provenant de la
chapelle de l'ancien château de Sclessin. — Dépôt de la Ville de
Liège.
13° Plan de l'ancien château de Logne, levé et donné par M.
Albert Lecointe-Dupont.
U° Deux frottis de la double inscription de la pierre dite des
Bourgmestres, trouvée rue des Bayards. — Don de M. Paul Lohest.
15» Six photographies d'objets francs et romains du Musée de
Liège et une vue de la salle d'Otreppe, prise au dit Musée. —
Don de MM. Florent Pholien et Berger.
16° Ardoise percée de trous provenant des ruines du château
de Beaufort, commune de Ben-Ahin. Ancienne lampe en cuivre
trouvée dans le Condroz. — Don de M. Marcel de Puydt.
17° Objets provenant du bâtiment d'entrée de la caserne Saint-
Laurent (ancienne porte de l'abbayej : un lambris gothique
mesurant li^Si) sur 2"i00, comprenant dix-sept panneaux parche-
minés à une face; un lambris gothique, mesurant l^SS X P^SO,
comprenant dix-sept panneaux parcheminés â deux taces et cinq
à une face. Quinze cimaises d'une longueur moyenne de deux
mètres, dont plusieurs en mauvais état. — Quarante briques de
foyer. — Déposas par le Gouvernem.ent.
— XXIII —
18» Fragnjeuts d'une unie funéraire trouvés à Omal et prove-
nant des restes d'une nécropole ù. incinération du premier âge
du fer (selon nous), découverte par M. Gaillard, curé de Geer.
Une urne, à peu près entière, de la même provenance contenant
à l'intérieur un vase minuscule, a été déposée par M. Gaillard
dans les collections de l'Université de Liège. — Don do M. l'abbé
Gaillard.
19° Série de silex taillés néolithiques: fragment de hache, lames,
grattoirs, etc., trouvés à Olne (arrondissement de Verviers) ; la
Rochette, commune de Chaufontaine ; Sauheid, commune d'Em-
bourg ; Nomont, commune d'Ksneux, et près de la ferme de la
Famelette, commune de Tillî. — Don de M. .Jean Servais.
20° Tranchant de hache polie, large de O^OO.s ; deux frag-
ments de haches, instruments dit retouchoir et une lame, trouvés
à Heure-le-Tixhe ; marteau rond brisé, de 0'"n65 de diamètre;
un nucléus haut de O^OT ; une lame retouchée et un grattoir,
trouvés à Xhendremael ; une pointe de flèche en amande; un
marteau d'environ 0"^08 île diamètre, formé du corps d'une
hache polie, épaisse de 0"'04l ; deux fragments de haches, dont
un long de 0"'08I n'est qu'un caillou utilisé et repiqué surtout
vers les côtés, provenant du lieu dit derrière la ferme Ro g g en,
commune de Freeren. Quatre lames, dont une retouchée longue
de 0'"04.'j, six fragments de haches polies et un nucléus recueil-
lis à Wihogne ou aux environs. Toutes ces pièces sont néolithi-
ques et confectionnées en silex identique à celui rencontié dans
la région, un seul échantillon esten grès. — Don de M. Léopold
Debrassinne, de Wihogne.
21» Fragments de poteries romaines recueillies dans une des
cavernes de la commune des Awirs, dites grottes d'Engis. —
Don dexM. Ernest Doudou.
22° Série desilex néolithiques provenant de la commune d'Omal,
trouvés à remplacement d'un atelier ou groupe de cabanes pré-
historiques paraissant s'étendre spécialement dans les parcelles
cadastrées n°s 229b, 229c, '2'27a, 23iD, 2-20 et302A/2, section unique.
Cette découverte est due à M. Davin-Rigot, de Latinne, et à M.
l'abbé Gaillard, curé de Geer. — Don de MM. Davin-Rigot et
Marcel de Puydl.
23° Série de silex néolithiques, lames et éclats de dégagement,
trouvés à Eysden (Limbourg belge) dans un gisement situé au
milieu des dunes, découvert par M. Davin-Rigot. — Don de M-
Marcel de Puydt.
— XXIV —
24° Série de silex provenant d'une nouvelle station de l'âge de la
pierre, découverte sur le territoire d'Henri-Chapelle (arrondis-
sement de Verviers), près du lieu dit A la Croix de pierre et
diverses collections de silex néolithiques recueillis, entre Rou-
vray et les Cahottes (commune de Horion-Hozéraont), à Ombret,
aux lieux dits Thier (XOlne et Sur les Communaux, ei à. IWïï,
Flémalle-Haute, aux Awirs. non loin de Banneux (Louveigné)
et près du village de Wegnez (arrondissement de Verviers). —
Don de M. Marcel de Puydt.
25° Collection d'antiquités provenant de l'atelier néolithique de
R.'iU.en. Ces objets, garnissant l'armoire n'^ Ibis de la salle romaine
sont au nombre de 383 : ils ont été classés et étiquetés de fiicon
à montrer les diverses phases du travail du silex, depuis le bloc
à peu près brut, jusqu'à la hache polie.— Dépôt de la Ville de
Liège et don de M. Mar';el de Puydt.
Balance en fer ouvragé et robinet en cuivre du XVIP siècle, 45 fr.
r» "tJ" :iB n^ I c:: ^^VT- 1 o TSF :s ,
Pendant le cours de l'année 1899, l'Institut a publié
le tome XXVIII du Bulletin, comprenant un rapport
de XLVI pages, du secrétaire, M.Joseph Halkin, sur
les travaux de la Société pendant l'année 1898, et les
articles suivants :
Edouard PoNCEiip:T. — Les bons Métiers de la
Cité de Liège.
S. — Fiole d'Evhodia (de Visé).
Lucien Renard. — Notice sur le cimetière belgo-
romain de Noville.
Joseph Brassinne. — Notes sur quelques décou-
vertes d'antiquités.
— XXV
Michel Huisman. — Mélanges.
J. E. Demartrat;. — Liège et les principautés
ecclésiastiques de l'Allemngne occidentale.
J. Alexandre. — Nécrologie. M. Philippe de Lim-
bourg.
Ces articles, comportant 416 pages, sont accom-
pagnés de quinze planches hors texte et de trente-
quatre vignettes dans le texte.
13 1 :]B H- 1 0 T7 1^ È Q TU E2 .
Voici, d'après notre dévoué bibliothécaire, M.
Erasme Pâques, la liste des ouvrages reçus en 18S9:
Dons d'auteurs.
B"" DE Baye. — Communications à la Société des Antiquaires de
France concernant les Antiquftés curieuses trouvées en Caucasie.
(Extr. du Bull.)
Henri Hymans. — Notice sur Alexandre Robert , peintre et
membre de V Académie de Belgique. (Kduc. popul.)
Jean Malvaux. — Album d'applications pJiotographiques, photo-
typo-lithographie, similigravure, héliogravure, etc. Bruxelles, rue de
Launay, 43.
Théod. Gobert. — Les Rues de Liège, t HI*, 1899, fasc. 14 à 17.
Professeur Schmidt — Techn. Hochschule à Ai.t-la-Chapelle. Trois
Jurandes photographies représentant: 1" Une garde-robe Louis XV;
2" un buffet liégeois Louis XV à deux corps ; 8" un dito.
Clément Lyon. — Une Crise houillère en Belgique en 1796. ("Extr.
Educat. popul., 1899.)
Ulysse Chevalier. — L'Abbaye de Silos. (Tiré à part.)
Hugues Vaganay. — Les Traductions du Psautier en vers latins
au 16^ siècle. Fribourg, 1898.
E. Magnette. — L'Enseignement de l'Histoire dans les Classes su-
périeures des Athénées. Tournai.
C* Albéric d'Auxy de Launois. — A propos d'une Protnenade à
Havay et à Givry et du Mercure de la Sablonnière. (7 cet. 1898 ;
Extr. Ann. Cercle arch. Mons).
Clément Lyon. — L'Education populaire, n°* 42, 45, 1S99, et n° 1,
1900.
.los. Brassinne. — La Première Histoire de Huy, l'œuvre de Mau-
rice de Neufmoustiers, publiée avec introduction et notes. (Extr. du
BuUet. de la Soc. dart et d'hist. de Liège, t. Xll, 1899.)
— XXVI —
Matot Braine. — Ahnanach-annuaire historique, administratif et
eotnmercidl de la Marne, de V Aisne et des Ardennes. Reims. 1899.
Knvoie^ «le Soeiétés.
Fédération historique et archko^ogique de Belgique. — Congrès
de Malines, 1897, 2' vol.
Id, — Documents du Congrès archéologique et historique d'En-
ghien,l" ei'2*fR?c.,]89S.
Dons cJivei's.
L. Detrixhe, à Stavelol. — Lff Bataille de Fontenog , poème de
Voltaire, br. in-12.
Id. — Abrégé de la Vie et des Miracles de St-IIubert, patron des
Ardennes, hroch. in-18.
Gouvernement provincial. — Exposé de la situation administra-
tive de la province de Liège en 1899.
Id. — Trois annexes, id.
ScHUERMANS. — Les rcUques de la B. Julienne de Cornillon.
Nivelles, 1899. (Ext. du t. Vil des Annales de la Soc. arch. de Nivelles).
Van DE Casteele. — Programme du Concours national et interna-
tional des anciennes Gildes et Corporations, br. in-4°, ii fig., 2 ex.
Abonnements et Aetiats.
L'ancien Pai^s de Looz, 'i"- ann. n°' 3 à 12, et table des matières;
4' année, n« i à 3, 1900.
Bévue de VArt chrétien, A" s., t X. livr. 1 à G, 1899
Bulletin de V Institut archéolog. liég., t. XVIII et XX. 2' livr.; t. XIX
et XX, livr. 1.
Knvoiis du ministère do Iti Justice.
Recueil des Ordonnances des Pays-Bas. 2'' s., 1500-1700, t. II, par
Laurent et Lameere. Bruxelles, 1898, 1 vol. in-folio.
Éclianges.
§ 1.- BELGIQUE.
Anvers. — Anvers. — Académie d'archéologie de Belgique. —
Bulletin, n"^ 4 à 7, 1899.
Brabant. — Bruxelles. — Académie roi/ale des sciences de Bel-
gique. Bulletin,'è'- série; t. XXXVII, n"" 1 à' 12, 1899. Bulletin de la
classe des lettres et des sciences morales et politiques et de la classe des
beaux-arts, 1899, n" 1 à 11.
Id. — Comptb-rendu des séances de la Commission royale d'histoire
t. Vlll, Bull. 5, 0, 7 — 18J8 ; - t. IX, Bull. 1, 2,3, 4, ( 1899;.
Id. — Biographie nationale.
Id. — Annuaire de V Académie royale, etc., 65« année, 1899. In-12.
Id. — Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie ;
37* année, 1898, 3 à 8.
— XXVII —
Bruxelles. — Annales ch la Société (Varchéologie. Mémoires, rapports
et documents, t. XIU, 1899, n"'* 1 à 4. ^ " • ,,
Id. — Annuaire de la Société d'archéologie, t. X, IS99.
Id. — Annales des travaux publics de Belgique.
Id. — Bulletin de la Société d'anthropologie, t. XIV, 1895-1896.
Id. — Revue belge de numismatique, 55'' année, 1899, n"" 1 à 6.
Id. — Société royale belge de géographie. — Bulletin, 'à'V' année, 1899,
n°M à 6.
Id. — Id. — Compte-rendu des actes de la Société. (Dans le même
volume que le précédent.)
Bruxelles. — Analecta Bollandiana, édités par C. De Smedt, J. De
Backer. G.Houzé, F. Van Orlroy et J. Van den Gheyn, t. XVIII, 1899,
n°» 1 à 3.
Nivelles. — Annales de la Société archéologique de l'arrondissement
de Nivelles, \S%<è,i.^{[,n°\.
LouvAiN. — Annuaire de l'Université catJiolique, 63" année, 1899.
Id. — Analectes pour servir à Vliistoire ecclésiastique de la Belgique,
par Reusens et Barbier, 'série des Cartulaires, 1899,livr.l à4. t. XVIII.
Flandre orientale. — Gand. — Société d'hist. et d'archéol. de
Gand. — Bulletin, 7« année, n°' 1 à 6, et table des matières. — Annales.
Id. — Société d'histoire et d'archéologie. — Inventaire archéologique
de Gand, 2<' année, 1899, fasc. 10 à 14
Saint-Nicolas. — Annales du Cercle archéologique du pays de Waes,
t. XVIII, liv. 3, 1899.
Hainaut. — Mons. — Annales du Cercle archéologique. — Bulletin
des séances.
Id. — Mémoires et publications de la Société des sciences , des arts
et des lettres du Hainaut, b'' série, t. X, 1898 ; ô*" série, t. I. 1899.
Tournai. — Bulletin de la Société historique et archéologique, isJ*" s. —
Annales, nouv. série, t. III, 1899.
Gharleroi. — Société paléontologique et archéologique. — Documents
et rapports, i.XXm, 1899.
Enghien. — Annales du Cercle archéologique.
Liiége. — Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne,
2e série, t. XXV, 1898.
Id. — Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège. — Bulletin,
t. XII, l'-e p., 1898. — Chronique n» 1 à 12, 1897-98.
Liège. — Société des Bibliophiles liégeois. — Bull., V., 5* fasc.
1899.
H.UY. — Cercle hutois des sciences et beaux-arts. T. XII, livr. 1 à 3;
1899.
Verviers. — • Caveau verviétois. Société littéraire. — Annuaire. —
Bulletin, 20^ année, 1897-1898, n» 2.
Société verviétoise d'archéologie, Bull. 1898, n° 1 à 4.
Limbourg. — Hasselt. — Société chorale et littéraire des Mélo-
philes. — Bulletin de la section scientifique et littéraire, 35" vol., 1899.
ToNGRES. — Bulletin de la Soc. scientifique et littéraire du Limbourg,
t. XVIII, l'eet2Mivr.
Bilsen. — Limhurgsche maatscJiappij voor letterkunde en wetenschap.
Limburgsch Jaarboek. — Néant.
Luxembourg. — Arlon. — Institut archéologique du Luxembourg,
Annales, t. XXXIV. 1899.
Namur. — Namur. — Annales de la Société archéologique, t. XXIII,
l" liv , 1899. — Rapport pour 1899.
Maredsous. — Revue bénédictine de Mqredsous, 16' année, 1899,
no' 1 à 12.
— XXVIII —
§ 2. — FRANCE.
Abbeville. — Société d'Emulation. — Bulletin des procès-verhaux.
1898, n"» 1 à 4. — 1899. n°» 1 et 2.
Abbeville. — Société d'Emulation. — Mémoires, 4* série, t. IV,
1" p., 1898. — Les reliures artistiques et armoriées. 1. 1. 1897.
Id. — Cartalaire du comté de Ponthieu, 1 v. in-4°. 1897.
Amiens. — Société des antiquaires de Picardie. — Mémoires.
— Cartul. du chap. de la Cathédrale , 1897. 1 v. 111-4°. — Documents
inédits concernant la province, 4'- série, t. XIV, 1er fasc.
Id. — Id. — Bulletin, 1898. n» 1 à 4. — 1899, n° 1.
Id. — Id. — Album archéologique. — Néant.
Arras. — Cojnmission 'départementale des monuments historiques
du Pas-de-Calais. — Mémoires. Bull., t. II, l""» livr., 1897.
Auxerre. — Bulletin de la Société des sciences historiques et natu-
relles de l'Yonne, 51» vol., 1" et 2« semestres; 1898. — 2 vol. 1899.
Avesnes. — Mémoires de la Société archéol. de l'arrondissement,
d'Avesnes, 1. 1, 1899. ^
Bordeaux. — Société archéologique. — Néant.
Bourges. — Société historique, littéraire, artistique et scientifique
du Cher. — Néant
Chalon-sur-Saône. — Mémoires de la Société d'archéologie de Cha-
lon-sur-Saône. Montbéliard. — Néant.
DuNKERQUE. — Société dunkerquoise pour l'encouragement des
sciences, des lettres et des arts. — Bulletin, 2« fasc, 1898. — Mémoires,
310 vol., 1898-99.
Lille. — Inventaire sommaire des archives départementales anté-
rieures à 1790, par MM. Deliaisnes et Finot, archivistes du Nord,
t. I, Ir» p. Lille, 1899.
IjYon. — Annales de la Société des sciences industrielles de Lyon.
— Néant.
Lyon. — Les nominations épiscopales du 13'' au 15" siècle, par le
chanoine Ulysse <',hevalier.
Marseille. — Répertoire des travaux de la Société de statistique,
1897-99; t. XLIV, 2- p.
Montauban. — Bull, archéol. et histor. de la Société archéol- de
des Tarn-et-Garonne, t. XXVI, 1898, fasc. 1 à 4; t. XXVII, l'«p., 189'J.
Nancy. — Mémoires de la Société d'arcliéologie lorraine et du Musée
historique lorrain, t. XLVIIl, 3« série, 2(j« v., 1898. — Compte-rendu
fêtes du cinquantenaire en juin 1898.
Id. — Mémoires de V Académie de Stanislas. — Table des mémoires
et bulletins, t. XVI, 1899.
Orléans. — Société archéologique et historique de l'Orléanais,
Mémoires. — Bulletin, t. XII, 1895, n° 163 et 164, 1898 et 1899,
n° 165 et table.
Paris. — Congrès archéologiques de France, année 1898. Paris,
1 vol. in-So.
Paris. — Société de l'Histoire de France ; t. XXXV, 1898.
Id. — Bulletin de numismatique. — Néant.
RoGHKCHOUART. — Bulletin de la Société des Amis des sciences et des
arts, t. VIII, n»» 4 à 6, 1897; t. IX, no» 1 et 2, 1899.
Romans. — Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'archéologie reli-
gieuse des diocèses de Valence, Digne, Gap, Grenoble et Viviers,
■l8« année, 1898, n°» 116 à lly.
ifE. — Maandblad van het genealogisch-hefaldiek genootschap
erlatuhche leeuivyy, 17« année. 1899. In-4o, n'" 1 à 12.
— XXIX —
Saint-Dié. — Société pltilotHatique vosgieniie. — Bulletin, 24' année,
(1898-1899), 1899.
Saint-Omer. — Société des antiquaires de la Morinie. — Ihdlctin
historique, i. X, 1898 et 1899, — Mémoires, t. XXV, 1899.
Id. — Les c/utrtesde St-Bertin, irar l'abbé Bled, t. IV, 1899.
Saint-Maur de Glanfeuh, (Abbaye de) — Mélanges de liturgie,
d'histoire et de t/téologie, Solesmes. — Néant.
SoLESMEs. — Abbaye de Solesmes — Néant.
Toulouse. — Société académique franco-hispano-portugaise. — Bul-
letin, n°^ 5 à 9. — Annuaire et rapport pour 1898-1899.
Id. — Société archéologique du Midi de la France. — Bulletin,
nouvelle série, n° 23, 1899. — Mémoires.
Id. — Académie. — Rapport annuel.
Id. — Bull, de V Université.
§ 3. — ANGLETERRE.
Cambridge. — Proceedinqs of the Cambridge Antiquarian Société
n" 40, 1899. ^ '
Id. — Liste des membres de la Société, 1899.
Glasgow. — Transactions of the Glasgoiv archœological Society;
New Séries. — Néant.
§ 4. — HOLLANDE.
La Haye.
uDe neder
Id. — Algemeen Nedei-landsch Familieblad, tydschrift voor Geschie-
denis, Geslacht-Wapen-Zegelkunde, e«2. ,par A. N. Vorslerman van
Oyen.
Leeuwarden. — Friesch Genootschap van Geschiedenis , Oudheid-en
Taalkunde, — 70^ rerslag der Handelingen. — Rapport 1897-98.
Id. — Id. — De vrije Fries.
Leyde. — Maatschappij der Nederlandsche letterkunde. — Hande-
lingen en Mededeelingen, 1898-99; Levensbericht der afgestorven mede-
leden, 1899. — Rapport.
Maestricht. — Publications de la Société historique et archéologique
dans le duché de Limbourg. Nouv. série; t. XIV, 1898.
Utrecht. — Werken uitgegeven door het Historisch genootschap
Verslag. 1897. — Annales. Nouv. série, t. IV, 1898. '
Id. — Bijdragen- Mededeelingen. 20" p., 1899.
Id. — Briefwisseling tusschen de Gebroeders Van der Goes door
Gonnet, l' deel, 1899.
§ .5. — GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG.
Luxembourg. — Institut qrand-diical , section historique. — Vol
XLVl et XLVII, 1898 à 1900.
Luxembourg. — 0ns Hemecht. Organ des Vereins fur Luxembûrger
Geschichte, Litteratur und Kunst, h" année, 1899.
§ 6. — DANEMARK.
Copenhague. — Tillaeg til Aarboger for nordisk Oldkyndighed og
Historié udgivet af det kongelige nordiske oldskrift-selskab. — ' Néant.
Copenhague. — Mémoires de la Société royale des antiquaires du
Nord. Nouvelle série. — 1899, 1 vol.; nouvelle série.
— XXX
/.
SUÈDE ET NORVÈGE.
Stockholm. — Kongl. Vitferhets Historié och Antiqvitets Akade-
miens manadshlad. — Antiqvarisk tidskrift for Sverige, par Hilde-
brand, 1899.
§ 8. — SCHl.ESWIG-HOLSTEIN (PRUSSE).
KiEL. — Zeitschrift der Gesellschaft fur Schleswig-Holstein-Lauen-
burgische Geschichte. — 28« vol., 1899.
Rapport du Musée d'antiquités de V Université de Kiel.
KiEL. — Mittheilunqen des Anthropoloqischen Vereins in Scldeswig-
Holsiein, 1899, t. IV, 2« livraison. Table des matières, vol. 1 à 20, 1899.
§ 9 — HANOVRE (PRUSSE).
Zeitschrift des historischen Vereins fur Niedersachsen. Jahrgang
1899 Hannover, 1899.
LÛNEBOURG. — Rapport annuel de la Société du Musée de la princi-
pauté pour les années 1896 à 1898. Lûnebourg, 1899.
§ 10. — PRUSSE.
Aix-la-Chapklle. — Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins,
t. XXI, 1899. —Néant.
Berlin. — Verhandlungen der Berliner Gesellschaft filr Anthropo-
logie, Ethnologie und Urgeschichte (redigirt von R. Virchow), t. VIII,
p. 405 à la fin, 1898. — Annales, 1899, p. 1 à 408.
Bonn. — Jahrhiicher des Vereins von Alterthumsfreunden im Rhein-
lande, t. GIV, 1899.
DussELDORF. — Dûsscldorfer Geschichtsverein. — Beitrage zur
Geschichte des Niederrheins. — Jahrbuch. — Néant.
KôNiGSBERG. — Schriften der physikalisch-ôkonomischen Gesellschaft,
39« année, 1898.
Mainz. — Zeitschrift des Vereins zur Erforschung der Rheinischen
Geschichte und Alterthûmer in Mainz. — Néant.
Metz. — Mémoires de V Académie de Metz, 78* ann., 1896-97.
Id — Gesellschaft fiir lothringische Geschichte und A Iterthumskunde.
Metz. — Jahrbuch.
Posen. — Rocznicki Towarzystiva Przi/jaciol Nauk Poznanskiego,
t. XXV, 1898, livr. 1 à 4; t. XXVI, n° 1, 1899.
Id. — Zeitschrift der historischen Gesellschaft filr die Provinz
Posen. — Néant.
Stettin. — Gesellschaft fiir Pommersche Geschichte und Alterthums-
kunde. — Baltische Studien ; neue Folge. — Néant.
Strasbourg. - - Bulletin de la Société pour la conservation des monu-
ments historiques d'Alsace, "1^ série, t. XIX. 'it livr., 1899.
Id. — Historisch-litterarischer Zweigverein des Vogesen-Clubs. Jahr-
buch fiir Geschichte, Sprache und Litteratur El sass-Lothr ingens.
— Jahrbuch, 15« ann , 1899.
Trêves. — Jahresbericht der Gesellschaft fiir niitzliche Forschungen
zu Trier. Trier. — Néant.
Wernigerode. — Zeitschrift des Harz- Vereins fur Geschichte und
AUerthumskunde,ii^' année, 1899, 1 vol. [Register).
— XXXI
§ 11. - MECKLEMBOURG (PRUSSE).
ScHWERiN. — Jahrhûcher und Jahresberichte des Vereins fur Meck-
lenburgiscJie Geschichfc und Alterf/tinnskiinde , i)ar Lisch et Bever,
64" année, 1899.
§ l± - SAXE.
Dresde. — Jahrcfsbericht des koniglich.Sclchs. Alterthums-Vereins,
1898-1899. Dresden, 1899.
Dresde. — Ncues Archiv fur Sachsische Geschichte tind Alterthnms-
knnde, par Ermisch , t. XX, 1899. — Die Sammliing des KiJniyUch
Silchsichen Alterthumsvereins zit Dresden in ihren Haùptiverken, fàsc 1
à 10(1898) et 11 à 30 (1899).
lÉNA. — Zeitschrift des Vereins fiïr Tlnirinc/ische Geschichte und
AîterthuiHskunde. — Néant.
§ 13. — BADE.
Heidelberg. — Historisch-philosophischer Verein zu Heidelherq. —
Neue Heidelherger Jahrbiicher, 8* ann., 1898, n» 2 ; 9" année, n" I, 1899.
§ 14. - WURTEMBERG.
Stuttgart. —
Wilrttembergische Vierteljahrshefte filr Landesge-
schichte. Nouv. série, 1899; 8" année, n^^ 1 à 4, 1899.
Ui.m-Oberschwaben. — Verein. fiir Kunst und Alterthnm. — Mitthei-
liingen. Néant.
§ 15. - BAVIÈRE.
LiNDAU. — Schriften des Vereins filr Geschichte des Bodensee's und
seiner Umgebmig. Althaj'erische Forschungen, n" 1, 1899.
Munich. — Monatschrift des Historischen Vereins von Ober-Bai/ern,
1899, 1 et 2. — Oberbai/crisches Archiv fur vaterlând ische Geschichte,
Id. — Id. — Jahresbericht.
Nuremberg. — Anzeiger des gennanischen Nntionalmuseunis. —
Néant.
Id. — Mittheilungen ans detn yermanischen Nationalmuseum. —
Néant
Id. — Katalog der im gennanischen Muséum vorhandenen, zum
Abdrucke bestimmten, geschnittenen Holzstiicke.
Ratisbonne. — Verhandlungen des Historischen Vereins von
Oberpfalz und Regensburg. — 42'' vol. 1898.
§ 16. — AUTRICHE.
Gratz. — Historischer Verein fier Steiermark. — Mittheilungen.
— Beitrûge fiir Kunde, 1898, 46" liv.
Id. — Gratz. Vjesnick hrvatskogga arkoheoloskoaa Drustva note
serijesveska 111 1898, urednik D'' Josip ISrunsmid-Zagreb, 1898-99.
Gratz. — Id. — Beitrdgezur Kundç steiermarkischer Geschichtsquel-
en. — Néant.
Prague. — Verein fiir Geschichte der Deutschen in Bôhmen. Mitthei-
lungen, 37« ann., n°'' 1 à 4. Prague, 1898-99.
Vienne. — Mittheilungoi der Anthropologischen Gesellschaft. Nouv.
série; 29* vol., n°' 1 à 6, 1899.
— XXXII —
Vienne. — Sitzunysberichte (1er kaiserlichcn Akademie der Wissen-
schaften; MathematiscJi-naturwissenschaftliche Classe. — Néant.
§ 17. — AUTRICHE (HONGRIE).
Budapest. — Archœologlai er<es?ïy (indicateur archéologique)
a M. Tiid. Akadémia arch. bizottsâgânak es az Orsz. régésziti S emh.
târsulatnàk kozlonye szerkeszti Harnpel Jôszsef. Budapest, Kiadja a
magyar Tudomanyos Akadémia. — f. — T. XIX, 1 à 5, 1899.
Id. — Archœologial Kuzlemények.
Id. — Ungarischè Revue mit Unterstiitzung der Ungarischen Akademie
der Wissenschaften, publié par P. Hunfalvy et G. Heinrich. Rapport.
Bosnie. — Landesmuseum (Bosnisch-hercegovinisches) in Sarajevo.
Wissenschaftliche Mittheilungen aus Bosnien iind der Hercegovina
redigirt von D'^ Moritz Hoernes. Vol. VI. Wien, 1899.
§ 18. — RUSSIE.
Pétersbourg. — Commission impériale archéologique. Ses comptes-
rendus.
Matériaux pour servir à V archéologie de la Russie. — Néant.
§ 19. — ESPAGNE.
Barcelone.' — Associacio catalanista d'excursions cientificas, —
Vexcursionista Bolleti mensual. — Néant.
Ip. — Revista de V Associacion artistico-arqueologica Barcelonesa.
— Bolletin. — 3^ ann. n'-Ml à 16, 1899.
Id. — Bolletin de la Centre Excursîonista de Catalanya. — Néant.
§ 2Ô. — PORTUGAL.
Lisbonne. — 0 archeologo português ; collecçaoillustrada de materiaes
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1895-96-97. Vol. IV, 1. 10 à 12. 1898.
§ 21. — ITALIE.
Messine. — Rivtsta di storia antica et scienzie affini dirigée par
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§ 23. — ÉTATS-UNIS.
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- XXXIII —
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blished by tlie numismatic and antiquarian societij, 3*= s., 1 vol. no 4, 1898.
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Montevideo. — Anales del museo nacional de Montevideo, publicados
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Id. — Museo nacional Sa)i. José Costa Rica. — Néant.
Id. — Informe del primer semestre de 1898 à 1899.
Id. — Rapports sur les années 1896 à 1898.
XXXIV
ivi:e2]vj::^re:!S xde: j-.^^^ isocuxE^TTE:.
L'Institut a perdu deux de ses membres effectifs :
M. Edmond Van Zuylen, décédé inopinément à l'é-
tranger, nous a laissé le souvenir d'un collègue
éminemment sympathique et d'un conservateur
d'une compétence spéciale indiscutable. M. Félix
Angenot, ancien secrétaire adjoint, a rendu de
nombreux services à l'Institut surtout en matières
administratives; il y était entré en 1870.
Nous ayons aussi eu le regret de perdre deux
membres correspondants : M. A. Combien, entré
parmi nous en 1877, et M. le chanoine Olivier Thi-
mister, qui, depuis 1862 faisait partie de la Société,
ainsi qu'un membre associé, élu en 1896, M. Oscar
van der Heyden a Hauzeur.
M. Désiré van de Casteele, membre honoraire, a
bien voulu rentrer dans la catégorie des membres
effectifs, ce qui nous assure, pour l'avenir, un
concours utile et dévoué. MM. Lousberg, architecte
de la ville de Liège, a été nommé membre corres-
pondant, de même que M. Jean Servais et M. Lucien
Renard, et la Société a inscrit au nombre de ses
membres associés : MM. Max Lohest, professeur à
l'Université de Liège ; Klincksiek, libraire-éditeur
à Paris; François Straven, paléographe à St-Trond ;
Henri Orban (fils), propriétaire à Liège, et Adolphe
Dubois, conservateur des collections au Cercle «Les
Amis du Vieux Liège ».
— \xxv
Dans la séance du 29 décembre, M. Julien Frai-
pont a été élu vice-président pour l'année 1900;
MM. Alexandre, Brahy, Pâques et Brassinne, ont
été réélus respectivement conservateur, trésorier,
bibliothécaire et biblothécaire adjoint, M. Lucien
Renard a été nommé conservateur-adjoint, ainsi
que le soussigné.
M. Joseph Ilalkin avait été réélu secrétaire dans
la même réunion ; la Société a eu, depuis, le vif
regret de recevoir sa démission.
Le Conservateur-adjoint
ff. de Secrétaire ,
M^RCEI. DE MJYOX.
Liège, le 30 mars 1900.
Lecture faite, et applaudie, du Rapport de
M. De Puydt, M. J.-E. Demnrteau, président, de-
mande la parole :
« Vous venez d'entendre , Messieurs, le secrétaire
esquisser en excellents termes l'histoire de notre
Institut et de ses travaux pendant cinquante années;
peut-être a-t-il voulu laisser au président la tâche
agréable de dire quelques mots du rôle des
personnes.
Rappeler à la mémoire le groupe des seize pre-
miers membres de l'Institut en l'an 1850 (i), c'es
(i) Institut arcliéologi(iuc liéfjeois. — 4 avril 1850.
Membres fondateurs
BoRGNE-T, Adolphe, recteur de l'Université.
BoRMANs, Jean-Henri, professeur à l'Université.
Capitaine, Félix.
Capitaine, Ulysse.
De Closset, Léon, professeur agrégé de l'Université, précepteur
des princes.
Davreux, Charles.
Delahaye, A.-J., ingénieur en chef des ponts et chaussées.
Delsaux, Charles, architecte provincial.
Du VivjER, Charles, curé de St-Jean-en-Isle.
Fabry-Rossius, Louis, agrégé à l'Université.
Grandgagnage, Charles.
Grandgagnage, Joseph, président à la Coin- d'Appel.
Henaux, Ferdinand.
d'Otreppe de Bouvette, Albert.
PoLAiN, Mathieu-Lambert, archiviste de l'Etat, à Liège.
de Sf.lys-Longchamps, Edmond baron de, membre de l'Académie
royale de Belgique.
Bureau :
Président : Alb. d'Otreppe de Bouvette.
Vice-président. : Ch. Du Vivier.
Secrétaire: Ul. Capitaine.
Conservateur: Ch. Delsaux.
Trésorier : Ch. Davreux.
Bibliothécaire : Ch. Grandgagnage.
Conservateur-adjoint : L. Fabry-Rossius.
XXXYIII
aussi constater heureusement que nous avons le
privilège de voir régulièrement siéger parmi nous,
un de nos premiers fondateurs: j'ai nommé Mon-
sieur le baron de Sélys-Longchamps.
Continuant d'anciennes traditions, M. de Sélys, à
une époque de rénovation, employa généreusement
son temps, ses moyens et son influence à la (;onser-
vation des sciences historiques, au culte des sciences
naturelles, de même que dans la vie politique il
entendit se dévouer à son pays. Si, avant d'autres
travaux plus spéciaux, il fut l'auteur de la première
Histoire naturelle de la province de Liège, il com-
posa telles notices archéologiques qui se retrouvent
tant dans le Bulletin de V Académie (T. X , 1.), que
dans le compte-rendu du 6^ Congrès archéologique
d'histoire tenu à Liège.
Considérant le long temps écoulé de 1850 à nos
jours, on est particulièrement heureux de fêter à la
fois l'homme jeune du premier âge de notre institu-
tion et l'honorable vétéran auquel nous devons
notre reconnaissance. Aussi féliciter Monsieur le
baron de Sélys à l'occasion d'un cinquantenaire
scientifique, c'est en même temps féliciter l'Institut
auquel il a bien voulu s'attacher.
Un autre travailleur de la prernière heure comme
de l'heure présente, M. le D' Alexandre, n'est pas
loin de compter ici un demi siècle de service volon-
taire. Voici quarante années — longwii humani
œvi spatium * un grand espace de vie humaine »,
comme dit un de ses auteurs familiers. — qu'il se
dévoue à la conservation de nos collections comme
XXXIX ~
à In publication de riotro Bulletin annuel. Notre
Musée, Messieurs ! Son installation dans un local
préféré, restât-elle encore à l'état de pieux désir,
qui pourtant pourrait croire qu'il n'a pas fallu un
long et patient travail pour le posséder actuellement
tel qu'il este.\[)()sé à la vue? Quant à, nos publica-
tions, tous nous savons de reste combien l'étonnante
mémoire du docteur a servi nos recherches. Tou-
jours nous l'avons trouvé à même de tirer de son
fonds acquis des renseignements ignorés, prêt
à se dévouer ensuite à la correction du travail.
At'iré par le plaisir d'une primeur, fut-elle d'un
modeste caractère, jaloux du perfectionnement de
la forme, il nous rappelle à juste titre, en des temps
éloignés, ces doctes humanistes de la Renaissance,
pensant et imprimant, animés d'un seul souci, amé-
liorer le patrimoine int(dlectuel commun. Pour féli-
citer M. le docteur Alexandre, à l'occasion d'un
quarantième anniversaire, émettons le vœu de le
voir longtemps encore nous donner le bon exem-
ple du travail exact et ininterrompu!
Cette fête du souvenir serait bien incomplète si
nous ne rappellions la collaboration précieuse et
soutenue d'un ancien secrétaire de l'Institut, qui
en fut l'âme même, M. Stanislas Bormans. Dès
la retraite de Capitaine, pendant de longues années,
voulant bien tenir ici la plume au nom de tous, il
a rédigé nombre de rapports, clairs toujours et
toujours encourageants, des notices archéologiques
sur tous sujets ; et, dans le même temps, il se ren-
dait sur le terrain des fouilles, à Juslen ville par
XL
exemple, écrivant au retour quatre compte-rendus
des résultats acquis par lui même, le docteur
Alexandre et Philippe de Limbourg.
Preuve singulière d'un attachement que l'ab-
sence ne pouvait amoindrir, après neuf années
d'un séjour au Dépôt des Archives de Namur, il
nous revint tel qu'on l'avait toujours apprécié à
rinstitut, ajoutant à ses services rendus ceux
d'un Président des plus hautement autorisés.
Il importait, Messieurs, qu'à défaut d'une fête
publique, qui n'est sans doute que remise, ces sou-
venirs heureux soient relevés aujourd'hui dans
l'intimité, à l'occasion du cinquantenaire d'un
Institut dirigé par le zèle de pareils collaborateurs,
et que soutiendra, à leur exemple, le travail com-
mun (i). >
(i) L'impression du discours ci-dessus, comme annexe au Rap-
port annuel, a été décidée en séance de l'Institut archéologique du
30 mars 1900.
M. D. P.
EXPLORATION
DES imwm m bois de gives
(COMMUNE l)K BKN-AIIIN)
Les tumulus du bois de Gives sont, jusqu'en ces der-
nières années, restes coinplèleinenl inconnus.
C'est, semble-t-ij, à leur situation sur un plateau abrupt
K>*
..•I^^W
Extrait de la carte topographique militaire au Zu^Tynr^
(feuille de Couthuin).
et boisé, ainsi (ju'à leur faible élevai ion rtMuUic moins
apparente encore par la vigouicuse végélalion qui les a
- 2 -
envahis de toutes parts, qu'ils doivent d'avoir échappé de
nos jours à l'altention et aux investigations des fouillours.
Aucun auteur ne s'est occupé de ces monuments, qui ne
portent aucune dénomination topique et auxquels ne
paraît se rattacher aucune tradition; ni Van der Maelen,
ni "Van Dessel n'en font mention sur leur carte ; bien peu
nombreux enfin doivent être, môme dans notre province, les
archéologues qui les connaissent et les ont visités.
Le premier, M. Oscar de Soer de Solières signala , il y
a une dizaine d'années, l'existence de l'une de ces tom-
belles à l'Institut archéologique liégeois ; lui-même y
avait auyiaravant, avec feu M. Jules Monjoie, de Gives, fait
faire quelques recherches sommaires sans résultat.
Quoiqu'ayant, dès le début, compris l'intéi'êt qu'auraient
pu présenter semblables fouilles, notre Société se vit, à la
suite de certaines circonstances, empêchée de mettre ses
projets à exécution.
C'est ce que constatait encore, en 1888, son secrétaire
dans le rapport annuel sur l'exercice précédent (i).
En avril 1899 seulement, des négociations purent être
engagées avec l'Administration communale de Ben-Ahin ;
celle-ci accorda, le 7 juin suivant, avec bienveillance et
sous certaines réserves d'usage, l'autorisation demandée.
Douze jours après , nous nous mîmes à l'œuvre avec
trois ouvriers (2).
(0 Bulletin de V Institut archéologique liégeois, tome XXVI, page
XXV.
(2) Ces travaux, qui durent être interrompus à deux reprises
différentes à cause de l'inclémence du temps, se continuèrent
jusqu'au IG juillet suivant. Nous profilons deroccasion pour exprimer
ici toute notre gratitude à M. Alexandre Nicolaï, de Gives, qui, avec
une obligeance dont nous ne saurions assez le remercier, a bien
voulu se charger plusieurs fois de la surveillance des ouvriers en
notre absence.
TUMULUS N" 1.
Ce tertre, qui est le plus élevé des trois, mesure appro-
ximativement 2'n75 de hauteur vers le centre ; sa base,
légèrement ovale, a environ 13 mètres de diamètre.
Nous commençâmes [)ar i'c|)i'('n(]rc la galerie, pratiquée
dans cette tombe une dizaine d'années auparavant, en lui
donnant 1"'50 de largeur et en la dirigeant vers le milieu
du tumulus.
Nous pûmes, vu le peu d'élévation de ce dernier, procé-
der par galeries à ciel ouvert, ce qui eut pour avantage de
nous permettre de travailler avec plus de célérité et surtout
avec plus de sécurité ; celte exploi'ation ne se faisait pas,
en effet, sans certaines difficultés à cause du grand nombre
de blocs de grès qui se trouvaient mêlés aux terres.
Plan (la tumulus n" 1.
(Echelle : 1 = 10).
_ 4 _
Nous avions à peine dépassé de 1 mètre l'endroit où
avait été arrêtée la prenriière galerie A, lorsque la pioche
des ouvriers rencontra une assise circulaire S en pierres
de O'nSO de hauteur sur O-^Sr) d'épaisseur, formée d'énormes
blocs non taillés, dont plusieurs de 0"'70xOn35xO'n20,
posés à plat et non reliés entre eux par du mortier ou une
autre matière quelconque.
Ces grès, d'une dureté remarquable et dont des affleure-
ments sont encore exploités de nos jours à quelques cen-
taines de mètres de nos tombelles, auront probablement
été recueillis dans le voisinage par les constructeurs de la
tombe.
C'est au milieu de ce cercle de pierres (diamètre 2'"25)
ou plutôt au fond de ce puits profond, comme nous venons
de le dire, de 0'"50, qu'avait été déposé le mobilier funéraire,
vraisemblablement à l'emplacement même où avait été
élevé le bûcher.
Nous découvrîmes, en effet, à une profondeur d'une di-
zaine de centimètres, une aire de calcination formée d'une
mince couche d'ossements brûlés et de charbon de bois, le
tout mélangé à de nombreuses pierrailles et à des débris
divers.
Parmi les tessons de poteries retrouvés en cet endroit,
nous signalerons quelques morceaux d'un vase en terre
grossière, le goulot d'une cruche en terre jaunâtre (d) et
deux menus fragments d'une petite soucoupe en poterie
pseudo-samienne. La partie ouest du caveau nous fournit
encore une « tèle » h déversoir brisée, mais à peu près
complète.
(i) Ce goulot, formé de plusieurs lobes s'étageant en gradins, pré-
sente beaucoup d'analogie avec celui de certaine cruche de la tombe
de l'Empereur à Moxhe et que feu M. le comte G. de Looz considérait
comme probablement unique {Bulletin de r Institut archéologique lié-
geois, t. XII. p. 499).
- 5 —
Un seul objet en bronze, un bout de fibule circulaire
entièrement oxydée fut recueilli en mémo temps que
plusieurs clous et quelques ferrailles indéterminables.
Les découvertes se bornèrent là.
En vain des sondages furent opérés dans tous les sens ;
trois nouvelles galeries B, C, D ne produisirent que de
nombreux blocs de grès et un fragment insignifiant de
poterie rosâtre très épaisse et fort mal cuite.
La chose ne paraît pas douteuse ; nous avions été précédé
par d'autres dans nos recherchais et nos devanciers s'étaient
bornés à laisser dans le caveau, après les avoir brisés et
dispersés, les objets de peu de valeur (i).
TUMULUS N" 2.
Ce tumulus, qui est situé entre les deux autres, est le plus
petit des trois ; il mesure à peine 1 mètre de hauteur et 6
mètres de diamètre.
Après y avoir fait pratiquer une galerie descendante
dirigée vers le centre, nous ttmes creuser à une profondeur '
d'environ l"'50unenlonnoir vertical de 1 mètre de diamètre.
Rien ne s'oiîrit ici à nous. A part quelques blocs de grès
retirés du niveau supc': leur des terres, nous ne déblayâmes
qu'une ai-gile compacle et vierge.
(i) Ces fouilles doivent dater de bien longtemps, car personne à
Gives ne se souvient du moindre événement de ce genre ; les plus
anciens habitants de l'endroit ne se rappellent pas davantage avoir
entendu évoquer le souvenir de recherclies antérieures.
Presque tous nos grands tumulus ont été visités par les troupes
françaises cantonnées dans notre pays sous Louis XIV. Le cas a
notamment été signalé pour les tumulus de Coninxtieim (Tongres),
Grimde (Tirlemont), Herbays ( Piétrain), Moxhe (dit de l'Empereur)
Braives, Embresin, Montenaeken, etc., etc.
— 6 —
Nous nous trouvions en présence d'un tertre vide,
n'ayant jamais recouvei't aucun bûcher ni aucun dépôt
funéraire.
TUMULUS N" 3.
Ce tuniulus est un peu plus grand que le précédent ;
très surbaissé, il mesure 1"'25 de hauteur au centre sur
7'"50 de diamètre.
^ c.
Plan du tumulus n° 3.
Echelle: 1 = 10).
Immédiatement après avoir ouvert noire galerie A, nous
rencontrâmes de nombreux morceaux de grès ; ensuite, sous
une épaisse couche de terre argileuse, le même genre de
caveau circulaire 0 que dans le tumulus n° 1 : ce puits de
dimensions plus restreintes que le premier ne mesurait
que 0"'35 de profondeur et l'"65 de diamètre ; l'épaisseur
de ses parois en moellons variait entre 0™20 et 0"'30.
Il élaiL en grande partie rempli de charbon de bois d'une
conservation étonnante et de fragments de poteries; dans
le fond gisaient des débris d'ossements calcinés.
— 7 —
Parmi les fragments de poteries, nous citerons ceux :
— d'un petil, pol rond en fine terre rouge à couverte noire ;
— d'un vase cinéraire en terre blanche et à large ouver-
ture ;
— d'une espèce de cruche en terre rosâtre très épaisse ;
— d'un plateau rond (assiette ?) cà rebord droit ;
— d'une soucoupe on pâte rouge, etc., etc.
Par contre, aucune trace d'objets en bronze ou en fer.
Les quelques esquilles retrouvées au fond du caveau ne
sont pas de nature à nous éclairer sur l'âge ou le sexe de
la personne dont les cendres y avaient été déposées.
Donc, ici encore nous avions à déplorer le vandalisme
de nos devanciers.
Le seul mérite de cette exploration est d'avoir révélé un
genre de sépulture assez curieux, non signalé encore dans
notre province, où cependant, comme dans les autres par-
ties de notre pays. Ton a retrouvé sous les tumulus des
caveaux en pierre ou à parois en bois très variés tant sous
le rapport de leur disposition que sous celui de leurs
dimensions.
Il ne faudrait nullement en conclure qu'il y a lieu de
donner une impoi'tance très grande au mode de dépôt
constaté à Gives, car, comme nous l'a obligeamment tait
remarquer M. Bequet, ces modes assez variés peuvent
dépendre jusqu'à un certain point des ressources locales (i).
(i) Nos tumulus belges ont, sous ce rapport, donné lieu à des
constatations très intéressantes. Parmi les tumulus avec caveaux en
pierre, nous citerons, notamment ceux aujourd'hui nivelés de Hun
(Annevoie) et d'Andenne (Saumery, Délices du Pays de Liège, t. tl,
pp. 138/139; Gallict, Histoire de Nainnr, t. I, pp. 42/é3j), de
— 8 -
La « crypte circulaire à couloir » retrouvée par M. Bequet
dans un des tumulus de VVagnée (i) et le « cercle en
pierres » signalé par M. le baron de Loë dans un marchet à
incinération à Han-sur-Lesse (2) sont seuls dans le reste de
la Belgique, croyons-nous, à ofïrir ({ueique analogie avec
les caveaux circulaires de Gives.
Encore la première de ces sépultures peut-elle seule être
rapportée indubitablement à l'époque romaine, tandis que
la seconde, qui ne consiste en réalité qu'en un « arran-
gement de pierres grossier^ mais manifestement intention-
nel, établi au niveau du sol et occupant exactement le
centre de la circonférence du marchet y^, paraît plutôt devoir
être rattachée à une époque antérieure (3). Peut-être pourrait-
Porcheresse (Ann. de la Soc. archêol. de Namur, t. IV, p. 395),
de Saventhem {Revue d'histoire et d'archéologie, t. I, p. 3i4; t. IV,
pp. 57 et 61; BulL des Commissions royales d'art et d'archéologie,
t. XIII, p. 38; Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles, t. V,
p. 5â8) ainsi que ceux de Trisogne (Pessoux) {Ann. delà Société archêol.
de Namur, t. IV. p. 392), de Biron (Ciney) {ibid., t. IV, pp. 364 et 366),
de Ctiampion {ibid., t, II, p. 64), de Coninxlieim (Tongres) {Bulletin
de la Société scientifique et littéraire du Limhourg, t. XVII, p. 8>,
de Middelwinde {Bull, des Comm. royales d'art et d'archéol. , t. IV,
p. 217 ; Bull, de l'inst. arcliéol. liégeois, i. XIII, p. 151), du bois de Buis-
lez-Grand-Leez (2™* tumulus) {Ann. de la Soc. archêol. de Namur,
t. XXIV, p. 50), etc., etc.
Parmi les tumulus à caveaux avec parois en bois, nous mention-
nerons ceux d'Avennes {Bull, de Vlnst. archêol. liég., t. XII, p. 2 )5),
de Gi'imde (Tirlemont) {Ann. de la Société d'archéologie de Bruxelles,
t. IX, pp. 422 et 445), deCortil Noirmont (.6w/L desComm.roy. d'art et
d'archéol., t. XIII, p. 451 ) , de Piétiain (tombe d'Herbays) {Ann. de
la Soc. d'archéol. de Bruxelles, t. XIII, p. 202), du bois de Buis-)ez-
Grand-Leez (l'^'' tumulus) {Ann. de la Soc. arcliêol. de Namur, t. XXIV,
p. 48), etc.
(i) Ann. de la Soc. archêol. de Namur, t. XVI, p. 22.
(î) Ibid., t. XXI, p. 56.
{-,) " Lantiquité de nos marchets ne non.s- parait pas devoir nllcr au -
« delà de la premiers époque du fer dii époque du cimetière de Hall -
— 9 —
on encore rapprocher de la découverte de Gives, celle faite
en mars 18G2 à Housy (Verviers), sous un tertre de 3 à 4
mètres d'élévation, d'une espèce de cavité {(.(. excavation -$)
de 1 mètre de profondeur sur 4 mètres de diamètre, formée
de moellons de grès entre lesquels, « en plusieurs endroits,
existaient des traces de ciment » (sic). On ne possède
malheureusement que de vague? d(_)nnées sur cette trou-
vaille, M. J. S. Renier, qui l'a signalée en quelques lignes (l),
n'étant entré dans aucun détail précis sur le caveau mis
au jour et s'étant borné à décrire sommairement le mobilier
recueilli sous le tertre en question.
Rappelons que ce mobilier se composait d'un assez grand
nombre de poteries, la plupart en terre dite «sarnienne»,
et dont une dizaine intactes (plateaux, cruche, écuelles avec
sigle : VAR( ) IDOPEC) (2) furent offertes en don à la ville
de Verviers par le propriétaire du terrain, M. Grégoire
Laoureux,
Pendant la période néolithique , l'usage de chambres
intérieures sous les tumulus doit avoir été assez répandu.
On en a signalé à dilférentes reprises en France, notamment à
Pamproux (aux Lizières) (3), dans les forêts de la Roixhe
«■ statt, classe par tous les archéologues au IV" ou Ff siècle avant
" V ère chrétienne, période qui a' duré chez nous jusqu'à la conquête
>« romaine
«' La présence dans bo7i nombre de marchets d'une poterie beau-
« coxip moins grossière et j)arfois même assez fine, faite au tour,
" nous indique également que la coutume d'élever des tombelles en
<^ pierres s'est continuée pendant les premiers temps de la domination
" romaine " (B°" A. de Loë, Contributions à Vétude des marchets
dans les Ann. de la Soc. archc'ol. de Naiiiiir, t. XXI, p. 77).
( 1 ) Bidl. de l'Institut archéologique liégeois, t. V., p. 237/238.
(i) Peut-être VAREDOFEC (1"E archaïque). Gfr. Scuuermans, Sigles
figulins, n" 5572.
(3) Emile Cartailhac, La France préhistorique d'après les sépul-
tures et les monuments, 188'.), pp. 212/213.
— 10 -
(canton de St-Amand) (l) et dans le déportement de la
Creuse (2), même en Suède (3) et en Norwège (4), etc....
Enfin, sur les bords du Rhin, aux environs de Mayence,
dans le bois de Hebenkies, ainsi qu'en un endroit dit
nKohlhecke », Dorow (5) a rencontré des tumulus avec
chambre intérieure du genre de celles qui nous occupent ;
il rapporte la découverte dans le premier de ces tumulus
— qu'il considère comme antéromain ( « uraltes teutsches
Qrah ») — d'une espèce de caveau « in Form eines mulden-
artigen Kessels von 7 Fuss im Durchmesser und von 0 Fuss
Hôhe in dem Erdhugel mit keilfôrmig gesetzten Fdd-
steinen erhmit )),dont il retira une hache, des débris d'urnes,
des ossements humains et de cheval, ainsi que des cendres.
En Styrie (Autriche) , par contre, quantité de tumulus
romains, surtout dans les environs de Wies, Goldes et
Wieden, ont révélé des caveaux funéraires circulaires dont
plusieurs à couloirs et à voûtes détruites, contenaient des
mobiliers très caractéristiques (6).
Le D'" Truhelka a signalé la même particularité à propos
(1) Emile Cartailhac, La France préhistorique fV après les sépul-
tures et les monuments , 1889, pp. 21i/il5.
(2) Ibid., p. 216.
(ô) » p. 193.
(4) Indberetning fil filial afdeltnrjens Direhfion af R. Ziegler, dans
les Foreninijen til Norska Fortidsmindesmerkers Bevaring, Aarsheret-
ning for 1871 {Christiania, 1872), p. 7, fig. 1.
(5) Dorow, Opferstâtte und Grahhilgel der Germanen undRômer am
Rhein, t. I, p. 1, 2 et 30.
(6) Voyez, au sujet de ces fouilles remarquables, le savant article de
MM. V. Hadimsky et J. Szombathy, paru sous le titre de ullrgeschicht-
liche Forschungen in der Umgegend von Wies in Mittel-Steiermark »
dans les Mittheilungen der Anthropologischen Gesellschaft in Wien,
t. XVII (nouvelle série, VII). Vienne, 1887, p. 78, tig. 2; p. 81, fig, 1,
8, 10; p. 92, fig. 25, etc.
— M —
de tumulus fouillés par lui en Bosnie, à Glasinac (i) et a
égalcmonl rencontré la même disposition de chambi'es circu-
laires dans de vulgaires tombes romaines non recouv^ertes
irui! lumulus, à Janjici (2).
Il eût été intéressant de pouvoir tiétorminer l'âge des
tumulus du bois de Gives.
Aucun indice certain ne permet malheureusement d'assi-
gner une date quelque peu précise à ces tombelles, dont
les caveaux pillés n'ont fourni aucun objet entier bien
caractéristique, ni aucune monnaie.
Si la présence dans l'un de ces caveaux (tumulus n° i)
de deux fragments de poterie pseudo-samienne dissipe
tout doute quant à l'origine romaine de ces sépultures, elle
n'autorise cependant en rien à rapporter ces dernières
plutôt au second qu'au troisième ou au quatrième siècle.
La fabrication de cette vaisselle spéciale en terre rouge
vernissée (dont Fillon (3) a assez arbitrairement fixé les
débuts dans les Gaules au règne de Domitien) s'est, en
effet, perpétuée dans nos contrées jusqu'au IV^ siècle au
moins, époque à laquelle elle paraît même avoir été re-
prise et continuée par les Francs.
D'autre part , la découverte à quelqufis centaines de
mètres de nos tumulus d'un trésor de 264 monnaies ro-
maines en billon, dont les plus anciennes appartiennent à
(i) Truhelka, Hûgelgrilher und RitigtvaUe aiif Glasi)iac, dans les
Wissenschaftiiche Mittlieilnngen ans Bosnien and der Herzegovina,
1. 1 (1893), p. n.
(2) Truhelka, Zenica nnd Stolac, dans la même Revue, t. I, p. 282,
fig. 10.
(5) L'art de terre chez les Poitevins, p. IG.
— li -
Septime Sévère et les plus récentes à Postume I (i), ne
peut que démontrer a priori l'antériorité de ces monuments
au IV« siècle et plus positivement à l'année 268, date pré-
sumée de l'enfouissement du dit trésor , sans nous per-
mettre pour cela de déterminer, même approximativement,
leur antiquité maxima (2).
M. Bequet n'a pas hésité de rapporter à la fm du I""" siècle
ou au commencement du second, l'érection des tumulus
de Wagnée (5); nous ne pensons pas que l'on puisse, par
simple comparaison et en s'appuyant uniquement sur le
principe constant d'après lequel « tous jios grands tumulus
belges remontent au règne des premiers Antojiins et ne
(i ) Cette trouvaille, bien que datant de 1883, n'a encore fait l'objet
d'aucune mention ; nous la consignerons prochainement en quelques
pages dans ce Bulletin. — Ce trésor, enfoui vraisemblablement à
l'approche de quelque invasion franque, doit avoir été confié à la
terre pendant les dernières années du règne de Gallien, soit vers
l'an 268.
(î) Quoique les déductions que l'on peut tirer de cette trouvaille
soient de nature à donner matière à conclusions contraires, nous
ferons cependant remarquer ici, à l'appui de notre manière de voir,
que les rares monnaies romaines déterrées dans les campe gnes de
Gives et dans les localités les plus voisines se rapportent toutes indis-
tinctement aux trois premiers siècles de notre ère et qu'aucune ne
dépasse le 1V« siècle (sauf à Lovegnée, comme on le verra plus loin).
La plus récente en date de toutes celles que nous avons pu voir est
un G. B. d'Alexandre Sévère, assez bien conservé, déterré en
décembre 1886, à Solières :
IMP. caeS. M. AVK. SEV. ALEXANDer m<g. Son buste lauré à
droite avec le paludament.
Rev. PONTIF. MAX. TR. P. II COS. P. P. La Providence debout à
gauche, appuyée sur une colonne, les jambes croisées, tenant de la
main droite une baguette, de l'autre une corne d'abondance ; à ses
pieds, à gauche, un globe; dans le champ S. G. ^Frappée en 2î>3 de
J.-C). Cohen, n» 403.
(3) Ann. de la Soc. archéol. de Namiir, t. XVI, p. 25.
— 13 —
sont aucuns postérieurs au règne de Marc Aurèle, » main-
tenir pour ceux de Gives le synchronisme des premiers.
Il ne s'agit , du reste, à Gives, que de petits tertres (i) et
cette théorie elle-même du synchronisme de nos tumulus
— théorie que nous avons toujours admise sans réserves —
semble quelque peu ébranlée depuis certaine découverte
récemment faite aux environs de Tongres, sur laquelle
nous n'insisterons pas en ce moment, cette découverte
méritant d'être revisée de près. . .
Bornons-nous à faire remarquer que, sous le rapport
de leurs dimensions, de leur groupement et de leur
mobilier, nos tombelles se rapprochent sensiblement de
celles qui ont été explorées en 1876, à la limite occidentale
de la province de Namur, dans un bois communal, à l'Ouest
du village de Grand-Leez ('i) ainsi que de celles qu'a fouil-
lées M. le baron A. de Loë dans le bois de Ginaimont
(Longchamps) (3).
Comme celles-ci, les tumulus du bois de Gives auront,
selon toute probabilité, été érigés par les populations ro-
manisées des environs ; la pâte grossière d'une grande
partie des fragments de poteries recueillis tendrait même à
(i) M. Schuermans, qui s'est tout particulièrement attaché à l'étude
et à l'exploration de nos tumulus belges et auquel la science doit
les riches découvertes de Fresin , Walsbelz et autres, a nettement
distingué ces tombelles des grands tumulus : « L'nsage de ces petits
tertres pour les sépultures de pcrson^mges secondaires, âxi-'û, a bieyi
continué à exister en Belgique pendant V époque romaine ; seulement,
l'élévation de ces diminutifs de tumulus dépasse parfois celle de nos
tertres germaniques ou gaulois ; elle atteint jusqtCà lm50 à S^OO,
circonstance due peut-être à la nature moins sablonneuse du sol où
on les retrouve, ou à la moins grande antiquité de ces monuments "
{Bulletin des Comm. roy. d'art et d'archéol., t. XIII, p. 146^.
(i) Ann. de la Soc. archéol. de Nanmr, t. XIV, p. 503-507.
(s) Annales de V Institut archéologique du Luxembourg , t XXXIV
p. 116.
- 14 -
caractériser des populations relativement pauvres ou tout
au moins peu initiées encore aux raffinements de la civilisa-
tion romaine proprement dite.
Les résultats peu significatifs en eux-mêmes de nos
fouilles viennent confirmer une fois de plus la haute anti-
quité de l'habitation humaine à Gives et dans les localités
voisines de Ben-Ahin (Solières) , Ahin , Lovegnée , etc. (i),
qui, si elles ne se sont pas toutes signalées par de remar-
quables découvertes néolithiques (f2), ont cependant cha-
cune révélé des traces de l'occupation romaine.
Le hameau de Solières a, sous ce rapport, fourni à l'ar-
chéologie un contingent des plus importants.
Une spacieuse villa romaine y a été déblayée, il y a une
cinquantaine d'années environ, par feu M. le vicomte Lam-
bert de Baré de Comogne ; ces fouilles produisirent des
(i) 11 ne sera fait mention que des localités situées sur la rive droite
de la Meuse ; dans cette nomenclature ne sera donc pas comprise
la commune de Bas-Oha qui, elle aussi, a révélé de précieuses anti-
quités romaines et franques. au sujet desquelles voyez : Bull, de Vlnst.
arch. liégeois, t. XI, p. 497-498 ; Annales de VAcad. d'arch. de Belgique,
t. XXXVIII, p. 124; Bull, des Comni. roy. d'art et d'archéol., t. XIV
p. 188-209, etc.
(2) Le hameau de Solières a produit de nombreux silex néolithiques
parmi lesquels des spécimens d'une grande rareté, aujourd'hui dans
les riches collections de M. Oscar de Soer, au château de Solières.
M. M. De Puydt a consacré à ces objets une judicieuse petite notice
insérée dans le Bulletin de la Société d'anthropologie de Bruxelles,
t. VI, p 320-324, sous le titre de « Notice sur des silex et ornements
néolithiques trouvés aux environs de Solières ». Voyez encore sur des
découvertes du même genre à Ben-Ahin , Annales du Cercle hutois
des sciences et beaux-arts, t. I (1875-187G), pp. 274-280; t 11(1877-
1878), pp. 246-247.
— 1:
objets remarquables (tuiles, potoi-ies, lampes, fibules en
bronze, etc. , etc.) qui entrèrent dans les collections du
château de Fléron (Ben-Ahin) (i).
Bife^rgig
Extrait de la caite lopographique militaire au
(feuille de Couthuin).
1
20.000
D'autres substructions y ont été explorées en mai 1889
par M. Oscar de Soer, sur un plateau parsemé de débris
romains, au lieu dit a sur les Heids ». Ces déblais ont mis au
jour d'innombrables fragments de poteries de tout genre
(tèles à déversoir, vases en terre rouge dite «samienne»
avec sigles TARVI (2), OFPRIMI, etc.) et de crépis de murs
coloriés, ainsi qu'un moyen bronze fruste du Haut-Empire,
indépendamment de débris de bracelets et d'objets en
(1) Ces collections, depuis tranférées à Gand, appartiennent
aujourd'hui à Madame la vicomtesse douairière de Baré de Gomogne.
(2) Sigle inédit et complètement nouveau. Cf. tarva. Tongres
{Sigles figulins, n° 5375); tarvac f, Westerndorf {ibid. n" 5376);
TARViLLi M, \oovhurg (ibid. n°ô3n).
- 16 -
bronze, de plaques de revêtement en verre verdâtre très
épais, de nombreuses ferrailles et de lourds tuileaux (i).
Vers 1865, enfin, un cultivateur y a exhumé en labourant
un champ dans une partie défrichée du bois de « Morogne »
une bague chevalière en or, ornée d'un chaton formé d'une
intaille reproduisant, croit-on, les traits de l'empereur
Caracalla (2).
Les alentours du bois de a Hénimont)) ont, eux aussi,
révélé des antiquités romaines.
Sur la lisière ouest de ce bois, on remarque encore au-
jourd'hui, en certains endroits, les vestiges d'un ancien che-
min conduisant au « champ de Bouzalles » ; les abords de
ce diverticulum (?) ont fourni quelques menus fragments
d'objets en bronze.
Plus loin et à quelque distance du même bois existait
encore au commencement de ce siècle un vaste puits (?) de
3'"50 -environ de diamètre, construit en épais moellons ;
cette curieuse construction a été en grande partie détruite
vers 1835. Quoiqu'il n'en reste plus actuellement le moindre
vestige, les plus anciens habitants de la localité désignent
cependant toujours l'endroit où elle se trouvait.
