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Full text of "Bulletin de l'Institut archéologique liégeois"

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THE  J.  PAUL  GETTY  MUSEUM  LIBRARY 


BULLETIN 


L'INSTITUT  ARCHÉOLOGIQUE 


LIEGEIOISi 


BULLETIN 


DE 


MOiïi 


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iRCHEOLOGlOOI 


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LIEGEOIS. 


roME  xxrx.  —  V'  livraison. 


LIBaE 

r.ÉON    i'E   THIER,    BOUI.EVARU    1>E    f.A    SAUVBNIÈI4E,    10 

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GEiTY  (ifUitH  il&mf,^ 


RAPPORT 

SUR  LES  TRAVAUX  DE  L'INSTITUT  ARCHÉOLOGIQUE 
LIÉGEOIS  PENDANT  L'ANNÉE    1899 


Messieurs, 

Aux  termes  de  l'article  VII  de  nos  Statuts  :  «  Le 
»  Secrétaire  présente,  chaque  année,  un  rapport 
»  détaillé  sur  les  travaux  de  l'Institut,  sur  les 
»  acquisitions  faites  et  sur  les  objets  et  livres  offerts.  » 

Nous  allons,  en  conséquence,  avoir  l'honneur  de 
vous  rappeler  aussi  brièvement  que  possible  les 
divers  événements  qui  ont  marqué,  en  1899,  la  vie 
de  la  Société,  tant  au  point  de  vue  de  son  activité 
intellectuelle  et  des  publications  ,  qu'en  ce  qui  con- 
cerne le  Musée  et  ses  collections  d'antiquités. 

Les  procès-verbaux  de  mon  honorable  prédé- 
cesseur montrent  combien  les  séances  mensuelles 
ont  été  fréquentées  pendant  l'année  qui  vient  de 
s'écouler  et  avec  quel  zèle  vous  avez  bien  voulu. 
Messieurs,  continuer  à  vous  occuper  de  toutes  les 
questions  pouvant  contribuer  à  la   prospérité  de 


-  ÎI  - 

l'institut.  Questions  parfois  délicates,  comme  celle 
de  l'Association  pour  l'étude  de  l'ethnographie  de  la 
Belgique  ancienne,  que  vous  avez  su  résoudre  à  la 
satisfaction  du  promoteur  de  l'œuvre,  M.  Eugène 
van  Overloop ,  tout  en  maintenant  l'Institut  archéo- 
logique liégeois  dans  la  sphère  d'action  lui  assignée 
par  les  Statuts. 

Aux  réunions  de  la  Fédération  des  Sociétés  d'his- 
toire et  d'archéologie  de  Belgique,  votre  délégué, 
M.  Joseph  Halkin,  a  pris  une  part  active  aux  discus- 
sions pour  tâcher  d'obtenir  une  organisation  scien- 
tifique du  bureau  permanent  et  pour  combattre 
l'institution  des  Congrès  annuels,...  mais,  ici,  il  faut 
l'avouer,  sans  aucun  succès!  L'Institut  reste  cepen- 
dant convaincu  que,  s'il  est  aisé  et  même  agréable 
de  se  réunir,  chaque  année,  il  n'en  est  pas  moins 
impossible,  au  bout  d'un  laps  de  temps  aussi  court, 
de  réunir  les  éléments  nécessaires  pour  constituer, 
d'une  façon  durable,  de  véritables  Congrès  utiles  au 
développement  et  au  progrès  de  l'archéologie  et  de 
l'histoire. 

Cette  manière  de  penser  n'empêchera  pas  l'Ins- 
titut de  contribuer,  dans  la  mesure  du  possible,  au 
succès  du  Congrès  de  la  Fédération  qui  se  tiendra  à 
Hasselt  au  mois  d'août  prochain,  réunion  qui  nous 
touche  de  près,  puisque  l'article  premier  de  nos 
Statuts  revisés  a  étendu  notre  champ  d'études  et  de 
recherches  aux  anciennes  dépendances  du  pays  de 
Liège  qui,  vous  le  savez,  comprenait  autrefois  la 
presque  totalité  du  sol  actuel  de  la  province  de 
Limbourg. 


—  III  — 


Vous  avez  Mussi  pu,  l'an  dernier,  sauver  de  la  des- 
truction et  de  l'oubli,  des  souvenirs  intéressant 
notre  ville:  la  pierre  dite  des  Bourgmestres,  mise  au 
jour  par  nos  soins  dans  le  jardin  de  la  maison  n°  13, 
rue  de-^  Bavards,  montre,  en  dessous  du  perron  en- 
touré d'armoiries,  les  deux  inscripiions  suivantes. 

Sur  une  face  : 

Messir  Henri  comte 

DE  Rivière  et  Heers,  etc. 

BOVRG™!"^  ET  Sebastien 

de  ea  Rvelle  S^"  dv 

Conseil  ordre  bovrg.  1631 

Sur  la  face  opposée  : 

Messir  Edmond  baron 
DE  Schwartzenberch,  etc. 

ET  Gérard  Charles  S'" 
DV  Conseil  ordre  de  S.  Al. 

AMBEDEUX    BOVRG.    1632 

Une  autre  inscription,  découverte  au  cimetière 
de  Robermont,  est  en  belle  écriture  gothique  ; 
d'après  M.  le  docteur  Alexandre,  la  pierre  qui  la 
contient  a  dû  se  trouver  autrefois  enchâssée  dans  le 
mur  d'enceinte  du  grand  jardin  de  l'Abbaye  de  Ro- 
bermont, mur  dont  l'inscription  rappelle  l'érection, 
en  1535,  par  Erard  de  la  Marck  et  à  ses  frais. 


—  îv  - 
En  voici  le  texte  : 

EXPENSIS.      REUERENDISSIMI     •    ET     •    ILLUSTRISSIMI 

PRINCIPIS    •    ERARDI    •    DE    •    MARCKA   •    CARDINATJS 

ARCHIEPI    •    VALEN    •    EPI    •    LEODIEN    •   DUCIS 

BULLON    •    COMITIS    •    LOSSEN    •    HOC    •    OPUS 

ERIGITUR    •    ANNO    •    1535 

Au  mois  de  juin,  l'Institut  a  eu  la  satisfaction  de 
recueillir  le  fruit  des  démarches  qu'il  avait  faites 
auprès  du  Gouvernement:  les  boiseries  gothiques  de 
l'ancienne  porte  de  l'abbaye  Saint-Laurent  ont,  en 
effet,  été  transportées  au  Musée  par  les  soins  de 
l'autorité  militaire. 

Grâce  à  la  généreuse  intervention  de  la  Ville  de 
Liège,  notre  Société  a  encore  empêché  l'aliénation 
ou  la  perte  de  trois  pierres  tombales  de  la  chapelle 
duchâteaude  Sclessin,  dont  la  plus  importante,  celle 

de  «l'illustre  et  vaillant  noble  home  seigneur  Arnolt 

de  Berlo,  comte  de  Hosemot...»,  passe  pour  une  des 
plus  riches  sculptures  de  l'espèce  signalée  dans  la 
région. 

Ce  monument  repose  (brisé  en  deux  fragments) 
dans  le  couloir  d'entrée  de  la  maison  Curtius. 

Puisse-t-il  ne  plus  y  rester  seul  longtemps! 

Malheureusement,  la  question  du  transfert  du 
Mont-de-Piété  et  la  création  de  nouveaux  musées 
dans  ses  locaux  (hôtel  Curtius)  est  restée  absolu- 
ment stationnaire;  par  contre,  la  maison  Porquin 
est  toujours  debout  !  Serait-ce  un  heureux  effet  de 
la  visite  faite  au  premier  magistrat  de  la  Cité  par  les 
délégués  ayant  à  leur  tête  notre  si  sympathique  et  si 


—   V   — 


influent  collègue,  M.  le  baron  Edmond  de  Sélys- 
Longchamps  ?  Ou  bien  ce  vieux  souvenir  ne  sub- 
siste-t-il  qu'en  aitendnnt  une  mortprocbaine  et  pour 
Tunique  raison  que  les  jiouvoirs  compétents,  non  con- 
vaincus de  son  caractère  monumental,  hésitent  sur  la 
meilleure  destination  à  donner  à  son  emplacement?. . . 
Bien  des  choses  ont  été  dites  à  ce  sujet  et  nous 
n'avons  pas  perdu  tout  espoir  ;  pourquoi  ne  trouve- 
rait-on pas  encore  poui'  la  maison  Porquin  une 
destination  utile?  L'idée  de  la  convertir  en  mess 
d'officiers  n'a-t-elle  pas  des  défenseurs  sérieux  ? 


Quant  au  Bulletin,  rarement  l'Institut  a  pu  pré- 
senter à  ses  membres  et  au  public  un  volume 
aussi  particulièrement  intéressant  Liège  que  le  tome 
XXVIIL  Un  des  érudits  rapporteurs,  à  propos  du 
travail  de  M.  Poncelet,  ne  nous  a~t-il  pas  déclaré 
que.  dans  ses  grandes  lignes  et  envisagé  d'une  façon 
générale,  ce  mémoire  était  si  bien  conçu  et  si  com- 
plet qu'on  se  demiiide  quel  travail  pourrait  encore 
être  écrit,  dans  l'avenir,  sur  les  bons  métiers  de  la 
cité  de  Liège  ? 

La  «  Fiole  d'Evhodia  »  est  d'une  lecture  pleine 
d'attrait  et  d'érudition  et  son  savant  auteur 
(S.),  M.  Henri  Schuermans,  a  eu  raison  de  nous 
dévoiler  son  nom  dans  les  tirés  à  part  d'une  aussi 
intéressante  monographie. 

De  son  côté,  M,  Jos.  Ern.  Demarteau,  en  étudiant 
les  relations  de  Liège  avec  les  principautés  ecclé- 


—  YI   — 


siastiques  de  rAUemagne  occidentale,  a  montré  sous 
un  jour  tout-à-fait  nouveau  des  questions  impor- 
tantes pour  l'histoire  de  notre  pays. 

Les  mélanges  de  notre  collègue,  M.  Michel  Huis- 
man.  touchent  à  la  vie  économique  de  la  princi- 
pauté de  Liège  dans  la  seconde  moitié  du  XVIL  siè- 
cle, et  par  là  môme  se  recommandent  à  l'attention  de 
chacun.  Les  notes  de  M.  Joseph  Brassinne  seront 
utiles  pour  la  confection  de  la  carte  archéologique 
de  la  province.  Le  compte-rendu  sur  les  recherches 
de  Noville  prouve  que  l'Institut  n'attendait  qu'un 
membre  instruit  et  dévoué  pour  reprendre  d'an- 
ciennes traditions  et  marcher  sur  les  traces  de  ceux 
qui  ont  tant  contribué  à  enrichir  nos  collections  et 
nos  bulletins  :  Le  comte  Georges  de  Looz,  Philippe 
de  Limbourg,  etc.  Enfin,  dans  un  article  nécrolo- 
gique court  et  substantiel,  notre  conservateur,  M.  le 
docteur  Alexandre,  rend  un  juste  hommage  à  Phi- 
lippe de  Limbourg,  décédé  inopinément  le  6  avril 
1898. 


Au  sujet  du  Musée,  il  s'est  passé,  l'année  dernière, 
un  fait  mémorable  ;  bien  qu'il  soit  toujours  délicat 
de  relater  des  événements  dans  lesquels  on  a  été 
amené  à  jouer  un  rôle,  ma  conscience  d'archéologue 
m'oblige  d'y  insister. 

Je  veux  parler  des  antiquités  romaines  de  Vervoz 
dont  s'occupaitdéjà  le  rapport  annuel  de  1866,  annon- 
çant que  «  M.  le  baron  Camille  de  Tornaco  avait  fait 


—    VII    — 


»  dans  sa  propriété  de  Vervoz  (commune  de  Clavier, 
»  arrondissement  de  Iluy)  une  trouvaille  extré- 
»  ment  imi)ortante;  la  Société  de  Namur,  à  laquelle 
»  les  objets  furent  proposés,  déclara  que  leur  place 
y>  naturelle  était  au  Musée  de  Liège  et  qu'elle  ne 
»  voulait  pas  les  lui  enlever.  Cette  découverte  — 

>  écrivait  M.  Stanislas  Bormans  —  qui  diffère  abso- 
y>  lument  de  toutes  celles  qui,  jusqu'aujourd'hui, 
»  ont  été  faites  en  Belgique,  demande  un  rapport 
»  détaillé,  pour  lequel  il  faudrait  un  examen  atten- 
»  tif  des  lieux.  Nous  sommes  en  instance,  ajoutait 
»  le  rapporteur,  pour  obtenir  l'autorisation  néces- 

>  saire  à  cet  efïet,  en  même  temps  que  le  dépôt  des 
»  objets  découverts  à  notre  Musée.  > 

Par  suite  d'événements  multiples  étrangers  à 
l'archéologie,  les  instances  entamées  ne  purent 
aboutir  et  ces  antiquités,  qui  consistaient  surtout  en 
restes  d'architecture  provenant  d'un  monument 
gallo-romain,  furent,  tout  au  moins  en  partie,  trans- 
portées près  d'un  étang  dépendant  du  château  de 
Vervoz  oti  elles  demeurèrent  jusqu'en  janvier  1899, 
exposées  à  toute?  les  intempéries  et  aussi  à  la  mal- 
veillance ! 

D'après  le  souvenir  des  gens  de  la  localité,  quatre 
pierres,  parmi  les  plus  délicates,  auraient  même  été 
enlevées  à  une  époque  récente  ;  heureusement  qu'il 
nous  reste,  entre  autres  choses,  le  superbe  fût  de 
colonne  orné  d'un  personnage,  pièce  unique  en  son 
genre  en  Belgique  et  d'une  haute  valeur  archéolo- 
gique. 

Eh  bien.  Messieurs,  grâce  à  une  donation   intel 


—   VIII  — 


ligente,  ces  précieux  débris,  attendus  depuis  trente- 
trois  ans,  sont  devenus  la  propriété  de  la  Ville  de 
Liège  qui  vous  en  a  confié  le  dépôt. 

En  consentant  cette  magnifique  libéralité,  Madame 
la  comtesse  de  Borchgrave  d'Altena,  douairière  du 
baron  Camille  de  Tornaco,  et  Monsieur  le  baron 
François  de  Tornaco,  ont  voulu  non  seulement 
accomplir  un  devoir  scientifique,  mais  aussi  respec- 
ter le  pieux  souvenir  de  leur  défunt  fils  et  frère  : 
la  donation  étant  faite  en  mémoire  du  baron 
Auguste  de  Tornaco. 

En  témoignant  notre  gratitude  à  la  Ville,  qui  a 
même  supporté  seule  les  frais  du  transport  des  anti- 
quités à  Liège,  remercions  publiquement  aussi  M. 
Firmin  Hénaux  ;  sans  être  membre  de  l'Institut  et 
d'une  façon  aussi  modeste  que  désintéressée,  ce 
zélé  collaborateur,  à  cette  occasion  encore,  nous  a 
rendu  les  plus  sérieux  services,  aidé  de  M.  Lurkin, 
régisseur  à  Vervoz. 

D'autres  dons  moins  considérables  sont  ren- 
seignés au  chapitre  spécial  qui  les  énumère  :  vous 
en  apprécierez  tantôt  le  mérite  et  la  valeur.  Malgré 
le  désir  d'insister  ici  sur  quelques-uns,  je  crois 
devoir  abréger  et  aborder  un  autre  ordre  d'idées. 

Dans  son  dernier  rapport,  votre  honorable  secré- 
taire, en  saluant  l'année  1900  qui  est  pour  l'Institut 
archéologique  hégeois  la  cinquantième  de  son 
existence,  vous  avait  annoncé  «  l'historique  de  ce 
demi-siècle  de  travaux  archéologiques  »,  en  émet- 
tant le  vœu  de  voir  l'installation  du  Musée  à  la 
maison  Curtius  concorder  avec  cet  anniversaire. 


—  IX  — 


Je  pense  aussi,  avec  M.  Joseph  Hnlkin,  que  si 
l'anniversaire  de  la  Société  doit  èlre  célébré  d'une 
façon  officielle  ,  il  convient  de  réserver  cette 
solennité  pour  l'hôtel  Curtius  ;  cependant,  comme 
la  transformation  de  ce  monument  en  musée  n'est 
qu'un  projet,  peut-être  ferions-nous  bien,  Messieurs 
et  chers  Collègues,  de  jeter  ensemble  quelques 
regards  vers  le  passé,  sans  vouloir  aller  sur  les 
brisées  de  celui  qui  aura  un  jour  l'honneur  de  vous 
faire  l'historique  des  travaux  de  l'Institut,  annoncé 
par  mon   prédécesseur. 

Nous  désirons  simplement  ici,  attirer  votre  bien- 
veillante attention  sur  certaines  considérations 
relatives  aux  statuts,  puisqu'une  proposition  de  révi- 
sion a  été  déposée,  en  1899,  et  rappeler  certains 
faits  concernant  les  locaux  du  Musée,  puisqu'on  a 
la  perspective  d'un  transfert  de  nos  collections,  ce 
qui  nous  amènera  à  dire  un  mot  de  la  propriété  de 
ces  dernières. 


C'est  le  4  avril  1850  qu'une  Société  fut  fondée  en 
notre  ville  sous  le  titre  d'Institut  archéologique 
liégeois  pour  rechercher,  rassembler  et  conserver 
les  œuvres  d'art  et  les  monuments  archéologiques 
que  renferme  la  province.  La  nouvelle  société  limi- 
tait donc  son  champ  d'action  aux  bornes  de  la  pro- 
vince actuelle,  ce  qui  lui  procurait  déjà  un  cercle 
d'activité  suffisamment  étendu  et  empêchait  les 
rivalités  ou  compétitions. 


—   X   — 


L'Institut  se  composait  :  de  16  membres  ofifectifs 
domiciliés  à  Liège,  de  45  membres  honoraires  choi- 
sis parmi  les  savants  étrangers  et  nationaux  domici- 
liés hors  de  la  province  et  d'un  nombre  illimité  de 
membres  correspondants. 

Comme  aujourd'hui,  les  membres  honoraires  et 
correspondants  assistaient  aux  séances  sans  voix 
délibérative.  Malgré  ral)sence  de  subsides  réguliers 
à  celte  époque  relativement  heureuse,  les  membres 
effectifs  seuls  étaient  astreints  à  payer  une  cotisation 
et  encore  ne  la  devaient-ils  qu'en  cas  de  nécessité. 

Un  règlement  pour  la  publication  du  Bulletin 
complétait  les  statuts  ;  nous  y  trouvons,  comme  me- 
sure intéressante  à  mentionner,  l'interdiction  d'insé- 
rer aucun  article  qui  n'aurait  pas  été  préalablement 
lu  en  séance. 

En  1857,  une  première  revision  des  statuts  vint 
étendre  la  sphère  d'action  de  l'Institut  aux  anciennes 
dépendances  du  pays  de  Liège,  réduire  le  nombre 
des  membres  honoraires  à  trente,  en  faisant  dispa- 
raître toute  condition  spéciale  d'éligibilité,  limiter  le 
nombre  des  membres  correspondants  à  cinquante  et 
créer  la  catégorie  des  membres  associés.  Le  prési- 
dent est  alors  nommé  pour  cinq  ans,  la  cotisation 
pour  les  membres  effectifs  et  associés  est  provisoi- 
rement fixée  à  dix  francs  et  la  lecture  de  tout  article 
en  séance  continue  à  être  une  condition  essentielle 
de  son  adoption  ou  insertion. 

Cette  clause  d'une  exécution  peu  fatigante  au 
temps  oli  le  Bulletin  contenait  des  wallonnades, 
disparut  avec  la  création  du  Comité  de  publication 


—  XI    - 

lors  du  dernier  remaniement  des  statuts,  le  13  avril 
1877.  Depuis  cette  époque,  les  fonctions  de  tout  le 
Bureau  furent  à  nouveau  rendues  annuelles  et  le 
maximum  des  membres  effectifs  a  été  porté  à 
trente,  chiffre  re2rardé  alors  comme  très  considérable 
.pour  un  Institut,  genre  d'associationqui,  par  essence, 
d'après  le  dire  de  vos  procè>-verbaux,  suppose  un 
nombre  limité  d'adhérents. 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  rappeler  que  nos  col- 
lègues de  1877  repoussèrent  pres(]u'à  l'unanimité,  la 
proposition  d'adopter,  pour  Liège,  des  statuts  ana- 
logues à  ceux  de  la  Société  archéologique  de  Namur, 
lesquels  n'admettent  qu'une  seule  catégorie  de 
membres  acquittant  une  annate  de  20  francs. 

D'une  façon  générale,  disons  au  sujet  des 

statuts,  que  leur  texte  et  les  discussions  y  relatives 
concordent  pour  affirmer  le  caractère  Jusqu'ici  essen- 
tiellement conservateur  de  notre  Société. 


Quant  aux  locaux,  c'est  dans  le  vieux  Palais  des 
Princes-Evêques  que  les  fondateurs  de  l'Institut 
cherchèrent  assez  naturellement  à  réunir  les  anti- 
quités, œuvres  d'art  et  curiosités  qui  affluèrent  bien- 
tôt au  sein  de  la  Société  nais-ante  ;  ses  collections  ne 
tardèrent  pas  à  former  le  noyau  d'un  vérita  ble  musée  ; 
malheureusement,  elles  eurent  à  subir  des  vicissi- 
tudes de  genres  divers. 

Nos  premiers  apports  furent  rassemblés  dans  une 
salle  du  rez-de-chaussée,  englobée  aujourd'hui  dans 


—    XII    - 

les  bâtiments  affectés  aux  archives  de  l'Etat,  local 
assigné  par  l'autoi-ité,  mais  si  obscur  et  si  hnmide, 
d'après  les  affirmations  d'Albert  d'Otreppe  de  Bou- 
vette,  que,  pour  préserver  les  objets  de  la  décompo- 
sition et  de  la  rouille,  on  dut  à  regret  quitter  le 
Palais  et  se  réfugier  à  la  bibliothèque  de  l'Université. 
■  Contraint  de  fuir  devant  l'invasion  des  livres, 
rinstitut  reçut  un  abri  momentané  à  la  Société 
d'Emulation  pour  en  être  bientôt  expulsé  par  la 
reconstruction  de  la  nouvelle  salle. 

Tout  notre  avoir  archéologique  fut,  à  ce  moment, 
recueilli  par  M.  Gustave  Hagemans,  qui  le  conserva 
plusieurs  années  dans  sa  demeure  de  la  rue  de  l'Uni- 
versité. 

Ce  n'est  qu'en  1854,  après  quatre  changements 
successifs  opérés  laborieusement  au  grand  détriment 
des  collections,  qu'un  «Musée  provincial  »  fut  établi 
au  premier  étage  donnant  sur  la  seconde  cour  du 
Palais.  Il  fut  alors  décidé  d'ouvrir  le  Musée  au  public 
liégeois,  dont  on  craignait  le  trop  grand  empresse- 
ment et  la  foule  ! 

Le  local  «très  convenable»  qui  paraissait  donner 
satisfaction  à  tous,  fut  inauguré  officiellement  le 
10  mai  1857.  Le  Gouverneur  de  la  Province,  qui 
présidait  la  cérémonie,  prononça  un  discours  dont 
nous  croyons  utile  de  rapporter  un  passage  aussi 
bien  en  situation  aujourd'hui  qu'il  y  a  43  ans,  parce 
qu'il  se  rattache  à  l'idée  d'une  transformation  de 
l'Institut  et  à  la  créaiion  d'une  section  d'art  décoratif 
ou  industriel,  question  plusieurs  fois  déjà  soulevée 
parmi  nous. 


—  XIII  — 

«  ....  Si  —  disait  l'honorable  baron  de  Macar  —  (te 
»  Musée  doit  raviver  la  science  préhistorique,  il 
»  pourra  rendre  aussi  des  services  réels  aux  arts  qui 

>  se  nourrissent  et  s'inspirent  de  la  tradition,  à  l'in- 
»  dustrie  elle-même  qui,  à  mesure  que  la  civilisation 
»  s'avance,  doit  recevoir  une  impulsion  de  plus  en 
»  plus  vive  de  la  science  et  des  arts. 

»  Ici,  les  élèves  de  notre  Académie,  nos  artisans 
»  aussi  et  notamment  les  sculpteurs,  graveurs  et 

>  ciseleurs,  les  ébénistes,  les  armuriers,  viendront 
»  chercher  des  modèles  qui   faciliteront,  aux  uns 

>  leurs  études  artistiques,  aux  autres  la  confection 
»  des  ouvrages  de  luxe  que  réclame  le  commerce. 

»  Ainsi  le  Musée  contribuera  à  atteindre  ce  double 
»  but  :  le  progrès  des  arts  et  des  œuvres  industriels 

>  en  même  temps  que  la  conservation  de  nos  vieux 

>  souvenirs  et  le  développement  de  la  science  histo- 

>  rique....  » 

Affecté  à  l'usage  de  l'Institut  par  dépêche  mini- 
stérielle de  1863,  le  local  tant  désiré  était  regardé 
comme  «  définitif  >  dans  le  Rapport  de  1865  ;  mais 
ce  «  définitif»  administratif  fut  de  courte  durée  ; 
la  reconstruction  partielle  et  l'agrandissement  du 
Palais  entraînèrent  encore  une  fois  le  déplacement 
forcé  des  collections  archéologiques  ;  l'offre  de  la 
Ville  de  se  contenter  de  l'anti-chambre  de  son 
Musée  de  tableaux  fut  jugée  inacceptable  et  alors.... 
oh  !  alors,  ce  fut  la  misère  complète  !  Les  richesses 
de  l'Institut  restèrent  réléguées  sous  les  com- 
bles du  Palais,  dans  une  mansarde  oii  elles  gisaient 
pêle-mêle  et  si  mal  protégées  contre  la  pluie  qu'en 


—  XIV 


1869,  le  Rapport  annuel  nous  apprend  que  ^  M.  le 
>  Conservateur,  pour  éviter  de  plus  grands  dégâts, 
•»  a  été  obligé  d'employer  toutes  nos  urnes  romai- 
»  nés  de  grande  dimension  pour  recueillir  l'eau 
«  découlant  des  toits  !  » 

Ajoutons  que,  de  son  côté,  un  procès-verbal  nous 
révèle  que  M.  le  docteur  Alexandre  avait  eu  la  sage 
précaution  d'emporter  chez  lui  les  bijoux. 

Cette  situation  déplorable  dura  jusqu'en  1873, 
époque  oîi  les  salles  actuelles  commençaient  à  être 
appropriées  ;  l'emménagement  des  objets  se  ter- 
mina, en  1874,  <  avec  l'aide  des  artilleurs  que  M.  le 
»  colonel  Daubresse  voulut  bien  mettre  à  la  dispo- 
»  sition  du  bureau  >,  et,  en  1875,  notre  Musée  fut 
officiellement  inauguré.  La  cérémonie  se  fît  avec 
d'autant  plus  de  solennité  que  l'inauguration  cor- 
respondait au  25^  anniversaire  de  la  fondation  de 
l'Institut. 

Dans  les  discours  prononcés,  une  chose  surtout 
est  à  retenir  :  c'est  «  l'assurance  formelle  donnée 
»  par  le  Ministre  de  l'Intérieur,  M.  Delcour,  que  si 
»  un  jour  l'Institut  archéologique  venait  à  dispa- 
»  raître,  ses  collections  deviendraient  la  propriété 
»  de  la  Ville  de  Liège.  > 

Cette  promesse  ne  peut  laisser  indifférente  une 
Société  qui  n'a  pas  la  personnification  civile  ;  elle 
trouve  son  explication,  non  dans  le  texte  des  statuts, 
qu'elle  contredit,  mais  dans  certaines  circonstances 
rappelées  dans  les  anciens  rapports  et  procès- 
verbaux. 

L'article  XI  des  statuts  primitifs  portait,  en  effet  : 


—    XV    — 


«  Les  objets  d'art,  d'antiquité,  etc.,  rassemblés  par 
»  la  Société  forment  un  Musée  qui  sera  la  propriété 
»  de  la  province  ». 

L'article  XII,  revisé  en  1857,  stipulait,  en  outre, 
que  ((  ce  Musée  est  établi  à  Liège,  dans  le  local  spé- 
»  cial  désigné  par  l'  administration  provinciale  ». 
Enfin,  lors  de  l'inauguration,  le  10  mai  1857,  le  pré- 
sident insistait  sur  ce  fait  que  le  Musée  liégeois  était 
propriété  de  la  province.  Malheureusement,  tous  les 
efforts  pour  mettre  le  Musée  sous  le  patronage  d'un 
pouvoir  public  échouèrent. 

Le  Rapport  de  M.  Stanislas  Bormans  sur  les  tra- 
vaux de  1865  nous  apprend  que  la  province  refusa 
catégoriquement  l'offre  du  Musée  par  l'Institut  à 
cause  des  grosses  dépenses  qu'elle  prévoyait  pour 
son  entretien...  Malgré  ce  fait,  la  revision  du  13 
avril  1877  maintint,  à  l'article  XII  de  nos  statuts 
actuels,  le  principe  que  «  le  Musée  est  la  propriété 
>  de  la  province  >. 

C'est  au  moins  étrange,  après  la  décision  suivante 
prise  en  séance  du  13  octobre  1865:  «  L'Institut, 
»  prenant  acte  du  refus  constant  de  la  province  d'ac- 
»  cepter  la  donation  des  collections  appartenant  à 
»  l'Institut  et  de  celles  appartenant  à  M.  d'Otreppe, 
»  déclare,  à  l'unanimité,  effacer  de  ses  statuts  et 
»  annuler  les  deux  premiers  paragraphes  de  l'arti- 
«  cle  Xll  et  de  les  remplacer  par  la  rédaction  : 
«  Les  collections  de  Vlnstittd  archéologique  lié- 
»  geois  sont  déposées  dans  le  local  accordé  par 
»  l'Etat  dans  le  ci-devant  palais  des  princes-évê- 
»  ques  ». 


—  XYI    — 


Le  simple  dépôt  consenti  par  le  Gouvernement 
dans  un  monument  de  l'Etat  est  encore  aujourd'hui, 
nous  semble-t-il,  l'expression  de  la  vérité. 

L'Institut  n'a,  sans  doute,  aucune  crainte  d'être 
jamais  privé,  malgré  lui,  du  local  actuel  dont  le 
Ministre  de  l'Intérieur  lui  a  assuré  la  «  possession 
définitive  et  perpétuelle  »,  suivant  déclaration  d'un 
procès-verbal  du  4  décembre  1862. 

Cependant,  l'intérêt  scientifique  ordonne  de  cher- 
cher ailleurs  et  la  Maison  Curtius  paraît  être  le 
rêve  de  tous  !  L'accomplissement  de  ce  beau  projet 
coûtera  certainement  bien  des  efforts  et  bien  des 
peines;  cependant,  je  le  répète,  la  solution, 
malgré  tout ,  s'impose  et  doit  être  défendue  par 
quiconque  tient  à  cœur  la  prospérité  de  notre 
Musée. 

A  cette  question  de  local  se  rattachera,  selon  nous, 
celle  de  la  propriété  de  nos  collections  elles-mêmes, 
et  si  nos  antiquités  deviennent  la  propriété  de  la 
Ville,  ce  doit  êire,  ne  l'oubliez  pas,  à  charge  de  res- 
pecter l'indépendance  et  la  liberté  d'action  de 
l'Institut. 

Il  y  aura  là  des  points  fort  délicats  qu'il  n'entre 
pas  dans  nos  intentions  d'aborder  ici  ;  je  crois  seu- 
lement que  nous  pouvons,  dès  maintenant,  penser 
aux  meilleurs  moyens  de  concilier  les  droits  et  obli- 
gations de  la  Ville,  d'une  part,  et  de  notre  Société, 
d'autre  part. 

Ce  n'est  pas  trop  tôt,  puisque  partout  on  parle 
d'une  Exposition  universelle  à  Liège  et  que,  dans 
cette  éventualité,  il  serait  excessivement  regrettable 


XVII    — 


de  ne   pouvoir  montrer  aux  étrangers  un  Musée 
archéologique  digne  d'une  ville  de  170,000  âmes. 

Mais  revenons  à  la  réalité  et  abordons  les  chapi- 
tre-^ spéciaux  qui,  chaque  année,  vous  donnent  le 
détail  de  notre  vie  intime  ou  scientifique 

r^  n>a"  u^v  isr  ci:  e:  :s 

L'année  1898  clôturait  par  un  déficit  de  fr.  316-17; 
l'année  1900  s'ouvre  avec  un  déficit  de  fr.  524-97. 
Cette  situation  ne  doit  étonner  personne  ;  elle  est  la 
conséquence  logique  et  fatale  de  la  publication,  en 
un  an,  d'un  volume  au  moms  aussi  considérable  que 
la  moyenne  de  ceux  que,  jadis,  l'Institut  mettait  deux 
années  à  faire  paraître. 

Si  la  dette  actuelle  n'est  pas  plus  considérable, 
c'est  que  les  achats  ont  été  presque  nuls  et  que  les 
fouilles  ont  été  dirigées  avec  une  stricte  économie. 

Jamais  nos  intérêts  financiers  n'ont  été  mieux 
gérés  que  par  notre  collègue,  M.  Brahy-Prost  ;  mais, 
à  notre  avis,  si  habile  que  soit  l'honorable  trésorier 
de  l'Institut,  il  devra  bien  lui  demander  de  mettre  à 
l'étude,  dans  un  avenir  prochain ,  le  moyen  d'aug- 
menter nos  ressources,  qui  ne  paraissent  plus  en 
rapport  avec  les  dépenses  normales  d'une  Société 
prospère. 

Nous  remercions  sincèrement  ici  le  Gouvernement, 
la  Province  et  la  Ville  de  Liège,  des  subsides  qu'ils 
ont  bien  voulu  continuer  à  l'Institut,  lequel  espère 
les  avoir  employés  à  leur  satisfaction. 


-   XVIII   — 

Voici  les  détails  des  comptes  : 

HKCETTES. 

Subside  .le  l'État fr.  1,000  » 

Sul)si(le  de  la  Province «  500  » 

Subside  de  la  Ville    .     .          »  500  » 

Subside  extraordinaire   de   la  Ville,  au  sujet  du 

transport  de  la  donation  de  Tornaco -  145  » 

Cotisations  des  membres »  1,315  » 

Vente  du  Bi(ZZe<?'«  et  intérêts  chez  le  banquier  .     .  »  43  10 


Total  :     fr.     3,503  10 


DEPENSES. 


Déficit  de  1898  .     .     ; fr.  310  n 

Achats  d'antiquités »  45    » 

Fouilles  et  recherches  archéologiques  .     .....  )>  17-2  10 

Bibliothèque.  —  Livres.  —  Reliures.  —  Echange 

de  publications »  125  80 

Bulletin  et  son  envoi »  2,0-2^2  60 

Assurances  contre  incendie »  96    » 

Bureau.  —  Circulaires.  —  Encaissements.  —  Com- 
missions de  banque »  136  10 

Concierges.  —  Pompiers  (l20-|-50~|-25)    ......  »  195    » 

Entretien  des  locaux.  —  Chauffage.  —  Eclairage. 

—  p]aux  alimentaires »  83  75 

Entretien  des  collections.  —  Réparations.  —  Res- 
taurations. —  Transports »  90  55 

Transport  de  la  donation  de  Tornaco »  U5    » 

Total  :  fr.  i,028  07 

RÉCAPITULATION. 

Dépenses fr.  i,028  07 

Recettes »  3,503  10 


Déficit  :  fr.  524  97 
l*i*(>Jet  <Ic   budget   |>4»ui*   1900. 

RECETTES. 

Subside  de  l'État .'....  fr.  I.UOO  » 

Subside  de  la  Province «  500  » 

Subside  de  la  Ville »  500  » 

Cotisations  des  membres »  1,200  >, 

Vente  du  Z?«<Z/<?^/>i  et  intérêts  chez  le  banquier.     .  »  50  » 

Total  :  fr.  3,2S0  » 


—  XIX   — 


DEPENSES. 


Déficit  (]e  1S9'J .          .  fr.  524  97 

Achats  d'antiquités »  350    » 

Fouilles >)  loO    » 

Bibliothèque »  100    » 

Bulletin »  1,500     » 

Assurances ....  »  96    » 

Bureau j)  150    » 

Concierges  et  gardiens »  195    » 

Entretien  des  locaux »  84  03 

Entretien  des  collections »  100    » 


Total  :     fr.     3,250    » 

Pendant  l'année  1899,  l'Institut  a  fait  pratiquer 
des  fouilles  en  deux  localités  :  à  Noville  lez-Fexhe, 
(Hesbaye),  et  dans  le  Bois  de  Gives,  commune  de 
Ben-Ahin. 

L'exploration  du  cimetière  gallo-romain  de  Noville 
s'est  effectuée  par  les  soins  de  M.  Lucien  Renard, 
qui,  dans  une  notice  substantielle,  a  donné  le  compte- 
rendu  des  travaux  de  recherches,  décrit  les  objets 
dont  il  a  pu  avoir  connaissance  et  reproduit  les  pote- 
ries et  armes,  ornements  ou  bijoux  les  plus  intéres- 
sants entrés  dans  nos  collections.  Pour  éviter  des 
répétitions  à  ce  sujet,  nous  renvoyons  au  tome 
XXVIII  du  Bitlletin,  en  vous  témoignant  toute 
notre  satisfaction  de  voir  l'Institut  suivre  l'exemple 
de  la  Société  archéologique  de  Namur,  et  consacrer 
aux  fouilles  une  partie  de  ses  efforts  et  de  ses 
ressources. 

Au  Bois  de  Gives,  trois  tumulus  ont  été  explorés  ; 
au  point  de  vue  matériel,  les  résultats  sont  à  peu 


—   XX  — 


près  nuls,  aucun  objet  ne  pourra  être  exposé  dans 
nos  vitrines,  mais,  au  point  de  vue  scientifique,  la 
configuration  de  deux  tombes  avec  cercles  de  pierres 
brutes  intérieures,  présente  des  particularités  dont 
l'Institut  a  compris  l'intérêt  en  décidant,  le  mois 
dernier,  Tinsertion  au  Bulletin  de  1900  du  compte- 
rendu  des  recherches  de  notre  jeune  et  savant  col- 
lègue, M.  Renard. 

Des  sondages  ont  aussi  été  opérés,  en  1899,  par 
M.  Davin-Rigot  aux  abords  de  la  station  préhisto- 
rique de  Framaset,  commune  de  Vieux-WalefFes,etc. 


nVETUJSE^E:, 


C'est  surtout  par  des  dons  ou  dépôts  que  nos 
collections  se  sont  accrues  l'an  dernier.  L'Institut 
adresse  ses  remercîments  à  tous  ceux  qui  ont  ainsi 
contribué  à  la  prospérité  du  Musée. 

1°  Anliqiiités  gallo-romaines  provenant  de  Vervoz  (commune 

(le   Clavier,  arrondissement  de   Huy),  déposées  par  la  Ville  de 

i.iége  et  tlonnées  par  Madame  la  comtesse  de  Borcligrave  d'Al- 

tona,  douairière  du   baron   Camille  de  Tornaco  et  par  le  baron 

François  de  Tornaco,  en  mémoire  du  baron  Auguste  de  Tornaco. 

Ces  restes  d'architecture  qui  ont,  nous  l'avons  vu,  une  impor- 
tance archéologique  considérable,  feront  l'objet  d'un  mémoire 
spécial  qu'a  bien  voulu  nous  promettre  M.  Franz  Cumont. 

2°  Quatre  objets  en  bronze  trouvés  à  Vervoz  :  moitié  supé- 
rieure d'une  aiguille  à  cheveux,  tête  allongée  et  ovoïde  ;  la  tige 
e«t  courbée  à  sa  partie  inférieure  ;  fragment  d'une  plaque  circu- 
laire dont  le  milieu  est  formé  d'un  ornement  en    verre   bleu 


—  XXI  — 

godronné;  partie  inférieure  d'une  petite  jambe  de  vache  (?)  peut- 
être  pied  votif  ou  amulette  ;  frafimenl  d'un  objet  indéterminé, 
circulaire  à  une  extrémité  et  concave  dans  la  partie  courbe. 
Don  de  M.  Lurkin,  régisseur  au  château  de  Vervoz. 

S"  Deux  scramasaxcs  et  un  fragment  de  poterie  franque  trou  - 
vés  à  Saint-Lambert,  commune  de  Paihle  (arrondissement  de 
Huy).  —  Don  de  M.  le  comte  Louis  de  Liedekerke  de  Paihle. 

4°  Objets  d'origine  gallo-franque  provenant  do  sépultures 
découvertes  dans  le  village  deModave  (arrondissement  de  Huy): 
patine  ronde,  terre  rouge  ordinaire  avec  ornements  à  la  roulette; 
patine  ronde,  pâte  grossière,  sans  ornements;  patère  en  terre 
rouge  pâle,  dure,  polie,  à  bords  veiticaux;  petite  patère  à  rebord 
saillant  et  vertical,  deux  bandes  noires  sur  la  surface  extérieure, 
pâte  rouge  pâle  et  polie;  petit  vase  en  terre  noire  grossière,  à 
panse  aplatie, et  anguleuse,  goulot  évasé  à  l'orifice,  sans  anses. 
Trois  francisques,  un  clou  en  fer  et  quatre  fragments  de  poteries. 

—  Déposés  par  M.  Ivan  Braconier. 

5°  Deux  monnaies  romaines, dont  un  moyen  bronze  de  Magnen- 
tius  et  un  moyen  bronze  de  Dioclétien,  trouvées  sur  les  hauteurs 
de  Vivegnis,  territoire  de  la  Ville  de  Liège.—  Don  de  M.  Jean 
Servais. 

6°  Objets  gallo-romains  trouvés  lors  des  fouilles  pratiquées  à 
l'emplacement  d'une  villa,  lieu  dit  :  Thier  Laurent,  commune  de 
Bois-et-Borsu  (arrondissement  de  Huy):  A.  Bronze  :  petite  coupe 
ou  patelle  ronde,  patine  terne  et  rugueuse.  Hauteur  34  "V™  ;  dia- 
mètre 75  "V""-  Bracelet  lisse,  sans  ornements,  patine  terne, 
rugueuse.  Diamètre  0""07  ;  Anneau  mince,  même  patine,  diamètre 
0'"025.  Fragment  de  fibule  arquée,  sans  ardillon,  longueur  0°'045. 

—  B.  Plomb  :  Fond  d  un  petit  vase  en  plomb,  carbonate  en  partie. 

—  C.  Fer:  Agrafe,  avec  ardillon  et  plaque  très  oxydée;  longueur 
0°>0115.  Trois  lamelles  très  oxydées,  longues  respectivement  de 
0'"10,  QU'ISS  et  ù^li.  Fragment  d'un  cristal  de  pyrite  (trouvé  dans 
une  sépulture).  —  D.  Terre  cuite  :  Grande  patine  ronde  en  terre 
rouge  polie,  dure  à  la  glaQure,  lisse;  bords  verticaux,  munie  d'un 
rebord  renversé;  hauteur  0"'092;  diamètre  0"i0165.  Fragment 
d'une  petite  patelle  ronde,  même  terre.  Fragment  d'un  vase  de 
même  pâte,  un  rang  d'oves.  —  E.  Os  :  Fragment  d'une  tige 
(aiguille  de  tête)  long  de  0'"05.  —  F.  Verre  :  Deux  fragments  de 
plaque  de  revêtement,  avec  irisation  et  nombreux  débris  de 
rases.  —  Déposés  par  M.  Firrain  Hénaux. 


—  XXII  — 

7°  Fragment  do  boucle  romaine  (?)  en  bronze,  trouvé  à  Rausa, 
commune  d'Ombret-Rausa,  —  Don  de  M.  le  curé  Loterman. 

8°  Bouteille  en  verre  blanc,  panse  globuleuse,  goulot  en  enton- 
noir. Hauteur  O^HS;  circonférence  maxima:  0™31.  Vase  en  terre, 
rouge  pâle,  couverte  noir  terne,  panse  pyriforme.  Hauteur: 
0"'16o;  circonférence  maxima  :  0"^325.  Vase  en  terre  rouge  pâle, 
couverte  de  sanguine,  même  type  que  le  précédent.  Hauteur: 
0"'13;  circonférence  maxima  :  0'"27.  Ces  trois  objets  proviennent 
«l'une  sépulture  gallo-romaine  découverte  au  lieu  dit  «Sur  l'Aite  », , 
commune  de  Limont  (Hesbaye).—  Don  de  M.  le  curé  Debrassinne. 

9^  Clef  en  fer,  du  moyen-Age,  trouvé  à  Latinne.  —  Don  de 
M.  Davin-Rigot. 

10°  Fenêtre  du  XVI«  siècle  avec  volet  et  ferrures  ouvragées, 
provenant  de  l'ancien  hôpital  de  Bavière.  Dépôt  de  la  ville  de 
Liège. 

11°  Pierre  avec  inscription  datée  de  1535  etci-dessus  mention- 
née, trouvée  dans  le  cimetière  de  Robermont.  —  Dépôt  de  la 
Ville  de  Liège. 

l"2o  Trois  pierres  tombales  susmentionnées,  provenant  de  la 
chapelle  de  l'ancien  château  de  Sclessin.  —  Dépôt  de  la  Ville  de 
Liège. 

13°  Plan  de  l'ancien  château  de  Logne,  levé  et  donné  par  M. 
Albert  Lecointe-Dupont. 

U°  Deux  frottis  de  la  double  inscription  de  la  pierre  dite  des 
Bourgmestres,  trouvée  rue  des  Bayards.  —  Don  de  M.  Paul  Lohest. 

15»  Six  photographies  d'objets  francs  et  romains  du  Musée  de 
Liège  et  une  vue  de  la  salle  d'Otreppe,  prise  au  dit  Musée.  — 
Don  de  MM.  Florent  Pholien  et  Berger. 

16°  Ardoise  percée  de  trous  provenant  des  ruines  du  château 
de  Beaufort,  commune  de  Ben-Ahin.  Ancienne  lampe  en  cuivre 
trouvée  dans  le  Condroz.  —  Don  de  M.  Marcel  de  Puydt. 

17°  Objets  provenant  du  bâtiment  d'entrée  de  la  caserne  Saint- 
Laurent  (ancienne  porte  de  l'abbayej  :  un  lambris  gothique 
mesurant  li^Si)  sur  2"i00,  comprenant  dix-sept  panneaux  parche- 
minés à  une  face;  un  lambris  gothique,  mesurant  l^SS  X  P^SO, 
comprenant  dix-sept  panneaux  parcheminés  â  deux  taces  et  cinq 
à  une  face.  Quinze  cimaises  d'une  longueur  moyenne  de  deux 
mètres,  dont  plusieurs  en  mauvais  état.  —  Quarante  briques  de 
foyer.  —  Déposas  par  le  Gouvernem.ent. 


—    XXIII   — 

18»  Fragnjeuts  d'une  unie  funéraire  trouvés  à  Omal  et  prove- 
nant des  restes  d'une  nécropole  ù.  incinération  du  premier  âge 
du  fer  (selon  nous),  découverte  par  M.  Gaillard,  curé  de  Geer. 
Une  urne,  à  peu  près  entière,  de  la  même  provenance  contenant 
à  l'intérieur  un  vase  minuscule,  a  été  déposée  par  M.  Gaillard 
dans  les  collections  de  l'Université  de  Liège.  —  Don  do  M.  l'abbé 
Gaillard. 

19°  Série  de  silex  taillés  néolithiques:  fragment  de  hache,  lames, 
grattoirs,  etc.,  trouvés  à  Olne  (arrondissement  de  Verviers)  ;  la 
Rochette,  commune  de  Chaufontaine  ;  Sauheid,  commune  d'Em- 
bourg  ;  Nomont,  commune  d'Ksneux,  et  près  de  la  ferme  de  la 
Famelette,  commune  de  Tillî.  —  Don  de  M.  .Jean  Servais. 

20°  Tranchant  de  hache  polie,  large  de  O^OO.s  ;  deux  frag- 
ments de  haches,  instruments  dit  retouchoir  et  une  lame,  trouvés 
à  Heure-le-Tixhe  ;  marteau  rond  brisé,  de  0'"n65  de  diamètre; 
un  nucléus  haut  de  O^OT  ;  une  lame  retouchée  et  un  grattoir, 
trouvés  à  Xhendremael  ;  une  pointe  de  flèche  en  amande;  un 
marteau  d'environ  0"^08  île  diamètre,  formé  du  corps  d'une 
hache  polie,  épaisse  de  0"'04l  ;  deux  fragments  de  haches,  dont 
un  long  de  0"'08I  n'est  qu'un  caillou  utilisé  et  repiqué  surtout 
vers  les  côtés,  provenant  du  lieu  dit  derrière  la  ferme  Ro  g  g  en, 
commune  de  Freeren.  Quatre  lames,  dont  une  retouchée  longue 
de  0'"04.'j,  six  fragments  de  haches  polies  et  un  nucléus  recueil- 
lis à  Wihogne  ou  aux  environs.  Toutes  ces  pièces  sont  néolithi- 
ques et  confectionnées  en  silex  identique  à  celui  rencontié  dans 
la  région,  un  seul  échantillon  esten  grès.  —  Don  de  M.  Léopold 
Debrassinne,  de  Wihogne. 

21»  Fragments  de  poteries  romaines  recueillies  dans  une  des 
cavernes  de  la  commune  des  Awirs,  dites  grottes  d'Engis.  — 
Don  dexM.  Ernest  Doudou. 

22°  Série  desilex  néolithiques  provenant  de  la  commune  d'Omal, 
trouvés  à  remplacement  d'un  atelier  ou  groupe  de  cabanes  pré- 
historiques paraissant  s'étendre  spécialement  dans  les  parcelles 
cadastrées  n°s  229b,  229c,  '2'27a,  23iD,  2-20  et302A/2,  section  unique. 
Cette  découverte  est  due  à  M.  Davin-Rigot,  de  Latinne,  et  à  M. 
l'abbé  Gaillard,  curé  de  Geer.  —  Don  de  MM.  Davin-Rigot  et 
Marcel  de  Puydl. 

23°  Série  de  silex  néolithiques,  lames  et  éclats  de  dégagement, 
trouvés  à  Eysden  (Limbourg  belge)  dans  un  gisement  situé  au 
milieu  des  dunes,  découvert  par  M.  Davin-Rigot.  —  Don  de  M- 
Marcel  de  Puydt. 


—   XXIV   — 

24°  Série  de  silex  provenant  d'une  nouvelle  station  de  l'âge  de  la 
pierre,  découverte  sur  le  territoire  d'Henri-Chapelle  (arrondis- 
sement de  Verviers),  près  du  lieu  dit  A  la  Croix  de  pierre  et 
diverses  collections  de  silex  néolithiques  recueillis,  entre  Rou- 
vray  et  les  Cahottes  (commune  de  Horion-Hozéraont),  à  Ombret, 
aux  lieux  dits  Thier  (XOlne  et  Sur  les  Communaux,  ei  à.  IWïï, 
Flémalle-Haute,  aux  Awirs.  non  loin  de  Banneux  (Louveigné) 
et  près  du  village  de  Wegnez  (arrondissement  de  Verviers).  — 
Don  de  M.  Marcel  de  Puydt. 

25°  Collection  d'antiquités  provenant  de  l'atelier  néolithique  de 
R.'iU.en.  Ces  objets,  garnissant  l'armoire  n'^  Ibis  de  la  salle  romaine 
sont  au  nombre  de  383  :  ils  ont  été  classés  et  étiquetés  de  fiicon 
à  montrer  les  diverses  phases  du  travail  du  silex,  depuis  le  bloc 
à  peu  près  brut,  jusqu'à  la  hache  polie.—  Dépôt  de  la  Ville  de 
Liège  et  don  de  M.  Mar';el  de  Puydt. 

Balance  en  fer  ouvragé  et  robinet  en  cuivre  du  XVIP  siècle,  45 fr. 
r»  "tJ"  :iB  n^  I  c::  ^^VT- 1  o  TSF  :s , 

Pendant  le  cours  de  l'année  1899,  l'Institut  a  publié 
le  tome  XXVIII  du  Bulletin,  comprenant  un  rapport 
de  XLVI  pages,  du  secrétaire,  M.Joseph  Halkin,  sur 
les  travaux  de  la  Société  pendant  l'année  1898,  et  les 
articles  suivants  : 

Edouard  PoNCEiip:T.  —  Les  bons  Métiers  de  la 
Cité  de  Liège. 

S.  —  Fiole  d'Evhodia  (de  Visé). 

Lucien  Renard.  —  Notice  sur  le  cimetière  belgo- 
romain  de  Noville. 

Joseph  Brassinne.  —  Notes  sur  quelques  décou- 
vertes d'antiquités. 


—   XXV 


Michel  Huisman.  —  Mélanges. 

J.  E.  Demartrat;.  —  Liège  et  les  principautés 
ecclésiastiques  de  l'Allemngne  occidentale. 

J.  Alexandre.  —  Nécrologie.  M.  Philippe  de  Lim- 
bourg. 

Ces  articles,  comportant  416  pages,  sont  accom- 
pagnés de  quinze  planches  hors  texte  et  de  trente- 
quatre  vignettes  dans  le  texte. 

13 1  :]B  H- 1 0  T7 1^  È  Q  TU  E2 . 

Voici,  d'après  notre  dévoué  bibliothécaire,  M. 
Erasme  Pâques,  la  liste  des  ouvrages  reçus  en  18S9: 

Dons  d'auteurs. 

B""  DE  Baye.  —  Communications  à  la  Société  des  Antiquaires  de 
France  concernant  les  Antiquftés  curieuses  trouvées  en  Caucasie. 
(Extr.  du  Bull.) 

Henri  Hymans.  —  Notice  sur  Alexandre  Robert ,  peintre  et 
membre  de  V Académie  de  Belgique.   (Kduc.  popul.) 

Jean  Malvaux.  —  Album  d'applications  pJiotographiques,  photo- 
typo-lithographie,  similigravure,  héliogravure,  etc.  Bruxelles,  rue  de 
Launay,  43. 

Théod.  Gobert.   —  Les  Rues  de  Liège,  t  HI*,  1899,  fasc.  14  à  17. 

Professeur  Schmidt  —  Techn.  Hochschule  à  Ai.t-la-Chapelle.  Trois 
Jurandes  photographies  représentant:  1"  Une  garde-robe  Louis  XV; 
2"  un   buffet  liégeois  Louis  XV  à  deux  corps  ;  8"  un  dito. 

Clément  Lyon.  —  Une  Crise  houillère  en  Belgique  en  1796.  ("Extr. 
Educat.  popul.,  1899.) 

Ulysse  Chevalier.  —  L'Abbaye  de  Silos.  (Tiré  à  part.) 

Hugues  Vaganay.  —  Les  Traductions  du  Psautier  en  vers  latins 
au  16^  siècle.  Fribourg,  1898. 

E.  Magnette.  —  L'Enseignement  de  l'Histoire  dans  les  Classes  su- 
périeures des  Athénées.  Tournai. 

C*  Albéric  d'Auxy  de  Launois.  —  A  propos  d'une  Protnenade  à 
Havay  et  à  Givry  et  du  Mercure  de  la  Sablonnière.  (7  cet.  1898  ; 
Extr.  Ann.  Cercle  arch.  Mons). 

Clément  Lyon.  —  L'Education  populaire,  n°*  42,  45,  1S99,  et  n°  1, 
1900. 

.los.  Brassinne.  —  La  Première  Histoire  de  Huy,  l'œuvre  de  Mau- 
rice de  Neufmoustiers,  publiée  avec  introduction  et  notes.  (Extr.  du 
BuUet.  de  la  Soc.  dart  et  d'hist.  de  Liège,  t.  Xll,  1899.) 


—  XXVI   — 

Matot  Braine.  —  Ahnanach-annuaire  historique,  administratif  et 
eotnmercidl  de    la  Marne,  de  V Aisne  et   des  Ardennes.  Reims.  1899. 

Knvoie^  «le  Soeiétés. 

Fédération  historique  et  archko^ogique  de  Belgique.  —  Congrès 
de  Malines,  1897,  2'  vol. 

Id,  —  Documents  du  Congrès  archéologique  et  historique  d'En- 
ghien,l"  ei'2*fR?c.,]89S. 

Dons  cJivei's. 

L.  Detrixhe,  à  Stavelol.  —  Lff  Bataille  de  Fontenog ,  poème  de 
Voltaire,  br.  in-12. 

Id.  —  Abrégé  de  la  Vie  et  des  Miracles  de  St-IIubert,  patron  des 
Ardennes,  hroch.  in-18. 

Gouvernement  provincial.  —  Exposé  de  la  situation  administra- 
tive de  la  province  de  Liège  en  1899. 

Id. —  Trois  annexes,  id. 

ScHUERMANS.  —  Les  rcUques  de  la  B.  Julienne  de  Cornillon. 
Nivelles,  1899.  (Ext.  du  t.  Vil  des  Annales  de  la  Soc.  arch.  de  Nivelles). 

Van  DE  Casteele.  —  Programme  du  Concours  national  et  interna- 
tional des  anciennes   Gildes  et  Corporations,  br.  in-4°,  ii   fig.,  2  ex. 

Abonnements  et  Aetiats. 

L'ancien  Pai^s  de  Looz, 'i"- ann.  n°'  3  à  12,  et  table  des  matières; 

4'  année,  n«  i   à  3,  1900. 

Bévue   de  VArt  chrétien,  A"  s.,  t  X.  livr.  1  à  G,  1899 

Bulletin  de  V Institut  archéolog.  liég.,  t.  XVIII  et  XX.  2'  livr.;  t.  XIX 

et  XX,  livr.  1. 

Knvoiis    du    ministère  do    Iti  Justice. 

Recueil  des  Ordonnances  des  Pays-Bas.  2''  s.,  1500-1700,  t.  II,  par 
Laurent  et  Lameere.  Bruxelles,  1898, 1  vol.  in-folio. 

Éclianges. 

§  1.- BELGIQUE. 

Anvers.  —  Anvers.  —  Académie  d'archéologie  de  Belgique.  — 
Bulletin,  n"^  4  à  7,  1899. 

Brabant.  —  Bruxelles.  —  Académie  roi/ale  des  sciences  de  Bel- 
gique. Bulletin,'è'-  série;  t.  XXXVII,  n""  1  à' 12,  1899.  Bulletin  de  la 
classe  des  lettres  et  des  sciences  morales  et  politiques  et  de  la  classe  des 
beaux-arts,  1899,  n"  1  à  11. 

Id.  —  Comptb-rendu  des  séances  de  la  Commission  royale  d'histoire 
t.  Vlll,  Bull.  5,  0,  7  —  18J8  ;  -  t.  IX,  Bull.  1,  2,3,  4,  (  1899;. 

Id.  —  Biographie  nationale. 

Id.  —  Annuaire  de  V Académie  royale,  etc.,  65«  année,  1899.  In-12. 

Id.  —  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie  ; 
37*  année,  1898,  3  à  8. 


—    XXVII    — 

Bruxelles.  —  Annales  ch  la  Société (Varchéologie.  Mémoires, rapports 
et  documents,  t.  XIU,  1899,  n"'*  1  à  4.  ^  "  •  ,, 

Id.  —  Annuaire  de  la  Société  d'archéologie,  t.  X,  IS99. 
Id.  —  Annales  des  travaux  publics  de  Belgique. 
Id.  —  Bulletin  de  la  Société  d'anthropologie,  t.  XIV,  1895-1896. 
Id.  —  Revue  belge  de  numismatique,  55''  année,  1899,  n""  1  à  6. 
Id.  —  Société  royale  belge  de  géographie.  —  Bulletin,  'à'V'  année,  1899, 
n°M  à  6. 

Id.  —  Id.  —  Compte-rendu  des  actes  de  la  Société.  (Dans  le  même 
volume  que  le  précédent.) 

Bruxelles.  —  Analecta  Bollandiana,  édités  par  C.  De  Smedt,  J.  De 
Backer.  G.Houzé,  F.  Van  Orlroy  et  J.  Van  den  Gheyn,  t.  XVIII,  1899, 
n°»  1  à  3. 

Nivelles.  —  Annales  de  la  Société  archéologique  de  l'arrondissement 
de  Nivelles,  \S%<è,i.^{[,n°\. 

LouvAiN.  —  Annuaire  de  l'Université  catJiolique,  63"  année,  1899. 

Id.  —  Analectes  pour  servir  à  Vliistoire  ecclésiastique  de  la  Belgique, 

par  Reusens  et  Barbier,  'série  des  Cartulaires,  1899,livr.l  à4.  t. XVIII. 

Flandre  orientale.  —  Gand.  —  Société  d'hist.    et    d'archéol.    de 

Gand. —  Bulletin,  7«  année,  n°'  1  à  6,  et  table  des  matières.  —  Annales. 

Id.  —  Société  d'histoire  et  d'archéologie.  —  Inventaire  archéologique 

de  Gand,  2<'  année,  1899,  fasc.  10  à  14 

Saint-Nicolas.  —  Annales  du  Cercle  archéologique  du  pays  de  Waes, 
t.  XVIII,  liv.  3, 1899. 

Hainaut.  —  Mons.  —  Annales  du  Cercle  archéologique.  —  Bulletin 
des  séances. 

Id.  —  Mémoires  et  publications  de  la  Société  des  sciences ,  des  arts 
et  des  lettres  du  Hainaut,  b''  série,  t.  X,  1898  ;  ô*"  série,  t.  I.  1899. 

Tournai.  —  Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique,  isJ*"  s.  — 
Annales,  nouv.  série,  t.  III,  1899. 

Gharleroi.  —  Société paléontologique  et  archéologique.  —  Documents 
et  rapports,  i.XXm,  1899. 

Enghien.  —  Annales  du  Cercle  archéologique. 

Liiége.  —  Bulletin  de  la  Société  liégeoise  de  littérature  wallonne, 
2e  série,  t.  XXV,  1898. 

Id.  —  Société  d'art  et  d'histoire  du  diocèse  de  Liège.  —  Bulletin, 
t.  XII,  l'-e  p.,  1898.  —  Chronique  n»  1  à  12,  1897-98. 

Liège.  —  Société  des  Bibliophiles  liégeois.  —  Bull.,  V.,  5*  fasc. 
1899. 

H.UY.  —  Cercle  hutois  des  sciences  et  beaux-arts.  T.  XII,  livr.  1  à  3; 
1899. 

Verviers.  — •  Caveau  verviétois.  Société  littéraire.  —  Annuaire.  — 
Bulletin,  20^  année,  1897-1898,  n»  2. 

Société  verviétoise  d'archéologie,  Bull.  1898,  n°  1  à  4. 
Limbourg.  —  Hasselt.  —  Société  chorale  et  littéraire  des  Mélo- 
philes.  —  Bulletin  de  la  section  scientifique  et  littéraire,  35"  vol.,  1899. 
ToNGRES.  —  Bulletin  de  la  Soc.  scientifique  et  littéraire  du  Limbourg, 
t.  XVIII,  l'eet2Mivr. 

Bilsen.  —  Limhurgsche  maatscJiappij  voor  letterkunde  en  wetenschap. 
Limburgsch  Jaarboek.  —  Néant. 

Luxembourg.  —  Arlon. —  Institut  archéologique  du  Luxembourg, 
Annales,  t.  XXXIV.  1899. 

Namur.  —  Namur.  —  Annales  de  la  Société  archéologique,  t.  XXIII, 
l"  liv  ,  1899.  —  Rapport  pour  1899. 

Maredsous.  —  Revue  bénédictine  de  Mqredsous,  16'  année,  1899, 
no'  1  à  12. 


—  XXVIII  — 


§  2.  —  FRANCE. 

Abbeville.  —  Société  d'Emulation.  —  Bulletin  des  procès-verhaux. 
1898,  n"»  1  à  4.  —  1899.  n°»  1  et  2. 

Abbeville.  —  Société  d'Emulation.  —  Mémoires,  4*  série,  t.  IV, 
1"  p.,  1898.  —  Les  reliures  artistiques  et  armoriées.  1. 1.  1897. 

Id.   —  Cartalaire  du  comté  de  Ponthieu,  1  v.  in-4°.  1897. 

Amiens.    —    Société    des    antiquaires  de    Picardie.   —    Mémoires. 

—  Cartul.  du  chap.  de  la  Cathédrale ,  1897.  1   v.  111-4°.  — Documents 
inédits  concernant  la  province,  4'-  série,  t.  XIV,  1er  fasc. 

Id.  —  Id.  —  Bulletin,  1898.  n»  1  à  4.  —  1899,  n°  1. 

Id.  —  Id. —  Album  archéologique.  —  Néant. 

Arras.  —  Cojnmission  'départementale  des  monuments  historiques 
du  Pas-de-Calais. —  Mémoires.  Bull.,  t.  II,  l""»  livr.,  1897. 

Auxerre.  —  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  historiques  et  natu- 
relles de  l'Yonne,  51»  vol.,  1"  et  2«  semestres;  1898.  —  2  vol.  1899. 

Avesnes.  —  Mémoires  de  la  Société  archéol.  de  l'arrondissement, 
d'Avesnes,  1. 1,  1899.  ^ 

Bordeaux.  —  Société  archéologique.  —  Néant. 

Bourges.  —  Société  historique,  littéraire,  artistique  et  scientifique 
du  Cher.  —  Néant 

Chalon-sur-Saône.  —  Mémoires  de  la  Société  d'archéologie  de  Cha- 
lon-sur-Saône. Montbéliard.  —  Néant. 

DuNKERQUE.  —  Société  dunkerquoise  pour  l'encouragement  des 
sciences,  des  lettres  et  des  arts.  —  Bulletin,  2«  fasc,  1898.  —  Mémoires, 
310  vol.,  1898-99. 

Lille.  —  Inventaire  sommaire  des  archives  départementales  anté- 
rieures à  1790,  par  MM.  Deliaisnes  et  Finot,  archivistes  du  Nord, 
t.  I,  Ir»  p.  Lille,  1899. 

IjYon.  —  Annales  de  la  Société  des  sciences  industrielles  de  Lyon. 

—  Néant. 

Lyon.  —  Les  nominations  épiscopales  du  13''  au  15"  siècle,  par  le 
chanoine  Ulysse  <',hevalier. 

Marseille.  —  Répertoire  des  travaux  de  la  Société  de  statistique, 
1897-99;  t.  XLIV,  2- p. 

Montauban.  —  Bull,  archéol.  et  histor.  de  la  Société  archéol-  de 
des  Tarn-et-Garonne,  t.  XXVI,  1898,  fasc.  1  à  4;  t.  XXVII,  l'«p.,  189'J. 

Nancy.  —  Mémoires  de  la  Société  d'arcliéologie  lorraine  et  du  Musée 
historique  lorrain,  t.  XLVIIl,  3«  série,  2(j«  v.,  1898.  —  Compte-rendu 
fêtes  du  cinquantenaire  en  juin  1898. 

Id.  —  Mémoires  de  V  Académie  de  Stanislas.  —  Table  des  mémoires 
et  bulletins,  t.  XVI,  1899. 

Orléans.  —  Société  archéologique  et  historique  de  l'Orléanais, 
Mémoires.  —  Bulletin,  t.  XII,  1895,  n°  163  et  164,  1898  et  1899, 
n°  165  et  table. 

Paris.  —  Congrès  archéologiques  de  France,  année  1898.  Paris, 
1  vol.  in-So. 

Paris.  —  Société  de  l'Histoire  de  France  ;  t.  XXXV,  1898. 

Id.  —  Bulletin  de  numismatique.  —  Néant. 

RoGHKCHOUART.  —  Bulletin  de  la  Société  des  Amis  des  sciences  et  des 
arts,  t.  VIII,  n»»  4  à  6,  1897;  t.  IX,  no»  1  et  2,  1899. 

Romans.  —  Bulletin  d'histoire  ecclésiastique  et  d'archéologie  reli- 
gieuse des  diocèses  de  Valence,  Digne,  Gap,  Grenoble  et  Viviers, 
■l8«  année,  1898,  n°»  116  à  lly. 


ifE.  —  Maandblad  van  het  genealogisch-hefaldiek  genootschap 
erlatuhche  leeuivyy,  17«  année.  1899.  In-4o,  n'"  1  à  12. 


—  XXIX  — 

Saint-Dié.  —  Société  pltilotHatique  vosgieniie.  —  Bulletin,  24'  année, 
(1898-1899),  1899. 

Saint-Omer.  —  Société  des  antiquaires  de  la  Morinie.  —  Ihdlctin 
historique,  i.  X,  1898  et  1899,  —  Mémoires,  t.  XXV,  1899. 

Id.  —  Les  c/utrtesde  St-Bertin,  irar  l'abbé  Bled,  t.  IV,  1899. 

Saint-Maur  de  Glanfeuh,  (Abbaye  de)  —  Mélanges  de  liturgie, 
d'histoire  et  de  t/téologie,  Solesmes. — Néant. 

SoLESMEs.  —  Abbaye  de  Solesmes  —  Néant. 

Toulouse.  —  Société  académique  franco-hispano-portugaise.  —  Bul- 
letin, n°^  5  à  9.  —  Annuaire  et  rapport  pour  1898-1899. 

Id.  —  Société  archéologique  du  Midi  de  la  France.  —  Bulletin, 
nouvelle  série,  n°  23,  1899.  —  Mémoires. 

Id.  —  Académie.  —  Rapport  annuel. 

Id.  —  Bull,  de  V  Université. 

§  3.  —  ANGLETERRE. 

Cambridge.  —  Proceedinqs  of  the  Cambridge  Antiquarian  Société 
n"  40,  1899.  ^  ' 

Id.  —  Liste  des  membres  de  la  Société,  1899. 

Glasgow.  —  Transactions  of  the  Glasgoiv  archœological  Society; 
New  Séries.  —  Néant. 

§  4.  —  HOLLANDE. 

La  Haye. 

uDe  neder 

Id.  —  Algemeen  Nedei-landsch  Familieblad,  tydschrift  voor  Geschie- 
denis,  Geslacht-Wapen-Zegelkunde,  e«2.  ,par  A.  N.  Vorslerman  van 
Oyen. 

Leeuwarden.  —  Friesch  Genootschap  van  Geschiedenis ,  Oudheid-en 
Taalkunde,  —  70^  rerslag  der  Handelingen.  —  Rapport  1897-98. 

Id.  —  Id.  —  De  vrije  Fries. 

Leyde.  —  Maatschappij  der  Nederlandsche  letterkunde.  —  Hande- 
lingen en  Mededeelingen,  1898-99;  Levensbericht  der  afgestorven  mede- 
leden,  1899.  —  Rapport. 

Maestricht.  —  Publications  de  la  Société  historique  et  archéologique 
dans  le  duché  de  Limbourg.  Nouv.  série;  t.  XIV,  1898. 

Utrecht.  —  Werken  uitgegeven  door  het  Historisch  genootschap 
Verslag.  1897.  —  Annales.  Nouv.  série,  t.  IV,  1898.  ' 

Id.  —  Bijdragen- Mededeelingen.  20"  p.,  1899. 

Id.  —  Briefwisseling  tusschen  de  Gebroeders  Van  der  Goes  door 
Gonnet,  l'  deel,  1899. 

§  .5.  —  GRAND-DUCHÉ  DE  LUXEMBOURG. 

Luxembourg.  —  Institut  qrand-diical ,  section  historique.  —  Vol 
XLVl  et  XLVII,  1898  à  1900. 

Luxembourg.  —  0ns  Hemecht.  Organ  des  Vereins  fur  Luxembûrger 
Geschichte,  Litteratur  und  Kunst,  h"  année,  1899. 

§  6.  —  DANEMARK. 

Copenhague.  —  Tillaeg  til  Aarboger  for  nordisk  Oldkyndighed  og 
Historié  udgivet  af  det  kongelige  nordiske  oldskrift-selskab.  — '  Néant. 

Copenhague.  —  Mémoires  de  la  Société  royale  des  antiquaires  du 
Nord.  Nouvelle  série.  —  1899,  1  vol.;  nouvelle  série. 


—  XXX 


/. 


SUÈDE  ET  NORVÈGE. 


Stockholm.  —  Kongl.  Vitferhets  Historié  och  Antiqvitets  Akade- 
miens  manadshlad.  —  Antiqvarisk  tidskrift  for  Sverige,  par  Hilde- 
brand,  1899. 

§  8.  —  SCHl.ESWIG-HOLSTEIN  (PRUSSE). 

KiEL.  —  Zeitschrift  der  Gesellschaft  fur  Schleswig-Holstein-Lauen- 
burgische  Geschichte.  —  28«  vol.,  1899. 

Rapport  du  Musée  d'antiquités  de  V  Université  de  Kiel. 

KiEL.  —  Mittheilunqen  des  Anthropoloqischen  Vereins  in  Scldeswig- 
Holsiein,  1899,  t.  IV,  2«  livraison.  Table  des  matières,  vol.  1  à  20, 1899. 

§  9  —  HANOVRE  (PRUSSE). 

Zeitschrift  des  historischen  Vereins  fur  Niedersachsen.  Jahrgang 
1899   Hannover,  1899. 

LÛNEBOURG.  —  Rapport  annuel  de  la  Société  du  Musée  de  la  princi- 
pauté pour  les  années  1896  à  1898.  Lûnebourg,  1899. 

§  10.  —  PRUSSE. 

Aix-la-Chapklle.  —  Zeitschrift  des  Aachener  Geschichtsvereins, 
t.  XXI,  1899.  —Néant. 

Berlin.  —  Verhandlungen  der  Berliner  Gesellschaft  filr  Anthropo- 
logie, Ethnologie  und  Urgeschichte  (redigirt  von  R.  Virchow),  t.  VIII, 
p.  405  à  la  fin,  1898.  —  Annales,  1899,  p.  1  à  408. 

Bonn.  —  Jahrhiicher  des  Vereins  von  Alterthumsfreunden  im  Rhein- 
lande,  t.  GIV,  1899. 

DussELDORF.  —  Dûsscldorfer  Geschichtsverein.  —  Beitrage  zur 
Geschichte  des  Niederrheins.  —  Jahrbuch.  —  Néant. 

KôNiGSBERG.  —  Schriften  der  physikalisch-ôkonomischen  Gesellschaft, 
39«  année,  1898. 

Mainz.  — Zeitschrift  des  Vereins  zur  Erforschung  der  Rheinischen 
Geschichte  und  Alterthûmer  in  Mainz.  —  Néant. 

Metz.  —  Mémoires  de  V Académie  de  Metz,  78*  ann.,  1896-97. 

Id  —  Gesellschaft  fiir  lothringische  Geschichte  und  A  Iterthumskunde. 
Metz.  —  Jahrbuch. 

Posen.  —  Rocznicki  Towarzystiva  Przi/jaciol  Nauk  Poznanskiego, 
t.  XXV,  1898,  livr.  1  à  4;  t.  XXVI,  n°  1, 1899. 

Id.  —  Zeitschrift  der  historischen  Gesellschaft  filr  die  Provinz 
Posen.  —  Néant. 

Stettin.  —  Gesellschaft  fiir  Pommersche  Geschichte  und  Alterthums- 
kunde.  —  Baltische  Studien  ;  neue  Folge.  —  Néant. 

Strasbourg.  -  -  Bulletin  de  la  Société  pour  la  conservation  des  monu- 
ments historiques  d'Alsace,  "1^  série,  t.  XIX.  'it  livr.,  1899. 

Id. —  Historisch-litterarischer  Zweigverein  des  Vogesen-Clubs.  Jahr- 
buch fiir  Geschichte,  Sprache  und  Litteratur  El sass-Lothr ingens. 
—  Jahrbuch, 15«  ann  , 1899. 

Trêves.  —  Jahresbericht  der  Gesellschaft  fiir  niitzliche  Forschungen 
zu  Trier.   Trier.  —  Néant. 

Wernigerode.  —  Zeitschrift  des  Harz-  Vereins  fur  Geschichte  und 
AUerthumskunde,ii^'  année,  1899,  1  vol.  [Register). 


—  XXXI 


§  11.  -  MECKLEMBOURG  (PRUSSE). 

ScHWERiN.  —  Jahrhûcher  und  Jahresberichte  des  Vereins  fur  Meck- 
lenburgiscJie  Geschichfc  und  Alterf/tinnskiinde ,  i)ar  Lisch  et  Bever, 
64"  année,  1899. 

§  l±  -  SAXE. 

Dresde.  —  Jahrcfsbericht  des  koniglich.Sclchs.  Alterthums-Vereins, 
1898-1899.  Dresden,  1899. 

Dresde.  —  Ncues  Archiv  fur  Sachsische  Geschichte  tind  Alterthnms- 
knnde,  par  Ermisch ,  t.  XX,  1899.  —  Die  Sammliing  des  KiJniyUch 
Silchsichen  Alterthumsvereins  zit  Dresden  in  ihren Haùptiverken,  fàsc  1 
à  10(1898)  et  11  à  30  (1899). 

lÉNA.  —  Zeitschrift  des  Vereins  fiïr  Tlnirinc/ische  Geschichte  und 
AîterthuiHskunde.  —  Néant. 

§  13.  —  BADE. 

Heidelberg.  —  Historisch-philosophischer  Verein  zu  Heidelherq.  — 
Neue  Heidelherger  Jahrbiicher,  8*  ann.,  1898,  n»  2  ;  9"  année,  n"  I,  1899. 


§  14.  -  WURTEMBERG. 


Stuttgart.    — 


Wilrttembergische    Vierteljahrshefte  filr  Landesge- 
schichte.  Nouv.  série,  1899;  8"  année,  n^^  1  à  4,  1899. 

Ui.m-Oberschwaben.  —  Verein.  fiir  Kunst  und  Alterthnm.  —  Mitthei- 
liingen.  Néant. 

§  15.  -  BAVIÈRE. 

LiNDAU.  —  Schriften  des  Vereins  filr  Geschichte  des  Bodensee's  und 
seiner  Umgebmig.  Althaj'erische  Forschungen,  n"  1,  1899. 

Munich.  —  Monatschrift  des  Historischen  Vereins  von  Ober-Bai/ern, 
1899,  1  et  2.  —  Oberbai/crisches  Archiv  fur  vaterlând ische  Geschichte, 

Id.  —  Id.  —  Jahresbericht. 

Nuremberg.  —  Anzeiger  des  gennanischen  Nntionalmuseunis.  — 
Néant. 

Id.  —  Mittheilungen  ans  detn  yermanischen  Nationalmuseum.  — 
Néant 

Id.  —  Katalog  der  im  gennanischen  Muséum  vorhandenen,  zum 
Abdrucke  bestimmten,  geschnittenen  Holzstiicke. 

Ratisbonne.  —  Verhandlungen  des  Historischen  Vereins  von 
Oberpfalz  und  Regensburg.  — 42''  vol.  1898. 

§  16.  —   AUTRICHE. 

Gratz.  —  Historischer  Verein  fier  Steiermark.  —  Mittheilungen. 
—  Beitrûge  fiir  Kunde,  1898,  46"  liv. 

Id.  —  Gratz.  Vjesnick  hrvatskogga  arkoheoloskoaa  Drustva  note 
serijesveska  111 1898,  urednik  D''  Josip  ISrunsmid-Zagreb,  1898-99. 

Gratz.  —  Id.  —  Beitrdgezur  Kundç  steiermarkischer  Geschichtsquel- 
en.  —  Néant. 

Prague.  —  Verein  fiir  Geschichte  der  Deutschen  in  Bôhmen.  Mitthei- 
lungen, 37«  ann.,  n°''  1  à  4.  Prague,  1898-99. 

Vienne.  —  Mittheilungoi  der  Anthropologischen  Gesellschaft.  Nouv. 
série;  29*  vol.,  n°'  1  à  6,  1899. 


—  XXXII  — 

Vienne.  —  Sitzunysberichte  (1er  kaiserlichcn  Akademie  der  Wissen- 
schaften;  MathematiscJi-naturwissenschaftliche  Classe.  —  Néant. 

§  17.  —  AUTRICHE  (HONGRIE). 

Budapest.  —  Archœologlai  er<es?ïy  (indicateur  archéologique) 
a  M.  Tiid.  Akadémia  arch.  bizottsâgânak  es  az  Orsz.  régésziti  S  emh. 
târsulatnàk  kozlonye  szerkeszti  Harnpel  Jôszsef.  Budapest,  Kiadja  a 
magyar  Tudomanyos  Akadémia.  —  f.  —  T.  XIX,  1  à  5,  1899. 

Id.  —  Archœologial  Kuzlemények. 

Id. —  Ungarischè Revue  mit  Unterstiitzung  der  Ungarischen  Akademie 
der  Wissenschaften,  publié  par  P.  Hunfalvy  et  G.  Heinrich.  Rapport. 

Bosnie.  —  Landesmuseum  (Bosnisch-hercegovinisches)  in  Sarajevo. 
Wissenschaftliche  Mittheilungen  aus  Bosnien  iind  der  Hercegovina 
redigirt  von  D'^  Moritz  Hoernes.  Vol.  VI.  Wien,  1899. 

§  18.  —  RUSSIE. 

Pétersbourg.  —  Commission  impériale  archéologique.  Ses  comptes- 
rendus. 
Matériaux  pour  servir  à  V archéologie  de  la  Russie.  —  Néant. 

§  19.   —  ESPAGNE. 

Barcelone.'  —  Associacio  catalanista  d'excursions  cientificas,  — 
Vexcursionista  Bolleti  mensual.  —  Néant. 

Ip.  —  Revista  de  V Associacion  artistico-arqueologica  Barcelonesa. 
—  Bolletin.  —  3^  ann.  n'-Ml  à  16,  1899. 

Id.  —  Bolletin  de  la  Centre  Excursîonista  de  Catalanya.  —  Néant. 

§  2Ô.  —  PORTUGAL. 

Lisbonne. —  0  archeologo  português  ;  collecçaoillustrada  de  materiaes 
e  noticias  publicada  pelo  Museu  ethnographico  português,  vol.  1,  2,  3, 
1895-96-97.  Vol.  IV,  1.  10  à  12.  1898. 

§  21.  —  ITALIE. 

Messine.  —  Rivtsta  di  storia  antica  et  scienzie  affini  dirigée  par 
le  D"^  Giacomo  Tropea.  Messina,  i"  année,  1899,  fasc.  1  à  4. 

§  2-2.  -  ALGÉRIE. 

ggj,£  —  Académie  d'Hippone.  —  Comptes-rendus  des  réunions. 
Année  1898.  —  Bulletin,  1898,  n"'  1  à  4. 

§  23.  —  ÉTATS-UNIS. 

Chicago.  -  Academy  of  sciences,  40*  rapport  annuel,  1897.  -• 
Bulletin.  —  Tlie  pleistocene  features  and  deposits  of  the  Chicago  Area, 
by  Fr.  Leveret,  1897. 

Washington.  —  Annual  Report  of  the  board  of  Régents  of  the 
Smithsonian   Institution.  Ann.  1896. 

Id  —  Preliminary  acconnt  of  an  expédition  to  the  Publeo  ruins  near 
Winslow,  in  Arizona  in  1896,  by  J.  Walter  Fewkes. 

Ijj  —  Was  primitive  man  a  modem  Savage?  by  Talcott  Williams. 

Id.  —  Bows  and  arrows  in  central  Brazil,  by  Herman  Meyer. 


-     XXXIII    — 

Washington —  Account  of  tlie  ivork  of  tlic  serricc  of  antiguitieH 
of  Egijpt  and  of  the  ef/i/iJtian  Institute  durinij  flie  yeursî892  tol894,  bij 
J.  de  Moffian. 

Id.  —  NadaiUac.  The  iinittj  of  the  Ituman  species. 

Id.  —  Flinders-Fafrie.  Récent  research  in  Egypt. 

In.  —  Alice  Pletcher.  —  A  study  of  the  Oinahd  tribe,  the  import  o] 
the  totem. 

Id,  —  Philips  — _A  neiv  group  of  atone  implenientsfrom  the  Southern 
shorcs  of  Lake  Michigan. 

Id  —  W.  Fewkes.  —  Apreliminary  accoant  ofarchœological  field. 
in  Arizona  in  1897. 

Id.  —  U.  S.  National  Muséum. 

Id.  —  Anthropological  Societi/.  —  The  american  anthropoloqist 
vol.XI,  189S,  n°  12.  '  /       ./      - 

Philadelphie.  —  A>uiual  Report  of  the  curator  of  the  ^fnseum  of  Ame- 
rican archœology  in  connection  with   the  University  of  Pennsi/lvania. 

Philadelphie.  —  Free  Muséum  of  science  and  art.  Department  of 
archœology  and   palœontology ,    University    of  Pennsylvania ,    Bull. 

Id.  —  îhe  Canudian  antiquarian  and  numismatic  journal  published 
by  tlie  numismatic  and  antiquarian  society  of  Montréal,  3"  série. 

Milwaukee.  —  Musée  public,  h\^  rapport  annuel.   Octobre  1898. 

§  24.  —  CANADA. 

Montréal.  —  Tlie  canadian  Institute  and  numismatic  Journal  pu- 
blished by  tlie  numismatic  and  antiquarian  societij,  3*=  s.,  1  vol.  no  4,  1898. 

Toronto.  —  Transactions  of  the  Canadian  Institute,  1899,  n"  18, 
vol.  2,  2^  partie. 

Id.  —  Annual  Report.  —  Archœological  Report.  —  Néant. 

Id.  —  Proceedings  of  the  Canadian  Institute,  new  séries  n°  7,  1898. 
vol.  2,  part.  1. 

Ottawa.  Commission  géologique  du  Canada.  Nouv.  série,  vol.  IX 
Rapport.  1896-1898. 

§  25.  —  BRÉSIL. 

Rio  de  Janeiro.  —  Archivos  do  museu  nacional  do  Rio  de  Janeiro. 
—  Néant. 

§  26.  —  RÉPUBLIQUE  ARGENTINE. 

Montevideo.  — Anales  del  museo  nacional  de  Montevideo,  publicados 
bajo  la  diiecion  de  J.  Arechavaleta,  1899,  t.  II,  w*  16. 

§  27.  —  RÉPUBLIQUE  DE  COSTA  RICA. 

San  José  de  Costa  Rica,,  —  Anales  del  Instituto  fisico-geographico 
y  del  Museo  nacional,  t. VII,  1894. 

Id.  —  Museo  nacional  Sa)i.  José  Costa  Rica.  —  Néant. 
Id.  —  Informe  del  primer  semestre  de  1898  à  1899. 
Id.  —  Rapports  sur  les  années  1896  à  1898. 


XXXIV 


ivi:e2]vj::^re:!S  xde:  j-.^^^  isocuxE^TTE:. 


L'Institut  a  perdu  deux  de  ses  membres  effectifs  : 
M.  Edmond  Van  Zuylen,  décédé  inopinément  à  l'é- 
tranger, nous  a  laissé  le  souvenir  d'un  collègue 
éminemment  sympathique  et  d'un  conservateur 
d'une  compétence  spéciale  indiscutable.  M.  Félix 
Angenot,  ancien  secrétaire  adjoint,  a  rendu  de 
nombreux  services  à  l'Institut  surtout  en  matières 
administratives;  il  y  était  entré  en  1870. 

Nous  ayons  aussi  eu  le  regret  de  perdre  deux 
membres  correspondants  :  M.  A.  Combien,  entré 
parmi  nous  en  1877,  et  M.  le  chanoine  Olivier  Thi- 
mister,  qui,  depuis  1862  faisait  partie  de  la  Société, 
ainsi  qu'un  membre  associé,  élu  en  1896,  M.  Oscar 
van  der  Heyden  a  Hauzeur. 

M.  Désiré  van  de  Casteele,  membre  honoraire,  a 
bien  voulu  rentrer  dans  la  catégorie  des  membres 
effectifs,  ce  qui  nous  assure,  pour  l'avenir,  un 
concours  utile  et  dévoué.  MM.  Lousberg,  architecte 
de  la  ville  de  Liège,  a  été  nommé  membre  corres- 
pondant, de  même  que  M.  Jean  Servais  et  M.  Lucien 
Renard,  et  la  Société  a  inscrit  au  nombre  de  ses 
membres  associés  :  MM.  Max  Lohest,  professeur  à 
l'Université  de  Liège  ;  Klincksiek,  libraire-éditeur 
à  Paris;  François  Straven,  paléographe  à  St-Trond  ; 
Henri  Orban  (fils),  propriétaire  à  Liège,  et  Adolphe 
Dubois,  conservateur  des  collections  au  Cercle  «Les 
Amis  du  Vieux  Liège  ». 


—  \xxv 


Dans  la  séance  du  29  décembre,  M.  Julien  Frai- 
pont  a  été  élu  vice-président  pour  l'année  1900; 
MM.  Alexandre,  Brahy,  Pâques  et  Brassinne,  ont 
été  réélus  respectivement  conservateur,  trésorier, 
bibliothécaire  et  biblothécaire  adjoint,  M.  Lucien 
Renard  a  été  nommé  conservateur-adjoint,  ainsi 
que  le  soussigné. 

M.  Joseph  Ilalkin  avait  été  réélu  secrétaire  dans 
la  même  réunion  ;  la  Société  a  eu,  depuis,  le  vif 
regret  de  recevoir  sa  démission. 


Le  Conservateur-adjoint 
ff.  de  Secrétaire , 

M^RCEI.    DE   MJYOX. 


Liège,  le  30  mars  1900. 


Lecture  faite,  et  applaudie,  du  Rapport  de 
M.  De  Puydt,  M.  J.-E.  Demnrteau,  président,  de- 
mande la  parole  : 

«  Vous  venez  d'entendre ,  Messieurs,  le  secrétaire 
esquisser  en  excellents  termes  l'histoire  de  notre 
Institut  et  de  ses  travaux  pendant  cinquante  années; 
peut-être  a-t-il  voulu  laisser  au  président  la  tâche 
agréable  de  dire  quelques  mots  du  rôle  des 
personnes. 

Rappeler  à  la  mémoire  le  groupe  des  seize  pre- 
miers membres  de  l'Institut  en  l'an  1850  (i),  c'es 

(i)  Institut  arcliéologi(iuc  liéfjeois.  —  4  avril  1850. 

Membres  fondateurs 

BoRGNE-T,  Adolphe,  recteur  de  l'Université. 

BoRMANs,  Jean-Henri,  professeur  à  l'Université. 

Capitaine,  Félix. 

Capitaine,  Ulysse. 

De  Closset,  Léon,  professeur  agrégé  de  l'Université,  précepteur 
des  princes. 

Davreux,  Charles. 

Delahaye,  A.-J.,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées. 

Delsaux,  Charles,  architecte  provincial. 

Du  VivjER,  Charles,  curé  de  St-Jean-en-Isle. 

Fabry-Rossius,  Louis,  agrégé  à  l'Université. 

Grandgagnage,  Charles. 

Grandgagnage,  Joseph,  président  à  la  Coin-  d'Appel. 

Henaux,  Ferdinand. 

d'Otreppe  de  Bouvette,  Albert. 

PoLAiN,  Mathieu-Lambert,  archiviste  de  l'Etat,  à  Liège. 

de  Sf.lys-Longchamps,  Edmond  baron  de,  membre  de  l'Académie 
royale  de  Belgique. 

Bureau  : 

Président  :  Alb.  d'Otreppe  de  Bouvette. 
Vice-président.  :  Ch.  Du  Vivier. 
Secrétaire:  Ul.  Capitaine. 
Conservateur:  Ch.  Delsaux. 
Trésorier  :  Ch.  Davreux. 
Bibliothécaire  :  Ch.  Grandgagnage. 
Conservateur-adjoint  :  L.  Fabry-Rossius. 


XXXYIII 


aussi  constater  heureusement  que  nous  avons  le 
privilège  de  voir  régulièrement  siéger  parmi  nous, 
un  de  nos  premiers  fondateurs:  j'ai  nommé  Mon- 
sieur le  baron  de  Sélys-Longchamps. 

Continuant  d'anciennes  traditions,  M.  de  Sélys,  à 
une  époque  de  rénovation,  employa  généreusement 
son  temps,  ses  moyens  et  son  influence  à  la  (;onser- 
vation  des  sciences  historiques,  au  culte  des  sciences 
naturelles,  de  même  que  dans  la  vie  politique  il 
entendit  se  dévouer  à  son  pays.  Si,  avant  d'autres 
travaux  plus  spéciaux,  il  fut  l'auteur  de  la  première 
Histoire  naturelle  de  la  province  de  Liège,  il  com- 
posa telles  notices  archéologiques  qui  se  retrouvent 
tant  dans  le  Bulletin  de  V Académie  (T.  X  ,  1.),  que 
dans  le  compte-rendu  du  6^  Congrès  archéologique 
d'histoire  tenu  à  Liège. 

