THE J. PAUL GEITY MUSEUM LIBRARY
BILLETIN
ItK
L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE LIÉGEOIS
BULLETIN
DE
WTMT mwsmm
LIEGEOIS
TOME XXX IV
1904
l.Mi'KiMKUiK LiF.dKoisi:, IIknki l'ONClCr.KT
IvIE DKS Cf, MUSSES, 'r2, LlixiK
66 fô.
(ittll U.lmt.9, uokaKY
EAPPORT
SUR LES TRAVAUX DE L INSTITIT ARCHK( »L()(ilQrK
LIÉGEOIS PKXDAXT L'ANNÉE lyo*?.
Messieurs,
L'oxoreiee qui vient do s'éooulor et dont je vais avoir
riionuenr de vous retracer, eu ce rapport, les principaux
événements, a affirmé, une fois de plus, la ])rospéri1('
sans cesse croissante de l'Institut.
Poursuivant sans relâclie raccomplissement de sa
mission scientifi([uc, notre Société, vieille bieutôt de
cim|uaute-quatre ans, a toujours eu à c(X'ur, «'oimue lui
ordouuc du reste l'article I de ses statuts ()r«;ani(iues,
de <( i-echerclier, rassembler et conserver les o'uvres
d'art et les monuments archéologiques de la ])roviuc(» et
des ancicumes déi)endances du pays de Liège ».
Cette ligne de conduite l' Institut l'a toujours s('ru])u-
leusement obsei-véc, il l'a non moins fidèlement suivie^
en 1900.
Tous ceux qui ont assisté à nos réunions mensuelles
ont pu se rendre compte du succès de ces séances : et
ce succès n'a fait que croître, comme en témoigne l'obli-
gation dans laquelle s'est trouvé, à un certain moment,
le Bureau d'augmenter son mobilier devenu insuffisant
à raison du grand noud)re de membres ])résents à
chacune de nos assemblées.
— ir —
Ce succès, il faut le reeouuaitre, est du uux intércs-
siiutes communications (lui ont fait l'attrait de nos
séances ordinaires ; je crois donc être l'interprète de
vous tous en exprimant de vils et sincères remercîments
aux obligeants conférenciers qui ont bien voulu nous
apporter le concours de leur parole.
M. le professeur Ducliesne a ouvert la série de nos
causeries de l'année en nous entretenant de la Xeuiralité
liég-eoise, sujet tout d'actualité à une époque où les
questions économiques et internationales préoccupent
tant les hommes d'Etat.
Après un rapide aperçu liistorique de la neutralité
liég-eoise, le conférencier nous a défini cette dernière,
l)our nous montrer enfin comment, toute illusoire qu'elle
l'ut, elle contribua néanmoins à sauvegarder l'intégrité
et l'autonomie du territoire de notre ancienne princi-
pauté.
En février, notre savant collègue, M. .Tules Ilelbig,
nous a fait une remarquable communication sur la pein-
ture à Liège au AT//""' siècle. La compétence tonte
spéciale de M. Helbig en semblable matière me dispense
d'insister sur l'intérêt exceptionnel de sa communica-
tion au cours de laquelle il s'est attaché à étudier les
caractères de l'école de peinture liégeoise et à décrire
l'œnvi'e considérable de l'un de ses plus célèbres repré-
sentants, Gérard Douffet.
A la séance suivante, M. Julien Delaite nous a exposé
le résultat des longues et patientes recherches qu'il a
faites dans le but de sauver de l'oubli une personnalité
très caractéristique, celle de Gérard Tollet, boiirg-mestre
(le Liég-e (1425-1494).
Notre collègue, en rétablissant la biographie du person-
nage, nous a fait connaître également un c(u-tain nombre
de documents très curieux intéressant l'histoire liégeoise
du xv*^ siècle.
— m —
A la séance de niai, M. Joscj)]! ni'assinne, en une
causci'it' très instructive, nous a présenté une étude
d'cnsenible sur la Bibliolhèqiie de rUniuersilé de Liège.
11 nous en a décrit les principales salles et nous en a
si<;-nalé les plus récentes accpiisitions ; il nous a initiés
enfin aux différents modes de classification des livres,
nous permettant ainsi de juger des soins multiples que
réclame une bibliothèque ratiounellement et métliodi-
({uement organisée.
M. Jos. Demarteau, que nous avons tous été heureux
de retrouver parmi nous, a bien voulu, à la i-éunion
suivante, nous honorer d'une communication l'elative au
séjour de u Snint Lambert à Stauelot ».
S'aidant de la relation d'un chroni(jueur anonyme du
VII i^ siècle, le conférencier nous a raconté l'un des épi-
sodes les plus édifiants de la vie de résignation do saint
Lambert, alors que celui-ci, victime de la liaine d'Ebroin
et privé de son trône épiscopal de Maestricht, dut trouver
un refuge momentané à l'abbaj^e de Stavelot.
Pour la séance de juillet, M. le baron de Selys Fanson
nous réservait la primeur d'un exposé relatif à l'organi-
tion de VExposition de iart ancien an pays de Liège
en if)o5 et à l'aménagement tant extérieur qu'intérieur
du futur Palais de l'Art ancien.
L'Institut a compris l'intérêt tout particulier de cette
communication en faisant insérer dans son Bulletin le
texte intégral du discours de notre distingué collègiuî qui,
à ce moment déjà, en sa qualité de Commissaire du Gou-
vernement pour les arts rétrospectifs, se trouvait être
l'âme de cette importante entreprise.
A la séance de rentrée d'octobre, l'Institut vous a rendu
compte, par l'organe de son secrétaire, des fouilles et des
recherches qu'il a fait exécuter dans le courant de l'année
et vous a soumis les antiquités les plus curieuses dont
le Musée s'est enrichi à la suite de ces fouilles.
IV —
Enrin. en novembre, M. :\lax Loliesl a bien voiihi nous
faire une eonférenee sur VArdeniie géolo^riqiie. Malj>ré
l'aridité de semblable sujet essentiellement scientifique,
notre confrère a traité celui-ci sous une forme originale ;
il a su ea])tiver notre attention tant par la clarté de son
exposé que par la variété des détails dans lesquels il est
entré pour rattacher son sujet à celui qu'avait précé-
demment développé M. .T. E. Demarteau en nous entre-
tenant de la Roiuanisiition de l'Avdenne.
Ce rapide aperçu vous permettra. Messieurs, d'appré-
cier le grand intérêt et l'attrait spécial que n'ont cessé
de présenter nos conférences mensuelles, depuis le jour
où elles ont été instituées.
Piiblicnliona. — Quant à nos publications de l'année,
elles ne sont ])as iuféri(Mires, je pense, à celles (pii les ont
])récédées.
Le tome XXXIII, ])ai" la variété mènuî des notices qu'il
contient, fait dignement suite au tome XXXII.
Dans son élude sur Jindolphe de IIahsbonr(>- et la Prin-
cipuutc de Liège, M^''' Sclioolmeesters a très heureusement
mis en relief les i-api)orts suivis que nos ])rinces-évèques
eurent au xiii'' siècle aA'Cc le puissant empereur d'Alle-
magne, (jui, elle/ nous, sut se montrer en toute circon-
stance le défenseui' des droits acquis et des i)rivilèges
anciens.
M. Ruhl en jetant un (Joiip d\i'd sur les anciens ou-
vraies fortifiés des villes de la Belgifjne, a i)assé en revue
les rares débris d'arcliitectui'c militaire ([ui subsistent
encore siu- notre vieux sol belge. A ])ropos de la ])ort('
d'.\ nicico'ui' à Liège, il a eu l'heureuse idée de faii'e
rt'pi(»(hiirc une vue inédite de eet ancien édifice aujour-
d'hui disparu.
Il l'aiit , <r;iii1rc ]>;ii'(, s;i\()ir ^rc ;i M. 1). lîroiiwci's
d'avoii- pul)li(' (iiichjucs Documcnls relatifs à lu inntriculc
(lu duché de Limboiirg en i~o5 ; ces doeunioiits, non
seulement intéressent plusieurs petites eommniies du pays
<le Lie^'e, ils sont en outre, de la plus i^rande inij)()i-tanee
pour l'étude de l'histoire linaneière et écononiicpie du
duché de Lini bourg.
Le « Rapport sur les recherches et les fouilles exécutées
en i<)o3 )), constitue le l)ilan de nos explorations archéo-
logiques pendant l'exercice écoulé et met en lumière les
pièces principales qu'ont produites nos fouilles.
En un mémoire plein d'érudition, notre savant collègue,
M. le baron J. de Chestret de Hanelie, nous a retracé
l'histoire des seig'neuries dWnthisnes et de Vien ; il a
l'éuni, à cet effet, de précieux matériaux, grâce auxipiels
on peut se faire une idée exacte de ce qu'était le village
d'Anthisnes avant la révolution française.
De son côté, M. Jos. Brassinne a fait o'uvre utile et
intéressante en publiant et en commentant un manuscrit
du xvii*^ siècle, dont l'auteur, au moyen de déductions
statistiques, a cherché à déterminer le chiffre de « la
population de Liège en iG5o ».
;M. God. Kurth, dont la nouvelle collaboration a été
particulièrement agréable à l'Institut, nous a donné un
excellent et savant petit mémoire sur « le peintre Jean »,
mémoire dans lequel il a tâché de rétablii*, par la criticpic
des textes, l'œuvre de cet artiste auquel l'église Saint-
Jacques dût jadis d'admirables fresques aujourd'hui
disparues.
Le texte de l'intéressante communication de M. le
baron R. de Sélys Fanson sur VExj)Osition de Fart ancien
au Pays de Liège en i9o5 et dont j'ai déjà eu l'honneur
de vous entretenir à propos de nos conférences men-
suelles, ainsi qu'une note sur une découverte archéolo-
gique récemment faite à Hollogne-aux-Pierres, clôturent
le tome XXXIII.
VI —
Celui-L'i. indcpiMulainmciit <U's travaux dont je viens de
faire rénuniération contient encore le Rapport du Secré-
taire sur l'exercice igoa, les Statuts et la Liste des mem-
bres, enfin la Table analytique des matières que nous
devons, comme l'année^ dernière, au bienveillant et géné-
reux concours de M. l'abbé ^^an Wintershoven.
En tout, l'Institut a publié un volume de plus de
3oo pages orné de plusieurs vignettes et de six planches
hors texte, dont trois en photocollograpliie.
*
* *
Excursions archéolog-i(}UCS. — L'an dernier, l'Institut,
comme vous devez vous en souvenir. Messieurs, a inau-
guré une série d'excursions archéologiques ; ce fut une
innovation heureuse à tous égards et dont la nécessité
s'imposait de})uis longtenii)s déjà.
Si des raisons majeures n'ont permis d'organiser qu'une
seule excursion dans le courant de igoS, celle du 6 juillet
aux environs de Montzen n'en a pas moins laissé un
souvenir des i)lus agréables à tous ceux qui y ont pris
part.
Xos amateurs photographes ont surtout tiré profit de la
visite détaillée que nous avons faite des anciens manoirs
de Graff, Ihoicli. Belderbiisch et Schimper.
Ce que nous n'avons i)u faire l'an dernier, nous le l'éali-
serons en 1904 ; à ce sujet, je puis, sans être indiscret,
vous dire déjà que le Bureau a plusieurs projets en
perspective, i)rojets (|ui rallieront, il l'espère, l'assenti-
ment unanime de nos membres.
Maison Porquin. — En ce <|ui concerne la Maison
Porquin, foi-ee m'est de constater, non sans amers regrets,
<pie, malgré toutes nos démarches et malgré le puissant
— VIT —
;il)])iii (|ii(' nous avait accorda la Commission i-oyalc des
Momimcuts, la cause que nous avons défendue avec tant
d'ardeur et avec nn légitime espoir de réussite, est défi-
nitivement ])erdiie i)our nous.
Le Conseil communal, eu séance du 20 novembre dvr-
nier, u voté, par 21 voix contre 7, la démolition de la
Maison Porquiu. In arrêté ministériel récent vient enfin
de valider définitivenuuit cette sentence, alors cependant
que le rapporteur du budget du Ministère de ragriciilturc
et des beaux-arts prévoyait déjà l'allocation d'un sul)side
pour la restauration de cet intéressant monument !
Il ne m'appartient pas, Messieurs, de juger, en ce
rapport, l'arrêt qui a été rendu ; l'Institut, s'il est vaincu,
a la satisfaction d'avoir rempli loj-alement son devoir et
de n'avoir pas failli à la mission qui lui a été dévolue
par le premier article de ses statuts organiques visant
« la conservation des monuments historiques de la pro-
vince et des anciennes dépendances du pays de Liège ».
Personnellement, j'entreverrai longtemps encore la
silhouette gracieuse qu'aurait présentée, au milieu du
nouveau square des teri-ains de Bavière, l'antique Maison
Porquin, à laquelle ou aurait aisément })u trouver, a2)rès
sa restauration, (piehjue utile affectation.
*
* *
Une auti'e question qui intéresse spécialement l'Institut,
celle du transfert de nos collections à la Maison Curtius,
est enfin à la veille de recevoir une solution définitive
qui pourra, il faut l'espérer, nous donner complète satis-
faction.
Cette question, vous le savez tous, ne numque pas de
l)résenter de sérieuses difficultés ; elle nous entraînera
peut-être même dans des négociations très délicates . . .
L'Institut, en effet, quel que soit le régime qu'il aura à
adopter, doit exiger qu'on lui garantisse son entière
AllI —
aiiiDiKuuic et sa plciiu' iiKlrpeiulance afin (lu'il [Miissc,
par là uièine, conserver intacte sa liberté d'action.
Toutes les craintes qui ont pu naître à la première
heure concernant la situation future de notre Société
envers la Ville, semblent devoir disparaître devant les
assurances si bienveillantes (jui ont été données récem-
ment à deux d'entre nous, MM. J. E. ' Demarteau et
Kd. Braliy-Prost, par M. le Bourgmestre et M. l'Eclievin
des Beaux-Arts.
En attendant (]ue nous i)uissions, en suite de pour-
parlers officiels, être fixés d'une façon précise sur les
intentions réelles de la Ville do Liège, émettons le vœu
de voir api)roprier à bref délai, la Maison Curtius, en
vue de sa nouvelle destination.
11 serait impardonnable qu'à l'occasion de l'Exposition
Internationale et Universelle de Liège en 1905, nous
n'ayons pas (juitté les locaux que nous occupons aujour-
d'hui et où nous sommes à l'étroit depuis plusieurs
années déjà.
Tuiscpi'il a été entendu, d'autre part, que l'Institut
fêterait en 1905 son cinquantenaire, dont la célébration
a été spécialement retardée pour la faire coïncider avec
les fêtes de notre Worlds I-'air et l'inauguration du nou-
veau Musée communal d'Art Ancien, c'est à Curtius
évidemment que devra avoir lieu cette solennité !
Insistons donc à nouveau i)our qu'on mette incessam-
ment la main à l'cx'uvre et souhaitons que M. l'échevin
Micha, (jui de])uis douze ans poursuit avec un zèle des
l)lus louables la réalisation de ce ])r()jet, puisse enfin
décider la Ville à agir sans plus tarder.
*
.le ne })uis, d'autre pari, i)asser ici sous silence le rôle
prépondérant que l'Institut, en la personne d'un grand
— IX —
gniiut nombre de ses iiieiiibres, sera ai)pelé à jouer diins
rorguuisiitiou de la future Exponilioii de l'Art Ancien un
Pays de Liège en kjoC).
Sur les r4<'~> membres (|ui (•()ini)()sent la Commission de
patrona>i;-e de TExposilioii , :^^ api)artieinieiit à noire
Société et eelle-ei, dans la seetion de l'art civil seule,
fournit le ])résident, le secrétaire général et le trésorier
de la section, six })iésidents de classe et sei)t secrétaii-es
de classe.
Enfin, le Commissaire spécial du (Jouvernement ])our
les arts rétrospectifs n'est autre (|ue ISI. le baron R. de
Selys Fanson, l'un de nos membres effectifs les plus
estimés, au<{uel nous trouvons adjoint comme seci'étaire,
notre président actuel, M. Braliy-Prost.
L'Institut peut donc être fier, à juste titre, de la i)ai't
considérable qui lui a été réservée dans la composition
du Comité. Ce sera pour nous tous un stimulant (|ui nous
engagera à coopérer avec ardeur à la réussite et au succès
de l'Exposition de l'Art Ancien au Pays de Liège.
En sa qualité de Société fédérée, l'Institut a participé
au XVII^' Congrès de la Fédération liistorique et archéo-
logique de Belgique, tenu à Dinant au mois d'août derniei*.
Notre Société s'y était fait représenter par cinq de
ses membres : MM. J.-E. Demarteau, Fréson, Pâques,
F'raipont et Baron R. de Selj'S Fanson.
L'Institut a, d'autre i^art, pris i^art à VExposition de
dinanderies organisée l'an dernier à Dinant; nous y avons
exposé quelques-unes des pièces de « dinanderies » les plus
intéressantes de nos collections.
Fouilles. — Je suis heureux de pouvoir constater cette
fois (pie l'Institut, repi'cnant en cela d'anciennes tradi-
lions, a su consacrer aux Touilles une certaine part de
ses ressources.
Dans le courant de l'année dernière, des Touilles rej-u-
lières ont été pratiquées tant en Hcsbaye que dans le
Condroz.
A Latinne, au lieu dit h Les grandes Pièces », M. Davin-
Kigot a déblayé partiellement les substruetions d'une
grande ville belgo-roniaine ; ces fouilles n'ont niallieu-
reusement révélé que quelques menus objets sans grand
intérêt.
Notre confrère a également terminé l'exploration du
cimetière franc de Latinne, ce qui nous permettra de
l)ubli(>r prochainement une notice sur cette petite nécro-
jîole.
Dans le Condroz, M. Firmin Ilénaux a fouillé les sub-
struetions de deux importantes villas belgo- romaines,
sises l'une à Oequier, l'autre à Vervoz (Clavier).
Si la i)remière n'a rien produit, la seconde, au contraire,
a enrichi notre Musée d'un grand nombre de pièces inté-
ressantes, ])armi lescpielles je me bornei-ai à signaler ici
dix-sept petites billes en terre cuite marquées de chiffres
romains et uniques en leur genre en Belgique,
En vue des travaux de cette année, l'Institut a enfin fait
])r;iti<iuer des sondages (ui différents ])oints de; la province,
notamment aux aboi-ds des tiimulus des Avins, de Kamelot
et de Biisin.
*
* *
Finances. — Nos ('om])tes de l'année iç)o3, dont voici,
d'après notre zélé trésorier, M. Pà(|ues, le détail, se
soldent i)ar un déficit de fr. 25o,38; iu)tre bilan jorécédent
accusait un mali de fr. 255,i5.
XI —
. EXERCICE 1903
Recettes
Subside de l'Etat . . .
» de la Province.
» de la Ville .
Cotisations des membres
Intérêts chez le ban(|uier
Total
DÉPENSES.
fr. i.ooo 00
» 5oo oo
»
Déficit do 1902 fr
Frais de publication ou d'envoi de la
table générale des matières, etc.
(réserves)
Solde du prix de la Table.
Fouilles »
Achats d'antiquités »
Bibliothèque (Achats, entretien). . »
Bulletin de 1908 et son envoi . . »
Frais de bureau »
Concierge et pompiers »
Entretien des locaux, chauffage. . »
» des collections . . . . »
Assurances »
Commission de banque »
Total. ~"
fr
RÉCAPITULATION
DOO 00
» 1.400 00
)) 5i 80
fr. 3.456 80
255 i5
700 00
23o 00
145 20
286 80
1.669 20
95 23
145 00
82 75
43 23
96 00
7 10
8.707 18
Dépenses .
liecettes .
. fr. 3.707 18
, )) 3.456 80
Déficit.
fr
200 Oî
La situation financière de l'Institut ne s'est donc guère
améliorée ; si nos ressources se sont accrues des cotisa-
— XII —
tiens d'un certain nonil)!'»- de nouveaux membres, nous
avons par contre, en suite même de cet accroissement
de nos abonnés, dû augmenter le tirage de notre Bulletin
et le porter de 35o à 400 exemplaires.
Il est donc résulté pour nous un surcroit de dépenses
plutôt qu'un avantage pécunier quelconque.
Aussi le remaniement de nos budgets annuels s'impose-
t-il, à mon avis, d'une façon impérieuse. En prévision des
dépenses extraordinaires auxquelles nous pouvons être
amenés à devoir l'aire face dans nn avenir très rapproché,
nous avons le devoir de chercher, sans plus tarder, à nous
créer des ressources nouvelles.
C'est à la générosité des pouvoirs publics que nous
devrons faire appel.
.l'aurai sous peu l'honneur de vous soumettre, à ce
sujet, conjointement avec notre trésorier, des proposi-
tions détaillées.
En attendant, je me fais l'interprète de vous tous,
Messieurs, pour remercier sincèrement le (rouverncunent,
la Province et la Ville de Liège, des subsides qu'ils ont
bien voulu nous octroyer jusqu'à ce jour.
Musée. — Indépendamment des nombreux objets que
lui ont procurés nos fouilles, notre Musée a vu ses collec-
tions s'accroître considérablement l'an dernier surtout
par des dons et des dépôts.
.Te m'empresse de présenter les plus vifs remerciements
de l'Institut à tous ceux qui ont contribué au dévelop-
pement de nos collections.
Vous pourrez juger par la liste ci-apiès que m'a commu-
niquée notre tout dévoué conservateur, M. le l)'" Alexandre,
de l'importance des accroissements du ^Fusée.
— xTir —
DOXS.
Epoque préliisloii(jiie.
Série de silex taillés néolithi(iucs : i micléus, i j^rattoir, i frag-
ment de liache polie, 22 lames et éclats de dégagement, trouvés à
Bonsin, près Oc(|nier.
Don de M. Firniin Ik-nanx.
Fragment de hache polie, grattoir et nucléus trouvés dans le bois
de Kinlvempois, commune d'Angiour.
Fragment de hache polie, u grattoirs, 11 lames et fragments de
lames i)rovenant de « Zalon », commune de Trooz.
7 fragments de poteries néolithi(]ucs, iS lames et éclats de taille,
recueillis à Eysden (Limbourg belge).
Hache taillée provenant de l'atelier néolitliique de Rullen.
Don de M. M. De Puydt.
Série de silex taillés néolithit^ues : :• nucléus, 7 lames et éclats de
dégagement, provenant de Tohogne, canton de Durbny, au lieu dit :
« Sur les CoiDiminaiix ».
Don de M. Pierre Destinez.
Série de silex taillés : 120 lames, dont 38 retouchées et ayant servi
de couteaux, 4i grattoirs, 7 lauies grattoirs, 3 nucléus, 3 percuteurs,
5 poinçons, G fragments de liaclies i)olies, 2 ])ointes de flèches dites
à tranchant transversal, i pointe de flèche en amande (extrémité
brisée), 2 couteaux courbes. Provenance : Sart Tilmant (Angleun.
24 lames et fragments de lames, i petit nucléus, 2 grattoirs et
I éclat de hache polie, recueillis à Ami>sin.
57 lames et éclats de dégagement, 2 grattoirs trouvés à « Zalou »,
commune de Trooz
27 lames et fragments de lames, i nucléus et i grattoir prove-
nant d'F'mbourg (près du fort).
2i) lames et éclats, 2 nucléus, (j grattoirs, 2 tranchets et i frag-
ment de hache polie, trouvés à La Roclictte, commune de Cliaud-
fontaine.
I poinçon, i nucléus, i éclat de hache polie, 7 lames et fragments
de lames, trouvés à la ferme de la Besle, près du couvent de Chè-
vremont.
Don de M. .Jean Servais.
Hache polie en silex, tranchant brisé : longueur : omo;).'}. Prove-
nance : Freeren (arrondissement de Tongres).
Fragment de hache polie en silex : longueur : 011107.
Petite lame retouchée, en silex brun translucide ; long. : o'"o22.
— XIV —
Marteau en silex, formé du corps d'une hache polie en silex (beau
spécijneni mesurant : o"'o7i> X o"'o44- Provenance ; Wihogne.
Don de M. Léopold Debrassinne.
Fragment de hache i)olie, provenant de la campagne du Sart
CAmpsin).
Fragment paraissant avoir servi de lissoir (long. : o'"io7) même
provenance.
Don de M Sépulchre-Frésart, industriel à Ilerstal.
Silex taillé (nucléus) trouvé dans les terres à briques du Thier-
à-Liége, près de la nouvelle chapelle.
Don de M. M. De Puydt.
4 fragments de poteries ncolithicpies provenant de fonds de
cabanes découverts sur le territoire de la commune de Jeneffe en
Hesbaye (canton de Waremme).
Don de MM. K. Davin-Rigot et M. De Puydt.
Séries d'objets néolithicpies provenant de fonds de cabanes explo-
rés, en i<jo3, sur le territoire de la commune de Les Waleffes.
Dépôt de MM. I*:. Davin-Rigot et De Puydt.
Séries d'objets neolithiipies trouvés dans des fonds de cabanes
découverts sur le territoire de la commune de Bassenge.
Don de MM. Jean Fraikin et Fraikin-Alsembach,
propriétaires, à Bassenge.
Antic^uités prehistori(pies provenant des fouilles i)rati<piees sur
l'emplacement de fonds de cabanes à Bassenge par MM. De Puydt
et Fr. lluvbrigts.
Dépôt de M. M. De Puydt.
Série d'instruments et de silex taillés recueillis sur le plateau,
lieu dit : « Gros Bois », au dessus des carrières de Moha.
Dépôt de M. M. De Puydt.
Ciseau en silex, à talon arrondi, de ©""oG de longueur, poli inten-
tionnellement sur les deux faces et sur le côté.
Fouilles de Yervoz (Commission des fouilles).
Epoque bclgo-romainc et franqiie.
Rondelle en terre cuite d'hypocauste portant l'empreinte d'une
l)atte de chat ou de loutre et petit bronze de Constantin II, trouvés
à remi)lacement du puits régulateur, commune d'Awans.
Dé])ôt de la Ville de Liège.
2 Ijoites en terre cuite et dél)ris de i)làtras colorié provenant de
rii.\ l)ocaustc découvert à Tongrcs en juin if)o3.
Don de MM. E. Piuiues et J -F. Demarteau.
— XV —
Tt'ssoiis (le i)ottirie.s (liver.ses, clous, lerrailles, fraj^nient de vase
en bronze, morceau d'ardoise, tuiles avec iuar<iU(s NKII et
... Ili|X('lIIi.
\ilia de Laliniie iCoiuniisslon des l'ouillesi.
Fragment de meul(! provenant de substructioiis helgoromainos,
à Latinne.
Don de M. Davin-Kij;!)!.
Fragment de statue de liou en calcaire de Lougwv ; j;i'iire sur
socle (o'"4o X o">2u); débris de rosace.
Série de tessons de poteries en tout y:enre et de sigles : A'rriLL\',
CATVS.. , CINT, [CJIXTUGNATVS, II). .M, ORCIO.F, VINDUS,
petits vases en terre fine, débris de vases en verre, moven bron/e
fruste, ustensiles en fer, 17 l)i!les en terre cuite avec marques :
I, I, I, XIII, XVII, XX, XXX, XXXVIl, XXXVIII, XXWI, I.X,
LXV, LXVI, LXXX. LXXXIIII, LXXXXV, LXXXXVl, fra-nients
de tuiles, ossements divers, etc.
Fouilles de Yervoz (Commission des fouilles).
Mobilier de tombe franque : ])oteries, armes, etc.
Cimetière franc de Latinne (Commission des fouilles).
Moyen-iig-e.
2 grès trouvés dans le parc du château de Petit-Recliain lai-ron-
dissement de Verviers).
Don de M""' Hannotte Dcwez.
5 ])oteries de i)rovenances diverses (province de Liège).
Don de M. Sépulchrc-Frésart, industriel, à llerstal.
Temj)fi modernes.
Deux petites bouteilles ou fioles en verre ti"ouvces à Visé.
Don <le M. .Tos. Hcuvie-A\iin»otte.
Cachet ou sceau en bronze de la commune de Hois (xviir siècle).
Don de M. M. De Puvdt.
Ancien verre liégeois à pied en forme de flûte de o"'4o de hautt'ur,
a^ant a])i)artenu au dernier ab)»é du monastère de St-Laurent
Don de M. le notaire l'iuiues.
Panneau en carreaux de Delft n])résentanl le crucifiement et jtro-
venant de l'ancienne halle aux viandes, rue de la Boucherie.
Don de la Ville de Liège.
Phutographies et (loctiii)eiits divers.
Sites et groupes (u4 l>hotograi)hiesi pris à l'excursion du G juillet
1903 aux environs de Montzen.
Don de MM. Philippart, P. Jaspar et P. Combien.
— ^cvl —
Achtits.
Hache eu Ijroiize à douille làge du lu-onze) (environs de Tongres).
Collection de ^o i)oterie.s belj^o-ronîaines de types divers : petite
soucoupe avec bord orné de feuilles de lotus en relief, 9 cruches
(epichysis), poteries en terre dite saniienne, urnes, i)lateaux, etc.
Provenance : Tongres et environs.
Petite cuiller romaine en argent, de forme caractéristique, décou"
verte à (Unvier.
Menus objets en bronze (époque belgo-romaine) : fibules, agrafe
de manteau Provenance : Tongres.
:> urnes franques avec dessins à la roulette. Provenance: Coninx-
lieim.
Portrait sur cuivre de Jean Louis Thys, en religion Célestin,
dernier i)rince-abbé de Stavelot et Malmédy, né à Fairon (comté de
Logne), élu le 4 janvier 1787, mort en exil à Ilanau (liesse) le
!*''■ novembre i7<)6. Dimensions : o^i.'j X o"i;>o.
Portrait (gravure) de Charles Nicolas Alexandre, comte d'Oultre-
mont, i»rince-évêque de Liège.
Deux cartes de la ])rincii)auté de Liège et ])lan de la ville i)ar
Lemaire,
Bibliothèque. — Xotre bibliothèque, de son côté, s'est
eiirieliie d'tin très grand nombre d'ouvrages arcliéolo-
giqncs et liistoriques qui lui sont parvenus soit à la suite
do dons ou d'échanges, soit par des envois des dépar-
tements ministériels.
En voici la longue éuumération d'après le relevé de
notre nouveau et zélé bibliothécaire, M. D. Brouwers.
Dons d'auteurs.
IIei.HK; i.Iulesi. — Lu peinture nu Pny.s de Liège et sur les bords de
lu Meuse. — Xonvelle édition. Liège, Imprimerie Liégeoise, 1908,
1 vol. in-80 de Xn'-.")09 pj).
Don de la Ville de Liège.
IlLlJERT (Josephj. — Quel est Inrchiteete qui a con^u le projet de
l'église de Sninte-Wnudru n Mous / Communication faite au congrès
archéologique et historique de Bruges. — Bruges, L. De Plaucke,
1903, in-80.
Don de l'auteur.
— XVII —
Kriz (!)'■ Martin . — licHrui-c zitr Kciinlnis ilcr Onnihirzril in
Muhren. — Sleinit/, Kjo^i, in-8".
Don <!(• ranteur.
MicilA (All'i'eil). — Le s>ntneiir lici^coi.s Cilles Dcnuirlatu < /-l>u-
l'jjiii- — I..i»'K<-'. -^"o Bénai'd, i<)o.3, in S'.
J'IUENNK ill.). — (.'/ir-()nii/(ic riiiirc des Iroiihles de Fluiidi-e en i'l-<)-
i:i8<). — (iand, A. Sil'l'er et .1 N'nylsteke. \\)o-2, in-S". iSoeii-lc d'/iistoire
e( d'iirelH'oloiiie de (i.nid. l'uhlication oxlraordinaire, n° i.i
— i'ne ii()lénii<iue /iislori(/ue en A llenuii^ne. — in-S". (l'"xti'ait de la
Renne /li.s/oj-itfiie, I. LXI\', i.S;)7.i
— I.'nncienne (■Iir(ini(ine de Flandre et lu </ir()ii(i<>f;iidiin rei^nni /'rnn-
cornni. — Bruxelles, Haye/, iS()S, in-S". (Extrait des liuUelins de lu
Commission royale d'hisl. île Bels^ique, 5e série, t. VI II).
— Les eoulnmes mnrclmndes de Sniiit-Dmer. — Paris. K. IJoiiillon,
i<)00, in-Ho. (Extrait du .]/oyen-;'ii;-e, kjoo.)
— Le jiriinlège de Louis de Mule pour lu ville de Bru}>es du mois de
juin iSSo. — Bruxelles, Hayez, i(jo3, iu-8". (Extrait des liullelins de
l'Aeudémie royule de Belgiijue, i^oo).
— Le Hure de Vubbé (Guillaume de liyekel i i-j^()-i-j--j). — Gand.
II. Engelcke, iSijG. in-8".
— Le soulèuement de lu Flundre muritime de i3-j3-i3-j<^. Documents
inédits. — Bruxelles, P. Imlieglits, kjoo, iu-8".
— Note sur un jiussui^e de Vun Vellhem relulif ù lu buluille de Cour-
Irui. — in-8o. (Extrait des Bulletins de lu Commission royule dliis-
toire de Belirique, ô^ série, t. IX.)
— L.u Iiunse /lumunde de Londres. — in-8'. (Extrait des Bulletins
de l Aeudémie royule de Beli-iiiue. 3e série, t. XXXVII, 1899.)
Don de lauteur.
Abonnements.
Revue de lArl ehrétieu, i. XllI, livr. 4, 5, G ; t. XIV, livr. i, -j, 3, 4,
5, G.
I^'uneien puys de Looz, (>'' année, n"^ «), 10, 11, 12 (igos-iyoS).
Echanges.
s I. — BELGIQUE.
Anvers. — Anvlhs. — Académie d'archéologie de Belgique. — Bul-
letin, i!io3, nos I à 3. _ Annales, 5e série, t. IV, .3e livraison.
Brabant. — Brixei-LES. — Académie royale des sciences de Bel-
gique. — Annuaire Gf), i<)o3. — Bulletin de la classe des lettres et des
sciences morales et politiques et de la cla.'ise des Beau.\-Arts, i<)o3,
nos I à 12.
— XVIII —
II) _ Compte-rendu des Néuncc.s de lu Coin mission royale d'histoire.
Bnlletin. t. LXXII, 11°= r, 2, 3, (ioo3j.
II). — liio^rophic milionnle, t XVII (iî)o3), Hvr. II.
II). — Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie ,
41' unnée (1902), ii'^'S i à 12.
II). — Annales de la Société d'archéolog'ie, t. XVI, 3, 4 ot XVII (1 à 4).
II). — Annuaire de la Société d'archéologie, t. XIV (i9o3).
II). — Renne belge de numismatique, oif année, igoS, nos i à 4
II). — Bulletin de la Société royale belge de géographie, t. XXVII,
no- I à ().
Il) — Analecta Bollandiana, t. XXII (i9o3), n«s i à 4-
Xi\ i:i,m:s. — Annales de la Société archéologique de l'arrondisse-
ment de Xtuelles, t. VII (iQoS).
Ii()r\ AIN. — Annuaire de l'Unioersité catholique, i9o3, (J;^ année.
11). — -l nalectes pour servir à l'histoire ecclésiastique de la Belgique,
t. XXX, livr. I et 2 fnjoS), 2e section, (>'' i'asc. (iyo3i.
Flandre orientale. — Gand. — Société d'histoire et d'archéologie
de Gand. — Bulletin, ii^ année, n^s i à G. — Annales, i V, fasc. 2. —
Inventaire archéologique de Gand, fase. 29, 3o, 32.
Saint-X'H'OLAs. — Annales du Cercle archéologique du Pays de
Waes, t XXI, fasc. 2, t. XXII, fasc. i.'
Hainaut. — Mons. — Annales du Cercle archéologique, t. XXXII
(•903)-
II). — Mémoires et ])ublications de la Société des sciences, des arts
et des lettres du Hainaut.
ToLHN.Vl. — Bulletin de la Société historique et littéraire, 2e série :
Annales, nouv. série, t. YII fnjo3j.
CilAKi,i:iU)i. — Société paléontologique et archéologique. — Docu-
ments et rajtports, t. XXVI (1902-1903).
I'\(;nn;N. — Annales du Cercle archéologique, t. VI fi9o3).
Liège. — LiéGK. — Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège. —
Bulletin. — Leodium.
II). — Société des Bibliojihiles liégeois.
II). — Wai,i,()Nia. — lo'' année, n^s i à 12.
IIUY. — Cercle hutois des sciences et beau.x-arls, t. XIV, :_'' livr.
(1908).
Vkrvieus. — Société verviétoise d'archéologie et d'histoire. Bulletin,
t. I \', livr. I et 2 (1902).
Limbourg. — II.\ssi;r/r. — Société chorale et littéraire des Mélo-
philcs. — Bulletin de la section scientifique et littéraire.
— XIX —
ToNcilvl'.s. — liiillcliii (le lu Société .sciciilifi(jiic cl lillcriiiic ilu I.itii-
bourp,\ t. XX (1902), t. XXI (190.'!).
Luxembourg. — AuiiOX. — Inslilul archéologique du Luxembourg-,
Annales. (. XXVIII (i0o3).
Namur. — Xamur. — Annales de la Sociélé archéologique.
.MahkdsoUS. — Reinie hénédicline de Mareilsous, t. XX, lasc. i, 2, 3, 4-
J<2. - FRANCK.
AlîBE\ ll.l.i;. — Société (l Emulation. — Mémoires in 4", t. I\' (HJ02) :
Géographie historiqiw du dép. de la Somme.
Amiens. — Société des anliquaii-es de Picardie. — liulletin, T<)or,
1104, 1902, nos i_ o^ ;} 4^ i;)o3, n" i. — Mémoires in S", 4*^ série, t. IV
(KjoS).
Auras. — Commission dépai-lemcntale des monuments Jiisloriqnes
du Pas-de-Calais. — liulletin, t. III, no l. — Mémoires, i. II, 110 4
AUXERRE — liulletin de la Société des sciences historiques et natu-
relles de l'Yonne, f . LVI (1902).
AvESXES. — Mémoires de la Société arcliéologiquc de l'arrondisse-
ment d'A nesnes.
Bordeaux. — Société archéologique, t. XXIII, fasc. nos i, 2, 3, 4.
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BOURCES. — Société historique, littéraire, artistique et scientifique
du Cher.
Ciiai-ON'SUR-Saône. — Mémoires de la Société d'archéologie de
Chalon-sur-Saône.
DuxKERQUE. — Société dunkerquoise pour l'encouragement des
sciences, des lettres et des arts, t. XXXVII (i<)o3).
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MONTAUHAX. — Bulletin archéologique et historique de la Société
archéologique de Tarn-et- Garonne,
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RociIECllorARn. — Bulletin de la Société des Amis des sciences et des
arts, t. XII, n«s 3, 4, 5, 6 ; t XIII, n" i (i9o3).
Romans. — litdlctia d'histoire ccclé.siustirjiic cl durclicologie reli-
iiicti.se des diocèses de Valence, Digne, Gap, Grenoble et Viviers. —
T. XXI (i()Oi-i<jo3).
Saixt-Dik. — Société philomaliqnc vosgienne. — Bnllelin, t. XX VIII
(I<J02-IÇ)03).
SArNT-O.MKU. — Société des antiquaires de la Morinie. — Bulletin
historique, l'asc. ii'" uo^, i>o5, 2o().
Toil.orsK. — Société académique l'ranco-hispano portugaise.
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velle série, ii»» 29 (1902), 3o (i<jo3i.
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Posen, i"/ aimée, ii" 2.
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lembnrgische Geschiehte iind Altevlluimshnnde, 08* année, iiio'i.
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nients historiques d'Alsace, 2e série, t. XXI, fasc. i.
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lîUD.VPF.ST. — Archtpologiai èrlesilo (indicateui" archeologiqnej ,1
M. Tud Akadéinia avch. bizotlsùganak es az Orsz régészili Send>.
târsnlatnak knzldnye szerkeszli Ilempel Jôzsef. Budapest. Kiadju a
magyar Tndomanyos Akadémia. — T. XXIII (lijo!}), fasc. 1 à 4.
II). — Rapport sur les Iranaiix deVAcailémie Hongroise des sciences
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VlKXNE. — Milllieiliingen der Anlhropologisrlicn (iesellscliuft. —
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DANEMARK.
CoPKNnA(iri:. — Mémoires de la Société foyale tles antitjnaires du
\ord, i<)02.
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SUÈDE ET XOU\\ÉGE.
Stockholm. — Kongl. Vilterhets Historié och A nliiii>ilels Akade-
miens manadsbhul. — Anliqrarisk Tidskrij't fijr Snerige.
Ul'SAl.A. — Skrifter utgifna af kongl. liumanistika Velensknps.
IIOLL.VNDE.
La ITavk. — Maandblad van Iiel genealogiscli-heraldiek genootscliap
a De Xederlandsche Leeuw ».
— XXII —
La IIayi;. — Algemccn Xfderliiiul.sc/i Fumilicbhid, lijdschrift voor
(Jcsclnedeiiis. Gesluchl-, Wapcn-, Zesiclkiinde, enz.
laaa WAUDKN — Friesch Genoolscluip nun Geschiadenis. Oudheid
en Tiudkunde. — Verslng der Ilundelingen. fasc. 11° 74 (1902).
II). — Id. — De i>rije Fiies.
Licvni-:. - Mantsc/mppiJ der Xederhindsche lellerkunde. — Ilaiide-
liiigen en Mededeelingen, ]<)02-i;)()3. — Leuensbevicht der ufgestovven
medeleden, t<j02-i<jo3
Mai^spriciit. — Pabliciilions de ht Sociale histuviqne et archéolo-
gique dans le dnché de Limbourg.
l' rUKCUT. — M'erken uitgegeuen door het historisch genoolschap.
— Annules.
11). — Id. — liijdriigen-Mededcelingen.
(iRAXD DUCHÉ DK LUXEMBOURG.
LrXKMlioiRC. — Inslilnt grand-dncnl, seclion historique, t. LI ( tqoi-
i()f)3j et t. LH, 1er fasc. (i()o3).
Il) — Ons Ilemecht, Organ des Yereins fiïr Luxcmburger Ge-
.scJiichte, IJlteratur und Kunst, if)o3, 9e année, no^ i à 12.
ESPAGNE.
Baucki.oxi:. — Revis ta de la Associacion artistico-arqueologica Bar-
celonesa, voL III, fasc. no 84; vol. lY, l'a.sc. 35 à 3().
.\L\l)i!ll). — lienisla de archinos, bibliolhecas y museos, organv
iificinl del cnerpo fncuUatioo del ramo.
PORTUGAL.
LisiîOXXK. — 0 archeologo portuguès ; colleceao illustrada de ma-
tcriaes e noticias publicada pelo Muscu ethnographico portuguès. —
T. VIII, nns I à 4.
ITALIE.
Messixk. — Rinista di storia antica e scienzie affini, t. VII (i9o3),
fasf. T à 4-
BRÉSIL.
Rio i)i; ,I.\xi;ii{(). — Archinos do museu nacional do Rio de Janeiro.
RKPUP.LK^UE ARGENTINE.
MoxTKViUEO. — Anales del niuseo nacional de Montevideo.
— XXIIT —
KTATS-INIS.
Mir,\\'Al'lvi:i; — Wi.stonsin nnluntl /lislory Sociciy. — lltillclin,
uouv. série, t. Il (lyo.'J), fuse. 4-
WASiliNdroN, — Animal Report of IJu- honni of Jifi^cnls of IJie
Sniithsoniiui Inslilulion. 11)00.
Membres de In Société. — L'Instilut a cii à (lépl()r(3r, pon-
dant l'exercice écoule, la perle de deux de ses nicniliics
honoraires, MM. Grandjean et chanoine Reusens, (ït de
deux de ses membres associés, MM. Jos, Fayn et cheva-
lier Léon de Thier.
M. Mathieu- Lambert Grandjean, docteur en philo.so-
phie et lettres et bibliothécaire honoi-aire de l'Univci-sité
de Liège, est décédé en cette ville le 17 juin 1903, à l'âge
de quatre-vingt neuf ans ; il était membr<; honoraire de
l'Institut depuis le 3o janvier 1891 et jouissait à juste
titre de notre entière considération.
M. le chanoine Reusens que la mort nous a ravi h^
24 décembre dernier, était professeui* de diplomatirjue,
de paléographie et d'archéologie chrélienne à l'Universilé
de Louvain et membre honoraire de notre Société depuis
le 26 mai 1882.
C'était un savant de grand mérite, très estimé dans le
monde scientifique et dont les ouvrages faisaient autoi ité,
tels notamment ses Eléments iVavcliéolooie chrétienne
et ses Eléments de paléographie.
Quant à MM. .los. Fayn et chevalier Léon de Thiei", ils
étaient deux personnalités très connues et très estimées
en notre ville, occupant une place en vue l'un dans l'in-
dusti-ic, l'autre dans le journalisme.
Le premier était entré dans nos i-angs le 28 avi'il 1898,
le second le 28 novembre if^9o.
Malgré ces qnati-e deuils auxtiuels vous vous èlcs tous
associés, l'Institut comptait encore au 3i décenibre der-
nier 1G7 mciubres, dont oo inciubres uri'cctifs, 10 membres
honoraires, 47 membres correspondants et 80 membres
associés.
Dans le courant de l'année igoS, ^ï. Louis de P.iiggenoms
a été élu membre effectif, tandis que MM. L. Devillers,
DiK'hesne, Hansny, IJronwers, Ilanlet et TMiilippart ont
été nommés membres correspondants.
L'Institut, d'autre part, a vu s'accroître considérable-
ment le nombre de ses membres associés ; nous avons
eu le plaisir de voir entrer successivement dans nos rangs
MM. .]. Plomdeur, C. Leroux, Th. Delame, A. Buisson-
net, .1. Delaite, L. Jacques, baron M. de Sélys-Long-
chani})?, L. Piedbœuf-Lovens, E. Polain, chevalier Jules
de Laminne, baron Tiaoul de Macar de Laminne, Misch
et Thron, J. Thisquen, J. Scuvie-Wilmotte, H. Bogaert,
A. Bernard, Ad. Orban, L. Hardy, O. Bihet, C. Pavard,
A. Sacré et comte Louis de jNIeeus.
Kn séance du 20 décembre dernier, j\L Julien Fi-aipont
a été élu vice -président pour l'année 1904 ; on même
temps, MM. Uenaid, T)'" Alexandre, Pâques, Bi-assinne
et Servais ont été réélus respectivement secrétaire,
conservateur, trésorier, bibliothécaire et conservateur-
adjoint.
M. Pi'assinne n'ayant, pour des motifs mnjeui-s et
malgré nos sollicitations, pu accepter le l'enouvellement
de son mandat, nous avons dû, avec le plus vif regret,
pourvoir à son remplacement ; l'élection à laquelle il a
été procédé, en janvier dernier, a appelé aux fonctions
de bibliothécaire, INI. D. lîrouwers, conservateur-adjoint
des Ai'chives de l'Etat à Liéae.
Liège, 27 mars i9<)4.
Le Secrétaire,
L . R E X A K D .
L'ARDENNE BELGOROMAINE
Etidk D'IIisi'oiin'; kt d'Aiu'iikoi.ocjik
DE A^~AKDBr
'KNAXnHVUl
En drrodaiit un Ijois L'Ardenne.
on dôterra, en 1839, entro
Diiren et ]Moiitj()i(' , un
autel romain doni la dc-
dicaco v()ti\e se traduit
ainsi :
Titus Juliiis Aeqiialis
a accompli avec une juste
satisfaction son vœu à la
déesse Ardenne (').
Ce Julius Ae(]ualis,
ayant eonrn sans doule
quelque mystérieux dan-
o'or dans la tl-avei'sée de
la grande forêt, voua un autel au génie des lieux (|u'liono-
raient les Romains, et il érigea, aux eonfins de l' Ardenne,
ee petit monument ])résenté i)ar lui à la vénéi-alion des
])assants.
H) Deae Ardbinnae (Ardninnae) T(itus) Julius Aequaîis \iwtum\
s(ùlvit) l(ubens) m(erito). — Jabrbiicher des Vereins von AUerlhums-
freunden im Hheinlande, t. XXIX-XXX. Bonn, iStio. pp. O'i et suiv.,
— (i —
On ])('nst' aujoiinriiiii rcnouvolcr cet aiirien hommage
en enlrei)renaiil de restitiuM- mie i)ai-lie de son liisloire
ù une eontrée (inalTeelionne toujours le voyageur : peut-
être ainsi quehjue juste désir se trouvera-t-il rempli.
Puisque, suivant la maxime elassi<pie, e'est i)ar la
divinité (juc l'on eommenee, lionorons-la de quelques
mentions (jui agrandissent ses titres : elles intéressent
le sujet.
article du iirolesseiir liRAlN. — BuA^HiAcn, Corjtus inscripliomun
r/ieiuinarnin (C. I.R.). •^i^i)- — Dksh.w , In.scrijdioncs liitiinv selectie,^()[)-.
Nous citerons les inscriptions autant (jue i)Ossil)le d'après le
Cnrjius inscri/)tionum lalinai-iini, et nous <levons à Tobligeance de
M. A. von Donias/.ewski l'avantage de jjouvoir citer les inscrij)-
tions belges d'après le vol. xni du Corpus, qui n'a pas encore i)aru.
Nous adressons également nos remerciments à M. .T. -P. M'alt/ing,
])our ses indications sur ce classement delinitif. A défaut du (^nrj)iis,
nous avons eu recoui"s à la dernière publication.
Si nous reproduisons en note des inscriptions et des textes latins,
le lecteur lunnaniste comprendra notre intention : lui rapi)eler les
documents à l'appui, écrits dans cette langue à laquelle il faut
recourir pour expliquer le sujet; i)résenter aussi certain sj)icileg-iiim
auquel notre histoire nationale donne une importance particulière,
toujours renouvelée.
Ajoutons, dans cette note servant de i)réface, qu'en suite de
l'avance prise à l'Est par les travaux allemands, nous réservons
dans le i)lan de cette étude une i)lace ])lus grande à l'Ardenne
occidentale, la nôtre, moins connue.
I<'xactement, cette étude vise l'histoire de la i)artie orientale de
la Belgique établie par Auguste, soit, i)lus tard, de la Basse-
(Jermunie et de la Belgique-Première. Ces délimitations jjolitiques
comprennent précisément la région ai'dennaise, le Haut-Pays sis
à l'Orient de la Belgique contenii)oraine. Ce nom d'Ardenne sera
toujours populaire, et il n'est pas un touriste qui pour en api)rendre
l'ancienne histoire, n'écoute volontiers même des explications fon-
dées sur des textes latins. Partout il aime à entendre la réponse
à la question : d'où vient que cette médaille romaine, à l'effigie
impériale, a été trouvée en pleine forêt ':"
Qiu; ce soi! bien an j^t'iiic de la l'orcl (|iig s'est adressé
le \(j'ii du (h'dieaiil , cela u'csl poiiil doiileux : d(Mix
ai-bres syiiil)()li(|ues, seuli)lés siii- les deux côtés de l'autel,
le signilient elairenieiit. l"]t ce iTesl ])as la seule l'ois que
se retrouve, ])ar des monuiiieiits Notit's, le nom consacré
de rAi'denne ; certaines inscriptions provenant des envi-
l'oiis de Rome le pi'ouvcut.
Nous citerons celle-ci (') qui sur un autel sert de dédi-
cace à Ardninnu, à (Mars) ('anudus, .Jupiter, Mercure et
à Hercule; le monument est- ('rigé par j\I. (^uartinius
Sabinus, citoyen rémois, soldat de la VIT'' cohorte i)réto-
rienne.
Il y eut à Uome des soldats belges servant dans les
troupes d'élite, les prétoriens et les gardes du corps,
corporis ou corpore custodes; et, suivant une habitude
commune, gardant l'amour du sol natal, ils ont voué des
monuments aux dieux de la patrie, de leur patrie, en
confondant à la suite d'une énumération commune, et ])ar
une adresse d'expi'cssion , leui's dieux indigètes, leurs
divinités nationales, avec les dieux de la patrie romaine
qu'honoraient les légions.
D'anciennes relations ont décrit les figures qui ornaient
l'autel, dont une Diane chasseresse portant l'arc et le car-
quois, un Mars Camulus, armé de la liaste et du bouclier.
Ainsi, par assimilation, si l'on tient compte à la fois du
vocable et de la figure, le nom de la forêt qualifie la déesse
de la chasse et de la lumière nocturne, c'est la Diana
Ardiiinna (-).
(1) Ardiiinn(a)e, Camulo, Joui, Mercurio, Iferculi, M. Qiiurlinius
M. f. ciuis Sabinus Remus miles coh. VU pr. Antoninianae p(iae)
v(itulicis) V. s. I. m. — Corpus Iiiscriptionuni Latinarum, (C. I. L.)
t. YII, n" 4*i- — Dkssau, Insc. lat. sel., ^G33. — Sur Mars Camulus,
voy. l'inscription d'Arlon : .... Marti Camulo, L. Lellius Serins
V. s. l. m. Dessau, Ibid., 4ô5o et note.
(") Cf. Wn.THElM, Luxemburgum romanum, éilit. Neyen, Luxem-
bourg, 1842, p. 4<>- — Dessau, 4<^'5-
— 8 —
hc rei'tciir (jui se suiixicnl, i)iir cxcm])!!-, de rcs])fit de
la moiitai^iu' «les légendes allemandes, troiiNCfa nahirelle
l'invocation i\u <;énie régnant dans les profondeurs «le la
lorèt ardennaise. Xons feions ce lapproelienient sigiiil'i-
eatif : le massif forestier des \"osges (jni s'étend à l'Est de
l'ancien territoin^ des Renies ou la Clianipague d'aujonr-
d'imi, au Su<l de rArdenne, a ('té l'objet d'une même
transformation idéale. Non scideuieni on a trouxé sur le
Donon en 1732, une inserijjtion en l'honneur de Merciiriiis
]'o^csus, mais deux inseri])tions ont été signalées d'Alsaee-
TiOi-raine comme étant dédiées à Vogetiiis silncslris, au
dieu de la forêt des \'osges (').
Le génie de l'Ardenne ne fut introduit qnc sui' le tard
dans le culte belgo-ronniin : .Iules César d'antre ])art,
nous donne une définition matérielle de l'Ardenne, et il le
l'ait par deux fois C-j.
C'est, dit-il, la plus grande forêt de la Gaule, elle s'étend
sur un immense territoire allant des bords <lu Rbin an
l)ays des Rèmes, ou jusque chez les Xerviens.
Marais peu i)ratieables, vallées cachées, fourrés, des
sentiers qui se ])erdent sons le couvert des bois, voilà
la vue (|ue le con(|nérant, l'âme tran«|uille, ])i"end du
I}) Korrespoiuleiizblatl iler Wesideutschen Zeitschvifl, 1891, p. 28.
(•) De liello (j'iillico, YI, i : in silnam Ardiiennam qiiae ingenti
magnilndine per médias fines Treviroram a piimine lîheno ad initinni
Renwriim pertinet. — Ibid., VI, 5 : pev Ardnennam silvam quae est
totins (julliae inaxima atque ab ripis Jilieni finibnsque Treveroruni
ad Nervios pertinet (millibusqne amplius qningentis in longiludinem
patet). Recension de Dixter, Leipzig, i8G4-
La seconde i)hrase n'est, au fond, qu'une répétition <le la pre-
niièi'e ; et <lans la partie mise entre p.arenthèses, les chiffres nous
sont sans doute i)arvenus tronqués par la tradition manuscrite.
Qningentis (D) donne une trop grande mesure, quinquaginla (L) une
mesure trop courte; D'Anvh.i.k «-onjecture CL ou cent cinciuante
milles, ce qui conduit du Rliin aux sources de la Sambre.
payi^, si \)vu abordable, (rAinl)ioi-ix cl d'I lubil ioiiiar '').
Le simple! géogrtiphc ]'()ii)i)()iiius Mêla ne parle pas
autrenionl; de cette partie de la Gaule, « une teiTc cpii
s'élève en se couvrant de forêts sans fin » (-). C'est notre;
llaiil-Pays. Là régnait pendant une saison — sinon deux
— cet hiver galliqne pi-overbial elie/ des Koniains t'i'ileux
eoiunie l'était Pétrone '■'''.
(^uant à cette appellation crArdenne, on n'a [)as laissé
de feludier, et on la retronxc aujourd'hui en diverses
régions égalenienl niontueuses et boisées. Le nom aurait
donc eu un sens généricpu' et il s'est, de part et d'autre,
localisé 'A'.
Nos fagnes (m ou le IIolw ]\'n, à près de 700 mètres
d'altitude, dominent l'Ardenne belge, le grand-duché de
Luxembourg et IKiiel, où surgit la Ilohe Achl ; vers le
•1 « V^allia abdila, locii.s siliwfifris nul J)hIiis imjjedila... silnae
iiicevlis occiiltisque itineribus. » Ibid.
(-) « Terra amaena lnci.s iniinanibiis ». De Silii Orbis, m, u.
(3) « Gallica Jiietn.s ». PlClT!., Sat. xix.
("•l Kii Angleterre comme en France, c'est Hampton-in-Arden dans
les forêts du canton de Coventry ; une autre i'orèt sai>i)elle Dean ;
un acte siynale la iorét dArdens donnée à l'église de St-Bovet eu
}ilarcy. et une abbaye dArden se rencontre au milieu des bois dans
le diocèse de Bayeux.
De jtlus, en différentes régions de la France, se retrouve k- nom
d'Ardenne ai)pliqué à des localités (^ui se sont étendues sur d'an-
ciens bois défi'ichés.
Le nom provient d'un très ancien radical, ard, qu'on retrouve
dans le latin ardinis et le grec ôoiioç, droit, élevé. La plus ancienne
forme latine parait être arduinna ; et les Romains eoniiirenaient le
mot, comme les Celtes. — Wu.thkim, op. cit., p. 2 : « Celticum vêtus
vocabulum Arduenna. » Le mot est également repris dans le lexique
celtique de HoM)ER.
Après ylrr?//enna,termeclassi(iuo,on rencontre les formes ^Ir/^/c/in.-?,
Ardinna, Ardoinna, Arduennensis, Ardoennensis, llardinineiisis,
(=) Ven, faiinia, fagne, fange ou marsvis,
— 10 —
Xord, les bois s'étendent dans la vallée de la Vesdre, qui
appartient par continuation à l'Eifel volcanique, témoin
les eaux tliernialcs de Chaudfontaine; aux i)ortes de Liège
même, le bois de Kinkempois s'élève sur terrain ardennais.
Ainsi, le Rbin à droite, au Sud la Moselle, MoselUi
ou i)etite Meuse ; à l'Ouest la Mosu, la Meuse même,
qui provient également des Vosges ; au Nord, les bois
de la Ber\vinne, de la Vesdre ou du pays de Juliers,
telles sont les vastes limites de ces contrées accidentées
dont se composait l'ancienne Ardenne.
(Juand, en vue d'une limite reeonnaissable aujour-
d'iuii, nous disons la ]\reuse, nous laissons encore à
l'autre bord les bois de la Sambre et la Marlagne, (jui
proviennent du démembrement de la lorét.
Les terrains de l' Ardenne géologique s'étendent au
Sud du bassin liouiller et constituent, de l'Ouest à l'Est,
le sol d'une i)artie des provinces de Liège, du Nanuirois
et du Luxembourg, de l'Eifel, du llunsruck et du Tauuus ;
ce plissement de la croûte terrestre se dirige vers l'Eu-
rope orientale. Du point de vue des sciences naturelles,
l'Ardenne est constituée par des anciennes Alpes dont
les sommets se sont peu à peu effrités ; et, réduits à une
hauteur de 4*>o à 700 mètres, ils montrent à la surface
les couches inférieures. Le massif ardennais lui-même
est une ruine géologique.
L'Ardenne apparente s'étendait sur des pays apparte-
nant aujourd'hui à des nationalités différentes ; elle com-
posait l'ensemble que comprit l'auteur des Commentaires
et qu'il décrit en topographe militaire. C'est le pays
qu'engloba à l'Est la première et grande province Belgique
sous Auguste, dont il faut voir l'histoire et le partage.
Sans doute, cette plus grande Ardenne a perdu en
étendue sur ses confins, au Nord, au Sud et à l'Ouest,
le i)ays s'étant transfoi-mé. Mais, cpiaud César se lançait
vers le Nord à la ])()ursuit(! d'Aml)i()rix, il revoyait des
plaines de bruyèi-es, des fanges, des nuirais et des bois
— II —
coiuiuceii coiiiiaissait aussi son liciifcnaiif Labirniis rampé
an Sud devant les Trévircs. Anjonrd'lnii, malgré tons les
cliangcnicnls, et qnoiqno dans niic zone pins i-cstrcinte, les
carac'tèi-cs de rArdcnnc d'alors sont encore roeonnais-
sables. Dans notre pays belge, do l'ilertogenwald aux
forêts de St-Mieliel, de Fi-cjr et de St-IIubert — domaine
(lu cerf — de celles d'Anlicr et de Lucliy, de Ilerbeumont
on de ('hiiiy jusqu'aux dei-niei's méandi-(;s de la Semois, le
voyageur, quel (pi'il soit, sait bien (pTil li'averse l'Ai-deniie
classique, et que tons les bois qui ont pris le nom particu-
lier dos communes, ai)])artiennent an même massif foi-os-
tier. Ils se touchaient jadis on n'étaient séparés que ])ar des
clairières et des ])ritu]-ages naturels sillonnés de i-ivières
torrentueuses sortant de mai-ais (|ue d'anciennes cartes
nous présentent sous la l'orme d'un étang. Los forêts de
vieux chênes qui s'élèvent an dessus d'un tapis de myrti-
liers, dénoncent bien l'antique Ardenne, comme encore ces
hauts plateaux dénudés de Limerlé, Bastogne, Morhet,
Libramont, couverts naguère do grands genêts où l'homme
disparaît à la vue, et d'où l'horizon, malgré les sapinières
modernes, reste immense... Tandis que le touriste s'épi'cnd
de paysages qui ne veulent point do petits cadres, l'archéo-
logue chei-che une formule : pentes abruptes de rOni-the,
do l'Amblève et do la Lesse; fagiies et hautes bruyères;
forêts profondes, voilà sûrement, encore que l'iiomme ait
été partout où le pied peut se poser, ce qui subsiste? de
l'Ardenne vierge, telle à peu près que la nature avait
voulu nous la donner, et ce domaine reste des plus consi-
dérables : plus de trois cent vingt-cinq mille hectares de
bois dans la partie belge (■).
(1) Exactement et suivant le recensement fïénéral de i895 i)ublié
par le Ministère de ragriculture, la contenance des bois est de :
1° pour la province de Liéf^e, 60,728 hectares;
2" ])our la province de Luxeml)()ui-^-, i(ii>,(;i;4 li. ;
30 pour la province de Namur, i()4,i4<j h.
— 12 —
A rette vaste rr^inii luitiifcllc iloiit lc> limilcs sont ucrt's-
sairt'inont iin])récises, mais qui a son caractri'c piopi-c,
rempire romain donna dos formes après sa vietxjiic sui-
des peuplades rarouclics et longtemps rebelles. Konie ne
])ouvait laisser subsister nul mystère dans ce massif mon-
tagneux placé entre les eanii)s ])ermanen(s du Kliin et les
riches i)laines de la (Jaule-JBelgiciue qu'elle administrait.
Elle le conquit, et le j^arda soigneusement surveillé. Obte-
nir la sécurité et la facilité des communications, tel fut \c
but de cette prise de possession. Kn même temi)s la ci\ i-
lisalion s'y implanta. Montrer comment et dans (piclle
mesure, c'est aider à la connaissance de noire ])i'emière
histoire nationale, c'est aussi réfuter une opinion que
semblent partager certains de nos xoisins {\u Midi ou de
l'Kst, qu'ils croi(M)t soit (pie l'Aidenne est restée déserte
comme le Morvan ''', soit que loin de certaine Romanie
rhénane, il n'y eût guère ici de ])lace (pie ])our la hutte du
chasseur ou pécheur.
La Conquête. (Quitter Rome la grande ville, ses plaisirs et les combi-
naisons de la politi(jue, poui- venir à la cimjuième année
de la guerre des Gaules, se retrouver en présence d'une
immense forêt sans ressources et couvrant l'ennemi, c'était
se donner la tàtdu^ la plus ingrate, et tout à vaincre à la
fois : Jules César l'entrepi-it.
Xiil Romain jnieux que lui ne connut l'Ardenne ])rimi-
tive qui semblait n'avoir pas de limites. 11 la reconnut, la
prenant ])ar le Sud quand, avec quatre légions sans bagage,
soit plus de 20,000 honunes et Soo (dievaux, il ])énétra sur
(') Ainsi l>i.(»( 11, dans son excellent ouvrage sur la Gaule (t. I,
/fis t. (Il' France, eolleetion Lavisse, p. o;6); de même, d'autre part,
<). IIiKsciiKF.ij), Rhciiiffi-enze, \). i5 ; et sur la carte, .T. AsBAcii [Ztir
descliiclilc iind Knltiir dcv roiiii.srlic/i R/icinliiivlc, Herlin, Ti)02)
(•loij;ne du Rliin r.Vniciiue, nous la laissant à l'état de terre
inconnue.
— lo —
le Ici riloirc (les Ti'cNiiTs jiis(|ir;iii cd'iir de l;i runtrcc. [1
en lit ;iiil;iiit an Nord, cl de l'IOsl à l'Oiicsl, (|ii:iiid il alla
par deux t'ois s'assurci' des ri\cs du IJliiu, (|nil t i-a\ ci-sa (''.
Ces gniiids inouveiiienls d'enseiiible se l'irenl a\ ce une
l'ueilité apinirciite due autant à la hardiesse d'un ehel"
habile (juà l'enihiranee des lé^ionnaircîs et an Iraxail des
ouvriers militaires oun raiit, la inartdn' la hache à la main.
On sait (jue ees a l'ebvri's » étaient dirigés par des officiers
ex])érinu'ntés ' ' dont César (U'erit rix'uvi'c sm* h' Rhin, h^
fameux pont, nuiis (jui sont rarement njenlionnés, car
Ron)e, i)lus voh)nliers (jue de ses outils, aime à i)arh'r de
ses armes.
Nous ne tenterons jias de résumer, fut-ee en i)artie, les
Commentuires, (jue tout Belge lettré peut d'ailleurs relire.
Bornons-nous à ({uelques remarques intéressant le earae-
tère et la connaissance du i)ays.
On peut déeerner le nom de Campagnes d'Arilcnnc aux
deux expéditions de l'an de Rome 700 et 701 ; elles sont
dirigées eontre les Trévires et les Ebnrons, e'est à leur
propos que par deux fois César définit l'Ardenne.
L'expédition la plus profitable fut eelle qu'entreprit
eontre les Trévires Labiénus, le meilleur lieutenant de
César, qui avait toutes les qualités de son chef, moins l'im-
péi'iale volonté. Les généraux romains rusaient, mais non
en paroles : trom})ant l'ennemi i)ar ses manœuvres,
(') Des écrivains militaires ont ]>lacé la première traversée à
Cologne ; ou à Urmilz, entre Xeuwied et Coblence, ou bien à Bonn,
ce qui est plus probable. Quant à la deuxième, suivant Coliausen,
elle s'opéra non loin de Coblence, entre Kesselheim et Vallendar;
d'après l'auteur de la Vie de Jules César (Napoléon III), ce fut un
peu au Sud de Bonn, suivant l'itinéraire Ziilpich, Eupen, le gué de
Visé, Tongres (Adiiatiica Tiing-rorum).
(") Les Praefecti fahrnrum. — T"ne «iliidc cpigi"!q)lii(iue sur le
Praefectiis fabrum a été commencée par A. llr.oi m dans le Musée
belge, uos 0 et 3, i<jo3.
- i4 -
Labiénus infligea à celui-ci deux sanglantes défaites, et
quand on eut rapporté au camp la tête d'Indutioniar, il sut
réorganiser le peuple trévire au profit de Rome.
La guerre contre les Elnirons reste autrement drama-
tiipie. Ils avaient tué Sabinus et Cotta et fait perdre à
K(une une légion et demie, désastre qui ne fut dépassé en
Occident que par celui de Yarus. Arguant de leur mauvaise
foi, César appelle toutes ses légions et s'emploie à exter-
miner la peuplade : il s'y prend à trois rejn-ises ('), eon-
v(»(|U(' au ])illage tous les peuples voisins et préside au
massacre, à l'incendie ; il insulte même à ses victimes
jusque dans ses Mémoires (-').
Là se trouve un curieux tableau de mœurs tracé sous
linlluence directe d'un rai)port militaii-e, celui du comman-
dant (le cavalerie Basilus, qui avait surpris Ambiorix dans
sa (len)eure. Le clief éburon s'y croyait en sûreté, quand
apparurent les cavaliers romains avant toute annonce de
leur ari'ivée. Mais, dit César, le même concours de cir-
constances, qui avait causé la surprise, voulut aussi
qu'Ambiorix piàt écliapper à la mort, alors qu'on lui enle-
vait ses chevaux, ses cliarriots, tout son équipement. C'est
que sa demeure était en plein bois, comme d'ordinaire
l'habitation des (Jaulois, qui pour se mettre à l'abri des
chaleurs de l'été, recherchaient le couvert des forêts et
le voisinage des cours d'eau. Les proches et compagnons
d'Ambiorix purent quelques instants défendre l'étroit pas-
sage contre les cavaliers, et sur ce temps quelqu'un des siens
mit Ambiorix sur un cheval : il disparut dans la forêt.
On sait que souvent enti'evu, il échappa à la pourchasse
grâce aux fourrés et à la protection des nuits. César perdit
(>) De li. C, livres V, VI et YIII. (Ilurrus) cli. 24 et 25.
(-) De li. (î., \ , (), ^'^, T) : a Ciniliis ii^nohilis alfjiic Jiiiniilis ». —
i< Slirjis Jioiniiitnii scelerulmnm ».
— 13 —
ses traces vers les déserts de IMOscaiit, (M on nr le i-cvit
l)lus jamais.
(^uaiil à l'aiiti-r l'oi ('l)iii'()ii (Jativolcus, accable par là;;»'
et désespéi'aiit de pouxoir soutenir encore les i'atii;iies
d'une poursuite, il s'empoisonna à l'aide d'un breuvage
cojuposé avec des sues de l'il' ('*, (|u'()ii savait rendu mortel.
Ainsi Rome avait vaincu, mais en se vengeant elle avait
anéanti sa eonciuête.
Grand dommage (|u'en une pai'cille histoire, il t'aille se
contenter de données générales : imi)ossible de satisfaire
aux justes exigences de la topographie actuelle.
Le camp de Labiénus était-il i)l'i^^' sur les bords de
rOurthe, ou sur ceux de la Semois [-) comme inclinent à le
croire des archéologues luxembourgeois? Un collaborateur
à la Vie de Jules César {^) a relevé sur place, vers le cours
supérieur de l'Ourthe, près de Lavacherie, des travaux
i-omains encore bien tracés : à quelque trente années de
distance, nous n'avons déjà plus su les retrouver, tant est
grand le développement de la culture et des nouvelles
plantations. On voit bien là d'un côté de la rivière comme
de l'autre, d'admirables positions militaires {*) et on y a
découvert des tombes : tout i-este mystérieux autrement.
Oui-the ou Semois, ce que l'on sait, c'est que pendant la
campagne de César en Eburonie, son lieutenant, pour
contenir les Trévires, campait au cœur de l'Ardenne.
(') De B. G., VI, 5 : « taxa se e.\uiiiinai>it ». Lii' d'Espagne uotain-
meiit, comme oehii qui provenait de l'Orient, avait, dans lanti([uité,
la réi>utation d'être un « toxifjue ».
(-) De B. G., VI, 2 : « Ernt inler Labicnnm atqiie hostein (Ii//icili
transita fliimen ripisque praeriipiis ».
(3) Le commandant du génie dk LoQrEVSSiE.
(^] Au lieu-dit Le .Jardin i)rès Lavaclierie, et de l'autre côté de
l'Ourthe, vis-à-vis.
— i6 —
Encore ([uc lOii pcnclic ixxir Tongres ('), les péripéties
du combat livré à Sabinns et Cotta «'expliquant bien par
l'étude du terrain, Texeniple le plus caractéristique de
l'incertitude où nous gommes est Fourni par la dilficulté
didentilier Adiiiiiiicn : on a supposé la place en quatorze
loealités différentes...
Pareil défaut de connaissance en la matière provient de
plusieurs causes, (ju'on n'éliminera point. Opérant, cela va
sans dire, dans un pays dont il ne ])Ouvait présumer l'im-
poitance ultérieure, César dans ses Commentaires ne voit
sur le terrain que les éléments ordinaires de la stratégie ;
il emploie, justement, mais uniquement, les termes delà
géographie ujilitaire, et ce ne sont clie/; nous que mon-
tîignes ou jdaines, bois ou marais, et le l'Cste des accidents
i()})ograi)liiques. César ne cite le nom que des places prin-
cipales de la Gaule, 21 oppida. Quant aux dénombrements
et aux mesures de distances qu'il donne, le caractère des
chiffres romains est tel (jue la tradition manuscrite a pu
aisément les transformer.
D'autre part, au regret des chercheurs, Dion Cassius ne
fait que répéter en grec l'auteur latin qu'il prend poui-
garant; enfin, les livres cvi et cvii de Tite-Live sont
])erdus. Malgré tout, nous l'estent, comme monument de
notre histoire nationale, les Commentaires ; la vérité est,
d'une façon générale, établie; et l'on voit se faire l'histoire
classique, à la mode romaine, par provinces.
Certains traits i)ourtant ressortent du récit, qui donnent
1)1 us ou moins à connaître l'état ancien du pays.
Les Eburons se construisaient des demeui-es (-), assem-
blées en boui'gades, comme les Gaulois. Ambiorix possé-
0) Vie (le Jules César, TI, ]). 227.
(-) De H. (j., \I, T) : « Omîtes vici ulque omnia aedificia incende-
hatiluv ».
- i: -
(lail <lt's cliaiinls : il \ a\ai( (Imic do |»islcs, des \oic.s
liai lU'cIlcs cil A l'dciiiic, (|iic CDU lia i>sa iciil le-- iiidi^ciics.
Le l'ait iiH-iiic du piliaj^c dciiolc la riclics-.c iiiah'ricllt' du
pays : ('t'sai' iiixilc a la razzia tous les peuples xoisins.
et il <liri_i;(' trois e\])e<lit ions pour dc'lniii'e on prendre
tout, ('"est afin trenlcNcr du hetaii, ol)iet constant de la
coiiNoitisc des Germai lis, (pic me me les Sicamltrcs d'C )nt ic-
Kliiii, aceoni]ilisseiit leur rai<l en pays éhnron.
D'ailleurs, les Romains (pii dès Ioii<;teiiii)s connaissaient
la (Jaulc. irarrixcnl pas, en I)ei^i(juc, dans un pa_\s aussi
neiir (pi'on le ])ourrait bien snpi)oser. ("ésar, tout en né<>-o-
eiant en arrière en vue de se procurer de noiixcllcs res-
soui'ces poui' la <;uerre, traite en a\aiit du Iront: il a des
espions, au besoin il lait des traîtres jiar l'orce; il a (\c^
interprètes dans la personne de marcliands, d'ai Trancdiis,
de fugitifs; on parlemente, les ])ai'olcs d'A mbiorix, niènic
en pleine mêlée, sont e()mi)rises et recueillies. Trait carac-
téristiqne, lors du siège, ])ar les Kburoiis et leurs allies,
du camp de (^. Cicèron — (pie l'on ])laee à ( 'liai-Icroi —
César, ])our eommuni(]uer en sûreté a\(»c son lieutenant
enfermé, éerit son message en gi'ec.
Si, eomnie le Nord de la Gaule ('', le pays était riche en
bétail, il ne l'était pas moins en elievaux. îa^s ])âturages
naturels qui s'étendaient dans les vallées de rArdenne
entretenaient en abondance des chevaux résistants, (]ue ces
régions produisent encore aujourd'hui (-). Seulement,
avant les croisements cliercliés et l'amèlioi-ation des terres,
sur le sol maigi'e et dur de l'Ardenne i)rimitive, la race
était de plus petite taille, comme d'ailleurs celle du bétail.
Xaguère on retrouvait encore des échantillons de la bète
indigène, de ces i)etits chevaux qu'on laissait dans la part ic
(') Stuabox, IV, 1). I0.3 (éd. Di.iot).
(■-) Vie de Jules César. II, ]». 120.
— iS —
oj-and-diuMle dr rArdcniic, ])aitr(' et courir au (mimu- de
riiivi'i'cn ])lciiie liberté, 'l'cls ces animaux que les Suèbcs
avaient amenés sur le Rhin et (|ue décrit César (M : «nés
dans le pays, mais, tout chétils et difformes qu'ils sont,
dressés à supporter les plus grandes fatigues. » Ce n'était
])as les chevaux de prix des Gaulois du Midi,
La cavalerie et les bètes de somme ou de trait — che-
vaux, mulets, voire même les ânes, que d'une manière
générale les Komains appelaient jument a — avaient-elles
les i)ieds ferrés? Les écrivains du premier siècle n'en
disent rien. Mais l'archéologie démontre l'emploi, sous
l'Empire, du fer à cheval, nécessaire en pays humides.
Ils sont généralement de petite dimension. En maintes
localités ardennaises, des plus différentes, on retrouve des
fers belgo-romains. Nous en connaissons qui proviennent
des plaines voisines de St-Hubert, de Lincé près de
Si)i-imont (-); à Eprave, sur la Lomme, a dû exister, en
l'endroit dit Sous-la- Ville, un atelier de maréchalerie, car
les fers mis au jour sont des plus nombreux; le village
belgo-romain de Dalheim (Grand-Duché) en a fourni tout
un monceau, et plusieurs d'entre eux constituent une
semelle complète, couvrant la plante du sabot. Le nombre
et la diversité des localités allemandes, surtout de celles
des bords du Rhin où ont été rencontrés près des an-
ciennes routes des fers à chevaux, est tel qu'on ne peut plus
avoir aucun doute à ce sujet. Sur le plateau de la Saalburg,
où les fouilles n'ont donné que des restes romains, on a
trouvé nombre de fers; la marque de tuile de la xxii^
(1) De B. G., IV, 2. (( Apnd eos nala, prava alqiie ileforniia, haec
cotidiana exercitatione tiiinuiii ut sint laboris efficiunl».
{-) Découverts en grand nonjbre, près d'un chemin romain dallé
de pierres dites d'avoine, et (jui venant du Condroz et du gué de La
(Jomhe, allait de Lineé au Hornay ; puis, derrière Damry, gardant
toujours les hauteurs, se dirigeait vers les fagnes.
— i!) —
légion caïuix'c s'.r,- If Uliin porte an «•cul l'c un Ici' a clirv al ;
la iiicinc iiiar(|ii(' se rclroiuc ^éiiiiiicc sur imc iiMMlailIc on
jeton (le coiii'sc du l»as-JCni])ii'(' ' .
Les Celtes du Xord de la (ianle riii-enl, ei'oil-oii, les
])reiiiiers à eni[)loyei' le fer : leurs «die\au\en étaient-ils
])our\ns à l'arrivée <le César? (,|ii(ti (pTil en soit, c'est
un des traits cni'icnx à relovei- dans le cours des deux
campagnes, que l'emploi eoustant de la eaval(M-ie, maigre
les bois, (pi'elle i'ouille en ordre dis])ersé (-). Césai", afin de
reeonuaître rArdenne, ])i'end a\ee lui, nous l'avons dit.
800 clievaux; c'est en deux combats de eaxalerie (pu-
Labiéuus disperse les Trévires, si Tiers de leui-s troupes à
clieval. Les escadrons de l'armée romaine, les ailes, sont
fournis dans les provinces où celle-là se trouxait/, par les
peuplades environnantes ; ou en amenait même de loin,
comme cette cavalerie es])agnole qui combattit nos l>elges.
Finalement, on le sait, Ambiorix disparait accompagné <le
quelques cavaliers. L'emploi du cheval est constant; les
obstacles natui-els de l'Ardenne fui'ent toujours surmontés,
parce qu'on emi)loya une cavalerie i)ropre à servir dans la
région .
Rappeler les (q)érations d'une guerre en Ar<lenne, c'est
révéler aussi certains traits du earactèi'C de la contrée.
Indutiomar se préparant à la guerre, caelie dans la forêt
femmes, enfants, vieillards, tous ceux qui ne pouvaient
porter les armes. Ambiorix fugitif fait savoir à tous les
siens qu'ils ont à pourvoir eux-mêmes à leur sùi'cté, et les
Eburons disparaissent dans les bois.
L'Ardenne constituait un vaste refuge naturel.
S'il protégeait les vaincus, il couvrait la résistance et
(') H. ScHAArnAUSEX, Hatten die Ruiner Hiifeisen fiir Pferdc uiul
Maiilthiere? Bonn. Jahrb. 1887, H., 83, p. 28.
(-) De B. Ci., VI, 7 : « in omnes partes diiùso eqnilufu ».
— lio —
I allii((nc. Cela lit cliiui^cr la larli(]ur de la ;4uci'rc coiilrc
les l^hiiroiis. (V'-sar se lr()u\a, avec sa j^raïuU' ajinùc, avoir
alTairc à imc iiiccssaiitc <;ii(''i-illa sur kujucUc il ii'a\ ait ])as
(•<)in])(é. Par petits drlachcniciits, ses soldats ('laicnt (Mile-
vcs : la [x'iu'l rai ion par <;i'os l)atailloiis était iin])ossil)l('.
II t'ait cet a\i'(i (^ (pi'il \alait mieux ('Xi)ost'r la \ ic des (Gau-
lois auxiliaires (jue eelle des lé^iouuaires l' i » et c'est alors
(piil invite les jxMipludes d'alentour à venir Touiller les
bois, brûlei" et i)iller.
Les eacdu'ttes de TAi-denne, ce sont les profondeurs
niènies de la l'orèt, les bois tonnant des iles en plein
niai'ais, eoinme cela se voit eneore aujourd'hui dans les
fagnes; les «grands ])laleaux, eou\erts de rou<>ères et de
«genêts, insondables ù la vue...
Le touriste d'aujourd'hui sait (pu: dans la vallée de la
Seniois subsiste eneore par tradition le Trou de l'homme
siiiwu<>e ; dans le i)ays que traverse la vallée de l'Aniblève,
combien d'abris pareils à la Cachette de La Gleize ?
Le Tfoii des Xiitons, si ])ro]"ond, n'est pas iion i)lus autre
chose, et dans la vallée de la Lesse, de la Tjomnie, les abris
sous roche, les grottes mystérieuses ne se comptent pas.
Sur le territoire liégeois n'a-t-on pas retrouvé des poteries
belgo-romaines dans une des cavernes d'Engis, des mon-
naies dans le Trou-Manteau ?
Mais, les cachettes par excellence, ce sont ces vastes
camps de refuge, ])réparés par des âges antérieurs, an
confinent de deux cours d'eau, protégés vers l'accès par un
rempart de i^ierres brutes, masqués autant qne défendus
])ar les bois et les roches. Ils sont là sur des hanteurs,
sans que l'œil les y suppose et il faut connaître les lienx
poui- les tourner et s'y rendre : tel le camp de Yielsalm,
au-dessus des Ardoisières, ou le refuge étonnant ])rati([ué
Ci De IL a., VI., {\\.
— iil —
sur 11110 crrte étroite et licrissrc de l)l()('s rcnvci'sés, au
niilicu (les graiuls bois de S"-( )(!(«; coiniiiciil les iiidig-èncs
eusscul-ils ignoré l'utilité des ('aiii))s de .Modjivc entre
l'Eciu-Bonne et le Hoyoïix, ou (h; celui d'IIastédou?
Ce rôl(^ d'uiie Ardeiine protectrici; se jxu-dit assez tôt.
Le grand uiassif iiioiitagneiix et l)oisé l'ut mis sous la
surveillance delà police i)oliti(|iie ou militaire, (ît Koine
était clairvoyante.
Un exemple le montre. Sous 'l'ibèi'c, l'an i>i de notre
ère, le Trévire lomanisé Jiilius Florus, désespéré de
l'échec d'une tentative de soulèvement, se jela dans la
forêt. Après y avoir erré quelque temps, il dut se tuer,
voyant toutes les issues coupées autour de lui.
Il n'_\- avait dc'jà i>liis de mystère.
La conquête de César avait eu pour effet d'exterminer Ethnographie.
on de disperser affaiblis, les gros contingents de la guerre
de rindépendance qu'il avait énumérés avec com])laisance
sur le dire des Rémois ou Renies (') : notamment, (juarante
mille Condruses, Eburons, Cérèses et Pémanes.
Peut-on comprendre parmi les éléments soumis à la nou-
velle culture, et dans le dénombrement des peuplades
occupant l'Entie-Meuse et Rhin, les restes d'une popula-
tion éburonne? En déi)it de racharnement d'une poursuite
reprise par trois fois, tous ne périrent point. Ne dit-on
l)as qu'après la battue, il revient toujours du gibier au
bois? 11 dut en revenir de ces Eburons, réfugiés à l'étran-
ger ou dans les marais, dans les dernières cachettes de la
forêt sur les bords de laquelle ils vivaient. Les termes
employés par César témoignent que lui-même ne crut pas
les avoir tous atteints ('-). Ce que le proconsul avait voulu,
(1) De B. G., II, 2.
(■-) De B. G., VI, 43 : « nt si qui etiain in priesenliu se occnllassent,
iaïuen lus reriiin inopia pereiuidum videretiir ». — VIII, 24 : « itt odio
suorntn Ambiorix, si q nos fortnna reliqnos f'ecisset, nnllnni redilnm
propter tantas calamitates liaberet in cinitatem. »
— 21>
extirper In race el cii nbolir le nom même ('', ne se trouva
réalisé qu'en ce dernier point, respecté à l'égal d'une
clause de quelque testament politique. La peuplade, victo-
rieuse de deux légats militaires, avait causé la perte d'une
légion et demie : son nom ne reparaît plus dans l'ethno-
grapliie officielle.
Quant aux Sunuques, voisins à l'Est et alliés des Ebu-
rons, des inscriptions et monuments découverts (') montrent
qu'ils habitaient les environs de JiiUaciim, le pays de
Juliers. Ils étaient, à l'Ouest, voisins des Ubiens.
Une autre peuplade, voisine des Xerviens sur la
Sambre (^\ avait subi tous les effets de la guerre. Descen-
dants d'une arrière-garde de G.ooo liommes que les
Cimbres avaient laissés avec leurs bagages et leurs
familles, les Aduatiques (■*), s'étaient multipliés. Entre-
prenants et batailleurs, ils dominaient la population
d'alentour qui leur paj'ait tribut. Leur place forte, cet
oppidum Adiiatncorum qu'il ne faut pas confondre avec
Adiiatnca Tongroru m, ^'élexait sur les bords de la Meuse,
probablement au confluent de la Sambre, là où est Namur,
d'antres disent sur le Tliier-des-Falizes près Hu3^(?). César
emporta cette forteresse et, après un acte de trahison, fit
vendre à l'encan 53.ooo Aduatiques. Encore n'était-ce pas
là toute la tribu, car le nom reparaît dans la suite. La
peuplade ne fut pas exterminée ; libre on esclave, elle fait
partie du premier fonds de la population générale ; et
d'ailleurs, l'histoire de l'esclavage finit par celle de
l'affranchissement.
('j De B. G., yi, ^4 : « ut slirps ac nomen cluitatis tollatiir. »
("') Près d'Aix, Zali)icli (Hoveii et Embken), Neuss et Cologne; ils
])orteiit des inscriptions en l'iionneur de la déesse nationale
SiiniicsuUs. — Hoi.DEil, Altkeltischev Spvachschatz, s. y. Sun.
(3) Uio CASsns, 3<j, 4, I : « 'ArovaTOvxol Ti^tjoiây^coQol re àvroïç
(Negovîoiç) ôvTeç... »
(••j IIoi.nKK, op. cit., s. V. Ad-oatuci.
— 2.i —
On peut s'accorder i''), car autrement ils ne se retrouve-
raient pas, pour compter les débris des Eburons et des
Aduatiques avec les Ton<>res ; ceux-ci étaient des Ger-
mains ('-) acceptés par Rome, occupant- ulilcmcnt l'Ebu-
ronic, pouvant rcndri^ i)ar les aruuis les mêmes services
que les Bataves au Nord. Ils habitèrent les abords sei)ten-
trionaux de l'Ardenne comme à l'Ouest le long de la Meuse,
de Maestricht à Nanuii- en amont, et on les retrouve notam-
ment à l'état spoi'adi([uc dans nombre de localités, ce
qu'indiquent encore les noms de Tongerloo, Tongres-
Notre-Dame, Tongres- Saint-Martin, Tongrine.
Très considérable, le territoire des Condruses s'étendait
beaucou]) i)lus au Nord qu'au moyen-âge et qn'aujoui'd'hui,
jusque sur les bords de la Roer (^). De même que le nom
romain des habitants s'est conservé en wallon, Condriisîs
ou Condrosis, le Condroz romanisé se retrouve au Sud de
la Meuse, dans l'angle formé par ce fleuve et le cours de
l'Ourthe. C'était dans l'antiquité le Pagiis Condriistis,
forme adjectivale qui eut des variantes au moyen-âge (■•).
Trait significatif, du temps de l'ancien évêclié de Liège,
le territoire du Condroz ne faisait d'abord qu'un avec celui
de l'arcliidiaconé des Ardennes.
Les Condriisi ou Condruses étaient les clients auto-
nomes des Trévires,et ils avaient eux-mêmes leurs voisins
pour alliés : c'étaient les Poe-mani, de nom germain, et
dont on refait peut-être l'histoii-e quand on parle de la
Famenne ; les Caerosi qu'on localise entre le cours supé-
rieur du ruisseau de Priim et la Kyll (Eifel). On veut
(') E. Desjardins, Géographie de In Gaule romaine, t. II, ijp. ^33
et suiv.
(■-) Tacite, Germanie, II : « Germaniae oocabuliim recens et miper
additiim, quoniam qui prinii Rhenum transgressi Gallos expulerint
ac nunc Tungri, tune Germani vocati sint. »
P) HOLDER, op. cit., S. V,
(•*) Pagus Condrusius, Condrustus, Condrustensis ; Condrucium.
— 24 —
retrouver le nom de eeiix-ei conserve plus lard dans le
piis>'us Cciroiisciis, aux cm irons de ri'iini '', cuire lîouillon,
Kerpeii et Priim.
On a supposé aussi, à cause sans doute d'uu détail de
leur tenue militaire, ([ue h' nom des Seg-ni était <;éné-
riquc (r) et désigiuiit eu uuune teni|)s C'érèses et PcMuanes,
Ces peui)hides se placent au centre du i)ays, k^s Sè<>nes
purtieulièrenient sur le cours supérieur de FOurtlie.
Immédiatement voisins des Trévircs étaient les Bnctasii,
dont un viens, Beda (Bitburg), est relevé sur la route de
Trêves à Cologne.
Les Trcoeri ou Trévires au Sud constituaient le grand
peuple de TArdenne (^', de i)ar ses ressources militaii'es et
l'étendue de son territoire, (pii allait jus<|u'à la Bavière
rhénane d'aujourd'liui. Tous les petits peuples que nous
venons d'énuraérer étaient leurs clients autonomes. Guer-
royant d'abord, puis révoltés, réduits à la sujétion, les
Trévires se relevèrent, profitant des traités; et sans
que leur earaetère national s'effaçât complètement sous
l'empreinte romaine, ils bénéficièrent de la nouvelle civi-
lisation d'une manière toute particnlière. L'ère (jue nous
pourrons qualifier de Trévirienne, occupe finalement toute
notre histoire belgo-romaine au iv*" siècle, avant les inva-
sions définitives.
Qu'il s'agisse du fonds néolithicpie, des invasions ano-
nymes ou déjà historiques, nous n'avons pas, nuilgré
l'intérêt du sujet ('), à scruter ici ces origines lointaines,
qu'en vue d'une i)roto-hist()ire , recherche l'archéologie
honiinale.
(1) Hoi.DER, op. cit., s. v., (l';ii)rès Zeuss.
{■) MuHl.EXHOFF, AllertJtiintskiinde, t. II, p. i<)7.
(^)V. la notice, d'un t-aractère j^éneral, qui précède les inscriptions
tréviriennes reprises au vol. XIII du C. I. L.
{*) V. La Belgique préhistorique et jiroto-historique, ])ar Jui.IEX
Fr.4u>oxt. Bruxelles. Ilayez, 1901.
— '20 —
Celtes ou (Jcnnaius? L;i (question a jailis ])i'(>V()ijiié uu
Ion»;- débat ciif rc nos afadéiniciensl^j : ruii rcconnaiiisait (leî=i
Celtes en nos iineienncs i)eui)lades du teni])s de la conquête
romaine, l'antre retrouvait plus de traec^s non eiïaeécs de
gernianisnic, surtout dans le Nord et l'Ouest du pays; un
troisième, sans mettre d'accord les ])récédents, plaidait la-
cause de l'identité originelle des races. Finalement les
contradicteurs, l'atigués, se bornèrent à renvoyer la dispute
aux auteurs allemands, i'ante d'arguments sensibles.
Les textes de César aux([uels chaque âge apporte son
commentaire, forment le fond du débat ; comment les
passer sous silence? C'est la bil)le du temps, admise ou
critiquée...
Le con([uérant ra[)porte ([u'il fut un temps où les Celtes
alors i)lus puissants, i)()rtèrent la guerre en Germanie et
y fondèrent des établissements (-). x\utre traversée en sens
contraire : les Belges, issus pour la plupart des Germains,
ont passé le Rhin dans l'antiquité i)our s'établir en pays
plus fertik% aux dépens des Gaulois (^). Troisième asser-
tion : Condruses, Eburons, Cérèses, Pémanes, sont appelés
du nom commun de Germains (^).
Ces déclarations se fondent sur le dire de deux nobles
Rémois, renseignant César à l'avance, Iccius et x\ndecom-
barius, ({ue voici d'une manière assez inattendue, rangés
au nombre de nos auteurs nationaux.
(') Bulletlnde l'Académie royale de Belgique, i85o, t. XVII, 2, p. i5t :
De l'origine de la langue et de la civilisation des peuples (Celtes ?) qui
habitaient la Belgique actuelle à l'arrivée de César, par Roui>r,z.
Ibid., iS52, t. ]<), i>, ]). 417. Réfutation i)ai* Schaves (Germains?;
Ibid., iSr)7 et i858, tt. 26.'^ et 27, 5, j). 4i, Rapports et Lettres du
général Renard sur Videniilé de race des Gaulois et des Germains.
Cf. TouRXEiR, Musée belge, YI, i<)02, fasc. 1.
(2) ne B. G., II, 4.
(^) Ibid.
(■*! Ibid., JI, 2 : « UU" nomine Germuni appellantur ... ad XL ntillia. «
- 2G —
On iiit'iniic leur tciiioii^iiii^c, en i-cconnaissant (juc les
renseigneincnts rouniis ])ar les Réinois eussent été bien
superflus, si le eonquéraut avait trouvé devant lui des
peuplades ayant gardé les mœurs delà Germanie. Défait,
le récit môme de la conquête laisse bien entrevoir les
modifications survenues.
Les Sègnes et les Condrnses, comptés au nombre des
Germains, demandent à César de ne pas les ranger au
nombi'c de ses ennemis, de ne pas croire que les Germains
cis-rliénans fisseut cause commune ('). Le conquérant,
en effet, distingue la cause des Condruses de celle des
autres.
Les l'burons — présentés comme (iermains — font
valoir pour excuser leur pi'ise d'aiines, qu'ils étaient liés
])ar une décision générale de la Gaule, qu'étant Gaulois,
ils r.'avaient pu opposer un refus à des (Jaulois, alors
surtout qu'il s'agissait du salut conîmnn ('-).
Les Celtisants aujourd'hui, tout en reconnaissant un
nom germani(pie dans la dénomimition de l'oemani ou
Pémanes, donnent une étymologie celtique an nom même
d'Eburon (^) ; de même les Gondruscs, les Sègnes, portent
un nom celtique (').
Les recherches intéressant hîs Trévii-es font constater
de curieux contrastes, 'l'oujours occupés à guerroyer, ils
étaient, suivant César, voisins des Germains leurs enne-
mis, auxquels les faisait ressembler la sauvagerie de leurs
Cy lie B. G., VI, 5 : « ne .se in liosliiini luniiero nene omnititn
Germunoriim qui essent cilrn lilwnuin atiiNiim esse unani diiccret. »
(') De B. G., VI, G : « e.s-.se Gulliw commune consilium, non facile
Gullos Giillis ne-fiire /loltiisse. »
(^) IIOLDKK, oj). cit. — Le nom û' Elynro est d'ailleurs c-onimun en
fJaule : Klireihuiiun {El)nrodunnmJ, Elyrodnnnm, Ehurobriga, Ilebro-
ituiu^nx ou FA)ur()tnii!j^ns.
Cl Jbid. — Le nom des Caerosi est rai)])roclié de celui des Cnern-
cates, peuplade celte,
iiKiMii's; et '^l'ncitc ; " Ils cIici'cImmiI , dil-il, ù se fiiii'c valoii'
eu se i)r<)clainaiit issus des (jieruuiius ('). » Le uoui fut
usurpé pur d'autres (') : il rappelait sur place l'idée
d'iiounnes de ^luîi-re euti'és ou victorieux dans de nouvelles
demeures.
Tour se vanter d'une origine germanique, les Tréviros
avaient donc à réfuter une opinion contraire; ils montraient
imi)licitement ])ar là que leur langue n'était i)as germa-
nique, quel (juc lût le mélange subi du côté du Rhin.
Aujourd'hui, à Trêves môme, ville où l'antiquité belgo-
romaine est au mieux étudiée, on reconnaît que l'onomas-
ti({ue ou nonîencîlature tréviriennc est celtique C); et, sur
la loi d'un ((''uioiguage non récusable ('), une langue com-
posée d'éléments celti([ues y était encore parlée au
IV'' siècle de notre ère. Aussi a-t-on pu dire, même avant
les nouvelles études du temps présent, que ce que l'on
connaissait des peuples susmentionnés, les rapprochait
bien i)lus des Gaulois que des Gei-mains (^).
Aujourd'hui, l'étude de la phonétique et de la toponymie
a projeté sur la question géogi-aphique un peu i)lus de
lumière.
Malgré h^ Rhin — dont le passage est resté classique C^)
— les souvenirs de l'ancienne population celtique (') ont
subsisté : les noms propres des chefs s'expliquent par le
(') De mor. Germ., XXXIII.
(2) IbUL, II.
(3j F. Hettnkr, Ziir Kiilfiir non Cevnuinicn iiiul GaUica Belgica,
p. (J(Westd. Zeitschrift, U).
[}) S. .Ikrôju:, Com. in Epiât, ad Galatos, c. 3.
("') Roulez, op. cit., p. iS.j. — II. Mii.i.er et Zeiss n'adinettent pas
l'origine gerinani<iue.
C'i Tacite, De mov. Gcmi., XXVIII : « Qnanltiluni enim amnis
obstabat.quominus nlqnaaine t-ens ei>aluerat,occnjtare( j)ermularett]ne
sedes promiscua.s. »
C) Cf. d'xVrbois de Jubainvim.k, Les Celles, i<)o4, i>p. 88 et suiv.
— 28 —
rapproi'lK'iiicnt du V()i'al)iilaii\' cultique, de iiicnn' (juc le
nom des peuplades des guerres de rindépendance. Si l'clc-
ment celtique avait été supprimé, tant de ses vocables
n'auraient pas traversé les générations subséquentes : oi-,
les noms mêmes des cours d'eau, des ruisse'.ets, ont gardé
une forme cju'on reconnaît. Même la période belgo-rouiaiue
donne des noms mixtes, celto-romains (').
Sans doute, sui- un territoire frontière, des terres expo-
sées, les éléments ethuiques sont vite confoudus, et le
métissage devient facilement une loi naturelle; peut-être
s'était- il créé avant César, un cercaiii milieu celto-ger-
main dans l'Est de la Belgica que Rome reconnut, en la
dénommant ainsi en face de la Gerinaiiiu.
Les reclierclies, d'ailleurs, sur les plus anciennes races
qui se succèdent dans nos contrées dès l'âge, du fer, pré-
sentent un intérêt plutôt lointaiu. Avec César l'histoire se
documente, mais elle est aussi dès lors discutée. Qnoi
qu'il en soit, à la fin d'une lougue période gauloise, après
la conquête romaine, antérieure à notre ère, toutes les
peuplades belges se fusionnent dans l'unité de la vie
])rovinciale, et il n'y a plus dans toute la Gaule Belgique
qu'uiu^ seule population, des Belgo-romains. La période
germanique ne devait s'ouvrir qu'après plusieurs siècles.
Rome administre les Belges d'une manière égale et ils
se transforment dans les limites qu'elle leur a assignées.
Elle tra(;a celles-ci largement, rp]mpire naissant procédant
à de grands partages que l'administration ultérieure dut
fractionner. La Belgique qu'il établit ainsi allait du E,liin
à l'Océan, et de la Marne à l'emboucliure de l'Escaut, de la
Meuse et du I\liii),o.s' iniinensiini lîlieni. Le tracé d'Auguste
subsista longtemps, mais a])rès le i*^'' siècle il fut modifié,
et notamment la Belgi({ue, en fait de massif montagneux,
ne conserva plus que l'Ardenne.
'•) C. G. Roi,AXi), Toponymie iinmnroisp, dans les Annalea de la
Société archéologique de Xuimir, t. XXXIII, i)j). 41 *i^ suiv.
- -9 -
Un antre (•liaii^'ciuriit s'opéra <laiis la ( Jei'iiiaiiie eis-
rliéiuuie. lianienées de l'intérieur, les h'^ions gardaient
la barrière dn Rhin, i'aisant iront à la <;rande (iernianie,
assurées (|ue la paix rèj^nei'aii <lerrière elle, pnx h Icr^'o
tlita, comme dit Taeite. Elles étaient là eaiitonnc'es, de
Vetera on Xa-ntim jus(]^u'à ^layiMiec^, dans des eonl'ins mili-
taires commandés par des lé;;ats d'ordre consulaire. Pour
éviter sans doute tout cou il il entre ceux-ci et le lej^at
prétorien de l'intérieur, d'ordi-e civil, (pii de Reims admi-
nistrait la I>el<;i([ue. on eri«;'ea en i)roviuces sé])arées le
pays cis-rhénau ainsi parta;;é en (jcrnuinic-Supéricure
et Germanie-Inférieure; l'une comme l'autre, d'aboi'd à
l'état de nuirches ])eu ])rol'ondes, ])rireut une nouvelle
importance et en même temps une plus grande extension.
Il est difficile aujourd'hui de fixer la frontière latérale
qui les séparait de la Belgique : elle est probablement
indiquée par les Vosges au Sud, la démarcation actuelle
des circonscriptions administratives de Trêves et de
Coblenz, la frontière belge et Aix-la-Chapelle. Sur la route
de Trêves à Cologne, Belgica, et Belg-iiuim sur celle de
Trêves à Bingen, portent des noms significatifs (jui
semblent annoncer des stations frontières ('). Belgicu est
au Sud-Est de Tolbiaciim ou Ziilpich, Belg-innin est indi-
qué sur la carte dite de Peutinger, et situé entre Xuuio-
inag'iis (Neumagen) et Dmnnifisiis (Kirehberg) : c'était
un viens ou bourgade, organisé en commune et on y ii
trouvé un autel votif (-) dédié par les Belginates à Epona,
la déesse jirotectrice des ânes et des chevaux, mo^-ens de
transport.
Un jurisconsulte romain, (jui fut préteur et pi'oconsul
(1) F. HettnkIv, Ztir Kiiltiir non (iertitiinicn uiid (inlliu /Jeli>icii.
(Westd. Zeitschr., t. II, i883, pp. li-oi.
{•) V. He'I'I'XKU, Die rônu'sclieii Slciiidcii/nintlcr des Pruvinciul
muséums zti Trier, no i()5.
ôo —
on Syrie, Javolrims Priscus, est donné ') comme ayant
dirigé des opéi-ations intéressant la délimitation de la
province de Haute- Germanie qu'il administra en qualité
de légat considaire en l'an 90.
Nous connaissons aujourd'hui la ligne de séparation des
deux Germanies, près Andernacli, où fut plus tard la
limite des deux archevôcliés de Trêves et de Cologne ; là,
vis-à-vis de Hininingen coule un petit ruisseau au lieu dit
Les frontières, Ad fines, et le ruisseau porte actuellement
le nom hétérogène de Vinxtbach (Fines-bach).
Précisément dans ces parages, a été retrouvée une ins-
cription romaine (-) en l'honneur de la divinité des fron-
tières, ou génie du lieu, ainsi qu'à Jupiter, par des soldats
de la trentième légion, heureux sans doute de revoir le
front de leurs quai-tiers après quelque aventure militaire.
Cependant la frontière latérale de la Germanie-inférieure
(Cologne) s'écarta du Rhin pour englober une partie tou-
jours plus grande de la Belgica (^i et le fait indique plutôt
avec l'insécurité croissante, la nécessité d'un agrandisse-
ment de la zone militaire.
Cette extension, déjà considérable sous Dioclétien, à la
fin (lu iii^ siècle, est complète au iv*" siècle ; elle va du Rhin
à l'Escaut. Alors on constate, suivant la Notice des pro-
vinces et des dignités, ce partage :
A l'Ouest de la Ilaiite-Germanie (Mayeuce), une pro-
(') AsuAcii, Znr Gesc/iichte und KiiUnr der rumischen Rheinlande,
Berlin i<)Oi>, p. 46. — Cf. Likhknam, Forschungen, etc., p. 2i3.
(-') Finibiis et Geiiio loci et I. (). M. inilit(es) leg-, XXX V. V. M.
Miissiiteniiis Secundu.s et T. Aiivelins Dosao v. s. I. m. — La pierre est
actuellement au Musée de Bruxelles. V. le catalogue dressé par
F. ClMONT, «0 i5.
(3) C'est ce qui ressort avec raison de trois petites cartes esquis-
sées ])lutôt que fixées par K. Desjardins dans sa Géogrnithie de la
Gaule, t. III f(rai)rès l'toléniée, la Liste dite de Vérone, la Notice des
j)rovincesj.
— OL
vince BcJgiiiuc-Prcmicrc, avec Tivvcs j)our in(''tio])()l(' ot
I)oiir cités Metz, Toiil et Verdun.
A riOst d'une Deuxième Iiel<>-i(jiic (Reims), une ])r()viiic«'
de IhiHse-Geniumie avec Cologne pour métropole, pour cité
Ton grès.
Le Haut-Pays, l'Ardenne, était ainsi séparé inégalement,
de l'Est à l'Ouest : au Sud, la Cioltas Treveroriini (Arlon,
Luxembourg, l'Eifel, le pays mosellan) ; au Nord, ap])arte-
nant à la Basse-Germanie, la Cioitas Tung-roriim ou la
Tongrie, le pays des Condruses et la Famenne (ini<;uH
Condriistis, pag-iis Falminiensis), en outre la plus grande
partie du Luxembourg wallon, y compris Bastogne.
Cette délimitation transversale de la Belgicpic-rremière
(Trêves) et de la Basse-Gernuinie (Tongres-Cologne), se
retrouve indiquée par celle qui sépara l'évêché de Tongres-
Liége d'avec l'arcliidiocèse de Trêves.
A souligner sur une carte les localités extrêmes où finis-
sait la juridiction de l'une et l'autre Eglise ('), on voit la
(') Du coté Trévirien: Muno, Sainte Cécile, Ilerbeuinont, Morteliaii.
Cugnon, Auby, Bertrix, llossart, Touniay, Tronquoy, Massai, Loii-
glier, Ebly,Namoussart, Légliso, Beliéine, Vlcssart, Anlier, Ileinstet,
Schokville, Nothomb, Parette...
De Liège: Bouillon, Dolian, Les Hayons, Noirefontaine, Bellevaux,
Fays-les-Yeneui-s, Oi'fagne, Jehonville, Ocliamps, Ncuvillers, Saint-
Pierre, Sainte-Marie, Vaux-les-Rosières, Bercheux, Jusserat, Volai-
ville, Witry, Fauvillers, Wissembach, Warnacli, Radelaiige, Marte-
lange...
C.-G. RoLAXn, Topon. nam. (An. Soc. arc/i. \aniur, t. XXIID.
p. 4G.
L'examen des anciennes cartes de la i)rincipauté de I>iége, nous
fait voir un territoire enti-einèlé d'enclaves, appartenant au I-uxem-
bourg ou relevant de Liège, naais de création relativement moderne.
Au xvni" siècle, Hontheim, suffragant de Trêves, recherchant les
anciennes limites de son Eglise fProdromns historine treriretisis,
t. I, p. 4), indique une ligne ])artant de Churleinont (îivet) et se diri-
geant par Rochefort, Lai'oche, Saint-Vitii, Kerpen, vers l'enibou-
— 62 —
lijj,iic (jni coiiN rc le pax'.-. des Trcxii'es ])artir de Slciiay, lou-
gcr la Meuse, traverser la Cliier.s, passer la Scmois vers
Jlerbeumout , englober le territoire de Xenfcliâteau et
redescendre du côté d'Anlier pour se diriger vers la Sûre.
A ropi)osite, toute une suite de localités fi-ontières en
demi-cercle, de Bouillon ])ar Xeuvillers, Sainte-Marie,
Rosières, à Fauvillers et Martelange, annonçaient l'Eglise
de Liège, dont relevaient Saint-Hubert, Bastogne jus(|ue
Eselnveiler à l'Est, et Stavelot.
De la Sûre, qui mar(|uait la séparation jusiprà Boui'sclieid,
la ligne i'rontière se continuait dans la direction de Weiler,
Xeubui'g, Priim, Gerolstein, les sources de l'Alir, pour
arriver Ad fines, vis-à-vis de llonningen sur le Rhin.
Alors que prévalait cette distribution du territoire (M
dès le iv<= siècle, au temps de Constantin, les noms de la
])lupart des petites peuplades ardennaises avaient depuis
longlem])s disparu de la langue officielle pour rentrer dans
la catégorie des termes d'une géographie vulgaire qui avait
été toujours s'éteiguant. Le nom des Tongres avait au con-
traire fait fortune, de même que l'importance de la cité de
Trêves avait grandi. Ainsi tout s'était simplifié.
Administration. La ])artie montagueuse du pays subit naturellement
l'effet des institutions et des événements que connurent la
Basse-Germanie et la Trévirie.
Ainsi en fut-il des troubles du i*^"" siècle, causés i)ar les
opérations minutieuses d'un cadastre fiscal qui dut étonner
la Gaule et ne laissa pas d'entraîner la pratique du i)éculat
et de l'usure; les com[)étit ions à l'Empire qui venaient
sollicitei- les légions gai-dant le Rhin et le pays, l'idée déjà
de l'indépendance gauloise, soulevèrent tour à tour les
cliunj (11- lAhr. (Test avec Cliiveriiis (Gevin. tuiliq., II, i4i, éteiuh-e
vers le Nord le territoire trévirien, (jne les données statistitiues de
liincienne Eglise de Liéf;e font reculer au contraire vers le Sud.
i,') V. lii,(.iu:KU s, Belifium romunnm, lib. XX, c. V, ii» S.
]>(Mii)l;ul('s (lu Noi'il- l']>l (le la i;(liii(|iic. cl l'on rctroiixc
dans les i'aiii;'s des comhal (aiits, coimiK' au lciiii)s d'Imlii-
tioiuar, les Ti-c'-x ires, les Liii_<;(tiis, les NcrNicns et les
Toiigrcs. Arriva 1111 nouveau légat delà I>assc-( Jcnnanic,
qui prit 'l'rèvcs ; ot la N'illc. i)('r<laii( ses i)ri vilrgcs, retomba
au rang de cité sujette. I^a i)aix romaine n'était pas un
vain mot, cl il l'allul s'y l'angcr. « Huit cents ans de con-
duite oui rorme liome, disait ("crialis en un discours
typi(iuu, et notre cite xoiis est on\('i-te. \'ous proTitc/. de
ses avantages, suppoiie/ des maux ine\ ital)les comme on
accepte ceux de la nature ''). »
Le premier siècle constitue la ])ériode décisive de la
romanisation. Jules César avait introduit l'usage de la
langue latine, et celle-ci en (piatre siècdes, allait à son
tour coïKjuerir la Ciaule. I^e temps, l'accession des grands
à l'exercice de l'autorité, l'école, et surtout l'axantagc
d'une civilisation auti'cment avancée, toutes ces causes
expli(]uent comment, axcc une puissance <pie ne connait
l)lus rKuro})e aujourd'hui, « l'impérieuse cité, dont ])arlc
St-Augustin ('-', sut im})oser aux vaincus sa langue avec sa
domination.» Qu'il s'agisse du latin oITiciid ou du latin
populaire introduit ])ar les soldats ou les immigrants, et
dont la langue l'omane traduit le caractci'e, le poète Ausone
(pii entend sur la ^Foselle les collocpies des indigènes,
commercia linguac, ])oui-ra linalenient dire {\\\ ])ays, ipiil
rivalise sous le rapport de la langue avec le Liiiiuni :
Acmiila te Lutin' décorât faciuuUa lingiup {^).
D'ailleurs les (Jaulois du Nord, les Belges, a[)précièrciit
vite les avantages des niœnrs romaines, des eonnaissanees,
du luxe et des plaisirs nouveaux pour eux. T/adininistra-
(1) Tache, Ilist., IV, :4.
C-'J De civitate Dei, XIX, c. 7 : " Data est njiera ut imperiosa riritas
Roi7ia non solumjugiim sed etiam linguam snani doniitis gcntilius per
pacem societatis iniponeret. »
|3) Mosella, v. 2(j3, :i85.
-34-
tiou iutrodiiitf ne faisait (Tailk-iu-s la guciTC ni aux
croyances, ni aux usages particuliers, et elle alTrancliissait
les personnes tout en laissant, en général, subsister les
Ktats anciens.
Continuant rexéention des volontés de César, l'Empiie,
qui s'affermissait, employa ses plus grands personnages à
l'oi-ganisation des Gaules. Auguste, de Xarbonne, y mit la
main; et, en envoyant résider à Lyon des légats des trois
Gaules, on créa de grands commandements proeonsulaires,
exerçant un imperiiim majiis sur les légats particuliers de
ces provinces. En tête vient Agrippa, le fondateur des
plaees de Cologne et de Mayence; après Yinicius, c'est
Tibère, Dinisus, Tibère encore, le malheureux Varus, enfin
Germanieus. Rome hésite alors devant la conquête de la
stéi'ile et sauvage Germanie, et en l'an 17 après J.-C, au
commencement du règne de Tibère et lors du rappel
de Gernumicus, l'administration revient aux légats ordi-
naires de provinces, gouvernant sous les ordres de l'empe-
reur qu'ils représentent.
Les légats ({ni président à la garde de la Germanie
eis-rhénane sont d'ordre consulaire, aj^ant été consuls
désignés, consuls en charge même plusieurs fois, après
avoir rempli d'abord les hautes fonctions de j^réteur urbain
ou pérégrin. Comme tels, ils commandent les armées,
administrent, jouent un rôle prépondérant dont les effets
sont ressentis non seulement dans les quartiers militaires,
mais à l'intérieur du pays belge et dans le Vorland ger-
main. Ils avaient d'ailleurs acquis l'expérience du gouver-
nement dans les i)rovinces importantes de l'empire, de
l'Afrique à la Bretagne : décoré des insignes du triomphe,
L. Apronius continua ses exploits de Pannonie par des
victoires sur les Germains et les Frisons ; A. Gabinius
Secundus repousse les Chauques, méritant le surnom de
Caucl)ius, et Vestri(àus Spurina défait les Germains. On
vit deux frères, Proculus et Kufus Scribonius, que leur
amitié rcciproc^uc illustra, adininislrcr i-iimiltancinciil l'iiii
la lîassc, rautrc la llautc-Cùn-iiianic ; citrs vu Grc'cc ])ar
Néi'oii, ils rurciit ()l)li<;és de se (louner la mort. Plusieurs
légats de Germanie prétendent ti renii)ire, Vitellius est
proclamé à Cologne, Un triomphateur, A. Caeeina Severns,
en vrai soldat digne de son surnom , déposa au Sénat
une proposition intei'disant aux administrateurs romains
d'emmener dans les provinces leur femme a\'ec eux ; et
Corbulon, pour ne pas laisser ses troupes dans l'oisiveté,
leur fait creuser un canal allant de la Meuse au Rhin, la
fossH Çorbulonis , ({u'acheva son successeur, Pompeius
Paulinus ; il. Tarquinius ('atulus eut à l'clever de ses
ruines le Pi'étoire de Cologne, autrement dit la Résidence
du légat de la Province (').
Plus modestes en général sont les fonctions civiles d'un
gouverneur de la Belg'ica, bien qu'il fût investi d'une juri-
diction étendue sur les provinciaux, comme l'indicpie son
titre de legatns Aiigusti pro praetore. Résidant à Keims,
il remplit en pleine paix son mandat de ministre de la
justice impériale et d'administrateur.
La politique romaine restait fixe, mais les administra-
teurs changeaient; et môme ils restaient généralement peu
de temps dans le même poste. Soumis au commandement
personnel de l'empereur, ils étaient envoyés d'une pro-
vince dans l'autre, et une lieutenance en nos contrées
encore assez pauvres et plus froides, n'était pas des plus
recherchées. On préférait l'Orient, et pour cause.
Il va de soi qu'on ne peut juger l'administration romaine
suivant l'idée qu'on se fait du caractère de remi)ereur
régnant : à cause de l'action des légats et des procurateurs,
elle est parfois meilleure, parfois pire. 11 en est de nom-
breux exemples.
(') BUA>n5ACH, C. I. 11. (Koln) 33i : Dis conservatoribiis Q. Tar-
quinius Catulus leg. Aug.cujus cura praetoriuni in ruinant collapsum
ad nouant facient restitutnm.
— -M] -
Qu'il lui (le lOnlrc consiihiii'c ou de l'ordi'c prétorien, le
léj;al ;ii)|)arlieiil (oujoiirs ;ï celle nobililus ([ui siiil la eai'-
rière l'égulière des eliargcs piihlicjues; sous rKin])ire on du
t('nii)s du Séiial , ce ciirsiis honovum resta ])our les
|{(>u)aiiis la meilleure des éeoles publiques.
La pei'soniudilé des légats a retenu souvent l'attention
des pi'ineipaux historiens, Taeite et Suétone, Dion et
riutarque, cpii en ({uelques traits notent leur action ; mais
c'est surtout gràc(; anx inscriptions, relevées généralement
à rétrang(n-, c'est en suite de rhal)itnde nationale dn titii-
liis, (]ue l'on connaît aujourd'hui, pour la plupart des pays,
les noms d'un grand nombi'e de gouverneurs, (^uant à la
15elgi(pie, une quinzaine de gouvernenrs romains sont
connus l'i; on en peut citer davantage pour la Germanie-
Infc-rieui-e (Cologne , soit trente-six.
IJechereher les laits intéressant l'administration, c'est
aussi rétablir l'histoire même de notre pays sous les
Romains; et ce n'est pas s'écarter des limites du sujet que
de piendre note d(î la liste (-), encore incomplète, des
(') Lt's travaux déjà aucien.s de De Bast, ont été repris par
RoiI.KZ (hiiis son .Mémoire aiir les muffislrats l'oniains de la Belgique
inséré dans les Soiineaiix Mémoires de l'Académie royale des Sciences
et Belles Lettres de Bruxelles, i844, 55 pages.
Lu:r.i:NA.M, dans ses Forscliungen zur Verwallungsgeschichte des
romischen Kaiserreichs, Leipzig, Teiibner, t888, l vol., a traité cette
matière sur un nouveau plan pour toutes les provinces de l'empire.
V. en ce tiui .•oncerne hi Belgica, p. 71; la Germanie-Inférieure, p. 85
et suiv.
(■-) Aki.us (iUAcn.ls, qualifié par Tacite : Belgicae legatus.
VAi.Kims AsiATici s dont Taeite dit qu'il se déclara en faveur de
Vitellius; celui-ci devenu empereur, lui accorda sa fille. (Hist. ,I,5[).)
Un LK(iAT dont le nom s'est i)erdu, mais dont le titre se retrouve
sur une pierre inscrite, de provenance romaine : . . leg pro pr(aetore)
]iroi)inc(iae) Belgic(ae).
!.. LieiNu s SruA, (jui fut lanii de Ti-ajan, son compatriote. Très
- 37 -
légats (|ui l'iircnt en leur t('ini)s dos «^ouvcnKMirs belges
cxcrraiit des jxmvoirs bien aiit iH'iiieiit étendus que eeux
(les «^oiivcrneui's ])r()\in('iaiix (raujotii'd'hiii. Ceux-là a];par-
riche, il fit don an pL'uplo romiiiii d'ime paleslrc ou salle d'exercic-e.
A sa mort, l'empereur l'iioiiora (iiiiic staliu- avec un titnltis eomiilet
(C. I. L., VI. i444)
Q. Gmtius p. F. A l'H.it s Aciucoi.A, deux fois consul, dont il est
parlé plus liant.
Ci-.\i'i)ius Satirninis, sous Hadrien. C'était un jurisconsulte.
C.\r.in RNii s Procui.is, légat ou commandant de la Leyio 1
Minervia, cantonnée en Giirmanie. Proconsul en .Vcliaïe, léjjjat de la
Belgica. L'année de son consulat est Inconnue.
A. Juxius Pastor li. C.VKSENNiLS Sosi'ics, iCi-iGj. Trois inscrip-
tions, qui le concernent, montrent (pi'il saivit réj^ulièrement la car-
rière des honneurs et (pi'il obtint le commandement de la Legio XX
Primigcnia, dont le quartier général ét;iit dans la (Jermanie-
Supérieure, légat de Belgique.
JUNIUS Faustinus PosTii.MiAXUS, encore un magistrat de carrière,
successivement légat dans trois jirovinces et consul.
Diuius Sr.VKRUS.It'i.iAXi .s, un Milanais, élevé à Rome chez Domitia
Lucilla, la mère d'un empereur; il devint notamment légat de la
XXII*" légion de la (iermanie Supérieure ; et légat de Belgiciue, il
combattit victorieusement les Cliau(|ues ou Caiichi. Ses services lui
valurent le consulat, i)uis inii)li(iué dans une conspiration, il sut
échappera la mort. Après l'assassinat de Pertinax en i<)3, la Garde
le ]»rociama empereur. Manquant des qualités nécessaires, de vues
et «l'action, il se vit abandonne de tous à l'approche de Septime
Sévère, et mis à mort (Ilist. Aiig., Auréliiis Met.. Dion C).
Q. Sabl'chs C. F. Major CAKcrr.iAxrs, à la fin du ii' siècle, .\otam-
ment curateur<lela ViaSalariae. et de la Subsistance, .Vlimenlornm,
directeur <le la caisse militaire, légat de Belgique, consul en i8o.
L. Marius Maximi's I'kri'ETLLS Airkmams, en kj;. Une suite
d'inscri()tions contribuent à sa biographie, (la fut le meilleur géné-
ral de Septime Sévère. Investi d'un commandement important, diix,
il lutta contre Pescennius Niger. On s'accorde à voir en lui l'his-
torien connu.
Petronu s Poi.iAXLS, légat de la Xllie légion Germina, cantonnée
en Bretagne, puis légat de Belgique et de Rhétie sous Gordien.
(-)n cite après celte liste les missions incertaines d'un Priscus,
d'un P. Septicils Varus.
— 38 —
tioniicnt à la inTiotlc »lii Haut- i-",ni])ir(' (>t exercent à l'Ouest
(le la liasse on IIaute-( ieriiianu' un poiiNoii' coiii'éi'é l'égii-
lièrenient en vertu même des consiitutions impériales.
C'est le temps de la prospérité première, de la Belgica
d'avant lu multiplication des provincc^s, et quand les légats
disparaissent, sévit l'anarchie militaire (|ui détache la
Gaule de rKm])ii'c de l'an 253 à 273.
Le droit romain était arrivé tout i'ormé, à l'état de
code commun, grâce aux édits des préteui's pérégrins.
Ceux-là sont complétés par les édits des légats ou gouver-
neurs particuliers, conrormément à la Loi de la province,
la charte (j[ui institue celle-ci. Rien de leurs articles n'est
arrivé jusqu'à nous. On sait que le gouverneur appliquait
le droit romain, res})cctant les cités libres et fédérées
avec Rome, et (ju'il tenait compte des coutumes locales
non contraires à l'ordre public; mais celles-ci dispa-
raissent, évincées par des princi[)cs supérieurs. Allant
d'aboi'd au devant des justiciables, le légat tenait ses
séances, assisté d'un conseil de notables, provinciaux asso-
ciés à la justice romaine. Les fonctions ])ubliques, d'autre
part, impliquaient certaine compétence et juridiction ;
ainsi, il ]-evenait à la charge de décurion ou membre de la
curie n)unici])ale, aux édiles, d'exercer certains droits de
décision ; de même, les questeurs provinciaux réglemen-
taient les marchés, la voirie ou les jeux publics, et nul
doute, vu les contestations ordinaires, que la compétence
des ])rocurateurs financiers ne fût lapins étendue, et celle
qui s'exerçât le ])lus fré(piemment.
C'est bien le fisc qui eut le plus de part à la transfor-
mation économique du i)ays
8i la rapidité est un des traits caractéristiques dos con-
quêtes de César, Rome mit un siècle à l'organisation finan-
cière de ses nouveaux territoires. (yCUx-ci étaient eu ])rin-
cipe sa jjrojn-iété, mais elle laissait généralement aux vaincus
la possession héréditaire de leurs biens, soumis à un impôt
- 30 -
foncier dont clail (lispciisc le iiropriclaii'c (juirilairc. Dès
le second siècle, le eadaslre de hi (jaiile clail complet,
suivant mensuration, ])lans cl colations; i)our h; tenir au
courant, un i)rocurateur spécial, censor ou censitor ,
procurafor nd census nccipiciidos ('), assisté par des censi-
teurs oéiiéi-alenient })ris dans l'armée, le revisa tous les
(juinze aus.
Tout était repris aux livres censaux, ces libri censinilca,
premiers modèles des polypti(|ues de nos abbayes. 11 fallait
soi-même déclarer sincèrement, avec le nombre de jugèi-es
(20 ares) et le nom des tenants et aboutissants, la nature et
l'usage du sol, terre arable, prairie, pâture, bois, le tout
valant tant. On payait l'impôt en espèces (-).
A coté de la contribution foncière, il y avait l'impôt
])crs(>nnel ou de capitation, les prestations en natui-e en
tant que de besoin, et les impôts indirects {oeciigalia)
sur les successions, les ventes, l'affranchissement, enfin
une sorte de douane intérieure, un octroi, frappant de
droits la circulation par zones des choses vénales, le
portoriiim (portare).
L'Empire, au lieu d'affermer en général les impôts, eut
recours de plus en plus à ses fonctionnaires, sauf pour les
impôts indirects perçus par de petites compagnies de
publicains, des affranchis généralement, qui s'y enrichis-
saient,
n) Hknzex, Insc. n» (5512 : Titus Clodius Piipianiis eleclus attero
jiidicio ad c(ensus) accept{aiidos) per proiunciuiii ]'elgicaiu. — V. I*u-
l)ianus était de Tordre sénatorial.
IliU)., 6()48 : Titus Vesulaniits Cvescens rpusor Geriu. infer , che-
valier.
("-) Le premier budget de la Gaule fut de quarante millions de
sesterces, i)iécettes d'argent valant 12 '/. as ou 21 centimes. ICi tkoi'K,
G, 17. — Il est à ci'oire que ce n'était pas la Belgiciue, alors la
moins rielie des trois Gaules, (jui payait la forte somme.
V. M.\RQUARDT, Organisation financière romaine, ])p. 2G7-G8,
270-71 ; BI.OCH, op. cit., pj). i;')o, 27;) et suivantes.
- 4o -
Tnc fois de plus est coiistiiléc l'union :ulniinistr;ili\ c do
la }icli>icii avec les deux (iernianies ou pays eis-i'li('inins :
le proeurateui- finaneier pour e(;s provinees résidait à
Trêves, où était d'ailleurs l'atelier monétaire, dirigé par
lin procnnitor moneiac.
L'abus luujuit avec rorganisution môme, témoin les
exaetions (iu'on signale déjà sous Auguste. Cependant,
étant donnée la modicité du budget des dépenses d'un Etat
ancien, et à prendre tel qu'il fut le système de l'impôt, on
ne peut dire que celui-ci ait fait obstacle au déveloi)])cment
de la ricliesse publique. 11 n'est pas même interdit de
croire qu'il la favorisa, dussent de leur temps les particu-
liers en pàtir : il fallait satisfaire le fisc, dés lors la loi du
travail était inéluctable, et tout étant à l'avance coté, tout
fut aussi mis en valeur. Le raisonnement est appuyé i)ar
le résultat des fouilles, qui même en Ardenne témoigne de
l'aisance régnant en pays belgo-romain. Jusqu'à la lin du
111° siècle, la prospérité générale ne fit que grandir.
La Forét A quel régime l'Ardenne pi'oprement dite fut-elle sou-
domaine fiscal, mise? I^:il(' subit le même sort que le partage de son sol.
On laissa suivant la coutume aux anciens liabitants bnirs
biens pro])i-(!s, leur domaine utile. Mais les massifs de la
grande forêt, c(;s siilliis (jui n'étaient en la i)ossession i)ar-
ticulièr(; de personne, restèrent, dans une i)rovince dé])(Mi-
dant non du sénat, mais de l'empereur, c'est-à-dire du fisc
impérial, la i)i'opi'iété du fisc impérial môme. Une forêt dont
l'étendue excède et déborde les nécessités de la vie des
riverains, dont nul iu'])ourrait prétendre confisquer l'usage
ou l'accès, est naturellement comme les mines cachées ou les
eaux vagabondes, la propriété de l'Etat souverain qui dis-
pose à son gré de cette partie deVager publiciis, du domaine
])ublie. Cela est conforme aux princijx'S du droit.
Le fisc impérial eut à exploiter la forêt comme il faisait
ailleurs, en Italie môme par exemple, où telle forêt de
' résineux était concédée à une Société patronnée par des
- 4i -
chevaliers (^ui en (iraient de la poix 0). Xoti'o Ardinmc fut
2)arf()is appelée Carbonnria, du (diarbon (jue donnaient des
parties de bois mises en coupe réglée ; des concessions de
ce genre étaient accordées par le fisc, comme celles de
toute antre exploitation, bois de chai-pente, pâture ou
moulins. S'agit-il d'ouvrir une carrière; en vue d'extraire
du minerai, un particulier obtenait une concession, et tout
était si bien réglé qu'on en peut citer une encore toute
étiquetée : exploitation cVEinilieii ouverte le y mars (-). C'est
inscrit sur la roclie même, à l'entrée d'une poche de mine-
rai de cuivre, à AVallcrfangen, près Sarrelouis. Le temps
des petites concessions était généralement limité par les
intervalles mêmes du recensement.
C'est sur le domaine public que Ton transporte des
immigrants, (]ue les légionnaires ou les troupes provin-
ciales font des briques ou des tuiles, tirent des pierres,
construisent des routes ou des fortins, et l'Ardennc, forêt
fiscale, devenait en suite d'un intérêt de tout premier
ordre, un territoii'o public dont l'usage était concédé et
les passages surveillés.
D'anciens grands domaines ont giirdé dans les premières
chartes fran(|ues un nom qui rappelle leur origine même,
fisci, biens du fisc, tenus du fiscus, et les colons y
implantés sont des popiili fiscales, la poi)ulati()n fiscale (^).
fi) ClCVMOy, Bj-iiliis.^ •2-2 l\ s'ayit de la Silca Sila dans le Bnittiiim,
louée par les ceiiseurs à des fermiers (pii eiiiployaient des esclaves.
(-) Incepta officina Aemiliani nonis mari. BramBAcii , C. I. R.,
11° ^dS; reproduction dans les Momunents lajiidaires du Musée de
Trènes, ])ar Y. IlETTNrK, p. S.
(■'j V.DucAXGE, s. v. — Peut-être un jour la i)liilologie arrivera-t-elle
à grouper un certain nombre de noms de lieux qui témoignent de
leur origine <lomaniale. Citons, i)ar e.xemjjle, Fescliaiix (Fisealium,
Fesealsi; i)lusieurs Fize; peut-être Fexhe ou Feclie ; Grand-Fissant
(hameau de Saint-Hilaire, Nord) au xie siècle et en iiSo Fi.sciacus,
Fiscau en iifia; peut-être tous les Fichcmux du Condroz, teri'cs
communales sans emploi, ont-ils la même origine.
- 4--^ -
En pleine Ardeiiiu' nous retrouvons, i)rès de Bièvre, un
de ces fisci, biens d'origine domaniale, mentionné dans
une eliarte de Stavelot du viii*' siècle, et ce domaine jadis
tenu du fisc a pour nom le Petit-Château, ou Cliàtelet,
le Piilatiolus qui devint Paliseul (').
En l'an 894 h' l'^i Charles fait restituer à Franeon,
évoque de Liège (-), une partie du fisc d'Arches (Charle-
ville).
Confirmant la donation faite par Zwentibold à l'Eglise
de Liège de la villa de Theux avec ses dépendances, le
roi Louis, en 908, mentionne ce /isc qui porta le nom de
ïheux (3).
De même, le roi Charles fait abandon, en 915, de la
forêt qui était autrefois une dépendance de la villa de
Theux, et qu'avait réservée le roi Zwentibold en donnant
le fisciis ou domaine lui-même (^). Et l'énumeration des
dépendances légales de la villa, serfs, ehanii)s, prés, bois,
eaux, dérivations, moulins, pêcheries et le reste, montre
l'importance qu'avaient ces grands domaines ou /f.sci ('').
Ainsi les souverains franes, exerçant les droits absolus
du maiti'e, du dotniniciitiis, ont remplacé les empereurs
romains et leur administration financière. Ils disent
« notre forêt d'Ardenne » C') et saint Remacle demande à
(') « In ptigo Aniennii iiiferjucens de uiio lutere fisci ipsiiis qui
oocatur Pnlutiohis atqiic lieveris. » fCliarles de Stav -Malin., de l'an
770-77;), 1. I. |). ()() ; i)ii/>lir. (le .1. Hai.kin et de C. V. Roland).
(■-) « .. (le fi.sco A redits in jmgo Parlnnensi silo. » Ciirl. de S. Lani-
hevt, t. I. V., p. 7.
(3) « fisrnni nomine Teelis a vege S. fralre noslro concessuni in />ago
ac in coniilalu Liwensi jxjsilnm. » Ihid., IX, p. ii>.
(•*) « Fovesteni... quani dalo jisco Z. reliiuieral : » Ihid., X, p. 14.
(-') Ibid., ]). (). — De même on voit dans la (;in'oni(ine de St-Hubert
dite Canlatorinni, (jne la femme de I*ei)in se rend en son fisc d'Am-
Ix'i'lonx, \ Inil.).
C'j Mon. Gku.m., J)i/d., p. 122, '>5, an. V>\H : « in /'oresla nnstra niinru-
panle Ardninna, in lacis oaslae soliliidinis. »
- 43 -
Si^^cbei't un Icfriloirc ixmr claUlir ses deux nionastèros
dans cette « Ardeiiiie, diL-il, dont il disjjose ^') ». Ljcs i-ois
l'raïu's ou les empereurs détiiclient de leur domaine ardcn-
naisde très «grandes portions qu'ils distribuent aux Eglises,
Malniedy, Stavclot, Andage (Saint-Hubert), Tlieux; l'eni-
])laeeuient même du Liège l'utur était pi-obableiuent sur ee
territoire de l'ancien lise impérial, (rai)i'ès ce nom d'une
première bourgade leiidiqiie ou publique, le viens leudicus,
siue piibliciis. Etait-ce pour b^s obtenir plus facilement
d'une part, de l'auti'e pour les mieux l'aii'e tolérer des
grands, naturellement jaloux, toujours est-il (jue lors do
ces donations, le caractère désertique du domaine est par-
ticulièrement rappelé, et les termes sont parfois redon-
dants au point que l'objt^t même s(;mble n'être plus rien,
pei'du (|u'il est iii erenio UHstae solitndinis... Cela dépasse
les inoyens de la traduction.
A reprendre dans leur ensemble les faits et les induc-
tions qui s'en suivent, on en vient donc à rétablir assez
l)ien une des clauses d'ordre administratif qui se trouvaient
sans doute énumérées dans la Itw prouincine ou loi consti-
tuant la province l^elgique : la forêt ])ro])rement dite,
y .[i-(hicnna sUoh restait tei'i'itoire pul)lic et relevait
directement de l'administration financière impériale. On
sait qu'elle resta plus tard le domaine de la couronne
franque; aujourd'hui, en vertu de la nature des choses,
riIertogeuMald et Ereijr, ces anciennes parties do la
haute Ardonne, restent propriétés nationales, et nos rois
belges en constituant leur domaine d'Ardenno, ne l'ont
(pie rétablir partiellement le pays en son ancien état.
Comme de l'un ou l'autre port on se dirige sur les flots Villes frontières.
d'une mer incertaine vers les i-ivages désirés, ce fut de
([uolques localités principales cpio s'opéra dès l'abord la
pénétration en Ardenne de la, civilisation romaine. 11
inq)orte do les reconnaître.
t'j « qiuie est ueslrae ditionis, » AA. SS., inta lieinncli.
- 44 -
Les Ubiens, drjà lavorables ;i César, furent en l'an 38
avant J.-C, établis sur la rive gauelie du Ubin, comme
défenseurs, non oomme prisonniers ('). Leur oppidum
devint, sur l'initiative d'Agrippinc, fille de Gernianicus,
une colonie intérieure romaine, la Colonia Ao-rlppinensis,
la ville de Cologne d'aujourd'hui. Ainsi qu'à Lyon on y
établit un autel de Eoine et d'Auguste, destiné à servir de
centre aux jours d'assemblée des peuples soumis à Rome
et acceptant son culte officiel. Ce fut VAra Ubioviun que
nous aurons à rappeler à propos de la cité de Tongres.
Après le désastre de Varus et le rappel de Gernianicus,
des quatre légions de la Germanie deux furent envoyées à
Xanten, les deux autres de Cologne allèrent l'une à
Novaesiiim ou Neuss, l'autre à Bonna. La Colonia Ag-rip-
pinensis, gratifiée de la concession du droit italique, et
gardant son importance directrice, resta le siège officiel
du légat consulaire. Par le fait du recul de Rome en
Germanie, l'action politique de l'Autel des Ubiens s'exerça
plutôt en arrière du front, à l'Ouest, dans la Gernuuiie-
Inférieure et vers la Belgique, qui en piofita et vit s'accé-
lérer les progrès de la civilisation nouvelle.
De Xanten, en puissant par Xeuss et Cologne jusqu'à
Maj'-ence, tout le long du Rhin, il se créa un nouveau
quartier latin, (pi'on i)eut dans nos contrées (pialifier ainsi
par excellence, malgré les changements survenus depuis.
Là campait une armée tellement nombreuse d'abord, que
Rome nen avait jamais rassemblé de pareille. Or, ces
légions, en Occidinit, étaient généralement composées de
Latins et le pays subit la loi de l'élément militaire ; on y
connut tout le vocabulaire des camps et du commandement;
la corresiiondance officieHe et la communication des Actes
de l'empire arrivaient sûrement; le vêtement, c'était la
lori(pie,le manteau militaire ou la toge civile; on y adoi)ta
(») TACni':, De nwr. Gerni., XXVIII.
- p -
régulièrcmnit les trois noms, c'est-à-dire l'état-civil
roiiKiin ; tout se plia au iiiêiiu' formalisnic, car jusque sur
les inonuineiits l'igurés s'étale la niytlioloj;ic elassicpie et
la formule importée des iiiscrii»tions avec les ornements
traditionnels. '')
Les coutumes des cami)s s'étendirent à leurs faul)()urg's,
aux bai'aquements, cmiabne leg'ionis, où lo<>eaient les
femmes et les enfants des soldats, dt^s vétérans et des
cantinicrs, avec des marchands. On comi)rend aisément
l'inflaence d'un pareil milieu, où régna en tout point la
discipline romaine, grâce au séjour sécnlaire de légions
sédentaires. Chaque camp n'était au fond (pi'une vaste
colonie militaire, d'un type nouveau, toujours en activité
de service.
Vingt-cin(| lieues environ séi)arent Liège de Cologne ;
du Rhin au gué de Visé ou au pont de Maestricht, toute
une légion pouvait arriver en quatre étapes, une a/a ou
escadron de cavalerie, en deux jours. Déjà Sabinus,
assiégé en Eburonie par Ambiorix, disait que « le liliin
n'était pas loin... »
De bonnes routes abrégèrent encore les distances, met-
tant Cologne en communication directe avec Neuss et
Bonn, avec Tongres et l'Ardenne, et nous ne pouvons
manquer de retrouver l'effet qu'eut sur le Xord de notre
pays une civilisation particulièrement latine.
Tandis que les Ubiens deviennent des dues Ag'rippi-
nenses, des citoyens Agrii^piniens, leur nationalité disi)a-
raissant, au contraire dans le Sud de l'Ardenne, l'élément
national subsiste tout en acce])tant les avantages de la
culture nouvelle. 'J^rèves, siège administratif d'un procura-
teur d'ordre civil, reste au fond la ville des Trévires,
mi-romaine, mi-barbare dans h^ sens latin du mot. La
civilisation romaine pénètre juscpi'au c(XMir de notre pays
(') IIettner, op. cil., \)p. 3-5.
4
6
montagneux en rayonnant de 'rrèvos, cette cite impériale
dont le développement et la eliute doivent naturellement
mar(pier la tin de noti'e étude.
Au Sud-Ouest était Durocortoriim qui devint la ville
de Reims. Les Kèmes, habitant les plaines nues de la
Champagne d'aujourd'hui, ne songèrent jamais ni à résis-
ter, ni à se rebeller; aussi leni- oppidum devint il prompte-
nient une cité fédérée avec Rome; jouissant comme telle de
privilèges particuliers, la ville resta un centre belgo-romain
d'autant plus important qu'elle fut aussi la capitale de la
Belgique- Deuxiènu' lors de la création de cette province.