Plus loin encore, dans la campagne dite de aSciryn ainsi
que dans le champ de Bouzalles (campus Busalli) déjà
cité, les travaux de culture ont, à différentes reprises, mis
au jour denombreuses tuiles romaines, dont quelques-unes
intactes sont conservées au château de Solières.
(i) Ces antiquités fort nombreuses sont déposées au Musée pro-
vincial ; aucun rapport n'a été publié sur ces fouilles.
(2) Ce bijou remarquable fait aujourd'hui partie des collections
de M. Oscar de Soer précité et a figuré à l'Exposition de l'art ancien
en 18^1. (Catalogue de l'exposition de l'art ancien au pai/s de Liège,
p. 12, n° 49). La détermination du sujet représenté sur l'iiitailte a été
faite à Paris, où feu M. Ulysse Capitaine avait fait examiner la bague.
— 17 —
Le sol de Ben-Ahin a égaloinenl enrichi les collections de
notre Musée d'un certain nombre de monnaies romaines du
Haut-Empire ainsi que de quelques poleri(\s, tandis (pie les
sondages opérés, il y a une dizaine d'années envii'(jn, par MM.
Extrait de la carte topoffraplnciLie militaire au ,^7
( feuille de Gouthuin).
Marcel De Puydt et Max Lohest, sur la terrasse de la grotte
du aTrou-Manteaio), ont révélé, à une profondeur d'environ
un mètre, quelques fragments de poteries en terre dite
« samienne » ; des tessons de même nature et des débris de
vases en terre grise ont depuis encore été recueillis en cet
endroit (1), ainsi que d'autres menus objets parmi lesquels
une épingle à cheveux en os (2).
La grotte du « Trou-Manteau» a, du reste, fourni elle-
même, indépendamment de quelques silex néolithiques,
{\] Rapport sur les travaux di' flnstHiii arc/u'oloi/iquc liégeois pen
dant Vannée 1S97, p. 7.
(t) Au Musée de Liège (don de feu M. le comte G. de Looz).
— 18 —
de nombreuses anliquilés romaines parmi lesquelles des
monnaies de Néron et d'Hndiien, desfiliules en bronze, des
fragmenis de poteries, des anses de flacons en \or\-e, des
éjungles à cheveux en os , une statuette en terre cuite,
une lampe en terre grisâti'e, difTérentos ferrailles, etc. (i).
A signaler aussi, en cette commune, la découverte (en
1875) d'une tombe romaine avec mobilier à peu p''ès intact
et dont on a retiré une série de poteries (cruches, patelles,
etc., avec sigles : MI(NV)S (?), VCINIM), une monnaie
fruste du Haut-Empire (Antonin Pie?), un fragment
d'arme, etc. (2).
Extrait de la carte topograpliique militaire au
(feuille de Coulliuin).
1
SJO.UOO
A Ahin , de nombreuses antiquités romaines ont été
recueillies dans les limons de la Meuse ; ce sont des fibules
en bronze, des styles, des épingles, des cuillers en fer et
en bronze, des deniers de Septime Sévère et Alexandre
(0 Annotations deM""** les princes Frédéric et Camille de Looz.
(s) Annales du Cercle hutois des sciences et beaux-arts, t. I (1875-
1876), pp. 65-75. (Notice de M. le prince Oam. de Looz, d'après lequel
cette tombe aurait primitivement été recouverte d'un tumulus).
— 19 —
Sévère, etc.; les travaux de culture y ont également rairiené
à la surface du sol des fragments de poteries avec sigles :
M..VDA (?), IVCIVSSIO (?), FIDELIS (sur tèlc)... (l).
A Lovcgnée, au bord de la Meuse, a été découv(M-|(> en
1874, en contrebas des ruines du château de lîc^uifort, une
assez importante villa romaine, dont les murailles et les
caves existent encore ; ces substruclions ont produit ;)2
monnaies romaines, des épingles à cheveux en bi'onze, des
bagues, des vases en bronze et en tei-i-e cuite (2).
Lovegnée enfin a révélé les ruines d'une importante
usine à réduire le minerai de fer « lui des spécimens les plus
curieux de Vindustrie métallurgique à Vépoque belgo-
romaine)) (3).
M. le prince Camille de Looz, qui s'est occupé de cette
exploration, y a exhumé vers 1875 de nombreux objets en
bronze : lampes, fibules, épingles, clefs, etc., des monnaies
de Trajan, Antonin Pie, Faustiiie , Commode, Crispine,
Dioclétien et Licinius, des fragments de meules trusatiles
à bras, plusieurs briquettes d'hypocauste, des fragments
de creusets en chaux recouverts d'une couche de scories
de fer ainsi que des tessons de poteries, dont plusieurs
avec sigles : iassof, iassvfkc. (i).
Ces fouilles intéressantes qui n'ont pas mis au jour
(<) Les collections du Musée renferment encore une multitude de
petits objets, la plupart sans valeur, provenant de ces parages.
(i) Annotations de M'' le prince Camille de Looz.
(s) Voyez au sujet d'établissements analogues en Belgique, une
savaiUe étude intitulée <■<■ Origines de la métallurgie au pays d'e^itre
Samhre et Meuse » par V. Tahon, dans les Documents et Rapports de
la Soc. paléont. et wcliéol. de Charlcroi. t. XIV, jjp. 763-S06.
(4) Bull, des Contm. roy- d'art et d'archéul., t. XV, pp. l',)()-2i;],
(2 planches) ; Doc. et rapports de la Soc. paléont. et archéol. i<e C/iar-
leroi ,t. XI, pp. 301-307 (résumé) ; journal La Meuse du 2!2 juilletlS74.
— "20 —
moins de cinq fourneaax romains, prouvent qu'il s'agissait
là d'une usine fixe et non d'un établissement provisoire ;
elles démontrent en même temps toute la vitalité de
roccupation romaine dans cette partie de notre province !
L. RENARD.
CONTRIBIITION A L'HISTOIRE DU SYSTÈME
MERCANTILE
DANS LA PRINCIPAUTÉ DE LIÈGE
L'époque moderne, dans tout l'Occident de l'Europe, se
caractérise comme on sait, au point de vue politique, par
la soumission aux fins plus élevées de la nation, des intérêts
politiques particuliers représentés par les villes, la noblesse
et les corporations religieuses. Cette concentration po-
litique fut accompagnée d'une concentration économique.
La principauté territoriale et la nation se substituèrent à
la ville en ce qui concerne l'organisation des forces
économiques (i).
Parmi les nombreux moyens auxquels les gouvernements
eurent recours, pour développer l'industrie nationale
notamment, un des plus intéressants est l'introduction
(0 Cf. à cet égard les pages excellentes de Schmoller, Studien liber
die wiftscliaftiiche Polltik Friedrichs des Grossen iind Preussens
ûherhanpt von 1680-1786, d;ins le Jalirhitch far Ge.<etz(f. Verio. und
Volksw. VIII (1884J, et K. Bûcher, Etudes d'histoire et d'économie
politique, traduction A. Hansay, p. 98 et siiiv.
d'industries nouvelles. Il m'a paru qu'il valait la peine
d'étudier la politique suivie à cet égard par le gouverne-
ment des princes-évêques de Liège.
Le prince-évêque exerçait une grande partie de ses
droits de souveraineté par l'intermédiaire de son Conseil
Privé. C'était à ce Conseil Privé qu'il appartenait notam-
ment de conférer les octrois portant création d'industries
nouvelles. La Chambre des Finances accordait aussi des
octrois, mais ils étaient relatifs à des exploitations de mines,
à des prises d'eaux pour l'installation de moulins, d'u-
sines, etc.... Or les mines et les coups d'eau faisaient partie
intégrante des possessions de la mense épiscopale, pos-
sessions dont la Cliambre des l'''inances avait seule l'admi-
nistration. Néanmoins, on trouve dans la Chambre des
Finances des octrois en tout semblables à ceux qui
émanaient du Conseil Privé (i), mais on doit y voir un
abus, comme il ressort d'une pièce qu'on lira ci-dessous
en appendice (2), et où une distinction très nette est établie
entre les octrois, suivant qu'ils sont ou ne sont pas suscep-
tibles de porter atteinte aux intérêts de la mense épiscopale.
En vertu d'un de ces octrois, celui qui introduisait une
industrie nouvelle jouissait du privilège d'exercer cette
industrie exclusivement à tout autre pendant un certain
nombre d'années (3 ans, 4, 5, 10, 1^2, 15, 20, 25, 30, 40
et même 50 ans) (3). On y ajoutait parfois l'acquisition
à titre gracieux des droits de bourgeoisie, des droits de
métier, l'exemption pendant un certain temps des impôts
(i) Cf. S. BoRMANS, Table des rcndaqes et stnits de la Chambre des
Finances du pi-ince-évêque de Liège : Octrois des 14 avril 1627 (p. 57),
22juin 162!) (p. 59), 24 novembre 1645 (p. 63), 8 avril 1650 (p. 64),
26 juin 1709 (p. 76), 21 janvier 1763 (p. 89).
(î) Ci-dessous, Appendice, litt. C.
(3) Cf. ci-dessous les analyses d'octrois.
- n —
de consommation pour le concessionnaire et sa famille, le
libre écoulement de ses fal)i'icals à l'éti-angin- (i).
Enfin, dos privilèges sont également accordés aux
ouvriers qui viennent de Tel ranger , pour autant qu'ils
conlinuenl à travadler dans la même fal)ri(pie : exemption
de milice, corvées, gardes et patrouilles , ainsi que de
l'obligation d'acquérir dès le début le droit de bourgeoisie
et de métier (2). En retour de ces privilèges, il arrive que
le concessionnaire s'engage à commencer l'exploitation
de son industrie dans ua dMaifKé(3 miis, un an) (3), à
n'employer que des matières premières provenant de la
principauté (4).
Les octrois portant création d'industries nouvelles se
trouvent disséminés dans les 43 Registres aux Dépêches du
Conseil Privé, embrassant les années 1540 à i79î2, avec
une lacune pres({ue complète de ITOD à 1733. J en ai fait
le relevé et j'en ai donné ci-dessous l'analyse.
Une remarque quia son importance pour l'histoire indus-
trielle de la principauté, c'est que sur 57 octrois analysés
(63 avec ceux de la Chambre des Finances) (s), il en est 51
qui sont postérieurs à l'année 1738. On constate donc dès
la fin de la première moitié du XVIII^ siècle un grand
essor dans le développement de la vie industiielle au pays
de Liège.
A la même épocpie (je compte le démontrer dans une
étude nouvelle), l'industrie du ter dans l'Entre-Sambre-et-
Meuse fut menacée dans son existence par la politique
commerciale de la France. Le gouvernement fi'ançais ,
(1) Cf. l'Appendice, lilt. A.
(■2) Cf. ci-dessus l'octroi du 16 mai lYOS.
(3) Cf. les octrois des 27 novembre 1751 et iiO avril 1752.
(4) Cf. l'octroi du 29 juillet 17G5.
(:.) Cf. ci-dessus, p. 22, u" I.
— 24 —
continuant dans la voie où il s'était engagé peu après la
réunion à la Couronne du Hainaut français actuel, en était
arrivé à imposer des droits énormes sur le fer travaillé de
fabrication liégeoise, tandis qu'il laissait entrer librement
le minerai dont les usines françaises avaient absolument
besoin. Le gouvernement liégeois finit par ouvrir les
yeux ; il frappa de droits considérables la sortie du mine-
rai et finit ainsi par obliger la France à conclure un traité
de commerce qui sauvegarda les intérêts de la prin-
cipauté.
De ce qui précède, il résulte que le milieu du XVIIIe siècle
marque un tournant dans le développement de la politique
mercantile au pays de Liège.
TARLK DES CCTROIS
1612-1650. — Privilège exclusif à Jean Valdor, entretailleur
d'images douces, de faire et débiter toutes sortes d'images
pieuses au pays de Liège et comté de Looz.
Archives de l'Etat, à Liège. — Conseil Pj'ivé, n° 1(J2,
folio 37 verso.
10 décembre 1660. — Privilège exclusif pour 12 années à
Pierre Roelans, de Maestriclit, de faire et vendre un instrument
portatif servant à éteindre les incendies.
Ibid., n" 162, folio 38.
10 avril 1690. — Octroi exclusif à ceux du ban de Spa de faire
commerce des eaux de Spa.
Conseil Privé. Dépêches, n" 36, folio 187 ver^o.
19 janvier 1693. — Octroi exclusif à François Guillaume
Bovleit de tireretdébiter ardoises au marquisatde Franchimont.
Ibid., n"31, folio 62.
22 janvier 1693. — Octroi pour 30 années au sieur Renard de
Rouvroy, seigneur de Moral)eck, de confectionner des machines
de son invention à tirer les eaux, houilles et autres fardeaux des
fosses et mines, à moindres frais qu'avec les machines actuel-
lement en usage.
Conseil Privé. Dépêches, n''37, folio 63 vei'so.
— 26 —
16 avril 1696. — Octroi exclusif pour 20 années à Jean Renier
des Brassines d'installer des niaclnnes de son invention à tirer
les eaux des houillères, ainsi (jnc les naines, cliarbons el autres
minéraux.
Conseil Privé. Dépêches, n" 37, page 194 verso.
17 décembre 1696. — Octroi pour 20 années à Jean Beei-ge, de
Monlzen, prêtre, d'installer des machines de sou invention à
tirer les eaux dps bures, fo5^es o'i puits, par tinnes ou par
tonneaux.
Ibid., n" 37, folio 212.
30 janvier 1738. — Octioi exclusif pour Gilles de Beefde faire
et vendie au pays de Liège et comté de Looz des montres à
secondes, minutes, sans roues de champ. — Concession au dit
de Bcef du titre d'horloger de Son Altesse.
Ibid , n° 38, folio 1.55.
23 juillet 1744. — Octroi à Jacques de la Moite el Jean Louis
Regard d'établir une manufactui-ede fer blanc, avec exemption
du droit de 60« pour trente ans sur les fers blancs qu'ils
feront sortir du Pays de Liège et des droits de consommation
tixês à huit muids de bière par saison et deux pièces de vin pour
chacun d'eux.
Ibid., n" 88, folio 316.
3t octobre 1744. — Octroi exclusif pour 40 années à Jean
Léonai-d Bourgeois, maitre horloger de Paris, d'établir à Liège
deux manufactures, une pour la fabi'ication des limes de toute
espèce, valant celles d'Angleteri-e, et une au'ie p^urla fibri-
cadon des dentures, des roues el i)ignon^ des montres toutes
finies sans qu'il soit besoin que la main de l'homme y touche.
Ibi 1., n" 38, folio 336 verso.
20 février 1745. — Défende aux sieurs Massillon et Collar et
à qui que ce soit d'établir, au mépris de l'octroi ci-dessus du
23 juillet 1741, une manufactui'e de fer-blanc, soit en voulant
blanchir ou laminer les platines, soit en débauchant dans cette
vue, les ouvriei'S de la manufacture établie sous l'autorité de
Son Altesse.
Il)id., 11° 38. folio 343 verso.
2 décembre 1745. — Octroi pour 50 années à Vincent Mous-
set, mécanicien, natif de Paris, d'établir une manufacture
- 27 -
d'instruments de physique , mathématiques, et notamment de
bahuices et trébuehets à peser les esi)éces d'or et d'ai-gent et
autres matières précieuset-.
Conseil Privé. Dépêches, n° 39, folio 40.
18 décembre 1745. — Octroi exclusif pour 20 années à Gamba
Gurta d'établir des chaises h poi-lcur pour le service d'un
chacun.
Ibid., 0° 39, folio 40 verso.
18 janvier 1747. — Octroi exclusif pour 20 années à Nicolas
Trips de construire une machine de sou iiiTcntion facilitant
la montée au jour de la houille.
Ibid., n" 39, folio 66 ver o.
3 février 1749. — Octroi pour 30 années à .leanBaptiste
Riario, Italien , d'établir à Lié^-e ou aux environs, une manu-
facture de colons et toiles peintes en grosses et fines couleurs
à l'épreuve de la lessive et du savon, jusqu'à imiter les in-
diennes les plus belles aussi bien qu'en Angleterre.
Ibid., n° 39, folio 93 verso.
8 mars 1749. — Octroi à Michid Sequin. de Lyon, miroitier,
d'étaler et vendre les produits de son art.
Ibid., n°39, fo io 94.
8 août 17.50. — Octroi pour 30 années à Piei-re François de
Rorive et Pierre Dormal, d'établii- à Liège une manufacture de
tapisseries dites de Bavière.
Ibid., n" 39, folio 135 verso.
12 septembre 1750. — Octroi pour 30 année- à Joseph, et
Charles Gigot, frères, de Bossus en Fagne, d'établir à Liège ou
aux environs une raffinerie de sucre (roial , demi-royal ,
candi, etc.), qui sera aussi bien l'adiné que celui de Hol-
Imde.
Ibid., n" .39, folio 136.
8 mai 1751. — Octroi pour 30 années a<i sieUr de Hayme,
bourgmestre, d'établir au pays de Liège une l'afiinei'ie de tel.
Ibid., n° 39, folio 144 verso.
27 novembre 1751. — Octroi pour 30 années a Charles Millon
et Pierre-André Brel)an, de Liège, d'établir au pays de Liège
une manufacture de toiles en diverses façons, notamment en
siamoise, til et coton ou toute de lil à bouquets, de soie ou de
- 28 —
laine, en siamoise fll et coton unie , siamoise tout fil unie,
siamoise til et coton blanchie, toiles rayées colon et til, toiles à
carreaux coton et fll, toiles rayées tout coton, toiles rayées
tout fll, mouchoirs fll et coton, mouchoirs tout fll, mouchoirs
tout coton, et la teinture qu'il leur sera nécessaire pour ces
sortes d'ouvrages. — Ils devront faire constater qu'ils tra-
vaillent déjà leurs toiles, cotons, etc. , dans l'année à partir
de la dale des présentes.
Conseil Pi-ivé. Dé|tèches, n" 39, folio 173 verso.
26 avril 175;'. — Octroi pour 30 années à Jacques Richard,
natif de France, d'établir au pays de Liège une manufacture
de savon blanc, tel qu'on le fabrique en Esnagne et à Marteille,
à condition qu'il travaille dans les trois mois à partir de la
dale du présent octroi.
Ibid., n» 39, folio 217 verso.
27 juin 1752. — Octroi pour 30 années au baron de Bulow,
d'établir une manufacture de faïence et d'étnves, soii à I.iége,
soit dans un autre endroit du pays de Liège. Un octroi pareille-
ment exclusif et pour le même terme lui est accordé, en vue
d'établir une fabrique de poteries, mais à Liège seulement
et voire qu'elle ne portera aucun iiréjudice aux autres pote-
ries qui se trouvent établies dans différents endroits de la prin-
cipauté et qu'elle ne pourra être d'aucun obstacle au débit qui
s'en fait dans la cité de Liège.
ibid., n°39, folio 219 verso.
25 février 1754. — Ojlroi pour 25 années à Godefroid Philip-
pens, bourgeois de Maestricht, d'établir à Tongres une manufac-
ture de savon.
Ibid., n" 39, folio 283 verso.
15 juin 1754. — Octroi pour 20 années aux sieurs Preudhomme,
Baroyer et Penay, d'installer des machines de leur invention,
propres à tirer les eaux des houillères, et sans préjudice des
octrois antérieurs, on cas qu'ils subsistent.
Ihiil., n°39, folio 288 verso.
25 novembre 1754. — Octroi à Jean-Baptiste de Hayme, d'éta-
blir à Liège une rafiinerie de sucre.
Ibid , W 39, folio 302.
— 29
15 décembre 1755. — Octroi exclusif pour 5 années àPiere
Ciiarpenlier de Ghiniay, de construire au pays de Liège une
machine hydraulique. (Jette inacliine scia montée sur une char-
pente bonne et solide et composée d'une l'oue à pots, d'un bassin
par dessous pour recevoir l'eau avec une roue à dents, garnie
de deux lanternes et chahie roulante, de deux chaînes rou
lantes auxquelles seront attachés les sceaux et un bassin par
dessus pour recevoir l'eau qui retombe dans un autre bassin
qui fait mai-cher la roue à pots et d'une roue pour y placer
deux hommes qui feront agir la dite mac'iine.
Conseil Privé. Dépêches, n° 40, folio 13 verso.
5 février 1756. — Octroi exclusif pour 20 années à Guillaume
Craninx, bourgeois de Saint-ïrond , d'établir un moulin à
huile dans la ville de Saint-Trond et sa franchise.
Ibid., n° 40, folio 14 verso.
6 décembre 1756. — Octroi exclusif pour 10 années au sieur
Denomy Florentin , d'établir à Liège deux manufactures à
teindre en bleu.
Ibid., n» 40, folio 28.
24 janvier 1757. — Octroi exclusif pour 40 années â madame
veuve De Hayme, d'établir une raffinerie de sucre pour la cité
et pays de Liège.
Ibid., no 40, folio 48.
29 août 1757. — Octroi exclusif pour : 5 années à Pierre-Joseph
de la Lieux, qui veut construire des glacières à Spa, pour
vendre et débiter de la glace.
Ibid., n° 40, folio 8.3.
25 juillet 1761. — Octroi exclusif pour 25 années à François-
Xavier-Charles de Linière de construire et vendi'e des machines
et pompes de son invention, facilitant le travail de dessèchement
des marais, arrosement des terres stériles, exploitation des
mines, etc.
Ibid., N» 40, folio 173.
21 mars 1765. — Octroi pour 10 ans à .lean-Louis Goulon, de
Liège, d'étal)lir à Liège une manufacture d • siamoises, avec
dispense d'acquérir les méiiers y relatiiV.
Ibid., n" 40, lolio 2.S7.
— 30 -
■ 29 juillet 1765. — Octroi exclusif pour 30 années à Nicolas-
François Gauron d'établir une manufacture de porcelaine,
faïence et autres ouvrages de ce genre, en n'employant que des
matières provenant de la principauté.
Conseil Privé. Dépêches, n" 40, folio 270 verso.
12 juin 1766. — Octroi à J.-M. Bossy, le jeune, d'établir une
glacière à Spa.
Ibid., n° 40, folio 281.
28 mars 1767. — Oi'troi exclusif pour 20 années à François
Bocquet. de Couvin. d'établir une manufacture de faïence. L'oc-
troi exclusif est borné à la châtellenie de Gouvin.
Ibid., n» 40, folio 271 verso.
7 mars 1768. — Octroi exclusif pour 12 années à Thiéiy
Duterne. de Liège, d'établir au pays de Liège une manufacture
d'étoffes de coton et de to les peintes, nommées siamoises.
Ibid., n° 41, folio 7.
16 mai 1768. — Sauvegar le pour Marcel Magnée, qui a établi
à Prayon et Grivegnée une fabrique de platines de fer blanc et
noir , et pour les ouvriers étrangers qui y sont employés. A
ceux-ci est accordée, pour autant qu'ils demeurent attachés à
la même fabrique, « l'exemption de milice, corvées, gardes et
"patrouilles, comme aussi l'exemption d'acquérir actuellement
"le droit de bourgeoisie et des métiers. »
Ibid., n" 41, folio 8 verso.
30 juin 1768. — Octroi exclusif pour 20 années de fabriquer et
débiter des pannes, en faveur de Pantaléon Guidon, d'Amiens,
qui a établi une manufacture au faubourg d'Avroy.
Ibid., n» 41, folio 10.
11 juillet 1768. — Octroi exclusif pour 25 années à Henri de
Saren, Claude Michaud, de Colonge, et associés, qui ont entre-
pris au faubourg Saint-Léonard, à Liège, une fabrique pour la
teinture en toutes couleurs de toutes sortes de draps, étoffes,
soies, laines, siamoises, comme aussi de toutes sortes de pelle-
teries en hermine, martre, etc., et enfin de toutes sortes de
peaux qu'ils .--avent aussi préparer en maroquin. Privilèges
pourtours ouvriers étrangers (0-
Ibid., n° 41, folio 10 verso.
( I ) Cf. Th. Gobert, Les mes de Liéye, t. III, p. 582,
- 31 -
13 février 1769. — Octroi ex(;lusif (voire à tout étranf^er seule-
ment), a Clémenl de Cléry et compaj^juie, qui ont établi nne
manut'acluri^ (i"acier à Kinlvempois, (1(3 fal)riquer cl vendre son
acier peiidaiil 15 ans.
Conseil t'rive. Dépêches, N" 41, folio 26.
21 octobre 1769. — Octi'Oi exclusif pour 3 années et dans
l'étendue du marquisat de Franchimont seulement, d'étab'ir
une manufacture de tuiles, en faveur de Piei-re-Joseph Saire,
de Vervicrs.
Ibid., N° 41, folio 61.
27 juin 1770. — Octroi exclusif pour 10 ans à Pierre Résout,
de Maesti'icht, d'établir a Liège une fabrique de pipes.
Ibid., n" 41, folio 104.
3 août 1771. - Octroi pour 10 années à Jean le Londaire de
fabriquer dans la ville et district de Cou vin seulement, 'les
toiles en mousseline et batiste unies et rayées sans couleur.
Ibid., n»41, folio 142.
30 mars 1772. — Octroi exclusif à Ignace Bréher d'exercer à
Liège son ail de peindre ou imprimer des toiles.
Ibid., n" 4!, folio 164.
2 avril 1772. — Octroi exclusif pour 15 années à Piei'i-e-
Armand-.loseph Guislain, Gambier de Buhat et Antoine Gho-
quin, étrangers, d'exploiter dans l'Entre-Sambre-et-Meuse les
mines de cuivre, d'étain ou de plomb.
Ibid., n° 41, folio 165.
25 mai 1772. — Renouvellement pour un terme de 25 ans des
lettres d'octroi accordées à Claude Michaud et De Colonge le
11 juillet 1768 (V. ci-dessus).
Ibid., n° 41, folio 184.
21 septembre 1772. — Octroi exclusif pour 4 années à N. de
Boussemart d'établir à Liège une manufacture de faïence.
Ibid., n° 41, folio 250.
27 juin 1174. — Octroi pour 5 années à Pieri'e Gazenave d'éta-
blir au pays de Liège une manufactui'e à imprimer, enluminer,
cylindrei', mettre à la forte et faible lise, etc., les cotons, toiles
et siamoise?.
Ibid., nMl, folio 418.
- ;i2 -
8 novembre 1777. — Octroi exclusif pour 10 années à Joseph-
François et Philippe-Bertin-.Ioseph Gigot, frères, d'établir
une manufacture à raffiner le sucre, le rhum, les mélasses.
Conseil Privé. Dépêches, n° 41, folio 686.
16 novembre 1778. — Octroi à Bourcart Eyseailoiïel, Alle-
mand, pour 12 années, d'établir à Liège une manufacture de
papiers peints, veloutés et imitant les papiers et toiles des
Indes.
Ibid., n° 42, folio 54.
16 août 1779. — Octroi pour 10 ans à ,Iean Dubois, de Liège,
(l'établir en cette ville une manufacture de gazes de toute
espèce.
Ibid , n°42, folio 132.
22 janvier 1781. — Octroi exclui^if à la veuve Bourguignon de
fabriquer du " sel armoniac, « d'Egypte, dans son établissement
d'un des faubourgs de la cité.
Protocoles, n" 131, folio 621.
13 juillet 1782. — Octroi exclusif pour 10 années à Nicolas-
Antoine Lasserre d'établir à Liège une manufacture de gazes
de toute espèce, étant donné que le sieur Dubois a abandonné
la manufacture qu'il avait établie par octroi du 16 août 1779.
Dépêches, n° 42, folio 350.
30 novembre 1782. — Octroi exclusif pour 10 ans à Pierre-
Firmin Bruloit de créer un établissement à épurer la
houille et à la rendre propre pour l'usage dans les forges et les
fouineaux.
Ibid., n" 42, folio 391.
30 juin 1783. — Octroi exclusif pour un terme de 10 années à
L:imhert Ghefneux, de Liège, de créer un établissement à
épurer la houille et à la rendre propre pour les fourneaux et
forges (le sieur Burat auquel pareil octroi avait été concédé le
30 novembre dernier, ayant quitté le pays).
lbid.,n° 42, folio 443.
13 novembre 1784. — Octroi pour un terme de 12 années à
Burdgard Eysenloffel d'ajouter à sa manufacture de papiers
peints (V. ci-dessus octroi du 16 novembre 1778) une manufac-
ture d'indieimes, bornée au travail en soie, drap, basin, serge,
bon teint, en toutes couleurs lines.
Ibid., no 42, folio 522.
— 33 —
31 décembre 1785. - Octroi pour 20 années à Poupart de
Beaubourg, d'érj«er un établissomenl do vernis mélalli.Tues à
Huy et dans la capitale.
Conseil l'i'ivé. Dépêches, n" 42, folio 579.
Lettre du sieur Lana de Vermilllon à S. A. pour rétablissement
d'une manufantu7'e de tapisserie de haute lisse.
Monseigneur,
La témérité de me donner l'honneur d'écrire à V. A. S. est
pardonnable puisque j'ose espérer qu'elle appi'ouvera mon pro-
jet; je souhaiterais venir établir une manulaclui-e de tapisserie
à Liège; je crois, Monseigneur, que cette fabi-iqne, laquelle n'y
est point ni jamais été, ne laisseroit d'èli'e un avantage pour
l'état, elle augmenteroit le commerce et attiieroil l'argent des
pays étrangers ; je pourrois donner une tapisserie à bien meilleur
marché qu'à Bruxelles, pai* raport à l'augmenlaiion des espèces
et. à bon marché des vivres ; pour en donner une idée à V. A. S.
j'auray l'honneur de lui dire que la main d'œuvre coûte deux tiers
ou trois quarts de ce que coûte l'étoflfe ; l'ouvrier qui gagne par
exemple deux florins par jour doit avoir à Bruxelles six escalins
moins deux sou-? et à Liège n'auroil que quatre escalins, avec
lesquels il aura autant de pain, l)eure, fromage, viande, bière et
auti'es choses qu'avec ses six escalins au dit Bruxelles, de ma-
nière que donnant cent florins aux ouvriers, je n'en donneray
que septante au coin de Bi'al)ant. — Il est indui)ilable que pour
— 35 —
toutes fabriques où la main (i) conte plus que l'étoffe il y
a peu de pays plus avantageux que les Etats de V. A. S. qu
par le grand marché des vivres, l'augmentation des espèces,
(liminueroit les prix et attireroit les déhits aux étrangers et
feroit tort aux autres manufactures ; celle de la tapissei-ie seroit
même plus avantageuse que la fabrique des draps a cause que
les laines coûtent du moins autant que la main, la tapisserie
entretient un nombre d'ouvriers, cause du débit aux marchands
de soies et laines et fait gagner les tinturiers. V. A. S. scait
que j'ai fait la tapisserie Histoire du Christ tant estimée pour la
chapelle de l'Electeur de Cologne en son Palais à Bonn, tra'
vaillée avec or et argent ; j'ay fait un grand nombre de tentures
pour le Roy de Portugal, entre autres un dais ou baldaguin
aussi travaillé avec or et argent qui a été admiré de tous les
connaisseurs et dont les gazettes d'Hollande ont fait mention,
.l'ay fait plusieurs autres l)eaux ouvrages pour plusieurs
princes de l'Europe, trop long à faire un détail; Paris en a une
grande quantité. — .Te suis venu ici pour quelques affaires de
famille lesquelles sont tinies ; csi V. A. S. veut m'iionoror de sa
protection, me donner quelque franchise comme j'ai à Bruxelles,
Je viendray m'établir à Liège, .l'ai quelques commissions consi-
dérables pour plusieurs princes souverains; V. A. S. est peut-
être informée que ma fabrique est de même que celle du sieur
Leyniers de qui est une tenture à la maison de ville puisque
nous deux avons entrepris toutes les tapisseries faites pour le
roi de Portugal ; quelques magistrats m'ont fait des proposi-
tions pour m'établir icy dans une certaine ville, mais la
difficulté d'avoir des on-riers lesquels sont la plupart en fa-
mille, fait que je préfè:-.;roit Liège étant peu éloigné de Bru-
xelles, d'où les ouvriers viendroient en foullo.. l'espère que V. A.
S. me fera la grâce de faire réflexion à l'avantage qu'un pareil
établissement pourroit faire à l'Etat puisqu'il est apparent
qu'elle feroit tort aux fabriques de Bruxelles et que peut-
être quelque fabriquant pourroit me suivre à cause qu'ils ne
pourroient donner leurs tapisseries au prix des miennes , ce
qui pouroit avoir des suites avantageuses ; on pourroit même
apprendre les habitants du pays d'y travailler. — .l'ose me flatter
(i) La main-d'œuvre.
- 36 -
qu'elle me fera la grâce de me faire donner un oclroy ou pri-
vilège pour mon établissement, pour que les bourgeois, ma r-
cliands ou artisans ne puissent m'inquiéter. C'est ce que j'espère
de môme que de permettre me dire dans les plus profonds
respects,
Monseigneur,
de Votre Altesse Sérénissime
Le très humble et très obéissant serviteur,
.1. B. DE Lana de Vermillion.
Paris, le 20 may 1737.
Réj)onse de Chestret, par ordonnance de S. A
nii VI- T nnn ri p Viirmi I liciv)
au S' Lana de Yermillion.
Monsieur,
Par ordre de S. A. mon gracieux Maître, je dois vousdir\
Monsieur, en réponse à votre lettre aatée de Paris le 20« de may
dernier, qu'elle approuve le dessein où vous êtes de venir établir
à Liégevolre manufacture de tapisseries, et que faisant attention
aux avantages qui peuvent résulter en faveur du commerce et
du bien de l'Etat, elle s'inclinera à vous accorder le privilège que
vous souhaités avec toutes les facilités que vous pouvez raiso-
nablement espérer, scavoir :
Les droits do bourgeoisie ,
Les droits des Métiers qui sont très considérables,
L'exemption des impôts de consomption pour vous et voire
famille pendant un temps à limiter,
Et la libre sortie des tapisseries que vous aurez fa 'des pour les
pays étrangers pour les(]uels vous ne payeriez point d'impôt.
Il n'y a point d'avantages à [touvoir vous donner, Monsieur,
au delà de ceux-là et ils sont si considérables ici qu'il ne faut
rien moins que le motif de l'augmentation ducommercedu pays
et celui du b'en de l'Etat pour engager S. A. et ses Etats à vous
les procurei'. Je ne doute point qu'en faisant toutes les réflexions
— 37 —
qu'ils méritent, vous ne vous déterminipz an plus lot à venir
enprotitci'.
Je suis parfaitement.
Monsieur,
Voti'e, etc.
L. D. CnESTRET, par oi'ilonnance.
Liépe , le 14 juin 1737.
Archives de l'Etat, a Liège. — Conseil Pi'ivé. — Cori'es-
pondance diplomatique avec Bruxelles, Paris, Wet/-
laer, etc., 17.T2-1730, folio 189 verso.
B
6 décembre 17.56.
Jean Théodore, duc de Bavière, Cardinal, etc.
Le conseiller baron de Hubens nous ayant ti'ès humbleme t
remontré qu'en vue d"inti'oduirc dans notre pi iacipauté de Liège
des manufactures ({ui ne s'y trouvent pas, il a en.ai^é le nommé
Denomy Florentin, quia le secret de pi-é parer une matière pour
teindre en bleu, qui épai'gne l'indigo, et une autre matière bleue
dite lackmouse, dont le secret n'est connu ([ue dans le nord de la
Hollande, à s'établir dans notre cité, nous suppliant (jue, i^our
l'exercice et l'établissement des dites deu.x; manufactures, nous
voulussions lui accorder nos lettres d'octroi à ce nécessaii-cs, à
quoy condescendant autant plus volontiers que les nouvelles
manufactures ne peuvent queprocui-er des nouveaux avantages
au public, nous déclarons d'accorder comme pai' les présentes
nous accordons au dit baron de Hubens la faculté et permission
d'établir dans notre cité, fauboui'g et banlieue. i)ar le moyen
du dit Denomy, les deu.x dites manufactures de la matière
propre à teindre en bhu dont il a inventé le secret, de même que
de celle dite Lakmouse, avec pouvoii- et liberté de vendre et débi-
ter les dites matièr'es lilu-es et exemptes d'acquesl nu relief des
métiers pendant le tei'me de dix ans ; exclusivement à tous
autr'es qui pr'ètendr'oient introduir'c le même secret ; prenons
en noti'e singulière sauvegar'de et protection tousceux quiser'ont
- 38 -
employés à cet effet par les dits de Hubens ou Denomy avec
défense et prohibition sérieuse à tous et (juclconque de les
troubler ou empèclier dans leurs étaiilissements,venles et débits
à peine d'être traités comme infracteurs d"i(;el!e.
Donné en notre Conseil Privé de Liège le (J décembre 1756.
Vidimé Breidach. — Contresif^né De Ghestret, etc.
Ibi 1., Dépêches, n" 40 , folio 28.
i" août 1782.
Note remise aujourd'hui , de la part du Conseil Prive , à
la Chamhre des Comptes, touchant la difficulté que cette
Chambre veut susciter à V égard de Vexpédiiion de^ octrois
et privilèges.
Les octrois et privilèges quelconcpies sont toijours de nature
à devoir opérer dans le public: accorder l'une ou l'autre per-
mission exclusive; dérogera certains droits d'arts ou métiers,
à certains règlements de ville ou de rommunauté ; prendre
sous la sauvegarde souveraine les personnes privilégiées, leurs
ouvriers et leurs établissements ; statuer des peines ; enfin
porter des ordonnances tant aux sujets qu'aux officiers et
aux juges mêmes du pays.
Tous ces actes tenant essentiellement au gouvernement et à
la souveraineté, c'est au Conseil privé à les exercer et par con-
f-équent à accorder, sous l'ag-rément du Piince, toutes sortes de
pareils octrois et établissements, comme aussi il l'a toujours
pratiqué ci-devant, témoins les nombreux exemples qu'en
fournissent, en tout genre, les anciens protocoles.
La Chambre des Comptes ne désavoue pas ces principes dans
le cas d'octi'ois, de privilèges et d'établissements où le prince
et sa menso épiscopale ne sont point intéressés, mais lorsqu'il
s agit d'intérêls ou de droits à reconnaître et régler pour le
piiiice et sa mciise, la Chambre réclame non seulement l'exer-
cice de ces droits et intérêts (qui, en effet, lui appartiennent
privativement et que jamais on n'a pensé à lui disputer), mais
— 39 —
encore l'exei-cice de la souvei'aiiieté même dans le faildola
concession du priviléf^e qui doit opérei' dans le public et rela-
tivement a toulcs ses parties, comme il est observé ci-dessus :
objet qui, t^elon la Goiistilulion fondamentale du pays, ne peut
appartenii' qu'ati Conseil privé.
En distinguant dans les octrois (susceptibles d'intérêts de la
mense) ces deux points essentiels : c lui de la concession
publique qui tient à la souvei'aineté et celui de l'arranf-ement
d'intérêts qui tient à l'administration des finances, rien n'est
plus facile que l'accord entre des consœurs qui, dans un dépar-
tement ditierent, exercent l'autorité d'un même maiti'e.
Le Conseil i)i'ivé , dans les cas d'octrois ou de privilèges
simples, exerce seul son droit de concession et ne renvoie rien
à la Chambre des Comptes : Mais, dans les cas d'octrois ou de
privilèges susceptibles d'intérêts de la mense, il doit, après
l'exercice de son même droit de concession, l'envoyer pour la
partie de finances, le suppliant à la Chambre des Comptes.
C'est ce que le Conseil privé a observé exactement, à l'égard
de l'octroi qu'il a acjrdé (de l'agrément de la personne de
Son Altesse) en date dii 9 rïiai's 1782, au nommé Langen, bour-
geois de Liège, pour lui permettre d'exploiter, dans le marquisat
de Franchimont, des mines de plomb, exclusivement ( N. B. à
tout étranger seulement) pendant 15 ans, avec l'autorisation
nécessaire à cet effet ; avec sauvegarde souveraine pour lui, ses
ouvi'iers et employés, avec défense à quiconque de les molester
ou empêcher à cet égard, etc., enfin avec réservation expresse
des droits intérêts de sa mense épiscopale ; objet d'arrangement
et de finances, pour laquelle dit Langen a été bien positivement
et personnellement renvoyé à la Chambre fies Comptes, à la-
quelle il vient aussi de s'adresser pai' supplique du 17 juillet . de
sorte que le Conseil privé ayant rempli sa tâche, c'est main-
tenant à la Chambre à exécuter la sienne, en prescrivant a la
personne privilégiée toutes telles conditions, règles et rétribu-
tions de tantièmes que sa sagesse lui dictera selon l'équité et la
justice.
L'octroi accordé en 1"'71 sede v •cante à M. le major de Léo-
nard pour une pareille exploitation loin de prouver contre les
principes et la distinction d'autorité ci-dessus, ne fait au con-
traire que les corroborer ; en effet, c'est par lerecès du chapitre
cathédral en date du 23 décembre 1771 que l'octroi N. B. a été
- iO -
accordé avec renvoi à la Chambre pour l'expédition des arran-
gements et conditiors. etc., et ce n'a été qu'en conséquence de ce
rer'ès, porté par le Chapitre cathédral comme souverain, que
l'expédition s'est faite à la Chambre des Comptes le 27 suivant
du même mois.
Il faut ici faire bien attention que le Chapitre cathédral qui,
sede vacante, réunit en lui et la souveraineté et l'administration
de la raense à lui-même dans le cas de l'octroi de 1771, fait la
distinction essentielle delà concession, qui tient à la souverai-
neté (ayant porté celte co.ncessiion par un recès capitulaire
détaché) d'avec l'arrangement d'intérêt, lequel il a renvoyé à la
Chambre des Comptes.
L'exemple allégué de cet octroi de 1771 fait donc contre le
système de la Chambre au lieu de le favoriser.
Au surplus, on sait que les exemple^! d'empiétements se sont
mi;ltipliés au point que depuis une vinj^taine d'années l'on ne
s'adresse plus au Conseil privé dans plusieurs occasions essen-
tielles et nommément dans les cas d'octrois de diligences et de
voitures publique'^, cas où d'après les principes et la distinction
d'autorité susdits, la concussion et l'ordonnance, etc., devraient
émaner de la souveraineté ; sauf à la Chambre des Compter, de
régler ensuite les droits de finance et les arrangements d'inté-
rêt, etc. (mais non e.rp.invlis Red legib^'s).
.lusqu'à présent l'on a évité, de la part du Conseil privé,
d'émouvoir une question où tout le sujet de plainte est de son
côté, mais cette occasion va le mettre à même, au retour de son
chef, M. le chancelier, d'éclaircir de plus en plus la matière et
de revendiquer ses droits.
Ibid., Affaires extraordinaires. 1686-1794, n° 85, folio 156.
A. HANSAY.
1
LE VASE HÉDONIQUE DE IlERSTAL
Après le long intervalle de temps écoulé depuis ki décou-
verte dans notre pays du vase de Marche (i) ; depuis
celle du vase de Tongres (2), voici enfin, dans la même
( I ) N^ 51 du catalogue de V Exposition de Vart ancien du pays de
Liège : <■< Vase en bronze avec hauts reliefs représentant quatre
amours (deux fois le même sujet), occupés à la vendange. Anse
détachée du vase et formant la continuation des ceps figurés sur h.
panse. Trouvé près de Marche. » (A M""" J. Frésarl.j Ce vase a 0""15
de hauteur.
(2) Bulletin de la Société scientifique et littéraire du Limbourg.
tome XVIII; 1" fascicule, page 39. « Vase en bronze doré, d'un tra-
évail admirable, orné de reliefs gravés ; il a été heureusement présèrv
de rhumidité et de foxydation par l'amas de cendres qui l'en-
tourait. En quatre compartiments séparés par des motifs d'ornemen-
tation , quatre génies pourvus d'attributs différents , grappe de
raisin, tyrse, sont figurés sur le pourtour. Une tète de cygne ter-
mine de chaque côté la belle anse qui est attachée au vase par
deux chénisques. Ce superbe vase a servi bien longtemps avant d'a-
voir été déposé dans la sépulture, ce que prouve l'usure, par l'anse,
de deux tètes de génies. La sépulture, datée par deux monnaies de
Faustine aînée, soit environ 140 ans après Jésu^-Christ», a été décou-
verte à Tongres et ce vase appartient à M. Huybrigts.
La découverte de trois vases de bronze, objets de luxe et de formes
4
classe d'objets, une trouvaille plus remarquable encore :
elle est de celles qu'on ne peut guère espérer faire, si ce
n'est en Italie même.
Dans le courant du mois do juin de cette année 1900, à
Herstal-lez-Liége, des ouvriers briquetiers, creusant une
tranchée d'un mètre cinquante, dont un mètre de terre
vierge (l), mirent au jour, à cette profondeur totale, une
collection d'objets mobiliers (2) romains enfouis à l'occasion
d'une sépulture : des traces de cendres de bois répandues
dans la terre semblaient encore indiquer la place d'un
biîcher et des os calcinés apparurent au cours de l'ouvrage
mélangés aux déJjris d'une urne funéraire.
Conformément à nos anciennes traditions locales,
l'endroit est appelé La Tombe, à cause d'un tumulus qui a
disparu. C'est sur un des petits plateaux à mi-côte qui
dominent le fond de la vallée, sur la rive gauche de la
Meuse. Il n'y a pas là de substructions ; au-dessus des
objets découverts, à quelque hauteur, régnait, en guise de
couverture souterraine, un petit assemblage de tuiles, bou-
leversées ultérieurement, et la disparition de cette an-
cienne protection n'a pas laissé de nuire aux objets enfouis.
Rassemblée , la collection de ceux-ci attire le regard à
cause de la richesse et de la variété des objets : patères,
patines, urnes de terre rouge, grise ou noire; plateau,
analogues, dans des localités relativement rapprochées, est un fait
à remarquer. Peut-être étaient-ils destinés à un même usage ?
Quant au troisième de ces vases, celui dont nous nous occupons,
il est actuellement la propriété de l'inventeur, M. Ernest Warnant,
de Herstal.
(i) C'est la profondeur normale du fiits^MJH. V. Marquardt, t. VII,
Das Privatlehen der Borner, Dus Begràhniss, p. 368.
(2) Ibid., p. 356.
— 43 -
ampoules et coupelles de verre , buires de bronze et le
reste (i ).
N'oublions pas, à propos de? cet et cxtera, de dire
qu'une pièce de monnaie, celle des morts, a été aussi
exhumée. Elle rappelle le grand module de la monnaie
du Haut-Empire, et, au premier abord, elle paraît illi-
sible tant rhumidilé l'a rendue fruste.
Heureusement un examen des plus minutieux a permis de
reconnaître un jjronze de Domilien trappe entre les années
85-95 après J.-C. (2). Ainsi l'obole à Caron n'est pas resiée
anonyme pour nous.
Parmi les objets de bronze qu'on a retrouvés régulière-
ment disposés, un vase d'un travail remarquable mérite
particulièrement l'attention. Une description, une inter-
prétation, feront le fond de cette notice.
La raison de celle-ci est dans un examen certainement
consciencieux : l'enchaînement de rapprochements dont
les conclusions concordaient, ont décidé de notre opinion.
Mais l'explication des antiquités figurées, est-il besoin de
le dire an lecleui', repose ici, comme en tout autre cas, sur
la conjecture. Celle-ci admet toujours le doute, loin de
chercher à imposer à la critique, dont les droits sont
d'ailleurs imprescriptibles.
Disons, pour commencer, que, par sa forme, son pied et
son anse, l'objet se rapproche de plusieurs sortes de réci-
pients dont il sera reparlé. Crainte d'une erreur que facilite
trop la confusion des espèces mixtes, il convient, actuelle-
ment du moins, de garder le nom générique de vase (g).
L'interprétation des reliefs lui donnera une épithète.
( 1) Un travail préparé par M. Lucien Renard et donnant le cata-
logue descriptif et raisonné de tous les objets, sera ultérieurement
publié dans le Bulletin de VInstitut arcl'éoloyique liégeois.
(2) Identification de M. l^ucien Renard, précité.
(ô) « Omnis generis supellex nonnmiquam vasorum nomine venit. »
Forcellini Lexic
— ii —
Suivant nos mesures, le vase est haut de 0"46; avec
l'anse, 0'"11 en plus ; il a donc en hauteur 0"'27 sur une
largeur de 0^12 centimètres.
C'est peu; il est au demeurant petit, et pourtant il paraît
de dimensions grandes aux yeux que frappe et occupe la
multiple décoration dont il est orné.
A considérer la façon, le vase est romain, riche et massif (i)
plutôt qu'élégant, simple et léger à la mode des Grecs. II
n'a pu être composé et exécuté dans nos contrées gallo-
romaines, pour deux bonnes raisons : la décoration s'inspire
des détails de la vie intime de Rome ; ensuite, aujourd'hui
môme , on n'en pourrait faire d'analogue qu'en certains
milieux où fleurit l'industrie d'art.
On doit attribuer aux injures du temps les défectuosités
dans les traits, et la nature toute particulière de la compo-
sition donne au vase le caractère d'une œuvre originale. Il
serait, d'ailleurs, une antique reproduction, que le sujet
traité ne perdrait rien de sa valeur ni de sa signification.
Ce n'est pas en terre que s'est produite la forte érosion
qu'on remarque à l'anse posée sur des appliques. On peut
croire le vase très-ancien ; probablement a-t-il eu plusieurs
possesseurs. L'anse assez lourde, basculant soit d'un côté,
soit de l'autre pour faciliter l'usage, aura à la longue causé
l'usure des anneaux.
Si la stabilité est assurée par le pied et le poids, l'anse
rendait l'objet portatif et il a dû être très-souvent trans-
porté.
Le corps du vase a souffert aussi. Quel dommage qu'il
ait non seulement perdu sa patine, mais qu'il se présente
à la vue dans une mesure inégale, érodé ou boursoufflé !
Il eût autrement gagné en valeur et maints détails étant
plus visibles, l'interprétation serait plus sûre. Peut-être
(j) Il pèse en tout 2 kilogs 800 grammes.
- 45 —
l'objet pourrail-il être mieux nettoyé ; actuellement, il
faut le prendre lel qu'il est et acter des réserves.
S'il s'agit des motifs de la décoration, leur caractère
erotique a frappé tout d'abord. C'est dire que l'observation
doit être réservée aux professionnels, aux chercheurs que
passionne la solution intrinsèque des problèmes intéres-
sant l'art et l'histoire, l'histoire fût-elle malheureusement
celle de la corruption des mœurs. A ce titre, comme à
d'autres, le vase de Herstal ne peut manquer d'acquérir
une notoriété particulière. Il reste de ces produits qui
méritent d'être rangés dans le Miiseo secreto , de Naples ;
ce Musée secret, où entre tout le monde — au moins, est-on
prévenu.
Au point de vue technique, on peut remarquer que les
sujets de la bande supérieure ont été traités avec souplesse;
les personnages du dessous ont l'allure des grandes œuvres.
Quant à la première, l'opération photographique a eu pour
effet d'en atténuer, pour la vue, le caractère licencieux.
Certes, on peut dire que les deux personnages, qui
ornent les deux côtés de l'anse, servent d'annonce por-
nique au sujet traité dans la bande supérieure du vase. Ils
paraissent descendre dans le cycle de la débauche ou bien
en sortir, ces deux éphèbes au corps nu, créatures dou-
teuses, présent.iiil les épaules et les hanches de la femme,
tout en portant le signe de la virilité. Ils ont les cheveux
relevés en chignon (cicrus, crobijlus) comme les jeunes
Grecques ou Grecs, ou à la mode orientale. Symbolique créa-
tion de l'artifice, les androgynes ou hermaphrodites ont,
au point de vue de l'amour, chez les anciens, une significa-
tion particulière et elle est suffisamment connue (i).
(i) Au sujet d'un androgyne figuré sur l'anse d'un iirceolus :
« Es ist hékannt aufwelche Vorstcllimgen sich die Hermaphroditenbil-
dimg bel den Alten hezog ». Herculanum uiid Pompéi ( Ban'é-Roux ),
édil.-allem. Vol. VI, p. 72, fig. 75.
— 46 —
Ici, en-dessous d'eux, une suite de reliefs couronnent
le vase de quatre couples diversement enlacés, et la repré-
sentation de ces groupes, où non seulemeut les sexes sont
mêlés, mais paraissent même confondus , pourrait enguir-
lander l'Art d'aimer d'Ovide, si celui-ci n'était peut-être
dépassé, encore qu'il ait été appelé l'Art de séduire ou de
corrompre.
Ce serait le lieu de songer aux Fables milésiennes d'Aris-
tide ou aux licencieuses conversations de Chariclès et de
Callicratidas, rapportées dans certain traité apocryphe (d).
Pour éviter autant c{ue possible celte littérature et le détail,
recourons aux termes de la parenthèse insérée dans le
Centon nuptial d'Ausone : « Finissez et laissez le reste à
ceux qui veulent voir... (2) »
A côté de ces scènes, si l'on regarde ces graves person-
nages qui s'étalent avec leurs attributs, occupant tout le
pourtour du corps même du vase, quel contraste !
— «Je connais ce vieillard-là, que tu vois souvent sous le
péristyle du temple de Minerve, portant le bâton et la
besace ; il a la chevelure et la barbe longues, et il se couvre
d'un manteau , qui est aussi son compagnon de gra-
bat... » Ainsi dit à peu près Martial (3), désignant un phi-
losophe.
Voyez, chacun de nos quatre personnages s'appuye
( t) Les Amours, insérés dans les Œuvres de Lucien.
(?) In Parecbasi : Vos, si placet, hic jani legendi modum ponite
caetera curiosls relinquite.
Si quis mores reconditos scrutatur, videat, quod ad imagines
quasdam hic expressas pertinet, apud Forcellini verhum jmedi car e ;
apud Passow, Handwôrterbuch der Griechischen Sprache, vocabulum
Olisbos ; necnon locum quo, § 28, Amonim scriptor de remotiore
licintia loquilur.
(3) Epigram. i\,Tyl.
- 47 -
sur un bâton ou on a un à son côté : c'est que le bâton
— hacnlus ou baculum — est un des signes distinctifs des
philosophes, et ceux-ci le tenaient avec ostentation. Bien
plus, le bâton devient ici un gourdin — clava — dont le
pommeau se portait en bas, à la mode parfois de certains
élégants modernes, et comme aussi le tient le vieux philo-
sophe Démocrite, dont une pierre gravée nous a laissé
le portrait (i). Ainsi, pour que nul n'en ignore, l'arliste a
exagéré le trait descriptif.
Ces hommes portent le vêtement carré — pallium ou
pallioUwi — dont on se couvrait de plusieurs façons : ici,
le pailium sert à envelopper simplement le bas du corps,
le haut restant découvert à la mode des Grecs, qui avaient
l'habitude de la simplicité du nu ; et on le voit, ceux-ci
n'ont point de tunique, d'habit de dessous : rien que la
couverture de la sagesse. Tout personnage portant le
pallium éiali habillé comme un Grec — palliatus éiant \e
terme opposé de togatus désignant le Romain en toge —
ainsi sont différenciés, comme on sait, les costumes natio-
naux (2).
Ces philosophes grecs, que nous avons devant nous, il
vaut la peine, et au moins peut-on le faire à l'aise, de les
examiner avec la curiosité obligatoire.
Des motifs de décor;; lions surmontés généralement
d'une vasque comme aussi de certains attributs, partagent
le pourtour du vase en quatre compartiments ; au milieu
de chacun, comme en un médaillon, se tient debout un
maître de la sagesse.
(i) V. RiCH, Clava.
{1) RiCH, ou l.EXs : Le costume ou essai sur les habillements et
les usages de plusieurs peuples de Vautiquité. Liège, Basâoui])ierre
1776. C4hap. Grec et Grecques, et la planclie 11, représentant un
philosoplie en pallium, assis en cliaire et tenant un volume dans sa
droite.
- 48 —
Deux d'entre eux se font entre tous remarquer sous les
anneaux de l'anse : d'un côlé comme de l'autre, une dra-
perie sert de fond au personnage chevelu et barbu, l'un
s'appuyant du coude sur son bâlon magistral et paraissant
méditer ; l'autre, maintenant de sa droite son pallium
enroulé, tenant dans sa gauche un volumen encore, le
tout dans l'attitude du maître parlant.
L'un et l'autre, comme la plupart des personnages, ont
la chevelure relevée en couronne à l'entour de la tête (l).
Quant à la draperie ornementale étendue derrière le
premier, elle parait s'enrouler sur la gauche à un triple
lampadaire {lanizzip) , à têtes d'animaux, de ceux qu'on
allumait dans les grands locaux publics; sur le support
architectonique de gauche sont des tablettes à écrire,
ouvertes.
A regarder les deux personnages intermédiaii-es, ceux-
là qui se présentent dans l'espace ouvert entre les deux
branches de l'anse, l'un est âgé, sa chevelure, comme la
barbe, finit en longues boucles, il appuyé un doigt sur la
joue droite, dans l'attitude du silence et de la réflexion.
C'est la figure la mieux conservée.
Sur l'avant-bras gauche, il porte un objet oblong et lisse
qu'il est difficile de déterminer.
A la hauteur de la tête à gauche est suspendu un sac
d'écolier, sorte de mallette plate avec menotte ou poignée
où l'on mettait le matériel scolaire, de ceux-là que donne
à connaître la scène d'école représentée sur tel sarco-
phage ; à gauche, par terre, est une capsa ou corbeille
remplie de volumes ou livres ; au-dessus , fixée comme
à la muraille est une petite figure en relief, peut-être un
(i) Elle est ainsi disposée sur un portrait conservé de Platon.
V. Ganiki, Iconografia, Rome, 1669, p. 79.
- 49 —
porti-ait. Attachée au su[ipni-t qui sert de séparation pend
une outi'e ou une besace ?...
Le quatrième sage, quelque épigone sans doute, est plus
jeune et d'allure et de figure ; il s'appuye sur un bâton
lortu; à sa droite, près de la tète, dans un volumen ouvert,
une page ou pagina; à ses pieds, une haute capsa carrée
contenant des volumes.
Ces personnages, philosophes grecs, sont entourés de
symboles parlants et tous ccHix-ci i-ai)pellent l'école.
Dans la représentation du philosophe, le volmnen est
toujours le signe d'une doctrine enseignée.
Maintenant , quel est doiic li rapport de ceci avec cela,
de cette gravité voulue avec ces scènes oi-giastiques ?
Il faut reprendre de loin les choses, recourir à l'his-
toire, et, pour encadrer seulement le sujet, citer peut-être
beaucoup de noms.
Vers, l'an 390 avant Jésus-Christ, à Cyrène, belle ville
de l'Alrique grecque, que le luxe et la débauche conduisirent
à la ruine, florissatt Aristippe (l) qui, s'é partant des leçons
de Socrate son maître, devint le fondateur de l'école cyré-
naïque. Pour lui, la fin de l'homme était le plaisir, la vo-
lupté présente, «actuelle», c'est-à-dire en action ; e(, trait
qui distingua sa doctrine de celle d'Epicure, il accordait
au plaisir du corps la supériorité sur celui de l'esprit.
Aristippe le Métrodidacte, « élevé par sa nière » la
célèbre Areté, recueillit l'héritage doctrinal de son aïeul,
et donna à ses leçons une forme systématique.
Par continuation, un Annicéris, né vers 330 avant notre
ère, tout en recommandant les satisfactions morales que
procure l'amour des parents et de la patrie, la reconnais-
sance et l'amitié, posait encore en principe que le plaisir
était le souverain bien.
(0 WiELANi), Aristippe et queiquea-uns de ses contemporains.
— 50 —
Sa secte, ainsi qu'il arriva à d'autres encore (l), se con-
fondit avec celle d'Epicure.
Le fameux Garnéade de Cyrène iiilorvient aussi dans la
liste des théoriciens du piaisir ou Hédoiii(iues (2) ; chef de
la nouvelle Académie, où il développa la théorie du pro-
babilisme, il tenait d'Aristippe quant à la morale: il éri-
geait en principe la satisf.iction des premiers besoins
de la nature (3). Ainsi, il «bornait la félicité à la jouis-
sance du bien natui-el, sans y comprendre le bien hon-
nêle»(4). Un disciple, Glitomarchus(o), se fit, après lui, le
porte-voix d'un maître qui n'avai't pas écrit, mais qui, grâce
à un talent prestigieux, exerça une influence considérable.
L'école cyrénaïque fut continuée par Théodorus l'A-
thée et les Théodoriens ; un Hégésias qui se fit l'apôtre
du suicide, Bion Borysthénitès, le contempteur puljlic des
dieux; enfin, un Aristoxêne, dont «le gosier comme l'es-
tomac furent célèbres» (6) paraissent clôturer la liste des
derniers descendants d'Aristippe.
Tels furent donc les représentants principaux de l'école
hédonique, du plaisir pratiqué, en action (7). Nous avions
à rappeler à la mémoire et le personnel et la théorie. La
chronologie rapproche les derniers Cyrénaïques de l'ère
(1) aMnesistratios ciim Cyrenaicis et Epicureis conspirare notavit
Athenaeuf, VII.» Fabritiiis Bib., Graec. edit.quarta, t. 111, p. 617.
(2) Hêdonê (f.Sovri) signifie plaisir.
(3) Cic. Acad, II, 42 : aJioneste vivere fruentem ils rehiis quas
primum honiini natura conciliavit».
(4) Batle, Diction.
(5) (■<. Mentorem Carneadea primum hahuit discipulimi, non tamen
successorem ; quod illum adhuc vivens ciim pelUce sua repererat ».
Euseb. Praep. ev. p. 733.
(6) «■ Nidla re nisi gula celchris et ventrusna fait.» Fab. Iliid.
p. 617.
(7) 'Hôovr, 4v xivrjjct.
— 51 -
impériale et l'on peut dire, en général, que s'il s'agit du
principe du plaisir, celle école là n{> pouvait fermer.
Gyrène d'ailleurs était sous les Flavieris (Vespasienet
Titus) une colonie romaine {C. Flavid), et, qu'il s'agisse de
doctrine ou de politique , son histoire est d'une façon
durable liée à celle de Rome, jusqu'au règne d'Adrien tout
au moins. C'est assez dire que la tradition des idées dut
facilement s'établir et persister. Des noms restèrent repré-
sentant d'une façon concrète pour les lettrés, les artistes,
le vulgaire même, des doctrines non plus spéculatives,
mais des principes, des axiomes, qu'il était facile de rappe-
ler et de pratiquer.
Par surcroît, la théorie du plaisir fut reprise, à Rome
aussi, par d'autres apôtres. Déjà Plutarque (i) avait dit que
les Gyrénaïques et les Epicuriens buvaient au même verre ;
d'aucuns pearmi les modernes (2) les classent sous le même
titre : Matérialisme et Immoralisme.
Si, en tant que théorie abstraite, l'Ecole cyrénaïque
s'éteignit pour Rome, le même esprit avait passé chez les
disciples d'Epicure, D'une doctrine plus relevée qui regar-
dait la vertu comme contribuant au bonheur et qui faisait
consister la félicité dans l'équilibre lran(juille de l'âme et du
corps (3), le vulgaire ne retint plus qu'un terme, la volupté,
quelle qu'en fût la cause; elle était la fin suprême de la vie.
« Un certain Amafanius , dit dédaigneusement Gicéron (4) ,
nous a débité la doctrine d'Epicure, facile à comprendre, et
la foule l'a (embrassée, d'autant plus que les charmes de la
volupté l'y portaient. Nombre d'écrivains ont suivi qui ont
inondé de leurs ouvrages toute l'Italie » Peu importe à
{\ ) MoRALrA, de non suaviter vivendo secimdnm Ejiiciirinii, p. 1081.
(2) Laforèt. Hist. de la Philosophie,, phil . i/recqae, t. II, p. 13!2.
(3) Le plaisir catastéinatique ou au repos.
(4) Thsc,]. IV, 3.
— 52 —
l'histoii'e les noms dos Néo-Epicuriens , des maîtres grecs
qui se relèvent sans ccs^se dans Rome. I.a doctrine pénètre
avec eux d.ms les rangs de toute la société et c'est là le trait
qu'il faut relever. Jules César était un Epicurien, si tant est
qu'il pût èlre aulre que lui-même; T. Pomponius Atticus
et C. Velleius Senator; Horace, Mécène et Quintilius
Varus; plus tard, Aulu-Gelle et les deux Pline, voilà après
I,ucrèi;e, des adeptes de la secte dans le monde Ioftri\ Et
le mouvement alla se perpétuant. Depuis la cour d'Auguste,
la théorie était à la mode; on suivait le troupeau et, sans
déroger à l'élégance, on se déclarait Epicuri de grege
porcus (i). Qu'est-ce, alors encore, si ce n'est l'ancien
Hédonisme victorieux ?
Au sujet de la galerie, petite mais choisie, de philoso-
phes, du philosophorum chorus qui s'étale sur le pourtour
du vase de îlerstal — il convient de rappeler ce fait à la
mémoire — les mœurs avaient concédé au philosophe, à
l'instar des Illustres, une sorte de droit à l'image. Des
renseignements caractéristiques nous sont fournis par
Cicéron et par Pline, et ils ont ici pour nous une impor-
tance significative.