Considérant  le  long  temps  écoulé  de  1850  à  nos 
jours,  on  est  particulièrement  heureux  de  fêter  à  la 
fois  l'homme  jeune  du  premier  âge  de  notre  institu- 
tion et  l'honorable  vétéran  auquel  nous  devons 
notre  reconnaissance.  Aussi  féliciter  Monsieur  le 
baron  de  Sélys  à  l'occasion  d'un  cinquantenaire 
scientifique,  c'est  en  même  temps  féliciter  l'Institut 
auquel  il  a  bien  voulu  s'attacher. 

Un  autre  travailleur  de  la  prernière  heure  comme 
de  l'heure  présente,  M.  le  D'  Alexandre,  n'est  pas 
loin  de  compter  ici  un  demi  siècle  de  service  volon- 
taire. Voici  quarante  années  —  longwii  humani 
œvi  spatium  *  un  grand  espace  de  vie  humaine  », 
comme  dit  un  de  ses  auteurs  familiers.  —  qu'il  se 
dévoue  à  la  conservation  de  nos  collections  comme 


XXXIX    ~ 


à  In  publication  de  riotro  Bulletin  annuel.  Notre 
Musée,  Messieurs  !  Son  installation  dans  un  local 
préféré,  restât-elle  encore  à  l'état  de  pieux  désir, 
qui  pourtant  pourrait  croire  qu'il  n'a  pas  fallu  un 
long  et  patient  travail  pour  le  posséder  actuellement 
tel  qu'il  este.\[)()sé  à  la  vue?  Quant  à,  nos  publica- 
tions, tous  nous  savons  de  reste  combien  l'étonnante 
mémoire  du  docteur  a  servi  nos  recherches.  Tou- 
jours nous  l'avons  trouvé  à  même  de  tirer  de  son 
fonds  acquis  des  renseignements  ignorés,  prêt 
à  se  dévouer  ensuite  à  la  correction  du  travail. 

At'iré  par  le  plaisir  d'une  primeur,  fut-elle  d'un 
modeste  caractère,  jaloux  du  perfectionnement  de 
la  forme,  il  nous  rappelle  à  juste  titre,  en  des  temps 
éloignés,  ces  doctes  humanistes  de  la  Renaissance, 
pensant  et  imprimant,  animés  d'un  seul  souci,  amé- 
liorer le  patrimoine  int(dlectuel  commun.  Pour  féli- 
citer M.  le  docteur  Alexandre,  à  l'occasion  d'un 
quarantième  anniversaire,  émettons  le  vœu  de  le 
voir  longtemps  encore  nous  donner  le  bon  exem- 
ple du  travail  exact  et  ininterrompu! 

Cette  fête  du  souvenir  serait  bien  incomplète  si 
nous  ne  rappellions  la  collaboration  précieuse  et 
soutenue  d'un  ancien  secrétaire  de  l'Institut,  qui 
en  fut  l'âme  même,  M.  Stanislas  Bormans.  Dès 
la  retraite  de  Capitaine,  pendant  de  longues  années, 
voulant  bien  tenir  ici  la  plume  au  nom  de  tous,  il 
a  rédigé  nombre  de  rapports,  clairs  toujours  et 
toujours  encourageants,  des  notices  archéologiques 
sur  tous  sujets  ;  et,  dans  le  même  temps,  il  se  ren- 
dait sur  le  terrain  des  fouilles,  à  Juslen ville  par 


XL 


exemple,  écrivant  au  retour  quatre  compte-rendus 
des  résultats  acquis  par  lui  même,  le  docteur 
Alexandre  et  Philippe  de  Limbourg. 

Preuve  singulière  d'un  attachement  que  l'ab- 
sence ne  pouvait  amoindrir,  après  neuf  années 
d'un  séjour  au  Dépôt  des  Archives  de  Namur,  il 
nous  revint  tel  qu'on  l'avait  toujours  apprécié  à 
rinstitut,  ajoutant  à  ses  services  rendus  ceux 
d'un  Président  des    plus  hautement  autorisés. 

Il  importait,  Messieurs,  qu'à  défaut  d'une  fête 
publique,  qui  n'est  sans  doute  que  remise,  ces  sou- 
venirs heureux  soient  relevés  aujourd'hui  dans 
l'intimité,  à  l'occasion  du  cinquantenaire  d'un 
Institut  dirigé  par  le  zèle  de  pareils  collaborateurs, 
et  que  soutiendra,  à  leur  exemple,  le  travail  com- 
mun (i).  > 


(i)  L'impression  du  discours  ci-dessus,  comme  annexe  au  Rap- 
port annuel,  a  été  décidée  en  séance  de  l'Institut  archéologique  du 
30  mars  1900. 

M.  D.  P. 


EXPLORATION 

DES  imwm  m  bois  de  gives 

(COMMUNE  l)K  BKN-AIIIN) 


Les  tumulus  du    bois  de  Gives  sont,  jusqu'en  ces  der- 
nières années,  restes  coinplèleinenl  inconnus. 

C'est,    semble-t-ij,  à  leur  situation  sur  un  plateau  abrupt 


K>* 


..•I^^W 


Extrait  de  la  carte  topographique  militaire  au  Zu^Tynr^ 
(feuille  de  Couthuin). 

et    boisé,    ainsi    (ju'à  leur    faible  élevai  ion    rtMuUic  moins 
apparente  encore  par  la   vigouicuse  végélalion  qui    les  a 


-  2  - 

envahis  de  toutes  parts,  qu'ils  doivent  d'avoir  échappé  de 
nos  jours  à  l'altention  et  aux  investigations  des  fouillours. 
Aucun  auteur  ne  s'est  occupé  de  ces  monuments,  qui  ne 
portent  aucune  dénomination  topique  et  auxquels  ne 
paraît  se  rattacher  aucune  tradition;  ni  Van  der  Maelen, 
ni  "Van  Dessel  n'en  font  mention  sur  leur  carte  ;  bien  peu 
nombreux  enfin  doivent  être,  môme  dans  notre  province,  les 
archéologues  qui  les  connaissent  et  les  ont  visités. 

Le  premier,  M.  Oscar  de  Soer  de  Solières  signala ,  il  y 
a  une  dizaine  d'années,  l'existence  de  l'une  de  ces  tom- 
belles  à  l'Institut  archéologique  liégeois  ;  lui-même  y 
avait  auyiaravant,  avec  feu  M.  Jules  Monjoie,  de  Gives,  fait 
faire  quelques  recherches  sommaires  sans  résultat. 

Quoiqu'ayant,  dès  le  début,  compris  l'intéi'êt  qu'auraient 
pu  présenter  semblables  fouilles,  notre  Société  se  vit,  à  la 
suite  de  certaines  circonstances,  empêchée  de  mettre  ses 
projets  à  exécution. 

C'est  ce  que  constatait  encore,  en  1888,  son  secrétaire 
dans  le  rapport  annuel  sur  l'exercice  précédent  (i). 

En  avril  1899  seulement,  des  négociations  purent  être 
engagées  avec  l'Administration  communale  de  Ben-Ahin  ; 
celle-ci  accorda,  le  7  juin  suivant,  avec  bienveillance  et 
sous  certaines  réserves  d'usage,  l'autorisation  demandée. 
Douze  jours  après ,  nous  nous  mîmes  à  l'œuvre  avec 
trois  ouvriers  (2). 


(0  Bulletin  de  V Institut  archéologique  liégeois,  tome  XXVI,  page 

XXV. 

(2)  Ces  travaux,  qui  durent  être  interrompus  à  deux  reprises 
différentes  à  cause  de  l'inclémence  du  temps,  se  continuèrent 
jusqu'au  IG  juillet  suivant.  Nous  profilons  deroccasion  pour  exprimer 
ici  toute  notre  gratitude  à  M.  Alexandre  Nicolaï,  de  Gives,  qui,  avec 
une  obligeance  dont  nous  ne  saurions  assez  le  remercier,  a  bien 
voulu  se  charger  plusieurs  fois  de  la  surveillance  des  ouvriers  en 
notre  absence. 


TUMULUS   N"   1. 


Ce  tertre,  qui  est  le  plus  élevé  des  trois,  mesure  appro- 
ximativement 2'n75  de  hauteur  vers  le  centre  ;  sa  base, 
légèrement  ovale,  a  environ  13  mètres  de  diamètre. 

Nous  commençâmes  [)ar  i'c|)i'('n(]rc  la  galerie,  pratiquée 
dans  cette  tombe  une  dizaine  d'années  auparavant,  en  lui 
donnant  1"'50  de  largeur  et  en  la  dirigeant  vers  le  milieu 
du  tumulus. 

Nous  pûmes,  vu  le  peu  d'élévation  de  ce  dernier,  procé- 
der par  galeries  à  ciel  ouvert,  ce  qui  eut  pour  avantage  de 
nous  permettre  de  travailler  avec  plus  de  célérité  et  surtout 
avec  plus  de  sécurité  ;  celte  exploi'ation  ne  se  faisait  pas, 
en  effet,  sans  certaines  difficultés  à  cause  du  grand  nombre 
de  blocs  de  grès  qui  se  trouvaient  mêlés  aux  terres. 


Plan  (la  tumulus  n"  1. 
(Echelle  :  1  =  10). 


_  4  _ 

Nous  avions  à  peine  dépassé  de  1  mètre  l'endroit  où 
avait  été  arrêtée  la  prenriière  galerie  A,  lorsque  la  pioche 
des  ouvriers  rencontra  une  assise  circulaire  S  en  pierres 
de  O'nSO  de  hauteur  sur  O-^Sr)  d'épaisseur,  formée  d'énormes 
blocs  non  taillés,  dont  plusieurs  de  0"'70xOn35xO'n20, 
posés  à  plat  et  non  reliés  entre  eux  par  du  mortier  ou  une 
autre  matière  quelconque. 

Ces  grès,  d'une  dureté  remarquable  et  dont  des  affleure- 
ments sont  encore  exploités  de  nos  jours  à  quelques  cen- 
taines de  mètres  de  nos  tombelles,  auront  probablement 
été  recueillis  dans  le  voisinage  par  les  constructeurs  de  la 
tombe. 

C'est  au  milieu  de  ce  cercle  de  pierres  (diamètre  2'"25) 
ou  plutôt  au  fond  de  ce  puits  profond,  comme  nous  venons 
de  le  dire,  de  0'"50,  qu'avait  été  déposé  le  mobilier  funéraire, 
vraisemblablement  à  l'emplacement  même  où  avait  été 
élevé  le  bûcher. 

Nous  découvrîmes,  en  effet,  à  une  profondeur  d'une  di- 
zaine de  centimètres,  une  aire  de  calcination  formée  d'une 
mince  couche  d'ossements  brûlés  et  de  charbon  de  bois,  le 
tout  mélangé  à  de  nombreuses  pierrailles  et  à  des  débris 
divers. 

Parmi  les  tessons  de  poteries  retrouvés  en  cet  endroit, 
nous  signalerons  quelques  morceaux  d'un  vase  en  terre 
grossière,  le  goulot  d'une  cruche  en  terre  jaunâtre  (d)  et 
deux  menus  fragments  d'une  petite  soucoupe  en  poterie 
pseudo-samienne.  La  partie  ouest  du  caveau  nous  fournit 
encore  une  «  tèle  »  h  déversoir  brisée,  mais  à  peu  près 
complète. 

(i)  Ce  goulot,  formé  de  plusieurs  lobes  s'étageant  en  gradins,  pré- 
sente beaucoup  d'analogie  avec  celui  de  certaine  cruche  de  la  tombe 
de  l'Empereur  à  Moxhe  et  que  feu  M.  le  comte  G.  de  Looz  considérait 
comme  probablement  unique  {Bulletin  de  r Institut  archéologique  lié- 
geois, t.  XII.  p.  499). 


-  5  — 

Un  seul  objet  en  bronze,  un  bout  de  fibule  circulaire 
entièrement  oxydée  fut  recueilli  en  mémo  temps  que 
plusieurs  clous  et  quelques  ferrailles  indéterminables. 

Les  découvertes  se  bornèrent  là. 

En  vain  des  sondages  furent  opérés  dans  tous  les  sens  ; 
trois  nouvelles  galeries  B,  C,  D  ne  produisirent  que  de 
nombreux  blocs  de  grès  et  un  fragment  insignifiant  de 
poterie  rosâtre  très  épaisse  et  fort  mal  cuite. 

La  chose  ne  paraît  pas  douteuse  ;  nous  avions  été  précédé 
par  d'autres  dans  nos  recherchais  et  nos  devanciers  s'étaient 
bornés  à  laisser  dans  le  caveau,  après  les  avoir  brisés  et 
dispersés,  les  objets  de  peu  de  valeur  (i). 

TUMULUS  N"  2. 

Ce  tumulus,  qui  est  situé  entre  les  deux  autres,  est  le  plus 
petit  des  trois  ;  il  mesure  à  peine  1  mètre  de  hauteur  et  6 
mètres  de  diamètre. 

Après  y  avoir   fait  pratiquer  une   galerie  descendante 
dirigée  vers  le  centre,  nous  ttmes  creuser  à  une  profondeur     ' 
d'environ  l"'50unenlonnoir  vertical  de  1  mètre  de  diamètre. 

Rien  ne  s'oiîrit  ici  à  nous.  A  part  quelques  blocs  de  grès 
retirés  du  niveau  supc':  leur  des  terres,  nous  ne  déblayâmes 
qu'une  ai-gile  compacle  et  vierge. 

(i)  Ces  fouilles  doivent  dater  de  bien  longtemps,  car  personne  à 
Gives  ne  se  souvient  du  moindre  événement  de  ce  genre  ;  les  plus 
anciens  habitants  de  l'endroit  ne  se  rappellent  pas  davantage  avoir 
entendu  évoquer  le  souvenir  de   recherclies  antérieures. 

Presque  tous  nos  grands  tumulus  ont  été  visités  par  les  troupes 
françaises  cantonnées  dans  notre  pays  sous  Louis  XIV.  Le  cas   a 
notamment  été  signalé  pour  les  tumulus  de  Coninxtieim  (Tongres), 
Grimde  (Tirlemont),  Herbays  (  Piétrain),  Moxhe  (dit  de  l'Empereur) 
Braives,  Embresin,  Montenaeken,  etc.,  etc. 


—  6  — 

Nous  nous  trouvions  en  présence  d'un  tertre  vide, 
n'ayant  jamais  recouvei't  aucun  bûcher  ni  aucun  dépôt 
funéraire. 


TUMULUS  N"  3. 


Ce  tuniulus  est  un  peu  plus  grand  que  le  précédent  ; 
très  surbaissé,  il  mesure  1"'25  de  hauteur  au  centre  sur 
7'"50  de  diamètre. 


^  c. 


Plan  du  tumulus  n°  3. 
Echelle:  1  =  10). 


Immédiatement  après  avoir  ouvert  noire  galerie  A,  nous 
rencontrâmes  de  nombreux  morceaux  de  grès  ;  ensuite,  sous 
une  épaisse  couche  de  terre  argileuse,  le  même  genre  de 
caveau  circulaire  0  que  dans  le  tumulus  n°  1  :  ce  puits  de 
dimensions  plus  restreintes  que  le  premier  ne  mesurait 
que  0"'35  de  profondeur  et  l'"65  de  diamètre  ;  l'épaisseur 
de  ses  parois  en  moellons  variait  entre  0™20  et  0"'30. 

Il  élaiL  en  grande  partie  rempli  de  charbon  de  bois  d'une 
conservation  étonnante  et  de  fragments  de  poteries;  dans 
le  fond  gisaient  des  débris  d'ossements  calcinés. 


—  7  — 

Parmi  les  fragments  de  poteries,  nous  citerons  ceux  : 

—  d'un  petil,  pol  rond  en  fine  terre  rouge  à  couverte  noire  ; 

—  d'un  vase  cinéraire  en  terre  blanche  et  à  large  ouver- 
ture ; 

—  d'une  espèce  de  cruche  en  terre  rosâtre  très  épaisse  ; 

—  d'un  plateau  rond  (assiette  ?)  cà  rebord  droit  ; 

—  d'une  soucoupe  on  pâte  rouge,  etc.,  etc. 

Par  contre,  aucune  trace  d'objets  en  bronze  ou  en  fer. 

Les  quelques  esquilles  retrouvées  au  fond  du  caveau  ne 
sont  pas  de  nature  à  nous  éclairer  sur  l'âge  ou  le  sexe  de 
la  personne  dont  les  cendres  y  avaient  été  déposées. 

Donc,  ici  encore  nous  avions  à  déplorer  le  vandalisme 
de  nos  devanciers. 


Le  seul  mérite  de  cette  exploration  est  d'avoir  révélé  un 
genre  de  sépulture  assez  curieux,  non  signalé  encore  dans 
notre  province,  où  cependant,  comme  dans  les  autres  par- 
ties de  notre  pays.  Ton  a  retrouvé  sous  les  tumulus  des 
caveaux  en  pierre  ou  à  parois  en  bois  très  variés  tant  sous 
le  rapport  de  leur  disposition  que  sous  celui  de  leurs 
dimensions. 

Il  ne  faudrait  nullement  en  conclure  qu'il  y  a  lieu  de 
donner  une  impoi'tance  très  grande  au  mode  de  dépôt 
constaté  à  Gives,  car,  comme  nous  l'a  obligeamment  tait 
remarquer  M.  Bequet,  ces  modes  assez  variés  peuvent 
dépendre  jusqu'à  un  certain  point  des  ressources  locales  (i). 

(i)  Nos  tumulus  belges  ont,  sous  ce  rapport,  donné  lieu  à  des 
constatations  très  intéressantes.  Parmi  les  tumulus  avec  caveaux  en 
pierre,  nous  citerons,  notamment  ceux  aujourd'hui  nivelés  de  Hun 
(Annevoie)  et  d'Andenne  (Saumery,  Délices  du  Pays  de  Liège,  t.  tl, 
pp.  138/139;   Gallict,  Histoire  de    Nainnr,    t.    I,  pp.    42/é3j),    de 


—  8     - 

La  «  crypte  circulaire  à  couloir  »  retrouvée  par  M.  Bequet 
dans  un  des  tumulus  de  VVagnée  (i)  et  le  «  cercle  en 
pierres  »  signalé  par  M.  le  baron  de  Loë  dans  un  marchet  à 
incinération  à  Han-sur-Lesse  (2)  sont  seuls  dans  le  reste  de 
la  Belgique,  croyons-nous,  à  ofïrir  ({ueique  analogie  avec 
les  caveaux  circulaires  de  Gives. 

Encore  la  première  de  ces  sépultures  peut-elle  seule  être 
rapportée  indubitablement  à  l'époque  romaine,  tandis  que 
la  seconde,  qui  ne  consiste  en  réalité  qu'en  un  «  arran- 
gement de  pierres  grossier^  mais  manifestement  intention- 
nel, établi  au  niveau  du  sol  et  occupant  exactement  le 
centre  de  la  circonférence  du  marchet  y^,  paraît  plutôt  devoir 
être  rattachée  à  une  époque  antérieure  (3).  Peut-être  pourrait- 

Porcheresse  (Ann.  de  la  Soc.  archêol.  de  Namur,  t.  IV,  p.  395), 
de  Saventhem  {Revue  d'histoire  et  d'archéologie,  t.  I,  p.  3i4;  t.  IV, 
pp.  57  et  61;  BulL  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie, 
t.  XIII,  p.  38;  Annales  de  la  Société  d'archéologie  de  Bruxelles,  t.  V, 
p.  5â8)  ainsi  que  ceux  de  Trisogne  (Pessoux)  {Ann.  delà  Société  archêol. 
de  Namur,  t.  IV.  p.  392),  de  Biron  (Ciney)  {ibid.,  t.  IV,  pp.  364  et  366), 
de  Ctiampion  {ibid.,  t,  II,  p.  64),  de  Coninxlieim  (Tongres)  {Bulletin 
de  la  Société  scientifique  et  littéraire  du  Limhourg,  t.  XVII,  p.  8>, 
de  Middelwinde  {Bull,  des  Comm.  royales  d'art  et  d'archéol. ,  t.  IV, 
p. 217  ;  Bull,  de  l'inst.  arcliéol.  liégeois, i.  XIII,  p.  151),  du  bois  de  Buis- 
lez-Grand-Leez  (2™*  tumulus)  {Ann.  de  la  Soc.  archêol.  de  Namur, 
t.  XXIV,  p.  50),  etc.,  etc. 

Parmi  les  tumulus  à  caveaux  avec  parois  en  bois,  nous  mention- 
nerons ceux  d'Avennes  {Bull,  de  Vlnst.  archêol.  liég.,  t.  XII,  p.  2  )5), 
de  Gi'imde  (Tirlemont)  {Ann.  de  la  Société  d'archéologie  de  Bruxelles, 
t.  IX,  pp.  422  et  445),  deCortil  Noirmont  (.6w/L  desComm.roy.  d'art  et 
d'archéol.,  t.  XIII,  p.  451  )  ,  de  Piétiain  (tombe  d'Herbays)  {Ann.  de 
la  Soc.  d'archéol.  de  Bruxelles,  t.  XIII,  p.  202),  du  bois  de  Buis-)ez- 
Grand-Leez  (l'^''  tumulus)  {Ann.  de  la  Soc.  arcliêol.  de  Namur,  t.  XXIV, 
p.  48),  etc. 

(i)  Ann.  de  la  Soc.  archêol.  de  Namur,  t.  XVI,  p.  22. 

(î)  Ibid.,  t.  XXI,  p.  56. 

{-,)  "  Lantiquité  de  nos  marchets  ne  non.s-  parait  pas  devoir  nllcr  au  - 
«  delà  de  la  premiers  époque  du  fer  dii  époque  du  cimetière  de  Hall  - 


—  9  — 

on  encore  rapprocher  de  la  découverte  de  Gives,  celle  faite 
en  mars  18G2  à  Housy  (Verviers),  sous  un  tertre  de  3  à  4 
mètres  d'élévation,  d'une  espèce  de  cavité  {(.(. excavation -$) 
de  1  mètre  de  profondeur  sur  4  mètres  de  diamètre,  formée 
de  moellons  de  grès  entre  lesquels,  «  en  plusieurs  endroits, 
existaient  des  traces  de  ciment  »  (sic).  On  ne  possède 
malheureusement  que  de  vague?  d(_)nnées  sur  cette  trou- 
vaille, M.  J.  S.  Renier,  qui  l'a  signalée  en  quelques  lignes  (l), 
n'étant  entré  dans  aucun  détail  précis  sur  le  caveau  mis 
au  jour  et  s'étant  borné  à  décrire  sommairement  le  mobilier 
recueilli  sous  le  tertre  en  question. 

Rappelons  que  ce  mobilier  se  composait  d'un  assez  grand 
nombre  de  poteries,  la  plupart  en  terre  dite  «sarnienne», 
et  dont  une  dizaine  intactes  (plateaux,  cruche,  écuelles  avec 
sigle  :  VAR(  )  IDOPEC)  (2)  furent  offertes  en  don  à  la  ville 
de  Verviers  par  le  propriétaire  du  terrain,  M.  Grégoire 
Laoureux, 

Pendant  la  période  néolithique ,  l'usage  de  chambres 
intérieures  sous  les  tumulus  doit  avoir  été  assez  répandu. 
On  en  a  signalé  à  dilférentes  reprises  en  France,  notamment  à 
Pamproux  (aux  Lizières)  (3),  dans  les  forêts  de  la  Roixhe 


«■  statt,  classe  par  tous  les  archéologues  au  IV"  ou  Ff  siècle  avant 
"  V  ère  chrétienne,  période  qui  a' duré  chez  nous  jusqu'à  la  conquête 
>«  romaine 

«'  La  présence  dans  bo7i  nombre  de  marchets  d'une  poterie  beau- 
«  coxip  moins  grossière  et  j)arfois  même  assez  fine,  faite  au  tour, 
"  nous  indique  également  que  la  coutume  d'élever  des  tombelles  en 
<^  pierres  s'est  continuée  pendant  les  premiers  temps  de  la  domination 

"  romaine "  (B°"  A.  de  Loë,  Contributions  à  Vétude  des  marchets 

dans  les  Ann.  de  la  Soc.  archc'ol.  de  Naiiiiir,  t.  XXI,  p.  77). 

(  1  )  Bidl.  de  l'Institut  archéologique  liégeois,  t.  V.,  p.  237/238. 

(i)  Peut-être  VAREDOFEC  (1"E  archaïque).  Gfr.  Scuuermans,  Sigles 
figulins,  n"  5572. 

(3)  Emile  Cartailhac,  La  France  préhistorique  d'après  les  sépul- 
tures et  les  monuments,  188'.),  pp.  212/213. 


—  10  - 

(canton  de  St-Amand)  (l)  et  dans  le  déportement  de  la 
Creuse  (2),  même  en  Suède  (3)  et  en  Norwège  (4),  etc.... 

Enfin,  sur  les  bords  du  Rhin,  aux  environs  de  Mayence, 
dans  le  bois  de  Hebenkies,  ainsi  qu'en  un  endroit  dit 
nKohlhecke  »,  Dorow  (5)  a  rencontré  des  tumulus  avec 
chambre  intérieure  du  genre  de  celles  qui  nous  occupent  ; 
il  rapporte  la  découverte  dans  le  premier  de  ces  tumulus 
—  qu'il  considère  comme  antéromain  (  «  uraltes  teutsches 
Qrah  »)  —  d'une  espèce  de  caveau  «  in  Form  eines  mulden- 
artigen  Kessels  von  7  Fuss  im  Durchmesser  und  von  0  Fuss 
Hôhe  in  dem  Erdhugel  mit  keilfôrmig  gesetzten  Fdd- 
steinen erhmit  )),dont  il  retira  une  hache,  des  débris  d'urnes, 
des  ossements  humains  et  de  cheval,  ainsi  que  des  cendres. 

En  Styrie  (Autriche) ,  par  contre,  quantité  de  tumulus 
romains,  surtout  dans  les  environs  de  Wies,  Goldes  et 
Wieden,  ont  révélé  des  caveaux  funéraires  circulaires  dont 
plusieurs  à  couloirs  et  à  voûtes  détruites,  contenaient  des 
mobiliers  très  caractéristiques  (6). 

Le  D'"  Truhelka  a  signalé  la  même  particularité  à  propos 


(1)  Emile  Cartailhac,  La  France  préhistorique  fV après  les  sépul- 
tures et  les  monuments  ,  1889,  pp.  21i/il5. 

(2)  Ibid.,  p.  216. 
(ô)    »      p.  193. 

(4)  Indberetning  fil  filial  afdeltnrjens  Direhfion  af  R.  Ziegler,  dans 
les  Foreninijen  til  Norska  Fortidsmindesmerkers  Bevaring,  Aarsheret- 
ning  for  1871  {Christiania,  1872),  p.  7,  fig.  1. 

(5)  Dorow,  Opferstâtte  und  Grahhilgel  der  Germanen  undRômer  am 
Rhein,  t.  I,  p.  1,  2  et  30. 

(6)  Voyez,  au  sujet  de  ces  fouilles  remarquables,  le  savant  article  de 
MM.  V.  Hadimsky  et  J.  Szombathy,  paru  sous  le  titre  de  ullrgeschicht- 
liche  Forschungen  in  der  Umgegend  von  Wies  in  Mittel-Steiermark  » 
dans  les  Mittheilungen  der  Anthropologischen  Gesellschaft  in  Wien, 
t.  XVII  (nouvelle  série,  VII).  Vienne,  1887,  p.  78,  tig.  2;  p.  81,  fig,  1, 
8,  10;  p.  92,  fig.  25,  etc. 


—   M  — 

de  tumulus  fouillés  par  lui  en  Bosnie,  à  Glasinac  (i)  et  a 
égalcmonl  rencontré  la  même  disposition  de  chambi'es  circu- 
laires dans  de  vulgaires  tombes  romaines  non  recouv^ertes 
irui!  lumulus,  à  Janjici  (2). 


Il  eût  été  intéressant  de  pouvoir  tiétorminer  l'âge  des 
tumulus  du  bois  de  Gives. 

Aucun  indice  certain  ne  permet  malheureusement  d'assi- 
gner une  date  quelque  peu  précise  à  ces  tombelles,  dont 
les  caveaux  pillés  n'ont  fourni  aucun  objet  entier  bien 
caractéristique,  ni  aucune  monnaie. 

Si  la  présence  dans  l'un  de  ces  caveaux  (tumulus  n°  i) 
de  deux  fragments  de  poterie  pseudo-samienne  dissipe 
tout  doute  quant  à  l'origine  romaine  de  ces  sépultures,  elle 
n'autorise  cependant  en  rien  à  rapporter  ces  dernières 
plutôt  au  second  qu'au  troisième  ou  au  quatrième  siècle. 
La  fabrication  de  cette  vaisselle  spéciale  en  terre  rouge 
vernissée  (dont  Fillon  (3)  a  assez  arbitrairement  fixé  les 
débuts  dans  les  Gaules  au  règne  de  Domitien)  s'est,  en 
effet,  perpétuée  dans  nos  contrées  jusqu'au  IV^  siècle  au 
moins,  époque  à  laquelle  elle  paraît  même  avoir  été  re- 
prise et  continuée  par  les  Francs. 

D'autre  part ,  la  découverte  à  quelqufis  centaines  de 
mètres  de  nos  tumulus  d'un  trésor  de  264  monnaies  ro- 
maines en  billon,  dont  les  plus  anciennes  appartiennent  à 

(i)  Truhelka,  Hûgelgrilher  und  RitigtvaUe  aiif  Glasi)iac,  dans  les 
Wissenschaftiiche  Mittlieilnngen  ans  Bosnien  and  der  Herzegovina, 
1. 1  (1893),  p.  n. 

(2)  Truhelka,  Zenica  nnd  Stolac,  dans  la  même  Revue,  t.  I,  p.  282, 
fig.  10. 

(5)  L'art  de  terre  chez  les  Poitevins,  p.  IG. 


—  li  - 

Septime  Sévère  et  les  plus  récentes  à  Postume  I  (i),  ne 
peut  que  démontrer  a  priori  l'antériorité  de  ces  monuments 
au  IV«  siècle  et  plus  positivement  à  l'année  268,  date  pré- 
sumée de  l'enfouissement  du  dit  trésor ,  sans  nous  per- 
mettre pour  cela  de  déterminer,  même  approximativement, 
leur  antiquité  maxima  (2). 

M.  Bequet  n'a  pas  hésité  de  rapporter  à  la  fm  du  I"""  siècle 
ou  au  commencement  du  second,  l'érection  des  tumulus 
de  Wagnée  (5);  nous  ne  pensons  pas  que  l'on  puisse,  par 
simple  comparaison  et  en  s'appuyant  uniquement  sur  le 
principe  constant  d'après  lequel  «  tous  jios  grands  tumulus 
belges  remontent   au  règne  des  premiers  Antojiins  et  ne 

(i  )  Cette  trouvaille,  bien  que  datant  de  1883,  n'a  encore  fait  l'objet 
d'aucune  mention  ;  nous  la  consignerons  prochainement  en  quelques 
pages  dans  ce  Bulletin.  —  Ce  trésor,  enfoui  vraisemblablement  à 
l'approche  de  quelque  invasion  franque,  doit  avoir  été  confié  à  la 
terre  pendant  les  dernières  années  du  règne  de  Gallien,  soit  vers 
l'an  268. 

(î)  Quoique  les  déductions  que  l'on  peut  tirer  de  cette  trouvaille 
soient  de  nature  à  donner  matière  à  conclusions  contraires,  nous 
ferons  cependant  remarquer  ici,  à  l'appui  de  notre  manière  de  voir, 
que  les  rares  monnaies  romaines  déterrées  dans  les  campe gnes  de 
Gives  et  dans  les  localités  les  plus  voisines  se  rapportent  toutes  indis- 
tinctement aux  trois  premiers  siècles  de  notre  ère  et  qu'aucune  ne 
dépasse  le  1V«  siècle  (sauf  à  Lovegnée,  comme  on  le  verra  plus  loin). 
La  plus  récente  en  date  de  toutes  celles  que  nous  avons  pu  voir  est 
un  G.  B.  d'Alexandre  Sévère,  assez  bien  conservé,  déterré  en 
décembre  1886,  à  Solières  : 

IMP.  caeS.  M.  AVK.  SEV.  ALEXANDer  m<g.  Son  buste  lauré  à 
droite  avec  le  paludament. 

Rev.  PONTIF.  MAX.  TR.  P.  II  COS.  P.  P.  La  Providence  debout  à 
gauche,  appuyée  sur  une  colonne,  les  jambes  croisées,  tenant  de  la 
main  droite  une  baguette,  de  l'autre  une  corne  d'abondance  ;  à  ses 
pieds,  à  gauche,  un  globe;  dans  le  champ  S.  G.  ^Frappée  en  2î>3  de 
J.-C).  Cohen,  n»   403. 

(3)  Ann.  de  la  Soc.  archéol.  de  Namiir,  t.  XVI,  p.  25. 


—   13  — 

sont  aucuns  postérieurs  au  règne  de  Marc  Aurèle,  »  main- 
tenir pour  ceux  de  Gives  le  synchronisme  des  premiers. 
Il  ne  s'agit ,  du  reste,  à  Gives,  que  de  petits  tertres  (i)  et 
cette  théorie  elle-même  du  synchronisme  de  nos  tumulus 
—  théorie  que  nous  avons  toujours  admise  sans  réserves  — 
semble  quelque  peu  ébranlée  depuis  certaine  découverte 
récemment  faite  aux  environs  de  Tongres,  sur  laquelle 
nous  n'insisterons  pas  en  ce  moment,  cette  découverte 
méritant  d'être  revisée  de  près.  .  . 

Bornons-nous  à  faire  remarquer  que,  sous  le  rapport 
de  leurs  dimensions,  de  leur  groupement  et  de  leur 
mobilier,  nos  tombelles  se  rapprochent  sensiblement  de 
celles  qui  ont  été  explorées  en  1876,  à  la  limite  occidentale 
de  la  province  de  Namur,  dans  un  bois  communal,  à  l'Ouest 
du  village  de  Grand-Leez  ('i)  ainsi  que  de  celles  qu'a  fouil- 
lées M.  le  baron  A.  de  Loë  dans  le  bois  de  Ginaimont 
(Longchamps)  (3). 

Comme  celles-ci,  les  tumulus  du  bois  de  Gives  auront, 
selon  toute  probabilité,  été  érigés  par  les  populations  ro- 
manisées  des  environs  ;  la  pâte  grossière  d'une  grande 
partie  des  fragments  de  poteries  recueillis  tendrait  même  à 


(i)  M.  Schuermans,  qui  s'est  tout  particulièrement  attaché  à  l'étude 
et  à  l'exploration  de  nos  tumulus  belges  et  auquel  la  science  doit 
les  riches  découvertes  de  Fresin ,  Walsbelz  et  autres,  a  nettement 
distingué  ces  tombelles  des  grands  tumulus  :  «  L'nsage  de  ces  petits 
tertres  pour  les  sépultures  de  pcrson^mges  secondaires,  âxi-'û,  a  bieyi 
continué  à  exister  en  Belgique  pendant  V époque  romaine  ;  seulement, 
l'élévation  de  ces  diminutifs  de  tumulus  dépasse  parfois  celle  de  nos 
tertres  germaniques  ou  gaulois  ;  elle  atteint  jusqtCà  lm50  à  S^OO, 
circonstance  due  peut-être  à  la  nature  moins  sablonneuse  du  sol  où 

on  les  retrouve,  ou  à  la  moins  grande  antiquité  de  ces  monuments " 

{Bulletin  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  t.  XIII,  p.  146^. 

(i)  Ann.  de  la  Soc.  archéol.  de  Nanmr,  t.  XIV,  p.  503-507. 

(s)  Annales  de  V Institut  archéologique  du  Luxembourg ,  t  XXXIV 
p.  116. 


-   14  - 

caractériser  des  populations  relativement  pauvres  ou  tout 
au  moins  peu  initiées  encore  aux  raffinements  de  la  civilisa- 
tion romaine  proprement  dite. 


Les  résultats  peu  significatifs  en  eux-mêmes  de  nos 
fouilles  viennent  confirmer  une  fois  de  plus  la  haute  anti- 
quité de  l'habitation  humaine  à  Gives  et  dans  les  localités 
voisines  de  Ben-Ahin  (Solières) ,  Ahin  ,  Lovegnée  ,  etc.  (i), 
qui,  si  elles  ne  se  sont  pas  toutes  signalées  par  de  remar- 
quables découvertes  néolithiques  (f2),  ont  cependant  cha- 
cune révélé  des  traces  de  l'occupation  romaine. 

Le  hameau  de  Solières  a,  sous  ce  rapport,  fourni  à  l'ar- 
chéologie un  contingent  des  plus  importants. 

Une  spacieuse  villa  romaine  y  a  été  déblayée,  il  y  a  une 
cinquantaine  d'années  environ,  par  feu  M.  le  vicomte  Lam- 
bert de  Baré  de  Comogne  ;  ces  fouilles  produisirent  des 


(i)  11  ne  sera  fait  mention  que  des  localités  situées  sur  la  rive  droite 
de  la  Meuse  ;  dans  cette  nomenclature  ne  sera  donc  pas  comprise 
la  commune  de  Bas-Oha  qui,  elle  aussi,  a  révélé  de  précieuses  anti- 
quités romaines  et  franques.  au  sujet  desquelles  voyez  :  Bull,  de  Vlnst. 
arch.  liégeois,  t.  XI,  p.  497-498  ;  Annales  de  VAcad.  d'arch.  de  Belgique, 
t.  XXXVIII,  p.  124;  Bull,  des  Comni.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  t.  XIV 
p.  188-209,  etc. 

(2)  Le  hameau  de  Solières  a  produit  de  nombreux  silex  néolithiques 
parmi  lesquels  des  spécimens  d'une  grande  rareté,  aujourd'hui  dans 
les  riches  collections  de  M.  Oscar  de  Soer,  au  château  de  Solières. 
M.  M.  De  Puydt  a  consacré  à  ces  objets  une  judicieuse  petite  notice 
insérée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'anthropologie  de  Bruxelles, 
t.  VI,  p  320-324,  sous  le  titre  de  «  Notice  sur  des  silex  et  ornements 
néolithiques  trouvés  aux  environs  de  Solières  ».  Voyez  encore  sur  des 
découvertes  du  même  genre  à  Ben-Ahin ,  Annales  du  Cercle  hutois 
des  sciences  et  beaux-arts,  t.  I  (1875-187G),  pp.  274-280;  t  11(1877- 
1878),  pp.  246-247. 


—   1: 


objets  remarquables  (tuiles,  potoi-ies,  lampes,  fibules  en 
bronze,  etc. ,  etc.)  qui  entrèrent  dans  les  collections  du 
château  de   Fléron  (Ben-Ahin)  (i). 


Bife^rgig 


Extrait  de  la  caite  lopographique  militaire  au 
(feuille  de  Couthuin). 


1 


20.000 


D'autres  substructions  y  ont  été  explorées  en  mai  1889 
par  M.  Oscar  de  Soer,  sur  un  plateau  parsemé  de  débris 
romains,  au  lieu  dit  a  sur  les  Heids  ».  Ces  déblais  ont  mis  au 
jour  d'innombrables  fragments  de  poteries  de  tout  genre 
(tèles  à  déversoir,  vases  en  terre  rouge  dite  «samienne» 
avec  sigles  TARVI  (2),  OFPRIMI,  etc.)  et  de  crépis  de  murs 
coloriés,  ainsi  qu'un  moyen  bronze  fruste  du  Haut-Empire, 
indépendamment  de    débris  de   bracelets   et  d'objets    en 


(1)  Ces  collections,  depuis  tranférées  à  Gand,  appartiennent 
aujourd'hui  à  Madame  la  vicomtesse  douairière  de  Baré  de  Gomogne. 

(2)  Sigle  inédit  et  complètement  nouveau.  Cf.  tarva.  Tongres 
{Sigles  figulins,  n°  5375);  tarvac  f,  Westerndorf  {ibid.  n"  5376); 
TARViLLi  M,  \oovhurg (ibid. n°ô3n). 


-  16  - 

bronze,  de  plaques  de  revêtement  en  verre  verdâtre  très 
épais,  de  nombreuses  ferrailles  et  de  lourds  tuileaux  (i). 

Vers  1865,  enfin,  un  cultivateur  y  a  exhumé  en  labourant 
un  champ  dans  une  partie  défrichée  du  bois  de  «  Morogne  » 
une  bague  chevalière  en  or,  ornée  d'un  chaton  formé  d'une 
intaille  reproduisant,  croit-on,  les  traits  de  l'empereur 
Caracalla  (2). 

Les  alentours  du  bois  de  a  Hénimont))  ont,  eux  aussi, 
révélé  des  antiquités  romaines. 

Sur  la  lisière  ouest  de  ce  bois,  on  remarque  encore  au- 
jourd'hui, en  certains  endroits,  les  vestiges  d'un  ancien  che- 
min conduisant  au  «  champ  de  Bouzalles  »  ;  les  abords  de 
ce  diverticulum  (?)  ont  fourni  quelques  menus  fragments 
d'objets  en  bronze. 

Plus  loin  et  à  quelque  distance  du  même  bois  existait 
encore  au  commencement  de  ce  siècle  un  vaste  puits  (?)  de 
3'"50  -environ  de  diamètre,  construit  en  épais  moellons  ; 
cette  curieuse  construction  a  été  en  grande  partie  détruite 
vers  1835.  Quoiqu'il  n'en  reste  plus  actuellement  le  moindre 
vestige,  les  plus  anciens  habitants  de  la  localité  désignent 
cependant  toujours  l'endroit  où  elle  se  trouvait. 

Plus  loin  encore,  dans  la  campagne  dite  de  aSciryn  ainsi 
que  dans  le  champ  de  Bouzalles  (campus  Busalli)  déjà 
cité,  les  travaux  de  culture  ont,  à  différentes  reprises,  mis 
au  jour  denombreuses  tuiles  romaines,  dont  quelques-unes 
intactes  sont  conservées  au  château  de  Solières. 


(i)  Ces  antiquités  fort  nombreuses  sont  déposées  au  Musée  pro- 
vincial ;  aucun  rapport  n'a  été  publié  sur  ces  fouilles. 

(2)  Ce  bijou  remarquable  fait  aujourd'hui  partie  des  collections 
de  M.  Oscar  de  Soer  précité  et  a  figuré  à  l'Exposition  de  l'art  ancien 
en  18^1.  (Catalogue  de  l'exposition  de  l'art  ancien  au  pai/s  de  Liège, 
p.  12,  n°  49).  La  détermination  du  sujet  représenté  sur  l'iiitailte  a  été 
faite  à  Paris,  où  feu  M.  Ulysse  Capitaine  avait  fait  examiner  la  bague. 


—  17  — 

Le  sol  de  Ben-Ahin  a  égaloinenl  enrichi  les  collections  de 
notre  Musée  d'un  certain  nombre  de  monnaies  romaines  du 
Haut-Empire  ainsi  que  de  quelques  poleri(\s,  tandis  (pie  les 
sondages  opérés,  il  y  a  une  dizaine  d'années  envii'(jn,  par  MM. 


Extrait  de  la  carte  topoffraplnciLie  militaire  au  ,^7 

(  feuille  de  Gouthuin). 


Marcel  De  Puydt  et  Max  Lohest,  sur  la  terrasse  de  la  grotte 
du  aTrou-Manteaio),  ont  révélé,  à  une  profondeur  d'environ 
un  mètre,  quelques  fragments  de  poteries  en  terre  dite 
«  samienne  »  ;  des  tessons  de  même  nature  et  des  débris  de 
vases  en  terre  grise  ont  depuis  encore  été  recueillis  en  cet 
endroit  (1),  ainsi  que  d'autres  menus  objets  parmi  lesquels 
une   épingle   à  cheveux   en   os  (2). 

La  grotte  du  «  Trou-Manteau»  a,  du  reste,  fourni  elle- 
même,   indépendamment  de  quelques  silex  néolithiques, 


{\]  Rapport  sur  les  travaux  di'  flnstHiii  arc/u'oloi/iquc  liégeois  pen 
dant  Vannée  1S97,  p.  7. 

(t)  Au  Musée  de  Liège  (don  de  feu  M.  le  comte  G.  de  Looz). 


—   18  — 

de  nombreuses  anliquilés  romaines  parmi  lesquelles  des 
monnaies  de  Néron  et  d'Hndiien,  desfiliules  en  bronze,  des 
fragmenis  de  poteries,  des  anses  de  flacons  en  \or\-e,  des 
éjungles  à  cheveux  en  os  ,  une  statuette  en  terre  cuite, 
une  lampe  en  terre  grisâti'e,  difTérentos  ferrailles,  etc.  (i). 
A  signaler  aussi,  en  cette  commune,  la  découverte  (en 
1875)  d'une  tombe  romaine  avec  mobilier  à  peu  p''ès  intact 
et  dont  on  a  retiré  une  série  de  poteries  (cruches,  patelles, 
etc.,  avec  sigles  :  MI(NV)S  (?),  VCINIM),  une  monnaie 
fruste  du  Haut-Empire  (Antonin  Pie?),  un  fragment 
d'arme,  etc.  (2). 


Extrait  de  la  carte  topograpliique  militaire  au 
(feuille  de  Coulliuin). 


1 


SJO.UOO 


A  Ahin ,  de  nombreuses  antiquités  romaines  ont  été 
recueillies  dans  les  limons  de  la  Meuse  ;  ce  sont  des  fibules 
en  bronze,  des  styles,  des  épingles,  des  cuillers  en  fer  et 
en  bronze,  des  deniers  de  Septime  Sévère  et  Alexandre 


(0  Annotations  deM""**  les  princes  Frédéric  et  Camille  de  Looz. 

(s)  Annales  du  Cercle  hutois  des  sciences  et  beaux-arts,  t.  I  (1875- 
1876),  pp.  65-75.  (Notice  de  M.  le  prince  Oam.  de  Looz,  d'après  lequel 
cette  tombe  aurait  primitivement  été  recouverte  d'un  tumulus). 


—  19  — 

Sévère,  etc.;  les  travaux  de  culture  y  ont  également  rairiené 
à  la  surface  du  sol  des  fragments  de  poteries  avec  sigles  : 
M..VDA  (?),    IVCIVSSIO  (?),  FIDELIS  (sur  tèlc)...  (l). 

A  Lovcgnée,  au  bord  de  la  Meuse,  a  été  découv(M-|(>  en 
1874,  en  contrebas  des  ruines  du  château  de  lîc^uifort,  une 
assez  importante  villa  romaine,  dont  les  murailles  et  les 
caves  existent  encore  ;  ces  substruclions  ont  produit  ;)2 
monnaies  romaines,  des  épingles  à  cheveux  en  bi'onze,  des 
bagues,  des  vases  en  bronze  et  en  tei-i-e  cuite  (2). 

Lovegnée  enfin  a  révélé  les  ruines  d'une  importante 
usine  à  réduire  le  minerai  de  fer  «  lui  des  spécimens  les  plus 
curieux  de  Vindustrie  métallurgique  à  Vépoque  belgo- 
romaine))  (3). 

M.  le  prince  Camille  de  Looz,  qui  s'est  occupé  de  cette 
exploration,  y  a  exhumé  vers  1875  de  nombreux  objets  en 
bronze  :  lampes,  fibules,  épingles,  clefs,  etc.,  des  monnaies 
de  Trajan,  Antonin  Pie,  Faustiiie ,  Commode,  Crispine, 
Dioclétien  et  Licinius,  des  fragments  de  meules  trusatiles 
à  bras,  plusieurs  briquettes  d'hypocauste,  des  fragments 
de  creusets  en  chaux  recouverts  d'une  couche  de  scories 
de  fer  ainsi  que  des  tessons  de  poteries,  dont  plusieurs 
avec  sigles  :  iassof,  iassvfkc.  (i). 

Ces  fouilles  intéressantes  qui    n'ont   pas  mis  au    jour 


(<)  Les  collections  du  Musée  renferment  encore  une  multitude  de 
petits  objets,  la  plupart  sans  valeur,  provenant  de  ces  parages. 

(i)  Annotations  de  M''  le  prince  Camille  de  Looz. 

(s)  Voyez  au  sujet  d'établissements  analogues  en  Belgique,  une 
savaiUe  étude  intitulée  <■<■  Origines  de  la  métallurgie  au  pays  d'e^itre 
Samhre  et  Meuse  »  par  V.  Tahon,  dans  les  Documents  et  Rapports  de 
la  Soc.  paléont.  et  wcliéol.  de  Charlcroi.  t.  XIV,  jjp.  763-S06. 

(4)  Bull,  des  Contm.  roy-  d'art  et  d'archéul.,  t.  XV,  pp.  l',)()-2i;], 
(2  planches)  ;  Doc.  et  rapports  de  la  Soc.  paléont.  et  archéol.  i<e  C/iar- 
leroi  ,t.  XI,  pp.  301-307  (résumé)  ;  journal  La  Meuse  du  2!2  juilletlS74. 


—   "20  — 

moins  de  cinq  fourneaax  romains,  prouvent  qu'il  s'agissait 
là  d'une  usine  fixe  et  non  d'un  établissement  provisoire  ; 
elles  démontrent  en  même  temps  toute  la  vitalité  de 
roccupation  romaine  dans  cette  partie  de  notre  province  ! 


L.   RENARD. 


CONTRIBIITION  A  L'HISTOIRE  DU  SYSTÈME 

MERCANTILE 

DANS  LA  PRINCIPAUTÉ  DE  LIÈGE 


L'époque  moderne,  dans  tout  l'Occident  de  l'Europe,  se 
caractérise  comme  on  sait,  au  point  de  vue  politique,  par 
la  soumission  aux  fins  plus  élevées  de  la  nation,  des  intérêts 
politiques  particuliers  représentés  par  les  villes,  la  noblesse 
et  les  corporations  religieuses.  Cette  concentration  po- 
litique fut  accompagnée  d'une  concentration  économique. 
La  principauté  territoriale  et  la  nation  se  substituèrent  à 
la  ville  en  ce  qui  concerne  l'organisation  des  forces 
économiques  (i). 

Parmi  les  nombreux  moyens  auxquels  les  gouvernements 
eurent  recours,  pour  développer  l'industrie  nationale 
notamment,  un   des   plus   intéressants   est    l'introduction 


(0  Cf.  à  cet  égard  les  pages  excellentes  de  Schmoller,  Studien  liber 
die  wiftscliaftiiche  Polltik  Friedrichs  des  Grossen  iind  Preussens 
ûherhanpt  von  1680-1786,  d;ins  le  Jalirhitch  far  Ge.<etz(f.  Verio.  und 
Volksw.  VIII  (1884J,  et  K.  Bûcher,  Etudes  d'histoire  et  d'économie 
politique,  traduction  A.  Hansay,  p.  98  et  siiiv. 


d'industries  nouvelles.  Il  m'a  paru  qu'il  valait  la  peine 
d'étudier  la  politique  suivie  à  cet  égard  par  le  gouverne- 
ment des  princes-évêques  de  Liège. 

Le  prince-évêque  exerçait  une  grande  partie  de  ses 
droits  de  souveraineté  par  l'intermédiaire  de  son  Conseil 
Privé.  C'était  à  ce  Conseil  Privé  qu'il  appartenait  notam- 
ment de  conférer  les  octrois  portant  création  d'industries 
nouvelles.  La  Chambre  des  Finances  accordait  aussi  des 
octrois,  mais  ils  étaient  relatifs  à  des  exploitations  de  mines, 
à  des  prises  d'eaux  pour  l'installation  de  moulins,  d'u- 
sines, etc....  Or  les  mines  et  les  coups  d'eau  faisaient  partie 
intégrante  des  possessions  de  la  mense  épiscopale,  pos- 
sessions dont  la  Cliambre  des  l'''inances  avait  seule  l'admi- 
nistration. Néanmoins,  on  trouve  dans  la  Chambre  des 
Finances  des  octrois  en  tout  semblables  à  ceux  qui 
émanaient  du  Conseil  Privé  (i),  mais  on  doit  y  voir  un 
abus,  comme  il  ressort  d'une  pièce  qu'on  lira  ci-dessous 
en  appendice  (2),  et  où  une  distinction  très  nette  est  établie 
entre  les  octrois,  suivant  qu'ils  sont  ou  ne  sont  pas  suscep- 
tibles de  porter  atteinte  aux  intérêts  de  la  mense  épiscopale. 

En  vertu  d'un  de  ces  octrois,  celui  qui  introduisait  une 
industrie  nouvelle  jouissait  du  privilège  d'exercer  cette 
industrie  exclusivement  à  tout  autre  pendant  un  certain 
nombre  d'années  (3  ans,  4,  5,  10,  1^2,  15,  20,  25,  30,  40 
et  même  50  ans)  (3).  On  y  ajoutait  parfois  l'acquisition 
à  titre  gracieux  des  droits  de  bourgeoisie,  des  droits  de 
métier,  l'exemption  pendant  un  certain  temps  des  impôts 


(i)  Cf.  S.  BoRMANS,  Table  des  rcndaqes  et  stnits  de  la  Chambre  des 
Finances  du  pi-ince-évêque  de  Liège  :  Octrois  des  14  avril  1627  (p.  57), 
22juin  162!)  (p.  59),  24  novembre  1645  (p.  63),  8  avril  1650  (p.  64), 
26  juin  1709  (p.  76),  21  janvier  1763  (p.  89). 

(î)  Ci-dessous,  Appendice,  litt.  C. 

(3)  Cf.  ci-dessous  les  analyses  d'octrois. 


-  n  — 

de  consommation  pour  le  concessionnaire  et  sa  famille,  le 
libre  écoulement    de   ses  fal)i'icals  à  l'éti-angin-  (i). 

Enfin,  dos  privilèges  sont  également  accordés  aux 
ouvriers  qui  viennent  de  Tel  ranger  ,  pour  autant  qu'ils 
conlinuenl  à  travadler  dans  la  même  fal)ri(pie  :  exemption 
de  milice,  corvées,  gardes  et  patrouilles ,  ainsi  que  de 
l'obligation  d'acquérir  dès  le  début  le  droit  de  bourgeoisie 
et  de  métier  (2).  En  retour  de  ces  privilèges,  il  arrive  que 
le  concessionnaire  s'engage  à  commencer  l'exploitation 
de  son  industrie  dans  ua  dMaifKé(3  miis,  un  an)  (3),  à 
n'employer  que  des  matières  premières  provenant  de  la 
principauté  (4). 

Les  octrois  portant  création  d'industries  nouvelles  se 
trouvent  disséminés  dans  les  43  Registres  aux  Dépêches  du 
Conseil  Privé,  embrassant  les  années  1540  à  i79î2,  avec 
une  lacune  pres({ue  complète  de  ITOD  à  1733.  J  en  ai  fait 
le  relevé   et  j'en  ai  donné  ci-dessous    l'analyse. 

Une  remarque  quia  son  importance  pour  l'histoire  indus- 
trielle de  la  principauté,  c'est  que  sur  57  octrois  analysés 
(63  avec  ceux  de  la  Chambre  des  Finances)  (s),  il  en  est  51 
qui  sont  postérieurs  à  l'année  1738.  On  constate  donc  dès 
la  fin  de  la  première  moitié  du  XVIII^  siècle  un  grand 
essor  dans  le  développement  de  la  vie  industiielle  au  pays 
de  Liège. 

A  la  même  épocpie  (je  compte  le  démontrer  dans  une 
étude  nouvelle),  l'industrie  du  ter  dans  l'Entre-Sambre-et- 
Meuse  fut  menacée  dans  son  existence  par  la  politique 
commerciale  de   la    France.    Le   gouvernement  fi'ançais , 


(1)  Cf.  l'Appendice,  lilt.  A. 

(■2)  Cf.  ci-dessus  l'octroi  du  16  mai  lYOS. 

(3)  Cf.  les  octrois  des  27  novembre  1751  et  iiO  avril  1752. 

(4)  Cf.  l'octroi  du  29  juillet  17G5. 
(:.)  Cf.  ci-dessus,  p.  22,  u"  I. 


—  24  — 

continuant  dans  la  voie  où  il  s'était  engagé  peu  après  la 
réunion  à  la  Couronne  du  Hainaut  français  actuel,  en  était 
arrivé  à  imposer  des  droits  énormes  sur  le  fer  travaillé  de 
fabrication  liégeoise,  tandis  qu'il  laissait  entrer  librement 
le  minerai  dont  les  usines  françaises  avaient  absolument 
besoin.  Le  gouvernement  liégeois  finit  par  ouvrir  les 
yeux  ;  il  frappa  de  droits  considérables  la  sortie  du  mine- 
rai et  finit  ainsi  par  obliger  la  France  à  conclure  un  traité 
de  commerce  qui  sauvegarda  les  intérêts  de  la  prin- 
cipauté. 

De  ce  qui  précède,  il  résulte  que  le  milieu  du  XVIIIe  siècle 
marque  un  tournant  dans  le  développement  de  la  politique 
mercantile  au  pays  de  Liège. 


TARLK  DES  CCTROIS 


1612-1650.  —  Privilège  exclusif  à  Jean  Valdor,  entretailleur 
d'images  douces,  de  faire  et  débiter  toutes  sortes  d'images 
pieuses  au  pays  de  Liège  et  comté  de  Looz. 

Archives  de  l'Etat,  à  Liège.  —  Conseil  Pj'ivé,  n°  1(J2, 
folio  37  verso. 

10  décembre  1660.  —  Privilège  exclusif  pour  12  années  à 
Pierre  Roelans,  de  Maestriclit,  de  faire  et  vendre  un  instrument 
portatif  servant  à  éteindre  les  incendies. 

Ibid.,  n"  162,  folio  38. 

10  avril  1690.  —  Octroi  exclusif  à  ceux  du  ban  de  Spa  de  faire 
commerce  des  eaux  de  Spa. 

Conseil  Privé.  Dépêches,  n"  36,  folio  187  ver^o. 

19  janvier  1693.  —  Octroi  exclusif  à  François  Guillaume 
Bovleit  de  tireretdébiter  ardoises  au  marquisatde  Franchimont. 

Ibid.,  n"31,  folio  62. 

22  janvier  1693.  —  Octroi  pour  30  années  au  sieur  Renard  de 
Rouvroy,  seigneur  de  Moral)eck,  de  confectionner  des  machines 
de  son  invention  à  tirer  les  eaux,  houilles  et  autres  fardeaux  des 
fosses  et  mines,  à  moindres  frais  qu'avec  les  machines  actuel- 
lement en  usage. 

Conseil  Privé.  Dépêches,  n''37,  folio  63  vei'so. 


—    26  — 

16  avril  1696.  —  Octroi  exclusif  pour  20  années  à  Jean  Renier 
des  Brassines  d'installer  des  niaclnnes  de  son  invention  à  tirer 
les  eaux  des  houillères,  ainsi  (jnc  les  naines,  cliarbons  el  autres 
minéraux. 

Conseil  Privé.  Dépêches,   n"  37,  page  194  verso. 

17  décembre  1696.  —  Octroi  pour  20  années  à  Jean  Beei-ge,  de 
Monlzen,  prêtre,  d'installer  des  machines  de  sou  invention  à 
tirer  les  eaux  dps  bures,  fo5^es  o'i  puits,  par  tinnes  ou  par 
tonneaux. 

Ibid.,  n"  37,  folio  212. 

30  janvier  1738.  —  Octioi  exclusif  pour  Gilles  de  Beefde  faire 
et  vendie  au  pays  de  Liège  et  comté  de  Looz  des  montres  à 
secondes,  minutes,  sans  roues  de  champ.  —  Concession  au  dit 
de  Bcef  du  titre  d'horloger  de  Son  Altesse. 

Ibid  ,  n°  38,  folio  1.55. 

23  juillet  1744.  —  Octroi  à  Jacques  de  la  Moite  el  Jean  Louis 
Regard  d'établir  une  manufactui-ede  fer  blanc,  avec  exemption 
du  droit  de  60«  pour  trente  ans  sur  les  fers  blancs  qu'ils 
feront  sortir  du  Pays  de  Liège  et  des  droits  de  consommation 
tixês  à  huit  muids  de  bière  par  saison  et  deux  pièces  de  vin  pour 
chacun  d'eux. 

Ibid.,  n"  88,  folio  316. 

3t  octobre  1744.  —  Octroi  exclusif  pour  40  années  à  Jean 
Léonai-d  Bourgeois,  maitre  horloger  de  Paris,  d'établir  à  Liège 
deux  manufactures,  une  pour  la  fabi'ication  des  limes  de  toute 
espèce,  valant  celles  d'Angleteri-e,  et  une  au'ie  p^urla  fibri- 
cadon  des  dentures,  des  roues  el  i)ignon^  des  montres  toutes 
finies  sans  qu'il  soit  besoin  que  la  main  de  l'homme  y  touche. 

Ibi  1.,  n"  38,  folio  336  verso. 

20  février  1745.  —  Défende  aux  sieurs  Massillon  et  Collar  et 
à  qui  que  ce  soit  d'établir,  au  mépris  de  l'octroi  ci-dessus  du 
23  juillet  1741,  une  manufactui'e  de  fer-blanc,  soit  en  voulant 
blanchir  ou  laminer  les  platines,  soit  en  débauchant  dans  cette 
vue,  les  ouvriei'S  de  la  manufacture  établie  sous  l'autorité  de 
Son  Altesse. 

Il)id.,  11°  38.  folio  343  verso. 

2  décembre  1745.  —  Octroi  pour  50  années  à  Vincent  Mous- 
set,  mécanicien,    natif    de   Paris,  d'établir  une  manufacture 


-  27  - 

d'instruments  de  physique  ,  mathématiques,  et  notamment  de 
bahuices  et  trébuehets  à  peser  les  esi)éces  d'or  et  d'ai-gent  et 
autres  matières  précieuset-. 

Conseil  Privé.  Dépêches,  n°  39,  folio  40. 
18  décembre  1745.  —  Octroi  exclusif  pour  20  années  à  Gamba 
Gurta  d'établir  des    chaises    h     poi-lcur  pour  le  service  d'un 
chacun. 

Ibid.,  0°  39,  folio  40  verso. 
18  janvier  1747.  —  Octroi  exclusif  pour  20  années  à  Nicolas 
Trips  de  construire  une  machine  de  sou  iiiTcntion  facilitant 
la  montée  au  jour  de  la  houille. 

Ibid.,  n"  39,  folio  66  ver  o. 
3  février  1749.  —  Octroi  pour  30  années  à  .leanBaptiste 
Riario,  Italien  ,  d'établir  à  Lié^-e  ou  aux  environs,  une  manu- 
facture de  colons  et  toiles  peintes  en  grosses  et  fines  couleurs 
à  l'épreuve  de  la  lessive  et  du  savon,  jusqu'à  imiter  les  in- 
diennes les  plus  belles  aussi  bien  qu'en  Angleterre. 

Ibid.,  n°  39,  folio  93  verso. 

8  mars  1749.  —  Octroi  à  Michid  Sequin.  de  Lyon,  miroitier, 
d'étaler  et  vendre  les  produits  de  son  art. 

Ibid.,  n°39,  fo  io  94. 

8  août  17.50.  —  Octroi  pour  30  années  à  Piei-re  François  de 
Rorive  et  Pierre  Dormal,  d'établii-  à  Liège  une  manufacture  de 
tapisseries  dites  de  Bavière. 

Ibid.,  n"  39,  folio  135  verso. 

12  septembre  1750.  —  Octroi  pour  30  année-  à  Joseph, et 
Charles  Gigot,  frères,  de  Bossus  en  Fagne,  d'établir  à  Liège  ou 
aux  environs  une  raffinerie  de  sucre  (roial  ,  demi-royal , 
candi,  etc.),  qui  sera  aussi  bien  l'adiné  que  celui  de  Hol- 
Imde. 

Ibid.,  n"  .39,  folio  136. 

8  mai  1751.  —  Octroi  pour  30  années  a<i  sieUr  de  Hayme, 
bourgmestre,  d'établir  au  pays  de  Liège  une  l'afiinei'ie  de  tel. 

Ibid.,  n°  39,  folio  144  verso. 

27  novembre  1751.  —  Octroi  pour  30  années  a  Charles  Millon 
et  Pierre-André  Brel)an,  de  Liège,  d'établir  au  pays  de  Liège 
une  manufacture  de  toiles  en  diverses  façons,  notamment  en 
siamoise,  til  et  coton  ou  toute  de  lil  à   bouquets,  de  soie  ou  de 


-  28  — 

laine,  en  siamoise  fll  et  coton  unie ,  siamoise  tout  fil  unie, 
siamoise  til  et  coton  blanchie,  toiles  rayées  colon  et  til,  toiles  à 
carreaux  coton  et  fll,  toiles  rayées  tout  coton,  toiles  rayées 
tout  fll,  mouchoirs  fll  et  coton,  mouchoirs  tout  fll,  mouchoirs 
tout  coton,  et  la  teinture  qu'il  leur  sera  nécessaire  pour  ces 
sortes  d'ouvrages.  —  Ils  devront  faire  constater  qu'ils  tra- 
vaillent déjà  leurs  toiles,  cotons,  etc. ,  dans  l'année  à  partir 
de  la  dale  des  présentes. 

Conseil  Pi-ivé.  Dé|tèches,  n"  39,  folio  173  verso. 

26  avril  175;'.  —  Octroi  pour  30  années  à  Jacques  Richard, 
natif  de  France,  d'établir  au  pays  de  Liège  une  manufacture 
de  savon  blanc,  tel  qu'on  le  fabrique  en  Esnagne  et  à  Marteille, 
à  condition  qu'il  travaille  dans  les  trois  mois  à  partir  de  la 
dale  du  présent  octroi. 

Ibid.,  n»  39,  folio  217  verso. 

27  juin  1752.  —  Octroi  pour  30  années  au  baron  de  Bulow, 
d'établir  une  manufacture  de  faïence  et  d'étnves,  soii  à  I.iége, 
soit  dans  un  autre  endroit  du  pays  de  Liège.  Un  octroi  pareille- 
ment exclusif  et  pour  le  même  terme  lui  est  accordé,  en  vue 
d'établir  une  fabrique  de  poteries,  mais  à  Liège  seulement 
et  voire  qu'elle  ne  portera  aucun  iiréjudice  aux  autres  pote- 
ries qui  se  trouvent  établies  dans  différents  endroits  de  la  prin- 
cipauté et  qu'elle  ne  pourra  être  d'aucun  obstacle  au  débit  qui 
s'en  fait  dans  la  cité  de  Liège. 

ibid.,  n°39,  folio  219  verso. 

25  février  1754.  —  Ojlroi  pour  25  années  à  Godefroid  Philip- 
pens,  bourgeois  de  Maestricht,  d'établir  à  Tongres  une  manufac- 
ture de  savon. 

Ibid.,  n"  39,  folio  283  verso. 

15  juin  1754.  —  Octroi  pour  20  années  aux  sieurs  Preudhomme, 
Baroyer  et  Penay,  d'installer  des  machines  de  leur  invention, 
propres  à  tirer  les  eaux  des  houillères,  et  sans  préjudice  des 
octrois  antérieurs,  on  cas  qu'ils  subsistent. 

Ihiil.,  n°39,  folio  288  verso. 

25  novembre  1754.  —  Octroi  à  Jean-Baptiste  de  Hayme,  d'éta- 
blir à  Liège  une  rafiinerie  de  sucre. 

Ibid  ,  W  39,  folio  302. 


—  29  

15  décembre  1755.  —  Octroi  exclusif  pour  5  années  àPiere 
Ciiarpenlier  de  Ghiniay,  de  construire  au  pays  de  Liège  une 
machine  hydraulique.  (Jette  inacliine  scia  montée  sur  une  char- 
pente bonne  et  solide  et  composée  d'une  l'oue  à  pots,  d'un  bassin 
par  dessous  pour  recevoir  l'eau  avec  une  roue  à  dents,  garnie 
de  deux  lanternes  et  chahie  roulante,  de  deux  chaînes  rou 
lantes  auxquelles  seront  attachés  les  sceaux  et  un  bassin  par 
dessus  pour  recevoir  l'eau  qui  retombe  dans  un  autre  bassin 
qui  fait  mai-cher  la  roue  à  pots  et  d'une  roue  pour  y  placer 
deux  hommes  qui  feront  agir  la  dite  mac'iine. 

Conseil  Privé.  Dépêches,  n°  40,  folio  13  verso. 

5  février  1756.  —  Octroi  exclusif  pour  20  années  à  Guillaume 
Craninx,  bourgeois  de  Saint-ïrond ,  d'établir  un  moulin  à 
huile  dans  la  ville  de  Saint-Trond  et  sa  franchise. 

Ibid.,  n°  40,  folio  14  verso. 

6 décembre  1756.  —  Octroi  exclusif  pour  10  années  au  sieur 
Denomy  Florentin ,  d'établir  à  Liège  deux  manufactures  à 
teindre  en  bleu. 

Ibid.,  n»  40,  folio  28. 

24  janvier  1757.  —  Octroi  exclusif  pour  40  années  â  madame 
veuve  De  Hayme,  d'établir  une  raffinerie  de  sucre  pour  la  cité 
et  pays  de  Liège. 

Ibid.,  no  40,  folio  48. 

29  août  1757.  —  Octroi  exclusif  pour  :  5  années  à  Pierre-Joseph 
de  la  Lieux,  qui  veut  construire  des  glacières  à  Spa,  pour 
vendre  et  débiter  de  la  glace. 

Ibid.,  n°  40,  folio  8.3. 

25  juillet  1761.  —  Octroi  exclusif  pour  25  années  à  François- 
Xavier-Charles  de  Linière  de  construire  et  vendi'e  des  machines 
et  pompes  de  son  invention,  facilitant  le  travail  de  dessèchement 
des  marais,  arrosement  des  terres  stériles,  exploitation  des 
mines,  etc. 

Ibid.,  N»  40,  folio  173. 

21  mars  1765.  —  Octroi  pour  10  ans  à  .lean-Louis  Goulon,  de 
Liège,  d'étal)lir  à  Liège  une  manufacture  d  •  siamoises,  avec 
dispense  d'acquérir  les  méiiers  y  relatiiV. 

Ibid.,  n"  40,  lolio  2.S7. 


—  30  - 

■  29  juillet  1765.  —  Octroi  exclusif  pour  30  années  à  Nicolas- 
François  Gauron  d'établir  une  manufacture  de  porcelaine, 
faïence  et  autres  ouvrages  de  ce  genre,  en  n'employant  que  des 
matières  provenant  de  la  principauté. 

Conseil  Privé.  Dépêches,  n"  40,  folio  270  verso. 

12  juin  1766.  —  Octroi  à  J.-M.   Bossy,  le  jeune,  d'établir  une 

glacière  à  Spa. 

Ibid.,  n°  40,  folio  281. 

28  mars  1767.  —  Oi'troi  exclusif  pour  20  années  à  François 
Bocquet.  de  Couvin.  d'établir  une  manufacture  de  faïence.  L'oc- 
troi exclusif  est  borné  à  la  châtellenie  de  Gouvin. 

Ibid.,  n»  40,  folio  271  verso. 

7  mars  1768.  —  Octroi  exclusif  pour  12  années  à  Thiéiy 
Duterne.  de  Liège,  d'établir  au  pays  de  Liège  une  manufacture 
d'étoffes  de  coton  et  de  to  les  peintes,  nommées  siamoises. 

Ibid.,  n°  41,  folio  7. 

16  mai  1768.  —  Sauvegar  le  pour  Marcel  Magnée,  qui  a  établi 
à  Prayon  et  Grivegnée  une  fabrique  de  platines  de  fer  blanc  et 
noir ,  et  pour  les  ouvriers  étrangers  qui  y  sont  employés.  A 
ceux-ci  est  accordée,  pour  autant  qu'ils  demeurent  attachés  à 
la  même  fabrique,  «  l'exemption  de  milice,  corvées,  gardes  et 
"patrouilles,  comme  aussi  l'exemption  d'acquérir  actuellement 
"le  droit  de  bourgeoisie  et  des  métiers.  » 

Ibid.,  n"  41,  folio  8  verso. 

30  juin  1768.  —  Octroi  exclusif  pour  20  années  de  fabriquer  et 
débiter  des  pannes,  en  faveur  de  Pantaléon  Guidon,  d'Amiens, 
qui  a  établi  une  manufacture  au  faubourg  d'Avroy. 

Ibid.,  n»  41,  folio  10. 

11  juillet  1768.  —  Octroi  exclusif  pour  25  années  à  Henri  de 
Saren,  Claude  Michaud,  de  Colonge,  et  associés,  qui  ont  entre- 
pris au  faubourg  Saint-Léonard,  à  Liège,  une  fabrique  pour  la 
teinture  en  toutes  couleurs  de  toutes  sortes  de  draps,  étoffes, 
soies,  laines,  siamoises,  comme  aussi  de  toutes  sortes  de  pelle- 
teries en  hermine,  martre,  etc.,  et  enfin  de  toutes  sortes  de 
peaux  qu'ils  .--avent  aussi  préparer  en  maroquin.  Privilèges 
pourtours  ouvriers  étrangers  (0- 

Ibid.,  n°  41,  folio  10  verso. 

(  I  )  Cf.  Th.  Gobert,  Les  mes  de  Liéye,  t.  III,  p.  582, 


-   31    - 

13  février  1769.  —  Octroi  ex(;lusif  (voire  à  tout  étranf^er  seule- 
ment), a  Clémenl  de  Cléry  et  compaj^juie,  qui  ont  établi  nne 
manut'acluri^  (i"acier  à  Kinlvempois,  (1(3  fal)riquer  cl  vendre  son 
acier  peiidaiil  15  ans. 

Conseil  t'rive.  Dépêches,  N"  41,  folio  26. 

21  octobre  1769.  —  Octi'Oi  exclusif  pour  3  années  et  dans 
l'étendue  du  marquisat  de  Franchimont  seulement,  d'étab'ir 
une  manufacture  de  tuiles,  en  faveur  de  Piei-re-Joseph  Saire, 
de  Vervicrs. 

Ibid.,    N°  41,  folio  61. 

27  juin  1770.  —  Octroi  exclusif  pour  10  ans  à  Pierre  Résout, 
de  Maesti'icht,  d'établir  a  Liège  une  fabrique  de  pipes. 

Ibid.,  n"  41,  folio  104. 

3  août  1771.  -  Octroi  pour  10  années  à  Jean  le  Londaire  de 
fabriquer  dans  la  ville  et  district  de  Cou  vin  seulement,  'les 
toiles  en  mousseline  et  batiste  unies  et  rayées  sans  couleur. 

Ibid.,  n»41,  folio  142. 

30  mars  1772.  —  Octroi  exclusif  à  Ignace  Bréher  d'exercer  à 
Liège  son  ail  de  peindre  ou  imprimer  des  toiles. 

Ibid.,  n"  4!,  folio  164. 

2  avril  1772.  —  Octroi  exclusif  pour  15  années  à  Piei'i-e- 
Armand-.loseph  Guislain,  Gambier  de  Buhat  et  Antoine  Gho- 
quin,  étrangers,  d'exploiter  dans  l'Entre-Sambre-et-Meuse  les 
mines  de  cuivre,  d'étain  ou  de  plomb. 

Ibid.,  n°  41,  folio  165. 

25  mai  1772.  —  Renouvellement  pour  un  terme  de  25  ans  des 
lettres  d'octroi  accordées  à  Claude  Michaud  et  De  Colonge  le 
11  juillet  1768  (V.  ci-dessus). 

Ibid.,  n°  41,  folio  184. 

21  septembre  1772.  —  Octroi  exclusif  pour  4  années  à  N.  de 
Boussemart  d'établir  à  Liège  une  manufacture  de  faïence. 

Ibid.,  n°  41,  folio  250. 

27  juin  1174.  —  Octroi  pour  5  années  à  Pieri'e  Gazenave  d'éta- 
blir au  pays  de  Liège  une  manufactui'e  à  imprimer,  enluminer, 
cylindrei',  mettre  à  la  forte  et  faible  lise,  etc.,  les  cotons,  toiles 
et  siamoise?. 

Ibid.,  nMl,  folio  418. 


-  ;i2  - 

8  novembre  1777.  —  Octroi  exclusif  pour  10  années  à  Joseph- 
François  et  Philippe-Bertin-.Ioseph  Gigot,  frères,  d'établir 
une  manufacture  à  raffiner  le  sucre,  le  rhum,  les  mélasses. 

Conseil  Privé.  Dépêches,  n°  41,  folio  686. 

16  novembre  1778.  —  Octroi  à  Bourcart  Eyseailoiïel,  Alle- 
mand, pour  12  années,  d'établir  à  Liège  une  manufacture  de 
papiers  peints,  veloutés  et  imitant  les  papiers  et  toiles  des 
Indes. 

Ibid.,  n°  42,  folio  54. 

16  août  1779.  —  Octroi  pour  10  ans  à  ,Iean  Dubois,  de  Liège, 
(l'établir  en  cette  ville  une  manufacture  de  gazes  de  toute 
espèce. 

Ibid  ,  n°42,  folio  132. 

22  janvier  1781.  —  Octroi  exclui^if  à  la  veuve  Bourguignon  de 
fabriquer  du  "  sel  armoniac,  «  d'Egypte,  dans  son  établissement 
d'un  des  faubourgs  de  la  cité. 

Protocoles,  n"  131,  folio  621. 

13  juillet  1782.  —  Octroi  exclusif  pour  10  années  à  Nicolas- 
Antoine  Lasserre  d'établir  à  Liège  une  manufacture  de  gazes 
de  toute  espèce,  étant  donné  que  le  sieur  Dubois  a  abandonné 
la  manufacture  qu'il  avait  établie  par  octroi  du  16  août  1779. 

Dépêches,  n°  42,  folio  350. 

30  novembre  1782.  —  Octroi  exclusif  pour  10  ans  à  Pierre- 
Firmin  Bruloit  de  créer  un  établissement  à  épurer  la 
houille  et  à  la  rendre  propre  pour  l'usage  dans  les  forges  et  les 
fouineaux. 

Ibid.,  n"  42,  folio  391. 

30  juin  1783.  —  Octroi  exclusif  pour  un  terme  de  10  années  à 
L:imhert  Ghefneux,  de  Liège,  de  créer  un  établissement  à 
épurer  la  houille  et  à  la  rendre  propre  pour  les  fourneaux  et 
forges  (le  sieur  Burat  auquel  pareil  octroi  avait  été  concédé  le 
30  novembre  dernier,  ayant  quitté  le  pays). 

lbid.,n°  42,  folio  443. 

13  novembre  1784.  —  Octroi  pour  un  terme  de  12  années  à 
Burdgard  Eysenloffel  d'ajouter  à  sa  manufacture  de  papiers 
peints  (V.  ci-dessus  octroi  du  16  novembre  1778)  une  manufac- 
ture d'indieimes,  bornée  au  travail  en  soie,  drap,  basin,  serge, 
bon  teint,  en  toutes  couleurs  lines. 

Ibid.,  no  42,  folio  522. 


—  33  — 


31  décembre  1785.  -  Octroi  pour  20  années  à  Poupart  de 
Beaubourg,  d'érj«er  un  établissomenl  do  vernis  mélalli.Tues  à 
Huy  et  dans  la  capitale. 

Conseil  l'i'ivé.  Dépêches,  n"  42,  folio  579. 


Lettre  du  sieur  Lana  de  Vermilllon  à  S.  A. pour  rétablissement 
d'une  manufantu7'e  de  tapisserie  de  haute  lisse. 

Monseigneur, 

La  témérité  de  me  donner  l'honneur  d'écrire  à  V.  A.  S.  est 
pardonnable  puisque  j'ose  espérer  qu'elle  appi'ouvera  mon  pro- 
jet; je  souhaiterais  venir  établir  une  manulaclui-e  de  tapisserie 
à  Liège;  je  crois,  Monseigneur,  que  cette  fabi-iqne,  laquelle  n'y 
est  point  ni  jamais  été,  ne  laisseroit  d'èli'e  un  avantage  pour 
l'état,  elle  augmenteroit  le  commerce  et  attiieroil  l'argent  des 
pays  étrangers  ;  je  pourrois  donner  une  tapisserie  à  bien  meilleur 
marché  qu'à  Bruxelles,  pai*  raport  à  l'augmenlaiion  des  espèces 
et.  à  bon  marché  des  vivres  ;  pour  en  donner  une  idée  à  V.  A.  S. 
j'auray  l'honneur  de  lui  dire  que  la  main  d'œuvre  coûte  deux  tiers 
ou  trois  quarts  de  ce  que  coûte  l'étoflfe  ;  l'ouvrier  qui  gagne  par 
exemple  deux  florins  par  jour  doit  avoir  à  Bruxelles  six  escalins 
moins  deux  sou-?  et  à  Liège  n'auroil  que  quatre  escalins,  avec 
lesquels  il  aura  autant  de  pain,  l)eure,  fromage,  viande,  bière  et 
auti'es  choses  qu'avec  ses  six  escalins  au  dit  Bruxelles,  de  ma- 
nière que  donnant  cent  florins  aux  ouvriers,  je  n'en  donneray 
que  septante  au  coin  de  Bi'al)ant.  —  Il  est  indui)ilable  que  pour 


—  35  — 

toutes  fabriques  où  la  main  (i)  conte  plus  que  l'étoffe  il  y 
a  peu  de  pays  plus  avantageux  que  les  Etats  de  V.  A.  S.  qu 
par  le  grand  marché  des  vivres,  l'augmentation  des  espèces, 
(liminueroit  les  prix  et  attireroit  les  déhits  aux  étrangers  et 
feroit  tort  aux  autres  manufactures  ;  celle  de  la  tapissei-ie  seroit 
même  plus  avantageuse  que  la  fabrique  des  draps  a  cause  que 
les  laines  coûtent  du  moins  autant  que  la  main,  la  tapisserie 
entretient  un  nombre  d'ouvriers,  cause  du  débit  aux  marchands 
de  soies  et  laines  et  fait  gagner  les  tinturiers.  V.  A.  S.  scait 
que  j'ai  fait  la  tapisserie  Histoire  du  Christ  tant  estimée  pour  la 
chapelle  de  l'Electeur  de  Cologne  en  son  Palais  à  Bonn,  tra' 
vaillée  avec  or  et  argent  ;  j'ay  fait  un  grand  nombre  de  tentures 
pour  le  Roy  de  Portugal,  entre  autres  un  dais  ou  baldaguin 
aussi  travaillé  avec  or  et  argent  qui  a  été  admiré  de  tous  les 
connaisseurs  et  dont  les  gazettes  d'Hollande  ont  fait  mention, 
.l'ay  fait  plusieurs  autres  l)eaux  ouvrages  pour  plusieurs 
princes  de  l'Europe,  trop  long  à  faire  un  détail;  Paris  en  a  une 
grande  quantité.  —  .Te  suis  venu  ici  pour  quelques  affaires  de 
famille  lesquelles  sont  tinies  ;  csi  V.  A.  S.  veut  m'iionoror  de  sa 
protection,  me  donner  quelque  franchise  comme  j'ai  à  Bruxelles, 
Je  viendray  m'établir  à  Liège,  .l'ai  quelques  commissions  consi- 
dérables pour  plusieurs  princes  souverains;  V.  A.  S.  est  peut- 
être  informée  que  ma  fabrique  est  de  même  que  celle  du  sieur 
Leyniers  de  qui  est  une  tenture  à  la  maison  de  ville  puisque 
nous  deux  avons  entrepris  toutes  les  tapisseries  faites  pour  le 
roi  de  Portugal  ;  quelques  magistrats  m'ont  fait  des  proposi- 
tions pour  m'établir  icy  dans  une  certaine  ville,  mais  la 
difficulté  d'avoir  des  on-riers  lesquels  sont  la  plupart  en  fa- 
mille, fait  que  je  préfè:-.;roit  Liège  étant  peu  éloigné  de  Bru- 
xelles, d'où  les  ouvriers  viendroient  en  foullo.. l'espère  que  V.  A. 
S.  me  fera  la  grâce  de  faire  réflexion  à  l'avantage  qu'un  pareil 
établissement  pourroit  faire  à  l'Etat  puisqu'il  est  apparent 
qu'elle  feroit  tort  aux  fabriques  de  Bruxelles  et  que  peut- 
être  quelque  fabriquant  pourroit  me  suivre  à  cause  qu'ils  ne 
pourroient  donner  leurs  tapisseries  au  prix  des  miennes  ,  ce 
qui  pouroit  avoir  des  suites  avantageuses  ;  on  pourroit  même 
apprendre  les  habitants  du  pays  d'y  travailler.  —  .l'ose  me  flatter 


(i)  La  main-d'œuvre. 


-  36  - 

qu'elle  me  fera  la  grâce  de  me  faire  donner  un  oclroy  ou  pri- 
vilège pour  mon  établissement,  pour  que  les  bourgeois,  ma r- 
cliands  ou  artisans  ne  puissent  m'inquiéter.  C'est  ce  que  j'espère 
de  môme  que  de  permettre  me  dire  dans  les  plus  profonds 
respects, 

Monseigneur, 

de  Votre  Altesse  Sérénissime 

Le  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

.1.  B.  DE  Lana  de  Vermillion. 
Paris,  le  20  may  1737. 


Réj)onse  de  Chestret,  par  ordonnance  de  S.  A 

nii   VI-  T nnn  ri p   Viirmi I liciv) 


au  S' Lana  de  Yermillion. 


Monsieur, 

Par  ordre  de  S.  A.  mon  gracieux  Maître,  je  dois  vousdir\ 
Monsieur,  en  réponse  à  votre  lettre  aatée  de  Paris  le  20«  de  may 
dernier,  qu'elle  approuve  le  dessein  où  vous  êtes  de  venir  établir 
à  Liégevolre  manufacture  de  tapisseries,  et  que  faisant  attention 
aux  avantages  qui  peuvent  résulter  en  faveur  du  commerce  et 
du  bien  de  l'Etat,  elle  s'inclinera  à  vous  accorder  le  privilège  que 
vous  souhaités  avec  toutes  les  facilités  que  vous  pouvez  raiso- 
nablement  espérer,  scavoir  : 

Les  droits  do  bourgeoisie , 

Les  droits  des  Métiers  qui  sont  très  considérables, 

L'exemption  des  impôts  de  consomption  pour  vous  et  voire 
famille  pendant  un  temps  à  limiter, 

Et  la  libre  sortie  des  tapisseries  que  vous  aurez  fa 'des  pour  les 
pays  étrangers  pour  les(]uels  vous  ne  payeriez  point  d'impôt. 

Il  n'y  a  point  d'avantages  à  [touvoir  vous  donner,  Monsieur, 
au  delà  de  ceux-là  et  ils  sont  si  considérables  ici  qu'il  ne  faut 
rien  moins  que  le  motif  de  l'augmentation  ducommercedu  pays 
et  celui  du  b'en  de  l'Etat  pour  engager  S.  A.  et  ses  Etats  à  vous 
les  procurei'.  Je  ne  doute  point  qu'en  faisant  toutes  les  réflexions 


—  37  — 

qu'ils  méritent,  vous  ne  vous  déterminipz  an   plus  lot  à  venir 
enprotitci'. 

Je  suis  parfaitement. 
Monsieur, 
Voti'e,  etc. 
L.  D.  CnESTRET,  par  oi'ilonnance. 
Liépe  ,  le  14  juin  1737. 

Archives  de  l'Etat,  a  Liège.  —  Conseil  Pi'ivé.  —  Cori'es- 
pondance  diplomatique  avec  Bruxelles,  Paris,  Wet/- 
laer,  etc.,  17.T2-1730,  folio  189  verso. 


B 


6  décembre  17.56. 

Jean  Théodore,  duc  de  Bavière,  Cardinal,  etc. 

Le  conseiller  baron  de  Hubens  nous  ayant  ti'ès  humbleme  t 
remontré  qu'en  vue  d"inti'oduirc  dans  notre  pi  iacipauté  de  Liège 
des  manufactures  ({ui  ne  s'y  trouvent  pas,  il  a  en.ai^é  le  nommé 
Denomy  Florentin,  quia  le  secret  de  pi-é  parer  une  matière  pour 
teindre  en  bleu,  qui  épai'gne  l'indigo,  et  une  autre  matière  bleue 
dite  lackmouse,  dont  le  secret  n'est  connu  ([ue  dans  le  nord  de  la 
Hollande,  à  s'établir  dans  notre  cité,  nous  suppliant  (jue,  i^our 
l'exercice  et  l'établissement  des  dites  deu.x;  manufactures,  nous 
voulussions  lui  accorder  nos  lettres  d'octroi  à  ce  nécessaii-cs,  à 
quoy  condescendant  autant  plus  volontiers  que  les  nouvelles 
manufactures  ne  peuvent  queprocui-er  des  nouveaux  avantages 
au  public,  nous  déclarons  d'accorder  comme  pai'  les  présentes 
nous  accordons  au  dit  baron  de  Hubens  la  faculté  et  permission 
d'établir  dans  notre  cité,  fauboui'g  et  banlieue.  i)ar  le  moyen 
du  dit  Denomy,  les  deu.x  dites  manufactures  de  la  matière 
propre  à  teindre  en  bhu  dont  il  a  inventé  le  secret,  de  même  que 
de  celle  dite  Lakmouse,  avec  pouvoii-  et  liberté  de  vendre  et  débi- 
ter les  dites  matièr'es  lilu-es  et  exemptes  d'acquesl  nu  relief  des 
métiers  pendant  le  tei'me  de  dix  ans  ;  exclusivement  à  tous 
autr'es  qui  pr'ètendr'oient  introduir'c  le  même  secret  ;  prenons 
en  noti'e singulière  sauvegar'de  et  protection  tousceux  quiser'ont 


-  38  - 

employés  à  cet  effet  par  les  dits  de  Hubens  ou  Denomy  avec 
défense  et  prohibition  sérieuse  à    tous  et  (juclconque  de  les 
troubler  ou  empèclier  dans  leurs  étaiilissements,venles  et  débits 
à  peine  d'être  traités  comme  infracteurs  d"i(;el!e. 
Donné  en  notre  Conseil  Privé  de  Liège  le  (J  décembre  1756. 

Vidimé  Breidach.  —  Contresif^né  De  Ghestret,  etc. 

Ibi  1.,  Dépêches,  n"  40  ,  folio  28. 


i"  août  1782. 

Note  remise  aujourd'hui ,  de  la  part  du  Conseil  Prive  ,  à 
la  Chamhre  des  Comptes,  touchant  la  difficulté  que  cette 
Chambre  veut  susciter  à  V égard  de  Vexpédiiion  de^  octrois 
et  privilèges. 

Les  octrois  et  privilèges  quelconcpies  sont  toijours  de  nature 
à  devoir  opérer  dans  le  public:  accorder  l'une  ou  l'autre  per- 
mission exclusive;  dérogera  certains  droits  d'arts  ou  métiers, 
à  certains  règlements  de  ville  ou  de  rommunauté  ;  prendre 
sous  la  sauvegarde  souveraine  les  personnes  privilégiées,  leurs 
ouvriers  et  leurs  établissements  ;  statuer  des  peines  ;  enfin 
porter  des  ordonnances  tant  aux  sujets  qu'aux  officiers  et 
aux  juges  mêmes  du  pays. 

Tous  ces  actes  tenant  essentiellement  au  gouvernement  et  à 
la  souveraineté,  c'est  au  Conseil  privé  à  les  exercer  et  par  con- 
f-équent  à  accorder,  sous  l'ag-rément  du  Piince,  toutes  sortes  de 
pareils  octrois  et  établissements,  comme  aussi  il  l'a  toujours 
pratiqué  ci-devant,  témoins  les  nombreux  exemples  qu'en 
fournissent,  en  tout  genre,  les  anciens  protocoles. 

La  Chambre  des  Comptes  ne  désavoue  pas  ces  principes  dans 
le  cas  d'octi'ois,  de  privilèges  et  d'établissements  où  le  prince 
et  sa  menso  épiscopale  ne  sont  point  intéressés,  mais  lorsqu'il 
s  agit  d'intérêls  ou  de  droits  à  reconnaître  et  régler  pour  le 
piiiice  et  sa  mciise,  la  Chambre  réclame  non  seulement  l'exer- 
cice de  ces  droits  et  intérêts  (qui,  en  effet,  lui  appartiennent 
privativement  et  que  jamais  on  n'a  pensé  à  lui  disputer),  mais 


—  39  — 

encore  l'exei-cice  de  la  souvei'aiiieté  même  dans  le  faildola 
concession  du  priviléf^e  qui  doit  opérei'  dans  le  public  et  rela- 
tivement a  toulcs  ses  parties,  comme  il  est  observé  ci-dessus  : 
objet  qui,  t^elon  la  Goiistilulion  fondamentale  du  pays,  ne  peut 
appartenii'  qu'ati  Conseil  privé. 