Les Rémois d'aujourd'hui connaissent encore la situa-
tion (le leur ancien Forum ; il y a le faubourg Cérès, et non
— 47 —
loin (le la nie <lii 'rciiipic un icinplc de Maiv-, (|ni a
disparu — s'élrve un arc de hioujplie, grand ni(uiiinu'nl
bclgo-roniaiu à trois baies, de 3.') mètres de long sur iS'^^'yo
de largeur ; et combien de petits moiunnents tcmoigncnl
de la richesse de la cité romanisée ! Rai)i>('lons ceux du
JMusée lapidaire et citons, à rnôtel-de-\'ille, la statue
coi'nue de ("ernunnos (M, le dieu gaulois de Ta bouda née cpi" il
distribue, et sa ligure est synil)oli(|uement accostée de
l'Apollon et du Mercure romain. On ne i)eut non plus ou-
blier de signaler le l'icbe sarcophage du consul rémois
Jovinus, vain(jueui' des Hai'bares en 366. (Quarante ans plus
tard, Reims tomba au ])ou\()ir des Windales, et en ^'m
Attila et les lluns détruisirent la ville et massacrèrent les
habitants.
Outre les collections particulières, il i'aul nnuilionner
celles du Musée archéologi(jue de la ville (|ui comprennent
plus de 6,000 objets, dont non)bre de vases i)arlnnts (-',
méritant de retenir l'attention de l'archéologue; et le sol
de la banlieue est assez i"iehe en objets cachés pour ((n'en
creusant les tombes d'un nouveau cimetière, on ait [)réci-
sénient mis à découvert un cimetière gallo-romain.
Or, le territoire des anciens Rèmes était très considé-
rable, et les grandes plaines crayeuses ne pouvant suffire
à l'entretien d'un peuple, celui-ci s'étendait sui' la plus
grande partie des déi)artements de la Mariu' et des
Ardennes d'aujourd'hui, sur une portion de ceux de l'Aisne
et de la Mense; il occupait même une partie de notre
(') Voir la fig. de la page 4*>-
f'-) Par exemple, sur au vase à l)oire : Dnliuts, ù noire santé ! ou
sur UH verre, cette fiu de peutaniètre : a me dulcis iimica bibe,
bois en moi, chère amie...
A propos d'inserii)tious, disous <in'()U a relevé à Reims, sur des
cachets ou des batouuets, les nouis de dix-huit oculistes, mcdecius
ou chirurgieus, ayaut ])rati(iué chez les Rèuies aux UKct i\>^ siècles.
— V. le Catalogne du Musée arc/iéologiijue, p. :ii(J.
-48-
Les routes
et la carte.
j)r()vincc de Luxcin bourg ('j. Les Kènies avaient ainsi gagné
vers le Nord-Est, les terres plus fertiles du Luxembourg
wallon.
Les portes do l'Ardenne étaient ici ouvertes, la pénétra-
tion s'opéra inmiédiatement.
Ainsi, sur les confins de la grande forêt, de trois villes
devenues romaines, partent les émissaires de tout ordre
qui changent la face des choses, et président à l'occupa-
tion de la cam])agne, des hauteurs et des bois.
L'histoire de l'Ardenne commence de s'éclairer par les
bords.
>
A quel degré la culture romaine parvint-eHe chez nous,
c'est ce que la valeur du malériel nrclK'ologique surtout
peut faire apxn-éciei-.
('} NAl'OIi;()N III, Vie de Jules Césiir, II, p. -jV,.
<-) Fragment conservé de la Ijorne routière <Ie Tougres.
— 4Î) —
S(''pu](ur('s, xilhi'^, stations, tort ilicat ions, siibsti'iictioiis
(livci'scs, autels, oITicincs, incniis ()l)jets de toute sorte,
ont lait jadis l'objet de decouvei'tes successives dans
plus de deux cents localités de notre i)ays nionta(;neux ;
celles-ci ont été i'e]>rises sur la caiie ai'chéolooiqne ('j.
Mais, depuis, que de trouvailles encoi-e ! Tandis (pie le
même travail était continué dans la pai'tie aujourd'hui alle-
mande, chez nous aussi vingt années de recherches ont
agrandi, doiiblé, le résultat des explorations ; c'est an point
(ju'en suite de l'étude des routes et vieux chemins, grâce
aux inscriptions, aux découvertes cherchées ou fortuites
d'objets intéressants, griice encore aux riches collections
des musées comme aux publications qui les coninuMitent,
notre histoire belgo-romaine a pris un corps et peut être
expliquée en détail.
A nos frontières, non loin de Sourbrodt, des gardes
forestiers découvrirent un tronçon de route romaine en
pleine fagne. Si l'on peut considérer comme ayant appar-
tenu à un ancien Chemin des Fontaines les dalles du
soi-disant Chemin des Roiualns indicpié sur un poteau
])rès la Sauvenière, en revanche le touriste peut revoir les
restes encastrés d'une vraie route romaine, à la Neuville
})rès des marais de Francorchamps : voilà doiu' là une
ancienne voie enq)ierrée. Ft c'est, pai* contre, de l'an i;)oi
seulement, (|ue date l'établissement du chemin belge d'une
demies lieue traversant la fange du Ilockay ])our aller
rencontrer un chemin du Ilohe-Veu allemand.
Dui-ant l'èi'e ronmine, mais sans que l'on connaisse bien
les tenants et aboutissants, un afflux de chemins coujjaient
et recou])aient le haut plateau déserti(jue : une \ oie, dite
Vin Munsuerisca (-', passant sous Flsenl)orn, venait du
(1) P:ir Van Drssia,, en 1S77, modifiée en iSS'j i)()ur le Liixeniboiii'f;
Ijelge par. T. R. Suîknai.ku.
(-) Cette appellation latine ])rovienl du texte dun diplôme
de Childeric. limitant en GG7 une donation faite à l'abbaye de
Malmedy-Stavelot : u de sicco cainpo per uiam mansiieriscam iibi
Warcina (la Warclie) transversal. »
Ilohe-Ven, cl se dirigcdiL in)ii loin dv noh Iroutiércs
aotuelli's, prohablcnicnt vers Eupcii, i)<)iir aller se i)erdrc
dans l'Hertoj^einvaldt. L'antique t'iieniiu de la Veequée
coupait à llockay un diverticule allant de Stavelot vers
Pei)inster et Vervicrs, et la Veequée, quittant la Man-
suerisea, i)assait au-dessus de Stouniont et se continuait
dans la Poi-allée O.
Sans doute, à i)asser de vallée en vallée par la Moselle,
la Kyll, la Warclie, le '^^"ayai, la Vesdre, on suivrait une
des voies natuixdles qui, de Trêves même, conduirait près
des hautes ra<^nes, à 'Plieux, Pepinster jusqu'à Dolliain
et de là à la Meuse, en suivant la Vesdre. Mais il eût été
long- de suivre ces méandres capi'ieieux dans un pays où
les rivières commencent par couler d'abord dans un sens
contraire à celui de leurs confluents; aussi les routes
ti'avcrsent-elles les eaux, et celles-là sont nombreuses ; les
Romains en ont établi dans tous les sens ('), et rencontrant
le plateau désertique des hautes fagnes, ils l'ont non pas
tourné, mais traversé de part en part. Trouvaient-ils une
(1) II. SciHKUMANS, Les Ihintes fugues, i88(i, i)laiK-lie V ; Via
Mansueiisca, j). (iS ; la Veequée, j). ()G ; le Puné du diable, ]>. m.
(-1 Vax Desski,, 7'(>j)OgT;ij)Jiie des noies roiuuines de la Btdgique.
Bruxelles, 1877.
V. (i.\i('iu:z, Topographie des voies romaines, clans les Annales de
lAcad. d'arcJi. de lielg., XXVIII, 3e série, t. VIII, 1882.
Von Vkitii, Die Romerstrassen Coeln-Reinis und lieims-Trier,
Bonn. Jahvb., Ilel't LXXVI, pp. i-3o. Bonn, i883.
.1. AsHAcil. Znr GcschiclUe und Kullur der rômisclien Rlieinlande.
Berlin, Weidmann, i<j02.
Ces travaux sont accompagnés de cartes Spéciales.
Les principales questions posées à loccasion de l'établissement
des voies romaines, sont tout au moins indiquées déjà dans le
Mémoire archéologique sur les anciennes chaussées romaines de la
Belgique de l'iuj^énieur Vander Rit, et le rapport de G. Roulez,
inséré au Bulletin de l Académie royale de Belgique, t. XVI, li^ ]).,
p 4'^o, l8:jO.
fondi'icrc, di's Iroiic^ d'.ii'hrf^ scies cl app.ircillc-, en sons
«ipposc pour soutenir des dalles encastrées, l'orniaient le
tablier de ce ])()id sur marais, et nialj^re tons les ohsiacles
le colTre de la voie se eonlinnait ainsi jns(praii hnt
assi<^iié.
Des oITiciers de nos voisins de TKsI, enrienx de savoir
eomnient les lîonuiins passaient (die/, nons, là on iu)ns
mêmes n'allons <;nère, ont ('tiidié le ti'acé et la conpc de
ces chemins (donnants, anx(|n(ds le paysan de ('(xpiairaj^'iie
donne le nom de Chemin dn diable ])arce (jn'il ne com-
})rend rien à cette installation en pareil endroit, ('ertaine
tradition a été conservée (jn'ils condnisaient à Rome...
Le l'ait est (|u'an bout de ce lon;^- et rol)ns(e i)av('', on ne
})()ni'rait nian(|uer de voir le S. F. Q. U., la signât nrc dn
])enple l'omain.
A telle place de ces voies ensevelies dans la tourbe
on couvertes i)ar le recroissement dn taillis, on a trouvé
des monnaies, tel Injon perdu, des l'ers ù (dieval ou à
mulet en très grand nombre, des morceaux de fer ])ro-
venant du charroi, car la voie était à telle enseigne
carrossable, (^n'on y a i)n r(de\'er doubles ornières.
Venant de Marche, de la Fanienne et des contrées
ardennaises, t(nite une suite de diverticules entrecoupés
s'étendait vers le paj^s de Bastogne, où passait une voi(^
qui coupait l'Ardenne centrale.
On peut constater la direction vers les plus grandes
voies romaines, consulaires ou prétoriennes, de tous ces
diverticules intérieurs, diversement groupés.
La certitude existant qu'entre deux établissements
h(dgo-romains, villas, stations, castels ou officines, il y a
eu certainement quel(|ue mo3'en de communication usu(dle,
il conviendrait, snr le sol dont les accidents n'ont (pie
peu changé, de reconnaître le tracé de ce (pu' dans les
campagnes on appelle encore les (( vieux cliemins ». Ils se
perdent, on les r(dronve. il faut (dier(dun' où ils se rami-
— 32 —
fient., (jur de constatations ;i mettre bout à bout, mais
aussi combien y gagnerait la topograpliie !
Il est plus sûr de revenir à la voie maîtresse de l'Ar-
deiine. celle-là qui obliquement pénétrait au cœur de la
contrée et la partageait en deux, La simi)le indication du
tracé Ci en lait comprendre rimi)ortance ; point de départ
et d'arrivée, Reims, Cologne ; et près de Bastogne elle
traversait cette région qu'on appelait, vers i83o, la
« Sibérie Belgique ».
C'est en remontant vers le Nord, le long de nos fron-
tières actuelles, qu'elle attirait à elle les diverticules des
liantes fagnes.
Cette route, au Sud de la courbe de la Semois ù Cliiny,
près d'Izel, se bifurquait et parallèlement à la Semois et
i') Vox Vicnii, clans le travail indiqua i)liis haut.
De Reims dlts la Belgique : Mou/on, Florenville, Izol (Manduan-
lunii, CliiiiN , Siixy, Assenois, Morhet, Mande (Ste-Marie, St-Etienne),
Chanii)S, I^ongchainps, Tavijj;ny, Rteiubacli, Liniorlé; Grand-Duché:
Oherhesslingeii ou Haut Bellain ; Prusse: Steinemann, Xeubriick,
St Vitli, Auicl (sources de lAmblèvei, Rulliuyen (sources de la
Wurchoi, Roclierad lau Sud du Ilolie Von ou hautes fagnes), Drei-
liorn, Jiurvenic-h, Tolbiucuiii 'Ziilpich), Klleren , Cologne. — Cf.
G. .JoTTKANi), i)oiM' la ])artie du tracé de la Meuse à Hastogne, à
l)r()])os de Manduanliiin (Moyini-Izeli, dans le Compte-rendu du
Coiig-rès iirc/i. d'Arlou de iS'()(j, il, j)]). i3(> et suivantes ; V. aussi sur
Mtinduiinlum, les Annales de l'Institut arcJi. d'Arlnn, 3(), i',)Oi. Le
tracé <le la route Reims-Cologne serait celui-ci : Reims, Mose
là la Meuse, Mou/oni : Carignan (Epnissus) ; Moyen Izel (Meduan-
tunij ; Straimont (stratae mons) ; Longlier (Long-lare, villa franque) ;
SleMarie-Chevigny (Ec/uiniacum ou relaisj ; ligne <le faite des
bassins do la Meuse et de la Moselle : liestonacuni (Bastogne) ;
liourcy; Limerlé; St-Vith (Andesina); Steinermann et Thommen
(ad tumbasj: Amel (Amblava) ; Menerica (Merzenichj ; Tolbiacum
iZiilpichj, Cologne.
S'il y a là, au milieu du i>arcours, quelque divergence en matière
d'identification, la direction générale est sensiblement la même.
à la KiilU-, .^c dii-i^ciiit ver.s Arlou (M, C'rtail la j-oiitc
iiKMiie (le Trùvc's, et su i)ônétriiti()ii dans notre laixcmboiii-y
iiicridioiial niai'(|ii(' assez. Fit iiiera ii-e primordial des Kènies
eomme (die iiidi(|ue aussi leurs relations a\'ee celte ])ai'tie
de l'Ardenne (Qu'ils aidèrent à roman iser. Tia <;ran(le voie
mettait, par Orolaiinuiu ou Arlon, Reims en communica-
tion avec Trêves suivant un tracé (jui n'a (|ue ])eu (diang-é(-).
D'autre i)art, la grand'route de Lyon au Kliin passait
vers le Nord au-dessus de la vallée de la Moselle : elle
valut à la ville de Trêves, ainsi qu'à toute la contrée, un
surcroît de transit et une prospérité dont bénéficia TAr-
<lenne du Sud.
Celle-ci l'ut ouverte par une autre percée encore, conti-
nuée directement de Trêves jusqu'à Cologne, et elle valut
à une partie de l'Eifel, à l'Ardenne centrale aujourd'hui
allemande, l'établissement de bourgades liistoricpies en
l)lus grand nombi-e qu'ailleurs: Beda ou Bitbourg, Ansava-
Budeslieim, ii^''o/-/g-/«m-.Titnckeratli, Marcomogn.'i, vicu^
Siipenorum, Tolbiacjuii.
Dans la partie aujoui-d'liui Ixdge, une voie verticale
également relia Tongres à Arlon : c'est celle-là <jui, avant
d'emprunter le passage d'Ombret sur la Meuse, traversait
le Condroz, où elle s'appelle la Verte Chaussée t^), recon-
naissable au renflement continu du sol et à la nature du
gazon. On ne pouvait manquer de reti-ouver directement
l'eliées les deux villes les plus anciennes du ])ays, Adiuiiiica
TuRo-roriim et Orolaunum.
<\i Izel, Pin, .lamoigiie, Bellcfoiitaiiie, Elallc, Vaiiee, Stockcin,
Ai'Ioii. — Le tracé est indiciué jiar la i)liii>arl des cart()gi'a]ili('S
internatioiiaii.v.
i-j V. plus loin, Grand-Di ciu':.
P) Cf. V. Gacchicz, ouv. cité, XIII, p 218. — En i)ays lié<,'eois, la
route passait ])ar Odeur, Kemexhe, Monialle, Noville, Horion. Saint-
Georges. Jeliay, Flône, Umbret, Ontrelouxhe, Strée lez-IIuy, Rame-
lot, Torwagne, Clavier.
— n4 —
Tout le niasjsif roreslicr ('lait lraver^«é par des diverli-
cuU's et eiu'adré par de grandes voies l'eliaiit les eités
])rineipales (jiii y répandirent la eivilisation. Mais, tandis
qn'aueune voie ne suivait la Meuse, toutes, visiblement,
aboutissaient au Rhin, bordé lui-même de routes militaires.
Tîeims, Trêves, Mayenee, Bonn, Cologne, Tongres, étaient
en relations eonstantes : la preuve nous en est notamment
fournie par une inscription retrouvée en Afrique. Il y est
parlé d'un Maître des véhicules pour la Belgi ne et les
deux GeriuRiiies ('). Il y avait donc un senl et même Maître
des Postes pour tout l'enscnuble du pays dont nous venons
de reelierelier l'itinéraire officiel.
(iuant aux véhicules, les Romains adoptèrent ceux des
Gaulois, le petorritum des Celtes, découvert et servant au
transport des personnes de la classe inférieure ; et la
rlieda, sorte de charà-bancs à quatre roues, couvert et
plus commode. On nsait aussi du cisium, petit cabriolet
rai)ide à deux places et tiré par deux ou trois chevaux.
Il est mentionné par Ausone (~) et il figure sur le monument
d'Igel.
On sait que des entreprises privées utilisaient aussi les
routes, que celles-ci étaient surveillées et les i)assages
gardés.
Tacite, il est vrai, })arle qu(dque part '^j de désorts
belges, d'espaces sans chemins, mais il s'agit là de bois
isolés comme il en est encore, et vers le milieu du ii*^ siècle
le réseau des chemins était loin d'être complet ; de plus,
l'écrivain habitait une ville où, d'une borne milliaire dorée,
])ar(aicnt ({uinze ou seize voies consulaires.
Ausone aussi, qui commence son voyage de la Moselle
par la traversée du Ifunsruek, passe, dit-il, i)ar des bois
(') ... iinicffecliisj {ix'JticiiJlovniii jier Bfeli^iciiiiiJ et diins (Seniinitins.
— WesldeiilscJie Zeilsc/iri/'l, iSS'j, Korrespnndeiizblutt, \^.ij\.
{■) Ej>., YIII, (i.
['■^) Ilist , IV, ;<); u aviu lielgariiin. »
— 3b —
sans cliL'uiiiis (■( où il ne voit anciiii xcstigc de civilisiition
Iminainc ('). Cela n'cin])èclie [)as le ])()ètc d'arriver très
coiiiniodéiuciit à Trêves pour offrir à riuiqu'i-eiir les vcxmix
{\u Sénat l'oniain à l'oeeasion du nouxcl au ; eu effet, il
suivait une très bonne et large voie, e( uu'iue ou la l'eli-oiixc
sur la carte dite de Peutinger (-).
Des constatations ]'ei)orté(^s sur la eai'(e, il résulte (juc
la population belgo-roniaine la ])lus dense était au Noi'd
et an Sud de la grande voie militaire qui partait de
Cologne, passait par îe Pons Mosae ou Maestrieht, et
traversait du Nord-Est au Sud-Ouest tout le centre de
la Belgique actuelle (llesbaye, Brabant, llainaut) jus({ue
Bavay.
Ainsi, le trafic entre Tongres et Cologne se fit au îsord
du pays montueux : la voie qui empruntait davantage les
l)laines, attira la population vers Juliers ou Julinciun,
Cor/oya//»/7j-Fauquem()nt, le Passage de Meuse, et Tongres,
ce qui retarda la romanisation du pays aujourd'hui lié-
geois.
Au Sud de la Meuse, la partie la i)lus peu})lée- était le
C(uulroz. Vient ensuite le Fonds de Famenne, puis l'Ar-
denne proprement dite aujourd'hui, occupée spécialement
sur la ligne Marche W, Nassogne, Bastogne; le nombre des
établissements relativement rares dans les parties ingrates,
se relève dans les plaines luxembourgeoises situées au
Xord et au Sud d'Arlon. La densité du peuplement belgo-
romain correspond à la qualité des terres occupées.
Les taches vides sont aux hautes fagnes, sur le terri-
toire qui s'étend au Xord de Houffalize et La Iloclu; vers
Francorchamps , comme aussi au Xord et à l' Fst de
Bouillon. On les retrouve encore aujourd'hui ; l'isolement
a écarté de ces contrées même les l'ccherches, nuxis sans
doute là aussi les fouilles accidentelles ou continuées,
(') Mosella, Y, 5-G.
(-) IbiiL. édit. de IIosuts. Mai'bury, iS;)^, p. 2j eu note.
{^) Nous rei)roduisous le Vase de Marclie (eollect. Frésai't).
- 5G -
cnricliiroiiL-qllcb Ja slalisliquc connue. En tous cas, le
territoire en entiei* lut accessible, et, la où il ne fut i)as
ha])i(('', ex])l()ité suivant sa nature.
Vers les grandes voies, des diverticules étaient dirigés,
perpendiculaires ou obliques, et des sentiers se ramifiaient,
7'eliant les sièges d'exploitation rurale ou autres. Ceux-ci,
dans l'Ardcnne occidentale, n'étaient généralement que des
établissements personnels, devenus pour nous anonymes,
et dont la i)résence n'est plus indiquée que i)ar le sous-sol.
Le nombre de-; endroits habités pendant la longue
période iKdgo-iomainc dans l'Entre-Meuse et Rliin, est tel
(pi'à inemière vue la carte de l'Ardenne d'alors ne différe-
rait guèic d'une de nos cartes ordinaires; jnais cette carte
même ne doit pas faire illusion. Non loin de quelque
établissement important — une villa capable de se suffire
à elle-même en pleine campagne — il y en avait de petits,
telle installation était rudimentaire ; on relève des tessons,
on sigimle un puits, nn cimetière, voire même une simple
tombe... lia tonte-puissance du temps a détruit, effacé
même le souvenir de tant de choses ! Aujourd'hui, le nom
d'une do nos communes remplace un sim])le lieu -dit où
s'est faite la trouvaille ; là où il y avait un seul point
occupé, s'étend quelque gros village. Celui-ci, par conti'e,
a ntilisé des restes anciens, cause première d'une attrac-
tion iuitur(?lle. Mais, tout l'indique, la po])ulation était,
dans l'anticpiité, i)lus rare, l'économie rurale ne disposant
])as (h'S moyens qu'elle a aujourd'hui à sa disposition.
Les Tongres. Aux ])cuples vaincus, ou admis dans les frontières de
renq)ire, Ivome im])osait généralement le tril)ut, le service
militaire toujours ('). Les (Jaules, coiunn» d'ailleurs toutes
(') Bl.ocii, oiiv. cité, p. (;.'). — Cf. .T. E G. Roli,E/, Du coiiting-ent
fourni par les peuples de lu Belgique aux arnijes de l'empire romain,
dans les Mémoires de l'Acudémie royale de Jjelgitjue, 1. XXVII, iS')3,
i>") pp. Ce i»remier travail, «lejà ancien, jn-csente tout au moins
un i)i'ogranune de reclierclies, eifectuées anjourd'liui, y race à
]"êi)igrapliie. Voy. Ciciiouiis.dans Paltv-Wissowa, s. v. idaet colwrs.
- D- —
les pr()\inetNS iini)L'riiik'«, l'ouniiic-iit un n()uil)i-(- d'iiuxi-
liaires considéi\il)k'. Ces corps portent généraleiuent le
nom de la peuplade d'origine. I^a durée de service était
longue, mais le recrutement était lent. Encore (primposéc
globalement, la c()nserii)tion n'allait pas sans avantages
pour les pauvres, qui devenaient à la l'in, citoyens et petits
propriétaires. Les diplômes militaires en l'ont loi, la
collation du droit de cité était collective, légitimait les
unions contractées et en même temps les enfants; on })eut
dire ainsi que l'armée contril)ua à la i-omanisation de
nos provinces tout autant que l'administration civile.
Les inscriptions et les textes permettent de dénombrer
la plupart des corps levés en Belgique et les deux (ier-
jnanies; les effectifs belges se montaient à environ dix
mille hommes. Les Tongres, notamment, fournissaient
une aile ou escadron avec deux cohortes ; les Ubiens, une
cohorte, soit environ 5oo hommes. Les Trévires, malgré
l'importance de leur nation, ne fournirent plus, à certaine
époque, qu'une aile de cavalerie. Leurs effectifs auront
été dissous après la révolte de Civilis, en l'an 70: A'espa-
sien licencia les corps les plus compromis, Eataves et
Trévires, et déplaça les autres en leur faisant perdre
momentanément leui- caractère local ou sédentaire. La
grande foi'tune de Trêves, au dernier siècle, fit changer
sans doute la constitution militaire de la province. D'autre
part, on trouve, avec deux cohortes de Germains, une
cohorte de Belges, ainsi dite en général, levée dans
l'ensemble de la nation et composée, croyons-nous, de
soldats dépouillés avec intention, de toute importance
ethnique, de ceux dont Konie répudiait le nom qu'elle ne
voulait pas laisser subsister, soit en suite de vieilles
rancunes, soit à cause de leur peu d'importance numé-
rique. Là on retrouverait sans doute les descendants de
nos petites peuplades de l'Ardenne du Nord, ou à jxmi i)rès
exterminées, ou bien aussi éliminées par le nom des
Tongres.
D'uiK' Cohorte. Prciuicrc de Belles, on a de béliers
inscriptions votives dont denx proviennent de Narona
en Dalmatie. Il paraît clair que si le corps avait le n" i,
un corps de même origine a dû i:)orter le n" 2. Mais son
existence, que nous sacliions, n'est pas autrement établie.
D'autre part, dans les mêmes régions lointaines, le
camp romain d'Also-Ilosva était défendu notamment par
des soldats Tongres, et l'on retrouve la mention de leurs
coi"i)s sur des monunnnits de provenances diverses, dans
de nombreuses inscriptions (') d'autant plus intéressantes
qu'elles renouvellent l'histoire de la i)rovince Belgique
comme de la Basse-Germanie.
En ce qui concerne l'ancien sol éburon, cette histoire se
l)oursuit sous le couvei't du nom des Tongres, peuplade
germanique H immigrée, qui se substitue du consentement
de Rome, aux fidèles d'Ambiorix. Ils prirent comme siège
l^rincipal Adiiatiica, l'ancien camp des lieutenants de
César, Adnniiica TiingToriiin.
La civilisation des Tongres est dès lors purement
romaine; tout le montre : et leur ville, encore entourée
vers le Nord de murs romains comme aussi de travaux
analogues à ceux du Limes (''); et le sol, riche inine d'an-
tiques, et finalement leurs annales militaires mêmes.
Soldats de Home comme les Bataves, les Tongres durent
à leurs services une notoriété particulière ; leur influence
s'accrut dans le Sud de la Basse-Germanie au point qu'ils
accaparèrent le patronage exercé par les l'révires sur
('j C.I.L., III. i23(ii; i4.>i4; i5ii3; XIII,7o33, et VI, 32(5i>'!, liync-S.
— Parmi les troupes auxiliaires non spécil'iées, il se rencontre
encore nombre de soldats de nalionalité tongroise, Tanger ou
dois Tuiiifcr.
{-) Zkuss. Die Dcnlsrhen. p. ii^.
(^j Dans le 1er fascicule du tome XIX du IhiUelin tle lu Société
scienlipqiie et lillérnirc <hi Liiulioiirg- de lOoi, se trouve une carte
arcliéolof;i(pu' de Tonj^res et (jes environs, dressée par Fr. IIuv-
nniciiTS.
— 59 —
les aiu'ii'unos ix'iiphnlcs de l'A rilciinc : les CondriisosC)
combattent dans les rangs de leurs cohortes, comme
encore tel autre />a^>"H.s ou canton (-), et les Kliètes (-'i.
Cependant, au contraire des Bataves du Nord, c'est
dans les provinces étrangères (qu'ils servent liouic. On
retrouve leur cavalerie, Vula prima Tangroriini Froii-
1ii}i!ina en Dacie ('), sur les bords du Danube et de la
'JMieiss; une ala Tiingroriim sert en Bretagne (■'), où on les
voit élever et garder le mur d'Hadi'ien comme celui d'An-
tonin ('^), protégeant le pays contre les incursions des
montagnards de la Calédonie. Leurs cohortes première
et deuxième sont cantonnées dans les castra statiua (jui
défendent la barrière romaine allant d'une mer à l'autre.
Les postes ou stations, 17 pour le Valliim d'Hadrien,
10 pour celui d'Antonin, étaient placés derrière fossé et
rejet, en avant du mur garni de tours. Leurs soldats
avaient auparavant servi à l'armée de Germanie (").
Les Tongres, en Bretagne encore, constituent des corps
mixtes de cavalerie et de fantassins, à l'effectif de mille
hommes '^).
Xon seulement ils servent dans la cavalerie ou l'inl'an-
terie auxiliaire, mais ils entrent dans les corps spéciaux,
dans la garde prétorienne à Rome, ou parmi les cavaliers
particuliers, gardes de l'empereur ; au iv^ siècle, ils appa-
raissent sous un nom marquant par sa désinence le groupe-
(ij c. I. L., VII, iif'io-.a.
("-) Ibitl., 1072.
(3; Ibid., 10G8.
( 'j « / Tniig. Front, exercilns D.icici «, V. 40. Xolic Dign occ.
(^) C. I. L., VII, n°* 941. '<^90-
(6) c. I. L., VII, Vulliim Ifndriniii, p. <)î) ; Valliiiu PU, p. i<)i-
("; TACriE, ///.s/., II, 14, lii-
(*j Tniigrorum milliarLi eqnitata chùnin lalinoviuu. — H Tungro-
rum Gordinna milliarin ecjnitala civinni'hitlnornm. C. I. L , N II.
- G') -
nient »''tendu, Tiingricaiii milites i') ; il y a des Tiingricani
jiiniores, des recrues, et des vétérans, Tiingricani se-
niorcH (-); ceux-ei sont dans les rangs des légions palatines
ou du palais.
Le nom des soldats Tongres est tracé sur un grand
nombre de monuments votils on funéraires ; leurs qualifi-
cations ont un caractère i)crsonnel, la reclierclie en est
d'autant plus intéressante.
L'existence d'un Ainiciiis Ingénu us, infirmier spéciale-
ment attaché à la cohorle 1"^ des Tougres est constatée
sur un monument funéraire '■'] retrouvé à l'étranger comme
les suivants, dans la Grande Bretagne. Ses compngnons
d'armes lui donnent le titre de medicus, qu'on ne peut
traduire i)ar médecin dans le sens moderne du mot : c'était
un simi)le iufii-micr, un soldat gratifié parfois de la
double solde l'), non combattant, soignant empiriquement
les blessés tombés sur le eluinip du combat, ou les malades
amenés au valelndinnrinin, à l'infirmeiùe du camp. D'autre
part, nombre de trousses chirurgicales se rencontrent dans
nos musées : qucl([ues fins ustensiles pour curer, percer ou
recoudre, avec une petite t:iblette de pierre très lisse pour
étendre et malaxer les onguents.
Telles inscrii)tions nous font connaître deux premiers
soldats, gratifiés l'un d'une double solde, duplienrius ,
l'autre d'une solde et demie, sesqniplarinsi'' -, nous ne disons
Cj Am. Marc, :>(», G, ii>.
(■-) Xolic. Dign. occ, ô, 5, 14S.
(•') C. I. Ïj., \u. (!<)I : I). M. Anii'rio Insfeiuio inedlc. ord. coll. I
Tung. Vi.\(itj lui(iios) xxv. — De Ilousesteads ou Borcoviciiim, le
<Se poste (lu niilliini, (Voyi provienueut un ^rand nombre dinseriplions
intéressant la i^c cohorle des Tongres. (C. I. Ij., à i)arlir du n" Ooi )
(■') « Medicus dtijiliciiriii.<t ». C. I. L., vu, ii44
('') C. I L., io()(). Ilcrriili M;)!,'-tisnii(()J snrruni. Vnl(criiis) Xig-riiuis
diiplifcariiisj idtip Tung-roriun. —MnimH'iUs. — / (). Af. Âtireliiis Vitel-
li.'iniis sesfjnijtliirius ftrn se et sorovc sua n, s. 1. — C. I. L., III, 7J)i.
- Gi —
pas ration, les soldats étant payés en argent. C'étaient là
des avantages fort appréciés, et que ceux-là avaient obtenus
par leur courage.
Certains renseignements sont d'un caractèrt; plus dra-
matique. Dans V Histoire Aii^nslc, on cite un Tongre,
Tansiiis, de la garde prétorienne, assassin de l'enipereui'
Perlinax ('). Un monument l'unéraire nous présente en
M. Ulpiiis Félix (-), un gladiateur Tongre, un Mirniillo,
c'est à dire un de ceux là qui ])ortaient sui- la crête du
casque un poisson l)rillant ; il l'iguraiL la proie, son adver-
saire le pécheur, et celui-ci, armé d'un filet, cliercliait à
envelopper l'iiomme-poisson pour l'égorger.
L'inscription porte que ce Tongre de nation était mort
à l'âge de 45 ans et qu'il avait alors la qualité de gladiateur
vétéran ou émérite. 11 avait éclKq)pé au filet.
Une question générale s'y mêlant, nous ne pouvons
manquer ici d'en venir aux noms latinisés ou latins, que
comme les autres, portent les soldats tongres mentionnés
dans leurs propres inscriptions.
Tel n'est désigné que par son nom barbaïc aucpiel il
ajoute simplement la désinence latine : ainsi de Gamidia-
nus, trésorier, vouant en Bretagne (Bincliester), un petit
monument à une déité de son paj^s, à Hariinella ';'i.
Tel autre porte deux noms barbares aussi, le sien et
celui de sou père, latinisés seulement par la désinence.
11 s'agit du Tongre Freioverus, dont le nom indi(pie la
I ') .Tli.iis Caimtolinus, in Perlin , XI : « Cnm Tansius quidam, iiiiits
c Tiingris, in iram et tiinoreni inililes loqnendo addnxissct, Iiaatani
in pectus Pcrtinacis objecit. »
('-) Dis Manibus M. ['lj)i(ij Ftdicis iMirniillonis vcterani vixil an.
XXXV natione Tanger i'ipia Synlyc/tc liberla conjugi sno dulcissimo
bfnemercnti et Justns filins fecerttnt — C. I. L. VI. 10177.
(•') C. I. L., VII, Tof)5. Deae [farimellae sarrnni. Gamidianns arc aritis)
V. s. l. m.
62
(qualité lU' libre et de t^oldat, qui e-er\ait sur le Tiliin coniine
cavalier et était fils de Veransalus, uu nom de môiue genre;
il est présenté comme citoyen Tongve (''.
Une inscription déterrée en i83i entre Xanten {Veteva
castra) et Clèves, nous fait assister à l'introdaction du
nouvel état-civil dans une famille indigène. Elle est gravée
sur le monument funéraire d'un jeune cavalier de 27 ans,
servant de planton, d'estafette au général, de ceux qii'on
appelait statorcs parce qu'ils se tenaient à proximité,
attendant des ordres ou tenant le cheval d'armes. Il est
régulièrement pourvu du i)rénom, du nom gentilice et du
surnom, tandis que sur la même pierre son père garde
son nom unique et barbare d'Adar '"-\ qu'on pourrait
rapprocher d'.4 rdiienna.
Lors de la naturalisation, on prenait les trois noms
romains, généralement le prénom et le nom de famille
(en iiis) de celui à qui on devait directement la faveur de
la cité, ou bien qui était intervenu pour la procurer; l'an-
cien nom devenait d'ordinaire le surnom ou cognonien.
De là, dans les 2)rovinces, tant de noms de famille qui
ne sont autres que ceux de la gens même de l'empereur
régnant, les .Tulins, Claudius, Flavius, Aelins et autres.
Les petites gens prenaient souvent un nom gentilice de
leur choix, ou bien encore pour s'en faire un, ajoutaient
à leur nom barbare la désinence ius. Certaines inscriptions
ne portent que deux noms ; et encore, l'emploi du gentilice
et du surnom paraît interverti on négligé : c'est le cas
l)our une suite de noms de soldats belges (^) — ces noms
{^) Freionerns Veraiisati f. eûtes Tting-(er) eq(iies) ex euh. I Astuv(um)
an(noriiin) XL sllpfendiovum) XXII li(ic) s(Uns) e(st). — BRA^niACH,
C. I. II., n" iu:]i.
{-) C Inlio Adari ffilio) Primo Trenern cq(nUi) Alae Xovic(ae)
statori an. XX Vil stij,. VII... Ibid., ii" 1S7.
(^) Colinr.t I lidiiiir.iin .Sejiliiuia Ahwandriana. Ibid., nr> io3o.
— 63 -
sont assez rares eaiiloniK's à Maycnee cl éle\;iiit un
inoniniienl — aiijourdMuii dégradé — en l'honnenr dn gi-nic
de la maison impériale. 11 arrivait anssi que des provin-
ciaux, simples péi'égrins, prissent d'eux-mêmes des noms
lat'us ; nécessité, ignoi-anee ou abus, les irrc'gulai-ilés ne
purent mancpier de se ])i'()dnii'e aux iVontières de l'eni-
piro, surtout vers la fin. Toujours est-il (]ue, très tôt,
l'état-civil du pays l'ut elumgé et 1(^ nouvel ordre de choses
subsista jusqu'aux modifications subies i)ar la langue et
le culte, après les invasions fran([nes.
Eu vertu d'une loi , l'empereur conférait à l'occasion ,
avec certains avantages, la nationalité romaine à tous les
vétérans d'un corps de lrou])es. On connaît un très grand
nombre de ces diplômes de congé honorable, sur feuilles
de bi'onze. A Flémalle près de Tjiége, il a été retiré
des eaux de la Meuse un diplôme de ce genre ('), lacéié et
perdu sans doute au passage du fleuve en vue de la route
d'Ombret, par des pillards de Germanie qui l'avaient volé
à quelque vétéran tongre. Le document est encore un de
ces exemplaires certifiés authentiques qu'on remettait à
chaque congédié, indicpiant le corps, le chef du coi'])s, le
(1) C. I. L., III, ]). i()li'.). Siii.i)k'in. ;{, n" XXIX et XIII, ;5(;o(;. La
])ièce est déposée dans les eoUeclions du iimsc'e arcliéologiinie lié-
geois Elle dit sur l'une et l'autre iaee :
\fnip. Caesar, (Uni Xe^rnne f, \ernii Tniinnus [Atigiislii.s Ccr-
iuan]iciis, pontife. r ina.xiniiis , \ lril>iiiiici{i] potestnl(e) cn(n)s(iil) II
[eqiiilibns et pedilib]iis qui niilittint in nlis \lrilHis et coItortil>\n.s sex
quae appellantnr \Aiig-(nstaJ Prncnleian]a c(inium) R(omanornin) et
I Tnngrorum \et I IIisj)anornni Ast]nrnni : \et I Ilispanornni et ...
et r\ Fida Vardnllnrnm cfininin) R(nmanornm) \et\ .. et II Lingonum
et II Nei'ino\rum et s n ni] in Britannia .•iuh T. Avidio \Qnietn, iten)\
dimissis Iwnesta /)i/.s.s/o;ie a....\ej)ote) qui qnina et vicena /)liira\ne
^ti^pendia mernerunt quorum ;io/)i/| ;j."j| aubscripta .lunt, ip.fis liberi,^
posterisque corum c\initate]ni dédit et connubium cum u.\\oribus
qua]s tune habnis.'^ent cum \est cinita.^t eis data] ant .s/V/d/ |r.7p///)<'.s
es.sent, cum //.s' qua.'i pontes du.xissent dumta.xat singuli singula.s-].
- G4 -
nom de robtenteur et des siens, et dont l'original était
conservé sur le mont Capitolin, au Tabnlariiim même,
ou fixé à quelque monument public du lieu Ci.
Le diplôme octroyait aux vétérans, avec le congé hono-
rable, le droit de cité romaine, et ce droit était étendu à
leur femme et à leurs enfants ; le coiiniibiiini ou mariage
légal conféré à chacun et chacune au moment même,
n'avait pas un effet rétroactif, bien qu'il s'agit d'une union
antérieure : le concubinat reconnu était civilement trans-
formé. Tel est un des actes réguliers de l'état-civil romain
introduit dans nos provinces, et l'on comprend que
celles-ci, par des mesures de l'espèce, prises eu grand,
aient été rapidement peuplées de néo-i'omains.
Ils devenaient possesseurs de lots de terres prises sur
le domaine public, qu'ils oci'upaient avec femme et enfants
naturalisés. D'autres, après un long terme passé sous les
armes, demeuraient dans le pays aux mêmes conditions.
Parmi les troupes de i)ied et les corps de cavalerie cités
dans le texte de notre diplôme, on retrouve les Tongrcs,
mentionnés, ainsi qu'on voit, dans des diplômes, comme
ils le sont dans les textes et les inscriptions.
Le siège principal des Tongres était VAdnaliica Tiin-
gvoriim, appelée Tiingri dès le temps où, à la dénomina-
tion spéciale des cités, se substitua le nom même de la
nation.
Rappelons d'abord une inscription du Limbourg (Gors-
op-Leeu\v), dont la lecture a demandé de l'habileté; elle
présente la ville de Tongres comme pourvue (à la fin du
II® siècle ou dès le m*") d'une administration municipale,
(') Un (liploiiK; militaire de l'an (ij porte eclte iiientiou :
I' .■Kisrrijilinii cl rcroifiiilniii o.\ tuhiiltj ncnen quac fi.xn es/ liomne
in Cnj)ilnli() posl nedcm Jimis Optiini ii\ b.-tfti (J. Marei Repris ». —
C. I. L., III, 2, p. Hi(],
— G5 -
piiisc^u'iin Cuiua Gruccilciiis Similis l'j, est donné coinnic
édile de ki cité.
Lîi portée de e(!tte insei-iplion es( coiToboice par mie
autre ("-) où un T. Aurélins Flaviuus est désigne eoinnie
huleiiia, ou decurio de la eité de 'i\)n<;i-es, à l'époque qui
suivit la mort de Caraealla (218). Il s'agit doue là d'iiu
membre de la Ciirin ou C'onseil de la cité, eomuu^ il le fut
de deux autres villes étraugères ; c'était un soldat de
fortune, un centurion primipilaire enrichi par d<^.s primes
militaires et encore en activité de service, cpialifié de
})atrou de la corporation des artisans; il avait sans donte
des connaissances techniques particulières.
Ce n'est pas trop s'avancer que de sui)poser dans
Tong-res, ville organisée municipalement, l'existence d'un
flamen Augiisii, présidant au culte des empereurs, puis(jue
suivant la connexité ordinaire des charges, l'Eglise en
s'organisant, y établit au iv'' siège, un siège épiscopal.
Le sol de la ville même a fourni à l'épigraphie diverses
inscriptions '^), dont deux d'ordre civil ; l'une (^) votive, à
la Fortune, est incomplète : l'autre i '), funéraire, cite des
noms intéressants, une Velmada, éjjouse de Xcpns, un
Gang'iisso, son père.
(') C. Graecileiiis Siini\l\i[.s] aeJilfis) cfinilnti.sj 'lYiiiigroriiiii) sibi
[f']i'[cit]el Qtiinlo liber\to] Amhix et Qiiintu\s\. .— C. I. L. XIII, Tx.,;). —
Cf. Z.wiir.MKiSTKR, Boniier Julirb., t LXXXI, p. 8j Liiiscriptioii est
antérieure à Dioclétien.
(-) T(ito) Aurelin T(Hi) /'(ilio) Pu}tir(iu tribu) Fltinino, ju-inii-
pilari et ])riiicij)i ordiiiis... et buleutiie civitntiii\m\... 'J'iiiiifrnrii\i]i]...
])atroii[o] collegi(i) fiibr(unt)... — .). P. WAi.rziNC, Musée lielffe, t. V,
if)Oi, ])p. G2 et suiv., dans son i'"' supplément, ]>. i , à VFAude Iiistoii(jiie
sur les corporations professionnelles des Romains.
(■') C. I. L., t. XIII (en i)rc])arati()n), Aduatuca, nos :l")()i-3r)(j8.
'■') Fortunae A]>rionius Junius, v. l. s. — Ibid.. 35<)r.
f^) I). M. Nejios Silviui fil. sibi et Velmudac Gangussonis fil. u.vori
obilae v. f. — Ibiil , 35(j5.
— 6G —
Nous ne nous arrêterons pas à diseuter iei la question
de savoii" où plueer cette source remarquable dont parle
Pline dans son Histoire naturelle '') : est-ce la fontaine
dite de Pline à Tongres, ou celle de Spa ? Le mot employé,
ciuitns, peut également signifier la cité de Tongres ou
l'Etat des Tongres, lequel, finalement, s'est étendu dans
les Ardennes jusqu'aux limites des Trévires.
Déjà AducitiicH avait fourni à l'épigrapliie le texte
d'un monument votif où un centurion de la iii'^ légion
oifre à la Déesse locale Viliansa son bouclier et sa lance (-);
une nouvelle découverte vient de faire connaître un monu-
ment, YOtif encore, élevé à Volcanus l^) par les citoyens
lomains de la centurie de A'aleutinus de la troupe des
Gésates, une milice locale de la Germanie, infanterie légère,
armée de javelots ali)ins, et cantonnée ici du ii'' au m®
siècle ; le socle a dû être trouvé à l'origine sur l'emplace-
ment même de la statio, du poste.
lia statistique d'Ammien Marcellin (SSS-Sgo) décrivant
les provinces de la Gaule, vient en aide aux reclierclies,
et les termes méritent d'être rappelés où il parle de la
])rovince de Basse -Germanie pourvue de deux cités
>j;randes et riches, Colog-ne et Tongres l^j.
L'histoire de l'une des deux cités éclaire celle de l'autre;
(Ij Pl,iNK, S. IL, \\i, ii> ; « Tnngri ciinlas Gulliae fonlem Iiabet
iiisi<fnein. »
r-; M/iansae Q. Cafliis Libo Xepos centnrio leg. III Cyrcnaicne
sculiini et Innci'iini d. d. — C. I. L. XUI, item, 11° 3,j<)U.
(3) 'iV\olk\niio sfacriiinj] fines RoiiifiiniJ cent. [ J^;<|/('/j///(|/| n(nineri)
(Itie.siitDrfiuiiJ bfiisentj j)(osueritiilJ ; C. I. L., ii» 'i');)!}, où a été re])rise la
lecture proix^sée par M. .1. P. Wai/izinc;, Bnllelin de l'Acad. roy. de
liidifiijiie, -. Kjoi; Musée belge, t. VI, p, ()(j.
Cj M Secuiida Gevinnnia, Agrippuia et Tungris miinita cioitalibiis
amplis et copiosis. » 1. XV, xi, 7. — IIvcuxis, Gromatici, ]>. 123 ;
<f in Gernianiu in Tnnzris. w
- ^7 -
et Tongi'cs dut non sa foiKlatioii, mais sou iiiiporlauce à
Cologne, ville roiuaiue.
Celle-ei ('), sur le Rliiu, se présentait sous la l'orme d'au
carré d'un kilomètre^ de eoté envii'ou, ai)i)uyé au fleuve et
relié par un ])ont de bois au Castelliiin de la i-ixc di-oife,
Diuilio, aujourd'hui Deutz. C'était comme une; autre Romu
qnadrata, entourée d'une enceinte de murs et bastions, et
cet ensendjle d'environ (piatre-vingt dix hectares de sur-
face avait englobé l'ancien camp, dont les traces dispa-
rurent; mais les vétérans restèrent, en même tejups (pie
la population ubienne, bientôt gratifiée du droit itali([ue.
Tout avait été approprié suivant les md'urs romaines,
car venant de Hermiihleim, le long du Diiffesbaeh, un
aqueduc y amenait les eaux fraîches de l'Ardcnne.
De ce centre nouveau partait l'impulsion gouvernemen-
tale, civile ou militaire, du légat consulaire, i)uissant
Statthalter romain; là se tenait aussi l'assemblée provin-
ciale provoquée par la célébration du culte de Rome et du
(!ésar Auguste, près de V Ava Ubioviim, l'xVutel des Ubiens.
Celui-ci créa un organisme administratif nouveau, un
Landtag, en la session annuelle des délégués des Etats (-;;
ils réglaient, au jour de l'hommage, les affaires du culte,
temi:)le, autel, et i)rétre officiant ; votaient l'adresse de
remercîments, l'érection de tel monument honorificjue, au
besoin même on en appelait à l'empereur. Rome renoneant
à créer une province de Germanie avec l'Elbe pour fi'on-
tière, l'importance de l'Autel Ubien se fit surtout sentir
dans la cis-Rhénanie, au Xord et à l'Ouest, et l'Autel
subsista jusqu'à l'entrée des Francs,
Les Tongres avec leur ville, comme les Gugernes
(Xanten), les Bataves, les Ubiens et le Vorland traus-
rhénau , firent partie d'une province^ administrée i)ar
(1) J. AsBACil, op. cit., j). 27, Das rùmische Kuln.
("-) GuiRAUD, Assemblées provinciales, Paris 18S7, j). 2120.
— G8 —
(\)l()«^nc iiH'lropolc et asseye vaste pour ciller, un teJiips de
sa i)liis grande extension, da Rhin à la Meuse, aux embou-
chures mêmes de l'Eseaut sur la mer du Nord, jusqu'aux
limites des Ti-évires finalement. C'était la Germanie-
Intéi-ieure.
Deux légions avaient eami)é près de VAra jusqu'en
l'an 4'^î i^iie nottille, comme à Aneône ou Misène, s'y
tenait à l'ancre (') et l'on s'étonnera moins dès lors s'il se
rencontre des citoyens Tongres associés à des matelots au
service de l'empire dans la Kasse-Germanie, à Vechten (-).
Tongres, comme Cologne en particulier, pour les Ubiens,
était le chef-lieu d'une ciuitas ou Etat, celui des Tongres
mêmes, gardant ainsi un caractère national. Elle était
aussi une civitas ou Cité, ayant ses propres dues ou
citoyens, et pourvoyant elle-même à ses besoins intérieurs
l)ar rintermédiaire d'une administration élue. C'était un
droit que Rome d'ailleurs laissait volontiers exercer môme
])ar des déditices provinciaux (^), mais que souvent rendait
illusoire l'intervention du légat de César. Il serait difficile
de dire dans quelle catégorie de cités, stipendiariae,
vcctigales ou autres, celle de Tongres était rangée, puis-
qu'on ne connaît pas les conditions auxquelles les TongresW
furent admis dans les limites de l'empire; en tous cas ils
ne subsistèrent pas longtemps à l'état de pérégrins, et le
noml)re des citoyens romains dut être finalement considé-
rable en suite de la facilité toujours plus grande d'ol)tenir
(h Inscription funéraire en l'honneur diin pilote, Bonner JaJirb.,
iBGG, ]). •;8, art. de .T. AsBACii.
(-) Dene \ Vir]tuh'C(l\i\ \cii)]es Tungri et naiitae \qn]i Feclione
\c]on.'iislunt v. s. l. m. — ArcJiueoI. Zeitnng, iSGç), p. 88; Musée Belge,
t. V, ]). 04. — Dkssau, Iiiscr. Int. selectae, 11° 47'>7.
t'** PAri.v, Beat. Kncyc. s. v. Provincia.
l'j <3'est i)ar erreur (jiion a cité FuoooPKà propos de leur admission;
il s"agiL là des (-hnjiyyoi, des Tiiurinf'iens et non des Tovyyooi.
— V. PliOC. De Bl'No (jothico. I, c. 12 init., Orbis partiiim descriptio.
- ^[) -
la ('ioUas roinunii, octroyrc pcrsoiiiicllcincut on cii siiilc
(ruiic uu'sui'c <;('Mi(''fale. Capitale (run Etat sccoiidaifc, la
ville (le 'l"'()Tii;res put vivre clans des eitndilions aiit renient,
libres (pi'nn bonrj;' nl)ien administré i)ar la Metiojxjle,
Jiicoinnfiiis, Jîoiuin, Xouncfiini}! ou Gcliliibn. V.Wv exei-ca
avec C()l()<;;iie une aetion l'onininne ; eoinnie eelle-ei, elle
avait ses l'einparts, et son inijxti'tanee uiilituire ('tait
grande, eai' si la métropole de la Basse-Gernuinic était
reliée àla e(;inture des forts et des eanips du llliin/l'ongres,
])ar delà Trtijectiiin et la Meuse, gardait la eonnnnnieat ion
établie i)ar la grand'route Colonin-lingncuin.
L'intervention de Cologne explique la ])ronii)te i-éfeetion
do Tongi'es, pillée par les Cluuupies, loi-s d'une invasion
dont l'effet fut temporaire.
Venant de l'I^lbe, les Chauques, eomun^ ♦l<'j:i' 1<'S Si-
eambres au temps de César, traversèrent in()i)inénn'nt
le Rhin et ravagèrent le pays jusque^ au-delà de la Meuse.
Mais ils furent repoussés par l(»s gouverncnirs de Belgi(iue
et de (îei'nuinie; le fait a])partient à nos annales, ear
M. Didiiis Sévérus .Julianus, légat de Bcdgique en 177, fit
à cette occasion ai)[)el à des milices indigènes levées à
la hâte '').
Ainsi, comme on le voit, i)eu à peu se complètent les
données qu'on peut rassembler sur notre cité germano-
romaine, ville antique dont les chroniqueurs du moyen-âge,
on s'entonrant de détails fabuleux, ont deviné l'impoi-tanco.
Tont au moins l'histoire est-elle, suivant les ressonrcos
de la latinité, esquissée des commencements à la fin,
jusqu'à ces grandes invasions «pn dévastèrent tout notre
septentrion, et dont la i)lns terri l)le fut celle des Iluns,
au V** siècle (-».
(') W. LlKIJKXAM, Forsclning-en, Bi-lgica, Did'nis Scnerns Jitlinnus,
p. 77; cf. Tacite, Annales xi, iH.
(2) Lib. Ilist. Franc, 5 : u Eo tcmpore Cliitni Rheniim transientnt,
Mellis siiccemleriinl, Treveris desfrminl, Tmigros pcri'inhtnt it^qiie
Aiirelianiun perveniimt. »
IMus i-i('ii ne subsiste debout ilu la ville aiiLi(^ue : le sous-
sol est seul resté meublé.
Là, eu effet, semblent s'être eaeliés les restes de la
civilisation romaine à Tong-res, où abondent encore des
sujets de i-enseignements pour les uns, des objets de
curiosité i)our les autres. Les collections privées sont
nombreuses et riches en bijoux, monnaies, marqu(^s de
potiers ('), vases, verres délicats, petits bronzes, fantaisies
et objets divers qui se sont trouvés souvent être des plus
rares (•),
Toutes les trouvailles témoignent une fois de plus de
l'ai't (pi'apportaient les anciens dans la confection du
mobilier destiné à la vie domesticpie, et elles démontrent
que sur ce sol de Tongres, à côté des soldats et des colons,
a vécu d'une manière constante une population de liants
officiers et de fonctionnaires importants, personnages
ayant à leur disposition tous les objets de luxe que com-
portait la vie romaine. S'il s'est rencontré un pareil
nombre d'objets précieux datant du Haut-Empire, et plus
vai'iés que ceux qui proviennent de nos villas belgo-
ronmines, c'est que dès l'abord, la cité de Tongres fut un
siège officiel i-oinain, un centre d'où pai'taient dans sept
ou huit diverses directions les voies indiquées par une
hoi-ne routièi'c devenue célèbre. Si celle-ci avait été con-
f) Relevés usir feu ZAN(ii:>u:iSTi:u, on vue de la eoiui)<)si(ioii <hi
t. XIII (lu Corjiiis Ins. lui et i)iil)liés ])ar M. lîolni, dans le supjd. <Ie
ee tome.
I-; Seul, le <lésir de ne pas \ erser dans le ^atalo^ue, nous emiièelie
de décrire, même sonnnairenient, le rudie cabinet d anti(|uilés
formé \niv M. IIuyl)richts, un grand trouveur, ou eclui de Miit" \'i'
Chrisiiaens, ])res(ju(' aussi iin]>i)rlant. Les objets ont <l'ailleurs été
mentionnés au fur et ù mesure dans le linlh-lin de lu Société
scientifhjne el lilléruire du Limhoiir^-.
scrs'cc iiihu'tc, elle cûl consliliic poiii- nous le (lociiiiiciil
le plus important sm- la <;('o<;i-aplii(' du Nord «le la (Jaiilc '').
La Meuse, l'ivièi-e intérieure;, négligée ])ar les Romains La Meuse.
qui gardaient le Kliin, n'eut cVabord de rôle strutégicpie
important qu'au Nord, là où les deux fleuves se raj)-
l)r<)client et se eonfondent ; ])lus lard st'ulement, h; Rliin
même se trouvant menaeé, on songea à utiliser la l)arrière
de la Meuse.
C'est un fait aequis que les matelots romains, ees soldats
de marine des légions, eonstruisaient sur le rivage des
établissements fixes, et les sigles [-) ou inseriptions abré-
gées (ju'ils ont marqués sur les tuiles qu'ils fabriquaient,
donnent à connaître le corps : c'est ici la flotte de la
(Jermanie-Inférieure, dont on retrouve l'indication à Co-
logne, sur la Roer, à Weisweiler, sui- la Meuse, on sur
les bords de la mer du Xord à l'emboucbure <lu Vienx-
Tlliin, à Katwyck comme à Voorburg. La flottille pouvait
suivre le cours de la Meuse, pénétrer dans les sinuosités
de l'Ile des Bataves, remonter l'Escaut et le Tluppel,
occuper l'embouchure de l'Ems, affronter le courant du
Rliin. Cette force maritime eut son histoire, assez ])eu
connue aujourd'hui, si ce n'est grâce à Tacite f'>, du temps
de Drusus, de Germanicus et de Cérialis ; de [)lus, les
f'i Le fragment conservé, ci-dessus reproduit, nous fait connaili'e,
mesuré en lieues gauloises {leng'a, de ijoo ])as), un itinéraii-e à
grandes distances, ])ar trois voies anlicpies, soit de Casse! (A cnslcll»)
vers le Midi, Arras, Bavai ..; de Reims i)ai" Boisson, lOise, Ko\e.
Amiens, à Boulogne; de Cologne, le long <lu Uliin, à Slraslxnu-g
et Bàle. V. le Culnlogue des inoiiiiiin'nls lujuduires du Miisce de
Bruxelles, \)i\r F. CuMOXT, n" tio, j). 3i.
(•2) Sigle dune tuile romaine trouvée à Rumpst sur le Rui)pi'l
f))rovince d'Anvers) : Cilassis) Gtermanicti) P[ia} F^idelis) — V. \ .w
Desski,, Bull, des Comm. roy. d'art et d'arcli., XVI, ]) itii, fig 7.
Cf. SciiuEKMANs, Ibid., xvni, j). G3 et suiv.
l'îj Annales, liv. I et II : Histoires, liv. IV et V.
- 7-2 -
inscriptions découvertes nous ont livré tel nom d'« ami-
ral» ('), de marins gradés, voire même de matelots (-). Des
nnvitlia ou clian tiers ont été reconnus à Mayence, et on
n'ignore pas même la forme de ces bateaux romains,
légers, ])lats et pr()])rcs à l'échouage, étroits de poupe et
de i)i'one, souvent à deux gouvernails, les uns couverts et
l)ortant les machines de guerre.
Le Pont (le In Menue, à Maestriclit, ne i)ut manquer
d'être l'oi-tifié, et le fleuve lui-même porta les bateaux
de César i?). Driisus disposa des stations militaires le long
de la Meuse ('). Les avantages stratégiques des i)ositions
de Huy, de Dinant, ne furent ])robablement pas négli-
gées, de même Namur, où se dévelopi)a une bourgade
belgo-romaine. Sous Julien enfin, rem])ire devant con-
centrer sa force de résistance, trois forts sont i)lacés en
droite ligne sur les plus gi-andcs hauteui's des rives de
la Meuse ('').
Quels étaient ces ti'ois <( monts sourcilleux » ainsi que
disent daus leur langue Ammianus C'j ou Ronsard, on
aimerait à les connaître.
(|u()i (pi'il en fût, la ligne de notrc^ fleuve n'eut qu'une
moindre imi)()i-tance à côté de celle du Rliin l)or(lé de
('j « liilor rijtni- Rlicni ii VitcUin jiruojinsilits ». TACrri: , llist.,
IV. r,.-).
(■-) Une liste a été <lre.s.sée ])ar feu C. Di: i..\ Rfuoi:.
(•'j t( Xuniifuliir el Mosa », comme dit le ti-adiu-leur latin de Diox
C.vssiis, X!>IV, 4-j.
i^) « l'rticsiilia nique cnslodius iibiqiie ilisjxjsiiil per Afoanin /lumen
.. .. jH-r Ilhcni quidem ripum (/iiiiujun^'-inlu .'inijiliufi ctislellu direxitn
Fl,ORUS, liv. IV, ehap. XII.
{■') « Muniiiieiilit (lia recta série supercilitu inipnsilti /lumiuis Mosae,
suboersa dudum obslinnlione burbarica repu rare cngilubat et illico
sunt instauriitii » Amnukn Maijcki.i.in, liv. XVII, ?; <).
C'j FkONTiN, Délimite, j). 40. éd. Cjloes. : (Supereilinm) « de loco
editiore, sive collis sit, sive tumiihis, sive agger qui pro agri
ter mi no sit »
routes militaires a (.l()iil)lc xoic, inriiic triple, et vers
les(|uellcs toute route s(^ dii'igeait obliquement pour pré-
senter le flanc à la «^ai'de du fleuve protégé par ])lus
de einquante castels et les camps permanents, depuis
Xanten au Limes, lequel fermait lu trouée du llliin au
Danube.
(^u'il nous suffise de l'ecenser les établissements mosans,
du Pont-de-Meuse ou Mosae TrHJectnin (Maestriclit) jus-
qu'à Mouzon (Mosae, à-Meuse) ou Mosomag'iis, autre
localité qui tire égalejneut sou nom du fleuve et du
passage.
Aucune vote ne longeait la Meuse, ne la suivait même
d'assez près; le fleuve était traversé deux fois, à longue
distance, par la route de Reims à Tongres, à Mézières
(Maceviae ou Bâtisses, actuellement le chef-lieu du dépar-
tement des Ardennes); et dans les environs de Liège, à
Ombret. Cela fait supposer autrement, certain nombre de
petits « passages d'eau » au moyen de barques. Sur les
bords de la Meuse une seule bourgade est arrivée, à
grand'peine au rang de cité, c'est Verdun (Verodiiniun,
d'ai)pellation celtique) .
Au Nord de la vallée, il senilde que rétablissement de
grandes vdllas s'arrête avec les dernières plaines ouvertes
de la Basse-Meuse, à Herstal et à Jupille, où des sièges
belgo-romains furent repris par les Carolingiens (pu
agrandirent encore leur importance.
Dans la traverse du territoire aujourd'hui liégeois, le
cours même de la Meuse restait incertain, occupant inéga-
lement la vallée d'une côte à l'antre, passant entre des
iles marécageuses que les grandes crues transformaient
encore. On retrouve aujourd'hui à Liège, rue Basse- We/
(gué) comme à l'autre côté de la vallée au Laveu (lavoir)
le même « gravier de Meuse » recouvert, comme sur la
place St-Lambert, de la même haute couche de limon de
plusieurs mètres. Tongres, à trois lieues de là dans la
— 74 —
plaine, était déjà une cité, que les hauteurs liégeoises, au
sol ingrat, schisteux et couvert de broussailles, se pré-
sentait encore aux yeux comme une avant-scène de
l'Ardcnnc ])rolondc. Si Tongres, comme on le croit, a
occupé le sol du camp de Sabinus et de Colta, c'est de ce
côlé, à travers les bois, pcr filons, (pie se sont dirigés les
fuyards roinains gagnant le camp ardennais de Lal)iénus.
En amont, s'il s'agit des établissements particuliers ou
d'ordre ci\il, on ne Noit pas que les populations Ijelgo-
romaincs aieuL choisi ])our sié'ges les l'ives souvent inon-
dées d'un fleuve dont le cours moyen et supérieur se pour-
suit entre des côtes raides et boisées. Aussi, les trouvailles
archéologiques ne sont pas fréquentes sur les boids mêmes
de la Meuse, dans les ])i'ovinees de Liège et de Xanuir,
dans les départemenls français des Ardennes et de la
Meuse. IjC territoire de la ville de J^iége n'est signalé par
rien dont on ])uisse tirer des conclusions : une jnonnaie de
Marc-Aurèle à St-Gilles, quehpies pièces de Dioclétien à
Yivegnis, des tessons, tuiles ou sup])orts d'hypocauste,
])rol)ablement i"a2)portés et exhumés du cimetière de
N.-I).-aux-Fonts, place St-Lambei"t ; il n'y a pas là encore
de (pioi nous donner un certificat d'origine.
Dans la vallée en amont, nous sommes à même de citer
le nom de quelques communes où l'on a relevé des traces
diverses d'établissements beli-'o-romains '' '. Nous l'etien-
Cj Additions a la caktk de Van Desscl : Flônuille, Kiij;is. Hlt-
inalle sons Miiy, Flôiie, lliiy, Aniay, Bas-Olia, Ombrct — Nous
coiiliiiuerojis à invst'uter ])ar groupe les localités où depiiis 1877
oiit éu> recueillis des restes belyo-roiuaius; il est ainsi lac-ile de les
retrouver sur la carte.
De uiùuie : Marche les-I)auies. Dinant Montaij;le-IJouvi;;ne, Tail-
fer, Waulsor. — Waulsor ai)i)artient à la nomenclature antique,
Vulciodoriis vers ()4o. Quant à Marche-les-Danies, la localité tire
son nom du j)e(it ruisseau Mnrru, et elle fut jadis apjxdee Murehu,
« in l'illii tjiitte c-.si aiipcr Mosum », doc. de iir)2 i)\\ y a trouvé et des
silex et des monnaies romaines.
cirons, pour y revenir, les noms de I'^IciimUc, lliiy et
Nainur. Après ee dernier oppidum, ou bourgade, nous
n'avons à eiter avec Marelie les-I)an)es et Dinant, (juu
Montaigle ou Bouvignes, Tailler et Waulsor.
C'est entre Givet et ]\Iézières, dans les Ardennes Iran-
eaises, que les bords de la Meuse présentent l'aspeet le
])lus sauvage. Le fleuve eôtoie des côtes abrujjtes et brous-
sailleuses, de eelles-là (|ui ont inspiré à Strabon fau lenips
d'Auguste et de Tibère) sa définition de l'Ardenne i', et
qui i)ar nature semblerait exclure toute occu])ation, si
rindusti'ie moderne n'était venue s'établir dans les coins
disponibles. C'est en effet à l'industrie contemporaine
(pi'est due la magnifique exi)ansion d'une culture (]ui a,
en Belgique et en France, enrichi le bassin mosan ; et sur
la déclai'ation des ingénieurs, les anciens n'en ont rien à
revendiquer.
Puis(|ue nous parlons de la haute Meuse, c'est encore
l'occasion de donner jour à (pieUiues remarques. Au Sud
du département des Ardennes, dans celui de la Meuse
française, tout le travail arclK'ologicpie, i'ei)orté sur une
carte, montre à quel chiffre présumé de population, à
quel degré de culture, arriva le tei'ritoire Rémois-mosan,
placé sous la tutelle de Rome. A elle senle, cette carte
belgo-romaine du département de la Meuse '"-'i est tout un
enseignement. Rares sont, dans les campagnes du moins,
les communes d'aujourd'hui dont le territoire n'ait pas été
partiellement occupé par quelque ancien établissement.
C'est donc la partie méridionale du pays mosan (pii, dès
l'origine aux invasions, a été la plus peu])lée. Mais on voit
(') <)i"Yh] yào tCTiv ory rij<)j/j~>y ()h'()(j(i)r rro'/.Aij ... yji/jirni
(Snvjrjv'Aoàovévvav. >■> — IV. 'i, T)n)<)T, p. i(ii.
(■-) Dressée par Fia.ix Liénahd pour son ouvra<j;e en trois tomes
intitulé Arcliéologiedela Menue, i)ul)lié par la Société })hiloniatlii(pie
(le Verdun.
- :'5 -
(jiic les routes ])liis (jnc les cours d'etiu, attirent les rési-
dents, surtout les voies eonsuhiires ou i)rétoriennes, larges
et mieux surveillées : telles les deux chaussées qui de
Diirocortoriun ou Reims conduisent à Metz ou Divodiiriim,
soit par Xaix, Xasium, une ville qui a disparu, soit par
Verodunuin ou Veinlun. La pleine terre est autrement
occupée que les bords de ];i Meuse; celle-ei, décidément,
ne paraît ])as avoir joui d'une réputation bien liospitalière,
et ce toujours i)our les mêmes causes. Les abords de Ver-
duu, sis sur nue hauteur isolée, sont marécageux; on voit
bien (|ue quelques établissements se sont fondés à
proximité de certains j)assages de rivières, mais ils
sont rares sur les bords du fleuve et ceux-ci paraissent
1)1 us abandonnés à mesure que la Meuse s'écoule vers le
Nord, c'est à dire descend chez nous.
Ajoutons un dernier trait : Fortunat, poète latin du
VI'' siècle, salue la Meuse (M, dont le miirmiire est doux
à Vorcille; mais s'il apei'çoit quelque bateau, ce qu'il
remarcjuc siu'tout sur ses bords, c'est du gibier d'eau.
Pays de Liège. Contrairement à ce qui se passa le long du cours du
fleuve, le sol de notre province de Liège s'est trouvé riche
d'antiques, et sans être terrain classique, il le cède ])eu
à d'autres, qu'il s'agisse du nombi-e ou surtout de la ({ualité
<les trouvailles.
Revenons à Flémalle-sur-Meuse, une des localités que
nous avons indi(|uées parmi les sièges d'établissements
Ix'lgo-romains. .fadis on y découvrit une inscription votive,
])i-ès de l'église, propc ieinpliini, dit une ancienne i-elation.
Elle était tracée sur un bloc de marbre qui s'est perdu
depuis dans la construction d'une grange. Si elle a été lue
très différemment, cela tient aux lacunes et au mauvais
état du monument : cinii xai'iantes, c'était de (pioi exercer
(') L \'II, nirni. l'it ^ nd (lOifonriu : k ... iMosn diilcc soiiniis, (/un
griis ifuntii miser olorijuc, 'l'riplice mcrcc fenux, alite jii.s ce riile ».
la sa^i'iU'itc de n(»s ('|)i<;ra])liistcs ri laisser l(»ii<;t(Mii|);-> les
mytliolo^iics dans riiicertitiidc. Kn ('ITct, dans la dédicace
à certaines divinités, gît, a\'ec la lacune, la dirricnlté d'une
i-estitution : à Jupiter très hou cl 1res >>rHiuI, ù Jiinon,
à Minerve, ù Diane, et... à /a divinilé de lu Meuse, axaient
dit les uns; <ui\ Xyinphes dirent les autres ('); i"inaleni(;nt
les éditeui's du futur volume XIII du Recueil des Inscrip-
tions lutines ont ratifié la dédieace faite aux Nynijjlies [•'.
L'étude de l'inscription fournit d'ailleurs des détails
im])ortants sur l'état de la ronianisation dans notre ])ays
à la fin du ii'" sièele. Ce Titus Flavius Hospitalis cpii
élève le monument en faisant des vieux pour la santé de
l'empereur Commode, était un centurion de la i'*" légion
dite Minervienne, du eamp de Bonn, et il se trouvait à
Fléinalle-Grande (') occasionnellement avec sa centurie,
soit donc avec un détachement de réguliers ; cela permet
de supposer là un poste ou étape militaire. C'est l'établis-
sement romain important le plus proche de Liège, à
12 kilomètres.
De Liège à Xamui-, en amont, nous ne connaissons i)as
d'autre inseription.
Toujours sur le sol liégeois, nous trouvons l'occasion
de mentionner deux trouvailles importantes (pii témoignent
du luxe de certaines de nos villas : les ornements de
(') II. HciuiCK.M.VNS dans le Diillclin des Coin mis s ions roy. d'nrt
et d'iivcliéolngie, i8()7, t. VI, p. 9;-ro3; L. Bétium:. jounuil le Vienx
Liège, iS()5, u" ii'5 ; L. IIai.kix, dans le Musée belge, 1897, I, a restitué
définilivenient le texte.
t-') C. I. L , XIII, 3Go5 : /. (). M. Jiinoni Minervae Dianac Nymplns
pro sainte Commodi Antonini pii felicis ang., T. FI. IIosj)italis cent
leg. I, M. Fusciano II Silano Coss. An 188 après .J.-C.
Un des manuscrits contenant l'inscription de Flénialle, rapporte
également quatre inscriptions votives, en l'honneur d'Hercule, <lieu
militaire, trouvées à Goyer, près Waremme, sur les quatre pierres
formant les angles de l'autel de l'église. — C. I. L., XIII, 3Goo-3(jo3.
— :8 -
bronze dits de la loutaine d'Angleur, et Vaquainanile ou
aiguière de Poulseur (-».
Kii iS,S2, dans la coniimine d'Augleur (5 1/2 kil. de Liège)
un homme déracinant un arbre découvrit ee « trésor »
de luitnre singulière : 21 pièces, nou de monnaie, nuiis
de bronze travaillé, dont le simple catalogue Jait com-
prendre l'intérêt : une tète de lion, pourvue d'un large
orifice, prêt à vomir de l'eau ; une autre tète destinée à
l'évacualion du trop i)lein d'un bassin; en plus divers
nu)rceaux de tuyaux.
\jennent des signes du zoiliaque, cancer, poisson,
l)clier, lion : une tète de gorgone en applicpie, comme
aussi trois ligures hunuiines d'un style rendu barbare
avec intention: giande barbe, chevelure épaisse et oreilles
pointues ; enfin, trois grandes statuettes, un dieu ou un
éplièbe adorant, deux danseuses.
Peut-être ces objets, (jue l'on peut rattacher aux pro-
ductions de l'industrie de luxe, sont-ils de provenance
différente. Un pillard de villas, qui n'a pu y revenir,
a dé])osé là sa part de butin. Si les têtes de lion et les
tuyaux ont orné une loutaine, ces figures humaines, la
tête de gorgone et les signes du zodiaque ont fait penser
au culte du soleil, à ]Mithras. Les trois statuettes n'ont
sans doute rien de commun que d'avoir été cachées avec
le reste.
L'îuiuamanile de l*oulseui- '^l est ])articulièrement un de
('1 Le Flemuliii (liiu manuscrit anonyme relatant rinscrii)tion,
a pour localité voisine F'ione. nom quon retrouve sous l'antique
forme Floena (Flodena) dans un document papal de l'an ii43, énumé-
rant les possessions du chapitre de St-Lambert (Cari , I, p. GO).
(•) Ces objets ornent les collections du Musée de l'Institut arcliéo-
lofîique liégeois.
(■^\ I)r lîovv, Promenades historiques dans le pays de Liège, II,
])]). i")") \V>(), I{iii)p()r( du ])rof. Ffss; une j>lanclie bien dessinée orne
lu lin (lu volume.
Planche I,
I^G&fi -îrvN C FLO ^V K'V
(2)
L'ARDENNE BELGO-ROMAINE
C) Diplôme de Flémalle (soldats tongres), page 63.
(2) Yase de Marche, page 5;").
(3) Anse de l'aquamanile de Poulseur, page 79.
— 79 —
ces Dbjets aiixcuirl.s l'art romain s'attacliail a doimcr uiip
ornemental ion rlroanlr, bien (pTils russcnl (icstinrs an
simple usa^c. Le bassin de bronze bathi poric dcnx
poignées formées cliaenne de deux le\ riers en i)ron/,(i
coulé; le Vase principal, à bec, est j)()m-\ ii d'une anse»')
rehaussée de reliefs sujxTposés e1 d'une rare conserva-
tion: ils ne le cèdent en l'ien poui- l'exi'cut ion, a ceux cpu;
se C()m])laisent à re])roduire les ])iibliea( ions cpii jniiseut
leurs sujets dans les musées de Kome. Kji haut, un
tumiiliis ou tertre est liouré derrière un tem])le place
entre deux arbres; au milieu, une j(Mine femme dans l'atti-
tiule de la méditation, accoudée sur un eippe ou un autel ;
en bas, deux lemmcs aux vêtements nottants et se faisant
vis à vis; l'une joue du tambourin, c'est une lympiuiislrin ;
l'autre, une cynibaliste, cyinbulislrin, a des cymbales dans
les mains. Ce sont de ces instruments qu'on l'etrouve
dans les cérémonies du culte de Cybèle, comme aussi
placés aux mains desdanseuses célèbres de Pompéi.
L'aiguière faisait ])artie d'un riche mobilier funéraire
romain protégé par un grand coffre de chêne tombé en
poussière lors de sa découverte vers i835, au lieu dit
le Chenet ; les autres pièces se perdirent, les patères
notamment furent utilisées comme mangeoires dans un
poulailler voisin.
Le territoire de Poulseur a donné encore à l'arcdiéologie
un joli buste en bronze (-), de l'époque des Antonins, du
milieu du ii" siècle. Des antiques rappelant le Haut-
Empire se retrouvent d'ailleurs dans tous les environs (^J :
(') Nous eu (louiious une reproduction réchiite.
{-) Bulletin dea tiéances de l'Académie de Bruxelles, année iS35,
UK Reu'fenbeiu;.
(3) Contributions à la carte :
Au lieu (lit le Tige de César dans les vieux actes II j)assait par
— 8o —
c'est (jirun clu'iniii romain ('j traversant tout le Condroz
venait aboutir à l'Ourthe, à une très courte distance, en
dessous de l'oulseur.
Près de IJége, sur le haut de la montagne de Chèvre-
mont où existent des substruetions romaines, une inscrip-
tion a été trouvée qui est venue se perdre en ville dans
des matériaux de construction. Elle faisait partie d'un
monument votif dédié à Mercure, le dieu des marchands
— et des voleurs, a-t-on ajouté — disons plutôt le dieu de
l'abondance. Elle ne comprenait que les noms de la
divinité (-) et du dédicant.
Les fouilles de Juslenville ont donné i)lus de résultat.
11 y avait là une villa, le nom le dit encore, et si l'on
accepte, suivant Grandgagnage, que le mot jiisiiin signifie
en bas, la villa, relativement à Tlieux, eût porté en latin
le nom de (pielque autre Xederlieim, la villa d'en bas.
Plusieurs inscriptions funér.iircs ont été trouvées et elles
dater.iient du Haut-Empire, du ii° siècle, à en juger
d'après les monnaies trouvées aux environs. On lit sur la
première, un nom indigène à désinence latine, Veruecco i,^).
Une seconde inscription se laisse rétablir dans le sens
classique (''). La partie supérieure de la pierre of l're l'image,
au trait, d'un cippiis fastigiatiis.
Anthisne, Vieil. Ilody. les doux Xhos, Ellcmelle, Warzée, Alrin,
Ocquicr, Bois-Borsii, vers le Namurois.
A UaiPL'lol, un tiunulus;à Tiulot, de même; entre Kllemelle,
Warzée et Seuy, un sentier maniué par de larges dalles de grès;
à Seuy, une assez rielie tombe gallo romaine formée de dalles <lu
méaie grès; à Villers aux-Tours, (piantité de médailles, dont une à
l'effigie d'un César Aiig-iiste.
Cj V. Bovv, op. eit., pp. i5r et suiv., et plus loin Le Condroz.
{-) C. I. L., XIII, 'M'h)- : Merctiri\o] [ng-enii(ii)s Tunehi f(iUns)
V. s. 1 1)1.
(^) C. 1. L , XIII, ru; 12 : /;. m. Vempcco...
C»; C. I L., XIII, ;3Gio : /;. M. Primn.s Murcl (filins hic situs est).
— 8i —
De plus, deux uulres, en J'ragnieiils Ci, soiil e^alcinciiL
runéraires.
(pliant à 'PluMix (dit 'J'eclis ('\ ;in.\ Toils) où lut une
<>raiule villa, on y découvrit, sui\anf des i-elatiou-; an-
ciennes, deux inscriptions eu riioiineur de Mitlii-as dont
le culte avait été rapporté d'Orient ))ar les soldats, et on
en connaît pour l'une la transci'ipt ion (jui nous montre
(ju'un Aceius Vei'us, avec Probinus son l'ils, a éle\é en
l'honneni' de la maison ini])ériale un monument à Mitliras,
le dieu invincible (le soleil)'^' ; (|uant à l'anti-e, c'est ])our
accompli]- é*;alement leur vomi, ipu' l<'reio et h'reiatio lui
ont. érigé un autel (■*).
Voilà donc les noms des plus anciens habitants connus
de la forêt de Tlieux, de ces noms d'indigènes (|ue ne
nous font pas connaître les textes.
Les deux dcM-nièi-es insci'ii)tions ont donin'' à penser
(pi'il y eut dans la localité nn Mithraciini, lieu destiné à
la célébration de ce culte oriental? Kn tous cas, on con-
s'tate que si nos soldats ou auxiliaires indigènes, transpoi--
taient avec eux à rétrano(»r le culte ^le leui's dieux ou
déités nationales, ils importaient d'autre part des ])i'al i(|nes
religieuses, voire même de l'argent étranger, ])uis((u'on a
retrouvé en Hesbaye un trésor de monnaies frappées en
Egypte.
I)(^s inscri])tions de Juslenville, l'une est gravée ,sur un
grand éclat di grès, les autres sur ])ieri'es schisteuses.
(') C. I. L., XIII, 3Gii : DMsnj) vrn.
(-j C. I. L., XIII, 3lk)() : Ace iAcciiis on Acccjtliis) Ace \i filins]
Fyieri) I{nssil).
— Ces dernières inscriptions sont au Mnscc di' linslitnt aivlu-n-
lojïiqne liégeois.
(•'; C. I. L., XIII, 'M'iili .In Jt{oiioreni) dioinns) d{iviniie) tl{eo) i\noiclo)
M ilJirae) Ax. Verns (Jn\i]eti (filins) et Probinns ]'eri (filins) i>. s. l. m.
C*» C. I. L , XIII, 3(ji4 : DfeoJ ifnnictoj Mfilhnie) ii. j>. p. (uram posne-
rnnt) Freio et Fviallo v(utnni) s(oluentes) IfibenlerJ mferito).
— 82 ~-
iiKMivMis jualériaiix ])(»iir ser\ ii- ;i rt'[)igi'apluc, puisciu'ils
ne i)env('iil pi-ést'iilcr une siirtaec sulTisante, et (qu'ils
s'efl'i-iteiit ou s'écaillent C'est une des raisons ])our les-
quelles le sol des Ardeniies liégeoises n'est i)oint riche en
documents inscrits sur la pierre.
Les belles roches, semble-t-il, qui émergent des côtes
de nos vallées de la Meuse, l'Ourthe ou l'Aniblève, ne
présentent dans leurs couches supérieures que de mauvais
matériaux; les bancs profonds, donnant de grands blocs
solides, n'étaient pas connus; l'exploitation du petit granit
de Spi-imont et des localités voisines, n'a même commencé
qu'au temps du premier Empii-e français. Ainsi s'explique
(pie pour les monuments de Vervoz-Clavier, dans le
Condroz, en plein pays calcareux, on ait fait venir de la
liante Meuse de vastes blocs en calcaire dur de Longwj'.
C'est cette «pierre de Meuse» qu'utilisèrent de préférence
les anciens.
Il en alla de même sur le Ijas-llhin, dans la Basse-
Germanie. •
11 convient, d'autre part, de restreindre la portée d'une
observation faite par les archéologues allemands : on doit
apprécier, suivant eux, le degré de la romanisation d'un
pays au plus ou moins grand nombre d'inscriptions latines
qui en proviennent. Celles-ci, sans doute, constituent une
preuve grande, mais non exclusive d'autres. Les inscrip-
tions votives ou honorifiques se retrouvent dans les
localités où fut le siège de la puissance militaire, adminis-
trative ou religieuse. L'exploitation des terres, des forêts,
des mines, des carrières, des arts industriels, ne s'accom-
])agne pas de titnli gravés sur des blocs de marbre. Où
sont, i)ar exemple, les preuves écrites de l'existence d'une
villa, (pie l'on découvre pourtant, de rhabitation d'un pays
que l'archéologie nous montre sùi'cment avoir été ])eui)lé
de Helgo-i'omains?
Déjà nous pouvons apprécier la valeui- des ti'ouvailles
— 8.'] —
l'iiilcs sur noire sol : k's inscriplioii^ de |-"l(iii;illc ci de
,hi!?leiivillc, uii Milhrueiim en ce dernier lien, ViKiuuniunilc:
de Poulsenr (|ni n'est ])eiit-ètre (iiTun cadeau de noces
d'antan, rexliaordinaii-e Aase de hi-onzci de Ilci-sfal '')
avec sa suite (U' i)hilosoplies (dassiques et sa sarabande
de débauchés, rinl'inic^ collection d'objets romains recueil-
lis à Tongrcs, le buste de l'Atys l'unéraire de \'ervo/ *) de
style gréco-romain, tout c(da nt)us i)arle d'une cixilisalion
directement importée de Rome. l']t ([ue dire de tous ces
tumuli ou tertres fnnéraires, qui marquent de tant de
points, en îlesbaye, notre frontière du septentrion, et ([ui
sont généralement antérieurs au règne de Marc-Aurèle ?
Ces découvertes nous parlent de l'histoire du Ifaut-
Empire, et c'est chose naturelle de les rattacher, chez
nous, à l'influence de Cologne, où était l'autel de Rome et
et d'Auguste, et (|ui l'cprésentait l'action purement latine
des camps romains. C'est la colonie Agrip])inienne sur le
Rhin qui, croyons-nous, a créé Tongres en la donnant
comme cité à notre pays, englobé finalement dans la
Germanie-Inférieure, alors (ju'il faisait primitivement
partie de hi Bel gica.
Certes, (diez nous les découvertes sont plus rares, nuiis
les beaux objets ont, d'une manièi'c indéniable, un cai-ac-
tère purement romain; si les trouvailles sont plus fré-
quentes dans l'Ardenne du Sud, en Trévirie, elles portent
la marque — très intéressante d'ailleui's — d'un ai-l
romain transformé par l'élément national, et ce, sous
l'influence de la vie à Trêves au temps du Bas-Empire.
S'agit-il seulement des collections qui forment le fond
commun des Musées archéologiques, nous ne fatiguerons
]ias le lecteur par l'énumération de catégories (|u'on
f ) Biillt'lin (le I Insliliil itrclu'ologiqiw lit'geois, i. XXIX, i"' liv.
notice <leJ. E. DKAfAiriKAi .
C-) V plus loin LK COMJROZ.
- 84 -
1-etrouve aussi aillLMirs. ("est invoquer uu autre ai-<;uiueiit
historique, que de eoustater l'étendue du clianip des
tr(»u vailles. La earte archéologique eonnne du pays lié-
geois, ])oi'tait déjà le nom d'un grand nombre de localités
helgo-roniaines; on est à même aujourd'hui (') de lui
ai)i)orter de nouvelles contiibutions, et cette liste sera
cont inuée.
Hiiy Hu3' '■) sis snr la Meuse en une admirable position,
et le Condroz, garde avec son fort l'entrée du C'ondroz par la vallée
du Iloyoux ; or, le Condroz (pii s'étend à l'arrière, fut
de l'Ardenne occidentale une des contrées (jui subirent
le ])lus l'action l'omaine.
L'Iiistoii-e de II uy môme, au t(Mnps des Belgo-romains,
est une de celles (pie l'on pressent plutôt qu'elles ne sont
ai)])uyées d(^ documents précis.
Dans l'ari-ondissement de notre intéressante ville de
Iluy, on a trouvé de nombreuses monnaies, datant sur-
tout du Bas-Empire, de (Jallien aux deux ^"alentiniens.
l*roclie de la ville, non loin du château de Beaufort,
dans la grotte du Trou-Manteau, à Bas-Oha, à Modave,
des monnaies cncoi-e ; une sépulture à Ben-Ahin, et à
5oo mètres de là les restes d'une officine métallurgi([ae
et encore des monnaies. Enfin, et nous sommes là au
l)oint culminant du territoire comme de l'histoire hutoise,
l'effigie de Probus a été rencontrée sur un petit bronze
bien consci'vé, sortant d'une ti'anchée des fondations du
foi-t. Bien mieux, Maurice de Neufmoustier, chroniqueur
liutois, ])remier en date i)uis(pril écrit au xiii»^ siècle, nous
(1) Sonmaj^ne, Aiig:leur, Cliau<lfoiitaine, Ti-ooz, Fraipont, Ver-
viers, Wej^fuez, Liinbourg, Baelen, Lambermont-Baeleu, Sart, Tilff,
Beaufays, Lincé, Sprimont, La Reid, Béco-La Reid, Aywaillc, Stou-
inout, Xlioris, Ferrières, Eriionheid, Lorcé, Basse-Bodeux, Lierneux,
Eiigis, l'iône, Aiiiay. Bas-Oha.
(^) Annules dn Cercle Initois, t. T, v^ liv., ]>]). (i;, lâ; et 285 ; 2^ liv.,
p. 2'J8
- 8" —
fait connaiirr que dv sou temps, vu l'ouillaut les uuii-s
du cnslniin ou cliâteau (.'), on y trouva clos pièces d'argent
dont il garde, dit-il, l'une, à l'elïigie d'Antonin le Pieux.
VA notre elironiqueur de raeonter eoninient l'empereur
était venu en personne à Huy pour y élever nn château
non-])areil. Sans voir, eonmu' le moine de Xeui'moustier,
dans la pièce d'Antonin, un jeton de présence, on i)eut
tenir l'ompte de cette tradition rappelant nn ancien
caslellinn ; et ce n'est point un de ces faits qu'on invente,
que la découverte d'un dépôt de monnaies du Hant-Empire
sur la hauteur historique.
Le site, d'ailleurs, confirme la supposition d'un fortin
au confluent du Hoyoux et de la ]\leuse : l'utile ruisseau
avec le fleuve, plaçait le fort dans un angle isolant, suivant
la formule traditionnelle ; enfin, de Xamur au pays de
Liège, là était le passage de Meuse le plus praticable,
mettant en communication le Condroz avec la grande
voirie de la Hesbaye. Probablement le vieux pont de lluy
est-il la preuve solide d'un ])lus ancien état de choses.
Quant au territoire des Condruses, il était ancienne-
ment plus étendu; mais c'est la partie à la fois montueuse
et fertile du Condroz d'aujourd'hui, qui fut surtout roma-
(1) Gn.l.KS d'Ouvai., Montim. Germ., SS., t. XXV. p iS, texte inter-
cale <le Maurice de Xeiifmoiistier, suivant les tonnes de la jmbli-
calit)n <le J. Brassixxe, dans le Bulletin de la Soc. d'art et d'/iist.
de Liège, t. XII, p. i3o :
« Ibi j>ostinodiini iwstris tenrporibits circa fiiiidaïuenla niiiroriiiii
dnm quidam casn foderent, inrenti sunt nununi argentei ex qiiibus
uiium Jiabemus habeiitem yniagitieni ipsiiis Caesaris et superscrip-
tionein in hune modum. Erat caput optime factum in niedio nunimi et
in circuitu capitis scriptum : Antoninus i<piisiiinius » (sie i iniperator. »
— Cohen, Médailles. II, p. 27;) :
Antoninus aag-. pins imp. II, Antoninus aug-, pins p- p. trib. pot.,
XXII.
Antoninus aug. plus pp. et autres pièces aualogues.
— 80 —
niscc, et cela d'uiitanl pins rai'iltMnent que l'ancienne
peuplade fit sans combattre une i)rompte soumission.
Le pays maintint cette avance.
Une inscription nous montre que sous la domination
romaine, le territoire portait déjà le titre de pagiiH (ou
canton) Condriistis, qu'il garda au moj'en-âge (pag-iis con-
driistincnsis en 746). La même inscription mentionne une
déesse particulière, commune cependant aux localités
rhénanes, Viradesthis ('), dont le nom se retrouve sur une
pierre aujourd'hui déposée au Musée de Darmstadt.
La dédicace de la nôtre est faite par des soldats du pays,
servant en Ecosse, à Birr(nis, dans la 11' cohorte des
Tongres.
Sui' les confins des Condruses, une pierre funéraire
trouvée en un lieu dit Rome, près Durbuy, a conservé les
traces de noms de femmes (■), et c'est un fait significatif
qu'il y ait eu là, en pleine Ardenne, une villa ])ortant
pareil nom.
Le sol du Condroz fut d'ail lenrs couvert de villas, dont
on retrouve partout les débi'is; et l'on peut voir souvent
de ces emplacements successii's où la nature de la végéta-
tion, i'ai-(^ et plus vite desséchée, décèle des sièges d'éta-
blissem(mts belgo-romains. Du pont d'Ombret partait une
grande voie vers Arlon; elle apparaît, disparaît et on peut
la suivre encore de villa en villa, à Outrelonxhe, Strée,
liamelol, Terwagne, Clavier-, l^onsin, Somnieleuse. Sur
(') Deae Vinideslhi pagns Coiidriislis itiili(liins) in coliforle) Il
7'nngTo(riuii) siib Si\l\i)\i\n \A\iisj)ife jtnn'ffcclo) \f\ecit. — C. I. L.,
VII, 107:5.
On trouve la inêine invcK-atioii à VeelUen , v. ci-dossus, LES
TONGRES.
(-) C. I. L., XIII 3G:}o. I). M. Loi. Aciliae Coinplae Hers... —
Wll.THEl.M, Op. cit. p. 829 : i( Aciliaram usilatissiniim Komanis mulie-
ribus noinen, iili et Lolliariim et Ilersiliariun,... ui}iciin} a Conisae »
iifiioturn ». fad Uurbutuiiij.
— ^^^7 —
cette (lislaucc (riinc vingtaine de kiloinètros, la route est
coupée par huit diverticules reliant les unes aux autres
eomnie aux rives de la Meuse et de l'Ourdie, toute une
suite de villas sises à proximité l'iiue <le l'autre. Dans ee
seul (|uadrilatère eoudi-usieu, ou eu a eoui])!!' di\-liiiit,
eu luéuH' leuips (ju'ou y a relevé liui( (lunuli ('). A con-
stater les niênu's faits sur une plus gi-ande étendue, la
statistique pourrait se sentir découi-agée, et autant vau-
drait presque la remplacer, sur une carte, par ces hachures
(pii mar(pu'nt la i^randc densité de la ])()pulati()n.
Une dédicace iiJ(iipiter) 0{ptinuis) M{Hximiis), au grand
dieu romain, retrouvée à Cin(\v, garde tout sou sens et
peut valoir })our tout le pays.
C'est remonter encore bien plus loin, à un(^ jjériode
antérieure à l'ère belgo-romaine, (pie d'examiner à propos
de Huy, l'onomastique ou nomenclature de localités
voisines. On retrouve là des noms, analogues ou aulres,
(pii arrivent jus<pi'à nous, faisant parler encore nos popu-
lations i)riuiit iv<^s ; ils api)artieunenl aussi àriiistoire des
Belgo-romains ([ui les ont consei'vés. 'l'andis cpi'à l'autre
côté de la ]\I(Mise, coule l'antii^ue Mahanna (document
de looG) ou Méhagne, les vocables //oj-^.s'-iloyoux,
Hoyuni-\l\\y, se sont multi]>liés dans la graude vallée
comme aussi en Famenne. liien n'est plus ancien (pie les
noms des cours d'eau, ils sont comme on dit, plus \ieux
rpie les chemins ; et il faut reconnaître que les C(dtisans, ou
les chercheurs cui'ieux de toponymie, peuvent faire ici (*)
une récolte d(^ vocables (pii nous conduisent à une proto-
histoire, (^t dont praticpieimuit doit tenir compte la géogra-
phie de la Belgi(pie romaine.
(') Ces renseigneinonts sont tii'ôs (rniio cai-Uï inamiscM-ito di-essée
par M. Firiniu Ilénaux, instituteur et membre corresi)on(lant de
l'Institut archéologique liégeois. Nous l'avons suivie sur ])lace.
(-) Toponymie namuroise de C.-G. Roi.ANi), dans les Annules de
la Soc. arch. de Xamiir, t. XXI II, pp. i4'J <'t i<)H.
- 88 —
Hoi(iis), le niisscan, a donné son nom ù la première
bonrgade de lluy, Oyni, Iloy(iim), et a pris plus tard
senlement la forme diminntive Hoioliisi^).
Hiiia, la Houille, l'affluent de la Meuse à Givet, vient de
Gedinne (").
Hoioliis est encore le ruisseau de Sanison ou Ilouyonx (^).
Hoyoliis, le Hoyoul, est un affluent de la Meuse à
Namur {*).
Il y avait sur ce ruisseau trois localités du nom de Huy
(1245). La monotonie remarquable d'une langue encore
pauvre se répète : la même appellation i-ègne dans la
Famenne, où elle se multiplie comme dans la vallée de la
Meuse. Hoiiis prend la forme finalement de Ilileaii,
Ilii-li-aiwe; de Hiilsonniaux (Hii-les-oiieals, les aulnayes),
de Hoiiyet ; de Hoyoïix, affluent du ruisseau de Cortil-
Wodon ; le même vocable a servi probablement d'appella-
tion au ruisseau aujourd'hui anon3ane, qui se jette à
Lessive dans la Wimbe, cette antique Vemera, d'un docu-
ment de 943, laquelle, de Ilaut-Fayt, vient à Yillers se
jeter dans la Lesse.
A ])eu près dans les mêmes conditions que Huy avec
son fort, Dinant avec son rocher, se présente tout d'abord
sous la forme d'uu vocable préromain, Deonant ('') et on a
retrouvé là des restes des divers âges. Une voie bolgo-
ronniine venant de Bavay rencontrait la Meuse sous Dinant,
et de là un embranchement reconnu, peruium le^itiinuin,
(') (lin vico Hoio super fliiniiim cjnsdem nominis Iloio », dit un
document de l'an 87').
{"]a In loro noncupante Landricum cnwpiim siijter fltiiuiiin Iliiia»,
suivant une cliarte de Stavelot, 924.
(•^) K Super Iloyolnm juxta vastruni de Sanison », doc. de i25'5.
(•*) « In Naniuco in vico qui dicitur Hoyolus )\
{'') Deonant se lit sur un triens mérovingien. — « In nico Deonanli >i
(Ch. de Stav 824). — « //i Dionanle caslro n (Id., 744'-
- 89 -
(Ch. de Slau., S2\), se dirigeait vers lliiy, iiii autre sur
Cologne.
Les antiquités diverses retrouvées à Ciney ou Ceiina-
cnm C, et dé])()sées au Musée de ISTaïuur, méritent une
mention partieulièi-e. Des monnaies d'or gauloises sont
sorties du sol : pareilles trouvailles nous reportent au
temps des Condrusi. Avant de formel- la capitale efl'eetive
de notre aneien Condroz, les établissements belgo-romains
de Ciney ont eu sous l'Empire une importance assez consi-
dérable. On a découvert dans le quartier de la ville dit
de St-Qu(^ntin, des substructions romaines et des monnaies
dont les dates vont du temjjs d'Auguste à celui de
Caracalla, datant de l'an 14 à 217 de notre ère. En l'an
i85o, i5o pièces romaines formaient le médailler de la
commune. Un cimetière du ii^ siècle a été reconnu ; notons,
parmi les objets mis au jour, un poids romain de quatre
livres, le qiiadriissis, en pierre, un cachet et un encrier
romain — c'est un godet à couvercle, de la forme des
nôtres — . Dans les environs, on retrouve des traces d'une
ancienne exploitation de marne, et des découvertes inté-
ressantes ont été faites fréquemment, notamment à
Mossée, et surtout près d'une antique villa, à Barcenne.
Nous laisserons ces détails i^our nous arrêter devant les
débris de pierres travaillées à Yervoz (Clavier) ; ils sont
encore de ceux qui prouvent que l'on peut faire chez nous
quelque extraordinaire découverte, intéressant l'antiquité
classique. La i)lus belle pièce est un buste d'Atys, dans
l'attitude du pensiero et dont la composition comme les
traits procèdent des traditions du grand art gréco-oriental;
ils dénotent la main d'un praticien étranger ou d'un habile
imitateur travaillant à quelque monument funéraire.
(') " In loco qui lUcLtiir Ceunaco », doc. de looG. — Ou a rapijroché
le vocable du nom d'homme Ceiinns mentionné dans une inscrii)tion :
C. Julio Ceuni f(ilio). — C. I. L , III, 2900; C.-G. Roi-AND, ouv. cité, s. v.
— 9')
Cotti' l"i<;iir(' symlx)-
]i([U(', de graïKk'iir na-
turelle , se dégage en
relief d'un troueou de
colonne cannelée. Elle
fait partie aujourd'hui,
avec d'autres fragments
recvu'illis, des collec-
tions du musée arcliéo-
l()gi(|U(^ liégeois, où elle
a été étudiée (').
L'ensemble des dé-
bris mérite d'autre part
une mention particu-
lière: on en peut éva-
luer le nombre à 5oo au
moins. Parmi les repré-
sentations de formes
lunnaines on distingue
aussi un buste de grande allure, avec une cuirasse et un
manteau flottant aux épaules : un mascjue imberbe brisé à
la hauteur des yeux, des fragments de tètes, pieds, jambes
et vêtements, de différente mesure, et ne ])ouvaut se rap-
])orter; des animaux: un cheval dont la tète a disparu, une
griffe et un muffle de lion ; de plus nous comptons les pièces
d'une corniche angulaire et cinq fragments de larges dalles
sculptées en écailles, de la forme des ardoises dites en
(jueue de [)aon, forinu pnooncR ; i5() fragments d'ornemen-
tation architecturale, oves, feuilles d'acanthe, volutes,
chapiteaux ioniques, deux tronçons de colonne cannelée.
D'une inscription, il reste seulement en beaux cai'ac-
tères XO(').
(') liiiUetin de llnst. urrlœol. lic-ii- ,
Fr. CUMONT.
('-) C. I. L., XIII, 3G19.
(. XXIX, pj). aV;:^, art. de
— r,I -
(^iTy en(-il au juste à Wtvoz? Xous ne savons. L'n grand
monument, plusieurs monnmonts, un ehantior simplemont
où (les ])ratieiens taillaient le calcaire do LongNvy à la
demande des propriétaires des riches villas, n()mbreus(;s
en ces parages? Tonjonrs est-il qne le champ des décon-
vertes est considérable, le sons-sol est rempli d'éclats, et
aucune des pièces travaillées, de mesures si diverses,
ne porte trace de ciment ni d'assemblage. Ce sont là
plntôt les signes révélatenrs d'nn atelier.
Proche de ces lieux, nous avons vu retirer des restes
d'une villa, notamment une série d(^ petites boules de terre
cuite (dix sept en nombre) portant chacune en intaille un
chiffre romain : ces calciili servaient soit à quelque jeu
sur une tabula liisoria, ou bien à compter sans style ni
tablettes ? A l'étranger où il s'en est rencontré, au musée
de Bonn, on croit plutôt à des pièces de jeu.
Les fouilles fructueuses se continueront sur cette terre
condrusienne, particulièrement désignée à l'exploration
liégeoise. Ainsi se complétera la carte de notre pays belgo-
romain (') déjà bien constituée.
La nomenclature des cours d'eau fournit un comi)lémcnt
nécessaii'c aux recherches archéologiques. Bien qu'on ne
puisse remonter, dans les documents authentiques, plus
haut (|ue le moyen-âge, les noms des ruisseaux du Condroz
nous viennent, comme bien d'auti'cs, de plus loin; radical
et suffixe témoignent de la haute antiquité de leur origine.
L'Ourthe — Urla ou Orta — constitue la frontière oi-ien-
tale du Condroz actuel ('■).
(') Contributions à la carte :
IjCs Avins, Marc-liin, Oiirict, Ol-Ikuh, Tinlol, Tavicr, Vierset,
Vyle-Tliaroule: Outreloiixlie, Bonsin, Vervoz, Strée, Xandriii,
Anthisne, Ciney, Mossée, Barcenne.
(") ((Intel- Urtam et Letiain», xne siècle, (entre Ourllie et Lesse).
l^e Orta dérive Orlao ou Oriho.
— 92 —
L'Ourtlie, qui rcroit à Fronville VEdera, l'Eure en
Famenne, (doc. de 1008), a aussi pour affluent à Petit-
Han, la Siiminara, la Somme (').
Quant au Xéblon, affluent à Hamoir, c'est VEinblon
d'un document de i3i5, et C.-G. Roland, qui dans sa
Toponymie namiiroise a rendu de grands services à la
géograpliie spéciale de l'Ardenne, rapproche le vocable
d'un radical pareil, Amel et Amblava, l'Amblève.
Comme le Hoyoux, dont nous avons parlé, un impor-
tant cours d'eau condrusien se jette dans la Meuse à
Yvoir. Il a pris un nom vulgaire : le Bocq, mais il en
a porté un autre, des plus anciens : c'est celui de Paiileia,
Paulegia, Poleia {-). Le nom a rappelé celui que poi'tait
la Hogne, Poleda, près du cliàteau de la Hogne, dit de
Log'ne.
Autres affluents : le Lenio à Leignon, venant de Ciney,
{Ch. de Sfay.,747) ; VArua, l'Erve, ancienne dénomination
du ruisseau de Crupet, mentionné en i368.
Les monnaies romaines, ici aussi, comptent pour bonne
part dans les trouvailles, et leur abondance démontre
l'étendue de la circulation; une étonnante variété de
pièces dans la même main peut témoigner d'un degré de
culture particulier. Le sol de la Belgique orientale porte
un peu partout l'empreinte des effigies impériales, et c'est
un sujet d'étonnement singulier pour le paysan ardennais,
économe par définition et par nature, de voir le sol qu'il
cultive rendre parfois au jour tant d'argent perdu... tant,
que l'on pourrait croire à la disparition subite et sur
place, d'une population. En effet, de brusques invasions,
la panique ou la surprise, expliquent l'abandon ou la perte
(') « In psffe Condiistrino duo waiisa, super aqiiain Siiniinara »,
Chartes de Stanelol-M al medi , \)\i\.
i-) ((in villa Halogis (Halloy^ super fluvio Pauleia n^ S;;") (Mox.
Gkrm., SS., t. VIII, ]). 240).
- 9^ -
d'une pareille quantité de numérairt'. Les pièees sont-
elles éparpillées sur le sol, là s'est déroulée, au moment de
la fuite, quelque seène d'épouvante; les trouvc-t-on amon-
celées en quelque cachette, ce fut à l'annonce d'une
invasion prochaine répandue sur un territoire dont l'aire
est ainsi déterminée. De suivre, comme à la ])iste, les
découvertes de trésors cachés, fut vite de nos jours un
moyen (') reconnu de déterminer l'effet des invasions
germaniques dans les Gaules, celles-là n'eussent-elles pas
d'autre histoire.
En effet, fournissant une sorte d'argument à jjostcriori,
la monnaie la plus récente date l'invasion qui était proche,
et la ligne des trésors découverts avec les ruines, indi(|U('
l'itinéraire des destructeurs.
11 est intéressant de constater par là l'effet d'une roma-
nisation qui fut générale : on a retrouvé de ces cachettes
dans chacune de nos provinces belges d'aujourd'hui,
notamment une vingtaine dans le Hainaut, dix-neuf dans
la province de Namur, toute une série dans celle de
Luxembourg, trois près de Tongres, neuf dans la province
de Liège ('). Déjà on a pu tirer des conclusions de cette
f) Cajot. Les trésors de monnaies roniuines de la prouincc de
Xamur. dans les Annales de la Soc. arc/i. de Xanmr, t. XIV, 1H77.
A. Bl>AXCHET. Les trésors de monnaies romaines et les incasions
germaniques en Gaule Pai'is, 1900. — V. page 275.
(-) y. l'article i)ublié par Lrcn-:N Rkxard, dans la Renne belge
de numismatique, année lyoïi. Ces dépôts sont ainsi repartis :
A Jupille : 3,5oo pièces d'argent, de Néron à Pliilipi»e I.
Tilff' : 3oo pièces environ, Gordien, Salonin et Posthume.
Modave : 1,200 pièces, Alexandre Sévère à Gallien.
Avennes : 87 monnaies coloniales lEgypte) et 83 pièces rom, de
Claude II pour la plupart.
Juslenville : Go pièces. Magnence et Décence.
Gives (Ben-Ahin) : 2.{\\ monnaies dont if)2 de types différents.
Se])time-Sévère à Postume.
Petit-Rechain : 54 pièces, Pupien à Gallien.
- 94 -
stalisli(jiu', cil ce (jiii nous concerne. Plus de la moitié des
dépôts datent du troisième quart du iii^ siècle et impliquent
une série d'invasions pendant nne période de troubles
intérieurs. Voilà pour la date et le fait; et en ce qui regarde
le terrain, c'est surtout sur la rive droite de la Meuse que
le pays a souffert, notamment dans le Condroz. Il va de
soi que plus le territoire était riche, plus nombreux et
importants étaient les dépôts; et l'on ne connaît encore
l'existence de ceux-ci que sur quelques points...
Les derniers dépôts effectués ne comprennent plus que
quelque maigre pécule, celui du pauvre, finalement
au V siècle, il n'y a plus rien.
Temps malheureux C^, invasions et dépôts cachés, tout
se lie. Les noms de Maximin, des Gordien, Pupien et
Balbin rappellent aux nombreux détenteurs de pièces de
monnaies éparses ou accumulées, les débuts d'une ère
troublée par ranarchie militaire; c'est le règne alors des
Trente tj^'ans, ainsi qualifié du nombre des compétiteurs
prétendant à la direction des affaires de la (Jaule, et se
donnant divers titres. C'étaient, au fond, des empereurs
provinciaux, visant à établir l'union de la Gaule, de
rEs])agne et de la Bretagne; mais, la sécession n'avait rien
d'indigène, on prétendait être romain sans Rome, et nos
contrées n'eurent à prendre que leur part des malheurs
publics.
Au milieu des querelles intérieures, il fallait encore
lutter contre les empereurs de Rome; et les Barbares, non
U'iissei^es : polit dépôt de 6 pièces italo-j;i'ec(jues, i ^hirc-Aïu-èle.
Vcrvaz (Claviei') : <j8 i)ièces, Auguste-Arcadiiis.
Innombrables, en général, sont les monnaies en bronze de
l'ostunie, Tétricns, Claude II, Aurélien et Probus ; celles de Gallien,
des trois Gordien, Pupien, Victorinus, sont communes ; assez rares
les pièces de Laelianus (Inip. Caes. Cornélius Laeliamis p. f. Aiig),
et de Tacite (275-270).
(1) Cf. Blocu, onv, cité, pp. 253-268.
— 9;
contenus, ])ùn(''trèi-('iit vers 257:111 cdMir «le ri'lmpirr, les
Alainaiis dans le XoimI de l'Italie, les Francs juscj^iTcn
Espagne. Des dépôts de monnaies se retrouvent dans tous
les départements du centre, de la Bourgogne au Finistère.
Postumc vainquit les Francs, et si l'Etat gaulois ne sut
pi"évenir les invasions, il eut, au moins 1(> mérite de les
refouler. L'ordre Fut donc rétabli, et à écout(U" encoi-e ce
que disent les monnaies, la prospérité revint, car si les
bronzes de Postume sont frustes, les pièces d'argent et
d'or décèlent le fin métal bien frappé. Des médailles le
(lisent, Xeptune était revenu (Neptiino rediici), et le Rliiu
laissait couler paisiblement les ondes de son urne : on
crut à la paix. Après le meurtre de Postume et de son
fils (267) paraissent et disparaissent tour à tour Laelianus
et Marins, Victorinus, puis c'est Victoi-ina, cette Zénobie
de l'Occident, dont on retrouve l'image en Victoria, avec
la légende Cornes Augiisti (Victorinus), Adjiitrix A ugusti,
Aug'iistH, Mater castroriiin ('). Sans revêtir la i)()urpre,
elle exerça le pouvoir au pi'ofit d'une stabilité qu'elle
cliercha à maintenir après la mort de son fils et de son
petit-fils; elle s'adressa à Tétricus, qui fil un essai de
gouvernement civil. Celui-là, découragé, livra — Claude II
étant mort — son armée à Aurélien : c'était la fin de
l'empire gaulois, juscpi'alors soutenu par les soldats,
lesquels aimaient à rester dans le pays.
Nouvelle invasion des Germains après l'assassinai
d'Aurélien (270), et le désastre égala celui de l'an 257 :
soixante cités de la Gaule, presque toutes, furent, dit -ou,
occupées et saccagées. Tacite régiui quelques mois, ])uis
vint Probus qui, partout A'ictorieux, délivra le pays,
assurant le Rhin et relevant la barrière du Limes. Ses
succès n'emi^êclièrent pas les vaines tentatives de compéti-
teurs, Proculus et Bonosus. Finalement, en trois années
('j V. Cohen, Tétricus.
- î)6 -
oonsccutives, 283, 284, 285, Probus périt, ainsi que «es
deux fils, Nuraerianus et Carinus. Ces trois assassinats
terminent d'une manière caractéristique une période de
troubles qui avait duré plus de trente ans (253-285), jus-
(^u'à l'avènement de Dioelétien.
Pénible à lire comme aussi difficile à assembler, le
résumé de ces faits a au moins l'avantage de donner une
suite nécessaire à de premières considérations historiques,
et imisque c'est de la période des trésors cachés qu'il
s'agit, souhaitons en faveur des numismates, que l'on
fasse encore quelque trouvaille pareille à celle de ,Jupille('),
dont on ne connaîtra jamais bien l'importance, ou du
Tiresberg près d'Arlon, où l'on compta 3,25o pièces...
'J'ant d'autres trésors ont d'ailleurs été découverts dans
le Grand-Duché, en plein Eifel, dans toute la zone (-)
exposée! Ils ont les uns ou les autres donné lieu à des
observations intéressantes : dans la cachette du soldat ou
de ceux qui suivent les armées, les pièces sont de dates
rapprochées, de vingt à vingt-cinq ans, et frajjpées sous
les derniers empereurs; tel trésor de cultivateur ou colon,
renferme des séries de pièces rappelant toute l'histoire
antérieure de l'Empire, deux siècles et demi. Il n'y avait
pas de démonétisation; les pièces anciennes, malgré le
fort relief, sont les plus usées; toujours du bronze ou de
l'argent, presque jamais d'or — à cause sans doute de la
difficulté du change — et pourtant les « tyrans » gaulois
ont frappé de l'or, mais le métal précieux quittait le pays,
emporté par les marchands et les fonctionnaires.
Enfin, il convient de quitter un pi'éjugé qui fait attribuer
toute valeur aux pièces de monnaies de l'âge classique
romain et négliger celles dites du Bas-Empire : celles-ci
l'j Un Irafîineiit (linsci'ipUoii y a été également (léoouvort, C. I. L.,
XIII, 3(;oS.
(•-) V. i)lus loin, GRAND-DUCIllC et EIFEL.
— <>: —
sont pourlant les ]>i('('('s de nos coiil rrc.s, rr;ii)[)(''('s j^éiU'i'ii-
Icinenl ù 'J'i'èvcs ou en (Jaiile; et e'est ai)rès avoir passé
l)ar les mains de nos Belgo-romains, (m'elles rci)araissont,
chez nous, à la lumière.
Peut-être encore attachei'a-t-oii i)lus de prix aux i-e-
eherelies de ce genre, pour la raison (pie la jx'riode
liistoricpie dont il est ici (piestion, est des ])lus ])au\res
en textes authentiques.
La partie de la province de Xamur (]ui a])i)artient à
l'Ardenne géologique, s'étend au Sud-Est, à la haiifeur de
Jlocroi, entre l'embouchure de la Lesse et celle de la
Semois.
Sur ce territoire on a fait moins de trouvailles, les
explorateurs namurois étant attirés ailleurs ])ar de ])lus
riches champs d'exploration. Ainsi un des caractères
principaux de l'occupation belgo-romaine se trouve encore
confirmé dans l'ordre économique.
La population fut la plus dense dans la partie hesbi-
gnonne; elle abonda sur le territoire condrusien comme
dans l'Entre-Sambre et Meuse, où prospéra la i)etite
industrie métalh;rgi(|ue et celle de l'émail ; enfin elle se
fait plus rare dans la haute xVrdenne ; toujours l'attrait de
la bonne terre.
A Xamur même, on peut esquisser l'histoire d'une Namur.
ancienne bourgade, d'un viens belgo-romain inqjortant.
A l'intérieur de la ville moderne des restes nombreux
de l'ancien Niiiniicnin (') ou Xainuiuu, ont été retrouvés :
dans le lit de la Sambre, le pied d'une statue colossale en
(') Xaimiciun se lit sur un triens mérovingien. — u Xannicho féli-
citer », 6<)3, cliart. de Stavelot. — « Xunuiituiriuu castruni iniiniel)at »,
Hodottrdi annules, ad an. gGo. — Nanuiv, Charte originale de i2o4 ;
Xanuir et \anior dans les cliansons de gestes (hi xue et du xm« siècle.
C. G. Roland, ouv. cité. s. v. On peut rapprocher de Xamitcunt
le village voisin de Xanièche, où fut une ferme ou villa, Xunieka,
Xamecca. doc. de I2:>G.
- 1)8 -
l)i'()ii/(' '", une slatiu'Kc de la h'ordnic ou de l'Alxmdancc,
(rautres statiu^l.tes encore (lui sont des chefs d'œuvres (') ;
sur la rive gauche de la Sambre (dans les jardins de l'ck^ole
Saint-Louis), fut le i)lus ancien cimetière helgo-romain, très
garni, car il a fourni jusqu'à présent cent vingt tombes
et une centaine de vases ont été exhumés. On s'accorde
à croire qne les habitants du virus, se trouvant à l'étroit
sur la bande de terre qui, à l'embouchure de hi Sambre
s'étend au pied de la liante et admirable position militaire,
ont ])assé la rivière et se sont établis en partie sur la rive
gauche, où est l'assiette principale de la ville actuelle.
Kn face de celle-ci, à l'autre côté de la Meuse, à.Tambes (^),
il y eut un cimetière belgo-romain. Un troisième cimetière
s'est rencontré au faubourg de Sal/.innes ; mais c'est dans
les mui's des bâtiments de la citadelle qu'on a décou-
vert en 1886 les cii)pes funéraires ou grandes dalles de
jiierre ])ortant à leur ])artie supérieure les noms de
notables habitants du lieu, d'il y a dix-sept on dix-huit
siècles. T^a lecture de ces ///»//(') m' laisse pas de fournir
f'j Musée (le Xamnr.
{'-) Actiu'lloinent àTiiége.
(•'j Jiimeda, dans un doeiunent de T134.
{•>) XIII 'MJ-2'\. I) \M\ Subinns (!. — Insi-riplioii incomplète, la i>ierre
ayant été retaillée en clef de vonte.
Il)id., 'M)'2i. I). M. [(7]«.s.s//js Powpeiaims sihi et Mallae iixsori et
Tito l'tlio nfiniis) f'fecitj.
Ibid., .'}()24- ^J- iM. Serurinio Amiuio patri Ulp. Vanaeniae inalrl et
Sernviiii(ae) Amini(ae) Vfioi) f(ecevnnl). Mediciiae Delicatae.
I l)i(l. .'iUiiii. 1). 1 .1/ |. Ilaldaccn \l\n\iionis /il(iiis) sil)(i) et Lubaiiii n.xfori)
l'ictori et J'niilenli filis \fecit\. La i)iei're est à l'état de i'i-ajjfment,
inconq)lct et arijue.
Il)id., ?>i'y2o. D. M. Accepliis Virtoris (filins) sibi et Animai anae
cofnjjniffi) et Viclorio Virlorino bfene)/'(iriario) efonjsfnlari) /'ratri
posnit.
.1 P. \\Al.TZiN"(i, dans le Mnsée Belge, VII, i()();>, j»]). ;]35-349. —
C. 1. L., Xill, n"^ :5G'j(>:i(;iî8 inelus.
— 'J'J -
encore des i'enseit;iieineiils i iilei-ess;i ni l'et;il-ei\ il hel/^o-
ronuiin. Il s'y l'cneontre des noms de l'eninies : Mulln,
\'aniu'niu, Madiciia, ou Aniinn ; deux néo-l;i(ins, \'i(l()r el
Priidens sont les fils de parents donli les noms sont encore
barbares, un IhiUlncco e( sa temme Liihuinis ; tel porte
un nom (pii ra])pelle l'épcxpie de la. donation de la cité
romaine, Ca.s.s/».s Poinpeianiis ; enfin on remaiMpie la (|nali-
fioation de bénéficiaire du consul attribuée à un Mclorius
Victoi'inus; qu'était un privilégié de l'espèce?
Dans l'armée oii a})p(dait ainsi eu général ceux (|ui par
le bénéfice ou faveur dos chefs, étaient i)i"()inus eu i^rade ('',
chargés de quehpie mission spéciale, en vue de hupielle ils
étaient dispensés du service ordinaire. Déjà, nous xoyons
dans les Coninicnlaires de César [-), (pu' le lieutenant de
Pompée Pétrejus avait autour de sa ])ersonne, comme
gardes dn eoriis,des cavaliers barbares «ses bénéficiaires».
Toi aussi, il s'agit d'un ininiunis ou exemi)t , décédé à
Namnr, et où probablement il avait été détacdu' et occu])ait
encore un ])oste i)articulier au nom du légat, (pii était res-
])onsable d(^ sa garde. Ce gouverneur d'ordre consulaire
était celui de la Passe-Germanie dont Cologne était la
métro])ole: le territoire dc^ Namur ap])arlenait ainsi à celte
])rovince. T)(^ ipudle nature en géjiéral était le poste en
(juestion?. Jusqu'aujourd'hui on voyait bien ([uc les inscrip-
tions r(devant la présence d'un bénéficiaire du consul
étaient trouvées aupi'ès de (juel<[ue limite ou i)assage
impoi-tant, mais la fonction même restait en réalite
inconnue. A'oici s(nilement que des études d'ensembh^ {•')
])ernjettent de ])réciser davantage en atteiulant un (-(dair-
eissement conq)let.
(') VecETIUS, Iiist. luiliL. -J, 7 : « bcnefirinrii nb ca upjwUnti qiiod
]>ronierentur beiie/icio Iribuiiorutii ».
['-} B. G., I, :').
(3) Parle i>r()r.*A. vox Domas/.f.w ski do l'I'nivei'silé de Hcidolbei-^-- :
Die lielisjion iiii l'iiinischi^n Ifcere, W'estd. Zeilsc/ir., XI\' i iSn'n j)]). <jS
— loo —
L'établissement de pareils postes se rattaelie à la pre-
mière organisation militaire romaine dans les provinees
eonqnises et maintenues sous la surveillance du comman-
dant par des routes toujours ouvertes à l'armée. Après la
l)aeil'ication, il fallait encore que les voies fussent libres
pour le service de l'intendance, le passage des troupes, des
auxiliaires, des fonctionnaires, i)Our la circulation normale.
Aussi y eut-il des stations dont le soin était confié à un
emploj^é militaire, et cette sorte de cantonnier, respon-
sable de la libre pratique d'une section, n'était autre que
le bénéficiaire du consul, mentionné notamment par l'in-
scription namuroise. On constate la présence d'un x^areil
titulaire sui-tout à la coupure, la bifurcation, à quelque
nœud de route militaire, près d'un pont, à la limite d'un
territoire. Dans ce dernier cas, l'établissement d'une sta-
tion indique que le passage n'était pas absolument libre.
Il est regrettable qu'on ne puisse plus bien indiquer l'em-
placement où l'on a tout d'abord relevé avec la pierre,
l'inscription de Namur, sis en un territoire où la Sambre
et la Meuse confondent leurs eaux : là toute place est
intéressante, que ce soit à l 'embouchure même de la
Sambre, ou dans la bourgade à la fin du chemin venant
de Ceiinaciiin ou Ciney en Condroz, ou bien au point de
départ de la route alhmt à Peruiaciim ou Perwez, se souder
à la grande voie romaine de Tongres à Bavay.
C'est une inscription funéraire qui nous fait connaître
chez nous le bénéficiaire Victorius Victoriiuis; ailleurs
généralement, ce sont des autels votifs dédiés à Jupiter
d'abord, puis à la divinité du lieu où était le poste, génie
topique bien connu sur place, aux déesses des carrefours
Biuiae, Triuiae, Qiiudriviae, suivant la voie.
et suiv. ; et ibid. XXI, fujos) a"" liv. : Die Benefîciarierposlen iiml die
rùmisclien Strasscnnefze ; le même, dans l'Ai i.v-WissowA , Real-
Encycl., s. v. Beiie/icimiiu-.
— loi —
a Au (lien orf>-nnisnieiir des voies et des chemins »(' ', dît
iiièinc une inscription de la Grande Hreta<>ne.
Le bénéficiaire, dont la solde était ])lns haute i|U(.' dans
le rang-, élevait tel ])etit monument, sa^ai-de finie, stalione
peracta, ou dans le eours de ses fonctions, stationis ciiriun
ii^ens, et l'on peut ei-oire que c'était nue façon de se
recommander en vue de quoique avancement encore.
L'autel était mis sur l'emphuH'ment lé^al réservé au poste
et demeuré libre. Ne fut-ce que pour retarder ou favoriser
au besoin l'arrivée d'nue nouvelle extraordinaire, comme
aux temps où des prétendants s(^ disjjutaiiuit remi)ire,
nid doute que ces pré])osés ne pussent jouer à l'occasion
un rôle particnlier (-).
La mention d'un consul , légat ou gouverneur d'ordre
consulaire de la Basse-Germanie, nous r(^poi'te à l'âge
classi(pie des pouvoirs régulièrement conférés, soit avant
le milieu du m'" siècle, à la période antérieui'e à l'avène-
]nent des Tyi-ans de Gaule.
Une qnestion d'un antre ordre : ces pierres namuroises
utilisées par des constructeurs modernes, auraient-elles
d'aboi'd été reportées de la vallée sur le haut de la mon-
tagne de Namur au temps où, sous Dioclétien, les bour-
gades se remparaient tout en sauvant leurs monuments
funéraires et en sonstrayant à la vue l'indication des
sépultures ? Le fait se trouverait confirmé par ce (lu'on a
observé d'analogue dans beaucoup de villes gauloises.
Quoi qu'il en soit des détails, en suite d'une admirable
situation, unique dans le pays, le viens d'en bas ou Voppidnm
(') Deo qui vias et seinitas coiiinienlns est. C. I. L., VII, 271.
(-J Aelii Spartiani Iladriaiius Caesar, (Hisloriae Aiigtistae Scrij/
tores), iiiitio : « Ex qua (Germania superiorej festinanti ad Trajanum,
ut primas nnntiaret e.xcessiiin Neruae, a Serniano sororis viro diit
detentiis, fractoqiie consulte vehiculo tardatus, pedibus iter facicus,
ejusdeiii Serviani beneficiarium anievenit, fuitque in amore Trajani. »
— ïo-2 —
(l'en liaul, iiont pu iiian(|uci' de coustiliiur dos ranti({uitL'
une localité particulièrcnR'iil importaiiie, éUiiit sise non
loin dos lï-ontirres de la Basse-Germanie ou de la Bel<;i(]ue-
Seeonde.
Les Villas, C'est un fait confirmé tant par la topographie générale
(|ue par le résultat direct des fouilles entreprises : dans les
localités les plus diverses on a constaté l'existence de
cimetières belgo-romainsC); il y eut donc, par voie de con-
clusion, autant d'agglomérations correspondanies. Théori-
quement, étant donné un centre d'habitations, le cimetière
est à chercher. Les champs funéraires ont surtout con-
tribué à enrichir les vitrines du Musée de Namur où objets
et notices ont le don d'enseigner, où collections et publi-
cations scientifiques marchent de pair (').
De plus, un des grands services rendus a été de nous
faire connaître l'ordonnance de nos villas belgo-romaines.
Certes, alors que d'ouvrir des cimetières rapporte tant
d'objets curieux à exposer, il est au premier chef méritoire
de fouiller la terre sur de longs espaces pour suivre les
lignes de simples substructions sans plus de bénéfice
archéologique. Mais on a gagné ainsi la connaissance d'un
plan, de plans divers, disons des types principaux de ces
établissements. De grande ou de moindre étendue, à l'usage
de la petite industrie alors ])ratiquée, de la culture ou de
l'élevage, ils ont occuix' le ])ays ; on i)eut, dès lors, juger
(') Pour la carte :
Coronne, Nisiiie, lîioulx (IJois des P.asseHes), Bossières-St (Jérard,
SoiDzée, Lissoii- (Ilour), Villers-Dcux-Kgliscs, Cliestreviu (Onliaye
lez I)inaiit),J^niire, Fraiicliimont, Olloy, Sevry (.Iaviiif;iie), Cerfon-
laiiie (Flavioii), Pciwcz (Rognée), Aiihée, LaiielTe , Koniedeinie-
Surice (Eiitre-Sanilire-et-Meusej
(') CJraee à la Société avchéiAogique de Xatniir et son dévoué jji'ési-
dent, A. Pi:gi i:t. Les heureux résultats de leurs travaux méritent
d'être signalés d une manière jiarticuliere.
— lo.î —
tk'h avantages assures aiijoiird'luii par les l'ouilles ci
rétude, à l'histoire (le l'écoiiomic nationale.
On a exploré d'une nianièi'e seientil'iciue toute une suites
(le \ illas (') et le nombre de celles qu'on se ])i'()])<)se de
touiller dans la province, malgré les difl'ieultés op])osées
l)ar l'état dos cultures ou la saison, reste des plus consi-
dérables.
(^uebxnes-uns de ces établissements, les premiers que
nous citerons, n'étaient ])oint sis sur le terrain ai'dennais,
mais on nous permettra une courte excursion laite en
faveur de notre sujet même : en gVniéral, (quelle idée se
l'aire de nos villas ?
Antliée, près Pliilippeville, reste la grande villa par
excellence, témoin ce plan (") qu'on a relevé d'une si)len-
dide et compliquée maison de maître ; ])nis viennent sur
deux lignes parallèles, les bâtiments d'habitation des
colons d'une pai't, de l'autre ceux qui servaient à rex])loi-
tation agricole ou industrielle. Par crainte de l'incendie,
les constructions sont isolées.
La variété des objets retrouvés est rcunarcpiable, mais
ne retenons ici que les simples outils : ils sont les mêmes
(pie les iK^tres, qu'il s'agisse du métier de nui(;'on, de
char])entier, mouleur et le reste : couteaux, ciseaux,
gouges, scies, 1er à rejointoyiM", à souder, mèches de
vilebrequin, limes plates ou rondes; instruments à modeler,
(') Pour la carte :
Anthée, Arche, Al' Sanvenicre (Mailleni, Bureenncs (Ciney), Herla-
cnmine (Védriu), Chaslres, Graux, Neufcliàteau (Jeinelle), Roiicliiuiies
(Mailleii), Saint-Marc, Wancennes.
(-) Exposé, comme la i)lupart des autres, au Musée archéologiciuo
(le Xauuir. Annules de la Société archéologique de Xamiir, t. XIV,
p. i("i4, La villa d' Antliée. — V. eu outre, Les grands domaines et les
uillas de V Entre-Sambre et Meuse, par A. Beqlet, Ibid., t. XX,
i''« liv., pp. 9-^7.
- io4 -
loquets, un admirable compas (rarchitecte , etc. : nos
métiers d'aujourdliui n'ont donc pas inventé leurs outils.
Relevés entr'autres choses, des petits bronzes d'art, des
armes de chasse, tète de flèche en bronze, lances effilées.
A Flavion , à 4 kilomètres d'Anthée , s'étendait un
cimetière de la fin du u*^ siècle : 3i5 tombes à incinération,
800 vases en poterie, 4^)0 agrafes de vêtement, 120 i)ièces
de monnaies, offrandes du mort. C'est là qu'étaient dépo-
sées les cendres des colons cultivant une partie des terres
de la grande villa citée plus haut, et à voir tons ces objets
destinés à la i)arure de gens d'une humble condition,
servile même, h; bien-être dans lequel ils vivaient devient
évident.
Un autre cimetière a été trouvé à Morville, près d'An-
thée encore. Ample et curieuse i-écolte a été faite à Berzée
au cimetière des Vallées, à l'usage, pendant les deux pre-
miers siècles, des colons de la grande villa de Péruwez,
à deux kilomètres de là : broches, fibules, colliers, bra-
celets et bagues, tous bijoux généralement étamés, ou
émaillés , ou ornés de i)ierres serties d'un ornement
classique.
On doit rappeler à ce sujet que l'émaillerie est un art
spécial au Nord-Est de la Gaule. A rapprocher les pièces
divei'sement incrustées et les émaux des trois premiers
siècles, on relève : des émaux en mosaïque, incrustés,
champ-levés, sans séparation métallique. C'est le plus
ancien art industriel de la Belgique ('). On n'a pu manquer
de faire cette réflexion, que les colifichets à la mode dans
nos campagnes, ne sont généralement pas à la hauteur
de ceux des colons belgo-romains.
Mais nous voici sur la rive droite de la Meuse. A Wan-
cennes, j^rès de Beauraing, existait aux i^'" et ne siècles
0) V. la notule qui accompagne lexpositiou <le ces objets an
Musée (le Xaniui- : elle a été suivie d'un travail spécial de A. HKyt kt.
io5
une villa. Kii i'ouillaiil on a trouvé Dolaimiicnt un amas
(le 226 piécettes à l'effigie de Tétrieus, nialadroiteinent
frajjpées, monnaies de nécessité ou produits de faux-
luonnaveurs travaillant à la faveur de l'anarchie ; des
instruments de chirurgie aussi : sonde, lancette, spatule,
cuillère, à côté de la tablette à pi'éparer les onguents ;
les restes intéressants d'un lit à roulettes, en fer, à savoir
les quatre montures et une des pentures servant à joindi-e
la forme du lit. On sait que le lit romain était étroit et
avait le dossier surélevé.
Le ciuietière, naturellement du même âge, a donné
160 tombes d'où l'on a retiré foule d'objets ressemblant
on général à ceux des tiiiniili de la Hesbaye ; à noter : un
plomb de maçon, un mors de cheval en fer, une forte
clochette de bronze qui indique i)robablement la tombe
du bouvier de la villa, enfin une curieuse broche ornée
d'un camée en verre bleu représentant une tète de Gor-
gone, talisman luxueux de la dame du logis ; le bijou est
cerclé d'une inscription en lettres onciales disant dans un
langage incorrect que Persée trancha la tète de Gorgone (').
Une ferme du iT siècle, d'après les sigles des tuiles,
a été explorée ('-) sur le plateau d'Arlansart, à 5 kilomètres
au Xord-Est de Gembloux ; d'autre part, l'habitation
dominiale, pourvue d'un hypocanste ou calorifère, d'une
salle de bain et d'une cave ; de l'autre, affectant la forme
d'un vaste rectangle, les bâtiments de l'exploitation agri-
cole, ayant au centre une cour de 10 mètres et devant
celle-ci, nn grand hangar en façade où était l'entrée. Le
tout témoigne d'une aisance égalée mais non dépassée
aujourd'hui.
Au hameau de Fter à Servillc, à 12 kilomètres au
(1) PiRSIVS OCCIDERA CAPVD GORGOXIS.
(■-) Annales de la Société archéologique de Xanutr, t. XXI\'
— i(i6 —
>'(>r(l-l-]st (le Diiiaiil.on croit avoir drcoux t'rl >' iiiir tavcriic,
niansion ou liôtclkTii', tcniu' pcut-ètro par (nu'hpu' sci'f ou
ari'rauL'hi sui- la voie traversant un doinaino. t''rtail un
bâtiment l'entral avee deux marteaux ou ailes, reliées
sur le devant pai" une galerie en bois dout le toit l'oruiait
appi'utis; eelle-ei, Ionique de iii mètres sur 3 mètres de
largeur, pouvait présenter laspeet (Tune terrasse agréable
en la bonne saison. Dans la galerii- même, se ti'ouvait
l'entrée de la eaAe où conduisait nn esealier de 3 mètres.
La descente était i)our\ ue d'une niche pour la lampe.
Los Romains buvaient du \ in, et les Germains, Tacite
le dit, connaissaient la bière : les Belgo-romaius firent
de la brasserie une industrii' ; témoin la \illa ou etablis-
sennMit de Koncliine et sa brasserie, du milieu ou (U' la fin
du iii>' siècle. I''lle ai)particnt an groupe des villas de
Maillon (•>, C'ondro/. ou l-'amenne, étant sise près du
château d'MesIroy ; et le nom de Ronchiue est celui d'un
ant'ien casiel ruine distant de i,"ioo inèti'cs. C'est la décou-
verte d'uni' toui'aille ou séchoir (pii a permis do recon-
naître la destination de l'ensembh'. La touraille, en excel-
lents matériaux, parfaitement disposc'c. ])résentait la forme
de riiyp^tcauste obligé, au-dessus (ln(|iu'l, sni' des carreaux,
séchait l'orge gernu\ Ont-roit ponxoir déterminer sur un
plan les autres pièces à usage de brasserie, germination,
bi'assage, fermentation ; les gros poids de ])ierri' avi'c
menottes de fer. (h'stinés à ])eser le grain, sont aujourd'hui
déposes au Musée <le Namur. Les constructions formaient
trois groui)es ]>rincipaux : riiabitatiiui du maître, gynécée,
pièces pour les enfants l't les servantes, calorifères et
bains; atidiers et magasins: bât iments agricoles, élables
et granges; le tout en ligne, de l'ilst à l'Ouest, sur ([uatre
cents mètres d'étendue.
(') Annales de la Sociélé archéolooiqnc de \timuv, t XXI\'.
(2) //)/(/., t. XXr, -2" liv. iSoC), article d A. Iîkc^i i:t.
— I07 —
On il (le iiicnic relevé le phiii <riiiic \ill;i ;iii liciMJil
.1/' Saunenièrei^j. 11 donne le type d'une exploitation nirale
de moyenne importance vers la fin dn iV siècle : au centre
et en avant-corps, l'iiypocauste et le balneuin en carré,
lu hall ou couloir eonduisail à r]ial)itat ion, ainsi s(''par(''e
suivant un usage constanl, des autres constructions.
La ierme — villa friicliiaria ou ag-raria — était au Sud
sous l'orme de construction en cai'i'é. On a retrouvé là des
<lél)ris de verres à vitres et nous ani'ons })lus tard l'occa-
sion de i)arle]' de l'emploi de ccitte matière {~), nécessaire à
l'appartement cliauiïé par nn hy])ocauste.
La villa d'Arches, près de Maillen, encore comme celle
(VAV Saiivenière, se présentait sous l'aspect d'un grand
bâtiment au centre avec une aile ])our le bain et riiyi)o-
causte, une autre aile également ])eri)endiculaii'e au bâti-
ment principal.
Sur toute la ligne <pii, <le Prol'ondeville ou (^^'voir sur
Meuse, se dirige vers l'Ardeiine [)ro])i'ement dite, comme
la où se trouvent les établissements groupés de Maillen,
les exi)loi'ations ont fait constater de nombreux établisse-
ments belgo-romains '"'i ; et au bout d(; cet itinéraire arcliéo-
logi(pie,nous nous retrou\()ns, à la limite du Luxeml)ourg,
sui" remi)lacement de la villa de Jemelle.
\'is-à-vis d'un fortin dont nous parlerons spécialement
tout à l'heure (■*), sur la rive droite de la Lomme, en lieu
fi) Aiin. (le lu Soc. lu-ch. (Je Xuiiiiir, I. XIX, iS'.»:-,!)!). .'J'jo et siiiv.,
notice (1 A. Mahiku. Nous repi'odiiisoiis la i)iU-tie centrale du phiu
de la villa.
C-) V. EIFKL.
(^) Pour la carie :
Crupet, Duriial, Sorinne, Viiicou, Spoulin, Mouffriii (Xatoye),
lleuleau (Sovet), Sevenne (id.), Gesvc, Wagnée (Floréei.
V. la carte spéciale de Maillen et des environs, i)ul>li('H* i)ar la
Société arcliéoloj;iqu(' de Xaniur dans ses Annules.
Cj Y. LES FORTIFICATIONS LOCALES.
— io8 —
(lit Malagne, non loin encore du chemin antique condui-
sant de Rochefort à Marche, s'étendait en un long rec-
tangle de loo mètres sur 3o une villa contiguë à un enclos
de 8.160 mètres carres. On y a trouvé liypocauste et bains,
des chambres d'enfilade au même niveau, et deux longs
corridoi-s courant le long des deux façades : ils proté-
geaient ainsi l'intérieur contre les intempéries. On a repris
depuis cette heureuse disposition : c'est la galerie continue
du Château Royal d'Ardenne, qui fait face au Nord,
Ajoutons qu'à côté de l'enclos se trouvaient des ateliers
de maréchalerie.
A cause du reboisement et de la végétation , nous
n'avons pn retrouver toute la disposition des lieux relevés
antérieurement, mais nous avons vu des petites pièces
d'intérieur en contre-bas, encore pourvues de leur carre-
lage rouge, et nous pouvons signaler à l'attention, à côté
d'exigus appartements, une officine encore en état, avec
niches et cheminée. Elle présente tout lintéret d'un inté-
l'ieur de Pompéi, et certes on ne se croirait pas là sur le
sol ardennais, transporté (juc l'on est dans l'office inté-
rieur de quelque riche personnage, un notable belgo-
romain. Tout y est encore, les niches murales et les che-
minées ; les parois, très lisses, présentent des cordons de
pierres qui en varient la couleur (').
En attendant une destruction totale, à côté de la partie
actuellement couverte de plantations qui préservent plus
ou moins les ruines, la (diarrue rapproche toujoui's son
œuvre et le sol nivelé est couvert de tessons...
En général, nos villas étaient de moyenne étendue, sises
(') Notre (■()nii)af;iu)n (l'excursioii, M. L. IIkn, ;i jn-is snr ]>l;ic*c nii
dessin fie cet intérieur élégant dans sa sinii)licité. Nous i'oi»ro-
(Itiisons également, sur une échelle réduite, le itlan de la \illado
Malagiie, d'après celui (ju'a ])ul)lié la Société arcliéologicjue de
Naniur, t. XXI, pi. II.