Ces hommes, qui prétendaient donner aux autres des
règles de vie, comptèrent des générations successives
d'adeptes, de sectaires souvent passionnés: ceux-ci se
réclamaient du maître et conservaient son image; on
multipliait les portraits.
« Je n'oublierai pas Epicure, dit Cicéron (2), dont nos
amis ont l'image représentée, non-seulement en peinture.
(i) Horace, Ep. XVII, in fine. — ^^ Contaminât us grex turpium
virorum». Ibid. Od. I, 37, 9.
(2) vNec tamen Epicuri licet oblivisci, ciijas imagines non modo in
tabulis nostri familicires sed etiam in j^oculis et in annulis habent «
Gic. de fiiiiliiis, 1. v. tj 1.
- 83 -
mais sur leur vase à boire, mrnie sur le chalou de leur
anneau. »
Et Pline (i): «Xos lîoinains ont d.uis leur ehambi'e l'image
d'Epicure, ils la lrai)sp(jrlenl avec eux, lels ne man(}uent
pas, le vingtième jour de chaque mois, de lèter sa naissance.»
Buste de bil)liothôque ou ciselé sur une pièce d'argenterie
de table, le portrait d'Epicnu-e fut de loin le plus répandu,
les anciens incarnant volontiers en un seul personnage tout
l'ensemble d'une docti-ine ou d'une classe. D'autres philo-
sophes de la théorie du plaisir jouissaient néanmoins de la
popularité de l'etTigie, Zenon de Sidon , par exemple (2),
ou Métrodore, ou Hermarchus. Un portrait authentique et
très vivant de Garnéade (3) provenant de l'hémicycle de
la villa Albani , avec inscription grecque, se trouvait
notamment au petit Farnèse (4).
Autre constatation intéressante, le buste de Hermarchus
a été trouvé à Herculanum, auprès d'une bibliothèque épi-
curienne ; un double Hermès formé des têtes accolées
d'Epicure et de Métrodore, deux amis fidèles, est un monu-
ment des Icades ou fêtes d'Epicure ; il provient de fouilles
faites à Rome, en 1744, devant S'«-Marie Majeure.
()) <.<.Idem palaestras atldetanimi maginihus et ceromata exornan
etvultus Epicuri per cahicula gestnnt, ac circumfenint secum. Nutaii
e.jus ticesima lima sacrificant feriasque omnl ntense ciistuditmt
quas icadas vocant. » Plin. Hist. iiatitr., 1. XXXV, § '2.
(2) Museo Pio f'.lementino, t. VI, p. 49.
(3) Ibid. pp 50 et suiv.
(4) ViscoNTi dans son grand ouvrage (Paris 1801 ) sur V Iconogra-
phie grecque, 1" partie du texte, pp. 86, 111, 11:2 et planclies 19, î25 et
:26, reproduit ces portraits différents, qui, à première vue, ont un air
de ressemblance ; sur tous, l'artiste a visé à traduire le travail
de la pensée. — Là, au moins, la dimension et la lionne conserva-
tion des figures, des inscriptions aussi, ont permis aux érudils d'iden-
tifier les personnages.
— 54 —
On voit ainsi que la décoration du vase de Herstal n'offre
rien que de nalurcl; elle nous ramène tout droit aux tradi-
tions classiques.
Rappeler les faits que nous livre l'histoire des mœurs,
c'est toujours rapprocher des scènes de débauche qu'on
voit ou qu'on devhie, les maîtres graves dont les théories
inspirent celles-là ou les patronnent: ces scènes mêmes ne
se déroulent-elles pas au-dessus de leur tête ? Eux-mêmes
ils rappellent ces paroles : «Vous voulez dormir, alors que
vous savez que la veillée est due au culte de Priape ? » (i).
C'est, en effet, toute une priapée, et ces hommes y en-
gagent, ils y vont. Si les personnages à chignon, les andro-
gynes qui font l'annonce, du haut de l'anse semblent y
descendre, on revoit dans le cercle sans fin du plaisir telle
tête pareille à celles des philosophes de la folie charnelle
et des plaisirs sensuels, et ainsi apparaît la complète ordon-
nance de la composition imaginée par l'artiste païen.
Dans les quatre compartiments qui se suivent, a-t-il
voulu représenter particulièrement quatre docteurs de
l'école hédonique de Cyrène ? S'agil-il d'une figuration
mélangée qui les confonde eux et des Epicuriens, ou bien
est-ce là Epicure avec tels de ses adeptes ? Rien d'écrit qui
le dise, et pour nous c'est cependant bien là de ces
hommes classés qui ont été visés.
L'artiste ancien a pu, sur un vase, chercher à montrer
les Hédoniques de Cyrène ; leur doctrine est dans son
genre la plus complète, et Aristippe étant plus ancien
qu'Epicure, on se prévalait du lustre de l'antiquité respec-
table. Tout cela apparaît comme plus vraisemblable encore
si on rapproche les figures de certaines scènes du plaisir en
action.
(5) uDormire v obis in mente est ciim sciatis Priapi genio pervigi-
lium deheri ? » Pétrone, Satir, 21 .
- 5B -
Mais, les Hédoniques épicuriens ont joui d'une telle
popularité à Rome qu'il serait, naturel de. reconnaître; pour
tels, sur un vase romain, des portraits d'Epicure et de ses
disciples qui furent aussi des rnaîlres.
Le vase de Herstal appartiendrait alors à cette sorte de
vaisselle à la marque épicurienne dont il est parlé par
Cicéron et par Pline. L'artiste était d'ailleurs à l'aise pour
retrouver des types suffisants parmi les fondateurs popu-
laires de l'école d'Epicure et garder encore, ainsi qu'il l'a
fait, la tradition archaïque : un Alcaeus chassé de Rome au
bon vieux temps, ainsi que le fut Carnéade; Apollodore,
auteur de quarante volumes, et qui eut pour successeur
Zenon de Sidon ; avant eux, Hermarchus, l'héritier d'Epi-
cure, qui lui laissa avec une maison tous ses livres, afin
qu'il put continuer son enseignement; après Métrodore,
Philodémus et Zenon, deux premiers rôles... On arrive vite
à l'embarras du choix lorsqu'on rassemble en nombre les
figurants utiles.
Entendues par les Romains, les doctrines d'Aristippe et
d'Epicure étaient les mêmes, celles du sensualisme : pareils
aussi étaient les personnages. Ces anciens maîtres grecs du
plaisir humain portent même pallium, gardent la même
attitude, ont les attributs identiques. Parlant de ceux-là qui
trafiquaient de la philosophie et tenaient école comme on
tient une taverne, un ancien (i) note ce trait de caractère à
propos d'un soi-disant sage qui se méconduisait en public:
« Il est pourtant, dit-il, d'autant plus facile à remarquer
que son habit le distingue des autres hommes ; et c'est un
fait qui m'indigne par dessus tout, de voir qu'd ne change
pas de costume alors qu'il change de rôle....»
Cette tenue-là, ils la portaient tous, et qui voit l'un voit
( 1 ) Lucien, Nigriniis ou le portrait (Viin philosophe, § 24-25.
- 56 —
l'autre. Pris dans l'ensemble do sa personne, le philosophe
ancien était un type, et quant à son image, elle est toute
fixée dans le procédé artistique II est devenu un person-
nage traditionnel — tout comme plus tard les masques de
la Comédie italienne.
Après le costume, regardons la figure.
Mais, au préalable, rappelons-nous que le caractère idéal
du portrait antique, la défectuosité dos moyens ultérieurs
de la reproduction, les erreurs d'identité et l'éloignement
dos galeries célèbres, constituent autant de difficultés inhé-
rentes aux recherches iconographiques. Déjà de son temps
Pline (l) se plaignait qu'on changeât les têtes des statues...
Lorsqu'il fut déterré, le vase de Herstal était entouré
d'une gangue de terre qui ne faisait avec lui qu'une masse
informe et compacte. Gela ne laissa pas de stimuler, en le
graduant, le plaisir ùe la découverte... Mais quelques dix-
sept siècles passés dans cette enveloppe humide, avaient
eu pour etTet de boursouffler ou de ronger les traits des
visages, devenus indistincts. Avec l'absence de toute indi-
cation écrite, voilà qui supprimerait la recherche de l'iden-
tité personnelle. Ces personnages n'ont gardé qu'un air de
famille.
S'est-il perdu d'ailleurs quelque chose d'autre que la
beauté de la physionomie originelle ? L'artiste a voulu sans
doute représenter des portraits parlants ; mais, ceux-ci ne
procédaient pas d'une tradition directe. Dès lors, sur des
objets divers, que le luxe inventait, ces images devenaient
vite conventionnelles.
Quelque préférence systématique que l'on veuille garder,
en dépit du regret qu'on éprouve à ne pas voir s'enrichir
sûrement l'Iconographie authentique, il nous faut bien
(i) Hist. natur., XXXV, II. « statuarum capita pennutantur. »
— 57 —
actuellement renoncer à mettre en-dessous de chaque
personnage un nom, inutile jadis, et qui n'est point absolu-
ment nécessaire aujourd'hui. S'ils restent anonymes, ces
personnages, ils sont ce[)(MidaMt suKisainniiMit connus : à
défaut du nom propre, la qualité de la classe tout au moins
se révèle et nous devons nous contenter de ce résultat, qui
met en scène l'Hédonisme.
La conception artistique vit de contrastes, elle les re-
cherche, heureuse toujours quand elle les rencontre ; alors
elle est arrivée au succès. C'est ici le cas. Le compositeur
a cherché un motif de décoration, il l'a trouvé au moyen
ordinaire du repoussoir : les plaisirs sensuels de l'orgie, la
gravité solennelle des théoriciens qui l'admettent ou y
invitent. L'artiste a écrit sur les flancs du vase sa pensée.
Les lettres, comme la glyptique, ont brodé sur le même
canevas. La déviation de la morale, ou la plaisanterie,
n'ont-elles pas fait du sage l'apôtre du plaisir ? La gaudriole
française s'est emparée du motif et a chanté sur un air
connu :
« C'est mon avis, moi de qui la sagesse
A fait tomber tous les cheveux. »
Le procédé est vulgaire. Mais ici l'histoire le rend parti-
culièrement intéressant.
L'inspiration de l'artiste romain s'empressant de profiter
d'un contraste apparent entre les mœurs et la tenue, vient
de plus haut : il a pu trouver l'occasion de réhabiliter ou
d'encourager, avec une elïronterie digne du temps, les
débauches de la Cour impériale et d'une grande partie de
la haute société romaine.
Chez les anciens, en général, les sujets obscènes prê-
taient à rire, sans plus : « Faisant le tour de Cnide, dit
Lycinus (i), j'ai ri de tout mon cœur des figures lascives de
(i) Les Amours, dans Lucien, § 11.
— 58 —
terre cuite qu'il est naturel de rencontrer dans la ville
de Vénus. « A Rome, Tibère établit une officine en vue de
la reproduction de scènes nouvelles. Une poétesse, grecque
d'Afrique, Eléphantis (i), en avait détaillé des séries dans
ses petits livres. Tibère les fit déposer au Palais, « nul
artiste ne devait ainsi manquer de modèles pour représen-
ter l'image commandée. » Peintures et statuettes, il ornait
de tout cela les murs de ses appartements (2).
La théurgie superstitieuse fut une des plaies de l'em-
pire romain; l'immoralité publique en dépassa les excès.
S'il n'est pas un produit direct de la fameuse officine de
Tibère, le vase de Herslal, orné de la façon qu'on voit, n'en
est pas moins le legs de traditions qui continuèrent l'œuvre
de la corruption artistique. Celle-ci s'étala même sur des
objets d'usage courant (3).
L'exemple continua à venir de baut : les débauches de
Domitien furent dignes de celles de ses prédécesseurs.
Trajan (qui pacifia la Cyrénaïque) aimait les plaisirs de
la table, au point qu'il avait défendu d'exécuter tout ordre
donné par lui après boire. Adrien prenait plaisir à peindre
des obscénités (4). Critiqué par lui , l'architecte Apol-
lodore le renvoya à ses « concombres. » Sans adopter
les principes d'aucune école, le même empereur prenait
(i) Eléphantis, poetria quae libellas scripsit quibus varia gênera
conciibitus complexa est. « Forcellini.
(2) Suétone. Tibère, § 43: « Undiqiie conqiiisiti monstrosi conciibitus
repertores... Ciibicuîa plurifariam disposifa tabelJis ac sigillis lasci,
vissimarum picturarum adornavit librisque Elephantidis instruxit-
ne oui in edenda opéra exemplar iinperatae scheinae deesset. »
(3) aVitreo Priapo bibere. Juven, 2 95. Priapus sigilineus, scilicet
panis in modiim Priapifactus, Mart., 14, 69.
(4) Cantu. Ilist. Univ., t. m, Adrien.
— 59 —
plaisir à écouter les dis[)iilos des impudents sophistes qui
faisaient foule aulour de lui. Poète, il célébrait ses mignons;
il finit par périr de ses excès à Tihur. Aux côtés du sage
Marc-Aui'èle se tenait L, Vcrus Coinmodus Augustus, son
collègue, un débauché f(ui réunissait dans sa maison de la
via Claudia, une troujoe dépravée qui y renouvelait ses
orgies. Celait lui (pii couvrait de poudre d'or ses chevfîux
blonds et disli'ihuail ColleiTient à s(^s favoris les objets les
plus précieux, tandis que Marc-Aurèle vendait sa vaisselle
pour subvenir aux besoins publics. Ainsi, même sous les
règnes réparateurs, s'il y eut la faction stoïcienne et des
philosophes moralistes, par un dualisme constant, l'impu-
dique tradition du plaisir fut toujours continuée. Sous les
Antonins, Sénèque (i) ne se plaint-il pas des progrès que
la corruplion ne cessait d'accomplir ?
Quoi de surprenant à ce que sur un vase, celui-ci ou
d'autres, le ciseleur romain ait représenté des scènes em-
pruntées aux rafQnements de l'orgie , quand le mol vase
lui-même (2) prenait parfois dans le langage familier un
sens qui n'était rien moins que chaste ?
A le prendre tel qu'il est, le vase de Herstal donne, en
représentation, à l'archéologie des personnages de plus, il
exhume pour une part les Figures d'Aphrodite (3) et
(i) Quaest. Natiir. extr. libro : a Qiiotidie comminiscimur per quae
virilitatifiat iiijiti-ia aitt traducatar quia non potest extii. »
(2) Ne quid ferai rei similitudo oblivisci videamur, vocaljulum
Vas familiariter obscœiium sensum significabat. V. Plant. Poenid,
4, 2, 4(J : « refera vasa salva» — Auct. Priap. « Hinc ïegimus Circen
grandia Dulichia vasa pelisse viri. » — Priapeia, 69, in commentariis
edit Patav. « Vir tKisatiis».
(3) Antiquitus exliteruut li))elli quam maxime obscœni de cosme-
ticis, (le fujnris Veiicreis. Mde Pauly, Real-Eucyc, Asti/anassa,
EhpJianiis.
— 60 —
illustre à la ibis Diogène Laerce; il commente, si l'on veut,
en les réalisant, des traits de ce chapitre des mœurs que
glisse Suétone dans la vie des Césars. On peut lui attribuer
la valeur ou la signification d'un nouveau document clas-
sique, et, à ce titre, il convenait de l'étudier et de le
commenter.
Dans nos contrées, nous ne connaissons pas d'exemple
d'une sépulture sous tumulus postérieure à l'époque
de Marc-Aurèle ; la pièce de monnaie déposée générale-
ment est aussi une manière de date a posteriori. Les deux
indications nous reportent à l'ère des bons écrivains.
A prendre comme point initial la date d'une médaille de
Domitien, c'est sous le règne de ce dernier des douze
Césars (81-96) que Tacite fut préteur; le nom de Pline e.st
lié à celui de Trajan ; sous AdriQn (né en 76, mort en 138)
écrivirent Plutarque, Suétone, et Aulu-Gelle; Mai'c-Àurèle
après sa mort, arrivée en 180, laissa par écrit les [)rincipes
de sa philosophie. Ces quelques noms, qui en rappellent
bien d'autres, suffisent à signaler l'importance historique
de cette période de quatre-vingts années qui nous con-
duisent jusqu'à Commode, assassiné vers la fin du
2'"e siècle après J, G.
Le vase de Herstal est un legs du Haut-Empire et, en tout
cas, de ses traditions.
Il a été apporté d^ms le nord de la Gaule au temps où
l'administration romaine, si active dans le pays depuis
Auguste, poursuivait encore de derniers progrès en matière
militaire et politique. Le vase faisait partie du bagage, de
la supellex ou vaisselle de quelque important personnage
romain. Car la sépulture est riche, et c'est là l'épithète
qu'on peut le plus sûrement lui donner. L'élévation d'un
tumulus, le bon ordre des objets, indiquent encore qu'il y
a été procédé autrement qu'après des faits de guerre.
D'autre part, point de pyxides ou boîtes, d'épingles à
— 61 —
cheveux, do miroir, de peigne ou de fibules; une idée
générale, théorie philosophique, exprimée par la décoration
du vase : il n'y a rien là qui rappelle la tombe d'une femme.
Au contraire, un fragment calciné {O'^d à 0'"7) de poignée
d'épée en ivoire se trouve parmi les objets exhumés,
pareille à celle qui a été mise au jour à la sépulture d'Her-
bays, à Piétrain en Brabant.
Le parazonium ou courte épée de ceinture , marque de
distinction plutôt qu'arme d'usage , était porté par les
tribuns des soldats et les officiers supérieurs de l'armée
romaine.
Pareil objet donne à penser qu'on se trouve en présence
de la tombe de quelque Romain hautement qualifié, décédé
en cours de route non loin d'un passage de la Meuse et
inhumé près d'un diverticulum ; ou bien ayant administré
de là quelque vaste ager ou territoire public ou privé?...
Rome, qui dirigeait régulièrement le sort des Gaules,
pressait en certaines occasions les mouvements de ses
troupes. Sous Domitien, une expédition contre les Cattes
et des troubles militaires en Germanie purent intéresser
indirectement notre pays. Le territoire des Cattes s'éten-
dait, du côté de Trêves, à droite de la Gaule romaine,
entre Cologne et Mayence. Trajan qui fut d'abord gouver-
neur de la Basse-Germanie, fit construire une route qui
allait du Pont-Euxin dans les Gaules. Adrien, qui parcourut
toutes les provinces, visita particulièrement la Gaule,
rétablissant la discipline, réformant les abus ; de là, dans
son périple ou voyage circulaire, il passa en Germanie et
en Bretagne. Il fut perpétuellement en mouvement ; Anto-
nin fut la tranquillité même et Marc-Aurèle, son successeur,
eut à repousser une invasion des Cattes et à combattre, au
centre de la Germanie, les Marcomans.
Tels furent, pendant toute une période, les événements
militaires qui, bien avant l'occupation de Trêves par l'Em-
— 62 —
pire, ne purent manquer d'attirer vers le Nord de nou-
veaux niagistrals, des conmiandants accompagnés de leurs
olficiers, alors que Rome pouvait déjà compter sur nombre
d'envoyés.
Même eu un endroit aussi éloigné des milieux purement
romains, on peut comprendre que, dans une tombe, il se
soit trouvé un vase d'un caractère tout particulier. A quel
emploi était-il destiné? La question est plus facile à poser
qu'à résoudre. Bornons-nous à taire ({uelques observations.
Les formes du vase participent de celles de Vurna à
cause du rétrécissement du col ; de celles de \a.cista, cis-
lella., cistellula, boîtes toujours cylindriques ; de la silella
ou situla, petit seau pourvu d'une anse. On ne retrouve
ici aucun de ces types au complet. L'ustensile ne se prête
ni à pu>ser, ni à verser, la main n'y peut saisir à l'inté-
rieur. La petite cuiller trouvée dans la sépulture, une
ligiila (i) (0'"14), à manche effilé et terminé en pointe
oblongue, pourrait être le complément utile du vase, haut
précisément de 0'"46 y compris le pied.
En définitive, le vase n'a pas de foi'mes spéciales qui lui
assignent par elles-mêmes une destination particulière ;
rien de marqué qui nous permettent de conclure du conte-
nant au contenu.
Nous venons, autant que possible, d'en faire l'expé-
rience, à passer en revue les détails du culte officiel ou
secret, voire même celui du dieu de Lampsaque ou bien
encore les cérémonies funèbres, on ne trouve que l'occa-
sion d'émettre des suppositions qui se contrarient parleur
nombre et qui sont donc inutiles.
Le vase n'a rien de mythologique, et cette constatation
entraîne d'antres conclusions négatives.
Qu'il ait été un objet de luxe, fait ad luxariae materiam,
(i) Lingiia, lingula, lir/iiJa.
- 63 —
cela ne parail l'aire aucun doule. Sa (h'^'oralion lui assigne
une place parmi les petits meubles destinés à l'usage privé.
Le nombre de ces objets se multiplia en raison de l'essor
que prit à Rome le luxe du mundus, de la lablc et du l)ain.
Qu'il s'agît du bain public ou privé (i), du soin de sa
toilettte ou de sa table, le llomain transportait avec ses
habitudes, ces objets en voyage. Peut-être touche-t-on là
au point oi^i l'on pourrait au mieux formuler des supi)osi-
tions , variant encore suivant la catégorie. Tant il est
vrai de dire avec l'abbé Venuti écrivant au siècle der-
nier, au sujet d'un monument romain trouvé à Bor-
deaux, qu'on est sujet à bien des erreurs à ne vouloir rien
laisser sans explications, qu'il y a des faits dans la vie
civile comme dans la religion des anciens qu'on ignorera
toujours
La question de l'usage destiné ou occasionnel, peut d'ail-
leurs passer ici pour secondaire : notre tâche était, tout en
soumettant pour la première fois l'image du vase de Herstal
à l'attention des connaisseurs, d'entrepi'endre d'expliquer
l'allégorie figurée par des reliefs d'ordre divers et de
déterminer leur rapport. Quant à l'emploi, l'on peut dire
qu'on peut mettre de tout dans un vase comme aussi n'y
rien mettre si l'on veut.. Celui-ci, notre vase hédonique,
nous est parvenu vide — rempli de terre et vidé sans
analyse — ; probablement ne livrera -t-il pas tous ses secrets.
J. E. DE MARTEAU.
Liège, septembre 1900.
(i) V. Hergulanum et pompéï, édit. citée, t. Vil, p. 90. La figure
87 est celle d'une trousse de baigneur : à un anneau de bronze sont
suspendus quatre strigiles, une patère et un vase de bronze, un
ungnentarium. Lo col de celui-ci diffère de l'orifice ouvert du vase de
Herstal; mais il a été trouvé à côté de celui-ci, avec deux patères,
deux strigiles qui sont doubles, car dans le manche de chacune
rentrent deux strigiles plus petites.
NOTICE SUR m mis Fl]NÉIl\lllK
DÉCOUVERT \ VERVOl
(PLANCIIK CI-CONTKK)
L'Institut archéologu|ui' liégeois a déjà à pliisioiirs
reprises eu l'occasion de s'occuper d'an monument l'omain
découvert à Vervoz et dont des débris considérables sont
venus enrichir son musée (i). Notre intention n'est point
de refaire ici l'historique de cette trouvaille, ni de fournir
des indications topographiques sur le champ des fouilles :
ces renseignements précéderont plus naturellement une
étude sur l'ensemble des fragments rais au jour, étude (jui
ne peut être entreprise tant que ceux-ci ne seront pas tous
réunis.
Nous voudrions simplement faire connaître ici le plus
remarquable des morceaux qui ont été exhumés des ruines
de l'édifice, un tambour de colonne portant, sculptée en
relief, une figure humaine ou plutôt divine.
(i) St. BoRUxm, Ra/)i)orts présentés à V Institut archéoJ .liégeois siirles
travaux de la .S'oc/e^e ; 1SG6, p. 31 ; 1874, p. 472; Marcel De Puydt,
Bapport sur les travaux de VInst. archéol. liégeois, 1000, \)\). iv ss.,
XX. — Vervoz est un liameau de Clavier (arrondissement de Huy).
6
— 66 —
Ce tambour, en calcaire de Longwy (-(), mesure 0'"70 de
hauteur sur 0'"4;3 de diamètre. Ses tranches supérieure et
inférieure sont parfaitement lisses, sauf, au centre, un creux
destiné à fixer plus solidement les tambours contigus. Sa
surface convexe est ornée de vingt cannelures (largeur
25 mill.), séparées par des listels et, par conséquent, la
colonne a probablement été surmontée d'un chapiteau
ionique, dont une volute est d'ailleurs conservée. Sur le
fût se détache, en relief (saillie 0'"025 à 0'nl2), le torse d'un
personnage, malheureusement assez endommagé. Pendant
son séjour en terre il a dû être heurté souvent par des
instruments aratoires , qui ont creusé de longues entailles
dans la pierre assez friable. Néanmoins, tous les détails de la
sculpture se distinguent encore clairement. Elle représente
un jeune homme imberbe , le menton appuyé sur la
main gauche, dans une attitude pensive (2), qu'exprime
aussi la contraction des sourcils et le pli des lèvres
(i) La (lélerminalion de la pierre a été faite au laboratoire Je
géologie de l'Université par MM. Max Lhoest et Henri Forir, qui ont
bien voulu communiquer à l'Institut le jugement suivant :
« Quoiqu'il soit toujours très hasardeux de déterminer stratigra-
phiquement un échantillon isolé, la nature de la roche est assez
spéciale pour qu'on puisse lui assigner un âge sans grande chance
d'erreur. Cette roche est, à notre avis, du calcaire de Longwy (bajo-
cien supérieur) ; en tout cas. il n'y a pas de doute que ce soit un
calcaire oolithique du jurassique supérieur. On ne la trouve pas dans
la province de Liège. Elle est exploitée, comme pierre de construc-
tion, aux environs de Longwy, encore actuellement, et on l'utilise
en Belgique, m
(?) Ce geste Rst habituel dans l'art grec pour figurer la douleur.
Je rappellerai seulement la position de la prétendue Pénélope du
Vatican (Reinach, Répertoire, I, 504, n° 2090; cf. Furtwangler, Samm-
lang Sahoiiroff^p]. XV) et les femmes du .sarcophage des pleureuses à
Constantinople. (GoLLiGNON. Histoire de la Sculpture grecque, t. Il,
p. 401).
— 67 —
serrées. Sa tête est coi fiée d'un buniicl phrygien, (|ui
cache presque entièrement sa chevelure bouclée. Il est
vêtu d'un manteau à plis parallèles, qui paraît avoir été
agrafé sur l'épaule droite, et d'une tunique à longues
manches serrée au poignet. Quoique toute la partie
inférieure de la figure ait disparu, on ne saurait douter
de sa signification : c'est, comme on l'a reconnu, une
réplique nouvelle du type habituel des Attis funé-
raires (i).
Attis était un dieu phrygien, dont le mythe est souvent
raconté par les auteurs anciens, non sans variantes (2). Cette
fable rapporte qu'Altis était un jeune pâtre, d'une beauté
merveilleuse, dont s'éprit Cybèle, la grande divinité de la
contrée. Mais il préféra à la déesse une simple mortelle, ou
bien il viola les serments qu'il lui avait prêtés ; alors, en
punition de son crime, il fut frappé de démence, et dans son
délire s'émascula et mourut. Toutefois son corps ne se
corrompit point, et même, plus tard, il revint à la vie. Tous
les ans, à l'équinoxe du printemps, les Galles, prêtres mu-
tilés du culte phrygien, célébraient une cérémonie lugubre
et sanglante pour commémorer la mort de leur dieu, et,
quelques jours après, ils s'abandonnaient à de bruyantes
réjouissances pour fêter sa résurrection. Attis personnifie
probablement la végétation, brûlée par les ardeurs de l'été
avant d'avoir atteint sa maturité, et qui durant l'hiver paraît
s'affaiblir et pour ainsi dire perdre sa virilité, puis
mourir, pour renaître au printemps avec un nouvel éclat.
Cette fable était singulièrement propre, quand les idées
(0 Cf. ScHUERMANS, Westchutsche Zeitschrift fiir (JeschiclUe und
Kiiust, XVIII, Korrespondenzhlatt, p. 430.
(2) Pour les justifications des faits ra|>portés dans ce qui suit, je me
permets de renvoyer à mon article Attis, dans la Real-Bncyclopudie,
de Pauly-Wissowa, t. II, p. 2247 ss.
- 68 —
sur la vie future se Iraiislonnèrent dans le monde ancien,
à faire regarder le personnage d'Attis comme un symbole
d'immortalité. Cette vie qu'il recouvrait, était un emblème
de l'existence réservée après le décès à l'âme (i) et
peut-être au corps. Aussi, voit-on les images du dieu
recevoir de bonne heure une destination funéraire. On
a recueilli par centaines dans les tombeaux d'Amphipolis,
en Macédoine, des statuettes de terre cuite représentant
le berger phrygien, debout ou assis sur un rocher, tenant
d'une main la houlette, et jouant de la syrinx (2). Un fragment
de figurine d'un type qui se rapproche davantage de celui
qui s'est propagé en Occident, a été trouvé à Tarse, en
Gilicie (3). A l'époque romaine, quand le culte de Gybèle,
devenue sous le nom de Mater Magna une divinité
officielle de l'Etat, se répand dans les provinces latines,
on voit simultanément les Attis funéraires apparaître dans
l'Ouest de l'empire. Ils sont d'ordinaire sculptés sur la
pierre tumulaire, avec ou sans épitaphe, et souvent au
nombre de deux placés l'un à droite, l'autre à gauche du
monument. On peut "signaler des exemplaires de ces
images presque stéréotypées dans les contrées les plus
distantes (4) : en Dalmatie, à Salone(§), et vers l'intérieur,
(1) Cf. G. I. L. III, 0384.
(-:) Perdrizet, Bulletin de Correapoiukince liellénique, XXI, 1898,
p. 518 s.
On a aussi mis au jour des statuettes d'Attis, mais en nombre
moindre, dans la nécropole de Myrina (Pottier et Reinagh, Nécro-
pole deMj/rina, p. 166, 393 ss., 405 ss).
(3) Heuzey, Gazette des Beaux- Arts, XVI, 1870, p. 389; cf. mes
Monuments relatifs au culte de Mithra, II, p. 437, fig. 384.
? (4) J'en ai dressé une liste provisoire dans l'ouvrage que je viens
de citer; cet article me fournit l'occasion de la compièler.
(.5) C:. l. L. 111,6384.
— 69 —
à Fojiiica (l); on llalie, h Napl(.'s{2), à Salenie (3). à
Bi'escia (4), à Vérone (o), à Padouo (g), et, à Aquilétî (7) ;
en Espagne, à Valence (8); dans le Nurique, à Virunnm (9);
en Gaule, à S'-Glair , près de Lectoure (io). En Germanie
surtout, elles apparaissent fréquemment (il), en particulier
à Rottenburg (Sumelocennaj (12) et à Beihingen (l3), dans
les Champs Décumates, puis sur la rive droite du llhin, à
Kreuznach (u), Andernach (is), Bonn (ig) et Cologne (l7).
(I) PaTsCH, WisseitschaftlioJie Mittheilunijcn ans Bosnien nnd
Herzegovinu, V, 1897, p. 3, tig. 1.
(-2) Musée national, Piccoli Bronzl, n" 10976:2 (inédit).
(3) Aujourd'liui à Chantilly, cf. YiEmxcn, Répertoire, II, p. 171.
4 et 5.
(4) DuTscHKE, Bikhverhc Ohen'talicHs, t. IV, 354, 359, 380.
(,-)) Ibid., t. V, 555.
(6) Musée municipal, n" LUI (inédit).
( 7 ) MAWSick, Archaeologisch-epigraphisclie Mitthcilungeji ans Ocstcr-
reich , I, p. 53 ; LflJARD, Introduction au culte de Mitlira, pi. C, 1.
(s) Laborde, Voi/age historique de V Espagne, t. II, 99,0; Hubner,
Bildwerke in Madrid, 18G2, p. !28S ; Reinach, Répertoire, t. II, ]). 471.
. (9) Rudoltinum de Klagenfurt, n" i2IS (inédit).
( 10) Simon, Revue des Sociétés sarantes, 1879, p. 326 ss.
(II) Cf. en général, Haakh , Verhandlungen der Fhilologenver-
sanunlung, Stuttgart, 1856, p. 184 ss.
(i"2) Jaumann , Jahrhilcher des Vereins oon Alcrtlu(msfreu}iden i»i
Rheinlande, t. XVIII, p. 224 et t. XX, p. 160; cf Haug et Sixt, Die
Rômische Bildwerke Wûrttenihergs, 1898, p. 128 (fig. 44), 129 (tig. 45).
( 13 ) Sixt, WUrtf.Vierteljahrshefte, 1893, p. 326 et Fuhrer durchdie
Sammlungen zu Stuttgart, n^' 57.
(i4) L1NDENSCHMIDT, Die AltertlUimer unserer heidnischen Vorzeit,
I, p. 10 ; V, 2 et 3.
( 15) Klein. Jahrbilclier des Vereins von Alterthumsfreunden im Rhein-
lande, t. LXXVII, p. 29 s. et pi. I.
(15) Uri.ighs, i6(W., t. IX. p. 146 s. et pi. VI; t. XXIII, p. 49;
Krafft, Ibid., t. XXIX, p. 289; cf., Hettner, Kutalog des Kônigliclien
Muséums der Universitàt Bonn, p. 33, n<'84.
[M) Cl. DiJNTZER , Rômische Alterthumer des Muséums Wallraf-
Richartz in Koln, 1885, n"^ 82, 83, cf. 115.
— 70 —
Toutes ces figures sont, avec de légères variations de
costume et d'attitude, des reproductions d'un même type
traditionnel. Le bas-relief qui se rapproche le plus du
nôtre est celui d'Andernach : le dieu y porte, comme à
Vervoz, un manteau ramené sur l'épaule, et les plis du
vêtement forment pareillement sur les bras des sortes de
bandes ou de « boulTants » parallèles (i). Sans doute, ils
devaient ajouter à l'élégance du costume dont on revêtait
le bel adolescent. Il n'est pas rare que, dans les statues
de l'eunuque divinisé, l'étofïe, fendue par endroits, laisse
apparaître les chairs molles des bras et des cuisses et
même l'abdomen (2).
La comparaison avec les autres images d'Attis funé-
raires permettra de restaurer avec une certitude suffi-
sante le bas de notre représentation aujourd'hui mutilée.
Le dieu devait être debout les jambes croisées et cou-
vertes d'un large pantalon plissé (cmaxyrides), la main
droite appuyée sur un bâton recourbé, attribut des ber-
gers {pedum), ou tenant une torche abaissée, image de la
mort.
Comme on le voit par l'inventaire que nous avons
essayé de dresser, le bas-relief de Vervoz a le mérite d'être
le premier représentant belge d'un groupe archéologique
assez nombreux. C'est, de plus, une preuve nouvelle et
certaine à ajouter aux indices qui pouvaient faire conclure
à l'introduction dans nos provinces des mystères de Cybèle
et d'Attis (3) originaires de Phrygie,à côté de ceux de Mithra,
(i) La remarque est de M. Schuermans, loc. cit.
(2) Far ex. Reinach, Répertoire, I, p. 184, 1 (-- Clarac, pi. 396 C,
n« 064 j.) ; II, p 471. et surtout Amelung, Filhrer durch die Antiken
in Floreiiz, 1897, p. 42, u" 61.
(.3) Le plus remarqualile est l'épitaphe, découverte à Tournai,
d'un archigallus (Orelli-Henzen , 11° 2361 ; Schuermans, Bull, des comm.
royales d'art et d'nrch., t. VII, p. 41, n" 26). Elle prouve que les
- 71 —
venus de la Pocsc (l). Knliii , ce morceau de sculpture
fixe immédiatement le caractère de l'édifice qu'il décorait.
Cet édifice, qui se dressait sur une éminence près de la
grande voie de Tongres à Arlon, ne peut avoir été qu'un
tombeau monumental, élevé à la mémoire de quelque
grand propriétaire romain.
Cette construction, à en juger d'après les restes de cha-
piteaux et de corniche qui nous en sont parvenus, devait
être fort élégante, et le tambour de colonne qui nous
occupe, ne dément pas cette conclusion. Les exemples
connus de colonnes décorées de figures en relief, sont
assez rares dans l'antiquité, quoiqu'on en puisse citer un
certain nombre. Sans remonter aux colonnes du temple
d'Ephèse , autour desquelles se développaient des scènes
mythologiques (2) , ni prétendre établir un rapproche-
dieux asiatiqueà avaient dans celle ville un culle organisé. — II faut
mentionner aussi une série de bronzes ajourés figurant Cybèlede face,
accostée de deux lions, et, à droite et à gauclie, un buste d'Attis enté
sur une pomme de pin. On en peut citer jusqu'à cinq exemplaires,
découverts :
1» A Anthée (Musée de Namur), Annales de la Société archéolo-
gique de Namur, XVI ( ISSl), pi. (i ; cf. S. Reinach, Bronzes du Musée
de Saint-Germain, p. 334, n° 431. — 2° A. Brunault-Liberchies (Musée
de l'Université de Gand); IIoulez, Bul'. de Vncad. rot/a/^', Bruxelles, XII,
184Ô, p. 405 ss. — 3° A Elouges (Musée de Bruxelles), Annales du Cercle
archéolog. de Mons, t. XII (1875), p. 3(XJ et pi. VI, fig. 6. - 4" A Bavai :
de Caylus, Recueil d'antiquités, t. II, p. 397 ; Babelon et Rlanchet,
Bronzes de la Bibliothèque nationale, p. 585, n" 145G. — 5° Dans le
Nord de la France: Frôhner, Collection Gréna, Catalogue des
bronzes antiques, Paris 1885, p. 18, n" 63, cité par S. Reinacli
( 1 ) Cf. mes MonuiH. relatifs au culte de Mitiira, t. I, p. !257, n. 8.
(•2) Cf. Chipiez, dans le dict. de Daremberg et Saglio, s. v. Columna,
p. 1346, qui cite d'autres exemples similaires; cf. aussi, p. 931, où est
signalé l'usage d'adosser des caryatides à des piliers. Des Attis sont
pareillement appuyés contre une colonne ; cf. Reinach, Répertoire,
II, 471, n°^ 1 et 3,
— Ti —
ment avec la colonne d'acanthes , surmontée de carya-
lides, que les fouilles toutes récentes de Delphes ont mise
au jour, il est permis de rappeler l'emploi grandiose que
les Romains ont fait de ce genre d'ornementation dans les
colonnes Trajane et Antonine. Des analogies moins loin-
taines rattachent le fmgmént de Vervoz à divers monu-
ments découverts dans le nord de la Gaule. A la fin du
siècle dernier, on a mis au jour, non loin de Maubeuge,
un tambour sur lequel, au milieu de pampres entrelacés,
se déroule une scène bachique (i), et à Neuenheim, près
de Heidelberg, a été exhumée une colonne entière, dont le
fût est couvert de sarments de vigne et le chapiteau orné
de quatre bustes féminins (2), Toutefois, notre Attis offre
la particularité unique de se détacher en relief sur un
champ cannelé. Il est permis de se demander si l'artiste a
cherché par cette disposition toute spéciale un effet voulu,
ou si elle n'est pas due à un simple accident. On remarque,
en efîet, que le bloc de pierre n'est pas parfaitement cy-
lindrique, mais aplati et comme échancré à l'endroit qu'oc-
cupe la sculpture. Le diamètre le plus large est de 43 cen-
timètres, le plus étroit ne dépasse guère une trentaine.
Cette disproportion pourrait faire supposer que la colonne
n'était pas destinée primitivement à porter un relief, mais
qu'elle a été retaillée après coup et réduite dans ce but.
( 1 ) Cf. mou Catalogue des sculptures antiques du Musée de Bru-
xelles, ]). 15, no 4. Comparez avec cette gravure la fig. 1784 tle Chi-
piez (/. c, p. 1350), reproduisant un dessin de Piranesi.
(-2) Les colonnes de Maubeuge, comme celle de Neuenheim, ont
surmonté des «pierres à quatre dieux» si fréquentes en Gaule.
^^Hany, Viergôtterstehie, duns ]& Westdeutsche Zeitschift . X, 9, ss.).
)je principe de placer sur le piédestal des figuires de divinité étant
une fois admis, on ;i pu songer aisément à leur réserver aussi une
place sur le fût.
- 73 —
Il ne nous appartient pas do liroi- ici des conclusions
architectoniques des dimensions du tambour si heureuse-
ment sauvé de la destruction, et d'essayer de déterminer sa
hauteur et l'ordonnance de l'édifice dont il taisait p;u'tie.
Nous nous sommes attaché uniquement à mettre en
lumière rinlérêt de ce morceau au point de vue inyllio-
logi((ue et arlistique, et il ne nous reste plus (juVi remer-
ci(M% en lerminanl, ^fIl^litut arcliéologique liégeois d'avoir
bien voulu admcltrc celte ("tude dans ses annales, et à
exprimer notre gratitude envers M. !.. Renard, qui a mis
à notr(> disposition les renseignements les plus précis sui'
cette découverte.
'ranz CUMONT.
oie O^fin/iCoX,
LUI QO\t\\YLC\\>ç.cryiznX.
cLi3(Vffl^Sieclc
1 1 Principauté Je Ll É&E
I IConTÉ dt DnuiEM
RoUTEi
G
L^ TERRE FRAKGIIË DE IIEKSTAL
ET SA COUR DE JUSTICE
Première Partie.
LA TERRE FRANCHE. — APERÇU HISTORIQUE.
ABRÉVIATIONS
A. B. — Archives de l'Etat à Bruxelles : CF. — Cour féodale.
A. L. — Archives de l'Etat à Liège : H O. — Archives des Cours
de justice. Herstal. Œuvres.
"Wauters, T. C. — Table chronologiqae dps chartes et des
diplômes impi'imés concernant l'histoire de la Belgique.
Daris, Notices, — Notices historiques sur les églises du diocèse
de Liège.
An. pr. sr. — Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique
de la Belgique.
Pertz, M. G. H. Scr. — Monumenta Germaniae histoi'ica.
Scriptores.
B. S. A. H. — Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse
de Liège.
B. I. A. L. — Bulletin de l'Institut archéologique liégeois.
Sch., V. S.-L'. — Schoonliroodt. Inventaire analytique des
archives du Val Saint-Lambert.
S. C. R. H. — Séances de la Commission royale d'histoire.
— 76 —
INTRODUCTION.
Entre toutes les communes composant actuellement le
tenitoii-e de la province de Liège, celles qui autrefois ne
taisaient pas partie de l'ancienne pi'incipauté de Mége, ont
une histoire qu'il est particulièrement intéressant d'étudier.
La principauté renfermait plusieurs territoires apparte-
nant aux pays voisins et auxquels on donnait le nom
d'enclaves; ces enclaves étaient d'une étendue dilTérente.
Aux portes de Liège, nous en trouvons une d'assez grande
importance et dont l'origine remonte à une époque très
ancienne : la Terre Franche de Herstal.
Enclave brahançonne, son territoire s'étendait bien au
delà des limites de la commune actuelle de Herstal ; VVan-
dre, Souverain-Wandre, Rabozée et la Xhavée avec ses
dépendances en taisaient partie. La principauté de Liège la
contournait presqu'entièrement : le côté Nord-Est seul
touchait au comté de Dalhem.
Après avoir tait l'historique des différentes familles
seigneuriales qui se succédèrent dans le gouvernement de
la Terre Franche, nous donnerons un aperçu de l'organisa-
tion intérieure de celle-ci.
Remarquons cependant que, sous le rapport spirituel,
Herstal faisait partie du diocèse de Liège et, à ce point de
vue , il dépendait de l'archidiaconé du Condroz et du
doyenné de Saint-Remacle au pont d'Amercœur.
Les sources. — Le dépôt des Archives de l'Etat à Liège
comprend, pour la Cour de justice de Herstal, 383 volumes
qui se répartissent comme suit :
183 pour les œuvres de la Cour échevinale, s'étendant de
1453 à 1796.
— 77 —
5 pour les œuvres do la (^)nr lûodalc, embrassant les
années 1574 à 1792.
16 volumes d'embrevures (1447-1700).
3() volumes de pai'olïres (1505-1780).
111 volumes de saisies, grands commands, possessions
(1533-1789), enfin les plaids do 1480 à 1787.
Nous avons consulté également les registres de la Cour
féodale de Brabant pour tous les reliefs faits devant cette
Cour.
Les registres de l'état- civil , conservés aux Arcbives
communales, commencent en 1565 et sans interruption se
prolongent jusrpi'à la Révolution.
Topographie. — Le lerritoire qui compose de
nos jours les communes de Herstal et de Wandrc formait
autrefois la « Terre Franche de Herstal ». La superficie
totale est , d'après la dernière revision cadastrale , de
21 73 hectares, 53 ares, 53 centiares.
Les limites actuelles de ces communes sont, au Nord :
Hermée , Vivegnis, Hermalle , Gheratte ; à l'Est : Saive ,
Bellaire et Jupille ; au Sud-Ouest ; Liège ; à l'Ouest : Vot-
tem et enfin au Nord-Ouest : Milmort.
La Meuse coupait la Terre Franche en laissant à gauche
Herstal, le tronçon de beaucoup le plus imporlani, et à
droite, Wandre ; au milieu, l'île Monsin.
Une rivière : la Lave prend sa source à iMonsin et se
jette dans la Meuse à l'extrémité de l'île Monsin. Le ruisseau
du bois de Pontisse se rend dans la Meuse au Sonkai, ceux
de Vc>ttem et du Patard se jettent dans la Laye.
1, Différentes orthographes. — Chehstalius (i)
(1) J.Demarteau, Saint Tliéodard et saint Lambert, Publication des
bibliophiles liégeois, 11° 30, p. 115.
— 78 —
(Ville siècle) ; Hereslalliuin (i) (7'22) ; Areslalium (2) (T.VJ) ;
Marislaliuin (3) (770) ; Aristalliuiii (i) (77^2) ; Haristellium (5)
(777) ; Aristcllium (6) (778) ; Harislalliuin (7) (779) ; lle-
ristallium (s) (OIG); Herdlalluin (9) (916); HeristL-lle (10)
(1015); in parrochia Haristalliensi (il) (118')); in liauii')
Haristalliensi (12) (1185) ; Harstallium (13) (lt>47) ; ir. villa
de Hastalo (14) (1248) ; li cour de Herstal (ds) (lt>52) ; Uars-
tat (IG) (1277); Har.sia (n) (128S) ; tVanke ville de IJars-
lailh (48) (12!>1); Harstalli (19) (1321); Ilarslalluin (20)
(XVIir^ siècle).
2. Etymologie — DitTérentes opinions ont été émises.
On a soutenu {"li) que \e moi a Herstah-) venait de deux
mots tudesques : lierr, seigneur, et stall, écurie, et signi-
fiait ainsi les écuries du seigneur, c'e.st-à-dire l'endroit où
le seigneur de Jupille aurait eu ses écuries.
()) Wauters, t. g., I, 08
(2) iD. T. C, I, 80,
(3) Id. t. C, I, '.)[.
(0 Id. t. c, I, 93.
(5) Id. t. c, I, 98.
(G) Id. t. c, I, 99.
(7) Id. T. C, I, 100.
(8) Wauters, t. c, I, 329.
(9) Id. T. CI, 330.
rio) Pertz, m. g. h. Scr., XI, 73.
(h) Ernst, Histoire du Linthoitrg, VI, 158.
(12) Id. id. id. YI, 157.
(i3) BoRMANS et Schoolmeesters. Cart. de Saint- Lambert, I, 533.
(li) Bidl. S. A. H,X. I--" p., 27.
(13) /(/. id. X, P«p ,27.
(le) BoRM. et ScHOOL., Crtr^ de Saint- l.amhert. 11,277.
(17) Id. id. id. id. Il, 435.
(18) B. S. A.H.,X, l'«p ,32.
(19) ScuooNBROODT, Cart. du Val Saint- Lanthert, I, 17(>.
(20) Bidletin de la Commission rojiale d'histoire, l''"* s., t. IV, p. 41-.
(21) Flsen, Hist. Ecoles. Leod., I, 1. 4, § 34; Foult.on, I, 118.
- 79 —
II nous est assez tliriicilc (l'.uiiiictlro celle opinion : on
se représenle, en efïel, peu aisément des écui'ies siluées
à une aussi grande dislance du palais royal et, au surplus,
séparées de celui-ci par des ol)slac!es impraticables et né-
cessitant l'existence d'un pont sur la Meuse, ce qui ne nous
est signalé par aucun document.
Ensuite, comment admettre que l'on donne à Pépin le
Gros, le surnom de Pépin de Ilerstal, si cet endroit n'est
que l'emplacement des écuries royales ?
Une autre opinion (l) encore est celle qui tait dériver
Ilerstal de Rar, lier, seigneur et de sied, emplacement et
traduit par endroit où résidait le seigneur. Or, la première
l'ésidence de la famille des Pépin fut, selon toute probabi-
lité, Jupille ; l'existence d'un palais à cet endroit nous est
attestée par des actes de 687 (2), 706 (3), 712 (4); mais, à
partir de 714, la demeure seigneuriale semble avoir été
ti'ansl'érée à Herstal pour des motifs que la pénurie des
documents nous laisse ignorer. A partir de 722 (s), toutes
les chartes qui nous sont parvenues sont datées du palais
de Herstal et il n'est plus fait mention de Jupille.
Nous croyons que le nom existait avant la translation
de la résidence seigneuriale; le silence des documents
n'est pas une preuve de sa non-existence.
Le mot Herstal est une appellation , un nom commun
du vieux teutonique, composé de deux mots de la même
langue: Hari, Heri, armée, et stal, emplacement; on
peut le traduire exactement par campement (6). (^e qui
()) A. DE Kyckel, Les coinmioies de la province de Liéi/e, '•II'"!.
( 2) Wauters, t. g., 1, 54 (peut-être faux).
(5) Wauters, T. G., 1,61.
(4) Wauters, T. C, \,mi.
(5) Wauters, T. C, 1, 66, 1" janvier.
(•jj Graff, AWiocJi deutscher Sprachschatz, VI, 677 sqq.
— 80 —
nous confirme dans celte opinion, c'est que nous retrou-
vons le même mot sur les bords du Wéser, à un endroit où
Charlemai,me hiverna en 797 (l). 11 ne s'agit donc pas,
comme on l'a dit (2), de donner une preuve convaincante
de sa prédilection pour llerstal ; Herstal est simplement le
mot qui, dans la langue populaire, signifiait campement.
Quant à la conjecture de M. le chanoine Daris (3), qui
tend à faire dériver le mot de herr, seigneur, et slapel, Cour
de justice, nous ne voyons pas comment elle se véritierait
pour la localité qui se trouve sur les bords du Wéser.
Chapitre T.
HERSTAL SOUS LES MAIRES DU PALAIS.
La vie la plus ancienne de saint Lambert (4), écrite au
commencement du huitième siècle, contient la première
mention du nom de Hei'stal; il y est dit que, grâce à l'in-
tercession de ce saint, un perclus fut guéri au moment
où le cortège faisait repos à Charistalhis ; à ce même en-
droit fut fondée une église en l'honneur de S^ Lambert (5).
Il faut cependant remarquer que, dans les copies moins
anciennes, un autre nom de lieu prend la place de Hers-
tal. C'est à Hermalle, localité un peu plus rapprochée de
( )) Pertz, m. g. h. s. I. Au. Petirruni, p. 18
(2) De Ryckel, Communes de la province de Liét/c, ''21 A.
(3) J. Daris, Notices historiques, etc., XIII, 161, note. Celte étymolu-
gie pourrait peut-être s'appliquer à Herstaple, commune de lu
province de Limbourg.
(1) J. Demarteau, S' Tlu'odard. et. S'- Lambert. Bibl. liég., no 30, 173.
(5) Mathias de LEWis,Bil)l. liég., n"-2,o(J, i/i!'«;( frO/(?re»tc«6Y', 11,484.
- 81 —
Visé, que la rolalion r('[)r()(liiil(> par Cliapcaiivillv" ( l) tait
ai'river la guéi'ison du perclus; nous sommes prohablemcnl
ici en présence d'une erreur de copiste engencli"(''e |)ar la
coiilusion de deux mots commençant et linissaiil par les
mêmes consonnes.
Herstal existe donc au liuitième siècle. La l'amille des
Pépin y possède un château royal : la présence de plu-
sieurs de ses membres y est constatée à des époques fré-
quentes.
Charles Martel s'y trouvait le l"^'' janvier 722 (2) ; le roi
Pépin y vint la première année de son règne (25 avril
752) (3), et un an et demi après la uKjrt de ce dernier,
Charlemagne, devenu roi, se trouve à Herstal (4).
Faut-il se poser la question de savoir si Charlemagne est
né sur les bords de la Meuse ? Ce point a fait l'objet de
plusieurs études spéciales qui ne sont arrivées à aucun
résultat, en ce sens qu'elles n'ont pas résolu la question,
pour la bonne raison qu'elle est insoluble !
En effet, le seul biographe du grand empereur ne citant
pas le nom du lieu de naissance, tout ce qu'on peut dire à
ce sujet n'est que pui-e conjecture. Ainsi, s'il faut en croire
une généalogie de:^ ducs de Brabant, Charlemagne aui'ait
liabité Herstal alors qu'il était encore adolescent (5).
Nous estimons cependant qu'il n'y a pas lieu d'approton-
dir cette question ; d'ailleurs, d'après M. Hahn (6), qui s'en
est longuement occupé, elle est sans impurlance poui'
l'histoire comme pour la critique.
(i) (Ihapeauville, Gesta pojitificitDi, I, :îi-^B, 4oo.\.
(2) Wauters,T. C, [, m.
(3)Id. T. C, I, 80.
{■1 ) Id. t. c, I, 91 (diplôme de mars 770).
(o) Séances C. R. H., 1'" s., IV, 44. Noticesur un inannscrit de Co-
hlentz.
(6) Mémoire conroiuié de V Académie, in-S». XI. 109.
- 8'2 —
Quoiqu'il en soit, Charlouiagne semble avou' résidé assez
tVé(jueiTiment sur les bords de la rive droite de la Meuse.
Nous l'y rencontrons en mars 770 (^), il y séjourne jusqu'aux
fêtes pascales et va célébrer celles-ci dans la Cathédrale
de Saint-Lambert à Liège (2). Il revient à Herslal à l'époque
des deux grandes fêtes de l'année suivante (3) (771). En
juillet 772, le grand homme commence la guerre contre les
Saxons (4), et, dès le 20 octobre de la même année, sa pré-
sence est constatée à Herstal (s).
Nous l'y retrouvons encore le l'-'' septembre 774 (e), à la
Noël et à Pâques 776 (7), en janvier 777 (8), et pendant
l'hiver de 778 (9), le 43 mars 779(10), en octobre 781 (11), le
'18 août 782 (12) et enfin en 783 (13).
De 783 à 802, Gharlemagno semble avoir délaissé les
bords de la Meuse, pour habiter Aix-la-Chapelle ; le der-
nier séjour à Herstal est affirmé par un acte du l^i' sep-
tembre 802 (14).
Le palais de Herstal ne fut pas abandonné par les succes-
seurs de l'empereur d'Occident ; ils y séjournèrent cepen-
dant beaucoup plus rarement que lui : ainsi son fils Louis
(I) Wauterï?, t. C;., I, 91.
(i) Historiens des Gaules. Annales Eginliardi, V, 201.
13) Pertz, Monun G H., Scr. XIII, 2S, 703. Idem, VI, 558; I, 151.
(i) Id. » » VI, 558, Xtll, 28.
(5)Id. » ). VI, 558, XIII, 28.
(6) Wauters, T g , 1,94.
(7) Pertz, M. G. H., Scr. I, 156; VI, 558.
(s) Wauters, t. C.,I, 98.
(9) Pertz, M. G. H. Scr., VI, 558 ; XIII, 700. A. SS., I, 3S;î
fio) Wauters, T. G., VII, 26.
(II) Id. t. g., 1,402
(12) Id. t. g, VII, 1203.
( 13) Historiens des Gaules, III ; 20 c. An. Franc, Tiliani
(14) Wauters, T- G., I, 117.
— 83 —
le Déljuiin;iiiv y vint ni 818 (l), le 15 oelehre 8t>;5 (2) et
le 19 avril 831 (3).
Les troubles ({iii suivirent la niorl du Débonnaire ne
perniirenl pas à ses enfants de s('j()urnei' ;iu palais de
MersUd vl ce n'e.st qu'en août 870 (i) (pie nous voyons
Charles le Chauve séjourner à Herstal, pendant que Louis
le Gerniani(pie était à Meersen et que les délégués des
deux princes négociaient le partage de la Lotluuàngie (5).
En 88], les hordes normandes se ruèrent sur le pays de
Liège et y portèrent partout la mort et la dévastation ; le
palais de Herstal ne fut pas épargné (6). Détruit en tout ou
en partie, il lut restauré dans la suite, car Charles le
Simple y habitait dans les premières années de son règne ;
il y tint, le 19 janvier 916, un plaid général oi^i se trou-
vaient réunis évêques, comtes et nobles du royaume (7).
La pi'ésence de ce prince à Herstal nous est attestée le 9
avril (8), le 13 juin (9) et le 27 juin de celte même année
916 (to), et enfin le 8 septembre de l'année suivante (\i) ;
c'est la dernière mention du palais des bords de la Meuse.
Dès son avènement au trône en 911, Charles le Simple
avait donné le domaine de Herstal à Renier au Long Col,
(i) Pertz, m. g. h. Scr.. I, !2U5. An. Lauiis., II, 62i.
(-2) W/UTERS, T. C . I, 17-2.
(S) Id. t. C, I, 190.
(4) Pertz, iVl. G. H. Scr., 1, 487. llincin. Au. Remens.
(5) Id. » » « L ô^^- Refjinoiiis Cltronicdii.
(6) Daris, Histoire dit. diocèse de Liège, I, !2(J0.
(7) VVauters, T. G., I,3i9.
(8) Id. t. g., I, :-i30.
(9) Id.T.G., 1.331.
(10) Id. t. g., 1,33^2.
(11) ID. T. G, I, 333.
— Si —
duc de Lotharingie (i). Le fils de ce dernier, Gislebert,
iiyanl voulu se rendre indépendant, l'ut privé de son duché,
mais il le recouvra en 922, en même temps (jue la Terre de
llorstal (2), Henri I l'Oiseleur fait acte d'autorilé à llerstal
le 7 juillet 930 (3).
En 959, la Lotharingie fut divisée en deux parties, dont
l'une prit le nom de duché de Lothier ; Herstal en fit
partie et passa aux dilïérents ducs qui se succédèrent dans
le gouvernement de ce duché (4).
En résumé, Herstal fut anciennement le domaine de la
famille des Pépin, maires du palais sous les derniers rois
Mérovingiens ; quand cette famille tut montée sur le trône
dans la personne de Pépin le Bref (752), cette localité
devint un domaine de la Couronne et subit toutes les vicis-
situdes de celle-ci pour faire partie de la Lotharingie,
comme fief impérial.
Nous allons voir comment Herstal, qui faisait partie de
la Basse-Lotharingie, passa aux ducs de Brabant.
Chapitre II.
HERSTAL SOUS LES DUCS DE BRABANT.
La Basse Lotharingie était un fief de l'Empire Germa-
nique. Au onzième siècle, Godefroid le Barbu (109G-1140),
comte de Louvain et de Bruxelles, fut créé duc de Lothier
par l'empereur Henri V ; mais bientôt ce titre n'eut plus
aucune valeur, car les différents comtes du pays, d'abord
subordonnés au duc, se rendirent indépendants.
( 1 ) Ue Ryckei,, Histoire des coni. de la prov. de Lié</e, i27o-
(-i) Id. » » » » » » !27o.
(3) Hubert, Abré(/é de Vhistoire de heh/ique, 55.
(4) Wauteis, t. C, 1,341.
— 85 -
C'est ainsi que Goflofroid III (1142-4190), petil-fils de
GodelVoid le Barbu, ;d)andonna le titre de duc de Lotliier
ou de Basse-Lotharingie, pour prendre celui de duc de
Brabant, où il avait ses possessions personnelles.
La Terre Franche de Herslal, qui toujours avait appar-
tenu aux ducs de Lotharingie, passa ainsi naturellement
aux ducs de Brabant, leurs successeurs.
Nous voyons, en etlet, GodelVoid III faire acte d'autorilti
à Herstal en -1147 (1). Ce prince avait besoin d'argent, il
engagea le village de Herstal à l'évêque de Liège, Rodolphe,
pour une somme de 300 marcs.
L'évêque à son tour donna le dit village à son f'glise et
l'empereur Frédéric ratifia cette donation dans un diplôme
daté du ^9 septembre 1171 (2)
Il était stipulé que si le duc de Lotharingie remboursait
la somme empruntée, celle-ci devrait être appliquée d'une
manière fructueuse pour les prébendes des chanoines.
Le chapitre ne resta pas longtemps en possession de la
terre susdite ; car, en 1185, les ducs sont rentrés en pos-
session de celle-ci (3) ; il est donc probable que la somme
empruntée avait été remise dans l'entretemps. Feut-èli-e
le remboursement eut-il lieu entre les années 1182 (4) et
1185? La première de ces dates est celle d'une donation
de biens situés à Herstal par un chanoine de f-iége, et
stipulant la fondation d'une messe jou''nalière dans la
chapelle de Notre-Dame.
Godefroid III fit encore acte d'autorité à Herslal en
0 septembre 1185 (5) ; il mourut en 1190. Son fds Henri I,
(1) Wauters, t. C, II, 283.
(2) BoRM. ET ScHOOL., Cart. de Saint-Lambert, I, 8'.).
(3) Wauters, T. C, 11,462.
(4) Borm. et Schoolm , Cart. de Saint-Landxrf, I, O'K
(3) Ernst, Histoire du Limhoury, VI, 1.57.
- 86 —
surnommé le Guerroyeur, lui succéda comme duc de Bra-
bant et seigneur de Herstal ; c'est sous ce titre que nous le
rencontrons en 1197 (i), 1209 (â), 1211 (3), 1223 (4),
1SJ28 (5), 12;3'2 (6). Henri mourut en 1235 et légua Herstal
à son second fils Godefroid de Louvain, époux de Marie de
Gasbeeck. Il est qualifié de seigneur de Herstal dans un
acte du mois de septembre 1248 (7).
Godefroid mourut en janvier 1253 ; son fils Henri lui
succéda et nous le rencontrons portant le titre de a sire
de Herstal » le 8 juillet 1262 (s).
C'est ce prince Henri qui, en 1264 (9), moyennant
un cens annuel d'un florin d'or de Liège, payable à la
Noël, donna aux bourgeois de Herstal, Grand-Wandre,
Petit- Wandre et Rabozée (c'est-à-dire les territoires com-
posant la Terre Franche), la propriété des biens dont ils
avaient déjà fusage, (Ces biens étaient situés sur la rive
gauche de la Meuse.)
Henri fit acte d'autorité à Herstal en 1265 (10), 1268 (n),
1271 (12), 1280 (i3) et en février 1283 (u). La numisma-
tique vient ici nous confirmer dans nos dires ; en effet, on
( I ) ScHooxBROODT, Liv. (uial . des arch. fhi Val Saint- Lamhert, I, 8.
(2) Id. » « » » )) » I, 1;].
(:. ) Wauters, Ï.C, 111,34s.
(-1) Ip. t. C, III, 605.
(.1) ScHOONBROODT, hiv. an. du ch. de Saint-Martin, n° £8.
(0) » » » )) » Val Saint- Lambert, I, 39
\i) Bull, de la S. A. H., X, 1« partie, 27.
(8) Wauters, T. C. V, 273.
(■..) Id. t. C, VI. Introduction, LXl.
(10) ScHOONBROODT, Cart. du Val Saint- Lambert, [, 290.
(li) BoRM. el ScnooiM., Cart. de Saint-Lambert, II, 190.
( a) WoLTERS, Notice historique sur le comté de Homes, 210.
(15) BoRM. et ScHOOLM., Cart. de Saint- Lambert, U, 311.
(il) Bull, de VInst. archéol. liég.. VII, 1.3
- 87 -
trouve Henri I qualifié de sire de Herstal sur un esterlin
de Brabant (l). Le même titre est donné à son fils et suc-
cesseur, Jean de Louvain, sur un gros en argent et sur
un esterfin (2).
Jean mourut en 1309 ; son fils Henri H lui succède et
meurt sans postérité, laissant sa succession à son frère
Jean de Louvain. Ce dernier meurt à l'âge de 17 ans et sa
sœur Béatrice lui succède en 1324 (3).
Elle fit le relief de la Terre de Herstal le '21 avril 1325
devant la Cour féodale de Brabant (4) ; elle est qualifiée
K damoiselle y) de Herstal, en 1334 (s) et 1335 (6).
Elle mourut vers 1339 sans héritiers, après avoir légué
tous ses biens à son cousin germain Guillaume , sire de
Hornes (7).
Voilà donc le domaine de Herstal entré dans la maison
de Hornes : nous pensons que les ducs de Louvain et de
Brabant donnèrent en fief, en s'en réservant la souve-
raineté, la Terre de Herstal à leurs enfants puînés; le
8 août 1343, alors que la Terre appartenait à Guillaume de
Hornes, une sentence des arbitres choisis par Adolphe,
évêque de Liège et Jean de Brabant, pour aplanir leurs
différends au sujet de leur juridiction respective , est
conçue en ces termes : « La Terre de Herstal et ses apparte-
nances deyneiireront nu duc de Brabant et à leurs héri-
tiers >i (8).