En  distinguant  dans  les  octrois  (susceptibles  d'intérêts  de  la 
mense)  ces  deux  points  essentiels  :  c  lui  de  la  concession 
publique  qui  tient  à  la  souvei'aineté  et  celui  de  l'arranf-ement 
d'intérêts  qui  tient  à  l'administration  des  finances,  rien  n'est 
plus  facile  que  l'accord  entre  des  consœurs  qui,  dans  un  dépar- 
tement ditierent,  exercent  l'autorité  d'un  même  maiti'e. 

Le  Conseil  i)i'ivé  ,  dans  les  cas  d'octrois  ou  de  privilèges 
simples,  exerce  seul  son  droit  de  concession  et  ne  renvoie  rien 
à  la  Chambre  des  Comptes  :  Mais,  dans  les  cas  d'octrois  ou  de 
privilèges  susceptibles  d'intérêts  de  la  mense,  il  doit,  après 
l'exercice  de  son  même  droit  de  concession,  l'envoyer  pour  la 
partie  de  finances,  le  suppliant  à  la  Chambre  des  Comptes. 

C'est  ce  que  le  Conseil  privé  a  observé  exactement,  à  l'égard 
de  l'octroi  qu'il  a  acjrdé  (de  l'agrément  de  la  personne  de 
Son  Altesse)  en  date  dii  9  rïiai's  1782,  au  nommé  Langen,  bour- 
geois de  Liège,  pour  lui  permettre  d'exploiter,  dans  le  marquisat 
de  Franchimont,  des  mines  de  plomb,  exclusivement  (  N.  B.  à 
tout  étranger  seulement)  pendant  15  ans,  avec  l'autorisation 
nécessaire  à  cet  effet  ;  avec  sauvegarde  souveraine  pour  lui,  ses 
ouvi'iers  et  employés,  avec  défense  à  quiconque  de  les  molester 
ou  empêcher  à  cet  égard,  etc.,  enfin  avec  réservation  expresse 
des  droits  intérêts  de  sa  mense  épiscopale  ;  objet  d'arrangement 
et  de  finances,  pour  laquelle  dit  Langen  a  été  bien  positivement 
et  personnellement  renvoyé  à  la  Chambre  fies  Comptes,  à  la- 
quelle il  vient  aussi  de  s'adresser  pai'  supplique  du  17  juillet .  de 
sorte  que  le  Conseil  privé  ayant  rempli  sa  tâche,  c'est  main- 
tenant à  la  Chambre  à  exécuter  la  sienne,  en  prescrivant  a  la 
personne  privilégiée  toutes  telles  conditions,  règles  et  rétribu- 
tions de  tantièmes  que  sa  sagesse  lui  dictera  selon  l'équité  et  la 
justice. 

L'octroi  accordé  en  1"'71  sede  v  •cante  à  M.  le  major  de  Léo- 
nard pour  une  pareille  exploitation  loin  de  prouver  contre  les 
principes  et  la  distinction  d'autorité  ci-dessus,  ne  fait  au  con- 
traire que  les  corroborer  ;  en  effet,  c'est  par  lerecès  du  chapitre 
cathédral  en  date  du  23  décembre  1771  que  l'octroi  N.  B.  a  été 


-    iO   - 

accordé  avec  renvoi  à  la  Chambre  pour  l'expédition  des  arran- 
gements et  conditiors.  etc.,  et  ce  n'a  été  qu'en  conséquence  de  ce 
rer'ès,  porté  par  le  Chapitre  cathédral  comme  souverain,  que 
l'expédition  s'est  faite  à  la  Chambre  des  Comptes  le  27  suivant 
du  même  mois. 

Il  faut  ici  faire  bien  attention  que  le  Chapitre  cathédral  qui, 
sede  vacante,  réunit  en  lui  et  la  souveraineté  et  l'administration 
de  la  raense  à  lui-même  dans  le  cas  de  l'octroi  de  1771,  fait  la 
distinction  essentielle  delà  concession,  qui  tient  à  la  souverai- 
neté (ayant  porté  celte  co.ncessiion  par  un  recès  capitulaire 
détaché)  d'avec  l'arrangement  d'intérêt,  lequel  il  a  renvoyé  à  la 
Chambre  des  Comptes. 

L'exemple  allégué  de  cet  octroi  de  1771  fait  donc  contre  le 
système  de  la  Chambre  au  lieu  de  le  favoriser. 

Au  surplus,  on  sait  que  les  exemple^!  d'empiétements  se  sont 
mi;ltipliés  au  point  que  depuis  une  vinj^taine  d'années  l'on  ne 
s'adresse  plus  au  Conseil  privé  dans  plusieurs  occasions  essen- 
tielles et  nommément  dans  les  cas  d'octrois  de  diligences  et  de 
voitures  publique'^,  cas  où  d'après  les  principes  et  la  distinction 
d'autorité  susdits,  la  concussion  et  l'ordonnance,  etc.,  devraient 
émaner  de  la  souveraineté  ;  sauf  à  la  Chambre  des  Compter,  de 
régler  ensuite  les  droits  de  finance  et  les  arrangements  d'inté- 
rêt, etc.  (mais  non  e.rp.invlis  Red  legib^'s). 

.lusqu'à  présent  l'on  a  évité,  de  la  part  du  Conseil  privé, 
d'émouvoir  une  question  où  tout  le  sujet  de  plainte  est  de  son 
côté,  mais  cette  occasion  va  le  mettre  à  même,  au  retour  de  son 
chef,  M.  le  chancelier,  d'éclaircir  de  plus  en  plus  la  matière  et 
de  revendiquer  ses  droits. 

Ibid.,  Affaires  extraordinaires.  1686-1794,  n°  85,  folio  156. 

A.  HANSAY. 


1 


LE  VASE  HÉDONIQUE  DE  IlERSTAL 


Après  le  long  intervalle  de  temps  écoulé  depuis  ki  décou- 
verte dans  notre  pays  du  vase  de  Marche  (i)  ;  depuis 
celle  du  vase  de  Tongres  (2),  voici  enfin,  dans  la  même 


(  I  )  N^  51  du  catalogue  de  V Exposition  de  Vart  ancien  du  pays  de 
Liège  :  <■<  Vase  en  bronze  avec  hauts  reliefs  représentant  quatre 
amours  (deux  fois  le  même  sujet),  occupés  à  la  vendange.  Anse 
détachée  du  vase  et  formant  la  continuation  des  ceps  figurés  sur  h. 
panse.  Trouvé  près  de  Marche.  »  (A  M"""  J.  Frésarl.j  Ce  vase  a  0""15 
de  hauteur. 

(2)  Bulletin  de  la  Société  scientifique  et  littéraire  du  Limbourg. 
tome  XVIII;  1"  fascicule,  page  39.  «  Vase  en  bronze  doré,  d'un  tra- 
évail  admirable,  orné  de  reliefs  gravés  ;  il  a  été  heureusement  présèrv 
de  rhumidité  et  de  foxydation  par  l'amas  de  cendres  qui  l'en- 
tourait. En  quatre  compartiments  séparés  par  des  motifs  d'ornemen- 
tation ,  quatre  génies  pourvus  d'attributs  différents ,  grappe  de 
raisin,  tyrse,  sont  figurés  sur  le  pourtour.  Une  tète  de  cygne  ter- 
mine de  chaque  côté  la  belle  anse  qui  est  attachée  au  vase  par 
deux  chénisques.  Ce  superbe  vase  a  servi  bien  longtemps  avant  d'a- 
voir été  déposé  dans  la  sépulture,  ce  que  prouve  l'usure,  par  l'anse, 
de  deux  tètes  de  génies.  La  sépulture,  datée  par  deux  monnaies  de 
Faustine  aînée,  soit  environ  140  ans  après  Jésu^-Christ»,  a  été  décou- 
verte à  Tongres  et  ce  vase  appartient  à  M.  Huybrigts. 

La  découverte  de  trois  vases  de  bronze,  objets  de  luxe  et  de  formes 

4 


classe  d'objets,  une  trouvaille  plus  remarquable  encore  : 
elle  est  de  celles  qu'on  ne  peut  guère  espérer  faire,  si  ce 
n'est  en  Italie  même. 

Dans  le  courant  du  mois  do  juin  de  cette  année  1900,  à 
Herstal-lez-Liége,  des  ouvriers  briquetiers,  creusant  une 
tranchée  d'un  mètre  cinquante,  dont  un  mètre  de  terre 
vierge  (l),  mirent  au  jour,  à  cette  profondeur  totale,  une 
collection  d'objets  mobiliers  (2)  romains  enfouis  à  l'occasion 
d'une  sépulture  :  des  traces  de  cendres  de  bois  répandues 
dans  la  terre  semblaient  encore  indiquer  la  place  d'un 
biîcher  et  des  os  calcinés  apparurent  au  cours  de  l'ouvrage 
mélangés  aux  déJjris  d'une  urne  funéraire. 

Conformément  à  nos  anciennes  traditions  locales, 
l'endroit  est  appelé  La  Tombe,  à  cause  d'un  tumulus  qui  a 
disparu.  C'est  sur  un  des  petits  plateaux  à  mi-côte  qui 
dominent  le  fond  de  la  vallée,  sur  la  rive  gauche  de  la 
Meuse.  Il  n'y  a  pas  là  de  substructions  ;  au-dessus  des 
objets  découverts,  à  quelque  hauteur,  régnait,  en  guise  de 
couverture  souterraine,  un  petit  assemblage  de  tuiles,  bou- 
leversées ultérieurement,  et  la  disparition  de  cette  an- 
cienne protection  n'a  pas  laissé  de  nuire  aux  objets  enfouis. 

Rassemblée ,  la  collection  de  ceux-ci  attire  le  regard  à 
cause  de  la  richesse  et  de  la  variété  des  objets  :  patères, 
patines,   urnes  de  terre  rouge,    grise  ou  noire;  plateau, 


analogues,  dans  des  localités  relativement  rapprochées,  est  un  fait 
à  remarquer.  Peut-être  étaient-ils  destinés  à  un  même  usage  ? 

Quant  au  troisième  de  ces  vases,  celui  dont  nous  nous  occupons, 
il  est  actuellement  la  propriété  de  l'inventeur,  M.  Ernest  Warnant, 
de  Herstal. 

(i)  C'est  la  profondeur  normale  du  fiits^MJH.  V.  Marquardt,  t.  VII, 
Das  Privatlehen  der  Borner,  Dus  Begràhniss,  p.  368. 

(2)  Ibid.,  p.  356. 


—  43   - 

ampoules  et  coupelles  de  verre  ,   buires  de  bronze  et  le 
reste  (i  ). 

N'oublions  pas,  à  propos  de?  cet  et  cxtera,  de  dire 
qu'une  pièce  de  monnaie,  celle  des  morts,  a  été  aussi 
exhumée.  Elle  rappelle  le  grand  module  de  la  monnaie 
du  Haut-Empire,  et,  au  premier  abord,  elle  paraît  illi- 
sible tant  rhumidilé  l'a  rendue  fruste. 

Heureusement  un  examen  des  plus  minutieux  a  permis  de 
reconnaître  un  jjronze  de  Domilien  trappe  entre  les  années 
85-95  après  J.-C.  (2).  Ainsi  l'obole  à  Caron  n'est  pas  resiée 
anonyme  pour  nous. 

Parmi  les  objets  de  bronze  qu'on  a  retrouvés  régulière- 
ment disposés,  un  vase  d'un  travail  remarquable  mérite 
particulièrement  l'attention.  Une  description,  une  inter- 
prétation, feront  le  fond  de  cette  notice. 

La  raison  de  celle-ci  est  dans  un  examen  certainement 
consciencieux  :  l'enchaînement  de  rapprochements  dont 
les  conclusions  concordaient,  ont  décidé  de  notre  opinion. 
Mais  l'explication  des  antiquités  figurées,  est-il  besoin  de 
le  dire  an  lecleui',  repose  ici,  comme  en  tout  autre  cas,  sur 
la  conjecture.  Celle-ci  admet  toujours  le  doute,  loin  de 
chercher  à  imposer  à  la  critique,  dont  les  droits  sont 
d'ailleurs  imprescriptibles. 

Disons,  pour  commencer,  que,  par  sa  forme,  son  pied  et 
son  anse,  l'objet  se  rapproche  de  plusieurs  sortes  de  réci- 
pients dont  il  sera  reparlé.  Crainte  d'une  erreur  que  facilite 
trop  la  confusion  des  espèces  mixtes,  il  convient,  actuelle- 
ment du  moins,  de  garder  le  nom  générique  de  vase  (g). 
L'interprétation  des  reliefs  lui  donnera  une  épithète. 

(  1)  Un  travail  préparé  par  M.  Lucien  Renard  et  donnant  le  cata- 
logue descriptif  et  raisonné  de  tous  les  objets,  sera  ultérieurement 
publié  dans  le  Bulletin  de  VInstitut  arcl'éoloyique  liégeois. 

(2)  Identification  de  M.  l^ucien  Renard,  précité. 

(ô)  «  Omnis  generis  supellex  nonnmiquam  vasorum  nomine  venit.  » 
Forcellini  Lexic 


—  ii  — 

Suivant  nos  mesures,  le  vase  est  haut  de  0"46;  avec 
l'anse,  0'"11  en  plus  ;  il  a  donc  en  hauteur  0"'27  sur  une 
largeur  de  0^12  centimètres. 

C'est  peu;  il  est  au  demeurant  petit,  et  pourtant  il  paraît 
de  dimensions  grandes  aux  yeux  que  frappe  et  occupe  la 
multiple  décoration  dont  il  est  orné. 

A  considérer  la  façon,  le  vase  est  romain,  riche  et  massif  (i) 
plutôt  qu'élégant,  simple  et  léger  à  la  mode  des  Grecs.  II 
n'a  pu  être  composé  et  exécuté  dans  nos  contrées  gallo- 
romaines,  pour  deux  bonnes  raisons  :  la  décoration  s'inspire 
des  détails  de  la  vie  intime  de  Rome  ;  ensuite,  aujourd'hui 
môme ,  on  n'en  pourrait  faire  d'analogue  qu'en  certains 
milieux  où  fleurit  l'industrie  d'art. 

On  doit  attribuer  aux  injures  du  temps  les  défectuosités 
dans  les  traits,  et  la  nature  toute  particulière  de  la  compo- 
sition donne  au  vase  le  caractère  d'une  œuvre  originale.  Il 
serait,  d'ailleurs,  une  antique  reproduction,  que  le  sujet 
traité  ne  perdrait  rien  de  sa  valeur  ni  de  sa  signification. 

Ce  n'est  pas  en  terre  que  s'est  produite  la  forte  érosion 
qu'on  remarque  à  l'anse  posée  sur  des  appliques.  On  peut 
croire  le  vase  très-ancien  ;  probablement  a-t-il  eu  plusieurs 
possesseurs.  L'anse  assez  lourde,  basculant  soit  d'un  côté, 
soit  de  l'autre  pour  faciliter  l'usage,  aura  à  la  longue  causé 
l'usure  des  anneaux. 

Si  la  stabilité  est  assurée  par  le  pied  et  le  poids,  l'anse 
rendait  l'objet  portatif  et  il  a  dû  être  très-souvent  trans- 
porté. 

Le  corps  du  vase  a  souffert  aussi.  Quel  dommage  qu'il 
ait  non  seulement  perdu  sa  patine,  mais  qu'il  se  présente 
à  la  vue  dans  une  mesure  inégale,  érodé  ou  boursoufflé  ! 
Il  eût  autrement  gagné  en  valeur  et  maints  détails  étant 
plus  visibles,    l'interprétation  serait  plus  sûre.   Peut-être 

(j)  Il  pèse  en  tout  2  kilogs  800  grammes. 


-  45  — 

l'objet  pourrail-il  être  mieux  nettoyé  ;  actuellement,  il 
faut  le  prendre  lel  qu'il  est  et  acter  des  réserves. 

S'il  s'agit  des  motifs  de  la  décoration,  leur  caractère 
erotique  a  frappé  tout  d'abord.  C'est  dire  que  l'observation 
doit  être  réservée  aux  professionnels,  aux  chercheurs  que 
passionne  la  solution  intrinsèque  des  problèmes  intéres- 
sant l'art  et  l'histoire,  l'histoire  fût-elle  malheureusement 
celle  de  la  corruption  des  mœurs.  A  ce  titre,  comme  à 
d'autres,  le  vase  de  Herstal  ne  peut  manquer  d'acquérir 
une  notoriété  particulière.  Il  reste  de  ces  produits  qui 
méritent  d'être  rangés  dans  le  Miiseo  secreto ,  de  Naples  ; 
ce  Musée  secret,  où  entre  tout  le  monde  —  au  moins,  est-on 
prévenu. 

Au  point  de  vue  technique,  on  peut  remarquer  que  les 
sujets  de  la  bande  supérieure  ont  été  traités  avec  souplesse; 
les  personnages  du  dessous  ont  l'allure  des  grandes  œuvres. 
Quant  à  la  première,  l'opération  photographique  a  eu  pour 
effet  d'en  atténuer,  pour  la  vue,  le  caractère  licencieux. 

Certes,  on  peut  dire  que  les  deux  personnages,  qui 
ornent  les  deux  côtés  de  l'anse,  servent  d'annonce  por- 
nique  au  sujet  traité  dans  la  bande  supérieure  du  vase.  Ils 
paraissent  descendre  dans  le  cycle  de  la  débauche  ou  bien 
en  sortir,  ces  deux  éphèbes  au  corps  nu,  créatures  dou- 
teuses, présent.iiil  les  épaules  et  les  hanches  de  la  femme, 
tout  en  portant  le  signe  de  la  virilité.  Ils  ont  les  cheveux 
relevés  en  chignon  (cicrus,  crobijlus)  comme  les  jeunes 
Grecques  ou  Grecs,  ou  à  la  mode  orientale.  Symbolique  créa- 
tion de  l'artifice,  les  androgynes  ou  hermaphrodites  ont, 
au  point  de  vue  de  l'amour,  chez  les  anciens,  une  significa- 
tion particulière  et  elle  est  suffisamment  connue  (i). 

(i)  Au  sujet  d'un  androgyne  figuré  sur  l'anse  d'un  iirceolus  : 
«  Es  ist  hékannt  aufwelche  Vorstcllimgen  sich  die  Hermaphroditenbil- 
dimg  bel  den  Alten  hezog  ».  Herculanum  uiid  Pompéi  (  Ban'é-Roux  ), 
édil.-allem.  Vol.  VI,  p.  72,  fig.  75. 


—  46  — 

Ici,  en-dessous  d'eux,  une  suite  de  reliefs  couronnent 
le  vase  de  quatre  couples  diversement  enlacés,  et  la  repré- 
sentation de  ces  groupes,  où  non  seulemeut  les  sexes  sont 
mêlés,  mais  paraissent  même  confondus  ,  pourrait  enguir- 
lander l'Art  d'aimer  d'Ovide,  si  celui-ci  n'était  peut-être 
dépassé,  encore  qu'il  ait  été  appelé  l'Art  de  séduire  ou  de 
corrompre. 

Ce  serait  le  lieu  de  songer  aux  Fables  milésiennes  d'Aris- 
tide ou  aux  licencieuses  conversations  de  Chariclès  et  de 
Callicratidas,  rapportées  dans  certain  traité  apocryphe  (d). 
Pour  éviter  autant  c{ue  possible  celte  littérature  et  le  détail, 
recourons  aux  termes  de  la  parenthèse  insérée  dans  le 
Centon  nuptial  d'Ausone  :  «  Finissez  et  laissez  le  reste  à 
ceux  qui  veulent  voir...  (2)  » 

A  côté  de  ces  scènes,  si  l'on  regarde  ces  graves  person- 
nages qui  s'étalent  avec  leurs  attributs,  occupant  tout  le 
pourtour  du  corps  même  du  vase,  quel  contraste  ! 

—  «Je  connais  ce  vieillard-là,  que  tu  vois  souvent  sous  le 
péristyle  du  temple  de  Minerve,  portant  le  bâton  et  la 
besace  ;  il  a  la  chevelure  et  la  barbe  longues,  et  il  se  couvre 
d'un  manteau ,  qui  est  aussi  son  compagnon  de  gra- 
bat... »  Ainsi  dit  à  peu  près  Martial  (3),  désignant  un  phi- 
losophe. 

Voyez,     chacun  de  nos     quatre   personnages  s'appuye 


(  t)  Les  Amours,  insérés  dans  les  Œuvres  de  Lucien. 

(?)  In  Parecbasi  :  Vos,  si  placet,  hic  jani  legendi  modum  ponite 
caetera  curiosls  relinquite. 

Si  quis  mores  reconditos  scrutatur,  videat,  quod  ad  imagines 
quasdam  hic  expressas  pertinet,  apud  Forcellini  verhum  jmedi car e  ; 
apud  Passow,  Handwôrterbuch  der  Griechischen  Sprache,  vocabulum 
Olisbos  ;  necnon  locum  quo,  §  28,  Amonim  scriptor  de  remotiore 
licintia  loquilur. 

(3)  Epigram.  i\,Tyl. 


-  47   - 

sur  un  bâton  ou  on  a  un  à  son  côté  :  c'est  que  le  bâton 
—  hacnlus  ou  baculum  —  est  un  des  signes  distinctifs  des 
philosophes,  et  ceux-ci  le  tenaient  avec  ostentation.  Bien 
plus,  le  bâton  devient  ici  un  gourdin  —  clava  —  dont  le 
pommeau  se  portait  en  bas,  à  la  mode  parfois  de  certains 
élégants  modernes,  et  comme  aussi  le  tient  le  vieux  philo- 
sophe Démocrite,  dont  une  pierre  gravée  nous  a  laissé 
le  portrait  (i).  Ainsi,  pour  que  nul  n'en  ignore,  l'arliste  a 
exagéré  le  trait  descriptif. 

Ces  hommes  portent  le  vêtement  carré  —  pallium  ou 
pallioUwi  —  dont  on  se  couvrait  de  plusieurs  façons  :  ici, 
le  pailium  sert  à  envelopper  simplement  le  bas  du  corps, 
le  haut  restant  découvert  à  la  mode  des  Grecs,  qui  avaient 
l'habitude  de  la  simplicité  du  nu  ;  et  on  le  voit,  ceux-ci 
n'ont  point  de  tunique,  d'habit  de  dessous  :  rien  que  la 
couverture  de  la  sagesse.  Tout  personnage  portant  le 
pallium  éiali  habillé  comme  un  Grec  —  palliatus  éiant  \e 
terme  opposé  de  togatus  désignant  le  Romain  en  toge  — 
ainsi  sont  différenciés,  comme  on  sait,  les  costumes  natio- 
naux (2). 

Ces  philosophes  grecs,  que  nous  avons  devant  nous,  il 
vaut  la  peine,  et  au  moins  peut-on  le  faire  à  l'aise,  de  les 
examiner  avec  la  curiosité  obligatoire. 

Des  motifs  de  décor;; lions  surmontés  généralement 
d'une  vasque  comme  aussi  de  certains  attributs,  partagent 
le  pourtour  du  vase  en  quatre  compartiments  ;  au  milieu 
de  chacun,  comme  en  un  médaillon,  se  tient  debout  un 
maître  de  la  sagesse. 


(i)  V.  RiCH,  Clava. 

{1)  RiCH,  ou  l.EXs  :  Le  costume  ou  essai  sur  les  habillements  et 
les  usages  de  plusieurs  peuples  de  Vautiquité.  Liège,  Basâoui])ierre 
1776.  C4hap.  Grec  et  Grecques,  et  la  planclie  11,  représentant  un 
philosoplie  en  pallium,  assis  en  cliaire  et  tenant  un  volume  dans  sa 
droite. 


-  48  — 

Deux  d'entre  eux  se  font  entre  tous  remarquer  sous  les 
anneaux  de  l'anse  :  d'un  côlé  comme  de  l'autre,  une  dra- 
perie sert  de  fond  au  personnage  chevelu  et  barbu,  l'un 
s'appuyant  du  coude  sur  son  bâlon  magistral  et  paraissant 
méditer  ;  l'autre,  maintenant  de  sa  droite  son  pallium 
enroulé,  tenant  dans  sa  gauche  un  volumen  encore,  le 
tout  dans  l'attitude  du  maître  parlant. 

L'un  et  l'autre,  comme  la  plupart  des  personnages,  ont 
la  chevelure  relevée  en  couronne  à  l'entour  de  la  tête  (l). 

Quant  à  la  draperie  ornementale  étendue  derrière  le 
premier,  elle  parait  s'enrouler  sur  la  gauche  à  un  triple 
lampadaire  {lanizzip) ,  à  têtes  d'animaux,  de  ceux  qu'on 
allumait  dans  les  grands  locaux  publics;  sur  le  support 
architectonique  de  gauche  sont  des  tablettes  à  écrire, 
ouvertes. 

A  regarder  les  deux  personnages  intermédiaii-es,  ceux- 
là  qui  se  présentent  dans  l'espace  ouvert  entre  les  deux 
branches  de  l'anse,  l'un  est  âgé,  sa  chevelure,  comme  la 
barbe,  finit  en  longues  boucles,  il  appuyé  un  doigt  sur  la 
joue  droite,  dans  l'attitude  du  silence  et  de  la  réflexion. 
C'est  la  figure  la  mieux  conservée. 

Sur  l'avant-bras  gauche,  il  porte  un  objet  oblong  et  lisse 
qu'il  est  difficile  de  déterminer. 

A  la  hauteur  de  la  tête  à  gauche  est  suspendu  un  sac 
d'écolier,  sorte  de  mallette  plate  avec  menotte  ou  poignée 
où  l'on  mettait  le  matériel  scolaire,  de  ceux-là  que  donne 
à  connaître  la  scène  d'école  représentée  sur  tel  sarco- 
phage ;  à  gauche,  par  terre,  est  une  capsa  ou  corbeille 
remplie  de  volumes  ou  livres  ;  au-dessus  ,  fixée  comme 
à  la  muraille  est  une  petite   figure  en  relief,  peut-être  un 


(i)  Elle  est  ainsi  disposée  sur  un    portrait  conservé  de   Platon. 
V.  Ganiki,  Iconografia,  Rome,  1669,  p.  79. 


-  49  — 

porti-ait.  Attachée  au  su[ipni-t  qui  sert  de  séparation  pend 
une   outi'e    ou    une   besace  ?... 

Le  quatrième  sage,  quelque  épigone  sans  doute,  est  plus 
jeune  et  d'allure  et  de  figure  ;  il  s'appuye  sur  un  bâton 
lortu;  à  sa  droite,  près  de  la  tète,  dans  un  volumen  ouvert, 
une  page  ou  pagina;  à  ses  pieds,  une  haute  capsa  carrée 
contenant  des  volumes. 

Ces  personnages,  philosophes  grecs,  sont  entourés  de 
symboles  parlants  et  tous  ccHix-ci  i-ai)pellent  l'école. 

Dans  la  représentation  du  philosophe,  le  volmnen  est 
toujours  le   signe  d'une  doctrine  enseignée. 

Maintenant ,  quel  est  doiic  li  rapport  de  ceci  avec  cela, 
de  cette  gravité  voulue  avec  ces  scènes  oi-giastiques  ? 

Il  faut  reprendre  de  loin  les  choses,  recourir  à  l'his- 
toire, et,  pour  encadrer  seulement  le  sujet,  citer  peut-être 
beaucoup  de  noms. 

Vers,  l'an  390  avant  Jésus-Christ,  à  Cyrène,  belle  ville 
de  l'Alrique  grecque,  que  le  luxe  et  la  débauche  conduisirent 
à  la  ruine,  florissatt  Aristippe  (l)  qui,  s'é partant  des  leçons 
de  Socrate  son  maître,  devint  le  fondateur  de  l'école  cyré- 
naïque.  Pour  lui,  la  fin  de  l'homme  était  le  plaisir,  la  vo- 
lupté présente,  «actuelle»,  c'est-à-dire  en  action  ;  e(,  trait 
qui  distingua  sa  doctrine  de  celle  d'Epicure,  il  accordait 
au  plaisir  du  corps  la  supériorité  sur  celui  de  l'esprit. 

Aristippe  le  Métrodidacte,  «  élevé  par  sa  nière  »  la 
célèbre  Areté,  recueillit  l'héritage  doctrinal  de  son  aïeul, 
et  donna  à  ses  leçons  une  forme  systématique. 

Par  continuation,  un  Annicéris,  né  vers  330  avant  notre 
ère,  tout  en  recommandant  les  satisfactions  morales  que 
procure  l'amour  des  parents  et  de  la  patrie,  la  reconnais- 
sance et  l'amitié,  posait  encore  en  principe  que  le  plaisir 
était  le  souverain  bien. 

(0  WiELANi),  Aristippe  et  queiquea-uns  de  ses  contemporains. 


—  50  — 

Sa  secte,  ainsi  qu'il  arriva  à  d'autres  encore  (l),  se  con- 
fondit avec  celle  d'Epicure. 

Le  fameux  Garnéade  de  Cyrène  iiilorvient  aussi  dans  la 
liste  des  théoriciens  du  piaisir  ou  Hédoiii(iues  (2)  ;  chef  de 
la  nouvelle  Académie,  où  il  développa  la  théorie  du  pro- 
babilisme,  il  tenait  d'Aristippe  quant  à  la  morale:  il  éri- 
geait en  principe  la  satisf.iction  des  premiers  besoins 
de  la  nature  (3).  Ainsi,  il  «bornait  la  félicité  à  la  jouis- 
sance du  bien  natui-el,  sans  y  comprendre  le  bien  hon- 
nêle»(4).  Un  disciple,  Glitomarchus(o),  se  fit,  après  lui,  le 
porte-voix  d'un  maître  qui  n'avai't  pas  écrit,  mais  qui,  grâce 
à  un  talent  prestigieux,  exerça  une  influence  considérable. 

L'école  cyrénaïque  fut  continuée  par  Théodorus  l'A- 
thée et  les  Théodoriens  ;  un  Hégésias  qui  se  fit  l'apôtre 
du  suicide,  Bion  Borysthénitès,  le  contempteur  puljlic  des 
dieux;  enfin,  un  Aristoxêne,  dont  «le  gosier  comme  l'es- 
tomac furent  célèbres»  (6)  paraissent  clôturer  la  liste  des 
derniers  descendants  d'Aristippe. 

Tels  furent  donc  les  représentants  principaux  de  l'école 
hédonique,  du  plaisir  pratiqué,  en  action  (7).  Nous  avions 
à  rappeler  à  la  mémoire  et  le  personnel  et  la  théorie.  La 
chronologie   rapproche  les   derniers   Cyrénaïques  de  l'ère 


(1)  aMnesistratios  ciim  Cyrenaicis  et  Epicureis  conspirare  notavit 
Athenaeuf,  VII.»  Fabritiiis  Bib.,  Graec.  edit.quarta,  t.  111,  p.  617. 

(2)  Hêdonê  (f.Sovri)  signifie  plaisir. 

(3)  Cic.  Acad,  II,  42  :  aJioneste  vivere  fruentem  ils  rehiis  quas 
primum  honiini  natura  conciliavit». 

(4)  Batle,  Diction. 

(5)  (■<.  Mentorem  Carneadea  primum  hahuit  discipulimi,  non  tamen 
successorem  ;  quod  illum  adhuc  vivens  ciim  pelUce  sua  repererat  ». 
Euseb.  Praep.  ev.  p.  733. 

(6)  «■  Nidla  re  nisi  gula  celchris  et  ventrusna  fait.»  Fab.  Iliid. 
p.  617. 

(7)  'Hôovr,  4v  xivrjjct. 


—  51    - 

impériale  et  l'on  peut  dire,  en  général,  que  s'il  s'agit  du 
principe  du  plaisir,  celle  école  là  n{>  pouvait  fermer. 

Gyrène  d'ailleurs  était  sous  les  Flavieris  (Vespasienet 
Titus)  une  colonie  romaine  {C.  Flavid),  et,  qu'il  s'agisse  de 
doctrine  ou  de  politique ,  son  histoire  est  d'une  façon 
durable  liée  à  celle  de  Rome,  jusqu'au  règne  d'Adrien  tout 
au  moins.  C'est  assez  dire  que  la  tradition  des  idées  dut 
facilement  s'établir  et  persister.  Des  noms  restèrent  repré- 
sentant d'une  façon  concrète  pour  les  lettrés,  les  artistes, 
le  vulgaire  même,  des  doctrines  non  plus  spéculatives, 
mais  des  principes,  des  axiomes,  qu'il  était  facile  de  rappe- 
ler et  de  pratiquer. 

Par  surcroît,  la  théorie  du  plaisir  fut  reprise,  à  Rome 
aussi,  par  d'autres  apôtres.  Déjà  Plutarque  (i)  avait  dit  que 
les  Gyrénaïques  et  les  Epicuriens  buvaient  au  même  verre  ; 
d'aucuns  pearmi  les  modernes  (2)  les  classent  sous  le  même 
titre  :  Matérialisme  et  Immoralisme. 

Si,  en  tant  que  théorie  abstraite,  l'Ecole  cyrénaïque 
s'éteignit  pour  Rome,  le  même  esprit  avait  passé  chez  les 
disciples  d'Epicure,  D'une  doctrine  plus  relevée  qui  regar- 
dait la  vertu  comme  contribuant  au  bonheur  et  qui  faisait 
consister  la  félicité  dans  l'équilibre  lran(juille  de  l'âme  et  du 
corps  (3),  le  vulgaire  ne  retint  plus  qu'un  terme,  la  volupté, 
quelle  qu'en  fût  la  cause;  elle  était  la  fin  suprême  de  la  vie. 
«  Un  certain  Amafanius  ,  dit  dédaigneusement  Gicéron  (4) , 
nous  a  débité  la  doctrine  d'Epicure,  facile  à  comprendre,  et 
la  foule  l'a  (embrassée,  d'autant  plus  que  les  charmes  de  la 
volupté  l'y  portaient.  Nombre  d'écrivains  ont  suivi  qui  ont 
inondé  de  leurs  ouvrages   toute   l'Italie   »  Peu  importe  à 


{\  )  MoRALrA,  de  non  suaviter  vivendo  secimdnm  Ejiiciirinii,  p.  1081. 

(2)  Laforèt.  Hist.  de  la  Philosophie,,  phil  .  i/recqae,  t.  II,  p.   13!2. 

(3)  Le  plaisir  catastéinatique  ou  au  repos. 

(4)  Thsc,].  IV,  3. 


—  52  — 

l'histoii'e  les  noms  dos  Néo-Epicuriens  ,  des  maîtres  grecs 
qui  se  relèvent  sans  ccs^se  dans  Rome.  I.a  doctrine  pénètre 
avec  eux  d.ms  les  rangs  de  toute  la  société  et  c'est  là  le  trait 
qu'il  faut  relever.  Jules  César  était  un  Epicurien,  si  tant  est 
qu'il  pût  èlre  aulre  que  lui-même;  T.  Pomponius  Atticus 
et  C.  Velleius  Senator;  Horace,  Mécène  et  Quintilius 
Varus;  plus  tard,  Aulu-Gelle  et  les  deux  Pline,  voilà  après 
I,ucrèi;e,  des  adeptes  de  la  secte  dans  le  monde  Ioftri\  Et 
le  mouvement  alla  se  perpétuant.  Depuis  la  cour  d'Auguste, 
la  théorie  était  à  la  mode;  on  suivait  le  troupeau  et,  sans 
déroger  à  l'élégance,  on  se  déclarait  Epicuri  de  grege 
porcus  (i).  Qu'est-ce,  alors  encore,  si  ce  n'est  l'ancien 
Hédonisme  victorieux  ? 

Au  sujet  de  la  galerie,  petite  mais  choisie,  de  philoso- 
phes, du  philosophorum  chorus  qui  s'étale  sur  le  pourtour 
du  vase  de  îlerstal  —  il  convient  de  rappeler  ce  fait  à  la 
mémoire  —  les  mœurs  avaient  concédé  au  philosophe,  à 
l'instar  des  Illustres,  une  sorte  de  droit  à  l'image.  Des 
renseignements  caractéristiques  nous  sont  fournis  par 
Cicéron  et  par  Pline,  et  ils  ont  ici  pour  nous  une  impor- 
tance significative. 

Ces  hommes,  qui  prétendaient  donner  aux  autres  des 
règles  de  vie,  comptèrent  des  générations  successives 
d'adeptes,  de  sectaires  souvent  passionnés:  ceux-ci  se 
réclamaient  du  maître  et  conservaient  son  image;  on 
multipliait  les  portraits. 

«  Je  n'oublierai  pas  Epicure,  dit  Cicéron  (2),  dont  nos 
amis  ont  l'image  représentée,  non-seulement  en  peinture. 


(i)  Horace,  Ep.  XVII,  in  fine.  —  ^^  Contaminât  us  grex  turpium 
virorum».  Ibid.  Od.  I,  37,  9. 

(2)  vNec  tamen  Epicuri  licet  oblivisci,  ciijas  imagines  non  modo  in 
tabulis  nostri  familicires  sed  etiam  in  j^oculis  et  in  annulis  habent  « 
Gic.  de  fiiiiliiis,  1.  v.  tj  1. 


-  83  - 

mais  sur  leur  vase  à  boire,  mrnie  sur  le  chalou  de  leur 
anneau.  » 

Et  Pline (i):  «Xos  lîoinains  ont  d.uis  leur  ehambi'e  l'image 
d'Epicure,  ils  la  lrai)sp(jrlenl  avec  eux,  lels  ne  man(}uent 
pas,  le  vingtième  jour  de  chaque  mois, de  lèter  sa  naissance.» 

Buste  de  bil)liothôque  ou  ciselé  sur  une  pièce  d'argenterie 
de  table,  le  portrait  d'Epicnu-e  fut  de  loin  le  plus  répandu, 
les  anciens  incarnant  volontiers  en  un  seul  personnage  tout 
l'ensemble  d'une  docti-ine  ou  d'une  classe.  D'autres  philo- 
sophes de  la  théorie  du  plaisir  jouissaient  néanmoins  de  la 
popularité  de  l'etTigie,  Zenon  de  Sidon ,  par  exemple  (2), 
ou  Métrodore,  ou  Hermarchus.  Un  portrait  authentique  et 
très  vivant  de  Garnéade  (3)  provenant  de  l'hémicycle  de 
la  villa  Albani ,  avec  inscription  grecque,  se  trouvait 
notamment  au  petit  Farnèse  (4). 

Autre  constatation  intéressante,  le  buste  de  Hermarchus 
a  été  trouvé  à  Herculanum,  auprès  d'une  bibliothèque  épi- 
curienne ;  un  double  Hermès  formé  des  têtes  accolées 
d'Epicure  et  de  Métrodore,  deux  amis  fidèles,  est  un  monu- 
ment des  Icades  ou  fêtes  d'Epicure  ;  il  provient  de  fouilles 
faites  à  Rome,  en  1744,  devant  S'«-Marie  Majeure. 


())  <.<.Idem palaestras  atldetanimi  maginihus  et  ceromata  exornan 
etvultus  Epicuri  per  cahicula  gestnnt,  ac  circumfenint  secum.  Nutaii 
e.jus  ticesima  lima  sacrificant  feriasque  omnl  ntense  ciistuditmt 
quas  icadas  vocant.  »  Plin.  Hist.  iiatitr.,  1.  XXXV,  §  '2. 

(2)  Museo  Pio  f'.lementino,  t.  VI,  p.  49. 

(3)  Ibid.  pp  50  et  suiv. 

(4)  ViscoNTi  dans  son  grand  ouvrage  (Paris  1801  )  sur  V Iconogra- 
phie grecque,  1"  partie  du  texte,  pp.  86,  111,  11:2  et  planclies  19,  î25  et 
:26,  reproduit  ces  portraits  différents,  qui,  à  première  vue,  ont  un  air 
de  ressemblance  ;  sur  tous,  l'artiste  a  visé  à  traduire  le  travail 
de  la  pensée.  —  Là,  au  moins,  la  dimension  et  la  lionne  conserva- 
tion des  figures,  des  inscriptions  aussi,  ont  permis  aux  érudils  d'iden- 
tifier les  personnages. 


—  54  — 

On  voit  ainsi  que  la  décoration  du  vase  de  Herstal  n'offre 
rien  que  de  nalurcl;  elle  nous  ramène  tout  droit  aux  tradi- 
tions classiques. 

Rappeler  les  faits  que  nous  livre  l'histoire  des  mœurs, 
c'est  toujours  rapprocher  des  scènes  de  débauche  qu'on 
voit  ou  qu'on  devhie,  les  maîtres  graves  dont  les  théories 
inspirent  celles-là  ou  les  patronnent:  ces  scènes  mêmes  ne 
se  déroulent-elles  pas  au-dessus  de  leur  tête  ?  Eux-mêmes 
ils  rappellent  ces  paroles  :  «Vous  voulez  dormir,  alors  que 
vous  savez  que  la  veillée  est  due  au  culte  de  Priape  ?  »  (i). 

C'est,  en  effet,  toute  une  priapée,  et  ces  hommes  y  en- 
gagent, ils  y  vont.  Si  les  personnages  à  chignon,  les  andro- 
gynes  qui  font  l'annonce,  du  haut  de  l'anse  semblent  y 
descendre,  on  revoit  dans  le  cercle  sans  fin  du  plaisir  telle 
tête  pareille  à  celles  des  philosophes  de  la  folie  charnelle 
et  des  plaisirs  sensuels,  et  ainsi  apparaît  la  complète  ordon- 
nance de  la  composition  imaginée  par  l'artiste  païen. 

Dans  les  quatre  compartiments  qui  se  suivent,  a-t-il 
voulu  représenter  particulièrement  quatre  docteurs  de 
l'école  hédonique  de  Cyrène  ?  S'agil-il  d'une  figuration 
mélangée  qui  les  confonde  eux  et  des  Epicuriens,  ou  bien 
est-ce  là  Epicure  avec  tels  de  ses  adeptes  ?  Rien  d'écrit  qui 
le  dise,  et  pour  nous  c'est  cependant  bien  là  de  ces 
hommes  classés  qui  ont  été  visés. 

L'artiste  ancien  a  pu,  sur  un  vase,  chercher  à  montrer 
les  Hédoniques  de  Cyrène  ;  leur  doctrine  est  dans  son 
genre  la  plus  complète,  et  Aristippe  étant  plus  ancien 
qu'Epicure,  on  se  prévalait  du  lustre  de  l'antiquité  respec- 
table. Tout  cela  apparaît  comme  plus  vraisemblable  encore 
si  on  rapproche  les  figures  de  certaines  scènes  du  plaisir  en 
action. 


(5)  uDormire  v obis  in  mente  est  ciim  sciatis  Priapi  genio  pervigi- 
lium  deheri  ?  »  Pétrone,  Satir,  21 . 


-   5B  - 

Mais,  les  Hédoniques  épicuriens  ont  joui  d'une  telle 
popularité  à  Rome  qu'il  serait,  naturel  de.  reconnaître;  pour 
tels,  sur  un  vase  romain,  des  portraits  d'Epicure  et  de  ses 
disciples  qui  furent  aussi  des  rnaîlres. 

Le  vase  de  Herstal  appartiendrait  alors  à  cette  sorte  de 
vaisselle  à  la  marque  épicurienne  dont  il  est  parlé  par 
Cicéron  et  par  Pline.  L'artiste  était  d'ailleurs  à  l'aise  pour 
retrouver  des  types  suffisants  parmi  les  fondateurs  popu- 
laires de  l'école  d'Epicure  et  garder  encore,  ainsi  qu'il  l'a 
fait,  la  tradition  archaïque  :  un  Alcaeus  chassé  de  Rome  au 
bon  vieux  temps,  ainsi  que  le  fut  Carnéade;  Apollodore, 
auteur  de  quarante  volumes,  et  qui  eut  pour  successeur 
Zenon  de  Sidon  ;  avant  eux,  Hermarchus,  l'héritier  d'Epi- 
cure, qui  lui  laissa  avec  une  maison  tous  ses  livres,  afin 
qu'il  put  continuer  son  enseignement;  après  Métrodore, 
Philodémus  et  Zenon,  deux  premiers  rôles...  On  arrive  vite 
à  l'embarras  du  choix  lorsqu'on  rassemble  en  nombre  les 
figurants  utiles. 

Entendues  par  les  Romains,  les  doctrines  d'Aristippe  et 
d'Epicure  étaient  les  mêmes,  celles  du  sensualisme  :  pareils 
aussi  étaient  les  personnages.  Ces  anciens  maîtres  grecs  du 
plaisir  humain  portent  même  pallium,  gardent  la  même 
attitude,  ont  les  attributs  identiques.  Parlant  de  ceux-là  qui 
trafiquaient  de  la  philosophie  et  tenaient  école  comme  on 
tient  une  taverne,  un  ancien  (i)  note  ce  trait  de  caractère  à 
propos  d'un  soi-disant  sage  qui  se  méconduisait  en  public: 
«  Il  est  pourtant,  dit-il,  d'autant  plus  facile  à  remarquer 
que  son  habit  le  distingue  des  autres  hommes  ;  et  c'est  un 
fait  qui  m'indigne  par  dessus  tout,  de  voir  qu'd  ne  change 
pas  de  costume  alors  qu'il  change  de  rôle....» 

Cette  tenue-là,  ils  la  portaient  tous,  et  qui  voit  l'un  voit 


(  1  )  Lucien,  Nigriniis  ou  le  portrait  (Viin  philosophe,  §  24-25. 


-  56  — 

l'autre.  Pris  dans  l'ensemble  do  sa  personne,  le  philosophe 
ancien  était  un  type,  et  quant  à  son  image,  elle  est  toute 
fixée  dans  le  procédé  artistique  II  est  devenu  un  person- 
nage traditionnel  —  tout  comme  plus  tard  les  masques  de 
la  Comédie  italienne. 

Après  le  costume,  regardons  la  figure. 

Mais,  au  préalable,  rappelons-nous  que  le  caractère  idéal 
du  portrait  antique,  la  défectuosité  dos  moyens  ultérieurs 
de  la  reproduction,  les  erreurs  d'identité  et  l'éloignement 
dos  galeries  célèbres,  constituent  autant  de  difficultés  inhé- 
rentes aux  recherches  iconographiques.  Déjà  de  son  temps 
Pline  (l)  se  plaignait  qu'on  changeât  les  têtes  des  statues... 

Lorsqu'il  fut  déterré,  le  vase  de  Herstal  était  entouré 
d'une  gangue  de  terre  qui  ne  faisait  avec  lui  qu'une  masse 
informe  et  compacte.  Gela  ne  laissa  pas  de  stimuler,  en  le 
graduant,  le  plaisir  ùe  la  découverte...  Mais  quelques  dix- 
sept  siècles  passés  dans  cette  enveloppe  humide,  avaient 
eu  pour  etTet  de  boursouffler  ou  de  ronger  les  traits  des 
visages,  devenus  indistincts.  Avec  l'absence  de  toute  indi- 
cation écrite,  voilà  qui  supprimerait  la  recherche  de  l'iden- 
tité personnelle.  Ces  personnages  n'ont  gardé  qu'un  air  de 
famille. 

S'est-il  perdu  d'ailleurs  quelque  chose  d'autre  que  la 
beauté  de  la  physionomie  originelle  ?  L'artiste  a  voulu  sans 
doute  représenter  des  portraits  parlants  ;  mais,  ceux-ci  ne 
procédaient  pas  d'une  tradition  directe.  Dès  lors,  sur  des 
objets  divers,  que  le  luxe  inventait,  ces  images  devenaient 
vite  conventionnelles. 

Quelque  préférence  systématique  que  l'on  veuille  garder, 
en  dépit  du  regret  qu'on  éprouve  à  ne  pas  voir  s'enrichir 
sûrement  l'Iconographie  authentique,  il  nous    faut   bien 


(i)  Hist.  natur.,  XXXV,  II.  «  statuarum  capita pennutantur.  » 


—  57  — 

actuellement  renoncer  à  mettre  en-dessous  de  chaque 
personnage  un  nom,  inutile  jadis,  et  qui  n'est  point  absolu- 
ment nécessaire  aujourd'hui.  S'ils  restent  anonymes,  ces 
personnages,  ils  sont  ce[)(MidaMt  suKisainniiMit  connus  :  à 
défaut  du  nom  propre,  la  qualité  de  la  classe  tout  au  moins 
se  révèle  et  nous  devons  nous  contenter  de  ce  résultat,  qui 
met  en  scène  l'Hédonisme. 

La  conception  artistique  vit  de  contrastes,  elle  les  re- 
cherche, heureuse  toujours  quand  elle  les  rencontre  ;  alors 
elle  est  arrivée  au  succès.  C'est  ici  le  cas.  Le  compositeur 
a  cherché  un  motif  de  décoration,  il  l'a  trouvé  au  moyen 
ordinaire  du  repoussoir  :  les  plaisirs  sensuels  de  l'orgie,  la 
gravité  solennelle  des  théoriciens  qui  l'admettent  ou  y 
invitent.  L'artiste  a  écrit  sur  les  flancs  du  vase  sa  pensée. 

Les  lettres,  comme  la  glyptique,  ont  brodé  sur  le  même 
canevas.  La  déviation  de  la  morale,  ou  la  plaisanterie, 
n'ont-elles  pas  fait  du  sage  l'apôtre  du  plaisir  ?  La  gaudriole 
française  s'est  emparée  du  motif  et  a  chanté  sur  un  air 
connu  : 

«  C'est  mon    avis,  moi  de   qui   la  sagesse 
A  fait  tomber  tous  les  cheveux.  » 

Le  procédé  est  vulgaire.  Mais  ici  l'histoire  le  rend  parti- 
culièrement intéressant. 

L'inspiration  de  l'artiste  romain  s'empressant  de  profiter 
d'un  contraste  apparent  entre  les  mœurs  et  la  tenue,  vient 
de  plus  haut  :  il  a  pu  trouver  l'occasion  de  réhabiliter  ou 
d'encourager,  avec  une  elïronterie  digne  du  temps,  les 
débauches  de  la  Cour  impériale  et  d'une  grande  partie  de 
la  haute  société  romaine. 

Chez  les  anciens,  en  général,  les  sujets  obscènes  prê- 
taient à  rire,  sans  plus  :  «  Faisant  le  tour  de  Cnide,  dit 
Lycinus  (i),  j'ai  ri  de  tout  mon  cœur  des  figures  lascives  de 

(i)  Les  Amours,  dans  Lucien,  §  11. 


—  58  — 


terre  cuite  qu'il  est  naturel  de  rencontrer  dans  la  ville 
de  Vénus.  «  A  Rome,  Tibère  établit  une  officine  en  vue  de 
la  reproduction  de  scènes  nouvelles.  Une  poétesse,  grecque 
d'Afrique,  Eléphantis  (i),  en  avait  détaillé  des  séries  dans 
ses  petits  livres.  Tibère  les  fit  déposer  au  Palais,  «  nul 
artiste  ne  devait  ainsi  manquer  de  modèles  pour  représen- 
ter l'image  commandée.  »  Peintures  et  statuettes,  il  ornait 
de  tout  cela  les  murs  de  ses  appartements  (2). 

La  théurgie  superstitieuse  fut  une  des  plaies  de  l'em- 
pire romain;  l'immoralité  publique  en  dépassa  les  excès. 
S'il  n'est  pas  un  produit  direct  de  la  fameuse  officine  de 
Tibère,  le  vase  de  Herslal,  orné  de  la  façon  qu'on  voit,  n'en 
est  pas  moins  le  legs  de  traditions  qui  continuèrent  l'œuvre 
de  la  corruption  artistique.  Celle-ci  s'étala  même  sur  des 
objets  d'usage  courant  (3). 

L'exemple  continua  à  venir  de  baut  :  les  débauches  de 
Domitien  furent  dignes  de  celles  de  ses  prédécesseurs. 
Trajan  (qui  pacifia  la  Cyrénaïque)  aimait  les  plaisirs  de 
la  table,  au  point  qu'il  avait  défendu  d'exécuter  tout  ordre 
donné  par  lui  après  boire.  Adrien  prenait  plaisir  à  peindre 
des  obscénités  (4).  Critiqué  par  lui ,  l'architecte  Apol- 
lodore  le  renvoya  à  ses  «  concombres.  »  Sans  adopter 
les  principes  d'aucune  école,   le  même  empereur  prenait 


(i)  Eléphantis,  poetria  quae  libellas  scripsit  quibus  varia  gênera 
conciibitus  complexa  est.  «  Forcellini. 

(2)  Suétone.  Tibère,  §  43:  «  Undiqiie  conqiiisiti  monstrosi  conciibitus 
repertores...  Ciibicuîa  plurifariam  disposifa  tabelJis  ac  sigillis  lasci, 
vissimarum  picturarum  adornavit  librisque  Elephantidis  instruxit- 
ne  oui  in  edenda  opéra  exemplar  iinperatae  scheinae  deesset.  » 

(3)  aVitreo  Priapo  bibere.  Juven,  2  95.  Priapus  sigilineus,  scilicet 
panis  in  modiim  Priapifactus,  Mart.,  14,  69. 

(4)  Cantu.  Ilist.  Univ.,  t.  m,  Adrien. 


—  59  — 

plaisir  à  écouter  les  dis[)iilos  des  impudents  sophistes  qui 
faisaient  foule  aulour  de  lui.  Poète,  il  célébrait  ses  mignons; 
il  finit  par  périr  de  ses  excès  à  Tihur.  Aux  côtés  du  sage 
Marc-Aui'èle  se  tenait  L,  Vcrus  Coinmodus  Augustus,  son 
collègue,  un  débauché  f(ui  réunissait  dans  sa  maison  de  la 
via  Claudia,  une  troujoe  dépravée  qui  y  renouvelait  ses 
orgies.  Celait  lui  (pii  couvrait  de  poudre  d'or  ses  chevfîux 
blonds  et  disli'ihuail  ColleiTient  à  s(^s  favoris  les  objets  les 
plus  précieux,  tandis  que  Marc-Aurèle  vendait  sa  vaisselle 
pour  subvenir  aux  besoins  publics.  Ainsi,  même  sous  les 
règnes  réparateurs,  s'il  y  eut  la  faction  stoïcienne  et  des 
philosophes  moralistes,  par  un  dualisme  constant,  l'impu- 
dique tradition  du  plaisir  fut  toujours  continuée.  Sous  les 
Antonins,  Sénèque  (i)  ne  se  plaint-il  pas  des  progrès  que 
la  corruplion  ne  cessait  d'accomplir  ? 

Quoi  de  surprenant  à  ce  que  sur  un  vase,  celui-ci  ou 
d'autres,  le  ciseleur  romain  ait  représenté  des  scènes  em- 
pruntées aux  rafQnements  de  l'orgie  ,  quand  le  mol  vase 
lui-même  (2)  prenait  parfois  dans  le  langage  familier  un 
sens  qui  n'était  rien  moins  que  chaste  ? 

A  le  prendre  tel  qu'il  est,  le  vase  de  Herstal  donne,  en 
représentation,  à  l'archéologie  des  personnages  de  plus,  il 
exhume   pour   une  part  les   Figures    d'Aphrodite  (3)    et 


(i)  Quaest.  Natiir.  extr.  libro  :  a  Qiiotidie  comminiscimur  per  quae 
virilitatifiat  iiijiti-ia  aitt  traducatar  quia  non  potest  extii.  » 

(2)  Ne  quid  ferai  rei  similitudo  oblivisci  videamur,  vocaljulum 
Vas  familiariter  obscœiium  sensum  significabat.  V.  Plant.  Poenid, 
4,  2,  4(J  :  «  refera  vasa  salva»  —  Auct.  Priap.  «  Hinc  ïegimus  Circen 
grandia  Dulichia  vasa  pelisse  viri.  »  —  Priapeia,  69,  in  commentariis 
edit  Patav.  «  Vir  tKisatiis». 

(3)  Antiquitus  exliteruut  li))elli  quam  maxime  obscœni  de  cosme- 
ticis,  (le  fujnris  Veiicreis.  Mde  Pauly,  Real-Eucyc,  Asti/anassa, 
EhpJianiis. 


—  60  — 

illustre  à  la  ibis  Diogène  Laerce;  il  commente,  si  l'on  veut, 
en  les  réalisant,  des  traits  de  ce  chapitre  des  mœurs  que 
glisse  Suétone  dans  la  vie  des  Césars.  On  peut  lui  attribuer 
la  valeur  ou  la  signification  d'un  nouveau  document  clas- 
sique, et,  à  ce  titre,  il  convenait  de  l'étudier  et  de  le 
commenter. 

Dans  nos  contrées,  nous  ne  connaissons  pas  d'exemple 
d'une  sépulture  sous  tumulus  postérieure  à  l'époque 
de  Marc-Aurèle  ;  la  pièce  de  monnaie  déposée  générale- 
ment est  aussi  une  manière  de  date  a  posteriori.  Les  deux 
indications  nous  reportent  à  l'ère  des  bons  écrivains. 

A  prendre  comme  point  initial  la  date  d'une  médaille  de 
Domitien,  c'est  sous  le  règne  de  ce  dernier  des  douze 
Césars  (81-96)  que  Tacite  fut  préteur;  le  nom  de  Pline  e.st 
lié  à  celui  de  Trajan  ;  sous  AdriQn  (né  en  76,  mort  en  138) 
écrivirent  Plutarque,  Suétone,  et  Aulu-Gelle;  Mai'c-Àurèle 
après  sa  mort,  arrivée  en  180,  laissa  par  écrit  les  [)rincipes 
de  sa  philosophie.  Ces  quelques  noms,  qui  en  rappellent 
bien  d'autres,  suffisent  à  signaler  l'importance  historique 
de  cette  période  de  quatre-vingts  années  qui  nous  con- 
duisent jusqu'à  Commode,  assassiné  vers  la  fin  du 
2'"e  siècle  après  J,  G. 

Le  vase  de  Herstal  est  un  legs  du  Haut-Empire  et, en  tout 
cas,  de  ses  traditions. 

Il  a  été  apporté  d^ms  le  nord  de  la  Gaule  au  temps  où 
l'administration  romaine,  si  active  dans  le  pays  depuis 
Auguste,  poursuivait  encore  de  derniers  progrès  en  matière 
militaire  et  politique.  Le  vase  faisait  partie  du  bagage,  de 
la  supellex  ou  vaisselle  de  quelque  important  personnage 
romain.  Car  la  sépulture  est  riche,  et  c'est  là  l'épithète 
qu'on  peut  le  plus  sûrement  lui  donner.  L'élévation  d'un 
tumulus,  le  bon  ordre  des  objets,  indiquent  encore  qu'il  y 
a  été  procédé  autrement  qu'après  des  faits  de  guerre. 

D'autre  part,  point  de  pyxides  ou  boîtes,  d'épingles  à 


—  61  — 

cheveux,  do  miroir,  de  peigne  ou  de  fibules;  une  idée 
générale,  théorie  philosophique,  exprimée  par  la  décoration 
du  vase  :  il  n'y  a  rien  là  qui  rappelle  la  tombe  d'une  femme. 
Au  contraire,  un  fragment  calciné  {O'^d  à  0'"7)  de  poignée 
d'épée  en  ivoire  se  trouve  parmi  les  objets  exhumés, 
pareille  à  celle  qui  a  été  mise  au  jour  à  la  sépulture  d'Her- 
bays,  à  Piétrain  en  Brabant. 

Le  parazonium  ou  courte  épée  de  ceinture  ,  marque  de 
distinction  plutôt  qu'arme  d'usage  ,  était  porté  par  les 
tribuns  des  soldats  et  les  officiers  supérieurs  de  l'armée 
romaine. 

Pareil  objet  donne  à  penser  qu'on  se  trouve  en  présence 
de  la  tombe  de  quelque  Romain  hautement  qualifié,  décédé 
en  cours  de  route  non  loin  d'un  passage  de  la  Meuse  et 
inhumé  près  d'un  diverticulum  ;  ou  bien  ayant  administré 
de  là  quelque  vaste  ager  ou  territoire  public  ou  privé?... 

Rome,  qui  dirigeait  régulièrement  le  sort  des  Gaules, 
pressait  en  certaines  occasions  les  mouvements  de  ses 
troupes.  Sous  Domitien,  une  expédition  contre  les  Cattes 
et  des  troubles  militaires  en  Germanie  purent  intéresser 
indirectement  notre  pays.  Le  territoire  des  Cattes  s'éten- 
dait, du  côté  de  Trêves,  à  droite  de  la  Gaule  romaine, 
entre  Cologne  et  Mayence.  Trajan  qui  fut  d'abord  gouver- 
neur de  la  Basse-Germanie,  fit  construire  une  route  qui 
allait  du  Pont-Euxin  dans  les  Gaules.  Adrien,  qui  parcourut 
toutes  les  provinces,  visita  particulièrement  la  Gaule, 
rétablissant  la  discipline,  réformant  les  abus  ;  de  là,  dans 
son  périple  ou  voyage  circulaire,  il  passa  en  Germanie  et 
en  Bretagne.  Il  fut  perpétuellement  en  mouvement  ;  Anto- 
nin  fut  la  tranquillité  même  et  Marc-Aurèle,  son  successeur, 
eut  à  repousser  une  invasion  des  Cattes  et  à  combattre,  au 
centre  de  la  Germanie,  les  Marcomans. 

Tels  furent,  pendant  toute  une  période,  les  événements 
militaires  qui,  bien  avant  l'occupation  de  Trêves  par  l'Em- 


—  62  — 

pire,  ne  purent  manquer  d'attirer  vers  le  Nord  de  nou- 
veaux niagistrals,  des  conmiandants  accompagnés  de  leurs 
olficiers,  alors  que  Rome  pouvait  déjà  compter  sur  nombre 
d'envoyés. 

Même  eu  un  endroit  aussi  éloigné  des  milieux  purement 
romains,  on  peut  comprendre  que,  dans  une  tombe,  il  se 
soit  trouvé  un  vase  d'un  caractère  tout  particulier.  A  quel 
emploi  était-il  destiné?  La  question  est  plus  facile  à  poser 
qu'à  résoudre.  Bornons-nous  à  taire  ({uelques  observations. 

Les  formes  du  vase  participent  de  celles  de  Vurna  à 
cause  du  rétrécissement  du  col  ;  de  celles  de  \a.cista,  cis- 
lella.,  cistellula,  boîtes  toujours  cylindriques  ;  de  la  silella 
ou  situla,  petit  seau  pourvu  d'une  anse.  On  ne  retrouve 
ici  aucun  de  ces  types  au  complet.  L'ustensile  ne  se  prête 
ni  à  pu>ser,  ni  à  verser,  la  main  n'y  peut  saisir  à  l'inté- 
rieur. La  petite  cuiller  trouvée  dans  la  sépulture,  une 
ligiila  (i)  (0'"14),  à  manche  effilé  et  terminé  en  pointe 
oblongue,  pourrait  être  le  complément  utile  du  vase,  haut 
précisément  de  0'"46  y  compris  le  pied. 

En  définitive,  le  vase  n'a  pas  de  foi'mes  spéciales  qui  lui 
assignent  par  elles-mêmes  une  destination  particulière  ; 
rien  de  marqué  qui  nous  permettent  de  conclure  du  conte- 
nant au  contenu. 

Nous  venons,  autant  que  possible,  d'en  faire  l'expé- 
rience, à  passer  en  revue  les  détails  du  culte  officiel  ou 
secret,  voire  même  celui  du  dieu  de  Lampsaque  ou  bien 
encore  les  cérémonies  funèbres,  on  ne  trouve  que  l'occa- 
sion d'émettre  des  suppositions  qui  se  contrarient  parleur 
nombre  et  qui  sont  donc  inutiles. 

Le  vase  n'a  rien  de  mythologique,  et  cette  constatation 
entraîne  d'antres  conclusions  négatives. 

Qu'il  ait  été  un  objet  de  luxe,  fait  ad  luxariae  materiam, 

(i)  Lingiia,  lingula,  lir/iiJa. 


-  63  — 

cela  ne  parail  l'aire  aucun  doule.  Sa  (h'^'oralion  lui  assigne 
une  place  parmi  les  petits  meubles  destinés  à  l'usage  privé. 
Le  nombre  de  ces  objets  se  multiplia  en  raison  de  l'essor 
que  prit  à  Rome  le  luxe  du  mundus,  de  la  lablc  et  du  l)ain. 

Qu'il  s'agît  du  bain  public  ou  privé  (i),  du  soin  de  sa 
toilettte  ou  de  sa  table,  le  llomain  transportait  avec  ses 
habitudes,  ces  objets  en  voyage.  Peut-être  touche-t-on  là 
au  point  oi^i  l'on  pourrait  au  mieux  formuler  des  supi)osi- 
tions ,  variant  encore  suivant  la  catégorie.  Tant  il  est 
vrai  de  dire  avec  l'abbé  Venuti  écrivant  au  siècle  der- 
nier, au  sujet  d'un  monument  romain  trouvé  à  Bor- 
deaux, qu'on  est  sujet  à  bien  des  erreurs  à  ne  vouloir  rien 
laisser  sans  explications,  qu'il  y  a  des  faits  dans  la  vie 
civile  comme  dans  la  religion  des  anciens  qu'on  ignorera 
toujours 

La  question  de  l'usage  destiné  ou  occasionnel,  peut  d'ail- 
leurs passer  ici  pour  secondaire  :  notre  tâche  était,  tout  en 
soumettant  pour  la  première  fois  l'image  du  vase  de  Herstal 
à  l'attention  des  connaisseurs,  d'entrepi'endre  d'expliquer 
l'allégorie  figurée  par  des  reliefs  d'ordre  divers  et  de 
déterminer  leur  rapport.  Quant  à  l'emploi,  l'on  peut  dire 
qu'on  peut  mettre  de  tout  dans  un  vase  comme  aussi  n'y 
rien  mettre  si  l'on  veut..  Celui-ci,  notre  vase  hédonique, 
nous  est  parvenu  vide  —  rempli  de  terre  et  vidé  sans 
analyse  — ;  probablement  ne  livrera -t-il  pas  tous  ses  secrets. 

J.  E.  DE  MARTEAU. 
Liège,  septembre  1900. 

(i)  V.  Hergulanum  et  pompéï,  édit.  citée,  t.  Vil,  p.  90.  La  figure 
87  est  celle  d'une  trousse  de  baigneur  :  à  un  anneau  de  bronze  sont 
suspendus  quatre  strigiles,  une  patère  et  un  vase  de  bronze,  un 
ungnentarium.  Lo  col  de  celui-ci  diffère  de  l'orifice  ouvert  du  vase  de 
Herstal;  mais  il  a  été  trouvé  à  côté  de  celui-ci,  avec  deux  patères, 
deux  strigiles  qui  sont  doubles,  car  dans  le  manche  de  chacune 
rentrent  deux  strigiles  plus  petites. 


NOTICE  SUR  m  mis  Fl]NÉIl\lllK 
DÉCOUVERT  \  VERVOl 

(PLANCIIK    CI-CONTKK) 


L'Institut  archéologu|ui'  liégeois  a  déjà  à  pliisioiirs 
reprises  eu  l'occasion  de  s'occuper  d'an  monument  l'omain 
découvert  à  Vervoz  et  dont  des  débris  considérables  sont 
venus  enrichir  son  musée  (i).  Notre  intention  n'est  point 
de  refaire  ici  l'historique  de  cette  trouvaille,  ni  de  fournir 
des  indications  topographiques  sur  le  champ  des  fouilles  : 
ces  renseignements  précéderont  plus  naturellement  une 
étude  sur  l'ensemble  des  fragments  rais  au  jour,  étude  (jui 
ne  peut  être  entreprise  tant  que  ceux-ci  ne  seront  pas  tous 
réunis. 

Nous  voudrions  simplement  faire  connaître  ici  le  plus 
remarquable  des  morceaux  qui  ont  été  exhumés  des  ruines 
de  l'édifice,  un  tambour  de  colonne  portant,  sculptée  en 
relief,  une  figure  humaine  ou  plutôt  divine. 


(i)  St.  BoRUxm,  Ra/)i)orts  présentés  à  V  Institut  archéoJ  .liégeois  siirles 
travaux  de  la  .S'oc/e^e  ;  1SG6,  p.  31  ;  1874,  p.  472;  Marcel  De  Puydt, 
Bapport  sur  les  travaux  de  VInst.  archéol.  liégeois,  1000,  \)\).  iv  ss., 
XX.  —  Vervoz  est  un  liameau  de  Clavier  (arrondissement  de  Huy). 

6 


—  66  — 

Ce  tambour,  en  calcaire  de  Longwy  (-(),  mesure  0'"70  de 
hauteur  sur  0'"4;3  de  diamètre.  Ses  tranches  supérieure  et 
inférieure  sont  parfaitement  lisses,  sauf,  au  centre,  un  creux 
destiné  à  fixer  plus  solidement  les  tambours  contigus.  Sa 
surface  convexe  est  ornée  de  vingt  cannelures  (largeur 
25  mill.),  séparées  par  des  listels  et,  par  conséquent,  la 
colonne  a  probablement  été  surmontée  d'un  chapiteau 
ionique,  dont  une  volute  est  d'ailleurs  conservée.  Sur  le 
fût  se  détache,  en  relief  (saillie  0'"025  à  0'nl2),  le  torse  d'un 
personnage,  malheureusement  assez  endommagé.  Pendant 
son  séjour  en  terre  il  a  dû  être  heurté  souvent  par  des 
instruments  aratoires  ,  qui  ont  creusé  de  longues  entailles 
dans  la  pierre  assez  friable.  Néanmoins,  tous  les  détails  de  la 
sculpture  se  distinguent  encore  clairement.  Elle  représente 
un  jeune  homme  imberbe  ,  le  menton  appuyé  sur  la 
main  gauche,  dans  une  attitude  pensive  (2),  qu'exprime 
aussi    la   contraction    des  sourcils    et    le  pli    des    lèvres 


(i)  La  (lélerminalion  de  la  pierre  a  été  faite  au  laboratoire  Je 
géologie  de  l'Université  par  MM.  Max  Lhoest  et  Henri  Forir,  qui  ont 
bien  voulu  communiquer  à  l'Institut  le  jugement  suivant  : 

«  Quoiqu'il  soit  toujours  très  hasardeux  de  déterminer  stratigra- 
phiquement  un  échantillon  isolé,  la  nature  de  la  roche  est  assez 
spéciale  pour  qu'on  puisse  lui  assigner  un  âge  sans  grande  chance 
d'erreur.  Cette  roche  est,  à  notre  avis,  du  calcaire  de  Longwy  (bajo- 
cien  supérieur)  ;  en  tout  cas.  il  n'y  a  pas  de  doute  que  ce  soit  un 
calcaire  oolithique  du  jurassique  supérieur.  On  ne  la  trouve  pas  dans 
la  province  de  Liège.  Elle  est  exploitée,  comme  pierre  de  construc- 
tion, aux  environs  de  Longwy,  encore  actuellement,  et  on  l'utilise 
en  Belgique,  m 

(?)  Ce  geste  Rst  habituel  dans  l'art  grec  pour  figurer  la  douleur. 
Je  rappellerai  seulement  la  position  de  la  prétendue  Pénélope  du 
Vatican  (Reinach,  Répertoire,  I,  504,  n°  2090;  cf.  Furtwangler,  Samm- 
lang  Sahoiiroff^p].  XV)  et  les  femmes  du  .sarcophage  des  pleureuses  à 
Constantinople.  (GoLLiGNON.  Histoire  de  la  Sculpture  grecque,  t.  Il, 
p.  401). 


—  67  — 

serrées.  Sa  tête  est  coi  fiée  d'un  buniicl  phrygien,  (|ui 
cache  presque  entièrement  sa  chevelure  bouclée.  Il  est 
vêtu  d'un  manteau  à  plis  parallèles,  qui  paraît  avoir  été 
agrafé  sur  l'épaule  droite,  et  d'une  tunique  à  longues 
manches  serrée  au  poignet.  Quoique  toute  la  partie 
inférieure  de  la  figure  ait  disparu,  on  ne  saurait  douter 
de  sa  signification  :  c'est,  comme  on  l'a  reconnu,  une 
réplique  nouvelle  du  type  habituel  des  Attis  funé- 
raires (i). 

Attis  était  un  dieu  phrygien,  dont  le  mythe  est  souvent 
raconté  par  les  auteurs  anciens,  non  sans  variantes  (2).  Cette 
fable  rapporte  qu'Altis  était  un  jeune  pâtre,  d'une  beauté 
merveilleuse,  dont  s'éprit  Cybèle,  la  grande  divinité  de  la 
contrée.  Mais  il  préféra  à  la  déesse  une  simple  mortelle,  ou 
bien  il  viola  les  serments  qu'il  lui  avait  prêtés  ;  alors,  en 
punition  de  son  crime,  il  fut  frappé  de  démence,  et  dans  son 
délire  s'émascula  et  mourut.  Toutefois  son  corps  ne  se 
corrompit  point,  et  même,  plus  tard,  il  revint  à  la  vie.  Tous 
les  ans,  à  l'équinoxe  du  printemps,  les  Galles,  prêtres  mu- 
tilés du  culte  phrygien,  célébraient  une  cérémonie  lugubre 
et  sanglante  pour  commémorer  la  mort  de  leur  dieu,  et, 
quelques  jours  après,  ils  s'abandonnaient  à  de  bruyantes 
réjouissances  pour  fêter  sa  résurrection.  Attis  personnifie 
probablement  la  végétation,  brûlée  par  les  ardeurs  de  l'été 
avant  d'avoir  atteint  sa  maturité,  et  qui  durant  l'hiver  paraît 
s'affaiblir  et  pour  ainsi  dire  perdre  sa  virilité,  puis 
mourir,  pour  renaître  au  printemps  avec  un  nouvel  éclat. 
Cette  fable  était  singulièrement  propre,  quand  les  idées 


(0  Cf.  ScHUERMANS,  Westchutsche  Zeitschrift  fiir  (JeschiclUe  und 
Kiiust,  XVIII,  Korrespondenzhlatt,  p.  430. 

(2)  Pour  les  justifications  des  faits  ra|>portés  dans  ce  qui  suit,  je  me 
permets  de  renvoyer  à  mon  article  Attis,  dans  la  Real-Bncyclopudie, 
de  Pauly-Wissowa,  t.  II,  p.  2247  ss. 


-   68  — 

sur  la  vie  future  se  Iraiislonnèrent  dans  le  monde  ancien, 
à  faire  regarder  le  personnage  d'Attis  comme  un  symbole 
d'immortalité.  Cette  vie  qu'il  recouvrait,  était  un  emblème 
de  l'existence  réservée  après  le  décès  à  l'âme  (i)  et 
peut-être  au  corps.  Aussi,  voit-on  les  images  du  dieu 
recevoir  de  bonne  heure  une  destination  funéraire.  On 
a  recueilli  par  centaines  dans  les  tombeaux  d'Amphipolis, 
en  Macédoine,  des  statuettes  de  terre  cuite  représentant 
le  berger  phrygien,  debout  ou  assis  sur  un  rocher,  tenant 
d'une  main  la  houlette, et  jouant  de  la  syrinx  (2).  Un  fragment 
de  figurine  d'un  type  qui  se  rapproche  davantage  de  celui 
qui  s'est  propagé  en  Occident,  a  été  trouvé  à  Tarse,  en 
Gilicie  (3).  A  l'époque  romaine,  quand  le  culte  de  Gybèle, 
devenue  sous  le  nom  de  Mater  Magna  une  divinité 
officielle  de  l'Etat,  se  répand  dans  les  provinces  latines, 
on  voit  simultanément  les  Attis  funéraires  apparaître  dans 
l'Ouest  de  l'empire.  Ils  sont  d'ordinaire  sculptés  sur  la 
pierre  tumulaire,  avec  ou  sans  épitaphe,  et  souvent  au 
nombre  de  deux  placés  l'un  à  droite,  l'autre  à  gauche  du 
monument.  On  peut  "signaler  des  exemplaires  de  ces 
images  presque  stéréotypées  dans  les  contrées  les  plus 
distantes  (4)  :  en  Dalmatie,  à  Salone(§),  et  vers  l'intérieur, 


(1)  Cf.  G.  I.  L.  III,  0384. 

(-:)  Perdrizet,  Bulletin  de  Correapoiukince  liellénique,  XXI,  1898, 
p.  518  s. 

On  a  aussi  mis  au  jour  des  statuettes  d'Attis,  mais  en  nombre 
moindre,  dans  la  nécropole  de  Myrina  (Pottier  et  Reinagh,  Nécro- 
pole deMj/rina,    p.    166,  393  ss.,   405  ss). 

(3)  Heuzey,  Gazette  des  Beaux- Arts,  XVI,  1870,  p.  389;  cf.  mes 
Monuments  relatifs  au  culte  de  Mithra,  II,  p.  437,  fig.  384. 
?  (4)  J'en  ai  dressé  une  liste  provisoire  dans  l'ouvrage  que  je   viens 
de  citer;  cet  article  me  fournit  l'occasion  de  la  compièler. 

(.5)  C:.  l.  L.  111,6384. 


—  69  — 

à  Fojiiica  (l);  on  llalie,  h  Napl(.'s{2),  à  Salenie  (3).  à 
Bi'escia  (4),  à  Vérone  (o),  à  Padouo  (g),  et,  à  Aquilétî  (7)  ; 
en  Espagne,  à  Valence  (8);  dans  le  Nurique,  à  Virunnm  (9); 
en  Gaule,  à  S'-Glair  ,  près  de  Lectoure  (io).  En  Germanie 
surtout,  elles  apparaissent  fréquemment  (il),  en  particulier 
à  Rottenburg  (Sumelocennaj  (12)  et  à  Beihingen  (l3),  dans 
les  Champs  Décumates,  puis  sur  la  rive  droite  du  llhin,  à 
Kreuznach  (u),  Andernach  (is),  Bonn  (ig)  et  Cologne  (l7). 

(I)  PaTsCH,  WisseitschaftlioJie  Mittheilunijcn  ans  Bosnien  nnd 
Herzegovinu,   V,    1897,  p.  3,  tig.    1. 

(-2)  Musée  national,  Piccoli  Bronzl,  n"  10976:2  (inédit). 

(3)  Aujourd'liui  à  Chantilly,  cf.  YiEmxcn,  Répertoire,  II,  p.  171. 
4  et  5. 

(4)  DuTscHKE,  Bikhverhc  Ohen'talicHs,  t.  IV,  354,  359,  380. 
(,-))  Ibid.,  t.  V,  555. 

(6)  Musée  municipal,  n"  LUI  (inédit). 

(  7  )  MAWSick, Archaeologisch-epigraphisclie  Mitthcilungeji  ans  Ocstcr- 
reich  ,  I,  p.  53  ;   LflJARD,  Introduction  au   culte  de  Mitlira,   pi.  C,    1. 

(s)  Laborde,  Voi/age historique  de  V Espagne,  t.  II,  99,0;  Hubner, 
Bildwerke  in  Madrid,  18G2,  p.  !28S  ;  Reinach,  Répertoire,  t.  II,  ]).  471. 
.   (9)  Rudoltinum  de  Klagenfurt,  n"  i2IS  (inédit). 

(  10)  Simon,  Revue  des  Sociétés  sarantes,  1879,  p.  326  ss. 

(II)  Cf.  en  général,  Haakh ,  Verhandlungen  der  Fhilologenver- 
sanunlung,  Stuttgart,  1856,  p.  184  ss. 

(i"2)  Jaumann  ,  Jahrhilcher  des  Vereins  oon  Alcrtlu(msfreu}iden  i»i 
Rheinlande,  t.  XVIII,  p.  224  et  t.  XX,  p.  160;  cf  Haug  et  Sixt,  Die 
Rômische   Bildwerke  Wûrttenihergs,    1898,  p.  128  (fig.  44), 129  (tig. 45). 

(  13  )  Sixt,  WUrtf.Vierteljahrshefte,  1893,  p.  326  et  Fuhrer  durchdie 
Sammlungen  zu  Stuttgart,  n^'  57. 

(i4)  L1NDENSCHMIDT,  Die  AltertlUimer  unserer  heidnischen  Vorzeit, 
I,  p.  10  ;  V,  2  et  3. 

(  15)  Klein.  Jahrbilclier  des  Vereins  von  Alterthumsfreunden  im  Rhein- 
lande,  t.  LXXVII,  p.  29  s.  et  pi.  I. 

(15)  Uri.ighs,  i6(W.,  t.  IX.  p.  146  s.  et  pi.  VI;  t.  XXIII,  p.  49; 
Krafft,  Ibid.,  t.  XXIX,  p.  289;  cf.,  Hettner,  Kutalog  des  Kônigliclien 
Muséums  der  Universitàt  Bonn,  p.  33,  n<'84. 

[M)  Cl.  DiJNTZER ,  Rômische  Alterthumer  des  Muséums  Wallraf- 
Richartz  in  Koln,  1885,  n"^  82,  83,  cf.  115. 


—  70  — 

Toutes  ces  figures  sont,  avec  de  légères  variations  de 
costume  et  d'attitude,  des  reproductions  d'un  même  type 
traditionnel.  Le  bas-relief  qui  se  rapproche  le  plus  du 
nôtre  est  celui  d'Andernach  :  le  dieu  y  porte,  comme  à 
Vervoz,  un  manteau  ramené  sur  l'épaule,  et  les  plis  du 
vêtement  forment  pareillement  sur  les  bras  des  sortes  de 
bandes  ou  de  «  boulTants  »  parallèles  (i).  Sans  doute,  ils 
devaient  ajouter  à  l'élégance  du  costume  dont  on  revêtait 
le  bel  adolescent.  Il  n'est  pas  rare  que,  dans  les  statues 
de  l'eunuque  divinisé,  l'étofïe,  fendue  par  endroits,  laisse 
apparaître  les  chairs  molles  des  bras  et  des  cuisses  et 
même  l'abdomen  (2). 

La  comparaison  avec  les  autres  images  d'Attis  funé- 
raires permettra  de  restaurer  avec  une  certitude  suffi- 
sante le  bas  de  notre  représentation  aujourd'hui  mutilée. 
Le  dieu  devait  être  debout  les  jambes  croisées  et  cou- 
vertes d'un  large  pantalon  plissé  (cmaxyrides),  la  main 
droite  appuyée  sur  un  bâton  recourbé,  attribut  des  ber- 
gers {pedum),  ou  tenant  une  torche  abaissée,  image  de  la 
mort. 

Comme  on  le  voit  par  l'inventaire  que  nous  avons 
essayé  de  dresser,  le  bas-relief  de  Vervoz  a  le  mérite  d'être 
le  premier  représentant  belge  d'un  groupe  archéologique 
assez  nombreux.  C'est,  de  plus,  une  preuve  nouvelle  et 
certaine  à  ajouter  aux  indices  qui  pouvaient  faire  conclure 
à  l'introduction  dans  nos  provinces  des  mystères  de  Cybèle 
et  d'Attis  (3)  originaires  de  Phrygie,à  côté  de  ceux  de  Mithra, 

(i)  La  remarque  est  de  M.  Schuermans,  loc.  cit. 

(2)  Far  ex.  Reinach,  Répertoire,  I,  p.  184,  1  (--  Clarac,  pi.  396  C, 
n«  064  j.)  ;  II,  p  471.  et  surtout  Amelung,  Filhrer  durch  die  Antiken 
in  Floreiiz,  1897,  p.  42,  u"  61. 

(.3)  Le  plus  remarqualile  est  l'épitaphe,  découverte  à  Tournai, 
d'un  archigallus  (Orelli-Henzen  ,  11°  2361  ;  Schuermans,  Bull,  des  comm. 
royales  d'art  et  d'nrch.,  t.  VII,  p.  41,  n"  26).  Elle  prouve  que  les 


-    71  — 

venus  de  la  Pocsc  (l).  Knliii  ,  ce  morceau  de  sculpture 
fixe  immédiatement  le  caractère  de  l'édifice  qu'il  décorait. 
Cet  édifice,  qui  se  dressait  sur  une  éminence  près  de  la 
grande  voie  de  Tongres  à  Arlon,  ne  peut  avoir  été  qu'un 
tombeau  monumental,  élevé  à  la  mémoire  de  quelque 
grand  propriétaire  romain. 

Cette  construction,  à  en  juger  d'après  les  restes  de  cha- 
piteaux et  de  corniche  qui  nous  en  sont  parvenus,  devait 
être  fort  élégante,  et  le  tambour  de  colonne  qui  nous 
occupe,  ne  dément  pas  cette  conclusion.  Les  exemples 
connus  de  colonnes  décorées  de  figures  en  relief,  sont 
assez  rares  dans  l'antiquité,  quoiqu'on  en  puisse  citer  un 
certain  nombre.  Sans  remonter  aux  colonnes  du  temple 
d'Ephèse ,  autour  desquelles  se  développaient  des  scènes 
mythologiques  (2)  ,  ni  prétendre  établir  un  rapproche- 
dieux  asiatiqueà  avaient  dans  celle  ville  un  culle  organisé.  —  II  faut 
mentionner  aussi  une  série  de  bronzes  ajourés  figurant  Cybèlede  face, 
accostée  de  deux  lions,  et,  à  droite  et  à  gauclie,  un  buste  d'Attis  enté 
sur  une  pomme  de  pin.  On  en  peut  citer  jusqu'à  cinq  exemplaires, 
découverts  : 

1»  A  Anthée  (Musée  de  Namur),  Annales  de  la  Société  archéolo- 
gique de  Namur,  XVI  (  ISSl),  pi.  (i  ;  cf.  S.  Reinach,  Bronzes  du  Musée 
de  Saint-Germain,  p.  334,  n°  431.  —  2°  A.  Brunault-Liberchies  (Musée 
de  l'Université  de  Gand);  IIoulez,  Bul'.  de  Vncad.  rot/a/^',  Bruxelles,  XII, 
184Ô,  p.  405  ss.  —  3°  A  Elouges  (Musée  de  Bruxelles),  Annales  du  Cercle 
archéolog.  de  Mons,  t.  XII  (1875),  p.  3(XJ  et  pi.  VI,  fig.  6.  -  4"  A  Bavai  : 
de  Caylus,  Recueil  d'antiquités,  t.  II,  p.  397  ;  Babelon  et  Rlanchet, 
Bronzes  de  la  Bibliothèque  nationale,  p.  585,  n"  145G.  —  5°  Dans  le 
Nord  de  la  France:  Frôhner,  Collection  Gréna,  Catalogue  des 
bronzes  antiques,  Paris  1885,   p.   18,   n"  63,  cité  par  S.  Reinacli 

(  1  )  Cf.  mes  MonuiH.  relatifs  au  culte  de  Mitiira,  t.  I,  p.  !257,  n.  8. 

(•2)  Cf.  Chipiez,  dans  le  dict.  de  Daremberg  et  Saglio,  s.  v.  Columna, 
p.  1346,  qui  cite  d'autres  exemples  similaires;  cf.  aussi,  p.  931,  où  est 
signalé  l'usage  d'adosser  des  caryatides  à  des  piliers.  Des  Attis  sont 
pareillement  appuyés  contre  une  colonne  ;  cf.  Reinach,  Répertoire, 
II,  471,  n°^  1  et  3, 


—  Ti  — 

ment  avec  la  colonne  d'acanthes  ,  surmontée  de  carya- 
lides,  que  les  fouilles  toutes  récentes  de  Delphes  ont  mise 
au  jour,  il  est  permis  de  rappeler  l'emploi  grandiose  que 
les  Romains  ont  fait  de  ce  genre  d'ornementation  dans  les 
colonnes  Trajane  et  Antonine.  Des  analogies  moins  loin- 
taines rattachent  le  fmgmént  de  Vervoz  à  divers  monu- 
ments découverts  dans  le  nord  de  la  Gaule.  A  la  fin  du 
siècle  dernier,  on  a  mis  au  jour,  non  loin  de  Maubeuge, 
un  tambour  sur  lequel,  au  milieu  de  pampres  entrelacés, 
se  déroule  une  scène  bachique  (i),  et  à  Neuenheim,  près 
de  Heidelberg,  a  été  exhumée  une  colonne  entière,  dont  le 
fût  est  couvert  de  sarments  de  vigne  et  le  chapiteau  orné 
de  quatre  bustes  féminins  (2),  Toutefois,  notre  Attis  offre 
la  particularité  unique  de  se  détacher  en  relief  sur  un 
champ  cannelé.  Il  est  permis  de  se  demander  si  l'artiste  a 
cherché  par  cette  disposition  toute  spéciale  un  effet  voulu, 
ou  si  elle  n'est  pas  due  à  un  simple  accident.  On  remarque, 
en  efîet,  que  le  bloc  de  pierre  n'est  pas  parfaitement  cy- 
lindrique, mais  aplati  et  comme  échancré  à  l'endroit  qu'oc- 
cupe la  sculpture.  Le  diamètre  le  plus  large  est  de  43  cen- 
timètres, le  plus  étroit  ne  dépasse  guère  une  trentaine. 
Cette  disproportion  pourrait  faire  supposer  que  la  colonne 
n'était  pas  destinée  primitivement  à  porter  un  relief,  mais 
qu'elle  a  été  retaillée  après  coup  et  réduite  dans  ce  but. 


(  1  )  Cf.  mou  Catalogue  des  sculptures  antiques  du  Musée  de  Bru- 
xelles, ]).  15,  no  4.  Comparez  avec  cette  gravure  la  fig.  1784  tle  Chi- 
piez (/.  c,  p.  1350),  reproduisant  un  dessin  de  Piranesi. 

(-2)  Les  colonnes  de  Maubeuge,  comme  celle  de  Neuenheim,  ont 
surmonté  des  «pierres  à  quatre  dieux»  si  fréquentes  en  Gaule. 
^^Hany,  Viergôtterstehie,  duns  ]&  Westdeutsche  Zeitschift .  X,  9,  ss.). 
)je  principe  de  placer  sur  le  piédestal  des  figuires  de  divinité  étant 
une  fois  admis,  on  ;i  pu  songer  aisément  à  leur  réserver  aussi  une 
place  sur  le  fût. 


-  73  — 

Il  ne  nous  appartient  pas  do  liroi-  ici  des  conclusions 
architectoniques  des  dimensions  du  tambour  si  heureuse- 
ment sauvé  de  la  destruction,  et  d'essayer  de  déterminer  sa 
hauteur  et  l'ordonnance  de  l'édifice  dont  il  taisait  p;u'tie. 
Nous  nous  sommes  attaché  uniquement  à  mettre  en 
lumière  rinlérêt  de  ce  morceau  au  point  de  vue  inyllio- 
logi((ue  et  arlistique,  et  il  ne  nous  reste  plus  (juVi  remer- 
ci(M%  en  lerminanl,  ^fIl^litut  arcliéologique  liégeois  d'avoir 
bien  voulu  admcltrc  celte  ("tude  dans  ses  annales,  et  à 
exprimer  notre  gratitude  envers  M.  !..  Renard,  qui  a  mis 
à  notr(>  disposition  les  renseignements  les  plus  précis  sui' 
cette  découverte. 


'ranz  CUMONT. 


oie    O^fin/iCoX, 
LUI  QO\t\\YLC\\>ç.cryiznX. 

cLi3(Vffl^Sieclc 


1 1  Principauté  Je  Ll  É&E 

I IConTÉ  dt  DnuiEM 

RoUTEi 


G 


L^  TERRE  FRAKGIIË  DE  IIEKSTAL 
ET  SA  COUR  DE  JUSTICE 


Première  Partie. 


LA  TERRE  FRANCHE.  —  APERÇU  HISTORIQUE. 
ABRÉVIATIONS 

A.  B.  —  Archives  de  l'Etat  à  Bruxelles  :  CF.  —  Cour  féodale. 

A.  L.  —  Archives  de  l'Etat  à  Liège  :  H  O.  —  Archives  des  Cours 

de  justice.  Herstal.  Œuvres. 
"Wauters,  T.  C.  —  Table  chronologiqae    dps    chartes    et   des 

diplômes  impi'imés  concernant  l'histoire  de  la  Belgique. 
Daris,  Notices,  —  Notices  historiques  sur  les  églises  du  diocèse 

de  Liège. 
An.  pr.  sr.  —  Analectes  pour  servir  à  l'histoire  ecclésiastique 

de  la  Belgique. 
Pertz,   M.  G.  H.  Scr.  —  Monumenta    Germaniae  histoi'ica. 