'A
- i<^'9 —
sur (les (erres (Vime contenance de liS à 20 hectares. Ce
sont les plus grands domaines, eon)nie la villa d'Antliée,
qui ont servi de modèles aux çtablisscMuents carolingiens
comme aux monastères. Ainsi, h^s ('aj)itulaires de Char-
leniagne intéressant l'oidonnance intérieui'c et le traxail
commun des serfs, no l'ont que continuer Tliistoire des
établissements belgo-romains peuplés de colons.
La lielgi(pie orientale, l'ancienne forêt d'Ardenne, pré-
sentait, du Rhin à la Meuse, un aspect ])arliculier : point
de villes, elles étaient aux extrêmes limites, Ti'èves,
Cologne, Tongres ; quelques bourgades, Namur, Arlon,
A'ieux-Yirton, mais si ces bourgades étaient ])lus rares (') à
rOccident, les vici l)ien organisés se présentaient vers le
Rhin et la Moselle plus nombreux ; ceux-ci ont un nom.
D'autre part, l'intérieur du pays était occupé par des éta-
blissements particuliers, isolés, mais on ne pouvait aller
bien loin de l'un sans voir l'autre... C'était, ici ou là,
l'habitation d'un maître vivant dans l'aisance et la sécurité,
exploitant avec ses colons la terre ou quelque industrie,
le bois, la pierre, les métaux, ou bien se livrant à l'élevage.
11 avait veillé à choisir un endroit bien abrité, auprès
d'une eau courante, et sa ville à lui, [-) présentait sur une
longue ligne en rez-de-chaussée, des bâtiments de hauteurs
diverses, à toits inégaux et souvent séparés par des cours
ou des couloirs, pour avoir plus de jour et, comme nous
l'avons dit, moins à redouter le feu. Sur des fcnidations en
l'j Certaines onldispani au point (inOii n'en retrouve jtliis l'eni-
plaeenient, tel un Mcdiianlnm placé à Mande Saint-Klienne i)rès
Bastogne ou près de Moyen ilze!) sur la Seniois, ou près Méan en
Condroz (V. plus haut LES ROUTES ci les identifications proposées
poui- les stations de Meditanliim et Menerica, \)nv V. (i Roland,
Compte rendit du Congrès arch. d'Arlon de /%'>, II, p. <)"?, et surtout
;7)/V/., ]). lod, par G. Jottuand).
(-) M. /V. Bequet, La inlla bel go-romaine. Annales de la Soriélé
arch. de Xamar, t. XX, part. I, pp. 117-182.
— 110
mati'riaiix solides, on avait cniployc le bois ainsi (|u'cii
Germanie et reeouru an torehis comme aux petits pan-
neaux (le bois en guise de couverture latérale : c'était
assez bien, moins l'étage, la construction ardennaisc en
l)a\'s de Spa ou au centre du Luxembourg ; et comme ici
bien souvent, des auvents protégeaient les issues. Au fur
et à mesure des besoins, la villa étendait ses propres cons-
t mictions et elle rencontrait la terre d'une voisine, là où
la population était dense. Les autres se voyaient dans les
creux des vallées ou de loin à mi-côte, et toutes allaient
multii)liant les combinaisons (jue donne la formule : une
maison de maître, à la mode de la ville, un établissement
de rai)i)ort.
D'autres renseignements sont également de nature à
compléter l'étude de ce sujet important, la villa ; mais ils
dennindent à être complétés sur place, et nous y revien-
drons (').
Nos l'ermes, nos castels ne succédèrent pas à ces établis-
sements pi'ospères, l'emplacés par des liabitacles l'uinés
ou des cabanes au temps des invasions.
Vallée Namur, Dinant, Anseremme, et nous voici à l'embou-
de la Lesse. ebure de la Lesse. Celle-ci est, avec l'Ourtlie et la Semois,
une des l'ivières de noti'c Ardenne dont le cours est le
plus long (84 kilomètres), et la source à la cote la plus
élevée. Provenant du territoire désert qui s'étend au pied
des grandes liauteui's de Libramont (5o6 mèti'cs) près
d'Ochamps, elle traverse, coulant sous bois, notre grand
massif forestier, pénètre dans la Famenne qu'entrecoupent
des collines, et elle présente finalement l'admirable
spectacle de ses flots brillants, qui vont baignant la base
de roches abruptes.
Twe bassin de la Lesse, la généalogie peut-on dire de ses
(') Plus loin, AVFA'A, où sont relevées (les pai'ticularités intéres-
sant ces établissements, sis sur territoire trévirien.
— III —
eaux, ('()in})t('cs par artliicnts, l'ail partie <lc nuire ;iiieieii
(loinaino histt)riqn('. Les noms de ces torrents nous
i'api)i"oclient des limites les plus lointaines de la i>éog'i"a-
l)hie nationale 11 siiflit de les rassembler :
La Lesse, IJcin ou Licea (');
CrunsiiiH, la Raneenne, art'luent de la (Jeuibe, (htinurn,
qui se jette dans la Lesse à Daverdisse C-j ;
Glanis est un voeable qui provient d'un radical (ju'on
retrouve partout chez les Celtes; c'est le «ruisseau de
(îlan », alTluent de la Lesse, près de Xeupont; VAlbio, le
(( ri d'Ave » d'aujourd'hui, à llan-sur-Lesse ;
Veineiia, la Wamme, coulant de la i'orèt de Freijr à
Jemelle (27 kilomètres) (■'; ;
Enfin Lunina, la Loinme, dite « Eau noire » sui- sou
coui's supérieur, (|ui se jette dans la Lesse à Eprave, —
mentionnée dans la Chronique de St-IIiibert ';*>, — a donné
son nom à une villa ou ferme Liiinna, en ronnin Loin-
nesnllc, Lan)soul, près Jemelle (diplôme de 8G2).
Vcmera la A\'impe, coule de Ilaut-Eayt à Villcrs-sur-
Lesse (943). Elle a cUe-mênie pour aiïluent la Cenelia, la
Senoie de Beaurain^- (doc. de 943).
}]'aiiiiig-a, le Wacliaux, est raffinent de la Lesse à Jam-
blinne <^).
Isna est l'ancien nom de l'Iwenne qui passe par Celles
i^}ui's<jne in Liceuin <\ dans les oliartes de Staveiot-Maliiiedv,
au. 770-779. — (( ShUus qui adjticet (Invio Letiae », docuinent du
I.\e sieele (Vila S. Hudeliiii, Actu SS. f'eh., t. I, p. 3:8j. lu radical
celtique lech a le sens de cailloux, rocailles, et c'est eu effet ce qui
caractérise le cours de la rivière.
('j Chartes de Stao. -Malin., au. 770-779.
(3) Documeut de 875.
(■') S?§ I, 68.
{'") Charte fs de Star.-MaJm. : a Ilavalgas iNavaufïlei //j/cr flnmina
Isna et Vnomiiiiïa ».
— 112 —
cl se jette dans la Lessc à TToiiyet, (dans un document de
l'an 943 (•).)
On le voit, ees appellations datent d'avant l'an mille, et
sans compter qu'ils sont antéi'ieurs aux temps où on
soumit les noms de lieux ou de personnes à une latinisa-
tion forcée, leur ])ropre caractère décèle leur haute
antiquité.
Au Sud de la Famonne, située à la lisière de la forêt,
toute la contrée présente un heureux ensemble d'avantages
(pi'ont dû apprécier les premiers habitants, bois giboyeux,
eaux poissonneuses, pâturages naturels, et de mysté-
l'ieuses cachettes, les grottes. Les rivières, la Lesse et ses
affliKuits ont en grande partie un lit souterrain, les eaux
se montrent et disparaissent. Tout cela a été habité et
gardé : des restes de maçonneries, de retranchements,
nous montrent l'entrée de la Lesse dans la grotte de Han
sui-veillée, semble-t-il, par deux forteresses antiques pla-
cées sur le Chession (à la cote de 280 mètres), et sur Boine,
à la sortie de la grotte, où on a exhumé les restes d'un
cimetière franco-romain.
A l'endroit même où la Lomme disparait pour parvenir
sous terre dans la grotte d'Eprave, on a trouvé les traces
d'une habitation belgo-i'omaine; la sortie est dominée i)ar
une construction forte.
La grotte de la Wamme a donné aux curieux des objets
l)iéliistoriques et des monnaies romaines de Commode,
Probus, Constantin et autres.
A la grotte de Han, au pied de l'arcade naturelle d'où
sort la Lesse, nous avons vu, cette année môme, relever
des colliers formés de dents d'animaux, percées sur i)lace,
une longue et mince cuillère destinée à retirer la moelle
des os, et les cendres de foyers superposés étaient encore
visibles ; là ont séjourné nos chasseurs primitifs, et, sur
('j C. (x. lloi.ANi), T(>i>onyniie nanniroise, i)assiiu.
— II.) —
l'aud'c l)()r(l dd <;(»iiri'i-(', s'ouvrent des coiiloii-s sombres,
iiiyslérieiises l'ctrailes, et l'on sait (jn il y a la «les os et des
eoiuli'cs..,
A rorifiee des grottes de Fiirfooz on retrouve aetnelle-
nient des s(xnelettes i)ro venant d'une tribu de l'âg-e néoli-
tlii(|ue; et au-dessus de ees <4rott(^s à eouloirs naturels,
tlont eelle-là connaissait les méandres sûrs, on jx'ut eollee-
lionner des silex comme sur les pentes au Midi, où étaient
les établissements à l'air libre. Des fortifications belg-o-
romaines occupèrent la place, de même que ])lus loin
à Ei)rave ou au Chession j)rès de llan. A côté de ces cas-
tels, les débris d'habitations dénotent «juel degi-é <le
civilisation avait atteint la civilisation de nos ])eu])la(les
transformées par Rome.
A se placer vis-à-vis d'Eprave, sur les grandes hauteui's
de Xolaity, où fut probablement une tour d'obsei-vation,
on contemple un ensemble considérable de localités ancien-
nement occupées. Du Noi'd au Sud, de la grotte de Roche-
fort à Resteigne, en passant par Ejjrave, Lessive, Ave
et Auffe, tout le territoire peut être présenté comnu' ayant
recelé des tombes francpies, et les Francs étaient attiiu's
])ar les villas belgo-romaines. A Lessive encore, des Dciix-
caiix à la Croix du Tig'e, on a découvert (puiti'c cinu'tières
francs ])lacés à la suite l'un de l'autre, et un établissenuMit
belgo-romain était à la cime du Bois de la Iléroimeric.
Des substructions romaines ont été relevées à Ave et
Auffe au sommet du bois du Riichelet, comme à Genimont
le long du chemin antique allant à La Vaux -S"' Anne.
Venant de partout, des traces d'autres chemins anciens
sont relevées, qui se dirigent vers la Meuse. Enfin, de-ci
de-là, sur les hauteurs, combien de « marchcts » ont été
explorés ! Ce sont (h^s tombes attribuées aux Iloinnics de
Hallstadt et formées de petits tas de pierres (') sous
(') Ce sont probablement des restes de modestes liinuili dont h»
terre a été diluée à la tontine par les pluies.
ii4 -
Fortifications
locales.
U's(]uels se t roux eut piiri'ois encore des os peu recoii-
iiaissables...
Ainsi se retrouvent aujourd'hui, mélangées mais liisto-
liquement snpeiposées, toutes les populations qui ont
vécu sur ce sol privilégié, dans cette vallée de la Lesse,
(ju'anjourd'liui dominent en aval le Château Royal d'Ar-
denne et les roches où s'enferment les grottes de Furfoo/ :
lieu d'élection pour l'archéologue, s'il ne redoute pas la
peine, et quel que soit « le gibier de son estude ».
Près Furfooz, lorsqu'on voit de loin l'ouverture de
cavernes comme celle du Trou des Nutons, placée à une
hauteur considérable aux flancs de rochers abruptes et
qui paraissent inaccessibles, il est naturel de penser au
creusement constant des vallées qui jadis mit le seuil
de la grotte au niveau des bords de la Lesse. Mais le
ra])prochement du phénomène naturel et de l'habitat est
loin de s'imposer. Xous l'avons constaté, on peut, non
sans ])eine il est vrai, escalader ou descendre les roches
et pénétrer chez « les Nutons ». De plus, on remarque des
couloirs ou fissures inégales qui relient les cavernes où,
à en croire ce que démontrent des fouilles partielles, on
ne rencontre que des éboulis. Le tout ne forme qu'un
re])aire, difficile, mais praticable en cas de danger pour
les populati(ms de l'âge néolithique qui halntaient ])ar
dessus.
Rome vint, qui surveilla le terrier.
Sur ce plateau de Furfooz, on peut suivre et étudier
l'enceinte fortifiée d'une construction (').
Défendue du côté de la Lesse par les falaises de la roche
dolomitique, de l'autre par un long mur droit, elle occu])e
Cj M. Lko.n IIex, ancien officier du génie, en a levé le plan, (lue
nous présentons au lecteur.Celui-ci ne diffère pas essentiellement du
croquis publié ])ar la Société archéologique de yannir it. XIV, p. 3<j())
ni de sa reproduction dans Lu Lesse. par M. Edmond Rahik, Bru-
xelles, l'joi.
le (l()iil)Ic ('■pcfou isole (lï la colc de 1".t iiu'l rcs), sur une
longueur de deux ('ciils iiirlrcs coniptcs en (lc(laiis des
oiuTciges extéi'ieurs. ("eiix-ci sont ])artit'idièreaient coin-
])liqués du coté où le ])lateau s'abaisse : c'est d'abord un
retranchement en terre avec fossé sec et glacis (155 in.i;
puis, dans un étranglement (iG5 m.) entre falaises tant à
droite (^u'à gauche, des ti'avaux de défense de 34 mèti-es
fermant le goulot : d'abord un mur, ensuite des ondula-
tions de terres rapportées dont les crêtes ont dû être
couronnées chacune d'une ligne de palissades, soutenue
en un i)oint par une maçonnerie solide ; enfin, vient une
forte muraille à contre-forts, destinée à soutenir du côté
de l'enceinte nne massive terrasse d'où l'on dominait
tout l'ouvrage. Les murs de cette i)artie sont (mi ])etit
appareil très régulier ; on en voit encore le juste parement.
Un sentier suivant la pente de la colline à droite condui-
sait à une poterne s'onvrant comme une nasse dans le
long mur de défense. Celui-ci a été plus hâtivement con-
struit. Il enserre un })lateau étroit mais qui s'étend en
longueur sur io8 mètres, et nous remartjuons là à l'inté-.
rieur une place vide, que nous croyons avoir été destinée
à des baraquements ou canabae élevées en cas d'alerte.
Nous aurons l'occasion de faire l'cmarquer ailleurs la
même particularité. L'ensemble ici demandait, i)()ur être
défendu, un nombre d'hommes déjà considérable.
Deux tours, dont une très forte — 8 mètres à l'intéiienr
— dominaient les deux éperons de la montagne et sui'veil-
laient les environs : au-dessus des substructions — 01175
d'épaisseur — et de la maçonnerie, on peut su])[)oser un
ouvrage en bois, quelque turris speciilatoriu ou tour
d'observation. A l'intérieur d'une petite tour, il s'est
encore rencontré un tas de cailloux roidés, tirés de la
Lesse et destinés à l'usage de la fronde, ^'oilà pour la
partie militaire.
D'un autre côté, certains restes ténnugnent de la vie
civile.
— uG —
1*11 peu iixaiit la [)C)rl(' (rentrée se voit eu eoutre-bas un
([uadrilatère de sub-itructions — 12 mètres en longueur —
où de premières exjjlorations ont fait reconnaître des
thermes ou bains ; le pavement était l)ien conservé et les
deux i)ièces très soiguées anraient encore pu, avec quelque
réparation, servir au môme usage. Une source voisine, qu(^
nous retrouvons en amont, pouvait alimenter la piscine.
Vinrent les Francs, et les thermes servirent, à leurs
cadavres successivement déposés, de sépulture close;
on l'ctrouve encore de leurs os dans le voisinage, et le
cimclière a fourni des objets de diverses sortes.
Au pied de la falaise, nous avons relevé des débris
d'iiypocauste : c'est le signe révélateur d'une habitation.
De ])lus, on a jadis (') relevé à trois niveaux différents —
en vue des crues de la Lesse — trois petits embarcadères
ou stations de pêche, pratiquées par les Francs et con-
struites avec des débris de terre cuite, tessons plats ou
tuyaux.
I^es monnaies donnent les preuves d'une longue occu-
l)atiou. lîares sont celles du Haut-Empire, un Antonin-
le pieux, un Marc-Aurèle ; du me siècle, un plus grand
nombr*^ de pièces, des Tétricus par exemple. Mais à partir
de Constantin, les monnaies du iv*^ siècle abondent. Cette
clironologie impériale rétablit l'histoire d'une résidence
belgo-roinaine élevée dans un site choisi, fortifiée d'abord
dans la tranquillité, renforcée ensuite à la hâte : l'immi-
nence plus ou moins lointaine des invasions a réglé la
construction des défenses. C'est là une image de l'occupa-
tion du pays, du ni<= siècle à la fin du iv*^. Les Francs (pii
s'eiii])arèrent de la place aux dépens de la famille de quelque
riche propriétaire belge, y étaient encore au v<^ siècle, car
(') A. BkqUET, La Forteresse de Fnrfooz, dans les Annales (Je la
Société arcliéologiqne de Xanuir, t. XIV, ]). 'Uji).
Pr.A\( iiK \\
B. TovRdeX-de Diamètre
C . Amas de Pie.rre6
D. Caverne
Castel
dvCHESSION'"'
(HAN)
L'ARDKNNK IJKLCJO-ROMAINK
Fortifications locales (p]). iiT), 117, iiy).
— m —
on a rcirouvc là des moimaics (hilaiil dv .L'au-lc sccréUiro
cl de Valeuliiiien III.
Aujourd'hui l'emplaeemcnt est désert et confié à la
garde d'une femme du village accompagnée d'un chien,
et elle maintient praticable un étroit sentier. Elle s'en
écarte de temps en temps pour remuer du bout du pied
une taupinière nouvelle, à seule fin de voir si elle ne
trouvera pas quelque pièce de monnaie ancienne... Elle
en a ainsi i-elevé beaucoup, de dates diverses, et nous n'en
connaîtrons ni la première ni la dernière.
Plus loin que le château royal de Ciergnon ('), en remon-
tant la rivière, après la jonction des « Deux eaux «, on voit
de loin, dominant l'horizon prochain, le rocher d'Eprave (-)
duquel sort, sous une vaste arcade naturelle, toute une
rivière à la fois, la Lomme. Au dessus du rocher
(200 mètres} qui renferme une grotte profonde, était une
construction forte, belgo-romaine.
La rampe d'accès se dessine, et, à la suivre, on se
trouve en présence d'une muraille découronnée mais bien
visible encore, construite en petits matériaux carrés très
régulièrement, et on y remarque, comme à Furfooz, les
ouvertures laissées pour le libre écoulement dos eaux du
plateau supérieur. Il y eut là, vers la di-oite du mur, une
résidence encore, puisqu'on y a découvert des restes
d'hypocauste. De dimension restreinte, elle fut comme
toutes celles de l'espèce d'ailleurs, détruite par l'incendie :
à preuve la masse de plomb Amdu, Go kilogrammes,
déterrée silencieusement par un berger...
C'est derrière ce premier mur, au ])ied même, qu'on a
(') Seniiiim, ii3(j, chai-tes de St-IIubei-t. On y a relevé des vestiges
d'un établissement romain. (Annales de la Société archéologique de
Namiir, t. VU, p. 3oo ; t. VIII, p. 45r.)
{-) Evpruvium. « Tradidevnnt nonam de Evprmno », doc. de io3o;
Herpruvia, iiSg, ch. de St-Hubert; Erpvoeve, 12S5.
— ii8 —
retrouve le plus de débris intéressants, notamment quan-
tité de monnaies. Ije haut du roelier, de partout inaeees-
sible, a servi, une fois de plus, d'emplaeement libre pour
des logements provisoires, des constructions en bois. C'est
de là-liaut qu'on jeta tous ces débris de cuisine que nous
avons retrouvés sur les flancs dans la terre meuble, os de
grands animaux sauvages ou domestiques, ustensiles de
rebut et tessons.
A l'intérieur de l'ancien retraneliement, on a, au cours
des désordres de la fin du iii^ siècle, comme au iv=,
fabriqué de la monnaie à l'effigie de Tacite, Tétricus,
Claude -le Gothique, Postume, Constantin, Valentinus,
Gratien, Décentius.
Des recherches, peu approfondies encore, faites dans la
grotte même, ont donné des os, quelques monnaies qu'on
n'a pas bien reconnues; et tout au pied, le travail souter-
rain d'un blaireau a mis au jour un Christ de bronze aux
yeux émaillés, des plus anciens, car il est de ceux qui
portent encore la couronne impériale. Un ancien maître
d'école le conserve précieusement.
Nous eussions bien voulu, à quelques-uns, fouiller et
prendre le levé du terrain, occupé par le castel et que
l'auteur de ces lignes reconnut jadis en faisant là ses
l)remières armes à l'aide d'un couteau d'écolier; mais il
fallut reculer devant l'ire éloquente des protecteurs de la
nouvelle Ardenne, les gardes forestiers, ennemis des coups
de pioche en terrain reboisé.
S'il est matériellement impossible de multi})Her les
visites lointaines, au moins faut-il étudier de très près
(|uelqu('S-uns de ces retranchements ardcnnais, dans le but
de connaître la façon et la valeur historique de l'ensemble.
Aussi, accompagné du lecteur, quitterons-nous cette vallée
où la Lomme et la Lesse viennent confondre leurs eaux,
l)our pousser ])lus loin notre exploration, par de là la
iiioiita^iu' Aoisiiic, celle de Ilaii, on (loininaiit tiu nouvel
hori/oii, s'élèvec'U un eniplaeeiuenl l'oi-lirié, le Chessiou '.'h
lîeniarciuons le, (^hession, Cheslay, (Jlicslnin, mot ana-
logue ù ranei(^n vocable Caatellum, (lési<<ne dans la langue
du i)a.vs, un endroit retiré servant de lefuge. Plus i)etit
(lue eelni de Fiirfooz, plus grand que celui d'Epravc, le
castel était ici placé sur un mamelon isolé, à la cote de
220 mètres. Le sommet s'avance en trois promontoires;
passant en dessous d'un de ceux-ci, et au pied d'un contre-
fort extérieur facilement défendable encore, le chemin
d'accès s'engageait dans un ci'eux aboutissant au ])la-
teau. Un travail de maçonnerie faisait le toui- de l'enceinte;
irrégulière et vers le bas du plateau les eomi)artijnents
intérieurs d'une résidence, en ouvrage régulier, sont encore
visibles. Ils n'étaient vastes aucun : 4™5o sur 6 mètres.
De ce corps de logis au dernier éperon, on eom])te
55 mètres de distance. Ainsi, et cela devient une foi'uude,
il se rencontre encore au Cliession, une résidence solide
et une enceinte protégée mais laissée libre pour servir en
cas de refuge ou pour la construction de bara([uements.
Une tour (8 mètres) et probablenu'ut une deuxiènu', s'ébv
vaient en bas du chemin.
Dans la ef)lline même, au Nord, était une caverne
aujourd'hui effondrée. Une fois de plus nous constatons
en ce pays, l'attraction naturelle des grottes et des fortifi-
cations. La grotte i)rocurait aussi le soiirdant ou l'eau
vive, et devenait au besoin une cachette. Ici, le Cliession
domine, d'autre part, le « Trou de Belvaux », où la Lesse
disparaît toute entière pour ressortir par la grotte de
Han.
Avant les routes, le sol naturel des vallées i)résentait
an moyen d'accès relativement facile ; ces vallons étroits
débouchant les uns dans les auti-es, pernu'ttent à qui les
(') Nous en reproduisons le i)lan levé par M. L. Hex.
— 120 —
suit de pciicl rcr (les bords de la Meuse jiis(|iraii (mi'iii' de
l'Ardeiiue iiiêine ; par la 1. esse, la Loiimie et la \\ anime,
on est conduit jusque dans les bois de (Jrune et de Bande;
la Lonnne a, d'autre part, pour alTluent le ruisseau de
Saint-TIubert. Dans ces vallées ont été élevées nombre de
eousl ruct ions dereiidues pai' la iiahire et l'art des lîelg'O-
roniains, qui s'iuspiicul à ce jxjinlde l'art de Végèee et de
ses maîtres, (ju'il nous serait aisé de commenter toutes les
constructions fortes de nos contrées à l'aide des textes de
l'auteui- latin des Insliliilions niiliUiircs. Celui-ci vivait
l)ré('isément sous les N'alenlinieiis.
Après le l'ocher fortifié d'Ei)rave et le eastel du
Cliession, nous rencontrons en lieu dit Sur-le-Fayt, l'an-
ticjue forteresse de .lenielle. Anticpu', car ce fut un ancien
cani]) de refuge, témoins des silex apportés là; et ])eut-étre
au temps de la con<iuête l'omainc a-t-elle servi de retraite
à des anciens habitants de la Famenne. Tel qu'il a été fina-
lement approju'ié, le fort ('), sis à la cote de aSo mètres,
occupe le bout d'un ])r()m()ntoire (jui fait angle au con-
fluent <le la Loninie et le ruisseau de la N'allaine ; du côté
du plateau (pii y donne accès, l'isthme est coupé par des
travaux de l'ctrancliemcnt : c'est le dispositif oi'dinaii'e
des camps de i'(^fuge indigènes.
L'art d(!s derniers eonstrueleurs belgo-i'omains a com-
l)li(]ué celui-ci. Après les retraïu-bemcnts, se pi'ésente uu
rempart l'ait d'une double i-angée de niui's, et un amas de
0) Vu |)laii drcssi' jtar A. M.\Mn;r, iincien uriicior du ^('uie et
jmblié ])iir la Société ur(lié(tlo<ii(jiie de .Wiiuiir (t. XXI\', li'' liv.i, est
«les j)liirt exacts; nous l'avons suivi sur i)lace et nous en reprodui-
sons une réduction. La solitude du lieu a conserv»' assez l)ien
lOuvratJjc, car il i-este de celui ci de nombreuses ])arties en élévation,
de la liaïUeur d'un lionnne : mais les creux et la végétation, ne per-
met (ent lias le j-ecul ni la vue de l'ensemble.
— I2T —
terrt' et de picii-aillo^ en remplit riiitcr\all<' '' ' ; il oi iiiiuii
(lo trois loiirs saillaiilcs et, prat i(iii('r dans collo do franche,
ost la porte : triùs grosses entailles en i)]ein dans la
nitiraillc de eluuiiie côté, montrent assez (^u'on pouvait
obstruer l'eutrée au moyen de trônes d'arbres fraîelic-
nient t-oupes pour résister à une tentative d'incendie.
En arrière, la porte était surveilli'e par un cxciibitoriiun
ou corps de garde carré donnant sur une tour extérieure
])ropre à surveiller aussi le dehors.
Le double mur court tout le long du liane gauche du fort
et celui-ci, long de plus de 200 mètres, était divisé encore
une fois en deux enceintes vides, sortes de places d'armes,
et propres au campement ; après le premier rempart, en
effet , s'en présente un second ]K)urvu de trois tours
carrées en saillies, et couvrant le bout du plateau. Sur
celui-ci, à la gauche de cette deuxième enceinte longue de
75'"5o, s'élevait la résidence, en un rectangle de 10 mètres
partagé en deux petits appartements avec escaliers exté-
rieurs ; la construction est continuée par une tour demi-
circulaire (5"i7o) , offrant une terrasse d'où la vue est
splendide. On peut de là apercevoir la colonne de fumée
des usines d'Auberives sur la Meuse, par delà Givet.
Tout l'ouvrage était cependant dominé par des crêtes plus
hautes, mais ce n'était pas celles-ci <|ue recherchaient les
liclgo-romains. Placé trop haut, un réduit perdait, par
lisolement, de son utilité. Suivant la formule donnée
l)ar Végècc (-), on choisissait un emplacement défendu par
la nature de telle sorte (|ue les travaux militaires eussent
le moins à y faire, mais il fallait aussi qu'on put aller et
(') YÉliKCE, c. III, livre IV des Inslilittions inililnircs . Comment on
joint les doubles murs à l'aide de lu terre tirée du fossé : « Il est
malaisé, <lit-il, au bélier de faire tomber un mur soutenu i)ar des
terres foulées <iui reforment l'obstacle. »
[•) L. IV, I, des Insliltilions militaires.
— 1 22 —
venir, et déeouvrir certain horizon. Le castel de Jeinelle,
eonime les autres, est bien dans ce cas.
Si son dispositif est compliqué autant que bien conçu,
l'appareil des murs est grossier, quoique régulier, et le
mortier est un simple composé de cliaux et de sable vite
effrité. Ce n'est pas là une construction d'un art encore
dans l'enfance ou même de la décadence : l'œuvre a été
faite hâtivement, en un moment de grande presse, et elle
date sous sa dernière forme de l'époque des invasions.
Ce castel a dû servir de protection et de refuge ou à la
grande villa de Malagne, sise vis-à-vis à l'autre côté de
la Lomme (').
Voilà donc que nous vo3^ons au iii^ siècle des proprié-
taires de villas transporter leur siège en des emplacements
d'accès difficile, ou bien rester à proximité d'un lieu de
refuge. C'est la fortification immédiate, ou bien, voisine.
En dessous du fort de Jemelle et se déversant dans
cette rivière., sortent d'une grande excavation souterraine,
les eaux de la Wamme.
Ces refuges, placés sur des sommets, étaient ainsi pourvus
d'eau : sis sur des grottes et des sources jaillissantes, ils
s'y aménageaient un accès sûr. A Furfoo/, par exemple,
une coupure, invisible de loin, dans un pan de roche,
permettait de descendre jusqu'à la rivière. Ailleurs les
occupants fonçaient des puits. On en a retrouvé, dans le
Luxembourg, qui étaient creusés en entonnoirs ; ou bien
ce sont des puits-fontaines, droits et enserrés par des
pierres réunies par de l'argile. Dans deux des emplace-
ments du refuge des bois de S'^-Ode, nous avons remar-
(jué un fossé creusé pour recueillir l'eau du ciel, moyen
primitif.
Ces constructions fortes citées plus haut ])ouvaient
(1) V. i)his haut, LES VILLAS.
— 123 —
s'appuyer aussi les unes sur les autres ; de mêjuc, celle do
Seneffe pouvait compter sur l'aide de celle de Barvaux-
en-Coiidroz. On ne s'étonnera pas de voir que dans le pays
montagneux, le plus vite abandonné par la force publique,
on ait eu, en de mauvais jours, à se garder d'une façon
particulière. 11 y eut, dit-on, un caste! à Florenville sur la
Seinois, une tour belgo-roniaiiic sur l'eniplaceraent du
cliàteau des comtes de La "Roche, dans la contrée la plus
sauvage, où la nature même contrarie et tourmente le
cours de l'Ourtlie; et, c'est un l'ait typique que la trouvaille
récemment faite d'une monnaie d'or à l'effigie de l'empe-
reur Constantin, à l'endroit où s'éleva le château-fort des
comtes de Chiny.
Nous venons de l'cconnaître les principaux castels de
la Lesse ('), qui s'échelonnent, on l'aura remarqué, sur
un espace relativement peu étendu.
D'autre part, des substructions d'établissements qu'on
nous présente comme ayant eu un caractère défensif, ont
été relevées en diverses parties de notre Ardenne belge (-).
Voici qu'en suite d'une étude faite sur le terrain du
seul arrondissement d'Arlon, on nous présente auprès
de l'ancien Orolaunum, toute une pléiade de fortins \)vo~
(') Conti'ilmtions à la carte :
Castels à Florenville, Laroche, Chiny, Furlooz, le Chession près
Han, la roche d'Eprave, le Fayt lez-Jemelle ; les castels de Lustin et
de Tailfer donnent une suite sur la Meuse à ceux de la Lesse et il
convient de rappeler le castrnm de Nisme ou celui de la Roche-
à l'homme.
('-) Des substructions d'établissements fortifies ou supposes tels
non sans raisons, ont été découvertes à Champion, Chérain, Dam-
picourt, Ilotton, Ilargimont, Izel, Nobressart, Ortho, Passemange,
Straimont, Tintange, Toernich, Yillers-devant Orval, et i)Out-étre
aussi Wardin, en dessous de la position de Foy-Xoville où a été
retrouvée une inscription militaire.
- 124 -
prcmeiit ditsi'' (]ui, si nous les rc'iiortoiis sur la carte,
se seraient éclielonnés iH-iiicipalemeiit du Xord au Sud,
à la ligne de faîte des bassins de la Meuse et de la Moselle.
On a fait là beaucoup trop grande la part de la légende
des castels (-) luxembourgeois.
L'organisation militaire romaine aurait -elle jamais
conçu et réalisé sur d'aussi i)etits espaces un dispositif
si compliqué ? Les vrais castella romains, disons-le,
furent ceux sur lesquels s'appuie la voie militaire qui
double la barrière du Rhin. De là partait la surveillance
initiale et, s'il y eut, pour assurer les communications,
des j)ostes occupés en Ardenne, il y a toute apparence
qu'à l'époque classique, au temps du Haut-Empire, ils ne
furent jamais nombreux ni considérables : de bonnes
routes suffisaient avec, au croisement, quelques employés
militaires, des bénéficiaires i>ar exemple. Nul doute non
plus que les Romains n'aient d'abord traité l'Ardenne
comme la forêt Hercynienne, où de larges trouées avaient
été pratiquées (^).
Par surcroit, on aurait à peine compté trois mille
liommes de troupes régulières dans toute la (iaule paci-
fiée (''). Cela fait une cohorte, soit six ou sept cents hommes
('j Le lîiu'gkiiapi) i»iès Ileistert, le Ivesselkiiai)]) pi'ès Ijounei'l,
I>;u-(lenl)i)ui'g (('lairefontaine), le Bourg, près de l'ii^isch, Maria-
l()sl)riick (Solange), le Kascliel (Messancy), le Biu-gscliloss (Udauge),
Tomberg près Sami)Oot. — V. LoKS, mémoire sur les castella lu
au Congrès archéologique d'Arlon de 189;), lie partie du Coniptc-
reiuhi.
A l'Est des i)récédcnts s'en élevèrent d'autres dans le Orand-
Uuché de Luxembourg, au Titelberg, à Dalheim, dit-on, et à Altrier.
Nous verrons ce qu'il en faut penser. V. GRAND-DUCHÉ.
(2) V. TAM)i:r,, Les Communes luxembourgeoises, arrondissement
d'Arlon, p. 3oi.
(3) Vki.leius, II, 109 : « Sentio Saturnino mandatum ut pcr Cattos
excisis continentibus Ilercyniae siluis, legiones », etc.
(<) Desjaudins, Géographie de la Gaule.
— 123
par clicriicii (le province. Pareil ainoiiidrisseiiienl do
l'efreetir des troupes ù rintérieiii- ne se eoiicilie <>iière
avec le <;rand nond)re de soi-disaul foiiins romnins (pi'oii
croit recoiinaitre, inèiiic si l'on admet, le concours de
troupes ciiixiliaires et d(^ milices ou niiiiwri.
(iuaiul l'ut établie la paix i-oiuaiue, une liaste plantée
en terre par un cantonnier niilitjiire manquait assez
la station ('», une maisonnette ; et une corde tendue
était un obstacle inlVancliissable. lies caslelhi militaires
du Rliiu furent même im])rudemment négli<>és : ils pas-
sèrent à l'état de g-rciiiers, dr magasins sis en quehjue
endroit pittores(|ue ({u'on a<lmirait dt^ loin C'i. Sur la table
dite de Pentinger {^) ils portent en Gaide le nom de II<)i'rcn
ou dépôts, et ponr féliciter Stilicon du retonr de lu paix,
on lui dit qne les castels ornent la frontière plutôt qu'ils
ne la protègent (').
Cependant, à Père de la puissance inviolée, avait suc-
cédé une période de troubles i)rovo(piés })ar l'anarcdiie
niililaire. Tout changea dès lors, vers la moitié du
iii'^ siècle, au temps où régnèrent ceux qu'on a a[)pelés
les Tyrans de (iaule, et lorsijue les barbares firent leurs
premières incursions victorieuses. L'insécurité eut ses
suites ordinaires ; on s'assura liàtivement à l'intérieur
du pays, de moyens de défense. Après Dioclétien les murs
remplacèrent partout les hommes tenant la t'ampagne.
Ce fut Page de la forliftcation locale, et il n'y eut d'ouvrage
ni assez fort ni assez complicpié.
(') VOX Do.MASZEWSKI, op. cit., Stll)Va.
(") « Addam ])raesidiis diibiantm condita reriim,
Sed modo seciiris non castra sed hoi-rea Belgis. »
— AusoNE, Moael., v. 4^5 et 4"'>')-
a (III, 2.)
(^) « Magis ornant liniitein castclla qnani protegnnt ». — Cr.AlD.
Paneg., VII, n.
126 —
Populations
Ardennaises.
Qu'en fut-il aloi'.s de la sécurité (les campagnes, quand
dcjcà sous l'Empire ou se plaignait des vols fréquents de
chevaux et de bétail? Il fut même créé un praefectiis latro-
ciniis arceiidis, sorte de commissaire de police préposé
à la surveillance des larrons ; des postes en pays monta-
gneux ont pu concourir au maintien de la police rurale,
dont le service se faisait à cheval. 11 fallut bien aussi,
l)our maintenir les communications nécessaires, fournir
de sûrs relais, et quoi d'étonnant à ce qu'en Ardenne ils
eussent occu^^é une situation avantageuse ? Mais encore
(ju'elles soient vraisemblables, ce ne sont là que des suppo-
sitions, les détails de la vie administrative de l'intérieur
du paj^s à cette époque étant peu connus.
Disons que le grand nombre et de petites dimensions
constituent surtout la caractéristique de ce que de nos
jours on a erronémeut appelé des fortins romains, qui ne
sont pour la plupart, croyons-nous, que ce qu'on nomma
au moyen-âge des «maisons fortes ». Quand, les premières
invasions repoussées, les villes, les bourgades s'enfer-
mèrent dans des enceintes plus étroites, on vit des casiels,
c'est à dire des résidences retranchées, s'élever an loin,
on fortifia des villas, ou bien encore celles-ci s'assurèrent
d'un refuge fortifié dans leur voisinage. Le riche proprié-
taire belgo-romain, en se remparant, a laissé sur le sol
des traces de sa résidence protégée, une forteresse privée
dont nous pouvons retenir le type.
Somme toute , les constructions défensives de l'âge
belgo-romain, élevées sur les hauteurs, ont eu nne his-
toire diverse, et il serait bien difficile d'en poursuivre
l'étude dans nn passé très lointain : ce que nous en voyons,
ce sont les ruines qu'elles ont laissées au iv<= siècle, après
une dernière transformation, puis c'est la destruction de
la civilisation romaine.
La statistique, aride antrement, présente tont au moins
cet effet d'autoriser certaines conclusions. A reprendre un
à un les noms de lieux auxquels les trouvailles permettent
— 127 —
d'altriUufr une origine Ix'lgo-roiuaiiic, on (■(nistitiic \i(c
une longue liste de noms à retenir ("i. On eonstatc aiusi,
avec le grand nombre, que la plupart de nos localitrs ardcu-
naiscs sont de très aneiennes loealités.
L'examen d'une suite de villas et de eastels nous a,
eomme on l'a vu, eonduit à Jemelle sur la Wanime : d'iei
nous pouvons annoter eertaines découvertes faites en pays
plus lointains, et moins visités.
A Amberloux, Amberlacum, une iuseription encore énig-
matique, en beaux caractères : CVRIA ARDVENXAE se
retrouva uu jour, et on la vit encastrée dans la façade de
l'église. Si elle est romaine, on peut supposer qu'elle s'ap-
pliqua à quelqu'un de ces organismes locaux, d'ordre
administratif et financier, établis après l'avènement de
Dioclétien, en vue notamment de la perception de l'impôt
collectif.
D'autre part, sous l'autel de l'église, il s'est rencontré
un autel païen ou piédestal, représentant sur ses (piatre
faces Minerve, Hercule, Mercure et Diane ; le travail
en est élégant, et il orne aujourd'hui un musée étran-
ger. Le musée d'Arlon en conserve un moulage.
A Vielsalm, l'exploitation d'un banc d'arkose (-J dans le
but d'en tirer des pierres meulières, est antique : telles
sont les carrières qu'on retrouve sur les liauteui's (pii
s'étendent entre Vielsalm et Provédroux. Ou retrouve les
excavations, et au lieu dit Pesay, il a été découvert un
(') Coiilribiilions à la carte :
Aulier, Assenois, Athus, Attert, Belio, Bertogue, liihaiii, Bleid,
Ilalanzy, Haniipré, Ilai-re, Heinsoli, Hodister, Jamoigne, Lainorteaii,
Loiigwilly, Maboiipré, Musson, My, Mves, Poupelian, Piisseinange,
Kobelmont, Rulles, Ste-Marie-Cheviguy, Sainrée, Seiisenruth, Suxy,
Tavigny, Thermes, Tontelangc, Torgny, A'illance, Villcrs Laloiie,
Yillers sur Semois.
(2) MM. S. JOTTRAXD et G. CrMOXT ont i)résenté une note sur les
meules en arkose et en tiqjhrlle de la région de Vielsalm, au Congrès
archéologique d'Arlon de 1899 ; v. le Comple-rendii, II, p. ag.
— 128 —
ciinctière hel^'o-roniaiii, iiislriinients en fer, urnes ciné-
raires et poteries. A en juger par la pauvreté des tombes,
c'était probablement le cimetière des carriers.
L'ancien emplacement de Salm-Cliâteau a été peut-être
un siège belgo-romain, tant il ferme bien la vallée, et le
pont sur la Salm vis-à-vis, a toujours passé dans le pays
ponr « romain », à preuve, dit-on, la dureté du ciment qui
en liait les pierres avant la reconstruction.
Au village de Biliain, sous les Baraques de Frailiire,
on a reconnu des restes antiques. Petite récolte de
monnaies dans le pays, pauvre d'ailleurs : quelques pièces,
au type de Gordien par exemple, de celles que le paysan
apporte au notaire, à titre de curiosité.
Le canq:) de refuge de Yielsalm date d'une période anté-
rieure à l'ère romaine. Admirablement situé au dessus des
Ardoisières et caché par les crêtes couronnées d'aiguilles
de deux côtes abruptes, il est fermé à l'arrière par un fort
mur de pierres sèches.
Les ardoisières étaient -elles déjà exploitées par les
Belgo-romains ? C'est une question que Hontheim (') n'hé-
site pas à résoudre par l'affirmative en invoquant un
texte de Pline (-), dont il force le sens. 11 s'agit en effet là
d'une pierre blanche, que dans la Belgica la scie séparait
en tranches minces pour en former des pièces de couver-
tures taillées chacnne en queue de paon. C'est invoquer
un meilleur argument que de rappeler que comme d'autres
villas du Condroz, celle de Maffe par exemple était cou-
verte en tout ou en partie par des ardoises (^; ; de même à
(') ProdroniiiN hisloriue Irevirensis, i~ô~, I, p. 8.
(') Ilint. nat., 1. XXXVI, c. 212 : « In Belgica prouincin candidiim
lapidem serra, qiia lig-num faciliusqite .sécant, ad tegulariim et imhri-
cuni vices, vel si libet ad quae vocant pavonaca tegendi gênera. )>
^•''j Un cxe)ni)laire est déposé avec d'autres, au Musée de l'Institut
archéologique liégeois. — Sur remi)loi de l'ardoise ])Our couvrir les
toitures pendant la période belgo-roniaiue, v. les Annales de la
Société d'archéologie de Bruxelles, t. XV, kjoi, pp. 365-372.
- 112!) -
.h'incllf. Les louillc-^ coii I i micut à <l('iii()iil l'ci' rriii])li)i
rt''});iii<lii (le l'ardoise, de diverse leiiile, l)leiilee on nm-
<;eâlr(' suivaiil la i)r()\ cnaiiee.
Déjà, nous avions i)ii eoiistaler à la suite de iiomhreiisos
trouvailles, (iiic le i)ays de ]>ast()^iie aux \astes espaces et
si désertique ([u'il i)araisse, a élé occupé par les lîel^o-
rouuiius. lîappelons 'ravi>;iiy ou il _\- eut <leux établisse-
ments, Ilollaiige et Flamierge ('). A Kollé ^L()ngeluuni)s il
a été découvert un trésor de trois cent (juatre-vinj^t une
pièees, presque toulc^s en argent, datant d'I'.la.nabale ii
(iallien et Postunie ; au niènie endroit on a mis au joui-,
sur un espace de 7 mètres, accosté d'un étroit couloir,
les restes d'un pavement en terre cuite, d'un rouget loneé
et portant comme marque de potier, l'empreinte d'uiu'
griffe de loup ; le potier était du pays.
Nous en connaissons d'autres d'ailleurs cl du menu;
genre, la trace du cliien (Villa de .Jemelle) ou du i-enard -1,
rcmi)laçant symboliquement la signature en lettres
connues.
Sur le territoire de Foy, commune de Xoville le/,- Divinités
Bastogne, des travaux de déblai ont donné un double
résultat des plus intéressants : on a vu sortir de t(ure une
statuette, puis une dédicace au dieu militaire Entarabus.
Celui-ci n'était pas absolument inconnu, car au dire de
Wiltheim, un laboureur de Niersbach i)rès de Trêves, en
poussant sa charrue, avait mis au jour une inscriptit)n
en son honneur (^) placée eu manière de dédicace au fond
d'uu édicule religieux élevé sur l'inspiration du dieu
même.
(1) Pour la parte : Vii^lsalm, Amberloiix, IM'ovcdrou.v, l"laiiiierj;0,
Itollé Lonj^champs, II()lIaii};e, Fon -Noville.
(-) Au Musée de l'Institut arcliéologiciue liéfïeois.
{■') Deo Intiinibo ex imperio (J. Solimuriiis miit.s iicdeni rtint nuis
ornamenlia consacrauit l. m. — C. I. L., XIII, 4>-!~>-
— i3o — •
La prciuiôi'c pièce de lu trouvaille duuL iiuuh parlons
est une petite statue de l)ronze, et comme il est ari'ivé à
d'autres, elle a ])erdu un pie<l, la partie intéressant la
clieville étant particulièrement fragile : est-ce la repré-
sentation d'Entarabus lui-même, tombé de sa niche, celle
du génie d'une centurie dont il va être question? Pour
être un Hercule (adolescent), la statuette est trop vêtue.
D'autre part, au milieu des matériaux d'une construc-
tion antique, est apparue une dédicace, celle d'un portique
ajouté à un bâtiment qui était sans doute une station
gardée et destinée aux troupes de passage. L'inscription
date, par sa nature et son texte, de la période du Haut-
Empire, du temps de la première organisation du pays.
Elle dit : a Au dieu Entarnbiis et au Génie de la centurie
d'OUodagiis. Ce portique promis par Velugnius Ingenuus
avant sa mort a été élevé par Sollavius Victor, son fils
adoptif {^) ».
Voilà donc associé à une des divinités tutélaires du
légionnaire romain , un dieu trévire , d'origine locale,
invoqué à cause de la puissance protectrice qu'il exerce
sur les soldats. Il est leur dieu, comme Mars (^) celui de la
jeunesse militaire. La centurie porte le nom de son centu-
rion, w\\ Gaulois d'origine, Ollodagus de son nom propre
devenu un surnom romain ; les deux dédicants, obtenteurs
de la cité romaine, ont ai)])ai'tenu à quelque légion. Le fils
(') Deo Entavuho et genio centuvine ()Uodag(i) jtorticuin quam Velu-
gniiis Ingeiinuti promiseral post obitiun pjiis SoUaniiis Victor fil(ius)
adojilinos fecit. C. I. L., XIII, 3G32.
(2j C. I. L. XIII. 3(132. J. P. Wai.t/.inc. Bull, de VAcad. royale de
Bidgiqiie, :ie série, t. XXIV, i8()2, p. 379, et t. XXXII, 189G, i). 744.
— Il)i(l., est citée nue nouvelle inscription d'Intarabus qui l'identifie
avec Mars. Elle i>r()vient de LoeTvenbriicken, faubourg de Trêves.
C. I. L., XIII, 3G53 : l(n) li(onorem) d(oimis) d(ivinae) Marti Intarabo
VitalitiN Vicloriiuia et Xoindliniiis Malins f'aniim et siinulacriim a
/'iiii(lani[ent\is ex vota r[es\titnernnt.
l't.AM riE \'
L'ARDKXNE 1JEL(;()-R<)MA1M-:
Trouvailles de Foy-Xoville i)i'cs Hastogiie pp. i2j)-i."5i
— loi —
ad()i)lil, eu lu'i'itaut de sou pri'c, siii\.ni( la loi, a\ail aussi
hérite de ses obligalious. ("est pour s'y eoiiroiinci- (|iril
éleva uue eoustruetiou solide et digue (ruu lUulus.
C'était uue l"a(;adc servant à l'entrée : le mot porliciis dit
plus que />()/"/t', il iui])li(pu' eei-tain eai'actère luouuineutal.
Les détails fournis par eertaius (itiili, red-oiives ailleurs
ne nous paraissent i)as étrangers à Texplicatiou de eelui-ei.
Entre les années 190-196 un tribun militaire réalise un
vœu fait pour le salut de Tempcireur, en embellissant
un loeal auquel il ajoute un lieu de re[)()s (').
En 211, un vétéran relève de ses ruines un monument
élevé en l'iionneur des Lares Augustaux et des Déesses
Mères Sylvaines; et cela, des fondements au faîte, avec
une entrée et un portique pourvu d'un bane de repos ("').
Une autre inscription parle de sièges, sediliu.
Ainsi, qu'il s'agisse d'un corps de garde ou d'un reposoir
religieux, une construction de l'espèce s'accommodait au
mieux de quelque complément d'apparat, de certain mol)i-
lier; et suivant les habitudes du droit romaiu, l'iuseri])-
tion le si)éci fiait.
Naturellement, c'est le culte des grands dieux de
l'Olympe romain qui s'est d'abord répandu dans nos con-
trées, apporté par les fonctionnaires et les commandants
d'armées, qui y joignirent celui des dieux militaires des
légions comme aussi celui des empereurs.
Sur un monument votif '^j qu'élève, mû ]>ai- la reconnais-
sance, Tertinius Sévérus, de la viiT' légion de résidence à
(') Exculln laco cum discubilione. — lîolsslKi', Insrri/il de Lyon,
])1>. 5() et suiv.
(■-') C. I. L., III, 44ii : Sylniuinhus cl (Jii.idrihis Aiit,'-. Snrrnni
C. Anloniii.s ]'ideiitiiiiis net. leg. XIII Cm. mtivmn a fiindumeiilis ciiin
suo introito et jjorliciiin ciiiii accubito nehistule collu/isiim imiieitdio
sua restifiiit Gentiano et Basso cas. fp. (\ i>2i .) — Insc-ript. de Cnr-
niintiim (Pelronell) en Pannonie.
(3j Conservé à Liège au Musée arcliéi)logi(iue. Suivant ferlaiiis
renseignements, la pierre proviendrait de St-Mard i)rès Virtoii, où
— I02 —
MayciK'c, on trouve tout (Talxtfd riiivociition HolenncUc
à .Iiipilcr Irès bon ci très grand; puis vient Junon Reine,
et en lin le Génie pi'oteeteiir du lieu où le légionnaire avait
réussi quel(ine eoup de fortune, ee dont témoigne une
corne d'abondance...
Un commandant de la cohorte première des Belges
élève un monument à Jui)iter, près de Xarona à Yergoratz
en Dalmatie, sur le lieu même où le dieu l'a sauvé (V).
Les soldats de la même cohorte relèvent à Narona en
Dalmatie, un temple ruiné de Liber et de Libéra (-).
Nos Tongres de la deuxième cohorte, servant en Ecosse,
dédient un monument à Mars et à la Victoire Auguste (^).
Et ce qui démontre comment les i)ratiques du culte ofli-
ciel, fussent-elles difficiles, avaient pénétré dans les
rangs, c'est cette dédicace : Aux Dieux et Déesses, sui-
vant l'oracle cV Apollon de Claros, la cohorte première des
Tongres (^).
Les tituli votifs en l'honneur de Vulcaiu, le dieu du feu
et de la petite industrie du fer, sont nombreux dans nos
contrées (''), mais le sont i)lus encore ceux qui invoquent
nombre d'antiques ont été d'ailleurs trouvées. Elle faisait partie du
fonds Hage.mans ; peut-être aussi, antérieurement, a-t-elle appartenu
à la collection de Renesse, et provient elle des bords du Rliin.
ih Real eue ycl de Pau.V-Wissowa, s v. Co/ior.s, p.233.— C. I. L, III,
i<)iS : I(ovi) ()(])tiino) Mfa.ximoJ Siilj)ilius Calais C(entiirio) leff(ioiiifiJ
I Mf/ncrniae) praepositns Coh(ortis) I Belg-fariimJ hoc in loco ma-
jeslate cl iiiinu'iie ejus seruatiia.
(-) C. I. L., III, 1790 : Temj)lum Libcri patris et Liberae ueiuslate
<lilaj).'>nin restitiiit coh. I Bi-lg(iva) adjectis pnrticibiis, citram agente
fpl. Viclore centiirione leg. I adjfiilricisj j>(iaej ffidelisj Seoeru el Poin-
jjeiaiio II co.s-.s-. (p. C. 173. j
(3) Inscript, de Birrens. — C. I. L., VII, io(;s.
(4j De IIOLSESTEADS. — C. I. L., VII, G33.
(^) V. Hettxer, Die rdmischen SteinJenkmuler des Provinzial-
museums zu Trier, nos 35, 3-, 53.
— i33 —
Mci-ciii'c le (lieu du coimiici'cc et du <i,aiu '', ou IJacclius
lui-niùnie -'), sous les appai'enccs iialurcllos à Ici ou id ào^
(le la vie; à voir un Ikicelms porté par Mercure i'', ou jx-nt
(lire ([u'il serait difficile de mieux roi)résciiter k; coui-
ineree <lu \ lu, i)i'atiqué sur la ^foselle.
(^uant à Diane, il va de soi (ju'elle fut vite en liouueur
au pays dos forêts, représentée comme à Cliisscratli
(Trêves) bandant son arc, ayant à ses pieds un e(M-f et
un lévrier. De Dînant à Echternacli, elle est chez, nous
la déesse classique ('').
Fréquemment, le nom de divinités i-omaines se pi-ésente
orné d'épithêtes qui exi)liquent leui' i-ôle ou les assimilent
à ([uel<iue divinité locale ('') : c'est, i)ar exenq)le, sur des
monuments élevés en Belgicpie on on lîretagne par (les
Tongres, Siloanus Coc'uUns, Lcnns Murs, Mars Caniiiliis,
Hercules Mag-usaiiiis. Yn i)etit autel a été trouvé à Trêves
où Apollon est appelé Grannns on le brillant, qnalité (pii
rappelle le Soleil gnérisseur. Ainsi, sous la forme classi(|ue
est enveloi)pée une divinité eeUi(|ue ''\i dont Ic^s traits
])ercent néanmoins.
(1) F. IlKTTM-R, o]>. cit., n'« (JX G;, 78. •;4, ;5, :(;.
{-) Ibid., nos 0(iG, m-, GG8; G8, 7S. 79.
(■M IbifL, 110 GS. — Xo 5o et les suiv. (I)iaiie).
I ') Cf. A. Wu,THi:i.M, op. cit., \)p. 4<>43.
{'') C. I. L., XIII, 3()33 et suiv., et F. IIkttner. ounr. cité, n"^ 47. 4^^
el .");).
— Ilercnli Macnsano sacnim VaKeriii.s) Xig-rimis diiplicariiis nlne
Tiingrornni. — Miunerills, Bretagne, C. I. L., VII, io(;o.
— J)e(j Silouno Cocidio cohovs I 7'(;/i^'-ror»/]! 1 Bretagne); C. I. L.,
VU, G42.
— C. I. L., XIII, ')G,")4, ù Trêves : Lcno Mar[ii]Sulpiciii.'i \c\.\ J\iissii\.
De l'autre côté de la placiue, le commencement du vue livre de la
Phar.side de Lucain. Cf. C. I. L., XIII, 4o3o, à Merscdi : /Iinni'ii Lciii
J/[<'/;7|/.s' quiiiquennalis. C'est ini préfet de la coliors lUsjiunorum
erjuiliitti.
{''') — In Ii(oiiorein) dfomiisj d(ii)inae) ApoIliii[i G]ra[ii\iio Phoeb(o) ... —
0. I. L,, XIII, 3G35, à Trêves {= Hettnek, op. cit., \v> 47). De même sur
9
X"
- i34-
Les études des CeUisaiits aiiroiii (Hiel<|iic jour pour
résultat de rappeler à la luinièic une couche siibjacente à
nos populations connues et de reculei", de proi^ager, comme
disaient les Latins, les frontières de l'histoire.
On ne retrouve pas seulement des divinités, romaines,
celtiques ou germaniques, conjuguées ou modifiées par des
attributions locales : il est de ces déités topiques qui
apparaissent seules et viennent compléter, avec la déesse
Ardenne et le dieu Entarabus, une mythologie belgo-
romaine.
C'est, par exemple, la dea Viradethis — déjà mentionnée
— et qu'on rattache à l'histoire des Condruses, comme on
l'a fait pour ]es Maires Cantriisteihiae i^\ Déesses Mères
protectrices.
C'est encore la dea Siiniicsalis (-), divinité des Sunu-
ques, peuple jadis allié des Eburons, qui habitaient aux
frontières de l'Est, le pays de Juliers et d'Aix-la-Cluipelle.
Le nom des Sunuques apparaît rarement; il s'est con-
servé cependant sous l'Empire, car leurs cohortes servent
à part, gardant leur caractère national : la cohorte I des
Sunuques était en Bretagne en l'an 124 (^).
Les fouilles de Hern-St-Hubert dans notre Limbourg
ont mis au jour une inscription votive (^), dédiée à Vihansa,
à laquelle un centurion de la III*^ légion fait l'offrande de
son bouclier et de sa lance {*).
une tablette votive à Hitburg (Keda . — C.I.L.XIII, ^i:() (^IIkttneu,
11° 48 1.
(1) iMatrnnis Cantrii.sleihinbns C.Apjyhimis Ptiternius pro se \et\siiifi
Vibens) m(erito). C. I. L., XIII 3585 — Trouvée à Iloeylaert, dans les
l'oiidenients dune église du XH'' siècle ; Cutidogiie descriptif du
musée lupidnire de Bruxelles, ])ar Vv. Cl'.MOXT, n" 14.
(■') Dette Sunuxsidi Ulpius Ilnuicius v. s. l. m. — d'Eschweiler ju'ès
Aix-la-Chapelle ; item à Knihken près Diiren; BKAJniAcii, C. I. R-,
G33 et :0(j.
(■^j C. I. L., VII, i4u et note ; ibidem, n<j5.
(•»; C. I. L., XIII, 3592. Citée plus haut, TOAGJiES.
— làJ —
Une Xeinelonu ;ii)i)ar;u(, en coaiici^nit; de Mais ''>, sur
un monuincnt élevr ])ai' un soldat Irévirc servant en
lîreta^iK^ et l'on reti'ouve encore ]<■ nom de cette dcilé
en i)ays rhénan, près de Spire.
La (lea (hiiuii d'une tablette votive trouvée à Pehn ])i'ès
(ierolstein, en pays trévire, ne ])eut être non ])lus consi-
dérée que comme une divinité eeltique (").
La première aile on escadron des Tongres, voue à
Epona, un petit monument dont la dédicace s'ex])li(|ue
})ar d'autres titiili (^).
Epona est la déesse protectrice des clievanx et des ânes
et l'on comprend l'invocation d'autant plus facilement
qu'une statuette, trouvée à Dalheim (Grand Duché de
Luxembourg), nous représente une Epona assise dans un
haut fauteuil, portant une tunique à nmnclies et un jx'tit
manteau; de chaque côté, un cheval ou un mulet; la
main gauche repose sur le cou d'un de ces animaux (^).
La représentation est analogue à celle de la trouvaille
de Naix, l'antique Nasiiim (■'), près de Toul.
Les habitants de la bourgade frontière Belgiiun, les
Belginnies, font aussi graver une inscription votive à
Epona : ils se livraient probablement à l'élevage. Ces
vicani étaient comme d'autres d'ailleurs, organisés en
une commune ou communauté rurale, à l'instar de nos
villages; le petit monument provient de Heinzei'ath, cercle
de Berncastel, au pays de la Moselle; encore de la même
(') Peregviiius Seciinili fil. cii>is 'frencr Lonceiiu... Mnrti el \eme-
lonae i>. s. I. m. — de Bath, C. I. L., \U, 3(;. -
('j F. IIkttxf.R, ouorage elle, ii" 112.
f^j C. I. L., m, 4:: et vu, nu.
{*) Ilr.TTNKK, up. cit., nos io5, loG, T07.
(■'J RoBlîRT, Epigraphie de la Moselle, pi. t, "), 7. — S. Rf.IX.UII (Reinie
arch., 1895, I, p. Siget 1903, I, p. nn-,) a recueilli tous les monuments
d'Epona et les reproduit
— 136 —
provenance, est cet autel d'Epona qui sur le petit eôté,
porte comme signe caractéristique, un éperon.
On le voit, dans cette matière archéologique, qu'il
s'agisse des Tongres ou des Trévires, bien des détails se
coniondent. Pour en revenir aux divinités spécialement en
honneur auprès des Tongres, rappelons la dca Ilariiuella,
antérieurement mentionnée et citons aussi une déesse
Ricag-anibeda, invoquée dans une inscription votive dont
la lecture est restée longtemps douteuse (') ; les dédicants
habitaient un canton ou pagiis belge dont les recrues ser-
vaient, comme les Condruses, dans un corps de Tongres.
Rosmerta était une des déités qui i^ersonnifiaient l'abon-
dance, et elle accompagne généralement Mercure, dieu du
commerce pour les Gaulois comme chez les Romains. A
l^lacer l'une près de l'autre ces deux divinités synèdres, la
représentation de la richesse et du gain était complète.
Rosmerta était invoquée dans les pays de la Moselle, du
Rhin moyen et chez les Belges de Metz, et elle est pour
cette l'aison considérée comme une divinité celtique. I.a
déesse avait notamment un temple « haud long'e Embilado
vico )), non loin de la hauteur de Niederemmel, près la voie
romaine de Trêves à Bingen (-).
La formule Au génie du lien se précise quand il s'agit
d'une source : c'est alors une nymphe, et on la remercie
pour ses effets bienfaisants. 11 y en eut sans doute beau-
cou]) qui restent ignorées aujourd'hui, mais le nom de
plusieurs est arrivé jusqu'à nous, toujours par la voie des
inscriptions votives.
(') Deae liicagamheihic j)nsfiis ]V//;j».s- ntililfunsj in loli. Il Titn-
g-r(oriiiiij 1). s. I. m. — do liirreiis, C. I. L., VII, n" 107^.
{•) In Ji(onoi-eni) d(oitius) d(iiùiiae) D\eo^ J/e[rc]///'/o \el\ 7ii'o|.v|-
me\rtae\... item : In h. d. d. di-o Merciirio et Rosmerte .. seniri aiigiis-
tales 0. s. l. I». — V. IIk'i TNKK, op. cil., nos -'■> et ■;() ; Robert, Kpii^rn-
jjliie de lu Moselle.
t37 -
Vcrciniii et Madiinn sont des nyiiijjlics (le ces ('aux (jtii
Hourdeiil et i)r()('iirent la santé ; des inoniiinents (') nous
le disent, trouvés l'un à l^ertricli (Trêves), l'autre à
Deux-Ponts près du bassin même de la fontaine antique.
Icovellauna ("j est encore une autre, et la déesse Sirona i^)
est associée aux Nymphes.
Voilà donc que nombre de divinités locales sortent
aujourd'hui du sol de cette plus grande Ardenne qui
s'étend de la Meuse au Rhin. On aura remarqué leur carac-
tère généralement féminin. Tacite n'a-t-il pas dit que les
femmes participaient du sens divin ou avaient le don de
la divination? On n'a pas oublié le nom de Velléda, lapro-
phétesse rhénane. Toutes ces déesses, ces nymx^hes, cons-
tituent des mythes gracieux, symboles de la jeunesse et de
la santé. D'autre pai-t, le nom de matrone évoque l'idée de
la fécondité ou de l'abondance comme aussi de la protec-
tion maternelle, et c'est ainsi que se comprend le culte des
Matrones (■*) généralement répandu dans nos contrées.
Si dans le Luxembourg on ne rencontre pas de ces
monuments à reliefs retrouvés dans la partie Eifélienne
de l'Ardenne et près du Rhin, il y a des indices certains
que le culte des Matrones y fut également honoré.
Dans une niche, trois femmes sont assises sur un banc;
(') F. IIettxeu, oj). rit. 11° m.
[•) C. I. L., XIII, 3G44- t'iic inscriplioii votive a été trouvée dans
k'S ruines d'un Nyinpheiuu près Metz et le nom de cette déesse
celtique a été souvent retrouvé. — F. Hettxer, ibid., n" 110.
(■^) V I. L., XIII, 41^'J : /" /i. (l- d. A])oIlinl/ Graniw] et Siro[nue].
Au-dessous d'une statue de Sii'ona et dune autre d'Apollon, repré-
sentés debout. — Hettxer, ibid., n"s 47, 48.
(^j Max Iiim, Der Miitter- oder Matronenkidtiis und seine Denkmnler,
Bonn.-Juhrb., Heft LXXXIII ; K. CnuiST, Beitriige zur vergleichende
Mythologie (Mntvonen und Nymphen), ibid., Heft LXXV; SiEBOURO,
De Sidevis Campestribus Falift, dissert, e^igr. Bonn, 188G; Bau-
.MEISTER, Denkmïder des klassisehen Altertiims, 1889, s. v. Matronue.
- i38 -
elles tiennent des e<)rl)eilles de fruits, elles sont luibillées
d'un vêtement de deseous et d'un grand manteau à
manches; celle de droite ainsi que celle de gauche portent
un grand chapeau dont la coiffe encadre la tête comme
d'un croissant; la dea du milieu, plus jeune, a la tête
découverte, elle n'a pour ornement que sa chevelure,
laquelle retombe, à la mode celtique, des deux côtés du cou.
Tel est un des nombreux reliefs sculptés •') représentant
cette trinité des
Maires, Matrae ou
Jiinones, dont on
a con)pris finale-
ment le sens gé-
néral en compa-
rant les Jiionu-
ments et en lisant
les inscriptions.
La haute coif-
fure est-elle celle
des femmes du
pays ou bien s'agi-
rait-il d'une re-
présentation des
phases de la lune?
Sur deux des
monuments de
l'Eifel, la tête
d'une des matro-
nes se détache sur
(> ) Celui (luiU nous reitroduison.s l'iniage vient de Rodiiij^^eu près
fie Juliers et est aujourd'liui à Maïuiheim. L'inscription ])orte :
Matronis Gesaieiiia M. Jnlfiiis) Valentintif; et Jnlia .lustiiui ex
imperio ipsarnin Ifihentes) niferitoj.
L'éi)itliète Geaaienae reste inexpliquée ; Balmeistkr, oj>. cit., s. v.
Matroiiae,
- i39 —
lin v(''ri(al)lr (lis(|U(' (') et on ])om'r;iil croire, d'aprèft
d'autres monuinents, ([uo la diftV'renee de coiffure marque
les trois phases visibles de l'astre (^), dont révolution est
mensuelle.
Plusieurs centaines d'objets voués, autels, scidptures,
iitiili, ont été retrouvés sur une très grande étendue de
paj's, Bekker, se fondant sur l'appellation de Mater et
l'aire de dissémination, croit à un culte indo-germanique.
Le fait est que les Nornes, les Parques, les Charités
antiques, ou les Mères, se tiennent comme par la main.
D'autres cherchent à voir là un culte plutôt celtique,
car, répandu dans les régions rhénanes, il a dû s'y propager
en venant du Midi gaulois vers le Nord germanique.
Populaire, témoin la qualité des dédicants, il a surtout
fleuri dans le cours des trois premiers siècles de l'ère
chrétienne.
Un des traits les plus caractéristiques est le grand
nouibre des surnoms i^) donnés aux déesses-mères.
Ces appellations doivent provenir du nom des peuplades
qui les invoquent ou du nom des lieux mêmes où elles sont
honorées : elles sont ethniques ou topiques. A l'origine,
elles étaient les génies propices, les pi'otectrices de cer-
taines localités, puis des familles, des tribus, de telle ou
telle condition de la vie humaine. Leurs attributs les
signalent comme apportant l'abondance : on s'adressait à
elles pour obtenir un sort prospère, voir se produire
quelque événement heureux.
A Xewcastle s'est rencontré un grès d'un travail gros-
sier représentant trois femmes en manteau et séparées par
(') M. IiiM, o/>. cit., p. 46.
(2) Une note analogue a été lue par K. Arkndt au doniier Congres
archéologiqxie fl'Arlon. Cowpte-rendu, j)]). 177 et suiv., II<^ i>artie.
(^) A relever la terminaison fréquente en ne/iae, Iicnae, lune, et la
forme du datif pluriel en abus (deabiis).
des (.'oloimctles d'un slylc romain, prcscxnc roman doja,
et en dessous eette inscription : «Aux déesses-mères irans-
marines du pays, Auvelhis Juvenalis (') ». Ainsi, de loin,
le soldat adresse ce souvenir touchant à ces Mères pro-
tectrices du sol natal, qui deviennent pour lui trans-
marines : le culte local s'est transplanté et rapx)ellation
modifiée par l'effet d'une intéressante vicissitude.
La première coliorte des Tongres en Bretagne, composée
do soldats de nos contrées, mais de localités diverses,
érige un monument votif aux Mères ^'-i, sinii)lement.
Tvien de varié d'ailleurs comme les appellations con-
jointes : aux Mères parcpies, à leurs propres Mères, aux
Mères domestifpTes ou nationales, aux Mères de toutes les
nations (^).
La 1'° cohorte des Tongres est mentionnée dans une
inscription votive des plus intéressantes retrouvée près
d'Edimbourg ("*). L'épithète Alatervae qu'ils donnent aux
Mères, reproduit-elle au pluriel une déesse Alaterva? Ou
bien plutôt ne s'agit-il pas d'une appellation toi)ique, et
dans ce cas, la localité est à chercher au pays des
Tongres ?
La dédicace est doulde puisque le monument est égale-
ment élevé en l'honneur des Maires Campestres. Le culte ("'-)
de ces dernières divinités féminines est appai'enté avec
celui des Maires en général, et son existence est constatée
(') Deabiis malribiis Tramaviiiis patrifiis) Aarcliiis Juvenalis. —
C. I. L., Vil, ii"s 3()3, 4!J<), ii!)4- — ^I- I"^'. o/>. cit. l'igin-e et insL-r. p. \-2.
("-) MulribuH coll. I Tungrovum. — TIousESTEADS. — C. I. L., ^'II,
C53. M. Ihm, ibid., j). iGo.
{^) C. I. L., \'II. Maires J'arcae, \iH, 9127; Maires stiae, ['^o, \','>!\-2;
Maires donieslicae, <)i5, <)3() ; Maires oniniiim genlinm, 8S7.
(') Malrib(iis) Alaleruis el Malrib(ns) Cainpestrib(iis) Coh. I Tan-
gr(oriiw) in(slanle) l'I/iio.... fcenlnrione) legt ioiiis ). XX U(ljiiae)
v(iclrici.s-). — Cramoiil, CaU-donie ; C. I. L., VII, loS^j.
("V Sir.norRG. op. cit.. ]>. 3(;.
- i4i -
dans la ( icniiaiiic Siipfi'iciirc cl les ('liaiii|)> I )(''('uiikiiis,
coniincî dans nos coiit rccs. Le (nialificat if ajjparl icnl à la
lanj^iic luilitaire et na rien de <'liani])("'(r(' on (h; niral ;
les (( N'yniplK's des (*haiiii)s », honorées ])ai' \"n'^ile, iic
seraient point ici à leur place. Mars rc^nc snr son tcri'ain :
(piand nu dedicaiit s'adresse à Ini, Mnrti duuipcslri il est
le (lien du Cliani]) de ^Fars ; e(>'.ui-ci, c'est le lien d'exer-
cice ou le chanij) de bataille où se rendent les coliorlcs
Ciiinpcslres. Le sens est bien fixé ])ar une série d'expres-
sions, et ees nièi'es des soldats sont in\()<|uées i)ar eux
poni" qu'elles les protègent sur le terrain du labeur mili-
taire.
L'é])itliète de Siileonc ou Siilcniuc l'-st éti'angèrc au
vocal)ulairc romain ; elle est celticpu', et on la retrouve
dans la qnalil'ieation des Aqunc SnliW, sourcils à Bath
en Angleterre, dont les effets salutaires étaient appréciés
des anciens ('). Comme la Dca Sulis, les Matrones Sulé-
viennes, dont un monument ù Trêves plus beaucoup
d'autres, sont connus, apparaissent ainsi comme des
divinités protectrices de la santé, à l'instar de la Ilygicia
des Grées et des Latins.
8ui' l'étendue du pays (|ui nous intéresse particulière-
ment, des insei'iptions ont été l'clevées en l'honneur des
Maires Mnsanae <■'), (pi'ès Cologne), Mahlinehae (ibidem),
CanHtviisteihiae (Hoeylaert), Julincihiae, et il est à i)eine
nécessaire de dire (ju'on a rap[)roché ces epithètes de noms
géographicjues connus chez nous.
On le voit, c'est toute une étude de mythologie oeeiden-
tak' que celle qui intéresse le culte des Matrones, et à
moins de reprendre une à une les deux cent cincpiante
inseri])tions (pi'a fournies le territoire cis-rhénan des deux
(') La dcn Salis est nieiitioniu'e suv des inoiuiinents de ISatli. —
C. L L., VII, 3.), 4-2, 43.
(2) BUAMBACU, C. I. H-, W^ 317 : ... Mati-ibits Musaiiahiis sacrum...
— l42 —
Germaines, il nous suffira (Tavoir relevé les caractères du
culte on ce ({ui concerne i)lus particulièrement nos
contrées.
On a rapproché des monuments complets représentant
la trinité des Matrones, les statuettes de terre cuite,
blanclies généralement, figurant des femmes portant la
grande coiffe, et sur les genoux, des corbeilles de fleurs,
de fruits, de petits animaux, voire même quelque petit
enfant. Leur nombre est des plus considérables, et elles
proviennent souvent des mêmes régions où l'on a trouvé
les grands monuments. Au Musée de Luxembourg, il y en
a littéralement un tas qui proviennent pour la plui)art
de l'ancienne bourgade ou Viens de Dallieim, ou bien
d'Altrier. Peut-être jouaient-elles dans les maisons où
règne la matrone active, le rôle de Lares féminins, pro-
tecteurs de la fécondité et de l'abondance.
Viennent aussi des Matrones à cheval, portant des fruits
ou des animaux. Nous croyons qu'il s'agit là de petits
reliefs représentant l'abondance en voyage, que ce soit
sur terre ferme à cheval, ou que d'autre part, comme chez
les Bataves, la déesse soit sur un bateau... C'est, i)ar
l'image, la représentation des relations commerciales, et
celle-ci est à rapprocher des nombreux monuments dédiés
au Maître du gain — hicvornni poteiis — de Mercure, dont
la compagne est llosmerta.
Les Proxninae ('), littéralement, les Proches sont des
génies féminins, sortes d'anges gardiens, invoqués par les
fenijnes. Masculins ou féminins étaient les Fati et les
Fatae, objets d'un culte bien i)érégrin, encore que le
mythe des Trois Parques, les Tria Fata des Romains, se
rencontre avec lui.
Objets d'un culte barbare cpii avait dû em])runter des
(') Vingt-six iuscriptions.
- i4-^ -
noms latins, les fnli v\ les fnlne. ^ , sont ces génies anx-
quels s'adressent des soldats, des esclaves, des atlrancliis,
des gens du peuple, ipiand il y va du sort de la vie; ceux-là
paraissaient eu décider et jouissaient dans les croyances
d'un i)ouvoir protecteur.
Ainsi s'allonge toujours la série des (( di\inités des
petites nations (-'j » comme disaient les grands liomains,
de cette suite même (pie Mai'tial dans ses épigrammes
appelle » la plèbe des dieux ».
Donc, l'Olympe romain, (pii s'était glorieuseuient coui-
plété en Grèce et avait aeeei)té de l'Orient tant de cultes
célèbres, fut aussi du côté de l'extrême Occident large-
}nent entr'ouvert. De l'un à l'autre point se compléta
l'union des cultes, ceux des nuiîtres et des vaincus. lOllo
est l'ormellement reconnue dès le règne nième de Tibère,
l)uis(pi'on voit, avant l'érection de tant de monuments
d'une mythologie mixte, un autel élevé à Jui)iter très bon
et très grand à côté d'autels gaulois, également conservés
dans rile de la Seine
L'union se fcuida sur le pautlK'isme, cela soit dit d'abord
(juant aux croyances, et elle offrait des avantages com-
muns. Rome voulait voir les peuples honorer ses dieux
officiels et ni)portei', devant les aigles des légions, leur
encens à ses empereurs divinisés. l)'anti-e i)art, de nou-
veaux citoyens, des légionnaires, après la mention de la
divinité ronuiine, pouvaient à loisir citer les noms de leurs
dieux nationaux, les graver finalement seuls sur la pierre,
et non sans quelque vanité élever personnellement de ces
petits monuments qui devenaient ])ublics. Nous croyons
même que c'était une façon de se recommander soi-même,
une des formes alors de l'éternelle réclame.
(') Et non fata an nentre pluriel.
(-j « DU minoriim gentium — plebs ileonim. »
- i44-
Les i'Oiii])n)iuissi()ns ciilrc croyaiici^s, inijxyi-lécs et
locales, identiques ou (liltéi-eutes, subsistèrent longtemps
elle/ les Belg'o-romains. Plus tard : « nullas paganoviim
sacrileg-as consnetndines obseruetis (') », n'observez aucune
des coutumes sacrilèges des payens, dit plus gravement le
christianisme en imposant sa loi unique. Et pourtant les
traces du polytliéisme populaire sont lentes à disparaître,
à ce point que nos premiers documents ecclésiastiques
font indirectement retrouver encore bien des tl-aits effacés
des monuments payens.
Le catalogue des puissances occultes qui s'imposaient à
la sui)erstition au sein de la première Belgique, est com-
plété par le relevé des pratiques que les évoques mission-
naires entendaient extirper.
L'apôtre de notre Ardenne, S. Remacle, voyant qu'il
n'existait là nul centre de piété, obtint, au vu'' siècle, du
roi d'Austrasie, la permission d'y fonder deux monastères.
11 aborde ce désert formé de marais et de monts rocail-
leux (■-), il traverse les fagnes et se trouve sur les bords de
la Warclie... Cependant, que voit-il là ? Des lieux
voués autrefois au culte des idoles, des pierres au nom on
à r effigie de D/a/ie, d'autres divinités fabuleuses encore;
des sources propres à l'usage des liommes, mais souillées
par l'erreur des gentils et pour cette raison soumises à
l'empire des démons. Il procède aux cérémonies de l'exor-
cisme, fait nettoyer la fontaine — celle-là qu'on voit
encore sous Malmedy (^) — et il la laisse ensuite
remplir sou bassin non sans avoir gravé sur la pierre le
(') GnKSCillKKIC, Aclu SS. lielgii, inlu s. Llis^ii.
(-) (c A ni ne ami e viislnin j)nhidibns et eonfriiiJçoHis montibus siiUum
a g- g- redit II r », AA. SS., 3 sci)teiiil). i8(JS. — Nous lisons iuiniiiiil)ns (et
non noininibus) jiorteiitiiosis efjigiiitos.
(3j Midinunderiuiu. — I>;i source, l'ei'ruj^ineusc, est en aval, non
loin (le la Warclie.
- i45 -
si<;iR' (runc croix, l)it'iitMl coiilcc en plonil) cl lixcc piii'
(les trous prat i(|tics dans les rainures.
Le lieu relevant de la paroisse ou l\i;lise de ("olo^iie ('),
le 8aint trouve en deeà et non sans axoir h(''sil(''. un seeoml
eni])laeeinent vaste et sis sur les hoi'ds de rAinhleNc, mais
mal famé à eanse de l'abondance des animaux sau\a,i;'es
qui y accouraient, oh con/hicnliain fcntriim. Dans la nuit,
tout proche, ils Taisaient entendre leur vacai'me cl les
frères ti'eniblaient. Comment, demamlent-ils à leni- con-
ducteur, se délivrer des embûclies du démon, de l'ennemi
invisible, inoisibilis hoslis'/ Ilemacle, iiersislani, i-écon-
forte ses com])agnons, leur ra])i)(danl reffef de la prièi-e et
du signe de la croix, la vie aussi des ei-miles du désert
comme encoi-e les mille formes du démon... N'em])runte-
t-il pas même celle des mouches ? Le monastère fondé,
révè(pie de Tongres repi"it le (diemin de son église : il
devait revenir finir ses jonrs en cejieu qui fut Stavcdoti'j.
Ce n'est ])as un point d'histoire à oublier (ju(^ la décou-
verte pai- un apôtre d'autels à Diane et autres dixinités
romaines élevés an bout de nos fagnes, des grands marais
eiféliens, dans les sites sauvages des boi-ds de la W'ai'che,
au cœur nième de l'Ardenne.
(^uant à l'Ouest, ce (pii regarde la Flandre méridionale,
le pays jusqu'alors, an vu'- siècle, « avait été \()ué à toutes
sortes de superstitions, et ses habitants non ]»lus (|ue h's
bètes des forets, n'avaient encore entendu de la bouche de
personne le Verbe salutaire (''j » ; mais le peuple, à la ])arole
de saint Eloi, évèque de Xoyon, abandonna ses idoles et il
('j Cette (listinclion de territoire fuite à eette date, iiiérile d'être
relevée et aide ;ï fixer ini point de la frontière antique séparant
la Belgica de la G er m uni a.
i-'j Stiibiiletnm.
{'^) Ex vila ft. Eligii. — Do.M I}oi'(,)ri:i', Recueil des Historiens des
Canles et de lu Frunce, t. III, p. 0-2-.
- i4^5 -
fut converti. Un docuincnt nous est resté qui témoigne de
ee changement tluns les eroyanees, c'est le canevas d'an
vrai sermon contre les pratiques païennes : observer les
augures, en route attendre le cliant d'un oiseau, invoquer
Xei)t une, rOrcus des en fers, Diane, Minerve ou Gentisque...;
célél)rer en dehors des fêtes sanctifiées, le jour de Jupiter,
le jeudi, et le garder jiar le chômage soit en mai, soit en
(fuehiue autre temps ; se rendre à des temples, à telles
pierres, fontaines ou arbres, ou bien aux trois voies pour
y porter des lumières ou accomplir un vœu ; attribuer au
soleil ou à la lune une puissance souveraine, les invoquer
ou jurer par eux, recourir aux incantations, faire des
lustrations, se livrer enfin à des jeux diaboliques, danses
et cantiques... Il falhiit, au contraire, bouleverser les fon-
taines soi-disant sacrées, couper les arbres vénérés, brûler
les ex-voto, ces pieds façonnés en bois qu'on suspendait à
la coupure des chemins (').
'l'ous ces détails, qui ressortent sur un fond germain,
rappellent bien Rome. Diana — la déesse féminine de
Janus le dieu du commencement — était dite trivia parce
qu'on en plaçait le buste ou la statue aux carrefours, de
même qu'on y mettait un Merciirius triceps, et c'était à
l'embrancliement des voies que le voyageur prenait augure
de son entreprise, (^uant aux lustrations, c'étaient des
cérémonies rituelles accomplies pour purifier les personnes
ou les biens, maisons, champs et troupeaux. Ovide parle
de tout cela quand dans ses Fastes il explique, suivant le
calendrier, les fêtes de quartier, officielles ou populaires,
près de temples ou de petites chapelles, cérémonies
])oin])cuscs ou ])rati(|uos de vieilles gens qui n'ont i-ien
oublié. Et le langage est le même ; saint Ouen, le bio-
gra])hc de saint Eloi , emploie les termes classiques :
0) Actu Saiicl. Bel gi i .— GuE&QViKRF., ouvrage cité, ni,]>. 244 et suiv.
— Vita S. Eligii Noviomensis episcopi ("1-058).
- ^7 -
riKil)ilaiil d'un l'aiilxjiirj; de Taiil i(i(ic Uoiul' aiir.iil compris
le hcnnoii.
Après les Coneiles de lieptines on I^estines en ])ays
de Hainaut (743-756), on tronxe i-édigée une lislc —
c'est une mise à Viiidcx — de i)rati(pies condanmées ])ai'
l'assemblée ('). Elles provenaient, soit des lîoniains,
ou des Germains ; elles sortent de ce Tonds eomimin à
tous les âges, tant les populations ])rimitives aiment le
merveilleux, elierehant par tous moyens à scruter on à
se coneilier la i)uissance de forces surualurelles. On voyait
des signes dans le jeu des flanuacs du foyer : dès les
l)i-emiers temps bibliques l'essor de la fumée du sacrifice
d'Abel et de Caïn n'est-il pas interprété? Les Romains
l)renaient augure du vol des oiseaux, les Germains écou-
taient même les hennissements des chevaux. Un autel
de marbre blanc de la galerie vatieane se montre à nous
surmonté d'un agneau placé en travers, le ventre ouvert
et présentant ainsi à l'examen ses viscères, foie, c(XMn'
et poumon : ici on ol)servait l'état de la cervelle. Puis
c'étaient des incantations, des pratiques divinatoires, des
sortilèges : on dessinait des simulaci-es en répandant de
la farine ou en fabriquant des mannequins re])résentant
les personnes maudites. A de certains joui\s on célél)rait
les yriae, course folle faite en haillons et chaussurc;s
ouvertes, ou des iiiinidae, sacrifices en pleine forêt.
Les Germains vénéraient les arbres, les fontaines ; les
Romains entrevoyaient dans les premiers des Dryades ou
le dieu Sylvain, et c'était une njmiphe qui laissait couler
la source. Sacrifier sur la tombe des nu)rts est une des
plus anciennes coutumes; essentiellement romaines étaient
les fêtes en l'honneur de Mercure et de .Jupiter (ju'on
honorait par des sacrifices et la cessation de tout tra\ail.
('j MoM'.M. ClKUM., Leg-es, I, pp. i<j, 20 ; Ad calceiu cajtittihiris Lift!-
iiensis... indictiliis sujcrs/itioniini et paganiarnm.
— i48 —
Un mol est bien rra])p('', les Sjuircnli:i, ([iii donne la
désincnee des joiii-s de l'èle à un vocable qui ne sigiiil'ie
rien d'autre que malpropre ou oh^cène, spiircus . Qu'était-ee
que eos Spnrciilics de février? Sans doute la tradition
lointaine de quelcpie fête carnavalesque, comme celle des
Lujx'rcalies (pi'on célébrait à Home le i5 février.
Ce joui'-là les Luper(|ues, innn' fêter Faunus, couraient
nus, les reins ceints de la peau d'un bouc fraîchement
écorclié et fra])paient d'un coup de lanière les femmes
qu'ils rencontraient pour leur donner la fécondité.
Un dernier détail ne laisse pas non plus di^ jeter certain
jour sur l'état du pays : des niaisoiincilcs ou petits temples,
dit une rubrique de Viiidex. Les huttes du i)oi)ulaire,
rondes ou carrées, n'étaient point grandes, l'abi-i d'une
idole était encore i)lus éti'oit, puisqu'on enq)loic le dimi-
nutif de easa — casiila — et l'on est peut-être en droit
d'entrevoir (|uel(|ue chose de semblable, sauf révérence,
dans l'édicule du saint Antoine de Bure en noti'C pays
de Luxembourg : une statue en plein air, placée sui' un
tas de i)ieri'es et sous le disque d'un toit de chaume.
Un capitula ire ro^'al confirma les proscriptions des
évêques. En effet, Carloman, comme son j^ère l'avait fait
déjà, défend sous peine d'une amende de i5 solidi, toute
]>ratique païenne (').
Enfin, le capitulaire de Paderborn de l'an 78:), qui
organise à la fois chez les Saxons le christianisme et
l'cMupire, punit de la peine capitale ceux des Saxons qui
auraient procédé à la crémation d'un cadavre à la mode
païenne, et commine des peines diverses contre ceux que
des vœux ai)pellent auprès des fontaines, des arbres,
qui y auraient apporté des offrandes ou bien fait un
rejjas en l'iionneur des « dénions)).
(^) MoM M. (Jiani., Il>id., I, p. iS, Capitiilare Li/linense a ^Sô.
- i4'j -
CopL'iulaiU, tant sont tciuioes les sii])('i'st ifioiis jx)])!!-
lairt'S, au xi' siôclc à W'oniis, l'ancien I>()rbcl<>mu<;us, (jiic
l'évêque Burcliard (|ui eonfcssc ses ouailles, en est encore,
pour distribuer les pénitences ('), à posci- ces questions :
(( — Ave/,-vous cru à l'existence des T*ar(|U(^s des Xornes
ou les Mntres) et à la puissiince ({u'on leur attribue ?
— Avez -vous aj^i comme certaines femmes à telles
«''l)oques de l'année, à savoir, servi sur votre table nourri-
ture et boisson avec trois couteaux, dans le but de i-es-
taurer, si elles vous visitaient, ces trois sœurs <{ue l'an-
cienne erreur a appelées les Parcfues?... Si oui, ])endant
une année pénitence aux fêtes légitimes.
— Etes -vous allé prier en quelque plac(; autre que
l'église (Ml le lieu indiqué par votre évoque ou votre i)rêtre,
c'est à dire auprès d'une pierre, d'un arbre ou aux carre-
fours, et là en signe de vénération, avez-vous allumé chan-
delle ou torchette, avez-vous là api^orté du pain ou (juclque
offrande, ou y avez-vous mangé, ou bien demandé (|ucl(|ue
assistance pour votre corps ou votre âme? Si vous l'avez
fait ou y avez consenti, vous ferez pénitence pendant, trois
ans aux fêtes légitimes.
— Avez-vous consommé quelque chose des offrandes
qu'en certains endroits on apporte aux tombeaux, aux
])i(n'res, aux arbres, aux fontaines, aux carrefours, ou
avez-vous porté des pierres en tas ou fait des ligatures aux
croix placées aux carrefours V — Pénitence encore. »
Sous la domination romaine il semble qu'on ait tout fait
en la matière pour rendre impérissables les superstitions
poi)ulaires. Ne les retrouvons-nous pas encore dans le
Folklore aujourd'hui? Les daemones ou génies, sous l'effet
des prédications de l'Eglise, devinrent des démons ; les
pierres révérées jadis par les païens, pierres du diable, et
combien n'en compte-t-on pas ? Les trois Matrones sont
des sorcières : Macbeth en rencontre trois. De celles-là
(') FRIEUBERG, Ans deutscheii Bussbiichern, p]). 94, 85, 90.
IDO —
descendent nos Mucrallea Avallonnes, contre lesquelles
dans les campagnes on signait de la croix les maisons
isolées. Peut-être ne sont-ce là que des traditions iden-
tiques mais d'origine différente ; toujours est-il qu'il ne
faudrait pas clierclier bien loin pour rencontrer la jeune
i'emme-serx)ent ou la sirène, la roue de la fortune, des
ondins et des ondines ('). Quant à la Fata, ce génie féminin
de la destinée, la Fée, elle s'est réfugiée dans les légendes
gracieuses du moyen-âge : mais s'il y a le génie bienfaisant
déposant au berceau de l'enfant des gages de bonheur, il y
a aussi la fée pernicieuse qui crache non plus des pierres
précieuses, mais des crapauds et des vipères...
Laissons le merveilleux, et quittons ce haut plateau de
Bestenaciim ou Bastogne, l'émule de celui des fagnes, qui
donne au touriste la sensation de l'immensité comme au
chercheur la certitude d'une action romaine qui ne négli-
geait pas un désert.
Du siège du dieu militaire Entarabus à l'antique Oro-
laiiniim ou Arlon, l'itinéraire est tout indiqué, il l'est
même dès le départ en suivant le chemin belgo-roraain
passant par Hollange et Martelange.
C'est encore Vliinéraire du Luxembourg germanique
suivi en 1844 par le chevalier L'Evéque de la Basse-
Moûturie en son Voyage historique et pittoresque dans le
Grand-Duché. Traversant la ligne de faîte qui sépare le
bassin de la Meuse de celui de la Moselle, l'écrivain n'est
pas sans remarquer, avec ses compagnons de diligence, la
nature du pays encore incompris, car à propos de ces
« tristes parages », il ne manque pas de rappeler certains
vers ironi([ues de l'abbé Lenoble :
Là le genêt et la foiig^ère
Couvrent de stériles guérets ;
Une récolte de navets
V réduit la terre légère
A rejioser dix ans après.
(•) GKIM.M, Deutsche Sagen.
— 1)1 —
Sans (loiilc rcLrouvcrous-uous (|iiel(j[uc pari encore les
traces du chevalier errant ; en attendant, voici les belles
plaines luxembourgeoises aérées et fertiles, (]ui ouvrent
grand le clieniin vers Arlon.
Xous sommes dans la partie méridionale de l'Ardenne,
an pays des Trévires qui, au Sud de la Basse-Germanie,
occupaient le Nord de la Première-Belgique.
Près de la gare d'Ai-lon, en fouillant la terre, on vient Arlon,
de trouver la plus ancienne pièce de monnaie romaine
exhumée dans la localité. Elle est à Teffigie d'Agrippa et
porte en exei'gue .1/. L. F. AGRIPPA ; au revers, entre les
deux lettres S. C. marquant l'intervention d'un sénatus
consulte, est debout un Jupiter armé de ses foudres et
portant d'autre part un trident. La pièce tout au moins,
nous reporte loin, aux origines mêmes de l'empire.
Que fut l'Arlon romain ? (')
Probablement, lors de l'organisation du pays, un poste
de surveillance fut établi sur la colline, au point d'intersec-
tion des routes militaires qui assujettissaient les Trévires
et conduisaient vers Tongres, Cologne, Reims et Trêves.
Arlon date de l'établissement de ces voies mêmes, le
quadviviiim a formé le viens. Du carrefour, la bourgade
s'étendit le long des voies ; dans la campagne s'élevèrent
des Aillas reliées par des diverticules. L'importance
routière d' Arlon reste encore aujourd'hui indiquée par les
sujets de reliefs, fréquemment empruntés aux scènes ordi-
naires de la voirie. Une mention officielle sur l'itinéraire
du temps, au iii^ siècle, montre combien l'existence de
(') Cf. A. Wn.TlIElM, Liiciliburgensia siue Laxembuvgnm romamim,
1. VI, C. VI-XI; LOES, YArlon romain dans le Compte-rendu dn Con-
grès archéologique et liistorique tenu ù Arlon en i8gg, p. lofi ;
Le même, dans le Jahrbucli des deutschen Vereins, 1902 et lyo!} ; .T,-B.
SiBENALER, Notice sur Arlon, ibid., pp. i43 et suiv. ; .1. P. Wai.tzino,
Okolaunlm vh rs, Musée Belge, 1904, i^"" et 3^ laseicules.
— 102 —
VOfolHunum viens était de notoriété publique. Sa prospé-
rité aiTiva au point euhuiuant dans la première moitié du
m* siècle. Orolaiinuni demeura cependant à l'état de
boni'gade, Trêves suffisant comme siège principal à un
territoire plus large que profond. Mais que le viens ait été
néanmoins très important, on en a la preuve sûre : c'est
le nombre des monuments funéraires et autres, élevés par
les habitants ; il fut assez considérable pour qu'on ait pu
construire de ces blocs les soubassements du rempart
romain. Car, au temi)s des empereurs gaulois, des inva-
sions se firent jour et l'on dut restreindre la place pour
l'embastiller. Ainsi s'annonça, au temps de Dioclétien,
une nouvelle période qui dura pendant tout le \\^ siècle :
les victoires de Constantin , de Julien , l'énergie d'un
Valentinien, rassurèrent pour un temps le pays troublé;
mais des incursions continuelles désorganisant la défense
aux frontières, les vicani Orohuinenses i)urent s'attendre,
dans l'isolement d'un castrnm, aux pires des malheurs.
Les liuns finalement avaient passé, ravageant Trêves,
qu'Orolannnni avait déjà subi le sort des bourgs voisins,
de Beda, de Noviomagns, d'Altrier ou de Dalheim dont
on ne connaît même plus le nom latin.
De l'antique Orolannnm, dont le nom même est celtique,
et qui de toutes les localités belges que nous rencontrons
est la plus riche en monuments romains, plus rien aujour-
d'imi ne subsiste en sa place. Pour construire trois
enceintes successives, pour jeter les fondations de l'abbaye
de Saint-Hubert et orner les jardins classiques de Mans-
feld à Luxembourg, afin d'édifier des maisons, voire même
se ])r()curer des marches d'escalier, on a tout emporté, et
là, comme ailleurs aussi, il n'y a plus qu'à se remémorer
le mot de Caton : tout se ramène à l'utilité, omnia ad
utilitatem refernninr.
« Le vieil Arlon est dispersé, dit Bertholet dans son
130
histoire du Luxembourg' l'i, et le nouveau n'a rien con-
servé de SCS antiquités » — rien si ce n'est, doit-on ajouter
aujourd'hui, h' musée (-) formé par hi Société archéoh)-
gique, et c'est déjà une première réparation accordée à
l'histoire.
Il y en aura une seconde quand, en suite des trouvailles,
grâce aux publications nouvelles succédant aux anciennes,
l'Arlon romain, VOrolaununi viens, aura repris toute la
place qui lui revient.
Un des bulletins constituant les Annales de l'Institut
archéologique du Luxembourg (^) a, depuis longtemps, fait
connaître près Yirton l'existence d'une agglomération
belgo-romaine ; rares cependant sont les établissements
collectifs dans nos Ardennes wallonnes, alors qu'on en
retrouve davantage autour de Trêves et dans la partie
eifélienne que traverse une route vers Cologne. On peut
attribuer les origines de ce Vieux-Virton à l'action civili-
satrice des Rémois romanisés, et, phénomène social qui
n'est pas extraordinaire, car on peut le constater aussi
pour Nasiuni {*), le centre populeux s'est déplacé. L'antique
Virton était vers Saint-Mard, à Majeroux, non loin d'un
poste d'observation placé, croit-on, sur Mont-Quintin.
Parmi de nombreuses villas on mentionne (^) dans la
vallée de Nesseleck vers Thiaumont, les restes d'un éta-
blissement privé considérable : tuiles perforées, meules,
une colonne d'ordre dorique, des traces de couleur murale,
les traces aussi d'un incendie allumé par les Huns vers
45i : pas de vestige de substance transparente pour
fenêtres.
(') T. I, p. 404, VI« dissei'talion .sur les monuments d'Arlon.
(-j Le Musée a été classé par le conservateur .I.-B. Sibenai.er,
auquel on doit maints renseignements et des acquisitions nouvelles.
(^) Année 1884 : Le Vieux-Virton, par G. Kurth.
f^) Naix, dans le département de la Meuse.
(,5) Annales de l'Institut archéologique du Luxembourg; Arlou, 1884.
— i54 —
A Villers-sui'-Seniois (') a été retrouvé sous la table
d'autel de l'église un autel roraaiu représentant des dieux
et des déesses.
Outre les beaux monuments funéraires dont nous repar-
lerons, on a déeouvert dans le pays un grand nombre
de tombes belgo-romaines du type ordinaire, petites et
earrées : sous une dalle de pierre l)leue ou une tuile, un
vase avec des cendres luimaines, du poussier de cluirbon ;
telle est bien aussi la forme des i)etites tombes relevées
dans le Namurois et dans le pays de Tongres.
Quant à la poterie, on en fabricpiait partout, témoin
l'atelier ou officina de X)otiei-, les trois ouvertures de fours
à cuire la terre, retrouvés à Arlon même.
L'analyse des Bulletins de l'Institut archéologi(Xue
d'Arlon permetti'a d'apporter aux cartes belges de nou-
velles contributions, des articles spéciaux commentant
les trouvailles faites {'-) dans le pays d'alentour.
Au Musée provincial, où nous voici, passons, non
sans quelque attention, devant le petit mobilier ordinaire
retrouvé un peu partout (•'), et relevons quelques antiques
présentant un caractère particulier : des cuillères pharma-
ceuti(iues par exemple, de celles-là qui présentèrent an
(ij Annales de l'Institat itrrhcol. du Ln.xenibniirg-, 18SH. Dans le
même volume s-e trouve aussi signalé l'autel anié-romain deFratin,
tombé d'un ])oint culminant et avant servi au sacrifice : c'est un
monolithe rectangulaire avec une cavité centrale percée d'un trou.
(-) Contributions à la carte archéologique :
Vesciueville, Etalle, Yillers la-Loue, Tontelange, Udange, Saint-
\'incent, N'iilereux (Mabonpré), Thiaumont-Lieschert, Torgny, Usel-
dange, Fratin, Jamoigne, Clairefontaine, l)ami)icourt, Yirton, Tillet
(Magery), Xamoussart, Rettigny, Majeroux (Virton-Saint -Mardi,
Wardin, Arlon
(■') ^ Nivelet (I.église près NeulchàteauV Ortho, Freux, \'es(|ue-
ville, Ilatrival, A\'invil]e ])rès Fauvillers, (IraiHl-IIalleux, Fratin.
(Pour la cartel.
(l(''fiiu( Hoii dei'uier remède, puisqu'on eu joif^nit une à ses
cendres; celle-ei qui sort d'une tonjbe, telle autre encore
pourvue d'un fin rebord qui permettait de doser diiïérem-
luent la substance recommandée.
A signaler des boules de terre cuite, de la <>'rosseur d'une
l)omme, qui étaient destinées à servir, peut-on croire,
de projectiles incendiaires. Elles donnent ])eut-être
l'explication d'un passage du livre V'-' des Commcnbùrcs
de César, où il s'agit de projectiles iiu'andescents lancés
l)ar les Nerviens dans le camp de Q. Cicéron : « ferventes
fiisili (') e.v avgilla glandes ». En se brisant ils réi)andaient
l'incendie ; ceux des Nerviens (Cliarleroi) contenaient pro-
bablement du poussier de houille, provenant d'alTleui-e-
jnents.
Plus loin, une tombe découverte à Fratin : un squelette
concile, de grande taille, ayant à ses côtés un bagage
composite qui nous ramène à une éjxxjue de ti'ansition ;
puis, c'est un i"ragment de poterie rouge représentant
deux scènes erotiques donnant à penser que le bol complet
aurait pu, sous certain rapport, rivaliser avec le vase de
Ilerslal; il provient des travaux du eliemin de fei- d'Arlon.
Enfin, remai'(jués au passage de petits moules à monnaie,
au type de Gordien, façonnés par empreinte sur une
argile d'un bleu noir, mais qui devient grise à la cuisson ;
à chacun des deux côtés, une échancrure correspondante :
elle permettait au faux-monnayeur d'y introduire le métal
en fusion. Nous parlons de faussaire, car on a retrouvé de
ces moules à Trêves même, où résidait pourtant un pro-
ciiralor monetae, un directeur de la monnaie.
Autrement importantes sont les deux grandes plaques
de plomb nécessairement très épaisses, trouvées dans la
(') Fiisilis : « Qnod fiiiuli et Uquc[icri polest » iFoucKi.r.ixl, Lcxicon);
oïl a proposé tour à tour les levons : firlili, ftssili, tuissili (0\',K\u.ls).
— i56 —
vase dan ruisseau ^'J et entre lesquelles on pouvait couler
44 pièces à la fois. Si elles sont, comme elles le paraissent,
authentiques — en matière de fausse monnaie on i:)eut se
méfier même d'un moule — on pourrait croire qu'elles ont
servi à la fabrication d'une monnaie de nécessité, à
laquelle on attribuait valeur légale.
Nous clôturons cette courte liste par la mention d'aboi'd
d'une bague d'homme, gage d'amour d'antan retrouvé à
Grand-Halleux et portant la devise : « Viuas inihi », « Vis
pour moi » ; ensuite, d'une figurine qui nous donne une
haute idée des cai)acités du prototype de notre Saint Eloi,
patron des Fabri : c'est un Vulcain forgeant sur son genou
à coups de marteau, une pièce de fer. On n'a jamais trouvé
mieux pour le caractériser.
On retrouve ici, comme nulle part ailleurs si ce n'est à
Trêves, la représentation du Belgo-romain, de l'homme
même, en relief sur des monuments funéraires : ceux-ci
font honneui" au musée d'Arlon ; ils méritent, avant tous
autres documents, de retenir l'attention du curieux et de
l'historien.
Modifié par l'influence romaine, le costume tient encore
des habitudes du pays, comme du rang des personnages.
Une inscription militaire mentionne exactement le grade,
le numéro de la légion, le nom de la cohorte ou de la cen-
tui-ie ; au civil, des scènes animées, sculptées sur le mo-
nument, rappellent au passant le genre de vie des défunts.
Grâce à cette habitude des anciens qui permettait à la
sépulture de rappeler les détails de la vie passée, nous
avons de ces rej)résentations qui illustreraient tout aussi
bien les pièces d'un Térenee.
Témoin ce guerrier en grand costume qui achète du drap;
assis ou plutôt trônant sur un siège, il tâte d'un air de
('j Près Schadeck (Attert).
— 137 —
suffisance l'étoffe ((u'on lui présente au comptoir. Autre
scène plus bas : le militaire est à la caisse, où devant des
rayons, on dresse son eomjite attentivement. Sur l(;s mo-
numents de ce j'ciire, celui (pii tient la tablette, le
comptable, a toujours l'air attentif.
Après le monument du mai'cliaud de drap, fournisseur
militaire, voici celui d'un ménage de cultivateur. L'homme
tient une serpe, la femme le coffret traditionnel ; sur les
côtés, d'une part un char avec des fruits, de l'autre des
l)ommes et des gerbes.
Autre re})résentation symbolique, celle d'un financier
ou marchand d'argent : il est près d'une table chargée de
pièces de monnaies (|u'il s'apprête à compter. 11 fut riche.
Plus loin, un grand fragment représente une scène prise
dans l'intimité : des doigts tàtent délicatement le poignet
— d'autres ont dit le pouls — d'une femme qui a des
accroche-cœur et dont un geste marque la défense : un
doigt levé. Ailleurs, trois personnages dont l'un porte des
tablettes, une femme un mouchoir, le troisième une bourse.
En vue de représenter mieux la vie, les accessoires ne
sont jamais négligés. Il en est ainsi tout un répertoire que
l'on pourrait dresser, avec une traduction en regard.
Debout au dessus d'une sépulture commune ('), deux
couples apparentés ; l'un annonce un âge plus avancé :
à gauche, l'homme et la femme se donnent la main, est-ce
le geste de la séparation ? Le rouleau que l'homme tient
dans sa main gauche, est le signe du lettré, à moins qu'il
ne parle aux yeux d'état-civil ou de testament? La femme
du couple de droite tient dans sa gauche une longue fiole
à parfums, article de luxe, en usage pour la toilette et
qu'on déposait dans les sépultures. Il s'agit ici de person-
(') Nous repi'oduisons ce moniniient à la page suivante (rai)rès
la carte i)ostale, très significative, du Musée d'Arlon, (cliché de
Sibenaler, Everling édit.).
- i5S -
linges importants, aussi sont-ils bien drapés. Les deux
femmes portent sur la tunique un manteau à longs plis, qui
partant de dessous une épaule, couvre l'autre ; les chaus-
sures sont pointues. Les hommes ont également sur la
tunique un manteau épais fixé sur hi poitrine et dont les
deux bras relèvent les pans par devant, c'est le sagiini ;
aux pieds, des chaussures. Le bas des jambes reste nu.
Que cette habitude romaine ait été suivie dans nos pays
plus froids, cela paraîtra moins étonnant si nous nous
rappelons le costume des Ecossais ou du Tyrol. Pour le
reste, tout dénote sur les monuments des Belgo-romains,
— i59
l'épiiissenr des liabits. I/échancrure du fol laisse généra-
lement voir des vêtements de dessous, et ceux-ci couvrent
bien la gorge.
Les monuments ne nous (uit pas seulement conserNi'' la
mémoire de riches personnag(îs, drapés suivant la grande
mode; celle des pelites gens ne s'est ])as ])erdne, qui, à
défaut de {itulus, sont à qualilici' suivant leur modeste
pi'oi'ession, oeredurii courriers, sirulorcs ou hijtpocomi
palefreniers, inuliones muletiers, cntabolcnscs rouliers.
Ils vivaient sur la route, allant d'une mniisio, d'une lialte
à l'autre, et la lialte traditionnelle était pourvue dun
magasin, d'écuries, elle avait ses provisions, elle hé-
bergeait.
'•*^A.Ii
Voici de ces passants dont l'image est restée :
Deux chevaux couplés tirent un véhicule; devant eux,
(') Cliché du Musée belge, P. .J. WAî/rziNO.
— i6o —
une colonne, c'est une borne milliaire. Le monument, joli
mais incomplet, a été retrouvé clans la cour de l'Atliénée
d'Arlon (actuellement Hôtel-de- Ville).
Un homme à cheval : il est vêtu du ciiciillns ou manteau
à capuchon, c'est le costume de voj'age.
Le conducteur d'une charrette, habillé sonnnairement,
comme en été ; un seul vêtement, le sagum ou sayon.
Vient un mulet trainant un véhicule à deux roues ; ce
l)anier de transport, commode et léger, est en forme d'en-
tonnoir.
Puis c'est un jeune colon, dont la figure accuse la rusti-
cité; la capucc sur la tète, il s'arrête pour boire l'eau d'une
écuelle qu'il jjorte à la bouche. Teniers n'aurait pas dédai-
gné i^areil modèle.
Sur un monument qui a disparu, il y avait toute une
petite caravane « une basterne à deux roues traînée par
quatre chevaux, un homme assis, un cocher conduisant la
voiture ; un voyageur précède à pied, le bâton à la
main (') ».
Les monuments figurés d'Arlon complètent ceux de
Trêves, de Neumagen et de Reims : les Latins ont introduit
le relief en Gaule, les Celtes ont cultivé ce môme art, mais
dans un sens réaliste et qui déconcerterait aujourd'hui un
archéologue venu d'Italie.
Disons cependant que les scènes de genre, exécutées
par le statuaire sur la plaque de marbre, n'étaient pas
inconnues des anciens ; nous remarquons deux tablettes
au Musée des Offices à Florence qui en font foi : elles
représentent la scène de la vente et de l'achat dans le
magasin d'étoffes, laquelle se prête si bien à la plastique.
Néanmoins, ces documents sont rares, la sculpture étant
généralement restée dans la solennité traditionnelle.
(') P.KKTiiOLKT, np. cit., t. 1, YV (lissertiition.
— iGi —
nutaniincut niême aussi sur le Kliiu, oontrairt'iiicnl à ce
qui se passe dans la Belgicu.
Il faut bien les examiner ees jxjrti-aits d'Arlon, de
Trêves ou de Reims, mis en action ])ai- le statuaire sculp-
tant la grande dalle de grès. C'est le seul moyen de con-
naître i)ersonnelleraent nos Belgo-romains,
Les ruraux ou colons, barbus et clievcdus, ])ortent
généralement le manteau à capuchon, i)arfois une besace
ou sac en bandouillère; ils ont d'ordinaire la tète décou-
verte, la capuce étant là pour les protéger en cas de mau-
vais temps ; nous l'avons dit, réchancrure du cou ])ei"met de
voir des vêtements de dessous, collet montant et fermé.
Les enfants allant à l'école — monument du Magister
de Xeumagen — sont chaudement couverts ; tel en est,
peut-on dire, tout rond, et l'on voit que les bottines, à
lacer et à clous, ne laissent rien à désirer.
L'homme riche est généralement rasé comnje h;
Romain, et dans son intéi-ieur il porte la tunique à
manches ou bien le sagiun, par le dessous ducjuel se
dégagent les bras; la Dame à sa toilette •'), assise dans un
fauteuil d'osier, garde les bras et les mains soigneusement
enveloppés de son grand manteau ou péplum : la tradition
de la Juinni aux bras blancs ne s'est jamais perdue.
Ses servantes sont vêtues d'une robe à manches et
sans taille, qui laisse découvert le bas de la jambe où
l'on distingue le haut des chaussettes bordé d'un boui-re-
let ; tandis que le bas laisse voir la forme des orteils. Chez
les hommes comme chez les femmes, c'est toujours le
môme vêtement de dessus, l'ample sayon, qui en recouvre
d'autres; et la grande blouse à manches, comme le sayon,
ont bien l'air d'une tuni(pie de laine, tissée ou ti'icotéc,
sans couture.
(') Monuniont de Xeumaf^en, et coniine le suivant, exposé au imisée
de Trêves. Voir plus loin.
Iir2
t\. considérer quelques bas-reliei's, ou a vite fuit de
distinguer les maîtres des serviteurs. 11 en est ainsi dans
la scène où, devant la table chargée d'argent et entourée
de receveurs, les colons apportent leur redevance ; ils sont
dès l'abord rcconnaissables. Ajoutons qu'ici le pittoresque
ne manque pas ; celui-ci, qui s'est acquitté, s'en va les
mains vides et d'un geste exprime ses regrets ; un autre,
la bourse en mains, regarde non sans envie le monceau
d'argent déjà reçu ; à tel autre on rend une pièce jugée
fausse, et il en paraît contrit... C'est tout un tableau de
genre sur une tombe de Neumagen.
La scène du marchand de dra])S d'Arlon a son pendant
à Trêves : deux jeunes femmes sont l'une devant des
rayons très haut placés et l'autre devant le comptoir ; le
marchand assis dans sa boutique porte sur le bras une
pièce de vêtement que nous ne savons bien désigner d'un
seul mot : c'est le foulard de cou ou écharpe belge (').
Dans un autre bas-relief, cet écharpe est placée sur le
cou, et les deux mains de l'homme en tiennent les deux
bouts frangés sur sa poitrine (•).
Un homme (pii marche, en sag-uin ou savon, porte la
même pièce sur l'épaule et le bras gauche (^).
Vue femme, à sa toilette, a étendu sur sa poitrine une
couverture analogue dont les deux bouts sont rejetés par
derrière.
C'était donc un complément du vêtement, des plus
répandus dans nos contrées et destiné à protéger suivant
les circonstances le cou et les épaules, un châle, écharpe
ou petit plaid, qu'on portait avec soi pour s'en couvrir en
cas de besoin. Article de toilette utile, il ornementait un
fi) « Diin bclgische Ttich » — F. IlETTXEU, (naguère encore conser-
vateur (lu Musée de Trèvesj : Die Rumischen Sleimlenkmuler des
Mitseiiins :zit Trier, p. ii4, n° 244
(-) Ibid., n" 2-52.
(3) Ibid., n» 109.
y- -
- i(i:5 —
pcrsoiniagc, lui doiiiuiit nièuic certain air iiuporlaiif (|iic
uïivait pas le populaire.
AViltheim l'a dit déjà, et le l'ait n'a rien que de natuiel :
les piei-res sépulclirales de grande dimension sont vouées
à la mémoire de personnages riches ; aux gens de métier,
un simple enbe de pierre creuse : cela servait de ciste et
l)orte parfois nne courte inscription ou, assez frécpiem-
ment, la représentation des outils professionnels : on
reconnaît ainsi le monument cinéraire du cultivateur ('»,
d'un cordonnier (-), d'un maçon (•"'). Plus rare est une figu-
ration complète, à l'instar de cette image d'un forgeron :
assis, la capuce rejetée eu arriére, il tient des tenailles
sur ses genoux et il a devant lui nne petite enclume (').
Il rappelle bien ces gnomes travailleurs restés jxjpulaires
en Allemagne, et le capuclion belgo-romain n'est proba-
blement pas étranger à la tradition.
Parmi les simples inscriptions, à signaler an passage (''),
sur nne petite pierre, celle d'une accoucheuse de Ti-èves,
sans reproche, est-il dit.
On doit rapprocher de l'épigraphie de Tiéves celle
d'Arlon, moins étendue mais dont plusieurs documents
paraissent plus anciens. D'ailleurs, de toutes les stations
romaines de notre Belgique, celle d'Arlon est la plus liche
en inscriptions : elle en a fourni, comme on l'a dit, i)lus
à elle seule que tout le reste du pays. Et pourtant que de
pertes subies ('■')!
Arlon mérita sans doute le nom de « Panthéon de la
Belgique» que lui décerne le P. Bertholet énumérant.
(') IIettner, nj). cit., 110 i();j.
(-; Ibitl., 11» 192.
(3) Ihid., 11° 194.
(^) IbiiL. 110 i58.
('■; Musée (le Trêves, rcz-de-oliïiussée, salle de droite : ubslutrix
qiiae nulli fuit obnnxia.
i^) Wn.THEIM, Lux. VOJU., \I, (), p. 23o.
— iG4 —
d'après Alex. Wiltlieiiii, les nioiiumciits perdus: «Je ne
linirais pas, dit-il, si je voulais [)arler de tous les dieux et
autres antiques qu\)n a transportés d'Arlon ailleurs. On
y a découvert les effigies de Pallas, de Mercure, d'Apollon,
de l'Automne, de Dédale attachant des ailes à Icare, de
Narcisse qui se mire dans une claire fontaine, de Gany-
raède enlevé par un aigle, de Jupiter, Hercule, Minerve,
de Cybèle, de la Victoire, d'un Triton attaquant un
monstre marin , et de la louve allaitant Romulus et
Rémus. »
Tous ces monuments, d'ordre classique, sont donc
perdus ('). Mais il y a plus : Bertholet, qui en général ne
fait que répéter à distance ce qu'a dit Wiltlieira, a dressé
une liste des antiquités décrites par Wiltheim ; à comparer
sa relation avec le relevé qu'on peut faire aujourd'hui, c'est
à peine si nous retrouvons trois ou quatre des monuments
qu'il indique. Il en est d'analogues sans doute, mais où
chercher cette figuration de la Déesse Nécessité, une main
tenant un grand clou de fer qu'elle est prête à attacher ?
Et tant de ces petites scènes dont la représentation était
empruntée à la vie intime des Belgo -romains ? Quant au
monument qui passa longtemps et si erronément pour
V Autel de la Lune (Ara Lunae, Orolaunum), il n'en sub-
siste plus qu'un fragment incomplet : des vo^^ageurs, trois
au lieu de six, allant porter leur offrande aux Lares
coin pit nies.
Autant on a perdu de grands monuments funéraires,
autant aussi d'inscriptions perdues. Néanmoins, la collec-
tion actuelle, qui date de 1847 et constitue le sujet de notre
étude, renferme encore soixante à soixante-dix pierres
ou fragments figurés, et nous y rencontrons quatorze
Cj lleureuseineiit nous eu avons conservé des dessins dans les
Delineanii'iila d'Alex. Wiltheiin, conservés à Luxeml)Ourg^ et mal
rej)roduits ])ar Xeyen et Prat.
iii.s('rii)(i()iiw pins ou moins complètes, sans comptei- les
simples invocations aux dieux Mânes, I). M.
Les ti'ouvailles ou les acquisitions se continuent, témoin
une douzaine de fragments inipoi-tants recueillis i-écem-
ment. On doit donc reconnaître cpie la ville d'Ailon
possède encore assez de monuments l'igiirés ou ci)igi'a-
pliitpiesi') i)our conserver une réputation accpiise.
Des documents (■-) d'un caractère inilitnire ont été trouvés
en nombre suffisant [)our (pion puisse en induii-e la i)ré-
sence, au moins occasionnelle, de soldats romains à Ai'lon,
C'est, dans cet ordi-e d'idées, une découverte impoi-tante
(pie celle d'un petit autel dédié au dieu guerrier Mars
Ciiinulns (•'). Déjà Wiltlieim n'énumère-t-il pas aussi des
représentations figurées autorisant cette opinion, un
cni)tif, un trophée d'armes, deux cavaliers romains régu-
lièrement écpiipés, un lion ? La dernière trouvaille faite à
Ai-lon, au lieu-dit Schnnize (Redoute), celle d'une statue
représentant un jivincipalis romain, tend aussi à établir
(pi'Arlon a été de bonne heure un lieu fréquenté i)ar des
fonctionnaires militaires. Le corps de ce personnage,
statue décapitée, porte des traces de polychi-omie et il
présente à l'observation une foule de détails précis inté-
(') M. .].-P. WAi/rzixo vient détudier eu dernier lieu et d'une
niaiii(ire i>articulièrement exacte, les inscriptions arlonaises (pii
seront rei)rises ])ax"nii les inscriptions tréviriennes du vol. XIII du
Corpus Inscrijitioiiiiin laliiiuruiu. La lecture de ces documents (îpi-
grapliicpies est ainsi bien (itablie (V. Le Musée belge, \[)o\, fasc. i
et suivants : (Jrolaunum vrls).
(-') WlLTIlKIM, ()]). cit., pp. 23o 3j.
(^1 C. I. L., XIII, 3()So. Marli Cnimilo... L(e /JlHns Sefri/Jus nfotumj
[sfolnil) (libens)] m(eriloJ. Inscription trouvée en i854 dans le rem-
part romain. Voy. .1 -P. WALTZixtJ, n/>. cit., \>. liG. — Une diMlicace à
Mercure, dieu des marcliands, sur un Iragment de vase rituel, cons-
titue la deuxième inscription rtjligieuse d'Arlon : Deu Merctivio. —
C. I. L., XIII, 3981.
it
— iGG —
ressaut l'unirorme. Il faisait partie d'an groupe représen-
tant le sacril'ice par excellenee, car une nuiin est posée sur
la corne d'un taureau portant des traces de rouge, la cou-
leui' qui lui est propre dans l'Eifel ; et, en Ardenne encoie,
les bovidés s'appellent communément des « rouges bêtes ».
Un autre monument ra])pelle ici la mémoire d'un
C. Julius Maximinus ('), vétéran de la viii^' légion, gratifié
du congé honorable et emplo^'é comme bénéficiaire du pro-
curateur. D'autres étaient, comme on l'a vu, bénéficiaires
du légat consulaire ou du gouverneur d'ordre prétorien :
celui-ci dépend par son titre de l'intendant général des
finances, du procurateur de Trêves. Eu quoi consistaient
ses fonctions ? On ne peut faire ici que des conjectures.
Nous savons que l'administration financière clioisissait ses
employés de préférence dans l'armée ; nous supposons, en
suite même de la construction de la phrase, qu'un vétéran,
celui dont il s'agit, fut placé dans une station, à Arlon,
l)Our présider à quelque perception, comme celle de droits
de douanes au passage d'une de ces zones intérieures
établies par l'administration impériale. Quant à l'inscrip-
tion gravée sur le nionument élevé par Simili Jiia à son
époux très cher, elle se tei'mine par la formule A oc, viaiiir,
Vide..., celle qui l'appelle le mieux la brièveté de la vie,
où la bienvenue souhaitée est suivie innnédiatement de
l'adieu ; on la retrouve poétiquement employée par Martial
comme antéi'ieurement par N'irgile, c'est encore celle de
(1) C. I. L,, XIII, 3<,)S.'Î : I). M. (.'ni .1 iili Ma.\(i)miiii cmcrili l('i;ioiils
VIII, beiieficiiu-iiis ])vortirul(>rin (Jijonesla inissione inis.<iiis islam
wemoriitiii prociiranil Siiiiiliiiin Pnlernu cniiiii.x conjugi kfnjrissimo.
Miixiininuf; (lijic (luiesquii Ane ninlor, mile i>i:i{i)r, Lo mol iitciiioriit
est eui]il()y6 dans le sens de iiioiiimciilmu ou moniiiiu'iit, et on
reniiirquera l'anacoliiUie ou ch:inj;cnien( de construction et de cas.
I). M. eiuerili... l)c-iu'firi;iriiis prociivahiris Iidiicstu niissioiu' niissiis.
A j)rendre en considération le surnom de Maximin, rinscri])lion
daterait du m« siècle (235-238;
161
la loaibc (ruii adolcîsi'cnl conservée jadis dans le jardin
du collège de Luxenihourg (').
'Poules ne sont pas d'un style aussi sentimental, et ce
(|ne nous avons dit de la tendance l'éalistc de l'art celto-
l'onuiin, nous aura préparé à apprécier eei'tain monument
funéraire (f). C'est une petite scène où l'on voit deux liomnu^s
attablés, l'un buvant à la même bouteille, l'autre lisant
un rouleau, et de droite comme de gauche, un gros tonneau :
sur l'un /)., sur l'autre M. ; voilà un Dis Manibus , une
invocation aux Dieux Mùnes, singulièrement placée et (jui
servirait aujourd'hui de mar(|ue d'expédition. I'>tait-ce
pour témoigner d'une capacité particulière, ou de la pro-
fession de vinarins, de marchand de vin, nous ne savons,
niais la composition ne laisse pas de pratiquer l'ironie
moituaire.
Une des formes sépulcrales à remarquer dans les mo-
numents élevés par les Belges de la Trévirie, c'est celle
où l'on voit l'inscription sur la partie plane (•') d'un hémi-
cycle surmontant le cippe. Cinq des inscriptions arlo-
naises sont dans ce cas, deux autres sur un fronton.
C'omme ailleurs dans le monde romain, on retrouve égale-
ment la formule indiquant qu'on élève le monument funé-
raire pour soi-même aussi, en prévision de l'avenir, ci sH)i
viniis fccit... C'est l'emploi économi(]ue d'une seule tombe
dans hupicllo deux éi)Oux incinérés tour à tour, tiennent
aujourd'hui dans deux bols ai-chéologicpies : Voila, qui était
tout aussi bien un ustensile de ménage, est devenue une
urne cinéraire. Parfois aussi, on déposait là les restes de
(') Ai'e Sexli Jiiciimle, vale Se.\li Jiicuiulc — C. I. L., XIII, ^'J.f^o,
originaire (FArlon proljableinent.
(■-; Signalé et reproduit par F. IIkttnkr, Ziir KiilUii- von O'ermiuiien
iiml Gallia Belgica (Westdeutsclw Zeitschrift, i883,), pu et planche ii.
— C. I. L., XIII, 40SG.
(,^j V au Musée cVArloii.
— i6ft -
quelque proche, et l'on coinplétait aloi-.s l'insoi-iption pre-
mière : A'... repose ici, ou est ici placé : liic (juiescit ou
sitiis est. C'est un des prototypes de nos sépultni-es de
famille.
Vn prix de revient est ici marqué sui- un fragment de
monument ; oi-donné par le défunt j^our lui-même, il a
coûté quatre mille sesterces ('), soit environ huit cents
francs de notre monnaie. L'indication implique l'exécution
d'une clause testamentaire. L'ouvrage ayant disparu, on
ne peut naturellement plus appi'écier la valeur spéciale de
la main-d'œuvre. Tous ces monuments d'ailleurs se res-
semblent, quant à la matière et aux dimensions ; ils
varient autrement, allant de l'iuscription à la figura-
tion. C'était la mode, les commandes suivaient, trouvant
toujours prêts des praticiens tels (|u'on n'en rencontrerait
plus aujourd'hui même, à Arlon, à Neumagen ou à Trêves.
Ils composaient, nous l'avons vu, des scènes empruntées à
la vie intime ou publique, avant de manier le ciseau et de
tailler le grès : si leur manière ne procédait pas directe-
ment du grand art classique gréco-romain, c'étaient des
ouvriers de genre, et leurs productions datent de la bonne
époque trévirienne.
Onze insciiptions présentes r-') nous fournissent des ren-
(') \.Moiiiiineiilii]in sihi jtoni \iiissil f'.v].s' stfefttpvliiini) nfninnuim)
quatuor millibua. {S\. IIII). — C I. L , XIH, 4021. La fij^uratioii
<lii chiffre est ar(*liaïque.
(i) 1). M. And(?c\ar^^i Xochirni et Mircioniiuje Cuigill(a)e Ceuso-
riuius Andecarus filio et co(n)iiugi f(ecil). - Ibid., ^\;^2 Cuigilla est un
nom {'onnii ])ar deux antres inscriptions de la Cinilas Trenernvum
Voy. M'Al.TZiXfi, Ihill. du Musée lielge. \\',o\, fase. i, j). i");.
1) M. fiimuiius Miiiidiiissa sil>i et Auiuif)f<sa nifi'i f'eeeruul) —
C. I. L., XIII, %p.
I) M. Mnvcelliiiiae A/'rfaJe eoniugi defuuctfaje (îraliuius Accejitus
et sibi vinos feeit. — Ibid., ^ooo
1). M . Messifaje Douatfaje utairi Justus filiu.s v(iooii) f(acieuduui)
c(urauit). — Ibid., 4ooi.
— iGç) —
seigneinents sur l'anticiuc état-civil arlonuis. Tout en
iii(li([uaiit des rapports l'amiliaux, le mélange et la traus-
forniation des races, ils témoignent d'autre part, de ce
fonds celtique qu'on retrouve dans toute la Trévirie :
AndecHriis, Giininiiis,Piirdns, Mii<>io, Priisciiis, Viiuiniro,
connue tant d'autres, sont des noms de Celtes ; et c'est
))robablement sous l'influence de la langue indigène que
de deux noms portés par la môme personne, soit tantôt
le mari tantôt la femme, l'un a une désinence féminine
l'autre une désinence masculine : Giinndiis Manduiasd,
Pniscialliis Siiarca, Primia Taiiaus. Telle flexion de la
langue latine se modifie suivant la prononciation celtique.
Les mêmes phénomènes se l'etrouvent dans les insci-i])-
tions que les recherches faites dans la littérature archéolo-
gique attribuent à Arlon. Et le nombre de celles-ci est
considérable, car en dehors d'une douzaine d'inscrip-
tions dont l'origine reste douteuse, la critique épigra-
phique, s'appnyant principalement sur les anciens travaux
d'Alexandre Wiltheim imprimés ou manuscrits, vise à
restituer à l'histoire d'Orolaunum près de soixante-dix
liliili (').
J). M. PrimuUo Purdo il(e)f(nnclo) et suis Itaei-eiit; ffuciendiiiv)
cfuriivilj. — Ibid., 4ooG.
/.*. .1/. Piusciallo Siuirc(a)e lolsius Secuiidiniis iixo/-i et sibi oioos
fecit. — IbuL, 4007.
1). M. Priiscii Magionis et Teiliniae Consullfajc cofiijjhigi riofaje
Acamdssa fil(ia) fecit. — Ibid., 4009.
\Scc\iiiidini[tis] .Secca/[Hs) .. inae con\iugi]et Scccaliac ...inae f(iliae)
et s(ibi) vivos fe(cit). D. M. Ibid., 4oio.
1). M. Soeaniis f(ecit) Solemni filio et patri Soco et Priinia(e) Tauso
lufajtri. — Ibid., 40I12.
I). M. Terti(i) Primilla ]jatr(ij fec(it). — Ibid., 4oi5.
I). M. ... ururio Vinipiironi merito defiincto. — Ibid , ^oi{).
— Les inscriptions arlonaises sont reprises dans le vol. XIII
ilii Corpus inscriptionum latinai-iim du N» .'i<j8o au N'> 4'^^!)-
(,'j .1. I'. Wai.tzino, okciiaimm vi( is, daus le Musée belge, i;)o4,
l'asc. I et 3.
Sous le titre du chapitre II, Inscriptions de monuments perdus dont
D'autre part, si l'on songe qu'à Ai'lon les restes du
rempart romain subsistent sous les bâtisses de la ville,
on peut se dire qu'en dépit d'obstacles bien légitimes,
l'épigrapliie arlonaise est encore loin d'avoir dit sou
dernier mot. Conservera-t-ou mieux sur place les futures
trouvailles ? Caveant coiisules !
Faisons maintenant à la nomenclature des cours d'eau,
une place qui lui l'evient) s'il s'agit de l'histoire antique
l'origine nrlonnisc est cerlaiiie, l'auteur j;r()U]>e une (Icuxièine série
d'iiiscriplioiis qui s'ajoutent aux i)reinièi'(s :
I)(is) M(anilnis) Adline Abbae. — C. I. L., XIII, 3<,S5.
AtLiliiis Regiiliis jiHtroiiiis iilcnique hères. — Ibid., '■^\,So: sur nu
fragment de grand monument où se voyait une scène d'école à trois
personnages, dont un jeune garc^-on près de recevoir une correction
manuelle.
/). .1/. Cn(aeo) Anii) Booo tl(ef'nnctoj Se.\tiiin rfoniux) f\ccit). — ■î<.,87.
]). M. Boulins Ahliis sibi et Coppo f'ralri oi(n)us f(ccit). — 3(^88.
1). M. \Seve^vi Cit])il(>[iiis] Liicnnus [nivu.s /] fcril. — '5;,8<).
I) M. Catlonins Seciindiiws et Sapi)uhi uxor Idieire f;iciii(ii).liiin
(riirauerunt). — 3<)90. C'est répitai)lie de deux époux, portunt des
noms cclticpies, Cattonius Secundiuus et sa l'emnie Sai>pula Idieire.
/.*. ,1/. Cidtonins Amrctontiis sfibi) i>(ii>tis) f(ecit). — '>'JÎ)i. Ilolder
conjecture qu'il faut lire Anibiioutns, nom Galate.
I). M. Corobillio Pantoni et Pnisciufe) Molio cojiiiiitibiis Matins
(fccilL — '5<)<)'a. Les noms sont celtiques, et dans les noms de la femme
Prnscin Moltiis, l'ruscia est au datif dit cellicpie.
I). M. I);inni(i ) Se.\tiii!t Desiderata filia farficiidiiiu ciiranit). — \,\]^.
D. M. IJonillfaJe eoniuifi (Josiionifns) Acrejjttis. — "iil'J^' radicau.K
celtiques, comme dans rinscrii)tion suivante:
I). M. Ibliouuiriae sarrfaje defiiiietfaje, Giaiiiillia ('.iamit\l\a filia
nina fecil. — ■>;);)''•
J). M . Jiiniiis Jiisliiuis Matej-inis nifnjiis fecil. — 3<j<)7.
... I.allus ... iiiii . . — 3i)(;8.
... Liicaiiiae Adia[l\iiiuar(i) .... — 3<)()<j. Le dernier nom est celtiiiue.
Mo.xsio Drafijif} Altli ([ilio) Lalliaiuis f/'cril). — 4^0-; comme dans
l'iusci'iption retrouvée dans la tour de l'église de Celles ])rès Diiiant.
J'Jx nnio \eiiflf) Tagansi {/ilinsj, et dans d'autres inscri])tious gau-
loises, le nom du père est ici au génitif sans filius, Maxiiis Drappiis
\
- 171 —
du pays. La Semois, un long- cours tourmenté, i)rend sa
source au pied du mamelon arlonais. Elle s'appela Someiia
de son nom anticpic puis romain, Scsomircs, Sesinunis, sui-
vant des documents autlienticpies des viT' et x'' siècles,
et le nom de ses afi'lucnts rappelle une époque antérieure
aux Romains comme aux Francs : Rnra, la llulle; Bebrona,
la Breuvanne ; Vig-era, la Vierre ; les ruisseaux d'Aile,
Ala; des Aleines, Alisna ; d'autres noms ont le même
caractère celtique : Mambra, la Mamer; Alisontia, l'Al-
zeite; Aura, le ruisseau d'Orval ; Glaiiis, la Salm, affluent
de l'Amblève (^).
.4//// Moxsiii.s ou Mf>ssiiis se rencontre dans les marques de potier.
D.M.M<)(niiineiitun})Jiini(i) Pescinciet.hilio Muvillofposiluni). — \{)0?>.
D. M. Priiiinnio Aj)r(i)li et Printunio Satiirnino J'rinitiniiis Sftiliijr-
niiiiis v(iviis) sibi et suis v(uns) [f(ecit)\. — 4oo4-
I). M. Printunio Primitiuo <l(e)fan(n)c(to) et Muto coniugi fili(i)
((aciunduw) c(uravernnt). — ^oo'^ ; Mato est le datus du féminin à
désinence masculine, et Mat us, ou Matto-onis, est un surnom fré-
(liienl chez les Celtes.
D. M. Primi Prissoni.s et Priisrine Mniunne nxori vimtfe) Viducus
\l\dins fccit ; et Siniili(ii)e Satifaje liimnttia Nequigo (fccil). — 4^07;
i)iiKi(e) est un datif celticiue en a, Prisso est un surnom qui ne se
rencontre qu'ici, et Xeqnig-o est un nom de femme à désiueuce
masculine.
D. M. Seveviae Martiae Tonnia dabva filia sua (sic) d(e) sfunj fecit.
— \o\\ ; la mère a des noms romains, la fille a des noms celti(iues,
Tonnia Gabra fca])va), provenant du i>ére.
D. M. Sotlio Viconis (filio) et Similia(e). — \oiZ. Sullius est le
gentilice de Sollus, celtique comme Vico.
D M. Telionno Caulni (filius). — 4oi4.
D.M. Tornioneus Iinunnis et coniui>iJulinna(e) Popillus (f'ecitj. 4*"^-
Un certain nombre dinscrii)tions fragmentaires se rangent à la
suite de celles-ci. Tout en se rappelant l'intérêt ])résenté ]»ar les
inscriptions militaires, on voit que les inscriptions civiles, recueil-
lies sur les lieux mêmes, ont l'avantage d'aider particulièrement à
l'étude démographique.
i'i C. G. Ror.AXI). op. cit., \). 1G8. — (;. Kl KTll. Lu frontière linguis-
tique en Belgique, ch. III, pp. 4^0 tit suiv.
— I'-2
Grand'Duché
de
Luxembourg.
Nous trouvons dans un distique de Fortunat du vi* siècle,
une suite à cette liste de vocables d'ordre primaire :
Isirii. Sara. C haras. (S)Chaldi.s, Saba(:'), Somena, Sura.
Seii qui Mettiii adit de sale nomen habens 'i.
C'est notamment le Sir (Mertert), la Sarre, la Chiers
{Caves et Chara), la Sûre, la Seille, Salia, et la Kyll.
Le nom des affluents de la Moselle et de la Sûre inté-
resse la géographie l)elgo-romaine en même temps que la
toponjunie : Promea la Priim, Nemesa le Nims, Eriibris la
Ruwer, Lesiiva la Lieser, DraJioniis la Drolm, Salmona
la Salm (Gerolsteia-diiseratli). Ausone n'a pas eu peine à
plier à la douce loi de ses vers ces vocables antiques, que
la phonétique associe aux précédents.
Ces cours d'eau de l'ancienne Ardenne se retrouvent
chez les écrivains, présentés en groupe, qu'ils coulent,
suivant les répartitions actuelles, dans rEifel,en Belgique
ou dans le Grand-Duché.
Dans le Grand-Duché de Luxembourg, un premier trait
à noter c'est que, mieux qu'ailleurs bien souvent, les habi-
tants savent au moins que le pays a eu une première histoire,
et que cette histoire est romaine. Nul n'ignore qu'on a fait
dans le voisinage la découverte de pièces de monnaie, de
débris datant des Romains, certains disent des pnyens. La
voix populaire est ici le dernier écho d'une histoire archéo-
logique due à des écrivains nationaux, des PP. Jésuites
surtout de l'ancien collège de Luxembourg (-) fondé eu
l'i L. VII, carni. TH. ^ ad (îogonem. — Ces deux vers sont coiii-
inciilés par Hontiucim, p. (5 du tome I de sou Prodromus historiae
Ireoirensis. Au lieu de Sfhaldis, nous oonjei-lurons qu'il faut lire
Caldis ou (ialdis, nom que portait la Kyll mentionnée ])ar Ausone,
l/o.s., vv. 3o4 et Huiv.). Quant à la rivière qui tire son nom du sel,
la Salia est citée i)ar Fortunat, III, i3, ad Viliciun. — Saba : Sabis.'
— Nous relèverons ici le sens d'un diminiilir, ]]'ar(ina la War-
eenne, airiiu-iit de l;i W'arclic ou Warira (à rétaljlir niusi j). 4!)- "ole 2 .
(') M. Mii.i.KU. (Jlironirjne de l'ancien CoUèi>-e de Luxembourg-.
— i:^ —
i6o3, soit il y ;i (iH)is siècles. l'iiis({u'()n est dans riuu'ien
pays des Trévires, les publications modernes se prévalent
encore de ce grand nom : c'est ainsi qu'en 1670 deux Pères
Jésuites, Browerus et Masenius, comme ils signent en
latin, ont décrit en deux volumes in-folio (') les AntiqiiHéa
et les Annales Tréuirieniics ; précédant l'histoire ecclé-
siastique, une « Préparation » (') fournit les détails désirés
par les patients lecteurs du temps, sur l'Etat belgo-romain.
Brouwer a écrit le premier texte dans le style relevé qu'il
affecte; son collaborateur, archéologue, y ajoute des notes
plus serrées et des détails oubliés. Le tout a beaucoup
vieilli.
Dans le préambule (^) de sa très complète Histoire de
Trêves, pragmatique et diplomatique, un préambule de
deux volumes in-folio, Jean-Nic. de Hontheim (Fébronius)
consacre 68 pages à la descri])tion de la contrée, ses pro-
ductions, ses limites sous la domination romaine. I/au-
teur, qui devait mourir à 90 ans en son château de Mont-
Quintin, n'éprouvait pas cette peur des longs ouvrages
dont parle La Fontaine; il connaissait bien l'archidiocèse
dont il était le suffragant, et encore s'aide-t-il des Anti-
quités g'ermaniques de Cluverius.il resta personnellement
animé d'un sentiment de curiosité directe, et certaines
indications sont des plus intelligentes, mais ce travail
archéologique, d'un style assez sec, serait plus utile et
recherché, s'il n'appartenait aujourd'hui à une classe
d'écrits qui se ré]3ètent.
(1) Antiqiiitutes et annales Treolrenses anlovibits RR. PP. Chrislo-
phoro Browero et Jacobo Masenio S. J. Leodii apud Joli. Math.
Hoviinn auno iG^o.
("-) Antiq. Treveric. proparasceuc, pp. i-'(); notae, pp. 77-107.