(0 Revue de tmmismatiqne, I, pi. X, n"' I, 2.
(2) /fZ. » » I, 287,pl. X,n»7.
(3) BuTKENS, Trophées du Brabant, lib. 7, cap. 3.
(4) A. H , Corresp. de la C. F., n° 505, 14" vol., fol. 11, v».
(5) Wauters, t. C, IX, 506.
(nj S. A. II. du diocèse de Liège, X, V^ partie, 35.
(7 ) WoLTERS, Notice Jiistorique sur le comté de Homes, 34.
(8) Id. » » » » 3'.(
Guillaume V mourut en 1343; il avait ou d'un second
lit un grand nombre d'enfants ; l'un d'eux : Thierry LoelF
de Bornes hérita , entre autres biens , de la Jerre de
Ilerstal (i) ; il en fit relief en 1368 (2) et la vendit la
même année à Jean de Gossoncourt (3) (Goitshoven).
Celui-ci la céda à Lambert, sire d'Oupeye (4), qui à son
tour la transmit à son fils cadet, Jean d'Oupeye, dit de
Chaumont (5) ; ce dernier avait épousé Elisabeth de
Glimes.
Jean mourut sans postérité vers 1415, et Herstal revint à
son frère aîné, Adam d'Oupeye, qui le céda en 1422 à son
beau-fils, Henri de Gronsveld, époux de sa fille Aleyde (6).
Elisabeth de Glimes protesta comme créancière d'une
somme de 7000 florins d'or et obtint, le 24 septembre
1434, une sentence de la Cour féodale de Brabant lui
adjugeant la Terre, faute du payement de cette somme (7 ).
Toutefois, Henri de Gronsveld persista à rester en pos-
session de Herstal, ce qui détermina Elisabeth à vendre
ses droits à Messire Antoine de Croy ; ce dernier fit relie!
de la Terre Franche le 13 juillet 1435 (8).
Lorsqu'il se présenta pour entrer en possession de son
nouveau domaine, les habitants qui jouissaient à Liège du
droit de bourgeoisie craignirent qu'un seigneur étranger
ne leur fit perdre cet avantage et prirent le parti de Henri
( 1 ) WoLTERS, Notice Jiistofique sur le comté île Homes, 39.
(f ) BoiMANS, Les seijaeiirer les féodales dans le Bull, de l'Iiisf. arch.
liéçf. et Séances de la C. R. H., ¥ 1, lil, 234.
3) Bulletin de VInst. arch. liég., X. 145.
(i) BoRMANs, Les seigneuries féodales, etc., B. I. A. L., X, 14r).
(5) II). » » » » X, 14G.
(6) Id. » « » » X, 140.
(7) A. B. Corresp. de la C F.,n° 50ô, 14« vol , f. 11, v".
(s) BoHMANS, Les seigneuries féodales, etc., B. f. A. L., X. 14lj.
— 89 —
de Gronsvcld. Celui-ci, avec l'aide de ses amis et de ses
partisans liégeois, opposa la force aux prélentions de son
compétiteur (i).
Un reflet (la ces troubles perce dans les actes de la Cour
de justice; celle-ci suspendit ses séances et les remit à une
époque plus caluK^ (2).
Il fallut l'intervention du duc de Bourgogne pour faire
cesser les troubles : Philippe-le-Bon fit savoir par lettres
du mois d'août 1439, adi'essées au « damoiseau de Goule »
(Gronsveld) à Herstal, qu'il eut à se retirer de cette
seigneurie, afin n'en laisser jouir le seigneur de Croy,
« car ainsi le veut-il avoir fait et le commande et forcom-
mande ». Sur ce, Henri le pria de lui accorder un délai de
trois semaines pour répondre à ses exigences (3).
En 1444, l'atïaire était encore en souffrance, car au
nombre des réclamations formulées par Philippe-le-Bon
aux Liégeois (en l'absence de l'évêque parti en Terre
Sainte); figurait la question de Herstal. Le duc désirait
vivement savoir à quoi s'en lenir sur la participation des
Herstaliens à la résistance du sire d'Oupeye. Il fut heureu-
sement obligé de partir pour la Bourgogne, et, ce jour-là
(30 juin), tout le pays de Liège fut en proie à la plus vive
émotion; on avait tait courir le bruit que le seigneur de
Croy devait venir, dans la matinée, s'emparer de Herstal.
Les bourgeois coururent aux armes, et déjà les habitants
du Brabant wallon tremblaient à l'idée d'un conflit, quand
on apprit que ces rumeurs n'étaient (jue mensonges cl
que le duc chevauchait par d'autres chemins (4).
( 1 ) lioRGNET, Clironiqite de Jean de Sfarelof, 439.
(2) ScHOONBROODT, C. di( Val Sainf-Laiiihert, I, 4-âL
(3) BoRGNF.T, Clironiqne de Jean de Staveiot, 439
(4) Ibid.
— 90 -
Le dernier jour de juillet, délai fixé par Philippe pour
répondre à ses prétentions, il leur manda qu'il attendrait
le retour de l'évêque et se contenterait de connaître leurs
intejitions relativement à la Terre de Herslal et aux
amendes qu'il réclamait du clief de leur opposition.
Heinsberg i-evint un mois plus tard et ne tarda pas à
s'entendre avec le duc. Ce fut le comte Jean de Nassau,
beau-frère de l'évêque et grand sénéchal de BrabanI, qui
fut chargé d'exécuter le jugement de la Cour : il arriva
le 9 septembre à Herstal, accompagné des envoyés de
Monseigneur de Liège et des magistrats de la Cité. Il
prit possession de nia dite terre et hauteur au nom de
son iiiailre comme liautain seigneur de ce lieu », démit
le mayeur de ses fonctions et le remplaça par un .autre,
le tout, disait-on, du consentement du sire de Gronsveld,
qui espérait par là rentrer en grâce auprès du prince
bourguignon (l).
Antoine de Croy resta, dès lors, paisible possesseur do
la seigneurie de Herslal. Il eut à soutenir, contre Arnold
de Hoemen, seigneur de Saive, uu procès au sujet des
biens de La Motte, qui faisaient partie du territoire de
la Terre Fi'anche (2).
Le 19 février 1468, il vendit Herstal à Jean, comte do
Nassau, le même qui avait aidé jadis à le réintégrer dans
ses droits (3). Le comte fut investi du fief de Herstai par
le duc de Brabant lui-même, au Palais de Bruxelles (4).
On a soutenu (5) que le comte de Nassau, lors de son
intervention à Herstal (9 septembre 1444), avait déjà
( 1 ) BoRGNET, Chronique iJe Jean (Je Stavelot, pp. 542-543.
(•2) A. L. H. 0., r. (i, loi. 21, v».
(:ii A. V>.Leeiihriereii, u" 122, fol. 256 v».
(i) A. 1-5. » » 122, )) 250 V».
(.';) Bouiu.E, Ilist. de ht ville etdupays de Liège, II, 29; cf. Fisen.
- 91 —
acheté les droits au seigneur de Croy. Remarquons que
Jean de Stavelol n'en dit mot et que le jurisconsulte
de Méan, qui avait étudié la ({ueslioii (i), place cette vente
au 16 février 1458, date qui concorde avec le relief du
comte Jean devant la Cour de Brabant.
r>e comte do Nassau avait une rente de 500 llorins de
Florence sui- la Terre do lierstai, dont les arrérages
s'élevaient à 9,000 des dits llorins. Après avoir cité Antoine
de Croy, Jean de Voelen et plusieurs autres seigneurs
ayant d(?s droits sur cette terre, la possession lui on lut
adjugée par une sentence des lieutenants et hommes de
fiefs de Brabant pour «défaut d'une rente liérédilaire siir
cette terre et cela en conformité d'une sentence préalable
rendue en sa faveur». Le jour suivant, 16 février 1458, il
est investi du fief (2); donc il ne le possédait pas avant
cette date.
Remarquons pour terminer le présent chapitre, que la
souveraineté de la Terre Franche appartient toujours aux
ducs de Brabant, mais la seigneurie^ est possédée par les
comtes de Nassau, comme fief du duché de Brabant.
Chapitre III.
HERSTAL SOUS LES COMTES DE NASSAU.
Les comtes de Nassau firent relief de la Terre Franche
de Herstal devant la Cour féodale de Brabant de 1458 à 1 732.
Le comte
1. Jean de Nassau
fut seigneur de Herstal de 1458 à 1478; c'est en etTet le
'28 juillet de cette dernière année que nous voyons son fils
( i) nE Mkan, Ohservationes, etc., Ill, 257.
(2) A. V,., Leenbrieven, 11° 121, fol. 295.
— 92 -
2. Englebert de Nassau
lui succéder et prêter serment au [)ied de l'autel de réj^lise
Notre-Dame, à Herstal (i).
Le chanoine Daris nous dit (2) que Jean fut seigneur
jusqu'en 1481 ; or un acte de la Cour de justice nousprouve
que Jean a cessé ses pouvoirs dès 1478: l^iglebert nomme
un mayeur, ce .qui constitue ime des plus importantes
prérogatives du seigneur dans ses domaines (7 décemlire
1478) (3).
Quoiqu'il en soit, ce n'est que le 5 novembre 1481 (4)
qu'Englebert fait relief par décès de feu son père.
Englebert mourut en 1504; son neveu Henri lui succéda
dans ses droits à Herstal.
3. Henri de Nassau
fit relief le 18 juin 1504 (s), mais ne prit possession de la
Terre Franche que le 19 novembre 1520 par l'intermédiaire
de Marcelis, dressant de Diest, et Pasquée Vreling, ses
mandataires (6).
En 1521, il fit publier un mandement, ordonnant à tous
les Herstaliens de faire, dans les quinze jours, dénom-
brement et déclaration de leurs biens (7).
Nous verrons dans la seconde partie de ce travail les
difficullés qui sui'gii'ent sous le règne de ce prince entre la
Cour de justice de Herstal et l'Olficial de Liège.
Hem'i de Nassau mourut en 1538; son fils
(1) A. L. H. O., V. U.fo]. 143.
{2)Xo;iees,etc.,X\U. 1G3.
(3) A. L. H.O., r. 8, fol. 3i-.
(i) IJoiîMANS, .S'e/(/y(. féoil. Inst. arcJi. liéçi. X lid.
( '<) Ijormans, Seif/ii. féoû. Iiinf. nrch. h't'tf. X, KiH.
(0) De PiYCKEi,, Le-i coninniiir^ de ht /iror. (Je Ij'h'h'', ]>. 279.
(-) A.L. H. 0.,r. 1(), f. 211.
— 93 —
4. René dk Chalons
lui siicc'('mI;i, ("oiiiiiic seigneur de lli-rslal et, fit relief le
15 j.iiivici' 15:38(1). Il l';iit ;iele {l'.niloi il('> ;'i I lerstal en I5'(:'),
en noiiiniiuit un receveur (h; l;i Fi'anclie 'J'erre (2). Il
inourui en 154i.
5. GUILLAU.MK I)K NASSAU
Le t2lj janvier 1541-, l'empereui' (^iiarles investit (iuil-
iaume, encore mineur, accompagné du comte Guillaumi!
de Nassau, son père, et, de ses tuteui's Jean de Mérode et
Claude Bouton, de divers biens, entr'autn's de la Tei're de
Herstal,etce!a par suite du décès et en vertu du testament
de René de Chalons, son cousin germain (a).
C'est sous ce comte de Nassau, célèbre comme chef de
l'opposition contre Philippe II, qu'eut lieu le tait le [jIus
inipoi'lant de l'histoire de la Terre Franche.
L'empereur Charles-Quint, pour protéger ses vastes
possessions centre les attaques des ennemis du Sud, aurait
voulu consti'uire une forteresse à la limite méridionale des
Pays-B;is. f/emplacement le plus favorable était à Pont à
Fraisne, petit village de la province de Nanmr actuelle.
Malht^ureusement ce territoire faisait, partie de la princi-
pauté de Liège : il résolut de fiire un échange de territoii'e.
Il chargea Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas,
de négocier cette afïaire. Marie partit pour Binche où elle
invita l'évèque de Liège, Georges d'Autriche ; ce derni(>r
s'y rendit, et, le 6 mai 1546, fut conclu un traité qui stipulait:
1° Que l'évèque, du consentement de son chapitre, cé-
derait à l'empereur, comme roi des Pays-Bas, p(jur lui et
ses successeurs : « toute la juridiction, Jiauteur, ))rc}ni-
( 1 ) BoRMANs, Tiisf. arch. liég. X, 140.
(-2) A. L. H. ()., 11° 22. (A la date.)
(3) A. H. Leenhrieren, n" 135, fol. 294.
— !U -
ncnces cl nntrcs droits lant rc'yalcs^soHvevdincté fju'diilrrfi j)
au lieu que la. gouvei-nauLe désignera près de J'oiit à
Fraisne.
'2° Le fort qui sera construit à Fraisne ne pourra, en cas
de guerre enire l'empereur et l'évêque de Liège, servir
de place forte aux ti'oupes de l'empereur, auxquelles il
est expressément défendu de piller le territoire de la prin-
cipauté de Liège.
3° Le capitaine du fort, nommé par l'empereur, devra
prêter serment en mains de l'évêque et jurer de ne rien
laisser endommager par ses soldats et de ne contraindre
dans aucun cas les sujets à aucune espèce de servitude.
4" En compensation, la gouvernante cédera au prince-
évêque c la terre et seigneurie de Ilerstal tenue en fief
dudit duché de Brabant ou Marquisat d'Anvers, acec le
droit de relief sans y rien réserver ».
5° Pour etlectuer l'échange on fera mesurer par « deux
mesureurs assermentés » (choisis l'un, par la gouvernante,
l'autre par l'évêque) la terre de Herstal et l'endroit où
Ton se propose de faire le fort, pijur y désigner la même
étendue de territoire.
6° Enfin, la gouvernante fera ratifier le présent traité par
les Etats de Brabant qui en délivreront acte officiel à
l'évêque de Liège.
Telles sont les clauses principales du traité du 6 mai
J 546(1).
Le 17 décembre de la même année, une visite des deux
localités eut lieu (â).
(i) Original sur parchemin à L/7/e .• Arcliives déparleinentales.
Copies: Liège. Bibliotli. de l'Université. Manuscrit Van den Bercli,
n° 188, ff. 582 et hm.
Bruxelles. Cour des comptes, 110'^ vol., fol. 290.
Idem. » » )) 672" vol , » 184.
Bouille, Histoire de Liéye, III, 336.
(2) Analectes pour servir, etc., VI, 371.
— 95 —
(litiHiiK^ il avait (Me slipiilé, les géoiiuHres se iiiiii'iit à
l'ouvrage et, le -4 août 15 iS, ay;;iil i-(»n(Iu compte de leur
travail, ils reconmireuL que la Terre Franche avait une
su[)erficie totale de '2,713 houuier.s, 3 grandes verges et
une petite, ce qui de nos joui-s représenlei'ail 2,:]65 hec-
tares 50 ares 99 centiares, tandis que \c territoire de l'ont
à Fraisne était heaucoup moins (Hendu.
De là rinipossihilit(! [jour le prince de céder une snpei--
licie égale, sans porter à son église cl à la chùleilenie de
Couvin un préjudice assez, considérable ; il l'ut entendu
(jue la reine céderait la partie di' la Terre Franciie située
sur la l'ive gauche de la Meuse et dont la supeilicie était
de 2,019 bonni(n-s,:)U grandes verges et une petite, c'est-à-
dire 1,767 hectai-es 44 ares et 18 centiares.
De son côté, l'évèque cédera à l'empereur les (Iroits qu'il
a sur les terrcîs envii'onnant le tort, enlr'autres aux terres
de Dou.rtle, acquises du couvent de Florelïes et le reste de
part et d'autre de l'Eau Blanche. Ces terres seront séparées
du territoii'e de la principauté de Liège au moyen de bornes
placées par les délégués des deux parties.
Or, il arriva que le village de Fraisne tut complètement
englobé, mais les seigneurs de cette terre eurent la faculté
de retenir « les cena^ rentes et revenus avec tous autres
droits, l'ief et juridiction qu'ils ont toujours exercés, abisi
que tous les droits de péage, tonlieu et autres, perçus sur
les terres de Fraisnes, sauf les droits de régales, de souve-
raineté et de ressort, et les aides accoutumés que le prinec-
évèque cède à f empereur y) (l).
Remarquons que ce traité ne touchait en rien aux clivjits
des seigneurs de llerstal, il ne cor.cernait que le droit de
souveraineté. Ce point a son importance, car nous verrons
plus loin qu'il fut le sujet de nombreuses constestations.
(1) Traité du 4 août 1548, Manuscrit 1>>8, fui. 583. Liège,
Université.
— 96 —
De la part de l'évêque de Liège, le conti-at, fui immé-
diatement exéciilé : en 1549, le fort est conslruit et reçoit
le nom de Mariembourg, en l'honneui' de la gouvernante
des Pays-Bas.
Nous avons vu qu'à la mort de René de Ghalons ,
son cousin et successeur Guillaume était encore mineur.
A sa majorité il vint faire relief devant le grand autel de
Notre-Dame, le 19 septembre 1552 (l).
Nous allons reprendre ici la succession des comtes de
Nassau, que nous avions un instant abandonnée, pour
nous occuper de la question de l'échange dans son
ensemble.
Guillaume de Nassau emprunta, le 16 janvier 1557, une
somme de 16,000 florins à L'rançois Hansler et à son
épouse, Agnès Van den Bongard, et, en garantie, il leur
céda la Terre Franche jusqu'au remboursement (2).
François Hansler fut inslallé comme seigneur, avec
toutes les formalités d'usage, le 4 lévrier 1558 (3) et, le
13 octobre de la même année, il donna une ordonnance
aux habitants (4). 11 fit relief à la Cour de Brabant, le
27 mai de l'année suivante (5) et mourut en 1560. Sa
veuve, Agnès, exerça les droits seigneuriaux au nom de
ses enfants mineurs.
A la mort de Guillaume, son fils et ses tuteurs inten-
tèrent un procès devant la Gour féodale contre la veuve
de François Hansler et contre son fils Herman.
Différentes sentences de cette Gour, portées en 1603,
réintégrèrenf Philippe Guillaume dans la possession de
Herstal ; elles étaient fondées sur ce fait que la vente de
(0 A. L. H. 0., r. 34, f. 143.
(2) A. B. Procès plaides à la Cour féodale, iY> 723, 81' liasse, 11° 853.
(3) A.L. H. 0.,r.34, f. 144.
(4) A. L. H. 0.,r. 29, f. 187.
(u) BoRMANS, Inst. arch. liéçj., X. 146.
— &7 —
i.VtO Ile |iimv,ij[ snhsisîor, ayant été faite après qw la
Terre élait déjà dévolue à IMiili[)|)e Gudlaiiine, selon les
coututnes du IJrahatit (l). Toulelois, llerinaii persista à
se maintenir dans la Terre; il l'allul un(î nouvelle sentence
du '21 novembre 1(i09 pour le lui intei'tlire (2).
Pendant cette période très embrouillée, les dilTércnts
prétendants t'ont relief et interviennent dans les affaires
de Herstal.
Les frères Herman et Guillaume de Hanslei' tirent
respectivement relief le '20 avril et le 29 octobre 1583(3)
par décès de leur père; ils furent conjointement seigneurs
de Herstal.
D'autre part , Philippe Guillaume releva la Terre le
23 septembre 1594, du chef de sa mère, Anne d'Egmont,
décédée en 1552, à titre de dévolution et non comme
héritier de son père (4).
L'empereur Charles mit beaucoup moins d'empressement
dans l'exécution du contrat d'échange territorial.
P^n 1615, au Concordat de Maestricht, entre les archiducs
Albert et Isabelle et le prince-évêque Ferdinand de Bavièri',
il fui question t\o l'afïaire de Herstal, mais elle ne fut pas
résolue. A la demande des députés liégeois, on promit de
s'en occuper activement a[)rès le retour des archiducs
momentanément absents (s).
L'article 17 du traité de Tirlemonl, en 165^, tlécida (pie
l'ai'chiduc aurait à doimei' des ordres pour l'exéeution de
l'échange de 1546 (e).
(i) A. B. Pj-ocès plaides à la Cour féodale, n" 7!23. 81' liasse.
(2) A. B. » » » » )) n» 767, 125" 1., n° 1451.
(3) BoRMANS, Tnsf. arch. liég.,X, 147.
(4) Id. » » » X, 147.
(5) DE Méan, Observationeft, etc., III, 55.
(6) Id. » » » n
— 98 —
Une Jeltro de la Cliainl)re des finances an grefliei' de la
Conr féodale, avait transmis àcelni-ci, le 17 févi'ier 1653,
nn billet des députés hollandais et des Pays-Bas, réunis en
conférence à Malines. Par ce billet, les députés deman-
daient de rechercher les documents prouvant que la Tei're
de Herstal est du ressort du Brabint (i).
En novembre 1654, le greffier rédigea un mémoire sur
la question (2) et, enfin, le 15 juillet 1656, après bien des diffi-
cultés, le gouvernement des Pays-Bas céda la partie de la
Terre Franche, située sur la rive gauche de la Meuse (3).
Il intervint aussi comme seigneur de Herstal pendant le
cours du procès; néanmoins, à partir de 1604, le prince de
Nassau seul lait acte d'autorité et, dès lors, nous ne ren-
controns plus trace de conteslation.
Philippe Guillaume mourut en 1618. Sa veuve, Léunore
de Bourbon, releva la seigneurie le 3 mars 1618 pour son
usufruit (4) et son frère
6. Maurice de Nassau
pour la propriété le 10 mars de la même année (s). Ce
dernier mourut en 1625.
7. Henri Frédéric
frère de Maurice, lui suc.'éda en 16'25 et fut seigneur de
Herstal jusqu'en 1647, époque où il fut remplacé par son
fils
8. Guillaume II
Le [)remier de ces comtes fait acte d'autorité à Herstal le
(ij A. \i., Correspondance de la Cour féodale, n"ôUo, \'î'^ vol., fol.lStto.
• •^Mu-, " » » 11^504, 13« vol., fol, 135.
(.-,) Bouille, Histoire de Liégv, III, :J3S.
(i) KoRMANs, Seir/n. féodales, Inst. arclt. liéy., X, 147.
(oj Idem. m » » » » X, 147.
— 99 —
27 se|»U'iiil)i-o l(l'28 en iu)ini)i;nil un givriici' (l), le .second
le 10 avril 1047 (â).
A la mort de. GniilauiTic II, en 1650, son lils
!>. Guillaume III
lui succéda. Le roi d'Angleterre fut seigneur de llei'sial de
1650 à 1702.
Nous avons vu que, sous ce prince, le gouvernement
des Pays-Bas céda au p)'ince-évêque la partie gauche de la
Terre Franche en compensation de la cession de Pont à
Fraisne, opérée un siècle auparavant.
De nouvelles diftlcultés ne tardèrent pas à surgira Hersial.
En exécution d'un décret des Etats-Généraux du 25 mai
1661, le Conseil d'Etat avait institué une commission chargée
d'étudier les réformes à introduire dans les pays d'Outre-
Meuse, tombés en partage des Etats Généraux. La com-
mission demanda des renseignements aux fonctionnaires du
pays, elle y ajouta ses propres observations et transmit le
tout à l'appréciation des Etats.
De ces renseignements, nous notons celui-ci :« L« /^(t-
ronnie (s) de Herstal est une dépendance du conilé de
Vroenliove et comme telle doit supporter sa part des
impôts-» (i).
Au contraire, le prince-évêque soutint que cette baronnie
était de son ressort et ne devait, par conséquent , aucune
redevance de ce genre à l'Etat (s).
A ces difficultés d'ordre extérieur s'en joignirent
(i) A. L. H. 0. r. 5"), fol. 340.
(î) A. L. H. 0. r. G5, fol. 43.
(ô) A partir du XVII'"<' siècle, les (lociimeiils (loiineiii souvent à la
Terre Franclie le nom de baronnie el le seigneui' lil ulaire est le l)aron
de Herstal.
(i) Analectes pour servir . . . etc., XIIL
(o) A. L. H. 0. r. 73, fol. 185.
— 100 —
(l'auli'cs (rui'tlre iiih'riuLir : le tii) mai J()58, Maximilien
Henri publia iitu' ordonnance poiu* le maintien de la sou-
vei'aine juridiction, conteslée par les princesses tutrices
dans un acte du '27 mai 1658, où elles prétendent que la
« souveraineté du prince de Liège sur Herstal est iuuuji-
nairen et que la cession faite par le roi catholique est un
acte « vicieux, ohreptif, inique, nul et contraire à toute loi
et coutume féodale ->), en se basant sur ce fait qu'elle a été
exécutée contre le gi'é du vassal (i).
Les princesses tutrices versent ici dans l'erreur : le
droit féodal permet, en etîet, de transporter le domaine
direct d'un lîef contre le gré du vassal et cela en vertu du
droit universel que le seigneur souverain et féodal a sur
ses terres.
Guillaume III avait em[)i-unté de l'argent à la comtesse
de Mérode et se ti'ouvait ilans l'impossibilité de le lui rem-
bourser, alors que celle-ci lui réclamait la somme prêtée;
elle adressa, à la Cour féodale de Brabant, une requête
demandant la mise en vente de la Terre de Herstal, ce qui
fut accordé le 11 février par une lettre du marquis de
Caracena, lieutenant de la Cour féodale (2).
I>a comtesse de Middelbourg acheta la Terre et en fut
investie le '■l'-l février 1662 par des lettres patentes de
Philippe IV (3) ; l'acte de ti'ansport eut lieu le 25 du même
mois (4). Le 31 mars, il y eut une transaction enti'e elle et
Amélie, princesse douaii'ière d'Orange, accord ralilié le
20 juin 1662 (5).
Entin, le 20 juillet 1663, la comtesse Isabelle de Mérode
(1) HE LouvREX, Edifs et ordonnances, IV, 19G.
(2) A. ti Cor. de la Cour féodale, n" 506, 15' vol., fol. 40.
(3) A. B. I.eenbrieven, n" 15^, fol. 59.
(4) A. H. Registres de recette des droits de relief, n" 37(), fol. •21 v"
(.-. ) UoRMANS, Self/n. féod. Inst. arch. lié;!., X, 147.
— 101 —
fut mise en possession de la baronnie de Herstal pour la
partie située sur la rive gauche do la Meuse, hujuelle
relève du priuce-évêquo. I.e relief fut fait par Jean-
Baptiste Cazier (i). /?
Cependant, les prétentions des Etats-Généraux étaient X ^^^
loin d'être éteintes, elles réapparurent en 1668. Le rece-/^ jZ^'^^^^^
veur de ces Etats. Van Islem^avait envoyé des ordres dans ^/^ '<fiJ^'<i^
la partie gauche de Herstal, prétendant rpie ce territoire ^/^ ùyyfûli il ^
était une dépendance de Maestricht ; m^iis une ordon^-'^ /^ffaP'.
nance de Maximilien Henri du 6 octobre 1668 li! défense ^^>, ^ hf
aux habitants de cette partie de Ilorshd d'oblcinpérer aux
ordres illégalement reçus (2).
La comtesse de Middelbourg mourut en 1679, et son
petit-fds, Jean de Gand, prince d'Lsenghien,fit relief, prtur
la partie droite, le 14 octobre 1679, en Brabant (3).
En vertu de ses droits seigneuriaux, le roi pouvait
nommer les échevins de la Cour de justice, ainsi que le
drossard de Herstal. Il conféi-a la fonction de drossard au
colonel de Greit/en , qui vint prendre possession de sa
charge en 1732.
Les habitants de Herstal, rassemblés sur la place de la
Licourt (4), prêtèrent le serment accoutumé suivant:
(( Je jure d'être bon, loyal et fidèl sujet à sa Majesté le roi
de Prusse, comme seigneur et baron de Herstal et de Im
porter honneur, révérence et lui obéir comme seigneur :
Ainsi m'aide Dieu et tous les saints. » Ce serment avait été
précédé de celui du drossard, promettant de maintenir les
bourgeois dans tous leurs droits, privilèges, franchises et
immunités.
( 0 A. L. Cour féodale, r. 104, fol. 914, et sq
(2) A. !.. H.O.,r. 76, fol. 158.
(â) I3oRMANS, Seig. féod. Insf. arch. Uni., X., 148.
(j) liii I.icourt (que l'on devrait écrii'c Li cour) est la jilace pii-
ttlique la plus importante de Herstal.
- 102 —
Les habitants se réjouissaient déjà de leur nouvelle situa-
lion : ils avaient dû subvenir aux frais du séjour des
troupes prussiennes et hollandaises pendant quatre à cinq
ans: or, toutes ces troupes s'étaient retirées à l'avénenient
du roi.
Malheureusement, ces heureux présages s'évanouirent
rapidement, grâce à la conduite détestable du baron de
Greitzen.
La prise de possession de la baronnie de Herstal, au nom
du l'oi de Prusse, eut lieu le 28'mars 170i2 par Gaspard
Guillaume von Forell, docteur en droit (l). Nous verrons
dans la seconde partie de ce travail les formalités accom-
pHes à cette occasion.
Frédéric Guillaume succéda à son père en 1713. Il fit
relief, le 9 mai -1713, devant la Cour féodale de Brabant pour
la partie située sur la rive droite et le 28 mai's 1715, devant
la Cour de Liège, pour l'autre partie (2). Il fit un second
relief de la partie gauche le 31 juillet 17*25 devant la même
Cour.
Ces reliefs successifs prouvent que les rois de Prusse
possédaient dans la Terre Franche des droits seigneuriaux,
mais en aucune façon une véritable souvei'aineté.
Nous faisons cette remarque parce que, en 1721, il y a de
la part des rois de Prusse une tendance à s'emparer de
l'autorité souveraine, tendance qui, du reste, fut réprimée
par une ordonnance cassatoire du prince-évèque Joseph
Clément (19 décembre 1722) (3).
Une nouvelle tentative prussienne eut lieu quelque temps
après ; elle reçut le même accueil de la part du prince-
(i) A. b H.O. r. 89, fol. 240.
(i) BoBMXîi^, Seign.féod. Inst.arch. l iéi/.,\, li'iO.
(r.) DE LouvREX, Edits et ordonnances, IV. 201.
— 103 —
évêque ; en octobre 1732, le roi do Prusse ordonne à tous
les hcibitanls, ecclésiastiques et laïques, de lui taire
hommage (>( lui prêter sernuMil de fidélité comme à leur
souverain. Georges Louis de Berghes détendit (le t27 no-
vembre suivant) aux habitants de déférer à cet ordre et
maintint sa souvei'aineté sur Herstal, tout en respectant les
droits du seigneur,
Frédéric Guillaume répliqua, le 31 janvier 1733, et
prétendit: « (Hie la Terre Franclie de HerMal élaii unehn-
ronnie libre et franche, >i0uveraine en elle même (pio'ufMc
dépendante en (luelque sorte du Saint Empire et tenue en
fief du duc deBrahant: les reliefs qtion en a fait sont
abusifs. »
Enfin le prince-évêque parvint à lui d('^monlror sdii
erreur dans une prolestalion du 17 mai's 173'-2 : « Les princes
évêques et les seigneurs qui, depuis quatre siècles, ont
successivement possédé Herstal, nen ont jamais été soii-
verains, mais vassaux du duc de Brabant; donc la terre
n'est pas indépendante » (2).
Le fils de Jean d'Isenghien fit relief devant la Gour de
Brabant le '22 septembre 1688 (3).
Guillaume III de Nassau, roi d'Angleterre, légua la Terre
Franche et tous ses autres biens à son cousin, le prince
10. Jean Guillaume de Nassau le Frtson (4)
le 18 octobre 1695.
Ce testament fut l'objet de conlestations de la pai't des
(1) DE LouvREX, Edits et onlon., IV, 20l2.
(-2) Protestation ultérieure de par Son Altesse rEvè([ue et l'riiice de
Liège toucliant Herstal. l)rocliin"e de \'i pa^es jiuMiéi' en 17"!rï à Lié^^e
chez la veuve Procureur, au Vieux Marché.
(3) BoRMANS, Inst. firch. liég , X. 14S.
(i) f"élait le iielit-fils d'une sœur de Guillaume II el stadliouder de
Frise.
- 10^ -
autres parents, surtout de Louise-Henriette de Nassau-
Orange, épouse de Frédéric-Guillaume, roi de Prusse, et
fille de Henri Frédéric; de Hein"iette-Catheritic de Nassau-
Orange, douairière d'Anhalt, et de Guillaume-Hyacinthe de
Nassau-Orange.
Tous ces compétiteurs tirent relief de la Terre :
Guillaume Hyacinthe, le '28 mars 1702, à la Cour de
Brahant; le marquis de Brandehourg, le 5 avril de la même
année et devant la même Cour (l).
Le roi de Prusse Frédéric releva le 8 juin 4702 pour la
partie gauche devant la Cour féodale de Liège (2) ; le 12
avril de l'année suivante, la princesse d'Anhalt releva en
propriété devant la même Cour et pour la même partie do
la Terre (3). Jacques- Léonard Haloy, commis par Guil-
laume Hyacinthe, en fit autant le 18 juin (4).
Le roi de Prusse, ayant acheté les droits de Henrielte Ca-
therine (4 juillet 1709) (s), parvint à conclure un traité avec
Guillaume-Charles-Henri de Nassau, en 1732, et la Terre
Franche toute entière lui fut cédée en partage, par l'article
5 des traités du 4 mai et du 6 juin 1732 (e).
Ici se termine donc la série des comtes de Nassau, ponr
être continuée sous le titre de Rois de Prusse.
Chapitre IXF,
HEBSTAL SOUS LES BOIS DE PRUSSE.
Le roi Frédéric fit relief une seconde fois, le 4 juin
1709 (7).
Non content d'avoir fait payer, par la Régence, les folles
dépenses (6 à 7,000 florins) qu'un séjour de cinq à six
((, -2, 5, i) BoRMANS, Seigii.féod. Inst. arch. liég. X, 148.
(r;) A. L., Conseil privé. Contest. avec le roi de Prusse, K, 'A^)"!.
(r.) RouvKT, liecneil historique d'actes, etc., VIII, 413.
(7) BoRMANS, Seii). féod. Inst. arch. lié(j., X, 148.
— 105 —
mois avait occasionnées, il força cette même Régence à lui
tburnn% hors tles deniers de la Communauté, une autre
somme de 4,800 llorins de Brabant, en luisant prêter
serment aux membi-c;; de la Régence de n'en point l'aire
mention dans la reddition dos comptes.
Cependant , une sourde rumeur ne tarda pas à se
ré|);nidi'e et les lialiilanls iiilrigués demandèrent de plus
amples renseignements sur l'emploi des sonnnes susdites;
ne pouvant obtenir satisfaction,, ils protestèrent contre la
clôture des comptes.
Les signalaires de l'acte de protestation furent assignés
à la Maison de ville, où ils se virent condamnés à une
amende de trois ducats et sans leur montrer le rescript
qui, disait-on, ém.inait du roi de Prusse; on procéda à
la vente publique de leurs meubles jusqu'à coneuri-ence de
la somme susdite et des frais.
Comme on le voit, la conduite du di-ossard est loin de
répondre aux espérances fondées sut- ses belles promesses.
Cependant les condamnés, au nombre de seizn, soup-
çonnant le baron d'avoir rendu la sentence à Tinsu du roi,
envoyèrent une députation à Berlin, pour exposer leurs
griefs au souverain.
Celui-ci , naturellement trop occupé par son vaste
royaume, envoya à Herstal, pour examiner la question, un
commissaire qui ne la résolut pas.
Les habitants transmirent alors leurs [)laiiites au Conseil
souverain de Brabant, d'une part, et au Conseil Privé du
prince-évêqne de Liège, d'autre part.
Après divers pourparlers la tranquillité lut rétablie, grâce
à un accord signé de la Communauté et des deux Conseils
cités plus haut (i).
(i) Tous ces renseit^neiaents sont tirés (riiiu' Iji-ocluire [)arue ea
17i() intitulée : Justification pour 1rs bouri/uiestres et députés de la
franke terri' et libre barouuic df I/erstal. Liège, liroiicart.
— 106 -
Cependant, le roi de Prusse n'en continuait, pas moines
ses infractions aux droits de souveraineté de Sa Majesté
Catholique (Charles VI) sur la partie droite de Herstal (à
laquelle nous donnons désormais pour la facilité le nom
de Wandre). Un décret du 9 novembre 1734 déclarait luils
tous les ordres émanant du roi de Prusse pour cette parlie
de la Terre Franche (1).
Ces dissenssions ne firent que s'accentuer et les parties
furent obligées de chercher un autre moyen de résoudre
les difficultés.
En 1739, le roi de Prusse chargea son drossard de faire
des propositions au gouvernement de Liège pour lui céder
la seigneurie de Herstal : la somme fixée d'un commun
accord serait immédiatemeiit payée.
Le 5 juin delà même année, les Etals firent savoir au
roi qu'au lieu de compter la somme de cent mille écus, ils
en payeraient l'intérêt à quatre pour cent jusqu'à rédemp-
tion et, en outre, qu'ils prendraient sur eux les cinquanle
mille llorins ou environ dont la terre était grevée (2).
Les trois Etats, pour assurer le payement de la somme
stipulée, engagèrent , à cet etïet , tous les revenus de la
seigneurie de Herstal et ceux du pays (26 juin) (3). Ils
accordèrent, en outre, au di-ossard de Greitzen, dans le
cas où le traité serait exécuté, une gratification de 20,000
florins pour les services qu'il avait rendus et en compen-
sation de sa démission, dès qu'il l'aurait donnée (4).
Ce projet ne reçut pas un excellent accueil de la pari du
roi de Prusse, qui présenta un contre-projet.
Les Etats de Liège y répondirent : « Us ne pouvaient
(1) Placcarts du Brabant, VI, 579.
{i) A. L. Conseil privé. Etat primaire, r. 157, fol. 29.
3) Id., » » » » r. 157, fol. 3(> à ■
(4)1d., » >' » " r. 157, fol. 47.
— 107 —
accepter de payer les cent mille écus en dix ans, ni en vingt
ans, termes proposés par la Prusse, pas plus que de con-
descendre à une exécution militaire, les revenus de l'Etat
étant de beaucoup supérieurs afix intérêts à. payer annuelle-
ment » (4 septembre 1739) (i ).
Pendant les négociations au suj<'t de la cession de la
Terre Franche survint la mort du roi Frédéric-Guillaume.
La nouvelle de cette mort fut annoncée à Ilerstal par une
lettre du baron de Greilzen : son nouveau mailre P'ré-
déric II ordonne de faire sonner toutes les cloches dans
toutes les églises de la juridiction de Herstal, de midi à
1 heure, pendant six semaines, à partir du jour de la récep-
tion de cet ordre ( 17 juin 1740).
Une nouvelle lettre du 21 du même mois pi'é vient les
habitants de se tenir prêts pour la prestation du serment
au nouveau seigneur. Les boui'gmestres de Herstal répon-
dirent,ie 3 juillet suivant, qu'il en serait t'ait selon la volonté
du baron, et, le 1'^''' septembre , ils réitérèrent leurs pro-
messes en présence de l'ofTicier de Herslal et ajoutèrent
que non seulement ils étaient prêts à rendre hommage au
nouveau roi de Prusse, mais encore qu'ils conviendraient
entre eux de la manière la plus pompeuse pour la récep-
tion de l'envoyé prussien, du traitement, du logement
qu'on lui donnerait , enfin des télés à organiser en son
honneur (2).
Il était nécessaire d'insister sur ces détails, parce que
on est assez étonné de voir, peu après ces événements, le
roi de Prusse se plaindre de ce que le serment de fidélité
exigé des Herstaliens lui ait été refusé.
Certain auteur prétend môme que le serment avait déjà
été prêté au prince-évêque Georges-Louis de Berghes, et
1 ) A. L. , Etat primaire. Conseil privé, r. 157, fol. 81, 82.
î) Id. » » » « r. 157, fol, 104-.
— i08 —
que c'est là le motif de leur relus vis à vis du roi de
Prusse (i).
Frédéric II aurait vivement désiré l'achat de Herstal
pour les cent mille écus, à la condition que cette somme
fût payée comptant. Arrivé à Wesel , il écrivit au prince-
évêque (4 septembre) lui reprochant de s'attribuer la
souveraineté sur Herstal et de soulever les habitants
contre leur seigneur ; ii exigeait une réponse dans les
deux jours (2). Le conseiller Rambonnet, porteur de la
lettre, arriva à Liège le 9 septembre.
Après s'être concerté avec ses Etats, le prince répondit
le 11 septembre, mais le conseiller était parti sans attendre
la réponse.
Dans sa lettre, le prince at'tirmait ses droits dp souve-
raineté, il déclarait avoir toujours respecté les droits du
seigneur et, enfin, renouvelait l'offre d'acheter Herstal
pour cent mille écus, doni il payerait l'intérêt à quatre
pour cent (3).
Cette lettre, expédiée par le courrier ordinaire, n'était
pas encore arrivée à destination que le roi de Prusse en-
voya le général de Borck avec un corps de 2,000 hommes
et quelque artillerie, avec ordre d'occuper la ville de
Maeseyck et le comté de Hornes. En même temps, il publia
un factum avec exposition pour justifier sa conduite (4).
Le prince de Liège y opposa immédiatement une répli-
que réfutant les accusations prussiennes (s).
( I ) DK ViLLENFAONF, Reclierdies sur Vliist. de la principrtiiff de
Liège, I, 225.
(2) PvOUSSET, Recueil des traités, XVI, 308.
(rOlD. » « » XIV, 308.
( i ) Copie du Factum et de V Exposition, imprimée à Wesel, le 1 1 sep-
tembre 1740. A Liège, de limprimcrie d'Everard Kints, 1740. 8 pages.
(a) Exposition conire ceWe huprimée àWesel le 11 septembre 1740,
Liège. De l'im])!'iiiierip d'Eveiard Kints, im]). de Son Altesse. 1740.
12 pages.
— 109 —
Une seconde réplique de la Prusse fut ensuite publiée ;
elle fut probablement, comme la première, rédigée par
Voltaire. C'est du moins ce que lui-même affirme dans ses
mémoires. Les paroles du grand écrivain prouvent combien
les raisons du roi de Prusse étaient peu fondées. « Le roi
me chargea, dit-il, d'écrire un manifesle et j'en fis un tant
bon que mauvais, ne doutant pas qu'un roi avec qui je
soupais et qui m'appelait son ami ne dut avoir toujours
raison » (1).
Dès le 19 septembre, le général de Borck demanda une
somme de 20,000 écus de contributions. Sur le refus des
Trois Etats, le général prussien écrivit au chancelier une
lettre les menaçant d'exiger lui-même cette somme des
villes et des villages et, si ce moyen ne réussissait pas. de
faire augmenter ses troupes et de se rapprocher davantage
de Liège (2). Il retint près do lui le comte de Picnesse et
le commissaire Lambrecht, et, le 27 septembre, après une
nouvelle demande d'explications de part et d'autre sur la
somme demandée et le retrait des troupes , la somme em-
pruntée à diverses personnes lui fut payée (3).
A peine de Borck eut-il reçu cet argent que de nouvc^Ues
exigences se firent jour et les troupes prussiennes persis-
tèrent à ne pas vouloir quitter le pays (4) (23-24-25 sep-
tembre).
Les exigences du roi à Berlin ne le cédaient en rien à
celles de son général à Maeseyck : les deux envoyés lié-
geois informèrent ( P'' octobre) le prince-évêque que le roi
« réclamait une prétendue assignation faite autrefois à
S. A, E. de Brandebourg sur le pays de Liège pour un
quartier d'hiver en Van 1685 », quoique la Diète fut restée
{ i ) Œuvres complètes de Voltaire, t. l , p. 17. Paris, Ganiier, 18&î.
(2, -) A. L., Conseil privé. Etat primaire, 157. à la date.
(i) A. L., Conseil privé. Etat primaire, 157, à la date.
— HO —
à cette époque obligée envers l'Electeur de lîr.mdc-
bourg (i).
Le roi de Prusse ne mit point Herstal à contribution,
mais les habitants de la localité et ceux des villages voisins
durent héberger les troupes. Celles-ci, avons-nous vu,
occupaient les villes de Maeseyck et le comté de Hornes.
Le prince-évêque autorisa et députa, le 16 septembre, le
baron de Horion, officier du corn lé de Hornes, pour « convenir
et régler les fourragea et portions des dites troupes, de la
manière la plus convenable, quoûjue notoirement indues
et demandées par force et main armée ». Le baron de
Horion conclut une convention avec le général de Borck et
les Etats ordonnèrent « à leurs receveurs généraux de
compter une somme de trente mille florins en mains du
sous-commissaire Lamhrecht pour fournir aux rations et
portions des dites troupes (iS septembre) » (2).
Le même baron de Horion et le conseiller Duchàteau
furent envoyés à Berlin pour y négocier la sortie des
troupes prussiennes et l'achat de la Terre Franche. Leur
mission était de conclure le payement immédiat des cent
mille écus, si, tous leurs eftorts épuisés, ils ne parve-
naient pas à faire accepter les conditions antérieures. Ils
partirent pour Berlui le 21 septembre avec un viaticum de
cinq cents louis d'or (3).
Le prince et les Etats, qui avaient déjà invoqué la mé-
diation de l'empereur et celle des directeurs du Cercle de
Westphalie, de l'électeur })alatin et de Tévêque de Muns-
ter, s'adressèrent de nouveau à eux, à l'occasion de cette
prétention du roi ; mais n'ayant pas grand'chose à espérer
de ce côté, ils donnèrent au baron de Horion et à Duchà-
teau plein pouvoir pour traiter (11 octobre).
i) A. L. Cour féodale. Reliefs et Œuvres, r. 117, loi. o'.li.
(2) A. L. Conseil privé. Etat primaire, r. 157, fol. 119.
'^ A. L. Cour féodale. Reliefs et Œuvres, r. 117, fol. 393.
— iW -
Voici le passag»? cssiMilicl do l'accord ratifié lo 15 octobre
par les Trois Etats :
[.es condilions sonl li_^s suivanios :
« Le traité cC achat de la terre de Herstal parmi cent vingt
mille écus ou pattacons ; de même que Vaccomodement fait
au sujet de la prétention de Sa Majesté pour et à raison
des garnisons mises ci-dsvant dans la ville de Cologne,
parmi soixante mille florins d' Allemagne aux trente mille
pattacons ".
Les Etats auraitMil voulu faire parvenir ces souimes au
roi par des lettres de change sur un banquier d'Amster-
dam ; mais Frédéric exigea qu'elles fussent versées entre
les mains du général de Borck.
Les Etats liront parvenir l'argent en plusieurs paye-
jnents :
Le 21 octobre, Hoyoux, Itourgmestre de Giney, accom-
pagné de cinquante soldats, vint à iMaeseyck pour y re-
mettre par l'intermédiaire de M. de Kerkem, entre les mains
du général de Borck, la somme de « 443,250 florins en louis
d'or vieux et en ducats, le louis d'or à quinze florins et le
ducat à Jiuit /lorins cinq sous ».
Le lendemain (S'i octobre), les députés envoyèrent,
96,750 florins en louis d'or vieux et en ducats, aainsi qu'une
autre somme de vingt mille florins tant pour le général
major de Borck que pour les officiers ».
Enfin , le colonel de Greitzen reçut les dix-huit mille
florins qui lui étaient promis en compensation de sa démis-
sion de drossard de Herstal. Le commissaire Lambrecht
s'était vu allouer, du 44 septembre au 24 octobre, jour du
départ des troupes prussiennes, la somme de 132,505 flo-
rins, montant des frais occasionnés par le séjour de ces
troupes.
La somme totale montait à 761,200 lloians de Liège;
— 1^2 —
elle fut empruntée par les Elats au taux de trois i)<)ur
cent (-1 ).
Enfin, le traité fut définitivement signé le 20 octobre, à
Berlin. Les clauses principales furent les suivantes :
1° Le roi de Prusse cède au prince-évèque Herstal, y
compris Wandre avec ses dépendances.
2° Le prince-évèque jouira, dès à présent et à, perpé-
tuité, de tous les revenus, profits et émoluments attachés
à la dite terre ; il aura le droit de nomination aux charges
de justice et de police, et enfin l'établissement des rece-
veurs des deniers appartenant aux Etats.
3" Le prix d'achat est fixé à 240,000 florins d'vVllemagne.
40 Le prince et ses Etats devront payer toutes les l'entes
hypothéquées sur la terre.
5° La partie de Herstal située sur la rive droite de la
Meuse continuera, comme par le passé, à relever de la
Cour féodale de Brabant.
6° Le roi de Prusse abandonne tous ses droits sur la
baronnie de Herstal et met en garantie son baillage de Kes-
sel dans le duché de Gueldre.
7° On demandera à l'empereui' Charles VI de bien vou-
loir, tant en sa qualité de chef de l'empire qu'en celle de
duc de Brabant, confirmer cet acte.
8° Les troupes prussiennes commenceront à évacuer les
pays du prince dès qu'on aura versé la somme (2).
Il résulte donc de cette vente que le prince de Liège possé-
dera désormais les droits seigneuriaux sur toute l'étendue de
()) Ces notes sont extraites du registre 157 du Conseil privé, Etat
Ijrimaire, registre intitulé: «Différend avec le roi de Prusse toucliant
Herstal». Voir aux dates citées, la 2^ partie du registre n'ayant pas de
pagination.
(2) A. B. Correspondance de la Cour féodale, -Sfi" vol. toi. 2()(). —
A. L. Cour féodale, no 117, fol. 39^.
— 113 —
l;i 'J'erre Fraïu'lie; quant aux droils de souvoi'aiiu'lé, il no
les aura que sur la partie située sur la rive gauche de la
Meuse; la partie droite, c'est-à-dire Wandre et ses dépen-
dances : Rabozée et La Xhavée, continuera à relever de
la Cour teodale de Brabanl.
Chapitre V.
IJERSTAL A PARTIR DE 1740.
Le prince-évêque Georges Louis de J5erglies, chargea
son conseiller, Jean de Rameau, résidant à Rruxelles,
de faire relief de la partie brabançonne de la Terre
Franche (i). Il en fut investi, le 27 mars 1741, par des
lettres patentes de Marie-Thérèse, reine de Hongrie, tant
en son nom qu'au nom des Etals de Liège (2).
La situation dans laquelle se trouvait le prince-évêque,
par rapport aux deux parties de la Terre Franche, devait
êti'e la source de quelques difficultés :
Les îles de Monsin et de Dos faisaient partie de lu rive
gauche et appartenaient, en conséquence, à la principauté
de Liège. Or, le Conseil Souverain de Rrabant, tlans des
ordoimances du 4 août et du 4 novembre 1758, avait porté
des appointements, à charge de la Cour de Herstal, au
sujet de tailles réelles, sur les fonds situés dans ces
endroits. Ces appointements furent annulés par le prince-
évêque Jean-Théodore de Bavière, le 11 décembre de la
même année (3).
(i) A. R. Corr('s/)on<faiice de la Cour féodale, n" ô'-Il , 3()'' vol.,
ibl. 57-58.
(2) A. B. Leenbn'ei-eu, ii" 1G7, fol. !295.
(s) A. L. Conseil privé. Protocole (1757-1758J, K. 1(J9.
— Ui —
D'auli't's contestations entre le Conseil de Brabant et
les Etats de Liège, au sujet de leurs juridictions respec-
tives, finirent par être réglées par des ordonnances des
deux parties (i).
Après la mort de Georges-Louis de Berghes , les Etats
firent relief (2) (8 mai 1745), et, le 9 août 1749, Jean-
Théodore en fit autant (3).
Ce dernier s'occupa activement de l'org.misation inté-
rieui'e de la Terre Fi'anche : il lui donna un règlement
touchant l'administration financièi'c , qui était dans un
état déplorable (4) et ayant remarqué que les alTaires
de la conmiunauté périclitaient, il réorganisa celles-ci le
16 mai 1757 (5). Nous verrons dans la seconde partie de
ce travail en quoi consistaient ces réformes.
Jean-Théodore mourut en 1763; son successeur d'Oultre-
monl n'a pas laissé de traces de son intervention à Herstal ;
ce n'est que sous Velbruck (e) (1773-1784) et son
successeur , Constantin-François de Hoensbroeck (1784-
1792), que nous retrouvons l'intervention épiscopale.
Velbruck s'occupa des plaids ordinaires devant la Cour
de Herstal (7) (22 avril 1775), et Hoensbroeck réforma le
style judiciaire de la Cour échevinale et réh'éna le mauvais
comportement des procureurs de celle-ci (s).
(1) PlaccartA de Bruhant, X. (Jl. — A.L. Conseil privé. Protocole.
K. 160.
(i) lioRMANS, Seigneuries féodales hist. arcli. lié;/., X. 1")0.
(.',) BOKMANS, » )) » y> X. 150.
{i ) A. L. H., 0 r. 117 (21 juin ITOÔ).
( .". ) PoLAlN. Recueil des ord. de ht /iriiic. de Liéi/e. o" série, '1^ vol..
p. :{(jl.
(e) Yelbruclc fit relief le 30 mars 177o. —AL, Courféod. Recettes,
n»:}91, fol. V.)].
{') Poi.AiN. Recueil, etc., :]« série, 2*^ vol., 2'' p., 77o.
(8j A. h. Conseil prii-é. Dépêches (1788-92), K. 53 (19 mai 1788).
— 115 —
Le 29 avril 1788, le baron de Rosen de Mel.'ii, ivpré-
senlant les Etals de Liège, releva en propriélé la terre
pour la partie droite de la Meuse (l).
La Révolution française eut son eonlre-coui) à Ilcrslai.
Le 18 août 1789, Hcrstal l'ut en i)leine révolution : les
bourgmestres lurent renversés et remplacés par (ioswin
et Michel Arnold, les membres de la nouvelle Légence
prêtèrent le serment civique. Le principal chef de la
révolte fut l'échevin Doncel , qui avait fait suspendre
l'exercice de la justice. Le peuple, excité, était allé sac-
cager la maison du chanoine tréfoncier de PoUard , ainsi
que celle du receveur Duchâteau.
Hoensbroeck, rentré dans ses Etats, publia le 'il février
1791 un mandement abolissant toutes les innovations dans
l'administration de la Communauté de Herstal, depuis la
révolte du 18 août 1789 ; il rétablit l'ancierme Régence,
oi'donna à tous d'abjurer le serment civique et prit des
mesures pour que le fauteur du désordre, Doncel, fut
sévèrement puni (2).
La Révolution avait causé un préjudice considérable à
l'évêque dans ses intérêts domaniaux ; tout le monde
s'était arrogé le droit de chasse et de pèche; il fallut une
ordonnance spéciale du 26 mars 1791 pour rétablir l'an-
cien état de c,hoses (3).
Hoensbroeck mourut le 4 juin 1792 ; il eut pour succes-
seur son neveu, le comte de Méan; à peine celui-ci était-il
intronisé que les armées françaises envaliirent la princi-
pauté et tous les Pays-Bas.
r.e gouvernement français divisa la Belgique en neuf
départements ; Herstal fut le chef-lieu d'un des 36 can-
tons du département de l'Ourthe.
(i) A. L. Cour féodale. Reliefs et Œuvrea, 11° l!25, fol. 97.
(-2) A. L. Conseil privé. Dépèclies, K. 63, fol. 162.
^5) A. L. Conseil privé. Dépêciies, K. 63, fol. 174.
- H6 -
Au XIX"' siècle, il n'y a rien de l^en intéi'essant à con-
stater à Herstal ; notons cependant que ce l'ut là que
Guillaume, roi des Pays-Bas, prit possession de la souve-
l'aineté du ci-devant pays de Liège en 1814.
De nos jours, l'industrie a fait de cette commune un des
centres principaux de la province de Liège : la Manufac-
ture Nationale d'armes de guei're de Herstal est un éta-
blissement sans rival en Belgique et peut-être à l'étranger.
Seconde Partie
ORGANISATION INTÉRIEURE DE LA TERRE
FRANCHE
TITRE PREMIER
PRIVILÈGES ET DROITS SEIGNEURIAUX
Nous avons vu se succéder à Herstal les ducs do
Rrabant, les comtes de Nassau, les rois de Prusse et enfin
les princes-évêques de Liège; il importe maintenant de
connaître quelles étaient les prérogatives de ces souverains
connue seigneurs de la Terre Franche.
Chapitre 1«'
INAUGURATION DU SEIGNEUR
A l'avènement de tout nouveau seigneur et après le
relief fait devant la Cour féodale de Brabant, certaines
formalités devaient être observées pour la prise en posses-
sion de la seigneurie, formalités qui étaient l'image exacte
des droits seigneuriaux du nouvel arrivé.
— iiî -
Soit que la (laaiité de seigiioui" lui vint paf succession,
saizine ou engagère, celui-ci se rendait à l'église Notre-
Dame, et, après avoir comniunié, il devait , au pied de
l'autel, prêter serment d'être bon seigneur, de respecter
les privilèges et franchises des habilaiits , dti ne pas
empêcher la Cour de justice de suivre la loi d'Aix et
d'Empire, de ne pas entraver les appels et rechai-ges à
la Cour d'Aix, tant en matière personnelle (pi'en matière
réelle, et, eidin, de ne pas attenter à l'inamovibilité des
échevins.
Les deux plus anciens échevins lui mettaient en main
la corde de la cloche du seigneur, au son de laquelle les
habitants se réunissaient aux plaids généraux (i).
I-e procès-verbal de la prise en possesion de la Terre
Franche par le baron de Greitzen, ministre plénipoten-
tiaire du roi de Prusse, a été consigné dans les registi'es
de la Cour de justice :
Le 6 novembre 1732, les échevins et les hourgmesires
de Herstal (les premiers représentant la Cour de justice,
les seconds le Conseil de Régence), se rendirent vers huit
heures du matin, à l'hôtel du baron de Greitzen. Au milieu
de deux rangées de bourgeois présentant les armes, ils
conduisirent le ministre à l'église Notre-Dame. Le baron
prit place sous un dais, placé dans le chœui', du C(")lé
droit du grand autel, oii il entendit la messe et un beau
discours prononcé, après l'évangile, en tavem- du roi de
Prusse.
Après la messe, les deux plus anciens éjhevins, Petoy
et Henoul, conduisirent le baron à la cloche du seigneur;
( I ) Ces formalités furent observées pour la prise en possession par
Englebert de Nas.sau, le 28 février- 1478; par Guillaume d'Orange,
le 19 septembre 1552, et par François de Hansler, le 4 février 1558.
Cf. Record du m juillet 1570. A. L. H. 0., r. 34, fol. 142 et 1".».
— 118 —
pendant ce temps, on chantait le Te Deum, au son de
décharges de mousquets et de détonations de hoîtes.
La cérémonie rehgieuse terminée , le seigneur fut
conduit sur une grande place (contre la maison de
ville) (l), où une tribune avait été dressée, et prit place
dans un fauteuil, sous un dais; à droite et à gauche étaient
l'angés les ecclésiastiques et les nobles, et sur la place
publique tous les habitants étaient réunis.
Après avoir harangué la foule, le baron remit en mains
de la justice un acte scellé contenant le serment de fidélité
du prince d'Orange (2).
Les ecclésiastiques donnèrent la main au nouveau sei-
gneur et toute l'assemblée , les mains levées , prêta le
serment suivant :
« Je jure d'être bon, loyal et fidel sujet à Sa Majesté le
roi de Prusse^ comme seigneur et baron de Herstal, et de
lui porter honneur, révérence et lui obéir comme seigne^ir.
Ainsi m'aide Dieu et tous les Saints ».
Le bai'on de Greitzen fut ensuite reconduit à son hùtel et
l'échevin Ilenoul distribua au peuple beaucoup d'argent,
don de bienvenue accoutumé (3).
Les ddïérentes prérogatives du seigneur montrent à
l'évidence qu'il possédait le droit de haute, moyenne et
basse justice ; comme seigneur haut justicier, il réunit les
plaids généraux ; sa qualité de soigneur foncier lui don-
nait le droit, de chasse, de pèche, etc. ; enfin, il percevait
les droits de relief pour tout l)ien silué dans le terriloire
de la Terre Franche (4).
( I ) Sur la place de la Licourt actuelle.
(2) Voir l)rochure intitulée: Pièces jiisfifiratircft pour Iri^ hoinu/-
mestres de ilerstal, etc. A., ]). 15.
(3) A. L. H. 0.,r. 104, foi. 234.
(4) Cf. A. B. Correspondance de la Cour féodale, 14« vol., fol. l'J.
— 119 —
Nous allons snocossivemonl examiner chacuno dos pré-
rogatives seigiU'iiiMalcs, I.c (Iroil de jusliee venant en
premier lieu, nous nous occupci'ons d'abord des |)iaids
généraux.
Chapitre II.
PLAIDS GÉNÉRAUX.
Les plaids généraux étaient des assises solennelles pr(''-
sidées, à l'origine par le seigneur (i), et dans la suite par
son envoyé; ces assemblées étaient obligatoires pour tous
les habitants de la Terre Franche sous peine d'une amende
de deux échehns au profit du mayeur (2).
Ce sont là probablement les réunions judiciaires et
administratives les plus anciennes de la Terre Franche ;
ce n'est qu'à une époque plus ra[)pi'ochée de nous, (jue la
multiplicité des alTaires contribua à l'instilution de coi'ps
spéciaux, chargés d'attributions bien limitées, à savoir la
Cour échevinale , la Cour féodale et les Conseils de
Régence.
A partir du XV" siècle, époque où les documents nous
donnent quelque^ renseignements , les plaids généi-aux
réunissent les habitants au son de la cloche, probable-
ment en plein air, aucun local n'étant assez spacieux pour
contenir tout le monde. Ils se tenaient trois fois par an :
le lendemain de la fête des Rois, le lendemain de la Saint
Jean-Bapiiste et le lendemain de la Saint Remy (3 ).
Le mayeur présidait ordinairement et les surcéanls
(1) A. L. H. U., V. 29, fol. 2;J().
(2) A. L. H. O., r. 77, fui. iSt.
(3) A. L. H. 0., r. 77, fol. 184.
- 120 —
venaient, chacun à leur tour, faire leurs plaintes devant le
inayeur et la Cour ; ces plaintes étaient imnaédiatement
inscrites dans un registre spécial, sous peine de nullité (i).
La collection de ces registres, conservée aux archives de
l'Etat à Liège, comprend les années 1480 à 1787.
Sous aucun prétexte , on ne pouvait suspendre les
plaids généraux (2); il n'en était pas de même de la jus-
tice échevinale dont nous allons parler.
Chapitre III.
LA COUR ÉCHEVINALE.
La Cour échevinale étendait sa juridiction sur le terri-
toire de la Terre Franche, c'est-à-dire sur Herstal propre-
ment dit et sur ses dépendances : Wandre (1264) (3),
Souverain- Wandre (1364) , Rabo.sée (1248) , La Xhavée
(1337) et La Motte (1353).
L'existence de cette Cour est attestée dans la première
moitié du XIII""? siècle : un acte de 1232 fut rédigé en
présence du mayeur Bastien et des échevins (4).
Quant à son origine, comme du resie celle de toutes les
Cours de justice existant sous l'ancien régime, on peut la
faire remonter à l'époque de Charlemagne.qui avait donné
aux Scabini, successeuvj, et continuateurs des l'achimbourgs,
la mission de juger et le devoir d'assister aux plaitls par-
ticuliers.
(1) A. L. H.O., r. 77, fol. 184.
(-2) A. L., H.O.. V. 112. fol. (à la date 7 novembre 1747).
(r^) Les dates mises entre parenthèses indiquent ré|io([ne, où, pour
la ])remière fois, on trouve l'intervention de la (lour de justice de
Herstal dans ces localités
{■i) ScMOoNBROODT. lni\ (Jcfi ((rch. (ht V(d S^-L(imhni, 1,40.
~ 121 -
L'importance de la localité qui nous occupe, sous les
Mérovingiens, nous autorise à croire qu'à cette époque
déjà elle fui organisée et eut sa Cour de justice, qui serait
ainsi la plus ancienne de tout le pays.
Son iniporlanee s'aecrul d(! jour en jour, et, dans la
seconde^ moitié du XllI""' siècle, la Cour de Ilerstal va
jusqu'à s'arroger le droit déjuger les échcvins et les bour-
geois de Liège. Dans le but d'obtenir une confirmation de
ce qui, en réalité, était une usurpation, les échevins de
Herstal s'adressèrent à leurs confrères d'Àix-la-Chapelle,
qui déclarèrent les prétentions herstaliennes absurdes (i).
Les œuvres de la Cour échevinale relatives au XIII"'e et au
XIV'"« siècles ne nous sont pas conservées dans des registres
spéciaux comme colles des siècles |)Ostérieurs (1433-1796);
cependant , nous on trouvons quelques-unes dans les
cartulaires do dilïérentes églises et de monastères qui
avaient des possessions sur le territoire de la Terre
Francbe (2). '
(1) BoRMANs et ScHooL., Curt. de S^-Lanibert, I, 533,
(-2) Différentes abbayes et églises avaient des possessions dans le
territoire de la Terre Franche (1) :
L'église du Val-S'-ljambert y possède un alleu de quinze bonniers
de terre et une ferme d'une rente de 1-2 sous liégeois (-2).