Scriptores. 

B.  S.  A.  H. —  Bulletin  de  la  Société  d'art  et  d'histoire  du  diocèse 

de  Liège. 
B.  I.  A.  L.  —  Bulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois. 
Sch.,  V.  S.-L'.    —  Schoonliroodt.   Inventaire    analytique    des 

archives  du  Val  Saint-Lambert. 
S.  C.  R.  H.  —  Séances  de  la  Commission  royale  d'histoire. 


—  76  — 


INTRODUCTION. 


Entre  toutes  les  communes  composant  actuellement  le 
tenitoii-e  de  la  province  de  Liège,  celles  qui  autrefois  ne 
taisaient  pas  partie  de  l'ancienne  pi'incipauté  de  Mége,  ont 
une  histoire  qu'il  est  particulièrement  intéressant  d'étudier. 

La  principauté  renfermait  plusieurs  territoires  apparte- 
nant aux  pays  voisins  et  auxquels  on  donnait  le  nom 
d'enclaves;  ces  enclaves  étaient  d'une  étendue  dilTérente. 
Aux  portes  de  Liège,  nous  en  trouvons  une  d'assez  grande 
importance  et  dont  l'origine  remonte  à  une  époque  très 
ancienne  :  la  Terre  Franche  de  Herstal. 

Enclave  brahançonne,  son  territoire  s'étendait  bien  au 
delà  des  limites  de  la  commune  actuelle  de  Herstal  ;  VVan- 
dre,  Souverain-Wandre,  Rabozée  et  la  Xhavée  avec  ses 
dépendances  en  taisaient  partie.  La  principauté  de  Liège  la 
contournait  presqu'entièrement  :  le  côté  Nord-Est  seul 
touchait  au  comté  de  Dalhem. 

Après  avoir  tait  l'historique  des  différentes  familles 
seigneuriales  qui  se  succédèrent  dans  le  gouvernement  de 
la  Terre  Franche,  nous  donnerons  un  aperçu  de  l'organisa- 
tion intérieure  de  celle-ci. 

Remarquons  cependant  que,  sous  le  rapport  spirituel, 
Herstal  faisait  partie  du  diocèse  de  Liège  et,  à  ce  point  de 
vue  ,  il  dépendait  de  l'archidiaconé  du  Condroz  et  du 
doyenné  de  Saint-Remacle  au  pont  d'Amercœur. 

Les  sources.  —  Le  dépôt  des  Archives  de  l'Etat  à  Liège 
comprend,  pour  la  Cour  de  justice  de  Herstal,  383  volumes 
qui  se  répartissent  comme  suit  : 

183  pour  les  œuvres  de  la  Cour  échevinale,  s'étendant  de 
1453  à  1796. 


—  77   — 

5  pour  les  œuvres  do  la  (^)nr  lûodalc,  embrassant  les 
années  1574  à  1792. 

16  volumes  d'embrevures  (1447-1700). 

3()  volumes  de  pai'olïres  (1505-1780). 

111  volumes  de  saisies,  grands  commands,  possessions 
(1533-1789),  enfin  les  plaids  do  1480  à  1787. 

Nous  avons  consulté  également  les  registres  de  la  Cour 
féodale  de  Brabant  pour  tous  les  reliefs  faits  devant  cette 
Cour. 

Les  registres  de  l'état- civil  ,  conservés  aux  Arcbives 
communales,  commencent  en  1565  et  sans  interruption  se 
prolongent  jusrpi'à  la  Révolution. 

Topographie.  —  Le  lerritoire  qui  compose  de 
nos  jours  les  communes  de  Herstal  et  de  Wandrc  formait 
autrefois  la  «  Terre  Franche  de  Herstal  ».  La  superficie 
totale  est ,  d'après  la  dernière  revision  cadastrale  ,  de 
21 73  hectares,  53  ares,  53  centiares. 

Les  limites  actuelles  de  ces  communes  sont,  au  Nord  : 
Hermée  ,  Vivegnis,  Hermalle  ,  Gheratte  ;  à  l'Est  :  Saive  , 
Bellaire  et  Jupille  ;  au  Sud-Ouest  ;  Liège  ;  à  l'Ouest  :  Vot- 
tem  et  enfin  au  Nord-Ouest  :  Milmort. 

La  Meuse  coupait  la  Terre  Franche  en  laissant  à  gauche 
Herstal,  le  tronçon  de  beaucoup  le  plus  imporlani,  et  à 
droite,  Wandre  ;  au  milieu,  l'île  Monsin. 

Une  rivière  :  la  Lave  prend  sa  source  à  iMonsin  et  se 
jette  dans  la  Meuse  à  l'extrémité  de  l'île  Monsin.  Le  ruisseau 
du  bois  de  Pontisse  se  rend  dans  la  Meuse  au  Sonkai,  ceux 
de  Vc>ttem  et  du  Patard  se  jettent  dans  la  Laye. 

1,    Différentes   orthographes.   —     Chehstalius    (i) 


(1)  J.Demarteau,  Saint  Tliéodard  et  saint  Lambert,  Publication  des 
bibliophiles  liégeois,  11°  30,  p.  115. 


—  78  — 

(Ville  siècle)  ;  Hereslalliuin  (i)  (7'22)  ;  Areslalium  (2)  (T.VJ)  ; 
Marislaliuin  (3)  (770)  ;  Aristalliuiii  (i)  (77^2)  ;  Haristellium  (5) 
(777)  ;  Aristcllium  (6)  (778)  ;  Harislalliuin  (7)  (779)  ;  lle- 
ristallium  (s)  (OIG);  Herdlalluin  (9)  (916);  HeristL-lle  (10) 
(1015);  in  parrochia  Haristalliensi  (il)  (118'));  in  liauii') 
Haristalliensi  (12)  (1185)  ;  Harstallium  (13)  (lt>47)  ;  ir.  villa 
de  Hastalo  (14)  (1248)  ;  li  cour  de  Herstal  (ds)  (lt>52)  ;  Uars- 
tat  (IG)  (1277);  Har.sia  (n)  (128S)  ;  tVanke  ville  de  IJars- 
lailh  (48)  (12!>1);  Harstalli  (19)  (1321);  Ilarslalluin  (20) 
(XVIir^  siècle). 

2.  Etymologie  —  DitTérentes  opinions  ont  été  émises. 
On  a  soutenu  {"li)  que  \e  moi  a  Herstah-)  venait  de  deux 
mots  tudesques  :  lierr,  seigneur,  et  stall,  écurie,  et  signi- 
fiait ainsi  les  écuries  du  seigneur,  c'e.st-à-dire  l'endroit  où 
le  seigneur  de  Jupille  aurait  eu  ses  écuries. 

())  Wauters,  t.  g.,  I,  08 

(2)  iD.  T.  C,  I,  80, 

(3)  Id.  t.  C,  I,  '.)[. 
(0  Id.  t.  c,  I,  93. 
(5)  Id.  t.  c,  I,  98. 
(G)  Id.  t.  c,  I,  99. 

(7)  Id.  T.  C,  I,  100. 

(8)  Wauters,  t.  c,  I,  329. 

(9)  Id.  T.  CI,  330. 

rio)  Pertz,  m.  g.  h.  Scr.,  XI,  73. 

(h)  Ernst,  Histoire  du  Linthoitrg,  VI,  158. 

(12)  Id.  id.  id.  YI,  157. 

(i3)  BoRMANS  et  Schoolmeesters.  Cart.  de  Saint- Lambert,  I,  533. 
(li)  Bidl.  S.  A.  H,X.  I--"  p.,  27. 

(13)  /(/.         id.         X,  P«p  ,27. 

(le)  BoRM.  et  ScHOOL.,  Crtr^  de  Saint- l.amhert.  11,277. 

(17)  Id.         id.  id.  id.  Il,  435. 

(18)  B.  S.  A.H.,X,  l'«p  ,32. 

(19)  ScuooNBROODT,  Cart.  du  Val  Saint- Lanthert,  I,  17(>. 

(20)  Bidletin  de  la  Commission  rojiale  d'histoire,  l''"*  s.,  t.  IV,  p.  41-. 

(21)  Flsen,  Hist.  Ecoles.  Leod.,  I,  1.  4,  §  34;  Foult.on,  I,  118. 


-  79  — 

II  nous  est  assez  tliriicilc  (l'.uiiiictlro  celle  opinion  :  on 
se  représenle,  en  efïel,  peu  aisément  des  écui'ies  siluées 
à  une  aussi  grande  dislance  du  palais  royal  et,  au  surplus, 
séparées  de  celui-ci  par  des  ol)slac!es  impraticables  et  né- 
cessitant l'existence  d'un  pont  sur  la  Meuse,  ce  qui  ne  nous 
est  signalé  par  aucun  document. 

Ensuite,  comment  admettre  que  l'on  donne  à  Pépin  le 
Gros,  le  surnom  de  Pépin  de  Ilerstal,  si  cet  endroit  n'est 
que  l'emplacement  des  écuries  royales  ? 

Une  autre  opinion  (l)  encore  est  celle  qui  tait  dériver 
Ilerstal  de  Rar,  lier,  seigneur  et  de  sied,  emplacement  et 
traduit  par  endroit  où  résidait  le  seigneur.  Or,  la  première 
l'ésidence  de  la  famille  des  Pépin  fut,  selon  toute  probabi- 
lité, Jupille  ;  l'existence  d'un  palais  à  cet  endroit  nous  est 
attestée  par  des  actes  de  687  (2),  706  (3),  712  (4);  mais,  à 
partir  de  714,  la  demeure  seigneuriale  semble  avoir  été 
ti'ansl'érée  à  Herstal  pour  des  motifs  que  la  pénurie  des 
documents  nous  laisse  ignorer.  A  partir  de  722  (s),  toutes 
les  chartes  qui  nous  sont  parvenues  sont  datées  du  palais 
de  Herstal  et  il  n'est  plus  fait  mention  de  Jupille. 

Nous  croyons  que  le  nom  existait  avant  la  translation 
de  la  résidence  seigneuriale;  le  silence  des  documents 
n'est  pas  une  preuve  de  sa  non-existence. 

Le  mot  Herstal  est  une  appellation ,  un  nom  commun 
du  vieux  teutonique,  composé  de  deux  mots  de  la  même 
langue:  Hari,  Heri,  armée,  et  stal,  emplacement;  on 
peut   le  traduire  exactement   par  campement  (6).  (^e  qui 


())  A.  DE  Kyckel,  Les  coinmioies  de  la  province  de  Liéi/e,  '•II'"!. 
(  2)  Wauters,  t.  g.,  1,  54  (peut-être  faux). 
(5)  Wauters,  T.  G.,  1,61. 

(4)  Wauters,  T.  C,  \,mi. 

(5)  Wauters,  T.  C,  1,  66,  1"  janvier. 

(•jj  Graff,  AWiocJi  deutscher  Sprachschatz,  VI,  677  sqq. 


—  80  — 

nous  confirme  dans  celte  opinion,  c'est  que  nous  retrou- 
vons le  même  mot  sur  les  bords  du  Wéser,  à  un  endroit  où 
Charlemai,me  hiverna  en  797  (l).  11  ne  s'agit  donc  pas, 
comme  on  l'a  dit  (2),  de  donner  une  preuve  convaincante 
de  sa  prédilection  pour  llerstal  ;  Herstal  est  simplement  le 
mot  qui,  dans  la  langue  populaire,  signifiait  campement. 

Quant  à  la  conjecture  de  M.  le  chanoine  Daris  (3),  qui 
tend  à  faire  dériver  le  mot  de  herr,  seigneur,  et  slapel,  Cour 
de  justice,  nous  ne  voyons  pas  comment  elle  se  véritierait 
pour  la  localité  qui  se  trouve  sur  les  bords  du  Wéser. 


Chapitre   T. 

HERSTAL  SOUS  LES  MAIRES  DU  PALAIS. 

La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Lambert  (4),  écrite  au 
commencement  du  huitième  siècle,  contient  la  première 
mention  du  nom  de  Hei'stal;  il  y  est  dit  que,  grâce  à  l'in- 
tercession de  ce  saint,  un  perclus  fut  guéri  au  moment 
où  le  cortège  faisait  repos  à  Charistalhis  ;  à  ce  même  en- 
droit fut  fondée  une  église  en  l'honneur  de  S^  Lambert  (5). 

Il  faut  cependant  remarquer  que,  dans  les  copies  moins 
anciennes,  un  autre  nom  de  lieu  prend  la  place  de  Hers- 
tal.  C'est  à  Hermalle,   localité  un  peu  plus  rapprochée  de 


(  ))  Pertz,  m.  g.  h.  s.  I.  Au.  Petirruni,  p.  18 

(2)  De  Ryckel,  Communes  de  la  province  de  Liét/c,  ''21  A. 

(3)  J.  Daris,  Notices  historiques,  etc.,  XIII,  161,  note.  Celte  étymolu- 
gie  pourrait  peut-être  s'appliquer  à  Herstaple,   commune  de   lu 

province  de  Limbourg. 

(1)  J.  Demarteau,  S'  Tlu'odard.  et.  S'-  Lambert.  Bibl.  liég.,  no  30,  173. 
(5)  Mathias  de  LEWis,Bil)l.  liég.,  n"-2,o(J,  i/i!'«;(  frO/(?re»tc«6Y',  11,484. 


-  81  — 

Visé,  que  la  rolalion  r('[)r()(liiil(>  par  Cliapcaiivillv"  (  l)  tait 
ai'river  la  guéi'ison  du  perclus;  nous  sommes  prohablemcnl 
ici  en  présence  d'une  erreur  de  copiste  engencli"(''e  |)ar  la 
coiilusion  de  deux  mots  commençant  et  linissaiil  par  les 
mêmes  consonnes. 

Herstal  existe  donc  au  liuitième  siècle.  La  l'amille  des 
Pépin  y  possède  un  château  royal  :  la  présence  de  plu- 
sieurs de  ses  membres  y  est  constatée  à  des  époques  fré- 
quentes. 

Charles  Martel  s'y  trouvait  le  l"^'' janvier  722  (2)  ;  le  roi 
Pépin  y  vint  la  première  année  de  son  règne  (25  avril 
752)  (3),  et  un  an  et  demi  après  la  uKjrt  de  ce  dernier, 
Charlemagne,  devenu  roi,  se  trouve  à  Herstal  (4). 

Faut-il  se  poser  la  question  de  savoir  si  Charlemagne  est 
né  sur  les  bords  de  la  Meuse  ?  Ce  point  a  fait  l'objet  de 
plusieurs  études  spéciales  qui  ne  sont  arrivées  à  aucun 
résultat,  en  ce  sens  qu'elles  n'ont  pas  résolu  la  question, 
pour  la  bonne  raison  qu'elle  est  insoluble  ! 

En  effet,  le  seul  biographe  du  grand  empereur  ne  citant 
pas  le  nom  du  lieu  de  naissance,  tout  ce  qu'on  peut  dire  à 
ce  sujet  n'est  que  pui-e  conjecture.  Ainsi,  s'il  faut  en  croire 
une  généalogie  de:^  ducs  de  Brabant,  Charlemagne  aui'ait 
liabité  Herstal  alors  qu'il  était  encore  adolescent  (5). 
Nous  estimons  cependant  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'approton- 
dir  cette  question  ;  d'ailleurs,  d'après  M.  Hahn  (6),  qui  s'en 
est  longuement  occupé,  elle  est  sans  impurlance  poui' 
l'histoire  comme  pour  la  critique. 

(i)  (Ihapeauville,  Gesta  pojitificitDi,  I,  :îi-^B,  4oo.\. 
(2)  Wauters,T.  C,  [,  m. 
(3)Id.  T.  C,  I,  80. 

{■1  )  Id.  t.  c,  I,  91  (diplôme  de  mars  770). 

(o)  Séances  C.  R.   H.,  1'"  s.,  IV,  44.  Noticesur  un  inannscrit  de  Co- 
hlentz. 

(6)  Mémoire  conroiuié  de  V Académie,  in-S».  XI.  109. 


-  8'2  — 

Quoiqu'il  en  soit,  Charlouiagne  semble  avou'  résidé  assez 
tVé(jueiTiment  sur  les  bords  de  la  rive  droite  de  la  Meuse. 
Nous  l'y  rencontrons  en  mars  770  (^),  il  y  séjourne  jusqu'aux 
fêtes  pascales  et  va  célébrer  celles-ci  dans  la  Cathédrale 
de  Saint-Lambert  à  Liège  (2).  Il  revient  à  Herslal  à  l'époque 
des  deux  grandes  fêtes  de  l'année  suivante  (3)  (771).  En 
juillet  772,  le  grand  homme  commence  la  guerre  contre  les 
Saxons  (4),  et,  dès  le  20  octobre  de  la  même  année,  sa  pré- 
sence est  constatée  à  Herstal  (s). 

Nous  l'y  retrouvons  encore  le  l'-''  septembre  774  (e),  à  la 
Noël  et  à  Pâques  776  (7),  en  janvier  777  (8),  et  pendant 
l'hiver  de  778  (9),  le  43  mars  779(10),  en  octobre  781  (11),  le 
'18  août  782  (12)  et  enfin  en  783  (13). 

De  783  à  802,  Gharlemagno  semble  avoir  délaissé  les 
bords  de  la  Meuse,  pour  habiter  Aix-la-Chapelle  ;  le  der- 
nier séjour  à  Herstal  est  affirmé  par  un  acte  du  l^i'  sep- 
tembre 802  (14). 

Le  palais  de  Herstal  ne  fut  pas  abandonné  par  les  succes- 
seurs de  l'empereur  d'Occident  ;  ils  y  séjournèrent  cepen- 
dant beaucoup  plus  rarement  que  lui  :  ainsi  son  fils  Louis 


(I)  Wauterï?,  t.  C;.,  I,  91. 

(i)  Historiens  des  Gaules.  Annales  Eginliardi,  V,  201. 

13)  Pertz,  Monun  G   H.,  Scr.  XIII,  2S,  703.  Idem,  VI,  558;  I,  151. 

(i)  Id.  »  »       VI,  558,  Xtll,  28. 

(5)Id.  »  ).      VI,  558,  XIII,  28. 

(6)  Wauters,  T   g  ,  1,94. 

(7)  Pertz,  M.  G.  H.,  Scr.  I,  156;  VI,  558. 
(s)  Wauters,  t.  C.,I,  98. 

(9)  Pertz,  M.  G.  H.  Scr.,  VI,  558  ;  XIII,  700.  A.  SS.,  I,  3S;î 
fio)  Wauters,  T.  G.,  VII,  26. 

(II)  Id.  t.  g.,  1,402 
(12)  Id.  t.  g,  VII,  1203. 

(  13)  Historiens  des  Gaules,  III  ;  20  c.  An.  Franc,  Tiliani 
(14)  Wauters,  T-  G.,  I,  117. 


—  83  — 

le  Déljuiin;iiiv  y  vint  ni  818  (l),  le  15  oelehre  8t>;5  (2)  et 
le  19  avril  831  (3). 

Les  troubles  ({iii  suivirent  la  niorl  du  Débonnaire  ne 
perniirenl  pas  à  ses  enfants  de  s('j()urnei'  ;iu  palais  de 
MersUd  vl  ce  n'e.st  qu'en  août  870  (i)  (pie  nous  voyons 
Charles  le  Chauve  séjourner  à  Herstal,  pendant  que  Louis 
le  Gerniani(pie  était  à  Meersen  et  que  les  délégués  des 
deux  princes  négociaient  le  partage  de  la   Lotluuàngie  (5). 

En  88],  les  hordes  normandes  se  ruèrent  sur  le  pays  de 
Liège  et  y  portèrent  partout  la  mort  et  la  dévastation  ;  le 
palais  de  Herstal  ne  fut  pas  épargné  (6).  Détruit  en  tout  ou 
en  partie,  il  lut  restauré  dans  la  suite,  car  Charles  le 
Simple  y  habitait  dans  les  premières  années  de  son  règne  ; 
il  y  tint,  le  19  janvier  916,  un  plaid  général  oi^i  se  trou- 
vaient réunis  évêques,  comtes  et  nobles  du  royaume  (7). 

La  pi'ésence  de  ce  prince  à  Herstal  nous  est  attestée  le  9 
avril  (8),  le  13  juin  (9)  et  le  27  juin  de  celte  même  année 
916  (to),  et  enfin  le  8  septembre  de  l'année  suivante  (\i)  ; 
c'est  la  dernière  mention   du  palais  des  bords  de  la  Meuse. 

Dès  son  avènement  au  trône  en  911,  Charles  le  Simple 
avait  donné  le  domaine  de  Herstal  à  Renier  au  Long  Col, 


(i)  Pertz,  m.  g.  h.  Scr..  I,  !2U5.  An.  Lauiis.,  II,  62i. 
(-2)  W/UTERS,  T.  C  .  I,  17-2. 
(S)  Id.  t.  C,  I,  190. 

(4)  Pertz,  iVl.  G.  H.  Scr.,  1,  487.  llincin.  Au.  Remens. 

(5)  Id.  »      »     «      L  ô^^-  Refjinoiiis  Cltronicdii. 

(6)  Daris,  Histoire  dit.  diocèse  de  Liège,  I,  !2(J0. 

(7)  VVauters,  T.  G.,  I,3i9. 

(8)  Id.  t.  g.,  I,  :-i30. 

(9)  Id.T.G.,  1.331. 

(10)  Id.  t.  g.,  1,33^2. 

(11)  ID.  T.  G,  I,  333. 


—  Si   — 

duc  de  Lotharingie  (i).  Le  fils  de  ce  dernier,  Gislebert, 
iiyanl  voulu  se  rendre  indépendant,  l'ut  privé  de  son  duché, 
mais  il  le  recouvra  en  922,  en  même  temps  (jue  la  Terre  de 
llorstal  (2),  Henri  I  l'Oiseleur  fait  acte  d'autorilé  à  llerstal 
le  7  juillet  930  (3). 

En  959,  la  Lotharingie  fut  divisée  en  deux  parties,  dont 
l'une  prit  le  nom  de  duché  de  Lothier  ;  Herstal  en  fit 
partie  et  passa  aux  dilïérents  ducs  qui  se  succédèrent  dans 
le  gouvernement  de  ce  duché  (4). 

En  résumé,  Herstal  fut  anciennement  le  domaine  de  la 
famille  des  Pépin,  maires  du  palais  sous  les  derniers  rois 
Mérovingiens  ;  quand  cette  famille  tut  montée  sur  le  trône 
dans  la  personne  de  Pépin  le  Bref  (752),  cette  localité 
devint  un  domaine  de  la  Couronne  et  subit  toutes  les  vicis- 
situdes de  celle-ci  pour  faire  partie  de  la  Lotharingie, 
comme  fief  impérial. 

Nous  allons  voir  comment  Herstal,  qui  faisait  partie  de 
la  Basse-Lotharingie,  passa  aux  ducs  de  Brabant. 


Chapitre  II. 

HERSTAL  SOUS  LES  DUCS  DE  BRABANT. 

La  Basse  Lotharingie  était  un  fief  de  l'Empire  Germa- 
nique. Au  onzième  siècle,  Godefroid  le  Barbu  (109G-1140), 
comte  de  Louvain  et  de  Bruxelles,  fut  créé  duc  de  Lothier 
par  l'empereur  Henri  V  ;  mais  bientôt  ce  titre  n'eut  plus 
aucune  valeur,  car  les  différents  comtes  du  pays,  d'abord 
subordonnés  au  duc,  se  rendirent  indépendants. 

(  1  )  Ue  Ryckei,,  Histoire  des  coni.  de  la  prov.  de  Lié</e,  i27o- 
(-i)  Id.  »  »  »  »         »  »       !27o. 

(3)  Hubert,  Abré(/é  de  Vhistoire  de  heh/ique,  55. 

(4)  Wauteis,  t.  C,  1,341. 


—  85    - 

C'est  ainsi  que  Goflofroid  III  (1142-4190),  petil-fils  de 
GodelVoid  le  Barbu,  ;d)andonna  le  titre  de  duc  de  Lotliier 
ou  de  Basse-Lotharingie,  pour  prendre  celui  de  duc  de 
Brabant,  où  il  avait  ses  possessions  personnelles. 

La  Terre  Franche  de  Herslal,  qui  toujours  avait  appar- 
tenu aux  ducs  de  Lotharingie,  passa  ainsi  naturellement 
aux  ducs  de  Brabant,  leurs  successeurs. 

Nous  voyons,  en  etlet,  GodelVoid  III  faire  acte  d'autorilti 
à  Herstal  en  -1147  (1).  Ce  prince  avait  besoin  d'argent,  il 
engagea  le  village  de  Herstal  à  l'évêque  de  Liège,  Rodolphe, 
pour  une  somme  de  300  marcs. 

L'évêque  à  son  tour  donna  le  dit  village  à  son  f'glise  et 
l'empereur  Frédéric  ratifia  cette  donation  dans  un  diplôme 
daté  du  ^9  septembre  1171  (2) 

Il  était  stipulé  que  si  le  duc  de  Lotharingie  remboursait 
la  somme  empruntée,  celle-ci  devrait  être  appliquée  d'une 
manière  fructueuse  pour  les  prébendes  des  chanoines. 

Le  chapitre  ne  resta  pas  longtemps  en  possession  de  la 
terre  susdite  ;  car,  en  1185,  les  ducs  sont  rentrés  en  pos- 
session de  celle-ci  (3)  ;  il  est  donc  probable  que  la  somme 
empruntée  avait  été  remise  dans  l'entretemps.  Feut-èli-e 
le  remboursement  eut-il  lieu  entre  les  années  1182  (4)  et 
1185?  La  première  de  ces  dates  est  celle  d'une  donation 
de  biens  situés  à  Herstal  par  un  chanoine  de  f-iége,  et 
stipulant  la  fondation  d'une  messe  jou''nalière  dans  la 
chapelle  de  Notre-Dame. 

Godefroid    III   fit  encore  acte  d'autorité   à    Herslal  en 
0     septembre  1185  (5)  ;   il  mourut  en  1190.   Son  fds    Henri  I, 


(1)  Wauters,  t.  C,  II,  283. 

(2)  BoRM.  ET  ScHOOL.,  Cart.  de  Saint-Lambert,   I,  8'.). 

(3)  Wauters,  T.  C,  11,462. 

(4)  Borm.  et  Schoolm  ,  Cart.  de  Saint-Landxrf,  I,  O'K 
(3)  Ernst,  Histoire  du  Limhoury,  VI,  1.57. 


-  86  — 

surnommé  le  Guerroyeur,  lui  succéda  comme  duc  de  Bra- 
bant  et  seigneur  de  Herstal  ;  c'est  sous  ce  titre  que  nous  le 
rencontrons  en  1197  (i),  1209  (â),  1211  (3),  1223  (4), 
1SJ28  (5),  12;3'2  (6).  Henri  mourut  en  1235  et  légua  Herstal 
à  son  second  fils  Godefroid  de  Louvain,  époux  de  Marie  de 
Gasbeeck.  Il  est  qualifié  de  seigneur  de  Herstal  dans  un 
acte  du  mois  de  septembre  1248  (7). 

Godefroid  mourut  en  janvier  1253  ;  son  fils  Henri  lui 
succéda  et  nous  le  rencontrons  portant  le  titre  de  a  sire 
de  Herstal  »  le  8  juillet  1262  (s). 

C'est  ce  prince  Henri  qui,  en  1264  (9),  moyennant 
un  cens  annuel  d'un  florin  d'or  de  Liège,  payable  à  la 
Noël,  donna  aux  bourgeois  de  Herstal,  Grand-Wandre, 
Petit- Wandre  et  Rabozée  (c'est-à-dire  les  territoires  com- 
posant la  Terre  Franche),  la  propriété  des  biens  dont  ils 
avaient  déjà  fusage,  (Ces  biens  étaient  situés  sur  la  rive 
gauche  de  la  Meuse.) 

Henri  fit  acte  d'autorité  à  Herstal  en  1265  (10),  1268  (n), 
1271  (12),  1280  (i3)  et  en  février  1283  (u).  La  numisma- 
tique vient  ici  nous  confirmer  dans  nos  dires  ;  en  effet,  on 


(  I  )  ScHooxBROODT,  Liv.  (uial .  des  arch.  fhi  Val  Saint- Lamhert,  I,  8. 

(2)         Id.  »  «  »  »  ))  »  I,  1;]. 

(:.  )  Wauters,  Ï.C,  111,34s. 

(-1)       Ip.        t.  C,  III,  605. 

(.1)  ScHOONBROODT,  hiv.  an.  du  ch.  de  Saint-Martin,  n°  £8. 

(0)  »        »        »        ))        »         Val  Saint- Lambert,  I,  39 

\i)  Bull,  de  la  S.  A.  H.,  X,  1«  partie,  27. 

(8)  Wauters,  T.  C.  V,  273. 

(■..)       Id.      t.  C,  VI.  Introduction,  LXl. 

(10)  ScHOONBROODT,  Cart.  du  Val  Saint- Lambert,  [,  290. 

(li)  BoRM.  el  ScnooiM.,  Cart.  de  Saint-Lambert,  II,  190. 

(  a)  WoLTERS,  Notice  historique  sur  le  comté  de  Homes,  210. 

(15)  BoRM.  et  ScHOOLM.,  Cart.  de  Saint- Lambert,  U,  311. 

(il)  Bull,  de  VInst.  archéol.  liég..  VII,  1.3 


-  87    - 

trouve  Henri  I  qualifié  de  sire  de  Herstal  sur  un  esterlin 
de  Brabant  (l).  Le  même  titre  est  donné  à  son  fils  et  suc- 
cesseur, Jean  de  Louvain,  sur  un  gros  en  argent  et  sur 
un  esterfin  (2). 

Jean  mourut  en  1309  ;  son  fils  Henri  H  lui  succède  et 
meurt  sans  postérité,  laissant  sa  succession  à  son  frère 
Jean  de  Louvain.  Ce  dernier  meurt  à  l'âge  de  17  ans  et  sa 
sœur  Béatrice  lui  succède  en  1324  (3). 

Elle  fit  le  relief  de  la  Terre  de  Herstal  le  '21  avril  1325 
devant  la  Cour  féodale  de  Brabant  (4)  ;  elle  est  qualifiée 
K  damoiselle  y)  de  Herstal,  en  1334  (s)  et  1335  (6). 

Elle  mourut  vers  1339  sans  héritiers,  après  avoir  légué 
tous  ses  biens  à  son  cousin  germain  Guillaume  ,  sire  de 
Hornes  (7). 

Voilà  donc  le  domaine  de  Herstal  entré  dans  la  maison 
de  Hornes  :  nous  pensons  que  les  ducs  de  Louvain  et  de 
Brabant  donnèrent  en  fief,  en  s'en  réservant  la  souve- 
raineté, la  Terre  de  Herstal  à  leurs  enfants  puînés;  le 
8  août  1343,  alors  que  la  Terre  appartenait  à  Guillaume  de 
Hornes,  une  sentence  des  arbitres  choisis  par  Adolphe, 
évêque  de  Liège  et  Jean  de  Brabant,  pour  aplanir  leurs 
différends  au  sujet  de  leur  juridiction  respective  ,  est 
conçue  en  ces  termes  :  «  La  Terre  de  Herstal  et  ses  apparte- 
nances deyneiireront  nu  duc  de  Brabant  et  à  leurs  héri- 
tiers >i  (8). 


(0  Revue  de  tmmismatiqne,  I,  pi.  X,  n"'  I,  2. 
(2) /fZ.        »  »  I,  287,pl.  X,n»7. 

(3)  BuTKENS,  Trophées  du  Brabant,  lib.  7,  cap.  3. 

(4)  A.  H  ,  Corresp.  de  la  C.  F.,  n°  505,  14"  vol.,  fol.  11,  v». 

(5)  Wauters,  t.  C,  IX,  506. 

(nj  S.  A.  II.  du  diocèse  de  Liège,  X,  V^  partie,  35. 

(7  )  WoLTERS,  Notice  Jiistorique  sur  le  comté  de  Homes,  34. 

(8)  Id.  »  »  »  »  3'.( 


Guillaume  V  mourut  en  1343;  il  avait  ou  d'un  second 
lit  un  grand  nombre  d'enfants  ;  l'un  d'eux  :  Thierry  LoelF 
de  Bornes  hérita ,  entre  autres  biens ,  de  la  Jerre  de 
Ilerstal  (i)  ;  il  en  fit  relief  en  1368  (2)  et  la  vendit  la 
même  année  à  Jean  de  Gossoncourt  (3)  (Goitshoven). 

Celui-ci  la  céda  à  Lambert,  sire  d'Oupeye  (4),  qui  à  son 
tour  la  transmit  à  son  fils  cadet,  Jean  d'Oupeye,  dit  de 
Chaumont  (5)  ;  ce  dernier  avait  épousé  Elisabeth  de 
Glimes. 

Jean  mourut  sans  postérité  vers  1415,  et  Herstal  revint  à 
son  frère  aîné,  Adam  d'Oupeye,  qui  le  céda  en  1422  à  son 
beau-fils,  Henri  de  Gronsveld,  époux  de  sa  fille  Aleyde  (6). 

Elisabeth  de  Glimes  protesta  comme  créancière  d'une 
somme  de  7000  florins  d'or  et  obtint,  le  24  septembre 
1434,  une  sentence  de  la  Cour  féodale  de  Brabant  lui 
adjugeant  la  Terre,  faute  du  payement  de  cette  somme  (7  ). 

Toutefois,  Henri  de  Gronsveld  persista  à  rester  en  pos- 
session de  Herstal,  ce  qui  détermina  Elisabeth  à  vendre 
ses  droits  à  Messire  Antoine  de  Croy  ;  ce  dernier  fit  relie! 
de  la  Terre  Franche  le  13  juillet  1435  (8). 

Lorsqu'il  se  présenta  pour  entrer  en  possession  de  son 
nouveau  domaine,  les  habitants  qui  jouissaient  à  Liège  du 
droit  de  bourgeoisie  craignirent  qu'un  seigneur  étranger 
ne  leur  fit  perdre  cet  avantage  et  prirent  le  parti  de  Henri 


(  1  )  WoLTERS,   Notice  Jiistofique  sur  le  comté  île  Homes,  39. 
(f  )  BoiMANS,  Les  seijaeiirer  les  féodales  dans  le  Bull,  de  l'Iiisf.  arch. 
liéçf.  et  Séances  de  la  C.  R.  H.,  ¥  1,  lil,  234. 
3)  Bulletin  de  VInst.  arch.  liég.,  X.  145. 
(i)  BoRMANs,  Les  seigneuries  féodales,  etc.,  B.  I.  A.  L.,  X,  14r). 

(5)  II).  »  »  »  »  X,  14G. 

(6)  Id.  »  «  »  »  X,  140. 

(7)  A.  B.  Corresp.  de  la  C  F.,n°  50ô,  14«  vol  ,  f.  11,  v". 

(s)  BoHMANS,  Les  seigneuries  féodales,  etc.,  B.  f.  A.  L.,  X.  14lj. 


—  89  — 

de  Gronsvcld.  Celui-ci,  avec  l'aide  de  ses  amis  et  de  ses 
partisans  liégeois,  opposa  la  force  aux  prélentions  de  son 
compétiteur  (i). 

Un  reflet  (la  ces  troubles  perce  dans  les  actes  de  la  Cour 
de  justice;  celle-ci  suspendit  ses  séances  et  les  remit  à  une 
époque  plus  caluK^  (2). 

Il  fallut  l'intervention  du  duc  de  Bourgogne  pour  faire 
cesser  les  troubles  :  Philippe-le-Bon  fit  savoir  par  lettres 
du  mois  d'août  1439,  adi'essées  au  «  damoiseau  de  Goule  » 
(Gronsveld)  à  Herstal,  qu'il  eut  à  se  retirer  de  cette 
seigneurie,  afin  n'en  laisser  jouir  le  seigneur  de  Croy, 
«  car  ainsi  le  veut-il  avoir  fait  et  le  commande  et  forcom- 
mande  ».  Sur  ce,  Henri  le  pria  de  lui  accorder  un  délai  de 
trois  semaines  pour  répondre  à  ses  exigences  (3). 

En  1444,  l'atïaire  était  encore  en  souffrance,  car  au 
nombre  des  réclamations  formulées  par  Philippe-le-Bon 
aux  Liégeois  (en  l'absence  de  l'évêque  parti  en  Terre 
Sainte);  figurait  la  question  de  Herstal.  Le  duc  désirait 
vivement  savoir  à  quoi  s'en  lenir  sur  la  participation  des 
Herstaliens  à  la  résistance  du  sire  d'Oupeye.  Il  fut  heureu- 
sement obligé  de  partir  pour  la  Bourgogne,  et,  ce  jour-là 
(30  juin),  tout  le  pays  de  Liège  fut  en  proie  à  la  plus  vive 
émotion;  on  avait  tait  courir  le  bruit  que  le  seigneur  de 
Croy  devait  venir,  dans  la  matinée,  s'emparer  de  Herstal. 
Les  bourgeois  coururent  aux  armes,  et  déjà  les  habitants 
du  Brabant  wallon  tremblaient  à  l'idée  d'un  conflit,  quand 
on  apprit  que  ces  rumeurs  n'étaient  (jue  mensonges  cl 
que  le  duc  chevauchait  par  d'autres  chemins  (4). 


(  1  )  lioRGNET,  Clironiqite  de  Jean  de  Sfarelof,  439. 

(2)  ScHOONBROODT,  C.  di(  Val  Sainf-Laiiihert,  I,  4-âL 

(3)  BoRGNF.T,  Clironiqne  de  Jean  de  Staveiot,  439 

(4)  Ibid. 


—  90  - 

Le  dernier  jour  de  juillet,  délai  fixé  par  Philippe  pour 
répondre  à  ses  prétentions,  il  leur  manda  qu'il  attendrait 
le  retour  de  l'évêque  et  se  contenterait  de  connaître  leurs 
intejitions  relativement  à  la  Terre  de  Herslal  et  aux 
amendes  qu'il  réclamait  du  clief  de  leur  opposition. 
Heinsberg  i-evint  un  mois  plus  tard  et  ne  tarda  pas  à 
s'entendre  avec  le  duc.  Ce  fut  le  comte  Jean  de  Nassau, 
beau-frère  de  l'évêque  et  grand  sénéchal  de  BrabanI,  qui 
fut  chargé  d'exécuter  le  jugement  de  la  Cour  :  il  arriva 
le  9  septembre  à  Herstal,  accompagné  des  envoyés  de 
Monseigneur  de  Liège  et  des  magistrats  de  la  Cité.  Il 
prit  possession  de  nia  dite  terre  et  hauteur  au  nom  de 
son  iiiailre  comme  liautain  seigneur  de  ce  lieu  »,  démit 
le  mayeur  de  ses  fonctions  et  le  remplaça  par  un  .autre, 
le  tout,  disait-on,  du  consentement  du  sire  de  Gronsveld, 
qui  espérait  par  là  rentrer  en  grâce  auprès  du  prince 
bourguignon  (l). 

Antoine  de  Croy  resta,  dès  lors,  paisible  possesseur  do 
la  seigneurie  de  Herslal.  Il  eut  à  soutenir,  contre  Arnold 
de  Hoemen,  seigneur  de  Saive,  uu  procès  au  sujet  des 
biens  de  La  Motte,  qui  faisaient  partie  du  territoire  de 
la   Terre  Fi'anche  (2). 

Le  19  février  1468,  il  vendit  Herstal  à  Jean,  comte  do 
Nassau,  le  même  qui  avait  aidé  jadis  à  le  réintégrer  dans 
ses  droits  (3).  Le  comte  fut  investi  du  fief  de  Herstai  par 
le  duc  de  Brabant  lui-même,  au  Palais  de  Bruxelles  (4). 

On  a  soutenu  (5)  que  le  comte  de  Nassau,  lors  de  son 
intervention    à    Herstal    (9   septembre    1444),    avait    déjà 


(  1  )  BoRGNET,  Chronique  iJe  Jean  (Je  Stavelot,  pp.  542-543. 

(•2)  A.  L.  H.  0.,  r.  (i,  loi.  21,  v». 

(:ii  A.  V>.Leeiihriereii,  u"  122,  fol.  256  v». 

(i)  A.  1-5.  »  »  122,    ))    250  V». 

(.';)  Bouiu.E,  Ilist.  de  ht  ville  etdupays  de  Liège,  II,  29;  cf.  Fisen. 


-  91  — 

acheté  les  droits  au  seigneur  de  Croy.  Remarquons  que 
Jean  de  Stavelol  n'en  dit  mot  et  que  le  jurisconsulte 
de  Méan,  qui  avait  étudié  la  ({ueslioii  (i),  place  cette  vente 
au  16  février  1458,  date  qui  concorde  avec  le  relief  du 
comte  Jean   devant   la  Cour  de   Brabant. 

r>e  comte  do  Nassau  avait  une  rente  de  500  llorins  de 
Florence  sui-  la  Terre  do  lierstai,  dont  les  arrérages 
s'élevaient  à  9,000  des  dits  llorins.  Après  avoir  cité  Antoine 
de  Croy,  Jean  de  Voelen  et  plusieurs  autres  seigneurs 
ayant  d(?s  droits  sur  cette  terre,  la  possession  lui  on  lut 
adjugée  par  une  sentence  des  lieutenants  et  hommes  de 
fiefs  de  Brabant  pour  «défaut  d'une  rente  liérédilaire  siir 
cette  terre  et  cela  en  conformité  d'une  sentence  préalable 
rendue  en  sa  faveur».  Le  jour  suivant,  16  février  1458,  il 
est  investi  du  fief  (2);  donc  il  ne  le  possédait  pas  avant 
cette  date. 

Remarquons  pour  terminer  le  présent  chapitre,  que  la 
souveraineté  de  la  Terre  Franche  appartient  toujours  aux 
ducs  de  Brabant,  mais  la  seigneurie^  est  possédée  par  les 
comtes  de  Nassau,  comme  fief  du  duché  de  Brabant. 

Chapitre  III. 

HERSTAL  SOUS  LES  COMTES  DE  NASSAU. 

Les  comtes  de  Nassau   firent  relief  de  la  Terre  Franche 
de  Herstal  devant  la  Cour  féodale  de  Brabant  de  1458  à  1 732. 
Le  comte 

1.  Jean  de  Nassau 

fut  seigneur  de  Herstal  de  1458  à  1478;  c'est  en  etTet  le 
'28  juillet  de  cette  dernière  année  que  nous  voyons  son    fils 

(  i)  nE  Mkan,  Ohservationes,  etc.,  Ill,  257. 
(2)  A.  V,.,  Leenbrieven,  11°  121,  fol.  295. 


—  92  - 

2.  Englebert  de  Nassau 

lui  succéder  et  prêter  serment  au  [)ied  de  l'autel  de  réj^lise 
Notre-Dame,  à  Herstal  (i). 

Le  chanoine  Daris  nous  dit  (2)  que  Jean  fut  seigneur 
jusqu'en  1481  ;  or  un  acte  de  la  Cour  de  justice  nousprouve 
que  Jean  a  cessé  ses  pouvoirs  dès  1478:  l^iglebert  nomme 
un  mayeur,  ce  .qui  constitue  ime  des  plus  importantes 
prérogatives  du  seigneur  dans  ses  domaines  (7  décemlire 
1478)  (3). 

Quoiqu'il  en  soit,  ce  n'est  que  le  5  novembre  1481  (4) 
qu'Englebert  fait  relief  par  décès  de  feu  son  père. 

Englebert  mourut  en  1504;  son  neveu  Henri  lui  succéda 
dans  ses  droits  à  Herstal. 

3.  Henri  de  Nassau 

fit  relief  le  18  juin  1504  (s),  mais  ne  prit  possession  de  la 
Terre  Franche  que  le  19  novembre  1520  par  l'intermédiaire 
de  Marcelis,  dressant  de  Diest,  et  Pasquée  Vreling,  ses 
mandataires  (6). 

En  1521,  il  fit  publier  un  mandement,  ordonnant  à  tous 
les  Herstaliens  de  faire,  dans  les  quinze  jours,  dénom- 
brement et  déclaration  de  leurs  biens  (7). 

Nous  verrons  dans  la  seconde  partie  de  ce  travail  les 
difficullés  qui  sui'gii'ent  sous  le  règne  de  ce  prince  entre  la 
Cour  de  justice  de  Herstal  et  l'Olficial  de  Liège. 

Hem'i  de  Nassau  mourut  en  1538;  son  fils 


(1)  A.  L.  H.  O.,  V.  U.fo].  143. 

{2)Xo;iees,etc.,X\U.  1G3. 

(3)  A.  L.  H.O.,  r.  8,  fol.  3i-. 

(i)  IJoiîMANS,  .S'e/(/y(.  féoil.   Inst.  arcJi.  liéçi.  X   lid. 

(  '<)  Ijormans,  Seif/ii.  féoû.  Iiinf.  nrch.  h't'tf.  X,  KiH. 

(0)  De  PiYCKEi,,  Le-i  coninniiir^  de  ht  /iror.  (Je  Ij'h'h'',  ]>.  279. 

(-)  A.L.  H.  0.,r.  1(),  f.  211. 


—  93  — 

4.  René  dk  Chalons 

lui  siicc'('mI;i,  ("oiiiiiic  seigneur  de  lli-rslal  et,  fit  relief  le 
15  j.iiivici'  15:38(1).  Il  l';iit  ;iele  {l'.niloi  il('>  ;'i  I  lerstal  en  I5'(:'), 
en  noiiiniiuit  un  receveur  (h;  l;i  Fi'anclie  'J'erre  (2).  Il 
inourui  en  154i. 

5.     GUILLAU.MK    I)K    NASSAU 

Le  t2lj  janvier  1541-,  l'empereui'  (^iiarles  investit  (iuil- 
iaume,  encore  mineur,  accompagné  du  comte  Guillaumi! 
de  Nassau,  son  père,  et,  de  ses  tuteui's  Jean  de  Mérode  et 
Claude  Bouton,  de  divers  biens,  entr'autn's  de  la  Tei're  de 
Herstal,etce!a  par  suite  du  décès  et  en  vertu  du  testament 
de  René  de  Chalons,  son  cousin  germain  (a). 

C'est  sous  ce  comte  de  Nassau,  célèbre  comme  chef  de 
l'opposition  contre  Philippe  II,  qu'eut  lieu  le  tait  le  [jIus 
inipoi'lant  de  l'histoire  de  la  Terre  Franche. 

L'empereur  Charles-Quint,  pour  protéger  ses  vastes 
possessions  centre  les  attaques  des  ennemis  du  Sud,  aurait 
voulu  consti'uire  une  forteresse  à  la  limite  méridionale  des 
Pays-B;is.  f/emplacement  le  plus  favorable  était  à  Pont  à 
Fraisne,  petit  village  de  la  province  de  Nanmr  actuelle. 
Malht^ureusement  ce  territoire  faisait,  partie  de  la  princi- 
pauté de  Liège  :  il  résolut  de  fiire  un  échange  de  territoii'e. 

Il  chargea  Marie  de  Hongrie,  gouvernante  des  Pays-Bas, 
de  négocier  cette  afïaire.  Marie  partit  pour  Binche  où  elle 
invita  l'évèque  de  Liège,  Georges  d'Autriche  ;  ce  derni(>r 
s'y  rendit,  et,  le  6  mai  1546,  fut  conclu  un  traité  qui  stipulait: 

1°  Que  l'évèque,  du  consentement  de  son  chapitre,  cé- 
derait à  l'empereur,  comme  roi  des  Pays-Bas,  p(jur  lui  et 
ses  successeurs  :    «  toute  la  juridiction,  Jiauteur,  ))rc}ni- 


(  1  )  BoRMANs,  Tiisf.  arch.  liég.  X,  140. 
(-2)  A.  L.  H.  ().,  11°  22.  (A  la  date.) 
(3)  A.  H.  Leenhrieren,  n"  135,  fol.  294. 


—  !U  - 

ncnces  cl  nntrcs  droits  lant  rc'yalcs^soHvevdincté  fju'diilrrfi  j) 
au  lieu  que  la.  gouvei-nauLe  désignera  près  de  J'oiit  à 
Fraisne. 

'2°  Le  fort  qui  sera  construit  à  Fraisne  ne  pourra,  en  cas 
de  guerre  enire  l'empereur  et  l'évêque  de  Liège,  servir 
de  place  forte  aux  ti'oupes  de  l'empereur,  auxquelles  il 
est  expressément  défendu  de  piller  le  territoire  de  la  prin- 
cipauté de  Liège. 

3°  Le  capitaine  du  fort,  nommé  par  l'empereur,  devra 
prêter  serment  en  mains  de  l'évêque  et  jurer  de  ne  rien 
laisser  endommager  par  ses  soldats  et  de  ne  contraindre 
dans  aucun  cas  les  sujets  à  aucune  espèce  de  servitude. 

4"  En  compensation,  la  gouvernante  cédera  au  prince- 
évêque  c  la  terre  et  seigneurie  de  Ilerstal  tenue  en  fief 
dudit  duché  de  Brabant  ou  Marquisat  d'Anvers,  acec  le 
droit  de  relief  sans  y  rien  réserver  ». 

5°  Pour  etlectuer  l'échange  on  fera  mesurer  par  «  deux 
mesureurs  assermentés  »  (choisis  l'un,  par  la  gouvernante, 
l'autre  par  l'évêque)  la  terre  de  Herstal  et  l'endroit  où 
Ton  se  propose  de  faire  le  fort,  pijur  y  désigner  la  même 
étendue  de  territoire. 

6°  Enfin,  la  gouvernante  fera  ratifier  le  présent  traité  par 
les  Etats  de  Brabant  qui  en  délivreront  acte  officiel  à 
l'évêque  de  Liège. 

Telles  sont  les  clauses  principales  du  traité  du  6  mai 
J  546(1). 

Le  17  décembre  de  la  même  année,  une  visite  des  deux 
localités  eut  lieu  (â). 

(i)  Original  sur  parchemin  à  L/7/e  .•  Arcliives  déparleinentales. 
Copies:  Liège.  Bibliotli.  de  l'Université.  Manuscrit  Van  den  Bercli, 
n°  188,  ff.  582  et  hm. 
Bruxelles.  Cour  des  comptes,  110'^  vol.,  fol.  290. 
Idem.  »        »        ))        672"  vol  ,     »   184. 

Bouille,  Histoire  de  Liéye,  III,  336. 
(2)  Analectes  pour  servir,  etc.,  VI,  371. 


—  95  — 

(litiHiiK^  il  avait  (Me  slipiilé,  les  géoiiuHres  se  iiiiii'iit  à 
l'ouvrage  et,  le  -4  août  15 iS,  ay;;iil  i-(»n(Iu  compte  de  leur 
travail,  ils  reconmireuL  que  la  Terre  Franche  avait  une 
su[)erficie  totale  de  '2,713  houuier.s,  3  grandes  verges  et 
une  petite,  ce  qui  de  nos  joui-s  représenlei'ail  2,:]65  hec- 
tares 50  ares  99  centiares,  tandis  que  \c  territoire  de  l'ont 
à  Fraisne  était  heaucoup  moins  (Hendu. 

De  là  rinipossihilit(!  [jour  le  prince  de  céder  une  snpei-- 
licie  égale,  sans  porter  à  son  église  cl  à  la  chùleilenie  de 
Couvin  un  préjudice  assez,  considérable  ;  il  l'ut  entendu 
(jue  la  reine  céderait  la  partie  di'  la  Terre  Franciie  située 
sur  la  l'ive  gauche  de  la  Meuse  et  dont  la  supeilicie  était 
de  2,019  bonni(n-s,:)U  grandes  verges  et  une  petite,  c'est-à- 
dire  1,767  hectai-es  44  ares  et  18  centiares. 

De  son  côté,  l'évèque  cédera  à  l'empereur  les  (Iroits  qu'il 
a  sur  les  terrcîs  envii'onnant  le  tort,  enlr'autres  aux  terres 
de  Dou.rtle,  acquises  du  couvent  de  Florelïes  et  le  reste  de 
part  et  d'autre  de  l'Eau  Blanche.  Ces  terres  seront  séparées 
du  territoii'e  de  la  principauté  de  Liège  au  moyen  de  bornes 
placées  par  les  délégués  des  deux  parties. 

Or,  il  arriva  que  le  village  de  Fraisne  tut  complètement 
englobé,  mais  les  seigneurs  de  cette  terre  eurent  la  faculté 
de  retenir  «  les  cena^  rentes  et  revenus  avec  tous  autres 
droits,  l'ief  et  juridiction  qu'ils  ont  toujours  exercés,  abisi 
que  tous  les  droits  de  péage,  tonlieu  et  autres,  perçus  sur 
les  terres  de  Fraisnes,  sauf  les  droits  de  régales,  de  souve- 
raineté et  de  ressort,  et  les  aides  accoutumés  que  le  prinec- 
évèque  cède  à  f  empereur  y)  (l). 

Remarquons  que  ce  traité  ne  touchait  en  rien  aux  clivjits 
des  seigneurs  de  llerstal,  il  ne  cor.cernait  que  le  droit  de 
souveraineté.  Ce  point  a  son  importance,  car  nous  verrons 
plus  loin  qu'il  fut  le  sujet  de  nombreuses  constestations. 

(1)  Traité  du  4  août  1548,  Manuscrit  1>>8,  fui.  583.  Liège, 
Université. 


—  96  — 

De  la  part  de  l'évêque  de  Liège,  le  conti-at,  fui  immé- 
diatement exéciilé  :  en  1549,  le  fort  est  conslruit  et  reçoit 
le  nom  de  Mariembourg,  en  l'honneui'  de  la  gouvernante 
des  Pays-Bas. 

Nous  avons  vu  qu'à  la  mort  de  René  de  Ghalons , 
son  cousin  et  successeur  Guillaume  était  encore  mineur. 
A  sa  majorité  il  vint  faire  relief  devant  le  grand  autel  de 
Notre-Dame,  le  19  septembre  1552  (l). 

Nous  allons  reprendre  ici  la  succession  des  comtes  de 
Nassau,  que  nous  avions  un  instant  abandonnée,  pour 
nous  occuper  de  la  question  de  l'échange  dans  son 
ensemble. 

Guillaume  de  Nassau  emprunta,  le  16  janvier  1557,  une 
somme  de  16,000  florins  à  L'rançois  Hansler  et  à  son 
épouse,  Agnès  Van  den  Bongard,  et,  en  garantie,  il  leur 
céda  la  Terre  Franche  jusqu'au  remboursement  (2). 

François  Hansler  fut  inslallé  comme  seigneur,  avec 
toutes  les  formalités  d'usage,  le  4  lévrier  1558  (3)  et,  le 
13  octobre  de  la  même  année,  il  donna  une  ordonnance 
aux  habitants  (4).  11  fit  relief  à  la  Cour  de  Brabant,  le 
27  mai  de  l'année  suivante  (5)  et  mourut  en  1560.  Sa 
veuve,  Agnès,  exerça  les  droits  seigneuriaux  au  nom  de 
ses  enfants  mineurs. 

A  la  mort  de  Guillaume,  son  fils  et  ses  tuteurs  inten- 
tèrent un  procès  devant  la  Gour  féodale  contre  la  veuve 
de  François   Hansler  et  contre  son   fils   Herman. 

Différentes  sentences  de  cette  Gour,  portées  en  1603, 
réintégrèrenf  Philippe  Guillaume  dans  la  possession  de 
Herstal  ;  elles  étaient  fondées  sur  ce  fait  que  la  vente  de 

(0  A.  L.  H.  0.,  r.  34,  f.  143. 

(2)  A.  B.  Procès  plaides  à  la  Cour  féodale,  iY>  723,  81'  liasse,  11°  853. 

(3)  A.L.  H.  0.,r.34,  f.  144. 

(4)  A.  L.  H.  0.,r.  29,  f.  187. 

(u)  BoRMANS,  Inst.  arch.  liéçj.,  X.  146. 


—  &7    — 

i.VtO  Ile  |iimv,ij[  snhsisîor,  ayant  été  faite  après  qw  la 
Terre  élait  déjà  dévolue  à  IMiili[)|)e  Gudlaiiine,  selon  les 
coututnes  du  IJrahatit  (l).  Toulelois,  llerinaii  persista  à 
se  maintenir  dans  la  Terre;  il  l'allul  un(î  nouvelle  sentence 
du  '21  novembre  1(i09  pour  le  lui  intei'tlire  (2). 

Pendant  cette  période  très  embrouillée,  les  dilTércnts 
prétendants  t'ont  relief  et  interviennent  dans  les  affaires 
de   Herstal. 

Les  frères  Herman  et  Guillaume  de  Hanslei'  tirent 
respectivement  relief  le '20  avril  et  le  29  octobre  1583(3) 
par  décès  de  leur  père;  ils  furent  conjointement  seigneurs 
de  Herstal. 

D'autre  part ,  Philippe  Guillaume  releva  la  Terre  le 
23  septembre  1594,  du  chef  de  sa  mère,  Anne  d'Egmont, 
décédée  en  1552,  à  titre  de  dévolution  et  non  comme 
héritier  de  son   père  (4). 

L'empereur  Charles  mit  beaucoup  moins  d'empressement 
dans  l'exécution  du  contrat  d'échange  territorial. 

P^n  1615,  au  Concordat  de  Maestricht,  entre  les  archiducs 
Albert  et  Isabelle  et  le  prince-évêque  Ferdinand  de  Bavièri', 
il  fui  question  t\o  l'afïaire  de  Herstal,  mais  elle  ne  fut  pas 
résolue.  A  la  demande  des  députés  liégeois,  on  promit  de 
s'en  occuper  activement  a[)rès  le  retour  des  archiducs 
momentanément  absents  (s). 

L'article  17  du  traité  de  Tirlemonl,  en  165^,  tlécida  (pie 
l'ai'chiduc  aurait  à  doimei'  des  ordres  pour  l'exéeution  de 
l'échange  de  1546  (e). 


(i)  A.  B.  Pj-ocès plaides  à  la  Cour  féodale,  n"  7!23.  81'  liasse. 

(2)  A.  B.        »  »         »      »  ))       n»  767,  125"  1.,  n°  1451. 

(3)  BoRMANS,  Tnsf.  arch.  liég.,X,  147. 

(4)  Id.  »         »         »    X,  147. 

(5)  DE  Méan,  Observationeft,  etc.,  III,  55. 

(6)  Id.  »  »      »    n 


—  98  — 

Une  Jeltro  de  la  Cliainl)re  des  finances  an  grefliei'  de  la 
Conr  féodale,  avait  transmis  àcelni-ci,  le  17  févi'ier  1653, 
nn  billet  des  députés  hollandais  et  des  Pays-Bas,  réunis  en 
conférence  à  Malines.  Par  ce  billet,  les  députés  deman- 
daient de  rechercher  les  documents  prouvant  que  la  Tei're 
de  Herstal  est  du  ressort  du  Brabint  (i). 

En  novembre  1654,  le  greffier  rédigea  un  mémoire  sur 
la  question  (2)  et,  enfin,  le  15  juillet  1656, après  bien  des  diffi- 
cultés, le  gouvernement  des  Pays-Bas  céda  la  partie  de  la 
Terre  Franche,  située  sur  la  rive  gauche  de  la  Meuse  (3). 

Il  intervint  aussi  comme  seigneur  de  Herstal  pendant  le 
cours  du  procès;  néanmoins,  à  partir  de  1604,  le  prince  de 
Nassau  seul  lait  acte  d'autorité  et,  dès  lors,  nous  ne  ren- 
controns plus  trace  de  conteslation. 

Philippe  Guillaume  mourut  en  1618.  Sa  veuve,  Léunore 
de  Bourbon,  releva  la  seigneurie  le  3  mars  1618  pour  son 
usufruit  (4)  et  son  frère 

6.  Maurice  de  Nassau 

pour  la  propriété  le  10  mars  de  la  même  année  (s).  Ce 
dernier  mourut  en  1625. 

7.  Henri  Frédéric 

frère  de  Maurice,  lui  suc.'éda  en  16'25  et  fut  seigneur  de 
Herstal  jusqu'en  1647,  époque  où  il  fut  remplacé  par  son 
fils 

8.  Guillaume  II 

Le  [)remier  de  ces  comtes  fait  acte  d'autorité  à  Herstal  le 

(ij  A.  \i., Correspondance  de  la  Cour  féodale,  n"ôUo,  \'î'^  vol.,  fol.lStto. 

•  •^Mu-,  "  »  »        11^504,  13«  vol.,  fol,  135. 

(.-,)  Bouille,  Histoire  de  Liégv,  III,  :J3S. 

(i)  KoRMANs,  Seir/n.  féodales,  Inst.  arclt.  liéy.,  X,  147. 

(oj     Idem.  m  »  »        »        »      X,  147. 


—  99  — 

27  se|»U'iiil)i-o  l(l'28  en  iu)ini)i;nil  un  givriici'  (l),  le  .second 
le  10  avril  1047  (â). 

A  la  mort  de.  GniilauiTic  II,  en  1650,  son  lils 

!>.  Guillaume  III 

lui  succéda.  Le  roi  d'Angleterre  fut  seigneur  de  llei'sial  de 
1650  à  1702. 

Nous  avons  vu  que,  sous  ce  prince,  le  gouvernement 
des  Pays-Bas  céda  au  p)'ince-évêque  la  partie  gauche  de  la 
Terre  Franche  en  compensation  de  la  cession  de  Pont  à 
Fraisne,  opérée  un  siècle  auparavant. 

De  nouvelles  diftlcultés  ne  tardèrent  pas  à  surgira  Hersial. 

En  exécution  d'un  décret  des  Etats-Généraux  du  25  mai 
1661,  le  Conseil  d'Etat  avait  institué  une  commission  chargée 
d'étudier  les  réformes  à  introduire  dans  les  pays  d'Outre- 
Meuse,  tombés  en  partage  des  Etats  Généraux.  La  com- 
mission demanda  des  renseignements  aux  fonctionnaires  du 
pays,  elle  y  ajouta  ses  propres  observations  et  transmit  le 
tout  à  l'appréciation  des  Etats. 

De  ces  renseignements,  nous  notons  celui-ci  :«  L« /^(t- 
ronnie  (s)  de  Herstal  est  une  dépendance  du  conilé  de 
Vroenliove  et  comme  telle  doit  supporter  sa  part  des 
impôts-»  (i). 

Au  contraire,  le  prince-évêque  soutint  que  cette  baronnie 
était  de  son  ressort  et  ne  devait,  par  conséquent ,  aucune 
redevance  de  ce  genre  à  l'Etat  (s). 

A    ces    difficultés    d'ordre    extérieur    s'en     joignirent 


(i)  A.  L.  H.  0.  r.  5"),  fol.  340. 

(î)  A.  L.  H.  0.  r.  G5,  fol.  43. 

(ô)  A  partir  du  XVII'"<'  siècle,  les  (lociimeiils  (loiineiii  souvent  à  la 
Terre  Franclie  le  nom  de  baronnie  el  le  seigneui'  lil  ulaire  est  le  l)aron 
de  Herstal. 

(i)  Analectes  pour  servir  .  .  .  etc.,  XIIL 

(o)  A.  L.  H.  0.  r.  73,  fol.  185. 


—  100  — 

(l'auli'cs  (rui'tlre  iiih'riuLir  :  le  tii)  mai  J()58,  Maximilien 
Henri  publia  iitu'  ordonnance  poiu*  le  maintien  de  la  sou- 
vei'aine  juridiction,  conteslée  par  les  princesses  tutrices 
dans  un  acte  du  '27  mai  1658,  où  elles  prétendent  que  la 
«  souveraineté  du  prince  de  Liège  sur  Herstal  est  iuuuji- 
nairen  et  que  la  cession  faite  par  le  roi  catholique  est  un 
acte  «  vicieux,  ohreptif,  inique,  nul  et  contraire  à  toute  loi 
et  coutume  féodale ->),  en  se  basant  sur  ce  fait  qu'elle  a  été 
exécutée  contre  le  gi'é  du  vassal  (i). 

Les  princesses  tutrices  versent  ici  dans  l'erreur  :  le 
droit  féodal  permet,  en  etîet,  de  transporter  le  domaine 
direct  d'un  lîef  contre  le  gré  du  vassal  et  cela  en  vertu  du 
droit  universel  que  le  seigneur  souverain  et  féodal  a  sur 
ses  terres. 

Guillaume  III  avait  em[)i-unté  de  l'argent  à  la  comtesse 
de  Mérode  et  se  ti'ouvait  ilans  l'impossibilité  de  le  lui  rem- 
bourser, alors  que  celle-ci  lui  réclamait  la  somme  prêtée; 
elle  adressa,  à  la  Cour  féodale  de  Brabant,  une  requête 
demandant  la  mise  en  vente  de  la  Terre  de  Herstal,  ce  qui 
fut  accordé  le  11  février  par  une  lettre  du  marquis  de 
Caracena,  lieutenant  de  la  Cour  féodale  (2). 

I>a  comtesse  de  Middelbourg  acheta  la  Terre  et  en  fut 
investie  le  '■l'-l  février  1662  par  des  lettres  patentes  de 
Philippe  IV  (3)  ;  l'acte  de  ti'ansport  eut  lieu  le  25  du  même 
mois  (4).  Le  31  mars,  il  y  eut  une  transaction  enti'e  elle  et 
Amélie,  princesse  douaii'ière  d'Orange,  accord  ralilié  le 
20  juin  1662  (5). 

Entin,  le  20  juillet  1663,  la  comtesse  Isabelle  de  Mérode 


(1)  HE  LouvREX,  Edifs  et  ordonnances,  IV,  19G. 

(2)  A.  ti   Cor.  de  la  Cour  féodale,  n"  506,  15'  vol.,  fol.  40. 

(3)  A.  B.  I.eenbrieven,  n"  15^,  fol.  59. 

(4)  A.  H.  Registres  de  recette  des  droits  de  relief,  n"  37(),  fol.  •21  v" 
(.-. )  UoRMANS,  Self/n.  féod.    Inst.  arch.  lié;!.,  X,  147. 


—  101  — 

fut  mise  en  possession  de  la  baronnie  de  Herstal  pour  la 
partie  située  sur  la  rive  gauche  do  la  Meuse,  hujuelle 
relève  du  priuce-évêquo.  I.e  relief  fut  fait  par  Jean- 
Baptiste  Cazier  (i).  /? 

Cependant,  les  prétentions  des  Etats-Généraux  étaient  X  ^^^ 
loin  d'être  éteintes,  elles  réapparurent  en  1668.    Le  rece-/^  jZ^'^^^^^ 
veur  de  ces  Etats.  Van  Islem^avait  envoyé  des  ordres  dans  ^/^  '<fiJ^'<i^ 
la  partie  gauche  de  Herstal,  prétendant  rpie  ce  territoire   ^/^  ùyyfûli  il ^ 
était   une  dépendance  de  Maestricht  ;   m^iis    une    ordon^-'^  /^ffaP'. 
nance  de  Maximilien  Henri  du  6  octobre  1668  li!   défense  ^^>,  ^  hf 
aux  habitants  de  cette  partie  de  Ilorshd  d'oblcinpérer  aux 
ordres  illégalement  reçus  (2). 

La  comtesse  de  Middelbourg  mourut  en  1679,  et  son 
petit-fds,  Jean  de  Gand,  prince  d'Lsenghien,fit  relief,  prtur 
la  partie  droite,  le  14  octobre  1679,  en  Brabant  (3). 

En  vertu  de  ses  droits  seigneuriaux,  le  roi  pouvait 
nommer  les  échevins  de  la  Cour  de  justice,  ainsi  que  le 
drossard  de  Herstal.  Il  conféi-a  la  fonction  de  drossard  au 
colonel  de  Greit/en  ,  qui  vint  prendre  possession  de  sa 
charge  en  1732. 

Les  habitants  de  Herstal,  rassemblés  sur  la  place  de  la 
Licourt  (4),  prêtèrent  le  serment  accoutumé  suivant: 
((  Je  jure  d'être  bon,  loyal  et  fidèl  sujet  à  sa  Majesté  le  roi 
de  Prusse,  comme  seigneur  et  baron  de  Herstal  et  de  Im 
porter  honneur,  révérence  et  lui  obéir  comme  seigneur  : 
Ainsi  m'aide  Dieu  et  tous  les  saints.  »  Ce  serment  avait  été 
précédé  de  celui  du  drossard,  promettant  de  maintenir  les 
bourgeois  dans  tous  leurs  droits,  privilèges,  franchises  et 
immunités. 

(  0  A.  L.  Cour  féodale,  r.  104,  fol.  914,  et  sq 
(2)  A.  !..  H.O.,r.  76,  fol.  158. 
(â)  I3oRMANS,  Seig.  féod.    Insf.  arch.  Uni.,  X.,  148. 
(j)  liii  I.icourt  (que  l'on  devrait  écrii'c   Li  cour)  est  la  jilace  pii- 
ttlique  la  plus  importante  de  Herstal. 


-  102  — 

Les  habitants  se  réjouissaient  déjà  de  leur  nouvelle  situa- 
lion  :  ils  avaient  dû  subvenir  aux  frais  du  séjour  des 
troupes  prussiennes  et  hollandaises  pendant  quatre  à  cinq 
ans:  or,  toutes  ces  troupes  s'étaient  retirées  à  l'avénenient 
du  roi. 

Malheureusement,  ces  heureux  présages  s'évanouirent 
rapidement,  grâce  à  la  conduite  détestable  du  baron  de 
Greitzen. 

La  prise  de  possession  de  la  baronnie  de  Herstal,  au  nom 
du  l'oi  de  Prusse,  eut  lieu  le  28'mars  170i2  par  Gaspard 
Guillaume  von  Forell,  docteur  en  droit  (l).  Nous  verrons 
dans  la  seconde  partie  de  ce  travail  les  formalités  accom- 
pHes  à  cette  occasion. 

Frédéric  Guillaume  succéda  à  son  père  en  1713.  Il  fit 
relief,  le  9  mai  -1713,  devant  la  Cour  féodale  de  Brabant  pour 
la  partie  située  sur  la  rive  droite  et  le  28  mai's  1715,  devant 
la  Cour  de  Liège,  pour  l'autre  partie  (2).  Il  fit  un  second 
relief  de  la  partie  gauche  le  31  juillet  17*25  devant  la  même 
Cour. 

Ces  reliefs  successifs  prouvent  que  les  rois  de  Prusse 
possédaient  dans  la  Terre  Franche  des  droits  seigneuriaux, 
mais  en  aucune  façon  une  véritable  souvei'aineté. 

Nous  faisons  cette  remarque  parce  que,  en  1721,  il  y  a  de 
la  part  des  rois  de  Prusse  une  tendance  à  s'emparer  de 
l'autorité  souveraine,  tendance  qui,  du  reste,  fut  réprimée 
par  une  ordonnance  cassatoire  du  prince-évèque  Joseph 
Clément  (19  décembre  1722)  (3). 

Une  nouvelle  tentative  prussienne  eut  lieu  quelque  temps 
après  ;  elle  reçut  le  même  accueil  de  la  part  du   prince- 


(i)  A.  b  H.O.  r.  89,  fol.  240. 

(i)  BoBMXîi^,  Seign.féod.   Inst.arch.  l iéi/.,\,  li'iO. 

(r.)  DE  LouvREX,  Edits  et  ordonnances,  IV.  201. 


—  103  — 

évêque  ;  en  octobre  1732,  le  roi  do  Prusse  ordonne  à  tous 
les  hcibitanls,  ecclésiastiques  et  laïques,  de  lui  taire 
hommage  (>(  lui  prêter  sernuMil  de  fidélité  comme  à  leur 
souverain.  Georges  Louis  de  Berghes  détendit  (le  t27  no- 
vembre suivant)  aux  habitants  de  déférer  à  cet  ordre  et 
maintint  sa  souvei'aineté  sur  Herstal,  tout  en  respectant  les 
droits  du  seigneur, 

Frédéric  Guillaume  répliqua,  le  31  janvier  1733,  et 
prétendit:  «  (Hie  la  Terre  Franclie  de  HerMal  élaii  unehn- 
ronnie  libre  et  franche,  >i0uveraine  en  elle  même  (pio'ufMc 
dépendante  en  (luelque  sorte  du  Saint  Empire  et  tenue  en 
fief  du  duc  deBrahant:  les  reliefs  qtion  en  a  fait  sont 
abusifs.  » 

Enfin  le  prince-évêque  parvint  à  lui  d('^monlror  sdii 
erreur  dans  une  prolestalion  du  17  mai's  173'-2  :  «  Les  princes 
évêques  et  les  seigneurs  qui,  depuis  quatre  siècles,  ont 
successivement  possédé  Herstal,  nen  ont  jamais  été  soii- 
verains,  mais  vassaux  du  duc  de  Brabant;  donc  la  terre 
n'est  pas  indépendante  »  (2). 

Le  fils  de  Jean  d'Isenghien  fit  relief  devant  la  Gour  de 
Brabant  le  '22  septembre  1688  (3). 

Guillaume  III  de  Nassau,  roi  d'Angleterre,  légua  la  Terre 
Franche  et  tous  ses  autres  biens  à  son  cousin,  le  prince 

10.  Jean  Guillaume  de  Nassau  le  Frtson  (4) 

le  18  octobre  1695. 

Ce  testament  fut  l'objet  de  conlestations  de  la  pai't  des 

(1)  DE  LouvREX,  Edits  et  onlon.,  IV,  20l2. 

(-2)  Protestation  ultérieure  de  par  Son  Altesse  rEvè([ue  et  l'riiice  de 
Liège  toucliant  Herstal.  l)rocliin"e  de  \'i  pa^es  jiuMiéi'  en  17"!rï  à  Lié^^e 
chez  la  veuve  Procureur,  au  Vieux  Marché. 

(3)  BoRMANS,  Inst.  firch.  liég  ,  X.  14S. 

(i)  f"élait  le  iielit-fils  d'une  sœur  de  Guillaume  II  el  stadliouder  de 
Frise. 


-  10^  - 

autres  parents,  surtout  de  Louise-Henriette  de  Nassau- 
Orange,  épouse  de  Frédéric-Guillaume,  roi  de  Prusse,  et 
fille  de  Henri  Frédéric;  de  Hein"iette-Catheritic  de  Nassau- 
Orange,  douairière  d'Anhalt,  et  de  Guillaume-Hyacinthe  de 
Nassau-Orange. 

Tous  ces  compétiteurs  tirent  relief  de  la  Terre  : 

Guillaume  Hyacinthe,  le  '28  mars  1702,  à  la  Cour  de 
Brahant;  le  marquis  de  Brandehourg,  le  5  avril  de  la  même 
année  et  devant  la  même  Cour  (l). 

Le  roi  de  Prusse  Frédéric  releva  le  8  juin  4702  pour  la 
partie  gauche  devant  la  Cour  féodale  de  Liège  (2)  ;  le  12 
avril  de  l'année  suivante,  la  princesse  d'Anhalt  releva  en 
propriété  devant  la  même  Cour  et  pour  la  même  partie  do 
la  Terre  (3).  Jacques- Léonard  Haloy,  commis  par  Guil- 
laume Hyacinthe,  en  fit  autant  le  18  juin  (4). 

Le  roi  de  Prusse,  ayant  acheté  les  droits  de  Henrielte  Ca- 
therine (4  juillet  1709)  (s),  parvint  à  conclure  un  traité  avec 
Guillaume-Charles-Henri  de  Nassau,  en  1732,  et  la  Terre 
Franche  toute  entière  lui  fut  cédée  en  partage,  par  l'article 
5  des  traités  du  4  mai  et  du  6  juin  1732  (e). 

Ici  se  termine  donc  la  série  des  comtes  de  Nassau,  ponr 
être  continuée  sous  le  titre  de  Rois  de  Prusse. 

Chapitre  IXF, 

HEBSTAL  SOUS  LES  BOIS  DE  PRUSSE. 

Le  roi  Frédéric  fit  relief  une  seconde  fois,  le  4  juin 
1709   (7). 

Non  content  d'avoir  fait  payer,  par  la  Régence,  les  folles 
dépenses  (6   à  7,000  florins)  qu'un  séjour  de  cinq  à  six 

((,  -2,  5,  i)  BoRMANS,  Seigii.féod.  Inst.  arch.  liég.  X,  148. 
(r;)  A.  L.,  Conseil  privé.  Contest.  avec  le  roi  de  Prusse,  K,  'A^)"!. 
(r.)  RouvKT,  liecneil  historique  d'actes,  etc.,  VIII,  413. 
(7)  BoRMANS,  Seii).  féod.    Inst.  arch.  lié(j.,  X,  148. 


—  105  — 

mois  avait  occasionnées,  il  força  cette  même  Régence  à  lui 
tburnn%  hors  tles  deniers  de  la  Communauté,  une  autre 
somme  de  4,800  llorins  de  Brabant,  en  luisant  prêter 
serment  aux  membi-c;;  de  la  Régence  de  n'en  point  l'aire 
mention  dans  la  reddition  dos  comptes. 

Cependant  ,  une  sourde  rumeur  ne  tarda  pas  à  se 
ré|);nidi'e  et  les  lialiilanls  iiilrigués  demandèrent  de  plus 
amples  renseignements  sur  l'emploi  des  sonnnes  susdites; 
ne  pouvant  obtenir  satisfaction,,  ils  protestèrent  contre  la 
clôture  des  comptes. 

Les  signalaires  de  l'acte  de  protestation  furent  assignés 
à  la  Maison  de  ville,  où  ils  se  virent  condamnés  à  une 
amende  de  trois  ducats  et  sans  leur  montrer  le  rescript 
qui,  disait-on,  ém.inait  du  roi  de  Prusse;  on  procéda  à 
la  vente  publique  de  leurs  meubles  jusqu'à  coneuri-ence  de 
la  somme  susdite  et  des  frais. 

Comme  on  le  voit,  la  conduite  du  di-ossard  est  loin  de 
répondre  aux  espérances  fondées  sut-  ses  belles  promesses. 

Cependant  les  condamnés,  au  nombre  de  seizn,  soup- 
çonnant le  baron  d'avoir  rendu  la  sentence  à  Tinsu  du  roi, 
envoyèrent  une  députation  à  Berlin,  pour  exposer  leurs 
griefs  au  souverain. 

Celui-ci  ,  naturellement  trop  occupé  par  son  vaste 
royaume,  envoya  à  Herstal,  pour  examiner  la  question,  un 
commissaire  qui  ne  la  résolut  pas. 

Les  habitants  transmirent  alors  leurs  [)laiiites  au  Conseil 
souverain  de  Brabant,  d'une  part,  et  au  Conseil  Privé  du 
prince-évêqne   de   Liège,   d'autre   part. 

Après  divers  pourparlers  la  tranquillité  lut  rétablie,  grâce 
à  un  accord  signé  de  la  Communauté  et  des  deux  Conseils 
cités  plus  haut  (i). 

(i)  Tous  ces  renseit^neiaents  sont  tirés  (riiiu'  Iji-ocluire  [)arue  ea 
17i()  intitulée  :  Justification  pour  1rs  bouri/uiestres  et  députés  de  la 
franke  terri'  et  libre  barouuic  df  I/erstal.  Liège,  liroiicart. 


—  106  - 

Cependant,  le  roi  de  Prusse  n'en  continuait,  pas  moines 
ses  infractions  aux  droits  de  souveraineté  de  Sa  Majesté 
Catholique  (Charles  VI)  sur  la  partie  droite  de  Herstal  (à 
laquelle  nous  donnons  désormais  pour  la  facilité  le  nom 
de  Wandre).  Un  décret  du  9  novembre  1734  déclarait  luils 
tous  les  ordres  émanant  du  roi  de  Prusse  pour  cette  parlie 
de  la  Terre  Franche  (1). 

Ces  dissenssions  ne  firent  que  s'accentuer  et  les  parties 
furent  obligées  de  chercher  un  autre  moyen  de  résoudre 
les  difficultés. 

En  1739,  le  roi  de  Prusse  chargea  son  drossard  de  faire 
des  propositions  au  gouvernement  de  Liège  pour  lui  céder 
la  seigneurie  de  Herstal  :  la  somme  fixée  d'un  commun 
accord  serait  immédiatemeiit  payée. 

Le  5  juin  delà  même  année,  les  Etals  firent  savoir  au 
roi  qu'au  lieu  de  compter  la  somme  de  cent  mille  écus,  ils 
en  payeraient  l'intérêt  à  quatre  pour  cent  jusqu'à  rédemp- 
tion et,  en  outre,  qu'ils  prendraient  sur  eux  les  cinquanle 
mille  llorins  ou  environ  dont  la  terre  était  grevée  (2). 

Les  trois  Etats,  pour  assurer  le  payement  de  la  somme 
stipulée,  engagèrent ,  à  cet  etïet ,  tous  les  revenus  de  la 
seigneurie  de  Herstal  et  ceux  du  pays  (26  juin)  (3).  Ils 
accordèrent,  en  outre,  au  di-ossard  de  Greitzen,  dans  le 
cas  où  le  traité  serait  exécuté,  une  gratification  de  20,000 
florins  pour  les  services  qu'il  avait  rendus  et  en  compen- 
sation de  sa  démission,  dès  qu'il  l'aurait  donnée  (4). 

Ce  projet  ne  reçut  pas  un  excellent  accueil  de  la  pari  du 
roi  de  Prusse,  qui  présenta  un  contre-projet. 

Les  Etats  de  Liège  y    répondirent  :    «  Us  ne  pouvaient 


(1)  Placcarts  du  Brabant,  VI,  579. 

{i)  A.  L.  Conseil  privé.  Etat  primaire,  r.  157,  fol.  29. 

3)  Id.,        »  »        »  »  r.  157,  fol.  3(>  à  ■ 

(4)1d.,        »  >'        »  "  r.  157,  fol.  47. 


—  107  — 

accepter  de  payer  les  cent  mille  écus  en  dix  ans,  ni  en  vingt 
ans,  termes  proposés  par  la  Prusse,  pas  plus  que  de  con- 
descendre à  une  exécution  militaire,  les  revenus  de  l'Etat 
étant  de  beaucoup  supérieurs  afix  intérêts  à.  payer  annuelle- 
ment »  (4  septembre  1739)  (i  ). 

Pendant  les  négociations  au  suj<'t  de  la  cession  de  la 
Terre  Franche  survint  la  mort  du  roi  Frédéric-Guillaume. 

La  nouvelle  de  cette  mort  fut  annoncée  à  Ilerstal  par  une 
lettre  du  baron  de  Greilzen  :  son  nouveau  mailre  P'ré- 
déric  II  ordonne  de  faire  sonner  toutes  les  cloches  dans 
toutes  les  églises  de  la  juridiction  de  Herstal,  de  midi  à 
1  heure,  pendant  six  semaines,  à  partir  du  jour  de  la  récep- 
tion de  cet  ordre  (  17  juin  1740). 

Une  nouvelle  lettre  du  21  du  même  mois  pi'é vient  les 
habitants  de  se  tenir  prêts  pour  la  prestation  du  serment 
au  nouveau  seigneur.  Les  boui'gmestres  de  Herstal  répon- 
dirent,ie  3  juillet  suivant,  qu'il  en  serait  t'ait  selon  la  volonté 
du  baron,  et,  le  1'^'''  septembre  ,  ils  réitérèrent  leurs  pro- 
messes en  présence  de  l'ofTicier  de  Herslal  et  ajoutèrent 
que  non  seulement  ils  étaient  prêts  à  rendre  hommage  au 
nouveau  roi  de  Prusse,  mais  encore  qu'ils  conviendraient 
entre  eux  de  la  manière  la  plus  pompeuse  pour  la  récep- 
tion de  l'envoyé  prussien,  du  traitement,  du  logement 
qu'on  lui  donnerait ,  enfin  des  télés  à  organiser  en  son 
honneur  (2). 

Il  était  nécessaire  d'insister  sur  ces  détails,  parce  que 
on  est  assez  étonné  de  voir,  peu  après  ces  événements,  le 
roi  de  Prusse  se  plaindre  de  ce  que  le  serment  de  fidélité 
exigé  des  Herstaliens  lui  ait  été  refusé. 

Certain  auteur  prétend  môme  que  le  serment  avait  déjà 
été  prêté  au  prince-évêque  Georges-Louis  de  Berghes,  et 

1  )  A.  L. ,  Etat  primaire.    Conseil  privé,  r.  157,  fol.  81,  82. 
î)  Id.        »  »  »  «      r.  157,  fol,  104-. 


—  i08  — 

que  c'est  là  le  motif  de  leur  relus  vis  à  vis  du  roi  de 
Prusse  (i). 

Frédéric  II  aurait  vivement  désiré  l'achat  de  Herstal 
pour  les  cent  mille  écus,  à  la  condition  que  cette  somme 
fût  payée  comptant.  Arrivé  à  Wesel  ,  il  écrivit  au  prince- 
évêque  (4  septembre)  lui  reprochant  de  s'attribuer  la 
souveraineté  sur  Herstal  et  de  soulever  les  habitants 
contre  leur  seigneur  ;  ii  exigeait  une  réponse  dans  les 
deux  jours  (2).  Le  conseiller  Rambonnet,  porteur  de  la 
lettre,  arriva  à  Liège  le  9  septembre. 

Après  s'être  concerté  avec  ses  Etats,  le  prince  répondit 
le  11  septembre,  mais  le  conseiller  était  parti  sans  attendre 
la  réponse. 

Dans  sa  lettre,  le  prince  at'tirmait  ses  droits  dp  souve- 
raineté, il  déclarait  avoir  toujours  respecté  les  droits  du 
seigneur  et,  enfin,  renouvelait  l'offre  d'acheter  Herstal 
pour  cent  mille  écus,  doni  il  payerait  l'intérêt  à  quatre 
pour  cent  (3). 

Cette  lettre,  expédiée  par  le  courrier  ordinaire,  n'était 
pas  encore  arrivée  à  destination  que  le  roi  de  Prusse  en- 
voya le  général  de  Borck  avec  un  corps  de  2,000  hommes 
et  quelque  artillerie,  avec  ordre  d'occuper  la  ville  de 
Maeseyck  et  le  comté  de  Hornes.  En  même  temps,  il  publia 
un  factum  avec  exposition  pour  justifier  sa  conduite  (4). 

Le  prince  de  Liège  y  opposa  immédiatement  une  répli- 
que réfutant  les  accusations  prussiennes  (s). 

(  I  )  DK  ViLLENFAONF,  Reclierdies  sur  Vliist.  de  la  principrtiiff  de 
Liège,  I,  225. 

(2)  PvOUSSET,  Recueil  des  traités,  XVI,  308. 

(rOlD.  »         «        »        XIV,  308. 

(  i  )  Copie  du  Factum  et  de  V Exposition,  imprimée  à  Wesel,  le  1 1  sep- 
tembre 1740.  A  Liège,  de  limprimcrie  d'Everard  Kints,  1740.  8  pages. 

(a)  Exposition  conire  ceWe  huprimée  àWesel  le  11  septembre  1740, 
Liège.  De  l'im])!'iiiierip  d'Eveiard  Kints,  im]).  de  Son  Altesse.  1740. 
12  pages. 


—  109  — 

Une  seconde  réplique  de  la  Prusse  fut  ensuite  publiée  ; 
elle  fut  probablement,  comme  la  première,  rédigée  par 
Voltaire.  C'est  du  moins  ce  que  lui-même  affirme  dans  ses 
mémoires. Les  paroles  du  grand  écrivain  prouvent  combien 
les  raisons  du  roi  de  Prusse  étaient  peu  fondées.  «  Le  roi 
me  chargea,  dit-il,  d'écrire  un  manifesle  et  j'en  fis  un  tant 
bon  que  mauvais,  ne  doutant  pas  qu'un  roi  avec  qui  je 
soupais  et  qui  m'appelait  son  ami  ne  dut  avoir  toujours 
raison  »  (1). 

Dès  le  19  septembre,  le  général  de  Borck  demanda  une 
somme  de  20,000  écus  de  contributions.  Sur  le  refus  des 
Trois  Etats,  le  général  prussien  écrivit  au  chancelier  une 
lettre  les  menaçant  d'exiger  lui-même  cette  somme  des 
villes  et  des  villages  et,  si  ce  moyen  ne  réussissait  pas.  de 
faire  augmenter  ses  troupes  et  de  se  rapprocher  davantage 
de  Liège  (2).  Il  retint  près  do  lui  le  comte  de  Picnesse  et 
le  commissaire  Lambrecht,  et,  le  27  septembre,  après  une 
nouvelle  demande  d'explications  de  part  et  d'autre  sur  la 
somme  demandée  et  le  retrait  des  troupes  ,  la  somme  em- 
pruntée à  diverses  personnes  lui  fut  payée  (3). 

A  peine  de  Borck  eut-il  reçu  cet  argent  que  de  nouvc^Ues 
exigences  se  firent  jour  et  les  troupes  prussiennes  persis- 
tèrent à  ne  pas  vouloir  quitter  le  pays  (4)  (23-24-25  sep- 
tembre). 

Les  exigences  du  roi  à  Berlin  ne  le  cédaient  en  rien  à 
celles  de  son  général  à  Maeseyck  :  les  deux  envoyés  lié- 
geois informèrent  (  P''  octobre)  le  prince-évêque  que  le  roi 
«  réclamait  une  prétendue  assignation  faite  autrefois  à 
S.  A,  E.  de  Brandebourg  sur  le  pays  de  Liège  pour  un 
quartier  d'hiver  en  Van  1685  »,  quoique  la  Diète  fut  restée 

{ i  )  Œuvres  complètes  de  Voltaire,  t.  l  ,  p.  17.  Paris,  Ganiier,  18&î. 
(2,  -)  A.  L.,  Conseil  privé.  Etat  primaire,  157.  à  la  date. 
(i)  A.  L.,  Conseil  privé.  Etat  primaire,  157,  à  la  date. 


—  HO  — 

à  cette  époque  obligée  envers  l'Electeur  de  lîr.mdc- 
bourg  (i). 

Le  roi  de  Prusse  ne  mit  point  Herstal  à  contribution, 
mais  les  habitants  de  la  localité  et  ceux  des  villages  voisins 
durent  héberger  les  troupes.  Celles-ci,  avons-nous  vu, 
occupaient  les  villes  de  Maeseyck  et  le  comté   de  Hornes. 

Le  prince-évêque  autorisa  et  députa,  le  16  septembre,  le 
baron  de  Horion, officier  du  corn  lé  de  Hornes, pour  «  convenir 
et  régler  les  fourragea  et  portions  des  dites  troupes,  de  la 
manière  la  plus  convenable,  quoûjue  notoirement  indues 
et  demandées  par  force  et  main  armée  ».  Le  baron  de 
Horion  conclut  une  convention  avec  le  général  de  Borck  et 
les  Etats  ordonnèrent  «  à  leurs  receveurs  généraux  de 
compter  une  somme  de  trente  mille  florins  en  mains  du 
sous-commissaire  Lamhrecht  pour  fournir  aux  rations  et 
portions  des  dites  troupes  (iS  septembre)  »  (2). 

Le  même  baron  de  Horion  et  le  conseiller  Duchàteau 
furent  envoyés  à  Berlin  pour  y  négocier  la  sortie  des 
troupes  prussiennes  et  l'achat  de  la  Terre  Franche.  Leur 
mission  était  de  conclure  le  payement  immédiat  des  cent 
mille  écus,  si,  tous  leurs  eftorts  épuisés,  ils  ne  parve- 
naient pas  à  faire  accepter  les  conditions  antérieures.  Ils 
partirent  pour  Berlui  le  21  septembre  avec  un  viaticum  de 
cinq  cents  louis  d'or  (3). 

Le  prince  et  les  Etats,  qui  avaient  déjà  invoqué  la  mé- 
diation de  l'empereur  et  celle  des  directeurs  du  Cercle  de 
Westphalie,  de  l'électeur  })alatin  et  de  Tévêque  de  Muns- 
ter, s'adressèrent  de  nouveau  à  eux,  à  l'occasion  de  cette 
prétention  du  roi  ;  mais  n'ayant  pas  grand'chose  à  espérer 
de  ce  côté,  ils  donnèrent  au  baron  de  Horion  et  à  Duchà- 
teau plein  pouvoir  pour  traiter  (11  octobre). 


i)  A.  L.  Cour  féodale.  Reliefs  et  Œuvres,  r.  117,  loi.  o'.li. 
(2)  A.  L.  Conseil  privé.  Etat  primaire,  r.  157,  fol.  119. 
'^    A.  L.  Cour  féodale.  Reliefs  et  Œuvres,  r.  117,  fol.  393. 