Pj Prodrowns Historiae Trevirensis... exliibens origines Trcne-
ricas, G allô- Bel gic as, Romanas, etc. Ausn^^tiU' Viiidclicoruin. sunii>ti-
bus fratrum Veidi bibl.. 1757.
- 174 -
Le nieilleur des écrivaiiiH latins ({iii ont traité de l'état
du pays au temps de la domination romaine, est sans
contredit le P. Alexandre Wiltheim (iGo4-i694). Ce n'est
plus ici d'un prodrome accessoire, d'une préface à quelque
autre histoire qu'il s'agit, mais d'une description du
Luxembourg romain (M et le sujet, nettement circonscrit,
est traité i)Our lui-même. Rien d'essentiel n'est resté
inconnu à AViltlieim, qu'il s'agisse de la connaissance géné-
rale de l'antiquité ou des monuments locaux conservés à
Trêves, à Luxembourg, à Arlon ou ailleurs, et l'auteur
expose cette matière en homme auquel est familière la con-
naissance du vocabulaire et des formes de la dissertation
latine. L'ouvrage coûta cinquante années de peines. On est
heureux de clore avec le nom d'un humaniste de premier
ordre, la liste des anciens historiens luxembourgeois.
Grand dommage que les monuments, objets de son étude,
aient pour la plupart disparu; tout au moins les recherches
archéologiques au pays de Luxembourg ont-elles, grâce
à A. AViltheim ou au P. Bertholet qui le répète en français,
une première et bonne histoire.
Heureux temps que celui où les archéologues, décou-
vrant quelque belle pièce antique, n'avaient à se plaindre
que des injures infligées par les ans !
Cj Liicilibiivi>ensia siue Luxemburgiim Jiomnniun, ])ul)lic';i(ioii
pcstlunne faite i)ar le D' A. Nykx, en iS^i>, à Luxeinhourj;. d'après
une eo[)ie du nis. oriyinal qui se trouve actuellement à la Biblio-
tliéiiue de l'Institut grand-ducal, à Luxembourg.
Suivant la Notice historique sur la famille noble de Wiltlieim,
l)ultliée par le même à la même date, un des trois frères d'xVlexandre.
tous de l'ordre des Jésuites. (Juillaume est l'auteur des Diaqnisi-
tiones ânli(/tiarine Ilistoriae luxemburgensis, lihri 1res, et d'autres
travaux historiques. Plusieurs ouvrages des AViltheim, en manus-
crit, sont conservés ii la lîibliothèciue de Bourgogne. I^e ms. inédit
lies Disqnisitioncs y ])orte le no ^ijf). Ilonllieim a connu le Z/j.yc//)-
luirgiim liomnimm et il en analyse une i)arlie dans sa Grande
Histoire de Trêves.
Les inomiinents (Mix-inêmcs, récoltés avec tant de [)eiiics
dans le pays, allaient disparaître tout entiers, et l'on devait
voir bientôt anéantis les efforts d'une pléiade d'écrivains
reprenant dans le Luxembourg-, l'oMivre d'une Renaissance
classi(pie. Les frères \\'iltlicini avaient, [)endant tout le
cours du XVI i'' siècle, enti-ainé le collège dans les voies de
l'archéologie jKiyenne, et orné le jardin de leur maison des
dépouilles de l'antiquité : un changement dans la dii-ec-
tion se produisit au xviii'' siècle, amené peut-être par un
excès d'humanisme en images. Les religieux, a-t-on dit,
ennuyés des visites de trop de curieux, et, invoquant des
raisons d'économie, auraient laissé entrer (') la i)lupart
des pierres romaines dans les fondations des nouveaux
bâtiments ? L'erreur est-elle im})utablc aux désordres
ultérieurs de l'époque? Toujours est-il que moins appré-
ciés, ou négligés, les monuments en question ont
disparu.
Historien, le P. Bertholet S.-J. C-) regrette la pei-te d'une;
pareille collection et il en refait une sommaire dcsci'iption
pour s'ac(|uitter du devoir de pi'ésenter au lecteur des
renseignements sur la période de l'occupation romaine.
Parlant du collège, «il y avait autrefois, dit-il, quatre
arcades ou galei'ies incrustées de diverses figures dont le
P. Wiltheim avait hérité. » Des arcades ? Il s'agit là de
piliers '•') sans voûte. En superposant des monuments
Cj Cei)en(laut, on a retrouve trois monuments sous le pavé de la
rue voisine du colièye, ce ([ui i)r()U\e bien que les pierres ne furent
pas toutes emi)loyecs dans des t'oiidalions. \ ox Domas/.kwski traite
le récit de Ilontlieim de iahle inventée : C. L L., XIII, p. (iôij.
Cf. Exca.IXG, Piihliculions de l'Iiib-tiltd nrchéologiqm' du Liixcmbvufi',
vol. XXII, iSGi, j)]). io7-ii4-
(2) Dissertiilion Ve, I, p. 3S(i.
(^) ^^'I^,•|■^I:T^I se sert <lu mot ju'hi ou pilier : « iiiili(iuil:itcs in
qiudiior pihis comjjuctue... E suxis opus slruclile twciluliiiii (jiuiltiar
- i:6 -
anciens on les érigeait en colonnes et la nature même
des pierres se prêtait à la composition d'une décoration
de ce genre. En quatre endroits du jardin, le P. Wiltlieim,
faisant œuvre à la fois d'antiquaire et d'architecte, avait
érigé des trophées archéologiques. La première colonne
offrait dabord à la vue u les restes d'un monument magni-
fi([ue comparable à celui d'Igel ». Il représentait sur ses
(puxtre faces des scènes d'hyménée, homme et femme se
donnant la main, un lectisterne où le mari couché offre à sa
femme le gâteau traditionnel, un compagnon d'Actéon, nu
et arrachant à une nj^mphe le vêtement qui la couvre,
Neptune au trident découvrant (couvrant dit Bertholet) une
nymphe. Autre monument à la suite : une inscription en
dessous d'un hémicycle, et ce liliilus nous est présenté
éci'it à rebours (*) : c'est une inscription funéraire, et quant
à l'interversion des lettres, elle reproduit simplement le
dessin préparé ])ar Wiltlieim en vue de la gravure. L'im-
pression remettait tout à l'endroit.
Dans le deuxième pilier, encore un lectisterne, où le
mari est couché et la femme, assise sur un siège, a « les
cheveux serrés dans une vessie », dit le P. Bertholet (').
(iiu'on se rassure sur l'élégance du relief : la vesica est une
coiffure de nuit, un bonnet prenant, du front à la nuque, les
cheveux ainsi maintenus en ordre. Un vase peint nous en
offre ailleurs une intéressante image. Puis, venaient
entre autres reliefs, un de ces piédestaux traditionnels
ornés de quatre figures : ici Jupiter, Apollon, Hercule
et la Fortune.
/lorli loris, riule mnleritu'(iue conneiiien.s, sed mi nuijcslulciii (■nncilint
liireni (juunlnmnis trunctitn tinti(jiiitus.» — Lnxembiirgitm Roinuniini,
].V, c. VI, p. 177.
(') IJ. M. Attimiiis Meniiiiioliis.
(■-) Wn.THKiM, i)Ius exercé, i'ai)]>elle lojt. ci/.. ]>. iSo) le i)iissa{jre «le
Martial : «. forlior inlorlos .semai nesicu caj)illos »,
' > y
Des armes, des symboles mililaii'es dans le froisiriiK;
pilier, dont le i)fiiKMpal ornement était un cippe riniéraire,
le aaliit et l'adieu à la vie immédiatement rapproehés, de
façon à indiqnei" d'une manière touchante la naissance et
la mort d'un enfant ('\ A droite et à oandie, un relief allé-
gorique : un enfant- poi-té sur la main, .1/)^^; de l'auti-e,
quelqu'un jxu'te à califourchon le même enfant, un i>cu
plus grand et regardant en arrièi-e : ]'ale.
Sur l'autre monument, un Apollon l'ythieu (?) et deux
dragons, disons serpents, enlacés.
Dans le quati'ième assemblage, nous i-emai'([U()ns fina-
lement, suivant la desci'iption de lîertholet, un monu-
ment funéraire orné d'une scène enqu-untée à la vie
intime : une femme assise, deux hommes couchés élevant
la main poui- saluer la mati-onc^ qui s'ai)piètc à boire :
bene tibi, bene milii, à notre santé l S'ensuit une insciip-
tion encore à rebours ('-). Plus loin, sur un cartouche,
ti'ois liommes lient avec des coi-des un gros ballot : ce
sont des bnstagarii ou ])ortefaix. — Une dame à sa toi-
lette ; une femme la peigne tandis ({u'iine auti'e lui ])ré-
sente un miroir; le bas-relief en rapi)elle un autre, celui
de Neuniagen (Trêves).
« Dans la bibliothèque du collège, dit finalement
Bertholet, il y avait beaucoup de vases, d'ai-mcs, de mé-
dailles ; mais il ne reste aux antiquaires que la douleur de
se voir privés de ces trésors. »
La résidence du gouverneur du Luxembourg, Ernest de
Mansfeld (i 517-1604) partagea avec le l'ollège l'honueui-
d'abriter les antiques apportées de toutes les parties de la
province. Bien j^lus, le musée qu'il établit est antérieur à
l'autre; Mansfeld donna l'exemple dès 1575. 11 fit comme
ces grands, ces cardinaux, avec Icsipicls il était en r<'la-
(') Ane Sexii JiiriiiKk'. Vule Sexli Jticiiiule
(^j Fratri et jiatribus.
- 178 -
(ions, ajoiilanl le liislre de l'aut i(mitc ;ï la soniptiiositL'
(riiii ])alais et d'[\n \nivc. C'était dans le. i^oùt de l'époque.
Au Iroiitoii même du cliâleau, s'étalait une inscription
sé])u]('i'ale, et de ces pierres sculptées en r(?lief, ou por-
tant des titiili, il 3' (m avait partout, debout ou encas-
trées, à l'entrée comme à la sortie. Le i)alais de Mansfeld
l)onvait être i-egardé, dit Eei'tliolet, comme VHôtcl des
Divinités pnyenncs.
Une vaste construction de style dorique commandait
l'entrée (à droite près de l'Alzette), et l'on rencontrait dès
l'abord une double inscription funéraire, puis sur une
base, l'image de quatre divinités effritées par le temps,
/)//.s aetate deletis. Mansfeid avait coupé dans le rocher,
])our diriger une lai'ge voie di'oite vers le palais, où était
tout un musée, et les voûtes des portes soit du palais lui-
même, soit des jardins, « d'une majesté royale, eussent
fait honneur à l'entrée d'une cité 0) ».
— « Si du palais de Mansfeid on entre dans le jardin, dit
Bertholet, ou voit tout à côté un ci'ypto-])ortique. C'est là
où étaient enfermés divers simulacres de Dieux et
Déesses, des inscriptions, des représentations de sacri-
fices, et quantité de nobles antiques... » Celles-ci, toute
une colonie d'un genre nouveau, comme au temps de la
Renaissance, servaient de motifs de décoration, dans les
allées symétriques, au milieu des massifs soigneusement
taillés : tels furent les jardins de la Villa d'Esté. Au
Foi'uni romain, auj(mi'd'hui , par un procédé inverse,
on met des fleurs, on plante des arbres variés entre les
ruines : l'effet est le même, celui d'un Campo-Santo
où l'on se promène pai'mi les monuments des défunts
et entre des plates-bandes fleuries où tout sourit à la
vue. Le spectacle n'est point banal. Et le jardin luxueux
de ('lausen agrémenté par sui'croit de fontaines jaillis-
(') Wu.TiiElM, oj). cit., pp. i65 et 1G6.
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sautes et de (outcîs sortes de faiilui.sies art-liilecl tirales,
était d'une grandes éleiidiie : ([iialre heetares et demi à
notre mesure : il était entoui'é de liants niui's eiénelés.
Grâce à un jjortrait, on peut revoir l'image de l'aiicieii
maître de ces lieux, eoiute Pierre Kraest de Mansl'eld
(i5i7-iGo4). La figure est ol)longue, niar(iuaiit la l'enneté
satisfaite ; des cheveux courts, la barbe taillée en pointe
et s'appuyant sur une fi-aise'; c'est un soldat gi-aiid
seigneur, portant sur la cuirasse le colliei' de la 'l'oi.-on
d'or : de tinuiiil iiumovielle i^ioire.
Le beau musée de l'ancien lieutenant de l'hilipjx' II
eut une fin lamentable. Déjà abandonné et pillé eu détail,
il fut un ])eau jour démoli et saciifié inutilement à la
défense de Luxembourg. Dès la moi-t d'iM-nest, en idoj,
les œuvres d'art les plus précieuses de la résidence axaient
été enlevées, et avaient pris le chemin de l'étranger.
Mansfeld avait légué son palais à Pliilipp,e III (pii fit
transpoi-tei' en Espagne les œuvres d'art (statues et ta-
bleaux) nmis non les anti(jnités locales, ('ellcs-t-i furent en
grande partie transpoi'tées chez lîinsfeld et de là chez l(>s
Jésuites. IjC conseiller Einsfeld avait (''pousé .Maiie de
Wiltlieim, scvur d'Alexaudic, (jui rc(;ut d'elle les monu-
ments en (pieslion et les conserva. Les auli'cs pierres
disparurent avec le palais '0.
Il) l'iio foiitaiiie oxlrricuro. éilifiôc on iiu'UKiiit' de Marie de Mmil-
iiiorcMicy, l'ciniiu' (Icfinilc de Mansfeld, iivail elé laissée à l'iisa'e
)nd)lic, mais non sans reeoniinandalions parliciiliei'es avant en \ur
la conservation de la pureté îles eaux :
Quis(]tiis hue nrcedis \ Si le ucsliis .>.///.,(•(' iir^ct, \ Ilic iic.slinii qiiii'lus
l'iliilo I SUini ])r()nay, cxtinifuilo \ .\(jiutni iiniiiit Jiniirilo | O.s- luiuilu \
Al jicilt' ne liir/>;i/o | Xiula cnr/Kii'i' ne /lo/liiild...
(( Ro])osez-v.ous, l)uvcz, ral'i'aiehisse/ vous la face, mais ne vous
baigne/ ni le pied ni le corps. »
L'inscription était latine à l'imitation de tant d'autres (jui s'éta-
— i8() -
Au uioinent où l'on constate leur dispersion, on n'a plus
({u'à prendre acte du grand nombre des ti'ouv^ailles faites
et pei'dnes, témoignant de l'étendue de la civilisation
romaine dans les conti-ées constituant le Grand-Duclié
d'aujourd'hui.
Piir malheur le soin même qu'on a i)ris à les collectionner
au xvr' siècle, a eu pour résultat l'inal d'amener leur
destruction.
Cc])cndant le P. Alcxandi'o Wiltlicim (1604-1694), ^. .T..
comme s(is trois frèi'cs, a décrit en même temj)s que
le domaine, les monuments qu'avait rassemblés l'ancien
gouvcrnctir du Duché ('). Il connaissait les Disquisitiones
ou i-cchcrchcs déjà faites sur ce stijet par son frère
(Juillaume, et il était lui-même un amateur passionné
autant qu'érudit. Sans donte trop souvent il doit recourir,
en ])i'ésence des injures du temi)s, à des formes littéraires
mar(|uaut la mutilation <•), luais il lui reste riche matière.
Aussi énumèi'c-t-il toute une suite de petits monuments,
sans ])ourtant ((u'il s'y arrête du moment qu'ils ne sortent
])as de ro]-dinair(» ; c'est que Wiltheim est un écrivain, et
laient sur la pliijiart dos niomimeuts am-ieiis (hint le jar<lin et le
])a]ais étaient ornés.
En <léi)it (le rmilité commune, la fontaine a été complètement
ruinée ; liien i>lus, sous Louis XIV et en 1811, mi vandalisme sans
nom a dévasté le S]dendide monument funéraire de Mansfeld. Il y
était re|)résenté en i»leine armure, coulé en bronze ainsi que ses deux
lemmes Marguerite de Bréderode et Marie de Montmorency ; des
statues sépulcrales en marbre blanc ornaient les coins du mausolée
élevé sur la crypte d'une chapelle particulière. II n'en est resté rien,
non i)lus que d'un palais qui faisait lionneur à rEuro]>e civilisée.
(') LiixeiiibiirgiiDi ronianniii, ]). ](ji, liv. \, chai). I^ ^^ ^ •
Moniitwnta roinima , iitnli si'j)iilcj;iles alinque id genus Jlorli
Mansf'eldiri.
C^) Diis octnti' delelis..., paene extriliis... fato frailtun... jiartibus
acîfre afl viilnua cnomililuis... meris cajiUibus aul corpuruin tnimis...
aein (liiitiiriiilali' misère lareris... etc.
— i8i —
il lui laiil 1111 inotir ([ui riiispirc. (|iici(iiic sujet dCriHlit ion
clcj^aiik', t'onuae il le dit hii-iiu'iiu' l'i. Ccsl, })ar cxi'inplc,
(levant une pierre tombale, un enlretien sui- la légende
<ri])liigénic. sauvée de la nioii ])nv un génie, ou bien à
propos d'un .Vpollon, des in<lieations sur la i'a(;()n de jouer
<le la eytliare.
rour(juoi ee Jupiter reeoit-il l'épithète de riciniatus'/
("est (pi'il porte le ricinium, petite i)ièee earrée de drap,
pliée en deux sur la tète ; et de même (|u'Arnobe, l\uu'ien
apologiste elii'étien, reeonnaissait les dieux à leur tenu<',
^\■il(lleinl les recense en rapportant les anciens témoi-
gnages : Jupiter est barbu, comme Apollon reste nn éternel
jeune homme, ainsi qne disait Lucien, ce comtempteur des
dieux ; la tradition veut (jirilereiile soit nu, (pie Mercure,
le dieu du gain, ait l'air satisfait. Pourcjuoi des ser])ents
noués au caducée, et qu'était-ce (pie le nœud d'Hercule ?
Tout cela à propos de ces pierres à quatre divinités, une
base ou un autel? AViltlieim disserte de cette fa(;()n sur la
Nature des dieux, en arebéologue dirait-on aujourd'hui,
et les monuments le demandant, il entre dans les détails ;
à propos de la queue des Tritons, simple ou double, il
remarque que les halieutica, ces sujets empruntés aux
choses de la mer, se retrouvent souvent sur les tombeaux,
sur le monument d'Igel i)ar exemple.
Au sujet de cet instrument des constructeurs ou
fossoyeurs, lierminette, marteau de maçon ou petite houe
à court manche, ch)nt on signale frécpiemnient la rejjre-
sentation sur les tombes belgo-romaines, Vascia, Wiltheim
discute le symbole, sans fort bien l'expliquer ; cet outil
du constructeur comme du fossoyeur, maintes fois figuré
sur les tombes (Lins les Gaules, a servi d'abord à dési-
gner le sépulcre neuf, i)uis simplement la sépulture à
respecter.
('i (i Diccre hncc oiniiia luiiid shiliiliiiii... scd eu (Itimluxiil in (iiill)iis
eut enidilio aiil elegantia. » Lux. roin., p. i<)8.
— l82 —
Autrement sûrs sont les détails donnés sur l'équipement
du cavalier Urbanus, du sagittaire sculpté dans un l'ronton,
des liastats qui se pressent sous un portique, des boucliers
de forme étrangère. Wiltlieim est un classique ne recou-
rant qu'aux données antiques; il ne voit pas ou ne vent
pas voir un nouvel élément national. Un Belgo-romain
porte-t-il sur ses épaules un lourd panier de fruits, cela
lui rappelle les Canéi^liores . Une matrone tenant une
corbeille de fruits, est assise sur une jument qui allaite
son poulain : c'est Ops, représentant la fertilité de la
Terre, et ce n'est pas encore notre déesse topique Epona.
Cet art funéraire j)articulier qui se développe en Trévirie
procéderait de même des traditions italiennes directement :
ne lit-on pas dans l'Odyssée que l'on i)laça une rame sur
la tombe du naute El^îénor ?
Deux époux, belgo-romains, des Trévires, sont repré-
sentés sur une pierre tombale : leur costume est examiné
en détail d'après les pièces classiques, la toge, la tuni<]ue
ou la i)énule, et il est parlé du relâcliement des ma'ui-s si
les habits n'ont pas été serrés. Il y a donc ainsi toute une
suite de Questions romaines, grecques au besoin, et pas
encoi'e de localisme.
Un des derniers reliefs signalés est celui qui repré-
sente une tête d'adolescent, qui a la bouclie close et les
yeux fermés, mais il est pourvu de longues oreilles pour
entendre : c'est le symbole du silence utile. 11 tient tout
d'Harpocrate, dit notre auteur.
Reconnaissons cependant la grande science de notre
guide en ces jardins de Clausen ; il a clierclié, commenté,
dessiné, en un mot conservé tout un musée posthume,
monuments et inscriptions (^).
(^) Les dessins onj;iiiaux, les delineamenla, accompagnant les ma-
nuscrits des frères W iltlieini, bien exécutas, ont été ultérieurement
mal rendus. Dans l'édition de Xeven, les dessin.s inléressant les
— ibo —
Les inscripl ions ont allirr, coninic il cou venait à des
(lociinuMils appaiienaiil <ral)()r(l à rari-hcologic, raUeuLiou
(l'A. \\'iltli(Miii, et, vu l'état des monuments, eet examen
lui aura présenté pi'ohablemeul j)lus de diri'icultés ijue
celui des has reliefs. Les études uKc'i'ieurcs des éi)ij^'ra-
l)histeK sont arrivées à présenter la lecture définitive d'une
douzaine d'inserij^tions reprises dans l'édition du Luxein-
boiii'f*' rnniHin, et sans doute la eriticpie des manuserits
des frères Wiltlieim, aui;nientera le nombre; des fitiili
l)ubliés.
11 s'agit iei de monuments funéraires, comme l'étaient
la plupart de ceux de Clausen, et ce complément apporté
à la liste des noms propres de la Trévirie, aide comme les
autres à la connaissance de la population. Nous reprodui-
sons eu note les iuscri])tions (pTon a pu rétablir lO.
nionunioiils o( iiisci-iptioiis du i)a]ais de ^faiisMd, vont du iv S4 nu
11" \'^•2 inclus.
Les inscriptions dites de Mansl'eld sont reprises en <;r()ii])o au
vohiiue XIII du Corpus inscriptioniiin lnliiuinini, n"^ 4-^''^"4-^7-
(') I). M. LoUio Atticino defnncto frutii j)ientissimo et Pojine niafri,
PoinUianiis tnafri et fratii fecit. — Corpus Inscrijdionum Intinavnm,
XIII, 4-*'".)- L inscrii)tioii vient ])robalilc'nieiit dArlon, comme la
suivante.
I). M. M. Meiuinio Commento et Prlmiae l'rlyaniie filifij fi ecerunt).
C. I. L., XIII, 4274.
I)(iis) Sextinio M(anibiis) Seciindiiio coniugi defnncto et Severinno
Saturo fllis vivis, Pvimulia Saturna et sibi v(iva) f(ecit), — Ibid.,
37(57. — De Trêves comme les trois suivantes.
I). M. Secundiii[iae] Tavena[e] con[ingi] def\nnctue\ A...ns A...ins
faber s(ibi) et suis vivus f'e[cit]. — Ibid., 8701.
Urbanus (Marianus ;) Ambatfns f) annorum XXX St(i)pendio-
rnni VII. — Ibid., 3G8G. Au-dessus, limage d'un cavalier.
— ... iina protêt'... Sappulo nepote et Inoirico i^enero Secundina et
sibi i)ii>a f. c. — Ibid., 3743.
Doniissio DotalfiJ Mania Martin sib(i et) /ilio sno def(nncto) nioa
— i84 —
Il nous faut maintenant parcourir le pays, visiter ou
noter les localités où les chercheurs modernes ont retrouvé
quelques restes intéressants, glaner de nouvelles connais-
sances archéologiques dont puisse profiter l'histoire de la
grande Ardenne de l'ère belgo-romaiue.
Que ce soit la voie consulaire, la grand'route moderne
ou la ligne ferrée, le moyen de communication entre
Arlon et Luxembourg (26 kil.), prend la même direction.
La chaussée ancienne avait Trêves pour objectif. On la
retrouve après Arlon, à un kilomètre sous l'embran-
chement de la route de Longwy, et, peu i-espectée, elle
devient chemin vicinal. Ce Kicni — ou ancien chemin,
dans la langue du pays — se dirige vers Marner ('). Sous
Koerig, on a relevé les restes d'une villa importante, à
savoir huit fours à chaux, un four à pain, une chambre
\f(ecil)'\. — Ibid., 4^6(5. L'iiiseriplion vioiil in'obablemeiit d'Arloii,
eoniine celles qui suivent.
I). M. Vitnliae Ainmilln lUius Iiilincliiis .. lus cl sf'ihi) vioos fe(cit).
— Il)i(l., 4^Bi. La lecture reste douteuse.
I). M Arto defa(n)c(lo) Liicceiiis jmtcr /'(ne.) c(uravit). — Ibid., '\\ii')\.
Miilcriiiis Murinua sibi et Ceiisoriiiiae Fniislinae coningi defunctae.
— Ibid., 4270.
I). M. Jurciiiins ])i-in(lo et Calen'u.s) A gatillus uxori fïucieiidiiin)
r(nrni)evunt) — • Ibid., \-2\)'t^. I^a l'oruiule de l'iuscriittioii est singulière.
Au-dessus est sculi)tée l'imap^e d'un honune et d'une femme tenant
un libelle.
Deux inscriptions encore dont le sens et les caractères ont
])réoccupé Wiltheim, sont lues ainsi aujourd'hui : I). M. Dnguo
Dtigsillns et Ebthocato et s(ibi) vivo ferit. — Ibid., 4^<'"'>.
I). M. Melanasiacto Otteulo et dandoni Auriisi conin[gi^ ejns
-l///o|/|fi.s. — Ibid., 4273. La pierre ])orte Attioius et le nom de femme
Caudo Aurusis à désinence masculine est à remarquer.
(1) La voie romaine passait ainsi entre Autel-IIaut et Autel-Bas,
allait droit sur Barnich et Hagen, sous Capellen, coupait les loca-
lités de Mamer et de Strassen pour arriver jirès du lieu où s'éleva
Luxembourg'. — L'I^vkqci: di: i.a Iî.vssf.Moi ti i;ii:. Itinéraire. ]>. '2'A.
— i85 —
SOuU;n;iiiiP. ("est là (lu'oii l)ri'il;i plus tai'd sous le j^ibet,
près l;i route il(î NNindliolT, à l;i l'iii du xvT' siècle, les iroif;
sorcières de Kocrif»- . Quant à Manier, c'est ranlicjiic
Mainbra, donnée en 8Go à l'abbaye 8'-Maxiniin de 'J'i-èves
par Lutgarde, femme de Louis II de Germanie.
A Bertrange , le gouvernement grand -ducal lors des
fouilles (|u"il ordonna, fit exhumer 70 vases antiques, funé-
raires pour la plupart, dont un spécimen est particulière-
ment l'emarquable grâce à (juatre anses intercalées entre
(|uatre oreillettes. Une iii-ne l'est aussi, qui contient les
cendres d'un Marcianus de la xxvi'' légion (Marcian. L.
XXVI).
Ce fut là une première tentative faite en vue de la con-
stitution, à la bibliothèque de Luxembourg, d'une nouvelle
collection archéologique, et l'honneur en revient à M. de la
Fontaine, gouverneur en i844- Plus tard le cimetière de
la bourgade belgo-romaine (une lialte ou mutai io), lequel
servit à plusieurs générations, fut fouillé par continuation ;
et, toujours près du Kiem, on retrouva nombre de vases
et de fioles en verre. De petites ui'nes renfermaient des
ossements d'enfants, et, dans les plus grandes, on
remarqua, avec les os, un instrument caractéristique delà
profession du mort, couteau, serrure, st^'le, etc. : un vase
cy]itidri(|ue de teinte bleue, vraiment romain, représentait
sur quatre champs, trois scènes de chasse et une lutte de
gladiateurs contre des lions.
Plus loin, c'était le Strassen d'aujourd'hui, un nom qui
parle : Les Voies. Le village est sis des deux côtés, et
jadis la dernière maison était celle de Steichen, construite,
disait-on , sur les fondations d'une ancienne hôtellerie
romaine ou diversoriiim ; de ce point partait un diverticule
conduisant à Dalheim (0, localité importante dont nous
parlerons.
('j Par Merl, Gaspcricli, Itzig, C'onteni et Svreii : Dalhehu.
— ifcb —
Sur un i)()iiit antérieur, à Manier, un autre elieuiiu
ancien conduisait au Titclbei'g' ('^
Que les communications fussent très rapides entre les
Trévires et les autres peuplades de l'Ardenne, cela est
historiquement constaté. Antérieurement aux voies i-égu-
lièrement tracées, il y eut des pistes en ligne droite qui,
passant à travers tout, crêtes et vallées, i)ermettaient à
un courrier de se porter très vite à longue distance. C'est
ainsi qu'un diverticule ou voie secondaire très tourmentée
se retrouve reliant directement Ti-èves à Namur '-; abré-
geant de sept à huit lieues de marche le trajet ordinaire.
l\)ut autour de Luxembourg (■') où nous amène la voie
d'Arlon, sur un rayon d'une à deux lieues, le sous-sol,
d'espace en espace, démontre l'étendue de la romanisa-
tion : dans telle ou telle localité''), ce sont des murs de
briques, des tuiles, restes de canalisation, des ossements
et des bois de cerf, des styles et des médailles ; une
remarque : voies, habitations, mares ou réservoirs d'eau
se retrouvent à la fois.
A Luxembourg même, où il n'y eut d'abord, semble-t-il,
que le rocher de Siegfried, comte d'i\-rdeune, on a fait peu
de trouvailles : on y a cependant exhumé une base carac-
téristique, ornée en relief des quatre divinités : Jupiter,
Mars, Hercule et Mercure ("'). Il est d'autre part un lieu
pittoresque dans le Griind, grand fond circulaire <|ui
{') Par les bois de Ilolzem, entre Dallieini et l)i]>iiacli Siirinckange,
Pétange, La Madelaiiio : Titelbery.
(-) Par AVasserbillig-, Iiigel.s(lorf, la vallée «le la Sùi-e, île la ^^■arell,
du Roeiner.sbacli, Fleidersclieid, Esehdorf, Ba.selileideii, liastoyne.
Cf. .T. KkU'KER, Revue iirrIiéolo!>iqiie de Paris, i8<,f~>, ,'52, p. 1212.
(■^; Piibliciilions de iJiisliliil i^rniid diictd de I.uxembouvif, i. XII,
]). 109 (MM. FlSClIKK et AUKNDTl.
{■!) Près do Manier, à e«>té <le la roule qui se dirige vers Kelilen,
entre Strassen et Merl.
(5; K, Akkndt, Dus Luxemburgev Land, laixenib., njo'), p. 10,
- i8: -
donne à la ville un aspect sur[)renant : e'est la ("liajiplle
de SL-(iniiin, un Saint romain dont le culte a été super-
posé ('; à celui de divinités belgo-romaines, car ainsi ont
piocédé les premiers missionnaires chrétiens venus de
Trêves. La nef de l'antique oratoire n'est elle-même qu'une
caverne propre au sacrifice, puis à la prédication rustique ;
et remplaçant les nymphes des sources, s'étalent les
trois statues archaïques des SS. Quirinus, Féréolus et
Firminus protecteurs des eaux salutaires. Jadis, un grand
tilleul ombrageait la fontaine jaillissante du Pétrusbach.
Le culte pojiulaire unit aux mêmes traditions dévotion-
nelles, le lieu voisin, près de la Via hona. C'est ce petit
oratoire où se trouve le groupe des Trois Vierges : la Foi,
l'Espérance et la Charité, une transformation du groupe
des trois Déesses-Mères, lequel fut sculpté, dit-on encore,
dans la paroi surplombante du roc. Spes, Fides et Caritas
sont assises, non plus sur le cheval à'Epona ou du Hexen-
ritt, mais sur l'àne débonnaire qui servit à la Sainte-
Famille, ou qui porta le Sauveui- à son entrée à. Jérusalem.
Nous avons là, avec cette chapelle de Quirinus (-', un des
sièges religieux les plus anciens du Luxembourg.
L'archéologue ne peut manquer de descendre encore
dans le Griiiid, prenant la direction du Pfaffental, pour
visiter le musée qui s'y trouve provisoirement établi dans
un bâtiment militaire, et dont l'accès reste difficile.
Beaucoup de petits objets recueillis sont particulièrement
remarquables :
I"ne collection de verres admirablement patines, prove-
nant ainsi que de nombreuses poteries, du cimetière de
Steinfort; de la bourgade ou viens de Dalheim, toute une
vitrine de semelles, demi-semelles ou empeignes de cuir de
souliers belgo-romains, d'hojnmes, femmes ou enfants.
(') Comme à Ulfliiiyen, Viaiuleii, Zolver, Auw sur la Kyll.
(■-) K. Akexdt, op. cit., pp. 12 et 17.
— i8S —
plusieurs avec des clous, d'aulres avec leurs lacets. Ce
sont les rebuts d'un cordonnier, trouves dans les détritus
et la vase d'une excavation proche de l'ancienne éclio})[)e;
un nombre considérable de Maires, ou Déesses- Mèi'es,
sous la forme de petites statuettes en terre blanche, de
celles qu'on façonnait aisément pour remi)lacer le bronze.
Elles représentent une matrone assise tenant sur ses
genoux, un enfant, deux enfants, un chien, voire môme
nn singe... Elles proviennent de Dalheim encore, ainsi
qn'une abondante collection d'outils de fer, non encore
couverts de l'enduit protecteur et qui vont se rongeant.
Nous remarquons là des souliers de fer, pour chevaux,
couvrant toute la plante du sabot, à l'effet d'éviter les
pointes des chevHUX de frise projetés devant les positions
militaires.
Somme toute, les lieux qui ont attiré l'attention des
archéologues du pays, sont nombreux; mais les villages do
Dalheim et d'Altrier avec les environs d'Echternach ont
surtout pi'éoccupé ceux-ci, et si les fouilles systématiques
sont plutôt rares, on fait partout des trouvailles intéi'es-
santes, mais elles ne passent point toujours dans la sta-
tistique utile.
Le voisinage de la ville de Luxembourg, noas engage
à mentionner ici l'emplacement supposé près de Hostert
sur la i-oute d'Arlon à Trêves, de l'antique Andethannii
(Andewana, Au^ven) ; c'est un des plus anciens noms de
bourgade connus dans le Grand-Duché, et cet Andethiin-
nalis viens est indiqué dans l'itinéraire d'Antoniii. 'J'out
ce qu'on y a découvert atteste qu'il y eut là mulalio ou
mansio, un relais de poste, une hôtellerie ; on est à peu
près à mi-chemin d'Arlon et de Ti'èves, et le tronçon de la
route romaine est un des mieux conservés 'n.
(i) Pnhliriilinns iIc l'InKlilitt (iniud-Ducitl de Luxcinluiurii', t. VI,
p. i5<j.
- i89 -
En suivant, pour entrer dans le ( Jrand-I )iiclié, la lif;ne
d'Ailon a Luxeiulxxirg, nous axons adopté VIlincruire
(In Luxembourg- germanique du Chevalier L'I';;vè(]ue de
la Bassc-Moùturie ('), dont nous avons rappelé les i)r()pos
tenus jadis dans la voiture de Bastogne ; on retrouve
encore avec plaisir son livre dans les vieilles bibliothèques
du pays, car à mesure ({ue l'on cultive sa connaissance,
récrivain devient intéressant, même de par ses légers
défauts. Philosophe à la mode de ses prédécesseurs du
xviii'' siècle, il aime à disserter, et romantique comme
nombre de ses contemporains, il s'attarde par exem[)le
à conter la légende des Sept-Dormants ou l'aventure de
quelque Lucine luxembourgeoise. Mais, l'histoire même
du pays le préoccupe, l'étude l'a laissé épris de la gran-
deur romaine et il annote les lieux où celle-ci a laissé
quelque trace. (Quelle différence d'avec les itinéraires
écrits aujourd'luii pour C3'clistes !
Comme nous l'avons déjà fait, voici l'occasion encore de
lui demander des renseignements i-'; car sur le Titelberg
où nous nous rendons vers le S.-(). par le divei'ticule qui
s'amorce à Mamer — il n'y a plus rien aujourd'liui. Le
Titelberg avec le Soleuvre et Saint-Jean constituent une
sorte de Trinité des Monts, tous remarquables par leur
isolement et leur hauteur. La voix populaii'e n'a jamais
varié : le Titelbei'g servait d'assiette à un camp fameux où
l'on aurait pu masser un corps d'ai'mée. Le fait est que le
plateau, en hémicycle comme il en est tant dans le Luxem-
bourg, a été fortifié, pour servir de refuge permanent, et
probablement lors des invasions. Au temps de Hertholet.
ou voyait encore des restes de tours et de murailles. Les
ruines d'un important mausolée appu^'é de colonnes
(') Op. cit., pp. 23 el suivantes.
("j Ibid., \). 102.
- igo —
doriques y subsistaient encore; et, ajoute L'Evè(jue, le
dernier t-liapiteau a été enlevé en 1824.
« Tout se disperse, déclarait à ce sujet, et non sans
mélancolie, le !)'' Meisser ; chaque jour cette montagne
eni'icliit quelque musée lointain et s'ai)pauvrit de ce qu'on
lui emprunte ». Emprunter n'était pas le mot juste.
— « J'ai revu ce camp en 1775, dit Feller en son Iliné-
raire; l'enceinte, qui étoit un mui", est aujourd'hui couverte
de haies et de broussailles, le reste se laboure. »
Le Titclbcrg ou Mont-dii-titre, aurait été ainsi appelé
d'une inscription y existant, au témoignage de Johanneau,
l'auteur d'un essai sur l'histoire de Longwy — un savant
qui n'aimait pas négliger le chapitre Et^auologie.
Ce qui est certain, c'est que toutes les générations du
l)ays ont passé sur le sommet, où l'on a recueilli des
monnaies gauloises d'or et d'argent, des médailles romaines
d'Auguste à Arcadius, des pièces modernes ayant eu cours
jusqu'au règne de Philippe IV.
Le Titelberg s'élève enti'e Pétange et la gare de Xieder-
korn (ou Basse-Chiers). Ici la tradition veut que l'église
du village ait été bâtie sur l'emplacement d'une chapelle
paj^enne, à propos de quoi l'on a une fois encore rappelé le
verset : Où était l'idole, voici la gloire du Dieu d'Israël.
Une antique voie conduisait (') du Titelberg à Dalheim.
Dalheim est un lieu fameux dans le paj's, en raison des
antiquités qu'on y a retrouvées. De Mondorf par Filsdorf
on monte, puis de très loin se voit, à l'horizon, une aigle
l'j KuU'e Niederkoni et DilTerdmige, entre Saiiein et Soleuvre, le
pont (lu Mess, la tour de Weiler (Tiivvis VillavisJ, Hassel : Dallieim
(i>5 kil.j — Une vingtaine de localités terminées i)ar le suffixe M'eiler
se rencontrent dans le (iraiid Dnolié de Luxembourg, et les noms
en Villers, Viliars (Villn, Mllnre, Villnrioliim). soni, »\\v l'étendue
des (Jaules. ])resqn'innonil»ral)l('s — \o\. tJ. KruTii, Lu J'rontiùrc
liiig-nislicjue en Belgique, I, \>[). \oS-^0[^.
— IflT -
dorée, le rostre tourné vers l'Italie e( enserriiul un ^lolje
placé sur une colonne carrée ; celle-ci s'appuye sur un
l)cri'()n aux marches
l)lus élevées (]ue la por-
tée du pas, et le tout
est haut de i5 mètres.
C'est un monument
commémoratif : Rome
n campé sur ce plateau,
dit une des quatre ins-
criptions 'i. Les aigles
sont ambitieus(;s, celle-
ci l'est aussi, comme il
appert.
On découvre du pla-
teau une vue des plus étendues, extraordinaire, un hoii-
zou d'aéronaute ; c'est un avantage stratégique. De plus,
le grand nombre de pièces de monnaies datant de Tibère
et des premiers empereurs, permet de croire à une -occu-
pation militaire dès la conquête et i)endant la période
d'organisation. Mais qu'il s'agisse d'un camp permanent,
l'organisation de la barrière du Kliin et la distribution
(') La seconde : Zeugend eiisteig' ich in don Triïiniuern die hier
Roms Liig-er ziu-iirkliess. Une autre rappelant riuterveiition gouver-
nementale et la collaljoration de la Société arcliéoloyiciue, continue
ainsi : « ing-entes post cffossas hic noro publico siil)s(ru</ioiics
iniuinipr;is(jiie iilins iiidii/uitutis roliijtiiux in Icstiiuoninni vvecliun. >>
L'inscx'iption qui, toujours sur la nicnie colonne, fait face à l'entrée
de l'enclos, soigneusement entretenu, se lit en chronogramme :
s\'rgll LiU'lii (.'('j-i's
/'Lit T'o.s- sjjICniii (!iij)/LLos
nUo qVo CVbVIl MnVors
IrVcVLentVs In arVo.
Les travaux datent du connnencement do la deuxième moitié du
siècle dernier.
— 192 —
des légions ne permettent pas.de le croire. Ces énormes
blocs de pierre dure, écpiai-ris par les Romains et
letirés du sol par les soins du Gouvernement et de
l'Institut grand ducal de Luxemhourg, ont vi-aisem-
blablement servi de base à une tiirri.s speciilatoria ou
tour d'observation. Actuellement, par un temps clair,
on distingue de là la silhouette de la tour de Metz. Le
poste militaire perdit de son importance en suite de réta-
blissement de la paix romaine, et cela au bénéfice d'un
viens ou bourgade qui se développa sur le plateau, d'ail-
leurs d'une fertilité extraordinaire. Il y eut en effet là
une bourgade ; à preuve : l'abondance aujourd'hui dans le
sous-sol d'objets ordinaires, l'absence d'armes et d'usten-
siles militaires, le grand nombre, sous le village même
de Dalheim, de substructions belgo-romaines de dimen-
sions restreintes, le nombre aussi de petits puits parti-
culiers.
On commence à se mettre d'accord à Luxembourg- quant
à l'exi-stence d'un viens, et sur place cette opinion nous est
confirmée par un observateur qui depuis de longues
années a suivi tout travail d'excavation.
Voici quinze siècles que le terrain est exploité, disait
L'Evèque (0 et l'on y trouve encore des monnaies et toute
sorte de menus objets. En 1842, un habitant de Mondorf
a découvert sous une pierre trois pots remplis de médailles,
23,000 paraît-il, à l'effigie des empereurs jusqu'àl'époqtie de
Constantin. Il ne manqua sans doute pas de croire, comme
d'autres, qu'il avait trouvé la caisse militaire. Cet aes
niililare est en effet l'objet d'une préoccupation constante.
D'autre part, un ancien curé de Dalheim, le R. Doerner,
avait formé un médailler complet des empereurs du
\^ siècle ; il avait aussi réuni toutes sortes d'antiques,
(,') ()j). (il., iJuIJu'ini, JieiiucJi el les eiwirons, ]»i). ]4<) et suiv.
— Icjo
parmi lesquelles on remni-((n:iit une slatncKe d'Apollon.
11 n'y a plus aujourtriiui à Dalheini de collection d'aucune
sorte.
Non loin de là, à AValdbredinius, était le château des
frères AViltheim, qui en avaient l'ait un musée. Quant à
Remieh, d'où l'on a de la Moselle une vue si intéressante,
c'est l'ancien Remaciim de la carte Théodosienne. A Klmen,
sur un rocher dominant le conl'luent de deux ruisseaux,
fut un établissement fortifié : on a retiré de là un fut de
colonne en marbre blanc et un tuyau en fonte. Des restes
de thermes belgo-romains ont été exhumés à Dreiborn, au
Xord de Wormeldange, une baignoire, deux colonnes à
chapiteau ionique et un tuj\au de plomb portant la signa-
ture de l'ouvrier Ditias, un esclave de Gallus Cassicianns.
Ou peut citer cette inscription en même temps qu'une
autre retrouvée à Dalheim même, dans une chambre sou-
terraine, c'est celle du monument funéraire d'une Germa-
niola ('), dédié par Germania.
A une lieue de Dalheim, sur la route de Flachsweiler,
près de la ferme isolée du Spitelhoff, s'élève un tumulus ;
il a été pillé.
Ainsi Dalheim, d'où partaient au moins cinq voies de
communication (-), reste encore entouré de localités archéo-
logiques (^).
Ajoutons que deux de celles-ci méritent une mention
spéciale :
Bous, où il y eut une villa et où l'on a retrouvé une
mosa'ique à dessins géométriques, remarquable i)ar sa
{^) Dilias Gain Cassicinni s ferons) fiorili. — Gcvmnnia (•crnia-
iiiolae (ïefiinctfac).
{") Vers Trêves, Arlon, Metz, Remicli, Titelberg.
(3j Aspeit, Filsdorf, Waldbrediinus, Remicli, Bous, Elinen, Drei-
born près Kanacli et i)rès d'Oberdoiiveii, Greveiimacher ; sur la rive
droite de la Moselle: Xeuiiig, Faba, Palzeni, Castell. Onsdorf,
Wellen, Teininels (Mercure de Iirouzei, Tavcrn (Tubvvnau).
- 194 -
graiuleiir (i5 à 20 in. do coté) et par sa beauté; elle peut
être eilée après celle de la villa de Nennign).
Grevenniaclier, où existait dans les environs près d'un
ruisseau, un établissement qui fut fortifié, et où l'on a
trouvé toutes sortes de débris avec des monnaies de
Constantin (-').
De là, en descendant la Moselle, on ne tarde pas à
rencontrer Wasserbillig-, où fut un pont romain partielle-
ment représenté encore par le vieux pont de pierre,
étroit et en dos d'âne, d'aujourd'hui. On est ici dans une
des plus anciennes localités du Luxembourg : plutôt que
Waldbillig-, c'est ici l'ancien Biliaciim.
Une inscription funéraire au nom du riche Trévire
Sattonius, a été retirée des ruines exploitées jadis au béné-
fice de Mansfeld. A Wasserbillig- ou Billig, la Sûre qui
a reçu la Wilz, l'Alzette, l'Our et un grand nombre
d'affluents, apporte le tribut de ses eaux à la Moselle ;
et Ausone, qui compare la Sûre à celle-ci, célèbre ce
confluent deux fois important (^).
On se trouve en pays latin puisqu'on y appelle l'Océan,
Père des eaux.
On connaît la Moselle, le charme de ses bords et son
climat plus doux : dès l'entrée de la vallée où coule la
Sûre, c'est TArdenne, le froid glacial des eaux, l'âpreté du
paysage.
(') Piihliciilion.s de Vlnsllhil o-rniuJ diirnl th- Luxembourg; t. VII.
]). i>."]i, art. de M. Naaur.
I/>i(L, t. XXXII, art. de M. K. Arexdt.
Un écliantillon de la mosaï(iue est rei)résenté à la pape <) du Pays
(le Luxembourg (en allemand), par M. K. Arkxdt.
(-) Publicnlioiis, t. IX, ]). i5G, art. de M. K. Aiîexdt.
(^) Suru tuas i)roj)erut non degener ire sub undas,
Sura inlercejitis tibi gratificata fluentis ;
Nobilius j)ermixla luo sub nomine, quam si
Ignoranda jtulri confunderel oslia Ponlo.
— 19 > —
Pour rciaonter la Sùrc vers Eclitcrnacli, on peut dresser
tout un iLiucniire bclgo-roniain (').
Si Echternach est un centre d'excursions pour le tou-
riste, il Test aussi pour rarcliéologuo qui, au milieu des
sites curieusement tourmentés de la Suisse luxemhoui--
geoise, constate la puissance de la pénétration romaine.
Déjà la grande plaine qui s'étend contre la ville d'Kcli-
ternach ou Eplcvniiciim ('-) (le long de la route de Luxem-
bourg, derrière la chapelle de la Vierge) fut le siège d'une
villa entourée de terres cultivées, jonchées aujourd'hui de
tessons, de fragments de marbre dont trois espèces ont été
constatées ; on y a même trouvé une pièce d'or inédite,
vendue finalement à Paris pour nne somme extraordinaire-
ment élevée ; mais la plus belle découverte a été celle
d'une mosaïque en tessères blanches et noires composant
des ornements enlacés autour de médaillons. On l'a de
nouveau recouverte de terre, et l'on cultive par-dessus
des plantes potagères, comme aui)aravant..., en attendant
qu'on l'exhume de nouveau et qu'on lui construise un abri
confortable, comme le gouvernement allemand a fait à
Nennig, fiatl Un détail encore : c'est que tous les murs de
la villa sont enfoncés de i'"8o à 2 mètres en terre ; ici
comme ailleurs, le tracé des maçonneries donne à penser
que bien souvent les Belgo-Romains renfonçaient leurs
constructions pour profiter de la profondeur et de l'espace
laissés par le déblai, les pièces d'habitations se retrouvant
ainsi en contre-bas.
Deux de ces localités groupées au Sud de la courbe de
la Sûre, dont nous parlons, Heffingcn et le Wolfberg près
(1) Laiigsur, Givenicli (villa), Boni (sources salées et villa), Ra-
lingeii, Steinheim, Rosport, en ligne droite tlu S. au X.; sur la
gauche, Lellig, Zittig, Ilerborn, bois de (ieiersliof.
Sur les l'ouillos de Lellig, v. Publications, etc., t. VII. i)]>. i3i; et 'SSi.
C-J Cf. Pnhliculions, etc., t. VI, l).'A llililMMEVU.)
— ic)6 —
de rancieuiie vilhi de (Uii-istiKU'h, ravivent l'intérêt, ({u'on
porte en Ardcninc ii Tliistoire de la ehasse.
Un beau couteau de eliasse romain, de o'^'3~ x o"io3 a été
découve't dans un tuniulus près Heffingen. L'arme est
légèrement courbe, sur la })oignée et la garde en bronze
argenté, arfistement travaillées, sont représentées des
naïades. Sur le Mont-niix-Ioiips, on a retrouvé en très
grand nombre des ossements de cheval, de bètes à cornes,
d'animaux divers déposés là sur la hauteur à fin d'y
attirer les loups, pour les empoisonner ? On a déterré
})armi les débris, des défenses de sanglier, des bois de
cerf; comme en maints endroits aussi de l'ancienne foret,
aujourd'hui séparés, et où n'habitent plus les grands
animaux sauvages, sur les bords du Hoyoux ou de la
Meuse, près de la vilhi de Modave, de celle de Montaigle
ou Bouiniaciini. 11 n'est pas extrêmement rare de ren-
contrer quelque uenabiiluni ou épieu de chasse soigneuse-
ment ébarbé, modèle d'arme conservé par le moyen-
Tige. Comme le couteau ou la flèche, l'épieu servait à
approcher et percer la bcte, le sanglier coiffé ou harcelé
par les chiens. Car les Romains affectionnaient la pour-
suite et la prise du sanglier : les représentations de ce
genre de chasse abondent, elles constituent un des sujets
classiques de l'ornementation des sarcophages. Rappelons
le tombeau des Nasons : la scène représente un chasseur,
le maître à cheval, tenant deux lances ou javelots ; cinq
chasseurs, des serviteurs, suivent à pied, dont l'un décoche
une flèche au solitaire attaqué par trois forts chiens
à oreilles droites. C'est l'attaque au ferme, après la pour-
suite.
Un des reliefs funéraires belgo-romains de Xoviomagus
ou Neumagen sur la Moselle, nous "montre un chasseur
vêtu du manteau à capuchon, à cheval, ayant pour selle
une peau de mouton ; il revient chez lui, et montre à
quehpi'un un lièvre (]n'il soulève parles pattes de derrière;
— Tî): -
il a pour chien nu lr\ ricr : c'est la eliassc, non à courre,
miiis à la (.'ourse, le lévrier, en terrain suriisainnient
déeouveft, liai)[)ant le lièvre à la vue et en (juelqnes l)onds.
On lit dans la célèbre jjastorale de Longus, que des
jeunes gens, après avoir attaché leur barque au rivage,
vont disposer leurs panneaux aux endroits qui leur
paraissent les plus favorables, puis làeliçnt leurs chiens
dans les vignes pour y lever le lièvre ; c'est récjuivalent
de notre chasse au chien courant, où sur la hauteur
le passage est gardé ; seulement, jadis, une longue nasse
en filets aidait à la capture du gibier. Les panneaux, en
fortes inailles, étaient tendus au bout de pi<piets fourchus
ou entaillés, et cette fourchette s'appelait uuru ('*, dans le
langage de la vénerie du temps.
l^ien mieux que les textes, les petits monuments font
connaiti'c les races de chiens employés. Une salle des
galeries vaticanes renferme la plus belle collection connue
d'animaux reproduits en marbre par le ciseau ("); elle est
pour le chasseur d'un intérêt peu ordinaire. Toute espèce
de gibier est représentée, depuis le lapin aux écoutes
jusqu'au sanglier ou le cerf forcé i)ar des chiens, soit dit
pour ne parler «pie du gibier de nos contrées. Les repré-
sentations de chiens abondent : somme toute, nous tenons
qu'ils se ramènent à deux classes : le lévrier, et le chien
courant de grand pied, à tète large, à l'oreille courte et
pointue, peut-être étaient-ils essorillés. Si telle lice a les
oreilles longues, la plupart ressemblent au caiiis cafena-
riiis, au chien enchaîné d'une mosaïque de Pompéi.
(,'j Le mot vient de la lettre V suivant la fonue de lobjet même,
composé de deux bâtonnets se croisant en haut, ou bien d'un rameau
«liii se bifurque. Dans une comparaison empruntée à la chasse,
Llcaix (IV, 433) emi)loie le mot : «A ut diim disposilis atlollat retiii
varia \ Venalor n.
(■-) Au catalogue du conservateur.). II. Massi, T901, pp. uo-ii5.
13
— T98 —
Au Nord, sur le territoire du village d'Ernzen (Eifel) ('),
des substructions sur un plateau dominant les vallées de
la Sûre et du Weilerbacli, ont fait croire à l'établissement
d'un poste stratégique. On a exhumé avec un moyen
bronze de Domitien, nombre d'urnes en verre verdâtre,
de la couleur qui distingue les vases romains du Haut-
Empire, et telle de ces urnes de verre contenait encore
des ossements calcinés.
De retrouver dans notre Occident un Columbarium,
c'est chose rare : il s'en est cependant rencontré un à
Consdorf (°) au Sud d'Echternach, sur le chemin qui va nous
mener à Altrier. Le Colombaire, ainsi dit des nichettes
où les urnes cinéraires étaient déposées, se composait ici
de deux espaces circulaires presque tangents et entourés
d'une enceinte carrée de pierres jointes par des tenons. Il
y eut donc aussi là un emplacement pour le bûcher,
pour ce que le chrétien Arnobe appelle nstrina ou officine
cinéraire, une fabrique de cendres.
Altrier est un nom fameux dans la région, et que les
archéologues luxembourgeois prononcent volontiers. C'est
pour les uns le Yieux-Trèves; d'autres ont cru retrouver
dans les éléments matériels du vocable, l'A/a Treveroriim :
ce n'est probablement que la transformation d'Alt-Droesch
ou ancienne friche C), occasionnée par le voisinage, très
relatif, et la renommée de la ville de Trêves. Le petit
village actuel s'est implanté au milieu du plateau habité
jadis par les Belgo-Komains ; les maisons, les produits
agricoles, les arbres empêchent que d'Altrier même on
jouisse de l'horizon extraordinairement vaste que pré-
sente l'emplacement : au loin, les profondeurs, lignes par
lignes, soit du Grand-Duché, soit de l'Allemagne. Sur le
(1) Ptiblictttions, etc., t. XVIII, p. 1(57, art. de M. DoNDEiJNOER.
{-) M. Arendt, Dus Luxembiirger Liiiiil, Erslcr Vorli-ng.
(3j L'EvKQUK, oiivr. cilé, j). u3a.
— 199 —
sol cultivé, où des substructious se marquent dans l'avoine
par des espaces i^lus arides, se rencontrent à la surface
des masses de tessons, qu'on a beau enlever ; dans un
carré de pommes de terre, une coloune renversée, ici dans
une cour ouverte, des piles de rondelles d'hypocauste ;
plus loin, dans la main d'un cultivateur, force monnaies,
qu'il montre, mais ne vend pas. Tout cela, c'est sur
l'emplacement de ce qu'on appelle uniformément le Camp
romain dWltvier, et le village même porte sur place le
nom de La Redoute, Schantze.
Certes, le terrain présente des avantages militaires, à
preuve l'horizon étendu, la hauteur et la longueur du
plateau ; et du temps des guerres de Louis XIV, le gouver-
neur du Luxembourg y fit élever des retranchements,
abi'itant une avant-garde, d'où vint probablement le nom
conservé de Redoute.
Les points stratégiques d'un pays changeant peu, il est
vraisemblable qu'au temps de la conquête, des troubles du
i'''' siècle, le poste fut occupé militairement ; une tour
d'observation y fut peut-être élevée, car la tradition
subsiste d'une Burg dont les grosses pierres sont enfouies
au milieu du hameau. Sans doute les armes se perdent
difficilement, tandis qu'il n'y a point de discipline pour la
monnaie, ici répandue à profusion ; toujours est-il qu'on
ne l'etrouve pas d'objets militaires, tandis que tous les
débris rappellent la vie civile : beaucoup de substructious
de dimensions restreintes, une vingtaine de petits puits à
l'usage de particuliers ; ils sont étroits, à peine de la
largeur d'un homme, ils n'ont pas été vidés. Nous souve-
nant de notre visite à Dalheim, nous croyons qu'ici l'his-
toire se répète : à la première occupation armée a succédé
un vicuii ou bourgade, qui fut prospère : vint la période
des invasions, et dans les bois voisins, on fortifia pour
s'y aménager un abri, le haut d'une colline en forme
d'hémicvcle.
- 20O —
Sous quel nom latin, le viens de Dalheini, ou celui
d'Altrier, furent-ils eonnus, on ne le sait, et pourtant une
inscription en fragments, aujourd'hui au iNEusée de Ijuxem-
bourg, fut relevée, où l'un des deux noms devait se
trouver : le morceau indicateur manquait, et on le cherche
encore : à quoi tient l'histoire !
Un monument bien classique a d'autre part été exhumé,
en 1844 '■ c'est une ara ou autel, un bloc de grès rouge,
dédié à Jupiter; une corniche en feuille d'acanthe encadre
l'inscription I. O. M. a(va) d(edicala). Sur une des faces
latérales, l'oie Capitoline. Quant aux menues trouvailles,
elles ne se comptent pas : bagues d'or et d'argent, urnes,
lampes, de belles monnaies à tel point nombreuses qu'on y
a pu compléter une collection du Haut-Empire ; et quant
aux statuettes, on a constaté qu'il y eut à Altrier une
officine de potier ''' fabriquant les effigies en terre blanche
de Nehalenia, la déesse populaire de la prospérité domes-
tique.
Divers Kienis ou chemins anciens reliaient la bourgade
aux localités importantes (-).
Altrier est entouré de villages caractérisés par des
trouvailles, et le même fait est patent sur tout l'espace
enveloppé au Xord par la boucle de la Sûre (^). Nous ne
nous arrêterons qu'aux lieux les plus intéressants.
(') K. AUENDT, Das Lnxembnrger Land, i"'' Vovtrag.
[-) Vers Bitburg : par Ileisberg, Consdorf, Bendorf, fei'ine de Ilaai
à Bollendorf, pont sur la Sùi-e.
Dans la direction d'Arlon : Cobenbour, Reuhind, anciennes forges
du Fischbacli, Angelsberg (Itiinuliis), ^lerscli.
Par Colbette, Breitweiler, pont sur l'Erenz, entre \\'aldbillig et
Christnach, Savelborn, Ermsdorf, — vers Tongres ?
Du côté de Trêves : Ziltig, Rippig, à gauche de Ilemslal, entre les
<lcu\ moulins de Herborn, "Wassei'billig.
Pj .Tunglinster, Altlinster, Liutgen (dépôt de monnaies). Sclioos,
Angelsbei'g fvoie, ancien fossé, redoute et puits), Reuland (dans le
mur d'une liabitation l'iiiscrii)liou Absliiie el Siistine), Ileffingen,
201 —
Le Grand-Duché est un des rares pays où s(; rencoulrent
l'iieore en plein bois, sur (erriloirc i)ul)li<', oincrt loiil au
moins, des niouunuuits ])ayens.
Chi-istuacli i près l'église, chambre et urnes l'iniéraires), Waldbillig
(mausolée, suivant Wiltheim), Fcls, Medernacli (grand et larj?e fossé
au Romerschantz), Ernsdorf, Eppeldorf, Berdorf. Près de la Sûre :
Bollendorf, Diekirch, Ettelbrûck.
— 2()2 —
11 est un site sauvage aujourd'hui près d'Altlinster, (^u'uii
dirait avoir été autrefois iiitentioniiellenient disposé ; ou
s'y eroit aisément transporté en une région antique et in-
connne. Autonr d'un bassin qui fut un lae, se dressent des
roches isolées, à l'instar des monuments celtiqnes. Il ne
manque au décor que des x^ersonnages, encore en voit-on
deux. L'un de ces rochers, haut de six mètres, est celui de
Herta, la Herta-Ley ('), non loin de la Freya-Ley ; on la
nomme aussi dans le pays, la Roche des Payens, ou le
Hertheschrein, l'armoire de Hertha, ainsi dite à cause
du creux de ©""lo intaillé d'abord par le ciseau avant qu'on
y représentât comme sous un léger arceau deux grandes
figures, hautes de 2'"29 et de 2"iGo : VHomme et la Femme,
comme on les ai)pelle vulgairement. Cette sculpture, sur
un pan de roche, a particulièrement souffert des intem-
péries, mais la tradition permet de suivre son effacement
progressif : une première tête, la deuxième ensuite, ont
disparu ; les lignes des vêtements sont à peine visibles
sur les clichés photographiques d'aujourd'hui ; de plus
anciens documents graphiques nous permettent de distin-
guer, sur cette table de grès effritée, deux personnages
aux vêtements flottants, ayant le bas des jambes nu ; ils
portent, comme les personnages des monuments arlonais,
le sag'iim relevé sur les avant-bras. C'est une image belgo-
romaine qu'on retrouve ici associée à de plus anciens sou-
venirs.
Sur le Hardt, ou Mont de Thor, près de Diekirch, se
dresse le grand monument celtique dit le Deifels-Elter '•),
un dolmen, qu'il a fallu rétablir sur ses bases, car il s'était
écroulé en i8i5 : formant porte, deux colonnes de blocs
(') Cf. L'EvKQi'E, oj>. cit., p. i>()() ; .Ikan d'Ardkxxe, L'Ardenne, III,
Graud-Duclié, j). m ; K. Aukxdt, Dits Luxembui-ger Ltmd, p. 8.
('') Cf. ouvi"ay:es cités ci-dessus, respectivement aux pp. 3<)i, \'\', ~.
200
^^^^.
illégaux siipi)ortcnt un linteau sur Itiquiil est plaeée une
roche faîtière de forme conique. Sous un côté du monu-
ment, religieux ou funéraii'e, on a retrouvé les restes d'un
squelette et des débris de x^oterie noire.
Ailleurs (') certains cercles de pierres, aires d'iialnta-
tions, et de mardelles, sépultures, ustensiles remarquables,
des monnaies, ont été trouvés qui datent de la période
celtique ou gauloise (-) ; et la diversité des lieux montre
l'extension de celle-ci sur cette partie, luxembourgeoise
aujourd'hui, de l'ancien territoire trévirien.
Comme pour la sa-
tisfaction du dilettan-
te, presque à l'orée du
joli bois de Bollendorf,
se dresse l'autel de
Diane ; et l'on doit
avouer à cette occa-
sion qu'autre est l'effet
d'un monument de l'es-
])èce en un site naturel,
autre l'effet d' un e pierre
au pied de l'escalier d'un
musée. Une roclie vive
a été ici taillée, la façade polie; et en beaux caractères,
s'étale l'inscription votive : A la déesse Diane Q. Posta-
miiis Potens en acquit d'un vœu (^). Grand dommage
vraiment que les reliefs qui embellissaient le tableau
aient été mutilés, dispersés, en suite, dit le chevalier
(ij Waldbillig, Titelbei-g, Altlinster, Inyolsdorf, Schroiuhveilor,
Budersberg', Hellingeii, Manternacli, Biwcr, et autres lieux.
(-) K. Arenut, Prithislorisch-Fiinde (Publications de la section
historitjiip de l'Institut de Luxembourg', t. XLV).
(•'') Deae Dianne Q. Postuuiius Potens v(otum) s(olvit). — C. I. L.,
XIII, no 4104.
— 204 —
de la Bii8se-]Muûturic, tlii l'aïKitisinc des paysans de
l'Eifel. La déesse de l'Ardemie et de la eliasse était repré-
sentée, eourt vêtue sans doute, avee le eliien traditionnel
L'effet du marteau destructeur ne laisse apereevoir (]ue le
bas des janiljes, à peine h's pattes d'un lévrier? Telle
quelle, la roelie gréseuse et réduite à la forme (xua<lran-
gulaire, s'élève encore à quatre mètres en hauteur.
Bollendorf ('), où nous venons d'examiner dans la feuillée
du bois, l'autel de Diane chasseresse, parait s'être trouvé
au centre d'une population belgo-rouiaiue inq)ortanle. Ou
parle même à son propos d'un viens ou bourgade. Le lieu
portait le nom de Villa Bollana lorsqu'il fut donné par le
duc Arnould, en 71G, à l'abbaye d'Echternach. Le ciment
romain se retrouve à la base du château, et dans les murs
de celui-ci, comme de certaines maisons du village, furent
encastrées des pierres antiques : le rocher dominait un
pont romain sur la Siàre, dont on a relevé les culées et qui
servait de passage au diverlicnlum allant d' Al trier à
Bitbourg. Bertholet ('-) parle d'un mausolée remarquable
qui s'est trouvé là. De nombreuses tombes ont été décou-
vertes, portant comme souvent chez les Ti-évires, un
hémicycle figuré. Signe lointain de son inq)ortance dans le
pays, le nom i)remier ou modifié, de la famille des Scciiii-
dini (■*) de Trêves, est relevé dans les inscriptions, qu'il
s'agisse de gens riches et de race, ou d'une grande clien-
tèle d'affranchis. Dans les eaux de la Sûre, dei'riêre
quelque moulin du ^li'illerthal, vers les sources mômes de
l'ombreux Hallerbach, sur les hauteurs du plateau de
(}) Piihliiiitions, etc., V. XLIX, ler fase., lî^^'j. l'P- i5-i2(), art. de
M. H. SCHUERMANS.
(2) Ilhtoirp (In diiclic de Luxonibourg, 1 I.
(-.{) Si'cnndiis, St'cimdiiiiis, Scriindiiis, Scriiiidini.i. — '1'. XIII du
C. I. L., 4104-41 '•'■
— 2o5 —
Bollendoif, cultivé par les colons i'', on tronve des restes
d'anti(|ucs ('(ablissenients l)el<^'o-roniaiiis j^i-ands on petits,
les traces aussi de l'indiislric d'alors, comme dans la
carrièi'C de pierres meulières au llDJiUey. Les nM'hercIies
dans les localités de la rive gauche et la Sûre dans l'Eifel
voisin ('}, ont donné les luêmes résultats et l'ensemble de
CCS indications tend à montrer cpi'il n'y mit pas seulement
une ville romaine de Trêves, mais cpu' toute la population
trévirienne, même les montagnards, avait pleinement
adopté la nouvelle civilisation.
De Bollendorf encore, c'est entreprendre une intéres-
sante excursion que de se diriger à travers les bois, du côté
du ^Nliillerlhal, le long de roches qui ressemblent à des
tours superposées, pour atteindre enfin le village de
lierdorf. Les châssis mobiles qui entourent le bas du
maître-autel de l'église i-éservent une surprise au visiteur,
s'il demande qu'on les enlève : un autel i)ayen supporte
la tablette légère de l'autel chrétien. 11 en était ainsi
dans l'ancienne église St-Micliel, une paroisse primitive
dont l'étendue était telle qu'il en est sorti quati-e filiales
contiguës. Le monument vient de là. Sur une base (pii
n'est qu'un large socle antique est placée la « pierre à
quatre divinités », un grès de on^go de liant portant des
reliefs assez frustes, on bien plutôt usés par le temps.
Au bord s'enroule une guirlande, sur le côté de gauche
est représenté Apollon tenant sa lyre; à droite, une
Minerve poi'tant le casque, la cuirasse et le bouclier.
Junon occupe la dernière face, la robe relevée jusqu'au
dessus du genou, ayant dans sa dextre le sceptre, dans
Cj Aei'hij,^erl)ui'j; . — Beaufort. — Diesburgerhof. Kutre Savclboi'u
et Plettschcttc il v a un cimetière romain encore inexploré que les
};^ons du pays (léi)()iiilient i)eu à peu.
(-) Ernzen, Irrel, Krsclnveiler, Ilolzlliuni, Wallcndovf (pont el
em])]acement fortifié), Crucliten, Neu1)Oui'^'.
— 206 —
l'autre une patère destinée à verser des parfums sur l'autel
de riiyménée; un paon est près d'elle. Quant au devant de
l'autel, il est occupé par un Hercule nu comme l'est aussi
Apollon, et lorsque la porte de l'église grande ouverte
donne pleine luniièi'e, c'est un spectacle peu ordinaire que
de voir des ornements chrétiens reposer sur pareil autel;
ce nonobstant, la messe paroissiale continue à être pieuse-
ment célébrée sur cette table, mais alors comme d'ordi-
naire d'ailleurs, sous la nappe et les châssis, le support
payen est enseveli et ce trophée du christianisme victo-
rieux a disparu à la vue.
Nouvelle source d'intérêt, d(^ nombreux et importants
dépôts de monnaies ont été relevés dans le pays ('), et les
archéoh^gues luxemboui'geois les ont étudiés avec ce soin
particulier qu'on appliciue partout au métal frappé. Par
surcroît, les i)ièces isolées répandues sur le sol par des
fugitifs, ne se comptent pas, tant on en a récolté. On voit
que plus on se rai)i)roclie de Trêves, plus il y avait de
numéraire. A Trêves étaient les ateliers du procurateur
de la monnaie ; on n'était pas bien loin du Rhin, et
l'arrivée des envahisseurs était vite signalée. Les accès
de pani(pie se produisirent surtout dans la dernière moitié
du iii*^ siècle, finalement les Huns emportèrent ce qui
(') A Mtnleniacli (grande urne de o'^So i'eni])lie de nionnaiesi,
Kttelhruc'k (iS<)2 i)ièces), (Jroshons, Nierderdouven, Bettendorf,
Lintgen(i5(Joi)ièces), Schlindernianderselieid (Goo pièces), Reiclilauge
(2000 i)ièces), M'elsclieid.
Cl". PabUcaiions de l'Iiisliliil grand ducnl de Luxembourg' :
Année 18;.'] (1874), p. 2i5, Die wirliti.schsten Exemjjhiren in der
Snnindiing ront. Miinlzcn tles /J'" Eberlino ; du D^ Gl.AESKNEK ,
Jinj>i)<irl snr le trésor de ScJdinderinnnderscheid.
Année i8()5, vol. XLII, arliele de M. X. Vax Werveke sur les mon-
naies trouvées à Ettelln-iick. Dans la Revue nr<-l)é(dogi<iue de Paris,
an. iS()8, .'{2, j). i2i>, art. de M. Jt i.ES Keu'i eu.
— \. plus haut LE CONDROZ.
I
- !>(.- -
restait. Un luit rrap])aiit, c'est rcxtrat-n-dinairc Narictc
(le types dans la nicnu' main : ainsi à .I<>lt('Il)iiick, siii- iS()2
pièces, on en compte ()I2 dune frajjpe dirt'érente. Cela
ferait sni)poser chez les anciens habitants (h; sin<;iilières
connaissances en nnmismati(pie, si l'on ne devait ei-oire
qn'à pi'eniière vue, le module et le i)oids des pièces faisaient
reconnaître celles-ci. Les dépôts si divers, pour être à pen
près dn même temps, sont le l'ait d'une population séden-
taire, de colons thésanrisant volontiers ; en ontre, les
Tyrans ganlois se succédant avec ra[)idité, il y eut bientôt
l)rofusion de faces et de revers. — « A s'occuper «le ces
vieilles choses, nous dit un archéologue d'Echternach ('),
on apprend encore du nouveau : c'est ainsi qu'à Lintgen,
lors de la découverte du trésor de monnaies déi)osé dans
un pot de terre, j'ai constaté, quant aux rouleaux de
monnaies, que le fort linge qui les enserrait, était relati-
vement mieux conservé que les i)ièces mêmes. » — Autre
particularité, près d'Ettelbriïck on Irouva qu'un parti-
culier avait judicieusement enfoui son pécule sous une
pierre portant le signe funéraire de Vascia, l'instrument
du fossoyeur, symbole respecté. Il avait en réalité inhumé
un trésor auquel il ne devait plus toucher : sub usciii
dedicatiim.
De l'Ouest au Xord-Est, les vallées de l'Attert, de
l'Alzette et de la Sûre au-dessus de Diekirch, constituent
une ligne de démarcation conventionnelle. Au Nord de
celle-ci, c'est l'Oesling ; au Sud, s'étend le Bon-Pays ou
Gutlaïul, à peu près comme dans l'Ardenne belge on appe-
lait Pays du roi ou Bon-pays, les plaines si fertiles de la
Ilesbaye ou du Brabant. Tout le Grand-Duché a pourtant
(')M. DONDEI.INGER. auteui' duii Rapport sur les siibslnictions de
Vépoquc gallo-romtnne an villag-e d'Evnzen (Prusse), dans les Piibl.
de llnst. grand dncal de Luxembourg; xvni'' année ; ileni, à lit'r.lorf :
ibid., vol. XVII. année iSdi ; tous deux avec planches.
- 2o8 —
Tait partie de ce vaste einscnible forestier, le plus grand
de la Gaule, (jue les Romains ai)pelaient TArdenne. Mais
les })rogrès identicpies des moyens nuitéi'iels et des nnx'urs
ont toujours fait reeuler eelle-ei, eliaeun la plaçant tou-
joui's plus loin que là où est son elianip : il semblerait
que, telle la ])eau de eliagrin, [)ar un privilège surmvtnrel,
l'Ai'denne aille toujours se rétréeissant...
Aujourd'hui doue, suivant la voix i)opulaire, on a cons-
titué en une sorte de plus petite Ardenne, la moitié du
canton de Redange, avec les cantons de Vianden, Clervaux
et de AVilz : c'est une manière de petite Suisse des quatre
cantons, les lacs en moins ; mais il y a une infinité de
clairs ruisseaux, coulant dans des vallées étroites et qui
de fait deviennent toujours plus froides et solitaires. On a
donné le nom de (c Oesling » (Eeslick), à la contrée qui finit
en i)()inte vers le Septentrion ; il provient du moyen-àge :
c'est VOsninc ou Ardenne, ici est Ardiienna dit un ancien
document (1222). Les Allemands voisins, pensant au
Sclmee-Eifel, en ont fait Eisling ou pays de la gelée.
Déjà A. AViltlieim rattachait à des origines belgo-
romaines le partage du pays au temps des Francs en
cantons ou pagi. Le fait n'est pas établi en ce qui concerne
l'important P;ji>«s .lrd»e/îs/s, le canton d'Ardenne, mais
un certain nombre de dénominations latines sont entre
autres relevées dans les manuscrits du haut moyen-âge
l)ar l'auteur du Liixcmbiivgum Romanum 0 ; et de plus,
(') CaxtatORU'.m s. IlrUKKTI : in pngn Anliiennon.ti, quondam
Atiibra caslnini.
Taiu lAK Lk[ TIIKRI : in villa riii nnmen Ilaganuililing-n, sila in
Pago Ardinense. Anno -GS.
ACTA 1). MoNOXis : Ardinensis pagns, in siloa ijnae diciluv Fri-
dieres snjier j'ontcni Xassoniam.
Tahii.ae Adonis, auhatis Kpterxacf.xsis : in pago Ardinensi, in
loco qui dicilnv Iloulingen. 77/.
— uoO —
(|iulles (j[uc soient les transTonnalions j^cniiani([ii( ,-,, à ('mi-
iiu-rer les lieux dits d'iiii |)a,i;iis sous les [''raiies, on ne l'ail
({lie re])i"eii(lre mie liste de lieux habités «léjà par les IJelgo-
romaius. Tour reconnaître eeux-ei, dit ^^'iltl^eiln lui-
lÎKKNriM : in l'illu Ji;i/>iii_^;i . in />!Il;(> Ardcnsi. suprr /Iitnia
l'von. --().
TkL'CKIîI i;r IlAUDeixI : //( />;i!i'> A rdincnsi, in nill.i <iu;tt' liicilnr
(iL'ine ((ïegcn hodie). -Si,
ImuNAK : in pngo Ardinensi, in oilln f/unc nocnlnr W'ill:. noln
modo coiiiilnm scdes. -Su.
1)A(;amn1)IS : in pns^o Ardcnncnsi, in loco twl lullu nnnc no'-nlnv
Constuni, Constcini nd ]'icnnniu. -S.'i.
liKUDAE : in piig'o Ardincnse, in nilln qunc nocutnr linlIinLicn. -S;.
(iODliTRlDAK : in villii fjnuc diciliir Ilini^csdorf cl in nlio loco
niuicnj)unle Conlesluni, Conatlieitti qnod anjuii. So-j.
RiCllAUDI CO.MITIS FRATHIS BiVINI : nilliini in pngo Ardincnse
siliini (jnne dicitnv Vilanlia ( Villnncc). Sj^i.
Bristkti i;t uxoris kjls Cuonkii-ndis : Eltalbrncka, qnod nohis
ex Serenissimi Avnnlfi régis Inrgilione ndoenerat in pago Ardinense
in comiliiln Odncri. Eltel/irnch, >joi.
Otiionis MA(iXI : /// pngo Avdncnna diclo nd Lilleras. tj^d.
l'I.H SDKAr : in villa Lnnglier (Longolarc qnondain. nnnc Longlier)
nnncnpala, in comilatn Rodol/i coniilis, in Osningc sila. <):}-.
E.IL'SDK.M : in comilaln Ardcnncnsi nillant A rgilinga. ()(><>.
SKni'RH)! ('()^U^^S : in coniilnln Gisclherli coniiiis in pago Anliicn-
nae in villa qiiae dicilnr ]'iidna (Fcilcn). ijH'l.
Otiionis macini : in pago Ardenna, snj)cr /Invio Aisna in conii-
latii Waudrici, villa qnae dicilnr Villarc.
Othoms II : Curtem Lnnglar nnncnpalani in pago (Jsningc. in
coinilata Gozilonis. qS-j.
SIOU'RU)! COMITIS KT CON.ICCils E.HS IIadkwK'IIAK : in valle Alsiin-
censi in villa iMavisch (alias Marsallnni, Merscli) in comilaln Arden-
nensi. qni regimini filii noslri Ilcnrici snbjacet. gg-'i.
Irxunardi ; in comilaln Ardcnncnsi qni Ilcnrici comilis siih/acet
procuralioni, in villa Hekcsdor/f. Ileisdorff. ggO.
V.i)()iii'lc l'agns Beden^is (Beda ou liilhnrg)\\\\:\nv.iM.oit.cil.,\).'^\.
— 2io —
nicineiM, il est important de l'cceiiscr les loeiilités qu'on
retrouve assignées aux divers cantons. Ce faisant, soit
l)our le pag'iis Ardncnsis ou le pag'iis Bedensis (Eifel),
notre auteur a agrandi les connaissances géographiques
([u'on peut avoir de l'Ardenne.
D'autre part, les trouvailles archéologiques nous font,
ici connue ailleurs, remonter hant dans le cours du passé.
Sans doute il ne faut pas se mettre à la recherche d'objets
très rares, comme on y est généralement porté dans le
Luxembourg; mais, à se contenter de la simple statistique,
on peut achever de décrire l'aire de dispersion de la civi-
lisation romaine sur le sol même du Haut-Pays.
An Sud de l'Attert (-') comme an Nord '^), on a relevé les
traces de maints établissements belgo-romains, notam-
ment des bas-fonrneanx près de la fontaine des Romains
ou Rocinerboiir : il y eut là des officines où l'on forgeait
des nstensiles et des armes pour Trêves ; l'effort des eaux
courantes était ainsi utilisé par l'industrie. La monnaie a
été partout répandue, surtout celle des empereurs trévi-
riens, et ce n'est i)as dans le Xoi'd du canton de lledange
(ju'on a trouvé les moindres dépôts. Dans les environs de
11) a Xon levé in ])agls... seii ditinnlbiis in qiias Francorum tem-
pestate dioisae prooinciae, ad Romnnnvum locornin cog-noscendos
sitiis, niomentum >k ()/>. cit., p. 8i.
(■-j A Reichlauge (iuiportaiit dépôt de monuaiesi; près Useldauge,
le Ilelperkiuip, soiuiuet très élevé qui eut comme les autres son
histoire et lut jalis uue riclie mine d'auti(|ues ; Ilovelange.
(•'j Xageu (cimetière et dépôt de monnaies) ; Vichten (forj;es
romaines); Folst-liette (id. ; Grossbous (trésori ; Bisseii (un établisse-
ment ravagé par les Huns, le Ilunswinckelj ; Berg (travaux de forti-
fications et fnmiili nombreux dans les environs).
Vn dinerticulnm, de Vichten se dirigeait vers Pratz en i)assant
sous Foischcid et s'amorçait à la grande voie des Gaules entre IIolz
et Perlé. Des vestiges en sont encore reconnaissables dans les bois
de Reimberg et de Ilostert.
— 2Tr —
Ntigen ['», où il s'ost lait de belles trouvailles, il y eut jxiut-
ètre un viens.
Encore qu'il n'y paraisse pas aux yonx du touriste,
le pays généralement si tourmenté du canton de Vianden
[Vienna ou Vianda) a été également occni)é. A la base du
château, il y a des restes de substruct ions ronuiines, des
traces (ïopns spicaiiim, de travail en barbe d'épis, et ce
genre d'ouvrage a été également relevé (') au cluitean de
Neuerbui'g, en Prusse aujourd'hui. Sur la route de Manden
à Roth, à la frontière, une tabula ou tableau taillé dans le
rocher et représentant les trois matrones a été remar(pu';e
et rétablie (^). Au château de Erandenburg, près Vianden
encore, dans la tour de l'église, s'est trouvé encastré un
relief antique et dans une x><>!^ition renversée, intention-
nellement sans doute, car le même fait est constaté à
Vichten, près des forges romaines ; et ce n'est pas autre-
ment qu'on trouva sous le chœur en réparation, de l'église
ile Leutlingen, un autel payen, renversé aussi.
On a fait diverses découvertes à Hol/thuni, vers la
source de la Schlinder, et à Schlindermanderscheid même,
mais les plus importantes ont été relevées à Michelau, où
la vallée de la Wilz s'élargit partiellement et elles ont
été bien expliquées (■*).
A parcourir le pays et à s'enquérir, on voit se confirmoi-,
au Nord comme au Sud, les termes d'un des rapports du
conservateur de l'Institut de Luxembourg : « Cette période
belgo-romaine est pour l'archéologue luxembourgeois.
Cj Au lieideuberg, à proximité d'iuie voie romaine. \. Publicn-
tions, etc., t. IX, p. i45 (article de M. Namlk».
(-) Par K. Arexdt, arcliiteote honoraire du gouvernement
grand-ducal, qui a rendu de grands services à la science arcliéo-
logique.
(2) Par le même.
(*)Par .1. Engling.
1212
Scius coiilrcMlii, la luiiic la plus lécoiidc cl [xxir ainsi dire,
iii('puisal)lo. Il n'y a ^iicrc de loi-aliU', grande on pcliic,
(|ui n'ait dans le-; cmirons des restes de snbsti-nelioiis
romaines, de l'ortifications ondes cimetières; partout on
trouve des débris, monnaies, urnes, vases, des ustensiles
de tout genre. »
Ce (|ue l'on sait du territoire des eantons de Clervaux et
de Wilz n'est ])as de nature à inl'iriner ces conclusions,
bien que roceupation se soit faite plus rai'e dans ces
vallées resserrées et moins hospitalières. La cluipelle, très
iré(|uentée, de S. Pirmin, près Esch-le-Trou, a, croit-on,
remplacé un anticjue siège religieux, et c'est ainsi qu'un
temple chrétien a remplacé un autel des Lares compitalea
à Breid\\eiler.
Près de Nieder\van)pach se dressent plusieurs tumuli
dont cinq très rapprochés ; trois autres se rencontrent à
distance dans la bruyère. Au sommet du bois d'Asselborn
s'ouvre un puits très profond dont le creusement est
attribué aux Ronuiins. A AVeicherdange sous Clervaux, il
y eut une villa: à Wilverdange, près Bas-Bellaiu, on a
trouvé, en i834 , des urnes en verre de couleur, et la
localité Ijien connue de Trois-Vierges, VUllUnga. des docu-
ments, comme Ilachivillc à l'P^st, nous offre encore
l'exemple d'un culte superposé; c'est ici celui des trois
Maries remi)laçant les trois îMatroues ou les trois Xornes.
Sans qu'on puisse en indiquer le point exact dans l'endroit
même, la tradition dévotionelle n'est pas encore perdue.
Nous sommes là transportés à la pointe septentrionale
du Grand-Duché, entre Ouren dans l'Eifel et Limerlè en
Belgicfue, et sur des sommets de 600 mètres d'altitude, de
700 mètres bientôt : baraque Grember, baraques Dupont et
Dumont, puis la baraque de Fraiture d'un côté, la baraque
Michel de l'autre, habitations isolées dans la région déser-
tique, et dont les habitants, au moins, ne renient pas leur
indigénat. Or, les Tîomains les ont ])récédés là même, car
- 2l3 -
pour lie i);irlt'r ici (]ii(' du Nord <;raiid-du(Ml, les traces
de la griiude voie consulaire se relrouveiiL ù llocli-Eess-
lingcu, l'aucieii Belsonucuni, ])()iu( iuiportunt. C'est de là
à Bastogne, toujours au dessus des vallées, ({ue dans cet
ancien pays des Seg'iii, se l'ont aujourd'hui les trouvailles.
Le chemin civilisateur, le transardennais comme on peut
rai)i)eler, assurait par les grandes hauteurs les commu-
nications entre Reims et (yologne, et c'est ainsi, comme
nous le disions, (j^ue la roman isation du massif forestier a
commencé, par les bords.
D'autie part, Belsonaciim , une fois de plus, nous
ramène à la catégorie des plus anciens noms du pays, car
aujourd'hui l'on s'accorde pour regarder comme provenant
des Celtes, notamment, la désinence aciun, aciis, qui équi-
vaut à la flexion anus des Latins. A Belsonaciim cité par
Grégoire de Tours (année 585) s'ajoutent d'autres noms (*)
de lieux intéressant les origines de notre pays monta-
gneux, comme Ledernaciun (document de l'an 666), Lier-
neux ; Uriaciun (646) Orgeo ; Urtaciiin (888) Ortho ;
Saltiacus riuiis (1094) Sensenruth ; Frnsciaciun (viii'-'
siècle) localité qui a disparu, près Paliseul ; Glaniaciiin
(8i4) village détruit, entre Vielsalm et Eovigny. La gueri-e,
l'incendie, une épidémie a en effet causé parfois l'abandon
sans retour d'un siège d'habitation commune.
11 est encore des noms d'autre désinence, qui comme
Anianintn (636) Amay ou Ania en wallon ; Arbonc (xii'"
siècle) près ili\y, Thier de Nierbonne, sont rangés parmi
les vocables celtiques : Andethenna (xii'' siècle) Andenne ;
(0 Nous les trouvons indiqués par G. KiUTir, dans son riche
répertoire, où la to])onyniie devient une histoire soutenue : La
Frontière linguistique en Belgique et dans le Xord de la France
(Mémoires couronnés et autres mémoires publiés par l'Académie
royale de Belgique, t. XL VIII), vol. I. pp. 47i et suivantes, 4(^4
et suite.
— Toponymie belgo-romaine. Ibid., Chap. I\', pp. 474 et suivantes.
14
— 214 ~
(Cf. Andethanna, Anwen près Luxembourg); Andaginiun
(720) St-IIubert ; Anglidiira (84") Aiigleur ; Astanetuni
(827, 814) Staveux, Esueux, Asscnois; CasecongiduniiH
(648) Cugnoii; Chambo (62G) Graiidlian ou Petitlian : Cha-
ranco [QQQ) C lierai 11 ; Vertiiniim (1180) Virtou.
Tous ces vocables celtiques, qui ont traversé la période
romaine, sont à ajouter aux noms de nos rivières arden-
naises (^), et, avec tous ceux qu'on relève si nombreux
dans l'ensemble des pays composant la Belg-iqiie, ils
caractérisent nos anciens habitants et l'aire de leur
expansion : les Celtes ont habité dans tout le Nord de la
Gaule (-).
Quant à la topon^-mie belgo-romainc, cette étude, basée
sur l'analyse philologique des noms de lieux provenant
des documents, concourt avec les recherches archéolo-
giques faites sur le terrain, pour démontrer la puissance
effective de la civilisation romaine.
L Eifel. Quittant la ^Moselle, le voj^ageur qui traverse aujour-
d'hui les solitudes de l'Eifel (^), Schnee-Eifel, comme
disent les vignerons de la vallée de l'Ahr, voit non sans
(^) On peut (voy. ibid., pp. 439 et suiv.) leur adjoindre ici les sui-
vants de la catégorie préromaine : Anduina, r. de St-Hubert ; Aura,
Y. d'Orval ; Baina, v. de Bende; Flona, r. de Flône ; Glani.s, aujour-
d'iiui la Sahn ; Jecora, le Geer ; Legia ; Solcio, une source du IIovoux ;
Tailcrnion, le Targnon ; Virvinus, le Viroin.
(2) Ces renseignements avec ceux que présentent nos pages
87, 88, 91, 92, III, 171 et suiv.. font suite au clia])itre de notre étude
intitulé Ethnographie, pp. 21-32.
(3j F. IIettxer, Ziir Kultiir von Germanicn mid (iallhi Belgica,
Westdeutsclie Zeilschrift, II, i883, pp. 1-27; deux articles de Reoue :
liùmisclies ans Trier nnd der Eifel, Kolnischc Zeitnng^ ^^\fK u" 1009;
iiddem, Die Knltnr der rômischen Rheinlande, ifloi, n" 14. — Bonner
Jahrbiïclier, passim., divers articles sur les villas rhénanes. Quant
aux Belges de Metz, dont le territoire ne rentre ])as dans noti-e
suj<;t, on peut consulter le travail de Keune : Metz in rôniiaclter Zeit.
— 2l!) —
étoiini'inciil s'(''lc\('r les ruines (riiiicicns l'iistcls. Lu vie
leodali' a donc, et très uncicniicinciil, régné dans ces
déserts aujourd'hui voués à la pauvreté? Api'ès la conquête
franque, des chefs, petits ou grands, les guerriers, leurs
familles, n'ont fait (|ue rcin])]acei' d'autres habitants sur
des sièges dès longtemps préparés, au niilicni d(; grands
latifundia cultivés par des colons; et dans ce paj^s, encore
assez abandonné pour qu'on ne croie pas tout d'abord à son
antique histoire, l'économie rurale a été florissante au
temps des Bolgo-romains. C'est à ce point qu'on a déjà
reconnu de nos jours les restes d'environ quatre-vingts
établissements : on relève des stations romaines là où ne
croissent plus aujonrd'hui que le genévrier et les genêts,
où pâturent librement en plein bois les c< bêtes i-ouges » du
pays.
La civilisation de l'Eifel, après la conquête romaine,
appartient à l'histoire de l'Ardenne. Elle commença très
tôt à produire ses effets, et fut due tout d'abord à deux
causes, la construction d'une i-oute militaire vers laquelle
convergèrent des diverticules, et celui d'une distribution
d'eau qui , étendant ses ramifications dans les hautes
vallées, approvisionna les camps du Rhin.
Huit grand'routes partant de Trêves faisaient de cette
ville un centre des plus importants : l'une d'elles, de
ce pont sur la Moselle, dont les anciennes bases subsistent
encore, se dirigeait en une ligne droite de 147 kilomètres
vers Cologne, et elle est de celles qui datent de l'orga-
nisation matérielle de l'Occident établie par Auguste et
Agrippa ('). Le coffre de la voie, large et solidement établi
à l'aide des matériaux variés fournis par la région, avait
une hauteur allant d'un à trois mètres et il était pourvu de
(') AsBACH, Ziir Geschichte iind Kullur dev rôminchen liheinlumîe,
p. 22, Heerstrasse iind Wasserleitiwg in der Eifel.
2l6
chaque côté <riine bordure élevée de So à 40 centimètres,
comme aussi d'un l'ossé d'un mètre en largeur et en
profondeur. Cette voie militaire passait à Bitburg, ou
Bedii, viens pourvu d'un castelliim dont les fondements
furent utilisés pour les murs relevés au moyen-âge : l'an-
cien castel défendait avec la route, la bourgade des Béta-
siens, sise au milieu d'une contrée qui approvisionnait
Trêves en céréales.
Au Nord, dans les bois de la Kyll, on voit encore
la route s'élever, comme une digue, sur une grande
étendue. Elle x>asse à Biideslieim, et reste particulière-
ment reconnaissable sur la hauteur à l'Ouest du mont
Apert, lequel servit à l'établissement — entre Priim
et Gerolstein — d'un poste-signal : de là, en effet, on
jouit d'une vue des plus étendues sur l'Eifel.
Au Nord-Est du pays des Cariisii (Priim) , près de
la gare d'aujourd'hui à Jiinkerath, la localité, qui s'appe-
lait Icorigiiim, fut pourvue au temps de Constantin d'une
fortification routière suffisante pour une cohorte et dont
les restes subsistent encore. Suivant la ligne de faîte
' des bassins de la Moselle, des affluents du Rhin et de la
Meuse, la voie dominatrice se continuait par Marcomagiis,
](' viens Supenornni et, par la station Belgiea, atteignait
les bords du Rhin à Wesseling, pour arriver, en les sui-
vant, à Colonia.
Très nombreuses sont les localités intermédiaires où
on relève cette l'oute fréquentée, dont on comprend l'in-
fluence sur toute cette partie de l'Ardenne.
Il est aisé de les retrouver sur la carte en suivant
la direction indiquée de la grande voie.
Peu après, légionnaires et indigènes s'enqdoyèrent à
effectuer le plus grand travail de combinaisons qu'exécu-
tèrent en deçà des rives du Rhin, les Romains qui depuis
des siè'cles connaissaient (;t praliciiiaiciit l'art d'amener les
— 217 -
eaux vives an point utile. C'était une liabitude nationale.
Ils eurent vite fait de voii' quelles ressources en bois et en
eaux courantes, l'ancienne Eflia ou pays des sources, leur
])r(''sentait . Xi coui-s d'eau rcncoul rt', ni vallée, ni montagne
on distance n'arrêtèrent leurs techniciens. La première
source et le plus haut niveau du canal furent à Metters-
lieini ('), à une lieue de Blankenlieiiu ; de ce « puits vert»,
il recueille à Rickerfiihr les eaux des « Sept sources »,
comme aussi un nouveau contingent d'eau calcareuse et
pure, venant de Drciniiililen ])ai- un canal secondaire de
2.3oo mètres de longueur. Un viaduc le conduit sur
d'autres hauteurs et, avant de passer à Eurgfei, il se
trouve encore à 3i3 nièti-es au-dessus du ui\ eau ; il dépasse
la contrée voisine de Belgica, traverse le ruisseau dit
Swistbach et, dirigé vers le Xord-Ouest, arrive à Walber-
burg près de Briihl. Par des embranchements, il conduisait
ses eaux de Hermi'illieini à Bonn, à Xeuss, à Cologne, va\
hauteur et sur des arceaux dans la plaine, par des conduites
souterraines avec piliers intérieurs dans le Haut-Pays.
Comme pour la route, les matériaux em])loyés diffèrent
suivant la région, mais l'ensemlde est d'une égale solidité,
surtout le fond et la couverture. Suivant la distance et le
volume des eaux recueillies, l'intérieur de la conduite
mesure de o™5o à plus d'un mètre. A des distances calcu-
lées, des ouvertures ou piitei furent pratiquées dont les
parois sortaient du sol ; c'était pour l'aération et l'usage.
Ainsi multipliant les efforts de la main-d'œuvre dans le
pays, les Romains, dès leur prise de possession, avaient,
peut-on dire, remiu' la terre et régi les eaux dans tout
l'Eifel ; et quant à ce deniier ouvrage du diable ou
Diivelsoder, comme disent les habitants, il fut détruit par
les Francs, qui ne surent ]ias s'en servir.
(h Asi{.\( H. op. cit., i>. i>4. Les observations des iiifjféiueurs alleiiuinds
sont soigueusement recueillies et rapidement exposées.
2l8
Une grande voie militaire comme celle dont nous avons
fait mention tout d'abord, constitue toujours un appel
puissant adressé à une population qui cherche à se grouper.
Les recherches archéologiques montrent à quel point le
sol de l'Eifel subit l'effet de la domination romaine.
Au Sud, à Bitburg même, comme dans le Krcis ou
district de Bitburg, les trouvailles (') ont été particulière-
ment nombreuses : ici la statuette mutilée d'un Jupiter
assis, de même une Fortiina, là une tablette votive inscrite
des deux côtés (-), dédiée à A polio Grannus, le dieu celto-
romain de la lumière brillante, en même tenq)s qu'à Sirona,
la déesse de la fertilité et de la santé ; elle fut trouvée près
d'une source. En outre, de nombreux fragments ouvrés
ont été relevés à Bitburg (^).
Dans le cercle de ce nom, Idenheini a fourni, avec un
Jupiter assis, la dédicace W d'un temple à Mercure, double
construction pourvue d'un tribunal surélevé par des
gradins.
A Kylburgsweiler (^) est sorti du sol le corps mutilé d'une
Diane en tuni(j[ue désignée par son carquois ; c'est, nous
l'avons vu, la déesse ardennaisc entre toutes. Sous le
chœur roman de l'église de Messerich on a découvert
une pierre de sable jaune à deux faces représentant dans
une niche grossièrement entaillée, d'un coté Cérès, de
('j Musée de Trêves. L'étude des iuscrii)tious de la Cirilas Trc-
virorum a dans cette ville s])écialenieut contribué à la ])réi)aration
du tome XIII du Corpus i/iKcrij>tionuin Itttiiiiinim, que voici mainte
nant publié.
(-J In li(onorein) d(omiis) dfininae) Ai)nni[ni Graïuw] et Sironae.
La suite, contenant le nom du dédicant était sur l'autre face. —
N" 4^S du catalogue du musée lapidaire dressé i)ar F. Hettxer.
— V. plus haut : DIVINITÉS ; ces détails se comi)létent.
(3j Ibid., N's 4!)5, 5(ji, 592.
(■') Ibid., X" (>-. Dca Mcrciin'o suri niiiij. Saiiliis XoniidcJii filfins)
aedes dnas cum suis ornuiDentis et Irlburnu (tribunal r. s. l. ni.
(Sj Ibid., N^Si.
— 219 —
raiid'c TTerciilc. On remiirqnera lo caractère classique
(le CCS i)ctits inoninnents élevés sous l'inspiration de
la vie romaine régnant dans les camps du Rhin . A
Naltcnlicim cntr'autres restes, on a lr(»ii\('' nnc piciTC
milliaire élevée sur la route de Trèx'es à Cologne sous le
règne d'Hadrien ('). Une inscription analogue, défectueuse,
s'est également rencontrée qui daterait de l'an 189 du
règne d'Anton in le pieux.
A l'Est, dans la circonscription (-) de Wittlicli qui s'étend
entre la Kyll et la Lieser provenant du pays des Mar ou
lacs volcaniques, près de Bertrich, on a relevé cette
inscription que nous avons mentionnée au sujet de la
mythologie topique, des déités Vcrcaiia, et Mediina nym-
phes des sources salutaires (^). C'est non loin de là qu'a été
exhumé un groupe en marbre-albâtre de Diane chasse-
resse avec ses deux lévriers (^). L'œuvre est plutôt mé-
diocre; mais elle témoigne que là, comme partout, se
rencontre la déesse de la chasse.
Le touriste connaît ces lacs d'eau bleue qui s'étendent
comme en une coupe dans le creux de quelqu'ancien cra-
tère ; le pays est désert, surtout dans ces parages de Daun ;
là le Mosenberg élève son sommet dénudé où plus rien ne
(') Ibid., N" f) ; Ini\pferatori)] [Cae]s(ariJ diin Traja[ni P]artluci
fili(o) d\ivi] Xeruae n[ep]oti Trajafnjo Hadriano Aiig(iisto) pontif(ici)
max(imo) trfibiinicia ) potest(ateJ V co(n)ti(uli) III p(atri) p(atriae) a
col(oniii) Aug(iista) inil(lia passuum) XXII.
('-) Le relevé par cercles permet aisément de suivre sur la carte le
travail arcliéologi(iue et de comprendre l'importance de l'extension
romaine. On i)eut consulter sjjécialemcnt les cartes de VEifelfiihrer
(Trier, Stephanus, 1890) publié par Vlufelnerein. La grande carte
de W. LiEBEXow est particulièrement complète.
(3; De(abus) Vercaiie et Mediuie L(uchis) Tfilius/) Acc(e)piiis u. s.
l. m. — F. IlKTTNER. ibid., n" iii ; l'original est à Sigmaringen.
{■^) Ibid., noG5^. Reproduction en plâtre; l'original de ce groupe
appartient au prince de IloUenzollern.
— 220 —
végète si ce n'est le conrt cliardoii sortant d'iin rare gazon :
or, dans ce cercle de Dann, au Nord de Bitbnrg, les
Romains ont laissé des traces non seulement de leur pas-
sage, mais do Icui" prise de possession et de leur séjour
p(;rmanent ; sous rinfluence de la Iréquentation de la
grand'route ci-dessus mentionnée, des monuments grands
et petits se sont élevés prés de l'ancien E^origiiiin (Jilnke-
ratli). Des fragments de toute sorte, chapiteaux, débris de
colonnes, de monuments funéraires (!'), nous retenons [)our
mémoire ce bas-relief curieux, partagé en deux tableaux :
un cisiiim ou voiture rapide à deux roues, un voyageur et
le cocher; en dessous un bateau à voile carrée, avec deux
nautes : c'est le voyage par deux voies. IMus loin, près
de Gerolstein, on a découvert la tablette votive qui nous a
révélé la déité Cniva (-), autrement inconnue et qui est
d'origine celtique. L'inscription fait mention d'un temple
que M. yictorius lui élève, laissant de plus pour l'entretien
une somme qu'on peut évaluer à 25,ooo francs. I.a date
indiquée par les consulats est l'an 124 après J.-C.
Au Nord comme au Midi de l'Eifel, le culte s'est
répandu des divinités classiques, celtiques aussi par voie
d'adjonction. C'est ainsi que, toujoui's en remontant dans
les bois, dans le Cercle de rriim, à Miirlenbacli, est sorti
de terre le dieu inconnu Caprio associé aux honneurs
rendus à la maison impériale (^J ; à Winringen (^j, on a
(') Ibiil., 34, 23-2, 24;>-245, aSo, 2O8-273, '2-(î, 3o3, 009, "Gi, 176.
("') Caivae deae aedent omni sua impensa donavit Mfarcii.s 1 Viclovius
PoUentiiifiis ) et ob jjcrjwluaiii tiilelam ejiisd(eiii) aedis dédit (sester-
tinm)n(uininum) cfentntn luillia ).lJedicatiim (ante diein ) tertiiim Xonfas)
()ct(obresJ Glabrioiw et Torquato cofnsidibns) n. s. l. m. — Ibid..
11" 112; trouvé à Pelm près Gerolstein.
(•■') Ibid., noii3: « In h(onorem) dfomus) dfininae). Den Caprion\i\
Teddiatius Prinuis .
(') Ibid , nos 5(j_ joy^ ^y-^
— 221 —
trouvé la tête d'une Minerve de grandeur naturelle, telle
petite tète humaine, une autre de lévrier, et la statuette
mutilée d'un jeune dieu.
A Alirweiler, non loin de lîlaukeiiheini et des soui'ees
de la grande canalisation, il s'est rencontré, servant à la
cuve baptismale, nue base dédiée à quatre divinités :
Jupiter, Minerve, Hercule, Cérès ; l'inseï iption est nue
dédicace à Jupiter ('). Là encore le christianisme a l'ait
servir à son triomi)he tel monument payen ; dans certaiiuîs
constructions il l'a même fait, nous l'avons dit, en i)laçant
visiblement le petit monument S(;ns dessus dessous.
A priori, on devait bien supposer que l'Eifel, situé entre
Trêves et Cologne, avait forcément subi l'influence
romaine. Dans quelle mesure, suivant quelle extension,
on n'a pu en jnger, au défaut des textes, que par les
recherches archéologicpu's; elles ont démontré plus qu'une
traversée : une occupation permanente, et c'est là un fait
qu'il importait de relever encore dans l'histoire de l'Ar-
denne proprement dite, dont l'Eifel constitue une partie
notable.
Sans doute, il faut laisser aux archéologues et aux
épigraphistes allemands l'exploration des environs immé-
diats de Trêves, du terrain historique de la Trévirie du
Sud. C'est là un sujet d'une importance particulière qui
dépasse nos limites locales ; il n'a d'ailleurs pas manqué
de provoquer depuis longtemps une suite d'études (-) con-
stituant, pour employer le mot allemand, toute une « litté-
rature ); belgo-riunaine. Nous n'avons à lui demander ici
(pie des renseignements complémentaires sur les villas
connues, plus rares dans le Nord, nombreuses dans les
(1) Hettner, o;j. c/7., n" aG : /. O. M. L. J'isinius Celsus.
(•) V. notamment le Catalogue aUemtnul du Musée lapidaire île
Tréoes, p. 292.
régions du Sud ; ils complètent ceux que nous livrent
les fouilles faites sur le sol de la Belgique d'aujourd'hui.
A Trêves, la ville moderne s'étant principalement super-
posée à l'ancienne, ce n'est qu'exceptionnellement qu'on y
peut recueillir des renseignements sur des habitations
particulières. On cherche dans les campagnes; on n'y
retrouve plus, naturellement, les demeures du pauvre,
l'habitation primitive, une hutte ronde, qui persista long-
temps. 11 en est cependant, au musée de Metz, une repré-
sentation : la déesse locale Xantosvelta porte cette hutte
sur la main.
Mais les établissements des grands propriétaires ont
laissé dans le sol leurs fondations et leurs débris. Le siège
de l'exploitation rurale étend en un vaste carré ses bâti-
ments successivement élevés ou modifiés au fur et à
mesure des besoins ; au centre, une vaste cour pavée de
dalles, et telles quelles d'ordinaire.
La dimension de la cour témoigne de l'importance de
l'établissement : d'une centaine de mètres dans les petites
villas, elle occupe jusqu'à 20 ooo mètres carrés, deux
hectares, auprès des plus grandes. Dans l'Eifel, la cour à
Ravensbeuern mesure i44 mètres, à Stahl 90 mètres, à
Bertingen 120 mètres. Ce sont des propriétés de moyenne
grandeur à côté de la célèbre villa de Fliessem.
Sur un côté s'élevait généralement la demeure du maître,
poui'vue de l'hypocauste traditionnel et de bains. Elle est
souvent luxueuse, pourvue de tout ce que pouvait procurer
le confortable du temps. C'est à son étendue, au nombre de
ses pièces chauffées, décorées, pavées de mosaïques ou de
carrelages vernis, qu'on reconnaît la i-ichesse et le luxe du
l)ropriétaire aussi bien dans les villas d'exploitation
rurale, vrais chefs-lieux de latifundia, que dans les mai-
sons de ])laisance, qu'elles fussent des ijavillons de chasse,
séjours d'été, ou sièges de magistrats et emi:)loj'és
impoi'tants,
— 223 —
On ranj^c ])anui les maisons (}v plaisance les villas
qui i)i-()t"ilcnt leur toit en ligne droite, longue parfois de
loo mètres et plus ; elles pouvaient toujours se déve-
lop2)(M- en s'entouranl d'annexés à usage de remise, grange
ou d'ofricines diverses. Ainsi seraient dans l'Eifel ')
maisons d'agiénient ou de luxe, les établissements de
Xennig, de Lentersdorl", celui d'Oberweis surtout qui
peut servir de modèle dans ce geni'e. La construction
mesure 60 mètres de longueur sur iG de profondeur,
mais elle a des ailes enserrant du côté du Sud une
véranda ; tandis qu'au Nord, un long corridor sépare de
la faeade et du froid, tout l'intérieur.
L'exposition choisie est généralement au midi, à mi-côte,
à proximité d'une source, à défaut de la(|uelle on retîou-
rait à une canalisation.
La cour des habitations en ligne droite avait la forme
d'un enclos extérieur, et quant aux toits, à une ou à deux
pentes, ils étaient ici couverts parfois d'ardoises (il en est
au musée de Francfort), plus souvent en minces plaques
de pierres blanches, plus généralement encore en tuiles
plates ou courbées, et l'on employait le mortier pour les
bien relier.
Dans la construction, les angles étaient particulière-
ment consolidés : les murs extérieurs étaient recouverts
d'un enduit.
Les principales pièces d'habitation étaient assez vastes,
de 16 à 20 mètres carrés, et le sol, ordinairement, était
recouvert d'un carrelage. Une ou deux salles, l'atrium
d'abord, avait un pavement de mosaïque, et le mélange
des tesselles blanches et noires, habituel en Italie, est
remplacé par des dessins syméti'iques composés de petits
cubes blancs et rouges, verts ou jaunes ])arfois, L'enlaee-
(1) F. ITettxer, Ziir KuUur nnn Germnuicii niul Callin Belg-icii,
pp. i5-i8.
224 —
ment de demi-lunes était un des motifs préférés. Au Musée
archéologique liégeois, un grand fragment de mosaïque
provenant de la villa do Jupille présente ces demi-lunes
supportées par un pied, ce qui leur donne la forme conven-
tionnelle du pin i)arasol ; dans une autre do la même
provenance, les tesselles rouges ne sont que des petits
cubes tirés de tuiles découpées.
Naturellement, c'est la décoration intérieure qui a fait
reconnaître ces constructions allongées pour des villas de
plaisance. Mais il va de soi aussi cpie toute reconstitution
intérieure est rendue plus que difficile par l'état des lieux :
nn bout de mur d'un pied ou deux et à l'intérieur un
fouillis d'éboulis. Cependant, un examen patient, des frag-
ments caractéristiques, la comi>araison de divers éclian-
tillons, n'ont pas laissé de donner des résultats. Il en
ressort que la peinture imitait le marbre; ou que, plus
compliquée, elle séparait la paroi en plusieurs champs :
de la plinthe de teinte sombre, partaient des pilastres ou
montants serrés allant jusqu'à la frise reliée par des ban-
deroles ; il n'y avait pas que des dessins symétriques ou
des perspectives architecturales, on rencontrait aussi des
sujets empruntés au règne animal, un paysage ou des
plantes, des Amours dansant (comme à Oberweis), le tout
sur un fond généralement de couleur rouge. Les décora-
teurs apportaient d'Italie le genre à la mode, et l'on peut
croire que nos villas du Nord reproduisaient le style des
établissements ruraux italiens des IP et III'' siècles,
que nous ne connaissons que par des imitations; c'était
certainement un sujet importé d'outre-monts que celui
admiré par Ausone et qui s'étalait à ses yeux sur la mu-
raille, dans l'appartement d'un ami de Trêves : « l'Amour
tourmenté dans les Enfers par les femmes qu'il avait fait
souffrir... »
A se re])(n"ter loin, ils furent les bienvenus chez les
Belges, ces gens de métier qui ap])ortaient du Midi l'art
de composer le fameux mortier romain, t-j-lui de faronnei'
la tuile, les tu,yaux des ai)[)areils de eluiulTe, et des déri-
vations d'eau, les tailleurs de ])ierre qui avaient dans la
main les motifs de déeoratious iiahituels aux iiioiiiimcnts
votifs ou funérairt's, ([iii connaissaient la i'ormnie des
inscriptions. Aussi l'histoire de Tindusti-ic; est-elle inlinic-
ment liée à celle des monuments.
Dans tout le Haut-Pays, le bois et la i)ierre, bien autre-
ment abondants que vers \c Has-lMiin on la lîasse-Meuse,
fournissaient sur place des matériaux de construction.
Aux environs de Blankenlieim, on trouva de bonne heure
une sorte de marbre, et au témoignage d'Ausone, les scies
fonctionnaient continuellement dans la vallée de la Ruwer,
débitant la pierre dure.
D'autre part, la découverte de divers établissements de
potiers à Saneta-Barbara (Trêves) , près de Speicher
dans l'Eifel même ou non loin d'Asberg (Asciburgiiun),
montre que les Romains avaient rendue indigène la fabri-
cation, d'abord étrangère, de la teri-e dite Sainienne, ce
fin mélange de glaise oxydée par le minerai de fer et
glacée d'un rouge vif qui va jusqu'à la couleur pourpre.
Mais, c'est dans l'établissement des salles chauffées, si
nécessaires dans les pays du Nord, indispensables, (|u'on
peut le mieux apprécier les services rendus par h^s arts
industriels à la construction. Il s'agit de l'hypocauste et
de l'emploi du verre 0) plus fréquent qu'en Italie nunne.
On appliqua simplement aux habitations privées le sys-
tème de chaufferie en usage dans les bains romains pour la
salle chaude ou tiède, calidariiim ou tepiduvium. Un grand
four ou fourneau servi par l'extérieur prodiguait la flamme
et la chaleur de la braise aune chambre très basse, étayée
par des piliers fornu'?s soit de ma(;ounerie et plus générale-
(') F. Hettxer, op. cit., pp 19-20.
- '2'26 —
nient de rondelles de terre euite ; insérés dans les ninrs, des
tiihnli ou tuyaux larges de 8 à i5 eentimètres, verticaux,
montant des coins jusqn'au l'aîte, absorbaient la fumée;
ou, sur les côtés, enfermés horizontalement les uns sur les
autres, distribuaient la chaleur. Pai- dessus le carrelage
de l'appartement immédiatement supérieur, au rez-de-
chaussée même, l'habitant se trouvait être dans une sorte
d'étuve dont le degré de chaleur diminuait à mesure qu'on
s'écartait du centre du foj^er, à l'autre bout de la pièce par
exemple, ou bien dans les pièces adjacentes, encore direc-
tement ou indirectement chauffées.
Mais tout cela suppose un appartement clos pour la
conservation de l'air chaud ; et éclairé, faute de quoi l'on
se serait littéralement trouvé dans un four, et il fait là,
ainsi qu'on dit, aussi noir qu'il y fait chaud. Aussi l'usage
direct de l'hypocauste implique-t-il l'emploi du verre à
vitre. On retrouve rarement celui-ci en Italie, pays chaud.
On en a cependant constaté la présence à Pompéi: la villa
de Pline en était notamment munie; pour les villas du
Nord l'emploi du verre était tout naturellement recom-
mandé. Le manque de soin lors des fouilles, la fragilité du
verre, le pillage et l'exploitation des ruines ont fait qu'on
le retrouve rarement. Il en est resté cependant assez
d'échantillons divers et importants pour constater l'usage :
par exemple dans une villa près Homburg, dans une autre
près Wiistweiler (Ottweiler) ; de même, on a relevé une
vitre encore enchâssée dans le plomb, provenant de la
villa près AVellen sur la Moselle ; de Beckingen sur la
Saar, on a une vitre parfaitement claire. D'ailleurs il s'est
trouvé en France près St-Révérien (Nièvre), une vitre
mesurant 60 x ^o centimètres. Enfin, on fait observer que
les grands monuments de Trêves même, pourvus d'hj^po-
caustes et percés de larges baies, ne pouvaient guère sans
le verre, être utilisables. C'est là de l'induction, à côté de
preuves certaines ; car il y a mieux, et c'est un fait abso-
huiicnl rcinar(|iial)lr, (jik' la (Iccoiivêrlt' (riine t'abriciuc de
verre à Cordel (') dans l'Intel : de très nombreux débris,
une quantité de réeijjients, des bâtons de verre ron^e et
vert destinés à enjoliver la faeon , ont été mis an jour,
et le visiteur peut étudiei' la trouvaille dans une des salles
du Musée de Trêves. Ainsi, des carreaux de vitres d'une
dimension assez restreinte, épais mais translucides, con-
tribuaient en hiver au confort du Belgo-romain en sa
villa ; on jouissait d'ailleurs là, en été, d'un climat plus
agréable que celui de l'Italie.
Certaines dépendances de luxe embellissaient le séjour
de grands propriétaires : on peut citer dans ce genre le
vivier d'ordre classique retrouvé dans les fossés de la
vieille Burg féodale de Welsclibillig (Cercle de Trêves),
Le bassin, alimenté par deux jets d'eau, a la forme d'un
rectangle de 58 mètres de long sur près de i8 de large, et
il est agrémenté de six absides formant saillie ; lui-même
était entouré d'une balustrade continue, coupée de
pilastres ; au dessus de chacun de ceux-ci, un buste ou
Hermès : on n'en a pas récolté moins de 69 (-), tombés dans
la forme du bassin. A calculer les distances régulières, il
devait s'en trouver 112. Ils sont en calcaire jurassique, et
quant au travail, sa valeur très différente a fait penser à
un maître expérimenté dirigeant ses praticiens. Les figures
représentent des Romains, des Grecs illustres ; et si cer-
taines d'entr'elles ont un caractère purement idéal, il en
est qu'on peut regarder comme des portraits, ceux ])eut-
être de la famille riche qui possédait le domaine du
Welschbillig d'alors ; ils devaient se trouver dans la partie
(') A i5 kilomètres de Trêves sur la Kyll ; ou peut se demauder
si le nom même de la localité ue vieudrait pas de cordella, corde-
lettes ou bâtonnets de verre V
(-) Au Musée provincial de Trêves, et étudiés par feu le lu'of.
directeur F. Hettxer.
- 228 —
du iiiilieu, et il ou est de différents âges. A noter surtout,
vu l;i rareté ilu fait, des tètes de femmes celtes : figure
reposée, d'aspeet plastique ; au cou, le torique gaulois
terminé par un anneau ou une petite demi-lune ; les che-
veux, coui)és sui' le front, retombent lisses sur les épaules
et la nu(pie. On achète leur photographie.
C'est surtout sur les bords de la Moselle que se sont
élevées les villas de hixe, construites par les grands de la
Cour impériale de Trêves. Le poète Ausone, au iv*^ siècle,
en célèbre (') les beautés variées : de l'une, le maître du
logis s'est ménagé la vue sur les terres et les bois, l'autre
se cache au fond d'une anse dans les prés, telle est érigée
sur la crête des rochers ; ici un iitriiim, grande pièce
luxueuse, là une colonnade, et dans le lointain l'on voit la
fumée des thermes, des bains chauds. Ce n'est pas autre-
ment qu'on décrirait aujourd'hui les caprices architectu-
raux des villas de Spa; aussi le poète rappelle-t-il les villes
de bains et de plaisance connues de l'antiquité, et il com-
pare l'art des constructeurs mosellans à celui des fameux
architectes — ceux-ci fussent-ils mythologiques. Toujours
est-il que ces villas servirent de modèles et ceux-ci, répétés
dans le Nord de l'Ardenne, y propagèrent la civilisation
du temps, arrivée à son derniei" période. Tout cela a dis-
paru aussi complètement qu'on voit s'éclipser aujourd'hui
une vue photographique lumineuse projetée sur l'écran.
J)e temps en temps cependant on retrouve des substruc-
tions dans les vignes.
Devant la colline où s'étagent les maisons de la petite
ville luxembourgeoise de Remich, par delà la rivière, on a
mis au jour le pied des murs de la villa deNeunig (-), une de
celles qu'a pu voir Ausone. Le déblai savamment exécuté
en laisse remarquer le plan réel et c'est à notre connais-
(i) Mosellu, vv. 2();V349.
(2) U»ie brochure descriptive se veml sur les lieux.
- 1220 -
sauce le meilleur plan /('/•/•/('/{ qui existe en la matière. Ou
remarque une descente vers quelque souterrain, beaucoup
de petits appartements, un xyste ou jardin intérieur
entouré d'une colonnade, une colonne môme a pu être
redressée ; ce qu'on admire surtout, c'est la mosaïque de
Yatriiun, la plus belle connue après celles du Latran : au
centre, la musique accompagnant le spectacle, à savoir un
orgue hydraulique et la trompe ; des combats de gladia-
teurs contre des fauves; on retrouve môme le cl()^vn de nos
cirques, l'Auguste, un esclave luttant contre un âne
sauvage.
L'ensemble des constructions s'étend en ligne droite sur
un espace d'environ i5o mètres.
Il y eut toujours des rivières à la mode : c'est aujour-
d'hui le Rhin ou la Loire, ce fut jadis la Garonne et la
Moselle. Celle-ci fut plus d'une fois célébrée, Ausone le
dit lui-môme ('); si d'autres chants ont disparu, son idvlle
nous est restée.
Le poète salue la rivière à laquelle les Belges doivent
une ville méritant d'ôtre le siège de l'empire ; promenant
son regard, il contemple des villas qui semblent suspen-
dues sur les rives, des coteaux couverts de vignes, les
méandres d'une eau qui s'écoule avec un discret murmure,
et il le dit en vers virgiliens :
Culmina vilLiriim pewlentibns édita ripis
Et nirides Baccho colles et amoena fliienta
Siihter labentis tacito riimorc Mosellae {-).
Miroir de l'onde, assaut de plaisanteries entre bateliers
et passants, caractère des riverains, luttes nautiques, en
(') Mosella, vv. 245 et suiv. — Eu même temps que ce poème, uous
possédous la courte, mais élégaute description d'un voyage sur la
Moselle, écrite au vi« siècle par Fortuuat, De navigio siiu, X, <j.
V. plus loin.
(2) Mosella, vv. 75-i49.
15
— 2do —
bateau, à la nai^e, un peu de mythologie gracieuse, tels
sont les traits généraux du tableau. 11 en est de particu-
liers.
On se plaisait à cette époque aux énumérations qui de
prime abord semblaient défier les règles du mètre, qu'il
s'agît de noms de personnes, géographiques ou autres ; ici
le poète recense la gent à écailles, tous nos poissons de
rivière, en observateur, pêcheur peut-être, en gourmet
nous ne savons, car son ami Symmaque dans une lettre (')
lui demande non sans malice où il a pris ces bandes de
poissons divers éclos dans son poème, mais qu'on n'a
jamais vus sur sa table? Quoiqu'il en soit, le catalogue
est juste (-) et il ne nous est pas indifférent de revoir à
pareille distance un pécheur (^j à la ligne dans les attitudes
naturelles à ce sport captivant. Epervier ou traîneau, le
filet n'est d'ailleurs pas oublié, et pourquoi ne ferions-nous
pas ici mention de tel hameçon de l'époque conservé à
Namur.en bronze, le coude bien ouvert et la pointe acérée,
d'assez grande dimension d'ailleurs pour nous donner nue
haute idée et du pécheur et du poisson?
Bacchns, d'autre part, règne sur ces collines et en pré-
sence du gai travail des vignerons montant et descendant
sur les côtes couvertes de pampres, Ausone n'oublie pas
de célébrer la vigne (^), devançant tous ceux qui l'ont
chantée sur les rives germaniques. Certes l'illustration est
directe quand on voit deux grands reliefs de Neumagen
représenter chacun un bateau chargé de fûts descendant
la rivière : la joie qu'inspire une heureuse récolte est
encore peinte dans les traits des vignei'ons et des nauton-
niers. A quelle époque remonte l'importation ici de la
(') Episl. Symmachi ad Ausoniiim, Mosel édit. C. IIosiUS, p. 8i.
('-') Mosella, vv. 75-14;).
(3) Ibid., vv. 240-28G.
(*) Ibid., vv. lôo-iHy.
— '2U —
vigne roiuaiiic? On nu [);is là dessus de données i-ertiiines,
mais il (;st probable (j^ue le vignoble niosellan date du
second sièele. Ce qui ne laisse nul doute sur son ini})or-
laiiee, ce sont, avec le poème d'.Vusone, les grandes
découvertes de Xouioinn^'iis ou Neumagen , celles de
(Ji'onsdorl", et le nombreux matériel même qu'on a pu
retrouve)'.
L'inspiration abandonne notre poète idyllique en face
de Trêves, et à la chanson de la Moselle succède par
malheur un véritable pathos dans les termes duquel on
entrevoit la pourpre, des gouverneurs, des magistratsmuni-
cipaux, des rhéteurs ; et si l'histoire n'y gagne rien, le poète
perd aussi à garder tant de dignité officielle. 11 fut préfet
des Gaules.
Attardons-nous encore sur le bord d'une rivière qui avec
la Sûre coule au Sud de l'Ai'denne. et trace ainsi les
limites extrêmes de notre itinéraire archéologique. Du
vi** siècle, le poète latin Fortunat nous a laissé une pièce
de vers (') où il décrit élégamment à la manière d'Ausone,
le cours de la Moselle. Il la composa à l'occasion d'un
voyage de Metz à Andernach, suivant vraisemblablement
Childebert (SSo-SgG) d'Austrasie et sa mère Brunehilde.
Fortunat reconnait Trêves à la grandeur de ses ruines, et
l'expression arrive alors à la hauteur du sujet {"). D'autre
part, fait remarquable, le poète voit encore fumer les toits
des villas qu'il rencontre. Il préconise les vignobles, les
moissons, il est encore sur un rivage heureux, juciinda
ieneiis P). Ainsi, au temps des ducs et des comtes francs,
(1) De naoigio sno. X, <j.
{-) Dncimur lune fïiivio per culmina prison senalns | Qiw patet
indiciis ipsa ruina potens. Ibid., vv. 22, 33.
{^)Ibid., vv. 17-44.
Actuellement le sol de Trêves est séparé de celui de la ville
ancienne par quatre mètres de décombres en profondeur ; les
— 2Ô2 —
tandis que la ville capitale avait été ravagée par les inva-
sions, un domaine utile subsistait, le luxe en moins.
Trêves et la fin. Rappelons que ce fut à partir de la deuxième moitié du
me siècle que Trêves (') joua un l'ôle prédomiuant ; avec
Postume, la ville devint résidence impériale, et le séjour
d'autres empereurs n'empèelia pas d'3' séjourner les préfets
des Gaules, d'Espagne et de Bretagne, administrateurs
civils mais temporaires de nos contrées ('-), et lointains
successeurs des légats de l'époque classique. Leur influence
est plutôt collective et elle résulte chez nous de la proxi-
mité du siège. Dominant le Kliin et les Champs Décumans
en partie reconquis par Probus, menaçant la Germanie,
enrichie par le commerce et le trafic des fournitures faites
à l'armée (^), cité militaire protégée par une puissante
travaux d'une distribution d'eau ont fait constater dernièrement
que trois rues modernes seulement étaient superposées aux an-
ciennes, gardant à peu i)rès la même direction.
(') L'étude de ses antiquités a donné naissance à toute une litté-
rature historique, où l'on remarque surtout l'action des directeurs
du Musée, et des deux périodiques de Trêves et de Bonn, déjà cités.
Une liste sj^éciale est donnée ad calcem dans le Catalogne du Musée
lapidaire de Trêves, ]). 292.
{-) La liste i)résentée par Hontheim [Prodromiis hist. Treo., \t\). 5i
et 52) est reprise et vérifiée i^ar Roui.ez, Magistrats romains de la
Belgique, pp. 45-55, dans les Nouveaux mémoires de l'Acad. Roy. de
Bruxelles, année i844- Une vingtaine de noms de préfets sont
connus, mais les détails biographiques ai)i)artiennent à l'histoire
générale dé l'Empire, plutôt qu'à celle du pays : ils intéressent les
Constitutions imi)ériales et le Cursus honorum de l'époque.
(3) Les ateliers de Trêves pour la fabrication des boucliers et des
balistes sont mentionnés dans la Notice des Dignités, p. i4G, édit.
de Sceck : (fabrica) Triberorum scutaria, Trib. balistaria ; de même,
l'atelier de femmes confectionnant les vêtements militaires, p. i5i,
procurntor gynecii Triberorum ; celui de la monnaie, p. i5o, procu-
ralor monelae Trib. ; un autre, établi en vue de l'incrustation sur
armes, p. i5i>, praepositus branbaricariorum sive argentariorum
Triberorum
— 266 —
em-eiiitc de plus d'une lieue de tour o( ville de luxe aussi
grâce ù l'entourage immédiat des empereurs, Trêves
compta parmi ces villes qui, dès l'atteinte portée à l'unité
romaine, attirent l'attention de l'ancien monde, comme
Arles ou Milan. Au ive siècle sa prépondérance est assurée,
et elle en livre encore aujourd'hui pour témoignage, une
monumentalité d'un caractère extraordinaire, palais, basi-
lique, thermes, amphithéâtre, une porte militaire qui est
tout aussi bien un arc de triomphe encore debout pour la
gloire de Rome. C'onstantin se phit à l'embellir ainsi ; et il
faut bien le remarquer, ces œuvres d'une architecture si
puissante, datent d'une époque de l'estauration, l'invasion
des Francs et Alamans ayant dévasté la ville du m'' siècle ;
seuls l'amphithéâtre et les piles du pont de la Moselle sont
de l'âge plutôt classique.
Parmi les successeurs de Constantin résidant à Trêves,
il faut compter Valentinien I, qui fut avec Constantin lui-
même un des vaillants et utiles défenseurs du Rhin au
ive siècle. Ils refirent du fleuve une vraie bari-ière, et les
travaux de fortification mirent les populations à l'abri pen-
dant quarante années, jusqu'à la grande invasion de ^oG.
Après Valentinien, (Jratien, élève d'Ausone, continua en
faveur de Trêves la préférence que le premier lui avait ac-
cordée, de même aussi Magnus Maximus. Lorsque Valen-
tinien II transféra son siège à Milan, que la Préfecture
s'établit à Arles, commença la décadence déclarée de cette
Rome mosellane qui, grandissant jusqu'au moment du péril
suprême, avait en Occident assuré à l'organisation romaine
une période de survie : la chute de Trêves annonce la
ruine même de l'empire, au point dangereux de la fron-
tière germanique.
Ici [)araissent nécessaires, pour l'intelligence de la fin
d'une histoire, cpielques considérations d'ordre adminis-
tratif, finaïu'ier ou militaire.
Ce fut un fait significatif que la retraite forcée vers le
- 234 -
Sud de ces directeui'S puissants qui avaient sous eux, siib
(Uspositione, comme le dit cette sorte d'almanacli impérial
qui s'appelle la Notice des Dignités , toute une suite
d\) fjfîciales ou gens de bureau savamment liicrarchisé.-> ; tel
le personnel de la Préfecture à Trêves, dont la com])o-
sition reste encore suggestive : chef de bure.iu, greffier et
suppléant, teneur de livres, archiviste, comptables et aides,
rédacteurs, commis d'ordre, scribes, commis spéciaux '').
L'autorité administrative du [)réfet, uu illimtre, passait
à des vicaires, /jo/2J/ne.s considérables, dirigeant un diocèse,
et chaque diocèse comprenait des provinces ; dans nos
contrées notamment subsistaient la Pi-cmière- Belgique
avec Trêves, la Germanie-Inférieure avec Cologne i)Our
métropole, provinces administi-ées par des consulaires,
personnages plus haut placés que les recteurs ou gouver-
neurs ordinaii'cs.
I^'administration ronraine sous cette forme générale,
aclievait de diriger en vu(î de les exploiter, les Gaules
ruinées ; mais, créée pour régler la perception, elle va
dispai'aître dans la détresse.
Dès le temps do Dioclétien et de Constantin, l'assiette
de l'impôt avait été changée, et de telle sorte que rien ne
pût lui échapper : capitation plébéienne, YOr-argeni ou
Chrysargyre prélevé en monnaie sur le commei'cc et
l'industrie, impôt foncier, corvées et prestations en nature,
impôts sur les fonctionnaires eux-mêmes ; tout avoir, toute
situation étaitatteinte par lefisc; il fallait réparer les pertes
subies. Appellations d'un genre particulier, le chef de l'ad-
ministration financière centrale était le comte des largesses
sacrées ; de lui dépendait en Gaule un conq)table général
(') (' ()//iiiiiiii l'iri i//iis/ris jii-!icfi'(li jiriiclorio (jnllinriiin : /irini-cjis ;
rnrniinl.-iriiis .• luJjulor : roiiinieiilnriciisis ,- ii/i ;iclis ,- iiiimcriirii ; siih
luljnvnc : cnri} c/iislolfii-iini : re^-crcnihiriii^ : cxrc/ilDri-ti ; mljnlnres ;
siinriilarii. u .Vo////,-/ DiLinilulnm, éd. Seek, ]». ti;>.
— 2.35 —
et (le celui-ci les préposés au trésor, dont les perce[)teurs
procédaient aux exactions 'j ; et tout prélèvement touillait
dans Vnrche de la Prélecture. Sans doute, par rapi)lica-
tion d'un système savant, qui a d'ailleurs fait école, on
n'avait pas entendu ruiner la Gaule pas jîlus que d'autres
provinces : le sol était ici des plus riches encîore, puisqu'il
servit ultérieurement de fonds à l'établissement d'une
grande nationalité ; mais toute ressource était prématuré-
ment frappée. Suite des troubles et des invasions, le
marasme économique régnait et l'on en tient les preuves :
plaintes des rhéteurs du temps, disparition des métaux
précieux, pauvreté de la frappe, falsification de la
monnaie, remise forcée des imjjositions, notamment par
Constantin et Gratien. Les Gaules épuisées n'en pou-
vaient donc plus ; les i)rovinces devant se suffire, qui
payerait dès lors les défenseurs des frontières ?
On avait imaginé en vue de simplifier les opérations cm
exactions du fisc un système cpii donna des résultats
imprévus.
Sans doute, un état de })rospérité supporte bien des
erreurs avec leurs conséquences ; mais, sous les yeux des
Barbares, au milieu de la détresse générale, dans un monde
payeu fondé sur l'égoïsme et l'omnipotence de l'Etat, com-
ment admettre que devant une administration impitoyable,
les moins malheureux fussent rendus par surcroît soli-
daires de la misère de tous ? (^ue s'était-il passé ?
Pour assurer l'unité de percepti(;n sans déchet possible,
on distribua le territoire en portions grandes ou petites
mais égales en valeur, possédées par un seul ou par
(') Conie.s .siirj-;iriiiu liivgiLioiinm, Rntionalis .sninniiiniin Gnlliuriun,
jjraejjosifi tliesitiiroriim, itrca prefeclurae (Nolitia).
— La tablette des insignes du eoiute des largesses, rei)résente lui
coffre-fort, des i)lateanx et des saes remplis d'argent, en peinture.
Voyez, même édition de la Xolicc. j». i(S.
236
plusieurs : la b;i^e était aiusi non [)Ius le nombre de jiij^ères
possédés par chaeun,mais xin jn^'uin commun, bien nommé
si l'on pense au joug' connu, car en vue de la satisfaction
du fisc, il enchaînait certain ensemble de contribuables,
finalement tout l'ensemble. Yoilà })our l'impôt foncier ;
quant à la capitation personnelle, elle devenait au besoin
également collective. Dès lors, cantonnés forcément dans
une corporation officielle dont les biens étaient retenus et
affectés au service, les gens de métier devenaient autant
d'otages professionnels, et travaillaient pour l'Etat. Dans
les villes organisées municipalemCnt, les membres de la
Curie, les décurions ou ciirialcs, responsables de père en
fils des deniers à verser par leurs commettants, d'abord
t^-rans malgré eux, puis ruinés, ne songeaient plus qu'à
quitter la ville, la bourgade, pour la cami)agne; mais où et
comment? En vue de rompre la chaîne héréditaire, ou ils
abandonnaient leurs biens, préférant la liberté ; ou ils
en venaient à ne plus contracter d'union légitime ; et
quant aux corporati ou coUcgiali qui prenaient la fuite, on
lenr donnait la chasse, on condamnait à toui-ner la meule
les personnes qni les celaient.
Pour satisfaire l'Etat, runi(|ue ménager en matière de
recettes et de dépenses, l'administration avait donc
institué un socialisme fiscal ('), qni devenait général. Et
l'homme ainsi vinculé, prisonnier d'autrui dans une caste
de contribuables où l'on était solidairement responsable,
ne savait quel moyen inventer pour en sortir et (juitter le
Cj \'<jy. Finck-Bkentaxo, dans la licone hebdoiuadnire, octoljro iroi ;
BOUCHARI:), Etude sur Vadministrntioii des finnnres de I'eni}>ire roiniiiu
daus les derniers temps de sou existence ; Br.ocii, La Gaule romaine
dans la collcclion citée, ]»]). 280 et suivantes. — .1. P. ^^'AI,TZI^■(;, Etude
Jiislori(jue sur les corporations professionnelles c/icz les Jiomains.
t. II, ])]). i>S'5 et suivantes ; 3.'5() et suiv. ; Conclusions ocmirales,
- 237 -
jou^\ La violence devenant. libératrice, il y eut liistoi'iijMe-
inent une issne : l'invasion, et elle se fit.
D'autre part, s'agit-il de l'année au iv'' siècle i'', il faut
encore une fois parler et d'une réforme, et d'un insuccès
fatal : les événements ont, en effet, rendu faciles les cri-
tiques théoriques.
Pour rendre les légions plus mobiles, on les affail)lit et
bientôt ce ne furent plus ces soldats immortels, comme les
api)elait un Grec, à savoir ai)i)artenant à do grandes unités
qui ne se décomposaient jamais. La dislocation eut pour
effet de préposer les légionnaires à la garde du Danube,
couvrant l'Orient plus ri(dje. Pour assurer la })aix au
dedans, on rappelle des troupes; on constitue Vurmée
d'escorte accompagnant l'empereur ou destinée à le faire,
les Comitatenses et les Pseudo-Comitatenses ; mais même
la fidélité personnelle disparaît au milieu des compétitions.
Le Romain, ayant perdu le goût des armes, a inventé
Vaurinn iironicum, ou le remplacement en monnaie. A la
frontière l'iiénane, les troupes de couverture sont compo-
sées généralement de soldats étrangers, ceux-ci fussent-ils
des Lètes teutons ou autres gentils. Les Mattiaques, Saliens,
Eructères, Eataves (') composent des Xiimeri ou corps de
troupes. Un nombre de Lètes, les Leli Lagenses, était
notamment établi dans les environs de Tongres. Des
Barbares vont commander en chef, et l'armée elle-même
les introduit dans Rome qui les craint. Fait important,
dont les conséquences occupent les archéologues, en pré-
sence de l'insécurité générale, les villes isolées, les l)our-
(*) .J. AsBACH, travail cité, \^\^. 02-61 ; AbwawUiingen der Grcnzarmce
und der Grenzverteidigiitig ; les sources allemaïules y sont iiidiciuées:
T. Iîi:u(iK, Milinz und Vindonissn ; II. DKr-BRiiCK, Geschirlttc der
Krieg-kiinst ini Rulimen der j)oli(. Geschiclite ; II. Leunkr, Aiiliiniiriim.
(-') Intrti Giillias cum virn illustri magistrn equilum GuHiaruni :
Multiaci, Salii, Briicteri, Batavi (Solitia).
— 238 —
gades, les villas, se remparent; alors que jadis un simple
retraiiclicment de terre avec un parapet de bois assurait
le repos à la légion classique tenant bravement la cam-
pagne, on compli([ue les dispositifs et, en faisant abus de
la fortification locale, on prépare le morcellement.
Kn apparence, pourtant, les troupes ne devaient point
faire défaut. La Notice des Dignités énumère v') avec une
complaisance évidente les corps d'armée, les Niinieri, les
auxiliaires de toutes ces nations, constituant un état mili-
taire important, s'il ei^t été réel ou soutenu. Mais à voir
les lésultats, la Xotice n'a enregistré qu'un plan suranné,
qui rappellerait assez bien aujourd'hui la Revue fan-
tastique des troupes de Zedlit/. Les Gaules, les plus
exposées, auraient dû, avec les pays associés, compter sur
le quart de l'armée romaine : quand Julien arriva à
►Strasbourg pour livrer aux Germains une bataille victo-
rieuse, il n'amenait avec lui comme troupes de renfort,
que treize mille combattants. Le prestige du nom romain
survivait, mais le pouvoir réel disparaît en môme temps
que les quelques hommes d'élite dont l'histoire personnelle
occupe le iv*' siècle; et au milieu du siècle suivant, après
Aétius,les Francs n'ont plus qu'à prendre définitivement
possession des contrées convoitées depuis longtemps, et
qui avaient été l'objet de tant d'entreprises.
Un demi-siècle d'incursions sur tous les points (^j avait,
à la fois, épuisé des générations de guerriers et de pilhxrds,
et le pa3'S lui-même.
(^) Ibid., Occid. VII, Disli-ibuliu mimcroriiiu. Coinine les Ncrvieiis
L't les Sé(|uaiies, les Tongres, soldats de la i)reinière heure, conti-
iHient à sei-vir jiisquau bout, en Illyrie : « Intva Illyricum ciun spec-
liihili comité lUyrici, sui^itlurii Tiiiigri, Tiingri ».
r-'j \]\\i' liste soinniaii-e et chronologiiiue des incursions franques
est présentée par AsiiAcii, Znr (ioscliichto iind Knltiir des rfimisr/ien
liJieinliiiide, Zeillnfel, \)\) (iO-GSi.
- 239 —
Drjà ;i\;nit la fin, KniiuMic ('crivait (V Aiif^iistodunuin
ou Autuii, au Sud (le la Première conuiu' de la Secondo
Belgique : « Tout le lerraiu (jui était autrefois habitable,
est ein[)esté de marais ou licrissi' de broussailles. A ])ar(ir
du coude que fait la route de I>elgi(xue, il n'y a ])lus (ju'un
désert inculte, un morne silence. La voie militaire est elle-
luèiue si i-()cailleuse, les pentes en sont si raides ([[w des
(diai'iots à moitié pleins, ou même \ide<, peuvent à i)eine y
passer \') ».