Les chanoines de l'église S'-Pierre, à Liège, ont établi un moulin
sur un territoire qui leur a été cédé (s).
Les religieux de Signy reçoivent le bois de Pontisse en 1197 avec la
faculté d'y faire construire une abbaye, si bon leur semble (4). Ceux
de Gornillon possèdent la ferme d'Archis et grâce à une exemption du
duc de Lotharingie (1211), ils ne payent de ce chef aucun impôt (5).
Le couvent de Vivegnis était également situé dans le territoire de
11) ScHOONBROODT, Cut't. (lu Vul-St-L(itiibert, 1,13(1209).
t») ID. » » I., IM.
(3) Wautehs,T. g., 11,283 (1147).
(i) SCHOONBROODT, C. du Va l- S t- Lambert, I, 8.
(i.) Wauteus, T. C, 11,348.
10
— 122 —
La Cour de Herstal, comme toutes les Cours rie justice
de l'ancien pays de Liège, dispai-ul à la llévolulion
française.
§ L Composition. — La Cour se composait d'un mayeur
révocable et de sept échevins nommés à vie. Tous étaient
à la nomination du seigneur et devaient lui prêter serment
de fidélité.
Examinons séparément les attributions de ces fonction-
naires.
a) L'officier du prince : mayeur, bailli ou drossard.
— Le mayeur ou bailli est l'officier du prince par qui il est
nommé et en mains duquel il prête serment. Il s'engage à
faire rctidre la justice en toute équité, à s'opposer à ce
qu'un sujet de la Terre Franche soit jugé par une justice
étrangèi'e, à veiller à la conservation des anciennes fran-
chises et privilèges (i).
Il était président du tribunal des échevins, mais sans
droit de sutïrage ; sa mission consistait à faire observer les
règlements et les lois décrétées par le seigneur, à pour-
suivre les int'racteurs, à convoquer les échevins au li'ibunal
la Terre de Herstal. L'avouerie de ce couvent fut cédée en liJ33 par
Jacques de Glermont au duc de Lotharingie (l).
Les coteaux de la rive gauche de la Meuse à Herstal, appropriés à
la culture de la vigne, étaient partagés entre différentes ahbayes et
églises. La collégiale S'-Barthélemy possédait la dîme des vignobles
situés entre la route qui monte à S*»-Walburge et l'endroit appf lé
Hoyoulx à Herstal. A côté de ceux-ci se trouvaient les vignobles du
chapitre de S'-Lambert (2). Enfin le chapitre d'Aix-la-Chapelle a de
toute antiquité possédé la voie à Herstal ; elle lui fut confirmée par
Henri I l'Oiseleur le 7 juillet 930 (3).
(1) Voir annexes (Serment de V Officier).
(I) Walters, t. C, m, GUô.
(-2) s. A. H. du d. L., t. IX. f2(1078).
(3) Wauters, T. G. , 1, 341 .
— 1l'3 -
et à les mettre au courant de la cause sur laquelle ils
allaient èlre appelés à se prononcer; tout jugemcnit pour
être valable devait être prononcé à la « ficmoncen (requête)
du mayeur.
A cette époque, comme de nos Jours, du reste, l(> juge ne
pouvait interposeï' son ol'lice sans on avoir ét(î requis; mais,
enti'e les deux époques, il y a cetle ditlérence que dans la
procédure actuelle, la demande, régulièrement formulée
par une partie privée, suffit pour saisir le juge, tandis que
dans l'ancien droit, il (allait de |)lus (jue l'intervention de
la justice fût autorisée par le mayeur ; la mauvaise volonlé
de ce dernier aurait pu entraver l'administration de la
justice, aussi son serment l'obligeait-il à inlroduir»' tout
procès présenté dans le plus bref délai (l).
Pour les œuvres de justice où la présence du mayeur
n'était qu'une simple formalité ou pour celles auxquelles
il aurait pu être intéressé, ce fonctionnaire était remplacé
par son clei'c ou par un échevin. Le mayeur de circons-
tance se rencontre dans les registres sous le nom de
a maire en ce cas», ainat/eur ad ce conslitueit».
Le mayeur n'avait donc pas, comme de nos joui-s le
bourgmestre, cbef du Conseil communal, des fonctions admi-
nistratives et communales ; celles-ci étaient dévolues au
Conseil de régence, comme nous le verrons bientôt.
Pour l'écompenser un mayeur des services rendus, une
gratification pécuniaire ou en nature lui était accordée ;
c'est ainsi que la communauté de Herstal accorda au
mayeur Jehan de Hervé, un pré situé sur l'Ile Monsin, avec
cette restriction qu'il lui serait retiré s'il venait à cesser
ses bons offices (2).
Le mayeur était obligé de résider à Plerstal ; au XVIII"'*;
(1) Voir annexes {Serment de VCfficicr).
{i) A.b. H. 0, r. 58, fol. t56.
- \U —
siècle, on lui permit d'habiter Liège, à la condition d'éta-
blir quekiu'un pour exercer, pendant son absence, les
devoirs de sa charge. Ce remplaçant, obligé de résider à
Herstal, est le lieutenant drossard.
Enfin, la coutume voulait que tout nouveau mayeur
payât un droit de dix écus à chaque membre du Conseil
échevinal, comme don de bienvenue.
Voici, telle que nous avons pu la dresser, la liste des
mayeurs de la Terre Franche, avec la date approximative
de leur nomination :
l^S^ Bastien, mayeur.
1255 Henri, »
l'i65 Louis, »
l'291 Jehan Hanozeau.
1;U1 Jehan de Seluse.
1343 Radu de Golonster.
1375 Collard Gillebon.
1453 Gui'llaume Surlet.
1457 Jacquemair, sous-maytur suppléant.
1467 Martial.
1475 Jehan le Pollen.
1478 Jehan délie Boverie,
1480 Collard in.
1180 (14 oct.) Dalem.
1493 Guillardin.
1512-1549 Jehan de Lantin.
1550 Collard délie Fallise (maire ad ce constitucil par
Rovereur).
1552-1558 Johan Halen.
1559 Everard Dans.
1567-1578 Vlicrden.
» » Badon (maire en ce cas).
1595 Jehan Falloyes.
4604 Hervé.
- 1^25 —
'16241647 Jean Wont-M-s, bailly.
1658 Simon Jaspai" Mazan.
1665 Michel Geniieau.
1675 Pierre Isaac , drossard.
1718 Giiillaïune Issac, o
1720 i\ic(jla.s Ghyseii, »
1732 Baron de Grcitzenjiaul dri'ssard.
173'-2 Carlier, substitué drossard.
1735 Antoine Falloise, »
1742 Baron de Kerkem, haut drossard.
1772 Baron de Haullepenne, haut (h-ossard.
» Jacques, lieulenant-drossard.
1791 de Lanscelin.
Citons, pour être complet, les maires et Ijourginestres
jusqu'à ce jour, bien que leurs attributions diiïèrent
complètement :
1802-1831 Courard,n)aire.
1832-1849 Sauveur, bourgmestre.
1849-1855 Laloux, »
1855-1878 Masset, )>
1879-1881 Muraille, »
1882-1895 Grégoire, »
1895 Sior, échevin tï.
1898 Lemaire, »
1900 Sacré, «
h) EcHEViNS. — Les échevins, au nombre de sept (l).
étaient les juges de la Coui"; ils étaient nommés par le soi-
gneur, à qui ils étaient tenus de prêter serment de fidélité (2).
Bien qu'inamovibles, les échevins pouvaient être suspendus
de leur charge ou même révoqués : « Se teils esquevins
(0 Sur le nomtn-e sept, il est intéressant de lire ce que dit Viollkt:
Histoire des Institutions, etc., I, 312.
(s) Voir Serment (V Echevins, SMXdiïïWGyie?,.
— 1"J6 —
» eussent comwis c(fs ('normes cl reprochables le seignriiy
» le derentt par loij tndter, soit priver de leurs offices (i) ».
A l'origine, les échevins furent choisis hors de la juri-
cliction, parce qu'il était difficile de rencontrer à la cam-
pagne des hommes suffisamment versés clans la connais-
sance des lois; mais cjuand l'instruction se fut un peu
plus répandue , tous les échevins furent de la Terre
Franche, et du pays de Liège, quand Herstal appartint aux
princes-évêques.
Les échevins étaient, pour ainsi dire, revêtus d'une
triple magistrature :
1" Ils étaient les juges ordinaires au civil et au criminel;
ils avaient juridiction sur les juges inférieurs, établis dans
la communauté, comme par exemple les arbalétriers (2) ;
ils jugeaient en appel des sentences rendues par la Cour de
Bolland.
2o Ils recevaient les différentes espèces de contrats et
donnaient aux conventions un caractère d'authenticité.
3° A l'origine et avant l'établissement du Conseil de
régence, ils étaient magistrats communaux, chargés de
l'administration des biens communaux , des règlements
de police, de voirie, etc.
Les échevins vaquaient deux à deux à la « Visitation des
corps morts ». Quand on découvrait un cadavre dans la
juridiction de la Terre Franche, il fallait prévenir deux
des échevins « les résidents », qui se rendaient sur les
lieux, if. callengaient y) c'est-à-dire réclamaient le corps
et faisaient une enquête sur la cause du décès, après avoir
fait visiter le cadavre par le chirurgien de la Cour. Une
fois l'identité du mort établie, les parents pouvaient
l'emporter (3),
(1) A. L. H. U., r. 77, fol. 186.
(t) A. L. H. 0.,r. 32, fol.:2.
5) A. 1.. H. O., r.77, fol. 184. Cf., r. 95, fol. 14.
— 1^27 —
l>a iJi'OseiKH; (U's sopL écheviiis n'(''l.iil |ias nécessairo
pour rendre un jugement ; il en lallail au moins quati-e, le
greffiei- et un sergent. Un (l(>s éclievins, choisi par la Cour,
tenait le registre app(Mé « cariabelle », où il amiolait à
chaque jour des plaids parliculicrs, tous les droils payés
par les parties à la justice (i).
L'échevin le plus âgé aA\ait la gai'de du scel et du coiilre-
scel de la Cour de justice (2).
Tous les profits do justice élaient partagés entre le
mayeur, les échevins et U^ grelficM' dans les pro|)ortions
suivantes : les deux premiers touchaient les deux tier's, le
dei'nier le troisième tiers.
c) Le GREFFrER. — Do toutes les fonctions de la Cour
de justice, celle du greffier est la pins importante : elle
réclame une assez forte dose d'instruction, chose assez
rare au XV^^ et au XVI« siècles dans les campagnes ; elle
donne le plus d'occu[)ation, mais en i-evaiK'he est de beau-
coup la plus lucrative : un coup d'œil jeté sur la notule
des droits payés à la Cour di^ justice permet de se faire une
idée des revenus de cet office (3).
Cette position lucrative engagea le titulaire à perpétuer
l'oflice de greffier dans sa descendance : le fils visait à
remplacer son père, et était même associé aux fonctions de
celui-ci pendant qu'il était encore en place; il y avait
donc une sorte de stage (4).
Ceci nous explique^ pourquoi cette charge , bien (|ue
n'étant pas héréditaire , se conserva pendant plusieurs
siècles, dans la même famille, celle des Lovinfosse (5).
(i) A.Ij. h. 0., r. 77, fol. 184. Une de ces cartabelles est conservée
au dépôt des arciiives de Ijiége.
(•2) Id., id., id.
(3) Voir annexes {Notnlle de droits, etc.).
(4) A. L. H. 0.,r. 55, fol. 340.
(5) A. L. H. Œuvres, y_>«ss<w.
— 128 -
Comme tous les Ibnctionnaires de la Cour, le greilier
était nommé par le seigneur et devait lui prêter serment.
Sous les princes d'Orange, les relations fréquentes avec le
Conseil de Breda obligèrent le greffier à connaître la langue
flamande pour translater en français les ordonnances éma-
nant de ce Conseil (i); ce point fit l'objet d'un mande-
ment de l'année 1561.
Une fois entré en fonction, le greffier est tenu d'exercer
personnellement son otfice, sauf, naturellement, en cas de
maladie: il est alors remplacé par un substitut suffisam-
ment capable, qui prête serment en mains de la Cour et
dont le greffier est responsable.
Tous les actes passés devant la Cour de justice devaient
être enregistrés en présence des parties contractantes et
signés de deux échevins dans les quatre jours. A la fin de
l'année, un inventaire de tous les actes était dressé.
Le greffier pouvait délivrer une copie authentique de
tout acte registre, moyennant un certain droit ; il confiait
aussi aux parties les documents qui les intéressaient, sur
récépissé et avec engagement de les restituer à la pre-
mière réquisition de la Cour.
En cas d'appel à la Cour supérieure , le tribunal des
échevins d'Aix-la-Chapelle, le greffier remettait les pièces
du procès non terminé aux hommes que la Cour avait
désignés pour aller prendre recharge (2).
Comme nous le verrons bientôt, le greffier de la Cour
échevinale de la Terre Franche exerçait celte même fonc-
tion à la Cour féodale.
Des fonctionnaires subalternes étaient at lâchés à la
Cour; les principaux étaient les sergents, les prélocuteurs
et le chirurgien.
(1) A. L. H. 0., r. 3U, foi. 150.
(-2) A. 1., H. 0 , r. 77, fol. 186.
— {"19 —
(IJ Les Sergents. — 11 t>sl pr()l).ibli' ([u'ù lori^^iiic , il
n'y eut qu'un soi-gent ou officier de justice suballeriie ; à
la fin du XlIIc siècle, il est fait mention de ce personnage
(|ui porle alors le titre de « forestier » ; ù c(}lle épotpu', il
recevait enlr'autres émoluments deux gerbes, tous les ans,
du couvent de Vivegnis (i).
Comme son nom l'indique, il était chargé de la police des
eaux et lorêts, qui appartenaient entièrement au seigneur.
Nommé par ce derniei*, il lui prêtait serment. Dans la
suite, la multiplicité des affaires ayant successivement
porté leur nombre à six, puisa dix, le drossard les nomma
et reçut leur serment (2).
A partir du XV"'c siècle, les sergents remplissaient les
fonctions qui, de nos jours, pourraient s identifier avec celles
des gardes-champêtres et des huissiers : ils proclamaient
les cris du peron au nom de l'officier du seigneur (3),
convoquaient les habitants aux réunions électorales et
autres de la communauté (4).
Leur charge les obligeait à garder les cadavres trou-
vés dans la juridiction jusqu'à l'ai-rivée des deux échevins
et du chirurgien (s), à assister à toutes les séances de la
(lour échevinah.' pour y maintenir l'ordre et, le cas échéant,
faire les dépositions concernant les enquêtes que leur
office leur imposait (6). Au XVIIl'"" siècle, ils i)orlent
aussi le nom. de huissiers et de forestiers (7).
(i) Bulleliii de la S. A. II.. t. X., t'*" p. 3'2.
(i) A. L. H. 0.,r. 1)8. tol.;3-'U.
(-,) A. L. H. 0., r :î1, fol. lot et 237.
{i) PoLAiN, Recueil des onloii. de Liéije, 3'' s.,!2*' vol., ]) 'M')-!
ih) A. L. H.().,r. 94, fol. 14.
(li) A. L. H. 0., r. 94, fol. 14.
(7) Voici leurhi noms : Jpan Froidmont, Léonard Jacob, Jean Colktte,
Jacques Le Roy, Pasquay Sauveur, Malliy Bhrto, Jean Sauveur,
Barthélémy Jacquet . A. L. H. 0., r. 98, fol. 3-20.
- 130 -
(') I.ES Prélocuteurs. — Les pnrties se l'aisiiiciil i-(^|)i'c-
senter devant la juslice par des procureurs ou prélocutours
nommés par le seigneur.
Il est probable qu'à l'origine des Cours de justice chacun
se défendait lui-même devant le tribunal des échevins ;
mais lorsque la pi'océdure devint compliquée et que cer-
taines règles durent être suivies dans l'instruction et
l'expédition des atTaires, on tut ol)ligé de se fiiire repré-
senter par des hommes connaissant la procédure. Ceux-ci,
dont le nombre était d'abord de deux, furent au nombre
de six (1719) et de huit (1740) (i) ; ils étaient obligés de ré-
sider à Herstal et de prêter serment en mains du bailli (2).
Ce serment leur détendait de plaider les causes iniques
et non fondées, les obligeait à engager les parties à ne
point molester autrui injustement. Nous doutons fort que
cette clause ait été scrupuleusement observée.
Les procureurs devaient assister les indigents dans la re-
cherchedeleurs droits, sur une simple ordonnancedela Cour,
sans que pour ce ils pussent être rémunérés; s'il.> gagnaient
la cause et si les indigents pour c[ui ils avaient plaidé
arrivaient à une condition plus aisée, ils pouvaient exiger
leur salaire avec l'autorisation préalable de la Cour (3).
En cas de maladie, ils devaient se taire rn-mplacer par un
substitut au courant des atïaires.
La fonction de prélocuteur ne pouvait être exercée
qu'après un stage d'environ cinq ans, il fallait, en outre, être
né à Hei"stal et être enfant légitime (4).
/■) Le Chirurgien. — La Cour de justice de Herstal
s'était de bonne heure attaché un médecin ou « chirurgien
(1) A.L. H. 0., r. 1U8, fol. 140.
(•2) A. L. H ().. r. 5i fol. 140.
(.-) A. L. H. 0., r. 77, foi. ISi.
(t) A. L. H. O., r. 54, fol. 314.
— 131 —
d'oflicr scrincnli' ■>:>, (jui (''Liil à la iiDiiiiiialioii du scij^iit'ur
el prêtait serinciiL devant la Cour. Nous avons \u (ju'il
accoRipagnait les échevins dans les descentes de justice cl
faisait l'autopsie {(.(.la vi>^itationn) des cadavi'es trouvés sur
territoire de la juridiction (l).
f/) Le receveur du prince. — Nous allons, pour linir
l'énuméralion des membres de la Cour de justice, dire un
mot du receveur du prince. Bien que ne faisant pas i)ai'lie
de la Cour, ce fonctionnaire avait avec celle-ci cics l'ap-
porls si étroits que nous avons cru être autorisé à en
parler ici.
Tous les revenus du prince étaient encaissés par un
receveur nommé par lui. Ce fonctionnaire tiev.ut vei-ser
caution en mains de l'argentier du seigneur à Liège (et
ce dernier la transmettait au Conseil du prince, à Bréda,
sous les comtes de Nassau).
Le receveur tenait un l'egistre contenant : « le nom des
'personnes qui de temps passeit solloieni tenire et posséder
tes maisons, terres et lahurne, vingnes, prayeries, eomnmnes,
pescheries et autres Ixirtages, poins et contrepoins desquelz
notre ledit rerenii nos est annuellement degu et remettre
à lieu d'icenlz les noms des personnes qui lez ont acquis,
tenu et possedeit à présent. »
Chaque habitant de la Terre devait déclarer exactement
tout ce qu'il possédait et cela sous peine de six florins
carolus d'or d'amende, au profit du seigneur (2).
Faisons pour la charge de receveur la même remarque
que pour celle de greffier ; étant très lucrative, elle se
perpétua pendant plusieurs siècles dans la famille
DamyJde.
§ 2. — Attributtons de la Cour échevinale. —
( 1 ) A. L. H. O , r. -28, fol. 87 (19 août 1538].
(2) A. L. H. 0., r. 28, fol. 87 (19 août 1555).
— 13^2 -
L'admini^d'Mtioii de la justice ékiil sa ['(jiielioii [)iiiu'i-
pale : la compétence échevinaîe s'étendail à toutes les
actions qui, de nos jours, sont traitées par les tribunaux
correctionnels et civils de première instance; en matière
criminelle, la Cour de Herstal pouvait prononcer la peine
de mort et, contrairement à ce qui avait lieu pour les
afïaires civiles, on ne pouvait appeler des sentences ren-
dues en matière criminelle (-l), La tradition locale pré-
tend qu'il y a, place de la Licourt, en tace de la pompe et
du côté de l'ancien château Pépin, une pierre enfouie à
quelques mètres de profondeur et que, sur cette pierre ,
se faisaient les exécutions criminelles.
Le condamné pouvait implorer son pardon du seigneur,
qui commuait assez sou\'enl les peines capitales et les
remplaçait avantageusement par une amende pécu-
niaire (2).
Une autre attribution importante, était l'enregistrement
ou « réalisation » des actes notariés : toute prise de posses-
sion, mutation de propriété et de rentes, actes de prêts,
de garantie, testaments, contrats de mariage, records,
enquêtes, cris du peron, nomination de mambours, par-
chons ou partage de succession, etc., devaient, pour avoir
un caractère aulhenlique et entrer en vigueur , être
réalisés à la Cour des échevins (3); cet enregistrement
était soumis à un droit dont le tarif nous est donné par
la notule annexée à ce travail.
Attributions spéciales. — Passons en revue dilTé-
rentes attributions spéciales de la Cour de justice de
Herstal.
Elle fixait le prix de la bière et du vin : tout brasseur ou
(1) A. L. H. 0., r. 77, fot. 186.
(2) A. L. H. 0.,r. G5, fol. 99.
(3) A. L. H. ()., r. 77. fol. 187.
- 133 —
vignoron, nvaiil de livrer sos produits à la ronsomma-
lion, (levait les (aire dôgustei" par uiio Commission do d(nix
m('ml)i"(\^, (' /('S nidilrcH de vilhc », clinisis l'nii par la
justice, l'auli-e par la communauté. Ces deux inspecteurs,
a|)i'ès examen, permettaient la mise en vente ou la refu-
saient ; dans le ])r('mier cas, ils lixaicnt le prix de ces
denrées et, dans le second, ils pnnissaieni les conlra-
venteurs (l).
La vériticalidu di's poids et mesures (''lait rail(^ [)ar la
Cour de justice, (jui ordormait (pic : « Iokk mouliniers et
hoUengicr^ portent leurs mesures comme sliers, quartes
et poulhaux par devant la justice pour tceulx visenteir ot
rnar(]ueh\ aussi les taverniers pareilhement porteir leurs
q\urrtes, pintes et cJiopines pour scmhhddeinrnl les visen-
teir s'ils sont bonnes mesures de Treit (Maastrecht ) » (â).
Les ordonnances de police sont également du ressort
de la Cour.
Au XVI'' siècle, elle prescrit à tous les taverniers de
fermer à huit heures du soir en hiver et à neuf en été, sons
peine de deux florins d'or d'amende pour le lavernicr cl
(Lun floiàn pour le consommateur. La taverne devait
rester fermée le dimanche pendant l'office divin (3).
Défense était faite de porter sur soi des armes à feu, d(>s
bâtons ferrés , des haches , des armures sous peine
d'amende. Une ordonnance de police permettait à tout
habitant de Herstal d'appréhender le maraudeur (pii se
trouverait dans ses propriétés et de le livrer à la justice
(( et si par adventure ils se misent à défense et on leur rom-
pit par cas de fourtune bras ou jambes, voir les tuasse}it ne
seront à rien à seigneur ni à partie » (4).
(1) A. L H. 0-, r. 29, fol. 230.
(-2) A. L. H. 0 ,r.29, f.)1.23L
(r.) A.L. H. 0.,r. 29, fol.231.
(4) A. L. H. 0.,r. 29, fol. 231.
— 134 —
La Cour réprimait avec une sévérité très rigoureuse le
blasphémateur; à la première fois, il était mis en carcan de
six à neuf heures du malin ; à la seconde, du malin à
six heures du soir, et enfln à la ti'oisième, a tous ceux qui
seront trouvés blasphémant le nom de Dieu, ses membres, la
Vierge Marie et injurier le seigneur, viUpendier la justice
seront mis stir ung pilory sur un jour de plaix publique-
ment depuis le matin à huit heures jusques à onze heure à
midy et après le maitre des liantes oeuvres perse la langue
à tout un cliault fiere et estre banng hors la seigneurie dudit
Herstal jusqu'au rappel du dit seigneur » (i).
A une époque où il n'y avait pas de cadastre, il était
assez difficile de déterminer, d'une manière stable, la lar-
geur réglementaire des chemins et les limites des bois
communaux. La Cour, pour parer à cet inconvénient, se
rendait sur les lieux et interrogeait les manants les plus
âgés, examinait les visites antérieures et décidait en con-
séquence (2).
§ 3. — Conflits de juridiction. — De nombreux
conflits de juridiction eurent lieu entre la Cour échevi-
nale de Herstal et le tribunal de l'Official de Liège.
L'intervention de l'Official peut s'expliquer par ce fait
que, de tout temps, les habitants de Herstal ont joui à
Liège du droit de bourgeoisie et, comme tels, se faisaient
juger parles tribunaux liégeois (4); de plus, certains de
ces tribunaux, de par leur caractère même, avaient une
(1) A. L. H. 0.,r. 20, fol. 232.
(i) comparut devant nous Sophie Renneaux demeurant à
Futvoi/e, âgée de cent ans ou environ, laquelle estante par nous
requiee de dire la vérité comment elle scait et a entendu dire que
notre juridiction au lieu de Futvoye s'étend a dit et dcclareit
scavoir que...
A. L. H. 0., r. 83, fol. 52.
(1) Chron. de Jean d'Outremeuse, t. V., p. 323.
— 135 -
londanco à s'ingéroi- d.ins los .'ilVairc^s {\o la Tcito Franche.
Par ('xcmi)l(\ le Iribiin.il (|ui nous occupe ici .iv.iil tou-
jom's en If droil (rinlervenir dans ce que l'on appelait, les
trois cas privilégiés : le mariage quant, à sa validité, le tes-
tament pour le même cas et les questions de propriété
des biens ecclésiastiques amortis (i) ; ces trois |)oints lui
furent reconnus par des ordonnances de 1531 et 1535(2)
qui stipulent qu'en deliors de ces cas le droit de juridic-
tion, spirituelle ou réell(\ apparti-'id incontestablement an
comte de Nassau.
Le procès qui eut lieu, en 1598, eidre le curé de Hers-
tal Jean liertho et le couvent de LaXhavée, rentre dans un
des ti'ois cas cités pins haut et, comme tel, fut plaidé de-
vant l'official de Liège (3).
Mais des abus regrettables ne tardèrent pas à se glisser
dans cette coutume judiciaire et l'on vit des ecclésiastiques
se faire juger pour des causes temporelles devant le tri-
bunal de Liège ; les seigneurs de Herstal édictèrent des
peines (4) et publièrent plusieurs ordonnances où ils ne
cessent de répéter que, dans la juridiction de Herstal, où
l'on suit le droit brabançon, on ne connaît pas de privi-
lège de cléi"icature : « Un surcéant ou bourgeois domicilié
fut-il chraioine, hénéficier ou autre ecclésiastique devait
être jugé par le tribimal des érheriirs eo)n^ne tout ^iijet de
la, Terre Franche » (s).
II est probable que ces abus cessèrent peu à peu, car
les ordonnances à ce sujet deviennent de plus en plus
rares et finissent par disparaître.
(i) Defacqz, Ancien droit bel()iqiie., I, (il (éd. 187:!
(•2) A. T.. H. 0.,r. 19, fol. 373.
(ri) A. L. Ai'cli. de La Xliavée, r. Î2, n. r).")Hl.
(0 A. L. H. 0., r. 24, fol. 460.
(b) A. L. H. 0., r. 13i, fol. 192, v».
— 136 —
,^ 4. — RÉUNIONS DE LA CouR. — Les réunions ordi-
naires portaient le nom de plaids particuliers ; la diffé-
rence entre les plaids généraux et les plaids particuliers
est que les premiers étaient des assemblées générales
et obligatoires pour tous les habitants de la Terre
Franche, tandis que les plaids particuliers ne réunissaient
que les parties intéressées.
Les réunions avaient lieu le mardi de chaque semaine (i) ;
ce fait nous donne une preuve évidente de l'importance de
la Cour qui nous occupe, car les autres Cours du pays, par
exemple celle d'Olne (2), de Saive (3), d'Esneux (4) et de
Tignée (5), ne siégeaient qu'une fois au bout de quinze
jours.
Ces réunions étaient cependant suspendues chaque an-
née aux époques suivantes : huit jours avant et huit jours
après la Noël, huit jours avant les Cendres et huit jours
après, huit jours avant Pâques et huit jours après, et enfin
tous les jours de fêtes de précepte quand celles-ci tom-
baient le mardi. Pour permettre aux habitants de vaquer
à leur récolte, la justice était suspendue pendant le mois
d'août.
La guerre entravait aussi le cours de la justice civile,
mais jamais la justice criminelle ne fut suspendue (e).
Les séances, qui avaient lieu dans un local spécial, situé
sur la place, qui indique assez son voisinage, La LicoKvt,
commençaient à huit heures précises du matin en été et à
neuf heures pendant la saison d'hiver : d'octobre à
Pâques. Si la mullipHcité des affaires ne permettait pas de
(1) A. L. B. 0 , V. 77, fol. 184.
(2) Stourkn, Histoire de Vancieii han (VOlne, p. 38.
(3) PoNCKLET, Seigneurie de Saive, dans le Bail, de l'Inst. arch. iiér/.,
XXn,36.5.
(i) SiMONis, « d'Esneux, » •> » XXIV, 218.
(;,) PoNCELET, La Seigneurie de Tiynée, » » XXIII, 1G9.
(n) A. .,. H. ()., r. \\% fol. à la date 7 iiov. 17i7.
- isi —
les expédier le mardi, on siégeait le ou les jours sui-
vants (i).
La justice ne pouvait être rendue que dans les réunions
comprenant au moins quatre échevins, le greffier et un
des sergents ; durant l'audience, il ne pouvait y avoir sur
la table ni vin, ni bièi'e sous peino de trois florins d'amende.
Cette clause était probablement assez mal resijectée, car
nous rencontrons un grand nombre d'ordonnances à ce
sujet.
§ 5. — Droit d'appel et de recharge. — Nous
venons de voir qu'en matière criminelle le tribunal
scabinal de la Terre Franche jugeait sans appel (2) ; il
n'en était pas de même pour les causes civiles.
De ces dernières, on en ai)pelait aux échevins d'Aix-la-
Chapelle et, de là, à la Chambre Impériale. La Cour de
Herstal jugeait « à la loij d'Aix la Chapelle et d'Empire ».
Cet état de choses dura, des origines, jusqu'au commen-
cement du XVIIe siècle : à partir de cette époque et jusqu'en
1740, les appels furent portés devant le Conseil Souverain
de Brabant et, enfin, de 1740 à la chute de l'ancien régime,
devant le CiMiseil privé du prince-évêque de Liège.
On a vu que ce fut Charlemagne qui accorda à la ville
d'Aix-la-Chapelle le privilège de recevoir les appels des
sentences prononcées par les tribunaux dépendant de
l'Empire d'Allemagne, (^e privilège fut confirmé par
l'empereur Charles V le 28 de décembre 1555 (3).
La preuve la plus ancienne de la subjection de la Cour
de Herstal aux échevins d'Aix est de la fin du XlIJe siècle :
dans une contestation au sujet des droits dus par l'abbaye
(1) A. L. H. 0., r. 77, fol. 184.
(2) A. L. H.O., r. 65, fol 9!).
(3) Noppius, Aacliener Chronik, pp.2H3-2SI, et article du professeur
LoERscH, dans Haageii, GeschicJite AacJiens, I, 3ôi).
11
— 138 —
de Vivegnis dans la juridiction de Herstal, les échevins de
cette dernière Cour déclarent (mars 1291) : aquHlh nen
astoient mie si souffizanient sage qu'ilh en voulsissent dire
jugement se^is aleir à leur chef à Ays » (i).
Du XIII" siècle à la fin du XVI«, les registres de la Cour
de justice contiennent une grande quantité de recharges à
Aix; la dernière mentionnée e^t de l'année 1573 (2) et la
première au Conseil de Brabant, du 6 septembre 1604 (3).
Il est probable que, dans la période intermédiaire entre
ces deux dates, des pourparlers eurent lieu au sujet du
dernier appel ; c'est en effet pendant ce temps que la
cession de Herstal eut lieu et les nouveaux maîtres ne
pouvaient pas laisser subsister l'ancien état des choses.
Cours subalternes. — La Cour de Herstal jugeait
en appel des sentences rendues par la Cour de Bolland.
Cette dernière localité était, sous l'ancien régime, une
Terre Franche relevant du marquisat d'Anvers.
Les registres de la Cour de Herstal contiennent des
preuves nombreuses de cette subjection : la plus ancienne
est de l'année 1480 (4) et, malgré la défense de Charles-
Quint (1540), interdisant aux échevins de Bolland d'aller
en appel ailleurs qu'aux échevins de Boihain (5), puis, en
dernier ressort, au Conseil de Brabant. Cet état de choses
dura du XV-^ au XV1II« siècle (20 juin 1738) (6).
Le droit de recharge était fixé à quatre florins et vingt-
six aidans (i). Les échevins de Bolland se rendaient sur
le territoire de La Motte, enclave de Wandre, et là rencon-
( I ) Société d'art, et (Vliiat. du diocèse de Liège, t. X, 1" p., p. 32.
(2) A. L. H. 0., r. 3.-), fol. 185.
(3) A.L. H. 0.,r. M.
(4) A. L. H. 0., r. 8, loi. 70.
(:;) Univ. de Liège, man. Van den Berch, fol. 307.
(g) A.L. h. 0.,r. 107, fol. 102.
(7) A. L. H. 0., Plaids 306 (Pas de pagination).
- 139 —
(raient les échevins de Herstal, ce qui diminuait le che-
min aux uns et aux autres.
Chapitre IV.
LA COUR FÉODALE.
Une seconde Cour existait dans la Terre Franche de
Herstal : la Cour féodale. Son hut était de sauvegarder les
droits des propriétaires de fiefs de Herstal et de juger les
contestations auxquelles ces fiefs pouvaient donner lieu.
Devant cette Cour s'accomplissaient le relief et l'investi-
ture des biens féodaux situés dans la Terre, le tenancier
fût-il même étranger, à chaque changement de proprié-
taire par suite de décès, vente ou donation.
La formule était la suivante : « Par devant nous lieu-
tenant et hommes de fief a comparut..... pour relcveir
gisant à Le lieutenant lui en fist et rendit don et relief
ayant fait l'Iiommaige accoustiim,é mesme payet les droits
seigneurials et prêter le serment » ( l).
La Cour féodale se composait du bailli ou lieutenant, de
sept hommes de fief et d'un greffier, qui presque toujours
fut celui de la Cour échevinale. Les différents membres de
cette Cour étaient nommés par le seigneur; il est probable
qu'elle était composée en grande partie d'échevins.
Nous croyons apercevoir l'existence de cette Cour dès le
commencement du XIII" siècle : une charte de donation de
Henri de Lotharingie (L209) fut signée en présence des
ministeriales ou officiers du duc à Herstal (2) et, en 1252,
(1) A. L. H., Cour féodale, PassiDi.
[i) ScHooNBRooDT, Curt. de St-Lambert, l. lo.
- 140 —
c'est probablement encore de cette Cour qu'il est fait
mention (i).
L'abbaye de Vivegnis possédait deux moulins dans la
Terre Franche de Herstal ; ceux-ci étaient activés par un
ruisseau dont on ne nous donne pas le nom. Un conflit
s'éleva entre les deux moulins et Godefroid défendit à la
Cour de Herstal de s'adresser à un autre seigneur qu'à
lui-même, si celle-ci ne parvenait pas à apaiser le
débat (d).
Il s'agit ici d'un droit de régale dont le seigneur seul
peut disposer et il est difficile d'admettre que la Cour en
question soit autre que la Cour féodale.
La Cour féodale (2) de Brabant, qui était juge en appel
de toutes les Cours féodales relevant du duc de Brabant,
avait par conséquent celle de Herstal dans son ressort (3).
Chapitre V.
■ DROITS SEIGNEURIAUX.
Outre la convocation des plaids généraux et la nomi-
nation du personnel des Cours, le seigneur possédait, dans
la Terre Franche, certains droits sur lesquels il est bon de
jeter un coup d'œil pour avoir une idée complète de l'or-
ganisation de la seigneurie qui fait l'objet de cette étude.
Nous avons vu que la justice criminelle était rendue
(0 Société cC art etd'liisf. du diocèse de Liège, i. X, 1'''= p., p. 27.
(2) Ne pas confondre avec le Conseil Souverain de Brabant, qui.
comme on Ta vu, fut juge en appel de la tlour échevinale de Herstal
jusqu'au XVII" siècle.
(s) Galesloot, Inventaire des arcJi. de la Cour féodale de Brabant,
Annexe XCIX.
— 141 -
sans appel par la Cour de Herstal, cependant on rencontre
plusieurs cas où les condamnés implorent et obtieiuient du
seigneur le pardon de leui- crime et même la réhabili-
tation (i).
En vertu du droit d'alluvion, toutes les îles qui se l'or-
raaient dans le cours de la Meuse, dans sa traversée de la
Terre Franche, appartenaient de droit au seigneur (2).
Conformément à la loi impériah^ qui était en vigueur,
les Mens de tout habitant de la Terre, entant naturel
décédé sans postérité, appartenaient au seigneur (3).
Ce dernier jouissait en outre des droits de conliscation
de biens, de sauf-conduit, de sauvegarde, de tireinent de
minéraux, d'octroi et de permission pour construire des
machines ou des moulins sur le cours de la Meuse (4).
La chasse, comme la pêche, était seigneuriale; nul autre
que le seigneur ou ses officiers : le bailli et le receveur, ne
pouvait se livrer à ce délassement, sans encourir une peine
corporelle ou une amende (8).
Enfin le passage d'eau, reliant les deux parties de la
juridiction, était un fief relevé à la Cour féodale de Herstal
jusqu'en 1795 (e).
Nous avons jusqu'ici examiné les prérogatives seigneu-
riales, il nous l'esté à dire ce qu'était l'administi'ation de la
communauté.
(1) A. L. H. O , r. 65, p. 9'J.
(2) A. L. H. 0.,r. 3-2.
(3) A. L. H 0., r. 2-2.
(4) A. L. H. p., r. 82. fol. 198.
(5) A. 1j., Conse.i privé. Dépêches, K. ()3. fol. 174.
(g) a. L. H., Cour féodale, u" 388 (27 sept. 1755).
— U2 —
TITRE SECOND.
LA COMMUNAUTÉ DE HERSTAL.
Le mayeur et les échevins n'avaient, comme on l'a vu
dans la première partie, rien de connnun avec les fonc-
tionnaires qui, de nos jours, portent les mêmes noms :
l'administration des affaires communales était confiée à un
Conseil de régence.
Il est probable qu'à l'origine tous les habitants de la
Terre Franche, réunis en assemblée générale, discutaient
les intérêts de la communauté et prenaient des décisions
en conséquence ; ces réunions ont pris naissance dans les
plaids généraux avec lesquels elles coïncidaient presque
toujours : leur caractère, essentiellement démocratique à
l'origine, se modifia au XVI^ siècle, époque à laquelle on
vit apparaître des mandataires communaux.
Chapitre premier.
LA RÉGENCE ORDINAIRE.
§ 1. Composition. — La Régence ordinaire se composait
de deux bourgmestres et de cinq députés élus par la com-
munauté. Les candidats à ces places devaient être notables,
natifs et domiciliés à Herstal. Toute personne en procès
avec la communauté ou incapable de rendre compte d'une
gestion antérieure ne pouvait être élue.
§ 2. Election. — A l'origine , tous les habitants de la
Terre Franche étaient électeurs ; cette organisation fut
modifiée au XVIII'^ siècle.
— 143 —
A cette époque, pour être électeur, tout habitant de la
Terre Franche devait payer à la tailh; ordinaire neuf florins
Brabant parce que, dit une oi'donnance, ceux-là seuls ont
un intérêt évident au maintien d'une bonne administration.
Pour éviter toute contestation , une liste était dressée
chaque année et cette liste renseignait le nom et le pré-
nom de tous les électeurs, en même temps que la somme
payée respectivement par chacun à la taille.
§ 3. Convocation. — L'assemblée générale était an-
noncée au prône et par voie d'affiche une première fois
quinze jours d'avance et une seconde fois le dimanche pré-
cédant la réunion. Il était également donné connaissance
de l'ordre du jour.
Dans des circonstances particulièrement difficiles, l'ofii-
cier pouvait faire convoquer de porte en porte par le ser-
gent de la Cour.
,^ 4-. Nomination. — La convocation dûment faite, les
électeurs se i-éunissaient le jour de la Saint-Jacques
(25 juillet) pour procéder au renouvellement du mandat
de l'un des bourgmestres et de cinq députés ; le bourg-
mestre restant en charge faisait partie de la Régence sui-
vante. Cette mesure était prise pour qu'il y eût toujours
au pouvoii' un honnne au courant des travaux de la
Régence. Le nouveau bourgmestre et les députés devaient
prêter serment en mains de la justice de la Terre
Franche.
§ 5. Fonctionnement. — Le Conseil de Régence se
réunissait tous les dimanches à la maison de ville où l'on
délibérait sur le-. alTaires ordinaires de la communauté (l).
(0 Ce bâtiment, restauré en 1833, est situé sur la place de la Licourt
et porte au-dessus de son eutrée cette inscription : S. Charlemagne.
Régence dk Herstalle On s'occupe activement de le restaurer pour
y installer la justice de paix.
— U4 —
Toutes les résolutions devaient être inscrites dans un
registre spécial tenu par un greffier. Ce dernier était choisi
par le Conseil de Régence au sein même de celui-ci ; c'était,
dit une ordonnance, celui d'entre les habitants sachant le
mieux Hre et écrire.
Le salaire des bourgmestres était de douze écus, celui
du greffier de six. Pour les affaires exigeant un déplacement
d'une lieue ou deux, la Régence déléguait un de ses
membres, qui pouvait exiger un demi-écu par jour pour
ses vacations et frais de déplacement.
La présidence de toutes les assemblées de la commu-
nauté était dévolue à l'officier de Herstal : celui-ci doit
maintenir l'ordre et reçoit une gratification d'un florin
Rrabant.
Le caractère démocratique de cette institution apparaît
dans un fait que nous signalons :
Toute affaire dont l'importance pouvait dépasser 300
florins était réglée par toute la communauté ; cet appel à
la généralité des habitants avait encore lieu s'il s'agissait
d'intenter un procès communal. Les suffrages étaient
recueillis par le greffier et le procès verbal de la séance
plénière était consigné dans un registre spécial qui était
transmis au Conseil de Régence.
Nous avons vu que le renouvellement partiel avait lieu
à la St-Jacques : le dimanche précédent, la communauté
s'assemblait et déléguait cinq personnes, les vérificateurs,
chargés d'examiner les comptes tant du collecteur des
impôts que de la Régence. Dans le courant de la semaine
et le jour de la S'-Jacques, aussitôt après l'élection, les
cinq nouveaux élus et les cinq vérificateurs procédaient
conjointement à l'examen des comptes.
Une contestation surgissait-elle sur un point quelconque,
chacune des deux parties choisissait un député, qui portait
la question devant la Cour des comptes des princes
— 115 —
(rOi-aiigt,' à Rréila ot, après la cession do 1740, devaiil.
le Conseil privé des princes-évèques. Ces tribunaux con-
ciliaient les parties sur une simple réponse verbale (i).
L'expérience démontra cependant que le pouvoir laissé
à la généralité de prendre part à la direction des alïaires
les plus importantes, ne produisit d'autre effet que celui
d'exciter les brigues et de mettre la désunion au sein de
la communauté.
Un nouveau système fut inauguré en 1758. La commu-
nauté choisit un corps de dix députés, absolument distinct
du Conseil de Régence ; les formalités de l'élection et
convocation étaient les mêmes que pour ce dernier. Les
élus prêtaient serment en mains des magistrats de Herstal
et étaient rééligibles le dimanche après la S'-Jacques.
Il leur était interdit de s'ingérer en aucune façon dans
l'administration des atTaires de la communauté autres que
celles dont il a été question plus haut et qui étaient du
ressort du Conseil de Régence (2).
L'intervention de celui-ci, que les documents appellent
Régence ordinaire, était nécessaire pour l'aliénation des
tei'rains conmiunaux : la vente d'une parcelle de terre
commune devait èti'e décidée dans une assemblée plénière,
affichée, effectuée dans une adjudication publique et enfin
enregistrée aux greffes de la Cour de justice. L'adjudi-
cataire devait servir une rente au seigneur et à la commu-
nauté (3).
(i) Poi.AiN, Recueil des or L de la princip. de Licù/e, 3" série, '2« vol ,
p. 361.
(2) Ibid., p. 394.
(3) A. L. H. 0.,r Sa, fol.i>lô.
— 146 —
Chapiti^e II.
TAlf.LES ET COLLECTEURS.
Les tailles étiTient de deux espèces : les tailles ordi-
naires ou impôts annuels et les tailles extraordinaires
nécessitées par des circonstances exceptionnelles.
§ 1. Tailles ordinaires. — Il n'y a jamais eu de gouver-
nement possible sans dépenses, pas de dépenses sans
ressources qui sont les impôts. De tout temps, le droit
d'établir des impôts a été considéré comme une des pré-
rogatives principales de la souveraineté : les princes de
Nassau et, après eux, les princes-évêques, eurent seuls le
droit de lever des impôts dans la Terre Franche : des
lettres d'octroi de ces seigneurs étaient indispensables
pour que la Régence put lever des subsides sur les habi-
tants.
Librement consenti à l'origine, saut dans certains cas,
l'impôt perdit ce caractère pour prendre celui d'obliga-
tion (i). A l'époque où nous apercevons quelques détails
sur les tailles, elles sont obligatoires pour tous les habi-
tants tant laïcs qu'ecclésiastiques (2).
La clôture des comptes venant à faire voir qu'il était
nécessaire de pourvoir au payement des dettes de la com-
munauté, la justice et la Régence répartissaient les tailles
entre les habitants de Hersial el fixaient les bases du paye-
ment de ces impôts, bases qui variaient chaque année
(i) A.L. H. U., r. Gi, fol 3^.
(-2) A. L. H. 0., r. r,l, fol. 24G.
— 147 —
d'après los besoins et d'après les résultais heureux île la
récolte (i).
Nous verrons romment ces tailles oi'dinaires élaient re-
couvrées,
!^ 2. Tailles extraordinaires. — Les exactions des
gens de guerre, les dettes contractées pour subvenir au
séjour des soldats dans la Terre Franche étaient couvertes
par des impôts spéciaux, non consentis de la part des con-
tribuables, mais toujours préalablement autorisés [)ar l'au-
torité souveraine (2).
Les deux espèces de tailles étaient recouvrées par le
système de la mise à ferme.
S:; 3. Mise a ferme. ■- Après avoir donné lecture des
( I ) Les bases en 1700 étaient les suivantes :
« Sur chaque tonne de bière qui se brassera, 5 pattars.
» Sur chaque ayme de vin fort et brandevin, 30 »
» Sur chaque ayme de vin du pays qui croîtra dans la juri-
diction, 15 pattars. »
A. L. H. 0.,r. 89, loi. 43.
En 1751 :
« Sur chaque muid de braz (bière), '■lO pattars.
» Sur l'ayme de genièvre, brandevin. huile. 50 id.
» Sur l'ayme de toute sorte de vin étranger, 3 flor. Brabant.
» Sur cliaque livre de toute espèce de sucre étranger, 1 liard.
» Sur cliaque livre de tabac soit filé ou en carote, 2 liards
et sur celui en feuilles, 1 liard.
» Sur chaque stier de sel, 3 liards.
» Sur la pièce de hougaerde, '■2 flor. la Ij'-I pièce.
» Sur chaque cheval, 20 patars »
A. L H. 0., r. 116, fol. (21 juin 175 ).
(•2) A. L. H.O., r. 64, fol 325.
Cependant, en 1563, les habitants de Herstal furent exempts des
tailles du 10™» et du 20'"* denier, instituées par le duc d'Albe sur les
conseils de son maître Philippe II qui manquait d'argent. Tous les
habitants du Brabant et de l'Empire durent les payer.
A. L. H.0.,r.31,p. 147.
— U8 —
conditions sous lesquelles on exposait en ferme les reve-
nus annuels de la Terre Franche, la Régence et les éche-
vins procédaient à la mise à ferme au plus oflrant et
dernier enchérisseur ; celui-ci était déclaré adjudica-
taire.
Pour pouvoir briguer une place de collecteui', il fallait
être libre de toutes charges envers la communauté et
pouvoir fournir, le cas échéant, une caution suffisante ; le
repreneur et ses associés s'engageaient de corps et de
biens ; ils devaient, dans un temps déterminé, verser les
produits de la recette dans les mains du receveur seigneu-
rial.
Le contrat de mise à ferme, passé par devant notaire,
stipulait le tantième que tout collecteur pouvait retenir
sur la somme totale. La mise à ferme se faisait ordinaire-
ment pour un espace de sept ans : et comme l'assiette de
l'impôt se faisait annuellement, on voit qu'il pouvait y
avoir certains risques pour les repreneurs.
Avant d'entrer en fonction, l'aarfmodîat^ur» prêtait ser-
ment en mains du Conseil du seigneur et s'engageait « à
garder et procurer la conservation des haulteurs , préro-
gatives, droiclures seigneuriales , foncières et autres, de
quelque qualité qu'elles puissent estre , et la propriété des
champs, prairies, bois, rivièreu et tous aultres héritaiges,
sains permettre quil soit commis aulcune chose au détri-
ment et préjudice dHceulx à peine d'en respondre en parti-
culier et prime nom, » (l).
L'admodiateur ou repreneur dressait ensuite un registre
contenant les nom et prénom des possesseurs de biens,
payant pour ceux-ci une redevance annuelle, avec spéci-
fication de celle-ci. Une copie de cette liste de contri-
buables, revêtue du sceau de la justice et certifiée con-
(0 A. L. H. U., r. 49, fol. 189.
- 149 -
foime, était envoyée à la Chambre des comptes, à Rréda,
puis, plus tard, au Conseil Privé, à Liège.
On pourrait ranger les diverses espèces de tailles en
deux catégories : les tailles stables et les tailles instables.
Parmi les prtMnières, nous citerons les suivantes : la
taille ou impcJt foncier se payait à proportion de 'A florins
Brabant par bonnier : les propriétaires faisaient dénoml)re-
ment de leurs biens devant les bourgmesti'es et par dev^•^nt
notaire.
Le droit de « nianandise »,(jui correspond assez bien à
l'impôt personnel de nos jours, était le droit payé au sei-
gneur par chaque chef de famille habitant dans la Terre
Franche. Il fut réduit à 2 florins Brabant en 1755.
Les tailles instables étaient celles qui atteignaient les
objets de consommation connue la bière, le vin, le genièvre,
le sucre, le tabac, le sel. etc.; elles variaient suivant les
besoins de la communauté et étaient en rapport avec la
production annuelle (i).
Les différentes tailles faisaient l'olijet d'adjudications
spéciales ; les repreneurs pouvaient user de nii'sin'(^s
répressives contre les contribuables récalcitrants (2).
Chapitre III.
BOIS COMMUNAL.
La Terre de Herstal jouissait d'une organisation parti-
culière pour l'administration des bois et des terrains com-
munaux : cette organisation, nous l'apercevons pour la
(i) Règlement (lu i21 juin 175't. A. L. H. ().. r. 117.
(2) A. L. H. 0.,r. 89, fol. 143.
— 150 —
première fois en 1562 et, quelques années après, nous
trouvons un règlement (4).
Les bois et terrains communaux sont administrés par un
Conseil de douze députés , choisis par toute la commu-
nauté ; huit députés sont choisis par les habitants de la
Terre Franche rive gauche de la Meuse; la rive droite
choisissait les quatre autres.
Le renouvellement annuel de ce Conseil avait lieu de la
manière suivante :
La communauté, réunie au plaid général de la Saint-
Jean, était convoquée pour le premier jour du mois d'août
(ou le jour suivant si le premier était un dimanche). La
réunion annoncée était obligatoire sous peine d'un florin
d'amende. Le jour de l'élection , la communauté toute
entière était divisée en douze sections, ayant chacune à
leur tête un caporal chargé de recueillir les sutïrages : les
conditions d'éligibilité étaient la bonne conduite et des
preuves de capacité.
Chaque section élisait son représentant à la majorité des
voix(2).
Les attributions des mandataires consistaient à vaquer
avec la justice, tant au règlement, rendages et administra-
tion des bois et communes, qu'à toutes les autres affaires
concernant les biens et intérêts de la Terre Franche.
(t) A. L. H. O., V. 64. fol. 324.
(2) En 1567, le Conseil comprenait:
Pour Herstal : Godefroid de Haieneux ; Jacquemain, fils de Henry
Olivier; Jelian de Laiscliea; Jolmn, fils du dit Godefroid; Johan
deFalle; Collar Johan Stienne; Melchior le scrinier et Mattiien
Délie Semé.
Four Wamlre: Lorain de Forny, Henry délie Bressine, Michel de
Rahosée et Jehan Renchon.
- 151 -
Chapitre W.
POPULATION.
Nous avons peu de renseignements sur la po|MiIalion de
la Terre Franche.
En 1699, la paroisse de Herslaj seule avait un(> popul.i-
lion de -1,200 « communiants », c'est-à-dire 1,'200 pei'-
sonnes obligées de communier la semaine de Pâques (i).
Ce chiffre représente une population de 2,000 âmes.
Sa situation aux portes de Liège et le droit d'asile dont
jouissaient tous ceux qui se réfugiaient sur cette Teri-e
contribuèrent à augmenter la population dans une assez-
grande proportion.
En f754, la même paroisse comptait 3,000 communiants
ou environ 5,000 âmes (2); en 184'i, le nombre des habi-
tants s'était élevé à 8,000.
A pai'tir de cette époque, l'industrie et le commerce ont
fait de ce village une petite ville, et le recensement du
1er janvier iggg accuse 16,922 habitants.
Le culte protestant fut officiellement établi à Herstal en
1661 et la cession de 17-40 au prince-évêque de Liège mit
fin à l'exercice public de la religion i-èformèe en cet
endroit (3).
Denis LEQUARP.K.
(i) Visite archidiac. de 1699, aux Arcli. du Séinluaire, à Liège.
(») Visite archidiac. de 1754 aux Archives du Séminaire, à Liège.
(3) Lenoir, La réfor)nation dans Vanden pays de Liège, p. 345.
.A.lVri\rEï3CEïS
SERMENT EGHEVINAL.
Je jure que je vuihle et deyudeeeprésent jour et tout le temps
ci-après quand de coustume et uzance il conviendrat en toutte
obeyssance comparoir en justice fidèlement aider ifelle admi-
nistrer et observer, oiyer les parties en leurs raisons, escriptures
et propositions verbales selon la nécessité et exigence de cas et
sur ycelles fondre et prononcer juste sentence sans respect
d'aulcune personne ny parentaige ny d'affinité et consanguinité
sans prendre ny permettre d'accepter en mon profit des personnes
litigans ny de leurs part aulcun présent ny choese quelconque.
Semblablement je ne méfairay ou forniray partie en donnant
sentence soit par instruction des parties, affection, amitié ou
hayenne d'aulcune, comme aussy je ne suspenderay les causes
par malveillance ny donneray aux litigans quelconque conseil
ni advertance, mais tiendray les décrets et sentences conçues
secrètement sans les révéler jusques à ce qu'ilz soient publique-
ment aux parties prononcées et communiquées, comme aussy à
jamais ne reveleray ou publieray à posonne les secrètes con-
sultations et affaires de justice ny aideray sailler aulcune
escripture soit contract ou aultre document sans avoir lu,
entendu, examiné et trouvé estre vérita])le touttes actz devant
moy comme eschevin expédiez je rapporteroy fidèlement à mes
confrères et de tout ce donneray comme il appartient sincère et
vraye attestation et finablement de servir tellement mon estât
comme il convient à ung homme de bien et eschevin ainsy
m'ayde Dieu et sa saincte parole.
A. L. H. Rois. Saisies no2Il (19 mai 1578).
— 153 —
SERMENT DE L'OFFICIER.
Je jure que je sera fidel à mes Seigneurs en maintenant et
défendant leurs honneurs, leur justice et juridiction et icelle
promovoir tant en feodalz que cenlsauz, défendre les subiects et
non permettre les tirer hors devant autre juge soit spirituel ou
séculaire si non de l'ancienne coustume, ains les maintenir en
leurs anciennes usances, franchises et privilés^es selon tout
mon loyal debvoir et povoir, résider a lieu et exercer mon
office en personne, tenir la justice en révérence et honneur,
les jours de plaids en temps et heures accoutumez, adminis-
trer bon droit à chacun qui auront hesoingne de justice tant
aux inhabitans qu'étran^iers de telle qualité qu'ilz soient en
donnant termes licites et deyus (sans endurer les prolongations
des causes ventilantes) pour avoir bonne et briesve expédition
comme aussi tout que par justice et hommes féodalz pi'ononcé
et décrété serat par incidant ou sentence finale, maintenir et
mectre en double exécution , d'autant que comporte notre
office, non acceptant par moy ni par aultres des parties de ma
part des parties litigans ou d'aultres en leur nom pour leurs
affaires délayer aucun présent, don ou aultre émolument ains
moy contenter avecque mon salaire ordinaire, en oultre ce,
tairay tout ce que de droict et de coustume de faire appartient a
ung bon, honneste et sincère officier. Ainsi m'aide Dieu et sa
saincte parole.
Arch. de VEtat à Liège. Cour de Herstal.
Rois. Saisies, n" 211 (19 mai 1098).
PRISE DE POSSESSION DE LA TERRE FRANCHE.
Record rendu par les échevins de Herstal.
Premièrement que quant vient aucun novea seigneur dudit
Herstal soit par succession, saizine ou engageur, se teil en pièce
de la communalté dudit Herstal ne son transport en l'englise
notre Dame de Herstal, illec faisant serment en jurant sur
saincte de entretenir les dits surséants et inhabitants dudit
Herstal en leurs franchises et privilèges et de non les anéantir
12
— 154 —
ni diminuer, ensemble de entretenir les dits surséants et inha-
l)itans de Herstal en la pure loy d'Aixhe et d'empire et point
autrement.
Secondement que quant le seigneur dudit Herstal vient à
aucun conférer l'estat et l'office d'esquevinage absolutement
sans aucune réserve à déclarer en sa commission ne lesdits
seigneurs nepeult teils les dit esquevin destituer a son piais^ir.
Tirchement se nous lesdits esquevins et nous prédécesseurs
confrères navons uzeit et uzons journellement pure loy
d'Aixhe et d'empire.
Quartement quequant aucun personnage ayant devant nous
intenteit procès soit en action réel ou personnelle et que sen-
tence diffinitive puisse par nous rendus et prononchies et la
partie poy sentant de la dite sentence et jugement grevcit et
oppresse! t faisant d'icelle (appellation), se icelle ne faisant
devant les seigneurs esquevins du S' Siège Impérial d'Aixhe
notre chieflf et point autrepart pour laquelle choese record voir
rendre fait adjour quatorzième de juillet an quinze cens sep-
tante.
Ârch. de Liège. Herstal, Œuvres, r. 34, fol. i42.
S'ensuyent les fraix et despcns exposeis et sustenus en faisant
le voyage d'Aix pai'les chieffs esleveis et optenus pour lez diffé-
rent pendant entre Johan de Lantin noti'e mayeur d'une part et
Philippe le tindeur notre con-es(iuevin d'aultre.
Item entre ledit Philippe et nos la justice entièrement.
Item entre Adam lit Wautlet le mangon et Herman délie
Prealle.
Item entre ledit Adam et .Tacquemin de Mollin.
Item premier déboursé par .Tehan de Lantin le jour de
département des dits chieffs pour les despends, XVII aidans.
Item aile hostellerie à Galoppe, V tlor. VI aid.
Item aux sieurs d'Aix pour l'advertissement a eux demandeil
payet XLV aid.
Item audits pour leurs droits de deux recharges donneies
payet IIII flor. d'or V aid.
Item lendemain a dcjuneit payet IX aid.
— 155 —
Item aile hostellerie a Aix payet VI fl. X aid.
Item aux serviteurs et servantes et a barbier payel XIII aidans
XII sous.
Item en retournant an dineir et soupeir payet III flnr.
X aidans.
Item pour le lourez do VII chevalx chacun XXVIII aid., ([ui
font ensemble IX llor. XVI aid.
Item a ceux qui avoient esté quérir les dits chevalx et les
remeneit payet VII aid. XII sooz.
Item encor pour despens frais en retournant dudit voyap^e
susjournant aile Tecte (i), XXV aid. XII sooz.
Item pour fours et avoene lyvred par ledit Jehan de Lantin
aux chevalx X aid.
Item a diricly pour les translataif^es ensemble IIII flor. X aid.
Item XI aid. XII sooz débourser par .Tehan le Pollen.
Item aux esquevins et clercques pour les droix des journées
et vacans faisant ledit volage chacun IIII floriens qui font
ensemble XXVIII flor.
Item a clercque pour avoir fourneit les records des dits
chieffs et pour en avoir translate ly une VI flor.
Item a sergeant pour ses droits XII aid.
Item aile servante de maire ayant nettoyer les hossealx et
espérons a retour fait III aid.
Item pour un esperon perdu payet a qui il appartenait V
aid.
Item pour les horsportaiges des dits recharges payet IIII
flor. XVI aid.
Item pour les droits délie taxation des dits desprns payet
a justice IIII flor.
Item pour la signature a clercque XV aid. Somma IIII'^^
XIX florins Vil aidans.
Item les despens exposeis par Lambert délie Préalle.
Item premiei' aux chamberlins de mess d'Aix. XV sooz.
Item aile hostellerye débours III flor. \l aid.
ItemaGaloppe aile hostellerye XLX aid.
Item a passaige a Viseit ensemble XII aid.
Item aux seigneurs esquevins d'Aix pour deux recharges
IIII flor. or V aid.
(i) Theux.
- 156 -
Somma XIX flor.XVIaid.ensy montent les despens ensemble :
Cent XIX flor. III aidans des(|uels chacune partie payerat le
IlII^pai't assavoir
Philippe le Tindeui' pour deux chieffs la moitié LIX flor. XI
aid. XII sooz.
Ilem Herman délie Prealle XXIX flor. XV aid. XVIII sooz.
Item Adam lil Wautlet le niangon XXIX flor. XV aid. XVIII
sooz.
Arch. de Liéf/e. Cour de Herstal. Œw:res, registre n" i'i,
fol. (1520).
Lecomlede Nassau renouvelle les privilèges accord(''s aux
arbalétriers et ratifie le i èglement de cette compagnie.
28 novembre 1567.
A tousceulx qui coste présente letti'e veront et oront. Nous la
généralité compagnie et confraternité des arbalétriers jureis
estant tenus selon les uzances anchiennes et doubles à notre
très redoublé prince et seigneur le comte de Nassau, notre bon
maitre et seigneur de Herstal, scavoir faisons que nctro bon
volloir, plaisir et opinion est selon notre serment de leallenient
servir noire dit seigneur en ses affaires, request et pétition de
toute notre puissance, voir en notre ville comme bon et ac-
coustumé, sains a lui ne aussi ses commis, faire consentir estre
fait aulcune faute parmi et moyennant nous estans entretenus
en nos privilèges, franchises et libertés anchiennes le tout a l'or-
donnance de notre très redoublé seigneur.
Item et affin que notre dit prince et seigneur soit départ nous
plus honoré et asservi sy avons d'ung commung accord sains
aucun débattans et par plaine volonteit accordé les poinclz et
articles qui s'ensuyent :
Tout premier que ung chacun de nous les dits confrères
arbalétriers jureis serai tenus selon lesdites uzances de no3
prédécesseurs d'an en an le 1^^" .jour de maye comparoir en lieu
en quel on al aceouslumé de tirera l'arbaletre, chacun ayant
a heure ordonnée son arbaletre avec son accoutrement sains
aulcune faute on tinction, sur encorrir la peine de siex aidans
liégeois à paier pour chacun défaillant.
Item que ung chacun de nous les dits confrères tenus serai
— 157 —
tous les dimenches tledil mois do maye venir et comparoir en
lestât prédéclaré audit lieu accoustumô sur l'amende de deux
aidans liégeois et que celluy et cenlx qui endy jours tirant de
leu]' arbalôlre, invoquerai ou appelerat le nom de diable sera
tenu de mettre son solïec a ung- des Ihiers pour nous le-< auti-es
confrères tireit après icelluy et demeurerai illec jusques az
traictz tinez ou doncques paier pour l'amende deux aidans
liégeois.
Item avons ordonné que le jour de la procession qui soy
faict d'an en an le troixièmes des tiestes de la Pentecoste nous
les dits confrères généralement (?) tenus serons y estre présent
honestement armez conduisans et gardans de commenchement
jusques en la fin le liettre que a ycelle procession on porte sor
peine d'encorir l'amende d'ung flor, liégeois voir et a condition
sy audit jour l'ung de noz ou plusieurs fuissent trouvez avoir
title ou occasion legittime pour maladie ou autrement par quoy
ni possissent a icelle procession comparoir celuy ou ceulx ainsi
trovers poldral ou poldront constituer et mettre un homme
pour eulx assi suffisant que eulx ou plus tellement que de ce on
noyt cause de faire déplainte et doleance a la dite compagnie ou
encas de défaulte tenus serat pour l'amende susdite.