—  iW   - 

Voici  le  passag»?  cssiMilicl  do  l'accord  ratifié  lo  15  octobre 
par  les  Trois  Etats  : 

[.es  condilions  sonl  li_^s  suivanios  : 

«  Le  traité  cC achat  de  la  terre  de  Herstal  parmi  cent  vingt 
mille  écus  ou  pattacons  ;  de  même  que  Vaccomodement  fait 
au  sujet  de  la  prétention  de  Sa  Majesté  pour  et  à  raison 
des  garnisons  mises  ci-dsvant  dans  la  ville  de  Cologne, 
parmi  soixante  mille  florins  d' Allemagne  aux  trente  mille 
pattacons  ". 

Les  Etats  auraitMil  voulu  faire  parvenir  ces  souimes  au 
roi  par  des  lettres  de  change  sur  un  banquier  d'Amster- 
dam ;  mais  Frédéric  exigea  qu'elles  fussent  versées  entre 
les  mains  du  général  de  Borck. 

Les  Etats  liront  parvenir  l'argent  en  plusieurs  paye- 
jnents  : 

Le  21  octobre,  Hoyoux,  Itourgmestre  de  Giney,  accom- 
pagné de  cinquante  soldats,  vint  à  iMaeseyck  pour  y  re- 
mettre par  l'intermédiaire  de  M.  de  Kerkem,  entre  les  mains 
du  général  de  Borck, la  somme  de  « 443,250  florins  en  louis 
d'or  vieux  et  en  ducats,  le  louis  d'or  à  quinze  florins  et  le 
ducat  à  Jiuit  /lorins  cinq  sous  ». 

Le  lendemain  (S'i  octobre),  les  députés  envoyèrent, 
96,750  florins  en  louis  d'or  vieux  et  en  ducats,  aainsi  qu'une 
autre  somme  de  vingt  mille  florins  tant  pour  le  général 
major  de  Borck  que  pour  les  officiers  ». 

Enfin ,  le  colonel  de  Greitzen  reçut  les  dix-huit  mille 
florins  qui  lui  étaient  promis  en  compensation  de  sa  démis- 
sion de  drossard  de  Herstal.  Le  commissaire  Lambrecht 
s'était  vu  allouer,  du  44  septembre  au  24  octobre,  jour  du 
départ  des  troupes  prussiennes,  la  somme  de  132,505  flo- 
rins, montant  des  frais  occasionnés  par  le  séjour  de  ces 
troupes. 

La  somme   totale  montait  à  761,200  lloians  de  Liège; 


—   1^2  — 

elle  fut  empruntée  par  les  Elats  au  taux  de  trois  i)<)ur 
cent  (-1  ). 

Enfin,  le  traité  fut  définitivement  signé  le  20  octobre,  à 
Berlin.  Les  clauses  principales  furent  les  suivantes  : 

1°  Le  roi  de  Prusse  cède  au  prince-évèque  Herstal,  y 
compris  Wandre  avec  ses  dépendances. 

2°  Le  prince-évèque  jouira,  dès  à  présent  et  à,  perpé- 
tuité, de  tous  les  revenus,  profits  et  émoluments  attachés 
à  la  dite  terre  ;  il  aura  le  droit  de  nomination  aux  charges 
de  justice  et  de  police,  et  enfin  l'établissement  des  rece- 
veurs des  deniers  appartenant  aux  Etats. 

3"  Le  prix  d'achat  est  fixé  à  240,000  florins  d'vVllemagne. 

40  Le  prince  et  ses  Etats  devront  payer  toutes  les  l'entes 
hypothéquées  sur  la  terre. 

5°  La  partie  de  Herstal  située  sur  la  rive  droite  de  la 
Meuse  continuera,  comme  par  le  passé,  à  relever  de  la 
Cour  féodale  de  Brabant. 

6°  Le  roi  de  Prusse  abandonne  tous  ses  droits  sur  la 
baronnie  de  Herstal  et  met  en  garantie  son  baillage  de  Kes- 
sel dans  le  duché  de  Gueldre. 

7°  On  demandera  à  l'empereui'  Charles  VI  de  bien  vou- 
loir, tant  en  sa  qualité  de  chef  de  l'empire  qu'en  celle  de 
duc  de  Brabant,  confirmer  cet  acte. 

8°  Les  troupes  prussiennes  commenceront  à  évacuer  les 
pays  du  prince  dès  qu'on  aura  versé  la  somme  (2). 

Il  résulte  donc  de  cette  vente  que  le  prince  de  Liège  possé- 
dera désormais  les  droits  seigneuriaux  sur  toute  l'étendue  de 


())  Ces  notes  sont  extraites  du  registre  157  du  Conseil  privé,  Etat 
Ijrimaire,  registre  intitulé:  «Différend  avec  le  roi  de  Prusse  toucliant 
Herstal».  Voir  aux  dates  citées,  la  2^  partie  du  registre  n'ayant  pas  de 
pagination. 

(2)  A.  B.  Correspondance  de  la  Cour  féodale,  -Sfi"  vol.  toi.  2()().  — 
A.  L.  Cour  féodale,  no  117,  fol.  39^. 


—  113  — 

l;i  'J'erre  Fraïu'lie;  quant  aux  droils  de  souvoi'aiiu'lé,  il  no 
les  aura  que  sur  la  partie  située  sur  la  rive  gauche  de  la 
Meuse;  la  partie  droite,  c'est-à-dire  Wandre  et  ses  dépen- 
dances :  Rabozée  et  La  Xhavée,  continuera  à  relever  de 
la   Cour   teodale   de    Brabanl. 


Chapitre  V. 


IJERSTAL  A  PARTIR  DE  1740. 

Le  prince-évêque  Georges  Louis  de  J5erglies,  chargea 
son  conseiller,  Jean  de  Rameau,  résidant  à  Rruxelles, 
de  faire  relief  de  la  partie  brabançonne  de  la  Terre 
Franche  (i).  Il  en  fut  investi,  le  27  mars  1741,  par  des 
lettres  patentes  de  Marie-Thérèse,  reine  de  Hongrie,  tant 
en  son  nom  qu'au  nom  des  Etals  de  Liège  (2). 

La  situation  dans  laquelle  se  trouvait  le  prince-évêque, 
par  rapport  aux  deux  parties  de  la  Terre  Franche,  devait 
êti'e  la  source  de  quelques  difficultés  : 

Les  îles  de  Monsin  et  de  Dos  faisaient  partie  de  lu  rive 
gauche  et  appartenaient,  en  conséquence,  à  la  principauté 
de  Liège.  Or,  le  Conseil  Souverain  de  Rrabant,  tlans  des 
ordoimances  du  4  août  et  du  4  novembre  1758,  avait  porté 
des  appointements,  à  charge  de  la  Cour  de  Herstal,  au 
sujet  de  tailles  réelles,  sur  les  fonds  situés  dans  ces 
endroits.  Ces  appointements  furent  annulés  par  le  prince- 
évêque  Jean-Théodore  de  Bavière,  le  11  décembre  de  la 
même   année  (3). 

(i)  A.  R.  Corr('s/)on<faiice  de  la  Cour  féodale,  n"  ô'-Il ,  3()''  vol., 
ibl.  57-58. 

(2)  A.  B.   Leenbn'ei-eu,  ii"  1G7,  fol.  !295. 

(s)  A.  L.  Conseil  privé.  Protocole  (1757-1758J,  K.  1(J9. 


—  Ui  — 

D'auli't's  contestations  entre  le  Conseil  de  Brabant  et 
les  Etats  de  Liège,  au  sujet  de  leurs  juridictions  respec- 
tives, finirent  par  être  réglées  par  des  ordonnances  des 
deux    parties  (i). 

Après  la  mort  de  Georges-Louis  de  Berghes  ,  les  Etats 
firent  relief  (2)  (8  mai  1745),  et,  le  9  août  1749,  Jean- 
Théodore  en    fit  autant  (3). 

Ce  dernier  s'occupa  activement  de  l'org.misation  inté- 
rieui'e  de  la  Terre  Fi'anche  :  il  lui  donna  un  règlement 
touchant  l'administration  financièi'c  ,  qui  était  dans  un 
état  déplorable  (4)  et  ayant  remarqué  que  les  alTaires 
de  la  conmiunauté  périclitaient,  il  réorganisa  celles-ci  le 
16  mai  1757  (5).  Nous  verrons  dans  la  seconde  partie  de 
ce  travail  en  quoi  consistaient   ces  réformes. 

Jean-Théodore  mourut  en  1763;  son  successeur  d'Oultre- 
monl  n'a  pas  laissé  de  traces  de  son  intervention  à  Herstal  ; 
ce  n'est  que  sous  Velbruck  (e)  (1773-1784)  et  son 
successeur  ,  Constantin-François  de  Hoensbroeck  (1784- 
1792),  que   nous    retrouvons   l'intervention   épiscopale. 

Velbruck  s'occupa  des  plaids  ordinaires  devant  la  Cour 
de  Herstal  (7)  (22  avril  1775),  et  Hoensbroeck  réforma  le 
style  judiciaire  de  la  Cour  échevinale  et  réh'éna  le  mauvais 
comportement  des   procureurs  de  celle-ci  (s). 


(1)  PlaccartA  de  Bruhant,  X.  (Jl. —  A.L.  Conseil  privé.  Protocole. 
K.  160. 

(i)  lioRMANS,  Seigneuries  féodales  hist.  arcli.  lié;/.,  X.  1")0. 
(.',)   BOKMANS,  »  ))  »  y>        X.  150. 

{i  )  A.  L.  H.,  0   r.  117  (21  juin  ITOÔ). 

( .".  )  PoLAlN.  Recueil  des  ord.  de  ht  /iriiic.  de  Liéi/e.  o"  série,  '1^  vol.. 
p.  :{(jl. 

(e)  Yelbruclc  fit  relief  le  30  mars  177o.  —AL,  Courféod.  Recettes, 
n»:}91,  fol.  V.)]. 

{')  Poi.AiN.   Recueil,  etc.,  :]«  série,  2*^  vol.,  2''  p.,  77o. 

(8j  A.  h.  Conseil  prii-é.  Dépêches  (1788-92),  K.  53  (19  mai  1788). 


—  115  — 

Le  29  avril  1788,  le  baron  de  Rosen  de  Mel.'ii,  ivpré- 
senlant  les  Etals  de  Liège,  releva  en  propriélé  la  terre 
pour  la  partie   droite  de   la   Meuse  (l). 

La  Révolution  française  eut  son  eonlre-coui)  à  Ilcrslai. 

Le  18  août  1789,  Hcrstal  l'ut  en  i)leine  révolution  :  les 
bourgmestres  lurent  renversés  et  remplacés  par  (ioswin 
et  Michel  Arnold,  les  membres  de  la  nouvelle  Légence 
prêtèrent  le  serment  civique.  Le  principal  chef  de  la 
révolte  fut  l'échevin  Doncel  ,  qui  avait  fait  suspendre 
l'exercice  de  la  justice.  Le  peuple,  excité,  était  allé  sac- 
cager la  maison  du  chanoine  tréfoncier  de  PoUard ,  ainsi 
que  celle  du  receveur  Duchâteau. 

Hoensbroeck,  rentré  dans  ses  Etats,  publia  le  'il  février 
1791  un  mandement  abolissant  toutes  les  innovations  dans 
l'administration  de  la  Communauté  de  Herstal,  depuis  la 
révolte  du  18  août  1789  ;  il  rétablit  l'ancierme  Régence, 
oi'donna  à  tous  d'abjurer  le  serment  civique  et  prit  des 
mesures  pour  que  le  fauteur  du  désordre,  Doncel,  fut 
sévèrement  puni  (2). 

La  Révolution  avait  causé  un  préjudice  considérable  à 
l'évêque  dans  ses  intérêts  domaniaux  ;  tout  le  monde 
s'était  arrogé  le  droit  de  chasse  et  de  pèche;  il  fallut  une 
ordonnance  spéciale  du  26  mars  1791  pour  rétablir  l'an- 
cien état  de  c,hoses  (3). 

Hoensbroeck  mourut  le  4  juin  1792  ;  il  eut  pour  succes- 
seur son  neveu,  le  comte  de  Méan;  à  peine  celui-ci  était-il 
intronisé  que  les  armées  françaises  envaliirent  la  princi- 
pauté et  tous  les  Pays-Bas. 

r.e  gouvernement  français  divisa  la  Belgique  en  neuf 
départements  ;  Herstal  fut  le  chef-lieu  d'un  des  36  can- 
tons du  département  de  l'Ourthe. 

(i)  A.  L.  Cour  féodale.  Reliefs  et  Œuvrea,  11°  l!25,  fol.  97. 
(-2)  A.  L.  Conseil  privé.  Dépèclies,  K.  63,  fol.  162. 
^5)  A.  L.  Conseil  privé.  Dépêciies,  K.  63,  fol.  174. 


-   H6  - 

Au  XIX"'  siècle,  il  n'y  a  rien  de  l^en  intéi'essant  à  con- 
stater à  Herstal  ;  notons  cependant  que  ce  l'ut  là  que 
Guillaume,  roi  des  Pays-Bas,  prit  possession  de  la  souve- 
l'aineté  du  ci-devant  pays  de  Liège  en  1814. 

De  nos  jours,  l'industrie  a  fait  de  cette  commune  un  des 
centres  principaux  de  la  province  de  Liège  :  la  Manufac- 
ture Nationale  d'armes  de  guei're  de  Herstal  est  un  éta- 
blissement sans  rival  en  Belgique  et  peut-être  à  l'étranger. 

Seconde  Partie 

ORGANISATION  INTÉRIEURE  DE   LA   TERRE 
FRANCHE 

TITRE  PREMIER 

PRIVILÈGES  ET  DROITS  SEIGNEURIAUX 

Nous  avons  vu  se  succéder  à  Herstal  les  ducs  do 
Rrabant,  les  comtes  de  Nassau,  les  rois  de  Prusse  et  enfin 
les  princes-évêques  de  Liège;  il  importe  maintenant  de 
connaître  quelles  étaient  les  prérogatives  de  ces  souverains 
connue  seigneurs  de  la  Terre  Franche. 

Chapitre  1«' 

INAUGURATION  DU  SEIGNEUR 

A  l'avènement  de  tout  nouveau  seigneur  et  après  le 
relief  fait  devant  la  Cour  féodale  de  Brabant,  certaines 
formalités  devaient  être  observées  pour  la  prise  en  posses- 
sion de  la  seigneurie,  formalités  qui  étaient  l'image  exacte 
des  droits  seigneuriaux  du  nouvel  arrivé. 


—  iiî  - 

Soit  que  la  (laaiité  de  seigiioui"  lui  vint  paf  succession, 
saizine  ou  engagère,  celui-ci  se  rendait  à  l'église  Notre- 
Dame,  et,  après  avoir  comniunié,  il  devait ,  au  pied  de 
l'autel,  prêter  serment  d'être  bon  seigneur,  de  respecter 
les  privilèges  et  franchises  des  habilaiits ,  dti  ne  pas 
empêcher  la  Cour  de  justice  de  suivre  la  loi  d'Aix  et 
d'Empire,  de  ne  pas  entraver  les  appels  et  rechai-ges  à 
la  Cour  d'Aix,  tant  en  matière  personnelle  (pi'en  matière 
réelle,  et,  eidin,  de  ne  pas  attenter  à  l'inamovibilité  des 
échevins. 

Les  deux  plus  anciens  échevins  lui  mettaient  en  main 
la  corde  de  la  cloche  du  seigneur,  au  son  de  laquelle  les 
habitants  se  réunissaient  aux  plaids  généraux  (i). 

I-e  procès-verbal  de  la  prise  en  possesion  de  la  Terre 
Franche  par  le  baron  de  Greitzen,  ministre  plénipoten- 
tiaire du  roi  de  Prusse,  a  été  consigné  dans  les  registi'es 
de  la  Cour  de  justice  : 

Le  6  novembre  1732,  les  échevins  et  les  hourgmesires 
de  Herstal  (les  premiers  représentant  la  Cour  de  justice, 
les  seconds  le  Conseil  de  Régence),  se  rendirent  vers  huit 
heures  du  matin,  à  l'hôtel  du  baron  de  Greitzen.  Au  milieu 
de  deux  rangées  de  bourgeois  présentant  les  armes,  ils 
conduisirent  le  ministre  à  l'église  Notre-Dame.  Le  baron 
prit  place  sous  un  dais,  placé  dans  le  chœui',  du  C(")lé 
droit  du  grand  autel,  oii  il  entendit  la  messe  et  un  beau 
discours  prononcé,  après  l'évangile,  en  tavem-  du  roi  de 
Prusse. 

Après  la  messe,  les  deux  plus  anciens  éjhevins,  Petoy 
et  Henoul,  conduisirent  le  baron  à  la  cloche  du  seigneur; 


(  I  )  Ces  formalités  furent  observées  pour  la  prise  en  possession  par 
Englebert  de  Nas.sau,  le  28  février-  1478;  par  Guillaume  d'Orange, 
le  19  septembre  1552,  et  par  François  de  Hansler,  le  4  février  1558. 
Cf.  Record  du  m  juillet  1570.  A.  L.  H.  0.,  r.  34,  fol.  142  et  1".». 


—  118  — 

pendant  ce  temps,  on    chantait   le    Te  Deum,   au  son    de 
décharges  de  mousquets  et  de  détonations   de   hoîtes. 

La  cérémonie  rehgieuse  terminée  ,  le  seigneur  fut 
conduit  sur  une  grande  place  (contre  la  maison  de 
ville)  (l),  où  une  tribune  avait  été  dressée,  et  prit  place 
dans  un  fauteuil,  sous  un  dais;  à  droite  et  à  gauche  étaient 
l'angés  les  ecclésiastiques  et  les  nobles,  et  sur  la  place 
publique  tous  les   habitants    étaient  réunis. 

Après  avoir  harangué  la  foule,  le  baron  remit  en  mains 
de  la  justice  un  acte  scellé  contenant  le  serment  de  fidélité 
du  prince  d'Orange  (2). 

Les  ecclésiastiques  donnèrent  la  main  au  nouveau  sei- 
gneur et  toute  l'assemblée  ,  les  mains  levées  ,  prêta  le 
serment  suivant  : 

«  Je  jure  d'être  bon,  loyal  et  fidel  sujet  à  Sa  Majesté  le 
roi  de  Prusse^  comme  seigneur  et  baron  de  Herstal,  et  de 
lui  porter  honneur,  révérence  et  lui  obéir  comme  seigne^ir. 
Ainsi  m'aide  Dieu  et  tous  les  Saints  ». 

Le  bai'on  de  Greitzen  fut  ensuite  reconduit  à  son  hùtel  et 
l'échevin  Ilenoul  distribua  au  peuple  beaucoup  d'argent, 
don  de  bienvenue  accoutumé  (3). 

Les  ddïérentes  prérogatives  du  seigneur  montrent  à 
l'évidence  qu'il  possédait  le  droit  de  haute,  moyenne  et 
basse  justice  ;  comme  seigneur  haut  justicier,  il  réunit  les 
plaids  généraux  ;  sa  qualité  de  soigneur  foncier  lui  don- 
nait le  droit,  de  chasse,  de  pèche,  etc.  ;  enfin,  il  percevait 
les  droits  de  relief  pour  tout  l)ien  silué  dans  le  terriloire 
de  la  Terre  Franche  (4). 


(  I  )  Sur  la  place  de  la  Licourt  actuelle. 

(2)  Voir  l)rochure   intitulée:  Pièces  jiisfifiratircft  pour  Iri^  hoinu/- 
mestres  de  ilerstal,  etc.  A.,  ]).  15. 

(3)  A.  L.  H.  0.,r.  104,  foi.  234. 

(4)  Cf.  A.  B.  Correspondance  de  la  Cour  féodale,  14«  vol.,  fol.  l'J. 


—  119  — 

Nous  allons  snocossivemonl  examiner  chacuno  dos  pré- 
rogatives seigiU'iiiMalcs,  I.c  (Iroil  de  jusliee  venant  en 
premier  lieu,  nous  nous  occupci'ons  d'abord  des  |)iaids 
généraux. 

Chapitre  II. 

PLAIDS   GÉNÉRAUX. 

Les  plaids  généraux  étaient  des  assises  solennelles  pr(''- 
sidées,  à  l'origine  par  le  seigneur  (i),  et  dans  la  suite  par 
son  envoyé;  ces  assemblées  étaient  obligatoires  pour  tous 
les  habitants  de  la  Terre  Franche  sous  peine  d'une  amende 
de  deux  échehns  au  profit  du  mayeur  (2). 

Ce  sont  là  probablement  les  réunions  judiciaires  et 
administratives  les  plus  anciennes  de  la  Terre  Franche  ; 
ce  n'est  qu'à  une  époque  plus  ra[)pi'ochée  de  nous,  (jue  la 
multiplicité  des  alTaires  contribua  à  l'instilution  de  coi'ps 
spéciaux,  chargés  d'attributions  bien  limitées,  à  savoir  la 
Cour  échevinale ,  la  Cour  féodale  et  les  Conseils  de 
Régence. 

A  partir  du  XV"  siècle,  époque  où  les  documents  nous 
donnent  quelque^  renseignements  ,  les  plaids  généi-aux 
réunissent  les  habitants  au  son  de  la  cloche,  probable- 
ment en  plein  air,  aucun  local  n'étant  assez  spacieux  pour 
contenir  tout  le  monde.  Ils  se  tenaient  trois  fois  par  an  : 
le  lendemain  de  la  fête  des  Rois,  le  lendemain  de  la  Saint 
Jean-Bapiiste  et  le  lendemain  de  la  Saint  Remy  (3  ). 

Le   mayeur    présidait   ordinairement    et    les    surcéanls 


(1)  A.  L.  H.  U.,  V.  29,  fol.  2;J(). 

(2)  A.  L.  H.  O.,  r.  77,  fui.  iSt. 

(3)  A.  L.  H.  0.,  r.  77,  fol.  184. 


-  120  — 

venaient,  chacun  à  leur  tour,  faire  leurs  plaintes  devant  le 
inayeur  et  la  Cour  ;  ces  plaintes  étaient  imnaédiatement 
inscrites  dans  un  registre  spécial,  sous  peine  de  nullité  (i). 
La  collection  de  ces  registres,  conservée  aux  archives  de 
l'Etat  à  Liège,  comprend  les  années  1480  à  1787. 

Sous  aucun  prétexte  ,  on  ne  pouvait  suspendre  les 
plaids  généraux  (2);  il  n'en  était  pas  de  même  de  la  jus- 
tice échevinale  dont  nous  allons  parler. 

Chapitre  III. 

LA     COUR     ÉCHEVINALE. 

La  Cour  échevinale  étendait  sa  juridiction  sur  le  terri- 
toire de  la  Terre  Franche,  c'est-à-dire  sur  Herstal  propre- 
ment dit  et  sur  ses  dépendances  :  Wandre  (1264)  (3), 
Souverain- Wandre  (1364)  ,  Rabo.sée  (1248)  ,  La  Xhavée 
(1337)  et  La  Motte  (1353). 

L'existence  de  cette  Cour  est  attestée  dans  la  première 
moitié  du  XIII""?  siècle  :  un  acte  de  1232  fut  rédigé  en 
présence  du  mayeur  Bastien  et  des  échevins  (4). 

Quant  à  son  origine,  comme  du  resie  celle  de  toutes  les 
Cours  de  justice  existant  sous  l'ancien  régime,  on  peut  la 
faire  remonter  à  l'époque  de  Charlemagne.qui  avait  donné 
aux  Scabini,  successeuvj,  et  continuateurs  des  l'achimbourgs, 
la  mission  de  juger  et  le  devoir  d'assister  aux  plaitls  par- 
ticuliers. 

(1)  A.  L.  H.O.,  r.  77,  fol.  184. 

(-2)  A.  L.,  H.O..  V.  112.  fol.  (à  la  date  7  novembre  1747). 

(r^)  Les  dates  mises  entre  parenthèses  indiquent  ré|io([ne,  où,  pour 
la  ])remière  fois,  on  trouve  l'intervention  de  la  (lour  de  justice  de 
Herstal  dans  ces  localités 

{■i)  ScMOoNBROODT.  lni\  (Jcfi  ((rch.  (ht   V(d  S^-L(imhni,  1,40. 


~   121    - 

L'importance  de  la  localité  qui  nous  occupe,  sous  les 
Mérovingiens,  nous  autorise  à  croire  qu'à  cette  époque 
déjà  elle  fui  organisée  et  eut  sa  Cour  de  justice,  qui  serait 
ainsi  la  plus  ancienne  de  tout  le  pays. 

Son  iniporlanee  s'aecrul  d(!  jour  en  jour,  et,  dans  la 
seconde^  moitié  du  XllI""'  siècle,  la  Cour  de  Ilerstal  va 
jusqu'à  s'arroger  le  droit  déjuger  les  échcvins  et  les  bour- 
geois de  Liège.  Dans  le  but  d'obtenir  une  confirmation  de 
ce  qui,  en  réalité,  était  une  usurpation,  les  échevins  de 
Herstal  s'adressèrent  à  leurs  confrères  d'Àix-la-Chapelle, 
qui  déclarèrent  les   prétentions  herstaliennes  absurdes  (i). 

Les  œuvres  de  la  Cour  échevinale  relatives  au  XIII"'e  et  au 
XIV'"«  siècles  ne  nous  sont  pas  conservées  dans  des  registres 
spéciaux  comme  colles  des  siècles  |)Ostérieurs  (1433-1796); 
cependant  ,  nous  on  trouvons  quelques-unes  dans  les 
cartulaires  do  dilïérentes  églises  et  de  monastères  qui 
avaient  des  possessions  sur  le  territoire  de  la  Terre 
Francbe  (2).  ' 

(1)  BoRMANs  et  ScHooL.,  Curt.  de  S^-Lanibert,  I,  533, 

(-2)  Différentes  abbayes  et  églises  avaient  des  possessions  dans  le 
territoire  de  la  Terre  Franche  (1)  : 

L'église  du  Val-S'-ljambert  y  possède  un  alleu  de  quinze  bonniers 
de  terre  et  une  ferme  d'une  rente  de  1-2  sous  liégeois  (-2). 

Les  chanoines  de  l'église  S'-Pierre,  à  Liège,  ont  établi  un  moulin 
sur  un  territoire  qui  leur  a  été  cédé  (s). 

Les  religieux  de  Signy  reçoivent  le  bois  de  Pontisse  en  1197  avec  la 
faculté  d'y  faire  construire  une  abbaye,  si  bon  leur  semble  (4).  Ceux 
de  Gornillon  possèdent  la  ferme  d'Archis  et  grâce  à  une  exemption  du 
duc  de  Lotharingie  (1211),  ils  ne  payent  de  ce  chef  aucun  impôt  (5). 

Le  couvent  de  Vivegnis  était  également  situé  dans  le  territoire  de 

11)  ScHOONBROODT,    Cut't.  (lu  Vul-St-L(itiibert,  1,13(1209). 

t»)  ID.  »  »  I.,  IM. 

(3)  Wautehs,T.  g.,  11,283  (1147). 

(i)  SCHOONBROODT,  C.  du  Va l- S t- Lambert,  I,  8. 

(i.)  Wauteus,  T.  C,  11,348. 

10 


—  122  — 

La  Cour  de  Herstal,  comme  toutes  les  Cours  rie  justice 
de  l'ancien  pays  de  Liège,  dispai-ul  à  la  llévolulion 
française. 

§  L  Composition.  —  La  Cour  se  composait  d'un  mayeur 
révocable  et  de  sept  échevins  nommés  à  vie.  Tous  étaient 
à  la  nomination  du  seigneur  et  devaient  lui  prêter  serment 
de  fidélité. 

Examinons  séparément  les  attributions  de  ces  fonction- 
naires. 

a)  L'officier  du  prince  :  mayeur,  bailli  ou  drossard. 
—  Le  mayeur  ou  bailli  est  l'officier  du  prince  par  qui  il  est 
nommé  et  en  mains  duquel  il  prête  serment.  Il  s'engage  à 
faire  rctidre  la  justice  en  toute  équité,  à  s'opposer  à  ce 
qu'un  sujet  de  la  Terre  Franche  soit  jugé  par  une  justice 
étrangèi'e,  à  veiller  à  la  conservation  des  anciennes  fran- 
chises et  privilèges  (i). 

Il  était  président  du  tribunal  des  échevins,  mais  sans 
droit  de  sutïrage  ;  sa  mission  consistait  à  faire  observer  les 
règlements  et  les  lois  décrétées  par  le  seigneur,  à  pour- 
suivre les  int'racteurs,  à  convoquer  les  échevins  au  li'ibunal 

la  Terre  de  Herstal.  L'avouerie  de  ce  couvent  fut  cédée  en  liJ33  par 
Jacques  de  Glermont  au  duc  de  Lotharingie  (l). 

Les  coteaux  de  la  rive  gauche  de  la  Meuse  à  Herstal,  appropriés  à 
la  culture  de  la  vigne,  étaient  partagés  entre  différentes  ahbayes  et 
églises.  La  collégiale  S'-Barthélemy  possédait  la  dîme  des  vignobles 
situés  entre  la  route  qui  monte  à  S*»-Walburge  et  l'endroit  appf  lé 
Hoyoulx  à  Herstal.  A  côté  de  ceux-ci  se  trouvaient  les  vignobles  du 
chapitre  de  S'-Lambert  (2).  Enfin  le  chapitre  d'Aix-la-Chapelle  a  de 
toute  antiquité  possédé  la  voie  à  Herstal  ;  elle  lui  fut  confirmée  par 
Henri  I  l'Oiseleur  le  7  juillet  930  (3). 

(1)  Voir  annexes  (Serment  de  V Officier). 

(I)  Walters,  t.  C,  m,  GUô. 

(-2)  s.  A.  H.  du  d.  L.,  t.  IX.  f2(1078). 

(3)  Wauters,  T.  G. ,  1,  341 . 


—  1l'3   - 

et  à  les  mettre  au  courant  de  la  cause  sur  laquelle  ils 
allaient  èlre  appelés  à  se  prononcer;  tout  jugemcnit  pour 
être  valable  devait  être  prononcé  à  la  «  ficmoncen  (requête) 
du  mayeur. 

A  cette  époque,  comme  de  nos  Jours,  du  reste,  l(>  juge  ne 
pouvait  interposeï'  son  ol'lice  sans  on  avoir  ét(î  requis;  mais, 
enti'e  les  deux  époques,  il  y  a  cetle  ditlérence  que  dans  la 
procédure  actuelle,  la  demande,  régulièrement  formulée 
par  une  partie  privée,  suffit  pour  saisir  le  juge,  tandis  que 
dans  l'ancien  droit,  il  (allait  de  |)lus  (jue  l'intervention  de 
la  justice  fût  autorisée  par  le  mayeur  ;  la  mauvaise  volonlé 
de  ce  dernier  aurait  pu  entraver  l'administration  de  la 
justice,  aussi  son  serment  l'obligeait-il  à  inlroduir»'  tout 
procès  présenté  dans  le  plus  bref  délai  (l). 

Pour  les  œuvres  de  justice  où  la  présence  du  mayeur 
n'était  qu'une  simple  formalité  ou  pour  celles  auxquelles 
il  aurait  pu  être  intéressé,  ce  fonctionnaire  était  remplacé 
par  son  clei'c  ou  par  un  échevin.  Le  mayeur  de  circons- 
tance se  rencontre  dans  les  registres  sous  le  nom  de 
a  maire  en  ce  cas»,  ainat/eur  ad  ce  conslitueit». 

Le  mayeur  n'avait  donc  pas,  comme  de  nos  joui-s  le 
bourgmestre,  cbef  du  Conseil  communal,  des  fonctions  admi- 
nistratives et  communales  ;  celles-ci  étaient  dévolues  au 
Conseil  de  régence,  comme  nous  le  verrons  bientôt. 

Pour  l'écompenser  un  mayeur  des  services  rendus,  une 
gratification  pécuniaire  ou  en  nature  lui  était  accordée  ; 
c'est  ainsi  que  la  communauté  de  Herstal  accorda  au 
mayeur  Jehan  de  Hervé,  un  pré  situé  sur  l'Ile  Monsin,  avec 
cette  restriction  qu'il  lui  serait  retiré  s'il  venait  à  cesser 
ses  bons  offices  (2). 

Le  mayeur  était  obligé  de  résider  à  Plerstal  ;  au  XVIII"'*; 

(1)  Voir  annexes  {Serment  de  VCfficicr). 
{i)  A.b.  H.  0,  r.  58,  fol.  t56. 


-  \U  — 

siècle,  on  lui  permit  d'habiter  Liège,  à  la  condition  d'éta- 
blir quekiu'un  pour  exercer,  pendant  son  absence,  les 
devoirs  de  sa  charge.  Ce  remplaçant,  obligé  de  résider  à 
Herstal,  est  le  lieutenant  drossard. 

Enfin,  la  coutume  voulait  que  tout  nouveau  mayeur 
payât  un  droit  de  dix  écus  à  chaque  membre  du  Conseil 
échevinal,  comme  don  de  bienvenue. 

Voici,  telle  que  nous  avons  pu  la  dresser,  la  liste  des 
mayeurs  de  la  Terre  Franche,  avec  la  date  approximative 
de  leur  nomination  : 

l^S^     Bastien,  mayeur. 

1255     Henri,         » 

l'i65     Louis,  » 

l'291     Jehan  Hanozeau. 

1;U1     Jehan  de  Seluse. 

1343     Radu  de  Golonster. 

1375     Collard  Gillebon. 

1453     Gui'llaume  Surlet. 

1457     Jacquemair,  sous-maytur  suppléant. 

1467     Martial. 

1475     Jehan  le  Pollen. 

1478     Jehan  délie  Boverie, 

1480     Collard  in. 

1180     (14  oct.)  Dalem. 

1493     Guillardin. 

1512-1549     Jehan  de  Lantin. 

1550     Collard  délie  Fallise  (maire  ad  ce  constitucil  par 
Rovereur). 

1552-1558     Johan  Halen. 

1559     Everard  Dans. 

1567-1578     Vlicrden. 
»         »       Badon   (maire  en  ce  cas). 

1595     Jehan  Falloyes. 

4604    Hervé. 


-  1^25  — 

'16241647     Jean  Wont-M-s,  bailly. 

1658  Simon  Jaspai"  Mazan. 

1665  Michel  Geniieau. 

1675  Pierre  Isaac  ,  drossard. 

1718  Giiillaïune  Issac,    o 

1720  i\ic(jla.s  Ghyseii,     » 

1732  Baron  de  Grcitzenjiaul  dri'ssard. 

173'-2  Carlier,  substitué  drossard. 

1735  Antoine  Falloise,         » 

1742  Baron  de  Kerkem,  haut  drossard. 

1772  Baron  de  Haullepenne,  haut  (h-ossard. 

»  Jacques,  lieulenant-drossard. 

1791  de  Lanscelin. 

Citons,  pour  être  complet,  les  maires  et  Ijourginestres 
jusqu'à  ce  jour,  bien  que  leurs  attributions  diiïèrent 
complètement  : 

1802-1831     Courard,n)aire. 
1832-1849     Sauveur,  bourgmestre. 
1849-1855     Laloux,  » 

1855-1878     Masset,  )> 

1879-1881     Muraille,  » 

1882-1895     Grégoire,         » 
1895     Sior,  échevin  tï. 
1898     Lemaire,  » 
1900     Sacré,       « 

h)  EcHEViNS.  —  Les  échevins,  au  nombre  de  sept  (l). 
étaient  les  juges  de  la  Coui";  ils  étaient  nommés  par  le  soi- 
gneur, à  qui  ils  étaient  tenus  de  prêter  serment  de  fidélité  (2). 
Bien  qu'inamovibles,  les  échevins  pouvaient  être  suspendus 
de    leur   charge  ou  même  révoqués  :  «  Se  teils  esquevins 

(0  Sur  le  nomtn-e  sept,  il  est  intéressant  de  lire  ce  que  dit  Viollkt: 
Histoire  des  Institutions,  etc.,  I,  312. 
(s)  Voir  Serment  (V Echevins,  SMXdiïïWGyie?,. 


—   1"J6  — 

»  eussent  comwis  c(fs  ('normes  cl  reprochables  le  seignriiy 
»  le  derentt  par  loij  tndter,  soit  priver  de  leurs  offices (i)  ». 

A  l'origine,  les  échevins  furent  choisis  hors  de  la  juri- 
cliction,  parce  qu'il  était  difficile  de  rencontrer  à  la  cam- 
pagne des  hommes  suffisamment  versés  clans  la  connais- 
sance des  lois;  mais  cjuand  l'instruction  se  fut  un  peu 
plus  répandue  ,  tous  les  échevins  furent  de  la  Terre 
Franche,  et  du  pays  de  Liège,  quand  Herstal  appartint  aux 
princes-évêques. 

Les  échevins  étaient,  pour  ainsi  dire,  revêtus  d'une 
triple  magistrature  : 

1"  Ils  étaient  les  juges  ordinaires  au  civil  et  au  criminel; 
ils  avaient  juridiction  sur  les  juges  inférieurs,  établis  dans 
la  communauté,  comme  par  exemple  les  arbalétriers  (2)  ; 
ils  jugeaient  en  appel  des  sentences  rendues  par  la  Cour  de 
Bolland. 

2o  Ils  recevaient  les  différentes  espèces  de  contrats  et 
donnaient   aux   conventions   un   caractère    d'authenticité. 

3°  A  l'origine  et  avant  l'établissement  du  Conseil  de 
régence,  ils  étaient  magistrats  communaux,  chargés  de 
l'administration  des  biens  communaux  ,  des  règlements 
de  police,   de   voirie,  etc. 

Les  échevins  vaquaient  deux  à  deux  à  la  «  Visitation  des 
corps  morts  ».  Quand  on  découvrait  un  cadavre  dans  la 
juridiction  de  la  Terre  Franche,  il  fallait  prévenir  deux 
des  échevins  «  les  résidents  »,  qui  se  rendaient  sur  les 
lieux,  if.  callengaient  y)  c'est-à-dire  réclamaient  le  corps 
et  faisaient  une  enquête  sur  la  cause  du  décès,  après  avoir 
fait  visiter  le  cadavre  par  le  chirurgien  de  la  Cour.  Une 
fois  l'identité  du  mort  établie,  les  parents  pouvaient 
l'emporter  (3), 

(1)  A.  L.  H.  U.,  r.  77,  fol.  186. 
(t)  A.  L.  H.  0.,r.  32,  fol.:2. 
5)  A.  1..  H.  O.,  r.77,  fol.  184.  Cf.,  r.  95,  fol.  14. 


—   1^27  — 

l>a  iJi'OseiKH;  (U's  sopL  écheviiis  n'(''l.iil  |ias  nécessairo 
pour  rendre  un  jugement  ;  il  en  lallail  au  moins  quati-e,  le 
greffiei-  et  un  sergent.  Un  (l(>s  éclievins,  choisi  par  la  Cour, 
tenait  le  registre  app(Mé  «  cariabelle  »,  où  il  amiolait  à 
chaque  jour  des  plaids  parliculicrs,  tous  les  droils  payés 
par  les  parties  à  la  justice  (i). 

L'échevin  le  plus  âgé  aA\ait  la  gai'de  du  scel  et  du  coiilre- 
scel  de  la  Cour  de  justice  (2). 

Tous  les  profits  do  justice  élaient  partagés  entre  le 
mayeur,  les  échevins  et  U^  grelficM'  dans  les  pro|)ortions 
suivantes  :  les  deux  premiers  touchaient  les  deux  tier's,  le 
dei'nier  le  troisième  tiers. 

c)  Le  GREFFrER.  —  Do  toutes  les  fonctions  de  la  Cour 
de  justice,  celle  du  greffier  est  la  pins  importante  :  elle 
réclame  une  assez  forte  dose  d'instruction,  chose  assez 
rare  au  XV^^  et  au  XVI«  siècles  dans  les  campagnes  ;  elle 
donne  le  plus  d'occu[)ation,  mais  en  i-evaiK'he  est  de  beau- 
coup la  plus  lucrative  :  un  coup  d'œil  jeté  sur  la  notule 
des  droits  payés  à  la  Cour  di^  justice  permet  de  se  faire  une 
idée  des  revenus  de  cet  office  (3). 

Cette  position  lucrative  engagea  le  titulaire  à  perpétuer 
l'oflice  de  greffier  dans  sa  descendance  :  le  fils  visait  à 
remplacer  son  père,  et  était  même  associé  aux  fonctions  de 
celui-ci  pendant  qu'il  était  encore  en  place;  il  y  avait 
donc  une  sorte  de  stage  (4). 

Ceci  nous  explique^  pourquoi  cette  charge  ,  bien  (|ue 
n'étant  pas  héréditaire  ,  se  conserva  pendant  plusieurs 
siècles,  dans  la  même  famille,  celle  des  Lovinfosse  (5). 

(i)  A.Ij.  h.  0.,  r.  77,  fol.  184.  Une  de  ces  cartabelles  est  conservée 
au  dépôt  des  arciiives  de  Ijiége. 
(•2)  Id.,        id.,        id. 

(3)  Voir  annexes  {Notnlle  de  droits,  etc.). 

(4)  A.  L.  H.  0.,r.  55,  fol.  340. 

(5)  A.  L.  H.  Œuvres, y_>«ss<w. 


—  128  - 

Comme  tous  les  Ibnctionnaires  de  la  Cour,  le  greilier 
était  nommé  par  le  seigneur  et  devait  lui  prêter  serment. 
Sous  les  princes  d'Orange,  les  relations  fréquentes  avec  le 
Conseil  de  Breda  obligèrent  le  greffier  à  connaître  la  langue 
flamande  pour  translater  en  français  les  ordonnances  éma- 
nant de  ce  Conseil  (i);  ce  point  fit  l'objet  d'un  mande- 
ment de  l'année  1561. 

Une  fois  entré  en  fonction,  le  greffier  est  tenu  d'exercer 
personnellement  son  otfice,  sauf,  naturellement,  en  cas  de 
maladie:  il  est  alors  remplacé  par  un  substitut  suffisam- 
ment capable,  qui  prête  serment  en  mains  de  la  Cour  et 
dont  le  greffier  est  responsable. 

Tous  les  actes  passés  devant  la  Cour  de  justice  devaient 
être  enregistrés  en  présence  des  parties  contractantes  et 
signés  de  deux  échevins  dans  les  quatre  jours.  A  la  fin  de 
l'année,  un  inventaire  de  tous  les  actes  était  dressé. 

Le  greffier  pouvait  délivrer  une  copie  authentique  de 
tout  acte  registre,  moyennant  un  certain  droit  ;  il  confiait 
aussi  aux  parties  les  documents  qui  les  intéressaient,  sur 
récépissé  et  avec  engagement  de  les  restituer  à  la  pre- 
mière réquisition  de  la  Cour. 

En  cas  d'appel  à  la  Cour  supérieure  ,  le  tribunal  des 
échevins  d'Aix-la-Chapelle,  le  greffier  remettait  les  pièces 
du  procès  non  terminé  aux  hommes  que  la  Cour  avait 
désignés  pour  aller  prendre  recharge  (2). 

Comme  nous  le  verrons  bientôt,  le  greffier  de  la  Cour 
échevinale  de  la  Terre  Franche  exerçait  celte  même  fonc- 
tion à  la  Cour  féodale. 

Des  fonctionnaires  subalternes  étaient  at lâchés  à  la 
Cour;  les  principaux  étaient  les  sergents,  les  prélocuteurs 
et  le  chirurgien. 

(1)  A.  L.  H.  0.,  r.  3U,  foi.  150. 
(-2)  A.  1.,  H.  0  ,  r.  77,  fol.  186. 


—  {"19  — 

(IJ  Les  Sergents.  —  11  t>sl  pr()l).ibli'  ([u'ù  lori^^iiic ,  il 
n'y  eut  qu'un  soi-gent  ou  officier  de  justice  suballeriie  ;  à 
la  fin  du  XlIIc  siècle,  il  est  fait  mention  de  ce  personnage 
(|ui  porle  alors  le  titre  de  «  forestier  »  ;  ù  c(}lle  épotpu',  il 
recevait  enlr'autres  émoluments  deux  gerbes,  tous  les  ans, 
du  couvent  de  Vivegnis  (i). 

Comme  son  nom  l'indique,  il  était  chargé  de  la  police  des 
eaux  et  lorêts,  qui  appartenaient  entièrement  au  seigneur. 

Nommé  par  ce  derniei*,  il  lui  prêtait  serment.  Dans  la 
suite,  la  multiplicité  des  affaires  ayant  successivement 
porté  leur  nombre  à  six,  puisa  dix,  le  drossard  les  nomma 
et  reçut  leur  serment  (2). 

A  partir  du  XV"'c  siècle,  les  sergents  remplissaient  les 
fonctions  qui,  de  nos  jours,  pourraient  s  identifier  avec  celles 
des  gardes-champêtres  et  des  huissiers  :  ils  proclamaient 
les  cris  du  peron  au  nom  de  l'officier  du  seigneur  (3), 
convoquaient  les  habitants  aux  réunions  électorales  et 
autres  de  la  communauté  (4). 

Leur  charge  les  obligeait  à  garder  les  cadavres  trou- 
vés dans  la  juridiction  jusqu'à  l'ai-rivée  des  deux  échevins 
et  du  chirurgien  (s),  à  assister  à  toutes  les  séances  de  la 
(lour  échevinah.'  pour  y  maintenir  l'ordre  et,  le  cas  échéant, 
faire  les  dépositions  concernant  les  enquêtes  que  leur 
office  leur  imposait  (6).  Au  XVIIl'""  siècle,  ils  i)orlent 
aussi  le  nom.  de  huissiers  et  de  forestiers  (7). 

(i)  Bulleliii  de  la  S.  A.  II..  t.  X.,  t'*"  p.  3'2. 

(i)  A.  L.  H.  0.,r.  1)8.  tol.;3-'U. 

(-,)  A.  L.  H.  0.,  r  :î1,  fol.  lot  et  237. 

{i)  PoLAiN,  Recueil  des  onloii.  de  Liéije,  3''  s.,!2*' vol.,  ])  'M')-! 

ih)  A.  L.  H.().,r.  94,  fol.  14. 

(li)  A.  L.  H.  0.,  r.  94,  fol.  14. 

(7)  Voici  leurhi  noms  :  Jpan  Froidmont,  Léonard  Jacob,  Jean  Colktte, 
Jacques  Le  Roy,  Pasquay  Sauveur,  Malliy  Bhrto,  Jean  Sauveur, 
Barthélémy  Jacquet  .  A.  L.  H.  0.,  r.  98,  fol.  3-20. 


-   130  - 

(')  I.ES  Prélocuteurs.  —  Les  pnrties  se  l'aisiiiciil  i-(^|)i'c- 
senter  devant  la  juslice  par  des  procureurs  ou  prélocutours 
nommés  par  le  seigneur. 

Il  est  probable  qu'à  l'origine  des  Cours  de  justice  chacun 
se  défendait  lui-même  devant  le  tribunal  des  échevins  ; 
mais  lorsque  la  pi'océdure  devint  compliquée  et  que  cer- 
taines règles  durent  être  suivies  dans  l'instruction  et 
l'expédition  des  atTaires,  on  tut  ol)ligé  de  se  fiiire  repré- 
senter par  des  hommes  connaissant  la  procédure.  Ceux-ci, 
dont  le  nombre  était  d'abord  de  deux,  furent  au  nombre 
de  six  (1719)  et  de  huit  (1740)  (i)  ;  ils  étaient  obligés  de  ré- 
sider à  Herstal  et  de  prêter  serment  en  mains  du  bailli  (2). 

Ce  serment  leur  détendait  de  plaider  les  causes  iniques 
et  non  fondées,  les  obligeait  à  engager  les  parties  à  ne 
point  molester  autrui  injustement.  Nous  doutons  fort  que 
cette  clause  ait  été  scrupuleusement  observée. 

Les  procureurs  devaient  assister  les  indigents  dans  la  re- 
cherchedeleurs  droits, sur  une  simple  ordonnancedela Cour, 
sans  que  pour  ce  ils  pussent  être  rémunérés;  s'il.>  gagnaient 
la  cause  et  si  les  indigents  pour  c[ui  ils  avaient  plaidé 
arrivaient  à  une  condition  plus  aisée,  ils  pouvaient  exiger 
leur  salaire  avec  l'autorisation  préalable  de  la  Cour  (3). 

En  cas  de  maladie,  ils  devaient  se  taire  rn-mplacer  par  un 
substitut  au  courant  des  atïaires. 

La  fonction  de  prélocuteur  ne  pouvait  être  exercée 
qu'après  un  stage  d'environ  cinq  ans,  il  fallait,  en  outre, être 
né  à  Hei"stal  et  être  enfant  légitime  (4). 

/■)  Le  Chirurgien.  —  La  Cour  de  justice  de  Herstal 
s'était  de  bonne  heure  attaché  un  médecin  ou  «  chirurgien 

(1)  A.L.  H.  0.,  r.  1U8,  fol.  140. 
(•2)  A.  L.  H  ()..  r.  5i  fol.  140. 
(.-)  A.  L.  H.  0.,  r.  77,  foi.  ISi. 
(t)  A.  L.  H.  O.,  r.  54,  fol.  314. 


—  131   — 

d'oflicr  scrincnli'  ■>:>,  (jui  (''Liil  à  la  iiDiiiiiialioii  du  scij^iit'ur 
el  prêtait  serinciiL  devant  la  Cour.  Nous  avons  \u  (ju'il 
accoRipagnait  les  échevins  dans  les  descentes  de  justice  cl 
faisait  l'autopsie  {(.(.la  vi>^itationn)  des  cadavi'es  trouvés  sur 
territoire  de  la  juridiction  (l). 

f/)  Le  receveur  du  prince.  — Nous  allons,  pour  linir 
l'énuméralion  des  membres  de  la  Cour  de  justice,  dire  un 
mot  du  receveur  du  prince.  Bien  que  ne  faisant  pas  i)ai'lie 
de  la  Cour,  ce  fonctionnaire  avait  avec  celle-ci  cics  l'ap- 
porls  si  étroits  que  nous  avons  cru  être  autorisé  à  en 
parler  ici. 

Tous  les  revenus  du  prince  étaient  encaissés  par  un 
receveur  nommé  par  lui.  Ce  fonctionnaire  tiev.ut  vei-ser 
caution  en  mains  de  l'argentier  du  seigneur  à  Liège  (et 
ce  dernier  la  transmettait  au  Conseil  du  prince,  à  Bréda, 
sous  les  comtes  de  Nassau). 

Le  receveur  tenait  un  l'egistre  contenant  :  «  le  nom  des 
'personnes  qui  de  temps  passeit  solloieni  tenire  et  posséder 
tes  maisons,  terres  et  lahurne,  vingnes,  prayeries,  eomnmnes, 
pescheries  et  autres  Ixirtages,  poins  et  contrepoins  desquelz 
notre  ledit  rerenii  nos  est  annuellement  degu  et  remettre 
à  lieu  d'icenlz  les  noms  des  personnes  qui  lez  ont  acquis, 
tenu  et  possedeit  à  présent.  » 

Chaque  habitant  de  la  Terre  devait  déclarer  exactement 
tout  ce  qu'il  possédait  et  cela  sous  peine  de  six  florins 
carolus  d'or  d'amende,   au  profit  du  seigneur  (2). 

Faisons  pour  la  charge  de  receveur  la  même  remarque 
que  pour  celle  de  greffier  ;  étant  très  lucrative,  elle  se 
perpétua  pendant  plusieurs  siècles  dans  la  famille 
DamyJde. 

§  2.    —  Attributtons  de  la   Cour  échevinale.    — 

(  1  )  A.  L.  H.  O  ,  r.  -28,  fol.  87  (19  août  1538]. 
(2)  A.  L.  H.  0.,  r.  28,  fol.  87  (19  août  1555). 


—  13^2    - 

L'admini^d'Mtioii  de  la  justice  ékiil  sa  ['(jiielioii  [)iiiu'i- 
pale  :  la  compétence  échevinaîe  s'étendail  à  toutes  les 
actions  qui,  de  nos  jours,  sont  traitées  par  les  tribunaux 
correctionnels  et  civils  de  première  instance;  en  matière 
criminelle,  la  Cour  de  Herstal  pouvait  prononcer  la  peine 
de  mort  et,  contrairement  à  ce  qui  avait  lieu  pour  les 
afïaires  civiles,  on  ne  pouvait  appeler  des  sentences  ren- 
dues en  matière  criminelle  (-l),  La  tradition  locale  pré- 
tend qu'il  y  a,  place  de  la  Licourt,  en  tace  de  la  pompe  et 
du  côté  de  l'ancien  château  Pépin,  une  pierre  enfouie  à 
quelques  mètres  de  profondeur  et  que,  sur  cette  pierre , 
se   faisaient   les    exécutions  criminelles. 

Le  condamné  pouvait  implorer  son  pardon  du  seigneur, 
qui  commuait  assez  sou\'enl  les  peines  capitales  et  les 
remplaçait  avantageusement  par  une  amende  pécu- 
niaire (2). 

Une  autre  attribution  importante,  était  l'enregistrement 
ou  «  réalisation  »  des  actes  notariés  :  toute  prise  de  posses- 
sion, mutation  de  propriété  et  de  rentes,  actes  de  prêts, 
de  garantie,  testaments,  contrats  de  mariage,  records, 
enquêtes,  cris  du  peron,  nomination  de  mambours,  par- 
chons  ou  partage  de  succession,  etc.,  devaient,  pour  avoir 
un  caractère  aulhenlique  et  entrer  en  vigueur  ,  être 
réalisés  à  la  Cour  des  échevins  (3);  cet  enregistrement 
était  soumis  à  un  droit  dont  le  tarif  nous  est  donné  par 
la  notule  annexée  à  ce  travail. 

Attributions  spéciales.  —  Passons  en  revue  dilTé- 
rentes  attributions  spéciales  de  la  Cour  de  justice  de 
Herstal. 

Elle  fixait  le  prix  de  la  bière  et  du  vin  :  tout  brasseur  ou 

(1)  A.  L.  H.  0.,  r.  77,  fot.  186. 

(2)  A.  L.  H.  0.,r.  G5,  fol.  99. 

(3)  A.  L.  H.  ().,  r.  77.  fol.  187. 


-    133  — 

vignoron,  nvaiil  de  livrer  sos  produits  à  la  ronsomma- 
lion,  (levait  les  (aire  dôgustei"  par  uiio  Commission  do  d(nix 
m('ml)i"(\^,  ('  /('S  nidilrcH  de  vilhc  »,  clinisis  l'nii  par  la 
justice,  l'auli-e  par  la  communauté.  Ces  deux  inspecteurs, 
a|)i'ès  examen,  permettaient  la  mise  en  vente  ou  la  refu- 
saient ;  dans  le  ])r('mier  cas,  ils  lixaicnt  le  prix  de  ces 
denrées  et,  dans  le  second,  ils  pnnissaieni  les  conlra- 
venteurs  (l). 

La  vériticalidu  di's  poids  et  mesures  (''lait  rail(^  [)ar  la 
Cour  de  justice,  (jui  ordormait  (pic  :  «  Iokk  mouliniers  et 
hoUengicr^  portent  leurs  mesures  comme  sliers,  quartes 
et  poulhaux  par  devant  la  justice  pour  tceulx  visenteir  ot 
rnar(]ueh\  aussi  les  taverniers  pareilhement  porteir  leurs 
q\urrtes,  pintes  et  cJiopines  pour  scmhhddeinrnl  les  visen- 
teir s'ils  sont  bonnes  mesures  de  Treit  (Maastrecht  )  »  (â). 

Les  ordonnances  de  police  sont  également  du  ressort 
de  la  Cour. 

Au  XVI''  siècle,  elle  prescrit  à  tous  les  taverniers  de 
fermer  à  huit  heures  du  soir  en  hiver  et  à  neuf  en  été,  sons 
peine  de  deux  florins  d'or  d'amende  pour  le  lavernicr  cl 
(Lun  floiàn  pour  le  consommateur.  La  taverne  devait 
rester  fermée  le  dimanche  pendant  l'office  divin  (3). 

Défense  était  faite  de  porter  sur  soi  des  armes  à  feu,  d(>s 
bâtons  ferrés  ,  des  haches  ,  des  armures  sous  peine 
d'amende.  Une  ordonnance  de  police  permettait  à  tout 
habitant  de  Herstal  d'appréhender  le  maraudeur  (pii  se 
trouverait  dans  ses  propriétés  et  de  le  livrer  à  la  justice 
((  et  si  par  adventure  ils  se  misent  à  défense  et  on  leur  rom- 
pit par  cas  de  fourtune  bras  ou  jambes,  voir  les  tuasse}it  ne 
seront  à  rien  à  seigneur  ni  à  partie  »  (4). 

(1)  A.  L  H.  0-,  r.  29,  fol.  230. 
(-2)  A.  L.  H.  0  ,r.29,  f.)1.23L 
(r.)  A.L.  H.  0.,r.  29,  fol.231. 
(4)  A.  L.  H.  0.,r.  29,  fol.  231. 


—  134  — 

La  Cour  réprimait  avec  une  sévérité  très  rigoureuse  le 
blasphémateur;  à  la  première  fois,  il  était  mis  en  carcan  de 
six  à  neuf  heures  du  malin  ;  à  la  seconde,  du  malin  à 
six  heures  du  soir,  et  enfln  à  la  ti'oisième,  a  tous  ceux  qui 
seront  trouvés  blasphémant  le  nom  de  Dieu,  ses  membres,  la 
Vierge  Marie  et  injurier  le  seigneur,  viUpendier  la  justice 
seront  mis  stir  ung  pilory  sur  un  jour  de  plaix  publique- 
ment depuis  le  matin  à  huit  heures  jusques  à  onze  heure  à 
midy  et  après  le  maitre  des  liantes  oeuvres  perse  la  langue 
à  tout  un  cliault  fiere  et  estre  banng  hors  la  seigneurie  dudit 
Herstal  jusqu'au  rappel  du  dit  seigneur  »  (i). 

A  une  époque  où  il  n'y  avait  pas  de  cadastre,  il  était 
assez  difficile  de  déterminer,  d'une  manière  stable,  la  lar- 
geur réglementaire  des  chemins  et  les  limites  des  bois 
communaux.  La  Cour,  pour  parer  à  cet  inconvénient,  se 
rendait  sur  les  lieux  et  interrogeait  les  manants  les  plus 
âgés,  examinait  les  visites  antérieures  et  décidait  en  con- 
séquence (2). 

§  3.  —  Conflits  de  juridiction.  —  De  nombreux 
conflits  de  juridiction  eurent  lieu  entre  la  Cour  échevi- 
nale  de  Herstal  et  le  tribunal  de  l'Official   de    Liège. 

L'intervention  de  l'Official  peut  s'expliquer  par  ce  fait 
que,  de  tout  temps,  les  habitants  de  Herstal  ont  joui  à 
Liège  du  droit  de  bourgeoisie  et,  comme  tels,  se  faisaient 
juger  parles  tribunaux  liégeois  (4);  de  plus,  certains  de 
ces  tribunaux,  de  par  leur  caractère   même,  avaient   une 

(1)  A.  L.  H.  0.,r.  20,  fol.  232. 

(i)   comparut  devant   nous    Sophie  Renneaux    demeurant  à 

Futvoi/e,  âgée  de  cent  ans  ou  environ,  laquelle  estante  par  nous 
requiee  de  dire  la  vérité  comment  elle  scait  et   a  entendu   dire  que 

notre  juridiction  au  lieu  de  Futvoye  s'étend a   dit  et  dcclareit 

scavoir  que... 

A.  L.  H.  0.,  r.  83,  fol.  52. 

(1)  Chron.  de  Jean  d'Outremeuse,  t.  V.,  p.  323. 


—  135  - 

londanco  à  s'ingéroi-  d.ins  los  .'ilVairc^s  {\o  la  Tcito  Franche. 
Par  ('xcmi)l(\  le  Iribiin.il  (|ui  nous  occupe  ici  .iv.iil  tou- 
jom's  en  If  droil  (rinlervenir  dans  ce  que  l'on  appelait,  les 
trois  cas  privilégiés  :  le  mariage  quant,  à  sa  validité,  le  tes- 
tament pour  le  même  cas  et  les  questions  de  propriété 
des  biens  ecclésiastiques  amortis  (i)  ;  ces  trois  |)oints  lui 
furent  reconnus  par  des  ordonnances  de  1531  et  1535(2) 
qui  stipulent  qu'en  deliors  de  ces  cas  le  droit  de  juridic- 
tion, spirituelle  ou  réell(\  apparti-'id  incontestablement  an 
comte  de  Nassau. 

Le  procès  qui  eut  lieu,  en  1598,  eidre  le  curé  de  Hers- 
tal  Jean  liertho  et  le  couvent  de  LaXhavée,  rentre  dans  un 
des  ti'ois  cas  cités  pins  haut  et,  comme  tel,  fut  plaidé  de- 
vant l'official  de  Liège  (3). 

Mais  des  abus  regrettables  ne  tardèrent  pas  à  se  glisser 
dans  cette  coutume  judiciaire  et  l'on  vit  des  ecclésiastiques 
se  faire  juger  pour  des  causes  temporelles  devant  le  tri- 
bunal de  Liège  ;  les  seigneurs  de  Herstal  édictèrent  des 
peines  (4)  et  publièrent  plusieurs  ordonnances  où  ils  ne 
cessent  de  répéter  que,  dans  la  juridiction  de  Herstal,  où 
l'on  suit  le  droit  brabançon,  on  ne  connaît  pas  de  privi- 
lège de  cléi"icature  :  «  Un  surcéant  ou  bourgeois  domicilié 
fut-il  chraioine,  hénéficier  ou  autre  ecclésiastique  devait 
être  jugé  par  le  tribimal  des  érheriirs  eo)n^ne  tout  ^iijet  de 
la,   Terre  Franche  »  (s). 

II  est  probable  que  ces  abus  cessèrent  peu  à  peu,  car 
les  ordonnances  à  ce  sujet  deviennent  de  plus  en  plus 
rares  et  finissent  par  disparaître. 


(i)  Defacqz,  Ancien  droit  bel()iqiie.,  I,  (il  (éd.  187:! 

(•2)  A.  T..  H.  0.,r.  19,  fol.  373. 

(ri)  A.  L.  Ai'cli.  de  La  Xliavée,  r.  Î2,  n.  r).")Hl. 

(0  A.  L.  H.  0.,  r.  24,  fol.  460. 

(b)  A.  L.  H.  0.,  r.  13i,  fol.  192,  v». 


—  136  — 

,^  4.  —  RÉUNIONS  DE  LA  CouR.  —  Les  réunions  ordi- 
naires portaient  le  nom  de  plaids  particuliers  ;  la  diffé- 
rence entre  les  plaids  généraux  et  les  plaids  particuliers 
est  que  les  premiers  étaient  des  assemblées  générales 
et  obligatoires  pour  tous  les  habitants  de  la  Terre 
Franche,  tandis  que  les  plaids  particuliers  ne  réunissaient 
que  les  parties  intéressées. 

Les  réunions  avaient  lieu  le  mardi  de  chaque  semaine  (i)  ; 
ce  fait  nous  donne  une  preuve  évidente  de  l'importance  de 
la  Cour  qui  nous  occupe,  car  les  autres  Cours  du  pays,  par 
exemple  celle  d'Olne  (2),  de  Saive  (3),  d'Esneux  (4)  et  de 
Tignée  (5),  ne  siégeaient  qu'une  fois  au  bout  de  quinze 
jours. 

Ces  réunions  étaient  cependant  suspendues  chaque  an- 
née aux  époques  suivantes  :  huit  jours  avant  et  huit  jours 
après  la  Noël,  huit  jours  avant  les  Cendres  et  huit  jours 
après,  huit  jours  avant  Pâques  et  huit  jours  après,  et  enfin 
tous  les  jours  de  fêtes  de  précepte  quand  celles-ci  tom- 
baient le  mardi.  Pour  permettre  aux  habitants  de  vaquer 
à  leur  récolte,  la  justice  était  suspendue  pendant  le  mois 
d'août. 

La  guerre  entravait  aussi  le  cours  de  la  justice  civile, 
mais  jamais  la  justice  criminelle  ne  fut  suspendue  (e). 

Les  séances,  qui  avaient  lieu  dans  un  local  spécial,  situé 
sur  la  place,  qui  indique  assez  son  voisinage,  La  LicoKvt, 
commençaient  à  huit  heures  précises  du  matin  en  été  et  à 
neuf  heures  pendant  la  saison  d'hiver  :  d'octobre  à 
Pâques.  Si  la  mullipHcité  des  affaires  ne  permettait  pas  de 

(1)  A.  L.  B.  0  ,  V.  77,  fol.  184. 

(2)  Stourkn,  Histoire  de  Vancieii  han  (VOlne,  p.  38. 

(3)  PoNCKLET,  Seigneurie  de  Saive,  dans  le  Bail,  de  l'Inst.  arch.  iiér/., 
XXn,36.5. 

(i)  SiMONis,  «  d'Esneux,       »  •>        »       XXIV,  218. 

(;,)  PoNCELET,  La  Seigneurie  de  Tiynée,  »        »       XXIII,  1G9. 

(n)  A.  .,.  H.  ().,  r.  \\%  fol.  à  la  date  7  iiov.  17i7. 


-  isi  — 

les  expédier  le  mardi,  on  siégeait  le  ou  les  jours  sui- 
vants (i). 

La  justice  ne  pouvait  être  rendue  que  dans  les  réunions 
comprenant  au  moins  quatre  échevins,  le  greffier  et  un 
des  sergents  ;  durant  l'audience,  il  ne  pouvait  y  avoir  sur 
la  table  ni  vin,  ni  bièi'e  sous  peino  de  trois  florins  d'amende. 

Cette  clause  était  probablement  assez  mal  resijectée,  car 
nous  rencontrons  un  grand  nombre  d'ordonnances  à  ce 
sujet. 

§  5.  —  Droit  d'appel  et  de  recharge.  —  Nous 
venons  de  voir  qu'en  matière  criminelle  le  tribunal 
scabinal  de  la  Terre  Franche  jugeait  sans  appel  (2)  ;  il 
n'en  était  pas  de  même  pour  les  causes  civiles. 

De  ces  dernières,  on  en  ai)pelait  aux  échevins  d'Aix-la- 
Chapelle  et,  de  là,  à  la  Chambre  Impériale.  La  Cour  de 
Herstal  jugeait  «  à  la  loij  d'Aix  la  Chapelle  et  d'Empire  ». 

Cet  état  de  choses  dura,  des  origines,  jusqu'au  commen- 
cement du  XVIIe  siècle  :  à  partir  de  cette  époque  et  jusqu'en 
1740,  les  appels  furent  portés  devant  le  Conseil  Souverain 
de  Brabant  et,  enfin,  de  1740  à  la  chute  de  l'ancien  régime, 
devant  le  CiMiseil  privé  du  prince-évêque  de  Liège. 

On  a  vu  que  ce  fut  Charlemagne  qui  accorda  à  la  ville 
d'Aix-la-Chapelle  le  privilège  de  recevoir  les  appels  des 
sentences  prononcées  par  les  tribunaux  dépendant  de 
l'Empire  d'Allemagne,  (^e  privilège  fut  confirmé  par 
l'empereur  Charles  V  le  28  de  décembre  1555  (3). 

La  preuve  la  plus  ancienne  de  la  subjection  de  la  Cour 
de  Herstal  aux  échevins  d'Aix  est  de  la  fin  du  XlIJe  siècle  : 
dans  une  contestation  au  sujet  des  droits  dus  par  l'abbaye 

(1)  A.  L.  H.  0.,  r.  77,  fol.  184. 

(2)  A.  L.  H.O.,  r.  65,  fol  9!). 

(3)  Noppius,  Aacliener  Chronik,  pp.2H3-2SI,  et  article  du  professeur 
LoERscH,  dans  Haageii,  GeschicJite  AacJiens,  I,  3ôi). 

11 


—  138  — 

de  Vivegnis  dans  la  juridiction  de  Herstal,  les  échevins  de 
cette  dernière  Cour  déclarent  (mars  1291)  :  aquHlh  nen 
astoient  mie  si  souffizanient  sage  qu'ilh  en  voulsissent  dire 
jugement  se^is  aleir  à  leur  chef  à  Ays  »  (i). 

Du  XIII"  siècle  à  la  fin  du  XVI«,  les  registres  de  la  Cour 
de  justice  contiennent  une  grande  quantité  de  recharges  à 
Aix;  la  dernière  mentionnée  e^t  de  l'année  1573  (2)  et  la 
première  au  Conseil  de  Brabant,  du  6  septembre  1604  (3). 

Il  est  probable  que,  dans  la  période  intermédiaire  entre 
ces  deux  dates,  des  pourparlers  eurent  lieu  au  sujet  du 
dernier  appel  ;  c'est  en  effet  pendant  ce  temps  que  la 
cession  de  Herstal  eut  lieu  et  les  nouveaux  maîtres  ne 
pouvaient  pas  laisser  subsister  l'ancien  état  des  choses. 

Cours  subalternes.  —  La  Cour  de  Herstal  jugeait 
en  appel  des  sentences  rendues  par  la  Cour  de  Bolland. 
Cette  dernière  localité  était,  sous  l'ancien  régime,  une 
Terre  Franche  relevant  du    marquisat   d'Anvers. 

Les  registres  de  la  Cour  de  Herstal  contiennent  des 
preuves  nombreuses  de  cette  subjection  :  la  plus  ancienne 
est  de  l'année  1480  (4)  et,  malgré  la  défense  de  Charles- 
Quint  (1540),  interdisant  aux  échevins  de  Bolland  d'aller 
en  appel  ailleurs  qu'aux  échevins  de  Boihain  (5),  puis,  en 
dernier  ressort,  au  Conseil  de  Brabant.  Cet  état  de  choses 
dura  du  XV-^  au  XV1II«  siècle  (20  juin  1738)  (6). 

Le  droit  de  recharge  était  fixé  à  quatre  florins  et  vingt- 
six  aidans  (i).  Les  échevins  de  Bolland  se  rendaient  sur 
le  territoire  de  La  Motte,  enclave  de  Wandre,  et  là  rencon- 


(  I  )  Société  d'art,  et  (Vliiat.  du  diocèse  de  Liège,  t.  X,  1"  p.,  p.  32. 

(2)  A.  L.  H.  0.,  r.  3.-),  fol.  185. 

(3)  A.L.  H.  0.,r.  M. 

(4)  A.  L.  H.  0.,  r.  8,  loi.  70. 

(:;)   Univ.  de  Liège,  man.  Van  den  Berch,  fol.  307. 

(g)  A.L.  h.  0.,r.  107,  fol.  102. 

(7)  A.  L.  H.  0.,  Plaids  306  (Pas  de  pagination). 


-  139  — 

(raient  les  échevins  de  Herstal,  ce  qui  diminuait  le  che- 
min aux  uns  et  aux  autres. 


Chapitre  IV. 


LA  COUR  FÉODALE. 

Une  seconde  Cour  existait  dans  la  Terre  Franche  de 
Herstal  :  la  Cour  féodale.  Son  hut  était  de  sauvegarder  les 
droits  des  propriétaires  de  fiefs  de  Herstal  et  de  juger  les 
contestations  auxquelles  ces  fiefs  pouvaient  donner  lieu. 
Devant  cette  Cour  s'accomplissaient  le  relief  et  l'investi- 
ture des  biens  féodaux  situés  dans  la  Terre,  le  tenancier 
fût-il  même  étranger,  à  chaque  changement  de  proprié- 
taire par  suite  de  décès,  vente  ou  donation. 

La  formule  était  la  suivante  :  «  Par  devant  nous  lieu- 
tenant et  hommes  de  fief  a  comparut.....  pour  relcveir 

gisant  à Le  lieutenant  lui  en  fist  et  rendit  don  et  relief 

ayant  fait  l'Iiommaige  accoustiim,é  mesme  payet  les  droits 
seigneurials  et  prêter  le  serment  »  (  l). 

La  Cour  féodale  se  composait  du  bailli  ou  lieutenant,  de 
sept  hommes  de  fief  et  d'un  greffier,  qui  presque  toujours 
fut  celui  de  la  Cour  échevinale.  Les  différents  membres  de 
cette  Cour  étaient  nommés  par  le  seigneur;  il  est  probable 
qu'elle  était  composée  en  grande  partie  d'échevins. 

Nous  croyons  apercevoir  l'existence  de  cette  Cour  dès  le 
commencement  du  XIII"  siècle  :  une  charte  de  donation  de 
Henri  de  Lotharingie  (L209)  fut  signée  en  présence  des 
ministeriales  ou  officiers  du  duc  à  Herstal  (2)  et,  en  1252, 

(1)  A.  L.  H.,  Cour  féodale,  PassiDi. 

[i)  ScHooNBRooDT,  Curt.  de  St-Lambert,  l.  lo. 


-  140  — 

c'est  probablement  encore  de  cette  Cour  qu'il  est  fait 
mention  (i). 

L'abbaye  de  Vivegnis  possédait  deux  moulins  dans  la 
Terre  Franche  de  Herstal  ;  ceux-ci  étaient  activés  par  un 
ruisseau  dont  on  ne  nous  donne  pas  le  nom.  Un  conflit 
s'éleva  entre  les  deux  moulins  et  Godefroid  défendit  à  la 
Cour  de  Herstal  de  s'adresser  à  un  autre  seigneur  qu'à 
lui-même,  si  celle-ci  ne  parvenait  pas  à  apaiser  le 
débat  (d). 

Il  s'agit  ici  d'un  droit  de  régale  dont  le  seigneur  seul 
peut  disposer  et  il  est  difficile  d'admettre  que  la  Cour  en 
question  soit  autre  que  la  Cour  féodale. 

La  Cour  féodale  (2)  de  Brabant,  qui  était  juge  en  appel 
de  toutes  les  Cours  féodales  relevant  du  duc  de  Brabant, 
avait  par  conséquent  celle  de  Herstal  dans  son  ressort  (3). 


Chapitre  V. 


■  DROITS    SEIGNEURIAUX. 

Outre  la  convocation  des  plaids  généraux  et  la  nomi- 
nation du  personnel  des  Cours,  le  seigneur  possédait,  dans 
la  Terre  Franche,  certains  droits  sur  lesquels  il  est  bon  de 
jeter  un  coup  d'œil  pour  avoir  une  idée  complète  de  l'or- 
ganisation de  la  seigneurie  qui  fait  l'objet  de  cette  étude. 

Nous  avons  vu  que  la  justice  criminelle  était  rendue 

(0  Société  cC art  etd'liisf.  du  diocèse  de  Liège,  i.  X,  1'''=  p.,  p.  27. 

(2)  Ne  pas  confondre  avec  le  Conseil  Souverain  de  Brabant,  qui. 
comme  on  Ta  vu,  fut  juge  en  appel  de  la  tlour  échevinale  de  Herstal 
jusqu'au  XVII"  siècle. 

(s)  Galesloot,  Inventaire  des  arcJi.  de  la  Cour  féodale  de  Brabant, 
Annexe  XCIX. 


—  141   - 

sans  appel  par  la  Cour  de  Herstal,  cependant  on  rencontre 
plusieurs  cas  où  les  condamnés  implorent  et  obtieiuient  du 
seigneur  le  pardon  de  leui-  crime  et  même  la  réhabili- 
tation (i). 

En  vertu  du  droit  d'alluvion,  toutes  les  îles  qui  se  l'or- 
raaient  dans  le  cours  de  la  Meuse,  dans  sa  traversée  de  la 
Terre  Franche,  appartenaient  de  droit  au  seigneur  (2). 

Conformément  à  la  loi  impériah^  qui  était  en  vigueur, 
les  Mens  de  tout  habitant  de  la  Terre,  entant  naturel 
décédé  sans  postérité,  appartenaient  au  seigneur  (3). 

Ce  dernier  jouissait  en  outre  des  droits  de  conliscation 
de  biens,  de  sauf-conduit,  de  sauvegarde,  de  tireinent  de 
minéraux,  d'octroi  et  de  permission  pour  construire  des 
machines  ou  des  moulins  sur  le  cours  de  la  Meuse  (4). 

La  chasse,  comme  la  pêche,  était  seigneuriale;  nul  autre 
que  le  seigneur  ou  ses  officiers  :  le  bailli  et  le  receveur,  ne 
pouvait  se  livrer  à  ce  délassement,  sans  encourir  une  peine 
corporelle  ou  une  amende  (8). 

Enfin  le  passage  d'eau,  reliant  les  deux  parties  de  la 
juridiction,  était  un  fief  relevé  à  la  Cour  féodale  de  Herstal 
jusqu'en  1795  (e). 

Nous  avons  jusqu'ici  examiné  les  prérogatives  seigneu- 
riales, il  nous  l'esté  à  dire  ce  qu'était  l'administi'ation  de  la 
communauté. 


(1)  A.  L.  H.  O  ,  r.  65,  p.  9'J. 

(2)  A.  L.  H.  0.,r.  3-2. 

(3)  A.  L.  H   0.,  r.  2-2. 

(4)  A.  L.  H.  p.,  r.  82.  fol.  198. 

(5)  A.  1j.,  Conse.i  privé.  Dépêches,  K.  ()3.  fol.  174. 
(g)  a.  L.  H.,  Cour  féodale,  u"  388  (27  sept.  1755). 


—  U2  — 


TITRE   SECOND. 


LA  COMMUNAUTÉ  DE  HERSTAL. 

Le  mayeur  et  les  échevins  n'avaient,  comme  on  l'a  vu 
dans  la  première  partie,  rien  de  connnun  avec  les  fonc- 
tionnaires qui,  de  nos  jours,  portent  les  mêmes  noms  : 
l'administration  des  affaires  communales  était  confiée  à  un 
Conseil  de  régence. 

Il  est  probable  qu'à  l'origine  tous  les  habitants  de  la 
Terre  Franche,  réunis  en  assemblée  générale,  discutaient 
les  intérêts  de  la  communauté  et  prenaient  des  décisions 
en  conséquence  ;  ces  réunions  ont  pris  naissance  dans  les 
plaids  généraux  avec  lesquels  elles  coïncidaient  presque 
toujours  :  leur  caractère,  essentiellement  démocratique  à 
l'origine,  se  modifia  au  XVI^  siècle,  époque  à  laquelle  on 
vit  apparaître  des  mandataires  communaux. 

Chapitre  premier. 

LA     RÉGENCE     ORDINAIRE. 

§  1.  Composition.  —  La  Régence  ordinaire  se  composait 
de  deux  bourgmestres  et  de  cinq  députés  élus  par  la  com- 
munauté. Les  candidats  à  ces  places  devaient  être  notables, 
natifs  et  domiciliés  à  Herstal.  Toute  personne  en  procès 
avec  la  communauté  ou  incapable  de  rendre  compte  d'une 
gestion  antérieure  ne  pouvait  être  élue. 

§  2.  Election.  —  A  l'origine ,  tous  les  habitants  de  la 
Terre  Franche  étaient  électeurs  ;  cette  organisation  fut 
modifiée  au  XVIII'^  siècle. 


—  143  — 

A  cette  époque,  pour  être  électeur,  tout  habitant  de  la 
Terre  Franche  devait  payer  à  la  tailh;  ordinaire  neuf  florins 
Brabant  parce  que,  dit  une  oi'donnance,  ceux-là  seuls  ont 
un  intérêt  évident  au  maintien  d'une  bonne  administration. 
Pour  éviter  toute  contestation  ,  une  liste  était  dressée 
chaque  année  et  cette  liste  renseignait  le  nom  et  le  pré- 
nom de  tous  les  électeurs,  en  même  temps  que  la  somme 
payée  respectivement  par  chacun  à  la  taille. 

§  3.  Convocation.  —  L'assemblée  générale  était  an- 
noncée au  prône  et  par  voie  d'affiche  une  première  fois 
quinze  jours  d'avance  et  une  seconde  fois  le  dimanche  pré- 
cédant la  réunion.  Il  était  également  donné  connaissance 
de  l'ordre  du  jour. 

Dans  des  circonstances  particulièrement  difficiles,  l'ofii- 
cier  pouvait  faire  convoquer  de  porte  en  porte  par  le  ser- 
gent de  la  Cour. 

,^  4-.  Nomination.  —  La  convocation  dûment  faite,  les 
électeurs  se  i-éunissaient  le  jour  de  la  Saint-Jacques 
(25  juillet)  pour  procéder  au  renouvellement  du  mandat 
de  l'un  des  bourgmestres  et  de  cinq  députés  ;  le  bourg- 
mestre restant  en  charge  faisait  partie  de  la  Régence  sui- 
vante. Cette  mesure  était  prise  pour  qu'il  y  eût  toujours 
au  pouvoii'  un  honnne  au  courant  des  travaux  de  la 
Régence.  Le  nouveau  bourgmestre  et  les  députés  devaient 
prêter  serment  en  mains  de  la  justice  de  la  Terre 
Franche. 

§  5.  Fonctionnement.  —  Le  Conseil  de  Régence  se 
réunissait  tous  les  dimanches  à  la  maison  de  ville  où  l'on 
délibérait  sur  le-.  alTaires  ordinaires  de  la  communauté  (l). 

(0  Ce  bâtiment,  restauré  en  1833,  est  situé  sur  la  place  de  la  Licourt 
et  porte  au-dessus  de  son  eutrée  cette  inscription  :  S.  Charlemagne. 
Régence  dk  Herstalle  On  s'occupe  activement  de  le  restaurer  pour 
y  installer  la  justice  de  paix. 


—    U4  — 

Toutes  les  résolutions  devaient  être  inscrites  dans  un 
registre  spécial  tenu  par  un  greffier.  Ce  dernier  était  choisi 
par  le  Conseil  de  Régence  au  sein  même  de  celui-ci  ;  c'était, 
dit  une  ordonnance,  celui  d'entre  les  habitants  sachant  le 
mieux  Hre  et  écrire. 

Le  salaire  des  bourgmestres  était  de  douze  écus,  celui 
du  greffier  de  six.  Pour  les  affaires  exigeant  un  déplacement 
d'une  lieue  ou  deux,  la  Régence  déléguait  un  de  ses 
membres,  qui  pouvait  exiger  un  demi-écu  par  jour  pour 
ses  vacations  et  frais  de  déplacement. 

La  présidence  de  toutes  les  assemblées  de  la  commu- 
nauté était  dévolue  à  l'officier  de  Herstal  :  celui-ci  doit 
maintenir  l'ordre  et  reçoit  une  gratification  d'un  florin 
Rrabant. 

Le  caractère  démocratique  de  cette  institution  apparaît 
dans  un  fait  que  nous  signalons  : 

Toute  affaire  dont  l'importance  pouvait  dépasser  300 
florins  était  réglée  par  toute  la  communauté  ;  cet  appel  à 
la  généralité  des  habitants  avait  encore  lieu  s'il  s'agissait 
d'intenter  un  procès  communal.  Les  suffrages  étaient 
recueillis  par  le  greffier  et  le  procès  verbal  de  la  séance 
plénière  était  consigné  dans  un  registre  spécial  qui  était 
transmis  au  Conseil  de  Régence. 

Nous  avons  vu  que  le  renouvellement  partiel  avait  lieu 
à  la  St-Jacques  :  le  dimanche  précédent,  la  communauté 
s'assemblait  et  déléguait  cinq  personnes,  les  vérificateurs, 
chargés  d'examiner  les  comptes  tant  du  collecteur  des 
impôts  que  de  la  Régence.  Dans  le  courant  de  la  semaine 
et  le  jour  de  la  S'-Jacques,  aussitôt  après  l'élection,  les 
cinq  nouveaux  élus  et  les  cinq  vérificateurs  procédaient 
conjointement  à  l'examen  des  comptes. 

Une  contestation  surgissait-elle  sur  un  point  quelconque, 
chacune  des  deux  parties  choisissait  un  député,  qui  portait 
la    question    devant    la    Cour   des   comptes   des   princes 


—  115  — 

(rOi-aiigt,'  à  Rréila  ot,  après  la  cession  do  1740,  devaiil. 
le  Conseil  privé  des  princes-évèques.  Ces  tribunaux  con- 
ciliaient les  parties  sur  une  simple  réponse  verbale  (i). 

L'expérience  démontra  cependant  que  le  pouvoir  laissé 
à  la  généralité  de  prendre  part  à  la  direction  des  alïaires 
les  plus  importantes,  ne  produisit  d'autre  effet  que  celui 
d'exciter  les  brigues  et  de  mettre  la  désunion  au  sein  de 
la  communauté. 

Un  nouveau  système  fut  inauguré  en  1758.  La  commu- 
nauté choisit  un  corps  de  dix  députés,  absolument  distinct 
du  Conseil  de  Régence  ;  les  formalités  de  l'élection  et 
convocation  étaient  les  mêmes  que  pour  ce  dernier.  Les 
élus  prêtaient  serment  en  mains  des  magistrats  de  Herstal 
et  étaient  rééligibles  le  dimanche  après  la  S'-Jacques. 
Il  leur  était  interdit  de  s'ingérer  en  aucune  façon  dans 
l'administration  des  atTaires  de  la  communauté  autres  que 
celles  dont  il  a  été  question  plus  haut  et  qui  étaient  du 
ressort  du  Conseil  de  Régence  (2). 

L'intervention  de  celui-ci,  que  les  documents  appellent 
Régence  ordinaire,  était  nécessaire  pour  l'aliénation  des 
tei'rains  conmiunaux  :  la  vente  d'une  parcelle  de  terre 
commune  devait  èti'e  décidée  dans  une  assemblée  plénière, 
affichée,  effectuée  dans  une  adjudication  publique  et  enfin 
enregistrée  aux  greffes  de  la  Cour  de  justice.  L'adjudi- 
cataire devait  servir  une  rente  au  seigneur  et  à  la  commu- 
nauté (3). 

(i)  Poi.AiN,  Recueil  des  or  L  de  la  princip.  de  Licù/e,  3"  série,  '2«  vol  , 
p.  361. 

(2)  Ibid.,  p.  394. 

(3)  A.  L.  H.  0.,r  Sa,  fol.i>lô. 


—  146  — 


Chapiti^e  II. 


TAlf.LES    ET    COLLECTEURS. 

Les  tailles  étiTient  de  deux  espèces  :  les  tailles  ordi- 
naires ou  impôts  annuels  et  les  tailles  extraordinaires 
nécessitées  par  des  circonstances  exceptionnelles. 

§  1. Tailles  ordinaires. —  Il  n'y  a  jamais  eu  de  gouver- 
nement possible  sans  dépenses,  pas  de  dépenses  sans 
ressources  qui  sont  les  impôts.  De  tout  temps,  le  droit 
d'établir  des  impôts  a  été  considéré  comme  une  des  pré- 
rogatives principales  de  la  souveraineté  :  les  princes  de 
Nassau  et,  après  eux,  les  princes-évêques,  eurent  seuls  le 
droit  de  lever  des  impôts  dans  la  Terre  Franche  :  des 
lettres  d'octroi  de  ces  seigneurs  étaient  indispensables 
pour  que  la  Régence  put  lever  des  subsides  sur  les  habi- 
tants. 

Librement  consenti  à  l'origine,  saut  dans  certains  cas, 
l'impôt  perdit  ce  caractère  pour  prendre  celui  d'obliga- 
tion (i).  A  l'époque  où  nous  apercevons  quelques  détails 
sur  les  tailles,  elles  sont  obligatoires  pour  tous  les  habi- 
tants tant  laïcs  qu'ecclésiastiques  (2). 

La  clôture  des  comptes  venant  à  faire  voir  qu'il  était 
nécessaire  de  pourvoir  au  payement  des  dettes  de  la  com- 
munauté, la  justice  et  la  Régence  répartissaient  les  tailles 
entre  les  habitants  de  Hersial  el  fixaient  les  bases  du  paye- 
ment   de   ces   impôts,   bases  qui   variaient  chaque   année 


(i)  A.L.   H.  U.,  r.  Gi,  fol    3^. 
(-2)  A.  L.  H.  0.,  r.  r,l,  fol.  24G. 


—  147  — 

d'après  los  besoins  et  d'après  les  résultais  heureux  île  la 
récolte  (i). 

Nous  verrons  romment  ces  tailles  oi'dinaires  élaient  re- 
couvrées, 

!^  2.  Tailles  extraordinaires.  —  Les  exactions  des 
gens  de  guerre,  les  dettes  contractées  pour  subvenir  au 
séjour  des  soldats  dans  la  Terre  Franche  étaient  couvertes 
par  des  impôts  spéciaux,  non  consentis  de  la  part  des  con- 
tribuables, mais  toujours  préalablement  autorisés  [)ar  l'au- 
torité souveraine  (2). 

Les  deux  espèces  de  tailles  étaient  recouvrées  par  le 
système  de  la  mise  à  ferme. 

S:;  3.  Mise  a  ferme.    ■-  Après  avoir  donné  lecture  des 

(  I  )  Les  bases  en  1700  étaient  les  suivantes  : 

«  Sur  chaque  tonne  de  bière  qui  se  brassera,  5  pattars. 
»  Sur  chaque  ayme  de  vin  fort  et  brandevin,  30      » 
»  Sur  chaque  ayme  de  vin  du  pays  qui  croîtra  dans  la  juri- 
diction, 15  pattars.  » 

A.  L.  H.  0.,r.  89,  loi.  43. 
En  1751  : 

«  Sur  chaque  muid  de  braz  (bière),  '■lO  pattars. 

»  Sur  l'ayme  de  genièvre,   brandevin.  huile.  50  id. 

»  Sur  l'ayme  de  toute  sorte  de  vin  étranger,  3  flor.  Brabant. 

»  Sur  cliaque  livre  de  toute  espèce  de  sucre  étranger,  1  liard. 

»  Sur  cliaque  livre  de   tabac  soit  filé  ou    en  carote,  2  liards 

et  sur  celui  en  feuilles,  1  liard. 
»  Sur  chaque  stier  de  sel,  3  liards. 
»  Sur  la  pièce  de  hougaerde,  '■2  flor.  la  Ij'-I  pièce. 
»  Sur  chaque  cheval,  20  patars    » 

A.  L   H.  0.,  r.  116,  fol.  (21  juin  175  ). 
(•2)  A.  L.  H.O.,  r.  64,  fol  325. 

Cependant,  en  1563,  les  habitants  de  Herstal  furent  exempts  des 
tailles  du  10™»  et  du  20'"*  denier,  instituées  par  le  duc  d'Albe  sur  les 
conseils  de  son  maître  Philippe  II  qui  manquait  d'argent.  Tous  les 
habitants  du  Brabant  et  de  l'Empire  durent  les  payer. 

A.  L.  H.0.,r.31,p.  147. 


—  U8  — 

conditions  sous  lesquelles  on  exposait  en  ferme  les  reve- 
nus annuels  de  la  Terre  Franche,  la  Régence  et  les  éche- 
vins  procédaient  à  la  mise  à  ferme  au  plus  oflrant  et 
dernier  enchérisseur  ;  celui-ci  était  déclaré  adjudica- 
taire. 

Pour  pouvoir  briguer  une  place  de  collecteui',  il  fallait 
être  libre  de  toutes  charges  envers  la  communauté  et 
pouvoir  fournir,  le  cas  échéant,  une  caution  suffisante  ;  le 
repreneur  et  ses  associés  s'engageaient  de  corps  et  de 
biens  ;  ils  devaient,  dans  un  temps  déterminé,  verser  les 
produits  de  la  recette  dans  les  mains  du  receveur  seigneu- 
rial. 

Le  contrat  de  mise  à  ferme,  passé  par  devant  notaire, 
stipulait  le  tantième  que  tout  collecteur  pouvait  retenir 
sur  la  somme  totale.  La  mise  à  ferme  se  faisait  ordinaire- 
ment pour  un  espace  de  sept  ans  :  et  comme  l'assiette  de 
l'impôt  se  faisait  annuellement,  on  voit  qu'il  pouvait  y 
avoir  certains  risques  pour  les  repreneurs. 

Avant  d'entrer  en  fonction,  l'aarfmodîat^ur»  prêtait  ser- 
ment en  mains  du  Conseil  du  seigneur  et  s'engageait  «  à 
garder  et  procurer  la  conservation  des  haulteurs ,  préro- 
gatives, droiclures  seigneuriales  ,  foncières  et  autres,  de 
quelque  qualité  qu'elles  puissent  estre ,  et  la  propriété  des 
champs,  prairies,  bois,  rivièreu  et  tous  aultres  héritaiges, 
sains  permettre  quil  soit  commis  aulcune  chose  au  détri- 
ment et  préjudice  dHceulx  à  peine  d'en  respondre  en  parti- 
culier et  prime  nom,  »  (l). 