Ainsi donc disparut une ère de prospérité établie à
la mode romaine, ]nais qui était sans exemple dans nos
contrées et dont il fallut attendre trop longtemps le retour
dans l'isolement et au milieu des guerres locales.
Comment, malgré le cours des invasions franques, la
Belgique méridionale et l'Ardenne restèrent-t-elles ]>ays
de langue romane ?
Les Francs Saliens se i-épandirent du Xord vers le Sud,
se partageant immédiatement le pays, car ils cherchaient
de nouvelles terres et visaient à s'emparer des sièges à
leur portée où s'était établie l'aisance ou la richesse. La
force d'expansion de leur i-ace peut se mesurer à l'espace
colonisé par eux qui se termine à la Lys et à ce i)rolon-
genient de l'Ardenne appelé Forêt Charbonnière dans les
cités gallo-romaines. Sans doute, ils en percèrent le rideau,
de même (pi'ils franchirent ce long et mince cordon
(pi'était la route forte allant de Maestricht à Bavay ; mais
alors l'invasion agraire était continuée par les conquêtes
royales, ayant un but politique (-). Au Sud de la coloni-
(') Pune^irici veteres , i)assage cité par M. Emu,1£ Lkvassiclk ,
Ilintoire des classes oiiurières et de V industrie en France avant 178g.
(-) L'historien (le.s Francs, (J. Krinii, dans son onvrage sur la
Frontière lingnisliijne, I, p. 53i, t''tal:lit » la différence entre la con-
quête francjue suivie de la colonisation et de l'occupation totale du
])a_vs i>ar les concjuérants, et d'autre part la conquête purement
— 24o —
sation popuhiire francpie datant de la première heure, tout
le pays tombe aussi sous la domination des conquérants, et
néanmoins subsistent et la langue et les mœurs des Belgo-
romains, pour plusieurs causes : une civilisation supé-
lieure, l'arrêt des invasions au profit d'une seule race déjà
satisfaite, l'intervention intéressée des rois, l'influence
permanente de douze anciennes cités romaines qui, à
l'instar des légions de César, formaient une cliaîue allant
de Reims à Boulogne ('). Il faut, à la frontière, compter
sur les points d'appui : c'est ainsi encore qu'au Sud-Est,
la vallée de la Meuse servit de voie émissaire, et toujours
accessible aux idées venant de la Gaule comme elle-même
en découle, elle a constamment contribué à faciliter chez
nous l'extension la plus avancée vers le Nord de la langue
française ancienne ou moderne.
Ainsi, au Sud, le romanisme se maintint dans les
contrées qui devinrent notre îlaiuaut, le Brabant wallon
ou le Xamurois. (^ue se passa-t-il à l'Est, sur les points qui
intéressent surtout notre sujet, à la frontière de l'Ardenne
belge ?
Comme quand arrive une inondation menaçante mais
qui ne peut cependant tout couvrir, après le flux se marque
la ligne de la laisse des eaux, et l'on voit, après bien
des mouvements contraires, subsister finalement cette
frontière linguistique qui est aujourd'liui bien marquée.
])oliti(iue faite pour le compte du roi et sans prise de possession
par le peuple. Cette différence, continue l'auteur, est capitale, elle
explique en grande partie les problèmes relatifs à l'origine du
royaume des Francs, et c'est la toi)onymie seule (^ui peut les
résoudre ».
(') (( Mi'frnjiolis, cinihis Jicmorum ; cirilas Suessinmini, Catalaii-
noi-nni, Alrubnlnm, Ciimiiracensiitm, Toniacensiiim, Silnanectiiin,
HeUdvafornm, Ambiancnsitui), Morinum, lionniiensiuru ». — Xotilia,
édit. citée p. 3G5.
— 24 1 —
En plein milieu du Haut- Pays, du Nord au Suil, court
une ligne de partage entre les localités de langui; rouiaue
et les villages de langue gernumiipie. Les noms jouent à
cette frontière le rôle de poteaux indicateurs ; ici, séparées
par des bois encore, l'Ardenne wallonne, là l'Ardenne
allemande, dont les dénominations différentes s'opposent
par groupes, les unes aux autres (').
A l'Est comme à l'Ouest il y a la grande forêt encore,
qui n'a pas dès l'abord constitué d'obstacle dirimant. Les
Francs en effet la traversèrent dans toute sa largeur.
Trop de voies romaines les y conduisaient et l'Ardenne
n'était plus telle que la vit César ; stratégiquement par-
tagée, mise en coupe réglée par le fisc impérial et ses
fermiers, elle offrait à la vue de larges trouées, des
chemins sans fin...
Les résultats des fouilles nous renseignent d'ailleurs suf-
fisamment. Ils nous montrent que le pays de Namur lon-
geant à l'Ouest le Luxembourg, fut par delà, envahi par
les hordes franques ; et l'on retrouve de leurs tombes au
centre, en plein pays ardennais. Au ^[usée de Xanuir
s'étalent des trouvailles d'objets francs égalant les décou-
vertes intéressant le mobilier belgo-romain. Mais si les
premières tombes franques se distinguent par le luxe des
pièces, celles d'une date postérieure apparaissent comme
étant toujours plus pauvres. Xe pouvant plus piller, les
descendants de rares résidents, ont pris les habitudes du
(') Goé, Jalliay — Eupen, Munscliau ou Moiiljoic:
Ligiieuville, Bellevaux (l'russej, Petit-Thier, Vielsalm — Amel,
Meyeroile, St-Vith;
Wardiu, Bastogne, VilIei-s-la-Bonue-Eau — Winseler, Ilarlauge ;
Aiilier, Habay, villages wallons. — Martelange, Pi-i-lé, l'arette,
Xobressart, villages allemands ;
Yance, Chàtillon, Saint-Léger— Arlon, Toernicli, Habergy ;
G. KURTH, op. cit., pp. 554-555.
- 242-
pays; les plus iivcniureiix , ceux de la dernière heure,
laissant après eux la ruine ou les hautes foi'êts qu'ils
dédaignaient, se sont dii'igés sur les riches plaines de la
Gaule Belgique.
Les Ripuaii'cs des premiers jours, au contraire, attirés
par les richesses de Trêves comme de la province rhénane,
se sont directement emparés du tei-ritoire qu'ils ont gardé
en suite d'un lotissement devenu permanent ; la colonisa-
tion s'est faite en masse, et tout élan diminuant de force
en raison de la distance, il est venu s'arrêter aux lieux où
s'échelonnent d'une part les noms germaniques, et paral-
lèlement les vocables romans.
Cette frontière, reconnue par l'étude de la toponymie,
est celle qui s'établit seulement après la première phase
de la conquête.
Telle l'ancienne Arcadic, notre Ardenne se trouva-t-elle
suffisamment protégée par ses montagnes et ses forêts?
lîien au contraire, la conquête franque, nous venons de
le dire, a été complète ; seulement l'état du Ilaut-Pays qui
nous est échu en partage, témoigne, comme la plus grande
l)artie de la Gaule, du changement total opéré dans le
mode môme de la conquête, sous l'influence de la roj^auté
franque. Celle-ci fait passer sous son pouvoir politique les
provinces et les provinciaux ; elle retrouve des privilèges
dans les pouvoirs romains mieux reconnus, et ce n'est pas
autrement qu'elle s'attribue les droits de l'administration
impériale sur d'immenses propriétés, notamment sur la
partie encore intacte de l' Ardenne dont nous avons
reconnu plus haut le caractère de domaine fiscal ('), royal
dans la suite.
Sauf les cas où l'occupation fut partielle, ce dont
témoignent des cimetières francs, l'Ardeune belgo-romaine
ne fit que changer de maître. Peut-être même l'invasion
(^j V. j). 4o : La forkt. ugmaine fiscai.
-243-
par les Geriiiains du pay^ des Ti-cvircs iM)in[)l(''leiiit'n(
occupé, valuL-ellc à notre Ardeunc, (jui servit si souvent
de refuge, uu nouveau continoeut de roaianisés i'u<;itirs.
Expulser, expellcre, n'est-ce pas le terme qu'emploie
Tacite parlant de l'invasion des Germains?
Revenant à ce vaste territoire romain qui eu suite d'une
occupation totale et permanente, devint et reste encore
germanique, nous ne devons pas oublier ([ue, si là tout a
été emporté, les camps, les mœurs, les cro^'ances et la
langue, c'est pourtant dans rAllemagne d'aujourd'iiui, dans
l'ancienne Remanie rhénane, comme aussi dans la 'l'ré-
virie, qu'a fleuri le pays le plus romanisé de nos contrées.
Il ne devait pas devenir roman, tandis (^uc l'Ardenne
occidentale, belge encore aujourd'hui, put garder au
inoins, grâce au langage, une certaine i)art do riiéritage
romain.
J. E. Demahïeau.
>N.
^'
il
UARDENNE BELGO-ROMAINE
Table des Matières
L'Ardenne. i>aj;e (5; autels à la déesse Ardeiiiie. (1. 7; témoignages des
Mucieiis sur la lorèl. 8, 9: deseripliou générale, lo. 11; hiil de
r()C'ciii>ati()ii romaine. 12.
La conquête, j). 12. ("ami);igm's d'Ardenne. roiiti'e les Trévires, i.'!-i4;
contre les l';i)urons. i4; iliri'iciiité d'i<lentil'ier les lieux. i"')-i(;:
eliil ancien du pavs, demeures. l)étail. (dievanx. id-iy; emploi
du 1er à cheval. iS: rôle im])orliinl de la ca\iilerie dans la coii-
(piète de TArdenne. i<): l'Ardenne \aste rel'ngi' naturel, 120-21.
Ethnographie, ]>. 21: Snp])ression du nom Khui'on. les survivants:
les Suinnpies. dans le ])avs de Julincuiu ou Juliers. il)id. : les
Aduati(pies, ibid. ; les Tongres, n'i; les Condruses; les Pémanes:
les Ciierosi. ibid ; les Sci^-ni, les Trévires, 24: Celtes on (Jer-
mains? 2"): somenirs des Cidtes 2(>. 27: l'unité romaine. 2S: la
(Jennanie eis-rliénane. son ])artage et son extension à l'Ouest.
;>(). "50, '5i : délimitation de la Basse et de la Ilaute-dleruianie. .">o:
délimitation de la ]>asse-(jiei'manie ('rongres-Cologne- et de la
Première lielgicjue (Trêves), !>i. ■^2.
Administration, p. .'>2: la paix romaine, le latin, les nneurs, .'i'! : les
(Jouverneurs : ])roconsuIs. .'>4; légats consulaires dans la IJasse-
<;ermanie. '!4. '!">: légats prétoriens de la lîelgi(|ue Première.
.'!."). ■')(). ')7: imi)ortance des inscriptions étrangères rcdatanl le
ciii-siis Jioiioriini ou charges exercées dans nos contrées, ibid. : le
droit ronuiin et la distribution de la justice. '!S; la possession,
le lise, et les im])(')ts. '{S. ."5!), 4<>-
La forêt domaine fiscaL ]>. 4"- dans une province imiiériaie, elle
déi>end du lise, et l'ait p.irtie de V:iiiei- jnihliciis mis au service
16
- 24(i -
des besoins de l'Etal et soumis ;iu régime des eont-essioiis. ^i:
les fisri. l)ieiis tenus ou provenant du fisc, les populi fisculns.
iliid.: exemples tires des aneiennes eliartes l'ranciues: les rois
Iranes se substituent aux empereurs romains dans l'exercice de
leurs droits, 4^- 4'>'- leurs donations, ibid.
Villes frontières, p. 4>; inlluence de C'()loj;ne et des camps <\n lUiin.
44. 4"): de Trêves, ibid.i (U- Keims. son importance. \i>. ^- :
l'Ardenne reçoit la ci\ ilisation romaine des villes frontières. !^><.
Les routes et la carte. ]>. 4'^- aj;i*andissemenl par les reclierclies nou-
velles de la carte slatisticpie de l'occupation ronniine. 4!)- •*' V^'^-
leau déserii(iue des l'agnes traversé i)ar <les voies. .")o-.")i : diverli-
eules et communications usuelles. r)i-5i>: le trace de la voie
Keims-Coloyne à travers l'Ardenne. ou; l'embranchemenl i)ar
Arlon vers Trêves, la voie verticale de Tonj;res à Trêves. Vi:
moyens de transport. 54'. densité de la iiojiulation, "r. i'elat
ancien et le temps présent, ô().
Les tongres. T.e service militaire et U's effectifs l)el^es. \)]k 'i^'}-'^-.
Aduntncn Tuiii^roriim. cité romaine. .")S ; les soldais lonj;res
.servant à l'étranger et dans les cori)s d'élite. ')i.) ; les inscrip-
tions qui les mentionnenl. (io. bi ; la naturalisation romaine. i>u.
().'5 ; le dii)lômie militaire de l'ienuille. ().'5 ; les inserii)tions rele-
vées dans la cité de Tongres ori;anisée municipalement . b4. b").
Gb : influence de Coloj^ne sur Tonj;res. b; : imi)ortance de
Tongres. bS : Tongres ravagée par les Clnunjues. son relèvement.
bi) : la l'uine. 70: les trouvailles. 70.
La Meuse, d'abord négligée i)ar les liomains. ]>. 71 : les matelots
tongres et la flotte (ierniani(|ue. ibid.: les trois forts de la
Meuse, au teni])s du Has-Kmpire. 72 ; les rives généralenuMit dé-
laissées, établissements belgo-romains. 7."). 74 : la Haute-Meuse.
Pays de Liège, \). 7b: l'inscription de Flémalle. 77; les objets en
bronze trouvés à Angieur. 7S : Wi/jiuimunile de Poulseur, 71) : les
insci'iptions de .Tuslenville. Si : de Tlieux. S^ : répigrai)lue et la
nalui-e de la pierre indigène. .Si>: les villas anonymes et les ////;//
d'ordre administratif ou militaire, ibid ; caractère des objets,
datant du Haut-Empire, trouvés dans la Basse-Germanie. <S;>.
Huy et le Condroz. \k .S4 ; situation de Iluy. trouvailles di' monnaies.
84-85; le territoire des Condruses. /j,'(i,'/;.s' (Jondrustis. 8() ; nom-
breuses villas, la grande voie ou Tcr/e chanssàc et les diverti-
ciilcs. Ituiitili. Sb S7 : noms antiiiiu-s des riviei'es. S7-,SS : Deonanl
- 247 -
ou Diiiaiil. SS : ;iiiti(iuitt's à ("iiiev on Ccuiiuciiiii. Si): r.l/)-.s
funéraire de N'ervoz. 89. qo : autres rraf^iiients, calruli. ;jo-f}i ;
iiniiis (le rivières ceitiiiues. 92 : les frôsors de monnaies, leur
sij^nit'ication. <).">. <)4 ■ période de troubles sous la dominai ion des
Tyrtins de (îaiile : invasions. la monnaie, la po])ulalion. (i5. <)(). 97.
Namur, p. <)7 : les cimetières, inscriptions sépulcrales. <)S : celle d'un
hénéliciaire du consul, <)() ; i)Oste et fonctions. i(k\ ioi : imi)or-
tance de Naniui*. m'eus et oj)/)i<liiiii, loi. 102.
Les villas, p. 102; à litre d'exemple, la gfande villa (rAntliée :
description, trouvailles, cimetières. lo"}. 104 : la villa de Wan-
cenne . son cimetière; d'Arlansart . de Serville. lo")- io() : de
lloncliine et sa brasserie, loiJ ; d'Al' Sauvenière. d'Arches
igroui)e de Maillen), 107; villa de .lemelle, 107-108; caractères
j;énéraux des villas. loi). 110.
Vallée de la Lesse, p. 110: noms celticjues des cours d'eau, ni : les
i;rottes. 112: ])o])ulations successives, ii'i. 114.
Fortifications locales, p. 114: la résidence beliio-romaine de l'iirfoo/:.
ses travaux de défense. ii4- ii">- n'i. 117: construction forte sur
le rocliei' d'Kprave. 117. ii8: le CJiession, près Ilan. ii<): forte-
l'esse de refui;*' m .lemelle. 120. 121 : les "ours d'eau souter-
rains et les ])uits. 122: sommets habiles. i2.'>: légende des
fortins luxembourgeois. 124: la paix romaine. 124. 12."): au
temi)s des imasions et des troubles intérieurs, nécessite des
fortifications locah's. de forteresses prixées. 12") 12(1.
Populations ardennaises, p. 12I): occupation sous la domination romaine
du centre de lArdenne belge. 127. 128. 12;).
Divinités, p. 12;) : trouvailles à FovNoville. près IJaslogne : inscrip-
tion votive au dieu militaire Entnrabus, ruiiies d'un porticjue. la
statuette de bronze I r^ntarabus ?. l'io. l'îi : inscriptions dédica-
toires aux grands dieux de l'OIymix' par les soldats belges. i.'52:
èpithètes locales accomi>agnant le nom des dieux romains, \'X\\
divinités loi)i<pies : den Virudelhis ; den SnuHrsulis, Vihniisa, i."54;
Xemetoii.i. I)e;t Cuiva. Kponii, \'\'>: liicaiiainheda, Hosmoi-ln, \'M\;
Vercana et Mediina, Irouelloiia. \''>-. Le culte des Matrones ou
Déesses Mères. i.'57 : descrii)tion de M;i/fcs figurées, i;{8 : pro-
venance, rôle i)rotecleiir. i.'!;) ; nombreux siinu)ms. 140. i4' ^ «<;>-
tuettes diverses, les génies féminins. 142: fusion dans le jian-
théisme des cultes romains et occidentaux, cellicpies wi germa-
niques. i4'> ; les traces des cultes payens dans les documents du
- 248 -
iii()yeii-;ii;c : S Kt'iuaclc dans les laitues. 144. 14"); iira(i(|m's
cundanuiées. i4'>: misi' à l'iiulc.w \);\r U' coiu-ile îles Ksliimes. des
actes superstitieux j)a\eiis. enuiiiératioii. 147. 14^'. coiiiiueiil
l'évèque Bun-liard de ^^'()l•llls confessait et ]ninissait ses péni-
tents siiperstili<Mix et relaps. i4<). l'x): de Hastoi^ne à Arioii. To.
1 ") I .
Arlon, p. i.")i : (pTetait l'Arlon rontain ou OnjUnumin l'iciis '/ i5i, 1512:
dispersion des antiquités. i5.'} : vestiyes l)eij;u-r()nuiins dans les
environs. i5.">. i54 : au Musée ])roviiicial : les jjctits objets, i,"),").
i5() : scènes et costumes d'après les luoiiinnents du niusce lapi-
daire. i5G. IJ7. i5S. i5<j. iGo; l'art réaliste des Celtes de la Tre-
virie. en opposition avec le style conventionnel i)rati([ué sur le
Uliin: monuments de Trêves et de \eumaj.;en. i(;o, lOi. i()2, id'i:
monuments de style classi(iue à Arlon. i()4, i')5: les inscrijjtions
lunéraires. iGtJ. 1(17. itJS. i()(): le reni]»art ronuiin, 170: noms cel-
ti(pies des coui's d'eau. 170. 171. 17:2.
Grand=Duché de Luxembourg, j). 1712: anciens écrivains et arclieo-
loiiues luxembour;:;eois. llrowerus et Masenius. Ilontlieim. 15er-
tholet. A. M'iltheim. i7">. 174: dis])ei-sion de la collection d'an-
ti(pies lormee dans le jardin des PP. Jésuites de Luxembourg;.
17"): descrii»tion d'ai)rès le P. Ilertliolel. i~'>. 17(1. 177: le musée
du palais d'Ernest de Mansfelil à Clauseu i)res Luxembourg;.
177. 17S. i7(): description des monuments par le P. .\. Miltlieim.
suivant les données classiipies. iSo. iSi. iSi>: les inscri])ti<)ns.
dites de ManslelcK à Clausen. iS'i. 1S4.
Itinéraire archéologiciue d'Arlon à Luxembouri;. 1S4. iS'):
rai>idité des communications chez les anciens Ti'éxires. iSG: à
Luxembourg;. iSli: la cluqtelle de St-Quirin. le j;roupe des Trois
\ieri;es. 187: le musée. 1S7. iSS: l'anticjue bouri;ade d'Andethanna.
jSS.
Le (diexalier L'h'i>c(iiic de la liiissc-Moùliii-ic et son I/iiiér.iifc
iluiis le Lu.xeinboiin;' i;x'rm;tni(juc. iS(): le Titcdber^. iSi), i<)o:
Dalbeim, canij) su])i)osé. virus ou bourj;a<le inijjortante. i<)0. iiji.
i(jL>. i()."5: lieux ai'chéoloj;i(jues. i<).'5. i\]'^: Kpternacum ou Kchter-
nach. villa et mosanjue. i()."J: la (diasse. les instruments et les
cliiens. i()(). 11)7: Altrier. localité i'e])ulee. n'élait i)as une
station militaii'c, mais un a)iti(|ue n'eus. i()S. i(|(), 200; suite île
lieux ar(diéoloj;iques et aiudens cliemins ou Kicms (\'oy. plus haut
les noies des i)aj;es iS4-i'S(). i;;o, p).'!. iip . :>oo : monuments anciens
en ])leiu bois, à Altlinster. Diekirch, à lîollendorl', 201-1204;
- ^49 -
l'autt'l i)aytMi et e-hi't'licn iIc IW-nlorr, î>i ).")-:>( )(>; (l'c'sors de mon-
naies, u()."> 1207.
\/()('sliii^- ou Aivloiiiu' Iiixciiilioiirjicoisc. i>(>7 et suiviiiiics; Uî
canton (1 Vi'denni' sons k's I'rj\nrs. anti<nu's localités. i>oS--jio:
découvert es diverses. t>io. 121 1 : extension au Nord comme au Sud
de la cixilisation romaine, ^11, 1:12: canlons de ('ler\ aux cl de
\\ ilz. 12112, i2i'!; noms ccKiciues de localités et de ri\ières. 12I) 1214.
L'Eifel, p. 121"): anti(|ne économie rni'ale. i>remieres causes de la
civilisation romaine: la grande \ oie de 'l'rèves à ('oloj;ne. 21")-
L>i(i: la distribution d eau aux camps du Rhin, 217: les li-ouvaillcs
(laus les districts de ri'".irel. même dans la jjartie déseiMicpie.
21S-2121 : rt'iiseijinemiMits complcmentaii-es sur les villas. fl'cN-
jiloitation ou de plaisance. 2'2i>-2i>."{: décoration intérieure. 1224:
application des arts industriels. i2i>."): rii\ i)ocans(e et l'emploi du
^ erre à vitre. i22()-2i27 voy. i)lus haut les r///«.s- belles. p)t. ioi2-ii>());
raiiti(iue vivier de la villa de W'elsclihillij;, 12127 --^- ^'■'^ villas de
la Moselle, 12128: la villa et la mosaï(]ue <le Xennig. 1212S-1212! ( : l'idylle
de la Moselle, d'Ausone, i>i2<)-i2.'5i : les bords de la Mcjselle au
temi)S (le Fortunat, \ i" siècle. i2.'îi.
Trêves et la fin, ]>. 2"5i2: im])orlance de la ville sous les ])réfets <Ics
(ilaulcs. 2.'Î2: les empereurs iréviriens. 2.')'î: rej;ne de la bureau-
cratie. •S\\: administration financière, malaise cconomi<|ue cl
socialisme i'iscal. i2r)-2'>(): insuflisance de l'orj^anisation mili-
taire. i2.'}7-238: les invasions successives et la chute du jtouvoir
l'omain, i2.'ÎS-i2')<).
("onunent la ]>e!j;i(iue meridiouale et l'Ardenne restèrent t-lles
l)ays de langue romane'/ Invasion des Saliens au Nord, des
llipiiaires à l'Est: une frontière linguisti(iue établie entre les
l»ays •■■ermani(pies ou wallons, en suite de la différence entre la
contpiète fran(jue suivie dune occui)ation po])nlaire et definiti\e
et. d'autre i)art. les con(iuètes royales jjonrsuivant ensuite un
but i)oliti(pie: les grandes propriétés du fisc impérial l'ont jtartie
alors du <lomaine j-oyal. et l'Ardenne aujourd'hui belge. <i"i i'"
releva. i)Ut conservei- les traditions de son ancieu langage.
!>. 12'i!). — Fin.
LA LOTERIE A LIÈGE
DANS LES SIÈCLES PASSÉS
Kxcitev cette passion du jeu (]ui, a toutes les cixxjucs.
a ])oussé riioiunie à eourii- la ehauee i)out' s'eui-idiii- rapi-
dement, n'a jamais présenté de difficultés. Aussi la loterie
a-t-elle existé chez tous les i)euples, y comi)ris la Chine où
elle reste pins vivace que jamais et sous des formes variées.
Sans vouloir repoi'ter leui's investigations jus(ju"au déluge
pour en découvrir l'origine, d'aucuns se plaisent à croire
que les Hébreux et les Egyptiens nourrissaient pour ce
genre d'opérations une véritable ])rédilection.
Les renseignements sont, du moins, plus ])récis (piaiit
à l'usage ({u'en faisaient les Romains. A l'issue des sjxm--
tacles gi-atnits donnés lors des saturnales, on disti"il)uail à
la multitude des tablettes carrées, décorées du nom iVupo-
]>horeta, et portant des chiffres. Ensuite, étaient tirés au
soi't de nombreux numéros (pii faisaient gagner aux heu-
reux possesseurs, des chevaux, des vases pi'écieux, des
esclaves môme, voire des palais, tous cadeaux dus à la
munificence consulaire ou impériale. D'après Suétone,
Auguste aurait introduit la pratique de tii-ei- au sort,
à la fin des festins, maints objets de valeurs variables, au
moyen de billets vendus à beaux et bons sesterces comp-
tant, au profit de l'Empercnir.
— 2D2 —
Le cruel Néron s"cll'()r(;a de (l('vel()[)[)er ranioiir de ce
jeu dans les musses. Durant les l'êtes dites de « l'éternité de
l'empire », par l'intermédiaire d'employés spéeiiinx, il
mettait en vente des milliers de billets, eii Taisant miroiter,
ainsi (ju'on le l'ail de nos jours, la beauté et la rieliesse
des lots, l'armi eeux-ei, il y en avait de jurandes consé-
quences. Xéron n'exposa- t-il pas un jour, en loterie,
des îles entières avec leur population '/
Sous Domilien, surtout sous lléliogabale, réi)uté par
ses idées «>r(>tes(pies et <4()uailleuses, à céjté de lots som])-
tueux, il s'en i-encontrait des rantaisistes,des ridicules: dix
ours, dix autruches, des chevaux morts, des livres de
sable, (h's mouches, un cliien crevé, jusque dix coups de
bfdon, lots effets parfois dv jeux de mots, comme de nos
jours, dans les tombolas de salon, on gagnera un /t'/ic/-/o/27e
(cou[)e-})ai)ier), une ])aire de souliers (deux sous liés), un
poi-lc'feuille (branche d'arbre).
Tel était l'engouement des Romains i)our ce divertisse-
ment (pie, à en croire plusieui's auteurs, le fameux cri :
])iinciu et circciises, en dépit des traducteurs exacts, n'au-
rait jamais, dans la pcmsée du peu])le, signifié autre chose
que vive la loterie, celle-ci étant souvent gratuite en
l'occuri-ence. Laissons les spécialistes résoudre le pro-
blème. Il n'en est pas moins patent que, chez les Romains,
la passion du jeu prit des proportions si scandaleuses que
les lois réputérent infâmes les joueurs de profession.
Les Komains, en envahissant les Gaules, y amenèrent-ils
a\('c eux, leurs ])enchants désordonnés poui- la loterie '/En
tout cas, nous savons par Tacite, que les Germains se
montraient des plus passionnés pour les jeux de hasard et
(|u"ils n'hésitai(mt ])as, à bout de ressources, à jouer sur un
coup de d('s, leu)' personne et leur liberté ('j.
(»j TACn'E : dernuinin, ciq). '2\.
— '20O —
11 fallut (jtiG le c'iii-islianisinc, ]):ir la voie des conciles,
à [)artir de celui d'Klvire, de Tau oo^, usât de uiesiires
rigoureuses et énergiques, ])oiir refréner ce qu'il consi-
déi'ait à 1)on droit un a ice ca])ital ','•,
(^uant à la loterie nu'Mue, l'invasion des Barbares l'en-
gouffra pour longtemps dans les bi-unies de l'oidili.
C'est seulement au xiv' ou au commencement du
\v*' siècle qu'elle ressuscita en Italie, sous le ciel bleu de
laquelle ce dangereux divertissement avait eu autrefois
une tro]) vive prospérité. Un marchand vénitien ou génois,
\incen/.o Flars, à bout d'expédients en vue de se débar-
rasser de marchandises de hauts prix, se rajjpela, sans
doute, les coutumes de ses ancêtres. Il imagina la mise
en loterie. I.e truc réussit et fut renouvelé si fructueu-
sement que l'adroit Italien se vit i)romptement dans une
l)ril]ante condition financière.
Les imitateurs ne firent pas défaut. L'innovation eut
bientôt la consécration officielle. Ainsi édifia -t -on, à
Venise, avec le produit d'une loterie à la fin du
XV'' siècle, la maison où était remisé le Bucentaure.
Des ]);u'ticuliers italiens, ])ensant récolter, à leur tour,
des fcntunes faciles, tentèrent de ré[>andre ce mercanti-
lisme de hasard.
Avant qu'elle inventât l'institution qui devait jx'u à jx'u
amener leur disparition et en prendre le nom, indifférem-
nu'nt avec celui de mont de piété, l'Italie nous avait «léjà
envoyé une plaie, disons une pléiade d'usuriers, t'onnus
sous le terme générique de Loiuhaiuls. Elle aussi dota de
la loterie les peuples voisins. On l'y connut d'abord sous
l'expression Manque du mot italien biaiico= «blanc», parce
(pie les billets blancs, en ce jeu, étaient natui-ellement plus
nombreux que les noirs, que ceux spécifiant les nuMil)les
ou auti-es objets à gagner x^ar les possesseurs de ces billets.
(') Amlt. Rendu : Jeu. Pari et Marchés de bourses, p. 5o.
— 2;'>4 —
En France, lu loterie rencontra une adversaire acharnée
en Marguerite de \'alois. Sur sa demande, on vil accoui ir
à Paris le savant Jean Ih'iai'd, vice-cliancelier de TTui-
versité de T^ouvain (jui, drs l'an i520, a^■ait soutenu en
chaire une thèse condamnant l'immoralité de la loterie.
Ses efforts n'ébranlèrent pas François 1*^^', cai* ce derniei-
donna à celle-ci la sanction royale. L'an iSSg, il octi-oyait,
à un sieur Jean Laurent, le privilège d'organiser des
loteries dans le royaume, moyennant une redevance
annuelle de 20,000 livres toui-nois.
Dans redit d'octroi, le Roi i-ecommandait la loterie à
son bon peuple comme fort en honneur, disait-il, <( dans
les villes de Venise, Florence, Gènes et autres cités bien
policées, fameuses et de grande renommée ». En manière
de l'éponse aux détracteurs, il proclamait morale la nou-
velle institution financière, « en ce qu'elle détournoyt
nobles, bourgeois et marchands enclins et désii'ant jeux et
esbattemens, des jeux dissolues où aiu'uiis consojnment
leur bien et substance ».
L'édit réglementait la loterie dont les billets devaient
être cédés an prix de 10 sons 6 d(Miiei"s, et assurait la
loyauté des tirages par les meilleures garanties. Au fond,
François I'''" envisageait i)lutôt les bénéfices qu'en retire-
rait le trésor épuisé par le minotaure de la guerre. Les
mesures adoptées n'étaient point toujoui's observées, loin
de là. Aussi les blancpies continuant produisirent des
désordres des plus scandaleux. A nuiintes reprises, dans
la suite du siècle et au suivant, le Pai'lement dut interve-
nii- ])()iir su])])riiner les abus et les fraudes. Il fit même
saisir ])lusieurs loteries installées en diffiu-entes villes
« à la ruine des habitants d'icelles ».
Pendant quelque temps, la France se ti'ouva de la sorte
l)lus ou moins débarrassée de ce qui était devenu [)our
elle un véritable fléau.
l'hi noti'c pays, du moins, lionimagc soit rendu à nos
— 2:ri —
aïeux, la lolcric n'a jamais rcNrdi ccl ((iliciix cai'aclrrt;.
( "cpciKlaiil, U's lU'lgcs oui (Ml riioiineur, si lioiiiicin- il y a,
(le la possrdoi- a\aiil les l-'i'aiirais. Bni^cs en a eu les j)r(''-
inisscs le i> l'i'x ricr l44'''^- Dans rin(cr\all(' de nciii' aiméos,
ti'ci/c loteries y ont ét('' oi'nanisc'es. 1/an i47i)» Tédilite de
la \'enise du Xord animait eu recours à pareil systènu;
l'inaneier ])our parer à la pénurie de ses l'essourees ordi-
naires, exein])le ([ui l'ut sui\ i par Biaixelles en i5o5 (') et
repris i)ar I)ru<;es niènie en i;"Si() '-'t.
Ce furent là des exce])tions. Xos i)ères, dès le ])rin('ipe,
et (Ml règle ])resque constante, ne se servirent de la lotei'ie
(|u'en l'aveni" d'ixuivres de (diai'ite, de piété, ou dans un l)ut
artisti(pie. Ainsi, Tan i")i(), (Miai"l(»s-(^uint autoi-isa-t il une
lotei'ie ])our aidei' « la gi'ande confrérie de ^lonsieur Saint-
(ie(tr<>('s et l'église St-Pieri'e, à ^falines », à « subvenii"
anx besoins et gi'andes affaires d'icelle confrérie^ ». A
Malines encore, l'an i55(), un artiste^ peintre, Dori/.i, livi'ait
anx hasards d'une tombola une longue série de [x'intures,
de statues en niarbi'e et d'autres objets artisti(pies (pTil
eût été diffieile de débiter autrement (•'•.
.\ cette époque, dans les loteries générales, des coffi-es
ou coffrets faisaient l'office des futures roues de foiiune.
On y ])laçait d'al)oi'd les l)illets blancs ou nuls i« l)lanc(jues
et nicliilz n), puis le coffre, fei'uié à deux sei'rures, était le
])lus souvent confie'' aux mains du chef de la ville, tandis
((ue les deux clefs seulement restaient en i)ossession de
l'organisateur de la loterie. Quant aux numéros gagnants,
en \ue de garantir (la\antau(' la sincérité du tirage, on ne
I*) Lu Flandre, iSG7-i,S(;S, t. I, j)]) .5, 80, iGo.
('-) Ril)liolliè(Hie i-oyale de Bruxelles, aneioii tonds van ilulilieni,
manuscrit r).SS.
3) Voir des détails sur cette loterie dans la notice intitulée : l'ne
loterie de tableaux et d'objets d'art à Matines en lôog, par CtJHDKM.ANS,
Malines, H. Dessain.
— 256 —
k'S mêlait aux autres ({uc vérification laite et devant la
l)()[)ulatioii awseinblée à sou de trompe et à eris ré[)étés.
Déjà, en ce temps, effectivement, les administrateurn
du jeu se livraient à une proi)agande effrénée. Ils lan-
çaient des hérauts à tous les carrefours, tandis qu'ils dis-
tribuaient à profusion partout les i)rospectus les ])lus
séduisants. Aih\ de mieux exciter la cupidité des badauds,
les lots étaient d'ordinaire étalés sur l'une des grandes
])laces publiques.
Il n'avait pas fallu longtemps pour voir se multiplier à
l'excès, dans certaines de nos provinces, l'emploi de ce
genre de spéculation. Dès le 2 mai i526, le Conseil de
Flandre avait été placé dans l'obligation de formultn*
une ordonnance défendant toute's les lotei'ies, révoquant
même les autorisations accordées, en en exceptant seule-
ment celles octroyées par l'Empereur et par l'archi-
ducliesse Marguerite, « aux églises, aux couvents, aux
villes et aux communes (') ». Les excei)tions seules, on le
constate, étaient déjà elles-uK'mes nombreuses.
Constatation à faire également, à });irtir de leui- origine,
la concession des loteries forma l'une des i)rérogatives du
l)ouvoir souverain. Ainsi, dans ce même xvi^ siècle, en
divers pays, des édits interdirent sévèrement d'entre-
prendre semblable opération sans être muni des autorisa-
tions principales. Au Luxembourg, une oi-donnance du
() février 1576 défendit à tous officiei's de justice de laisser
])ublier ou établir, sous peine d'une amende de 1,000 i-caux
d'or, n'importe quelle loterie qui n'aurait point fait l'objet
d'un octroi princier.
Au territoire liégeois naturellement, le privilège d'établir
des lotei'ies releva de même du chef de l'Ktat dès cette
é))oque , car le ])a\s de Liège ne s'était ])<)int laissé
('j Archives de l'Etat à Gaud.Oi'donnniifes <ln f'oiiseil de Flandre,
reg. années i5ii-i558, lltt. U, fu G4 v.
— 2;>7 —
(levaiK-er par ses \ oisins dans rexei'cice do ce nouveau
mode de spéculation. Les jeux de luisard n'y avaient-ils
pas rencontré de trop nombreux adhérents depuis des
temps très reculés? La Loi Muée, du \) octobre IUH7, (jui
modifiait les anciens Statuts criminels de la ("ité, dut
[)révoir les abus des maisons de Jeux (« spellius ») et les
moyens de les supprimer ('>. La défense de tenir ces éta-
blissements de jeux est i)lus formelle encore dans les Sta-
tuts de la Cité approuvés le 6 avi-il i328, par le Prince
Adol2)lie de La Marek '-i/J'oujours, le soin de i-é])i'imer les
infractions en la matière dépendit du souverain mayeur
représentant le Prince. Mais tel était l'atti'ait de ces jeux
sur une partie de la population que l'autorité crut devoir
useï' de ([uel(|ue toléi'ance durant une partie de riii\ cr.
Hen)ric()urt nous révèle, dans son Patron delà Teniporaliic,
que le mayeur pouvait permettre, à cei'taines conditions,
la tenue de « grans jeux de deis (dés) », depuis la fêle
Sainte-Catherine jusqu'à celle de la Purification (^).
Cette protection officielle du vice, en somme, avait évi-
demment ]>our but de diminuer ses effets malfaisants.
Songez (pi'au xiv'" siècle, les désœuvrés se livraient aux
jeus de dés, de slont (espèce de jeu de paume), aux
hochets, ou à d'autres jeux de hasard juscpie dans les
cimetières et dans les cloîti'es des collégiales. Force fut
d'insérer une clause spéciale dans la Paix de Jeneffe, du
23 juin i33o, pour mettre fin à d'aussi criants abus.
Le croirait-on ? En i^H'j, moins de \ ingt ans après la
destruction de la cité par les flammes vengeresses du
cruel Charles le Téméraire, et alors que la ville et le pays
restaient plongés dans les horreurs d'ardentes luttes
(') BuUMANS, Recueil des Ordunnunces de lu Priiicijiaule de Liège,
série i"", j). 84, art. 3").
1") II)., id.. ]>. 1S7, nrt. .'î^.
i,'*j Coiiliuues du l'itys de IJe^e, t. I, J». liSy.
— 2DO —
civiles, les divers pouvnii-s publies, le l'rinee, les maîtres
et conseillers de la Cité jugeaient encore nécessaire de
détendre, d'une façon toute particulière, par un cri du
Perron, « de tenir des maisons de jeux, de l'aeiliter la pi-a-
ti(pie des joueurs de faux dés » et des autres Ircinellciirs,
d'en tirer (quelque profit, soit en les protégeant, soit en les
hébergeant ('i. Cependant, la paix de Saiiit-,Jae(|ues pro-
mulguée la même année, a\ait l'ait connaître les peines
graves qu'enconraient ceux qui exerçaient ou favoi'isaient
le jeu d'une manière qnelconque (-).
Le terrain, on le voit, paraissait tout préi)aré au pays
de Liège, ponr y imi)lanter la loterie et la développer i-ous
ses différents aspects. On ignore l'année précise oii elle y
fut introduite; mais nous savons (ju'elle devait être en
faveui' à la fin du xv'' siècle. Cliaque année, dès lors, des
individus à l'esprit mercantile profitaient de la foule
énorme qn'attirait le vaste cliani]) de foire de Liège, pour
y installer, sous d'ami)les étaux, une (juantité d'objets en
étain, en bois ou en autres matériaux, à gagner journelle-
par la voie du soi-t. liCs baraques à loteries, en i-evètant
des formes plus ou moins variées, et nonobstant des
éclipses irrégulières, se sont perpétuées sur nos foires
jus(|u'à l'èpocjue moderne.
Au début du wr' siètde, ce jeu commercial était (pialifié
ici de blancs el noirs, ])arce (pie, comme nous l'avons dit,
il se composait de Inllets blancs, les perdants, et de billets
noirs on mar(jués, les gagnants. Comment douter de la
vogue dont il jouissait alors, ipiaml, l'an l'ub, tandis (pic
la ville renaissait à ])eine de ses cendres, on \(»it l'un des
plus opulents ])ersonnag<'s de l'ejxxpie, le nol)l(^ comte
(') Arrhives de l'ICtat ii I.ic^e : .Mainlciiionls et Ci'is du l'erroii,
années i4S()-i4S(), 1'" (i^ v. — Recueil des Orddiin.-iiices de lu /'rinci/iiiiilé
dp Liei;e, série i''f, j). ;5i).
i-'j Rpciu'il des Ordonnuuccs de lu l'j-incijinnle, s. i'é", J)J). 747-74'^-
— 2Df) —
Excrard ilc La Marck, i^rand iiiayeur, parent du prince
régnant, réserver formellement, dans nn eontrat spéeial, à
la eomtesse sa femme, les profits on, si l'on veut, les rede-
vances qu'il ])ercevait, de par sa haute eharge judieiaire,
« du jeu de l)lanc et noir de la dite four (foire) (') ».
.Iiis(prà('e moment, toutefois, la loterie ne ])araît avoir
été exploitée elie/ nous (ju'en des proportions très l'es-
treiutes, à titre plutôt de curiosité et d'amusement. Elle
devait être limitée au jeu forain. Xos vieilles chroniques
ne signalent aueune loterie générale à Liège avant celle
qui y fut organisée vers le milieu du xvi'' siècle pour four-
nir les fonds nécessaires à l'édification de la chapelle des
Frères Lollards en Volière. Les lots, formés d'objets
artistiques et de ménage, en étain, furent exposés long-
temps « devant les degrés de l'englise de S^ Lambert sur le
Marchiet I-' ». Situé en plein centre du mouvement com-
mercial de la grande cité, le lieu d'ex])Osition était pro])i('e
à exciter l'attrait de la multitude i)oui' le gain facile. Afin
de populariser plus encore la loterie, le billet se vendait
UQ demi-patar de Brabant. Néanmoins, et malgré la vive
sympathie des Liégeois pour les dévoués Frères Cellites,
la tombola ne produisit point le chiffre de recettes espéré;
il y eut à recourir à d'autres moyens pour subvenir aux
dé])enses de l'achèvement deréglise.
Le public de Liège ne nmnifestait-il alors dentrain que
pour le jeu forain considéré comme récréation ])roductrice
parfois? Se refusait-il à se prononcer en faveui- des lote-
ries en grand dont les mises (exigeaient des versements
assez onéreux souxcut? On encore l'autorité répugnait-elle
à y recourir? Le fait est qn'ancinu' autre tentative d'entre-
l'j Ai'cliivcs (le i'IClat ;i Licye : iM-lievins de IJc^^c, < )l)Iij;alioiis,
rei;. "i //( l'inc. — C. DK lîOK.MAN : Les Jù/wniiis de l;i soiircruine Juslice
(le Liég(\ [. II, ]). 4")<j.
''■') Uiiivcrsili' de l.iéf;e : manuscrit 4'>">, '" ---•
— 26o —
prise scnil)lable n'a ctr rciioiivelce à Li(''ge ({u"a la lin du
xvi« siècle.
Par suite d'un concours de circonstances très t'imcstes,
les finances communales se trouvaient dans le pins
l)itoyable état. Pas possibilité d'effectuer divers travaux
d'utilité publique d'une urgence extrême, notamment la
restauration des portes et remparts, raclièvement de la
luille aux blés, sur la Batte, la construction du ipuii dit
maintenant de Maestriclit, du pont Magliin, ({ui devait
former le prolongement de ce quai, au dessus des Fossés,
iem])lacés actuellement pai' la place Magliin ; l'établisse-
ment aussi d'un pont entre la rue de l'Etuve et l'emplace-
ment des bâtiments universitaires, jadis occupés par le
collège des Jésuites, unique en ce tcmi)s à Liège. Es])érant
ainsi obtenir les ressources i)ropres à réaliser ces travaux,
le Conseil de la Cité sollicita du Piùnce-Evêque Ernest de
Uavière son consentement à rorganisati(m d'un grandiose
rifjlag'e. Ce mot local était alors synonyme de lotcn'ie, bien
que ce dei'uier nom fut déjà usité. Il a été transformé
idtérieurenient, i)ar contraction, en rHffh'. Le cliel' de
l'Etat liégeois accéda, le 23 septembre i">()^, au voeu de la
Cité, par un document où il eut soin de rappeler ses droits
absolus en la matière, ('ette lettre étant inéilite, iu)us en
donnons ici le texte :
<i KuNi:sT, par la yràce de Dieu, etc.
» A tous ceulx (jui t-es présentes veroiit, salut, scavoir
faisons.
» Corne i»ai' nos très cliiers et féaux les liurj-niestres
de nostre Cité de Liège, nous ayt picca esté reniostré
conie pour le bien et i)roffit de nostre dite Cité, ils dési-
reraient faire et dresser en ioelle, certaine lotterie ou
rifflaige si que bonement ne poi-oient fiiire sains notre
p/éiiliible scen et consenlenient, nous sui)pliant ]>artant
|tar iceulx, i)()ur ce est il que nous, les vuillans en ce
fa\driser et aiant prius de ce bonne information, avons
à iceulx, de noti'c aulliorité princi|)alc, accordé et con-
sentv, ax-cordons et consentons, ])ar ces i)résentes, de
— 26l —
faire et dresser en notre dite Cite la dicte lotterie et rif-
flaye, à leurs coustes et despens. ()r<lonons parlant et
commandons à notre grand et souverain officier et
maveur de notre ditte Cité de I.iege, son lieutenant et
tous autres cuy ce pora toucher ou regarder <|ue, à
iiosdis burginestres, ils ne fâchent ou <lonnent an droict
laditte lotterie ou rifflagc ou ce (|ui en déi)end aucun
einpeschenient ou distourhier, ains les laissent paisil>le-
ment faire et dresser icelle à leurs i)restes et despens,
comme dit est, car tel est notre i)laisir.
» Donné en notre chasteau <le Freiziughen, s<jul>z notre
nom et cachet secret le -SM de septembre i^>\)\-
Ekni;st i'j ».
l*()iir un second essai, la Cité voulait un eoup de niait rc.
Uai'enient dans les ])rovinees ou dans les ]Kiys voisins, on
avait projeté une loterie ])lus iuiportante. Les lots, dont
la valeur était estimée à un total de plus de i5<).ooo florius
de Brabant, coniportaient entr'autres un splen<li<l»' manoir
somptueusement aménagé. Le i)rix de la souscription se
trouvait fixé à un réal de Castille ('-).
Réuni le 21 déeend>re pour accélérer l'exécution de
l'entreprise, le Conseil de la Cité résolut l'envoi d'une
lettre aux diverses villes de la principauté et des Pays-Bas,
nommément Anvers, Malines, Bruxelles, Louvain, Maes-
trielit, Huy, Namur, Dinant, pour les engager à participer
à l'œuvre liégeoise. Oyez en (piels termes alléchants,
l'Administration de Liège cherchait à intéresser ses con-
s(XMirs des autres villes. La lettre est du 14 janvier 159;") :
« Nobles, sages et diserez sr^^
très chiers et esjjécialz Amis
.) Nous avons, ])Our l'utilité et i»roffit de cesle notre
dite Cité de Liège, érigé et mis sus unne loterie dont luig
(1) Archives de l'Etat: Conseil de la Cité, Uecès, reg. années i".<)'<-
ir)()5, f" 189 V".
I-) Monnaie espagnole émise <lans les l'ays - lias, alors sous la
dominatiou de l'Espagne.
— 262 —
pris serat uuue belle et luaguificqiie maison de plaisance
bien proche de la dicte cité et de la rivière de Meuse,
entorée d'eawe et pont leviclie, avec jardins fruitiei-s et
potagiers d'entre trois à quatre boniers tous encloz et
enfermez de murailles, lédilication et construction de
(pioy at costé plus de trengte mil florins de Braibant. Et
\ seront autres pris de rentes liéritaublcs l)ien iissif^nées
iliypotliéquées}, ensemble diverses notables joweaux en
piereries, cacliaus, brasseletz, couppes et tasses dorées
et non dorées en très bon nombre: aussy en plussieurs
autres densrées de touttes sortes, si l)ien que l'ung i)armi
l'autre surjtassent le nombre de huyt à nueff mil ])ris et
en valeur cent cinquante mille florins, à laquelle lotterie
tireront tous ceulx qui y voront mettre ou quelcque autre
en leur nom et ce, en mcsme instant qu'ils auront donné
argent et tireront autant de billetz qu'ils auront donné
de realz de Castille ou deniers d'Ernestus. Et tombant à
(juelcque pris, luy serat en mesme instant délivré fran-
cliement et librement.
» Et commencerat la tirée à ... (■■^icj jours de mois de
février prochainement venant.
)) De quoy, Mess'^ i)our maintien de bon voisinage,
n'avons volu faillir advertir \'(is Seig"^'**, affin, s'il y at
(juclcques uns qui ayent délibéré y attendre la l'orlune,
il puisse faille son debvoir et sur ce
» Nobles, sages et discrez s^»
très chiers et esi)ecialz Amis,
» Prierons le (,'réateur maintenir Vos Seigneuries en sa
Sainte (iràce, nous recommandant bien affectueusement
au.\ vostres.
» De la Cité de Liège, le xii^' jour de janvier i5().").
» Les Bourgmestres, .Jurés et Conseil de
la Cité de Liège
Vous bons \'()isins et .\mis (') m.
Avec une aussi superbe assurance et a\ee des ])r()messcs
aussi entraînantes, les elicfs de la eité ne eraignaieiit pas
de j;agiiei- un éléphant a la loterie. Ils virent ('(dle-ci
(') Conseil de la Cite : Recès, reg. années kk^;]-!;")»)"), f'^ ]8S-i.S<).
— 263 —
«Icvcnir pour eux au moins aussi cnibaiTassautf. Poun|uoi
avairiit-ils t-omniis la bévue de vc.'iulrc la peau de l'ours
avant île l'avoir abattu? X'était-ce pas, de leur part, une
iniprudenee ou une ini])udenee eonpable, (l'annoncer en
janvier le tiraj;'e de la loterie à organiser ])ar eux, pour le
mois suivant. Deux mois i)lus tard, en axi'il, on en était
toujours à la période de tâtoniu'meni .
Pleins de eonl'ianee en la pi-omjjtc réussite de l'entre-
]>rise, de nombreux mareliands et bour<;'eois de Liège
a\aient avancé depuis lonf>tem])s des l'ournitures \ariées
et de liants prix, pour servir de lots. Continuellement et
vainement, ils réclamaient, à l'autoiité communale, 1<' paie-
ment de leurs marchandises. Cette affaire devint le cau-
clieinar du magistrat de la ville. Finalement, l'Adminis-
tration de la cité, désireuse de se soustraire de n'importe
(quelle façon aux reproches réitérés des créanciers,
renonça à poursuivre elle-même l'établissement de la
loterie. A ses dépens, elle avait a])précié les inconvéniimts
du système de la régie; elle y substitua le fermage qui
offrait un avantage plus modeste mais assuré. Ainsi
céda-t-elle, le 18 avril 1595, le ])rivilège lui octroyé i)ar
Ernest de Bavière à deux ])articuliers de Liège, Jean
A\'alleran et Jean d'Avenues, moyennant le versement, au
pi'ofit de la caisse communale, d'une somme de 4,000 flt)rins
de Brabant (*).
Devenue une affaii-e ])ri\èe, la loterie réalisa-t-elle les
espérances (pi'on avait fondées sur elle'!' C'est i)eu i)ro-
bable. Chose certaine, il ne fut i)lus parlé d'entreprises de
ce genre à Liège avant longtemps, iaiulis (pi'à Anvers le
magistrat se voyait obligé d<' ])rendi'e, le 17 juillet i(Jo7,
une ordonnance si)èciale ])our diminuer le chiffre abusif
des loteries; (|u'en Hollande, l'engouement ('tait des i)lns
(') Conseil de la Cité: Recès, n'g. unj.'y-unft, i. '^^n v" et 2">ii.
- 264 -
intense; qu'en Italie, qu'en Angleterre même ce jeu deve-
nait la base d'un système financier sur lequel reposait
l'Etat, la source la plus féconde des levenus publics.
La ville de Londres seule, en six mois, ne couvi'it-elle pas
une loterie de 3o, 000,000 de francs, somme fabuleuse, si
Ton se reporte à l'époque ?
A Liège, tout au jdus, descendait-il de temps à autre
ipielque marchand ad ln)(\ qui venait tenter d'écouler ses
marchandises en fornuint de petites loteries à tirer séance
tenante. Encore devait-il, afin de réunir les badauds, faire
précéder le tirage de mimique, de chants ou d'exercices
acrobatiques. C'est de cette façon que voulait agir en
mai i">97, un nommé van Hulst, sur l'hippodrome de Liège
— entendre la place du Théâtre — . L'endroit choisi déi)en-
dant du territoire claustral de l'église S'-Lambert, le spé-
culateur eut à solliciter le consentement du chapitre
cathédral. Celui-ci l'autorisa seulement à exposer là ses
marchandises durant une quinzaine de jours O.
La froideur du public liégeois pour les loteries impor-
tantes finit pourtant i)ar se dissiper. Jamais, sans doute,
Liège ne montra pour elles un attrait désordonné. Klle y
attacha à la fin <lu xvii' siècle et au xvim' un i)uissant
intérêt.
II.
En a-t-on déjà fait la l'emarqm^ curieuse? La tombola
(]ui triomphe de nos jours en divers pays, fut longtemps
supplantée par la vraie loterie, à laquelle elle avait
donné naissance.
C'est du milieu du x\ 11'' siècle que date l'avènement d'un
système spécial de la loterie appelé bientôt tontine, du
nom de Laurent Tonti, l'inventeur. Ce Tonti, banquier
florentin à idées financières hasardeuses, se rendit en
('; (';illi('<lrak' S'-Lainhert : Coiicliisioiis capitulaires du 11 mai l'i);.
— 265 —
I-'i-aiicc ctobliiil en i():">,'>, iiii cdil loyal raiilorisanl à ciM-rr
la Soc'iéti' (le la Tonliiic royale 11 h'agissait, eu .soiiiiiie,
(l'émet tro des emprunts sur leiites viagères, (ra])rès des
bases ])r()p()rti<)iin(''es à l'âge des rentiers, le.-(puds se ti'ou-
vaieiit divis(''s en un certain nombre de classes Lu part
d'un défunt profitait aux survivant»;, de sorte que le
i-evenu du capital des rentes finissait i)ar i)assei- tout
entier au dernier vivant de la classe. L'ai)pui (pie leur
prêta Mazarin ne suffit i)as à fair(^ réussir les routines,
Louis XIV (pii voulut aussi se servir de cet ex[)édient sur
une vaste échelle, parvint, par ee moyen, à doter Paris de
pompes à incendie, à y construire l'église St-Sulpice, aiusi
(pie d'autres édifices religieux et hospitaliers, voii-e l'iiô-
])ital général, où, comme on l'a dit, les « rentiers » (pic la
tontine avait ruinés trouvaient un grabat pour mourii-.
La mise en action de la tontine, rendit, d'ailleurs, à la
loterie ({uehpie ])eu délaissée, une vitalité nouvelle. Si
Louis XIV, afin de fournir des ressources à l'Etat, oi"ga-
nisa une loterie de lo millions de livres, dans laquelle le
gros lot donnait droit à une rente viagère de 3oo,ooo livres,
l'Allemagne ne demeura pas en arrière et rapp(da, en ce
genre, les fastes des Romains. En 1692, elle forma une
loterie au ca])ital de 3o, 000, 000 ; la souscription était de
20 fr, minimum. Citons quehpies-uns des lots : une ville
entière, 29 villages, un palais considéi-able, 00,000 arpents
de bois, 4,000 ai'pents de terre, deux manufactures ! Hi-cf,
])()ur la France et l'Allemagne, comme pour l'Italie et
l'Angleterre, la loterie constitua le plus clair des revenus
du Trésor publie.
C'était presque partout une véritable frénésie. Ce jeu
prit même les caractères les jdus ridicules, sui'tout eu
France.
La superstition devait fatalement s'en mêler. Des cir-
constances les plus banales on s'effor(;ait de tii-er la révé-
lation des numéros gagnants. L'on exi)loitait évidemment
- 2GG -
\r>. songes cl, suivanl les rèvcs, les visioiiDiiires préten-
daient i)()ii\()ii' iii(li(|uer les eliirrrcs ap[)elés à soi^tir au
jtrocliaiu tour de roue. ^lais les systèmes se contredisaient
à (jui mieux mieux, l^uliu, des livres de « seci'ets merveil-
leux » lançaient <j;ravemeut les proeeclés les jdus sau<'i"enus
à employer en l'oeeurrenee.
r.es lé<>islateurs eux-mêmes favorisèrent la lotei'ie. En
l'^ranee, au eommeueement du xviii'' siècle, l'on avait
observé (pie le sexe faible cédait plus aisément (pie le sexe
fort à la tentation de la fortune fortuite. Des maris, mé-
contents à bon droit des folies (pie leurs compagnes
commettaient ainsi au détriment du ménage, voulurent y
mettre le holà, [j'autorité intervint poui- ])ermetti'e aux
femmes mariées (rac(piérir des billets sans le consen-
tement de l'époux, voire de jouir et de disposer elles-
mêmes librement des lots (pii leur écherraient.
On alla plus loin encore dans les Pays-Bas autrichiens,
sous le règne de Marie-Thérèse. Cette impératrice, étant à
(^ourt d'argent en 1708, et voulant en obtenir an moyen
d'une « liOterie royale», déclara, i^ar lettres patentes
datées de Vienne le 6 février 1758, ({ue, nonobstant tous
édits, ordonnances et coutumes contraires, les deniers des
pupilles, mineurs, majorats et fondations pieuses pou-
vaient être employés à l'achat des billets. En outre, les
magistrats et administrateurs des corps ecclésiastiques et
séculiers étaient autorisés à lever à frais les deniers
nécessaires à l'achat de telle (piantité de billets (pi'ils
jugeaient utiles '').
Nos pères eurent le bon esprit de irim])orter aucune de
ces extravagances au pays de Liège. Ici, pourtant, nous
l'avons dit, la loterie avait repris faveur vers la fin du
XVII** siècle, sous des foi'mes diverses. Un des jeux de
hasard le plus en vogue à Liège même, voilà deux cen-
(*) B'>» J. Th. 1)K 1\A.M)T : Xutice sur les Luleries en Uelaitiue.
- oG; -
tailles (raiinécs est (.leveiui <l('[)uis longloinps un jeu cxclii-
sivenient eiil'anliti. Il consiste à pi(iiK'r avec une ('•|)in;;lc
les tranches 'l'un livre fei-iné en lequel, à des places déter-
minées, l'on a [)osé, soit des billets oauuants, soit — c'est
le cas pour les enfants — des tulipes ou autres lleurs.
(^uand, ce (pii se produit le ])lus souvent, l'épingle t'ait
ouvrir le livre à des pages vides, l'on perd ; (piaud elle
rencontre un billet ou des fleurs, le joueur gagne. Sei'ait-c(?
de là que viendrait l'expression «tirei* son épingle du jeu »?
(^uoi qu'il en soit, voici en quels ternies un si)éi'ulateur cpii
s'autorisait de la permission du Piince-Evèque .Tosepli-
Clément de Bavière annonçait la mise en prati<pie dans la
capitale liégeoise, d'une partie de semblable loterie, (piil
(jualifiait encore de blHiKjue. Nous les re[)roduisons d'a[)iès
un prospectus de l'époque, le seul (jui subsiste vi'aisembla-
blement et qui fait partie de notre colleetion particulière :
« Avec Pkr.mission
« de Son AUesxe Sérénissinie L'Icctoriile
« Mkssielrs ET Dames, vous estes advertis ([uil se tient
dans cette Ville une Blan<iue, (pii est à picquer dans un
livre, eousistaul eu toutes sortes de beaux Miroirs dorez
et autres, plusieurs i)ièees d'Argenteries et autres Mar-
chandises et galanteries de France et d'Angleterre.
« L'on picifue chatiue épingle pour un demi Kscaiin et
on tire pour deux Kscalins Jamais à faute ; rcniai'(|ue (pie
le moindre jtrix que vous tirerez vaudra votre argent ou
le Marchand le recevra pour ini Kscaiin, et le gros ju-ix
est le Cheval d'Espagne ou 20 Pistole en cas de relus, le
residù à proi)ortion.
« Elle se tient ù ih'stdile blanche (levier le l'.ihiis où les
curieux pourunt s'iulresser depuis les S heures du matin
jusqu'à () heures du soir tous les jours. »
C'étaient là de simples amusements mercantiles. Mais,
à la même époque, Liège devint le siège de loteries de
valeur, très sérieuses, toutes faites dans un but d'utilité
publitjtu' ou religieux. Ainsi, en l'année 1717, dans l'espoir
— tidS —
de luilt'i' rachèveincul du nouvel lIoLel-de-Ville, les bourg-
mestres et le Conseil de lu CiLé eom binèrent une vaste
loterie de 3()o,oo() éeus, divisée en 24 classes ou loteries
mensuelles de ^o.ooo florins de Brabant chacune. Les
primes devaient être réparties comme snit à chaque tirage :
une de 5, 000 florins; une de 4><><><>; wne de 3, 000; deux de
2,000; quatre de 1,000; six de 800; dix de 4<>o; vingt de 200;
cinquante de 100; cent de 5o et deux cent quarante de
3o florins, soit en tout 435 primes important 5o, 000 florins.
Le bénéfice que la Ville eomptait en retirer consistait
dans la déduction d'un dixième sur tous les lots gagnants.
Le succès ne couronna pas l'idée financière de l'édilité
liégeoise. On avait eu beau fixer le prix du billet à un
seul florin ; le chiffre des souscriptions pour le i^i-emier
tirage n'atteignit que 4<>><><><> florins au lieu de 5o,ooo, bien
qu'on eût procédé au tirage le 17 juillet 1717, à la place
du 5 juillet.
Pour les séries ultérieures, radministiation dut en
réduire considérablement l'importance. Ce fut en vain.
Le deuxième tirage ne se fit que le 11 septembre. iG,ooo
billets seulement, de quatre escalins, avaient été écoulés,
tandis qu'on en avait jjrévu 4<»,o()o. Les autres classes ne
réussirent guère mieux (') et le Conseil n'eut d'autre alter-
native, i)our obtenir les fonds nécessaires, que de recourir
à des emprunts directs à 3 j). c. environ.
Faire prospérer la tombola présentait d'autant plus de
difficullé pour la Ville que les deux années i)récédentes, une
autre souscription avait été ouverte en vue de faciliter la
reconstruction de l'église paroissiale S'''-Aldegonde, à côté
de la collégiale S'-Denis. Cette souscription traîna aussi
en longueur. Visiblement, le public liégeois se méfiait des
loteries, même lorscju'elles étaient organisées pai- des
(ij Manuscrit uâ^, p. 5, à l'Uni vei'sité de Liège,
— liGç) — •
i^i'iis (le proliilc. L;i mise, fixée (riilionl ;i un «liieai, fui
rédiiile, en I7i(>, a deux esealins. l'mir eiile\cr loiile
craiiilc an |)iil)lie, le eiii-e de S'' - A Idegoiide erni nienic
devoif ])r()niet t rc la reslitntion dn d()iil)Ie de la sonsei-ip-
tion si le tirage ne s'effeci na il ])as à la dale iiMli(|née.
Il n'y a\ait i)as moins de i'),()()() prix d'nn inipoft total de
l'io.ooo floi'ins, le dixiènie dncpH'l, ici encore, formait le
IxMicfieo de l'inMix l'e' i)roielé(' '''.
Tne xiii^^taine d'années plus tard, en I7')(i, l'on reeoiinil
de non\'eau à la lotei'ie poni' recruter les fonds nécessaires
à la réédificalion <le l'église paroissiale S'-Georgcs, rue
Féronstrée. Comme sul)\ eut ion. la Cite sonsci'ivil deux
t'onts billets fixés (diaeun à deux florins de I>i-al)ant.
Après avoir fait servir la loterie à la l'cconstruet ion de
rilôtel-de-\'ille et d'édifiées religieux, il fut tente de la
faire eoopéi'er à l'érection du premier théâtre public
de Liège. A cette lin, le prince .lean-Tlièodore de Bavière,
en son Conseil privé, accorda, l'an 1746, à la Chambre
S'-.Iean-Baptiste, (j[ui C()m])renait les deux anciens métiers
des drapiers et des retundeurs, « la permission, ih)\iv le
terme de vingt années, de faire et collecter une loterie
de ()(),ooo florins de Brabant de cai)ital par an, ])armi le
denier ordinaire de profit qui devra être applique — ])(>r-
tait l'acte - à la rédemption des argens que l'on aura jjris
à frais pour cette enti'cprise » (■). II ne fut point usé de
cette autorisation, la Chambre susdite n'ayant ])u décou-
vrir amateur poui- la location du théâtre.
Ce qui ne manquait pas chez nous, c'étaient des tombo-
las privées, clandestines. Celles-là atteignaient sûrement
l'iXous j)ublioiis en annexe à titre de si)écimen, le texte d'un
avis-rck'lame distribué en faveur de cette loterie. Ce ])rosi)eetus, le
seul connu actuellement, fait partie de notre collection i)articulière.
i-) Conseil Privé : Dépêches, rej;. 1745-174;), 1" \- \o. aux Archives
de l'Etat, à Liège.
18
— 270 —
leur but. Toulc i)t'rs(^iniic ayant un nicnhlc gênant on des
marcliandisL's cniban'assantcs, les mettait en loterie. \'on-
lant eoiiper court à la multiplication de ces opérations ins-o-
lites,lePrince Georges-Louis de Berglies lan('a,le i8 lévrier
173G, un édit interdisant sévèrement les loteries pai-ti-
culières ('). Comme il n'en était guère tenu compte, le
Prince revint à la charge le 5 février i'Joq et déclai-a
(( que ceux qui contreviendront à la défense, de même <pie
l'imprimeur qui en » aui'ait (c imprimé les plans » encour-
raient a outre la ])rivati()n de leur métier resi)ectif. une
amende de 12 florins d'or » (').
Malgré ces défenses réitérées, d'autres violations des
règles établies se produisirent, d'où nouvelle intervention
du même Prince le 29 septembi'e 174'^ : « Ai)prenant »
expose-t-il en son édit, « que quantité de loteries étran-
gères se publient, s'impriment, s'affichent et se collectent
dans notre capitale, nos villes et le plat-pays, sous diffé-
rents noms souvent inconnus ou peut-être supposés, sans
avoir fait conster de leur réalité, et sans en avoir demandé
ni obtenu ijréalablement notre permission et voulant...
l)i'évenir les trom])eries et les préjudices que le public en
j)()urroit souffi'ir, nous défendons... d'annoncei", faire
annoncer, imprimei-, afficher ou collecter aucune^ loterie
étrangèi'c, dans toute l'étendue de nos Etats, et d'en faire
l)ublier ou distribuer les ])lans, sans notre permission, à
peine de ."^o l'ioi-ins d'or d'amende » (^).
111.
('('jx-ndant, une exploitation de hasard, d'un genre
inconnu jusipu' là, ayant ])ris naissance en l'^'i'ance, tendait
(ij Conseil Privé : Protocole, rcg. i-^\-\-.\i), K i."7. — Recueil des
Ordonnances de la Pvincijtanlé de Liège, s. o, t. I, j). (iSS.
C-j 1(1. 1(1., !•;.■), reg. i';.3.S-i74o, K i5(). — Recueil des Ordonnances
de la Principauté de Liège, s. 3, t. I, j), ~'2'i.
{^1 Recueil des Ordonnances de la Principauté de Liège, s. 3, t. I,
p. 807.
— 2:t —
;'i ru\:iliir les jjays a<ljiiccii ts. d Li' <^i-an(l ;ni du Jaisciir «le
loU'fic '. a <'ciit IJulTon, « est de [H'c-suntor de «^rossos
soiiinics a\ t'c de t rrs petites ])r(>l)al)ilités >; '''. Nul ne sa^■ait
mieux ap])!!»]!!!'!' ee ])iiiu-ip(' (pie l'italion Casanova. Il se
l»résenta à Paris, peu a\aiit le unlieu du \\ m'" siècle, avec
un u()U\'eau plan de loterie basé sur les combinaisons (pu-
])cuvent l'ornier entre eux, tous les nombres i à 9o, et. (jui
se retrouve assez bien dans noti-e jeu de loto. Si l'amateur
plaçait une [)etite somme apjxdée mise sui- un des 9o nom-
bres, il jouait Vextrait, et si ce nombre, fixé d'avance,
sortait, le gain était d'ordinaire de i5 fois la mise. L'umbe
ou la mise sur deux nombres gagnait 270 pour un : le leine,
sur trois nombres, gagnait 5,5oo pour un et le (juitlcrnc,
mise sur quatre nombres, 75,000 pour un. Faut-il ajouter
que la ehance du gain était exti'êmement minime i)our le
jonenr? T.es proportions se trouvaient done renversées en
laveur de l'administrateur de l'affaire. Qu'il suffise de
savoir (pie le premiei- tii'age donna 2,000,000 de livres, sur
laquelle somme Casanova empoclia pour sa part ()0(),ooo
livres. D'ffet, sans doute, de l'amour de la nouveauté, le
loto i)assa })romptement à Gènes, à Konu', à Venise, à
^filan, à Xaples, à Vienne. Marie-Tlièi-èse l'introduisit en
ses provinees des Pays-Bas, l'an 1760, dans le l>ut de lui
faire dotei' chaque annc'c ïo à (io jeunes filles <le ces menues
l)rovinces.
Le nouvean mode de loterie pénétra, vei's ce moment,
an ])ays de Liège et y fut enij^loyè maintes fois:
Tel ne fut i)oint le système adopté i)ar la Société d'étran-
gers à laquelle le Prince Jean-Théodore de Bavière
accorda, en 1762, la permission d'établir tlans la priuei-
Ijanté une loterie sous le titre Loterie de Lic\i>-e. Vn sicMir
Sébastien T'etit, demeurant rue Vinâve d'Ile, en était le
directeur. Cette entreprise devait se composer de cent
Cj Homme, Arithmétique morale.
mille billets de 5o livres de France, soit un capital énorme
(le 5 millions. Il était convenu <|ne les 66,000 lois ga;;i)aiits
avec les huit grosses i)rimes sortiraient en cinq tirages
écliclonnés de six en six semaines, tandis (jue les billets
s'acquittaient en cinq termes. Le bénél'ice avoué des
sociétaires consistait dans les 10 pour cent à retenir sur
la valeur des lots gagnants et des primes.
Le premier tirage eut lieu le 1'''' juin i7()2; le dernier,
(jui compi'emiil les neui' dixiènu's du ca])i1al avait été fixé
au 14 avril 1760. Dans l'intervalle, Jean-Tbéodore de
Bavière étant trépassé, l'administration de la i)rinci])auté
passa au chapitre catliédral sede vaciintc. L'attention du
chapitre fut attirée promptement sur cette grave opération
financière. Il apparut à ses yeux (jue la loterie était un
véiitable vide-bourse des habitants. Après en avoir fait
examiner les conditions, rapporte-t-on, il trouva que la
société n'avait fourni pour tout cautionnement que des
lettres de change des sociétés mêmes, déposées en pays
étrangers, lettres dont la validité n'était pas constatée et
qui n'importaient que le modique total de 200.000 livres :
Le corps chapitrai supprima la loterie le 1'' mars 1763
et en interdit le tirage. Les sotdétaires recoururent à
la Chambre impériale de Wetzlaer et en retirèi-ent un
mandement en leur faveur. Le chapitre le croyant obtenu
par siib et obreption, n'y eut aucun égard et, le 12 avril, il
renouvela le décret de suppression de la loterie. Les socié-
taires, frustrés de leurs bénéfices, intentèrent un procès
en dommages-intérêts au chapitre devant la Chambre de
Wetzlaer encore, mais ils furent déboutés de leur demande
quelques années plus tard (';.
Les idées, en cette matière, se multipliaient dès lors.
En 1739, le 3 mars, l'emprunt à primes, tel que nous
(') Daris : Hisloije du Diocèse el de ht Principauté de Liège,
i-:j^-i8'fj, t. I, ]). 'lo'i.
reiitendons de nos jours faisait son a|)[)arition à Bruxelles,
sous les auspices de l'inapérati'ice Marie-Thérèse. Il se
montait à .'} millions un (|uart de florins, ré[)artis en lo.ooo
obligations pcn'tant ■^ p. c. d'intérêt i)endant lo ans et
garanties par les Etats de Ijimbourg', de Luxembourg et
de Hainaut. (^^uant aux i)rimes, il y en avait une «h;
So.ooo florins, une de 20.000, deux de 8.000, etc;., enfin
8.5oo obligations étaient remboursables par 3oo florins.
La loterie la [)lus communément pi-at i(|uée au pays d(;
Liège, vers ce temps, était celle (ju'on (pialifiait de rn/le.
11 s'agissait plutôt là d'une tombola eu i)etit comité. Un
seul objet remarquable se trouvait d'ordinaire livre au
hasard du soi't, auquel ])renaitpart un cercle très restreint
d'amateurs. Ainsi, en février 1769, fit-on à Uége, une
rafle d'une pompe à feu (machine à vapeur) en cuixic
rouge, d'une valeur de 80 louis, au moyen de ^o billets à
deux louis ('). C'était souvent le possesseui" ou l'inventeur
d'un api)ai'eil soit précieux, soit curieux, (jui le mettait de
la sorte en lotei'ie. Le '2.3 nmrs 1770, on i)Ouvait lire l'avis
ci-après dans la Gazette de Liège :
a II se raflera le 3i mars, vers les 5 heures ai)res-iiiitli.
chez Messieurs Soiroii, derrière Sf-Paul, une pendule à
carillon, qui joue treize airs différents, changeant d'air à
clia(iue heure naturellement ; la boete est garnie en bronze
doré, le cadran en émaille porte 112 pouces de grandeur,
la dite i)ièce est divisée en 35 billets à deux louis le billet.
Les amateurs i)Ourront i)rendre des billets chez M. Hoii'on,
ou chez le .s' lionntn, qui en est l'artiste, sous la Tour
St-Lambert. »
Parfois, le Prince autoi'isait aussi certains marchands
qui voulaient li(|uider leurs affaires, à se débarrasser des
marchandises, par une loterie. Il usa de ce droit, notam-
ment l'an 1774. l'iivers l'iioi'loger liégeois très connu,
1,'j Gazelle de Liège du lô février i7'j<j-
- 274 —
Dieiidoiiiu' S;ii-loii, 1(mju('1 fit aniiDiicci' iiiu' « lolorir de
pciulules et iiioiitres tant en or ({n'en ar<;enl, sous rinsi)ee-
tion du comte de Berlayniont de la Chapelle, eoininiss;ire
nommé d'autorité ])rincipale l'j )>.
Les particuliers n'obtenaient point seuls des octrois de
loteries. Divers couvents en re(;iirent également à la niènie
époque. Les Frères Mineui's de la rue llors-Chàteau n'en
organisèrent pas moins de trois. La troisième eut lieu en
1765 et se divisa en trois classes ou tirages, (pii se taisaient
dans la cour du couvent. Le ])rieu!é du l'aul)()urg" Saint-
Léonard organisa de même une loterie en 1765. On y
gagnait « 3oo lots d'assurance » (jui jouaient « gratis dans
la classe de faveur ».
Ce qui i)ullidait alors dans la priuci])auté , c'étaient
les réclames et sollicitations de tous genres pour les lote-
ries étrangères. En l'année 1765, pour ne citer que celle-là,
on exploitait i)ul)liquement à Liège les loteries suivantes :
Loterie impériale et royale des Pays-l^as ; — loterie du
comté de Bouchoven, entre Bois le Duc et (Jorcuni, con-
sistant en (c 10.000 lots, 5.000 prix remportans et 48 récom-
penses )) avec mises de 2 floi'ins argent de Hollande, de 3,
de 6 florins, etc., suivant les tirages; — loterie de lîoliil-
mersdorf, en Franconie; — loterie électorale palatine de
Mannlicim, avec dépôt de 3oo.ooo flor. d'empire ; — loteries
(le la ville de Oemen ; — de Ravestein; — de Dortmund;
— loterie électoi'ale de Cologne « avec dépôt de 100.000 l'io-
riiis de France (sic) et autant de gagnants (pie de ])ei'-
dants », etc.
Ii^lles se continuèrent non moins nombreuses les années
('j La distribution des billets ne semble pas avoir obtenu grand
succès, car après quelciues mois d'attente, Sarton annon(;a (lue le
tiraj^e de la loterie ne se leraK pas; il i-emboursa le prix des l-illcis
(b'iivrés cl vendit ses marchandises au prix coulanl '(i:i:cllc de
/.{('••■e des II avril et 17 août 1770,.
ullt'i'iciircs. I']rt'r;iy('' de leur uiiiKiplicid'- cl des (h'-hordrcs
(ju'cllos aiiiciiaiciit dans les riiuinccs pi'ivccs l'i, le Prince
Charles d'Oultrenioni, par édit du 29 avril 1771, interdit la
colleete de la plupart d'entre elles, même de celle concédée
au i)rieuré S'-Léonard 1''. Tue autre raison Tineitait à agir,
il a\ait ouvert à son tour uiu' loterie de bienfaisance dans
toute la princi[)auté, en laveur de l'établissement d'un
liôpital général destiné à mettre un terme à la plaie de la
mendicité. S'il fit exception, dans son édit d'interdiction,
pour les loteries de Cologne, de Mannheim et de quelques
autres, c'est parce qu'il savait que la lotei'ie liégeoise
jouirait dans les lieux d'où elles énumaient, du droit de
réciprocité. C'est le 20 mars [)récédent (^) que Son Altesse
avait octroyé aux Etats le privilège de se servir d'une
loterie pendant cinq ans dans le but indiqué (*'. Elle
comprenait un capital de 340.000 florins, partagé en
« 10.000 lots gagnans et 36 primes ». Son succès fut très
l)ai'tiel ; elle n'était })oint à son terme en 1779.
(1) On f()ni|)t;iil, eu l'i'n , que lu loterie iiéiioise, celles de
Mannheiiu, de Mayeiiee, d'Au^sbonri;, «le Visbourj;, de Paris, etc.,
enlevaient plus de 4<JOOoo l'Ior. annuellement du i)a\s de Liéye.
(Etat primaire, rey. Loteries. K 228, années 17G5-1771, aux Aroliives
de l'Etat.)
(-1 Par une ordonnance du i- juin 1771, complétée i)ar ledit du
jo octobre suivant, Charles d'Oultremont exiy:ea, en outre, que tous
les collecteurs et distributeurs de billets de loteries étrangères
autorisées se lissent connaître « au bureau général de la loterie
octrovée à ses Etats du pays de Liège et comté de Looz ».
Un autre édit déclara toutefois (juc l'interdiction ne deviendrait
exécutoire qu'après le plus i)roehain tii-age des loteries.
(•') Etat primaire, reg. 17G5-1771, K 228, aux Archives de l'Etat,
à Liège.
(') lu mandement du cliapitre cathédral sede vnennie , du
'A\ octolire 1771, autorisa la contiiuiation delà loterie (Cathédrale ;
Décrets et ( )r<Io]iii;nices, reg. 1771-1772, E 274, /;) fine).
- 276 -
En attendant, malgré les défenses formelles, les loteries
étrangères se répandaient de plus belle, dans le pays, voii'e
en se servant indireetenient de la « Loterie de Liège
octroyée par Son Altesse, sous la direction et garantie
des Etats))''). En vertu (run cdit du pi'inee Velbruek, du
4 février 1779, cette loterie se fit sous forme de loto avec
les combinaisons d'extraits, ambes, ternes et (puidernes ('-).
Les abus ne cessèrent point, même après les nouvelles dé-
cisions prohibitives prises ])arle I*rince Velbruek en dates
des 3i mai et 25 octobre 1779. Au contraire, ils s'aggra-
vèrent, comme le Prince le constata lui-même dans une
dernière ordonnance contre les loteries étrangères, publiée
le 16 février 1782. Dans le style prolixe de l'époque, il
signale ces personnes qui osaient forjner « à l'instar du
bureau général ])av nous octroyé )), écrit le chef de l'Etat,
« des bureaux particuliers et d'autorité privée, soit par
association ou autrement, en établissant des collecteurs
et rece\ant, sous divers noms empruntés, des jeux (ou
mises) sur toutes sortes d'instituts, et même sur les nôtres,
])oussant l'audace jusqu'à vouloir séduire et engager sous
l'appât d'un gain, les collecteurs autorisés par l'Adminis-
tration générale des lotos de notre principauté à leur
remettre leurs jeux et listes, et à manquer ainsi à la foi de
leur engagement, ce qui n'est déjà que trop souvent arrivé
au grand préjudice de ceux (pii, à rai)pui de la garantie
])u1)li(pie dont tout collecteur autorisé et fidèle est muni,
sont dans le cas d(^ confier leurs jeux à des collecteurs
l'j Les tirages de cette dernière se faisaient parfois à l'Hôtel des
Etats, à Liège, parfois à l'Hôtel-de- Ville, en i)rèsence de l'Adminis-
trateur général, de deux conseillers de la cité et d'un notaire. Des
tirages avaient lieu aussi à Huy, à llasselt, et à Verviers. La mise,
en T7"H, était de 22 fl to ; mais, en i;S'}, il y en a\nit à un l'ioi-in.
('-') Voir à Fiinnexe II le texte irmie rcclîiuic de l'an 17;;», ilonl
l'oriniiial fait ])artie de notre t'ollection i)articulière.
— 277 -
privés, (|tii ;il)iisc!i( de leur coiitiaiicc et de celle du piildie,
on luciiie temps (ju'ils Hian(|ueiit à hi loi de leur eoiiti-iil
avec radniiuistration générale autorisée (' ».
De temps à autre seulemeni, on Noy.iil surgir des tom-
bolas si)éeiales, indigènes, (pii méritaient recdlenu-nt d'être
eneouragées. ("avait été le cas i)our la loterie de l'hôpital
général; ee le fut encore pour la i)etite tombola organisée
eu 1780 par la Société libre (rKmulation au i)rol"it des
artistes liégeois. Toujours heui-eux de témoigiu'i' de l'inté-
rêt qu'il attachait aux beaux-arts, le Prince N'elbinudc
envoya 10 louis, tandis que les particuliers souscrivii'ent
1200 billets à un petit écu. Le total, soit 3. 120 florins, fut
employé à l'achat de difféi'entes œuvres dues à des artistes
liégeois de genres variés, œuvres destinées à servir de
prix aux tirages du i'-' et du 2 avril de la même année »-».
Ces utiles tombolas formaient malheureusement des
exeeptions. Pour mettre fin aux scandales dont les loteries
en général étaient l'objet, il n'existait (ju'un moyen. C'est
eelui qui fut employé immédiatement aj^rès la mort du
])riuce Velbruck. A Stavelot, le 26 janvier 1780, un man-
dement du i)rinee Abbé Jacques de Hubin, interdit
d'exposer en loterie ou ])ar une autre voie du sort, des
marchandises, meubles, bètes et objets quelconques ■'').
A Liège, on avait ])ris les devants et d'une façon ])lus
catégorique. Le ])rince Wdbruek mourut, on le sait, le
3o avril 1784 (^uehpies jours ])lus tard, le 7 mai ])oui' éti-e
])lus i)récis, le chapitre cathédral administrant le pays
sede vacante, publiait un édit défendant formellement
l'organisation ou la collecte de toutes espèces de lotos et
(') Recueil des Ordonnances de lu Principanlé de Liéi^e, s. ">, t. II,
].. 871.
(-') Nous i)nblions en annexe (n" TII) la liste <le!^ objets ai-lie1es,
avec les noms des artistes, telle quelle lut ilressée à ré])0(jue.
(^) Vn,LERS, Codex Stabulelo Malmundarius, p. 1127.
<k' loteries dans le paxs de Liège a sous peine res])eelive
de eonliscatioii des billets, et d'une amende de lo florins
d'or, ])ayal)]e à raison de cluKiue billet par tout eolleeteur,
vendeui' ou disti-ibuteui- (^') ».
Cette fois, si eei'taiiis spéeulateurs i)ar\ inrent eneore à
éluder les défenses porté(;s, en établissant le siège de leur
jeu sur un territoire voisin, à Otliée par exemple, qui ne
relevait pas du pays de Liège, ee furent là des exceptions.
Les loteries générales avaient vécu dans notre prinei-
l)autè. Tout au i)lus, fut-on encore témoin de l'une ou
l'autre i)etite t()ml)ola (juc le Prince Hoensbroeek per-
mettait, très rarement d'ailleurs, afin d'aider l'un ou
l'auti'c artiste. Le ])eintre Aubéei)ut se dèfaii'e de la sorte
en juin 1789, de nuiints de ses tableaux. Ils furent mis en
loterie au ])rix d'un petit écu par billet r)
En France, au contraire, les loteries allaient leur })lein.
Un arrêt du Conseil d'Etat, en date du 00 juin 1776, avait,
il est vi'ai, sui)i)rimè toutes les loteries pai'ticulières;
mais le but véritable était de favoriser la création, la
même année, d'une vaste opération financière sous la
dénomination : « Loterie royale de France ». C'était une
spéculation immorale cpii l'apportait chaque année de
nombreux millions à la caisse de l'Etat, et qui faisait
rougir de honte les hommes mêmes chargés de l'adminis-
trer ("i, à la veille des événements sociaux de 1789.
f) liecncil des Ordonnances de lu PiincipauLé de Liège, s. 3, 1. II,
]). S<)o.
f-j Gazette de Liège (hi s») mai i^Sj)
(■^) Dans .son rapport au Roi, le Contrôleur général de la Loterie
(lisait en 1788 : « C'est toujours avec peine que V. M. reçoit le compte
(le cette partie de ses revenus, mais le goût cffriiné du public pour
cette espèce de jeu et l'ardeur avec latpielle il porterait des sommes
consid(*ral)les aux loteries ('(i'an<ïères, s'il n'en existait ])oint en
l'raiicc, ne permeUenl point ;"i \'. M. de ])r<*n(h'e le i)arti (jue toutes
les considiirations morales ou ])oliti(pu's lui inspireraient ».
- ^70 —
IV.
A peine l:i Révolution fiit-ellc piot-hiniée à Lié^e que. à
l'eneonlre tloK lois existantes, la i)i()))agande des lotei'iew
étrungèi'es i-(^[)rit avec un entrain nouveau. Clie/ nos
voisins du Sud, ces loteries lurent proliibées, ainsi <iue les
tombolas particulières ; mais la Lotei'ie l'oyale subsista.
Son maintien lut même eonsaeié orfieiellenient par un
déeret du u8 Dendéniinire un II (19 octobre 1793) ; mais se
ravisant bientôt, la (Convention nationale, i)ar un déeret
des 25-20 briunaini un II { i.'viti no\ enil)re 179')) — publié en
l^elgique le 0 thermidor an T (24. juillet 1797) — puis sur
le rapport de M. de Talleyrand, lequel déelai-ait la loterie
(( [)lus immorale que le biribi », supprima la Loterie
nationale.
A vrai dire, la loterie subit alors les soubresauts géné-
raux de l'époque. Cinq mois après cette prohibition de la
Loterie nationale, le 2 germinal an II (22 mars 1794)1 un
autre déeret ne lui substituait-elle pas la loterie dite des
biens nationaux? Il s'agissait d'aliéner désoiMuais i)ar mode
de loteries, toutes les nuiisons et tous les biens appartenant
à l'Etat. Cette mesure n'eut pas plus de fixité que les ])ré-
cédentes. Elle n'eut même point d'exécution, chez nous
en tout cas.
Un nouveau changement s'annon(;a au bout de peu de
ternies. L'art. 90 de la loi du g vendémiaire an VI (00 sep-
tembre 1797) releva l'ancienne loterie de l'Etat, (|u'un
arrêté du j- vendémiaire (8 octobre) suivant réorganisa,
sous h^ nom de « Loterie nationale », en lui donnant jjIus
de développement (jue jamais. Au lieu de deux tirages
mensuels qu'elle avait sous la royauté, elle allait en avoir
i5 tous les mois.
Voici les noms des receveurs de cette institution nom-
més ])our le dé])artement de l'Ourthe :
A Liège, les citoyens Devillers, Dugucl, Nicpict, Ilaleng,
imprimeur, et Dantliinne, aîné;
— 28o —
A Vcioiers, le citoyen Decliainps^;
.1 Limbourg, le citoyen Lonliienne ;
,1 Ilny, le citoyen Guérin;
,4 Visé, le citoyen Sartoi'ius.
L'F-nii)ire connut l'cttc loterie d'État sous la qualifica-
tion d'impériale, désignation transformée en roj'a/e, à la
restauration de la nionarcliie légitimiste en i8i5, jusqu'à
l'abolition définitive à la date du i'''' janvier i836. Dix ans
auparavant, la loterie avait aussi fini de vivre officielle-
ment en Angleterre.
Chez nous, tandis qu'il interdisait les loteries étrangères
ou i)articulières, le Régime hollandais avait remis en
honneur, on mieux en vigueur, la loterie d'Etat sons l'ap-
ix'llation <( Loterie de la Belgique », i)ar l'arrêté des com-
missaires généraux du 8 mai's i8i4- Ce jeu officiel ne
survécut ])as à la domination du roi Guillaume.
A peine la Révolution de i83o avait-elle été proclamée
que, par un arrêté du i3 octobre, le Gouvernement provi-
soire abolissait radicalement la loterie nationale « comme
établissant un impôt immoral et onéi'eux sur le ])euple ».
Quant à la question des loteries en général, elle a été
réglée parla loi du 3i décembre i85r, et par les articles
3()2 à 3o4 du Code pénal de 1867, substitués aux articles 3
à 6 de la dite loi. lui somme, les loteries sont interdites,
à l'exception de celles exclusivement affectées à des actes
de piété ou de bienfaisance, à rencouragement de l'indus-
trie et des beaux-arts, ou encore d'œuvres d'utilité pu-
blique; à condition que ces loteries aient été autorisées au
préalable soit i)ar le Collège échevinal, soit par la Déi)U-
lation permanente, soit par le Roi, suivant le rayon dans
liMjuel on v(uit les établir : la commune, la ])rovince ou le
l'oyaunic.
TllKOl). (JoBKHT.
ANNEXE I
.1 lu plus ^rnnde gloire de Dieu et de lu très suinte
Vierge, Refiig-e des Péelwurs.
LOTERIE
ESTARLIE POUR LA RÉÉDIFICATION I)K l/E(;LISK
PAROISSIALE DE S"'-Ali)e<;oxi)e EN Lik<;k
Le Curé de S'^'-Aldegonde ne sonhaitant rien tant que
de finir une fois la Loterie établie par S. A. S. K., pour
la réédification de son église, et j^révoiant qu'elle ti-aîne-
rait encore en longueur au préjudice des particuliers (]ui
y ont mis, en la laissant sur le pied d'un Ducaton le Billet,
déclare que la dite Loterie sera remise sur le pied de deux
escalins le Billet sans diminuer aucun des gros Lots du
Plan à un Ducaton, et le dixième sera bon, ainsi qu'il est
à voir par le plan sous-inséré, ce qui donnera uue facilité
entière à tout le monde d'y prendre part : C'est pourquoi
l'on espèi-e que le Public concourra d'autant plus volon-
tiers à la remplir, que le tantième en provenant doit servir
à bâtir une Demeure au Seigneur et que les Ris([uans
auront toujours quelques mérites devant Dieu quand
même le sort viendroit à ne pas leur être favorable : Et
pour contribuer, autant qu'il est possible à l'avancement
de la dite Loterie, l'on donnera deux pour cent à ceux (pii
— 282 —
prendront cent Billets à la l'ois. Ainsi l'on exhorte eenx
(|iii vcnlcnt y risquer, de le l'aire iiieessaniuient et sans
délai, piiis(|u'on la tirera inlailliblenient et sans iXMuise
ultérieure au lu Décembre [)roehain à i)eine de double
l'estitution. Et eomme beaucoup de personnes ont pi'is
des Juillets à nn Dueaton, on leur rendra cinq Billets à la
place, ou l'argent s'ils le souhaitent : Et afin que la dite
Loterie se tire au tenis fixé, le dit Curé constituera deux
personnes pour aller de maison en maison collecter les
Billets que l'on souhaitera d'y mettre.
Plan de la nrrK Loterie.
I de 4f>0" 4-^*<^f^
20 de looo 20.000
20 de 5oo 10.000
24 de 3oo 7.200
200 5.600
r.
28 de
40 de
55 de
Go de
90 de
100 4.000
80 4-4****
60 o.Goo
5o 4-5<^*o
i5o de 40 G. 000
172 de 3o 5.160
200 de 20 4-o^^f)
3oo de i5 4*5oo
1000 de 10 10.000
3976 de 5 19.880
G864 de 2 '/s 17.260
10.000 prix
i3o.ooo fl.
Hors desquels ])T'ix on i-etiendra un dixième poui" bâtir
l'Eglise susdite.
Les collecteurs à Liéu'c
Dans la maison Pastorale,
Le s'' Sauveur, dans sa maison en Souverain Pont et à
la grande Halle,
Le s'' Stephani, dans sa maison en la rue du ^'erdbois,
et au Comptoir du Bi'az, sur la Batte,
Et le s'' Velar, au coin de Souverain Pont,
ANNEXE II
PLAN
DES LOTOS
de lu
PUIXC'IPAITK DE LIÉ(;K
SOUS LA l'ROTKCTIOX ET (JARANTIK
DE Son Altesse Celsjssime
En verlii d'un dépôt réel el inaltérable de cent mille //" /)/)' de Liéf^v,
lequel est entre les m.iins de M""' la Douairière de Cradi de
Horion, etc., et, en outre, d'une somme de cinquante mille florins
en espèces déjiosée dans la caisse de l'Administration.
Ce Lotto établi sur les pi-incipes rôiulamentaux do «'(jlni
de Gènes et de la plupart des antres (]ni Font snivi, con-
siste en quatre-vingt-dix nombres depnis i à 90.
De ces 90 numéros mis successivement et par ordre dans
un étui séparé, et renfermés de suite publiquement et tour
à tour dans une roue de fortune, l'on en tire à elia(jue
tirage cinq l'un après l'autre qui prescrivent le gain ou la
perte de tous les intéressés.
De trois en trois semaines on procédera à un nouveau
tirage, chaque personne aui-a donc l'occasion de tenter
souvent fortune.
La grande simplicité de l'opération publique du tirage
répond de la fidélité qui y sera observée.
- 284 -
Le premier tirage du Lotto dans la ville de Liège sera
exécuté le 27 avril 1779; les épu({ue.s de ceux (|ui se feront
dans d'autres villes du pays seront aussi annoncées suc-
cessivement.
Chacun est maître du choix de ses nombres, chacun est
libre d'en Fixer la quantité; cliacun, enfin peut, à son gré,
faire la distribution des mises et donner, à son billet, le
prix (juil désire.
Cette loterie offre différentes combinaisons, différents
jeux, et différentes manières de tenter fortune, elles ont
chacune leur dénomination particulière ; savoir, l'Extrait
déterminé, Extrait simple, Ambe, Terne et Quaderne.
l<]xtrait déterminé, c'est parier cpic tel nombre sortira
de la roue de fortune ou le premier, ou le second, ou le
troisième, ou le quatrième, ou le cinquième.
On a gagné un Extrait déterminé lorsqu'on a deviné
l'ordre de sortie d'un des cinq luunéros extraits de la roue.
Chaque Extrait déterminé rend septante-cinq fois ce
(ju'on y a placé ; hi Lotterie reçoit par Exti-ait déterminé
depuis dix sols jusqu'à cinquante floi-ins de Liège.
L'Extrait simple est la rencontre d'un ou de i)lusieurs
nombres.
Celui-ci a gagné un Extrait qui a deviné un des cinq
numéros qui sortent.
Chaque Extrait est payé quinze fois ce qu'on a mis
dessus.
La Lotterie accepte, par Extrait simple depuis un sol
jusqu'à mille florins.
L'Ambe est la rencontre de deux numéros ; celui-là a
gagné une Ambe qui a deviné deux numéros des cinq
sortis; chaque Ambe reçoit deux cents soixante et dix fois
ce qu'on a mis dessus.
La Lotterie accepte, par Ambe, depuis un sol jusqu'à
soixante florins.
Le Terne est la rencontre des trois numéros : on a
— 28,-^ —
gagne un 'rci'iic, lorsqu'on a (k;\iné trois numùro.s des einq
sortiii.
Chaque Terne ])r()dui( einq mille trois eents fois ee qu'on
y a plaeés.
La Lottei'ie reeoifc, par Terne, depuis un sol jusqu'à
vingt florins.
Le Quaderne est la rencontre de quatre nombres ; on a
gagné un Quaderne lorsqu'on a deviné quatre numéros des
cinq sortis ; chaque Quaderne rend soixante mille fois ce
qu'on y a placé.
La Lotterie reçoit par Quaderne depuis un sol jusqu'à
vingt sols.
Comme l'on ne peut connaître l'importance du billet que
l'on veut jouer, qu'en connaissant la quantité d'Extraits,
d'Ambes, Ternes et Quadernes qui résultent de la quantité
des numéros que l'on a choisis, nous donnons ici, à cet
effet, la table de progression que nous avons poussée à
dix-huit numéros.
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J,es lots seront accjuittés sur le inèiiic pied (jiic In mise ;
sans retenue quelconque ni admission d'aucun arrêt dans
le même bureau où le ponte aura payé sa mise et cela ne
se fera que conl'orinément aux listes originales envoyées
par les receveurs à l'Administration établie à Liège.
De sorte (jue si un receveur, par inadvertence ou autre-
ment, auroit omis d'enregistrer dans sa liste un jeu, un
ou plusieurs numéros, ou posé d'autres que ceux choisis,
en tout événement l'on devra s'en rai)])()rtei- à la liste ori-
ginale du receveur, et s'j^ conformer, et le ])()nte ne i)ourra
en aucun cas s'en prendre à l'Administration.
Et si par la difformité des Chiffres, il venoit à naître
(piehpie doute sur un nombre et que le temps ne })ermit
})as d'en avertir le receveur, alors il devra s'en tenir à
l'interprétation du réviseur sermenté.
C'est pourquoi l'on exhorte les receveurs à prendre^ soin
(pie leurs chiffres soient bien formés, enregistrés selon
leurs rangs et d'apporter dans la formation de leurs listes
tout l'ordre et la propreté possible.
Pour l'ordre de <'om])tabilité l'on avertit ceux qui auront
gagné, de i'é])éter leurs lots dans l'espace de deux mois à
dater du jour de chaque tirage, parce que, ])assé ce terme,
ils seront nuls et comme non arrivés.
Toute liste ou note des jeux arrivés au Bureau général
de l'Administration après le tirage, ne pourra être admise
dans aucun cas ; c'est pourquoi on prie MM. les pai'ti-
culiei's ainsi ([ne les receveurs de s'empresser toujours à
expédie^' leurs jeux de bonne heure.
L'on ne fera que très i-arement usage- de la clôtui-e des
numéros et de la restriction des mises ; l'on ne les em-
l)loyera même qu'autant que la solidité et l'honneur de
l'établissement l'exigeront ; ceux donc qui seroient dans
le cas de diriger leurs mises sur une suite combinée de
lirag(»s, [)ourront les éviter en ])i'enant d'avance avec
TAdminist ration générale des arrangements ])articuliers ;
- 288 —
ce moyen, qui rend leurs spéculations libres, écarte éga-
lement tout sujet de plainte et de mécontentement.
Enfin, toutes les personnes qui voudront s'intéresser à
cette loterie pourront s'adresser directement au Jiurcau
général de l'Administration, à Liège, et se servir de
l'adresse de Monsieur Le Ducq, Conseiller de S. A. C. à
Liège ; leurs ordres seront remplis avec toute la célérité
et exactitude possible.
A Liège, de l'Imprimerie de C. l'r.OMTECX, Imprimeur de Mgrs
les Etats.
ANNEXE m
LOTERIE EN EAVEUR DES ARTISTES LIÉGEOIS
ORGANISÉE PAU LA SoClÉïÉ d'Em L J> ATION ES l~Hli.
Liste et prix des objets achetés aux artistes poiiv
servir de lots :
X"» Florins
1. Un porte-moutre sculpté en bois et doré, pur
M. Toinbay, prix 24 louis 4*^^
2. Une pendule de table, par M. Sarton, prix
20 louis 39o
3. Un bas-relief, par M. Mélotte, prix 20 louis . 39()
4. Un tableau représentant une Caverne de
Voleurs, par M. Defrance, prix i5 louis . 2()2.i(>
5. Une pendule à remontoir placée sur (quatre
colonnes de marbre, par M. Jacquet, prix
12 louis 234
6. Un porte -montre, sculpté en bois, par
M. Vivroiix, prix 7 louis ..'.... i3G.io
7. Une miniature représentant la Sculi)ture tail-
lant le buste de S. A. C, par M. Hoiif,
prix 6 louis 117
H, Un tableau représentant une nicre tenant
son enfant au sein, par M. Aubéc fils, i)rix
5 louis • 97-^0
— 2(10 —
[). Deux bouquets de fleurs, peints eu l'er blaue,
par MM. Tamet, prix ()()
10. Deux petits tableaux de marine, par M. Hmi-
.so/i, prix 4 louis 78
11. Deux tableaux de marine, par M. Dreppe,
[)rix 4 louis 78
12. Un tableau représentant le sacrifice d'iplii-
génie, par M. Wiart, prix 4 louis. ... 78
i3. l'n porte-miniature sculpté en bois, par
jNI. Colinet, prix 4 louis 78
14. Un tableau représentant le l'établissement
du Perron de Liège, par M. Coclers, prix. Go
i5. Denx dessins à la plume, représentant des
Vues de Liège, par M. Fayii, prix ... 60
16. Un trophée de musique sculpté en bois, par
M. Piitman, prix 5o
17. Un dessin à la plume, représentant une vue
de Liège, par M. Fayn, prix 4'*
18. Un tableau grotesque, représentant deux
buveurs, ])ar M. Levoz, pi-ix 2 louis et demi 4^-^^
19. Un tableau représentant une figure de fou,
par M. Thys, prix 2 louis 39
20. Un tableau représentant un chat, par
M. Lebrun, prix 2 louis 09
21. Un bouquet sculpté en bois, par M. Piilinan,
prix 20
22. LTn dessin, par M'"'' Defraiice, prix. . . . if).io
23. Deux bouquets de fleurs peints et encadrés,
par MM. Tamet, prix i4
24. Une fontaine, en fer blanc, avec son bassin,
peinte en fleurs, par MM. Tamel, prix. . 22
2'>. Deux estiim])Os gravées d'nprès ('arles Van
Loo, ])ar M. (îodin i3
— 2f)l —
2G. ITii DU'dailloii en acier (laiiias([iiiiir, par
M. Fag'ol, prix un demi louis ..... (j.i3
27. Un médaillon en acier, par le mrmc, \n-'\x nn
demi louis g.i')
28. Un petit porte-montre sculpté en bois, ])ai'
M. Jacquet, prix ."> coui'onnc.-j 14. 12.2
2(). rd. id., par M. Mestreit, id 14. 12.2
3o. Une lampe à pompe, en fer blanc, peinte pai-
M. Tamet, prix 7
3i. Td. id. 7
32. Un dessin, par M. Godin, prix 5
33. Un service en fayence de la Manufacture de
Liège, prix 37.7
34. Une garniture de tasses à café, thé, chocolat,
avec tout ce qui y appartient, de la même
Manufacture, prix 23. (>
35. Différentes pièces de la mcmc Manufacture. T})-I-2
36. Td. id. id. . i8.5
Somme totale, florins 3i20.oo
B U L L E T I N
L'INSTITUT AIICHEOLOGIQUE LIEGEOIS
BULLETIN
1)K
WTim mimmm
LIEGEOIS
TOME XXXIV
1904
I.MpRiMERiK Liégeoise, TIexri Poncelet
SocijLtk anonymk
KiE DES Ceakisses, 52, LiÉCE
NOTE
STATUETTE EN BRONZE
DE l'Époque romaine
PROVENANT DE TONGRES
ET CONSERVÉE AU MUSÉE DE LEYDE
On sait, par les quelques iiieutions qui en ont été laites
jadis (^), que des antiquités remarquables, datant de
l'époque romaine, furent découvertes autrefois à Tongros,
vers l'époque (1817) où, aux portes de cette môme ville,
était exhumé un fragment, aujourd'liui célèbre, de borne
leugaire.
La plupart de ces objets furent dispersés et passèrent
dans des collections étrangères, sans laisser de trace en
Belgique.
Au cours d'un récent voyage en Hollande, j'ai eu la
l)onne fortune de retrouver deux de ces antiques dans
(1) CldEI.I,, Mémoire sur un fragment de colonne milliaire trouvé
à Tongres, dans le Bulletin de l'Académie royale des Sciences et
Belles-Lettres de Bruxelles, t. III (i83G), pp. 3:1-3:2 (note); A. G. B.
ScilAVES, La Belgique et les Pays-Bas avant et pendant la domination
romaine, 2« édition (18::), t. II, p. 35:; (Ch.-M.-T. Thvsj Tongres et
la Fontaine de Pline iiS8.'>). pp. 'J>-\)Z- ^'^^-
- ^94 -
Tune des vitrines du Musée de Leyde qui passait depuis
longtemps ])our en avoir recueilli un certain nombre.
Grâce à la bienveillante intervention de M. le D' R. Jesse,
conservateur du susdit Musée {Rijki^ Muséum van Oud-
hedeii), j'ai obtenu l'autorisation de les publier et de les
reproduire (^).
On pourra juger par la planche ci-jointe de l'intérêt
particulier qu'offre l'un de ces bronzes -'i.
Il représente un personnage trai^u, nu, ithyi)liallique,
barbu, à longue chevelure bouclée et au nez aquilin, dont
les reliefs anatomiques, puissamment rendus, dénotent
une force corporelle peu comnuine.
L'expression énergique du visage, comme l'intensité du
mouvement que trahit l'ensemble de la statuette, ré])ond
bien à l'admirable modelé du toi'se et à la vigueur que
l'artiste a su donner aux hanches et aux i-eins de la
figurine.
Le bas du corps est traité en raccourci, montrai\t des
jambes courtes et écartées, dont la réduction n'a d'autre
but que de faire mieux ai^paraître le phallus dispropor-
tionné dont est jjourvu le personnage, sorte de nain à
l'allure herculéenne. Le modeleur a calculé l'opposition
(1) Je dois (les remerciinents tout spéciaux à M. le D"" R. Jesse
pour la grande obligeance avec laquelle il m'a fourni les rensei-
gnements les i)lus détaillés sur les diverses antiquités d'origine
belge (trouvées en Belgique) que possède le Musée de Leyde.
Je signalerai, dans une note destinée au Bulletin de la Société
scientifique et littéraire du Linit)uurs>; les (luebpies autres ol)jets de
])rovenance tongroise. que j'ai rencontrés à Leyde.
(-) Ce bronze est entré au Musée de Leyde en i8i>3, après avoir
d'abord fait partie de la Chambre des raretés (Kabinet ran zeldzaam-
Iieden) de la ville d'Ctrecht.
Le catalogue du conservateur L. .1. F. Jansseu (De Grieksche,
liomeinsclie en Etrurischc Monunienten van liet Muséum van Oud-
heiten te Leydeu) n'eu fait nénnmoiiis ])as In moindre mention.
- 29.^ -
do ces détails pour prodiiiro l'crrcl visé ; artiste liabilo,
mais travaillant en plein déver<j^()ndage !
Le corps est creux; la tôle, munie (riiiic (•liaruiér(\ se
lève et se rabaisse à volonté, ])eruiettant ainsi de i-emplir
le récipient d'un liquide ([ui s'éclia])])ait ensuite ])ar le
membre viril, percé à cette Tin.
Aux épaules, dans le dos, sont soudés deux anneaux ;
à chacun de ceux-ci est assujettie une cliaînetto do suspen-
sion de o'"i2 environ de lon<;ueur.
La figurine, d'une hauteur totale de o"M4-' ^^^ l'ccou-
verte d'une légère patine verdâtre ; sa conservation est
des plus reniarc[uables.
La reproduction (planche IX) dis])ense de toute des-
cription plus détaillée (*>, que n'autoriserait du l'cste pas
le caractère trop spécial de la pièce ; celle-ci ne peut sus-
citer que quelques réflexions.
Si l'on a prétendu voir dans ce petit bronze une fon-
taine ['}, on peut d'autre part le considérer aussi comme
étant simplement un vase à parfum, d'un type peu
ordinaire et d'une facture des plus originales.
(1) .Je crois cependant atile de lairc remarquer ici que la liy:urine.
que j'ai pu examiner à loisir, ne i)orte aucune trace d'un bouton
])Iacé dans le dos et sur la pression duquel les libations (!) qu'on
faisait dans la statuette, s'écoulaient par le membre viril. Cudell
qui relate ce détail {loc. cit., p. 372, note), montre bien par là «ju'il
a décrit un objet qu'il n'a jamais vu.
(-) C'est encore l'attribution de Cudell. dont l'avis est fondé sur
le fait (ju'à proximité de la statuette a été découvert « un i)etit
bassin de bronze, incrusté d'argent et monté sur un trépied de
même métal >^. — S'il s'agit de deux olqets diffei'euts (bassin,
trépied), le i)rciiiier est jx-rdu ; (|uanl au second, ([uc je rciirodiiira j
296
Les vases de ce genre présentent une grande diversité
de formes : tels- figurent des personnages ( Ethiopiens )
accroupis (^) ; tel autre affecte même la forme d'une ourse
assise, les deux pattes de devant posées sur deux bou-
cliers ronds entre lesquels se dissimule « un héros » (-) ; un
autre encore représente un acteur debout *^)... Il n'est pas
enfin jusqu'aux récii^ients en forme de tète humaine,
qui ne soient recensés, et l'on en possède aujourd'hui de
multiples spécimens (''), parmi lesquels deux ont été
exhumés à Tongres même (J').
Ce sont là toutefois des vases proprement dits, c'est à
dire munis d'une base ou d'un pied ; celui du Musée de
avec une note dans le Bulletin de lu Société scientifique et littéraire
du Limbourg, c'est le type ordinaire, mais très ornementé, «le
trépied (brûle-parfum qu'on retrouve fréquemment dans les sépul-
tures belgo-roinaines (à Omal notamment). Cf. Bulletin de l'Institut
archéolog-ifjue liégeois, t. XXIX, p. i()i. note 3.
Il n'y a donc là. semble-t-il. aucune matière à ra])j)rocliement
enti'e la statuette et ce trépied (avec bassin) (pii. du reste, sont d'un
mérite bien inéj;al sous le rapport du travail.
(1) B.VBEl.ox et Bi-.VXCHET. Catalogue des bronzes antiques de la
Bibliothèque nationale, ji. 44'- ii° '^n • V- 44-- n" i<^i4-
(-) IBID.. p. 355, n" Si>o.
(3) E. DE Meester de I{A\Esteix. Catalogue descrij)tif du Musée
de Ravestein, t. I. j). 3()3. n'^' 4î)3.
(■*) Voy. notamment, B.vbei.ox et Beaxciiet. op. cit., p. 44"^. "" ioi8;
DE Meester de R.westeix, ounr. cité, t. I, pp. 4i)'- <^< suiv., ii"s ~3(),
737, 738, 740; FRiEDRrcHS, Kleinere Kunst und Industrie im Alterthunx,
Vasen in Form von Kôpfen, n"s i564 et suiv. ; Y. DuRUV. Histoire des
Romains, t. VI, p. r)4<) ; Bulletin de la Société pour la conservation des
monuments historiques d'Alsace, IP série, t. XXII, pp. 4-5 (planclie).
(5) Vase en forme de tête humaine, dans la collection de M"" V»
IIuj'gen-Devis à Hoesselt-lez-Bilsen [L'ancien Pays de Looz. no fi du
i>r> mars i8;)8, \^. 38). — Buste de femme avec anse, faisant ])artie
de la collection de Mme ("hristiaens-van der Ui.jst à Tow^veti (Bulletin
de la Société scicnti/î(iur et littéraire du Limbourg, 1. XVI II. ]>. 25:
Comjile rendu du (Jongrès archéologique et historique de Tongres,
p. 21>5).
— 297 —
r.cydc, ;m contraire, sans point (r:i])])ui, ('-tiiil «Icslincî
;i être suspendu ; il eonstitueruit donc, sous ce rapjiorl.
un type i^eu eomniun.
Ce qui, aux yeux de tous, le caractérisera surtout, c'est
son caractère licencieux, sur lequel il convient de n'insister
(|u'au ])oint de vue pliil()lo<^i(luc. J^es pires nxj'urs prati-
quées sous le règne de certains empei-eurs ont ins])ii'('' des
imitations figurées qui les rappelaient nettement, telle la
l'orme phallique du vase à boire on d'un personnage distil-
lant et distribuant des parfums...
Il a môme été créé un substantif dliabitude : di-ilopolu
= qui poculo in Priapi formam facto bibit ('); phallopoUi
a le même sens. Le terme j)haUoviiroboliis enchérit encore,
par le dernier substantif qui entre dans sa composition
{bolos = hanstns on gorgée). On le trouve dans la T/e de
Pertinax, par Jnlins Capitoliiuis (-), et cette recension de
vocables spéciaux concorde avec le mot plus connu de
.luvénal : Vitreo bibit ille Priapo(^) ou le terme flétrissant
de Pline if' : pcr obscenitates bibere, l)oire dans l'obscénité !
Qu'on veuille donner un nom à la statuette du Musée de
Leyde et l'appeler un Priape [''), un Silène ou — sous une
dénomination générale — un pygniée simplement, elle n'en
constitue ' pas moins un spécimen remarquable de ces
l'eprésentations ithy])halliques si ré])andues à répo(|ue
(') FOUCEI-I.INI. Tolitis lulinitii/is hwicoii. s. v ".
■-! Srriplores Ilislorinc Aiii^iistnr. Ilelniiis Ih-rlinnx Jiilii C.tipi-
tolini. c. S.
(3) Sat. II, V. <).-).
(••) Ilist. Nnl.. XXXIII. I : (c //; /lociili.s liliidine.s celure junul et /x-r
obscenitates bibere ».
(--) Il importe de rapprocher la statiiede du Musée île I.cydc d'uii
iiiléressaul ]ie<it bronze, e^saleineul découverl î\ Tonp:res, et i|ui fjiii
aujourd'liui partie des collectious du Musée ;u'elK'()l()j;i(iue de Lic^e.
- 2Ç)8 -
rouiaiiic cl que l'on a relrouvées inèinc i)arini des objcis
(rusa<;'e exclusivement domestique (').
Comme le vase maintenant célèbre de llerstal, le bronze
(le Tong-res caractérise ))ien les idées philosopliicxues ou
plutôt immoi'ales de la l'iclie société romaine qui vivait
dans nos contrées aux premiers siècles de notre ère; tous
deux sont dignes d'aller compléter les collections du Musée
scvrel de Xaples.
11 n'est guère douteux que la statuette provienne direc-
tement d'Italie; la perfection et la délicatesse dn travail,
— 1! rcpi-csenlc', coiiiiiu' le in'cc-cdenl. un i)i'i'.s()iiii;igx' nu et itlivj)luil-
]i(lU(' a la musculature i'oi'lenu'iit at-t-usée et a été décrit comme
liiAurant un l*ria])e iBiiIlelin île l'Inslitiil archéologique liégeois, t. X,
])]). 227-1241. planche).
In Iii'onze du même type existe au Musée de Vienne (K. \ ox
Sackkn, Die Antiken Bvonzen des K. K. Miinz- iiiid Antiken Ciibinels
in ]l'ieii. \)]. XXVI. l'ij;. 7: Sai.. Rkinac II. Répertoire de lu slatiiaire
grec(/iie et romaine, t. II. ]). 5o. no i), ainsi (j[u'à la Eibliotlièiiue
Nationale à Paris iliABi;r,ox et Br,.vx( iikt, Catalogne des bronzes
anlitjnes de la Bibliothèijne Xalionale. ]). i>l8. 11° 5oi)).
lue fij^urine, i)résentant de nombreuses similitudes avec celle de
I.eyde sous le rap])orl de ras])ect «général, a été ])ub]iée jadis ])ar
de Caylus (Recueil d'anti<juilés égyj)liennes, étrusques, grecques et
romaines, t. VII. 1)1. 3i>, lij;. \) et rej)roduite par S. Reinacli («/'. cil.,
t. II, p. r)(i4, ôi connue rei)résentant un Pvgmée.
Ce savant a com])aré ailleurs (Description raisonnée du Musée
de Saint- (jermain-en-Laye : Bronzes figurés de la Gaule romaine,
]). 210, n" i()7) le bronze du Musée de Liège à certaine statuette du
Musée de Xarbonne, re])résentant un « Pygmée combattant ».
Cj Au Musée de Nai)les notamment sont conservés trois i)etits
vases en terre cuite en l'orme de i)ersonnages à longue verge creuse
sei'xnnt de r()l)inet d'écoulement ou de suçoir. — Ci'. Roux \:v BARRÉ,
Hcrculanum et Pomjici. t. \III (Musée secret), ]). iSo. ]>!. 4<) et 4^.
11 est intéressant de rapprocher ces trois vases du bronze de
Tongres. vu l'analogie (pie ces dillerents objets présentent entre
eu.\.
PlaxciiI'; IX
Statuette ex bronze i>e i/époque romaine
pi'oveiiaiit de Toiigres et consei-vée au Musci' de Loyde.
(Grandeur réelle.)
— 209 —
iiid(''i)on<l;iinni('ri( du caraclrrc six'cial de la ])iè('c, ])a-
l'aissent ext'liirc d'ciublre la supposition d"mic falirical ion
indigène.
Ameiiéo à Toii^rcs par (juchpu' fond ioiinairc cixil ou
niilitaii'c \cuu du Midi, la l'i^ui'inc aura oruc l'un des
api)artcnien(s de sou habitation jus(|u'au jour où cet ol)j<'t,
à la mort de son iiroprictaii'c, aura ac('ouipa,i;U(' les cendres
di' eelui-ci dans une sépulture.
C'est en efl'et d'un lond)eau «pie doit avoir v\r retirée la
statuette, car on i-ai)p()i'te (pTidle fui découxerte avec; le
petit trépied en l)ronze au milieu de (h'bi-is de ])oteiaos et
de vases en Aerre.
Quelle qu'ait été sa destination, on peut alTirmcu- «pTelle
constitue l'un des plus beaux bron/es déeouNcris juscpi'à
ee jour en Belgique et, à ce titre, on ni» peut que regretter
davantage qu'une œuvre aussi rcnuirquable soit allée
enrichir les collections d'un musée étranger.
L. TxKXAlU).
L'ÉLECTION
ET LE COURONNEMENT
DE L'EMPEREUR MATHIAS
1612
Henry d'Eynatten, seigneur de Tiloy, Abée, Scr3',0atre-
louxlie, St-.Teau-Sart, etc., avait recueilli, dans un registre
commencé par lui en 1608, de nombreux renseignements
relatifs au Pays de Liège : assemblées des Etats, ordon-
nances, mandements, subsides, tailles, impôts, etc., de
même que des extraits d'ouvrages tels que YEpistre des
Princes (1374), Des Etats de France et de leur puissance
(i588) et autres publications, devenues rarissimes, ayant
trait au gouvernement des peuples.
Ce manuscrit '^), fort bien conservé, contient aussi la
l 'j Ai'cliives (le la ville de ITuy. Il ])or(e comme entête : Ce i-egre
contient aucunes proposition de S. A . Ser. faicls a ses J-.'siuts de son
Pais et principauté de Liège, les uns avec annotations faicls par nous
séjournant aux dits Estais, et autres clweses y descripts semants
d enseignements et mémoires. Le tout corne les avons peu recueillir en
divers temps, non par ordre de dates come nous cuissons bien désiré
les y inscrire par copie.
Henry de Eynatten. .V' de Tilloy . dAubée, Scry. Onlrelouche,
SlJean-Sarl. etc.
Ô02
r(;lu(i()ii (lu \(>yaL;c c( du scjour faits ;ï l'^i'aucforl en iGiii
par le Priuce-Evèque l-'cidinaïul de Bavière (uii, en sa
((ualité d'Electeur du St-Einpire, se rendit en cette ville
pour prendre part à l'élection et au couroiinenient de l'Em-
pereur Matliias.
Nous ne croyons pas que cette relation ait été publiée et
elle nous paraît sufi'isaniiuent intéressante pour être tirée
de l'oubli.
Certes, le lecteur trouvera que son auteur, qui accom-
pagnait le Prince, s'est complu à rapporter des laits sans
grande importance, et dont la répétition peut, avec raison,
paraître fastidieuse, mais, d'autre part, il y rencontrera
maints détails curieux. Toutes les formalités de l'élection
impériale y sont notées avec un soin minutieux, de même
que les céi'émonies du couronnement et les fêtes données
à cette occasion ; on y trouve aussi des indications
piciuantes sur les Princes-Electeurs.
Pour aider à rintelligence de ce « i)rotocole ') , (piehpies
mots de préambule sont nécessaires.
Kn vertu de la liiille d'or, (pii réglait la constitution de
l'empire d'Allemagne, l'élection des Empereurs avait lien
à Erancfoi't, dans l'antique hôtel de ville existant encore
aujourd'hui.
Les Electeurs étaient au nombre de sept, en souvenir des
se])t chandeliers de l'Apocalypse : les archevêques de
Mayence, de Cologne et de Trêves, le Poi de Bohême le
comte palatin du Phin, le duc de Saxe et le margrave de
Brandebourg. Ces hautes fonctions étaient héréditaires ;
d'inq)ortantes prérogatives en découlaient et ceux qui les
exerçaient prenaient une larg(; i)art au gouvernement de
l'Empire.
r^a Bulle d'or datait de i')5() et avait été octroyée i)ai'
('liarles IV ; elle était ainsi désignée parce qu'elle portait
un sceau en or. Ou lu consei'vc à rfancforl couiun; une
précieuse relique.
En 1G12, ^[iithias, archiduc d'Autriche (i 557-1619) ancien
gouverneur général des Pays-Bas, ') ])ctit-fils, par sa
mère, de Charles-Quint, tut élu empereur. IjCS opérations
et cérémonies nécessitées par sou élection et par son
couronnement durèrent [)rès d'un mois et demi. I>e tous
les points de l'Empire, de nombreux princes se rendirent
à Francfort pour y assister.
La relation qu'on va lire rend compte, par le nH>nu, des
faits auxquels cet événement donna lieu.
Pour la facilité du lecteur, nous avons supprimé la plu-
part des abréviations, ainsi que le signe diacritique
surmontant les u ; par contre, nous avons placé des accents
sur les e, là où cela était nécessaire et suppléé à l'absence
de i)onctuation. Les mots en italiques sont so\ilignés dans
le texte.
K. Dinois.
(') Les Ksjja^iiols le iiommaiciil \r (,rc//ler du Tncilnnu- laiit son
aiiloi'itc ('lait liiniléc.
PROTOCOLLE DES CIIOESES AVENUES
A LA JOURNEE IMPÉRLALE A FRANCFORT
MAI AN 1612
10 mai 1612, jeudi, partis à midi de Lirge et venu loger
à Meer, et avons mis 4 heures.
Protocolle et me= it mai, logé à Hestreux en la maison du comandeur qui
moriai depuis gg^^^^ absent, et avons eu G heures de chemin,
ntre partement
de Liège pour
le Waldach a ^^ samedi re])as à midi à Duren chez monsieur de
Francfort. '■
Herstal et logé à Vernich, et avons cheminé ce jour huict
heures.
i3, Dimanche, déjeusné a Vernich et arrivé à 2 1/2 à
Bons.
14, séjourné a Bonne et y est arrivé monsieur de ^\'aroux
avec autres gentilhommes.
Ambassade. i5, séjourné à Bonne, et ce jour est venu le nonce de
Coloigne disner avec S. A. Ce mesme jour y est arrivé le
Baron de Rabat, frère du Comte de Foix, come ambassa-
deur vers S. A. de la part du duc de Nevers.
16, séjourné à Bonne, et ce jour l'ut faicte la publication
de l'ordre à observer à la court, et l'establissement des
hauts officiers, assavoir le comte Hogenzolrn grand mre
— 007> —
dhostel, Moiisei}^ncur de GvoysbcccU prciniev gciitilhomc
de la Chambre, Monsieur Bongall, grand esciiir, Monsieur
Ileinelich Maresclial, Vrects inre dhotel. (/e jour est arrive
le eomte de Salme à Bonne.
17, Jeudi, partis du mattin a 7 heures do Bonne, passé
proche d'Andernach et demie heure plus haut avons passé
le Rhin qui nous at retarde deux bonnes heures, puis
somes venus loger en une villette nomée Engers où S. A
at trouvé l'Electeur de Trêves qui incontinent (après
s'estre entresaluez) en est parti, y laissant Monseigneur
Mettrenich son nefveu, le maresclial d'Oest et plusieurs
autres cavalliers pour servir S. A. qui y fut défrayé avec
toute sa courte ; ceste ville est pais de Trêves, nous y
arrivasmes assez tardt. Ceulx d'Andernach presentarent
le vin et firent une belle salve.
18, Vendredi, repcu a midi a Montebant villette de
Trêves, y ayant S. A esté défrayé avec sa courte. Logé au
soir a Limborch aussy défrayé par l'Electenr de Trêves.
Avons fait cejourdhuy 8 heures de chemin. L'on y a salué
S. A. avec une belle scopetrie de canons, faconeaux et
mosquetz.
19, Sambedi, Logé a Connixstejm, pais de Maj'euce, ou
S. A. a esté défrayé. Avons mis 8 heures sans débrider.
Les salves des canons, faconeaux et mosquets ont esté
très-belles.
20, Dimanche, S. A. a esté partie du matin entre 3 a
4 heures avec tous les comtes de sa suytte et sa garde
seulement pour aller a Hurt deux heures de Connixstein
s'aboucher avec l'Electeur de Maience, puis est retourné
a midi, et somes partis a une heure et arrivez a cincque
heures a franckfort en fort bel ordre et avec grand
applaudissement du peuple, lequel S. A. salua du chapeau,
')()(j
00 (juc les autres princes iriuoit'ul l'uiol a leiii' arrivée. Ce
mesme soir, S. A. a esté visité de la part de l'Electeur de
Saxe et le mesme soir Monseigneur de Groysbeeck ni visilé
Saxe de la pai-t de S. A. après souper acoompagné de
^Monsieur de Fenste.
21. Lundi de bon mattiu S. A. a visité l'Electeur de
Maiance. Tncontineut après H. A. a faiot semblable com-
pliment a oelluy de Saxe, s'estant entresaluez avec grandes
caresses, rencontrés et conduits iusques a la porte, de la
est retournée chez Maïence ou elle at 0U3' la messe avec
nne très belle musicque et demeuré disner avec ledit de
Maienoe. Ce iour environ les oincque heures après midi
est entré l'électeur de Trêves.
22. S. A. at du mattin ouy sa messe et s'en est allé
trouver l'Electour de 'l'rèvcs. Les princes sont, i>oui' la
première fois esté au Conseil sur la maison de la ville
depuis les 8 lieures jusques a XI heures. Retonrnant du
Conseil, S. A. s'est mise au carooe de Trier (^) et at otté
disné avec lu^-.
23. Los Princes sont du mattin esté en conseil, après
midi S. A. at visité l'administrateur du Palatinat ou
estoient ses deux frers et le jeune prince Palatin avec le
prince Christian d'Anhalt.
Ce mesme iour environ les six heures du soir, le Koy et
la Re3'ne d'Hongrie sont arrivez a Franckfort, Luy a
cheval et elle on caroce accoijaigné de deux dames au
môme caroco, et autres trois caroces avec belles damoi-
sellos. Et ors (|uil ayt (îsté suyvi on chemin do irais nulles
persanes et dix huit eenl chenuiix comprins deux eeiits
caches, cochottcw et chariots, si no luy at il esté jx'i'mis
('j Trêves.
— 007 —
(renlror, sinon avci' deux ccMit clievanx conic les anlros
l-'l(H'l(Mii's, suyvant l'ordre de la Bulle d'or.
Soiibdain Tarrixée i\n Koy, il se niisl en earoee pour
aller visiter l'I^leeleur de Maienee, et de faiet sy en allât,
et Maienee estant en eheniin eontraire pour venir visiter
le Roy, se faillirent. Sa majesté passât outre et attendit le
retour du dit Eleeteui- qui fut ineontinent après. Ils
-'entresaluèrent aAee plusieurs sortes de earesses et eoni-
plinients, l'attendant le IJoy à l'eseaillier.
Le Roy ni avec liiy en Princes, Comtes cl Barons
insques an nombre de nonant.
S. A. prétendoit visiter le Koy ee nuisnie soir, et a eest
effect envoia le comte de Hogenzolrn ])our en denuinder
la permission. Le Roy envoia vers S. A. son grand mre
dliostel, le comte de Furstenbei'gli jiere du (;omte de
llolfesteyn,pour compl.ii' et faire ses (>.xeuses d'autant (juil
estoit tardt. S. A. ne les at rencontré (pie ius(|ues a sa
densiesme cliambre.
Slefeld, évesque de \ienne ai ce mcsinc jour du niattin
visité S. A. laqnel estante en léglise, fut ledit évesque
entretenu par messieurs de Groysbeecd-: et Bokkolt iuscpies
a la messe finie que S. A. fut de retour.
S. A. le traicte de (Her) et les autres Princes le ti-aictent
de (Furliebden).
24 may. Jeudi de bon mattin l'Electeur de Trêves at
visité le Ro3^
S. A. a faict de nn'me que Ti'èves n'estoit encoire sorti,
le Roy l'estant venu rencontrei" (mi la i^reniiei'c chambre
proclie la montée et ee fust fort caresses.
S. A. a aussy visité la Royne, belle, jeune et grasse (sic)
])i'incesse.
Les gentil/hommes de S. A. ont baisé la main du lîoy.
Les six elee1(Mirs ont esté en uiaHin jiis(pies a \i liriircs
en conseil.
— 3o8 —
Ce niesnie ioiir apics midi \v lîoy a(- visité Trêves et
])uis après sa visite S. A. (jiii al rencontré et reeondui sa
majesté iusqiies au earoee, aiaut duré la visite une bonne
dem3'o heure.
Dispute. 11 y at une dis})ute entre les Electeurs et eelluy de Saxe,
lequel comme grand niareschal de l'Empire, prétend par
son vice niareschal le comte de Papeden, de mettre les pris
sur les vietiiailles et autres sortes de eonsoinptioiis eu la
ville de frauekfort et ses environs, et les Electeurs ne luy
veuillent permettre ny admettre a antre qualité que de
simple Electeur en ceste conjoncture do Wal-dach (').
25 Vendredi. Les Princes ont esté en conseil.
Le magistrat faict visité par toutes les maisons pour
faire sortir tous les étrangers.
Apres midi, l'administrateur et le jeune l'rince Palatin
ont visité S. A.
L'Electeur de Saxe a l'ait de mesme au soir assez tard.
Le comte de Hanault, qui a espousé la seure du comte
Philippe Ringraeve, at disné avec S. A.
Princes débout= ^■'^ Prince d'Anhalt, le duc Albrecht de Holsteyn et les
d^Franckfort^ deux frers de l'administratenr, ont esté contraints de
sortir la ville, comme n'aiants que cognoistre a ceste
élection, et sont allez trouver le Lantgrave de Hesse, qui
est a Cronenburgh a trois lieues dicy avec 3oo chevaux.
26 mai. A sept heures du mattin les Princes Electeurs
sont allés an conseil, le Roy at esté appelé et sont tout
sei)t venus s'asseoir ])ul)liquement en la grande sale de la
maison de la ville avec l'ordre snyvant
Premier l'administrateur
2 Le Roy
^^ances. 3 Maienco
(1) Jour d'éleclion (WaUUag),
— 009 —
4 Trier
:") ( '()l()i,i;ii('
(; Saxe
y l'odclcls ail nom de ItraiHlchoi-cli.
Le cancclicr <U' Maicucc a( Icii aux Princes a haute xoix
plusieurs arlieles de la lîulle d'oi- a obsei'ver en senil)lal)le
eonjonelure.
Les Princes ayants e(»niinunie(|iie par ensenil)le la
dessus, ont iaiet appeller les magistnits iiiiX(juels al esté Maj;islrats
de
Iaiet semblable leeture, qui ont levé les doigts et juré sur Franckfurt
le s' Evangile d'observer le tout et de ])rotéger et main-
tenir les l'rinees contre tous cenl/ (jiii prétendroient les
troubler en cest élection.
127. Dijnanclie. S. A. at ouy la messe et le sermon a\ ce
Mayenee et Trier aux prescheurs et Mayence (^st venu
disner avec S. A.
Le Roy et la Royne ont du mattin ouy la grand messe a
réglise Nre Dame proche de nre court, avec une rare
musicqne.
28. Lundi du mattin, après la messe, rKlecteur de
Trêves at visité S. A.
Les Princes ont esté en Conseil.
29 mardi an mattin, après la messe, les Princes ont esté
en Conseil.
A midi, le comte W'alrave de AValdeck et le Haron de
Flecksteyn ont disné avec S.A.
30 mercredi. Les Princes ont esté en Conseil. A midi at
disné avec S. A. le comte de Furnstenbergli grand mr''
dliostel du Roy et ses trois filz.
A])res midi, S. A., le Roy, la Royne, ont ouy les vesjjres
en léglise de nre Dame avec; belle musiccpie.
— oio —
La HoviK' estoit au cweiii'*!!! costr droiet sans balde(|iiin
cl le lîoy au ('()st(' ^aiiclic a\('c iiiig baldeqnin soulz UmiucI
il al liiT S. A. aii[)i-('s de liiv.
Il jeudi jour de rAscciilioii, le Roy, la Royiic cl S. A.
ont ouy la messe et le sernion a léglise de nre Daine, avec-
la incsnie ccréinouic et iimsic(|ue corne dessus.
A midi, ri''le('teur de Saxe at disué avec S. A. Ledit de
Saxe était au haut bout, a sou eosté droiet S. A. Lui;-
trencdiaut, eonite de Swart/euboureli, le eorate de liell'e-
steyu, de Zegei", uire de Saxe a i;auelie, le baron Poppcl
i>rHnd cancelier de liohcsinc, eueoires deux de Saxe, i)uis
tous uo/ eomtes.
Leî< Prince sont esté forl nUdi^res, et ont beu uussbro-
derchnp ' , disant velny de Siixe (jii'il voulait que le diable
enijtortast qui ne le fai.soit de bon cœur. Il baisa S. A.
])lu!-ieurs l'ois en signe d'alTeetiou. Le cliapou du Uoy y
eliauta fort jolyuicnt, les trompettes et les taïuboui's de
euyvre y sounareut. L'on y l'ist uug grand Rauss i-'. S. A.
le reconduit jusques a la porte où ilz beuvoit encoires, //
Diamant chantoit Saxe en montant a cheval. S, A. at donné a Saxe
ung- diamant de deux mille rix.
JlKG.
Le i)remier de Jung, les Pi-inces ont esté au Conseil.
A midi, ont disné avec S.A. l'Evesque de Vienne Slesele,
Barbitino, ung estropié appelle le Baron de Walbourg et
le comte de Serensteyn.
A])res nndi, S. A. a esté a (dieval ti-ouver le duc de Saxe,
et après avoir discouru ])ar ensemble une bcmue demye
heure, ont monté tout deu.x a cheval et se sont embarccpié
(i| ('(iiirriilcriicllciiiciil.
{') l)i;l)iniclie (le boisson. — Jùi iillciii;iii(l luodcriu', on dit « Uausclu).
— OTI —
;i\('(' foule Iciii' siiild pour proniciici' sur la rixièrr de
>r('yiu', aimits uioii1('' conti'c le flux uiu' domyc licuri' par
(U'ia le pont a\(,'c toutes soi-les (rallégi'csscs, la inusiecpie,
les Iroinpotles a deux ])arlies, avec eliaeiin les tanihoiii-s
de euyvre, le eliappon du Koy (pii se l'aisoit ouyr, et puis
uiii>' loulast, de \ in sur la burcq (]ui l'aisoit hoii'e eeiilx (pii
eu voloiet. TiCs ri'iuces sont retire/, en la \ ille api'cs liiiiet
heures du soir.
T,e 2' (le juni; samhedi, les Princes oui <]e n)a(iin esté
en Conseil.
')^'. S. A. al ouy la messe et le sermon. Le Koy ni la
IJoyne ny ont esté, ors que leur masie(|ue y estoil.
L'Kleeteui- de Trêves at disné auprès de S. A., oii estoit
anssy le bai'on de Donna, Poppel, s>'riiiul ruiicelicr de
liohesme, Monsieur Ilorsl, le comte dl^bei'steyn. le comte
(l(ï Seristeyii.
Ce mcsine jour Mnycnce ul Iruiclc Snxc, où le Roy les
;if esté surprendre et disnat avec eulx, bien (ju'il ny l'uisl
esté invité.
4''. Les Princes ont esté an conseil.
A midi, ont disné avec S. A. le comte (Jeorge Frédéric
de Ilogenloo de la suite du Roy, le comte d'Eldembrug-, le
comte de Mansfelt, deux comtes de Waldeeck, un comte
de Hai'deeck, le prévost de St Se vérin, Heer jaeob, grand
audiensier de l'eu Empereur.
Trier ul truielé Saxe, le Koy y est oeiiu u In dcsserle et
S. A. estant levée de sa table c^ (juict de ses liostes est allée
trouver la compagnie chez Trier, ou ilz ont bien et joly-
nient ben. S. A. a cdiangé de cha[)eau avec Saxe.
5''. Les Princes sont aile/, au Conseil.
S. A. at disné en sa cliambi'e.
— OI2 —
6'^. Les Princes sont estes en (Jonseil.
A midi, S. A. a disné aiii)res de l'administrateni' du.
riait/, ou estoient a table rEleeteur de Mayence, le prince
Palatin, le comte de Hanaut et le Ringraeve.
Au soir, S. A. at soupe auprès du lîoy en son jardin ou
estoit Saxe. La Uoyne assise au haut bout tenant la main
droicte, et S. A. au mesme haut bout a la main gauche. Le
lîoy estoit du costé de la Royne et Saxe de l'autre costé.
.S'. .1. nt acquis le Roy pour pcre S: la Royne pour luere
par alliance.
7'' Jung. Les l*rinces ont depuis les liuicts heures du
mattin jusques a douse heures et demie esté au Conseil.
1/administrateur, Saxe et Podelets sont sortis de la
chambre ordinaire du Conseil, et se sont retirez a part en
une autre chambre où ilz ont conféré ensemble une bonne
heure.
Chasse. Après midi, le Uoy, la Royne, Tadministrateur et Pfaltz
ont esté a le chasse que le comte d'Isembourgh avoit faict
préparer a une bonne demye heure de franckfort en ung
lieu nome Suenbach. S. A. ny les autres princes ecclésias-
ticqs ny sont estez, ors qu'ilz en aieit esté requis. Le
Lantgraeve de Hessen et sa femme y estoient. Le marquis
d'Anspach, le prince d'Anhalt.
L'on avoit résolu de passer oultre à l'élection pour
demain, mais pour certaines difficulté/, survenues, le jour
est remis a mercredi.
8. Les pi'inces ont esté au Conseil.
A n)idi ont disné avec S. A. l'évesque de Nitry en
Hongrie, le grand escuir du lîoy Barbitius.
Excès en boire. Au soir aiani soupe, est nllée environ les huict heures
che/ Saxe (pii avoit la suecade sur sa table. 11 la vint ren-
mal sonant.
— 6l6 —
contrer a la porte puis, rciuontcz, se mirent a table ou ils
denieurareut jusijues après une heure du inaKin et lisrent
un rauss de grand excès. Vax ceste conipaignie estoient le
comte Hogenloo, le comU; Kingrave, le S' de Sensieli, le
comte de Hanaut et autres.
A la table de rdecleur de Sax(; au soir, iiug des siens
en pied api)uie (•outr(; la chaise du S' de Sensieli, se U'\ant
le dit Heusich pour laii'c la révcrance, l'autre tonil)at par
terre et tirât le siège sur luy, ne pouvant de soy mesujc se
relever. Il le fallut remporter pour la grande charge de
vin qu'il avoit pris.
Le comte de Hanaut dict a ces deux Electeurs : seyde Propos
glienedichster hurnfiinst und heren ben vol inussicli nocli
eyn mal driiicken, soe miissisch bcy deii a ne rame ni en
cotsen (').
Le Comte de la Marck se retirant en ung coing ])onr
rendi'e son eau^^e, trouvât (ju'il pissoit sur un home vvre
couché par teri'C, et ne sen appercut jusques a ce (piil luy
vid lever ung pied en haut. Le dit S' comte s'en allât.
.Sa.ve se /'achat que S. A. beiwoit de Veauive, disant que
son ventre luj' estoit aussi cher qu'un autre, parce qu'il
beuvoit le vin pur, et dict a monsieur de Frentz, coppier
de S. A : Tu vaux aussi peu que ton mre, a i-aison quil
donnoit de l'eauwe a S. A.