Item avons accordé que pour le salut de nos âmes et en l'hon-
neur de Dieu le jour sainte Barbe d'an en an ferons chanter et
célébrer une messe en l'engliese de Herstal a laquelle moose ung
chacun de noz sera tenu comparoir sur peine de dyex aidans
d'amende auquel jour avons ordonneit que on eslirat hors des
confrères de la dite compagnie deux maîtres cognissables pour
conserveir et lever les droix rentes et distribuer tout ce et
dequant que pour raison et de nécessité en serat le coure de
leur année durante et de tout a en fin de leurs dites années faire
et rendre bon et juste compte en la présence de la généralité
des dits confrères sains fraudes ou malingies, sembla])lemenl
avons accordé que d'an en an le jour du vénérable Saint Sacre-
ment ung chacung de nous serat tenu honestement estre armeit
et de comparoir a la sainte messe en allant honorablement à la
procession qui a faite celuy jour comme on est accoustumé du
temps passeit sur peine de diex aidans d'amende.
Item avons ordonné et conclud que quand aucuns de noz irat
de v'e a treppas pour pryer Dieu pour son ame tenus serons a
nos deppens faire chanteir vigile et célébrer une messe a
- 15S —
laquelle ung chacun de noz tenu sera de soy trouve! r sur
l'amende de diex aidans.
Item que quant aucuns de noz serat alleit de vie a trépas-
seraent comme dit est relinquissant aucuns enflfans mailhes
extans en eape parfait quant adoncques le plus anchien sen
polderat dedens l'année de trépas de son père défunct, par-
devant nous la dite compagnie, et alors se est rechapvable et
ydoine pour servir aux ordonnances predictes , le deverons
ressuyre et admettre parmy payant a la compagnie pour son
relift et réception la somme de vingt aidans liégeois et ce fait
deverat faire serment ad ce appartenant et se ledit enffans de
celuy trépasseit n'estoyent en eage comme dit est son plus pro-
chain le poldrat releveir parmi payant les dits vingt aidans et
de la dite compagnie uzeir et jusques a tant que le dit enffant
propriétaires soient parvenus à leur eage sains fraude.
Item avons accordé que nous estans ensemble sur notre
chambre ou au thier se aucvui de nous faisait son confrère de-
plaisir, débat ou distourbeir ou le dessyse reproche ou injure
par yre et couroucé en quelque manière que ce poldrat, adrexir
réservé cause criminel quant adoncques celluy qui en telle
manier et fachon traicté serat ne poldrat et ni deverat de ses
folies ou injures sur refuge pour en estre restaubli ou amen-
deit par devant aucun juge ou justice, soit spirituel, soit tem-
porel, ains en polrat se ses déplaintes et doléances aux
maistres et confrères de la dite compagnie perpétuellement
y estre déchasseit et priveit et ossi serat le délinquant sur
peine de telle pi-ivation tenu de surnir a telle conclusion et
concord que par les dits maîtres et confrères accordé en serat
sains contredit.
Item avons ordonné quant aucun de nous trouveis seront
estre tenus envers la dite compagnie aucune grande, moyenne
ou petite amende et que négligerai su rebellant soit de icelle
paier quant adoncques les maîtres de ladite compagnie pol-
ront licittement avoyr leurs ens mains d'iceulx rebel-
lans et illec faire paier waige suffisant et icelluy waige faire
gemodeit dedans quinze jours après ledit paiement leveit sains
fraude.
Item avons accordeit quant il adviendrat que les maîtres de
la compagnie oront congregeir les confrères que ung chacun
tenus serat a la semonce de soy trouveir et comparoir a lieu
— 159 —
accouslumeil poui- ce sut' peine d'amende de dyex aidans lié-
geois s'il n'y avait aucune légitime et sufiisanle excuse.
Somhlahlement avons accoi-dé que louchant les Islos et dos-
seaz extant devant Grùmeus'î avec celUiy situé à ro[)posite de
Souvei'ain-Wandre eondyst la Teste des Doo/., desquels la dile
compagnie est et at esleit en i)aisil)le el anchienne possession
de contraire n'est point de memoir, telz soy (lèveront rendre par
lesmaiti'es et la dite coipagnie par ]>lus gi-ande... . et à i)lus
grand protïit et utilité d'ycelluy toujours à ung stuyt et terme
de t]'ois ans el non i)lus avant (1 ^
NOTULLE DES DROITS QI'I SE DOIVENT PAYER
A LA COUR DE HERSTAL (le 18 octobre 1670)
Arrests
A la justice 4 aidans.
Au greffier 2 aidans.
S'il y a plusieurs membres de parties, chacun autant,
Arrest fugitif.
A la justice nihil.
Au greffier le registrant deux sous et demi.
A l'officier 12 sous.
Arrest pour enseignement de justice.
A la justice 6 sous.
Au greffier 3 sous.
Allozement un contre un.
A la justice 6 liards.
Au greffier 3 liards.
S'ils sont à plusieurs chacun autant.
Au sergeant pour arrêter fruits dedans les haycs 10 liards.
Registration de l'arrest
Au greffier 14 sous et demi.
Défense de point toucher ni aspoi'ter.
A la justice 12 liards.
Au greffier 6 liards.
S'il y a plusieurs membres et parties chacun autant.
Gi'and Comand et Possession.
Dedans les bayes, à la justice 2 11. bb.
Au greffier un florin liégeois pour registration.
(i) Arddvcs de Lirge^ Cours. Œuvres, 32, p. 1.
— 160 —
Hors les hayes et jusqu'à Hoyoul 12 flor. liégeois.
Au ereffler "pour reftisn-atiou, un flor. liégeois.
A "Wandi e jusque u bois, 24 flor. liégeois.
Au f^refl3er, 2 flor. lié;,'-
Sur les Monts passant le ruisseau de Rogivaux,
A la justice 24 flor. liég.
Au g'reflaer 2 flor. hé^.
En fin de juridiction,
A la justice 32 flor. liég.
Au greffier 4 flor. liég.
Action personelle,
Plainte par Mayeur et Echevin contre une personne
seule dedans les hayes,
A la justice 4 liards.
Au greffier 2 liards.
Au mayeur pour le faire noncer 8 liai-ds.
. S'il y a plusieurs personnes autant par testes.
Hors les hayes le double.
Plaintes sur les plaids généraux.
A la justice nihil.
Au greffier pour régistration un liard.
A l'advenant des personnes.
Plainte criminelle et à l'expédition d'icelle au jour ordinair,
A la justice 24 liards.
Au greffier 12 liards.
Pour faire faire exécution,
A l'officier 10 sous.
Outre les droits d'exécution.
Autentication des acts pour chacune raisne à la justice
un sous.
Au greffier un sous.
Pour copie d'un décret.
A la justice 4 sous et demi.
Au greffier 4 sous et demi.
Pour copie de sentence.
A la justice 30 sous.
Au greffier 30 sous.
Proposition de cause à un jour extraordinaire pour chacune
partie.
A la justice 12 sous.
Au si'effler 6 sous.
Au parlier 4 sous.
Au jour ordinair.
Pour copie de preuves et autres écrits exhibez 2 sous par
feuillets.
— 161 —
Pour copie d'nn simple act,
Réalisé 30 sous.
A la justice 20 sous.
Au f^reflier 10 sous.
Proposilion de cause au jour ordiuaire,
A la justice un liard.
La moitié ;iu f^i-efflcr.
Foui- chacune personne le doul)lc à l'advenunt.
Pour droit de constitution,
Pour chacune personne :
A la justice 2 liards.
Au preffler pour chacune personne un liard.
Cri, publication au perron,
A la justice 2 flor. bh.
Au greffier 1 flor. bb.
Concession d'une occision.
A la cour 3 flor. bb.
Leg-reflier autant qu'un échevin.
Visitation d'un corps mort.
A l'advenant du voya^re et vacation, et le greffier autant
qu'un échevin.
Visitation des maisons, biens, et mesurage des biens idem.
Visitation d'un registre.
A la justice 10 liards.
Au greflSer 5 liards.
A l'exhibition au jour ordinair des titres, réponse, réplique,
duplique, act. traiispoi't. partage, purgement, attestation,
l'édemption et toutes actes semblables l.ô liards sçavoir :
5 au greffier et 10 à la justice.
Pour un serment décisoir 30 sous syavoir
A la justice 20 sous.
Au greffier 10 sous.
Députation de mambour, approbation de testament, procla-
mation et subhastalion 3 flor. bb.
Le greffier autant qu'un échevin.
Audition des témoins sur chacun article deux sous en civil,
et en ciiminel doul)le.
Moitié à la justice, moitié au greffier.
Aux vacations de la Cour à proportion d'icelles.
Le greffiei' auuuit qu'un échevin.
Taxe des fraix.
Le dixième denier à la Cour.
Au greffier 5 liards pour écrire la taxe.
- 162 —
Assemblée de justice 40 sous.
Au greffier 5 sous.
Ens grandes vacances le doul)le.
Sérimpnt desMambours.
Pour chacun 21 liardsscavoir :
A la justice 14 liards.
Au greffier 7 liards
ŒUVRES.
Il se i)ayera à la justice pour droit des œuvres, ou qu'il n'y
aura qu'une vêture simple et trois conditions, trois sous
sçavoir :
A la justice 20 sous.
Au greffier 10 sous.
Pour la copie 3 fis. bb.
S'ils sont à plusieurs chacun autant :
Et outre tel droit de veture toutes les conditions passant les
trois se payeront à 9 liards chacune, el six sous à la justice et
3 sous au greffier ; s'ils sont à plusieurs chacun autant.
Pour la copie d'œuvi'es simples 30 sous savoir :
A la justice 20 sous.
Et au greffier 10 sous.
S'ils outrepassent les quatre conditions, à l'adressant pour
chacune obligation à faire faire la chose transportée se payera
outre la vêture, contract et autre oeuvre simple 12 sous sçavoir:
A la justice 8 sous et
Au greffier 4 sous.
S'il y a plusieurs obligations chacune autant.
Pour chacune caution, obligation, surrogation 30 sous syavoir:
Ala justice 20 sous.
Au greffier 10 sous.
S'ils sont à plusieurs chacun autant.
Pour émancipation d'enfant 3 fl. bb. sçavoir :
A la justce 2 11. bb.
Et au greffier 1 11. bb.
S'ils sont à plusieurs comme dessus.
Pour un simple relief 30 sous.
A la Cour 20 sous.
x\u greffier 10 sous.
S'ils sont à plusieurs chacun autant.
- 163 —
Pour droits de colTrc se payent par une seule personne 27
sous sçavoir :
A la justice 18 sous.
Et aii greffier 9 sous.
Si la Cour vaque à proportion du temps et vacation.
Visitation d'un registre se paye comme devant 15 liards.
Consignation des deniers.
A la Cour sur le cent fi. 50 sous.
Droit de Scel.
Pour le Grand Séel, à la Cour :J0 fl. bb.
Et pour le petit 30 sous.
Fermement de procès.
Portement d'iceux.
Bornement des Renneaux.
Appplle 4 sous et demi.
Le tiers au grelïier.
xYmende ensuite des Statuts de Liège, qui cou[)e le poing ou
borgne un œil, 15 voyages de S. Jacques en argent, envers les
parties et la moitié envers l'Officier.
Nota.
Qu'en arrest, en action réel il faut quarante jours entre icclui
et l'alozement à peine de nullité.
Protestations faites en contract ou contre renJaige ou procla-
mation 9 sous.
Sur la Rolle idem
Le greffier autant qu'un échevin.
Aux décrets, Sentences, SportuUes, Approbation de teslamentt
Subhastation, Apostille, députation de mambours,, fermemen,
de procès, bornement, lèvement de renneaux, Visitation, con-
fession et autres résolutions de la Cour.
Ensuite du règlement de Son Altesse le Prince d'Orange
émané le 11 Mars 1670 publié le 18 oct. 1670, art. 40.
Le greffier autant qu'un Echevin aux Décrets, Sentences,
SportuUes, approbations de Testaments, Subhastation, Apos-
tilles, dèputations de Mambours, portement de Procès, Borne-
ment, louement de Renneaux, Visitation, confessions et autres
Résolutions de la Cour.
Archives de Liage. Herslal. Œuvres,
registre 77, fol- i'^4 et s.
— iU —
HAMEAUX RT LIEUX DITS.
Sur le fond de l'aunafl-e (cadastre).
Bois de Pontiz (1197); bols de Pontiohe (1329) ; l'oiiliohe
(1480) ; Pontisse (cadastre).
Bossuron (1700) ; Bechuron (c).
I es vignes de Beriva (c).
Bernai-mont (1582); sur les Bernalmont (l.ô8;J) ; Bernal-
niont (c).
Barrière du Boi'day (c).
Barrière aux champs (e).
AlahaiedeBruclv (1324).
Cliefneux (c).
La Chapelle (c).
Ghertal; Cher talle( 1700).
Gortil Jean (c).
Chaucée Brunhoz (1700) ; chaussée Branehaut (c).
Dessous les Gherbenièi'es ('324).
Gal-du-Dos (o).
Gronmuse (1329) ; Gi'on-meuse (1430) ; Gromb-meuse (l.'vil) ;
Gourant Meuse (1684) ; Gombmoese (1700) ; G.jromeuse (<•) ;
crômeuse (1.560).
Lapasse cromi)ère (c.)
Au doyart (c).
Derrière vin.
Sur les éphanles (c).
La Faliche (1480; ; sous la Falixlie.
Fond del Mendrée (^j.
A la Fontaine.
La Fossalc (1480) ; Grandes et l'elites Foxhales (c).
Ferme d'Arsich (1211) ; ferme d'Arcis.
Aux deux femmes (c).
Pont de la Visé (c).
A dcssoulj/ de riwe dit ^rin beri\ve d.^S^): (îrimi)e-Ri(Mix
Grimborowe (c).
Au .sentier Guorin.
Grand Puits.
Au Gofay.
— 165 -
En Haynoes ( 1313 ) ; Ilaynoux ( 1521 ) ; Hayneux.
Al Ilufnale (c).
Iloyoulx f 1519 ) ; Iloyoul ( 1670 ) ; Hoyoux ( c ).
Haren ( 1480) ; Hareng- ; Plat de Ilarenff ( c ).
Fond du hosay (c).
Huii)iche (c).
(iran'le^'a^lx? ( 1329) ; Lai-^^e voye (14eS0) : Larft;e voie.
I^aixlie-founeux ( 1700 ).
Layscheal ( 1519) ; Leaxhe et Lysclioai (1480) ; Laixlieau (1700);
Laixhau (c).
Dessus le Ihier Lawely.
La Motte (c).
A la haute maison (c).
En demeie court? (1341); La Lycourt (1480), Liroui't ( 1700).
Marexhe.
Mainerie.
En Manchin (1329) ; Mauchin (1386) ; ile do Moncliin ( 1082 .
Melle.
Aux six noyers (c).
A la part Jehotte
Au j onsay, au ponceau (c).
Petite voye, voie.
Patar.
Pi'iesvoye.
La Préalie ( 1329) ; Los Prealles ( 18s) ; Pi'éalle (c).
Les pucelles (c).
Raliosées (1248) ; Raboséos (1329) ; Rahossées (1341) ; Ralio-
zee (lS«s.) ; Rabosée.
Au l'idales (c).
En i-eis (1438) ; reys (1700) ; Rhées.
A la roche.
Dessous Ro,4ivaux (1324) ; Roftivau'c.
Rivage de moese (1480).
Ruelle des gris (c).
Streis (1321).
En mille Saucy (c).
Tombeui'.
Voie du taureau (c)
Til-ljice ; fond de Tillice (c).
Sur Tiége (1480) ; sur Ihei'at ( 1480) ; Au Tige.
— 166 —
Al taille.
Au trou du renard ( c).
Au deux tilhouz ( 1475).
Thier des monts ; thier (1480) ; à grand tliier (1547).
Petit Wandre (1264) ; Souverain-Wandre.
La Xhavée.
DÉCOUVERTE D'ANTIQIJITÉS ROMAINES
A
On rappelait naguère dans ce Bulletin (4), à propos de la
découverte de Visé (fiole d'Evhodia), ce vers d'Horace :
Quklquid sub terra est, in apriciim proferet aetaa
sans se douter que ce qui s'était présenté alors à Visé et
peu de temps auparavant à Liège devait, à deux ans à
[x'inc d'intervalle, se produire à Herstal.
Mais ici, le sol a été plus prodigue qu'à Visé ou qu'à
Liège : au lieu d'une sépulture ordinaire ou de débris de
tuiles et de rondelles d'hypocauste, il s'agit cette l'ois d'une
sépulture à mobilier luxueux, celle d'un personnage opu-
lent, ayant peut-être môme occupé un haut poste dans
la hiérarchie des armées romaines
(1) BnUctin de V Institut arcJtéologiqneliéfjeois, t. XXVIII, p. 2'21.
168 —
II
En juin dernier, à quelque dislance de la chaussée
romaine, on extrayait de l'argile à briques au lieu dit
« La Tombe ». dans la parcelle cadastrée n^ 659b, section E,
et appartenant à M. Ernest Warnant-Tondelier, négociant
et industriel à Herslal. En effectuant des déblais à une
dizaine de mètres de l'endroit où, l'année précédente, ils
avaient mis au jour certaine pierre sculptée, dont il sera
reparlé, les ouvriers rencontrèrent, à une profondeur
d'environ 'l'"50, sous un amas de tuiles, une couche de terre
grasse, noirâtre et assez fiàable, mêlée de charbon de bois.
Ils venaient, sans s'en douter, d'atteindre la chambre
sépulcrale d'un ancien tumulus qui a disparu depuis des
siècles peut-être (l), mais dont une appellation caracté-
ristique (2) a seule perpétué le souvenir.
(1) Rien ne permet de déterminer l'époque qui a vu disparaître le
tumulus de Herstal, dont, à notre connaissance, il n'est fait mention
dans aucun document ancien et que ne signale même pas Vltinera-
rium x>er nonnullas Galliae Belgicae partes d'Ortelius et Vivianus,
oii sont soigneusement relevés tous les vestiges anciens quelconques :
tumulus, débris de tours, etc.
Pour Herstal, il n'est fait mention que de ruines insignifiantes du
Palais des Pépin {^^^ et vix ruinas \^videmus^ superesse domicilii tôt
clarnrum Frincipiim [Pipinortini] ») (p. 17 de l'édition Chr. Plantin de
1584).
Faut-il en conclure qu'avant la fin du XV1<' siècle, le tumulus de
Herstal avait déjà disparu ?
Hubert Thomas qui, dans sa compilation (7e Tungris et Eburonibus,
voit un peu partout des monuments des Romains et s'évertue même
à retrouver aux alentours de Liège des traces de leur séjour, ne parle
pas davantage de Herstal. qu'il se borne à citer en faisant remarquer
que cette localité remonte au temps de Gharlemagne (p. 123 de l'édi-
tion de 1585, insérée dans le recueil de Pirckeimer, Descn'ptio Ger-
maniae utriusque tam superioris quam inferioris).
(•2) Cette dénomination est locale (ce qui lui donne peut-être d'au-
PLAXriTF A.
xtrait du plan cadastral de la commune de Herstal,
Section E.
JOcholIc .Ir 1 à l-.'5(».
- 169 -
Le caveau, dont lo hasard avait amené la découverte, se
composait d'une fosse creusée à la profondeur d'environ
1 mètre, dans laquelle avait été descendu un énorme coffre,
vraisemblablement en bois de chêne, qui, au dire des ou-
vriers, devait primilivcMiient mesurer près de 2 mètres de
largeur sur 4 mètres de longueur.
Le bois en se décomposant avait laissé dans la terre
environnante, sous forme d'une légère poussière brunâtre,
des traces parfaitement reconnaissables.
tant phis (le signification), car aucun des anciens plans cadastraux
connus ne fait mention pour Herstal du lieu dit « La Tombe » qui s'y
trouve dénommé « A la Barrière» {feuille cadastrale de Faucher)
ou « Barrière des Hoijoux » ou encore « Les Barrières de Uoyoux ».
Il est vrai que les plus anciens plans cadastraux du dépôt de l.iége
ne remontent pas au-iielà de 1854, tous les documents antérieurs
ayant péri dans un incendie en 184.5.
Ce qu'il y a de significatif pour Herstal, c'est que le chemin qui
longe les parcelles dites « A V Tombe» et aboutit à la nouvelle percée
de Foxhalle porte toujours le nom traditionnel de « Chemin de la
Tombe ».
A Bombaye, près de Visé, un lieu dit uLa 'Tombe» sert pareille-
ment à peri)étuer le souvenir d'un tumulus (Bull. deVInst. arch. liég.
t. XXVin, p. 2"25), tout comme un acte de 1307 désigne une terre dite
a A la Tombe», à Anderlecht {Revue d'histoire et d'archéologie,
t. I, p. 276).
Cette dénomination qui se retrouve encore dans notre province
sous les formes <f Tomhalle, Tombois, Tomba, etc. » {Ann. de la Soc.
d'archéol. de Brux , t. XIV, p. 65), se rencontre également, en pays
flamand, sous une multitude de dénominations : « Tomme, Tomveld,
Flatte Tom, Tomhof, Tombeken, etc. », même sous la forme latinisée :
« Tomba » { Bull, des Comm. roi/, d'art et d'archéol., t. IV, pp. 431 et
suiv. ; t. V, pp. 471 et suiv. ; Bévue d'hist. et d'archéol., t. I, p. 545).
Remarquons cependant que l'appellation « Tomheux ou Tombois »
a fréquemment coïncidé, dans le pays de Namur, avec des sépultures
franques {Ann. de la Soc. archéol. de Namur, t. VII, pp. 201, 268 et
i!77).
13
— 170 —
A en juger par la longueur et la grosseur des clous à
large tête qui avaient servi à assembler ces planches ou
madriers, les parois du cofTre avaient dû être d'une très
forte épaisseur.
Celles de la partie supérieure, formant probablement
couvercle, avaient été protégées, d'une façon assez ingé-
nieuse, contre les infiltrations des eaux météoriques.
C'est ainsi qu'en un des tumulus de Tirlemont, on avait
accumulé au-dessus du caveau un grand nombre de blocs
de grès (i) ; les constructeurs de la tombe d'Herbays
avaient, dans un but analogue, étendu sur le couvercle du
coffre tumulaire une couche d'argile de 0^10 d'épaisseur,
recouverte d'un cailloutage formé de chaux, de cailloux
et de débris de carreaux et de tuiles (2); à Herstal, pour
faire mieux encore, l'on avait fait usage d'une lourde
couverture en tuiles , formée d'une vingtaine de tegulae
et d'imbrices (3).
Mais, sous la pression des terres et à la suite de la
destruction des parties ligneuses du couvercle protecteur,
cette couverture finit par s'effondrer, entraînant avec elle
les terres dont le caveau fut trouvé entièrement rempli
lors de la découverte et qui écrasèrent la plupart des
objets qui se trouvaient placés vers le centre de la
sépulture.
C'est de cette couche de terre, mélangée de cendres et
de débris de tout genre, que furent exhumés, sans qu'il fût
conservé aucun souvenir certain de leur position respec-
( 1 ) Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles, t. IX, p. 448.
(2) J7)îW., t. Xlir, p. 203.
(r, ) On a également signalé la découverte de tuiles dans une des
tombes de Niel (S'-Trond), ainsi que dans le tumulus de Temploux,
sépultures qui ont en même temps révélé la présence de pierres en
couches horizontales [Bull, des Comm. roi/, d'art, et d'archéoL, t. IV,
p. 396; Ann. de la Société archéologique de Namur, t. V, p. 189).
- 171 —
tive au fond de la fosse sépulcrale, les nombreux objets
qui constituent la trouvaille de Herstal et dont nous com-
mençons la description.
A. — Objets en métal.
I. — Oenochoé en bronze doré (d), à panse basse, s'éva-
sant vers le dessus, munie d'un large goulot à bec tréflé ;
ce gracieux vase est pourvu d'une anse relevée et fine-
ment moulurée, se terminant par une espèce de cartel,
orné d'une figure en relief représentant un amour nu,
dansant et étendant des deux mains au-dessus de sa tête
une bandelette (2). Hauteur : 0™15 (avec l'anse: 0'"19);
largeur à la naissance du goulot : O'^U. PI. b, fig. 1
et 1^'^
Par sa forme, l'oenochoé de Herstal rappelle celle d'un
des tumulus de Tirlemont (3), dont elle ne diffère que
par ses dimensions un peu moins fortes, ainsi que par la
décoration de son anse.
Un vase du même genre et provenant d'un des tumulus
( « ) On connaît l'emploi fréquent de la dorure par les Romains
pour rehausser la valeur des objets, en bronze notamment. Cf.
Pline, Hist. iVai., XXXIII, 19 et M; Cicéron, Ferr., II, % iil, §50;
Ammien Marcellin, XIV, 6, 8 ; Winckelmann, Baukunst der Alten,
II, § 23, p. 121 ; D^ L. Lersch, Apollon der Heilspender (Festpro-
gramm zù 'Winckelmann' s Geburtstage am 9 Dez.1847), pp. 6-7.
(2) Cette figuration d'amours ne se retrouve pas uniquement à
l'époque romaine, mais est très fréquente sur les monuments de
l'ancien art grec et étrusque. \'oy. notamment De Meester de
Havestein , Catalogue descrijHif, t. I, p. 544, n° 82 (miroir de
Préneste) ; ibid , t. III, p. 430, n" 822^ (boîte de miroir grec), etc.
(3) Annales de la Soc. d'archéol. de Bruxelles, t. IX, pp. 430-431,
pi. XXV, fig. 1.
— 172 —
de Cortil-Noirmont (i) fait partie des collections des
Musées royaux: des arts décoratifs el indiislricls, an parc
du Cinquantenaire à Bruxelles,
Des oenochoés du même type ont également été
retrouvées dans les tumidus de Bartlow-Hills (Angle-
terre) (2).
Ij^ _ Buire en bronze étamé ou argenté (3), à col
allongé, goulot lond, avec large embouchure (O^iOS de
diam.) et panse ovoïde unie. Hauteur : 0'"32. PI. b, lig. 2.
L'anse tridigitée (fig. 2^'^), qui ornait primitivement
ce vase, est très élégante et se termine, à sa partie infé-
rieure, par une curieuse tête humaine en relief, avec
abondante chevelure bouclée.
Cette anse, très soignée au point de vue de l'exécution,
tout comme celle du vase précédent du reste, rend la buire
de Herstal très intéressante. L'anse, il est vrai, est la par-
(i) Musées royaux du Ciiiquantenaiie, n" 34:^5-4 de l'inventaire
général.
(i) ArrJiœologia (Londres\ t. XXV, p. 8, pi. ii, fig. 11; t. XXVI,
p. 303, pi. xxxni, fig. 1, et pi. xxxiv; t. XXVIII, p. % pi. i, fig. 1 ;
l. XXIX, p. 3, pi- I, fig- ^- Cf. encore sur vases de ce genre : Dom
Bernard de Montfaucon, L'Antiquité expliquée et représentée en
fîf/iires. i. II, pi. rvi, fig. 5; t. III, pi. lxxhi, p. 144; Begerus, Themunis
Begiiis et Electoral is Brandenbnrgiciis. t. III. p. 3^2 (« Epichysi^
aerea ») ; Westdeutsche Zeitschrift fur Geschichte itnd Kunst, t. XVI,
p. 349, pi. XVI, fig. 3; Catalogue de V Exposition rétrospective de
Fart français jusqu'en 1900 (Exposition de Paris), p. 45, n° 286, eîc.
(:, ) Stannum illitum aeneis rasis, saporein gratiorein facit et coni-
pes-cit aeruginis virus : mirumque, pondus non auget... Album incoquitur
aereis ojeribus Galliarum invento, ita utvix disrerni possit ab argento,
eaque incoctilia vocant... Pline, Bist. Nat., XXXlV,4-8. Ce passage
caractéristique résume tout. U. encore sur l'étamage des objets en
bronze: Cochet. La Normandie souterraine, p. 80; Férue d'histoire
et d'archéologie, t. T, p. 273 ; D' I.ersch, op. cit., p. S.
J^J.A.NCJIK j;
Fi G.
Fw. ri"^
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FiG. 2.
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FlG. 2"
^■
1 ".i; •»/
.-isc^.
^
Kelic'lle :
-/3 graiuleur naturclJc.
— 173 -
lie des vases à laquelle les sculpteurs ou ciseleurs anciens
semblent de préférence avoir voulu consacrer leur talent (i).
Une buire à peu près identique et provenant du tumulus
de Berg (Tongres) (2) a permis de i-cconsliluer la lorinc
du vase de Herstal que la pression t]o> \ovves a complè-
tement écrasé.
Deux autres bu ires du même >^onre ont également été
recueillies en Ilesbaye, l'une dans les fouilles de Fresin (3),
l'autre dans la Bortombe de Walsbetz (4) ; la première pré-
sente toutefois celte particularité, qui manque aux deux
auti-es, que son col s'évase vers la partie inférieure.
Iles buires analogues, mais plus petites, ont également
(i) Pline, Hist. 2V«^, XXXIII, 53 et 55.— L'ornementation des anses
de vases varie à l'infini. Voyez, sur quelques variétés typiques : de
MoNTFAUcoN, 0/}. Cit., t. III. pi. Lxxxiv ; Baccoltci cU vcisi antichi, t. VI,
pi. !21 ; DE Caylus, Recueil (V antiquités égyptiennes, étrusques, grecques,
romaines et gauloises, t. I, pi. c, fig. 1; t. II, pi. ci, fig. 1; t. III,
pi. Lxxxvn, fig. 1, 2. 3, 4 ; pi. cxii, fig. 1, 2; 1. IV, pi. lxxxiv, fig. 1,
3; t. V, pi. Lxxxix, fig. 3, 4, 5, 6, 7 ; t. VII, pi. Lvni,fig. 1, 2, 3, 4;
pi. LXi ; Maréchaf,, Antiquités il' Herculanum, i. VII, pi. xi.vi et Lxn ;
Grivaud DE LA ViNCELLE, Arts et métiers des anciens, pi. lxui, lxiv,
LXivbi^ xci (fig. 2) et c, fig. 2ô ; Recueil de monuments antiques, la
plupart inédits, découverts dans V ancienne Gaule, p. 117, pi. xiv,
fig. 1, 2; 0. Jahn, Ornements de Poinpéi, t. III, pi. xxxvin; de Meester
DE Ravesteix, Catalogue descriptif, 1. 1, n°^ 741 à 762 ; t. III, 741 a. 743a;
F. l.iÉ.N\\RD. Arcliéologie de la Meuse, t. I, pi. xxvH,fig. 4; Westdeutsche
Zeitscltrift fiir Geschichte und Kunst, t XIV, p. 389, pi. xvni, fig. 1 ;
Houx et Barré, Hercnhumm et Pompéi. l. VI. pi. 7G, 79, 80, 81, 82, 83.
Jahrbûcher des Vereins ron Alterthumsfreunden ini Rheinlattde, t. IV,
p. 193, pi. v, fig. 3 et 4; Museo Borbonico, t. II, tav. 47; t. III, tav. 47 ;
t. IV, tav. 43; Museo Gregoriano, tav. G, 8, 58; Antich. d'Ercnlano,
t. VIII, tav. 53; etc., etc.
(-2) Collection Huybrigts ;i Tongres et Bull, de tu Soc. scient, et
littér. du Limh., t. XVII. p. 42.
(3) Bull, des Coinm. rog. d'art et d'ar(;héol.,i. If, }). 129, pi. m, fig. 2t
et 24iJi.s.
(4) Ibid., t. III, p. 299, pi. ni, fig. 5.
été retrouvées en des sépultures ordinaires, à Poulseur(i)
et à Fall-Mheer ( Limbourg) (2).
III. — Vase en bronze, avec anse mobile, en l'orme île
seau, à goulot rond, avec rebord aplati, garni d'oves. Hau-
teur : 0'"16 (0'"27 avec l'anse levée) ; diamètre dans sa plus
grande largeur : 0'"12 ; poids : 2'' 800 (Planche G).
La partie supérieure de l'anse est décorée, de chaque
côté, d'un personnage (hermaphrodite?) nu, ayant les
cheveux réunis sur la tête et liés en toutïe sur l'occiput
{cirrus inverlicé); les extrémités de l'anse, recourbées en
crochet et terminées par une espèce de gros bouton, abou-
tissent dans deux oreillettes massives, formant mascarons,
autrefois soudées au haut du vase, près de son orifice.
La panse du vase, ornée de superbes reliefs, se compose
de deux parties (ou registres) séparées par une rainure
circulaire en biseau.
Sur le registre inférieur, le plus intéressant des deux,
se trouvent reproduites en relief les quatre scènes sui-
vantes :
On y voit d'aboi'd un personnage barbu, debout de face,
dans l'attitude de la méditation, la poitrine découverte, le
reste du corps drapé dans un large manteau, espèce de
pallium; le bras droit, avec un volwnen à la main, est
(i) Musée de Liège; Bovv, Promenades historiques dans le pays de
Liège, t. II, p. 153, planche, fig. 3, a, b, c, d.
(9j Bull, delà Soc. scient. et littér. du Limbom-g, t. IX, p. 320.
Voyez encore sur les buires de ce genre: he Montfaucon, op. cit.,
(Supplément) t. II, pp. 59 et suiv., pi. xni, xv et xvi ; t. III, p. 151,
pi. LX.xxiv; DE Gaylus, Recueil d'antiquités..., t. I, p. '272, pi. n, fig. 1 ;
t. II, p 345, pi. XGix, fig. 2; t. VI, p. 273, pi. xxv, fig. 5; Antiquités
d'HercuIanum .., t. VIII, p. 49, pi. lxiii; H\GEMX'SS,Un cabinet d'ama-
teur Notices archéologiques), p. 3G2. pi. x, fig. G; RaccoJta di rasi
antichi, t. VI, pi. 22 et 43.
Planche 0,
Kcliello : > ,■ j;i-;iii(lc'ur naturelle
— 175 —
allongé el, pdiulanl, laiidisque le bra^i gauche ramené sur
le devant du corps, est accoudé à un bâton noueux.
Puis, en allant de gauche à droite, on distingue un per-
sonnage, sous les traits d'un hornnne Jeune, imberbe, d'al-
lure vigoureuse. Il regarde à gauche, a la poitrine nue et
les autres membres enveloppés, comme le précédent, d'un
ample paUiain, dont il retient les plis de la main droite ; sa
main gauche s'appuie sur un bâton tortu, recourbé à son
extrémité à la façon d'un jjedum ; à côté du personnage, à
droite, un grand panier rempli de volumina ou rouleaux
manuscrits; un peu plus haut, un volumen déroulé; à la
hauteur de ce dernier, à gauche, un objet indéterminé.
Vient ensuite un homme d'âge, barbu, debout, vu de
face, enveloppé de son manteau qu'il retient de la main
gauche, tandis que, de la droite, il porte un volumen.
Le dernier groupe représente un vieillard à l'occiput
dénudé, -à longue chevelure retombant sur les épaules et
longue barbe flottante. Vêtu, comme l'autre, d'un ample
pallium, il porte un doigt de la main droite au menton
comme pour méditer et tient sur l'avant-bras gauche un
objet oblong et épais, indéterminable. A sa droite, à la
hauteur de la tète, une espèce de mallette d'écolier avec
menotte {capsulai); à ses pieds, à gauche, une corbeille
ou hotte tressée [capsa) remplie de volumina; au-dessus
de celle-ci, un objet vague, dans lequel a été reconnu un
portrait {imago); plus bas, suspendu à un détail d'orne-
mentation, une outre ou besace.
Ces différents personnages sont séparés par des motifs
de décoration : deux socles carrés surmontés chacun d'un
vase monumental avec couvercle, deux candélabres énormes
à trois branches réunis entre eux par des draperies orne-
mentales (aulea).
Sur le registre supérieur, qui sert de trise, se déroulent,
fondues et ciselées dans la masse, quatre scènes erotiques :
— 176 —
des personnages nus, iKjmines et lenimes, par groupe de
deux, entrelacés ou couchés côte à cote, s'y livrent à la
débauche la plus effrontée. La pose de ces personnages
rend clairement l'idée qui a inspiré l'auteur de ces sculp-
tures et dispense de toute description détaillée (i).
Sous le pied du vase, pied de forme conique, c'est à
dire s'évasant vers le bas, trois lilets concenti-iques (2).
D'après une interprétation fort ingénieuse de M. le
professeur J. E. Demarteau, qui a consacré au vase de
Herslal une étude aussi savante qu'intéressante (3), il y a
lieu de voir dans les quatre personnages graves et austères,
des philosophes et, plus positivement, quatre docteurs ou
théoriciens de l'école hédonique, entourés de symboles
parlants.
Dès lors, la représentation des quatre scènes erotiques,
reproduisant un sujet en contradiction flagrante avec les
groupes sévères du bas, s'explique aisément : Tune fait
suite à l'autre. En créant ces figures lascives, s'adonnant
sans honte aux plaisirs sensuels, l'artiste païen a eu pour
unique but de traduire objectivement, c'est-à-dire au moyen
de types « vivants», ces doctrines hédoniques ou du Plaisir
(t) Les Romains qualifiaient ces représentations lascives de « /ièt-
dmes)>ou de « sjorniAr <Vire » (azLv9r,p = étincelle, trait brûlant); les
Grecs, usant d'un qualificatif plus énergique encore, les appelaient
« gryJli » saletés (vpOXXoç = porc). C'est à l'envi cependant que les
auteurs anciens se sont plu à décrire ces scènes impudiques et
graveleuses, le stigmate de l'antique monde païen. Parmi les Grecs,
Aristide {Miles laques), Ctiariclès et Callicratidas, Pausanias, Nico-
ptianès (Athénée, XIII, 11)...; parmi les Latins, Lucrèce, Ovide,
Perse, Martial, Juvénal...
(2) Ce fait, observé pour presque tous les vases en bronze, dé-
montre leur fabrication au tour en l'air.
(ô) Bull, de rinst. archéol. ^/>V-. t. XXIX, pp. 41-63. C'est à cette
étude, à laquelle nous renvoyons le lecteur, qu'ont été empruntés
les détails ci-dessus.
— 177 —
i|LU' professaient un peu parloul, lanl en Grèce ([u'à llonie,
les disciples d'Aris'ippe ou ceux d'Epicure.
A raison du sujet Iraité, une conception expressive el,
directe d'une théorie philosophique, oii se i-etlèle la vie
intime de Rome même, comme aussi de la richesse de la
décoration, le vase de Herstal a été considéré comme un
produit original de l'art romain proprement dit ( i ).
Sa facture ne présente cependant rien de bien particu-
lier : comme la plupart des vases de ce genre, il a été
coulé à cire perdue sans même avoir subi, sembl(>-l-il, une
retouche ou ciselure postérieure.
Semblable objet n'aurait-il donc pas pu être créé pai- ce
« petit art gaulois ». dont le foyer paraît avoir existé dans
le midi des Gaules, probaljlement aux environs de Bor-
deaux (2) ou de Lyon et qui a l'empli d'œuvres remar-
quables les provinces les phis lointaines de l'cmi^ire des
Césars, voire même notre pays (3)?
Simple question, car il n'entre pas dans le cadre ibi
présent travail de chercher à déterminer et à localisci'
Tindustiâe qui a produit le vase de Herstal ; c'est à une
étude raisonnée et comparative qu'il appartient de pré-
senter la solution de ce problème.
() ) UuUetin deVlnstiiiit archêoUKjique livyeois, t. XXIX, p. ii.
(■i) Publications de la Soc. archéol. de Bordeaux, t. Vil (1880),
p. 49; Mémoires delà Soc. impériale archéol. dn midi de la France
(Toulouse), t. VIII, p. 23 (industrie des lampes en bronze).
(3) Ce sont des spécialistes de cet art gaulois qui vinrent, dans nos
contrées, implanter l'industrie de ces curieuses fibules émaillées,
dont l'Entre-Sambre-et-Meuse parait avoir monopolisé la fabrica-
tion. C'est à ce même art encore qu'il faut, sans doute, rattacher tel
artiste local dont on a retrouvé l'atelier et même des œuvres curieuses
dans les dépendances de l'opulente villa belgo-roniaine d'Antliée
{Ann. de la Soc. archéol. de li'atniir, t. XV, p. 30) et tel autre
fondeur auquel on a attribué certaine statuette de la Fortune,
exhumée à Namur {ibid., t. XIV, p. 4)...,
— 178 —
On se demandera à quel usage a pu sei'vir le vase de
Herstal. Etait-ce un vase à parfums, à encens, à eau
lustrale, à huile ou simplement un récipient sans destina-
lion bien déterminée ?
Tels ont prétendu que certains vases en bronze retrouvés
en des sépultures avaient contenu des parfums ou liqui-
des odoriférants : ainsi des vases de Poulseur (i) et de
Tongres (:2) ; on a même, pour défendre semblable thèse,
accumulé de nombreux textes anciens relatifs aux détails
des cérémonies funèbres.
Mais s'est-on jamais demandé si ces parfums ou ces
liquides odoriférants et le bronze sont bien compatibles ?
Les passages de Cicéron (5), d'Ovide (4), de Martial (5),
de Pline (6), de Tacite (7), etc., qui ont été commentés,
n'ont-ils pas été aussi trop généralisés? Lorsqu'il s'agit de
sépultures d'hommes, dûment caractérisées, comme c'est
le cas à Herstal, n'est-il pas prudent de ne pas trop insis-
ter sur cet usage de parfums, ces derniers se trouvant,
d'après le comte Gonestabile (8), mieux à leur place en des
tombeaux de femmes ?
La présence dans le vase de Tongres d'une petite cuiller
en bronze et la découvei-te dans la sépulture de Herstal
d'un instrument identique, peut-être même déposé à côté
du vase, peuvent être citées à l'appui de l'opinion d'après
laquelle ces vases auraient servi à contenir ou l'encens, ou
( I ) BovY, Fromenade.-i historiques, i. 11. p. loi).
(-2) Bull, delà Soc. scient, et lilfér. du Limboury^ t. XVII, p. i(j ;
t. XVIII, p. 39.
(r,) Leg.,II, '1\.
(4) Fast., II, vers 533 à 570; Tkist., 111, 13, SI.
(0) Epigr., X.,97.
(e) Hist. Nat., Vil, 04 ; XUl. 1
(7) Deiiior. Gernian.. xxvii ; Ann., 111, i2.
(8) Rerue nrchéolo;/i(/uc, L V (nouvelle série), j). ilS'i.
— 179 —
les grains di' inyrrlie, ou les autres aroinales que les
anciens, d'après leurs rites funéraires, répandaient sur
l'autel qui brûlait à cùté du cadavre pendant la crémation...
Pour le vase de Herstal,tout au moins, le caractère
licencieux de celui-ci exclut d'avance cette attribution.
Vacei'ra classique, vraie boîte à encens, était, au
reste, généralement carrée ou rectangulaire (i), parfois
même triangulaire (2), r;u'ement en forme de silella
Faut-il dès lors admettre que le vase de Herstal eût été
destiné à contenir l'eau lustrale, dont on connaît le rôle
dans les sacrifices qui accompagnaient les cérémonies fu-
nèbres (3) ?
On invoquera, à ce propos, l'autorité du savant comte
de Caylus qui, sans hésiter, a pris pour tel un vase anse
que renfermait son cabinet, et en a jugé l'emploi trop
connu pour consacrer dans son Recueil (4), le moindre
commentaire à cet objet.
On fera valoir ensuite la forme du vase, forme parfaite-
ment appi'opriée à pareil usage, ainsi que les nombreux
monuments antiques reproduisant ce type de vase parmi
les ustensiles du culte (5).
(i) HiCH, Dictio)tiiaire des a>itt\jiiitéti greajucs ef roiiiahies. [>. 70,
v AcERBA ; Daremberu et Sagliu, Diction., p. "Ji', v° Agerra.
(2) DE Caylus, Recueil (V antiquités, i I, p. iJ3i, pi. xcii, lig. "J.
(3) ViBG., Aen., VI, vers !227 et. suiv. ; Oviije, Pontiques, III, 2, vers
73, etc.
(4) DE Caylus, ojj. cit., i. VI. p. 3();>.
(.">) Voyez, pour ne citer que trois e.ve.nples : Antiquités d'IIercula-
num, t. Vit, p. 35, pi. xc ; Montfaucox, op. cit., t. V, pi. cgiv, fij.:. 3 ;
Roach Smith, Collecfanea antiqua, t. V, p. 88, fig. 2 (l)as-reliefs de
l'arc de triomphe de Seplime Sévère, à Home, etc.
Particulièrement intéressante est certaine statuette de Porlici re-
présentant un jeune prêtre, la tète ceinte d'une bandelette, tenant <\v
la main droite un aspersoir, de l'autre, par son anse, un seau carac-
éristique (Antiquités d'Herculanu7n, i. III, pi. cxi, p. 171).
— 180 —
Par ses dimensions el sa slrucUire, le vase de Herstal
ne se prête, en effet, ni à puiser, ni à verser, ce qui em-
pêche d'y voir un de ces objets d'usage domestique,
généralement dénoiimiés « hj/dria » ou « situhis » ou
« sitiila ».
Ici encore, le caractère essenliellement licancieux du
vase ne peut s'accorder avec le rôle sacré d'objet du culte
(ju'on voudrait lui imposer.
D'où une Iroisième hypothèse, née de la découverte,
dans la sépulture de Herstal, de deux strigiles ; cela ferait
rentrer le vase dans la catégorie des ustensiles de bain.
Sa décoration obscène, loin de contredire seujblablc
attribution, la renforce au contraire...
N'était-ce pas dans les bains que libre cours élaiL donn(.^
à ces orgies dont parle .luvénal {Sat., VI, 42'i), que régnait
ce dévei'gondage signalé par Sénèque {Epist., 56, 122), que
s'étalaient tous les vices de la luxure la plus etfrontée (d) ?
Ceci se passait dans les bains publics ; qu'était-ce donc
dans les bains privés, où ne pénétrail pas l'indiscrétion du
dehors ?
Les scènes erotiques et lascives du vase de Herstal, sym-
bolisent-elles auti'e chose que cette dépravation éhontée
ou cette recherche ai'dente des plaisirs charnels, que l'école
hédonique non seulement tolérait, mais suscitait même ?
Déterminer (run(,' l'aron certaine et précise ce (ju'était
destiné à contenir ce vjisc, n'est guèi'e [iossil»l(\
On s'arrêtera cependant volontiers à l'idée d'un df ces
l'écipients dans lcs(|uels les anciens portaient au bain l'Iiuile
qu'on versait sur le strigile pour en lubritier les boi'ds et en
adoucir les effets, ou encore l'huile parfumée dont ils se
h'ottaient le corps après le bain.
(i) Ammien Marcellin, 28, 4; Cyprian, De vii-i/in/o» Jiahltn (éd.
Paris, 1720, fol.), p. 179; etc., etc.
— 181 —
Les vases de ce genre sonl suffisaminenl connus el
anbctent, le plus souvent, la lormc d'une lètc humaine ou
(Tanimal (-i).
Mais, indépendamniL'iil de riiiiik', les baigneurs faisaient
encore usage d'autres matièi'es, de détersifs par exemple.
Oi', comme détersifs — nous ne parlerons pas ici du savon
(sapa) (2) — les anciens, au dire d'Athénée, se servaient
d'une espèce de terre argilo-tM'étacée qu'ils .-illongeaienl
d'eau pour s'en frotter la [icau.
Le vase de Hei'stal n'aurait-il donc pas été destiné à con-
tenir un produit de ce genre, dénommé par les Grecs
« pù[i[j.a » d'une Jaron générale (3) et qu'on on aurait retiré
(1) Sur celte clasf;e (rol),jels lorl noinlireiix, on peut coii-iillfr :
DE Caylus, Recueil (/'(nit/qidfés, 1. 1, | 1. i.xxxv, 1'; 1. 111, |)l. xxvi, "i: t. V,
pi. Lxxv, 2 ; t. Vf. pi. Lxxxix, I ; ue AlEEriTER DE IIavestein, Cutulof/tie des-
criptif, t.I, p.492eLsLiiv.,u"'734, 737, 738; Gazette archéologiqite.lS79,
11.84, pi. \"2; Friedrichs, Kleinere Kunst und Industrie i m AJterthmn ,
Vasen in Forin von Kopfen, n"^ 1564 et suiv.; A. de Longpérier, Notice
des bronzes du Louvre, u" 620; Vers/arye». en mededeeJingen der Koni nly-
Ujke Akademie van Wetensclmpj^en y \ni?>ievù^.m), ;')<" Reel<«, i)eol 11.
pi. 1.
(2)Lesf//jiodesanciensne correspondait nullement, comme emploi, à
notre savon moderne Venu des Gaules, de la Balavie ou de la Ger-
manie et introduit à Rome dès le temps de Caton, les Romains l'appe-
lait encore « spuma batavn » ou « caiistica spuma » ( Marx., Epiçp-., b^
33, 20 et 14, 26) et l'employaient comme caustique, jjour donner à la
chevelure une teinte Monde. Voy. encore Pline, Hist. Nat., XXVFII,
51,2; S. Beck.mann, Geschiclite der Erfindun(jen, t. IV, pp. 5 et suiv. ;
Marquardt, HandhucJi der )-(h)uf!ehe)) AlterfJiiimer, Dus Prirafleben
der Rômer, t. VII, p. 764.
(5) Toû SI paXavéwç èv KapSîqt pùjxfxa yr,v [jioy_8-/)pàv y.n'. GStop {iX[xup6v
-apéx^ovTOÇ" « IloXiEpxeTaÔai à'tp/j xaLxàyr,M xa£ xatà BâXaxTav » (Un baigneur
lui ai/ant donné à Cardie, en guise de détersif, de la mauvaise terre et
de Veau salée: ((Me voilà, dit-il, attaqué par terre et par mer»).
Athénée, EJusdem facete dicta (éd. Hubert), p. 145.
Quant au mot f'J|JL[Jia (t6) (p'J-::Tw),il s'employait dans deux sens bien
— 182 —
au moyen de la petite cuiller en bronze qui a été exhumée
en même temps ?
Ou bien faut-il, avec l'auteur de la savante notice sur le
vase de Herstal (i), renoncer à donner à celui-ci un nom
générique et le considérer comme étant un de ces vases en
bronze dans lesquels on peut mettre de tout, comme aussi
n'y rien mettre, si l'on veut ?
Au lecteur d'en juger...
On ne connaît en Belgique, en-dehors du vase de Herstal,
que deux autres vases on bronze (2) avec reliefs : l'un
trouvé à Marche, l'auti'e à Tongres.
Le vase de Marche, dé-
couvert vers 1880 aux envi-
rons de cette ville, mesure
0'"09 de hauteur, O'nQG de
(linmètre au col, 0""06 au
vciilre et 0'"07 au pied. Il se
dislingiK.' pur un col court,
à large embouchure, avec
bords rabattus, ainsi que
par une panse arrondie
« pomiforme)) décorée de hauts-reliefs représentent quatre
amours ou génies (le même sujet répété deux fois)
occupés à la vendange ; des ceps de vigne chargés de
grappes servent de décor de fond. Les anses, au nombre
différents. P assow (Handbuch der Griechischen SpracJieA.ll, p. 859,
V'' V'^p-iid, en donne ces deux significations bien nettes : 1° Das was
vomReinigen,Waschen oder vomAbspûlen ûbrigbleibl,Unreinigkeit,
Schmutz ; 2° Reinigungsmittel, Seife, Lauge u. dgl.
(i ) Bull. del'Inst. archéol. liég., t. XXIX, p. 63.
(2) Catalof/ite de V Exposition de l'art ancien au pays de Liège {Ï88l\
Haute Antiquité, p. 1-2, n° 51 ; Exposition de Bruxelles, \888, Classe L
Epoque anté-romaine et belgo-ronmine, p. 20, n" 11.
- 188 -
do (jualrc, ont la forme de ceps entrelacés t'ormiml la
continuation de ceux ligures sur la panse du vase (l).
Le vase de Tongres, plus récent — sa découverte ne
remonte qu'à (juclqucs années — mesure 0"'09 de lianleur
(Oïl convient de signaler ici un vase à reliefs fort peu connu, dont
des fragments peu considérables, il est vrai, furent recueillis lors des
fouilles opérées en 1876 par feu le comte G. de Looz-C.orsvvarem dans
un des tumulus du groupe d'Omal et sont décrits, comme suit, par
M. Schuermans dans son intéressant article sur ces fouilles, dans le
journal La Meuse n° 72 (24 mars 1876) :
(f Vase en arç/ent avec incrustations d'or reiyrésentant des person-
» nages dont le contour se reproduit sur la paroi intérieure du vase.
» Les ^personnages sont d'un charmant dessin qui nesf pas encore
» reconnaissable partout, mais qui sera étudié de plus près quand les
» fragments — le vase est réduit malheureusement en débris — seront
» nettoyés et rapprochés. A première vue, ce seraient des amours
» armés de lances et de boucliers ».
— 184 —
(0'"155 avec anse levée) et 0'"12 de diamètre dans sa plus
grande largeur. Identique, comme forme, au vnse de
Marche, il est pourvu d'une belle anse ciselée et mobile,
dont les extrémités représentent des têtes de cygnes.
Sa surface extérieure est ornée de reliefs reproduisant
(|ualre scènes (deux fois les mêmes) empruntées au culte
liacliique. Au [lied d'un arbre, à branches largement éten-
dues, brûle nu autel vers lequel un amour ou génie
(Bacchus) lend une grappe de raisin et sur lequel un autre
amour (Cupidon) verse de l'encens. Plus loin, un serpent,
entouré d'une variété de fruits, est enroulé autour du pied
d'un arbre, à côté duquel se trouve une ruche d'abeilles :
vers ce groupe, un des génies tend son thyrse orné de
bandelettes et l'autre son arc (i).
Au point de vue de la façon comme de la conception (les
trois sujets traités sont allégoriques), les vases de Marche,
deïongres etdeHerstal présentent quelque analogie ; mais,
comme genre, le premier constitue une variété à part.
Celui de Tongres seul appartient au même type de vases
que celui de Herstal; tous deux ont la même forme géné-
rique d'anse mobile, ronde et recourbée en crochet allongé ;
tous deux offrent le même mode d'attache de l'anse à la
panse au moyen de chénisques rapportées et soudées ;
tous deux sont conçus dans les mêmes lignes, mais le
premier diffère sensiblement du second par sa forme cylin-
drique élancée et son pied plus élevé.
Sous ce rapport, le vase de Herstal constitue une variété
du vase de Tongres, variété à laquelle appartient également
le vase déjcà cité du comte de Gaylus(2), dont la forme
présente la plus grande analogie avec celui de Herstal.
(i) Bull, de la Soc. scie)it. et Utti'r. du Linihourg, 1. XVII, p -iO,
n» 15 ; t. XVIII, pp. 39, 40.
(î) DE Caylus, Recueil rVaiifiquités, t. VI, p. 30"2, \>\. xcvi. Pour
— 185 —
Le vase de Tongres, rehaussé de délicates gravures au
trait, l'emporte toutefois sur ce dernier par son excellent
état de conservation dû, paraît-il, à l'épaisse couche de
cendres au milieu de laquelle on le retrouva.
Le vase de Herstal, au contraire, a beaucoup soullert de
son long séjour en terre. Le métal en s'oxydant et en se
tuméfiant, a empâté les sujets en relief, dont la détermina-
tion est, par ce fait, devenue très difficile. Il a, au surplus,
avant d'avoir été déposé dans le caveau, dû servir pendant
d'assez nombreuses années, comme le prouvent les traces
évidentes d'usure qu'il porte aux oreillettes (i).
Ce vase n'en reste pas moins un des meilleurs bronzes
qu'aient révélé nos fouilles belges, une des plus belles pièces
tout décor, ce vase ii'csl orné à la panse que de quatre mascarons
représentant le premier une tète de « Barbare », les trois autres des
têtes de femmes. L'anse est couronnée par une tête d'cc Apollon» ou
du «Soleil» et se termine, de ctiaque côté, par une tête humaine barbue
que l'on a présentée comme étant celle de Jupiter. Détail curieux :
les dimensions de ce vase sont à peu près celles du vase de Herstal ;
hauteur : O^ld (Û'"23 avec l'anse levée) ; largeur : 0'"1U.
Il a paru utile de mentionner encore ici certain vase en bronze
découvert en 1832 dans un des tumulus des Bartlow-Hills (comté
d'Essex, Angleterre). Il a la panse arrondie des vasesde Marche et de
Tongres, le même goulot court et large et présente le même mode
d'attaclie, au moyen d'oreillons-appliques, de son anse mobile, de
forme rectangulaire celle fois. Sa panse, au lieu d'être décorée de
sujets en relief, est garnie d'une douhle bande d'émail bleu sur
chacune desquelles serpente une branche brun-rouge avec feuilles
vertes entrecroisées. Ces bandes sont séparées par un bandeau con-
tinu verJâtre et sont accompagnées, haut et bas, d'une suite de dents
de scie de couleurs variées ; le tout cloisonné avec beaucoup d'art et
de délicatesse {Archœologia, t. XXVI, p- 303, pi. xxxv).
(0 Fait déjà observé à propos du vase de Tongres {loc. cit., p. 46),
d'une des buires de Fresin (Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol.,
t. II, p. 129), el même d'une de celles de la Bortombe de Walsbetz
{ibid., t. m, p. 3U0), etc.
14
— 18tJ —
archéologiques qu'ait fournie jusqu'à ce joui* notre vieux
sol liégeois.
Par le caractère significatif des sujets qui ont servi à son
ornementation, il ne manquera pas d'acquérir une notoriété
toute particulière et de devenir un objet historique, d'un
intérêt permanent.
C'est un des monuments les plus complets que nous ait
légué le paganisme de cette corruption des mœurs qui
causa la ruine de Rome et qui, on le sait maintenant, s'était
vers le second siècle propagée jusque dans nos contrées.
IV. — Palère en bronze de 0'"22 de diamètre et O'i'Oi de
hauteur, avec manche cylindrique cannelé, long de 0™12 et
terminé par une tête de bélier.
Le fond est décoré de cinq cercles concentriques en
saillie (Planche d, tig. 1 et 1^^).
Cet objet, recouvert d'une assez mauvaise patine verte,
a beaucoup souffert de l'oxydation.
A propos d'une patère identique provenant des environs
de Vilerbe et faisant partie de ses collections, feu M. de
Meester de Ravestein a cherché, à raison de la tête de
bélier qui ornait cet ustensile, à le rattacher au culte de
Mercure ou de Bacchus (d).
Deux patères en bronze du même genre que celle de
Herslal ont été retrouvées, l'une dans le premier des lumu-
lus du groupe de Tirlemont (2), l'autre dans une des
tombes de Hern-S'-Hubert (Tongres) (3) ; la première a la
(i) bE Mekster de Ravestein, Catalogxe descriptif, t. I, p. 456,
n" 627. Tout comme dans certaines lampes (dont une à Fresin) avec
anse eu forme de cou de cygne retourné du côté do la mèche, de
Caylls {Recueil d'antiquités..., t IV, p. 334, pi. cm, fig. 4) a vu des
lampes employées dans les temples d'Apolluu, dieu auquel le cygne
était consacré.
(i) Ânn. de la Soc. d'archéol. de Brux., t. IX, p. 431, pi. xv, fig. 4.
(3) Collection Hcybrigts, à Tongres. Les antiquités assez nom-
— 187 —
poignée terminée par une lête humaine barbue avec cornes
de bélier (tète de dieu cornu : Bacchus ou Fleuve?), tandis
que chez la scx'oiide. le boni du niaïuiie est orné d'une tête
d'animal sauvage (loup?), ce qui ia rend identique à celle
d'un des tumulus de Gortil-Noirmont (i).
A signaler également la découverte toute récente, à
Mopertingen (Limbourg) (tumulus nivelé), d'une magni-
fique patère en bronze doré, munie d'un manche finissant
en tête de lion, avec yeux et dents incrustés d'argent (2).
Des paières du même ty[H' que celle île Herstal ont
— circonstance curieuse — été recueillies dans trois des
tumulus des Bartlow-Hills, déjà cités (3).
V. — Patère du même genre que la précédente, mais
un peu plus élevée et plus profonde, munie d'un manche
plat (4). Sous le tond, trois cercles concentriques en saillie.
breuses provenant des lunuilns de TTern-S"-Hnl)ert n'ont encore
fait l'objet^ de la part de leur inventeur, que de quelques communica-
tions sommaires (voy. notamment: Gazette de Liège, n» du jeudi
16 juin 1S98 ; Compte-rendu du Congrès archéologique et historique
d'Enghien (1S99), p. 202, planche). Leur publication est réservée
pour le Congrès archéologique que la Société scientifique et littéraire
du himbourg cherche à organiser à Tongres l'an prochain.
(1) Musées royaux du Cinquantenaire, n" 3435' de l'inventaire
général.
(i) Collection Huybrigts précitée.
(5) Archœologia, t. XXV, p. S. pi. n, iig. 11; t. XXVI, p. 303,
pi. xxxm, fig. 1; t. XXXIII, p. 5, pi. i, fig. 1.
Cf. encore: Antiquités d'Herculanum gravées par F. A. David
( 17S1 ), t. VIII, p. ')(), 1)1. Lxiv ; DE MoNTF.\ucoN, op. cit., t. II, p. 143,
pi. LVin, tig. 4; DE Caylus, Recueil d'antiquités..., t. V, p. 289 et
suiv,, pi. civ, fig. 7; t. VII, p. 175, pi. xxxv, fig. 4; Jahrbiicher
des Vereins von Altertliunisfreunden im RheinJande, t. XLIX, p. 79,
fig. 2.
(») Voyez sur patères analogues : Hegerus, Thésaurus Régi us et
Electoralis Brandetiburgicus, t. III, p. 38 1 (« patera manubriata ») ;
de Montfaucon, op. cit., t. II, p. 143, pi. lix, fig 4; pi. lvii, fig. 4;
— 188 —
Hauteur : 0^05 ; diamètre : O^ilb ; longueur du manche :
0'nl2.
Cette patère, fort oxydée, est mieux conservée que la
première ; le manche, toutefois, est brisé en deux mor-
ceaux. (Planche d, fig. 2 et 2^'^"^ ).
VI. — Deux strigiles en bronze, revêtus d'une bonne
patine foncée, dont l'un est brisé à sa partie supérieure et
l'autre n'a été retrouvé qu'à l'état de fragments incom-
plets. (PI. D, fig. 3.) Longueur du manche: 0™14 ; hau-
teur totale : O-n^S.
Généralement le strigile (strigilis), étrille ou racloir (i),
se composait d'une « poignée dans laquelle on pouvait
» passer la main (clausula) et d'une lame recourbée (2),
)) creusée en canal (tuhulatio), où pouvaient couler,
)) comme dans une gouttière, l'humidité et la sueur que
» l'ustensile exprimait de la peau. Quand on s'en servait,
» on en lubréfiait les bords avec quelques gouttes d'huile,
» afin de ne pas écorcher la peau (3) ». — « Le manche
» se tenait dans la main, la convexité de l'ustensile en
» haut et le bec en dehors ; on raclait les membres avec la
DE Caylus, Recueil d'antiquités...., t. VII, p. 249, pi. lxix, fig. 2 et 3;
F. LiÉNARD, Archéologie de la Meuse, t. I, pi. xxxi, fig. 1 ; Revue
archéologique (3^ série), l, XXVI, pp. 246-247; Jahrbfœher , etc.,
t. XLIX, p. 80, fig. 3 (trouvaille de DuffelwarJ) ; Westd. Zeitschrift,
t. XV, pi. XXI, fig. 7 ; t. XVI, p. 355, pi. xvi, fig. 18.
{{) K Strigiles sic dictae a stringendo seu, radendo, erant instru-
it nienta quaedam curva ex ferra, argento, vel auro et aliquando ex
» hebeno quibus veteres utebantur ad radendas sardes corporis post
)) bulnea, sudoremque abstergendum. » (Grakvius. Thésaurus anti-
quitatum romanarum, t. XII, p 963 1
( s ) Ce que rend parfaitement le « curvo destringere ferra », de
Martial (^p»>-., XIV, 51).
(3) A. RiCH, Dictionnaire des antiquités .... (trad. Ghéruel), \°
strigilis.
^n^.
;>
— 189 —
» partie centrale du slrigile et l'huile et la saleté [strig-
» menta) s'écoulaient par le bec (i) ».
La forme des strigiles de Herstal convient bien à ce«
usages s|)éciaux, si nettement caractérisés par Apulée (2)
et dans certaine énigme de Symposius (3).
La découverte de ces objets dans une sépulture n'est
pas anormale; Pline fait déjà mention de l'ancienne cou-
tume d'enterrer ces ustensiles avec les morts (4).
Deux trouvailles de ce genre ont, du reste, été faites
récemment dans le Limbourg : les tumulus de Berg et de
Hern-S'-Hubert précités, ont révélé tous deux une paire
de strigiles respectivement en fer et en bronze (5).