L'admodiateur  ou  repreneur  dressait  ensuite  un  registre 
contenant  les  nom  et  prénom  des  possesseurs  de  biens, 
payant  pour  ceux-ci  une  redevance  annuelle,  avec  spéci- 
fication de  celle-ci.  Une  copie  de  cette  liste  de  contri- 
buables, revêtue  du  sceau  de  la  justice  et  certifiée  con- 

(0  A.  L.  H.  U.,  r.  49,  fol.  189. 


-  149  - 

foime,  était  envoyée  à  la  Chambre  des  comptes,  à  Rréda, 
puis,  plus  tard,  au  Conseil  Privé,  à  Liège. 

On  pourrait  ranger  les  diverses  espèces  de  tailles  en 
deux  catégories  :  les  tailles  stables  et  les  tailles  instables. 

Parmi  les  prtMnières,  nous  citerons  les  suivantes  :  la 
taille  ou  impcJt  foncier  se  payait  à  proportion  de  'A  florins 
Brabant  par  bonnier  :  les  propriétaires  faisaient  dénoml)re- 
ment  de  leurs  biens  devant  les  bourgmesti'es  et  par  dev^•^nt 
notaire. 

Le  droit  de  «  nianandise  »,(jui  correspond  assez  bien  à 
l'impôt  personnel  de  nos  jours,  était  le  droit  payé  au  sei- 
gneur par  chaque  chef  de  famille  habitant  dans  la  Terre 
Franche.  Il  fut  réduit  à  2  florins  Brabant  en  1755. 

Les  tailles  instables  étaient  celles  qui  atteignaient  les 
objets  de  consommation  connue  la  bière,  le  vin,  le  genièvre, 
le  sucre,  le  tabac,  le  sel.  etc.;  elles  variaient  suivant  les 
besoins  de  la  communauté  et  étaient  en  rapport  avec  la 
production  annuelle  (i). 

Les  différentes  tailles  faisaient  l'olijet  d'adjudications 
spéciales  ;  les  repreneurs  pouvaient  user  de  nii'sin'(^s 
répressives  contre  les  contribuables  récalcitrants  (2). 


Chapitre    III. 

BOIS  COMMUNAL. 

La  Terre  de  Herstal  jouissait  d'une  organisation  parti- 
culière pour  l'administration  des  bois  et  des  terrains  com- 
munaux :    cette    organisation,    nous  l'apercevons   pour   la 


(i)  Règlement  (lu  i21  juin  175't.  A.  L.   H.  ()..  r.   117. 
(2)  A.  L.  H.  0.,r.  89,  fol.  143. 


—  150  — 

première  fois  en  1562  et,  quelques  années  après,  nous 
trouvons  un  règlement  (4). 

Les  bois  et  terrains  communaux  sont  administrés  par  un 
Conseil  de  douze  députés  ,  choisis  par  toute  la  commu- 
nauté ;  huit  députés  sont  choisis  par  les  habitants  de  la 
Terre  Franche  rive  gauche  de  la  Meuse;  la  rive  droite 
choisissait  les  quatre  autres. 

Le  renouvellement  annuel  de  ce  Conseil  avait  lieu  de  la 
manière  suivante  : 

La  communauté,  réunie  au  plaid  général  de  la  Saint- 
Jean,  était  convoquée  pour  le  premier  jour  du  mois  d'août 
(ou  le  jour  suivant  si  le  premier  était  un  dimanche).  La 
réunion  annoncée  était  obligatoire  sous  peine  d'un  florin 
d'amende.  Le  jour  de  l'élection  ,  la  communauté  toute 
entière  était  divisée  en  douze  sections,  ayant  chacune  à 
leur  tête  un  caporal  chargé  de  recueillir  les  sutïrages  :  les 
conditions  d'éligibilité  étaient  la  bonne  conduite  et  des 
preuves  de  capacité. 

Chaque  section  élisait  son  représentant  à  la  majorité  des 

voix(2). 

Les  attributions  des  mandataires  consistaient  à  vaquer 
avec  la  justice,  tant  au  règlement,  rendages  et  administra- 
tion des  bois  et  communes,  qu'à  toutes  les  autres  affaires 
concernant  les  biens  et  intérêts  de  la  Terre  Franche. 


(t)  A.  L.  H.  O.,  V.  64.  fol.  324. 

(2)  En  1567,  le  Conseil  comprenait: 

Pour  Herstal  :  Godefroid  de  Haieneux  ;  Jacquemain,  fils  de  Henry 
Olivier;  Jelian  de  Laiscliea;  Jolmn,  fils  du  dit  Godefroid;  Johan 
deFalle;  Collar  Johan  Stienne;  Melchior  le  scrinier  et  Mattiien 
Délie  Semé. 

Four  Wamlre:  Lorain  de  Forny,  Henry  délie  Bressine,  Michel  de 
Rahosée  et  Jehan  Renchon. 


-   151  - 

Chapitre  W. 

POPULATION. 

Nous  avons  peu  de  renseignements  sur  la  po|MiIalion  de 
la  Terre  Franche. 

En  1699,  la  paroisse  de  Herslaj  seule  avait  un(>  popul.i- 
lion  de  -1,200  «  communiants  »,  c'est-à-dire  1,'200  pei'- 
sonnes  obligées  de  communier  la  semaine  de  Pâques  (i). 
Ce  chiffre  représente  une  population  de  2,000  âmes. 

Sa  situation  aux  portes  de  Liège  et  le  droit  d'asile  dont 
jouissaient  tous  ceux  qui  se  réfugiaient  sur  cette  Teri-e 
contribuèrent  à  augmenter  la  population  dans  une  assez- 
grande  proportion. 

En  f754,  la  même  paroisse  comptait  3,000  communiants 
ou  environ  5,000  âmes  (2);  en  184'i,  le  nombre  des  habi- 
tants s'était  élevé  à  8,000. 

A  pai'tir  de  cette  époque,  l'industrie  et  le  commerce  ont 
fait  de  ce  village  une  petite  ville,  et  le  recensement  du 
1er  janvier  iggg  accuse  16,922  habitants. 

Le  culte  protestant  fut  officiellement  établi  à  Herstal  en 

1661  et  la  cession  de  17-40  au  prince-évêque  de  Liège  mit 

fin   à   l'exercice  public  de  la   religion   i-èformèe    en    cet 

endroit  (3). 

Denis  LEQUARP.K. 

(i)  Visite  archidiac.  de  1699,  aux  Arcli.  du  Séinluaire,  à  Liège. 
(»)  Visite  archidiac.  de  1754  aux  Archives  du  Séminaire,  à  Liège. 
(3)  Lenoir,  La  réfor)nation  dans  Vanden  pays  de  Liège,  p.  345. 


.A.lVri\rEï3CEïS 


SERMENT  EGHEVINAL. 

Je  jure  que  je  vuihle  et  deyudeeeprésent  jour  et  tout  le  temps 
ci-après  quand  de  coustume  et  uzance  il  conviendrat  en  toutte 
obeyssance  comparoir  en  justice  fidèlement  aider  ifelle  admi- 
nistrer et  observer,  oiyer  les  parties  en  leurs  raisons,  escriptures 
et  propositions  verbales  selon  la  nécessité  et  exigence  de  cas  et 
sur  ycelles  fondre  et  prononcer  juste  sentence  sans  respect 
d'aulcune  personne  ny  parentaige  ny  d'affinité  et  consanguinité 
sans  prendre  ny  permettre  d'accepter  en  mon  profit  des  personnes 
litigans  ny  de  leurs  part  aulcun  présent  ny  choese  quelconque. 

Semblablement  je  ne  méfairay  ou  forniray  partie  en  donnant 
sentence  soit  par  instruction  des  parties,  affection,  amitié  ou 
hayenne  d'aulcune,  comme  aussy  je  ne  suspenderay  les  causes 
par  malveillance  ny  donneray  aux  litigans  quelconque  conseil 
ni  advertance,  mais  tiendray  les  décrets  et  sentences  conçues 
secrètement  sans  les  révéler  jusques  à  ce  qu'ilz  soient  publique- 
ment aux  parties  prononcées  et  communiquées,  comme  aussy  à 
jamais  ne  reveleray  ou  publieray  à  posonne  les  secrètes  con- 
sultations et  affaires  de  justice  ny  aideray  sailler  aulcune 
escripture  soit  contract  ou  aultre  document  sans  avoir  lu, 
entendu,  examiné  et  trouvé  estre  vérita])le  touttes  actz  devant 
moy  comme  eschevin  expédiez  je  rapporteroy  fidèlement  à  mes 
confrères  et  de  tout  ce  donneray  comme  il  appartient  sincère  et 
vraye  attestation  et  finablement  de  servir  tellement  mon  estât 
comme  il  convient  à  ung  homme  de  bien  et  eschevin  ainsy 
m'ayde  Dieu  et  sa  saincte  parole. 

A.  L.  H.  Rois.  Saisies  no2Il  (19  mai  1578). 


—  153  — 


SERMENT   DE   L'OFFICIER. 

Je  jure  que  je  sera  fidel  à  mes  Seigneurs  en  maintenant  et 
défendant  leurs  honneurs,  leur  justice  et  juridiction  et  icelle 
promovoir  tant  en  feodalz  que  cenlsauz,  défendre  les  subiects  et 
non  permettre  les  tirer  hors  devant  autre  juge  soit  spirituel  ou 
séculaire  si  non  de  l'ancienne  coustume,  ains  les  maintenir  en 
leurs  anciennes  usances,  franchises  et  privilés^es  selon  tout 
mon  loyal  debvoir  et  povoir,  résider  a  lieu  et  exercer  mon 
office  en  personne,  tenir  la  justice  en  révérence  et  honneur, 
les  jours  de  plaids  en  temps  et  heures  accoutumez,  adminis- 
trer bon  droit  à  chacun  qui  auront  hesoingne  de  justice  tant 
aux  inhabitans  qu'étran^iers  de  telle  qualité  qu'ilz  soient  en 
donnant  termes  licites  et  deyus  (sans  endurer  les  prolongations 
des  causes  ventilantes)  pour  avoir  bonne  et  briesve  expédition 
comme  aussi  tout  que  par  justice  et  hommes  féodalz  pi'ononcé 
et  décrété  serat  par  incidant  ou  sentence  finale,  maintenir  et 
mectre  en  double  exécution  ,  d'autant  que  comporte  notre 
office,  non  acceptant  par  moy  ni  par  aultres  des  parties  de  ma 
part  des  parties  litigans  ou  d'aultres  en  leur  nom  pour  leurs 
affaires  délayer  aucun  présent,  don  ou  aultre  émolument  ains 
moy  contenter  avecque  mon  salaire  ordinaire,  en  oultre  ce, 
tairay  tout  ce  que  de  droict  et  de  coustume  de  faire  appartient  a 
ung  bon,  honneste  et  sincère  officier.  Ainsi  m'aide  Dieu  et  sa 
saincte  parole. 

Arch.  de  VEtat  à  Liège.  Cour  de  Herstal. 

Rois.  Saisies,  n"  211  (19  mai  1098). 

PRISE  DE  POSSESSION  DE  LA  TERRE  FRANCHE. 

Record  rendu  par  les  échevins  de  Herstal. 

Premièrement  que  quant  vient  aucun  novea  seigneur  dudit 
Herstal  soit  par  succession,  saizine  ou  engageur,  se  teil  en  pièce 
de  la  communalté  dudit  Herstal  ne  son  transport  en  l'englise 
notre  Dame  de  Herstal,  illec  faisant  serment  en  jurant  sur 
saincte  de  entretenir  les  dits  surséants  et  inhabitants  dudit 
Herstal  en  leurs  franchises  et  privilèges  et  de  non  les  anéantir 

12 


—  154  — 

ni  diminuer,  ensemble  de  entretenir  les  dits  surséants  et  inha- 
l)itans  de  Herstal  en  la  pure  loy  d'Aixhe  et  d'empire  et  point 
autrement. 

Secondement  que  quant  le  seigneur  dudit  Herstal  vient  à 
aucun  conférer  l'estat  et  l'office  d'esquevinage  absolutement 
sans  aucune  réserve  à  déclarer  en  sa  commission  ne  lesdits 
seigneurs  nepeult  teils  les  dit  esquevin  destituer  a  son  piais^ir. 

Tirchement  se  nous  lesdits  esquevins  et  nous  prédécesseurs 
confrères  navons  uzeit  et  uzons  journellement  pure  loy 
d'Aixhe  et  d'empire. 

Quartement  quequant  aucun  personnage  ayant  devant  nous 
intenteit  procès  soit  en  action  réel  ou  personnelle  et  que  sen- 
tence diffinitive  puisse  par  nous  rendus  et  prononchies  et  la 
partie  poy  sentant  de  la  dite  sentence  et  jugement  grevcit  et 
oppresse! t  faisant  d'icelle  (appellation),  se  icelle  ne  faisant 
devant  les  seigneurs  esquevins  du  S'  Siège  Impérial  d'Aixhe 
notre  chieflf  et  point  autrepart  pour  laquelle  choese  record  voir 
rendre  fait  adjour  quatorzième  de  juillet  an  quinze  cens  sep- 
tante. 

Ârch.  de  Liège.  Herstal,  Œuvres,  r.  34,  fol.  i42. 


S'ensuyent  les  fraix  et  despcns  exposeis  et  sustenus  en  faisant 
le  voyage  d'Aix  pai'les  chieffs  esleveis  et  optenus  pour  lez  diffé- 
rent pendant  entre  Johan  de  Lantin  noti'e  mayeur  d'une  part  et 
Philippe  le  tindeur  notre  con-es(iuevin  d'aultre. 

Item  entre  ledit  Philippe  et  nos  la  justice  entièrement. 

Item  entre  Adam  lit  Wautlet  le  mangon  et  Herman  délie 
Prealle. 

Item  entre  ledit  Adam  et  .Tacquemin  de  Mollin. 

Item  premier  déboursé  par  .Tehan  de  Lantin  le  jour  de 
département  des  dits  chieffs  pour  les  despends,  XVII  aidans. 

Item  aile  hostellerie  à  Galoppe,  V  tlor.  VI  aid. 

Item  aux  sieurs  d'Aix  pour  l'advertissement  a  eux  demandeil 
payet  XLV  aid. 

Item  audits  pour  leurs  droits  de  deux  recharges  donneies 
payet  IIII  flor.  d'or  V  aid. 

Item  lendemain  a  dcjuneit  payet  IX  aid. 


—  155  — 

Item  aile  hostellerie  a  Aix  payet  VI  fl.  X  aid. 

Item  aux  serviteurs  et  servantes  et  a  barbier  payel  XIII  aidans 
XII  sous. 

Item  en  retournant  an  dineir  et  soupeir  payet  III  flnr. 
X  aidans. 

Item  pour  le  lourez  do  VII  chevalx  chacun  XXVIII  aid.,  ([ui 
font  ensemble  IX  llor.  XVI  aid. 

Item  a  ceux  qui  avoient  esté  quérir  les  dits  chevalx  et  les 
remeneit  payet  VII  aid.  XII  sooz. 

Item  encor  pour  despens  frais  en  retournant  dudit  voyap^e 
susjournant  aile  Tecte  (i),  XXV  aid.  XII  sooz. 

Item  pour  fours  et  avoene  lyvred  par  ledit  Jehan  de  Lantin 
aux  chevalx  X  aid. 

Item  a  diricly  pour  les  translataif^es  ensemble  IIII  flor.  X  aid. 

Item  XI  aid.  XII  sooz  débourser  par  .Tehan  le  Pollen. 

Item  aux  esquevins  et  clercques  pour  les  droix  des  journées 
et  vacans  faisant  ledit  volage  chacun  IIII  floriens  qui  font 
ensemble  XXVIII  flor. 

Item  a  clercque  pour  avoir  fourneit  les  records  des  dits 
chieffs  et  pour  en  avoir  translate  ly  une  VI  flor. 

Item  a  sergeant  pour  ses  droits  XII  aid. 

Item  aile  servante  de  maire  ayant  nettoyer  les  hossealx  et 
espérons  a  retour  fait  III  aid. 

Item  pour  un  esperon  perdu  payet  a  qui  il  appartenait  V 
aid. 

Item  pour  les  horsportaiges  des  dits  recharges  payet  IIII 
flor.  XVI  aid. 

Item  pour  les  droits  délie  taxation  des  dits  desprns  payet 
a  justice   IIII  flor. 

Item  pour  la  signature  a  clercque  XV  aid.  Somma  IIII'^^ 
XIX  florins  Vil  aidans. 

Item  les  despens  exposeis  par  Lambert  délie  Préalle. 

Item  premiei'  aux  chamberlins  de  mess  d'Aix.  XV  sooz. 

Item  aile  hostellerye  débours  III  flor.  \l  aid. 

ItemaGaloppe  aile  hostellerye  XLX  aid. 

Item  a  passaige  a  Viseit  ensemble  XII  aid. 

Item  aux  seigneurs  esquevins  d'Aix  pour  deux  recharges 
IIII  flor.  or  V  aid. 

(i)  Theux. 


-   156  - 

Somma  XIX  flor.XVIaid.ensy  montent  les  despens  ensemble  : 

Cent  XIX  flor.  III  aidans  des(|uels  chacune  partie  payerat  le 
IlII^pai't  assavoir 

Philippe  le  Tindeui'  pour  deux  chieffs  la  moitié  LIX  flor.  XI 
aid.  XII  sooz. 

Ilem  Herman  délie  Prealle  XXIX  flor.  XV  aid.  XVIII  sooz. 

Item  Adam  lil  Wautlet  le  niangon  XXIX  flor.  XV  aid.  XVIII 
sooz. 

Arch.  de  Liéf/e.  Cour  de  Herstal.  Œw:res,  registre  n"  i'i, 
fol.  (1520). 


Lecomlede  Nassau  renouvelle  les  privilèges  accord(''s  aux 
arbalétriers  et  ratifie  le  i  èglement  de  cette  compagnie. 

28  novembre  1567. 

A  tousceulx  qui  coste  présente  letti'e  veront  et  oront.  Nous  la 
généralité  compagnie  et  confraternité  des  arbalétriers  jureis 
estant  tenus  selon  les  uzances  anchiennes  et  doubles  à  notre 
très  redoublé  prince  et  seigneur  le  comte  de  Nassau,  notre  bon 
maitre  et  seigneur  de  Herstal,  scavoir  faisons  que  nctro  bon 
volloir,  plaisir  et  opinion  est  selon  notre  serment  de  leallenient 
servir  noire  dit  seigneur  en  ses  affaires,  request  et  pétition  de 
toute  notre  puissance,  voir  en  notre  ville  comme  bon  et  ac- 
coustumé,  sains  a  lui  ne  aussi  ses  commis,  faire  consentir  estre 
fait  aulcune  faute  parmi  et  moyennant  nous  estans  entretenus 
en  nos  privilèges,  franchises  et  libertés  anchiennes  le  tout  a  l'or- 
donnance de  notre  très  redoublé  seigneur. 

Item  et  affin  que  notre  dit  prince  et  seigneur  soit  départ  nous 
plus  honoré  et  asservi  sy  avons  d'ung  commung  accord  sains 
aucun  débattans  et  par  plaine  volonteit  accordé  les  poinclz  et 
articles  qui  s'ensuyent  : 

Tout  premier  que  ung  chacun  de  nous  les  dits  confrères 
arbalétriers  jureis  serai  tenus  selon  lesdites  uzances  de  no3 
prédécesseurs  d'an  en  an  le  1^^"  .jour  de  maye  comparoir  en  lieu 
en  quel  on  al  aceouslumé  de  tirera  l'arbaletre,  chacun  ayant 
a  heure  ordonnée  son  arbaletre  avec  son  accoutrement  sains 
aulcune  faute  on  tinction,  sur  encorrir  la  peine  de  siex  aidans 
liégeois  à  paier  pour  chacun  défaillant. 

Item  que  ung  chacun  de  nous  les  dits  confrères  tenus  serai 


—  157  — 

tous  les  dimenches  tledil  mois  do  maye  venir  et  comparoir  en 
lestât  prédéclaré  audit  lieu  accoustumô  sur  l'amende  de  deux 
aidans  liégeois  et  que  celluy  et  cenlx  qui  endy  jours  tirant  de 
leu]'  arbalôlre,  invoquerai  ou  appelerat  le  nom  de  diable  sera 
tenu  de  mettre  son  solïec  a  ung-  des  Ihiers  pour  nous  le-<  auti-es 
confrères  tireit  après  icelluy  et  demeurerai  illec  jusques  az 
traictz  tinez  ou  doncques  paier  pour  l'amende  deux  aidans 
liégeois. 

Item  avons  ordonné  que  le  jour  de  la  procession  qui  soy 
faict  d'an  en  an  le  troixièmes  des  tiestes  de  la  Pentecoste  nous 
les  dits  confrères  généralement  (?)  tenus  serons  y  estre  présent 
honestement  armez  conduisans  et  gardans  de  commenchement 
jusques  en  la  fin  le  liettre  que  a  ycelle  procession  on  porte  sor 
peine  d'encorir  l'amende  d'ung  flor,  liégeois  voir  et  a  condition 
sy  audit  jour  l'ung  de  noz  ou  plusieurs  fuissent  trouvez  avoir 
title  ou  occasion  legittime  pour  maladie  ou  autrement  par  quoy 
ni  possissent  a  icelle  procession  comparoir  celuy  ou  ceulx  ainsi 
trovers  poldral  ou  poldront  constituer  et  mettre  un  homme 
pour  eulx  assi  suffisant  que  eulx  ou  plus  tellement  que  de  ce  on 
noyt  cause  de  faire  déplainte  et  doleance  a  la  dite  compagnie  ou 
encas  de  défaulte  tenus  serat  pour  l'amende  susdite. 

Item  avons  accordé  que  pour  le  salut  de  nos  âmes  et  en  l'hon- 
neur de  Dieu  le  jour  sainte  Barbe  d'an  en  an  ferons  chanter  et 
célébrer  une  messe  en  l'engliese  de  Herstal  a  laquelle  moose  ung 
chacun  de  noz  sera  tenu  comparoir  sur  peine  de  dyex  aidans 
d'amende  auquel  jour  avons  ordonneit  que  on  eslirat  hors  des 
confrères  de  la  dite  compagnie  deux  maîtres  cognissables  pour 
conserveir  et  lever  les  droix  rentes  et  distribuer  tout  ce  et 
dequant  que  pour  raison  et  de  nécessité  en  serat  le  coure  de 
leur  année  durante  et  de  tout  a  en  fin  de  leurs  dites  années  faire 
et  rendre  bon  et  juste  compte  en  la  présence  de  la  généralité 
des  dits  confrères  sains  fraudes  ou  malingies,  sembla])lemenl 
avons  accordé  que  d'an  en  an  le  jour  du  vénérable  Saint  Sacre- 
ment ung  chacung  de  nous  serat  tenu  honestement  estre  armeit 
et  de  comparoir  a  la  sainte  messe  en  allant  honorablement  à  la 
procession  qui  a  faite  celuy  jour  comme  on  est  accoustumé  du 
temps  passeit  sur  peine  de  diex  aidans  d'amende. 

Item  avons  ordonné  et  conclud  que  quand  aucuns  de  noz  irat 
de  v'e  a  treppas  pour  pryer  Dieu  pour  son  ame  tenus  serons  a 
nos   deppens   faire    chanteir  vigile  et  célébrer  une  messe  a 


-  15S  — 

laquelle  ung  chacun  de  noz  tenu  sera  de  soy  trouve! r  sur 
l'amende  de  diex  aidans. 

Item  que  quant  aucuns  de  noz  serat  alleit  de  vie  a  trépas- 
seraent  comme  dit  est  relinquissant  aucuns  enflfans  mailhes 
extans  en  eape  parfait  quant  adoncques  le  plus  anchien  sen 
polderat  dedens  l'année  de  trépas  de  son  père  défunct,  par- 
devant  nous  la  dite  compagnie,  et  alors  se  est  rechapvable  et 
ydoine  pour  servir  aux  ordonnances  predictes  ,  le  deverons 
ressuyre  et  admettre  parmy  payant  a  la  compagnie  pour  son 
relift  et  réception  la  somme  de  vingt  aidans  liégeois  et  ce  fait 
deverat  faire  serment  ad  ce  appartenant  et  se  ledit  enffans  de 
celuy  trépasseit  n'estoyent  en  eage  comme  dit  est  son  plus  pro- 
chain le  poldrat  releveir  parmi  payant  les  dits  vingt  aidans  et 
de  la  dite  compagnie  uzeir  et  jusques  a  tant  que  le  dit  enffant 
propriétaires  soient  parvenus  à  leur  eage  sains  fraude. 

Item  avons  accordé  que  nous  estans  ensemble  sur  notre 
chambre  ou  au  thier  se  aucvui  de  nous  faisait  son  confrère  de- 
plaisir,  débat  ou  distourbeir  ou  le  dessyse  reproche  ou  injure 
par  yre  et  couroucé  en  quelque  manière  que  ce  poldrat,  adrexir 
réservé  cause  criminel  quant  adoncques  celluy  qui  en  telle 
manier  et  fachon  traicté  serat  ne  poldrat  et  ni  deverat  de  ses 
folies  ou  injures  sur  refuge  pour  en  estre  restaubli  ou  amen- 
deit  par  devant  aucun  juge  ou  justice,  soit  spirituel,  soit  tem- 
porel, ains  en  polrat  se  ses  déplaintes  et  doléances  aux 
maistres  et  confrères  de  la  dite  compagnie  perpétuellement 
y  estre  déchasseit  et  priveit  et  ossi  serat  le  délinquant  sur 
peine  de  telle  pi-ivation  tenu  de  surnir  a  telle  conclusion  et 
concord  que  par  les  dits  maîtres  et  confrères  accordé  en  serat 
sains  contredit. 

Item  avons  ordonné  quant  aucun  de  nous  trouveis  seront 
estre  tenus  envers  la  dite  compagnie  aucune  grande,  moyenne 
ou  petite  amende  et  que  négligerai  su  rebellant  soit  de  icelle 
paier  quant  adoncques  les  maîtres  de  ladite  compagnie  pol- 

ront   licittement  avoyr  leurs ens    mains   d'iceulx   rebel- 

lans  et  illec  faire  paier  waige  suffisant  et  icelluy  waige  faire 
gemodeit  dedans  quinze  jours  après  ledit  paiement  leveit  sains 
fraude. 

Item  avons  accordeit  quant  il  adviendrat  que  les  maîtres  de 
la  compagnie  oront  congregeir  les  confrères  que  ung  chacun 
tenus  serat  a  la  semonce  de  soy  trouveir  et  comparoir  a  lieu 


—   159  — 

accouslumeil  poui-  ce  sut'  peine  d'amende  de  dyex  aidans  lié- 
geois s'il  n'y  avait  aucune  légitime  et  sufiisanle  excuse. 

Somhlahlement  avons  accoi-dé  que  louchant  les  Islos  et  dos- 
seaz  extant  devant  Grùmeus'î  avec  celUiy  situé  à  ro[)posite  de 
Souvei'ain-Wandre  eondyst  la  Teste  des  Doo/.,  desquels  la  dile 
compagnie  est  et  at  esleit  en  i)aisil)le  el  anchienne  possession 
de  contraire  n'est  point  de  memoir,  telz  soy  (lèveront  rendre  par 
lesmaiti'es  et  la  dite  coipagnie  par  ]>lus  gi-ande...  .  et  à  i)lus 
grand  protïit  et  utilité  d'ycelluy  toujours  à  ung  stuyt  et  terme 
de  t]'ois  ans  el  non  i)lus  avant  (1  ^ 

NOTULLE   DES   DROITS  QI'I   SE   DOIVENT  PAYER 
A  LA  COUR  DE  HERSTAL  (le  18  octobre  1670) 

Arrests 

A  la  justice  4  aidans. 
Au  greffier  2  aidans. 

S'il  y  a  plusieurs  membres  de  parties,  chacun  autant, 

Arrest  fugitif. 

A  la  justice  nihil. 

Au  greffier  le  registrant  deux  sous  et  demi. 

A  l'officier  12  sous. 

Arrest  pour  enseignement  de  justice. 

A  la  justice  6  sous. 
Au  greffier  3  sous. 

Allozement  un  contre  un. 

A  la  justice  6  liards. 
Au  greffier  3  liards. 

S'ils  sont  à  plusieurs  chacun  autant. 

Au  sergeant  pour  arrêter  fruits  dedans  les  haycs  10  liards. 

Registration  de  l'arrest 

Au  greffier  14  sous  et  demi. 

Défense  de  point  toucher  ni  aspoi'ter. 

A  la  justice  12  liards. 
Au  greffier  6  liards. 

S'il  y  a  plusieurs  membres  et  parties  chacun  autant. 

Gi'and  Comand  et  Possession. 

Dedans  les  bayes,  à  la  justice  2  11.  bb. 

Au  greffier  un  florin  liégeois  pour  registration. 

(i)  Arddvcs  de  Lirge^  Cours.  Œuvres,  32,  p.  1. 


—  160  — 

Hors  les  hayes  et  jusqu'à  Hoyoul  12  flor.  liégeois. 
Au  ereffler  "pour  reftisn-atiou,  un  flor.  liégeois. 
A  "Wandi  e  jusque u  bois,  24  flor.  liégeois. 
Au  f^refl3er,  2  flor.  lié;,'- 
Sur  les  Monts  passant  le  ruisseau  de  Rogivaux, 

A  la  justice  24  flor.  liég. 
Au  g'reflaer  2  flor.  hé^. 

En  fin  de  juridiction, 

A  la  justice  32  flor.  liég. 
Au  greffier  4  flor.  liég. 

Action  personelle, 

Plainte  par  Mayeur  et  Echevin  contre  une  personne 

seule  dedans  les  hayes, 
A  la  justice  4  liards. 
Au  greffier  2  liards. 
Au  mayeur  pour  le  faire  noncer  8  liai-ds. 

.  S'il  y  a  plusieurs  personnes  autant  par  testes. 

Hors  les  hayes  le  double. 

Plaintes  sur  les  plaids  généraux. 

A  la  justice  nihil. 

Au  greffier  pour  régistration  un  liard. 

A  l'advenant  des  personnes. 

Plainte  criminelle  et  à  l'expédition  d'icelle  au  jour  ordinair, 

A  la  justice  24  liards. 
Au  greffier  12  liards. 

Pour  faire  faire  exécution, 

A  l'officier  10  sous. 

Outre  les  droits  d'exécution. 

Autentication  des  acts  pour  chacune  raisne  à  la  justice 

un  sous. 
Au  greffier  un  sous. 

Pour  copie  d'un  décret. 

A  la  justice  4  sous  et  demi. 
Au  greffier  4  sous  et  demi. 

Pour  copie  de  sentence. 

A  la  justice  30  sous. 
Au  greffier  30  sous. 

Proposition  de  cause  à  un  jour  extraordinaire  pour  chacune 

partie. 

A  la  justice  12  sous. 
Au  si'effler  6  sous. 
Au  parlier  4  sous. 

Au  jour  ordinair. 

Pour  copie  de  preuves  et  autres  écrits  exhibez  2  sous  par 

feuillets. 


—  161  — 

Pour  copie  d'nn  simple  act, 

Réalisé  30  sous. 
A  la  justice  20  sous. 
Au  f^reflier  10  sous. 

Proposilion  de  cause  au  jour  ordiuaire, 

A  la  justice  un  liard. 

La  moitié  ;iu  f^i-efflcr. 

Foui-  chacune  personne  le  doul)lc  à  l'advenunt. 
Pour  droit  de  constitution, 
Pour  chacune  personne  : 

A  la  justice  2  liards. 

Au  preffler  pour  chacune  personne  un  liard. 
Cri,  publication  au  perron, 

A  la  justice  2  flor.  bh. 
Au  greffier  1  flor.  bb. 

Concession  d'une  occision. 

A  la  cour  3  flor.  bb. 

Leg-reflier  autant  qu'un  échevin. 

Visitation  d'un  corps  mort. 

A  l'advenant   du   voya^re  et  vacation,  et  le  greffier   autant 

qu'un  échevin. 

Visitation  des  maisons,  biens,  et  mesurage  des  biens  idem. 

Visitation  d'un  registre. 

A  la  justice  10  liards. 
Au  greflSer  5  liards. 

A  l'exhibition  au  jour  ordinair  des  titres,  réponse,  réplique, 
duplique,    act.    traiispoi't.    partage,    purgement,    attestation, 
l'édemption  et  toutes  actes  semblables  l.ô  liards  sçavoir  : 
5  au  greffier  et  10  à  la  justice. 

Pour  un  serment  décisoir  30  sous  syavoir 

A  la  justice  20  sous. 
Au  greffier  10  sous. 

Députation  de  mambour,  approbation  de  testament,  procla- 
mation et  subhastalion  3  flor.  bb. 

Le  greffier  autant  qu'un  échevin. 

Audition  des  témoins  sur  chacun  article  deux  sous  en  civil, 

et  en  ciiminel  doul)le. 

Moitié  à  la  justice,  moitié  au  greffier. 

Aux  vacations  de  la  Cour  à  proportion  d'icelles. 

Le  greffiei'  auuuit  qu'un  échevin. 

Taxe  des  fraix. 

Le  dixième  denier  à  la  Cour. 

Au  greffier  5  liards  pour  écrire  la  taxe. 


-   162  — 

Assemblée  de  justice  40  sous. 

Au  greffier  5  sous. 

Ens  grandes  vacances  le  doul)le. 

Sérimpnt  desMambours. 

Pour  chacun  21  liardsscavoir  : 
A  la  justice  14  liards. 
Au  greffier  7  liards 


ŒUVRES. 


Il  se  i)ayera  à  la  justice  pour  droit  des  œuvres,  ou  qu'il  n'y 

aura  qu'une   vêture    simple   et  trois    conditions,    trois  sous 

sçavoir  : 

A  la  justice  20  sous. 
Au  greffier  10  sous. 
Pour  la  copie  3  fis.  bb. 

S'ils  sont  à  plusieurs  chacun  autant  : 

Et  outre  tel  droit  de  veture  toutes  les  conditions  passant  les 
trois  se  payeront  à  9  liards  chacune,  el  six  sous  à  la  justice  et 
3  sous  au  greffier  ;  s'ils  sont  à  plusieurs  chacun  autant. 

Pour  la  copie  d'œuvi'es  simples  30  sous  savoir  : 

A  la  justice  20  sous. 
Et  au  greffier  10  sous. 

S'ils  outrepassent  les  quatre   conditions,  à  l'adressant  pour 

chacune  obligation  à  faire  faire  la  chose  transportée  se  payera 

outre  la  vêture,  contract  et  autre  oeuvre  simple  12  sous  sçavoir: 

A  la  justice  8  sous  et 
Au  greffier  4  sous. 

S'il  y  a  plusieurs  obligations  chacune  autant. 

Pour  chacune  caution,  obligation,  surrogation  30  sous  syavoir: 

Ala  justice  20  sous. 
Au  greffier  10  sous. 

S'ils  sont  à  plusieurs  chacun  autant. 

Pour  émancipation  d'enfant  3  fl.  bb.  sçavoir  : 

A  la  justce  2  11.  bb. 
Et  au  greffier  1  11.  bb. 

S'ils  sont  à  plusieurs  comme  dessus. 

Pour  un  simple  relief  30  sous. 

A  la  Cour  20  sous. 
x\u  greffier  10  sous. 

S'ils  sont  à  plusieurs  chacun  autant. 


-   163  — 

Pour  droits  de  colTrc  se  payent  par  une  seule  personne  27 

sous  sçavoir  : 

A  la  justice  18  sous. 
Et  aii  greffier  9  sous. 

Si  la  Cour  vaque  à  proportion  du  temps  et  vacation. 

Visitation  d'un  registre  se  paye  comme  devant  15  liards. 

Consignation  des  deniers. 

A  la  Cour  sur  le  cent  fi.  50  sous. 

Droit  de  Scel. 

Pour  le  Grand  Séel,  à  la  Cour  :J0  fl.  bb. 

Et  pour  le  petit  30  sous. 

Fermement  de  procès. 

Portement  d'iceux. 

Bornement  des  Renneaux. 

Appplle  4  sous  et  demi. 

Le  tiers  au  grelïier. 

xYmende  ensuite  des  Statuts  de  Liège,  qui  cou[)e  le  poing  ou 

borgne  un  œil,  15  voyages  de  S.  Jacques  en  argent,  envers  les 

parties  et  la  moitié  envers  l'Officier. 

Nota. 

Qu'en  arrest,  en  action  réel  il  faut  quarante  jours  entre  icclui 
et  l'alozement  à  peine  de  nullité. 

Protestations  faites  en  contract  ou  contre  renJaige  ou  procla- 
mation 9  sous. 

Sur  la  Rolle  idem 

Le  greffier  autant  qu'un  échevin. 

Aux  décrets,  Sentences,  SportuUes,  Approbation  de  teslamentt 
Subhastation,  Apostille,  députation  de  mambours,,  fermemen, 
de  procès,  bornement,  lèvement  de  renneaux,  Visitation,  con- 
fession et  autres  résolutions  de  la  Cour. 

Ensuite  du  règlement  de  Son  Altesse  le  Prince  d'Orange 
émané  le  11  Mars  1670  publié  le  18  oct.  1670,  art.  40. 

Le  greffier  autant  qu'un  Echevin  aux  Décrets,  Sentences, 
SportuUes,  approbations  de  Testaments,  Subhastation,  Apos- 
tilles, dèputations  de  Mambours,  portement  de  Procès,  Borne- 
ment, louement  de  Renneaux,  Visitation,  confessions  et  autres 
Résolutions  de  la  Cour. 

Archives  de  Liage.  Herslal.  Œuvres, 
registre  77,  fol-  i'^4  et  s. 


—  iU  — 


HAMEAUX   RT  LIEUX  DITS. 

Sur  le  fond  de  l'aunafl-e  (cadastre). 

Bois  de    Pontiz    (1197);  bols   de   Pontiohe  (1329)  ;   l'oiiliohe 
(1480)  ;  Pontisse  (cadastre). 
Bossuron  (1700)  ;  Bechuron  (c). 
I  es  vignes  de  Beriva  (c). 

Bernai-mont   (1582);    sur    les    Bernalmont    (l.ô8;J)   ;    Bernal- 
niont  (c). 
Barrière  du  Boi'day  (c). 
Barrière  aux  champs  (e). 
AlahaiedeBruclv  (1324). 
Cliefneux  (c). 
La  Chapelle  (c). 
Ghertal;  Cher talle(  1700). 
Gortil  Jean  (c). 

Chaucée  Brunhoz  (1700)  ;  chaussée   Branehaut  (c). 
Dessous  les  Gherbenièi'es  ('324). 
Gal-du-Dos  (o). 

Gronmuse  (1329)  ;  Gi'on-meuse  (1430)  ;  Gromb-meuse  (l.'vil)  ; 
Gourant  Meuse  (1684)  ;    Gombmoese    (1700)  ;    G.jromeuse  (<•)  ; 
crômeuse  (1.560). 
Lapasse  cromi)ère  (c.) 
Au  doyart  (c). 
Derrière  vin. 
Sur  les  éphanles  (c). 
La  Faliche  (1480;  ;  sous  la  Falixlie. 
Fond  del  Mendrée  (^j. 
A  la  Fontaine. 

La  Fossalc  (1480)  ;  Grandes  et  l'elites  Foxhales  (c). 
Ferme  d'Arsich  (1211)  ;  ferme  d'Arcis. 
Aux  deux  femmes  (c). 
Pont  de  la  Visé  (c). 

A  dcssoulj/ de  riwe  dit  ^rin  beri\ve  d.^S^):   (îrimi)e-Ri(Mix 
Grimborowe  (c). 
Au  .sentier  Guorin. 
Grand  Puits. 
Au  Gofay. 


—  165  - 

En  Haynoes  (  1313  )  ;  Ilaynoux  (  1521  )  ;  Hayneux. 

Al  Ilufnale  (c). 

Iloyoulx  f  1519  )  ;  Iloyoul  (  1670  )  ;  Hoyoux  (  c  ). 

Haren  (  1480)  ;  Hareng-  ;  Plat  de  Ilarenff  (  c  ). 

Fond  du  hosay  (c). 

Huii)iche  (c). 

(iran'le^'a^lx?  (  1329)  ;  Lai-^^e  voye  (14eS0)  :  Larft;e  voie. 

I^aixlie-founeux  (  1700  ). 

Layscheal  (  1519)  ;  Leaxhe  et  Lysclioai  (1480)  ;  Laixlieau  (1700); 
Laixhau  (c). 

Dessus  le  Ihier  Lawely. 

La  Motte  (c). 

A  la  haute  maison  (c). 

En  demeie  court?  (1341);  La  Lycourt  (1480),  Liroui't  (  1700). 

Marexhe. 

Mainerie. 

En  Manchin  (1329)  ;  Mauchin  (1386)  ;  ile  do  Moncliin  (  1082  . 

Melle. 

Aux  six  noyers  (c). 

A  la  part  Jehotte 

Au  j  onsay,  au  ponceau  (c). 

Petite  voye,  voie. 

Patar. 

Pi'iesvoye. 

La  Préalie  (  1329)  ;  Los  Prealles  (  18s)  ;  Pi'éalle  (c). 

Les  pucelles  (c). 

Raliosées  (1248)  ;  Raboséos  (1329)  ;  Rahossées  (1341)  ;  Ralio- 
zee  (lS«s.)  ;  Rabosée. 

Au  l'idales  (c). 

En  i-eis  (1438)  ;  reys  (1700)  ;  Rhées. 

A  la  roche. 

Dessous  Ro,4ivaux  (1324)  ;  Roftivau'c. 

Rivage  de  moese  (1480). 

Ruelle  des  gris  (c). 

Streis  (1321). 

En  mille  Saucy  (c). 

Tombeui'. 

Voie  du  taureau  (c) 

Til-ljice  ;  fond  de  Tillice  (c). 

Sur  Tiége  (1480)  ;  sur  Ihei'at  (  1480)  ;  Au  Tige. 


—  166  — 

Al  taille. 

Au  trou  du  renard  (  c). 

Au  deux  tilhouz  (  1475). 

Thier  des  monts  ;  thier  (1480)  ;  à  grand  tliier  (1547). 

Petit  Wandre  (1264)  ;  Souverain-Wandre. 

La  Xhavée. 


DÉCOUVERTE  D'ANTIQIJITÉS  ROMAINES 

A 


On  rappelait  naguère  dans  ce  Bulletin  (4),  à  propos  de  la 
découverte  de  Visé  (fiole  d'Evhodia),  ce  vers  d'Horace  : 

Quklquid  sub  terra  est,  in  apriciim  proferet  aetaa 

sans  se  douter  que  ce  qui  s'était  présenté  alors  à  Visé  et 
peu  de  temps  auparavant  à  Liège  devait,  à  deux  ans  à 
[x'inc  d'intervalle,  se  produire  à  Herstal. 

Mais  ici,  le  sol  a  été  plus  prodigue  qu'à  Visé  ou  qu'à 
Liège  :  au  lieu  d'une  sépulture  ordinaire  ou  de  débris  de 
tuiles  et  de  rondelles  d'hypocauste,  il  s'agit  cette  l'ois  d'une 
sépulture  à  mobilier  luxueux,  celle  d'un  personnage  opu- 
lent, ayant  peut-être  môme  occupé  un  haut  poste  dans 
la  hiérarchie  des  armées  romaines 


(1)  BnUctin  de  V Institut  arcJtéologiqneliéfjeois,  t.  XXVIII,  p.  2'21. 


168  — 


II 


En  juin  dernier,  à  quelque  dislance  de  la  chaussée 
romaine,  on  extrayait  de  l'argile  à  briques  au  lieu  dit 
«  La  Tombe  ».  dans  la  parcelle  cadastrée  n^  659b,  section  E, 
et  appartenant  à  M.  Ernest  Warnant-Tondelier,  négociant 
et  industriel  à  Herslal.  En  effectuant  des  déblais  à  une 
dizaine  de  mètres  de  l'endroit  où,  l'année  précédente,  ils 
avaient  mis  au  jour  certaine  pierre  sculptée,  dont  il  sera 
reparlé,  les  ouvriers  rencontrèrent,  à  une  profondeur 
d'environ  'l'"50,  sous  un  amas  de  tuiles,  une  couche  de  terre 
grasse,  noirâtre  et  assez  fiàable,  mêlée  de  charbon  de  bois. 

Ils  venaient,  sans  s'en  douter,  d'atteindre  la  chambre 
sépulcrale  d'un  ancien  tumulus  qui  a  disparu  depuis  des 
siècles  peut-être  (l),  mais  dont  une  appellation  caracté- 
ristique (2)  a  seule  perpétué  le  souvenir. 

(1)  Rien  ne  permet  de  déterminer  l'époque  qui  a  vu  disparaître  le 
tumulus  de  Herstal,  dont,  à  notre  connaissance,  il  n'est  fait  mention 
dans  aucun  document  ancien  et  que  ne  signale  même  pas  Vltinera- 
rium  x>er  nonnullas  Galliae  Belgicae  partes  d'Ortelius  et  Vivianus, 
oii  sont  soigneusement  relevés  tous  les  vestiges  anciens  quelconques  : 
tumulus,  débris  de  tours,  etc. 

Pour  Herstal,  il  n'est  fait  mention  que  de  ruines  insignifiantes  du 
Palais  des  Pépin  {^^^  et  vix  ruinas  \^videmus^  superesse  domicilii  tôt 
clarnrum  Frincipiim  [Pipinortini]  »)  (p.  17  de  l'édition  Chr.  Plantin  de 
1584). 

Faut-il  en  conclure  qu'avant  la  fin  du  XV1<'  siècle,  le  tumulus  de 
Herstal  avait  déjà  disparu  ? 

Hubert  Thomas  qui,  dans  sa  compilation  (7e  Tungris  et  Eburonibus, 
voit  un  peu  partout  des  monuments  des  Romains  et  s'évertue  même 
à  retrouver  aux  alentours  de  Liège  des  traces  de  leur  séjour,  ne  parle 
pas  davantage  de  Herstal.  qu'il  se  borne  à  citer  en  faisant  remarquer 
que  cette  localité  remonte  au  temps  de  Gharlemagne  (p.  123  de  l'édi- 
tion de  1585,  insérée  dans  le  recueil  de  Pirckeimer,  Descn'ptio  Ger- 
maniae  utriusque  tam  superioris  quam  inferioris). 

(•2)  Cette  dénomination  est  locale  (ce  qui  lui  donne  peut-être  d'au- 


PLAXriTF  A. 


xtrait  du   plan   cadastral  de  la  commune  de   Herstal, 

Section   E. 


JOcholIc  .Ir  1  à  l-.'5(». 


-  169  - 

Le  caveau,  dont  lo  hasard  avait  amené  la  découverte,  se 
composait  d'une  fosse  creusée  à  la  profondeur  d'environ 
1  mètre,  dans  laquelle  avait  été  descendu  un  énorme  coffre, 
vraisemblablement  en  bois  de  chêne,  qui,  au  dire  des  ou- 
vriers, devait  primilivcMiient  mesurer  près  de  2  mètres  de 
largeur  sur  4  mètres  de  longueur. 

Le  bois  en  se  décomposant  avait  laissé  dans  la  terre 
environnante,  sous  forme  d'une  légère  poussière  brunâtre, 
des  traces  parfaitement  reconnaissables. 


tant  phis  (le  signification),  car  aucun  des  anciens  plans  cadastraux 
connus  ne  fait  mention  pour  Herstal  du  lieu  dit  «  La  Tombe  »  qui  s'y 
trouve  dénommé  «  A  la  Barrière»  {feuille  cadastrale  de  Faucher) 
ou  «  Barrière  des  Hoijoux  »  ou  encore  «  Les  Barrières  de  Uoyoux  ». 
Il  est  vrai  que  les  plus  anciens  plans  cadastraux  du  dépôt  de  l.iége 
ne  remontent  pas  au-iielà  de  1854,  tous  les  documents  antérieurs 
ayant  péri  dans  un  incendie  en  184.5. 

Ce  qu'il  y  a  de  significatif  pour  Herstal,  c'est  que  le  chemin  qui 
longe  les  parcelles  dites  «  A  V  Tombe»  et  aboutit  à  la  nouvelle  percée 
de  Foxhalle  porte  toujours  le  nom  traditionnel  de  «  Chemin  de  la 
Tombe  ». 

A  Bombaye,  près  de  Visé,  un  lieu  dit  uLa  'Tombe»  sert  pareille- 
ment à  peri)étuer  le  souvenir  d'un  tumulus  (Bull.  deVInst.  arch.  liég. 
t.  XXVin,  p.  2"25),  tout  comme  un  acte  de  1307  désigne  une  terre  dite 
a  A  la  Tombe»,  à  Anderlecht  {Revue  d'histoire  et  d'archéologie, 
t.  I,  p.  276). 

Cette  dénomination  qui  se  retrouve  encore  dans  notre  province 
sous  les  formes  <f  Tomhalle,  Tombois,  Tomba,  etc.  »  {Ann.  de  la  Soc. 
d'archéol.  de  Brux  ,  t.  XIV,  p.  65),  se  rencontre  également,  en  pays 
flamand,  sous  une  multitude  de  dénominations  :  «  Tomme,  Tomveld, 
Flatte  Tom,  Tomhof,  Tombeken,  etc.  »,  même  sous  la  forme  latinisée  : 
«  Tomba  »  {  Bull,  des  Comm.  roi/,  d'art  et  d'archéol.,  t.  IV,  pp.  431  et 
suiv.  ;  t.  V,  pp.  471  et  suiv.  ;  Bévue  d'hist.  et  d'archéol.,  t.  I,  p.  545). 

Remarquons  cependant  que  l'appellation  «  Tomheux  ou  Tombois  » 
a  fréquemment  coïncidé,  dans  le  pays  de  Namur,  avec  des  sépultures 
franques  {Ann.  de  la  Soc.  archéol.  de  Namur,  t.  VII,  pp.  201,  268  et 
i!77). 

13 


—  170  — 

A  en  juger  par  la  longueur  et  la  grosseur  des  clous  à 
large  tête  qui  avaient  servi  à  assembler  ces  planches  ou 
madriers,  les  parois  du  cofTre  avaient  dû  être  d'une  très 
forte  épaisseur. 

Celles  de  la  partie  supérieure,  formant  probablement 
couvercle,  avaient  été  protégées,  d'une  façon  assez  ingé- 
nieuse, contre  les  infiltrations  des  eaux  météoriques. 

C'est  ainsi  qu'en  un  des  tumulus  de  Tirlemont,  on  avait 
accumulé  au-dessus  du  caveau  un  grand  nombre  de  blocs 
de  grès  (i)  ;  les  constructeurs  de  la  tombe  d'Herbays 
avaient,  dans  un  but  analogue,  étendu  sur  le  couvercle  du 
coffre  tumulaire  une  couche  d'argile  de  0^10  d'épaisseur, 
recouverte  d'un  cailloutage  formé  de  chaux,  de  cailloux 
et  de  débris  de  carreaux  et  de  tuiles  (2);  à  Herstal,  pour 
faire  mieux  encore,  l'on  avait  fait  usage  d'une  lourde 
couverture  en  tuiles  ,  formée  d'une  vingtaine  de  tegulae 
et  d'imbrices  (3). 

Mais,  sous  la  pression  des  terres  et  à  la  suite  de  la 
destruction  des  parties  ligneuses  du  couvercle  protecteur, 
cette  couverture  finit  par  s'effondrer,  entraînant  avec  elle 
les  terres  dont  le  caveau  fut  trouvé  entièrement  rempli 
lors  de  la  découverte  et  qui  écrasèrent  la  plupart  des 
objets  qui  se  trouvaient  placés  vers  le  centre  de  la 
sépulture. 

C'est  de  cette  couche  de  terre,  mélangée  de  cendres  et 
de  débris  de  tout  genre,  que  furent  exhumés,  sans  qu'il  fût 
conservé  aucun  souvenir  certain  de  leur  position  respec- 

(  1  )  Annales  de  la  Société  d'archéologie  de  Bruxelles,  t.  IX,  p.  448. 

(2)  J7)îW.,  t.  Xlir,  p.  203. 

(r,  )  On  a  également  signalé  la  découverte  de  tuiles  dans  une  des 
tombes  de  Niel  (S'-Trond),  ainsi  que  dans  le  tumulus  de  Temploux, 
sépultures  qui  ont  en  même  temps  révélé  la  présence  de  pierres  en 
couches  horizontales  [Bull,  des  Comm.  roi/,  d'art,  et  d'archéoL,  t.  IV, 
p.  396;  Ann.  de  la  Société  archéologique  de  Namur,  t.  V,  p.  189). 


-  171  — 

tive  au  fond  de  la  fosse  sépulcrale,  les  nombreux  objets 
qui  constituent  la  trouvaille  de  Herstal  et  dont  nous  com- 
mençons la  description. 

A.  —   Objets   en  métal. 

I.  —  Oenochoé  en  bronze  doré  (d),  à  panse  basse,  s'éva- 
sant  vers  le  dessus,  munie  d'un  large  goulot  à  bec  tréflé  ; 
ce  gracieux  vase  est  pourvu  d'une  anse  relevée  et  fine- 
ment moulurée,  se  terminant  par  une  espèce  de  cartel, 
orné  d'une  figure  en  relief  représentant  un  amour  nu, 
dansant  et  étendant  des  deux  mains  au-dessus  de  sa  tête 
une  bandelette  (2).  Hauteur  :  0™15  (avec  l'anse:  0'"19); 
largeur  à  la  naissance  du  goulot  :  O'^U.  PI.  b,  fig.  1 
et  1^'^ 

Par  sa  forme,  l'oenochoé  de  Herstal  rappelle  celle  d'un 
des  tumulus  de  Tirlemont  (3),  dont  elle  ne  diffère  que 
par  ses  dimensions  un  peu  moins  fortes,  ainsi  que  par  la 
décoration  de  son  anse. 

Un  vase  du  même  genre  et  provenant  d'un  des  tumulus 


(  «  )  On  connaît  l'emploi  fréquent  de  la  dorure  par  les  Romains 
pour  rehausser  la  valeur  des  objets,  en  bronze  notamment.  Cf. 
Pline,  Hist.  iVai.,  XXXIII,  19  et  M;  Cicéron, Ferr.,  II,  %  iil,  §50; 
Ammien  Marcellin,  XIV,  6,  8  ;  Winckelmann,  Baukunst  der  Alten, 
II,  §  23,  p.  121  ;  D^  L.  Lersch,  Apollon  der  Heilspender  (Festpro- 
gramm  zù  'Winckelmann' s  Geburtstage  am  9  Dez.1847),  pp.  6-7. 

(2)  Cette  figuration  d'amours  ne  se  retrouve  pas  uniquement  à 
l'époque  romaine,  mais  est  très  fréquente  sur  les  monuments  de 
l'ancien  art  grec  et  étrusque.  \'oy.  notamment  De  Meester  de 
Havestein  ,  Catalogue  descrijHif,  t.  I,  p.  544,  n°  82  (miroir  de 
Préneste)  ;  ibid  ,  t.  III,  p.  430,  n"  822^  (boîte  de  miroir  grec),  etc. 

(3)  Annales  de  la  Soc.  d'archéol.  de  Bruxelles,  t.  IX,  pp.  430-431, 
pi.  XXV,  fig.    1. 


—  172  — 

de  Cortil-Noirmont  (i)  fait  partie  des  collections  des 
Musées  royaux:  des  arts  décoratifs  el  indiislricls,  an  parc 
du    Cinquantenaire  à   Bruxelles, 

Des  oenochoés  du  même  type  ont  également  été 
retrouvées  dans  les  tumidus  de  Bartlow-Hills  (Angle- 
terre) (2). 

Ij^  _  Buire  en  bronze  étamé  ou  argenté  (3),  à  col 
allongé,  goulot  lond,  avec  large  embouchure  (O^iOS  de 
diam.)  et  panse  ovoïde  unie.   Hauteur  :  0'"32.  PI.  b,  lig.  2. 

L'anse  tridigitée  (fig.  2^'^),  qui  ornait  primitivement 
ce  vase,  est  très  élégante  et  se  termine,  à  sa  partie  infé- 
rieure, par  une  curieuse  tête  humaine  en  relief,  avec 
abondante  chevelure   bouclée. 

Cette  anse,  très  soignée  au  point  de  vue  de  l'exécution, 
tout  comme  celle  du  vase  précédent  du  reste,  rend  la  buire 
de  Herstal  très  intéressante.  L'anse,  il  est  vrai,  est  la  par- 


(i)  Musées  royaux  du    Ciiiquantenaiie,    n"  34:^5-4  de  l'inventaire 

général. 

(i)  ArrJiœologia  (Londres\  t.  XXV,  p.  8,  pi.  ii,  fig.  11;  t.  XXVI, 
p.  303,  pi.  xxxni,  fig.  1,  et  pi.  xxxiv;  t.  XXVIII,  p.  %  pi.  i,  fig.  1  ; 
l.  XXIX,  p.  3,  pi-  I,  fig-  ^-  Cf.  encore  sur  vases  de  ce  genre  :  Dom 
Bernard  de  Montfaucon,  L'Antiquité  expliquée  et  représentée  en 
fîf/iires.  i.  II,  pi.  rvi,  fig.  5;  t.  III,  pi.  lxxhi,  p.  144;  Begerus,  Themunis 
Begiiis  et  Electoral is  Brandenbnrgiciis.  t.  III.  p.  3^2  («  Epichysi^ 
aerea  »)  ;  Westdeutsche  Zeitschrift  fur  Geschichte  itnd  Kunst,  t.  XVI, 
p.  349,  pi.  XVI,  fig.  3;  Catalogue  de  V Exposition  rétrospective  de 
Fart  français  jusqu'en  1900  (Exposition  de  Paris),  p.  45,  n°  286,  eîc. 

(:,  )  Stannum  illitum  aeneis  rasis,  saporein  gratiorein  facit  et  coni- 
pes-cit  aeruginis  virus  :  mirumque,  pondus  non  auget...  Album  incoquitur 
aereis  ojeribus  Galliarum  invento,  ita  utvix  disrerni  possit  ab  argento, 
eaque  incoctilia  vocant...  Pline,  Bist.  Nat.,  XXXlV,4-8.  Ce  passage 
caractéristique  résume  tout.  U.  encore  sur  l'étamage  des  objets  en 
bronze:  Cochet.  La  Normandie  souterraine,  p.  80;  Férue  d'histoire 
et  d'archéologie,  t.  T,  p.  273  ;  D'  I.ersch,  op.  cit.,  p.  S. 


J^J.A.NCJIK    j; 


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Kelic'lle  : 
-/3  graiuleur  naturclJc. 


—   173    - 

lie  des  vases  à  laquelle  les  sculpteurs  ou  ciseleurs  anciens 
semblent  de  préférence  avoir  voulu  consacrer  leur  talent  (i). 

Une  buire  à  peu  près  identique  et  provenant  du  tumulus 
de  Berg  (Tongres)  (2)  a  permis  de  i-cconsliluer  la  lorinc 
du  vase  de  Herstal  que  la  pression  t]o>  \ovves  a  complè- 
tement écrasé. 

Deux  autres  bu  ires  du  même  >^onre  ont  également  été 
recueillies  en  Ilesbaye,  l'une  dans  les  fouilles  de  Fresin  (3), 
l'autre  dans  la  Bortombe  de  Walsbetz  (4)  ;  la  première  pré- 
sente toutefois  celte  particularité,  qui  manque  aux  deux 
auti-es,  que  son  col  s'évase  vers  la  partie  inférieure. 

Iles  buires  analogues,   mais  plus  petites,  ont  également 

(i)  Pline,  Hist.  2V«^,  XXXIII,  53  et  55.— L'ornementation  des  anses 
de  vases  varie  à  l'infini.  Voyez,  sur  quelques  variétés  typiques  :  de 
MoNTFAUcoN,  0/}.  Cit.,  t.  III.  pi.  Lxxxiv  ;  Baccoltci  cU  vcisi  antichi,  t.  VI, 
pi.  !21  ;  DE  Caylus,  Recueil  (V antiquités  égyptiennes,  étrusques,  grecques, 
romaines   et  gauloises,  t.   I,   pi.   c,   fig.  1;  t.  II,  pi.  ci,  fig.  1;   t.  III, 
pi.  Lxxxvn,  fig.   1,  2.  3,  4  ;  pi.  cxii,  fig.  1,  2;  1.  IV,  pi.   lxxxiv,  fig.  1, 
3;  t.  V,  pi.  Lxxxix,  fig.  3,  4,  5,  6,  7  ;  t.  VII,  pi.    Lvni,fig.  1,  2,  3,  4; 
pi.  LXi  ;  Maréchaf,,  Antiquités  il' Herculanum,  i.  VII,  pi.   xi.vi  et   Lxn  ; 
Grivaud  DE  LA  ViNCELLE,  Arts  et  métiers  des  anciens,  pi.  lxui,   lxiv, 
LXivbi^  xci  (fig.  2)  et  c,   fig.  2ô  ;  Recueil   de   monuments  antiques,  la 
plupart  inédits,   découverts  dans  V ancienne  Gaule,   p.    117,   pi.  xiv, 
fig.  1,  2;  0.  Jahn,  Ornements  de  Poinpéi,  t.  III,  pi.  xxxvin;  de  Meester 
DE  Ravesteix,  Catalogue  descriptif,  1. 1,  n°^  741  à  762  ;  t.  III,  741  a.  743a; 
F.  l.iÉ.N\\RD.  Arcliéologie  de  la  Meuse,  t.  I,  pi.  xxvH,fig.  4;  Westdeutsche 
Zeitscltrift  fiir  Geschichte  und  Kunst,  t  XIV,  p.  389,  pi.  xvni,  fig.  1  ; 
Houx  et  Barré,  Hercnhumm  et  Pompéi.  l.  VI.  pi.  7G,  79,  80,  81,  82,  83. 
Jahrbûcher  des  Vereins  ron  Alterthumsfreunden  ini  Rheinlattde,  t.  IV, 
p.  193,  pi.  v,  fig.  3  et  4;  Museo  Borbonico,  t.  II,  tav.  47;  t.  III,  tav.  47  ; 
t.  IV,  tav.  43;  Museo  Gregoriano,  tav.  G,  8,  58;  Antich.  d'Ercnlano, 
t.  VIII,  tav.  53;  etc.,  etc. 

(-2)  Collection   Huybrigts  ;i  Tongres  et  Bull,  de  tu  Soc.  scient,  et 
littér.  du  Limh.,  t.  XVII.  p.  42. 

(3)  Bull,  des  Coinm.  rog.  d'art  et  d'ar(;héol.,i.  If,  }).  129,  pi.  m,  fig.  2t 
et  24iJi.s. 

(4)  Ibid.,  t.  III,  p.  299,  pi.  ni,  fig.  5. 


été  retrouvées  en  des  sépultures  ordinaires,  à  Poulseur(i) 
et  à  Fall-Mheer  (  Limbourg)  (2). 

III.  —  Vase  en  bronze,  avec  anse  mobile,  en  l'orme  île 
seau,  à  goulot  rond,  avec  rebord  aplati,  garni  d'oves.  Hau- 
teur :  0'"16  (0'"27  avec  l'anse  levée)  ;  diamètre  dans  sa  plus 
grande  largeur  :  0'"12  ;  poids  :  2'' 800  (Planche  G). 

La  partie  supérieure  de  l'anse  est  décorée,  de  chaque 
côté,  d'un  personnage  (hermaphrodite?)  nu,  ayant  les 
cheveux  réunis  sur  la  tête  et  liés  en  toutïe  sur  l'occiput 
{cirrus  inverlicé);  les  extrémités  de  l'anse,  recourbées  en 
crochet  et  terminées  par  une  espèce  de  gros  bouton,  abou- 
tissent dans  deux  oreillettes  massives,  formant  mascarons, 
autrefois  soudées  au  haut  du  vase,  près  de  son  orifice. 

La  panse  du  vase,  ornée  de  superbes  reliefs,  se  compose 
de  deux  parties  (ou  registres)  séparées  par  une  rainure 
circulaire  en  biseau. 

Sur  le  registre  inférieur,  le  plus  intéressant  des  deux, 
se  trouvent  reproduites  en  relief  les  quatre  scènes  sui- 
vantes : 

On  y  voit  d'aboi'd  un  personnage  barbu,  debout  de  face, 
dans  l'attitude  de  la  méditation,  la  poitrine  découverte,  le 
reste  du  corps  drapé  dans  un  large  manteau,  espèce  de 
pallium;  le  bras  droit,  avec  un  volwnen  à  la  main,   est 


(i)  Musée  de  Liège;  Bovv,  Promenades  historiques  dans  le  pays  de 
Liège,  t.  II,  p.  153,  planche,  fig.  3,  a,  b,  c,  d. 

(9j  Bull,  delà  Soc.  scient. et  littér.  du  Limbom-g,  t.  IX,  p.  320. 

Voyez  encore  sur  les  buires  de  ce  genre:  he  Montfaucon,  op.  cit., 
(Supplément)  t.  II,  pp.  59  et  suiv.,  pi.  xni,  xv  et  xvi  ;  t.  III,  p.  151, 
pi.  LX.xxiv;  DE  Gaylus,  Recueil  d'antiquités...,  t.  I,  p.  '272,  pi.  n,  fig.  1  ; 
t.  II,  p  345,  pi.  XGix,  fig.  2;  t.  VI,  p.  273,  pi.  xxv,  fig.  5;  Antiquités 
d'HercuIanum  ..,  t.  VIII,  p.  49,  pi.  lxiii;  H\GEMX'SS,Un  cabinet  d'ama- 
teur Notices  archéologiques),  p.  3G2.  pi.  x,  fig.  G;  RaccoJta  di  rasi 
antichi,  t.  VI,  pi.  22  et  43. 


Planche  0, 


Kcliello  :   >  ,■  j;i-;iii(lc'ur  naturelle 


—  175  — 

allongé  el,  pdiulanl,  laiidisque  le  bra^i  gauche    ramené  sur 
le  devant  du  corps,  est  accoudé  à  un  bâton  noueux. 

Puis,  en  allant  de  gauche  à  droite,  on  distingue  un  per- 
sonnage, sous  les  traits  d'un  hornnne  Jeune,  imberbe,  d'al- 
lure vigoureuse.  Il  regarde  à  gauche,  a  la  poitrine  nue  et 
les  autres  membres  enveloppés,  comme  le  précédent,  d'un 
ample  paUiain,  dont  il  retient  les  plis  de  la  main  droite  ;  sa 
main  gauche  s'appuie  sur  un  bâton  tortu,  recourbé  à  son 
extrémité  à  la  façon  d'un  jjedum  ;  à  côté  du  personnage,  à 
droite,  un  grand  panier  rempli  de  volumina  ou  rouleaux 
manuscrits;  un  peu  plus  haut,  un  volumen  déroulé;  à  la 
hauteur  de  ce  dernier,  à  gauche,  un  objet  indéterminé. 

Vient  ensuite  un  homme  d'âge,  barbu,  debout,  vu  de 
face,  enveloppé  de  son  manteau  qu'il  retient  de  la  main 
gauche,  tandis  que,  de  la  droite,  il  porte  un  volumen. 

Le  dernier  groupe  représente  un  vieillard  à  l'occiput 
dénudé,  -à  longue  chevelure  retombant  sur  les  épaules  et 
longue  barbe  flottante.  Vêtu,  comme  l'autre,  d'un  ample 
pallium,  il  porte  un  doigt  de  la  main  droite  au  menton 
comme  pour  méditer  et  tient  sur  l'avant-bras  gauche  un 
objet  oblong  et  épais,  indéterminable.  A  sa  droite,  à  la 
hauteur  de  la  tète,  une  espèce  de  mallette  d'écolier  avec 
menotte  {capsulai);  à  ses  pieds,  à  gauche,  une  corbeille 
ou  hotte  tressée  [capsa)  remplie  de  volumina;  au-dessus 
de  celle-ci,  un  objet  vague,  dans  lequel  a  été  reconnu  un 
portrait  {imago);  plus  bas,  suspendu  à  un  détail  d'orne- 
mentation, une  outre  ou  besace. 

Ces  différents  personnages  sont  séparés  par  des  motifs 
de  décoration  :  deux  socles  carrés  surmontés  chacun  d'un 
vase  monumental  avec  couvercle,  deux  candélabres  énormes 
à  trois  branches  réunis  entre  eux  par  des  draperies  orne- 
mentales (aulea). 

Sur  le  registre  supérieur,  qui  sert  de  trise,  se  déroulent, 
fondues  et  ciselées  dans  la  masse,  quatre  scènes  erotiques  : 


—  176  — 

des  personnages  nus,  iKjmines  et  lenimes,  par  groupe  de 
deux,  entrelacés  ou  couchés  côte  à  cote,  s'y  livrent  à  la 
débauche  la  plus  effrontée.  La  pose  de  ces  personnages 
rend  clairement  l'idée  qui  a  inspiré  l'auteur  de  ces  sculp- 
tures et  dispense  de  toute  description  détaillée  (i). 

Sous  le  pied  du  vase,  pied  de  forme  conique,  c'est  à 
dire  s'évasant  vers  le  bas,  trois  lilets  concenti-iques  (2). 

D'après  une  interprétation  fort  ingénieuse  de  M.  le 
professeur  J.  E.  Demarteau,  qui  a  consacré  au  vase  de 
Herslal  une  étude  aussi  savante  qu'intéressante  (3),  il  y  a 
lieu  de  voir  dans  les  quatre  personnages  graves  et  austères, 
des  philosophes  et,  plus  positivement,  quatre  docteurs  ou 
théoriciens  de  l'école  hédonique,  entourés  de  symboles 
parlants. 

Dès  lors,  la  représentation  des  quatre  scènes  erotiques, 
reproduisant  un  sujet  en  contradiction  flagrante  avec  les 
groupes  sévères  du  bas,  s'explique  aisément  :  Tune  fait 
suite  à  l'autre.  En  créant  ces  figures  lascives,  s'adonnant 
sans  honte  aux  plaisirs  sensuels,  l'artiste  païen  a  eu  pour 
unique  but  de  traduire  objectivement,  c'est-à-dire  au  moyen 
de  types  «  vivants»,  ces  doctrines  hédoniques  ou  du  Plaisir 

(t)  Les  Romains  qualifiaient  ces  représentations  lascives  de  « /ièt- 
dmes)>ou  de  «  sjorniAr <Vire  »  (azLv9r,p  =  étincelle,  trait  brûlant);  les 
Grecs,  usant  d'un  qualificatif  plus  énergique  encore,  les  appelaient 
«  gryJli  »  saletés  (vpOXXoç  =  porc).  C'est  à  l'envi  cependant  que  les 
auteurs  anciens  se  sont  plu  à  décrire  ces  scènes  impudiques  et 
graveleuses,  le  stigmate  de  l'antique  monde  païen.  Parmi  les  Grecs, 
Aristide  {Miles laques),  Ctiariclès  et  Callicratidas,  Pausanias,  Nico- 
ptianès  (Athénée,  XIII,  11)...;  parmi  les  Latins,  Lucrèce,  Ovide, 
Perse,  Martial,  Juvénal... 

(2)  Ce  fait,  observé  pour  presque  tous  les  vases  en  bronze,  dé- 
montre leur  fabrication  au  tour  en  l'air. 

(ô)  Bull,  de  rinst.  archéol.  ^/>V-.  t.  XXIX,  pp.  41-63.  C'est  à  cette 
étude,  à  laquelle  nous  renvoyons  le  lecteur,  qu'ont  été  empruntés 
les  détails  ci-dessus. 


—   177   — 

i|LU'  professaient  un  peu  parloul,  lanl  en  Grèce  ([u'à  llonie, 
les  disciples  d'Aris'ippe  ou  ceux  d'Epicure. 

A  raison  du  sujet  Iraité,  une  conception  expressive  el, 
directe  d'une  théorie  philosophique,  oii  se  i-etlèle  la  vie 
intime  de  Rome  même,  comme  aussi  de  la  richesse  de  la 
décoration,  le  vase  de  Herstal  a  été  considéré  comme  un 
produit  original  de  l'art  romain  proprement  dit  (  i  ). 

Sa  facture  ne  présente  cependant  rien  de  bien  particu- 
lier :  comme  la  plupart  des  vases  de  ce  genre,  il  a  été 
coulé  à  cire  perdue  sans  même  avoir  subi,  sembl(>-l-il,  une 
retouche  ou  ciselure  postérieure. 

Semblable  objet  n'aurait-il  donc  pas  pu  être  créé  pai-  ce 
«  petit  art  gaulois  ».  dont  le  foyer  paraît  avoir  existé  dans 
le  midi  des  Gaules,  probaljlement  aux  environs  de  Bor- 
deaux (2)  ou  de  Lyon  et  qui  a  l'empli  d'œuvres  remar- 
quables les  provinces  les  phis  lointaines  de  l'cmi^ire  des 
Césars,  voire  même  notre  pays  (3)? 

Simple  question,  car  il  n'entre  pas  dans  le  cadre  ibi 
présent  travail  de  chercher  à  déterminer  et  à  localisci' 
Tindustiâe  qui  a  produit  le  vase  de  Herstal  ;  c'est  à  une 
étude  raisonnée  et  comparative  qu'il  appartient  de  pré- 
senter la  solution  de  ce  problème. 


()  )  UuUetin  deVlnstiiiit  archêoUKjique  livyeois,  t.  XXIX,  p.  ii. 

(■i)  Publications  de  la  Soc.  archéol.  de  Bordeaux,  t.  Vil  (1880), 
p.  49;  Mémoires  delà  Soc.  impériale  archéol.  dn  midi  de  la  France 
(Toulouse),  t.  VIII,  p.  23  (industrie  des  lampes  en  bronze). 

(3)  Ce  sont  des  spécialistes  de  cet  art  gaulois  qui  vinrent,  dans  nos 
contrées,  implanter  l'industrie  de  ces  curieuses  fibules  émaillées, 
dont  l'Entre-Sambre-et-Meuse  parait  avoir  monopolisé  la  fabrica- 
tion. C'est  à  ce  même  art  encore  qu'il  faut,  sans  doute,  rattacher  tel 
artiste  local  dont  on  a  retrouvé  l'atelier  et  même  des  œuvres  curieuses 
dans  les  dépendances  de  l'opulente  villa  belgo-roniaine  d'Antliée 
{Ann.  de  la  Soc.  archéol.  de  li'atniir,  t.  XV,  p.  30)  et  tel  autre 
fondeur  auquel  on  a  attribué  certaine  statuette  de  la  Fortune, 
exhumée  à  Namur  {ibid.,  t.  XIV,  p.  4)..., 


—  178  — 

On  se  demandera  à  quel  usage  a  pu  sei'vir  le  vase  de 
Herstal.  Etait-ce  un  vase  à  parfums,  à  encens,  à  eau 
lustrale,  à  huile  ou  simplement  un  récipient  sans  destina- 
lion  bien  déterminée  ? 

Tels  ont  prétendu  que  certains  vases  en  bronze  retrouvés 
en  des  sépultures  avaient  contenu  des  parfums  ou  liqui- 
des odoriférants  :  ainsi  des  vases  de  Poulseur  (i)  et  de 
Tongres  (:2)  ;  on  a  même,  pour  défendre  semblable  thèse, 
accumulé  de  nombreux  textes  anciens  relatifs  aux  détails 
des  cérémonies  funèbres. 

Mais  s'est-on  jamais  demandé  si  ces  parfums  ou  ces 
liquides  odoriférants  et  le  bronze  sont  bien  compatibles  ? 

Les  passages  de  Cicéron  (5),  d'Ovide  (4),  de  Martial  (5), 
de  Pline  (6),  de  Tacite  (7),  etc.,  qui  ont  été  commentés, 
n'ont-ils  pas  été  aussi  trop  généralisés?  Lorsqu'il  s'agit  de 
sépultures  d'hommes,  dûment  caractérisées,  comme  c'est 
le  cas  à  Herstal,  n'est-il  pas  prudent  de  ne  pas  trop  insis- 
ter sur  cet  usage  de  parfums,  ces  derniers  se  trouvant, 
d'après  le  comte  Gonestabile  (8),  mieux  à  leur  place  en  des 
tombeaux  de  femmes  ? 

La  présence  dans  le  vase  de  Tongres  d'une  petite  cuiller 
en  bronze  et  la  découvei-te  dans  la  sépulture  de  Herstal 
d'un  instrument  identique,  peut-être  même  déposé  à  côté 
du  vase,  peuvent  être  citées  à  l'appui  de  l'opinion  d'après 
laquelle  ces  vases  auraient  servi  à  contenir  ou  l'encens,  ou 

(  I  )  BovY,  Fromenade.-i  historiques,  i.  11.  p.  loi). 

(-2)  Bull,  delà  Soc.  scient,  et  lilfér.  du  Limboury^  t.  XVII,  p.  i(j  ; 
t.  XVIII,  p.  39. 
(r,)  Leg.,II,  '1\. 

(4)  Fast.,  II,  vers  533  à  570;  Tkist.,  111,  13,  SI. 
(0)  Epigr.,  X.,97. 
(e)  Hist.  Nat.,  Vil,  04  ;  XUl.  1 

(7)  Deiiior.  Gernian..  xxvii  ;  Ann.,  111,  i2. 

(8)  Rerue  nrchéolo;/i(/uc,  L  V  (nouvelle  série),  j).  ilS'i. 


—  179  — 

les  grains  di'  inyrrlie,  ou  les  autres  aroinales  que  les 
anciens,  d'après  leurs  rites  funéraires,  répandaient  sur 
l'autel  qui  brûlait  à  cùté  du  cadavre  pendant  la  crémation... 

Pour  le  vase  de  Herstal,tout  au  moins,  le  caractère 
licencieux  de  celui-ci  exclut  d'avance  cette  attribution. 

Vacei'ra  classique,  vraie  boîte  à  encens,  était,  au 
reste,  généralement  carrée  ou  rectangulaire  (i),  parfois 
même  triangulaire  (2),  r;u'ement  en  forme  de  silella 

Faut-il  dès  lors  admettre  que  le  vase  de  Herstal  eût  été 
destiné  à  contenir  l'eau  lustrale,  dont  on  connaît  le  rôle 
dans  les  sacrifices  qui  accompagnaient  les  cérémonies  fu- 
nèbres (3)  ? 

On  invoquera,  à  ce  propos,  l'autorité  du  savant  comte 
de  Caylus  qui,  sans  hésiter,  a  pris  pour  tel  un  vase  anse 
que  renfermait  son  cabinet,  et  en  a  jugé  l'emploi  trop 
connu  pour  consacrer  dans  son  Recueil  (4),  le  moindre 
commentaire  à  cet  objet. 

On  fera  valoir  ensuite  la  forme  du  vase,  forme  parfaite- 
ment appi'opriée  à  pareil  usage,  ainsi  que  les  nombreux 
monuments  antiques  reproduisant  ce  type  de  vase  parmi 
les  ustensiles  du  culte  (5). 


(i)  HiCH,  Dictio)tiiaire  des  a>itt\jiiitéti  greajucs  ef  roiiiahies.  [>.  70, 
v  AcERBA  ;  Daremberu  et  Sagliu,  Diction.,  p.  "Ji',  v°  Agerra. 

(2)  DE  Caylus,  Recueil  (V antiquités,  i    I,  p.  iJ3i,   pi.  xcii,  lig.  "J. 

(3)  ViBG.,  Aen.,  VI,  vers  !227  et.  suiv.  ;  Oviije,  Pontiques,  III,  2,  vers 
73,  etc. 

(4)  DE  Caylus,  ojj.  cit.,  i.  VI.  p.  3();>. 

(.">)  Voyez,  pour  ne  citer  que  trois  e.ve.nples  :  Antiquités  d'IIercula- 
num,  t.  Vit,  p.  35,  pi.  xc  ;  Montfaucox,  op.  cit.,  t.  V,  pi.  cgiv,  fij.:.  3  ; 
Roach  Smith,  Collecfanea  antiqua,  t.  V,  p.  88,  fig.  2  (l)as-reliefs  de 
l'arc  de  triomphe  de  Seplime  Sévère,  à  Home,  etc. 

Particulièrement  intéressante  est  certaine  statuette  de  Porlici  re- 
présentant un  jeune  prêtre,  la  tète  ceinte  d'une  bandelette,  tenant  <\v 
la  main  droite  un  aspersoir,  de  l'autre,  par  son  anse,  un  seau  carac- 
éristique  (Antiquités  d'Herculanu7n,  i.  III,  pi.  cxi,  p.  171). 


—   180  — 

Par  ses  dimensions  el  sa  slrucUire,  le  vase  de  Herstal 
ne  se  prête,  en  effet,  ni  à  puiser,  ni  à  verser,  ce  qui  em- 
pêche d'y  voir  un  de  ces  objets  d'usage  domestique, 
généralement  dénoiimiés  «  hj/dria  »  ou  «  situhis  »  ou 
«  sitiila  ». 

Ici  encore,  le  caractère  essenliellement  licancieux  du 
vase  ne  peut  s'accorder  avec  le  rôle  sacré  d'objet  du  culte 
(ju'on  voudrait  lui  imposer. 

D'où  une  Iroisième  hypothèse,  née  de  la  découverte, 
dans  la  sépulture  de  Herstal,  de  deux  strigiles  ;  cela  ferait 
rentrer  le  vase  dans  la  catégorie  des  ustensiles  de  bain. 

Sa  décoration  obscène,  loin  de  contredire  seujblablc 
attribution,  la  renforce  au  contraire... 

N'était-ce  pas  dans  les  bains  que  libre  cours  élaiL  donn(.^ 
à  ces  orgies  dont  parle  .luvénal  {Sat.,  VI,  42'i),  que  régnait 
ce  dévei'gondage  signalé  par  Sénèque  {Epist.,  56,  122),  que 
s'étalaient  tous  les  vices  de  la  luxure  la  plus  etfrontée  (d)  ? 

Ceci  se  passait  dans  les  bains  publics  ;  qu'était-ce  donc 
dans  les  bains  privés,  où  ne  pénétrail  pas  l'indiscrétion  du 
dehors  ? 

Les  scènes  erotiques  et  lascives  du  vase  de  Herstal,  sym- 
bolisent-elles auti'e  chose  que  cette  dépravation  éhontée 
ou  cette  recherche  ai'dente  des  plaisirs  charnels,  que  l'école 
hédonique  non  seulement  tolérait,  mais  suscitait  même  ? 

Déterminer  (run(,'  l'aron  certaine  et  précise  ce  (ju'était 
destiné  à  contenir  ce  vjisc,  n'est  guèi'e  [iossil»l(\ 

On  s'arrêtera  cependant  volontiers  à  l'idée  d'un  df  ces 
l'écipients  dans  lcs(|uels  les  anciens  portaient  au  bain  l'Iiuile 
qu'on  versait  sur  le  strigile  pour  en  lubritier  les  boi'ds  et  en 
adoucir  les  effets,  ou  encore  l'huile  parfumée  dont  ils  se 
h'ottaient  le  corps  après  le  bain. 

(i)  Ammien  Marcellin,  28,  4;  Cyprian,  De  vii-i/in/o»  Jiahltn  (éd. 
Paris,  1720,  fol.),  p.  179;  etc.,  etc. 


—  181   — 

Les  vases  de  ce  genre  sonl  suffisaminenl  connus  el 
anbctent,  le  plus  souvent,  la  lormc  d'une  lètc  humaine  ou 
(Tanimal  (-i). 

Mais,  indépendamniL'iil  de  riiiiik',  les  baigneurs  faisaient 
encore  usage  d'autres  matièi'es,  de  détersifs  par  exemple. 

Oi',  comme  détersifs  —  nous  ne  parlerons  pas  ici  du  savon 
(sapa)  (2) —  les  anciens,  au  dire  d'Athénée,  se  servaient 
d'une  espèce  de  terre  argilo-tM'étacée  qu'ils  .-illongeaienl 
d'eau  pour  s'en  frotter  la  [icau. 

Le  vase  de  Hei'stal  n'aurait-il  donc  pas  été  destiné  à  con- 
tenir un  produit  de  ce  genre,  dénommé  par  les  Grecs 
«  pù[i[j.a  »  d'une  Jaron  générale  (3)  et  qu'on  on   aurait  retiré 


(1)  Sur  celte  clasf;e  (rol),jels  lorl  noinlireiix,  on  peut  coii-iillfr  : 
DE  Caylus,  Recueil  (/'(nit/qidfés,  1. 1,  |  1.  i.xxxv,  1';  1. 111,  |)l.  xxvi,  "i:  t.  V, 
pi.  Lxxv,  2  ;  t.  Vf.  pi.  Lxxxix,  I  ;  ue  AlEEriTER  DE  IIavestein,  Cutulof/tie  des- 
criptif, t.I,  p.492eLsLiiv.,u"'734,  737,  738;  Gazette archéologiqite.lS79, 
11.84,  pi.  \"2;  Friedrichs,  Kleinere  Kunst  und  Industrie  i m  AJterthmn , 
Vasen  in  Forin  von  Kopfen,  n"^  1564  et  suiv.;  A.  de  Longpérier,  Notice 
des  bronzes  du  Louvre,  u"  620;  Vers/arye».  en  mededeeJingen  der  Koni nly- 
Ujke  Akademie  van  Wetensclmpj^en  y  \ni?>ievù^.m),  ;')<"  Reel<«,  i)eol  11. 
pi.  1. 

(2)Lesf//jiodesanciensne  correspondait  nullement,  comme  emploi,  à 
notre  savon  moderne  Venu  des  Gaules,  de  la  Balavie  ou  de  la  Ger- 
manie et  introduit  à  Rome  dès  le  temps  de  Caton,  les  Romains  l'appe- 
lait encore  «  spuma  batavn  »  ou  «  caiistica  spuma  »  (  Marx.,  Epiçp-.,  b^ 
33,  20  et  14,  26)  et  l'employaient  comme  caustique,  jjour  donner  à  la 
chevelure  une  teinte  Monde.  Voy.  encore  Pline,  Hist.  Nat.,  XXVFII, 
51,2;  S.  Beck.mann,  Geschiclite  der  Erfindun(jen,  t.  IV,  pp.  5  et  suiv.  ; 
Marquardt,  HandhucJi  der  )-(h)uf!ehe))  AlterfJiiimer,  Dus  Prirafleben 
der  Rômer,  t.  VII,  p.  764. 

(5)  Toû  SI  paXavéwç  èv  KapSîqt  pùjxfxa  yr,v  [jioy_8-/)pàv  y.n'.  GStop  {iX[xup6v 
-apéx^ovTOÇ"  «  IloXiEpxeTaÔai  à'tp/j  xaLxàyr,M  xa£  xatà  BâXaxTav  »  (Un  baigneur 
lui  ai/ant  donné  à  Cardie,  en  guise  de  détersif,  de  la  mauvaise  terre  et 
de  Veau  salée:  ((Me  voilà,  dit-il,  attaqué  par  terre  et  par  mer»). 
Athénée,  EJusdem  facete  dicta  (éd.  Hubert),  p.  145. 

Quant  au  mot  f'J|JL[Jia  (t6)  (p'J-::Tw),il  s'employait  dans  deux  sens  bien 


—  182  — 

au  moyen  de  la  petite  cuiller  en  bronze  qui  a  été  exhumée 
en  même  temps  ? 

Ou  bien  faut-il,  avec  l'auteur  de  la  savante  notice  sur  le 
vase  de  Herstal  (i),  renoncer  à  donner  à  celui-ci  un  nom 
générique  et  le  considérer  comme  étant  un  de  ces  vases  en 
bronze  dans  lesquels  on  peut  mettre  de  tout,  comme  aussi 
n'y  rien  mettre,  si  l'on  veut  ? 
Au  lecteur  d'en  juger... 

On  ne  connaît  en  Belgique,  en-dehors  du  vase  de  Herstal, 
que  deux  autres  vases  on  bronze  (2)  avec  reliefs  :  l'un 
trouvé  à  Marche,  l'auti'e  à  Tongres. 

Le  vase  de  Marche,  dé- 
couvert vers  1880  aux  envi- 
rons de  cette  ville,  mesure 
0'"09  de  hauteur,  O'nQG  de 
(linmètre  au  col,  0""06  au 
vciilre  et  0'"07  au  pied.  Il  se 
dislingiK.'  pur  un  col  court, 
à  large  embouchure,  avec 
bords  rabattus,  ainsi  que 
par  une  panse  arrondie 
«  pomiforme))  décorée  de  hauts-reliefs  représentent  quatre 
amours  ou  génies  (le  même  sujet  répété  deux  fois) 
occupés  à  la  vendange  ;  des  ceps  de  vigne  chargés  de 
grappes  servent  de   décor  de  fond.  Les  anses,    au  nombre 


différents.  P assow  (Handbuch  der  Griechischen  SpracJieA.ll,  p.  859, 
V''  V'^p-iid,  en  donne  ces  deux  significations  bien  nettes  :  1°  Das  was 
vomReinigen,Waschen  oder  vomAbspûlen  ûbrigbleibl,Unreinigkeit, 
Schmutz  ;  2°  Reinigungsmittel,  Seife,  Lauge  u.  dgl. 

(i  )  Bull.  del'Inst.  archéol.  liég.,  t. XXIX,  p.  63. 

(2)  Catalof/ite  de  V  Exposition  de  l'art  ancien  au  pays  de  Liège  {Ï88l\ 
Haute  Antiquité,  p.  1-2,  n°  51  ;  Exposition  de  Bruxelles,  \888,  Classe  L 
Epoque  anté-romaine  et  belgo-ronmine,  p.  20,  n"  11. 


-   188  - 

do   (jualrc,   ont   la   forme  de    ceps  entrelacés   t'ormiml   la 
continuation  de  ceux  ligures  sur  la  panse  du  vase  (l). 
Le  vase  de  Tongres,  plus  récent  —  sa  découverte  ne 


remonte  qu'à  (juclqucs  années  —  mesure  0"'09  de  lianleur 


(Oïl  convient  de  signaler  ici  un  vase  à  reliefs  fort  peu  connu,  dont 
des  fragments  peu  considérables,  il  est  vrai,  furent  recueillis  lors  des 
fouilles  opérées  en  1876  par  feu  le  comte  G.  de  Looz-C.orsvvarem  dans 
un  des  tumulus  du  groupe  d'Omal  et  sont  décrits,  comme  suit,  par 
M.  Schuermans  dans  son  intéressant  article  sur  ces  fouilles,  dans  le 
journal  La  Meuse  n°  72  (24  mars  1876)  : 

(f  Vase  en  arç/ent  avec  incrustations  d'or  reiyrésentant  des  person- 
»  nages  dont  le  contour  se  reproduit  sur  la  paroi  intérieure  du  vase. 
»  Les  ^personnages  sont  d'un  charmant  dessin  qui  nesf  pas  encore 
»  reconnaissable  partout,  mais  qui  sera  étudié  de  plus  près  quand  les 
»  fragments  —  le  vase  est  réduit  malheureusement  en  débris  —  seront 
»  nettoyés  et  rapprochés.  A  première  vue,  ce  seraient  des  amours 
»  armés  de  lances  et  de  boucliers  ». 


—  184  — 

(0'"155  avec  anse  levée)  et  0'"12  de  diamètre  dans  sa  plus 
grande  largeur.  Identique,  comme  forme,  au  vnse  de 
Marche,  il  est  pourvu  d'une  belle  anse  ciselée  et  mobile, 
dont  les  extrémités  représentent  des  têtes  de  cygnes. 

Sa  surface  extérieure  est  ornée  de  reliefs  reproduisant 
(|ualre  scènes  (deux  fois  les  mêmes)  empruntées  au  culte 
liacliique.  Au  [lied  d'un  arbre,  à  branches  largement  éten- 
dues, brûle  nu  autel  vers  lequel  un  amour  ou  génie 
(Bacchus)  lend  une  grappe  de  raisin  et  sur  lequel  un  autre 
amour  (Cupidon)  verse  de  l'encens.  Plus  loin,  un  serpent, 
entouré  d'une  variété  de  fruits,  est  enroulé  autour  du  pied 
d'un  arbre,  à  côté  duquel  se  trouve  une  ruche  d'abeilles  : 
vers  ce  groupe,  un  des  génies  tend  son  thyrse  orné  de 
bandelettes  et  l'autre  son  arc  (i). 