9 Jung. Sambedi. Les Princes ont esté au Conseil et le
Roy de mesme, mais il s'est retiré en une particulière
chambre avec ceulz de son Conseil.
l'i PliisicMu-s mois (le ce i>assaj;e, déiialuré i)ai' le (•lir()iii(iiicin',
sont inèiue coinj)lètenK'ii( eslroi)iés : ('"est ainsi ini'il laul ccrtai-
neinenl voir « cluui'iirst » dans « biirnriinst ". « w en » dans i< lien n,
ete. — On ])<)urrait traduire la ])lirase coninie snit : Messieurs les
électeurs, si vous ni"ol)li;;('/. encore à lioire. je devrai, je \ous lassui'e.
rendi'e iroriie.
4
S. A ;it. avec le lîov, otiy les xcsprcs ci) r(\nlisL' (le lire
(laine, Sn mnjcsic niuiit mis sur son inanteaii la llioisoii
d'or.
H). Jour (le la l'enllieeoust du lualtin a sept heures
S. A at ouy la messe basse a lY'^lise de lire daiue. Pen-
dant ee, monseigneur at, de la part d(» S. A., visite; le Roy
et la Koyiie malade, avec compliments et excuses de ce
(juil/. ne se voii'ont a la grand messe.
Les Electeurs de Maience, de Trêves et S. A. ont ouy la
giand messe a la grande (_^glise de S' Barthélémy et de la
ont tous disnc a\ ce ^Nlayence.
Il est resoux (jiu.' rdection se i'erat merei'edi prochain,
et s(» sont accordez les Princes (pie chacun Electeur aurat
lors avec soy XII personnes dedens le coeur de la grande
église, où ladite élection se ])nblierat. Le sur])lus de leurs
courts serat dedans l'église.
11. S. A. at ouy la grand messe et le sermon avec le Koy
en l'église nre dame. La Royne n'y at j)as esté.
A midi S. A. et Trêves ont disné chez le Roy a trois
seulement à table. Sa majesté les at rencontrez et recon-
duits jus(pies a l'escaillier, s'excusant sur les gouttes (pi'il
n'allait ])lns avant.
12. Du mattin avant les sept heures, S. A. et Trêves ont
esté trouver Mayence en sa maison où ils ont conféré
ensemble a trois jusques a neuff heui-es, et ])nis aiant ouy
la grand messe, se sont retirez.
Ce mesme jour a midi vSaxe a traité le Roy, S. A et l'admi-
nistrateur de Ileydelberg. Le Roy estoit au haut bout,
S. A au droict, l'administrateur a gauche et Saxe au[)rès
de S. A.
— ol;) —
K). I)ii iiiatliii ;i s('|)( liciiiTs, le Koy cl les Princes Mlcc-
Iciirs ont este sur la maison de la \ ille où ilz se sont \csliis
(le leiii's lial)its éleeloraux hors mis (jiic indininisl niicur Mabit
des Electeurs.
du Piuiitiiiut n'uvoit (juc l'huhil diieal, axce le Ixtunel
({uari'é l'ouré de i)elites liennines. et les antres estoient
ronds, le Roy a\()it la eonronne de lioliesnie sur son (diielT.
La Royno cstoit a une l'eiiestre a ro])]»osi(e de la maison Roine.
de la ville avce inig' drap de xcloux ron_i;(' pendant an
delioi's ])()ur les veoir ])asser.
En ('est exqiiipag'C, le Roy et les princes (''lecteurs ont
monté sur leurs clievaux bien t^' richement eaparassone/.,
aiant oelny de Saxe une nu'daille de diamant an IVont
estiince a cent mille Rix dacMar et ont marcdie en Tordre
suyvant.
'l'ous les gentilzlionimes allants jx'sle mesle de\ant eulx .L'ordre tomme
de])nis ladite nnnson de vide jus(|ues a le^lise de S' l>ar- teurs mar^
tlK'lemv. ^'"•.'^"^ ^J !^
maison de la
ville jus(|ue a
Ti ; • j 7 ; 1 r ■ v '/' 1 l'église S' Bar=
Ils marchoient deux a deux. Muience ci 1 rêves les theiemv audit
premiers, ^laience aiant la main droiete.
Franck fort.
Le Roy et S. A. les suivoit. S. A. avoit la main droiete.
Puis Saxe, l'administrateur et le ])ar()n de Podelets au
nom de Brandebourcli, Saxe an milieu et Vadminislrateur
au eost('^ droiet.
Les six princes avoient chacun leurs mareschanx niar-
chant devant eulz a cheval en maldra]) avec leurs esjx^'es
('lectoralles dans leurs fourreaux dor on dorez.
Ces maresehaux estoient telz : Mareschaux.
Celluy de S. A. le comte de Ririerschel au nom de son
])ere mareschal lu'ri'ditaire de ('oloii;ne.
(Jellny de Mayence, Iloudeker.
Celluy de Trier, le coronel d'I-lirt.
— 3i6 —
Cclluy du Roy, uu^ S' de Lcip, inarcsclial hért-diUiire
de Bolicsmc.
Celluy do Saxe, le baron de l*a])enlieyju.
Olliiy d(^ radministratenr, le colonel Helmstiit.
Tous ces princes sont entrez en mesine ordre en léglise.
J'odelets marchait derrier le dernier. Chacun Pi-ince n'at
eu (juc XII des siens autres d'eulx au cauir. La i-est de
leurs courts estoit denicui'ee eu le l'cst de l'église.
Ordre que les j^^.,^. entrée au coeur lut tel:
iiSrs Electeurs
tenoient en en- rpj.j^^. j^ j,i,emier.
trant a S' Bar= '■
theiemy en Maience le second.
Francfort. r, . , o
S. A. le 3^
Saxe 4^
Le Roi le S*".
L'administrateur le 6'^.
Et Podelits le 7^
Ordre des séan» Trier avoit son siège seul unz peu eslevé au milieu
ces en ladite
église. du coeur aux sièges des chanoines.
De son costé droict estoit Maience le premier.
Le Roy second.
L'administrateur le troisiesme.
Aux sièges du costé gauche estoient :
S. A.
Saxe.
Podelits.
Et avoient tous ces princes chacun leurs mareschaux
devant eulz avec les espées électorales et leurs grands
chainberlains.
Ceux qui ne vou= T/on y at incontinent chanté le Veni s"^ spiritus et y
sont tous demeurez, mais comme l'on commencoit la messe,
Saxe, Pflats et Podelits en sont sortis avec beaucoup de
leurs gens et se sont retirez dans la sacristie richement
tapissée.
lurent ouyr la
messe.
'{,-
La liicssc finie, cliacun csl lelounir en sa place an Serment
coeur où Maieuce proposa le serment a faire par les
Electeurs suyvant la Bulle d'Or.
Trier a pris le serment de Mayencc et Mayenee celluy
de Trier et par conséquent ceulz de tous autres Electeurs.
Ma3^ence at commandé a son secrétaire de tirer note
de ce que s'estoit passé et l'omologuer pour mémoire per-
pétuelle, d'autant plus que Maieiice est cancelier de l Em-
pire.
Ce secrétaire at requis tous les assistants présents d'en
estre tesmoius.
Cela faict, l'on at encoires chanté Veni S'® Spiritus puis
sont allez au conclave où ilz sont demeuré une bonne
heure.
Sortis de cette conférance, le lloy entre Maience et
S. A., ont assis le Roy sur l'autel. S. A. estante a la main
droicte du Roy et Maience à gauche et tous les autres
estoient du costé de Maience, et sont ainsy demeurez en
l)ied, le Roj^ assis comme dit est, durant le Te Deum
Laudamus qui se chantoit a trois cœurs, l'un estoit la
musicque, le deuxiesme les orgues et le troisiesme tontes
les trompettes et tambours de cu^^vre des princes, qui
faisoient ung grand tintamar ; les tambours s'appellent
par les allemauts Herbencken.
Toutes ces cérémonies achevées au cœur les Princes
en sont sortis et montez sur ung théâtre dressé eu l'église
tapissée, au milieu duquel estoit nng siège enrichi de drap
d'or ung peu relevé, et couvert d'ung beau tapis.
Laquel chaire sans Baldeqnin estant présentée au Floy
par Mayenee il at accepté et sy est assis.
Trier estoit assis a l'opposite du Rroy, le visaige vers
Sa Majesté, S. A. a gauche, Mayenee et les autres a la
main droicte.
— 3i8 —
Roi Mathias pu- Lors le Prévost de ^Jayciu-c ai leu et publié a hante
blié empereur i ,^ ,, i • •
le 13 Jung 1612. voix que le Roy ^latliuis cstoifc esleu lloy des Komaiiis '»
et futur empeieur.
Après ceste publication, Papenliem donna l'espée a
Saxe la tirant habillement hors du fourreau le bout en
haut, et Saxe l'aiant en sa main en fist iing petit tour
en riant et regardant Podelits qui représentoit ]îraiide-
bourg.
L'on donnât a l'administrateur le monde '■') et a Podelits
le sceptre.
Ils sont remontez a cheval en cet éqnipaige avec toutes
leurs trompettes et tambours, chacun en leurs rangs
jusques a la maison du Roy où les Princes l'ont reconduit
sans descendre de leurs chevaux.
Le Roy avoit sa couronne avec le chapeau en Bonnet
en la main, les remerciant jusques a ce qu'ilz fuissent
retirez.
Trier marchoit devant tout seul avec une houssine en
la main.
Saxe, l'administrateur et Podelits le suyvoient avec
l'espée nue, le monde et le sceptre en mains. Puis mar-
choit le Roy entre Maience et S. A. Ne faut omettre que
soubdain que Papenheym eut donné l'es^^ée a Saxe, tous
(1) Les Empereurs d'Allemagne ])renaieiit le titre de Roi des
Romains avant d'être couronnés.
Antérieui'ement, le couronnement exigeait des cérémonies mul-
tiples et longues : après l'élection, le Roi des Romains était conduit
dans la petite ville de Rlieinstein, près de Coblence, où il confirmait
les privilèges des électeurs ; ])uis il se rendait à Aix-la-Chapelle ; il
y recevait la couronne d'argent ; ensuite à Monza, près de Milan,
la couronne de fer ; enfin, à Rome, celle d'or ; le Pa])e le proclamait
Empereur. Ai)rès (^linrles (Juiiit, on se borna au seul courouueiueut
à Francfort.
(2) Globe.
Olf) — •
les autres niarcscliaiix inirciil les leurs les poiutiis eu bas Espées.
iivee les fourreaux, puis se retirereul.
Podelits n'avoit antre liabit que son oïdinaire.
Cejourdliuy a midi ont disné avee S. A. le eonite de
Walsteyn , Laiitliossnieyker de lîoliesiue, le comte de
Maiisfeldt, capitaine des gardes du Roy, le comte Rin-
graeve, doctor Wacker de la suite du Roy, le comte
Frédéric de Solms, le comte de SNvaetzenbourcli, le comte
de Pappensteyn et Helfeysten.
Est a noter que les princes eclésiastiques avoient robes Ri»bes.
d'escarlatte et les souliers de veloux rouge.
i4- Jeudi ont disné avec 8. A. Tadministrateur Ilenricli
Troupis Baron de Walbourg, son fils, trois comtes de
Furnstenberclijdenx comtes de Solme,le comte Ringraeve,
le filz du comte Jean de Nassauw.
S. A. at du mattin esté promener a elieval hors la ville, Lant^ravine.
at rencontré La Lantgravine de Hessen en son caroce
({111 n'at ocsté son masque pour .siiliier S. A.
Le Lantgrave Manrits de Ilessen , son filz, sa feme,
l'ambassadeur d'Espaigne, don Baltasar de Zuniga, le duc
de Cobburg ont cejourd'liui entré en la ville.
i5. Vendredi les princes Electeurs ont esté au Conseil
du mattin, où at esté resoud (jiie le couronnemenl du Roy
soy ferai le dimanche en liuict jours.
A midi ont disné avec S. A. Rarbitius et lieer Lambreclit
mre dhostel de la Royne.
Après midi sont arrivez en la ville le nKii-({uis d'Anspacli,
le lantgrave Lodovic de d'Ermstat, le prince d'Anhalt, le
prince de Brandebonrcli.
i6. Les Princes ont esté du mattin jusques a dix heures
an Conseil.
Nonces. Après midi, sont venus visiter S. A. deux nonces iipos-
tolicques, l'ung appelé Placido de la Mana, évesque de
Melfy au roiaulme de Naples, et Antonio Vescano de
Pistoya, résident a Coloigiie. S. A. les a receu an dessus
des degrez et reconduits iusques en bas de la première
montée, Melfy at eu la préséance et S. A. lui at donné le
devant en entrant et sortant. Monseigneur de Groesbeeck
les at rencontrez et reconduits a la porte.
Ambassadeurs. Apres leur partement, don Batazar de Suniga, ambas-
sadeur d'Espaigne et don Baltazar de Marradas ont eu
audience de S. A. laquel les at receu et reconduit audessus
de la montée, et monseigneur les at reconduits jusques a
leur caroce.
Puis après ont eu audience Guillaume Ancelle mre
dhostel et conseillier du Roy de France, et le S^ de Bonge,
président de France a Prague, rencontrez par S. A- ^ la
porte de la sale qui vat en l'antichambre et les at recon-
duits jusques a la porte de la sale qui vat aux degrez, et
monseig'' a faict semblable debvoir comme aux autres.
17. Dimanche du mattin, Mayence est venu trouver
S. A. qui l'at rencontré a la porte de sa maison, et ont
ainssi par ensemble allé a pied pour ouyr la messe a légiise
de Nre Dame. Le Roy, la Ro3'ne, Trier, et les deux nonces,
l'ambassadeur d'Espaigne et celuy de Florence y ont aussi
esté.
La messe est célébrée par l'Evesque de Nitry, le Roy
estoit avec la Royne soubz le baldakin rapproché de l'autel
du costé de l'Epistre, derrière eulz estoient Mayence et
Coloigne. A l'autre costé du cœur estoit Trier, au milieu
du coeur y avait un bang où estoient les deux nonces et
les ambassadeurs.
Le nonce de Melfy avoit la préséance, celluy de Coloigne
auprès de luy.
— 02I —
Mayeuce at donné l'eamve béniste au Ro}' et à la Royue,
leur at aussi donné a baiser l'Evangile et la Croix.
Aprôs kl messe, tous les princes estants retirez, le
Jcusne prince Electeur de Brmideboiirch est venu trouver Brandebourch.
S. A. qui l'at rencontré & reconduy a la porte et luy
donné l'entrée et sortie des chambre devant.
Cejourdliuy S. A. at disné chez Saxe, ou estoit l'Elec-
teur de Mayence et iceulz trois princes ont dansé a trois ; Danses.
a la fin de ceste danse, Mayence fist uue cabriole ; Hz se
baisoient l'un l'autre eu signe de grande alïection.
i8«. L'on at esté en Conseil. Le duc de Neubourg est
arrivé en ceste ville cl ni soupe avec S. A. laqucl luy al
donné le haut bout de la table et la préséance a toutes
entrées des chambres.
Neubourg.
iQ^ Mardi. Les princes sont tous allez en Conseil. A
midi S. A. at disné chez Trier.
. 20. Les princes encoires en Conseil.
Apres midi, l'ambassadeur de Florence at eu audience
de S. A. et les autres ambassadeurs.
de Maience
leur évesque,
de ne point
faire aucune
procession en
la ville de
Franckfort.
21. .Tour du sacrament, les princes ayant auparavant Le magistrat sup-
■ 1 1 j- • 1 • T • 4^1 1- P"^ l'Electeur
résolus de laire la procession ordinaire aux catholicques
par les rues, les Burgemres ont supplié l'Electeur de
Mayence, protecteur des églises catholicques et évesque
de Franckfort, que ceste procession ne sortisse ses effets
pour beaucoup de considérations, et d'autant que ces céré-
monies n'estoient en usaige en ladite ville et que ce n'eu
estoit la coustume,
Maj'^ence at reparti que la coustume en at esté devant
eulx et leurs pères et rjue, de tout temps, ceste solennité
avoit esté observée aux églises catholicques, qu'il est en
son diocèse et ({ue de ceste authorité sienne, il veut (jue
ceste procession se fasse et que l'on se gardasse bien dy
.)22 —
donner empesehemeut si on ne vonloit (ju'une procession
se convertisse en Vespres (a suppléer siciliennes) i').
S. A at esté trouver Trier en sa maison devant sept
heures du niattin ; ilz sont allez ensemble a l'église St Bar-
thélémy où Mayence estoit désia, le Roy y est venu, et
soubdain après avoir chanté Tantum ergo, sont avec
rianibeaux partis de ceste église, et allez avec des croix,
coni'anons et prebtres jusques a l'église des prescheurs
proche la maison de Mayence, où le Ro}^ la Koyne et les
autres princes et ambassadeurs catholicques ont ouy la
messe célébrée par Mayence : ilz ont marché en l'ordre
su y van t.
L'ordre tenu par Lélecteur de Mayence estoit soulz le baklequin vesti
les électeurs
leRoy.laReynè pontificalement, accompaigné de divers prebtres notables,
ces^"a^l1anT'"à ^^ portoit le S^ Sacrement. Ceulx qui portoient le baldakin
léglise des estoient le comte de Furtensberch et trois autres comtes
prescheurs.
de la chambre du Roy.
Derier ce baldakin, marchait le Roy seul a pied, un
petit flambeau de cire blanche en la main, et a teste nue,
la thoison d'or ceint sur son manteau.
Derier luj^ estoient Trier et Cologne avec flambeaux,
Trier au droist, après les deux nonces Meli'y au droict,
après les ambassadeurs d'Espaigne et de Florence.
Hz ont, en ceste ordre, entrez en ladite église des pres-
cheurs avec leurs chantres, trompettes et Ilerbecken son-
nants, chantants et jouwants par rues et dans léglise.
Mitre. Devant le baldakin y avait iing père (|ui portoit sut- un
coussin la riche mitre archiéi)iscopale de Maience.
Dans la dite église, Mayence a chanté la messe, le Koy
et la Uoync estoient assis au coeur soubz le baldakin du
coste d(; l'Epistre.
(^) liC iiia^islrMl riMloiilail smiis doiUc. en dcniaiKhiiit la siqiprcs-
siou de la procession, des li'ouliies i)ou\aiit iiailre de la préseiiee de
nombreux protestants à Franelorl.
- 323 —
Trier estoit derier uulx, et S.A. derrier liiy de mcsme
costé.
Au milieu estoient les nonces et les ambassadeurs aussy.
Keyctsel tenoit le bassin, ung- Sclioenbergli le pot doré
l)our laver les mains, Iloneker et li^-penbergli tenoient
les serviettes.
Trier at donné l'Evangile et la Paix a baiser au Roy et
a la Royne, avec les cérémonies et compléments requis.
La messe finie, que l'on pensoit rapporter le Sacrement
a l'église S* Barthélémy où il appartient, Mayence est
demeuré malade et at esté reconduit en sa maison et mis
an lict. L'ordre de la procession rompu pour le rapport
(lu sacrement avec la mesme révérance d'auparavant, le
lîoy et les autres princes catliolicques estants retirez aussy
en leur particuliers, après, tous les auti'cs Electeurs ont
disné avec le Roy.
Est a noter, que Saxe, Hessen et autres princes protes-
tants avec leurs femmes, scavoir celles qui y estoient, soy
sont retrouvez aux fenestres pour veoir repasser la pro-
cession in amplissima forma, mais la maladie de Mayence
l'at empesclié.
22. Les princes ont esté en Conseil hors mis celluy
de Mayence qui se portoit encoires mal.
Après le conseil, S. A. et Saxe, accompaigué du filz
de Lantgraive de Hessen et autres seigneurs sont allez chasse de cerffs.
a la chasse proche d'Ermstat, où le lantgraire Lodwick
de d'Ermstat l'avoit faict prépai-er. Hz ont pris qnclqnes
trent cerffs et biches, tant tire:- (jne conrns avec les lances.
L'administrateur donnât sa lance en terre après ung
cerff, laquel se rompant, faillit d'avoir du mal, si ung
laquay n'eust abilement l'ctenu le cheval par la bride.
liC comte Efucsf de Mniisfolt \- culbutât avec son c-Iicn al,
- 324 -
Le niesme jour soiil lU'i'ivez après midi, le due de
Wurtembergh et le marquis de Dourlaelit. L'adminis-
tratice palatine y est aussy arrivée.
Une biche sautât sur la croupe du cheval du jeune duc
de Brunswick, qui cuidat mettre l'home et le cheval
par terre.
23. Les Princes furent en Conseil.
Apcès-midi, S. A. at ouy les vespres avec le Roy et la
Roy ne en l'église de Nre Dame.
Cérémonies 24. Dimanche jour S' Jean, fut le Roy Mathias couroné
du coronement ^ ^ <• i. i ■ i - ' • i.
de l'Empereur. Empereur, et y furent observées les cérémonies et
solemnitez suyvantes en l'église de S* Barthélémy à
Franekfort.
L'Electeur de Maience fut le premier à l'église parce
qu'il se préparoit pour célébrer la messe. Il s'y vestit des
habits pontificaux d'archevesque avec la mitre et la croze
fort riches.
Le Roy y est arrivé entre 8 et 9 heures accompaigné de
24 princes, et les électeurs de Saxe et l'administrateur
vestus de leurs habits électoraux et Podelits au nom de
Brandebourch avec le sceptre en la main, Saxe l'espée et
l'administrateur le monde, lesquels suj'voient le lloy en
leurs habits électorals. Les électeurs de Trier et Cologne
y sont venus vestis de leurs habits électoraux d'avant les
sept heures du mattin. Hz ont (juitté ces l'obes, et se sont
vestus de surplis et de chappes de drap d'or fort riches.
A l'arivée du Roy en l'église, Mayence, Trier et Coloigne,
accompaignez de l'évesque de Nitry, et le suffragan de
Mayence, tous deux mitres, ont, en leurs équipaiges avec
la t et le baston d'argent où pendent les scelz de rEin])ir('
que l'on portoit devant eulz, rencontré sa IMajesté jus(jues
a la p(n'te de l'église. Où s'an-estant et après les j-évérances
faictes, Mayence leut ((uelques oraisons, puis le conduireut
— d23 —
(levant le grand antel, où l'on avoiL préparé ^on hiège sous
ung baldakin de drap d'or.
Cliacnn Electeur avoit son siège, Trier estoit au costé
droict, Coloigne a ganclie et les trois autres du costé
droict. Tous les autres princes estoient au costé gauche
sur ung long l)an(\
Les deux nonces, et les ambassadeurs d'Kspaigne et de
Florence estoient au milieu de l'église derier Sa Majesté.
L e^7/.s'e estait tapissée pur terre de drap roug-e.
ÏjG Roy fut amené i)ar Trier et Coloigne proche de
l'autel où il s'agenouillât sur un careau de drap d'or;
Mayence, debout, se i-etourna vers Sa Majesté, et lent
encoires quelques suffrages et prières, puis fut recondui
par Trier et Coloigne soubz son baldakin.
La Royne estoit sur un théâtre au dessus de Coloigne
accompaigiiée d'uug grand nombre de princesses, com-
tesses, dames et damoiselles de qualité.
Mayence commençât la messe, deux chanoines de
Ma3'ence le servoient de diacre et subdiacre. L'Epistre
finie, le Roy fut encoires amené i)ar Tiier et Coloigne sur
le careau de drap d'or proche l'autel. Maj-ence luy fist
certaines interrogations en lattin, a chacunes desquelles
Sa Majesté l'espondit volo ; on leut loi's toutes les litanies.
Le Roy approcha l'autel de plus j)rès et niist la main Serment.
dessus, puis /ist le serinent (jue Mayence luy disait. 11 se
mist en genoux sur le mesme careau i)r()clio l'autel.
Trier et Coloigne luy ont osté son habit électoral,
demeurante Sa Majesté avec une robette de drap d'or
tirant sur le pourpre.
L'électeur de Maience l'oindit i)remiei' d'une t sur la
teste, à la poicti'ine, au nue du col et au bras.
Puis tous les électeurs l'ont mené (>n la sacristie où ilz
ont demeuré une bonne heure.
lùi sortant, il estoit vesti de la j-oebe impériale de
— 326 —
Cliarleuiuiyiie l'aictc de drap d'or. II se reinist sur le
carcan proche l'autel, où Mayence luy donne le sceptre,
l'espée de Charlemaigne, et uii<>' aneau d'un beau et riche
diamant.
Trier et S. A. luy misrent la chappc d'iùnpei'eui-, le
monde en sa main et la couronne de TEnipeieur Cliarle-
maigne, apportée d'Aix, sur sa teste. En cet équipaige, il
fut recondui par lesdis deux princes soubz son baldakin.
FiUy osta sa coui'onne et la tint en sa main tout le temps
de la messe, et tous les électeurs se i-emisi-ent en leurs
places.
Apres l'J^^vangile et le Credo , l'Empereur allât a
lOrirande, et olTi-it une pièce d'or releie de la grandeur
d'ung Ivix daeldei', et la messe se continua.
.Vpres que Mayence eut consacré et communié a l'autel,
Sa .Majesté s'approchât et communiât ; il ne voulut le
cai-eau que on Iny présentât, ains se mist les genoux sur
le degré de l'autel tapissé, que Ton attribue à sa vénérance
de sa communion.
Trier dt)nnat l'IOvangile et la Paix à baiser à rr^mpei'eur.
La messe achevée, Sa Majesté l'ut derechieff conduit de
son baldakin à l'autel sur son careau comme auparavant.
Lors Mayence l'ist i)lusieurs belles oraisons ponr la béné-
diction de Dieu, et toutes sortes de bonne heure et pros-
périté à Sa Majesté.
Api'ès, riùn])ereur l'ut condui })ar tous les Electeurs
vers nng troesne haut relevé et richement tapissé avec ung
siège et baldakin de drap d'or, qui luy cstoit })réparé du
cosié du C(X'ur, oi'i il s'est assis, et jjendant (piil si ache-
niinoit, toutes les trompettes et herbecken faisoit ung
gi-and fanfai-re en l'église. Trier et Couloigne allarent se
dévestii- de l(Mirs chappes et se revestirent de leurs habits
électoiaux , puis relournarent vers Sa ^Majesté sur 1<^
troesne, où estoient tous les auti-es électeurs, hors mis
— 027 —
Mnyencc, qui pour sa ilrbilitc, n'y [)eul alh'r. Ll-'inporeur
list cUxsept chevaliers qui s'esttiut mis en genoux Sa
Majesté leur tlonnat de l'espée nue sur resi)aule.
L'on clumtat Te deum laudmniis, et les trouipclles et
herbeeken eories^jondoieut.
L:i Royne partit la ])reniièr(' de l'église seule en sa
earoee, snyvies d'autres eiirosses ])laines de ])rineesses et
dames de qualité.
l)(q)uis l'église ius(jues a la maison de la \ ille, il y a\()i(
un pont de bois couvert de draj) rouge sui- le(|uel ces
i-aroees, l'Empereur et tous les Princes marelioient. l^lle
montât avec toutes ces dames sur la maison de la ville oii
les bancquets estoient prépare/.
L'Emi)ereur suyvit tost après a ])ied soubz un baldakin
])orté par six comtes de la chambre de Sa Majesté.
Saxe avec l'espée, l'administrateur avec le monde, et le
comte Hans Jorich de Hogenzolrn marelioient devant a
pied, ledit comte avec le sce])tre estoit a eosté senestre,
Saxe au milieu et l'administrateur au costé droiet.
Entre ces princes et l'Empereur jnarchoiont trois héraux
avec casaeques d'armes de toillc d'or de Hongrie, de
Bohesme et d'Austriehe, a teste nue avec une bagette
blanche en sa main, et le héi'aut de l'J^^mpire mai'choit
derier tout proche du baldakin.
Trier au costé droiet, Conloigne à gauche marelioient
derier ledit bahhikin.
Et dei'ier eulx y avoit ung a cheNal (|ui semoit or et
urgent par les rues.
L'I'jnpereur et rimpératiaee axnieiit .i deux leur table
a i>art, au haut bout de la sale au])res des l'enestres qui
regardent sur la })lace soubz ung l'iehe baldakin le dos
contre les fenestres.
A leur op])Osite, avoit ''rri(M' sa table seide et à pari,
comme tous les autres Electeurs, il a\t»il le \ isaige conlie
la veue de leurs Majestez.
- 328 —
Au c'osLé (li'oid (le la sale, esloit la place pré2)arée pour
May cil ce, lequel, a cause de son indisposition ne soy
retrouvât, aiiis retournât de l'église en sa maison.
Du niesme eostc an dessonbz de Mayence, estoit raduii-
nistrateur seul a sa table.
Au costé gauclie de la sale, estoit le premier S. A. de
Couloigne a sa table seul.
Plus bas que ladite A. au inesme costé estoit Saxe aussi
seul et a part.
Tous les électeurs avoient chacun leur baldakin et leur
buffet.
Hz estoieiit servis de leurs gentilliommes de la Chambre
qui portoicnt leur viande comme troupis.
L'adniiiiistrateur fut a cheval quérir le premier plat de
l'Empereur à la cuisine où se rotissoit le beuff (^).
Schench von L'Imborch luy donnât a boire, le comte
Hans Joi'ick de Hogenzolrn a laver.
La Marck. Le comte de la Marck fut trenchant i'-) de S. A. de
C'Onloigne et celui de Rifferscheyt coppier (^\
Derier Trier estoit son buffet, et derier ce buffet y avoit
deux tables séparées, où estoient assis tous les princes
sans baldakin.
Palatin. A la première estoit 'au haut bout le ieune prince
Palatin a la main droicte, auprès de luy, au senestre,
au mcsme haut bout un autre Palatin qui at espousé la
feme de radministrateur, puis le marquis d'Aiispacli,
le landgrave T.odovick de d'Ermstat, le marquis de
Dourlach, de Poden, le duc de Wirtembergh, le duc de
') (""c'iait un usaf;e ti-adiliomu'l : ce hci'iif. ri'iii])li du volailles e(
(le diverses viandes, élail doinié au i)eu])le. coiiiine on le verra ])lns
loin.
(-) Eeuyei" Iranclianl.
('■'j (^ui déeoupail la \iaiide,
{'oljburgli, le jeusnc priiici; de Hriindeboiircli, le laii(lj;i'avo
Maiiritz de liessen, et, le prinee Cliritjtiaeu d'AiihalL tous
à eeste table.
A la deuxièsinc table, i)lnsieui's ieiiiios i)rin('es.
Toutes les princesses luangeoieiit en une cbambre nn
peu plus bas.
Et les comtes en un autre au dessoub/ des i)rineesses.
Hz y demeurèrent jus(pies a ('inc(|ue lieures, lioi-s mis
(|ue rimpératrice partit la première et se letii-at vers
sa maison accomj)aignée de toutes ses dames et pi-in-
cesses en carosses.
L'Empereur retournât a sa maison, tous les comtes
et gentilhommes marclioient devant a pied, puis les
24 princes a cheval et les électeurs avec Sa Majesté aussi
a cheval, iceulx Electeurs habillez électoi-alement et Sa
majesté de la roebe impériale et la couronne; sur sou
chieff.
Celluy de Trier marclioit le premier, Saxe avec l'espée
au milieu, l'administrateur au droict avec le monde, et
Hozenzolrn a gauche avec le scheptre. S. A. de Couloigne
suyvoit, les hérauts d'armes en leur ordre, puis Sa
Majesté, laquel fut ainsi reconduite iusques à sa maison
et y entrarent les Electeurs, ou aiants demeure demye
heure, se sont retirez.
L'on at rosty un beuff farcy de volailles, cossons et Beuff.
autres animaux, duquel estant porté une pièce a l' Em-
pereur, le rest at esté donnée au pillaige a qui en vouloit,
et la maison de planche qui pour ce regard fut érigée. Maison
1 i. -i • » • • j i- . 1 . «Je planche,
chacun en omportoit une pièce si avidement, (pie loml)ant
une partie du toict, ung garçon en fut tué.
Ung fontaine de vin blanc et rouge coulât sur le mai'<'hé Fontaine de vin.
par plusieurs canaux iusques a trois heures après-midi.
Il y avoit sur le marché ung grand monceau d'aveine (') Aveine.
('j Avoine.
dans lequel Saxe entrât ins(|ues an veiilre de «on elieval
aiaiit luu; mesure d'argent quil inist plaine d'aveine,
puis avec un rouleau d'ai-gent le roulât sui- la dite mesure
comme s'il Teust voulu vendre : après, jccta ceste aveine
au loinji,- et s'en retoui-nat, laissa le dit monceau au pillaige.
Drap roujje j^q mesme pilaige se i'ist du drap rouge qui estoit sur
le [)ont, qui fut déchiré et découpé par plusieurs, et y
eut aucunes persones grièvement l)lessées et tuées.
25 Jung. Lundi. Le landgraive Mauritz de Ilessel Slesel,
évesqne de Vienne et l'ambassadeur de Florence ont, du
mattin, visite S. A.
8. A. at soupe chez le lantgraive de Hessen, où y avoit
plusieurs S^s et princesses.
26. Mardi. Fut l'impératrice couronnée avec les mesmes
solemnitez qui furent observées au couronement de l'Em-
pereur en l'église, hors mis les interrogatoirs qui luy
furent faietes en lattin, et aucunes semblables choeses.
Elle estoit suyvie de 25 carosses en allant et retournant
de l'église toutes remplies de dames.
Leurs Majestés, tous les princes et princesses ont disné
sur la maison de la ville, l'Empereur c*v: l'Impéi-atrice à
part, comme dimanche dernier, luy au costé droict.
"^l'ous les Electeurs ensemble a une table.
Tous les autres princes avoient leur table.
Et les princesses de mesme en la mesme sale.
27. Mercredi. Ont les Princes esté en Conseil.
Banquet de S. A. S. A. a faict ung très beau bancquet a midi, où sont estez
de Couloigne
L'administrateur en haut bout a droict.
Saxe proche de luy a gauche.
Le duc de Cobburgh.
Le <luc de AMi'temberffh et deux siens frers.
0.)I —
J.c iiiar(jiiis (l"Aiisj);n'li.
Le (lue (le W'eynu'jcii.
Le lanlgi'avo de Hesscii et son l'il/.
Lelantgrave de d'I'>nnstal i?v: ses deux IVei-s.
Le ieniie Prince Palatin.
Le ieune Prince de Brandebonrgli.
Le duc de Brnnswiek,
Le duc de Holsteyn.
Deux marquis de Badeu.
Marquis de Dourlacli.
Deux frères de radiuinistrateui'.
Le duc de Poniere. ■
Le Prince d'Anluilt.
Le duc de Linienborcli.
Hz se liastarent fort, parce que l'EnipercMir vouloit
courir la bague avec eul/ coninie ilz fisrent ai)iès midi et
l'Empereur rcm[)ortat une fois.
Au soir, Monseigneur fut chez le Lantgrave de d'iu-mstat
où soupoit le duc de Saxe.
Hz partirent environ les lo heures du soir, et allarent Danse,
vers la maison de la ville, où Leurs Majestéz et tous les
Pi'inces & Princesses vindi'ircMit au bal (pii dui-at ius(iues
à trois heures du matin.
28 Jeudi. Les Princes ont esté en Conseil.
S. A. at cejourdhuy disné chez Saxe avec i)lusieui's
autres princes ainnt ce repas duré his(jue.'< mix 10 heures
au soir.
Ceiourdliuv, Monseigneui' al doniu' de la i)ai't de S. A. ..*:*1^'?"^^
" *^ Médailles.
les médailles et chaesnes a huict cavalliers & ministres
de l'Electeur de Saxe.
29. Saxe est parti.
L'ambassadeur d'J^spaigne al (mi audience à S. A.
3o. Au soir M' sont allumez les l'cux arLificiclz et bruslé
le eliasteuu sur la rivière de Meyne plain de i'uzées, gre-
nades et autres gentilesses fort admirables.
Prima July. S. A at ouy la messe en l'église nre Dame
avec l'Empereur, rTm[)éi'atri('e c*s: Mayenec.
LES ORIGINES
DE LA Sculpture, de la Gravure
ET DE LA
Peinture chez uHomme fossile
liésiiiiK' d'iiiu' Coniiiuiiiiciilion
fuite à ht sctince de Vliistittil du -jS [(■oricr IQO^.
Xous voyons apjjai'aîtrc les prcinièi-es luanifestations
artisti(|U('s v\w/. rHomiiic fossile \ cn-s la lin de rage du
Mannnouth et surtout pendant Tâge du Renne, c'est-à-dire
])endant la seconde moitié de la période ([uaternaire. Ces
manifestations ai'tisticpies consistent eu gravures au ti-ait,
en scul[)tur(!s en demi-bosse e( en ronde l)oss<', en pein-
tures, sur pierre, sur os, sur ivttire ou sur rochers.
Quoique les pièces graxées au burin de silex soient
beaucoup plus fréquentes que les objets sculptés, rien ne
l)r()uve que l'Homme se soit exercé à la gravure avant
d'aborder la sculpture.
Les gravures et les scul])turcs sur pierre sont i-elative-
ment rares, les gravures sur os et sur coiiic de cci'\ ides
beaucoup plus communes ; on en connaît i)lus de d<Mi\
cents spécimens.
Les sculptui'es sont presque h)uj()ni-s en ivoire de
mammoutli. Les sujets traités sont de diverses eatégories.
11 faut d'abord eiter les simples traits parallèles, les qua-
drillages, les zigzag's, les chevrons, i-arenient des lignes
ondulées. Viennent ensuite les re]>résentations d'animaux
qui sont presqu'aussi abondantes que les dessins géomé-
triques. Ces animaux sont surtout des mammifères et le
plus souvent : le bœuf, le bison, le elieval, le renne et le
mammouth ; (pudtpu'fois des ])oiss()ns sont l'eprésentés et
très rarement des oiseaux ou des reptiles. Les représenta-
tions luimaines sont rares; comme gravures, on possède
un chasseur d'anroch, une femme de Laugerie-Basse, des
bras et des mains isolées; il y a aussi quehjues sculptures
de femmes, provenant de Brassempoux, faites en ivoire et
une tête d'homme^ en os de la cavcM'ne de Verlaine (Bel-
gique).
La gi'ande majorité de ces gravures et sculptures datent
de l'âge du Benne, du Quaternaire sui)érieur ; elles sont
l'œuvre des hommes fossiles de la race de Laugerie-Basse
(Cro-Magnon) que l'on a encore appelés les troglodytes de
la Vézère, les Magdaléniens, les chasseurs de Rennes.
Ces i)roductions artistiques présentent, à côté d'une
grande naïveté d'exécution, un sentiment très vrai des
formes et des attitudes, nous permettant de reconnaître
la plupart des animaux. Tantôt l'artiste a exécuté son
œuvre sur des fragments quelcon([ues d'os ou d'ivoire ;
avec môme des surcharges, comme s'il s'était simplement
exercé ou amusé à ce travail. Tantôt, la gravure ou la
sculpture est adaptée à la forme naturelle ou artificielle
de l'os, de la corne ou du morceau d'ivoii'e. Ce sont
surtout les manches de i)oigna]'ds, les ])ointes de sagaies,
les harpons qui sont ainsi ornés, ou bien les énigmatiques
bâtons de commandement. 11 y a aussi des objets de
parure gravés ou sculptés; perles et plaques de colliers,
pendeloques, etc.
Les Priniilifs (luaternaircs ne so sont i>as contentés de
figurer des animaux isolés, ils ont ([uelquel'ois groupé
leurs sujets, tenté des ensembles, (|ue nous ])ouvons consi-
dérer comme les jjremiers (ableaux. Ils ont été en général
tort malhabiles dans ces premiei's essais de composition
artibtiipu'. Ce sont oi'dinair(Muenl des enfilades d'aninniux,
l)lacés les uns derrière les autres, oii les ra])])orts et les
ju'oportions sont foi't défectueux, (^iiand il leui' ai'rixait
de reiiroduire deux aninuiux à côté l'un de l'aiiti-e, ils
indi(juaient également ])ai" des traits de inènu' valeur les
parties se cachant mutuellement.
Dès ces débuts delà gravure (!t de la scnl))lnre, nous
voyons rilomme utiliser en même tcm])s la couleui-, c'est
presqu'exclusivoment du rouge et du noir. Souvent les
objets de parure en ivoire sont teintés ])ar de la ])oudre
d'ocre ou d'oligiste. On a retrouvé à Si)y les tubes à cou-
leur de l'Homme contemp(U'ain du ^lammoutli : ce sont des
os creux de cygne qui étaient encore reuii)lis de ])ou(lre
d'oligiste.
Des cailloux i)ortant des traces de peintures à l'oci-e
rouge représentant des traits ])ai"allèles, des lignes en
zigzags, ont été rencontrés dans des dé])ôts de cavernes de
la fin du (i^uaternaire.
.le veux surtout m'ari'êter aux fameuses gravures et
peintures de parois dans les cavei'nes dont il a été (question
dans ces dernières années.
En 1875, l'abbé Marcel de Sautuola découvrait des gra-
vures et des peintures rouges et noires sur les ))arois et
sur le plafond d'une grotte obscure, à Altamira près de
Santander et il les attribuait à l'Homme de l'âge du Renne.
Les gravures au trait représentent des bisons, des clievaux
et des cervidés; les peintures figurent un troupeau de bisons
plus grands que nature, dans toutes les attitudes, mêlés à
d'autres bovidés, à un élan, un cerf et un sanglier. Enfin,
sur ces parois un grand nombre de signes géométriques
336
étaient peints. On fut alors très inc-i'inliilo au sujet de cette
découverte. Pour les uns, ces gravures et ces fresques
étaient beaucoup plus récentes que les dépôts recueillis
dans cette grotte; x)Our les autres, l'abbé de Sautuola avait
été l'objet d'une mystification. Mais voici (pie depuis
deux ou trois ans, on a découvert en France hait grottes,
dans la Gironde, la Dordogne et le Gard, à parois ornées
de gravures et de peintures, ayant complètement la
même facture que celles d'Altamii'a et contenant les mêmes
dépôts et les mêmes objets de l'industrie magdalénienne.
A ces dessins, gravures et peintures sur roclier représen-
tant des animaux, étaient jointes comme à Altamira, des
figures triangulaires, tectiformes exécutées à côté ou sur
les animaux. M. Moissan, de l'Institut, a fait l'analyse des
couleurs des fresques de la grotte de Fond de Gaume et il
a reconnu que ce sont des ocres formés d'oxyde de fer et
d'oxyde de manganèse.
On peut donc affirmer aujourd'hui cpic les gravures et
peintures murales de certaines grottes obscures, sont
l'œuvre de l'Homme fossile de l'âge du Renne, car i)lu-
sieurs fois on a ])u constater :
1° (^ue ces productions ai'tistiques étaient complètement
recouvertes par des dépôts vierges de tout remaniement et
d'âge parfaitement établi; 2" que ces gravures et peintures
nuirales sont identiques de style aux gravures et sculi)tures
sur os et sur ivoires recueillies dans ces mêmes cavernes;
3" ([ue les sujets représentés sont des animaux dis])ai'us
de la région ou même de la surface du globe.
(.'(îs gravures et ces fresques était-elles exclusivement
des manifestations artistiques destinées à orner des pai'ois
de grottes où ne }>énétvait pan lu lumière du jour et où l'on
ne voit ]>as les traces de foyers fi'é(|iients ?
L'etlmograiîliie comi)aré(' di's ])euplades sauvages
actuelles jette une singulière lumière sui- cette question.
Les gravures et sciiljjtiircs des l<]s([iiinunix, les gravures
sur parois des piMiplades saluirieinies, l(>s peintures sur
rocher des Boseliismancs reproduisant l'image de tel ou tel
animal, ont jiour but d'assurer au i)ossesscur de l'image
une influence d'ordre magique sur l'objet réel qu'elle
représente, de donner une pi-ise sur l'objet « désirable »,
et cela d'après de très anciennes croyances antéi-ieures au
fétichisme ou à la religion actuelle des dites peuplades.
Les Ariintas, peuplade du centre de l'Australie, étudiés
par Spencer et Gillen, ont, ainsi que les Peaux-Rouges
américains, une figure d'animal comme symbole ou totem
de la tribu. Ils peignent en grand l'image de ce totem,
l'Emon par exemple, sur les parois de grottes obscures.
A certains moments, les hommes accomplissent, en ])ré-
sence de ces peintures, une cérémonie « VinlicJiiiinui n (pii
a pour l:)ut d'assurer, par des moyens magiques, la multi-
])lication de l'animal totem, utile à la ti'ibu.
Or, il se fait que les motifs des gravures, sculi)tures et
surtout peintures sur paroi des préhistoriques sont emprun-
tés presqu'exclusi veulent à des animaux « désii-ables )> et
dont ils faisaient leur nourriture. Déjà en 187(5 un Hclge,
'SI. Bernardin, de Melle, avait émis l'idée que les images
d'animaux gravées et sculptées des chasseurs de Renne
])réliistoriques seraient des syml)olcs de })eu})lades à culte
totemicjue comme les Peaux-Rouges. Cette idéea été reprise
aujourd'hui par Ilamy, Capitan, l'abbé Breuil et Reinach.
Xos gravures, sculptures et peintures de l'Homme fossile
ne seraient pas, d'après ces archéologues et ethnographes,
de simi)les objets d'art dans l'acception moderne du mot,
mais des objets d'évocation mystique. Devant ces pein-
tures murales préhistoriques, les Magdaléniens de l'âge
du Renne auraient accompli des cérémonies magiques dans
le but de s'approprier ou de voir se multiplier ])our eux :
bœufs, bisons, chevaux, cervidés et mammouths, dans le
but encore de les attirer an voisinage de la caverne.
Fne foi-me de la survi\ancc de celle ci-oyance d'un rap-
— 338 —
port magique entre le possesseur d'une image et l'objet
réel qu'elle représente aurait subsisté jusqu'au Moyen âge
en Europe, c'est V envoûtement. Une autre forme de la
survivance de la même croyance chez les peuples orientaux
actuels et spécialement chez les Arabes est celle que le
possesseur de leur image a un pouvoir sur eux. Ce serait
la raison pour laquelle ils ne veulent pas se laisser repré-
senter ou photographier.
Le rapprochement des fresques préhistoriques et des
peintures sur roches des Boschismanes et des Australiens
me paraît judicieux et leur commune signification très
probable. Mais faut-il voir dans toutes les x^rodwctions
artistiques de nos Primitifs fossiles exclusivement des
objets d'évocation magique, je ne le pense pas. // eut
d'autre part très possible que Vorigine et en partie le iléoe-
loppement de l'art primitif chez V Homme fossile soit lié
intimement à des pratiques mystiques utilitaires.
Julien FEAIPONT.
Contribution a l Histoire
DES
ÉTATS DU Duché de Limbourg
AU xviip Siècle
S'il faut en croire le savant liistorien Ernst ('), le
Limbourg et les pays d'Outre-Meuse n'auraient pas eu
d'Etats à l'époque où ils avaient des souverains parti-
culiers, c'est à dire avant le xiv'' siècle ; d'après lui, ils
n'y apparurent que sous le règne de Pliilip])e le Bon,
établis à l'instar de ceux du duché de Erabant. Cette
(piestion de l'origine des Etats limbourgeois mériterait
des reclierclies approfondies, ([ui ne i)euvent Irouvcu-
])lace ici ; mais sans avoir des preuves positives, nous
croyons pouvoir avancer, que, comme dans les autres
principautés lotliaringiennes, les I^tats existaient dès le
xiiie siècle, tout au moins en fait, sinon reconnus, dans
les terres d'Outre- Meuse.
Les Etats provinciaux furent, dans notre pays, la
bas(^ de la constitution l'i : k ils constituaicMit, dit
("'i .\(jlici;t (le rcbiis slitliinm proiuncinc Liniburi>viisis . par S. I'.
Krnht. dans h' Comple-vcndu de lu Coniiiiissioii royale d'IIislnire.
licsi'i-ic. t. XII, pp. 12S5-2S7.
-1 Au sujet (le rorganisaliou des K(als i)rt)viuciaux l'u jïiMu-ral.
cf. (J.vciiAlu». Collection de (loriiiiieiils inédits, I. 1. l'ri-ci.s du ri'-^iinc
pi'Dviucial ; l'oi l.l.irr. Les C.onslitiitions n.-ition.-iles f>elges de l'uneien
réginw (Hruxc'lles 1S74 . eh. \' : l'oi i.i.KT. Histoire politique niitiu-
nale, t. II, passiui.
— 040 —
]\r. Poullot, une puissance intermédiaire entre le pi-iiice
et les sujets, puissance qui ne gouvernait pas, mais qui
empêchait cpi'on ne gouvernât tyranniquement au nom
(lu prince. »
Leur origine ex])li(jue les di'oits et l(»s prérogatives
dont ils jouirent jusqu'à leur suppression à la fin du
xv!!!*^ siècle. Comme nos souverains ne pouvaient impo-
ser arbitraii'ement leurs suj(*ts ni exiger d'eux toujours
et partout le service militaire, ils durent avoir recours
à des assemblées où les différents organismes de la
société étaient représentés et qui étaient cliargées de
voter les subsides ; les groupes, une fois constitués, ten-
dirent à se rapprocher, et ce fut leiii' réunion qui constitua
les Etats.
Leurs principaux droits consistaient dans le fait d'incin-
giirer le souverain, d'admetti-e les patentes de ses officiers
et rei)réseutants ; on les consultait i)()ur les mesures à
l)rendre en faveur du développement de l'industrie et du
commerce, de la construction des routes, etc. ; ils avaient
le droit de faire des remontrances et de présenter des
réclamations écrites au souverain ou à son délégué, et
surtout c'étaient eux seuls qui pouvaient voter l'impôt
direct et indirect. Droit important, cai- il leur permit à
plusieurs reprises de faire admettre leurs réclamations
contre les projets d'organisation ou les abus des repré-
sentants du prince. Au début du xviii'^' siècle, ils étaient
en possession du droit de répartir et d'administrer l'impôt
(pi'ils avaient voté ; ils nommaient les employés, rece-
veurs, commis divers chargés de le percevoir ; c'étaient
eux qui accordaient des secours à l'agriculture et à
l'industrie, en un mot devaient veiller à la bonne adminis-
tration et au développement économique de leur i)rovincc.
Au moment de la guerre de la succession (ri']s]>agne, les
Etats du duché de Limbourg et des pays d'Outre-Meuse
- ;i4i -
(■'taiiMit i'(\i;is ])ar la grando ordoiiiiaiicc du G frvrier ifi.So <'•,
])ort(''0 i)ar C'iiai'les II pour roniôdicr aux abus (c sur le lait
des assemblées tant générales (lue particulières des Etats
es dis pays, non seul(M>ieii1 i)ar la rr(M|uen('(' des dittes
assemblées, niais aussi i)ar le grand nonibi-c^ des compa-
rants du tiei's état. «
Comme en Brabanl, en llainaut, les I-Uatsdu Liml)oui-g
com})i-enaient trois corps : l'ordre ecclésiasticpie (pii était
rei)résenté par les abbés de \'al-I)ieu et de Rolduc, et plus
tard par nn chanoine d'Aix-la-Cliai)elle, admis aux Etats
(( ob notiibilem taxain qiiani idem capitiiliini habet in
matricula ecclesiasiicoruin » -). L'Etat noble comprenait
les descendants des anciennes familles nobles, ])ossédant
danslepays un bien noble ainsi qu'une seigneurie iilaqnelle
étaient attachés les droits de haute, moyenne et basse
justice. Quant à l'Etat tiers, il était composé, selon
l'art. 10 du règlement de 1680, pour le duché de Lind)ourg
de neuf représentants, choisis de deux en deux ans })ai'mi
les officiers communaux les plus ca])ables : trois pour
le quartier ^vallon, et deux pour chacun des bans de
Baelen, A^';dhorn et Montzen.
L'organisation des Etats des pays d'Outre-Meusc était à
l)eu près identique à celle du duché, sauf pour le pays de
Eauquemontqui ne comprenait pas d'Etat ecclésiastique (■'.
Le règlement de 1680 contenait encore plusieurs stipu-
lations intéressantes : les assemblées générales des l^^tats
ne pouvaient avoir lieu que sur la convocation du gouver-
neur de la Province, avec l'autorisation du prince ou de
(^) PlaccaerU'ii eiide ordomuinllcn omi Iicl Ilcrloi^doni nuii linibtint,
t. VI, p. 2".
(-) ERNST. op. cit., p. 2S().
(3) Erxst, oj). cit., p. 290. Les olïiciers conimiuiaiix étaient (l'ordi-
naire choisis par un corps électoral composé de tons les chefs de
famille qni ]»ayaient nn escalin de conlri1)iition foncière f.\ rchincs
du Liinboiiri>-, passim. aux arcliives de l'Ktat à Liéye .
— 342 —
son lieutenant : le haut drossard do cliacun des quatre
pays convoquait les membres des Etats de son district;
le tiers état, pour éclairer sa religion dans certains cas
obscurs, avait le droit de s'adjoindre un certain nombre
de personnes capables et bien renseignées; la députation
des trois membres de l'Etat devait comprendre un ecclé-
siastique et deux nobles du Limbourg, un ecclésiastique
ou un noble délégué par les autres pa.ys d'Outre-Meuse ;
(luant au tiers état, il y envoyait deux députés poui- le
Limbourg, et un pour chacun des trois autres pays. Cette
députation — députés ou commissaires — devait gérer les
affaires d'administration courante, préparer les travaux
des assemblées générales, exécuter les décisions prises
l)ar le cori)s des Etats, etc. (').
Telle était, en résumé, l'organisation des Etats du
duché de Limbourg au début du xviiie siècle. A i)eine le
gouvernement autrichien avait-il pris ])ied dans notre
l)ays, qu'il voulut (*omi)léter certains points d'adminis-
tion : le i>i février 1703 parut un l'èglement relatif à
l'élection des députés des seigneuries du duché de Lim-
bourg : les commissaires des seigneuries de Hervé, Esneux,
Sprimont, Baugnée, Tavier, La (,'hai)elle, Yillers-aux-
Toiirs, Wodémont et Lont/.eu, devaient être choisis au
nombi-e de ceux qui sei'aient désignés par ces commu-
miutés pour faire l'élection '-). Comme quelques-unes de
ces localités n'avaient que peu d'impoi'tance, il fut décidé
(|ue les villages de Tavier, Haugnée et Villers-aux-Tours
n'auraient cpi'un seul député pour donner voix dans le
choix des commissaires des seigneuries 1^'.
Pendant les années suivantes, le gouvernement do
Vienne eut trop peu de loisirs pour s'occuper de la
(^j IN)ri,[.i;r. l/is/airc jKjli/ifiuc niilidiiiilc. t. 11. ]). 4!)0.
(-) liocueil (les /ois cl ordotinnnrcs des Pnys-Iins niili-ichicus,
3« séi'ie, t. I, p. ()2.'5.
(3j Ibidem, t. II, p. G5G,
réforme administrative de nos provinces. Mais l'année 1714»
qui marque la fin des hostilités entre les Puissanees,
ramena l'attention sur les Etats, surtout après que
Charles VI eût renouvelé hi patente du comte de A'al-
sasine, nommé gouverneur et capitaine génériil du Lim-
bourg et des pays d'Outre-Meuse (').
Le jour même où le comte de Valsasine i-emettait sa
patente aux Etats assemblés, il leur présentait un
mémoire contenant dix-sept questions ; il demandait des
explications sur Torganisation des Etats, quel règlement
les régissait, s'ils avaient des différends entre eux, s'ils
avaient des griefs à avancer, enfin quelles contestations
leur étaient suscitées par les Liégeois '). Les Etats élurent
alors une (Commission pour examiner les différents points
et y présenter un projet de réponse : ce fut pour l'i-tat
ecclésiastique et noble du Limbourg l'abbé de liolduc, le
baron de Woelmont et le comte d'Eynatten ; i)our le tiers
état M]\r. de Tiège et Putters, et pour les trois autres
pays les sieui-s Crahay et Bombaye •''. Ceux-ci se l'éu-
nirent au mois de mai 1714 et, après plusieurs séani'cs,
rédigèrent une représentation à Son Excellence ^ronsieur
le (Gouverneur, ofi, reprenant (juestion par (|uestion, iN
exposèrent l'état administi-atif (lu diu-lié, les réclamations
qu'ils croyaient pouvoir faire, et surtout leurs luttes
contre les Liégeois (■'\
C'est à la suite de cet échange de vues (pie fut [xirté
l'édit du 17 septembre 171.4 qui renouvelait quelques pres-
criptions de l'ordonnance de i()8o et réglementait d'autres
points : après avoir i-éédité les articles relatifs aux assem-
(1) lieciieil des lois et ordonnuii'cs des Piiys-Iius uulrichicns.
.'}« série, t. II. p. 5o().
i-i Ibidem, t. II. p. 55o. note i.
(•'j Rec'ès (les Etatts iln dnché de IJnil.oiir--. 1. X\I1I. t. iS. ;iii\
ai'cbives de l'Etat à Liège.
(^) Voyez l'appendice.
- '^44 -
blées générales et particulières, au nombre des députés du
tiers état, les procès des Etats et des Communes, l'ordon-
nance stipulait que les hauts drossards devaient faire
respecter l'ordre et rétablir la tranquillité au sein des
assemblées des Etats « auquel commandement chaque
membre devra obéir à peine d'être tenu, en cas de
désobéissance, comme réfractaire et rebelle aux ordres de
Sa Majesté » l'i.
*
Cette organisation des J^tats i-esta telle que nous venons
de la décrire jusqu'à la fameuse ordonnance du 29 janvier
1778 qui fondit les états des quatre paj's d'Outre-Meuse
en un seul gi'oupe. divisé en trois états; seul l'état tiers
subit des transformations : le nombre de ses députés fut
augmenté et les mandats furent autrement répartis sur
tout le territoire (-).
Cependant les Etats ne vécurent j^as en ])aix continuelle
pendant tout ce laps de temps. A plusieurs i-eprises, sur-
tout sous le règne de Marie-Thérèse ^^', il fut question de
les ti-ansformer ; mais le gouvernement central, agissant
avec prudence selon son habitude, entreprit de mettre
plus d'uniformité et plus de régularité dans cette adminis-
tration par trop disparate et compliquée des Etats
1 imbourgeois. La dis^jarition des gouverneurs lui facilita
considérablement la tâche, en mettant les Etats directe-
n)ent en contact avec les grands dicastères et les Conseils
administratifs de Bruxelles.
Ces hauts fonctionnaires, qui avaient joué un rôle si
important au xvi*^ siècle, avaient vu leur influence singu-
lièrement battue en brèche au xvii"^ siècle. Outre ses attri-
' Rertwil lies lois cl oriloiinunces des J^ny.s-Ihis aiilrirhicns.'ic série.
I. II. !>. :")")().
{-j (i.\CIlAIU). O}). cit., ]). ")i>.
(^) Cf. PiOT, Le règ-ne de Murie-Therèse d tins les l'nys-Ilas nulri-
c lue lis ^ p. 84.
— 345 —
butions militaires, judiciaires et administratives, le
gouverneur du Limboui-g, représentant le pouvoir central
auprès des Etats, jouissait auprès de ceux-ci de préro-
gatives importantes l'j ; c'est lui ([ui les faisait convociucr
par les hauts drossards sur l'ordre d(^ la Cour de
Bruxelles, il présidait leurs assemblées, il leur exposait
les motifs de réunions, les demandes du souverain, et
après le vote du subside, il devait aider les Etats dans la
perception. Mais ici, comme dans les autres pi-ovinces des
l*ays-Bas, les gouvei-neurs virent diminuer leur autorité ;
(c à partir de la fin du xvii'' siècle, dit M. Poullet, le déve-
loppement graduel des institutions et les modifications
insensibles de l'état social, à partir du x\iii'' siècle, l'action
directe des souverains, tendirent d'une manière constante
à diminuer l'autorité des gouverneurs de province au profit
de celle du gouverneur général des Pays-Bas. » '■' lui 172:"),
le pouvoir central se réserva le droit de nommer tous 1(îs
éclievins de la Haute Cour de Limbonrg, et (m 172S, il
enleva aux gouverneurs la collation de tous les autres
offices auxquels ils avaient nommé jusqu'alors. Aussi
lorsqu'on 1754, le mar(|uis de Boui'nonville vint à dispa-
raiti'c, le gouvernement de Bruxelles ne songea pas un
seul instant à le remplacer : il chargea purement et sim-
l)lement le haut drossard du ducln'' de remplir les fonc-
tions du gouverneur au civil et au militaire et lui a(fiil)iia
la mission de convoquer les Etats et de traiter avec eux.
(^uel était ce personnage (|iii ;ill;iit jouer un rolc si
inq)or(ant dans l'administration du duché ? J'cndaut les
C) CL au sujet clos gouveniciirs : Poriirr. ï.cr fCûunpi-neur<t de pvn-
vince dnits les itnciens Ihiys-lius. diiiis le /.'(///. de l'Acnd. roy. dt-
lielgiiiuc, i>e série, l. XXX^'. j)]). iH^ et siiiv. — IIahkts. Les iromn-r-
neurs des duchés de Limbourg el de (iiieldre. dans les Piddicnliiins
de la Société Jiistoriqae et archéologique de Miieslric/d. i. \I\'. \>. iSi.
(-') Poullet, Les Conslitiitions inilioiudes belges de l'unrieii régime
p. ijGc).
— 34^5 —
siècles antérieurs à la domination antriehienno, les dros-
sards avaient exercé des fonctions plutôt judiciaires ;
ayant une origine commune avec le drossard de Brabant,
ceux des (juatre pays d'Ontrc-Meuse en étaient arrivés à
jouer un rôle secondaire ; ils n'étaient plus que des agents
chargés de transmettre les ordres envoyés par le canal du
Conseil de Brabant. Mais eux aussi virent leur rôle
changer au cours du xviii^ siècle, sous rinlluence des
idées centi'alisatrices du gouvernement imi)érial.
Xous avons déjà dit que, sur l'injonction des gouver-
neurs, ils étaient en droit de convoquer les Etats de leur
district. Le 8 sej^tembre 1714» l'emperenr Charles \l
taisait publier un règlement provisionnel pour les hauts
drossards ainsi que pour les officiers et gens de police de
la i^rovince de Limbourg: il chargeait les premiers de faire
observer les prescriptions de Tédit de 1680 relatives à la
convocation des Etats, au nombi'c des députés de l'état
tieis, à la fréquence des assemblées, et ils devaient veiller
au maintien de la paix au sein des réunions des Etats.
Ees drossards avaient en outre la haute surveillance sur les
officiers des villages et bans de la province ; ils devaient
enfin se transi)orter deux fois i)ar an dans les communautés
de leur district et « s'informer sur le lieu si tous ces dits
points s'observent et s'exécutent et ils donneront après
chaque descente sur le lieu part au procureur général de
l'état où ils ont trouvé les choses ». Ces dernières stijau-
lations ''' établissaient l'importance du rôle administratif
de ces officiei's qui ne tendaient à rien moins qu'à sup-
])lanter le gouverneur de la province.
Une ordonnance, poi'téc quelques années plus tard à la
suite d'une requête adressée par le baron de A\'o(istenraedt,
liaiil di-ossard de la \illc et duché de Liml)onrii', nous
('j Recueil des lais cl ordonnunces des Pays-Bas .iiilric/tiens,
•Je série, t. II, ]>. j4'>-
-347-
éclaire sur leurs attributions judiciiiires (*) : tontes les
actions intentées dn cliet' de blessures avec effusion de
sang', ainsi qne les amendes qui en résultaient, devaicnl en
;i]»i)arteiiir aux liants drossards, tandis ({uc les auti'cs
causes étaient du ressort du niayeur de Linibour»;' ; c'est
le haut drossard également qui convoquait les éclievins d(i
la haute cour pour procéder à la visite des chemins royaux.
Ces prérogatives leur i)ai'urcnt insnlTisantes, et nous
allons voir, qu'avec ra])])ui de certains nicmbi-cs du
gouvernement de Bruxelles, ils tentèrent de s'immiscer
dans les discussions des Etats et de jouer le rôle de con-
trôleur délégué })ai' le pouvoir central.
La seconde moitié du règne de Marie-Thérèse l'ut parti-
culièrement fertile en tentatives de réformes de toute
espèce. Xon seulement l'impératrice et ses conseiHci's
surent défendre à la fois avec tact et énergie les droits du
gouvernement contre les entre])rises des Etats, mais bien
plus, Marie-Thérèse parvint, en agissant avec beaucouj)
de prudence, à faire « de nombreuses brèches dans l'édifice
quelque i^eu vermoulu des privilèges provinciaux » i-j.
C'est surtout dans l'histoire du duché de Limbourg au
xviii^ siècle que l'on trouve des preuves de cet interven-
tionnisme, qui annonçait déjà a le despotisme éclairé » de
Joseph II.
Après la guerre de sept ans, le gouvernement impérial
avait entrepris de mettre de l'ordre dans les finances,
bien embrouillées, de la province de Limbourg. Les deux
guerres qui avaient occupé les vingt i)remières années {\u
règne de ^Nlarie -Thérèse, avaient considérablement con-
(V) Recueil des lois et ordoiinnnces t/es /';iys-/';is niilficfiieiis,
o^' série, t. \', ]). 57IJ (i() iio\L'mbi'c' i';!"' •
•' Disc.vn.i.iis. Les Pays-Bus sous le rèff/ie de Mni-ie-Tliérèse
(Bruxelles i8;3;, pp. i^ô et suivaules.
- 34S -
tribué à endetter les Etats et les Communautés, par suite
(les cliarges militaires qu'ils avaient eu à supporter. Aussi
dès 1763 , on nomma des commissions spéciales pour
rétablir le crédit des Etats, administi-er les imi)ôts,
Yéril'i(M' la perception des subsides iM,
En même temps, le gouvernement de Bruxelles mani-
festait l'intention de réformer cette administration com-
pliquée et d'unifier les Etats des quatre pays d'Outre-
Meuse. C'est au milieu de ces graves discussions qu'éclata
le conflit entre le Drossard et les Etats.
Le règlement de iGSo, dont il a déjà été question,
laissait plusieurs points d'administration dans l'ombre.
A plusieurs reprises, le gouverneur général des Pays-Bas
avait dû prendre des mesures pour ramener les Etats
à des idées moins particularistes; certaines velléités
d'indépendance de leur part avaient même obligé les
gouverneurs de la province à agir plus fortement, surtout
au i)oint de vue des assemblées des Etats et des excès
qu'elles occasionnaient. En 17 iG et en 1752, notamment,
ils durent faire republier les prescriptions relatives à la
tenue des séances, contenues dans l'ordonnance de 1680 (•).
Vax 17GG encore, un édit de l'impérati-ice défendit aux Etats
de tenir des assemblées connues sous le nom de Jointes,
qui étaient la cause de grands frais et aggravaient la
situation déjà singulièrement obérée de la province : le
niand(unent déclai'ait que l'article iG (pii accoi'dait aux
M) lu (les ])riiicii)iiiix i'()ii;i,n<'s (lui conti'ibua piiissaiiuiu'iit à
ri'iiÉcttrc (le Tordre dans les l'iiiauces. lut la laineuse Joiiili- des udiui-
iiislriilions et des ii/fuires de siibNides, créée dés l'jl!)- i"e()r};aiiisée en
1752, et surtoul par le déercl du i. "5 octobre i7'>4, dont rinstilution
devait être si utile à la l'ois aux habitants du l'avs-lîas et au trésor
])ublic (\'o\e/ au sujet de cette or.nanisation, l'on.i.i'.r. Coimtitutions
nnlioiiides. pp. 47*' »'t suivaiitesi.
I -j Ileciieil des lois el onlonnances des J'uys-liits utilrichicns,
3« série, t. III, y). i>7, t. \'1I, p. 140.
- Mo -
députés la l'acuité de s'adjoiiuh-e quel(|ucs perHonnes, pour
s'éclairer dans certains cas, était suspendu et que toutes
les affaires, ne ressortissant pas aux députés ordinaires,
devaient être remises à une prochaine assemblée générale
des Etats. Si qucl(]ue cas urgent se présentait, il fallait
s'adresser au haut di'ossard du district, (|ui pouvait
demander au gouvernement la permission de convocj^uei-;
et si l'affaire i)ressait tellement qu'on ne pût attendi-e, le
drossard pouvait faire la convocation, à cluirge d'en
informer immédiatement le gouvernement (').
Le 1 Ole de cet officier était considérablement augmenté ;
aussi les Etats, déjà indisposés par ces édits, allaient-ils
s'opposer avec énergie à de nouvelles tentatives des
hauts daossards, pour accroître leur importance dans
l'administration de la province.
Un incident accessoire fit éclater bientôt le conflit qui
existait à l'état latent entre ces deux oi-ganismes.
Au mois d'août 1766, un différend s'éleva entre le
drossard de Fauquemont, de Brienen, et le marquis de
Hoensbroeck, membre des Etats et lieutenant de la Cour
féodale de ce pays ('-) : la cause en était tout autant des
difficultés personnelles qu'une affaire d'administration.
Le marquis de Hoensbroeck adressa plusieurs requêtes
au gouverneur général, Charles de Lorraine ; d'après lui,
de Erieuen aurait refusé de convoquer les Etats de Fau-
quemont pour la tenue d'une assemblée, au jour qui lui
avait été indiqué, dans le but d'examiner les comptes du
receveur ; le drossard expliquait son refus par le fait que
lui seul avait le droit de fixer le jour et l'heure des
réunions des Etats. Le litige fut soumis au conseiller
fiscal du Brabant, Cuylen, qui fut chargé d'entendre le
(ij Recueil des lois ci ordonnances tles l'uys-Uns auli-ichiens,
.'}<" série, t. IX, j). 3o-.
('-) Voyez à ce sujet le dossier n" i>2() (8.S() ancieni du Conseil priné
aux archives iiénerales du Rovauiue.
drossard et de donner son avis sur les plaintes des Etats
de Fauquemout.
En même temps que le prince Charles de Lorraine
commissiounait Cuylen pour examiner cette affaire, le
Conseil des finances envoyait anx Etats du Limbourg un
mémoire relatif aux attributions administratives des hauts
drossards et qui débutait par la phrase suivante : <( l'inter-
vention des hauts drossards des pais de Limbourg, Fau-
quemont, Daelhem et Kolduc aux assemblées et délibéra-
tions des Etats de la Province composée de ces quatre
X)ais est sans contredit une des premières et des plus impor-
tantes prérogatives attachées à ces emplois i^) ». Après avoir
établi que l'origine de ce droit se perdait dans l'antiquité,
et que c'était à cause de cela que l'ordonnance de 1G80 ne
l'avait stii)ulé, l'auteur anonyme du mémoire, continue eu
disant que c'est seulement en 1741 que les Etats, à l'occa-
sion d'un différend survenu avec le haut drossard de
Dalhem, s'avisèrent de lui contestei- cette prérogative,
sous prétexte qu'il n'était pas qualifié comme membre de
l'Etat noble et que sa seule qualité de haut drossard ne
pouvait l'autoriser à assister aux séances et à prendre
part aux délibérations (-). Il examiuait ensuite les diffé-
rents articles du règlement de 1680 (|ui constituaient les
X)rincipales bases des droits du drossard et ajoutait un
argument caractéristique : les drossards de la partie des
(^j Registre aux reccs du Limbonrii. i'" 7-- ]>■ -''• i^">^ arcliives de
l'Etat à Liège.
(-') Eu \~\i, le subside extraordiuaire (]ui avait déjà été rejele une
fois ])ai' les Etats, l'ut resouniis à une nouvelle seanee ; au cours
des discussions, le haut di-ossard de Dalliem lit valoir les suites
lâcheuses que ce refus pouvait enli-ainer. Aussitôt un membre de
l'Etat voulut lui imi)oser silence. I>"ou plainte du haut drossard au
Gouverneur général, enquête auprès des Etats (jui protestent contre
les i)rétentions de cet officier, et après ])lusieurs mois, le Gouver-
nement de Bruxelles renvoyait lafi'aire devant le t'onseil de Braliant.
(Cf. registre aux vecèa du Liinbouvi'-, n" ij). f. 1.") v" et i>."5i.
— i]^i —
l);iys (rOiitre-Mcnse, cédée aux Pi'oviiu'es-Uiiics en iGGi,
étaient encore en possession du droit (jui^ les l<]tats contes-
taient à leurs collèg-ues des i)ays aulrieliiens ; conmuMit
expli(]uer ce t'ait autrement (pTcn en faisant remonter
l'origine ;iu delà de la sépaiation ? I-lnl'in on Taisait encore
\aloir (pie dans la i)rovince de Namui-, les ])i'cvôts, les
l)aillis, et les maieurs, qui étaient des ol'l'iciers de justice
établis par S. M., avaient du seul cliei" de leur em])loi
entrée et séance aux Etats de la dite ]>rovince avec les
nobles et y donnaient leur voix et suffrage; pourcpioi n'en
l)ourrait-il être ainsi dans le Limbourg ?
Ce mémoire fut lu à rassend)lée des Etats le ii> novenibi'e;
ceux-ci y répondirent par une longue lettre, où, rei)renant
])()int ])ar ])()int, ils essayèrent d'en cond)atti'e et d'en
réduire l'argumentation à néant ('). Ai)rès avoir étudié
l'article 21, le rapporteur des ]^tats étayait sa thèse sur
les articles trois et quati'c, où il était dit (pie les hauts
drossards devaient exécnter les ordres à eux ti'ansmis
pour la convocation des Etats ; il ajoutait (pi'on n'a jamais
trouvé aucun vestige de l'intervention des drossards dans
h'S recès aux assemblées générales des I^'tats. « Les Etats
ne numqueront point aussi, disait-il cncoi'c, d'y faii'c
observer (pie les raisonnements compris dans U' dit
mémoir touchant les hauts di'ossards des pais d'Outre-
Meuse hollandais ne sont aucunement concluants en leur
faveur puis(pie les luiuts drossards de ces pais sont
membres des Etats généi-aux. Ils aui-ont aussi soin d'y
faire remarquer la différence qu'il y a entre eux et (jucl-
(pies officiers du comté de Naniur dont ils l'ont mention
dans le dit mémoir. » Les Etats terminaient en exprimant
l'espoir que le bon ])laisir de S. A. E. serait de renvoyer
les hauts drossards en justice l'églée comme cela s'était
l'ait en 1742.
(ij Registre aux recès du Limboiu-i;-, ii" ~/2. p. ■h.
Les deux mémoires revenns à Bruxelles, la question fut
soumise à la Jointe des administrations et affaires de
subsides qui l'examina lonouement et déj^osa un rapport
intéressant le 23 décembre 17G6. Après de longs commen-
taires juridiques plutôt qu'historiques sur le rôle que
devaient rejnplir les drossards, la commission répondait
an^ prélendiis arguments des Etats et concluait '') : « qu'il
y aurait lieu d'émaner de l'autorité du gouvernement un
décret par lequel, en révoquant comme sub et opretiee
celui du 7 mars 1742 qui a renvoie la difficulté au Conseil
de Brabant à l'égard du liant Drossard de Daelliem, et en
mettant à néant tont ce qui s'en est ensuivi, on déclarerait
que les hauts Drossards peuvent et doivent en cette
qualité intervenir et assister à toutes les délibérations des
Etats de leurs respectifs districts, tant aux assemblées
générales des 4 païs qu'aux assemblées internes et particu-
lières de chaque païs séparément, et afin de mettre à cet
égard les choses en règle pour la suite et de prévenir la
confusion qui est résultée de ce que ])lusieuis nobles qui
ont été successivement revêtus de l'emploi de haut dros-
sard de quelques uns des quatre païs ont négligé cette
fonction essentielle de leur emploi...., on pourroit en
même tems statuer qu'à l'avenir, tout haut drossai'd qui
sera qualifié pour être membre des Etats de l'un ou do
l'autre païs ne pourra intervenir et assister aux séances
qu'en sa qualité de haut drossard pour y faire les fonc-
tions qui y comi^etent... »,
Le Conseil privé se rallia à l'avis émis par la Jointe, et
le II mars 1767, le gouverneur général publiait deux
ordonnances réglant la question de l'intervention des
hauts drossards ainsi que celle du droit de convocation
revendiqué par le drossard de Fauquemont (').
(1) Carton n" 2120 (ancien 836) Conseil Privé, Bruxelles.
C^) Le conseiller fiscal avait déposé son rapport sur cette alTaire
le lii novembre 1760 : après avoir étudié lart. 71 du règlement de
— 353 —
Pour cette dernière, on stipulait (pie c'était le haut
(Irossard qui devait convoquer les assemblées ])articulières
des Etats de Fauqueniont ayant trait à des objets écono-
miques et nommément à celui d'entendre et couler les
comptes du receveur, et il devait désigner le jour et
l'heure auxquels avaient lieu ces réunions ('>.
Quant à la première, elle reproduisait purement et sim-
])lement l'avis émis par la Jointe des administrations le
i>3 décembre précédent i~\
Si les Etats de Eauquemont se soumirent à la décision
du gouvernement, il n'en fut pas de même de ceux du
Limbourg- : ajîrès avoir discuté longuement au sujet de
ce décret, qui leur parut absolument contraire à leurs
])ri\ilèges et à la Joyeuse Entrée, ces derniers deman-
dèrent à pouvoii" envoyer une députation à Bruxelles. Le
12 octobre, ils désignèrent l'abbé de Rolduc, le baron de
Haultepenne, les sieurs de Reul, Simar et Strens, qui
reçurent leurs instructions quelques jours plus tard (^).
Parmi les j)oints importants à discuter et à régler de
commun accord avec le gouvernement (^) , il y avait la
grosse question du drossard et du mandement du ii mars :
les députés étaient particulièrement chargés de l'aire com-
KiSo (jui (Icc-larail i[uv k's cDiniitt's des Ktats iluvaient st' rendre
]iu)ili(|iu'iiient à riiilerveiition des hauts (h'ossards. il ])ro])()sait (lue
le yoiiveriieiuent eeutral fixât lui-même un jour délenniné. oii les
comptes devraient se rendre cluKjue année. L'affaire fut aussi
portée devant la Jointe des administrations et subsides, et c'est
d'après son a\is également (pie fut rédii^é le mandement du ii mars
ipii mettait fin à ees eontestations.
;i| Recueil des lois et ardoiinniires des P:iys-Bus uiilriehiens ,
'!' série, t. IX. ]). 'U[).
('} Ibidem.
(•*) Cf. reg. au.\ recès du Linduiur^-. ii" 74. p. ■'~!S. à Li('i;'e-
Mi ("étaient, entre autres, la (pieslion des di-oits d'euirée et de
soi-lic. l'exemption des i)nMluits <\\\ Linil)our-. la nouxcllc nialiv
rulc. clc.
— 354 —
prendre à S. A. R. que l'on avait surpris sub et obrepti-
cenient sa religion par ee décret qui a eonsterné les Etats
et que ceux-ci « sont dans la douleur la plus amère de voir
par ce décret qu'elle semble avoii- perdu la confiance
qu'elle a toujours eue dans eux ». Tls devaient en outre»
remettre au prince - gouverneur une représentation où
étaient repris les arguments signalés dans leur précédent
avis et qui se terminait par la même demande de renvoyer
l'affaire devant le Conseil de Brabant •').
En même tem])s (pn» ce conflit éclatait enti-c les Etats
du Limbourg et le gouvernement de Bruxelles, sui-gis-
saient de nouvelles difficultés, suscitées ])ar le di'ossai'd
de Dalliem, Franquinet, qui demanda, dans une requête
adressée au gouverneur général, (|ue cclui-i-i intervînt
pour déterminer quelle devait être la })laci' du drossard
dans les assemblées : lors de la i)ro])osition entre le c(»m-
missaire et les abbés, et pendant les délibérations entre
ces derniers ('-). Cette pièce fut soumise à l'avis du haut
drossard du duclié de Limbourg, le comte de AVoestenraedt.
Celui-ci envoya une longue réponse où il dépeignait l'état
de fermentation des esprits dans le duché, ses inquiétudes
au sujet (( du refroidissement de zèle » à ci-aindre de la
part des Etats ; il étudiait le rôle des drossards et les i)ré-
teutions de Eranquinet, et concluait qu'il était difficile
de leur assigner un rang dans les assemblées générales
des Etats. Enfin il terminait son avis en déclarant que
l'intérêt exigeait que l'on fît cesser l'objet de la demande
du dit Franquinet en tenant l'exécution du décret du ii
mars en suspens ; ce serait faire plaisir aux Etats les plus
dévoués de toutes les provinces des Pays-Bas et faciliter
les négociations du gouvernement au sujet du projet
d'Union des Etais.
(') IvC^'. aux i-ccrs (les l'.hils <!ii Liiiihoufii, ii" 74. 1>. 1)7- pj». n>'î id"),
(■•'; (Uinsi-il Vrinr. carton 11" 2i>() (ancien S'ilii, à Uruxollcs,
Cet avis du comte de Woestenraedt, ainsi que la repré-
sentation des Etats contre l'exécntion de l'édit du ii mars,
furent remis à S. A. R. qui cliaro-ea la .Jointe des adminis-
trations et le Conseil privé de les examiner et de se mettre
d'accord ('). La Jointe déclara que la question soulevée par
Fi-anquinet n'était pas assez importante « pour balancer
la pi'ivalion des subsides » ; si les Etats avaient quelque
chose à opposer à l'intervention des hauts drossards, ils
pouvaient le faire par la voie ordinaire, et « il y aura,
ajoute-t-elle, peut être moien d'en tirer parti pour les
finances de Sa Majesté en mettant cette révocation (du
règlement du 1 1 mars) à prix )). Le Conseil privé émit une
opinion à peu près analogue et, en recommandant de
ménager les bonnes dispositions des Etats pour d'autres
projets d'organisation plus importants, il proposa de tenir
le déci'ct du ii mars « en état et surcéance, du moins pour
un certain terme ».
C'est à la suite de ces consultations que fut porté le
mandement du 24 décembre 1767 ; S. A. E.. tenait jusqu'à
autre disposition en état de surséance son décret du ir
mars et ordonnait aux Etats du Limbourg de jn-ouver
plus amplement le fait qu'ils avaient avancé dans leurs
représentations, savoir que les hauts drossards ne seraient
jamais intervenus aux assemblées générales avant* 1782 (-).
Telle fut la fin de ce conflit qui faillit avoir de graves
conséquences sur les relations entre les Etats du Lim-
bourg et le gouvernement de Bruxelles.
La prudence, la tactique habile du pouvoir central,
peut-être aussi les tendances spéciales au point de vue
(1) Carton n" Sun. (iinc. S:5Gi, Conseil Privé, à Bruxelles.
'•-' Hei;. ,v(/.v recrs dit Limhnurg; n" 74, P- i49- — Nous n'avons jias
Iroinc (le traces des nomcUt's ciKiiictcs (|iii. scnililc t il. (lcvaicn(
se l'aire encore ynnw elalilir eoni|ileleuienl le bon (h'oit des lOials,
— 356 —
religieux des conseillers de Marie-Tliéièse, amenèrent la
même année un nouveau succès pour les Etats du duché
de Limbonrg-.
Comme nous l'avons vu, l'Etat ecclésiastique était com-
posé des abbés de Val-Dieu et de Rolduc, ainsi que d'un
chanoine délégué par le chapitre d'Aix-la-Chapelle. Le
clergé régulier était donc pour ainsi dire seul représenté,
ce qui devait parfois être la cause de malentendus avec le
clergé séculier.
C'est ainsi qu'au mois de mai i;6G, quelques curés du
duché de Limbourg envoyèrent au Conseil de Brabant une
requête, où ils demandaient à pouvoir éliic un député à
l'état ecclésiastique ; ils faisaient valoir que jadis le corps
des curés avait eu son représentant au sein des Etats,
que les ;ibbayes qui y envoyaient des délégués n'avaient
que fort peu de biens dans la province, et, par conséquent
contribuaient bien moins aux aides que le clergé séculier ;
ce fait de ne pas avoir de député aux Etats mettait paifois
les curés dans de grands embarras, au sujet des bulles et
mandements qui leur étaient adressés par leurs supérieurs
ecclésiastiques (*).
Cette requête fut renvoyée par le Conseil de Brabant
aux Etats du duché qui y répondirent par un mémoire très
curieux, où ils réfutaient tous les arguments du corps des
curés et donnaient un aperçu de l'histoire des Etats du
(V) Registre aux recc.s de.s EUUs du Limbourg-, ii" 712. j». 1 1 1, à Liège.
Voici la liste des curés qui signèrent la requête: .1. van den
Daele, curé dn chef l)an de "Walhorn ; .T. Probsl, curé de Montzen ;
.1. Lcnimens, curé de liontzen ; P. Michelet. curé de Hervé;
.T. Stordeux, curé de Chanieux : .1. StenilxM't. curé de 'riiiuiistcr:
li. Franck, curé de (Jeninienicli : (). Colette, curé <le Clernionl :
P>. Otteiet, ciirè de Soirou ; .1. Trocii. cure de Recliain : C. \'iclvove.
curé de S])riniont : .T. Prancken. curé d'Ksneux ; (i. Iloussonloge.
curé de Sougnez ; G. Déliiez, curé de Juléniont ; .T. Delvaux. curé de
Mortroux; I'\ Rasta. curé de Hoiuhourg : .1. ("aulcu, cuve de 'l'cuwcii:
.1. Ronicr, curé de Moi'csiiel rcg. u" 712. p. 11")/.
— 357 ~
Limbonr^- ''). En voici \m rrsnmô : « Jamais, disent les
Ktats, les curés n'ont élu un i-cpréscntan1 ; on n'eu trouNc
(le trace nulle part dans les archives. Si les abbés de
Roldue et de \'al-I)ieu font partie des l<'tals du Liinljouri;,
c'est parce (ju'ils paient des coutributioiis considérables :
rabba3'e de Val- Dieu a deux cur(>s considérables, à
Warsage et à Saint Tiomy, tandis cpu» celle de Roldue est
seigneur t'oueier de (Joe, lait desservir par ses religieux
la ])rév<jté et la cui-e de Liinboui-g, la cuic dcî Haeleu, la
cure de Néan, ce village devenu si important pai- suite du
(b'veloppement de l'industrie drapière, ainsi <pie la cui-e
de Henri Chapelle, (^uant au cliai)iti'e de X. I). d'Aix-la-
Chapelle, son rôle aux Ktats du duché s"ex])li(|U(' par le
l'ait ([u'il possède dans le I.,imboui'g des dîmes eousidé-
raldes, des biens fonds à Remersdael, dans le ban de
^lontzen et la seigneurie de Lontzen ».
Fa\ réponse au grief (pie les curés l'ont, de ne rien
connaître de ce qui se i)asse aux assemblées, les Ktats
disent qu'ils les informent chaque fois qu'il s'y agite
(juelque point qui puisse les intéresser. En ce (jui concerne
les bulles et mandements divers relatifs à l'administration
des cures, ce n'est pas aux Etats qu'il faut s'adi-esser })our
réclamer ou avoir des éclaircissements, mais bien au
gouvernement central qui est seul juge dans ces questions.
Enfin les Etats faisaient encore observer que la rc^piéte
n'était signée que par dix-huit curés, alors qu'il y en avait
vingt-neul" dans le duché, sans compter les chapelles
paroissiales en assez grand nombre. De plus que de frais
ces nouveaux députés ne vont-ils pas Cfccasionner ? Et si
on leur accorde cette faveur, comment pourra-t-on la
refuser aux curés des autr(^s pays d'Outi-e-Meuse (pii ne
tarderont pas, eux aussi, à la solliciter'/ 11 en sera de
(') Ueg. aux rercs des Liais du Limbour^-, u" --2. p. i iCi. aux archives
(le l'J'Uat à I.ié"e.
— 358 —
inème des bénéficiera et de la pins grande partie des
seigneuries hautaines du duclié, qui voudront intervenir
aux assemblées des Etats, sous i)rétexte d'y défendre leurs
intérêts.
Les Etats terminaient en demandant que les curés
fussent « éconduits do leur demande, comme étant une
nouveauté pernicieuse ».
^lalgré ces ex])li('ations, ralfairo resta longtemps en
suspens. Mais, poussé probablement par les dernières
raisons contenues dans l'avis des Etats, craignant d'aug-
menter les corps re])résentatifs de nos provinces et par
suite les dépenses, tenant aussi à se conciliei' la faveur de
ces députés ecclésiastiques et nobles pour d'autres projets
plus importants à son point de vue, le gouvernement de
Bruxelles décida, le 17 juillet 1768, api-cs avoir entendu
l'avis du Conseil de Brabant, de ne ])as donner suite à la
demande des curés '').
Toutes ces questions, tons ces débats où les Etats du
Limbourg eurent gain de cause, repi-irent plus tard sous
Joseph 11 en 1786, et même après lui, en 1791, lorsque
l'esprit réformateur du pouvoir ccnti-al fut devenu plus
adi-oit et eut acquis plus de force par la persévérance de
ses chefs et la faveur accordée à ces idées au début de la
Révolution française [•).
D. BROUWERS.
Couservaleiu'-adjoint des archives de lEtal
à Liécre.
(^) Reg'. aux recâs ries Etats du Limhoiwif. ii" 74. p. ii">"{.
f-i Cf. à ec sujel, ])]usieur.s dossiers conservés .-nix archives i;eiie-
ralcs du Koyaiuiie à P>nixelles. dans les loiids du donscil jii-inc. i\('
la Joiii/o (les udniinisfrntioiis, ete,
APPENDICE
RÉPONSE AUX ARTICLES PROPOSÉS AUX EtATS
PAR S. E. ("'
Sur le i>i'eiuii'r jxiiiit juvtpnsc \):\v Son Isxcelleiicc. les l\lii(.s
(It'C'larciit (|iril y :it (li\('i's l'cglciiiculs t'inniics on ai)pr()ii\ es de jtiir
Sa Majes((' ikuii" la diicclioii cl rccononiic dos Miats do cftlt' \tvo-
\iii('o : scavoir lo rcgleineiU de l'an iliPo -i par Icciiu'l les conluim's
usitées dans la iirovincc d'aïuicniieté ont ('te on i)ai'tie i-Diifirniécs
L't l'H partie t-on-igées.
Et ce règlenieut est en olisorvancc.
Il y at nn règlement général dont tous nos soii\crains jnniii tous
les articles dans lenr inauguration et ([ui sert de lois fondamentales
aux 4 Pays, veu (jue ce sont les conditions par lcs(|uelles nos ju-inces
établissent leur autorité souveraine et les suhjects leure soumission
et obéissance i^).
Et ce règlement n"at pas elé observé en diverses points tant <le la
jiarte des ministres que des subiects.
Nos Ducciues ont toujours juré de nous être bon prince et (|u"ils
ne permettroyent i)as que nous soyons traité i)ar violence, mais i)ar
justice et par sentence, ce que feu dom Quiros r'i n"at pas fait, mais
au contraire il at commandé ce (ju'il at trouve a ])ro])os et Pat fait
mettre en exécution de hautte lutte.
Quelques eori)s de justice ne l'ont i)as ol)servé veu ([ue procès
estant esmeu pardevant la cliambre des régaux entre le i)rocurenr
général et les Etats du pays au subiect du '25e. qu'iceluy préten(b)il.
au nom du roy, sur toutes les érections des houilles et charbons i-n ;
(i) Extr.iit (lo hi liasso n" i;o des Archives itn r/iic/a' <le Limbonra.-. aux an-hivos de 1 Kiat
à I.it'ge.
{■s Placards de Urabiml. t. VI. p. -2--.
Vi] Cf. PouUct, La Joyeuse entrée de Brabant. IJi-uxcUcs, i.Sli:!.
4) .\(liniiiistrat('iir ilii I.imboiirg- iiondanl la 5j;inTrc i\i- la s^l(•(•l•^^i()ll iriNpasiic. an
nom (le fluiilcs III.
;,-.; \-oy(^/. X ci; sujet la liasse ii" iT, des ureli. du diieli.- .le Miiilxinrj;-. aux an-li, de
l'Ktat il r,i(Ve,
— 36() —
iceiix, sans avoir i)Oi'té ni décret ni sentence, ont (lei)esclié des
exécutoriales a cliarge des maîtres des lionilleres et les ont fait
])ayer ])ar violence, ce que ledit seigneur dom Quiros avoit résolu.
Ces joyeuses entrées ne sont pas aussi suivies, en tant que
rarticle... del'lend absolument que l'on ne doit donner ny l'aire
donner dircctemenl ny indireclemejit, poui" obtenir des charges, et
nonobstant il ny at ny grosses ny petittes ([ui ne soient vénales.
Il y a un règlement en matière de Ilouillerics qui est contesté en
tant, connue il est <lit ci dessus, (jue le pi'ocureur du Roy prêtent le
tij" contre l'usage et possession immémoriale de cette i)rovince, sur
(juoy il at opposition et ])rocès formé et instruict, preste a être
jugé, et dont le motif de droit, dressé de la parte des Etats, est
imprimé et rendu ])ul)licque. Le moyen d'apaiser cette difficulté est
de faire juger ce i)rocès, mais il faut que cela se fasse ])ar d'autres
juges (]ue ceux de la chambre suprême. ])arce qu'ayant usé de la
manière ci dessus déduittes contre le droit commun, les privilèges
et les constitutions fondamentales du Pays, ils se sont rendus inca-
jiables de décider cette cause, et les Etats déclarent de les récuser
a la reserve du seigneur conseiller de Lassaulx qui. avec feu le
conseiller Xicolay, ont résisté à cet avorton de justice, et pour leur
rectitude ont été sus])ensés de leurs charges, iusques à ce que le
seigneur dom Quiros. sentant les aproches de la morte, s'en repen-
tant, les rétablit.
Sur le ')'' art. se dit que le nombre des com])arants aux assemblées
est beaucoup i)lus grand (piil n'est ])rescrit par le règlement. Mais
les Communautés sestant i)laint au Tribunal «pie ces gens, ayant
été aux assemblées, ne les informoient i)oint de ce qui s'y étoit
l)assé, et que i)onr ce faire ils convocquoyent des assemblées parti-
culières (pli faisoient un surcroit de fraix, les communautés se sont
adressées au Tribunal pour pouvoir députer chacune un membre do
leur régence et l'ont obtenu.
Sur le 7e se dit que les commissaires ecclésiastiques et nobles ont
deux cents florins de gages par an; quand ils vacqnent dans la
])rovince, de mesme que les autres seigneurs, ils n'ont que leurs
despens et quand ils vacqnent hors de la Province, ils tirent cincpie
escus ])ar jours et un carosse, s'il est nécessaire, (^uant au Tiers
Etat, clKupu^ communauté salarie ses députés, comme elle treuve
convenir.
Le H'' article at sa réponse ci-dessus.
Au If et loe se dit (pie les Etats ecclésiastique et noble ont un
gros (lilfércnl avec ]r Tiers eu matière de privilège, où il y at
procès coimiicMcc nu Conseil de I')i'abant. c\(ic(pié au Ti'il>iiual, tout
— 3Gi — .
iiislruil et prost a jngCM", lequel demem-e indécis, parce que tous les
juf^es (lu duché y sont intéressés, et (pie jusques a itrésenl IDu en al
im obtenir des iui])artiiiux . quovque l'on ave l'ait ])lusieur('s
instances a diverses ministres a cette lin.
Sur l'iie il y at eu deux matricules, l'une de l'an iCiS") ci l'aïKrc (pii
en devait l'aire la correction formée l'an ijo.") sur l('S(jU('lles il y at
eu beaucoui) de i)laintes, signannient entre les ecclésiastiques et les
nobles, et pour les ai)paiser. ^lonsieur de Sinzcndorll' leur at donné
])ouvoir de dénommer des commissaires entre eux pour en l'aire la
reveue et correction, a condition de la luy ])resenter, étant laitte,
pour y donner son approbation. Les seigneurs a ce commis sont le
R'"i al)bé de Clostenrade. le comte d'Mynatten et le seigneur de
Soiron, lesquels en ont fait la correction et l'ont mis en ela( delre
présentée a V. E. pour être agréée et authorisée (ii.
Mais ils y ont remarqué un grau deffaut (qu'ils n'ont pu corriger
et sur le(piel l'autliorité de V. E. est nécessaire : c'est que ceux (pii
ont dressé la matricule générale, pour connoitre le fort et le faible
du Tiers Etat, ont obligé les Communautés de leur donner un
dénombrement des muids et autres rentes ])er])étuelles qu'elles
doyvent al^x ecclésiastiques et nobles, ce (qu'elles ont fait aveuglé-
ment sans scavoir (piel usage les matriculaires en vouloyent en
faire. Et se treuve que quantité de ces muids ne sont i)as rentes
seigneuriales ny subiettes a la tauxe des eec]esiasti(]ues et nobles,
mais a larouturiere, dans laquelle elles sont actuellement comprises,
et nonobstant ils en ont grossit la matricule des ecclésiastiques et
des nobles comme si elles étoyent subiettes a leur tauxe. En (]uoy
les dits deux premiers Etats souffrent une double lésion en tant (pie
d'un coté leurs rentes sont diminuées par la tauxe routurieres (jui
consiste en ce que ces muids ne se ])ayent régulièrement qu'a huit
florins au lieu qu'elles se deveroyent payer en natture : et de l'autre
coté que balançant leur matricule contre celle du tiers état, celle cy
est allégée et celle la appesantie tout a rebours de ce (pii deveroit
être, outre que les eccles. et nobles qui s'en trouvent chargé y sont
encore notablement lésés, payant deux tauxe sur une même rente ;
et c'est de quoy le redressement ne se peut faire que par la voye
d'un pouvoir supérieur.
Sur les art. 12, i3, 14, 1-"), les Etats se plaignent de ce (jue les
religionnaires d'Eupen et de Ilodimont se voyant ajtpuyés des
(1) Cf. L). liROUNVERS, Docnmcnls relalifK à la nuilriculc du IJinbuurif en /-o.T. ihiiis
le IJnllvtin lie rinstilHl .•irc/u'o/oi;i(yiu' li,'fi-coiii, t. XXXIU (i9<4), pp. <'«.)-8>S.
— 3(^2 —
Conimandans de Lvmboury ont eu laiidace de balir des teiiii)les
dans ces deux lieux et y faire exercice publique (<), de leur jjrélendue
religion, sans se souvenir que l'auguste maison d'Austriclie at de
tous temps été rapjjuy et le soutien de la religion catholique, et que
])ar conséquent une telle nouveauté ne i)Ouvoit que déplaire à leur
légitime souverain. L'intendant I^ambers s'y at o])]»osé et ])our cela
il at été em])risonné fort longtemps à Lymbourg. V. K. doit scavoir
le temps et le moyen de réprimer cette insolence.
Les mêmes Etats rejjresentent a v. K. (pie le Tribunal ('-) de cette
l)rovince at été l'orme i)ar Monsieur de Sintzendorff et réduit à
cin(pie i)ersonnes, deux nobles et trois juristes. Il at été en après
augmenté jus(pies a sept et se treuve que deux surnuméraires ont
])at('nte pour y entrer. Les di(s Etats prient de considérer que c'est
la cai)acité, la rectitude, et non la multitude îles personnes qui i)er-
i'ectionne les all'aires. Et (pie d'ailleurs c'est la multitude et non la
ca])acité rpii est a charge au ]nil)licque, la (piantité des juges aug-
mente les si)ortules : et tant ])lus chère est la justice, tant plus faut
il (jue ceux (piy en ojit besoin la i)ayent et que comme il y a peu de
gens (pii ne soient ol)ligés d'entrer temi)s ou tard dans cette nondi-
nalion, la charge de cette cherté retombe sur le ])ublicque. 11 y at
subiet de plainte contre ce Tribunal, eu ce qu'il détruit touttes les
justices ([ui luy sont subalterne i)Our être troj) attaché à ce passage
de l'évangile (j[ui dit : onuie qiiod tenit ud me, non egevani foras. Il at
ruyné les quatres hautes justices, en sorte que leurs buraux sont
l)i'es(pie déserts et (jue les gens cai)ables ne font i)lus cas d'y entrer.
Touttes les subalternes s'en sentent fort, veu (lue, pour la moindre
difficulté, les gens du commun, au lieu de s'adresser a leurs juges
domiciliaires, s'en vont droite au Ti-ibunal jjour se tirer d'affaire
simul et semel. et ils y sont bienvenus, et quoyque M. de Sinzen-
dorff ait eu ordonné (^ue l'ordre judiciaire fut observé, comme
d'ancienneté, cela sans effet. Non contant de s'attirer toutte la judi-
cature civile, il est venu sy avant que de s'ingérer dans la criminelle
des seigneurs hauts justiciers qui selon l'ordonnance de l'Empereur
Charles V doit être sans recharge et sans ai)pel. De cecy le Comte
Louys d'Argenteau en i)eut rendre témoignage, hors des prisons
du(iucl ils ont fait sortir un criminel, saisy légitimement par décret
(i) Cf. K. IIuDKur, Les Elnta ifciicranx des Provinces-Unies et les l'rutcsUinls du duché
de IJmbourff. IJriixelles, 1904.
{•2) Ki-igé lo K) il(V(Miil)Pe 170:!, pour joiici- ihuis Ir duchi' le rùlc de laucidi Conseil (U'
r.r;il)aiu {Recueil des (/rdonminces des ]';iys Uns unlriclnens, 3f série, t. I. \>. 4")i).
— 3(i:5 —
de la justice de Si)i'inu)iit, ce (iiii doit toucher tous les seigneurs (jui
ont liante juridiction :nis(iuels il eu ]ieiit arriver toiil aiitanl. I/oilic
mihi cras tibi.
Il importe que ^■. E. soit iiil'oriuee du diri'ereiit (jui sest esnu-u
entre ee Tribunal et la Chambre sui)rènie. sur la re])aralion des
chemins ; ceux ey et ceux la s'en voulant attribuer la connaissance :
lun ordonnoit qu'ils seroyent reparés a trais coiiinimis de cluupie
village et l'auti-e eommandoit (pie cela se fit ]>ar les particuliers,
selon les ])lacards. Le résultat de cette conteste at été ipie n"a<Iai)-
tant ny l'un ny l'autre, on ne les at pas réi)aré du tout. Le Ministre
ayant incliné en faveur de la Chambre, elle a i)révalu et maintenant
les chemins se doivent reparer par ceux (jtii ont les biens adiacciis.
Et c'est la cause qu'ils sont toujours en très mauvais état ; baucoui)
de pauvres gens voisins au grans chemins n'ayant i)as le moyen de
les bien reparer, les fraix a ce nécessaire, excédant la valeur de
tous leurs biens. Et comme i)ar ce moyen ils ne seront jamais bons,
les Etats prient V. E. de vouloir i)ermettre aux communautés de
choisir lequel de ces deux moyens (prelles trouveront le mien con-
venir, savoir de les laisser à charge des héritages voisins selon les
l)lacards, ou de les réparer à fraix communs.
Ils ont aussy l'honneur de représenter a \'. E. (ju il y at ])roces
esmeu et instruit jus(iues a dui)lic(pie enti-e le procureur généi-al et
les I"]tats au subjet de la propriété des Communes, i)endant Iciiuel
])hisieurs l)onnes gens ont été i)itoyabIement vexés par (pidijucs
sul)stitués ])rocureurs royaux, (^uy ne vouloyent i)as (pie (pii (juc ce
fut touchât au fond des diltes communes, attacquant ceux (pii en
liroyent de l'argille. du marne, des pieres, du sable ou choses sem-
blables qui leur etoyent nécessaires, (ju()y(pi'ils fussent en jjosses-
sion immemorielle de ce faire, et quoy([ue ces harpies ayent été
condamnés dans une cause de cette nature, ils n'ont laissé d'en
vexer diverses autres pour les ram-onner jiisques a ce (pie M de
Sin/.endorff le leur at interdit, remettant la décision de celte (pies_
tion a une conférence (piy ne s'est ])as tenue jus(iue a présent.
Sur le i(JL' se dit (xue les Etats ont des grosses et importantes diffi-
cultés avec les Liégeois, tant i)Our le soutient de leurs ])rivileges
({ue i)our la deffense des droits et régaux de S. M. I. C. sur lcs(|ucls
ils empiètent tout où il leur est possible.
Quant au premier, les Liégeois ont commis i)lusieurs infractions
de la Bulle d'or, sans (jue jusijues a i)resent on a\e pu obtenir
rei)aration.
Ils ont enlevé aux marchands de Ilodimonl ]>rcs de (;ralcni. dans
- 364 —
la comté de Torne f^), i>52 pièces de draps, dans un lieu ou ils n'ont
ny pouvoir ni jurisdietion. ny potau ny burau, ou chascun at tou.
siours ])assé et passe encore a ])resent en toutte liberté et sans
l)ayer aucun impos. et voicy la 4'' année ([u'ils les détiennent ])ar
une injustice manifeste sans qu'ils eu ayent pu obtenir indemnité.
Ils ont ransonné le s' Nivelle, marchand du mesme lieu, de dix
mils fl. pour des draps que leurs buralistes luy avoyent enlevé a
Ressemer, quoy qu'il les eut légitimement acquitté. Ils ont saisy le
l)aron de llahier. membre de cet état, dans leur ville de Liège, lont
logé dans un vilain cachot, comme un criminel, et luy ont détenu
six sepmaines sans qu'ils ayent ])u donner aucune raison légitime
de cette violence.
Ils ont fait cent autres infractions de cette Bulle d'or, contre des
])articuliers, saisissant leurs biens. emi)risonnant leurs personnes
et mesme leurs femmes pendant la rupture que nous avons eu avec
eux, i)(»ur cliacque desquelles il touche a S. M. comme duc de Lym-
l)()urg cent marcs de fin or pour amende.
(^uant au second, ils ont usurpé sur les domaines de S. M. la
rivière de "Wesdre, qui appartient a un ducque de Lymbourg jusque
dans la Meuse, et doit être libre et ouverte. Ils y ont fait partout des
venues ou tenures et bâtit des moulins et aiitres usinnes qui payent
ascenses a leurs chambres de comptes. Ils y font des vennes péche-
resses ])ar lesquelles ils emiteschent les i>oissons et signamnent les
saumons de monter dans la ditte rivierre, dont ils font une grosse
l)esche. en i)réjudice de cette i)r<)vince (jui en est tout a fait privée.
Kn hayne des subjets du Roy. ils ont muré une des avenues de
leur ville de Vervier. i)our incommoder ceux de Ilodimont et leur
rendre infructueux ])lusieurs beaux bâtiments consti'uits en cet
endroit, où ils ont poussé la muraille d'obstruction, jusques dans la
ditte rivière qui ne lui appartient pas. Ils refusent de fournir le
chauffage du haut drossard dans les forêts de Franchimont, comme
ils y sont obligés et qu'ils ont fait de tous temps, a raison qu'ils sont
exemjjts de payer le tonlieu dans la tei-re de Lymbourg. Et quoy-
(fuils jouissent actuellement de cette exemption, j^assé quelques
années, le baron de Lamargelle s'estant présenté pour maintenir ce
droit, ils l'attaquèrent a main armée, le saisirent et menèrent i)i'i-
sonnier dans la ville de Vervier, l'exposèrent a la huée de la canaille
comme un iiialfaiteur, sans qu'il en aye pu tirer satisfaction, (xuoy-
(i) Dans le I.iiiil.dm-g- li(.lhni(Uii
qu'il k'ur nye f;iit insiiiucv un iiKindi-inenl casHiUoii- ilii ('oiisi-il <\o
lîrabaul.
I/cxacU' ooiiiioissaucn ('( les prciixcs di- ces clioscs se \()V('iil dans
le luaiiil'este liiiin-iiiic de la i)ain des Mtats, sur le(|U(d sou Kxeidieuce
est ])i'iee de xouloir jjorter la veue.
LES ARCHIVES COMMUNALES
DE LIÈGE
Xe sorait-ce pas une snporfétalion <l(''i)laisaiito ([uo fairo
ressortir, auprès d'amis sincères de rar('lié()]()<;ie, riini)()r-
taiice des archives en général ? 'l'ons voient en elles des
sources saines et intarissables de l'histoire. Tous savent
que, pour le passé, témoins attenlirs et fidèles, elles
révèlent avec exactitude, jusque dans les ])liis menus
détails, les mœurs et les coutumes de nos aïeiîx, comme
l'organisation des institutions politiques et administra-
tives auxquelles ils étaient soumis. Pour le présent, elles
constituent les titres indiscutables des familles ; elles
consacrent les droits des particuliers et gai-antissent la
propriété individuelle, tout en aidant séricusenumt au
développement de l'esprit national. Aussi a-t-on pu écrire
de nos jours que la conservation des archives est une
nécessité d'ordre social.
Nos ancêtres ne pensaient pas différemment. Depuis
son origine, la cathédrale S'-Lambert, comme toutes les
autres institutions du nième genre, à Liège, avait accumulé
des archives variées, parmi lesquelles des annales et des
chroniques. Toutes faisaient l'objet d'une surveillance des
plus minutieuse et des plus rigoureuse. MM. Bormans et
Schoolmeesters nous ont initiés aux précautions que le
chapitre cathédral, pénétré de la haute valeur du dépôt
de titres et de documents anciens dont il avait la gartle,
prenait en vue de le sauvegarde)' contre la négligenee ou
— 308 -
la malveillance i''. La Cité également attachait le plus
sérieux intérêt à ses archives ; elle n'apportait pas moins
de soins scrniDuleux que la cathédrale à leur sûreté et à
leur bonne conservation. Avec raison, elle s'en montrait
fière, car i)eu de villes en possédaient de plus riches.
On le conçoit : ses archives n'avaient point une anti-
quité aussi vénérable que celles du chapitre S'-Lambert,
puisque l'origine administrative de la commune liégeoise
remonte seulement au xn'' siècle. Ses plus anciens magis-
trats connus n'apparaissent qu'en l'année 1197. De ce
temps datent de même ses j)i"emières franchises écrites,
l'attestation initiale de son autonomie.
II
En quel lieu l'urent tout d'abord abrités les titres et
documents de la Cité ? Ce n'a point du être à l'Hôtel de
Ville, pour le motif que hx commune demeura longtemps
sans posséder un local de l'espèce. A la vérité, nous
l'avons constaté autre part, l'historien Fisen et un auteur
plus vieux encore, Placentius, racontent que, lors de la
prise de Liège, en 1212, jiar les troupes du duc de
Brabant, celles-ci pénétrèrent violemment dans la (unaisoii
civique qu'on nommait la Halle {~j » et la réduisirent en
cendres avec les ornements des maîtres, les chartes et les
privilèges qu'elle renfermait (^). Ces écrivains qui appar-
tiennent, le premier au xvii"^ siècle, le second au xvi'',
confondent évidemment la maison de la Cité, soit avec la
halle des Tanneurs, soit avec celle des Mangons, qui
(') Cartulaire de l'église S^-Lambei-t de Liège, t. I, introd.. p. XNVII.
(-) (c Doiniis civica quam Hallam vocabaiit ».
(•') IJisioiiii Ecclesiœ Lcudieiisis. — (.'ulnlogiis Anlisliliiin Lco-
diensinni.
— •"^>9 —
existaient, elles, dès la première moitié du xiii^ siècle.
Jamais, l'Hôtel de Mlle n'a été désigné sous le nom de
(( halle ». Les récits de Fisen et de Placentius ne sont, au
tond, qu'une altération, une interprétation amplifiée et
lautive de celui de Gilles d'Orval. Ce luoine, du moins,
était à peu près contemporain du fait. Son dire, en l'occur-
rence, mérite créance. Or, il se borne à noter que le duc
de Brabant a enfonça les port(^s de la halle et eu enq)orta
tout ce qu'il y découvrit». Point de mention, on le
remarque, d'une maison commune, ni de chartes ou privi-
lèges y dérobés. Semblable silence, sous ce rapport, est
observé par Renier, autre moine ([ui vivait, à ce temps, en
l'abbaj^e S*-Jacqnes, à Liège, et qui consigne pourtant les
vols, les violences et les meurtres commis par les hordes
brabançonnes ('). Jean d'Outremeuse lui-même, si prolixe
de sa nature, se garde de faire allusion à un envahisse-
ment de la maison commune.
Le motif de cette abstention est que 'Liège restait privé
alors d'hôtel communal. Plus tard seulement, au même
siècle, les chefs municipaux se réuniront, à l'enseigne
de la Violette, dans une simple habitation bourgeoise
qu'ils prendront partiellement en location. C'est ultérieu-
rement encore, lorsque l'organisation administrative se
sera dévelopi)ée, qu'on connaîtra ce local comme « maison
délie ville ». Celle-ci est rencontrée, sous ce nom, pour la
première fois, dans la Paix des Clercs de l'an 1287.
Ce n'est point dans ce bâtiment, d'ailleurs, que se con-
servaient les chartes, paix, privilèges, diplômes, bref
tous les titres originaux de la Cité. C'était dans l'église de
l'abbaj'e S'-Jacques. Le chroniqueur du xiv'' siècle, Jean
d'Outremeuse, qui a pu les compulser et les utiliser pour
ses volumineuses compilations, indique l'existence du
l'j Anniilcs de S'-Jucqtic.s. (Mlilioii de M. le D' .1. Ale\:ui(li-t'. poiir
la Société dos Bil)li()i)liik's liéycois, p. «p.
070
(Irpôt II cotte place (''. L'affectation spécifiée du incinc
monument est attestée, en outre, par la Lettre du commun
Profit, de l'année 1070.
L'adoption d'un temple pour dépôt d'archives civiles
peut paraître étrange au i)remier abord. Elle s'explique
très facilement en réalité. Comment ne pas reconnaître la
raison primordiale de ce choix, précisément dans l'absence
d'hôtel de ville, à la période qui suivit immédiatement la
X^roclamalion de l'indépendance communale ! Si, par la
suite, les documents précieux continuèrent à être confiés
au sanctuaire précité, c'est que, dans cet asile sacré,
inviolable, garanti doublement par l'immunité claustrale,
ils se trouvaient plus en sûreté que partout ailleurs.
A Bruxelles également, comme en d'autres villes encoi'c,
des édifices religieux avaient été constitués les gardiens
des archives de la commune. Celles-ci, au chef-lieu du
duché de Brabant, i-eposaient, partie dans la collégiale
S*''-Gudule, partie dans l'église S'-Nicolas, même après la
construction, au xv^ siècle, du vaste hôtel de ville actuel.
A l^iége, la désignation du temple de l'abbaye S'-.Tacques,
pour pareille fin, se présentait d'autant plus naturellement
qu'on le considérait comme l'église officielle de la Cité.
Là, tous les ans, les deux nouveaux bourgmestres, vêtus
de rouge, étaient conduits triomphalement, après leur
élection, par un peuple nombreux. Là, dans une chapelle
spéciale, réouverte, il y a peu d'années, par les soins de
M. le doyen Schoolmeesters, ils allaient jurer solennelle-
ment de nuxintenir intactes les libertés et les franchises
locales. Là encore, suivant le règlement dit des Dix-sept
Métiers, du 3o avril 1417. se faisait la nomination annuelle
des deux conseillers à choisir dans chaque métier. En la
même abbaye enfin, furent élaborés et conclus maints
traités d'un intérêt majeur pour la ville et ])(ku- le ])ays
Cj Ly Myreiir des Ilistors. t. V, }). lifio ; t. \'I. p. fiyi.
011
onticr, notaïaïuout la Paix dite de S'-Jae(j[ues, véritable
codification dos lois et coutumes, sons rempire de laquelle
ranti(|ue ])rin('ii)auté subsista juscprà sa sn])])rcssi()u.
Non loin de l;i Iribune des nuigistrats comnumaux, dans
les sacristies, ou pour plus de précision, dans la tréso-
rerie ('), reposaient les ai-cliives communales. Elles étaient
placées dans des coffres appartenant à la Cité ('-). Il serait
inexact de dire que ces coffres servaient, en même temps,
de caisse communale. Ils renfermaient le trésor, le fonds
de réserve de la ville. On y conservait, en effet, avec les
principaux sceaux locaux, les ouvrages d'argenterie, les
sommes éconcunisées soit pour payer de grands travaux
ou solder des dettes importantes, soit pour faire lace à des
nécessités publiques (^).
Aussi ces meubles avaient- ils été munis de trente-quatre
serrures avec cadenas. Les clefs se trouvaient gardées
respectivement par les deux maîtres de Liège et par un
officier de chacun des trente-deux bons métiers. L'ouver-
ture ne pouvait en être faite qu'en vertu d'une décision
formelle du Conseil communal et après des formalités
nombreuses. A la vérité, on y procédait très rarement.
Parfois, lorsqu'il fallait recourir à l'un ou l'autre docu-
ment, le coffre était transporté sur les épaules, comme
une châsse précieuse, de l'église S'-Jacques à l'Hôtel de
Ville. Il en fut ainsi l'an 1432, lors d'une contestation
entre le peuple et les magistrats communaux, au sujet des
indemnités de guerre à pa^ er au duc de Bourgogne ('). En
(1) .Jean de STA\Kr,()i', Chronique p. -^87.
(-j Recès (lu Conseil de la Cité, re^. i()4<,)-i<)")3. 1'^ '\-C).
(^> On voit. i);ir exenii)le. en irijCJ, les eliel's de la X'ille extraire du
coi'ire de S'-.Iac(iues ]»our ra])j)li(]uer aux nceessités ])iil)liques, le
lunnéraire i)]aeé là en réserve en vue de racheter aux héritiers du
])rince Erard de La Marek, la rente de iijoo florins dont eet évé(iue
jouissait sur la eité (lleeès du Conseil, du '■> janvier i")7() .
(^) « Et eovient-ilh, ])or le fui'cur de peuple, et i)()r les niales
conselhiés qui estoient entre eaux por enl'oweir, (juo taiUoi.st eus
372 -
d'autres occasions, les chefs de la Cité se rendaient eux-
niènies en corps à l'abbaye S'-Jacques, acconipagiiés des
gouverneurs des trente-deux métiers. C'est ce qui arriva
le 5 juin 1370, quand le Conseil crut nécessaire d'entre-
prendre des reclierclies en vue de défendre les franchises
et les privilèges de la Cité. C'est ce qui arriva encoi-c
le 16 mars 1577, lorsqu'on dut extraire du dépôt le
grand sceau de la Cité, pour en sceller deux actes impor-
tants. Comme, en ces circonstances, plusieurs officiers des
métiers étaient absents et que d'autres avaient perdu la
clef leur confiée, il fallut une décision ex^^resse du Conseil
pour forcer le coffre (').
Toutes les archives communales n'avaient pas été
reléguées au monastère S'-Jacques. L'Hôtel de Ville en
renfermait aussi et beaucoup, depuis des temps reculés.
Ici, le dépôt, plus considérable que l'autre, comprenait ce
que Ton pouvait appeler les archives administratives :
recès ou procès-verbaux des séances du Conseil, comptes,
quittances, registres de tous genres, c'est à dire les docu-
ments sujets à être fréquemment consultés et qu'on dési-
l'ait avoir constamment sous les 3'eux.
Ces documents variés étaient remisés à leur tour, sui-
vant la coutume de l'époque, dans des coffres très spacieux
et fermés à l'aide de doubles serrures i').
alasl (lUL'ii'c le ooul'lre là les IraucUieses dcl Citeit sont elle tressorie
de Sains Jaqueme, et lut a])})or(eit sus la Violet. VA l'ut laiitosl
desereis et corrumpus. » (.1. ni-: Sta\ ei.ot. Chronique, j). i>.S(). — ^'. aussi
Adiuen d'Oudexboscii, Chronique, traduetion de M. le docteur .1.
Alexandre, !>. l'î.)
(*j Koeès du Conseil <le la Cile. rey. i5l).S-i57o. 1" 27.") v"; i-eg. i-ly.")-
1577, 1" 21;) V".
(-) Dans les eomi)tes des dé])enses de la Cilé de l'an i")o;), on
découvre eetle annotation :
« Pour avoir l'ait un .serin u'otlre) à deux dobles serres mis aile
^'i()leUe i)i)ur ens niellre tous registres, (•onii)tes et (piidances.
4 ilor. 1 1 aidans. »
- 3:3
S'il est une période de notre histoire (pii a été l'iinestc
au pays, c'est bien le xv*^ siècle. Il a été désastreux é<^iilc-
nient pour les areliives de la Cité, ajoutons i)our celles de
la plupart des bonnes villes. La perturbation générale des
esprits et des mœurs, l'administration capricieuse du
jeune élu Jean de l>avicre, aussi légei- que cruel, mais plus
encore les excitations dénuigogicpies dans les classes
jjopulaires, amenèrent le 23 septembre i^oH, la terrible
bataille d'Otliée où les cadavres de ti-eize à (piinzc; mille
défenseurs de la cité jonchèrent le sol. Un mois plus tard,
le 24 octobre, les pi-inces triom})liants, savoir le duc de
I>oui'g()gne, le comte de Ilainaut et auti'cs alliés, lancèrent
contre les vaincus une sentence dont les quatre premiers
articles ont trait spécialement aux documents écrits des
Liégeois. Ils exigeaient la i-emise de toutes les lettres
octroyant des privilèges, des franchises, des libertés, les
coutumes du pays, les paix, les actes d'alliance, etc ,
appartenant à la Cité et aux autres villes de la principauté.
Tous ces titres, avec les chartes et règlements des corps
de métiers, devaient être livrés le 12 novembre à Mous,
à l'abbaye des Ecoliers, entre les mains de « messii-e
Guill. Bonnier, et ])iaistre Thierry Gherbode », agents du
duc de Bourgogne et ce messires Broignart, de Ilenin et
Baudin de Fromont, » délégués par le comte (Juillaume
de Ilainaut.
Terrorisés par la menace de snppi'imcr à jamais les
« privilèges, lois, franchises et libertés », dont les actes
d'octroi authentique feraient défaut, terrorisés non moins
par les exécutions barl)ares dont ils venaient d'être les
témoins contristés, les Liégeois survivants ne songèrent
même pas à tenter de soustraire à la vengeance des princes
leurs plus chères archives. Après avoir amené les coffres
qui les renfermaient de S'-Jaccpies à l'IIofel de Ville, ils
- 3-
'4
(loiiiîèrent mission aux plus notables et aux plus expéri-
mentés d'entre eux de se transporter à Mons, munis des
importants documents. Avaient été choisis Watliieu et
Guillaume Datliiii, le bourgmestre Watliieu de Fléron,
llenkin de Bierset, fils de AVarnier, lligauld le Rôti, et
Henri Daneal, bourgeois de Liège.
Ces iiersonnages arrivèrent à Mons au jour fixé, avec
les archives contenues dans deux vastes paniers, les-
(juels étaient fermés et scellés. Après avoir effectué le
dépôt en présence des commissaires des Princes, les
envoyés liégeois prêtèrent serment, au nom de la Cité,
qu'elle ne possédait plus d'actes de ce genre et qu'elle
n'en avait ni celé ni détruit. Par la voix de Guillaume
Dathin, ils ajoutèrent avoir réuni dans les dits paniers
tous les privilèges, chartes, coutumes et règlements des
métiers qu'il avait été possible de recueillir. Si, conti-
nuèrent-ils, les actes de certains métiers font défaut,
cette absence provient de ce que les gouverneurs ont péri
à la bataille d'Othée, sans qu'on connaisse les lieux de
dépôt des archives dont la garde leur avait été confiée (^).
A cette remise solennelle, assistaient les nombreux
bourgeois de Liège conduits précédemment à Mons en
(|u alité d'otages ('-).
(') lic'cticil (les ()/-dnnnunccs de la Princi/miité de Liég'c. s. i'^,
p. \'J.'i, note.
1-) Nous (lounons ici la liste de ces otages :
(Jilles de Bernard, M'arnier et .Tean de Bierset, Robert de
Si-Xicolas, Hubert de Pas. l'iron du Champion. Jean du Persan.
J'irou le Berwier, A\'atbieu Pangnou. .Tac(jueuiin de l'Ange, Jean de
Keniexlie. Gilles de lli^vechon,^^'arn. de Mont joie, Henri de Waroux,
.lean Ilaweal. Renard de Linibourg, (iuillaunie délie Clef, .Joseph
<le Celier. Close de la Fleur de Lys, Henri Montlroid. Mathieu
lîrabeehon. (Jerard Pierpont, Denis Sureal. ^\ . du ('liai)eau d'or,
Stassiu <!(' Loneiu , .leau (iolet , Robert Jîeyniout . Lambert de
\'erv()ngne. Masson lîevniont. Henri le (ierson, .lacci. SealolTreal,
- à::, -
Pou aprrs rufcoinplisseineiit de leui's s;in<;laiit.s exploits,
.leiui de Bourgogne et Guilluiinie de llaiiuiut s'étaient
rendus à Paris. C'est <le là (jue, le i3 décembre, ils
investirent, pai' lettre spéciale, maîtres Tliierry Gherbode,
.lac(]ues de lu Tannerie, Jean de la Keylliulle, .laccpies
Deltour, Etienne ^^'iard et .Jean de Hinclie, de lu cliai'ge
d'examiner à Mons, dans nn local ù clioisii- par enx, les
archives amenées des divers centres de la principauté
de Liège, d'en dresser un sérieux inventaire, et même
de faire copier les documents dont ils reconnaili'aient
l'utilité.
Le répertoire, revêtu des sceaux d(^s ai'cliivistcs, devait
être envoyé aux princes ((ui se réservaient, déclai-aieut-ils,
(1 ' « en ordonner ainsi qu'il nous semblera à l'aii-e de
raison {') ». De fait, les Princes, par leur sentence du
24 octobre, avaient décidé (juc, après l'inspection des
lettres de privilèges et de libertés, maintes d'entre elles
pourraient, s'ils le jugeaient conveiniblc, être rendues aux
intéressés.
Ils furent satisfaits de rcmpi'essement montré par la
Cité et par les bonnes villes à exècutei- leurs ordres.
Aussi, cédant à leurs requêtes pressantes, le due de
Bourgogne et le comte de Jlaiuaut finirent-ils, le 11: août
1409, par restituer à la Cité et aux autres villes, un nombre
Martin IIaiiiicsiii.Laml)ert de Lyon. Iliiliin Tcxtor. \\ ill.de Passaj^e.
.It'an (le Bertenkers de Lexliy. .huMiucniin I-anibuelu'. OKar <le
^\■eJ;lK'/. Bauduin du Moulin. .Jean de la P.overie, lèvre, .lean de
l'exlie. niereier. (Jerard de IMerei, Thonjii-i! de laCroi.x d or. .lean
de lîoille. liallier. (Jerard rAi)otliicaire. ("ollar<l de la Boverie,
Renonl d'Alleur, denieuranl à .leiueiipe. (Jerard de Flenialle. parlier.
Sandvon le jeune. (Jerard de \'aux, vieux scohitr. .lean le Berwier.
tanneur, Renier de Lieriwe, Tliierry Pannee, lîauduin Oncai, Louis
de Hervé, mercier, Henri A\'ere\elial. boulanger.
') Reciwil des Ordonnances de lu Prinri/unilc de Liéi-c, s. i'". p. ji-i'.
noie.
- 376 -
considérable de chartes dont nn acte princier fournit la
liste détaillée. Chacune d'elles y est spécifiée par le nom
du personnage ou du corps duquel elle émane, par la date
et par l'analyse sommaire du contenu ('^
Los titres i)récicux récupérés de la sorte furent replacés,
ainsi que le grand sceau de la Cité, dans le coffre à ce
destiné, lequel coffre on conduisit de nouveau à l'église
S>- Jacques, le 19 décembre 1416, avec le cérémonial
accoutumé l").
Ce n'était là qu'une restitution partielle. Le reste, pour-
tant, n'avait nullement été livré aux flammes, avec les
bannières des métiers, l'an 1408, quoiqu'un écrivain
contemporain des faits ait osé l'affirmer (^j. Tous les
papiers et parchemins existaient encore l'année suivante
et demeuraient en possession des agents du duc de Bour-
gogne et du comte de Hainaut. Ces hauts personnages
affirment catégoriquement, dans leur sentence du 12 août
1409, qu'ils ont conservé, par devers eux, les documents
iu)n rendus u pour en faire et ordonnei' ainsi que bon leur
' \'()ii' c'C'Ue liste dans If Recueil des Ordoniuuircs de lu Prinri-
jjitiilé de Liesse, s. i''', j). 4'5'>.
(■') Ce l'ait est e(jiisigiié. en note, dans le l'awilliart A. 1' 4" v",
aux Archives de l'Etal : «("lii ai)i-ès s'ensvent les lettres des l'ran-
cliiezes, liberteis, ])rivilej;es, ])aix faites, avcueqiies jilusseurs
aiiltres lettres, lescjueilles ont esteit rendus par les dues de Bour-
{;ongne et île llennau et lurent lesdites lettres mieses en une eserien
avuec le grau seal délie Citeit et luit li serin uiineit à S' Jaqueuiuie
l'an 141'). le i<f jour de décembre». — Wnv aussi Pawilliarts ]>,
)■" 171 V"; (1. I'" 5(), aux Archives de l'Ktat ii Liège; — manuscrit,")!.
1'" -2, de la collection Capitaine, à la bibliothèque de l' Université de
Liège.
(3) « Paido ])()sl Dominus Leodieiisis ad cinilulein jjost reces.siim
J'rulvis el .sororis stii i-ei^res.siia, Jnssit sibi deferri oiiines et sùiî'iilas
lUteras, rhurliis, iii.slianieiilu, rei^istra el munimenlu eonfeclu aiiper
lil'erliilihiis. jirii'ilei<iiN el fruneisiis civilttlis el iiiiiiisleriarniii (jiim
oiiinia cuui re.xilli.s ininislerialiiini ig'iie roiiereinala siml el aiundlnln.
(Sii/fridiis Pelri. ap. CiiAl'KAlxil.l.i:, t. III. p. i lo.)
a"*^
semblera)). Il en fui dv inêine des arcliives des nirlici-s,
bien (|ne plusieurs actes de eeux-ei se rcIrouNcut dans b's
eluirtes remises en vertu de la même sentence (' .
Les arcliivcs soustraites n'avaient certainement ])as
été restituées dans leur ensend^le, l()rs(|U(', en i4')7, un
autre duc de I5<)urgo<;ne, Cliarles le 'l'c-mci-aire, s'em])ara
de nouveau par violence d(ï la ville de Lié<;c après le
néfaste combat de Brustliem. Ces douloureux événements
préludaient à une seconde période désastreuse ])ouv les
Liégeois, pour la Cité et i)our ses archives.
Plusieurs de nos historiens ont rai)])orté (pie Charles
le Téméraire ne s'éloi<)-na de notre ville (pi'après en avoir
enlevé les documents les plus importants. D'après
Gaehard, l'ancien archiviste général du l'oyaume, le Duc
aurait seulement ordonné qu'on lui remît les lettres des
traités d'alliance que Liège avait contractés contre lui ("-).
En réalité, par la sentence du 28 novembre i4^>7> contre
le pays de Liège, Charles de Bourgogne stipula formelle-
ment, dans l'article 2, que les Liégeois dcvi'aicul livrer,
en totalité, leurs chartes et privilèges.
« Seront rendus )), porte l'acte priiuùer, « par lesdis de
la cité, tous les i^revileiges, tiltres, Chartres, registres et
aultres ensengnemens qu'il/, en ont, les(|uel/. ])r('vil('iges,
tiltres, Chartres et registi-es seront déclarés ac<piis et
confis qui es )).
Bien plus, dans l'article 9, le vain(]ueiir exigeait la
remise de toutes les pièces relatives aux mèti(u-s, tandis
que, par l'article 25, il ordonnait, en outre, la l'cmise
des lettres d'alliance échangées par les Liégeois contre
son autorité (^).
(^) Recueil des Ordonnances de lu Principnnlé de Liège, s. if, \^. !\'i\).
note, et p. 44.3.
'') Bidlelin de la Commission royale d'IIisloire. s. i''.t. XIII, i).i>ii.
(") Recueil des Ordonnances de lu Principanlé de Liége.a. i". ])i).Gij
et suiv.
— 3:8 —
Il n'y a guère de doute que ees ordres tyniniiiques n'aient
été ])leinenient exéeutés. Deux jours auparavant, en el'let,
le 26 novembre, le texte de la sentenee ayant été lu au
Palais devant le peuple léuni expressément, celui-ei avait
promis à haute voix et par serment qu'il s'y soumettrait,
eomme l'atteste un acte autlienti(]ue dont l'original est
eonservé aux archives générales du royaume à Bru-
xelles ('). D'autre part, un chroniqueur sérieux de l'époque,
Adrien d'Oudenbosch , nous apprend qu'avant d'être
emportés de Liège, les privilèges, chartes et autres archives
de la Cité furent remis entre les mains du seigneur
d'Humbercourt, lieutenant de Charles le Téméraire, ins-
tallé au quartier de l'Ile (').
Pour la seconde fois donc, à un demi-siècle environ
d'intervalle, les anciens titres de la Cité et des métiers
durent prendre le chemin de l'exil sans espoir de retour.
L'année suivante, j^our comble d'infortune, la ville
entière était livrée, de longs jours durant, aux flammes
vengeresses du cruel duc de Bourgogne. En môme temps
que les constructions de la cité, ces flammes détruisirent
de nombreuses archives privées et publiques, une grande
l)artie de celles des Echevins entre autres, qui, primitive-
ment, avaient été confondues avec les documents de la
comnume i^).
Une charte peu utilisée de l'époque et aj'ant trait à
l'Hôtel de Ville, atteste que, dans la conflagration géné-
f II est rein-odiiil en note dans le Recueil des Ordonnniices de lu
Priitcipnulé de Liège, s. 1" . p. (JiiS.
('-'j Clivonique d'ADiUKN dOidemjoscii . traduction Alexandre,
1>- ^f'i)-
(') « A Toecasion des yueri'es (nii ont réi;né en eeste eité et pais,
advons jjerdu graind nonil)re de registre/., i)ai)iers aux ])aix laites
et autres explois ». (Acte des éclievins de IJéfi:e, du uS se]>tenil)re
i4!^'>. cité dans la Paix de S'-,Iac(|ues. - \'()ir aussi : Coutumes du
Pays de Liège. 1 III, |i. 120.;
raie, la « Maison de la Cite iioinée la Vyolel a esté tolale-
iiuuit ruwiiiec et briislee (') ». ]*]n adiiiellant inriiic (|iic
les murs extérieurs soient restés debout, il n'eu est i)as
moins eertain que tout a été anéanti à l'intéricui'. iMilrc
antres ehoses auront été consumées les ar('lii\-es adminis-
tratives locales que l'on conservait à riiôfcl comiminal
pour les besoins du service ordinaire. C'est i)our ce mol il'
qu'on manque de renseignements détaillés sur ces archives.
Le 5 janvier i477. survint la mort violente de Charles
le Téméraire. Ce prince eut poui" successeur sa iille
unique, Marie de Bourgogne. Celle-ci, se montrant favo-
rable aux sollicitations empressées des Liégeois et surtout
de son parent l'évoque Louis de Bourbon, renonça, i):ii'
lettre du 19 mars suivant, aux droits et privilèges que son
père avait arrachés au pays de I^iége, comme tiihnts de
guerre. Elle ordonna également la restitution des chartes,
documents et papiers extorqués jadis à nos ancêtres ('•).
Ce n'est donc pas, comme le pensait Gachard, parce
que l'église S'-Jacques avait été soustraite aux flammes
par ordre du duc de Bourgogne lui-même, que les titres
principaux et originaux de la Cité ont échappé à la confla-
gration générale de l'an 1468. Ils ne s'y trouvaient i)as
alors. Mais, aussitôt après leur restitution par Marie de
Bourgogne en 1477 t^), ils y furent réintroduits. Nous en
(1) Charte du métier des tanneurs du 4 mars i4So, dans le Bon
Métier des Tanneurs, par St. Bormans. \}. 322. — (ioiîEUT, Les Hues
de Liège, mot « Violette ».
(•) De Kam, Documents relatifs aux trouldes du jiays de IJége
( i^Hd-iooôJ, p. G23, note.
(3) «Insuper et domino episcopo Leodieiisi procurante lam i»er
se (piam suos legatos ad hoc idoneos, eivitatis et totius i)atriii' oppi-
dorum i»rivilegia per ducissam Mariaiu. <hicis Hnrgundiie iiliani.
exstiterunt restituta ». (Chronique de .Ikan de Loo/. dans les Docu-
ments relatifs aux troubles du j>ays de Liège (ipô-iûori), iniblics jiar
de Ram, j). 74. j
38o
avons la preuve dans un aete de l'abbé de S'-Jaeqnes de
Tan ï4*^4' désignant (c la petite chapelle où sont » ,
])orte-t-il, (( renfei'niées les ai'chives de la cité (') ».
(i^uati'e ans plus tai'd , à rinstigatiou de Jacques de
Croy, ses partisans ayant pénéti'é dans l'église S"-Jacques,
i'orcèi'ent les portes qui livraient accès aux coffi-es conte-
nant les ai'cliives de Liège et brisèrent les sceanx qui y
étaient apposés ('). Ne peut-on se demander si, dans cette
scène de violences, nombre d'archives n'ont pas été anéan-
ties par ses coupables autenrs ?
Tl n'en est pas moins patent que les bonnes intentions
de Marie de Bourgogne nous ont valu la récupération de
la plupai't des pièces enlevées par son père. Il est certain
également que la lestitntion n'a point été complète, qu'une
quantité notable de nos documents dérobés, soit par
Chailes le Téméraire, soit par son prédécesseur, Jean
sans Peur, ne sont nullement rentrés en notre ville.
Pénétrés de l'intérêt puissant qui s'attachait aux origi-
naux de leurs chartes, pi'iviléges,etc.,nos ancêtres mirent
tout en cxMivre pour rcpiendre possession de ces précieux
documents. Dès qu'une paix stable eut été rendue au pays,
au commencement du xvi® siècle, par l'avènement du sage
et ferme Erard de La Marck, ils se hâtèrent de profiter
des sympathies que l'empereur d'Allemagne Maximilien I*^""
témoignait à notre principauté, pour tenter encore d'obte-
nir la remise des titres tant regrettés.
Leurs démarches ne restèrent pas vaines. N'a-t-on pas
(1) l'n vldinins d'une lettre de Marie de Bourj;ogiie. donné en 14^4»
])ar l'abbé de S'-.Iacqiies, se termine comme suit : «Aeta fuerunt
liée in ecclesia n"' Mon"' in quadam parvula eapella in qua arc-hive
Civitatis Leodiensis claudentur. » (Cathédrale : Décrets et Ordon-
nances, veg. III, fo 3G3 V», aux Archives de l'Etal, à Liéj;e.)
i-^ Clivonique de Jeax de L'ooz, i)p. <j8-(jy.
— ;isi —
conservé mention d'une IcUic en date du 12 iiox enibrei5ii,
par laquelle (jiruclin, de Mons. annonce à Philippe Han-
neton, audiencier de rEnipereur. l'envoi de copies authen-
tiques de beaucou}) de titres relatifs à Liège, qui repo-
saient à jMons? La transmission de ces coi)ies s'est
effectuée, comme il appert d'une note dii)lomatique du
xv!!!*" siècle V) ; mais on ne connaît ni l'objet des pièces,
ni ce (pie ces copies sont devenues, ni surtout s'il s'agis-
sait d'actes sortis des dépôts liégeois.
De son côté, l'historien liouillc relate qu'en octobre i5G4,
« le comte Maignan remit à l'Evoque et aux maîtres de la
Cité, quantité de papiers et de Chartres contenant les
privilèges et libertés de la cité, par les mains du jadis
bourguemaitre Gilles de Stier i-'j ». Plusieurs écrivains
liégeois ont été induits en erreur sur la nature de la
remise. Il ne s'agissait aucunement, en l'occurrence, de
la récupération de titres emportés de notre ville au
xV siècle par les ducs de Pourgogne. Tout se borna,
en suite de démarches faites près de lui, à la restitution,
par l'héritier du prince-évèque Georges d'Autriche, lequel
venait de trépasser, d'une série d'actes concernant l'his-
toire de la cité et du pays, et qui avaient été confiés, au
temps de son règne, à ce chef de la principauté [^). Mélart,
historien assez rapproché du fait, ne laisse planer aucun
doute à cet égard {*).
(M Bulletin île rinstitiil urchéologiqiie liégeois, l. Vil, p. "x)".
(") Histoire de lu ville et du j)ays de Liège, t. II. ]>]). 4^4-4^").
(^) Dans lin regislre aux recès de métier, on trouve eetle anno-
tation à la date de décembre ir)G.'5 : «Députation à Bruxelles au
comte de Megliem pour avoir restitution de lettres et lettrages,
faisant mention des i)rivilèyes et libertés des bourgeois, ensemble
avoir le double des actes advenus autentic(iues. alin savoir le contenu
des l'ecès. »
(**j Histoire de Huy, p. 'A-~. i>'' alinéa.
- 382 -
t*oui-tanl, en dépit du long- laps do temps qui s'était
écoulé depuis renlèvement des arcliivcs liégeoises, nos
pères n'en perdaient pas le sonvenii-, ni l'espoir de les
retrouver, malgré les rebuffades dont leurs tentatives
furent parfois l'objet. L'an i65i, les ministres du prince
liégeois s'étant eux-mêmes adressés à l'arcliiduc Léopold
pour avoir accès aux chartes de l'Etat; on le leur refusa (^).
Les Liégeois attendirent patiemment toutes les occasions
propices pour revendiquer leurs vieux documents. L'une
de ces occasions parut se présenter à la fin du xvii® siècle.
L'an 1697, était signé à Ryswyck, le traité qui mettait
fin à la guerre de la ligue d'Augsbourg et qui, par son
article 16, obligeait les Français à restituer les documents
dont ils s'étaient emparés à Gaud. M. des Prez, agent
liégeois près la Cour de Bruxelles, jugea la circonstance
favorable. Il croyait, en effet, que Charles le Téméraire
avait déposé des archives liégeoises à Gaud et que, de
Gand, les Français les avaient transférées à la citadelle
de Metz. M. des Prez en instruisit le prince Joseph -
Clément de Bavière qui écrivit à son frère à Bruxelles.