( 1 ) Ue m t ester (le 1\avestein, Calai, descriptif, t. 111, p. 395. Sur
quelques monuments typiques, reproduisant la manière de se servir
du stri.-'ile, voyez: de C'aylus, Recueil d'antiquités..., t. II, p. 100, pi.
xxxvii ( scène de palestre sur soucoupe de terre cuite étrusque);
ibid., t. IV, p. rî73, pi. Lxxxui, fig. ô (esclave occupé à se racler); de
MoNTFAUCON, op.cit., suppl. , t . III, pi . Lxu (mêmescène); Bulletino
delV Instituto di Covrespondenza arclteclogica di Roma, t. XXXIV,
p. ^08 et suiv. (l)as-relief représentant une scène debain);BAu-
MEisTER, Denkmdler des klassischen Altertums, t II, p. 843 (statue
d'athlète ( Apoxymenos) au Vatican); GoRius, Gonmae antiquae ex
thesauro Mediceo, t. V, pi. i,xxxv, fig. 2 (athlète).
( -2 ) M Honestam strigileculain, recta fastigatione clausidae, flexa
» tubalatiotie ligulae, ut et ipsa in manu capulo inoraretur, et sudor
» ex ea rivulo îaberctur. » [Floridorum, lib. II., 9 J
(ô) Rubida, citi'va, capax, alienis huniida guttis,
LuDiinibusfalsis auri mentita colorent,
Dedita Siidori, modico succumbo labori.
{^nigniat.,hXXWl ; Poetae latini minores, i. VI, p. 561.)
(4) « Mucianus spécula quoque, et strigiles, et vestes, et calciamenta
illata mortuis lapidea fieri, auctor est. » {Hi.st. Nat , XXXVI, 27 j.
^s) Les strigiles en fer de Berg, d'abord décrits par M. Huygbrigts,
l'inventeur, comme des armes («lances ou iYa-méan n) {Bull, de la
Soc. scient, et littêr. du Limb., t. XVII, p. 44) ont depuis été recon-
nus par lui comme étant des cuillers à parfums d'un genre spécial (!;
— 190 —
Les Musées royaux du Cinquantenaire renferment éga-
lement un strigile, fort mal conservé il est vrai, déterré,
en 18Ô6. à Elevvyl, près Vilvorde (i ).
Signalons, au surplus, qu'un des tumulus de Barllow-
Hills a produit une paire de strigiles en bronze très carac-
téristiques (2).
VII. — Petit trépied en bronze primitivement étamé,
dont il n'a été retrouvé que deux fragments assez typiques
pour pei'mettre la reconstitution de cet objet qui a servi de
chandelier (candelahrum). La broche ou pointe sur laquelle
( ibid., t. XVIII, p. 37 ), dort il croit avoir retrouvé des analogues en
bronze dans un des tunnilus de Hern-S'-Hubert. Les deux objets en
question de celle dernière sépulture sont si bien des strigiles qu'ils
ont été découverts en compagnie d'un unguentarium identique à celui
d'une trousse de baigneur de Pompé! (Roux, Herciilaiiiwt et Pompéi,
pi. 87). La trouvaille de Herstal ne laisse plus subsister le moindre
doute sur la véritable destination de ces prétendues « cuillers dont
l'inclinaison varie d'après la nature des parfums à versée (!)». de Cau-
MONT décrit les strigiles comme des instruments recourbés d'un côté
et creusés de l'autre en forme de cuillers sic) {Cours d\tntiq. moiium.,
3^ partie, Ere gallo-romaine, p. 65)
() ) N° 1072 de l'inventaire général.
(2) Archœologia, t. XXVI, p 304, pi. xxxu, tig. 3.
Cf. encore sur l'usage du strigile : Pitiscus, Lexicon antiqititatum
ronianariim, t. III. v" strigilis ; Laurentius Joubertus, De 67/»M?ms«s
vetenrm, apud de Salengre, Novits Thésaurus antiquitatum roivana-
rum,t. I, cap. XXII, p. 368 ; A. Pauly, Beol Encyclopadie der classi-
schen Altertumsivissenschaft, \o strigilis. Voy. sur la découverte de
strigiles : R. Smith, TJie antiquities of Richhorough, Reculver and Lymne
in Kent, p. 203, pi. vn, fig. 12 ; Illustrations of Roman London,
p. 129; Public.dela Sect.hist. de V Institut royal grand- ducal de Luxem-
bourg. t.XXXIV (XII), p. IX, pi. I, fig. G ; Jahrhiicher des Vereins von
Alterthumsfreunden im Rheinlande, t. LXXXVII, p. 20; Joseph Klein,
Das Romische Lager in Bonn (Festschrift zti Winckelmann's Gehurts-
tage am 9 Dezember 1888 ), p. 41 ; Westdeutsche Zeiischrift..., t. XV,
p. 370, pi. XIV, fig. 8 et 9.
— 191 —
était fixée la candcht a disparu, laissant encore sa trace
i-econnaissable au milieu du godet. Hauteur probable :
0"'05 (à reconstituer).
Un petit trépied identique comme forme et dimensions,
provenant du cimetière belgo-romain de Wancennes et pou-
vant former paire avec celui de llerstal, est conservé au
Musée de Namur (i).
Un autre spécimen d'un genre plus artisti(iue, également
en bronze étamé, a été retrouvé sous un des tumulus de
Fresin (2). On peut encore citer un délicat petit trépied
orné de têtes de lions, retiré d'une sépulture à Ornai (3), un
gracieux petit chandelier en argent d'un dépôt funéraire
des environs de Tongres(4), puis un auti-e en fer, de travail
grossier, découvert à Hanret (5).
VIII. — Petite cuiller en bronze, longue de 0'"15, terminée
d'un cOlé par un globule oblong et massif, de l'autre par
une spatule en foi'me de « feuille de saule » (6), malheu-
reusement brisée à sa partie inférieure (planche d, fig. 4).
Une cuiller analogue, découvei-te à Bavay, figurait jadis
(1 ) A)inales de la Soc. arcJu'ol. de Nanmr, t. XVI, p. 37-2
(-2) Bull, des Comni.. roij. d'art et d'archéol., t. II, p. 182, pi. m, u" 3.
(5) Musée de Liège ; Bull, des Coinni. roy. d'art et d'archéol., t. II,
p. 133 ; t. IV, p. 428. Un trépied identique à celui d'Oinal a été décou-
vert dans le caaip romain de Dallieiin [Public, de lu section hist. de
rinstitutro!jalifa»ii-ducald('Liixpiiihour</A.X\'S.ll{X), |j x, pi. iv,
%■ !)■
(4)Colleclion Huybrigls (fouille opérée en l.S'.)2 à (Inninxheiin,
dans la parcelle F>, 4yaj.
(3) Annales de la Suc. arcliéul. de Xumur, t. 111, p. 397, pi. i, lig. 4.
Voyez encore i^ur objets de ce genre : 11a eman.s, Un cabinet d'ama-
teur, p. 36G, pi. X, tig. lu ; de Montfaucon, oj) cit., t. Il, pi lui, lig. 1.
(«) Expression très caractéristique employée par de (Iaylus à pro-
pos d'une petite cuiller identique, comme forme, à celle de Herslal et
provenant de Bavay [Recueil d'antiquités...., t. II, p. 406, pi. cxxv,
ng. 7).
— 192 -
dans les collections Toilliez à Mons (i); une autre faisait
partie du riche mobilier funéraire du lumulus aujourd'hui
nivelé de Mopertingen (2).
Plusieurs cuillers du même type, reproduites par Roach
Smith, sont considérées par ce savant comme ayant été
destinées à retirer les onguents ou autres préparations gé-
néralement renfermés dans des flacons à long col (3).
Si tel a été l'usage de la « ligule » de Herstal, il faudrait
la rapprocher de certaine petite fiole (fragmentée) décrite
ci-après (ii" XXV) ; de Montfaucon , trop disposé à voir
partout du solennel et de l'officiel, y aurait reconnu un
instrument à l'usage des aruspices pour fouiller les en-
trailles des victimes (4).
IX. — Fond fragmenté de récipient cylindrique en
plomb, avec haut rebord droit. Hauteur : 0"'04 ; diam.
probable : 0'"08. (Planche e, fig. /.-.)
X. — Trois tiges moulurées en bronze de 0'"175 de
longueur, à tête martelée et aplatie, percée d'un anneau
d'environ O^OIS de diamètre (Planche e, fig. i, a, b, c.)
Deux de ces tiges sont encore munies de rivets en
bronze, dont ceux du bas ont retenu quelques débris d'un
bandage de même métal (w).
(i) Annales du Cercle archéologique de Mons t. I, p. 78, pi. i, fig. 4.
(2) Collection Huybrigts, à Tongres.
(3) " Long bronze spoons ^ Ugiilae » loith narrow boicls and oral or
» ohJong heads, appear(lng) to hâte been used for onguents and other
" préparations kept in tlie longneckcd ampidlae and other bottles «
{Illustrations of Roman London, \). 138, pi. xxxvi, fig. î2, 4, 8, 9, 10,
11, 12).
(4) Op. cit., t. H, p. 148, pi. Lxvi, fig. 5, 6, 7, 8. Cf. sur d'autres
cuillers de oe genre : Bonami, Mus. Kircher, p. 10 ; R. Smith, Tlie
antiquities of Richborough, etc., p 261, fig. 1 ; F. Liénard, Archéologie
de la Meuse, t. I, pi. xxx, fig. 13 ; Westdeutsche Zeitschrift, t. XIV,
pi. XVIII, fig. 8.
- 193 —
A côté de ces tiges, on retrouva une autre pièce en
bronze (pi. e, fig. 2, d) à trois branches avec barre trans-
versale (e), quatre anneaux d'environ 0"'0:) de diamètre
(A r/i ''. 0 plusieurs tronçons de chaînettes complètement
détruites par l'oxydation, ainsi que divers fragments
d'objets en bronze (bandages, etc.).
Ces débris, indéterminables au premier abonl, nous ont
permis de reconstituer un des objets les plus intéressants
de la trouvaille de tierstal, objet unique, pensons-nous,
dans nos fouilles belges.
Il s'agit d'une lanterne {laterna ou lanterna) ronde ou
cylindrique, remplaçant dans la sépulture de Herstal la
lampe que révèlent presque toujours les mobiliers funé-
raires et dont on eût, avec surprise, constaté l'absence en
un caveau aussi bien garni que l'était celui de Herstal.
Les trois tiges de bronze (a, h, c) servaient à renforcer
et à soutenir l'appareil en même temps qu'à en maintenir
le fond ainsi que les cercles ou bandages (m) qui rete-
naient les parois transparentes (p), probablenient en
corna (i) , en vessie (2), peut-être même en toile
huilée (3), de la hinterne.
La pièce à trois branches (t/), avec barre transversale
(e) — cette dernière servait de poignée — formait la
(1) Tel est. le cas jtour la lanterne de Ponipéï, rejjioduite par
HiCH [Dictionnaire.., V Laterna). « VoJcanuni in cornu conclusiwi
ijeris » dit Plaute ( Amphitr., 3il j el Athénée (Fratpn. de coin., XV',
699 F) parle d'un « xspixtvoî Xûyvoî».
(i) Baumeister, Denknialer des klassischen Altertiiins, l. II, p. 8l:i.
(->) Ibid. , V" La.\.evnen. On sait aussi que les anciens faisaient,
dans le même but, emp'.oi de verre; le L)'' C. Bone a, sans hésiter,
rattaché à cet usage certain cylindre en verre de la collection
Merkens, de Cologne [Jahrhûcher des Vereins, etc. (Bonn), t. LXXXI,
p. 73). Voy. au surplus: Mast , Epii/r., XIV, 61 et 6:2 ; Isid., Oriy.,
XX, 10, 7, etc..
— 194 -
partie supérieure de la lanterne el étail i-éunie aux Irois
liges de côté (a, b, c) au moyen de chaînettes {A, li, C)
ajnorcées dans les anneaux (a*, a^, a^).
Du couvercle, espèce de globe, sans doute formé d'une
mince feuille de bronze perforée, afin de permettre à l'air
de circuler et à la fumée de s'échapper, il n'est rien
resté, si ce n'est quatre anneaux (/', g, h, i), dont trois avec
bélière. Ces derniers étaient, selon toute vraisemblance,
soudés à la partie supérieure du couvercle, tandis que le
premiei-, fixé à la partie supérieure du globe, correspon-
dait par une chaînette avec l'anneau g, terminant la
tige A-, qui traversait à la fois la pièce cl et la barre e.
On n'avait donc qu'à lever cette dernière pour soulever en
même temps le couvercle. — Un dispositif quelconque
devait permettre de caler le couvercle, lorsqu'il s'agissait
de transporter la lanterne.
Le petit récipient cylindrique, en plomb, décrit ci-dessus
(n'J IX), (planche £", fig. k), faisait également partie de l'ap-
pareil; il était fixé au milieu du fond et servait à contenir
la lampe avec l'huile et peut-être même — tel paraît être
le cas ici — directement la mèche avec l'huile alimen-
tant celle-ci.
Le dessin restitutif de la planche E permet, mieux que
tout commentaire, de se rendre compte de ces différents
détails.
Ces lanternes, dit Baumeister, étaient spécialement en
usage dans la marine et à l'armée; les pêcheurs, pour la
pêche de nuit, l'utilisaient parfois (i).
Plusieurs spécimens très curieux de ces ustensiles ont
été retrouvés à Herculanum, à Pompéï (2) et dans les
(I) Ojj. cil , 1. 11. ]>■ .Sl-J, "2" colonne.
{i) Miiseo Borbonico, l. V, \''2; I'iranesi, Aitt'njuiti's d' llerciilamiiii.
t. VI, pi. Ti, fis- 4.
1 I.A.NCIII-: !•
FlG. :>.
FlG. I.
— 195 -
contrées rhénaiK^^ H), mais jamais ciicori' à ikiIii' comiais-
sance on Boliïiquo.
XI. — (irand Ijroii/.o do Domitiei), en IbrI mauvais élat
de conservation.
Face : Tète; laurée à droite. Légende fruste.
Revers : Personnage debout, ù gauche, lenanl une hasti;;
à sa gauche, un autre personnage tendant au premier un
objet indéterminé. Légende fruste.
Le profil de la tête de fiice permet de reconnaître immé-
diatement Domitien, dont le masque est caractéristique.
C'est donc à l'une des variétés reprises par Cohen (2), sous
les nos 495^ 497^ 498^ 499 qu oOO et 84, 85, qu'il faut
rapporter la monnaie de Herstal.
Celle-ci pourra donc être restituée comme suit :
Face : IMP . CAES . DOMIT . AVG . GERM . COS... (3)
CENS . PER . P . P . Sa tête laurée à droite.
Revers: S. C. Domitien, debout, à gaucho, en habit
militaire, tenant une haste et lui foudre, couronné par la
Victoire debout, qui tient une palme.
Xn. — Godet i^n bronze d'environ 0™045 de diamètre,
peut-être la partie supéi'ieure d'un chandelier à rapprocher
de celui décrit sous le n<* VIL
XIIL — Moitié d'un anneau ou manchon tuluilaire et
mouluré, de 30 '"/™ de longueur et 30 ™/i° de diamètre.
(1) Musée de Bonn (lanterne trouvée à Andeinacli) {Jahrbiicher
des Vereins. etc., t. LXXXL p. 73, note 1, in fine).
(-2) Description historique des monnaies frappées sons l'empire
romain, communément appelées médailles impériales, i. l, p. 447;
t VII (Supplément), p. 9â.
(s) Le chiffre du consulat ne saurait être restitué, vu que les
monnaies au revers de Domitien couronné par la Victoire renseignent
successivement les 11«, 12^ 13% 14% 15% W et 17« consulats de
l'empereur, qui correspondent respectivement aux années 85, 8fi, 87,
88 ou 89, 90 ou 91, 92-94 et 95 de J. G.
— 196 —
Un objet du même genre a élé découvert dans la «tombe
d'Herbays » à Piétrain (i).
XIV. — Divers débris de bron/.e, la plupart indétei'mi-
nables, parmi lesquels il convient cependant de citer deux
tiges plates recourbées, et s'adaptant l'une à l'autre ; nous
en ignorons la destination.
XV. — Tige en fer, l'evêtue de plaques d'ivoire et ornée
à son extrémité d'un bouton à godrons en métal précieux
(argent?), d'environ D'HUIS de diamètre.
Ce fragment, long de 0'"0i5 et large de 0'"02, doit avoir
servi de manche ou poignée [capulus), à une épée courte
ou parazonhini (2), dont un second débris (morceau de
lame à double tranchant) d'environ 0"'035 de largeur sur
0"'10 de longueur, a été recueilli en même temps.
Il est regrettable que cet objet ait tant soutïert du feu du
bûcher, qui l'a pour ainsi dire consumé (3).
Une trouvaille identique a élé faite sous le tumulus belgo •
romain de Piétrain (« tombe d'Herbays »), fouillé en 1897
par leg soins de la Société d'archéologie de Bruxelles (4).
Les recherches pratiquées par feu le comte G. de Looz-
Corswarem dans une des tombes du groupe d'Omal
( i) Ann. de la Soc. d'archéol. de Bruxelles, t. XIII. ]>. 2U7, pi. xi
tig. 4.
(•2) {.a parazoniuhi (irapaÇwviov), on le sait, était un ijjlaive court,
attaché a uu ceinlurou (ciiictoriiiiu) et que portaient au côté gauclie
les tribuns el les officiers supérieurs des armées romaines, plus
comme marque de distinction que pour l'usage réel (A. Rich,
Dictionnaire... vo Parazouium).
(s) Sur l'usage de brûler les armes d'un militaire avec le corps de
ce dernier, voyez : de Gaumont, Cours d'antiquités monumentales,
Ere gallo-romaine, i. II, ]). 251 ; Adam, Antiquités romaines, t. II,
p. 31.7, etc.
(i) Annales de la Soc. <Varc/iéol. de Bruxelles, t. XIII, p. !208,
pi. XI, fig. 2.
— 197 —
avaient, iiiic vingtaine d'années auparavant, amené la
découverte d'un parazonium intact, long de 0'"38, avec
lame en fer, poignée et fourreau en ivoire (i ).
A citer également le superbe parazonium trouvé en
1873 à Luttr(i (Hainaut) et déposé par M. Louis Gavens
aux Musées royaux du Ginquanlenaire, à Bruxelles.
XVI. — Partie supérieure (avec la garde) d'une lame de
couteau ou poignard en fer; longueur: O'n04 environ.
Le manche, probablement en bois, n'a pas été conservé.
XVII. — Quantité assez considéi-able de ferrailles diverses
(plus de 8 kilos) dont plusieurs, par suite de leur oxyda-
tion, échappent à une détermination précise.
On peut signaler cependant une dizaine de grands clous
de 0'"15 de longueur, avec tête légèrement conique de
25 '"/'" de diamètre, ainsi qu'un gi-and tuimbre d'autres
plus petits, de 0'"04 de longueur avec tête de 15 "'/'" f^e
diamètre.
Quelques-uns de ces clous sont encore légèrement
encroûtés de fibres ligneuses ; ils n'ont donc pas subi
l'action du fou et proviennent sans doute des planches
du coffre qui avait contenu primitivement le dépôt funé-
raire.
La longueur de ces clous permet de reconnaître assez
exactement réi)aisseur des planches qu'ils avaient servi à
assujettir.
(*) Musées royaux du Cinquantenaire (n" 3733 de l'inventaire
général); Journal la Meuse, n" 7'^, du i2i- mars \876 ; Annales de la
Soc. (Varchéol. de Bruxelles, t. XIII, p. i208, pi. XI. fig. l.
Au cours des fouilles des tumulus de Hern-S'-lIubert, il a été
également recueilli, dans un des caveaux, indépendamment d'un
énorme fer de lance et de deux poignards, une grande épée en fer
(gladius) avec riche poignée en ivoire de 0™1S de longueur (Collec-
tion Huybrigts).
— 108 —
B. Objets en verre.
XVIIL — Quatre flacons en verre verdàtre, à goulot
rond, terminé par un bord aplati (diam. 55 ""z™), à base
carrée (80 à 85 '"/m de côté) et munis d'une anse plaie se
rattachant à la panse au moyen d'une série de «filaments ».
Hauteur : 168 '"/■", 168 m/™, 168 «/•" et 172 "V" (PL F,
fig. 2).
Deux de ces flacons ont été retirés intacts du caveau ;
les autres y ont été retrouvés à l'état de fragments.
Ces récipients, genre d'ampoules (ampiiUac), servaient,
croit-on, aux usages domestiques, surtout à contenir du
vin ou du lait ; ils appartiennent à un type classique déjà
reconnu par de Montfaucon (i), de Caylus (2), Begerus (3),
et de Caumont (4).
Des flacons identiques à ceux de Herstal ont été l'évélés
par la Bortombe de Walsbetz (!)), la tombe Hémava (6),
les tumulus de Séron (?), de Hanret (8), de Champion (9),
de Thisnes (lo), de Cortil-Noirmont (il), de Berg (i2), du
(i) Uantiqidté expliquée..., t. III, pi. lxxjx.
(i) Becueil iVantiquités..., t. I, p. 282, pi. cm, fig. 4.
(rV) Thésaurus Rer/ius et Electoralis Brandenhm'gicus, t. HI, p. 4Gô
(planche).
U) Cours cVantiquités monumentales {Ere f/allo-ro)iiaine), t. IF,
p. 252, pi. XXIX, fig. 1 1.
{à) Bull, (les Conim. ro//. d'art et d'archéol , t. Il[. pi. v, fig. Ki,
17, 18.
(c) ihid., t. IV, p. :jfiy, pi. I, fig. 2.
{-) Annales de la Soc. archéol. de Namur , t. IV, p. IG, pi. r,
fig. 3 et 4.
(h) Ibkl, t. 111. p. 3!):}.
h) Ibid.A. II, p. 64, pi. I, fig. 3.
(lo) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., i. IV, p. 379, pi. ii, fig. 9.
(il) Musées royaux da Cinquantenaire, n" 3435 de l'inventaire gé-
néral (3 exemplaires).
(12) Bull, de la Soc. scient, et littér. du Liinbourg, t. XVII, p. 4.'!,
n'>'9, 10, 11.
Plaxcife F
FiG. I.
('/•" grandeur iinturello.)
FiG. 2.
Cl-i graudcur nalurcIJc.
Fk;.
F'iG. 3.
(\'r, "Taudciir naturelle.
FiG. 4l-^
— 199 —
Bois do Buis (Sauvcnièro) (i) et môme par ceux dc^
Barllûw-Hills (Angiolo.re) (2). Ou on a signalé également
dans des sépultures ordinaiirs à M;„-ck (aux environs de
Renaix) (3), à Corroy-le-Grand (4), à Watnont (à proximité
du tumulus de morne nom) (s), à Ornai (6), à Strée (7),
à Sirud (Andonne) (8), à F.di-Mhrer (Limboin-g) (9), -i
Jusienville (dO)
Comme le prouvent les orurmcnls (oorolos concen-
triques) <Mi iviief (11) .pie Vou roniai-que sur leur {(hkI
extérieur, les (laçons dc« llerslal ont é!é souCnés en moul." :
leur anse a été .-ijoutée après rabrication.
(1) Anii. de la Sac. arclu'o}. de Nannir, t. XXIV, ]). r,|.
(i) Archœolo!y/<>,\. XXV, p. :,, pi. „, {]„ .j 9. , \-x^yj_ ^^ ,,^^)
pi. XXXII, tig. 1, 4, .").
(3) Messager des sciences historujnes, lcS48, p. 807, pi. xiii, fio-. s.
(i) Musées royaux du Cinquantenaire, no 2r,52« de l'inventaire gé-
néral (4 exemplaires).
(o) Bull, des Conwi. ro;/. d'arf ef d\u-chéoloqic. t. IV, |.|>. iV)-\m
(c) Ibid ,]). 429.
(7J Documents et rapports de la Soc. pcdéont. et archéol. de l'arron-
dissement judiciaire de C/iarleroi. t. Vni, pp. 248-249 pi VII fi>r 30
81, 32, H3. -•'•'«■•.
(s) Musée de Liège.
(n) Bull, de la Soc. scient, et littér. da Llinbourfj, t. IX, p. 320.
(10) Bull, de l'Inst. archéol. liég., t. IX, p. 484, pi. v, fio-. 2.
Voyez encore sur flacons du même genre : L. J. F. Janssex,
Oudheidkundig". mededeelingen, pl. v, fig 1 ; Jahrhiicher des Vereins
von Altertlntmsfreunden im Rheinlande, t. III, 147; t. VII, p 64-
t. LXXI, pl. VI, pl. vu {ancienne collection /)/scA) ; Emele, Beschrei-
hung rômischer nnd deutscher Alterthiimer, pi. v, fig. 3 et 5- Docu-
ments et rapports de la Soc. paléont. et archéol. de V arrondissement
judiciaire de Charleroi, t. XI, ]). 4m ; Publications de la Société jyonr la
recherche et la conservation des monuments historiques dans le Grand-
Duché de Luxembourg, t. l, pl. V, 11» XXIX ; Westd. Zeitschrift, t. Il,
pl. IV., fig. 17.
(11) Trois de ces flacons sont marqués de trois cercles concen-
triques, le quatrième d'un fleuron dans un cercle(voyez pi. f, fig. 8et4).
— 200 —
L'un de ces flacons, au moment de sa découverte, ren-
fermait encore un liquide clair , provenant sans doute
d'infiltrations et dont il eût été très intéressant de con-
naître l'analyse (i).
On peut se demander si le nombre de quatre flacons n'est
pas symbolique, car on le retrouve dans la Bortombe do
Walsbetz, dans la sépulture de Marck (Renaix), dans celles
de Corroy-le-Grand et de VVamont, dans le tumulus deBerg
(deux grands flacons et deux petits), etc..
XIX. — Débris d'un immense plateau en verre jaune avec
bord orné d'un bourrelet et mesurant, dans son état pri-
mitif, environ 0"'55 de diamètre. — Ce plateau, un verre
épais de 4 '"/■", reposait sur un pied très bas, ayant à peine
O^OOTS de saillie; sa hauteur est de Qn^OlS (pi. F, lig. 1) ;
entier, il eût constitué un des plus beaux spécimens de la
verrerie antique recueillis en Belgique.
Comme grandeur (diamètre) le plateau de Herstal reste
unique en notre pays (2); le plus grand signalé jusqu'ici
V I ) Ce phénomène (flacons retrouvés pleins de liquide) n'est paz
isolé : il a notamment été observé, à propos de deu.^ ou trois flacons
de la Bortombe de Walsbetz, d'un de ceux des tumulus de Hanrel et
de Séron, du grand flacon hexagone de la tombe Hemava, d'une des
fioles de la sépulture de Marck (Renaix), etc. — L'analyse de ces
différents liquides (eau) n'a révélé que des matières salines en solu-
tion et. n'a permis de constater dans les uns que la présence de
matières végétales, dans d'autres que l'absence de toute substance
animale.
A signaler cependant que, tout récemment, dans un flacon d'un
des tumulus du Bois de l^uis et contenant un corps gras, M. Vassal a
reconnu un résidu d'huile d'olive {Ann. de la Soc. archéol. de Namui\
t. XXIV, p. 49. note i2).
Voyez, au surplus, au sujet des résultats des analyses de liquides
retrouvés dans des flacons ou vases en verre,les Jahrbiicher des Vereins
von Alterthumsfreunden im Rheinlande, t. XIX, pp. 77 et suiv.
( t) Deville \ Histoire de Vart de la verrerie dans l'antiquité ., p. 15)
- 201 -
était celui que l'on a relir*' diin des tumulus deTirlemont
et qui mesure 0"'34 de diainèire (i); le même tumulus avait
révélé en même temps un second plat en verre blanc de
0'"295de de diamètre (2).
Des assiettes en verre de même type, mais de dimensions
moindres {lances, patellae), ont, à difTérenles reprises,
été signalées en des sépultures belgo-romaines, notam-
ment dans la Bortombe de Walsbetz (plusieurs exemplaires
émiettés et dévitrifiés, de O""!?, O'^^'i et O'n30 de diam.) (3)
et dans le tumulus de Héron (4), ainsi qu'à Schaerbeek (5),
à Flavion (e), à Strud (Andenne) (7), à Tongres (8), à
Bassenge (9), etc.
XX. — Petite coupe ou tasse en verre blanc dépoli avec
rebord replié, haute de 0"'04 et montée sur pied de 5 ">/'".
Diamètre à la partie supérieure : 94 "'/'" (pl« F, flg. 3).
Une coupe analogue a été trouvée dans les fouilles d'un
cite, au Musée du Louvre, un plateau rond, de beau verre blanc ( tra-
vail égyptien) n'ayant pas moins d'un mètre de circonférence.
Le même auteur rapporte qu'AxHRNÉE (/«;. IV, c. IV), décrivant
un festin de noces en Macédoine, parle d'un plateau de verre d'une
coudée de diamètre, ce qui porterait sa circonférence à 1"60.
(i) Anii. de la Soc. (Varchéol. de Bri(x.,i.Y^, p. 430, pi. xxiv,
fig. 4.
(2) Ihid., p. 429, pi. XXIV, ftg. '1.
(3) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéoL, t. III, pp. 317, 318,
pi. V, n«'23à30.
(4) Ihid., t. IV, p. 416; Musée de Liège.
(.ï) Musées royaux du Cinquantenaire (n° 209U^ de l'inventaire
général).
c) Ann. delà Soc. archéol. de Namur, t. VII, p. 16, pi. vn, fig. 2.
(7) Musée de Liège.
(s) Bull, de la Soc. scient, et littér. du Limhoiirg, t. XVII, p. 43,
n°^ 13, 16, 17.
(9) Musée de Liège. — Cf. encore sur des assiettes en verre : Jahr-
bûcher, etc. ( Bonn ), t. LXXI, pi. vi, n"^ 1441, 1442 collection Disch ).
15
- 20-2 -
des tumulus de Tiiiemont (i), deux autres dans le caveau
du tumulus de Berg (2) ; un autre exemplaire encore a été
exhumé dans le cimetière belgo-romain de Marchienne-au-
Pont(3).
XXI. — Fragments d'une coupe du même genre, peut-
être un peu plus grande que la précédente.
XXII. — Cinq fragments d'un élégant petit vase en verre
blanc légèrement verdâtre, en forme de coupe à bords éva-
sés et large ouverture. Hauteur probable : 0"'08 ; diamètre :
o^og.
Le fond (avec pied) a disparu.
C'était sans doute une coupe ou verre à boire (poculum)
du genre de certaine coupe qui fut trouvée à Juslenville (4).
La tombe de Blehen a également révélé un verre de même
forme (g ).
XXIII. — Pied d'un gobelet analogue, mais de dimensions
plus fortes ; hauteur : O'n04.
XXIV,— Fragment de coupe (?) en verre blanc verdâtre,
avec ornements en relief et débris du pied du même vase.
Il est regrettable qu'il n'ait pas été recueilli d'autres mor-
ceaux de cette intéressante pièce de verrerie, dont la déco-
t ration se rapproche assez bien de celle de deux vases
en verre de Hanret (e).
Des débris d'un vase analogue ont également été re-
cueillis à Bassenge (7).
( 1 ) Ann. de ht Soc. d'archéol. de Brux., t. IX, p. 430, pi. xxiv, fig.H.
(2) Bull, de la Soc. scient, et littér. du Limhourg, t. XVII, p. 43.
(3) Bull, des Comm. roy. d\irt et d'archéol., t. XXXI, p. "HQ, pi. i,
lig. 14. Cf. aussi Westd. Zeitschrift, t. XII (1893), pi. vi, fig. 7.
(i) Bull, de V Institut archéol. liégeois, t, IX, p. 435, pi. v, fig. 5.
[s] Ihid., t. XIII, p. 162, pi. V, fig. 12.
(c) Ann. de la Soc. archéol. de Namiir, t. III, p. 393, planche,
fig. 1 et 2.
(7) Musée de IJége.
— 203 —
XXV. — Fragment de col d'une petile fiole en verre
bhinc laiteux opaque, à culo! aiTondi cl (jui, dans son état
prinntit', devait mesurer (Miviron ()'n(.i8 de haulcin-.
Nous avons déjà rappelé ailleurs li destination probable
de ces fioles et en avons signalé un certain nombre, de
forme ideiiti(pie à celle de Ilcrstal (i),
XXVI — Une cmquanlaiiie de petits tessons (]e nom-
breux vases en verre de couleur blanche, verdàtre ou
jaunâtre, remarquables par leui' finesse et la délicatesse
de leur travail, mais dont aucun ne saurait être l'élabli
dans sa forme primitive.
XXVII. — Pastilles en pâte de veri-e, d'environ 39 '"/'" de
diamètre, au nombre de 27, dont 15 blanches (une de ces
dernières est brisée en deux morceaux) et l'2 noires.
Ces objets, très communs dans les sépultures romaines,
et que l'on a, à tort, considérés comme des ornements de
coffrets tumulaires, des boutons sans attache (sic) et même
comme des fèves à voter (! ), ne sont autre cli(js(> que des
fiches ou jetons {calculi) ayant servi à jouer cei'Iain jeu
d'adresse , vulgairement appelé Indus latronum ou
latrunculorum.
On croit que ce jeu — équivalent de celui des Grecs
dénommé « TtdXsti; w — était joué avec une pièce contre
un certain nombre d'autres (x'jveç, latruncvli, milites) et
que le voleur (latro) était celui que les autres poursui-
vaient comme une troupe de gendarmes (2).
I i) Bail, de V Institut archéol. Jiér/., L. XXVIII. p. 265.
Voyez encore sur fioles analogues : de Montfaucon, op. citât., t. V,
pp. 116 et suiv. ; de (Iaylus, Becueil (Vantiqitités, t. I, p 275. pi. cir,
fig. 3; t. VII, p. 2"4, pi. Lxxn., fit,'. 5 ; Piihlic. de la section hist. de
l'Institut roi/cd grand-dncal de Luxembourt/, t XXIX (VII), pi. [,
fig. .3; Faussett, Inventorium sepulchrale, p. 191, fig. 1.
I, i) DE Meester de Ravestein, Catalogue descriptif, t. II, p. 63.
- 204 —
La table sur laquelle on jouait (tabula latruncularia,
comme l'appelait Sénèque) (i), élait, selon Saumaise,
toute barrée par des lignes, de sorte que chaque jeton ou
pion avait sa place marquée dans une case (2); en cela,
cette table (genre d'abaque) ressemblait beaucoup à celles
employées pour d'autres jeux, notamment pour celui des
diiodecini scriptorum avec lequel le Indus latronum
a parfois été confondu.
Ce dernier exigeait beaucoup d'habileté et nécessitait,
pour choque joueur, l'emploi de 30 pions ou dés, qui
différaient entre eux de couleur et, d'après cela, por-
taient les dénominations spéciales de mandrae et la-
trones (3).
De tous les auteurs anciens qui ont parlé du jeu des
lati-oncules, tels Macrobe (4), Sénèque (s), Ovide (6), Mar-
tial (7), Pline (8), etc. , le plus explicite est Saleius Bassus,
qui a tracé, en quelques vers, la description la plus com-
plète que l'antiquité nous ait laissée de ce jeu (9). On
(1) SiîNÈQUE, £'/^., CXVII.
(i) Ad luinc quadniplicem fouie»! urdines dirli/inifiir hiiii , mu'
trcoisversi, alleri direct!, ut iii tahida soJet. i)i ijua lafnnicidis hidiint
(Varro, De lingita latina, 10, :2i).
(3) Mart., VII, 72, 8.
(4) IVlACROBE, I, 5.
(5) Ei3., CXVII.
. (ti) Art d'aimer, III. 357.
il) Epigr., VII, 72 ; XIV, 20.
{>^)Hist. Nat.,XXXYl,'i6.
{'.)) Salei Bassi ad Calpiiriiiitni Pisoneni poeinatioii, dans les Poetae
latini minores, t. Ht, vers 17S à 196 :
Te si forte juvot studiorinn pondère fessian
Non languere tamen, lusKsque movere po' nrfnu,
Callidiore modo tabula varialnr apcrta
Calcuhis, et vilreo peraguntur milite bella,
Ut niveus nigros, nunc et niger alliget albos.
Sed tibi qiiis non lerga dédit ï qiiis te duce cessit
— 205 —
y Iruuvo retracées les phases les plus intércssaiiles de ce
jeu, dans lequel excellait entre tous Gneius Calpurnius
IMson (i).
Quant aux labidae lalrunculaviac ., elles devaient tout
nalurellomenl faire partie du mobilier funéraire des sépul-
tures dans lesquelles on a retrouvé les jetons de ce jeu ;
mais il est à supposer que, faites, selon toute vraisemblance,
on bois (2), elles n'auront pas résisté au contact de la terre
et d(» l'humidité, ce qui explique qu'on n'en ait guère
signalé de ce genre (3).
('ali-iiliis f oui (jitis iKiii [lerilii nis jierdiOil Imslfin?
Mille niodig acies tiin dimicaf : illc 'pctaileni
Dum fufjit, ipse rapil ; longo tcnit illerecessu,
Quistetit in speculis : hic se comtnitlerc rixae
Audct, et in praedam venientem decipit Jiostem.
Ancipites subit ille nioras similisqiie lifiati)
JMi^at ipse duos : hie ad nwjora utoveUii-,
Ut citus et fracta pro^-wnpat in agmina niandrc
Clausaque dejecto populetur muenia vallo.
Intrea seclis quamvis acerrima surgant
Proelia militihus, plena tamen ipse phalange
Aut etiam paueo spoUata milite innrJs
Et til)l cnptirn resonat inanns ntraque tnrija.
(O Cf. encore au sujet du jeu des latroncules: Pitiscus, Lexicon
antiqiiitatmn romatiarum, t. II, v» Latro ; J. D. Fvss, Antiquitates
romande, p. 250; L. Becq de Fouquièrks, Les Jeux des Anciens, p. 384;
Baumeister, op. cit., t. I, p. 353; Marquardt, Handbuch der rômi-
schen Alterthi'.mer, \. VII, Das Privatleben der Borner, pp. 83:2 et
suiv.
(2) Et même en bois précieux, au dire de Pétrone, qui, au festin d»
Trimalcion, nous montre un jeune esclave apportant à la sortie de la
table, pour le jeu, un damier de bois de térébenthine avec des dés de
cristal: « Seqiiehatur puer cum tabula terebintliina et crijstallinis
tesseris» {Satyricon, G, XXVII).
(3j Les seuls spécimens qui soient parvenus jusqu'à nous, sont en
pierre ou en marbre et tel d'entre eux porte celte inscription sugges-
tive : VIGTVS LEBA (LEVA)TE 1 LVDERE NESCIS | UA
LVSORI LOGVM , qui ne laisse aucun doute sur sa destination
réelle (Rich, Dictionnaire... v° Abacus et Tabula j.
- 206 —
La découverte de ces tesserae lusoriae dans les
sépultures n'a rien d'anormal, vu que des pièces de jeu
bien plus caractéristiques (des dés cubiques en os ou en
ivoire avec points marqués) ont été fréquemment
retrouvées dans le même milieu (d).
Des pions analogues à ceux de Herstal ont été révélés
par les lumulus de Fresin (13 blancs et 9 noir>) (2), de
Tirlemont (3). deBurdinne (4), de Hodeige (s), de Moper-
tingpii (6) et même par ceux des Bai'tlow-Hiils (i ), sans
compter les nombreuses trouvailles d'objets analogues
dans des sépultures ordinaires à Tour-nai (8), Corroy-le-
Grand (9), Elonges (iO ), Tongres (li), Eneilles (Grand-
Han) (I2j, Juslenville (13), etc.
(11 Notamment à Fresiii (tiinuilus! {BnU. desComm. roi/. cVart et
d'archéoL, t. II, p. 160. pi m. 11 ■ I'.») ; à Gliampion (lumulus) {Anii. de
la Soc. archéol. de Nainiir, II, ]>. 172); à Hern-S'-Hubert (tumuUis)
et à Mopertingen (lumulus) (collection Huybrigts) ; en Alsace
(Oberlin, Mkscioh Schappfliiii, t. I, pi. xv, fig. 9, p. 135) ; en France
{Cochet, la Normandie souterraine, Y). 136, pi. vi, n"^7elS); même
en Angleterre (duché de Kent) (Faussett, Tnventoriiim sepidchrale,
p. 7), etc..
(2) Bull, des Comm. roij. d'art et d'arcliéol., t. II, pp. 161-162,
pi. ni, fig. 20.
(3) Annales de la Soc. d'archéol. de Brux.. t. IX, pp. 429 et 442.
(4) lbid.,i. XIV, p. 72 ; collection Tihon. au Musée de Liège.
( ri) Musée de Liège; Rapport sur les travaux de Vlnst. archéol. liiuj.
pendant Vannée 1891, p 67 {'2^ série des rapports).
(s) (loiieclion Huybrigts. a Tongres.
(7) Ardiœologia, t. XXV, p. <ii.
(s) ScHAYKs. La Belgique et les Pays-Bas avant et pendant la domi-
nation romaine, i W, p. 364; Annales de lu Soc. liist. et littér. de
Tournai, t. XXI, p. 3(iS.
(9) Bull. desConnn. roij. d'art et d' archéol . t. III. p. 538.
(10 ) Ann. du dercle arcliéol. de Mons, t. VI, p. 118.
(n) Colleclion Huybrigts.
(1-2) Ami. de Vlnst. archéol. du Luxembourg, t VIII (1874), p. 228.
( lô) Bull, de Vlnstitnt archéol. liég., t. X, p. 219 ; t. XVII, p. 295.
- 207 —
C. — Poteries.
XXVIII. — Espèce de patine en fine terre rouge de
O'^^OS do hauleur et 0'"115 de diamètre (pi. G, fig. 8).
Les poteries de ce genre se rencontrent fréquemment
dans nos fouilles belges (l).
XXIX. — Plat ou patère en terre rouge dite « terre
saniienne », inesuranl 0"''17 de diamètre à sa partie supé-
rieui-e et 0™04 de hauteur.
Ce plat est marqué au centre d'une rosace à huit
feuilles, signe conventionnel adopté par certains potiers en
guise de sigle (2) (pi. g, fig. 1).
XXX. — Un idem (brisé) de O-^ie de diamètre et 0^04
de hauteur, marqué comme le précédent d'une rosace.
XXXI. — Plateau ou patère en belle terre rouge dite
samienne de 235 n'/™ de diamètre et 50 ■"/"' de hauteur
r.f. encore Aiin. du Cercle archéol. de Mona, t. I, p. 7v) ; Bull, de
la Soc. hist, et littér. de Tournai, t. I,p. 103; Puhl. de la Soc. pour la
couservation et la recherche des monuments historiques dans le Grand-
Duché de Luxemhourç). t. Vif, p. 177; Cochet, la Normandie souter-
raine, p. 135; RoACH Smith, llie antiquitie < of Richborough, Reculver
and Li/mne in Kent, p. 78; Mémoires de V Académie de Lillebonne,
t. IX, p. 15; Jahrhitcher desVereins von Alterthumsfreundrn im Rheinl.,
t. VU, p. 66 ; t. IX, p. -26 : Bull, di Correspondenza archeol. di Napoli.
1852, p. 193, pl.N. lig. 6.
(1) .Voy. à l'étranger: de Caylus, Recueil d'antiquités.... I. VII.
p. 267, pi. Lxxv, fig. 4 ; Faussett, Inrentorium se/)ulchrale, p. 74,
tig. l;p. 182, fig. I.
(■2) Cette marque, en double à Herstal, sVsl retrouvée à Juslen-
ville I Bull, de VInst. archéol. liég., t IX, p. 442, pi. x, fig. 3), dans la
tomlie de Hodeige ( Musée de Liège; Rapport sur les travaux de VInst.
archéol. liégeois pendant Vannée 1891, p. 67 [2" suite des rapports]),
dans les snbslructioiis du Hemelryk (Walsbelz) (BuV. des Comni roy.
d\(rt et d\irchéol., t. V, p. 440, pi. v, fig. 12'>isj,etc. — ('f. aussi Oscar
HÔIVER, op. cit., pi. XXII, fig. 11.
— 208 —
(pi. G, fig. 2), portant au fond le sigle :
DISETVS
Ce sigle est remai-quable par la beauté et la netteté des
caraclères, ce qui permet de le rattacher au II^ siècle au
plus tard, âge déjà assigné ailleurs aux produits du potier
Disetus (i).
Cette marque assez répandue, surtout sur les bords du
Rhin (Allemagne et Hollande), s'est, pour la première foi;?,
à Herstal, révélée dans nos contrées (2).
On l'a signalé sous les formes suivantes :
DICETVS à Kattwyck (3) et en Angleterre (?) (4).
DISETVS à Nimègue, Vechten (s), Utrecht (6), Ander-
nach (7), Rïickiugen (s).
DISEVVS (?) àNeuss (9).
DI-2HTV à Reims (40).
DISETVS F à Mayence(ii), Friedberg(i2), Weisenau,
( I ) Biiïl. de la Soc. scient, et littér. du Linibourf/, t. VIII, p. 90.
(2) Remarque de l'énidit P' D' 0. Bohn, chargé par rAcadémie
de Berlin de la rédaction de Vlnsfniineïitum de nos contrées pour le
tome XV du G I. L. et qui, avec une obligeance dont nous ne sau-
rions assez le remercier, aliien voulu nous communiquer de précieux
renseignements sur le potier DISETVS.
(5) Froehner, Inscriptiones terrae coctae vaso>-i(tii { Plu'lologiis,
Zeitschrift fur dus klassische Alterthnm, Supi^lement-Heft zum zwolf-
tenJahrç/atiff, Gôltingen, 1857), n^dll ; Steiner, Codex inscriptioniim
romannnim Danuhii et Rheni, t. II, 287.
{i) BiRCH, Histonj of cmcient potterif, t. II, 412.
(3) Froehner, op. cit., n° 971 ; Sïeiser, op. cit., t. II, 27(i.
(fi) Jahrbilcher der Vereins von AIterfhiiin>:fre'inden iin lilieinl..
t. IX, 29 (Collections de la Soc. d'archéol. d' Utrecht).
(7) Unsée ^[e \^om\ (Jnlirhilcher, etc., t. 1 XXXIX, 1.'!, u" III).
(s) Duncker, Das Rômercastell bei Ri'œkintjeii (Hanan, 187;!), \^. 36.
(9) Jahrbiïcher, etc , t. LX, p. 167.
(io) Musée de Reims ; C. I. L., t. XIII, p. 211, no 784, a''.
(11) Steiner. op. cit., t. H, 239. Musée de Mayence.
(la) KhEm, Inscriptiones latinae provinciae Hassiae transrhenanae
— 209 —
[{ïickingcn (i), Markôbel, Voclilen (2),
Arentsburg (3), Saall)urg (4), Andcr-
nach (s), etc.
DISENS F à Mayence (6) et Heddoriihcim (7).
DISEIVS F à Saall)urg (8), Nouss (9), Arentsburg (lO),
etc.
DISETV ////// j à Nieuwkerk {u ).
A rapprocher du potier Disetus cerlaiii aulic,///.sek> (12),
qui a diversement mai-qué ses produits :
DISETO • FE à Reims (l3), Amiens (14) et Tongres (iJi).
aiSIITO Fil à Reims (16).
( Jluyeucc, 1S5S). p. 10 ; Fkoehxkii, (j/i. cit., 11" 'Md ■,J(i/irhi'c/irr, etc.,
l. II, p. 90 ; Musée de Wiesbaden; C. I. L , XIII, 11" 78."), f.
(1) Musée de Hauau ; C. I. L., XIII, n° 78'), <j;.
(2) Musée d'Utrechl; C. I. L , XIII, n" 785, u.
(î) Musée de Leyde ; C. I. L., XIH, n" 78."'), o'.
(4) Musée de Homburg; (\ I. L , XIII, n" 785, g',
(o) Musée de Bonn; C. i. L., XIII, n" 785, h.
(u) Musée de Mayence ; CI. L., XIII, n" 785, a".
{-) C. I. L., XIIF, 11" 785, c (Rôdelheim-in caslro).
(s) C. I. L., XIII, n" 785 g' (Musée de Homburg).
(fl) C. I. !>.. XIII, no78oi ( » do Diisseldorf).
(10) C. I. L., Xill, n" 785 o- ( » do Leydo;.
(m) Jalirhucliev des Vereins. . (Bonn), t. XXIII, u. 17().
( 12) On retrouve le nom Dif^eto d^ms les deuxinscripUonssuivantcs,
où ce nom est porté par une femme :
1: T • IViXIO • T • L l| AMPIONI || IVNIA T • L DISETO || SIBI
Eï FATROiXO II SVO FECIT. - Milan. C. I. L., V, n» (i(;i)5.
L>:SEX • GRANIO H SEX • F • VOLT || BOVDO i| ET DISETOjNI
(.sVc) MATRI I! HOMVLLVS lAPYS !| ALCHIMEDO LIB. - Nimcs,
C. I. L.,, XTi. noseo;!
(r. ) C. I. L.,XIII, no78ia' (Musée de Reims).
(11) Cochet, Catalogue du Musée de Rouen, p. 80.
(1:.) DE Meester de Ravestein, Catalogue deso-iptif. I. Il, p. \'-'7 :
ScHUERMAKS, Sif/les fiffulms, n" 1925 ; Musée de Bruxellos.
( ir.) fl. I. L., XIII, n" 784, a2 (Musée de Reims).
— 210 —
DISIITO F au Châtelet (i).
XXXII. — Deux petites jattes de forme conique à boi'ds
droits en ferre rouge vernissée, sans sigle. Hauteur:
0'n055 ; diamètre au sommet : 0'n095 (pi. F, fig. T) et 10).
Ce type de poteries se retrouve dans presque toutes les
sépultures belgo-romaines ; même les substructions des
villas en ont révélé de nombreux spécimens (2).
Les tombes de Blehen (3) et de Hodeige (4) ont fourni
chacune des jattes identiques à celles de Herstal, de même
que les tumulus des Bartlow-Hills (g).
XXXIII. — Une idem fragmentée, plus grande. Hauteur :
O'^OT^ ; diamètre supérieur : 0'nI25.
XXXIV. — Vase en belle terre rouge vernissée, en forme
de patine ronde à bords verticaux, munie au milieu de
la panse d'un rebord saillant très prononcé. Hauteur :0"'07;
diamètre au bord supérieur: 0"'17 ; diamètre du pied :
0'"065 (pi. G, fig. M).
Les potei'ies de ce genre, d'un type très élégant, sont
assez comnmnes.On en a retrouvé dans les substructions du
Herkenbergh à Meerssen (6) , en des sépultures belgo-
romaines aux environs de Tongres (7), ainsi que dans !a
tombe de Hodeige (8).
( i ) Grignon, Bulletin des fouilles faites, par ordre du Roi, d'une
villa romaine sur la petite montagne du Châtelet, entre S^-Didier et
Joinville, p, GtlXXIII ; Schuermans, Sigles figulins, n° 1924.
(2) Bulletin de V Institut archéol. liég., t. XXVIII, p. 268, note l.
(3) Ibid., t. XIII, pp 159-160, pi. II, fig. 8 et 9.
(*) Musée de Liège; Rapport sur les travaux de Vlnstitut arcJu'ol.
liégeois pendant V année 1891, p. 67.
(îi) Archœlogia, t. XXVIII, p. 4, pi. i, fig. 5.
(r.) Bull, des Comm. roy. d'art et d'arcliéoL, t. VI, p. 266, pi. xii,
fig. 6.
(7) Collection Huybrigts (touilles de 1892 à Goninxlieim, dans la
parcelle B, 49 a).
(8) Musée de Liège; Rapport sur les travaux de Vlnstitut archéol.
o
s
o
'A
— !2H -
Le Musée do Liège en conserve également quelques
exemplaires provenant de Thenx et de Fallais,
XXXV. — Vase en terre blanche avec couverte biaine, à
panse unie renflée, partagée en deux lobes par un rétré-
cissement circulaire. Hauteur : 0"'09 ; diamètre du goulot :
0'"07 (pi. -G, fig. 7),
Ce type de vases, de l'orme assez rare, n'avait jus(prici
été rencontré que deux fois, à notre connaissance, dans la
province de Liège : dans les fouilh^s du luinulus de
Hodeige (l) et dans celles de Juslenville (2). Un autre
(exemplaire a été retiré des substi'uctions de la villa du
Rondenbosch à Ilouthem-S^-Geiiacb (3).
D'autres vases de ce genre ont également été découverts
ailleurs en Belgique, mais en petit nombre (4) ; on en a
signalé en France (Abbeville) (5) et en Allemagne (e).
XXXVI. — Quatre plateaux (espèces de patères) iden-
tiques, à bords droits, en terre blanche recouverte d'un
enduit brun foncé. Hauteur : 0»i03 ; diamètre : 0'"17
(pi. G, fig. 3).
lié;ieois pendant Vaiuicc lH'Jl. y. (i7. Ctr. encore sur aual. : V^ahk-
NER. Handbnch dcr rorzirglichsfen in Dcuti^chlund entdeckten Alter-
thnmer ans heidnischerVorzeit, pi. ol, fig. 810 ; Faussett, InventoriuiH
sepiilchrate, p. 191, fig. 'd.
( 1) Musée de Liège: Rajij/ort sur les traraux de l'hist. arcJiéol.
liég. pendant Vanni^e 1891. p. (lO.
(-2) Bnll. deVlnst. archéol. liéf)., I. L\, ]). 447, pi. x. tig. 1.
(ô) Bidl. des CoDtm. roij. (fart et (farchéul., t. VI, [). KiO, |>l. v,
fig. 14.
(t) or. notamment,: lhill.de la Soc. Itist. et littér. de Tournai,
1. XXI, p. .300, |il. I, tig. ;10; iiE Bast, lleciieil d' a nti (pi if es... {\SOS),
pi. XIX, fig XI.
( uj BuU. des Conini. roi/, d'art et d\irchéol., t. VI, p. 160, note :_!.
(g) Oscar Hôlder, Die Formen der rumischen T/iongefUsse
diesseits iindjenseits der Alfjen, p. 'S'6, \A. vin, fig. ITt; Westd. Zeit-
schrift,i. XVII (1898), pi. vn. fig. 7.
— 212 —
Trois sont intacts ; le quatrième a été reirouvé brisé en
nn grand nombre de morceaux.
Ces plateaux, dont un exemplaire semblable taisait partie
du mobilier funéraire de la tombe de Hodeige (i), ont été
trop fréquemment décrits pour qu'il s(jit nécessaire de
donner ici de plus amples détails sur cette -espèce de
poteries (2).
XXXVII. — Vase en forme cVolla , en terre ])lanche
avec couverte brune ; la partie supérieure de la panse
(bord droit de 25 '"/'" de hauteur) est unie, et la partie infé-
rieure décorée de zones guillochées. Hauteur : O'n075 ;
diamètre : 0"'14 (pi. g, tig. 9).
Le couvercle à bouton qui, primitivement, accompagnait
ce vase, n'a été retrouvé qu'à l'état de fragments incomplets.
Le tumulus de Hodeige, dont le mobilier présente tant
d'analogie avec celui de Herstal, a révélé une olla identique
avec couvercle intact (3).
Des poteries du même genre ont également été
recueillies à Juslenville (4) et à Tongres (5).
XXXVIII. — Un idem, un peu moins élevé. Hauteur :
0™06 ; diamètre au bord supérieur : 0'"0145 (pi. g, fig. 6).
XXXIX. — Patère à mancbe en fine terre rougeàtre; le
( I ) Musée de Liège ; Rapport sut- les travaux de VInstitnt archéol.
liég. pendant Vannée 1891, p. 67.
f») Voyez notamment : IhiJldo-t Cnnnii. rm/. (l'art rt d'orc/iéol.j.. II.
p. 159, pi. V, fig. 42 et K] : L. III, p. ?,-H;, \A v. fi-. 3-2 et :]3 ; t. IV,
p. 374, pi. I, fig. 10 et p. 383, pi. n, lig. 26; C^ (i. de Lnoz,
Exploration de quelques villas romaines de la Hesbai/e, p 26. pi. ui,
fig. 23 et 24 (tiré à part); Bull, de Vlnst. archéol. liéfjeois. 1. XII,
p 22, pi. VI, fi;^. 3 ; t XXVIII, p. 272, note 1 .
(.-) Musée de Liège. Rapport de 1891 (voir sn])rn), p. 6(i.
(i) Bull, de rinst. archéol. liégeoi<:. t. IX. p. 1Î7, pi. xi. liu'. 1.
(r; ) Musée de Liège.
— 213 —
manche, long de 0'"08 et percé à son extrémité Jifin
(le permettre la suspension de l'ustensile, u seul été
consei-vé (i ).
XI.. — (Grande cruche (espèce d'amphore) en terre
jaunâtre, sablonneuse, à goulot bas et large muni de deux
anses énormes ; le pied sur h^piel repose ce vase, qui dans
son état primitit devait avoir environ O'"o0 de hauteur,
mesure à peine O'"08 de diamètre à sa partie inférieure.
C'était sans doute un de ces grands récipients, parfois
aussi désignés sous le nom de cadi, que les anciens
employaient surtout pour conserver le vin.
Ce vase, probablement placé vers le centre de la sépul-
ture, a dû subir, sous la pression des terres fai.sant irruption
dans le caveau après l'effondrement du couvercle en bois,
un choc violent ; malgré la forte épais.seur de ses parois,
(0'"01 en certains endroits), il a complètement été écrasé
et n'a pu être retiré de la fosse que morceau par morceau.
Une cruche analogue, de très grandes dimensions, a été
signalée à Hern-St-Hubert (2) ; des fouilles récentes
opérées sur l'emplacement du tumulus aujourd'hui nivelé
de Mopertingen (5) ont amené la découverte d'une immense
amphore au milieu d'objets funéraires de grande impor-
tance.
XLI. — Cruche à bec, en poterie de couleur jaune
fi) Voyez au sujet de pat ères de ce genre : Bulletin de VInst.
archéol. lier/., t. XXVIII, p. 257 ; flull. de la Soc. hist. et lifti'r de
Tournai, t. XXII, p 152, pi. i, fig. 16 ; Docum et rapports de la Soc.
de Charleroi, t. VIII, p. 212, pi. v, flg. 1; Oscar Holder, op. cit.,
pi. XIX, fig. 13 et 15, pi. XXIII, fig. 8.
(-2) Collection Huybrigts ; Compte-rendu du Congrès arcliéolof/i(/ui'
et historique d'En!jhien{\P,99), p. 202 (planche).
(r.) Collection HuYBRKiTs. — Voy. encore Wesfd. Zeifsc/n-ift, l. XVI II
(1899), pi. III, Ml, fig. (;.
— 2U -
clair, munie d'une anse et retrouvée à l'état de frag-
ments incomplets (à reconstituer). Hauteur probable :
0"'25.
Cette cruche appartient au groupe des récipients dits
epichysis, communs dans toutes les fouilles.
XLII. — Vase en terre brun-rougeâtre à largo panse
ronde, col bas et énorme goulot de Qf^lS de diamètre.
11 est muni près du col de deux petites anses (à recons-
tituer)
Ce vase, dont quelques tessons ont été recueillis, devait
avoir, entier, environ 0'"30 de hauteur. Comme forme, il
paraît se rapprocher de certaine poterie produite par les
fouilles des substructions du Hemelrijk à Walsbetz (i). Le
même type a été signalé à Bonn (2).
XLIII. — Jarre à bec ou tèle en terre jaunâtre très
épaisse, retrouvée en quatre morceaux et autrefois munie,
sur le bord du déversoir, d'un sigle aujourd'hui entière-
ment fruste. Hauteur : 0"'06 ; diam. supérieur : On^îiil
(pi. G, fig. 4).
Ces terrines qui correspondent au type classique de la
mulctra (récipient destiné à recueillir la crème dans
les laiteries) sont très répandues dans les fouilles de la
Hesbaye, comme elles le sont , du reste, aussi ailleurs (3).
(I) Bull, des CoiiiDi. roi/. (Fart et d'arch., t. V. p. 445, pi. v. fi^' "H.
(i) 0. HôLDER, Die Fornien der romischen Tlionrjefdsse diesseits
iind jenseits der Alpen, p 33, pi. vu. fig. 9. Cf. encore : Pabli cations de-
là Soc... de Luxembourg, i. VIT, p. 17.5, pi. vi, fig. i) ; Ann. de la Soc.
archéol. de Nainiir, t. II, p. 69, pi. ir, fig. 8 ; Bidl. de la Soc. hist. et
littér. de Towniff/, t. XXII, p. 154, pl.i fig. 30; Roach Smith, CoUec-
taneii untiqna , Etckinffi and notices of ancient reniains. t. VI,
pi. XLVI.
(3) Yoy. Ann. du Cercle archéol. de Mons, L VI, p. 1:21; Ann.
de la Soc. archéol. de ]\aniiir, t. VII, p. 413; de Gaylus, Recueil d'an-
tiquités..., t. I, pi. cm, fig. 4; R. Smith, The antiquities of Richho-
— 215 —
L'étude dos marques : VH(HR)A, BRARIATVS, etc.,
fréquemment rencontrées sur ces poteries grossières, a
permis de déterminer assez exactement le cercle de dillu-
sion de ces vasques caractéristiques. Notre pays et, plus
spécialement, les abords de la voie romaine de Bavay à
Cologne ont surtout été féconds en antiquités de ce genre;
ce qui a fait supposer avec vraisemblance que c'est en
nos contrées qu'a dû se trouver le siège de l'industrie de
ces fabricants (i).
On sait toutefois, que les potiers de Westerndorf (Ba-
vière), tant réputés pour leurs produits en terre rouge
vernissée , s'occupaient également de la fabrication de
ce genre de vases (2), tout comme certain autre potier
de Heldenbergen (Nassau) (3).
Des exemplaires analogues à celui do fierslal ont été
révélés par les tumulus de Champion (4), par un de ceux
de Fresin (5) , par la tombe du Tombal (Avernas-le-
Bauduin) (6), par celle de Hodeige (7), ainsi que parla
tombe (i'Herbays (Piétrain) (s), etc.
XLIV. — Divers tessons indéterminables en terre jau-
rougli, Recnlver and Li/mne in Kent, p. 62, fig. 1 ; p. Gi-, fig. 1 ; Collec-
tcmea antiqiia, t. VII, pi. vi, fig. 2, etc., etc. — Les archéologues
anglais qualifient ces tèles de « mortaria ».
(i) BkU. des Conim. roy. d'art et d'archéol., t. V. p. 447.
(2) Oberbaijerisches Archiv fur vaterlàndischeGeschichte, t. XXII,
pi. IV, fig. 16".
(ô) Westdeiitsche Zeitschrift filr Geschichte und Kunst, t, XVIII,
p. 238, pi. m, no I, 13.
(i) Ann. delà Soc. arcliéol. de Namnr, t. II, p. (>5, pi. i, fig. 7
et p. 69, pi. II, fig. 9.
(o) Bull, des Contm. roij. d'art et d'archéol., t. Il, p. 158, pi. v,fig.39.
(6) ift/f?.,t. IV, p. 386.
(7 ) Musée de Liège; Rapport sur les travaux de l'Inst. archéol. iég.
pendant l'année 1891, p. 66.
(s) Annales de la Soc. d' archéol. de Bruxelles, t. XIII, p. 204.
- 216 —
nâtre et blanchâtre provenant de vases paraissant avoir
subi les atteintes du feu du bûcher et avoir été brisés
volontairement, avant d'être jetés dans le caveau (i).
XLV. — Lot de tuiles plates à rebords dites tegulae et
de tuiles courbes ou faîtières dénommées imbrices.
Comme on l'a dit, ces tuiles, dont aucune ne porte de
marque quelconque, avaient servi de couverture (couche
protectrice) à la partie supérieure du coffre en bois. -
La découverte de tuiles sous les tumulus ne présente
rien d'anormal, témoin les constatations identiques qui ont
été faites à propos d'une des tombes de Niel (2), des tu-
mulus de Héron (3), Temploux (4), Lennick Saint-
Quentin (§), etc. ; fréquemment pareilles trouvailles ont
été le moniteur de constructions voisines (6).
D. — Objets divers.
XLVL — Petite tablelto en pierre grise, en forme de
parallélipipède taillé en biseau, de 0'"075 de largeur et O'^^IOS
de longueur.
Faut- il voir dans cet objet un de ces tabellae unguenta-
7'me,sur lesquelles les anciens broyaient certains onguents
dont ils faisaient notamment usage pour le bain (7)?
(1) Au sujet de cet usage du bris intentionnel des poteries, voyez
notamment Bnll. des Connu, roi/. cVart et (Varchéol., t. II, p. 123.
(2) Ihid., t. IV, p. 394.
{-o)lbid., t. IV, p. 415.
(i) Annales delà Soc. arcliéol. de Namitr, t. V, p. 189.
(s) Annales de la Soc. d'archéol. de Bruxelles, t. V, p. 405.
(f. ) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol , t. IV, pp. 400-401.
(7) J. Marquardt, Handbnch der romischen Alterthûmer, t. VII
{Das Privatlehen der Rômer), p. 762. On connaît aussi l'emploi de ces
tablettes pour les onguents (collyres) des yeux, à raison de la
trouvaille frwjuente de ces tablettes près des sceaux d'oculiste.
— 217 —
La sépulture d'un dos iuinnlus do H.mrot ronformail
une pi'lile l.ibletle de marbre gi'is (long. 0^\S, l.u-g. C^OT),
polie et taillée en biseau à chacune de ses (vxirémdés; sur
une des faces adhérait encore un stylet ou gi'osse épingle
de bronze fort oxydé ( l ).