Au  point  de  vue  de  la  façon  comme  de  la  conception  (les 
trois  sujets  traités  sont  allégoriques),  les  vases  de  Marche, 
deïongres  etdeHerstal  présentent  quelque  analogie  ;  mais, 
comme  genre,  le  premier  constitue  une  variété  à  part. 

Celui  de  Tongres  seul  appartient  au  même  type  de  vases 
que  celui  de  Herstal;  tous  deux  ont  la  même  forme  géné- 
rique d'anse  mobile,  ronde  et  recourbée  en  crochet  allongé  ; 
tous  deux  offrent  le  même  mode  d'attache  de  l'anse  à  la 
panse  au  moyen  de  chénisques  rapportées  et  soudées  ; 
tous  deux  sont  conçus  dans  les  mêmes  lignes,  mais  le 
premier  diffère  sensiblement  du  second  par  sa  forme  cylin- 
drique élancée  et  son  pied  plus  élevé. 

Sous  ce  rapport,  le  vase  de  Herstal  constitue  une  variété 
du  vase  de  Tongres,  variété  à  laquelle  appartient  également 
le  vase  déjcà  cité  du  comte  de  Gaylus(2),  dont  la  forme 
présente  la  plus  grande  analogie  avec  celui  de  Herstal. 

(i)  Bull,  de  la  Soc.  scie)it.  et  Utti'r.  du  Linihourg,  1.  XVII,   p    -iO, 
n»  15  ;  t.  XVIII,  pp.  39,  40. 
(î)  DE  Caylus,   Recueil  rVaiifiquités,  t.  VI,  p.  30"2,   \>\.   xcvi.   Pour 


—  185  — 

Le  vase  de  Tongres,  rehaussé  de  délicates  gravures  au 
trait,  l'emporte  toutefois  sur  ce  dernier  par  son  excellent 
état  de  conservation  dû,  paraît-il,  à  l'épaisse  couche  de 
cendres  au  milieu  de  laquelle  on  le  retrouva. 

Le  vase  de  Herstal,  au  contraire,  a  beaucoup  soullert  de 
son  long  séjour  en  terre.  Le  métal  en  s'oxydant  et  en  se 
tuméfiant,  a  empâté  les  sujets  en  relief,  dont  la  détermina- 
tion est,  par  ce  fait,  devenue  très  difficile.  Il  a,  au  surplus, 
avant  d'avoir  été  déposé  dans  le  caveau,  dû  servir  pendant 
d'assez  nombreuses  années,  comme  le  prouvent  les  traces 
évidentes  d'usure  qu'il  porte  aux  oreillettes  (i). 

Ce  vase  n'en  reste  pas  moins  un  des  meilleurs  bronzes 
qu'aient  révélé  nos  fouilles  belges,  une  des  plus  belles  pièces 

tout  décor,  ce  vase  ii'csl  orné  à  la  panse  que  de  quatre  mascarons 
représentant  le  premier  une  tète  de  «  Barbare  »,  les  trois  autres  des 
têtes  de  femmes.  L'anse  est  couronnée  par  une  tête  d'cc  Apollon»  ou 
du  «Soleil»  et  se  termine,  de  ctiaque  côté,  par  une  tête  humaine  barbue 
que  l'on  a  présentée  comme  étant  celle  de  Jupiter.  Détail  curieux  : 
les  dimensions  de  ce  vase  sont  à  peu  près  celles  du  vase  de  Herstal  ; 
hauteur  :  O^ld  (Û'"23  avec  l'anse  levée)  ;  largeur  :  0'"1U. 

Il  a  paru  utile  de  mentionner  encore  ici  certain  vase  en  bronze 
découvert  en  1832  dans  un  des  tumulus  des  Bartlow-Hills  (comté 
d'Essex,  Angleterre).  Il  a  la  panse  arrondie  des  vasesde  Marche  et  de 
Tongres,  le  même  goulot  court  et  large  et  présente  le  même  mode 
d'attaclie,  au  moyen  d'oreillons-appliques,  de  son  anse  mobile,  de 
forme  rectangulaire  celle  fois.  Sa  panse,  au  lieu  d'être  décorée  de 
sujets  en  relief,  est  garnie  d'une  douhle  bande  d'émail  bleu  sur 
chacune  desquelles  serpente  une  branche  brun-rouge  avec  feuilles 
vertes  entrecroisées.  Ces  bandes  sont  séparées  par  un  bandeau  con- 
tinu verJâtre  et  sont  accompagnées,  haut  et  bas,  d'une  suite  de  dents 
de  scie  de  couleurs  variées  ;  le  tout  cloisonné  avec  beaucoup  d'art  et 
de  délicatesse  {Archœologia,  t.  XXVI,  p-  303,  pi.  xxxv). 

(0  Fait  déjà  observé  à  propos  du  vase  de  Tongres  {loc.  cit.,  p.  46), 
d'une  des  buires  de  Fresin  (Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol., 
t.  II,  p.  129),  el  même  d'une  de  celles  de  la  Bortombe  de  Walsbetz 
{ibid.,  t.  m,  p.  3U0),  etc. 

14 


—  18tJ  — 


archéologiques  qu'ait  fournie  jusqu'à  ce  joui*  notre  vieux 
sol  liégeois. 

Par  le  caractère  significatif  des  sujets  qui  ont  servi  à  son 
ornementation,  il  ne  manquera  pas  d'acquérir  une  notoriété 
toute  particulière  et  de  devenir  un  objet  historique,  d'un 
intérêt  permanent. 

C'est  un  des  monuments  les  plus  complets  que  nous  ait 
légué  le  paganisme  de  cette  corruption  des  mœurs  qui 
causa  la  ruine  de  Rome  et  qui,  on  le  sait  maintenant,  s'était 
vers  le  second  siècle  propagée  jusque  dans  nos  contrées. 

IV.  —  Palère  en  bronze  de  0'"22  de  diamètre  et  O'i'Oi  de 
hauteur,  avec  manche  cylindrique  cannelé,  long  de  0™12  et 
terminé  par  une  tête  de  bélier. 

Le  fond  est  décoré  de  cinq  cercles  concentriques  en 
saillie  (Planche  d,  tig.  1  et  1^^). 

Cet  objet,  recouvert  d'une  assez  mauvaise  patine  verte, 
a  beaucoup  souffert  de  l'oxydation. 

A  propos  d'une  patère  identique  provenant  des  environs 
de  Vilerbe  et  faisant  partie  de  ses  collections,  feu  M.  de 
Meester  de  Ravestein  a  cherché,  à  raison  de  la  tête  de 
bélier  qui  ornait  cet  ustensile,  à  le  rattacher  au  culte  de 
Mercure  ou  de  Bacchus  (d). 

Deux  patères  en  bronze  du  même  genre  que  celle  de 
Herslal  ont  été  retrouvées,  l'une  dans  le  premier  des  lumu- 
lus  du  groupe  de  Tirlemont  (2),  l'autre  dans  une  des 
tombes  de  Hern-S'-Hubert  (Tongres)  (3)  ;  la  première  a  la 

(i)  bE  Mekster  de  Ravestein,  Catalogxe  descriptif,  t.  I,  p.  456, 
n"  627.  Tout  comme  dans  certaines  lampes  (dont  une  à  Fresin)  avec 
anse  eu  forme  de  cou  de  cygne  retourné  du  côté  do  la  mèche,  de 
Caylls  {Recueil  d'antiquités...,  t  IV,  p.  334,  pi.  cm,  fig.  4)  a  vu  des 
lampes  employées  dans  les  temples  d'Apolluu,  dieu  auquel  le  cygne 
était  consacré. 

(i)  Ânn.  de  la  Soc.  d'archéol.  de  Brux.,  t.  IX,  p.  431,  pi.  xv,  fig.  4. 

(3)  Collection  Hcybrigts,  à  Tongres.  Les  antiquités  assez  nom- 


—  187  — 

poignée  terminée  par  une  lête  humaine  barbue  avec  cornes 
de  bélier  (tète  de  dieu  cornu  :  Bacchus  ou  Fleuve?),  tandis 
que  chez  la  scx'oiide.  le  boni  du  niaïuiie  est  orné  d'une  tête 
d'animal  sauvage  (loup?),  ce  qui  ia  rend  identique  à  celle 
d'un  des  tumulus  de  Gortil-Noirmont  (i). 

A  signaler  également  la  découverte  toute  récente,  à 
Mopertingen  (Limbourg)  (tumulus  nivelé),  d'une  magni- 
fique patère  en  bronze  doré,  munie  d'un  manche  finissant 
en  tête  de  lion,  avec  yeux  et  dents  incrustés  d'argent  (2). 

Des  paières  du  même  ty[H'  que  celle  île  Herstal  ont 
—  circonstance  curieuse  —  été  recueillies  dans  trois  des 
tumulus  des  Bartlow-Hills,  déjà  cités  (3). 

V.  —  Patère  du  même  genre  que  la  précédente,  mais 
un  peu  plus  élevée  et  plus  profonde,  munie  d'un  manche 
plat  (4).  Sous  le  tond,  trois  cercles  concentriques  en  saillie. 

breuses  provenant  des  lunuilns  de  TTern-S"-Hnl)ert  n'ont  encore 
fait  l'objet^ de  la  part  de  leur  inventeur,  que  de  quelques  communica- 
tions sommaires  (voy.  notamment:  Gazette  de  Liège,  n»  du  jeudi 
16  juin  1S98  ;  Compte-rendu  du  Congrès  archéologique  et  historique 
d'Enghien  (1S99),  p.  202,  planche).  Leur  publication  est  réservée 
pour  le  Congrès  archéologique  que  la  Société  scientifique  et  littéraire 
du  himbourg  cherche  à  organiser  à  Tongres  l'an  prochain. 

(1)  Musées  royaux  du  Cinquantenaire,  n"  3435'  de  l'inventaire 
général. 

(i)  Collection  Huybrigts  précitée. 

(5)  Archœologia,  t.  XXV,  p.  S.  pi.  n,  iig.  11;  t.  XXVI,  p.  303, 
pi.  xxxm,  fig.  1;  t.  XXXIII,  p.  5,  pi.  i,  fig.  1. 

Cf.  encore:  Antiquités  d'Herculanum  gravées  par  F.  A.  David 
(  17S1  ),  t.  VIII,  p.  ')(),  1)1.  Lxiv  ;  DE  MoNTF.\ucoN,  op.  cit.,  t.  II,  p.  143, 
pi.  LVin,  tig.  4;  DE  Caylus,  Recueil  d'antiquités...,  t.  V,  p.  289  et 
suiv,,  pi.  civ,  fig.  7;  t.  VII,  p.  175,  pi.  xxxv,  fig.  4;  Jahrbiicher 
des  Vereins  von  Altertliunisfreunden  im  RheinJande,  t.  XLIX,  p.  79, 
fig.  2. 

(»)  Voyez  sur  patères  analogues  :  Hegerus,  Thésaurus  Régi  us  et 
Electoralis  Brandetiburgicus,  t.  III,  p.  38 1  («  patera  manubriata  »)  ; 
de  Montfaucon,  op.  cit.,  t.  II,  p.  143,  pi.  lix,  fig  4;  pi.  lvii,  fig.  4; 


—  188  — 

Hauteur  :  0^05  ;   diamètre  :  O^ilb  ;  longueur  du  manche  : 
0'nl2. 

Cette  patère,  fort  oxydée,  est  mieux  conservée  que  la 
première  ;  le  manche,  toutefois,  est  brisé  en  deux  mor- 
ceaux. (Planche  d,  fig.  2  et  2^'^"^  ). 

VI.  —  Deux  strigiles  en  bronze,  revêtus  d'une  bonne 
patine  foncée,  dont  l'un  est  brisé  à  sa  partie  supérieure  et 
l'autre  n'a  été  retrouvé  qu'à  l'état  de  fragments  incom- 
plets. (PI.  D,  fig.  3.)  Longueur  du  manche:  0™14  ;  hau- 
teur totale  :  O-n^S. 

Généralement  le  strigile  (strigilis),  étrille  ou  racloir  (i), 
se  composait  d'une  «  poignée  dans  laquelle  on  pouvait 
»  passer  la  main  (clausula)  et  d'une  lame  recourbée  (2), 
))  creusée  en  canal  (tuhulatio),  où  pouvaient  couler, 
))  comme  dans  une  gouttière,  l'humidité  et  la  sueur  que 
»  l'ustensile  exprimait  de  la  peau.  Quand  on  s'en  servait, 
»  on  en  lubréfiait  les  bords  avec  quelques  gouttes  d'huile, 
»  afin  de  ne  pas  écorcher  la  peau  (3)  ».  —  «  Le  manche 
»  se  tenait  dans  la  main,  la  convexité  de  l'ustensile  en 
»  haut  et  le  bec  en  dehors  ;  on  raclait  les  membres  avec  la 


DE  Caylus,  Recueil  d'antiquités....,  t.  VII,  p.  249,  pi.  lxix,  fig.  2  et  3; 
F.  LiÉNARD,  Archéologie  de  la  Meuse,  t.  I,  pi.  xxxi,  fig.  1  ;  Revue 
archéologique  (3^  série),  l,  XXVI,  pp.  246-247;  Jahrbfœher ,  etc., 
t.  XLIX,  p.  80,  fig.  3  (trouvaille  de  DuffelwarJ)  ;  Westd.  Zeitschrift, 
t.  XV,  pi.  XXI,  fig.  7  ;  t.  XVI,  p.  355,  pi.  xvi,  fig.  18. 
{{)  K  Strigiles  sic  dictae  a  stringendo  seu,  radendo,  erant  instru- 
it nienta  quaedam  curva  ex  ferra,  argento,  vel  auro  et  aliquando  ex 
»  hebeno  quibus  veteres  utebantur  ad  radendas  sardes  corporis  post 
))  bulnea,  sudoremque  abstergendum.  »  (Grakvius.  Thésaurus  anti- 
quitatum  romanarum,  t.  XII,  p  963  1 

(  s  )  Ce   que   rend  parfaitement  le  «  curvo  destringere  ferra  »,  de 
Martial  (^p»>-.,  XIV,  51). 

(3)  A.   RiCH,    Dictionnaire  des  antiquités  ....    (trad.   Ghéruel),  \° 
strigilis. 


^n^. 


;> 


—  189  — 

»  partie  centrale  du  slrigile  et  l'huile  et  la  saleté  [strig- 
»  menta)  s'écoulaient  par  le  bec  (i)  ». 

La  forme  des  strigiles  de  Herstal  convient  bien  à  ce« 
usages  s|)éciaux,  si  nettement  caractérisés  par  Apulée  (2) 
et  dans  certaine  énigme  de  Symposius  (3). 

La  découverte  de  ces  objets  dans  une  sépulture  n'est 
pas  anormale;  Pline  fait  déjà  mention  de  l'ancienne  cou- 
tume d'enterrer  ces  ustensiles  avec  les  morts  (4). 

Deux  trouvailles  de  ce  genre  ont,  du  reste,  été  faites 
récemment  dans  le  Limbourg  :  les  tumulus  de  Berg  et  de 
Hern-S'-Hubert  précités,  ont  révélé  tous  deux  une  paire 
de  strigiles  respectivement  en  fer  et  en  bronze  (5). 

(  1  )  Ue  m  t  ester  (le  1\avestein,  Calai,  descriptif,  t.  111,  p.  395.  Sur 
quelques  monuments  typiques,  reproduisant  la  manière  de  se  servir 
du  stri.-'ile,  voyez:  de  C'aylus,  Recueil  d'antiquités...,  t.  II,  p.  100,  pi. 
xxxvii  (  scène  de  palestre  sur  soucoupe  de  terre  cuite  étrusque); 
ibid.,  t.  IV,  p.  rî73,  pi.  Lxxxui,  fig.  ô  (esclave  occupé  à  se  racler);  de 
MoNTFAUCON,  op.cit.,  suppl. ,  t .  III, pi .  Lxu  (mêmescène);  Bulletino 
delV  Instituto  di  Covrespondenza  arclteclogica  di  Roma,  t.  XXXIV, 
p.  ^08  et  suiv.  (l)as-relief  représentant  une  scène  debain);BAu- 
MEisTER,  Denkmdler  des  klassischen  Altertums,  t  II,  p.  843  (statue 
d'athlète  (  Apoxymenos)  au  Vatican);  GoRius,  Gonmae  antiquae  ex 
thesauro  Mediceo,  t.  V,  pi.  i,xxxv,  fig.  2  (athlète). 

(  -2  )  M  Honestam  strigileculain,  recta  fastigatione  clausidae,  flexa 
»  tubalatiotie  ligulae,  ut  et  ipsa  in  manu  capulo  inoraretur,  et  sudor 
»  ex  ea  rivulo  îaberctur.  »  [Floridorum,  lib.  II.,  9  J 

(ô)  Rubida,  citi'va,  capax,  alienis  huniida  guttis, 

LuDiinibusfalsis  auri  mentita  colorent, 
Dedita  Siidori,  modico  succumbo  labori. 

{^nigniat.,hXXWl  ;  Poetae  latini  minores,  i.  VI,  p.  561.) 

(4)  «  Mucianus  spécula  quoque,  et  strigiles,  et  vestes,  et  calciamenta 
illata  mortuis  lapidea  fieri,  auctor  est.  »  {Hi.st.  Nat  ,  XXXVI,  27 j. 

^s)  Les  strigiles  en  fer  de  Berg,  d'abord  décrits  par  M.  Huygbrigts, 
l'inventeur,  comme  des  armes  («lances  ou  iYa-méan  n)  {Bull,  de  la 
Soc.  scient,  et  littêr.  du  Limb.,  t.  XVII,  p.  44)  ont  depuis  été  recon- 
nus par  lui  comme  étant  des  cuillers  à  parfums  d'un  genre  spécial  (!; 


—  190  — 

Les  Musées  royaux  du  Cinquantenaire  renferment  éga- 
lement un  strigile,  fort  mal  conservé  il  est  vrai,  déterré, 
en  18Ô6.  à  Elevvyl,  près  Vilvorde  (i  ). 

Signalons,  au  surplus,  qu'un  des  tumulus  de  Barllow- 
Hills  a  produit  une  paire  de  strigiles  en  bronze  très  carac- 
téristiques (2). 

VII.  —  Petit  trépied  en  bronze  primitivement  étamé, 
dont  il  n'a  été  retrouvé  que  deux  fragments  assez  typiques 
pour  pei'mettre  la  reconstitution  de  cet  objet  qui  a  servi  de 
chandelier  (candelahrum).  La  broche  ou  pointe  sur  laquelle 


(  ibid.,  t.  XVIII,  p.  37  ),  dort  il  croit  avoir  retrouvé  des  analogues  en 
bronze  dans  un  des  tunnilus  de  Hern-S'-Hubert.  Les  deux  objets  en 
question  de  celle  dernière  sépulture  sont  si  bien  des  strigiles  qu'ils 
ont  été  découverts  en  compagnie  d'un  unguentarium  identique  à  celui 
d'une  trousse  de  baigneur  de  Pompé!  (Roux,  Herciilaiiiwt  et  Pompéi, 
pi.  87).  La  trouvaille  de  Herstal  ne  laisse  plus  subsister  le  moindre 
doute  sur  la  véritable  destination  de  ces  prétendues  «  cuillers  dont 
l'inclinaison  varie  d'après  la  nature  des  parfums  à  versée  (!)».  de  Cau- 
MONT  décrit  les  strigiles  comme  des  instruments  recourbés  d'un  côté 
et  creusés  de  l'autre  en  forme  de  cuillers  sic)  {Cours  d\tntiq.  moiium., 
3^  partie,  Ere  gallo-romaine,  p.  65) 

()  )  N°  1072  de  l'inventaire  général. 

(2)  Archœologia,  t.  XXVI,  p   304,  pi.  xxxu,  tig.  3. 

Cf.  encore  sur  l'usage  du  strigile  :  Pitiscus,  Lexicon  antiqititatum 
ronianariim,  t.  III.  v"  strigilis  ;  Laurentius  Joubertus,  De  67/»M?ms«s 
vetenrm,  apud  de  Salengre,  Novits  Thésaurus  antiquitatum  roivana- 
rum,t.  I,  cap.  XXII,  p.  368  ;  A.  Pauly,  Beol  Encyclopadie  der  classi- 
schen  Altertumsivissenschaft,  \o  strigilis.  Voy.  sur  la  découverte  de 
strigiles  :  R.  Smith,  TJie  antiquities  of  Richhorough,  Reculver  and  Lymne 
in  Kent,  p.  203,  pi.  vn,  fig.  12  ;  Illustrations  of  Roman  London, 
p. 129;  Public.dela  Sect.hist.  de  V  Institut  royal  grand- ducal  de  Luxem- 
bourg. t.XXXIV  (XII),  p.  IX,  pi.  I,  fig.  G  ;  Jahrhiicher  des  Vereins  von 
Alterthumsfreunden  im  Rheinlande,  t.  LXXXVII,  p.  20;  Joseph  Klein, 
Das  Romische  Lager  in  Bonn  (Festschrift  zti  Winckelmann's  Gehurts- 
tage  am  9  Dezember  1888  ),  p.  41  ;  Westdeutsche  Zeiischrift...,  t.  XV, 
p.  370,  pi.  XIV,  fig.  8  et  9. 


—  191  — 

était  fixée  la  candcht  a  disparu,  laissant  encore  sa  trace 
i-econnaissable  au  milieu  du  godet.  Hauteur  probable  : 
0"'05  (à  reconstituer). 

Un  petit  trépied  identique  comme  forme  et  dimensions, 
provenant  du  cimetière  belgo-romain  de  Wancennes  et  pou- 
vant former  paire  avec  celui  de  llerstal,  est  conservé  au 
Musée  de  Namur  (i). 

Un  autre  spécimen  d'un  genre  plus  artisti(iue,  également 
en  bronze  étamé,  a  été  retrouvé  sous  un  des  tumulus  de 
Fresin  (2).  On  peut  encore  citer  un  délicat  petit  trépied 
orné  de  têtes  de  lions,  retiré  d'une  sépulture  à  Ornai  (3),  un 
gracieux  petit  chandelier  en  argent  d'un  dépôt  funéraire 
des  environs  de  Tongres(4),  puis  un  auti-e  en  fer,  de  travail 
grossier,  découvert  à  Hanret  (5). 

VIII.  —  Petite  cuiller  en  bronze,  longue  de  0'"15, terminée 
d'un  cOlé  par  un  globule  oblong  et  massif,  de  l'autre  par 
une  spatule  en  foi'me  de  «  feuille  de  saule  »  (6),  malheu- 
reusement brisée  à  sa  partie  inférieure  (planche  d,  fig.  4). 

Une  cuiller  analogue,  découvei-te  à  Bavay,  figurait  jadis 

(1  )  A)inales  de  la  Soc.  arcJu'ol.  de  Nanmr,  t.  XVI,  p.  37-2 

(-2)  Bull,  des  Comni..  roij.  d'art  et  d'archéol.,  t.  II,  p.  182,  pi.  m,  u"  3. 

(5)  Musée  de  Liège  ;  Bull,  des  Coinni.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  t.  II, 
p.  133  ;  t.  IV,  p.  428.  Un  trépied  identique  à  celui  d'Oinal  a  été  décou- 
vert dans  le  caaip  romain  de  Dallieiin  [Public,  de  lu  section  hist.  de 
rinstitutro!jalifa»ii-ducald('Liixpiiihour</A.X\'S.ll{X),  |j  x,  pi.  iv, 
%■  !)■ 

(4)Colleclion  Huybrigls  (fouille  opérée  en  l.S'.)2  à  (Inninxheiin, 
dans  la  parcelle  F>,  4yaj. 

(3)  Annales  de  la  Suc.  arcliéul.  de  Xumur,  t.  111,  p.  397,  pi.  i,  lig.  4. 

Voyez  encore  i^ur  objets  de  ce  genre  :  11a  eman.s,  Un  cabinet  d'ama- 
teur, p.  36G,  pi.  X,  tig.  lu  ;  de  Montfaucon,  oj)  cit.,  t.  Il,  pi   lui,  lig.  1. 

(«)  Expression  très  caractéristique  employée  par  de  (Iaylus  à  pro- 
pos d'une  petite  cuiller  identique,  comme  forme,  à  celle  de  Herslal  et 
provenant  de  Bavay  [Recueil  d'antiquités....,  t.  II,  p.  406,  pi.  cxxv, 

ng.  7). 


—  192   - 

dans  les  collections  Toilliez  à  Mons  (i);  une  autre  faisait 
partie  du  riche  mobilier  funéraire  du  lumulus  aujourd'hui 
nivelé  de  Mopertingen  (2). 

Plusieurs  cuillers  du  même  type,  reproduites  par  Roach 
Smith,  sont  considérées  par  ce  savant  comme  ayant  été 
destinées  à  retirer  les  onguents  ou  autres  préparations  gé- 
néralement renfermés  dans  des  flacons  à  long  col  (3). 

Si  tel  a  été  l'usage  de  la  «  ligule  »  de  Herstal,  il  faudrait 
la  rapprocher  de  certaine  petite  fiole  (fragmentée)  décrite 
ci-après  (ii"  XXV)  ;  de  Montfaucon ,  trop  disposé  à  voir 
partout  du  solennel  et  de  l'officiel,  y  aurait  reconnu  un 
instrument  à  l'usage  des  aruspices  pour  fouiller  les  en- 
trailles des  victimes  (4). 

IX.  —  Fond  fragmenté  de  récipient  cylindrique  en 
plomb,  avec  haut  rebord  droit.  Hauteur  :  0"'04  ;  diam. 
probable  :  0'"08.  (Planche  e,  fig.  /.-.) 

X.  —  Trois  tiges  moulurées  en  bronze  de  0'"175  de 
longueur,  à  tête  martelée  et  aplatie,  percée  d'un  anneau 
d'environ  O^OIS  de  diamètre  (Planche  e,  fig.  i,  a,  b,  c.) 

Deux  de  ces  tiges  sont  encore  munies  de  rivets  en 
bronze,  dont  ceux  du  bas  ont  retenu  quelques  débris  d'un 
bandage  de  même  métal  (w). 


(i)  Annales  du  Cercle  archéologique  de  Mons  t.  I,  p.  78, pi.  i,  fig.  4. 

(2)  Collection  Huybrigts,  à  Tongres. 

(3)  "  Long  bronze  spoons  ^  Ugiilae  »  loith  narrow  boicls  and  oral  or 
»  ohJong  heads,  appear(lng)  to  hâte  been  used  for  onguents  and  other 
"  préparations  kept  in  tlie  longneckcd  ampidlae  and  other  bottles  « 
{Illustrations  of  Roman  London,  \).  138,  pi.  xxxvi,  fig.  î2,  4,  8,  9,  10, 
11,  12). 

(4)  Op.  cit.,  t.  H,  p.  148,  pi.  Lxvi,  fig.  5,  6,  7,  8.  Cf.  sur  d'autres 
cuillers  de  oe  genre  :  Bonami,  Mus.  Kircher,  p.  10  ;  R.  Smith,  Tlie 
antiquities  of  Richborough,  etc.,  p  261,  fig.  1  ;  F.  Liénard,  Archéologie 
de  la  Meuse,  t.  I,  pi.  xxx,  fig.  13  ;  Westdeutsche  Zeitschrift,  t.  XIV, 
pi.  XVIII,  fig.  8. 


-   193  — 

A  côté  de  ces  tiges,  on  retrouva  une  autre  pièce  en 
bronze  (pi.  e,  fig.  2,  d)  à  trois  branches  avec  barre  trans- 
versale (e),  quatre  anneaux  d'environ  0"'0:)  de  diamètre 
(A  r/i  ''.  0  plusieurs  tronçons  de  chaînettes  complètement 
détruites  par  l'oxydation,  ainsi  que  divers  fragments 
d'objets  en  bronze  (bandages,  etc.). 

Ces  débris,  indéterminables  au  premier  abonl,  nous  ont 
permis  de  reconstituer  un  des  objets  les  plus  intéressants 
de  la  trouvaille  de  tierstal,  objet  unique,  pensons-nous, 
dans  nos  fouilles  belges. 

Il  s'agit  d'une  lanterne  {laterna  ou  lanterna)  ronde  ou 
cylindrique,  remplaçant  dans  la  sépulture  de  Herstal  la 
lampe  que  révèlent  presque  toujours  les  mobiliers  funé- 
raires et  dont  on  eût,  avec  surprise,  constaté  l'absence  en 
un  caveau  aussi  bien  garni  que  l'était  celui  de  Herstal. 

Les  trois  tiges  de  bronze  (a,  h,  c)  servaient  à  renforcer 
et  à  soutenir  l'appareil  en  même  temps  qu'à  en  maintenir 
le  fond  ainsi  que  les  cercles  ou  bandages  (m)  qui  rete- 
naient les  parois  transparentes  (p),  probablenient  en 
corna  (i) ,  en  vessie  (2),  peut-être  même  en  toile 
huilée  (3),    de   la   hinterne. 

La  pièce  à  trois  branches  (t/),  avec  barre  transversale 
(e)  —  cette    dernière    servait    de    poignée  —  formait    la 


(1)  Tel  est.  le  cas  jtour  la  lanterne  de  Ponipéï,  rejjioduite  par 
HiCH  [Dictionnaire..,  V  Laterna).  «  VoJcanuni  in  cornu  conclusiwi 
ijeris  »  dit  Plaute  (  Amphitr.,  3il  j  el  Athénée  (Fratpn.  de  coin.,  XV', 
699  F)  parle  d'un  «  xspixtvoî  Xûyvoî». 

(i)  Baumeister,  Denknialer  des  klassischen  Altertiiins,  l.  II,  p.  8l:i. 

(->)  Ibid. ,  V"  La.\.evnen.  On  sait  aussi  que  les  anciens  faisaient, 
dans  le  même  but,  emp'.oi  de  verre;  le  L)''  C.  Bone  a,  sans  hésiter, 
rattaché  à  cet  usage  certain  cylindre  en  verre  de  la  collection 
Merkens,  de  Cologne  [Jahrhûcher  des  Vereins,  etc.  (Bonn),  t.  LXXXI, 
p.  73).  Voy.  au  surplus:  Mast  ,  Epii/r.,  XIV,  61  et  6:2  ;  Isid.,  Oriy., 
XX,    10,   7,  etc.. 


—  194  - 

partie  supérieure  de  la  lanterne  el  étail  i-éunie  aux  Irois 
liges  de  côté  (a,  b,  c)  au  moyen  de  chaînettes  {A,  li,  C) 
ajnorcées  dans  les  anneaux  (a*,  a^,  a^). 

Du  couvercle,  espèce  de  globe,  sans  doute  formé  d'une 
mince  feuille  de  bronze  perforée,  afin  de  permettre  à  l'air 
de  circuler  et  à  la  fumée  de  s'échapper,  il  n'est  rien 
resté,  si  ce  n'est  quatre  anneaux  (/',  g,  h,  i),  dont  trois  avec 
bélière.  Ces  derniers  étaient,  selon  toute  vraisemblance, 
soudés  à  la  partie  supérieure  du  couvercle,  tandis  que  le 
premiei-,  fixé  à  la  partie  supérieure  du  globe,  correspon- 
dait par  une  chaînette  avec  l'anneau  g,  terminant  la 
tige  A-,  qui  traversait  à  la  fois  la  pièce  cl  et  la  barre  e. 
On  n'avait  donc  qu'à  lever  cette  dernière  pour  soulever  en 
même  temps  le  couvercle.  —  Un  dispositif  quelconque 
devait  permettre  de  caler  le  couvercle,  lorsqu'il  s'agissait 
de  transporter  la   lanterne. 

Le  petit  récipient  cylindrique,  en  plomb,  décrit  ci-dessus 
(n'J  IX),  (planche  £",  fig.  k),  faisait  également  partie  de  l'ap- 
pareil; il  était  fixé  au  milieu  du  fond  et  servait  à  contenir 
la  lampe  avec  l'huile  et  peut-être  même  —  tel  paraît  être 
le  cas  ici  —  directement  la  mèche  avec  l'huile  alimen- 
tant celle-ci. 

Le  dessin  restitutif  de  la  planche  E  permet,  mieux  que 
tout  commentaire,  de  se  rendre  compte  de  ces  différents 
détails. 

Ces  lanternes,  dit  Baumeister,  étaient  spécialement  en 
usage  dans  la  marine  et  à  l'armée;  les  pêcheurs,  pour  la 
pêche  de  nuit,  l'utilisaient  parfois  (i). 

Plusieurs  spécimens  très  curieux  de  ces  ustensiles  ont 
été  retrouvés  à  Herculanum,   à  Pompéï  (2)  et  dans   les 

(I)  Ojj.  cil  ,    1.    11.    ]>■  .Sl-J,  "2"   colonne. 

{i)  Miiseo  Borbonico,  l.  V,  \''2;  I'iranesi,  Aitt'njuiti's  d' llerciilamiiii. 
t.   VI,    pi.   Ti,  fis-  4. 


1  I.A.NCIII-:     !• 


FlG.    :>. 


FlG.    I. 


—  195   - 

contrées  rhénaiK^^  H),  mais  jamais  ciicori'  à  ikiIii'  comiais- 
sance  on  Boliïiquo. 

XI.  —  (irand  Ijroii/.o  do  Domitiei),  en  IbrI  mauvais  élat 
de   conservation. 

Face  :  Tète;  laurée  à  droite.  Légende  fruste. 

Revers  :  Personnage  debout,  ù  gauche,  lenanl  une  hasti;; 
à  sa  gauche,  un  autre  personnage  tendant  au  premier  un 
objet  indéterminé.  Légende  fruste. 

Le  profil  de  la  tête  de  fiice  permet  de  reconnaître  immé- 
diatement Domitien,  dont  le  masque  est  caractéristique. 
C'est  donc  à  l'une  des  variétés  reprises  par  Cohen  (2),  sous 
les  nos  495^  497^  498^  499  qu  oOO  et  84,  85,  qu'il  faut 
rapporter  la  monnaie  de  Herstal. 

Celle-ci  pourra  donc  être  restituée  comme  suit  : 

Face  :  IMP  .  CAES  .  DOMIT  .  AVG  .  GERM  .  COS...  (3) 
CENS  .  PER  .  P  .  P  .  Sa   tête   laurée  à   droite. 

Revers:  S.  C.  Domitien,  debout,  à  gaucho,  en  habit 
militaire,  tenant  une  haste  et  lui  foudre,  couronné  par  la 
Victoire  debout,  qui  tient  une  palme. 

Xn.  —  Godet  i^n  bronze  d'environ  0™045  de  diamètre, 
peut-être  la  partie  supéi'ieure  d'un  chandelier  à  rapprocher 
de  celui  décrit  sous  le  n<*  VIL 

XIIL  —  Moitié  d'un  anneau  ou  manchon  tuluilaire  et 
mouluré,  de  30  '"/™  de  longueur  et  30  ™/i°  de  diamètre. 


(1)  Musée  de  Bonn  (lanterne  trouvée  à  Andeinacli)  {Jahrbiicher 
des  Vereins.   etc.,   t.    LXXXL    p.    73,   note  1,    in  fine). 

(-2)  Description  historique  des  monnaies  frappées  sons  l'empire 
romain,  communément  appelées  médailles  impériales,  i.  l,  p.  447; 
t    VII  (Supplément),    p.    9â. 

(s)  Le  chiffre  du  consulat  ne  saurait  être  restitué,  vu  que  les 
monnaies  au  revers  de  Domitien  couronné  par  la  Victoire  renseignent 
successivement  les  11«,  12^  13%  14%  15%  W  et  17«  consulats  de 
l'empereur,  qui  correspondent  respectivement  aux  années  85,  8fi,  87, 
88  ou  89,  90  ou  91,  92-94  et  95  de  J.  G. 


—  196  — 

Un  objet  du  même  genre  a  élé  découvert  dans  la  «tombe 
d'Herbays  »  à  Piétrain  (i). 

XIV.  —  Divers  débris  de  bron/.e,  la  plupart  indétei'mi- 
nables,  parmi  lesquels  il  convient  cependant  de  citer  deux 
tiges  plates  recourbées,  et  s'adaptant  l'une  à  l'autre  ;  nous 
en  ignorons  la  destination. 

XV.  — Tige  en  fer,  l'evêtue  de  plaques  d'ivoire  et  ornée 
à  son  extrémité  d'un  bouton  à  godrons  en  métal  précieux 
(argent?),  d'environ  D'HUIS  de  diamètre. 

Ce  fragment,  long  de  0'"0i5  et  large  de  0'"02,  doit  avoir 
servi  de  manche  ou  poignée  [capulus),  à  une  épée  courte 
ou  parazonhini  (2),  dont  un  second  débris  (morceau  de 
lame  à  double  tranchant)  d'environ  0"'035  de  largeur  sur 
0"'10  de  longueur,  a  été  recueilli  en  même  temps. 

Il  est  regrettable  que  cet  objet  ait  tant  soutïert  du  feu  du 
bûcher,  qui  l'a  pour  ainsi  dire  consumé  (3). 

Une  trouvaille  identique  a  élé  faite  sous  le  tumulus  belgo  • 
romain  de  Piétrain  («  tombe  d'Herbays  »),  fouillé  en  1897 
par  leg  soins  de  la  Société  d'archéologie  de  Bruxelles  (4). 

Les  recherches  pratiquées  par  feu  le  comte  G.  de  Looz- 
Corswarem    dans    une   des    tombes    du    groupe    d'Omal 

(  i)  Ann.  de  la  Soc.  d'archéol.  de  Bruxelles,  t.  XIII.  ]>.  2U7,  pi.  xi 
tig.  4. 

(•2)  {.a parazoniuhi  (irapaÇwviov),  on  le  sait,  était  un  ijjlaive  court, 
attaché  a  uu  ceinlurou  (ciiictoriiiiu)  et  que  portaient  au  côté  gauclie 
les  tribuns  el  les  officiers  supérieurs  des  armées  romaines,  plus 
comme  marque  de  distinction  que  pour  l'usage  réel  (A.  Rich, 
Dictionnaire...  vo   Parazouium). 

(s)  Sur  l'usage  de  brûler  les  armes  d'un  militaire  avec  le  corps  de 
ce  dernier,  voyez  :  de  Gaumont,  Cours  d'antiquités  monumentales, 
Ere  gallo-romaine,  i.  II,  ]).  251  ;  Adam,  Antiquités  romaines,  t.  II, 
p.  31.7,  etc. 

(i)  Annales  de  la  Soc.  <Varc/iéol.  de  Bruxelles,  t.  XIII,  p.  !208, 
pi.    XI,  fig.  2. 


—  197  — 

avaient,  iiiic  vingtaine  d'années  auparavant,  amené  la 
découverte  d'un  parazonium  intact,  long  de  0'"38,  avec 
lame  en  fer,  poignée  et  fourreau  en  ivoire  (i  ). 

A  citer  également  le  superbe  parazonium  trouvé  en 
1873  à  Luttr(i  (Hainaut)  et  déposé  par  M.  Louis  Gavens 
aux  Musées  royaux  du  Ginquanlenaire,  à  Bruxelles. 

XVI.  —  Partie  supérieure  (avec  la  garde)  d'une  lame  de 
couteau  ou  poignard  en  fer;  longueur:  O'n04  environ. 
Le  manche,  probablement  en  bois,  n'a  pas  été  conservé. 

XVII. —  Quantité  assez  considéi-able  de  ferrailles  diverses 
(plus  de  8  kilos)  dont  plusieurs,  par  suite  de  leur  oxyda- 
tion, échappent  à  une  détermination  précise. 

On  peut  signaler  cependant  une  dizaine  de  grands  clous 
de  0'"15  de  longueur,  avec  tête  légèrement  conique  de 
25  '"/'"  de  diamètre,  ainsi  qu'un  gi-and  tuimbre  d'autres 
plus  petits,  de  0'"04  de  longueur  avec  tête  de  15  "'/'"  f^e 
diamètre. 

Quelques-uns  de  ces  clous  sont  encore  légèrement 
encroûtés  de  fibres  ligneuses  ;  ils  n'ont  donc  pas  subi 
l'action  du  fou  et  proviennent  sans  doute  des  planches 
du  coffre  qui  avait  contenu  primitivement  le  dépôt  funé- 
raire. 

La  longueur  de  ces  clous  permet  de  reconnaître  assez 
exactement  réi)aisseur  des  planches  qu'ils  avaient  servi  à 
assujettir. 


(*)  Musées  royaux  du  Cinquantenaire  (n"  3733  de  l'inventaire 
général);  Journal  la  Meuse,  n"  7'^,  du  i2i-  mars  \876  ;  Annales  de  la 
Soc.  (Varchéol.  de  Bruxelles,  t.  XIII,  p.  i208,  pi.  XI.  fig.  l. 

Au  cours  des  fouilles  des  tumulus  de  Hern-S'-lIubert,  il  a  été 
également  recueilli,  dans  un  des  caveaux,  indépendamment  d'un 
énorme  fer  de  lance  et  de  deux  poignards,  une  grande  épée  en  fer 
(gladius)  avec  riche  poignée  en  ivoire  de  0™1S  de  longueur  (Collec- 
tion Huybrigts). 


—  108  — 

B.   Objets  en  verre. 

XVIIL  —  Quatre  flacons  en  verre  verdàtre,  à  goulot 
rond,  terminé  par  un  bord  aplati  (diam.  55  ""z™),  à  base 
carrée  (80  à  85  '"/m  de  côté)  et  munis  d'une  anse  plaie  se 
rattachant  à  la  panse  au  moyen  d'une  série  de  «filaments  ». 
Hauteur  :  168  '"/■",  168  m/™,  168  «/•"  et  172  "V"  (PL  F, 
fig.  2). 

Deux  de  ces  flacons  ont  été  retirés  intacts  du  caveau  ; 
les  autres  y  ont  été  retrouvés  à  l'état  de  fragments. 

Ces  récipients,  genre  d'ampoules  (ampiiUac),  servaient, 
croit-on,  aux  usages  domestiques,  surtout  à  contenir  du 
vin  ou  du  lait  ;  ils  appartiennent  à  un  type  classique  déjà 
reconnu  par  de  Montfaucon  (i),  de  Caylus  (2),  Begerus  (3), 
et  de  Caumont  (4). 

Des  flacons  identiques  à  ceux  de  Herstal  ont  été  l'évélés 
par  la  Bortombe  de  Walsbetz  (!)),  la  tombe  Hémava  (6), 
les  tumulus  de  Séron  (?),  de  Hanret  (8),  de  Champion  (9), 
de  Thisnes  (lo),  de  Cortil-Noirmont  (il),  de  Berg  (i2),  du 

(i)  Uantiqidté  expliquée...,  t.  III,  pi.  lxxjx. 

(i)  Becueil  iVantiquités...,  t.  I,  p.  282,  pi.  cm,  fig.  4. 

(rV)  Thésaurus  Rer/ius  et  Electoralis  Brandenhm'gicus,  t.  HI,  p.  4Gô 
(planche). 

U)  Cours  cVantiquités  monumentales  {Ere  f/allo-ro)iiaine),  t.  IF, 
p.  252,  pi.  XXIX,  fig.  1 1. 

{à)  Bull,  (les  Conim.  ro//.  d'art  et  d'archéol  ,  t.  Il[.  pi.  v,  fig.  Ki, 
17,  18. 

(c)  ihid.,  t.  IV,  p.  :jfiy,  pi.  I,  fig.  2. 

{-)  Annales  de  la  Soc.  archéol.  de  Namur  ,  t.  IV,  p.  IG,  pi.  r, 
fig.  3  et  4. 

(h)  Ibkl,  t.  111.  p.  3!):}. 

h)  Ibid.A.  II,  p.  64,  pi.  I,  fig.  3. 

(lo)  Bull,  des Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  i.  IV,  p.  379,  pi.  ii,  fig.  9. 

(il)  Musées  royaux  da  Cinquantenaire,  n" 3435  de  l'inventaire  gé- 
néral (3  exemplaires). 

(12)  Bull,  de  la  Soc.  scient,  et  littér.  du  Liinbourg,  t.  XVII,  p.  4.'!, 
n'>'9,  10,  11. 


Plaxcife  F 


FiG.    I. 

('/•"  grandeur  iinturello.) 


FiG.    2. 

Cl-i  graudcur  nalurcIJc. 


Fk;. 


F'iG.   3. 
(\'r,  "Taudciir  naturelle. 


FiG.  4l-^ 


—  199  — 

Bois  do  Buis  (Sauvcnièro)  (i)  et  môme  par  ceux  dc^ 
Barllûw-Hills  (Angiolo.re)  (2).  Ou  on  a  signalé  également 
dans  des  sépultures  ordinaiirs  à  M;„-ck  (aux  environs  de 
Renaix)  (3),  à  Corroy-le-Grand  (4),  à  Watnont  (à  proximité 
du  tumulus  de  morne  nom)  (s),  à  Ornai  (6),  à  Strée  (7), 
à  Sirud   (Andonne)   (8),     à    F.di-Mhrer  (Limboin-g)  (9),    -i 

Jusienville  (dO) 

Comme  le  prouvent  les  orurmcnls  (oorolos  concen- 
triques) <Mi  iviief  (11)  .pie  Vou  roniai-que  sur  leur  {(hkI 
extérieur,  les  (laçons  dc«  llerslal  ont  é!é  souCnés  en  moul."  : 
leur  anse  a  été  .-ijoutée  après  rabrication. 

(1)  Anii.  de  la  Sac.  arclu'o}.  de  Nannir,  t.  XXIV,  ]).  r,|. 

(i)  Archœolo!y/<>,\.  XXV,   p.  :,,   pi.   „,   {]„   .j   9.  ,     \-x^yj_  ^^    ,,^^) 
pi.  XXXII,  tig.  1,  4,  ."). 

(3)  Messager  des  sciences  historujnes,  lcS48,  p.  807,  pi.  xiii,  fio-.  s. 

(i)  Musées  royaux  du  Cinquantenaire,  no  2r,52«  de  l'inventaire  gé- 
néral (4  exemplaires). 

(o)  Bull,  des  Conwi.  ro;/.  d'arf  ef  d\u-chéoloqic.  t.  IV,  |.|>.  iV)-\m 

(c)  Ibid  ,]).  429. 

(7J  Documents  et  rapports  de  la  Soc.  pcdéont.  et  archéol.  de  l'arron- 
dissement judiciaire  de  C/iarleroi.  t.  Vni,  pp.  248-249  pi   VII    fi>r  30 
81,  32,  H3.  -•'•'«■•. 

(s)  Musée  de  Liège. 

(n)  Bull,  de  la  Soc.  scient,  et  littér.  da  Llinbourfj,  t.  IX,  p.  320. 

(10)  Bull,  de  l'Inst.  archéol.  liég.,  t.  IX,  p.  484,  pi.  v,  fio-.  2. 

Voyez  encore  sur  flacons  du  même  genre  :  L.  J.  F.  Janssex, 
Oudheidkundig".  mededeelingen,  pl.  v,  fig  1  ;  Jahrhiicher  des  Vereins 
von  Altertlntmsfreunden  im  Rheinlande,  t.  III,  147;  t.  VII,  p  64- 
t.  LXXI,  pl.  VI,  pl.  vu  {ancienne  collection  /)/scA)  ;  Emele,  Beschrei- 
hung  rômischer  nnd  deutscher  Alterthiimer,  pi.  v,  fig.  3  et  5-  Docu- 
ments et  rapports  de  la  Soc.  paléont.  et  archéol.  de  V arrondissement 
judiciaire  de  Charleroi,  t.  XI,  ]).  4m  ;  Publications  de  la  Société  jyonr  la 
recherche  et  la  conservation  des  monuments  historiques  dans  le  Grand- 
Duché  de  Luxembourg,  t.  l,  pl.  V,  11»  XXIX  ;  Westd.  Zeitschrift,  t.  Il, 
pl.  IV.,  fig.  17. 

(11)  Trois  de  ces  flacons  sont  marqués  de  trois  cercles  concen- 
triques, le  quatrième  d'un  fleuron  dans  un  cercle(voyez  pi.  f,  fig. 8et4). 


—  200  — 

L'un  de  ces  flacons,  au  moment  de  sa  découverte,  ren- 
fermait encore  un  liquide  clair  ,  provenant  sans  doute 
d'infiltrations  et  dont  il  eût  été  très  intéressant  de  con- 
naître l'analyse  (i). 

On  peut  se  demander  si  le  nombre  de  quatre  flacons  n'est 
pas  symbolique,  car  on  le  retrouve  dans  la  Bortombe  do 
Walsbetz,  dans  la  sépulture  de  Marck  (Renaix),  dans  celles 
de  Corroy-le-Grand  et  de  VVamont,  dans  le  tumulus  deBerg 
(deux  grands  flacons  et  deux  petits),  etc.. 

XIX.  — Débris  d'un  immense  plateau  en  verre  jaune  avec 
bord  orné  d'un  bourrelet  et  mesurant,  dans  son  état  pri- 
mitif, environ  0"'55  de  diamètre.  —  Ce  plateau,  un  verre 
épais  de  4  '"/■",  reposait  sur  un  pied  très  bas,  ayant  à  peine 
O^OOTS  de  saillie;  sa  hauteur  est  de  Qn^OlS  (pi.  F,  lig.  1)  ; 
entier,  il  eût  constitué  un  des  plus  beaux  spécimens  de  la 
verrerie  antique  recueillis  en  Belgique. 

Comme  grandeur  (diamètre)  le  plateau  de  Herstal  reste 
unique  en  notre  pays  (2);  le  plus  grand  signalé  jusqu'ici 

V I  )  Ce  phénomène  (flacons  retrouvés  pleins  de  liquide)  n'est  paz 
isolé  :  il  a  notamment  été  observé,  à  propos  de  deu.^  ou  trois  flacons 
de  la  Bortombe  de  Walsbetz,  d'un  de  ceux  des  tumulus  de  Hanrel  et 
de  Séron,  du  grand  flacon  hexagone  de  la  tombe  Hemava,  d'une  des 
fioles  de  la  sépulture  de  Marck  (Renaix),  etc.  —  L'analyse  de  ces 
différents  liquides  (eau)  n'a  révélé  que  des  matières  salines  en  solu- 
tion et.  n'a  permis  de  constater  dans  les  uns  que  la  présence  de 
matières  végétales,  dans  d'autres  que  l'absence  de  toute  substance 
animale. 

A  signaler  cependant  que,  tout  récemment,  dans  un  flacon  d'un 
des  tumulus  du  Bois  de  l^uis  et  contenant  un  corps  gras,  M.  Vassal  a 
reconnu  un  résidu  d'huile  d'olive  {Ann.  de  la  Soc.  archéol.  de  Namui\ 
t.  XXIV,  p.  49.  note  i2). 

Voyez,  au  surplus,  au  sujet  des  résultats  des  analyses  de  liquides 
retrouvés  dans  des  flacons  ou  vases  en  verre,les  Jahrbiicher  des  Vereins 
von  Alterthumsfreunden  im  Rheinlande,  t.  XIX,  pp.  77  et  suiv. 

(  t)  Deville  \  Histoire  de  Vart  de  la  verrerie  dans  l'antiquité .,  p.  15) 


-  201   - 

était  celui  que  l'on  a  relir*'  diin  des  tumulus  deTirlemont 
et  qui  mesure  0"'34  de  diainèire  (i);  le  même  tumulus  avait 
révélé  en  même  temps  un  second  plat  en  verre  blanc  de 
0'"295de  de  diamètre  (2). 

Des  assiettes  en  verre  de  même  type,  mais  de  dimensions 
moindres  {lances,  patellae),  ont,  à  difTérenles  reprises, 
été  signalées  en  des  sépultures  belgo-romaines,  notam- 
ment dans  la  Bortombe  de  Walsbetz  (plusieurs  exemplaires 
émiettés  et  dévitrifiés,  de  O""!?,  O'^^'i  et  O'n30  de  diam.)  (3) 
et  dans  le  tumulus  de  Héron  (4),  ainsi  qu'à  Schaerbeek  (5), 
à  Flavion  (e),  à  Strud  (Andenne)  (7),  à  Tongres  (8),  à 
Bassenge  (9),  etc. 

XX.  —  Petite  coupe  ou  tasse  en  verre  blanc  dépoli  avec 
rebord  replié,  haute  de  0"'04  et  montée  sur  pied  de  5  ">/'". 
Diamètre  à  la  partie  supérieure  :  94  "'/'"  (pl«  F,  flg.  3). 

Une  coupe  analogue  a  été  trouvée  dans  les  fouilles  d'un 


cite,  au  Musée  du  Louvre,  un  plateau  rond,  de  beau  verre  blanc  (  tra- 
vail égyptien)  n'ayant  pas  moins  d'un  mètre  de  circonférence. 

Le  même  auteur  rapporte  qu'AxHRNÉE  (/«;.  IV,  c.  IV),  décrivant 
un  festin  de  noces  en  Macédoine,  parle  d'un  plateau  de  verre  d'une 
coudée  de  diamètre,  ce  qui  porterait  sa  circonférence  à  1"60. 

(i)  Anii.  de  la  Soc.  (Varchéol.  de  Bri(x.,i.Y^,  p.  430,  pi.  xxiv, 
fig.  4. 

(2)  Ihid.,  p.  429,  pi.  XXIV,  ftg.  '1. 

(3)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéoL,  t.  III,  pp.  317,  318, 
pi.  V,  n«'23à30. 

(4)  Ihid.,  t.  IV,  p.  416;  Musée  de  Liège. 

(.ï)  Musées  royaux  du  Cinquantenaire  (n°  209U^  de  l'inventaire 
général). 

c)  Ann.  delà  Soc.  archéol.  de  Namur,  t.  VII,  p.  16,  pi.  vn,  fig.  2. 
(7)  Musée  de  Liège. 

(s)  Bull,  de  la  Soc.  scient,  et  littér.  du  Limhoiirg,  t.  XVII,  p.  43, 
n°^  13,  16,  17. 

(9)  Musée  de  Liège.  —  Cf.  encore  sur  des  assiettes  en  verre  :  Jahr- 
bûcher,  etc.  (  Bonn  ),  t.  LXXI,  pi.  vi,  n"^  1441,  1442    collection Disch  ). 

15 


-  20-2   - 

des  tumulus  de  Tiiiemont  (i),  deux  autres  dans  le  caveau 
du  tumulus  de  Berg  (2)  ;  un  autre  exemplaire  encore  a  été 
exhumé  dans  le  cimetière  belgo-romain  de  Marchienne-au- 
Pont(3). 

XXI.  —  Fragments  d'une  coupe  du  même  genre,  peut- 
être  un  peu  plus  grande  que  la  précédente. 

XXII.  —  Cinq  fragments  d'un  élégant  petit  vase  en  verre 
blanc  légèrement  verdâtre,  en  forme  de  coupe  à  bords  éva- 
sés et  large  ouverture.  Hauteur  probable  :  0"'08  ;  diamètre  : 

o^og. 

Le  fond  (avec  pied)  a  disparu. 

C'était  sans  doute  une  coupe  ou  verre  à  boire  (poculum) 
du  genre  de  certaine  coupe  qui  fut  trouvée  à  Juslenville  (4). 
La  tombe  de  Blehen  a  également  révélé  un  verre  de  même 
forme  (g  ). 

XXIII. — Pied  d'un  gobelet  analogue,  mais  de  dimensions 
plus  fortes  ;  hauteur  :  O'n04. 

XXIV,—  Fragment  de  coupe  (?)  en  verre  blanc  verdâtre, 
avec  ornements  en  relief  et  débris  du  pied  du  même  vase. 

Il  est  regrettable  qu'il  n'ait  pas  été  recueilli  d'autres  mor- 
ceaux de  cette  intéressante  pièce  de  verrerie,  dont  la  déco- 
t  ration  se  rapproche  assez  bien  de  celle  de  deux  vases 
en  verre  de  Hanret  (e). 

Des  débris  d'un  vase  analogue  ont  également  été  re- 
cueillis à  Bassenge  (7). 

(  1  )  Ann.  de  ht  Soc.  d'archéol.  de  Brux.,  t.  IX,  p.  430,  pi.  xxiv,  fig.H. 

(2)  Bull,  de  la  Soc.  scient,  et  littér.  du  Limhourg,  t.  XVII,  p.  43. 

(3)  Bull,  des  Comm.  roy.  d\irt  et  d'archéol.,  t.  XXXI,  p.  "HQ,  pi.  i, 
lig.  14.   Cf.  aussi  Westd.  Zeitschrift,  t.  XII  (1893),  pi.  vi,  fig.  7. 

(i)  Bull,  de  V Institut  archéol.  liégeois,  t,  IX,  p.  435,  pi.  v,  fig.  5. 
[s]  Ihid.,  t.  XIII,  p.  162,  pi.  V,  fig.  12. 

(c)  Ann.  de  la  Soc.  archéol.  de  Namiir,  t.  III,  p.  393,  planche, 
fig.   1  et  2. 

(7)  Musée  de  IJége. 


—  203   — 

XXV.  —  Fragment  de  col  d'une  petile  fiole  en  verre 
bhinc  laiteux  opaque,  à  culo!  aiTondi  cl  (jui,  dans  son  état 
prinntit',  devait  mesurer  (Miviron  ()'n(.i8  de  haulcin-. 

Nous  avons  déjà  rappelé  ailleurs  li  destination  probable 
de  ces  fioles  et  en  avons  signalé  un  certain  nombre,  de 
forme  ideiiti(pie  à  celle  de  Ilcrstal  (i), 

XXVI  —  Une  cmquanlaiiie  de  petits  tessons  (]e  nom- 
breux vases  en  verre  de  couleur  blanche,  verdàtre  ou 
jaunâtre,  remarquables  par  leui'  finesse  et  la  délicatesse 
de  leur  travail,  mais  dont  aucun  ne  saurait  être  l'élabli 
dans  sa  forme  primitive. 

XXVII. —  Pastilles  en  pâte  de  veri-e,  d'environ  39  '"/'"  de 
diamètre,  au  nombre  de  27,  dont  15  blanches  (une  de  ces 
dernières  est  brisée  en  deux  morceaux)  et  l'2  noires. 

Ces  objets,  très  communs  dans  les  sépultures  romaines, 
et  que  l'on  a,  à  tort,  considérés  comme  des  ornements  de 
coffrets  tumulaires,  des  boutons  sans  attache  (sic)  et  même 
comme  des  fèves  à  voter  (!  ),  ne  sont  autre  cli(js(>  que  des 
fiches  ou  jetons  {calculi)  ayant  servi  à  jouer  cei'Iain  jeu 
d'adresse  ,  vulgairement  appelé  Indus  latronum  ou 
latrunculorum. 

On  croit  que  ce  jeu  —  équivalent  de  celui  des  Grecs 
dénommé  «  TtdXsti;  w  —  était  joué  avec  une  pièce  contre 
un  certain  nombre  d'autres  (x'jveç,  latruncvli,  milites)  et 
que  le  voleur  (latro)  était  celui  que  les  autres  poursui- 
vaient comme  une  troupe  de  gendarmes  (2). 

I  i)  Bail,  de  V Institut  archéol.  Jiér/.,  L.  XXVIII.  p.  265. 

Voyez  encore  sur  fioles  analogues  :  de  Montfaucon,  op.  citât.,  t.  V, 
pp.  116  et  suiv.  ;  de  (Iaylus,  Becueil  (Vantiqitités,  t.  I,  p  275.  pi.  cir, 
fig.  3;  t.  VII,  p.  2"4,  pi.  Lxxn.,  fit,'.  5  ;  Piihlic.  de  la  section  hist.  de 
l'Institut  roi/cd  grand-dncal  de  Luxembourt/,  t  XXIX  (VII),  pi.  [, 
fig.  .3;  Faussett,  Inventorium  sepulchrale,  p.  191,  fig.  1. 

I,  i)  DE  Meester  de  Ravestein,  Catalogue  descriptif,  t.  II,  p.  63. 


-  204  — 

La  table  sur  laquelle  on  jouait  (tabula  latruncularia, 
comme  l'appelait  Sénèque)  (i),  élait,  selon  Saumaise, 
toute  barrée  par  des  lignes,  de  sorte  que  chaque  jeton  ou 
pion  avait  sa  place  marquée  dans  une  case  (2);  en  cela, 
cette  table  (genre  d'abaque)  ressemblait  beaucoup  à  celles 
employées  pour  d'autres  jeux,  notamment  pour  celui  des 
diiodecini  scriptorum  avec  lequel  le  Indus  latronum 
a  parfois  été  confondu. 

Ce  dernier  exigeait  beaucoup  d'habileté  et  nécessitait, 
pour  choque  joueur,  l'emploi  de  30  pions  ou  dés,  qui 
différaient  entre  eux  de  couleur  et,  d'après  cela,  por- 
taient les  dénominations  spéciales  de  mandrae  et  la- 
trones  (3). 

De  tous  les  auteurs  anciens  qui  ont  parlé  du  jeu  des 
lati-oncules,  tels  Macrobe  (4),  Sénèque  (s),  Ovide  (6),  Mar- 
tial (7),  Pline  (8),  etc.  ,  le  plus  explicite  est  Saleius  Bassus, 
qui  a  tracé,  en  quelques  vers,  la  description  la  plus  com- 
plète que  l'antiquité  nous  ait  laissée  de  ce   jeu  (9).   On 

(1)  SiîNÈQUE,  £'/^.,  CXVII. 

(i)  Ad  luinc  quadniplicem  fouie»!  urdines  dirli/inifiir  hiiii ,  mu' 
trcoisversi,  alleri  direct!,  ut  iii  tahida  soJet.  i)i  ijua  lafnnicidis  hidiint 
(Varro,  De  lingita  latina,  10,  :2i). 

(3)  Mart.,  VII,  72,  8. 

(4)  IVlACROBE,  I,  5. 

(5)  Ei3.,  CXVII. 

.  (ti)  Art  d'aimer,  III.  357. 
il)  Epigr.,  VII,  72  ;  XIV,  20. 
{>^)Hist.  Nat.,XXXYl,'i6. 

{'.))  Salei  Bassi  ad  Calpiiriiiitni  Pisoneni  poeinatioii,  dans  les  Poetae 
latini  minores,  t.  Ht,  vers  17S  à  196  : 

Te  si  forte  juvot  studiorinn  pondère  fessian 
Non  languere  tamen,  lusKsque  movere po'  nrfnu, 
Callidiore  modo  tabula  varialnr  apcrta 
Calcuhis,  et  vilreo  peraguntur  milite  bella, 
Ut  niveus  nigros,  nunc  et  niger  alliget  albos. 
Sed  tibi  qiiis  non  lerga  dédit  ï  qiiis  te  duce  cessit 


—  205   — 

y  Iruuvo  retracées  les  phases  les  plus  intércssaiiles  de  ce 
jeu,  dans  lequel  excellait  entre  tous  Gneius  Calpurnius 
IMson  (i). 

Quant  aux  labidae  lalrunculaviac .,  elles  devaient  tout 
nalurellomenl  faire  partie  du  mobilier  funéraire  des  sépul- 
tures dans  lesquelles  on  a  retrouvé  les  jetons  de  ce  jeu  ; 
mais  il  est  à  supposer  que,  faites,  selon  toute  vraisemblance, 
on  bois  (2),  elles  n'auront  pas  résisté  au  contact  de  la  terre 
et  d(»  l'humidité,  ce  qui  explique  qu'on  n'en  ait  guère 
signalé  de  ce  genre  (3). 

('ali-iiliis  f  oui  (jitis  iKiii  [lerilii  nis  jierdiOil  Imslfin? 
Mille  niodig  acies  tiin  dimicaf  :  illc  'pctaileni 
Dum  fufjit,  ipse  rapil  ;  longo  tcnit  illerecessu, 
Quistetit  in  speculis  :  hic  se  comtnitlerc  rixae 
Audct,  et  in  praedam  venientem  decipit  Jiostem. 
Ancipites  subit  ille  nioras  similisqiie  lifiati) 
JMi^at  ipse  duos  :  hie  ad  nwjora  utoveUii-, 
Ut  citus  et  fracta  pro^-wnpat  in  agmina  niandrc 
Clausaque  dejecto  populetur  muenia  vallo. 
Intrea  seclis  quamvis  acerrima  surgant 
Proelia  militihus,  plena  tamen  ipse  phalange 
Aut  etiam  paueo  spoUata  milite  innrJs 
Et  til)l  cnptirn  resonat  inanns  ntraque  tnrija. 

(O  Cf.  encore  au  sujet  du  jeu  des  latroncules:  Pitiscus,  Lexicon 
antiqiiitatmn  romatiarum,  t.  II,  v»  Latro  ;  J.  D.  Fvss,  Antiquitates 
romande,  p.  250;  L.  Becq  de  Fouquièrks,  Les  Jeux  des  Anciens,  p.  384; 
Baumeister,  op.  cit.,  t.  I,  p.  353;  Marquardt,  Handbuch  der  rômi- 
schen  Alterthi'.mer,  \.  VII,  Das  Privatleben  der  Borner,  pp.  83:2  et 
suiv. 

(2)  Et  même  en  bois  précieux,  au  dire  de  Pétrone,  qui,  au  festin  d» 
Trimalcion,  nous  montre  un  jeune  esclave  apportant  à  la  sortie  de  la 
table,  pour  le  jeu,  un  damier  de  bois  de  térébenthine  avec  des  dés  de 
cristal:  «  Seqiiehatur  puer  cum  tabula  terebintliina  et  crijstallinis 
tesseris»  {Satyricon,  G,  XXVII). 

(3j  Les  seuls  spécimens  qui  soient  parvenus  jusqu'à  nous,  sont  en 
pierre  ou  en  marbre  et  tel  d'entre  eux  porte  celte  inscription  sugges- 
tive :  VIGTVS  LEBA  (LEVA)TE  1  LVDERE  NESCIS  |  UA 
LVSORI  LOGVM ,  qui  ne  laisse  aucun  doute  sur  sa  destination 
réelle  (Rich,  Dictionnaire...  v°  Abacus  et  Tabula  j. 


-  206  — 

La  découverte  de  ces  tesserae  lusoriae  dans  les 
sépultures  n'a  rien  d'anormal,  vu  que  des  pièces  de  jeu 
bien  plus  caractéristiques  (des  dés  cubiques  en  os  ou  en 
ivoire  avec  points  marqués)  ont  été  fréquemment 
retrouvées  dans  le  même  milieu  (d). 

Des  pions  analogues  à  ceux  de  Herstal  ont  été  révélés 
par  les  lumulus  de  Fresin  (13  blancs  et  9  noir>)  (2),  de 
Tirlemont  (3).  deBurdinne  (4),  de  Hodeige  (s),  de  Moper- 
tingpii  (6)  et  même  par  ceux  des  Bai'tlow-Hiils  (i  ),  sans 
compter  les  nombreuses  trouvailles  d'objets  analogues 
dans  des  sépultures  ordinaires  à  Tour-nai  (8),  Corroy-le- 
Grand  (9),  Elonges  (iO  ),  Tongres  (li),  Eneilles  (Grand- 
Han)  (I2j,    Juslenville  (13),  etc. 

(11  Notamment  à  Fresiii  (tiinuilus!  {BnU.  desComm.  roi/.  cVart  et 
d'archéoL,  t.  II,  p.  160.  pi  m.  11  ■  I'.»)  ;  à  Gliampion  (lumulus)  {Anii.  de 
la  Soc.  archéol.  de  Nainiir,  II,  ]>.  172);  à  Hern-S'-Hubert  (tumuUis) 
et  à  Mopertingen  (lumulus)  (collection  Huybrigts)  ;  en  Alsace 
(Oberlin,  Mkscioh  Schappfliiii,  t.  I,  pi.  xv,  fig.  9,  p.  135)  ;  en  France 
{Cochet,  la  Normandie  souterraine,  Y).  136,  pi.  vi,  n"^7elS);  même 
en  Angleterre  (duché  de  Kent)  (Faussett,  Tnventoriiim  sepidchrale, 
p.  7),  etc.. 

(2)  Bull,  des  Comm.  roij.  d'art  et  d'arcliéol.,  t.  II,  pp.  161-162, 
pi.  ni,  fig.  20. 

(3)  Annales  de  la  Soc.  d'archéol.  de  Brux..  t.  IX,  pp.  429  et  442. 

(4)  lbid.,i.  XIV,  p.  72  ;  collection  Tihon.  au  Musée  de  Liège. 

(  ri)  Musée  de  Liège;  Rapport  sur  les  travaux  de  Vlnst.  archéol.  liiuj. 
pendant  Vannée  1891,  p   67  {'2^  série  des  rapports). 

(s)  (loiieclion  Huybrigts.  a  Tongres. 

(7)  Ardiœologia,  t.  XXV,  p.  <ii. 

(s)  ScHAYKs.  La  Belgique  et  les  Pays-Bas  avant  et  pendant  la  domi- 
nation romaine,  i  W,  p.  364;  Annales  de  lu  Soc.  liist.  et  littér.  de 
Tournai,  t.  XXI,  p.  3(iS. 

(9)  Bull.  desConnn.  roij.  d'art  et  d' archéol .  t.  III.  p.  538. 

(10  )  Ann.  du  dercle  arcliéol.  de  Mons,  t.  VI,  p.  118. 

(n)  Colleclion  Huybrigts. 

(1-2)  Ami.  de  Vlnst.  archéol.  du  Luxembourg,  t    VIII  (1874),  p.  228. 

(  lô)  Bull,  de  Vlnstitnt   archéol.  liég.,  t.  X,  p.  219  ;  t.  XVII,  p.  295. 


-  207  — 

C.  —  Poteries. 

XXVIII.  —  Espèce  de  patine  en  fine  terre  rouge  de 
O'^^OS  do  hauleur  et  0'"115  de  diamètre  (pi.  G,  fig.  8). 

Les  poteries  de  ce  genre  se  rencontrent  fréquemment 
dans  nos  fouilles  belges  (l). 

XXIX.  —  Plat  ou  patère  en  terre  rouge  dite  «  terre 
saniienne  »,  inesuranl  0"''17  de  diamètre  à  sa  partie  supé- 
rieui-e  et  0™04  de  hauteur. 

Ce  plat  est  marqué  au  centre  d'une  rosace  à  huit 
feuilles,  signe  conventionnel  adopté  par  certains  potiers  en 
guise  de  sigle  (2)  (pi.  g,  fig.  1). 

XXX.  —  Un  idem  (brisé)  de  O-^ie  de  diamètre  et  0^04 
de  hauteur,  marqué  comme  le  précédent  d'une  rosace. 

XXXI.  —  Plateau  ou  patère  en  belle  terre  rouge  dite 
samienne  de  235  n'/™  de  diamètre  et  50  ■"/"'  de  hauteur 

r.f.  encore  Aiin.  du  Cercle  archéol.  de  Mona,  t.  I,  p.  7v)  ;  Bull,  de 
la  Soc.  hist,  et  littér.  de  Tournai,  t.  I,p.  103;  Puhl.  de  la  Soc.  pour  la 
couservation  et  la  recherche  des  monuments  historiques  dans  le  Grand- 
Duché  de  Luxemhourç).  t.  Vif,  p.  177;  Cochet,  la  Normandie  souter- 
raine, p.  135;  RoACH  Smith,  llie  antiquitie  <  of  Richborough,  Reculver 
and  Li/mne  in  Kent,  p.  78;  Mémoires  de  V Académie  de  Lillebonne, 
t.  IX,  p.  15;  Jahrhitcher  desVereins  von  Alterthumsfreundrn  im  Rheinl., 
t.  VU,  p.  66  ;  t.  IX,  p.  -26  :  Bull,  di  Correspondenza  archeol.  di  Napoli. 
1852,  p.  193,  pl.N.  lig.  6. 

(1)  .Voy.  à  l'étranger:  de  Caylus,  Recueil  d'antiquités....  I.  VII. 
p.  267,  pi.  Lxxv,  fig.  4  ;  Faussett,  Inrentorium  se/)ulchrale,  p.  74, 
tig.  l;p.   182,  fig.    I. 

(■2)  Cette  marque,  en  double  à  Herstal,  sVsl  retrouvée  à  Juslen- 
ville  I  Bull,  de  VInst.  archéol.  liég.,  t  IX,  p.  442,  pi.  x,  fig.  3),  dans  la 
tomlie  de  Hodeige  (  Musée  de  Liège;  Rapport  sur  les  travaux  de  VInst. 
archéol.  liégeois  pendant  Vannée  1891,  p.  67  [2"  suite  des  rapports]), 
dans  les  snbslructioiis  du  Hemelryk  (Walsbelz)  (BuV.  des  Comni  roy. 
d\(rt  et  d\irchéol.,  t.  V,  p.  440,  pi.  v,  fig.  12'>isj,etc.  —  ('f.  aussi  Oscar 

HÔIVER,  op.  cit.,  pi.  XXII,  fig.   11. 


—  208  — 

(pi.  G,  fig.  2),  portant  au  fond  le  sigle  : 
DISETVS 

Ce  sigle  est  remai-quable  par  la  beauté  et  la  netteté  des 
caraclères,  ce  qui  permet  de  le  rattacher  au  II^  siècle  au 
plus  tard,  âge  déjà  assigné  ailleurs  aux  produits  du  potier 
Disetus  (i). 

Cette  marque  assez  répandue,  surtout  sur  les  bords  du 
Rhin  (Allemagne  et  Hollande),  s'est,  pour  la  première  foi;?, 
à  Herstal,  révélée  dans  nos  contrées  (2). 

On  l'a  signalé  sous  les  formes  suivantes  : 

DICETVS     à  Kattwyck  (3)  et  en  Angleterre  (?)  (4). 

DISETVS  à  Nimègue,  Vechten  (s),  Utrecht  (6),  Ander- 
nach  (7),  Rïickiugen  (s). 

DISEVVS  (?)  àNeuss  (9). 

DI-2HTV       à  Reims  (40). 

DISETVS  F  à  Mayence(ii),  Friedberg(i2),  Weisenau, 

(  I  )   Biiïl.  de  la  Soc.  scient,  et  littér.  du  Linibourf/,  t.  VIII,  p.  90. 

(2)  Remarque  de  l'énidit  P' D'  0.  Bohn,  chargé  par  rAcadémie 
de  Berlin  de  la  rédaction  de  Vlnsfniineïitum  de  nos  contrées  pour  le 
tome  XV  du  G  I.  L.  et  qui,  avec  une  obligeance  dont  nous  ne  sau- 
rions assez  le  remercier,  aliien  voulu  nous  communiquer  de  précieux 
renseignements  sur  le  potier  DISETVS. 

(5)  Froehner,  Inscriptiones  terrae  coctae  vaso>-i(tii  { Plu'lologiis, 
Zeitschrift  fur  dus  klassische  Alterthnm,  Supi^lement-Heft  zum  zwolf- 
tenJahrç/atiff,  Gôltingen,  1857),  n^dll  ;  Steiner,  Codex inscriptioniim 
romannnim  Danuhii  et  Rheni,  t.  II,  287. 

{i)  BiRCH,  Histonj  of  cmcient  potterif,  t.  II,  412. 

(3)  Froehner,  op.  cit.,  n°  971  ;  Sïeiser,  op.  cit.,  t.  II,  27(i. 

(fi)  Jahrbilcher  der    Vereins  von  AIterfhiiin>:fre'inden  iin  lilieinl.. 
t.  IX,  29  (Collections  de  la  Soc.  d'archéol.  d' Utrecht). 
(7)  Unsée  ^[e  \^om\  (Jnlirhilcher,  etc.,  t.  1  XXXIX,    1.'!,  u"  III). 
(s)  Duncker,  Das  Rômercastell  bei  Ri'œkintjeii  (Hanan,  187;!),  \^.  36. 
(9)  Jahrbiïcher,  etc  ,  t.  LX,  p.  167. 

(io)  Musée  de  Reims  ;   C.   I.  L.,  t.  XIII,  p.  211,  no  784,  a''. 
(11)  Steiner.  op.  cit.,  t.  H,  239.  Musée  de  Mayence. 
(la)  KhEm,  Inscriptiones  latinae  provinciae  Hassiae  transrhenanae 


—  209  — 

[{ïickingcn  (i),    Markôbel,    Voclilen  (2), 

Arentsburg    (3),   Saall)urg    (4),    Andcr- 

nach  (s),  etc. 
DISENS   F  à  Mayence  (6)  et  Heddoriihcim  (7). 
DISEIVS  F  à  Saall)urg  (8),  Nouss  (9),  Arentsburg  (lO), 

etc. 


DISETV //////  j  à  Nieuwkerk  {u  ). 

A  rapprocher  du  potier  Disetus  cerlaiii  aulic,///.sek>  (12), 
qui  a  diversement  mai-qué  ses  produits  : 

DISETO  •  FE  à  Reims  (l3),  Amiens  (14)  et  Tongres  (iJi). 
aiSIITO  Fil  à  Reims  (16). 


(  Jluyeucc,  1S5S).  p.  10  ;  Fkoehxkii,   (j/i.  cit.,  11"  'Md  ■,J(i/irhi'c/irr,  etc., 
l.  II,  p.  90  ;  Musée  de  Wiesbaden;  C.  I.  L  ,  XIII,  11"  78."),  f. 

(1)  Musée  de  Hauau  ;      C.  I.  L.,  XIII,  n°  78'),  <j;. 

(2)  Musée  d'Utrechl;  C.  I.  L  ,  XIII,  n"  785,  u. 
(î)  Musée  de  Leyde  ;  C.  I.  L.,  XIH,  n"  78."'),  o'. 
(4)  Musée  de  Homburg;  (\  I.  L  ,  XIII,  n"  785,  g', 
(o)  Musée  de  Bonn;  C.  i.  L.,  XIII,  n"  785,  h. 
(u)  Musée  de  Mayence  ;  CI.  L.,  XIII,  n"  785,  a". 
{-)  C.  I.  L.,  XIIF,  11"  785,  c  (Rôdelheim-in  caslro). 
(s)  C.  I.  L.,  XIII,  n"  785  g'  (Musée  de  Homburg). 
(fl)  C.  I.  !>..  XIII,  no78oi      (     »      do  Diisseldorf). 

(10)  C.  I.  L.,  Xill,  n"  785  o-  (     »       do   Leydo;. 

(m)  Jalirhucliev  des  Vereins.  .  (Bonn),  t.  XXIII,  u.  17(). 

(  12)  On  retrouve  le  nom  Dif^eto  d^ms  les  deuxinscripUonssuivantcs, 
où  ce  nom  est  porté  par  une  femme  : 

1:  T  •  IViXIO  •  T  •  L  l|  AMPIONI  ||  IVNIA  T  •  L  DISETO  ||  SIBI 
Eï  FATROiXO  II  SVO  FECIT.  -  Milan.  C.  I.  L.,  V,  n»  (i(;i)5. 

L>:SEX  •  GRANIO  H  SEX  •  F  •  VOLT  ||  BOVDO  i|  ET  DISETOjNI 
(.sVc)  MATRI   I!    HOMVLLVS  lAPYS   !|   ALCHIMEDO  LIB.  -  Nimcs, 

C.  I.  L.,,  XTi.  noseo;! 

(r.  )  C.  I.  L.,XIII,  no78ia'  (Musée  de  Reims). 

(11)  Cochet,  Catalogue  du  Musée  de  Rouen,  p.  80. 

(1:.)  DE  Meester  de  Ravestein,  Catalogue  deso-iptif.   I.    Il,  p.   \'-'7  : 
ScHUERMAKS,  Sif/les  fiffulms,  n"  1925  ;  Musée  de  Bruxellos. 
(  ir.)  fl.  I.  L.,  XIII,  n"  784,  a2  (Musée  de  Reims). 


—  210  — 

DISIITO  F  au  Châtelet  (i). 

XXXII.  —  Deux  petites  jattes  de  forme  conique  à  boi'ds 
droits  en  ferre  rouge  vernissée,  sans  sigle.  Hauteur: 
0'n055  ;  diamètre  au  sommet   :   0'n095  (pi.  F,  fig.  T)  et  10). 

Ce  type  de  poteries  se  retrouve  dans  presque  toutes  les 
sépultures  belgo-romaines  ;  même  les  substructions  des 
villas  en  ont  révélé  de  nombreux  spécimens  (2). 

Les  tombes  de  Blehen  (3)  et  de  Hodeige  (4)  ont  fourni 
chacune  des  jattes  identiques  à  celles  de  Herstal,  de  même 
que  les  tumulus  des  Bartlow-Hills  (g). 

XXXIII. —  Une  idem  fragmentée,  plus  grande.  Hauteur  : 
O'^OT^  ;  diamètre  supérieur  :  0'nI25. 

XXXIV.  —  Vase  en  belle  terre  rouge  vernissée,  en  forme 
de  patine  ronde  à  bords  verticaux,  munie  au  milieu  de 
la  panse  d'un  rebord  saillant  très  prononcé.  Hauteur  :0"'07; 
diamètre  au  bord  supérieur:  0"'17  ;  diamètre  du  pied  : 
0'"065  (pi.  G,  fig.  M). 

Les  potei'ies  de  ce  genre,  d'un  type  très  élégant,  sont 
assez  comnmnes.On  en  a  retrouvé  dans  les  substructions  du 
Herkenbergh  à  Meerssen  (6)  ,  en  des  sépultures  belgo- 
romaines  aux  environs  de  Tongres  (7),  ainsi  que  dans  !a 
tombe  de  Hodeige  (8). 

(  i  )  Grignon,  Bulletin  des  fouilles  faites,  par  ordre  du  Roi,  d'une 
villa  romaine  sur  la  petite  montagne  du  Châtelet,  entre  S^-Didier  et 
Joinville,  p,  GtlXXIII  ;  Schuermans,  Sigles  figulins,  n°  1924. 

(2)  Bulletin  de  V Institut  archéol.  liég.,  t.  XXVIII,  p.  268,  note  l. 

(3)  Ibid.,  t.  XIII,  pp    159-160,  pi.  II,  fig.  8  et  9. 

(*)  Musée  de  Liège;  Rapport  sur  les  travaux  de  Vlnstitut  arcJu'ol. 
liégeois  pendant  V année  1891,  p.  67. 

(îi)  Archœlogia,  t.  XXVIII,  p.  4,  pi.  i,  fig.  5. 

(r.)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'arcliéoL,  t.  VI,  p.  266,  pi.  xii, 
fig.  6. 

(7)  Collection  Huybrigts  (touilles  de  1892  à  Goninxlieim,  dans  la 
parcelle  B,  49  a). 

(8)  Musée  de  Liège;  Rapport  sur  les  travaux  de  Vlnstitut  archéol. 


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—  !2H    - 

Le  Musée  do  Liège  en  conserve  également  quelques 
exemplaires  provenant  de  Thenx  et  de  Fallais, 

XXXV.  —  Vase  en  terre  blanche  avec  couverte  biaine,  à 
panse  unie  renflée,  partagée  en  deux  lobes  par  un  rétré- 
cissement circulaire.  Hauteur  :  0"'09  ;  diamètre  du  goulot  : 
0'"07  (pi. -G,  fig.  7), 

Ce  type  de  vases,  de  l'orme  assez  rare,  n'avait  jus(prici 
été  rencontré  que  deux  fois,  à  notre  connaissance,  dans  la 
province  de  Liège  :  dans  les  fouilh^s  du  luinulus  de 
Hodeige  (l)  et  dans  celles  de  Juslenville  (2).  Un  autre 
(exemplaire  a  été  retiré  des  substi'uctions  de  la  villa  du 
Rondenbosch  à  Ilouthem-S^-Geiiacb  (3). 

D'autres  vases  de  ce  genre  ont  également  été  découverts 
ailleurs  en  Belgique,  mais  en  petit  nombre  (4)  ;  on  en  a 
signalé  en  France  (Abbeville)  (5)  et  en  Allemagne  (e). 

XXXVI.  —  Quatre  plateaux  (espèces  de  patères)  iden- 
tiques, à  bords  droits,  en  terre  blanche  recouverte  d'un 
enduit  brun  foncé.  Hauteur  :  0»i03  ;  diamètre  :  0'"17 
(pi.  G,  fig.  3). 

lié;ieois  pendant  Vaiuicc  lH'Jl.  y.  (i7.  Ctr.  encore  sur  aual.  :  V^ahk- 
NER.  Handbnch  dcr  rorzirglichsfen  in  Dcuti^chlund  entdeckten  Alter- 
thnmer  ans  heidnischerVorzeit,  pi.  ol,  fig.  810  ;  Faussett,  InventoriuiH 
sepiilchrate,  p.  191,  fig.  'd. 

(  1)  Musée  de  Liège:  Rajij/ort  sur  les  traraux  de  l'hist.  arcJiéol. 
liég.  pendant  Vanni^e  1891.  p.  (lO. 

(-2)  Bnll.  deVlnst.  archéol.  liéf).,  I.  L\,  ]).  447,  pi.  x.  tig.  1. 

(ô)  Bidl.  des  CoDtm.  roij.  (fart  et  (farchéul.,  t.  VI,  [).  KiO,  |>l.  v, 
fig.   14. 

(t)  or.  notamment,:  lhill.de  la  Soc.  Itist.  et  littér.  de  Tournai, 
1.  XXI,  p.  .300,  |il.  I,  tig.  ;10;  iiE  Bast,  lleciieil  d' a  nti  (pi  if  es...  {\SOS), 
pi.  XIX,  fig  XI. 

(  uj  BuU.  des  Conini.  roi/,  d'art  et  d\irchéol.,  t.  VI,  p.  160,  note  :_!. 

(g)  Oscar  Hôlder,  Die  Formen  der  rumischen  T/iongefUsse 
diesseits  iindjenseits  der  Alfjen,  p.  'S'6,  \A.  vin,  fig.  ITt;  Westd.  Zeit- 
schrift,i.  XVII  (1898),  pi.  vn.  fig.  7. 


—  212  — 

Trois  sont  intacts  ;  le  quatrième  a  été  reirouvé  brisé  en 
nn  grand  nombre  de  morceaux. 

Ces  plateaux,  dont  un  exemplaire  semblable  taisait  partie 
du  mobilier  funéraire  de  la  tombe  de  Hodeige  (i),  ont  été 
trop  fréquemment  décrits  pour  qu'il  s(jit  nécessaire  de 
donner  ici  de  plus  amples  détails  sur  cette  -espèce  de 
poteries  (2). 

XXXVII.  —  Vase  en  forme  cVolla  ,  en  terre  ])lanche 
avec  couverte  brune  ;  la  partie  supérieure  de  la  panse 
(bord  droit  de  25  '"/'"  de  hauteur)  est  unie,  et  la  partie  infé- 
rieure décorée  de  zones  guillochées.  Hauteur  :  O'n075  ; 
diamètre  :  0"'14  (pi.  g,  tig.  9). 

Le  couvercle  à  bouton  qui,  primitivement,  accompagnait 
ce  vase,  n'a  été  retrouvé  qu'à  l'état  de  fragments  incomplets. 

Le  tumulus  de  Hodeige,  dont  le  mobilier  présente  tant 
d'analogie  avec  celui  de  Herstal,  a  révélé  une  olla  identique 
avec  couvercle  intact  (3). 

Des  poteries  du  même  genre  ont  également  été 
recueillies  à  Juslenville  (4)  et  à  Tongres  (5). 

XXXVIII.  —  Un  idem,  un  peu  moins  élevé.  Hauteur  : 
0™06  ;  diamètre  au  bord  supérieur  :  0'"0145  (pi.  g,  fig.  6). 

XXXIX.  —  Patère  à  mancbe  en  fine  terre  rougeàtre;  le 


(  I  )  Musée  de  Liège  ;  Rapport  sut-  les  travaux  de  VInstitnt  archéol. 
liég.  pendant  Vannée  1891,  p.  67. 

f»)  Voyez  notamment  :  IhiJldo-t  Cnnnii.  rm/.  (l'art  rt  d'orc/iéol.j..  II. 
p.  159,  pi.  V,  fig.  42  et  K]  :  L.  III,  p.  ?,-H;,  \A  v.  fi-.  3-2  et  :]3  ;  t.  IV, 
p.  374,  pi.  I,  fig.  10  et  p.  383,  pi.  n,  lig.  26;  C^  (i.  de  Lnoz, 
Exploration  de  quelques  villas  romaines  de  la  Hesbai/e,  p  26.  pi.  ui, 
fig.  23  et  24  (tiré  à  part);  Bull,  de  Vlnst.  archéol.  liéfjeois.  1.  XII, 
p   22,  pi.  VI,  fi;^.  3  ;  t   XXVIII,  p.  272,  note  1 . 

(.-)  Musée  de  Liège.  Rapport  de  1891  (voir  sn])rn),  p.  6(i. 

(i)  Bull,  de  rinst.  archéol.  liégeoi<:.  t.  IX.  p.  1Î7,  pi.  xi.  liu'.  1. 

(r;  )  Musée  de  Liège. 


—  213  — 

manche,  long  de  0'"08  et  percé  à  son  extrémité  Jifin 
(le  permettre  la  suspension  de  l'ustensile,  u  seul  été 
consei-vé  (i  ). 

XI..  —  (Grande  cruche  (espèce  d'amphore)  en  terre 
jaunâtre,  sablonneuse,  à  goulot  bas  et  large  muni  de  deux 
anses  énormes  ;  le  pied  sur  h^piel  repose  ce  vase,  qui  dans 
son  état  primitit  devait  avoir  environ  O'"o0  de  hauteur, 
mesure  à  peine  O'"08  de  diamètre  à  sa  partie  inférieure. 

C'était  sans  doute  un  de  ces  grands  récipients,  parfois 
aussi  désignés  sous  le  nom  de  cadi,  que  les  anciens 
employaient  surtout  pour  conserver  le  vin. 

Ce  vase,  probablement  placé  vers  le  centre  de  la  sépul- 
ture, a  dû  subir,  sous  la  pression  des  terres  fai.sant  irruption 
dans  le  caveau  après  l'effondrement  du  couvercle  en  bois, 
un  choc  violent  ;  malgré  la  forte  épais.seur  de  ses  parois, 
(0'"01  en  certains  endroits),  il  a  complètement  été  écrasé 
et  n'a  pu  être  retiré  de  la  fosse  que  morceau  par  morceau. 

Une  cruche  analogue,  de  très  grandes  dimensions,  a  été 
signalée  à  Hern-St-Hubert  (2)  ;  des  fouilles  récentes 
opérées  sur  l'emplacement  du  tumulus  aujourd'hui  nivelé 
de  Mopertingen  (5)  ont  amené  la  découverte  d'une  immense 
amphore  au  milieu  d'objets  funéraires  de  grande  impor- 
tance. 

XLI.  —  Cruche   à  bec,    en    poterie    de  couleur  jaune 


fi)  Voyez  au  sujet  de  pat  ères  de  ce  genre  :  Bulletin  de  VInst. 
archéol.  lier/.,  t.  XXVIII,  p.  257  ;  flull.  de  la  Soc.  hist.  et  lifti'r  de 
Tournai,  t.  XXII,  p  152,  pi.  i,  fig.  16  ;  Docum  et  rapports  de  la  Soc. 
de  Charleroi,  t.  VIII,  p.  212,  pi.  v,  flg.  1;  Oscar  Holder,  op.  cit., 
pi.  XIX,  fig.  13  et  15,  pi.  XXIII,  fig.  8. 

(-2)  Collection  Huybrigts  ;  Compte-rendu  du  Congrès  arcliéolof/i(/ui' 
et  historique  d'En!jhien{\P,99),  p.  202  (planche). 

(r.)  Collection HuYBRKiTs. — Voy.  encore  Wesfd.  Zeifsc/n-ift,  l. XVI II 
(1899),  pi.  III,  Ml,  fig.  (;. 


—  2U  - 

clair,  munie  d'une  anse  et  retrouvée  à  l'état  de  frag- 
ments incomplets  (à  reconstituer).  Hauteur  probable  : 
0"'25. 

Cette  cruche  appartient  au  groupe  des  récipients  dits 
epichysis,   communs  dans  toutes  les  fouilles. 

XLII.  —  Vase  en  terre  brun-rougeâtre  à  largo  panse 
ronde,  col  bas  et  énorme  goulot  de  Qf^lS  de  diamètre. 
11  est  muni  près  du  col  de  deux  petites  anses  (à  recons- 
tituer) 

Ce  vase,  dont  quelques  tessons  ont  été  recueillis,  devait 
avoir,  entier,  environ  0'"30  de  hauteur.  Comme  forme,  il 
paraît  se  rapprocher  de  certaine  poterie  produite  par  les 
fouilles  des  substructions  du  Hemelrijk  à  Walsbetz  (i).  Le 
même  type  a  été  signalé  à  Bonn  (2). 