Le chapitre de S'-Lambert était aussi persuadé de
l'existence d'archives liégeoises à Metz. Il prit même à ce
sujet, le 12 février 1697, un recès ainsi conçu :
« Messeigneurs, ayant délibéré s'il ne serait pas à propos
d'insérer un artic-le dans rinstruction à donner par Son Altesse
Séréniss. à ses plénii)otentiaires pour le traité de la paix générale
pour obtenir la restitution des archives et registres anciennement
enlevés de cette ville, détenus présentement à Metz, sont d'avis
(pi'on pourra pendant ledit traité escrire à ce sujet aux plénipo-
tentiaires. »
En raison des événements politiques extérieurs qui
exigeaient la plus extrême prudence pour la sécurité de la
(M GaciiaRD, Nutice sur le déjwl des Arcliines du i-oyaume, iS.'h,
]). (JG.
principauté, le Prince liégeois n'osa pas li-op insister,
comme il loxposa Ini-mèmc dans iiii(> Icllre à son rei)ré-
sentant de Bruxelles :
« Pour ce qui est de nos archives, nous ne (rouvons jjas à projjos
(le beaucoup i)resser les Espaj^nols là dessus avant (jue les l''rançais
ayent satisfait à l'art. i(j du traité de llyswyck. crainte (ju'estant
advertys de nostre prétensious, ilz ne nous fassent (piehiuc chicane
là <lessus, disans (pi'ils ne sont ])as oblige/ de restituer aux
Espagnols ce (jui nous ai)i)arlient ny à nous non plus, au nu)ins en
exécution du traitté de paix, puisqu il/, ne nous ont rien promis ])ar
ce traité ».
Les pourparlers cessèrent donc et de longtemps il ne fut
l)lus question en haut lieu de récupéi-er nos archives soit
à Gand, soit à Metz.
Pour ce qui concerne cette seconde ville, les dernières
investigations datent d'une trentaine d'nnnées . Le i6
juillet 1875, le Conseil communal de Liège, sur la pi-opo-
sition de M. l'échevin Magis, avait chargé M. Schoon-
broodt, alors archiviste de l'J^^tat, de se rendre à Mel/,
et d'y fouiller aux fins susdites, les archives de la ville,
du département, de l'évêchè, etc.
La mission de M. Schoonbroodt resta imi)roductive.
Cet insuccès n'a rien qui doive étonner. Il n'est aucune-
ment éta))li, en effet, que des archives de notre cité
aient été transportées à Metz. Cette croyance est née
du simple avis de ce des Prez, agent diplomatique du
Prince à Bruxelles. Lui-même doutait de la l'éalité du
fait. Il émettait une simple supposition. Le mot est
employé par lui, à propos de nos archives, «archives»,
écrit-il, ((qu'on suppose avoir été transportées à Gand i)ar
le duc de Bourgogne ..., et de là par les Français à la
citadelle de Metz ('1 ». Or, c'est ce même agent et cet
agent seul qui a provoqué les dénmrches du i)riiice Joseph-
(') Lettre du 2,3 juin liUjH. dans le P.ullclin de l'Insli/ul nrchéolo-
giqne liégeois, t. \\l. p. ûoS.
— 384 —
Clément de Jkivièrc, connue le rccès du cliapili'e caUiédral.
Nul avant des Prez n'avait fait allusion à un dépôt (juel-
cou(xue d'arcliives liégeoises à Metz.
On entama de nouvelles négociations i)onr la récupé-
ration d'archives liégeoises en 1772, lors du litige qui
surgit entre la France et la principauté de Liège, relati-
vement à la terre de S'-IIubert et au cliemin de Falmi-
gnoule. Engagées par le chevalier de Ileusj' , l'ésident
du Prince de Liège à Paris 1'), elles aboutirent Tannée
suivante à la remise à l'évoque Velbruck, par le roi
Louis XV , de 63 titres dont de Reiffenberg a publié
la liste avec l'inventaire des pièces que le Roi tint à
conserver (-).
Nombre de nos historiens se sont plus à voir là une
réelle i-estitution. Ils versent dans une erreur patente.
Tel est également l'avis de l'ancien archiviste général
Gachard : « Si », fait -il judicieusement observer, « si
les titres délivrés au pi-ince Velbi-uck, par ordre de
Louis XV, concernent, en effet, le pays de Liège, rien
n'indique qu'ils eussent été enlevés des ai'chives du pays.
Il y avait dans les trésoreries de Pi-uxelles, de Vilvorde,
de Rupelmonde, de Lille, quantité de documents qui se
rapportaient à la principauté de Liège aussi bien qu'aux
autres Etats avec lesquels les souverains des Pays-Bas
entretenaient des relations ; or, ce sont, selon moi, des
documents de cette espèce que la Cour de Versailles
remit, le 9 juin 1773, au chevalier d'Heusy, chargé
d'affaires du Prince-Evêque ; le duc d'Aiguillon, voulant
complaire à l'Evoque, avec qui il négociait un traité de
(^) L'Kvèqiic avait alloue' iine suininc de S,ooo livres pour la
reeherclie et la copie des ])ièees d'arcliives dont il s'aj^it. (Archives
de l'Etat noble de Liège, reg. 187 et 188 K. ).
Un bon portrait du chevalier de lleusy rejiose dans la collection
de M. liraliY-Prost. i)résidcnt de llnslllul archcologi(iue liégeois.
(~) BuUclin (le In Cominission rayiih' (l'Jlisloirc, s. i"'. t. XIII, ]). ()."{.
— 385 —
liiuites, les avait l'ail, extraire du dépôt dos ari'aircs étran-
gères et des archives de Lille ('\ »
Nous ajouterons que nombre des pièces transmises [)ar
le monai-quc français, soit en original, soit en copie, à
raison de lo sols le rôle, sont postérieures aux dates
d'enlèvements des archives liégeoises par les ducs de
Bourgogne. Au surplus, quelques-uns seulement des
documents remis, se rapportent d'une façon si^éciale à la
cité de Liège ; l'immense majorité a trait à l'administra-
tion générale du pays ou du diocèse et aux relations inter-
nationales. Aussi l'ensemble a-t-il été classé dans le
chartrier de la cathédrale S'-Lambert et non dans les
archives de la Cité.
A ce temps, d'ailleurs, très peu de gens versés aux
affaires se faisaient illusion sur la valeur réelle de cette
remise. Sous la Képublique française encore, un membre
de la municipalité de Liège, se fondant sur la tradition-
nelle croj-ance à un dépôt d'archives liégeoises à Lille,
formula, voici une centaine d'années environ, une note
que Lesoinne se chargea de remettre au citoyen Camus,
archiviste général à Paris, afin d'obtenir du ministre
de l'intérieur des recherches nouvelles. Celles-ci ont-elles
eu lieu ? La réponse vraisemblablement doit être négative ;
car un silence absolu a régné sur leurs résultats (-'.
En résumé donc, en dehors des titres renvoyés à
l'époque môme par les chefs de la maison de Bourgogne,
en dehors peut-être aussi de quelques copies authentiques,
rien n'est revenu des archives communales gardées par
les princes bourguignons. Ne perdons pas l'espoir de les
voir sortir un jour de (pudcpu' fonds abandonné de l'un ou
l'autre dépôt.
(1) BuUelin de lu Comiidssion roynle d'Histoire, s. i''', t. XIII. p. 121:2.
{') Uapi)ort (le la Ville de Liège, concernant ses arcliixe-^. <iii
.4 octobre 182G.
— 386 —
IV.
En attendant, voyons ra])i(lemont ce (ju'il advint d<>s
pièces renvoyées par les chefs bonrguignons dès le xV'
siècle et des archives administratives de la cité, lesquelles
ne pouvaient être antérieures à la fin de ce siècle, les
précédentes ayant été consumées dans l'incendie de l'IIotel
de Ville, l'an 1468, nous l'avons dit.
Les chartes et titres originaux continuèrent à être
conservés dans la trésorerie de l'église S'- Jacques avec le
plus grand soin. 11 se produisit, pourtant, un certain reh\-
chement en la premièi'c moitié du xvn'' siècle. Dans les
différends qui surgirent à maintes reprises, à cette période
de notre histoire, entre les Chiroux et les Grignoux, les
chefs de ces partis s'efforçaient de démontrer à l'aide
d'attestations empruntées aux siècles écoulés, les uns les
droits du Prince, les autres ceux de la Cité. On laissa,
semble-t-il, les écrivains puiser trop facilement aux sources
historiques de la Ville. Une foule de documents et papiers
de tous genres disparurent de cette manière, peut-être
aussi par le fait de déprédateurs qui ne manquèrent pas
durant ces troubles civils. Afin de retrouver les pièces
ainsi distraites, le Conseil de la Cité, par un recès en date
du 25 octobre i635, ordonna à tous ceux qui détenaient des
registres, des « lettrages de la Cité », de les renvoyer au
grand greffe à l'Hôtel de Ville (').
Tout ce qu'on restitua fut réintroduit dans les coffres
qui avaient été amenés de l'abbaye S'-Jacques à la salle
basse de la Violette. En i653, le Conseil de la Cité, consi-
dérant, disait-il, qu' « il inq)orte grandement que les
lettrages et pappiers de la Cité qui se trouvent aux coffres
de la Maison de Ville soyent en lieu d'asseurance » , se
résolut à faire dresser l'inventaire des actes y contenus,
(1) Reecs du Conseil de la Cité, re^'. Ui.'^-ili.'Ui, fo ij);) v".
- 387 -
(( aTin de remettre le tout dans les eolïres de 8'-Jae(xues'') n.
Ce travail et ce transfert devenaient d'autant plus
nécessaires qu'un coffre était brisé « par devant, de sorte
que Ton y pouvait facilement prendre avec la main les
lettres et papiers y étant ».
Les bourgmestres de Plenevaux et de Curtius, les avo-
cats Oupeye, Bresmael , lîossius et Lambert Libotte
avec les commissaires Baar et Ijouilleune se cbargcrent
d'établir ce répertoire le 22 juillet i653. Ils y relevèrent
cent quarante-quatre documents parmi lesquels il ne s'en
rencontrait plus qu'environ vingt- six provenant de la
remise faite par le duc Jean de Bourgogne en 1409 (-').
Le répertoire ne se trouvait, en réalité, nullement
complet. Effectivement, les délégués eux-mêmes décla-
rèrent qu'en procédant le lendenuiin à la réintégration des
chartes dans les coffres de S'-Jacques, ils y découvrirent
« divers lettraiges y laissés ». On a d'autres preuves
péremptoires que ce dépôt avait une im])orfauce numérique
beaucoup plus considérable . L"ne trentaine d'années
auparavant, un jurisconsulte liégeois de renom, Laurent
Bartollet, n'avait-il pas analysé, dans son Consiliniii Jiiris,
cinq cent quarante-sept actes et chartes des archives de la
Cité? Or, Bartollet, naturellement, n'avait point signalé
toutes les pièces tle ces archives. Il n'avait invoqué que les
textes pouvant servir la cause qu'il défendait. L'historien
Fisen, à son tour, cite très fi'équcmment les archives
communales.
{}) Ilecès (lu Conseil de la Ciiu. ùu i" jiiilli't i()53, re{r. années
i(i4!)-iG53. 1" 3-C>.
(-') Ce répertoire, ([ui se trouve au registre des Recés du Conseil,
années iG4()-iG5;5, fo 38<) v", a été reproduit par (Jaeliard, dans le
Bulletin de la Commission royale d'Histoire, s. ::. t. l\ . ]>. iSj. et
rangé en ordre clironologiiiue. par M. Si. lîornians. On le ti-ouvera
eu appendice à la ])réseiUe nolicc, transcril <i'aiirL's la pièce
originale.
— o88 -
A ce propos, il serait très curieux de mettre la inain sur
le nouvel inventaire qui fat ordonné par le Conseil de la
Cité, le 8 août 1676, d'autant qu'une série de documents,
arrivés ou rentrés depuis peu en possession de l'adminis-
tration communale, y figuraient (*). Entrepris à la fin de
septembre, cet inventaire se trouva terminé le 19 du mois
d'octobre. Les comptes de la Cité n'avaient pas été com-
pris dans le répertoire. Ordre fut donné par le Conseil,
deux jours plus tard, de les inventorier également ('-).
Ces comptes se trouvaient, nous l'avons dit, à l'Hôtel
de Ville. Là également, les Commissaires de la Cité
disposaient d'une armoire spéciale où ils rangeaient d'an-
ciens pawilharts, des registres et des documents divers.
C'était un fonds spécial '*).
Le récolement des anciens titres s'était effectué à
l'abbaye S^-Jacques en présence des bourgmestres régents
et anciens, des quatre conseillers de la Cité députés parle
Conseil — parmi lesquels on comptait l'éclievin Foullon —
des avocats Jaminet, Plenevaux et Uten, aussi membres
du corps communal, du grand greffier et du syndic (''.
A cette date, les officiers des trente -deux métiei's
n'assistaient i)lus à la visite des arcliives à S*- Jacques,
mais ces corporations professionnelles et politiques y
étaient représentées, d'une façon générale, x^ar un ou deux
députés. Le Conseil ne manquait pas d'y déléguer par
mesure de x^rudence, les bourgmestres et les principaux
de ses membres avec plusieurs commissaires de la Cité,
le grand greffier, le syndic, etc. i^).
(') Reçus (lu Conseil de la Cite : rey. iG7lJ-i()-;S. 1'. i(). 77 et iG3.
{-) Ibid., i" 77 vo.
(3j Ibid.. f ■ 204.
(4) Ibid.. i. M\ et (i:^ V".
(•'>) llecès du ("oiLsei! du 1 f levi-icr ifiSo.
- 38ç) -
V
Le iiioiuciit :ii)i)r(>('liail où ces ai'cliivcs de la ("ih- allaiciil
abuiuloiinor dél'initixciucMit Ictii- asile plusieurs fois sécu-
laire, (iuaiul le prince Maximilien - Henri «le lîaNière,
dont les Liégeois avaient fort lon<4tenii)s méconnu l'auto-
rité, rentra en vainijucur dans sa capitale. Tan i()S^, l'un
de ses i)remiers soncis fut d'intinier l'oi-ilre de t ransfér<'i'
au local du Conseil privé au Palais, les registres aux
reeès du Conseil de la Cité et les autres archiAcs rejxjsant
à l'Hôtel de Ville, ainsi que toutes les chartes et tous les
actes quelconques existant dans les coffres communaux, à
l'abbaye S'- Jacques.
Dès le 28 août, ces derniers étaient remis entre les
mains des agents du Prince. La Ville se soumit également
à l'ordonnance, le i^'' se])tembi'e. (piant à l'envoi de la
partie restante de ses archives.
L'ordre de remise s'étendait aux archives des métiers.
Ceux-ci les transmirent successivement au chef d'I-^tat,
par l'intermédiaire de leurs greffiers. L'inx entaii'c en fut
dressé an fur et à mesure de l(Mir arrivée (').
Bizarrerie des choses d'ici bas ! Cette confiscation auto-
ritaire des archives communales fut précisément ce qui
les sauva de la destruction, tout au moins en ]>artie. Se])t
ans plus tai'd, en juin 1691, pendant le tei'riblc bombar-
dement que, du liant de la Chartreuse, le marc'clial
français marquis de lîoufflers infligea surtout au ccnii-e
de noti-e ville, la Violette périt dans les flammes allunK'cs
])ar les boulets incendiaii-es. Les anciens registres aux
recès du Conseil, les conq)tes, les attestations de bour-
geoisie, etc., eussent évidemment été anéantis dans ce
sinistre avec les documents courants de l'administration
s'ils étaient restés à la maison comnuinale.
(1,1 M. St. Bormans en a donne la liste (lelaillce en apix-ndit-c,
dans son i'aj)i)ort sur les ai'chives liégeoises, de iSGi>.
— ogo -
C'est contrainte et forcée, néanmoins, que la Ville s'était
dessaisie de ses archives, et avec l'espoir de rentrer tôt
ou tard en possession de ces titres. Déjà sous le règne de
Josepli-Clénient de Bavière (1694-1723), le magistrat de la
Cité put en récui)érer nn certain nombre. Le 26 avril I75r,
le Conseil adressait une requête send)lable à un antre
prince de la maison de Bavière, Jean-Théodore. Ce prince
se montra de môme favorahle à la demande et rétrocéda
un gi-and nombre de registres et de documents de genres
variés ; mais la restitution était très partielle. La Cité,
en 1765, le fit observer respectueu&oment an chef de la
principauté, à Charles d'Oultremont, qui lui rendit une
série de registres et papiers i-econnus avoir appartenu
à la Ville d.
La Cité, du reste, n'hésitait pas à faire de sérienx sacri-
fices pécnniaires en vue du retonr de ces archives. En la
senle année 1765, elle paya nue somme de 1082 florins «à la
chancellerie du Conseil privé pour rechercher les papiers
et registres que S. A. a rendus à la demande du Magis-
trat '") », bien que cette remise fût pen importante comme
quantité.
11 faut rendre cet autre hommage aux anciens adminis-
trateurs communaux : ils ont toujours pris à cœur non
senlement de conserver les archives avec un soin jaloux,
mais encore d'y faciliter les recherches i^) , de les faire
connaître à l'occasion, par des publications spéciales, en
(ij Rcc'ès (lu Conseil des i"! mai. <) et 20 septembre I7(i5.
(■-) Comptes (le la Cité, exercice i-^iî^-i'ij^.
(^) Le 2() août i-So et en t-52 encoi-e, le Conseil de la Cite ordonna
la confection de la table des rej;istres administratifs; mais le ionc-
tionnaire cliarj^é de ce travail s'est borné à une table annuelle, bien
insul'lisante, sans métliode.
Kn i;.Si. le même Conseil accorda au sieur Itosa une indenniilé de
lioo llorins i)Our avoir copié deux \ieu\ registres aux baptêmes de
Xotre-Diuue aux Fonts.
- •^9T -
nicmc temps qu'ils encotira^caieni les ('tuilcs liisloriqiKîS
locales. La Cité lit éditer, à ses Trais, dès raiméc 17:^;),
(Ml deux volumes iii-l"'*, d'une l'aron telle ((uelle, il est \ rai,
les Chartes et Priviléoes des bons Mc'ticrs. l->lle jjaya —
nous citons les comptes de la Cité — <( pour ceux (|iii
copient les chartes et privilèges des métii'rs, .'^o florins ;
— à II. Jenicot, pour rechercher et colUitionner les chartes
des métiers, 80 florins; — à la V" Procureui', pour l'ini-
pi-ession des dites chartes, i,4e() florins. »
Cinq ans après, elle accordait à Delillc, un subside de
3oo florins x)Our son Apologie en fuoeiir de /a Xnlioii
liégeoise ; — à l'avocat Lurond, nne centaine de florins
a pour avoir fourni la vérital)le copie authenti(|ue de
Vllistoire de Liège, par Foulon, ])our être placée à la
Bibliothèque»; — à Ev. Kints, 2o5 floi'ins pour impression
du catalogue de cette bibliothèque de la ville, l'une des
l)remières bibliothècpu's communales créées en Kurope.
L'an 173G, la Cité encore octroyait une somme de 8,693
florins au paiement de 26 exemplaires des Déliées du
Pays de Liège et d'ouvrages divers destinés à la même
bibliothèque. Pour fournir d'autres livres à sa bil)lio-
thèque publique, la Ville dépensa, en 174-1 'h^h)- 'lorius ;
en 1745, 7,901 florins.
Dans le premier quart du x\iii'' siècle, la iniblicalion du
Reeueil héraldique des Bourgmestres, par Abry, coûta
à la Cité plus de 2,000 florins ; la (lontinuntion de ce
Recueil lui occasionna une dépense volontaire non moins
considérable (*).
On comprend combien, dans ces conditions, il lui était
pénible de devoir constater que la principale partie de ses
archives restait aux mains du chef de l'Etat. Aussi,
jusqu'à la fin de l'ancien régime, la Commune ne cessa.
(1) Mémorial de la Ville de Liéi^-e. i-^o-iS.'io, Anncxt' I. iiolirc \r.\v
M. St. BORMAXS.
— 392 —
BouK ce rapport, de l'aire appel à la l)()iine volonté du
I*rinee. Elle fut Hoiivcnt obligée d'envoyer des députés au
gi'eri'e du Conseil privé pour consulter certains docu-
ments, notamment les recès du Conseil de la Cité des
années i566 à 1G47 qui y étaient demeurés (*).
En l'année 1702, il avait été rapporté à l'administration
communale que des registres appartenant à la Ville étaient
restés au monastère S'-.Tacques, nonobstant les ordres
princiers de Tan 1684. Le Conseil de la Cité s'en occupa
le i() juin et envoya une députation près du chef de
l'abbaye. Ce dernier se déclara prêt à effectuer des re-
clierclies '-1. S'il remplit sa promesse, ces recherclies
demeurèrent infructueuses.
Bien que n'ayant, en somme, recouvré qu'une partie de
ses arcliives, le Conseil communal n'avait pas hésité, en
cette année 1732, à faire dresser un nouvel inventaire de
ses archives, en y comprenant cette fois tous les docu-
ments réunis à l'Hôtel de Ville. Commencé le 29 février, il
fut achevé la même année et enregistré par ordre du
Conseil. Ce relevé est extrêmement important; il énumère
divers recueils précieux remontant à des temps très
éloignés et de nombreux autres documents aujourd'hui
disparus. Dans l'espoir d'aider à les faire reconnaître le
cas échéant, nous publions cet inventaire en appendice i^).
Depuis longtemps, le Conseil de la Cité tendait ses
efforts non seulement à obtenir un inventaire détaillé de
ses archives, mais encoi-e à les concentrer le plus jiossible
(^j N'oir rccL's du Conseil i\u io juillet 1777 Kei;. i777-i;7!^- 1" '54).
(hi 120 mars 177H dhid.. 1" i.'lu . du 12 sei)t. 17S:) i'o 4l> v" . du 3 nov.
I7<)i>, etc.
(■-) Reeès du Conseil, rej;. i-'yA-i-'hi, i'" 47 v".
(•■'i \'oir raiipeiidice ]î. — Nous avons transcrit ce re])ert()ii'e, (ini
a i'ij;uré au ra])i)()rt lait en iSCui jiar M. St. IJornians. du rej^istre aux
j'iicès du Conseil de la Cité.
— :»;] —
à rilolcl de Ville. J)êj:ï le 4 l'éx rier HKir, il avait exi^c' (|iie
(( les l'cgistres, chartes, volumes, papiers et autres cIkiscs
coneernaiit la maison des Pniivrcs en Ile» — on dirait
anjourdliiù n du bureau de hicnraisanee » — fussent remis
au <;i'and <;i'elïe, au déjx'jt des archives connuMiiales i'),
avec d'autres pièces concernant Thospice de Cornillon. Kn
17^2, (piand on procéda à un nouveau récolement, l'édilité
réelanni du cearier ou receveur des domaines de la \ iUe,
(pi'il envoyât également sous inventaire, tous ses papiei's
et registres au dépôt central (-).
Par mesure de sûreté, défense existait u de relaxer aucun
papier, recès, ni copie d'iceux concei-nant les affaires de
la cité en général, sans un oi'dre exprès du Conseil *'*' ».
Jusqu'au xviii® siècle, la \'ille n'axait ])oiiit d'ai'chix iste
attitré. Le 14 niai lyBG, le C(>nseil, voulant 1 égulariser la
situation, « pourvoir », comme il le décdara, « à la sécurité
des archives de la ville et éviter les suit(^s dangereuses
(|ui pourraient résulter )>, désigna un de ses pi'incipaiix
fonctionnaires, le sous-greffier Cnlo/ <( pour garde des
dites archives )>. Bien mieux, il lui ménagea à l'IIôtel de
Ville même, un apx)artement proche (hi dépôt, afin (jue
l'archiviste pût mieux y veiller '•*). L'Administration com-
munale ne voulait appeler à cet emploi que des agents
ayant fait preuve d'honnêteté, d'aptitude et de dévouement
à la chose i)ublique. A Culoz succéda, en 1772, le sous-
greffier Lamelle, qui, a depuis vingt ans », avait (( donné
des marques non équivoques de son attachement ])our le
service de la cité » {"). Vingt ans plus tard, cependant,
nonobstant la lonsue earrière de ce Liuuelle, le Conseil,
(') Recès du Conseil, 1'° S'A.
(2) Ibid., f. 189 V», i5-.
(3) Recès du aS septembre 1782, f» i;Tï v".
(^) Recès du Conseil, reg. i75.Vi75(). f" 172
(^'j Id.. sciuice du 18 mai 1772, 1'" 57.
- :î94 ~
])ar décision du 3 ii()veinl:)re 17<)2, lui ordonna (f de rcnieltrc
les elei's des ai-ehives dans les mains du s' l)()uri;niesli-e
de Mélotte » et fit ce fermer par une barre la porte qui
communique de son quartier au greffe » (au dé])ôt des
archives), afin qu'il n'y })ùt plus avoir accès (^). C'est
Rouveroy, dès lors, qui devint l'archiviste de la Ville.
D'autres changements s'étaient produits entretemps et
avaient aidé à provoquer la substitution d'un archiviste à
l'autre. La dévolution avait, en effet, éclaté le i8 août 17S9.
Les nouveaux chefs de la commune s'étaient hâté de solli-
citer et avaient obtenu les registres et dossiers divers lui
ai)partenant et retenus au dépôt du Conseil privé. Ces
archives avaient repris leur place à l'Hôtel de Ville.
Mais, lorsque les armées autrichiennes vinrent rétablir
le Prince Hoensbroeck sur son trône en janvier 1791, il
fallut remettre ces archives à la chancellerie du Prince ',-;.
(') lleoès (lu Conseil, rej*'. du 11 mai 171)12 au 24 sej)!. i7<)'5, 1'^ !)0.
('-') Le dossier de la Ville, intitulé : <( Archives eoiiuuuiiales >.,
contient en orij^inal. le certificat ci-après :
« .Te déclare et certil'ie (jue MM. les Bourgmestres et Magistrats
Régents de la Cité ont renvoyé au Conseil privé do S. A. les
anciens registres. i)a])iers et liasses qui y étaient reposants de])uis
i(iS4 et (pli en avaient été enlevés an mois d'août 178;), lors de la
dernière fatale révolte, i)ar les Magistrats intrus et rebelles.
» Fait au Conseil ])i-ivé de S. A . le 3] janvier I7<j;2.
i)K CIIKSTRET.
Conseiller jiriné et secrétaire de S. A. etc. »
D'aiUre i)arl, nu recès du Conseil du 7 septeml)re 17!)! > f" i");
donne ce détail :
« Le Conseil recpiiert les s'* bourgmestres de demander à M. de
Lenuncn. secrétaire de la haute Commission imi)ériale. de vouloir
se rendre au greffe de la Cité pour oster les j)ai)iers de la Révolution
(lui y sont sous les scellés de la dite Commission et i)erniettre (]u'on
les remetti^ dans un coffre qui est i)rei)aré ])our les enfermer afin
(pie le greffe en soit déban-assé. »
(Qu'étaient ces i)a])iers et que sont-ils devenus ?
- 395 —
Les événements prirent une tourmn-e conti-airc en no-
vembre 1792. Pénétrant en maîtresses dans notre \ ille,
les troupes répnblieaines de France y réinstallèrent à la
tête des affaires les adversaires du Prince, les <( ])atrio(es »
et la Cité put disposer derechef de ses ai'chives.
\ 1
Un l'evirement nouveau se produisit cin(| mois plus
taid, en mars lyOS. Les baïonnettes autricliiennes, con-
duites par la victoire, chassèrent les soldats de la liépu-
blique et les administrateui s (pi'ils avaient laissés à l'Hôtel
de Ville. Dans leur i'uite, ces administrateurs en)por-
tèreut avec eux, à Yalenciennes, d'abord, puis à Lille,
les archives de leur éphémère gestion, sinon (rauli'cs :
(c Une charrette, achetée avec ses chevaux à un des admi-
nistrateurs (Chèvremont))), raconte Borguet iV, « avait
transporté jusque-là les procès -verbaux et papiers de
l'administration et de la municipalité de Liège; elle sei'vit
au même usage pour le voyage de Lille à Paris.
)) Dès leur arrivée dans la capitale (10 avril), les réfugiés
se présentèrent au Conseil général de la Commune, et
Soleure, l'un des officiers municipaux de Liège, demanda,
au nom de ses compatriotes, un local propre à recevoir
leurs archives « et qui servît en même tenq)s de lieu de
séance aux représentants du peujjle liégeois »... Il fut
décidé que la salle de la Maison commune, dite de l'JOgalitè,
serait accordée aux Liégeois pour y placer leurs ai'chives;
que le 10 avi'il porterait désormais dans le cnlendrier des
hommes libres, le nom de jour de r hospitalité ; que le
dimanche suivant, serait célébrée la fête de la translation
des archives de la ville de Liège dans la maison commune
de Paris; enfin, que «le procès-verbal de cette intéressante
i}i Histoire de la liénohilion liégeoise. 1. II. ]). iiiJ'J-
— 39(5 -
» séance serait imprimé et envoyé aux armées de la répn-
» blique. »
Cette fête eut efl'ectivement lieu le 14 avril, en présence
de toutes les autorités constituées et des corps judiciaires
de Paris, acconiijagiiés d'une foule nombreuse, tandis que
les l'éfngiés liégeois attendaient le coi'tège pi es la Porte
S'-]\Iartin, à l'aubeige du Chaudron'', a Tels que les
anciens Tioyens, obligés de fuir leur patrie», narre
])()mpeusement le Moniteur universel, « ils étaient munis
de leui's archives plus respectables que les effigies des faux
dieux... Ari'ivés sur la place de la maison commune, tous
les membres du cortège sont entrés en foule dans la salle
du Conseil général... Les archives des Liégeois ont été
déposées sur le bureau de la Commune. »
Après quoi, le piésident de la députation envoyée par la
Convention nationale prononça un discours d'un lyrisme
outré, comme les orateurs de l'époque savaient en faire.
Ces congratulations et cet enthousiasme firent bientôt
place à de la mauvaise humeur et au mauvais vouloir de
la Commune de Paris. «Elle avait d'abord», écrit Borgnet,
« décrété l'apposition des scellés et le transport des ar-
chives à l'Hôtel de Ville, ce qui auiait pu n'être qu'un acte
conservatoire; mais elle avait ensuite consenti à la levée
des scellés et probablement mis les archives à la dispo-
sition d'usurpateurs'')». Dans son indignation, Hyacinthe
Fabry alla jusqu'à proposer de dénoncer a cet acte de
violence » à la Convention et de lui demander justice
contre la Commune.
{}) Voir, à ce propos, une i)la(xuette inlitulée « Ordre et marche de
In fêle de V Hospitalité qui aura lieu le diniauelie 14. ]»ar ordre de la
Munic'ii)alité, à l'occasiou du trausijort des archives de la iiuniici-
])a]i(é de Liéf^c à la maison conunuiie de Paris», collection Ca])i(ain('.
n" S^-Wi, à l'I'niversité de Liéye.
(■-') Histoire de lit Rénoliition liégeoise, t. II. p. '^'^^).
La pliiparl des clicfs patriotes redoutaient vraiment (jik;
ces archives liisseiit livrées à la piil)lieité ' . Elles restèrent
néanmoins dans la capitale de la France, jusqu'en 1795.
Sur l'invitation de l'administration centrale du départe-
ment de rOurtlie, un citoyen Denis, cmi)loyé à Pai-is, dans
l'administration des Bâtiments nationaux, se chargea de
ramener ces documents à Liège, le 2 avril ("). Plusieurs
des administi-ateurs avaient hâte de les examiner ;
d'autres éprouvaient un sentiment tout contiaire '■'>. La
caisse qui les contenait fut ouverte \(i 'l florcnl {2i> avril)!'*).
VII
Si ces « archives », de très fraîche date, faisaient leur
rentrée à Liège, des collections, d'une importance exti'ème,
avaient quitté le sol natal ou avaient disparu d'une façon
quelconque. Déjà le i5 avril 179.3, peu de joui-s après
la restauration de son autorité i)rincipale, le prince-
évêque de Méan avait lancé un mandement qui ordonnait
(*) Par un arrêté du 3 l'ruclidor au M, les ciloyons .l.-P. (Jilkiiicl.
II. Catoir et F.-L. Detliier furent (iei)utes « à elTel (ressayer une
manière de faire le répertoire des arebives de la eonnnune de l,ié<;'e
et de l'administration provisoire du ei devant pays de Liéj;e ». CeH
archives rejjosaient alors sous scellé « au (]uartier du citoyen
Cliarlier, archiviste de l'assemblée », I.e ra]>i)ort fui dressé le
10 fructidor. La minute existe aux Archives ])rovinciaIes.
('; Arcliives de 1 Administration centrale, reg. S', n" 'i~. f" .'{jj.
(3) Voir, à ce sujet, une lettre du cilo\en Soleure. officier nunii-
cipal, au citoyen Walbrec(i. i.Vrcbives de rAdiuinislralion centrale,
reg. 35, f" <j4 )
Le 27 fructidor un II \\'\ août i-\)\), le citoyen Liben remit sur le
bureau de la municii)alité les deux sceaux (pi'il avait emjjortes de
Liège, comme archiviste, lors de la retraile des armées réjjubli-
calues, en mars 1790.
(•*) Ces archives, ])lacées dans des cartons, reposent acluclleuicnt
à la bibliothèque de l'Université de Liège.
— 39$ —
à tout détenteur de « papiers publies, arehives, registres,
livres, liasses )>, etc., d'en elTectuer la remise « aux chan-
celleries et aux secrétaireries » sous peine d'être poursui-
vis et traités comme voleurs et receleurs. On avait doue
constaté des enlèvements d'archives sous l'administration
installée par la République française.
Quelles étaient les archives ainsi dérobées? Ont-elles été
restituées ? Nul ne le sait. En tout cas, la sommation
princière n'étendit pas ses effets sur la Cité proprement
dite, car, quand, en juillet 1794, les troupes républicaines
allaient réapparaître triomphantes à Liège, la Ville n'avait
point été dépouillée de ses archives. Mais elle n'était
naturellement pas rentrée en possession de ses registres
les plus anciens, des cliartes et titres originaux qui demeu-
raient relégués au Palais dans le dépôt du Conseil privé.
A ce moment-là même, le Prince et les divers corps
constitués, redoutant de voir tomber aux mains d'ennemis
haineux, des archives de grand prix, tant pour le chef de
la principauté que pour l'administration en général,
tentèrent de les mettre en lieu sûr. Pendant que les
archives du grand greffe des échevins de Liège, transpor-
tées à Maestricht, cliez le citoyen Delens, y étaient gardées
moyennant un loyer de deux couronnes par mois; pendant
que les archives de la Cliambre des Comptes et des Etats
furent dirigées vers Magdebourg, celles du chai^itre
cathédral avec celles du Conseil privé, parmi lesquelles,
a-t-on prétendu à tort ou à raison, se trouvaient comprises
les antiques chartes de la Cité, avaient été confiées aux
soins de J.-G. Petitjean, mayeur de Seraing. Ce ma^^eur,
constitué, en outre, gardien du trésor de la cathédrale
S*-Lambert, conduisit le tout à Hambourg.
Les administrations républicaines qui s'établirent chez
nous, ne tardèrent pas à être initiées à cet exode des
archives. Elles adoptèrent diverses mesures en vue de les
— '>9î) —
découvrir. Leurs moyens étant restés vains, le commissaire
du Directoire exécutif près l'administration centrale du
département de l'Ourtlie, revint à la charge en séance du
II frimaire an VI (t>i décembre 1797) de cette adminis-
tration. Tl lança un re(|uisitoire « tendant à ce (ju'iin des
bureaux de l'administration soit chargé de i)résenter le
projet d'une lettre pour instruire le gouvernement »,
disait-il, « de l'enlèvement (pii s'est eltectué avant le
9 thermidor de l'an II, des archives, registres, documents
et effets appartenant au Peuple ci-devant liégeois et trans-
portés Outre-Rhin, et d'inviter la députation de ce dépar-
tement à suivre cet objet dont elle sentira l'importance,
afin que le gouvernement prenne, pour leur reproduction,
les mesures qu'il jugera convenir. »
Le lendemain, le projet de lettre fut lu et approuvé par
l'assemblée. L'auteur du rapport fait en 18G2 sur les
archives communales regrettait que le texte de cette lettre
ne fiït pas parvenu jusqu'à nous : « Xul doute )>, disait-il,
« que la lettre écrite à cette occasion ne contînt des détails
utiles pour connaître le sort des caisses envoyées en
Allemagne ».
Il nous a été donné de découvrii- la lettre désirée et
dont copie fut réellement adressée aux députés du dépar-
tement, en les priant d'user, à ce propos, de leur crédit
auprès du Directoire exécutif. A la lecture de cette
requête, nous avons éprouvé une véritable déception. Elle
ne contient que de banales généralités sur la disi)arition
des objets précieux et des archives qu'elle annonce avoir
été emportés en Allemagne. La pièce concluait en ces
termes :
« Plusieiu's fois nous iivoiis essayé de retrouver des objets <le
cette nature qui auraient pu être restés dans ces i)ays; niaisaujour-
d'iiui, nous croyons que l'unique moyen efficace de les récui)éi'er
tous, c'est que la république, qui dicte la paix à ses ennemis abattus
et qui va en consolider l'ouvrage à Rastadt, exige de l'Allemagne la
— ^oo
i'estitulion des objets enlevés aux départements réunis par les
anciens agents de ces pays.
» Vous voudrez bien i)rendre ces obsei-vations en sérieuse consi-
dération. Citoyens Directeurs, et donner les ordres en conséquence,
nxix négociateurs chargés, sous votre inii)ulsion. de donner la paix
à l'Europe (i). »
Le gouvernement républicain ne négligea pas complète-
ment la question lui déférée, d'autant qu'il espérait mettre
de la sorte la main sur une quantité de pièces d'orfèvrerie
de haute valeur et en tirer grand profit.
11 réussit à découvrir le dépôt de Hambourg. Le ministre
de la République près le cercle de Easse-Saxe, M. Rein-
liard, s'en empara de foi'ce, puis le fit transporter cliez
M. Scliramm, négociant de la même ville pour en faire
l'objet d'une vente publique. Divers reliquaires et cliâsses
de la cathédrale S"-Lambeit échappèrent à cette mise aux
enchères et finirent par être restitués à notre ville.
Quant aux archives, on n'avait pu les faire servir à
battre monnaie. Ce qui en fut retrouvé a été rendu en
1804 et en 1807, par l'intermédiaire du préfet de l'Ourthe.
Les archivées du Conseil privé en faisaient partie, mais
on n'y vit aucun des diplômes et autres titres originatix
qui, conservés primitivement dans l'église S'-Jacques,
avaient été — nous l'avons dit — rangés depuis l'année
1684, dans les collections du Conseil privé.
On vdsa cependant à les recouvrer. Sous le régime
hollandais, l'archiviste Gachard, à la suite d'une tournée
en notre ville, proposa de faire des recherches à Bonn et
à Hambourg. Petitjean, qui avait reçu la mission, en
1794, de conduire en Allemagne et dix ans plus tard de
ramener à Liège les archives du Conseil privé, s'était
établi à Hambourg, où il exerçait la profession d'archi-
(') Archives de l'Administration centrale. 3'^ bureau, l'e section,
reg. 2iy, CorreHi)ondnnce du 11 iloréal an V au 4 germinal an VJ.
— 4"^ —
tcctc, IviX'nigstrasse, n" 238. Les cliercheiii's ne man-
quèrent joas de l'interroger quant au sort des archives
liégeoises. Sur l'invitation du gouverncniont hollandais, le
baron de Goldstein, ministre résident des Pays-Bas,
revint à la charge et demanda officiellement à Petitjean,
en 1829, si « deux coffres contenant des archives du
ci-devant chapitre de S'-.Jacques » ne seraient pas restés
entre ses mains.
C'était mal poser la question ; il s'agissait d'avoir des
nouvelles non des archives de la collégiale S*-Jacques,
mais de celles qui étaient conservées anciennement dans
l'église de ce nom. Il est vrai qu'on avait oublié générale-
ment alors que, depuis l'an 1G84, ces archives avaient
disparu de là pour entrer au palais épiscopal. Ignorant ce
dernier fait, voire le contenu détaillé des archives dont il
avait eu la garde, Petitjean, dans une lettre restée iné-
dite, du 5 novembre 1829, s'empressa naturellement de
déclarer qu'il n'avait jamais eu ces deux coffres en sa pos-
session ; qu'on lui avait bien confié deux coffres d'archives,
mais que celles-ci provenaient des Guillemins de Liège. Il
signala ensuite d'autres archives qui lui restaient à Ham-
bourg et qu'il croyait émaner de la catliédrale S'-Lambert
et de la collégiale S'^-Martin, de Liège; il ajoutait :
«Je vais avoir rhoinieiir de faire eonnaitre à \. K. de (|uelle
manière je les ai reçus. M. Seliraniiii. négociant de cette ville, à qui
M. le comte de Reinliard, alors ministre de France à naml)Ourj:f.
qui s'était emparé de tout, avoit remis tous les effets, ornemens
d'église, papiers, etc., que j'avois fait transporter de Liège et <iui
me furent enlevés i)ar force majeiu'e pour en faire une vente pu-
blique, vente (pli. en grande i)artie eut lieu, me dit ai)rès mon retour
de Liège, qu'il avoit trouvé dans les caisses, mêlé avec des ornemens
d'église, des pai)iers et registres qu'il avoit fait porter dans son
grenier et dont je ])ouvois disposeï*. Les ayant examinés et ayant
reconnu qu'ils i)rovenoient, ainsi que je lai dit plus haut, de l'an-
cienne catliédrale et de la collégiale Sf-Martiu. je les fis transpoi-fcr
chez moi et je donnois connoissancc de cette découverte à M. le grand
— 4^*2 —
écohilre de Ghisels. mort depuis nue eouple d'années ^i, sous les
ordres duipiel j'avois été placé. M. de (Jhisels me répondit que je
devois conserver ces papiers jusqu'à nouvel ordre, ce <iue j'ai fait.
))Je profite de cette circonstance, Monsieur le Baron, pour mettre
à la disiiosition de Y. Excell., tous les papiers que j'ai encore entre
les mains ('-) ».
PetitjeaTi trépassa avant de s'être dessaisi de toutes les
archives. Ses héritiers s'efforcèrent d'en tirer argent. Ils
ne voulaient les céder cxu'au prix de 4000 florins. L'inven-
taire en fut dre.^sé et transmis à M. Gachard, archiviste
du royaume, qui reçut bientôt les documents mêmes. De
la déclaration de ce savant, il résulte que toutes les pièces
revenues ou du moins la plupart, avaient appartenu aux
archives du Prince-Evêque ou du chapitre S'-Lambert,
mais il ne découvrit aucun acte provenant des antiques
archives de la ville de Liège. On n'en trouva pas davantage
dans le stock d'archives du Conseil privé rentrées de
Hambourg également et achetées en 1864 encore par le gou-
vernement, archives comprises actuellement sous l'intitulé
Remise de Hambourg aux archives de l'Etat à Liège (^).
Faut-il croire décidément que les chartes et diplômes
de notre cité n'avaient pas été compris dans les collections
emportées en Allemagne l'an 1794» sous la conduite de
Petitjean ? Au contraire, ne peut- on nourrir un faible
(1) M. le chevalier Charles-Bernard de (iliyscls. chanoine tréfon-
cier de St-Lamberl. prévôt de Ste-C'roix. est mort le iS décembre iSl!5.
à Dusseldorf.
('-) Une coide de cette lettre l'cjjose aux Archives ])r()vinciales de
Liège, liasse « Archives i>
f^i Ce fonds renferme entre autres de n()ml)reiises lettres adressées
au chevalier .Tean-Nicolas ile Cliestret. membre du Conseil i)rivé,
(jui fut ])endant plus de quarante ans et sous qiuitre i)rinces diffé-
rents, un véritable secrétaire d'Etat (C. DE Boiî.max. Les Ec/ievins
(le lu Soiii'cvfiine Justice de Liéi^'e. t. II, i)p. ~hx>-v)0~).
- 4o3 -
cspoii- ({u'ils ont clé enfouis diins qiicl(|iie grenier lors dus
divers clmngenients de détenteurs (|ue nous venons de
signaler intentionnellement? Nous ne parvenons pas à
lions l'aire à l'idée qu'ils auraient été détruits à la suite de
ces transferts.
On n'a point, répétons-le, la certitude absolue que ces
archives aient été emportées par Petitjean. Bon nombre
d'actes, de liasses et de registres du Conseil privé
avaient été abandonnés au Palais à l'arrivée des Français
en juillet 1794- Comment, à ce propos, ne pas évoquer
le souvenir des pillages et des dévastations dont le Palais
princier et particulièrement les arcliives ont été victimes
de la part de la populace aussitôt après l'introduction de
l'armée révolutionnaire (^) ? Serait- il donc possible que
f) Le souvenir nous en a été transmis par le rai)port qu'en fit
l'archiviste TIenkarl, le i>G septembre i"94. à la séance de l'adminis-
tration centrale, présidée par le citoyen Bassengc aine. On y lit
notamment :
« Au moment où notre collègue Defrance visitait le ci-devant
i'alais i)our y chercher le local le i)lus convenable à vos séances,
je l'ai accom])agné pour visiter en même tems les archives des
ci-devant Conseil i)rivé et Chambre des Finances. Je ne clier-
cherai pas, citoyens, à vous retracer la douleur profonde et la
juste indignation dent m'ont ])énétré le cahos e( le désordre (]ui
régnent dans ces enceintes. Ce n'est plus une com])ilation faite
avec ordre et chronologie; tout est bouleversé, tout est détruit.
les aimées confondues, les registres déchirés,.... C'est au milieu
des poussières, des débris et dun tas immense des pai)iers con-
fondus, séparés et eu lambeaux que mon collègue et moi mar-
cliions d'une salle à l'autre ])our y èti-e témoins de nouveaux
dégâts... I>es insensés coui)ables ne savent donc i)as que détruire
les collections des despotes, c'est aussi détruire des titres sacrés,
des titres de propriété nationale, de biens donutniaux, d'intérêts
l)articuliers et des monuments hislori(iues nécessaires et utiles.»
(Archives de l'.Vdministration centrale, reg. 117, I*r()cès-verl)aux
des séances.)
- 4"4 -
les litres originaux des friiiicliises et des liliertés de nos
iiiicetres eussent péri de la main coupable de Liégeois,
dans cette tourmente des passions populaires? Faudrait-il
plutôt supposer qu'ils eussent été détruits à cette sinistre
époque, en suite de réquisitions d'agents de la Répu-
blique française? Tel d'entre eux, le citoyen Thevenot,
commandant le parc d'artillerie, n'est-il pas venu exiger,
en décembre l'JQ^, la l'cniise de quintaux de vieux papiers
liégeois pour les affecter à la confection de cartouches
militaires? Un autre n'a-t-il pas ordonné la fourniture de
fortes quantités de titres en parcliemin destinés à servir
de garg-ousses poui- l'artillerie? Oserait-on affirmer, d'autre
part, que nos principaux documents historiques locaux
n'ont pas été dirigés à la même époque, vers le centre de la
France? Il est positif que la plupart des bulles pontifi-
cales, des diplômes pi'inciers, les chartes les plus notables
de nos importants établissements religieux ont été alors
envoyés à la Bibliothèque nationale de Paris, par ordre
des autorités supérieures. Pourquoi n'en aurait-il pu être
de même des plus riches documents écrits de la capitale
du pays liégeois ?
Il est seulement constant que les plus précieuses
archives de la Cité ont été perdues durant cette courte
mais néfaste période de notre histoire : « C'est », con-
clurons-nous avec Gachard, (c une perte irréparable non
seulement pour l'histoire de la ville, mais aussi pour celle
de l'Etat de Liège tout entier ; car là étaient les paix
originales du pays, les privilèges que lui accordèrent
les empereurs et les rois de France, les traités entre les
Liégeois et leurs évêques, ceux qu'ils firent avec les
l)rinces voisins, etc., etc. ('j »
(') liiillcliii (le lu C.omniission royale d'Histoire, s. i>. t I\', ]). tji).
— _(()n —
VI II.
D'autres catégories iinportantes d'archives de la Cité
avaient été emportées de rilôtel de Ville, dans la même
tourmente. Le 27 juillet 1794, '^ ^'^ veille de l'entrée des
armées françaises, les chefs communaux s'étaient hâtés
de renfermer dans cinquante-cinq caisses, les registres
et les dossiers les plus ijulispcnsables ou les plus notables,
avec la majeure partie de la belle Ijibliothèiiue publicpie
logée aussi à l'IIôtel de Ville i^i et de les expédier en lieu
sûr ; ils le pensaient du moins.
Ant. ITub. de Waruant et Jean-Dieud.-Pliil. de \'illen-
fagne de Vogelsanck, les bourgmestres régents, crurent
également prudents de s'expatrier. Leur émigration ne
fut pas d'une bien longue durée. En suite d'accusations
de Bassenge et se basant sur l'arrêté du citoyen Giroust,
représentant du peuple près les armées du Xord et de
Sambre et Meuse, en date du iT) vendémiaire un IV
(7 octobre 179^), l'administration municipale, par lettre
du 22 ventôse an IV (12 mars 1796) somma les anciens
magistrats de s'expliquer sur la disparition des archives
communales. En même temps, elle exigea des déclarations
formelles de tous les anciens conseillers qu'elle voulait
également rendre responsables de l'enlèvement susdit.
Les témoignages de ces derniers ne produisirent
aucun éclaircissement. De Maestricht, les deux bourg-
mestres du l'égime sui:)primé se justifièrent par lettre
datée du iS <i-crminal an IV (7 avril 1796) :
0) La bibliothèque de la Ville transportée à .Maestricht dans le
couvent des Dominicains fut emportée i)ar le rei)résentanl du
peu])le Frécine. expédiée à Paris, et disséminée là en dilTérents
établissements. 1 Lettre écrite le 18 ventôse an \'1I, par I-'.-.L
Dewandi-e au ministre de l'intérieur. — Déclaration de Plateus, nu.\
Archives communales.)
— 4o6 —
(( Quant aux ai'cliives, nous ignorons ubsohinunil, citoyens muni-
cipaux, ce qui en est et quelle est la ])ai'tie qui ])eut en avoir été
asportée. Nous n'avons jamais jjoi'té de recès à ce sujet, ni commis-
sionné i)ersonne pour leur transi)ort. Nous croions seulement que
feu le sous-grei'fier Rouveroy, qui était nommé archiviste, ])eut avoir
])ris sur lui de déposer quehiue part les ])ai)iers, registres et docu-
mens concernans l'administration de l'année courante, mais étant
venu à décéder au delà du Rhin, et son lïls qui l'accompagnoit
n'cHant pas encore de retour au pays, nous ne pouvons ï'ieu dire de
l)lus à cet égard. »
Peu satisfaite de cette réponse, l'autorité municipale
commença par solliciter detix jours pins tard l'interven-
tion de l'administration centrale auprès du ministre de
l'intérienr, afin qu'il ordonnât la reclierclie des documents
égarés ('). N'ayant pas mieux réussi de ce côté que de
l'atitre, elle invita, le i5 nivôse an IV (4 janvier 1797),
l'administration départementale à recotirir aux mesures
propres à opérer le recouvrement des papiers enlevés.
Après six semaines de réflexion, il ftit décidé, \g 2y plu-
viôse an V (i5 février 1797), que le commissaire du Direc-
toire exécutif près l'administration centrale poursuivrait,
devant le tribtmal civil, la magistrature communale de
1794. Comme les chefs du département ne mettaient pas
la menace à exéctttion, la mtmicipalité les engagea de
nouveau, les i3 floréal (2 mai) et 28 thermidor {i5 aoiit)
à presser la réintégration des documents disparus. Néan-
moins, si des poursuites ont été exercées, elles n'ame-
nèrent aucun résultat utile.
De guerre lasse, la municipalité avait fini par prendre
son parti de la perte des archives, quand, l'an XII, la
question de la liquidation de la dette communale, soumise
au maire, fit sentir plus que jamais le besoin des anciennes
pièces de comptabilité.
Sur ces entrefaites, le préfet de l'Ourthe avait acciuis
(1) Arcliiv(fs de TAdaûnistration centrale, reg. \-2.
— 4<'7 -
certains renseignements qni devaient incilei- les (Unix
bourgmestres de l'an 1794 '^^ abandonner le syslèinc de
réticences constaté dans leur lettre du iS gciiiiiual au IV.
Il eut luènie la eei'tilude (pu- de W^ai-uaut avait en sa
possession une partie des archives dont on atteiulait la
réunion au déj^ôt de la coniinuncî. Invité dereehel' à se
justifier le 7 ^erniinal un XII (i>8 mars 1804), ram-ien
bourgmesti'e ne nia ])as (|ue deux caisses d'ai'cliix es lui
avaient été remises par la vcuive Rouveroy, l'euiiuc «le
l'arcliiviste, sur la fin de l'an TU, au moment où le décla-
rant allait quitter Dusseldorf pour se reiulre à Maestriclit.
Il ajouta (|ue M'"*^ Rouveroy et son fils lui avaient annoncé
que les autres arcliives empoi'tées par le i)èi'e avaient
été transportées à Cologne, sans pi'éciser davantage.
De Yillenfagne, de son coté, interrogé le i3 genniixul
(3 avril), expliqua que Rouveroy devait avoir (léi)osé des
papiers, partie à Gemarck près d'Elberfeld, et le l'este
à Cologne (').
Les deux caisses que de Warnant s'empressa d'amener
à la maison commune, contenaient l'une, l'argenterie de la
cliapelle de l'Hôtel de Ville, l'auti-e, de nombreux registres
et autres documents communaux de la période ('omi)risc
entre 1745 et 1794 '"'.
i'j Dans son interrogatoirt' du 3 /'ri uni ire un XIII (24 uovcnilirc
i8o4), Rouveroy fils, ultérieurement échevin de Liège, annonea que
les arehives avaient été adressées de Liège à M. (rOlhée<le Liiiiont,
résident à Cologne et ajouta: «Les deux caisses ol)jels de vos
recherches ont été déi)osèes chez un nonuné Marck ])rès la douane
à Cologne en vendémiaire an II L Ces caisses avec les registres et
l)ai)iers (|u'elles contenaient ont etc. peu de temps a])rès, i-emises à
la disposition de M'^ Zurlioven, vis à vis la i)aroisse S'-Alhan. der-
rière la Douane, n" 1897, et Blanchart, i)réposés à la Commission
des Domaines nationaux Elles ont existé longtemps dans le lieu où
elles avaient été déposées, i)robal)leinent i)ar leur ordre, lieu où les
fardeaux arrivent au moyen dun plan incline ».
C-j L'inventaire de ces archives l'eposi- dans le dossier de la \ illc
intitulé <t Ai'chives communales ».
Le j3 germinal an XII (o avril 1804), M"'e Nizet, veuve de Mclotte.
- 4^8 —
Qu'étiiient deveiines les doux ou trois autres caisses
expédiées au delà du Rliiu ? Se fondant sur les données
fournies, le niaii'e de Liège lança plusieurs lettres à
diverses régences allemandes en les priant de faire leur
possible pour connaître les lieux de dépôt de ces archives.
Le maire précisait même la personne à laquelle elles
avaient dû être adressées l'an i794- Toutes les démarclies
demeurèrent infructueuses ou à peu près *).
Les investigations officielles reprirent sous la domina-
tion hollandaise. Eu 1827, la régence chai'gea son secré-
taire de se rendre à Cologne, mais les recherches restèrent
vaines. En présence de l'intérêt qu'il attachait aux archives
absentes, le gouvernement lui-même, sous l'inspiration de
Gachard, recourut à d'autres moyens, par la voie de la
diplomatie. Ils n'eurent pas plus de succès que la lettre
adressée le 4 décembre 1829, par la Ville à la régence
de Cologne. On n'eut aucune nouvelle des deux caisses
laissées là.
C'est le même effet négatif que produisirent les annonces
publiées en i835 dans les feuilles publiques de Cologne,
d'Elberfeld et de Dusseldorf. Qui sait si, à ce moment,
les efforts n'auraient pas été couronnés de succès en
poussant les recherches à Francfort, car Rouveroy a dû
se rendre en cette ville l'an 1794? Nous en avons la preuve
par un acte du banquier G. Dubois qui atteste avoir
fourni à Rouveroy, le i'^'" avril, une letti'c de change de
aiu-ieii hourginesti'e et trésorier do la Cité, lit connaître ([u'elle
tenait à la disposition de la Ville, deux stocks ou registres aux
rentes de la Cité.
(^) Notons cet extrait du c(jnii)te général de la Ville pour l'an XII :
« Au s'' Vlecken, pour le trans])ort d'une caisse venant de lîarnien.
contenant les i-egistres et archives de la ville. . . . (JC) l'r. 17 c. »
Les archives découvertes en 1S07 à Magdeboui'g, bien ([n'annoncées
dans des actes ol'l'iciels comme provenant du déjiot de la Ville, étaient
^•elles des Etats (Archives de la Préi'eeture, liasse i58/.ij.
— 4o9 —
quarante couronnes de France sui- les frères Betlinuiini à
Francfort, et le 9 juillet, une autre letli-e de change de
230 couronnes de France sur Jean Merlens, aussi à
Francfort, à l'occasion du ti-ausport des arcliives de
Liège (*).
IX
Admirons pourtant le zèle déployé en la i)reniicre moitié
du xix° siècle, i)ar l'administration communale en vue de
recouvrer ses archives, et aussi en vue d'en effectuer la
concentration. Elle avait appris que, à Liège, dans les
archives dites alors «provinciales» et appartenant à l'Etat,
existaient une série de registi-es de l'ancien Conseil de la
Cité et d'autres pièces : recès, réceptions à la bourgeoisie,
ordonnances, passe-ports, etc., relégués lois des événe-
ments de la Révolution, à la fin du xviii'^ siècle, dans une
des salles du Palais, où ils avaient été exposés aux sjxjlia-
tions et aux accidents de tous genres (-). Ils comprenaient
les actes connus les plus anciens des institutions commu-
nales et s'étendaient, pour les recès, de l'année i5GG à
1788, non d'une façon inintei'rompue, malheureusement.
Sur les pressantes sollicitations de la régence, qui avançait
que a ces registres sont nniquement dans l'intérêt de la
commune », les Etats-Députés — compétents alors en la
matière — autorisèrent le 14 octobre 1829, la remise de
ces documents à la Ville. Cette remise fut opérée le 3o
novembre suivant.
De diverses indications de l'ancien classement, relevées
sur les registres, on doit admettre que les premiers volumes
de la collection des procès-verbaux du Conseil de la Cité
('j Archives de la Préfecture, liasse « Archives ».
(-) Rapport présenté en i858 par ]M. le conseiller Vktor IIexal*>;
ce sur les documents et vieux i)apiers cjui se trouvent <l;ni« ]('^
combles de ril(')(('l de Ville ». p. (i.
— 4i*' —
remoiiLiiient jadis bien au delà de Tan i566('). Telle qu'elle
est, on n'en peut luéeonnaître l'iniporianee. Comme le
sj)éei riait suceinetement le rappoi't déjà cité de l'an 1862,
f( on y trouve tontes les délibérations de l'administration
communale, tontes les affaires relatives aux constructions
et aux réparations de la voirie et des édifices, les décisions
concernant les fontaines, les hôpitaux, les ponts, les
bai'rières, les areines, les concessions de terrains, le net-
toiement, l'éclairage, les gabelles, les métiers et les con-
fréries, les subsides accoi'dés pour encourager les lettres
et les arts, enfin l'histoire topographique, industrielle et
commerciale de Liège; ils contiennent aussi des rensei-
gnements curieux sur les mœurs, les usages et les cou-
tumes de nos ancêtres (-') ».
Quant aux comptes qui, ainsi que le proclamait Gacliard,
(( sont, à juste titre, regardés comme les monuments les
plus certains et quelquefois les plus curieux, non seulement
de l'histoire politi(|ue et sociale, mais de l'histoire des
arts, de l'industrie et du commerce », la ville de Liège n'en
possède pas plus de quatre-vingt-deux du régime princier.
IjCS documents originaux ^ car, à partir d'une certaine
époque, on les fit imprimer en tableaux ou placards, puis
en brochures, — vont, avec de déplorables lacunes, de
l'an 1G43 (•■') à l'an 1798 (^).
('j II est vraisenibluble ((ue cette oolloelion datait du rélublisse-
inent du Conseil, en l'année i477. à la suite de la mort violente de
Charles le Téméi'aire, survenue le 5 janvier de la même année.
(-j Une analyse des principaux recès a été i)ubliée ])arM. St. Boii-
M.ANS dans le Biillclin de la Société scientifique et littéraire du
Limbourg, t. XI.
(3) Citons i)our mémoire un caliier contenant les dépenses de la
cité en l'an iTioi), découvert il y a quelques années dans les archives
des Métiei'S et publié par M. K. Poxcei,et au t. XXIV du Bulletin
de l Institut arcliéoloifique liégeois.
(■*) Une notice avec extraits des comptes communaux a été publiée
par M. St. Uon.M.XNS. au linlletin de l'Institut archéologique liégeois,
t. VII.
- 4ii -
Un fonds de bcaucoiii) plus \ oltimiiicux cl d'iiii iiilrrrt
aussi sérieux est celui (]ui renrei'ine les re<;islres, dossiers,
etc., des métiers, (^t des Seize Chanibi'es (nii leur oui
succédé couiine cor])s ])oliti(|ues locaux. Sous l'aucieu
régime, on l'a vu, ces docuuuuits n'entraient point dans
le dépôt des arclii\es communales. (Miaeune des corpo-
rations détenait séparément ses actes et ])icces écrites.
Lorsque, en 1684, le prince Maximilien-ITenri de Bavière
introduisit chez nous un ré,<;inu' polit i(pu' restrictii", il
exigea, nous l'avons dit, que les arcliivcîs des métiers
fussent remises an dépôt du Conseil privé, les nouvelles
Chambres ne conservant par devers elles (pie les titres et
registres nécessaires pour les affaii'cs courantes.
A la suite de l'abolition des corporations profession-
nelles sous la Révolution française, les représentants des
Seize Chambres eurent à déposer leurs archives, entre les
mains de l'autorité départementale. Amené à trancher la
({uestion de proi)riété, le pi-éfet de l'Ourthe, Micoud
d'Unions, ordonna, le 17 octobre 1807, la remise des
« titres, registres, papiers, concernant les revenus des
Seize Chambres » aux archives du département fM. Mais
le 16 novembre 1809, le Conseil de Préfecture, prenant
une décision tout oj^posée, réintégra la Avilie dans la
propriété des biens des Seize Chambres et, par suite,
reconnut son droit à l'obtention de leurs archives. Confor-
mément à cette résolution, le i)réfet, par arrêté du
23 janvier 1810, exigea le transfert de ces titres à la
municipalité (-),
Si le transfert eut lieu, il no se fit pas d'une façon com-
plète, car ces documents continuèrent longtemps à être
compris dans les archives de l'Etat. Forte d'un arrêt de
(') Archives de la Préleclurc. wa. ^iT) 1). ii" ()70. 1'" :k>2 \o.
("j Il)i(l.. 11" 47. ~ Archives coiiuuuiKiIes. liasse iiililulc'-e « iS")i ».
- 4.^ -
la Cour su})(''i'icurc de justice de Liège en date du 23 mai
1826, coiilirnuitir de la décision do 1809 du Conseil de
Prérecture, la Ville, i)ar lettre du 27 septembre iSSg,
réclama les registres aux récès, aux reliefs, etc., prove-
nant des Seize Cliambres. Cette demande ne provoqua
aucune objection de la Députation permanente qui
autorisa la remise le 22 octobre suivant. Celle-ci s'eiïectua
le 24 mai's 1840, tandis que les archives des métiers
demeuraient au dépôt des arcliives de l'Etat.
Cette collection offre, à son tour, une grande valeur
tant pour les amis de l'histoire locale que pour l'étude
des coutumes, des mœurs, etc., de nos ancêtres. Dans
leurs registres sont des sienltes ou délibérations sur toutes
espèces d'objets se rapportant à la gestion des métiers, à
leur réglementation, comme à la vie communale dans
toute son intensité, car les métiers en formaient l'un des
éléments les plus actifs. On y trouve des renseignements
de premier ordre sur les questions d'impôts, sur les
finances, les droits d'usages et les prérogatives des corpo-
rations. Que de textes et de données historiques l'on y
rencontre ! Quelle source féconde elle fournit à l'étude de
notre passé !
C'est pai'ce qu'il en concevait le puissant intérêt que le
ministre de l'intérieur de Guillaume I*^'' lançait en 1829
une circulaire appelant l'attention des gouverneurs de
province sur l'importance de retirer des mains des
anciens chefs de corporations professionnelles ou de leurs
héritiers, les registres ou titres quelconques de ces corps
de métiers pour les amener aux dépôts d'archives. Cet
appel n'a pas été entendu partout, même à Liège. Dans
ces dernières vingt années, divers particuliers de notre
ville ont successivement cédé à l'administration compé-
tente des registres ayant appartenu à l'un ou l'autre
métier ; mais foule de livres de môme provenance conti-
nuent à faire partie de collections privées.
- 4i3 -
A juste titre, on a décidé, en liant lien, ([110 les anciens
registres paroissiaux devaient être compris dans les
archives communales. Ils forment les seuls documents où
il est possible de puiser nne suite de renseignements sur
l'état civil de nos aïeux. C'est surtout en vertu d'une pres-
cription formulée le 11 novembre i5G3 par le concile de
Trente que les cnrés tenaient dans leurs paroisses res-
pectives des registres aux naissances, aux mariages et
aux décès. Bien que les décrets de ce Concile n'aient été
publiés à Liège que le 2 octobre i585, ils avaient été mis
en vigueur dix ans auparavant pour l'inscription des
naissances, au moins dans la principale église paroissiale,
à Xotre-Dame aux Fonts. Ultérieurement, des mesures
furent imposées, au pays de Liège, sur la même matière.
La plus importante a été édictée le 18 novembre 1769 par
le prince-évèque Charles d'Oultremont. Elle établissait
des règles générales touchant la tenue des registres
pour les divers actes. Le Prince exigeait notamment qu'à
la fin de chaque année, tout curé dressât un double officiel
des registres pour être envoyé à l'office du grand scel.
Les bouleversements sociaux qui se produisirent un
quart de siècle plus tard allaient transformer radicalement
cet ordre de choses. Se conformant à un arrêté du
Directoire exécutif du 2q prairial an IV (17 juin 1796),
l'administration municipale de Liège exigea, le 2g messidor
(17 juillet) suivant, la remise, à l'Hôtel de Ville, où se
trouvait installé le nouveau bureau de l'état civil, de tous
les anciens registres paroissiaux. C'est ce qui eut lieu,
pour la plus grande partie, le 4 août.
Pour ce fonds, au moins, il existe un inventaire impi-imè,
dressé avec soin sous l'intelligente direction de M.
l'èchevin Gustave Kleyer , présentement bourgmestre.
De plus, grâce à la libérale intervention financière du
gouvernement, des tables, i^ar ordre chronologique et
- 4i4 -
par ordre alphabétique, de tous les registres paroissiaux,
ont été confectionnées, à la satisfaction de tous, en ces
dernières années. Cette tâche ardue, hérissée de difficultés,
a été accomplie avec la plus grande activité. Demandez aux
initiés combien pénibles étaient jadis les recherches dans
ces registres, bien que soigneusement tenus en général.
Grâce au double travail dont ils viennent d'être l'objet,
on les consulte avec une aisance singulière, tandis que les
registres eux-mêmes souffrent beaucoup moins, n'étant
plus aussi longuement maniés.
X
Les amateurs d'études locales, co-mme les autres parti-
culiers, désirent vivement voir cet heureux précédent
s'étendre aux divers fonds des vieilles archives commu-
nales. L'utilité de former de semblables inventaires est
démontrée. Bien plus, l'article loo de la loi communale du
3o mars i836 en fait une obligation stricte pour le pouvoir
municipal. Maintes circulaires ministérielles sont, depuis
lors, venues rappeler ce devoir à toutes les communes,
aux grandes villes surtout (') et exposer qu' « il est émi-
nemment utile, à différents point de vue », ainsi que
l'écrivait à son tour en 1887, M. L. Pety de Thozée,
gouverneur de la i^rovince de Liège, « de connaître ce
que renferment ces dépôts, pour les recherches que
peuvent nécessiter les études historiques ou l'examen de
multiples questions d'intérêt privé ou public (-) ».
Liège, sous ce rapport — il est regrettable d'avoir à le
confesser — , s'est laissé distancer non seulement par
toutes les grandes villes du royaume, mais encore par de
(') Voh" les circulaires des ministres de l'intérieur , datées des
4 juillet i849r "^o mars i8r)2, 4 août 18G0, et 11 octobre 1887.
(■'j Mi'tnovial adiuinistratif, n" .'W4'5. p. \\'-\.
- 4.-i -
tW's noiiibrenses petites eomnniiies des Flandres coiinne
de la Wallonie.
Un moment, il parut que notre cité aussi allait suivre •
ce bon mouvement. C'était en i858. Le 27 août, le Conseil
communal, « considérant » — nous citons le texte d'une
délibération — « qu'il existe dans les coiuhlcs dc^ l'Iiotel
de Ville de nombreux documents inédits tant anciens que
modernes qui n'ont point encore été examinés », reconnut
la nécessité de nommer une commission aj^ant pour
mission d'examiner et de classer les documents. Cette
commission ne l'ut formée que quatre ans après, le 16 avril
1862. Elle limita son action au classement sommaire, ou
plutôt au simple examen des papiers qui lui avaient été
soumis et à l'élaboration d'un rapport bien coneu sur les
anciennes archives.
Tous les efforts de la commission aboutirent unique-
ment à faire voter par le conseil communal un crédit de .
400 francs pour la reliure d'une pai-tie des documents
relevés, et à faire déposer ceux-ci à la bibliothèque de
l'Université, d'où ils ont été extraits dans la suite pour
être transférés aux archives de l'Etat. La Ville ne s'est
pas préoccupée davantage de dresser le répertoire de ses
vieilles archives.
L'autorité communale moderne n'a pas cependant fait
montre d'indifférence quant au passé de l'antique cité, loin
de là. Toujours attentive et prête à ouvrir généreusement la
bourse pour encourager les travaux historiques locaux, et
pour acquérir les chroniques ou autres anciens manuscrits
concernant Liège, elle a institué une commission dont la
tâche consiste à la guider dans ces achats. Malheureu-
sement, le public n'est nullement informé de ces acquisi-
tions et, en tout cas, il ignore ce qu'elles deviennent ; il
ne connaît ni le lieu, ni l'établissement où ces intéressants
manuscrits sont déposés et ne serait pas admis, d'ailleurs,
à y pénétrer.
— 4i6 -
Ce n'est point, en effet, un inventaire seulement qui fait
défaut touchant les archives de la ville — nous ne nous
occupons ici que des anciennes — . Il manque également
un service sérieusement organisé, comme en possèdent
tous les chefs-lieux de province et iu)mb]'e d'autres
communes moins importantes. Il manque, enfin, nn local
spécial où seraient centralisées toutes les vieilles archives
et pour lequel il suffirait d'approprier une salle, voire un
grenier resté sans emploi dans l'un des vastes immeubles
acquis récemment par la Ville.
Aujourd'hui, ces archives sont on ne peut i)lus épar-
pillées. Nous passerons sous silence les très imi^ortantes
et très considérables archives du Bureau de Bienfai-
sance et de la Commission des Hospices civils, qui
sont abritées dans le dépôt de l'Etat, mais qui forment
pourtant des archives locales. Certaines collections de
la Ville, tels les recès du Conseil de la Cité, les comptes
communaux, une partie des titres des Seize Chambres,
etc., sont mêlées aussi avec les archives de l'Etat
au Palais. Pour consulter les registres paroissiaux, il
faut se rendre à l'PIôtel de Ville même, tandis que pour
les vieux registres de population, on doit aller au dépôt
proprement dit des archives communales dans le sous-sol
de l'annexe de l'Hôtel de Ville. Dans une autre salle, en ce
même sous-sol, de pins en plus encombré par les archives
modernes, sont conservés, sans que le public studieux ou
simplement intéressé le soupçonne et 3^ ait accès, tous les
registres et dossiers quelconques se rapportant au régime
français, vieux d'une centaine d'années, ainsi qu'à la
domination hollandaise qui lui a succédé. De même, à
l'annexe, est reléguée une autre partie des collections de
manuscrits des anciennes Seize Chambres.
Pas moyen d'énumérer les manuscrits de genres variés
et autres documents précieux de siècles divers, acquis
par la Ville ou lui légués, qui doivent se trouver pêle-mêle
- 4i7 -
dans plusieurs salles de la bibliothèque de l'Université et
dans d'autres locaux non ouverts au public. L'adminis-
tration communale elle-même serait bien embarrassée d'en
fournir la liste.
A quoi servent les trésors historiques de la ville si le
public, même éclairé, en ignore l'existence et s'ils ne sont
pas à sa disposition. Nous ferons nôtre, en l'occurrence, la
saine observation de M. l'échevin Miclia au sujet d'autres
collections soustraites elles aussi jusqu'ici à tous les
regards à l'Université : (cXous appartient-il bien d'en agir
ainsi, et nos concitoyens n'ont-ils pas le droit de jouir de
toutes ces richesses qui, en somme, sont leur propriété (') ».
XI.
Concluons. Dans les conditions présentes, les recherches
historiques ou d'intérêt particulier sont rendues, sinon
toujours matériellement impossibles, du moins incom-
plètes, longues et extrêmement pénibles. De plus, elles
obligent à des démarches multiples et à de nombreux
déplacements d'un local à l'autre. Voilà les motifs pour
lesquels les adeptes de notre histoire locale forment excep-
tion ; voilà pourquoi les plus zélés s'avouent découragés.
Aujourd'hui que les archives sont partout explorées avec
ardeur, ne peut-on espérer que Liège, rentrant dans les
traditions des chefs communaux d'autrefois, se mettra à la
hauteur des autres cités belges et que, pour l'année igoS,
année de l'Exposition internationale, nos concitoyens
comme les étrangers, verront nos archives réunies, bien
classées, dans un local central, où ils pourront, armés
d'un inventaire détaillé, les consulter aisément ; où ils
Cj La Maison Carlins, 2^ édition, p. 35.
trouveront un guide expérimenté qui les aidera dans leurs
investigations soit privées, soit purement historiques ? La
réalisation de ces projets est d'autant plus facile qu'elle
entraînerait une minime dépense : deux à trois milliers de
francs. Le devoir pour l'administration communale appa-
raît d'autant plus impérieux que le gouvernement a mani-
festé à maintes reprises sa ferme volonté d'intervenir
généreusement dans les dépenses des travaux que nous
avons cru bon de recommander pour l'honneur et la répu-
tation de notre vieille et chère cité natale.
Théodoke GOBEFvT.
APPENDICES
Inventaire des chartes de la Cité en 1653
(Extrait du registre auJ: Recès du Conseil de la Cité,
années 1649-1653, f" 389 vo.)
* TTTT. Lettres eu parchemin, de l'an 1100, le ii^ de fléeenibre,
de l'arclievesque de Cologne, touchant ce que les marchands de
Liège et de Huy doivent payer audit Cologne.
XXIX. Privilèges de l'empereur Philippe, l'an 120S, intitulé n" i>,
avec une liase de soye où at api)endu ci-devant un seel.
XXVIII. Lettres de l'empereur Ilenrj-, de la confirmation des
privilèges, l'an i23o, munie d'un grand seel.
RR. Réformation dans l'Estat de Liège, munie de quattres seels,
l'an 1236, le vendredi devant la feste de St-Laurent.
XV. Lettres le prèvost, doyen et chapitre de Liège, touchant les
degretz S*-Laml)ert, de l'an 123-, au mois de décembre.
A. Une lettre en parchemin, avec onzes seels, de Henry, esleu do
Liège, touchant la fermeté, de l'an 1249, le lendemain de la leste
St-Jean Baptiste.
* XXVI. Lettres de Henry, évesque de Liège, touchant la fermeté,
munie d'onze seels, eu date de l'an 1249. el mois de juillet.
EEE. Lettres de A\allerand, duc de Limbourgh, de l'an 1270.
PP. Lettres en parchemin, de lan 1277, la vigille de S'-Philippe et
St-Jacques, apostre, munye d'un seel de la ville de Cologne, tou-
chant de ne se i)as arrester les uns les autres.
* III. Lettres d'un accord fait entre ceu.x de Cologne, la cité de
Liège et ceux de Iluy, l'an 1277, le vigil de St-Pierre et St-Paul.
.T. Lettres de Jean, éves(iue de Liège, et les Estats du ])ays, sur le
fait des monoyes, munie de deu.x seels. de l'an 1281, le jeudi après
la feste S'-Barnabé.
(•) 1,0s articles marqués d'un * reusciRiiPut los docuinonts renvoyés on i4o<) par lo
duc de Bourgogne.
I.es lettres capitales rai)i)ellciit les indications soiis lesquelles les titres .se trouvaient
compris anciennement.
— 4-^^ —
* 000. Lettres touchant le différeiul entre les églises et Cité de
Liège, (le l'an iiiH,'?. le dimenclie qu'on dit .TuDiCA.
S. Lettres du i)a])e Urbain toucliant la prioré de S'-Séverain-
en-Condroz, avec un seel, de lan 1280, le i5e de novembre.
* PPPP. Lettres de Jean, évesque de Liège, conlirniant les i)rivi-
léges de la maison de Cornillon, lan 128S. vers la Purification
Notre-Dame.
* QQ. Lettres touchant l'accord l'ait entre Jehan évesiiue de Liège,
et ses associés contre le fils du comte-de Flandre, munie de diverses
seels, de l'an i2<;o, le lendemain de rEpi])hanie.
G. La i)aix des Clercques, en parchemin, munie de diverses seels, y
jointes deux autres lettres en parchemin, l'une de l'an i2i)(), le jeudi
devant la S'-Laurent ; item une autre lettre en iiarchemin du i)ré-
vost, doyen et chapitre de la grande église, de l'an i2<)4, le i)remier
jour de lenal mois.
IIIL Lettres de la soubmission faite entre le duc de Bral)ant et la
Cité de Liège, et ville de Iluy, touchant leur diffèrent, de l'an 1297,
le mercredi devant la St-Simon et R'-Jude, munie de divers seels.
FFFFF. Les mêmes lettres.
VV. Lettres touchant la confirmation des i)rivilèges d'Albert, roi
des Ronuuns, de l'an 1208, le 5'' jour, muny d'un grand seel.
* XVII. Lettres de Jean, duc de Brabant, avec la communaulté de
Liège, Iluy, Dinant, etc., l'an i3oi, le jour S'-^Iichel, archange.
TT. Lettres de l'an i.'5o.'>, le mercredi ai)rès la Madeleine, tou-
chant Cornillon.
* AAAAA. Lettres <le Thibaux. èves(iue de Liège, avec une annexée
de l'an i.')o8. le jour <le S'-Martin avant l'hiver.
SSS. Lettres en parchemin, avec deux seels. de l'an i.'5ii. la nuit
del St''-Lucie, louchant le i)oid de foin.
* PPP. Lettres de la paix de St-Marlin, de l'an ]3i2, le ]4' <lu mois
de février.
* DDDDD. Lettres d'AdoliJlu', évesque de Liège, servant de (pii-
tance à ceux de Liège, l'an i3]3,le mercredy après l'Epiphanie Nostre-
Seigneur, y joint une lettre des eschevins de l'an i3i4. le mercredy
ai)rès la grande Pasque.
XVI. Lettres d'Adol])he, de l'an i3i(), le vendredi devant la feste
S'-J eau-Baptiste.
XXV. Letti'es d'Adolphe, évesque de I^iège, de l'an j3iG, le samedi
devant la feste de St-Jean-Baptiste.
K. La lettre en i>archcmin tomdiant le commun proffit, d'Adolphe,
- 4^1 -
évesque de Liège, le prévost, clia]>itre et la Cité de LJéj^c. en flato
de lau i.'5i7, le lundi devant la Pentecoste.
■ CiGGti. liettros d'Adolphe. év('S(|iu'. de l'an i'!i7. le .ji'iidy devant
la Pentecoste, avec un cachet.
XXIV. Lettre.s de l'an i.'hS, le ]»remier liindy d'aoust, intitulée 4>-
' ii(i. Lettres en parchemin, de l'an i']-^t>, touchant la plainte laite
par Arnold, voué de Ileshay. jointe une autre du chai)itre de
S*-Lanil)ert, de l'an de grâce i:;i>.'>, le lendemain délie leste du
St-Sacrement.
* XIX. Lettres de i)aix entre réves(|ue <le Liège. Tongres, etc.,
Tan i."}i>3, la vigil de tous les Saints, munies de trois seels.
EEEEE. Lettres du j)a])e l'rbain / l'iV) louchant la feste du St-Sacre-
ment, de l'an i32(i (?), le neuvième d'avril.
"\VW. Lettres touchant la paix de \\ ihogne, munie de diverses
seels.
* XXX. Lettres de la i)aix de Wihogne, de l'an i3:>S.
' RRRRR. La paix de Mihogne, de l'an ï'VjH.
XNXXX. Lettres d'Adolphe, èves(][ue. de l'an lo'io, le mercredi
après la l'esté de S' Marcelin.
' 1)J>. Lettres d'Adoli)he, èvescpie de Liège, et la Cité, touchant la
paix de Eloene. munie de deux grands seels et ])lusieurs petits, de
l'an i3;to, le premier jour du mois de juillet.
RRR. Lettres touchant les aisements et wcrischats. niinixc de
trois seels de l'an i33o, le jeudy devant la leste de tous les Saints.
* DDDD. Paix laite entre le comte de Looz, ceux de la Cité,
ville de Tongre, mun\e de trois seels. de l'an l'S'io. le .V jour du
mois de février.
XNXX. Lettres des maistres et conseil de la Cite, louchant (|uel-
que iioint de police et justice, de l'an l'i'U. le i'./ jullet, mnnye
d'un seel.
XX. Lettres en i)archemin, des hourgmestres. eschcvins, etc.. lou-
chant un preit (]ue l'évesque .\doli)he avoit donné au mestier des
tanneurs de l'an i333, le 21'' jour du mois de juin.
P. Lettres d'Adoljjhe, èvesipie de Liège, en parcheniiu. munies
de deux seels, y joints les sieurs bourgmestres, de l'an i'5."5."5. le
i'^''' jour de rosaille.
XXVII. Lettres d'Adolphe, evescpie de Liège, toucliant la décla-
ration qu'il l'ait de renoncer aux biens et maison de Cornilion.
lesquels il rend à la Cité l'an i333, le jeudy ai)rès la grande Pasiiue.
XXXXX. Lettres, en i)archeniin, des chevalliers et escuyers du
l)ays. de l'an i334, toute dèchii-ée, avec divers cachets.
BBBB. Lettres en parchemin du pape à l'abbé de St-Xicaise,
I)our absoudre ceux de Liège, à raison que l'évesque Adolphe les
avoit excommunié, de l'an avec trois seels.
ce. Lettres en parchemin, munies de trois seels, de l'an l'i^d, le
lundi devant la feste Ste. Catherine, touchant le payement des muids.
* EE. Lettres en parchemin. dEnglebert, évecque, et la Cité, tou-
chant le ])ayement des cens, muids et autres reglemens, en date de
l'an i'i^~. le 28'? du mois de juillet, munie d'un seel.
* WA\ ^\'. Lettres d'Englebert, éves<jue, de l'an 1.348, le second jour
du mois d'aoust, touchant certain Philii)pe Ilalloy, de Dinant.
* NNN. Lettres d'appointement entre les grand prévost et les
maistrcs de la Cité de Liège, de l'an 1349. le r'- jour de lenal mois.
* 1)1)1). liCttres en parchemin, munies de deux seel, de l'an i35o,
le i>4'' jour du mois de nuirs, d'Englebert, évesque, touchant la foir.
MMMM^L Lettres en flamand, de l'an i3So, en jullet.
' W\VW^^'^V. Lettres touchant la paix de Waroux, de l'an i355, le
12^ jour du mois de décembre, avec une x^etitte lettre y annexée de
l'évesque Englebert et de la Cité, avec un seel.
LLLLL. Accord fait entre Englebert, évecque, et la Cité, touchant
quelque somme d'argent, de l'an i355, le t5<' jour de décembre.
* D. Lettres d'Adolphe (?), évesque de Liège, touchant les clercqs,
de l'an i3o6 C!) du 5 juillet.
1)1). Lettres eu parchemin, munies de plusieurs petits seels, l'une
d'Englebert. évecque, de l'an de grâce i358, le jour délie Division
des Apostres, et l'autre des eschevins de Liège.
LL. Lettres d'Englebert, évecque, par quel il promet que la
comté de Looz serat toujours annexée à l'évesché de Liège, de l'an
i3Gi, le ô'- jour d'avril, munies de trois seels. y joint la ratification
de réves(iue Jehan.
' B. Une grande lettre en jjarchemin d'Englebert, évec(]ue de
Liège, avec un grand seel, de l'an i3()i, i5'' jour de novembre, avec
une petitte lettre en parchemin y afixée, munie de diverses seels,
en date de l'an i3G2, le mardi ai)rès la nativité S'-Jean Bai)tiste.
V. Lettres en parchemin touchant la paix de \A'aroux, en date de
l'an i3G8, le jour de la Purification de la \'ierge. entre l'évesque
Englebert et la Cité.
CGC. Lettres de l'an iS^o, le 12' jour du mois de janvier, touchant
diverses points entre le chajjitre et la Cité de Liège.
liLIi. Lettres intitulées : Copie de la lettre du commun i)roffit
(u4 mars 1370).
- 4^3 -
<i<i<^ Lettres de ran i">~^, \v 1:2' joui- du mois t\v janvier, touciiiiiit
le serment (juc lait le capitaine du eluUeaiix de Stockeni.
* VVVV. Lettres de la Cité et villes, touchant un dillt leni entre
eux et N'enceslaus, duc de Luxeiubourgli et F.rahanI, de l'an i."{7l), le
i(^' jour du mois de juin.
' VL Lettres d'Arnold, la Cité, villes et seigneurs du ]ia\s. tou-
chant (juelque dilliculté, l'an i.'5So. le 17'' jour <lu mois de juillet
FFF. Lettres de la ville de W'alcourt. de l'an i'!S.!. le !:>■ jour du
deuxième mois d'avril.
XXIL Quitance (V Eiii^lebei-l ('!), éves(iue, (U^ lan iSbT» 1?), le
deu.xième jour d'octobre.
* C. Lettres d'Arnold, évescjue de Lieue, de l'an i.'iSti, le second
jour du mois de septembi'e.
GGG. Lettres des députés contre les jadis eschevins de Liéj.;;e (jui
furent déposés, munie d'onze seels (13871.
W. Lettres en parcliemin sur le l'ail (jue dessus 1 la paix de
^^'aroux?) de l'an i3SS. le !<)' jour du nujis de mars, munie de trois
seels
BBB. Letti-es avec deux seels, en date de l'an i38<j, le lo^' jour du
mois de décembre, touchant les guerres entre le pays de LiéîJ:e et
Jean, l'ils du seigneur de Hinsbergh.
LLLL. Lettres de la Cité, de l'an i.'iyo, le i8'' jour du mois de jullet.
WWWW. Lettres en parchemin, avec deux seels, touchant les
Lombards, de l'an i3(4. le 28'' du mois de may.
XX. Lettres de Charles, roy de France, pour la Cite et villes du
pays, l'an i3y9, le 5*^ jour d'aoust.
XIIII. Lettres des églises et tout le i)ays de Liège, (pii s'accordent
à la requeste du roy de F'rance, l'an i3;)<), le (>'■ d'octobre, munyc de
trois seels, du temps de Jean de Baviers.
QQQQQ. Lettres de Jean de Baviers et de la Cité toucliant (lucl-
ques difficultés, de l'an i4<io, le 14*= <ln mois d'aoust.
T. Lettres avec trois seaux, en date de l'an i4oi,lc jour de S'-Miclicl,
archange, touchant l'accord l'ait enti-c mous' de Si-I*aul, d'une part,
et nions'' de Liège, ceux du chapitre, ceux de la Cité de Liège,
ceux de Iluy et aussi ceux de Dinant, d'autre ])art.
KKKK. Lettres de Jean de lîourgoigne, en parchemin, longue,
avec deux seaux em bas. et (piatlre sur les costés, l'an de grâce i4o!).
le J'2'' d'août.
VIL Lettres de la Cité et aucunes villes du pays, touchant la
recognoissance de 35,000 florins au duc de Bourgogne, l'an 1411. le
loe jour du mois d'avril.
- 4^ -
MMMM. Lettres de l'official de l'an 1412. le aS*" juin.
liliBB. Un yrand et lonj? volinne en ])archeniin portant la date de
l'an i4i4- ^^ mardi du (5 jour de jullet. contenant la ])aix de
S'-Jacqnes.
L. I^ettres en ])ai'olieniin. avee un grand seel. touchant la ratifi-
cation et a])i)robation des ])rivi]ej;es. laites ])ar Sigismond, empe-
reur, l'an i4i5, le ig"" de lévrier
XXX. La confirmation de Sij;isnu)nd, emi)ercur, de l'an j4i7- 1^
:>G'' de mars, munie d'un ,i;rand seel.
'Sl'Sl. Lettres en i)are]iemin, avec un seel, touchant une difficulté
entre le mar(]uis de Brandembourgh. de l'an i^iio. le 25e d'avril.
MMM. Lettres intitulées La lettre de quattve ans, munye d'un seel.
de l'an 14^^^, le 5'" jour du mois de juillet.
EEEE. Régiment Ilinsbergh, avec deux cachets, en date de ... .
(16 juillet 1424).
YIII. Quittance de Calendar, eschevin de Liège et bailleu de
Condroz, l'an i424- le loe jour du mois de décembre.
l'PPP. Lettres de l'université de Liège, de Tan 142S, du mois de
janvier le li^^jour.
IL Item, un brève de Martin, pajic, de l'an 1428, le j(f jour de
novembre, munie d'un seel.
00. Record des esclievins touchant les franchises, munie de deux
petits seels. de l'an 14^9, le jour St-Michel l'archange
RRRR. (îrand record de l'an i4'5o, en jiarchemin.
SS. Lettres touchant "Wathieu d'Anthine et les C(nni)lices, de l'an
1433. le i5« jour du mois d'avril.
CCCCC. Lettres en parchemin, de la Cité, touchant les biens con-
fiscjués de \\'athieu d'Anthine, avec une lettre y annexée de l'an i4"^3,
le iD'^ d'avril.
E. Lettres d'alliance entre la Cité et l)t)nnes villes, munies de deux
seels, de l'an i435. le 19'' jour i}u mois de février.
AA. Lettres en i)archemin. la Cité contre Wathieu d'Anthine et
consorts, ]>ar devant le conseil de Baelle, de l'an i435, le iG" de may,
munie de quatre seels.
FFFF. Institution de la Cour des Absentis, de l'an 1435. le iGe jour
de déceml)re.
XIII Lettres touchant les liiens A\'athi(Mi d'Antliine, de l'an 1437,
le i7f jour d'avril.
XXXII. Lettres de confiscation des biens ^\■alhieu d'Anthine et
ses com])lices, de l'an 1437, le i4'' juillet.
- 42;> —
M. Lettres (le reuipt'rciir Si.uisiiioïKl. loiicliMiil les hiciis \\:ii liifii
(i'Aiilhiiie et eoinplices, de l'un r^');, le \\^ du mois de jiiillel.
TTT. Lettres de Taecord touchant la maison <le Monlorl, de lloii-
i'alize, l'an \\!^-, le ti")' d'ociolire.
VVV. (iuittanee générale du duc de UourjiOf^ne, de l'an i^^S. le
aiV d'octobre.
(i- Lettres en i)archemin, munie d'un seel.de l'an 144!"». !<' *>'' joui'
du mois de novembre, touchant le rentier (Guillaume (ioesuin. (jui
avoit preste la sonu* de i,i>ii5 11. à retrouver hors des biens M atliieu
d'Anthinne.
XXXIIl. Jugement rendu par les esuhevins de Liéye touchant le
l)()id de la Cité pour les l'ers, aciers, estains de jiottenes et batte-
ries, l'an i4"i3, le 22e jour de janvier.
CCCC. Lettres eu parchemin, avec le <;rand cachet, touchant de
l'aire enqueste i)Our les franchises du ])ér()n (^ue ceux de Sari vou-
loient avoir, de l'an i4r)<S, i\n mois de juin, (jue l'on dist rosail mois,
le 27e jour.
IIIIH. Lettres du roi de France, touchant le Iralic, de l'an i^'io.
le 17e jour d'avril, dit le droict d'aull)aine.
XXXI. I^ettres de Cha.rles. roy de France, en laveur de la Cité et
villes du pays de Liéye et comté de Loo/. par (juclic ils sont mis en
sauvegarde, l'an i4tJo, le 17e d'avril.
KK. I^ettres de Charles, roy de France, i)our avoir ^i-ains. de l'an
i4'Jo, le 17'' jour d'avril ai)rès les I*ac(]ucs, munie d'une autre ]>etite
lettre touchant le fait que dessus.
.TJ.TJ. liCttres deseschevins de Liège, du 27 janvier, l'an 1401. tou-
chant (juehiue enqueste.
XXXX. Lettres touchant le commerce de bled, en France, île
Louy. roi, de l'an \\(n, le 23*" jour de septembre.
XXI. Lettres touchant les difficultés survenues entre \v duc de
Bourgogne et la Cité de Liège, l'an i4<)'). le 17'' jour du mois de Juin,
fort vieille.
J.TJJ.J. Lettres du duccj lMiilii)pe de lîourgoigne, de l'an i4<i">. le
14 décembre.
J.I. Lettres avec un seel, de l'an i4')(). le pénultième jour de février.
touchant la commission donnée pour faire la \):\\\ entre le duc de
Bourgogne, de Brabant, l'évesque de Bourbon et la Cite de Liège.
IX. Lettres de Philii)pe de Bourgogne, touchant quelque somme
qu'il prètendoit de la Cité, intitulées 12") ii4t'(>?)
IIIIIIII. Lettres de Charles de lîourgogne. touchant les discords
survenus entre la maison de lioui-goigne et ceux de Liège, le 10 sep-
temlu-e i4<)<>, avec un seel de la maison de Bourgoigne.
- 4^^^) —
XX. Lettres de vinablo, de l'an t4<>'>, li' i8e jour de novembre.
R. Lettres des maistres et université de Liéye, de l'an i4'>7- 1^^
25" jour d'avril, toucliant ([uelque nouveau rendement.
ÏV. Lettres en parchemin, laites à Louvain, l'an i4')'^. le i»'?"" jour
du mois de luay, touchant le duec} de Bourgogne.
QQQQ. Lettres du due Charles de Bourgogne, du 23« jour de
novembre, l'an i4<J8.
KKK. Lettres de sentence rendue en matière de gabelle de
houille, de l'an i4!)8, le -^ d'avril.
X. Jugement des échevins entre le grand mayeur et les bourg-
mestres de Liège, de l'an i5i5, l'onzième de décembre, .signé Sarta.
AAA. Lettres touchant la l'ondation de la translation de Monsei-
gneur S'-Lambert (i522j.
OOOOO. Lettres de la Cité de l'an i52(),le lo'' décembre, d'un ajjpel
du conseil de Tongres à celluy de Liège.
FF. Lettres en parchemin, touchant la conclusion des Estats tou-
chant diverses coustumes, signée Guill. Chanii)ion, l'an ir27, le
i5 mai.
X. Lettres en parchemin touchant l'anniversaire du cardinal de
la Marck, de l'an i53o, du mois de février, le i8'' jour.
AAAA. Item, le grand record, en un grand volume en parchemin,
en date de l'an i532. le if sejjtembre, muny de plusieurs cachets.
TTT. Lettres touchant un avis prins aux eschevins, touchant un
rece])veur. de l'an i534, le i<f jour de mars.
O. Lettres des trente-deux métiers, défendant de faire rabat aux
fermiers, de l'an ic3S. le 2(Se de may. munie des seels desdits
mestiers.
GGGGG. Lettres des eschevins touchant rhos])ital St-Abraham,
de l'an i54o. le 14"^ jour de décembre.
SBSSS. Quittance faite par le comte de Meghen à la Cité, de
i.'?,224 florins, de l'an (1571?).
IL Constitution d'une pension i)ar an de 12 dalers à Ilerman
Erndelin. le 21'' d'avril 1572.
TTTT. Patente de déclaration de l'an 1572, le 20'^' jour de juin,
de l'évesque Groisbeeck et du chapitre de mesme date, que les
eschevins ne seront i)lus bourgmestres; enfermée dans une boitte
de fer esteiné.
F. Lettres en parchemin déchirées, munies d'un seel, entre la
Cité et le marcjuis de Brandembourg, la date étant rongée.
0000. Lettres en i)archeniin, avec un seel. de l'official de Liège.
— i>" —
SSSS. Lettres touchant le toulicii i|iic les l)()iii'^C()is doivciil A
Coloji'ne.
IIIIIIUII. Lettres en paiclieniin, loucliant (Hie la (;ité est cliel
(lu ressort du pays.
KKKKK. Lettres touchant (pie les l)ourgeois de Maestricht
doivent apporter attestation touchant le lonlieu. avec un seel.
estante en flamand.
YVVVV. Lettres en parchemin, en alemand, intitulées : 'J'oii-
c ha lit le voyage de Lnxembouvifh.
I. Lettres avec un serment d'un rentier de la Cité.
V. Lettres en flamand marquées (I.
X. Lettres des bourguemaistres de la ville do Trez ^Maestrichtj
touchant un bourgeoy illeccj arresté.
XI Alliance enti'e Brabant et Liège, escrite en flamand, intitulée
IIII ^^x XIIII.
XII. Touchant un jugement d"ung apel du conseil dc^ la ville de
Tongre à cellny de Liège.
XVIIL Ung vieux volume des loix et coustumes du pays.
XXIII. Lettres des chanoines de Liège, intitulées n" \III
XXXIV. Une boîte de bois avec (piantité de seels i-oiiipus.
Répertoire des archives de l'hôtel de ville
fait en 1752
(Extrait du reg. aux recés du Conseil de la Cité,
années 1752-1753, f" 116 v".)
Répertoir des registres reposant aux archives d'embas, près du
gref appartenant à la noble Cité de Liège, fait par ordon-
nance des seigneurs bourgmestres et Conseil, commencé
le 29' février 1752.
S'étaiit rendu dans la place contig-ue au g-re/fe, le seig-neiir bonrgue-
maitre de Bollis, assisté des sieurs conseillers U'erck. (Jrosjcan et
de Thier. députez présents, avons trouvé
I. (*) Un regitre intituliez : La franche feste dauviers. quotisè
C IIIIxxXX, avec sa table à la fin. (Eu note) «21 avril 1477,
includ 1491- »
(*) Nous nous sommes porinis de changer, coulraireincnt au tc.\to, lonlre «les ,iii.|
promiei-s numéros, afin de ne pas interrompre la série des registres aux reces.
— 428 —
2. Item son double, qiiotisc 1" i)riino jiisqii'iiu-lud oi.S.
.'}. Rej,nti'L' iutilulô : ex liln-is l'raïu-isci Ileiidric-i de Rohinds :
iui 1'^ S4 on y li'ouve, ;io i4'^4- l>i"ivnéges. loix, franchises,
libertés, anciens usages. ])aix l'ailes, statuts, ordonnances.
modérations diverses, mis et réduit en abrégé en un volume.
quotisé f" lo inelud "(ji.
4- Un regiti'e aux reeés commençant le i>2 juillet i()47 et finissant
le !7 juin i()4'.)-
5. Un regitre aux recès commençant le '.i septembre i()4;) et fini.s-
sant le loe mai i(>o' .
(). Regitre aux recés commençant à la St-.Iacque i653 et finissant
le 123 juillet iGfii, quotisé fo i inelud 35(5, avec sa table à la fin.
-. Regitre aux recés et ordonnances de Messrs les bourgue-
maistres et Conseil de la Cité de Liège, commençant à la
St-Jacques iG()i et finissant le 27 juin i()70, quotisé f" i inelud
3212, avec sa table à la fin.
S. Regitre aux recés commençant le q juillet JG70. finissant le
124 juillet i(J7(), ([uotisé fo i inelud 27G, avec sa table à la fin.
(). Protocol touchant les recés et ordonnances du Conseil de la
Cité de Liège, commençant au 12 mars 1670 et finissant au
^4 juillet !();(). qtujtisé f" inelud ig5.
10. Regitre aux recés du 3i aoust i(JS4 au 11 février iGHIj.
11. Idem du i3 février iG8i'J au 5 mai 1GS8.
112. Idem du ii'' maye i()88 au 12 février iGqi.
i3. Idem du iG février iGqi au ly sei)tembre 1G93,
14. Idem du 20 septembre i()<)3 au 3o aoust iGqti.
1."). Idem du i'"'' sei)tembre iGqG au i5 février 1700.
i(). Idem du iq février 1700 au 23 seiitembre 1702 ; 2G1 j)}).
17. Idem du 24 septembre 1702 au 11 octobre i;<i4.
iS. Idem du 12 octobre 1704 au G mai 1707.
i<) Idem du <j mai 1707 au 20' mars 1709.
20. Idem du 22e mars 170g au iq septembre 1711.
21. Regitre aux recès de la Société, commençant le 7 décembre
1700. finissant l'an 1713 le 23 septembre ; 2i5 pp. sans table.
22. Regitre aux recès (du Conseil) du 20e septembre 171 1 au 22 sep-
tembre I7i4-
23. Idem du 23" se])tembre 1714 «i^u 18 sei)tembre 1717
24. I(I(!m du iq septembre 1717 au 24 avril 1720.
2"). Idem du 2G avril 1720 .au 11 mai 1722: 24ji)p.. avec commence-
ment de table
— 4-0 —
2G Idem du i5 mai i7i>i> au -2- uovi'nibro 17124 : quotisé l-ii ]>artic
avec commencement île lable.
27. Idem du 29 novembre 1724 au ?>\ mars l'-j.-, 21") p]).
28. Idem du 4 avril 1727 au 2.'î septembre i7."5o. avec un commeuce-
ment de table.
29. Idem du 24 sei)tembre 1700 au 27 mars 1733 ; 23G pp., avec sa
table.
;îo. Idem du ir avril 1783 au 3i janvier 1735, (juotisé en ]iar(ie. avec
un commencement de table.
3i. Idem du 4 février 1735 au 3 février i73() ; 207 pp., avec sa table.
32. Idem du 8 février 173G au 21 féviùer 1737 ; 241 pp., avec sa table.
33. Idem dii 22 septembre 1737 au \\ aoust 1739. quotisé en partie,
avec une partie de sa table.
34. Idem du 17 aoust 1739 au iG sei)tembre 1740. (juotisé en partie,
avec une iJartie de sa table.
.35. Idem du 18 septembre 1740 au 25 juin 174^- quotisé en partie,
avec une petite partie de sa table.
3G. Idem du 2 juillet 1742 au 21 septembre 1743 ; 234 pp., sans table,
37. Idem du 22 septembre 1743 au 19 lévrier 1745 ; 23G p])., avec une
partie de sa table.
38. Idem du 22 février 1745 au 17 janvier 174*»; ^^•"> PP-- avec une
partie de sa table.
39. Idem du 17 janvier 1746 au 23 septembre 1747 ; 338 pj)., avec une
partie de sa table.
40. Idem du 24 septembre 1747 au 21 septembre 1748 : î83 pj).. avec
une partie de sa table.
41. Idem du 22 sejîtembre 1748 au 2G janvier 1700: 211 pj).. avec sa
table presqu'achevée.
43. Idem du 18 décembre 1750 au 17 mai's 1752; 210 pp.. avec son
index.
44- Regitre aux recès courant du 20 mars i7."')2.
Continué le 6 mars 1^02, après inidy, les sieurs avocat Bronckarl
et Werck, conseillers, présens.
4"). Un regitre garnit de cuivre, intitulé : Marqué ff., concernant les
statuts et privilèges j : ff : llivage, greffier, començjant lan
1433 le second jour d'avril et finissant Fan loH- le 23« février,
avec son index.
4G. Item un autre regitre relié en cuir jeaune sans rubrique,
commençant l'an i3i2 le 2e jour de décembre et finissant l'an
i55o le 5e jour de mars.
— 43() —
4;. Regitre aux ordomiancus, intitulé : Paulus, de l'an i5i4 le i5
juin, et finissant lan i525 le 22 juillet ; 174 pp.
48. Item double du dit registre avec son index.
4(). Item un registre du temps de Nicolas de Latour, greffier de la
Cité de Liège, començant l'an i547 et finissant en samedy le
iG octobre i553 ; 3o4 pp., sans index.
5o. Regitre intitulé : Les hommes portant armes et bastons de part
les commissaires de la Cité en l'an 1491^ contenant divers
recors, ordonnances et rendages ; 245 pp., avec sa table.
5i. Item double dudit registre, avec son index.
52. Registre intitulé : c'est ly trayté de vénérable homme messire
Jacque de Hemricour, chevalier, qui fut secrétaire de messir
les esquevins de Liège, de l'an i352 et finissant l'an i38i ;
824 pp., sans index.
53. Item son double, quotisé depuis f'^ i jusqu'à 295, avec un index.
54. Registre intitulé : Prothocollum et acta coi*am commissarijs
ca?sareis in causa Onefridi Randaxhe, luxstoris ser. jîrincipis
Leodiensis, contra magistratum civitatis leodiensis ; en date
du 5 juillet 1625, sans index ny sans être quotisé. finissant le
10 mars 1G2G.
55 Procès rebroché en papier gris, de Lambert Verdin, maitre
jiaveur de la fermeté, contre Nicolas Thirion, devant les seigrs
22, avec l'instance revisionelle, commencé le 28 juillet 1690.
Continué le 7 aoiist 1-02, j' présent le seigneur bourguemaitre de
Bollis, messieurs les conseillers Broncknrt. "IVercA-, Rousseau.
Delpair, et Detliier.
5G. Regitre aux rendages des trois grosses gabelles, du 22« aoust
i533 au mois d'octobre i545.
57. Regitre contenant les rendages des gabelles et autres revenus de
la Cité, du 10 octobre i5G5 à iGo3 la veille de St-Uenys; 192 pj).
58. Registre aux rendages des accenses, gabelles et autres impôts
de la Cité, franchise et banlieu de Liège, du 9 aoust iG38 au
i5 juillet iGGG ; 287 i)p.
59. Idem du 9 août 1G6G au 12 octobre i685 ; i5S pp.
Go. Idem du 17 décembre iG85 au 20 aoust 1725, pas quotisé.
Gi. Idem du 21 aoust 1726 au 24 mars 1752 ; 120 pp.
G2. Registre aux commissions des offices dépendants de messieui-s
les bourguemaistres et conseil ; attestations, lettres, récpiisi-
toires du 1" juillet iG53 au i" mai 1G71 ; 178 feuillets.
G3. Idem du i(; mai 1G71 au (î juillet iGS3 ; 1-23 feuillets.
- 43i -
(4. Idem (lu ii<) sei)tcmbro i(JH4 au i>i scittouibi-c i<i!)7; <iuolisij en
imrtio.
65. Idem du 3o juillet 1G97 au 20 septembre i7'52 ; i>")i fl'., avec Sun
index.
GG. Idem du 21 octobre i7,'{2 au 2 juillet 1745 ; 12G fl"., avec index en
partie.
G7. Idem eommcn(;ant le 14 septembre 174.") et allant jus<xu'au
5 aoust 1752, quotisé jusqu'au l'euillet 5o.
G8. Regitre aux bourgeoisies, du 20 juiu 1G41 au 2() janvier iGSi ;
i58 feuillets.
G;). Idem du i5 novembre 17.32 an 14 janvier 1752; 58 If.
70. Idem courant, commençant le 20 janvier 1752 et finissant le
iG juin, anno dit.
71. Regitre aux comissious des i^rébendiez et charges <le la maison
de Cornillon avec les effractions, començant le 28 janvier iG85
et finissant le iG février 1752.
72. Regitre aux aulbainetés, du 10 octobre 1GS4 au 21 aoust 1709,
quotisé jusqu'au feuillet ^o.
73. Idem du 7 juillet 1732 au 24 décembi-e 173H ; id. 72.
74. Idem et subliastation courant, du 5 janvier i73<) au S juin
1761; id. <)5.
75. Regitre aux recès des iG chambres, du iV> mars 1717 au 11 juillet
de la même année.
7G. Idem du i3 janvier 1782 au 2G janvier 174') ; quotisé jusqu'au
feuillet 129.
77. Idem courant, du 28 septembre 1749 au 7 may 1702; id. 38.
78. Regitre concernant toutes résolutions, contrats ou papiers
pour les eaux, commençant le 10 septembre 1743 et finissant
le i() may ensuivant; id. 10.
79. Regitre aux visittes des chaussées, du 18 octobre 1G84 et au
25 octobre 1724.
80. Regitre particulier courant, aux résolutions des seigneurs
bourguemaiti-es et Conseil de la noble Cité de Liège, con-
cernant les chaussées et pavés des fauboui'gs, commençant le
27 septembre 1745 et finissant le 3i juillet 1752; quotisé
jusqu'au feuillet 98.
81. Regitre aux lettres courant, 'commençant la 14 novembi-e 1789
et finissant le 17 juillet 1752; pas quotisé.
82. Regitres aux recès des hospitaux de St-Cîeorge et de Ste-P.arbe,
commençant le 17 janvier 1741 et finissant le 3i juillet 1752;
quotisé jusqu'au feuillet G.
- 432 -
83. Regitre originel aux rolles en révision, commençant le 2 janvier
1-52 et finissant le 10 février 1762; quotisé jusqu'au feuillet 20.
84 Kegitre aux rolles du 28 septembre 1744 au 18 octobre 1748 ;
273 ff.
85. Regitre aux rolles courant, du 17 mars 1794 aii 5 aoust 1752 :
214 ff.
REGITRES AUX COMPTES
8(j. Comte de la Cité de Liège pour l'administration de messieurs
les bourguemaistres Gérard Xo ville et Ysier Wilmar, de i()3<)
à 1G40 ; 25 ff.
87. Comtes de la Cité de Liège pour lan 1G45 et finissant lan
1G46 ; 33 ff.
88. Comte de l'administration de messieurs les bourguemaistres
de Liverloz et .Tamar pour l'an id^G.
89. Comte que rend Jacques Malaise, receveur de la Cité de Liège,
l)Our l'an aG5o et finissant iG5i, de l'administration de
messieurs les l)ourguemaistres Rossius et Haxlie.
()o. Comte comme dessus de iG5i à iG52, de l'administration de
messieurs les bourguemaistres Rosen et Rosius ; 47 if-
91. Extrait de compte i)Our l'administration de messieurs les
bourguemaistres Rosen et Rosius, de iGoi à iG52.
92. Comte que rend Jacque Malaise. ])Our l'an i653 et finissant lan
1G54, pour l'administration de messieurs les bourguemaitres
Liverlo et Selys; 4^ li-
<)3. Comte comme dessus, pour l'an iG53, et finissant l'an iG54, de
l'administration de messieurs les bourguemaitres... (sic) ; 4G ff.
94. Idem de 1G.Ï4 à iG55, de l'administration de messieurs les bour-
guemaitres Foullon et Beckman ; 4^ H-
95. Idem de iG54 à iG55, de l'administration de MM. les bourgue-
maitres Foulon et Beckman ; 4^ fl-
9G. Idem de iG55 à iG5G, de l'administration de MM. les bourgue-
maitres Rosius et Dudbac ; 35 ff.
97. Idem de iG56 à ïG57, de l'administration de MM. les l)ourgue-
maitres de Méan et Lambrecli ; 41 ff-
98. Idem de 1G57 à iG58, de l'administration de MM. les bourgue-
maitres Plenevaux et Cursius ; 3G ff.
99. Idem de ]G58 à iGSg, de l'administration de ]\IM. les bourgmres
<le Liverlo et van der Ileyden a Blisia ; 33 ff.
100. Idem de iG5y à iGGo, de l'administration de MM les bourgmres
van der Ileyden a Blisia et Rossius ; 39 ff.
— ^O) —
loi. Idi'iu (le 1 ()()() à i()Oi, (le rudiiiinistralioii de MM. It-s lioiir^iiires
<lo Rossius cl Arnold de liudhiU'li; 4i) H-
I02. Idem de i()()i à i(i()2, de radniiuistraliou de MM. les hotir^inres
de Kerkein de Wyer et Chelle; 4i H.
io3. Idem de i()G2 à iG()"5. de radmiiii.stralii)ii de MM les l)ourj,Mures
de Kei'kein de Wyer et Chelle ; 4i "•
io4 Idem de i(iGi> à i()G."}, de l'admiuisU'ation de MM les liour-iures
Cureius et Simonis ; .55 IT.
lo5. Idem de iG()3 à i()(4, du temps de MM. les l)()iirj;nu'es Mdiiioiid
van der Ileydeii a Blisia et Jean r]iiiii)|ie Fabry ; "W fl'.
loG. Idem de 1GG4 à i()()5. de ladministratiou de MM. les Ijourgmres
Conrard van der Heyden a Blisia et Louys de Itossius; 3(5 if.
107. Idem de iGCo à iVM). de radmiiiistrutiou de MM. les bourgmres
Raiidaxlie et Malliias de (Àraty ; 3() l'I'.
108. Idem de iGGG à iG()7, de l'adiniiiistration de MM. les bourginres
de Rossius et (iuil. de W'ausoul : 38 i'f.
109. Idem de 1GG7 à i()()S. de radministration de MM. les bourgmres
Henry de Cureius et Pierre de Simonis: 4i "•
110. Idem de 1GG7 à 1GG8, de Tadministration de MM. les Ijourgmres
précédents; 41 ff-
m. Idem de 1G7U à i()73, de l'administration de MM. les bourgnn-es
Arnold Randaxlie et de Graty: 4i) 11-
iii>. Idem de 1G74 à i(>75, de l'administration de MM. les bourgmres
de Stoekem et A. deBeckers; 48 1"1'.
ii3. Idem de 1G75 à 1G7G, de la magistrature de MM. les bourgmres
Conrard van der Ileyden a Blisia et Michel Liverlo ; 37 if.
114. Idem de 1G7G îi 1G77, de l'administration de ^MM. les bourgmres
Charle Dans et Nicolas de Plenevau.x : 2;) ff.
ii5. Idem de i()77 pour les mois de may. juin et juillet, restant de la
magistrature des dits seigneurs Charle Dans et Plenevau.x ;
24 ff.
iiG. Idem de 1677 à 1G78, de la magistrature de M^I. les bourgmres
Plenevaux et Lerond ; Gj; ff.
117. Idem de iG77,le résidu de l'administniiion de MM. les bourgmres
Dans et Plenevaux ; 28 ff.
118. Idem de 1(^77 et 1(578, de la magistrature de M. M. les bourgmres
Plenevaux et Lerond ; G8 ff.
ii<). Item de 1678 a 1G7!), de la magistrature de MM. les bourgmres
de Soumagne et Paul ; 141 ff-
T20. Idem de 1(57!) à i(58o, de la magistrature de MM. les ])ourgnires
Renardi et Stembier ; 287 ff.
— 44 —
ii>i. Idem (lu jour de St-.Iacques 1G82, de la magistrature de MM. les
hourynires Jean le Rond et Lambert Ryckman ; HG IT.
1-2-2. Idem de iGS3 à 1G84, de la magistrature de MM. les l)ourgmres
Jerbes de Remouchamps et Gaen ; 102 ff.
i2'5. Idem de i683 à 1G84, de la magistrature des dits bourgmres de
Remouchamps et de Gaen ; 102 ff.
J24 et 125 Idem de iG83 desdits Remouchamps et Gaen.
12G. Idem de 1O84 à iG85, de la magistrature de MM. les bourgmres
baron de Scharemberg et de Grati ; 259 f f.
127. Idem de 1G84 à iG85, de la magistrature desdits ))ourgmres ;
2G1 ff.
128. Idem de iG85 à i()8(). de la magistrature de MM. les bourgmres
baron de Roost et Beekers ; 80 ff.
129. Idem de 1GS4 à iG85, de la magistrature de MM. les bourgmres
Scharemberg et de Grati ; 257 ff.
j3o. Une quaelle contenant une liste des marchands banquiers de
Tan 1G84 le 2G septembre ; touchant les avances faites par les
susdits ; 32 ff.
i3i. Kestances et rabais portez au comte de la Cité, rendu pour l'an
1G49 à iG5o de l'administration des s^s bourgmres Bouille et
Wansoulle.
i32. Comte rendu jiar le sieur Malaise pour la magistrature des
seigneurs bourgmres baron de Courtenack et Barthélemi
Masset, de 1G89 à 1G90; 71 ff.
i33. Comte comme dessus pour la magistrature des seigneui's
bourgmres Jean de Gaen et Lambert de Manger, de l'an 1G91 ;
()0 ff .
i34 Idem de la magistrature des seigneurs bourgmres Du Moulin et
Maximilien de Bounam, de l'an 1G93 à 1G94; ^7 ^f-
i35. Idem de la magistrature des seigneurs Ijourgmres Evrard Denis
de Foullon et Laurent de Brassinne, de lan 1G94 à 1G95, 8G ff.
i3G. Idem de la magistrature des bourgmres Jacques Thomas de
Hervé de Goer et Nicolas Bohniers, de l'an 169G à 1G97. 104 ff.
137. Idem de la magistrature des s's bourgmres baron de Voordt et
Picri'e Antoine d'Audace, de l'an 1700; G2 ff.
i38. Idem de la magistrature des s" bourgmres de Plenevaux et de
(jlaen, de 1703 à 1704; 9") ff-
139. Idem de la magistrature des s''^ bourgmres (Juil. l'liili])i)e de
Wansou! et de llicronu^ de Faverau. de 1704 à 170."): 95 ff.
i4o. I<lem de la magistrature de l'an 170,") à i7()G. sans s])écificatiou
des seigneurs bourgmres ; y3 ff.
- 4o^ -
i4r. In rcgitre conlcnan) kîs comtes des iua^;is(rii(iiros pour les
aimées iGSU iucliid i<)!)2.
i4ii. I(U'iii poiu" les années i(i<j"! iiiclml i('>i)7 à i<i()S.
143. Idem (les années iG<)S incliul 170:2 à i7o"i.
i44- Idem pour les années 1703 includ 170!; à 1707.
14"). Idem ])our les années 1707 includ 170;) à 1710.
i4(J- Idem des ans 1700 includ 1712 à iji'i.
i47- Idem pour les années 171a includ i7i() à 1717.
14H. Idem poui- les années 1717 includ 171;) à 17120.
i4i). Idem pour l'an 1720 includ I7i2."5.
150. Idem i)Our l'an 17123 includ 1712") à i7i2().
i5i. Idem pour l'an 1712G includ 1712S à 1712;).
lâa. Idem pour l'an 172;) includ i-'U à i7.>i2.
i53. Idem de l'an 1729 à 1730.
154. Idem de l'an 1780 à 1701.
i55. Idem de l'an 1731 à 1732.
i5G. Idem de l'an 1782 includ 1734 à 173."),
157. Idem de l'an 1735 includ 173G à 1737.
i58. Idem pour l'an 1787 includ 173;) à 1740.
iT)!). Idem jiour l'an 1740 includ 1742 à 1743.
i()0. Idem pour l'an 1743 includ lan 1745 à 174''.
]()!. Idem pour l'an i74() includ 174^^ à, 174!)-
i()2. Idem de l'an 1749 à 1750.
iG3. Idem de l'an 1750 à 1751.
iG4- Double du comte susdit de l'an i7r)0 à i-'m (restitué au Conseil
privé de S. A).
i()5. Registre aux quittances de la Cité de l'an 170S includ lan i7i"! à
i:i4;it)Hi-f.
T()() Idem de l'an 1718 à 171!); 2i(> l'I'.
i()7. Idem de l'an 1721 au 29 déceml)re i72r): 2S() ff.
i()S. Idem de l'an 172G au i4 mars 1782; 177 ff.
iG<). Registre aux rédemptions du tems de la maf^istrature des sei-
gneurs bourgmres Renardy et Stembicr de lan i()79 à iiiSo,
finissant lan i745-
170. Registre ou index des rentes rédimées, i()-<) à ifiSo. du tems des
seigneurs bourgmres Renardy et Stembier ; tJ4 fl'-
T71. Registre contenant la liste des rentes dues par la Cité i)()ur lan
1724 à 172.5 includ le 3o décembre 1735. Registre de la domaine.
172. Registre contenant les accense de la Cité, du 2S aoust ir)()9 au iS
septembre 1529.
173. Registre comme dessus commençant le 24 mars i")i5 et finissant
lan 1540 au mois de juin.
— ^% -
174. C()i)ic double des dits deux registres pour l'an i5o() et liuissant
pour l'an i54o. (^uotisé f" 1 includ i5o, ])uis ])ar re])rise i" i
iuflud 157.
17"). Rej^istre aux aecenees du 4 novembre irijo aux i5 septembre
ir)()7 : quotisé i()i> ff.
i7(;. Item doul)le du dit registre pour i54o le 4'' novembre, finissant
l'an i5o7 le loi^ se])tembre ; 352 fl'.
177. Registre aux accenses de la Cité du 4 novenil)re j54i au .'>i may
iSgC ; i58 ff.
178. Double du dit registre pour lan i54i inelud iT);)!! ; 400 lï.
179. Registre aux accenses de la Cité de lan i5G8 le 28 juillet au 9 juin
1G75, avec un contrat de l'an 1G04 à la fin ; 35 ff.
iSo. Idem du 10 juin 1591 au ^3 juillet iG55 ; io5 ff.
181. Registre appartenant à la cour des tenans jurés de la Cité de
Liège de l'an 1G73, contenant les accenses de la Cité, finissant
l'an 1G91 le 3i mars ; 14 ff.
182. Regitre aux octrois et louages accordés par les seigneurs
bourgmres et conseil de la noble Cité de Liège, du 11 avril
i()85 au 18 septembre 1737 ; 1G2 ff.
i83. Idem de se])tembre 1735 au i5 octobre 1751 ; 182 ff.
184. Idem du 20 janvier 1752 au...
i85. Regitre aux rédemptions des accenses de la petite domaine, le
i*"'' septembre iVhji.
ï8G. Registre contenant les cens de la petite domaine pour 1G28, 1G29
et iG3o ; Go ff.
187. Registray contenant les cens de la petite domaine pour la Xoel
et St-.7ean iG.3o.
188. Idem pour lan i()3G à 1G37.
189. Idem, scavoir la cearie de la Cité du temps de l'administration
des seigneurs bourgmres Plainevaux et Gosuini l'an 1G39 ;
139 ff.
190. Registre aux cens de la petite domaine, commençant pour Xoél
et St-Jean iG5i.
191. Un long registray aux inuids, commençant pour lan iG5o, et
pour les cens au Noël de St. Jean iG5i includ iG55; 25 ff.
192. Registre aux cens de la cearie, pour le Xoel et St-Jean iGGG
includ iG()9.
193. Registre aux cens et revenus de la cearie, commençant l'an 1G70;
207 ff.
194. Registray aux cens dit la petite domaine du tems de Jean
Ilenoumont, commençant l'an 1G93.
- 4>7 -
içp. R(.'i;islr(' aux ])iiics et soliilions di-s cens de la ix'lile (loiiiaiiio.
coiiu'iiçaiiL à la St-,Jeaii i<)():>, lilKi l'i'.
i()(). Registre aux eens et chapons de la iietilc domaine, coniniençanl
l'an 1707 ; "^ii IT.
197. Registre conuneiicé du tenijjs du s"" prélociiteur I)ar<lcs|iinne.
constitué adniodiatenr <lc la i)etite domaine <le la ('lié, de l'an
T7i<); li^G fi".
i<)S. Registre aux muids et chapons de la cearic et i)eli(e domaine
de la Cite de Liège de l'an i~y>-2; (io l'I'.
Tj)(). XotuUes aux Billes des rentes des .'{2 métiers annexés a la Cite.
ai)i)artcnant an comniissaii'e Coune i)rélocMiteur, sindic des
4 franches araines et des rentes des 32 métiers, 3() If.
200. Registre contenant les comtes remliis i)ar le cearier de la Cilé
du teins de la magistrature des ans i7.'!2 includ i;'^ a 17').").
201. Regitre aux comptes corne dessus de la magistralure de l'an
173Ô includ 1737 à 1738.
202. Idem i)0ur 1738 includ 1741 à 17+2.
203. Idem de lan 1742 includ i74() à 1747-
204. Idem (le lan 1747 includ 1750 à i7r)i.
205. Comte <le la cearie et petite domaine en l'ornu' de (|uaelle,
començant le (i aoust 1751 includ le .'{0 juin i7")2.
2o(). Comte ultérieure de la cearie ensuivant ce dernier, commençant
le i*""" juillet 1752 sur 3 ieuillets de ])apier.
(Extrait d'une liasse du Conseil privé.)
1790
Inventaire des registres et papiers retirés
du Conseil privé
ensnile des recâs <îii Conseil mnnici/ial de In Cilé de Liéife dn 2-j
et 2,7 novembre i^-qo nprès-niidi. fnii les ^i et 25 dito, à l'inter-
vention de M. de Ghisels. conseiller et député dn dit conseil
municipal.
Les registres aux comptes des i-evenus et déboursés de la
Cité de Liège, savoir de 1643 à 44 — de 55 à 50 — de 5() à 57 —
de 57 à 58 — de 58 à 59 — de 5() à Go — de Go à (5 1 — de G2 à 03 —
de G3 à G4 — de G4 à G5 - de V,: à G8 — de G8 à G;) — de (m) à 70 —
,U> -o M -i — de 71 à 72 — de 72 à 73 - de 74 à 75 — de ^5 à 7G —
de 70 à 77>'i^ — de 77 à :8 — de 78 à 79 — de 79 à 80 — de 80 à 81 —
— 438 —
lie Hi ;ï H-2 — du Si>. à S.'îi'i^ — dv S:! à S4 — de S4 — de S4 à S") ^ de 8(i —
de S() à S7 — de S7 à SS — de SS à S<) — de ;)() à i)i — de iy2 vi de <,")
— (le ()7 à <)S — de oX à <)i) — de ;)<) à 1700.
De 1 7oi — de 1702 à ."5 — de (j ;i 7 — de 7 à S — de S ù <) — de <) à 10
— de 10 à II — de 1 1 à 12 — de 12 à l'i — de i.') ù i4 — de i4 ii i5 —
de i5 à iG — de iG à 17 — de 17 à iH — de iS à uj — de i<) à 20 —
de 20 à 21 — de 21 à 22 — de 22 à 2."; — de 2.") ii 24 — de 24 à 2") —
de 25 à 20 — de 2G ù 27 — de 27 à 2S — de 28 à 2;) — de 2<) à .'So —
de 3<) ù ."il — de 'h à .'!2 — de 'r2 à '!'> — de ."53 à 34 — de 34 à 35 —
de 35 i'i 3() — de 3(J :'i 37. ele.. eoinplet jns(j[u'i'i 1757 ù 58 — 58 — 58 à 5;)
— ()■() à Gi, etc.. jusqu'à 1780 à 8() — SG à 87'''^.
(Quinze livres j;r;ind iii-l'^. intitulé. CartuUaire de la table de ])rét.
Trois registres el une (j[uaelle eoncernant la réédifieation du
Pont des ,\ relies (iG54).
Trois (luaelles du jioid de la Ville et (juatre de la fjabelle.
Conii)te des impôts de la Ville ])our mars et avril i5j)5.
Comi)te de la ('om])agnie di' San(e.
Quatre (juaelles ou comjjtes eoneernans la Maison des ])au^'res
en Isle.
I)'ai>rès la table a!])lialié(i(iU(' des liasses remises dans les
armoires de la clianeellei'ie ou il esl dit jiar !>. (jue le pi'emier
nombre désigne l'armoire et le seeond eelui de la liasse, avons, en
(•onse(iuenee. tiré de l'armoire n" ;) en liant à compter de la ])<)iie
d'entrée de la clianccllerie du c(')tédes lencstres ;
I" une liasse élicpiée : I*ri\ileges impériaux de non iijijielliuulo
n" 171.
2" i<lem eli(jiiete ; Coniirmatio ]iri\ ilegiorum et ordinatioiuim
pro episeoiio. ci^itate et ]ialria l.i'odiensi. Curoli ^', rl^"). n^ioi.
Ici M. de (Jliisels a été rem]>lace jjar M. le commissaire Ilogge.
')<> Confirmation des ]iii\ileges des jtrinces et addition des imjié-
liaux ])Our Liège ii" 2.
4° 1 ne i]uaelle louchant le ditl'erent entre le Hrabant. Maestriclit
et Liège et le tonlieu du ])ont des Arches, etc.
5° Idem touchant raccjuisition et relief de la terre de Ilerstal.
()" lu vidimus en pai'cliemin des l*ri\ileges de l'hilii)])e IL
Henri N'II. Albert et Sigismond em])eretirs.
7" T^ne liasse concernant, entre autres choses, la Uulle d'or.
8" Idem contenant la ])ai\ de Si-.Jac(iues et des recés originau.K
du 24 se])!. i55"). etc.
— 4'!) —
<)" Idem t^oiilcnaiitc des s;ui\ e;4;ii'des iiiipéi'iales j)uiii' le j)ii_vs de
Liège, ete.
uy Idem étiquetée : Jl'"i';igiiieiilii. e(e.. einiit iiiimérolee 5i>.
Il" Id. mimérofée 17.
112" Id. Neutralité 1").
1:5^ Id. ii(i et 17.
14" Id. Reeès et eonl'éreuee de linixelles de l'an i"')4'S, ete.. 11" 147
à I.")!).
i")" Id. Traités aueieus de paix et alliances eut re Lit-ge, ri']si)aj;ne.
les Pais P.as.
i()" Id. touchant les ])ai.\ laites avec la maison de La Mai-ck.
i^iy2, etc.
17» Boele de l'er blanc eonteuaut un i)rivilege de l'Lmpereur
Fei'dinaud IL
Armoire XIII. — 1° Deux liasses contenantes les procès de la
Cité contre l'evequc. devant la chambre imi)eriale n" 1 et i>.
i»" Une lia.sse louchant les XXII. Conseil ordinaire, etc. n" iM.
'■'i'^ Id. ])articularitè ])eu intéi-essante de la cité no ii>.
4" Td. contenante négociations au sujet des pavs contestés, etc.
n" II.
5" Id. numéroté 4. •">! ^'
()" I<1. nèyociations à A'ienne et ailleui-s enti-e le l'i-ince et la cité
n» 'A.
7" Id. n" S.
S" Id. concernant la ]>rise de la citadelle en 1(17"). no 7.
Ariiioire \'I]\ — l'n registre des anciens ar(iuebusiers de la cité..
Le dit jour tout ce qui est ici détaillé et si)ècil'ié a été recomluil à
a maison commune de la cité de Liège.
A l'original, sont signés m: Giiiski.s. conseiller
IIOGGE, commissaire
et G. .1. .Tay.maekt, notaire.
LA BASTRÉE
L'année i9o4 aura vu disparaître
l'une des demeures les plus caracté-
ristiques de l'ancien Liège par sa
structure et aussi par son long-
passé. Il s'agit de la maison dite
de la Bastrée, à laquelle plusieurs
écrivains ont consacré des notices
spéciales ('), Maintenant qu'elle a
succombé sous la pioche des démo-
lisseurs, pour faire place à de simples
bâtiments de commerce, il convient
que l'Institut archéologique liégeois
en perpétue le souvenir.
La Bastrée a subi de nombreuses
vicissitudes. Au xix'' siècle, après
avoir été transformée en AVaux-Hall où les disciples de
Comus, comme les fils de Mars se livraient à leurs joyeux
ébats, elle servit successivement de lieu de retraite à divers
particuliers jusqu'à ce qu'enfin elle devînt le siège d'un
atelier de carrosserie. Sic transit '>loria niundi !
Ki'i.
(') .T. P. r. Eo\ Y. L'u'ge el Buiilictie. Quartier du Sud. extra
muros, 1841, i)ages •2^-iiV).
Th. GOHERT, Les rues de Liège. I. G35. — Journal Lu .Meu.se. 11" 4">^,
!'■'• septembre 1904, au matin, 110 4^4, '■^~ septembre, idem.
f.f.
442 -
Ce manoir a, en oiïet, connu des jours de splendeur
dans le moyen âge, car il avait une haute origine.
Sans doute, de l'avis de tous les esprits sérieux, c'est à
tort qu'on a voulu y rattacher des souvenirs de la vie
déréglée de l'Elu Henri de Gueldro (1247, t 28 avril i285).
Cette légende, quoiqu'on en ait dit, ne remonte pas à
Jean d'Outremeuse (t 25 novembre 1400). Elle est apparue
seulement deux siècles environ api-és lui, daus Tune des
Chroniques vulgaires de la lin du xvi° siècle, puis a été
reproduite servilement ])ar des chroniqueurs postérieurs.
Si l'on est d'accord poui- reconnaitre l'inanité de cotte
tradition, on ne l'est plus pour déterminer l'étymologie
du mot Bastrée. Des chercheurs ont cru pouvoir l'inter-
préter Ban treillis des mots wallons Basse treie, exi)ression
qui serait venue à raison du peu d'élévation de la porte à
grille gardant l'entrée de la propriété. Arguant avec
vérité que cette explication manque de i)reuves à l'appui,
d'autres linguistes locaux se plaisent à voir dans le terme
Bastrée le « nom générique donné à un castel, à un petit
château défendu par des tours et entouré de d(mves pleines
d'eau». Le malheur est (|u'une série d'autres maisons
chanqjêtres au voisinage sur Avroy, à Eragnée même et
eu plusieurs faubourgs de Liège — citons la Tour aux
Sapins, la Tour Rosen, la Tour Bonjour, celles de
]\Iexha^ve, de C-hinsti-ée, des Quati'C Tonrettes — formaient
aussi <h^ véi'itables châteaux forts, garnis de fossés, de
ponts levis, avec poi'te â herse, etc., et cependant jamais
les ai'chives locales du moyeu âge ou de siècles i)lus
récents ne renseignent l'une ou l'autre de ces demeures
(•astrales sous la ()ualifieati()n (h' bastrée. Au fond, la défi-
nition r(''elle de l>astrée est encore à trouver. Il en est de
même de l'origine de la tour. Suivant un maïuisci'it du
xvi'" siècle, cité ])ar le doeleui' lîo\y, elle aurait été érigée
])ar r(''\è(|ue Jean d'Arckel (i')()4, t 1'' juillet iSy.S) (jui
manifeshiil une ])ré(lile('t ion spéciale ])()ur le cou^'<'nt
- 44'5 -
voisin, celui des ( iuilloiniiis. Fourtant on sait pcrtinum-
nicnt par un acte de l'an i347, reproduit dans un rc^isti'o
(\v la Chanibrc des l'inanccs, que rinnncuhlc existait déjà
à eett(; date sous l'apixdlalion Jinsirce.
Jean d'Arckel se sei'ait donc borné à réédiliei- la
demeure (•liani[)ètre. Au siècle suivant, celle-ci était aux
mains de la famille de Lindxiurj;-. Possédée au xvi<^ sièclo
notamment par (Jilles de Voroux, (dianoine de Saint-
Martin en ^NFonl et ensuite pai- .lerome van <\i-r Xoot,
chanoine de Sainl-Tjaml)ert, elle devint, au premier (piart
du xvii*^ siècle, la propriété do (iérard ("ai'oli, bourg'-
AuMomiES DES FA>nr,i.ES
CaROIJ ET TAHOI-I.ET
(xvu'' sncci.Ei.
niestre de Liège en iGoi & it)42 et de sa femme Marie
Tabollot, lesquels l'ebàtirent la tour, ("e sont leurs
- 444 -
armoiries qui t'ii^uraiciit aii dessus de la ])()rle d'eiitréc" ot
qui sont :
Caroli : de sable semé de eoquilles d'argent, au lion
armé et lampassé du même;
Tabollet : d'azur à trois besants d'or rangés 2 et i.
La construction très caractéristique avait perdu de son
originalité dans les siècles les plus rapprochés du nôtre et
surtout peu d'années après que le docteur Bovy en eût
donné cette description l'an 1808 :
« La partie principale du eorps de logis est tiès
ancienne ; on y entre en passant sur un pont et sous une
porte voûtée praticpiée sous la tour. Les mui-ailles ont
deux mètres d'éi)aisseur, et dans l'une d'elles se trouve un
escalier de huit degrés qui communique aux souterrains
dont la construction ressemble à celles du xiii*^ siècle. La
maeonnerie su])érieure du donjon ne date néanmoins que
de 1620, ainsi que rindi(|ue une insci'iption gravée sur
pierre de sable. Le manoir de la Bastrie était jadis
entouré d'eau et muni d'un pont-levis avec herse, comme
tous les castels de cette éi)oque. ))
Ultérieurement on retrouvait les grosses parties du
bâtiment, les murs épais d'un mètre 70 centimètres en
moyenne, les caves nondn'cuses et superposées ou avec
voûtes en arcs croisés que séparaient des arceaux et qui
ont appartenu à une bâtisse de beaucoup antérieure à
celle qu'elles soutenaient. Mais le pont avait été démoli, le
fossé <pii entourait si agréablement l'ancien château Tort
avait été comblé. l*ar suite, la ])rincipale porte d'entrée
étant hors d'usage se montrait à moitié ensevelie et avait
été remplacée par une fenêtre.
Le bâtiment avait particulièrement i)erdu son asjx'ct
original après l'incendie ([ui avait détruit, il y a environ
un (]uartd(> siècle, le toit de la tour, en l'orme de ])yraniide
à (piatre pans sui-inonté de deux é])is (ui Ici". A ce toit on
avait sul)sfitué une sim])le plate-l'ornu'.
- 445 -
Ij'eiis(Mnl)l(' (le l'rdilu'c r('i)r(''sen(ait mic imissivc coiis-
li'uction qiiadrcUigulaiiHi t'lan(nu''o d'une tour farréc ù
laquelle elle était relié(> ])ar un bâtiment peutagonal
ronferniant la ca«^e d(^ rescalier.
L'uppai'eil en t;i'ès lioiiiller conijxjsail la ])art ie iiirci'iciii-c
des bâtiments et se remai-cjuait jus(|u'ii mi-luiuteur de la
tour. Une construetion en bi-i(jues avuit été élevée au
xv!*" sièele sur ces bases et le tout avait été dans la suite
coirré d'une haute toitui'c Louis Xlll, d'où énier<;('aient
les cheminées en briques semées de bloca<^'es en ])ierres
de ]\Iaesti'ielit. D'intéressants épis rei)résentant l'aigle
de l'empire posée sur un glolx^ (emblème si répandu à
Liège sous l'ancien régime) sui-montaient les extrémités
des toitures.
Comme détails à notei* : une fenêtre ogivale à la cage
de l'escalier, la seule conservée du xvi'^ siècle, formant une
haute baie à meneau central et portant quatre areatui-es
au sommet ('i ; une série de corbeaux ouvragés en [)iei're ;
puis de nombreux ancrages du xvi'' sièele.
L'époque de la rcmaissaiice provoqua diverses modifica-
tions à l'édifice, tels l'oculus de 1(320 et la porte Louis XIV
sous la tour, ornée des blasons des familles Caroli et
^l\ibollet.
Quant à l'intérieur, il s'était ti-ansformé dans la suite
des temps en une confortable habitation liégeoise de la
fin du xvm^ siècle où se voj'aient encoi-e de hautes chemi-
nées Louis XV.
Messieurs G. et M. Oi-bau, I(^s derniers propi-iétaires de
l'antifpie demeure, ont bien voulu faire don au Musée de
l'Institut archéologique du fronton aux armes des Caroli
et des Tabollet et lui promettre l'envoi des pièces liisto-
(M Ce spéciiueu très rare se retrouve à la l)ra.ssi'ri<.' de I aiiciciiuc
a))l)ave de Floue.
- 446 -
riqiies ou aiitreiiieiit intéressantes qui sei'iiient découvertes
])endant la démolition.
On saura gré aussi à M. l'ingénieur A. Pliilipixirt, jolio-
tograplie amateur et membre correspondant de l'Institut,
d'avoir bien voulu nous procurer les diverses vues très
réussies (|ui illustrent la pi'ésente notice et dont trois
notamment (planches X et XI) permettent de se rendre
fidèlement compte de l'état de la Bastrée à une cinquan-
taine d'années d'intervalle, vers i85o et en 1904.
.T. Alexandkk.
Novembre 1904.
X
■f. i'
P I . A N ( 1 1 1 : XI
La Bastkkk k\ i()<>4
(Façade pi'i]ici|)ak'!.
La 15ASTKÉE i;n i<pl
(Façade postérieiirej.
(Clichés de M. A. Pldlippart.)
RAPPORT
SUR LES RECHERCHES ET LES FOUILLES
FAITES EN 1904
PAi'i l'Institut Archéologioue Liégeois
Fid('l(3 à ses traditions, Vlnstitiit archéologique llégeoiH
a entrepris, pendant l'année 1904, nne série de l'onilles et
d'exploitations areliéologicpies en dit'lV'rents points de la
])rovinee dcî Liège.
I
RECHERCIIKS SUK L'EMPLACEMENT
D'UN ANCIEN CIMETIÈRE A INCINÉRATION
A VERVOZ (CLAVIER).
Dans le courant du mois d'août, Vlnstitiil a l'ait prati-
quer des touilles sur l'eniplaeenient diin cimetière; à inci-
nération, qui tut saccagé il y a une cinquantaine d'années,
au cours de travaux de défrichement opérés à Vervo/-
(Clavier) au lieu dit ce E Corn )> >'i.
('1 L'einplaceiueut eu ((ucslion. nctnclIciUL'ut i-onvcrii 111 prc se
trouve enclavé entre les « (aillis du Fierri » et le « bois de Corn » : il
joint au Sud laneienne voie romaine (jui. condtiisanl à Arlun.
l)assait dans cette partie dn Condro/. par ( )utrel(iu\lie. Sircc.
llanieiot, Terwagne, Clavier. lîonsin, Somiueleuse, etc.
- 448-
D'assez nombrcusos urnos, tontes en teri'e noire gros-
siùre, eoiitonant des ossements ealeinés, fnrejit détruites ;
et, à une époque plus récente, trois autres urnes, identiques
aux précédentes, subirent le même sort.
Quatre tranchées et plusieurs sondages opérés à l'endroit
des premières trouvailles n'ont amené aucun résultat.