On a également sitjnalé de ces lableltes à Thoux ('2),
à .lnslenvill(> (3), à Momalle (4). à Tongres (s), à
Fall-Mheer (6), à VVancennes ( 7), à Novdle-hv.-Fexh.^ (8),
à Bassengo (9), à Uraives ( io), dans la villa du Houile-n-
bosi'h, à Houlhem-Sainl-Gerlach (il), en un des lumulus
de Hern-S'-Hubert (12), etc.
m.
Reste à détei'miner l'âge de la sépulture de Herstal.
Vu son muivais état de conservation, le grand bronze de
DomUien, l'unique pièce de monuiie recueillie, ne peut
que démontrer la posiériorité de celte sépulture à Tune des
années 85-95 après J. -G. (période de frappe de la pièce),
{ I ) Ann. de la Soc. archéol. de Nanmr. t. III, p .i94.
(2) Bull, de rinsf. arcJu'aJ. lie'(jeois,i.XVlï,p.29o.
(ô) Ibid., t. X, p. 291.
(i ) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, t. X V^II, 2"^ pnrtie, p. 5.'].
(ri) Musée de Liège.
{ fi) Bull, de la Soc. scient, et litfe'r. du Limbonrg, t. IX, p. 320.
(7 ) Ann. de la Soc. archéol. d" Naiina-, t.. XVI p :M'-2.
(s) BhU. de la Soc. scient, etlittér du Limboury, t. XVII, p. 73 ;
Bull, de Vlnst. nrchéol. liégeois, t. XXVIII, p. 256.
(9) Musée de Liéy:e.
(10) IbiJ.
(u) Bull, des Cowni. rog. d'art, et d\irc/H'ol.,i.\l, ]). \i'\ p|. nr,
fig. 53. 54.
(15) Collection HuYBRifiTs, h Tongres. Cf. encore sui' des décnu-
vertcs analogues: Ann de la Soc. archéol. de Namiir, t. If, p. 419;
Cochet, la Seine inférieure, pp. 238, 336 et 440, etc.
la
— 218 —
tandis qu'en l'absence de toute autre monnaie, le
mode d'incinération pratiqué à Herstal prouve l'antériorité
de la même sépulture à la fin du [V" siècle. A cette dernière
époque avait, en effet, au dire de Macrobe('i), complè-
tement disparu l'usage de la crémation des cadavres.
D'assez nombreux: éléments comparatifs permettent
toutefois de resserrer davantage ces deux dates extrêmes,
qui comprennent entre elles un espace d'environ trois
siècles et un quart et de préciser plus positivement l'anti-
quité du dépôt funéraire en question.
Ce sont d'abord les analogies frappantes qui ont été
signalées entre certaines pièces constitutives du mobilier
de Herstal et certains objets révélés par nos tumulus
belges.
Ces analogies, pour ne citer que les plus caractéris- ■
tiques, sont celles qui existent entre les buires de Fresin,
de Berg et de Herstal ; les oenochoés de Tirlemont, de Cor-
til-Noirmont et de Herstal ; les patères en bronze de Tirle-
monl, de Hern-S*-Hubert, de Cortil-Noii-mont, de Moper-
tingen et de Herstal; les trépieds-candélabres de Fresin,
de Tongres et de Herstal ; les strigilesde Berg, de Hei-n-
S*-Hubert et de Herstal ; les flacons carrés de Walsbetz,
de Thisnes, de Seron, de Hanret, de Champion, de Cortil-
Noirmont, de Berg et de Herstal ; les pastilles en pâte de
verre (dés) de Fresin, de Tirlemont, de Hodeige, de Bur-
fi) Saturn., VII, 7: « LIcef in-eiidi rorpora defimciorum usus
iiofttro f^ecnlo niilhis sif ». D'après d'autres auteurs cependant, la
pratique de la crémation ne se continua pas au-delà du commen-
cement du IV» siècle, c'est-à-dire de la défense formelle portée,
l'an 306 de notre ère. par Consl.antin-le-Grand, de brûler encore
les cadavres. Cf. df. Caumont, Cours d'antiquité.-! monumentales, t. II
{Ere gallo-romaine), p. '279 ; Documents et rapports de la Soc. de
Charlcroi, t. XIX, p. 127; Bull.de Vlnsf. archéol. liég., t. XIII,
p. 133, etc.
— 219 —
ci inné et de Tongres ; les tèles de Fresin, de ïlodeige et de
Herstal, etc., etc. (i).
Ce sont ensuite l'élégance et la richesse de décoration
des ustensiles de bronze (spécialement du renn irqnable
vase à reliefs), ainsi (|ii(» la (hMicalesse de la cis(Mure des
anses de l'oenochoé et de la bu ire, autant de caractères
propres, dans nos contrées, aux premiers temps du Haut-
Empire.
C'est encore ce fait qu'il n'a pas été recueilli le moindre
tesson de vase grossier et que toutes les poteries en terre
rouge vernissée appartiennent à cette série de vases en
belle fine terre glacée inaltérable que l'on ne retrouve que
dans les sépultui'i's riches de la bonne épo(|ue.
C'est enfin, pour tout résumer, le synchronisme con-
stant (2) de tous nos grands tumulus belges, dont aucun n'a
révélé de monnaie postérieure au règne de Marc-Aurèle (3).
( 1 ) I^es tumulus de Bartlow-Hills (Angleterre), si importants comme
points de comparaison avec nos tumulus belges, permettent aussi
quelques rapprocliement>< caractéristiques : l'un de ces tumulus a
révélé une paire de slrigiles en bronz<* du même type que ceu.x de
Herstal ; d'autres ont produit des palères et buires eu bronze, voire
même des poteries identiques à celles de nos coiitr-^es
(2) Nous avons, dans un article précédent {BuU. de VInst. archM.
liéfj., t. XXIX, p. 13), révoqué provisoirement en doute celte théorie
du synclironisme de nos tumulus belgo-Mmains, en suite de certain
passage de la yVe.^tdeatsche Zeitschrift. t. XMI (1898), p. 4U.5, d'après
lequel un des tumulus de Hern-S*-Huberl (Tongres) aurait fourni
une monnaie de Dioclétien. Vérification faite, les monn,iies recueil-
lies dans cette sépulture et au nombre de trois, sont l'une un G li.
fort bien conservé de Faustine mère, les dnux autres des P. B. entière-
ment frustes, mais qui doivent iiidiibitat)lement ère rattachés au
Haut-Empire, la forte épaisseur de leur flan s'opposanl à ce qu'ils
soient considérés comme datant du Bas-Empire.
(3) Fresin, G B. de Domitien et de Hadrien; Walsbetz, M. B de
Faustine et de Néron; Montenaken (Hemava), Galba et Trajan ;
Thisnes, Domitien et Trajan ; iNiel Tombosch), Maic-Aurèle; Villers-
S'^-Siméon, Marc-Aurèle ; Omal, Néron (or) et Hadrien; Hun,
— 220 —
Ces divers éléments réunis permettent do faire remonter
la sépulture de Herstal au commencement du second siècle
au plus tard.
IV
I/opulence et la diversité des objets du mobilier funé-
raire de Herstal caractérisent à toute évidence la sépulture
d'un personnage ayant occupé jadis un l'ang social élevé.
Constatons tout d'abord que rien ne parait justifier
l'attribution de ce mobilier à une femme (i) ; rien ne se
rapporte au mundus muliebris, dans cette tombe qui ne
Néron ; Ancienne, Domitien ; Hanret, Hadrien ; Seron, Hadrien ;
Saventliem, Antonin et Faustine; Avennes, Vespasien ; Gorlil-Noir-
moiit. VespasiPH, Antonin-Pie, Hadrien ; Berg, M. B. de Faustine
mère ; Bois de Buis(Sauvenière), Hadi'ien et Nerva, etc.
Des observations identiques ont été faites pour les tumulus des
Bartlow-Hills, qui n'ont révélé que des monnaies d'Hadrien (Archœo-
Jogia, t. XVI, p. 374; t. XXV, p. 9 ; t. XXVI, pp. 305 et 374), ainsi
que pour ceux de France, qui n'ont fourni que des monnaies des
Antouins (de Caumont, Cours d'antiquités monumentales, Ere gallo-
romaine, t. I, pp. 40 et 355).
A signaler cependant, à titre de fait exceptionnel, la découverte,
d'une monnaie de Dioctétien dans le tumulus de Rouvroy ( Bull, de la
Commission des cuitiquités départementales du Pas-de-Calais, 1849,
p. 53).
(i) Gomple-rendu d'une communication faite à la séance de la
Société d'' archéologie de Bruxelles, à\i 2 juillet dernier, d'après le
journal La Meuse (no du 5 juillet), où il est même question de la
« sépulture d'\nie riche courtisane d'il y a 1700 ans )> !...
Sefigure-t-on une courtisane, digne émule d'une Aspasie ou d'une
Laïs, venant échouer à Herstal, pour y exercer son métier ?.. Se
représente-t-on bien une femme (peut-être tenancière de quelque
lupanar!), parmi le mobilier de laquelle on n'aurait trouvé que de^
objets d'usage masculin jjour les placer dans sa tombe ?
Peut-on enfin concevoir un cynisme assez abject pour provoquer le
dépôt, à côté des cendres d'une prostituée, d'objets du genre du vase
de Herstal, symbolisant, comme pour les commémorer, les turpitudes
de son inconduite ?
— 221 —
contenait ni fibule, ni camée, ni bracelet, ni épingle à
cheveux, ni miroir, ni boîle à faril, ni ciste (coll'rel ou
nécessaire de toilette), ni liole carrée à long col (à parfum,
à odeur)...
Par contre, on a exhumé une paire de strigiles et la
partie supérieure (avec garde) d'une lame de couteau ou
de poignard (?) ; on a retrouvé, en même temps, un
bout de manche en ivoire, ainsi qu'un fragment de lame en
fer suffisamment caractéristique pour permettre de rappro-
cher cet objet du précédent et de reconnaître en ceux-ci
lesdél)ris [n'ohaïAes (Vun parazonium ou épée de ceinture...
La découverte de celte arme spéciale démontrerait donc
bien que le tumulus de Herstal a dû recouvrir les dépouilles
d'un homme et, de plus, que cet homme devait être un
personnage hautement qualifié, autrefois investi de fono
tions militaires importantes.
Faut-il, dans celle hypothèse, songer à l'un de ces
vétérans «licenciés et doués sur leur part de bulin ou
dotés, lors de leur congé, de ressources suffisantes pour
soutenir l'honneur du titre de citoyen romain que leur
accordait le gouvernement impéiial » ?
C'est à ces vétérans que l'on a attribué l'érection de ces
nombreuses villas organisées à la romaine que l'on a fouil-
lées un peu partout dans notre pays, surtout dans la Hes-
baye (l) ; et l'on ne peut se dispenser d'ail i-il)n('r à des
hommes venus d'Italie ou tout au moins ayant été en con-
tact avec des Romains proprement dits, ces grands établis-
sements que l'on a découverts dans nos campagnes et qui
(i) Bail, des Coddh. roi/, d'art et dUirchéol.., t. V, p. 490 ; t. VI,
pp 280-281 ; Des Roches, Recherches sur V ancienne Belgique. Histoire
anciemie des Pays-Bas autrichiens, t. H, p. 269 ; Annales de la Soc.
archéol. de Namur, t. II, pp. 291 et 381 ; Revue numismatique,
Origines romaines de la Belgique, t. IV, p. 322 ; Revue d'histoire et
d'archéologie, t. I, p. 153 ; Annales de V Académie d'archéologie de
Belgique, t. XL VII, p. 54, etc., etc.
— 222 —
ont presque tous révélé un luxe de décoration et d'installa-
tion mieux en rappoi'1 avec les raffinements méridionaux
qu'avec les frimas de nos contrées.
Le retour et le séjour- d'un de ces vétérans aux environs
de Liège, à Flémalle, soni, au surplus, prouvés par la
découverte en celle localilé(i) d'un fragment de diplôme
militaire délivré par l'empereur Trajan à un ancien soldat
de VAla I Tiingrorum, peut-êti'e même de la Cohors 1
Tungrorutn, revenu de la Bretagne...
Il n'y aurait alors rien d'étonnant qu'à Herstal fiît venu
se fixer quelque ancien légionnaire, ex-ofticier des armées
romaines et qu'il y eût fondé ou dirigé un établissement
agricole, par exemple.
On se demimdern, cependant, si l'on n'a pas trop exagéré
la con<lition sociale de ces vétérans ? Ceux-ci, à raison du
titre de citoyen romain que leur valait leur honcsta missio
et par les dons impériaux, nombreux privilèges (2), etc.,
(pii Uur étaient accordés en récompense de leui's services
rendus, n'étaient certes pas des hommes d'une condition
inféri(Mn"e, témoin l'intéi'êt que leur portèrent même plu-
sieurs empei^eui's (3). Peut-on de là conclui'e qu'ils étaient
des personniges considér'ables ou fortunés ?
Tacite nous les fait entrevoir, au conti'aire , comme
astr-eints aux plus dur-s labeui's, in.d pn'és, en butte à tous
les ennuis de leur métier, si mécontents de leur sort
ingr-at que Tibère eut à f.nr-e r-épr'imer le soulèvement de
deux légions en Pannonie (4), soulèvement bienlôt suivi
(0 Bull, de la Soc. d'art et d'hist. dit diocèse de Liège, \. I,
pp. 67-127.
(2) Voy. notaminont au Dig., XIJX, 18 les dispositions des
empereurs sur les vétérans.
(3) (.<■ Mng/s. magisqne conveteranis nieis beatitiidiiieni aiigere debeo
» qitam minuere » (Cad., XVI, 17).
(0 Tacite, Ann.,l,xvi-xx\.
— 223 —
de la révolte de deux, puis de quatre autres légions en
Germanie (i)...
De pareils hommes , usés par la dure vie des eanips,
pouvaient-ils, rentrés au pays na'aU, y vivre en grands et
riches seigneurs?
Qu'ils y aient l'onde des établissements agricoles, qu'ils
s'y soient adonnés à la culture de la teri-e, qu'ils y aient
élevé ce (ju'on appelle des viUae rusticae^ c'est pi'obahle ;
mais qu'ils y aient mené une existence fastueuse, voilà qui
est moins admissible.
On ne saui'ait toutel'ois contester la grande induence
que ces vétérans, rentrés dans leurs foyers, ont dû exercer
sur les mœurs de leurs compatriotes.
La vie opulente et luxueuse que reflète le mobilier funé-
raire de Herstal conviendrait mieux à l'un de ces hauts
fonctionnaires romains que, dès le premier siècle, le gou-
vernement impérial dut installer dans les provinces soumises
à son pouvoir, pour en surveiller l'administration ou y com-
mander les postes militaires, dont l'intérêt de sa sécurité
exigeait l'entretien.
Il importe de ne pas perdre de vue que Herstal (peut-
être même Liège?) a, dès le début, été en communication
directe avec Tongres.
Or, cette dernière localité, érigée en municipe dès le
IJe siècle (2), ayant peut-être même, dès la fin du I*^'" siècle,
servi de lieu de cantonnement, si pas à la Cohors I Nercio-
rum, tout au moins à un détachement de Lacti (s), a été
pour la Hesbaye le grand foyer d'où a rayonné toute civi-
lisation.
(i) Tacite, Ann., 1, xxxi-xxxviii.
(2) Bull, de rinst. nrcltéol. liéy., t. XIX, |j. IGl.
[z) Bulletin lela.Soc scienti/icpie et littéraire dn Limb.,[. W\\[.
pp. -im et 27U.
— '2n —
l^iidant tout le Haut-Empire, Tongres n'a jamais cessé
de jouer un rôle prépondérant : dès le premier siècle,
Marin de Tyr. dont HO ans plus tard Plolémée s'assimi-
lait la géographie comme sienne, avait signalé les ToLyypoi
et 'ATouâxooTov leur chet'-lien (T.6Xic)...;au 111" siècle, Tongres
avait des sénateurs (buleutae) , pai'mi lesquels le centu-
rion primipile Titus Aiirclius Plavinus , ce qui permet
d'assimiler cette localité à un caput gentis et y im-
plique l'existence d'un Sénat (PooXr;) parfaitement organisé,
dont les membres se réunissaient régulièrement et
devaient résider d'une manière permanente dans la loca-
lité.... Or, comme Ta fort à propos conjecturé M. Schuer-
mans, ce Sénat, positivement mentionné api'ès l'an '217, a
foi1 bien pu exister dès le l'''' siècle (i)...
C'est vers la fin du l*^'' et au commencement du 2' siècle
(date pi-ésumée de Téreclion du tumulus de Hcrstai) que
Tongres a eu son ère de splendeur, arrivée à son apogée
sous le règne des Antonins; VAdualuca Tungrorum uhri-
tait à celte époque dans ses murs, à côté d'une foule de
fonctionnaires civils et mditaires, une population inféodée
aux usages romains et assimilée à la métropole par le
culte, les mœurs et les ti'adilion'^....
Bien plus près de Herstal (Tongres en était distant d'en-
viron l'J milles romains), presque en face, sur l'autre rive
de la Meuse, Jupille (peut-êlre un de ces castella que
Drusus, au dire de Florus, établit le long des rives de la
Meuse) était déjà un centre important (2), habité par une
colonie i-omaine prospère, bâti de villas opulentes et d'éta-
blissements de tout genre...
( 1 ) Bull, de la Soc. scient, et littér. du Limb-, t. XXIII, p. !2S1.
(«) liiill. deVInst. archéol. liég., t. XI, pp. 469 et suiv. ; t. XXIll,
pp. 4'23 et suiv. ; Bull, de la Soc. d'art et d'hUt. du diocèxe de Liéye,
t. I P- 6-'; Westdeutsche Zeitschrift fur Geschichte und Kunst,
t. XIV, p. 418.
— 22:; —
Il est donc tout naturel que Ilersial ait de bonne heure
participé à cet intense courant de civilisation et ait vu s'im-
planter sur son sol une colonie de Belgo-Romains.
Quant au personnage, dont le turnulus de Herslal recou-
vrait les dépouilles, rien n'empêche de voir en lui un de
ces officiers romains supérieurs que les devoii's de sa
charge aurait appelé en celle localité, voisine de .lupillc où
se ti'(juvait [)eul-èli'e cantonné un [)oste militaire, el({ui,aii
surplus, pourrait parlailement avoir servi elle-même de
lieu de stationnement à un détachement de troupes, em-
prunté à la garnison de Tongres...
Ou bien encore, pourquoi ne serail-ce pas un ancien
officier, nommé dans nos contrées fonctionnaire civil, du
fisc, pai" exemple, et qui aurait ramené avec lui les insignes
de ses anciennes dignités, insignes (jui auraient passé au
biicher avec son cadavre ?
,0n ne saurait exclure davantage l'hypothèse d'un riche
personnage romain, venu de la mère patrie, s'installer en
Hesbaye pour y diriger et administrer quelque vaste ager,
territoire public ou privé, pas plus enfin que celle d'un
de ces fonctionnaires romains qui, après son temps de
service, se serait vu retenu chez nous par ses alliances,
ses intérêts, etc.
Ce sont là quelques-unes des conjectures qu'autorise
l'étude des pièces principales du mobilier funéraire de
Herstal et que soutient le caractère du remarcjuable vase
à reliefs, dont la décoration semble s'inspirer des détails
de la vie intime des grands centres d'Italie et démontrer
sa provenance essentiellement méridionale.
226 —
De par sa situation aux abords d'une route romaine im-
portante la « chaussée Brunehaul » (i) et à en juger par le
réseau assez développé de voies secondaires ou diverti-
cules qui s'entrecroisaient dans ses parages (2), Herstal
(i) (( Calciata Brunehon, comme on l'appelait au XV^ siècle
(Cartulaire de S^^-Croix, F. VU, fol. 40 V", ; « Chuucée Bnnihoz »
(1700), etc. (l'est sous cette dénomination impropre qi;e la tradition
désigne, encore de nos jours, Tantique voie qui, venant de Tongres,
en passant par Freeren, Paifve, Liers et Milmort, traverse en partie
Herstal, pour y francliir la Meuse et se diriger vers Jupilie. d'où
probablement elle gagnait Stavelot pour aboutir à Tièves. ('"est
cette route qu'a étudiée Van der Rit, mais dont il n'a relevé qu'un
tronçon : la traverse de Tongies à Her^tal. [Etude théorique et pra-
tique sur les anciennes chaussées romaines traversant le royaume
de Belgique, dans le Journal de Varchitecture, t. IV (18ÔI), pp
83 et 92).
(2) D'après Van Uessei., continuateur de Sciiayes, Herstal aurait
été en communication d'une part avec la grande chaussée de B.ivay à
Cologne (décrite par Schayes), par un sous-embranchement allant
de Tongres à Herstal (c'est celui de Van dkr Kit), d'autre part avec
la route militaire de Tongres par Huy à .\ilon {Chaussée Verte),
au moyeu d'un diverticule se détachant de cette route près de
Lowaige et passant par H erstappe, Otliée. Xhendremael, Iiantin et
tiocour. Cci deux sous-embranchements vers Herstal sont , en
ouUe, d'ai)rès Van Dessel, coupés par nu (*nibrancliement de Huy
à Villers-S'-Siméon (par Antheit, N'inalniont , Villei-s-le-Houillet,
Fize-Fontaine, Verlaine, Horion, Koloux, Hognoul . Xhendremael
et Jupilie), se rattachant lui-même à la roule de Landen à Huy
[Topographie des voies romaines de la Belgique, |ip. 13 et 27).
Victor Gauchez, enfin, qui, le dernier, a soumis la topographie de
nos voies romaines à u:,e étude approfondie, signale la roule de
Tongres à Trêves par Stavelot (qui correspond au sous-embranche-
ment dt! la voie de Havay à Cologne, dans le système de Van Desselj
2'27
a dû, à l'époque romaine, avoir acquis une importance
relative , sans toutefois devenir un centre de quelque
notoriété.
On s'était borné jusqu'ici à s'occuper de l'étude de
l'ancienne voirie romaine de Herstal et c'est à ce seul
titre que celte localité fut classée parmi les communes
belges ayant révélé des antiquités romaines (d).
Depuis longtemps, cependant, des découvertes intéres-
santes y ont été faites; malheureusement, par suite de
l'indifïérence ou de l'ignorance de leurs auteurs, ces
trouvailles, à peine opérées, ont été perdues pour la
science archéologique.
C'est ainsi qu'en 1865, lors des déblais occasionnés par
les travaux de construction de la voie ferrée destinée à
relier Tongres à Liège (ci-devant G'^ des chemins de
fer Liégeois-Limbourgeois) , à quelque dislance de la
parcelle n" 659b, ont été mises au jour d'assez nombreuses
antiquités romaines consistant en poteries, tessons de
et omet le diverticulum de Lovvaige ii Hei'stal. (Topo'jruphie îles
voies romaines de la (i aide- Belgique, ilans les A)inales de P Aca-
démie d'arrhéologie de Belgique, t. XXXVIU [3« série, tome VIIl],
p. 346) il renseigne également la chaussée de Huy à Pons Mosao
(Maestricht) , par Vinalmont, Fize-Fontaine , Verlaine, Horion,
Avvans , Xhendremael , VilL-rs-S'^-Siméon , Houtain-S'-Siméon ,
Lixhe et Eben [ibid., p. 387j, ainsi qu'un embranchement ou bifur-
cation de cette dernière roule de Horion par Montegnée. Ans,
Vottem, Milmort et Heure-le-Roinain à Houtain-S^-Siméon, où elle
rejoint la chaussée de Huy à Maestricht [ibid., p. 339).
Plusieurs routes romaines, on le voit, s'entrecoupaient aux
environs de Herstal et cette localité se trouvait donc en communi-
cation directe ou indirecte avec Tongres et Maestricht, d'une part,
avec Diuant. Huy, Trêves et Arlon, d'autre part — Gt. aussi :
Dociim. et rapp. de la Soc. paléont. et hist. de Charleroi, t. XIX, p. 255.
( 1 ) V.\N Dessel, Topographie des voies romaines de la Belgique,
statistique archenlogique, p. "il.
— 228 —
vases, débris d'objets en bronze, etc., dont rien ne tut
conservé.
Depuis lors, des substructions d'une ou plusieurs villas
ont été reconnues au lieu dit : « Rovillé », où le soc de
la charrue, à difTérentes reprises, a heurté d'anciens blocs
de maçonnerie.
Plus près de Liège, à 2U0 mètres envii'on de l'empla-
cement présumé du tumulus, dans la propriété de M.
Lambrecht, architecte communal, des travaux de terrasse-
ment ont, en 1898, amené la découverte d'une villa assez
importante ; ces déblais occasionnels ont mis au jour une
trentaine de i-ondelles de piliers d'hypocauste, des restes
de dallage, des carreaux en terre cuite, etc. — Le même
terrain avait révélé antérieurement un petit bronze, en
tort bon état de conservation, de Constantin-le-Grand au
revers de la f.ouve allaitant Romulus et Remus (VRBS
ROM A) (i).
Plus loin, aux environs de l'ancienne petite chapelle de
tS'-Lambert, ont été découverts des débris de potei'ies, et
tout récemment encore, au cours des travaux de voii'ie,
ont été recueillis des tessons de vases, ainsi qu'un fragment
de fibule en bronze...
De toutes les antiquités romaines exhumées du vieux sol
herstalien, la plus curieuse et la plus intéressante est
certaine sculpture grimaçante dont il a déjà été [tarlé (voir
supra) et qui tut dètei'rèe dans le courant de l'été 1899 à
(\) Ces (lit'fért'iils ol)jel.s sont conservés par M. Lain])rechl qui a
bien voulu nous permettre de les examiner et nous a, de plus, (ioiim;
de très utiles indications sur celte découverte.
Il serait intéressant de voir pratiquer des fouilles mélliodicpies
sur cet emplacement.
Nous proiitons de l'occasion pour assurei- ici de toute notre recon-
naissance M. L. Gastadot, secrétaire communal de Herstal, qui a eu
l'extrême obligeance de nous fournir de nombreux renseijj'uements
sur les antiquités de sa commune.
Planciik ir.
I
Kt'lic'llc : '/; i,M-a]i(U'iir naturelle.
— 2-29 -
une dizaine de mèlivs environ ,1,^ l'.Midroil d'oii, on juin
dernier, était relii'é le mai^iiillqnr ni.)l)ilicr l'unéraire, objet
de celte élude.
Il s'agit d'une pierre sculptée en calcaire (voir
planche fl), de forme conique, de 0"'52 de hauteur et 0"'34
de largeur, représenlant une tète hideuse et joufflue, à
nez épaté, pupilles saillantes et bouche entr'ouverte,
coiflee d'une espèce de bonnet ou initm qui forim- houppe
au milieu du front et retombe sur les oreilles à la hauteur
de la bouche.
Ce masque bai-bare, dans lequel on a cru l'ecormailre
un ornement architectural, un ant.Hixe (antefixa) (i) et
même une tète de fenmie, appartient à un groupe de mo-
numents très caractéristiques dont il est, croyons-nous, le
seul et le premier spé^men en Belgique (2).
Il faut y voir une borne ou pierre de délimitation (3)
du genre de celles que l'on a retrouvées en Allemagne dans
(1) On connaît l'usage fréquent que les anciens taisaient des anlé-
fixes. Ces ornements étaient généralement en terre cuite et présen-
taient à leur face postérieure une partie saillante, destinée à être
engagée dans la maçonnerie ou dans la toiture ; la pierre de
Herslal, au contraire, présente de derrière une surface complètement
lisse et unie.
Sous le rapport de l'ornementation, les antéfixes variaient à
l'infini et il en est même qui représentent, comme la pierre de
Herstal, une figure grotesque (Voy. notamment Westdeutsche Zeit-
schrift, t. III, p. 199, pi. vu, 5:;, etc.).
(•2) M. Alf. Bkqukt, dans son intéressante étude sur Les grands
domaines et les villas de VEntre Sambre-et- Meuse sons Vempire
romain (Ann. de la Soc. archéol. de Namnr, t. XX. p 1-2) écrivait, en
1893: •• .... En cherchant avec un peu d'attention, on trouverait
peut-être encore les bornes avec lesquelles les propriétaires avaient
bien soin alors délimiter leurs biens. ; Se doutail-il, qu'après sept
ans, une découverte fortuite viendrait, pour la province de \à('A'.
confirmer son ingénieuse conjecture.
(3) C'est à M. H. Scliuermans, auquel nous nous permettons
d'adresser ici tous nos remercîments pour l'obligeance avec laquelle
— 230 —
l'Odenwald (Dorndieler Wald) (-i), dans les bois de Hen-
busch (2), aux environs de Bonn (3), etc et même en
France (4).
La laideur du masque avait, sans doute, pour but
d'attirer l'attention des passants, pour mieux leur faire
comprendre que le terrain aux confins duquel se trou-
vaient placées de pareilles bornes {Scliusssteine) était pro-
priété privée et que, par conséquent, il était interdit d'y
mettre le pied.
Le D"" Ed. Anthes est même allé jusqu'à, conjecturer que
la pierre de l'Odenwald aurait servi (Vapotropaion, c'est-à-
dire à écarter le mauvais sort (5).
Pourrait-on donc en dire autant de la pierre de Herstal,
dont l'analogie avec la précédente est réellement frap-
pante?..
VJ
La trouvaille de Herstal a le double mérite :
D'avoir d'abord enrichi l'archéologie belge d'un docu-
il nous a permis de compulser sa bihliollièque arcliéologique, que
revient le mérite d'avoir le premier expliqué la pierre de Heistal
{Westchustche Zeitschrift. t. XIX) (en cours de publication).
(1) WeHtdeittxche Z<itschrift fin- Geschiclde iintl Kiiiisf, l. XVI
(1897). p 2i2, pi vni. fig. 4 ; cf. aussi ibid., t. III, p. 174, pi x, fig. 4 ;
t. VIII, p. îô5 : Kataloff der archeol. Sammlumj ("Musée de Darmsladt),
p. 11.
(-2) Westd. Zeitschrift, t. XIII (1889), p. 158.
(s) DoROW, Rihnische Alterthiïmer, pi. xx, fig. G.
{ i) Gp.ivaud DE LA ViKCELLE, Arts et Métiers des anciens, pi. lxix,
fig. 10; LiÉNARi), Archéologie de la Meuse, i. II. Yf-'-^T -, pi. xi, 5. Ce
dernier auteur considère la pierre qu'il décrit comme une clef de
voûte (?).
(5) Westtl. Zeitschrift, t. XVI, p. 22!2, no .51. — 'ATrorporaio;, 0;, ov
(àzo — ■z^i-iM) =: maloriini aversor et depiilsor fSlephanus, Thé-
saurus f/raecae linguae, V 'ATcotpôiiato;).
- 231 —
ment historique précieux, l;uit au point (]e vue de l'fîtudo
des mœufs dans nos contrées aux premiers siècles qu'au
point de vue de colle des icImMous suivies que nos
ancèti'es entretenaient avec la méiropolo, à laquelle ils
empruntèrent de l)onne heure sa civilisation et ses usages.
D'avoir ensuite ajouté une page nouvelle à l'histoire
liégeoise, tout en fournissant un contingent remarquable à
la géographie archéologique du pays.
La présence des Romains aux portes de Liège est cette
fois définitivement et indubitablement prouvée ; il ne s'agit
plus d'une occupation temporaire et restreinte de quelques
individus isolés, mais de l'installation fixe à llerstal, dès le
commencement du second siècle au moins, d'une colonie
prospère, composée d'éléments divers.
La famille qui fit ériger le tumulus de Herstal sur les
cendres d'un de ses membres, peut-être même de son
chef, devait , à en juger par l'opulence du mobilier funé-
raire mis au jour, être riche et occuper un rang social
élevé ; elle y habitait, sans doute, une luxueuse et s|)a-
cieuse villa avec nombreuses dépendances, dans lesquelles
elle entretenait une multitude d'affranchis et d'esclaves
occupés par elle aux travaux de la terre (i).
Dès lors s'explique cette suite de découvertes de mon-
naies romaines, de sépultures avec mobilier, de menus
objets en bronze, que l'on a, en ces dernières années,
signalées à l'une des extrémités de Liège, au quartier de
Vivegnis.
Ce sera, sans doute, ce même courant de civilisation qui
aura poussé les Romains sur norte territoire urbain actmM,
les installant place Si-Lambert, où récemment l'on retrou-
vait des subsiructions d'une de leurs habitations avec
(i) C'est aux fouilles qui s'impnseut dès anjourd'iiui ii Her?t:d d'en
dire davantage.
— 232 —
hypocauste caractéristique, les conduisant du côté de la
Boverie, où l'on a exhumé Tune de leurs fibules, les amenant
du côté de St-Laurent, où l'on a découvert une monnaie
de Marc-Aurèle...
Ainsi, petit à petit, se constituera l'hisloire de Liège aux
trois premiers siècles de notre ère et finira peut-être par
prendre définitivement corps certaine thèse que l'on
rappelait récemment encoi'e dans ce Bulletin à propos de
la trouvaille de Visé et que l'on présentait alors pour
Liège...
Elle apparaît, en efïet, aujourd'hui, sous un jour nouveau,
cette théorie prématurément condamnée des Laeti
Lagenses prope Tungros , dont Hei'stal, cette fois, pourrait
assez bien remplir les conditions : poste romain, établi sur
les bords de la Meuse, sous les ordres d'an préfet, par la
garnison de Tongi'es ?...
Mais attendons, car qui sait ce que la terre, si elle
persiste dans cette générosité qui caractérise les trouvailles
des derniers temps, nous réserve encore ?
VII
Les remarquables antiques de la découverte de Herstal,
dont la place natui'elle était au Musée de Liège, ont fini, au
milieu des négociations, par prendre le chemin de Bruxelles.
Acquis à un prix des plus élevés par M. Paul Errera, pro-
fesseur à l'Université libre, deux d'entre eux, le remarquable
vase à reliefs et la délicate oenochoé à bec trèfle,
sont aujoui'd'hui les joyaux des collections d'un hôtel de
l'avenue do Marnix; les autres, ofi'erts par leur acquéreur
aux Musées royaux du Cinquantenaire, y figurent parmi les
objets intéressants d'une section dite d'ethnographie
ancienne.
Liège, décembre 1900. L. RENARD.
Page 199, note (il) in fine, lire: pi. F, fig-. 4 et 4'''^, an lien de:
pi. r, fig. 3 et 4.
Page 200, ligne 12, lire: Ce plateau, en verre...., «(< //e« t/c- Ce
plateau , un verre....
Page "2()S, ligne 10, lire: signalée, au lieu cZe; signalé.
Page 210,Uigne 4, lire: pi. g, fig. 5 et 10, au lieu de: pi. k, tig. 5 ot 10.
Table des Matières du volume XXIX
Pages.
Statuts j
Liste des membres, bureau de la Société pour 1901 et
composition des Commissions IV
Marcel !)e IMiytlI. — Rapport sur les travaux des l'Insti-
tut archéologique liégeois pendant l'année 1899 et annexe. I à XL
L. Henard. — Exploration des tumulus du bois de Gives,
commune de Ben-Ahin. (Six figures dans le texte) l
A. Haiisay. — Contribution à l'histoire du système mer-
cantile dans la principauté de Liège 21
J. E. Demai'leau. — Le vase hédonique de Herstal. , . 41
Franz Curaont. — Notice sur un Attis funéraire découvert
à Vervoz 65
Denis Lequarré, — La terre franche de Herstal et sa
Cour de justice 75
L, Renard. — Découvertes d'antiquités romaines à Herstal 167
Errata ... .... 233
TABLE DES PLANCHES
Le vase de Herstal 41
» » (bande supérieure) 6!2
» " (bande inférieure) 62
Attis funéraire de Vervoz 65
Carte de la Terre Franche de Herstal 75
— "236 —
Découverte d'antiquités romaines à Herstal:
Pl. a, extrait du plan cadastral 169
Pl. b, bronzes 173
Pl. c, vase de Herstal 175
Pl. d, bronzes 189
Pl. e, lanterne 195
Pl. F, verres ... 199
Pl. g, poteries . , . 211
Pl. h, borne romaine 228
Vase de Marche (vignette dans le texte) 182
Vase de Tongres (vignette dans le texte) 183
imiTlT ARCIIÉOLOGIQI'E LIÉGEOIS
STATUTS
Art. I. — Une société est fondée à Liège pour i-cclier-
cher, rassembler et conserver les Oiuvres d'arl el les
inonunienls archéologiques, parliculièi'ement, ceux de la
province et des anciennes dépendances du f)ays de Liège.
Elle prend le titre û' Institut archéologique liégeois el
correspond avec les sociétés savantes, belges ou étran-
gères, instituées dans des vues analogues.
Art. II. — Ulnstitut se compose :
i" De seize membres elTectifs au moins et de trente au
plus; ils doivent être domicilié.-^ dans la province ;
2° D'lui président et d'un vice-président honoraires, à
savoir : le gouverneur de la pi'ovince et le bourgmestre
de la ville de Liège;
3»^ De vingt membres honoraires ;
A° De cinquante membres coi'respondants ;
50 De membres associés.
— II —
Art III. — Les places vacantes pour le titre de membre
effectif, honoraire ou correspondant, seront mentionnées
sur les convocations, afin que l'on puisse procéder aux
présentations de candidats. Ces présentations devront être
faites par écrit et signées par trois membres effectifs.
L'admission, décidée par bulletins secrets et à la majorité
absolue des suffrages, aura lieu dans la séance qui suivra
celle où auront été faites les présentations, et dont elle
devra être distante d'au moins huit jours.
La moitié, au moins, des membres effectifs e.xistant
devra être présente pour pouvoir procéder à l'élection
d'un membre effectif, et le tiers, après une seconde
convocation.
L'élection des membres effectifs et des membres hono-
raires a lieu dans la séance du mois d'avril et dans celle
de décembre, après la formation du bureau.
Lorsqu'il y aura lieu d'augmenter le nombre des
membres effectifs, conformément au § I de l'article II,
il faudra une délibération expresse de V Institut avant de
pouvoir procéder à la présentation de candidats.
Art. IV. — Les réunions ordinaires ont lieu mensuelle-
ment, sauf pendant les mois d'août, septembre et octobre.
Le bureau fixe le jour et l'heure des séances (i).
Les membres effectifs qui, dans le courant do l'année,
n'auront pas payé leur cotisation, seront, après avertis-
sement, considérés comme démissionnaires.
Aucune résolution ne peut être prise si sept membres
effectifs au moins ne sont présents à la séance.
Les membres honoraires, correspondants ou associés
peuvent assister aux séances. Ils ont voix consultative.
Toute discusssion étrangère au but de Vhistitut est
interdite.
(() C'est actuellement le dernier vendredi du mois
— III —
Les décisions sont prises à la majorité des voix. En cas
de parité, l;i proposition est rejetée.
Sur la demande de trois membres, on procède au scrutin
secret.
Art. V. — Lo bureau se compose du président, du
vice-président, du secrétnir(\ du conservateur, du biblio-
thécaire et du trésorier.
Les fonctions des membres du bureau sont annuelles.
Chaque année, à la séance du mois de décembre ,
VlnstUut, en procédant à l'élection de ses fonctionnaires,
nomme un vice-président , qui entre en fonctions le
1er janvier.
L'année suivante, il devient de droit président de
Vlnstitut pour le terme d'une année, après laquelle il
n'est pas immédiatement rééligible, ni comme président,
ni comme vice-prési(ient.
Les autres membres sortants du bureau sont reéligibles.
Art. VL — Le président veille à l'exécution du règle-
ment ; il dirige les travaux et les discussions des réunions.
En cas d'absence du président et du vice-président, le
membre le plus âgé en remplit les fonctions.
Art. VII. — Le secrétaire tient les procès-verbaux des
séances, la correspondance, etc.
Tout procès-verbal ou décision de la société est signé
par le président et par le secrétaire. Ce dernier signe seul
les pièces qui n'impliquent aucune décision de la société.
En cas d'empêchement du secrétaire, ses fonctions sont
remplies par un membre que désigne le président.
Le secrétaire a la garde du sceau et des arcliives de
la société.
Il présente chaque année, au mois de janvier, un rap-
port détaillé sur les travaux de Vlnstitut, sur les acquisi-
tions faites et sur les objets et livres offerts.
— IV —
Art. VIII. — Le conservateur a la direction du Musée
provincial.
11 dresse tous les ans un inventaire, qui est vérifié et
approuvé par le président. Cet inventaire indique la pro-
venance de chaque objet et l'époque de son acquisition.
Pendant les trois mois de vacances, le conservateur
peut, avec l'assentiment du bureau, faire les acquisitions
qu'il croira utiles.
Art. IX. — Le bil)liothécaire tient un catalogue des
livres offerts à Vlnstitut ou acquis par lui.
Il rend compte chaque année des accroissements de la
bibliothèque.
Art. X. — Le trésorier est chargé des recettes et des
dépenses.
Il n'etïectue de paiement que sur ordonnance signée
par le président et par le secrétaire.
Il rend compte de sa gestion dans la séance du mois de
janvier de chaque année.'
Art. XI. — Les recettes de la société se composent de
la cotisation annuelle des membres effectifs, associés ou
correspondanis, et des subventions à obtenir de l'Etat,
de la province et de la commune.
La cotisation annuelle des membres eiïectifs est fixée à la
somme de quinze francs; celles des membres associés est
de dix francs. Elle est également de dix francs pour ceux
des membres correspondants qui désirent recevoir les
publications de Vlnstitut.
Ces cotisations sont payables dans le courant du mois de
janvier qui commence l'année pour laquelle elles sont dues.
Art. XII. — Les objets réunis par la société forment un
Musée, qui est la propriété de la province.
Les moindres dons sont reçus avec reconnaissance.
— V —
Le nom du donateur est. inscrit sur l'objet ofTert et dans un
registre ouvert à cet effet.
Les objets qui se trouvent en double au Musée ne pour-
ront être échangés qu'après une délibération expresse de
VInstituteidu consentement des donateurs. (Cette règle
ne s'applique pas aux monnaies et aux livres.)
Tout objet, même en double, auquel se rattache un
souvenir personnel, ne pourra être échangé.
La proposition d'échange devra être portée à l'ordre du
jour un mois avant la délibération , afin que les membres
puissent prendre connaissance des objets.
Tous les membres sont invités à faire hommage de leurs
publications à la société.
Art. Xin. — Vlnslitut publie un recueil intitulé :
Bulletin de Vlnstiliit arcltéologique liégeois.
Une commission spéciale, composée de trois membres,
élus à l'époque du renouvellement du bureau , est chargée
de tout ce qui a rapport à la publication du Bulletin.
Le Bulletin est distribué aux institutions publiques (jui
encouragent l'Institut, aux compagnies savantes avec
lesquelles il entretient des relations et aux membres qui ont
payé leur cotisation.
Les auteurs des articles publiés ont droit à vingt-cinq
tirés à part, qui devront porter, sur le titre, cette mention :
Extrait du Bulletin de l'Institut archéologique liégeois. Ils
sont du reste autorisés à faire tirer, à leurs frais, un
nombre indéterminé d'exemplaires.
Les tirés à part ne peuvent être distribués qu'à dater du
jour de la mise en vente de la livraison du Bulletin dont ils
sont extraits.
Art. XIV. — Le présent règlement ne pourra être
changé que sur la proposition écrite de cinq membres
— VI —
effectifs; toute modification devra obtenir l'assentiment des
deux tiers au moins des membres effectifs existant.
Après revisioji des dispositions organiques des 12 avril
1850, \S janvier 1852, il janvier 1857 et 13 avril 1877,
les présents statuts ont été adoptés par l'Institut archéolo-
gique réuni en assemblée générale, à Liège, le 13 avril 1877.
Pour copie conforme :
Le Secrétaire, Le Président,
MARCEL DE PUYDT. JULIEN FRAIPONT.
TABLEAU DES MEMBRES
L'INSTITUT ARCHEOLOGIQUE LIEGEOIS
PRESIDENT HONORAIRE.
LE GOUVERNEUR DE LA PROVINCE DE LIEGE.
PETY DE THOZÉE (Léon).
VICE-PRÉSIDENT HONORAIRE.
LE BOURGMESTRE DE LA VILLE DE LIEGE.
KLEYER (Gustave).
BUREAU DE LA SOCIÉTÉ POUR 1901.
Présideïit Julien FRAIPONT.
Vice-Présidemt : Stanisl.^s BORMANS.
Secrétaire : Marcel DE PUYDT.
Conservateur : J. ALEXANDRE.
Trésorier : Ed. BRAHY-PROST.
Bibliothécaire : Érasme PAQUES.
Bibliothécaire-adjoint : Joseph BRASSINNE.
Conservateurs-adjoints : Lucien RENARD.
Jean SERVAIS.
COMPOSITION DES COMMISSIONS POUR 1901.
Commission des publications: MM. ALEXANDRE.
W. DE CRASSIER.
J. E. DEMARTEAU.
GOBERT.
Commission d'achat : MM. ALEXANDRE.
BRAHY-PROST.
DE PUYDT.
HELBIG.
Commission des fouilles : MM. DE PUYDT.
FRAIPONT.
RENARD.
Le président de l'Institut fait de droit partie des commissions.
— VIII —
MEMBRES EFFECTIFS.
Date de l'entrée Date de l'admission
a I Institut. tomme membio effectif.
1860. 6 mars 1862.
13 déc. 1867.
29 déc. 1864. 5 janv. 1872.
4 février 1876.
27 juin. 1877.
24 fév. 1862.
1876.
18 110V. 1859. 1. BORMANS (Stanislas), adminis-
trateur-inspecteur de l'Université,
membre de VAcadémie royale de
Belgique, président de la Commis-
sion royale d'histoire de Belgique,
10, rue Fabry, Liège.
2. D'- ALEXANDRE ( Joseph ) ,
15 , rue Volière , Liège.
3. HELBIG (Jules), artiste peintre,
vice-président de la Commission
royale des Monuments, 16, rue de
Joie, Liège.
4. DEWALQUE (Gustave), profes-
seur émérite à l'Université, membre
de VAcadémie royale de Belgique,
17, rue de la Paix, Liège.
5. JAMAR ( Edmond ) , architecte ,
21 , rue Saint-Pierre, à Liège.
6. SGHOOLMESTERS (Emile), curé-
doyen de Saint- Jacques , C, place
Saint- Jaccfues, Liège.
7. BODY ,'Albin), littérateur, Spa.
S. DE CHESTRET DE HANEFFE
(BARON JULES), membre de VAca-
démie royale de Belgique, 31, rue
des Augustins, Liège.
9. FRÉSûN (Jules), conseiller hono-
raire à la Cour d'appel, 24, rue
Sainte-Marie, Liège.
31 janv. 1879.
•J6 mai 1882.
20 mai 1882
— IX —
Date de l'entrée Date de l'admission
A riiistiUiil. comme membrtf effeclil .
Juillol KS7J. 20 mai 1882. 10. DEMARTEAU (Jo8Ei'ii j, mlacloiir
en chef de la Gazelle de Liège,
12, place Vci'Le, Liège.
28déc. 1879. 29 déc. 1882. 11. DE PUYDT (M.\RCKLi, 11-,% boule-
vard de la Sauvenière, Liège.
24 fév. 1882. 27janv. 1887. 12. DE SOER i Osc.^R ) , château de
Solières.
24 fév. 18>^2. 27janv. 1887. 13. DEMARTEAU (J. E.), professeur à
rUiiiversilé de Eiége, 51, rue de
Huy, Liège.
31 mai 1889. 14. NAVEAU (LÉON ], docteur en droit,
8, rue Saint-Jacques, Liège.
1885. 31 mai 1889. 15. LE PAIGE (Constantin), professeur
à l'Université, membre de V Aca-
démie royale de Belgique, Parc de
Cointe, Ougrèe.
1889. 29 mai 1891. 16. DE HARENNE ( Chevalier -T-B.),
Cliaiidfonluine.
29 naai 1891. 17. FRAIPONT (Julien), professeur à
l'Université, 35, rue Mont-Sainl-
Martin, Liège.
1887. 18 déc. 1891. 18. BRAHY-PROST (Edouard), 120, rue
I-i'éronsli'ée, Liège
31 janv. 1889. 23 mai 1893. 19. PAQUES (Érasme), 22, quai d'Amer-
cœur, Liège.
25 janv. 1886. 24 déc. 1890. 20. (lOBERT (THÉODORE), archiviste
l)rovincial, 19, quai de Maestricht,
Liège.
29 mars 1878. 27 mai 1898. 21. RUHL ( CtUSTAYE), avocat, 73, bou-
levard d'Avroy, Liège.
31 janv. 1889. LO déc. 1898. 22. DE CRASSIER (baron William; ,
avocat, 30, rue des Augustins, Liège.
29nov. 1895. 30 déc. 1898. 23. BRASSINNE (Joseph), docteur en
philosophie, 33, rueduPont-d'Avroy,
Liège.
— X —
Date de l'entrée Date de l'adm-ssion
à rinstilnt. -jonime inPinbia c-iïc(-ti(.
13marsl868. 27avrill900. 24. LEQUARRÉ (Nicolas), professeur
àrUiiiversilé,37, rucAudré-Dumont,
Liège.
:>0 avril 1897. 27 avril 1900. 25. HANSAY (Alfred), coiisorvaleur-
ad joint des archives de TEUit,
71, rue Montague-S*^-Wallburge ,
Liège.
28 mai 1897. 27 avril 1900. 26. SIMONIS (JULIEN), docteur en méde-
cine, à Jemeppe-sur-Meuse.
•-'Oavril 189S. 27 avril 1900. 27. SERVAIS (Jean) , instituteur, 8, rue
Joseph Demoulin, Liège.
25nov. 1898. 27 avril 1900. 28. RENARD ( Lucien ), 36, rue Destri-
veaux, Liège.
24 fév. 1899. 28déc. 190'). 29. LOHEST (Max), professeur â l'Uni-
versité, 55, rue Mo nt-Saint- Martin ,
Liège.
MEMBRES HONORAIRES
Date de l'eiitrée Date de l'admission
a l'inslilul. cdiiime niembie hoiioraiio
26 mai 1882. 1. REUSENS (Edmond), chanoine de
Malines, professeur à l'Université
catholique , Louvain.
Juillet 1874. 27janv. 1887. 2. TERME (Antonin), directeur du
Musée d'arts industriels, Lyon.
1869. SOjanv. 1891. 3. HOGK (Auguste), littérateur,
25, cfuai Mativa, Liège.
30janv 1891. 4. GRAND JEAN (Mathieu), bibliothé-
caire honoraire de l'Université ,
68, rue Fabry, Liège.
3(^ janv. 1891 . 5. BEQUET f Alfred ;, président de la
Société m'chèologique, Namur.
— XI —
Date de l'entrée Date de l'admission
a rinsliliit. comme mi-mbift lidiiornir'-.
30janv 1801. 6. DE BAYE (BARON Joseph), Paris.
30 jaiiv. 1891. 7. BERTRAND (Alexandre), membre
de V Institut de France, conserva-
teur du Musée des antiquités natio-
nales, Sai'tit-Germain-e7i-Laye.
1889. 31 mai 1895. 8. PONGELET (EDOUARD), conser-
vateur des archives de l'Etat, Mons.
27 déc. 1895. 9. DE PIMODAN (comte), duc romain,
capitaine d'état-major, Paris.
16nov. 1863. 24 déc, 1896. 10. DE BORMAN (CHEVALIER CAMILLE),
membre du Conseil héraldique, et
de la Députation permanente du
Limbourg, Schalhhoven.
24 fév. 1862. 30 déc. 1S98. 11. DARIS (Joseph), chanoine de la
Cathédrale, 40, rue des Prcmontrés,
Liège.
1874. 30 déc. 1898. 12. KURTH (GoDEFROiD), professeur à
l'Université, membre de YAcadé-
mie royale de Belgique, secré-
taire de la Commission royale
d'histoire de Belgique, 6, rue Rou-
veroy, Liège.
18nov. 1859. 27 avril 1900. 13. DE THIER (Chevalier Charles),
président à la Cour d'Appel , 3, rue Raikem,
Liège.
MEMBRES CORRESPONDANTS
Les noms précédés d'un " sont ceux des membres qui reçoivent le Bulletin.
Date de l'entrée Date de l'admission
a riuslitut. comme membre ioirespoiiil.iiit.
31 mai 1850. 1. PETY DE THOZÉE (J.), consul
général, Bombay (Inde).
16.juiL 1853. 2. DE NOUE (Arsène), docteur en
droit, Malmedy.
— XII —
Date de l'entrée Date de l'admission
à rinstiliu. cninine membre corresponlant.
16 juillet 185;i *3. VAN DER STRATEN-PONTHOZ
[COMTE FRANÇOIS), Briixellcs.
9 mai 1862. *4. RENIER (Jeani , artiste ])eiiitre,
J erviers.
1 avril 1864. 5. GROTEFEND (G. L.j, arcliiviste de
l'Etat, Hanovre.
2fév. 1872. 6. LEFÈVRE (J. ), bourgmestre,
Lrmden.
29 juin 1877. 7. VORSTERMAN VAN OYEN (A. A.),
généalogiste, La Haye.
24fév, 1882. *8. DRION (Prosper), directeur de
l'Académie royale des beaux-arts,
23, rue Duvivier , Liège.
24 fév. 1882. 9. DE L'ESCAILLE (Henri), la Tou-
rettc , par Hougaerde.
24 fév. 1882. *10. D'OTREPPE DE BOUVETTE (ba-
ron Frédéric}, docteur en sciences,
12, rue des Carmes, Liège.
24 fév. 1882. 11. BAAR (Emile), docteur en droit,
3, rue Lebeau, Liège.
29déc. 1882. 12. CLERX (Paul), 70, rue César
Franck, Liège.
29déc. 1882. *13. PIRENNE (Henri), professeur cà
l'Université , Gand.
29 mai 1883. 14. CRAHAY ( Louis i , conseiller à la
Cour de cassation, Bruxelles.
29 mai 1883. *15. STASSE (Alexis), directeur au
Gouvernement provincial, 48, rue
Fond-PJrette, Liège.
26janv. 1884. *16. EKMAN (C. E.), membre de la
première Chambre du royaume,
Finspong (Suède).
28 uov. 18S4. 17. HOFFMAN (ledocteur), secrétaire
de la Société antliropologique ,
Wasltingion.
— XIII —
Dete de l'entrée Date de l'admission
a rinslilul. coiniiii' incmbro correspondant.
26 déc. 1884. IS. BREUL (Adolphe), industriel, Goé.
31 déc. 1885 *19. TIHON (Ferdinand), docteur en
médecine, Theiix.
31 mars 1887. 20. DE BEIIAULT-DORNON (Arm. ),
Bruxelles.
28 avril 1887. *21. BRACONIER (Ivan), château de
Modave.
28 avril 1887. 22. CHARLES (Fr.-Jos.), commissaire-
voyer, 27, quai de la Dérivation,
Liège.
28juill. 1887. ==^23. FR.ANCOTTE (Gust.we), avocat,
18, l'ue Forgeur, Liège.
27 nov. 1891. *24. DE MIRBACH f comte ;, château de
Har/f {Fvu^SQ rhénane).
27 nov. 1891. *25. L'HOEST (Isidore), directeur au
chemin de fer du Nord, 7. place du
Parc, Liège.
27 nov. 1891. 26. DAVIN-RIGOT, l atinne.
27 nov. 1891. *27. HORSTMANS ( Albert ^ 62, rue de
P'étinne, Liège.
27 mars 1891. 1891. *28. DE SÉLYS DE BRIGODE (baron
Raphaël), 38, boulevard de la Sau-
venière , Liège.
31janv.l889. 31 déc. 1893. *29. BREULS (Paul), Henné, par
Ghênée.
24oct. 1862. 27avrill894. *30. DE HEMRICOURT DE GRUNNE
{ COMTE Arthur ) , docteui- en droit ,
sénateur, château de Hamal, par
Tongres.
22 juil. 1895. 22 juil. 1895. *31. MONTEFIORE-LEVI (G. ), château
du Rond- Chêne, par Esneux.
27 déc. 1895. 32. HALKIN (LÉON), chargé de cours â
l'Université, 107, rue de Fétinne,
Liège.
— XIV —
Date de l'entrée Date de l'admission
à riiislilul eniniDi; iinmbre cnrrespnn'lant.
29 mai 1896. 33. STAMATIADIS ( Epaminondas ) ,
chancelier de la principauté de
Samos, Vathy.
24 fév. 1896. 24 fév. 1897. *84. GONNE (ADOLPHE), avocat, 5rmz.^es'.
24 fév. 1897. 35. HOLZER (H.), professeur à l'Uni-
versité, 30, boulevard Frère-Orban,
Liège.
25marsl886. 28 déc. 1898. 36. TERME (Georges), L%e.
24 fév. 1882. 28 déc. 1898. 37. DE GROULART ( Écuyer Hyacin-
the), major d'infanterie, Bruxelles.
26 mai 1899. 38. LOUSBERG (JOSEPH), architecte de
la Ville, 92, rue de Fragnée, Liège.
28 mai 1880. 27 avril 1900. *39. DE SÉLYS-FANSON (baron Ro-
bert), avocat, 68, avenue Blonden,
Liège.
aijanv. 1889. 27 avril 1900. *40. GAILLARD (Joseph), curé, Ge<?r.
27avrill894. 27 avril 1900. *41. GEYSSENS (J.), curé, Z>a^/ï<?m.
25nov. 1898. 27 avrill900. *42. PHOLIEN (Florent), 26, rue
Vinâve-d'Ile, Liège.
27 avril 1900. 43. FELLER (Jules), professeur à
l'Athénée royal , Verviers.
28 déc. 1900. 44. HÉNAUX (Firmin), instituteur,
Chanœhe, par Poulseur.
MEMBRES ASSOCIES.
Date de l'admission.
7 mai 1869. 1. DUBOIS (Léon), chanoine de la Cathé-
drale, 5, place Saint-Paul, Liège
15 avril 1875. 2. POSWICK (Jules), conseiller communal,
Verviers.
4 fév. 187f). 3. DEMANY (Emile), architecte, 95, boule-
vard de la Sauveuière, Liège.
• — XV —
Date de l'admission.
29 nov. 1878. 4. BIAR (Nicolas), ancien notaire, 120, bou-
levard d'Avroy, Liège.
28 mai 1860. 5. DE LHONEUX (M™'' Gustave), Huy.
28 mai 1880. 6. EVRARD M. J.), curé, Jehmj, par Amay.
28 mai 1880. 7. FRÉSART (Emile), rentier, 3, ru.j Bonne-
Fortune, Liège.
28 mai 1880. 8. DE GELOES (comte René), château
à.'Eysden (Hollande).
28 mai 1880. G. DE LAMBERTS-GORTENBACH (baron
Rodolphe), château de La Zangrie, par
Bilsen.
28 mai 1880. 10. DE PITTEURS DE BUDINGNE (baron
Léon), docteur en droit, 83, rue Louvrex,
Liège.
5 mars 1883. 11. DE MÉLOTTE (chevalier Victor),
château de Basses- Aicirs, parEngis.
9 mars 1883. 12. POSWICIv ( Prosper ) , château de
Tiltange, par Huy.
31 mars 1883. 13. DE GOER DE HERVE (baron Eugène),
Bomœelles.
20 avril 1883. 14. DORY (Isidore) , professeur honoraire
de l'Athénée, 42, rue des Clarisses, Liège.
30 nov. 1883. 15. DE POTESTA (Paul), docteur en droit,
château A'Hermalle, par Engis.
30 nov. 1883. 16. GHARLIER (Jean), négociant, 21, rue
André Dumont, Liège.
30 nov. 1883. 17. ORBAN DE XIVRY (Jules , château de
Gaillarmo7it, Grivegnée.
30 nov. 1883. 18. SLÉGERS (Joseph), docteur en droit,
Tongres.
Janvier 1885. 19. DENIS-DEVIGNE (j! J.), négociant, 14,
rue d'Amay , Liège.
29 avril 18.86. 20. WILMART (Charles), docteur en droit,
3, place S'-Paul, Liège.
Mai 1887. 21. HAULET, fonctionnaire au chemhi de
fer de l'Etat, 30, rue Kiukempois, Liège.
— XVI —
Date de l'admission.
28 fév. 1890. 22. FIRKET ( Charles), professeur à l'Uni-
versité, 8. place Sainte-Véronique, Liège.
27 mai 1890. 23. NAGELMACKERS-PASTOR (Ernest),
20, boulevard d'Avroy, Liège.
8 août 1890. 24. LOHEST (Fernand), architecte, 8, rue
Sainte-Croix, Liège.
28 uov. 1890. 25. THÉÂTRE, Otrange, par Oreye.
28 nov. 1890. 26. DE THIER (chevalier Léon), proprié-
taire du journal la Meuse, 10, Jjoulevard
de la Sauvcnière Liège.
28 nov. 1890. 27. DIGNEFFE (Emile), avocat, 26, rue
Fuscli, Liège,
30 juil. 1891. 28. DULAU, 37, Soho Square, Londres.
8 janv. 1892. 29. LE JOLY (Edouard), 21, rue de l'Har-
monie, Liège.
1894, 30. PICARD (Edgard), ingénieur, directeur
des établissements de la Vieille-Mon-
tagne, Jemeppe-sur- Meuse.
1894. 31. LEDRU (Léon), artiste-peintre-verrier,
Val-Sain t- Lambert.
1895. 32. BAAR ( ALFRED ), 4, rue Lebeau, Liège.
25 mai 1894. 33. HOUTART (Maurice), docteur en droit,
Tournai.
Juin 1894. 34. DE GÉRADON (chevalier Maurice), 21,
boulevard Piercot, Liège.
30 nov. 1894. 35. DE SÉLYS - LONGCHAMPS (baron
Walter), sénateur, château de HaUoy,
par Ciney.
22 juil. 1895. 36. MONTEFIORE-LEVI (Madame G.), châ-
teau du Rond-Chêne, par Esneux.
29 nov. 1895. 37. DE RUDDER i Henri ) , ingénieur ,
Boussu-lez-Mons.
29 nov. 1885. 38. PHILIPPART (A.), ingénieur, 44, avenue
Blonden, Liège.
24 déc. 1896. 39. HARROY, directeur de l'Ecole normale,
Verviers.
— XVII —
Date as l'adm'ssion.
2G mars 1807. 41). 0P11()VJ-:N (Lkon). 17, rue Mont S;uiiL-
Martin, Liège.
2G mars 1897. 11. DE BUGGKNOMS Louis), avocat,
10, place de Bronckart, Liéuc.
20 iiov. 18'.)7. 42. KKVKUKiND ABBÉ DE L'ABBAM'. DT
VAL-J)IEU, Charneux.
31 déc. 1807. 43. PXUIERMONT (I), conseiller de k-alioii
do S. M. le Roi des Belges, château de
Leir/non, par Ciney.
25 mars 1898. 41. 11I-:NKIJEAN (Fr.), professeur à lUni-
vei'sité, .32, boulevard de la Sauvonière,
Liège.
25 mars 1898. 45. NEUVILLE (Léon), avocat, 4'), rue du
Jardin-Botanique, L^iège.
25 mars 1898. 46. HOUSSARD (Ernest), 24, place de la
Cathédrale , Liège.
29 avril 1898. 47. FAYN (Joseph), directeur de la Société
anonyme du Gaz, 29, avenu(> Ro,^n(M%
Liège.
25 nov. 1898. 48. GRÉMER (Auguste), château de ]>èln-
lieid, par Verviers.
25 nov. 1898. 49. CHAUDOIR ( Jacques ) , château <le
LUimoir-Lassus , par Hamoir.
30 déc. 1898. 50. RASQUIN (Georges), avocat, 0, rue
Laruelle, Liège.
24 nov 1809. 51. KLINCKSIEK, libraire-éditeur, rue de
Lille, Paris.
24 nov. 1899. 52. STRAVEN (François), paléographe,
Saint-LYond.
29 déc. 1899. 53. ORBAN ( HENRY ), 59, rue Mont-Saint-
Martin, Liège.
28 déc. 1899. 54. DUBOIS (ADOLPHE), conservateur des
collections du Cercle « L^es Amis du
Vieux-Liège^^, 2G, rue Mont-S'-Martin,
Lièf/e.
— XVIII —
Date de l'admission.
26 jaiiv. 1900. 55. VAN DER HEYDEN A HAUZEUR
(Adolphe), 09, Val-Benoit, Liège.
26 janv. 1900. 56. COMBLEN (Paul), archilocte, 3:;, rue
dos Augustins, Liège.
20 janv. 1900. 57. DUCHESNE (Eugène), professeur d'his-
toire à l'Athénée royal, 1 , rue Nainiette,
Liège.
Ti avi'il 1900. 58. FALK, fils, libraire, 15-17 , rue du Par-
chemin, Br-uxeUes.
27 mai 1900. 59. VAN ZUYLEN (Paul), industriel, 52,
quai des Pécheurs, Liège.
;]0 nov. 1900. 60. rONGELET (Henri), imprimeur-éditeur,
8, l'ue Bassenge, Liège.
;^0 nov. 1900. Cl. VANDEVELD (A.), directeur de la BiUio-
grapliie de Belgique, Bruxelles.
28 déc. IDOO. 02 FRÉSART (Féllk), hanquier, 9, rue
Sœurs-de-Hasque, Liège.
GETTY CENTER LINRARY
iliii iiii liilli ili iil mil II II iJlli
3 3125 00671 4543