XLIII.  —  Jarre  à  bec  ou  tèle  en  terre  jaunâtre  très 
épaisse,  retrouvée  en  quatre  morceaux  et  autrefois  munie, 
sur  le  bord  du  déversoir,  d'un  sigle  aujourd'hui  entière- 
ment fruste.  Hauteur  :  0"'06  ;  diam.  supérieur  :  On^îiil 
(pi.  G,  fig.  4). 

Ces  terrines  qui  correspondent  au  type  classique  de  la 
mulctra  (récipient  destiné  à  recueillir  la  crème  dans 
les  laiteries)  sont  très  répandues  dans  les  fouilles  de  la 
Hesbaye,  comme  elles  le  sont ,  du  reste,  aussi  ailleurs  (3). 

(I)  Bull,  des  CoiiiDi.  roi/.  (Fart  et  d'arch.,  t.  V.  p.  445,  pi.  v.  fi^'   "H. 

(i)  0.  HôLDER,  Die  Fornien  der  romischen  Tlionrjefdsse  diesseits 
iind  jenseits  der  Alpen,  p  33,  pi.  vu.  fig.  9.  Cf.  encore  :  Pabli cations  de- 
là Soc...  de  Luxembourg,  i.  VIT,  p.  17.5,  pi.  vi,  fig.  i)  ;  Ann.  de  la  Soc. 
archéol.  de  Nainiir,  t.  II,  p.  69,  pi.  ir,  fig.  8  ;  Bidl.  de  la  Soc.  hist.  et 
littér.  de  Towniff/,  t.  XXII,  p.  154,  pl.i  fig.  30;  Roach  Smith,  CoUec- 
taneii   untiqna  ,    Etckinffi   and   notices  of    ancient    reniains.    t.    VI, 

pi.   XLVI. 

(3)  Yoy.  Ann.  du  Cercle  archéol.  de  Mons,  L  VI,  p.  1:21;  Ann. 
de  la  Soc.  archéol.  de  ]\aniiir,  t.  VII,  p.  413;  de  Gaylus,  Recueil  d'an- 
tiquités..., t.  I,  pi.  cm,  fig.   4;  R.    Smith,  The  antiquities  of  Richho- 


—  215  — 

L'étude  dos  marques  :  VH(HR)A,  BRARIATVS,  etc., 
fréquemment  rencontrées  sur  ces  poteries  grossières,  a 
permis  de  déterminer  assez  exactement  le  cercle  de  dillu- 
sion  de  ces  vasques  caractéristiques.  Notre  pays  et,  plus 
spécialement,  les  abords  de  la  voie  romaine  de  Bavay  à 
Cologne  ont  surtout  été  féconds  en  antiquités  de  ce  genre; 
ce  qui  a  fait  supposer  avec  vraisemblance  que  c'est  en 
nos  contrées  qu'a  dû  se  trouver  le  siège  de  l'industrie  de 
ces  fabricants  (i). 

On  sait  toutefois,  que  les  potiers  de  Westerndorf  (Ba- 
vière), tant  réputés  pour  leurs  produits  en  terre  rouge 
vernissée  ,  s'occupaient  également  de  la  fabrication  de 
ce  genre  de  vases  (2),  tout  comme  certain  autre  potier 
de  Heldenbergen  (Nassau)  (3). 

Des  exemplaires  analogues  à  celui  do  fierslal  ont  été 
révélés  par  les  tumulus  de  Champion  (4),  par  un  de  ceux 
de  Fresin  (5)  ,  par  la  tombe  du  Tombal  (Avernas-le- 
Bauduin)  (6),  par  celle  de  Hodeige  (7),  ainsi  que  parla 
tombe    (i'Herbays    (Piétrain)  (s),  etc. 

XLIV.  — Divers  tessons  indéterminables  en  terre  jau- 

rougli,  Recnlver  and  Li/mne  in  Kent,  p.  62,  fig.  1  ;  p.  Gi-,  fig.  1  ;  Collec- 
tcmea  antiqiia,  t.  VII,  pi.  vi,  fig.  2,  etc.,  etc.  —  Les  archéologues 
anglais  qualifient  ces  tèles  de  «  mortaria  ». 

(i)  BkU.    des  Conim.   roy.   d'art   et   d'archéol.,   t.  V.  p.  447. 

(2)  Oberbaijerisches  Archiv  fur  vaterlàndischeGeschichte,  t.  XXII, 
pi.  IV,  fig.  16". 

(ô)  Westdeiitsche  Zeitschrift  filr  Geschichte  und  Kunst,  t,  XVIII, 
p.  238,  pi.  m,  no  I,  13. 

(i)  Ann.  delà  Soc.  arcliéol.  de  Namnr,  t.  II,  p.  (>5,  pi.  i,  fig.  7 
et  p.  69,  pi.  II,  fig.  9. 

(o)  Bull,  des  Contm.  roij.  d'art  et  d'archéol.,  t.  Il,  p.  158,  pi.  v,fig.39. 

(6)  ift/f?.,t.  IV,  p.  386. 

(7  )  Musée  de  Liège;  Rapport  sur  les  travaux  de  l'Inst.  archéol.  iég. 
pendant  l'année  1891,  p.  66. 

(s)  Annales  de  la  Soc.  d' archéol.  de  Bruxelles,  t.  XIII,  p.  204. 


-  216  — 

nâtre  et  blanchâtre  provenant  de  vases  paraissant  avoir 
subi  les  atteintes  du  feu  du  bûcher  et  avoir  été  brisés 
volontairement,  avant  d'être  jetés  dans  le  caveau  (i). 

XLV.  —  Lot  de  tuiles  plates  à  rebords  dites  tegulae  et 
de  tuiles  courbes  ou  faîtières  dénommées  imbrices. 

Comme  on  l'a  dit,  ces  tuiles,  dont  aucune  ne  porte  de 
marque  quelconque,  avaient  servi  de  couverture  (couche 
protectrice)  à  la  partie  supérieure  du  coffre  en  bois.    - 

La  découverte  de  tuiles  sous  les  tumulus  ne  présente 
rien  d'anormal,  témoin  les  constatations  identiques  qui  ont 
été  faites  à  propos  d'une  des  tombes  de  Niel  (2),  des  tu- 
mulus de  Héron  (3),  Temploux  (4),  Lennick  Saint- 
Quentin  (§),  etc.  ;  fréquemment  pareilles  trouvailles  ont 
été  le  moniteur  de  constructions  voisines  (6). 

D.  —  Objets  divers. 

XLVL  —  Petite  tablelto  en  pierre  grise,  en  forme  de 
parallélipipède  taillé  en  biseau,  de  0'"075  de  largeur  et  O'^^IOS 
de  longueur. 

Faut- il  voir  dans  cet  objet  un  de  ces  tabellae  unguenta- 
7'me,sur  lesquelles  les  anciens  broyaient  certains  onguents 
dont  ils  faisaient  notamment  usage  pour  le  bain  (7)? 

(1)  Au  sujet  de  cet  usage  du  bris  intentionnel  des  poteries,  voyez 
notamment  Bnll.  des  Connu,  roi/.  cVart  et  (Varchéol.,  t.  II,  p.  123. 

(2)  Ihid.,  t.  IV,  p.  394. 
{-o)lbid.,  t.  IV,  p.  415. 

(i)  Annales  delà  Soc.  arcliéol.  de  Namitr,  t.  V,  p.  189. 

(s)  Annales  de  la  Soc.  d'archéol.  de  Bruxelles,  t.  V,  p.  405. 

(f.  )  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol ,  t.  IV,  pp.  400-401. 

(7)  J.  Marquardt,  Handbnch  der  romischen  Alterthûmer,  t.  VII 
{Das  Privatlehen  der  Rômer),  p.  762.  On  connaît  aussi  l'emploi  de  ces 
tablettes  pour  les  onguents  (collyres)  des  yeux,  à  raison  de  la 
trouvaille  frwjuente  de  ces  tablettes  près  des  sceaux  d'oculiste. 


—  217  — 

La  sépulture  d'un  dos  iuinnlus  do  H.mrot  ronformail 
une  pi'lile  l.ibletle  de  marbre  gi'is  (long.  0^\S,  l.u-g.  C^OT), 
polie  et  taillée  en  biseau  à  chacune  de  ses  (vxirémdés;  sur 
une  des  faces  adhérait  encore  un  stylet  ou  gi'osse  épingle 
de  bronze  fort  oxydé  (  l  ). 

On  a  également  sitjnalé  de  ces  lableltes  à  Thoux  ('2), 
à  .lnslenvill(>  (3),  à  Momalle  (4).  à  Tongres  (s),  à 
Fall-Mheer  (6),  à  VVancennes  (  7),  à  Novdle-hv.-Fexh.^  (8), 
à  Bassengo  (9),  à  Uraives  (  io),  dans  la  villa  du  Houile-n- 
bosi'h,  à  Houlhem-Sainl-Gerlach  (il),  en  un  des  lumulus 
de   Hern-S'-Hubert    (12),  etc. 


m. 


Reste  à  détei'miner  l'âge  de  la  sépulture  de  Herstal. 

Vu  son  muivais  état  de  conservation,  le  grand  bronze  de 
DomUien,  l'unique  pièce  de  monuiie  recueillie,  ne  peut 
que  démontrer  la  posiériorité  de  celte  sépulture  à  Tune  des 
années  85-95  après  J. -G.  (période   de  frappe  de    la  pièce), 

{ I  )  Ann.  de  la  Soc.  archéol.  de  Nanmr.  t.  III,  p  .i94. 
(2)  Bull,  de  rinsf.  arcJu'aJ.  lie'(jeois,i.XVlï,p.29o. 
(ô)  Ibid.,  t.  X,  p.  291. 

(i  )  Bull,  de  l'Acad.  roy.  de  Belgique,  t.  X  V^II,  2"^  pnrtie,  p.  5.']. 
(ri)  Musée  de  Liège. 

{  fi)  Bull,  de  la  Soc.  scient,  et  litfe'r.  du  Limbonrg,  t.  IX,  p.  320. 
(7  )  Ann.  de  la  Soc.  archéol.  d"  Naiina-,  t..  XVI    p  :M'-2. 
(s)   BhU.  de  la  Soc.  scient,  etlittér    du  Limboury,  t.  XVII,  p.  73  ; 
Bull,  de  Vlnst.  nrchéol.  liégeois,  t.  XXVIII,  p.  256. 

(9)  Musée  de  Liéy:e. 

(10)  IbiJ. 

(u)  Bull,  des  Cowni.  rog.  d'art,  et  d\irc/H'ol.,i.\l,  ]).  \i'\  p|.  nr, 
fig.  53.  54. 

(15)  Collection  HuYBRifiTs,  h  Tongres.  Cf.  encore  sui'  des  décnu- 
vertcs  analogues:  Ann  de  la  Soc.  archéol.  de  Namiir,  t.  If,  p.  419; 
Cochet,   la   Seine  inférieure,  pp.  238,  336  et  440,  etc. 

la 


—  218  — 

tandis  qu'en  l'absence  de  toute  autre  monnaie,  le 
mode  d'incinération  pratiqué  à  Herstal  prouve  l'antériorité 
de  la  même  sépulture  à  la  fin  du  [V"  siècle.  A  cette  dernière 
époque  avait,  en  effet,  au  dire  de  Macrobe('i),  complè- 
tement disparu  l'usage  de  la  crémation  des  cadavres. 

D'assez  nombreux:  éléments  comparatifs  permettent 
toutefois  de  resserrer  davantage  ces  deux  dates  extrêmes, 
qui  comprennent  entre  elles  un  espace  d'environ  trois 
siècles  et  un  quart  et  de  préciser  plus  positivement  l'anti- 
quité du  dépôt  funéraire  en  question. 

Ce  sont  d'abord  les  analogies  frappantes  qui  ont  été 
signalées  entre  certaines  pièces  constitutives  du  mobilier 
de  Herstal  et  certains  objets  révélés  par  nos  tumulus 
belges. 

Ces  analogies,  pour  ne  citer  que  les  plus  caractéris-  ■ 
tiques,  sont  celles  qui  existent  entre  les  buires  de  Fresin, 
de  Berg  et  de  Herstal  ;  les  oenochoés  de  Tirlemont,  de  Cor- 
til-Noirmont  et  de  Herstal  ;  les  patères  en  bronze  de  Tirle- 
monl,  de  Hern-S*-Hubert,  de  Cortil-Noii-mont,  de  Moper- 
tingen  et  de  Herstal;  les  trépieds-candélabres  de  Fresin, 
de  Tongres  et  de  Herstal  ;  les  strigilesde  Berg,  de  Hei-n- 
S*-Hubert  et  de  Herstal  ;  les  flacons  carrés  de  Walsbetz, 
de  Thisnes,  de  Seron,  de  Hanret,  de  Champion,  de  Cortil- 
Noirmont,  de  Berg  et  de  Herstal  ;  les  pastilles  en  pâte  de 
verre  (dés)  de  Fresin,  de  Tirlemont,  de  Hodeige,  de  Bur- 

fi)  Saturn.,  VII,  7:  «  LIcef  in-eiidi  rorpora  defimciorum  usus 
iiofttro  f^ecnlo  niilhis  sif  ».  D'après  d'autres  auteurs  cependant,  la 
pratique  de  la  crémation  ne  se  continua  pas  au-delà  du  commen- 
cement du  IV»  siècle,  c'est-à-dire  de  la  défense  formelle  portée, 
l'an  306  de  notre  ère.  par  Consl.antin-le-Grand,  de  brûler  encore 
les  cadavres.  Cf.  df.  Caumont,  Cours  d'antiquité.-!  monumentales,  t.  II 
{Ere  gallo-romaine),  p.  '279  ;  Documents  et  rapports  de  la  Soc.  de 
Charlcroi,  t.  XIX,  p.  127;  Bull.de  Vlnsf.  archéol.  liég.,  t.  XIII, 
p.   133,  etc. 


—  219  — 

ci  inné  et  de  Tongres  ;  les  tèles  de  Fresin,  de  ïlodeige  et  de 
Herstal,  etc.,  etc.  (i). 

Ce  sont  ensuite  l'élégance  et  la  richesse  de  décoration 
des  ustensiles  de  bronze  (spécialement  du  renn  irqnable 
vase  à  reliefs),  ainsi  (|ii(»  la  (hMicalesse  de  la  cis(Mure  des 
anses  de  l'oenochoé  et  de  la  bu  ire,  autant  de  caractères 
propres,  dans  nos  contrées,  aux  premiers  temps  du  Haut- 
Empire. 

C'est  encore  ce  fait  qu'il  n'a  pas  été  recueilli  le  moindre 
tesson  de  vase  grossier  et  que  toutes  les  poteries  en  terre 
rouge  vernissée  appartiennent  à  cette  série  de  vases  en 
belle  fine  terre  glacée  inaltérable  que  l'on  ne  retrouve  que 
dans  les  sépultui'i's  riches  de  la  bonne  épo(|ue. 

C'est  enfin,  pour  tout  résumer,  le  synchronisme  con- 
stant (2)  de  tous  nos  grands  tumulus  belges,  dont  aucun  n'a 
révélé  de  monnaie  postérieure  au  règne  de  Marc-Aurèle  (3). 

(  1  )  I^es  tumulus  de  Bartlow-Hills  (Angleterre),  si  importants  comme 
points  de  comparaison  avec  nos  tumulus  belges,  permettent  aussi 
quelques  rapprocliement><  caractéristiques  :  l'un  de  ces  tumulus  a 
révélé  une  paire  de  slrigiles  en  bronz<*  du  même  type  que  ceu.x  de 
Herstal  ;  d'autres  ont  produit  des  palères  et  buires  eu  bronze,  voire 
même  des  poteries  identiques  à  celles  de  nos  coiitr-^es 

(2)  Nous  avons,  dans  un  article  précédent  {BuU.  de  VInst.  archM. 
liéfj.,  t.  XXIX,  p.  13),  révoqué  provisoirement  en  doute  celte  théorie 
du  synclironisme  de  nos  tumulus  belgo-Mmains,  en  suite  de  certain 
passage  de  la  yVe.^tdeatsche  Zeitschrift.  t.  XMI  (1898),  p.  4U.5,  d'après 
lequel  un  des  tumulus  de  Hern-S*-Huberl  (Tongres)  aurait  fourni 
une  monnaie  de  Dioclétien.  Vérification  faite,  les  monn,iies  recueil- 
lies dans  cette  sépulture  et  au  nombre  de  trois,  sont  l'une  un  G  li. 
fort  bien  conservé  de  Faustine  mère,  les  dnux  autres  des  P.  B.  entière- 
ment frustes,  mais  qui  doivent  iiidiibitat)lement  ère  rattachés  au 
Haut-Empire,  la  forte  épaisseur  de  leur  flan  s'opposanl  à  ce  qu'ils 
soient  considérés  comme  datant  du  Bas-Empire. 

(3)  Fresin,  G  B.  de  Domitien  et  de  Hadrien;  Walsbetz,  M.  B  de 
Faustine  et  de  Néron;  Montenaken  (Hemava),  Galba  et  Trajan  ; 
Thisnes,  Domitien  et  Trajan  ;  iNiel  Tombosch),  Maic-Aurèle;  Villers- 
S'^-Siméon,    Marc-Aurèle  ;  Omal,  Néron  (or)    et    Hadrien;    Hun, 


—  220  — 

Ces  divers  éléments  réunis  permettent  do  faire  remonter 
la  sépulture  de  Herstal  au  commencement  du  second  siècle 
au  plus  tard. 

IV 

I/opulence  et  la  diversité  des  objets  du  mobilier  funé- 
raire de  Herstal  caractérisent  à  toute  évidence  la  sépulture 
d'un  personnage  ayant  occupé  jadis  un  l'ang  social  élevé. 

Constatons  tout  d'abord  que  rien  ne  parait  justifier 
l'attribution  de  ce  mobilier  à  une  femme  (i)  ;  rien  ne  se 
rapporte  au  mundus  muliebris,  dans  cette  tombe  qui  ne 

Néron  ;  Ancienne,  Domitien  ;  Hanret,  Hadrien  ;  Seron,  Hadrien  ; 
Saventliem,  Antonin  et  Faustine;  Avennes,  Vespasien  ;  Gorlil-Noir- 
moiit.  VespasiPH,  Antonin-Pie,  Hadrien  ;  Berg,  M.  B.  de  Faustine 
mère  ;  Bois  de  Buis(Sauvenière),  Hadi'ien  et  Nerva,  etc. 

Des  observations  identiques  ont  été  faites  pour  les  tumulus  des 
Bartlow-Hills,  qui  n'ont  révélé  que  des  monnaies  d'Hadrien  (Archœo- 
Jogia,  t.  XVI,  p.  374;  t.  XXV,  p.  9  ;  t.  XXVI,  pp.  305  et  374),  ainsi 
que  pour  ceux  de  France,  qui  n'ont  fourni  que  des  monnaies  des 
Antouins  (de  Caumont,  Cours  d'antiquités  monumentales,  Ere  gallo- 
romaine,  t.  I,  pp.  40  et  355). 

A  signaler  cependant,  à  titre  de  fait  exceptionnel,  la  découverte, 
d'une  monnaie  de  Dioctétien  dans  le  tumulus  de  Rouvroy  (  Bull,  de  la 
Commission  des  cuitiquités  départementales  du  Pas-de-Calais,  1849, 
p.  53). 

(i)  Gomple-rendu  d'une  communication  faite  à  la  séance  de  la 
Société  d'' archéologie  de  Bruxelles,  à\i  2  juillet  dernier,  d'après  le 
journal  La  Meuse  (no  du  5  juillet),  où  il  est  même  question  de  la 
«  sépulture  d'\nie  riche  courtisane  d'il  y  a  1700  ans  )>  !... 

Sefigure-t-on  une  courtisane,  digne  émule  d'une  Aspasie  ou  d'une 
Laïs,  venant  échouer  à  Herstal,  pour  y  exercer  son  métier  ?..  Se 
représente-t-on  bien  une  femme  (peut-être  tenancière  de  quelque 
lupanar!),  parmi  le  mobilier  de  laquelle  on  n'aurait  trouvé  que  de^ 
objets  d'usage  masculin  jjour  les  placer  dans  sa  tombe  ? 

Peut-on  enfin  concevoir  un  cynisme  assez  abject  pour  provoquer  le 
dépôt,  à  côté  des  cendres  d'une  prostituée,  d'objets  du  genre  du  vase 
de  Herstal,  symbolisant,  comme  pour  les  commémorer,  les  turpitudes 
de  son  inconduite  ? 


—  221   — 

contenait  ni  fibule,  ni  camée,  ni  bracelet,  ni  épingle  à 
cheveux,  ni  miroir,  ni  boîle  à  faril,  ni  ciste  (coll'rel  ou 
nécessaire  de  toilette),  ni  liole  carrée  à  long  col  (à  parfum, 
à  odeur)... 

Par  contre,  on  a  exhumé  une  paire  de  strigiles  et  la 
partie  supérieure  (avec  garde)  d'une  lame  de  couteau  ou 
de  poignard  (?)  ;  on  a  retrouvé,  en  même  temps,  un 
bout  de  manche  en  ivoire,  ainsi  qu'un  fragment  de  lame  en 
fer  suffisamment  caractéristique  pour  permettre  de  rappro- 
cher cet  objet  du  précédent  et  de  reconnaître  en  ceux-ci 
lesdél)ris  [n'ohaïAes (Vun parazonium  ou  épée  de  ceinture... 

La  découverte  de  celte  arme  spéciale  démontrerait  donc 
bien  que  le  tumulus  de  Herstal  a  dû  recouvrir  les  dépouilles 
d'un  homme  et,  de  plus,  que  cet  homme  devait  être  un 
personnage  hautement  qualifié,  autrefois  investi  de  fono 
tions  militaires  importantes. 

Faut-il,  dans  celle  hypothèse,  songer  à  l'un  de  ces 
vétérans  «licenciés  et  doués  sur  leur  part  de  bulin  ou 
dotés,  lors  de  leur  congé,  de  ressources  suffisantes  pour 
soutenir  l'honneur  du  titre  de  citoyen  romain  que  leur 
accordait  le  gouvernement  impéiial  »  ? 

C'est  à  ces  vétérans  que  l'on  a  attribué  l'érection  de  ces 
nombreuses  villas  organisées  à  la  romaine  que  l'on  a  fouil- 
lées un  peu  partout  dans  notre  pays,  surtout  dans  la  Hes- 
baye  (l)  ;  et  l'on  ne  peut  se  dispenser  d'ail i-il)n('r  à  des 
hommes  venus  d'Italie  ou  tout  au  moins  ayant  été  en  con- 
tact avec  des  Romains  proprement  dits,  ces  grands  établis- 
sements que  l'on  a  découverts  dans  nos  campagnes  et  qui 

(i)  Bail,  des  Coddh.  roi/,  d'art  et  dUirchéol..,  t.  V,  p.  490  ;  t.  VI, 
pp  280-281  ;  Des  Roches,  Recherches  sur  V ancienne  Belgique.  Histoire 
anciemie  des  Pays-Bas  autrichiens,  t.  H,  p.  269  ;  Annales  de  la  Soc. 
archéol.  de  Namur,  t.  II,  pp.  291  et  381  ;  Revue  numismatique, 
Origines  romaines  de  la  Belgique,  t.  IV,  p.  322  ;  Revue  d'histoire  et 
d'archéologie,  t.  I,  p.  153  ;  Annales  de  V Académie  d'archéologie  de 
Belgique,  t.  XL VII,  p.  54,  etc.,  etc. 


—  222  — 

ont  presque  tous  révélé  un  luxe  de  décoration  et  d'installa- 
tion mieux  en  rappoi'1  avec  les  raffinements  méridionaux 
qu'avec  les  frimas  de  nos  contrées. 

Le  retour  et  le  séjour-  d'un  de  ces  vétérans  aux  environs 
de  Liège,  à  Flémalle,  soni,  au  surplus,  prouvés  par  la 
découverte  en  celle  localilé(i)  d'un  fragment  de  diplôme 
militaire  délivré  par  l'empereur  Trajan  à  un  ancien  soldat 
de  VAla  I  Tiingrorum,  peut-êti'e  même  de  la  Cohors  1 
Tungrorutn,  revenu  de  la  Bretagne... 

Il  n'y  aurait  alors  rien  d'étonnant  qu'à  Herstal  fiît  venu 
se  fixer  quelque  ancien  légionnaire,  ex-ofticier  des  armées 
romaines  et  qu'il  y  eût  fondé  ou  dirigé  un  établissement 
agricole,  par  exemple. 

On  se  demimdern,  cependant,  si  l'on  n'a  pas  trop  exagéré 
la  con<lition  sociale  de  ces  vétérans  ?  Ceux-ci,  à  raison  du 
titre  de  citoyen  romain  que  leur  valait  leur  honcsta  missio 
et  par  les  dons  impériaux,  nombreux  privilèges  (2),  etc., 
(pii  Uur  étaient  accordés  en  récompense  de  leui's  services 
rendus,  n'étaient  certes  pas  des  hommes  d'une  condition 
inféri(Mn"e,  témoin  l'intéi'êt  que  leur  portèrent  même  plu- 
sieurs empei^eui's  (3).  Peut-on  de  là  conclui'e  qu'ils  étaient 
des  personniges  considér'ables  ou  fortunés  ? 

Tacite  nous  les  fait  entrevoir,  au  conti'aire  ,  comme 
astr-eints  aux  plus  dur-s  labeui's,  in.d  pn'és,  en  butte  à  tous 
les  ennuis  de  leur  métier,  si  mécontents  de  leur  sort 
ingr-at  que  Tibère  eut  à  f.nr-e  r-épr'imer  le  soulèvement  de 
deux  légions  en   Pannonie  (4),  soulèvement  bienlôt  suivi 

(0  Bull,  de  la  Soc.  d'art  et  d'hist.  dit  diocèse  de  Liège,  \.  I, 
pp.  67-127. 

(2)  Voy.  notaminont  au  Dig.,  XIJX,  18  les  dispositions  des 
empereurs  sur  les  vétérans. 

(3)  (.<■  Mng/s.  magisqne  conveteranis  nieis  beatitiidiiieni  aiigere  debeo 
»  qitam  minuere  »  (Cad.,  XVI,  17). 

(0  Tacite,  Ann.,l,xvi-xx\. 


—  223  — 

de  la  révolte  de  deux,  puis  de  quatre   autres  légions  en 
Germanie  (i)... 

De  pareils  hommes ,  usés  par  la  dure  vie  des  eanips, 
pouvaient-ils,  rentrés  au  pays  na'aU,  y  vivre  en  grands  et 
riches  seigneurs? 

Qu'ils  y  aient  l'onde  des  établissements  agricoles,  qu'ils 
s'y  soient  adonnés  à  la  culture  de  la  teri-e,  qu'ils  y  aient 
élevé  ce  (ju'on  appelle  des  viUae  rusticae^  c'est  pi'obahle  ; 
mais  qu'ils  y  aient  mené  une  existence  fastueuse,  voilà  qui 
est  moins  admissible. 

On  ne  saui'ait  toutel'ois  contester  la  grande  induence 
que  ces  vétérans,  rentrés  dans  leurs  foyers,  ont  dû  exercer 
sur  les  mœurs  de  leurs  compatriotes. 

La  vie  opulente  et  luxueuse  que  reflète  le  mobilier  funé- 
raire de  Herstal  conviendrait  mieux  à  l'un  de  ces  hauts 
fonctionnaires  romains  que,  dès  le  premier  siècle,  le  gou- 
vernement impérial  dut  installer  dans  les  provinces  soumises 
à  son  pouvoir,  pour  en  surveiller  l'administration  ou  y  com- 
mander les  postes  militaires,  dont  l'intérêt  de  sa  sécurité 
exigeait  l'entretien. 

Il  importe  de  ne  pas  perdre  de  vue  que  Herstal  (peut- 
être  même  Liège?)  a,  dès  le  début,  été  en  communication 
directe  avec  Tongres. 

Or,  cette  dernière  localité,  érigée  en  municipe  dès  le 
IJe  siècle  (2),  ayant  peut-être  même,  dès  la  fin  du  I*^'"  siècle, 
servi  de  lieu  de  cantonnement,  si  pas  à  la  Cohors  I  Nercio- 
rum,  tout  au  moins  à  un  détachement  de  Lacti  (s),  a  été 
pour  la  Hesbaye  le  grand  foyer  d'où  a  rayonné  toute  civi- 
lisation. 

(i)  Tacite,  Ann.,  1,  xxxi-xxxviii. 
(2)  Bull,  de  rinst.  nrcltéol.  liéy.,  t.  XIX,  |j.  IGl. 
[z)  Bulletin  lela.Soc  scienti/icpie  et   littéraire   dn   Limb.,[.  W\\[. 
pp.  -im  et  27U. 


—  '2n  — 

l^iidant  tout  le  Haut-Empire,  Tongres  n'a  jamais  cessé 
de  jouer  un  rôle  prépondérant  :  dès  le  premier  siècle, 
Marin  de  Tyr.  dont  HO  ans  plus  tard  Plolémée  s'assimi- 
lait la  géographie  comme  sienne,  avait  signalé  les  ToLyypoi 
et  'ATouâxooTov  leur  chet'-lien  (T.6Xic)...;au  111"  siècle,  Tongres 
avait  des  sénateurs  (buleutae) ,  pai'mi  lesquels  le  centu- 
rion primipile  Titus  Aiirclius  Plavinus  ,  ce  qui  permet 
d'assimiler  cette  localité  à  un  caput  gentis  et  y  im- 
plique l'existence  d'un  Sénat  (PooXr;)  parfaitement  organisé, 
dont  les  membres  se  réunissaient  régulièrement  et 
devaient  résider  d'une  manière  permanente  dans  la  loca- 
lité.... Or,  comme  Ta  fort  à  propos  conjecturé  M.  Schuer- 
mans,  ce  Sénat,  positivement  mentionné  api'ès  l'an  '217,  a 
foi1  bien  pu  exister  dès  le  l''''  siècle  (i)... 

C'est  vers  la  fin  du  l*^''  et  au  commencement  du  2'  siècle 
(date  pi-ésumée  de  Téreclion  du  tumulus  de  Hcrstai)  que 
Tongres  a  eu  son  ère  de  splendeur,  arrivée  à  son  apogée 
sous  le  règne  des  Antonins;  VAdualuca  Tungrorum  uhri- 
tait  à  celte  époque  dans  ses  murs,  à  côté  d'une  foule  de 
fonctionnaires  civils  et  mditaires,  une  population  inféodée 
aux  usages  romains  et  assimilée  à  la  métropole  par  le 
culte,  les  mœurs  et  les  ti'adilion'^.... 

Bien  plus  près  de  Herstal  (Tongres  en  était  distant  d'en- 
viron l'J  milles  romains),  presque  en  face,  sur  l'autre  rive 
de  la  Meuse,  Jupille  (peut-êlre  un  de  ces  castella  que 
Drusus,  au  dire  de  Florus,  établit  le  long  des  rives  de  la 
Meuse)  était  déjà  un  centre  important  (2),  habité  par  une 
colonie  i-omaine  prospère,  bâti  de  villas  opulentes  et  d'éta- 
blissements de  tout  genre... 

(  1  )  Bull,  de  la  Soc.  scient,  et  littér.  du  Limb-,  t.  XXIII,   p.  !2S1. 

(«)  liiill.  deVInst.  archéol.  liég.,  t.  XI,  pp.  469  et  suiv.  ;  t.  XXIll, 
pp.  4'23  et  suiv.  ;  Bull,  de  la  Soc.  d'art  et  d'hUt.  du  diocèxe  de  Liéye, 
t.  I  P-  6-';  Westdeutsche  Zeitschrift  fur  Geschichte  und  Kunst, 
t.  XIV,  p.  418. 


—  22:;  — 

Il  est  donc  tout  naturel  que  Ilersial  ait  de  bonne  heure 
participé  à  cet  intense  courant  de  civilisation  et  ait  vu  s'im- 
planter sur  son  sol  une  colonie  de  Belgo-Romains. 

Quant  au  personnage,  dont  le  turnulus  de  Herslal  recou- 
vrait les  dépouilles,  rien  n'empêche  de  voir  en  lui  un  de 
ces  officiers  romains  supérieurs  que  les  devoii's  de  sa 
charge  aurait  appelé  en  celle  localité,  voisine  de  .lupillc  où 
se  ti'(juvait  [)eul-èli'e  cantonné  un  [)oste  militaire,  el({ui,aii 
surplus,  pourrait  parlailement  avoir  servi  elle-même  de 
lieu  de  stationnement  à  un  détachement  de  troupes,  em- 
prunté à  la  garnison  de  Tongres... 

Ou  bien  encore,  pourquoi  ne  serail-ce  pas  un  ancien 
officier,  nommé  dans  nos  contrées  fonctionnaire  civil,  du 
fisc,  pai"  exemple,  et  qui  aurait  ramené  avec  lui  les  insignes 
de  ses  anciennes  dignités,  insignes  (jui  auraient  passé  au 
biicher  avec  son  cadavre  ? 

,0n  ne  saurait  exclure  davantage  l'hypothèse  d'un  riche 
personnage  romain,  venu  de  la  mère  patrie,  s'installer  en 
Hesbaye  pour  y  diriger  et  administrer  quelque  vaste  ager, 
territoire  public  ou  privé,  pas  plus  enfin  que  celle  d'un 
de  ces  fonctionnaires  romains  qui,  après  son  temps  de 
service,  se  serait  vu  retenu  chez  nous  par  ses  alliances, 
ses  intérêts,  etc. 

Ce  sont  là  quelques-unes  des  conjectures  qu'autorise 
l'étude  des  pièces  principales  du  mobilier  funéraire  de 
Herstal  et  que  soutient  le  caractère  du  remarcjuable  vase 
à  reliefs,  dont  la  décoration  semble  s'inspirer  des  détails 
de  la  vie  intime  des  grands  centres  d'Italie  et  démontrer 
sa  provenance  essentiellement  méridionale. 


226  — 


De  par  sa  situation  aux  abords  d'une  route  romaine  im- 
portante la  «  chaussée  Brunehaul  »  (i)  et  à  en  juger  par  le 
réseau  assez  développé  de  voies  secondaires  ou  diverti- 
cules  qui  s'entrecroisaient  dans  ses  parages  (2),   Herstal 


(i)  ((  Calciata  Brunehon,  comme  on  l'appelait  au  XV^  siècle 
(Cartulaire  de  S^^-Croix,  F.  VU,  fol.  40  V",  ;  «  Chuucée  Bnnihoz  » 
(1700),  etc.  (l'est  sous  cette  dénomination  impropre  qi;e  la  tradition 
désigne,  encore  de  nos  jours,  Tantique  voie  qui,  venant  de  Tongres, 
en  passant  par  Freeren,  Paifve,  Liers  et  Milmort,  traverse  en  partie 
Herstal,  pour  y  francliir  la  Meuse  et  se  diriger  vers  Jupilie.  d'où 
probablement  elle  gagnait  Stavelot  pour  aboutir  à  Tièves.  ('"est 
cette  route  qu'a  étudiée  Van  der  Rit,  mais  dont  il  n'a  relevé  qu'un 
tronçon  :  la  traverse  de  Tongies  à  Her^tal.  [Etude  théorique  et  pra- 
tique sur  les  anciennes  chaussées  romaines  traversant  le  royaume 
de  Belgique,  dans  le  Journal  de  Varchitecture,  t.  IV  (18ÔI),  pp 
83  et  92). 

(2)  D'après  Van  Uessei.,  continuateur  de  Sciiayes,  Herstal  aurait 
été  en  communication  d'une  part  avec  la  grande  chaussée  de  B.ivay  à 
Cologne  (décrite  par  Schayes),  par  un  sous-embranchement  allant 
de  Tongres  à  Herstal  (c'est  celui  de  Van  dkr  Kit),  d'autre  part  avec 
la  route  militaire  de  Tongres  par  Huy  à  .\ilon  {Chaussée  Verte), 
au  moyeu  d'un  diverticule  se  détachant  de  cette  route  près  de 
Lowaige  et  passant  par  H erstappe,  Otliée.  Xhendremael,  Iiantin  et 
tiocour.  Cci  deux  sous-embranchements  vers  Herstal  sont  ,  en 
ouUe,  d'ai)rès  Van  Dessel,  coupés  par  nu  (*nibrancliement  de  Huy 
à  Villers-S'-Siméon  (par  Antheit,  N'inalniont  ,  Villei-s-le-Houillet, 
Fize-Fontaine,  Verlaine,  Horion,  Koloux,  Hognoul .  Xhendremael 
et  Jupilie),  se  rattachant  lui-même  à  la  roule  de  Landen  à  Huy 
[Topographie  des  voies   romaines   de   la  Belgique,    |ip.   13  et  27). 

Victor  Gauchez,  enfin,  qui,  le  dernier,  a  soumis  la  topographie  de 
nos  voies  romaines  à  u:,e  étude  approfondie,  signale  la  roule  de 
Tongres  à  Trêves  par  Stavelot  (qui  correspond  au  sous-embranche- 
ment dt!  la  voie  de  Havay  à  Cologne,  dans  le  système  de  Van  Desselj 


2'27   

a  dû,  à  l'époque  romaine,  avoir  acquis  une  importance 
relative ,  sans  toutefois  devenir  un  centre  de  quelque 
notoriété. 

On  s'était  borné  jusqu'ici  à  s'occuper  de  l'étude  de 
l'ancienne  voirie  romaine  de  Herstal  et  c'est  à  ce  seul 
titre  que  celte  localité  fut  classée  parmi  les  communes 
belges  ayant  révélé   des  antiquités  romaines  (d). 

Depuis  longtemps,  cependant,  des  découvertes  intéres- 
santes y  ont  été  faites;  malheureusement,  par  suite  de 
l'indifïérence  ou  de  l'ignorance  de  leurs  auteurs,  ces 
trouvailles,  à  peine  opérées,  ont  été  perdues  pour  la 
science  archéologique. 

C'est  ainsi  qu'en  1865,  lors  des  déblais  occasionnés  par 
les  travaux  de  construction  de  la  voie  ferrée  destinée  à 
relier  Tongres  à  Liège  (ci-devant  G'^  des  chemins  de 
fer  Liégeois-Limbourgeois)  ,  à  quelque  dislance  de  la 
parcelle  n"  659b,  ont  été  mises  au  jour  d'assez  nombreuses 
antiquités   romaines  consistant   en    poteries,    tessons   de 


et  omet  le  diverticulum  de  Lovvaige  ii  Hei'stal.  (Topo'jruphie  îles 
voies  romaines  de  la  (i aide- Belgique,  ilans  les  A)inales  de  P Aca- 
démie d'arrhéologie  de  Belgique,  t.  XXXVIU  [3«  série,  tome  VIIl], 
p.  346)  il  renseigne  également  la  chaussée  de  Huy  à  Pons  Mosao 
(Maestricht) ,  par  Vinalmont,  Fize-Fontaine ,  Verlaine,  Horion, 
Avvans  ,  Xhendremael  ,  VilL-rs-S'^-Siméon  ,  Houtain-S'-Siméon  , 
Lixhe  et  Eben  [ibid.,  p.  387j,  ainsi  qu'un  embranchement  ou  bifur- 
cation de  cette  dernière  roule  de  Horion  par  Montegnée.  Ans, 
Vottem,  Milmort  et  Heure-le-Roinain  à  Houtain-S^-Siméon,  où  elle 
rejoint  la  chaussée  de  Huy  à  Maestricht  [ibid.,  p.  339). 

Plusieurs  routes  romaines,  on  le  voit,  s'entrecoupaient  aux 
environs  de  Herstal  et  cette  localité  se  trouvait  donc  en  communi- 
cation directe  ou  indirecte  avec  Tongres  et  Maestricht,  d'une  part, 
avec  Diuant.  Huy,  Trêves  et  Arlon,  d'autre  part  —  Gt.  aussi  : 
Dociim.  et  rapp.  de  la  Soc.  paléont.  et  hist.  de  Charleroi,  t.  XIX,  p.  255. 

(  1  )  V.\N  Dessel,  Topographie  des  voies  romaines  de  la  Belgique, 
statistique    archenlogique,  p.   "il. 


—  228  — 

vases,  débris  d'objets  en  bronze,  etc.,  dont  rien  ne  tut 
conservé. 

Depuis  lors,  des  substructions  d'une  ou  plusieurs  villas 
ont  été  reconnues  au  lieu  dit  :  «  Rovillé  »,  où  le  soc  de 
la  charrue,  à  difTérentes  reprises,  a  heurté  d'anciens  blocs 
de  maçonnerie. 

Plus  près  de  Liège,  à  2U0  mètres  envii'on  de  l'empla- 
cement présumé  du  tumulus,  dans  la  propriété  de  M. 
Lambrecht,  architecte  communal,  des  travaux  de  terrasse- 
ment ont,  en  1898,  amené  la  découverte  d'une  villa  assez 
importante  ;  ces  déblais  occasionnels  ont  mis  au  jour  une 
trentaine  de  i-ondelles  de  piliers  d'hypocauste,  des  restes 
de  dallage,  des  carreaux  en  terre  cuite,  etc.  —  Le  même 
terrain  avait  révélé  antérieurement  un  petit  bronze,  en 
tort  bon  état  de  conservation,  de  Constantin-le-Grand  au 
revers  de  la  f.ouve  allaitant  Romulus  et  Remus  (VRBS 
ROM  A)  (i). 

Plus  loin,  aux  environs  de  l'ancienne  petite  chapelle  de 
tS'-Lambert,  ont  été  découverts  des  débris  de  potei'ies,  et 
tout  récemment  encore,  au  cours  des  travaux  de  voii'ie, 
ont  été  recueillis  des  tessons  de  vases,  ainsi  qu'un  fragment 
de  fibule  en  bronze... 

De  toutes  les  antiquités  romaines  exhumées  du  vieux  sol 
herstalien,  la  plus  curieuse  et  la  plus  intéressante  est 
certaine  sculpture  grimaçante  dont  il  a  déjà  été  [tarlé  (voir 
supra)  et  qui  tut  dètei'rèe  dans  le  courant  de  l'été  1899  à 

(\)  Ces  (lit'fért'iils  ol)jel.s  sont  conservés  par  M.  Lain])rechl  qui  a 
bien  voulu  nous  permettre  de  les  examiner  et  nous  a,  de  plus,  (ioiim; 
de  très  utiles  indications  sur  celte  découverte. 

Il  serait  intéressant  de  voir  pratiquer  des  fouilles  mélliodicpies 
sur  cet  emplacement. 

Nous  proiitons  de  l'occasion  pour  assurei-  ici  de  toute  notre  recon- 
naissance M.  L.  Gastadot,  secrétaire  communal  de  Herstal,  qui  a  eu 
l'extrême  obligeance  de  nous  fournir  de  nombreux  renseijj'uements 
sur  les  antiquités  de  sa  commune. 


Planciik    ir. 


I 


Kt'lic'llc  :   '/;  i,M-a]i(U'iir  naturelle. 


—  2-29   - 

une  dizaine  de  mèlivs  environ  ,1,^  l'.Midroil  d'oii,  on  juin 
dernier,  était  relii'é  le  mai^iiillqnr  ni.)l)ilicr  l'unéraire,  objet 
de  celte  élude. 

Il  s'agit  d'une  pierre  sculptée  en  calcaire  (voir 
planche  fl),  de  forme  conique,  de  0"'52  de  hauteur  et  0"'34 
de  largeur,  représenlant  une  tète  hideuse  et  joufflue,  à 
nez  épaté,  pupilles  saillantes  et  bouche  entr'ouverte, 
coiflee  d'une  espèce  de  bonnet  ou  initm  qui  forim-  houppe 
au  milieu  du  front  et  retombe  sur  les  oreilles  à  la  hauteur 
de  la  bouche. 

Ce  masque  bai-bare,  dans  lequel  on  a  cru  l'ecormailre 
un  ornement  architectural,  un  ant.Hixe  (antefixa)  (i)  et 
même  une  tète  de  fenmie,  appartient  à  un  groupe  de  mo- 
numents très  caractéristiques  dont  il  est,  croyons-nous,  le 
seul  et  le  premier  spé^men  en  Belgique  (2). 

Il  faut  y  voir  une  borne  ou  pierre  de  délimitation  (3) 
du  genre  de  celles  que  l'on  a  retrouvées  en  Allemagne  dans 

(1)  On  connaît  l'usage  fréquent  que  les  anciens  taisaient  des  anlé- 
fixes.  Ces  ornements  étaient  généralement  en  terre  cuite  et  présen- 
taient à  leur  face  postérieure  une  partie  saillante,  destinée  à  être 
engagée  dans  la  maçonnerie  ou  dans  la  toiture  ;  la  pierre  de 
Herslal,  au  contraire,  présente  de  derrière  une  surface  complètement 
lisse  et   unie. 

Sous  le  rapport  de  l'ornementation,  les  antéfixes  variaient  à 
l'infini  et  il  en  est  même  qui  représentent,  comme  la  pierre  de 
Herstal,  une  figure  grotesque  (Voy.  notamment  Westdeutsche  Zeit- 
schrift,  t.  III,  p.  199,  pi.  vu,  5:;,  etc.). 

(•2)  M.  Alf.  Bkqukt,  dans  son  intéressante  étude  sur  Les  grands 
domaines  et  les  villas  de  VEntre  Sambre-et- Meuse  sons  Vempire 
romain  (Ann.  de  la  Soc.  archéol.  de  Namnr,  t.  XX.  p  1-2)  écrivait,  en 
1893:  ••  ....  En  cherchant  avec  un  peu  d'attention,  on  trouverait 
peut-être  encore  les  bornes  avec  lesquelles  les  propriétaires  avaient 
bien  soin  alors  délimiter  leurs  biens.  ;  Se  doutail-il,  qu'après  sept 
ans,  une  découverte  fortuite  viendrait,  pour  la  province  de  \à('A'. 
confirmer  son  ingénieuse  conjecture. 

(3)  C'est  à  M.  H.  Scliuermans,  auquel  nous  nous  permettons 
d'adresser  ici  tous  nos  remercîments  pour  l'obligeance  avec  laquelle 


—  230  — 

l'Odenwald   (Dorndieler  Wald)  (-i),  dans   les    bois  de  Hen- 

busch  (2),  aux  environs  de  Bonn  (3),  etc et  même  en 

France  (4). 

La  laideur  du  masque  avait,  sans  doute,  pour  but 
d'attirer  l'attention  des  passants,  pour  mieux  leur  faire 
comprendre  que  le  terrain  aux  confins  duquel  se  trou- 
vaient placées  de  pareilles  bornes  {Scliusssteine)  était  pro- 
priété privée  et  que,  par  conséquent,  il  était  interdit  d'y 
mettre  le  pied. 

Le  D""  Ed.  Anthes  est  même  allé  jusqu'à,  conjecturer  que 
la  pierre  de  l'Odenwald  aurait  servi  (Vapotropaion,  c'est-à- 
dire  à  écarter  le  mauvais  sort  (5). 

Pourrait-on  donc  en  dire  autant  de  la  pierre  de  Herstal, 
dont  l'analogie  avec  la  précédente  est  réellement  frap- 
pante?.. 


VJ 


La  trouvaille  de  Herstal  a  le  double  mérite  : 

D'avoir  d'abord  enrichi  l'archéologie  belge  d'un  docu- 

il  nous  a  permis  de  compulser  sa  bihliollièque  arcliéologique,  que 
revient  le  mérite  d'avoir  le  premier  expliqué  la  pierre  de  Heistal 
{Westchustche   Zeitschrift.  t.  XIX)  (en  cours  de  publication). 

(1)  WeHtdeittxche  Z<itschrift  fin-  Geschiclde  iintl  Kiiiisf,  l.  XVI 
(1897).  p  2i2,  pi  vni.  fig.  4  ;  cf.  aussi  ibid.,  t.  III,  p.  174,  pi  x,  fig.  4  ; 
t.  VIII,  p.  îô5  :  Kataloff  der  archeol.  Sammlumj  ("Musée  de  Darmsladt), 
p.  11. 

(-2)    Westd.  Zeitschrift,  t.  XIII  (1889),  p.  158. 

(s)  DoROW,  Rihnische  Alterthiïmer,  pi.  xx,  fig.  G. 

{ i)  Gp.ivaud  DE  LA  ViKCELLE,  Arts  et  Métiers  des  anciens,  pi.  lxix, 
fig.  10;  LiÉNARi),  Archéologie  de  la  Meuse,  i.  II.  Yf-'-^T -,  pi.  xi,  5.  Ce 
dernier  auteur  considère  la  pierre  qu'il  décrit  comme  une  clef  de 
voûte  (?). 

(5)  Westtl.  Zeitschrift,  t.  XVI,  p.  22!2,  no  .51.  —  'ATrorporaio;,  0;,  ov 
(àzo  —  ■z^i-iM)  =:  maloriini  aversor  et  depiilsor  fSlephanus,  Thé- 
saurus f/raecae  linguae,  V  'ATcotpôiiato;). 


-  231  — 

ment  historique  précieux,  l;uit  au  point  (]e  vue  de  l'fîtudo 
des  mœufs  dans  nos  contrées  aux  premiers  siècles  qu'au 
point  de  vue  de  colle  des  icImMous  suivies  que  nos 
ancèti'es  entretenaient  avec  la  méiropolo,  à  laquelle  ils 
empruntèrent  de  l)onne  heure  sa  civilisation  et  ses  usages. 

D'avoir  ensuite  ajouté  une  page  nouvelle  à  l'histoire 
liégeoise,  tout  en  fournissant  un  contingent  remarquable  à 
la  géographie    archéologique  du    pays. 

La  présence  des  Romains  aux  portes  de  Liège  est  cette 
fois  définitivement  et  indubitablement  prouvée  ;  il  ne  s'agit 
plus  d'une  occupation  temporaire  et  restreinte  de  quelques 
individus  isolés,  mais  de  l'installation  fixe  à  llerstal,  dès  le 
commencement  du  second  siècle  au  moins,  d'une  colonie 
prospère,  composée  d'éléments  divers. 

La  famille  qui  fit  ériger  le  tumulus  de  Herstal  sur  les 
cendres  d'un  de  ses  membres,  peut-être  même  de  son 
chef,  devait ,  à  en  juger  par  l'opulence  du  mobilier  funé- 
raire mis  au  jour,  être  riche  et  occuper  un  rang  social 
élevé  ;  elle  y  habitait,  sans  doute,  une  luxueuse  et  s|)a- 
cieuse  villa  avec  nombreuses  dépendances,  dans  lesquelles 
elle  entretenait  une  multitude  d'affranchis  et  d'esclaves 
occupés  par  elle  aux  travaux  de  la  terre  (i). 

Dès  lors  s'explique  cette  suite  de  découvertes  de  mon- 
naies romaines,  de  sépultures  avec  mobilier,  de  menus 
objets  en  bronze,  que  l'on  a,  en  ces  dernières  années, 
signalées  à  l'une  des  extrémités  de  Liège,  au  quartier  de 
Vivegnis. 

Ce  sera,  sans  doute,  ce  même  courant  de  civilisation  qui 
aura  poussé  les  Romains  sur  norte  territoire  urbain  actmM, 
les  installant  place  Si-Lambert,  où  récemment  l'on  retrou- 
vait des   subsiructions    d'une    de  leurs  habitations    avec 

(i)  C'est  aux  fouilles  qui  s'impnseut  dès  anjourd'iiui  ii  Her?t:d  d'en 
dire  davantage. 


—  232  — 

hypocauste  caractéristique,  les  conduisant  du  côté  de  la 
Boverie,  où  l'on  a  exhumé  Tune  de  leurs  fibules,  les  amenant 
du  côté  de  St-Laurent,  où  l'on  a  découvert  une  monnaie 
de  Marc-Aurèle... 

Ainsi,  petit  à  petit,  se  constituera  l'hisloire  de  Liège  aux 
trois  premiers  siècles  de  notre  ère  et  finira  peut-être  par 
prendre  définitivement  corps  certaine  thèse  que  l'on 
rappelait  récemment  encoi'e  dans  ce  Bulletin  à  propos  de 
la  trouvaille  de  Visé  et  que  l'on  présentait  alors  pour 
Liège... 

Elle  apparaît,  en  efïet,  aujourd'hui,  sous  un  jour  nouveau, 
cette  théorie  prématurément  condamnée  des  Laeti 
Lagenses  prope  Tungros  ,  dont  Hei'stal,  cette  fois,  pourrait 
assez  bien  remplir  les  conditions  :  poste  romain,  établi  sur 
les  bords  de  la  Meuse,  sous  les  ordres  d'an  préfet,  par  la 
garnison  de  Tongi'es  ?... 

Mais  attendons,  car  qui  sait  ce  que  la  terre,  si  elle 
persiste  dans  cette  générosité  qui  caractérise  les  trouvailles 
des  derniers  temps,  nous  réserve  encore  ? 


VII 


Les  remarquables  antiques  de  la  découverte  de  Herstal, 
dont  la  place  natui'elle  était  au  Musée  de  Liège,  ont  fini,  au 
milieu  des  négociations,  par  prendre  le  chemin  de  Bruxelles. 
Acquis  à  un  prix  des  plus  élevés  par  M.  Paul  Errera,  pro- 
fesseur à  l'Université  libre, deux  d'entre  eux, le  remarquable 
vase  à  reliefs  et  la  délicate  oenochoé  à  bec  trèfle, 
sont  aujoui'd'hui  les  joyaux  des  collections  d'un  hôtel  de 
l'avenue  do  Marnix;  les  autres,  ofi'erts  par  leur  acquéreur 
aux  Musées  royaux  du  Cinquantenaire,  y  figurent  parmi  les 
objets  intéressants  d'une  section  dite  d'ethnographie 
ancienne. 

Liège,  décembre  1900.  L.  RENARD. 


Page  199,  note  (il)  in  fine,  lire:  pi.  F,  fig-.  4  et  4'''^,  an  lien  de: 
pi.  r,  fig.  3  et  4. 

Page  200,  ligne  12,  lire:  Ce  plateau,  en  verre....,  «(< //e«  t/c-  Ce 
plateau ,  un  verre.... 

Page  "2()S,  ligne  10,  lire:  signalée,  au  lieu  cZe; signalé. 

Page  210,Uigne  4,  lire:  pi.  g,  fig.  5  et  10,  au  lieu  de:  pi.  k,  tig.  5  ot  10. 


Table  des  Matières  du  volume  XXIX 


Pages. 

Statuts j 

Liste  des  membres,  bureau  de  la  Société  pour  1901  et 
composition  des  Commissions       IV 

Marcel  !)e  IMiytlI.  —  Rapport  sur  les  travaux  des  l'Insti- 
tut archéologique  liégeois  pendant  l'année  1899  et  annexe.      I  à  XL 

L.  Henard.  —  Exploration  des  tumulus  du  bois  de  Gives, 
commune  de  Ben-Ahin.  (Six  figures  dans  le  texte) l 

A.  Haiisay.  —  Contribution  à  l'histoire  du  système  mer- 
cantile dans  la  principauté  de  Liège 21 

J.  E.  Demai'leau.  —  Le  vase  hédonique  de  Herstal.     ,     .        41 

Franz  Curaont.  —  Notice  sur  un  Attis  funéraire  découvert 
à  Vervoz 65 

Denis  Lequarré,  —  La  terre  franche  de  Herstal  et  sa 
Cour  de  justice 75 

L,  Renard.  —  Découvertes  d'antiquités  romaines  à  Herstal       167 

Errata   ...         ....      233 


TABLE  DES  PLANCHES 


Le  vase  de  Herstal 41 

»  »  (bande  supérieure) 6!2 

»  "  (bande  inférieure) 62 

Attis  funéraire  de  Vervoz 65 

Carte  de  la  Terre  Franche  de  Herstal 75 


—  "236  — 

Découverte  d'antiquités  romaines  à  Herstal: 

Pl.  a,  extrait  du  plan  cadastral 169 

Pl.  b,  bronzes 173 

Pl.  c,  vase  de    Herstal 175 

Pl.  d,  bronzes 189 

Pl.  e,  lanterne 195 

Pl.  F,  verres ...  199 

Pl.  g,  poteries   .     , .  211 

Pl.  h,  borne  romaine 228 

Vase  de  Marche  (vignette  dans  le  texte) 182 

Vase  de  Tongres  (vignette  dans  le  texte) 183 


imiTlT  ARCIIÉOLOGIQI'E  LIÉGEOIS 


STATUTS 


Art.  I.  —  Une  société  est  fondée  à  Liège  pour  i-cclier- 
cher,  rassembler  et  conserver  les  Oiuvres  d'arl  el  les 
inonunienls  archéologiques,  parliculièi'ement,  ceux  de  la 
province  et  des  anciennes  dépendances  du  f)ays  de  Liège. 

Elle  prend  le  titre  û' Institut  archéologique  liégeois  el 
correspond  avec  les  sociétés  savantes,  belges  ou  étran- 
gères, instituées  dans  des  vues  analogues. 

Art.  II.  —  Ulnstitut  se  compose  : 

i"  De  seize  membres  elTectifs  au  moins  et  de  trente  au 
plus;  ils  doivent  être  domicilié.-^  dans  la  province  ; 

2°  D'lui  président  et  d'un  vice-président  honoraires,  à 
savoir  :  le  gouverneur  de  la  pi'ovince  et  le  bourgmestre 
de  la  ville  de  Liège; 

3»^  De  vingt  membres  honoraires  ; 

A°  De  cinquante  membres  coi'respondants  ; 

50  De  membres  associés. 


—  II  — 

Art  III.  —  Les  places  vacantes  pour  le  titre  de  membre 
effectif,  honoraire  ou  correspondant,  seront  mentionnées 
sur  les  convocations,  afin  que  l'on  puisse  procéder  aux 
présentations  de  candidats.  Ces  présentations  devront  être 
faites  par  écrit  et  signées  par  trois  membres  effectifs. 
L'admission,  décidée  par  bulletins  secrets  et  à  la  majorité 
absolue  des  suffrages,  aura  lieu  dans  la  séance  qui  suivra 
celle  où  auront  été  faites  les  présentations,  et  dont  elle 
devra  être  distante  d'au  moins  huit  jours. 

La  moitié,  au  moins,  des  membres  effectifs  e.xistant 
devra  être  présente  pour  pouvoir  procéder  à  l'élection 
d'un  membre  effectif,  et  le  tiers,  après  une  seconde 
convocation. 

L'élection  des  membres  effectifs  et  des  membres  hono- 
raires a  lieu  dans  la  séance  du  mois  d'avril  et  dans  celle 
de  décembre,  après  la  formation  du  bureau. 

Lorsqu'il  y  aura  lieu  d'augmenter  le  nombre  des 
membres  effectifs,  conformément  au  §  I  de  l'article  II, 
il  faudra  une  délibération  expresse  de  V Institut  avant  de 
pouvoir  procéder  à  la  présentation  de  candidats. 

Art.  IV.  —  Les  réunions  ordinaires  ont  lieu  mensuelle- 
ment, sauf  pendant  les  mois  d'août,  septembre  et  octobre. 
Le  bureau  fixe  le  jour  et  l'heure  des  séances  (i). 

Les  membres  effectifs  qui,  dans  le  courant  do  l'année, 
n'auront  pas  payé  leur  cotisation,  seront,  après  avertis- 
sement, considérés  comme  démissionnaires. 

Aucune  résolution  ne  peut  être  prise  si  sept  membres 
effectifs  au  moins  ne  sont  présents  à  la  séance. 

Les  membres  honoraires,  correspondants  ou  associés 
peuvent  assister  aux  séances.  Ils  ont  voix  consultative. 

Toute  discusssion  étrangère  au  but  de  Vhistitut  est 
interdite. 

(()  C'est  actuellement  le  dernier  vendredi  du  mois 


—  III  — 

Les  décisions  sont  prises  à  la  majorité  des  voix.  En  cas 
de  parité,  l;i  proposition  est  rejetée. 

Sur  la  demande  de  trois  membres,  on  procède  au  scrutin 
secret. 

Art.  V.  —  Lo  bureau  se  compose  du  président,  du 
vice-président,  du  secrétnir(\  du  conservateur,  du  biblio- 
thécaire et  du  trésorier. 

Les  fonctions  des  membres  du  bureau  sont  annuelles. 

Chaque  année,  à  la  séance  du  mois  de  décembre  , 
VlnstUut,  en  procédant  à  l'élection  de  ses  fonctionnaires, 
nomme  un  vice-président  ,  qui  entre  en  fonctions  le 
1er  janvier. 

L'année  suivante,  il  devient  de  droit  président  de 
Vlnstitut  pour  le  terme  d'une  année,  après  laquelle  il 
n'est  pas  immédiatement  rééligible,  ni  comme  président, 
ni  comme  vice-prési(ient. 

Les  autres  membres  sortants  du  bureau  sont  reéligibles. 

Art.  VL  —  Le  président  veille  à  l'exécution  du  règle- 
ment ;  il  dirige  les  travaux  et  les  discussions  des  réunions. 

En  cas  d'absence  du  président  et  du  vice-président,  le 
membre  le  plus  âgé  en  remplit  les  fonctions. 

Art.  VII.  —  Le  secrétaire  tient  les  procès-verbaux  des 
séances,  la  correspondance,  etc. 

Tout  procès-verbal  ou  décision  de  la  société  est  signé 
par  le  président  et  par  le  secrétaire.  Ce  dernier  signe  seul 
les  pièces  qui  n'impliquent  aucune  décision  de  la  société. 

En  cas  d'empêchement  du  secrétaire,  ses  fonctions  sont 
remplies  par  un  membre  que  désigne  le  président. 

Le  secrétaire  a  la  garde  du  sceau  et  des  arcliives  de 
la  société. 

Il  présente  chaque  année,  au  mois  de  janvier,  un  rap- 
port détaillé  sur  les  travaux  de  Vlnstitut,  sur  les  acquisi- 
tions faites  et  sur   les  objets   et  livres  offerts. 


—  IV  — 

Art.  VIII.  —  Le  conservateur  a  la  direction  du  Musée 
provincial. 

11  dresse  tous  les  ans  un  inventaire,  qui  est  vérifié  et 
approuvé  par  le  président.  Cet  inventaire  indique  la  pro- 
venance de  chaque  objet  et  l'époque   de   son  acquisition. 

Pendant  les  trois  mois  de  vacances,  le  conservateur 
peut,  avec  l'assentiment  du  bureau,  faire  les  acquisitions 
qu'il  croira  utiles. 

Art.  IX.  —  Le  bil)liothécaire  tient  un  catalogue  des 
livres  offerts  à  Vlnstitut  ou  acquis  par  lui. 

Il  rend  compte  chaque  année  des  accroissements  de  la 
bibliothèque. 

Art.  X.  —  Le  trésorier  est  chargé  des  recettes  et  des 
dépenses. 

Il  n'etïectue  de  paiement  que  sur  ordonnance  signée 
par  le  président  et  par  le  secrétaire. 

Il  rend  compte  de  sa  gestion  dans  la  séance  du  mois  de 
janvier  de  chaque  année.' 

Art.  XI.  —  Les  recettes  de  la  société  se  composent  de 
la  cotisation  annuelle  des  membres  effectifs,  associés  ou 
correspondanis,  et  des  subventions  à  obtenir  de  l'Etat, 
de  la  province  et  de  la  commune. 

La  cotisation  annuelle  des  membres  eiïectifs  est  fixée  à  la 
somme  de  quinze  francs;  celles  des  membres  associés  est 
de  dix  francs.  Elle  est  également  de  dix  francs  pour  ceux 
des  membres  correspondants  qui  désirent  recevoir  les 
publications  de  Vlnstitut. 

Ces  cotisations  sont  payables  dans  le  courant  du  mois  de 
janvier  qui  commence  l'année  pour  laquelle  elles  sont  dues. 

Art.  XII.  —  Les  objets  réunis  par  la  société  forment  un 
Musée,  qui  est  la  propriété  de  la  province. 

Les  moindres   dons   sont    reçus  avec    reconnaissance. 


—  V  — 

Le  nom  du  donateur  est.  inscrit  sur  l'objet  ofTert  et  dans  un 
registre  ouvert  à  cet  effet. 

Les  objets  qui  se  trouvent  en  double  au  Musée  ne  pour- 
ront être  échangés  qu'après  une  délibération  expresse  de 
VInstituteidu  consentement  des  donateurs.  (Cette  règle 
ne  s'applique  pas  aux  monnaies  et  aux  livres.) 

Tout  objet,  même  en  double,  auquel  se  rattache  un 
souvenir  personnel,  ne  pourra  être  échangé. 

La  proposition  d'échange  devra  être  portée  à  l'ordre  du 
jour  un  mois  avant  la  délibération  ,  afin  que  les  membres 
puissent  prendre  connaissance  des  objets. 

Tous  les  membres  sont  invités  à  faire  hommage  de  leurs 
publications  à  la  société. 

Art.  Xin.  —  Vlnslitut  publie  un  recueil  intitulé  : 
Bulletin  de  Vlnstiliit  arcltéologique  liégeois. 

Une  commission  spéciale,  composée  de  trois  membres, 
élus  à  l'époque  du  renouvellement  du  bureau  ,  est  chargée 
de  tout  ce  qui  a  rapport  à  la  publication  du  Bulletin. 

Le  Bulletin  est  distribué  aux  institutions  publiques  (jui 
encouragent  l'Institut,  aux  compagnies  savantes  avec 
lesquelles  il  entretient  des  relations  et  aux  membres  qui  ont 
payé  leur  cotisation. 

Les  auteurs  des  articles  publiés  ont  droit  à  vingt-cinq 
tirés  à  part,  qui  devront  porter,  sur  le  titre,  cette  mention  : 
Extrait  du  Bulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois.  Ils 
sont  du  reste  autorisés  à  faire  tirer,  à  leurs  frais,  un 
nombre  indéterminé  d'exemplaires. 

Les  tirés  à  part  ne  peuvent  être  distribués  qu'à  dater  du 
jour  de  la  mise  en  vente  de  la  livraison  du  Bulletin  dont  ils 
sont  extraits. 

Art.  XIV.  —  Le  présent  règlement  ne  pourra  être 
changé  que  sur  la  proposition  écrite  de  cinq  membres 


—  VI  — 

effectifs;  toute  modification  devra  obtenir  l'assentiment  des 
deux  tiers  au  moins  des  membres  effectifs  existant. 

Après  revisioji  des  dispositions  organiques  des  12  avril 
1850,  \S  janvier  1852,  il  janvier  1857  et  13  avril  1877, 
les  présents  statuts  ont  été  adoptés  par  l'Institut  archéolo- 
gique réuni  en  assemblée  générale,  à  Liège,  le  13  avril  1877. 


Pour  copie  conforme  : 
Le  Secrétaire,  Le  Président, 

MARCEL  DE  PUYDT.  JULIEN  FRAIPONT. 


TABLEAU  DES  MEMBRES 

L'INSTITUT  ARCHEOLOGIQUE    LIEGEOIS 


PRESIDENT  HONORAIRE. 
LE   GOUVERNEUR   DE    LA    PROVINCE    DE   LIEGE. 

PETY  DE  THOZÉE  (Léon). 

VICE-PRÉSIDENT  HONORAIRE. 

LE  BOURGMESTRE   DE   LA  VILLE   DE    LIEGE. 

KLEYER  (Gustave). 

BUREAU  DE  LA  SOCIÉTÉ  POUR  1901. 

Présideïit    Julien  FRAIPONT. 
Vice-Présidemt  :  Stanisl.^s  BORMANS. 
Secrétaire  :  Marcel  DE  PUYDT. 
Conservateur  :  J.  ALEXANDRE. 
Trésorier  :  Ed.  BRAHY-PROST. 
Bibliothécaire  :  Érasme  PAQUES. 
Bibliothécaire-adjoint  :  Joseph  BRASSINNE. 
Conservateurs-adjoints  :    Lucien  RENARD. 

Jean  SERVAIS. 

COMPOSITION    DES    COMMISSIONS  POUR  1901. 

Commission  des  publications:  MM.  ALEXANDRE. 

W.  DE  CRASSIER. 

J.  E.  DEMARTEAU. 

GOBERT. 
Commission  d'achat  :  MM.   ALEXANDRE. 

BRAHY-PROST. 

DE  PUYDT. 

HELBIG. 
Commission  des  fouilles  :         MM.  DE  PUYDT. 

FRAIPONT. 

RENARD. 

Le  président  de  l'Institut  fait  de  droit  partie  des  commissions. 


—  VIII  — 


MEMBRES  EFFECTIFS. 


Date  de  l'entrée     Date  de  l'admission 

a  I  Institut.  tomme  membio  effectif. 


1860.  6  mars  1862. 


13  déc.  1867. 


29  déc.  1864.    5  janv.  1872. 


4  février  1876. 


27  juin.  1877. 


24  fév.  1862. 


1876. 


18  110V.  1859.  1.  BORMANS  (Stanislas),  adminis- 
trateur-inspecteur de  l'Université, 
membre  de  VAcadémie  royale  de 
Belgique,  président  de  la  Commis- 
sion royale  d'histoire  de  Belgique, 
10,  rue  Fabry,   Liège. 

2.  D'-  ALEXANDRE  (  Joseph  ) , 
15 ,    rue    Volière ,    Liège. 

3.  HELBIG  (Jules),  artiste  peintre, 
vice-président  de  la  Commission 
royale  des  Monuments,  16,  rue  de 
Joie,  Liège. 

4.  DEWALQUE  (Gustave),  profes- 
seur émérite  à  l'Université,  membre 
de  VAcadémie  royale  de  Belgique, 
17,  rue  de  la  Paix,  Liège. 

5.  JAMAR  (  Edmond  )  ,  architecte  , 
21 ,   rue  Saint-Pierre,   à  Liège. 

6.  SGHOOLMESTERS  (Emile),  curé- 
doyen  de  Saint- Jacques ,  C,  place 
Saint- Jaccfues,  Liège. 

7.  BODY  ,'Albin),  littérateur,  Spa. 
S.    DE    CHESTRET    DE    HANEFFE 

(BARON  JULES),  membre  de  VAca- 
démie royale  de  Belgique,  31,  rue 
des  Augustins,  Liège. 
9.  FRÉSûN  (Jules),  conseiller  hono- 
raire à  la  Cour  d'appel,  24,  rue 
Sainte-Marie,  Liège. 


31  janv.  1879. 
•J6  mai  1882. 


20  mai  1882 


—  IX  — 

Date  de  l'entrée     Date  de  l'admission 

A  riiistiUiil.  comme  membrtf  effeclil . 

Juillol  KS7J.    20  mai  1882.     10.  DEMARTEAU  (Jo8Ei'ii  j,  mlacloiir 

en   chef  de  la   Gazelle  de  Liège, 
12,  place  Vci'Le,  Liège. 

28déc.  1879.     29  déc.  1882.     11.  DE  PUYDT  (M.\RCKLi,  11-,%  boule- 
vard de  la  Sauvenière,  Liège. 

24  fév.  1882.     27janv.  1887.     12.  DE    SOER    i  Osc.^R  ) ,    château    de 

Solières. 

24  fév.  18>^2.     27janv.  1887.     13.  DEMARTEAU  (J.  E.),  professeur  à 

rUiiiversilé  de   Eiége,   51,   rue  de 
Huy,  Liège. 
31  mai   1889.     14.  NAVEAU  (LÉON  ],  docteur  en  droit, 
8,  rue  Saint-Jacques,  Liège. 
1885.         31  mai  1889.     15.  LE  PAIGE  (Constantin),  professeur 

à   l'Université,  membre  de   V Aca- 
démie royale  de  Belgique,  Parc  de 
Cointe,  Ougrèe. 
1889.         29  mai  1891.     16.  DE  HARENNE  (  Chevalier  -T-B.), 

Cliaiidfonluine. 
29  naai   1891.     17.  FRAIPONT  (Julien),  professeur  à 
l'Université,    35,    rue    Mont-Sainl- 
Martin,  Liège. 
1887.  18  déc.  1891.     18.  BRAHY-PROST  (Edouard),  120,  rue 

I-i'éronsli'ée,  Liège 

31  janv.  1889.     23  mai  1893.     19.  PAQUES  (Érasme),  22,  quai  d'Amer- 

cœur,  Liège. 

25 janv.  1886.     24  déc.  1890.     20.  (lOBERT    (THÉODORE),    archiviste 

l)rovincial,  19,  quai  de  Maestricht, 
Liège. 

29  mars  1878.     27  mai  1898.     21.  RUHL  (  CtUSTAYE),  avocat,  73,  bou- 
levard d'Avroy,  Liège. 

31  janv.  1889.    LO déc.  1898.    22.  DE  CRASSIER  (baron  William;  , 

avocat,  30,  rue  des  Augustins,  Liège. 

29nov.  1895.     30  déc.  1898.     23.  BRASSINNE  (Joseph),  docteur  en 

philosophie,  33,  rueduPont-d'Avroy, 

Liège. 


—  X  — 

Date  de  l'entrée     Date  de  l'adm-ssion 

à  rinstilnt.  -jonime  inPinbia  c-iïc(-ti(. 

13marsl868.    27avrill900.    24.  LEQUARRÉ  (Nicolas),  professeur 

àrUiiiversilé,37,  rucAudré-Dumont, 
Liège. 

:>0  avril  1897.  27  avril  1900.    25.  HANSAY  (Alfred),  coiisorvaleur- 

ad joint  des  archives  de  TEUit, 
71,  rue  Montague-S*^-Wallburge , 
Liège. 

28  mai  1897.  27  avril  1900.  26.  SIMONIS  (JULIEN),  docteur  en  méde- 
cine, à  Jemeppe-sur-Meuse. 

•-'Oavril  189S.    27  avril  1900.    27.  SERVAIS  (Jean)  ,  instituteur,  8,  rue 

Joseph  Demoulin,  Liège. 

25nov.  1898.    27  avril  1900.    28.  RENARD  (  Lucien  ),  36,  rue  Destri- 

veaux,  Liège. 

24  fév.  1899.  28déc.  190').  29.  LOHEST  (Max),  professeur  â l'Uni- 
versité, 55,  rue  Mo  nt-Saint- Martin  , 
Liège. 


MEMBRES  HONORAIRES 


Date  de  l'eiitrée     Date  de  l'admission 

a  l'inslilul.  cdiiime  niembie  hoiioraiio 

26  mai  1882.      1.  REUSENS  (Edmond),  chanoine  de 
Malines,   professeur  à  l'Université 
catholique ,  Louvain. 
Juillet  1874.    27janv.  1887.      2.  TERME  (Antonin),   directeur   du 

Musée  d'arts  industriels,  Lyon. 
1869.  SOjanv.  1891.      3.  HOGK     (Auguste),     littérateur, 

25,  cfuai  Mativa,  Liège. 

30janv  1891.  4.  GRAND  JEAN  (Mathieu),  bibliothé- 
caire honoraire  de  l'Université , 
68,  rue  Fabry,  Liège. 

3(^  janv.  1891 .  5.  BEQUET  f  Alfred  ;,  président  de  la 
Société  m'chèologique,  Namur. 


—  XI  — 

Date  de  l'entrée     Date  de  l'admission 

a    rinsliliit.  comme   mi-mbift    lidiiornir'-. 

30janv  1801.      6.  DE  BAYE  (BARON  Joseph),  Paris. 

30  jaiiv.  1891.      7.  BERTRAND  (Alexandre),  membre 

de  V  Institut  de  France,  conserva- 
teur du  Musée  des  antiquités  natio- 
nales, Sai'tit-Germain-e7i-Laye. 

1889.  31  mai  1895.       8.    PONGELET    (EDOUARD),    conser- 

vateur des  archives  de  l'Etat,  Mons. 
27  déc.  1895.  9.  DE  PIMODAN  (comte),  duc  romain, 
capitaine  d'état-major,  Paris. 

16nov.  1863.     24  déc,  1896.     10.  DE  BORMAN  (CHEVALIER  CAMILLE), 

membre  du  Conseil  héraldique,  et 
de  la  Députation  permanente  du 
Limbourg,  Schalhhoven. 

24  fév.  1862.    30  déc.  1S98.    11.  DARIS   (Joseph),  chanoine  de  la 

Cathédrale,  40,  rue  des  Prcmontrés, 
Liège. 

1874.  30  déc.  1898.     12.  KURTH  (GoDEFROiD),  professeur  à 

l'Université,  membre  de  YAcadé- 
mie  royale  de  Belgique,  secré- 
taire de  la  Commission  royale 
d'histoire  de  Belgique,  6,  rue  Rou- 
veroy,  Liège. 

18nov.  1859.  27 avril  1900.  13.  DE  THIER  (Chevalier  Charles), 
président  à  la  Cour  d'Appel ,  3,  rue  Raikem, 
Liège. 

MEMBRES  CORRESPONDANTS 

Les  noms  précédés  d'un  "  sont  ceux  des  membres  qui  reçoivent  le  Bulletin. 

Date  de  l'entrée    Date  de  l'admission 

a  riuslitut.       comme     membre     ioirespoiiil.iiit. 

31  mai  1850.        1.  PETY  DE  THOZÉE  (J.),    consul 

général,  Bombay  (Inde). 
16.juiL  1853.       2.  DE  NOUE    (Arsène),   docteur   en 
droit,  Malmedy. 


—  XII  — 
Date  de  l'entrée    Date  de  l'admission 

à  rinstiliu.  cninine  membre  corresponlant. 

16  juillet  185;i  *3.  VAN  DER  STRATEN-PONTHOZ 
[COMTE  FRANÇOIS),  Briixellcs. 

9  mai  1862.  *4.  RENIER  (Jeani  ,  artiste  ])eiiitre, 
J  erviers. 

1  avril  1864.  5.  GROTEFEND  (G.  L.j,  arcliiviste  de 
l'Etat,  Hanovre. 

2fév.  1872.  6.     LEFÈVRE    (J.  ),    bourgmestre, 

Lrmden. 

29  juin  1877.  7.  VORSTERMAN  VAN  OYEN  (A. A.), 
généalogiste,  La  Haye. 

24fév,  1882.  *8.  DRION  (Prosper),  directeur  de 
l'Académie  royale  des  beaux-arts, 
23,  rue  Duvivier ,   Liège. 

24  fév.  1882.  9.  DE  L'ESCAILLE  (Henri),  la  Tou- 
rettc ,  par  Hougaerde. 

24  fév.  1882.  *10.  D'OTREPPE  DE  BOUVETTE  (ba- 
ron Frédéric},  docteur  en  sciences, 
12,  rue  des  Carmes,  Liège. 

24  fév.  1882.  11.  BAAR  (Emile),  docteur  en  droit, 
3,  rue  Lebeau,  Liège. 

29déc.  1882.      12.  CLERX    (Paul),    70,    rue    César 

Franck,  Liège. 

29déc.  1882.  *13.  PIRENNE  (Henri),  professeur  cà 
l'Université  ,   Gand. 

29  mai  1883.      14.  CRAHAY  (  Louis  i ,  conseiller  à  la 

Cour  de  cassation,  Bruxelles. 
29  mai  1883.  *15.  STASSE    (Alexis),    directeur   au 

Gouvernement   provincial,   48,    rue 

Fond-PJrette,  Liège. 
26janv.  1884.  *16.  EKMAN   (C.   E.),    membre    de    la 

première    Chambre    du    royaume, 

Finspong  (Suède). 
28  uov.  18S4.     17.  HOFFMAN  (ledocteur),  secrétaire 

de    la    Société     antliropologique , 

Wasltingion. 


—  XIII  — 
Dete  de  l'entrée    Date  de  l'admission 

a  rinslilul.         coiniiii' incmbro  correspondant. 

26  déc.  1884.     IS.  BREUL  (Adolphe),  industriel,  Goé. 
31  déc.  1885    *19.  TIHON   (Ferdinand),   docteur  en 

médecine,  Theiix. 
31  mars  1887.     20.  DE   BEIIAULT-DORNON  (Arm.  ), 

Bruxelles. 
28  avril  1887.  *21.  BRACONIER    (Ivan),    château   de 

Modave. 
28  avril  1887.    22.  CHARLES  (Fr.-Jos.),  commissaire- 

voyer,  27,  quai  de  la   Dérivation, 

Liège. 
28juill.  1887.  ==^23.  FR.ANCOTTE  (Gust.we),  avocat, 

18,  l'ue  Forgeur,  Liège. 

27  nov.  1891.  *24.  DE  MIRBACH  f  comte  ;,  château  de 

Har/f  {Fvu^SQ  rhénane). 
27  nov.  1891.  *25.  L'HOEST  (Isidore),  directeur  au 

chemin  de  fer  du  Nord,  7.  place  du 

Parc,  Liège. 
27  nov.  1891.    26.  DAVIN-RIGOT,  l  atinne. 
27  nov.  1891.  *27.  HORSTMANS  (  Albert ^  62,  rue  de 

P'étinne,  Liège. 
27 mars  1891.  1891.       *28.  DE  SÉLYS  DE  BRIGODE  (baron 

Raphaël),  38,  boulevard  de  la  Sau- 

venière ,  Liège. 
31janv.l889.    31  déc.  1893.  *29.  BREULS     (Paul),    Henné,    par 

Ghênée. 
24oct.  1862.    27avrill894.  *30.  DE  HEMRICOURT   DE   GRUNNE 

{ COMTE  Arthur  ) ,  docteui-  en  droit , 

sénateur,  château  de  Hamal,  par 

Tongres. 
22  juil.  1895.     22  juil.  1895.  *31.  MONTEFIORE-LEVI  (G.  ),  château 

du  Rond- Chêne,  par  Esneux. 
27  déc.  1895.     32.  HALKIN  (LÉON),  chargé  de  cours  â 

l'Université,    107,  rue  de  Fétinne, 

Liège. 


—  XIV  — 
Date  de  l'entrée     Date  de  l'admission 

à  riiislilul  eniniDi;  iinmbre  cnrrespnn'lant. 

29  mai  1896.  33.  STAMATIADIS  (  Epaminondas  ) , 
chancelier  de  la  principauté  de 
Samos,  Vathy. 

24  fév.  1896.  24  fév.  1897.  *84.  GONNE  (ADOLPHE),  avocat,  5rmz.^es'. 
24  fév.  1897.  35.  HOLZER  (H.),  professeur  à  l'Uni- 
versité, 30,  boulevard  Frère-Orban, 
Liège. 

25marsl886.    28  déc.  1898.    36.  TERME  (Georges),  L%e. 

24  fév.  1882.  28  déc.  1898.  37.  DE  GROULART  (  Écuyer  Hyacin- 
the), major  d'infanterie,  Bruxelles. 

26  mai  1899.    38.  LOUSBERG  (JOSEPH),  architecte  de 

la  Ville,  92,  rue  de  Fragnée,  Liège. 

28  mai  1880.  27  avril  1900.  *39.  DE  SÉLYS-FANSON  (baron  Ro- 
bert), avocat,  68,  avenue  Blonden, 
Liège. 

aijanv.  1889.    27  avril  1900.  *40.  GAILLARD  (Joseph),  curé,  Ge<?r. 

27avrill894.     27  avril  1900.  *41.  GEYSSENS  (J.),  curé,  Z>a^/ï<?m. 

25nov.  1898.    27  avrill900.  *42.  PHOLIEN    (Florent),    26,    rue 

Vinâve-d'Ile,  Liège. 

27  avril  1900.    43.  FELLER    (Jules),    professeur    à 

l'Athénée  royal ,  Verviers. 

28  déc.  1900.    44.  HÉNAUX    (Firmin),     instituteur, 

Chanœhe,  par  Poulseur. 


MEMBRES  ASSOCIES. 


Date  de  l'admission. 

7  mai  1869.  1.  DUBOIS  (Léon),  chanoine  de  la  Cathé- 

drale, 5,  place  Saint-Paul,  Liège 

15  avril  1875.  2.  POSWICK  (Jules),  conseiller  communal, 
Verviers. 

4  fév.  187f).  3.  DEMANY  (Emile),  architecte,  95,  boule- 
vard de  la  Sauveuière,  Liège. 


•  —  XV  — 

Date  de  l'admission. 

29  nov.  1878.      4.  BIAR  (Nicolas),  ancien  notaire,  120,  bou- 

levard d'Avroy,  Liège. 

28  mai  1860.       5.  DE  LHONEUX  (M™''  Gustave),  Huy. 

28  mai  1880.       6.  EVRARD  M.  J.),  curé,  Jehmj,  par  Amay. 

28  mai  1880.  7.  FRÉSART  (Emile),  rentier,  3,  ru.j  Bonne- 
Fortune,  Liège. 

28  mai  1880.  8.  DE  GELOES  (comte  René),  château 
à.'Eysden  (Hollande). 

28  mai  1880.  G.  DE  LAMBERTS-GORTENBACH  (baron 
Rodolphe),  château  de  La  Zangrie,  par 
Bilsen. 

28  mai  1880.      10.  DE  PITTEURS  DE  BUDINGNE  (baron 

Léon),  docteur  en  droit,  83,  rue  Louvrex, 

Liège. 
5  mars  1883.     11.  DE    MÉLOTTE    (chevalier    Victor), 

château  de  Basses- Aicirs,  parEngis. 
9  mars  1883.     12.  POSWICIv     (  Prosper  ) ,     château     de 

Tiltange,  par  Huy. 
31  mars  1883.    13.  DE  GOER  DE  HERVE  (baron  Eugène), 

Bomœelles. 
20  avril  1883.    14.  DORY  (Isidore)  ,  professeur  honoraire 

de  l'Athénée,  42,  rue  des  Clarisses,  Liège. 

30  nov.  1883.  15.  DE  POTESTA  (Paul),  docteur  en  droit, 

château  A'Hermalle,  par  Engis. 
30  nov.  1883.  16.  GHARLIER  (Jean),   négociant,   21,   rue 

André  Dumont,  Liège. 
30  nov.  1883.  17.  ORBAN  DE  XIVRY  (Jules  ,  château  de 

Gaillarmo7it,  Grivegnée. 
30  nov.  1883.  18.  SLÉGERS    (Joseph),  docteur  en  droit, 

Tongres. 
Janvier  1885.  19.  DENIS-DEVIGNE  (j!  J.),  négociant,  14, 

rue  d'Amay ,  Liège. 

29  avril  18.86.  20.  WILMART  (Charles),  docteur  en  droit, 

3,  place  S'-Paul,  Liège. 
Mai  1887.         21.  HAULET,  fonctionnaire   au    chemhi  de 
fer  de  l'Etat,  30,  rue  Kiukempois,  Liège. 


—  XVI  — 

Date  de  l'admission. 

28  fév.  1890.  22.  FIRKET  ( Charles),  professeur  à  l'Uni- 
versité, 8.  place  Sainte-Véronique,  Liège. 

27  mai  1890.    23.   NAGELMACKERS-PASTOR  (Ernest), 

20,  boulevard  d'Avroy,   Liège. 
8  août  1890.    24.  LOHEST  (Fernand),  architecte,  8,  rue 
Sainte-Croix,   Liège. 

28  uov.  1890.  25.  THÉÂTRE,  Otrange,  par  Oreye. 

28  nov.  1890.  26.  DE  THIER  (chevalier  Léon),  proprié- 
taire du  journal  la  Meuse,  10,  Jjoulevard 
de  la  Sauvcnière  Liège. 

28  nov.  1890.  27.  DIGNEFFE    (Emile),    avocat,    26,    rue 

Fuscli,   Liège, 

30  juil.  1891.    28.  DULAU,  37,  Soho  Square,  Londres. 

8  janv.  1892.  29.  LE  JOLY  (Edouard),  21,  rue  de  l'Har- 
monie,  Liège. 

1894,  30.  PICARD  (Edgard),  ingénieur,  directeur 

des  établissements  de    la    Vieille-Mon- 
tagne, Jemeppe-sur- Meuse. 
1894.         31.  LEDRU  (Léon),  artiste-peintre-verrier, 
Val-Sain  t- Lambert. 

1895.  32.  BAAR  (  ALFRED  ),  4,  rue  Lebeau,  Liège. 
25  mai  1894.    33.  HOUTART  (Maurice),  docteur  en  droit, 

Tournai. 

Juin  1894.  34.  DE  GÉRADON  (chevalier  Maurice),  21, 
boulevard  Piercot,  Liège. 

30  nov.  1894.  35.  DE  SÉLYS  -  LONGCHAMPS  (baron 
Walter),  sénateur,  château  de  HaUoy, 
par  Ciney. 

22  juil.  1895.  36.  MONTEFIORE-LEVI  (Madame  G.),  châ- 
teau du  Rond-Chêne,  par  Esneux. 

29  nov.  1895.  37.  DE    RUDDER     i  Henri  )  ,     ingénieur  , 

Boussu-lez-Mons. 
29  nov.  1885.   38.  PHILIPPART  (A.),  ingénieur,  44,  avenue 

Blonden,  Liège. 
24  déc.  1896.    39.  HARROY,  directeur  de  l'Ecole  normale, 

Verviers. 


—  XVII  — 

Date  as  l'adm'ssion. 

2G  mars  1807.  41).  0P11()VJ-:N  (Lkon).   17,  rue  Mont  S;uiiL- 

Martin,   Liège. 
2G  mars  1897.   11.  DE    BUGGKNOMS      Louis),    avocat, 

10,    place  de   Bronckart,    Liéuc. 
20  iiov.  18'.)7.    42.  KKVKUKiND  ABBÉ  DE  L'ABBAM'.  DT 

VAL-J)IEU,  Charneux. 
31  déc.  1807.    43.  PXUIERMONT  (I),  conseiller  de  k-alioii 

do  S.  M.  le  Roi  des  Belges,  château    de 

Leir/non,  par  Ciney. 
25  mars  1898.  41.  11I-:NKIJEAN  (Fr.),  professeur  à  lUni- 

vei'sité,  .32,  boulevard  de  la   Sauvonière, 

Liège. 
25  mars  1898.  45.  NEUVILLE  (Léon),  avocat,  4'),  rue  du 

Jardin-Botanique,   L^iège. 
25  mars  1898.  46.  HOUSSARD  (Ernest),  24,  place  de  la 

Cathédrale ,    Liège. 

29  avril  1898.  47.  FAYN  (Joseph),  directeur  de  la  Société 

anonyme  du  Gaz,    29,  avenu(>    Ro,^n(M% 

Liège. 
25  nov.  1898.    48.  GRÉMER  (Auguste),  château  de  ]>èln- 

lieid,  par  Verviers. 
25  nov.  1898.    49.  CHAUDOIR    (  Jacques  )  ,     château    <le 

LUimoir-Lassus ,    par   Hamoir. 

30  déc.  1898.    50.  RASQUIN    (Georges),    avocat,    0,    rue 

Laruelle,   Liège. 

24  nov  1809.  51.  KLINCKSIEK,  libraire-éditeur,  rue  de 
Lille,  Paris. 

24  nov.  1899.  52.  STRAVEN  (François),  paléographe, 
Saint-LYond. 

29  déc.  1899.  53.  ORBAN  ( HENRY ),  59,  rue  Mont-Saint- 
Martin,  Liège. 

28  déc.  1899.  54.  DUBOIS  (ADOLPHE),  conservateur  des 
collections  du  Cercle  «  L^es  Amis  du 
Vieux-Liège^^,  2G,  rue  Mont-S'-Martin, 
Lièf/e. 


—  XVIII  — 

Date  de  l'admission. 

26  jaiiv.  1900.  55.  VAN  DER  HEYDEN  A  HAUZEUR 
(Adolphe),  09,  Val-Benoit,  Liège. 

26  janv.  1900.   56.  COMBLEN  (Paul),  archilocte,  3:;,  rue 

dos  Augustins,  Liège. 

20  janv.  1900.  57.  DUCHESNE  (Eugène),  professeur  d'his- 
toire à  l'Athénée  royal,  1 ,  rue  Nainiette, 
Liège. 

Ti  avi'il  1900.  58.  FALK,  fils,  libraire,  15-17  ,  rue  du  Par- 
chemin, Br-uxeUes. 

27  mai  1900.      59.  VAN  ZUYLEN  (Paul),  industriel,   52, 

quai  des  Pécheurs,  Liège. 
;]0  nov.  1900.     60.  rONGELET  (Henri),  imprimeur-éditeur, 

8,  l'ue  Bassenge,  Liège. 
;^0  nov.  1900.     Cl.  VANDEVELD  (A.), directeur  de  la  BiUio- 

grapliie  de  Belgique,  Bruxelles. 

28  déc.  IDOO.     02    FRÉSART   (Féllk),   hanquier,    9,    rue 

Sœurs-de-Hasque,  Liège. 


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