Il est donc permis de supposer qu'il ne s'agissait que
d'un petit cimetière ne renfermant qu'un nombre assez
restreint de tombes ; s'il est vrai que le mobilier de
celles-ci ne se composait que de petites urnes grossières
en terre noire, on peut se demander s'il s'agissait d'un
cimetière remontant à l'époque belgo-romaine ou à une
période antérieure.
TI
EXPLORATION DE SUBSTRUCTIONS BELGO-
ROMAIXES A VERVOZ (CLAVIER).
Dans la môme commune de Clavier, à Vervoz, Ylnstitnt
a, d'autre part, exploré les substructions de quelques bâti-
ments se rattachant à la villa qu'il avait l'an dernier
i'ouillée partiellement et non sans succès (').
K.\(r;iil di'la Iciiilk' X JA'lII.planclieUe noS de la cartt' l()])();4rai»hi(jiu'
:>" Veo.ooo''.
Les déifiais oui mis au joui' deux ap])ai-lcments dont les
' Bnlh'liii do rinsliliit :irc/iri>l(>i^/(jiic lici-eois, t. XXXIII. j)]). <|f)-i il.
-449-
murs, é})ais de ()'"()<) cmiroii et consl ruits en morillons soi-
g-noiiseniont ôqiiarris, oui pu vivo (h-hhiyi's sur uuc Inn-
guour (runo dizaine de mètres.
L'enlèvement des terres a révélé d'abord une épaisse
eouclie de tuiles [tegnlne et iinbrices) et de charbon de bois,
puis une aire étendue de tessons de i)otei-ies et de débris
de tout genre.
Parmi les obj(^ts reeu(Mllis, il convienl <1(' signaler :
CJiRAiMIQUi:.
— Une centaine environ de débris de i)()teri(!s divers(»s
(patères, patelles bilobées, etc.) en fine terre samiennc,
dont aucun ne i)()rte malbeureusemeiit de inai'(|U(' de
potier.
— De nombreux tessons i:)ro venant de vases en fine
terre (couverte noire -ou brune) à reflets métalli(|ues,
décorés de stries ou de zones mouchetées à rébauclioii',
d'imbrications, etc. (').
— Quelques fragments de poteries en terre blanche, à
couverte noire, portant en relief, à la barbotine, la repré-
sentation d'une scène de chasse : cervidé au galop (-).
— Un fragment important d'un vase en fine teri'c blan-
châtre à couverte violacée, à large col et panse décorée de
quatre rangées de zones à l'ébauchoir. La hauteur totale
du vase devait atteindre environ 01123 i/').
(}) Phisieurs de ces tessons pi'eseiilenl des dessins d'une j;r;inde
originalité et complètenienl inédits, dont douze variétés dillerenles.
{-) Des fragments identic^ues avaient <léjà été recneillis au cours
des fouilles de l'an dernier (Bulletin de V InsUlnt nrchénIo!i-i(juc -lié-
geois^ t. XXXIII, p. io4).
(3) Il est regrettable qu'il n'ait pas été retrouve suffisaninienl de dé-
bi'is de ce vase remarquable i)our ([u'on i)iit le reconstituer. II <levait
aiipartenir à ce lype de ]to(eries dont lancieinie collection Cliarvet
— 4'^o —
— Deux tessons irnii vase a peu [)r('s idcMiticjnt' au pvé-
(M'dcMit, mais de ])liis faibles (liineusioiis.
— Deux i'raf^iueuts de Ijord de (< tèle » à dévei'soir, eu
terre rongeai re.
— Une di/aine de débris d'éuonues récipients en teri'e
é])aisse (i:")-2() ■""!', à large ouverture et grosse ])anse (').
— Une centaine de rragments de [)oteries divei'ses :
cruelle à une anse (é])icliyHis), partie sui)érieure de petite
lagène, petits pots à panse sablée, éeuelles en terre ordi-
naire, etc., (.'te.
— Xonibreuses tuiles [lc<^-iilac et imbriccs) et i'ragnients
de tuil(>s.
VEniŒS.
— Quelques éclats d'un grand flacon carré en verre
verdâtre ot quelques rares débris d'un iK'tit vase en verre
blaiu'.
oii.iETs j:\ terri: cri te.
— Petite bille en terre cuite blancdu', façonnée a la main
et de forme ovale (i3 m/m x i8 m/m), mar(piée LXXXVI en
chiffres romains.
(,'ette bille vient compléter la série des dix-se])t autres
(ju'avaient fournies les fouilles de 1903 '-) et qui restent
toujours uui(|uos en Belgique.
M. le 1)'' (). ]>olin a l)ien voulu me renseigner trois
séries de billes identiques à celles de Vervoz, indépen-
renferniait ])liisieurs sj)écimt'iis (II. du Clei zior. De la Poterie gan-
loi.se, ]). ()8, l'iy. (Jy, e(c.^ et dont un exenii)]aire. de beaucoup inoindre
iniporlance. provenant de rotu-on-le-Comte. est conservé au Musée
arcliéologicxue de Lié{;e.
H) Des tes.sons .semblables ont été exhumés au cours des fouilles
de i<)o'} (liulh'iin de l'Inslilnl lu-chéologiiiiie liégeois, t. XXXIII, p. io5).
(-; linlletin de VlnsUlul nrcJiéologiijiie liégeois, t. XXXIII. ])p. 107-
loy q)laaclie Aj.
4^
(laiiiiiicnt dr cclU's du Miisi'c de nonii. (|iic j";ii «Icjii
sii^iialées /i.
Sept d'entre elles provifimcnt de liC/otix (Puy-de-Dôiiic,
France) et sont iuanj[uees : 1,1, X X X X , XTiVl. L\'l,
LXXVII '■' ; cinq autres, aetiiellcnieiit consci-xccs an
Musée de lloiulxnir^', ont rfe (h'coux crtcs à I Icddcrnlicini
et pcn-tent les chiffres: 111, XN'lIll, XXXXll. L\I11,
LXXX '^'); au ^lusée de AVi(isbadeii cnriii, ou eu cousci-xc
trois marciuées : XXVI, LYl II, LX X X \ 1 ' .
OBJETS i:X IKIl
— Petite truelle eu fer de o"'(),') de lar_i;'eui' et o'^M i de
longueur: le niancdie, jadis en bois, a disparu. Cet objet
a la forme classique de la Irulla. •'
— Petite fourche (fiirca) à deux fourchons (longueur des
dents : o'nii), destiné(^ sans doute à être einploye(> dans
une étable }>our amener le foin C").
— Petit strigile fragmenté long, dans son état aelind,
de o™i5, y compris le mancdie "».
i'i M. le 1)'' (). Bolni, avec luie aiiKiliiliie' dont jo ne saurais assez
le reiiiereier, m'a eonnniiiiiciue les l)i)niies leuilles de la :>' paiiie ilii
tome XIII du Corpus insc/-i/il/(iiium hilinni-mii i]\\\ parailra ])r(>cliai-
11 émeut.
l'-j C. I. L.. Xlll, 1). ").")S, 11" i()()2(). iS.
(3) Ibid.. H" 10020, i<).
(Il Ibid.. 11" 10020, 20. — Wcsldculsclw /.cilsi-Iu-ift fur (icschicJilc
mid Kunsl. t. VII (iSSHj, p. 2H;).
{^) Ci. Rien, Dictionmiive des nnliquités grecques et romaines.
!>. (5-(). s. V. Trnlla. Des truelles du f^enre de celle de ^'el•vo/. ont
uolammeut été retrouvées dans les suhslructioiis de la villa d'Aii-
tliée i Annale.^ de la Société urclu'-oJoij;i(juc de Suntur, t. W. p. -îi,
pi. V, fig'. 2, .'}, 10, II, 25j.
C'i Une fourche du même genre a été mise au jour au cours des
fouilles de la villa de (Jerpinnes 1 Documents cl rapjmrts de lu Société
])nléonloloifiqne et archéologique de Charleroi. t. \H. p. CXXXA i, pi. \ .
[') Au sujet de strigiles découverts eu Belgique, voyez le Bulletin
de l'Institut archéologique liégeois, t. XXIX, pp. 188-190.
-4o2 -
— Aniu'uu rond de 4-ï '^/'" <lc (lianictrc.
— Anneau phit de i5 m/ni de largeur et 5o '"/■" de dia-
mètre extérieur.
. — Trois tiges en Ter, d'usage indéterminé, effilées à l'un
des bouts et terminées à l'extrémité op])osée par une tête
aplatie en amande, identiques à celles qui ont été
recueillies au cours des fouilles de 1908 (*).
— Plusieurs kilos de clous tordus par le feu.
— Lot de ferrailles indéterminables et rongées par l'oxy-
dation.
OBJETS ES BliOXZE.
. — Demi-anneau rond de 37 ra/^ de diamètre.
OSSEMEXTS.
— Un grand nombre d'ossements d'animaux ont été
recueillis parmi les tessons de poteries : incisives de porc
(Sus scrofa domesticus), os de sanglier (Sus scrofa), de
l)(xnir {Bos taurus), de moutons {Ouis aries) et de cerf {Cer-
uus elaphus).
Le peu d'objets recueillis au cours des fouilles démontre
bien que les constructions dont ils proviennent dépen-
daient de la partie agricole de la villa ; c'est ce que con-
firme du reste la découverte, ]Darmi les décombres, d'une
truelle et d'une fourche en fer.
Comme les antres corps de b|,timents, ces constructions
ont péri par l'incendie ; les tuiles recouvraient une aire de
charbon de bois Cr) parsemée de clous tordus par le feu.
f>) Bulletin de l'InsUlnl urclu-ologiqiie liégeois, t. XXXJII, j). lo'!.
(■-) IMusieui-s morceaux de charbon de bois, d'une conservalion
étonnante, ont permis de reconnaître, grâce à leurs fil)res ligneuses.
(]u'iis provenaient de ])ièces de cliari)entes en bois de clièiie.
— 453 -
Au cours de l'une de leurs invasions du v"^ siècle ('), les
Barbares ont pillé la villa de Vcrvoz déjà détruite une
première fois vers le iii« siècle (-) et, après l'avoir mise à
sac, l'ont livrée aux flammes.
III
EXPLORATION DE DEUX TERTRES
A VILLE-EX-HESBAYE.
La découverte récente de tnilcaux romains et de tessons
de poteries à proximité d'un tertre situé dans la ])r()])riété
de M. Delbrouck à Yille-en-IIesbayc a cn<>agé Vlnstilnt
à y j)ratiquer des fouilles.
Extrait de la feuille XXXI (AVaremme) de la carte toi)o<j;rai)hlqiie
a" '/,o-ooo^-
Ce tertre, auquel d'aucuns assignaient un(^ origine
romaine, se présente sous la forme d'un tumulus pr(ïs({ue
nivelé (hauteur Sn^oo), mesurant environ soixante mètres
de circonférence.
(1) Cette invasion peut être assez exactement datée par la décou-
verte à proximité du champ des fouilles, dun petit trésor de mon-
naies romaines (petits bron/es) d'Auguste à Arcadius (IhiUelin de
l'Institut archéologique liégeois, t. XXXIII, p. loo).
(-) Ibid., t. XXXII, p. 348.
-434-
Une «alerie de i4'"75 de longueur et o"i8o de largeur,
creusée sous la direction de M. E. Davin-Rigot, a conduit,
au bout de cinq jours, au centre du tertre, où elle a révélé
l'existence d'une maçonnerie circulaire en pierres sèclies
de 2'"70 environ d'épaisseur.
La nature des quelques rares débris mis au jour au
cours des déblais, n'a pas tardé à démontrer qu'on se
trouvait en présence d'une ancienne motte féodale, jadis
pourvue d'une tour de défense.
Parmi les objets qui ont été recueillis au cours des
fouilles, on peut mentionner :
— Une vingtaine de tessons de poteries en terre grisâtre
très cuite et très dure.
— Un fragment de vase vernissé en terre rouge, à panse
arrondie décorée de côtes saillantes.
— Un débris de couteau (poignard?; en fer avec garde
en bronze.
— Un petit coutelas de o™o85 de longueur, ancienne-
ment pourvu d'un manche en bois.
— Un certain nombre d'ossements de coclion et de
cerf |i).
A. signaler également, parmi les autres matériaux
décombres, plusieurs morceaux de tuileaux romains et
deux fragments d'ardoises incontestablement de la même
é]}oq\\e.
Malgré ces résultats négatifs, VInstitiit a néanmoins
jugé utile de pratiquer quelques fouilles dans un tertre,
beaucouj) plus élevé que le précédent ('-), dont il est distant
(1) Plusieurs de ces ossements ont été recueillis dans un foyer qui
a été rencontré siu* le flanc du tertre, à une i)rofondeur de o'"G5.
(-) Ce tuniulus a souvent été considéré comme remontant à
l'époque 1)elf;o-ronuiine. Cf. Les Délices du Pays de Liège, t. I, i38 ;
Ihilh'iin de l'Institut archéologique liégeois, i. III, j). 3oG ; A. G. B.
ScHAYKS, La Belgique et les Pays-Bas avant et pendant la domination
romaine, 2'^ édition, t. III (Statistique archéologique), p. 554, <^tc.
- 455 —
d'une centaine de mètres et sis dans la ])rt)i)ri(''(»'' de
MM. Heptia frères ; les habitants de l'endroit l'appellent
par tradition « La Motie ».
Les sondages qui ont été opérés par M. \\. I)a\ in-Rigot
du haut du tertre ont révélé, à 2't'oo environ de i)r()r()ndeui',
\'A présence de tessons de poteries du moyen <i^>e.
Il n'a pas paru utile de pousser plus loin les recherches,
d'autant plus que les fouilles sommaires pratiquées jadis
dans le même tertre par feu le comte drcorges de Looz
n'avaient donné aucun résultat.
La destination de ce tertre n'est point douteuse ; comme
l'autre, c'était une motte féodale, c'est à dire une motte de
défense, jadis située à proximité de vieux étangs qui ne
furent comblés qu'il y a un demi-siècle envii'on.
Les deux tertres de Ville-en-Hesbaye doivent être rat-
tachés au moyen âge et classés à la suite de ceux de
Faimes (commune de Celles), de Ilannesche ('), de Vieux
Landen, de Windc, de Rumsdorp, d'Attenhove, de A\'ange,
de Brusthem, de Lnbbeek (Brabant) et d'un grand nombre
d'autres qui ont tous révélé des débris identiques.
L'âge des mottes de Ville-en-Hesbaye est assez incer-
tain; on peut, semble-t-il, les dater du xiii^ au xv'' siècle.
IV.
SONDAGE A L'EMPLACEMENT D'UNE VILLA
BELGO-ROMAINE A VILLE-EN-HESBAYE.
Grâce à la bienveillante autorisation de MM. Heptia
frères, VInstitnt a pu également, eu vue de fouilles ulté-
(1) M le Dr Tilion a rendu romi)te dans les Annales de la Société
d'archéologie de Bruxelles (t. XI\', ])p. 94-99) <les fouilles qu'il a
pi'atiquées dans la motte de llaunesclic.
— 456 -
rieiires, opérer quelques sondages mallieureiisement restés
infructueux par suite de la sécheresse du sol sur l'emplace-
ment d'une villa belgo-romaine à Ville-en-Hesbaye.
De nouveaux sondages seront entrepris au même
endroit au printemps prochain.
Sur le même terrain ont été recueillis quelques silex
néolithiques (*).
V.
DÉCOUVERTE D'UN CIMETIÈRE FRANC
A HERSTAL.
Les importants travaux de terrassement occasionnés par
l'agrandissement de la gare de Herstal ont révélé la pré-
sence d'un certain nombre de sépultures franques, dont le
mobilier était malheureusement déjà en partie détruit et
en partie disi^ersé, lorsque Vlnstitiit a eu connaissance de
la découverte.
Grâce cependant à l'extrême obligeance du Département
des chemins de fer et aux démarches de plusieurs membres
de Vlnstitiit, notamment de MM. Gustave Kleyer, bourg-
mestre de Liège et vice-président d'honneur de la Société,
Julien Fraipont et Marcel de Puydt, des renseignements
précis ont été obtenus et une série intéressante d'objets a
pu être réunie. Ces antiquités viendront prochainement
enrichir les collections (section franque) du Musée archéo-
logique à l'hôtel Curtius.
VI.
SÉPULTURES FRANQUES
A HOLLOGNE-AUX-PIERRES.
Dans le courant du mois de janvier dernier, des travaux
de terrassement à front de la route de Hollogne à Bierset
(') Au sujet de silex néolilliiques recueillis antérieurement à
Ville-en-IIesbaye, voyez le Bulletin del'Iiistilut archéologique liégeois,
t. XXI, p. y3.
- 4^7 -
ont amené la découverte, sur le territoire do la comninno
de Hollogne-aux-Piorres, d'un certain nombre de sépul-
tures dallées remontant à l'époque franquc. Ij'Inslitiit a
suivi de près ces trouvailles dont il a déjà été rendu
compte (').
Depuis lors, d'autres tombes tranques ont été mises au
jour dans la même commune, mais elles ont malheureuse-
ment été saccagées.
Quelques objets cependant ont pu être recueillis :
1° Une élégante petite coupe à pied en terre dite
samienne, à bords rabattus, ornés de feuilles de lotus en
relief. Haut. : o'"07 {•).
2° Quelques grains de collier en verroterie.
3° Un grand fer de lance en assez bon état de conserva-
tion : long. o'"35.
4° Deux liaclies (francisques) de 0^12 et o'^io de lon-
gueur.
5" Un couteau de o™22 de longueur.
6° Une petite urne en terre grise à panse anguleuse,
ornée de quatre rangées parallèles de stries à la roulette.
Haut. : o™ii.
7"^ Coupe avec pied en terre rougeâtre (imitation de
l)oterie samienne) décorée à la partie supérieure de deux
rangées de dessins à la roulette. Haut. : 0^075 ; diam. à
l'orifice : o'"i2.
8" Soucoupe à pied en terre blancliâtre et de forme
évasée, à large bord rabattu. Haut. : 0^06.
9° Hache en fer, type « à double développement », de
0^16 de longueur.
Jj^Institiit espère pouvoir opérer prochainement des
fouilles régulières à Hollogne.
(') Bulletin dellnslitiil archéologique liégeois, t, [XXXIII. pp. 2-17-261.
(-) Cette petite coupe, de fabrication iudnbilablenient roiftaine, fai-
sait i>artie du mobilier d'une tombe franque nettement caractérisée.
— 4-58 —
VII.
RECHERCHES DIVERSES.
En vue de fouilles ultérieures ou en suite de découvertes
qui lui furent signalées, r//isfi7iz^ a procédé à des enquêtes
à Ocquier,à Ramelot, à Celles (Waremme), à Spriniont,etc.
*
* *
'L'Institut se fait un devoir d'exprimer toute sa gratitude
aux différentes personnes qui ont bien voulu lui faciliter
l'accomxDlissement de sa mission scientifique, notamment
à M™e la comtesse de Borcligrave d'Altena, douairière de
M, le baron Camille de Tornaco, ainsi qu'à M. le baron
François de Tornaco, qui ont daigné laisser fouiller leurs
propriétés de Vervoz (Clavier) ; de même à M. L. Heptia,
bourgmestre de Ville-en-Hesbaye, ainsi qu'à M. F. Heptia,
député permanent, qui ont octroj'é avec la plus grande
bienveillance les autorisations nécessaires pour fouiller
leurs terrains; enfin à M. Fr. Delbroeck, peintre à Ville-
en-Hesbaye, qui a obligeamment laissé explorer la motte
de son jardin.
Des vifs remerciements sont dus, d'autre part, à MM. E.
Davin-Rigot et Firmin Hénaux, tous deux membres cor-
respondants de VInstitiit, qui ont bien voulu se dévouer,
comme les années jorécédentes, pour surveiller et diriger
les fouilles avec leur compétence habituelle.
L. Renard.
Liège, i5 décembre 1904.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES
NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX
CITES DANS CE VOLUME
Abée, 3oi.
Abondance, 1', 98.
Accrus Verus, 81.
Adar, G2.
AuuATUC'A, iG, 22, 23, 5."{, 58, ()(!.
Aduatiqles, les, 22, 2.'5.
Aei-ius Gracilis, 3G, G2.
Aerixgerburg, 205.
AÉTius, généi'al romain, 238.
Amel, 52.
Ange, Jacquemin de F, 874.
Agrippa, 34, i5i, 210.
Agrippine, 44-
Ahr, r, 32, 214.
AHRWEII.ER, 221.
AlGUiLi-ON, le duc d', 384.
Aisne, 1', 47, 209.
Aix-i-a-Chapei,le, 22, 29, i34, 3i8.
341, 356, 357.
Alamans, les, 95, 233.
Ai.aïervae, matres, 140.
Albert, emijei'eur, 4-o, 4'^^-
Albio, r, III.
Alexandre Sévère, empereur
romain, 93.
Al-i-EL'R, Renoul d', 3-;5.
Alpes, les, 10.
Also-Ilosva, 58.
Altamira, 335.
Altlinster, 200, 202, 2<)3.
Altrier, 124, 142, i52, 188, 198, 199,
200, 204.
Alzette, 194, 207.
Ama, 2l3.
Amanium, 2i3.
Amay, 84, 2l3.
Ambkulacum, 127. 129.
Amherloux, 42, 127.
Ambiorix, 9, 10, 14. iG, 17, ly, 58.
Amblava, 52.
Amblève, r, n. 52.
Amel, 52, 241.
Amicius Ingenuus, Go.
Amiens, 71.
Amma, 99.
Ammianus, 72.
Ammien Marcellin, GG.
AmPSIN, XIII, XIV.
Ancelle, Guillaume, 32o.
ANcône, G8.
Andage, 43.
Andagenlm, 214.
Andaina, 214.
Andecarus, 1G9.
Andeco.mbarils, 25.
Andenne. 2i3.
Andernacii, 20, 23 r, 3o5.
Andesina, 52.
Andetiianxa, 2i3, 214.
Angei.sberg, 200.
axgleir, xiii, 78, 84. 214.
AxiiAi/r, Christian d", 3oG, 3o8, 3i2,
329, 33 1.
Aniiée, 102.
Anlier, II, 3r, 32, 127, 241.
Ansava, 53.
axseremme, 1x0.
Anspacii, le marquis d", 3i2, 319.
328, 33 1.
Antiiée, io3, 104. loj).
Antiiisnes, n', 80, 91. — Mathieu
d-, 424, 425.
— 46o
AxTOXix, empereur romain, 59,
79, 85, 116, 219.
Anwen, 214.
Apert, le mont, 216.
Apollon, 47, i33, 187, ir4, 17G.
181, 193, 2o5, 20G.
Apollon Grannus, 218.
Apothicaire, Gérard Y. 375.
Apronius, 34.
Ara, 1', 68.
Arbansart, io5.
Arbone, 2I3.
Arcadius, empereur romain, 94,
190, 453.
Arche, io3.
Arches, 42, 107.
Arckel, Jean d\ 44^) 44'^-
Arden, l'abbaye d', 9.
Ardenne, la déesse, i34.
ARDENNEBELGO-ROMAINE,r, 5-249.
Voir la table des matières,
245-249.
Ardenne géologique, 1', iv,
Ardens, la forêt d', 9.
Ardoisières, les, 20, 128.
Arduinna, dea, 7.
Argenteau, Louis d', 3G2.
x\rgilinga, 209.
Arles, 233.
Arlon, 3i, 53, 55, 86, 96, 109, 128,
127, i5o, 151-172, 174, 184, 186,
188, 189, 193, 200, 2^1, 447-
Arnobe, 198.
Arnold, avoué de llesbaye, 421.
Arnould, le duc, 204.
Arnulf, 209.
Arras, 71.
Aruntas, les, 337.
Arva, r, 92.
ASBERG, 220.
ASPELT, 193.
ASSELBORN, 212.
AssENOis, 52, 127, 214.
ASTANETUM, 2x4.
Athus, 127.
Atrix, 80.
Attexhove, 455.
Attert, r, 127, 207, 210.
Attila, roi des Huns, 47-
Atys. 83. 89.
Aubée, le peintre, 278, 289.
AUBERIVES, 121.
AuBV, 3i.
Audace, d', bourgmestre de Liège,
434.
AUFFE, Il3.
augsbourg, 273, 382.
Augusta, 95.
Auguste, empereur romain, 6,
10, 28, 34, 35, 40, 44? ^7- 7^5 83,
89, 190, 2i5, 229, 25i, 453.
Augustin, saint, 33.
augustodunum, 239-
Aura, 214.
AuRÉLiEX, empereur romain,94, 95.
AURELIUS FlAVINUS, 65.
AURELIUS JUVEXALIS, l4o.
AusoxE, le poète, 33, 194.
Autel-Bas, 184.
Autel-Haut, 184.
Automxe, r, 164.
Autriche, Georges d', prince-
évèque de Liège, 38i.
AUTUN, 239.
Ave, r, III, ii3.
AvENNES, 93. — Jean d', 263.
Avixs, les, 91.
Aywaille, 84.
Baar, 387.
Babinga, 209.
Bacchus, i33, 229, 23o.
Badex, le marquis de, 33i.
Baelex, 84, 341, 357.
Baetasii, les, 24.
Bagacum, 69.
Baixa, 214.
Balbin, empereur romain, 94.
Bale, 71,
Bande, 120.
Bar, Tibaut de, prince-èvèque de
Liège, 420.
Barbitius, 3i2, 319.
Barcenne, 89, 91.
Barcenxes, io3.
Bardenbourg, 124.
Bartollet, Laurent, 387.
BARVAUX. 123.
- 4(51
Bakchleiden. iHj.
Basiuis, officier roiuiiiii. 14.
BASSENGE, XIV.
Basto(;ne. II. 3i. 'V2. 5i, 02, 5,"),
loj). 129, i5o, i8(), 21."?. 241.
Basthée, la, 44i-44*>
Bataves, les, 23, 5S. ")<), r>-, - 1 , 142.
2.'5:.
Bath, 141.
Bâtisses, 73.
Baugnée, 342.
Bavay, 55, 71, loo, 23;).
Bavière, la, 24.
Bavière. Eniest (le. princc-évcciiie
(le Liège, 2(5o. 2(53; — Fei'di-
nand de, id., 3o2; — Jean de,
id., 373, 423 ; — Jean-Tliéodore
de, 1(1.. 2(J<), 271, 3(j(); — Joseph-
Clément de, id., 2G7, 384, ^\)"'^
— Mtixiniilien-IIenri de. id..
38<j, 411.
Bayeux, 9.
Beaufays, 84.
Beaufort, 84, 2o5.
BeAURAIXG, 104, III.
Beckers, de, 433, 4'4-
BECKIXGEX, 22(j.
BÉco, 84.
Beda, 24, 53, i52. 209, 21G.
Beeckman, de, 4^2.
Behéme, 3i.
Beho, 127.
Beluerbûsch, VI.
Belges, les, 25, 33, i36, 1G7, 255.
Belgica, 28, 3o, 35, 3(5, 38, 128,
iGi, 21G, 217.
Belginates, les, 29, i35.
Belginum. 29.
Belgique, la, 28, 29, 33, 43, 57. 58
Belgique-prejiière. la, 3i.
Belgique SECOXDE, la, 3i, 102.
Belgium, i35.
Belgo-Romaixs, les, 121, 128, 129,
i44i i58, 161, igS, 198, 209, 2i5,
240.
Beli-aix, Bas-, 212.
— , Haut-, 52.
Beli,evaux, 3i, 241.
Belsonacum, 2i3.
Hki.vai \, 1 19.
P.i:n-Aiiin, 84, 93.
Bendk, 214.
Bexdorf. 200.
BEi{(in;ux. 3i.
liERDORF, 201. 207.
iÎKI{(i, 210.
Hkugiies, (ieoi-ges- Louis de,
pi'ince-(3V(3(iue de Litige, 270.
Berlacomixe, io3.
Berlaymoxt, le comte de, 2;4-
Beuxaru, (îilles de, 374.
Berxcastel, i3'.
lÎERTEXKERS, Jcaii de. ■!75.
BERTIX(iEX, 222.
Bertogxe, 127.
BKRTRAXCiE. l85.
j^KRTRICll. 137, 2I<).
Bertrix, 3i.
Berwier, Jean le. 3;5. — Pirou
le, 374.
Berwixxe, la, 10.
Ber/èe. 104.
Besslixgex, lIoL'li. 21:!.
Bestexacc.m, i5o.
Betiimaxx\ 409-
BeTTEXDORI'-, 20G.
Bevmoxt, Henri le. 374.
BiERSET, Jean de, 374. — War-
nier de, 374.
BiÈVRE. 4^-
BiHAix, 127. 128.
BiLIACU.AI, 194.
BiLLIG, 194.
BixcHE, Jean de, 375.
BlXCIIESTER, ()I.
BlXGEX, 29, l3().
BlXSFELl). 179.
BlOULX, 102.
BiRREXS, 8().
BiSSEX, 210.
BiTBURG, 24, 53, 200, *.:o4, 209, 2l(),
218, 220.
BlVIAE, 100.
BnvER, 2o3
BlAXKEXHEIM, 217. 221, 225.
Bleiu, 127.
Blereï, Gérard de, 370.
Bockholt, de, 307.
- 462 —
BocQ, le, !)2.
BouEN, de, 3î>8.
BODEUX, 84.
Bohême, le roi de, 3oi>.
BoHXiEKS, 434.
Boii,E> Jean de, 3-5.
BoiNE, 112.
Bois, xv.
bois-borsu. 80.
]^0IS-L)ES-BASSETTES, lOli.
Bois-LE-Duc, 274.
Boi.LANA, Villa, 204.
BOLLENDORF, 200, 201, 2o:}, 2o4,
205.
BOLLINGEN, 209.
Bomba YE, 343.
BOXGALT, 3o5.
BoxGE, de, 320.
BOXN, 54, 7G, 91, 217, 232, 3o4, 3o8.
400, 45i-
BOXNA, 44, G9.
BONXERT, 124.
BoxxiER, Guillaume, 373.
Boxosus, 95.
Bon PAYS, le, 207.
BoxsiN, XIII, 86, 91, 207, 447.
BORBETOMAGUS, l49.
BORCOVICIUM, Co.
BoSSIKRES-SAIXT-GÉRARD, 102.
BOUCIIOVEN, 274.
BouiiXE, 434.
BOUILI.EXNE, 387.
Bouillon, 24, 3i, 32, 55.
BouLOGXE, 71, 240.
Bouxam, Maximilien de, 434.
Bourbox, Louis de, prince-évèque
de Liège, 379, 425.
Bourcy, 52.
Bourg, le, 124.
BOURGOGXE, la, <„5.
BouRGOCiXE, Charles de, 425, 426.
— Jean de, 373, 374, 387, 428,
425. — Marie de. 379, 38o. —
Philiiipe de, 425.
BouRNOXvii.LE, le comte de. 345.
BOURSCHEID, 32.
Bous. 193.
BOUVKJXE, 74, 75.
BovERiE, Coliard de la, 370.
BOVIGNY, 2l3.
BOVINIACUM, 19G.
Brabaxt, le, 207, 240, 339.
Brabechox, Mathieu, 374.
Braxoexbourg, 211. — de, 302,
3i8, 319, 324, 329, 33 1, 424, 42G.
Brassempoux, 334.
Brassixe, de, 434,
Brederode, Marguerite de, 180.
Breidweiler, 200, 212.
Bresmael, 387.
Bretagxe, la, 34, 37, 59, Go, 61,
i33, 134, i35, 140.
Briard, Jean, 254.
Briexex, de, 349.
Broicii, VI.
Broigxart, 373.
Broxckart, 430.
Browerus, 173
Bructères, les, 287.
Bruges, 255.
Brûiil, 217.
Bruxehilde, 23i.
Brustiieji, 455.
Brunswick, le duc de, 324, 33t.
Bruttium, 4i-
Bruxelles, 2G1. 273, 383, 384, 345,
347, 352, 355, 383, 384. La collé-
giale de Sainte-Gudule, 870.
L'église de Saint-Xicolas, 370.
Les archives, 870.
Bucextaure, 253.
BuDBACH, Arnold de, 433.
BUDERSDERG, 203.
BUDESHEIM, 53, 21G.
BULLIXGEN, 52.
BURCHARI), 149.
BURE, 148.
BURG, 199.
BURGFEI, 217.
burgknapp, 124.
burgsciiloss, 124.
burvexich, 52.
Caecixa Severus, 35.
Caerosi, les, 23.
Caius Graecileius Similis, 65.
463 -
Caiva, (lea, i.T), 220.
Cai.kdonie, la, îm).
Cai.kndar, 4'-i4-
Cali'URNUS Procum's, gouver-
neur romain, 37.
Campestues, inatres, 140.
Caxéimiores, les, i8t>.
Cantrusteiiiiae, matres, i:}4- i4i-
Capitolin, le mont, G4.
Caprio, 1220
Caracai-la, empereur romain, (m,
8<).
Cariîonaria, Silva. 4i-
Carigxax, 52.
Carinus, empereur romain, ()(j.
Careomax, i4<S.
Caroascus, Pagus, 24.
Caroij, Gérard, bourgmesti'e de
Liège, 443, 444, 445.
Caroeixgiexs, les, 73.
Carusii, les, 21G.
Casaxova, 271.
Casecoxgiduxus (Cugnon), 214.
Cassée, 71.
Cassius, 98, 99.
Castele, 193.
Casteelum, 119.
Castra Vetera, 62.
Cativoecus, roi éburon, i5.
Catoir, 397.
Cattoxius, 170.
Cauchi, les Chauques, 37.
Cauciiius, 34.
Caueex, .t., 35G.
Ceeier, Joseph de, 374.
Celles, m, 455, 458.
Celtes, les, 19, 25, 54, 87, m, 134.
160, 169, 2i3, 214.
Ceneija, la, III.
CÉRÈS, 40. 191, ii2I.
CÉRÈSEs, les, 21, 24, 25.
Cerfontaixe, 102.
Cerlvlis, 33, 71.
Cerxuxxos, 47-
CÉSAR, Jules, 10, 12, i3, i4, i5, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 25, 26, 28,
38, 68, 69, 72, 80, 99. i55. 240,
241.
Ceunacum, 89, 100.
CHAMnc», 214.
CriAMPAGXE, la, S. 41;.
Champion, (iuillauiiH". 42(;. - Pi-
ron, 374.
CiLVMPLOX, 123.
Champs, 52.
Champs Décumaxs, les, i4i, ^•}2
Chapeau u'or, W. du, 374.
Chapelle, La, 342.
Chapelle de Saixt-C^imrix. 187.
Charaxco, 214.
Charle.^lvgxe, 109. 32G.
Charlemoxt. 3i.
Chakleroi, 17, i55.
Charles II, roi de France. 34i.
— III, roi de France, 4'-i, •559.
— IV, roi de France, 392.
— V, roi de France, 3G2.
— VI, roi de France, 343,
34(;.
— le-Téméraire, 257, 377,
378, 379, 38o, 382, 410.
— Quint, 255, 3o3, 3i8.
Charleville, 4:i.
Charlier, 397
Charxeux, 35G.
Charus, 72.
Chastres, io3.
Château, Petit-. 4^-
Chatelet, 42-
Chatit-lox, 241.
Chauufoxtaixe, xHi, 10, 184.
Chauques, les, 34, 37, ()9.
Chaussée, la Verte, 53.
Chelle, bourgmestre de Liège,
433.
CHÉUAIX, 123, 2l4-
Cheslaix, 119.
CHESIiAY, 119.
Chessiox, 112, n3. ii(), 123.
Che.stret, Jean-Nicolas de. ^0-2.
Chestrevin, 102.
Chevigny, .52.
Chèvremont, nul 80.
Chiers. la, 32, 172.
Chh.deuert, roi franc. 23i.
Childeric. roi franc. 4!)-
Chinv, II. 52, 123.
Chiroux, les, 38G.
464 -
CHRISTIAEXS-VAN DER RVST, Mme^
29G.
CHRISTXACII, IÇjG. 200. 201
CicÉROX, 17, ]55.
ClERGXOX, 117.
Cl.AIBRES, les. 22.
CiXEY, 89, <)T, <)2. 100, io3.
Civiijs, 57.
Clairefontaixe, 124, i54-
Claros, i32.
Claude II, le (Jothiqiie, empe-
reur romain, 98,94, []o. 118.
Claudius, (J2.
Claudius Saturxixus , gouver-
neur romain, 87.
Clausen, !■;«, 182, i83.
Clavier, xii, 58. 8G, 89. 94, 447-
458.
Clef, Guillaume délie, 874.
Clermoxt, 350.
Ci.ERVArx, 208, 212.
Clèves, G2.
Cliisserath, 188.
Cluverius, 82, 173.
cobenbour. 200.
COBOURG, le (lue de, 819, 829, 33o.
Coblence, i3, 29, 818.
COCLERS, 290.
Cohausex, 18.
coi,bette, 200.
Colette, O., 85 G.
CoLixET, 290.
COLOGXE, l3, 22. 24, 29, 3o, 81, 34,
35, 30, 44, 45, 52, 53, 54, 55, G7,
08, G9, 71, 83, 99, 109, i4i, 145,
i5i, 2i3, 2i5, 217, 219, 221, 234,
274, 275, 3o2, 3o9, 820, 322, 824,
325, 82G, 827, 828, 829, 407, 408,
409.
coi,oxia, 21o.
Columbarium, 198.
Commode, l'empereur, J12.
CONDROZ, le, 23, 58, 55, 80, 82. 84,
89, 91. 94, 1^8.
Condruses, les, 18, 21. 28, 25, 2G,
Si, 58, 85, 89, i30.
CONINSSTEIN, 8o5.
COXIXXIIEI.M, XVI.
COXSDORF, 198, 200.
CoxsTANTiN, empereur romain.
82. iiG, 118, 128, i52, 192. 194.
21G, 233, 234, 235.
CONSTELM, 209.
COXTERX, ]85.
CoRBULOX, général romain, 85.
CoRBULOXis. l'ossa, 35.
C<)RI)EL, 227.
COREXXE, 102.
Coriovali,um, 55.
corxillox, 898, 420, 421.
cortil-wodon, 88.
COTTA, l4, iG, 74.
CouRTEXACK, de, 434.
covextry, 9.
Craiiay, 843.
Craxsixa, m.
Croix d'or, Tlionard de la, 875.
Croxexburg, 3o8
Croy, Jacqxies de, 38o.
Cruchten, 2o5.
Crupel, 92, 107.
Cucixox, 81, 214.
CULOZ, 898.
CuRTius, 887, 482, 488. — La mai-
son, VIL
CUYLEX, 35o.
Cybèle, 79, 1G4.
Dacie, 59.
Daele, J , van den, 85G.
Dalhelm, ]8, 124, i85, 142, i52,
i85, 18G, 187, 188, 192, 198, 199,
200, 85(), 852, 354.
DAiMPICOURT, 128, 154.
Damry, 18.
Dans, Charles, 488.
Dantiiixne, 279.
Danube, le, 59, 78, 80, 287, 279.
Darmstadt, 80.
Datiiix, Guillaume, 874.
Daux. 219, 220.
DAVERDISSE, III.
Deax, 9.
DÉCEXCE, 98.
Decextius, empereur romain, 118.
Dechamps, 280.
DÉDALE, 1O4.
— 4^)5 —
Defkance, i>S<). 2()o. 4o3.
Deifei.s-Kltkr, le. uoii.
Dei.ens, ;}()8.
I)EI,II,I,E, 3f)I.
1)EI,1>AIR, 4'}o.
Deltour, Jacques, 375.
Deia'aux, J., 35G,
Denis, 897.
Dethier, 3y7, 43o.
Deutz, 67.
Deux Ponts, 137.
Deviij.ers, 279.
Dewandre, F. -.t., 4o5.
Diane, 7, 7(5, 127, i33, 144. i45, U^^
2o3, 204, 218, 219.
DiDius Severus Julianus, géné-
ral et empereur romain, 37,09.
DiEKiRCH, 201, 202, 207.
DiESlîURGERHOE. 2o5.
DiFFERDANGE, 19O.
Dînant, 72, 74, 70, io5, iio. i33,
261, 420.
DiOCLÉTiEN, empereur romain.
3o, 74, 9f), 101,125, 127, i52, 234.
Dion, iG, 3(5.
DiPPACII. 18G.
DiTiAS, artisan romain. 193.
Divinités, les, de l'Ardenne, 129-
i5i.
DiVODURUM, 76.
DOERNER, curé de Dallieim, 192.
DOHAN, 3i.
DOMIAIN, 5o.
DoMASZEWSKi, A., von, G.
Domitia Lucilla, 37,
DoMiTiEN, empereur romain, 19S,
202.
Donna, le baron de, 3 11.
DoNON, le, 8.
DoRDOGNE, la, 33G.
DoRizi, 255.
DORTMUND. 274.
DouFFET, Gérard, II.
DOURLACH, le marquis de, 324,
328, 33i.
Drahonis, la Drolin, 172.
Dreiborn, 52, 193.
Dreimûhlen, 217.
Drohn, la, 172.
I)i;i ses. ,'{4, 71.
Dryades, les. 147.
1)1 iu)is. (J., 408.
DliFFESUACII. (J7.
DutUF.T. 279.
DlJlNISSLS, 29.
DliMONT, 212.
Dupont, 212.
DURHUY, Xlll, 8G.
DiiREN, 5, 134, 3o4-
DURNAI., 107.
durocortorum. 4g.
dusseudorf. 407. 4<>^-
dûvei.soder, 217.
Eau-bonne, 1,21.
'Eherstein, le comte d", 3ir.
Ebly, 3i.
Eburonie. r, 45.
Eburons, les, i3, 14, i.". iG. 17, 19,
20, 21, 22, 23, 25. i>G, i'!4.
ECHTERXACII. l33, 18S, K)". I()8,
204.
Edera, r. 91.
Efferen, 52.
Eflia. 217.
Egorigium, 53. 220.
ElINEN, 193.
ElFEL, r, 9, 10, 23, 3i, 53, 9G, i38,
1G6, 172, 190, 204, 2o5, 208, 210,
212, 214-232.
EiscH, r, 124.
Eisling, 208.
Ei.AGABAEE, em])ereur ronuiin,
129.
Ei.BE, r, G7, G9.
Elberfei.I), 407, ^oH.
EEDEMBUR(i, le comte d', 3ii.
Eeft, le colonel d', 3i5.
Ellemeli-e, 80.
Eloi, saint, évè<iue de Noyon,
145, 14G, i56.
Elpénor, 182.
Elsenborx, 4i)-
EuviRE. le concile d', 253.
Embion. r, 92.
Embken, 22.
e.mbourg. xiii.
Emilien, 41 •
- 466
Empire, le Haut-, iiG, ii>4. i3o,
198, uoo.
Ems, r, 71.
EXGERS, 3()5.
ExGHiEN, Jean d". priiice-évèque
de Liège, 4ii)i 4-o.
Engis, 74î 84-
Entarabus, deus, 129. i3o. i4o,
i5o.
Epoissus, Carignan, 62.
Epoxa, la déesse, 29, i35, i36, 187.
Eppeldorf, 2or.
Eprave, 18, III, 112, ii3, T17, 123.
Epternacum, 195.
Erexz, r, 200.
Ermsuorf, 200.
Ermstat, Louis d', 323, 328, 33i*
Erxdeein, Hermau, 4^(>.
Erxoxheid, 84.
Erxsdorf, 201.
Ernzen, 198, 2o5.
Erschweiler, 2o5.
Eruiîris, 172.
Erve, r, 92.
Escaut, r, i5, 28. 3o, 71.
ESCHDORF, 18G.
EscH-le-TROU, 212.
eschweiler, 32, 134-
Esxeux, 214, 342, 356.
Etalle, 53. 154.
ETTELBRiiCK, 201, 2o6, 207, 2O9.
EUPEX, i3, 5o. 241, 36i.
Eure, r, 92.
Eyxattex, le eomte d', 343, 3Gi.
— Ileuri d', 3oi.
Fabry, Hyacinthe, 396 — Jean-
Philiijpe, bourgmestre de
Liège, 433.
Fagot, 291.
Faha, 193.
Faimes, 455-
Falmigxoule, 384.
Famexxe, 23, 3i, 5i, 87, 92, 110,
112.
F ATA, l5o
Fati, les, 142.
Faunus, 148.
Fauquemoxt. 55. 341, 349, 35o,
353.
FAUvirj,ERS, 3i, 32, 154.
Favereau, de, bourgmestre de
Liège, 434.
Fayx, 290.
Fayx, Joseph, membre décédé,
XXIII.
Fays-ees-Yexeurs, 3i.
Fayt, le, 123.
Febroxius, 173.
FÉE, i5o.
Feilex. 209.
Fei.s, 201.
Fexste, de, 3o6.
Ferdixaxd n, empereur, 439.
FÉRÉoi.us, saint, 187.
Ferrières, 84.
Feschaux, 4i-
Fexiie, 4i- — Jean de, 375.
F1CHEROUX, 41 •
FiLSDORF, 190, 193.
Fixes, ad, 3o, 32.
Fixistére, 95.
FiRMixus, saint, 187.
Fiscau, 4i-
FiSCIIBACH, 200.
FiSEX, 368, 369, 387.
FissAXT, Grand-, 41 •
FiZE, 4i-
Flachsweiler, 193.
Feamierge, 129.
Flars, Vincenzo, 253.
Flaviox, 102, 104.
Fi-AVirs, 62.
Feecksteyx, le baron de, 309.
Flémam.e, 03, 74, 75, 76, 83. —
Gérard de, 375.
Feeur de Ly'S, Close de la, 374.
FiJESSEXS, 222.
Feoxa, 214.
Feôxe, 53, 74, 78, 84, 214, 445.
Feorée, 107.
FLOREXCE, 160, 254, 320.
FLOREXVILLE, 52, 123.
Foix, le comte de, 3o4.
Folschette, 210.
FoxDS i>E Famexxe, le, 55.
FORTiXA, déesse, 218.
- 4^7
FORTUXAT, 172.
Fortune, la, 97, 172, 17G.
Foulon, <le, 4*^2, 434-
FOURON-LE-COMTE, 4^0.
FOY-Xovii,x>E, 123, 129.
Fraii'Ont, 84.
Frai RE, 102.
Fraiture, 128, 212.
Francfort, 228, 3o2, 3o3, 3o5, 3oG,
309, 321, 408, 409.
Franchimont, 102, 364-
Franck, L , curé de (Jiemmenu'h,
356.
Francken, .1.. curé (rEsiicux, 350
François I'"''. 254.
Francon, évèque de Liège, 4--
Francorchamps, 49, 55.
Francs, les, (57, 95, ii3, ii(j, 208,
209, 233, 238.
Franquinet, 354, 355.
Fratin, 154, i55.
Frécine, 4o5.
Freioverus, soldat toiigre, (Ji.
Frentz, de, 3i3.
Freux, 154.
Freya-Ley, 202.
Freyr, II, 43, III.
Frisons, les, 34.
Fromont, Baiuluin de, 373.
Frontières, les, 3o.
Fronville, 92.
Frusiacum, 2i3.
Fter, ]o5.
FuRFOOz, ii3, ii4i 117? IIQ' I---
FURSTENBERG, le comte de, 307,
309, 3x9, 322.
Gaijinius Secundus, légat ro-
main, 34.
Gaciiard, 400, 408, 410.
Gaen, bourgmestre de Liège, 434-
Gallien, empereur romain, 84,
93, 94, 129.
Gauuus Cassicianus, 193.
GAMARA, III.
Gamidianus, soldat romain, Gi.
Gangusso, 65.
Ganyjiède, 164.
Gard, le, 336.
Garonne, la, 229.
Gaspericii, i85.
Gaui.e, la. o--^\[) ])ns.sii>t.
Geer, le, 214.
Geine, 209.
GEr,I)UBA, 69.
Gemarck, 407-
(Jembe, la, III.
Gemhloux, io5.
Gemen, 274.
Gemmenich, 356.
Gênes, 254, 271.
(îÉNIMONT, Il3.
Gentisque, 146.
(iERMANICUS, 34, 44< 7'-
(iERMANIE, la, 2(). 28, 29. 34- ^O,
(i6. 67. 142, 2.32.
Germanie Inkkrieire, la, 29.
3i, 32, 35, 3(;. 38, 44, 58, 68,
71, 82, 83, 99, lor, 102, 2.34.
Ger.manie Supérieure, la, 2<),
35, 37, 38, i4i.
(Jkroestein, 32, 1.35, 172. 216, :
Gersin, Henri le. 374-
GÉSATES, les, ()6.
Gesve, 107.
Gherbode, Thierry, 373, 375
Ghysels, Charles-Bernard
402, 438.
GlLKINET, J.-P.. 397.
GlMJIIUS, 169.
Gironde, la, 3.36.
GiSELBERT, 209.
Gives, 93.
GiVET, 3l, 75, 121.
Glan, le, III.
GUANIACUM, 2l3.
Glanis, III, 214.
Gleize, la, 20.
GuTius, 37.
GODIN, 2()0.
(iOÉ, 241, 357.
GoESUiN, Guillaume, 4^">-
GouET, Jean, 374.
GouDSTEiN, le baron do, \o\.
(Jo.MBE, la, 18.
GORCUM, 274.
(ÎORDIEN, empereur romain
93, 94, 128, i55.
63
3o,
3o,
de.
3-.
— 468 —
Gorgone, io5.
Gors-op-Leeuw, 04.
GOYER, 77.
Grady de Horion, M™" de. 28;>.
Graff, château de, vi.
Grandhan, 214.
Grand.iean , Matliieii - Lambert ,
membre décédé, xxiii.
Grannus, i"53(voir Appollon Graii-
niis).
Gratem, 3G3.
Gratien, emi)ei"eiu" romain, 118,
233, 235, 363.
Graty, Matliias de, 433. 434.
Graux, io3.
Grégoire de Tours, 2i3.
GREMBER, 212.
GREVENMAt'HER, I(j3, I<)4.
Grignoux, les, 380.
Groesbeeck, de, 3o5, 3oG,3o7. 320.
Groesbeeck, Gérard de, i)rince-
évêque de Liège, 42G.
Gronsdorf, 23 1
Grosbous, 206, 210
Gruemn, 38i.
Grund, le, 18G, 187.
GRUXE, 120.
(iUELDRE, Henri de,prince-évê(xue
de Liège, 4i!J, Vv--
Guérin, 280.
Gugernes, les, 67.
Guillaume, le roi, 280.
GUTLAND,_ 207.
Habay, 241.
Habergy, 241.
Habsbourg, Rudolphe de, empe-
reur d'Allemagne, 14.
Hachiville, 212.
Hadrien, empereur romain, 5y,
219.
IIAINAUT, le, 93, 240.
Hainaut, Guillaume, comte de,
374, 37().
Halanzy, 127.
Haldacco, 99.
Haleng, 279.
Hali,erba('h, 204.
Haixeux, Grand-, i54, i56.
Haixoy', Philippe, 4^2.
Halstadt, II 3.
IIam. 200.
Hambourg, 398, 400, 401. ^0-2.
Hamipré. 127.
Hamoir, 92.
Ha.mpton-in Arden, 9.
Han, 92. m, 112, ii3, 123.
Hanaut (Hainaut), le comte de,
3i2, 3i3.
Hannesche, 455.
Hannesin, Martin, 373
Hanneton, Philippe, 38i.
Hanson, 290.
Hardeck, le comte de, 3ii.
Hardt, la, 202.
HARGIMONT, 123.
Harimella, la déesse, Gi, i36.
Harlange, 241.
Harpocrate, 182.
Harre, 127,
Hassel, 190.
Hasselt, 27G.
HASTÉDON, 21.
Hatri\'al, 154.
Haultepenne, le baron de, 353.
Haut-Fa YT, m.
Haxhe, bourgmestre de Liège,
432.
Hayoxs, Les, 3i.
Hefkingen, 195, 19G, 200
Heiderscheidt, 186.
Heinsberg, Jean de, 4^3.
Heinscii, 127
Heinsi'et, 3i.
Heinzerath, i35.
Heisberg, 200.
Heisdore, 209.
IlElS't'ERT, 124.
Hei.eestein, de, 3io.
Héliogabale, empereur romain,
252.
Hei.lixgex, 2o3.
Helmstadt, 3i6.
Helperknap, le, 210.
He.mei.ich, 3o5.
Hemricourt, Jacques de, 43o.
Hemstal, 200.
Henix, de, 873.
469 -
IIENKART. 40'Î-
Henou.mont, Jean, 4"56.
Henri, empereur, 419-
IlENIU VII, 438.
IlEXRI-CHAl>Er,I-E. 3Ô7.
IIkrbeumont, 3i. 3^.
IIerhokx, 200.
Hercule, 7, ;(;, 127, i3o, iG4, 17(5.
181, 20G, 219, 221.
Hercules Magusanus. i33.
Hercynienne, la forêt, 124
Hermalle-sous-IIuy. 74.
Hermès, 227.
Hermûlheim, G7, 217.
Hern-Saint-Hubert . 1 34.
Herstal, XIV, XV, 73, 83, i55, 297,
3o4, 438, 456.
HERTA, 202.
HERTIIA-LEV, 202.
Hertheschrein, 202.
Hertogexwald, r, iT, 43, 5o.
Hervé, 342, 356. — Louis de, 3-5.
— de, bourgmestre de Liège,
434.
Hesbaye, la, 81, 83, 85, io5, 207.
Hesse, Maurice de, 3o8, 3 12, 319,
323, 329, 33o, 33i.
Hesïreux. 304.
Hestroy', 106.
Heusy', le chevalier de, 384-
Hexexritt. 187.
Heydelberg, 3i4.
Hey'dex a Blisia, Conrard, van
der, 433. — Edmond van der,
ibid.
Hixgesdorf, 209.
Hockay', 49. 5o.
HODiMOXT, 3Gi, 3G3, 3G4.
HODISTER, 127.
HODY', 80.
HOEXSBROECK, de, 278, 349, 394.
Hoeylaert, 134, i4i-
Hogge, 438.
HoGXE, la, 92.
HOHE-ACHT, 9.
IIOHEXLOHE , Georges - rrédéric
de, 3x1, 3i3.
HoiiEXZOLLERX. Ilaus-.Toricli (le,
3o4, 307, 327, 328, 329.
Hoiie-Vex. 9, 49, 5o, 52.
HOHLLEV, 205.
Hoi.EESTEYX, le coiiile de, 307.
IIOLLAXGE, 129, l5o.
noLL()(;xE- AUX -Pierres, v, 45G-
458.
HoLSTEYX, le comte de, 3o8, 33i.
IloLZ, 210.
IIOLZEM, 18G.
IIOLZTIllJK 205, 211.
IIOMBOURG, 22G, 35G.
TI()>LME EOSSILE, 1", 333-338.
HOXCKER, 323.
lIoNNINGEN. 3o, 32.
IIoNTHEiM, 3, 128. — .Tean-Xicolas
de, 173, 174, 175.
HOSTERT, 188, 210.
IIOTTOX, 123.
ITOUDEKER, 3l5.
HouF, miniaturiste, 281).
HOUFFALIZE, 35, 425.
IIOUiLi-E, la, 88.
ITOUR, 102.
IIOUSESTEADS, Go.
IIOUYET, 112.
HOVELAXGE, 210.
HOVEX, 22.
HOYOUL, le, 88.
HOYOUX, le, 21, 85,87, 92, 19G, 214.
HuBix, Jacques de, 277.
HuLST, van. 2G4.
IIUMBERCOURT, d', 378.
IIuxs, les, 47, G9, i52, i53, 20G, 210.
HuxsRûcK, le, 10, 54.
HuxswixcKEL, le, 210.
HURT. 3o5.
IIuv, 22, 72, 74. 75, 84, 89, 2i3, 2G1,
280.
HUYGEX-DEVIS, M'"e Ve, 29G.
IlYGIEIA, l4l.
Icare, 1G4.
Iccius, 20.
ICORIGIUM, 21G.
IcovELLAUNA, dea, 137.
— /f
470 —
lNi)L'Tio>rAR,clief trévire, 9, i4i i!)-
INGELSDORF, l8G, 203.
Intarabus, deus, i3o.
Irzei., 205.
Isembour(;h, le comte d\ 3i2.
IsiRA, 17U.
ISXA, III.
Itzig, i85.
IWEXNE, r, III.
IZEL, 02, 53, 123.
Jacquet, 289. 290.
Jalhay, 241.
Jamar, bourgmestre de Liège,
432.
Jambes, 98.
JAMBLINNE, III.
Jameda, (Jambes), 98.
Jamixet, l'avocat, 388.
Jamoigxe, 53, 123, 154.
Jaxus, 14*3.
Javixgue, 102.
Javoléxus Priscus, légat romain,
3o.
Jean, duc de Brabant, 4^0.
— SANS Peur, .38o.
— le peintre, v.
— LE secrétaire, 117.
Jecora, 214.
Jehay, 53
Jehoxvii,i,e, 3i.
Jemelle, io3, III, 122, 12g, 375.
Jexeffe, XIV, 257.
JÉxicoT, R., 391.
Jerbes de Re.mouchamps, 434-
Jesse, le Docteur II., 294.
Jules César, 8, 33, 34 (voir César).
JULIACUM, 22, 5(3.
Julien, empereur romain, 72, i52,
'238.
Juliers, 10, 22, 55, 134.
Julineihiae, matres, i4r-
JUI.IUS, ()2
— Aequalis, 5.
— FLORUS, 21.
— Maxlminus, vétéran ro-
main, 166.
Jùnckerath. 53, 2i(). 220.
Jl'Xglixster, 200.
Juxius Faustixus PoSTL'MIAXUS ,
légat romain, 37.
JuNius Pastor L. Carsemius Sos-
PES, légat romain, 87.
JUNOX, 76, l32, iGi, 2o5.
JuxoxES, 1,38.
JUPILLE, 73, 93, 9G, 224.
Jupiter, 7, 3o, 7G, 87, 100, i32, 143,
146, 147, i5r, 1G4. 176, 181, 186,
200, 218, 221.
JUSLEN VILLE, 8o, 8i, 83, gS.
Jusserat, 3i.
Kaxacii, 193.
Kaschel, le, 124.
Katwyck, 71.
Kemexhe, 53, 374.
Kerkem , de , bourgmestre de
Liège, 433.
Kerpen, 24, 3i.
Kesselheim, i3.
Kesselknapp, 124.
Kevthulle, Jean de la, 3-5.
KiEM, 184, i85.
Kiems, 200.
KiNKE.MPOIS, XIII, 10.
KiXTS, Ev., 391.
KiRCHBERG, 29.
KoERiG, 184, i85.
Kylburgsweiler, 218.
Kyll, la, 23, 5o, 172, 21G, 219. 227.
Labiénus, lieutenant de J. César,
11, i3, 14, i5, 19, 74.
Laelianus, empereur romain, 94,
95.
Lamargelle. le baron de, 304.
Lambermoxt, 84-
Lambers, 362.
Lambert, saint, m.
Lambrech, 432.
Lambuche, Jacquemin, 375.
Lamorteau, 127.
LAMSOUL, III.
Laxdex, Vieux, 455.
Laxeefe, 102.
Lares, les, i3i.
— , Augustaux, les, 212.
Laroche, 3i.
— 471 —
La Rociiettk, xiii.
Lauuei.le, %;}.
LATINNE, X, XV.
Latins, les, i(5o.
Latour, Nicolas de, 43o.
Laugekie-Basse, 334.
Laurent, Jean, 254.
Lavacherie, i5.
Lebrun. 290.
Ledernacum, 12 i3.
LÉGUisE, 3i, 154.
Leignon, 92.
Lemmens, J., 35G.
Lenio, le, 92.
LENTERSDORF, 223.
Lenus Mars, i33.
LÉOPOLD, l'archiduc, 3S2.
Leptixes, 147
Lerond, 433, 434.
Lesse, la, II, 20, 91, 1x5, 116, 118,
120, 123 ; — la vallée de la,
110-114.
Lessive, 88, 118.
Lestines, 147.
Lesura, 172.
Lètes, les, 237.
Leti, 237.
Leti Lagexses, 237.
LEUTLINGEN, 211.
Levoz, 290.
Leyde, le musée de, 293-299.
Lezoux, ^ôi.
LiBEN, 397.
Liber, i32.
LiBOTTE, Lambert, 387.
LIBRAMOXT, II, IIO.
LiCEA, III.
LiCIA, III.
Liège. Les archives communales,
307-439. — La hibliotliùque de
l'Université, III. — L"I']xposition
de l'art ancien, m, v, ix. — La
loterie dans les siècles passés.
25i-29i. — La neutralité lié-
geoise, II. —La paix des Clercs,
369, 420. — La paix de Saint-
Jacques, 371, 378.
Liège. Les églises et les abbayes :
Sainte -Aldegoude, 2G8. 2G9,
281; — Saint-Denis, 2(18; —
Saint-Georges, 209 ; — Saint-
Jacques, 3G9, 370, 371, 372, 373,
37G, 379, 38o, 38G. 387, 388, 38;),
392, 400, 4oi ; — Saint-Lam-
bert, ;}G7, 3()8, 382, 383, 4oi, 402;
— Saint-Martin, 4oi ; — N. I).
aux I-'onts, 390, ^l'i. — Les
couvents: Saint-.\l)raham,42G;
— lia Cliartreuso, '589 ; — les
Frères-Mineurs. 274; — Saint-
Léonard, 274, 27.5.
Liège. La Kastrée, 44i-44^i; — Jes
Halles, 3G8; les dix-sept mé-
tiers, 370; l'hôtel de ville, 2G9,
372, 373, 378, 386, 388, 389, 392,
393, 395, 4i3; la Violette, 3G9,
372, 378, 389.
Liège. La peinture an xvir siècle
à. II.
LiERiWE, Renier de, 370.
Lierxeux, 84, 2i3.
LiESCHERT, 154.
Lieser, la, 172, 219.
LiGNEUVILLE, 241.
Lille, 384, 385.
LiMBOURG, 84, 280, 339.
LiMERLÉ, II, 02, 212.
Limes, 73, 95.
LiNCÉ, 18, 84.
LiNGONS, les, 33.
LiXTGEX, 200, 20(), 207.
Lippe, de, 3iG.
Lissoir, 102.
LiVERLOz, de, 432, 433.
LOEWENBRiiCKEX, l3o.
LOGNE, 92.
Loire, la. 229.
Lo.MBARDS, les, 253
LOMME, la, 18, 20, 107, III, 112. 117,
118, 120, 122.
LOMNESULLE, III.
LONCIN, Stassin de. 374
LOXGCIIAMPS, 52, 129.
LOXGLIER, 3l, 52.
LONGUS, 197.
LOXGWII-LY, 127.
LONGWY, XV, 82. 91. 184. 190.
LONIIIKNNE. 280.
— 472 —
LOXTZEX, ,342, 3;")G, 357.
Looz. le comte de, ^'2T.
LoRCÉ, 84.
Lorraine. Charles de, 34y, 35o.
Louis, le roi. 42.
— II, de Germanie, i85.
— XIV, roi de France, 180, igj),
205.
— X^^ roi de France, 384.
LouvAix, 254, 261.
LUBAIXIS, r)f).
LUBBEEK, 455.
LUCHY, II.
LUCINE, 189.
LuciNUS SuRA, gouverneur ro-
main, 3G.
LuMXA, la Lomme, m.
LuPERQUES, les, 148.
LuROXD, avocat, 3f)i.
LUSTIX, 123.
LUTGARDE, l85.
LuXEMBOrRG, 3i, 48, 53, 93, 142,
i52, 184, i8y, 192, 241, 256.
Luxembourg, le, 9, 10, 110. 122,
187, 33 1.
Lyox, 34, 44, 53. — , Lambert de,
375.
Lys, la, 239.
]Maboxpré, 127, 154.
Macbeth, 149.
Maceriae, 73.
Macralee, i5o.
Madelaixe, La, 18G.
Madicua, 99.
Maestricht, 23, 45, 55, 72, 73. 239,
260, 2G1, 398, 4o5, 407, 427, 438.
Maffe, 128.
Magdebourg, 398, 408.
Magery, 154.
ilAGIO, 1G9.
Magxexce, empereur romain, 93.
Magxus AIaximus, emiiereur ro-
main, 233.
Mahaxxa, la Méhagne, 87.
Maheixeiiae, maires, 141.
Maigxax, le comte, 38i.
Maiij.ex, io3, to4, io5, 107.
]Ma.jeroux, i53, 154.
:Mai,agxe, 108, 122.
Malaise, Jacques, 4,32, 4.33.
Mai.ixes, 255, 261.
Malmedy, 43, 144.
Maemedy-Stavelot, l'abbave de,
49.
iSlAMBRA, l85.
Mamer, 184, i85, 186, 189.
Mammouth, 333.
^Iaxa, Placido de la. 32o.
Maxde, 52.
— Saint-Etienne, 109.
Maxduaxtum, 52.
Maxes, les, i65, 167.
Maxxheim, 274.
Maxsfei.d, i52, 194. — Ernest de,
177, 17S, 179, 3ii, 3i9, 323.
Maxsuerisca. via, 49, 3o.
Maxteau, le Trou-, 20.
Maxterxach, 2o3.
y,ÏAU, pays des, 219.
Marc-AurèI;E, empereur romain,
74, 83, 94, iiG.
Marche, 5i, 55, 108.
— les Dames, 74, 75.
ilARCHIX, 91.
Marciaxus, i85.
Marck. 407.
Marck, le comte de la, 3i3, 328. —
Adoli)he de la, prince-évèque
de Liège, 257, 259, 420, 421, 422.
— Englebert delà, id., 422, 428.
— Erard, id., 871, 38o.
Marcka, 74.
Marcomagus, 53, 21G.
Marcy, 9.
Marguerite. 25G.
:Marialosbrûck. 124.
Marie-Thérèse, 2GG, 271, 278, 344,
347. 35G.
Marhs, V, empereur romain, 95.
Maximus Perpetuus Au-
REMAXUS, légat romain, 87
Marlagxe, la, 10.
Marxe, la, 28, 47-
;Marrai)AS, Balthasar de, 820.
Mars, 47, i32, i35, 141, 18G.
— Camueus. 7, i33, i65.
Martelaxge, 81, 82, 100, 241.
Maktiai,. i4'5.
Martin, pape, 4-4-
Masanae, matres, i4i.
Masenils, t-3.
Massai-, 3i.
Massei", botirgniestre de Liéj^o,
434.
Matuias, l'empereur. Son élee-
(ion et son eouronnement, 3oi-
332.
Matrae, les, i38.
Matres, les, i3S. 1:^0. i4!), 188.
Matrones. 137, 212.
Matta. yS, (}().
Mattiaques, les. 237.
Marisch, 209.
Mauger, bourj^mestre de Liège,
43^.
Maximilien I*-'', 3So.
Maxijiin, empereur romain. ()4.
Mayence, 2<j, 3o. 34, 44- 54i *JJ- 7--
i32, 270 ; 3oi 375, passim.
Mazarin, 2G5.
MÉAX, lOf).
— de. bourgmestre de Liège,
432.
MEDERNACH, 201, 20(3.
Meduaxtum, io().
Meduxa, nymphe, 137, •219.
Meer, 3o4-
^Megen, le comte de, 38i, 4-*>.
Mehagne, 87.
îklEI.EY, 320.
Mélotte, 289, 394- 4^7-
Menerica, 02.
Mercure, 7, 8, 47, 80, 127, i33, i30.
i^'2, 147, i(>4i i^^i ï^ï- ^^''- ^'J'^'
i85, 18G, 193, 218.
Meri, i85.
Merl, 18G.
Mersch, 200.
Mertens, Jean, 409.
Mertert, 172.
Mess, 190.
Messancy, 124.
Messericii, 218.
Mestreit. 291.
Metternich, de. 3o5.
Mettersheim. 217.
Metz, 3i, 7G, i3(), 137, 192, 198,
214, 222, 23i, 382, 383, 384.
Meuse, la, 10, 22. 23. 28, 32, 35, 47,
5o, 52, 53, 54. 55, 5(5, 03, G8, G9,
71-84, 85, 87, 92. 94, 97, 98, 100,
104, 109, ii3, 12'f. 137, i5(). i!)G.
21 G, 240. 3()4.
Meyerode. 241.
mézikres, 73. 75.
MU'IIEL, 212.
Mi(iiEr,AU, 211.
.Mi(llEi,ET..I., ruré de Hervé, 35G.
.Mii.AN, 233. 271. 3j8.
Minerve, 7G, 127. 14G, i(i4. 205,221.
MiNERViA, legio L 37,
MiRMIIJ-O, Gi.
MiSÈNE, G8.
MniiRAS. 78, Si.
MoDAVE, 21. 84, 93. 19G.
MoiiA, xi\'.
MOMAI.I.E. 53.
MONOOKE, 190, 192.
MoNS. 373, 375, 38 1.
MOXTAIGLE, 74, 75, 19G.
MONT-AUX-LOUPS, 19G.
MOXT DE THOR, 202.
MONTEBANT, 3o5.
MONTEORT, ^'25.
ISIONTEROii), Henri, 374.
MONT.IOIE, 5, 241.
— Warnier de, 374.
Montmorency, Marie de, 180.
MoNT-QuiNTiN, i53, 174.
MONTZEN, VI, XV, 341, 35G, 357.
MoNZA, 3i8.
MORESNET, 35(i.
MORHET, II. 52.
MORTEHAN, 3l.
;Mortroux. 35(!.
MoRVAN. le, 12. 104.
Moseî.ee, la, 10, 33. 5o. 53. 54, 109,
124, ]33, i35, i3G, i5o. 172. 193,
194, I9G, 2l5, 21G, 22(). 228. 23l.
MOSENBERG, 219.
MOSO.MAGUS. 73.
MOSSÉE, 89. 91.
MOUFERIN. 107.
:Moulin , du . bourgmestre de
Liège, 434' — Bauduiu du. 375.
-474 —
Moi/.ox, .")i>, 73.
MOVKX, ICI).
MiiLl.KKTllAL, 1204. •2^)T^.
M UNO. 3[.
MUXSCHAU, 241.
MuRr-ENBACH. lilii).
Mrssox. 1127.
Mv. 1127.
Xacen, 1210, 1>I 1.
Xaix, 7(3, i,T).
Naméche, ()7.
Namoussart, .'5i, lo\.
Xamucum, 97.
Xamur, 10, 2i>, i>3, 712, 74, 75, <S").
88, 8(j. 93, Joi, 1012, io3, 104. io().
109, IIO, l54, 186, i230, l>4l, 12()I,
33i.
Xaxdrix, 91.
Xaxto.s\'elta, (k'a. 121212.
Xai'Ees, 271, 297.
Xapoléox, III. i3.
Xarboxne, 34.
Xarcisse, J()4.
Naroxa, 58, i32
Xasium, 76, ]35, i53.
Xasox, i9(>.
Xassau, Jean de, 319.
Xassogxe, 55.
Xatoye, 107.
Xattexiieim, 219.
Xavaugi^e, m.
XÉAU, 357.
XÉBEOX, le, ;;2.
XÉCESSITÉ, la déesse. 1(4.
Xederiieim, 80.
Xehai.exia, dea, 200.
X'emesa, 172.
Xemetoxa, 7 35
Xexxk;, i(;3, 194, 195, 223, 228.
Xepos, 65.
Xeptuxe, 95, i4(). i-i\.
XÉuox, eini)ereur ronniin. 35, 93.
252.
Xerviexs. les. 8. 22, 33, i55, 238.
Xessei,eck, i53.
XEiHoruG. 32. 2()5. 321.
Xeluriick. 52.
Xeuei<I5kk(;, 211.
XeI ECHATEAU, 32, I03, l54.
Xeuemoustier, Maurice de, 84.
Xeu-aiagex, 29, lOo, iGi, 162, 168,
177, 196, 23o, 281.
\EUP0XT, III.
Xeuss, 22, 44- 4-^- ^17-
Xeiviele, 49-
Xeuvileers. 3i. 32
Xeuwied, i3.
Xevers, le due de, 3o4.
Xewcasti.e, 139.
Xicoi.A Y, conseiller du Linibourg,
30o.
XlEDEREMMEL. l3G.
XlEDERKORX, 190.
Xli:i)ER\VAMPACH, 212.
XlERDOXVEX, 2oG.
XlERSHACII. 129.
XlÈVRE, 22(5.
XiMS, le, 172.
XlQUET, 279.
Xl.SME, 102.
XiTRY, révtMiue de, 3i2, 320, 32^.
XlVELET, 1.54.
XlVEI-LE, 3G4.
XlVES, 127.
XiZET. Mm-, 407.
NOBRESSART. 123, 241.
XOIREEOXTAIXE, 3l.
XOI.AITY, Il3.
XOOT, Jérôme van der. 443-
XoRXES, les. 149, 212.
XOTHOMB, 3l.
XOVAESrUM, 44^ ^h-
XovEij.ixiis Mali-us, i3o.
XoviEEE, 53, 129. — Géi-ard, bourg-
mestre de Liège, 432.
XOVIOMAGUS, 29, 102, 196, 281.
Xu.MERi, les, 238.
XuMERlANUS, fils dC l'empereur
romain Carus, 9G.
XuToxs, le Trou des, 20. 114.
Oberhessi.ixgex, 52.
OberdC'XVEx, 193.
Oberweis, 223.
OCHAIX, 91.
OCIIA.MPS, 3l.
- 47> -
OCQUIKR, X, 80. 45s.
Odf.ir, 5:5.
()ksi,in(;. uoS.
Okstmnc, r. i>()7.
Offagne, 3i.
OiiA, Bas-, S4
OiSK, 1\ 71.
Ol.I-ODAOlS, I.io.
Ol.I.OY. !():>.
OmAL. 2ij(i.
OmBRET, Tj."?. 7'!. 74. S().
Oneai,. Hiuiduiii. .■>7.").
Oniiaye. 101>.
ONSDORF, ii)A.
OosT, d', ."505.
Gps, 182.
Orceo, -jh^.
Oroi.AUMM, ."):>, li>-5. l.lo. 15:2, I.").'5.
Orta. i)i.
Ouiiio, ()i, ii>:!. \7)^. i>i.">.
OrVAI.. l:>'i. 1214
OSXIXC, 1 . LoS
Osxix(;e, 209.
Otiiée, 278, 3;4.
— DE Ll.MOXT. (F. 4<>7-
Ottei.et, B., curé de Hoiroii. T)').
Ottweiler. 22G.
OUFFET, 91.
Oui.TREMoxT. Charles, d'. ])riiu'e-
évè(iue de Uéj;e, L'7."), 390,
4i:{.
— Cliark's-Nic'ohis-Alcxaiidre d',
x\ 1.
OUPEYE, avocat à Licj;e, 087.
OUR, r, 194-
OUREX, t>l-2.
OuRiiiE, r. II, lô, !>:'), L'4, 80, 812.
87, 91, 92, iio. 128.
Oltrei,ouxiie, 5:5, 80, 91, "01, 447-
Outre-Meuse, les i)avs, d'. v. .'{."v;.
Padkrhokx. 148.
PAEATIOr.US, 42.
Paeiseui-, 4^1 l^"^'
Paij.a.s, i()4.
Paezem. i<,3.
Paxcxox, Mathieu. 374.
Paxxèe, Tliierrv, 075.
Paxxoxie, la, 34.
Pai'EDEx, le comte de, 3()8. 1
Pai'i:xiieem, de. 3i(;, 3i8.
PaI'EXStevx, le conilc ilc 'W9.
PARDUS. l(')\).
Paretie, 3i. 241.
Paris, 2()"). 271, 2; 5.
Par(^ues, les. 149.
Pas, Ilubcrl de. 3;4-
PASSACiE. M'ill. (le, 37").
PASSE.^E\X(iE, 12.!.
Paul, bourgmestre de Liéye, !\li'L
Pai r.ERA. 92,
Peem, i35. ' •
PÉ>LVXES. les, 21, 24. 2."), 2(1.
PÉPIX, 42.
PEPIXSTER. .")().
Pereé, 210. 241.
Persax, ,Ie-ni du. 3-;4-
Persée, 10")
Pertinax, emijcreur romain, 37,
PÉRUWEZ, 104. ...
Perviac'UM, 100.
Perwez, 100, 102.
PÉTAXGE, l8(), l;,().
Petit, Sebastien. 23 1 .
Petithax, 2l4-
Petitjeax. J. g., 398. 4'"J' 4'>'i
402, 4()3.
PÉ1RE.JUS, <}<!.
PÉTROXE, poète latin. 9.
PetroxiusPoeevxus, gouverneur
rouiain. 37.
Peutinger, 29.
Piiu.iPPE, euipercui-, 4'!)-
PiiiEU'PE I. 93.
— 11.17!). 4"'«-
— ni. 179.
— IV. 190.
— EE Box. 3,39.
Phieippevii.ee, ie3.
PiERPOXT. Gérard. 374.
Pix, ,53.
PiST()YA,.\iilonio \escano de,320.
Pe.acextius. 3()8, 31)9.
Peexevaux, <le. .387. 388, 4.32, 433.
Pi.etschette, 2o5.
PEIXE, 128, 22().
Pu lAUC.lUE, 3u,
476 -
PODEI.ETS. ,3o<j, 3ii>, 3i5, 3iG, 'diH,
PC'EMAXI, les, 23, 12G.
POI.KDA, C)'2.
I^OMMEREX, le duc (le, 33 r.
Pompée, général romain, (j<).
PoMPÉi, 197, 2a3.
POMPEIANUS, 98, 99.
POMPEIUS Paui-inus, 35.
PoMPOXius, MÊLA, géographe, 9.
Pont-de-Meuse, 73.
POPl'EE, le baron de, 3i(), 3ii.
PORAi.EÉE, la, 50.
PoKQliN. la maison, vi. vu.
l'osTTUME, empereur romain. (j3,
9'f, 95, 118, 129, U03, 232.
p<)ui,seur, ;s, 70, 80.
poupehax, 127.
Pratz. 210.
Prez, m. des, 382, 383, 384.
Priape, 297.
PuniioEXiA, legio xx, 37.
Probixus, 81.
Probst, J., curé de Montzen, 35(5.
PROBUS,enii)ereur romain. 84. 9^,
95, 9(3, 232.
Procueus, 34, 95.
Procureur, Ve, 391.
Profoxdevii.le, 107.
Promea, i'/2.
l^ROVÉDROUX. 127, 129.
Proxumae, 142.
Prudexs, 99.
PRiiM, la, 23, 24, 32, 1:2, 2i(), 220.
Pruscius, iG<).
PupiEX, empereur romain. 93, 9f.
PUSSEMAXGE, 127.
PUTMAX, 2(,0.
PUTTENS, 343.
QUADRIVLVE, 100.
QUARTIXIU.S SaBIXU.S, 7.
QuiRix, saint, 187.
QuiROs, dom, ."j^M), 3(Jo.
Rabat, le baron de, 3o4.
Ral)Ei-ax(;e, 3i.
llAHiER, le baron de. 3G4.
Ra.melot. r)3, 80, SG, 447, !fôH.
RAXCEXXE, III.
Pandaxhe, Oiu'froid, 43o, 433.
Rasta, F.. 35G.
Rastadi", 399.
Ravesteix, 222, 274.
Rechaix, 35G.
— , Petit-, XV, 93.
Redaxge, 208, 210.
REIf'HEAXGE, 20(;, 210.
Reid, La, 84.
Reifferscueidt, le comte de, 3i5,
328.
Rei.mbero, 210.
Reims, 2<;, 3o, 35, 46, 47i 5-< 7^» /"^i
7G, i5i, iGo, iGi, 2i3, 240.
Reixhard, 4oo.
Remacee, saint, 43, i44i li)^-
Remersdaee, 357.
RÈMES, les, 8, 21. 4G, 48, 53.
Remich, 193, 228.
RÉMOIS, les, 21, 25, 2G, 4t), i<)4-
Rexardv, bourgmestre de Liège,
433, 435.
Rexier, moine de Saint- Jacques,
3G9.
Resteigxe, 1 13.
RETTUiXV, 154
Reul, de, 353.
Reui-axd, 200.
Reueeau, 107
Reusexs, chanoine, membre dé-
cédé, XXIII.
Rheixsteix, 3 18.
Rhétes, les, 59.
RiiÉTiE, la, 37.
Riiix, le, 5 — -^^t) pus si m.
RlCAGAMBEDA, l3G.
RiCKERFiilIR, 217.
RiCOMAGUS, G9.
RiEDESEE, de, 023.
RlPPKi. 2CO.
RiPUAiRES, les, 242.
RiVECiiox, Gilles, de. 374.
ROBEEMOXT, 127.
Roche, La, 55, i23.
— des Payeus, In, 202.
ROCIIEFORT, 3i, 108, Il 3.
ROCHEKAl), 52.
ROCROI, 97.
— 477 —
ROKMERSHACIt, iSO.
ROOIKKSIJOUK, 2IO.
ROKH, ]il, 'Si, 71,
ROdNKE, 102.
ROHII.MKSDORF, Ï274.
ROLANDS, (le, 4l>8.
R()U)i;c. ;54i, ,'543, 35o, 353, 3.')7.
Il()I>I,K, 112().
— L()N(;<'HAMPs, 129.
Romains, les, 5 — '2^() pussim.
Rome, 5 — 2^1) pas si m.
ROMEDENNE-SURKE, 102.
Rome II, .T.. 35().
RoMERSCIlANTZ, 20I.
Rom u EUS, 1G4.
RONCHINE, io5, loG.
RONCHIXXES, io3.
Ronsard, 72.
RoosT, de, 434.
Rosa, 390.
Rosières, 32.
ROSMERTA, l3().
ROSSART, 3l.
Rossius, 387, 432, 433.
ROTH, 211.
Rousseau, 4'^o.
RouvEROY, 3()4, 4oG, 407, 4oS.
ROYE, 71.
RUEUS ScRiiîONius, légat romain,
34.
RuELE, la, 53.
RULEEN, XIII.
RULI.ES, 127.
RUMPST, 71.
RUMSDORP, 4')5.
RUPPEE, le. 71.
RUPPELMONDE, 384-
RuwER, la, 172, 220.
Ryckman, Lambert, 434-
Rypenueiu;, 323.
Ryswyck, la paix de, 382, 383.
Saar, la, 22G,
Saarburg, 18.
Saba, 172.
Sabinus, 14, iG, 45, 74, !)S-
Sabucius, 37.
Saint-Bovet, 9.
Saint-Georges, 53,
Saint-IIii.aire, 4r.
Saint-IIihert, II, iS, 32, 43. 120,
i52. 214, 384.
Saint-.Jacques. la piiix <lc. 258.
Saint-.Jean, i8().
Saint-.Tean-Sart, 3oi .
Saint-Léger, 241.
SaintMarc, i()3.
Saini-Mari). i3i. i53.
Saint-Mani.min, i85.
Saint-Miciiee, 1 1. 2()5.
Saint-Nicolas, Kolx-ii de, 374.
Saint-Pierre, 3i.
Saint-Pirmin, 212.
Saint-Re.my, 357.
SAINT-RÉVÉRIEN, 220.
SaIN1'-SÉ\ ÉRIN, 420.
Saint-N'itii, 3i, 52, 241.
Sainte-Cécii.e, 3i.
Sainte-Marie, 3i. 32, 127.
Sainte-Ode, 21. 122.
Salia, 172.
Saeiens, les, 237. 23<).
Saem, la, 128, 172. 214.
Sai.m-Ciiateau, 127.
Saeme, le eointe de, 3()5.
Saemona, 172,
Sai.onin, <,3.
Saetiacis, riviis, 2i3.
Sai.zinnes. <)S.
Sa.mbre, la, To, 22, 97. 98, 100.
Sampoot, 124.
Samrée, 127.
Samson, 88.
Sancta-Barbara, 2'j5.
Sandron, le jeune. 375.
Sane.m, i(,o.
Santander, 335.
Sappi i,A, 170.
Sara, 172.
Sarre, la, 172.
Sarrei.olis. 4i-
Sart, 84. 425.
— TlI.MANT. NUI.
Sarton, Dieudonné, 274.
Sartokh s, 280.
Sauvenière, Al', io3, 107.
Savei.born, 200, 2o5.
-4:8-
Saxe, le prince électeur de, 002-
330 passim.
Saxoxs. les. i48.
ScAi.OFi -REAi,, Jacques, 3-\.
SCHAI.DIS. 172.
SCHARENBER(;, (le, 4i4-
SCHEXCK, 328.
SCHIilPER, VI.
SCHIJXDER, la, 211.
SCHUXDERMAXDERSCHEIDT , 2oG ,
211.
SCHXEE-ElFEL. 214-
SCHOKVILI.E, 3l.
SCHOXEXBERG, de, 32.3.
SCHOOR, 200.
SCHRAM.M, 400, 401.
SCHROXDWEILER, 2o3.
SCHRY, 3oi.
SCHWARTZENBOURG, de, 3lO, oiç).
Secuxdixi, les, 204.
SÈGXE.S, les, 24, 2G.
Segxi, les, 24, 2i3.
Seii.le, la. 172.
Selaxge, 124. ■
Semois, la, II, i5, 20, 02, 52, 109,
iio, 123, 171, 172.
Seneefe, 122.
Sexoie, la, III.
Sexsexruth, 127, 2i3.
Sexsicii, de, 3x3.
Sexy, 80.
Septicius Varls, gouverneur ro-
main, 37.
Septime-Sévère , empereur ro-
main, 37, 93.
SÉQUAXES, les, 238.
Serexsteyn, de, 3ii.
Serxiu.ai, 117.
Serviij.e, io5.
Sevexxe, 107.
Sevry, 102.
Sica.mbres, les, 17, G9.
Siegfried, comte d'Ardenne, 18G.
Sigebert, 43.
SiGis.MOM), enii)er('ur, 43. 424, 423,
4.38.
SlI,ÈXE, 297.
SlIA'A SiLA, 4l.
SlIA'ANUS COCIDIUS, l33.
SiMAR. 333.
SlMIUXIA, iGG.
SiMOxox. de, 433.
SiXTZEXDORFF, (le, 3G2.
Sir, le. 172.
SiROXA. dea, 137. 218.
Slefeli), 307.
SoiROX, 35G, 3Gi.
Soissox, 71.
Sor.cio, 214.
SOLEUVRE, 190, 395. 397.
SoLLAviL'S Victor, i,3o.
SoLM.s. Frc'déric de, 319.
SoMEXA, 172.
So.MME, la, (;^-
SOMMELEUSE, 8G, 447-
SO.MZÉE, I02.
SORIXXE, 107.
SOUI.EUVRE, 189.
SOUMAGXE, 84.
— de, 4.33.
solrbrodt, 49-
Sgvet, 107.
Spa, GG, iio, 228.
Speiciier, 225.
Spire, i35.
Spiteehoff, 193.
Spoxtix, 107.
Sprimoxt, 18, 84, 342. 35G, 3G3, 458.
Sprixckax(;e, i8G.
Spurcalia, les, 148.
Stavei.ot, III, 32, 42. 43. III, 145,
214, 27G.
Steinbacii, 52.
Steixemaxx, 52.
Stembert, J., 35G.
Ste.mbier, de, 433, 435.
Stexay, 32.
Stier, Gilles de, 38i.
STILICOX, 125.
Stockem, 53, 423, 433.
Stordeux, J., 35G.
Stof.moxt, 84.
STRAIMOXT, 52, 123.
Strasbourg, 71, 238.
Strassex, 184, 18G.
Strée, 53, 8G, 91, 44"-
Strexs, 353.
Suèbes, les, 18.
479 -
Sl'Étone, lii.stoi'ien, 3G.
SULEVAK, maires, i4i.
SUI.ÉVIEXXES, les, i4i-
SuMiXARA, la Somme. f)2.
SuNursAi-is, (lea, 22, 134.
SuxuQUES, les, 22, 134.
SUPEXOUUiM, vicus, 53, 21G.
SURA, 172.
SÛRE, la. 32, 172. 18G. i;)4. I9">: H)^,
200, 201, 204, ^o5, 23i.
SUREAL, Denis. 374.
SuXY, 52, 127.
SwiSTBACn, 217.
Sylvaixes, les, i3i.
Symjiaque, 23o.
Syrex, i85.
Syrie, 3o.
Taboi.i.et. Marie, 44''^- 444- 44"'-
Tacite, historien romain, 27, 29,
35, 3G, g4, 93, io5, 118, 137, 252.
Tailerxiox, 214.
TAILFER, 74, 75, 123.
Talleyraxd, tle. 279.
Tamet, 290, 2^)1.
Taxxerie, Jacques de la, 075.
Tarqiixiis Catulus, légat de
Germanie, 35.
Tauxus, 10.
Tausius, soldat tongre, Gi.
Taverx. i<j3.
Tavier, 91, 342.
Tavigxy, 52, 127.
Tectis, 81.
Temjiels, 193.
TÉREXCE, auteur latin, i5G.
Terwagxe, 53, 8G, 447.
TÉTRicus, empereur romain. 94.
95, io5, iiG, 1 18.
Teuvex, 35G.
Textor, Hubin, 375.
Theiss, la, 59.
Thermes, 127.
Theux, 42, 43, 5o, 80. 81.
Thevexot, 404.
Thiaumoxt, i53, 154.
THiER.le chevalier Léon de. mem-
bre décédé, xxiii.
THIER-A-LiÉGE. XIV.
TuiKK, Petit-, 241 •
— des Falizes. 2.
— de Xierljonne, 2i3.
Tiiiriox. Nicolas, 43o.
TlHKRE, em])erciii' romain, 34. 75,
143, 191.
Tiége, de, 343.
Th. FF. 84. 93.
Tii.lft. 154.
TiLOV, 3oi.
TiMISTER, 35G.
TlXI.OT, 80, 91.
TlXTAXGE, 123.
TiRESBERG, le, 9G.
TiTELBERG, I24, l8[), 189,190, I93.203.
TlTE-LlVE, iG.
Titus, empereur romain, 98.
Titus Flavius IIosi'itai.is, centu-
rion romain, 77.
Tgerxich, 123. 241.
TOIIOGNE, XlII.
TOLBIACUM, 29, 52, 53.
Toli.et, Gérard, 11.
TOMBAYE, 289.
TOMBERG, 124.
Tox(;ereoo, 23.
Tox(iRES. XlII. XIV, XVI ; 3 — 249
2)asiiim ; 293-299.
— Notre-Dame. 23.
— Saint-Martin. 23.
TOXGRINE. 20.
TOXTELAXGE, 154-
ToxTi, Laurent, 2G4
ToRGXV, 127, 154.
TouE, 3i, i35.
TOURXAV, 3l.
TOUTEI-AXGK, 127
Tra.iax, eini)ereur romain, 3().
TUA.IECTU.M, G9.
Trexte, \l^.
Trêves, 5-249 jiasaim : réiecleur
de Trêves, 3o2-329 7jas.s//».
Tré vires, les, 5-249, passim.
Tritoxs, les, 164, 181.
Troca, J., curé de Recliain, 35G.
Trois-Vierges, 187-212.
Troxquoy, 3i.
Trooz, xiii, 84.
Trou des Nutoxs. 114.
4^
I'biens. k's. L>2, 44- 4">> ^'>7- *'7- 'J*^-
Udangi:. 124. ir4.
ri.FI,IN(;A, 211>.
Ur,PiU8 Feux, j;la<liatexu-, 61
Umons, Mic'oiul d\ 4'i-
Urbain, pape, ^-20.
Uriacum, 2i;5.
Urmitz, i3.
Urta, 91.
Urtacum. 2i;5.
Useldan(;e, 154, 210.
Uten, avocat, :5S8.
Vai.ciodorus, 74.
A'AL-DiEU, 341. 357.
Valenciennes, 'A(p.
Valkxtiniex, empereur roniaiii,
84, 117, i52.
Valextixiex I, 1(1., 2"53.
— II, 1(1., 23;!.
Valextixus, G6, 118, 120.
Valerius Asiaticus, gouverneur
romain, 30.
Vaei.exdar, i3.
A'ai.ois, Marguerite de, 254.
Yalsasixe, le comte de, 343.
Vaxaexia, 9;).
Vaxce, 53, 241.
Vaxdai,es, les, 47.
Varus, 14, 34, 44.
Vaux, Gérard de, 375.
VAUX-LES-II0.SIÈRES, 3i.
Vaux-Saixte-Axne, La, ii3.
Vechtex, G8.
Vec(^i'ée, la, 5o.
A'ÉDRIX, io3.
"\'É(H>CE, 120, 121.
VELBRiiCK, de, 276, 277, 384.
Veeeéda, prophétesse, 137.
Velmada, 65.
VeEUGXIUS IXCEXUUS, i3().
Vemexa, 88, III.
Yexise, 253, 254, 255, 271.
Veraxsatus, ("2.
Vercaxa, dea, 137, 219.
Verdix, Lambert, 43o.
Verdux, 3i, 73, 7G.
Vergoratz, i32.
Verlaine, 334.
Verxich, 304.
Verodixum, 73, 7G.
Versaim,e, 384.
Verveccus, 80.
Verviers, XV, 5o, 84, 27(5, 280, 3G4.
Vervoz, x, XV, 83, 89, 91, 94.
Fouilles y faites, 447458.
Vesdre, la Vesdre, 10, 5o.
Vespasiex, empereur romain, 57.
Vesqueville, 154.
Vestricius Spurixa, légat de la
Germanie cis-rhénane, 34.
Vetera, 29.
Vezère, la, 334.
Viaxden, 208, 211.
ViciiTEX, 210, 211.
Victor, 99.
\'icTORiA, 95.
ViCTORIXA. 95.
ViCTORIXUS, 94, 95, 99, 100.
ViCTORIUS, 99, 100, 220.
VlEI-SALM,20, 127, 128,129,213,241.
Viei.voye, C, 35G.
VlEX, V, 80.
ViENXE, 271, 298, 307, 342.
ViERSET, 91.
Vieux-Trèves, 198.
ViHAXSA, GG, 134.
ViELAXCE, 127, 209.
ViLI-ARS, 190.
A^iiJ.EXFAGXE, Jeau-Dieudonné-
Pliil. de, 4o5, 407-
A'ii.i.ereux, 154.
ViiJ.E - EX - IIesbaye . Fouilles y
faites, 453-45G.
ViLLERS, 190.
— -aux-tours, 80, 342.
— -Dei'x-Egeises, 102.
— devant ORVAL, 123.
— I-A BOXNE-EAU, 241.
— Laloue, 127, 154.
— SIR LESSE, III.
— SUR Semois, 127, 154.
ViLVORDE, 384.
ViMPURO, 1G9.
Vixcox, 107.
Vixicius, 34.
ViNXTBACH, 3o.
ViRADESTiiis, dea, 8G, 134.
— 4Bi -
VlKOIN. le. i>i4.
ViRTOX, i."5i, i"),'}, 154,214.
— Saixt-Mard, 154.
— ViECX-, IO()
ViRTUXUM, 214.
ViRvixus, 214.
Visé, xv, i3, 45, 2S0.
VlTAMUS VUTORIXIS, l'io.
ViTEi.i.ius. eiiii)ereui' romain, ."15.
3G.
ViVROUX, 28().
VoLAivn,i,E, ;ii.
VOLCAXUS, G(J.
VOORBl'RG, -I.
VooRDT , dt', l)ourgiiieslrc de
Lié^e, 4:54.
A'ORi-AXi). le, ()-.
VoRorx, (iillcs de, 44'-
YosciKS, les, 2().
Vreets, 3o5.
VUECAIX, l.'i2, iTG.
WACIIAIX. III.
AVacker. 319.
Wagxée, 107.
WAEBERBL'Rd, 217.
A\'ai,bour(;, baron de, 3io, 3i<j.
Wai.bkecq, 3<)-.
AVai.court, 423.
AVaedbillig, if)4i -00, 201, 2o3.
M'AI.DBREDIMUS, I(j3.
Wai.deck, Walrave de, 3on, 3ii.
AVai>éran, duc de Limbourg, 4ii).
AVai-efees, Les, xiv.
aa'aehorx, 341, 353.
AV'aeeexuorf, 2o5.
AVali^erax, .Tean, 2()3.
AVaei.erfaxgex, 41 •
Waesteyx, le comte de. Sij).
AVai.tzix(;, J.-P., (î.
AVaji.me, la, III. 112, 120, 122. 127.
AVaxcexxes, io3, 104.
AV'axge, 455.
AVaxinga, III.
AVaxsoui,, de, 433, 434.
AVarche, la, 5o, 52, i44i i''^''-
AVardix, 123, 154, 241.
AVaremme, 77.
AVarxacii, 3i.
A\'ARXAXi'. Aiiioiiic- Ihil CI I de,
405-407.
AVaroux, 422, 423.
— de. 304. Henri de. 374.
A^'AK.SA(;l:. 3"7.
A\'ak/ék. So.
AVasseiges. 94.
AVasserbii.i.ig. iSf), i!)4- -<io.
A\'Ari.soR. 74, 75.
AVayai. le. 5o.
A^'EGXEZ. 84.
— Ottar de. 375.
A\'EI('HER1)AXGE, 212.
M'EII.ER. 32. 11)0.
A\'EII,KKBA(II, I!)S.
\\eisweieer, 71.
M'EI.EEX, I()3, 22().
AVei.sciibim.kj, 227.
AVEESCHEII), 2o(j
A\'EXCE.SEAS. duc de Lii.\eiii bourg.
423.
Werck, 4">t>-
AVerexciial, Henri, 375.
AVesseeixg, 21G.
AVetzlaer, 272.
AVey.merex, le duc de, 33i.
AViARi), Klienne, 290.
AViART, 290.
AViHOGXE, XIV, 421-
AViEMAR, A'sier. 432
AA'iethei.m, Alexinidrc. 174. 17!).
iSo. — Giiilhuinu'. 174- ^^o. —
Alavie, 179.
M'IEZ, la. iy4^ -"^- -''!'• -"• -'-•
AViMBE. 88.
\\IMI>E, III.
AViNDE, 4">5.
A\'ixi)iioFF. i85.
AViXRIXCiEX. 220.
AVlXSEI.ER. 241.
AVixvii.i.E. i54-
ANiSSEMBACII, 3l.
A\rrRY. 3i.
AA'iTTl.icii, 219.
WOnÉMOXT. 342
WOei.moxt, de, 343
AN'OESTEXRAElvr, le baron de. 34G.
354. 355.
M'OI.l'BEUG. 195.
48- —
AVOKMEI.DANCE, 1()3.
WORXIS, l4<).
WiRTEMBEiu;. k' (lue (le, .■{24. "i^S,
3;3o.
WuSTWEir.ER, 1>2().
Xaxtex, i>f), 44) *'^' *C' 7"^-
Xiioius, 80, 84.
Y VOIR, 92, 107.
ZAï.or, lieu dit à Trooz, xiii.
Zedmtz, :>.'58.
Zecer, (le, .'iio.
ZÉNOBIE, <)5.
ZittUt, 200.
ZiiEPiCH, i3, i>2, i>i), 52.
ZuxiGA, Balthasar tle, 319, 320.
ZuRHOVEX, 407-
ZWEXTIROLU, ^'2.
TABLE DES MATIÈRES
XOTICES ET MKMOlliKS
' Pages.
L. Renard. U;ii)p()i-( sur li-s traviuix de l'Iiistiliil pt'iidant
raniu'c i()i)!> i
J.=E. Demarteau. — L'Ai-dcmu» belf^o-i'oinaine. Kiiidc d'iiis-
toii'é et d'arcliéoloj^ie 5
Th. Gobert. — La loterie à Liéye dans les sièeles ])assés . 25i
L. Renard. — Note sui- une statuette eu bronze de réj)0(iue
romaine, i>rovenant de Tongres et conservée au Musée
de Levde i>()3
R. Dubois. — L'élection et le couronnement de l'empereur
Mathias. i()i2 \\ç,\
Julien Fraipont. — Les orij;ines de la sculpture, de la j;ru-
vure et de la i)einlure chez lliomme fossile 333
D. Brouwers. — Contribution à l'histoire des Etats du duché
de Limbourg au xviir siècle 33<)
Th. Qobert. — Les Archives communales de Liège .... 3G7
J. Alexandre. — La Bastrée 44 1
L. Renard. — Rai)port sur les recherches et les fouilles
faites en i<)o4 par l'Institut archéol()gi<iue liégeois . . 44"
DOCUMEXTS
i5()'f, 23 septembre. — Ernest de Bavière, prince-évèciue de
Liège, autorise le Conseil de la Cité à oi'gauiser une
loterie nHo
1595, 14 janvier. — Lettre i)ar laquelle le Conseil de la Cité
invite diverses villes à ])artici])er à cette loterie .... i>Gi
iG53. — Inventaire (les chartes de la Cité 4'i)
1714, mai. — Réi)onse des Etats du duché de- Limboui-g aux
dix-sept questions jjrojxjsees jiar le (Jouverneur. . . . 351)
\~'yj.. — Répertoire des archives de l'hôtel de ville de Liège. 4-7
i7!)o. — Inventaire des registres et pa|)iers retirés du Conseil
privé ^ 4^7
-4B4-
INSCRIPTIONS ROMAINES
Sur un autel, trouvé entre Diiren et ^lontjoie 5
Sur un autel, dédié à Arduinna. etc 7
A Arlon 7
En l'honneur de la divinité des i'rontièi'es 3o
Sur des vases parlants 47
Sur la borne routière de Tongres , . . . . 4^
Concernant le Maitre des Postes belges 54
Sur un monument funéraire, retrouvé en Angleterre. ... Go
Concernant deux soldats Tongres Oo
Sur le monument funéraire d'un soldat, Tongre de nation . (îi
Sur un monument dédié à Ilarimella Gi
Concernant un citoyen Tongre G2
Sur un monument funéraire, déterré enti'e Xanten et Clèves G2
Le diplôme de Flémalle G3
A Gors op-Leeuw G5
A Tongres , G8
Sur un monument, dédié à la déesse Vihansa GG
Sur un monument, dédié à Volcanus GG
Sigle dune tuile romaine trouvée à Rum])st 71
Sur un bloc (le marbre à Flémalle , . 77
A Clièvremont , 80
AJuslenville 80
A Theux 8r
Eu riionneur de la déesse Viradestliis 68, 8G
Sur des cippes funéraires à la citadelle de Namur </S
Dédicace trouvée à Foy, commune de Noville lez-Bastogue 129, i3o
Sur un monument dédié à Jupiter, i)i'ès deNarona enDalmatie Vi-i
Sur un monument dédié à Mars et à la Victoire Auguste, en
Ecosse 182
Sur des monuments élevés ])ar des Tongre-s en Belgique et
en Bretagne . . , i33
Sur un monument élevé ])ar un soldat trévire en Bretagne i35
Sur un autel dédié à la déesse Ricagmabeda i3G
Eu l'honneur de la déesse Rosmerta à Xiederemmel . . . i3G
En riionneur de la déesse Sirona 187
Sur un autel en l'honneur des Matres Gesaienae .... i38
Sur un monument en grès trouvé à Newcastle i4o
En l'honneur des Matres Alatervae et Cam^îestres .... \!\o
Sur un autel dédié à Mai's Camulus iG5
— 485 -
Sur lin inonuinent à la niéinoiro de C. Jiilius Maxiiiiiiius . ifiCJ
Sur la tombe d'un adoleseent i()7
Sur des monuments l'unéraires. . . . i()S, i()((. 170, 171, iH'.i, 184
Sur le monument commémorât il' de Dallieini i;)i
Sur un monument funéraire à Dalheim nj'.i
Sur un monument funéraire à Wasserbilliy 194
Sur un autel romain à liollendorf i:o'i
Sur une tablette votive trouvée à liitljur;^- 21S
Dédieaee d'un temple à Mereure -^iH
Sur une i)ierre milliaire trouvée à Xattenlieim i;i!)
En l'honneur des n\mi)lies Vereana et Meduna 121;)
Sur une tablette votive en l'honneur de Caiva 2iio
ARMOIRIES
Caroli 44"5, 444 | Tabolel 44:i. 444
PLAXCIIES
Plantdie I. Diplôme de Flémalle. — Vase de Marche. — Anse
de l'aquamanile de Poulseur 7^i 79
Planche II. Plan de la villa d'Al' Sauvenière io8-io()
Planche III. Plan de la villa de Malagne et du castel du
Fayt à Jemelle 108-109
Planche IV. Plan du castel de Furfooz et du castel de
Chession ii(î-ii7
Planche X. Trouvailles de Foy-Xoville. près l'oslogne . . i.'to-i.'k
Planche VI. Bas-relief de Xeumaj;en (musée de Trèvesi. . i(Î2-i(i;{
Planche VII Bas-relief de Neumagen (musée de Trêves» . i(;i2-i(;.'}
Planche VIII. Palais d'Ernest de Mansfeld, à Chuisen . . i:«-i:9
Planche IX. Statuette en bronze de l'époque romaine prove-
nant de Tongres et conservée au INIusée de Leyde . . 2'.i8 1299
Planche X. La Bastrée vers i85o 44<H47
Planche XI La Bastrée en 1904 44*>-447
VIGNETTES
Autel romain dédié à la déesse Arduinna ;'
Statue (bas-relief) du dieu Cernunnos 4<>
Pierre leugaire ou milliaire de Tongres 4^^
Busto d'Atys. '-^^
— 486 -
Autel des Matres Gesaienae i38
Bas-relief d'Ai'loii i58
» » » iSg
Moiiument de Dalheim igi
« L'Homme el la Femme » près d'Altliiister 201
Autel romain de Bollendorf 2o3
Epi de la toiture de la Bastrée 44^
Fronton de porte aux armes des Cai'oli et des Tabollet . . . 443
Extraits de la carte topograpliique militaire 44*^^ 4'^^
CARTE
Carte statistique de l'iVrdenne belgo-romaine ^44-245
INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE LIÉGEOIS
STATUTS
Art. I. — Une Société est fondée à Liège pour reclier-
clier, rassembler et conserver les œuvres d'art et les
monuments archéologiques, particulièrement ceux de la
province et des anciennes dépendances du pays de Liège.
Elle prend le titre d'Institut archéologique liégeois et
correspond avec les Sociétés savantes, belges ou étran-
gères, instituées dans des vues analogues.
Art. II. — Jj Institut se; compose :
1° De seize membres elTectifs au moins et de trente au
plus ; ils doivent être domiciliés dans la province ;
2° D'un président et d'un vice-président honoraires, à
savoir : le gouverneur de la province et le bourgmestre de
la ville de Liège ;
3° De vingt membres honoraires ;
4° De cinquante membres correspondants ;
5° De membres associés.
Art. III. — Les places vacantes pour le titre de
membre effectif, honoraire ou correspondant, seront
mentionnées sur les convocations, afin que l'on puisse
procéder aux présentations de candidats. Ces présenta-
tions devront être faites par écrit et signées par trois
membres effectifs. L'admission, décidée par bulletins
— II —
secrets et à la majorité absolue des suffrages, aura lieu
dans la séance qui suivra celle où auront été faites les
présentations, et dont elle devra être distante d'au moins
linit jours.
La moitié, au moins, des membres effectifs existants
devra être présente pour pouvoir procéder à l'élection d'un
membre effectif, et le tiers, après une seconde convocation.
L'élection des membres effectifs et des membres hono-
raires a lieu dans la séance du mois d'avril et dans celle
de décembre, après la formation du bureau.
Lorsqu'il y aura lieu d'augmenter le nombre des
membres effectifs, conformément au § i° de l'art. II, il
faudra une délibération expresse de Vliistitiit avant de
pouvoir procéder à la présentation de candidats.
Art. IV. — Les réunions ordinaires ont lieu mensuel-
lement, sauf pendant le mois d'août, septembre et octobre.
Le bureau fixe le jour et l'heure des séances (^).
Les membres effectifs qui, dans le courant de l'année,
n'auront pas payé leur cotisation, seront, après avertis-
sement, considérés comme démissionnaires.
Aucune i-ésolution ne peut être prise si sept membres
effectifs au moins ne sont présents à la séance.
Les membres honoraires, correspondants ou associés,
peuvent assister aux séances. Ils ont voix consultative.
Toute discussion étrangère au but de VInstifiit est
interdite.
Les décisions sont prises à la majorité des voix. En cas
de parité, la proposition est rejetée.
(*) Actiu'lh'iiR'iil, VInsiitut lient séance le deriner vendredi du
mois, pendant la période d'été (avril à juillet inclus) et le dernier
dimanche du mois pendant la période d'iiiver (novembre à mars
inclus).
En outre, suivant décision du 3i janvier 1902, V Institut se réunit
le dernier dimanche du mois d'octobre, à 10 1/2 heures, en une séance
extraordinaire.
— in —
Sui' la demande de trois nieiubres, on procôde au sci'iitin
secret.
Art. V. — Le bui'eau se compose dn président, du vice-
président, du secrétaire, du conservateur, du bibliothé-
caire et du trésorier.
Les fonctions des membres du bureau sont annuelles.
Chaque année, à la séance du mois de décembre, 1'/;ï-
stitiit, en procédant à l'élection de ses fonctionnaires,
nomme un vice-président, qui entre eu fonctions le i*""
janvier.
L'année suivante, il devient de droit président de V Ins-
titut pour le terme d'une année, après laquelle il n'est pas
immédiatement rééligible, ni comme président, ni comme
vice-président.
Les autres membres sortants du bureau sont rééligibles.
Art. VI. — Le président veille à l'exécution du règle-
ment, il dirige les travaux et les discussions des réunions.
En cas d'absence du président et du vice-président, le
membre le plus âgé en remplit les fonctions.
Art. YII. — Le secrétaire tient les procès-verbaux des
séances, la correspondance, etc.
Tout procès-verbal ou décision de la Société est signé
par le président et par le secrétaire. Ce dernier signe seul
les pièces qui n'impliquent aucune décision de la Société.
En cas d'empêchement du secrétaire, ses fonctions sont
remplies par un membre que désigne le ])résident.
Le secrétaire a la garde du sceau et des archives de la
Société.
Il présente chaque année, au mois de janvier, un
rapport détaillé sur les travaux de VInstitiif, sur les
acquisitions faites et sur les objets et livres offerts.
Art. VIII. — Le conservateur a la direction du Musée
provincial.
Il dresse tous les ans un inventaire, qui est vérifié et
IV
aj)pr()uvé par le préssident. Cet inventaire indique la pro-
venance de chaque objet et l'époque de son acquisition.
Pendant les trois mois de vacances, le conservateur
peut, avec l'assentiment du bureau, faire les acquisitions
qu'il croira utiles.
Akt. IX. — Le bibliothécaire tient un catalogue des
livres offerts à VInsiitni ou acquis par lui.
Il rend compte chaque année des accroissements de la
bibliothèque.
Art. X. — Le trésorier est chargé des recettes et des
dépenses.
Il n'effectue de paiement que sur ordonnance signée par
le président et par le secrétaire.
Il rend compte de sa gestion dans la séance du mois de
janvier de chaque année.
Art. XI. — Les recettes de la Société se composent de
la cotisation annuelle des membres effectifs, associés ou
correspondants, et des subventions à obtenir de l'Etat, de
la Province et de la Commune.
La cotisation annuelle des membres effectifs est fixée à
la somme de i5 francs; celle des membres associés est
de 10 francs. Elle est également de lo francs pour ceux
des membres correspondants qui désirent recevoir les
publications de Vlnstitiit.
Ces cotisations sont payables dans le courant du mois
de janvier qui commence l'année pour laquelle elles sont
dues.
Art. XII. — Les objets réunis par la Société forment
un Musée, qui est la propriété de la Province.
Les moindres dons sont reçus avec reconnaissance. Le
nom du donateur est inscrit sur l'objet offert et dans un
registre ouvert à cet effet.
Les objets qui se trouvent en double au Musée ne pour-
ront être échangés qu'après une délibération expresse de
VInstitnt et du consentement des donateurs. Cette règle ne
s'a])plique pas aux monnaies et aux livres.
V —
Tout objet, même en double, auquel se rattaelie un sou-
venir personnel, ne pourra être écliangé.
La ])i'oposition (rechange devra être portée à l'ordre du
jour un mois avant la délibération, afin que les membres
puissent prendre connaissance des objets.
Tous les membres sont invités à faire hommage de
leurs })ublieations à la Société.
Art. XIIT. — h^Instiliit publie un recueil intitulé :
Bulletin de ilnstitiit archéolo<>-iqne licf>-eois.
Une Commission si)éciale, composée de trois juembrcs,
élus à l'époque du renouvellement du bureau, est chargée
de tout ce qui a rapport à la publication du liullctin.
Le Bulletin est distribué aux institutions publiques qui
encouragent V Institut, aux compagnies savantes avec les-
quelles il entretient des relations et aux membres qui ont
payé leur cotisation.
Les auteurs des articles publiés ont droit à vingt-cinq
tirés à part, qui devront porter, sur le titre, cette mention :
Extrait du Bulletin de l'Institut archéologique liégeois.
Ils sont du reste autorisés à faire tirer, à leurs frais, un
nombre indéterminé d'exemplaires.
Les tirés à part ne peuvent être distribués qu'à dater
du jour de la mise en vente de la livraison du Bulletin dont
ils sont extraits.
Art. XIV. — Le ])résent règlement ne pourra être
changé que sur la proposition écrite de cinq membres
effectifs ; toute modification devra obtenir l'assentiment
des deux tiers au moins des membres effectifs existants.
Après revision des dispositions org-aniques des 12 avril
i85o, 18 janvier 1802, 77 janvier i85y et i3 avril 18-]^, les
présents statuts ont été adoptés par /'Institut archéologique
réuni en assemblée générale, à Liège, le i3 avril i8y^.
Pour copie conforme :
Le Secrétaire, Le Président.
LuciExX PvEXARD. E. BRAIIY-PROST.
TABLEAU DES MEMBRES
DE
L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE LIÉGEOIS
PRESIDENT HONORAIRE
LE GOUVERNEUR DE LA PROVINCE DE LIÈGE
PET Y DE TIIOZKK a.Éox).
VICE=PRÉS1DENT HONORAIRE
LE BOURGMESTRE DE LA VILLE DE LIÈGE
KLEYER (GusTAVEi.
BUREAU DE LA SOCIETE POUR 1905
Président: .1. ERAIPONT.
Vice-Président : M. LOHEST.
Secrétaire : LUCIEN RENARD.
Conservnteur : J. ALEXANDRE.
Trésorier : E. PAQUES.
Bibliothécnire : D. BROUWERS.
Conservateurndjoint : JEAN SERVAIS.
COMPOSITION DES COMMISSIONS POUR 1905
Commission des pablicationa : MM.,I. ALEXANDRE
J.-E. DE^LVRTEAU.
Th. GOBERT.
J. BRASSINXE.
Commission d'achat .- MM. J. ALEXANDRE.
Bon J. I)K CIIESTRET.
J. IIELBIG.
Bo" R. DIC SÉLVS FANSON.
E. BRAIIY-PROST.
Commission des fouilles : MM. M. DE PUYDT.
J. FRAI PONT.
J.-E. DEMARTEAU.
L KKXARD.
Le président de YInstitut t'ait de droit partie des Commissions.
Vlll
MEMBRES EFFECTIFS
Date de l'entrée Date de l'admission
;i 1 Institut. x-j- , .jjj-
8 nov. i85(). I. BOIIMANS iSi'AMSi.AS). adiniiiis-
Irateur-iiispeeteur de l'Universitt',
iiieiiibre de VAcudémie royfile de
Belgique, président delà Comniifi-
sinii royale d'histoire de Belgique^
i3, rue Foi'j;eur, Liège.
iBCo. (i luai's iS(i:>. i>. l)'' .M.KXANDRE (Joseph), i5, rue
Volière, Liège.
i.j dée. 1HG7. 3. IIELBIG (Jui.es), artiste peintre,
vice président de la Commission
royale des monuments, i(), rue de
Joie. Liège.
4 fév. i8;(j. 4- JAMAR (Edmond), arcliitecte, t>i,
rue Saint-Pierre, Liège,
'j- juin. 1877. 5. SCHOOLMEESTERS (Emile), vi-
caire général, i^j, rue de l'Evèclié,
Liège.
3i janv. 1879. 6. BODY (Ai.Bix), littérateur, Spa.
24 iév. iS(')2. -G mai 1882. 7. UE CHESTRET DE HANEFFE
(BARON Jur.ES), membre de VAca-
dèmie royale de Belgique, 3r. rue
des Auyustins, Liège.
187G. -A) mai 18812. 8. FRESOX (Jules), conseiller hono-
raii'e a la Cour d'appel, i>4, rue
Sainte-Marie, Liège.
Juillet 1874. 2G mai i88j. <). DEMARTEAU (Joseph;, rédac-
teur en chef de la Gazette de
Liège, 12, place Verte, Liège.
28 déc. 1879. 2<) déc. J882. jo. DE PUYDT (Marcel), 112, bou-
levard de la Sauvenière, Liège.
24 lev. 1882. 27,ianv. 1S87. ii. DEMARTEAU (J.-IC), ])rofesseur
à l'Université. 5r. rue de Iluy,
Liège.
3i mai 1889. 12. XAVEAU (Léon), docteur en droit,
Tlieu.w
— IX —
Date de l'entrée Date de l'admission
il 1 Institut. J.J. , ...
CIR'Cllt.
•2- fév. i885. 3i mai iS8<), i,'}. LI'] l'.VKJK (Tonstantini, jn-ofos-
st'iir à riiiiversitt' , nuMubrt; de
Wiciidéntie royale de I}eli^i(jiic ,
parc de Coin te, Outrée.
3o nov. I.S8?. i2<) mai i8<)i. 4. T)K IIARENNK (Ciikvai.ikk .l.-H ),
Clniiulfonlnine.
2() mai i8()i. i"». FR.MPONT 1 .lui.lKN ). professeui"
à ITuiversité, membre de l'Aca-
démie royale de Belgique^ 35, rue
Moni-Saint-ilartiii. Liège.
1887. 18 <lec. i8;)i. i(i. r.RAIIY-PROST KnoiAKl) , iiiO.
rue Féronstrée, Liège.
3ijanv. 1S89 23 mai i8<)3. 17. l'.VQFES 'ERASMr.i, •2-2, (luai
dWmercd'ur, Liège.
u5janv 1880. i>4 déc. i8()(; 18. (iOBERT iTiiKonoKKi. arcliivi.'^te
provincial. 10. quai de Maeslriclit,
T^iège.
!>() mars 1888. 27 mai ]8!)8. i<). RUîIL (Gustave), avocat, -,3, bou-
levard d'Avroy, Liège.
oijanv. 1889. 3o déc. i8i)8. 20. DE CRASSIER isakon Wm.i.iam),
avocat, .3o, rue des .\ugiistins,
Liège.
20 nov. 181)5. 3o déc. i8!)8. 21. BRASSIXXE «.losKi'ii), docteur en
l)Iii]oso])bie, 78. rue A\'azon, Liège.
i3marsi8G8. 27 avril k^oo. 22. LEQUARRÉ ( Nicolas) , profes-
seur à ITuiversité, 37, rue André-
Dumout, Liè(je
28 mai 1897. 27 avril iroo. 23. SIMOXIS (Jur.lEM. docleur eu mé-
decine. ,fenie/)jie-.s II r- Meuse.
20 avril 1898. 27 avril 1900. 24. SERVAIS (.Ikan). instituteur, 8,
rue ,Iosei)b Demoulin, LJège
25 nov. i8<.,8. 27 avril 1900. 25. RENARD (Lucien 1. 14. rue Eabry,
Liège.
24 lév. 1809. 28 dec. 19C0 2(). LOIIEST fMA.x), i)rolesseur à
ri'niversité, 55, rue Mont-Saiut-
iMartin, Liège.
28 mai 1880. 3o mai i<02. 27. DE SÉLYS EANSOX MiAKoN Ro-
liKKT . docteur en droit. (J8. avenue
Rlondcn. Liège.
Date de l'entrée Date de l'admission
coinino iiu'inbri'
effectif.
;'i l'Institut.
U5 nov. i8<j8. 2.5 jaiiv. iijo3. i>8. PHOLIEN (Florent), 2G, rue Vi-
iiâve-d'Ile, Liège.
2G mars ]S()7 29 mai i!)o3. 2;). DE BUGGENOMS (Louis), avocat,
19, place de Bronckart, Liège.
3i juil. i90.'5. 18 (léc. 1904. 3o. BROrWERS (D), conservateur-
adjoint des archives de l'Etat,
Liège.
MEMBRES HONORAIRES
Date de l'entrée Date de l'admission
. ,., ... . coinino membre
a I Institut. honoraire.
24 fév. 1882. 3ojanv. 1891. i. BEQUET (Am'RED), président de
la Société archéologique, Namiir.
3() janv. 1891. 2. DE BAYE (baron Joseph), avenue
de la Grande Armée, 58, Paris.
1889. oi mai 1895. 3. POXCELET (Edouard), conserva-
teur des arcliives de l'Etat, Mous.
27 déc. 1895. 4. DE PIMODAN (COMTE), duc ro-
main, capitaine d'état-major,
Paris.
i(; nov. i8G3. 24 déc. iSgG. 5. DP] BORMAN (chevalier Ca-
mille), membre du Conseil héral-
ditpie et de la Députation perma-
nente du Limbourg, Schalkhoven.
24 lév. 18G2. 3o déc. 1898. 6. DARIS (Joseph), chanoine de la
Cathédrale, 4*'' '^'^^^ '^^'^ Prémon-
trés, Liège.
1874. 3o déc. 1898. 7. KURTII (GODEFROID), pi-oi'esseur
à l'Université, membre de VAca-
dèinie royale de Belgique, secré-
taire de la Commission royale
d'histoire de Belgique, G, rue Rou-
veroy, TAège
18 nov. 1859. 27 avril 1900. 8 DE THIER (Chevalier Charles),
président honoraire à la Cour
d'appel, 3, rue Raikem, Liège.
29 déc 18G4. 3o mai 1902 9. DEWALQUE (GusT.), professeur
émérite à l'Université, membre
de VAcadémie royale de Belgique,
rue Simenon, 16, Liège.
XI —
Date de l'entrée Date de l'admission
•omnio moinbrc
lionoraire.
à lliistilut.
'2[) (Ic'c. 1882. 3() mai 1902. 10. l'IRKNNK IIknkii, prorcsscm- à
riniviTsilt', i.'52. l'iie Ni'iivc Saiiil-
l'il'lTC. (iiiiul.
MKMBRES CORRESPONDANTS
Les noiii-i ]iiôicil(S d'iiii * S((iit (("mx dc^ iiii'iii|pii'> (|iii ificiivcnl \c Itulleli'ii.
Date de l'entrée Date de radmiss:on
u 1 luslilut. ,,,rn.s,„„„l:„>..
.il iiKii 18:)). I. IM:TY \)K TIIOZÉE (.1.). a{,'ent
(lilil()iiiali(|Ut- et consul f^énéral
(le Belgique, ù Sofin.
iC jiiil. iH.-vî. ■•2. VAX DERSTRATKN-rONTIIOZ
(co.MTK François , :>.'!, v\w de la
Loi. Bruxelles.
() uiui i8()2. ■'{. KKNlKll (.IeaN;. artiste pcintfe,
Veriuers.
7 avril i81i4. 4 (illOTEFENI) (C -L.), areliiviste
(le rp]tat, Hanovre.
10 juin ]8G5. 5. DEVILLERS (LÉopor,!)), conserva-
teur honoraire des Archives de
l'Etat à ^lons.
2 ft'V. 1872. (i. LEFÈVRE (.1.!. propriétaire,
Lunden.
2i) juin i8;7. 7. VORSTERMAN" \AX OYEN lA.-
A.), géniialogiste, La Iliiye.
24 fev. 1882. *8. DRIOX (Prospkr), directeur de
l'Acadéinie des beaux-arls, 2"?, rue
Du vivier, Liège.
24 fc'v. 1S82. <). DE L'ESCAILLE (IlKNRii, la Tou-
rette par Iloiigaerde.
24 lev. T882. '10. D'OTREPPE DE ROUVETTE
( lîARON Frkdkrk i , docteur eu
sciences, 12, rue des Carmes, L/ege.
24 lev. 1882 II. i;.\.\R (Emii.i:), docteur en droit,
3, rue Lebeau, Liège.
29 mai i88.'{. 12. CR.VII.VV (LoriS), conseiller a la
Cour de cassation, liriixcllc.s.
28 uov. 1884. i3. IIOFFMAX (le docteur), secrétair(!
de la Société anthropologique ,
Washington.
— XII —
Date de l'entrée Date de l'admission
. ,., ,., , coiniiic iii(Miil)ro
a ll..st.tul. cori-esi.o.Kla.it.
ïjlj déc. 1SS4. 14. BREUL (Aooi-PHE), industriel,
Goé.
3i déc. i885. i5. TIIIOX (Ferdixaxd), doctour eu
luédeciiio, Theux.
3imarsi8S7. i(i. DE BEHAULT-DORXON (Arm.),
rue d'Espagne, 92, Bruxelles.
i>S avril 18S- 17. BRACOXIER (IVxVX), château de
Mocliti'e.
28 avril 1887. 18. CHARLES (Fh.-Jos.) eouimissaire-
voyer, 27, quai de la Dérivation,
Liéif-e.
28 juil. 1S87. *i<). FRAXC'OTTE (Gustave), ministre
du travail, Bruxelles.
27 nov. i8()i. 20. DAVIX-RIGOT, Latinne.
27 nov. i8()i. •21. IIORSTMAXS (Albert), G2, rue
de Fétinne, Liège.
27 mars i8;)t. 1891. '22. DE SÉLYS DE ERIGODE (baron
RapiiakiO, 38, boulevard de la Sau-
venière, Liège.
3i janv. i88(). :5i déc. t8(j.3. *23. BREULS (Paul), Henné, par Chè-
née.
24 oet. i8(;2. 37 avril 1894. '24 DE IIEMRICOURT DE GRUXXE
(cojiTE Arthur), docteur en droit,
sénateur, 10, rue Montoyer, Bru-
xelles.
22 juil. 1895. 22 juil. 189.-'). *25. MOXTEFIORE-LEVI (G.), châ-
teau du Rond-Chène, itarY^siieux.
27 déc. i8y5. 2G. IIALKIX (LÉON), chargé de cours
à l'Université, 107, rue de Fétinne,
Liège.
29 mai i89(;. 27. ST.VMATLVDIS ( Epaminondas ) .
chancelier de la i)rincii)auté de
Samos, }'nthy.
24 l'év. i8!)(;. 24 l'év. 1S97. '28. (iOXXE (Auoi.PHE), avocat,
Braives,
24 févr. 1897. 29. TIOLZER (II.), professeur à l'Uni-
versité, 3o, boulevard Frère-Orban,
Liège.
— XIII
Date de l'entrée Date de l'admission
coiiiine membre
eorrospoiulant.
à riiislitiit.
>.') mars i8S(i. 2<S dcc. iS()S. 3o.
24 ievr. i88u. 28 <léc. i8<j8, 3i.
i>G mai 189!). 3i>.
."il janv. 18S1). 127 avfil i<;o(). *33.
27 avril 181)4. 127 avi'ii i!)'><>- '"H-
27 avril i<)()i). 35.
28 (léc i()0o. 3(j.
3o iiov. i883. 27 avril i<)<)2. "37.
2() janv. i<,oo. 28 (léf. ]!)02 '38.
27 dée. i!)oi. 28 (léc. i;)02. '3;).
28 (léc. I<,)02. *4<'-
29 janv. i(joo. 24 avril i!)o3. '4i.
30 avril 18(^7. 24 avril i()o3. 4'--
Mai 1887. 20 (léc. i!)o3. '43.
29 nov. i885. 20 déc. 1903. "44
8 août 1890. 29 avril 1904- 4-"'
2") mars 1898. 29 avril i9(i4- 4''
30 déc. 1898. 29 avril 1904. 47
TI^KMK Gkougics), Liage.
DE (JROILART ( kciyek IIva-
ClXTiiic, major d'iMraiilci'ic. lini-
xelles.
LOrSHKKCi (JoSKPll . architecto
de la N'illc. 92, rue de l'ra^iiéc,
Liég-e.
(JAILLAlvI) JoKKi'iii, curé, (Jeer.
CKYSSENS (J.), curé. Dalhcui.
y K L L T'] Il (Je rj:s , j > r( > le s s c u r à
l'Atliéiiéc roval. l'croicrs.
IIÉXAUX iFiR.MiN), instiluU'ur.
Chnnxlie, ])nv Poulseur.
CllAPvLIKR .Ji'ANi. négociant, 21,
rue André-Dumont. TJ/'g-c.
(M).MiîLEX (Paui. , architecte, 33,
rue des Auj^iistins, Lirg-e.
.lASP.VR (Paul), architecte, 149,
boul. de la Sauvenièi'e. Liège.
VAN WIXTERSIIOYKX (Kdm ),
curé à Emacl (Kben-Kmael 1.
DUCIIKSXK (Klgkni;). ])r()lcs-
seur d'histoire à l'Athénée royal,
I, rne Xaimede, Liège.
I1AXSA"\' (Ai.rRKi)', conservateur
des Archives de l'Klat. Ilassell.
HAILET (Constant;, contr(jleur
honoraire des chemins de fer de
l'Etat, 3o, rue de Kinkempois,
Liég-e.
. J>II1LIPPART (Ai.FRKD). ingé-
nieur, 4^. avenue Rloiuleu, Liège.
EOIIKST (Fkknanu), architecte,
rue Sainte-Croix, 8, Liège.
IIKXRI.IK.VX (Fk.). docteur en
médecine, professeur à l'iniver-
silé, rue Fabry, 11, Liège.
. RASQUIX (Georges), avocat, rue
La ruelle, (i, Liège.
— XIV —
Date de l'entrée Date de l'admission
a 1 Institut. c<.rr(.si,o.Kla.it.
127 mai i;;oo. '2<) avril i<)o4. 4'*^. VAX ZUYLKN (Paui/i, industriel,
(liuii des Pêcheurs, 52, Liège.
18 déc. i<)o4. 4!)- DUBOIS (R.), secrétaire commu-
nal, rue Entre-deux-portes, i3o, à
Hny.
MEMBRES ASSOCIÉS
Date de l'adtniss'on
i5 avril 1875. i. POSWICK (Jl'm:s), conseiller communal. Vcr-
viers.
4 i'evr. i87(). i>. DEMAXY (Emile), arcliitecle. ;>">. boulevard de
la Sauvenière, Liège.
i>() nov. 1878. ."5. BIAR {Nk'OI,as\ ancien notaire, ii>o, boulevard
d'Avroy, Liège.
-S mai 1S80. 4. DE LIIOXEUX iM""- Gistave), ILiiy.
28 mai 1880. 5. EVRARD (J.-J.). curé, Jeliay, par Amay.
28 mai 1880. (;. DE GELOP:S (comte René), château (VEysden
(Hollande),
28 mai 1880. 7. DE LAMBERTS- CORTEXBACII (BARON RO-
DOLPHE), château de Ln Zangrie, pai" Bilsen.
28 mai 18S0. 8. DE PITTEURS DE BUDIXCiEX (BARON LÉON),
docteur en droit, 83, rue Louvrex, IJége.
<) mars i883. <). DE MÉ LOTTE (chevalier Victor), château de
Basses- Awivs, ])ar Engis.
() mars i883. lo. POSWICK (Prosper), château de Tihange. par
lluy.
20 avril i883. u. DORY (Isidore), prolesseur honoraire de l'Athé-
née, 42. l'ue des Clarisses, Liège.
3o nov i883. 12. DE POTESTA 1 l*AUL), docteur en droit, château
iXIIermalle, ])ar l<]ngis.
2<) avril i883. i3. A\TLMART (Charlesi, docteur en droit, i, rue
Saint-Remy, Liège.
27 mai i8;j(). 14 XA(;ELMACKERS-PASTOR(Erxest),2(j. boule-
vard d'Avroy, Liège.
28 nov. i8()o. i5. THÉÂTRE, Otrange, par Oreye.
3o juil. i8(ji. i(j. DULAU et C", libraires, 37, Soho S(iuare ,
Londres.
8janv. i8()2. 17. LE ,TOLY (Ed.), 21, rue de l'Harmonie. Liège.
— XV —
Date de l'admission.
iS()4. iH, PICARD (Kdgard), inj^'énionr. (lirccteur des éla-
blisscinents de la A'ioille-Moiitaguu, ./einL-jtj)e-sur-
Meiine.
iS(4. Tj). LKDRU (Lkox). artisU'-pcind'c-vcrricr. Wil-S.iiiil-
Liiinbevt.
iSip. 20. BAAK (Am'UKI)!, 4' '""i-' l't'Ix'Hii. Licite
2") mai i8()4. 21. IIOITART (M. , dorteur en droit. Tournai.
.Juin i8y4. 22. 1)K (JKRADOX (CiŒVALiER Maukicei, 21, boule-
vard i'iercot, Liège.
.îo iiov. iS()4. 2;^ DE SKLYS-L()X(JCTIAMPS (lURON WAi.TKRt,
sénateur, eliàteau de llnlloy. \)i\v Ciiiey.
2<) nuv. iHi,5. 24. DE Kri)Dl'',R (Henri), inj^énieur, lioiissn lez-
Mons.
ûGmarsiS;);. 25. OPIIOVEN (Léon), 17, rm' Mont Saint-Martin,
Liège.
2G nov. i8<^,7. 2G RÉVÉREND ABBÉ DE L-ARBAYE DU VAL-
DIEU, CJiarneiix.
3i déc. i8()7. 27. EGGERMONT (I.), conseiller de léj^ation de
S. M. le Roi des Belge.s, eliàteaii de Lcignon. \);\v
Chiey.
25marsi8()8. 28 NEUVILLE fLÉON), avocat.. 4<»- i""^' <1" -lardin-
Botani(iue, Liège.
25 mars 18(^8. 29. HOUSSARD (Ernesti, 24, i)lace de la Cathédrale,
Liège.
25 nov. i8<)8. 3o. CRÉMER (.\u(irsTE), château de Pt'luheid. \)x\v
Verviers.
24 nov. 1893. 3i. KLINCKSIEK lihraire-éditeur. 11, rue de Lille.
Paris.
24 nov. i8«j9. ."52. STRAVEX iERANV()is),paléoj;rai)lie. .S'<H'/)/-y'/-o/)^/.
29 déc. 1899. 33. ORBAX (IIenrv). 59. rue Mont -Saint - Martin.
Liège.
28 déc. 1899. 'H- DUBOIS (.Vdoi.piie), professeur à 1. académie. 24,.
rne Mont-Saint-Marlin, Liège.
2G janv. i(,oo. 35. VAX DER IIEYDEN A HAUZEUR (Adolphe^. G9,
A^ al -B e n o i t . Z iège .
27 avril i9()0. 36. FALK, fils, libraire, [5-i7, rue du l'arclieniin,
Bruxelles.
30 nov. 1900. 37. VAXDEVELD (.A.), directeur de la lîibliogruiilne
de Belgique, Bruxelles.
28 déc. 1900. 38. FRÉSART (Félix), banquier, 9, rue Sœurs-de-
Ilasque, Liège.
— XVI —
Date de l'admission.
127 déc. i<;oi. ."^i). (jRENSOX (Joseph), docteur en luéileciue, 14,
rue Fabry, Liège.
27 déc. ijjoi. 4*)- BÉNARD (Auguste), impi'imeui'-éditeur, i.'5, rue
Lanibert-lc-Bègue, Liège.
27 déc. 1901. 4i XEEF (O.), distillateur, 10, rue Graudyngnage,
Liège.
27 déc. }()0i. 4-- Dl'-LHJ'^II) (CiiARi-ES), avocat, 121, rue Fond-
Pirette, Liège.
27 déc. i<)Oi. 4'^- RKMvIX (Fr.), propriétaire, à Ramioul.
27 dec i;)()i. 44- GOOSSEXS i'Chari.es), docteur en .sciences, 3io,
boulevard d'Avroy, Liège.
27 janv. ]()02. 45. ROLAXD-DFMOXT (Léon), rue Velbruck, 2,
Liège.
27janv. iro2, 4'' ADAM-PROST (Amédée), e.\i)éditeur, i5, i)lace
de la C'atliédrale. Liège.
23 avril i(j02. 4"- RFCIIET (Jeax), négociant, 4<Ji i'"f du Pont d'Ile,
Liège.
3o mai i<,o2. 4^- FORGEUR (Paul), avocat, 4- place Rouveroy,
Liège.
2j juil. KJ02. 4!)- REXKIX (François), fabricant d'armes, [,0, bou-
levard d'Avroy, Liège.
28 déc. i(;o2. 5o. LOriESïDELCIIAMBRE (Paul), ingénieur, 2,
rue Rouveroy, Liège.
28 déc. if)02. 5i. JOXGEX (F.), négociant, 108, rue Féronstrée,
Liège.
25 janv. 1903. 02. PLOMDEUR (.!.), industi'iel, 12, rue de la ^lade-
leine, Liège.
25 janv. i<)o3. 53. LEROUX (C), président lionor:iire du tril)unal
de première instance, 78, rue du Vertbois, Liège.
2" janv. i<;oj. 54. DELAME (Th.), avocat à la Cour d'ai)])el, 5, rue
Saint-Mathieu, Liège.
25 janv. i!)o3. 55. BUISSONNET (A.), architecte, 3, avenue Rogier,
Liège.
22 fév. i^o3. 5(). DELAITE (Julien), docteur en sciences, secré-
taire de la Société liégeoise de littérature wallonne.,
5o, rue Hors-Château, Liège.
22 fév. i<)o3. 57. JACQUES (LÉON), ingénieur-électricien, 27, rue
Vinàve-d'Ile, Liège.
2(jm;irs i!)()3. 58. DE SÉLYS LONGCHAMPS (BARON MAURICE),
docteur eu sciences, 49, boulevard d'Avi'oy, Liège.
— XVII —
Date de l'admission
;>() niiU's i;j()."). ;")■). IM l'il ) ll( !•", Il' !,< >\' KXS (Louis;, in^cniciir, '>. nio
I.clx'MU, IJl'ifl'.
'2[) mars i<;oo. (!<). IM H.AIX (Ki (;km:). conservaleur en clief du ^^^lst'e
(lu \ i('iix-Li(''j;e, '.V^, rue <lii Poiil-d'Ilo. Licg-f.
24 avril i<)i):i (il Dl'] LAMlNXi; ciii-v ai, 11:11 .Iii.KSi, cliàteaii du
liois -d'Avrox , Lic^e.
1-1 avril lijoH. (;-. DK MACAR-I)K LAMINXE iiîakon Uaoi i, , X\,
i)()ul('\ard Picrcot. Licifc.
124 avril i< ()'), (>:>. MISi II t-t 'l'IlIvOX, lihi'aires, (iH, i-ue Royale,
llruxcUcs .
2<) mai ii,().'5. V^. TU ISC^T KX i.IosKi'ii). avocat, -/). rue (icJoic. /,/('i,'P.
2() mai iio,"). C.r). S('^\■I^:-^\ ILMOTTK (.loSKi'ii), iiidiislriid. ii(i.
lioiil('\ard de la Sau\tMiiùre, Licite.
2() juin Kjo"). G!). I><)(;AI";K'r ( llii.AlKi: . iiii^cnicur. diri-clcur des
tra\aii\ du cliarlAnuiaiic du Hois-d'A vroy, 1201,
([uai de I'"ra;;iiét'. Lii'i^c.
'Al juil. i<.,o'). (J7. BKRX A 1*1) (Ai.KKKU . iiiiiénicur, dircctcur-f^éraut
du (.•harhoiinago do la Petite -liaeiiurc, ''>-2, rue
Chéri, Ucgc
3i juil. i()o'5. ()S. ORRAX {Al)()l,l'lli:i, docteur en droil. 97, rue du
Saint-Ksprit, Licite.
.')i juil. i<iO.'î. ()<). TIARDY iLorisi, villa du Rocheux, Tlicux.
i>5 oct. Kjo.'). 70. BIIIET (OscAli). étudiant, Chapelle Momeletlc,
Jupillc.
129 nov. i<,()3. 71. PA\'AR1) (C), marchand-tailleur. 24. i)lace de
la Cathédrale, Liège.
29 nov. i!/)*). 72. SACRÉ (Ferxaxuj, arehitecte, 1'"'^, rue Jean
d'Outremeuse. Liège.
-10 déc. i<,o.'5. 7.'). 1)10 MEEUS (COMTE LouiS), industriel. "^S. Iiou-
levard Frère Orhan. Liège.
3i janv. i;,o4. 74. ROCSSARD i^.K industriel, boulevard de la Sau-
venière, loS, Licge.
28 fév. 1904. 75. DK.MAXY (Paul), architecte, (luai de l'ragnée.
14, Liège.
125 fév. i(,o4, 7(;. IIAMAL-XAXDRIX (JosEi'ii). industriel. (|uai de
rOurthe, 4'>- Liège.
28 fév. KJ04. 77. MASSART 1 Ai.I'IIONSK ) , industriel, rue Rois-
rEvé(j[Ue, 2.3, Liège.
27 mars 1904. 78. FAIROX (Ejiii,e\ attaché aux archives de TEtat
(Liège), Pei)iiister.
XVIII
Date de l'admission
i>7 mai i(]o4. 7;). BAAR-LECIIAT (Lucien), industriel, boulevard
de la Sauvenièro, 9(1, Liég3.
i>7 mai i<)o4. 80 VERCIIEVAL (FÉr.ix), étudiant, rue Riuu)uon, 4,
Liège.
i>4 juin i!)o4- 8î- CflIZELLK (MAURICE), industriel, cour des
Minimes. 5, Liège.
.'io oet. i<)o4. S:> UBAGIIS (Jean), artisle-])eintre, professeur à
l'Académie des beaux-arts, rue Saint-Laurent.
i).3, Liège.
3o oet. iro4. S:5. MOTTART-VAN MARCKE (M'»'), artiste-peintre,
rue Courtois, 22, Liège.
27 nov. i;)()4. 84. DE MATIIELIN-I)EPAPIGXY(Mauiuce), artiste-
sculpteur, avenue de l'Observatoire, 1128, Liège.
27 nov. i!,<)4- 85. SNYERS (Arthur), architecte, rue du Ront-d'Ile,
40, Liège.
27 nov. ii)o4. 8G. MOYAXO (Alfred), industriel, rue Eéronstrée.
G4, Liège.
GETTY CENTER LINRARY
ni lllll llil llllli ni lli iiJII INI l!l lli
3 3125 00671 4592